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Full text of "Annales"

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LUXEMBOURG, 


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N.B   L'Institut  n'est  responsable  d'aucune  des  idées  et  des  opinions  émises  par  ses  membres: 
il  se  borne  à  les  publier,  lorsque  les  documents  lui  paraissent  dignes  de  voir  le  jour 


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ANNÉE    1912. 


Prix:  7.50. 


Arlon.  -  Imprimerie  &  Lithographie  F.  Bruck. 
1912. 


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ANNALES. 


N.B    L' Institut  n'est  responsable  d'aucune  des  idées  et  des  opinions  émises  par  ses  membres 
il  se  borne  à  les  publier,  lorsque  les  documents  lui  paraissent  dignes  de  voir  le  jour. 


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ANNEE    1912. 


Prix  :  7.50. 


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Arlon.    -  Imprimerie  &  Lithographie  F.  Bruck. 
1912. 


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IMP.     F      BRUCK 


Les  Eneilles  à  travers  les  Ages 

PAR 

l'abbé  E.  GONROTTE 

Curé  d'Eneille 

Docteur  en  Philosophie  et  Lettres 
Ancien  professeur  de  rhétorique  au  Séminaire  de  Bastogne. 


SOURCES. 

Le  fonds  de  Neufmoustier^  aux  archives  provinciales  de  Liège,  mis  à  ma 
disposition  par  les  archivistes  Léon  Lahaye  et  Armand  Tihon,  à  qui  j'adresse 
mes  remercîments  ainsi  qu'aux  personnes  qui  m'ont  fourni  des  documents  :  M.  le 
Juge  Fabri, d'Eneille  ;  M.  Eugène  Haverland,  à  Virton  ;  Madame  de  Favereau,  de 
Grandhan  ;  M.  le  Juge  de  Gerlache,  de  Durbuy. 

Un  diplôme  de  Charles  le  Gros,  —  mélanges  Kurth  —  par  Léon  Lahaye. 
Vaillant,  Liège. 

Histoire  de  Laroche  et  Durbuy.    A.  de  Leuze.  Arlon,  Briick. 

Histoire  dJAuvelais  et  d'Arsimont.  Abbés  Glausset  et  Mauclet.  Namur, 
Servais. 

Bulletin  du  Dictionnaire  général  de  la  Langue  wallonne.  Vaillant, 
Liège,  1907,  et  Annuaire  de  la  Société  Liégeoise  de  Littérature  wallonne., 
1908  :  Les  monnaies  et  les  mesures  anciennes  au  pays  de  Liège,  par 
Lequarré. 

'Le  stock  d'Eneille  et  les  actes  de  la  Cour  d'Eneille,  2  manuscrits  conser- 
vés au  château  de  Grandhan. 


—     2     — 
La  Famille  de  Lailtvc,  par  le  R.  P.  de  Gerlache  S.  J.  (les  Brialmont). 
La  Famille  van  de)'  Sêraien,  par  Piot. 
Les  Communes  luxembourgeoises ,  par  Emile  Tandel. 
Les  registres  de  la  commune  et  de  la  cure  de  Grandhan. 
Les  archives  de  Petite-Somme,  conservées  à  Somrne-Leuze. 
Les  archives  de  la  cure  d'Eneille,  comprenant  : 

r  «  Un  registre  de  rente  appartenant  à  l'englis  de  Sent  Margarit  commen" 
sant^al  Sens  Andri  1510  »,  écrit  en  français  de  l'époque,  fortement  influencé  par 
le  parler  local,  1510-1540. 

2"  Un  fragment  du  registre  des  baptêmes,  1605-1627. 

3"  Un  registre  des  hypothèques,  cens  et  rentes  dûs  à  réalise  d'Eneille, 
1665-1752. 

4'»  Un  registre  idem  de  1746  à  1827  et  1722  à  1783. 

5*»  Deux  registres  des  anniversaires  de  la  paroisse,  1668-1702  et  1770. 

6"  Un  formulaire  d'actes  publics  en  français  ou  eyi  latin  à  Cusage  du 
curé  Le  Charpentier . 

7°  A  partir  de  I79d,  les  registres  des  baptêmes,  des  mariages,  des 
défunts,  et  les  registres  de  la  Fabrique  depuis  1808. 

8°  Une  série  de  testaments,  de  transports,  d'actes  de  mariage,  etc.^ 
depuis  1623. 

Histoire  numismatique  du  Comté,  puis  Duché  de  Luxembourg  et  de  ses 
fiefs,  par  Edouard  Bernay s  et  Jules  Vannérus.  Bruxelles.  Hayez,  1910. 

Les  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  tome  XX%  1894. 

Les  premiers  siècles  de  l'abbaye  de  Stavelot-Malmédy ,  par  J  Yernaux. 
Liège.  Gormaux,  1911. 

Tous  les  détails  qui  ne  sont  pas  renseignés  autrement  se  trouvent  aux  ar-chives 
d'Eneille. 


CHAPITRE    1er. 

TOPOGRAPHIE,,  HâMEAUE,  CHEMIMB  ET 

LIEOX  DITS. 

§  I. 

Situation   et   Population. 


La  paroisse  des  Eneilles,  au  pays  de  Durbuy,  dans  la  jolie  ceinture  des  collines 
qui  l'enveloppe,  —  eneîlei,  dirait  le  grec,  sans  aucune  prétention  étymologique  — 
est  une  des  plus  antiques  localités  du  Luxembourg  septentrional,  enclavée  dans 
la  province  de  Namur,  qui  lui  refuse  passage,  et  séparée  du  reste  de  l'univers 
par  VEau  d'OioHIie,  au  lit  profond  et  large.  C'est  une  section  de  la  commune  de 
Grandhan.  Située  à  8  kil  de  Durbuy,  à  12  de  Marche,  elle  est  bornée  au  sud 
par  les  communes  de  Baillonville,  de  Noiseux,  de  Fronville,  à  l'est  par  le  terri- 
toire de  Grandhan  ;  de  Petite-Somme  et  de  Somme-Leuze  au  nord  ;  de  Heure  et 
de  Baillonville  à  l'ouest.  Elle  est  desservie  par  la  poste  de  Durbuy,  par  les  gares 
de  Barvaux  (il  kil  )  et  de  Melreux  (9  kil.),  par  la  malle-poste  de  Melreux-Noi- 
seux-Haversin,  et  par  le  téléphone  à  la  Barrière  de  Grandhan  (4  kil.)  Son  terri- 
toire mesure  581  hectares,  76  ares,  79  centiares,  dont  77  hectares,  77  ares  et 
20  centiares  de  bois  d'afiouage. 

Dans  son  lamentable  isolement,  sans  chemin  praticable  vers  Noiseux,  sans 
pont  sur  rOurthe,  sans  relations  vers  le  nord,  la  population  d'Eneilles  est  en 
décroissance  chaque  année.  Elle  comptait  247  habitants  en  1891  pour  49  ména- 
ges ;  le  recensement  de  1910  n'en  porte  plus  que  209,  répartis  en  55  ménages. 
11  y  a  27  enfants  en  âge  d'école,  une  trentaine  de  célibataires  au-dessus  de  trente 
ans,  deux  naissances  en  moyenne  par  an,  quand  on  en  trouve  17  en  1845, 


—      4 


Orographie. 


De  la  route  de  Monteuville  à  Grandhan,  le  seul  point  d'où  les  deux  Eneilles 
étalent  leur  coquetterie  aux  regards  du  touriste,  Grande  Enellle,  à  l'ouest,  appa- 
raît au  fond  d'une  vaste  plaine  (176  m.  d'altitude),  avec  sa  vieille  église  aux 
flancs  du  Fromental  (186  m.)  et  sa  couvée  de  petites  maisons  blanches,  éche- 
lonnées le  long  de  la  route,  qui  grimpe  péniblement  vers  les  sommets  du  Oros- 
thie?";  séparée  de  Petite  Eneille  par  le  fer  à  cheval  boisé  du  thier  de  Base  (230 
m.)  au  bout  duquel  s'éparpillent  à  l'est,  sur  la  déclivité  du  plateau  découvert,  les 
chaumines,  les  fermes  et  le  château.  • 

Le  reste  du  territoire,  au  nord,  forme  un  larçe  dos  d'âne,  raviné  en  cent 
endroits  et  mamelonné  à  souhait  pour  le  plaisir  des  yeux,  fermé  à  l'ouest  par  le 
bois  d'Eneille  et  donnant  naissance  à  maints  ruisselets,  à  maints  torrents,  qui, 
aux  jours  de  grandes  pluies,  se  précipitent  en  grondant,  de  cascade  en  cascade, 
dans  la  courbe  majestueuse  de  VOurthe. 


Pliol.  Eug.  Ilavcriand. 

L'Ourtlie  à  Eneille.  —  Au  fonii  :  Grande  Eneille. 


5     — 


Hydrographie. 

L'Ourthe,  au  midi,  fait  limite  entre  les  provinces  de  Luxembourg  etdeNamur 
sur  l'espace  de  500  niètres,  entre  les  territoires  de  Noiseux,  Fronviile  et  Eneille. 
Elle  y  présente  régulièrement  10  mètres  de  largeur,  coulant  de  l'ouest  à  l'est, 
tantôt  gazouillante  et  rapide  sur  ses  cailloux  nacrés,  tantôt  dormante  et  perfide 
au-dessus  d'insondables  gouffres  ;  partout  bordée  de  touffes  de  saules,  de  joncs, 
d'iris. 

Autrefois,  l'Ourthe  était  navigable  jusqu'aux  Eneilles,  qui  avaient  dans  la 
baie  des  Lelches,  un  port  minuscule  très  commode  pour  le  ravitaillement  du 
pays,  par  les  bateaux  venant  de  Liège,  Barvaux  et  Durbuy. 

La  limite  namuroise,  au  sud  et  à  l'ouest  est  formée  par  l'Ourthe,  le  ruisseau 
des  Sourdants,  les  rys  de  Villemonl  et  des  Fonds  de  Braye,  qui  dessinent  de 
façon  si  originale  sur  les  cartes  de  Belgique  l'arrête  externe  de  ce  long  pied  de 
nez  que  la  province  de  Luxembourg  fait  éternellement  à  son  ingrate  sœur  jumelle 
de  Namur,  en  sa  pauvre  terre  bloquée  des  Eneilles.  Moins  connu  des  géographes 
et  presque  mort-né,  le  ruisseau  du  Tronleux,  à  Grande  Eneille,  tire  son  filet 
d'eau  claire  de  la  fontaine  du  Tronleux,  et  dégringole  au  plus  vite  dans  le  ruis- 
seau des  Sourdants,  à  cinq  cents  pas  de  sa  source,  après  avoir  recueilli  le  trop 
plein  de  la  fontaine  Ste-Marguerite,  si  poétique  derrière  son  cadre  de  haies  vives, 
et  raccordée  au  presbytère  par  la  voie  souterraine  d'un  vulgaire  tuyau  de  plomb 
à  jet  intermittent. 

Petite  Eneille  a  de  l'eau  à  profusion,  à  fleur  de  côte,  avec  ses  sources  d'eau 
pure,  ses  étangs  fangeux,  aimés  de  la  tanche  ;  ses  mares  aux  canards,  ses  ruis- 
selets  sans  nom,  ravinant  à  d'énormes  profondeurs  les  terres  et  le  parc  du  châ- 
teau, pour  aboutir  dans  l'Ourthe  en  deux  versants,  celui  d'Eneille  et  celui  du 
Chène-à-Han,  notamment  par  l'embouchure  du  grand  Ry,  au  passage  d'eau  entre 
Eneille  et  Grandhan. 


Nature  du  sol. 
Productions  minérales,  végétales,  animales. 

Nous  devons  à  notre  excellent  ami  M.  Eugène  Haverland  la  notice  suivante 
d'après  les  levés,  tracés  et  légendes  de  MM.  Maximilien  Lohest  et  Michel 
Mourlon  : 

-  La    plus  grande  partie  du    scus-sol  d(s  detx   Eneilks  est  constitué  par 


l'Assise  dite  de  iMarieinbourg  du  Famennien  inférieur.  Cette  assise  se  compose 
de  schistes  souvent  violacés  avec  psammiles  à  Rhynchonella  Dumontî,  fossile 
dont  on  trouve  de  nombreux  gisements,  particulièrement  le  long  de  la  route  de 
Grande  Eneille  à  Petite  Eneille.  Cette  assise  est  comme  enveloppée  par  un 
vaste  fer-à-cheval  dont  les  branches  se  développent  suivant  une  direction  NW, 
N,  NE,  E  et  S  E  et  qui  est  formé  par  l'Assise  de  Senzeilles,  assise  inférieure  à 
la  précédente,  du  même  Etage  Famennien.  L'Assise  de  Senzeilles  est  composée, 
(aux  Enneilles)  de  schistes,  souvent  verdâtres  et  noduleux,  Rhynchonella 
Omallusi,  fossile  dont  on  rencontre  de  nombreux  exemplaires  dans  toute  cette 
partie  du  territoire.  Dans  toute  la  branche  septentrionale  de  ce  fer-à-cheval  se 
trouve  également  le  Cirthia  Murchisoniana. 

Parallèment  à  cette  même  branche,  et  encore  plus  au  nord,  s'étend,  suivant 
une  direction  S  W  —  N  E,  une  large  bande  de  schistes,  dits  Schistes  de 
Matagne  ou  de  Barvaux,  foncés,  très  feuilletés,  à  Cordiola  retrostriata  et 
petits  Qoniatites  ferrugineux.  On  y  trouve  aussi  Chonefes  armata  et  la 
variété  à  ailes  allongées  du  joli  Spirifer  Verneuilli.  En  fait  de  minéraux,  la 
pyrite  ou  sulfure  de  fer. 

L'extrémité  d'une  autre  bande  de  ces  mêmes  schistes  se  montre  au  Nord-Est 
de  Petite  Eneille. 

Quant  au  sol,  il  se  compose,  sur  les  hauteurs  et  sur  les  pentes,  de  détritus  et 
éboulis  des  roches  sous-jacentes  ;  sur  les  plateaux,  d'un  peu  de  Umon  ;  dans  le 
fond  des  vallées,  d'une  large  et  forte  nappe  d'alluvions  appartenant  au  quater- 
naire supérieur  ou  moderne.  » 

Il  y  a  quelques  années,  on  a  retiré,  des  alluvions  des  bords  de  l'Ourthe,  un 
tronc  d'arbre,  noir  comme  ébène,  lequel  a  servi  à  construire  un  bois  de  lit,  que 
l'on  peut  voir  chez  Justin  Lecomte  de  Petite  Eneille. 

Le  sol  d'Eneille  est  argileux  dans  les  parties  basses,  particulièrement  dans  les 
prairies,  où,  plusieurs  fois  l'année,  l'Ourthe  déborde  et  laisse  son  jaune  limon, 
au  grand  détriment  des  foins,  qui  trop  souvent  d'ailleurs  s'embarquent  d'eux- 
mêmes  pour  Maestricht;  le  sol  est  à  base  de  schiste,  à  peine  recouvert  d'une 
mince  couche  d'humus  sur  les  hauteurs  et  formant  çà  et  là  des  rochers  à  pic, 
qui  se  désagrègent  sous  l'action  des  eaux  et  croulent  en  masses  énormes  dans 
les  ravins  et  les  fossés.  Au  nord-est  sur  la  limite  de  Somme-Leuze,  on  exploite 
une  carrière  de  marbre  rouge,  malheureusement  trop  friable  pour  la  statuaire, 
mais  excellent  pour  recharger  les  routes  et  faire  de  beaux  pavements.  Non 
loin  de  là,  commence  la  zone  calcareuse  :  les  pierres  grises  de  Côreux  sont 
bonnes  pour  la  bâtisse. 

Fertile  dans  la  plaine  et  sur  le  versant  des  collines  exposées  au  midi,  le 


territoire  d'Eneille  est  très  aride  sur  les  plateaux  dénudés.  Les  années  de  séche- 
resse y  sont  des  années  de  famine  :  tout  y  brûle  dans  l'argile  durcie  ou  dans  le 
schiste  ingrat.  Le  salut  est  dans  les  pluies  abondantes.  D'après  un  fermier  du  pays, 
««  en  été  il  faudrait  ici  de  la  pluie  toute  la  nuit  et  du  brouillard  toute  la  journée  ». 
Dans  ces  conditions  humides,  tout  y  pousse,  gras  pâturages  et  belles  céréales  ; 
seulement,  attention  aux  caprices  de  l'Ourthe  !  Les  arbres  fruitiers  y  donnent 
des  produits  de  la  meilleure  qualité.  Dans  les  bois  dominent  le  chêne  et  le  hêtre  ; 
dans  les  terrains  vagues,  les  genêts,  la  bruyère,  qui  reculent  de  plus  en  plus 
devant  les  plantations  d'aulnes,  de  bouleaux,  de  sapins.  Sur  les  rochers  et  dans 
les  fondrières,  il  y  a  de  fantastiques  entrelacements  de  ronces  aux  mûres  trucu- 
lentes ;  et  partout  des  revêtements  de  mousses  piquées  de  fleurs  aux  brillantes 
corolles,  parmi  lesquelles  je  signale  à  l'attention  des  botanistes  :  le  corydale,  le 
cynoglosse,  la  dame  d'onze  heures,  le  calamus,  l'ail  des  ours,  la  digitale  jaune, 
et  ce  feu  d'artifice  perpétuel  de  l'œillet  des  Chartreux,  à  travers  les  lames 
schisteuses. 

Dés  les  premiers  jours  du  printemps,  le  paradis  d'Eneille  s'anime  de  mille 
chants  d'oiseaux,  et  comme  dans  le  bois  sacré  de  Golone  —  c'est  en  la  Grèce 
antique  —  «  les  nombreux  rossignols  aux  nombreuses  ailes,  comme  dit  Sophocle, 
y  chantent  nuit  et  jour  ".  Ce  qui  frappe  le  plus  l'étranger  qui  vient  à  la  belle 
saison  goûter  la  sohtude  d'Eneille,  c'est  la  multitude  infinie  d'oiseaux  de  toute 
taille  et  de  tout  cri,  depuis  le  héron  et  le  canard  sauvage  jusqu'au  merle  chan- 
teur et  au  roitelet-colibri. 

La  chasse  d'Eneille  est  renommée.  Cinq  gardes  locaux  en  défendent  l'entrée 
aux  profanes.  Les  lapins  pullulent  et  pilulent  dans  les  bois,  les  talus,  les  jardins  ; 
les  compagnies  de  perdreaux  y  courent  sur  les  routes  comme  les  poussins  dans 
les  rues  ;  le  lièvre  y  est  à  l'aise  ;  le  faisan  tient  bien  dans  nos  bois.  Le  renard,  la 
belette,  la  fouine,  le  putois  connaissent  nos  poulaillers.  Le  blaireau  dort  sous  les 
côtes  ensoleillées,  où  se  réchauffent  et  se  jouent,  dans  la  sonorité  des  feuilles 
sèches,  l'orvet  et  le  lézard.  La  mouche  de  Saint-Jean  sillonne  nos  nuits  d'été 
avec  sa  lanterne  d'acétylène. 

La  pêche  est  une  des  meilleures  qui  soient  depuis  la  source  et  le  confluent  des 
deux  Ourthes,  jusqu'à  la  Meuse  ;  mais  le  poisson  y  est  avisé,  capricieux.  Certains 
jours,  il  se  donne  sans  réserve  aux  professionnels  de  la  ligne  :  on  dirait  un  suicide 
en  masse  décidé  par  la  république  des  eaux.  Ces  jours  de  liesse  sont  rares  et  l'on 
ne  peut  pas  dire  que  la  ligne  nourrisse  son  homme,  malgré  la  multitude  de  poissons 
de  toute  espèce  dans  une  pèche  louée  et  bien  gardée.  Les  locataires  eux-mêmes 
y  font  de  rares  apparitions  ;  tandis  que  les  lignards  de  Noiseux,  de  Marche  et  de 
Liège,  ne  laissent  point  passer  un  jour  de  pêche  légale,  sans  venir,  même  au 
cœur  de  l'hiver,  guetter  le  saumon,  le  brochet,  la  tanche,  la  perche,  la  truite, 


le  barbeau,  le  liautus,  le  clievenne,  la  brème,  l'anguille  et  le  menu  fretin,  chaque 
espèce  selon  sa  saison. 

Climatologie. 


Le  climat  d'Eneille  est  double  :  rude  sur  les  sommets  (230  m.)  exposés  à  la 
bise  ;  doux,  mais  traître  dans  la  vallée  (176  m  ),  à  cause  des  courants  d'air  et  des 
brouillards  de  l'Ourthe.  L'hiver,  c'est  un  spectacle  curieux  à  observer  des  hauteurs 
du  Gros-Chêne  (350  m).  Derrière  vous,  le  plateau  uniforme  du  Gondroz  ;  en 
face,  l'Ardenne  toute  blanche,  sur  un  vaste  horizon  elliptique,  depuis  Perrière, 
par  St-Roch,  Erezée,  Samrée,  Nassogne,  jusqu'à  Marloie  etHaversin,  à  une  dis- 
tance rayonnante  de  7,  10  et  5  lieues,  à  l'est  et  au  sud  :  telle  la  vallée  du  Rhône 
vue  de  Leysin.  Au  loin  —  j'allais  dire  le  Mont  Blanc  calme  et  majestueux 
(Labiche)  —  au  loin  donc,  la  ceinture  de  neige  sur  la  haute  Ardenne  et  sur  la 
déclivité  des  pentes  ;  et  tout  au  fond  de  la  cuve,  Grandhan  et  les  Eneilles  avec 
leurs  prairies  toujours  vertes.  Car  la  neige  y  dure  peu,  et  le  moindre  rayon  de 
soleil  y  a  des  réverbérations  intenses.  Ecoutez  ce  récit  merveilleux  transcrit  in 
perpetuam  rei  memoriam  par  le  curé  Randollet  : 

«  Le  30  novembre  1771,  jour  de  Saint  André,  apôtre,  on  a  cueilli  des  fraises 
dans  le  bois  du  Ghayneux,  entre  les  deux  Eneilles.  Elles  étaient  aussi  bonnes  et 
bien  mûres  qu'en  été  ;  et  ce  même  jour  il  faisait  aussi  chaud  et  beau  serein,  sans 
la  moindre  gelée,  qu'aux  plus  beaux  jours  d'arrière-saison.  Enfin,  de  mémoire 
d'homme  on  n'a  vu  une  si  belle  année.  Depuis  le  printemps  jusqu'à  ce  jour,  il  a 
fait  constamment  le  plus  beau  temps  qu'on  puisse  désirer,  c'est-à-dire  une  tem- 
pérature assez  chaude,  sans  sécheresse,  de  temps  en  temps  rafraîchie  par  de 
bonnes  pluies  et  fortes  rosées.  Aussi,  il  y  a  près  d'un  mois  que  l'on  a  vu  dans  les 
wassends  semés  au  commencement  de  septembre,  les  premiers  montants  noués, 
et  généralement  les  grains  sont  de  toute  beauté.  Ils  sont  même  trop  beaux.  Dieu 
veuille  les  conserver.  Ita  est  «.   Randollet. 

L'année  1911a  bien  marqué  ce  que  vaut  le  sol  d'Eneille  en  temps  de  sécheresse. 
Les  gelées  de  mai,  malgré  les  pluies  qui  ont  suivi,  n'ont  permis  qu'une  demi- 
récolte  de  foins.  Les  chaleurs  tropicales  de  juin-octobre  ont  donné  de  la  qualité 
aux  céréales  et  à  toute  espèce  de  fruits,  quand  ils  n'ont  pas  séché  sur  les  arbres. 
Les  regains  ont  manqué  ;  les  pommes  de  terre  cuisaient  dans  le  schiste,  où 
beaucoup  d'arbres  et  d'arbustes  sont  morts  de  soif.  L'automne  fut  piteux  de 
décors  et  de  produits  : 

"  apricis  coquitur  vindemia  saxis  ". 


—     9 


§  IL 

Hameaux,  Chemins  et  Lieux-dits, 


Deux  hameaux  forment  la  paroisse  :  Grande  Eneille  et  Petite  Eneille.  A 
Grande  Eneille  se  rattachent  Petite  Noiseux,  une  maison  seule,  derrière  le 
ruisseau  des  Sourdants,  au  territoire  de  Noiseux  (province  de  Namur)  ;  et  Bois 
d'Eneille,  trois  chaumières  sur  la  route  de  Marche  à  Liège. 

Grande  Eneille  est  reliée  à  Petite  Eneille  par  une  route  construite  en  1883. 
La  route  provinciale  de  Grande  Eneille  au  Sainpont  date  de  1902.  Elle  fut  décla- 
rée provinciale  en  1908,  en  prévision  de  son  prolongement  sur  Noiseux. 

C'est  tout  un  poème  en  24  chants  que  la  construction  de  cette  route  d'Eneille 
à  Noiseux.  Les  Eneillais,  24  ans  durant,  l'ont  réclamée  en  vain  comme  la  voie 
du  salut.  Un  premier  plan  dressé  en  1909  et  se  montant  à  environ  103,000  francs 
pour  les  deux  kilomètres  qui  nous  séparent  de  la  civilisation,  fut  rejeté  par  la 
commune  de  Noiseux,  qui  ne  trouve  aucun  intérêt  à  travailler  pour  le  voisin. 
Réduit  de  20,000  francs  par  le  conseil  communal  de  Grandhan,  il  a  été  ainsi 
approuvé  par  le  ministre  de  l'agriculture.  Nous  sommes  en  1912,  et  c'est  toujours 
entre  Eneille  et  Noiseux  le  charme  sans  cesse  renaissant  des  montagnes  russes 
aux  giclantes  ornières. 

En  attendant  l'ouverture  de  l'année  jubilaire  —  un  jubilé  de  25  ans  d'espoirs 
déçus  —  faisons  le  tour  du  territoire  des  Eneilles,  et  citons  par  ordre  alphabé- 
tique les  lieux-dits,  d'après  le  cadastre  et  les  vieilles  archives  du  presbytère. 

A.  En  Abluhan  ou  Nabluhan  (avec  prothèse  de  n),  l'Aire  al  Gôre  (Gôre  = 
Coudrier). 

B.  So  Base,  al  Basse  Adam,  al  Basse  Gaillard.  (Basse  =  flaque  d'eau)  — 
(Adam,  Gaillard  =  noms  de  familles  d'Eneille  du  16^  siècle),  A  Baty  Dewarre. 
Au  grand  Battis.  (Dewarre,  nom  de  famille  du  15®  siècle)  (Battis  ou  Baty=  une 
pelouse  non  fermée,  au  milieu  ou  à  côté  d'un  village  ;  ainsi  nommée  parce  que 
l'herbe  en  est  battue  par  les  bestiaux  ou  les  passants,  dit  le  dictionnaire  roman, 
imprimé  à  Bouillon  en  1742). 

Li  Bwès  d'Eneille,  li  Bwès  du  seigneur  (aujourd'hui  :  li  Bwès  del  fontaine),  al 
boque  du  Bwès  {Boche  de  Boys,  en  1519),  â  bon  Bonnî,  è  Bonihan  ou  Bonix- 
hant,  â  solo  de  Bonihan,  â  Bouhon  (1510)  ^  au  Buisson. 

C.  El  Commune,  eu  a  Gommina  (anciennes  terres  de  la  communauté  d'Eneille), 


-      10     — 

en  Co?'iil,  le  Cot^lil  du  Colonel,  le  Corlil  du  Lion,  le  Cortil  du  château 
dessous  l'église,  al  Couley  destruyt  ylhe  (1510),  al  creux  Saint  Pir,  al  rodje 
Creux. 

D.  So  Djoupré  ou  Djouprelle,  les  treus  djournas. 

E.  E  l'Enclos 

F.  Al  Paye,  dizo  Pays,  so  les  Fiefs  ou  so  les  Fys  (anciens  fîefs  dépendant  de 
la  cour  féodale  de  Liège),  e  Fond  d'Braye  (Braye  =  fange),  è  Fond  dé  Trou  dé 
Bwés,  Fond  dé  Bon  Bonni,  Fosse  Djacque,  Fosse  Houtton  ou  Hotton,  Fosse 
Sie  Marçarit {\ôiO),  Fosse  Zabay  ou  Zabeau  ou  Isabeau,  {anciens  noms 
ou  prénoms  locaux),  Fosse  dé  Tchayneux,  Fosse  délie  rodje  Creux,  Fosse 
des  Leus,  Fosse  dé  Mouni  ou  dé  Molinay,  en  Frenu  (1510). 

H.  So  Halin,  so  Hasval  ou  Hasvâ,  la  Heppe  (heppe  =  hache  de  charpentier, 
dite  épaule  de  mouton  :  ce  terrain  en  a  la  forme). 

L.  a  Léable,  à  Letches  (laiches),  So  les  lits  (du  moulin). 

M.  E  Mardjai  ou  Margai  (pré  Margai  =  Margaritae),  so  Morimont,  è 
Mousty. 

A^.  E  Naiveu  (lieu  où  s'arrêtaient  les  bateaux,  naves)),  so  Neitchet  ou  é 
Neytchept  ou  é  neye  Tchet,  au  gros  Nez  CoUin. 

0.  A  l'ovreux  ou  l'avreux  (avec  a  sourd  ;  lieu  où  l'on  refaisait  les  bateaux). 

P.  li  Pasay  dé  Tchêne  à  Han,  é  setche  Patchi,  so  1'  Plain  d'Sâcire,  so  1'  Plain 
délie  rodje  Creux  {plain,  opposé  de  fosse)  au  Péri  de  Tchêne  à  ^îan.,  é  Pré  du 
Pont,  é  Pré  Collard,  Pré  d'Mâtche  (Marche),  a  Pré  dé  Cortil,  li  savadje  Pré,  â 
Pré  Péronne,  Pré  de  Treylis  {treillis)  à  l'encont  de  Cenglis  (église) 
(  /5*  siècle),  è  Pré  à  Baye. 

Q  So  les  Quoades  (les  Choades,  en  1510)  ou  les  Quartes  en  Abluhan. 

/?.  A  Rays  Collard,  en  Regnelée  ou  Regnerée  ou  sur  le  Rengle  (1510), 
Rondlchamps  (champs  disposés  en  rond,  actuellement  boisés),  Ry  d'Mardjai, 
Grand  Ry. 

S.  La  saison  du  Pasay  ou  Paçeau  ou  délie  Piedsente  dé  Tchêne  à  Han  (saison, 
terme  agricole,  désignant  une  certaine  étendue  de  terrains  semés  des  mêmes 
produits).  E  Salcire  ou  Sâcire  ou  Saucier,  al  Saulx  (lieu  planté  de  saules),  dizeu 
Sâcire,  è  Sievâ  ou  Tchevâ. 

7.  Thier  de  Base  ou  de  Basse  (d'après  ses  flaques  d'eau),  so  Texhée,  Thier 
de  Croqs  (Crocus  ?  il  y  croit  en  abondance  une  espèce  de  fleur  de  ce  genre),  è 
gros  Thier,  è  Tronleux  (planté  de  tronles  =  trembles). 

V.  En  Verontol  (1510),  a  Vevy  (vivier),  âclôssés  Voyes. 


11    — 


W.  A  Wayay  ou  Wea'js  (1510),  a  Wé  Pire  ou  Wez  Pire  (Pire,  nom  de 
famille),  a  Petit  Wayai  ou  Petit  Wez  (gué),  au  Grand  Wayai. 

Z  È  Zoupire  ou  Sous  Pire. 


CHAPITRE  Jl 

E  PRÉHISTÛHIQPE, 


L'époque  préhistorique  comprend  l'âge  de  la  pierre,  l'âge  du  bronze,  l'âge  du 
1er,  selon  que  les  hommes  de  ces  époques  lointaines  employaient  pour  leurs 
instruments  le  fer,  le  bronze  ou  la  pierre. 

Dans  l'état  actuel  des  sciences  préhistoriques,  il  semble  que  l'âge  de  la  pierre 
se  divise  en 

période  éolithique  (utilisation  d'éclats  naturels), 
»        paléolithique  (pierre  taillée), 
»        néolithique  (pierre  polie). 

D'aucuns  placent  comme  intermédiaire  entre  les  deux  dernières,  la  période 
tardenoisienne. 

La  période  éolithique  semble  n'avoir  pas  laissé  de  traces  dans  le  Luxem- 
bourg :  d'après  Rutot,  l'homme  utilisait  les  (apis  naturels  de  sileœ,  tels  qu'il 
les  trouvait  en  certaines  régions  :  Baraque  Michel,  vallées  de  la  Sambre  et  de  la 
Meuse,  pays  de  Mons,  bassin  de  l'Ourthe  inférieure,  vers  Tilflf.  Le  même  auteur 
pense  que  des  peuplades  éolithiques  se  seraient  conservées  jusqu'en  pleine 
période  néolithique  (populations  dites  fténusiennes). 

Durant  la  période  paléolithique,  l'homme  vit  à  l'entrée  des  grottes,  se  livre 
à  la  pêche  et  à  la  chasse.  C'est  l'époque  du  manmouth,  de  l'ours  des  cavernes, 
de  l'hippopotame  à  narines  cloisonnées,  du  renne  etc.  Eneille  a  certainement  vu 
l'homme  paléolithique,  qui  a  laissé  des  traces  dans  les  grottes  de  la  vallée  de 
l'Aisne  et  de  l'Ourthe  inférieure. 

La  période  tardenoisienne  voit  apparaître,  vers  la  fin  de  l'âge  du  renne, 
une  population  pratiquant  une  industrie  toute  spéciale,  composée  de  petits 
instruments  très  délicats.  A  l'origine,  elle  vivait  dans  les  grottes  (Remouchamps), 
puis  paraît  s'être  transportée  sur  les  plateaux,  peut-être  à  la  suite  des  crues  et 


-     12 


Trois  silex  de  la  station  néolithique  du 
Thier  de  Base.  Grand,  nat. 
Rec.  et  del.  Eug.  Haverland,  I9il. 

(Musée  de  l'Inst.  arch.  d'Arlon;, 


des  inondations  (plateaux  de  Remouchamps,de 
la  vallée  de  la  Meuse,  près  de  Rivière  ;  Gampine 
limbourgeoise).  On  n'a  pas  jusqu'ici  retrouvé  de 
traces,  dans  les  environs  d'Eneille,  de  cette 
population  qui  devait  être  très  paisible  et  vivait 
de  la  pêche. 

La  période  néolithique  ou  de  la  pierre 
polie  est  caractérisée  par  les  monuments 
mégalithiques  :  dolmens,  grands  polissoirs, 
pierres  levées  etc.  L'homme  vit  principalement 
sur  les  hauts  plateaux  à  horizons  étendus, 
dans  le  voisinage  des  sources.  Il  utilise  excep- 
tionnellement les  grottes,  surtout  pour  les 
sépultures.  Il  connaît  la  poterie,  s'adonne  à  la 
chasse,  employant  pour  cela  des  pointes  de 
flèches  à  ailerons.  Il  y  en  a  des  traces  a 
Eneille  :  une  petite  station  néohthique  bien 
caractérisée,  au  bout  de  l'allée  de  sapins  qui 


Plnjl.  Edouard  l'élit. 


Le  Dolmen  de  Wéri.'^ 


13     — 


monte  au  thier  de  Bise,  sur  le  plateau  légèrement  incliné  vers  le  sud-est, 
d'où  l'on  découvre  très  distinctement  à  trois  lieues  les  hauts  plateaux  de  Wéris 
et  d'Oppagne  (dolmens).  M.  Eugène  Haverland  y  a  trouvé  une  vingtaine  d'éclats 
de  silex,  la  plupart  craquelés  par  le  feu,  restes  abandonnés  sans  doute  par  une 
population  très  pauvre  et  dépourvue  de  matière  première  :  quelques  lames  et 
pointes  assez  rudimentaires,  un  fragment  de  hache  polie,  ayant  servi  de  percu- 
teur et  craquelé  par  le  feu,  des  fragments  de  plaques  de  psammite,  dont  l'un 
porte  deux  raies  parallèles,  produites  par  frottement  (polissoirs  ?) . 

Les  âges  du  bronze  et  du  fer  correspondent  à  peu  près  à  l'époque  gauloise. 


CHAPITRE  III. 

EMEILLE  A  L'ÉPÛQPÊ  ROMAINE  ET 
A  L'ÉPOQUE  FRAMQIIE.  —  ÉTYMOLOGIE. 

§1. 

Époque  romaine. 

1.  A  l'époque  de  la  conquête  romaine,  le  territoire  d'Eneille  était  à  la  limite 
méridionale  du  pays  des  Gondi'uses,  tribu  cliente  des  Trévires.  Cette  tribu  occu- 
pait la  région  située  au  nord  de  la  Famenne,  sur  la  rive  gauche  de  l'Ourthe, 
Urta,  un  nom  celtique  latinisé.  Notre  petit  coin  de  terre,  aux  fertiles  prairies, 
appelées  encore  «  les  Prés  sous  la  ville  »,  se  prêtait  bien  à  l'établissement  d'une 
villa  ou  centre  d'exploitation  agricole,  noyau  du  futur  village  d'Eneille,  près  de 
l'endroit  où  la  voie  romaine  de  Tongres  à  Arlon  franchit  la  rivière.  Venant  du 
nord,  cette  ancienne  voie  enjambe  la  Meuse  à  Ponthière,  et,  passant  par  Béemont, 
la  Posterie,  près  de  Ghardeneux,  où  l'on  a  découvert  en  1910  des  constructions 
romaines,  elle  descend  vers  l'Ourthe  par  le  lieu  dit  «  au  Vieux  Chemin  »,  lais- 
sant les  fermes  de  Chêne  à  Han  à  gauche,  pour  traverser  la  rivière  en  aval  du 
moulin  d'Eneille  ;  à  un  endroit  guéablc  où  se  retrouve  encore  actuellement,  au 
fond  de  l'eau,  le  dallage  destiné  à  faciliter  autrefois  le  passage  des  lourds  chariots 
de  guerre. 


—     14     — 

Klle  longeait  la  rive  droite  sur  une  «listance  tb  80  mètres,  et  montait  obli- 
quement la  côte,  entre  Monteuville  et  Grandhan.  Recouverte  d'iiumus  dans  la 
vallée,  elle  reparait  au  sommet  du  plateau  en  un  tronçon  de  100  mètres,  parfai- 
tement conservée.  Par  Melreux,  Soy,  Marcour,  Mande-St-Etienne,  elle  va 
rejoindre  à  Arlon  la  grande  voie  de  Reims  à  Trêves.  A  signaler  aussi  plusieurs 
diverliciUes,  au  bord  desquels,  particulièrement  au  Baty  Dewarre,  la  charrue 
met  fréquemment  au  jour  de  vieux  fers  de  mules. 


l'Itot.  Petit. 


Le  Gué  du  Moulin, 
prés  de  l'endroit  où  la  voie  romaine  francliit  l'Ourtlie. 


Devant  l'entrée  de  l'école  se  voit  nettement,  à  fleur  de  sol,  marquée  au  feu, 
l'ouverture  d'un  grand  four  creusé  dans  le  schiste,  dont  la  ligne  supérieure,  en 
carré  arrondi  aux  angles,  se  recourbe  du  côté  sud,  où  se  trouvait  la  prise  d'air. 
Remblayé  et  nivelé  depuis  la  construction  de  l'école,  ce  four  a  été  vidé  jusqu'au 
fond  à  la  demande  de  M.  Eugène  Haverland,  le  20  août  1911.  Le  fond  est  légère- 
ment en  fond  de  bateau.  Les  parois  présentent  les  traces  d'un  feu  violent.  On  y  a 
retrouvé  noircies  et  calcinées  les  pierres  qui  en  formaient  le  rebord  ou  la  voûte 
au-dessus  du  sol,  effondrées  dans  l'argile  rougie,  sur  tout  le  périmètre.  Il  mesure 
3  mètres  65  de  côté  et  l  m.  50  dans  sa  plus  grande  profondeur.  La  tradition 
locale  désigne  cette  excavation  comme  un  four  crématoire  de  l'époque  romaine. 
C'est  peu  probable.  Autrefois,  une  longue  barre  de  fer  le  chevauchait  d'un  bord 
à  l'autre.  On  n'a  retrouvé  à  la  place  du  foyer  qu'une  poignée  de  terre  noire  et 
quelques  charbons. 

On  parle  aussi  d'un  autel  du  dieu  Pan  trouvé  jadis  sur  l'emplacement  de 
l'église. 


—      i5     — 

§  II. 

Époque  Franque. 
1.  Les  Tombeaux  mérovingiens. 

En  face  de  Grande  Eneille,  sur  la  hauteur  du  thier  de  Base,  à  l'endroit  même 
où  il  se  termine  en  promontoire,  dominant  à  pic  toute  la  vallée,  M.  Haverland 
a  mis  à  découvert  deux  tombes  mérovingiennes,  le  3  novembre  1911.  Elles  sont 
orientées  du  N  W  au  S  E.  Inclinées  comme  la  pente  du  terrain,  elles  ont  une 
profondeur  qui  varie  entre  1  mètre  et  0™40.  Larges  de  0™60,  l'une  a  2  mètres 
de  long,  l'autre  l'^SS  ;  juxtaposées  avec  un  entre  deux  de  O^TS,  Elles  sont 
taillées  dans  le  schiste  et  d'un  travail  très  soigné.  La  plus  grande  ne  contenait 
plus  aucun  débris  humain  ;  dans  l'autre  se  trouvaient  encore  quelques  osse- 
ments décomposés  par  l'action  des  eaux  et  sucés  par  les  radicelles  qui  les  enser- 
raient de  toutes  parts.  L'absence  d'armes  ou  de  poteries  permet  de  les  rapporter 
à  la  fin  de  l'époque  mérovingienne.  Des  fouilles  plus  complètes  mettraient 
sûrement  à  jour  un  ancien  cimetière  :  il  y  a  cinquante  ans  on  avait  déjà  re- 
trouvé au  même  endroit  un  squelette  accompagné  d'une  pointe  de  fer. 

Entre  Petite  Eneille  et  Chêne  à  Han,  on  signale  aussi  une  tombe  de  ce  genre 
au  thier  de  Rock. 

2.  Les  Carolingiens. 

A  cinq  minutes  de  Grande  Eneille,  sur  le  territoire  de  Noiseux,  le  plateau  de 
l'Armont  garde  des  traces  d'un  ancien  campement  d'un  type  tout  à  fait  unique, 
qui  passe  pour  un  camp  carolingien. 

En  voici  la  description  d'après  un  article  anonyme  (auteur  Alfred  Becquet)  des 
Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur  (i). 

«  Nous  croyons  utile  de  signaler  à  nos  lecteurs,  qu'intéresse  l'histoire  de  notre 
province,  l'emplacement  d'un  camp  de  l'époque  carlovingienne  à  l'extrémité 
nord-est  du  canton  de  Rochefort  et  près  de  la  chaussée  romaine  allant  d'Arlon  à 
Tongres.  Il  est  situé  dans  la  commune  de  Noiseux,  sur  une  colline  abritée  des 
vents  du  Nord  et  à  une  très  petite  distance  des  bords  de  l'Ourthe. 

Cette  colline  aride  et  déserte  porte  le  nom  de  Larmont,  nom  qu'un  lettré  du 
village  nous  assurait  être  la  traduction  de  armorum  trions.  On  remarque  en 
cet  endroit,  sur  une  espace  de  plus  de  1500  mètres,   une  quantité  de  fosses 


(1)  Tome  XX%  1S94,  3'  livraison,  pages  310  et  suivantes. 


—     16     — 

creusées  dans  un  schiste  très  dur.  Il  y  en  a  de  toutes  formes  et  de  toutes  dimen- 
sions :  carrées,  rondes,  ovales,  en  demi-cercle,  etc.  Les  plus  grandes  ont 
environ  un  mètre  de  largeur  sur  autant  de  profondeur  ;  les  rondes,  qui  sont  les 
plus  répandues,  n'ont  que  trente  centimètres  de  diamètre  sur  cinquante  à 
soixante  de  profondeur.  Ces  dernières  renferment  des  restes  de  pieux  ou  de  forts 
piquets  en  bois  qui  avaient  été  primitivement  calés  avec  des  galets  provenant  de 
rOurthe,  et  que  l'on  retrouve  encore  en  place.  Les  fosses  carrées  contiennent 
souvent  aussi  des  restes  de  bois  :  dans  l'une  d'elles  nous  trouvâmes  encore  un 
cadre  formé  de  quatre  forts  madriers  en  chêne,  placé  contre  les  parois  du  fond. 

Six  fosses  carrées  étaient  creusées  en  quinconce  vers  le  milieu  du  Larmont  ; 
leur  disposition  régulière  nous  fait  supposer  qu'elles  avaient  servi  à  maintenir 
les  montants  d'une  construction  en  bois.  Toutes  les  autres  fosses  que  nous  avons 
reconnues  nous  ont  paru  établies  sans  ordre,  et  comme  au  hasard. 

On  ne  peut  faire  que  des  conjectures  sur  la  destination  de  ces  trous  ;  celle  qui 
nous  paraît  la  plus  probable  est  qu'ils  étaient  destinés  à  maintenir  des  piquets 
de  tentes,  de  baraques,  de  palissades,  à  servir  de  trous  de  loup  et  à  d'autres 
défenses  de  campagne. 

L'emplacement  de  la  cuisine  se  distingue  encore  parfaitement  :  le  foyer,  établi 
sur  le  sol,  était  entouré  d'un  double  fossé  creusé  en  forme  de  bacs.  Gomme  le 
terrain  est  légèrement  en  pente,  il  est  assez  probable  que  ceux-ci  servaient  à 
retenir  et  à  écouler  les  eaux,  qui,  sans  cette  protection,  se  seraient  répandues 
sur  le  foyer.  On  voit  aussi  dans  la  partie  nord  du  Larmont  deux  puits  creusés 
dans  le  schiste  ;  ils  ont  un  mètre  cinquante  de  diamètre  à  leur  ouverture. 

Nous  n'avons  remarqué  aucune  trace  de  fossés  ni  de  maçonnerie,  mais  le  sol 
est  couvert  de  débris  de  poterie  commune,  principalement  dans  le  voisinage  de 
la  cuisine.  Cette  poterie,  d'un  gris  ardoise,  est  mince,  dure  et  sonore  comme  les 
grès.  Ces  caractères  appartiennent  à  la  poterie  de  l'époque  carlovingienne  dont 
le  musée  de  Namur  possède  de  nombreux  spécimens.  On  y  trouve  aussi  des 
fragments  de  tuiles  romaines  ;  ils  provenaient  peut-être  de  la  toiture  de  la 
construction  dont  nous  avons  signalé  la  présence  vers  le  milieu  du  camp  ;  au 
IX'^  siècle  on  se  servait  encore  fréquemment  de  la  tuile  romaine  pour  couvrir  les 
habitations  de  quelque  importance.  Il  est  possible  aussi  que  ces  fragments  de 
tuiles  aient  été  amenés,  avec  les  terres,  d'un  champ  voisin,  où  l'on  voit  les 
restes  d'une  petite  construction  de  caractère  romain. 

La  colline  de  Larmont  était  parfaitement  choisie  pour  l'assiette  d'un  camp  : 
elle  était  bien  abritée,  voisine  de  l'Ourthe  et  d'une  chaussée  romaine  qui,  à 
cette  époque,  était  la  voie  la  plus  praticable  pour  la  marche  des  armées. 

Si  l'étude  des  lieux  nous  a  engagés  à  faire  remonter  son  établissement  aux 
Garlovingiens,  on  peut  aussi  supposer,  avec  quelque  raison,  que  ce  camp  dut 


—     17     — 

être  occupé  au  commencement  du  IX^  siècle,  pendant  les  guerres  interminables 
que  se  firent  entre  eux  Louis  le  Débonnaire  et  ses  fils,  guerres  qui  eurent 
plusieurs  fois  pour  théâtre  le  sud  de  la  Belgique  ». 

D'autre  part  voici  ce  que  je  lis  dans  Kurth  (1)  : 

«  Quand  Lothaire  II  mourut  en  869,  ses  oncles  Charles  le  Chauve  et  Louis  le 
Germanique  se  jetèrent  sur  son  héritage  et  le  partagèrent  entre  eux.  Le  cours 
de  la  Meuse  et  celui  de  /'Ourthe  servirent  de  frontière  :  Louis  le  Germa- 
nique reçut  ce  qui  était  à  iest  ;  Charles  le  Chauve  ce  qui  était  à  l'ouest. 

A  la  mort  de  Louis,  Charles  voulut  s'emparer  du  tout,  mais  il  fut  honteuse- 
ment battu  à  Andernach  par  Louis  III,  et  peu  de  temps  après,  quand  Charles  fut 
mort,  Louis  III  fit  expier  aux  fils  de  Charles  la  faute  de  leur  père  en  leur  enle- 
vant la  part  de  la  Lotharingie  (879). 

Nous  étions  de  la  sorte  rattachés  à  l'Allemagne,  et  quand  le  roi  de  ce  pays, 
Charles  le  Gros,  fut  devenu  empereur,  nous  nous  trouvâmes  de  nouveau  réunis 
avec  toutes  les  autres  provinces  franques  sous  l'autorité  unique  d'un  souverain.  » 

Tout  fait  donc  supposer  (histoire,  plan,  poteries)  que  l'Armont  est  réellement 
un  camp  carolingien. 

3.  Ëtymologie. 


«  Un  diplôme  de  Pépin  de  Herstal,  rendu  entre  687  et  714,  probablement 
en  692  (date  de  la  fondation  de  la  paroisse  de  Lierneux),  nous  apprend  que 
le  maire  du  palais  fait  don  à  l'Abbé  de  Stavelot  et  à  ses  moines,  de  la  villa  de 
Lierneux  et  de  ses  dépendances,  parmi  lesquelles  est  cité  un  endroit  appelé 
Unalia.  Nous  ne  possédons  plus  le  texte  de  cette  donation  ;  mais  son  exis- 
tence nous  est  formellement  attestée  par  des  sources  diplomatiques  contempo- 
raines (1)  «. 

Unalia  est  cité  encore  comme  dépendance  de  Lierneux  dans  une  charte  du  15 
août  747,  par  laquelle  le  maire  du  palais  Carloman,  avant  de  se  retirer  au 
couvent  du  Mont  Cassin,  restitue  à  l'Abbaye  de  Stavelot  villa^n  aliquam  quae 
vocitatur  Lethernau,  una  cum  appenditiis  et  adjacentiis  suis,  quorum 
vocabula  sunt  :  Br astis  {Bra),  Feronio  (Ferot-sous-Mîj),  Unalia  et  Alda- 
nias  {Odeigne)  (2). 


(1)  Histoire  de  Belgique  racontée  aux  enfants  des  écoles,  pp.  34-35,  Namur,  De  Roisin. 

(2)  Yernaux  Le^  Premiers  Siècles  de  l'Abbave  de  Stavelot-Malmédy,  page  33. 

£ 


—     18     — 

La  iiosition  ci  l;i  iiatui'e  de  cet  Unalia  se  précisent  dans  un  diplôme  signé 
en  887  par  l'empereur  d'Allemagne,  Charles  le  Gros,  et  par  son  neveu  naturel  et 
successeur  Arnould  de  Carinthie,  à  Lustnau,  domaine  royal  situé  non  loin  de 
l'endroit  où  lo  Rhin  pénètre  dans  le  lac  de  Constance.  Cet  acte  impérial  publié 
peu  de  temps  avant  la  déposition  de  Charles,  donne  à  un  certain  Hrotmundus, 
entre  autres  92  mansa,  m  villa  HaManzia  {Havelange)  in  pago  Condro- 
dense  {Condrostinse?)  ;  in  villa  Unaija,  super  fluvio  Urtae,  mansa  un'"'  : 
quatre  manses  dans  la  villa  Unalia,  sur  la  rivière  d'Ourthe. 

La  villa  Unalia,  sur  l'Ourthe,  non  loin  d'Havelange,  non  loin  de  Ferot-sous- 
My,  ne  peut  être  que  la  villa  des  Eneilles. 

Plus  tard,  une  bulle  du  pape  Alexandre  III  à  l'Abbé  de  Neufmoustier  (15  mars 
1178),  cite  dans  la  longue  liste  des  cures  incorporées  à  Neufmoustier  le  nom 
d'Eneille  sous  la  forme  Anale  :  «  Nous  prenons  sous  notre  protection  votre 
possession  de  Anale  avec  son  église.  Anale,  au  singulier,  désigne  ici  Grande 
Eneille,  où  se  trouve  l'église  paroissiale.  Le  pluriel  Analia  (alias  Unalia) 
désignerait  les  deux  Eneilles. 

Anale,  Analia  est  devenu  successivement  Anelhe  (1504),  Eyneylhe,  Eynelhe, 
Enelhe  (16*^  siècle).  Les  formes  Eneille  ou  les  Enneilles  ne  se  trouvent  qu'à 
partir  du  17^  siècle,  dans  les  registres  paroissiaux. 

Nous  adoptons  la  forme  Eneille,  comme  plus  conforme  à  son  origine  latine  : 
Grande  Eneille,  Petite  Eneille,  les  deux  Eneilles.  Quant  au  sens  des  mots 
Analia  (Unalia),  judicent  peritiores  :  cela  ne  ressemble  à  rien  de  connu, 
sinon  que  l'on  dit  encore  aujourd'hui  le  trou  d'Eneille^  comme  on  dit  Esch-le- 
trou,  sur  la  Sûre.  Il  n'y  a  rien  de  commun  entre  l'étymologie  d'Eneille  (Anale) 
et  le  nom  du  ruisseau  de  l'Enalle  (Alsena),  affluent  de  la  Salm,  cité  dans  un 
ancien  diplôme  comme  frontière  du  pays  de  Stavelot. 

4.  Les  quatre  manses  d'Eneille  à  l'époque  franque. 

A  l'époque  de  la  possession  stavelotaine,  du  VIP  au  IX*  siècle,  le  domaine 
de  l'Abbaye  était  divisé  en  «  villae  »  de  différentes  grandeurs.  Parfois  l'Abbaye 
n'acquiert  dans  une  «  villa  »  que  quelques  manses  ou  des  parties  de  manses. 

«  Les  «  villae  »  comprenaient  deux  parties  essentielles,  le  manse  seigneurial 
(mansus  indominicatus)  exploité  directement  par  les  serfs  de  l'Abbaye  (familia), 
et  les  tenures  des  paysans  grevées  de  certaines  charges  fixées  par  la  coutume. 


(1)  Halkin  et  Roland.  Recueil  des  chartes  de  Stavelot-Malmédy,  I,  52.  —  Léon  Lahave,  Mélanges 
Kurth. 


—     19     — 

Le  manse  seigneurial  comprend  d'abord  la  maison  d'tiabitation  ...  résidence 
du  maitre  .,.  ;  il  contient  aussi  des  maisons  plus  petites  où  demeurent  les 
esclaves  (serfs  domestiques) et  des  bâtiments  industriels  ou  agricoles  qu'en- 
toure un  mur  ;  plus  loin,  ce  sont  des  champs  de  culture,  des  prés,  des  vignes, 
des  bois.  Au  manse  seigneurial  se  rattachent  encore  le  moulin  et  le  plus  souvent 
une  église. 

A  la  tête  de  chaque  villa  se  trouvait  un  maire,  «  major  ou  villicus  ».  Sous  le 
maire  viennent  un  certain  nombre  d'agents  qui  l'aidaient  à  administrer  sa 
circonscription  :  decani,  forestarii,  venatores,  magistri  operum  etc. 

Au  point  de  vue  politique,  l'autorité  souveraine  était  représentée  par  des  agents 
intermédiaires,  connus  sous  le  nom  dejudices  :  ducs,  comtes,  centeniers,  etc. 

A  l'Abbaye  tout  était  centralisé  entre  les  mains  d'un  double  pouvoir  :  l'avoué, 
suppléant  de  l'Abbé  comme  souverain  justicier,  et  le  prévôt,  son  instrument 
pour  la  gestion  des  propriétés  monastiques  (1)  »». 


(1)  Yernaux,  op.  cit.  92,  95-9 


—     20 


CHAPITRE  IV. 


§  I. 


La  Seigneurie  d'Eneille  au  Comté  de  Durbuy. 

La  seigneurie  d'Eneille  date  de  l'époque  féodo-communale.  En  1389,  elle  est  en 
mains  des  d'Ochain  ou  de  Xhoce,  dont  une  héritière  épouse  Gilles  de  Brialmont. 
Eneille  était  une  des  seize  seigneuries  féodales  et  foncières  dépendant  du  comté 
(plus  tard  de  la  prévôté)  de  Durbuy  (1). 


l'Iiiit.  Alhert. 


LA  VILLE  LE  DURBUY. 
Le  Château.  —  L'église.  —  L'ancien  lit  de  l'Ourtlie. 


•«  Le  comté  de  Durbuy  fut  primitivement  un  apanage  des  puînés  de  la  maison 
de  Namur.  Nous  y  trouvons,  en  1124,  un  comte  Henri,  qualifié  de  ««  puer  «,  et 
en  1163,  le  comte  de  Luxembourg,  Henri  l'Aveugle,  cède  à  sa  sœur,  Alix  de 


(1)  A.  de  Leuze  :  Hl.stolre  de  Laroche  et  Durbuy,  p.  236. 


—     21      — 

Hainaut,  tous  les  alleux  qu'il  possède  dans  les  comtés  de  Laroche  et  de 
Durbuy  (1).  La  première  race  des  comtes  de  Du rbuy  s'éteignit  donc  entre  ces 
deux  dates;  son  auteur  était  Henri  (t  1089),  fils  d'Albert  II  de  Namur  (1018- 
1064).  Perdu  par  Henri  l'Aveugle  avec  tous  ses  autres  domaines,  le  comté  fut 
repris  par  son  gendre,  Thibaut  de  Bar,  et  demeura  dès  lors  au  Luxembourg, 
Henri  le  Blondel  le  céda,  le  23  juin  1247,  à  son  frère  Gérard,  en  exécution  d'un 
accord  du  24  avril  1244,  par  lequel  Ermesindeet  son  fils  Henri  avaient  autorisé 
Gérard  à  réclamer  sa  part  d'héritage  aussitôt  après  le  décès  de  sa  mère.  Gérard 
survécut  à  tous  les  siens  et  mourut  presque  octogénaire  entre  1298  et  1303,  ne 
laissant  que  des  filles  ;  l'une  d'elles  qui  avait  épousé  le  sire  de  Grandpré  et 
d'Houffalize,  éleva  des  prétentions  sur  Durbuy  contre  Henri  VII  de  Luxembourg, 
réclamant,  lui  aussi,  la  propriété  de  cette  terre.  Les  deux  parties  s'en  remirent 
à  l'arbitrage  de  Béatrice  d'Avesnes,  dont  la  sentence  décida,  le  29  décembre  1303, 
que  Durbuy  revenait  au  comte  de  Luxembourg,  à  charge  pour  lui  d'indemniser 
les  Grandpré  (2)  ». 

Il  est  souvent  question,  dans  les  plus  vieilles  archives  d'Eneille,  des  mesures 
et  de  la  monnaie  de  Durbuy. 

Gérard,  frère  de  Henri  V,  le  Blondel,  avait  ouvert  «  un  atelier  monétaire  à 
Durbuy  au  cours  de  l'année  1298,  très  vraisemblablement  de  l'aveu  de  Henri 
VII,  car  l'unique  quart  de  gros  qui  nous  en  reste  est  au  nom  de  ce  souverain 
et  reproduit  fidèlement  ceux  qu'on  faisait  à  Luxembourg.  Cette  mesure  déplut 
à  Hugues  de  Ghâlons,  évèque  de  Liège  (1296-1301),  sans  doute  parce  que 
ce  prélat,  qui  falsifiait  outrageusement  le  numéraire  de  sa  principauté,  ne  se  sou- 
ciait pas  de  voir  établir  une  comparaison  entre  les  nouvelles  monnaies  et  son 
mauvais  billon  ;  il  fit  faire  des  remontrances  à  Luxembourg,  sous  prétexte  que 
l'atelier  de  Durbuy  était  un  péril  pour  l'évèché,  et  le  12  novembre  1298  Gérard 
dut  céder  (3)  ».  La  charte  de  renonciation  porte  entre  autres  le  sceau  d'Evrard 
d'Ochain  :  un  écu  à  deux  lions  léopardés  superposés,  tel  que  nous  le  retrou- 
vons en  tête  de  la  pierre  tombale  de  Henri  de  Brialmont,  seigneur  d'Eneille  qui 
avait  épousé  Anne  d'Ochain,  à  la  fin  du  XVI«  siècle.  Les  armes  des  d'Ochain 
sont  à  peu  de  chose  près  celles  de  Normandie. 

«  En  1354,  l'année  même  où  le  Luxembourg  fut  érigé  en  duché,  Charles  IV 
donne  le  comté  de  Durbuy  à  Wenceslas  I",  comte  de  Luxembourg,  qui  l'assigne, 
comme  Chiny,  et  antérieurement  Laroche,  pour  douaire  à  sa  femme  Jeanne  de 
Brabant. 


(1)  La  seigneurie  de  Durbuy  n'a  jamai.s  été  du  comté  d'Ardenne  et  son  territoire  ne  fut  jamais  que 
passagèrement  uni  à  celui  de  Laroche,  sans  former  avec  lui  une  unité  politique.  Voir  Le  Comté  de 
Laroche,  par  V.  Habran,  au  T.  XLVI  des  Annales  de  l'Institut  archéologique  d'Arlon,  p.  272. 

(2)  Edouard  Bernays  et  Jules  Vannérus.  Histoire  numismatique  du  Comté  puis  du  Duché  de  Luxem- 
bourg et  de  ses  Fiefs.  Bruxelles,  Hayez.  1910  —  pages  74-75. 

(3)  Bernays  et  Vannérus,  loc.  cit. 


—     22     — 

La  duchesse  entra  eflectivement  en  possession  de  ces  biens  au  décès  de  son 
mari,  mais  les  rétrocéda,  le  3  septembre  1390,  en  échange  d'une  rente  viagère 
de  3,500  francs  d'or  (1).  »  Depuis  cette  époque  les  comtés  de  Laroche  et  de 
Durbuy  suivirent  les  destinées  générales  du  duché  de  Luxembourg. 

A  cause  des  frais  de  guerre  qui  mettaient  les  princes  dans  la  nécessité  de 
tî-afiquer  de  leurs  sujets  comme  d'un  vil  troupeau,  la  terre  de  Durbuy,  comme 
d'autres  terres  luxembourgeoises,  fut  souvent  engagée  à  divers  créanciers,  entre 
autres  (1354),  aux  comtes  de  Virnembourg,  puis  aux  de  laMarck,  de  qui  Charles- 
Quint  la  dégagea,  en  1525,  pour  l'engager  à  nouveau,  en  1539,  au  comte  Jean 
d'Oost-Frise  (Oostvrieslant),  gouverneur  du  duché  de  Limbourg.  Le  retrait  de 
la  seigneurie  se  fit  en  1609  ;  puis  jusqu'en  1628,  Durbuy  n'eut  d'autres  maîtres 
que  les  souverains  de  la  Belgique  en  personne  (2) .  Philippe  IV  la  vendit  à  titre 
précaire  à  Antoine  Schetz,  comte  de  Grobbendonck.  Depuis  1756,  elle  est  à  titre 
définitif  aux  mains  de  la  famille  d'Ursel,  qui  la  posséda  avec  ses  prérogatives, 
jusqu'à  la  révolution  française,  pour  ne  garder,  après,  que  le  château  et  ses 
dépendances  (3). 

Il  sera  fait  parfois  allusion  dans  l'histoire  d'Kneille  à  l'époque  où  la  terre  de 
Durbuy  était  à  l'engagère. 

Le  territoire  d'Eneille  était  dit  pays  d'Empire^  pays  du  roi^  pays  du  roi 
d'Espagne,  par  opposition  au  pays  de  Liège  et  au  pays  de  Stavelot,  restés 
indépendants  jusqu'à  la  Révolution. 

Sous  le  règne  des  Archiducs  Albert  et  Isabelle,  eut  lieu  un  essai  d'unification 
de  la  monnaie  dans  la  terre  de  Durbuy.  «  L'on  soUoit  user  et  allouer  à  Durbuy 
et  par  toute  la  terre,  toute  sorte  de  monnoie  selon  qu'elle  avait  cours  au  païs  de 
Liège  ;  mais  le  5  aoùst  1603,  a  été  publié  à  son  de  tambour,  en  la  ville  de 
Durbuy,  une  ordonnance  envoyée  du  Conseil  de  Luxembourg,  du  10  juillet  au 
dit  an,  ensemble  deux  placartz  ;  l'ung,  donné  à  Bruxelles,  le  16  novembre  1599, 
et  l'autre  à  Gand,  en  l'an  1602,  par  lesquels  fut  interdit  de  plus  prendre  ni  allouer 
aucune  sorte  de  monnoie  doresnavant,  sinon  au  cours  de  Brabant,  et  porte  par 
les  dits  placartz,  ce  qu'ast  depuis  été  observé  »  (4).  Dans  les  registres  de  cens  et 
rentes  d'Eneille,  on  trouve  concurremment  les  florins  brabants  et  la  monnaie  de 
Liège,  souvent  les  deux  ensemble  dans  le  même  compte. 


(1)  Bernays  et  Vannérus    Ihid.,  pp.  74-75. 

(2)  A.  de  Leuze,  op. cit.,  p.  278. 

(3)  A.  de  Leuze,  op.  cit.,  p.  292. 

(4)  A.  de  Leuze,  Histoire  de  Durbuy  :  Coiiiniunes  luxembourgeoises. 


—     23     — 

§  IL 

Les  Seigneurs  d'Eneille. 

Eustache  de  Hamal  t  1252,  bâtit  le  château  de  Brialmont,  près  de  Ghênée, 
(aujourd'hui  entre  Tilflf  et  Méry).  Son  petit  fils,  Wéry  de  Hamal,  chevalier, 
seigneur  de  Brialmont  épouse  Jeanne  de  Fraipont. 

Leur  fils,  Gilles  de  Hamal,  seigneur  de  Vaudemont,  est  à  la  bataille  de  Bast- 
weiler  en  1371.  Il  épouse  l«  N.  de  Renesse,  2°  Lutgarde  de  Gortil.  Il  fut  du  parti 
des  Waroux,  dans  la  guerre  des  Awans  et  des  Waroux. 

Son  fils  Jean,  seigneur  de  Brialmont  épouse  Jeanne  de  Saulcy. 

De  là,  Gilles,  seigneur  de  Brialmont,  chevalier,  qui  épouse  la  fille  de  Gilles 
d'Ochain,  haut-avoué  de  Xhoce,  et  de  Jeanne  de  Moges.  Gilles  d'Ochain  (alias 
Giloteau  de  Xhoce)  était  seigneur  d'Eneille  en  1389. 

De  Gilles  de  Brialmont  et  Demoiselle  de  Xhoce  naît  : 

Jean  de  Brialmont,  premier  seigneur  du  nom  à  Eneille. 

Il  épouse  Marie  de  Hamal. 

De  là,  Thierry  de  Brialmont  (t  1511)  qui  avait  épousé  Jeanne  de  Filly,  fille  de 
Jacquemin  et  de  Marguerite  d'Autel . 

Leurs  biens  sont  partagés  entre  leurs  enfants  en  1534. 

Leur  fils  Jean  de  Brialmont,  seigneur  d'Eneille  et  de  Neufmoustier,  épouse  en 
novembre  1529,  Marguerite  Garpentier,  fille  du  seigneur  de  Walyn  et  de  Lisogne 
et  de  Bertheline  de  Bombaye. 

De  là,  Jean  de  Brialmont,  chevalier,  seigneur  des  Eneilles  et  de  Neufmoustier, 
épouse  1°,  en  octobre  1556,  Marguerite  du  Sart,  morte  en  1593,  fille  de  Guillaume 
et  de  Marguerite  Lardinoy  de  Ville  ;  2"  Anne  de  Glerve,  veuve  de  Gorbeau  de 
Monfort. 

Enfant  du  l^''  mariage,  Henri  de  Brialmont,  seigneur  des  Eneilles,  épouse  1°, 
en  décembre  1585,  Jeanne  de  Bois  de  Soheit,  fille  de  Gilles,  seigneur  de  Soheit 
et  de  Marie  de  Fraipont;  2°,  en  juin  1594,  Anne  d'Ochain,  de  Jemeppe,  fille  de 
Gilles,  mayeur  de  Marche,  et  d'Anne  de  Vervy.  Il  meurt  en  1624;  sa  2^^^  femme, 
en  1630. 

Enfants  du  2™^  mariage  :  Jean  qui  suit;  1°  Jean-Paul,  baron  de  Brialmont, 
colonel  au  service  de  S.  M.  I.,  qui  épousa  Anne-Albertine,  comtesse  de  Fursten- 
berg;  2"  Jeanne,  religieuse  de  Ste-Aldegonde,  à  Huy. 


—     24      — 

Jean  de  Brialmont,  seigneur  des  Eneilles,  Vaux,  Wallay  (t  7  décembre  1673), 
avait  épousé  en  1630  Marie  de  BHer,  dame  héritière  de  Wallay  et  de  Reppe, 
morte  le  23  septembre  1645,  fille  de  Nicolas  de  Bîier  (1),  Haxele,  Wallay  et 
Reppe,  membre  de  l'ordre  équestre  du  comté  de  Namur  etc.,  et  d'Elisabeth  de 
Cellicer,  dont  : 

Ignace  de  Brialmont,  écuyer,  seigneur  des  Eneilles,  de  Vaux,  Wallay,  Reppe 
et  de  Morvilîe.  Il  épousa  r  Marie-Jeanne  Brant  de  Brabant,  morte  sans  hoirs  ; 
2"  en  1709,  Marguerite  Gérardine  de  Coppin,  fllle  de  Pierre-Louis  de  Goppin, 
haut  justicier  de  Beausaint,  Falaën,  Waillimont  et  Montaigle,  et  de  Marguerite 
de  Lamock  de  Botassart.  Marguerite  de  Goppin  mourut  le  21  mars  1752,  ne 
laissant  que  3  filles  :  1°  Marie-Josèphe  de  Brialmont,  dame  de  Wallay  et  de 
Reppe,  mariée  le  28  septembre  1731,  à  Gharles-Fortuné-Henri  baron  van  der 
Straten,  fils  d'Oger-Jean  van  der  Stratenet  deLambertine,  comtesse  de  Marchin  ; 
2"  Adrienne-Gharlotte  de  Brialmont,  épouse  à  Monsieur  de  Witry  (2).  Dame 
Gérardine,  par  son  testament  du  15  mai  1752,  institua  pour  ses  héritières  «  ses 
trois  chères  filles,  recommandant  beaucoup  pour  l'amour  de  Jésus-Christ  la 
paix  et  l'union  entre  elles  et  leurs  familles  ». 

Elle  a  une  attention  spéciale  pour  Adrienne-Gharlotte,  qui  restait  avec  elle. 
«  Voulant  reconnaître  les  bons  services  qu'elle  a  reçus  et  qu'elle  attend  encore 
de  sa  très-chère  fille  Adriane-Gharlotte  de  Brialmont  de  Wallay,  elle  lui  laisse 
et  légate  hors  part  toute  sa  vaisselle  d'argent,  item  une  rente  d'environ  24  écus 
de  revenu  annuel,  qu'elle  a  acquise  depuis  son  veuvage,  et  que  lui  doit  la  com- 
munauté d'Ocquier,  item  la  moitié  de  la  rente  acquise  par  son  mari,  et  dont  le 
capital  est  mis  sur  la  bourgeoisie  de  Namur  avec  d'autres  capitaux.  » 

Par  le  mariage  de  Marie-Josèphe  de  Brialmont  avec  Gharles-Fortuné-FIenri 
van  der  Straten,  et  par  donation  d' Adriane-Gharlotte,  le  domaine  seigneurial 
passe  à  la  famille  van  der  Straten. 


(\)  Dans  le  chœur  de  l'église  de  Durbuy  est  conservée  une  peinture  sur  bois,  revers  d'un  volet 
de  triptytiiie  dont  l'avers  a  été  recouvert  d'une  couche  de  peinture  grossière,  à  l'huile.  Ce  tableau 
représente  un  chevalier  agenouillé  et  accompagni'  de  son  patron,  Saint  Nicolas,  et  d'une  fillette 
également  agenouillée.  Dans  un  coin,  le  blason  des  de  Blier.  Ce  chevalier  est  évidemment  Nicolas 
de  Blier,  accompagné  sans  doute  ik;  sn  fille  Marie  dont  il  est  i^uestion  ici.  Eug.  Haverland. 

(2)  De  Gerlache  :  Lalttre. 


—     25     — 


Tableau  généalogique  des  Hamal-Brialmont  ou  Rrialmont  d'Eneille. 


Eustache  de  Hamal  t  1252,  bâtit  le  château  de  Brialmont. 


Wery  de  Hamal-Brialmont  et  Jeanne  de  Fraipont. 


o-ii     ^    u       1    +  N.  deRenesse. 

Gilles  de  Hamal  et  ,    ,       ,    ,    ^    .., 

i    Lutgarde  de  Gortil. 


Jean  de  Brialmont  et  Jeanne  de  Saulcy. 


(14«  siècle)  Gilles  de  Brialmont  et  N.  d'Ochain,  de  Xhoce,  ss'"  d'Eneille. 


Jean  de  Brialmont  d'Eneille  et  Marie  de  Hamal. 


151t.  Thiry  de  Brialmont  et  Jeanne"  de  Filly. 


1529.  Jean  de  Brialmont  et  Marguerite  Garpentier. 


Jean  de  Brialmont  et 


Marguerite  du  Sart  t  1593. 
Anne  de  Glerve. 


1624  Henri  de  Brialmont  et 


Jeanne  de  Bois  1585. 
Anne  d'Ochain  1594-1630. 


l    Marie  de  Blier  t  lti45. 
T  1673  Jean  de  Brialmont  et         J    ,„x  »^  -^    ^    r^ 

f    (?)  Marguerite  de  Prez. 


l     Marie-Jeanne  Brant  de  Brabant. 

t  1726  (?)  Ignace  de  Brialmont  et  J    ,,      .   ^  .      ,.      ,  ^      .    ,,-r,r>  i-rco\ 
^  '   ^  f    Marg^-GerardmedeGoppm (1709-1752). 


Marie- Josèphe  et  Gh.-F. -Henri  van  der  Straten. 
Adrienne-Gharlotte  t  1785. 
Marie-Aldegonde  et  M""  de  Witry. 


—     26     — 

Ces  détails  sont  conformes  à  un  fragment  généalogique  de  la  famille  van  der 
Straten,  par  le  père  de  Gerlache  (1)  ;  sauf  que  ce  fragment  ne  signale  pas  la  pos- 
session de  la  seigneurie  d'Eneille  par  les  de  Xhoce.  Ce  fait  est  consigné  dans  une 
charte  originale  de  l'abbaye  de  Neufnioustier,  datée  du  15  mai  1542  «Par  devant 
la  cour  de  Neufmoustier,  Johan  de  Bréamont,  seigneur  d'Enelhe,  représentant 
ses  père  et  mère,  —  et  avant  eux  Giloteau  de  Xhoce,  qui  fit  relief  le  6  février 
1389,  comme  seigneur  d'Enelhe,  —  relève  ses  biens  à  Eneilhe  parmi  quatre  gros 
tournois  et  deux  chapons  (2)  ». 

En  1489,  messire  Jacque,  seigneur  d'Eneille,  relève  la  même  rente  que  Gilo- 
teau de  Xhoce  en  1389  (3). 

En  1504,  elle  est  payée  par  Thiry  de  Brialmont. 

D'autre  part,  le  plus  ancien  registre  des  rentes  de  Ste-Marguerite  signale  le 
même  Thiry  comme  payant  un  muid  d'avoine  à  l'église  d'Eneille  jusqu'en  1519, 
avec  cette  mention,  qu'après  sa  mort  (1511),  elle  est  acquittée  par  messire 
Jacque. 

De  1524  à  1546  la  rente  de  Neufmoustier  est  payée  par  Jean  de  Brialmont. 
En  1609,  un  autre  Jean  de  Brialmont  refusant  de  la  payer,  s'adresse  au  Conseil 
provincial  de  Luxembourg,  qui  lui  donne  tort  et  l'oblige  comme  ses  ancêtres. 

La  reddition  des  comptes  des  mambours,  qui  se  faisait  en  la  maison  du 
seigneur  d'Eneille,  peut-être  parce  que  le  cofïre  de  Ste-Marguerite  y  était  refuge^ 
est  souvent  signée  par  Jean  et  par  Nicolas  Briabnont,  le  même  qui  sera 
parrain  delà  cloche  de  1672. 

Outre  les  Brialmont  indiqués  ci-dessus,  la  liste  des  anniversaires  d'Eneille 
cite  Jacques  de  Brialmont  et  Mademoiselle  Marguerite  de  Hespée,  sa  femme  ; 
Jean  de  Grune  et  Jeanne  de  Brialmont  ;  Martin  de  Brialmont  ;  Thiry  de  Brial- 
mont et  Grégoire  son  frère  ;  Thiry  de  Brialmont  et  Marguerite  Piron  ou  Pirard. 

Dans  un  fragment  des  registres  des  baptêmes,  je  trouve  au  29  juin  1606, 
Thiry  de  Brialmont,  fils  de  Thiry  et  de  Marguerite  Pirard.  Une  note  ajoute 
qu'il  mourut  tué,  en  1648. 

Ces  derniers  ne  figurent  plus  comme  seigneurs  d'Eneille,  probablement  à 
cause  de  la  mésalliance. 

Dans  un  procès  de  1623,  Thiry  de  Brialmont  est  cité  parmi  ceux  qui  font 
opposition  au  seigneur  d'alors. 

A  la  fin  du  XVII^  siècle  et  au  début  du  XVIIF,  une  certaine  Marguerite  de 


(1)  de  Gerlache.  Laittre. 

(2)  Fonds  (le  Neurmoiistier,  arcliives  de  Liège. 

(3)  Fonds  de  Neufnioustier.  Ibid. 


—     27      — 

Prez,    Dame   d'Eneille,  concentre   autour  d'elle  toute  l'activité  de  la  maison 
seigneuriale. 

En  1678  et  en  1683,  dans  une  contestation  avec  la  fabrique,  elle  paraît,  avec 
les  nobles  et  vertueux  seigneurs  d'Eneille,  (sans  doute  Everard  et  Ignace  de 
Brialmont)  comme  héritière  et  représentant  de  feu  Jean  de  Brialmont,  décédé 
en  1673  ;  l'avocat  de  Stiennon,  son  gendre,  faisant  partie  pour  elle. 

Elle  est  citée  dans  le  récit  de  la  bénédiction  de  la  tour  de  l'église  en  1689,  sous 
le  nom  de  Dame  Marguerite  de  Prez,  dame  douairière  des  Eneilles. 

Dans  un  bail  qu'elle  fait  en  1695,  par  devant  le  curé  Le  Charpentier,  avec  le 
manant  Wera  Cornet,  pour  la  ferme  de  Comblain-au-Pont,  elle  est  dénommée 
Dame  Marguerite  de  Prez,  dame  des  Eneilles  et  Wallay,  et  son  mari  Jean-Eve- 
rard  de  Fraipont  signe  après  elle  le  contrat,  en  la  maison  de  la  dite  Dame 
d'Eneille. 

Dans  une  action  qu'elle  intente,  en  1700,  à  Sire  Pierre-Gilles  de  Vivario,  c'est 
noble  dame  Marguerite  de  Prez,  veuve  en  premières  noces  (sic)  de  feu  noble  sei- 
gneur Jean  de  Fraipont,  dame  des  Eneilles. 

Nous  la  retrouvons  encore  en  1703,  dans  une  constitutio  pro  domino  de 
Stiennon,  rédigée  en  latin  par  le  curé  Le  Charpentier,  in  œdibus  dominœ  tem- 
poralis  des  Eneilles,  acte  dans  lequel  un  clerc  du  diocèse  de  Liège  réclame 
contre  Hubert  de  Prez,  prêtre,  et  contre  son  frère  Nicolas,  qui  l'avait  présenté 
pour  le  bénéfice  de  St-Jean-Baptiste  et  de  St-Jean  l'Evangéliste  à  Grivegnée. 

Lors  de  la  levée  de  fonds  pour  la  restauration  du  presbytère,  elle  est  taxée  à 
part  comme  le  seigneur,  à  14  florins;  et,  depuis  la  mort  de  Jean  de  Brialmont, 
en  1673,  elle  paie  concurremment  avec  les  seigneurs  ou  le  seigneur  d'Eneille 
jusqu'en  1707,  les  cens  et  rentes  de  l'église. 

A  l'âge  de  82  ans,  elle  renouvelle  son  privilège  d'une  messe  basse  le  dimanche, 
dans  l'oratoire  de  sa  maison  de  résidence  à  Petite  Eneille. 

Après  sa  mort  il  y  a  des  tiraillements  entre  sa  famille  et  celle  du  seigneur.  En 
1717,  Ignace  de  Brialmont,  pour  satisfaire  à  la  demande  de  caution  pour  les 
frais  du  procès  qu'il  soutient  en  appel  par  devant  Messieurs  du  Conseil  ordinaire 
de  Liège,  contre  Demoiselle  de  Stiennon,  engage  par  acte  passé  devant  le  curé 
Le  Charpentier,  notaire,  et  trois  témoins,  sa  censé  de  l'Alloux  en  la  seigneurie  de 
Montgauthier,  pays  de  Liège,  avec  tous  prés,  terres,  bois,  haies  en  dépendant  lui 
appartagés  et  dévolus  après  la  mort  de  feu  Madame  Marguerite  Lamock,  Dame 
de  Beausaint,  sa  belle-mère,  et  généralement  tous  ses  biens  cens  et  rentes. 

Quant  à  la  branche  liégeoise  des  Brialmont,  son  dernier  descendant,  le  lieute- 
nant-général Brialmont,  est  mort  à  Bruxelles  le  21  juillet  1903.   Il  s'est  fait  un 


—     28     - 

graml  nom  dai)s  l'histoire  militaire  contemporaine,  en  Belgique  et  à  l'étranger  : 
c'est  le  créateur  des  forts  de  la  Meuse. 

Les  Brialmont  d'Eneille  avaient  le  titre  d'écuyer.  Leur  blason  porte  :  Fuselé 
d'argent  à  cinq  fuseaux  de  gueules,  le  fuseau  central  chargé  d'un  lion  d'argent, 
cimier  :  un  bouc  issant  d'argent. 

On  peut  le  voir  encore  sur  l'ancienne  porte  d'entrée  du  château  de  Petite-Somme. 

Voici  maintenant  quelques  détails  sur  la  seconde  famille  seigneuriale  des 
Eneilles. 

De  Charles-Fortuné- Henri  van  der  Straten  et  de  Marie-Josèphe  Brialmont 
naquirent  onze  enfants,  dont  un  jésuite,  une  religieuse,  un  capitaine  au  régiment 
de  Vierset  et  deux  chanoines  du  chapitre  impérial  de  Saint  Servais  à  Maestricht. 
Le  dernier,  Jean-Henri,  était  aussi  chanoine  de  la  cathédrale  de  Liège. 

L'ainé,  Charles-François-Joseph,  qui  succéda  à  son  père,  le  27  mars  17.59, 
porta  le  titre  de  baron  jusqu'à  son  élévation  au  titre  de  comte  par  Louis  XVI 
(1788-1789).  Par  naissance,  il  était  pair  du  comté  de  Rochefort,  seigneur  de 
Waillet,  du  Mont,  de  Fresnoy,  de  Cerfontaine  et  de  Ponthoz.  C'est  le  premier 
des  van  der  Straten  qui  devient  seigneur  des  Eneilles,  par  acte  de  donation  de 
sa  tante  Adrienne-Charlotte  de  Brialmont,  en  date  du  23  juillet  1768  (1). 

Dans  son  testament  du  30  août  1771,  Adrienne-Charlotte  règle  comme  suit  la 
succession  d'Eneille  :  «  Il  convient  que  la  terre  et  la  seigneurie  d'Eneille  et  le 
fief  de  Vaux  soient  dans  la  part  de  ma  sœur  de  Waillet  pour  être  possédés 
ensuite  par  indivis  par  mes  neveux  et  nièces  de  la  maison  de  Waillet  qui  seront 
dans  l'état  céhba taire  (2).  » 

Avant  d'être  seigneur  des  Eneilles,  Charles-François-.Joseph  était  entré,  en 
1749,  au  service  de  l'impératrice  Marie-Thérèse;  en  1756  il  combattit  en  Bo- 
hême, dans  l'armée  du  comte  de  Daun  qui  s'opposait  aux  envahissements  du  roi 
de  Prusse.  A  la  bataille  de  KoUin,  1757,  il  fut  avec  ses  troupes  au  plus  fort  de 
la  mêlée,  et  se  distingua  au  bombardement  de  la  place  de  Zittau,  puis  il  partit 
pour  le  siège  de  Schweidnitz,  en  Silésie.  De  ce  siège  il  fait  une  longue  relation 
au  comte  de  Ferraris.  Il  termine  par  ce  trait  qui  montre  son  héroïsme  : 

«'  Pendant  la  nuit  du  10  au  11  novembre,  l'ordre  de  l'assaut  ayant  été  donné, 
on  appliqua  des  échelles  aux  murailles  des  forteresses,  et  notre  bataillon  qui 
était  de  tranchée,  monte  à  l'assaut  ;  le  feu  de  l'ennemi  cessa  une  demi-heure 
après,  et  moi,  je  tombai  des  échelles  dans  la  descente  qui  conduisait  à  une 
poterne.  Deux  soldats  du  régiment  de  Wurtemberg,  qui  s'y  étaient  réfugiés 
pendant  que  le  feu  de  la  place  rendait  la  nuit  aussi  belle  que  le  jour,  me  secou- 


ai) De  Gerlanhe  :  Laittre. 

(2)  Piot  :  la  famille  van  <ier  Straten. 


—      29     — 

rurent  et  me  transportèrent  hors  de  cette  retraite,  mais  ils  n'empêchèrent  pas 
que  je  n'eusse  la  jambe  cassée  «. 

Le  31  juillet  1768,  il  fut  reçu  à  l'Etat  noble  du  duché  de  Luxembourg  et 
comté  de  Ghiny,  du  chef  de  la  seigneurie  des  Eneilles  et  sur  preuves  de  noblesse, 
ancienne  et  chevaleresque. 

11  avait  épousé,  le  13  août  1763,  sa  cousine  germaine  Marie-Louise  d'Ever- 
lange  de  Witry,  qui  mourut  le  9  mars  1777,  et  fut  inhumée  dans  la  chapelle 
seigneuriale  de  Waillet. 

Charles-François-Joseph  van  der  Staten  s'établit  en  1780  au  château  de  Ger- 
fontaine,  près  de  Maubeuge.  Membre  de  l'ordre  de  la  noblesse  du  Hainaut  fran- 
çais en  1787,  il  assista  aux  assemblées  générales  des  trois  ordres  jusqu'en  1789, 
à  titre  de  seigneur  de  Gerfontaine.  Il  fut  ainsi  appelé  à  prendre  part  aux  déli- 
bérations des  Etats  de  l'ordre  de  la  noblesse  du  Hainaut  sur  les  questions  les  plus 
brûlantes  qui  préoccupaient  la  France  à  cette  époque.  «  Il  y  engageait  avec 
chaleur  son  ordre  et  celui  du  clergé  à  concéder  l'impôt  ;  il  trouvait  juste  que  le 
tiers-état  pût  parvenir  librement  aux  dignités,  aux  charges  et  emplois  dans  le 
militaire,  la  robe  et  l'église,  tout  en  se  montrant  sur  certains  points  très  jaloux 
de  défendre  les  prérogatives  de  son  ordre,  les  droits  seigneuriaux,  corvée,  main- 
morte, propriété  légitime  de  la  noblesse,  disait-il,  à  laquelle  on  ne  peut  toucher 
sans  injustice,  parce  qu'elle  est  fondée  dans  son  origine  sur  un  contrat  réciproque 
et  sur  une  possession  constante  et  immémoriale  ». 

Il  y  dénonçait  aussi  en  termes  très  sensés  les  dangers  de  la  liberté  de  la 
presse  :  «  autant  vaudrait,  disait-il,  demander  la  faculté  de  vendre  publiquement 
sans  contrôle  les  poisons  les  plus  subtils  ;  »  et  si  par  malheur  elle  devenait  le 
vœu  général  de  la  France,  «  que  du  moins  Sa  Majesté  exhorte  plus  que  jamais 
les  évêques  à  veiller  sérieusement  sur  ces  publications  dangereuses.  « 

En  1789,  il  fut  élu  pour  se  rendre  à  Paris  aux  Etats-Généraux  et  y  représen- 
ter la  noblesse  du  Hainaut  ;  mais  il  déclina  cet  honneur. 

Il  avait  épousé  en  secondes  noces,  le  19  février  1780,  Marie-Gécile-Agnès  de 
Maulde,  dame  héritière  de  Gerfontaine. 

Il  mourut  au  château  de  Gerfontaine,  le  13  juillet  1791  ;  sa  femme  quitta 
bientôt  après  ses  terres  de  France  pour  aller  chercher  en  Allemagne  la  sécurité 
que  les  persécutions  révolutionnaires  enlevaient  aux  familles  de  noblesse  fran- 
çaise. 

Elle  mourut  au  château  de  Waillet,  le  19  février  1800. 

Le  comte  laissait  de  sa  première  femme  cinq  enfants. 

Le  troisième,  Alexandre-Gharlés,  lui  succéda.  Il  était  né  le  2  novembre  1767. 
Après  la  création  du  royaume  des  Pays-Bas,  Guillaume  F""  le  nomma  membre 


—     so- 
dé l'ordre  oqueslfe  du  grand-duché  de  Luxembourg,  sous  le  litre  de  bai'on  van 
der  Straten-Waillet,  qui  était  celui  que  sa  famille  avait  porté  aux  Pays-Bas 
autrichiens.  Puisque  la  charte  française,  octroyée  par  Louis  XVIII  en   1815 
restituait  à  la  noblesse  ses  anciens  titres,  la  famille  de  Straten,  devenue  fran- 
çaise depuis  1780,  pouvait  revendiquer  ses  droits  au  titre  de  comte,  que  le  roi 
Louis  XVI  lui  avait  concédé  ;  mais  Alexandre-Charles,  se  prévalant  de  l'arrêté 
réglementaire  du  23  mai  1817,  ne  transmit  au  conseil  héraldique  de  La  Haye 
aucun  des  actes  qui  pouvaient  lui  faire  reconnaître  le  titre  de  comte  français 
C'est  pour  ce  motif  qu'il  fut  inscrit  au  Journal  officiel  du   royaume  et  aux 
Etats  de  Luxembourg  et  de  Namur,  avec  la  qualification    de    baron,   qui  est 
devenue  le  titre  de  sa  branche  (1). 

Le  baron  van  der  Straten-Waillet  mourut  le  24  avril  1826,  comme  on  peut  le 
voir  par  son  épitaphe,  en  la  chapelle  seigneuriale  de  l'église  de  Waillet  : 

«  Ci  gisent  très-noble  et  très-illustre  seigneur  Gharles-Joseph- 
Alexandre,  baron  van  der  Straten-Waillet,  chevalier,  seigneur  de 
Waillet,  du  Mont,  des  Enneilles,  et  en  partie  de  Triant,  membre  de 
l'ordre  équestre  du  royaume  des  Pays-Bas,  né  au  château  de  Ponthoz, 

LE  2  novembre  1767,  DÉgÉdÉ  AU  CHATEAU  DE  WAILLET,  LE  24  AVRIL  1826, 
ET  SA  PREMIÈRE  ÉPOUSE,  TRÈS-NOBLE  ET  TRÈS-ILLUSTRE  DAME  CHARLOTTE, 
BARONNE  DE  POUILLY,  DE  GORNAY,  CHANOINESSE  DU  CHAPITRE  DE  StE-ALDE- 
GONDE    A     MAUBEUGE,     FILLE     D'ANDRÉ,     MARQUIS    DE     POUILLY,     MARQUIS    DE 

Lançon,  baron  de  Cornay,  et  de  Louise -Elisabeth-Charlotte  de  Lar- 

DENOYS  DE  ViLLE,  DÉgÉdÉE   AU   CHATEAU   DE    WaILLET   LE    13    OCTOBRE    1809  ». 

Alexandre-Charles  avait  épousé  en  second  mariage  Marie-Josèphe-Henriette, 
fille  d'Alard,  baron  van  Eyll  de  Soncholt,  seigneur  de  Hollebeek,  et  de  Marie- 
Anne-Aldegonde  van  der  Straten. 

Elle  mourut  le  29  mai  1829.  Il  eut  du  premier  lit  six  enfants  et  deux  du  second. 

Henri,  son  cinquième  enfant,  né  le  10  décembre  1804,  a  hérité  des  anciennes 
seigneuries  de  Waillet,  du  Mont  et  des  Eneilles,  et  a  épousé  le  l®""  septembre  1830, 
Louise  de  Bar,  fille  de  Pierre-Ernest,  chevalier  de  Bex  et  d'Agnès  d'Emale. 

Il  en  eut  1°  Henri,  né  le  18  juillet  1831. 

2°  Marie,  née  le  18  novembre  1832. 

3°  Marie-Hyacinthe-Amélie,  née  le  26  juin  1834. 

4"  François-Louis,  né  le  13  août  1836. 

5°  Pauline,  née  le  25  décembre  1838  (1). 


(1>  De  Gerlache  :  Laittre. 


—     31      — 

Tableau  généalogique  des  van  (1er  Slralen-Waillet.  seigneurs  d'Eoeille. 

Charles-Fortuné  Henri  van  der  Straten  et  Marie-Josèphe  de  Brialmont. 

t  1791  Charles-François-Joseph  van  der  Straten  et  Marie-Louise  d'Everlange. 

Jean-Henri  van  der  Straten,  dit  l'abbé  de  Waillet  t  1822. 

Dieudonnée-Ignace  de  Brialmont  t  1830. 

t  1826  Alexandre-Charles  van  der  Straten  et  Charlotte  de  Pouilly  t  1809. 

Henri  van  der  Straten  et  Louise  de  Bex. 

Charles  van  der  Straten  t  1910. 

Joseph  van  der  Straten. 

Armes:  Fascé  d'azur  et  d'argent  de  8  pièces  ;  au  chef  d'or,  chargé  de  3 
membres  d'aigle,  arrachés  de  gueules,  les  serres  en  bas. 

Casque  couronné. 

Cimier  :  un  membre  d'aigle  de  l'écu,  entre  un  vol  de  sable. 
Lambr.  :  d'argent  et  d'azur. 

Supp.  :  2  aigles  regardantes,  de  sable,  languées  de  gueules,  tenant  chacune 
une  bannière  fascée  d'argent  et  d'azur  de  8  pièces. 

Devise  :  preux  et  loyal. 

A  sa  mort  (1822),  le  chanoine  Jean-Henri  van  der  Straten  avait  laissé  le 
domaine  des  Eneilles  à  sa  sœur  Dieudonnée-Ignace,  la  dernière  survivante  des 
onze  enfants  de  Charles-Fortuné-Henri,  morte  à  Namur,  en  1832.  Elle-même 
avait  fait  donation  à  son  petit-neveu,  Monsieur  Henri  van  der  Straten  de  Waillet, 
fils  d'Alexandre-Charles. 

Il  vendit,  le  7  août  1834,  son  domaine  des  Enneilles,  consistant  en  un  château 
avec  bâtiments  d'habitation  et  d'exploitation,  cour,  jardins,  vergers,  prés, 
pâtures,  terres,  trieux,  bois  et  broussailles,  le  tout  d'une  contenance  d'environ 
113  bonniers,  pour  le  prix  de  33,000  francs,  payables  en  cinq  termes,  à  Guil- 
laume-Renier-Joseph Lambermont,  propriétaire  domicilié  dans  la  commune 
d'Esneux,  à  charge  par  le  dit  acquéreur  de  payer  à  perpétuité  à  l'entière  dé- 
charge et  indemnité  du  vendeur  entre  autres  :  cinq  cent  quarante-sept  francs 
de  rente,  dus  en  vertu  du  testament  mystique  de  la  demoiselle  Adrienne-Char- 


—     32     — 

lotte  'le  Briahi]ont,  reçu  pai-  le  notaire  Genoret  d'Ochain,  le  13  avril  1771, 
réalisé  à  la  cour  de  Durbuy  le  30  avril  1785,  en  faveur  1^'  de  Monsieur  van 
der  Stralen  d'Etalle,  2°  de  la  famille  van  Eyll  de  Doyon,  3°  des  deux  demoiselles 
Guillelmine  et  Pauline  van  der  Straten,  sœurs  mineui'es  du  vendeur.  Ces  trois 
rentes  formant  un  capital  de  21,600  francs. 

L'acquéreur  prenait  aussi  à  sa  charge  onze  cent  quarante-cinq  litrons, 
nonante-quatre  dés  (trente-sept  setiers,  une  quarte  et  un  mêlais  d'épeautre), 
évalués  douze  cent  nouante-cinq  francs  dus  à  la  fabrique  de  l'église  succursale 
des  Eneilles;  et  à  la  même  fabrique  dix-neuf  francs  vingt-trois  centimes  (vingt- 
deux  escalins,  treize  sols  et  neuf  deniers  argent  de  Luxembourg)  en  trois  textes 
au  principal  évalué  trois  cent  quatre-vingt-quatre  francs  soixantes  centimes. 

Toutes  ces  rentes  dues  à  la  fabrique  d'Eneilles  ont  été  reconnues  par  titres- 
nouvels  passés  devant  Peduzy,  notaire  à  Bande,  le  15  mars  1833. 

«  Conditionné,  ne  font  pas  partie  de  la  présente  vente  les  deux  petits  jardins 
sis  au  village  des  Eneilles  détenus  actuellement  par  le  desservant  de  ce  lieu  et 
tenant  l'un  du  levant  à  la  veuve  Gérard  et  du  couchant  à  Julien  Marchai  ;  et 
l'autre  du  levant  au  cimetière  et  du  midi  à  Jean-Antoine  Collin,  à  la  veuve 
Farigoul  et  autres. 

Le  15  juillet  1843,  la  veuve  Lambermont  et  ses  enfants  vendent  le  domaine, 
contenant  alors  environ  122  hectares  à  François  Gollignon,  cultivateur  à  Jeme[)pe 
(Marche),  pour  la  somme  de  49,990  francs  40  centimes,  ce  qui  avec  les  capitaux 
de  rentes  donne  pour  prix  de  ces  immeubles  la  somme  de  100,000  francs. 

Enfin  le  28  mai  1851,  les  époux 
Gollignon  revendirent  à  Monsieur 
Victor  Fabri,  avocat  près  de  la 
Cour  d'appel  de  Liège,  le  domaine 
contenant  cent  trente  hectares, 
pour  le  prix  de  105,000  francs  en 
diminution  duquel  l'acheteur  payait 
les  charges  hypothécaires  se  mon- 
tant à  69,476  frs  36  centimes  (1). 

Le  Château  et  le  domaine  agrandi 
appartiennent      actuellement      à 
Monsieur  Joseph  Fabri-Gapitaine, 
de  Liège,  qui  y  fait  chaque  an- 
née sa  villégiature  de  printemps  et  d'été,  continuant  les  traditions  de  bien- 
faisance et  de  piété  des  anciens  seigneurs. 


l'hot.  Eu(f.  Huverland. 

Petite  Eneille.  Le  Château. 


M)  Archives  du  château  d'Eneille. 


—     33     — 


De  Joseph  Fabri  et  Cécile  Capitaine 
sont  nés  : 

François  Fabri,  avocat  à  Liège, 
Marguerite  Fabri,  religieuse  de  St- 

Vincent  de  Paul, 
Jean,  Lucie  et  Pierre  Fabri. 

.Armes  de  la  famille  Fabri.  —  L  ecu 
est  d'argent  à  l'enclume  de  sable  accostée 
de  deux  lions,  affrontés  de  gueules  armés 
et  lampassés  de  même,  soutenant  un 
marteau  de  sable  couronné  d'or. 

Le  heaume  est  d'acier,  tourné  à  dex- 
tre,  grillé  et  liseré  d'or,  doublé  d'azur. 

Cimier  :  Un  demi  lion  tenant  un  mar- 
teau couronné,  aux  couleurs  de  l'écu. 

Les  feuillages  sont  en  dedans  d'argent, 
en  dehors  de  gueules. 

Devise  :  Fabricando  Fabri  Fimus. 


Armes  de  la  famille  Capitaine.  — 
L'écu  est  d'argent  à  la  fasce  de  sable, 
portant  en  chef  3  merlettes  de  sable,  et 
en  abîme  une  étoile  à  six  raies  de  gueu- 
les, accostée  de  deux  pampres  au  naturel 
(les  feuilles  et  les  tiges  sont  de  sinople, 
les  grappes  sont  de  pourpre). 

Le  heaume  est  d'argent,  grillé  et  liseré 
d'or  doublé  de  gueules. 

Cimier  :  deux  ailes  éployées  d'argent 
portant  en  abîme  une  merlette  de  sable. 

Les  feuillages  sont  en  dedans  d'argent, 
en  dehors  de  sable. 


CAPITAINE. 


—     34     — 

i  III. 

Droits  seigueuriaux. 

Un  ancien  texte  résume  ainsi  les  droits  des  seigneurs  d'Eneille  :  «  Le  30  juillet 
1610,  Jean  de  Brialmont  dénombre  :'  la  seigneurie  d'Eneille,  maisons,  cens, 
rentes,  amendes,  corvées  etc.  Il  crée  maïeur,  échevins  et  autres  officiers  de  jus- 
tice, qui  jugent  au  civil  et  au  criminel,  sauf  que  l'exécution  des  criminels  appar- 
tient au  seigneur  de  Durbuy.  Il  tient  en  arrière-flef  de  Durbuy  la  Cour  de  Vaux, 
à  Grandhan,  ayant  plusieurs  hommes  qui  tiennent  aucunes  pièces  d'héritage 
mouvantes  de  la  dite  Cour,  qu'ils  relèvent  de  lui  ". 

Le  seigneur  d'Eneille  avait  le  droit  de  chasse  et  le  droit  de  pêche  ;  de  lui  aussi 
dépendaient  les  bois  d'aisances,  le  droit  de  pâture  et  le  moulin  banal  (1). 

A  ces  différents  titres  les  manants  d'Eneille  étaient  ses  sujets. 

A  sa  mort,  le  seigneur  des  Eneilles  avait  les  honneurs  de  l'oraison  funèbre. 
Une  lettre  nous  reste  à  ce  sujet  du  curé  Le  Charpentier  : 

«  Monsieur  et  très  révérend  Doyen, 

Je  viens  en  tout  respect  supplier  votre  Révérence  de  la  part  de  Monsieur 
d'Eneille,  d'assister  aux  obsèques  de  feu  Monsieur  de  Wallay^  son  frère  ;  et 
comme  il  était  en  peine  à  qui  il  donnerait  la  préférence,  des  Pères  Carmes  ou  des 
Pères  Récollets,  j'ai  dit  que  c'était  le  devoir  de  votre  Révérence.  C'est  pourquoi 
je  vous  prie  de  ne  pas  me  dédire  et  vous  tenir  préparé.  Il  y  aura  une  belle  com- 
pagnie d'ecclésiastiques.  J'aurai  l'honneur  de  vous  attendre  le  soir,  afin  de  vous 
délasser  «. 

Les  seigneurs  avaient  leur  oratoire  ou  chapelle  privée  dans  leur  résidence  de 
Petite  Eneille,  comme  l'indique  la  requête  suivante  (sans  date)  adressée  par 
la  Dame  des  Eneilles  à  Mgr  le  vicaire  général  de  Liège  : 

«  Remontre  en  toute  soubmission  à  Votre  Illustrissime  Révérence,  Margueritte 
de  Prez,  douairière  des  Eneilles  et  Wallay,  âgée  de  82  ans  et  assez  valétudi- 
naire, que  sa  résidence  de  la  Petite  Enneille  est  distante  de  l'église  d'une  demi- 
lieue  ou  environ  —  chemin  fort  m.ontagneux,  de  manière  qu'il  m'est  presque 
impossible  de  m'y  rendre  pour  entendre  la  messe.  Cause  pourquoi  elle  recourt  à 
«tVotre  Illustrissime  Révérence,  la  suppliant  bien  humblement  de  vouloir  accor- 


d)   Le   moulin,  après   avoir  longtemps    appartenu    à    la    ramille   Hamoir,  fut   revendu  en   1910  à 
Jo-5epti  Deprez. 


—     35     — 


der  la  permission  à  Monsieur  François  Gillet,  chapelain  de  Grande  Somme,  de 
biner  dans  son  oratoire,  en  sa  maison  de  résidence,  où  elle  a  eu  auparavant  la 
permission  défaire  dire  la  messe,  qui  s'y  est  toujours  dite  jusqu'à  la  mort  d'un 
certain  Messire  Everard  de  Blier,  prêtre,  natif  de  la  paroisse  ». 

Everard  de  Blier,  d'après  sa  pierre  tombale,  est  mort  en  août  1702. 


En  1709,  Ignace  de  Brialmont  ob- 
tint aussi  le  privilège  à  vie  d'une 
binaison  au  château  de  Petite 
Eneille. 

Les  seigneurs  étaient  enterrés  dans 
l'église,  ordinairement  sous  le  chœur. 
Ainsi,  en  1752  Dame  Gérardine  de 
Goppin,  dans  son  testament,  «  dé- 
signe pour  lieu  de  sa  sépulture  le 
chœur  de  l'église  d'Eneille,  près  de 
son  honoré  mari,  voulant  que  «es 
obsèques  y  soient  faites  le  plus  possi- 
ble honorablement  selon  son  état  et 
condition.  " 

Parmi  les  nombreuses  tombes  de 
l'église,  nous  n'en  trouvons  plus 
qu'une  de  la  famille  seigneuriale  : 

Ci  gistent  nobles  S'  Henri  de 
Brialmont  S''  des  Enneilles  qui 

TRÉPASSÂT   l'an   1574   LE  31™® 
OCTOBRE  :    ET  DE   DaMOISELLE    ANNE 

Dochain  dit  Jemeppe  SA 
compaigne  morte  l'an  1630. 


Phot.  Edouard  Petit 
Tombe  de  Henri  de  Brialmont  et  d'Anne  d'Ochain. 


Au  centre  se  trouvent  les  armes 
seigneuriales  :  les  blasons  des  Brial- 
mont et  Dochain,  reliés  par  un  nœud  d'am.our  ;  à  droite  et  à  gauche,  les  quar- 
tiers de  famille  : 

Brialmont,  du  Sart,  Garpentier,  Lardinoy, 
OcHAiN,  Saive,  Vervy,  Hevver. 

Heuver  est  une  localité  près  de  Malines.  ■ 


36     — 


IV. 


Le   Fief  d'Eneille. 

A  côté  du  domaine  seigneurial  il  y  avait  à  Eneille  un  petit  fief  dépendant  de 
la  Cour  féodale  de  Liège.  Il  était  situé  au  nord  du  territoire,  joignant  le  Pays  du 
Roi  en  la  commune  de  Somme,  qui  se  divise  encore  aujourd'hui  comme  autrefois 
en  Pays  du  Roi  et  Pays  de  Liège. 

A  l'origine  il  appartenait  aux  familles  nobles  de  la  région. 

En  1437,  nous  le  trouvons  en  mains  de  Sire  Lorent  d'Anthine.  Il  est  vendu  à 
Jean  Bouttier,  puis  à  Jean  Rondial.  La  famille  Rondial  (Rondeau)  le  conserve 
jusqu'en  1648,  et  le  livre  aux  Ponsart.  Puis,  par  ventes  successives  de  1687, 
1718,  1723,  1725,  1728,  11  vient  à  la  famille  Gollin,  qui  le  garde  jusqu'en  1784. 
Anne-Marie  Gollin  le  revend  à  Charles-Michel  d'Ambremont,  pour  48  écus  de 
rente  viagère.  Les  d'Ambremont  le  laissent  par  héritage  à  M.  de  Favereau  (1). 

Le  souvenir  de  ce  fief  est  conservé  dans  le  nom  des  lieux-dits  :  So  les  Fys 
(sur  les  Fiefs),  Bois  des  Fys  (Bois  des  Fiefs). 


(1)  Archives  provinciales  de  Liège. 


—     37     — 

CHAPITRE  V. 

LA  CÛPR   DE  lUSTIOE. 
§  ï. 

Le  Mayeur  et  les  Échevins. 

La  Cour  d'Eneille  comprenait  un  mayeur  et  quatre  échevins  aidés  d'un  gref- 
fier et  d'un  sergent. 

Le  nombre  et  la  compétence  des  membres  de  la  Cour  variaient  d'une  commune 
à  l'autre,  ainsi  que  leur  mode  de  nomination.  Dans  les  registres  d'Eneille  ne  se 
trouvent  jamais  cités  plus  de  quatre  noms  d'échevins.  Ailleurs  il  y  eu  avait 
généralement  sept. 

E^  1513,  la  Cour  d'Eneille  avait  pour  mayeur  Jean  Jacob,  et  pour  échevins 
Juliot  Detro,  Mathy  de  Kesne,  Jean  Rondias  et  Henri  le  Maréchal. 

En  1735,  la  Cour  se  composait  du  mayeur  de  Blier,  échevin  lui-même,  et  des 
trois  échevins  Pirard,  Bourdon  et  GoUin. 

Aux  Eneilles,  le  mayeur  et  les  échevins  étaient  nommés  par  le  seigneur.  Citons 
une  pièce  authentique  :  «  Nous,  Ignace  de  Brialmont,  seigneur  des  deux  Eneilles, 
Wallay,  Reppeetc,  soussigné,  voulant  pourvoir  à  chacun  l'administration  de 
la  justice  par  le  nombre  des  échevins  à  ce  requis,  avons  donné  et  conféré,  comme 
par  les  présentes  donnons  et  conférons,  à  Henry  Pirard  de  la  petite  Eneille, 
une  des  eschevinautés  vacquantes  en  notre  Cour  et  Justice  du  dit  Eneille,  avec 
tous  les  droits  et  émoluments  annexés  et  dépendants  de  la  dite  eschevinauté  ;  et 
ce  aux  devoirs  et  obligations  de  droit  nous  compétents  et  dûs,  requérant  partant 
notre  susdite  Justice  de  l'admettre  suivant  la  coutume,  et  un  chacun  de  nos 
sujets  de  le  reconnaître  pour  tel.  En  foy  de  quoy  avons  signé  la  présente  et 
muni  du  cachet  ordinaire  de  nos  armes. 

«  Donné  à  Eneille,  le  huitième  mars  mil  sept  cent  dix-sept  ».  I.  de  Brialmont. 

«  Le  neuf  mars  mil  sept  cent  et  dix-sept,  le  s'  Henry  Pirard,  repris  un  blancq 
de  cette,  at  été  admis  à  l'Estat  d'Eschevinage  et  en  passe  le  serment  accoutumé. 
Par  ordre,  C.-J.  Froidmont  ». 

C'est  indiquer  d'une  façon  bien  précise  la  source  du  pouvoir,  la  nomination  en 


—     38     - 

cas  de  vacance  d'un  siège,  nomination  à  vie  probablement,  comme  cela  se  faisait 
ailleurs  ;  le  caractère  non  gratuit  de  la  fonction,  l'admission  obligatoire  par  le 
collège  des  magistrats  et  la  reconnaissance  par  les  sujets,  les  garanties  d'authen- 
ticité et  le  serment  initial. 

Le  mayeur  était  révocable  à  la  volonté  du  seigneur.  Les  échevins  ne  pouvaient 
être  révoqués  que  pour  des  motifs  très  graves. 

Quant  à  la  compétence,  la  Cour  jugeait  au  civil  et  au  criminel,  avec  la  réserve 
indiquée  dans  les  droits  seigneuriaux. 

Les  archives  d'Eneille  ne  font  mention  d'aucun  procès  criminel. 

Les  autres  points  de  sa  compétence  nous  apparaissent  en  détail  dans  les  actes 
de  la  Cour  d'Eneille.  Voici  quelques  exemples,  choisis  dans  diflérents  ordres 
d'attributions. 

1.  En  1513  la  Cour  d'Eneille  autorise  en  faveur  de  Mathy  le  Ghastelain,  jadis 
d'Eneille,  une  réduction  à  lui  faite  par  les  mambours  Jean  Jacob  et  Jean  Ponsart, 
de  deux  postulats  et  9  aidants,  que  son  père  Poncelet  avait  déjà  payés  à  l'é- 
glise Sainte-Marguerite. 

2.  En  1623,  dans  un  procès  concernant  le  gaspillage  qui  se  fait  dans  les  bois 


l'Iiol.  Ed.  Petit. 


Le  Huis  d'Eneille. 


—     39      — 

d'aisances  du  seigneur,  Henri  de  Brialmont,  agissant  au  nom  de  son  père,  Jean 
de  Brialmont,  obtient  de  la  justice  d'Eneille  la  sentence  suivante  :  «  Les  manants 
qui  auront  nécessité  de  bâtir,  ayant  obtenu  congé  du  seigneur  de  pouvoir  faire 
abattre  des  arbres  à  cet  effet,  et  en  auront  eu  la  marque  du  forestier  du  seigneur, 
seront  tenus  de  les  faire  mener  hors  des  bois  en  déans  un  an  en  tout,  de  les  faire 
employer  à  leurs  bâtiments,  sauf  que  pour  empêchement  légitime,  ils  n'aient  pu 
les  faire  ouvrer  ;  et  ce,  sous  peine  d'amende,  selon  qu'il  se  fait  en  autres  lieux 
voisins  en  pareil  cas  «. 

3.  Le  26  avril  1728,  à  la  requête  du  procureur  Pirard  de  la  Cour  d'Eneille, 
sont  criés  bannis  deux  particuliers  de  Baillonville  et  de  Noiseux,  pour  n'avoir 
pas  obéi  à  un  commandement  qui  les  condamnait  à  payer  leurs  obtentions  à  la 
vente  du  curé  Le  Charpentier  décédé.  Ce  commandement  et  ce  cri  de  bannisse- 
ment émane  du  mayeur  et  échevins  de  la  souveraine  justice  de  la  Cité  et  Pays 
de  Liège. 

4.  Aux  plaids  du  26  janvier  1734,  le  curé  Grofay,  comme  mambour  principal 
des  pauvres  de  sa  paroisse,  commence  contre  Jean  Gollin,  dit  de  Porcheresse, 
échevin  de  la  Cour  d'Eneille,  Pierre  Colar  de  Deulin  et  Jean  Duchesne  d'Eneille, 
représentant  les  Ponsart,  un  procès  qui  se  continue  aux  plaids  du  8  et  du  26 
février,  du  8  mars  1 734,  pour  réclamer  un  muid  d'épeautre,  dont  restait  en  arrière 
un  seller  et  un  quart,  depuis  plusieurs  années.  Les  débats,  devant  la  Cour  des 
plaids,  durèrent  jusqu'au  7  juin  1735  et  aboutirent  à  la  condamnation  des 
défaillants,  et  pour  Collin,  à  une  subhastation  ou  saisie  de  17  bêles  à  laine  lui 
appartenant  et  ramenées  dans  l'élable  de  la  veuve  Pirard  d'Eneille,  où  elles 
furent  vendues  après  trois  jours.  Les  frais  du  procès  s'élevèrent  à  plus  de  30  flo- 
rins, parmi  lesquels  on  compte  18  sous  pour  celui  qui  a  gardé  les  bêtes  pendant 
trois  jours. 

5.  Le  17  avril  1735,  la  Cour  des  mayeur  et  échevins  ordonne  de  commu- 
niquer au  même  Gollin  une  protestation  du  curé  Grofay,  réclamant  de  lui  le 
paiement  intégral  du  pot  de  vin  qu'il  devait  de  temps  immémorial  pour  le  distri- 
buer aux  fidèles  à  Pâques.  Cette  année  et  la  précédente,  il  n'en  avait  livré  qu'une 
bouteille,  tout  au  plus  la  moitié  de  ce  qu'il  devait. 

6.  En  1732,  la  dame  d'Eneille  est  en  procès  devant  la  Cour,  avec  les  manants 
d'Eneille,  comme  il  résulte  d'une  enquête  et  d'une  contre-enquête  tenues  à  Hotton, 
chez  la  veuve  Reculemont,  le  9  et  10  septembre.  L'enquête  se  fait  à  l'instance 
des  communs  habitants  d'Eneille,  emprenans  pour  Jean  Lefebvre,  Théodore 
Thiry  et  consorts,  intimés,  contre  la  Dame  de  Coppin,  veuve  de  feu  Ignace  de 
BrialmoDt,  écuyer,  seigneur  d'Eneille  et  Wallay,  appelante  par  devant 
J.-B.  Martiny,  commissaire  de  la  cause,  et  F.  Collignon,  adjoint,  assumés  en 
exécution  du  règlement  de  la  Cour  du  8  février. 


—     40     — 

Dix-sept  témoins  interrogés,  dont  l'un  de  Hotton,  les  autres,  de  Noiseux, 
Fronville,  Melreux,  Monteuville,  Grandhan,  Eneille,  déclarent  tous  à  peu  près 
uniformément  »  qu'ils  ont  toujours  vu  poisser  à  Eneille,  à  fer  pendant  le  jour, 
à  fer  et  à  feu  pendant  la  nuit,  l'hiver  sur  une  nacelle  ou  sur  la  glace  ;  l'été,  en 
entrant  dans  l'eau  ;  sinon,  qu'il  faudrait  être  à  l'embuscade  sur  le  bord  ou 
hurlai/  de  la  rivière  pendant  le  clair  du  soleil,  ce  qui  serait  encore  inutile,  à 
moins  de  tuer  le  poisson  avec  un  fusil.  »» 

Dans  la  contre-enquête  tenue  à  l'instance  de  Dame  de  Goppin,  20  témoins 
sont  interrogés,  natifs  de  Marcour,  Hotton,  Werpin,  Hampteau,  Petithan, 
Rendeux-St-Lambert,  qui  viennent  tous  déclarer  ne  savoir  comment  on  poisse  à 
Eneille  ;  mais  de  toutes  leurs  dépositions  il  résulte  qu'on  poisse  à  Eneille  comme 
partout  ailleurs,  à  fer  et  à  feu,  dans  les  conditions  que  nous  avons  indiquées 
plus  haut. 

7.  Une  des  principales  occupations  de  la  cour  des  mayeur  et  échevins,  c'était, 
surtout  depuis  un  édit  d'Albert  et  Isabelle  (8  avril  1623),  la  charge  d'enregistrer 
les  ventes  et  la  plupart  des  transactions  civiles,  tels  que  les  prêts,  donations, 
testaments,  transports,  échanges,  afin  de  donner  à  tous  ces  actes  une  valeur 
légale. 

Ainsi  pour  une  vente  de  deux  sartages,  faite  en  1724  par  devant  André  le 
Charpentier,  notaire  apostolique,  le  greffier,  Pirard,  écrit  en  marge  :  «  Le  17 
mars  1730,  fut  le  présent  acte  réalisé  et  registre  à  la  cour  des  Enellles,  pour  y 
sortir  ses  effets,  par  déshéritance  du  transporteur  Noël  Ottelet  de  Noiseux,  et 
adhéritance  de  l'acquéreur,  Herman-Joseph  Dupont,  sauf  et  garde  le  bon  droit 
d'un  chacun,  et  fut  mis  en  garde  de  loi  ». 

Grâce  à  ces  extraits  du  Rôle  de  la  Cour  des  Eneilles  conservés  en  grande 
partie  au  château  de  Grandhan,  on  peut  voir  quelle  était  la  jurisprudence  de 
l'époque  en  matière  de  testaments  et  de  transports. 

En  voici  un  exemple  intéressant  pour  Eneilles  : 

Le  10  novembre  1705  comparut  devant  le  notaire  Schaepen  de  Maestricht, 
Jean-François  Ponsart,  du  pays  du  roi  d'Espagne,  de  la  village  de  petite 
Eneye^  lequel  étant  malade  au  lit  d'une  blessure,  dispose  de  tous  ses  biens  en 
cas  qu'il  viendrait  mourir,  laissant  au  pont  de  la  dite  ville  un  demi-écu  une  fois 
et  un  patar  à  St-Lambert  de  Liège,  une  fois,  et  institue  sa  femme  Anne-Marie 
Henri  Jaspar  Guillaume  de  Malmédy,  héritière  de  tous  ses  biens  où  et  en  quelle 
place  ils  sont  situés  (Eneille,  Grandhan,  Fronville),  à  condition  de  donner  aux 
pauvres  18  écus.  Les  témoins  étaient  J.-B.  Hausman,  caporal  de  la  compagnie 
de  Monsieur  le  capitaine  Godillière,  au  régiment  de  Monsieur  le  comte  de  Dona 
et  Guillaume  Spyckers,  habitant  de  Maestricht. 


—     41     — 

Cet  acte  est  enregistré  à  la  Cour  de  Maestricht  en  la  forme  suivante  :  «  Nous 
bourgmestre  et  conseillers  jurés  de  la  ville  de  Maestricht  attestons  et  certifions 
par  cette,  que  Renier  Schaepen  est  notaire  public,  catholique-romain,  résidant 
en  cette  ville,  et  qu'à  ses  actes  et  documents  par  lui  signés,  comme  la  présente, 
on  ajoute  foi  plénière  tant  en  justice  qu'en  dehors  d'icelle.  En  foi  de  quoi  avons 
lait  dépêcher  la  présente  sous  la  signature  d'un  de  nos  secrétaires  et  munir  du 
scel  commun  de  cette  ville,  ce  20  septembre  1709.  Etait  signé  par  ordre  d'iceux, 
Hen.  Thisus.  Le  cachet  était  de  cire  verde'.  » 

De  l'an  1713,  les  Cours  d'Eneille,  de  Grandhan,  de  Fronville,  enregistrent  un 
transport  gager  des  dits  biens  fait  par  Anne-Marie  Guillaume,  veuve  en  pre- 
mières noces  de  François  Ponsart,  présentement  femme  de  Lorent  Sauvage, 
bourgeois  de  Malmédy,  en  faveur  du  sieur  Warny,  prêtre  bénéficier  de  l'autel 
Ste-Barbe,  à  Somme.  Ce  transport  avait  été  fait  à  Marche,  par  devant  le  notaire 
Goffart,  le  3  mars  1713. 

Du  29  mars  et  du  5  avril  1725  il  y  a  aux  Cours  de  Fronville  et  d'Eneille  un 
retrait  de  Monsieur  Gouverneur,  capitaine  de  cavalerie  pour  le  service  de  Sa 
Majesté  très  chrétienne,  d'entre  les  mains  du  sieur  Warny,  qui  refuse  de  rendre 
vêture,  par  la  voie  amiable,  des  biens  gagèrement  transportés.  De  là,  procès. 

Ce  capitaine  Gouverneur  agissait  par  contrat  passé  à  Malmédy,  par  devant  le 
notaire  Dorgué,  dans  la  sallette  de  l'abbaye  impériale,  en  présence  du  R^  S^""  Dom 
Gélestin  de  Verhouter,  capitalaire  de  l'abbaye  et  du  sieur  Etienne  Lavalle, 
mayeur  et  échevin  du  ban  de  Fronville,  au  nom  de  Anne-Marie  Henri  Jaspar  et 
de  son  troisième  mari,  Hendrick  Deroed.  En  faveur  de  ce  dernier,  elle  fait  une 
donation  entre  vifs  de  ses  biens,  cens  et  rentes  situés  au  pays  d'Eneille,  au  détri- 
ment de  son  fils,  Philippe-Charles  Sauvage,  le  5  septembre  1741,  en  la  maison 
du  sieur  Delsemme  à  Jupille  (Liège),  par  devant  Barthélémy-Hubert  Mathei, 
notaire  de  la  Cour  de  Liège. 

Le  31  octobre  de  la  même  année,  nouveau  transport  et  renom  des  mêmes  biens, 
de  la  part  de  Henri  Deroed  en  faveur  du  sieur  Guillaume  Bonjean,  de  Fraiture, 
dans  la  maison  de  monsieur  l'avocat  Massar  de  Jenhez,  situé  au  Souverain  Pont, 
paroisse  St-Etienne  à  Liège.  Cet  acte  est  enregistré  aux  Cours  de  Fronville  et 
d'Eneille,  le  l^"- juillet  1750. 

Et  tout  cela  finit  par  un  dernier  transport  fait  par  Guillaume  Bonjean  en 
faveur  de  son  parent,  l'avocat  Danthine  de  Petite  Eneille,  au  prix  de  700  florins 
brabants,  par  devant  Nicolas  Georis,  notaire  de  Liège,  en  la  maison  de  l'avocat 
Danthine,  située  dans  la  paroisse  St-Adalbert  à  Liège,  dans  la  rue  St-Jean,  le 
cinq  du  mois  de  février  1755  (1). 


(1>  Le  stock  d'Eneille,  au  château  de  Grandhan. 


—     42     — 

Délégués  du  seigneur-  à  la  Cour  d'Eneille,  le  mayeur  ou  les  échevins  pouvaient 
aussi  le  représenter  devant  des  Cours  étrangères.  C'est  ainsi  que  l'an  mil  sept 
cent  vingt-six,  Ignace  de  Brialmont  déclare  «  commettre  et  constituer  Henry 
Pirard,  Eschevin  de  notre  Cour  d'Enneille  pour  en  notre  nom  et  de  notre  parte 
comparaître  par  devant  la  Courte  dite  Jean  Beaudhuin  jugeante  à  Wéris,  et  y 
faire  tous  reliefs  et  autres  devoirs  par  nous  dûs  et  afférents  «. 

Conclusion.  La  Cour  d'Eneille,  sauf  appel  au  Conseil  du  Luxembourg,  jugeait 
définitivement  au  civil  dans  les  causés  réelles  et  personnelles  ;  et  dans  les  causes 
criminelles,  instruisait  le  procès  «  jusques  à  dire  droit  «,  puis  remettait  la  cause 
et  le  criminel  au  prévôt  de  Durbuy,  qui  avec  sept  échevins  composait  la 
Haute-Cour. 

Depuis  la  période  bourguignonne,  il  pouvait  aussi  y  avoir  appel  du  Conseil 
de  Luxembourg  au  Grand  Conseil  de  Malines.  A  cette  cour  suprême  ressor- 
tissaient  les  provinces  belges,  excepté  le  Brabant  et  le  Hainaut  et  les  principautés 
de  Liège  et  Stavelot. 

Nous  trouverons  dans  la  suite  de  cette  histoire  plusieurs  cas  d'appel  à  Luxem- 
bourg et  à  Malines. 

i  n. 

Le  Greffier  et  le  Sergent. 

«  Le  Greffier,  disent  les  abbés  Clausset  et  Mauclet  dans  leur  belle  histoire 
d'Auvelais,  était  un  personnage  important.  Souvent  il  était  le  seul  lettré  du  col- 
lège. Comme  on  ne  trouvait  pas  dans  chaque  village  un  homme  capable  d'en 
remplir  les  fonctions,  on  devait  fréquemment  recourir  aux  bons  offices  d'un 
étranger  et  l'on  rencontre  de  nombreux  exemples  de  scribes  desservant  simulta- 
nément plusieurs  greffes  scabinaux  ».  —  La  Cour  d'Eneille  eut  longtemps  pour 
greffier  un  de  Blier  résidant  à  Fisenne. 

«  Le  greffier  rédigeait  une  sorte  de  procès-verbal  des  séances  du  tribunal, 
tenait  note  des  diverses  phases  des  procédures,  et  il  libellait  ordinairement  les 
jugements.  Il  transcrivait  d'abord  sur  des  feuilles  de  parchemin,  plus  tard  dans 
des  registres,  les  contrats  soumis  à  la  formalité  de  la  réalisation  et  en  dépêchait 
des  copies  authentiques.  Il  dressait  aussi  les  assiettes  des  tailles  ;  en  un  mot, 
tenait  toutes  les  écritures  (1)  ". 


(1)  Clausset  et  Mauclet  :  Histoire  d'Auvelais  et  d'Arsimont  pp.  70-71.  Namur,  Serval.*. 


-     43     - 

Parmi  les  Greffiers  d'Eneille,  nous  trouvons  Nicolas  Duchesne,  au  commence- 
ment du  17^  siècle  ;  et  plus  tard,  Froidmond,  de  Blier,  Tirtia,  Dujardin. 

Le  Sergent  était  une  espèce  d'huissier  chargé  de  citer  les  parties  devant  le 
tribunal  et  de  signifier  aux  intéressés  les  requêtes  des  particuliers  et  les  décisions 
de  la  Cour.  Ainsi,  en  1725,  le  sergent  Jean  Borlon  signifie  à  Joseph  Leboutte, 
au  nom  de  la  Cour  d'Eneille,  qu'il  a  à  comparaître  aux  fins  de  venir  se  voir  con- 
damner au  paiement  de  dix  écus  au  curé  André  Le  Charpentier,  son  créancier. 

Suppôt  de  la  Cour,  le  sergent  l'était  naturellement  aussi  du  seigneur  :  Le  7 
mai  1786,  un  assemblement  s'est  tenu  dans  la  maison  pastorale  d'Eneille,  avec  la 
permission  de  très  noble  Dame  des  Eneilles,  Adriane-Gharlotte  de  Brialmont,  et 
à  la  semonce  de  Henri  Drouba,  son  sergent,  surséant  de  la  Petite  Eneille,  au 
sujet  des  difficultés  survenues  entre  le  révérend  sieur  Randollet,  curé,  et  les 
manants,  à  propos  de  la  nomination  d'un  maître  d'école. 

«  Le  sergent  assistait  aux  séances  pour  assurer  l'ordre  ;  il  était  agent 
exécutif  quand  il  s'agissait  d'appréhender  un  coupable,  de  saisir  des  gages,  de 
procéder  à  des  ventes  publiques  (1)  «. 

Au  point  de  vue  communal,  le  sergent  cumulait  ses  fonctions  de  justicier  avec 
celles  de  garde-champêtre. 

CHAPITRE  VI. 

LA  COMMONAPTÉ. 

1 .  Plaids  généraux.  A  côté  des  plaids  judiciaires,  il  y  avait  à  Eneille,  comme 
dans  toutes  les  communautés,  l'antique  institution  des  plaids  généraux,  d'origine 
franke,  c'est-à-dire,  des  assemblées  de  tous  les  chefs  de  famille,  réunis  à  des 
moments  déterminés  pour  discuter  au  sujet  de  leurs  intérêts  communs. 

Les  plaids  généraux  se  tenaient  de  droit  trois  fois  par  an,  à  des  époques  fixes, 
et  pouvaient  encore  avoir  lieu  à  divers  moments  de  l'année,  avec  la  permission 
du  seigneur, 

«  L'assemblée  se  tenait  le  plus  souvent  devant  l'église,  au  cimetière,  ou  dans 
la  maison  pastorale,  souvent  à  l'issue  de  la  messe.  Le  mayeur,  représentant  le 
pouvoir  seigneurial,  présidait  les  séances,  entouré  des  membres  de  la  justice. 
Tous  les  chefs  de  famille,  hommes  ou  même  femmes  veuves,  avaient  le  droit  et 
l'obligation  d'assister  aux  plaids  généraux. 


(1)  Clausset  et  Mauclet,  op.  cit.  pp.  71-72. 


—     44     — 

On  y  donnait  lecture  des  vieilles  chartes,  afin  que  chacun  connût  tous  ses 
droits  et  toutes  ses  obligations.  On  promulguait  aussi  les  ordonnances  des  souve- 
rains, les  édits  et  les  défenses  des  seigneurs. 

La  gestion  des  propriétés  communes  et  notamment  la  réglementation  des 
coupes  de  bois,  les  mesures  à  prendre  pour  sauvegarder  les  anciens  privilèges  ; 
les  procès  à  intenter  ou  à  soutenir  dans  ce  but,  le  choix  des  mandataires  à  em- 
ployer devant  la  justice,  l'entretien  de  la  voirie,  les  réparations  à  effectuer  à 
l'église,  au  cimetière,  à  la  maison  pastorale,  les  emprunts  à  contracter  ou  les 
contributions  à  lever  pour  subvenir  aux  charges,  l'audition  des  comptes  étaient 
les  principaux  objets  portés  à  l'ordre  du  jour  des  plaids  généraux  (1)  ». 

La  taille  d'Eneille  pour  1770  se  monte  à  13  fl.  2  sols,  1  gigot,  parmi  lesquels 
le  curé  paie  34  sous,  2  liards.  Le  plus  imposé,  André  Servais,  paie  51  sous  ;  les 
6  plus  pauvres,  1  gigot  ;  d'après  l'assiette  de  la  taille  dressée  dans  la  maison  de 
Philippe  Legrand,  par  les  assieurs  Noël  Gathy,  Jean  Servais,  André  Hollon 
(HoUogne),  Philippe  Legrand. 

Citons  maintenant  quelques  affaires  traitées  dans  les  assemblées  de  la  commu- 
nauté. 

Aux  plaids  généraux  tenus  le  7^  jour  de  l'an  1623  (plaids  des  Rois  ou  de 
l'Epiphanie),  le  seigneur  Henri  Brialmont  en  personne  a  remontré  aux  manants 
que  diverses  fois  plusieurs  habitants  se  sont  plaints  tant  aux  plaids  généraux 
qu'aux  autres  plaids  de  ce  que  les  gens  ayant  le  plus  de  moyen  intéressaient  fort 
leur  pâturage,  prenant  troupes  de  moutons  exorbitamment  et  plus  que  leurs 
pâtures  ne  peuvent  porter,  au  grand  préjudice  de  leurs  bêtes  à  cornes.  Il  leur  a 
proposé  de  charger  en  tout  par  les  deux  villages  d'Eneille,  trois  cents  moutons 
par  dessus  son  troupeau  ordinaire,  à  répartir  proportionnellement  ou  bien  sui- 
vant les  héritages  de  chacun,  ou  bien  suivant  l'assiette  de  la  taille  de  Sa  Majesté, 
ou  bien  autrement  de  façon  convenable  et  raisonnable.  Pour  à  quoi  répondre 
s'étant  les  dits  manants  tirés  à  part  se  sont  retournés  par  devers  le  seigneur  et 
la  Justice  avec  diverses  opinions,  sur  le  fait  de  la  répartition.  Pour  laquelle 
diversité  accommoder,  le  seigneur  a  requis  les  mayeur  et  échevins  de  prendre 
et  recevoir  les  opinions  de  chacun  particulièrement. 

«  Trois  ont  déclaré  vouloir  prendre  des  moutons  à  leur  plaisir  et  sans  règle  ; 
six  ont  déclaré  vouloir  que  la  répartition  se  fît  à  l'advenant  des  héritages  ;  vingt- 
cinq  ont  déclaré  vouloir  qu'il  fût  fait  à  proportion  de  la  taille  payée  au  Prince 
par  chacun, 

«  Le  sieur  Belleamye,  curé  des  Eneilles,  a  déclaré  qu'il  se  contenterait  d'en 
prendre  autant  que  le  plus  riche  laboureur  en  prendra  en  conformité  de  sa 
taille. 


(1)  Classet  et  Mauclfit,  op.  cit.  pp.  75-76. 


—     45     — 

«  Le  seigneur  acteur  accepte  et  reproduit  le  besoigné  cy  fait  en  cette  Cour,  le 
7  de  ce  mois,  sur  les  plaids  généraux  derniers  contenant  les  règles  volontaires 
arrêtées  entre  lui  et  ses  sujets,  excepté  quatre  requérants.  » 

«  Donc  tous  les  habitants,  sauf  quatre,  parmi  lesquels  Thiry  de  Brialmont  et 
sire  Jacques  Rondeau,  prêtre,  demeurant  à  la  Petite  Eneille,  se  sont  ralliés  à  la 
majorité.  Sur  ce,  les  mayeur  et  échevins  donnent  permis  de  prendre  bestes  à 
laine  conformément  à  la  dite  assiette  et  advenant  de  trois  cents  moutons,  outre 
et  par  dessus  la  troupe  du  seigneur,  et  ce  par  provision,  jusqu'à  ce  qu'autrement 
en  soit  ordonné  ». 

Le  11  janvier  1623,  ils  accordent  aussi  au  seigneur  acteur  défaut  contre  les 
quatre  non  comparants,  qui  adressent  une  requête  à  Monseigneur  le  Gouverneur, 
Président  et  gens  du  Conseil  de  Luxembourg,  invoquant  leur  paisible  possession 
depuis  20,  30,  40,  50  ans.  Le  Conseil  de  Luxembourg  communique  leur  requête 
à  Henri  de  Brialmont,  le  19  janvier  1623.  La  suite  du  débat  nous  manque. 

2,  Le  Mayeur,  les  Echevins,  les  Gbnteniers,  le  Sergent.  A  Eneille, 
le  mayeur  et  les  échevins  de  la  Cour  de  justice  cumulaient  aussi  les  fonctions 
communales,  avec  les  deux  centeniers,  restes  des  anciennes  institutions  féodales, 
nommés  également  par  le  seigneur. 

Les  fonctions  du  mayeur  ou  bourgmestre  se  bornaient  à  l'administration  des 
biens  communaux,  à  la  réquisition  de  journées  de  travail  à  prester  par  les  habi- 
tants pour  les  travaux  publics,  à  la  surveillance  générale  des  biens  et  des  chemins. 

Nous  verrons  les  centeniers  intervenir  une  fois  dans  les  débats  relatifs  à  la 
restauration  du  presbytère,  à  propos  d'une  levée  de  contribution  due  par  les 
particuliers.  Ils  commandaient  aussi  les  rinages,  c'est-à-dire,  les  réunions  à  jour 
fixe  et  annuelles,  où  se  débattaient  les  affaires  de  la  communauté. 

Le  sergent,  comme  fonctionnaire  communal,  outre  son  rôle  de  garde-champê- 
tre, devait  annoncer  les  plaids  extraordinaires  par  affiches,  et  aller  de  maison 
en  maison,  convoquer  tous  les  manants  «  parlant  à  eux-mêmes,  leurs  femmes, 
enfants,  domestiques  »,  et  leur  notifiant  le  lieu,  l'heure,  l'objet  de  l'assemblée. 
Au  moment  de  la  réunion,  il  sonnait  la  cloche  paroissiale. 

3.  Charges  publiques.  De  l'époque  féodo-communale  nos  archives  ne  disent 
rien  sur  les  redevances  des  manants  vis-à-vis  du  seigneur.  Le  curé  lui  devait  tous 
les  sept  ans  une  journée  de  faulx  aux  foins,  par  corvée  ;  deux  annuellement  pour 
raccense  de  l'eau  proche  de  la  maison  de  cure,  deux  setiers  d'avoine  comme 
laboureur  pour  la  vente  du  bois  ;  à  la  fête  des  Rois,  il  paie  sept  bons  liards  à  la 
recette  seigneuriale.  Ces  redevances  durent  jusqu'à  la  fin  de  l'ancien  régime. 

Dans  la  suite,  à  partir  de  l'époque  bourguignonne,  outre  la  taille  fixée  par  les 
5  assieurs  de  la  communauté,  ««  les  Etats  de  chaque  province  votaient  annuel- 


—      46     — 

leinent  les  aides  et  subsides,  c'est-à-dire,  leur  part  dans  les  dépenses  générales 
du  gouvernement.  L'aide  votée  par  «  la  province  de  Luxembourg  «  était  répartie 
entre  les  divers  corps  sociaux  :  clergé,  villes,  noblesse,  plat  pays. 

"  La  contribution  globale  du  plat  pays  était  divisée  entre  les  bailliages  et  les 
prévôtés,  puis  on  déterminait  la  portion  pour  laquelle  chaque  communauté 
interviendrait.  Le  mayeur  et  les  échevins  de  la  Cour  ayant  reçu  le  billet  qui  les 
informait  de  la  somme  réclamée  aux  habitants  de  leur  juridiction  faisaient  l'as- 
siette de  la  taille,  c'est-à-dire  taxaient  chacun  suivant  sa  fortune,  en  prenant 
pour  base  la  quantité  de  bonniers  ou  de  journaux  de  terre  qu'ils  détenaient  (1)  ». 

D'après  une  répartition  faite  par  le  lieutenant  prévôt  de  Durbuy,  en  date  du 
20  février  1767,  Eneille  devait  payer  81  florins,  14  patars  et  3  deniers,  la  moitié 
au  15  du  courant,  un  quart  au  15  juillet,  l'autre  quart  au  15  d'octobre  suivant, 
à  peine  d'exécution  en  mains  de  M.  Malempré,  à  Marche,  avec  le  demi-sol  par 
florin.  Item  pour  le  soutien  de  la  Cour  du  duc  Charles,  payable  comme  dessus, 
14  florins  brabants  14  patars.  La  taille  était  payable  à  Marche  (Eneille  et  la 
prévôté  de  Durbuy  faisant  partie  du  quartier  de  Marche).  Les  envois  ont  coûté 
pour  les  deux  années  1765  et  1766,  8  escalins. 

Le  6  février  1769,  le  sieur  de  Blier,  greffier  de  la  Cour  d'Eneille,  à  la  demande 
du  comte  Philippe  de  Gobenzl  envoie  la  réponse  de  la  dite  Cour  sur  l'estimation 
des  biens-fonds  faite  par  ceux  de  la  justice  d'Eneille  aidés  de  leurs  experts  en 
vue  de  la  repartition  de  la  taille  due  à  Sa  Majesté. 

Le  journal  de  bonne  terre  labourable  y  est  estimé  àun  setier  et  demi  d'épeautre 
à  comble,  pour  la  première  année  ;  à  trois  quarts  d'avoine  aussi  comble,  pour  la 
deuxième  année  ;  la  troisième  se  repose.  Suit  l'estimation  des  terres  médiocres, 
des  mauvaises  terres,  des  trixhes  labourables,  des  sarlages  à  vingt  ans. 

Le  cent  de  bon  foin  est  estimé  à  15  sols,  le  cent  de  médiocre  à  7,  le  cent  de 
mauvais,  de  même  que  le  regain  à  5. 

Un  chapon  est  estimé  à  deux  escalins  (14  sous),  une  poule  7  sols,  un  œuf  trois 
deniers  (un  quart  de  sol)  ;  une  journée  de  faulx  d'un  manœuvre  17  sols,  quand 
on  ne  nourrit  pas  le  manœuvre,  et  quand  on  le  nourrit,  10  sols. 

Le  prix  d'une  livre  de  laine  est  de  8  sols  ;  à  quelle  occasion  on  prie  de  faire 
attention  que  dans  les  étables  du  curé,  la  livre  est  taxée  10  sols,  par  abus. 

Une  ordonnance  de  Marie-Thérèse,  en  date  du  20  mai  1779,  régie  comme  suit 
la  contribution  foncière  : 

«  Ghers  et  bien-aimés,  sur  le  compte  qui  nous  a  été  rendu  de  votre  représen- 
tation du  26®  février  dernier  concernant  l'article  13  de  notre  ordonnance  du  21 


(t)  Clausset  et  Mauclet,  op.  cit.  p.  81. 


—     47     — 

mars  1771,  nous  vous  faisons  la  présente,  à  la  délibération  du  Sérénissime  Duc 
Charles-Alexandre  de  Lorraine,  Gouverneur  et  capitaine  général  des  Païs-Bas, 
pour  vous  dire  que  le  vrai  sens  du  dit  article  n'étant  et  ne  pouvant  être  autre 
que  de  faire  contribuer  par  les  propriétaires  des  cens  et  rentes  foncières,  une 
partie  de  l'imposition  proportionnée  au  montant  de  la  rente  et  au  produit  du 
fonds  qui  en  est  chargé,  il  est  tout  simple  qu'en  cas  de  difficulté  pour  déterminer 
cette  proportion,  il  sera  fait  une  évaluation  par  experts  du  produit  ou  de  la 
valeur  réelle  du  fonds,  sans  égard  à  l'évaluation  portée  au  cadastre  ;  de  manière 
par  exemple  que  si  un  fonds  chargé  de  50  sols  de  rente,  cotisé  dans  l'imposition 
à  20  sols,  est  estimé  valoir  réellement  un  produit  de  200  sols,  le  tenancier  devra 
supporter  dans  les  20  sols  de  l'imposition  quinze  sols,  et  le  rentier  les  5  sols 
restants.  Selon  quoi  vous  aurez  à  vous  régler  tant  à  l'égard  du  cas  qui  fait  l'objet 
de  votre  dite  représentation,  que  de  tous  autres  cas  de  cette  espèce  qui  peuvent 
se  présenter  dans  la  suite  ». 

Le  clergé  avait  son  rôle  à  part  dans  la  répartition  générale  de  l'impôt.  Le 
curé  d'Eneille  payait  comme  décimaleur  et  comme  laboureur. 

En  1778,  pour  une  dîme  de  250  florins  brabants,  il  paie  17  florins,  12  sous, 
6  deniers. 

Quand,  pour  fait  de  guerre  ou  autre  calamité  publique,  un  curé  ou  une  com- 
munauté avaient  subi  de  grands  dommages,  ils  pouvaient  exposer  leur  situation 
au  Conseil  du  Luxembourg,  qui  généralement  réduisait  leur  taille  pour  l'année 
suivante,  si  les  réclamations  lui  parvenaient  à  temps  et  étaient  trouvées  légitimes. 

L'ordre  du  clergé  était  représenté  à  Luxembourg  par  les  abbés  de  Saint- 
Maximin  (Trêves),  de  Munster  (Luxembourg),  d'Echternach,  de  Saint-Hubert, 
d'Orval  et  le  prieur  d'Houflalize. 

Gomme  laboureur,  le  curé  d'Eneille,  pour  7  journaux  156  verges  de  terres 
labourables,  dont  deux  jours  de  la  première  classe  ;  la  moitié  du  résidu  de  la 
deuxième  ;  le  reste  de  la  troisième  classe,  payait  à  la  taille  l  florin,  2  sous  et  6 
deniers,  en  évaluant  le  sou  à  0.06  et  le  denier  à  i/3  de  sou. 

Pour  9  jours,  102  verges  de  terres  sartables,  dont  4  de  la  première  classe,  il 
payait  4  sous,  7  deniers. 

Pour  un  jour,  106  verges  de  jardin  et  de  verger,  il  payait  14  sous.  Pour  un 
jour,  159  verges  de  prairies,  dont  un  tiers  de  la  première  classe,  un  tiers  de  la 
deuxième,  un  tiers  de  la  troisième,  il  payait  14  sous,  trois  deniers. 

Pour  9  bêtes  à  cornes,  l  florin,  13  sous,  9  deniers. 

Pour  cinq  chevaux,  1  florin,  17  sous,  6  deniers. 

Pour  vingt-deux  bètes  à  laine,  16  sous,  6  deniers. 

Pour  l'industrie  d'un  domestique  laboureur,  13  sous  et  3  deniers. 


—     48     — 

Outre  la  contribution  ordinaire  pour  les  aides  de  Sa  Majesté,  le  clergé,  comme 
le  plat  pays,  devait  payer  ou  parfois  offrait  gratuitement  des  subsides  extraor- 
dinaires comme  le  prouvent  les  lettres  suivantes  adressées  au  doyen  du  concile 
ou  du  doyenné  d'Ouffet. 

Le  9  février  1708,  le  doyen  de  Luxembourg,  A.  Feller,  lui  écrit  :  «  Si  nous 
avons  tant  tardé  à  vous  envoyer  le  second  mandement  pour  la  contribution,  le 
fait  en  est  que  nous  étions  avertis  qu'il  y  avait  cette  année  des  frais  extraordi- 
naires à  répartir,  et  que  le  Roi  avait  nommé  une  jointe  de  Mfe'""  le  comte  d'Autel 
et  de  quelques  seigneurs  pour  les  régler.  Nous  avons  présenté  la  requête  à  la 
dite  jointe  pour  que  le  secrétaire  de  l'Etat  soit  obligé  de  nous  donner  connais- 
sance tant  de  la  somme  générale  du  clergé  que  de  la  quote-part  des  frais  venant 
à  sa  charge  ;  et  après  tout  bien  examiné,  il  s'est  trouvé  que  nous  avons  réparti 
au  juste  la  moitié  de  notre  somme.  Ainsi  votre  doyenné  a  été  taxé  à  143  V2  écus, 
dans  la  dernière  répartition  générale  ;  vous  ferez  lever  la  même  somme  pour 
achever  le  paiement  de  la  présente  année,  et  la  répartition  subdivisionnelle  du 
premier  paiement  vous  servira  pour  celui-ci  ». 

En  1737,  le  doyen  du  concile  d'Ouflfet  était  le  curé  Maréchal  de  Grandhan. 
Nous  retrouvons  dans  ses  papiers  une  acceptation  d'un  don  gratuit  du  clergé 
séculier,  par  S,  A.  R.  Marie-Elisabeth,  en  ces  termes  : 

«  Etant  informée  par  le  rapport  qu'on  nous  a  fait  de  votre  acte  d'accord  du  8 
février  1737  que  vous  présentez  à  S.  M.  un  don  de  12,000'  florins  brabants 
pour  l'assister  à  supporter  les  dépens  immenses  auxquels  l'engage  la  présente 
guerre  contre  les  infidèles,  et  ayant  ce  don  agréable,  nous  l'avons  accepté  au 
nom  de  notre  très  cher  frère  et  seigneur,  et  nous  vous  remercions  par  la  pré- 
sente à  condition  que  vous  fassiez  remettre  incessamment  cette  somme  à  Bruxel- 
les, entre  les  mains  de  l'administrateur  de  la  caisse  de  guerre  ». 

Enfin,  voici  une  autre  dépêche  officielle  au  même  doyen  du  concile  d'Ouffet, 
curé  de  Grandhan,  et  qui  prouve  que  le  même  subside  volontaire  a  été  payé  plu- 
sieurs fois. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  avertir  que  l'Etat  ecclésiastique  de  cette  province, 
assemblé  à  Luxembourg  le  20  du  mois  de  novembre,  ayant  accordé  volontaire- 
ment à  S.  M.  1.  et  G.  un  subside  ordinaire  et  extraordinaire  de  12.000  fl.  pour 
l'année  1739,  notre  clergé  séculier,  suivant  la  transaction  de  1712,  en  est  pour 
6720  florins  brabants.  Les  deniers  de  recette  et  vacations  portent  avec  les  consi- 
dérations des  confrères  endommagés  par  les  trois  F  (1),  la  somme  de  292  fl.  B., 
faisant  ensemble  celle  de  7012  fl.  B.,  dans  laquelle  votre  doyenné  d'Ouffet  est 
taxé  suivant  le  pied  ordinaire  à  499  florins  brabants,  9  sols  et  7  liards  payables. 


(1)  Les  trois  grands  Fléaux  :  le  Feu,  le  Fer,  la  Famine. 


—     49     — 

la  moitié  an  15  février  prochain,  un  quart  au  15  juillet,  un  quart  au  15  octobre 
de  l'année  1739,  entre  les  mains  du  receveur  du  dit  clergé,  monsieur  Groffay, 
résidant  à  Marche,  le  tout,  augmenté  de  58  fl.  19,  pour  frais  d'exécution  ». 

La  taxe  de  la  province  de  Luxembourg,  à  cette  date,  tant  pour  les  subsides 
ordinaires  qu'extraordinaires,  se  montait  à  280,000  florins  brabants  «  hors  de 
laquelle  le  clergé  s'est  volontairement  chargé  des  12,000  fl.  stipulés  plus  haut. 

La  taxe  ecclésiastique  du  doyenné  d'Ouflet  était  répartie  entre  les  intéressés 
par  le  vice-doyen  ou  collecteur  du  concile,  qui  fut  longtemps  un  curé  d'Eneille  : 
Noël  Depierreux.  Voici  ce  qu'il  nous  renseigne  pour  l'an  1664.  »  La  répartition 
de  la  taxe  due  à  Sa  Majesté  catholique  aux  mois  d'avril  et  mai  1664,  se  portait 
cette  année  à  445  florins  brabants,  pour  le  doyaume  d'Ouflet,  solvable  en  déans 
la  St-Remy  prochain,  laquelle  a  été  répartie  en  la  ville  de  Durbuy,  le  2  septem- 
bre, en  présence  des  curés  du  concile,  qui  ont  payé  en  tout  468  fl.,  13  patars, 
dont  13  florins  brabants  pour  la  cure  d'Eneille,  18  pour  Tohogne,  11  pour 
Durbuy,  3  pour  Barvaux,  etc.,  etc. 

«  Dans  les  468  fl.  sont  compris  le  port  à  Marche  par  la  messagère,  22  pat.  ;  les 
vacations  des  oflîciers  et  répartisseurs,  14  fl.  ;  par  ainsi,  ily  a  d'excrescence  9  fl. 
1  pat.  Et  de  la  pénultième  et  dernière  taxe  le  collecteur  renseigne  d'excrescence 
47  fl.  17  pat.  :  soit  pour  les  trois  dernières  taxes,  56  fl.  18  pat.  d'excrescence. 

»  J'ai  reçu  en  outre,  dit  le  vice-doyen,  15  fl.  pour  le  révérend  Prélat  de  Neuf- 
moustier,  ce  qui  est  son  entier  contingent.  —  Le  5  décembre,  recevant  les  deux 
dernières  taxes  du  révérend  ofïîcial  de  Marcour,  portant  36  fl.  brabants,  je  lui  ai 
décompté  8  florins,  pour  les  deux  journées  de  vacation  pour  la  répartition  faite  à 
Durbuy,  le  2  septembre  1664,  et  trois  patakons  en  tout  pour  les  deux  précé- 
dentes portant  15  fl.  4  pat.  ;  et,  collecteur  représentant  un  doyen,  moi,  je  prends 
pour  mes  vacations,  pour  les  trois  précédentes,  trois  patakons  ;  et  pour  la  der- 
nière, 4  fl.  4  pat.  à  déduire  hors  des  excrescences.  —  Le  1"  décembre  1664,  j'ai 
décompté  au  vénérable  pasteur  de  Durbuy,  douze  florins  pour  payer  le  vin 
du  dîner  ». 

En  dehors  du  domaine  ecclésiastique,  il  y  avait  un  collecteur  laïc,  qui,  comme 
les  antiques  publicains,  prenait  la  levée  des  tailles  au  rabais,  c'est-à-dire  qu'on 
l'adjugeait  à  qui  s'offrait  à  la  percevoir  en  prenant  comme  salaire  le  tantième  le 
moins  élevé.  Il  rendait  compte  de  ses  opérations  à  la  Cour  de  justice  et  à  l'as- 
semblée des  manants.  Pour  l'audition  des  comptes,  le  mayeur,  les  échevins,  le 
greflïer,  le  sergent  étaient  rétribués  comme  pour  établir  l'assiette  de  l'impôt. 

4.  Les  Revenus  et  les  Biens  communaux. 

De  tous  temps,  les  revenus  d'Eneille  furent  assez  maigres.  La  taille  commu- 

4 


—     50     — 

nale,  les  bois,  la  pêche  ne  devaient  pas  faire  monter  haut  le  budget  annuel, 
d'autant  plus  que  ces  deux  derniers  postes  relevaient  du  droit  seigneurial,  et 
que  l'église  Ste-Marguerite  possédait  une  partie  des  bois.  Il  y  avait  assez  bien  de 
terres  communes,  qu'on  appelle  encore  «  La  Commune  »,  à  l'est  du  territoire  des 
Eneilles,  sur  lesquelles  par  tradition  perdure  le  droit  de  vaine  pâture,  comme 
sur  les  terres  du  château  à  partir  de  la  Toussaint.  D'ailleurs  il  n'existe  plus 
aucun  compte  des  anciens  temps. 

En  1910,  la  location  de  la  chasse  rapporte  750  frs.  à  la  section  d'Eneille. 

Chaque  habitant  paie  une  moyenne  de  5  à  8  francs  pour  sa  part  de  bois 
d'affouage,  soit  un  revenu  de  250  francs  environ  par  an. 

Les  additionnels  se  montent  à  0.30  centimes.  Les  propriétaires  paient  5  7o  du 
revenu  cadastral. 

5.  RÉGIME  ADMINISTRATIF. 

Sous  le  régime  français,  issu  de  la  Révolution,  Eneille  fait  partie  du  départe- 
ment des  Forêts,  avec  pour  maire,  M.  Hamoir. 

Réunie  quelques  années  à  Monteuville  et  à  la  commune  de  Petite  Somme, 
elle  appartient  depuis  1826  à  la  commune  de  Grandhan. 

Administration  communale  en  1910  : 

Bourgmestre  :  Henri  Rondelet,  à  Petithan. 
Conseillers  d'Eneille  :  Nestor  Collin,  échevin. 

Joseph  Deprez. 
Secrétaire  :  Adolphe  Désirotte,  de  Grandhan 
Receveur  communal  :  Henri  Despas,  de  Grandhan. 

En  temps  normal.  Petite  Eneille  est  à  vingt  minutes  de  Grandhan,  à  trois 
quarts  d'heure  de  Petithan  ;  mais  quand  les  ponts  de  bois  sont  renversés  aux 
passages  d'eau  de  Chêne  à  Han  et  du  moulin,  et  quand  les  barquettes  ne  mar- 
chent plus  par  suite  des  crues  de  l'Ourthe  ou  de  la  débâcle  des  glaçons,  Eneille 
est  à  deux  lieues  de  Grandhan,  à  une  et  demie  de  Petithan. 

On  a  essayé  depuis  cent  ans  tous  les  groupements  possibles  pour  faire  à  Eneille 
une  situation  communale  sortable.  La  topogi-aphie  s'y  oppose. 

6.  Ancienne  Population.  Les  Manants  d'Eneille,  les  notables. 

Le  plus  vieux  document  qui  nous  renseigne  sur  l'ancienne  population 
d'Eneille,  c'est  le  procès  des  moutons,  en  1623  :  les  deux  Eneilles  comptent  alors 


—     51     — 

37  ménages.  Il  y  en  a  29  en  1695,  d'après  le  procès  pour  la  restauration  de  la 
maison  pastorale.  Entre  ces  deux  dates,  survient  la  peste  de  1636,  qui  fait  à 
Eneille  de  nombreuses  victimes.  Dans  un  fragment  du  registre  des  baptêmes,  de 
1605  à  1627,  nous  comptons  jusque  18  jeunes  gens,  en  dessous  de  20  ans,  nés 
entre  1616  et  1627,  dont  la  mort  est  signalée  en  1636.  Citons-les  pour  mémoire  : 
Marie,  fille  de  Michel  le  Maréchal  et  de  Jeanne  Ponsart,  née  le  19  août  1616.  — 
Roland,  fils  de  Jean  Thyes  et  de  Catherine  Rondeau,  né  le  2  janvier  1617.  — 
Toussaint,  fils  de  Jean  Toussaint  et  de  Marguerite  Ponsart,  né  le  17  janvier 
1619.  —  Jeanne  fille  de  Bernard  et  de  Marguerite  Ponsart,  née  le  19  juillet  1619. 
—  Anne,  fille  de  Jean  Thyes  et  de  Catherine  Rondeau,  née  le  16  novembre 
1628.  —  Marguerite  et  Anne,  sœurs  jumelles,  filles  de  Jean  Bernard  et  de 
Jeanne  Ponsart,  nées  le  21  mars  1621.  —  Marguerite,  fille  de  Jean  Toussaint  et 
Marguerite  Ponsart,  née  le  25  octobre  1622.  —  Jean,  fils  de  Jean  Thyes  et  de 
Catherine  Rondeau,  né  le  8  décembre  1622.  —  Jean,  fils  de  Jean  Toussaint  et  de 
Marguerite  Ponsart,  né  le  23  novembre  1623.  —  Anne,  fille  de  Jean  Bernard  et 
de  Jeanne  son  épouse,  née  le  2  décembre  1623.  —  Jeanne,  fille  de  Henri  Trina, 
moulnier  et  de  Jeanne  Demarteau,  née  le  27  juin  1625.  —  Tierry,  fils  de 
François  de  Leuze  et  d'Antoinette  de  Molin,  né  le  20  novembre  1625.—  Jeanne, 
fille  de  Jean  Toussaint  et  de  Marguerite  Bernard,  née  le  13  février  1626.  — 
Marguerite,  fille  de  Hubert  de  Tohogne  et  de  Marguerite  Ponsart,  née  le  25 
octobre  1626.  —  Pierre,  fils  de  Jean  de  Leuze  et  d'Antoinette  de  Molin,  né  le 
4  janvier  1627.  —  Ponce,  fils  de  Poncelet  Ponsart  et  de  Jeanne  de  Trina,  né  le 
8  juillet  1627.  —  Jean,  fils  de  Jean  Toussaint  et  de  Marguerite  Bernard,  né  le 
22  décembre  1627. 

Remarquez  les  5  enfants  morts  dans  la  famille  Toussaint  en  1636.  Cette  famille 
que  nous  trouvons  déjà  dans  la  liste  de  1623,  ne  reparaît  plus  dans  celle  de  1695. 
11  n'y  a  du  reste  que  5  familles  qui  soient  portées  à  la  fois  sur  les  deux  listes  de 
1623  et  de  1695  :  les  Ponsart,  les  Gollin,  les  Lecomte,  les  Gérard,  les  Pire. 

Si  la  peste  de  1636  a  changé  presque  tous  les  noms  à  Eneille,  c'est  qu'il  y  est 
revenu  de  nouveaux  habitants  en  majorité  étrangers:  c'était  un  repeuplement 
nécessaire. 

Disons  un  mot  sur  l'origine  probable  de  ce  fléau. 

L'Europe  était  alors  en  plein  dans  la  Guerre  de  Trente  ans.  L'empereur  Fer- 
dinand H  avait  répondu  à  l'attaque  de  la  France  «  en  envoyant  dans  le  Luxem- 
bourg 32,000  Croates,  Polonais  et  Hongrois,  se  joindre  aux  troupes  espagnoles, 
avec  lesquelles  ils  devaient  envahir  la  France  (juin  1635)  ;  mais  ces  hordes  sau- 
vag'^s  se  crurent  ou  plutôt  feignirent  de  se  croire  en  pays  ennemi  aussitôt  après 


—     52     — 

avoir  franchi  la  Mosollc  (l)  -,  Ravajjçeant  tout  sur  son  passage,  «  l'année  austro- 
espagnole  parvint  jusque  près  de  Pai-is  ;  mais  énergiquement  repoussée,  elle  se 
replia  en  hâte  sur  le  Luxembourg,  où  elle  établit  ses  quartiers  d'hiver. 

Ce  fut  pour  la  [)fovince  la  plus  épouvantable  de  toutes  les  catastrophes  qui 
s'étaient  abattues  sur  elle  jusqu'ici  :  les  Impériaux  prirent  possession  du  plat 
pays  et  des  villes,  se  livrant  aux  plus  honteux  excès,  infligeant  aux  habitants 
des  tortures  sans  nom  pour  leur  extorquer  de  l'argent  qu'ils  n'avaient  pas,  ou  des 
vivres  dont  ils  étaient  tout  aussi  dépourvus,  ou  encore,  par  simple  désœuvrement, 
pour  l'unique  plaisir  de  tuer  et  de  détruire.  La  conséquence  de  cette  invasion  fut 
une  cherté  inouïe  des  choses  les  plus  nécessaires  à  l'existence,  si  bien  que  la  livre 
de  fromage  vint  à  coûter  10  sous,  et  le  setier  de  froment  (18  litres)  48  sous,  d'où 
une  famine  affreuse  ;  la  misère  atteignit  un  tel  degré,  que  l'on  vit  des  mères 
égorger  leurs  enfants  pour  s'en  repaître,  et  les  bourgeois  des  villes  se  nourrir  de 
cadavres  qu'ils  allaient  détérer  dans  les  cimetières.  Il  n'en  fallait  pas  tant  pour 
provoquer  des  épidémies  ;  aussi  la  peste  ne  tarda-t-elle  pas  à  faire  son  apparition 
et  à  sévir  avec  une  telle  violence  qu'elle  enleva  les  deux  tiers  de  la  population 
dès  le  début  de  l'hiver  (1636)  (1)  «. 

Aux  Eneilles,  nous  l'avons  dit,  cinq  familles  à  peine  y  survécurent,  et  après 
60  ans,  le  nombre  des  ménages  n'était  pas  encore  remonté  jusqu'au  chiffr-e  de  37, 
comme  le  donne  notre  première  liste. 

Parmi  les  notables  d'Eneille  emportés  par  la  peste,  signalons  Messire  Jacques 
Rondeau,  prêtre,  demeurant  à  Petite  Eneille.  Nous  en  avons  un  acte  authenti- 
que (2)  dans  sa  déclaration  de  volonté  dernière,  recueillie  et  consignée  par  le 
curé  Pierre  Belleamye. 

Cet  acte  a  été  fait  à  la  hauteur  d'Eneille  sur  le  thier  qu'on  dit  la  Fosse  des 
Frênes,  quelque  peu  éloigné  de  la  logette  qu'on  lui  avait  fait  dresser  expressé- 
ment à  raison  de  son  infection. 

Il  n'y  eut  pas  moyen  de  lui  faire  signer  de  sa  main  sa  déclaration.  On  prit 
pour  témoins  Jean  Delrée,  Henry  Gérard  moulnier,  Henri  GoUin,  Pierre  de 
Brialmont,  le  jeune,  et  le  curé  Pierre  Belleamye. 

Jacques  Rondeau  y  confirmait  une  donation  du  26  octobre  1624,  faite  devant 
la  justice  de  Fronville  en  faveur  de  ses  neveu  et  nièce  Jacques  et  Jehenne 
Pirard,  enfants  de  son  demi-frère  Jehan  Pirard  et  d'Elisabeth  Duchesne.  Puis  il 
ordonnait  par  codicille  qu'on  fit  des  anniversaires  annuellem.ent  à  l'église  d'Eneille, 


(i)  Bernays  et  Vannérus,  op.  cit.  p.  374. 
(2(  Archives  du  chfiteau  <le  Grandhan. 


i 


—     53     — 

à  charge  pour  ses  neveu  et  nièce  de  payer  tous  les  ans  au  curé  un  daller,  mon- 
naie du  Roi, 

Le  curé  l'ayant  interrogé  si  on  ne  lui  devait  aucune  chose,  il  déclara  que 
Evrard  de  Noiseux  lui  devait  vingt-quatre  florins  brabants  d'argent  prêté,  et 
Guillaume  le  Gharlier  de  Baillonville  dix-sept  patacons  pour  biens  lui  vendus  ;  et 
Henri  Gille  de  Baillonville  lui  devait  quarante  florins  brabants  seulement  tant 
pour  laines  à  lui  délivrées  que  pour  grains  ;  et  autrement,  quittant  le  reste  de 
toutes  autres  prétentions  qu'il  pourrait  avoir  à  rencontre  du  dit  Henri,  en  faveur 
de  Marie  sa  fille,  et  ce  pour  bonnes  considérations  ;  que  Henri  GoUin  lui  devait 
32  patacons,  lesquels  aussi  il  lui  quittait. 

»  En  outre,  dit  le  curé,  m' ayant  enquis  et  demandé  ce  qu'il  pouvait  devoir 
à  autrui,  il  répondit  devoir  à  Jean  Scion  d'Eneille,  une  charrée  d'ancinnes,  et 
à  Roland  de  Moirville  deux  à  trois  pots  de  bière,  ne  pensant  devoir  à  homme  du 
monde  autre  chose,  excepté  qu'il  déclara  avoir  mis  de  côté  trente-trois  florins 
brabants,  qu'il  chargeait  ses  héritiers  de  donner  à  Roland  de  Grandhan  pour  la 
regrosse  d'une  terre  qu'il  lui  avait  achetée  ». 

Les  pestiférés  n'étaient  pas  enterrés  au  cimetière,  mais  en  pleine  campagne  au 
lieu-dit  «  La  Maladrèie  ». 

Jacques  Rondeau  avait  une  fortune  considérable.  Elle  fut  le  noyau  du  second 
domaine  de  Petite  Eneille,  sorte  de  domaine  bourgeois,  enclavé  aujourd'hui 
encore,  comme  au  temps  féodal,  dans  l'ancien  domaine  des  seigneurs.  Par  un 
concours  d'alliances  et  d'héritages,  la  peste  aidant,  ce  domaine  vient  aux  mains 
des  Pirard,  puis  des  Danthine,  puis  des  de  Favereau. 

Jacques  Pirard,  l'héritier  de  Jacques  Rondeau,  était  fils  de  Jean  Pirard- 
Duchesne,  demi-frère  de  Jacques  Rondeau,  dont  la  mère,  Bertheline  de  Brial- 
mont,  veuve  de  Thiry  Rondeau,  avait  épousé  en  secondes  noces,  à  la  fin  du 
XVP  siècle,  Jean  Pirard  le  Maréchal,  le  vieux,  père  de  Pirard-Duchesne  :  "  Jean 
Pirard  le  Maréchal  et  Bertheline  avaient  un  second  fils  qui  mourut  sans  hoirs, 
écrit  Pierre  Pirard  en  1710,  et  ainsi,  icelui  Jacques,  prêtre,  avait  hérité  de  tous 
les  biens  tant  du  côté  de  son  père  Rondeau,  que  de  la  dite  Demoiselle  Berthehne 
sa  mère  ;  lesquels  biens  il  promit  de  donner  en  convenances  de  mariage  à  Jean 
Pirard,  le  jeune,  fils  unique  en  secondes  noces  de  Bertheline  ;  tellement  que 
Jean  Pirard  a  hérité  de  tous  les  biens  de  Thiry  Rondeau. 

Pirard  le  Maréchal  avait  eu  déjà  d'une  première  femme  sept  enfants,  lesquels, 
selon  les  coutumes  du  pays  de  Luxembourg  devaient  également  partir  par  tête 
à  tous  biens  provenant  de  leur  père,  excepté  les  acquettes  faites  pendant  les 
mariages,  qui  allaient  aux  enfants  respectifs  de  ces  mariages;  maisiceux  enfants 
du  premier  lit  venant  à  pauvreté  vendirent  et  engagèrent  leurs  biens  et  parts 


—     54     — 

tant  à  leur  père,  étant  déjà  rallié  en  secondes  noces,  qu'au  dit  Sire  Jacques,  qui 
laissait  tout  au  profit  de  Jean  Pirard,  son  demi-frère  unique  des  secondes  noces 
de  sa  mère,  et  ce  dernier  a  encore  par  là  succédé  à  tous  les  biens  et  acquettes 
de  son  père,  et  a  eu  le  bien  entier,  après  plusieurs  années  de  séparation.  Et 
icelui  Jean  a  eu  deux  enfants,  fils  et  fille  ;  elle  mariée  à  Gengoux  de  Baillon- 
ville,  et  le  fils  à  Anne  de  Blier,  duquel  descend  mon  père.  Les  enfants  du  pre- 
mier mariage  de  Pirard  le  Maréchal  sont  présentement  (1710)  les  l'irard  de 
Grandhan.  « 

Pierre  Pirard,  l'auteur  de  ce  grimoire,  épouse  Agnès  Danthine,  fille  de  Lam- 
bert Danthine,  et  arrière  petite-fille  de  Gui  Danthine  et  de  Marguerite  de 
Sottrez. 

Ils  eurent  un  fils  unique,  Henri  Pirard,  né  le  9  mars  1688,  souvent  cité  dans 
nos  archives  comme  échevin  et  greffier  d'Eneille.  Il  mourut  en  1735,  laissant 
sa  fortune  à  l'avocat  Henri-François-Joseph  Danthine  de  Liège,  mort  céliba- 
taire, qui  la  passe  à  Auguste-Charles-Marie  de  Favereau,  fils  d'Albert- 
Antoine,  chevalier  de  Favereau,  et  de  Marguerite-Gabrielle  Danthine  de  Liège. 

La  pierre  tombale  d'Agnès  Danthine,  dans  l'église  d'Eneille,  porte  ces  simples 
mots  : 

Ci  gist  Agnès 
Danthine 

ÂGÉE    DE      93 
ANS.   1740 

Le  blason  des  Danthine,  que  l'on  trouve  sur  la  pierre  tombale  de  son  fils, 
Henri  Pirard,  porte  écartelé  au  premier  et  au  quatrième  un  chevron,  au  deu- 
xième et  au  troisième  un  lion. 

Dans  les  armes  de  Henri  Pirard,  les  lions  sont  remplacés  par  des  fasces.  Son 
blason  et  celui  des  Danthine,  sur  sa  tombe,  sont  timbrés  d'un  heaume,  un  lion 
issant.  Voici  son  épitaphe  : 

Ci  GIT  LE  SIEUR 

HenriPirard 

FILS   DE  Pierre 

Pirard    et    D^'ie 

AgnèsDanthine 

Eschevin   et  Greffier 

Des  Eneilles,   décédé  le 

9   T^re    1735 

Requiescat    in    page 


—     55     — 

Cette  inscription  est  gravée  sur  un  piédestal  en  forme  de  cloche  supportant  un 
sarcophage  surmonté  des  deux  blasons  susdits  (au  lieu  des  blasons  on  trouve 
souvent  des  statues  dans  les  tombes  princières  de  l'époque). 

L'abbé  de  Blier  avait  aussi  sa  tombe  dans  l'église  avec  ses  armes.  Le  blason 
de  la  famille  de  Blier  portait  d'argent  à  trois  fasces  d'azur,  au  premier  canton 
d'or  à  une  rose  de  gueules,  soutenue  de  sinople  et  boutonnée  d'or,  d'après  Riet- 
stap  (Armoriai  général).  Cependant,  ni  dans  la  pierre  tombale  d'Eneille,  ni  dans 
le  volet  du  rétable  de  l'église  de  Durbuy  (portrait  de  Nicolas  de  Blier  et  de  sa 
fille)  la  rose  n'est  soutenue  ni  barbée.  Il  n'y  a  qu'une  simple  rose  héraldique, 
stylisée  et  sans  tige  ni  feuille  (1). 

Voici  l'épitaphe  de  l'abbé  de  Blier  : 

Hic  jaget  vbnï'"''s  dnus 

EVERARDUS  DE  BlIER 

Presbyter    qui    obyt 
8A  7BRIS  A.0  1702 

Requiescat  in  page. 

Les  de  Blier  ont  été  anoblis  le  20  juillet  1618,  Luxbg.,  dit  Rietstap. 

Les  plus  anciennes  familles  dont  les  descendants  habitent  encore  Eneilles  sont 
les  Collin  et  les  Ponsart,  déjà  cités  dans  les  anniversaires  du  XV^  siècle.  Nos 
archives  nomment  Jean  Colin,  capitaine  de  la  cavalerie  du  Condroz,  Louis 
Colin,  prêtre,  Jean-Henri  Colin,  chanoine  de  Scléen,  dans  la  première  moitié 
du  XVIII*  siècle,  et  dans  la  seconde  moitié,  André  Colin,  curé  de  Natoye,  pro- 
priétaire d'une  bergerie  à  Petite  Noiseux,  en  1771.  Ils  payaient  chaque  année 
des  rentes  à  l'église  pour  la  communauté  de  Porcheresse.  Ce  sont  les  Colin, 
jadis  de  Porcheresse  ou  dits  de  Porcheresse. 

De  1600  à  1700,  on  trouve  les  familles  Gérard,  Raskin,  le  Mouton,  Pirlottin 
(Pirottin,  Pirotton),  Lecomte,  Pire,  Warnier  (Warny),  Collard  (Colla). 

De  1700  à  1800  :  Modave,  Michel,  Etienne,  Houart,  Dachoulle  (Dachouffe), 
Drouba,  Ottelet. 

De  1800  à  1815  :  Bougelet,  Farigoul,  Julien  Maréchal,  Quirin. 

A  part  les  deux  familles  de  souche  cinq  fois  séculaire,  la  population  d'Eneille 
a  toujours  été  très  flottante. 


C)  Voir  aussi  Communes  Luxembourgeoises,  T.  V,  p.  321 


—     56     — 


Phot.  Ed.  Petit. 


GRANDE  ENEILLE. 
Vieille  maipon  de  style  liégeois. 


Les  fermes  d'Eneille  et 
celles  de  Chêne  à  Han 
n'ont  pas  peu  contribué 
à  renouveler  les  noms 
et  les  familles  dans  la 
paroisse. 

En  1793,  il  y  avait  à 
Grand  Eneille  3  labou- 
reurs, 2  maisons  de  la  2^" 
classe,  14  de  la  3^ 

A  Petite  Eneille,  2  la- 
boureurs, 2  maisons  de 
la  2«  classe,  7  de  la  3% 
en  tout,  30  maisons  (1). 


CHAPITRE  VIL 

■    L  A    W  A  K  Û  I  S  e  E  . 
§  I. 

Les   Origines  —  la   Patronne  —  l'ancienne  Division 
ecclésiastique  —  la  Collation  de  la  Cure. 

1 .  «  Au  témoignage  d'un  antique  curé  d'Eneille,  qui  a  écrit  l'avoir  vu  dans  un 
registre  de  l'abbaye  de  Neufmoustier,  l'église  paroissiale  date  de  l'an  1000  (2).  « 

Il  est  impossible  de  préciser  l'époque  où  le  culte  chrétien,  dans  nos  pays,  rem- 
plaça le  culte  païen.  Mais  sans  aucun  doute,  la  villa  d'Eneille  dut  être  visitée  de 
bonne  heure  par  les  premiers  apôtres  du  Gondroz,  traversée  qu'elle  était  par  sa 
voie  romaine,  aboutissant  à  Tongres  et  à  Trêves,  deux  centres  de  civilisation 
chrétienne  aux  premiers  siècles  de  notre  ère. 

2.  La  Patronne.  L'autel  de  Ste.  Marguerite  y  remplaça-t-il  immédiatement 
l'autel  du  dieu  Pan?  C'est  peu  probable,  puisque  le  culte  de  Ste.  Marguerite  ne 
s'est  répandu  en  occident  que  depuis  les  Croisades. 

La  paroisse  d'Eneille  existait  avant  son  incorporation  à  Neufmoustier  ;  elle 
est  peut-être  de  fondation  stavelotaine,  puisque  la  terre  d'Eneille  relevait  de 
Stavelot  depuis  la  donation  de  Pépin  de  Herstal,  au  VII»  siècle,  jusqu'à  la  dona- 
tion de  Charles  le  Gros,  à  la  fin  du  IX*^  siècle. 


(1)  Communes  luocembourgeoises.  Grandlian.        (2)  Note  de  M.  Georig,  ancien  curé  d'Enei-lle. 


—     57     — 

On  sait  d'ailleurs  que  les  paroisses  de  Tohogne  et  d'Ocquier,  non  loin  d'ici, 
ont  été  fondées  au  VIP  siècle  par  S.  Sigolin,  abbé  de  Stavelot,  successeur  de 
S.  Remacle. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Sainte  Marguerite,  vierge  et  martyre,  est  de  temps  immé- 
morial patronne  de  la  paroisse. 

Elle  a  pu  nous  venir  avec  les  chanoines  augustins  de  Pierre  l'Hermite,  desser- 
vants de  la  cure,  comme  vicaires  perpétuels  de  Neufmoustier. 

D'autre  part,  Ste.  Marguerite  est  fort  en  honneur  dans  le  nord  du  Luxem. 
bourg  et  dans  le  diocèse  de  Liège.  Il  y  a  les  roches  ou  les  grès  Ste-Marguerite 
près  de  Durbuy,  comme  il  y  a  la  montagne  Ste-Marguerite  à  Laroche. 

3.  Dans  Yancienne  organisation  ecclésiastique,  la  paroisse  d'Eneille,  comme 
la  plus  grande  partie  du  vieux  duché  de  Luxembourg,  appartenait  au  diocèse  de 
Liège,  divisé  en  huit  archidiaconés,  subdivisés  eux-mêmes  en  doyaumes  ou 
doyennés. 

Eneiile  était  une  des  70  paroisses  du  concile  d'Ouffet,  archidiaconé  du  Gon- 
droz,  jusqu'à  la  nouvelle  circonscription  des  cures  ou  succursales,  réglée  par  le 
décret  impérial  du  30  septembre  1807,  qui  la  plaça  dans  le  doyenné  de  Durbuy. 

Les  églises  paroissiales  de  l'ancien  diocèse  de  Liège  étaient  divisées  en  églises 
majeures  ou  entières,  en  églises  médianes  et  en  quartes  chapelles,  selon  qu'elles 
payaient  le  tout,  la  moitié  ou  le  quart  de  la  taxe  ecclésiastique  due  à  l'évêque,  à 
l'archidiacre  et  au  doyen.  Les  archidiacres  étaient  des  espèces  de  vicaires  géné- 
raux, souvent  inamovibles,  chargés  d'abord  de  la  direction  des  aflaires  tempo- 
relles pour  les  églises  situées  dans  leur  circonscription.  «  Ils  visitaient  les  éghses 
majeures  et  médianes  et  y  donnaient  l'institution  aux  curés  canoniquement  nom- 
més par  les  collateurs,  tandis  que  ces  fonctions  étaient  exercées  dans  les  quartes 
chapelles  par  le  doyen.  On  croit  avec  assez  de  fondement  que  les  églises  majeures 
sont  les  églises-mères  primitives,  que  les  médianes  sont  issues  d'un  démembre- 
ment à  une  époque  déjà  ancienne,  et  que  les  quartes  chapelles  sont  des  églises 
filiales  érigées  en  paroisses  à  une  époque  plus  moderne  (1). 

On  peut  lire  à  l'appendice  la  répartition  des  églises  du  Concile  d'Ouffet  dans 
cet  ancien  cadre.  Eneiile  était  une  église  médiane. 

Les  curés  de  chaque  paroisse,  toujours  au  diocèse  de  Liège,  choisissaient  leur 
doyen  parmi  les  curés  de  leur  ressort,  sous  la  présidence  de  l'archidiacre.  Il 
était  prescrit  aux  doyens  de  convoquer  les  curés  en  synodes  ou  conciles  un  cer- 
tain nombre  de  fois  déterminé.  De  là  le  nom  de  Concile  donné  aux  doyennés. 
Ces  conciles  étaient  encore  divisés  en  confréries  : 

Dans  le  concile  d'Ouffet,  Eneiile  faisait  partie  de  la  confrérie  de  Wéris.  Nos 


(2)  Claus.set  et  Mauclet,  op.  cit.,  p.  loy. 


—     58     — 

conférences  ecclésiastiques  d'aujourd'iiui  ne  sont  que  la  reproduction  de  ces  an- 
ciens conciles. 

Dans  le  doyenné  d'Oufïet  il  y  avait  5  classes  de  6  ou  7  curés  chacune,  chaque 
classe  nommait  un  défi niteur.  Les  définiteurs  confèrent  ensemble  sur  les  difTé- 
rentes  affaires,  mais  ne  définissent  rien  sans  l'avis  de  ceux  de  leur  classe.  Outre 
le  définiteur,  il  y  a  un  collecteur  de  tailles.  Chaque  année  on  nomme  5  assoieurs 
de  tailles,  qui  agissent  de  concert  avec  le  collecteur.  »  (Deldef,  curé  à  Tohogne). 

Le  doyen  était  appelé  officiai,  en  tant  que  juge  des  causes  ecclésiastiques 
dans  son  doyenné.  Il  y  avait  appel  de  ses  sentences  à  l'official  de  Liège.  Il  se 
faisait  aider,  pour  différents  services,  par  un  curé  de  son  canton,  appelé  vicaire 
du  doyen,  vice-doyen. 

Les  doyens  et  vice-doyens  conservaient  leur  résidence  dans  la  paroisse  à  la- 
quelle ils  étaient  attachés,  parce  que  ces  charges  étaient  indépendantes  de  la  cure 
ou  du  chef-lieu.  C'est  ainsi  que  nous  verrons  le  doyen  ou  l'official  tantôt  à  Petit- 
han,  tantôt  à  Grandhan,  Melreux,  Rendeux,  Marcour,  Harzé,  parfois  même  à 
Ouffet.  Ces  paroisses  étaient  momentanément  le  centre  du  doyenné  ;  mais  géné- 
ralement les  réunions  étaient  fixées  à  Durbuy. 

Les  taxes  ecclésiastiques  dues  à  l'évêque,  à  l'archidiacre  et  au  doyen  s'appelaient 
iura  cathedrici  et  obsonii,  ou  simplement  Yobsonium  et  le  cathedricum ,  le 
cathédrique  et  l'obsonique.  Pour  les  amateurs  de  plus  amples  détails,  nous  trans- 
crivons en  appendice  ce  que  nous  avons  trouvé  là-dessus  dans  nos  archives. 

Le  curé  d'Eneille,  comme  curé  moyen,  payait  la  moitié  de  la  taxe  totale,  soit 
10  gros  de  cathédrique  (le  gros  valait  trois  livres),  plus  un  gros  pour  la  regis- 
Iratio^  et  un  gros  pour  la  quittance  ;  et  5  gros  d'obsonique,  seclusis  registra- 
tione  et  quittancia. 

Le  cathédrique  se  payait  avant  la  St-Blaise,  chaque  quatrième  année  bissex- 
tile ;  et  l'obsonique,  l'année  antébissextile. 

4.  Le  Patronage  ou  collation  de  la  Cure  :  son  incorporation  à  Neuf- 
moustier. 

Eneille  et  son  église  étaient  déjà  possession  de  l'abbaye  de  Neufmoustier  en 
1178,  d'après  la  bulle  d'Alexandre  III,  qui  cite  «  Anale  »  dans  la  longue  liste  des 
cures  incorporées  à  Neufmoustier  :  «  Possessionem  vestram  de  Anale,  cum 
ecclesia  protectione  nostra  suscipimus  "  (1). 

L'incorporation  est  un  acte  de  l'autorité  pontificale  en  vertu  duquel  une  église 
paroissiale  perd  son  autonomie  et  devient  filiale  d'une  autre  église  ou  d'un 
monastère.  Elle  n'a  plus  aucune  part  dans  le  choix  de  ses  pasteurs,  qui  prennent 


(1)  Fonds  de  Neufmoustier.  Archives  de  Liège. 


—     59     — 

désormais  la  qualité  de  vicaires  perpétuels.  Ils  sont  présentés  et  entretenus  par 
la  nouvelle  église-mère,  suivant  les  conditions  déterminées  par  levêque  »  (1). 

Neufmoustier,  près  de  Huy,  était  un  monastère  de  Chanoines  réguliers  de  St. 
Augustin,  qui  pouvaient  être  envoyés  m  vicariam  perpetuam  dans  les 
paroisses  dont  l'abbaye  avait  la  possession  ;  car  la  possession  d'une  église 
donnait  le  droit  de  patronage  ou  de  collation  à  la  cure.  En  général,  celui  qui 
percevait  la  dîme  avait  l'obligation  de  fournir  le  service  religieux.  Si,  comme 
cela  devait  être  en  principe,  l'évêque  lui-même  levait  la  dîme,  il  avait  le  droit  et 
l'obligation  de  nommer  le  curé.  Si,  par  octroi,  par  abus,  la  dîme  était  perçue  par 
un  seigneur  laïc  ou  ecclésiastique,  c'était  le  seigneur  ou  l'abbé,  c'est-à-dire  le 
patron  qui  avait  le  droit  de  présenter  le  curé  à  l'évêque,  qui  n'avait  qu'à  vérifier 
sa  capacité  et  devait  le  nommer. 

Le  patronage  d'Eneille  appartenait  à  l'abbaye  de  Neufmoustier  depuis  que  le 
droit  de  lever  la  dîme  et  de  présenter  le  curé  lui  avait  été  donné  par  un  person- 
nage qui  antérieurement  était  décimateur  et  patron  d'Eneille. 

Tous  les  monastères,  lors  de  leur  fondation,  recevaient  de  certains  bienfaiteurs 
des  dîmes  et  des  patronats.  Nous  verrons  plus  loin  Jean  Donis,  prêtre  de  Durbuy 
affirmer  gratuitement  que  la  cure  d'Eneille  a  été  présentée  à  Neufmoustier  par 
un  seigneur  d'Eneille,  ancien  coUateur.  C'est  probable,  mais  pas  prouvé. 

Donc,  dès  avant  1178,  les  refigieux  de  Neufmoustier  étaient  en  possession  pai- 
sible de  la  cure  d'Eneille  ;  cette  situation  a  duré  jusqu'en  1547,  année  où  pour  la 
première  fois,  la  possession  leur  fut  contestée  par  Jean  Donis. 

Avant  de  passer  en  revue  les  curés  d'Eneille,  vicaires  perpétuels  de  Neufmous- 
tier, jusqu'à  la  Révolution  française,  il  sera  utile  de  résumer  l'histoire  de  l'abbaye 
du  Neufmoustier. 

«'  Le  premier  établissement  du  Neufmoustier  date  de  1101. 

Au  retour  de  la  première  croisade,  selon  le  récit  des  chroniqueurs,  le  bateau 
qui  portait  Pierre  UHermite  et  divers  seigneurs  belges,  entre  autres  Gonon  de 
Montaigu  et  Lambert  de  Clermont,  fut  assailli  par  une  tempête  violente.  Les 
passagers  promirent  d'élever  une  église  à  la  gloire  de  Dieu,  s'ils  échappaient  au 
naufrage.  Parvenus  heureusement  au  port,  ils  accomplirent  leur  vœu  et  choi- 
sirent la  ville  de  Huy,  pour  y  édifier,  en  dehors  des  murs,  une  église  qu'ils  pla- 
cèrent sous  le  vocable  de  St-Jean-Baptiste  et  du  St-Sépulcre.  Pierre  l'Hermite 
y  réunit  plusieurs  prêtres  et  leur  donna  la  règle  de  St.  Augustin  ;  il  fut  le  premier 
prieur  de  la  nouvelle  éghse  (novum  monasterium  :  Noumosty,  Neufmoustier),  et 
le  resta  jusqu'à  sa  mort  (8  juillet  1115). 


(1)  Lenoir  :  Histoire  de  Villers-sur-Semois. 


—     60     — 

Cette  église  l'ut  consacrée  en  1130,  par  l'évéque  de  Liège,  Alexandre.  Après 
des  débuts  assez  difficiles,  le  monastère  prospéra  grâce  aux  libéralités  des  princes 
et  des  particuliers,  sufiisamment  nombreuses  pour  que  le  diplôme  du  pape  Alexan- 
dre III  (1178)  mentionne  les  biens  du  Neufmoustier  à  Huy,  Castres,  Eneille 
(Anale),  Petit-Bois,  Modave,  Villers,  Seraing,  Lamontzée,  Terwagne,  etc. 

D'autres  bulles  confirmèrent  la  précédente,  notamment  en  1248  et  en  1260. 

En  1208,  tum  propter  ampliationem,  tum  propter  amœnitatem  etsitum 
loci  et  ecclesiae  exaltationem,  l'évéque  de  Liège,  Hugues  de  Pierrepont,  avait 
changé  le  prieuré  en  abbaye,  et  le  chanoine  Alexandre  en  fut  le  premier  abbé. 

Cependant  la  mémoire  de  Pierre  l'Hermite  y  avait  été  oubliée  :  ses  restes 
reposaient  dans  une  tombe  modeste,  qu'il  s'était  choisie  lui-même  en  dehors  de 


l'hot.  G.  Herrnuns,  édit.  Anvers. 

Le  tombeau  de  Pierre  rHeriiiite. 


l'église,  sous  la  gouttière.  Un  chanoine,  Maurice  de  Neufmoustier,  l'interpolateur 
de  la  chronique  de  Troisfontaine  et  de  Gilles  d'Orval,  résolut  de  lui  faire  rendre 
les  honneurs  dus  au  fondateur  du  Neufmoustier  et  à  l'apôtre  des  Croisades.  Le 
5  octobre  1242,  on  transporta  les  précieux  restes  en  grande  pompe  dans  l'éghse» 


—    1)1    — 

où  un  service  solennel  fut  célébré  ;  puis  dans  la  Crypte,  devant  l'autel  des  apôtres 
St.  Philippe  et  St.  Jacques.  Ils  y  furent  vénérés  jusqu'à  la  Révolution  française. 

L'abbaye  du  Neufmoustier  comptait  généralement  dix  chanoines.  Outre  l'abbé, 
elle  n'avait  comme  dignitaires  que  le  prieur  et  le  prévôt.  Le  prévôt  était  en  même 
temps  curé  de  St-Nicolas  à  Huy,  et  le  chanoine  le  plus  âgé  était  d'ordinaire  curé 
d'Eneille.  Outre  la  cure  d'Eneille,  les  Augustins  du  Neumoustier  ne  desservirent 
que  St-NicoIas  et  St-Etienne  à  Huy;  encore  ces  deux  églises  furent-elles  réu- 
nies en  1624.  Quant  à  l'église  de  Castres,  citée  en  1178,  elle  fut  échangée  avec 
St- Jacques  de  Liège. 

La  vie  du  monastère  ne  fut  pas  toujours  paisible  :  il  y  eut  des  conflits  nom- 
breux et  des  procès  continuels,  tantôt  contre  les  particuliers,  tantôt  contre  la 
ville,  tantôt  contre  l'église  de  Ste-Marie  à  Huy  ;  avec  cette  dernière,  surtout 
pour  des  questions  de  préséance  :  ordre  à  suivre  dans  les  processions,  dans  les 
sonneries  de  cloches  le  Samedi  saint  ;  d'autres  débats  concernaient  l'administra- 
tion des  sacrements,  la  sépulture  des  laïcs  dans  l'église  du  Neufmoustier,  etc.  etc. 
Commencés  en  1212,  ces  procès  se  renouvelèrent  jusqu'à  la  suppression  de 
l'abbaye. 

A  l'intérieur  même,  il  y  eut  des  orages  entre  l'Abbé  et  ses  chanoines,  les 
seconds  reprochant  au  premier  une  trop  grande  parcimonie  dans  les  distributions 
qu'il  leur  faisait.  Aussi,  dès  1287,  on  divisa  les  biens  et  les  revenus  du  couvent 
en  deux  parts  :  l'une  servant  à  l'entretien  de  l'Abbé  et  aux  dépenses  générales, 
l'autre  était  afifectée  à  l'entretien  du  prieur  et  des  chanoines.  Cela  ne  mit  pas  fin 
aux  difficultés,  et  les  chanoines,  gens  pratiques,  usèrent  d'un  autre  moyen  :  à  la 
mort  de  chaque  Abbé,  les  survivants,  avant  de  procéder  à  l'élection  du  nouveau, 
concluaient  un  accord,  que  tous  promettaient  de  respecter,  spécifiant  les  droits, 
privilèges,  devoirs  des  chanoines,  le  montant  de  leur  pension  et  de  leur  apport 
en  nature,  etc. 

Chose  assez  explicable,  mais  peu  compatible  avec  une  bonne  administration  et 
une  vie  religieuse  parfaite,  les  chanoines  s'accordèrent  des  faveurs  de  plus  en  plus 
grandes  ;  de  là,  difficultés  pour  le  nouvel  élu  de  tenir  les  promesses  du  contrat, 
et  parfois,  conflits  qui  pourtant  assez  rarement  tournèrent  à  l'état  aigu.  Au 
XVHF  siècle  cependant,  l'AbbéThéodore-Eustache  de  Ponty  dut  quitter  la  maison 
et  se  contenter  d'une  pension  viagère  ;  et  son  successeur,  François-Joseph-Ignace 
de  Lemede,  quarantième  et  dernier  Abbé,  n'échappa  au  même  sort  que  grâce  (!) 
à  la  Révolution  française,  qui  mit  tout  le  monde  d'accord  en  confisquant  le  couvent. 

En  1797,  l'abbaye  ne  renfermait  plus  que  trois  chanoines  ;  un  quatrième  s'était 
enfui  par  peur. 


—     62     — 

Déjà  l'abbaye  était  mutilée,  et  l'église  transformée  en  magasin  à  fourrages  pour 
l'armée  républicaine. 

A  sa  suppression,  l'abbaye  possédait,  outre  ses  bâtiments  conventuels  à  Huy, 
divers  biens,  notamment  80  bonniers  de  terre  à  Petit  Bois,  32  à  Meeâe,  des  bois 
à  Vierset,  Neuville,  Villers-le-Bouillet,  où  elle  avait  aussi  des  parts  de  houillières. 
Les  rentes  en  argent  et  en  nature  formaient  un  capital  de  plus  de  210,000  francs. 
L'abbaye  fut  vendue  au  prix  de  342,000  francs,  à  J.  Gosuin,  en  1797,  comme 
bien  national. 


Phot.  Cr.  Hennans,  édit.  Anvers. 

LE  CHATEAU    DE  NEUFMOUSTIER 
(ancienne  abbaye). 


Elle  passa  en  1854  à  M.  Charles  Godin.  Il  fit  édifier  en  1857,  sur  le  caveau  qui 
avait  contenu  le  tombeau  de  Pierre  l'Hermite,  une  statue  en  pierre,  représentant 
le  promoteur  des  Croisades,  léguée  en  1911  à  la  ville  de  Huy  (1). 

L'exposé  qui  précède,  outre  qu'il  rattache  assez  directement  la  paroisse  d'Eneille 
à  l'histoire  des  Croisades,  a  encore  l'avantage  de  nous  faire  comprendre  certaines 
particularités  propres  à  la  nomination  des  curés  d'Eneille,  par  exemple,  pourquoi 
ils  se  disaient  vestits  de  l'Abbé  et  du  Chapitre  de  Neufmoustier,  et  pourquoi  la 
résignation  se  faisait  en  mains  de  cette  double  autorité,  diversement  intéressée, 
comme  nous  venons  de  le  raconter. 


(1)  Note  de  M.  Tihon,  archiviste  à  Liège,  puis  à  Bruxelles. 


—     63     — 

«    II. 
Les  curés  d'Eneille. 

Un  obituaire  (martyrologium)  de  l'abbaye  de  Neufmoustier  nous  a  conservé 
les  noms  de  quelques  curés  de  la  fin  du  XV^  siècle  et  de  la  première  moitié  du 
XVP  :  Albert  de  Wastefale,  Josse,  dit  Golot,  Jacques  Dorto  t  1512,  Gédéon 
Colle,  curé  d'Eneille  de  1510  à  1516  ;  alors  il  devint  prieur  de  Neufmoustier  et 
fut  remplacé  par  Henri  de  Grée,  Trader  noster  Jubitarius,  dit  l'obituaire,  pour 
rappeler  ses  50  ans  de  profession  religieuse.  De  ces  deux  derniers  les  archives 
d'Eneille  possèdent  le  registre  des  cens  et  rentes  et  les  comptes  de  fabrique 
(1510-1540). 

Henri  de  Grée  est  remplacé  par  Thierry  d'Amay  en  1544,  puis  c'est  Nicolas 
Longpré  en  1546,  eti  Glausse  en  1547. 

A  cette  époque  lointaine,  le  remplacement  d'un  curé  à  Eneille  comportait  la 
procédure  suivante  : 

1°  la  résignation  de  la  cure  par  le  titulaire  qu'il  s'agissait  de  remplacer  ; 
2"  l'examen  et  le  certificat  de  capacité  ;  3°  les  bulles  pontificales  acceptant  la 
résignation  et  mandant  la  mise  en  possession  ;  4°  les  lettres  de  présentation 
(à  l'Ordinaire),  d'investiture  (par  l'Archidiacre),  et  d'installation  (par  le  Doyen)  ; 
5"  le  placet  de  Sa  Majesté  ;  6^  la  prise  de  possession  par  devant  notaire. 

Ainsi  nous  voyons  en  1544  les  chanoines  de  Neufmoustier  adresser  au  pape 
Paul  ni  une  supplique  annonçant  la  démission  du  curé  d'Eneille,  Henri  de  Grée, 
et  demandant  de  le  remplacer  par  Thierry  d'Amay.  Une  petite  bulle  du  4  février 
1544,  confère  la  cure  à'Eignelle  au  nouveau  titulaire  ;  et  une  autre  de  la  même 
date,  mande  à  l'évêque  de  Feltre,  à  Nicolas  Ponsart  (d'Eneille)  et  à  Martin 
OlTermans,  chanoine  de  Liège,  de  mettre  Thierry  d'Amay,  chanoine  de  Neuf, 
moustier,  en  possession  de  la  cure.  Le  5  mars  1544,  Antoine,  évêque  de  Sabine, 
fait  savoir  aux  deux  mêmes  personnages  que  Henri  de  Grée,  chanoine  de  Neuf- 
moustier, âgé  de  plus  de  70  ans,  a  résigné  la  cure  à'Eiffneile,  qu'il  avait  desservie 
pendant  plus  de  20  ans,  et  que  le  Pape  Paul  HI  a  nommé  à  sa  place  un  autre 
chanoine.  Le  7  mars  1544,  Thomas  Gampégius,  évêque  de  Feltre,  en  vertu  des 
deux  bulles  pontificales  du  4  février,  envoie  ses  lettres  d'installation  à  Thierry 
d'Amay,  qui  prend  possession,  le  27  mai,  par  devant  Nicolas  Lozé,  notaire. 

Les  chanoines  augustins  se  succédaient  ainsi  régulièrement  à  Eneille  jusqu'au 
jour  où  Jean  Donis  provoqua  contre  eux  une  ordonnance  du  Conseil  de  Luxem- 
bourg, 24  janvier  1547.   Il  remontre  au  Conseil  que  la  cure  d'Eneille  est  à  la 


—      H4      — 

collation  du  seigneur  d'Kneille,  que  jadis  elle  a  été  présentée  à  un  religieux  de 
Neufmoustier  par  le  dit  seigneur,  que  les  chanoines,  lorsqu'ils  apprenaient  que  le 
curé  était  ancien  homme  et  sur  le  bord  de  la  fosse  lui  faisaient  résigner  son 
bénéfice  en  la  main  d'un  autre  religieux,  sans  l'avoir  représenté  au  vrai  collateur, 
comme  cela  devait  se  faire  selon  les  lois  canoniques,  si  bien  que  la  connaissance 
du  droit  de  présentation  lut  abolie  ;  que,  circonvenu  par  leurs  intrigues,  un  évêque 
de  Liège  (il  ne  dit  pas  son  nom),  a  incorporé  la  cure  au  Neufmoustier;  que, 
depuis  ce  temps,  les  chanoines  ont  toujours  retenu  ce  bénéfice  par  résignation  ; 
que  depuis  7  mois  un  religieux  occupe  la  cure  contre  les  ordonnances  de  Sa  Majesté 
et  sans  placet  ;  qu'Antoine  de  Metz,  officier  de  Durbuy,  a  présenté  le  bénéfice  au 
remontrant  ;  mais  que,  lorsque  celui-ci  se  fut  transporté  à  Eneille  et  eut  pris 
possession  de  l'église,  le  religieux  pcr  vim  et  clains,  à  force  d'armes,  a  débouté 
et  déchassé  le  dit  remontrant  à  son  très  gros  regret. 

En  conséquence,  le  Conseil  du  Luxembourg  ordonne  au  religieux  de  se  désister 
et  départir  du  dit  bénéfice,  ou  de  montrer  ses  titres  et  placet  de  Sa  Majesté. 

Le  1^'"  février,  Henri  Basein,  huissier  du  Conseil  du  Luxembourg  se  transporte 
à  Eneille  et  fait  lecture  de  ce  mandement  au  serviteur  du  religieux  Clausse,  en 
l'absence  de  §on  maître.  Puis  au  mois  de  septembre  suivant,  l'archidiacre  du 
Condroz,  Everard  de  Manderscheid,  à  qui  Antoine  de  Metz,  au  nom  du  comte 
d'Oostvrieslant,  seigneur  de  Durbuy,  a  présenté  Jean  Donis  à  la  cure  d'Eneille, 
dont  il  prétend  avoir  le  patronat,  lui  donne  l'investiture.  Le  18  du  même  mois,  a 
lieu  la  mise  en  possession  par  le  notaire  Doumal. 

Pour  démontrer  que  la  cure  était  à  la  collation  du  seigneur  d'Eneille,  Jean 
Donis  s'était  basé  sur  les  raisons  juridiques  suivantes  : 

«  Les  résignations  sont  contraires  aux  chartes  et  privilèges  de  Sa  Majesté, 
comme  propriétaire  de  la  terre  de  Durbuy.  Les  chanoines  de  Neufmoustier  ont 
résigné  sans  reconnaître  la  juridiction  impériale,  ni  les  seigneurs  de  Durbuy.  La 
possession  de  la  cure  par  ceux  de  Neufmoustier  ne  doit  valoir  ;  car  il  n'y  a  pas 
de  prescriptions  contre  les  droits  des  princes  et  majestés. 

Ainsi,  le  comte  Everard  de  la  Marche  a  donné  la  cure  de  Bourlon,  laquelle  avait 
été  possédée  longtemps  par  les  frères  mineurs  de  Huy,  et  cette  possession  a  été 
trouvée  de  nulle  valeur  ;  et  à  présent,  la  collation  de  la  cure  de  Bourlon  est  en  la 
main  du  seigneur  de  Durbuy.  Les  nobles  et  gentilshommes  de  la  terre  de  Durbuy 
pourront  accorder  que  toutes  les  collations  de  la  dite  terre  sont  de  droit  laïcales. 
Il  est  chose  notoire  que  les  seigneurs  de  Durbuy  sont  en  possession  de  donner  les 
cures  de  leur  seigneurie,  comme  celle  de  Grandhan  et  Petithan,  et  celle  d'Izier  et 
Phisen  ;  de  même  la  cure  d'Eneille,  détenue  par  ceux  de  Neufmoustier,  doit 
revenir. 


—     65    — 

La  possession  de  ceux  de  Neufmoustier  n'est  pas  possession  mais  exploitation 
dérogeant  le  droit  de  Sa  Majesté  impériale. 

Ils  ont  fait  beaucoup  de  résignations  à  Rome  pour  avoir  plus  grande  possession, 
sans  avoir  jamais  obtenu  placet. 

Les  chartes  de  Jean,  roi  de  Bohême  et  duc  de  Luxembourg,  écrites  en  lettres 
d'or,  disent  que  toutes  les  collations  de  Durbuy  sont  patronage  laïcal. 

Il  y  a  12  ans,  ceux  d'Eneille  ont  usé  de  la  loi  de  Liège  ;  mais  il  a  été  trouvé 
ensuite  qu'Eneille  était  du  ressort  du  Luxembourg.  Il  est  à  supposer  que  les 
chanoines  de  Neufmoustier  ont  pris  possession  de  la  cure  d'Eneille  pendant  que 
Durbuy  était  à  l'engagère  et  que  les  seigneurs  pargaigiers  ne  se  sont  pas  souciés 
de  récupérer  les  biens  perdus,  comme  le  font  les  officiers  actuels. 

Pour  que  l'Abbé  ait  collation  du  bénéfice,  il  faudrait  par  le  droit  canon  que  ce 
bénéfice  soit  incorporé  à  l'abbaye  par  le  Saint-Siège  apostolique,  avec  le  consen- 
tement du  patron. 

Ceux  de  Neufmoustier,  comme  curés  d'Eneille,  ont  contribué  à  la  taille  du 
Luxembourg,  en  faisant  obtention  de  leur  lettre  de  Rome  ;  mais  sans  montrer  de 
placet  de  Sa  Majesté. 

La  ville  et  le  château  de  Durbuy  ont  été  occupés  par  les  Français  et  les  Lié- 
geois ;  les  impériaux  ont  mis  le  siège  devant  la  ville,  qui  a  été  brûlée  avant  sa 
reddition.  A  présent,  elle  n'est  pas  encore  réparée  ;  par  quoi  possession  prise 
d'icelui  temps  ne  doit  valoir.  De  même,  au  temps  que  personne  n'habitait  Durbuy, 
et  que  les  gens  d'armes  du  roi  de  France  occupaient  le  château,  la  possession 
prise  alors  ne  doit  porter  préjudice  à  l'empereur.  Enfin  la  possession  que  ceux 
de  Neufmoustier  disent  avoir  de  la  cure  d'Eneille  n'est  point  possession,  mais 
torsion  ». 

Il  est  à  croire  que  Jean  Donis  n'a  pas  joui  longtemps  de  la  cure  d'Eneille  et 
que  les  religieux  rentrèrent  bientôt  dans  leur  ancien  droit.  Car  Thierry  d'Amay 
revient  une  seconde  fois  comme  curé  à  Eneille.  Le  10  novembre  1558,  Robert  de 
Berghe,  évêque  de  Liège,  fait  savoir  que  Thierry  d'Amay,  chanoine  de  Neuf- 
moustier, après  avoir  joui  de  la  cure  d'Eneille,  a  résigné  cette  charge  et  s'est 
retiré  à  Neufmoustier,  où  il  a  fondé  une  messe  septimanale. 

En  1566,  nous  retrouvons  comme  curé  d'Eneille  Arnould  du  Bois,  dit  Sohey,  ou 
Arnoldus  Sylvius  ou  Sylanus  ;  en  1573,  Bertrand  de  Perwez  ;  et,  la  même  année 
Arnould  de  Sohey,  qui  revient  un  instant,  et  est  remplacé  par  Jean  Tixhon,  cha- 
noine de  Notre-Dame  à  Huy,  qui  vient  comme  procurator  d'Arnould  de  Sohey. 

Le  31  février  1575,  Everard  de  Manderscheid,  archidiacre  du  Gondroz  fait 
savoir  qu'Arnould   de  Sohey,   chanoine  de  Neufmoustier  a  résigné  la  cure 

5 


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d'Eneille,  que  l'Abbé  de  Neufmoustier  a  présenté  Léonard  Henroteau  et  qu'il  l'a 
admis  à  la  dite  cure.  Or  nous  avons  de  la  même  année  la  copie  d'une  bulle  du 
pape  Grégoire  qui  confie  la  cure  d'Eneille  à  Guillaume  de  Granhan,  prêtre  du 
diocèse  de  Liège  :  mais  celui-ci  l'ayant  résignée,  le  pape  la  confère  à  Jean  Monet 
et  ordonne  à  l'offlcial  de  Liège  de  l'installer. 

De  là  un  nouveau  procès  entre  Jean  Monet  et  Léonard  Henroteau. 

Sire  Jean  Monet,  curé  de  Wéris,  convoitait  depuis  longtemps  la  cure  d'Eneille. 
Il  avait  boulé  en  tète  à  Jean  de  Brialmont,  seigneur  foncier  d'Eneille,  que  le 
droit  de  patronat  et  présentation  de  la  cure  lui  appartenait.  Ces  propos  furent 
agréables  au  seigneur  qui  désirait  s'exempter  des  dîmes  qu'il  devait  au  curé 
comme  les  autres  paroissiens.  Aussi,  lorsque  Arnould  de  Sohey  mourut,  à  l'heure 
de  minuit,  le  30  janvier  1575,  le  seigneur  de  Brialmont  s'empressa  d'agir.  Dès  le 
lendemain  de  bon  matin  il  donna  collation  absolue  au  curé  de  Wéris,  comme  s'il 
ne  fût  besoin  d'autre  institution  ;  si  bien  que  l'archidiacre  du  Gondroz  refusa  de 
l'investir. 

Jean  de  Brialmont  avait  même  employé  la  violence  ;  avec  quelques-uns  de  ses 
manants  il  était  venu  rompre  la  muraille  du  cimetière  et  forcer  la  serrure  de  la 
porte  de  l'église,  en  présence  de  Waty  Warnant,  chanoine  de  Neufmoustier,  qui 
protesta  vivement. 

Il  y  avait  en  ce  moment  trois  curés  prétendant  à  la  cure  d'Eneille.  Jean  Tixhon, 
qui  résigna  le  30  janvier  1576  entre  les  mains  de  Josse  d'Orgeo,  en  faveur  de 
Léonard  Henroteau  de  Serey  (Seraing),  lequel  allait  continuer  contre  Jean 
Monet  un  procès  qui  dura  jusqu'en  1580, 

Dans  le  courant  de  1576,  Jean  Monet  provoque  une  enquête  contre  le  chanoine 
Henroteau  et  l'on  cite  comme  témoins  sire  Gloze  de  Petite-Somme,  prêtre  ;  sire 
Henri  Buisson  de  Marche,  vice-curé  de  Granhan,  et  différents  paroissiens  d'E- 
neille, qui  déclarent  que  le  défendeur  est  de  bonne  vie  et  mœurs  et  qu'il  remplit 
bien  son  office. 

Le  13  juillet  1577,  le  Conseil  du  Luxembourg  accorde  la  recrédence  de  la 
cure  en  faveur  de  Jean  Monet.  Mais  le  15  août  suivant,  une  sentence  du  Grand 
Conseil  de  Malines  révoque  celle  du  Conseil  du  Luxembourg,  disant  que  la  pos- 
session de  Neufmoustier  est  légitime  et  confirmée  par  décision  papale,  faisant 
sans  doute  allusion  à  la  bulle  de  1178.  En  conséquence,  il  renvoie  l'affaire  au 
Conseil  de  Namur,  qui  donne  raison  aux  chanoines  et  déboute  sire  Monet,  30 
juin  1582. 

Pendant  le  procès,  on  avait  séquestré  les  biens  de  la  cure,  et  nommé  adminis- 
trateur des  biens  Jean  Lambert  de  Grandhan,  voué  de  Fronville  et  prévôt  de 
Durbuy,  qui  refusa  de  rendre  compte  de  sa  gestion.  Une  sentence  du  Conseil  de 
Namur  lui  ordonna  de  liquider,  le  vingt-trois  juin  1583, 


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Il  nous  reste  du  temps  de  Léonard  flenroteau  deux  documents  concernant 
certaines  charges  du  curé  :  l'un,  du  2  novembre  1577,  où,  à  sa  demande,  Everard 
de  Manderscheid  lui  envoie  le  montant  des  droits  reçus  par  l'archidiacre, 
lors  de  l'investiture  des  curés  d'Eneille,  ses  prédécesseurs  ;  l'autre,  c'est  une  dé- 
claration du  2  novembre  1600  :  l'offlcial  et  les  curés  du  concile  d'Ouffet  attestent 
que  le  curé  d'Eneille  n'est  tenu  en  raison  de  la  grosse  dîme  qu'il  perçoit  qu'à 
fournir  taurum  et  verrem,  secundum  antiquam  et  inveieratam  consue- 
tudinem. 

Après  résignation  de  Léonard  de  Seraing,  le  22  juin  1602,  Everard  de  Man- 
derscheid investit  de  la  cure  d'Eneille  Wynand  Périlleux,  chanoine  de  Neuf- 
moustier  présenté  par  l'Abbé.  La  mise  en  possession  se  fait  par  le  notaire  Nicolas 
Colette,  pasteur  de  Méan. 

Wynand  Périlleux,  présenté  à  Eneille  par  son  Abbé  avait  d'abord  été  ajourné 
(25  avril  1601);  Lambertus  Lampceanus,  de  Ville,  est  admis  à  desservir  l'église 
d'Eneille  ;  puis,  la  même  autorisation  est  accordée  à  Wynand  Périlleux  (16  juin 
1601)  ;  enfin,  Wynand  est  admis  comme  curé  d'Eneille,  à  condition  de  prendre 
un  vicaire  honnête,  instruit  et  approuvé,  jusqu'à  ce  que  lui-même  soit  trouvé 
capable.  Gela  n'empêche  pas  le  dit  Wynand  d'être  nommé  abbé  de  Neufmoustier, 
en  1604.  Il  résigne  en  faveur  de  Pierre  de  Villers,  le  26  octobre. 

Le  11  juin  1618,  Jean  d'Elderen,  archidiacre,  investit  Pierre  Belleamye,  cha- 
noine de  Neufmoustier,  de  la  cure  d'Eaeille,  vacante  par  résignation  de  Pierre 
Pierrotte,  dont  on  ne  dit  pas  autre  chose,  non  plus  que  du  successeur  de  Bellea- 
mye, le  chanoine  Grltte,  qui  fut  ici  le  dernier  moine  de  Neufmoustier,  le  dernier 
chanoine  d'Eneille  (i). 

Il  fut  remplacé  à  sa  mort  par  un  prêtre  séculier,  Noël  de  Pierreux,  qui  vint  à 
Eneille  «  d'abord  comme  desserviteur  provisoire,  l'an  1635—1636,  lorsque  la 
peste  et  mortalité  infectait  tout  le  diocèse  de  Liège  et  les  pays  circon voisins.  « 
Il  fut  quelque  temps  coadjuteur  des  deux  derniers  chanoines,  avant  sa  nomina- 
tion définitive. 

Pour  Noëli  de  Pierreux  comme  pour  tous  les  prêtres  séculiers  qui  vont  se 
succéder  à  Eneille  investis  de  Neufmoustier,  à  la  procédure  indiquée  plus  haut 
pour  la  nomination  d'un  curé,  on  ajoute  le  serment  ou  l'obligation  de  ne  pouvoir 
résigner,  ni  permuter  de  cure  à  l'insu  et  sans  l'agréation  du  révérend  prélat  et 
chapitre  des  chanoines  de  Neufmoustier.  Il  prêta  ce  serment  à  l'Abbé  Louy 
Nihoul,  qui  le  présenta  le  15  mars  1637  ;  ceux  de  Neufmoustier  ne  voulant  plus 
venir  à  Eneille. 

Une  autre  formalité  qui  n'existait  pas  non  plus  jusque  là,  c'est  la  réception  du 


vl)   Fonds  de  Neufmoustier,  aux  archives  provinciales  de  Liège. 


I 


—     68     — 

saint  rochet.  Le  même  jour  de  mars,  Noël  de  Pierreux  reconnaît  avoir  reçu 
habitum  seu  rochetum  des  chanoines  de  Neufmoustier,  uniquement  afin  d'ob- 
tenir la  cure  d'Eneille.  Uniquement,  c'est-à-dire  qu'il  déclarait  n'avoir  pas  droit 
aux  revenus  des  chanoines. 

Les  prêtres  séculiers,  comme  autre  fois  les  moines,  venaient  à  Eneille,  in 
vicariam  perpetuam,  comme  vicaires  perpétuels  de  l'abbaye.  Ce  système  des 
vestits  (vestitus  rocheto)  de  Neufmoustier  dura  jusqu'à  la  Révolution  française. 

1.  Noël  de  Pierreux  était  un  enfant  du  pays.  Il  y  avait  à  Septon  une  Cour 
de  Pierreux,  dont  les  actes  sont  conservés  aux  archives  de  Petite-Somme.  Le 
nouveau  curé  d'Eneille  appartenait  à  cette  famille  de  justiciers.  Son  père  Bernard 
de  Pierreux  avait  épousé  Marie  de  Longueville,  le  12  mars  1594.  Bernard  de 
Pierreux  était  le  fils  de  Jean  de  Pierreux  (t  1589)  et  de  Jehenne  de  Bohon 
(t  1590),  qui  avaient  une  messe  anniversaire  à  Grandhan.  Le  nom  de  Noël  est 
héréditaire  dans  la  famille  des  Longueville,  comme  on  peut  le  voir  dans  leur 
tableau  généalogique,  cité  dans  les  Communes  luxembourgeoises  à  l'article 
Longueville,  section  de  la  commune  de  Tohogne.  La  liste  des  anniversaires  de 
Petite-Somme  renseigne  qu'on  paie  annuellement  un  escalin  pour  chanter  vigiles 
et  messe  à  l'intention  de  vénérable  Messire  Noël  de  Pierreux,  ancien  curé  d'E- 
neille. Il  y  avait  aussi  pour  lui  une  ancienne  fondation  à  Eneille,  où  Messire  de 
Pierreux  fut  curé  pendant  53  ans.  Dix  ans  avant  sa  mort,  il  écrit  dans  ses  livres 
de  comptes  : 

«  Je  soussigné.  Vénérable  Sire  Noël  de  Pierreux,  vestit  du  Noumosty,  curé 
d'Enneilles,  et  vice-doyen  du  Concile  d'Ouffet,  ai  aujourd'hui,  23  octobre  1679,  la 
43^  année  de  ma  résidence  pastorale  des  dites  Enneilles,  fait  faire  ma  fosse  de 
sépulture  par  Jean  de  Champion,  demeurant  à  Deulin,  et  ai  y  apposé  une  tombe 
de  pierre  avec  mes  armoiries  en  quatre  quartiers,  la  dite  pierre  de  tombe  repo- 
sant devant  le  grand  crucifix  de  la  dite  église,  où  ai  choisi  ma  sépulture,  remet- 
tant mon  corps  et  mon  âme  au  pied  de  Dieu,  priant  et  suppliant  vouloir  bénir 
mon  âme,  de  la  recevoir  en  sa  sainte  grâce  au  royaume  du  paradis.  La  dite  tombe 
de  pierre  entièrement  accommodée  revient  au  prix  de  vingt  florins  brabants  ». 
Or,  cette  belle  pierre,  maintenant  fort  abîmée,  a  servi  longtemps  de  seuil  au 
porche  de  l'église.  Elle  porte  l'épitaphe  suivante  : 

1636-1688 
icy  gist  vénérable  sire 
Noël  de  Pierreux,  vestit 
DU  Noumosty,  pasteur  des 
Enneilles  et  vice  doyen 
DU  Concile  d'Ouffet,  qui 
trépassât  le  15^  jour 
du  mois  de  janvier  1688 
Année  dk  sa  résidence  pasto- 
rale LA  53».  Priez  Dieu  pour  son  Ame. 


—     69     — 

A  droite  et  à  gauche  de  ses  armes  on  lit  :  Pierreux,  Longueville.  Son  écusson 
porte  un  aigle  biceps. 

2.  André  Le  Charpentier,  qui  vint  après  lui,  avait  d'abord  été  chapelain 
aux  Flémalles,  à  Souxhon  et  à  Hollogne-aux-Pierres  ;  c'est  connu  par  les  nom- 
breux actes  notariés  qu'il  apporta  ici,  venant  de  ces  trois  premiers  postes. 
«  Vénérable  Messire  André  Le  Charpentier  at  commencé  sa  résidence  pastorale 
des  Eneilles  à  la  St-Jean  1688,  étant  investit  du  sacré  Rochet  par  le  Révérend 
Nicolas  Dauvin,  très  digne  Abbé  de  Noumosty-lez-Huy,  et  reçu  de  tous  les  Srs. 
chanoines  du  chapitre  »,  dit  une  note  de  sa  main. 

Il  était  fils  d'André  Le  Charpentier  d'Eneille  et  de  Jehenne  Piron.  Nous  le 
savons  par  un  acte  de  partage  de  1679,  où  André  Le  Charpentier  donne  de  son 
vivant  ses  biens  sis  à  Eneille,  et  sur  le  ban  d'Eneille,  depuis  le  Bois  du  Rond- 
champs  à  l'ouest,  jusqu'au  ry  de  Savon,  près  de  Durbuy,  en  somme,  une  fortune 
considérable,  à  ses  quatre  enfants  :  Messire  André,  Jehenne,  Marie  et  Mathieu 
Le  Charpentier.  En  outre  des  terrains,  Messire  André  avait  avec  sa  sœur  Jehenne, 
chacun  la  mitant  de  la  maison  d'en  haut,  la  mitant  du  fournil  et  des  autres  édi- 
fices et  jardin  y  joignant,  et  aussi  la  mitant  du  cortil  du  château  sous  l'église 
avec  la  mitant  des  arbres  à  fruits. 

Marie  et  Mathieu  avaient  chacun  la  mitant  de  la  maison  d'en  bas  et  des  édi- 
fices y  joignant,  ainsi  que  la  mitant  du  jardin  derrière. 

Touchant  l'usufruit  vital  d'André  leur  père,  ses  enfants  lui  promettaient  de 
payer  solidairement  chacun  annuellement  10  patacons,  faisant  en  monnaye 
braibant  24  florins.  Le  paiement  devait  se  faire  en  deux  termes,  le  premier  à 
la  Saint-Jean-Baptiste,  le  deuxième  au  Noël.  Si  les  dits  enfants  ou  aucun  d'iceux 
refuse  de  payer  les  dix  patacons,  le  père  pourra  sans  voie  de  procès  remettre  la 
main  à  la  part  entière  du  défaillant  et  en  disposer  à  son  bon  plaisir,  et  l'argent 
de  l'usufruit  vital  du  père  se  mettra  en  mains  du  Vénérable  Messire  André,  pour 
le  distribuer  en  ses  nécessités. 

André  Le  Charpentier  est  donc  un  enfant  d'Eneille,  devenu  curé  de  sa  paroisse 
natale  ;  cela  se  voit  assez  souvent  sous  l'ancien  régime.  Son  ministère  parmi 
les  siens  fut  très  laborieux.  Sa  devise,  gravée  sur  sa  pierre  tombale  :  in  laho- 
ribus  a  juvenfute  mea,  se  justifie  par  la  puissante  activité  qu'il  a  déployée 
dans  la  restauration  de  l'église  et  de  la  maison  pastorale,  et  dans  ses  fonctions 
de  notaire  apostolique,  sans  cesse  consulté  et  mis  en  réquisition  dans  toutes  les 
paroisses  voisines  pour  sa  science  du  droit  ecclésiastique  et  du  droit  civil,  dont 
il  a  laissé  de  nombreux  formulaires  et  de  nombreux  actes  en  latin  et  en  fran- 
çais. 

Succédant  à  un  vieux  curé  qui  avait  passé  plus  de  60  ans  dans  la  paroisse,  et 


—     70     — 

qui,  comme  tous  les  vieux,  s'était  habitué  à  ses  vieilles  masures,  le  nouveau 
venu  trouva  la  maison  de  cure  très  délabrée.  Ce  fut  pour  lui  une  source  de 
longues  difficultés  avec  ses  paroissiens  et  compatriotes.  Mais  si  au  cours  de  ces 
luttes  il  a  pu  se  dire  parfois  que  «  nul  n'est  prophète  chez  soi,  »  on  ne  le  vit 
jamais  dans  ses  justes  réclamations  dépasser  le  ton  de  la  stricte  équité  ni  de  la 
douce  urbanité,  qui  se  monte  rarement  jusqu'à  l'aigre-doux.  On  le  verra  par  la 
suite,  dans  l'aflaire  de  la  restauration  des  édifices  pastoraux. 

André  Le  Charpentier  avait  deux  neveux  prêtres,  l'un  curé  à  Anthinnes, 
l'autre  récollet  à  Liège. 

Il  mourut  le  15  mars  1727. 

Voici  son  épitaphe  : 

In  laboribus  a  juventute  mha 

D.  0.  M. 
HiG  JACET  Rd"s  D°"s  André- 
as Le  Charpentier,  ves- 
TITUS  Novimonasterii 
Pastor  des  Enneilles 
Spatio  39  annorum  qui 

OBIIT  15»  MENSIS  MARTII 

AnnI   1727 
VlATOR  PRECARE  PRO  EO 
REQUIESCAT  IN  PAGE. 

Ses  armes  parlantes  sont  une  interprétation  de  sa  devise  :  m  laboribus  a 
juventute  mea  et  même  de  son  nom  Le  Charpentier  :  elles  portent  un  chevron 
accompagné  d'une  hache  (dextre)  et  d'une  sorte  de  trident  (senestre)  posés  en 
sautoir,  et  d'une  ruche  posée  en  pointe. 

André  Le  Charpentier  avait  fondé  à  Eneille  une  messe  septimanale,  savoir 
tous  les  lundis  de  chaque  semaine,  pour  le  repos  de  son  âme  et  de  tous  les  fidèles 
trépassés,  au  taux  de  30  florins,  trois  patars,  trois  liards,  un  gigot,  dont  les 
manants  et  surséants  de  Porcheresse  payaient  15  florins,  trois  patars,  trois 
liards,  un  gigot,  aflectés  sur  la  généralité  de  leurs  biens,  par  acte  passé  devant 
le  notaire  d'Ambremont  et  réalisé  à  la  cour  d'Havelahge,  le  3  mars  1722.  Cette 
rente  était  payée  par  les  Colin  ;  le  reste,  par  deux  particuliers  de  Noiseux. 

3.  Lambert  Grofay  fut  le  troisième  curé  séculier  à  Eneille,  investi  par  le 
Révérend  Abbé  seigneur  Henri-Ferdinand  de  Jacquemaert  de  Neufmoustier.  Nous 
ne  savons  rien  de  ses  origines. 

Il  avait  pour  devise  ^  dilexi  décorent  domus  tuae  ». 

«  ^d  majorem  Dei  gloriam  domusque  ejus  decorem,  écrit-il,  anno  1742, 
novwn  confession  a  le  ;  cnino  1743,  duo  altaria,  uniim  ad  honorent  £.  M. 


—     71      — 

Virginis,  alterum sanctae  MargarUae,Patronae]miusparochiae;etanno 
i744,sedUia  communiae  cclesiae  nostrae  propriis  expensis  fieri  curavî, 
item  feretrum  et  duo  majora  candelabra  lignea  ».  Il  semble  bien  que  c'est 
du  curé  Grofay  que  viennent  toutes  ces  vieilles  choses  encore  en  usage  dans 
l'église.  On  trouvera  plus  loin  tout  le  détail  de  son  œuvre  qui  justifie  si  bien  ces 
mots  de  son  épitaphe  :  ««  ecclesiae  decorem  maxime  dilexit  et  promovit  ». 
Il  eut  sa  part  aussi  dans  l'achèvement  de  la  vieille  maison  pastorale.  La  note 
distinctive  de  son  caractère,  c'est  une  grande  générosité.  Il  payait  de  sa  personne 
et  de  sa  bourse,  et  ses  écrits  ne  laissent  entrevoir  aucune  trace  de  difficultés 
entre  lui  et  ses  paroissiens. 

Il  avait  comme  auxiliaires,  successivement  ses  neveux,  l'abbé  Michel  et  l'abbé 
Patron.  Il  mourut  le  17  novembre  1753,  comme  l'indique  sa  pierre  tombale  : 

Hic  jacet 
Venerabilis  Dominus 
Lambertus  Grofay 
Vestitus  Novimonasterii 
Pastor  in  Enneilles  per 

AnNOS  26,   CUJUS  ECCLESIiE 
DECOREM  MAXIME  DILEXJT 
ET  PROMOVIT.    ObIIT 

17  novembris  1753 
Requiesgat  in  pack.  Amen. 

Sur  la  pierre  tombale  figure  un  blason,  portant  un  chevron  accompagné  de 
trois  marguerites  :  deux  en  chef  et  une  en  pointe. 

Vénérable  Sire  Lambert  Grofay  avait  fondé  une  messe  basse  annuelle  à  dire  le 
jour  de  son  trépas,  sur  une  partie  du  petit  pré  dessous-le-Mont. 

Item  une  deuxième  messe  tant  pour  lui  que  pour  son  neveu  Lambert-Joseph 
Michel,  vicaire  d'Eneille  et  bénéficier  de  St-Paul  à  Liège. 

La  tombe  de  ce  dernier  dont  il  ne  reste  que  deux  fragments  renseigne  sa  mort 
en  17  mai  1753. 

Elle  est  le  seul  monument  qui  reste  de  la  longue  série  des  vicaires-marguilliers 
à  Eneille. 

4,  Le  curé  Losseau  qui  lui  succéda  signe  au  registre  des  rentes,  (vice-curé)  ou 
desserviteur  des  Eneilles,  en  même  temps  que  N.  Patron,  vicaire  des  Bneilles, 
la  reddition  des  comptes  de  l'église,  le  10  mars  1754. 

Nous  donnons  la  pièce  intégralement  pour  montrer  une  fois  pour  toutes,  com- 
ment cette  formalité  se  réglait  sous  l'ancien  régime. 


—     72     — 

«  Le  10  mars  1754,  les  manants  de  la  communauté  et  paroisse  des  Eneilles 
ayant  été  convoqués  pendant  la  messe  solennelle  du  premier  et  second  dimanche 
de  carême  pour  être  présents  et  entendre  les  comptes  de  l'église  du  dit  Eneille, 
du  consentement  et  aveu  de  Monsieur  Losseau  établi  desserviteur  de  la  paroisse, 
présent  aux  dits  comptes,  à  l'intervention  de  Jean-Pierre  Georlet,  curé  de  Pe- 
tite-Somme, exécuteur  testamentaire  de  feu  sire  Lambert  Grofay,  révérend  curé 
des  Eneilles,  et  de  Monsieur  Pierre-François-Louis  Bornai,  révérend  curé  de 
Statte  et  de  Monsieur  Nicolas-Henri  Patron,  prêtre  vicaire  des  Eneilles,  tous  les 
deux  héritiers  mobiliaires  du  dit  feu  curé  des  Eneilles,  le  tout  compté  et  exacte- 
ment liquidé  de  part  et  d'autre  entre  les  manants  soussignés  et  les  susnommés, 
il  se  trouve  que  l'église  d'Eneilles  a  de  boni  93  écus,  deux  sous,  sept  petits 
liards,  qui  ont  été  enfermés  dans  une  bourse  de  peau  appartenant  à  l'église 
et  mis  en  dépôt  entre  les  mains  de  Philippe  Legrand,  manant  d'Eneille, 
pour  le  garder  en  fidèle  et  honnête  homme,  comme  le  sien  propre,  qui  pourra 
le  confier  aux  soins  et  garde  de  Mademoiselle  des  Eneilles,  dame  du  dit  lieu,  en 
cas  qu'elle  veuille  bien  s'en  charger  ;  lesquels  manants  soussignés  ont  constitué 
le  révérend  N.  Patron,  vicaire,  pour  vendre  les  grains  de  l'église  argent  comp- 
tant, dont  il  remettra  le  provenu  dans  la  bourse  de  l'église,  à  l'assistance  des 
manants  qui  s'y  voudront  trouver  après  semonce  ;  les  dits  héritiers  mobiliaires 
déchargés  de  toute  obligation  touchant  la  recette  et  administration  des  biens  de 
la  dite  église  pendant  la  vie  de  feu  Monsieur  Lambert  Grofay  jusque  et  ci-inclus 
le  10  mars  1754.  En  foi  de  quoy  les  manants  ont  signé  et  marqué  cette  pièce, 
et  messieurs  les  héritiers,  desserviteur  et  exécuteur  testamentaire  susdits,  les 
jours,  mois  et  an  que  dessus.  »  Six  manants  sur  huit  ne  savaient  signer. 

Le  2  juin  1754,  Monsieur  Patron  rend  compte  aux  manants  de  sa  commission 
et  de  sa  gestion. 

6.  Le  30  juin  1754,  après  l'advertance  par  deux  fois  dans  l'église  paroissiale, 
Philippe  Legrand  a  remis  eu  mains  de  Monsieur  Devillier,  curé  moderne  des 
Eneilles,  les  73  écus,  deux  sous,  7  liards,  qui  lui  avaient  été  remis  par  Monsieur 
Georlet. 

C'est  tout  ce  que  l'on  sait  de  Monsieur  Devillier,  qui  du  reste  ne  fit  pas  long 
séjour  à  Eneille. 

6.  Pierre-François  Grade  le  remplaça  en  1755.  Il  était  depuis  sa  sortie  du 
séminaire  (1754),  bénéficier  de  l'église  de  Jumet. 

Voici  ce  que  nous  en  dit  son  successeur,  M.  Randollet,  ayec  une  petite  pointe 
de  malice  :  «  Reverendus  Dominus  Grade,  ab  anno  1755,  in  Eneilles 
pastor,  desiderio  ministerium  maius  implendi^  majorique  anîmarwn 
curaevacandi,  prope  Huum,  curam  de  Statte  obtinuit,resignaio  hocpas- 
toratu,  quem  invitus  aut  certe  nolens  volens  acquievit  et  accepit.  Hoc 


~    7^    — 

omis  et  munus  eœcepit  Joannes-Josephus  Randollet,  ex  Halma,  in  paro- 
chia  de  Wellin  27^  aprilis  1725  natus,  patria  luœemburgensis,  altaris 
sancii  Huberti  et  Agathae  in  Fronville  beneficiatus ,  nec  non  in  Deulin 
sancti  Remacli  officio  utens. 

D'après  cette  note,  Monsieur  Grade  ne  serait  venu  à  Eneille,  qu'à  son  corps 
défendant.  Il  y  reste  quinze  ans.  Monsieur  Randollet  lui  reproche  une  certaine 
négligence  à  poursuivre  les  défaillants  en  matière  de  rentes. 

Dans  une  lettre  au  Prince-Evêque  de  Liège,  il  demandait  de  pouvoir  résigner 
la  cure  d'Eneille  en  faveur  de  Monsieur  Randollet,  cum  reservatione  modicae 
pensionis  ducentorum  Brabantiae  florinorum,  ....  vel  permutaiionem 
cum  eodem  inire  erga  simplex  beneficium  ecclesiasiicum. 

Nous  savons  par  un  mot  de  Monsieur  le  curé  Georis  qu'il  mourut  à  Statte, 
lieu  de  sa  naissance,  un  an  et  demi  après  son  arrivée,  inconsolable  d'avoir  quitté 
Eneille  et  surtout  repentant  de  son  arrangement  avec  Monsieur  Randollet. 

Nous  donnons  en  appendice  son  acte  de  résignation  à  Neufmoustier,  du  con- 
sentement de  l'Abbé  et  des  Chanoines,  alors  au  nombre  de  15,  comme  l'indique 
par  hasard,  une  surcharge  au  texte  de  la  formule  de  résignation. 

7.  Jean-Joseph  Randollet,  deHalma  (Wellin),  avant  de  venir  à  Eneille,  était 
bénéficier  de  Fronville  et  Deulin.  Dès  son  arrivée  ici,  il  s'occupe  de  réorganiser 
l'école  et  de  nommer  un  vicaire-marguillier.  Les  premiers  curés  séculiers  d'Eneille 
s'étant  dévoués  à  la  restauration  de  l'église  et  du  presbytère.  Monsieur  Randollet 
eut  à  soigner  surtout  les  revenus  de  l'église  et  de  la  cure  et  il  parvint  à  créer 
pour  un  curé  d'Eneille  une  situation  matérielle  assez  bonne.  Nous  l'établirons 
plus  loin  d'après  ses  comptes.  Ce  fut  un  grand  défenseur  de  la  dîme  et  des  droits 
pastoraux  et  il  a  laissé  sur  ce  sujet  des  pages  bien  écrites,  un  véritable  plaidoyer, 
dont  l'avaient  chargé  les  curés  de  la  confrérie  de  Wéris,  sans  doute  à  cause  de 
sa  science  et  de  sa  plume  facile. 

Curé  des  Eneilles  depuis  1110,  il  signe  encore,  jusqu'en  1786,  non  plus  les 
registres  de  la  paroisse,  qu'il  cesse  en  1782,  mais  un  petit  journal  ou  chasserai 
des  rentes  annuelles  de  l'église.  Il  mourut  en  décembre  1794.  On  est  en  pleine 
période  révolutionnaire,  c'est  le  néant  dans  les  archives  d'Eneille  jusqu'en  1796. 

Du  mois  de  janvier  1796,  au  mois  d'avril,  je  trouve  M.  Garnier,  desserviteur 
d'Eneille  ;  puis  d'avril  à  juillet  M.  Bottin  ;  et  de  juillet  1796  à  1804,  Hubert  An- 
toine, qui  tiennent  pour  1796  le  registre  des  baptêmes,  des  mariages  et  des  décès. 

Il  n'y  a  rien  pour  1797  ;  à  partir  de  1798,  les  inscriptions  sont  régulières. 

8.  Entré  dans  la  paroisse  à  la  St-Jean  1795,  selon  M.  Georis,  le  curé  ANTOINE 
vit  la  suppression  de  la  paroisse,  puis  sa  réunion  à  Grandhan,  l'année  1804.  La 
tradition  rapporte  qu'il  s'était  présenté  ici  déguisé  en  maquignon,  chez  le  maire 


—     74      — 

d'alors,  Fol"-  Pire,  qui  semploya  plus  d'une  fois  à  le  soustraire  aux  recherches  des 
traqueurs  de  prêtres.  Il  devint  curé  deOrandhan,  tout  en  restant  administrateur 
d'Eneille,  jusqu'en  i808.  Se?'ve  nequam  !  ait  dominus  Qeoris  ;  nam  rogatus 
a  domino  lempDf^ali  des  Eneilles  ut  aedifîcia  pastoralia  ac  bona  eccle- 
siastica  publiée  vendila  redimeret,  redemit  quidem^  sed  proprio  nomine, 
caque  iterum  ut  sua  cuidam  advenae  vendidit  sacrilège.  Interdicto  mul- 
tatus,  rediit  ex  Grandhan  ad  suos  in  Terioagne,  ubi  mortuus  est  omnino 
contemptus.  Ainsi  finit  le  dernier  vestit  de  Neufmoustier. 

Dans  les  comptes  de  Fabrique  pour  les  années  1807  à  1810,  on  paie  en  tout 
122  f.  35  au  vicaire  Spic  pour  ses  obits  et  devoirs  religieux  pendant  les  années 
1807  et  1808.  Monsieur  Spic  ne  fut  que  vicaire  pendant  la  suppression  de  la  cure, 
dit  M.  Georis. 

9.  Jean-Joseph  Thiry,  le  6  septembre  1808,  fut  nommé  à  la  succursale  des 
Eneilles  par  Mgr  Pisani  de  la  Gaude,  lors  de  la  nouvelle  circonscription  des  cures 
et  succursales,  conformément  au  décret  du  30  septembre  1807.  II  mourut  à 
Eneille  le  13  juin  1825.  Le  reste  de  l'année,  la  paroisse  fut  administrée  par 
M.  Lhermite. 

10.  Au  1*'' janvier  1826,  Englebert  Georis,  né  à  Hives  (Laroche),  le  4  août 
1794,  fait  prêtre  à  la  Trinité  1823,  à  Namur,  vicaire  à  Dinant  pendant  deux 
ans,  et  à  Gendron  pendant  cinq  mois,  fut  nommé  à  la  cure  d'Eneille. 

«  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  pendant  les  années  de  la  résidence  pastorale 
d'Englebert  Georis  —  lui-même  le  rapporte  en  ces  termes  le  28  juillet  1841  —, 
c'est  qu'il  prit  à  coeur  les  intérêts  de  la  Fabrique,  et  que,  aidé  du  Conseil,  il  remit 
tout  en  ordre,  sépara  et  spécifia  parmi  les  rentes,  que  l'on  paie  d'après  les  titres 
nouveaux,  celles  qui  sont  pour  anniversaires,  et  celles  qui  sont  pour  l'entretien 
de  l'église,  comme  on  le  voit  dans  le  registre  sommier  de  1837.  Il  soigna  aussi  de 
son  mieux  l'église  qu'il  avait  trouvée  dans  un  dénûment  complet  de  linge,  de 
meubles  et  de  bien  des  objets  nécessaires  pour  la  décence  et  la  solennité  des  offices. 
Dilexi  decorem  domus  Doniini,  j'ose  le  dire,  que  Dieu  me  le  permette,  non 
pas  pour  m'en  glorifier,  mais  uniquement  pour  que  mes  successeurs  en  fassent 
encore  plus  que  moi,  pour  la  propreté  du  Lieu-Saint,  que  je  n'ai  pas  négligé. 
Aussi  Monseigneur  l'Evêque  Dehesselle,  lorsqu'il  vint  confirmer  le  jour  de  la 
Saint-Jean  1839,  eut  la  bonté  de  me  dire  que  j'avais  une  église  et  une  paroisse 
comme  un  couvent  ». 

Il  mourut  le  17  février  1844,  âgé  de  50  ans,  d'une  maladie  de  langueur,  La 
cure  fut  alors  administrée  par  H.-I.  Biette,  curé  de  Grandhan. 

11.  Il  eut  pour  successeur  Philippe  Prémont,  né  à  Vecmont  (Laroche),  le  15 
mars  1815,  vicaire  à  Habay  en  1841,  curé  à  Lavacherie  en  1842,  à  Eneille  en 
1844,  où  il  mourut  en  retraite,  le  13  avril  1889.  L'abbé  Prémont  continua  l'œuvre 


—     75     — 

du  curé  Georis,  régla  définitivement  le  paiement  et  le  rachat  des  rentes,  sans 
négliger  non  plus  la  beauté  du  Saint-Lieu,  et  multipliant  les  œuvres  de  piété 
dans  le  petit  couvent  de  Monsieur  Georis. 

12.  Il  fut  remplacé(1879-1907)par  l'abbé  Victor  Gaspar,  d'Erezée,qui,  durant 
cette  époque  de  troubles  et  de  renaissance  sociale,  sut  créer  et  entretenir  toute 
une  floraison  d'œuvres  locales,  sous  l'antique  patronage  de  Ste.  Marguerite, 
v^rge  et  martyre. 

§111. 

La  Cure,  ses  revenus  et  ses  charges,    La  maison  pastorale. 

Les  vicaires-marguilliers. 

Les  écoles  paroissiales  et  communales. 

Le  principal  revenu  du  curé  d'Eneille  était  formé  par  le  douaire  et  par  les 
grosses  et  menues  dîmes  que  lui  devaient  ses  paroissiens. 

1.  Le  douaire.  Une  liste  des  biens  de  cure  envoyée  par  les  marguilliers  de  la 
Fabrique  d'Eneille  à  la  Direction  générale  du  culte  catholique,  le  23  novembre 
18i7,  porte  à  5  hectares  28  ares  l'ensemble  des  terres,  sarts,  prairies,  jardins, 
qui  formaient  les  biens  de  la  cure,  donnant  un  revenu  annuel  de  310  francs. 

Il  y  avait  une  prairie  de  20  ares  sur  Grandhan  et  deux  prairies  de  73  ares  et 
de  2  ares  sur  Noiseux.  Dix  pièces  étaient  sans  charges,  17  chargées  d'anniver- 
saires. Citons  les  principales  de  ces  terres  :  le  doyar  de  la  commune,  un  demi- 
bonnier  (ou  50  ares  en  1817),  le  doyar  du  thier  de  Base,  un  journal  et  demi  (ou 
61  ares)  ;  la  maladrée,  31  verges  (ou  5  ares)  ;  la  terre  du  Grand  Ry,  24  verges, 
le  doyar  sur  les  Fièvres  (les  Fiefs),  un  demi-bonnier  ;  la  terre  dessous  Va,  24 
verges  ;  la  Fosse  prêtre,  30  verges,  et  le  sart,  76  verges  ;  l'ahènire  dessous  l'é- 
glise, 12  verges,  celle  de  dessous  le  Mousty,  10  verges  ;  la  houblonnière,  9  verges  ; 
le  jardin,  33  verges  ;  le  doyar,  prairie  et  petit  pré,  135  verges  ;  la  prairie  dessous 
le  grand  pré,  10  verges,  le  jardin  des  coucous,  7  verges,  etc. 

C'est  un  leg  de  Fiacre  de  Noiseux  et  de  Jean  Lecomte,  pour  chanter  vigile  et 
messe,  qui  avait  donné  au  curé  Randollet  la  propriété  du  jardin  aux  coucous, 
joignant  et  devant  la  maison  de  cure.  Il  était  de  petit  rapport  et  ne  pouvait 
servir  qu'à  y  faire  passer  le  chemin  en  question  et  pour  renfermer  une  cour 
devant  la  maison  pastorale. 

En  1773,  avec  l'autorisation  d'Adrianne-Charlotte  de  Brialmont,  le  curé  avait 
changé  le  chemin  «  qui  passait  exactement  contre  la  cure  »  pour  le  mettre  un 
peu  plus  loin.  Cette  transposition  avantageuse  à  la  cure  ne  portait  aucun  pré- 
judice ni  au  public  ni  aux  particuliers,  et  le  chemin  devenait  plus  commode, 


—     76     — 

plus  court  et  plus  aisé.  La  dame  y  trouvait  aussi  l'avantage  de  prendre  les  eaux 
et  lavasses  plus  haut,  pour  les  conduire  sur  sa  prairie  en  temps  et  lieu.  Le  curé 
devait  mettre  le  nouveau  chemin  en  état,  et  s'engager  à  ne  pas  détourner  le 
cours  des  eaux,  ni,  sous  prétexte  de  propriété  d'étang,  les  vendre  ni  accenser  à 
personne. 

2.  La  dîme.  L'abbaye  de  Neufmoustier,  avons  nous  dit,  en  possession  d'E- 
neille,  avait  le  patronage  et  la  collation  de  la  cure  avec  le  droit  d'y  lever  la 
dime  pour  assurer  le  service  religieux. 

De  fait,  c'était  le  titulaire  de  la  cure,  chanoine  régulier  ou  prêtre  séculier  qui 
levait  la  dime  paroissiale,  du  reste  à  peine  suffisante  pour  son  entretien.  Nulle 
part  il  n'est  dit  que  le  curé  d'Eneille  rendait  quoi  que  ce  soit  à  Neufmoustier. 
Nous  savons  pourtant  qu'il  n'avait  point  part  dans  les  revenus  des  chanoines. 

Puisque  l'occasion  s'offre  ici  d'elle-même,  faisons  une  courte  digression  sur 
cette  antique  chose  si  décriée  :  la  dîme  ! 

De  la  dime,  il  y  a  déjà  des  antécédents  dans  la  loi  mosaïque.  Quelques  cano- 
nistes  ont  voulu  la  fonder  sur  cette  tradition  et  la  rendre  obligatoire  de  droit 
divin  ;  mais  on  oublie  qu'elle  tenait  lieu  de  propriété  foncière  chez  les  Juifs 
(puisque  la  tribu  de  Lévi  n'avait  pas  eu  sa  part  de  la  Terre  promise)  ;  tandis 
qu'au  moyen-âge  le  clergé  cumulait  la  dîme  et  la  propriété.  La  dîme  avait  pour 
base  un  contrat  avec  les  grands  propriétaires  du  territoire  où  le  clergé  rural 
s'établissait.  Or,  la  dîme  ne  pouvait  se  payer  en  argent  :  l'argent  était  trop  rare 
autrefois  ;  on  la  paya  en  nature,  et,  longtemps,  de  bon  gré.  Qn  a  crié  contre 
cette  institution  surtout  quand  elle  commença  à  peser  sur  la  petite  propriété, 
résultat  du  morcellement  des  héritages.  C'est  une  exagération  de  dire  qu'elle 
était  vexatoire  et  nuisible  à  l'agriculture.  Les  Anglais,  gens  de  pratique  positive 
et  amis  des  traditions,  l'ont  maintenue  jusque  dans  ces  derniers  temps.  Aussi, 
quand  la  Révolution  française  abolit  la  dîme,  le  décret  ajoutait  :  sauf  à  aviser 
par  un  autre  moyen  aux  frais  du  culte  :  logement  du  curé,  son  entretien, 
soutien  des  pauvres  et  de  la  Fabrique. 

Le  décret  disait  encore  que  la  dîme  serait  perçue  en  attendant.  Elle  dis- 
parut quand  même,  peu  après,  et  le  budget  du  culte,  quoique  porté  en  principe, 
ne  fut  établi  que  plus  tard.  On  vendit  donc  les  terres  grevées  de  dîmes  ;  l'ache- 
teur payait  un  dixième  en  moins  :  c'était  lui  faire  un  cadeau,  au  détriment  du 
clergé  et  de  l'Etat. 

La  dîme  du  curé  Randollet,  en  1778,  se  composait  comme  suit,  d'après  les  cal- 
culs du  manœuvre  Jean-Joseph  Thomas,  qui  l'avait  battue  pour  les  repreneurs. 

12  muids  et  demi  (env.  30  hectol.)  d'épeautre,  à  trois  écus  le  muid. 
8  muids  et  sept  setiers  de  wassend  (seigle),  à  six  escalins  le  setier. 


—     77      — 

16  muids  d'avoine  et  deux  setiers,  à  deux  escalins  le  setier. 

6  setiers  (env.  180  litres)  d'orge,  à  quatre  escalins  le  setier. 

4  setiers  de  potages  (pois,  vesces,  faveltes),  à  quatre  escalins, 

14  setiers  de  drawe,  à  cinq  plaquettes  le  setier. 

1236  bottes  de  paille  et  seize  de  potages,  l'une  portant  l'autre,  à  dix  bons  liards 
(env.  2  sous  V2),  ce  qui  fait  pour  les  pailles  55  écus  ;  plus,  au  moins  5  écus,  pour 
les  petites  pailles. 

Le  curé  laissait  les  potages  mêlés,  de  même  que  l'orge  pour  diminution  des 
mesures,  et  quatre  écus  et  demi  au  manœuvre,  pour  frais  de  collecte  ;  il  laissait 
aussi  7  muids  d'épeautre  et  le  quart  de  la  paille  à  certain  M'  Merche  ;  et,  toute 
soustraction  faite,  sa  dîme  se  montait  à  250  florins. 

Le  revenu  du  curé,  à  la  plus  belle  époque,  au  temps  de  sire  Randollet,  valait 
donc  environ  550  francs,  d'après  l'estimation  du  douaire  et  de  la  dîme. 

Là-dessus  il  devait  s'entretenir  et  acquitter  toutes  ses  charges:  environ  15 
florins  pour  les  aides  ordinaires  de  Sa  Majesté,  sans  compter  les  aides  extraordi- 
naires ;  la  taille  communale,  l'obsonique  et  le  cathédrique,  la  rente  et  les  corvées 
du  château.  Il  devait  annuellement  3  livres  de  cire  à  la  Fabrique,  deux  setiers 
d'avoine  pour  la  rente  du  bois,  deux  setiers  d'avoine  à  un  curé  de  Grandhan  et 
autant  à  un  curé  de  Fron ville  ;  soit  en  tout  une  trentaine  de  florins. 

Le  curé  Randollet  faisait  valoir  son  bien  par  l'intermédiaire  d'un  domestique 
laboureur  ou  par  son  frère,  aidé  souvent  par  Noël  Dewar,  censier  de  GoUin,  à 
Petite  Eneille,  devenu  en  1775  le  censier  du  curé,  qui  lui  paye  annuellement  jus- 
que 88  florins  pour  différents  travaux  agricoles  et  pour  de  nombreux  charrois, 
entre  autres,  en  1775,  deux  charrois  de  houille  qu'il  va  charger  à  Rivage  au  prix 
de  15  florins  par  voyage,  pour  la  briqueterie  du  curé  ;  puis  plusieurs  charrois  de 
bois  à  Petite  Eneille,  où  le  curé  faisait  fabriquer  sa  bière.  Mais  ni  le  curé  ni  le 
censier  ne  semblent  faire  fortune  dans  la  culture.  En  1786,  Dewar  doit  vendre 
tous  ses  biens  à  Eneille  pour  payer  ses  arriérés  à  l'église,  à  la  cure  et  à  divers 
créanciers.  D'autre  part,  nous  voyons,  le  29  août  1788,  le  Chanoine  Lhoneux, 
cessionnaire  du  curé  Randollet,  qui  avait  été  bénéficier  de  Deuhn,  dans  un  acte 
signé  au  château  même  de  Deulin,  a/?w  de  pourvoir  d'une  façon  plus  conve- 
nable que  ci-devant  à  la  pension  alimentaire  du  dit  curé,  lui  recéder  à  cet 
effet  toutes  les  rentes  de  sa  cure,  de  son  bénéfice  et  tous  les  arriérés,  de  même 
que  tout  le  produit  des  terres  labourables  et  des  sartages  qui  seront  à  lever  et 
percevoir  cette  année  par  le  curé  d'Eneille.  Il  lui  cédait  encore  ce  qu'on  pourrait 
appeler  la  menue  dîme  :  celle  des  crompires,  chanvre  et  lin,  à  son  profit  et  au 
profit  de  son  fermier  conformément  à  son  bail. 

Quant  au  casuel  du  curé,  voici  une  pièce  qui  nous  renseignera  parfaitement  sur 
la  situation  des  curés  de  l'ancien  régime,  à  la  veille  de  la  révolution  française. 


—     78     — 

C'est  une  lettre  éci'ite  par  le  curé  Randollet,  à  l'archidiacre  du  Condroz,  au  nom 
de  tous  les  curés  du  concile  d'Ouffet,  qui  l'avaient  choisi  pour  leur  porte- voix. 

«  Nous,  tous  les  curés  du  décanat  d'Ouffet,  dans  votre  archidiaconé  du  Condroz, 
au  duché  de  Luxembourg,  soussignés,  remontrons  à  Votre  Illustre  Seigneurie, 
que  quelque  ancienne  que  soit  notre  possession  d'exiger  des  droits  pastoraux,  que 
les  ancêtres  de  nos  paroissiens  respectaient  et  considéraient  comme  un  droit 
de  fondation  ou  d'érection  de  cure,  tels  que  de  payer  par  chaque  famille  un 
pain  aux  jours  de  Noël,  Pâques  et  Pentecôte  et  aux  trois  jours  des  Rogations,  les 
œufs  de  Pâques  en  nature  ou  par  rédemption,  item  les  droits  de  mariage  et  de 
sépulture,  registration  de  baptême,  le  droit  pour  recevoir  les  femmes  à  l'église, 
item  la  quote-part  du  marguillier  ;  il  est  néanmoins  que  plusieurs  de  nos  con- 
frères sont  en  contention  avec  leurs  paroissiens,  les  uns  dans  un  point,  les  autres 
dans  un  autre,  et  tous  exposés  à  y  être,  au  sujet  des  susdits  droits,  sous  prétexte 
qu'ils  ne  sont  point  entérinés  au  Conseil  provincial  de  Luxembourg, 

Ce  qui  augmente  nos  peines  et  nous  remplit  d'amertume,  c'est  que  ces  con- 
tentions n'ont  d'autre  perspective  que  de  nous  distraire  de  nos  devoirs  et  faire 
manquer  le  bui  principal  de  notre  mission,  qui  est,  aussi  bien  que  l'instruction, 
la  paix  et  l'union  avec  nos  ouailles,  parmi  lesquelles  il  ne  se  trouve  que  trop  de 
ces  esprits  inquiets  et  tracassiers,  qui,  après  avoir  troublé  le  bon  ordre  et  assez 
souvent  manqué  aux  devoirs  de  la  religion,  nous  taxent  d'injustice  dans  nos 
prétentions,  entraînent  la  multitude  et  se  réunissent  tous,  sous  l'appas  séduisant 
de  l'indépendance,  pour  nous  résister  ouvertement  en  toute  occasion,  et  toujours 
avec  mépris,  lorsqu'il  s'agit  de  nos  intérêts  temporels,  sous  prétexte  que  nos 
statuts  archidiaconaux,  quoique  suivis  de  temps  immémoriaux,  ne  sont  point 
revêtus  du  placet  de  Sa  Majesté,  notre  auguste  Souveraine. 

Cause  que  nous  supphons  très  humblement  Votre  Illustre  Seigneurie  de  rece- 
voir favorablement  le  recours  que  nous  prenons  vers  elle  pour  obtenir  cette 
sanction  royale,  avec  tel  changement  ou  modification  qu'il  vous  plaira  de  pro- 
poser à  Sa  Majesté. 

Il  n'est  point  de  sacrifice,  Mgr,  que  nous  ne  fussions  inclinés  de  faire  au  bien 
d'un  accord  stable,  uniforme  et  respectivement  obligatoire  ;  mais  qu'il  nous  soit 
permis  d'onserver  que  nous  supportons  déjà  tant  de  charges,  tant  de  peines  et  de 
disgrâces  dans  notre  ministère,  et  que  la  plupart  des  suppliants  n'ont  point  la 
rétribution  condigne  pour  vivre  honorablement  selon  leur  caractère  ;  et,  par 
une  suite  nécessaire,  sont  hors  d'état  d'assister  à  nourrir  et  vêtir  les  pauvres, 
bien  moins  encore  s'ils  devaient  plaider  pour  leurs  droits,  qui  font  le  principal 
de  leurs  revenus. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  faire  une  deuxième  observation. 


—     79     — 

En  supposant  que  le  curé  ne  tire  plus  ses  droits  pastoraux,  qui  ne  sont  qu'une 
bagatelle  accidentelle  pour  le  particulier,  qu'en  reviendrait-il  au  bien  public  ? 

Le  paroissien  n'en  deviendrait-il  pas  plus  insolent  encore  par  son  indépen- 
dance ?  Le  contraire  de  la  supposition  produit  nécessairement  un  bien  ;  il  excite 
l'un  à  remplir  exactement  ses  devoirs,  et  retient  les  autres  dans  la  subordina- 
tion. Il  en  faut  convenir,  s'il  n'y  avait  plus  de  rétribution  attachée  à  l'exercice 
de  quelques-uns  de  nos  devoirs,  ou  plutôt,  aux  actes  de  notre  juridiction,  le  far- 
deau en  deviendrait  certainement  plus  pesant  :  l'homme  de  l'église  est  toujours 
homme,  et  par  ainsi,  dans  notre  état  comme  dans  ceux  du  monde,  l'ouvrier  est 
digne  de  son  salaire  ;  mais  il  faut  une  loi  qui  oblige  indistinctement  :  tels  seraient 
nos  statuts  archidiaconaux,  si  Votre  Seigneurie  daignait  employer  ses  bons 
offices  pour  obtenir  le  placet  royal  du  troisième  tome  de  Manigart,  soit  en  tout 
ou  en  partie,  pour  ce  qui  concerne  les  droits  pastoraux  de  notre  décanat,  situé 
dans  votre  archidiaconé,  au  duché  de  Luxembourg  ». 

Avec  tout  cela,  le  pauvre  curé  d'Eneille  se  faisait  encore  voler  ses  dîmes  par 
le  curé  de  Grandhan  dans  les  terres  du  Ghesne-à-Han,  que  le  voisin,  nouvel 
arrivé  dans  le  pays,  prétendait  siennes.  «  Pour  la  première  fois,  mon  confrère, 
que  vous  paraissez  sur  cet  horizon,  lui  écrit-il  en  1779,  c'est  un  coup  d'essai  qui 
ne  se  sent  pas  de  la  timidité  ;  notamment  que  je  vous  ai  fait  dire  le  jour  même 
que  vous  avez  enlevé  ma  dîme,  de  compter  exactement  ce  que  vous  y  lèveriez, 
pour  nous  rencontrer  ailleurs  ».  Il  demande  compensation  sur  la  dîme  de  deux 
autres  terres,  pour  équivaler  à  ce  qu'il  requiert,  et  propose  de  s'en  rapporter  à 
l'arbitrage  de  gens  intelligents  et  désintéressés,  comme  seule  voie  et  seul  moyen 
d'être  dispensés  d'entrer  en  plus  grande  difficulté. 

Un  cas  de  ce  genre  s'était  déjà  présenté  en  1722,  entre  André  Le  Charpentier 
et  le  curé  Gharlier  de  Grandhan,  au  sujet  de  la  dîme  et  de  la  terre  du  sergent  et 
de  la  terre  de  Jean  de  Marche. 

Sous  de  Pierreux,  le  charriage  est  confié  à  plusieurs  paroissiens  :  Jaspar, 
Gérard,  Gollin,  de  la  Hault,  Biaise,  Poncelet,  Ponsart,  qui  probablement  accom- 
pagnés des  piqueurs  de  dîme  faisaient  au  jour  voulu  le  tour  du  ban  ou  d'un  coin 
déterminé,  pour  piquer  dans  les  tasseaux  la  part  du  curé. 

Gitons  quelques  notes  :  «  La  veille  Saint  Laurent,  Hubert  Jaspar  a  ramené  une 
charée  de  seigle,  commençant  â  Grand  Ry  et  retournant  â  Thier  de  Base.  — 
Une  charée  de  25  jarbes  deseur  le  Bois  et  retournant  deseur  Salcire.  Le  lende- 
main Sainte  Marguerite,  une  charée  commençant  à  la  Haye  et  finant  dévier 
l'Enclos.  Jaspar  a  été  rechercher  quelques  jarbes  à  Jean  de  la  Hault  en  Salcire, 
pendant  qu'on  estait  allé  voire  le  révérend  Doyen.  Le  12^  jour  d'aoust,  Jaspar, 
une  charée  commençant  aux  Fiefz  et  finant  en  la  Gommune.  La  veille  Saint 
Laurent,  Henri  Gérard,  une  charée  avec  7  jarbes  Henri  Noël.  Jaspar,  13  jarbes 


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de  seigle,  sur  le  Thier  de  Base  et  retournant  parTronsleu.  Jean  delà  Hault, 
cinq  jarbes  deseur  le  Bois  et  retournant  par  Ghaply  au  sart  Hofurlin.  —  Jaspar, 
une  charée  de  foing  retournant  de  la  guernet  du  seigneur  d'Eneille.  —  3  jarbes 
de  bled,  deux  de  vesces  et  3  moulots  de  foing.  Jaspar  a  charié  dix  charées  de 
blancs  grains  et  2  charées  de  foing  ;  je  lui  ai  donné  deux  patakons.  —  La  veuve 
Jacques,  4  jarbes  de  seigle,  ramenées  de  sa  grange.  » 

Sur  le  rôle  des  piqueurs  de  dime,  les  mayeur  et  échevins  d'Eneille  ont  fait 
publier  deux  fois,  d'abord  le  1®""  mai  1781,  puis  le  6  juillet  1794  par  le  sergent 
Henri  Drouba,  aux  plaids  généraux  d'Eneille,  une  ordonnance  portée  par  le  Con- 
seil de  Luxembourg,  le  26  juillet  1771,  en  faveur  delà  Baronne  Minekwitz  de 
Porcheresse  et  Graide  et  Sire  Jean-Nicolas  Gomins,  curé  d'Opont  et  de  Naomé, 
concernant  le  terrage  de  Graide  et  de  Porcheresse,  et  la  dîme  dans  les  districts 
de  ces  deux  villages  et  celui  de  Naomé.  Cette  pièce  a  pu  venir  à  Eneille  par  l'en- 
tremise du  curé  RandoUet,  originaire  de  Halma.  En  voici  le  résumé, 

«  La  Baronne  et  le  curé  susdits  rappellent  qu'au  mépris  du  règlement  de  1587 
défendant  aux  propriétaires  de  charoier  leurs  grains  de  la  nuit,  ni  après  le  cou- 
chant ni  avant  la  levée  du  soleil,  les  dits  propriétaires  vont  les  charoier  dans  le 
temps  qui  leur  plaît,  ne  s'attachant  pas  non  plus  d'avertir  les  dîmeurs  ou  piqueurs 
de  dime,  ni  même  le  terrageur  à  domicile,  se  contentant  de  crier  à  la  campagne 
soit  faiblement,  soit  fortement  «  à  la  dîme  «  lorsqu'ils  chargent  les  grains  ;  et 
comme  il  est  moralement  impossible  que  ces  cris  portés  toujours  à  des  heures  et 
des  moments  choisis,  auxquels  ils  savent  que  le  dîmeur  ou  le  terrageur  ne  peut 
pas  être  à  portée  d'entendre,  il  arrive  qu'en  éludant  ainsi  l'esprit  de  l'ordonnance 
susmentionnée,  ils  retiennent  à  leur  disposition  la  quantité  et  la  quotité  de  la 
dime  qu'ils  veulent  bien  laisser,  sans  qu'il  soit  bonnement  possible  que  les  déci- 
mateurs  parviennent  à  la  connaissance  de  ce  qu'on  peut  avoir  laissé  de  trop  peu 
sur  le  terrain  pour  les  dîmes  et  terrages.  etc. 

Le  Conseil  de  Luxembourg  donne  permission  de  constituer  des  piqueurs  dans 
chaque  village  et  de  les  faire  mettre  à  serment  à  l'effet  tant  de  lever  les  dîmes  et 
terrage  que  de  faire  rapport  de  ceux  qui  auront  enlevé  les  grains  en  contravention 
de  l'ordonnance  du  17  juillet  1587,  et  ordonne  aux  habitants  de  chaque  village 
d'avertir  les  dits  piqueurs  respectivement  en  leur  domicile  avant  d'enlever  les 
grains,  sous  peine  de  cent  florins  d'or  d'amende  ». 

En  publiant  cette  pièce  à  Eneille  on  avertissait  les  habitants  que  les  nommés 
Antoine  Dachouffe  de  la  Petite  Eneille,  et  François  Lecomte  de  la  Grande  Eneille, 
étaient  établis  et  sermentés  dimeurs  ou  piqueurs  de  dîmç  pour  toute  la  juridic- 
tion des  Eneilles. 

Le  dimeur  ne  prenait  pas  toujours  invariablement  une  gerbe  sur  dix.  C'étaient 
parfois  deux  gerbes  sur  treize,  tant  des  fonds  et  chapeaux  que  des  autres  gerbes 


—     81     — 

des  tasseaux,  comme  à  Porcheresse  et  à   Graide  ;   parfois,  une  gerbe  de  douze, 
comme  à  Naomé. 

La  dîme  et  le  douaire  disparurent  à  la  Révolution.  On  tenta  cependant  de 
récupérer  dans  la  suite  une  partie  des  biens  de  la  cure.  Voici  comment  : 

Un  arrêté  du  roi  Guillaume,  en  date  du  19  août  i8ll,remei  la  fabrique 
d'EneWe  en  droit  de  profiter  des  pièces  de  biens  qui  n'auraient  pas  été 
vendues  de  leur  ci-devant  bien  de  cure.  Or,  le  procès-verbal  d'adjudication 
ne  portait  qu'une  partie  des  pièces  situées  sur  la  commune  d'Eneille  et  aucune 
de  celles  qui  se  trouvent  sur  les  communes  de  Grandhan,  Fronville  et  Noiseux. 
On  put  prouver  d'après  les  actes  de  création  que  les  pièces  de  biens  situées  sur 
les  communes  étrangères,  consistant  en  prairies,  terres  labourables  et  sartables, 
avaient  étéafiectées  pour  des  anniversaires.  Le  conseil  de  Fabrique,  en  séance 
du  19  mars  1827,  les  revendiqua  au  profit  de  la  Fabrique,  qui  ferait  acquitter  les 
obligations  dont  elles  étaient  chargées.  En  conséquence,  le  conseil  supplie  la 
Députation  des  Etats  du  Grand-Duché  de  Luxembourg  de  vouloir  bien  les  auto- 
riser à  cet  effet  contre  tous  les  détenteurs  actuels  des  pièces  du  bien  de  cure, 
situées  sur  les  communes  étrangères. 

Le  11  août  1827,  les  détenteurs  furent  invités  à  venir  déclarer  à  quel  titre  ils 
possédaient  ces  biens,  devant  le  conseil  de  Fabrique,  qui  siégea  de  8  heures  à  10 
heures  en  les  attendant.  Aucun  ne  s'est  présenté. 

De  là  trois  procès  que  la  Fabrique  perdit  en  première  instance  à  Dinant  contre 
les  trois  détenteurs,  en  l'année  1833.  La  Fabrique  interjeta  appel  de  ces  trois 
jugements,  sûre  d'après  l'avocat  Zoude  de  Liège,  qu'ils  ne  pouvaient  manquer 
d'être  révoqués. 

Selon  toute  apparence,  l'avocat  se  trompait,  car  on  ne  voit  nulle  part  que  les 
biens  revendiqués  aient  fait  retour  à  la  Fabrique.  D'autre  part,  une  lettre  de 
Monsieur  Aug.  van  der  Straten-Ponthoz  à  M.  Georis  dit  que  l'un  de  ses  avocats, 
M,  Adams,  trouve  la  prescription  un  moyen  puissant  pour  ses  adversaires, 
parce  qu'il  faudrait  prouver  la  mauvaise  foi. 

Sauf  ce  point  secondaire,  concernant  les  terrains  non  compris  dans  l'acte  de 
vente,  les  acquéreurs  des  biens  de  la  cure  ne  devaient  plus  être  inquiets,  ni  in- 
quiétés, depuis  le  concordat  de  1811,  entre  Pie  VII  et  Napoléon, 

§  IV. 
La    maison    pastorale. 

On  appelle  aujourd'hui  encore  la  cure,  le  groupe  de  maisons  qui  fait  face  au 
presbytère  actuel.  C'est  la  résidence  des  anciens  pasteurs  d'Eneille,  fort  transfor- 

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mee  maintenant,  les  granges  et  les  étables  étant  converties  en  quartiers  habi- 
tables. 

La  restauration  de  la  maison  pastorale  au  17^  siècle  a  mis  en  branle  pendant 
des  années  toute  la  paroisse  et  toutes  les  autorités  compétentes,  civiles  et  reli- 
gieuses. 

Avant  de  résumer  ces  longs  débats,  rappelons  les  principes  de  droit  commun 
en  cette  matière. 

La  construction,  restauration,  réparation  et  entretien  des  maisons  pastorales, 
comme  des  églises  paroissiales,  étant  une  charge  inhérente  aux  dîmes  ecclésias- 
tiques, devait  être  supportée  par  les  décimateurs  ecclésiastiques  ou  par  les  laïcs 
qui  auraient  acquis  ces  dîmes  des  ecclésiastiques  depuis  le  concile  de  Latran, 
tenu  en  1179.  La  dépense,  pour  les  églises  du  moins,  ne  devait  être  fournie  par 
eux  qu'après  qu'on  aurait  prélevé  les  revenus  de  la  Fabrique  et  la  quote-part 
des  bénéflciers  proportionnelle  aux  fruits  qu'ils  percevaient  dans  l'église  où  était 
leur  bénéfice. 

A  défaut  de  ces  trois  moyens,  et  c'était  le  cas  à  Eneille  pour  ce  qui  concernait 
le  presbytère,  «  il  y  sera  suppléé,  dit  une  ordonnance  de  Marie-Thérèse  en  1769, 
reprenant  pour  son  compte  une  jurisprudence  antérieure,  il  y  sera  suppléé  par 
les  habitants  de  la  paroisse  qui  y  reçoivent  la  nourriture  spirituelle,  sur  le  pied 
qui  sera  réglé  par  l'octroi  qu'ils  devront  obtenir  pour  cet  effet  de  Nous,  comme 
ci-devant.  » 

Donc  en  1688,  à  l'arrivée  du  curé  Le  Charpentier,  les  édifices  pastoraux  me- 
naçaient ruine.  A  la  demande  du  nouveau  curé,  le  21  juin  1688,  la  grange  pas- 
torale et  autres  édifices  adjacents  furent  visités  par  la  Justice  des  Eneilles  qui 
jugea  ces  bâtimens  réparables  de  fond  en  comble. 

Les  années  qui  suivirent  se  passèrent  en  instances  et  en  protestations  de  la 
part  du  pasteur,  qui,  «  prévoyant  la  briève  ruine  des  dits  maisonnages,  courait 
grand  risque  et  péril  d'être  ses  domestiques  accablés  aussi  bien  que  ses  bestiaux  ». 

En  1692,  1693,  1694,  les  seigneur  et  manants,  paroissiens  d'Eneille,  sont 
résolus  à  faire  les  réparations,  mais  ne  les  font  pas  quand  même. 

Un  acte  daté  de  Fizenne,  le  pénultième  de  mai  1693,  et  signé  L.  de  Blier, 
«  ordonne  qu'à  la  requête  de  sire  André  Le  Charpentier  soit  signifié  aux  seigneur, 
manants  et  paroissiens,  qu'à  son  entrée  dans  la  cure  ayant  fait  visiter  par  la  Jus- 
tice du  lieu  les  maisonnages  pastoraux,  ils  se  sont  trouvés  fort  défectueux  et 
sujets  à  réparation,  particulièrement  la  grange  et  le  fournil.  En  suite  de  quoi 
ayant  été  résolus  de  les  réparer  et  ayant  obtenu  permission  d'abattre  une  quan- 
tité de  chênes  dans  les  bois  communaux,  où  les  habitants  ont  leur  usage,  sans 
préjudice  des  droits  du  seigneur,  une  partie  a  été  ramenée  et  le  reste  est  demeuré 
dans  les  bois,  où  les  chênes  pourrissent,  pendant  que  les  maisonnages  menacent 


—     83     — 

ruine,  le  curé  vient  par  cette  solliciter  ou  semoncer  le  seigneur,  manants  et 
paroissiens  de  s'acquitter  de  leurs  obligations  au  plus  tôt  ;  protester,  comme  il 
fait,  de  tous  dommages  et  intérêts  qu'il  reçoit  de  leurs  délais  et  négligence, 
ensemble  de  tous  périls  et  inconvénients  qui  pourront  en  résulter  ». 

Jean  Lecomte,  sergent  d'Eneille,  intima  copie  de  cette  ordonnance  à  Pierre 
Pirard,  Jean  Borlon,  Charles  Pire,  Jean  Wathy,  et  pour  la  connaissance  des 
résidus  manants,  afficha  à  la  porte  de  l'église  aussi  une  copie,  le  20  juin  1693. 

En  1(593  et  1694,  on  se  décide  à  charrier  les  chênes  et  en  partie  les  autres 
matériaux. 

Les  charpentiers  ont  commencé  de  quarrer  les  chênes  environ  les  mois  de 
février-mars  1694.  Les  manants  pour  convenir  de  leurs  journées  et  salaires  ainsi 
que  de  leur  bière  ont  constitué  Pierre  Firard  et  Jean  Borlon.  Ce  dernier  est  venu 
sur  leurs  ouvrages  demander  ce  quils  prétendaient  gagner.  Le  dimanche,  à  la 
sortie  de  la  grand'messe,  il  fait  récit  à  la  communauté  qu'ils  voulaient  gagner 
chacun  deux  escalins  (env.  i  fr.  20)  jusqu'à  un  tel  temps,  et  par  après,  les  jours 
étant  plus  longs,  deux  escalins  et  demi  sans  rehausse  (1). 

Pendant  le  travail,  les  charpentiers  ayant  demandé  de  l'argent,  le  pasteur  a 
prié  les  constitués  d'aller  de  maison  à  maison,  afin  que  chaque  ménage  donnât  un 
écu  à  bon  compte  pour  les  ouvriers  ;  mais  pas  un  n'a  voulu  payer.  Ensuite  Jean 
Lecomte  est  venu  prier  le  curé  d'avoir  patience  et  qu'on  en  ferait  pour  un  meilleur. 

Dans  le  mois  de  juin,  on  a  tiré  la  vieille  grange  en  bas,  à  eôçt  de  prendre  et 
faire  resservir  tous  les  bois  propres  à  bâtir. 

Le  2  juillet,  on  a  dressé  la  grange  et  autres  édifices  sur  les  mêmes  fondements 
où  était  la  vieille,  avec  l'assistance  de  la  plus  grande  partie  des  paroissiens. 

Par  après,  les  charpentiers  ont  bâti  des  étables  de  porcs  avec  les  vieux  bois  et 
les  ont  replacés  au  haut  voilé  de  la  même  largeur  qu'ils  étaient  ci-devant  à  la 
basse  parois  de  la  vieille,  ne  venant  qu'à  la  longueur  des  vieux  étables  de  porcs. 

Or,  est-il  que  le  tout  étant  achevé  et  compte  fait  avec  les  ouvriers,  question 
d'avoir  de  l'argent  pour  les  payer,  le  pasteur  a  semonce  plusieurs  fois  ses  parois- 
siens d'en  vider,  jusqu'à  ce  qu'il  a  été  obligé  de  les  faire  citer  devant  l'official 
forain  à  eflet  de  les  faire  venir  au  paiement  de  leur  quote-part,  selon  la  répartition 
qu'il  avait  fait  présenter  à  chacun  en  particulier.  Ils  ont  demandé  ajournement 
et  renvoyé  à  leur  juge  compétent  pour  n'être  traitables  ni  responsables  devant 
un  juge  ecclésiastique  ;  ce  qui  leur  a  été  accordé. 

L'état  de  frais  des  travaux,  fait  en  juillet  1694,  se  montait  à  163  francs  et 
quinze  patars,  comprenant  le  prix  dû  aux  charpentiers  106  fr.  16  pat.  ;  aux 
maçons  6  fr.  ;  au  couvreur  6  fr.  15  p.  ;  à  celui  qui  a  fait  les  hennés  13  fr.  16  p.  ; 


(1)  A  cette  époque,  l'nrgent  avait  une  valeur  marchande  deux  à  trois  fois  plus  grande  qu'aujourd'liui. 


—     84     — 

à  la  l'oiunu'  qui  a  l'ait  le  moi-tier  six  jours,  gagnant  neuf  sous  pai-  jour,  en  laissant 
la  moitié  pour  son  manœuvre  ;  à  Jacques  de  Warre  pour  couper  40  chênes  et  les 
mettre  à  corde,  au  prix  de  dix  liards  chaque,  soit  5  francs  ;  au  menuisier  pour  7 
journées  et  demie,  6  frs.  et  15  p.  ;  pour  l'achat  de  200  lattes,  3  fr.  18  p.  ;  aux 
scieurs  15  fr.,  etc.  etc. 

La  répartition  de  ce  que  chaque  ménage  devait  donner  au-dessus  de  ses 
journées  et  charriages  s'élevantà  139  fr.  Il  manquait  donc  encore  24  fr.  pour  faire 
la  somme  de  163  francs. 

Sur  l'ajournement  accordé  par  la  Cour  d'Eneille,  les  manants  ont  demandé  d'en 
venir  à  un  accord.  Alors,  ils  ont  trouvé  les  bâtiments  trop  amples,  bien  qu'ils 
eussent  consenti  précédemment  à  les  rebâtir  sur  les  anciens  fondements,  puis 
ils  ont  chicané  sur  l'abatis  de  l'étable  des  porcs  ;  puis  sur  de  vieilles  portes  qu'on 
aurait  pu  feire  resservir  pour  diminuer  les  frais  d'achat  et  de  sciage  des  chênes  ! 

A  partir  d'ici,  cela  dégénère  en  querelle  d'allemand  :  On  reproche  au  pasteur 
d'avoir  pris  les  vieux  bois  restants.  Or,  il  les  réservait  pour  faire  un  fournil  gran- 
dement nécessaire  ;  il  avait  mis,  à  la  place,  des  bois  achetés  aux  héritiers  de  feu 
Noël  de  Pierreux,  son  prédécesseur. 

De  plus,  passé  cinq  ou  six  ans,  il  avait  fait  mettre  chaque  année  des  waz 
(paille  de  wassend  triée)  sur  la  grange,  à  effet  de  mettre  ses  bestiaux  et  fourrages 
à  couvert  ;  outre  plus  de  trente  corvées  et  journées  qu'il  a  fait  faire  sans  y 
être  tenu. 

Après  avoir  rappelé  tous  ces  faits,  le  curé  adresse  la  consultation  suivante  à 
un  magistrat  de  Durbuy  : 

On  demande  si  les  paroissiens  sont  fondés  dans  leurs  prétentions  de  tout  ou  en 
partie  ;  et  si  on  venait  à  un  accord  et  répartition  sur  chaque  ménage,  le  pasteur 
serait-il  obligé  de  prendre  séparément  la  quote-part  d'un  chacun  en  particulier  ; 
ou  bien  les  paroissiens  ne  sont-ils  pas  tenus  et  obligés  de  collecter  et  faire  la 
masse  totale  ? 

Le  magistrat  répondit  :  «  Vu  le  fait  ci-dessus  et  la  visite  de  1688,  le  soussigné, 
eu  égard  que  les  bâtiments  en  question  sont  encore  plus  ruineux  qu'ils  ne  l'étaient 
en  1682,  six  ans  auparavant,  et  que  les  paroissiens  ont  consenti  aux  réparations 
sans  opposition,  est  de  sentiment  au  premier  état,  qu'à  présent  qu'elles  sont  faites, 
ils  ne  sont  plus  recevables  à  les  blâmer,  par  la  maxime  de  droit  :  quod  semel 
placuii,  amplius  displicere  non  potest^  c.-à-d.  ce  qui  une  fois  a  été  décidé  ne 
peut  plus  être  rapporté  ;  outre  qu'il  ne  parait  d'aucunes  réparations  voluptuaires 
ou  superflues,  auxquelles  les  paroissiens  ne  seraient  pas  tenus  par  l'article  6  et 
suivants  du  chapitre  V  de  Domibus  pastorum  des  statuts  archidiaconaux  ;  et 
s'il  y  avait  différend  considérable,  il  devrait  être  décidé  à  l'arbitrage  du  Révérend 
Archidiacre  ;  les  statuts  le  déclarent. 


—     85      - 

Au  second  chef,  il  est  manifeste  que  le  curé  n'est  pas  tenu  de  faire  la  collecté 
des  quotes  de  chaque  paroissien.  Cette  collecte  est  une  partie  de  leur  obligation, 
qu'ils  doivent  exécuter  entre  eux  :  l'exemple  est  journalier  en  toutes  les  autres 
obligations  de  communauté. 

Délibéré  à  Durbuy,  le  2  décembre  1694.  Signé  A.  D.  Rossignon. 

Quelques  jours  avant  cette  date,  le  18  novembre,  sur  requête  du  pasteur 
d'Eneille,  l'official  Jean  d'Awan,  avait  convoqué,  devant  lui  à  Petithan,  par 
l'intermédiaire  de  Jean  Parmentier,  marguillier,  les  habitants  d'Eneille,  pour  y 
dire  leurs  raisons,  le  25  du  courant,  à  10  heures  du  matin. 

Le  22  novembre,  le  marguillier  insinua  la  chose  à  Pierre  Pirard  et  à  Jean 
Lecomte,  constitués  de  la  paroisse  d'Eneille  ;  item  une  copie  à  Jean  Borlon  ;  et, 
allant  de  maison  en  maison,  lut  la  requête  du  curé  avec  l'apostille  de  l'official 
aux  manants  paroissiens  défaillants. 

Parmi  tous  ces  pourparlers  avec  la  justice  d'Eneille  et  l'official  de  Petithan, 
le  curé,  voyant  la  résistance  de  ses  paroissiens,  réduits  d'ailleurs  pour  la 
plupart  à  la  mendicité,  avait  proposé  à  l'examinateur  synodal,  Joannes  Le 
Beau,  et  à  l'archidiacre  du  Condroz,  Gaspar  de  Stockem,  d'engager  un  muid 
d'épeautre  (env.  2  hectolitres  et  demi),  hors  des  revenus  de  l'église,  pour  sup- 
pléer au  défaut  de  ceux  qui  ne  pourraient  payer,  avec  promesse  de  le  dégager 
quand  il  plairait  aux  autorités  ecclésiastiques. 

L'archidiacre  accorda  la  permission  pour  le  terme.de  6  ans,  le  6  avril  1694, 
sur  ces  considérations,  émises  par  l'examinateur  synodal,  que  la  restauration 
était  urgente,  que  la  permission  était  accordée  pour  un  temps  et  pour  le  soula- 
gement des  pauvres,  n'y  ayant  rien  en  cela  de  contraire  au  but  des  constitutions 
apostoliques. 

Nul  paroissien  ne  voulut  prendre  à  ses  gages  le  muid  d'épeautre  ;  les  ouvriers 
avaient  déjà  fait  une  partie  de  la  restauration  et  réclamaient  leur  dû,  ce  qui 
força  le  curé  à  emprunter,  pour  les  payer,  30  écus  à  son  confrère  d'Ocquier,  et 
à  intenter  un  procès  par  devant  Messeigneurs  du  Conseil  de  Luxembourg,  au 
commencement  de  l'année  1695.  Quinze  ménages  se  décidèrent  à  payer  leur 
cotisation  et  firent  signifier  aux  douze  autres  défaillants,  dont  le  seigneur  et  la 
Dame,  qu'ils  acceptaient  la  répartition,  et  protestaient  de  tous  dommages  et 
intérêts  qu'ils  pourraient  recevoir  au  regard  des  dépenses  du  procès.  C'était  le  5 
février  1695. 

Le  même  jour,  en  présence  et  à  l'intervention  de  Henri  le  Rousseau,  de  Longue- 
vifie,  et  d'Arnould  Claude,  d'Heure,  témoins  ;  de  Jean  Lecomte,  centenier  de  la 
Grande  Eneille  et  de  Jean  Borlon,  centenier  de  la  Petite  Eneille,  pour  assoupir 
la  difficulté  esmeute  et  arrêter  le  procès,  on  décida  que  chaque  ménage  de  la 


—     86 


paroisse,  au  nombre  de  27,  sera  obligé  de  payer  incessamment  aux  susdits 
centeniers,  lesquels  conjointement  avec  le  curé  feront  la  collecte,  \  4  escalins  au- 
dessus  de  tous  charriages,  journées  et  autres  dépenses  laites  à  l'entour  des  bâti- 
ments pastoraux. 

Neuf  ménages  seulement  purent  payer  sur  le  champ,  y  compris  le  seigneur  et 
la  Dame  ;  les  18  autres  demandèrent  du  délai,  se  basant  sur  la  permission  de 
l'archidiacre.  Au  mois  de  mai  suivant,  huit  autres  ménages  avaient  encore  payé 
leur  cotisation,  soit  ensemble  7  écus  (env.  34  frs.),  lesquels  joints  aux  25  écus 
d'épargne  que  les  mambours  de  l'église,  Charles  Pire  et  Jean  Lecomte,  avaient 
en  caisse  pour  les  années  1693  et  1694,  servirent  à  rembourser  au  curé  d'Ocquier 
ses  trente  écus  et  leur  intérêt  d'un  an,  plus  encore  un  écu  et  demi  payé  à 
M,  Doupré,  collecteur  de  l'archidiacre. 

Après  tous  ces  débats, 
il  restait  encore  à  loger 
le  curé.  Ce  fut  le  premier 
souci  de  M.  Grofay,  l'an- 
née qui  suivit  sa  venue  à 
Eneille. 

Aux  plaids  généraux 
du  12  janvier  1728,  tous 
manants  des  deux  Eneil- 
les  présents,  comme  aussi 
Révérend  Messire  Grofay , 
il  fut  convenu  entre  eux 
d'employer  70  écus  hors 
des  cent  que  redevaient 
les  héritiers  du  défunt 
curé  Le  Charpentier,  pour 
construire  un  quartier  de 
maison  pastorale,  à  la- 
quelle le  curé  contribuait 
du  sien  pour  30  écus  ;  les 
charriages  et  la  main 
d'œuvre  étant  faits  par 
les  manants  également, 
suivant  une  juste  répar- 
tition, à  laquelle  contribuaient  en  argent  ceux  qui  n'avaient  pas  travaillé  et 
charrié  pour  leur  quote-part,  tous  protestant  ne  vouloir  rien  payer  au-dessus  de 
ce  qu'ils  sont  tenus. 

Tantae  molis  erat  tam  pulchram  condere  curam  ! 


Phot.  Eug.  Haverldiiii. 

Grande  Eneille.  —  Le  Presbytère  actuel. 


—     87 


Et  cette  belle  cure,  qui  avait  coûté  tant  d'eôorts,  devait,  comme  le  douaire  et 
les  biens  de  fabrique,  être  vendue  à  des  étrangers  : 

Barbarus  has  segetes 


Cependant,  grâce  à  la  générosité  des  seigneurs  d'Eneiile,  un  nouveau  presby- 
tère fut  bâti  sur  la  colline  qui  fait  face  à  l'ancienne  cure.  Le  presbytère  et  ses 
deux  jardins,  réservés  lors  de  la  vente  du  château,  appartiennent  encore  à  la 
famille  van  der  Straten-Waillet,  qui  les  laisse  gracieusement  à  la  disposition  de 
la  Fabrique  et  du  curé,  bénéficiaire  en  outre  d'une  rente  annuelle  établie  par 
Henri  van  der  Straten,  à  la  demande  de  Mademoiselle  d'Eneiile,  sa  grande  tante, 
Dieudonnée-Ignace  van  der  Straten-Waillet,  morte  religieuse  à  Namur,  en  i832. 

Très  précaire  à  l'origine,  jusqu'en  1848,  —  il  n'y  avait  à  l'étage  qu'une  seule 
chambre  ;  au  rez-de-chaussée,  le  bureau  du  curé  était  l'un  des  petits  réduits  qui 
forment  l'arrière-cuisine  ;  la  chambre  de  gauche  servait  d'école  —  le  presbytère 
actuel,  sans  être  de  loin  le  plus  confortable  du  Luxembourg,  en  est  peut-être  le 
plus  joli,  avec  ses  collines  boisées  qui  l'encadrent  du  levant  au  couchant,  avec 
ses  terrasses  en  forteresse  fleuries  de  lilas,  d'aubépines  et  de  roses,  avec  sa  vue 
sur  les  méandres  de  l'Ourthe  et  sa  perspective  sur  la  plaine  toujours  verte  que 
terminent  à  l'horizon  lointain  les  sombres  plateaux  de  l'Ardenne. 

Laudaturque  domus  longos  quae  prospicit  agros. 

Vrai  tableau  de  genre,  avec  la  grange  et  l'étable,  les  remises  et  le  fournil,  en 
style  d'Eneiile  :  la  tuile,  le  chaume  et  le  torchis,  symboles  d'un  temps  qui  n'est 
plus  à  la  dime  ni  aux  curés  laboureurs. 


—     88 


§  V. 


Les  Vicaires-Marguilliers.   Les  Écoles   paroissiales 
et  communales. 

L'école  paroissiale,  sous  la  responsabilité  du  curé,  se  tenait  dans  une  salle  de 
l'ancienne  ou  de  la  nouvelle  cure.  L'éducation  de  l'enfance  était  confiée  le  plus 
souvent  à  un  vicaire,  prètre-marguillier,  qui  aide  aussi  le  curé  dans  ses  fonc- 
tions pastorales.  Le  plus  ancien  vicaire  signalé  dans  nos  registres  paroissiaux 
est  sire  Jean  Catoul,  parrain  d'Anna  Gilsoul,  en  septembre  1608.  Puis,  c'est 
Georges  d'Orlho,  chapelain,  parrain  de  Georges  de  la  Haulten  1622. 

Quelle  était  à  Eneilie  la  situation  de  ces  prêtres-marguilliers  ?  Nous  pouvons 
le  dire  au  moins  pour  le  temps  du  curé  Randollet. 

Dès  son  arrivée,  en  1770,  le  2  décembre,  Messire  Randollet  reçoit  une  dépu- 
tation  de  ses  paroissiens  lui  demandant  de  leur  accorder  un  digne  prêtre,  capable 
d'être  ensemble  vicaire  et  marguillier,  pour  leur  dire  la  messe  basse  les  jours  de 
dimanches  et  fêtes  et  pour  tenir  bien  dûment  l'école,  depuis  la  fête  de  tous  les 
saints,  jusqu'à  Pâques, 

D'accord  avec  le  curé,  les  paroissiens  s'obligèrent  de  payer  chacun  annuelle- 
ment, en  trois  termes  égaux  douze  escalins  (env.  7  frs.  30),  au  curé  pour  son 
vicaire,  à  commencer  le  dimanche  des  Avents  et  à  finir  à  pareil  jour,  l'an  révolu. 
Les  paroissiens  s'obligent  en  outre  de  faire  lever  et  reproduire  cette  somme  en 
la  maison  paroissiale  aux  termes  fixés,  tous  étant  tenus  solidairement.  Ils  auront 
la  messe  demandée  dite  à  leur  intention  et  à  heure  compétente  pour  la  plus 
grande  utilité  des  deux  villages.  Il  est  également  stipulé  que  les  veuves  ayant  un 
chef  de  ménage  paieront  la  rétribution  en  entier.  Il  est  aussi  expressément  sti- 
pulé que  le  curé  et  son  vicaire  auront  ensemble  deux  mois  de  vacances  par 
année,  pendant  lesquels  les  paroissiens  n'auront  qu'une  messe  paroissiale,  dont 
avis  sera  donné  la  semaine  auparavant. 

Le  vicaire-marguillier  fut  l'abbé  Dochain  jusqu'au  10  mai  1774.  Alors  le  Révé- 
rend sire  Hubert  Maréchal,  ci-devant  vicaire  à  Jemeppe,  se  présenta  au  curé  et 
à  la  communauté  vinagèrement  assemblée,  qui  a  député  ses  commis  au  bourg- 
mestre pour  faire  la  convenance  suivante  :  «  Gomme  il  a  été  arrêté  aux  plaids 
généraux  derniers,  le  gage  de  marguillier  et  de  vicaire  ensemble  consiste  en 
autant  d'écus  à  couronne  (env.  6  frs.),  faisant  chaque  dix  escalins  deux  sous, 
qu'il  y  a  de  manants  dans  cette  paroisse,  le  tout  payable  par  les  deux  commis 


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députés,  hors  de  la  caisse  de  la  communauté,  en  deux  termes,  la  moitié  au  Noël, 
et 'le  résidu  à  la  St-Jean,  24  juin,  qui  sera  le  terme  de  la  première  année  révo- 
lue et  ainsi  d'année  en  année.  « 

Le  curé  assigne  au  vicaire,  hors  de  la  même  caisse,  les  deux  escalins  de  droits 
pastoraux  par  chaque  manant  pour  salaire  des  vigiles  et  des  anniversaires  fondés, 
tant  en  grains  qu'en  argent,  et  pour  les  confessions. 

Jean-Hubert  Maréchal  s'engage  à  dire  la  messe,  fêtes  et  dimanches,  vers 
l'heure  de  l'aurore,  pour  la  grande  commodité  de  la  paroisse,  et  à  l'intention  des 
fidèles  le  dimanche  seulement.  Il  s'engage  ensuite  à  tenir  l'école  depuis  la  Tous- 
saint jusqu'à  Pâques,  pour  quoi  il  lèvera  la  rente  des  pauvres,  tant  qu'il  n'en 
sera  pas  autrement  disposé.  Et  comme  il  n'y  a  pas  de  maison  vicariale,  la  com- 
munauté devra  lui  en  fournir  une  convenable  jusqu'à  ce  qu'on  en  ait  bâti  une  à 
portée  de  l'église.  Et  pour  lors  le  vicaire  devra  sonner  au  gré  du  curé  à  midi  et 
au  soir. 

Ces  arrangements  ne  tiennent  pas  longtemps  ;  et  la  question  scolaire  se  repré- 
sente plus  d'une  fois  au  cours  du  ministère  du  curé  Randollet. 

Nous  trouvons  en  cette  matière  une  sentence  du  Conseil  souverain  du  Luxem- 
bourg, datée  du  25  avril  1786,  donnant  raison  au  curé  contre  ses  paroissiens,  qui 
décident  d'en  appeler  à  une  autre  chambre.  Le  7  mai  intervient  un  nouvel  accord  : 
on  paierait  un  écu  (env.  4  fr.  80)  à  raison  de  chaque  ménage  ou  feu,  qui  seront 
trouvés  chaque  année  aux  Eneilles  et  participant  aux  aisances  de  la  communauté  ; 
le  vicaire  aura  une  part  égale  à  chaque  manant  dans  les  aisances  et  émoluments 
de  la  communauté,  toutes  charges  communales  déduites.  On  s'oblige  à  acheter 
ou  à  bâtir  une  maison  avec  deux  places  au  rez-de-chaussée,  avec  un  petit  jardin, 
et  à  l'entretien  de  la  maison.  Outre  les  dimanches  et  les  fêtes,  le  vicaire  dira  une 
messe  tous  les  lundis  pour  les  trépassés.  Le  curé  lui  comptera  dix  écus  (env.  48 
fr.)  chaque  année  pour  ses  fonctions  de  marguillier.  Si  l'on  ne  trouve  pas  de 
vicaire  pour  tenir  l'école,  on  prendra  un  laïc  auquel  avec  les  autres  avantages 
faits  au  vicaire,  on  donnera  pour  traitement  cinq  plaquettes  (env.  3  fr.)  par  an 
et  par  ménage. 

A  cette  époque  1786,  il  y  avait  à  Eneille  24  ménages,  sans  compter  la  cure  et 
le  château.  J'ignore  comment  se  termina  la  question  ;  mais,  de  même  que  parfois 
on  ne  trouvait  pas  un  mambour  pour  l'église,  de  même,  à  défaut  de  vicaire,  on 
ne  trouvait  pas  toujours  un  marguillier  laïc  à  Eneille.  C'est  ainsi  qu'en  1778,  les 
paroissiens  ayant  refusé  de  payer  le  marguillier,  disant  que  c'était  aux  décima- 
teurs  à  le  fournir,  le  curé  a  loué  pour  la  fête  de  la  Toussaint  un  marguillier 
étranger,  Jean  Renauld  de  Marloie,  à  qui  il  a  payé  par  année  15  écus  argent  de 
Liège.  La  situationaduréjusqu'après  la  Toussaint  1780.  L'école  fut  alors  tenue  par 
le  vicaire-marguillier,  Sire  Dehive,  à  qui  le  curé  donna  pour  rétribution  la  table 


—     90     - 

et  le  logement  pendant  deux  mois  et  plus,  à  raison  de  12  sous  du  roi  par  jour.  Il 
toucha  en  outre  4  couronnes  pour  ses  droits  d'anniversaires,  plus  la  dime  des 
pauvres.  Entré  à  la  Toussaint,  il  quitta  le  5  février  1781. 

En  1778  et  1782,  le  curé  dut  tenir  l'école  lui-même  ;  et  ce  qui  lui  fut  payé,  il  le 
distribua  aux  pauvres  les  plus  nécessiteux,  la  rente  des  pauvres  servant  alors  à 
payer  le  maître  d'école,  à  Eneille  comme  en  beaucoup  d'endroits  :  c'était  une 
façon  de  donner  aux  pauvres  l'école  gratuite. 

On  voit  par  les  signatures  des  testaments  et  des  pièces  officielles  que  bon  nom- 
bre d'anciens  savaient  signer  ;  mais  péniblement.  La  plupart  se  contentaient 
d'apposer  leur  croix  ou  leur  marque. 

"  Il  est  à  remarquer  que,  dans  les  écoles  paroissiales,  les  élèves  étaient  géné- 
ralement partagés  en  deux  catégories  :  les  écrivants  et  les  non  écrivants.  Les 
écrivants  devaient  payer  le  double  des  autres  pour  leur  écolage,  et  en  outre 
l'encre,  le  papier,  les  plumes.  Il  en  résultait  que  plusieurs  enfants,  notamment 
ceux  des  classes  pauvres,  sortaient  de  l'école  sachant  bien  lire,  mais  sans  avoir 
touché  la  plume.  Il  n'est  donc  pas  tout  à  fait  juste  de  considérer  comme  illettrés 
tous  ceux  qni  dans  les  actes  publics  remplacent  leur  signature  par  une  croix 
«  pour  ne  sçavoir  écrire  »  (Glausset  et  Mauclet). 

Je  me  rappelle  avoir  vu  dans  mon  enfance  un  ouvrage  scolaire  intitulé  : 
Cinquante  sortes  d'écritures.  C'était  la  reproduction  de  diverses  écritures 
manuscrites,  depuis  la  belle  et  nette  anglaise,  jusqu'à  l'indéchiffrable  «  pattes  de 
mouches  »  :  le  traité  de  lecture  avec  difficulté  graduée  !  Gomme  pendant,  pour 
l'écriture,  un  recueil  de  textes  en  lettres  moulées,  avec,  en  tête,  une  fine  gravure 
représentant  le  magister  devant  son  pupitre,  dans  une  attitude  impeccable  de 
greffier  :  buste  droit  ;  en  main  la  gracieuse  plume  d'oie,  sur  laquelle  s'allongent 
trois  doigts  fuselés,  les  deux  autres  formant  chevalet. 

Depuis  1830  jusqu'en  1857,  l'école,  pour  ainsi  dire  ambulante,  changea  cinq 
fois  de  local.  En  tout  dernier  lieu,  la  classe  se  tenait  dans  un  quartier  de  maison 
en  torchis  :  S'^fiO  de  long,  3'"20  de  large,  2"'65  de  haut  ;  ni  cour,  ni  préau  ;  les 
récréations  et  le  reste  sur  la  voie  publique.  Mobilier  rudimentaire  :  une  chaise, 
une  table,  pour  le  maître,  l'image  du  Christ  et  le  faisceau  de  baguettes  de  coudrier. 
Les  élèves  avaient  pour  tout  bagage  classique  la  Croisette,  le  petit  et  le  grand 
catéchisme,  la  bible  de  Martin  de  Noirlieu,  le  traité  de  politesse  :  toutes  bonnes 
choses,  qui  manquent  dans  beaucoup  d'écoles  savantes  de  nos  jours.  Les  maîtres 
primitifs,  Defays,  Gollin,  Roland  cumulaient  l'emploi  d'instituteur  avec  celui  de 
laboureur,  couvreur  de  toits,  fabricant  de  mannes  et  de  balais.  Jean-Joseph 
Gollin,  ayant  dû  quitter  le  poste  pour  faire  son  service  militaire,  le  curé  Georis 
tint  lui-même  école  au  presbytère. 

L'inspection  était  confiée  à  un  notable   du  pays:  notaire,  juge,  médecin.  On 


I 


—     91      — 

cite  le  cas  de  tel  médecin-inspecteur,  qui,  avant  l'inspection  de  la  classe,  demande 
tout  bonnement  au  maître  de  le  raser,  en  présence  des  élèves. 

Il  pratiquait  à  sa  façon  la  méthode  Froebel  et  l'enseignement  occasionnel. 

La  caractéristique  de  l'enseignement  à  cette  époque  était  naturellement  l'ab- 
sence complète  de  méthode. 

Pour  la  lecture,  on  apprenait  à  l'enfant  toutes  les  lettres  de  l'alphabet.  Les 
lettres  connues,  on  abordait  seulement  les  combinaisons  des  lettres,  deux  à  deux 
d'abord. 

Il  y  avait  cependant  une  certaine  gradation  dans  les  exercices.  Après  la  com- 
binaison des  lettres  deux  à  deux,  puis  trois  à  trois,  venait  celle  des  syllabes  pour 
former  les  mots.  Le  procédé  de  lecture  était  absolument  illogique  :  chaque  élève 
allait  lire  le  morceau  près  du  maître,  assis  à  son  pupitre,  tandis  que  les  autres 
suivaient  plus  ou  moins  ou  bavardaient  entre  eux.  Toute  la  classe  y  passait  ; 
puis,  commençait  la  lecture  en  chœur,  scandée  par  le  bruit  de  cigale  du  délicieux 
signal.  Pas  de  questions  sur  le  texte,  pas  d'explications  de  mots.  Parfois  les 
enfants  étaient  priés  d'apporter  de  chez  eux  des  sujets  de  lecture.  On  les  voyait 
alors  arriver  qui  avec  une  gazette,  qui  avec  un  almanach,  qui  avec  un  catalogue, 
le  tout  recruté  dans  les  bons  ménages  de  l'endroit,  et  chacun  de  lire  en  classe  ce 
qu'il  avait  apporté. 

Apprendre  les  quatre  règles,  c'était  tout  le  but  à  atteindre  en  calcul. 

Conséquence  :  sur  84  habitants  nés  dans  la  commune  de  Grandhan,  on  en 
trouve  14  ne  sachant  ni  hre  ni  écrire  de  1826  à  1835. 

Pour  encourager  ses  élèves,  le  maître  distribuait  des  images.  Les  plus  appli- 
qués étaient  investis  d'emplois  de  confiance:  scier  du  bois,  nettoyer  la  classe 
avec  l'arrosoir  en  pain  de  sucre  renversé,  tenir  la  main  des  petits  et  diriger 
leurs  timides  essais  sur  l'ardoise  ou  le  cahier,  leur  faire  répéter  les  lettres. 

Dans  les  punitions,  le  châtiment  corporel  dominait  :  le  maître  distribuait  à 
tour  de  bras  Vhuile  de  coudrier  sur  le  dos,  sur  la  tète,  sur  la  pointe  des  pieds, 
sur  le  bout  des  doigts  ;  mises  à  genoux  sur  une  vive  arrête,  les  bras  levés  tenant 
une  bûche  ou  un  gros  livre  ;  bonnet  d'àne,  transcriptions,  retenues,  expulsions, 
le  tout  terminé  souvent  par  l'invasion  d'une  mère  en  furie  venant  en  pleine  classe 
prendre  la  défense  de  sa  progéniture. 

Chaque  élève  apportait  à  tour  de  rôle  le  bois  nécessaire  au  chauffage  de  la 
classe.  Le  maître  recevait  souvent  des  cadeaux  :  des  galettes  au  nouvel  an,  à 
Pâques  des  œufs,  des  tartes  à  la  fête,  à  la  St-Nicolas  des  conques. 

A  partir  de  1842,  tout  se  perfectionne,  surtout  avec  le  nouveau  local  bâti  en 
1857  et  les  nouveaux  maîtres  diplômés  de  Nivelles,  Malonne  et  Carlsbourg  : 
Devillez  (1855),  Rossignon  (1856-57),  Schmit  (1857-61),  Lucien  Feltesse  (1861- 
1896),  Florent  Feltesse  (1896-1910),  Diogène  Hubin  (1910). 


92     — 


Sur  6->7  personnes,  de  1846  à  1892,  on  n'en  trouve  plus  (pie  3  ne  sachant  lire 
ni  écrire,  dans  toute  la  commune  de  Grandhan  (1). 


§vi. 


L'Église  Sainte-Marguerite.    Le  Mobilier.    La  Fabrique. 


1.  L'église  Ste-Marguerite,  coquettement  assise  au  flanc  de  la  colline,  avec  ses 
vieux  murs  de  pierres  grises  tranchant  sur  la  verdure  du  fromental,  entourée  de 
son  antique  cimetière  où  reposent  dix  siècles  endormis,  forme  avec  les  bâtisses 

de  l'école  et  du  presby- 
tère en  briques  rouges, 
un  groupe  délicieux  à 
l'œil,  un  motif  d'aqua- 
relle, qui  a  tenté  le  pin- 
ceau de  plus  d'un  artiste. 
Elle  est  exactement 
orientée,  comme  toutes 
les  vieilles  églises.  Da- 
tant de  l'époque  romane 
elle  en  a  gardé  le  cachet 
sévère,  malgré  ses  mul- 
tiples restaurations.  La 
vieille  tour  massive,  son 
parvis  percé  de  meur- 
trières, ses  trois  portails 
en  plein  cintre,  ses  co- 
lonnes et  sa  grande  ar- 
cade à  l'entrée  du  chœur, 
lui-même  en  gothique 
tertiaire  ;  ses  fenêtres 
en  ogive,  avaient  depuis 
longtemps  attiré  l'at- 
tention des  amis  de  l'art 
chrétien.  Le  10  janvier 
1910,  une  décision  mi- 
nistérielle l'a  placée  parmi  les  monuments  de  troisième  classe. 


l'Iiut.  Eug.  Haverland. 

Grande  Eneille.  —  Le  Porche  do  TÉglise. 


<l)  Note  de  M.  Florent  Feltesse,  ancien  In.^tituteur  d'Eneille. 


—     93     — 

Antérieure  à  U78  et  à  la  bulle  d'Alexandre  III,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'elle 
date  réellement  de  l'an  mil,  comme  le  rapporte  un  ancien  religieux  de  Neuf- 
moustier  qui  écrit  l'avoir  lu  dans  les  annales  de  l'abbaye. 

Le  chœur  fut  restauré  en  1633.  Les  nervures  et  l'aspect  général  sont  peu  régu- 
liers. Du  milieu  de  la  nef,  le  chœur  parait  légèrement  incliné  vers  la  gauche. 
C'est  que,  d'après  Lequarré,  dans  son  traité  des  mesures  au  pays  de  Liège  : 
«  Les  maçons  n'èstît  wère  adon  ustiyî  corne  oùy  po  fé  des  dreutès  royes^ 
qwand  c'est  qu'èle  èstît  on  po  longues.  C'est  coula  qui  d'vins  lès  grandes 
églises  {et  même  dans  les  petites  comme  à  Eneille),  qu'ont  stu  batèyes  i-a 
passé  treus,  qwate,  cints  ans,  on  veut  téle-f'èy  des  finiesses  qui  sont  deûs, 
treûs  pôces  pu  hautes  di  soù  {seuil)  eune  qui  l'aute.  C'est  coula  ossu  qu'on 
veut  l'Keur  di  ces  èglîses-la  clintchî  'ne  miète  so  l'costé,  rapportai  roye 
de  mitan  dèl  grande  alêye.  1-enn  'a  qui  volet  qu'  les  architèques  d'adon 
l'arît  fait  èn-èsprès  po  r'prèsinter  l'tiesse  de  Bon  Diu  sol  creûs  on  pô 
clintchêye  de  filintche  costé.  Ci  sèreût  vrêy,  si  l'Keur  di  totes  les  églises 
clintchîve  todi  dé  mimne  sins  ;  mins  i-a  dès  cisses  qui  n'clintchèt  nin,  èt^ 
wice  qu'èle  èl  fêt,  tôt  as  teitre  c'est  vès  l'hlintche  main,  tôt  as  teûre  vès 
l'dreùte,  qui  l'Keur  est  fou  roye  avou  l'grande  alêye  :  c'est  corne  i-a- 
touméve  ".  Le  même  auteur  explique  l'irrégularité  des  nervures  par  l'absence 
du  mètre  aux  multiples  divisions,  permettant  de  prendre  des  mesures  précises. 
Les  maçons  de  village  se  servaient  d'une  grande  règle  qui  dirigeait  l'œil  à  la 
diable  dans  le  domaine  de  l'à-peu-près. 

En  1665,  Noël  de  Pierreux  restaure  la  nef  et  agrandit  les  deux  fenêtres  — 
les  fenêtres  de  gauche  et  la  3*^  à  droite  sont  de  date  récente  —  refait  les  deux 
boiseries  du  chœur,  —  l'une  est  encore  au  jubé.  (Une  ligne  en  retrait,  à  courbe 
romane,  sur  les  deux  murs  latéraux,  à  l'entrée  du  chœur,  semble  indiquer  qu'il 
y  avait  là  deux  chapelles,  l'une  dédiée  à  la  Ste.  Vierge  ;  l'autre  à  S  te.  Marguerite, 
en  face  de  laquelle  fut  enterré  le  greffier  Pirard). 

En  1689,  André  Le  Charpentier  fait  «  la  réparation  de  la  tour  entière  et  église 
d'illecque,  laquelle  nous  avons  commencée,  dit-il,  le  deuxième  avril  1689,  la  veille 
de  l'Invention  Ste. Croix,  après  avoir  invoqué  l'assistance  de  Dieu,  de  la  Ste.  Vierge 
et  de  notre  bonne  patronne  Ste.  Marguerite  —  solennellement  par  le  très  saint 
sacrifice  de  la  messe,  le  Vénérable  étant  exposé  ;  lequel  achevé,  nous  sommes 
allés  procession nellement  aux  fondements  de  la  tour,  pour  y  bénir  les  trois  pre- 
mières pierres,  laquelle  bénédiction  étant  faite  et  trois  collectes  dites  en  l'hon- 
neur de  St.  Joseph,  Ste.  Marguerite  et  Ste.  Barbe,  Noble  Dame  Madame  Mar- 
guerite de  Prez,  dame  douairière  des  Enneilles,  a  rais  la  première  pierre,  moi,  la 
seconde,  et  Monsieur  de  Prez,  frère  de  la  dite  Dame,  la  troisième  ;  et  par  après, 
la  plus  saine  partie  de  mes  paroissiens  sont  descendus  l'un  après  l'autre  dans  les 


—     94     — 

fondements,  Irappei-  sur  les  tcois  pierres  avec  le  marteau  des  maçons  ».  Elle  fut 
achevée  le  deux  juillet  1689.  La  tour  entière  comprenait  25  verges  de  murailles 
et  trois  portails  de  pierres  neufs.  Le  portail  intérieur,  faisant  face  à  la  nef,  porte 
la  date  de  1689. 

Le  tout  a  coûté  181  patagons  et  six  eskelins. 

Le  coffre  Ste.  Marguerite  suffit  presqu'à  lui  seul  pour  couvrir  ces  frais  de 
réparation.  En  1687  et  en  1688,  on  y  avait  trouvé  en  deux  saquelets  157  pata- 
gons et  demi  et  18  patars.  Des  dons  particuliers  firent  le  reste. 

Pour  disposer  ainsi  de  l'argent  de  l'église  il  avait  fallu  l'autorisation  du  Révé- 
rend officiai  forain  au  Luxembourg,  Jean  d'Awan,curé  de  Petithan,  qui  l'accorde 
pour  cette  fois  seulement,  le  29  avril  1689.  La  requête  qui  lui  fut  adressée  par 
le  curé,  le  seigneur  et  les  paroissiens  d'Eneille,  remontre  la  nécessité  pressante 
qu'il  y  a  de  réparer  incessamment  la  tour  de  leur  église,  »  voulant  tomber  et 
défectueuse  de  trois  côtés.  Et  comme  cette  charge  est  incombante  aux  manants, 
lesquels  dans  la  conjoncture  présente,  outre  les  pierres  et  autres  matériaux  qu'ils 
ont  fourni  bien  avec  de  la  peine,  sont  incapables  de  donner  autre  chose,  "  les 
suppliants  demandent  à  l'ofïîcial  la  permission  de  prendre  les  dépens  nécessaires 
pour  la  main-d'œuvre  hors  de  l'épargne  des  revenus  de  l'église  «  qui  est  bien 
ornée  et  ne  manque  de  rien.  »  Il  y  eut  le  jour  de  la  pose  de  la  première  pierre 
de  grandes  festivités  à  Eneille  :  le  compte  des  mambours  de  cette  année  porte  24 
patars  (env.  l  fr.  40),  pour  les  ménestriers. 

L'an  1777,  le  9  du  mois  de  mai,  vers  les  onze  heures  et  trois  quarts  du  soir, 
la  flèche  de  l'église  fut  foudroyée.  C'est  depuis  lors  qu'elle  offre  à  l'œil  cet  aspect 
tronqué  de  pain  de  sucre  entamé,  qui  contraste  si  fort  avec  la  grâce  de  la  tulipe 
renversée  qui  domine  le  parvis  accolé  à  la  tour.  Voici  la  relation  du  fait  par  un 
témoin  autorisé  :  «  Ce  jour  là  nous  avons  essuyé  Voragand  le  plus  furieux.  De 
mémoire  d'homme,  il  n'en  est  point  arrivé  de  semblable.  En  quatre  ou  cinq 
minutes  de  temps  tout  a  été  entièrement  ravagé  et  dévasté  par  la  grêle  et  par 
le  vent  si  impétueux  qu'il  a  renversé  plusieurs  maisons,  arraché  les  arbres  les 
plus  forts,  chesnes,  hêtres,  tilleux  ;  et  les  wassends,  qui  étaient  tous  en  épis, 
ont  été  entièrement  non  ravagés,  mais  hachés,  au  point  qu'en  bien  des  endroits 
il  n'en  restait  le  moindre  vestige,  la  terre  trop  légère  ayant  été  pour  ainsi  dire 
labourée  et  couverte  de  grêlons  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon,  à  un  demi- 
pied  de  haut. 

Cet  affreux  orage  s'est  formé  au-delà  du  Hainaut  français,  et  a  passé  par  Va- 
lenciennes,  déjà  avec  la  même  violence  et  faisant  les  mêmes  dégâts,  prenant  sa 
direction  sur  ce  pays,  dont  les  Eneilles  et  Noiseux  se  trouvaient  malheureuse- 
ment dans  le  centre  —  les  voisins  des  deux  côtés  n'ayant  pas  également  souffert 


—     95     — 

de  la  grêle  —  et  a  été  flni,  à  ce  que  nous  avons  pu  apprendre,  dans  les  déserts 
du  pays  de  Salm.  Sa  largeur  ordinaire  n'était  qu'environ  deux  lieues. 

L'inexpérience  nous  a  été  très  nuisible  :  les  plus  laborieux  de  ceux  qui  ne 
manquaient  point  de  ressources  ont  remis  la  charrue  dans  les  endroits  ensemen- 
cés de  wassend,  pour  y  resemer  de  l'orge  ou  de  l'avoine,  qui  n'ont  point  du  tout 
réussi  ;  et  ceux  qui  ont  laissé  leur  terre  et  essarts  à  la  merci  de  Dieu,  ont  encore 
recueilli  quelque  chose  :  environ  une  moitié  de  récolte  ordinaire  ;  car  si  on  s'était 
gardé  d'y  mettre  un  peu  trop  longtemps  le  bétail,  on  était  ravi  avec  admiration 
de  voir  repousser  les  grains  de  ceux  qui  n'avaient  point  eu  la  force  de  relabou- 
rer et  qui  les  avaient  affranchis  de  la  pâture».  Hoc  descripsit  RandoUet, 
pasior  in  Eneilles. 

Le  même  curé  RandoUet,  si  poétique  dans  ses  narrations  et  si  pratique  dans 
ses  comptes,  consigne  aux  Exposita  de  1777  les  notules  suivantes  : 

Après  l'affreux  ouragan  de  1777,  les  Demelenne  de  Marche  ont  travaillé  quatre 
jours  aux  réparations  du  toit  de  l'église  et  de  la  flèche,  deux  jours  à  28  sous  et 
deux  à  17  V2  ;  puis,  il  leur  compte  cinq  pintes  de  bière  à  1  florin  ;  note  qu'ils  ont 
employé  deux  mille  ardoises  de  Herbeumont  à  vingt-deux  escalins  le  miUe,  deux 
mille  clous  de  lattes  à  28  sous  le  mille;  marque  1  fl.  16  sous  pour  le  chartier  qui 
est  allé  chercher  le  tout  à  Marche  ;  plus  18  florins  de  plomb  acheté  chez  la  Veuve 
Grépin  ;  ce  qui,  avec  divers  menus  frais,  donne  pour  la  réparation  de  la  flèche 
et  du  toit  environ  55  florins. 

En  1813  et  en  1815,  les  murs  délateur  et  de  l'église  furent  encore  réparés 
pour  une  somme  de  209  florins. 

La  dernière  grosse  réparation  a  commencé  vers  la  St-Pierre  1840,  et  fini  à  la 
même  époque  en  1841,  du  temps  de  M.  Georis,  qui  écrit  que  «  l'éghse  fut  rétablie 
presqu'à  neuf,  puisque  les  travaux  s'élevèrent  à  plus  de  6000  francs,  prélevés 
en  partie  sur  une  coupe  extraordinaire  d'une  contenance  égale  à  l'ordinaire  de 
deux  années,  au  bois  d'Eneille,  y  compris  les  chênes  de  l'année  courante,  pour 
une  valeur  de  2500  francs  », 

La  sacristie^  avec  le  comble,  fut  faite  en  1704,  avec  trois  charrées  de  pier- 
res cherchées  sur  Côreux,  comme  d'ailleurs  toutes  les  pierres  pour  les  murailles 
de  l'église  et  du  cimetière.  Elle  fut  pourvue  d'une  armoire  en  chêne,  pour  remi- 
ser les  ornements  et  vases  sacrés.  C'est  un  modèle  du  genre,  très  commode  ;  mais 
aujourd'hui  trop  petite  pour  contenir  toutes  nos  richesses  ornementales. 

Un  retrait  du  mur  rappelle  qu'il  y  avait  en  face  de  l'autel  une  ouverture  per- 
mettant aux  seigneurs  d'assister  à  la  messe  de  la  sacristie  même. 

En  1741,  Lambert  Grofay  fait  faire  l'échelle  pour  la  montée  aux  cloches  ;  en 


I 


—     96     — 

1744,  la  nionlée  de  l'église  —  un  petit  escalier  taillé  dans  le  roc  aboutissant  à 
l'entrée   réservée  aujourd'hui  au  curé  —  les  piliers  et  la  porte  de  la  montée  ; 

il  fait  relever  et  raccommoder  le 
grenier  et  les  deux  fenêtres  de 
la  chambre  au-dessus  du  parvis, 
servant  de  remise  à  divers  objets 
usuels. 

Le  colombier,  au-dessus  du 
chœur,  date  de  i526,  au  temps  du 
curé  de  Grée.  Son  établissement  a 
coûté  10  florins. 

A  remarquer  au-dessus  du  clo- 
cher, du  chevet  de  la  nef  et  du 
chœur,  trois  croix  en  fer  battu 
très  élégantes  ;  et,  enclavé  dans  la 
maçonnerie  de  la  tour,  un  crucifix 
de  pierre,  si  vieux  et  si  étrange 
dans  sa  forme  de  têtard,  qu'il  doit 
remonter  très  loin  dans  l'histoire 
du  style  décoratif.  C'est  probable- 
ment une  croix  tombale  du  XV* 
siècle. 


Phot.  Eug.  Haverland. 

GRANDE  ENNEILLE. 

Ancienne  croix  <)u  cimetière  encastrée 

dans  la  tour  de  l'église. 


2.  Le  mobilier.  —  Le  grand  autel  fut  placé  en  1710.  Il  avait  été  amené  de 
Durbuy  par  des  bateliers  qui  ont  reçu  12  escalins  (env.  7  f.  30).  On  y  a  travaillé 
sur  place  environ  100  jours,  à  partir  du  25  mai.  Le  tout  a  coûté  295  florins 
et  4  patars,  savoir  le  piédestal  avec  le  tabernacle,  les  colonnes,  le  tpmpane, 
la  corniche,  les  chapiteaux,  la  moulure,  le  tableau  avec  les  planches,  les 
quatre  anges  (il  n'y  en  a  plus  que  deux),  la  couronne  impériale  au-dessus 
du  tabernacle,  y  compris  les  frais  du  sculpteur  Hallet  et  du  peintre  Riga,  les 
deux  de  Liège. 

Un  des  compartiments  du  tabernacle,  réservé  aux  expositions  solennelles, 
représente,  en  bas  relief.  Dieu  le  Père  sortant  d'un  nuage,  sur  un  vol  de  ché- 
rubins. 

On  voit  par  le  détail  des  pièces  qu'il  s'agit  là  de  notre  maître-autel  d'aujour- 
d'hui, en  style  renaissance,  si  bien  en  désaccord  avec  le  caractère  de  tout 
l'édifice. 

Les  deux  petits  autels,  dans  le  même  style,  moins  artistiques  pourtant,  ont 
été  placés  en  1743,   par  Lambert  Grofay,  l'un  en  l'honneur  de  la  Ste.   Vierge, 


—     97     — 

l'autre  en  l'honneur  de  Ste.  Marguerite,  patronne  de  l'église.  Avec  le  grand 
autel  ils  forment  un  groupe  qui  pourrait  être  très  harmonieux,  s'il  était  dans  un 
autre  cadre  ;  et  si  à  droite  et  à  gauche,  ils  ne  masquaient  de  façon  déplorable  la 
grande  arcade  du  chœur. 

Les  trois  autels  sont  garnis  de  façon  très  cossue  par  les  vieux  chandeliers  en 
cuivre,  véritables  dinanderies,  apportées  probablement  de  la  ville  de  Huy,  ce 
centre  de  l'art  du  cuivre  aux  temps  anciens,  par  les  chanoines  de  Neufmoustier, 


Phot.  Ed.  Petit. 


L'expositorium  ou\ert  et  les  anges  adorateurs. 


de  qui  viennent  aussi  sans  aucun  doute  nos  deux  meubles  les  plus  précieux,  la 
crédence  et  le  baptistère.  La  crédence  est  un  édicule  des  débuts  de  la  renaissance, 
composé  d'une  niche,  portée  sur  une  colonne  ornée  de  feuillages  ;  la  niche  est 
surmontée  d'un  tympan  ayant  au  centre  une  tête  ailée  de  chérubins  et  terminé 
par  un  fleuron  formé  de  grappes  de  raisins.  Le  baptistère,  en  pierre  bleue,  avec 
son  vaste  couvercle  en  cuivre  battu,  avec  sa  cuve  quadrangulaire  ornée  de  têtes 


—     98     — 

humaines  représentant  les  quatre  fleuves  du  paradis  terrestre,  avec  sa  colonne 
massive  cantonnée  de  quatre  colonnettes,  dont  la  base  moulurée  est  reliée  aux 
angles  par  des  griffes,  date  du  XIF  siècle,  comme  les  baptistères  de  Russon 
et  de  Flônes,  qui  lui  ressemblent.  On  ne  voit  pas  dans  les  archives  à  quelle 
époque  ces  deux  merveilles  ont  été  placées  dans  l'église,  ce  qui  indiquerait 
qu'elles  y  étaient  avant  1510,  date  de  nos  plus  anciens  registres. 


l'hot.  Edouard  l'rlil. 

GRANDE  ENEILLE. 
L'autel  de  la  Sainte  Vierge.  L'arc  triomphal  et  le  chœur.  L'autel  de  Sainte  Marguerite. 

André  le  Charpentier  parle  une  seule  fois  des  Saints  Fonts  ;  c'est  pour  dire 
qu'il  les  a  fait  renfermer.  Peut-être  veut-il  dire  que  c'est  lui  qui  les  avait  si 
malencontreusement  murés  de  trois  quarts  dans  la  niche  ofi  ils  restèrent  invi- 
sibles et  inabordables  jusqu'en  août  19U. 

La  partie  supérieure  était  protégée  par  un  débris  de  balustrade  en  style  re- 
naissance, encadré  dans  une  arcade  détachée  des  anciennes  stalles  du  chœur. 
La  balustrade  clôturait  le  chœur  au  droit  de  l'arc  triomphal,  dans  lequel  sont 
encore  les  encoches  qui  emboîtaient  ses  deux  extrémités. 

Le  chœur  fut  agrandi  à  cette  époque  de  l'espace  correspondant  aux  deux  petits 
autels,  entièrement  pavé  en  marbre  de  St-Remy,  avec  belle  rosace  centrale, 


—     99     — 

cerclant  de  noir  une  merveilleuse  étoile  en  marbre  rouge,  noir,  blanc  et  bleu, 
en  dessous  de  la  lampe  ardente. 

L'église  Ste-Marguerite  était  bien  meublée,  et  tout  allait  bien  dans  ses  finances, 
jusqu'aux  dates  malheureuses  où  elle  subit  plusieurs  pillages  successifs,  au  temps 
des  guerres  du  XVIP  siècle.  Nous  en  parlerons  plus  loin.  Mais  il  y  avait  dans  le 
pays  d'autres  pillards  que  les  soldats  étrangers,  et  l'église  d'Eneille  fut  souvent 
visitée  par  les  voleurs,  même  jusqu'en  l'an  de  grâce  1910. 

«  La  nuit  du  29  au  30  décembre  1739,  l'église  d'Eneille  a  été  volée  par  des  fri- 
pons qu'on  n'a  jamais  pu  découvrir.  Après  avoir  cassé  un  barreau  à  la  fenêtre  de 
la  sacristie,  ils  ont  forcé  toutes  les  portes  des  armoires,  levé  hors  de  sa  place  la 


Phot.  Ed.  Petit. 


GRANDE  ENEILLE.  —  Vue  prise  du  Jubé. 


tour  du  tabernacle,  enlevé  une  belle  remontrance  toute  en  argent,  un  beau  calice 
tout  d'argent  et  un  ciboire  de  même,  jeté  les  saintes  hosties  sur  l'autel  et  derrière 
les  chandeliers;  puis  deux  calices  avec  deux  voiles,  dont  l'un  a  été  retrouvé,  qui 
est  celui  avec  Jésus  Cordi  en  or,  trois  mois  après  le  vol,  dans  un  houle  (talus) 
de  terre.  Ils  ont  seulement  laissé  les  pieds  des  dits  calices,  n'étant  que  de  cuivre. 
On  a  retrouvé  les  deux  pieds  dans  les  prunelliers,  près  du  cimetière  ». 

On  y  a  remis  deux  coupes  d'argent.  L'église  d'Eneille  a  encore  un  de  ces  calices 
au  pied  de  cuivre  argenté  portant  comme  inscription  :  «  par  légat  de  messire 
Jean  Fabricius,  dit  le  Maréchal,  natif  de  ce  village  et  vice-pasteur  de  St-André 
à  Liège,  1631  ». 


—     100     — 

"  Le  curé  (îrofay  refournit  ensuite  son  église  des  autres  vases  sacrés  sans  avoir 
intéressé  en  rien  la  communauté,  sinon  Madame  d'Eneille,  les  demoiselles  ses 
filles,  la  vieille  Agnès  Danthine  et  Antoine  Bonjean,  son  beau-frère,  qui  eurent 
la  charité  de  l'assister. 

Parmi  ces  vases  sacrés  il  y  avait  un  calice  acheté  à  Liège  pour  138  florins 
(environ  165  fi's.),  pour  lesquels  les  paroissiens,  de  bon  cœur,  lui  laissèrent  trois 
livres  de  cire  pour  le  compenser  de  ce  qu'il  l'avait  payé  de  son  ai'gent.  Ce  n'était 


Pliot.  Ed.  Petit. 

GRANDE  ENEILLE. 

Image  de  la  Sainte  Vierge. 


La  voûte  du  chœur. 


pas  la  moitié  de  sa  valeur,  mais,  dit  le  curé,  «  je  l'ai  fait  volontiers  pour  l'amour 
de  Dieu  et  la  décoration  de  sa  maison,  à  laquelle  j'ai  travaillé  autant  que  j'ai  pu 
depuis  mon  entrée  dans  la  cure  ».  En  retour  de  ces  largesses,  il  demandait, 
en  cas  que  le  Seigneur  le  rappelât  subitement,  d'avoir  de  l'église  une  chasuble, 
aube,  amict  et  reste,  pour  être  enseveli,  ayant  donné  de  son  argent  deux  aubes 
et  une  belle  chasuble. 

Le  18  août  1751,  nouveau  vol  avec  effraction,  dont  coût  27  florins  de  répara- 
tions, entre  autres  pour  les  barreaux  de  la  sacristie. 


101 


A  la  fin  du  mois  d'aoftt  1752,  écrit  le  curé  RandoUet,  Mademoiselle  Adriane- 
Charlotte  de  Brialmont-Wallay,  présentement  Dame  des  Eneilles,  a  eu  la  bonté 
d'envoyer  à  mon  prédécesseur  une  assiette  et  deux  burettes  d'argent  pour  nous 
en  servir  dans  notre  église,  ce  que  j'annote  ici  pour  mémoire,  afin  de  me  sou- 
venir et  mes  successeurs  de  prier  Dieu  pour  elle  dans  les  saints  saciifices  de  la 
messe,  surtout  les  fêtes  solennelles  ».  ^ 

Ces  burettes  et  cette  assiette,  d'une  grande  valeur,  sont  marquées  aux  armes 
*  V  des  Brialmont  et  sont  datées  de  1744  ».   Elles 

étaient  sans  doute  comprises  dans  l'argenterie 
donnée  hors  part  à  sa  fille  Adriane-Gharlotte  par 
Gérardine  de  Goppin,  morte  en  1752  ;  et  ont  dû 
servir  auparavant  pour  la  messe  au  château. 

En  1770,1a  même 
demoiselle  «  nous 
a  prêté  la  pierre 
d'autel  pour  servir 
à  l'autel  de  la  Vier- 
ge Marie.,  situé  à 
droite  dans  la  nef 
de  notre  église,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  ou 
les  héritières  la  re- 
demandent, dont  je  lui  ai  donné  un  billet  d'obli- 
gation, »  dit  le  même  RandoUet. 

Le  confessional  et  l'harmonium  ont  été  donnés 
par  Monsieur  Prémont.  Le  lustre  en  style  Louis 
XVI,  qui  décore  la  nef,  est  un  don  des  demoiselles 
Marie-Josèphe  et  Marie-Anne  GoUin.  Il  a  coûté 
300  francs.  Les  deux  grands  candélabres  des  jours 
de  fête  ont  été  faits  sur  le  modèle  de  cet  ancien 
lustre,  mais  avec  moins  d'art. 

La  statue  de  S.  Roch  porte  sur  le  socle  l'inscrip- 
tion suivante  :  Joannes  Wilmotie,  picior,  et 
Augustus  de  Fave^^eau,  ynagister  et  disci- 
pulus,  sculpserunt  dederunique  Anearum 
ecclesiae  anno  1816.  Gette  statue,  en  terre 
cuite,  ne  manque  pas  d'élégance. 

La  statue  de  Ste.  Marguerite  et  surtout  celles 
des  anges  adorateurs,  rappellent  la  façon  du 
sculpteur  Jean  Delcour  (1627-1707)  (1). 


Phot.  Eug.  Haverland 
et  Ed.  Petit. 

GRANDE  ENEILLE. 
Burettes  et  plateau  du  XVlii'  .siècle 


Phut.  Eug.  Haverland. 

GHANDE  ENEILLE. 
Créilenc.3. 


(1)  Voir  pages 


—     102 


La  statue  de  St.  Donat  et  la  crèche  sont  des  dons  de  la  famille  Fabri. 
Le  chemin  de  la  croix  en  toile  peinte,  date  des  débuts  du  ministère  de 
M.  Prémont. 
La  chaire  n'a  de  remarquable  que  Tange  à  la  trompette  sacrée. 
Naguère  l'arcade  du  chœur  était  ornée  d'une  série  de  statuettes  en  bois  repré- 
sentant les  douze  apôtres,  groupés  en  demi-cercle  aux  deux  côtés  de  Notre-Sei- 
gneur.  «  Sans  valeur  artistique,  ces  statuettes  aux  attitudes  bizarres  avaient 

donné  lieu  à  des  jeux  de  mots 
peu  décents,  de  sorte  que 
leur  suppression  s'imposait  » 
dit  le  rapport  du  Commis- 
saire d'arrondissement,  M. 
Gilles,  chargé  par  le  minis- 
tre de  la  Justice  et  le  Gou- 
verneur de  la  province  de 
réintégrer  ces  petits  saints 
drôles,  onze  ans  après  qu'ils 
avaient  disparu  sans  laisser 
leur  adresse. 

La  Vierge  de  Lourdes  est 
pleine  de  grâce  et  de  majesté. 

Les  cloches.  —  Comme 
toutes  les  cloches,  elles  ont 
été  souvent  fondues  et  refon- 
dues. Citons  un  cas.  Le  jour 
de  la  Visitation  N.-D.  1672, 
Nicolas  de  Brialmont,  sei- 
gneur des  Eneilles  et  Wallay , 
fut  choisi  comme  parrain  de 
la  nouvelle  cloche,  baptisée 
Marguerite,  patronne  de  l'é- 
glise. La  marraine  fut  noble 
demoiselle  Andriane  Char- 
lotte de  Hamal,  fille  du  sei- 
gneur de  Petite-Somme.  La  précédente  avait  été  brisée  en  sonnant  le  deuxième 
coup  de  la  messe  basse. 

Il  y  eut  à  Eneille  tantôt  une  cloche,  tantôt  deux.  L'avant-dernière  est  célèbre 
par  son  poids,  1600  kilos,  son  beau  timbre  de  basse,  qu'on  entendait  de  Marenne, 
à  3  lieues,  à  vol  d'oiseau,  bien  entendu.  Ses  débris  ont  donné  les  deux  cloches 
actuelles. 


Phot.  Eug.  Haverland. 

GHANDE  ENEILLE. 


La  cuve  baptismale. 


—     103     — 


L'une  porte  comme  inscription  :    Convoco  populos  ad  sancta  festa  Dei  ; 
l'autre  ;   Te  nascente  cecini,  te  moriente  gemam. 

(A.  Causard.  Tellin,  1902.)  Ce  qui  veut  dire  :  Je  convoque  les  foules  av^ 
saintes  fêtes  de  Dieu 

Je  Vax  chanté  naissant,  je 
te  pleurerai  mourant. 

De  la  grosse  cloche  furent 
parrain  et  mari'aine  les  châte- 
lains d'Eneille,  M.  Joseph  Fabri 
et  sa  nièce,  M«»e  Marie  du 
Monceau  de  Liège. 

De  la  petite,  Nestor  et  Lucie 
GoUin  de  Grande  Eneille. 

—  Dans  le  courant  du  mois 
d'août  1911,  les  pierres  tom- 
bales, éparses  dans  l'église,  fu- 
rent relevées  et  dressées  autour 
du  chœur,  qui,  grâce  à  cette 
décoration  séculaire,  retrouve 
son  cachet  d'antique  et  solen- 
nelle gravité.  Plusieurs  de  ces 
pierres  mesurent  1.59  x  0.95, 
0"22  centim.étres  d'épaisseur, 
et  pèsent  un  peu  moins  de 
1000  kilos. 

De  cette  année  date  aussi  la 
translation  des  Saints  Fonts  à 
leur  place  naturelle,  sous  un  4*^ 
et  nouveau  portail  au  fond  de 
l'église.  Ce  travail,  qui  a  duré 
vingt  jours,  fut  exécuté  à  souhait  par  François  Dachouffe  et  ses  fils,  aidés  des 
frères  Grignet  et  Auguste  Linhet,  sous  la  direction  de  M.  Eugène  Haverland, 
architecte. 

3.  La  Fabrique.  Les  revenus  et  les  charges.  Les  mambours  de  l'église 
et  des  pauvres .  Les  biens  de  la  Fabrique  étaient  administrés  par  un  ou  plusieurs 
mambours,  conjointement  avec  le  curé,  mambour  principal. 

L'église  Ste-Marguerite  était  déjà  considérablement  dotée  au  commencement 
du  XVI*  siècle.  Le  registre  des  rentes  renseigne  pour  1510  deux  deniers  de  cens 


Phot.  Euy.  Haverland. 

Tête  d'angle  de  la  cuve  baptismale. 


—     104 


en  argent  ;  en  nature,  1 1  muids  et  5  setiers  d'avoine  ;  9  muids  et  3  setiers 
d'épeautre,  parmi  lesquels  un  muid  et  quatre  setiers  d'épeautre  pour  les  pauvres. 
Les  héritages  Ste-Marguerite  se  composaient  alors  de  27  pièces  do  terres 
labourables  ou  prairies,  sans  compter  «  le  Fosse  Ste-Marguerite,  si  long  et  si 
large  qu'il  s'estend,  en  bois,  en  haies  et  en  terres  ".  Les  déboursements  dépas- 
sent les  recettes  de  14  aidants  et  5  blancs. 

En  voici  le  détail  :  a  curé 
un  muid  de  spelt  por  feir  les 
comptes  Ste-Marguerite.  — 
por  les  chandelles  et  despans 
du  chandelion  ;  pour  del  chyr 
(cire)  al  chandlues,  à  paske, 
al  pandicosse  et  al  tossés, 
96  aidants  1/2  —  por  a  curé 
por  feir  le  puens  de  lammes 
(le  pain  de  la  messe),  2  ai- 
dants (48  sous),  por  des 
hosty  3  aidants,  —  por  al 
amône  (les  pauvres)  ;  —  por 
le  dey  (3  aidants),  por  le 
sah  à  pashe  (3  aidants 
monnoye  de  Dry  but).  Nous 
ne  parvenons  pas  à  com- 
prendre ces  deux  expressions 
locales.  Plus  tard  on  lit  : 
pour  le  cley  ou  le  clé  ou  le 
vin  a  cena  ou  de  sena  ;  pour 
le  cley  de  mostire  à  tenir  le 
sena  ou  le  sens  cène  (la  sainte 
Gène)  ;  pour  une  skot  ou 
schoy  le  jour  de  sin  Sen,  en 
la  maison  du  vestit.  On  lit 


PUot.  Ed.  Petit. 

GRANDE  ENEILLE.         Le  baptistère. 


aussi  por  le  sak  à  Paske  et  papier  imbibé. 

Ce  compte  de  1510  se  borne  au  strict  nécessaire,  et  comme  dans  toutes  les 
paroisses  de  l'époque,  les  plus  fortes  dépenses  sont  pour  le  luminaire. 

Dans  le  compte  de  1512,  figurent  28  aidants  pour  aleiz  alyge  (à  Liège)  pour 
le  affeir  Set  Margarit,  à  casse  del  porclamation  ;  9  aidants  pour  sa  bienvenue, 
à  mossieur  le  Doyn  deqsilhe  (du  concile)  :  cette  mention  i-evient  tous  les  ans, 
ce  qui  dénote  que  la  visite  du  doyen  était  obligatoire  une  fois  par  an.  L'archi- 


—      105     — 

diacre  visitait  aussi  souvent  la  paroisse.  Au  compte  de  1516,  il  touche  10  aidants 
en  outre  de  sa  bienvenue,  pour  le  parvis  qui  n'avait  pas  été  fait  au  jour  qu'ils 
avin  meiu  (au  lieu  de  l'archidiacre  on  écrit  presque  toujours  les  archidiacres). 

Peu  à  peu  les  postes  du  compte  se  multiplient  avec  les  besoins  de  l'église.  Le 
prix  du  vin  et  de  l'huile  ne  paraît  aux  comptes  qu'à  partir  du  curé  Randollet, 
qui  renseigne  pour  pain,  vin,  huile,  18  fl.  brabants  ou  14  fl.  de  Liège. 

Les  derniers  comptes  du  même  curé  en  1782  donnent  un  revenu  total  de  16 
muids  d'avoine  et  6  d'épeautre  (environ  53  hectolitres  des  deux  sortes),  plus  4 
florins  de  cens  en  argent. 

A  cette  époque  on  doit  aux  pauvres  deux  muids  d'épeautre  (env.  5  hectolitres)  ; 
mais  il  y  a  des  défaillants  ou  retardataires  pour  le  paiement,  de  sorte  que  le  curé 
distribue  ce  qui  a  été  payé,  seulement  aux  plus  pauvres.  Au  XVP  siècle  la  rente 
des  pauvres  monte  jusqu'à  huit  muids  et  demi  d'épeautre. 

Cette  variation  dans  la  rente  des  pauvres  et  sa  diminution  peuvent  s'expliquer 
par  la  même  cause  qui  préside  aux  réductions  des  anniversaires  pour  les  morts. 

Des  cas  de  réduction  se  sont  présentés  plusieurs  fois,  notamment  en  1769, 
lorsque  la  Commission  des  Tabelles  du  Haut  Command  de  Durbuy,  dans  un  nou- 
veau jet  de  taille,  a  exigé  le  dixième  denier,  au  heu  de  10  petits  liards  sur  les 
rentes  foncières. 

Le  curé  Randollet  réclame  en  ces  termes  :  "  Les  rentes  qu'on  paie  au  curé, 
à  la  Fabrique  pour  les  défunts  ou  pour  les  pauvres,  ne  sont  que  des 
rentes  perpétuelles  que  les  pieux  fondateurs  ont  légatées,  chargeant 
leurs  héritiers  ou  certaines  pièces  de  leurs  biens  pour  certaine  quantité 
de  messes  ou  d'aumônes.  Ce  n'est  point  le  curé  ou  la  Fabrique,  c'est-à- 
dire,  les  créanciers,  qui  ont  remis  du  bien  sous  certaine  redevance  de 
rentes  foncières  ;  ce  sont  les  fondateurs  ;  c'est  à  ces  derniers  de  pâtir 
lors  de  l'augmentation  de  taille  foncière,  les  morts  en  fait  de  légat  n'é- 
tant pas  de  meilleure  condition  que  les  vivants,  lorsque  la  fondation  périt 
ou  qu'elle  diminue  malgré  ou  contre  la  volonté  de  la  Fabrique  ou  du  curé 
légataire. 

Supposant  que  quelqu'un  ait  fondé  dix  messes,  et  que  sa  volonté  fût 
que  ses  enfants  ou  héritiers  paieraient  dix  setiers  d'avoine,  ceux-ci  vou- 
lant en  vertu  des  tabelles  retenir  le  dixième,  le  fondateur  doit  nécessai- 
rement perdre  la  dixième  rnesse,  puisqu'un  setier  d'avoine,  évalué  au 
Command  de  Durbuy  à  8  sous,  fait  à  peine  le  montant  de  l'honoraire 
d'une  messe  et  surtout  d'un  anniversaire  ;  et  quand  même  la  rétribution 
serait  du  double,  il  n'appartient  plus  aux  débiteurs  de  la  restreindre  ou 
diminuer.  lien  est  de  même  pour  toutes  les  autres  fondations,  par pro- 


—      106 


portion,  qui  de  leur  naàirc  soni  libres  et  doivent  le  d  mcurer  au  risque 

et  péril  du  fondateur. 
D'autre  part,  comme  ce  n'est  pas  avec  du  grain  qu'on  paie  les  aides 

de  Sa  Majesté,  ce  n'est  pas  non  plus  avec  du  grain  qu'on  devrait  payer 

la  Fabrique  et  le  Curé. 
Le  compte  de  1511  porte  7  setiers  d'épeautre  à  payer  au  curé  pour  décharger 

les  anniversaires  Stassar. 

Sous  le  curé  du 
Pierreux,  il  y  avait 
déjà  91  messes  anni- 
versaires, dont  22  avec 
vigiles.  Actuellement 
il  y  a  131  messes  fon- 
dées, parmi  lesquelles 
se  trouvent  encore  les 
messes  portées  au  ta- 
bleau du  15*  siècle. 

Le  plus  ancien  do- 
cument de  la  Fabrique 
d'Eneille,  c'est  la  liste 
des  anniversaires  ins- 
crits sur  le  parchemin 
qui  recouvre  le  regis- 
tre des  rentes  de  1510 
à  1541.  Il  date  du 
commencement  du  15'' 
siècle. 

Pmus.  Jehan  de  bri- 
animt  et  demzelle  che 
feme  qui  ont  lesit  por 
leur  anniversaire  le 
quar  de  pré  de  trelis 
alencontre  de  l'englis. 

Badou  et  demzelle 
Isabei  che  feme  un 
setiers  vigilhe. 

adam  deneilhe  un  setiers.  Tyri  d'Amal  (alias  d'Herbet)  et  maghrit  che  feme 
1  setier  —  le  petit  Colin  et  agat  che  feme  1  setier  —  pirlotin  1  setier  —  Mathy 
decêne  et  maroye  che  feme  1  setier  —  lambier  le  tils  Jeha  alar  1  setier  davon  — 


Phut.  Kug.  Haverland . 

tiRANDE   ENEILLE. 
Ange  adorateur  flu  tabernacle. 


—     107     — 

lambier  lenfo  (Lampho)  I  setier  davon  et  pirà  rondia  un  setiers  davon  —  por  le 

feme  henri  dardenne —  Isabeal  le  feme  ponsar  l  setier  —  Catelin  le  feme 

Jehanson  1  setier  —  linard  rondia  1  setier  et  dame  Isabeal  —  Jehan  le  Gastelen 
1  setier. 

La  liste  des  biens  de  la  Fabrique  d'Eneille,  transmise  à  la  Direction  générale 
des  affaires  du  culte,  en  1817,  renseigne  300  ares  de  terrains,  dont  174  sur 
Noiseux,  le  tout  estimé  à  141  florins  75  cents  de  revenu  annuel,  déduction  faite 
des  frais  de  culture.  Il 
y  avait  6  sartages,  5 
prairies,  2  trieux,  2 
terres,  soit  16  pièces, 
grevées  chacune  d'une 
messe  hebdomadaire. 
Jusqu'en  1817,  ces 
biens,  comme  ceux  de 
la  cure,  étaient  en 
mains  de  3  détenteurs, 
considérés  comme  lo- 
cataires, payant  63  fr. 
72  de  location  pour 
les  biens  de  l'église, 
plus  310  francs  pour 
les  biens  delà  cure  (1). 
La  vente  Antoine  n'é- 
tait pas  encore  rati- 
fiée (2).  De  là  le  procès 
que  nous  avons  rap- 
porté au  sujet  des 
biens  de  cure. 

Les  prairies  que  la 
Fabrique  possède  ac- 
tuellement sur  Noi- 
seux ont  été  achetées 
en  1 864  pour  la  somme 
de  8840  frs.  La  vente 
des  foins  se  montait 
en  1908  à  233  francs, 
en  1909  à  497.  Depuis,  ces  prairies  sont  louées  pour  9  ans  au  prix  de  387  frs  75. 


Phot.  Eug.  Haverland. 

GRANDE  ENEILLE. 
Ange  adorateur  du  tabernacle. 


(1)  Arcliives  de  Somiue-Leu/.e.  r2)  Voir  page  74. 


—     108     — 

Les  inambours  étaient  chargés  de  recueillir  pendant  l'année  de  leur  gestion 
les  rentes  de  l'église  et  la  rente  des  pauvres,  et  de  les  répartir,  celle  des  pauvres, 
le  jour  du  Vendredi  Saint  ou  bon  Vendredi  ;  celles  de  l'église,  dans  le  courant 
de  l'année,  entre  les  différents  services  du  culte  paroissial.  Leur  année  commen- 
çait à  la  St-André  ;  et  généralement,  le  jour  de  la  Conception  de  Notre-Dame, 
ils  rendaient  compte  de  leurs  recettes  en  nature  ou  en  argent  et  de  tous  les 
déboursements  qu'ils  avaient  faits.  Au  XVP  siècle,  cette  formalité  de  la  reddi- 
tion des  comptes  se  faisait  à  l'église,  après  la  messe,  en  présence  du  curé  et  de 
tous  les  paroissiens  précédemment  convoqués  du  haut  de  la  chaire  ;  plus  tard, 
en  présence  de  quelques-uns  seulement,  à  qui  l'on  demandait  leur  signature  ou 
leur  marque  comme  témoins.  A  cette  date  on  trouve  régulièrement  deux  mam.- 
bours  agissant  de  concert. 

Au  XVIF  siècle  et  au  xyill"^,  il  n'y  en  a  plus  qu'un  pour  chaque  année,  pre- 
nant un  muid  d'épeautre  pour  sa  peine,  et  encore  il  arriva  plus  d'une  fois  qu'on 
ne  trouve  personne  pour  cette  pieuse  corvée,  qui  devenait  difficile,  surtout  quand 
il  fallait  poursuivre  les  défaillants. 

Un  mambour,"  s'il  y  consent,  peut  être  continué  dans  sa  charge  pour  plusieurs 
années  consécutives.  Les  étrangers  qui  viennent  s'installer  dans  la  paroisse  y 
sont  nommés  à  leur  tour  d'après  l'ancienneté  de  leur  résidence,  du  moins  au 
temps  de  Messire  André  Le  Charpentier,  comme  on  peut  le  conclure  du  fait 
suivant  que  nous  allons  rapporter  tout  au  long  parce  qu'il  jette  une  grande 
lumière  sur  la  nature  de  cette  charge  et  sur  le  mode  de  nomination. 

En  l'année  1707,  André  le  Charpentier  remontre  au  Révérend  officiai  forain, 
curé  de  Rendeux,  qu'en  la  19*  année  de  sa  résidence  pastorale  à  Eneille,  il  a, 
conjointement  avec  le  mambour  de  son  égUse,  choisi,  le  dimanche  vers  la  Saint- 
André,  un  nouveau  mambour  pour  lever  les  rentes  de  son  église  et  commencera 
faire  le  devoir  au  Noël  suivant. 

Or,  un  certain  Jean  Vincent,  meunier,  son  paroissien  depuis  plus  de  trois  ans 
et  demi  et  plus  ancien  domicilié,  ayant  été  choisi,  refuse.  C'est  pourquoi  le  curé 
s'adresse  à  l'official,  le  juge  ecclésiastique  compétent  pour  ce  cas,  le  priant  d'or- 
donner à  Jean  Vincent  d'accepter  la  charge  de  mambour,  à  raison  que  les  débi- 
teurs de  la  Fabrique  prétendent  de  payer  tous  les  jours,  et  le  condamner  aux 
frais. 

Jean  Vincent,  plus  ou  moins  soutenu  par  l'official,  avait  attaqué  le  curé  dans 
son  église  au  grand  scandale  des  paroissiens  ;  et  il  s'était  montré  malhonnête 
envers  le  seigneur  d'Eneille  qui,  à  la  réquisition  du  curé,  l'avait  gratifié  d'un 
échevinage  pour  le  mettre  à  couvert  de  la  milice  ;  il  avait  même  quitté  le  moulin 
seigneurial  pour  aller  moudre  ailleurs. 


—     109     — 

Le  curé  terminait  son  réquisitoire  par  cette  péroraison  dénotant  un  tiomme 
qui  n'a  pas  froid  aux  yeux  : 

«  Quoi  faire,  quoi  juger  de  tout  cela,  sinon  que  s'appuyant  sur  la  grande  faveur 
qu'il  a  de  votre  Révérence,  il  s'imagine  qu'il  peut  tout  faire  ;  et  de  là,  voyez 
s'il  est  juste  de  me  condamner  sans  m'avoir  ouï,  au  premier  rapport  de  personne 
semblable,  sans  obtenir  autre  formalité  que  celle  que  votre  passion  vous  a  sug- 
gérée. Permettez  que  je  vous  dise,  Monsieur,  que  vous  avez  paru  un  peu  trop 
violent  en  cette  rencontre,  aussi  bien  que  dans  plusieurs  autres,  en  me  faisant 
passer  pour  un  ladre,  puisque  vous  n'avez  jamais  eu  sujet  de  douter  de  la  passion 
que  i'ai  de  vous  servir,  et  de  me  dire  en  cette  qualité,  Monsieur,  Votre  très 
humble  serviteur  ». 

Quelques  années  plus  tard,  le  curé  RandoUet,  dans  une  situation  analogue, 
prit  la  chose  moins  au  tragique  :  ne  trouvant  pas  de  mambour,  il  se  contenta  de 
faire  lever  les  rentes  tout  simplement  par  ses  domestiques,  aux  conditions  ordi- 
naires. 

Mais  Sire  Le  Charpentier  nous  paraît  plus  à  cheval  sur  son  droit.  Antérieu- 
rement déjà,  en  1690,  il  avait  eu  des  difficultés  avec  son  mambour  Pierre  Lipsin, 
qui,  «  se  trouvant  rarement  à  l'église  et  ayant  négligé  de  faire  payer  les  débiteurs 
est  assez  présomptueux,  comme  il  va  migrer  au  mois  de  mai  prochain,  de  vouloir 
s'en  aller  avec  tous  les  émoluments  qu'un  mambour  a  accoutumé  de  percevoir. 
Cause  pour  quoi  il  supplie  le  Révérend  officiai  forain  au  Luxembourg,  curé  de 
Petithan,  d'ordonner  à  Pierre  Lipsin  de  mettre  un  autre  en  sa  place,  à  ses  frais, 
pour  faire  le  devoir  jusqu'à  la  fin  de  l'année,  ou  du  moins  ne  pouvoir  prétendre 
hors  du  muid  qu'il  retient,  qu'à  la  rate  (au  pro  rata)  du  temps  et  le  condamner 
aux  frais  engendrés  et  à  engendrer  «. 

L'official  fait  comparaître  le  mambour  à  Petithan,  le  26  avril  1691,  pour  les  9 
heures  du  matin,  afin  de  répondre  pertinemment.  Et,  dès  le  24,  Pierre  Pirard, 
échevin  de  la  Cour  des  Eneilles,  relate  avoir  insinué  la  requête  du  curé  avec 
l'apostille  de  l'official,  à  Pierre  Lipsin,  mambour  de  l'église  d'Eneille,  en  parlant 
à  lui-même. 

On  avait  vu  un  cas  pareil  dans  le  passé  :  en  1677,  le  mambour  Jean  Henry, 
après  la  mort  de  sa  femme,  s'était  fait  soldat  à  l'incognito,  sans  rendre  compte 
de  sa  recette. 

Les  fonds  de  l'église  Ste-Marguerite  étaient  déposés  par  le  curé  et  le  mambour 
dans  un  cofifre  à  trois  clefs,  le  coffre  Ste-Marguerite.  Pour  plus  de  sûreté,  on  le 
réfugiait  au  château  d'Eneille.  Outre  les  frais  du  culte,  le  coffre  Ste-Marguerite, 
quand  il  y  avait  des  respargnes,  et  que  les  paroissiens  étaient  trop  pauvres 
pour  supporter  leur  charge  envers  l'éghse,  servait  parfois  à  payer  les  frais  d'en- 
tretien du  mobilier. 


—      110     — 

r.es  comptes  de  l'église  et  des  inambours  étaient  soumis  au  contrôle  de  l'évêque 
ou  de  l'oflicial  :  en  vertu  d'un  décret  du  pape  Grégoire  XIV,  de  l'an  i59l,  les 
revenus  devaient  être  enregistrés  dans  les  bureaux  de  l'Office.  Cette  registration 
est  souvent  notée  sur  les  livres  de  la  Fabrique  d'Eneille,  avec  sa  date. 

En  1678,  lors  d'une  revision  générale  des  comptes  de  l'église  et  des  mambours, 
faite  à  Melreux  par  Lambert  Varlet,  officiai  du  concile  d'Ouffet,  «  il  a  reconnu 
des  notules  de  quelques  restances  à  la  charge  de  feu  noble  et  généreux  Jean  de 
Brialmont,  seigneur  d'Eneille  et  Wallay,  qui  devront  se  calculer  au  contenu  des 
registres,  lesquelles,  nous  a  affirmé  le  révérend  pasteur,  manu  pectori  apposita, 
bien  savoir  de  n'avoir  été  réellement  payées,  quoiqu'elles  soient  portées  en 
compte  ;  et  ainsi  sont  restées  en  surséance,  sur  la  parole  du  noble  seigneur,  qui 
avait  toute  sa  vie  été  zélé  pour  l'embellissement  et  entretien  de  l'église,  et  se 
proposait  de  faire  l'application  des  restances  par  ses  propres  soins  et  diligence 
accoutumée,  si  la  mort  ne  lui  avait  coupé  ses  desseins  ;  sur  quoi,  nous  réservons 
et  retenons  entendre  les  nobles  et  vertueux  seigneurs  et  Dame  d'Eneille,  héritiers 
du  défunt,  pour,  leur  cause  ouïe,  y  être  disposé  de  piano,  si  faire  se  peut,  selon 
la  clémence  de  notre  mère  la  Ste.  Eglise  ». 

Cette  question  fut  tranchée  par  l'archidiacre  Herman  de  Stockhem,  lors  de  sa 
visite  paroissiale  à  Eneille.  Il  décida  que  la  Dame  d'Eneille,  représentant  feu 
noble  Jean  de  Brialmont,  en  payant  la  moitié  de  la  dette,  qui  se  montait  à  145 
florins,  onze  patars  et  demi  et  un  gigot,  ne  pourrait  être  molestée  pour  le 
résidu.  —  Fait  en  la  maison  pastorale  d'Eneille,  en  présence  du  pasteur  Noël  de 
Pierreux  et  de  l'avocat  de  Stiennon,  partie  faisant  pour  la  dite  Dame,  sa  belle- 
mère,  le  14  septembre  1683. 

La  charge  de  mambour  de  l'église  et  des  pauvres  disparut  avec  l'ancien  régime 
pour  être  remplacée  par  le  conseil  de  Fabrique  et  le  bureau  de  bienfaisance.  Le 
bureau  de  bienfaisance,  à  Grandhan,  dispose  d'une  somme  de  600  francs  pour  les 
3  sections  de  la  commune. 

A  Eneille,  le  conseil  de  Fabrique  s'organise  pour  la  première  fois,  le  13  janvier 
1811,  conformément  aux  lois  du  30  décembre  1809.  Le  curé  Thiry  convoque  les 
membres,  nommés  tant  par  Monsieur  le  Préfet  du  département  (des  Forêts)  que 
par  Mgr  l'Evêque.  Les  charges  sont  réparties  par  le  sort  du  scrutin  en  présence 
du  desservant  et  du  maire,  M.  Hamoir  (propriétaire  du  moulin  d'Eneille),  de  la 
manière  suivante  : 

Président,  Joseph  Collin, 
Secrétaire,  Antoine  Dachouffe, 
Marguilliers,  Jean  Collin,  trésorier, 
Joseph  HoUogne, 
et  Joseph  Farigoul. 


—    111    — 

Le  premier  compte  que  rend  le  sieur  Joseph  Hollogne  en  sa  qualité  de  mar- 
guillier  caissier  externe  de  la  succursale  des  Kneilles,  depuis  janvier  1807,  jus- 
qu'au 31  décembre  1810,  porte  pour  les  trois  années  ensemble  942  f.  39  de  re- 
cettes effectuées  et  228  f.  68  à  recouvrer  ;  les  dépenses  se  montent  à  816  f.  12 
pour  les  années  1808,  1810,  1811 .  Après  cette  date,  la  reddition  des  comptes  se 
fait  tous  les  ans. 

Après  la  Révolution,  jusqu'en  1814,  les  rentes  dues  à  l'église  étaient  mêlées 
aux  rentes  dues  à  la  cure.  C'est  le  curé  Thiry  qui  commença  à  les  faire  payer 
séparément. 

M.  Georis  nous  a  dit  plus  haut  comment  il  a  séparé,  en  1837,  les  rentes  pour 
anniversaires  des  rentes  pour  l'entretien  de  l'église. 

En  1851,  le  conseil  de  Fabrique  avait  pris  la  décision  suivante  : 

Vu  les  demandes  formulées  par  plusieurs  débiteurs  à  l'effet  de  rembourser  à  la 
Fabrique  certaines  rentes  au  prix  de  quarante  francs  le  setier  (30  litres), 

Considérant  que  ces  remboursements  sont  très  avantageux  à  la  Fabrique, 

Le  Conseil  arrête  : 

Que  toutes  les  demandes  proposées  à  ce  taux  seront  acceptées  et  seront 
appliquées  de  la  manière  suivante  :  1°  placements  hypothécaires  à  5  %  ; 
2"  achat  de  prairies  pouvant  donner  approximativement  un  revenu  de  5  %. 

A  partir  de  1836,  il  était  loisible  aux  débiteurs  des  rentes  de  les  payer  en 
argent,  tantôt  85  centimes,  tantôt  un  franc  et  dix  centimes  pour  le  setier  d'a- 
voine ;  et  80  centimes  ou  un  franc  et  cinq  centimes  pour  l'épeautre,  annuelle- 
ment. 

Pendant  le  pastorat  de  Monsieur  l'abbé  Prémont,  toutes  les  rentes  de  l'église 
furent  remboursées  :  travail  qui  a  demandé  beaucoup  de  patience  ;  et  dans  cer- 
tains cas,  aussi  difficile  que  la  pacification  des  Parisiens,  selon  le  mot  de  son 
notaire,  en  1871. 


Phot.  .V/""  Fahri. 

Les  Fonts. 


—     H2     — 

CHAPITRE  VIll. 

LA  YIE  POLITIQUE. 

iDstitiitions  civiles,  judiciaires,  fiscales.  —   Le  Placet  et 
les  deux   Pouvoirs.   —   Les  Faits   de   guerre. 

i .  A  toutes  les  périodes  de  l'histoire,  nous  avons  trouvé  des  traces  de  l'existence 
et  de  la  situation  politique  d'Eneille  sous  les  différents  régimes  qui  se  sont  succédé 
en  Belgique.  Il  ne  sera  pas  inutile  de  rappeler  ici,  dans  un  rapide  tableau,  tout 
le  passé  d'Eneille  au  point  de  vue  de  la  politique  générale. 

A  l'époque  romaine  (57  av.  J.-G.  —  445  ap.  J.-C),  avec  son  antique  voie  de 
Tongres  à  Trêves  ;  à  l'époque  franque  (445-853)  avec  la  restitution  de  Garloman 
à  l'abbaye  de  Stavelot  (747)  ;  à  l'époque  féodo-communale,  avec  l'empereur 
d'Allemagne,  Charles  le  Gros,  et  son  bénéficiaire  Hrotmundus  (887),  c'est  la  villa 
Unalia  ou  Analia  ;  puis,  c'est  la  seigneurie  d'Eneille  avec  ses  châtelains,  vas- 
saux des  seigneurs  de  Durbuy,  vassaux  eux-mêmes  des  ducs  de  Luxembourg  et 
des  souverains  belges,  à  savoir  :  1»  les  Ducs  de  Bourgogne  (1384-1482),  avec  les 
Etats  provinciaux  (Conseil  de  Luxembourg  :  six  conseillers  dont  trois  nobles  et 
trois  lettrés,  un  procureur  général  et  son  substitut,  un  greffier  et  un  receveur 
des  exploits,  un  chapelain  et  six  huissiers)  ;  —  avec  les  Etats  généraux  et  le  gou- 
verneur capitaine  général  du  Luxembourg,  président  du  Conseil,  intermédiaires 
entre  le  Souverain  et  les  Etats  de  Province  ;  —  avec  Conseil  communal  et  Justice 
locale  subordonnée  au  Conseil  de  Luxembourg  et  au  Grand  Conseil  ou  Cour 
suprême  de  Malines  ;  2°  les  princes  Austro-Espagnols,  jusqu'à  l'abdication  de 
Charles-Quint  (1482-1555)  ;  3"  les  princes  espagnols  :  Philippe  II  (t  1598), 
Albert  et  Isabelle  (1598-1621),  Philippe  IV  et  Charles  II  (1621-1700);  4°  les 
Autrichiens,  en  lutte  avec  Louis  XIV  et  Louis  XV  :  Charles  VI,  Marie-Thérèse, 
Joseph  II  (1700-1794)  ;  avec  un  rouage  en  plus,  le  Conseil  suprême  des  Pays-Bas, 
à  Vienne;  5'  la  période  franco-hollandaise,  avec  les  effets  de  la  Révolution 
française  et  du  régime  hollandais  ;  6°  la  période  d'indépendance,  de  paix  et  de 
prospérité  nationales.  Au  milieu  de  tout  cela,  Eneille  forme  une  petite  unité  poli- 
tique parfaite.  Sous  l'ancien  régime,  la  communauté  a  son  bourgmestre  et  ses 
plaids  ;  la  Cour  d'Eneille,  ses  mayeur  et  échevins,  son  greffier  et  tous  les  officiers 
subalternes  ;  elle  a  son  notaire  dans  la  personne  du  curé,  immatriculé  de  la  Cour 
épiscopale  de  Liège.  Il  n'y  manquait  que  le  signe  patibulaire  ;  mais  à  quoi  bon 
une  potence  parmi  ses  paisibles  habitants  ! 


—     113     — 

Dans  l'ancien  temps,  on  ne  voit  guère  l'autorité  supérieure  intervenir  à  Eneille 
qu'en  matière  fiscale,  pour  la  levée  des  tailles  ordinaires  ou  extraordinaires  et 
pour  les  contributions  de  guerre,  par  l'entremise  des  gouverneurs  généraux,  tels 
que  le  comte  de  Gobenzl,  Charles-Alexandre  de  Lorraine,  Marie-Elisabeth  de 
Hongrie,  etc.,  sans  compter,  malgré  les  sauvegardes  du  Roi  de  Prusse,  les  réqui- 
sitions et  les  pillages  ;  le  tout  se  terminant  par  la  vente  des  biens  ecclésiastiques, 
inutilement  réclamés  sous  le  roi  Guillaume  de  Hollande,  qui  tracassait  aussi  le 
pays  à  sa  façon. 

2.  Le  Placet.  Une  autre  source  de  conflits  c'était  le  droit  de  placet.  Le  placet 
à  l'origine  était  un  acte  de  protection  que  les  princes  accordaient  aux  lois  et  à 
l'organisation  ecclésiastiques.  Le  plus  grand  nombre  de  leurs  édits  en  matière  de 
ce  genre  concernait  ou  bien  la  forme  dans  laquelle  les  actes  de  la  Cour  de  Rome 
devaient  être  admis,  ou  bien  l'exercice  de  la  juridiction  ecclésiastique,  les  dimes, 
les  bénéfices,  l'admission  aux  cures,  les  biens  ecclésiastiques,  les  privilèges  des 
clercs.  Nous  avons  vu  des  exemples  de  ces  conflits  à  Eneille  dans  le  procès  de 
Jean  Monis,  qui  conteste  sa  juridiction  à  un  religieux  de  Neufmoustier,  sous 
prétexte  qu'il  occupe  la  cure  contre  les  ordonnances  de  Sa  Majesté  et  sans  placet. 
Le  curé  Randollet  rappelle  que  les  paroissiens  ne  veulent  plus  payer  les  droits 
pastoraux,  disant  qu'ils  ne  sont  pas  soumis  au  placet^  et  il  propose  comme 
moyen  efficace  pour  les  sauver,  l'octroi  du  placet  royal.  C'était  demander  pro- 
tection à  un  droit  dont  les  princes  ont  abusé  bien  souvent  contre  l'église. 

Signalons  ici  en  passant,  comme  acte  de  l'autorité  souveraine,  une  pieuse 
ordonnance  de  Marie-Thérèse,  pour  montrer  jusqu'où  allait  parfois,  sous  son 
règne,  malgré  certains  empiétements  qui  préparent  le  Joséphisme,  le  bon  accord 
entre  le  pouvoir  politique  et  le  pouvoir  spirituel  dans  les  affaires  du  culte. 

«  Le  Gouverneur  président  et  gens  du  Conseil  provincial  de  Sa  Majesté  font 
savoir  au  curé  d'Eneille,  par  l'intermédiaire  du  doyen  d'Ouflfet,  le  10  janvier  1753, 
que  la  piété  qui  anime  toutes  les  actions  de  l'impératrice  reine  et  la  vénération 
particulière  qu'elle  a  pour  Saint  Camille  de  Lellis,  l'ont  engagée  à  requérir  le 
pape  Benoit  XIV  de  permettre  la  récitation  de  son  office  et  la  célébration  de  la 
messe  en  son  honneur  dans  tous  les  Etats  de  la  domination  autrichienne,  ce  que 
le  Saint-Père  a  bénignement  accordé  aux  instances  de  cette  auguste  princesse,  le 
29  mai  1752.  Le  gouverneur  et  le  Conseil  provincial  étaient  chargés  de  faire  les 
dispositions  requises  pour  l'exécution  dans  le  Grand  Duché  de  Luxembourg  et  le 
Comté  de  Chiny  «. 

Cette  copie  était  conforme  à  la  pièce  jointe  que  le  Directeur  général  in  publi- 
ais cameralibus  avait  fait  parvenir  au  Conseil  suprême  des  Pays-Bas  à  Vienne. 


—      114     — 

3.  Les  Faits  de  Guerre.  Durant  les  guerres  de  la  succession  d'Espagne  et  de 
la  succession  d'Autriche  (1648-1715),  Louis  XIV  et  Louis  XV  envahissent  plu- 
sieurs fois  la  Belgique. 

Le  contre-coup  de  ces  luttes  politiques  se  fait  sentir  jusqu'à  Eneille. 

En  l'an  1673,  on  déduit  au  compte  du  inambour  Lambert  Colin  "  les  pertes 
qu'il  a  soufiertes  dans  sou  administration  par  les  armées  allemandes,  tant  en  ses 
propres  biens  qu'en  biens  de  l'église  «.  A  l'église,  les  Allemands  avaient  pris  trois 
clas,  c'est-à-dire,  trois  livres  de  cire,  à  18  patars  (env.  1  fr.)  le  cla,  quoiqu'on 
eiH  déjà  payé  à  la  sauvegarde  de  l'armée  Ghauanacq  48  patars  (env.  2  fr.  60) 
pour  la  conservation  des  grains  et  des  ornements  de  l'église. 

Puis  les  Français  pillent  l'église  à  leur  tour,  y  dérobent  12  florins  et  2  patars 
(env.  14  fr.  50). 

Enfin  l'église  et  la  maison  du  seigneur  ayant  été  pillées  et  brûlées,  le  calice  et 
les  ornements  dérobés,  c'est  Madame  d'Eneille,  Marguerite  de  Prez,  qui  les  a 
rachetés. 

Au  compte  de  1690,  on  porte  3  florins  pour  raccommoder  la  serrure  et  la 
porte  de  l'église,  brisée  par  les  Allemands,  et  douze  florins  pour  remplacer  une 
chasuble  verte  prise  par  eux. 

Le  18  août  1694,  l'église  est  entièrement  pillée  par  les  fourrageurs  de  l'armée 
Mg""  le  Dauphin,  savoir  la  brigade  de  Rottembourg,  campée  à  Vinaimont-lez-Huy. 
Le  coffre  de  Ste-Marguerite  fut  trouvé  brisé  et  volé  de  toutes  les  épargnes  qu'il 
contenait,  savoir  les  recettes  des  deux  mambours  successifs,  Pierre  Lipsen  et 
Hubert  Lecresse. 

Pendant  la  cinquième  guerre  de  Louis  XIV,  Eneille  fut  épargné  grâce  à  une 
sauvegarde  accordée  par  le  commissaire  de  guerre  du  roi  de  Prusse  à  Monsieur 
de  Cassai,  seigneur  de  Grandhan,  qui  s'était  soumis  à  la  contribution  de 
guerre,  «  demandée  de  la  part  de  Sa  Majesté  le  roi  de  Prusse  à  la  j)rovince  de 
Luxembourg,  promettant  de  la  payer  en  terme  de  trois  semaines,  tant  pour  sa 
maison  de  Grandhan  que  pour  Ste-Ode,  la  ville  et  la  prévôté  de  Durbuy,  y  com- 
pris gentilshommes  et  ecclésiastiques  de  tout  le  doyaume  d'Ouffet  ». 

Cette  pièce  est  datée  de  Huy,  le  13  juillet  1713,  et  signée  Bitter. 

Une  autre  sauvegarde  avait  déjà  été  envoyée  de  Berlin,  le  27  juin  1713,  au 
clergé  du  doyaume  d'Ouflet. 

De  par  Sa  Majesté  le  Roy  de  Prusse. 

Sa  Majesté  ayant  pris  sous  sa  protection  et  sauvegarde  les  doyen,  vice  doyen, 
déflniteurs,  curés  et  chapelains  du  doyaume  de  Harzé  (le  doyen  du  Concile  d'Ouffet 
était  alors  le  curé  de  Harzé)  dans  la  province  de  Luxembourg,  leurs  domestiques, 
bestiaux,  maisons,  meubles,  biens  et  tout  ce  qui  leur  appartient  dans  les  endroits 


—     115     — 

de  leurs  cures,  il  est  défendu  expressément  à  tous  les  officiers  tant  de  pied  qu'à 
cheval,  à  tous  les  commandants  de  gros  et  petits  partis  et  à  vous,  les  soldats, 
cavaliers  et  dragons  de  service  de  Sa  Majesté,  de  ne  loger,  fourrager,  exécuter, 
piller,  ni  faire  aucune  vexation  que  ce  puisse  être  aux  dits  ecclésiastiques  du 
doyaume  de  Harzé,  dans  la  province  de  Luxembourg,  attendu  qu'ils  ont  payé  la 
quote-part  des  contributions  qui  leur  a  été  imposée  pour  la  douzième  année  de  la 
guerre,  finissant  le  15  de  mai  mil  sept  cent-quatorze  ;  mais  au  contraire  de  les 
laisser  paisiblement  Jouir  de  l'effet  de  la  présente  sauvegarde  et  de  leur  prêter 
aide  et  assistance,  si  vous  en  êtes  requis,  à  peine  d'être  châtiés  corporellement, 
pourvu  qu'ils  ne  fassent  rien  de  préjudiciable  au  service  de  Sa  Majesté  ou  de  ses 
alliés  et  toutes  autres  troupes  de  l'empire.  La  présente  sauvegarde  ne  sera  valable 
en  original  ou  copie  authentique  que  jusqu'au  i5*  de  may  de  l'an  mil  sept  cent 
quatorze,  où  il  faudra  être  muni  d'une  nouvelle  sauvegarde.  Signé  :  Frédéric 
Guillaume. 

Nous  trouvons  cette  sauvegarde  renouvelée  encore  en  1718  et  signée  de  Happe. 

Un  récit  de  ces  temps  malheureux  nous  a  été  laissé  par  M.  Georlet,  curé  de 
Petite-Somme  qui  résume  de  la  façon  suivante  les  événements  militaires  pour 
les  années  1744  à  1748,  à  l'époque  des  guerres  de  la  succession  d'Autriche,  abou- 
tissant au  traité  d'Aix-la-Chapelle. 

«  L'an  1744,  à  la  Saint-Nicolas,  apparut  dans  l'air  une  comète  qui,  au  com- 
mencement, paraissait  assez  petite,  marchant  d'orient  en  occident,  mais  qui 
ayant  grandi  à  proportion  de  son  cours,  avait  une  queue  d'au  moins  quarante 
pieds  de  longueur.  Elle  a  terminé  son  cours  le  jour  de  Saint-Mathias  1745,  vers 
les  six  heures  du  soir. 

La  guerre  s'est  allumée  la  même  année  ou  plutôt  s'est  communiquée  aux  Pays- 
Bas,  que  les  Français  ont  entièrement  conquis  en  deux  campagnes,  sauf  le 
Luxembourg,  qui  a  eu  le  bonheur  de  demeurer  neutre  pendant  toute  la  guerre, 
par  les  soins  de  son  brave  gouverneur,  le  maréchal  de  Neiperg,  en  vertu  d'un 
traité  fait  avec  le  maréchal  de  Belleisle,  gouverneur  des  Trois-Evêchés. 

L'armée  de  l'impératrice  et  reine  de  Hongrie  et  de  Bohême,  Marie-Thérèse 
d'Autriche,  fille  aînée  de  feu  le  sérénissime  empereur  Charles  VI,  étant  partie  de 
Bréda  avec  ses  alliés,  pour  aller  couvrir  Namur,  seule  ville  des  Pays-Bas  qui 
restait  au  pouvoir  de  notre  reine,  et,  vers  le  commencement  de  juillet  1746, 
s'étant  postée  sur  la  Méhaigne,  petite  rivière  qui  se  décharge  dans  la  Meuse  au- 
dessous  de  Huy,  les  Français,  campés  au  Mazy,  près  de  Gembloux,  ayant  occupé 
le  camp  de  Vinalmont,  la  ville  de  Huy  et  la  montagne  de  Saint-Gilles  lez  Liège, 
pour  couper  les  vivres  à  l'armée  alliée,  elle  a  été  obligée  d'abandonner  son  camp, 
de  passer  la  Meuse  au  dessus  d'Andenne,  et  ayant  campé  quelques  jours  à  Ohet 
en  Condroz,  d'où  seul  elle  pouvait  tirer  des  vivres,  elle  dut  partir  subitement  et 
défila  en  cinq  colonnes  par  le  Bois  de  Boffeut,  Ocquier  et  Ponthoz,  sur  Hamoir, 


—     llrt     — 

Fairon,  Bornai,  Diirbiiy  et  le  Marteau  (Eneille)  pour,  par  Aywaille  et  les  envi- 
rons aller  repasser-  la  Meuse  sous  Visé  et  se  poster  le  long  de  la  citadelle  de  Liège 
et  du  Geer,  petite  rivière  qui  se  décharge  par  la  Hesbaye  à  Maestricht.  Le  défilé 
des  troupes  a  duré  cinq  jours,  pour  finir  le  jour  de  notre  dédicace,  4  septembre 
1746.  On  aurait  peine  à  exprimer  les  ravages  semés  dans  les  campagnes  et  les 
maisons,  sur  la  route  de  cette  armée,  par  les  maraudeurs.  Les  avoines  ont  été 
presque  toutes  consommées  dans  les  champs  par  la  cavalerie,  et  depuis  le  village 
de  Petite-Somme,  au-dessus  duquel  il  est  passé  plus  de  10,000  hussards,  Croates 
et  Pandoures,  jusqu'à  Ouffet,  ce  n'était  que  tentes  dressées  dans  le  séjour  et  mar- 
che continuelle  des  troupes.  L'armée  entière  comprenait  plus  de  100,000  hommes. 
Anglais,  Hessois,  Hanovriens,  Hollandais  et  les  troupes  irrégulières. 

Nous  avions  deux  sauvegardes  au  château,  qui  ont  préservé  Petite-Somme  ; 
mais  Septon  a  beaucoup  souffert.  Toutes  les  églises  ont  été  conservées  et  res- 
pectées ainsi  que  les  châteaux  ;  le  reste  fut  fort  maltraité. 

Après  le  passage  des  troupes,  les  maladies  ont  régné  sur  toute  la  route  et 
dans  les  endroits  où  les  deux  armées  ont  campé.  Elles  se  sont  séparées  à  la  rai- 
octobre,  après  une  bataille  donnée  aux  murs  de  Liège,  à  Rocour,  où  l'aile  gauche 
de  l'armée  alliée  a  eu  du  pis.  Le  soleil  parut  tout  en  sang  (l),  le  premier  et  le  deux 
septembre,  au  plus  fort  du  passage.  On  aurait  pu  approprier  ce  texte  de  l'Evan- 
gile :  Erunt  signa  in  sole  et  in  terris  pressura  gentium  prae  timoré.  Le 
duc  Charles  de  Lorraine  commandait  en  chef  l'armée  alliée. 

Elle  est  hivernée  partie  en  Hollande,  savoir  :  Bavarois  auxiliaires,  Anglais  et 
Hollandais  ;  les  Hessois  et  Hanovriens  chez  eux  ;  les  Autrichiens,  partie  au  pays 
de  Liège,  partie  au  Limbourg  et  le  reste  dans  la  province  de  Luxembourg,  en 
deçà  de  Laroche.  Il  n'ont  pas  été  cantonnés  jusqu'à  ce  jour,  21  novembre  1746. 

Pendant  le  passage  de  l'armée,  il  a  fallu  sur-le-champ  livrer  les  rations  de  pain 
aux  troupes,  et  comme  personne  ne  s'y  attendait  et  que  la  moisson  de  dur  grain 
ne  faisait  que  finir,  les  moulins  étaient  si  occupés  que  sur  quatre  lieues  de  lar- 
geur on  avait  peine  à  trouver  un  moment  pour  moudre,  peine  à  avoir  du  grain 
battu,  et  presque  point  de  temps  pour  cuire,  de  manière  que  notre  petit  village 
a  dû  fournil-  en  30  heures  de  temps  150  pains  de  7  livres  ;  encore  lallut-il  les 
conduire  par  delà  Ayv/aille,  excepté  50  qui  ont  été  livrés  à  Petithan,  où  les 
Hussards  ont  campé  deux  jours.  Septon  a  dû  livrer  300  pains,  à  peine  d'être 
brûlé. 

L'année  suivante,  1747,  on  a  eu  des  quartiers  d'hiver  de  Hussards,  qui  cou- 
viaient  le  quartier  général  autrichien  établi  à  Verviers.  Ils  ont  été  délogés  au 


(J)  Aujourd'hui,  17  nvril  1912,  pendant  réclipse  de  soleil  qui  dura  de  11  heures  à  13  heures  passées, 
je  dois  un  moment  interrompre  la  correction  de  cette  page  116,  faute  de  lumière  sutllsante,  en  plein 
midi.  Ces  sortes  de  phénomènes  ne  manquent  pas  d'Impressionner  vivement  les  simples,  et ...  j'en  suis. 


—     117     — 

mois  d'avril  1748  par  une  division  de  l'armée  française,  commandée  par  Monsieur 
de  Lowendhal,  maréchal  de  France,  qui  a  débouché  subitement  et  à  l'insu  de 
tout  le  monde,  par  Marche,  Durbuy,  Barvaux,  Aywaille,  de  façon  que  Durbuy 
seul  a  eu  pour  sa  part  4500  hommes  au  séjour,  auxquels  il  a  fallu  livrer  foin, 
paille,  bois,  pain  et  chariots,  sans  cependant  enfreindre  la  neutralité  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg.  Une  autre  division  de  l'armée  française  a  débouché  en 
même  temps  par  Arlon,  tandis  que  le  Maréchal  de  Saxe  ayant  feint  d'entre- 
prendre le  siège  de  Bar-le-Duc,  tombait  tout  à  coup  sur  Maestricht,  dont  le  siège 
fut  fait  dans  les  formes,  et  où  l'armistice  fut  publié,  après  la  prise  de  la  ville,  le 
30  avril  1748,  avec  les  préliminaires  de  la  paix  conclue  à  Aix-la-Chapelle. 

Après  cela,  on  eut  des  cantonnements  d'Autrichiens  dans  la  terre  de  Durbuy 
et  de  Laroche,  savoir  le  régiment  de  ligne  dragons,  depuis  le  mois  de  juillet  jus- 
qu'à la  Noël  de  1748.  Le  reste  de  l'armée  autrichienne  était  cantonné  dans 
toute  la  province,  d'où  ils  ne  sont  sortis  que  sur  le  commencement  de  1749, 
après  la  publication  de  la  paix  conclue  à  Aix-la-Chapelle,  au  mois  d'octobre 
1748,  et  après  le  règlement  des  évacuations  publié  à  Bruxelles,  au  mois  de 
décembre.  Comme  Namur  était  une  des  dernières  places  du  voisinage  à  évacuer 
par  les  Français  qui  s'en  étaient  rendus  maîtres  en  1746,  tous  les  régiments 
autrichiens  d'infanterie  ont  dû  prendre  la  route  du  Pays-Bas,  par  Huy  et  ont 
dû  passer  dans  le  plus  mauvais  temps  du  monde,  par  des  pluies  continuelles, 
en  janvier  1749,  partie  par  Petite-Somme,  où  il  y  a  eu  8  logements,  partie  par 
Somme  et  Durbuy  et  les  villages  circonvoisins  de  la  province,  ce  qui  a  causé  de 
gros  embarras,  outre  les  frais  de  convois  de  bagage  jusqu'à  Huy,  et  la  nourri- 
ture qu'il  fallait  fournir  aux  troupes  pendant  leur  passage.  Ces  régiments  étaient 
Los  Rios,  Prié,  Salm,  Arberg  etc.  La  cavalerie  et  l'artillerie  ont  pris  leur  route 
par  Namur,  après  l'évacuation  française.  Dieu  nous  préserve  de  pareilles  visites, 
longe  fac  a  noMs,  Domine  »  (l). 

Le  traité  d'Aix-la-Chapelle,  comme  celui  d'Utrecht  en  1713,  rendait  les  pro- 
vinces belges  à  l'Autriche  et  elles  lui  restèrent  jusqu'en  1794,  pour  retomber 
alors  pendant  20  ans  au  pouvoir  de  la  France  et  de  la  Révolution  française. 

A  part  la  vente  des  biens  de  l'église  et  de  la  cure,  vers  1796,  le  souvenir  du 
régime  politique  de  la  Révolution  est  à  peu  près  nul  dans  la  tradition  populaire 
à  Eneille.  On  y  parle  vaguement  d'une  cloche  disparue,  à  la  suite  du  décret  de 
1797,  qui  n'autorisait  plus  qu'une  cloche  dans  chaque  commune,  et  encore  avec 
défense  de  s'en  servir  pour  les  exercices  du  culte. 

Cette  cloche  aurait  été  descendue  d'abord  dans  un  gouffre  de  l'Ourthe  au-dessus 
du  moulin,  attelée,  comme  disent  les  paysans,  à  une  chaîne  fixée  au  bord  de  la 


(1)  Archives  de  Somme-Leuze. 


—     118     — 

rivière.  La  cachette  n'étant  plus  sûre,  on  reprit  la  cloche  pour  l'enfouir  dans  ta 
bergerie  Dachouffe  de  Petite  Eneille.  Là  elle  aurait  été  découverte,  sur  dénon- 
ciation, et  emportée  par  les  républicains. 

Il  y  a,  dans  une  maison  particulière  d'Eneille,  mais  venant  de  Ghardeneux, 
une  armoire  originale,  qui  servait  d'autel  à  un  prêtre  proscrit,  l'abbé  Gavroy, 
pour  dire  la  messe  en  cachette  aux  fidèles  de  la  région.  Réfugié  dans  la  famille 
Bouillon,  il  y  vécut  en  sécurité,  sans  être  jamais  signalé  aux  rabatteurs  de  la 
Convention.  Eneille  a  été  plusieurs  fois  visité  par  la  bande  du  fameux  Poncelet, 
celui-là  qui  un  jour  fit  boire  son  cheval  dans  le  bénitier  de  l'église  de  Rochefort. 

CHAPITRE  IX. 

LA  Y/m  SOCIALE. 

Langage   —   Mœurs  et   Coutumes. 

1 .  Le  Langage.  —  Le  patois  d'Eneille  est  à  peu  de  chose  près  le  délicieux 
patois  de  Liège.  Dans  l'isolement  où  se  trouvent  les  Eneilles,  le  patois  s'y  est 
conservé  très  pur. 

Pour  en  donner  une  idée  et  pour  marquer  en  même  temps  la  valeur  des 
anciennes  monnaies,  si  souvent  citées  dans  notre  texte,  voici,  en  dialecte  d'Eneille, 
une  adaptation  de  l'article  publié  en  dialecte  liégeois  dans  le  Bulletin  du  Diction- 
naire général  de  la  langue  wallonne  (1907),  par  le  Professeur  N.  Lequarré.  Les 
syllabes  et  les  mots  en  italique  marquent  les  variantes  propres  au  dialecte 
eneillais. 

Nous  donnons  plus  loin,  d'après  le  même  auteur,  en  dialecte  liégeois  pour  per- 
mettre la  comparaison  avec  le  dialecte  d'Eneille,  quelques  notions  sur  les  mesures 
et  les  poids  anciens  cités  dans  notre  histoire. 

Li  Manôye  a  vî  Payis  d'Lidje. 

(Dialecte  d'Eneille). 

«  Sins  r  gros  live  qui  1'  baron  Jules  de  Tchèstrètd'  Hanèfe  a  scris,  l'an  1890,  sol 
manôye  de  vi  Payis  d'  Lidje  (1),  i  n'  freût  nin  a  s'  ritrover  d'vins  lès  manôyes 
d'avâ  ci  de  timps  passé.  Et  minme,  avou  ci  savant  lîve  la,  ons  a  co  de  ruse,  de 


(1)  Numinnintiiiue  i/e  la  l'f-itiripavtt^  ilf   l.ii-rip  pt  lie  ses  dOpi-nihmcfn  (Bouillon,  Looz),  Bruxelles, 
18»0,  II1-4'. 


—     119     — 

tirer  l'afaire  a  clér,  pace  qui,  so  ô  pô  pus  d'  noûf  cints  ans,  nos  avans  avou,  co 
pus  d'  cinquante  princes-èvèques  qu'  ont  battou  manôye  ;  qu'on  'nnè  fôrdjeût 
divins  tôt  plein  dès  pièces,  corne  a  Lîdje,  a  Gurindje  tôt  près  d'  Hasse  et  pus  tard 
a  Hasse,  a  Dinant,  a  Fosse,  a  Hu,  a  Masék,  a  Mastrék,  a  Saint-Trond,  a  Tongue, 
a  Twin,  et  a  Visé  ;  et  qu'on  î  v'seût  dès  pèces  di  tote  sôr  di  cougnes  avou  l's 
armes  di  Lidje,  dèl  Hèsbaye,  di  Duras',  di  Moha,  dèl  Campine,  di  Horn,  del 
Gondroz,  di  Bouyon,  d'où  qu'on  frawtinew^  vol'tî,  pace  qui  ç'  n'  ésteût  nin  terre 
d'Ampire  —  et  de  payis  d'inte  li  Sambe  et  1'  Moûse. 

Corne  vos  1'  vèyez,  c'èst-a  s'i  piède. 

Ci  n'  sèrefit  co  rin  s'i  n'aveût  avou  è  payis  qui  l' manôye  dèl  Principauté,  mins 
i  nos  d'meûre  co  traze  et  traze  ôrdonances  dès  princes-èvèques  et  dès  Gris  d' Pèron 
qui  marquèt  a  k'bin  qu'ons  èsteût  oblidjî  di  r'çùr  difèrinnès  pèces  d'ôr  et  d'ardjint 
dèl  Bavîre,  dèl  Bourgogne,  di  Cologne,  di  Djuliér,  di  l'Espagne,  dèl  Flande,  di 
France,  dèl  Guèle,  de  Hinnaut,  d'Inglitère,  de  Luxembourg,  di  Nameùr,  di  l'Au- 
triche, de  Portugal,  d'Utrèk,  et  dès  autes  et  dès  autes. 

G'èst-on  foù  grand  ovrèdje  di  r'qwèri  tôt  coula  et  i  mèl  farè  bin  lèyè  po  pus 
tard  et  n'  diviser  asteur  qui  dèl  manôye  di  Lidje  de  timps  d'  nos  treûs  ou  qwéte 
dièrins  princes-èvèques. 

Mins  i  gnat  co  'n-aute  hame  èl  vôye  :  c'est  qui  1'  no  d'  quéquès  pèces  a  candji 
d'  valeur  avou  lès  annèyes. 

Lès  vyès  djins  savèt  co  bin  çou  qu'  c'èsteût  on"  aidant  et  on  patar  vola  passé 
cint  ans.  A  réz',  po  1'  ci  qu'  l'areût  roûvî,  i-gnat  ne  tchanson  di  tos  bwègnés 
rapwètroûles  qu'  ènnè  wade  li  sov'nance  : 

Qwète  aidants  c'èst-on  patar  ; 
L'ardjint  est  fait  po  rôler  ; 
L'  ci  qu'  va-t-a  dj'  va  so  'ne  èk'nèye 
S' fait  pus  nahî  qu'a  roter. 

Inte  nos  autes  seûye-t-i  dit,  lî  ci  qu'a  scris  ces  rôyes-la  ni  s'  doteût  wère  qui 
r  deûsinme  mitan  de  dih-noûvinme  siéke  vièreût  dès  ciclisses  a  cavaye  so  'ne 
monteùre  qui  n'  ravise  nin  co  si  ma  one  èk'nèye,  po  li  spèheûr  de  mons. 

Disqu'a  l'an  saze  cints  on  n'  dîviseût  nin  d'  patars  è  payis  d'  Lîdje.  Çou  qu'ons 
a  loumé  dispôy  on  patar,  d'avance  on  l' loumeve  on'  aidant,  corne  on  s'ènnè  pout 
ahèyemint  assurer  d'vins  'ne  cinquantinne  di  Gris  dès  Manôyes  a  Pérou  d'  Lidje 
dispôy  l'an  1477  disqu'a  ût'  di  djun  1600,  et  qu'on'  imprimeur,  Guiyame-Henri 
Streel,  «  imprimeur  de  son  Altesse  sérénissime  «,  a  rassonlé  d'vins  on  lîve  di  l'an 


—      120     — 

1675  (1).  Gés  aks-la  réglèt  po  k'bin  d'  florins  et  d'aidants  d'  Lidje  i  faléve  prinde 
télés  et  tëlès  péces  d'ôr  et  d'ardjint  dès  autes  payis. 

Li  Cri  d'  Pèron  de  lU'  d'octôbe  di  l'an  1600  fait  treûs  côs  11  rapport  inte  11 
manôye  di  Lidje  et  1'  clsse  dèl  Braibant.  Vo-nnè-ci  one  dès  treùs  :  «  Le  Florin 
"  d'or  forgé  sur  le  pied  du  St-Empire  a  onze  flor.  liég.  et  huit  aid.  et  clnquante- 
"  sept  patars  monnoye  de  Brabant  «. 

57  patars  ou  2  florins  es  17  patars  dèl  Braibant  valint  donc  il  florins  et  8 
aidants  ou  228  aidants  d'  Lidje.  Corne  57  est  tôt  djusse  li  qwart  dl  228,  on  florin 
de  Braibant  valent  qvfèie  florins  d'  Lidje  et  on  patar  brabançon  qwète  aidants 
lidjwès. 

Cèst-âhy  a  comprinde,  corne  nosse  planquèt  Hlnri  Simon  fait  dire  a  Kinave 
divins  «  Brique  et  Mwèrti  ». 

Mins,  çou  qui  n'  lèt  d'imbarasser  fwèrt,  c'est  qui,  slns  noie  èspllcacion  dé 
monde,  lès  Gris  d'  Pèron  d'  Lîdje  qui  sûvèt,  a  parti  de  20  dl  fèvrîr  di  l'an  1601, 
ni  marquèt  pus  1'  valeur  dès  manôyes  d'â-d'foû  avou  dès  florins  et  dès  aidants 
d'  Lîdje,  mins  avou  dès  florins  et  dès  patars  de  Brabant. 

Coula  s' passéve  dès  timps  d'Ernest  dl  Bavîre.  Pusqul  nos  coplnans,  vos  r'mar- 
querez  qui  dj'  nèl  dllome  nin  prlnce-èvèque  dl  Lîdje.  Vocl  poqwè. 

G'èsteût  r  sahon  qu'  l'èglîse  dl  Lîdje,  come  lès  clsses  di  tos  lès  diyocéses  de 
wèsinèdje,  aveût  a  t'nl  lès  protestants  a  gougne.  Tote  li  sogne  dès  catoliques 
èsteùt  qu'an  èvèque  ni  tapahe  11  cote  sol  baye  —  come  11  cas  s'aveût  dèdja  pré- 
slnté  è  l'Alemagne  —  qu'l  n'  si  marlahe  et  qu'l  n'  fihe  dèsbins  dis  5'  église  one 
propriété  laïque  qui  passereût  a  ses  éfants.  Tôt  1'  monde  sét  qu'  c'êst-alnsl  qui 
r  Prusse  a  k'  minci  vola  tôt  asteûr  qwète  cints  ans.  C'est  po  coula  qui,  tôt  d'où 
qu'ons  aveût  a  r'crainde  oweafalre  parèye,  lès  tchènonnes  tchùsihm/  polès  posses 
d'archèvèque  ou  d'èvèque  dès  fis,  dès  frés  ou  dès  nèvéùs  d'  grands  seigneurs  qui 
passm^  po  dès  ©mes  sûr,  pace  qui  leû  famile  èsteût  rik'nohowe  tôt  costé  come 
fleur  dl  catolique.  Mins  dès  s'-faltès  familes,  ènn'  aveût  nin  a  r'dohe  et  po 
prév'ni  1'  dandjî,  on  n'  si  djlnna  wère  d'aler  conte  lès  pus  anciènès  Iwès 
d' l'Église,  tôt  lèyan  d'manl  laïque  lès  grands  seigneurs  qu'ons  aveût  tchùsi  come 
èvèques  et,  çou  qu'ès-ossl  pés,  tôt  l'zi  pèrmètant  d'avu  d'vins  lès  mains  deûs' treûs 
qwète  diyocéses  d'on  côp  et  tèle-féy  co  pus.  Portant  tos  lès  cls  qui  k'nohèt  on 
pô  r  roudrouhe,  savèt  bin  qui,  tôt  parèy  qu'in-ome  ni  pout  avu  d'on  côp  deûs 
feumes  d'adreût,  in-èvèque  ni  pout  èsse  al  tlèsse  di  deûs  diyocéses,  puisqu'il  est 
marié  a  sis-t'-égllse,  come  si  rond  d'ôr  èl  mosteùre. 

Po  'nnè  rlv'nl  a  Lîdje,  Ernest  di  Bavîre  èsteût  archevêque  di  Cologne,  èvèque 


(1)  Éitits  et  Publications  <les  Monnayes,  otc.  Liège,  1675,  petit  in-4v 


—     121      — 

di  Lîdje  (1581-1612),  di  Frèsingue  (ou  Freisingen,  èl  Bavire,  a  sét'  bonès  eûres 
di  Mûnik),  di  Hildeshem  (ou  Hildesheim,  asteur  èl  Prusse,  a  cinq  ou  sih  eûres 
di  Hanôve),  di  Meùster  (ou  Munster  èl  Wèsfalèye)  et  abé  di  Stavelot.  Si  nèveû 
quel  rimplaça  a  Lidje  di  1612  a  1650,  fourit  ossi  archevêque  di  Cologne,  évèque 
di  Lîdje,  di  Hildeshem,  di  Meùstèr  et  Paderborn,  sins  èsse  priyèsse  nin  pus  qui 
s' inonnonke.  Mins  l' treûsinme  duc  di  Bavîre,  Miyin-Hinri,  nèveû  da  Ferdinand, 
qui  fourit  ossi  archevêque  di  Cologne,  èvèque  di  Lîdje,  di  Hildeshem  et  d'  Meùs- 
ter djusqu'à  3  d'  djun  1688,  si  fit  consacrer  èvèque  on'an  et  'ne  qwinzinne  di 
djoûs  après  avu  rimplacè  s'  monnonke,  mins  i  ne  vala  nin  bècôp  mis  pol  case. 
C'est  lu,  avou  s'  fameûs  réglèmint  d'  1684,  qui  r'hapa  tos  leûs  dreûts  as  trinte- 
deùs  mèstîs. 

Vo-nos-la  bin  Ion  éri  d'Èrnest  di  Bavîre  et  de  mandemint  qu'i  fit  l'an  1606  po 
fé  k'nohe  qu'i-aveût  fait  fôordiè  'ne  noûve  manôye  di  keûve  qu'èsteût  on  vrêy 
patar,  mins  qu'i  louméve,  todi  'n-aidant,  magré  1'  candjemint  d'  1601.  Voci  çou 
qu'i  d'héve  : 

«  Savoir  faisons,  come  pour  la  commodité  de  nos  subjets,  avons  fait  forger 
»  par  notre  monnoyeur  de  Liège  certains  deniers  de  cuivre  d'un  aidan  liégeois 
"  et  autres  de  douze  sols  liégeois  avec  notre  efïigie  d'un  costé  et  nos  armoiries 
«'  de  l'autre,  ordonnons  partant  a  tous  et  chacun  manans  et  surceans  de  cestui 
«'  nostre  dit  payi  de  Liège  a  tel  prix  les  recepvoir  et  laisser  avoir  cours  sur  peine 
«  de  trois  florins  d'amende  a  appliquer  comme  de  coustume,  a  quel  effet  ordon- 
«  nons  et  commandons  a  notre  souverain  mayeur  et  son  lieutenant  de  faire 
«  publier  ceste,  mettre  en  garde  la  loi  (1)  et  la  faire  estroitement  et  inviolable- 
»  ment  garder,  car  nostre  plaisir  est  tel  et  sérieuse  volonté.  » 

One  vintinne  d'annêyes  divant,  on  prince  èvèque  n'areût  wèsou  bâte  manôye 
sins  prinde  l'avis  dès  tchènonnes  et  dire  qu'i  l'aveût  pris,  et  i  n'areût  wèsou 
dire  as  Lidjwès  :  vos  f'rez  tel  et  télemint,  pace  qu'i  m'  plaît. 

C'est  mutwèt  pace  qui  lès  princes  di  Bavîre,  qui  lès  tchènonnes  di  Saint- 
Lambiè  nos  avit  d'né  come  maîsses,  fît  si  bin  a  leù  manîre  qui  nos  n'  trovans 
d'vins  lès  vis  écrits  nou  poyèdje  di  mandemint  qu'areutcandjî  lès  aidants  d' Lidje 
a  patars.  A  réz',  l'afaire  si  fit  di  p'tit  a  p'tit,  inte  1600  et  1650.  Ak'mincemint,  on 
meta  «  florins  et  patars  de  Braibant  «,  et  al  longue  dé  timps  «  patars  di  Brai- 
bant,  manôye  di  Lîdje  «,  po  fini  avou  1'  drôle  di  nom  «  patars  di  Braibant- 
Lîdje.  » 

Qwand  1'  manôye  di  Lîdje  fourit  assiowe  vès  1720  pon'  pus  wère  bodji  disqu'al 
Bèvolucion  francèse,  voci  kmint  qu'on  comptéve  et  qu'on  payei</  ava  ci  : 

L'unité  d'  manôye  a  Lîdje  estent  1'  florin,  on  nom  qui  vint  d' Ion  et  d'  haut, 


(1)  Li  mandemint  est  dé  16  d'avri  ;  li  cour  des  èchèvins  l' iiiéta  al  wade  li  18. 


—     122     — 

pusqui  lès  prumis,  qu'  èslmi  dès  pèces  d'ôr,  ont  stu  fôrdjîs  a  Floreuce,  è  l'Italie, 
l'an  1252.  On  'nnè  fit  bin  vite  quasî  d'vins  tos  lés  payis.  Ç  fouyfli  rwèd'  France 
saint  I.ouwis  qui  k'minça,  lès  autes  sùvît,  et,  bin  de  timps  a  Ion,  on  luma  totes 
lès  pèces  d'ôr  dès  florins.  A  djourdliu  éco  li  noin  d'  florin  d'ôr  a  d'  moré  as 
djènès  fleurs  di  savadje  cécorèye  qui  crèhèt  d'vins  nos  prés.  Gome  lès  pèces  d'ôr 
(l'a  saint  Louwis  SiVint  on'  fleur  d'  lis  dès  costé  d"  pèe,  i-a  dès  cis  qu'ont  pinsé 
qu'  c'est  po  coula  qu'on  l's  a  loumé  florins.  Eco  fareût-i  savou  s'on  'nn'  a  batou 
d'vant  1252.  Totefwès  Florence  n'est  po  rin  d'vins  1'  nom  dès  florins. 

Après  lès  florins  d'ôr,  on  fôrdja  dés  cis  d'ardjint  :  c'ést-on  s'-fait  qui  fourit 
l'unité  pol  manôye  a  Lidje.  Qwand  c'est  qui  1'  Rèvolucion  nos  eût  apwèrté 
r  franc  et  lés  çantimes,  on  taxa  1'  valeur  d'on  florin  d'  Lîdje  a  on  franc  vint-on 
Centimes  et  cinquante-sî  cintinmes  di  çantimes. 

On  florin  d'  Lidje  si  Xowxneût  a  pus  sovint  on  carlus' .  Dji  n'a  polou  trové  dis- 
qu'asteûr  si  1'  nom  vint  dès  Carolus  qui  li  rwè  d'  France  Tchâle  VIII  a  fait  fôrdjî 
et  qu'on  louméve  on  blanc,  ou  bin  d'aute  pâ. 

Li  carlus'  di  Lidje  waleût  vint  patars  et,  d'vant  l'an  1600,  corne  nos  l'avans 
dit,  vint  aidants.  C'est  dé  Brabant,  n'  l'avans  vèyou,  qui  1'  nom  d'  patara  v'nou 
a  Lîdje.  Iffnat  qui  volet  qui  1'  mot  patar  séreût  1'  nom  tihon  Peter  ou  Pire,  on 
pô  mèsbrudji,  et  qu'ons  areût  d'né  a  'ne  manôye  qu'  aveût  d'on  costé  lès  deûs  clés 
d'  saint  Pire  è  creûs.  Mins  in  fareût  prover  qui  1'  mot  patar  est  flamind,  et  d'vins 
r  timps  lés  tihons  dèl  Brabant  dihm^  stuyver  po  on  patar,  Scheler  é  Dictio- 
iiaire  da  Grandgagnage  dit  :  «  Patar  est  une  déformation  de  patac,  qui  est  le 
primitif  du  patacon  «.  Mins  dj'  nèl  pou  creùre,  tant  1'  difèrint  est  grand  inte  on 
patar  et  on  patacon,  corne  nos  1'  vièrans  tôt  asteûr. 

Divant  1600,  on  patar  dé  Brabant  valeùt  qwète  aidants  d'  Lidje,  qu'ons  sleût 
bin  vite  loumer  dès  patar  tôt  l'zi  fant  piède  lès  treûs  qwarts  di  leû  valeur.  Mins 
r  patar,  raminé  ainsi  a  on  vintinme  dé  florin  ou  dé  carlus'  di  Lîdje,  vala  todi 
qwète  aidants,  qui  xHè&iint  naturélemint  pus  que  1'  qwart  di  çou  qu'avm^  stu. 

Avou  r  tarif  di  vés  1800,  l'ancyin  aidant  d'  Lîdje  ou  patar  vaXeût  si  çantimes 
et  sèptante-ùt  méyinmes  di  çantime  [6^  078],  et  l'aidant,  qu'  énn'  esteùt  l' qwart, 
on  pô  pus  d'on  çantime  et  d'mèy  ou  1*  5195. 

Divins  l' timps,  i-aveùt  falou  v'mi'-qwète  sous  po  fé  'n-aidant  d'  Lidje  et  mut- 
wét  fôrdjive-t-on  adon  dès  pèces  di  kertve  d'on  sou,  magré  qu'  dj'  énn  aye  oyou 
a  parler  noi  pa.  Mins,  s'èle  èsiint  p'tites,  éle  arm^  co  stu  apougnaves  assez, 
pusqu'avou  1'  tarif  di  1800,  tchaskeune  areût  valou  on  pô  pus  d'on  qwart  di 
C-antime  ou  0*=  2533. 

Mins,  qwand  c'est  qu'  l'aidant  d'  Lidje  fout  d'toumé  a  qwnrt  d'on  patar  di 


—     123     — 

Lidje,  on  n'  poléve  pus  sondji  a  fé  dès  pèces  d'on  sou,  et  on  s' continta  d' bâte  des 
cisses  d'on  d'mèy  aidant,  qu'on  loumew/  dès  âoze-sous. 

È  francès,  qwand  on  voléve  dire  êire  sans  argent,  on  d'heût  :  n'avoir  pas 
un  liard  ou  n'avoir  pas  un  rouge  liard,  et  asteurn' avoir  pas  un  centime. 
Divins  1*  timps,  on  Lîdjwès  areût  dit  parèy  :  djin'a  nin  on  doze-sous  sor  mi^ 
ou,  po-z-ablâmer  'ne  saqwè  :  dji  n'  è  dèreû  nin  on  doze-sous. 

Ainsi,  po  racotcheter  tote  l'afaire,  de  timps  d'  nos  dièrins  princes-èvèques,  on 
carlus'  valeût  vint  patars  ;  on  patar,  qwète  aidants,  et  on'  aidant,  vint'-qwète 
doze-50MS. 

Mins  quélès  pèces  aveût-on  ?  Tôt  k'minçant  po  li  d'zos,  on  'nn'  aveût  d' treùs 
sors  :  dès  cisses  di  keûve,  dès  cisses  d'ardjint  et  dès  cisses  d'ôr. 

Lès  pèces  di  keûve  èsiint  :  li  doze-sous,  l'aidant,  li  pèce  di  deùs  aidants  et 
r  patar.  A  Lidje,  on  loumeût  li  pèce  di  deûs  aidants  one  bouhe,  d'après  l' tihon 
busch,  qu'èsteùt  one  pèce  a  pô  près  parèye  d'Ah  ou  Aix-la-Chapelle.  El  Braibant, 
li  bouhe  èsteût  on  djigot.  On  s'a  sièrvou  quèque  timps  di  s'  mot-la  a  Lîdje,  et,  si 
dj'  tin  bin,  c'est  co  ènèt  a  Nivèle  on  çantime. 

Lès  pèces  d'ardjint  èstm^  1'  blanmûse,  li  skèlin,  li  dobe  sikèlin  ou  carlus',  et 
r  patacon. 

One  blanmûse  valew^cinq'  patars  ou  l' mitan  d'on  skèlin.  El  manôye  à'asteur, 
ci  sèreût  on  pô  pus  d' trinte  çantimes  ou  30  çantimes  et  39  cintinmes.  Grandga- 
gnage  fait  v'ni  1'  mot  dèl  Wèsfalèye,  d'où  qu'i  gn'aveut  one  pèce  d'on'  ûtiume 
di  dalèr  —  qu'areùt  valou  voci  ine  blanmûse  et  d'mèye  —  et  qui  tireùt  si  nom 
di  s'  coleûr  :  blaumueser,  bleûve  manôye,  pace  qu'èle  èsteût  faite  d'ardjint  et 
d'èk  (ink,  zinc)  fondons  èssonle  ou  d'  composicion.  On  scrèy  li  nom  d' treûs  mani- 
res  :  blanmûse,  blamûse  et  blâmùse,  Gome  lès  blanmûses  èstint  fwèrt  tènes  di 
tèye,  on  lès  louméve  quéquefèy  dès  plaquètes. 

Li  skèlin  vd\eùt  di  patars  ou,  è  nosse  manôye  d'asteur,  swèssante  çantimes  et 
sèptante-ût  cintinmes,  ainsi  quasi  swèssante-onk.  C'est  co  on  mot  tihon  :  schel- 
ling,  qui  vout  dire  one  saqwè  qui  hil'tèye,  de  verbe  schellen,  hil'ter,  soner.  Lès 
Inglès  r  dinèt  co  asteur  a  one  di  leûs  pèces  d'ardjint,  qui  vat  on  franc  et  on 
qwart,  come  li  mark  d'Alemagne  :  c'est  l'  shilling  ou  chèlin. 

Li  dobe  sikèlin,  c'èsteùt  1'  florin  ou  1'  carlus',  qui  vâreût  ènèt  on  franc  vint-on 
çantimes  et  cinquante-si  cintinmes.  Dj'a  come  one  dimèye  idêye  qui  lès  Lîdjwès 
ont  d'né  1'  nom  d'  carlus'  a  florin  d'  Brabant  qwand  c'est  qu'a  v'nou  è  leû  payîs, 
po  r  distinguer  dès  florins  d'  Lidje,  çou  qui  lèreût  co  bin  supôser  qui  l' nom  pro- 
vinreût  d' l'impèreûr  Charlè-Quint,  et,  qwand  lès  deûs  florins  ont  stu  parèys,  li 
nom  d'  carlus'  a  d'moré  a  florin  d'  Lîdje.  , 

Cou  qui  m'fait  pinser  ainsi,  c'est  qui  1'  minme  afaire  a-st-arivé  de  timps  dès 


—      124     — 

Holandès.  Lefts  péces  d'ôf  di  di  gulden  ou  florins  ont  d'ynoré  è  nosse  payis  bin 
liés  annèyes  après  V  Rèvolucion  d' l'an  Trinte.  Dj'énn'a  vèyou  co  traze  et  traze  è 
bureau  d'à  m'  père,  et  on  n'  lès  louméve  may  qui  dès  pèces  di  dî  carlus'.  On  lès 
loukive  todi  avou  'ne  grande  atincion,  pace  qu'èle  valint  on  franc  et  saze  çantimes 
di  pus  qu'  lès  napolèyons,  qu'avît  pris  1'  pièce  dès  louwis  d'ôr. 

Ad'dizeûr  de  carlus',  li  pus  grosse  pèce  d'ardjint  de  payis  èsteût  l'  patacon, 
qui  valéve  qwète  carlus'.  Li  patacon  èst-ine  manôye  qu'a  v'nou  d' l'Espagne 
divins  lès  Payis-Bas  et  èl  Franche-Comté,  c'est  one  saqwè  d'  sûr.  G'èsteùt  'ne 
piasse  espagnole.  Dj'a  li  —  d'ji  v's  èl  rind  po  çou  qu'i  m'  cosse  —  qui  1'  nom 
espagnol  patacon  sèreùt  on  mot  arabe  :  bâ  iâca^  mètou  po  abou  tâca,  qui  vout 
A\ve  paître  dèl  flnièsse^  pace  qui  lès  Arabes  arît  pris  po  lès  deûs  montants  d'ine 
finiésse  lès  colones  d'Èrcule  qu'èstit  r'présintèyes  so  cèrtinnès  manôyes  d'Espagne. 

A  Lidje,  les  p'titès  djins  et  minme  lès  bordjeûs  ni  Ktoûrnint  wère  lès  pèces 
d'ôr.  Lès  cisses  d'ardjint  èstm^  pus  apougnâves  et  fini  pus  d'haut.  C'est  sùremint 
po  coula  qu'on  d'hew  d'on'  ome,  qwand  on  l' louk  po  ritche  :  Cila^  î-a  dès 
paiacons. 

Lès  courones  di  France  ou  écus  de  six  livres  passint  a  pus  sovint  a  Lidje 
po  cinq  carlus'  tôt  ronds  qwand  n'  'nn'  aveût  qu'one.  Mins,  d'après  l' cri  d' Pèron, 
avou  r  piète  d'on  payis  a  l'aute,  èle  ni  valint  djusse  voci  qui  qwète  carlus'  et 
dîh'-nouf  patars,  et  on  n'  màqueiU  nin  d'  discompter  1'  patar  qwand  c'est  qui 
r  payemint  'nnè  valeùt  lès  ponnes.  Lès  d'mèyès  courones  ou  écus  de  trois 
livres  passent  a  l'advinaut. 

Po  lès  courones  di  Bradant  ou  courones  dèl  Royène  —  dji  m'  madjène  qui 
cisse  Royène  la  èsteût  Marèye-Thèrése  d'Autriche  —  on  lès  prind  a  Lidje  po 
qwète  patars  di  mons  qu'  lès  courones  di  France.  Cèsses-ceY  estint  lès  pus 
comunes  et  on  lès  Xoxxmeût  simplumint  courones. 

Po  lès  pèces  d'ôr,  s'  on  'nnè  veut  qu'arabe  so  lès  cris  d'  Pèron,  on  n'  'nn'  a  may 
bècôp  batou  a  Lîdje,  pace  qui  1'  payis  èsteût  trop  p'tit  et  qu'on  s'  sièrveut 
ahèyemint  dès  cisses  dès  autès  nacions,  pusqu'on  lès  prindéve  quasi  tôt  costé, 
sins  wè-d'  tchwè  piède  dissus.  So  li  d'dièrin,  i-aveût  deûs  sors  di  pèces  d'ôr  è 
payis  :  li  florin  d'ôr  et  1'  ducat. 

Li  florin  d'ôr  èsteût  d'abîme  ancyin,  ca  d'vins  tos  lès  vis  réglumints,  al  cam- 
pagne corne  èl  vèye,  c'est  todi  a  fwèce  d'amindes  di  treûs  florins  d'ôr  ou  de  dobe 
qu'on  pareule,  di  qwè  rwiner  on  pauve  maswir.  k  dîh-ûtinme  siéke,  li  florin 
d'ôr  valeur  cinq'  carlus'  ou  on  pô  pus  d'  sî  francs.  C'èsteût  'ne  pèce  a  pô  près  dèl 
grandeur  di  nos  pèces  d'ôr  di  di  fi-ancs,  mins  bècôp  pus  tène.  On  'nnè  vèyéve  wère 
et  tote  li  sogne  de  ci  qui  r'çûvéve  one  si-faite  manôye,  c'èsteût  dèl  piède  ;  ossi 
r  èwalpéve-t-i  d'vins  on  bokèt  d'  papi  po  lî  fé  t'ni  pus  d'  pièce  è  s'  boûse. 


—     125     — 

Li  ducat,  qu'aveût  stu  fabriqué  po  l'  prumi  côp  èl  Sicile  divant  l'an  1200,  qui 
t'néve  si  nom  d'ine  divise  è  latin  qu'èsteùt  d'ssus  : 

SU  tibi,  Christe,  datus  quem  tu  régis  iste  ducatus 

et  qu'aveût  passé  dèl  Sicile  é  l'Alemagne  é  a  Lîdje,  v^Xeût  voci  ût  carlus',  dî 
patars,  deûs  aidants  et  on  doze-50M5.  Vos  trouverez  mutwét  drôle  qu'on  n'auhe 
nin  qwérou  a  d'ner  a  ducat,  corne  a  nos  pèces  d'ôr,  li  valeur  d'on  nombe  tôt 
rond  d'  carlus'.  Mins  1'  prince  qui  lès  v'seu  fé,  ôrdonew  d'ènné  tèyî  ot'tant  a 
marc  ou  a  li  d'méye  live  d'ôr  et  i  valm/  çou  qu'i  valint  :  tant  pés  vat  po  lès  cis 
qu'avm^  dès  comptes  a  fé.  A  réz',  i  estm^  acustoumés,  ca  d'vins  l' trintinne  di 
pèces  d'ôr  d'a-d'foû  qu'  lès  cris  d'  Pèron  accèptint,  c'èsteùt  d'  tchance  d'ènnè  rès- 
contrer  one  qui  s'  valeur  toumahe  djusse  a  dès  carlus'  sins  patars  et  sins  aidants. 

Lès  djins  d'asfeur  trovèt  qu'  lès  manôyes,  corne  lès  mèseûres  de  timps  passé, 
c'èsteùt  'ne  saqwè  d' fameûs'dimint  èbrouhiné  et,  Diu  m'  pardone,  i  n'  s'e  maque 
wère  qui  n'  traitèhe  di  bièsses  lès  djins  d'adon.  D'abord  tchaskeun'  n'aveût  a 
k'nohe  qui  lès  manôyes  di  s'  prôpe  payis  et,  s'i-aveùt  minme  a  Lîdje  dès  banquis 
et  dès  candjeûs  qui  k'toùrnit  d'  totes  sôr  di  pèces,  il  avm^  lès  Gris  d'  Pèron  po 
s' guider. 

Di  m'  djonne  timps,  qwand  dj'a  stu  è  scole,  i  nos  faleût  aprinde  tôt  coula  : 
è  l'arismètique  on  lès  loumeût  ïès  partèyes  àliquotes,  qui  nosse  brave  vî  maisse 
nos  feût  prononcer  aliqwotes  pace  qui,  d'heùt-i-i,  c'èsteùt  on  mot  latin  ;  lès 
toursiveùs  d'inte  nos  autes  lès  loumit  partèyes  as  clicotes.  C'èsteùt  bin  pus 
malahy  po  nos  autes  qui  po  lès  vyès  djins  qu'a  vint  1'  manôye  a  l'advinant,  tôt 
fant  qu'  nos  autes  i  nos  è  idXeût  fè  dès  francs  et  dès  çantimes.  È  s'  vos  m' diman- 
dez  poqwè  qu'on  n's  aprindew/  coula,  dji  v'  dire  —  magré  qu'  nos  n'è  savent  rin 
adon  ~  qu'  c'èsteùt  djustumint  po-z-ac'mwède  è  payis  lès  manôyes  et  lès  mè- 
seûres dèl  Rèvolucion  francèse.  G'èst-owe  afaire  qu'a  pris  pus  d'  cinquante  ans, 
di  k'tchissé  lés  vyès  mesures  et  lès  vyes  manôyes,  pace  qui  lés  djins  î  èsUni 
trop-z-acustumés,  Èximpe  lès  Inglès,  qui  passèt  portant  po  fwèrt  sùtis,  et 
qu'  n'ont  co  polou  disqu'asteùr  ac'mwéde  lès  novèlès  mèseûres  é  leù  payis,  et 
portant  i  rik'nohèt  qu'éle  sont  mèeùs  qu'  lès  leurs . 

Vers  ci  ignat  one  cintinne  d'annêyes,  tos  lès  comptes  dès  mairerèyes,  de 
çouvèrnèmint,  dèl  douwane,  dés  r'civeûs  d'  contribucions,  etc.,  èstint  faits  a 
francs  et  a  çantimes,  mins  quasi  totes  lés  djins,  avou  dés  pèces  d'onk,  di  deûs, 
di  cinq'  et  d'  di  çantimes,  comptm/  todi  a  patars. 

Divant  d'aler  pus  Ion,  i  n'  si  met'  nin  ma  qu'  dji  v'  dije  qu'igna  co  'ne  cwèr- 
néte  dèl  province  di  Lîdje  d'où  qu'on  compte  todi  a  patars  et  a-z-aidants,  G'ést-è 
payis  dé  Rwè  ou  l'ancyin  duché  d'  Limbourg,  as  martchîs  d'Hève,  d'as  Batices 
et  n'a-wère  a  ci  d'Abe.  On  i  vint  1'  boûre  al  live  —  qn'èsi-asteur  on  d'mèy  kilo 


—     126     — 

—  èl  a  oftaiil  ti'  palars  èl  d'aidants.  Hximpe  :  a  inarchi  dèl  saminne  passêye, 
on  v'  dirèl  qui  1'  boùre  a  stu  a  vint'-qwète  patars  in-aidant  mons.  Si  vos  loukîz 
r  gazète,  vos  vertr?  qu'on  a  vindou  li  d'méy  kilo  d'  boûre  a  1  franc  45  cantimes, 
pace  qui  1'  gazeti,  lu,  ni  wèsereût  d'viser  d' lîves,  di  patars  ni  d'aidants.  Volez- 
ve  savii  poqwè  qu'on  vint  1'  boAre  ainsi  ?  Dji  v's  èl  va  dire.  Lès  vatchelis  de 
payis  de  Rwè  sont  turtos  on  pô  —  ou  minme  bècôp  —  pice-crosses  :  c'est  1'  mèsti 
(luèl  veut.  Corne  on  n'  sareût  ramourner  1'  manôye  de  vî  payis  d'  Lîdje  avou 
r  cisse  d'nsieur  tôt  tournant  djusse  et  qui  l' fracsion  profite  todi  a  ci  qui  live  l'ard- 
Jint,  li  vatcheli  r'çût,  po  tchaque  live  di  bofire,  one  tote  petite  saqwè  d'  trop' 
qui  n'  li  vat  qui  vint'-cinq  ou  cinquante  cantimes  po  tote  si  batêye,  mins  c'est 
todi  ot'tant. 

Qwand  Napolèyon,  l'an  qwinze,  fout  r'vièrsé  po  tôt,  lès  Belges  avm^  to  dièl 
liesse  leûs  vyes  mèseùres  et  leûs  vyes  manôyes  et  s'ènn'  aveùt-i  d'vins  zèls  qui 
comptint  bin  qu'  tôt  coula  aleftt  raviker. 

C'a  siou  V  gouvèrnèmint  holandès  qu'  s'i  a  1'  mis  pris  po-z-animer  1'  candje- 
mint  di  p'tit  a  p'tit,  tôt  d'nant  lès  vis  noms  as  novèlès  mèseùres,  come  one  èl  ou 
one  ône  po  on  mète  ;  on  hop  (une  coupe)  po  on  lite  ;  one  mudde  (un  muid)  po 
on  stî,  etc. 

Pol  manôye,  ci  fout  co  quasi  parèy.  I  prit  l'  vi  nom  d'  florin  ou  gulden,  qu'on 
louma  carlus'  a  Lîdje,  magré  qui  l'oufie  quasi  1'  dobe  di  valeur  di  l'ancyin  carlus', 
pusqu'i  passéve  po  2  francs  11  cantimes  6402,  mins  i-èl  parta,  come  li  franc 
l'aveût  stu,  è  cint  p'titès  pèces  di  keûve,  qu'on  louma  on  çant,  èl  pl^ce  di  hon- 
derdste,  pace  qui  1'  mot  roman  çant,  qui  n'a  qu'one  sillabe,  rôle  bècôp  mis  qui 
r  mot  tihon,  qu'est  malahy  a  dire,  minme  po  lès  Holandès.  I  fôrdja  dès  pèces  di 
keûve  d'on  d'mèy  çant  et  d'on  çant  ;  dès  cisses  di  composicion  d'  vint'-cinq'  çans 
avou  on  grand  dobe  (W),  qu'on  louma  bin  dé  timps  a  long  dès  pèces  di  nouf  pa_ 
tars,  pace  qui  c'èsteût  quasi  djusse  coula  ;  dès  pèces  di  cinquante  çants  ou  d'on 
d'mèy  carlus',  dès  cisses  d'on  carlus',  etc. 

A  ç'  sudjèt-la  —  et  ç'  sèrè  po  fini  —  dj'a  'ne  rimarque  a  fé  qui  trouve  si  pièce 
voci. 

È  françès,  li  cintinme  partèye  d'on  gulden  come  li  cisse  d'on  dalèr  d'Amérique, 
si  scrèy  cent^  come  li  nombe  cint'  et  s'  prononce  san,  todi  come  li  nombe. 

Lès  Holandès  ont  fait  a  leù  mot  cent  on  pluriel  tihon  centen  et  on  roman 
cents  avou  'ne  5  al  caive. 

Divins  lès  campagnes  tôt  atoû  d'  Lîdje,  djusqu'à  d'vins  lès  dièrinnès  annêyes, 
on  a  dit  on  çant  et  dès  çants  (pron.  5an),  mins  a  Lîdje  minme,  sùremint  pace 
qui  r  mot  riv'new^  pus  sovint  a  pluriel  qu'a  singulier,  on  a  dit  çans'  tôt  fant  sinti 
\'s  et  minme,  en  on  bastardé  francès,  cens' . 


—     127     — 

Ci  n'est  nin  co  tôt.  Li  Lidjwès  a  fait  de  mot  çant,  qu'èsteùt  masculia,  on  mot 
féminin  «  one  çans'  »  tôt  H  clapant  'ne  s  a  singulier.  Nos  scolis  ont  brohé  d'ssus 
po  dire  è  leû  francès  une  cens'  et  minme  une  cèn',  et  diusqu'a  nos  scriyeûs  d' 
comèdèye,  quèlzi  sonne  qu'i  djasèt  mis  1'  walon,  tôt  mètant  sol  cov'teûre  di  leù 
pièce  qu'on  1'  vint  trinte-cinq'  çans'  tel  et  télemint.  Sins  1'  savow  et  sins  1'  voli 
i  djasèt  bel  et  bin  tihon,  ca  1'  mot  nos  vint  dès  Holandès  et  i  n'a  asteur  dès  çants 
coma  manôye  qu'èl  Holande  et  as  États-Unis. 

Qwand  ci  n'  sèreût  qu'  po  sacler  foû  dé  francès  d'  Lidje  dès  vîl'meûsès  ièbes 
come  une  cens'  et  une  cèn' ,  dès  cens'  et  dès  cèn',  qui'  marquèhe  qu'on  vint  leû 
comèdèye  septante  çantimes,  pusqu'ossi  bin  ci  sèrè  70  çantimes  qu'i  m'  farèt  payî.» 

J'ai  publié  ce  texte,  avant  tout,  pour  donner  au  lecteur  une  idée  du  patois 
d'Eneille. 

Si,  avec  ces  détails,  quelqu'un  voulait  évaluer  en  numéraire  moderne  les 
anciennes  monnaies  réelleset  de  compte,  souvent  notées  dans  les  pages  précédentes, 
il  devrait  savoir  la  valeur  de  l'argent  à  l'époque  où  ces  monnaies  avaient  cours, 
puis  rechercher  les  conditions  économiques  dans  lesquelles  se  trouvait  le  pays 
émetteur  ;  alors  seulement  essayer  de  traduire  en  monnaie  actuelle.  Cette  opéra- 
tion est  des  plus  délicates. 

<-  Ainsi,  par  exemple,  il  est  avéré  que  l'argent  avait  au  XI V^  siècle  un  pouvoir 
d'achat  de  15  à  20  fois  supérieur  à  celui  qu'il  a  de  nos  jours.  Si  donc  une  mon- 
naie pèse  3  grammes  ei  titre  0,500  millièmes  arg.  fin,  le  gramme  d'argent  pur 
valant  aujourd'hui  0.08  f.  ladite  monnaie  vaut  3x0.08  =  0.12  f.x  15  =  1.80  fr. 

2 

Voici  un  cas  d'application  facile  :  en  1415,  on  a  payé  2  gros  à  2  ouvriers  pour 
jeter  en  bas  des  remparts  de  Luxembourg  un  cheval  mort  qui  empestait  la  rue. 
—  Que  valaient  ces  2  gros  ? 

Si  on  ne  tient  pas  compte  du  pouvoir  d'achat  de  l'argent  à  cette  époque,  on 
obtient  l'absurdité  suivante  :  1  gros  titre  environ  0.400  miUièmes  en  moyenne, 
et  pèse  2.84  gr.,  donc,  le  gramme  d'argent  pur  valant  0.08  f.  on  obtient  : 
2.84X0.08X400=0.09  f.  env. 

100 

Pas  même  10  centimes  par  gros,  pour  chaque  homme  employé  à  la  susdite 
besogne  ! 

Il  faut  donc  multiplier  la  valeur  intrinsèque  actuelle  par  le  pouvoir  d'achat  de 
l'argent  en  1415,  soit  0.09  x  20  =  1.80  fr.,  prix  conforme  au  bon  sens  et  à 
la  réalité,  et  on  arrive  à  3.60  f.  pour  le  salaire  de  chacun. 

Autre  exemple,  pris  dans  notre  texte,  page  49  :  le  curé  d'Eneille,  collecteur 
du  concile  d'Ouflet,  prend  3  patacons  pour  3  vacations  à  Durbuy  lors  de  la  ré- 
partition de  la  taille  de  Sa  Majesté,  en  1064  ;  ce  qui  ferait  4  frs.  20,  si  l'on  se 
tient  à  la  valeur  intrinsèque  de  l'argent,  et  14  frs.   en  argent  monnayé  sur  la 


—     128     — 

l):ise  (lu  rapport  1:15,  régissant  encore  actuellement  le  numéraire  de  l'union 
latine,  mais  qui  ne  correspond  plus  à  la  réalité. 

Erreur  pourtant.  Le  patagon  est  une  pièce  d'argent  titrant  0,874,  arg.  fin,  et 
valant  48  sous,  monnaie  du  temps:  l  1/-2  patagon  =-  1  couronne  d'or;  la  cou- 
ronne d'or  titrait  21  carats,  6  gr.,  ce  qui  fait  en  millièmes  0,895,  d'où  il  résul- 
terait, si  on  n'y  prenait  garde,  que  1  1/2  patagon,  ou  42  grammes  d'argent  à 
0,874,  représenteraient  en  argent  marchand  2  frs.,  et  en  argent  monnayé, 
rapport  l  :  15,  un  peu  moins  que  8  frs.  Tandis  que  la  couronne  d'or,  pesant  3 
grammes  34  et  titrant  0,895,  vaudrait  aujourd'hui,  comme  valeur  intrinsèque 
8  frs  35  :  d'où  le  non  sens,  que  2  frs  d'argent  =-  8  frs  35  d'or.  Et  cette  hérésie 
provient  de  ce  que  l'on  n'a  pas  tenu  compte  du  rapport  de  l'or  et  de  l'argent 
au  XVIP  siècle,  qui  était  alors  de  1  :  12,  et  de  la  cherté  de  la  vie  lors  de  la 
guerre  de  30  ans  :  avec  cela,  on  va  loin  des  4  frs  20,  valeur  intrinsèque  de 
3  patagons,  ou  des  14  francs,  auxquels  nous  les  avons  taxés  plus  haut. 

N'oubhons  pas  non  plus  que  nos  5  frs.  actuels  ne  valent  que  1  fr.  90,  et  même 
moins,  de  valeur  intrinsèque  «  (1). 

Le  texte  wallon  publié  ci-dessus,  ne  tient  compte  que  de  la  valeur  intrinsèque 
des  anciennes  monnaies,  comme  aussi  les  évaluations  que  nous  avons  parfois 
risquées  précédemment. 

Or,  sous  Marie-Thérèse  encore,  donc  à  une  époque  assez  récente,  le  pouvoir 
d'achat  de  l'argent  était  près  de  trois  fois  supérieur  à  ce  qu'il  est  aujourd'hui. 

Quand  par  conséquent  nous  disons,  page  77,  que  le  revenu  d'un  curé  d'Eneille 
s'élevait  à  550  francs  environ,  il  faut  entendre  deux  à  trois  fois  plus,  comme 
valeur  actuelle. 

La  situation  matérielle  de  nos  jours  ne  vaut  même  plus  cela. 

(Sed)   Vatis  avarus 
Non  temere  est  animus  :  versus  amai,  hoc  studet  unum. 

Horace.  Epît.  II,  l,  119-120. 

Mesures  de  Longueur. 

(Dialecte  liégeois). 

"  L'unité,  à  Lîdje  comme  aute  pa,  c'esteut  1'  pîd.  0ns  aveilt  d' deûs  sors  de  pîds. 

Li  pîd  d'  S*  Lambiè  èsteût  'ne  gote  pus  court  qui  1'  ci  d'  S*  Houbiè  :  i  valéve 
djusse  0™29 17795.  Gome  nos  l'avans  dit,  on  n' s'è  sièrvéve  qui  po  mèserer  lès 
tères.  Voci  k'mint  qu'on  s'î  prindéve. 

Li  mèsereû  aveût  'ne  grèye  pîce  di  saze  pîds  ou  on  pô  pus  d'  4°"668,  qu'on 
louméve  ine  vèdje.  Lès  vis  Romains  loumît  pertica  leu  vèdje  qu'èsteût  d' dî  pîds. 


(\)  D'après  M.  l'avocat  Bernays,  d'Anvers. 


—     129     — 

È  France,  on  'nnè  fit  1'  «  perche  »  ou  pîce,  mins  pol  longueur  on  peut  dire  qu'i- 
aveût  otetant  d'  «  perches  »  qui  d'  payis. 

Qwand  c'est  qu'on  voléve  mèserer  'ne  tère,  on  k'mincîve  a  eune  dès  cwènes 
tot-z-apliquant  1'  vèdje  so  l'arôye  et  on  plantéve  deûs  piquets  as  deùs  bèchètes 
dèi  vèdje.  Coula  fait,  on  rapliquéve  li  vèdje  tour  à  tour  as  deûs  piquets,  tôt 
r  mètant  di  sqwére  avou  l'arôye  —  a  l'oûy  po  1'  pus  sovint,  ou  avou  deûs  ficelés 
dèl  minme  longueur  qwand  on  voléve  mèserer  fwért  djusse.  On  plantéve  codeûs 
piquets  a  deûs  novêlès  bètchètes  dèl  vèdje,  et  on  s'assuréve  qui  1'  vèdje  touméve 
djusse  inte  les  deûs  dièrins  piquets.  On  aveût  ainsi  on  pèçot  d' tére  di  saze  pîds 
so  saze  è  qwareûre  ou  d' deûs  cints  cinquante  sî  pîds  ramourenés  :  c'est  çou  qu'on 
louméve  ine  pitite  vèdje.  Qwand  1'  mèsereû  aveût  mèseré  vint  s'-faits  pèçots, 
ons  aveût  'ne  grande  vèdje.   Li  p'tite  vèdje  valéve  0*''e2179  et  1'  grande  vèdje 

4ares3589, 

Vint  grantès  vèdjes  fît  on  bouni.  C'est  co  on  mot  latin  bonnarium,  qui  pro- 
vint d'  borna.,  mèsbrudjî  a  bonna  è  latin  d'  couhène  et  qui  vout  dire  rinna. 

I-a  sèt'  ou  ût  cints  ans  d' cial,  on  louméve  bouni  ine  tére  qu'aveût  stu  mèserèye 
et  qu'ons  î  aveût  planté  dès  rinnas.  On  n'  fève  coula  qu'  po  lès  tères  qu'on  tchèr- 
wéve  ou,  d'vins  lès  tiers,  po  lès  cis  qu'on  n'  poléve  cultiver  qu'ai  hawe.  Lès  prés, 
lès  bwès  et  lès  marasses  n'avît  nin  dès  rinnas  et  s'ènn'avît-i  nin  mèsahe  :  c'èsteût 
dès  bins  d'  comeune  ou  di  c'mogne  qu'èstît  banaves. 

Pitit  a  p'tit  on  d'na  1'  valeur  di  vint  grantès  vèdjes  a  'ne  tére  qu'aveût  des 
rinnas  et  on  'nnè  fit  1'  mèseûre  d'on  bounî.  Di  ç'  timps-la,  divins  lès  bons  tèreûs, 
corne  èl  Hèsbaye,  ine  cinse  èsteût  d'ordinaire  di  doze  bounîs.  C'est  çou  qu'i  faléve 
a  on  maswir  ou  manant  po  viker  lu  et  s'  feume,  ses  èfants,  ses  sièrfs  et  ses  biès- 
ses.  On  louméve  ine  sifaite  cinse  è  latin  mansus,  qui  vout  dire  ine  demeure 
d'abord  et  puis  ine  valeur  di  doze  bounîs.  Di  l'aute  costé  dèl  Moûse,  wice  qu'i-a 
dès  tiers  et  dès  croupèts,  lès  cinses  a  vît  pus  d'  doze  bounîs  et  c'est  coula  qu'on 
pout  1ère  divins  lès  vis  aks  dès  afaire  corne  çouci  :  «  I  lî  d'na  on  manse  d'on 
manse  et  d'mèy  «,  çou  qui  vout  dire  :  i  lî  d'na  'ne  cinse  di  dîh-ût  bounîs. 

Li  mot  »  manse  »  ni  poléve  aut'mint  qui  di  s'  kisèmer  tôt  wice  qu'ons  a  djasé 
r  latin  de  vî  timps.  On  trouve  co  èl  Lorinne  meix  ou  meis,  èl  Provance  mas, 
èl  Bretagne  ma,  èl  Nôrmandèye  mois  (mwès')  et  è  nosse  payis  moxhe  ou 
mohe.  C'est  d' la  qu'a  v'nou  mohon,  a  Vèrvî  manhon,  qui  tint  1'  pus  près  a 
latin  7nansio.  Et,  come  on  d'héve  ine  manhon,  ine  mohon,  lès  cis  d'  Lîdje  ont 
volou  fé  r  malîn  tôt  mètant  îne  e  al  cowe  de  mot  et  tôt  d'hant  ine  mohone,  tôt 
djusse  come  lès  Francès  ont  djudjî  qu'  faléve  dire  une  bure  èl  pièce  d'ow  bure, 

come  nos  autes  on  beûr. 

9 


—     130     — 

On  s'  sièrvéve  quéqaefèy  ossu  po  mèserer  lès  téres  de  ajourna,  è  francès 
«  journal  ».  C'est  çou  qu'on  pout  labourer  so  'ne  djournèye.  É  payis  d'  Lîdje,  on 
djourna  valéve  cinq' grantès  védjes  ou  1' qwart  d'on  bounî.  Mins  atoû  d'  nos 
autes,  è  payîs  d'Lîmbourg  et  è  ci  d'Luxembourg,  sûremins  qu'  lès  ornes  è  lès 
blesses  èstît  pus  djintis,  ca  on  djourna  î  valéve  ût  grantès  vèdjes. 

Mutwèt  qui  1'  pîd  d'  S*  Lambîè,  sol  posteure  dèl  catèdrale,  n'èsteût  nin  ossi 
ahèy  a  mèserer  djusse  qui  1'  ci  d'  S'  Houbiè,  ou  bin  qu'  lès  mèsereûs  avit  ma 
tèyî  leû  vèdje  di  saze  pîds.  Ga  i-aveût  quéques  viyèdjes  è  payis  d'  Lîdje  qu'avit 
left  vèdje  a  part. 

On  mèseréve  à  Vône  lès  draps,  lès  stofes,  les  teûles,  lès  nales,  lès  cowètes  et 
tos  afaires  ainsi. 

L'ône  di  Lîdje  valéve  deûs  pîds  et  on  qwart  di  St. -Houbiè  (Ord.  dé  5  di  djanvîr 
1687),  çou  qui  fait  0"631  ou  quasi  tôt  djusse  lès  deux  tîs  d'on  mète.  Ossu  d'vins 
nos  botiques  compte-t-on  co  oûy  li  mète  po  lue  ône  et  d'mèye. 


Mèseûres  po  lès  grains,  lès  favêtes, 
lès  vèces,  lès  peûs  et  l'sé. 


Po  totes  ces  dinrèyes-la,  l'unîté  c'èsteût  li  sti. 

Li  mot  sti^,è  francès  «*  setier  «,  è  vî  francès  «  sestier  »,  provint  de  latin  sex- 
tarius,  ine  mèseûre  qu'èsteût  l'sîhinme  partèye  d'ine  pus  grande,  li  congius. 

L'ôrdonance  de  5  di  djanvîr  1689  nos  dit  çou  qu'on  stî  deût  t'ni  :  «<  Le  setier  à 
mesurer  le  grain  tiendra,  comme  du  passé,  vingt-quatre  pots  ou  quartes  au  vin 
(p.  135)  «.  Nos  vièrans  pus  bas  qu'on  pot  valéve  cinquante  pôces  di  St. -Houbiè 
ramourenés  dès  treûs  sins. 

On  stî  t'néve  qwate  qivates  ;  li  qwate,  qwate  pognous  ou  pougnous  ;  et 
l'pognou  qwate  mèseûres. 

Li  stî  èsteût  fait  d' deûr  bwès,  tôt  rond,  ossi  ladje  dizeûr  qui  d'zos  et  avou  on 
fond  tôt  plat.  I-èsteût  cèclé  d'fiér  atoû  ;  dès  sqwéres  di  fier  tinît  1'  fond  as 
montants  po  qu'  li  d'vins  n'bodjasse  may.  So  li  d'zeûr,  ine  reûde  baguète  di  fier 
èl  trivièrséve  pol  mwètèye  d'on  bwérd  a  l'aute  et  èle  èsteût  at'nowe  a  mitant 
d'ine  aute  baguète  di  fier  hazèye  é  fond.  C'est  por  la  qu'on  apougnîve  li  stî. 

On  fève  dès  d'mèyes-sitis,  dès  qwates,  dès  pognous,  dès  d'mèys-pognous  et  dès 
mèseûres,  tôt  coula  d'bwès. 

On  d'vise  quéquefèy  d'on  grand  stî.  Dji  n'a  polou  saveur  a  djusse  çou  qu 


-     131     — 

c'èsteût,  mins  voci  çou  qu'  dj'a  trové  d'vins  lès  vis  aks  qui  djâsèt  d'  rintes.  On 
mèseréve  di  deùs  Dianîres  a  stî  :  po  lès  deûrs  grains  —  wassin  ou  regnon,  spéte 
ou  blé  et  frumint  —  après  aveûr  impli  li  stî,  on  passéve  li  stritche  dissus  po  qu'i 
fouche  a  ras'  ;  po  lès  marsèdjes  —  wèdjes,  avonne,  favètes  et  vèces,  —  on  hopéve 
li  stî  tant  qu'ons  è  poléve  mète,  et  c'èsteût  l'atch'teû  qu'apougnîve  li  flér  d'à 
mitant  tôt  passant  s'  main  è  grain  et  tôt  'nnè  fant  r'toumer  1'  mons  possibe.  On 
louméve  çoula  on  hopé  stî  :  dji  m'  madjène  qui  c'èsteût  1'  grand  stî. 

I  faléve  ût  stîs  po  on  moy  c'est  co  'nemèseûre  dès  Romains:  modius,  è  francès 
"  muid  «,  Li  moy  di  Lîjde  valéve  tôt  près  d'  deûs  hèctolites  et  d'mèy  (245  lites 
6952).  D'vins  I'  timps,  on  n'  cultivéve  quasî  atoû  Lidje  qui  1'  wassin  et  1'  blé, 
quéquefèy  lès  deûs  èssonle  :  c'èsteût  dèl  mèsteûre.  Lès  grains  d'  blé  sont  si  bin 
sèrés  deùs  à  deûs  èl  paye  quels  èwalpêye,  qu'i  n'  vinèt  nin  foû  minme  tôt  les 
bâtant.  On  stî  d'  blé  est  bêcôp  pu  lèdjîr  qu'on  stî  d'wassin,  et  on  dj'va  d'moûni 
pwèrtéve  ahèymint  on  moy  ou  ût  stîs  (J'  blé,  c'est  po  çoula  qu'on  d'héve  a  pus 
sovint  ine  tchèdje  di  blé  él  pièce  de  dire  on  moy. 

Guy  on  peûse  li  se  :  dé  vî  timps,  on  1'  vindéve  come  lès  grains  al  mèseûre.  I 
nos  è  d'meûre  on  spot  :  ainsi  on  cinsî  qu'a  on  noû  varlèt  et  qui  s'aparçut  qu'i 
n'  lî  convint  wêre,  dîrè  d' lu  :  I  n'  magnerè  may  on  stî  d'  se  èl  mohone. 


Mèseûres  po  Y  vin,  li  bire,  li  pèquet  Tôle,  etc. 


L'unité  d'  mèseûre  po  tôt  çoula  ésteût  a  Lîdje  li  pot  ou  qwate. 

Li  pot  d'  Lîdje  tinéve  come  nos  l'avans  dit  tot-rade,  cinquante  pôces  di 
St.-Houbiè  ramourenés  dès  treûs  sins,  ou  1  lite  279665.  Li  pot  t'néve  deûs  pintes  ; 
li  pinte,  deûs  sopènes.  et  1'  sopène,  qwate  mèseûres  ou  roquèyes. 


Lès  Peûs,  Pwès  ou  Pesants. 


Quasî  d'vins  tôt  nos  payis  d'Europe,  li  live  èsteût  l'unité  d'  pwès.  Èle  prov'- 
néve  dès  Romains  quel  loumît  libra  ou  as  libralis,  mins'  le  aveût  ou  tôt  plin 
ou  bècôp  d'cwèli  ava  lès  vôyes,  et  on  nnè  poléve  dire  sins  s'  roûvi  :  otetant 
d'pays,  otetant  d' lives. 


—     132 


Li  livR  dès  Romains  qu'aveût  t'nou  doze  onces  ou  unciœ  so  li  d'ièrin,  peûsereût 
orty  321  grames  238  ou  a  quèques  grames  près  li  tîs'  d'en  kilo.  A  Lîdje,  si  les 
papis  dès  ancyins  nos  rac'sègnét  çou  qui  faléve  po  on  pid  et  po  on  pot,  i  n'  nos 
d'hèt  nin  çou  qu'ine  live  pèséve.  L'ôi'donance  de  5  di  djanvir  1689  si  continte  de 
dire  :  «  La  livre  commune  devra  contenir,  comme  de  tout  temps,  seize  onces, 
et  la  petite  livre  douze  onces...  La  livre  anx  chandelles  de  suif  devra  peser  deux 
livres  communes  et  un  demi-quateron  ».  Ainsi  li  lîve  di  Lîdje  valéve  saze  onces, 
et  d'après  lès  rapwètroûles  qu'on  'nn'  a  fait  avou  lès  noûvès  mèseûres  dèl  Révo- 
lution, èle  pèséve  467  grames  093.  Ine  once  di  Lîdje  valéve  ût  gros  et  V  gros, 
septante  défis  grains.  Ainsi  on  grain  pèséve  on  tôt  pô  pus  qu'on  d'mèy  déci- 
grame  (0  gr.  05067). 

2.  Mœurs  et  cou- 
tumes. La  population 
d'Eneille  s'adonne  avant 
tout  à  l'agriculture  et  à 
l'élevage  du  bétail.  Pour 
se  rendre  compte  des  us 
et  coutumes  d'autrefois 
en  cette  matière, il  suffit 
de  parcourir  les  vieux 
baux  et  contrats  agri- 
coles. 

Dans  l'ancien  temps, 
un  bail  s'appelle  un 
•  stuyt  ou  stuitte  local. 
Il  est  de  trois  ans  ou  de 
trois  à  six  et  de  six  à 
neuf,  prenant  cours  au 
premier  jour  de  mai  et 
finissant  à  pareil  jour 
les  dits  trois,  six  ou 
neuf  ans  révolus  et 
expirés. 

Par  acte  notarié  du 
27  février  1695,  Noble 
Dame  Marguerite  de  Preit,  dame  des  Eneilles  et  Wallay  déclare  établir  Wéra 
Cornet,  manant  de  Gomblen-a-Pont  pour  bovier  en  sa  censé  du  fond  de  Josse, 
ban  de  Combien,  pour  un  stuyt  de  trois  ans  continuels,  à  partir  de  mai  suivant. 
Cornet  labourera  ses  terres  de  toutes  royes  et  si  à  temps  et  fidèlement  au  dire 
des  bons  laboureurs,  qu'à  sa  faute  la  dite  dame  n'endure  aucun  frais  et  intérêt. 


l'kol.  Emj.  Haverlanil. 


Groupe  de  cullivateur.'i 


—     133     — 

Tous  les  grains  croissants  sur  les  champs  d'icelle  censé  se  partageront  sans 
fraude  à  la  jarbe,  au  jour  de  la  moisson.  Cornet  devra  les  engranger  à  ses  frais. 

Les  fruits  des  arbres  et  autres  menus  fruits  seront  partagés  également  comme 
les  grains,  hormis,  que  la  dîme  des  fiefs  et  autres  provenant  de  la  basse-cour, 
icelle  dame  se  la  réserve. 

Pour  les  réparations  des  toits  et  parois  et  autres  choses  y  survenantes  et 


Pliot.  Euij.  HaverluHil. 


Grande  Eneille. 


nécessaires,  le  censier  chariera  tous  les  matériaux  et  nourrira  les  ouvriers  dont 
les  journées  seront  à  payer  à  la  charge  de  la  dame,  laquelle  encore  paiera  un 
muid  d'épeautre  et  un  demi-muid  d'avoine  à  un  ouvrier  d'août  ;  le  reste  à  la 
charge  du  censier. 

Si  le  censier  reçoit  de  la  dame  par  prêt  grains  pour  alimenter  sa  famille,  il 
devra  rendre  ce  grain  fidèlement  avant  la  sortie  des  trois  ans  révolus. 

La  dame  lui  mettra  quatre  bœufs  de  charrue,  dont  le  censier  devra  répondre. 

En  cas  de  renoncement,  on  s'avertira  dès  le  mois  de  novembre  ou  a  la  Saint- 
Martin  avant  le  mai  de  la  dernière  année. 

Finalement  Cornet  sera  tenu  de  donner  un  pain  de  sucre  à  la  dame,  pour  le 
vin  de  stuyte,  et  comme  il  y  a  cent  charrées  de  môles  (marne)  tirées,  le  censier 
les  devra  charrier  sur  les  terres  de  la  censé  pendant  les  trois  années  de  son 


—     134     — 

stu3le,  à  condition  que  s'il  vient  à  sortir  après  les  trois  ans  il  devra  être  indem- 
nisé des  charrées  qu'il  n'aura  retiré  ses  peines  et  graisses. 

—  Citons  encore  quelques  clauses  du  stuitte  local  passé  en  1722  entre  le  sieur 
Jean  Colin,  capitaine  de  la  cavalerie  du  Condroz  et  son  censier  Jean  Servais. 

«  Le  censier  sera  obligé  de  bien  et  fidèlement  labourer  toutes  les  terres  de  la 
censé,  et  les  engraisser  tant  les  éloignées  que  les  prochaines,  et  surtout  les  jeter 
contre  mont  en  les  labourant. 

En  cas  où  le  preneur  vînt  à  labourer  quelque  terre  à  des  particuliers  par 
moitié,  il  devra  laisser  à  sa  sortie  la  moitié  part  des  pailles  qui  auront  provenu 
sur  icelle,  à  la  réserve  de  celles  provenant  de  son  chef,  qu'il  lui  sera  libre  de 
reprendre. 

Il  devra  payer  tous  cen^  et  rentes  dont  les  biens  sont  chargés,  de  même  que 
les  tailles  et  subsides,  sans  nulle  réserve. 

Sera  obligé  le  dit  fermier  de  faire  mettre  chaque  année  un  cent  de  waux 
(=-  waz,  paille  triée)  sur  le  toit  des  bâtiments  à  ses  frais,  et  faire  deux  corvées, 
s'il  en  est  requis,  avec  son  charriot. 

Il  devra  planter  ou  faire  planter  six  jeunes  arbres  chaque  année. 

Sera  obligé  de  rendre  annuellement  quinze  écus  (env.  74  f.),  au  Noël, 

Est  conditionné  que  s'il  arrivait  quelque  ravage  de  gens  de  guerre  ou  chose 
semblable,  le  sieur  rendeur  devra  y  avoir  égard,  à  condition  que  le  preneur 
ait  soin  d'avertir  de  bonne  heure  le  sieur  son  maitre.  Gomme  gage,  il  oblige  la 
généralité  de  ses  biens  meubles  et  immeubles  présents  et  futurs.  » 

—  Une  particularité  de  l'élevage  du  bétail,  c'est  le  cheptel,  pratiqué  encore  jus- 
qu'en ces  derniers  temps  entre  les  campagnards,  qui  mettent  à  nourrisson  une 
ou  plusieurs  bêtes,  pour  un  temps  déterminé. 

En  1515  la  Fabrique  achetait  deux  bœufs  à  la  femme  Jehan  Gollîn  qui  les  re- 
tenait à  nourrisson  pour  trois  ans,  dont  coût  15  postulats. 

«  Aujourd'hui,  25  juillet  1659,  écrit  le  curé  de  Pierreux,  sont  comparus  par 
devant  moi  en  personnes  sieur  Jean- Hubert  Dezasse  et  Jean-Martin  Ponsart, 
lieutenant  réformé,  lesquels  m'ont  déclaré  être  tombés  d'accord  touchant  trois 
bestes  à  cornes  que  le  dit  Jean-Hubert  Dezasse  prins  à  nourrisson  au  dit  Jean- 
Martin  Ponsart  pour  temps  des  trois  ans,  à  commencer  au  jour  saint  Jacques, 
apostre,  25  de  julet,  an  susdit  1659  et  finissant  la  troisième  année,  ans  et  jours 
révolus,  et  ont  été  les  dicts  trois  bestes  estimées  à  quatorze  patacons  à  la  croix 
(env.  66  fr.)  ou  valeur  d'iceulx,  lesquels  bestes  sont  deux  vaches  à  laict  et  une 
génisse  d'environ  deux  ans.  Une  des  dicts  vaches  at  le  poil  brun  et  langue  (nom) 
jolie.  Or,  le  tout  est  conditionné  et  rapporté  au  dictum  et  selon  la  coutume  des 


—     135     — 

gens  de  bien  et  nourriciers  de  ce  pays.  Est  ainsi  arrêté  en  notre  maison  pasto- 
rale d'Eneille  les  jour,  mois  et  an  vu  supra.  En  foi  de  quoy  ont  les  dicts  inté- 
ressés soubsigné  en  manière  de  cour,  nom,  surnom  et  signature  accoutumée.  » 
—  L'un  semble  écrire  avec  une  allumette,  l'autre  avec  une  aiguille. 

Les  troupeaux  de  moutons  étaient  aussi  pour  une  bonne  part  dans  les  revenus 
de  la  culture  ancienne.  Il  en  a  déjà  été  question  dans  un  procès  entre  le  seigneur 
d'Eneille  et  ses  manants. 

Transcrivons  ici  une  pièce  intéressante  à  ce  sujet.  «  L'an  1690,  du  mois  d'oc- 
tobre le  13®  jour,  ont  personnellement  comparu  devant  moi,  notaire  apostolique, 
dit  le  curé  Le  Charpentier,  Noble  et  Révérend  Sire  Jacques  de  Bouylle  d'une 
part,  et  honnêtes  personnes  Lambert  Gollin  et  Jean  Ponsart  d'autre  part  ;  là 
même  a  été  convenu  et  arrêté  que  les  derniers  comparants  tiendront  et  hiver- 
neront un  troupeau  de  moutons  au  dit  de  Bouylle,  consistant  en  deux  cent  et 
vingt  moutons,  parmi  trente-deux  sous  liégeois  par  chaque  tête  des  dits  onze 
vingt  moutons,  parmi  quoi  le  dit  Bouylle  mettra  douze  moutons  de  surplus  pour 
suppléer  à  ceux  qui  pourraient  mourir  pendant  l'hivernement,  sans  rien  donner 
pour  leur  nourriture;  mais  bien  ajoutera  au  dit  troupeau  deux  brebis  qui  après 
avoir  enlevé  leurs  agneaux  suivront  aux  nourrisseurs,  et  les  agneaux  au  souvent 
dit  de  Bouylle. 

Bien  conditionné  toutefois  que  s'il  survient  quelque  orage  de  guerre,  de  sorte 
que  par  le  feu  immis  ou  par  des  soldats  fourrageurs  les  fourrages  venaient  à 
être  péris  avant  que  l'hiver  soit  fini,  pour  lors  les  nourrisseurs  seront  tenus  de 
les  entretenir,  le  plus  honnêtement  qu'un  père  de  famille  pourrait  faire  en  cas 
pareil,  du  reste  qui  leur  en  pourrait  demeurer  de  tel  orage.  Et  puis  après,  le  dit 
de  Bouylle  sera  tenu  d'achapter  le  surplus  où  il  se  pourra,  et  en  décompter  seu- 
lement la  moitié  du  prix  qu'il  aura  déboursé,  et  l'autre  moitié  sera  à  la  charge 
des  nourrisseurs,  qui  en  tel  cas  devront  mener  les  dits  fourrages.  En  outre  a 
aussi  été  conditionné  que  s'il  arrive  que  les  dits  moutons  seraient  enlevés  tous 
ou  en  partie  par  les  gens  de  guerre  sans  qu'on  les  ait  pu  récupérer,  et  que  cela 
soit  arrivé  avant  la  tondaye,  le  maître  vienne  à  perdre  tous  ou  en  partie  ses 
moutons,  les  nourriciers  perdront  aussi  tout  ou  en  partie  le  tantième  des  deniers 
qui  leur  en  devront  venir  en  vertu  de  la  présente  convention  ;  mais  si  telle  dis- 
grâce survenait  après  la  tondaye,  pour  lors  le  dit  sire  perdra  ses  moutons  et  les 
nourriciers  seront  payés  indisputablement,  par  le  maître,  de  la  moitié  de  tout 
le  tantième  qui  leur  est  arrêté  par  le  présent  contrat,  et'perdront  tant  seulement 
l'autre  moitié  ou  en  partie,  en  suite  des  moutons  qui  auront  été  enlevés  du  trou- 
peau. A  aussi  été  conditionné  que  les  seconds  comparants  seront  obligés  de  faire 
laver  les  moutons,  et  nourrir  les  tondeurs  à  leurs  frais,  parmi  leur  laissant 
suivre  les  crottes.  Gomme  encore  s'il  survient  quelque  imposition  sur  les  dites 


—     136     — 

bètes  à  laine,  soit  à  raison  des  contributions  et  autre  sujet,  cela  sera  à  la  charge 
des  nourrisseurs,  parmi  tout  quoi  ils  agiront  en  gens  de  bien,  pour  ce  que  les 
dits  moutons  soient  bien  hivernes,  et  auront  bon  soin  de  subministrer  ce  qui  est 
nécessaire  tant  au  troupeau  qu'au  berger.  «  Les  témoins  étaient  Jeanne  Le 
Charpentier  et  Jeanne  François,  la  servante  du  curé. 

La  laine  se  filait  sur  place  par  les  professionnelles  du  pays.  Gela  ressort  de  la 
déclaration  suivante  faite  pour  Jean  Japin  devant  le  curé  Le  Charpentier, 
notaire,  en  faveur  de  Martine  le  Gharlier,  le  7  mai  1724,  laveuse  de  mouton, 
fileuse  de  laine  et  en  somme  bonne  à  tout  faire. 

Comparaissent  comme  témoins  :  1°  Marie  Vescoven,  déclarant  que  pendant  l'an 
passé  et  durant  celui-ci,  elle  aurait  employé  pour  gagner  ses  journées  une  cer- 
taine Martine  le  Charlier;  2"  Jeanne  Massart  et  Jeanne  Reraacle,  déclarant 
l'avoir  mise  en  œuvre  pendant  la  moisson  de  l'an  1723  et  à  d'autres  travailles, 
comme  à  foyer  dedans  le  jardin,  défaire  le  fumier  aux  champs;  et  d'avoir  bonne 
connaissance  qu'elle  a  assisté  à  laver  les  moutons  de  la  censé  de  Somme,  et 
qu'elle  a  filé  pendant  deux  hivers  pour  Nanon  Fornay  ;  3°  Lorrain  Remacle, 
déclarant  aussi  avoir  fait  filer  pendant  les  deux  dernières  années  consécutives, 
étant  domicilié  à  Somme-le-Temple,  la  dite  Martine  le  Charlier. 

A  paît  quelques  familles  de  riches  propriétaires,  comme  les  Rondeau,  les 
Pirard,  les  Colin  et  les  Ponsart,  la  plupart  des  habitants  d'Eneille  étaient  ré- 
duits à  la  mendicité  :  c'est  le  mot  du  curé  Le  Charpentier.  Le  curé  lui-même, 
malgré  ses  sept. chevaux,  sâ  dîme  et  son  censîer,  notamment  Dewarre  au  temps 
de  Randollet,  n'avait  pas  l'air  d'en  mener  très  large,  quoiqu'il  fût  sous  ce  rapport 
encore  bien  mieux  loti  que  beaucoup  de  ses  confrères  :  le  chiffre  proportionnel 
de  la  taille  au  doyenné  d'Oufifet,  le  montre  à  l'évidence. 

Le  censier  Dewarre  payait  sa  dette  au  curé  par  des  labours  et  des  charrois, 
de  la  paille,  du  foin,  du  trèfle  à  8  patars  (0.48)  la  livre,  des  poulets  :  cinq  couples 
représentaient  la  valeur  de  3  fr.  50. 

Les  ouvriers  s'acquittaient,  comme  aujourd'hui  du  reste,  par  des  travaux  ma- 
nuels de  toute  espèce  :  tel  creusait  pour  le  curé  une  fosse  à  prendre  les  renards, 
tel  lui  tondait  ses  moutons,  tel  lui  plaquait  ses  ruches.  Il  est  à  noter  que  la  plu- 
part des  curés  d'Eneille  avaient  des  colons  et  des  mouches. 

Le  curé  Grofay  laisse  en  mourant  la  cire  de  se^  mouches  pour  le  luminaire  du 
S.  Sacrement  ;  et  durant  sa  vie,  il  laissait  pour  la  même  destination  la  chan- 
delle qu'on  lui  donnait  à  Eneîlle  ou  dans  les  villages  voisins  pour  recommander 
les  morts. 

Au  point  de  vue  commercial,  les  Eneilles  étant  enclavées  dans  le  pays  de 
Liège,  dit  Randollet,  on  y  mit  dans  le  commerce  l'évaluation  des  espèces  en 
monnaie  de  Liège  aussi  bien  que  le  prix  des  denrées. 


Phot.  A'(/.  Petit. 


Rentrée  ilu  bois  d'altouage. 


—     137     — 

Les  comptes  réduisent  souvent  les  florins  liégeois  en  florins  brabants. 

La  plupart  des  transactions  commerciales  se  faisaient  en  nature.  L'argent  ne 
devait  pas  courir  les  rues  quand  les  œufs  étaient  à  quatre  pour  un  sou,  la  tonne 
de  bière  à  14  escalins  (env.  8  fr.),  le  quartau  de  vin  de  Bar  à  4  écus  (env.  17  fr.), 
l'aune  de  toile  à  6  liards,  l'aune  de  seron  à  14  liards,  d'après  le  curé  Le  Char- 
pentier. 

Et  parmi  tout  cela,  quel  était  le  prix  du  beurre  ? 

Le  curé  de  Pierreux  va  nous  le  dire  :  «  Le  14^  de  l'an  1664,  j'ai  délivré  46 
livres  de  bœur  ou  vairlet  du  sieur  de  Ghesne,  lieutenant  prévôt  de  Durbuy, 
pour  envoyer  à  Luxembourg,  à  raison  de  4  patacons,  faisant  9  florins  12  sous 
(env.  11  francs). 

Les  redevances,  les  dîmes,  les  créances  se  payaient  donc  en  nature,  comme 
aussi  généralement  les  rentes  de  la  Fabrique  (il  y  avait  peu  de  cens  en  argent 
à  Eneille)  ;  mais  les  bras  cassés  se  payaient  en  nature  et  en  argent.  Ainsi,  le  4* 
octobre  1718,  par  devant  le  curé  Le  Charpentier  et  en  présence  des  témoins 
en  bas  dénommés,  comparurent  personnellement  George  Zobel  et  Jean  de 
Chesne,  tous  les  deux  habitants  d'Eneille  la  grande,  lesquels  ont  déclaré  être 
d'accord  par  ensemble  au  sujet  du  bras  que  le  dit  Zobel  avait  eu  cassé  en  deux 
endroits  par  le  fils  de  Jean  de  Chesne,  en  la  manière  suivante,  savoir  :  que  Jean 
de  Chesne  payera  entièrement  le  chirurgien  et  donnera  en  outre  7  écus  à  Zobel 
pour  toutes  prétentions  qu'il  pourrait  prétendre  tant  pour  des  journées  que  pour 
tous  autres  frais  et  intérest  causés  par  ses  blessures,  et  pour  faire  les  dits  sept 
écus  le  dit  de  Chesne  lui  a  là  même  astallé  deux  muids  d'espaute  que  le  sieur 
Jean  CoUin  lui  doit  donner  soit  à  Eneille  soit  à  Remon,  et  cela  au  plus  tôt,  les 
dits  deux  muîds  faisant  quatre  écus  ;  et  les  trois  autres,  le  dit  de  Chesne  s'oblige 
de  les  lui  compter  fidèlement  en  espèces  au  Noël  prochainement  venant,  jusques 
à  là  que  s'il  arrivait  faute,  le  souvent  dit  Zobel  jouira  de  son  droit  comme  si  le 
présent  accord  ne  serait  arrivé  ;  au  moyen  de  tout  quoi  ils  demeureront  bons 
amis.  Ce  fait  et  passé  en  notre  maison  pastorale,  en  présence  de  Mathieu  Le 
Charpentier  et  Hubert  Malemprez,  témoins  à  ce  requis. 

Pour  continuer  notre  étude  de  mœurs  dans  son  cadre  économique  et  social, 
ajoutons  que  le  souvent  dit  Zobel,  pauvre  manant  comme  le  montrera  l'état  de 
son  meuble,  ne  parait  pas  s'être  guéri  de  ses  blessures,  car  trois  ans  après,  le 
dernier  jour  de  l'an  1721,  nous  le  voyons  comparaître  à  nouveau  devant  le  curé 
notaire  avec  Louis  Stordeur  de  Ponthoz  pour  déclarer  «  que  le  dit  Stordeur  lui 
devant  annuellement  deux  muids  d'épeautre  de  rente,  affectés  sur  la  généralité 
de  ses  biens  à  Ponthoz,  il  décide  de  les  lui  céder  et  transporter  à  toujours  avec 
tous  canons  arriérés,  à  charge  que  Stordeur  sera  obligé  de  payer  les  exèques  de 
feue  Judith  Creyr,  épouse  Zobel,  et  toutes  autres  redevabililés  du  transporteur. 


—     138     — 

En  second  lieu,  de  le  noui'rir,  alimenter  et  entretenir  d'habits  à  sa  maison  de 
Ponthoz  sa  vie  durante  ;  et  après  sa  morte  lui  faire  faire  pareillement  ses 
exèques.  «  Le  curé  avait  d'avance  facilité  cet  accord  en  fixant  aux  deux  particu- 
liers un  rendez-vous  dans  la  maison  du  Brave,  au  grand  Pont. 

Le  2*  jour  de  l'an  1722,  George  Zobel  part  pour  Ponthoz  avec  son  chétif  mo- 
bilier, savoir:  «  un  lit  de  plumes  avec  un  travers  et  un  coussin  et  deux  couvertes 
de  petite  valeur  —  un  coffre  de  farine  assez  passable  —  une  petite  fripone  de 
couleur,  minime  —  un  noret  à  lignes  et  un  tablier  —  trois  sacs  et  environ  trois 
setiers  d'avoine  —  un  poêle  à  faire  des  ameiettes  —  une  petite  mai  de  farine  — 
un  bodet  d'osier  et  un  autre  de  paille  remplis  de  houblon  ou  environ  six  clas 
(livres)  —  un  chaudron  et  une  petite  marmite  de  fer.  —  Lesquels  meubles  Louis 
Stordeur  a  chargés  sur  son  chariot  sur  lequel  George  Zobel  estait,  à  effet  de  le 
mener  à  sa  maison  de  Ponthoz.  » 

Dans  la  plupart  des  inventaires  de  meubles  de  cette  époque  il  est  fait  mention 
d'une  provision  de  houblon.  Elle  était  réservée  à  la  fabrication  de  la  bière,  qui  se 
faisait,  pour  les  manants  comme  pour  le  curé,  à  la  brassine  de  Petite  Eneille. 
Chacun  y  conduisait  les  matières  premières  nécessaires,  le  bois  ou  le  charbon  et 
les  tonneaux. 

La  bière  tenait  une  grande  place  dans  l'alimentation,  avec  le  pain,  le  beurre, 
le  fromage  et  la  bouillie  ou  les  hrais  d'avoine,  remplaçant  les  pommes  de  terre, 
qui  n'apparaissent  à  Eneille  qu'en  1788. 

Un  procès  du' curé  Le  Charpentier  avec  le  meunier  Le  Boutte,  pour  dix  écus 
prêtés  et  non  rendus,  nous  apprend  que  le  curé  n'en  a  reçu  en  déduction  que  les 
moutures  de  ses  ôrams,  à  raison  d'un  escalin  par  muid. 

Nous  venons  de  voir  avec  le  cas  Zobel,  quelle  pouvait  être  ici  la  richesse  d'un 
pauvre  au  XVIIP^  siècle. 

En  voici  un  autre  exemple  d'après  le  plus  vieux  testament  conservé  dans  nos 
archives  et  passé  devant  le  curé  Belleamye. 

L'an  1623,  du  mois  de  janvier  le  7™®  jour,  Maroye  Pirard  laisse  à  Jehenne 
Pirard  un  cortil  —  à  Anne  de  Marie  un  cottereau  noir  avec  deux  bouts  de 
trippes  —  à  Marie,  fille  au  dit  Pirard,  une  paire  de  linceuls  et  une  nappe  ;  à  sa 
sœur  Jehenne,  femme  à  Jean-Pierre,  une  paire  de  linceuls  —  aux  filles  Balthazar, 
un  corset  et  une  jaquette  —  à  Jehenne,  fille  de  Thiry,  une  vache  et  une  génisse 
—  aux  enfants  Pirard,  la  moitié  d'une  terre  qu'elle  a  au  Chamont. 

Il  n'est  pas  rare,  dans  les  anciens  testaments  de  voir  ainsi  les  femmes  du 
peuple  céder  à  une  parente,  à  une  amie  leurs  cottereaux,  leurs  corsets,  leurs 
jaquettes  et  leurs  gibons.  C'est  la  simplicité  antique  et  à  coup  sûr  l'absence  de 
luxe  ;  mais  très  bien  l'affaire  des  microbes  et  des  fiebvres. 


—     139     — 

Voici  à  se  sujet  toute  la  thérapeutique  du  curé  de  Pierreux.  Peut-être  ses  remèdes 
familiers  ont-ils  encore  du  bon  après  trois  cents  ans  de  macérage. 

A  l'accès  de  la  fiebvre. 

Recipe,  jobade  et  laitue,  de  chacune  une  poignée  ;  les  estamper  ensemble  y 
ajoutant  deux  blancs  d'œufs,  demie  poignée  de  sel,  demie  poignée  de  mie  de  pain 
brun,  de  rechef  le  tout  ensemble  les  estamper  y  ajoutant  un  peu  d'huile  et  de  tout 
cela  en  faire  une  emplastre  entre  deux  blancs  linges  pour  appliquer  sur  le  front, 
un  peu  auparavant  la  dicte  emplastre  chauffée  estant  secq,  et  la  fault  renouveler 
pour  l'espace  de  deux  ou  trois  jours. 

Remède  pour  tirer  la  chaleur  de  la  fiebvre. 

Il  fault  appliquer  aux  deux  plantes  des  pieds  du  vieux  levain,  uns  œuf  d'oye, 
du  noire  savon  aussi  gros  que  deux  gailles  ;  du  sel,  demie  poignée  ;  de  la  suif  de 
cheminée  un  bon  cuiller,  ensemble  tout  estamper,  et  aussitôt  la  fiebvre  passée  le 
tout  oster. 

La  jobade  liée  sur  les  deux  poignes  est  aussi  fort  bonne. 
Pour  boire  au  malade. 

Il  fault  prendre  une  petite  poignée  de  surelles  de  brebis,  autant  de  bourrache 
et  les  faire  bouillir  dans  une  taile  et  demi  de  laict  clère,  l'espace  d'un  jour  et  demi  ; 
puis  il  la  fault  couler  parmi  un  fin  linge  blanc  estant  frais.  Il  en  boira  à  son  soif 
principalement  pendant  la  fiebvre  ;  après  quoy  on  ajoutera  un  cuiller  de  recipe 
qu'ordonnera  le  docteur. 

La  personne  tremblante  ne  doit  manger  pendant  la  fiebvre  ;  mais,  un  ou  deux 
jour  après,  un  chandeau  de  cerfuille  et  bourrache  lui  serat  bon  et  bon  adpont. 

Item  les  prunes,  item  un  papin  de  farine  d'avoine,  l'eau  du  dit  papin  bouillie 
dans  des  laitues.  Il  ne  boirat  que  bière  médiocre.  La  chair  et  les  œufs  lui  sont 
nuisibles. 


—     140     — 

CHAPITRE  X. 

LA  ¥IE  REMGIEOSE. 

Les  événements  que  nous  venons  de  raconter  ne  forment  que  le  côté  matériel, 
parfois  mesquin,  de  la  vie  quotidienne.  Nous  allons  essayer  de  faire  surgir  de 
nos  vieilles  annales  l'âme  religieuse  d'Eneille. 

La  religion  fut  toujours  en  honneur  dans  la  paroisse,  et  la  piété  est  un  patri- 
moine héréditaire  dans  les  familles. 
Le  centre  de  la  vie  religieuse  est  avant  tout  le  culte  de  la  St^   Eucharistie. 

L'antique  église  d'Eneille,  ce  petit  bijou  de  l'art  roman,  proclame  à  travers 
les  âges  la  foi  eucharistique  des  âdèles  et  des  pasteurs,  dont  plusieurs  ont  pris 
pour  devise  :  "  Dilexi  decorem  domus  iuae,  j'ai  aimé  la  beauté  de  ta  maison.» 

La  splendeur  du  vieux  tabernacle,  à  l'impériale  couronne,  la  richesse  de 
l'ostensoir  et  des  vases  sacrés,  le  luxe  dès  ornements  sacerdotaux  les  plus  anciens, 
nous  redisent  de  leur  voix  séculaire  les  honneurs  rendus  par  nos  devanciers  à 
la  royauté  mystique  du  Dieu  de  l'Hostie. 

liCS  pierres  tumulaires  elles-mêmes,  à  travers  l'usure  de  leurs  armes,  de  leurs 
titres  et  de  leurs  inscriptions,  remettent  devant  les  yeux  de  l'imagination  rê- 
veuse, l'affluence  des  générations  pieuses  qui  se  sont  succédées  à  la  Table  sainte 
du  petit  Cénale  d'Eneille  pendant  plus  de  neuf  cents  ans  ! 

De  tout  temps,  à  de  rares  exceptions,  la  totalité  des  paroissiens  y  communie 
à  Pâques  et  le  grand  nombre  aux  grandes  fêtes  de  l'année. 

C'est  un  déshonneur  public  et  comme  un  deuil  familial  de  n'être  plus  admis 
aux  sacrements.  A  preuve,  l'opinion  actuellement  régnante  encore,  à  preuve 
aussi,  cette  singulière  lettre  adressée  par  un  fidèle  d'Eneille  à  son  curé  le  6  jan- 
vier 1830. 

«  Il  est  étonnant,  Monsieur  le  curé,  qu'en  votre  qualité  de  desservant,  vous 
refusez  d'admettre  mon  fils,  votre  paroissien,  au  tribunal  de  pénitence  et  à  la 
communion. 

Je  doute,  Monsieur,  que  vous  soyez  fondé  dans  ce  refus,  et  par  ainsi  mainte- 
nir le  scandale  qui  en  résulte. 

Si  mon  fils  vous  paraît  égaré,  il  est  de  votre  devoir  de  le  rappeler  ;  et  puisque 
vous  en  avez  les  moyens,  employez-les,  je  vous  y  engage  très  instamment  pour 
ma  tranquillité  paternelle  et  pour  le  salut  de  mon  fils. 


—     141     — 

Je  reste  persuadé,  Monsieur,  que  vous  allez  faire  attention  à  mes  désirs  et  que 
vous  y  ferez  droit  sans  caprice. 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  paroissien.  « 

Les  XVP,  XVII*  et  XVIIP  siècles  ne  sont  pas  à  la  communion  fréquente.  Il  y 
a  du  Jansénisme  dans  l'air,  à  Eneille  comme  partout.  Dans  les  comptes  de  1510, 
le  curé  reçoit  deux  aidants  (48  sous)  pour  faire  le  pain  de  la  messe  ;  et  les 
hosties  reviennent  à  trois  aidants.  En  1515,  le  curé  Gédéon  Colle  renseigne  dans 
ses  comptes  pour  une  pinte  de  vin  a  Noë  pour  acomeyls  21  sous.  Jean 
GoUin,  avons-nous  vu,  devait  à  Pâques  un  quart  de  vin  mesure  de  Drybu  pour 
achomelyr  les  parochiens.  Le  curé  de  Pierreux  écrit  :  un  quart  de  vin  pour 
distribuer  aux  paroissiens  communiants  à  Pasques,  ou  bien,  pour  com- 
munier aux  Pasques  les  paroichains,  ou  encore  pour  administrer  lespa- 
roichains  aux  Pasques.  Cette  redevance  se  paie  par  la  famille  Colin  jusqu'à 
la  révolution  française;  mais  à  la  fin  on  n'indique  plus  sa  destination. 

D'après  ces  textes,  il  semblerait  qu'autrefois  les  fidèles  communiaient  sous  les 
deux  espèces.  Il  n'en  est  rien  pourtant.  Car  si  la  communion  pascale  est  obliga- 
toire depuis  le  quatrième  concile  de  Latran  (1215),  la  communion  sous  les  deux 
espèces,  dans  l'église  romaine,  n'a  jamais  été  nécessaire  de  précepte  divin,  ni  de 
précepte  ecclésiastique.  Les  papes  l'ont  autorisée  quelque  fois.  Ainsi  au  concile 
de  Trente  (1545-1563),  l'empereur  Ferdinand  et  le  roi  de  France,  Charles  IX, 
demandaient  que  l'on  rendît  au  peuple  l'usage  de  la  coupe,  comme  cela  existe 
encore  dans  l'église  grecque.  Les  Pères  du  concile  (21^  session),  laissèrent  à  la 
prudence  du  pape  Pie  IV,  d'accorder  cette  grâce  ou  de  la  refuser. 

D'autre  part,  dans  beaucoup  d'églises  s'était  introduite  la  coutume  de  distri- 
buer du  vin  non  consacré  aux  fidèles  qui  avaient  communié,  comme  en  beaucoup 
d'églises,  particulièrement  en  France,  on  distribue  du  pain  bénit.  Cette  distribu- 
tion de  vin  existait  donc  à  Eneille,  et  peut  être  aussi  celle  du  pain  bénit. 

Au  temps  des  curés  Grofay  et  Grade,  le  prix  des  hosties  grandes  et  petites 
est  de  2  florins  4  sous  (28  sous)  ;  en  1815,  les  comptes  de  Fabrique  portent  3 
francs;  en  1910,  15  francs,  ce  qui  représente  plus  de  deux  mille  hosties  consa- 
crées annuellement  dans  la  minuscule  paroisse  d'Eneille. 

Le  récent  décret  de  Pie  X  sur  la  communion  fréquente  ne  fera  qu'augmenter 
le  chiffre  des  communions.  J'en  ai  pour  gage  le  bienveillant  accueil  fait  au  décret 
et  la  fidélité  des  parents  à  mener  eux-mêmes  les  enfants  à  la  Table  sainte  au 
jour  de  la  communion  privée. 

La  communion  privée  s'est  faite  ici  pour  la  première  fois  le  dimanche  de  la 
Sainte  Famille,  22  janvier  1911  ;  la  seconde  à  la  fête  de  Saint  Joseph. 

Cérémonie   touchante  dans  sa  simplicité  :  famille  par  famille,  les  enfants 


—     142     — 

encadrés  de  leurs  parents,  de  leurs  frères,  de  leurs  sœurs  ;  puis  le  gros  de  la 
paroisse,  dans  une  communion  générale,  le  drapeau  national  flottant  au 
clocher,  chacun  priant  pour  les  siens,  pour  la  paroisse,  pour  la  patrie,  pour  le 
pape  du  décret  eucharistique. 

La  dévotion  au  Saint  Sacrement  se  manifestait  encore  autrefois  par  une  fête 
spéciale  le  jour  du  jeudi  Saint  et  par  les  prières  des  Quarante  Heures^ 
pour  lesquelles  on  faisait  une  collecte  destinée  à  la  cire  qui  brûlera  devant 
le  Très- Saint  Sacrement.  Le  jeudi  Saint,  après  l'office  de  l'église,  le  curé, 
chanoine  de  Neufmoustier,  recevait  à  sa  table  les  confrères  et  les  dignitaires  de 
fabrique,  dans  un  écot  ou  festin  de  Gêne. 

Le  rétablissement  de  la  Confrérie  et  de  la  fête  de  l'adoration  perpétuelle  dans  le 
diocèse  de  Namur  date  du  30  janvier  1832.  L'adoration  à  Eneille  fut  fixée  au  17 
décembre.  Le  curé  Randollet  parle  déjà  de  l'adoration  perpétuelle  en  1782.  Depuis 
1868,  existe  ici  Y  association  de  Vadoration  perpétuelle  et  de  Vœwore  des 
églises  pauvres.  C'est  à  cela  que  notre  église  doit  l'avantage  d'être  si  bien  pourvue 
en  ornements  de  tout  genre. 

En  1910,  le  conseil  central  de  l'œuvre  nous  envoie  le  diplôme  qu'il  se  plaît  à 
offrir  aux  paroisses  les  plus  ferventes  à  remplir  leurs  engagements  au  premier 
dimanche  de  chaque  mois. 

L'œuvre  de  la  visite  quotidienne  marche  à  souhait  dans  la  paroisse.  Les 
offices  y  sont  bien  fréquentés,  même  en  semaine.  Le  chant  grégorien  y  est 
exécuté  dans  toute  sa  beauté,  sous  l'habile  direction  de  Monsieur  l'instituteur 
Hubin,  qui  dirige  sa  chorale  avec  une  maîtrise  égale  aux  meilleurs  chantres  de 
cathédrale. 

Les  missions  paroissiales  sont  l'objet  d'un  règlement  épiscopal  de  1834. 

En  1838  fut  donnée  à  Eneille,  sous  M.  Georis,  une  mission  qui  commença 
le  9  décembre,  2®  dimanche  des  Avents,  aux  vêpres,  sous  la  présidence  de 
Monsieur  Arnould,  très  digne  et  révérend  doyen  de  Marche  qui,  outre  les  deux 
beaux  sermons  d'ouverture  et  de  clôture,  en  donna  plusieurs  autres  très  touchants. 
Les  prédicateurs  furent  Monsieur  Merck,  très  révérend  Doyen  de  Melreux  ;  M. 
Hubert  curé  de  Borsu,  orateur  très  distingué  qui  donna  14  sermons;  M.  Michel, 
curé  de  Barvaux-Condroz  et  M.  Béchet,  curé  de  Waillet.  Il  y  eut  un  grand 
nombre  d'ecclésiastiques.  Ceux  qui  prirent  part  aux  confessions  furent  M.  Fabry, 
curé  de  Noiseux  ;  Fouat,  curé  d'Heure  ;  Bricoux,  curé  de  Somme  ;  Moreau,  curé 
de  Bonsaint  ;  Cartier,  curé  de  Maffe,  et  les  cinq  prédicateurs.  Un  jour  on  y  vit 
aussi  M.  le  Doyen  de  Durbuy,  le  curé  de  Tohogne,  celui  de  Porcheresse,  qui  y 
bénit  les  chapelets  ;  celui  de  Haversin,  qui  confessa  aussi  quelques  personnes,  et 
celui  de  Hodister.  La  mission  avait  réussi  parfaitement  bien  et  produisit  les  plus 
heureux  effets.  » 


—     143     — 

De  temps  immémorial,  les  curés  d'Eneilles  faisaient  venir  un  religieux,  ordi- 
nairement un  Père  Récollet,  pour  prêcher  la  Passion  pendant  la  Semaine 
Sainte. 

«  L'an  1772,  pour  la  grande  gloire  de  Dieu  et  le  salut  des  âmes,  dit  le  curé 
Randollet,  j'ai  prié  le  vénérable  Père  Ancion,  Récollet,  de  nous  accorder  les 
stations  du  chemin  de  la  croix,  ce  qu'il  a  fait  à  ma  très  grande  satisfaction  et 
édification  des  fidèles  par  une  solennité  qui  a  duré  trois  jours,  et  avons  opéré 
ensemble  et  par  l'assistance  de  mes  confrères  et  des  terminaires  des  fruits  spiri- 
tuels, comme  au  jubilé.  J'ai  payé  à  l'assistant  du  dit  Père  14  escalins  vieux  pour 
les  14  images  des  stations,  et  2  couronnes  au  menuisier  pour  les  cadres.  » 

Depuis,  les  missions  se  sont  données  régulièrement  avec  la  participation  una- 
nime des  fidèles,  sauf  en  1872,  où  il  y  eut  cinq  abstentions.  La  dernière  date  de 
1904,  comme  le  rappelle  la  belle  croix  de  mission  qui  décore  notre  église. 

Les  confréries  du  Sacré-Cœur  de  Jésus  et  du  Très  Saint  Cœur  de  Marie  furent 
établies  par  M.  l'abbé  Prémont,  en  1873  et  en  1876.  Cette  dernière  a  son  centre 
à  Notre-Dame  des  Victoires  à  Paris.  Lors  de  son  établissement  à  Eneille  se 
passa  un  petit  incident  qui  le  retarda  de  quatre  années.  Par  erreur,  la  demande 
d'agrégation  avait  été  dirigée  sur  la  Métropole  de  Paris  qui  porte  aussi  le  titre 
de  Notre-Dame.  L'archiprêtre  ne  la  retrouva  que  quatre  ans  après,  en  rangeant 
des  papiers.  Cette  erreur  avait  nécessité  une  double  demande  et  l'envoi  d'un 
duplicata  de  l'acte  d'érection  par  Mgr  l'Evèque  de  Namur. 

C'est  de  cette  époque  que  datent  les  deux  statues  qui  sont  à  droite  et  à 
gauche  de  la  nef  ;  comme  aussi  la  dévotion  du  premier  vendredi  du  mois, 
si  pieusement  suivie  à  Eneille. 

La  congrégation  de  la  Bonne  ilt/or^  fut  établie  en  1851,  le  Tiers  Ordre  en 
1856,  l'Apostolat  de  la  prière  en  1872,  pendant  la  mission  prêchée  par  les 
PP.  Rédemptoristes  Van  Breusse  et  S.  Omer. 

Les  fêtes  les  plus  solennisées,  outre  les  quatre  grandes  fêtes  annuelles,  étaient 
autrefois  la  Purification  et  la  Conception  N.-D.  Jusqu'en  1770,  à  la  Purifica- 
tion, on  distribuait  à  l'office  les  chandelles  à  tous  les  paroissiens  et  paroissiennes 
et  même  jusqu'aux  enfants.  Le  curé  Randollet,  trouvant  cet  usage  abusif,  l'a 
supprimé.  «  Mon  refus,  dit-il,  a  occasionné  bien  des  murmures....  Mais  j'ai  con- 
tinué à  les  donner  comme  de  coutume,  à  Messieurs  de  la  Justice,  aux  servants 
à  l'autel  et  aux  chanteurs  jusqu'à  nouvelle  disposition.  »  En  1781,  il  joint  aux 
précéd^ts,  Mademoiselle  d'Eneille,  Madame  van  der  Straten-Waillet  et  les  deux 
demoiselles  van  der  Straten,  ses  filles. 

Il  y  a  deux  processions  par  an  :  à  la  fête  du  S.  Sacrement  et  à  l'Assomption. 
Celle-ci  va  de  l'Eglise  à  Petite  Eneille,  comme  au  dernier  jour  des  Rogations. 


—     144     — 

A  la  Conception  Notre-Dame,  les  mambours  rendaient  leurs  comptes,  comme 
nous  l'avons  vu,  dès  le  15*^  siècle. 

Après  les  fêtes  de  Notre  Seigneur  et  de  la  Ste.  Vierge,  venait  la  fête  de  la 
patrone,  Ste.  Marguerite,  vierge  et  martyre. 

Sa  mère  était  morte  en  lui  donnant  le  jour.  Elevée  dans  le  christianisme  par 
sa  nout^rice,  elle  resta  fidèle  à  sa  foi.  Son  brutal  de  père,  prêtre  des  idoles,  la 
livra  lui-même  aux  bourreaux,  l'an  275,  à  Antioche  de  Pisidie.  Son  corps  se 
garde  à  Monte  Fiascone  en  Toscane. 

Le  poète  latin  Vida  a  fait  deux  hymnes  en  son  honneur.  Dans  la  première,  il 
conjure  la  sainte  de  jeter  un  œil  de  compassion  sur  l'Italie,  ravagée  alors  par  la 
guerre.  Il  y  parle  de  la  dévotion  qu'avaient  pour  elle  les  mères  présentes,  pas- 
sées et  futures,  dévotion  qui  est  encore  fort  en  vogue  dans  les  provinces  méri- 
dionales de  la  France,  ainsi  qu'à  Eneille,  où  l'on  vient  de  loin  en  pèlerinage  de 
supplication  ou  d'action  de  grâces. 

Dans  le  passé,  Ste.  Marguerite  était  comme  la  caissière  de  l'église,  avec  son 
coffre  aux  respargnes  ;  et  de  très  bonne  heure  elle  fut  la  pourvoyeuse  des  rentes 
culturelles  à  Eneille.  On  faisait  sa  fête  à  l'église  et  dans  les  familles,  fête  toute 
religieuse  comme  aujourd'hui  encore,  sanctifiée  le  matin  par  une  communion 
générale.  Les  comptes  des  mambours  du  XVP  siècle  portent  4  1/2  aidants  pour 
mestry  (ménestrier)  luy  jour  del  sainth  Magrit. 

Toutes  les  œuvres  sociales  de  la  paroisse  sont  mises  sous  son  patronage  : 
coopérative  Ste.  Marguerite,  mutualité  Ste.  Marguerite,  bibliothèque  Ste.  Mar- 
guerite, club  St.e.  Marguerite,  et  naguère,  la  laiterie  Ste.  Marguerite. 

L'autre  fête  d'Eneille,  anniversaire  de  la  dédicace  de  l'église,  se  célébrait  de- 
puis des  siècles  le  premier  dimanche  de  septembre.  Ce  jour-là  était  très  incom- 
mode pour  diflérentes  raisons  soumises  par  le  curé  Randollet,  d'accord  avec  les 
paroissiens,  à  Mgr  François-Charles  de  Verbruck,  évêque  et  prince  de  Liège. 
Il  la  transféra,  le  5  janvier  1774,  au  deuxième  dimanche  d'octobre. 

La  paroisse  d'Eneille  garde  le  souvenir  de  deux  visites  épiscopales  :  Mgr  de 
Hesselle  et  Mgr  Gravez  y  vinrent  confirmer  en  1839  et  en  1876. 

Monsieur  Georis,  dans  une  courte  note,  rappelle  ainsi  les  effets  de  la  première. 

«  Un  grand  bienfait  qui  a  été  presque  aussi  avantageux  que  la  dernière  mis- 
sion pour  le  salut  des  âmes,  c'est  la  visite  de  Mgr  Dehesselle,  révérendissime 
Evoque  de  Namur.  Le  23  juin  1839,  dimanche  après  les  vêpres,  dix  confesseurs 
se  trouvèrent  réunis  et  entendirent  les  confessions  de  tous  les  paroissiens,  à  l'ex- 
ception de  huit,  dont  quatre  vieilles  gens  qui  ne  purent  y  venir.  Le  lendemain, 
jour  de  St.-Jean,  Monseigneur  arriva  vers  les  8  h.  1/2  du  matin.  Sa  Grandeur 


Pliot.  Eli.  Petit. 


Les  Rogations  sur  les  crêtes  schisteuses  de  Petite  Eaeille. 


—     145     — 

célébra  la  messe,  distribua  la  Sainte  Communion  à  tous,  prêcha  ;  fit  les  prières 
pour  les  morts  sur  le  cimetière,  la  visite  de  l'église,  le  catéchisme  aux  enfants, 
administra  la  confirmation  et  finit  la  cérémonie  vers  12  heures.  Elle  fut  très 
satisfaite  de  tout,  quitta  Eneille  à  cinq  heures.  Ce  fut  une  belle  solennité  et  un 
jour  de  fête  pour  la  paroisse.  « 

De  la  confirmation,  remontons  au  baptême.  On  voit  par  les  vieux  registres 
paroissiaux  que  les  enfants  recevaient  le  baptême  dès  le  jour  de  leur  naissance, 
le  lendemain  au  plus  tard.  La  plupart  des  garçons  s'appelaient  Pierre,  Jacques 
ou  Jean  ;  quelques-uns  Mathieu,  Mathias,  Philippe  —  Noël,  Toussaint  — 
Lambert,  Hubert— Gabriel,  Gaspar, Thierry,  Roland,  Arnould,  Henri,  Antoine, 
Gilles.  Actuellement  encore  on  donne  presque  toujours  le  surnom  de  Gilles  aux 
garçons  ;  Ghislaine,  aux  filles.  C'est  pour  les  préserver  des  convulsions. 

Dans  la  liste  des  baptêmes  de  1605-1627,  presque  toutes  les  filles  s'appellent 
ou  Marguerite  ou  Anne  ou  Jeanne  ou  Isabelle  ou  Marie.  Nous  n'y  trouvons  pas 
de  Joseph,  ce  qui  prouve  que  le  culte  de  St. -Joseph,  quoique  toujours  associé  à 
celui  de  Jésus  et  de  Marie,  n'était  pas  si  populaire  à  Eneille  qu'il  l'est  aujourd'hui. 

Les  curés  Pierre  de  Villers,  Pierre  Belleamye,  Sire  Jacques  Rondeau  ;  les 
vicaires  Jean  Catoul  et  Georges  d'Ortho  sont  cités  souvent  comme  parrains. 
Sur  l'espace  de  20  ans,  les  Dames  ou  les  Demoiselles  de  Brialmont  sont  13  fois 
marraines  ;  Jean  de  Brialmont,  1  fois  parrain  d'enfants  du  peuple. 

La  même  liste  des  baptêmes  montre  que  les  naissances  étaient  nombreuses,  de 
7  à  10  chaque  année  pour  une  trentaine  de  ménages.  La  mortalité  infantile  y 
apparaît  considérable. 

Pas  de  naissance  à  Eneille  sans  mariage,  autrefois.  Les  vieux  registres  sont 
édifiants  sous  ce  rapport.  D'ailleurs  le  mariage  civil  n'était  pas  encore  inventé. 
Tous  les  mariages  se  solennisaient  à  l'église  ;  le  contrat  se  passait  devant  le 
curé,  notaire  apostolique,  deux  témoins  et  les  plus  proches  parents.  «  Pour  le 
mariage  à  solenniser,  si  Dieu  et  la  Ste.  Eglise  y  consentent  »  —  ainsi  débute 
le  contrat  de  mariage  fait  le  27  janvier  1681,  entre  Nicolas,  fils  de  feu  Henri 
Gérard,  en  son  vivant  moulnier  d'Eneille,  d'une  part,  et  Anne,  fille  de  feu  Pon- 
celet  Arnould  Ponsar,  veuve  Lambert  Colin,  d'autre  part;  le  curé  Noël  de  Pier- 
reux signe  le  contrat  comme  notaire,  avec  Jean  de  Borlon,  marlier,  et  Jean  du 
Marteau,  comme  témoins,  et  les  proches  parents  :  Blase  et  (la  marque)  Mary 
Jacques  Poncelet. 

Si  Dieu  et  la  Ste  Eglise  y  consentent  :  on  lit  cette  pieuse  réserve  en  tête 
de  tous  les  contrats  de  mariage  de  cette  époque. 

La  piété  de  nos  ancêtres  se  révèle  dans  tous  leurs  actes  privés  et  publics, 
particulièrement,  dans  la  rédaction  de  leurs  testaments,  dont  l'introduction  est 

10 


—     146      — 

comme  un  acte  de  préparation  à  la  mort,  et  où  se  trouvent  exprimés  leurs  sen- 
timents de  cliarité  envers  Dieu,  leurs  proches  et  les  pauvres.  Citons  comme 
modèles  les  testaments  de  Henri  l^irard  et  de  sa  mère  Agnès  Danthine. 

hi  nomme  satictissimae  Trinitatis^  amen. 

Je  soussigné,  affligé  d'une  longue  et  pénible  incommodité,  néantmoins  en 
plein  sens,  mémoir  et  jugement,  considérant  la  certitude  de  la  morte  et  l'incer- 
titude de  l'heure  d'icelle,  qui  très  souvent  cause  ruine  de  familles  par  querelles, 
disputes  et  procès,  si  par  ordonnance  et  disposition  des  défuncts  n'y  est  apporté 
remède  convenable,  voulant  à  ce  obvier,  ay  fait  et  ordonné  et  ordonne  par  les 
présentes,  mon  testament  et  disposition  de  dernière  volonté  en  la  forme  et  ma- 
iiière  suivante  : 

Premier,  après  avoir  recommandé  mon  âme  à  Dieu  son  Créateur  et  Rédemp- 
seur  Jésus-Christ,  à  la  glorieuse  Vierge  Marie,  à  mes  patrons  et  patrones  et  à 
toute  la  Cour  céleste,  lorsqu'elle  partira  de  cette  vallée  de  misère,  je  choisis  la 
sépulture  de  mon  corps  sous  une  tombe  à  mettre  en  l'église  d'Eneille,  à  l'opposite 
de  la  chapelle  Sainte-Marguerite,  où  je  veux  que  mes  obsèques  soient  faites 
suivant  mon  état,  le  tout  sans  pompe  et  à  la  charge  et  discrétion  de  mon  héritier 
conditionnel  subdénommé. 

Et  quant  aux  biens,  cens  et  rentes  que  le  seigneur  m'at  élargit  en  ce  monde, 
soyent  acquêts,  obventions,  successions  paternels  ou  maternels  ou  collatérales  et 
autres  dont  j'ai  pouvoir  et  puissance  de  disposer,  j'institue  en  iceux  pour  mon 
héritière  universelle  ma  très  chère  mère  Agnès  Danthine,  veuve  de  feu  Pierre 
Pirard,  mon  très  honoré  père,  au  cas  elle  me  survive  ;  si  point,  j'institue  comme 
dessus  mon  dit  héritier,  le  sieur  Henri- François-Joseph  Danthine,  jurisconsulte 
et  avocat  à  la  cour  épiscopale  de  Liège,  mon  cousin  germain  maternel  ;  et  en  cas 
ma  dite  mère  survive,  je  lui  substitue  pour  mon  dit  héritier,  mon  dit  cousin,  à 
charge  de  condition  expresse  que  mon  dit  substitué  sera  tenu  et  obligé  d'avoir 
toute  complaisance  et  un  soin  très  grand  et  très  particulier  de  ma  dite  mère, 
pour  que  rien  ne  lui  manque  dans  son  âge  avancé,  et  de  luy  subministrer  toutes 
sortes  de  douceurs  qu'elle  exigera  de  luy  le  reste  de  sa  vie,  comme  j'ai  fait  pen- 
dant la  m.ienne,  sinon,  je  donne  pouvoir  et  autorité  à  ma  dite  mère  de  et  à  son 
bon  plaisir  et  vouloir,  charger  mes  biens  susdits  d'une  somme  de  deux  mille 
florins  brabants  liégeois  ou  autant  que  bon  lui  semblera  ;  à  charge  aussi  pour 
mon  dit  cousin,  si  institution  arrive,  faire  faire  mes  exèques  comme  j'ay  prédé- 
claré ;  et,  si  la  substitution,  celles  de  ma  mère  en  la  même  manière  ;  et  dans 
l'un  et  l'autre  cas,  faire  dire  cinq  cents  messes  pour  le  repos  de  mon  âme,  de 
mes  père  et  mère  et  parents  trépassés,  le  plutôt  que  faire  se  pourrat  ;  comme 
aussi  de  donner  incontinant  après  les  dites  institution  ou  substitution  éventuelles 


—      147     — 

ouvertes,  trois  cents  florins  semblables  une  fois  à  chacune  de  ses  sœurs,  si  lors 
elles  sont  trouvées  civilement  vivantes. 

Telle  est  ma  dernière  volonté  que  je  veux  et  ordonne  devoir  sortir  ses  pleins 
effets  suivant  le  contenu  des  présentes,  révoquant  et  cassant  toutes  autres  dis- 
positions antérieures,  s'il  s'en  trouvait  ;  constituant  tous  porteurs  pour  la  faire 
réaliser  pardevant  toutes  courtes  compétentes.  Ainsi  ordonné  et  disposé  mon 
dit  testament  à  Eneille,  lieu  de  ma  résidence,  le  vingt  trois  septembre  mille  sept 
cent  trente- quatre,  et  en  corroboration  et  signe  de  vérité  j'ay  signé  et  muni 
cette  du  cachet  de  mes  armes.  Henry  Pirard,  Greffier  d'Eneille  et  notaire  imma- 
triculé de  Liège  1734.  » 

Le  dernier  testament  de  sa  mère,  Agnès  Danthine,  qui  lui  survécut  encore  6 
ans,  est  fait  par  devant  le  curé  Grofay.  Elle  choisit  le  lieu,  de  sa  sépulture  dans 
l'église  d'Eneille,  près  de  son  très  cher  fils;  elle  reprend  les  clauses  du  testament 
de  son  fils,  ainsi  que  le  codicille  y  ajouté,  qui  fondait  trois  anniversaires  perpé- 
tuels dans  l'église  d'Eneille  ;  et,  parmi  différents  autres  legs,  elle  donne  aux  pau- 
vres de  la  paroisse  «  ce  qui  pourra  lui  être  dû  à  sa  mort,  comme  canons  arriérés 
des  rentes  lui  dues  et  dettes  qui  lui  seront  dues.  « 

L'ancienne  législation  jusqu'à  l'édit  de  Joseph  II  (26  juin  1784),  permettait  les 
inhumations  dans  l'intérieur  des  égUses.  Les  seigneurs  d'Eneille,  les  gens  de  la 
Cour,  les  curés  et  les  autres  ecclésiastiques  avaient  le  droit  d'y  désigner  le  lieu 
de  leur  sépulture.  C'était  un  acte  de  leur  piété  et  un  hommage  à  leur  dignité. 
Ils  voulaient  reposer  sous  les  yeux  de  Ste.  Marguerite,  ou  au  pied  de  la  croix, 
tels  le  greffier  Pirard,  le  curé  de  Pierreux  et  tant  d'autres. 

J'aime  la  poésie  du  petit  cimetière  d'Eneille,  avec  ses  tilleuls  séculaires,  avec 
ses  vieilles  petites  croix  en  fer  rouillé,  plusieurs  très  élégantes,  sans  noms  et 
sans  dates,  qui  nous  laisseraient  ignorer,  par  exemple,  que  le  15  juillet  1680, 
Léonard  Pir,  fils  de  Jean  Pir  et  de  Jeanne  Pirard,  est  enterré  derrière  le  chœur, 
au  pied  du  premier  tilleul,  si  la  main  du  vieux  curé  de  Pierreux  n'avait  marqué 
ce  souvenir  dans  les  archives  ;  —  vieilles  petites  croix  muettes,  qui  nous  laisse- 
raient ignorer  encore,  sans  la  mémoire  du  vieux  fossoyeur,  François  Pire,  que 
tel  coin  inoccupé,  aussi  derrière  le  chœur,  abrite  les  cendres  de  Jeanne  Toussaint, 
de  Dinant,  la  digne  servante  du  curé  Georis,  morte  assez  mystérieusement,  10 
jours  après  son  maître,  —  elle  fut  exhumée  et  autopsiée  14  jours  après  son  en- 
terrement, sur  soupçon  d'empoisonnement  criminel  —  le  27  février  1844,  sans 
tenants  ni  aboutissants  de  parenté  dans  la  paroisse. 

Cette  circonstance  permit  à  Monsieur  le  Doyen  Verhagen,  de  Durbuy,  lors 
de  sa  visite  en  octobre  1910,  de  désigner,  d'accord  avec  l'échevin  et  le  curé,  la 
place  qui  entoure  cette  croix,  comme  lieu  de  sépulture  réservé  aux  enfants  morts 
sans  baptême. 


—     148     — 

Les  pins  anciennes  inscriptions  tombales  datent  de  1844.  A  partir  de  cette 
époque,  quelques  belles  tombes  en  pierre  grise  ou  en  ardoise  de  Martelange, 
décorent  le  champ  des  morts. 

La  population  d'Eneille  est  très  fidèle  au  culte  des  morts. 

Elle  comprend  que  le  cimetière,  participant  aux  privilèges  du  Lieu  Saint,  dort 
être  considéré  comme  le  jardin  de  l'église,  Kerhliof;  et  son  entretien  a  fait  de 
tout  temps  le  souci  de  l'initiative  privée  et  des  pouvoirs  publics.  Elle  comprend 
«  que  le  corps  du  chrétien,  par  la  réception  des  sacrements,  par  son  association 
à  la  vie  morale  et  aux  mérites  de  l'âme,  par  sa  participation  future  à  la  fin  der-- 
niére,  à  la  gloire  et  à  la  félicité  éternelles,  est  digne  de  tous  les  respects.  Elle 
comprend  que  les  corps  des  fidèles  décédés  dans  la  paix  du  Seigneur  ne  perdent 
pas  avec  la  vie  du  temps  leur  qualité  de  membres  de  Jésus-Christ,  et  que  la  mort 
ne  rompt  aucunement  les  liens  spirituels  qui  nous  attachent  à  nos  frères  défunts  «. 

Le  cimetière  d'Eneille,  aussi  ancien  que  l'église,  est  entre  tous  un  lieu  vénérable 
et  sacré.  C'est  le  prolongement  dans  le  temps  du  cimetière  mérovingien  décou- 
vert en  1857  et  réouvert  en  1911  au  sommet  du  Fromental. 

Plus  loin,  sous  les  taillis  du  thier  de  Base,  densas  inier  corylos,  le  prome- 
neur aventureux  s'arrête  étonné  devant  un  tumulus  encadré  d'épicéas,  près  duquel 
s'étalent  en  cercle  sur  une  belle  esplanade  d'énormes  pierres,  qui  font  rêver  de 
l'ancien  autel  du  dieu  Pan,  le  dieu  des  Eneilles,  à  l'époque  où  les  vétérans  de 
Rome  fondaient  la  villa  Unalia.  Or  vous  êtes  tout  simplement  devant  la  tombe 
de  ce  fameux  anglais  lord  Ashley,  assassiné  en  1842. 

Lord  Ashley,  un  original,  dont  on  garde  le  portrait  au  château  de 
Grandhan,  habitait  avec  un  seul  domestique  les  grands  bâtiments  de  la  ferme  de 
de  Favereau  à  Petite  Eneille,  une  vaste  maison  du  XVIIP  siècle,  au  centre  d'un 
merveilleux  panorama,  dans  la  solitude  sauvage  des  fourrés  giboyeux.  Ce  nou- 
veau René  avait  les  goûts  romantiques  de  son  temps.  Il  aimait  la  chasse  et  la 
pêche  ;  un  vrai  trappeur  de  l'Arkansas.  Avec  cela,  des  idées  humanitaires, 
comme  son  compatriote  et  ami  le  docteur  Scudi,  qui  demeurait  à  Grande  Eneille, 
adoré  des  indigènes  dont  il  guérissait  tous  les  maux.  Ils  avaient  fondé  à  Petite 
Eneille  une  loge  aristocratique  où  les  gros  bonnets  de  la  franc-maçonnerie  régio- 
nale tenaient  leurs  réunions.  C'est  à  leur  intention  que  lord  Ashley  avait  fait 
aménager  le  plain  du  thier  de  Grocqz  et  du  thier  de  Base,  transformés  en  jardins 
anglais,  en  terrasses,  belvédères,  promenades,  dans  la  splendeur  des  acacias, 
des  marroniers,  des  noyers,  qu'on  est  étonné  de  voir  aujourd'hui  disputer  le 
terrain  aux  chênes  et  aux  épines.  Il  avait  rêvé  d'élever  là,  pour  y  recevoir 
ses  frères  conventuels,  un  chalet  de  plaisance,  dont  les  riches  maté- 
riaux, à  pied  d'œuvre,  attendent  toujours  l'architecte  et  le  maçon  :  bases  de 


—     149     — 

colonnes,  tambours,  chapiteaux  aux  belles  moulures,  débris  de  la  cathédrale 
St  -Lambert  de  Liège  et  de  la  vieille  église  de  Tilleur,  dignes  d'une  meilleure  desti- 
née (1),  aujourd'hui  en  train  de  s'eflriter  comme  la  mémoire  de  lord  Ashley. 
Car  les  vieux  d'Eneille,  dont  je  tiens  ces  détails,  ne  sont  pas  toujours  d'accord 
pour  nous  narrer  sa  vie  et  son  trépas. 

Sa  famille  le  détestait,  parait-il,  et  cherchait  à  se  débarrasser  de  lui.  Un  jour 
son  domestique  périt  d'un  coup  de  feu  dans  la  maison  même  du  maître.  Peu  de 
temps  après,  ce  fut  le  tour  de  lord  Ashley  :  son  cadavre  fut  retrouvé  au  fond  de 
rOurthe,  près  du  pont  d'Hotton,  portant  encore  sa  montre  en  or.  Il  fut  enterré 
au  thier  de  Base,  par  les  soins  d'un  ami,  en  compagnie  d'une  bouteille  de  vin  et 
d'un  paquet  de  tabac.  0  mortels,  ignorants  de  leur  destinée  !  dirait  Bossuet. 

Ainsi  donc  tout  le  thier  de  Base  sert  de  dortoir  (  cœmeterium)  à  la  population 
d'Eneille,  depuis  au  moins  quinze  siècles  assurément. 

De  là  surgiront  un  jour  tous  les  Eneillais,  païens  et  chrétiens,  quand  la  trom- 
pette du  jugement  dernier  lancera  dans  la  vallée  de  l'Ourthe  son  appel  éclatant  : 

Sur  cite  mortui,  venite  in  fudicium. 

La  trompe  sonne  et  tout  frissonne, 
Jusqu'aux  tombeaux  elle  résonne, 
Et  nous  convoque  au  pied  du  trône. 


M 

wl 

A  Fontibus  salus. 


(1)  Ces  reliques,  par  la  gracieuseté  de  Monsieur  et  Madame  de  Favereau.de  Grandhan,  vont  désormais 
décorer  la  terrasse  du  presbytère  d'Eneille. 


150 


ÉPILOQPE, 


Fin  lier  iyi2 


Nous  attendons  toujours  la  route  de  Noiseux.  Un  commissaire  spécial  a  fait 
en  octobre  dernier  l'expertise  des  terrains  d'emprise.  Depuis,  tout  dort  encore 
une  fois  dans  les  cartons.  On  ne  peut  plus  sortir  d'ici  qu'en  auto  du  moyen- 
âge.  N'allez  pas  croire  pourtant  qu'on  s'ennuie  aux  Eneilles.  Il  vient  de  s'y 
fonder  une  société  sportive  et  dramatique,  sous  le  nom  de  Club  Sainte- 
Marguerite,  à  l'initiative  de  trois  jeunes  humanistes  de  l'Institut  Sainte-Mar- 
guerite, établi  au  presbytère  (1)  :  Baron  Félix  d'Anethan,  Vicomte  Edouard 
Petit  de  Montfleury,  Marquis  Robert  de  Ritïlart  :  parties  de  football  dans 
les  prés  Sous-la- Ville,  auxquelles  s'intéresse  toute  la  paroisse,  le  dimanche, 
avant  et  après  les  vêpres  ;  séances  dramatiques  et  récréatives  au  Casino  du 
Fromental,  sorti  de  terre  comme  par  enchantement,  à  la  mi-mars  1912  :  places 
pour  300  personnes.  On  accourt  de  tous  les  villages  voisins,  à  Grande  Eneille, 
transformé  en  nouvel  Oberammergau.  Et  les  foules  s'en  retournent  enchantées  et 
en  chantant  le  chant  local  des  Eneilles,  qui  résume  admirablement  la  situation 
topographique  et  historique  de  la  paroisse. 

CHANT  DES  ENEILLES. 

1 .  Aux  Eneilles,  c'est  un  pays, 
Où  l'on  reçoit  bien  les  amis  ; 
C'est  dans  le  nez  de  la  province. 
Près  de  Mirlipimpin-la-cinse. 

Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Aux  deux  Eneilles,  c'est  charmant. 

2.  Petite  Eneille  est  sur  le  dos 
Du  plus  joli  de  nos  coteaux  : 
De  là  se  voient  toute  l'Ardenne 
Et  le  Condroz  et  la  Famenne. 

Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Petite  Eneille,  c'est  charmant. 


(J)  Plusieurs  élèves  en  sont  sortis  avec  le   diplnine  .rhumanités   complètes,  entérina   par  le  jury 
d'homiiiogatlon. 


—     151     — 

3.  Et  Grande  Eneille  est  dans  le  fond, 
Sous  la  colline  en  demi-rond, 

Et  ses  prés  verts  vont  jusqu'à  l'Ourthe, 
Sans  que  la  vue  y  soit  plus  courte. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 

A  Grande  Eneille,  c'est  charmant. 

4 .  Les  deux  Eneilles  voient  le  train 
Et  son  panache  très  lointain  ; 
Le  sifflet  des  locomotives 
N'arrive  pas  jusqu'à  nos  rives 

Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Aux  deux  Eneilles,  c'est  charmant. 

5.  Notre  curé  roule  en  auto. 
Il  passe  toujours  au  galop, 

Très  bien  campé  comme  un  gros  moine. 
Sur  son  moteur  à  gaz  d'avoine. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 

Curé  d'Eneille,  c'est  charmant. 

6.  Son  église  est  aux  flancs  des  monts  ; 
A  droite,  à  gauche,  deux  maisons  : 
A  gauche,  le  vieux  presbytère, 

A  droite,  le  palais  scolaire. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Ce  coin  d'Eneille  est  bien  charmant. 

7.  On  fréquente  vêpres,  salut, 
Qu'il  lasse  chaud  ou  qu'il  ait  plu  ; 
Et  tous  nos  gens  vont  à  la  messe, 
Et  tous  nos  gens  vont  à  confesse. 

Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Oui,  gens  d'Eneille,  c'est  charmant. 

8.  Petite  Eneille  a  le  château 
Dont  le  parc  se  mire  dans  l'eau. 
Avec  autour  deux  grandes  fermes, 
Fidèles  à  payer  leurs  termes. 

Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 

A  l'autre  Eneille,  c'est  charmant. 


—     152     — 

y.  Vieille  église,  école,  château, 

Avec  l'un  et  l'autre  hameau, 

Font  tous  ensemble  bon  ménage, 

Gomme  aux  beaux  jours  du  moyen-âge. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 

Le  vieux  Eneille  était  charmant. 

10.  Derrière,  c'est  le  casino, 

Tout  goudronné  de  bas  en  haut  ; 
En  huit  jours  il  sortit  de  terre, 
Mais  peut  braver  grêle  et  tonnerre. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment. 

Pour  Grande  Eneille,  c'est  charmant. 

1 1 .  Venez  donc  voir,  n'ayez  pas  peur, 
On  vous  prendra  sur  le  moteur. 
Sur  le  moteur  à  gaz  d'avoine. 

Vous  chanterez  comme  un  gros  moine  : 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 

Aux  deux  Eneilles,  c'est  charmant. 

12.  Grâce  aux  Favei»eaux  et  Franchi  mont, 
On  va  pouvoir  franchir  le  mont, 

Qui  sépare  Noiseux  d'Eneilles, 
Sans  se  crotter  jusqu'aux  oreilles. 
Ah,  ah,  ah,  mais  vraiment, 
Eneille,  alors,  sera  charmant. 

Le  15  Mars  1912,  Monsieur  le  Baron  de  Favereau,  Président  du  Sénat, 
Ministre  d'Etat,  nous  communique  la  dépèche  suivante  de  Monsieur  le  Ministre 
de  l'Agriculture. 

Bruxelles,  le  H  Mars  19i2. 

"  J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  que  je  viens  d'approuver  le  projet  de 
construction  d'un  chemin  vicinal  entre  les  villages  de  Noiseux  et  les  Enneilles, 
sur  le  territoire  des  communes  de  Noiseux  et  de  Grand'han. 

Mon  département  interviendra  à  concurrence  de  la  moitié  dans  la  dépense  à 
résulter  de  l'exécution  de  ce  travail.  » 


—     153     — 

EN  FIN  ! 

Dès  les  premiers  jours  de  mai  i9l2,  la  commune  de  Noiseux  a  eu  la  gracieu- 
seté de  faire  apposer  l'affiche  de  consolation  au  mur  de  notre  église  : 

COMMUNES  DE    NOISEUX  ET   DE  GRAND'HAN. 


ADJ  UDICATION 

DE    TRAVAUX. 


Le  JEUDI  20  JUIN  1912,  à  10  heures  du  matin,  en  la  salle  communale  de 
Noiseux, 

Les  Collèges  des  Bourgmestres  et  Echevins  des  communes  de  Noiseux  et  de 
Grand'Han  procéderont  à  l'ouverture  des  soumissions  régulièrement  parvenues 
pour  les  travaux  de  construction   du  chemin  de  grande  communination  de 
Noiseux  aux  Enneilles  sur  les  territoires  de  Noiseux  et  de  Grand'Han. 
Les  travaux  forment  un  seul  lot  d'adjudication. 

Montant  du  devis,  frs.    83292,67 

Cautionnement,  5000,00 

Pour  être  valables  :  les  soumissions  seront  rédigées  sur  timbre  de  0,50  c, 
conformément  au  modèle  donné  au  cahier  des  charges.  Elles  seront  adressées  à 
Monsieur  le  Bourgmestre  de  Noiseux  par  lettre  recommandée  remise  à  la  poste 
le  17  Juin  au  plus  tard,  et  seront  accompagnées  du  reçu  de  cautionnement  versé 
préalablement  entre  les  mains  du  Receveur  communal  de  Noiseux  ou  dans  une 
agence  de  la  banque  nationale.  —  Les  frais  d'adjudication  sont  à  la  charge  de 
l'entrepreneur  et  seront  payés  comptant. 

Les  soumissions  seront  mises  sous  double  enveloppe,  et  l'enveloppe 
intérieure  portera  la  suscription  suivante  :  Soumission  pour  la  construc- 
tion du  chemin  de  grande  communication  de  Noiseux  aux  Enneilles. 

Les  plans,  devis  et  cahier  des  charges   sont  déposés  au  Secrétariat 
communal  où  les  amateurs  peuvent  en  prendre  connaissance. 
Noiseux,  le  6  Mai  1912. 
Le  Secrétaire,  Le  Bourgmestre, 

P.  C.  DEPIERREUX.  J-  LOMBA. 


154     — 


EXO  D  O  S. 

Depuis  l'an  dernier  la  population  a  diminué  ici  grandement  :  plusieurs 
familles  sont  parties  pour  aller  chercher  fortune  ailleurs.  Nous  sommes  réduits 
à  cent  quatre-vingt-dix  habitants. 

Il  n'y  a  plus  eu  de  naissances  depuis  le  mois  de  septembre  1911. 

On  attend  du  neuf  pourtant.  .  .  .  dans  la  boite  aux  lettres  :  les  araignées  n'y 
tissent  pas  encore  leur  toile  ;  mais  une  mésange  y  a  élu  domicile,  y  a  calé  son  nid 
dans  le  fond,  y  a  pOndu  douze  œufs.  Elle  les  couve  depuis  quinze  jours  et  ne  se 
dérange  même  plus  pour  le  facteur,  ni  pour  la  correspondance,  qu'elle  reçoit  sur 
ses  ailes  éployées. 

20  mai  1912,  éclosion  de  la  jeune  famille.  Serait-ce  un  symbole  de  renais- 
sance ?  Acceptons-en  l'augure. 


—     155 


AFFEMDICE. 

Les  ménages  d'Eneille  en  1623. 


1.  Le  curé  Belleamye. 

2.  Henri  de  Brialmont, 

seigneur  d'Eneille. 

3.  Sire  Jacques  Rondeau,  prêtre. 

4.  Thiry  de  Brialmont. 

5.  Antoine  Ponsart. 

6.  Henri  Gollin. 

7.  Jean  de  Soy. 

8.  Piron  de  Restinée. 

9.  Pirard  le  Maréchal. 

10.  Noël  Deveux. 

11.  Jean  Demolin. 

12.  Jean  Gérard. 

13.  Jacques  Biaise. 

14.  Noël  Valentin. 

15.  Jean  Leclercq. 

16.  Jean  de  Leuze. 

17.  Mathieu  Le  charpentier. 

18.  Thomas  Charpentier. 

19.  Arnould  Ponsart. 

Les  ménages 

1.  Le  curé  Le  Charpentier. 

2.  Le  seigneur  de  Brialmont. 

3.  La  dame  d'Eneille. 
i.  Jean  Borlon. 

5.  Jacques  de  Warre. 

6.  Pierre  Pirard. 

7.  Pierre  Pirotte. 

8.  Hubert  Lecresse. 

9.  Jean  Ponsart. 

10.  Hermant  de  Pont. 
IL  Catherine  Ponsart. 

12.  Jacques  Pocket. 

13.  Henri  Gérard. 

14.  Jean  de  Marche. 

15.  Jean  Lecomte. 


20.  Gaspard  de  Tohogne. 

21.  Jean  Pire. 

22.  Jean  Dottrez. 

23.  Jean  de  Thys. 

24 .  Jean  Renard 

25.  Rolland  Ponsart. 

26.  Pierre  Collin. 

27.  Martin  Adam. 

28.  Jean  de  Bray. 

29.  Jean  Tossaint. 

30.  Guillaume  Lecomte. 

31.  Jean  de  Chêne. 

32.  Mathieu  Collin. 

33.  Jean  de  Bois. 
34   Pierre  del  Coulée. 

35.  Henri  de  Trina. 

36.  Noël  Leclercq. 

37.  Bernard-Ponsart,  dont  la  fille, 
Petra  (Pirkine),    mourut  noyée  en 
1641,  et  fut  enterrée  à  Esneux. 

d'Eneille  en  1 695. 

16.  Jean-Martin  Ponsart. 

17.  Les  filles  Lambert. 

18.  Lorrain  Martin. 

19.  La  vefve  Raeskin. 

20.  Charles  Pire. 

21.  Nicolas  Gérard. 

22.  Les  enfants  Jean  Rolland. 

23.  Antoine  Collin. 

24.  La  vefve  Lambert  Collin. 

25.  La  relicte  Henri  Gollin. 

26.  Jean  Mathieu. 

27.  Jean  Parmentier. 
2S.  La  vefve  Noël  Lizen. 
29.  La  relicte  Jean  Lorrain. 


-     156 


Le  curé  de  Pierreux  tenait  une  liste  des  églises  majeures,  médianes  et  quartes 
chapelles. 

Il  fait  suivre  la  première  série  de  cette  note  : 

Octodecim  istae  parochiae  integ^^ae,  integrum  debent  cathedra ticum, 
scilicet,  20  grossos,  seclusis  registratione  et  quittancia. 

Parmi  ces  paroisses  je  relève  : 

Clavier.  d.  pastor  ...  60  m.  siliginis  et  avenae. 

Combien.  monasterium  malmundarense. 

Dochamps.         Sanctae  Grucis  Leod.  capitulum,  36  m. 

Fronville.  Capitulum  Huense. 

Hans  magna  (Grandhan) .  Commendator  et  princeps 
Rarbançons  pro  medietate. 

Izier.  dominus  temporalis  de  Soy  et  représentantes  Guillelmum 

Sauter,  medietatem 

Melreux.  d.  Abbas  Sancti  Huberti  pro  una  tertia  et  d.    Abbas  Vallis 

Sancli  Lamberti  pro  una  tertia,  d.  Cornes  de  Rochefort  uti 
dominus  temporalis  de  Waha,  et  d.  Abbas  scholarium  Leod. 
alteram  tertiam  débet.  80  m. 

Ockier.  Reverendus  Prior  monasterii  stabulensis. 

Tohonia  d.  pastor.  70  m. 

Mediae  ecclesiae. 

1.  Eneilles.  d.  pastor.  30  m. 

2.  Fisenne.  d.  pastor.  30.  speltae  et  avenae. 

3.  Nandren.  Rd.  d.  abbas  vallis  Sancti  Lamberti, 

4.  Ny.  Ecclesia  cathedralis  namurcensis. 
5 

6 

7 

8.  SummaTempIi.  Rd.  d.  commandator  Villarii  Templorum. 

9.  Scy.  d.  temporalis.  30  m. 

10.  Strey.  capitulum  Huense  et  dominus  commendator,  medietatem 

11.  Vierset.         d.  pastor. 

12.  Wil...  Rd.  Abbas  de  Valford^ 

13.  Villarum  Templorum.  d.  commendator. 

14.  Cyelle.  8.  m. 

Quatuordecim  istae   ecclesiae  debent  medietatem    cathedratici,  scilicet  10 
grossos.  registratio  unum  et  quittancia  unum. 


—     157     — 

Quartes  chapelles. 
Citons  encore  quelques  noms  du  pays  : 

RESCRIPTIONES 

Bouinalia.  d.  abbas  S.  Huberti        .....         24  m. 

Bonsin.  Gapitulum  S.   Pétri  Leod.  débet  duas  tertias 

partes  et  d.  pastor  duas  partes  alterius  ter- 

tiae  partis,  d.  de  Viron  alteram. 
Borlon.  Fratres  minores  huenses  et  d.  pastor  mediatim         20  m. 

Hans  parva  (Petithan).  d.  pastor 24  m. 

Heyd.  parochiani 14  m. 

Marcourt.         d.  pastor 60  m. 

Mons  S.  Dionysii  (Jusaine) 48  m. 

Méan.  d.  pastor,  abbas  S.   Huberti  medietatem,  de 

Viron  unam  quartam...   de  Gambys  aliam 

partem. 


Pro  receptione  jurium  cathedratici  et  obsonii. 

Cathedraticum  cedit  solvendum  précise  ante  festum  Sti  Blasii,  quarto  quo- 
queanno  bissextili,  et  obsonium,  anno  antebissextili. 

(Quoad  cathedraticum)  pro  qualibet  intégra  Ecclesia  debentur  20  grossi  vete- 
res,  valentes  très  stupheros  et  sex  solidos,  valentes  secundum  D.  Nicolaum 

Maino,  sigilliferum  Suae  Gelsitudinis 3  flr  5 

Media  aut  mediana  Ecclesia  débet  10  grosses  :  .        .        .        1  flr  12  1/2 

Tertiana  aut  quarta  Gapella  débet  6  grossos  :  .        .        .  —    19  1/2 

Ex  grossis,  integrae  et  mediae  competunt  Suae  Gelsitudini  duae  tertiae. 

Altéra  tertia  pars  competit  R^o  Archidiacono  et  Decano,  scilicet  duae  partes 
Archidiacono  et  tertia  Decano. 

Pro  obsonio  autem  intégra  Ecclesia  tenetur  ad  10  grossos,  seu  ad  medietatem 
20  grossorum.  Et  média  Ecclesia  ad  medietatem  10  grossorum  scilicet  ad  5 
grossos  ;  qui  grossi  dividuntur  ut  supra. 

Sed  quoad  cathedraticum  et  obsonium  in  quartis  Gapellis,  quartae  Gapellae 
debent  pro  cathedratico  sex  grossos  et  pro  obsonio  très  grossos,  scilicet  medie- 
tatem cathedratici. 

lam  vero  notandum  quod  decanus  solus  et  in  solidum  habet  in  suis  quartis 
Gapellis  non  modo  obsonium  sed  et  cathedraticum  sine  eo  quod  Serenissimus 
Episcopus  et  Archidiaconus  loci  aliquid  habeat  de  ejusmodi  obsonio  et  cathe- 
dratico. Sic  refert  Dnus  Ghristianus  D'Anelonse  quondam  decanus  Ghristianitatis 
Uffeensis,  electus  anno  1500,  in  fine  maii.  Et  sic  etiam  habetur  in  mandato 


—     158     — 

relaxatoa  R'""  Kpiscopo  leodiensi,  Erardo  de  Marca,  anno  1508,  19*  februarii  ; 
per  quod  evidentissime  api)aiet  cathedralicum  et  obsonium  quartaruin  capella- 
rum  conipetere  Decanis.  Similiter  habetur  scriptum  in  quodam  veteri  registro 
Dni  Decani  (nom  illisible)  quod  obsonium  de  quartis  Gapellis  speclat  in  solidum 
soli  Decano,  ita  ut  nuUi  de  eoruin  cathedratico  et  obsonio  computum  reddere 
teneatur. 


Aniio  1774,  28^  augusti,  ego  Aegidius  De  Bra,  rector  Ecclesiae  de  Harzé,  fui 
clectus  ad  decanatum  Goncilii  Uflensis  sub  Arohidiaconatu  Gondrozii. 

Gathedraticum  fuit  solvenduin  in  festo  Sti  Blasii  anno  1676,  uti  et  obsonium 
anno  praecedenti,  sed  neutrum.  propter  bella  fuitsolutum,  nec  etiam,  ob  eamdem 
causam  obsonium  1679  et  cathedraticum  1680. 

At  circa  médium  septembris  1680,  per  Secretarium  sigilli  majoris  suae  Gelsi- 
tudinis  Maximilliani  a  Bavaria  Episcopi,  ad  nos  transmissae  fuerunt  monitoriales 
ex  parte  ejusdem  Episcopi  pro  solutione  cathedratici  et  obsonii  non  solum  ter- 
mini  ultimi,  sed  omnium  aiiorum  praeteritorum  non  solutorum,  et  solvendorum 
intra  quindecim  dies  a  monitione  pastoribus  facta  realiter  et  cum  effeçtu  sub 
poenis  contentis  in  praedicto  mandate,  nisi  satisfecerint  ;  idemque  per  expressum 
misi  ad  singulos  pastores  et  decanos  percipientes  exemplum  unum  praedictae 
monitionis  et  mandati,  ne  causam  excusationis  et  ignorantiae  allegare  postea 
possent,  et  hoc  circa  24  mensis  currentis,  ut  apparet  in  recepissis  pastorum. 

Secundum  autem  epistolas  D"^'  Martini  sigilliferi  Sti  Episcopi  receptus  30^ 
7  bris  1680,  nulius  pastorum  et  décima torum  solvit  termines  1671,  1675,  1679, 
tam  catliedratici  quam  obsonii,  uti  apparet  per  registra  et  computum  ultimum 
n^i  Decani  Jamart,  nisi  aliter  per  quittancias  doceatur  ;  et  sic  erat  solvendum 
obsonium  pro  terminis  1671,  1675,  1679,  cathedraticum  vero  pro  1670,  1674, 
1678, 1680,  1684,  1688,  1692,  1696. 


D'après  les  Avis  et  Résolutions  de  Monsieur  Didier,  avocat  au  Gonseil  de 
Luxembourg  sur  quelques  points  douteux  dressés  par  le  Révérend  Doyen  d'Ortho, 
en  Ardenne  : 

Le  droit  tant  d'obsonium,  dont  appartient  au  Doyen  la  3*  parte,  que  le  cathe- 
draticum, dont  au  Doyen  la  9*=  parte,  est  très  ancien. 

De  fait  il  se  doit  par  ceux  qui  possèdent  les  dîmes  :  prélats,  pasteurs  et  autres, 


—     159     — 

tant  laïcs  qu'ecclésiastiques,  combien  que  par  le  laps  de  teoaps  une  partie  des  laïcs 
s'en  veuillent  émanciper,  et  depuis  10  à  12  ans,  les  troubles  des  guerres  et  la 
moralité  des  redevables  en  ont  du  tout  empêché  la  levée  ;  tant  il  y  a  que  Zopaeus 
dans  ses  Résolutions,  appelle  les  dits  droits  jura  dominica  et  impresciptibilia. 
Concernant  ce  dernier  point,  l'avocat  du  Conseil  répond  :  quod  jus  cathedraticum 
prescribi  non  possit. 


En  l'an  1696,  écrit  encore  le  Doyen  De  Bra, ayant  reçu  des  mandements  de  la 
part  de  Monseigneur  le  Coadministrateur,  pour  faire  payer  par  les  curés  et  autres 
percevans  disme  dans  le  doyenné  d'Ouffet,  les  droits  du  cathédratique  et  de  l'ob- 
sonique,  je  dépêchai  aussitôt  un  messager  à  tous  les  curés,  le  17,  18,  19  et  20 
octobre,  un  exemplaire  du  dit  inandement  pour  chaque  curé,  leur  ordonnant  de 
donner  un  récépissé  d'icelui  par  écrit  signé  de  leur  main  propre,  afin  qu'ils  ne 
prétextent  pas  cause  d'ignorance  ;  et  j'ai  fait  tenir  à  Monsieur  Martin  gardescei 
de  S.  A.  pour  s'en  servir  en  son  temps  en  cas  de  besoin.  Voire,  comme  je  suis  à 
un  bout  du  doyenné,  j'ai  en  prié  et  commis  le  Révérend  Martiny,  curé  d'Ocquier 
et  vice-doyen,  qui  est  au  milieu  du  doyenné  pour  qu'il  î^owrfraeï  prendre  la  peine 
de  recevoir  les  dits  droits  de  cathédratique,  afin  que  mon  éloignement  ne  leur 
fît  de  la  peine  ;  mais  le  tout  en  vain  ;  puisqu'il  n'a  pu  recevoir  que  fort  peu  de 
chose,  comme  il  peut  se  voir  par  ses  receptas. 


Acte  de  Résignation  de  la  cure  des  Eneilles  par  le  curé  Grade,  en  faveur 

du  curé  Randollet. 

Anno  D'à'  1770,  mensis  januarii  die  sexta,  coram  me  notario  et  testibus  infra 
denominati  et  specialiter  vocatis  personaliter  comparuerunt  in  loco  capitulari 
sohto  et  capitulantes  R.  R.  P.  P.  Du  Fon  Barré  Prior,  etautoritate  Reverendis- 
simi,  Illustrissimi  et  Gellissimi  Dni  Dni  Episcopi  Leodiensis,  tam  in  spiritua- 
libus  quam  in  temporalibus  administrator  deputatus,  De  Tinlot,  De  Lemede, 
de  Reul,  de  Bouxhon  et  Terwaigne,  omnes  capitulares  abbatiae  Novi  Monasterii, 
Novum  Monasterium  nuncupati,  ordinis  Sti  Augustini,  prope  Huum,  qui  nobis 
spontanée  declaraverunt  consense  pro  ut  tenore  praesentium  consentiunt,  qua- 
tenus  venerabilis  Dnus  Grade,  vicarius  perpetuus  parochiae  loci  des  Eneilles, 
diœcesis  leodiensis,  ipsam  parochialem  ecclesiam  seu  vicariam  perpetuam,  cujus 
collatio,ldum  vacat  ad  libatos  comparentes  spectare  ommino  dignos- 
citur,  eamdem  dimittere  ac  resignare  valeat,  etiam  sibi  reservata  pensione,  ad 
et  in  favorem  Rndi  Dni  Josephi  Randollet,  presbyteri  ejusdem  dioecesis,  quem  ad 
eflectum  profato  monasterio  nostro  aggregeverunt,  sub  conditione  tamen  quod 
dictus  Josephus  Randollet,  nequeat  ulterius,  favore  alterius  cujusvis  hancce  resi- 


—     160     — 

gnare  seu  permutare  absque  speciali  consensu  Abbatis  et  Capitularîum  tune 
temporis  existentium  (15\  ad  quem  eflfectum  solitum  in  manibus  Prions  et  Gapi- 
liilarium  in  mea  et  testium  praesentia  praostitit  jurainentum  de  non  resignando 
seu  pernuitando  liaucee  vicariam  perpetuarn. 

* 

*         * 

Au  temps  du  curéGrofay,  Eneille  avait  deux  notaires  résidents  :  le  curé  lui- 
même  et  le  greffier  Henri  Pirard.  Le  protocole  du  notaire  Pirard,  rien  que  pour 
les  deux  années  1731  et  1732,  contient  plus  de  deux  cents  actes  et  contrats  de 
tous  genres,  passés  à  Eneille  et  dans  les  villages  voisins.  11  y  a  entre  autres  le 
contrat  de  mariage  entre  noble  Seigneur  Gharles-Fortunat  de  Vanderstraten, 
chevalier,  seigneur  de  Frénoy  et  Noble  Demoiselle  Marie-Josèphe  de  Brialmont. 

Mais  la  pièce  la  plus  curieuse  est  la  suivante  : 

Déclaration  Joseph- Clément  Dejozé  sur  Foccision  de  N.  N.  Berry. 

«  Aujourd'hui,  troisième  janvier,  mille  sept  cent  trente  et  un,  par  devant  moi, 
notaire  public  soussigné,  et  en  présence  des  témoins  en  fin  de  cette  dénommés, 
personnellement  comparut  un  nommé  Joseph -Clément  Déjozé,  soi-disant  lié- 
geois, baptisé  en  l'éghse  de  Seraing-sur-Meuse,  et  fils  du  lieutenant  colonel 
Guillaume  Dejozé,  le  dit  comparant  présentement  enrôlé  au  service  de  Sa  Majesté 
très  chrétienne,  n'ayant,  pour  raisons  inférieures,  voulu  déclarer  son  régiment, 
à  nous  cependant  le  dit  comparant  inconnu,  lequel  de  sa  pure  et  libre,  franche 
et  spontanée  volonté,  sans  persuasion  de  personne,  nous  a  déclaré  qu'ayant  eu 
le  malheur,  avec  un  sien  camarade,  appelé  Saint-Martin,  d'avoir  occis,  la  veille 
de  Saint  Thomas  1729,  un  jeune  homme  de  la  ville  d'Aix-la-Chapelle,  constitué 
dans  les  ordres,  appelé  Berry,  il  se  serait  enfui  et  sauvé  du  pays  de  Liège,  après 
avoir  commis  ce  crime,  avec  le  dit  Saint-Martin,  crainte  d'être  appréhendés,  dès 
qu'ils  ont  vu  qu'on  remuait  cette  affaire  ;  et  que  s'étant  ainsi  sauvé,  icelui  com- 
parant aurait  appris  qu'on  taxait  le  seigneur  Baron  de  Waha  de  ce  crime,  de 
manière  que  le  comparant,  outre  les  remords  particuliers  qu'il  ressent  du  dit 
fait,  se  trouve  encore  autant  plus  inquiet  dans  sa  conscience  et  son  âme  d'avoir 
appris  cette  fausse  accusation  contre  le  dit  seigneur  de  Waha,  au  préjudice  de 
son  honneur  et  de  sa  famille,  quoi  qu'il  en  fût  très  innocent  ;  à  raison  de  quoi  le 
dit  comparant  ne  faisant  aucun  bien  depuis,  voulant  aussi  se  réconcilier  avec 
Dieu,  et  profiter  du  temps  d'un  saint  jubilé  qui  se  présente  à  gagner,  et  par  le 
moyen  duquel  il  désire  ardemment  de  pouvoir  obtenir  grâce  du  Seigneur  et 
l'absolution  de  son  confesseur,  se  perfondant  pourtant  sur  l'avis  de  quelques 
confesseurs,  lesquels  il  a  consultés  à  cet  effet,  qu'il  ne  pourra  obtenir  l'absolu- 
tion de  son  crime  avant  d'avoir  déclaré  la  vérité  du  fait  et  d'avoir  fait  connaître 
par  une  déclaration  évidente,  publique  et  authentique,  l'innocence  du  seigneur 
de  Waha,  crainte  que  l'innocence  ne  fût  opprimée,  et  si  le  comparant  avait  à 


—     161      — 

mourir  avant  cette  déclaration,  la  vérité  ne  pourrait  plus  être  reconnue,  attendu 
qu'il  ne  sait  pas  ce  que  son  complice  Saint-Martin  est  devenu  ;  à  raison  de  quoi 
le  dit  comparant,  pour  la  décharge  de  sa  conscience,  est  obligé  de  déclarer, 
comme  par  cette  présente  il  iléclare,  qu'on  ne  doit  accuser  ni  soupçonner  autre 
personne  du  crime  en  question,  sinon  lui  comparant  et  ce  susdit  Saint-Martin, 
et  que  la  chose  est  arrivée  en  la  manière  suivante,  savoir  :  que  le  jour  susdit, 
veille  Saint  Thomas,  vers  les  deux  heures  après  midi,  le  dit  comparant  et  le  dit 
Saint-Martin  se  sont  fortuitement  trouvés  au  commencem.ent  de  la  chaussée  qui 
va  de  Liège  à  Saint-Trond,  en  une  grosse  neuve  maison  rouge,  à  main  droite, 
dans  laquelle  étant  par  hasard  tous  les  deux  entrés,  ils  y  ont  vu  le  dit  seigneur 
de  Waha  avec  le  dit  Berry,  ce  dernier  témoignant  d'attendre  quelque  charrette, 
voiture  ou  autre  occasion  pour  pouvoir  mettre  ou  porter  jusqu'à  Saint-Trond 
une  longue  valise  de  cuir  qu'il  avait  avec  lui  ;  de  quoi  s'étant  le  dit  Saint-Martin 
aperçu  il  s'aurait  oflfert  de  la  porter  comme  allant  aussi  le  même  chemin  ;  que 
là-dessus^^Berry  l'aurait  remercié,  disant  qu'il  attendrait  encore,  et  qu'il  espérait 
qu'il  viendrait  quelque  voiture  ou  autre  occasion  ;  mais  ayant  inutilement 
attendu  jusque  vers  trois  heures  et  demie,  le  comparant  avec  son  compagnon  se 
mirent  en  devoir  de  partir  pour  poursuivre  leur  chemin  ;  et  en  sortant,  le  dit 
comparant  réitéra  au  dit  Berry  les  mêmes  offres  pour  porter  sa  valise,  lui  di- 
sant qu'il  n'en  serait  pas  incommodé,  ce  que  le  dit  Berry  accepta  et  dit  qu'il 
partirait  avec  eux.  Ensuite  le  dit  seigneur  de  Waha  s'en  est  retourné  après 
avoir  donné  l'adieu  et  souhaité  bon  voyage  au  dit  Berry,  en  lui  recommandant 
la  lettre  qu'il  lui  avait  donnée  pour  son  beau-père.  Après  quoi,  chemin  faisant 
ensemble,  à  une  bonne  demi-lieue  de  là,  ils  ont  rencontré  quelques  chartiers 
sur  la  voiture  d'un  desquels  la  valise  fut  mise  et  un  petit  sacquelet  d'étudiant, 
et  ils  entrèrent  dans  un  cabaret  avec  les  dits  charetiers,  où  ils  burent  ensemble 
de  la  bière,  ayant  bu  auparavant  de  la  Hougaerde,  tellement  que  le  comparant 
acheva  de  s'y  faire  sou,  aussi  bien  que  son  compagnon  Saint-Martin  et  le  dit 
Berry.  Ils  ont  ensuite  poursuivi  leur  route  ;  et  la  nuit  les  ayant  surpris,  le  dit 
Saint-Martin  aurait  repris  la  valise  de  la  charette  et  la  mit  dans  un  petit  caba- 
ret, à  main  gauche  de  la  chaussée,  à  un  petit  quart  d'heure  de  la  seconde  bar- 
rière, où  il  dit  que  c'était  une  valise  à  Monsieur  le  Baron  d'Aubec  ;  qu'il  la  re- 
prendrait en  repassant,  et  trouvant  que  le  dit  comparant  avec  le  dit  Berry  avait 
entretemps  pris  l'avance,  en  chemin,  il  tira  deux  coups  de  pistolet,  auxquels  le 
comparant,  qui  tenait  le  dit  Berry  dans  ses  bras  pour  se  soutenir,  répondit  par 
deux  coups  pareils  de  pistolet. 

Et  le  dit  Saint-Martin  les  vint  retrouver  chez  le  bailli  Lessoine,  où  ayant  en- 
core bu  un  pot  de  bière  et  ne  pouvant  plus  boire  davantage,  le  dit  bailli  qui 
selon  toute  apparence  s'en  aperçut  oôrit  à  ce  jeune  homme  Berry,  vêtu  d'habits 
tirant  sur  le  gris-brun,  avec  un  manteau  bleu,  de  rester  chez  lui,  à  quoi  il  répon- 

11 


—     162     — 

dit  qu'il  ne  voulait  point  quitter  sa  compagnie  et  qu'il  irait  encore  bien  loger  à 
Oreye,  et  voulut  le  dit  Berry  donner  une  pièce  de  vingt-cinq  sous  pour  payer,  le 
(lit  comparant  lui  dit  d'avoir  payé  ;  sur  quoi  ils  sont  sortis,  et,  étant  arrivés  à  un 
quar-t  de  lieu  de  hi,  le  comparant  avec  le  dit  Saint-Martin  le  menèrent  en  bas  de 
la  levée,  vis-à-vis  d'une  voûte  soutenant  la  chaussée,  dans  la  croyance  qu'il  avait 
quelque  chose  sur  lui  et  dans  sa  valise  qui  était  assez  pesante  ;  puis  le  comparant 
avec  le  dit  Saint- Martin  renversèrent  le  dit  Berry  et  lui  ont  coupé  la  tête  et  le 
déshabillé  ;  puis,  l'ont  trainé  dessous  la  voûte  de  la  chaussée  ;  et,  crainte  qu'il 
ne  serait  reconnu,  ils  ont  emporté  la  tète  à  un  quart  de  lieu  de  là  et  l'ont  enterrée 
à  côté  de  la  chaussée.  Après  cela,  le  dit  Saint-Martin  a  été  reprendre  la  valise 
dans  le  cabaret.  Etant  en  après  retournés  à  Liège,  où  s'étant  ensuite  aperçus 
que  la  chose  pourrait  être  reconnue,  et  qu'on  en  faisait  de  grandes  recherches,  le 
comparant  s'est  trouvé  obligé  de  même  que  le  dit  Saint-Martin,  de  se  sauver  et 
de  s'écarter  comme  ils  ont  fait,  jusqu'à  présent  que  la  conscience  du  comparant 
l'oblige  de  revenir  pour  faire  cette  déclaration  pour  la  décharge  du  dit  seigneur 
de  Waha,  déclarant  le  dit  comparant  que  le  dessus  est  véritablement  le    fait 
comme  il  s'est  passé,  et  que,  pour  ce  faire,  il  n'a  reçu  aucuns  conseils,  inductions, 
persuasions,  or,  ni  promesses  du  dit  seigneur  de  Waha  ni  d'aucune  personne  de 
sa  parenté,  directement  ni  indirectement,  et  que  le  seigneur  de   Waha  est  de 
toute  manière  innocent  du  fait  et  du  crime,  dont  le  comparant  a  appris  qu'on 
voulait  le  charger;  le  dit  comparant  avec  le  dit  Saint-Martin  étant  seuls  coupa- 
bles du  dit  crime,  qu'ils  ont  commis  d'eux-mêmes,  dans  la  croyance  que  la  dé- 
pouille de  ce  jeune  homme  et  de  sa  valise  serait  considérable,  à  quoi  a  aussi  con- 
tribué la  boisson  dans  laquelle  ils  étaient,  tellement  que  la   conscience  du  com- 
parant l'a  obligé  de  venir  de  lui-même  personnellement  passer  cette  déclaration 
pour  faire  voir  l'innocence  du  dit  seigneur  de  Waha  ;  qui  pourra  s'en  servir,  ou 
les  siens,  s'ils  le  trouvent  convenir  ;  le  tout  affirmé  par  serment  prêté  en  mains 
de  moi,  le  dit  notaire  ;  présents  les  dits  témoins,  en  foi  et  vérité  de  sa  présente 
déclaration,  ce  qu'il  déclare  qu'il  ferait  par  devant  la  justice  de  Liège  s'il  osait 
s'y  retrouver. 

Ainsi  fait,  déclaré  et  affirmé,  en  la  maison  de  la  demoiselle  Massart,  à  Dén- 
ient, ban  de  Fronville(i),  y  présents  comme  témoins  Révérend  sieur  Jean  Henry 
Grégoire,  vicaire  de  Deulent,  et  le  sieur  Renier  Hardy,  bourgeois  de  la  ville  de 
Huy,  lesquels  avec  le  comparant,  âgé  de  29  ans,  comme  il  a  déclaré,  haut  de 
cinq  pieds  et  trois  pouces  de  France,  à  cheveux  longs  noirs,  à  visage  plat  et 
large,  nez  aquilin,  les  yeux  bruns,  gros  sourcils  noirs,  de  même  que  sa  barbe, 
avec  moi,  le  dit  notaire,  ont  soussigné  la  présente. 

Henry  Firard,  notaire  immatriculé  suivant  l'édit  dernier 
de  son  Altesse  de  Liège,  au  premier  présent  et  requis 
In  fidem.  173i  (2)  «. 

M)  Les  de  Waha  étalent  :«eigneurs  de  Fronville.  (2)  Archives  du  château  de  Grandhan. 


—     163     — 


M.  Victor  Fabri,  avocat  près  la  Cour  d'appel  de  Liège,  qui  se  rendit  acquéreur 
du  Domaine  des  Eneilles,  le  12  avril  1851,  était  le  S'"*^  fils  de  M.  Arsène  Fabri 
de  Seny,  avocat,  membre  de  la  deuxième  chambre  des  Etats-Généraux  de  Hol- 
lande etc.,  et  de  Dame  Marie- Joséphine  de  Longrée,  fille  de  Gharles-Henri- 
Joseph,  chevalier  de  Longrée  et  de  Marie  de  Bourguignon,  Dame  de  Gens.  La 
famille  Fabri  de  Seny,  dont  un  des  membres  possède  encore  actuellement  le 
château,  habita  ce  village  et  celui  de  Parfondrieux,  depuis  la  fin  du  XV^  siècle, 
jusqu'à  la  fin  du  XVÏIP,  où  elle  se  fixa  successivement  à  Thuin,  puis  définitive- 
ment à  Liège,  en  la  personne  de  Henri-Ernest  Fabri  de  Seny,  père  d'Arsène 
Fabri,  déjà  nommé. 

Henri-Ernest  Fabry  de  Seny  obtint  d'abord  le  diplôme  de  bourgeois  de  Thuin 
et  fut  grefiSer  de  la  ville  de  Thuin  ;  puis,  le  20  septembre  1769,  celui  de  bour- 
geois de  Liège,  avec  reconnaissance  et  inscription  de  ses  armes  à  rofiSce  du 
Hérault  d'armes  de  S.  M.  L  et  R.  Le  3  septembre  1770,11  fut  reçu,  comme  avocat, 
membre  de  la  Chambre  Saint-André.  Il  épousa,  le  17  août  1772,  Dame  Thérèse 
du  Bois,  fille  d'Antoine-Joseph  du  Bois,  de  Thuin,  et  de  Dame  Marie-Barbe  de 
Kertigny. 

M.  Victor  Fabri  avait  épousé  Mademoiselle  Adélaïde  Mersch,  dont  la  famille 
possédait  certaines  terres  dans  le  pays  de  Durbuy.  A  sa  mort  la  propriété  des 
Eneilles  échut  à  son  fils,  M.  Joseph  Fabri,  propriétaire  actuel,  ancien  avocat 
près  la  Cour  d'appel  de  Liège,  ancien  magistrat  à  Marche,  qui  épousa,  le  9  juin 
1886,  Mademoiselle  Cécile  Capitaine,  fille  de  M.  Ulysse  Capitaine,  bibliophile 
Liégeois,  et  de  Dame  Mélanie  Pirlot. 

Casimir-François-Ulysse  Capitaine  naquit  à  Liège,  le  23  décembre  1828  et 
mourut  à  Rome,  le  21  mars  1871.  Il  était  fils  de  Balthasar-Félix  Capitaine  et  de 
Catherine-Elisabeth- Joséphine  Seroux . 

La  famille  Capitaine  est  une  famille  d'origine  luxembourgeoise,  établie  à  Liège 
depuis  des  générations. 

Ulysse  Capitaine  est  un  grand  bienfaiteur  de  la  ville  de  Liège. 

Voici  le  début  de  son  testament  : 

«'  Je  lègue  à  ma  ville  natale  ma  bibliothèque  liégeoise,  mon  médaillier,  ma 
collection  de  sceaux,  de  gravures,  de  cartes  géographiques  et  d'autographes,  à 
la  condition  expresse  que  des  personnes  compétentes  soient  chargées  d'en  dresser 
un  catalogue  complet  et  détaillé,  dont  l'impression  devra  être  achevée  endéans 
les  deux  années  qui  suivront  ma  mort.  " 

Le  legs  fait  à  la  ville  de  Liège  comporte,  d'après  les  renseignements  que  j'ai 


—     164     - 

obtenus  des  auteurs  du  Catalogue,  11,435  volumes  et  brochures,  226  manuscrits, 
218  autographes,  2031  gravures,  plans,  cartes,  etc.,  3093  médailles  en  bronze, 
coins  ou  matrices  en  cuivre,  monnaies  liégeoises  (or,  argent  et  cuivre)  etc.,  en 
tout  16,993  numéros,  auxquels  il  (aut  ajouter  des  collections  de  journaux  pu- 
bliés à  Liège,  des  diplômes  et  autres  parchemins,  quelques  portraits  peints  à 
l'huile  et  divers  objets  d'antiquité.  Le  public  Uégeois  a  eu  l'occasion,  en  1869, 
d'apprécier  une  partie  des  richesses  d'Ulysse  en  fait  de  gravures  de  notre  an- 
cienne école  ;  quant  au  médaillier,  il  jouit  dans  le  monde  des  numismates  d'une 
réputation  qui  s'est  étendue  bien  au-delà  de  nos  frontières. 

La  ville  de  Liège  s'est  montrée  reconnaissante.  Le  Conseil  communal,  à  l'una- 
nimité, à  décidé  qu'un  buste  d'Ulysse  Capitaine  serait  placé  sur  le  meuble  qui 
renferme  sa  collection  de  monnaies,  et  qu'un  terrain  serait  réservé  au  défunt, 
dans  la  partie  du  cimetière  où  est  déposée  la  dépouille  mortelle  des  citoyens  qui 
ont  particulièrement  honoré  la  patrie  (1). 


Armes  et  origine  de  la  famille  de  Favereau  de  Graodhan  : 

1'  Vairé  d'argent  et  d'azur  à  la  bande  de  gueules.  2°  De  sinople  à  la  fasce 
d'argent.  3"  D'argent  au  hon  de  sable,  couronné  d'or  et  lampassé  de  gueules, 
placé  sur  une  terrasse  de  sinople  et  accompagné  à  dextre  d'un  arbre  du  même. 

(Comm.  lux.  T.  V,  p.  237.) 

Il  y  avait  à  Grandhan  une  cour  de  Vaux,  dépendant  des  Rrialmont  d'Eneille, 
et  une  autre,  dite  cour  de  Fraisne. 

Vers  1500,  Jehan  de  Fraisne,  seigneur  de  Grandhan,  vendit  ses  propriétés  à 
Jehan  de  Chaisne,  dont  nous  trouvons  la  famille  souvent  citée  dans  les  annales 
d'Eneille,  sous  le  nom  Decène,  de  Kesne,  du  Chêne. 

Cette  famille  les  vendit  à  son  tour  vers  1725  à  la  famille  seigneuriale  de 
Cassai,  qui  les  revendit,  en  1828,  à  M.  le  Baron  Auguste-Charles-Marie  de 
Favereau,  né  à  Eneille,  le  12  du  mois  d'août  1796,  6n  pleine  Révolution  fran- 
çaise. (Voir  page  54). 

Voici  son  acte  de  naissance  et  de  baptême  inscrit  sur  un  petit  chasserai, 
commencé  par  MM.  GarnieretBottin,  desserviteurs  provisoires,  et  continué  par 
le  curé  Antoine. 

«  L'an  mille  sept  cent  quatre-vingt  et  seize,  le  douzième  jour  du  mois  d'août, 
est  né  à  Eneille,  diocèse  de  Liège,  province  de  Luxembourg,  à  quatre  heures  du 
matin,  et  baptisé  le  même  jour  vers  les  onze  heures,  Auguste-Charles-Marie,  fils 
légitime  de  Monsieur  Albert-Antoine,  chevalier  de  Favereau,  qui  a  été  baptisé  à 


(1)  A.  Leroy.  Ulysse  Capitaine,  sa  vie  et  ses  travaux.  Liège,  Desoer. 


—     165     — 

la  paroisse  de  N.-D.  au  Pont,  et  de  Marguerite-Gabrielle-Joseph  Danthinne,  née 
à  Liège  et  baptisée  dans  l'église  de  St-Adalbert,  au  dit  Liège,  lequel  enfant  a  eu 
pour  parrain  M.  Charles-Antoine  de  Favereau,  son  oncle  paternel,  et  pour 
marraine,  Marie-Agnès-Gatherine-Joseph  d'Anthinne,  sa  tante  maternelle,  les- 
quels ont  signé  le  présent  enregistrement  avec  moi. 

Ita  est.  Hubert  Antoine,  curé. 

Cette  année  179(5,  il  y  eut  à  Eneille  9  naissances,  deux  mariages  et  deux 
décès. 


Autrefois,  les  fermes  du  Marteau  et  de  Chêne  à  Han  faisaient  partie  de  la 
paroisse  d'Eneille. 

Chêne  à  Han  s'en  est  détaché  de  lui-même,  il  y  a  près  de  vingt  ans,  pour  se 
réunir  à  la  paroisse  de  Grandhan,  plus  rapprochée  et  d'accès  plus  commode, 
quand  l'Ourthe  permet  le  passage. 

Le  Marteau  est  depuis  plus  longtemps  rattaché  officiellement  à  Petithan,  qui 
n'en  est  qu'à  une  portée  de  fusil,  sur  la  rive  droite  de  l'Ourthe,  reliée  à  l'autre 
rive  par  le  pont  de  la  route  vers  Somme,  construite  en  1866-1868. 

En  février  1830,  le  curé  de  Petithan  avertit  par  lettre  son  confrère  d'Eneille 
qu'il  s'est  permis  d'empiéter  sur  sa  juridiction  en  administrant  les  derniers 
sacrements  au  fermier  du  Marteau,  dans  un  cas  d'urgence,  insinuant  qu'il  était 
plus  facile  au  messager  de  traverser  l'Ourthe  à  cheval,  que  de  venir  par  le  sen- 
tier des  chèvres  de  Côreux,  à  la  cure  d'Eneille  distante  d'une  lieue. 


Il  y  a  deux  chapelles  dans  la  paroisse,  l'une  à  Petite  Eneille,  dédiée  à  la 
Sainte-Vierge  ;  l'autre  à  Petite  Noiseux,  bâtie  en  l'honneur  de  Sainte-Begge,  par 
la  famille  Ponsart,  au  siècle  dernier.  Elle  appartient  maintenant  à  Nestor 
Lecarte-Ponsart.  On  y  vient  de  loin  pour  invoquer  la  sainte  contre  certaines 
maladies  infantiles.  Sa  démolition  est  prévue  dans  le  projet  de  la  route  Noiseux- 
Eneille. 


La  paroisse  d'Eneille  compte  plusieurs  de  ses  enfants  dans  les  ordres  séculiers 
et  réguliers  :  les  abbés  Adolphe  et  Léon  Feltesse,  l'abbé  Joseph  Lefebvre,  Maurice 
Feltesse,  frère  des  écoles  chrétiennes,  sœur  Marie-Edmond,  de  la  providence  de 
Peltre,  née  Louise  Feltesse  et  sœur  Séraphine,  franciscaine  de  Manage,  née 
Marie-Louise  Lecomte. 


—      166     — 

Membres  du  club  «  Ste-Marguerite.  » 

Président  d'honneur  :  Maître  François  Fabri. 
Président  :  Hubin  Diogéne. 


Secrétaires 


Trésorier  :  Grignet  Hubert. 

Robert  Rifflart. 

Edouard  Petit. 

Félix  d'Anethan.  Léon  Deprez. 

Louis  Lefebvre.  Octave  Warny. 

Emile  Michel.  Joseph  Linhet. 

Emile  Lecomte.  Joseph  Pi rotton. 

Lucien  Bohon.  Victor  Pire. 

Emile  Méan.  Ottelet  Nestor. 

Ernest  Lecomte.  Deprez  Félix. 

Constant  Famerée.  Dachouâe  Fernand. 

Arthur  Etienne.  -              François  Deprez. 

Adolphe  Dachouflfe.  Louis  Famerée. 

Nestor  Mengal.  Gérard  Clément. 

Céleste  Jamotton.  Henri  Grignet. 

Henri  Leroy,  Joseph  GoUin. 


—     167 


A 

Adalbert  (Saint),  14. 

Adams,  81. 

Aix-la-Chapelle,  117. 

Albert  II,  21. 

Alexandre  III,  58. 

AUoux,  27. 

Ainbremont  (d'),  36. 

Anale,  18  et  suiv. 

Andenne,  115. 

André  (Saint),  8. 

Anethan  (d'),  150. 

Anthinne  (d'),  36,  53,  54,  146,  162. 

Anthinnes,  70. 

Antioche,  144. 

Antoine,  73,  107. 

Arberg,  117. 

Ardenne  (comté  d'),  8 

Arlon,  13,  14,  15,  21. 

Arnould,  142. 

Ashley,  148,  149. 

Aubec  (d'),  159. 

Autel  (d'),  23,  48. 

Avesnes  (Béatrice  d'),  21 . 

Awan  (d'),  85. 

Awans,  23. 

Aywaille,  116. 


Badoii,  106. 
Baillonville,  3,  39,  52. 
Balthazar,  138. 
Bar  (Thibaut  de),  21. 


Bar  (vin  de),  137. 

Baïaque-Michel,  li. 

Barbe  (Sainte),  41. 

Barvaux-Gondroz,  142. 

Barvaux-s/Ourthe,  3,  5,  6,  49. 

Basein,  64. 

Bastweiler,  23. 

Beausaint,  24. 

Bavière  (Maximilien  de),  156. 

Béchet,  142. 

Becquet,  15. 

Béemont,  13. 

Belleamye,  44  et  suiv. 

Belleisle,  115. 

Benoit  XIV,  113. 

Berghe  (de),  65. 

Berlin,  114. 

Bernard,  51. 

Bernays,  21,  52,  128. 

Berry,  158,  159. 

Bex  (de),  31. 

Biette,  74. 

Biaise  (Saint),  58,1.56. 

Blier  (de),  24,  46,  54,  55,  82. 

Bois  (de),  23. 

Bois-Bofleut,  115. 

Bombay e  (de),  23. 

Bornai,  72,  155. 

Bonjean,  100. 

Bonsaint,  142,  155. 

Borlon,  37,  155. 

Bossuet,  149. 

Bottin,  73. 

Bougelet,  117. 


—     168 


Bouillon,  117. 
HoiH'lon,  64. 
Buuxhon  (de),  157. 
Bouylie  (de),  135. 
Bra,  17,  156,  157 
Brabant  (Brant  de),  24 
Bréda,  115. 

Brialmont  (de),  passiin. 
l^iiisson,  66. 


Camille  (Saint),  113. 

Gampégius,  63. 

Campine,  12. 

Capitaine,  33,  161. 

Carinthie  (Arnould  de),  18. 

Carloman,  17,  112. 

Carolingiens,  15. 

Gaiisbourg,  91. 

Carpentier,  23. 

Cassai  (de),  114. 

Castres,  60. 

Catoul,  88,  145. 

Causard,  103. 

Cellicer,  24. 

Cens,  161. 

Cerfontaine,  28,  29. 

Chàlons  (Hugues  de),  24. 

Champion,  68. 

Ghardeneux,  13. 

Charles- Alexandre,  113. 

Charles  II,  112. 

Charles  le  Chauve,  17. 

Charles  le  Gros,  17,  18,  56,  112. 

Charles  IV, 

Charles  Quint,  112. 

Charlier,  53,  79,  136. 

Charpentier  (le),  passiin 

Chauanacq,  114. 

Ghayneux,  8. 


Chêne  (de),  passim. 
Chêne  à  Han,  passim. 
Ghiny,  21,  29,  113. 
Claude,  85. 
Glausse,  63. 
Clausset,  43  et  suiv. 
Clavier,  154. 
Clerfve(de),  23. 
Glermont  (de),  53. 
Gloze,  66. 
Gobenzl,  113. 
Colla,  55. 
Colle,  55. 
Colette,  67 
CoUignon,  32,  39. 
Gollin,  passim. 
Combien,  132,  154. 
Condroz,  passim. 
Constance  (lac  de),  18. 
Coppin  (de),  24,  39. 
Corbeau  de  Montfort,  23. 
Cornay,  30. 
Cornet,  27,  132. 
Cortil  (de),  23. 
Croates,  51,  116. 
Crocqz  (thier  de),  148. 
Gyelle,  154. 

D 

Dachouflfe,  passim. 
Dardenne,  107. 
Dauvin,  69. 
Daun  (de),  28. 
Defoy,  90. 
Dehesselle,  74,  144. 
Dejosé,  158,  159. 
Deldef,  58 
Delrée,  52. 
Delsemme,  41 . 
Demarteau,  51. 


—     169     — 


Deprez,  50. 
Deroed,  41. 
Désirotte,  50. 
Dezasse,  134. 
Despas,  50. 
Detro,  37. 
Deulin,  passim. 
Deviller,  91. 
Devillier,  72. 
Dewarre,  14,  84,  136. 
Didier,  156. 
Dochamps,  154. 
Bonis,  59,  63,  64. 
Dorto,  63. 
Doumal,  64. 
Doupré,  86. 
Drouba,  55,  80. 
Dupont,  40. 

E 

Eignelie,  63. 
Elderen  (d'),  67. 
Enalle,  18. 
Emale,  30. 
Erezée,  8. 
Ermesinde,  21. 
Esch-le-Trou,  18. 
Esneux,  153. 
Etalle,  32. 
Etienne,  55. 
Etienne  (Saint),  41. 
Everlange  (d'),  31. 


Fabri,  32,  33,  103,  161. 
Fabricius,  99. 
Fairon,  116. 
Famenne,  13. 
Falaën,  34. 
Farigoul,  55. 


Favereau  (de),  53,  ICI,  149,  162. 

Feller,  48. 

Feltesse,  91,  92,  165. 

Feltre,  63. 

Ferdinand  II,  51. 

Ferot-sous-My,  17. 

Fiacre,  75. 

Fizenne,  82,  154. 

Flône,  98. 

Fon  Barré  (du),  157. 

Fornay,  136. 

Fouat,  142. 

Fraipont  (de),  23,  27. 

François,  136. 

Fresnes  (fosse  des),  52. 

Fresnoy,  28. 

Froebel,  91. 

Froidmont,  37. 

Fronville,  3,  5,  40,  52. 

Furstenberg  (de),  23. 

G 

Garnier,  73. 
Gaspar,  74, 
Gavroy,  117. 
Geer,  116. 
Gembloux,  115. 
Generet,  32. 
Gengoux,  54. 
Georis  N.,  41. 
Georis  E.,  73  et  suiv. 
Georlet,  72. 
Gérard  (comte),  21. 
Gérard,  51  et  suiv. 
Gerlache  (de),  1,  24. 
Gille,  53. 
Gilles,  102. 
Gilles  (Saint),  115. 
Gillet,  35. 


170     — 


Gilsoul,  88. 
Godillière,  40. 
Qodin,  62, 
Gomins,  80. 
Gosuin,  62. 
Grade,  72,  73. 
Graide,  80,  81. 
Grandhan,  passim. 
Grandpré,  21. 
Grand-Ry,  5. 
Grée  (de),  63. 
Grégoire,  160. 
Grégoire  (pape),  66. 
Grégoire  XVI,  110. 
Grignet,  103. 
Grivegnée,  27. 
Grobbendonck,  22. 
Grofay,  39,  70  et  suiv. 
Grofay  (Marche;,  49. 
Gros-Chêne,  8.   . 
Grune  (de),  24. 
Guillaume,  41. 
Guillaume  I^^  29,  81,  113. 

H 

Habay,  74, 

Habran,  21. 

Hainaut  (Alix  de),  20. 

Hallet,  96. 

Halkin,  18. 

Halma,  73,  80. 

Hamal  (de),  23,  102. 

Hamoir,  50,  110,  115. 

Hampteau,  40. 

Hardy,  160. 

Ilarzé,  58,  114,  156. 

Hault  (de  la),  79,  88. 

Ilausman,  40. 

Havelange,  18,  70. 

Haverland,  5,  12,  13,  14,  103. 


Haversiu,  3,  8. 

Haxfle,  24. 

Henri  (comte),  20,  21. 

Henri  l'Aveugle,  20 

Henri  le  Blondel,  21. 

Henri  VII,  21. 

Hermite  (Pierre  1'),  59  et  suiv. 

Henroteau,  66. 

Herstal  (Pépin  d'),  56. 

Henry,  109. 

Hepsée  (de),  24. 

Heure,  3,  85,  142. 

Heu  ver,  35. 

Heyd,  155. 

Hodister,  143. 

HoUebeeke,  30 

Hollogne,  44,  111. 

Hongrois,  51. 

Hotton,  40. 

Houart,  55. 

Houffalize,  21,  47. 

Hrotmundus,  18,  112. 

Hubert,  142. 

Hubert  (Saint),  47.       . 

Hubin,  91,  142. 

Huy,  passim. 


Izier,  64,  154. 


Jacquemaert  (de),  70. 
Jamart,  156. 
Jaspar,  40,  79. 
Jemeppe,  35. 
Joseph  II,  112. 
Josse  (Golot),  63. 
Jusaine,  155. 
Jupille,  41. 


—     171 


K 

Kertigny  (de),  70. 
Kollin,  28. 
Kurth,  17. 

L 

Lahaye,  1,  18. 
Laittres,  2,  24,  26,  28. 
Lambert,  66. 
Lambert  (Saint),  40,  149. 
Lambermont,  31. 
Lamock  (de  la),  24,  27. 
Lampceanus,  67. 
Lardinoy,  23,  30. 
Larmont,  15,  16,  17. 
Laroche,  21,  22. 
Lavacherie,  74. 
Lecomte,  6,  51,  etc. 
Lecresse,  114. 
Legrand,  44,  72. 
Lemede  (de).  61,  157. 
Leuze  (de),  20,  22,  51. 
Leysin,  8. 
Lhoneux,  77. 
Liège,  passim. 
Lierneux,  17. 
Lieux-dits,  9,  11,  79,  80. 
Lirihet,  103. 
Lipsin,  109,  114. 
Lisogne  (de),  23. 
Lohest,  5. 
Longpré,  63. 
Longrée  (de),  161. 
Longueville,  68,  85. 
Losé,  63. 
Losseau,  71. 
Lothaire  II,  17. 
Lotharingie,  17. 
Louis  le  Débonnaire,  17. 
Louis  le  Germanique,  17. 


Louis  III. 

Louis  XVI,  112,  114. 
Louis  XV,  114. 
Louis  XVI. 
Lowendhal,  117. 
Lustnau,  18. 
Luxembourg,  passim. 

M 

Maestricht,  6,  28,  40,  41,  116. 

Maffe,  142. 

Malempré,  46. 

Malemprez,  137. 

Malines  (Conseil  de),  66. 

Malmédy,  40,  41. 

Malonne,  91. 

Mande-St-Etienne,  14. 

Manderscheid  (Evrard  de),  64,  65,  67 

Marche,  passim. 

Marchin  (de),  24 

Marck  (de  la),  22. 

Marcour,  14,  40,  49,  53,  155. 

Maréchal,  48,  51,  53,  55,  etc. 

Marenne,  102. 

Marguerite  (Sainte),  passim. 

Marie-Elisabeth,  48,  113. 

Marie-Thérèse,  46,  82,  112,  113, 115. 

Mariembourg,  6. 

Marteau  (le),  jadis  paroisse 

d'Eneille,  116,  165. 
Marteau  (du),  145. 
Martin,  157. 
Martiny,  39,  156. 
Massar,  41,  136. 
Matagne,  6. 
Mathei,  41. 
Maubeuge,  29,  30. 
Mauclet,  43  et  suiv. 
Maximin  (Saint),  47. 


—     172 


Mazy,  115. 
Méan,  67,  155. 
Meeffe,  62. 
Méhaigne,  116. 
Melreux,  3,  40.  58,  110. 
Mérovingiens,  16,  148. 
Metz  (Antoine  de),  64. 
Meuse,  7,  11,  28. 
Michel,  55,  71. 
Mineckwitz,  80. 
Modave,  55,. 60. 
Moges  (de),  23. 
Molin  (de),  51. 
Monceau  (du),  103. 
Moïiis,  113. 
Mons,  11. 
Mont,  28. 
Montaigle,  24. 
Monlaigu  (Gonon  de),  58. 
Mont-blanc,  8. 
Mont-Cassin,  17. 
Monte  Fiascone,  143. 
Monteuville,  3,  40,  50. 
Montgauthier,  27. 
Molrville,  53. 
Monet,  66. 
Morville,  24 
Mourlon,  5. 
Mouton  (le),  55. 
Munster,  47. 

N 

Namur,  passioi. 
Namur  (Conseil  de),  66. 
Nandren,  154. 
Naomé,  80,  81. 
Napoléon  I^^  81. 
Nassogne,  8, 
Neipperg,  115. 
Neumoustier,  passim. 


Neuville,  62. 

Nihoul,  67. 

Nivelles,  71. 

Noirlieu  (Martin  de),  90. 

iNfoiseux,  passim. 

Ny,  1.54. 

O 

Oberaramergau,  149. 
Ochain  (d'),  20,  21. 
Ocquier,  57,  86,  115,  164. 
Odeigne,  17. 
Ofiermans,  63. 
Opont,  80. 
Oppagne,  13. 
Oreye,  160. 
Orgeo  (d'),  66. 
Ortho  (d'),  88. 
Orval,  46,  60. 
Ouffet,  passim. 
Ourthe,  passim. 


Pan  (dieu),  14,  56,  148. 
Pandoures,  116. 
Parmentier,  85. 
Patron,  71,  72. 
Paul  III,  63. 
Peduzy,  32. 
Périlleux,  67. 
Perwez,  65. 
Petite  Noiseux,  passim. 
Petite  Somme,  passim. 
Petithan,  passim. 
Philippe  II,  112. 
Philippe  IV,  112. 
Phisen,  64. 
Pie  VII,  18. 


173 


PieX. 

Pierreux  (de),  49,  67,  137,  139. 

Pierrette,  67. 

Piot,  28. 

Pirard,  passim. 

Pire,  51  et  suiv. 

Pirlot,  161. 

Pirlottin,  55. 

Piron,  26,  69. 

Pirotton,  55. 

Polonais,  51. 

Poncelet,  79,  145. 

Ponsart,  passim. 

Ponthière,  13. 

Ponthoz,  28,  115. 

Ponty  (de),  61. 

Porcheresse,  55,  70,  80,  112. 

Pouilly  (de),  30,  31. 

Prémont,  74  et  suiv. 

Prez  (de),  27,  93,  114,  132. 

Prié,  117. 

Prusse  (roi  de),  113,  114. 


Quirin,  55. 


Q 


R 


RandoUet,  8,  73  et  suiv. 
Rasquin,  55. 
Reculemont,  39. 
Reims,  14. 
Remacle,  136. 
Remacle  (Saint),  98. 
Remy  (Saint),  98. 
Renauld,  89. 

Rendeux,  40,  45,  58,  108. 
Renesse  (de),  23. 
Reppe  (de),  24. 
Reul(de),57. 
Rietstap,  55. 


Rifflart,  150. 
Riga,  17. 
Rivage,  17. 
Rivière,  12. 
Roch  (Saint),  8. 
Roche  fort,  28. 
Rock  (thier  de),  15. 
Roland,  18,  90. 
Rome,  161. 
Rondeau,  36  à  53 
Rondelet,  50. 
Ronchamps,  69. 
Rossignon,  85,  91. 
Rottembourg,  114. 
Rousseau,  85, 
Russon,  98. 

S 

Saive,  35. 

Saint-Martin,  158,  159. 
Saint-Omer,  143. 
Saint  Trond,  159. 
Salm,  117. 
Sambre,  11. 
Samrée,  8. 
Sart  (du),  23. 
Saulcy  (de),  23. 
Sauvage,  40. 
Savon  (Ry  de),  69. 
Schetz,  22. 
Schmit,  91. 
Senzeilles,  6. 
Servais,  44,  134. 
Schaepen,  41. 
Schweidnitz,  28. 
Scion,  53. 
Scy,  154. 
Seny,  161. 
Seraing,  60. 
Seroux,  161. 


—     174     — 


Sigolin  (saint),  57. 
Sohey,  23,  66. 
Somme-Leiize,  3,  6,  36. 
Soinine  le  temple,  136,  154. 
Sourdants,  5. 
Soy,  U. 
Spic,  74. 
Spyckers,  40. 
Statte,  72. 
Stavelot,  17,  56. 
Stiennon  (de),  27,  110. 
Stockem  (de),  85. 
Strey,  154. 
Sftre  (la),  18. 


Terwagne,  60,  73,  157. 

Thiry,  39,  74,  110,  138. 

Thisus,  41. 

Thyes,  51. 

Thomas,  76. 

Thuin.  161. 

Tihon,  62. 

Tilfl,  8. 

Tilleur,  149. 

Tinlot  (de),  157, 

Tixhon,  65,  66. 

Tohogne,  49,57.  68,  142,  154. 

Tongres,  13,  15.  56. 

Toussaint,  51. 

Trêves,  14,  56. 

Tî'évires,  13 

Trina  (de),  51. 

Troisfontaines,  60 

Tronleux,  5. 


U 


Unalia,  17,  18. 
Ursel  (d';,  22. 


Utrecht,  117. 


Van  Breusse,  143. 

Van  der  Straten,  24,  81,  87 

Van  Eyll,  30. 

Vannérus,  21,  52. 

Varlet,  110. 

Vaudemonl,23. 

Vaux,  24,  28,  164. 

Verhagen,  147. 

Verbrùck,  144. 

Verhouter  (de),  41. 

Vervy,  23. 

Vescoven,  136. 

Vienne,  112. 

Vierset,  28,  62,  154. 

Ville,  30,  67. 

Villemont  (Ry  de),  5. 

Viilers  (de),  67. 

Villers  le  Bouillet,  60,  62. 

Viilers  le  Temple,  154. 

Vinaimont,  114,  115. 

Vincent,  108. 

Virnembourg,  22. 

Vivario(de),  27. 

W 

Walia  (de),  159. 
Waillimont,  24. 
Wallay,  passim. 
Walyn  (de),  23. 
Warnant,  66. 
Warny,  41,  55. 
Waroux,  23. 
Wastefale  (de),  23. 
Wattry,  83. 
Wenceslas  1^\  21. 


175 


Wéris,  13,  57. 
Werpin,  40. 
Wilmotte,  101. 
Wittry  (de),  24,  29. 
Wurtemberg,  28. 

X 

Xhoce  (de),  20,  23,  26. 


Yernaux,  17 


Ziltau,  28 
Zobel,  137. 
Zoude,  81. 


ERRATA. 


de  Hespée,  lisez  :  de  Hepsée,  p.  26. 


Laittre,  « 

Classet,  » 

sancta,  » 

nascente,  " 

succédées,  » 

culturelles,  » 


Laittres,  p.  2,  24,  26,  28. 
Glausset,  p.  44.  note, 
singula,  p.  103. 
natum,  p.  103. 
succédé,  p.  140. 
cultuelles,  p.  144. 


177     — 


Table  des  Matières. 


Sources  et  bibliographie 

Chapitre  I.        Topographie.  —  Ghemins,  hameaux  et  lieux-dits     . 

Chapitre  II.       Epoque  préhistorique.  Les  silex  d'Eneille. 

Chapitre  III.      Epoque  romaine,  époque  franque.  Rlymologie  . 

Chapitre  IV.  La  seigneurie  d'Eneille.  Les  seigneurs.  Les  droits 
seigneuriaux 

Chapitre  V.  La  Cour  de  Justice.  Le  mayeur  et  les  échevins.  Le 
greffier  et  le  sergent 

Chapitre  VI.  La  communauté  Les  plaids  généraux  Le  mayeur, 
les  échevins,  les  centeniers,  les  sergents.  —  Les 
charges  publiques.  Les  revenus  et  les  biens  com- 
munaux. Régime  administratif.  Ancienne  popu- 
lation :  les  manants  d'Eneille,  les  notables  . 

Chapitre  VII.  La  paroisse.  Les  origines.  La  Patronne.  L'ancienne 
division  ecclésiastique.  La  collation  de  la  cure  et 
l'abbaye  de  Neufmoustier.  —  Les  curés  d'Eneille. 
La  cure,  ses  revenus  et  ses  charges.  La  maison 
pastorale.  Les  vicaires-marguilliers.  Les  écoles 
paroissiales  et  communales.  L'église  Ste-Margue- 
rite.  Le  mobilier.  La  Fabrique    .... 

Chapitre  VIII.  La  vie  politique.  Institutions  civiles,  judiciaires,  fis- 
cales. Le  placet  et  les  deux  pouvoirs.  Les  faits 
de  guerre  ....  ... 

Chapitre  IX.     La  vie  sociale.  Langage.  Mœurs  et  coutumes 

Chapitre  X.       La  vie  religieuse 

Epilogue 

Appendice 

Table  onomastique 


PAGES 

1-2 

3 

11 

13 

"20 

37 


43 


56 

112 

118 

140 
150 
155 
167 


ll^i 


178 


PLANCHES 


Vallée  (le  l'Ourthe  devant  Eneille      .        .         .         . 

L'Ourthe  à  Eneille 

Trois  silex  de  la  station  néolithique  du  thiei'  de  Base. 

Le  Dolmen  de  Wéris 

Le  Pont  et  le  Gué  du  Moulin 

La  ville  de  Durbuy 

Petite  Eneille.  —  Le  château 

Armes  des  Fabri 

"  Capitaine 

Tombe  de  Henri  de  Brialmont  et  d'Anne  d'Ochain     . 

Le  Bois  d'Eneille 

Grande  Eneille.  —  Vieille  maison  de  style  liégeois     . 

Tombeau  de  Pierre  l'Hermite   .         .         . 

Le  château  de  Neufmoustier      ..... 

Le  Presbytère  actuel  de  Grande-Eneille    . 

Grande-Eneilie.  —  Le  presbytère,  l'église  St.e-Marguei'ite  et  réc( 

Le  Porche  de  l'église  de  Grande  Eneille    . 

Ancienne  croix  du  cimetière  encastrée  dans  la  toui'  de  l'église 

L'expositorium  t)uvert  et  les  anges  adorateurs  . 

L'intérieur  de  l'église  de  Grande  Eneille 

»  «  vue  prise  du  jubé 


La  Ste- Vierge 


Burettes  et  Plateau  du  XVIIF  siècle 
La  Grédence     .         .         .         .         • 
La  Cuve  baptismale  . 
Tète  d'angle  de  la  cuve  baptismale 
Le  Baptistère  .... 
Ange  adorateur  du  Tabernacle. 

Les  Fonts  baptismaux 
Groupe  de  cultivateurs 
Grande  Eneille.  —  Le  Centre    . 
Rentrée  du  bois  d'adouage 
Les  Rogations  .... 


île 


PAGES 
1 

4 

12 

12 

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33 

33 

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86 

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99 

100 

lUl 

101 

102 

103 

104 

106 

107 

111 

132 

133 

135 

143 


TINTIGNY 

PENDANT  LA  PÉRIODE   RÉVOLUTIONNAIRE 


ET    SOUS 


LA  DOMINATION   FRANÇAISE 


AVANT- PROPOS 


La  tourmente  révolutionnaire  qui  éclata  en  France  en 
1789  et  qui  ne  tarda  pas  à  s'étendre  à  toute  l'Europe  occi- 
dentale, ne  date  guère  que  d'un  siècle,  et,  cependant,  le 
souvenir  des  horreurs  et  des  désordres  qu'elle  suscita  dans 
nos  villages,  particulièrement  à  ses  débuts,  y  est  pour 
ainsi  dire  perdu  parmi  le  peuple. 

Quelques  faits  particuliers,  quelque  dramatique  histoire 
sont  bien  rappelés  encore  dans  les  récits  bien  souvent 
incohérents  qui  se  font  au  coin  du  feu  pendant  les  longues 
veillées  de  l'hiver  ;  mais  ces  faits,  presque  toujours  déna- 
turés par  une  tradition  peu  soucieuse  d'exactitude,  sont 
passés  du  domaine  de  l'histoire  dans  celui  de  la  légende 
et  ne  présentent  plus  aujourd'hui  qu'une  valeur  histori- 
que  tout  à  fait   relative. 

Il  est  infiniment  regrettable  que  chaque  village  n'ait 
point   alors   possédé   quelque   Blanchart,    chroniqueur    et 

12 


—   180  — 

annaliste,  qui  eût  enregistré  jour  par  jour  tous  les  faits  qui 
se  seraient  déroulés  sous  ses  yeux  dans  sa  localité. 

Quel  puissant  attrait  un  tel  journal  n'offrirait-il  pas 
aujourd'hui  !  Avec  quelle  avidité  et  quel  intérêt,  petits  et 
grands  en  feraient  la  lecture  ! 

Mais  dans  le  trouble  profond  où  furent  jetées  nos  paisibles 
populations,  au  milieu  des  pillages,  des  massacres  et  des 
vexations  de  toutes  sortes  qui  les  accablèrent,  il  ne  vint 
à  personne  l'idée  de  noter  les  actes  odieux  perpétrés  jour- 
nellement dans  nos  villages  par  la  soldatesque  étrangère  et 
par  les  agents  rapaces  auxquels  notre  malheureux  pays 
servit  trop  longtemps  de  proie  facile  et  résignée. 

Certes,  beaucoup  de  personnes  connaissent  aujourd'hui 
la  suite  des  faits  généraux  qui  ont  marqué  la  domination 
française  dans  notre  pays,  mais  bien  rares  sont  celles  qui 
possèdent  l'histoire  particulière  de  leur  localité  pendant 
cette  période. 

Une  véritable  bonne  fortune  m'a  mis  entre  les  mains 
toutes  les  pièces  émanées  de  l'administration  communale 
de  Tintigny,  à  l'occasion  de  ses  rapports  avec  les  envahis- 
seurs, ainsi  que  les  actes  et  arrêtés,  correspondances,  etc., 
des  autorités  françaises,  tant  militaires  que  civiles,  pendant 
la  période  qui  s'étend  depuis  les  premières  invasions  des 
révolutionnaires  dans  notre  province,  jusqu'à  la  chute  de 
l'empire  napoléonien  et  la  réunion  de  notre  pays  à  la 
Hollande.  (1) 

Il  m'a  paru  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  dresser, 
au  moyen  de  ces  documents,  un  tableau  fidèle  de  la  suite 
des  faits  qui  se  sont  produits  à  Tintigny  pendant  l'une 
des  périodes  les  plus  mouvementées  de  son  histoire. 

A  vrai  dire,  s'il  ne  s'était  agi  que  de  cette  commune 
exclusivement,  peut-être  eussé-je  hésité  à  faire  ce  travail. 

Mais  tous  les  faits  généraux,  tous  les  actes  administra- 
tifs, toutes  les  réquisitions  injustes  et  ruineuses  qui  mar- 

(1)  Toutes  ces  pièces  reposent  aux  archives  de  l'Etat,  à  Arlon,  et  m'ont  été  obli- 
geamment communiquées  par  M.  l'arcliiviste  Mîcliaëlis, 


—  181  — 

quèrent  les  premières  années  de  l'invasion  française,  s' étant 
produits  en  même  temps  et  de  la  même  façon  dans  tous 
nos  villages  ;  le  même  système  de  pillages,  de  violences  et 
de  vexations  de  toutes  sortes  ayant  sévi  partout  avec  la 
même  impitoyable  rigueur,  chaque  commune  trouvera 
dans  ce  récit  l'historique  de  ce  qui  s'est  passé  chez  elle  à  la 
même  époque  et  aux  mêmes  dates  ;  l'histoire  de  l'une  sera 
l'histoire  de  toutes  les  autres  ;  car  aucune  d'elles,  dans  le 
Luxembourg  méridional  surtout,  n'échappa  aux  fureurs 
de  l'invasion  et  à  ses  tristes  suites. 

Au  moment  où  les  hordes  républicaines  franchirent  pour 
la  première  fois  les  frontières  du  Luxembourg,  Tintigny 
dépendait  de  la  seigneurie  de  Yillemont,  dont  il  était  le 
chef-lieu.  Cette  ancienne  et  importante  circonscription  féo- 
dale comprenait  également  les  villages  de  Breuvanne  et 
d'Ansart,  qui  formaient  en  ce  temps-là  des  communautés 
ou  mairies  distinctes  ;  ceux  de  Han  et  de  Poncelle  cons- 
tituaient avec  Tintigny,  la  mairie  de  ce  nom. 

La  juridiction  de  Villemont  s'exerçait  en  outre  sur  les 
communautés  de  Bellefontaine-Lahage  et  de  Saint-Vin- 
cent-Rawez,  et  s'étendait  ainsi  sur  un  territoire  de  plus 
de  6000  hectares. 

Ce  riche  domaine  était  alors  possédé  par  la  puissante 
famille  de  Trazegnies,  dont  l'un  des  membres,  le  comte 
Maximilien-Richard  de  Trazegnies,  colonel  pensionné  de 
cavalerie  au  service  de  S.  M.  I.  et  R.,  âgé  et  célibataire, 
habitait  le  château  avec  une  domesticité  assez  restreinte  (1), 
et  y  vivait  retiré,  taciturne  et  un  peu  farouche. 

Villemont  possédait  la  haute,  la  moyenne  et  la  basse 
justice.  L'autorité  administrative  et  judiciaire  y  était  exer- 
cée par  un  tribunal  composé  de  quatre  juges  ordinaires, 
inamovibles,    et   de   plusieurs  féodaux    ou   juges  féodaux. 


(1)  C'étaient  Barbe  Changi,  François  et  Anne  Nennig,  frère  et  sœur,  originaires  de 
Bruges.  Anne  Nennig  épousa  Nicolas  Sindic,  natif  de  Strainchamps,  et  meunier  au 
moulin  de  Tintigny,  lez  ViUemont. 


—    182   _ 

Ces  derniers  étaient  des  feudataires  relevant  des  seigneurs 
de  Villeniont  en  raison  des  fiefs  qu'ils  possédaient. 

L'un  des  juges  ordinaires  avait  le  titre  d'officier  de  Vil- 
Icinont  et  remplissait  les  fonctions  de  chef-juge  et  d'accusa- 
teur ou  de  ministère  public.  Il  saisissait  le  tribunal  des 
délits  relevés  dans  l'étendue  de  la  juridiction  et  poursui- 
vait les  accusés  devant  les  juges. 

Les  juges  ordinaires  siégeaient  en  permanence  et 
jugaient  les  affaires  de  peu  d'importance.  Les  féodaux 
étaient  convoqués  pour  les  causes  criminelles  et  celles 
impliquant  u  chastoy  corporel,  mort,  fustigation,  mutilation 
de  membre  ou  bannissement.  )> 

Une  autre  institution  remarquable  fonctionnait  parallè- 
lement à  la  justice  seigneuriale  ;  c'était  le  corps  des 
masuyers  ou  justice  des  masuyers. 

De  même  que  le  collège  municipal  régissant  les  commu- 
nautés d'habitants,  cette  institution  comprenait  un  maïeur, 
un  lieutemmi  maïeur,  cinq  échevins,  un  clerc-juré  ou  greffier 
et  un  sergent. 

La  justice  des  masuyers  avait  pour  mission  de  veiller, 
dans  chacun  des  villages  de  la  seigneurie,  aux  intérêts 
du  maître,  de  dénoncer  ou  réprimer  les  infractions  et  délits 
qui  étaient  de  nature  à  porter  atteinte  à  ses  droits. 

Dans  le  temps  où  la  Révolution  commençait  à  jeter  le 
trouble  dans  nos  villages,  c'est-à-dire  en  l'année  1793,  le 
tribunal  de  Villemont  était  ainsi  composé  : 

Adrien  Goffinet,  officier,  chef-juge,  notaire,  procureur 
et  haut  mayeur  de  la  seigneurie,  né  aux  Bulles,  le  10  jan- 
vier 1763,  demeurant  à  Tintigny  ; 

Jacques  Hénoumont,  facteur  du  fourneau  de  Rawez  ; 

J.  B.  de  Prouvy,  seigneur  en  partie  du  Ménil,  y  résidant  ; 

Joseph  Magnette,  d'Etalle  ; 

Henri-Philippe  Henry,  greffier  et  receveur  de  la  sei- 
gneurie, demeurant  à  Tintigny  ; 


—  183  — 

Philippe  Rossignon,  sergent  d'office,  aussi  de  Tin- 
tigny. 

Ce  tribunal  continua  à  fonctionner,  au  moins  jusque 
dans  le  courant  de  l'année  1794,  comme  en  témoignent 
quelques  causes  assez  curieuses  qui  y  furent  encore  jugées 
dans  les  premiers  mois  de  cette  année. 

L'anarchie  marque  ensuite  la  transition  entre  cette  épo- 
que et  l'établissement  des  justices  de  paix,  au  mois 
d'août  1795. 

* 
*     * 

Le  20  avril  1792,  la  France  déclarait  la  guerre  à  l'Autri- 
che, qui  venait  de  lancer  V ultimatum  devenu  désormais 
historique. 

Le  plan  de  campagne,  élaboré  par  Dumouriez,  avait  pour 
base  cette  vue  dominante:  «La  France  ne  doit  s'acharner 
«  politiquement  qu'à  un  seul  ennemi,  qu'à  l'Autriche,  pour 
«  lui  ravir  les  Pays-Bas,  remplis  de  mécontents  et  à  la  por- 
«  tée  de  la  France,  conquête  qui,  ajoutant  à  ses  forces  mo- 
«  raies  et  matérielles,  formera  ainsi  le  premier  nœud  de 
«  l'alliance  des  peuples  contre  les  rois.  » 

Les  hostilités  commencent  au  mois  d'août  ;  les  Prussiens 
sont  les  premiers  soldats  que  voient  nos  villages.  Quoique 
alliés  de  V Autriche,  ils  y  commettent,  en  passant  pour 
aller  porter  la  guerre  en  France,  force  déprédations  de 
toutes  sortes.  Le  14  août  ils  s'emparent  de  Longwy  ;  ils 
bombardent  ensuite  Verdun  qui  capitule,  mais  vont  se 
faire  battre  par  Dumouriez,  à  Valmy,  le  20  septembre. 
Après  cette  défaite,  ils  rebroussent  chemin  pour  rentrer  en 
Allemagne.  Ils  repassent,  en  majeure  partie,  par  le  Luxem- 
bourg, et  semblent  vouloir  s'y  venger,  sur  de  paisibles 
populations,  de  leur  récente  défaite. 

«  Ils  y  ont  marché,  disent  les  Etats  dans  leurs  rapports, 
«  plutôt  en  ennemis  qu'en  alliés,  sans  ordre  ni  disciphne, 
«  pillant  et  enlevant  aux  habitants  tous  les  meubles,  bé- 
«  tail  et  vivres  qu'ils  ont  pu  trouver  et  emporter. 


—   181  — 

«  ]\Iais  une  dévastation  plus  générale  et  plus  cruelle 
u  encore  était  réservée  à  la  fureur  des  factieux  français  ; 
u  ils  ont  commencé  à  l'exercer  dans  tous  les  districts  des 
u  frontières  de  la  partie  méridionale  de  cette  province,  où 
'  ils  ont  pillé  tout  ce  que  les  habitants  possédaient  en 
u  meubles  et  elTets,  et  ceux  qu'ils  n'ont  pu  enlever,  ils  les 
«  ont  fracassés,  de  même  que  les  portes  et  fenêtres  des  mai- 
ce  sons,  ainsi  que  d'autres  parties  d'une  destruction  aisée 
«  et  de  peu  de  durée,  ce  qu'ils  n'ont  pas  exécuté  sans  faire 
«  soulTrir  aux  pauvres  habitants  qui  tombaient  sous  leurs 
a  mains,  les  outrages  les  plus  inhumains.  » 

Tel  sera  l'état  déplorable  des  cantons  méridionaux  du 
Luxembourg  pendant  les  années  1793  et  1794,  jusqu'à  ce 
qu'enfin,  la  bataille  de  Fleurus,  gagnée  par  les  Français 
le  26  juin  1794,  plaçant  définitivement  notre  pays  sous  leur 
domination,  ils  y  établiront  un  semblant  d'administration 
régulière,  qui  ramènera  un  peu  d'ordre  et  de  tranquillité 
parmi  les  malheureuses  populations  traquées  sans  pitié  et 
ruinées  sans  merci  durant  ces  deux  cruelles  années. 

Comme  au  cours  des  siècles  précédents,  la  partie  de 
notre  province  la  plus  voisine  de  la  France  fut  encore 
cette  fois-ci  la  principale  victime  d'une  lutte  implacable  et 
acharnée  entre  les  deux  pays.  L'été  de  1792  vit  les  premières 
violations  d.e  notre  territoire  par  les  hordes  révolutionnai- 
res, surgissant  depuis  lors  sans  cesse  et  à  l'improviste, 
souvent  la  nuit,  des  forteresses  assises  sur  notre  frontière, 
Longwy,   Montmédy,   Sedan. 

Des  troupes  de  pillards  avides  de  désordres  et  de  vio- 
lences, les  accompagnent  et  se  livrent  aux  pires  excès, 
volant,  incendiant  et  massacrant  tout  sur  leur  passage. 
L'anarchie  est  complète,  il  n'y  a  plus  d'autorité.  A  l'appro- 
che de  ces  nouveaux  Vandales,  les  habitants  éperdus, 
affolés,  fuient  au  plus  profond  des  bois,  entraînant  avec  eux 
leurs  troupeaux  et  emportant  ce  qu'ils  ont  de  plus  précieux. 
Ils  s'y  tiennent  cachés  aussi  longtemps  qu'est  signalée  la 
présence  de  leurs  inhumains  ennemis,  et  ils  ne  rentrent 
dans  leurs  demeures  dévastées  que  pour  les  fuir  bientôt 
encore. 


—   185  — 

Des  engagements  continuels  ont  lieu  entre  les  troupes 
autrichiennes  venant  de  la  direction  d'Orval  et  de  la  wSoye, 
harcelées  sans  reJâche  par  les  sans-culottes  que  la  victoire, 
par  une  sorte  d'amère  dérision,  favorise  presque  continuel- 
lement. A  leur  arrivée  dans  les  vihages,  ils  les  trouvent  dé- 
serts ;  ils  pillent,  détruisent  et  incendient  à  plaisir  ;  ensuite, 
pareils  à  un  torrent  dévastateur,  ils  s'avancent  plus  loin  en 
poursuivant  leurs  cruelles  et  odieuses  dévastations. 


Il  m'a  paru  utile,  pour  l'intelligence  de  ce  qui  va  suivre, 
de  donner  d'abord,  en  manière  de  préface,  les  quelques 
indications  préliminaires  qui  précèdent. 

Cela  dit,  j'aborde  sans  autre  préambule,  ce  qui  doit  faire 
l'objet  de  cette  notice,  c'est-à-dire  l'histoire  de  Tintigny 
pendant  la  période  révolutionnaire  et  sous  la  domination 
française. 

J'en  retracerai  les  diverses  péripéties  sous  forme  de  jour- 
nal ;  c'est  celle  qui  me  paraît  le  mieux  appropriée  à  cette 
matière,  parce  qu'elle  offre  l'avantage  de  pouvoir  présenter 
dans  l'ordre  le  plus  logique,  la  succession  des  faits  qui  se 
sont  déroulés  dans  nos  villages  pendant  la  période  de 
vingt  années  que  dura  le  régime  français,  successivement 
anarchique,  républicain  et  monarchique. 

Je  rapporterai  d'abord  quelques  faits  locaux  qui  se 
sont  produits  pendant  les  années  de  la  période  révolution- 
naire antérieure  à  1794,  époque  à  laquelle  prennent  cours 
les  documents  qu'il  m'a  été  donné  de  consulter. 


—    186  — 

1789 

Lorsque  la  Révolution  éclate  en  France,  tout  est  en  état  normal,  et  la 
(laix  rèi^no  à  Tintii^ny,  sous  l'adminislraLion  seigneuriale  et  assez  débonnaire 
(le  Villenionl. 

L'agriculture  est  l'occupation  principale  de  la  population.  Tous  les  pou- 
voirs fraternisent.  Le  maire  est  Gérard  Drême  et  son  lieutenant,  Henri 
Hésibois.  La  paroisse  a  pour  curé  J.-H.-J.  Duchemin,  natif  de  Nadrin 
(Wibrin),  en  fonctions  depuis  1770  ;  il  est  secondé  par  un  vicaire,  Nicolas 
Simon,  déjà  mentionné  comme  occupant  cette  charge  en  1749. 

L'instruction  primaire  y  est  donnée  par  un  instituteur,  Henri-Joseph 
Guillaume. 

Le  bénéfice  de  Saint-Michel,  en  la  chapelle  seigneuriale,  à  côté  du  chœur  de 
l'église,  fondé  en  partie  par  noble  dame  Bonne  d'Ongnies,  dame  de  Ville- 
mont,  en  1608,  et  en  partie  par  noble  dame  Anne-François  de  Mérode,  com- 
tesse de  Lannoy  et  dame  de  Villemont,  en  1691,  est  détenu  par  Jacques 
Bonnerue,  natif  de  Tintigny,  prêtre  curé  de  Rouvroy  et  définiteur  du  décanat 
rural  de  Longuyon  ;  un  autre  bénéfice,  celui  de  l'autel  Ste-Anne,  a  pour 
titulaire  l'abbé  F.-J.  Lepeucq. 

Sont  mentionnés  encore  en  1789  : 

Sire  Charles  GolTin,  prêtre  de  Tintigny,  où  il  était  né,  dit  l'auteur  de 
V Histoire  de  Sainte-Marie,  en  1761.  Un  peu  plus  tard,  il  est  vicaire  à  Etalle, 
et,  en  1805,  curé  à  Ste-Marie.  Il  prit  sa  retraite  en  1829,  et  se  retira  dans  sa 
famille,  à  Tintigny,  où  il  mourut  le  16  juillet  1834. 

Le  sieur  Pierre  Boly,  demeurant  à  Tintigny,  est  chirurgien-juré  de  la 
Seigneurie  de  Villemont. 

Le  30  mars,  mourut  Joseph  Rossignon,  prêtre,  natif  de  Tintigny,  y  rési- 
dant, ex-jésuite. 

Le  28  mai,  naissance  de  Anne- Joséphine- Juhe,  fille  de  Adrien  Gcffinet, 
notaire  et  officier  de  la  seigneurie  de  Villemont,  et  de  Marie-Bernardine 
Tinant,  son  épouse,  demeurant  ensemble  à  Tintigny. 


1790 

Le  17  août,  décès  à  Tintigny,  du  sieur  Henri  Henry,  officier  de  la  sei- 
gneurie du  Ménil  et  juge  en  plusieurs  seigneuries. 

Le  25  octobre,  naissance  à  Breuvanne  de  Eléonore-Henriette  Josèphe, 
fille  de  Jean-Baptiste  de  Prouvy,  écuyer,  ancien  officier  au  service  de  S.  M. 
I.  et  R.,  et  de  M°ie  Louise  Martine  de  Saintignon,  résidant  ensemble  au  dit 
Breuvanne.  Parr.  :  Claude-Nicolas  de  Prouw,  officier  au  service  de  France, 


—  187  — 

représenté  par  Henri  Lambert-Joseph  de  Prouvy,  résidant  à  Breuvanne  ; 
marr.  :  M°ie  Catherine-Marguerite- Victoire  de  Jacque,  dite  Rosière,  demeu- 
rant à  Tintigny. 

Le  16  décembre,  naissance  à  Tintigny,  de  Henri-Phihppe,  fils  de  Jean- 
François  Guillaume,  avocat,  et  de  Marie- Jeannne  Mahillon.  Parr.  :  Henri- 
Philippe  Henry,  greffier  et  receveur  de  la  seigneurie  de  Villemont. 

Le  29  décembre,  décès  à  Tintigny,  de  sire  Nicolas  Simon,  prêtre-vicaire  de 
la  paroisse. 

1791 

Le  12  février,  naissance  de  Philippe,  fils  légitime  de  Henri-Philippe  Henry, 
greffier  et  receveur  de  la  seigneurie  de  Villemont. 

Le  22  février,  naissance  de  Jean-Baptiste-Charles-Chrétien,  fils  du  sieur 
Adrien  Goffînet,  notaire  et  officier  de  Villemont. 

Le  curé  Duchemin  écrit  le  6  septembre  :  il  m'a  été  produit  une  lettre 
signée  de  M.  le  comte  de  Clauwez,  lieutenant-colonel  au  service  de  S. 
M.  L  et  R.,  datée  du  camp  de  Brahorva,  en  Servie,  du  7  juin  1790,  qui 
annonce  à  M^e  d'Avelaing,  résidant  à  Bellefontaine,  la  mort  de  l'un  de  ses 
fils,  qu'elle  m'a  dit  être  Charles  d'Avelaing,  enseigne  (1)  dans  ce  régiment. 

En  cette  année  1791,  les  habitants  d'Ansart  se  trouvèrent  dans  l'obliga- 
tion, par  ordre  de  «  Messieurs  les  Députés  des  Etats  de  la  province  »,  de 
construire  un  nouveau  chemin  allant  d'Ansart  à  Tintigny  et  suivant  une 
nouvelle  direction  tracée  par  un  piqueur  (2)  désigné  à  cette  fin,  par  le  Con- 
seil provincial. 

L'ancien  chemin,  la  voie  toute  primitive  reliant  les  deux  villages,  parvenait 
au  lieu  de  Gravière  par  un  long  détour.  Cet  ancien  chemin  est  figuré  aujour- 
d'hui par  une  prairie  demi-circulaire,  longue  de  plusieurs  centaines  de  mètres 
et  d'une  largeur  moyenne  seulement  d'une  vingtaine,  commençant  à  l'entrée 
du  village  d'Ansart  et  aboutissant  k  Gravière.  La  route  actuelle, construite  en 
ligne  droite,  représente  à  peu  près  le  diamètre  ou  la  corde  du  demi-cercle 
que  forme  cette  prairie,  et  a  réduit  par  conséquent  d'un  tiers  environ  la 
distance  d'Ansart  à  Gravière.  En  ce  dernier  endroit  prenait  naissance  un 
bras  de  dérivation  de  la  Semois,  se  dirigeant  en  hgne  droite,  cà  travers  les 
prairies,  jusqu'en  amont  de  Breuvanne.  Le  lit  de  cette  sorte  de  canal  est 
encore  parfaitement  visible  sur  toute  son  étendue,  de  Gravière  à  Breuvanne. 
Un  pont  était  donc  indispensable  à  l'endroit  où  le  chemin  d'Ansart  à  Tinti- 
gny franchissait  ce  bras  de  la  Semois,  et  il  y  en  existait  alors  un  en  bois, 
appelé  le  pont  de  Gravière,  nom  ^"^lequel  ce  lieu  dit  est  encore  parfois  dési- 
gné aujourd'hui. 


(1)  Degré  de  la   hiérarchie  militaire  correspondant  au   grade  moderne  de  sous- 
lieutenant. 

(2)  Adjoint  à  un  conducteur  des  ponts  et  chaussées. 


—   188  _ 

.le  rapporterai  ici,  à  titre  (locumeiilaire,  les  principaux  points  de  la  coii- 
venlioii  inlerveiuie  entre  la  comniunaulé  d'Ansart  et  les  entrepreneurs  de 
la  route  ;  elle  renferme  des  données  très-curieuses  sur  les  procédés  de  cons- 
truction des  chemins  vicinaux  employés  à  cette  époque,  sur  le  temps  que 
l'on  y  consacrait,  et  aussi  parce  qu'elle  précise  les  nombreux  changements 
opérés  depuis  lors  dans  la  configuration  des  lieux,  entre  Ansart  etTintigny. 

Cette  pièce  débutait  de  la  manière  suivante  : 

«  Cejourd'hui,  vingt  trois  novembre  mil  sept  cent  quatre-vingt  et  onze, 
par  devant  moi  (1)  notaire  royal  de  la  résidence  de  Tintigny  soussigné,  et 

en  présence    sont  comparus  les  communs  habitants  de 

la  mairie  d'Ansart  dûment  convoqués  et  vinagèrement  assemblés  au  lieu 
et  de  la  manière  ordinaire  et  accoutumée,  lesquels  ont  dit  que  par  ordre  de 
Messieurs  les  Députés  des  Etats  de  cette  prrvince,  ils  seraient  chargés  de  la 
construction  d'un  nouveau  chemin  allant  d'Ansart  à  Tintigny  et  passant 
par  une  nouvelle  direction  leur  désignée  par  le  piqueur  Mangin  de. Luxem- 
bourg, contenant  trois  cent-cinquante  toises  environ,  c'tst-à-diie  depuis  la 
levée  qui  aboutit  au  pont  de  Gravière  jusqu'au  piquet  qui  se  trouve  planté 
vis-à-vis  la  maison  de  ferme  du  sieur  de  Jacque  de  Tintigny  et  où  réside  le 
nommé  George  Henry » 

Après  quelques  détails  sur  les  préliminaires  qui  ont  abouti  à  la  résolution 
prise  par  les  Etats,  les  formalités  d'affichage  et  d'adjudication,  le  document 
continue  ainsi  : 

«  S'ils  avaient  été  obligés  d'agréer  le  prix  de  l'adjudication,  ils  auraient 
dû  payer  quarante-huit  sols  de  chaque  toise  ;  mais  comme  au  moyen  de  ce 
nouveau  chemin,  l'ancien  qui  faisait  le  tour  au  Bie  (2)  devient  inutile  ;  ils 
ont  résolu  de  céder  ledit  ancien  chemin  aux  entrepreneurs,  ainsi  que  le  che- 
min des  morts,'  qui  devient  aussi  inutile  ;  ce  qui  a  été  accepté  par  Vincent 
Rion  de  Tintigny,  Jacques  Iker  et  Henri- Joseph  Halbardier,  du  dit  Ansart, 
ici  présents  et  acceptant,  savoir  qu'ils  se  chargent  et  s'obligent  à  cons- 
truire le  nouveau  chemin,  à  commencer jusqu'à  ,  de  la 

largeur  de  trente-deux  pieds  de  Saint-Lambert,  avec  deux  fossés  aux  côtés, 
de  la  largeur  de  chacun  quatre  pieds,  en  diminuant  dans  le  fond  ;  qu'ils  élève- 
ront ce  chemin  à  la  hauteur  des  piquets  qui  ont  été  plantés  par  le  piqueur 
Hulsier,  qu'ils  chargeront  le  dit  chemin  de  bons  graviers  à  la  largeur  de 
seize  pieds  et  à  la  hauteur  (épaisseur)  de  dix-huit  pouces  dans  le  milieu  du 
chemin  et  de  neuf  pouces  sur  les  côtés  ;  qu'ils  feront  et  construiront  deux 
murs  en  chaux  et  sur  iceux  poseront  un  pont  en  bois  au  lieu  dit  au  pont  de 
Gravière,  et  ce,  à  la  hauteur  de  l'ancienne  chaussée  qui  aboutit  au  dit  pont, 
duquel  ils  répondront  pendant  une  année  ;  que  les  dits  acceptants  rendront 
le  dit  chemin  parfait  et  recevable  au  gré  de  l'ofTicier  de  la  seigneurie  de 


(1)  Adrien  Gofflnet. 

(2)  Lieu  dit  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Rulles  et  de  la  Semois,  vers  leur  confluent, 
et  où  il  n'y  a  que  des  prairies.  Doit  ce  nom  au  voisinage  des  deux  cours  d'eau. 


—   189  — 

Villemont,  et  ce  au  plus  tard  dans  trois  années  (!)  c'est-à-dire  un  tiers  du  dit 
chemin  cliaque  année. 

((  Pour  et  en  contre  change   de  quoi    que    les  dits   entrepreneurs 

indemniseront  les  particuliers  sur  les  héritages  desquels  le  dit  nouveau 
chemin  aura  sa  direction,  et  qu'ils  rendront  à  la  dite  communauté  un  louis 
d'or  neuf  ;  et  parmi  aussi  que  les  dits  entrepreneurs  laisseront  un  passage 
libre  par  l'ancien  chemin,  du  côté  d'Ansart,  tant  pour  la  sortie  des  foins  des 
prairies  situées  au  lieu  dit  au  Bie  que  pour  le  pâturage  du  bétail  des  parti- 
culiers propriétaires  des  dites  prairies,  et  qu'après  le  quinze  octobre  de 
chaque  année,  ils  laisseront  le  dit  ancien  chemin  au  vain  pâturage,  sans 
pouvoir  préteiidre  aucune  indemnité  ;  conditionné  ainsi  que  les  dits  che- 
mins    ;  conditionné  encore  que  la  communauté  fournira  aux 

entrepreneurs  tous  les  bois  nécessaires  pour  la  construction  du  nouveau  pont 
de  Graviére,  parmi  cependant  qu'on  emploiera  avant  tout  les  bois  du  vieux 

pont  de  Graviére,  et  malgré  qu'il  soit  dit  ci-devant Consentant   les 

parties  à  la  réalisation  des  présentes. 

«  Ainsi  fait  et  passé  au  dit  Ansart  en  présence  de  Henri  Joseph  et  Nicolas 
Renauld,  tous  deux  jeunes  hommes  résidant  au  dit  lieu,  qui  comme  té- 
moins à  ce  requis,  ont  signé  avec  les  comparants  et  moi  notaire,  lecture 
faite. 

'(  Sont  signés  :  Jean- Joseph  Gardien,  centenier  ;  Joseph  Renauld, 
maire  ;  Jean  -  Nicolas,  échevin  ;  Jacques  Harquin  ;  Jean  -  Nicolas 
Renauld  ;  Guillaume  Iker  ;  la  marque  de  Nicolas  Debray  ;  Alexandre 
Magin  ;  Jean-Joseph  Tinturier  ;  Jean  Nicolas,  le  jeune  ;  la  marque  de 
Joseph  Halbardier  ;  N.  Rion  ;  H.-J.  Halbardier,  avec  paraphe  ;  J.  Iker, 
Henri-Joseph  Renauld  ;  Nicolas  Renauld,  et  A.  Goffînet,  notaire,  avec 
trait  de  plume. 

Suit  la  réalisation. 

«  Soit  réalisé.  Tintigny,  le  2  décembre  1791. 

«  Était  signé  :  A.  Goffînet,  avec  traits  de  plume.  » 

Cette  route,  de  si  minime  étendue,  subit  de  nombreuses  vicissitudes 
pendant  le  long  temps  que  dura  sa  construction  ;  la  réception  définitive 
n'en  fut  faite  que  dix-huit  ans  plus  tard,  en  1809  ! 


1792 


ÉPHÉMÉRIDES    MILITAIRES. 

Avril.   —  Premières    hostilités.    Deux  divisions    françaises    pénètrent 
dans  le  Hainaut  et  s'avancent  vers  Mons  et  Tournai.  Echec  complet.  * 

24  août.  —  Bataille  de  Valmy.  Défaite  des  Prussiens. 


—  l^^O  — 

Septembre.  —  Dumouricz  s'avance  contre  les  Pays-Bas  autrichiens  à 
la  lèle  (le  Vannée  de  BcUjunu',  de  Valenciennes  sur  Mons,  étant  appuyé  : 
à  droite  par  l'année  des  Ardennes,  de  Givet  sur  Naraur,  et  à  gauche,  par 
l'iuinée  du  Xord,  de  Lille  sur  Tournay. 

Le  due  de  Saxe-Teschen  el  deux  généraux  belges,  Clerfayt  et  Reaulieu 
défendent  nos  provinces. 

().  novembre.  —  Ils  sont  battus  à  Jemappes,  et  en  moins  d'un  mois,  les 
iM'ançais  conquièrent  la  Belgique  entière  et  forcent  les  Autrichiens  à  se 
retirer  jusque  derrière  la  Hoer. 

ÉPHÉMÉRIDES  ADMINISTRATIVES. 

20  SEPTEMBRE.  —  '  La  Couvention  nationale  succède  à  l'Assemblée 
législative. 

V'^  séance  :  al^olition  de  la  royauté,  proclamation  de  la  République. 

15  déeemhre.  —  La  Convention  adopte  un  décret  prescrivant  aux  géné- 
raux de  gouverner  militairement  le  pays  conquis,  de  dissoudre  toutes  les 
anciennes  autorités,  de  mettre  sous  le  séquestre  les  biens  des  nobles,  des 
églises  et  des  communautés. 

Des  agents  de  la  Convention  se  partagent  notre  pays  et  forcent  les  habi- 
tants à  coups  de  sabre  et  de  fusil,  de  demander  leur  agrégation  à  la  Répu- 
blique française  ;  le  pays  entier  est  mis  au  pillage. 

FAITS   LOCAUX. 

21  avril.  —  Décès  de  Pierre  Boày,  chirurgien-juré  de  la  seigneurie  de 
Villemont.  ~ 

9  mai.  —  Naissance  de  Louis-Constant  Désiré,  fils  du  sieur  Adrien 
Goffmet,  officier  de  la  seigneurie  de  Villemont,  notaire  et  procureur,  et 
de  Marie-Louise-Bernardine  Tinant,  résidant  à  Tintigny. 

—  Mauvaises  récoltes. 


1793 

ÉPHÉMÉRIDES    MILITAIRES. 

Première  coalition  contre  la  France  :    Angleterre,    Espagne,  Empire    ger- 
manique, Rome  et  Naples. 

Les  ennemis  se  pressent  aux  Alpes,    aux  Pyrénées,   en  Belgique   et  sur  le 
Rhin.  La  Convention  décrète  une  levée  de  .300.000  hommes. 

18  mars.  —    Dumouriez  est  battu  à    Neerwinden.     Evacuation    de  la 
Belgique. 


—   191  — 

La  Convention  décrète  une  levée  en  masse  du  peuple. 

Bientôt  les  Français  reprennent  partout  l'ofTensive;  combats  devant 
Arlon  les  7  et  9  juin  ;  les  républicains  sont  victorieux,  s'emparent  de  la 
ville  et  en  chassent  les  Autrichiens. 

ÉPHÉMÉRIDES  ADMINISTRATIVES. 

10  mars-29  oclobre.  —  Le  10  mars,  la  Convention  établit  un  tribunal 
criminel  qui,  le  29  octobre,  prend  le  nom  de  tribunal  révolutionnaire, 
d'odieuse  et  sanglante  mémoire. 

28  avril.  —  L'archiduc  Charles  d'Autriche,  nommé  capitaine  général 
de  la  Belgique,  prend  possession. 

FAITS  LOCAUX. 

Les  registres  paroissiaux  mentionnent  en  cette  année  : 

24  janvier.  —  Décès  de  sire  Louis-François  de  Lamock,  ci-devant  curé 
d'Allamont,  en  France,  et  résidant  depuis    plusieurs  mois  à  Tintigny. 

14  mai.  —  Naissance  de  Marie-Françoise,  fille  de  Henri-Philippe  Henry, 
greffier  et  receveur  de  la  seigneurie  de  Villemont,  et  de  Jeanne  Gobert, 
résidant  à  Tintigny. 

A  diverses  dates  : 

—  Le  sieur  François-Joel  du  Houx,  baron  de  Crèvecœur,  résidant  à 
Breuvanne. 

—  Nicolas-Louis,  écrivain,  résidant  à  Tintigny. 

—  Sire  François  Louis  Clesse,  prêtre,  né  et  résidant  à  Tintigny  ;  vicaire  de 
cette  paroisse  (1791-1801),  puis  desservant  (1801-1810).  Transféré  à  cette 
date  à  la  cure  de  Rossignol  ;  y  décédé  le  10  juillet  1841. 

—  Henri-Joseph  Guillaume,  maître  d'école  à  Tintigny  (1789-1796). 

—  Guillaume  Hubert,  de  Tintigny,  sergent  d'office  de  la  seigneurie  de 

Villemont. 

* 
*     * 

Avec  cette  année  s'ouvre,  pour  les  populations  riveraines  de  la  Vire,  du 
Ton  et  de  la  Semois,  une  des  périodes  les  plus  désastreuses  de  leur  histoire. 
C'est,  en  effet,  par  les  vallées  de  ces  trois  rivières  que  vont  s'acheminer, 
pour  se  précipiter  vers  l'Allemagne,  les  hordes  indisciplinées  des  sans-culot- 
tes, arrivant  de  France  à  flots  pressés  et  qui,  pareils  à  un  ouragan  dévasta- 
teur, sèmeront  partout  sur  leur  passage,  la  ruine,  la  désolation  et  même 
la  mort. 

Des  bandes  de  soudards,  ivres  de  butin  et  de  sang,  se  ruent  sur  les  cantons 
méridionaux  de  notre  province,  parce  que  celle-ci  appartient  à  l'Autriche  ; 
ils  s'y  vengent  à  usure,  avec  rage   et  barbarie,  sur   des  populations  sans 


—    102   — 

délensc  ni  défenseur,  de  la  déroute  que  leurs  armes  viennent  d'essuyer  à 
Neerwinden.Toul  fuit  devant  leur  fureurdévastatrice,et  les  hordes  de  pillards 
et  de  malandrins  qui  les  suivent  aehèvent  la  ruine  des  villages  abandonnés. 
Les  habitants  épouvantés  se  sont  précipités  vers  les  bois, dont  la  profondeur 
et  l'élendue  ne  leur  fournissent  même  pas  une  retraite  assurée  contre  les 
poursuites  de  leurs  cruels  ennemis. 

Cependant,  le  23  juin,  entre  deux  alertes,  les  pauvres  habitants  de  Tinti- 
gny  sont  revenus  à  leurs  demeures  dévastées.  Vers  le  milieu  de  la  journée, 
des  portes  s'entr'ouvrent  craintivement,  et  l'on  entend  se  répéter,  de  maison 
à  maison,  de  rue  à  rue,  ces  mots  sinistres  :  «  Ourvaux  brûle  !  Ourvaux 
brûle  !  « 

Orval,  la  puissante  abbaye,  livrée  aux  flammes  par  ces  scélérats  !  Est-ce 
Dieu  possible  !  Rien  n'est  donc  plus  en  sûreté?  C'est  bien  l'abomination  de 
la  désolation!  Ah  !  fuyons  de  nouveau Et  de  nouveau  la  foule  se  pré- 
cipite vers  les  bois. 

Et  la  lugubre  année  1793  s'écoule  ainsi  tout  entière  dans  les  plus  cruelles 
alarmes. 


1794 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

16  et  17  avril.  —  Nouvelles  rencontres  des  Autrichiens  et  des  Français 
près  d'Arlon.  Ces  derniers  sont  victorieux.  Retraite  des  Autrichiens. 

30  auril.  —  Dans  la  nuit  du  30  avril,  les  Autrichiens  exécutent  un  retour 
offensif.  Ils  reprennent  Arlon,  chassent  et  poursuivent  les  Français  jusque 
sous  les  glacis  "de  Longwy. 

27  juin.  —  Victoire  des  Français  à  Fleurus.  Les  anglo-hollandais  se 
retirent  dans  les  Provinces-Unies  et  les  impériaux  repassent  le  Rhin. 

ÉPHÉMÉRIDES  ADMINISTRATIVES. 

La  Terreur  :  mai-août-septembre  1793  a»  9  thermidor  an  II  (27  juillet 
1794).  — 

FAITS  LOCAUX. 

20  janvier.  —  Naissance  de  Anne-Barbe-Louise-Sophie,  fille  de  sieur 
Adrien  Goffinet,  officier  de  la  seigneurie  de  Villemont,  notaire  et  procureur, 
et  de  Marie-Louise-Bernardine  Tinant,  résidants  à  Tintigny. 

30  mars.  —  A  huit  heures  du  matin  est  décédé  à  Tintigny,  muni  du 
sacrement  de  l'extrème-onction,  n'ayant  pu,  à  cause  du  délire,  recevoir  le 
Saint-Viatique,  Monsieur  Maximilien,  comte  de  Trazegnies,  seigneur  de 
Villemont,  colonel  pensionné  de  cavalerie  au  service  de  Sa  Maj.  Imp.  et 
Royale,  et  le  lendemain  son  corps  a  été  inhumé  dans  le  cimetière  de 
Tintigny. 


—  193  — 

1er  décembre.  —  Naissance  à  Tintigny,  de  Marie-Magdeleine-Antoinette, 
fille  du  sieur  Benoît-Emmanuel  Foncin,  mayeur  royal  de  la  ville  de  Virton 
et  juge  assesseur  des  prévôtés  de  Virton  et  Saint-Mard,  et  de  D^i^  Marie- 
Magdeleine  Antoinette  Rossignon,  résidant  temporairement  à  Tintigny. 

—  Jacques  Houlmont,  cloutier,  centenier  (1)  actuel  de  Tintigny.  Le  8 

floréal  an  V  (27  avril  1797)   adjoint  municipal  de  la  commune,  décédé 

le  2  mai  1806. 

* 
*     * 

L'année  1794  ne  s'ouvre  pas  sous  de  meilleures  auspices  pour  nos  villa- 
ges. Rien  n'arrête  plus  la  fureur  des  soudards  de  la  République.  Les  exac- 
tions, les  violences  et  les  meurtres  perpétrés  contre  d'inoffensifs  campa- 
gnards, se  multiplient,  c'est  le  règne  de  la  Terreur. 

Les  pauvres  paysans  réfugiés  dans  les  bois,  n'y  sont  pas  à  l'abri  des  balles 
de  ces  forcenés  qui  les  traquent  jusque  dans  leurs  retraites  et  les  abattent 
à  coups  de  fusil,  comme  de  vulgaires  animaux,  sans  distinction  d'âge  ni  de 
sexe.  Je  vais  bientôt  en  fournir  la  preuve. 

Cependant,  la  justice  seigneuriale  de  Villemont,  bien  chancelante,  sans 
doute,  fonctionne  encore,  mais  des  ferments  d'insubordination  et  d'irrespect 
envers  cette  vieille  institution  s'étaient  déjà  glissés,  au  contact  des  idées 
nouvelles,  parmi  certains  éléments  des  populations  villageoises. 

11  janvier.  — •  Des  patrouilles  de  nuit  avaient  été  ordonnées  dans  toutes 
les  localités,  par  les  autorités  militaires  autrichiennes  (2).  Le  11  janvier, 
l'officier  delà  seigneurie,  Adrien  Goffinet,  porte  plainte,  par  devant  les  juges 
ordinaires,  contre  un  certain  nombre  de  bourgeois  récalcitrants.  Chargé, 
dit-il  et  pressé  par  le  pouvoir  militaire  de  faire  exactement  la  garde  et 
patrouille  et  de  poursuivre  tous  ceux  qui  se  trouveraient  en  défaut  d'ac- 
comphr  leurs  obligations  à  cet  égard,  il  a  reçu  rapport  que  le  9  du  dit  mois 
de  janvier,  Henri- Joseph  Halbardier,  Jean-Delimes,  Jean- Joseph  Tinturier 
et  J.  B.  Nicolas,  et,  le  8,  Henri-Joseph  Didrige,  Jean  Renaud,  Jean-Pierre 
Louche  et  François  Richard,  tous  du  village  d'Ansart,  ont  été  trouvés  en 
défaut  de  faire,  aux  dits  jours,  les  gardes  et  patrouilles  qui  leur  avaient  été 
commandées  ;  il  conclut,  à  charge  des  quatre  premiers,  à  une  amende  de  dix 
écus,  et  à  pareille  à  charge  des  quatre  autres,  le  tout  conformément  à  l'art. 
14  de  l'ordonnance  du  26  juillet  1749. 

L'officier  demande  en  outre  que  Halbardier  soit  condamné  à  une 
amende  supplémentaire  de  20  florins  d'or,  pour  les  insultes  qu'il  vient 
de  se  permettre  à  l'égard  du  dit  officier,  en  proférant  à  cette  audience,  les 
mots  de  f...,  jurant  et  disant  qu'il  se  f...  de  lui,  et  ne  cessant  de  l'injurier. 


(1)  Le  centenier  tirait  le  centième  denier  de  la  recette  communale,  et  40  sols  par 
journée  nécessaire  de  vacation.  —  Connu.  lux.,  III,  27. 

(2)  Voir  à  ce  sujet  la  lettre  adressée  à  «  Messieurs  du  Magistrat  de  Virton  par  le 
lieutenant  Traguern  des  Chevaux  Légers  de  Lempr.  «  —  Corn.  licx.  III,  86. 


—   194  — 

Les  autres  accusés  allèguent  pour  leur  justification  que  s'ils  ont  été 
en  retard  de  faire  la  garde  et  de  patrouiller,  c'est  à  cause  du  grand  froid 
et  parce  qu'il  n'y  avait  pas  de  bois  au  corps  de  garde  ;  ils  promettent  de 
se  rendre  (U)rénavant  au  dit  corps  de  garde,  se  soumettant  au  surplus  à 
ce  qu'il  |)laira  à  la  cour  de  statuer. 

Tenanl  compte  de  leurs  explications  et  de  leur  soumission,  la  cour 
absout  les  prévenus  avec  «  défense  de  plus  récidiver.  » 

A  l'égard  de  llalbardier  qui,  dans  cette  assemblée,  «  vient  de  tenir  des 
proposles  plus  injurieux  à  l'égard  de  l'ofTicier  plaignant  et  même  de  la  cour, 
les  juges  assesseurs  au  siège  de  Villemont,  ordonnent  à  l'ajourné  de  con- 
venir ou  disconvenir  catégoriquement  des  injures  dont  plainte,  le  condam- 
nent aux  droits  du  premier  rapport  et  mandent  au  premier  sergent 
requis  de  mettre  la  présente  à  exécution.  » 

Fait  à  Tintigny,  le  24  janvier  1794.  « 

Signé  :  J.-B.  de  Prouvy,  J.  Magnette,  Rossignon,  Hénoumont,  H. -P. 
Henry. 

29  mars.  —  Une  autre  affaire  non  moins  curieuse  au  point  de  vue  de  la 
législation  qui  régissait  à  cette  époque  l'ouverture  et  la  tenue  des  débits 
de  boissons,  fut  soumis  au  jugement  de  la  même  cour  dans  sa  séance  du 
29  mars. 

L'oflicier  de  la  seigneurie  y  portait  plainte  à  charge  d'un  nommé 
André  Deheke,  résidant  depuis  peu  de  temps  à  Tintigny,  et  qui  s'y 
était  établi  sans  «  avoir  produit  au  plaignant  aucun  certificat  de  ses  vie 
et  mœurs  de  la  justice  de  son  dernier  domicile.  » 

Deheke  était  en  outre  inculpé  de  «  s'être  permis  de  tenir  cabaret  et 
caifé  au  dit  Tintigny  sans  avoir  obtenu  la  permission  de  l'officier  plai- 
gnant, ce  qu'il  ne  pouvait  cependant  faire  qu'après  une  permission  écrite, 
conformément  à  l'art.  5  de  l'ordonnance  du  25  juin  1765.  » 

Non  content  d'avoir  manqué  aux  prescriptions  du  dit  article,  le  pré- 
venu, au  grand  scandale  du  public,  et  au  mépris  des  ordonnances,  rece- 
vait chez  lui  des  personnes  relevant  de  la  juridiction  de  Villemont,  non 
seulement  les  jours  de  dimanche  pendant  les  offices  divins,  mais  aussi  la 
nuit  après  les  heures  de  retraite,  «  leur  distribuant  eau-de-vie  et  cafïé.  « 

Pour  tous  ces  faits,  le  plaignant  requiert  contre  l'accusé  sa  condamna- 
tion à  une  amende  de  20  florins  et  aux  dépens,  avec  défense  de  tenir 
cabaret  à  l'avenir,  «  à  peine  plus  grièfe.  » 

«  Ouï  le  requérant  et  faisant  droit  à  ses  conclusions,  la  cour  condamne 
Deheke  à  l'amende  de  20  florins,  conformément  à  l'ordonnance  précitée.  » 

Ce  même  29  mars  encore,  la  cour  statuant  sur  une  autre  plainte,  con- 
damne J.-B.  Drème  à  une  amende  de  deux  florins  d'or  et  aux  dépens, 
pour  avoir  maltraité  un  domestique  de  J.-B.  Flamion,  meunier  de  Lahage 
«  de  paroles  el  d'un  coup  de  pied  ». 


—  195  — 

Comme  on  le  voit,  les  humbles  eux-mêmes  trouvaient  protection  auprès 
de  la  vieille  justice  seigneuriale.  Mais  elle  était  expirante,  et  ce  furent  là 
les  dernières  causes  traduites  devant  les  juges  de  Villemont. 

30  mars.  —  Le  lendemain  30  mars,  le  dernier  représentant  du  régime 
féodal  dans  ce  puissant  domaine,  le  comte  Maximilien  de  Trazegnies, 
qui  s'était  enfui  du  château,  mourait  à  Tintigny,  chez  son  receveur, 
H. -P.  Henry,  greffier  de  la  seigneurie. 

L'agitation  croissait  de  toutes  parts,  et  les  violences  contre  la  propriété 
et  contre  les  personnes  se  multipliaient.  A  la  fm  les  campagnards  exas- 
pérés, songèrent  à  résister.  Dans  plusieurs  cantons,  des  corps  de  volon- 
taires furent  rapidement  constitués  et  armés  pour  défendre  contre  les 
envahisseurs  leurs  familles  et  leurs  biens. 

Leurs  efforts  et  leur  pèsM%tiee  furent  surtout  dirigés  vers  la  région  de 
Virton,  qui  était  la  plus  cruellement  éprouvée.  Les  volontaires  s'y  con- 
centrèrent, et  la  seigneurie  de  Villemont  fournit  son  contingent.  Le  19 
février,  44  hommes  de  Bellefontaine,  de  Lahage  et  des  environs  arri- 
vaient à  Virton  dès  le  matin,  et  l'on  procédait  aussitôt  à  la  bénédiction 
des  armes. 

Tous  ces  hommes  n'étaient  rien  moins  que  des  soldats  ;  aussi,  n'est- 
ce  qu'une  guerre  de  guérillas  que  tentèrent  les  chouans  luxembourgeois, 
s'abritant  surtout  dans  les  bois,  y  faisant  le  coup  de  feu  à  chaque  occasion 
favorable,  mais  provoquant  par  là  même,  de  terribles  représailles  contre 
les  villages  et  contre  ceux  qui  ne  les  avaient  pas  abandonnés. 

16  avril.  —  Pour  tâcher  de  mettre  fin  à  ces  escarmouches  continuelles 
et  souvent  meurtrières,  le  commandant  de  Montmédy  fit  sommer  tous  les 
villages,  depuis  la  Chiers  jusqu'à  la  Semois,  d'avoir  à  livrer  sans  aucun 
délai,  la  totalité  de  leurs  armes,  quelles  qu'elles  fussent,  sous  peine  d'in- 
cendie et  d'exécution  sommaire. 

On  savait  déjà  de  quoi  les  sans-culottes  étaient  capables,  aussi  s'em- 
pressa-t-on  de  satisfaire  à  ce  menaçant  ultimatum  ;  mais  les  volontaires 
cachés  dans  les  bois  détenaient  presque  tous  les  fusils.  Les  Français  s'en 
irritèrent. 

«Le  mercredi  saint, 16  avril  1794, une  colonne  de  brigands, dit  l'abbéWelter, 
«  ayant  à  sa  tête  le  sanguinaire  Debaune,  commandant  de  Montmédy^  ci-de- 
«  vant  menuisier  à  Thonne-les-Prés,  attaqua  vers  midi  le  piquet  autrichien 
«  de  la  Grange  au-Bois,  et  les  volontaires  armés  de  Virton  et  des  endroits 
«  voisins.  Ceux-ci  cédèrent  devant  le  nombre  après  avoir  combattu  toute 
«  la  journée.  Outrés  d'une  résistance  opiniâtre,  les  Français  entrèrent  le  soir 
«  à  Belmont  et  Ethe  avec  l'artillerie,  et  incendièrent  les  deux  villages  la  nuit 
«  du  jeudi-saint.  Ce  jour-là,  ils  brûlèrent  encore  le  château  de  Laclaireau, 
«  appartenant  au  général  de  Briey,  et  tous  les  édifices  en  dépendant.  » 

13 


—  196  _ 

17  avril.  —  Le  château  de  Lalour,  avec  neuf  maisons,  subit  le  même  sort 
le  17  avril.  » 

L'abbé  Welter  ajoute  que  les  personnes  de  sa  paroisse  qui  tombèrent 
au  pouvoir  de  l'ennemi  furent  massacrés  de  la -manière  la  plus  barbare. 

UNE  PAGE  SANGLANTE. 

31  mai.  —  Ces  représailles  cruelles  s'exerçaient  de  tous  côtés,  et  le  31 
mai  fut  un  jour  de  terreur  et  de  deuil  pour  la  paroisse  de  Tintigny.  La 
chasse  à  l'homme  y  fut  organisée,  et,  en  ce  jour  printanier,  au  moment  où  la 
nature  paraît  les  bois  de  ses  plus  riches  décors,  la  sauvagerie  des  soldats 
républicains  les  rougissait  du  sang  de  nombreuses  et  innocentes  victimes. 

Le  curé  Duchemin  qui,  malgré  la  dureté  des  temps,  continuait  à  inscrire 
régulièrement  les  naissances,  les  mariages  et  les  décès  de  ses  paroissiens, 
enregistre  de  la  manière  suivante  la  sanglante  hécatombe  du  31  mai  : 

«  Le  31  mai,  a  été  tué  par  les  Français,  Jean-Louis  Orban  de  Lahage(l), 
manouvricr  ;  son  corps  a  été  trouvé  au  lieu  dit  :  «  le  Chemin  des  bœufs  », 
entre  Bellefontaine  et  le  bois,  et  le  lendemain  il  a  été  enterré  dans  le  cime- 
tière de  Tintigny.  » 

«  Le  31  mai  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  Jean  Lambillon  de 
Lahage,  manouvrier,  et  le  lendemain,  etc.  » 

«  Le  31  mai  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  Guillaume  Rion  de 
Saint-Vincent,  garçon  ;  son  corps  a  été  trouvé  au  lieu  dit  «  la  Grand' route  »,  et 
le  lendemain,  etc.  » 

«  Le  31  mai  1794,  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  près  du  village  de 
Poncel,  Jean,-François  André,  garçon,  et  le  surlendemain,  etc.  » 

«  Le  31  mai,  a  été  tué  près  du  village  de  Poncel,  par  les  troupes  françaises, 
Nicolas  Hubert,  du  dit  Poncel,  pâtre.  » 

«  Le  31  mai  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  au  lieu  dit  le  haut  des 
Minières,  dans  le  bois,  Jacques  Clesse,  de  Bellefontaine,  laboureur,  et  le 
surlendemain,  il  a  été  enterré  dans  le  cimetière  de  Tintigny.  » 

«  Le  31  mai  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  à  l'entrée  du  bois,  du 
côté  de  Bellefontaine,  Jean-Nicolas  Courtois,  du  dit  Bellefontaine,  garçon 
et  le  surlendemain,  etc.  » 

«  Le  31  mai  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  vers  l'entrée  du  bois,  du 
côté  de  Bellefontaine,  Claude  Rampel,  du  dit  Bellefontaine,  manouvrier, 
et  le  surlendemain,  etc.  » 


(1)  A  cette  époque,  Lahage,  Bellefontaine  et  St-Vincent  appartenaient  encore  à  la 
circonscription  pai'oissiale  de  Tintigny. 


—  197  — 

«  Le. 31  mai,  a  été  tué  par  les  troupes  françaises,  Pierre  Copin,  résidant  à 
Bellefontaine,  autrefois  hermite  de  la  petite  Cranière  ;  son  corps  a  été  trouvé 
au-dessus  de  la  Blanche  fontaine,  dans  le  bois  de  Tintigny,  le  5  juin  et  le  même 
jour,  il  a  été  enterré,  etc.  » 

a  Le  31  mai,  a  été  tuée  à  l'entrée  du  bois  de  Tintigny,  par  les  troupes  fran- 
çaises, Marguerite  Hubert,  de  Tintigny,  son  corps  a  été  trouvé  seulement  le 
9  juin  suivant  et  a  été  enterré  le  même  jour  dans  le  cimetière  de  Tintigny.  >> 

* 
*     * 

On  voit,  par  ces  extraits,  que  la  battue  avait  été  générale  ce  jour-là  dans 
la  seigneurie  de  Villemont  ;  on  traquait  et  on  tuait  de  tous  les  côtés  à  la  fois 
les  pauvres  habitants.  Les  sans-culottes  se  vengeaient  ainsi,  sur  des  gens  sans 
défense,  de  la  défaite  qu'ils  venaient  de  subir,  à  Arlon,  le  30  avril,  et  de  leur 
expulsion  de  cette  ville. 

Ces  scènes  de  désordre  et  de  barbarie  continuèrent  dans  le  Luxembourg 
méridional  pendant  tout  le  printemps  de  cette  année  1794. 

27  juin. — Après  la  bataille  de  Fleurus,  gagnée  par  les  Français,  le  27  juin, 
les  Autrichiens,  ayant  abandonné  le  pays,  notre  province  se  trouva  livrée 
à  la  merci  d'une  nuée  d'agents  républicains,  revêtus  de  mandats  plus  où 
moins  réguliers,  et  qui  rivalisèrent  d'ardeur  pour  pressurer  les  pauvres  habi- 
tants, victimes  déjà  de  tant  de  ruineuses  réquisitions. 

9  octobre.  —  Le  18  vendémiaire  an  III  (9  octobre  1794),  le  représentant 
du  peuple  Frécine  frappa  le  Luxembourg  d'une  contribution  de  400.000 
florins.  La  seigneurie  de  Villemont  paya  pour  sa  quote-part  environ  300 
florins. 

En  outre  de  cette  imposition  en  numéraire,  Tintigny  et  les  autres  villages 
de  la  seigneurie,  furent  encore  requis  de  livrer  à  Montmédy  un  certain  nom- 
bre de  têtes  de  bétail,  dont  l'agent  Ponsart,  de  cette  ville,  vint  faire  le  choix 
et  le  dénombrement. 

Pour  garantir  la  fidélité  de  la  fourniture,  il  emmena  avec  lui,  à  son  départ, 
une  des  notabilités  du  village,  Louis  Rion,  qui  fut  gardé  comme  otage  jus- 
qu'à complète  satisfaction. 

En  échange  de  ces  fournitures,  les  municipalités  reçurent  des  bons,  dont 
le  montant  devait  venir  en  déduction  de  contributions  futures  à  imposer 
aux  communautés. 

Une  administration  régionale  provisoire  pour  la  partie  sud  du  Luxembourg 
venait  d'être  constituée  à  Habay-la-Neuve  par  les  représentants  du  peuple 
qui  y  avaient  établi  commissaire  délégué  le  citoyen  Bernard  Stevenotte, 
directeur  de  forges,  à  Neupont-Chanly. 

l'^r  décembre.  —  Par  circulaire  datée  du  11  frimaire  an  III,  (l^r  décembre 
1794),  Stevenotte  prescrivait  à  toutes  les  municipalités  de  lui  fournir  exac- 
tement, dans  un   bref   délai,   des  relevés  eu  tableaux  :    1»  de  la  population 


—   19S  — 

2"  du  holail  ;  ii"  clos  grains  cL  fourrages  ;  4»  des  marchandises  ;  5»  enfin  des 
hois  et  matières  minérales  existant  dans  le  ressort  de  leurs  juridictions  res- 
pectives. Les  administrations  devaient  lui  faire  connaître  en  outre  les  som- 
mes (jui  se  trouvaient  pour  le  moment  dans  les  caisses  publicpies,  et  dresser 
une  liste  des  personnes  émigrées  ayant  des  propriétés  foncières  ou  mobilières, 
revenus,  créances  ou  prétentions  dans  leur  ressort. 

Les  oflicier  et  juges  de  la  seigneurie  de  Villemont  y  représentaient  encore 
l'autorité  principale,  et  c'est  à  eux  que  parvint  le  lendemain,  2  décembre, 
la  circulaire  susdite.  Ils  se  mirent  aussitôt  en  devoir  d'y  satisfaire,  et  dès  le 
17  du  même  mois,  ils  adressaient  au  citoyen  Stevenotte,  tous  les  renseigne- 
ments réclamés. 

La  marquise  de  Trazegnies,  Marie-Caroline-Ermeline  de  Namur-Joncret, 
et  son  fils,  Philippe,  propriétaires  et  seigneurs  du  riche  domaine  de  Villemont, 
habitaient  alors  Bruxelles.  Devant  la  pénible  obligation  dans  laquelle  nos 
juges  se  trouvèrent  de  les  déclarer  absents,  sachant  d'ailleurs  à  quoi  leurs 
maîtres  et  bienfaiteurs  se  trouveraient  exposés  du  chef  de  leurs  déclarations, 
ils  levèrent  la  difficulté  en  donnant  à  leur  rapport  sur  ce  point,  la  forme  que 
voici  : 

«  Nous  n'avons  nulle  connaissance  qu'aucun  émigré  ayt  des  propriétés 
((  foncières  ni  mobilières,  aucun  revenu,  créance,  ni  prétention  dans  cette 
«  juridiction,  si  l'on  excepte  la  veuve  d'Avelaing  de  Bellefontaine,  qui  se 
«  trouve  actuellement  dans  la  ville  de  Luxembourg  depuis  bien  antérieure- 
«  ment  au  blocus.de  cette  place,  et  au  sujet  de  laquelle  nous  avons  fait  dres- 
«  ser  le  recensement  également  joint  en  expédition,  en  attendant  que  vous 
«  nous  fassiez  connaître  les  intentions  des  représentants  du  peuple  à  cet 
«  égard,  de  même  que  concernant  le  seigneur  de  Villemont,  dont  la  résidence 
«  habiluelle  esl  aux  Pays-Bas  (1),  ce  qui  nous  a  suggéré  le  doute  s'il  devait 
«  être  compris  dans  la  classe  des  absents.  » 

A.  Goffînet,  J.  Magnette,  J.  Henoumont,  H. -P.  Henry. 

Je  ne  reproduirai  pas  ici  les  statistiques  dont  il  vient  d'être  question  ;  on 
les  trouvera  au  tome  46  des  Annales  de  l'Institut  archéologique  du  Luxem- 
bourg, année  1911,  p.  104  et  suivantes. 


1795 

ÉPHÉMÉRIDE   MILITAIRE. 

C.onquête  de  la  rive  gauche  du  Rhin,  ratifiée  par  la  paix  de  Bâle,  conclue 
le  17  mai. 

ÉPHÉiMÉRIDES  ADMINISTRATIVES. 

9  janvier.  —  Dès  le  début  de  cette  année,  le  9  janvier  (20  nivôse,  an  III), 
une  administration  provisoire  pour  le  Luxembourg,  est  établie  à  Saint- 


(1)  On  (lésipnait  alors  et  l'on  entend  encore  cliez  nous  de  nos  jours  par  Pays-Bas, 
toute  la  partie  de  la  Belgicjue  située  au-delà  de  la  Meuse. 


—  199  — 

Hubert.  Elle  est  composée  de  9  membres  ou  administrateurs  ;  parmi  lesquels 
il  faut  mentionner  le  citoyen  Bernard  Stevenotte,  déjà  envoyé  précédemment 
par  les  Représentants  du  peuple  français,  en  qualité  de  commissaire  délégué 
auprès  de  l'Administration  régionale  de  Habay-la-Neuve. 

31  janvier.  —  L'Administration  provisoire  de  Saint-Hubert  est  installée 
dans  ses  fonctions  le  12  pluviôse  an  III  (31  janvier  1795)  et  prend  immédia- 
tement séance. 

*      * 

3  mars.  —  On  a  vu  à  la  date  du  9  octobre  1794,  que  la  seigneurie  de  Villemont 
frappée  d'une  contribution  en  numéraire  de  300  florins,  avait  été  en  outre 
astreinte  à  la  livraison,  à  Montmédy,  d'un  certain  nombre  de  têtes  de  bétail, 
dont  l'agent  Ponsart  était  venu  faire  la  désignation,  et  que  celui-ci,  en  se  reti- 
rant avait  emmené  un  otage  comme  garantie  de  la  fourniture  complète  au 
jour  marqué. 

Les  habitants  de  Tintigny  ne  tardèrent  pas  à  satisfaire  à  cette  réquisition, 
et  quelques  jours  plus  tard,  Adrien  GoiTinet,  Lambert  Lenfant  et  Henri- 
Philippe  Henry,  désignés  par  leurs  concitoyens  à  cet  effet,  arrivaient  à  Mont- 
médy, avec  leur  bétail. 

Pendant  que  les  préposés  en  faisaient  la  réception,  ils  se  transportèrent 
chez  le  commissaire  de  guerre  N...  (1)  afin  de  recevoir  le  bon  de  paiement 
pour  les  bestiaux  qu'ils  avaient  amenés.  Au  lieu  de  leur  délivrer  immédiate- 
ment cette  pièce,  le  commissaire  les  entretint  longtemps  de  diverses  choses, 
entre  autres,  des  services  qu'il  pouvait  leur  rendre  dans  les  fournitures  de 
contributions  ultérieures,  des  pertes  qu'il  avait  essuyées  du  fait  des  Autri- 
chiens, et  des  moyens  que  lui  et  sa  sœur  avaient  employés  avec  les  commis- 
saires ennemis  pour  rendre  les  contributions  moins  onéreuses. 

Le&  délégués  comprirent  de  suite  où  voulait  en  venir  leur  interlocuteur  et 
jugèrent  que  le  moyen  le  plus  sûr  de  hâter  la  délivrance  de  leur  bon  était  de 
lui  offrir  un  peu  d'argent.  Ils  lui  présentèrent  donc  vingt-quatre  livres  en 
numéraire,  en  le  priant  d'accepter  de  leur  part  ce  gage  de  gratitude. 

Il  fit  d'abord  mine  de  les  refuser,  mais  quelqu'un  étant  venu  frapper  à  la 
porte,  il  s'empressa  d'empocher  l'argent  et  de  délivrer  aux  délégués  la  pièce 
qu'ils  attendaient. 

A  leur  retour  à  Tintigny,  ils  s'empressèrent  d'instruire  leurs  commettants 
de  ce  qui  leur  était  arrivé,  déclarant  qu'ils  avaient  déboursé  cet  argent  afin 
d'éviter  les  retards  qu'ils  craignaient  d'essuyer  pour  l'obtention  de  leur  bon  ; . 
ils  ajoutaient  qu'ils  étaient  décidés  à  en  supporter  la  perte,  si  leurs  conci- 
toyens n'approuvaient  pas  leur  conduite. 

Elle  fut  ratifiée  à  l'unanimité  dans  une  séance  tenue  le  13  ventôse  an  III 
(3  mars  1795). 


(1)  Es  n'ont  pas  osé  divulguer  autrement  son  nom. 


—  200  _ 

Le  même  jour  vil  se  produire  une  protestation  des  communs  habitants 
dv  Brouvannc.eonlro  une  imputation  portée  à  leur  charge, au  sujet  de  détour- 
nemeuls  qui  devaient  s'être  produits  dans  les  vivres  des  troupes  Irançaises  de 
passage. 

Le  10  venlôse  (28  février)  le  commissaire  Martel  avait  réquisitionné  tous 
les  chariots  et  voitures  de  nos  villages  pour  le  transport  de  ces  troupes,  de 
leurs  bagages  et  de  leurs  approvisionnements.  Des  vols  de  vivres  avaient 
été  constatés  et  les  soupçons  s'étaient  portés  sur  les  charretiers  ce  Breuvanne. 

Ils  étaient  innocents,  à  en  juger  du  moins  par  la  forme  de  la  protestation 
que  la  communauté  adressait,  dés  le  3  mars,  aux  autorités  militaires  de 
ALintmédy. 

On  y  disait  notamment  que  les  communs  habitants  du  village  de  Breu- 
vanne, au  duché  de  Luxembourg,  comlé  de  Chiny,  réunis  au  domicile  de 
Jacques  Henry  le  jeune,  au  sujet  de  l'accusation  de  vol  formulée  à  leur 
charge,  «  déclarent  sous  la  foi  de  leur  conscience,  qu'ils  ne  connaissent  rien 
«  des  dites  malversations,  n'ayant  d'ailleurs  pas  été  réquisitionnés  pour  le 
«  transport  de  ces  choses,  ce  qu'ils  certifient  pour  véritable  et  attestent  sur 
«  la  foi  de  leurs  serments.  » 

Jacques  Henry,  mayeur.  —  Jean  Génin,  échevin.  —  Jean-Joseph  Pireaux, 
centenier. 

17  mars.  —  Le  11^  de  nivôse,  3^  année  républicaine  (31  décembre  1794), 
l'Administration  de  Saint-Hubert, en  suite  d'un  arrêté  des  représentants  du 
peuple,  avait  établi,  sur  toutes  les  communautés,  une  contribution  de  sou- 
liers, à  fournir  dans  le  délai  de  3  mois.  Le  prix  devait  en  être  versé  aux  inté- 
ressés au  moment  de  la  livraison.  La  seigneurie  de  Villemont  fut  des  premières 
à  satisfaire  à  l'obligation  que  lui  imposait  le  susdit  arrêté. 

En  effet,  dès  le  27  ventôse  an  III  (17  mars  1795),  l'officier  de  la  seigneurie, 
Adrien  Goffinet,  toujours  en  fonctions,  «  adressait  «  aux  citoyens  membres 
de  l'Administration  du  Luxembourg,  à  Saint-Hubert,  «  son  contingent  de 
souliers,  en  accompagnant  cet  envoi  de  la  lettre  ci-après,  qui  mérite  d'être 
reproduite  ici.  Elle  montre  à  quel  degré  d'humiliation  la  crainte  des  agents 
de  la  république  avait  réduit  les  fonctionnaires  du  régime  déchu. 

«  Citoyens, 

«  D'après  la  sous-répartition  faite  par  ceux  du  Magistrat  de  Saint-Hubert, 
«  en  suite  de  l'arrêté  des  Représentants  du  peuple  sous  la  date  du  11^  nivôse 
«  3^  année  républicaine,  au  sujet  d'une  réquisition  de  souliers  pour  le  service 
«  des  braves  défenseurs  de  la  patrie,  la  seigneurie  de  Villemont  ayant  été 
«  imposée  à  cent  quatre  vingt  deux  paires,  c'est  avec  une  satisfaction  bien 
«  sensible  que  j'ai  vu  les  habitants  de  cette  seigneurie  s'empresser  de  satis- 
«  faire  à  cette  réquisition,  mais  comme  elle  ne  m'indique  aucun  endroit  ni  au- 
«  cun  commissaire  préposé  à  la  recette  de  ces  souliers,  je  ne  puis  que  vous  les 
«  adresser,  dans  l'attente  que  vous  voudrez  les  faire  recevoir  et  délivrer 


^  2Ô1  — 

«  décharge  au  conducteur,  qui  est  autorisé  à  en  recevoir  le  prix  fixé  par  les 
«  arrêtés  des  Représentants  du  peuple  français. 

«  Salut  et  fraternité.  » 

«  A.  GoFFiNET,  Officier  de  Villemont. 

«  Tintigny,  le  27  ventôse  3®  année  républicaine.  » 

Le  même  jour,  le  dit  officier  adressait  encore  aux  administrateurs  à  Saint- 
Hubert,  la  requête  ci-après  : 

LIBERTÉ  ÉGALITÉ  FRATERNITÉ 

«  Aux  citoyens,  membres  de  l'Administration  du  Luxembourg,  à  Saint- 
Hubert. 

«  Citoyens, 

«  Le  soussigné,  chargé  jusqu'à  présent  par  état  de  l'administration  des  bois 
communaux  de  la  seigneurie  de  Villemont,  comprenant  les  villages  de  Tin- 
tigny, Ansart,  Bellefontaine,  Breuvanne,  Lahage,  Saint-Vincent,  Han  et 
Poncelle,  se  trouve  pressé  par  les  habitants  de  ces  endroits,  qui  presque  tous 
sont  dépourvus  de  chauffage,  de  continuer  les  devoirs  de  son  office  à  cet 
égard  ;  mais  comme  il  croit  y  trouver  un  obstacle  dans  l'art.  4  de  l'arrêté 
des  représentants  du  peuple,  daté  de  Bruxelles,  le  4^  jour  des  sans-culottides 
an  2®  de  la  République  (20  septembre  1794),  il  s'adresse  à  vous.  Citoyens 
préposés  à  la  conservation  des  droits  du  peuple,  vous  requérant  de  déclarer, 
soit  par  disposition  ou  interprétation  du  dit  article,  si  le  dit  soussigné,  en  sa 
prédite  qualité,  peut  obtempérer  aux  justes  réclamations  et  réquisitions  des 
dits  habitants,  d'autant  plus  pressantes  que  le  temps  de  la  coupe  des  bois 
devient  très-instant.  » 

«  Salut  et  fraternité. 

A.  GoFFiNET,  Officier  de  Villemont. 

«  Tintigny,  le  27  ventôse,  3^  année  républicaine.  » 

19  mars.  —  L'Administration  de  Saint-Hubert  ne  tarda  guère  à  statuer 
sur  cette  requête,  et  dès  le  lendemain  du  jour  où  elle  lui  parvenait,  elle  pre- 
nait l'arrêté  favorable  suivant  : 

«  Séance  du  29,  matin. 

«  Vu  la  pétition  du  citoyen  Goffinet,  stipulant  pour  les  communes  de  la 
ci-devant  seigneurie  de  Villemont,  composée  des  villages  de  Tintigny,  Ansart, 
Bellefontaine,  Breuvanne,  Lahage,  Saint- Vincent,  Han  et  Poncel. 

«  L'Administration,  l'agent  national  entendu,  arrête  que  l'Inspecteur  par- 
ticulier des  bois  et  forêts  se  transportera  ou  enverra  un  sous-inspecteur  dans 
les  bois  communaux  de  la  seigneurie  de  Villemont,  à  l'effet  de  reconnaître 
et  constater  ce  que  chacune  des  communes  composant  cette  seigneurie  est 
fondée  à  prétendre  pour  son  chauffage,  en  dresser  procès-verbal  pour,  icelui 
fait,  être  rapporté  à  l'Administration  qui  statuera  ce  qu'il  appartiendra.  » 

«  Charlot,  Président.  » 


—  202  — 

7  juin.  —  La  ville  de  Luxembourg,  dont  l'investissement  avait  commencé 
le  2.")  novembre  1794,  se  rendit  aux  Français  le  19  prairial  an  III  (7  juin  1795), 
après  un  siège  de  cent  quatre  vingt-quatre  jours.  Elle  fut  frappée  d'une  con- 
tribulion  d'environ  un  million  de  francs. 

L'.Vihninistralion  provisoire  du  Luxembourg,  qui  avait  siégé  jusque  là 
à  Sainl-llubcrl,  fui  Iraiiférée  dans  la  capitale  par  un  arrêté  des  représentants 
du  peuple,  daté  du  jour  même  de  l'entrée  des  vainqueurs  dans  cette  ville. 

On  vit  bientôt  }-  allluer,  venant  de  toutes  les  directions,  des  approvision- 
nements de  toutes  sortes,  munitions,  denrées  alimentaires,  fourrages,  paille, 
bois,  hommes  et  chevaux.  La  plupart  de  ces  choses  étaient  réquisitionnées 
dans  les  villages  luxembourgeois,  en  même  temps  que  les  chariots  et  les  voi- 
tures nécessaires  à  leur  transport.  Chaque  localité  était  tenue  de  fournir  un 
nombre  déterminé  de  véhicules,  calculé  d'après  le  chiffre  de  sa  population. 

22  juin.  —  Un  parc  considérable  de  ces  approvisionnements  était  établi 
à  Habay-la-Neuve,  et  c'est  vers  cet  endroit  que  convergeaient  les  transports 
de  nos  villages. 

A  tort  ou  à  raison,  la  communauté  de  IMortinsart  venait  de  protester 
auprès  de  l'Administration  contre  la  prestation  d'une  voiture  lui  imposée  à 
partir  du  l^r  messidor  (19  juin). 

Elle  prétextait  qu'elle  était  encore  de  service  à  ce  moment  au  dit  parc. 

La  réclamation  fut  prise  en  considération,  et  l'Administration,  en  séance 
du  4  messidor  (22  juin),  prit  un  arrêté  aux  termes  duquel  elle  décidait,  l'agent 
national  entendu,  que  «  la  voiture  requise  de  la  commune  de  Mortinsart, 
serait  fournie  par  celle  de  Tinleni  (sic).  » 

Les  articles  de  cet  arrêté  valent  d'être  cités  : 

Art.  2.  —  La  dite  voiture  sera  attelée  de  deux  bons  chevaux,  munie 
d'échelles,  cordes  et  perches. 

Art.  3.  —  Elle  devra  se  trouver  le  6  messidor,  huit  heures  du  matin,  au 
parc  de  Habay-la-Neuve. 

Art.  4.  — ■  Le  maire,  sindic,  et  centenier  sont  personnellement  responsables 
de  l'exécution  de  la  présente  réquisition. 

Art.  5.  —  Le  présent  arrêté  sera  envoyé  au  chef  du  parc  de  Haba3%  ainsi 
qu'aux  communes  de  Mortinsart  et  de  Tintent. 

(Signé)   F.\illy   (1)  secrétaire-adjoint. 

27  juin.  —  La  Convention  Nationale  avait  décrété  là  confiscation,  au  pro- 
fit de  la  République,  de  tous  les  biens  des  églises,  des  monastères  et  des 
nobles  absents  émigrés,  et  le  séquestre  avait  été  mis  immédiatement  sur  tous 
ces  biens,  en  attendant  leur  mise  en  vente  au  bénéfice  de  la  nation. 


(1)  Failly  (Jacques-Louis),  de  Dormans,  (Marne),  ex-adniinistrateur  du  dépaT*tement 
des  Forêts,  du  23  floréal  an  VI  (12  mai  1798)  au  4  nivôse  an  VII  (24  décembre  1798). 


—  203  — 

Le  12  pluviôse  an  III  (31  janvier  1795),  l'Administration  d'arrondisse- 
ment du  Luxembourg  avait  reçu  de  l'Administration  centrale  de  la  Belgique, 
le  jour  même  de  son  installation  à  Saint-Hubert,  une  circulaire  où  on  lisait  : 

«  Depuis  l'établissement  des  administrations  d'arrondissement,  nous 
avons  recommandé  de  procéder  à  la  formation  des  listes  de  tous  les  émigrés, 
ou  absents  du  pays  qui  ne  sont  pas  rentrés  dans  leurs  foyers  depuis  que  les 
Français  sont  en  possession  de  la  Belgique. 

«  Nous  avons  aussi  recommandé  la  plus  grande  exactitude  et  la  plus 
prompte  formation  des  inventaires  chez  tous  les  émigrés  ou  absents,  afin  de 
faire  procéder  sans  retard,  aux  ventes  du  mobilier,  qui  est  exposé  à  des  dila- 
pidations continuelles  par  suite  des  lenteurs  qu'éprouvent  ces  ventes.  » 

Après  la  mort  du  comte  Maximilien  de  Trazegnies,  arrivée,  ainsi  qu'il  a 
été  dit,  le  30  mars  1794,  Villemont,  qui  lui  était  échu  en  vertu  d'un  pacte 
de  famille,  faisait  retour  à  la  veuve  de  son  frère  aîné,  le  marquis  Joseph- 
Lothaire,  laquelle  habitait  Bruxelles  depuis  plusieurs  années,  ainsi  que  son 
fils  et  unique  héritier  Philippe. 

Villemont,  considéré  dès  lors  comme  abandonné  par  ses  propriétaires,  fut 
saisi  par  les  agents  de  la  République,  le  château  et  tout  ce  qu'il  renfermait 
placé  sous  séquestre,  et  les  archives  enlevées  et  transportées  à  Virton  par  le 
receveur  des  Domaines  Burton. 

A  la  réquisition  du  Directeur  Suin  des  Domaines  nationaux  de  la  Bel- 
gique, poursuite  et  diligence  du  receveur  des  Domaines  nationaux  de  Virton, 
devaient  être  mis  en  adjudication,  sur  les  heux,  à  la  date  du  9  messidor  (27 
juin)  :  10  les  propriétés  du  ci-devant  comte  tle  Latour,  général  autrichien  ; 
20  les  propriétés  du  ci-devant  comte  de  Briey,  jardin  et  château  de  Ruette- 
la  Grande  ;  3o  celles  du  ci-devant  marquis  de  Trazegnies,  château  et  propriété 

de  Villemont  ;  4°  celle  du  ci-devant  Neunheuser,  à  Aigremont  ;  et 

d'autres  appartenant  à  divers  absents,  réputés  émigrés  du  canton  de  Virton. 

On  va  voir  que  l'opposition  de  la  marquise,  appuyée  sur  ses  titres  de  pro- 
priété et  sur  des  attestations  de  résidence  et  de  non  émigration  arrêta  court 
Tes  mesures  de  spoliation  déjà  prises  à  l'égard  de  ses  propriétés  luxembour- 
geoises. 

28  juin.  —  L'Administration  d'arrondissement  pour  le  Luxembourg  n'avait 
été  établie  que  provisoirement  à  Saint-Hubert.  Le  28  juin,  alors  que  les  Fran- 
çais se  trouvaient  en  pleine  et  définitive  possession  de  la  capitale  du  duché, 
cette  administration  y  fut  tranférée  et,  à  partir  de  ce  jour,  y  siégea  régulière- 
ment. 

C'est  auprès  d'elle  que  la  marquise  de  Trazegnies,  dame  de  Villemont, 
va  protester  contre  les  atteintes  portées  à  ses  droits  de  propriété  et  contre  le 
séquestre  dont  ses  biens  venaient  d'être  frappés. 

Afin  de  ne  pas  scinder  le  récit  de  ce  qui  touche  à  cette  affaire,  laquelle 
marquera  la  fin  du  régime  féodal  à  Villemont,  je  vais  rapporter  brièvement 


—  201    — 

la  suite  tics  faits  qui  se  produisirent  au  sujet  des  revendications  de  la  mar- 
t|uise,  représentée  à  Tintigny  par  le  receveur  et  grelfier  de  la  seigneurie, 
I  lenri-Philippe  Henry. 

Marie-Caroline-Ermeline  de  Namur  Joncret,  marquise  de  Trazegnies, 
après  la  mort  de  son  époux,  Joseph-Lothaire  de  Trazegnies,  arrivée  le  9  mai 
1781,  avait  abondonné  Villemont  qui.  en  vertu  du  pacte  de  famille  déjà 
cité,  échéait  à  son  beau-frère,  Maximilien-Richard  de  Trazegnies. 

Elle  rentra  avec  son  fils,  en  son  château  de  Trazegnies,  et,  après  quelques 
années  de  séjour  dans  ce  domaine,  se  retira  au  couvent  de  Berlaymont,  à 
Bruxelles,  où  elle  se  proposait  de  finir  ses  jours. 

Au  moment  de  l'entrée  victorieuse  des  troupes  françaises  en  Belgique, 
son  fils  Philippe,  qui  était  également  établi  à  Bruxelles,  engagea  vivement  sa 
mère,  pour  plus  de  sûreté,  à  venir  habiter  avo'^  lui.  Cédant  à  ses  instances,  la 
marquise  quitta  le  couvent  de  Berlaymont  et  alla  se  loger  rue  aux  Laines, 
où  Philippe  avait  sa  résidence  habituelle. 

«  J'y  fis  transporter,  dit-elle,  dans  une  première  requête  adressée  au  com- 
missaire Chupiet,  tous  mes  meubles  et  effets,  tant  ceux  que  j'avais  au  cou- 
vent de  Berlaymont  que  ceux  de  ma  campagne  à  Trazegnies,  le  greffier  de 
cet  endroit  et  quelques  paysans  s'y  firent  aussi  conduire  des  matelas,  des 
habillements  et  autres  efïets  que  je  ne  connais  pas  moi-même,  et  quelques 
cofTres  contenant  les  papiers  de  difîérents  greffes,  pour  les  mettre  à  couvert 
des  batailles  qui  se  faisaient  tous  les  jours  en  cet  endroit. 

«  Je  me  croyais  là  dans  une  nouvelle  demeure  bien  tranquille,  lorsque  tout 
à  coup,  il  y  a  environ  six  semaines,  on  est  venu  de  la  part  du  dit  citoyen 
commissaire,  me  faire  sortir  de  la  dite  maison  avec  les  gens  qui  sont  à  mon 
service,  sans  me  laisser  suivre  autre  chose  que  quelques  nippes  servant  à 
notre  corps,  sous  prétexte  que  mon  fils  était  absent  et  que  je  n'avais  rien 
déclaré. 

«  Sur  quoi  j'observe,  citoyen,  que  mon  fils  n'avait  exactement  rien  que 
ce  que  je  voulais  bien  lui  donner,  et  que  le  peu  de  meubles  dont  il  se  servait 
étaient  encore  à  moi,  et  pour  en  convaincre  le  citoyen  commissaire,  on  joint 
ici  trois  déclarations  qui  constatent  la  vérité  de  tout  ce  que  je  viens  d'avancer. 

«  Elle  vous  supplie  donc,  au  nom  de  la  justice  et  de  l'humanité,  citoyen, 
de  vouloir  bien  lui  faire  la  grâce  de  la  remettre  en  possession  de  ses  propriétés. 

«  Salut  et  fraternité. 

«  Trazegnies. 

«  Bruxelles,  le  18  brumaire  3^  année  républicaine  (8  novembre  1794).  « 

Après  avoir  été  successivement  soumise  à  l'avis  de  l'Administration  d'ar- 
rondissement du  Brabant,  du  Directeur  des  Domaines  nationaux,  de  l'Ad- 
ministration centrale  et  supérieure  de  la  Belgique,  et  enfin  du  Comité  de 
surveillance,  la  requête  de  la  comtesse  de  Villemont  provoqua  de  la  part  de 
ce  dernier  pouvoir,  la  déclaration  formelle  suivante  : 


_  205  _ 

«  Le  comité  de  surveillance  estimant  que  la  veuve  Trazegnies  n'est  pas 
comprise  dans  la  classe  des  émigrés,  n'avait  pas  cru  devoir  examiner  ses 
papiers.  Sur  l'observation  de  l'émigration  de  son  fils,  deux  de  nos  membres 
se  sont  transportés  dans  sa  maison  qui  était  sous  le  scellé,  et  après  avoir  pris 
inspection  de  tous  les  papiers,  on  n'a  rien  trouvé  de  suspect  ou  contraire 
aux  intérêts  de  la  République  française.  En  conséquence,  le  Comité  croit  que 
la  pétitionnaire  peut  obtenir  sa  demande  (réintégration  dans  la  possession 
de  tous  ses  biens)  sans  aucun  inconvénient. 

«Bruxelles,  le  18  pluviôse,  3^  année  républicaii  e  (6  février  1795).  » 

Lamothe,  S''^.  G.-I.  Claysens,  Président. 

Les  pièces  dont  la  marquise  fait  état  dans  sa  requête  au  citoyen  commis- 
saire Chupiet,  étaient  les  suivantes  : 

a)  Déclaration  des  maire  et  officiers  municipaux  de  la  ville  de  Bruxelles, 
certifiant  que  la  veuve  Trazegnies  n'est  pas  émigrée. 

b)  Déclaration  des  mêmes  magistrats,  attestant  la  non  émigration  du  ci- 
toyen Philippe  Trazegnies. 

Bruxelles,  le  18  thermidor  an  III  (5  août  1795). 

Comme  on  le  voit  par  la  déclaration  qui  précède,  la  marquise  de  Traze- 
gnies et  son  fils  Philippe  habitaient  Bruxelles  lorsque  les  Français,  par  voie 
de  conquête,  prirent  possession  du  Luxembourg  et  y  appliquèrent  les  lois 
de  la  confiscation  des  biens,  décrétées  contre  les  nobles  émigrés  ou  absents. 

Vu  la  difficulté  et  la  lenteur  des  communications  à  cette  époque  troublée, 
les  relations  entre  les  juges  de  Villemont  et  leurs  seigneurs  s'étaient  trou- 
vées interrompues  à  ce  point  que  l'officier  de  la  seigneurie,  chargé  de  fournir 
aux  représentants  du  peuple  la  liste  des  émigrés  de  sa  circonscription,  accom- 
pagné d'un  inventaire  détaillé  de  leurs  biens,  répond  en  ces  termes  au  com- 
missaire délégué  Bernard  Stevenotte. 

«  En  ce  qui  concerne  le  seigneur  de  Villemont,  dont  la  résidence  habituelle 
«  est  aux  Pays-Bas,  nous  sommes  dans  l'incertitude  de  savoir  s'il  doit  être 
«  compris  dans  la  classe  des  absents.  » 

Ce  doute  n'embarrassa  guère  l'administration  spoliatrice,  qui  décréta  d'em- 
blée la  mise  sous  séquestre  de  tous  les  biens  des  seigneurs  de  Villemont,  répu- 
tés, sans  autre  forme,  émigrés  ou  absents. 

Le  receveur  des  Domaines  nationaux  à  Virton  fit  aussitôt  transporter  dans 
sa  résidence,  les  archives  et  tous  les  autres  papiers  qui  se  trouvaient;  à  Ville- 
mont ;  en  même  temps  il  faisait  apposer  les  scellés  sur  le  mobilier  du  château, 
que  venait  de  laisser  dans  l'abandon  la  mort  du  comte  Maximilien-Richard 
de  Trazegnies. 

Heureusement,  le  receveur  de  la  se'gneur^e  put  se  mettre  à  temps  en 
rapport  avec  la  marquise,  qui  venait  de  produire,  devant  l'administration 


—  203  — 

(l'arroiulissomenl  du  Brabanl,  ses  preuves  dç  uon  émigration  et  d'être  remise, 
par  le  fail.  en  possession  de  tous  ses  biens. 

Elle  s"enij)ressa  d'enjoindre  à  son  régisseur  de  protester  en  son  nom,  au- 
près de  l'Administration  du  Luxembourg,  eontre  cette  usurpation,  et  de  pro- 
duire, à  l'appui  de  sa  requête,  les  attestations  et  décisions  émanées  de  l'au- 
torité centrale. 

L'Administration  luxembourgeoise  ne  pouvait  que  déférer  à  une  requête 
lui  présentée  dans  de  telles  conditions.  Aussi  se  hâta-t-elle  d'y  faire  droit, 
malgré  quelques  objections  de  l'Inspecteur  des  Domaines  nationaux,  au  sujet 
des  preuves  de  propriété  fournies  par  la  marquise  de  Trazegnies  et  estimées 
par  lui  insuffisantes. 

L'arrêté  pris  par  l'Administration  dans  sa  séance  du  29  fructidor  an  III 
(15  septembre  1795),  rappelait  le  sujet  du  litige  et  les  décisions  intervenues. 

En  voici  la  partie  principale  : 

«  Vu  la  pétition  de  la  citoyenne  veuve  Trazegnies  demandant  la  levée  des 
scellés  et  la  remise  par  le  receveur  des  Domaines  à  Virton  des  titres  et  papiers 
relatifs  à  la  seigneurie  de  Villemont. 

«  Vu  l'arrêté  de  l'Administration  centrale  qui  la  déclare  non  émigrée, 
ensemble  l'arrêté  de  l'Administration  du  Brabant,  exécutoire  de  celui  de 
l'administration  centrale. 

«  Vu  le  certificat  de  la  Municipalité  de  Bruxelles,  portant  que  le  citoyen 
Trazegnies,  fils  de  la  pétitionnaire,  est  réellement  dans  la  dite  ville. 

('  Vu  aussi  l'avis  de  l'Inspecteur  des  Domaines  nationaux  conforme  à  la 
demande, 

L'Administration, 

«  Considérant  qu'il  résulte  des  pièces  ci-dessus  énoncées  que  la  citoyenne 
Trazegnies  n'est  aucunement  dans  le  cas  des  lois  contre  les  absents  ou 
émigrés. 

L'agent  national  entendu,  arrête  : 

«  Au  vu  du  présent  arrêté,  le  Receveur  des  Domaines  de  Virton  remettra 
sous  bref  état  double  à  la  pétitionnaire  ou  à  son  fondé  de  pouvoirs,  les  titres 
et  papiers  relatifs  à  sa  propriété  de  Villemont,  lesquels  se  trouvent  entre  ses 
mains  par  suite  du  séquestre.  » 

La  marquise  de  Trazegnies  était  lasse  d'une  propriété  si  lointaine  et  qui 
venait  de  lui  susciter  tant  de  soucis  ;  craignant  d'ailleurs  d'eu  voir  surgir 
dans  l'avenir  de  nouvelles  causes  de  tribulations,  elle  résolut  de  sacrifier  ce 
domaine  que  l'illustre  maison  dont  elle  portait  le  nom  avait  possédé  pendant 
un  siècle  et  demi.  A  une  date  qu'il  ne  m'a  pas  été  possible  de  préciser,  mais 
certainement  tout  à  la  fin  du  18^  ou  dès  le  commencement  du  19^  siècle,  elle 
fit  mettre  Villemont  en  vente. 


—  207   — 

Cette  belle  propriété,  avec  ses  dépendances,  fut  acquise  parle  baron  Henri- 
François  de  Paul- Joseph  d'Anethan  de  la  Trapperie,  qui  en  était  proprié- 
taire au  mois  de  novembre  1806,  ainsi  qu'en  témoigne  un  acte  passé  à  cette 
date  par-devant  le  notaire  impérial  J.-B.  Alexandre,  résidant  à  Tintigny. 

Dans  un  autre  document  du  30  frimaire  an  V  (20  décembre  1796),  on  voit 
encore  le  domaine  en  la  possession  du  marquis  de  Trazegnies.  C'est  donc 
entre  ces  deux  dates  assez  rapprochées  qu'en  fut  faite  la  cession  à  l'acquéreur. 

10  août.  — ■  Le  23  thermidor  an  III  (10  août  1795),  un  arrêté  du  représen- 
tant du  peuple  Joubert  supprima,  dans  le  pays  de  Luxembourg,  le  conseil 
souverain,  toutes  les  justices  criminelles  et  civiles,  les  remplaçant  par  un  tri- 
bunal civil  au  chef-lieu,  et  cinq  tribunaux  correctionnels,  dont  un  à  Habay- 
la  Neuve. 

Au  nombre  des  juges  du  tribunal  de  Luxembourg  figura,  dès  le  principe, 
le  citoyen  d'Anethan  de  la  Trapperie,  maître  de  forges  et  négociant. 

—  V.  Ann.  Inst.  arch.  du  Luxemb.,  t.  20,  pp.  1-13. 

Par  le  fait  de  cet  arrêté,  les  juges  de  Villemont  perdirent  leurs  emplois  ; 
mais  comme  ils  étaient,  dans  leur  rayon,  à  peu  près  les  seuls  aptes  à  des  fonc- 
tions administratives  et  judiciaires,  et  que  la  République  choisissait  de  pré- 
férence ses  agents  parmi  les  hommes  de  loi  et  les  personnages  notables  du 
pays,  de  nouvelles  charges  furent  immédiatement  offertes,  à  titre  de  com- 
pensation,aux  magistrats  dépossédés. Ils  les  acceptèrent, pour  ne  point  briser 
une  carrière  qui  s'était  ouverte  pour  eux  sous  les  plus  favorables  auspices. 

Henri  Philippe  Henry  devint  agent  municipal  de  Tintigny  et  juge  de  paix 
du  canton  d'Étalle  ;  Adrien  Gofïinet  fut  nommé  commissaire  du  Directoire 
exécutif  près  l'administration  municipale  du  même  canton  ;  on  créa  Hénou- 
mont  receveur  à  vie  pour  la  circonscription  de  Tintigny  et  Jos.  Magnette 
fut  attaché  à  l'administration  municipale  du  canton. 

Dans  certains  milieux,  on  a  fait  aux  juges  de  Villemont  un  grief  d'avoir 
accepté  ces  fonctions  et  d'être  en  très  au  service  d'un  gouvernement  spoliateur. 
Mais  on  oublie  que  la  Belgique  était  alors  définitivement  conquise  et  faisait 
partie  intégrante  du  territoire  français,  sans  aucune  idée  de  retour  à  l'ancien 
état  de  choses.  En  servant  la  République,  ils  ne  croyaient  donc  faillir  à  aucun 
devoir  de  conscience.  Fonctionnaires,  ils  n'avaient  pas  à  se  faire  les  juges  du 
gouvernement  qui  les  rétribuait  ;  il  ne  leur  incombait  que  de  remplir  ponc- 
tuellement et  scrupuleusement  les  charges  dont  ils  étaient  investis.  C'est 
bien  ainsi,  d'ailleurs,  qu'en  jugèrent  leurs  familles,  toutes  des  plus  honorables, 
et  qui  auraient  su  provoquer  de  leur  part  un  refus  justifié,  si  elles  avaient  jugé 
ces  fonctions  incompatibles  avec  leur  honneur. 

Ne  vit-on  pas  M.  d'Anethan  de  la  Trapperie  accepter  lui-même  immédia- 
tement, lors  de  la  création  des  tribunaux  de  police  correctionnelle,  un  poste 
de  juge  à  celui  de  Luxembourg? 

Qui  sait  enfin  si  ces  jeunes  gens,  car  tous  étaient  jeunes,  n'avaient  pasformé 
le  dessein  de  mettre  l'influence  qu'ils  tiendraient  de  leurs  fonctions  mêmes. 


—  208  — 

au  service  de  leur  commune  et  d'éviter  à  celle-ci,  ou  au  moins  d'en  atténuer 
les  rigueurs,  les  charges  souvent  vexatoires  qui  devaient  peser  sur  nos  vil- 
lages pendant  la  dure  période  de  la  domination  française?  Et  il  n'y  a  pas  à 
douter  qu'ils  n'aient  souvent  atteint  ce  but  et  épargné  à  leurs  concitoyens 
une  foule  de  diiïicultés  et  de  maux. 

Mais  c'est  surtout  contre  Adrien  GofTmet,  à  cause  des  fonctions  spéciales 
qu'il  remplissait,  que  la  vindicte  populaire  s'est  donné  carrière  ;  et  la  légende, 
qui  est  souvent  le  contre-pied  de  l'histoire,  ne  s'est  pas  fait  faute  d'accabler 
sa  mémoire. 

Examinons  un  instant,  aussi  impartialement  que  possible,  quelle  était  la 
situation  de  l'ancien  officier  de  Villemont,  au  moment  de  la  suppression  des 
justices  féodales. 

En  sa  qualité  de  chef-juge  et  d'accusateur  ou  de  ministère  public,  il  s'était 
certainement  attiré  de  nombreuses  inimitiés,  surtout  parmi  la  classe  alors  la 
plus  sujette  à  se  trouver  en  conflits  fréquents  avec  la  justice  seigneuriale.  Et 
l'on  sait  que  celle-ci  n'était  pas  tendre  pour  toutes  les  contraventions  qui 
lésaient  les  intérêts  du  maître,  délits  de  bois,  de  pèche,  de  chasse,  vol  ou  pil- 
lage de  récoltes,  etc. 

Des  rancunes,  des  haines  s'étaient  accumulées  contre  lui,  et  il  n'y  a  rien 
d'étonnant  à  ce  que  la  légende  du  bon  Dieu  de  Pitié  se  soit  créée  de  toutes 
pièces  lorsque  se  produisit  la  mort  quasi  inopinée  du  commissaire  du  Direc- 
toire exécutif. 

D'aucuns  crurent  y  voir  une  punition  du  Ciel.  On  raconte,  à  Tintigny  du 
moins,  qu'étant  allé  à  Villers-dt-Orval,  donner  l'ordre  de  fermer  l'église  et 
d'abattre  la  croix  du  clocher,  il  avait  rencontré,  à  son  retour,  au  milieu  des 
bois,  près  du  bon  Dieu  de  Pitié,  un  dément  à  demi-nu,  couvert  de  longues 
tiges  de  lierre  qu'il  agitait,  et  qui  avait  voulu  lui  barrer  le  passage. 

Pris  de  frayeur  et  croyant  à  une  apparition  surnaturelle,  Goffmet  aurait 
éperonné  son  cheval  et  regagné  à  bride  abattue  Tintigny,  où,  arrivé  couvert 
de  sueur  et  tremblant  de  fièvre,  il  se  serait  mis  au  lit  et  n'aurait  pas  tardé  à 
expirer  après  une  agonie  affreuse,  tourmenté  par  d'horribles  visions. 

Or,  rien  de  tout  cela  n'est  vrai,  ni  même  vraisemblable.  Les  cérémonies 
du  culte  catholique  avaient  été  suspendues  et  les  églises  fermées  deux  ans 
auparavant,  le  26  septembre  1797  ;  Adrien  Goffinet  ne  pouvait  donc  pas  être 
allé  à  Villers-dt-Orval  pour  remplir  la  mission  dont  on  lui  fît  un  grief,  d'au- 
tant plus  que  cette  commune  ne  ressortissait  pas  de  sa  juridiction.  Il  n'y  a 
guère  d'apparence  non  plus  qu'à  la  date  du  25  mars  il  ait  pu  rencontrer  un 
fou  à  demi-nu  dans  les  bois  d'Orval.  et,  cette  rencontre  se  fût-elle  produite, 
qu'elle  n'eût  certainement  pas  impressionné  un  homme  peu  superstitieux, 
jeune,  fort  et  bien  armé,  au  point  de  lui  causer  cette  frayeur  qui  devait  pro- 
duire de  si  terribles  suites. 

Non,  Adrien  Goffmet  est  mort  —  et  je  tiens  la  chose  d'un  de  ses  contempo- 
rains du  village  alors  âgé  de  douze  ans  —  d'une  pneumonie  aiguë,  désignée 


—  209  — 

en  ce  temps-là  sous  le  nom  de  fluxion  de  poitrine,  entouré  des  membres  de 
sa  famille  et  de  ses  intimes,  parmi  lesquels  son  voisin  et  bien  cher  ami,  le 
docteur  Joachim  Renaud,  dont  les  soins  affectueux  ne  parvinrent  pas  à 
conjurer  une  issue  rapide  et  fatale. 

Il  n'était  âgé  que  de  36  ans  (1). 

Adrien  Goffinet  habitait  à  Tintigny  le  bel  immeuble  qu'il  avait  récemment 
acquis  et  restauré,  et  que  l'on  voit  encore  aujourd'hui,  à  la  sortie  du  village, 
à  gauche,  sur  la  route  de  Saint-Vincent.  Le  docteur  Renaud  occupait  à 
quelques  pas  de  là,  un  autre  immeuble  qui  est  encore  maintenant  la  pro- 
priété des  descendants  de  sa  famille. 

Je  citerai  une  dernière  preuve,  et  non  la  moins  convaincante,  que  Goffmet 
n'était  pas  l'homme  impie  que  l'on  a  voulu  représenter  et  dont  on  a  essayé 
de  ternir  la  mémoire. 

C'est  une  lettre  qu'il  écrivit  courageusement  au  citoyen  Failly,  commis- 
saire du  Directoire  exécutif,  près  d'Administration  centrale,  en  faveur  de 
M.  Duchemin,  curé  de  Tintigny,  en  vue  d'obtenir  pour  celui-ci,  un  adoucisse- 
ment des  rigueurs  dont  on  usait  alors  à  l'égard  des  prêtres  non  assermentés. 

Combien  de  fonctionnaires  de  la  République  eussent  osé  alors  intervenir 
en  faveur  de  l'un  de  ces  prêtres? 

Il  ne  craignit  pas,  en  entreprenant  cette  démarche,  de  se  rendre  suspect 
aux  yeux  de  ses  chefs,  et  de  compromettre  ainsi  sérieusement  sa  situation. 

Voici  cette  lettre  : 

DÉPARTEMENT 

des 
FORÊTS 


LIBERTE  EGALITE 


CANTON 


D'ÉTALLE  Tintigny,  le  14  frimaire  7^  année  de  la  République  fran- 
çaise,  une  et  indivisible  (4  décembre  1798). 

Goffinet,  Commissaire  du  Directoire  exécutif,  prés  l'administration 
municipale  du  canton  d'Etalle, 

Au  citoyen  Failly,  commissaire  du  Directoire  exécutif  prés  le  Dépar- 
tement des  Forêts. 

Citoyen  commissaire, 

«  Le  nommé  Henri-Joseph  Duchemin,  ci-devant  curé  de  Tintigny,  ayant 
obtenu  un  certificat  d'infirmité  lui  délivré  par  le  citoyen  Rogier,  officier  de 
santé,  j'ai  cru  que  je  ne  pouvais  me  refuser  à  attester  la  vérité  de  ce  certificat, 
pour  avoir  reconnu  le  dit  Duchemin  comme  infirme  depuis  plusieurs  années  ; 


(1)  Voir  son  acte  de  décès  à  la  date  du  25  mars  1799. 


—  210  — 

il  à  (l'aillours  été  déclaré  Ici  depuis  sa  détention  à  Luxembourg,  outre  qu'il 
est  encore  sexagénaire  (1)  :  il  doit  vous  faire  parvenir  ce  cerlilicat  cpie  je  vous 
prie  de  ne  point  regarder  pour  Cire  exagéré,  ni  sa  personne  pour  être  dangereuse 
dans  aucun  cas.  » 

«  Salut  et  fraternité, 

«  Votre  concitoyen, 

«   A.    GOFFINET.    » 

En  assumant  la  charge  de  commissaire  du  Directoire  exécutif,  après  avoir 
rempli  celle  d'accusateur  public,  le  pauvre  Goiïinet  tombait  de  Charybde 
en  Scylla,  au  point  de  vue  de  l'impopularité  attachée  à  ses  fonctions.  «  Les 
commissaires  du  Directoire  exécutif  près  les  administrations  centrales  et 
municipales,  disait  l'art.  191  de  la  Constitution,  surveillent  et  requerrent 
l'exécution  des  lois.  » 

Cette  considération  seule  suffit  à  expliquer  l'animadversion  intense  qui 
s'était  attachée  à  son  nom. 

J'ajouterai,  pour  clore  cette  parenthèse,  un  peu  longue  déjà,  que  Henri- 
Philippe  Henry,  fonctionnaire  de  la  République,  fut  le  père  d'une  nombreuse 
et  très  honorable  famille,  dont  deux  membres  occupèrent  de  hautes  situations 
dans  l'état  ecclésiastique,  et  qu'il  a  gardé,  malgré  les  événements,  l'entière 
confiance  de  la  marquise  de  Trazegnies,  dont  il  resta  le  régisseur  dévoué  et 
intègre,  comme  il  le  fut  ensuite  de  M.  d'Anethan,  le  nouveau  propriétaire 
de  Villemont,  qui  le  maintint  dans  cette  charge  jusqu'à  l'arrivée  du  baron 
d'Huart,  en  1819.. 

Adrien  Goffînet  n'eut  pas  une  descendance  moins  distinguée  ;  l'un  de  ses 
petits-fils,  le  général  baron  Goffînet,  fut  revêtu,  dans  ces  derniers  temps,  à  la 
cour  de  Belgique,  des  plus  hautes  et  des  plus  enviables  dignités. 

22  août  —  Une  nouvelle  constitution  est  octroyée  à  la  France, et  aux  pro- 
vinces conquises,  le  5  fructidor  an  III  (22  août  1795). 

Ratifiée  par  le  peuple  le  1*^''  vendémiaire  an  IV  (23  septembre),  cette  charte 
porte,  au  point  de  vue  administratif,  les  dispositions  principales  suivantes  : 

Le  territoire  est  divisé  en  départements,  ceux-ci  en  cantons  et  ces  derniers 
en  communes  ou  municipalités. 

Un  agent  municipal  et  un  adjoint  s'occupent  seuls  des  afïaires  exclusive- 
ment locales. 


Chaque  canton  a  une  administration  municipale  qui  siège   au  chef-lieu. 

Cette  assemblée  est  constituée  par  la  réunion  de  tous  les  agents  munici- 
mx  du  canton. 

Auprès  des  administrations  municipales  cantonales  sont  établies  des  com- 


(1)  Goffinet  exaf^-érait  encore,  à  dessein  sans  doute,  l'âge  du  curé  Duchemin,  qui 
n'avait  alors  que  55  ans , 


—  211  — 

missaires  du  gouvernement  central,  chargés  de  solliciter  l'expédition  des 
affaires  de  l'Etat  ou  l'exécution  des  lois.  Ce  sont  les  commissaires  du  Direc- 
toire exécutif. 

Les  communes  élisent  pour  deux  ans  leur  agent  mun-cipal  et  leur  adjoint. 
Cette  élection  a  lieu  après  le  1er  germinal  (21  mars). 

Les  règles  administratives  qui  viennent  d'être  énoncées  restèrent  en  vigueur 
jusqu'à  l'établissement  de  la  constitution  du  28  pluviôse  an  VIII  (17  février 
1800). 

31  août.  —  A  la  date  du  31  août  (14  fructidor  an  III),  il  est  procédé  à  la 
première  division  territoriale  et  administrative  des  provinces  belges. 

8  septembre.  —  Par  délibération  du  22  fructidor  an  III  (8  septembre  1795), 
l'Administration  d'arrondissement  juge  nécessaire  de  faire  disparaître  tout 
ce  qui  pouvait  rappeler  l'ancienne  organisation  judiciaire  ;  elle  décide  que 
«  tous  les  signes  distinctiis  des  ci-devant  justices,  hautes,  moyennes  et  basses, 
tels  que  potences,  fourches  patibulaires,  carcans  et  autres  existant  dans 
l'étendue  des  différentes  communes,  seront  abattus  et  détruits,  et  les  pierres 
et  bois  enlevés  dans  la  huiLaine  de  la  notification  de  l'arrêté.  » 

27  septembre.  —  Ce  jour  marque  encore  une  date  mémorable  dans  les 
annales  de  la  première  République  française. 

Par  arrêté  du  5  vendémiaire  an  IV  (27  septembre  1795),  l'Administration 
centrale  de  Bruxelles  impose  à  tous  les  corps  constitués,  judiciaires  et  admi- 
nistratifs, de  même  qu'à  tous  les  fonctionnaires,  i'obhgation  de  faire  usage, 
dans  tous  leurs  actes  et  expéditions,  du  calendrier  républicain  seul,  à  partir 
du  fei"  brumaire  suivant  (13  octobre  1795). 

Vers  la  fin  du  même  mois  de  septembre,  la  commune  de  Tintigny  est 
astreinte  à  fournir  deux  voitures  pendant  sept  jours,  au  parc  établi  à  Luxem- 
bourg, pour  y  efïectuer  le  transport  des  bois  de  chauffage  destinés  à  l'appro- 
visionnement militaire  de  la  dite  ville. 

Ce  service,  fait  par  les  charretiers  Henri-Joseph  Collignon  et  Henri-Joseph 
Sansoin,  tous  les  deux  de  Tintigny,  est  liquidé  au  moyen  de  deux  bons  de 
42  florins,  délivrés  à  la  décharge  de  la  commune  et  imputables  sur  les  impo- 
sitions de  celle-ci,  conformément  à  un  arrêté  du  9  fructidor  an  V  (26  août 
1797). 

Ces  bons  sont  émis  à  Luxembourg,  seulement  à  la  date  du  24  brumaire 
an  VI  (14  novembre  1797),  par  le  commissaire  Bochkolt,  du  3^  bureau  de 
l'Administration  centrale  du  département  des  Forêts. 

'  4  octobre.  —  La  Convention  nationale,  dans  un  décret  du  9  vendémiaire 
an  IV  (4  octobre  1795),  prononce  la  réunion  définitive  et  intégrale  des  anciens 
Pays-Bas  à  la  République  française. 

26  octobre.  —  La  même  assemblée  arrête  sa  dissolution  et  termine  ses 
séances  le  4  brumaire  an  IV  (26  octobre  1795).  Réunie  pour  la  première  fois, 

14 


—  212  — 

le  20  septembre  1792,  elle  avait  donc  duré  3  ans  1  mois  et  6  jours  exactement, 
«  Aucune  assemblée,  dit  Th.  Juste,  n'a  laissé  de  souvenirs  plus  terribles,  et 
quoiciu'elle  vécût  continuellement  au  milieu  d'épouvantables  tempêtes,  elle 
sut  cependant  préserver  la  France  de  l'invasion  étrangère.  » 

18  novembre.  —  Le  27  brumaire  an  IV  (18  novembre  1795)  est  également 
dissoute    l'Administration    d'arrondissement    Saint-Hubert-Luxembourg    ; 
elle  fait  place  à  un  nouvel  organisme,  celui  du  département  des  Forêts, 
composé  de  cinq  administrateurs  et  d'un  commissaire  du  Directoire  exécutif. 

Jacques-Louis  Failly,  de  Dormans  (Marne)  rcj^nplit  cette  dernière  charge 
du  23  floréal  an  VI  (12  mai  1798)  au  4  nivôse  an  VII  (24  décembre   1798). 


1796 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 
Bonaparte  prend  le  commandement  de  l'armée  d'Italie. 
Jourdan  commande  l'armée  de  Sambre-et-Meuse. 
Moreau  commande  l'armée  du  Rhin. 
11  avril.  —  Montenotte. 
3  août.  —  Castiglione. 
15  novembre.  —  Arcole. 

•       ÉPHÉMÉRIDES  ADxMINISTRATIVES. 

A  l'état  civil  de  Tintigny,  l'année  1796  est  incomplète.  Les  registres  sont 
tenus  par  le  curé  jusque  fin  mai,  après  quoi  ils  passent  aux  autorités  civiles. 

Baptêmes,  jusqu'au  12  mai,  32. 

Mariages,  jusqu'au  23  mai,  8. 

Décès,  jusqu'au  22  avril,  8. 

A  partir  du  21  thermidor  an  IV  (8  août  1796),  les  actes  sont  signés  :  H. -P. 
Henry,  agent  municipal. 

Le  premier  mariage,  le  9  vendémiaire  an  IV  (l^i"  octobre  1796)  ;  le  premier 
décès  le  24  thermidor  an  IV  (11  août  1796). 

Bellefontaine,  Lahage  et  St-Vincent  n'y  figurent  plus. 

On  trouve  à  la  date  du  10  mai  :  H. -P.  Henry,  agent  municipal  de  la  com- 
mune de  Tintigny  ;  Jacques  Houlmont,  adjoint.  A  cette  date,  le  centenier, 
qui  est  Joseph-Hubert,  exerce  encore  ses  fonctions. 


—  213  — 

ÉPHÉMÉRIDES  LOCALES. 

Jos.  Guillaume,  maître  d'école,  résidant  à  Tintigny.  Apparaît  la  première 
fois  en  cette  qualité  en  1789. 

François-Louis  Clesse,  prêtre  vicaire  à  Tintingy.  Remplit  ces  fonctions 
dès  1791. 

Henri-Joseph  Henry,  prêtre  résidant  à  Tintigny,  fils  de  Henri  Henry, 
officier  de  la  seigneurie  du  Ménil  et  juge  en  plusieurs  seigneuries. 

Le  5  avril,  décès  à  Tintigny  de  Cécile  de  Jacque,  ci-devant  religieuse  à 

Juvigny. 

* 

*     * 

Mars- Avril. 

Ici  se  place  un  épisode  mémorable  de  la  résistance  qu'une  partie  de  la  popu- 
lation opposait  au  régime  républicain. 

L'esprit  de  révolte  était  surtout  motivé  par  l'obligation  du  service  militaire, 
auquel  les  lois  de  la  République  astreignaient  les  jeunes  gens  de  toutes  les 
classes  de  la  société. 

Ce  service  militaire  forcé  était  une  nouveauté  qu'il  était  malaisé  de  faire 
pénétrer  brusquement  dans  les  mœurs  d'un  peuple  à  qui,  jusqu'alors,  le 
recrutement  des  armées  n'avait  jamais  demandé  que  des-  engagements 
volontaires. 

D'ailleurs,  la  désignation  pour  le  service  militaire  équivalait  en  quelque 
sorte  à  un  arrêt  de  mort  à  l'égard  de  celui  que  frappait  le  sort,  si  l'on  songe 
aux  guerres  meurtrières  qu'avait  alors  à  soutenir  sans  trêve  la  République 
contre  l'Europe  coalisée.  C'était  l'effioi  des  familles.  Aussi  une  effervescence 
générale  ne  tarda-t-elle  pas  à  se  manifester  parmi  la  population  de  plusieurs 
cantons  du  Luxembourg  méridional. 

Je  ne  toucherai  à  ce  sujet  que  pour  ce  qui  concerne  la  part  qu'y  prit  la 
commune  de  Tintigny,  renvoyant  pour  le  surplus  à  la  relation  qui  en  a  été 
donnée  au  tome  V,  p.  642,  des  Communes  luxembourgeoises. 

Le  foyer  de  la  rébellion  se  trouvait  à  Tintigny  même,  d'où  le  mouvement 
était  secrètement  et  habilement  dirigé. 

Les  convictions  religieuses  de  la  population,  dit  le  commissaire  Duportail, 
chargé  d'une  enquête  sur  la  situation,  avaient  contribué  à  faciliter  le  soulè- 
vement. Il  avait  été  surtout  provoqué  et  était  courageusement  entretenu 
par  les  trois  frères  Lenfant,  dont  deux  étaient  étudiants  en  théologie,  et  le 
troisième,  novice  aux  Récollets  ;  ils  étaient  secondés  dans  leur  propagande 
par  Henri- Joseph  Conrotte,  ancien  chartreux,  et  Henri  Devillez,  ex-jésuite, 
retiré  chez  son  parent,  Conrotte  père,  et,  enfin,  par  le  curé  de  Villers-sur 
Semois.  Tous  étaient  liés  entre  eux  par  une  étroite  amitié  ;  ils  devaient  sur- 
tout leur  influence  à  cette  circonstance,  qu'ils  donnaient  l'instruction  aux 
enfants  de  Tintigny  et  des  environs. 


—  214  — 

«  Ils  ré[iauilaic'nt  des  écits  incendiaires  et  faisaient  signer  des  listes  d'en- 
gagenienl  [)our  résister  aux  l'rançais.  » 

Ces  exeilalions  avaient  produit  leurs  fruits,  et  les  cantons  de  Virton  et 
d'Etalle  étaient  en  révolte  ouverte  contre  la  loi  de  conscription. 

Le  tirage  au  sort  devait  avoir  lieu  à  Etalle  le  25  germinal  (14  avril).  Appelé 
par  ses  fonctions  à  assurer  l'exécution  de  la  loi,  Adrien  Goffinet,  commissaire 
du  Directoire,  devait  se  rendre  ce  jour-là,  dès  le  matin,  de  Tintigny,  lieu 
de  sa  résidence,  au  chef-lieu  du  canton. 

Les  jeunes  conscrits  des  alentours  ne  l'ignoraient  pas  et  avaient  résolu 
sa  mort.  Quelques-uns  des  plus  déterminés,  postés  dans  le  parc  du  château 
de  Sainte-Marie,  attendaient  son  passage,  armés  de  fusils.  Tout  à  coup  irré- 
solus, à  la  vue  de  leur  victime,  et  craignant  sans  doute  aussi  pour  leurs  vil- 
lages les  plus  terribles  représailles,  ils  abaissèrent  leurs  armes  et  le  laissèrent 
passer. 

Le  même  jour,  après-midi,  le  gros  des  insurgés  se  trouve  aux  prises,  dans 
le  bois  d'Etalle,  avec  les  troupes  répubhcaines,  venues  pour  prêter  main- 
forte  aux  autorités  ;  on  y  tiraille  jusqu'au  soir  sans  résultat  apparent,  mais 
entre  temps,  les  chefs  des  rebelles  ayant  appris  que  des  forces  importantes 
venaient  d'être  envoyées  contre  eux,  licencièrent  leurs  hommes,  et  le  26  au 
matin,  les  bois  étaient  évacués. 

Aussitôt  commence  la  répression  ;  des  colonnes  mobiles  sont  placées  dans 
tous  les  villages,  on  désarme  les  habitants  et  on  les  charge  de  logements  mili- 
taires ;  Duportaiï  fait  fouiller  de  fond  en  comble  Tintigny,  où  il  croyait 
découvrir  les  Lenfant,  Conrotte  et  Devillez,  mais  c'est  en  vain  ;  ils  avaient 
su  se  soustraire  à  toute  recherche. 

Cependant  la  plupart  des  insurgés  ont  été  saisis  ou  ont  fait  volontaire- 
ment leur  soumission  ;  les  innocents  sont  relâchés  et  les  plus  coupables  sont 
envoyés  à  Luxembourg  où  il  doit  être  statué  sur  leur  sort. 

L'ordre  paraît  rétabli  et  le  commissaire  Duportaiï  croit  pouvoir  conclure 
son  rapport  en  disant  :  «  Il  n'y  a  plus  aucune  apparence  de  troubles  dans  le 
département,  et  les  coupables  échappés  à  nos  recherches  sont  en  trop  petit 
nombre  pour  qu'on  puisse  en  concevoir  de  l'inquiétude.  La  tranquillité 
règne  dans  tous  les  cantons.  » 

Fit-on  retomber  sur  Tintigny,  la  responsabiUté  des  troubles  auxquels 
quelques-uns  de  ses  habitants  venaient  d'être  si  activement  mêlés,  et  que 
la  répression  directe  n'avait  pu  atteindre?  On  doit  le  croire  lorsque  l'on  voit 
la  malheureuse  commune  inondée  de  troupes  et  frappée  d'une  prestation  de 
300  rations  de  pain  et  d'autant  de  viande,  ainsi  que  de  la  fourniture  de  vingl- 
qiiatre  chariols  à  quatre  chevaux  pendant  la  durée  des  mêmes  mois  de  germinal 
et  floréal. Et  encore  ne  s'inquiétait-on  guère  de  l'indemniser  de  ces  charges 
écrasantes,  car  ce  n'est  que  deux  années  plus  tard,  et  probablement  à  la 
suite  d'instantes  et  multiples  démarches,  que  l'Administration  municipale 
du  canton  se  décida  à  lui  délivrer  une  reconnaissance  de  ces  fournitures,  ainsi 
que  cela  ressort  des  deux  pièces  ci-après  : 


—  215  — 

Département  des  Forêts.  —  Canton  d'Etallo. 

Commune  de  Tintigny. 

«  Nous  membres  de  l'Administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  attes- 
tons que  la  commune  de  Tintigny,  même  canton,  a  fourni  trois  cents  rations 
de  pain  et  autant  de  viande  pendant  le  courant  des  mois  de  germinal  et  floréal 
an  IVe  (21  mars-20  mai  1796)  aux  troupes  auxiliaires  stationnées  dans  la 
dite  commune,  qu'il  n'a  été  délivré  aucune  quittance  militaire  et  que  la  réqui- 
sition qui  a  donné  lieu  à  cette  fourniture  a  été  égaré.» 

«  Fait  à  Etalle,  le  14  nivôse  an  VI  (3  janvier  1798). 

J.  Hubert,  J.-B.  Bourguignon,  Tschoffen. 

Département  des  Forêts.  —  Canton  d'Etalle. 

Commune   de  Tintigny. 

«  Nous,  membres  de  l'Administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  attes- 
tons que  la  commune  de  Tintigny  a  fourni  vingt-quatre  voitures  à  quatre  che- 
vaux pendant  le  courant  de  germinal  et  floréal  an  lY^  aux  troupes  auxiliaires 
cantonnées  dans  la  dite  commune,  pour  aller  chercher  du  pain  et  de  la  viande 
depuis  Tintigny  jusqu'à  Arlon,  distance  de  cinq  lieues,  qu'il  n'a  été  donné 
aucune  quittance  militaire,  etc.  » 

J.  Hubert,  J.-B.  Bourguignon,  Tschoffen. 
Vu  par  moi,  commissaire  du  Directoire  exécutif. 

A.  GOFFINET. 

A  valoir  sur  les  impositions  conformément  à  l'arrêté  du  9  frimaire  an  V 
(29  novembre  1796). 

* 
*      * 

On  peut  induire  de  cette  seconde  pièce  qu'outre  les  deux  compagnies  de 
150  hommes  auxquels  la  commune  devait  fournir  le  pain  et  la  viande,  un 
nombre  beaucoup  plus  considérable  de  soldats  y  étaient  cantonnés,  puis- 
qu'il fallait  vingt-quatre  chariots  à  quatre  chevaux  pour  aller  chercher  à 
Arlon  le  pain  et  la  viande  nécessaires  à  leur  consommation. 

10  mai.  —  Durant  cette  ère  d'agitation  générale,  on  avait  un  peu  perdu 
de  vue  ce  qui  touchait  aux  intérêts  particuliers  des  habitants,  et  l'on  était 
arrivé  à  la  date  du  21  floréal  (10  mai)  sans  avoir  encore  procédé  à  la  distri- 
bution ordinaire  de  l'affouage.  Cependant  tous  les  ménages,  accablés  par  les 
charges  des  logements  militaires,  devaient  en  avoir  le  plus  urgent  besoin. 
Peut-être  les  formalités  administratives  nouvelles  en  avaient-elles  retardé 
jusqu'alors  la  distribution  ;  toujours  est-il  qu'un  fonctionnaire  de  l'adminis- 
tration centrale  fut  envoyé  à  Tintigny,  aux  fins  d'effectuer  le  récolement  de 
la  coupe  de  1796. 

Le  procès-verbal  rédigé  par  cet  agent  nous  a  été  conservé  ;  je  le  reproduirai 
ici,  parce  qu'il  présente  un  réel  intérêt  au  point  de  vue  de  l'indivision  qui 


—  216  — 

oxislail  ak)rs  pour  les  bois  entre  les  diiîérentes  localités  qui  formaient  aupa- 
ravant la  seigneurie  de  Villemont  (1). 

L'auteur  de  ce  procès-verbal  avait  peut-être  de  réelles  aptitudes  pour  les 
fondions  qu'il  exerçait,  mais  il  était  pour  sûr  fort  étranger  aux  règles  les  plus 
élémentaires  de  la  grammaire  et  de  l'orthographe. 

Du  s'en  fera  une  idée  à  la  lecture  de  son  rapport  : 

Bois  et  Forêts. 

Département  des  Forêts.  —  Arrondissement  de  Virton. 

u  Verbal  du  recolement  de  la  couppe  annuel  et  ordinaire  de  la  commune  de 
Tintigny,  an  (Han)  et  Poncel,  adjoint  Belle  fontaine  et  la  Hage  ipour  l'an 
1796  V.  s. 

«  L'an  quatre  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  vingt  un 
floréal  (10  mai)  à  cinq  heures  de  relevé  je  soussignée  s  :  inspecteur  des  bois  et 
forêts  de  l'administration  centrale  de  Luxembourg,  séante  au  dit  Luxem- 
bourg, demeurant  ordinairement  à  Izel,  arrondissement  de  Virton,  porteui 
de  ma  commission  duement  enregistrée,  certifie  m'être  transporté  aujour- 
d'hui à  l'heure  susdite  au  bois  de  la  commune  de  Tintigny,  dont  la  commune 
de  la  Hache  et  la  commune  de  Belle  fontaine  tire  la  même  part  que  la  ditte 
commune  de  Tintigny,  au  canton  appelé  Bouviveaux,  accompagnie  du  citoyen 
Henry,  agent  municipal  de  la  commune  de  Tintigny  et  de  Jacques  Houimont, 
adjoint  et  de  Joseph  Hubert,  sentenier  de  la  dite  commune  et  Jean  Bap- 
tisse  Laguerre  forestiers,  et  de  Vincent  Maître  jean  agent  municipal  de  la 
commune  de  Belle  fontaine  et  de  Joseph  André,  adjoint  et  Joseph  Dansart, 
et  Jean-Batisse  Balon  forestiers,  partie  faisante  pour  la  commune  de  la  Hache, 
à  l'effet  de  procéder  au  recollement  de  vingt  quatre  arpens,  ou  environs 
de  bois  qui  est  la  couppe  a  recroissance  de  17  ans,  étant  arrivé  au  lieu  susdit 
j'ai  bien  vu  que  la  couppe  était  exploitée  en  bon  père  de  famille  garnie  plus 
que  suffisance  de  chênes  anciens  et  modernes,  charmes  et  hêtres  anciens  et 
modernes,  qui  est  l'essance  de  leurs  bois,  et  aiant  suit  exactement  les  règles 
et  arrêtée  des  loix  forestiers,  pour  la  ditte  exploitations  aiant  laisser  pour 
reserve  et  balliveaux  en  chênes  anciens  et  hêtres  anciens  quatre  cent  et 
quatre  vingt  et  quatre  pied,  en  modernes  et  de  Fage  de  la  même  qualitée  que 
si  dessus,  dix  sept  cent  et  quatre  vingt  pied,  la  couppe  annuelle  des  dittes 
communes  rapportera  à  chaque  feu  une  corde  et  demy,  dont  la  commune  de 
Tintigny,  Poncel  et  An  ne  faisant  qu'une  se  trouvent  composée  de  cent  qua- 
rante feux,  et  Belle  fontaine  et  la  Hache  de  même,  la  susditte  couppe  se 
trouve  située  sur  le  ban  de  la  commune  de  la  Hache,  tenant  au  levant  au 
grand  bois  de  la  même  commune,  au  midi,  au  taillis  de  1795,  au  couchant 
aux  terres  labourables  de  la  Hache  et  au  nord  à  la  couppe  de  1797,  le  tout 
aiant  été  fait  d'après  l'arrêtée  du  14  frimaire  article  sept. 


(1)  Cette  indivision  datait  vraisemblablement  de  l'époque  où  ces  localités  furent 
affranchies  à  la  loi  de  Beauiiiont  (1258),  par  le  seigneur  de  Villemont,  de  concert  avec 
le  comte  de  Ghiny,  qui  leur  octroya,  à  cette  occasion,  «  l'aisance  de  ses  bois  ». 


-  217  — 

Fait  à  la  commune  de  Tintigny  dans  la  maison  du  citoyen  Jacque  Houl- 
mont,  adjoint  municipal  le  jour  mois  et  an  que  dessus  et  signées  d'après  lec- 
ture faite. 

Etaient  signés  :  H.  P.  Henry,  agent. 

Par  copie  conforme  :  J.  Houlmont,  adjoint  ;  J.  J.  Ericot,  s  :  inspecteur 
des  bois  et  forêts  pour  l'arrondissement  de  Virton. 

V  :  m.  Jean  agent  ;  André,  adj.oint. 

Il  ressort  bien  du  contenu  de  cette  pièce  que  la  communauté  d'Ansart 
n'avait  alors  aucune  part  dans  les  bois  que  possédaient  par  indivis  Tintigny 
et  Bellefontaine.  Mais  lui  appartenait,  en  propriété  exclusive,  le  bois  de 
la  Prise,  dont  le  produit  des  coupes  ordinaires  paraissait  suffire  aux  besoins 
de  sa  population  qui,  d'après  le  recensement  du  18  décembre  1794,  comptait 
41  ménages  et  204  individus. 

C'est  ce  qui  semble  ressortir  du  procès-verbal  de  récolement  de  la  coupe 
de  1796,  dressé  par  le  même  fonctionnaire  le  25  germinal  (14  avril)  et  dans 
lequel,  après  le  préambule  habituel  il  ajoute  les  détails  intéressants  qui  sui- 
vent : 

« certifie  m'être  transporté  aujourd'hui  au  lieux  dit  la  Prise 

contenant  45  arpen  ,  mesure  ordinaire  du  pays,  accompagné  du  citoyen 
.J.  :  Nicolas  Pieret  sentenier  de  la  commune  d'Ansart  et  de  Joseph  Halbardier, 
forestier  du  dit  bois,  et  Nicolas  Evrard,  garde  du  bois  des  domaines,  à  l'effet 
de  faire  le  recollement  de  leur  couppe  ordinaire  de  1796,  étant  arrivé  sur  le 
lieu  susdit  j'ai  vu  que  la  ditte  coupe  ne  contenoit  que  de  la  haute  futail  en 
chênes  et  même  les  45  arpens  entière  exceptée  un  petit  canton,  qu'il  si  trouve 
quelque  mauvaise  raspe  dont  la  majeur  partie  sont  garnis  d'épines  ;  la  couppe 
susdite  pour  être  partagée  entre  les  habitants  de  la  susditte  contient  (pour 
consiste)  en  cinquante  deux  chênes  et  cinq  charmes  et  un  hêtre  qui  pourrait 
leur  faire  en  raport  à  chaque  particulier  de  cinq  quart  de  cordes,  qui  est  le  por- 
duit  annuelle  de  leur  bois  communeau,  aiant  fait  tomber  tous  les  dépérissant 
et  au  retour  de  l'âge,  lequel  dans  le  nombre  il  n'est  s'en  trouve  aucun  qui 
puissent  servir  pour  la  marine  ni  les  arseneaux,  le  dit  bois  est  située  etc., etc.» 

22  mai.  —  Tintigny  gémissait  sous  le  lourd  fardeau  d'une  occupation  mili- 
taire exorbitante. Mais  les  réquisitions  et  les  prestations  de  toute  nature  dont 
on  n'avait  cessé  de  l'accabler  pendant  la  période  d'avril-mai  ne  devaient  pas 
encore  marquer,  pour  ses  malheureux  habitants,  le  terme  de  leurs  épreuves. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  prairial  une  nouvelle  compagnie,  appar- 
tenant à  la  colonne  mobile,  vint  prendre  ses  quartiers  dans  le  village.  Aussi- 
tôt, réquisition  de  voitures  pour  le  service  des  troupes.  Mais  les  habitants, 
exaspérés  déjà  par  tant  de  charges  continuelles,  refusent  d'y  satisfaire,  allé- 
guant qu'aucune  réquisition  de  l'Administration  centrale  ne  leur  a  été  adressée. 

En  présence  de  cette  situation,  le  commandant  de  la  compagnie  porte 
aussitôt  plainte  auprès  des  autorités  de  Luxembourg,  et,  dans  le  style  mili- 
taire emphatique  de  l'époque,  écrit  ce  qui  suit  : 


—  218  -- 

C-olonuc    mobile. 

(".ompagnie  auxiliaire.  —  78^  demi-brigade. 

Tintigui,  le  3  prairial  (22  mai)  IV^  année. 

Le  chef  de  la  compagnie, 

Aux    ciloyens   composant   l'Administration    centrale   du    département 
des  Forêts,  à  Luxembourg. 

Citoyens, 

«  Je  me  suis  présenté  dans  dilïérents  villages,  pour  obtenir  des  voitures  à 
reflet  d'aller  chercher  des  elïets  d'habillement  dans  les  magasins  de  la  Répu- 
blique à  Thionville,  afin  de  couvrir  nos  soldats  qui  sont  entièrement  nuds. 
Les  difïérentes  communes  se  sont  refusées  à  m'en  fournir  faute  que  je 
n'avais  pas  à  leur  présenter  une  réquisition  de  vous. 

Ainsi  je  vous  invite  donc,  au  nom  de  l'humanité  française,  de  m'en  faire 
passer  une  sur  l'instant  qui  puisse  me  servir  dans  tous  les  cas  où  le  bien  du 
service  l'exigera. 

Salut  et  fraternité. 

Duché,  Capitaine. 

P.  S.  —  Nous  ne  pouvons  pas  aller  chercher  nos  vivres  faute  de  cette  réqui- 
sition et  jusqu'alors  on  ne  nous  avait  pas  fait  cette  difficulté.  » 

Transmise  immédiatement  au  commissaire  des  guerres,  cette  requête 
donna  lieu  de  sa  part  à  la  réponse  suivante  adressée  d'urgence  à  l'Adminis- 
tration départementale  : 

Place  de  Luxembourg. 

((  L'Administration  du  Département  des  Forêts  est  invitée  d'autoriser 
le  commandant  de  la  compagnie  auxiliaire  de  la  78"^  demi-brigade  à  se  faire 
fournir  de  la  commune  de  Tintigny  où  la  dite  compagnie  est  cantonnée,  ou 
de  l'administration  du  canton,  toutes  les  fois  que  le  besoin  du  service  l'exigera, 
les  voitures  nécessaires  pour  le  transport  des  vivres  et  efïets  d'habillement 
dont  la  dite  compagnie  pourra  avoir  besoin.  » 

"  Luxembourg,  le  4  prairial  IV<^  année  républicaine  (23  mai  1796). 

Le  commissaire  des  guerres, 
Desnoyers. 

A  son  tour,  l'Administration  centrale  du  département  dans  sa  séance  du 
même  jour,  prit  l'arrêté  motivé,  dont  suit  la  teneur,  curieuse  à  plus  d'un  titre  : 

Extrait  du  procès-verbal  de  la  séance  du  4  prairial  4^  année. 

'<  Vu  la  réquisition  du  Commissaire  des  guerres  Desnoyers  de  ce  jour,  de 
faire  mettre  à  la  disposition  du  commandant  de  la  compagnie  auxiliaire  de 


—  219  — 

la  78^  demi-brigade  cantonnée  dans  la  commune  de  Tintigny  les  voitures 
nécessaires  pour  le  transport  des  vivres  et  elïets  d'habillement  dont  elle  a 
besoin. 

L'Ado°,  le  O'*^  du  D^e  ex  :  entendu  arrête  : 

Art.   1er. 

La  commune  de  Tintigny  fournira,  à  la  réquisition  et  première  demande, 
au  commandant  de  la  compagnie  de  la  78^  demi-brigade,  les  voitures  néces- 
saires pour  aller  chercher  les  vivres  et  effets  dont  elle  a  besoin. 

Art.    2. 

(^es  voitures  ne  seronL  fournies  que  lorsque  l'urgence  du  service  l'exigera, 
et  au  cas  que  cette  commune  soit  surchargée  par  cette  fourniture,  rAd°°  M^^ 
d'Etalle  fera  fournir  par  d'autres  communes  les  plus  voisines  de  ce  cantonne- 
ment, les  voitures  dont  il  s'agit.  Le  dit  commandant  s'adressera  à  la  dite 
Administration  à  cette  lin. 

Art.  3. 

Ces  voitures  ne  seront  tenues  que  de  faire  une  station,  c'est-à-dire  5  ou  6 
heues  de  distance  de  leur  domicile.  Le  dit  commandant  est  autorisé  à  les  faire 
relever  et  remplacer  par  les  Ado°s  des  cantons  ou  communes  où  elles  se  trou- 
veront à  cette  distance. 

Art.  4. 

Expédition  du  présent  arrêté  sera  envoyée  à  l'Ado"  M^^^  d'Etalle,  au  dit 
commandant  et  à  la  dite  commune  pour  son  exécution.  » 

Pour  expédition  conforme  : 

CONCEMONT. 

10  juin  -  25  septembre. —  Outre  les  troupes  cantonnées  dans  la  commune, 
les  habitants  de  Tintigny  eurent  encore  à  subir,  depuis  le  commencement  de 
juin  jusqu'à  la  fm  de  septembre,  les  charges  et  les  réquisitions  nécessitées 
par  le  passage  de  l'armée  de  Sambre  et  Meuse.  Le  pays  était  inondé  de  soldats, 
et  des  convois  interminables  de  vivres,  d'armes  et  de  munitions  encombraient 
toutes  les  routes.  Arrachés  aux  travaux  des  champs,  dont  la  plupart  restaient 
en  friche,  les  malheureux  cultivateurs  se  voyaient  forcés  de  mettre,  sans  trêve 
ni  repos,  leurs  chevaux  et  leurs  chariots  au  service  des  armées. 

La  déclaration  suivante  délivrée  à  l'un  d'entre  eux,  dépeint  suffisamment 
cette  lamentable  situation  : 

Parc  de  Luxembourg. 

Equipages  M^es.  —  Services  aux'es. 

Armée  de  Sambre  et  Meuse. 

((  Je  soussigné,  chef  du  parc  des  dits  équipages,  certifie  et  atteste  que  le 
citoyen  Henri  Aubrion,  de  la  commune  de  Tintigny,  canton  d'Etalle,  a  fait 


—  220  — 

coiitinuellemeiil  le  service  avec  sa  voiture  et  ses  quatre  chevaux,  sans  aucune 
rétribution  (!),  depuis  le  22  prairial  lY^  année  (10  juin  1796),  jusqu'au  cin- 
quième jour  complémentaire  (22  septembre)  où  il  a  perdu  un  de  ses  chevaux 
par  mort  casuelle,  et  que  depuis  cette  époque,  il  a  continué  de  le  faire  avec 
ses  trois  autres  jusqu'au  4  vendémaire  cinquième  année  (25  septembre). 

En  foi  de  quoi,  je  lui  ai  délivré  le  présent  pour  lui  servir  et  valoir  au  besoin.  » 

Le  chef  du  parc, 

LÉTACHE. 

5  septembre.  —  Le  19  fructidor  an  IV  (5  septembre  1796),  fut  votée  la  loi 
établissant  la  conscription  dans  toute  l'étendue  du  territoire  français. 

A  partir  de  ce  jour,  cette  loi  pesa  lourdement  sur  le  pays  et  devint  bientôt 
odieuse  aux  populations. 

Elle  prévoyait  l'inscription  au  rôle  annuel  de  tous  les  jeunes  gens  âges  de 
vingt  ans,  parmi  lesquels  le  sort  désignait  ceux  qui  devaient  être  soldats. 

Les  conscrits  auxquels  le  sort  avait  été  favorable  ne  pouvaient  cependant 
pas  se  considérer  comme  étant  définitivement  libérés.  La  loi,  en  effet,  avait 
posé  ceci  en  principe  :  «  Tout  Français  est  soldat  et  se  doit  à  la  défense  de  la 
patrie.  » 

Les  jeunes  gens  âgés  de  20  à  25  ans  et  que  le  sort  avait  épargnés,  formaient 
cinq  classes  annuelles^  dont  tous  les  membres  étaient  inscrits  sur  des  listes 
où  ils  étaient  classés  par  rang  d'âge.  Le  gouvernement  pouvait  puiser  sur 
ces  listes  selon  ses  besoins,  en  appelant  d'abord  la  plus  jeune  classe  et  en  com- 
mençant, dans  cette  classe,  par  les  plus  jeunes  conscrits. 

13  décembre.  —  Pendant  que  la  République  se  mettait  ainsi  en  mesure  de 
fournir  aux  besoins  toujours  renaissants  de  ses  armées,  ses  agents  poursui- 
vaient dans  notre  pays,  l'accaparement  des  biens  ecclésiastiques. 

Le  Bénéfice  Sainte-Anne,  fondé  en  l'église  paroissiale,  n'avait  pas  échappé 
à  leur  attention. 

Un  commissaire  spécial,  envoyé  à  Tintigny  pour  en  faire  l'estimation,  trans- 
mit à  ses  chefs  le  désinvolte  procès-verbal  suivant  de  cette  opération  : 

Etalle,  le  23  frimaire  an  V  (13  décembre  1796). 

«  Le  citoyen  Mirondot,  commissaire  de  l'Administration,  au  citoyen  Failly, 
administrateur  du  département  des  Forêts. 

«  Je  vous  envoyé,  citoyen  et  ami,  six  procès-verbaux  d'estimation  de  biens 
nationaux  dépendants  tant  de  la  ci-devant  abbaye  d'Orval,  que  du  Bénéfice 
Sainte-Anne,  dont  le  chef-lieu  est  Tintigny. 

«  Ce  bénéfice  est  sans  charge  d'âmes.  Le  gouvernement  autrichien  en  était 
le  collateur,  c'est  ce  qui  m'a  déterminé  à  le  prendre  en  passant.  Je  vous  en  ai 
parlé.  Vous  m'avez  répondu  dans  le  principe  que  jusqu'à  présent  il  ne  s'agis- 


—  221  — 

sait  que  des  biens  du  clergé  régulier  et  vous  n'avez  pas  désapprouvé  ma  con- 
duite, qui  ne  fait  qu'anticiper  sur  les  événements  et  a  le  mérite  d'assurer  à 
la  République  des  objets  qui  auraient  pu  échapper. 

«  Respects  à  vos  aimables  citoyennes,  civilités  et  amitiés  de  la  part  des 
miennes. 

«  Je  suis  de  tout  mon  cœur,  votre  citoyen  et  ami, 

MiRONDOT. 

A  la  suite  de  ce  rapport,  l'Administration  décida  la  mise  en  vente  du  dit 
bénéfice  et  en  fixa  la  date  au  l^i"  ventôse  an  V  (19  février  1797). 

Les  parents  du  fondateur  ou  plutôt  leurs  héritiers,  car  le  bénéfice  était 
de  création  fort  ancienne,  songèrent  aussitôt  à  mettre  opposition  à  cette 
aliénation  abusive. 

A  cette  fin, les  ayants  droit  qui  étaient  pour  lors  les  nommés  J.-B.  Laguerre, 
Henri  François,  Philippe  Rossignon  et  Guillaume  Hubert,  tous  de  Tintigny, 
adressèrent  à  l'Administratioç  centrale  du  département  des  Forêts,  une 
requête  tendante  à  ce  qu'il  soit  sursis  à  la  vente  et  adjudication  des  biens  du 
bénéfice  Sainte-Anne,  érigé  en  leur  éghse  paroissiale  et  que  ces  biens  leur 
soient  attribués  à  titre  d'héritiers  et  plus  proches  parents  du  fondateur. 

Voici  cette  pièce  : 

Citoyens  Administrateurs, 

«  Les  pétitionnaires  vous  exposent  que  venant  d'être  informés  que  la  vente 
au  profit  de  la  nation  des  biens  composant  le  bénéfice  Sainte-Anne  érigé 
en  l'église  paroissiale  de  Tintigny,  seroit  fixée  au  premier  ventôse  prochain, 
ils  se  croient,  d'après  les  lois,  fondés  à  réclamer  ces  biens,  non  seulement  en 
leur  qualité  d'héritiers  et  plus  proches  parents  des  donateurs  d'iceux  et 
fondateurs  du  dit  bénéfice,  mais  aussi  parce  que  les  dispositions  des  dits 
donateurs  portent  qu'en  cas  de  suppression  de  ce  bénéfice,  les  biens  en  retour- 
neront à  sa  famille,  selon  que  les  exposants  le  justifieront  par  la  production 
des  titres  afférents,  et  ce  qui  d'ailleurs  est  si  vrai  que  jamais  le  bénéfice  n'a 
pu,  suivant  l'une  des  conditions  de  son  érection,  être  conféré  qu'à  ceux  qui 
se  prouvaient  être  les  plus  proches  parents  des  susdits  fondateurs  et  dona- 
teurs. 

'  Parmi  quoi,  ils  réitèrent  leur  demande  ci-dessus  formée,  aux  offres  de 
la  justifier  le  plus  tôt  possible,  faisant  élection  de  domicile  en  celui  de  leur 
défenseur  officieux  soussigné.  » 

«  Salut  et  fraternité. 

Signé  :  J.  F.  Guillaume,  avec  paraphe. 

Luxembourg,  le  24  pluviôse  an  cinq  (12  février  1797). 

Observations  en  marge  : 

a)  Les  pétitionnaires  produiront  leurs  titres  pour  qu'ils  soient  examinés 


—  222  — 

par  i'Admiiiislralion  et  qu'il  soil  ensuite  statué  par  elle  sur  ce  qu'il  appar- 
tiendra. 

Luxembourg,  le  14  ventôse  an  V  (4  mars  1797). 

Faillv  ;  DuPORTAiL,  S'"*^  en  chef. 

b)  Soit  le  mémoire  ci-contre  envoyé  à  ïad°^  municipale  du  canton  d'EtalIe 
pour  donner  son  avis  sur  la  réclamation  qui  en  fait  l'objet,  et  le  faire  remettre 
à  l'ado"  centrale  dans  le  délai  d'une  décade. 

DUPORTAIL. 

11  eût  été  intéressant  de  connaître  la  suite  donnée  à  cette  affaire  ;  mais 
l'absence  de  tout  document  s'y  rapportant  ne  m'a  pas  permis  de  savoir 
quelle  en  fut  l'issue. 

Quoiqu'il  en  soit,  le  bénéfice  de  Sainte-Anne  ne  survécut  pas  à  la  tour- 
mente révolutionnaire  ;  les  biens  seuls  affectés  autrefois  à  l'établissement  de 
cette  œuvre  en  ont  perpétué  le  souvenir,  et  l'on  désigne  encore  aujourd'hui 
sous  le  nom  de  Bénéfice,  les  jardins  et  prairies  situés  entre  la  rue  Perdue,  la 
Semois,  et  le  ruisseau  de  Villemont  lesquels  biens  en  constituaient  le  fonds 
principal  (1). 

20  décembre.  —  Aucun  bien  d'église  ne  devait  échapper  à  la  rapacité  des 
agents  de  la  République. 

Au  mois  de  novembre  1267,  Wauthier  de  Wees,  seigneur  de  Villemont, 
donnait  «  pour  Dieu  et  en  aumosne,  à  tous  jours  mais  à  tenir,  à  l'éghse  d'Orval, 
«  dois  muis  vertenois  de  bief  moniale,  à  panre  au  molin  de  Poncel,  dou  meil- 
«  lour  qui  i  serat.  » 

Cette  redevance  avait  été  régulièrement  et  loyalement  acquittée  durant 
le  cours  de  plusieurs  siècles,  et  les  religieux  d'Orval  la  percevaient  encore 
au  moment  où  éclata  la  terrible  révolution  qui  devait  marquer  la  fm  du  célè- 
bre monastère. 

Le  relevé  des  biens  de  l'abbaj^e  avait  révélé  aux  sbires  républicains  l'exis- 
tence de  cette  rente  ;  aussi  l'administration  centrale  s'empressa-t-elle,  dès 
qu'elle  lui  fût  signalée,  de  dépêcher  un  commissaire  spécial  pour  procéder 
à  son  estimation  et  en  préparer  la  mise  en  vente  consécutive. 

Le  procès-verbal  d'estimation  est  curieux  à  plus  d'un  titre,  mais  l'étendue 
de  cette  pièce  ne  me  permet  que  d'en  citer  les  passages  les  plus  intéressants, 
surtout  ceux  qui  sont  relatifs  à  l'estimation  de  la  valeur  des  grains  à  cette 
époque  et  aux  mesures  alors  en  usage. 

Voici  ces  divers  extraits  : 

No  79  du  4e  état  des  estimations  (1). 


(1)  Par  testament  en  date  du  26  juin  1769,  Guillaume  Huberti,  pour  lors  titulaire 
du  bénéfice  Ste-Anne  donne  «  pour  augmentation  de  revenu,  la  grange,  escurie  et 
jardin  y  attenants  et  à  lui  appartenant  en  propriété  ».  —  A?^ch.  pat^oiss. 


—  223  — 

«  L'an  cinq  de  la  république  française,  une  et  indivisible,  le  30  frimaire 
(20  décembre  1796),  en  exécution  de  la  commission  à  moi  délivrée  par  l'Admi- 
nistration centrale  du  département  des  Forêts  en  date  du  5  brumaire,  enre- 
gistrée le  premier  frimaire  présent  mois,  Je  Marie-Gabriel  Mirondot,  expert 
soussigné,  demeurant  au  Chatelet,  commune  de  Habay-la-Neuve,  me  suis 
transporté,  assisté  du  citoyen  Adrien  Goffînet,  commissaire  du  Directoire 
exécutif  près  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  par  moi  requis, 
au  moulin  de  Poncelle,  dont  la  propriété  appartient  au  citoyen  Trazegnies 
de  Villemont,  le  dit  moulin  tenu  à  loyer  par  le  citoyen  Guillaume  Claisse, 
lequel  est  tenu  de  payer  aux  religieux  d'Or\'^al,  un  rendage  annuel  de  deux 
muids  de  seigle,  ou  48  bichets  mesure  de  Virton.  Lesquels  deux  muids  de 
seigle  étaient  affectés  par  la  dite  abbaye  au  payement  des  gages  de  leur 
garde  chasse  de  la  ci-devant  prévôté  et  seigneurie  d'Etalle. 

Et  après  avoir  conféré  avec  le  dit  citoyen  Goffmet,  commissaire  du  pou- 
voir exécutif  et  le  receveur  des  Domaines  de  l'arrondissement  sur  l'avantage 
ou  le  désavantage  qui  pourrait  résulter  de  la  division  de  ce  rendage,  nous 
avons  déterminé  de  concert  avec  le  dit  citoyen  Goffmet,  qu'il  n'est  pas 
dans  le  cas  d'être  divisé  et  qu'il  doit  former  un  seul  lot  d'adjudication  ;  en 
conséquence,  nous  avons  procédé  à  l'estimation  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Le  prix  du  halage  des  grains  vendus  sur  le  marché  de  Virton  n'ayant  pas 
été  tenu  exactement  pendant  les  dix  dernières  années,  nous  avons  pris  pour 
base,  faute  de  mercuriale,  le  rapport  fait  tout  récemment  par  le  receveur 
des  subsides  à  la  résidence  de  Virton,  à  l'administration  centrale,  que  nous 
a  transmis  le  citoyen  Gillet,  commissaire  du  pouvoir  exécutif  près  l'adminis- 
tration municipale  du  canton  de  Virton,  d'après  lequel  le  quintal  (1)  de  fro- 
ment est  estimé  dix  livres  (2)  et  le  seigle  sept  livres  aussi  le  quintal.  Ainsi, 
d'après  cette  donnée,  les  quarante  huit  bichets  formant  ensemble  environ 
douze  quintaux,  donnent  un  revenu  annuel  en  deniers,  de  quatre-vingt- 
quatre  livres,  de  laquelle  déduisant  le  cinquième  formant  la  somme  de  seize 
livres  seize  sols  pour  contribution  dont  le  dit  rendage  est  présumé  devoir 
être  chargé,  n'étant  pas  porté  sur  le  rolle  des  contributions,  reste  net  celle 
de  soixante-sept  livres  quatre  sols.  D'après  lesquels  délais  et  le  prix  commun 
des  grains  dans  le  canton  de  Virton  et  celui  d'Etalle,  j'estime  les  dits  quarante- 
huit  bichets  de  seigle  à  percevoir  sur  le  moulin  de  Poncelle  chaque  année,  à 
raison  de  dix-huit  fois  le  revenu,  à  une  somme  principale  de  douze  cent 
neuf  livres  douze  sols,  pour  être  vendus  en  un  seul  lot  conformément  à  la 
loi  du  17  fructidor  dernier  et  à  l'arrêté  du  Directoire  exécutif  du  23  du  même 
mois.  » 

«  De  tout  quoi,  j'ai  dressé  le  présent  procès-verbal  que  le  dit  citoyen  Adrien 
Goffmet,  commissaire  du  Directoire  exécutif  près  l'administration  munici- 
pale du  canton  d'Etalle  a  signé  avec  moi. 

Fait  les  jour,  mois  et  an  que  dessus.» 

Mirondot  :  A.  Goffînet. 


(1)  1  quintal  =  100  kg. 

(2)  1  livre  =  1  franc  ;  1  franc  =  20  sols  ou  sous. 


—  224  — 
Vu  par  le  soussigné  Receveur  des  Domaines  à  Habay. 


Perin. 


Vu  à  l'administration  municipale  du  canton  d'EtalIe  le  5  nivôse  an  V 
(25  décembre  1796). 

J.  Magnette. 

1797 

EPHEMËRIDES  ADMINISTRATIVES. 

H. -P.  Henry,  jusqu'alors  agent  municipal  de  la  commune  de  Tintigny 
est  nommé  juge  de  paix  du  canton  d'Etalle.  Il  est  encore  agent  municipal 
le  12  avril,  c'est  à  cette  date  qu'il  apparaît  comme  tel  pour  la  dernière  fois- 

Il  a  pour  successeur  Joseph  Hubert,  29  ans,  ancien  aide-greffier  de  la 
justice  de  Villemont. 

Une  attestation  délivrée  par  la  commune  le  26  thermidor  (13  août)  est 
signée  :  H.-P.  Henry,  sans  autre  indication;  Joseph  Hubert,  agent  muni- 
cipal. 

Leurs  nominations  respectives  aux  fonctions  de  juge  de  paix  et  d'agent 
municipal  ont  eu  lieu  apparemment  vers  cette  date. 

Le  11  vendémiaire  an  VI  (2  octobre  1797),  premier  acte  de  l'état  civil 
signé  :  Jos.  Hubert,  agent  municipal. 

Jacques  Houlmont,  reste  adjoint  municipal. 

Tintigny  contribua,  pour  la  plus  large  part,  à  la  formation  du  premier 
tribunal  de  justice  de  paix  du  canton  d'Etalle  : 

Henri-Philippe  Henry,  ancien  greffier  de  la  haute  justice  de  Villemont, 
juge  de  paix,  32  ans,  demeurant  à  Tintigny. 

Henri-Joseph  Rion,  huissier  du  tribunal  de  paix,  25  ans,  domicilié  à 
Tintigny. 

Joseph  Renaud  63  ans,  assesseur  au  tribunal  de  paix  du  canton  d'Etalle, 
demeurant  à  Ansart. 

Gille  George,  assesseur  au  tribunal  de  paix  du  canton  d'Etalle,  62  ans, 
demeurant  à  Tintigny. 

Jean  Iker.  greffier  du  juge  de  paix,  âgé  de  26  ans,  demeurant  à  Tintigny, 
secrétaire  communal. 

EPHEMERIDE  MILITAIRE. 

17  octobre.  —  Traité  de  Campo-Formio.  La  Belgique,  la  Savoie  et  Nice 
sont  cédées  à  la  France. 


—  225  — 

FAIT  LOCAL. 

23  brumaire  an  VI  (13  novembre  1797).  Décès  à  Breu vanne  de  Louise- 
Martine  de  Saintignon,  épouse  de  Jean-Baptiste  de  Prouvy,  seigneur  du 

Ménil. 

* 

4  février.  —  Le  pouvoir  central  venait  de  décréter  que  la  comptabilité  des 
fabriques  d'églises  serait  dorénavant  soumise  au  contrôle  des  autorités 
civiles.  C'était  un  acheminement  vers  leur  suppression  et  la  vente  de  leurs 
biens,  que  le  gouvernement  républicain  ne  devait  pas  tarder  à  réaliser. 

Le  16  pluviôse  an  V  (4  février  1797),  les  membres  du  conseil  de  fabrique 
sont  réunis  au  presbytère  sous  la  présidence  du  curé  Duchemin,  pour  ouïr 
la  reddition  du  compte  de  l'exercice  précédent.  Ce  compte  est  présenté  par 
Vincent  Maîtrejean,  de  Bellefontaine,  receveur,  ass'sté  de  Jean-Nicolas  Maî- 
trejean  et  de  Henri  Goffin,  membres,  tous  les  deux  aussi  de  Bellefontaine  (1), 
qui  se  sont  trouvés  à  cette  liquidation,  sur  convocation  ordinaire. 

«  Pendant  l'exposition  du  dit  compte,  même  moment  seize  pluviôse  cin- 
quième année,  est  intervenu  le  citoyen  Goffinet,  commissaire  du  Directoire 
exécutif  près  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  accompagné 
du  citoyen  Henry,  agent  municipal  de  Tintigny,  lesquels  après  avoir  pris 
vision  tant  de  la  recette  que  de  la  dépense  du  compte  ci-dessus,  l'ont  arrêté 
comme  il  est  dit  en  la  clôture  d'icellui. 

«  Fait  et  arrêté  au  dit  Tintigny  le  seize  pluviôse  cinquième  année.  » 

Suivent  les  signatures. 

21  mars-1  juin.  —  Il  était  d'usage  autrefois,  de  délivrer  gratuitement 
aux  bourgeois,  les  bois  nécessaires  à  la  confection  de  leurs  instruments  ara- 
toires et  à  la  construction  ou  à  la  réfection  de  leurs  maisons.  Aucun  ne  se 
faisait  faute  d'user  et  même  souvent  d'abuser  de  cette  remarquable  faveur. 

Le  citoyen  Adrien  Goffmet,  commissaire  du  Directoire  exécutif  et  ci-devant 
juge  et  officier  de  la  seigneurie  de  Villemont,  s'était  fixé  à  Tintigny  tout  au 
début  de  l'exercice  de  sa  nouvelle  charge.  Né  aux  Bulles,  le  10  janvier  1763, 
il  avait  épousé  le  l^r  août  1786,  Bernardine- Joséphine  Tinant,  née  à  Rom- 
poncelle,  en  1763. 

Il  avait  songé  dès  lors  à  s'établir  définitivement  à  Tintigny  et,  à  cet  effet, 
il  avait  successivement  acquis,  de  1790  à  1793,  des  héritiers  de  Jean  Médy, 
en  son  vivant  chirurgien-juré  de  la  seigneurie  de  Villemont,  les  portions  com- 
pétentes à  chacun  d'eux,  dans  la  maison  occupée  auparavant  par  le  praticien 
décédé,  et  connue  sous  le  nom  de  maison  Médy.  Elle  était  située  dans  la  partie 
du  village  désignée  alors  sous  le  nom  de  Petite  Tintigny,  sur  le  chemin  de 
Saint-Vincent.  Elle  existe  encore  de  nos  jours.  C'était  une  belle  et  spacieuse 
habitation,  mais  de  construction  déjà  ancienne. 


(i;  Paroisse  de  Tintigny,  à  cette  époque. 


—  226  — 

Gollinet  résolut  de  la  reconstruire  et  de  l'embellir.  Il  s'était  bien  promis 
d'user  à  cette  fin  de  la  faculté  consacrée  par  la  coutume,  et  de  se  procurer 
gratuilenient  et  à  sulfisance  tous  les  bois  nécessaires  aux  travaux  qu'il  avait 
projetés. 

11  élait  assuré  d'avance  que  la  demande  qu'il  allait  faire,  si  démesurée 
qu'elle  pût  paraître,  serait  pariouj:  favorablement  accueillie.  Il  ne  pouvait 
en  être  autrement,  toutes  les  autorités  à  l'approbation  desquelles  cette 
demande  devait  être  soumise,  ou  avaient  à  compter  avec  lui  en  raison  des 
fonctions  qu'il  exerçait,  ou  étaient  de  ses  amis.  xMirondot,  inspecteur  des  bois 
et  forêts,  entretenait  avec  lui  des  relations  suivies  ;  H.-P.  Henry,  agent  muni- 
cipal de  la  commune  de  Tintigny  et  Joseph  JMagnette,  le  membre  le  plus 
influent  de  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  étaient  ses 
anciens  collègues  de  la  haute  justice  de  Villemont. 

Le  premier  soin  d'Adrien  GofTinet  fut  de  faire  établir,  par  un  agent 
officiel,  un  devis  détaillé  de  la  quantité  d'arbres  qui  lui  serait  nécessaire  pour 
conduire  à  bonne  fin  l'importante  restauration  dont  il  avait  élaboré  les  plans. 
Cet  agent  rendit  compte  de  la  manière  suivante  de  l'estimation  à  laquelle 
il  avait  procédé. 

«  L'an  cinq  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  premier  ger- 
minal (21  janvier  1797),  je  soussigné,  Lambert  Gribaumont,  charpentier 
juré  de  la  commune  de  Belleiontaine,  me  suis  transporté,  à  l'invitation  du 
citoyen  Adrien  Goffînet,  de  la  commune  de  Tintigny,  sur  un  bâtiment  situé 
en  ce  dernier  endroit,  à  lui  appartenant  et  qu'il  veut  faire  rétablir,  à  l'effet 
de  reconnaître  et  constater  la  quantité  et  la  qualité  des  arbres  chênes  qui  lui 
sont  nécessaires  pour  achever  et  reconstruire  son  bâtiment  susmentionné  ; 
j'ai,  d'après  une  visite  dûment  faite,  reconnu  qu'il  était  absolument  nécessaire 
au  dit  citoyen  Goffînet,  de  la  quantité  de  soixante  quatre  pieds  cVarhres  chênes 
de  la  qualité 'comme  s'en  suit,  savoir  : 

Pour  deux  places  à  main  droite  en  entrant,  quinze  sommiers  de 
dix-huit  pieds  de  longueur  chacun,  ci 15 

Pour  les  deux  vestibules,  douze  sommiers  de  dix-huit  pieds  l'un 
ci 12 

Pour  une  place  au-dessus  des  caves  sur  le  derrière,  douze  som- 
miers de  treize  pieds  l'un,  ci   12 

Pour  une  autre  place  au-dessus  des  mêmes  caves,  onze  sommiers 
de  dix-huit  pieds  l'un,  ci 11 

Pour  la  réparation  du  toit,  quatre  vernes  de  vingt-pieds  l'une,  ci  .  4 

Pour  deux  places  à  côté  de  la  cuisine,  dix  sommiers  de  quatorze 
pieds  l'un,  ci 10 


Total    ....  64 

Fait  et  reconnu  à  Tintigny,  les  jour,  mois  et  an  que  dessus.  » 

Lambert  Gribaumont. 


—  227  — 

«  Vu  et  vérifié  par  l'agent  municipal  de  Tintigny,  le  l^r  germinal  an  V.  « 

H.-P.  Henry. 

Nanti  de  cette  estimation,  à  laquelle  il  avait  évidemment  collaboré,  Golïi- 
net  adresse  à  l'administration  centrale  du  département  des  Forêts,  la  requête 
ci-après  : 

LIBERTÉ  ÉGALITÉ  FRATERNITÉ 

Tintigny,  le  6  germinal  an  V  (26  mars  1797). 

Citoyens  Administrateurs, 

«  Le  citoyen  Adrien  Gofïinet,  commissaire  du  Directoire  exécutif  près  l'admi- 
nistration municipale  du  canton  d'Etalle,  demeurant  à  Tintigny,  soussigné 
possède  une  maison  située  au  dit  lieu  qui  se  trouve  en  très  mauvais  état  et 
pour  le  rétablissement  de  laquelle  il  lui  est  absolument  nécessaire  de  soixante- 
quatre  arbres  chênes  pour  sommiers  et  vernes,  suivant  qu'il  est  justifié 
par  l'acte  ci-joint,  dressé  d'après  visite  du  charpentier  et  attesté  par  l'agent 
municipal. 

«  Comme  il  a  toujours  été  d'usage  que  les  habitants  obtenaient  dans  les 
bois  communaux  les  bois  de  bâtiment  nécessaires  lorsqu'il  s'en  trouvait  en 
suffisance  dans  les  coupes,  et  que  par  la  déclaration  ci-jointe  des  agents 
municipaux  et  forestiers,  il  est  constaté  qu'il  existe  dans  la  coupe  ordinaire 
de  Tintigny  pour  le  chauffage  de  1797  v. s.,  est  une  quantité  d'arbres  chênes 
dont  on  peut  disposer  et  qui  surpasse  le  nombre  nécessaire  au  soussigné,  il 
vous  invite,  en  conséquence,  citoyens  administrateurs,  à  lui  accorder  soi- 
xante-quatre arbres  chênes  dans  la  coupe  des  bois  de  Tintigny  de  1797  v.  s., 
pour  être  employés  à  son  bâtiment,  et  d'autoriser  qui  de  droit  pour  lui  en 
faire  la  délivrance. 

A   GOFFINET. 

Le  même  jour,  les  autorités  municipales  de  Tintigny  et  de  Bellefontaine, 
dont  les  bois  étaient  indivis,  émettent  un  avis  favorable  : 

«  L'an  cinq  de  la  République  française,  le  6  germinal,  nous  soussignés, 
Henri-Philippe  Henry,  agent  municipal  de  Tintigny  et  Vincent  Maîtrejean, 
agent  de  Bellefontaine,  Jacques  Dessaint  et  Jean  Pierson,  forestiers  des  bois 
communaux  de  Tintigny,  déclarons  que  la  coupe  ordinaire  de  chauffage  de 
ces  communes  pour  1797  v.  s.,  est  exploitée  dans  la  raspe  :  qu'outre  le 
nombre  de  balivaux  de  haute  futaye  et  surtout  en  espèce  de  chênes 
qui  doivent  rester  par  arpent  conformément  aux  lois  et  arrêtés,  on  peut 
faire  tomber  dans  la  dite  coupe  la  quantité  de  cent  et  dix  arbres  chênes  pour 
être  employés  à  la  réfection  et  construction  des  bâtiments  des  citoyens  de  la 
commune  qui  en  constateraient  le  besoin,  suivant  les  anciens  usages,  nous 
déclarons  au  surplus  que  dans  le  nombre  de  ces  chênes  aucun  ne  peut  ser- 
vir à  la  marine. 

«  Fait  les  jour,  mois  et  an  que  dessus.  » 

H.-P.  Henry,  agent  ;  V  :  m  :  Jean,  agent  ;  Jacques  Dessaint,  forestier  ; 
Jean  Pierson,  forestier. 

15 


—  228  — 

Le  8  germinal  (2(S  mars)  l"ai>eul  municipal  de  Tintigny  déclare  qu'il  est 
vrai  que  Lambert  Gnl)aumi)nL  de  Bellefontaiue  est  un  ancien  charpentier 
juré,  et  que  les  bourgeois  de  Tintigny  ayant  des  bois  communaux,  ont  eu 
(le  tout  temps  le  droit,  en  cas  de  reconstruction  ou  même  d'érection  de  bâti- 
ments neufs,  de  s'y  faire  marquer  et  désigner  les  arbres  chênes  dont  ils 
pourraient  avoir  besoin  pour  la  charpente  de  ces  bâtiments. 

Le  17  germinal  (6  avril)  la  demande  de  Gollinet  est  soumise  à  l'examen 
de  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  qui  se  borne  à  y  apposer 
son  visa,  revêtu  des  signatures  des  citoyens  Magnette  et  H.  Jeanty. 

L'inspecteur  des  bois  et  forêts,  requis  à  son  tour  d'émettre  son  avis  déclare  : 

«  D'après  le  visa  de  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  les 
certiticats  des  agents  forestiers  de  Tintigny,  le  soussigné  ne  voit  aucun  empê- 
chement à  faire  en  faveur  du  pétitionnaire  une  exception  à  l'arrêté  du  29  ven- 
démiaire an  V  (2  octobre  1796),  puisqu'il  résulte  des  certificats  que  la  coupe 
annuelle  dont  la  raspe  (1)  est  abattue  et  enlevée,  peut  produire  au-delà  de 
la  quantité  de  chênes  reprise  au  devis,  sans  dégrader  le  bois,  et  en  laissant  le 
nombre  de  bahvaux  des  trois  âges  prescrits  par  l'ordonnance,  w 

«  Le  19  germinal  an  V  (8  avril  1797)  ». 

MiRONDOT. 

Ahn  de  hâter  l'accomplissement  de  toutes  les  formalités  requises  en 
pareille  circonstance,  l'agent  municipal  de  Tintigny,  H.-P.  Henry,  se  hâte 
de  délivrer  au  citoyen  Goflinet,  le  23  germinal  (12  avril),  une  déclaration 
par  laquelle  il  atteste  que  le  pétitionnaire  a  réellement  besoin  de  soixante- 
([uaire  arbres  chênes  pour  achever  la  reconstruction  de  sa  maison  située  au 
dit  lieu  et  qu'tV  a  déjà  tous  les  autres  matériaux  prêts  à  V effet  de  cette  recon- 
struction. 

Sur  ces  entrefaites,  Philippe  Rossignon,  ex-sergent  d'office  de  l,a  ci-devant 
justice  de  Villemont,  qui  faisait  aussi  efïectuer  à  sa  demeure  d'importantes 
restaurations,  jugea  le  moment  favorable,  de  conx:ert  sans  doute  avec  GofTi- 
net,  de  demander  aussi,  aux  autorités  compétentes,  la  délivrance  gratuite 
des  bois  dont  il  avait  besoin.  Mais  il  fut  plus  modéré  et  ne  demanda  que  trente 
chênes. 

Le  21  floréal  (10  mai)  la  requête  d'Adrien  Goffinet  et  celle  de  Phihppe 
Rossignon  étant  venues  à  l'avis  du  sous-inspecteur  des  bois  et  forêts, 
comme  il  était  de  règle,  celui-ci  donne  cet  avis  dans  les  termes  ci-après  : 

'(  Le  citoyen  GofTmet,  domicilié  à  Tintigny,  et  le  citoyen  Rossignon,  de 
la  même  commune,  se  sont  pourvus  près  l'Administration  centrale  pour 
obtenir  des  bois  de  bâtiment  pris  dans  les  bois  communaux  pour  achever  les 
réparations  de  leurs  maisons.  La  demande  leur  est  octroyée  ;  ils  absorbe- 
ront la  majeure  partie  des  chênes  de  la  coupe  de  cette  année  (!)  ;    le  sous-in- 


(1)  Raspe,  futaie,  grosse  branche  ou  baliveau  d'un  arl)re  de  futaie. 


—  229  — 

specteur  estime  néanmoins  que  ceux  qu'on  peut  faire  tomber  sans  dégrader 
le  bois  et  en  laissant  la  quantité  de  baliveaux  prescrits  par  les  ordonnances, 
on  peut  satisfaire  aux  besoins  de  ces  deux  citoyens.  » 

«  A  Habay-la-Neuve,  le  21  floréal  an  V  (10  mai  1797)  ». 

T  :  Stevenotte,  s  :  inspecteur. 

Il  ne  manquait  plus  aux  pétitionnaires  que  l'agréation  de  l'Administra- 
tion centrale  ;  elle  ne  se  fit  pas  trop  attendre,  et  la  séance  dans  laquelle  la 
requête  des  deux  citoyens  fut  examinée  se  clôtura  par  l'intéressant  arrêté 
qu'on  va  lire  : 

«  Vu  la  pétition  des  citoyens  Goffinet  et  Rossignon  de  la  commune  de  Tin- 
tigny,  l'avis  de  l'inspecteur  des  bois  en  date  du  19  germinal  an  V  ;  l'état  de 
la  quantité  de  bois  nécessaire  aux  pétitionnaires  constaté  par  l'agent  muni- 
cipal de  Tintigny  ;  un  certificat  des  agents  municipaux  de  Tintigny  et  Belle- 
fontaine,  constatant  que  l'on  peut  disposer  de  110  chênes  dans  la  coupe  de 
1797  du  bois  communal  de  Tintigny  ;  l'Administration  considérant  que  de 
tout  temps  les  habitants  de  Tintigny  ont  joui  chi  droit  de  prendre  dans  leur 
bois  communal  celui  nécessaire  pour  leuiv.  constructions,  lorsque  la  nécessité 
en  était  constatée  ; 

Le  commissaire  du  Directoire  entendu,  arrête  : 

Art.    1er 

Le  sous-inspecteur  des  bois  du  canton  d'Etalle  est  autorisé  à  désigner, 
marquer  et  délivrer  aux  pétitionnaires,  dans  le  bois  communal  de  Tintigny, 
coupe  de  1797,  la  quantité  d'arbres  désignée  au  devis  du  charpentier  du  1er 
germinal  dernier. 

Art.   2. 

Les  pétitionnaires  se  conformeront  aux  lois  et  aux  usages  du  pays  dans 
l'exploitation  des  d.  arbres,  laquelle  au  surplus  sera  surveillée  par  le>  agent 
et  adjoint  municipaux  de  Tintigny  et  le  sous-inspecteur. 

Art.  3. 

Il  seront  tenus  de  justifier  l'usage  qu'ils  en  auront  fait  dans  un  an  de  ce 
jour  à  l'administration  municipale  du  canton. 

Art.  4. 

Expédition  du  présent  arrêté  sera  remise  aux  pétitionnaires  et  au  sous- 
inspecteur,  lequel  dressera  procès-verbal  de  la  délivran."e  du  dit  bois  et  le 
transmettra  au  secrétariat  de  l'Administration  centrale. 

Délivré  en  séance,  le  13^  prairial  an  V  (l^r  juin  1797)  ». 

N.  Reuter  ;  BocHKOLTZ  ;  Dewilde  ;  Legier  ;  Seyler,  secrétaire  en  chef. 

Il  ne  restait  plus  qu'à  délivrer  aux  intéressés  les  arbres  leur  accordés  si 
généreusement. 


—  230  — 

llonformémont  à  la  décision  ci-dessus  de  l'Administration  centrale,  le 
sous-inspecleur  des  bois  et  forets  se  transporta  sur  les  lieux  et  procéda  à  la 
désignation  des  chênes  qui  devaient  être  abattus  pour  satisfaire  aux  besoins 
des  pétitionnaires. 

11  rendit  compte  de  sa  mission  dans  le  procès-verbal  dont  suit  la  teneur  : 

((  L'an  cinq  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  19  prairial 
(7  juin  1797),  ensuite  de  deux  arrêtés  de  l'Administration  centrale  du  dépar- 
tement des  Forêts,  tous  deux  en  date  du  13  courant  (le'"  juin),  par  lesquels 
il  est  accordé  aux  citoyens  Adrien  GofTinet  et  Philippe  Rossignon,  tous  deux 
de  la  commune  de  Tintigny,  canton  d'Etalle,  des  bois  pour  reconstruire  leurs 
bâtiments, 

«  Je  soussigné,  Toussaint  Stevenotte,  sous-inspecteur  des  bois  et  forêts 
de  l'arrondissement  de  Habay-la-Neuve,  résidant  au  CJiatelet,  d'après  la 
commission  qui  m'a  été  dépêchée  par  les  susdits  arrêtés,  me  suis  transporté 
dans  les  bois  communaux  de  Tintigny,  coupe  ordinaire  de  1797,  v.  s.,  accom- 
pagné des  citoyens  Vincent  Maîtrejean  et  Jacques  Houlmont,  agent  et  adjoint 
municipaux,  Jacques  Dessaint  et  J.-B.  Laguerre,  forestiers  des  dits  bois, 
et  Lambert  Gribaumont,  charpentier,  et  en  présence  d'iceux  j'ai  désigné, 
marqué  et  délivré  dans  la  dite  coupe,  conformément  aux  susdits  arrêtés, 
savoir  au  dit  citoyen  GofTinet,  la  quantité  de  soixante-quatre  arbres  chênes, 
et  au  citoyen  Rossignon  celle  de  trente  arbres  chênes  ;  parmi  que  les  dits 
citoyens  se  conformeront  aux  lois  forestières  et  conditions  portées  aux  sus- 
dits arrêtés,  chacun  pour  ce  qui  le  concerne. 

((  Ainsi  fait  à  Tintigny,  les  jour,  mois  et  an  que  dessus  (1)  ». 

T.  Stevenotte,  sous-inspecteur  ;  J.  Houlmont,  adjoint  ;  H.  J.  Rossi- 
gnon ;  A.  GoFFiNET  ;  Lamb.   Gribaumont  ;   Jacques  Dessaint,  forestier. 

Je  me  suis  étendu  un  peu  longement  sur  ce  point,  afin  de  rappeler  un 
antique  usage,  aujourd'hui  aboli,  et  de  faire  connaître  les  diverses  formalités 
auxquelles  était  soumis  l'exercice  de  ce  précieux  privilège. 

Il  était,  certes,  très  louable  et  fort  utile,  en  vue  du  bien  même  de  la  com- 
munauté, d'encourager  par  un  don  de  cette  nature  les  bourgeois  qui  confec- 
tionnaient des  instruments  aratoires  ou  qui  construisaient  des  maisons  ; 
mais  on  conviendra  que  l'octroi  de  pareille  faveur  eût  dû  avoir  une  limite 
au-delà  de  laquelle  il  n'eût  été  permis  de  faire  exception  pour  personne.  Agir 
comme  le  firent  en  faveur  de  Rossignon  et  surtout  de  Goffinet  des  autorités 
trop  complaisantes,  c'était  frustrer  les  autres  bourgeois  d'une  notable  partie 
de  l'affouage  qui  aurait  dû  équitablement  leur  être  attribué.  On  n'hésita  pas 
cependant,  dans  le  cas  en  question,  de  distraire  du  patrimoine  commun 
l'énorme  quantité  de  quaire-uingl-qualorze  arbres  chênes  qui,  estimés  au  prix 
moyen  et  assez  minime  de  50  francs  l'un, constituaient  pour  cesdeux  citoyens 
un  fort  joli  cadeau,  (".es  arbres,  en  efïet,  ne  pouvaient  être  de  petite  taille, 


(1)  Il  est  à  noter  que  les  diverses  pièces  émanées  des  agents  locaux  ou  rédigées  sur 
les  lieux,  sont  toutes  écrites  de  la  main  de  Goffinet  et  apparemment  élaborées  par  lui. 


—  231  — 

si  Ton  songe  qu'ils  devaient  servir  à  confectionner  des  vernes  et  des  sommiers 
énormes,  comme  ceux  que  l'on  peut  voir  encore  dans  plus  d'une  ancienne 
maison  de  la  commune. 

lei'  septembre.  —  Le  système  des  réquisitions  à  outrance  continuait  à 
sévir  et  à  accabler  les  malheureux  campagnards.  On  accumulait  àLuxembourg 
des  approvisionnements  immenses,  si  l'on  en  juge  par  la  quantité  considé- 
rable de  fourrage  et  de  paille  que  dut  livrer  à  ce  moment  la  seule  commune  de 
Tintigny.  Il  est  vrai  que  ces  livraisons  se  faisaient  contre  des  bons  de  paie- 
ment, mais  ceux-ci  n'étaient  jamais  recouvrables  en  espèces  ;  ils  demeuraient 
exclusivement  imputables  sur  les  impositions,  et  l'on  avait  toujours  bien  soin 
de  proportionner  celles-ci  à  l'importance  des  livraisons  faites  par  les  four- 
nisseurs. 

Voici  un  exemple  de  la  forme  dans  laquelle  étaient  traités  ces  marchés  : 

Département  des  Forêts.  —  Place  de  Luxembourg. 

Canton  d'Etalle.  —  Commune  de  Tintigny. 

Reçu  la  quantité  de  trente-cinq  quintaux  de  paille,  livrés  au  magasin  de 
la  place  de  Luxembourg,  par  le  citoyen  Henry  de  la  commune  de  Tintigny. 
canton  d'Etalle,  éloignée  de  dix  lieues  du  magasin,  en  exécution  de  l'arrêté 
du  8  pluviôse  an  cinquième  (27  janvier  1797),  de  l'Administration  centrale 
du  département  des  Forêts. 

Délivré  en  la  place  de  Luxembourg  le  15  fructidor  cinquième  année  de  la 
République  (l^'"  septembre  1797). 

Le  garde  magasin.  Vu  par  le  commissaire  des  guerres, 

DupoY.  Dubois. 

Vu  bon  par  le  commissaire  de  l'Administration  centrale,  pour  la  somme  de 
cent  cinq  francs  dix-huit  sols,  y  compris  le  transport,  imputable  sur  les  impo- 
sitions, conformément  à  l'art.  VIII  du  susdit  arrêté,  et  annoté  au  registre 
sous  le  no  633. 

Dewilde. 

Suit  le  relevé  des  différentes  fournitures  faites  par  la  commune  de  Tintigny. 

Même  reçu  pour  vingt-sept  quintaux  de  paille  livrés  par  le  citoyen  Henry 
de  la  commune  de  Tintigny,  pour  la  somme  de  quatre-vingt-un  francs  qua- 
torze sols. 

Luxembourg,  le  15  fructidor  5^  année  (l^r  septembre  1797). 

—  Id.,  pour  quarante  quintaux  de  paille  livrés  par  le  citoyen  Garand  de 
Tintigny,  pour  la  somme  de  cent-vingt-six  francs  dix  sols. 

Luxembourg,  le  30  vendémiaire  6^  année  (21  octobre  1797). 


(1)  Soit  environ  3  francs  le  quintal,  transport  compris. 


-^  232  — 

—  1(1.  pour  (lix-sopl  quintaux  de  paille  livrés  par  le  citoyen  Ricaille  de 
Tintigny,  pour  la  somme  de  cinquante-un  francs  huit  sols. 

Luxembourg,  le  4  brumaire  6^  année  (25  octobre  1797). 

Id.  pour  vingt-cinq  quintaux  de  foin  livrés  par  le  citoyen  Henry  le 
jeune  de  Tintigny,  pour  la  somme  de  quatre-vingt-huit  francs  trois  sols. 

Luxembourg,  le  13  brumaire  6^  année  (3  novembre  1797). 

—  Id.  pour  vingt-un  quintaux  de  foin  livrés  par  le  citoyen  Henry  de  Tin- 
tigny, pour  la  somme  de  quatre-vingt-huit  francs  trois  sols. 

Luxembourg,  le  13  brumaire  6«  année. 

—  Id.  pour  vingt-un  quintaux  de  paille  livrés  par  le  citoyen  Henry  de 
Tintigny,  pour  la  somme  de  soixante-trois  francs  onze  sols. 

Luxembourg,  le  21  brumaire  6^  année  (11  novembre  1797). 

—  Id.  pour  quatre-vingts  quintaux  de  paille  livrés  par  le  citoyen  Henry  de 
Tintigny,  pour  la  somme  de  soixante-trois  francs  dix  sols. 

Luxembourg,  le  21  brumaire  6®  année. 

—  Id.  pour  vingt-deux  quintaux  vingt-cinq  livres  de  paille  livrés  par  le 
citoyen  Henry  de  Tintigny  pour  la  somme  de  soixante  sept  francs  six  sols. 

Luxembourg,  le  21  brumaire  6^  année. 

—  Id.  pour  huit  quintaux  d'avoine  livrés  par  le  citoyen  Delaitre  de  la 
commune  de  Breuvanne,  pour  la  somme  de  nonante-quatre  francs. 

Luxembourg,  le  9  frimaire  6^  année  (29  novembre  1797). 

Nota.  —  Le  présent  a  été  donné  en  acompte  des  subsides  par  le  citoyen 
Delaitre  du  Rossignolle. 

Tintigny,  le  27  frimaire  6^  année  (17  décembre  1797). 

26  septembre.  —  On  en  était  arrivé  au  moment  le  plus  critique  et  le  plus 
périlleux  de  toute  la  période  révolutionnaire.  Des  énergumènes,  dans  des 
harangues  exaltées,  s'employaient  partout  à  faire  proclamer  la  suppression 
des  cultes  et  à  obliger  les  prêtres  catholiques  à  abjurer  leurs  erreurs.  Leurs 
philippiques  haineuses  portèrent  bientôt  leurs  funestes  fruits  ;  les  églises 
furent  fermées,  la  célébration  du  culte  interdite,  et  les  prêtres  non  asser- 
mentés poursuivis,  traqués  sans  relâche. 

Les  populations  luxembourgeoises,  profondément  attachées  à  leurs 
croyances,  souffrirent  beaucoup  de  ces  excès. 

L'abbé  Clesse  (1),  alors  vicaire  de  Tintigny,  écrit  à  ce  sujet  dans  un  registre 
paroissial  : 


(1)  Né  à  Tintigny  le  4  juin  1763,  ordonné  prêtre  à  Trêves  le  19  septembre  1789. 
Déporté  à  l'ile  de  Ré,  il  en  revint  eu  1800,  desservit  la  cure  de  Tintigny  jusque  vers 
1810  ;  fut  ensuite  curé  à  Rossignol  et  y  mourut  le  10  juillet  1841. 


—  233  — 

«  Suivent  les  actes  de  baptême  conférés  dans  la  paroisse  de  Tintigny  pen- 
dant le  temps  qu'a  duré  la  persécution  de  France  contre  les  prêtres  qui 
s'étaient  refusés  à  prêter  le  serment  impie  exigé  par  le  Directoire  de  Paris, 
en  vertu  de  la  loi  du  19  fructidor  an  V^  (30  août  1797), par  moi  François- 
Louis  Clesse,  desservant  provisoirement  la  succursale  de  Tintigny,  1804. 

((  On  a  laissé  de  faire  les  fonctions  publiques  du  culte  catholique  dans  cette 
paroisse,  en  vertu  de  la  loi  précitée,  le  26  septembre  1797.  L'année  suivante, 
je  fus  déporté  à  l'île  de  Rhé,  d'après  une  loi  impie  du  Directoire  de  Paris, 
lancée  contre  les  prêtres  insoumis,  où  je  suis  resté  pendant  un  an  renfermé 
dans  la  citadelle  de  cette  île,  ainsi  qu'un  millier  de  prêtres  de  toutes  les 
parties  de  la  France  et  des  pays  réunis.  Etant  rendu  à  ma  patrie  (1799)  en 
vertu  de  l'arrêté  des  consuls  de  la  République,  j'ai  repris  mes  fonctions  com- 
me vicaire,  le  curé  Duchemin  n'étant  pas  encore  mort  (l),non  pas  publique- 
ment, parce  que  le  Concordat  n'avait  pas  encore  paru,  mais  bien  en  secret.  » 

26  octobre.  —  A  cette  date  est  mentionnée  la  fourniture,  par  le  curé  Duche- 
min, de  Tintigny,  de  58  quintaux  de  grains  prélevés  sur  les  dîmes  et  trans- 
portés à  Luxembourg  pour  les  magasins  militaires  de  la  place. 

Il  est  délivré  à  l'occasion  de  cette  fourniture,  un  bon  portant  la  somme  de 
cent  quarante  et  un  franc  quinze  sols,  pour  frais  de  transport,  «  distance  de 
dix  lieues,  à  raison  de  dix  sols  par  lieue  et  par  quintal.  »  Ce  bon  devait  être 
reçu  pour  comptant  en  numéraire  par  les  receveurs  et  collecteurs  en  paie- 
ment et  déduction  des  impositions  personnelles,  tant  ordinaires  qu'extra- 
ordinaires, pour  l'année  1797  (vieux  style),  conformément  à  l'arrêté  de 
l'administration  centrale  du  14  frimaire  précédent  (2  décembre  1796). 

2  décembre.  —  Les  besoins  de  la  guerre  réclamaient  un  accroissement  et 
un  renouvellement  continuel  de  matériel,  surtout  de  canons.  Mais  il  y  avait 
pénurie  de  métal  pour  la  fonte  de  ces  engins  de  mort. 

Afin  d'y  pourvoir,  l'Administration  centrale  du  département  des  Forêts 
décréta,  par  un  arrêté  en  date  du  12  frimaire  an  VI  (2  décembre  1797),  la 
saisie  de  toutes  les  cloches  des  églises  paroissiales  et  des  maisons  religieuses, 
à  l'exception  d'une  par  chef-lieu  de  canton. 

Une  protestation  générale  s'éleva  contre  cette  mesure  ;  on  fit  ressortir 
surtout  qu'il  ne  serait  plus  possible,  en  cas  d'alarme,  de  sonner  le  tocsin 
pour  réclamer  du  secours,  surtout  la  nuit. 

Ces  plaintes  étaient  fondées  et  l'Administration,  revenant  en  partie  sur 
son  arrêté,  voulut  bien  consentir  à  ce  que  chaque  commune  conservât  l'une 
de  ses  cloches,  pour  parer  à  toute  éventualité  en  cas  de  besoin. 

Il  est  de  tradition,  à  Tintigny,  que  les  habitants  sauvèrent  leurs  cloches 
en  les  transportant  dans  la  Semois,  en  un  endroit  situé  un  peu  au-dessus  chi 
village  et  appelé  le  Trou  des  Groseilliers. 


(1)  Le  curé  Duchemin  mourut  le  29  fructidor  an  IX  (16  septembre  1801),  à  l'âge  de 
57  ans. 


—  234  — 

Il  V  eut  sans  (luLiLe  un  peu  d'exagération  dans  cette  alTaire  des  cloches; 
ce  que  l'on  dit  que  firent  les  habitants  de  Tintigny  pour  sauver  les  leurs 
oùt-il  été  toléré  par  les  autorités  administratives  et  militaires,  et  surtout  par 
le  commissaire  du  Directoire  qui  habitait  la  commune?  Il  est  permis  d'en 
douter.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elles  échappèrent  toutes  les  deux  à  l'arrêt 
de  saisie  et  se  trouvent  encore  actuellement  dans  la  tour  de  l'église  (1);  les 
inscriptions  très  anciennes  qu'elles  portent  sur  leur  pourtour  et  qui  rappellent 
la  générosité  des  seigneurs  de  Villemont,  le  prouvent  suffisamment. 

J'ai  reproduit  ailleurs  ces  inscriptions  (2). 


1798 

Le  gouvernement  républicain  avait  décrété  la  saisie  et  l'attribution  au 
domaine  public  de  tous  les  biens  des  cures  et  des  fabriques  d'églises,  sous 
prétexte  de  restitution  de  ces  biens  au  domaine  national. 

La  procédure  administrative  suivie  en  cette  circonstance  offrant  un  inté- 
rêt tout  spécial  pour  notre  localité,  je  reproduirai  ici  intégralement  les  dif- 
férentes pièces  qui  en  font  l'objet  et  qui  retraceront  mieux  que  tout  récit 
le  tableau  des  faits  qui  se  déroulèrent  à  cette  occasion  dans  notre  commune. 

Commencées  en  mars  1798,  les  opérations  de  saisie  et  de  vente  se  pour- 
suivirent jusqu'à  la  fin  de  l'année  1800. 

En  voici  l'exposé  : 

Procès-verbal   d'estimation. 

Cure  et  Fabrique  de  Tintigny. 

«  L'an  six  de  la  République  française,  les  6,  7,  8  et  9  germinal  (26,  27,  28 
et  29  mars),  je  soussigné  Paul-Augustin  Grandjean,  demeurant  à  Etalle, 
expert  nommé  par  délibération  de  l'Administration  centrale  du  département 
des  Forêts  en  date  du  13  frimaire  dernier  (3  décembre  1797),  à  l'effet  de  pro- 
céder à  l'évaluation  en  revenu  et  en  capital  sur  le  pied  de  1790,  du  domaine 
national  ci-après  désigné,  me  suis  en  conséquence  de  la  commission  à  moi 
donnée  par  la  dite  administration  en  date  du  14  du  dit  mois  de  frimaire,  trans- 
j)orté  assisté  du  citoyen  Adrien  Goffinet,  commissaire  du  Directoire  exécutif 
prés  l'administration  municipale  du  canton  d'Etalle,  par  moi  requis,  sur  un 
bien  national  appelé  le  bien  de  la  cure  et  celui  de  la  fabrique  de  Tintigny, 
situé  sur  le  territoire  de  la  commune  du  dit  lieu,  dont  les  terres  ont  été  louées 
pour  trois  années  et  les  prairies  pour  une,  pardevant  la  municipalité  du  dit 
canton,  à  N.  Tschofîen,  agent  de  Fouches,  le  27  ventôse  dernier  (17  mars), 
pour  la  somme  de  cinq  cent  cinquante-neuf  livres  ;  et  après  avoir  pris  des 
renseignements  tant  auprès  du  receveur  du  domaine  national  de  l'arrondis- 


(1)  On  pourrait  également  faire  la  même  constatation  dans  beaucoup  de  nos  clochers. 

(2)  Notice  historique  sur  la  Seigneurie  de    ViUeynont,  dans  Ann.  de  l'Institut 
archéol.  du  Luxemh.,  tome  XLVI,  p.  47. 


—  235  — 

sèment  qu'auprès  des  anciens  locataires,  il  résulte  que  le  bien  de  la  cure  et 
celui  de  la  fabrique  consistent  dans  les  objets  qui  suivent  : 

«  En  maison  et  dépendances,  douze  journaux  de  terres  sartables,  dix  jour- 
naux de  terres  labourables,  onze  journaux  de  prairies,  situés  sur  la  com- 
mune de  Tintigny,  provenant  de  la  cure  et  fabrique  du  dit  Tintigny,  affer- 
més le  27  nivôse  dernier  à  Nicolas  Tschofïen,  savoir  les  terres  pour  troi  ans, 
les  prairies  et  la  maison  pour  une  année. 

I.  —  La  maison  curiale  située  au  dit  Tintigny,  avec  un  jardin  potager  à 
côté  de  la  maison  et  y  attenant  du  derrière,  entouré  de  murs'du  côté  de  la 
rue'  avec  un  verger  dans  lequel  il  y  a  une  douzaine  de  vieux  arbres  à  fruits, 
ainsi  que  quelques  quenouilles  et  espaliers  dans  le  potager  ;  cette  maison  est 
joignant  la  rue  du  côté  du  nord  et  consiste  en  une  cuisine,  trois  chambres 
et  un  petit  cabinet  au  rez-de-chaussée,  en  haut  trois  chambres  ;  à  côté  de  la 
cuisine  se  trouve  encore  une  place  qui  sert  de  bûcherie,  et  au-dessus  de  ce 
liâtiment  qui  est  couvert  en  ardoises,  règne  un  grenier  ;  joignant  la  maison 
il  y  a  une  écurie  fort  étroite  et  une  grange,  l'une  et  l'autre  couvertes  en  bar- 
deaux (1)  et  dépendant  de  la  dite  maison  qui  exige  beaucoup  de  réparations. 

II.  —  Terres  labourables  dépendant  de  la  cure  et  fabrique   de  Tintigny. 

Dix  journaux  environ  de  terre  labourable  situés  sur  les  communes  de 
Tintigny,  Ansart,  Bellefontaine  et  Breu vanne,  le  journal  de  160  verges, 
la  verge  de  16  pieds  de  Saint-Lambert,  estimés  à  60  livres  le  journal,  produi- 
sant de  revenu  annuel  trois  livres  le  journal,  lesquels  dix  journaux  j'estime 
valoir,  à  raison  de  vingt  fois  le  revenu,  à  une  somme  de  six  cents  livres. 

Suit  le  détail  de  ces  terres  savoir  : 

1.  Deux  journaux  dessous  la  Longue  Haie,  royer  (2)  le  grand  chemin  du 
nord  et  Jean-Nicolas  Conrotte,  du  midi. 

2.  Deux  journaux  au  même  endroit,  royer  Jean-Nicolas  Pascal  du  midi  et 
Jean- Joseph  Pireau  du  nord. 

3.  Un  journal  à  la  Fosse-Husnel  (3),  royer  Joseph  Pascal,  du  midi  et  les 
prairies  d'autres  côtés. 

4.  Deux  journaux  au-dessus  de  la  Longue-Haie,  royer  Joseph  Pascal, 
du  midi  et  Jean  Cordier  du  levant. 


(1)  Planches  minces  employées  au  lieu  d'ardoises. 

(2)  Royer,  limité  par. 

(3)  La  Fosse  Hussenet  ou  Huclwnet,  entre  Tintigny  et  Ansart,  joignant  les 
Bris-Fossés,  appelée  anciennement  étang  de  la  Mâjoleresse  (Majoresse,  en  1787),  et, 
actuellement,  la  Fosse  du  Ziglot.  Cet  étang  fut  ouvert  en  1541,  avec  l'autorisation  de 
Baudouin  de  Barbanson,  seigneur  de  Villemont  et  receveur  du  comté  de  Chiny  pour 
l'empereur  Gliarles-Quint  ;  il  tut  octroyé  à  un  nommé  Jehan  le  Haulchar  (famille  nol)le) 
d'Ansart,  qui  payait^  chaque  année,  de  ce  chef,  une  redevance  de  4  deniers. 

Les  Fosse  Gosneur  (à  Froidefontaine)  et  Fosse  Hussenet  appartenaient,  en  1754.  à 
la  fabrique  de  l'église  de  Tintigny . 
A  la  Fosse  Gosneur,  il  y  avait  un  bâtiment. 


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,').  L'U  (.lomi-jounial  sur  le  I)aii  (.l'Ausart,  royer  Joscpli  Martilly  du  levant 
cl  Jean-Nicolas  Renaukl  du  couchant. 

(j.  Trois  demi-journaux  sur  le  ban  de  Beliefontaine,  royer  la  veuve  Saussu 
du  Nord,  la  veuve  Allard  du  midi,  Vincent  Maîtrejean  et  Henri  Bayard 
d'autres  côtés. 

7.  Un  demi-journal  au  Gros  Terme,  royer  la  veuve  Déomc  du  midi  et  Guil- 
laume Renaud  du  nord. 

8.  Un  demi-journal  derrière  Han,  royer  Jacques  Salpétier  du  midi  et 
Guillaume  Cordier  du  nord. 

III.  Terres  sartables  dépendant  de  la  cure  et  fabrique  de  Tintigny. 

Douze  journaux  de  terres  sartables  scitués  sur  la  commune  de  La  Hage, 
que  l'on  ne  cultive  que  de  12  à  15  ans; les  locataires  n'ont  jamais  rendu  plus 
d'un  escalin  de  province  par  année  pour  chaque  journal,  ])ouvant  produire 
de  revenu  annuel  douze  sous,  lesquels  douze  journaux  j'estime  valoir,  à 
raison  de  vingt  fois  le  revenu  net,  une  somme  principale  de  cent  quarante- 
quatre  livres. 

Suit  le  détail  de  ces  terres,  savoir  : 

T.  Sept  journaux  sur  le  Lary,  royer  Joseph  (follet  du  midi  et  Jean  Henry, 
de  La  Hage,  du  nord. 

2.  Deux  journaux  près  du  bois,  royer  la  veuve  Nicolas  du  couchant  et  la 
veuve  Fosty  du  levant. 

3.  LTn  journal  près  le  bois  le  Chevalier,  royer  le  bois  du  couchant  et  les 
terres  du  levant. 

4.  Deux  journaux  derrière  La  Hage,  royer  Trazegnies  du  midi  el  Jean 
Henry  du  nord. 

IV.  Prairies  de  la  cure  et  fabrique  de  Tintigny. 

Onze  journaux  de  prairies  environ  scituées  sur  les  communes  de  Tintigny, 
Ansart,  Breuvanne,  Villers,  Rulles  et  Harinsart,  dont  une  partie  sujette 
aux  inondations,  pouvant  produire  de  revenu  net  annuel  huit  Hvres  le  jour- 
nal, lesquels  onze  journaux  j'estime  valoir,  à  raison  de  vingt  fois  le  revenu, 
une  somme  principale  de  dix-sept  cent  soixante  livres. 

Suit  le  détail  de  ces  prairies,  savoir  : 

1.  Un  journal  dit  le  pré  de  la  Coiie,  à  Tintigny,  royer  Lambert  Lenfant 
du  midi,  Joseph  Pascal  du  nord  et  le  grand  chemin  du  Levant. 

2.  Un  journal  sous  Breuvanne,  roj'^er  les  tournailles  des  prairies  du  midi 
et  Jean  ('.ordier  du  nord. 

3.  Un  journal  .sous  Breuvanne,  royer  Jacques  Henry  du  midi  et  du  nord. 


—  237  — 

4.  Un  huitième  de  journal  aux  Aoiots,  l)an  d'Ansart,  lieu  dit  Losson,  royer 
veuve  Iker  du  levant. 

5.  Deux  demi-journaux  aux  Neufs-Prés,   ban  d'Ansart,  royer  Gilbert- 
Antoine  George  du  levant  et  Lambert  Lenfant  du  couchant. 

6.  Un  demi-journal  aux  Vieux  Prés,  l'oyer  les  terres  laboural)les  du  levant 
et  Jean-Nicolas  Renaud  du  couchant. 

7.  Un  huitième  de  journal  à  Ferbâ,  ban  de  Breu vanne,  royer  la  veuve 
Lafontaine  du  midi  et  Jean-Baptiste  Prouvy  (de)  du  nord. 

8.  Un  huitième  de  journal  au  Gué  de  la  Sarie,  royer  François  Gofïin   du 
côté  du  levant. 

9.  Un  huitième  de  journal  à  la  Rochette,royeT  Pierre  Guillaume  du  levant. 

10.  Un  demi-jour  à  Randam pré,  han  de  Villers,se  contréchangeant  d'année 
en  année  avec  Gilbert-Antoine  George  et  l'émigré  Looz. 

11.  Un  quart  de  journal  au  Brufossé,  royer  Pierre- Joseph  Gardien  d'An- 
sart du  couchant  et  les  héritiers  de  la  veuve  Renaud  du  levant. 

12.  Un  huitième  de  journal  à  la  Corre,  royer  la  veuve  Mathieu  Iker,  du 
nord,  et  Jean-Nicolas  Renaud  d'autres  côtés. 

13.  Un  demi-journal  à  Hony  (haut  nid?),  royer  Henri  François  du  nord 
et  la  veuve  Déome  d'autres  côtés. 

14.  Un  quart  de  journal  au  Rond  Pré,  royer  Joseph  Resibois  du  levant  et 
le  ruisseau  d'autres  côtés. 

15.  Un  demi-journal  à  Campe,  royer  la  rivière  de  Semois  du  nord. 

16.  Un  demi-journal  à  la  Fosse  Cosneure,  royer  Jean  Clesse  du  levant   et 
Henri  Hubert  du  couchant. 

17.  Un  huitième  de  journal  à  Gillebéponl,  royer  la    veuve  Guillaume  du 
levant  et  les  aisances  communales  d'autres  côtés. 

18.  Un  quart  de  journal  à  Cottéhan,  royer  Jean  Hubert,  du  couchant,  et 
aboutissant  à  la  rivière. 

19.  Trois  quarts  de  journal  à  la  Ligne,  royer  J.-B.  Huart  du  levant  et 
François  Renson  d'autres  côtés. 

20.  Un  grand  quart  de  journal  à  Be^ain/osse,  royer  Jean  Cordier  du  levant 
et  les  terres  labourables  du  midi. 

21.  Un  demi-journal  au  By,  royer  la  rivière  du  midi  et  François  Jacques 
d'autres  côtés. 

22.  Un  quart  de  journal  aux  Aviots,  royer  Jean  Cordier  du  levant  et  la 
rivière  d'un  autre  côté. 

23.  Une  muUe  de  foin   dans  un  pré  aux  héritiers  Jean  Cordier  de  Breu- 
vanne. 


—  238  — 

24.  Un  huitième  de  journal  à  Robépré,  royer  les  terres  labourables  du  levant 
ol  les  comparsonniers  (1)  d'autres  côtés. 

25.  Vn  demi-journal  à  (Inndemant,  royer  Guillaume  Hubert  du  couchant 
et  rémigré  Looz  du  levant. 

26.  Deux  petites  prairies  consistant  en  deux  huitièmes  de  journal,  à  Gan- 
demant.  Tune  se  contréchangeant  avec  Jean-Nicolas  Maîtrejean,  et  l'autre, 
royer  les  terres  labourables  et  les  comparsonniers  d'autres  côtés. 

27.  Un  mille  de  foin  environ,  à  prendre  dans  le  ban  au-dessus  de  Villers- 
sur-Semois,  dépendant  de  Villemont. 

28.  Un  huitième  de  journal  le  long  de  la  Sivanne,  ban  d'Ansart,  royer  le 
ruisseau  du  nord. 

29.  Deux  petites  parties  de  prairies  dans  le  pré  de  Pascal  Marnedi^. 

30.  Une  mulle  de  foin  à  Nolépré,  royer  les  comparsonniers  de  tous  côtés. 

31.  Une  petite  prairie  à  Moiievaux,  royer  l'émigré  Looz  du  levant. 

32.  Un  petit  pré  au  Heine,  royer  les  terres  labourables  au  levant. 

33.  Un  huitième  de  journal  sous  le  moulin  de  Poncel,  royer  le  ruisseau  du 
levant. 

34.  Un  huitième  de  journal  aux  Ilettes,  royer  la  veuve  Mathieu  Iker  du 
levant  et  du  midi. 

35.  Un  huitième  de  journal  à  la  Hachelle,  ban  de  Villers,  royer  les  héri- 
tiers Gilles  Lefèvre  du  levant  et  Thomas  Louis  du  couchant. 

36.  Un  petit  pré  à  Bellefontaine,  royer  Vincent  Maîtrejean  du  levant  et 
les  communes  d'autres. 

Arrêté  à  Tintigny,  le  9  germinal  VI^  année  (29  mars). 

A.  GoFFiNET.  ;  A.  Grand.jean. 

Voici  comment  il  fut  procédé  à  la  vente  de  ces  divers  biens  : 

(Aire  et  fabrique  de  Tintigny. 

No  1435  des  ventes. 

«  L'an  VI  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  6  du  mois  de 
messidor   (24  juin  1798)  à  dix  heures  du  matin. 

((  En  exécution  des  lois  des  16  brumaire,  2  fructidor  an  V  (6  nov.  1796, 
19  août  1797),  9  vendémiaire,  16  et  24  frimaire  an  VI  (30  septembre  6  et  14 


(1)  Comparsonnier ,  cotnpersonnier  ou  comparçonnier  .-  associé  solidaire,  pour  la 
tenure  d'une  terre,  avec;  redevance  au  seigneur. 
Cohéritier,  copartageant. 


—  239  — 

décembre   1797),  qui  urdouneiit   la  vente  des  biens  nationaux  dans  toute 
l'étendue  de  la  République. 

«  Nous,  Administrateurs  du  département  des  Forêts,  nous  sommes  trans- 
portés, accompagnés  du  citoyen  Legier,  commissaire  du  Directoire  exécutif 
prés  notre  Administration,  où  étant,  le  dit  commissaire  du  Directoire  exé- 
cutif a  annoncé  qu'il  allait  être  procédé  à  la  réception  des  premières  enchères 
pour  la  vente  des  biens  ci-après  désignés,  faisant  le  n»  1435,  de  l'état  des 
biens  de  la  cure  et  fabrique  de  Tintigny,  et  indiqués  par  l'affiche  spéciale  du 
25  germinal  dernier  (13  juin  1798),  art.  ô,  dont  il  a  été  donné  lecture,  laquelle 
affiche  a  été  bien  dûment  publiée  et  apposée  dans  les  lieux  prescrits  par  la 
loi,  suivant  les  certificats  ci-annexés  des  officiers  municipaux  des  communes 
où  sont  situés  les  biens,  lesquels  biens  consistent  : 

(Suit  le  détail  donné  au  procès-verbal  d'estimation). 

«  Les  dits  biens  appartenant  à  la  République  française,  comme  provenant 
de  la  cure  et  fabrique  de  Tintigny,  et  formant  un  seul  lot  d'estimation,  lequel 
suivant  le  procès-verbal  de  Paul-Augustin  Grandjean  expert,  en  date  des 
6,  7,  8  et  9  germinal  dernier,  et  enregistré  le  19  floréal  suivant  (8  mai  1798), 
a  été  porté,  en  revenu  rigoureusement  estimé,  à  la  somme  de  cent  quatre- 
vingt  cinq  francs  vingt  centimes,  et  en  capital  à  celle  de  trois  mille  sept  cent 
quatre  francs  (!). 

«  Lesquels  biens  seront  adjugés  définitivement  dans  une  séance  qui  aura 
lieu  le  11  messidor  courant  (29  juin  1798),  au  plus  offrant  et  dernier  enché- 
risseur, sous  les  conditions  ci-après  :  (suit  l'exposé  de  ces  conditions  en  vingt- 
cinq  articles). 

«  Après  quoi,  nous  avons  provoqué  les  offres  des  citoyens  présents,  sur  la 
somme  de  deux  mille  sept  cent  soixante  et  dix-huit  francs,  égale  aux  trois 
quarts  de  l'estimation  du  dit  bien. 

«  Aucune  offre  n'ayant  été  faite,  nous  avons  ainsi  arrêté  le  présent  procès- 
verbal  de  première  criée,  lequel  a  été  signé et  nous  avons  indiqué  au 

onze  messidor  courant  (29  juin)  la  séance  d'adjudication  définitive. 

«  Fait  à  Luxembourg,  les  jour,  mois  et  an  que  dessus.  » 

HovELMAN   ;   Arnoul   ;   CoLLARD   ;   Failly. 

—  Ce  n'était  donc  ici  qu'une  simple  formahté,  une  sorte  d'avertissement 
à  l'instar  du  premier  coup  de  cloche  qui  annonce  aux  fidèles  l'heure  pro- 
chaine de  l'office  divin  ;  elle  avait  pour  but,  apparemment,  de  permettre  aux 
amateurs,  par  un  laps  de  temps  suffisant  de  former  leur  opinion  et  de  prendre 
leurs  dispositions  pour  parer  aux  obligations  d'une  acquisition  éventuelle. 

L'absence  de  toute  enchère,  dans  d'autres  circonstances  analogues,  mon- 
tre bien  qu'il  en  était  ainsi. 

Séance  cV adjudication  définitive. 
«  Le  onzième  jour  du  mois  de  messidor  l'an  six  de  la  RépubUque  fran- 
çaise, une  et  indivisible,  à  midi. 


-     240  — 

«  Nous,  Administrateurs  du  département  des  Forêts,  accompagnés  du 
citoyen  Failly,  commissaire  du  Directoire  exécutif  près  notre  Administra- 
tion, nous  étant  rendus  dans  la  salle ,  etc.  —  comme  précédemment 

—  nous  avons  ouvert  les  enchères  sur  la  somme  de  deux  mille  sept  cent  soi- 
xante-dix huit  francs,  qui  est  le  montant  des  trois  quarts  de  l'estimation. 

«  En  conséquence,  nous  avons  fait  allumer  un  premier  feu  pendant  la  durée 
duquel  il  a  été  offert  par  le  citoyen  Mirondot  la  somme  de  cinquante  mille 
francs  ;  par  le  citoyen  Ivlartet,  celle  de  soixante  mille  francs  ;  par  le  citoyen 
Mirondot  celle  de  cent  mille  francs  ;  par  le  citoyen  Goffinet,  celle  de  cent  cin- 
quante mille  francs  ;  par  le  citoyen  Mirondot,  celle  de  deux  cent  mille  francs. 

«  Pendant  le  second  feu,  il  a  été  offert  par  le  citoyen  Goffmet,  la  somme  de 
deux  cent  cinquante  mille  francs  ;  par  le  citoyen  Mirondot,  celle  de  deux 
cent  soixante  mille  francs 

u  Pendant  le  troisième  feu,  il  a  été  offert  par  le  citoyen  Goninet,  la  somme 
de  deux  cent  quatre-vingt  deux  mille  francs. 

((  Et  il  a  été  allumé  un  dernier  feu,  lequel  s'étant  éteint  sans  qu'il  ait  été 
fait  i^endant  sa  durée  aucune  enchère,  l'Administration  du  département, 
jugeant  les  enchères  portées  à  leur  taux  véritable  (!),  a  adjugé  au  citoyen 
Adrien  Goffinet,  demeurant  au  Tintigny,  comme  dernier  enchérisseur,  les 
biens  désignés  au  présent  procès-verbal,  pour  le  prix  et  somme  de  deux  cent 
quatre-vingt  deux  mille  francs,  aux  clauses,  charges  et  conditions  portées 
par  le  dit  procès-verbal  et  prescrites  par  les  lois,  que  le  dit  citoyen  a  déclaré 
bien  connaître,  et  a  signé  avec  nous. 

«  Fait  à  Luxembourg,  les  dits  jour,  mois  et  an  que  dessus.  » 

A.  GoFFiNÇT  ;  Darizu  ;  Arnoul  ;  Mirondot  ;  Failly. 

Enregistré  à  Luxembourg,  le  huit  thermidor  an  VI  (26  juillet  1798). 

Reçu  deux  cent  quatre-vingt  deux  francs. 

Fauvelle. 

Déclaration  de  command  (1). 

«  L'an  six  de  la  République  française,  le  12^  du  mois  de  messidor  (30  juin 
1798),  à  dix  heures  du  matin,  est  comparu  au  secrétariat  du  département  des 
Forêts,  séant  à  Luxembourg,  le  citoyen  Goffmet,  demeurant  à  Tintigny, 
canton  d'Etalle,  département  des  Forêts,  acquéreur  par  procès-verbal 
d'hier,  du  domaine  national  situé  à  Tintigny,  canton  dudit  Etalle,  ayant  ci- 
devant  appartenu  à  la  cure  et  fabrique  de  Tintigny,  et  consistant  en  maison, 
jardins,  enclos,  prairies,  terres  labourables  et  sartables. 

«  Lequel  a  déclaré  qu'en  vertu  de  la  réserve  par  lui  faite  lors  de  l'adjudica- 
tion du  dit  domaine,  il  nommait  pour  ses  commands,  les  citoyens  Henri- 
Philippe  Henry,  résidant  à  Tintigny,  et  Jacques  Iker,  à  Ausart,  chacun  pour 


(1)  Celui  au  commandement  duquel  on  se  porte  aciiuéreur  ou  adjudicataire. 


—  241  — 

un  huitième,  se  réservant  les  trois  quarts  pour,  après  acceptation  faite,  dans 
les  six  mois,  à  dater  de  ce  jour,  être  le  dit  citoyen  subrogé  aux  droits  du  décla- 
rant dans  l'acquisition  du  bien  sus  désigné,  de  laquelle  déclaration  il  a  de- 
mandé acte,  qui  lui  a  été  donné  les  jour,  mois  et  an  que  dessus,  et  a  signé  avec 
moi,  secrétaire  en  chef  du  département.  » 

MiRONDOT   ;   A.    GOFFINET. 

'(  Et  le  même  jour  12  messidor  de  l'an  six  de  la  République  française,  est 
comparu  au  secrétariat  de  l'Administration  centrale,  le  citoyen  Jacques 
Iker,  demeurant  à  Ansart,  lequel  a  accepté  la  déclaration  ci-dessus,  et  a  signé 
avec  le  secrétaire  en  chef  du  département.  » 

MiRONDOT  ;  J.  Iker. 

«  Enregistré  à  Luxembourg,  le  huit  thermidor  an  VI  (26  juillet  1798)  «. 

((  Reçu  deux  francs.  Fauvelle. 

Cette  seconde  mise  en  vente,  pas  plus  que  la  première,  ne  devait  être  défi- 
nitive, bien  qu'elle  fût  annoncée  comme  telle.  Tout  le  prouve  ;  le  taux  mani- 
festement outré  des  enchères  et  de  l'adjudication,  le  public  forcément  res- 
treint y  ayant  pris  part,  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  Aussi  le  procès- 
verbal  porte-t-il  en  marge  la  mention  suivante  : 

((  Revendu  le  26  frimaire  an  IX  (^17  décembre  1800)  ». 

Alin  de  ne  pas  scinder  ce  qui  a  trait  à  ce  sujet,  je  vais  déroger  pour  un  ins- 
tant à  l'ordre  chronologique  que  j'ai  suivi  jusqu'ici  et  exposer  la  suite  des 
opérations  nécessitées  pour  la  revente  des  l)iens  détaillés  aux  articles  précé- 
dents, laquelle  se  fit  en  vertu  des  lois  et  arrêtés  des  consuls  mentionnés 
ci-après. 

Loi  du  26  vendémiaire  an  VII  (17  octobre  1798) 

et 
Arrêtés  des  Consuls  des  15  nivôse,  22  ventôse  et  9  floréal  an  VIII  (5  janvier, 

12  mars  et  29  avril  1800). 

«  L'an  neuf  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  vingt-unième 
jour  du  mois  de  frimaire  (12  décembre  1800),  à  dix  heures  du  matin. 

«  En  exécution  de  la  loi  du  26  vendémiaire  an  VII  (17  octobre  1798)  et 
des  arrêtés  des  Consuls  ci-dessus  mentionnés  relatifs  à  la  vente  des  biens  natio- 
naux dans  toute  l'étendue  de  la  République. 

«  Nous,  Préfet  du  département  des  Forêts,  nous  sommes  transporté  dans 
la  salle  ordinaire  de  nos  séances,  où  étant,  nous  avons  annoncé  qu'il  allait 
être  procédé  à  la  réception  des  premières  enchères  pour  la  vente  des  biens 
ci-après  désignés  lesquels  biens  consistent 

«  Dans  une  maison  et  dépendances  ;  4  hectares  27  ares  74  mètres  48  déci- 
mètres (1)  —  douze  journaux  —  de  terres  sartables  ;  3  hectares  56  ares  45 


(1)  On  avait,  entretemps,  procédé  à  un  nouveau  mesurage  plus  rigoureux  de  tous 
les  terrains,  d'après  le  nouveau  système  des  mesures  décrété  par  la  loi  du  19  frimaire 
an  VIII  (10  décembre  1799). 


—  242  — 

mètres  40  décimètres  dix  journaux  —  de  terres  labourables  ;  3  hectares  92 
ares  9  mètres  91  décimètres  —  onze  journaux  de  prairies  —  situés  sur  la 
commune  de  Tintigny  et  circonvoisines,  provenant  de  la  cure  et  fabrique  du 
dïi  lieu  et  rentrés  dans  les  mains  de  la  Nation  en  vertu  des  lois  des  11  fri- 
maire et  18  pluviôsean  VIII  (2  décembre  1799  et  7  février  1800), et  formant 
un  seul  lot  (l'estimation,  lequel,  suivant  le  procès-verbal  de  Paul-Augustin 
Grandjean  expert,  en  date  des  6,  7,  8  et  9  germinal  an  VI  et  enregistré  le  19 
floréal  suivant,  a  été  porté  en  revenu  rigoureusement  estimé,  à  la  somme  de 
cent  quatre  vingt  cinq  francs  vingt  centimes,  faisant  en  capital  au  dernier 
huit,  celle  de  mille  quatre  cent  quatre-vingt-deux  francs,  lesquels  biens 
seront  adjugés  définitivement  dans  une  séance  qu;  aura  lieu  le  26  frimaire 
(17  décembre),  au  plus  ofTrant  et  dernier  enchérisseur,  sous  les  conditions 
ci- après  : 

Suivent  ces  conditions  en  38  articles. 

«  Et  le  vingt-sixième  du  mois  de  frimaire  de  l'an  IX  (17  décembre  1800), 
de  la  République  française,  une  et  indivisible,  à  onze  heures  du  matin, 

«  Nous,  Préfet  du  département  des  Forêts,  nous  étant  rendu  dans  la  salle 
des  séances,  nous  avons  annoncé  que,  d'après  la  publication  faite  par  l'affiche 
du  26  brumaire  dernier  (12  décembre  1800),  apposée  à  cet  effet  dans  les  lieux 
prescrits  par  la  loi,  ainsi  qu'il  est  justifié  par  les  certificats  ci-annexés  des 
maires  des  communes  où  sont  situés  les  biens  à  adjuger,  il  allait  être  procédé 
à  l'adjudication  définitive  des  dits  biens,  dont  la  contenance  est  plus  au  long 
détaillée  dans  le  procès-verbal  de  la  première  criée  qui  a  eu  lieu  le  21  du 
mois  courant. 

«  Et  de  suite,  ayant  donné  lecture  des  dites  affiches,  du  procès-verbal  de 
la  première  séance,  des  détails  y  portés  sur  la  consistance  de  l'objet  mis  en 
vente,  et  des  clauses,  charges  et  conditions  y  détaillées,  nous  avons  ouvert 
les  enchères  sur  la  somme  de  mille  quatre  cent  quatre-vingt-deux  francs  qui 
est  le  montant  de  l'estimation. 

«  En  conséquence,  nous  avons  fait  allumer  un  premier  feu,  pendant  la 
durée  duquel  il  a  été  offert,  par  le  citoyen  Hubert,  la  somme  de  mille  cinq 
cents  francs  ; 

Par  le  citoyen  Gellé,  celle  de  mille  six  cents  francs  ; 

Par  le  citoyen  Hubert,  celle  de  mille  huit  cents  francs  ; 

Par  le  citoyen  Taillé,  celle  de  deux  mille  francs  ; 

Par  le  citoyen  Gellé,  celle  de  deux  mille  six  cents  francs. 

«  Pendant  le  second  feu,  il  a  été  offert  parle  citoyen  Hubert,  la  somme  de 
trois  mille  francs  ; 

Par  le  citoyen  Gellé,  celle  de  trois  mille  deux  cents  francs. 

«  Et  il  a  été  allumé  un  dernier  feu.  lequel  s'étant  éteint  sans  qu'il  ait  été 
fait  pendant  sa  durée  aucune  enchère,  le  Préfet,  jugeant  les  enchères  portées 


—  243  — 

à  leur  taux  véritable,  a  adjugé  au  citoyen  Gellé  Jean-B.,  demeurant  à  Luxem- 
bourg, fondé  de  pouvoir  du  citoyen  Herman-Joseph  Collard  de  Neufchâteau, 
par  procuration  ci-après,  comme  dernier  enchérisseur,  les  biens  désignés  au 
présent  procès-verbal,  pour  le  prix  et  somme  de  trois  mille  deux  cents  francs 
aux  clauses,  charges  et  conditions  portées  par  le  dit  procès-verbal  et  pres- 
crites par  les  lois  que  le  dit  citoyen  a  déclaré  bien  connaître,  et  a  signé  avec 
nous. 

«  Fait  à  Luxembourg,  les  jour,  mois  et  an  que  dessus.  » 

Gellé  Pour  le  Préfet  : 

fondé   de   pouvoir   du  Le  secrétaire   général, 

citoyen  Collard,  de  Neufchâteau,  Tinant. 

«  Enregistré  à  Luxembourg,  le  six  nivôse  an  IX  (27  décembre  1800), 
fol.  126,  vo  case  4. 

«  Reçu  soixante-quatre  francs  et  six  francs  pour  la  subo°  de  guerre. 

Fauvelle. 

Procuration  du  citoyen  Collard,  sur  timbre  de  50  centimes. 

«  Je  soussigné,  Herman-Joseph  Collard,  sous-préfet  de  l'arrondissement 
de  Neufchâteau,  commet  et  constitue  le  citoj^en  Jean-Baptiste  Gellé,  em- 
ployé à  la  préfecture,  à  l'efïet  de  pour  moi  et  en  mon  nom  acquérir  les  biens 
de  la  ci-devant  cure  et  fabrique  de  Tintigny,  et  ceux  de  la  ci-devant  cure  de 
Saint-Pierre,  situés  en  cet  arrondissement. 

«  Neufchâteau,  le  vingt-un  frimaire  an  neuf  (12  décembre  1800).  » 

* 
*     * 

On  aura  remarqué  que  des  fonctionnaires  de  l'ordre  administratif  seuls 
prirent  part  aux  adjudications  successives  auxquelles  furent  soumis  les  biens 
dont  il  vient  d'être  question,  et,  d'autre  part,  que  ces  adjudications  eurent 
toujours  lieu  en  l'hôtel  de  la  préfecture,  à  Luxembourg. 

Ces  deux  circonstances  étaient  certainement  de  nature  à  nuire  considé- 
rablement au  résultat  de  la  vente,  aucun  particulier  ne  se  sentant  disposé 
à  entreprendre  le  voyage  de  Luxembourg,  alors  assez  difficile,  pour  aller 
disputer  à  des  agents  de  l'Administration  des  biens  dont  l'acquisition  était 
loin  d'offrir  à  ce  moment  toutes  les  garanties  désirables. 

Le  citoyen  Collard  resta  donc  adjudicataire,  pour  un  prix  dérisoire,  d'un 
ensemble  de  biens  d'une  valeur  au  moins  décuple  (1),  et  l'on  s'étonne  même 
que  le  citoyen  Hubert,  maire  de  Tintigny,  osât  se  mesurer,  dans  cette  circons- 
tance, avec  le  sous-préfet,  son  supérieur  immédiat. 


(1)  La  maison  presbytérale  seule  fut  revendue  à  la  commune,  quelque  années  plus 
tard,  pour  la  somme  de  4455  francs. 

16 


—  244  — 

Octobre.  —  L'automne  de  1798  vil  la  mise  à  exécution  des  lois  édictées 
contre  les  prêtres  inassermentés. 

Tous  ceux  qui  avaient  refusé  de  prêter  serment  à  la  constitution  civile  de 
1790,  furent  décrétés  d'arrestation  et  déportés  hors  du  territoire  continental 
de  la  République. 

Au  mois  d'octobre,  les  agents  républicains  commis  à  l'exécution  des 
décrets,  parcoururent  le  pays  accompagnés  de  gendarmes  et  procédèrent  à 
l'arrestation  de  tous  les  prêtres  réfractaires  ;  ceux-ci  furent  d'abord  dirigés 
vers  Luxembourg,  où  la  concentration  devait  en  être  faite,  puis  transportés 
aux  îles  de  Hé  et  d'Oléron  que  l'on  avait  choisies  comme  lieu  de  déportation 
générale. 

Plusieurs  prêtres,  originaires  de  Tintigny,  y  étaient  à  ce  moment  réfugiés 
ou  y  exerçaient  secrètement  leur  ministère  ;  tous  étaient  en  opposition  avec 
la  loi.  C'étaient  le  curé  de  la  paroisse,  Henri- Joseph  Duchemin,  et  son  vicaire 
François-Louis  Clesse  ;  François-Joseph  Lepeucq,  bénéficier  de  l'autel 
Sainte-Anne  ;  Charles  Goffm,  vicaire  d'Etalle  ;  l'abbé  Fournier,  vicaire  de 
Rossignol  (1)  ;  Henri-Joseph  Henry,  prêtre  résidant  à  Tintigny  ;  enfin,  l'abbé 
Georges,  vicaire  de  Lahage  qui,  pour  échapper  à  l'exil,  se  tenait  caché  depuis 
quelque  temps  ;  mais  les  sbires  républicains  ayant  pris  sa  mère  en  otage,  il 
se  livra  et  se  joignit  aux  autres  condamnés. 

Je  tiens  de  l'un  de  mes  aïeuls  le  fait  que  voici  et  dont  il  fut  le  témoin, 
étant  alors  âgé  de  douze  ans. 

Tous  ces  prêtres  venaient  d'être  chargés  sur  deux  charrettes  escortées 
de  soldats.  Les  parents,  les  amis,  les  paroissiens  entouraient  les  pauvres  véhi- 
cules et  faisaient  tout  en  pleurs  leurs  adieux  à  ceux  qui  partaient  pour  l'exil. 
Comme  le  triste  convoi  tardait  à  se  mettre  en  route,  retenu  de  force,  en  quel- 
que sorte,  par  la  foule  rassemblée  à  l'entour,  survient  un  officier  qui,  tout  en 
colère,  s'adressant  aux  hommes  de  l'escorte  :  «  Tirez  dessus  »,  leur  dit-il.  Ce 
fut  aussitôt  dans  toutes  les  directions,  une  fuite  éperdue  qui  dispensa  les 
soldats    de    mettre  à  exécution  l'ordre  cruel  qu'ils  venaient  de  recevoir. 

Et  les  deux  pauvres  charrettes  s'acheminèrent  vers  Etalle,  première 
étape  du  douloureux  voyage. 

A  Luxembourg,  on  fit  une  sorte  de  triage  parmi  les  déportés  ;  les  vieux 
et  les  infirmes  n'allèrent  pas  plus  loin  et  furent  enfermés  dans  les  prisons  de 
la  ville.  Au  nombre  de  ceux-ci  se  trouvèrent  l'abbé  Georges,  atteint  d'une 
déviation  prononcée  de  la  colonne  vertébrale,  et  le  curé  Duchemin,  valétu- 
dinaire depuis  plusieurs  années  et  qui,  à  l'intervention  du  citoyen  Adrien 
Golfinet  auprès  du  citoyen  Failly,  commissaire  du  Directoire  exécutif  près 
l'Administration  centrale  du  département  des  Forêts,  fut  élargi  dès  le  mois 
de  décembre.  Il  revint  à  Tintigny  où  il  vécut  retiré  jusqu'à  sa  mort  surve- 
nue le  29  fructidor  an  IX  (16  septembre  1801). 


(1)  Rossignol  dépendait  encore  alors  de  la  paroisse  de  Tintigny 


—  245  — 

L'abbé  Clesse  a  fait  lui-même  le  récit  de  sa  déportation  dans  une  note  que 
j"ai  reproduite  à  la  date  du  26  septembre.  Il  rentra  dans  sa  famille  vers  la 
fin  de  l'année  1799.  ::::_  (  ^',  "-  - 


1799 

EPHEMÈRIDE  MILITAIRE 

Journée  du  18  brumaire  an  VIII  (9  novembre)  qui  donne  le  pouvoir  à 
Bonaparte.  Il  est  nommé  consul  le  11  novembre. 

FAIT  LOCAL. 

Le  13  mars,  décès  de  François  de  Jacques,  écuyer,  âgé  de  78  ans,  époux 
de  Elisabeth  de  Pirombœuf,  en  sa  maison  à  Tintigny.  Déclaration  par  un 
neveu,  François  de  Jacques,  de  la  commune  tle  Granvoir,  45  ans. 


25  mars.  —  On  trouve  au  registre  des  décès  de  l'état  civil  de  Tintigny,  pour 
l'an  VII,  l'acte  suivant,  que  je  résume  : 

»  5  germinal  (25  mars),  déclaration  de  décès  du  citoyen  Adrien  Gotfmet 
commissaire  du  Directoire  exécutif  prés  l'Administration  municipale  du 
canton  d'Etalle,  âgé  de  36  ans,  par  les  citoyens  François-Joachim  Renaud, 
officier  de  santé,  âgé  de  32  ans,  et  Alexandre  Hubert,  manœuvre,  26  ans, 
tous  les  deux  voisins  et  amis  du  citoyen  Goffmet. 

En  raison  de  la  personnalité  du  défunt,  cette  mort  quasi  inopinée  causa 
un  certain  émoi  dans  la  commune  et  aux  environs. 

Les  hautes  fonctions  dont  Adrien  GofTinet  se  trouva  revêtu,  quoique  bien 
jeune  encore,  avaient  donné  à  son  nom  une  précoce  célébrité. 

Notaire,  haut  mayeur  et  chef  juge  de  la  seigneurie  de  Villemont,  il  devint, 
après  la  suppression  des  justices  féodales,  commissaire  du  Directoir  exécutif 
près  l'Administration  municipale  du  canton  d'Etalle.  Ces  nouvelles  fonctions 
lui  donnaient  pour  attributions  de  «  surveiller  et  de  requérir  l'exécution 
des  lois.  » 

Accusateur  pubhc  auprès  de  la  haute  justice  de  Villemont,  chargé  de  faire 
appHquer  les  lois  sous  le  gouvernement  républicain,  il  s'était  attiré  l'anti 
pathie,  voire  même  la  haine  de  tous  ceux  contre  lesquels  le  hasard  des  cir- 
constances l'avaient  appelé  à  requérir.  Il  s'était  fait  une  renommée  à  l'ins- 
tar de  certain  huissier  redoutable  qui  vivait  autrefois  dans  le  pays,  et  auquel 
la  vindicte  populaire  avait  généreusement  décerné  le  surnom  significatif 
de  Lucifer. 

Aussi,  à  la  nouvelle  de  la  mort  prématurée  de  Goffinet,  les  ressentiments 
jusqu'alors  prudemment  contenus  se  donnèrent  carrière,  et  diverses  légen- 
des s'échafïaudèrent  sur  les  causes  de  la  rapidité  de  son  décès. 


—  246  — 

l\n-poUios  par  la  Iradilioii,  ces  récits  souvent  imaginaires  sont  parvenus 
jusqu'à  nous  amplifiés,  déformés  et  rendus  impressionnants  à  plaisir.  J'ai 
essayé  ailleurs  (1)  de  remettre  les  choses  au  point  à  cet  égard,  en  m'appuyant 
sur  des  documents  authentiques  et  le  témoignage  d'un  contemporain  dont 
la  bonne  foi  ne  peut  être  mise  en  doute. 

Pendant  la  durée  de  sa  courte  carrière  au  service  de  la  République,  Adrien 
Golïinet  avait  eu  l'occasion  de  se  rendre  acquéreur,  à  des  conditions  très 
avantageuses,  de  divers  biens  dont  la  possession  suscita  à  sa  veuve  de  sérieux 
embarras  pendant  plusieurs  années. 

Il  était  enchérisseur,  on  l'a  vu,  à  la  première  vente  des  biens  de  la  cure  et 
de  la  fabrique  de  Tintigny.  Peut-être  voulait-il  uniquement,  de  concert 
avec  ses  commands,  Henry  et  Iker,  empêcher  que  ces  biens  ne  passent  en 
des  mains  étrangères.  Il  ne  se  désista  que  devant  les  prétentions  du  sous- 
préfet  Collard,  à  qui  ils  furent  définitivement  adjugés. 

GofTinet  ne  se  trouva  sans  doute  pas  en  état  de  solder  immédiatement 
le  montant  de  ses  acquisitions.  Aussi  jugea- t-il  prudent  de  se  garantir  con- 
tre l'éventualité  d'une  revente,  prévue  en  cas  de  non  libération  dans  un  délai 
déterminé.  Par  exploit  de  l'huissier  Meisner,  en  date  du  25  messidor  an  V 
(13  juillet  1798),  il  fit  signifier  au  citoyen  Boferding,  greffier  du  premier 
tribunal  civil  du  département  des  Forêts,  «  que  le  dit  citoyen  commissaire, 
en  exécution  de  la  loi  du  16  brumaire  an  V  (6  nov.  1796),  était  opposant  et 
s'opposait  à  toutes  ventes  qui  pourraient  être  faites  de  tous  meubles,  immeu- 
bles, rentes  foncières  et  constituées,  droits  fonciers  et  incorporels  appar- 
tenant au  citoyen  Adrien  Goflfmet,  demeurant  à  Tintigny,  canton  d'Etalle, 
département  des  Forêts, acquéreur  d'un  domaine  national  par  procès-verbal 
du  6  pluviôse  an  VI  (25  janvier  1798),  jusqu'à  ce  que  le  dit  citoyen  Adrien 
GofTinet  ait  entièrement  acquitté  le  montant  de  la  dite  acquisition.  » 

Telles  sont  les  garanties  que  la  loi  précitée  du  16  brumaire  an  V  accordait 
aux  acquéreurs  des  biens  ecclésiastiques,  afin  de  vaincre  les  hésitations  et  les 
incertitudes  qui  se  manifestaient  quant  à  la  stabiUté  des  acquisitions  réa- 
lisées ;  elle  avait  en  même  temps  pour  but  d'accroître  le  nombre  des  amateurs 
et  d'élever  par  le  fait  le  taux  des  enchères  et  le  montant  des  adjudications. 

A  la  mort  d'Adrien  GofTinet,  survenue  le  25  mars  1799,  sa  veuve  consultée 
par  l'Administration  sur  le  point  de  savoir  si  elle  avait  l'intention  de  conser- 
ver les  acquisitions  de  domaines  nationaux  faites  par  son  mari,  répondit 
par  la  déclaration  suivante,  datée  du  21  prairial  an  VII  (9  juin  1799)  : 

«  La  soussignée,  Joséphine  Tinant,  veuve  Goffinet,  domiciliée  à  Tintigny, 
canton  d'Etalle,  en  ce  département,  déclare  en  vertu  de  l'art.  2  de  la  loi 
du  16  floréal  dernier  (5  mai  1799),  qu'elle  est  dans  l'intention  de  conserver 
les  acquisitions  de  domaines  nationaux  faites  par  son  mari,  et  ;  /Aie  est 
prête  à  signer  les  obligations  exigées  par  l'art.  4,  de  quoi  elle  demande  acte.  » 


(1)  Sous  la  date  du  10  août  1795. 


—  247  — 

«  Tintigny,  le  21  prairial  an  VII  (9  juin  1799)  de  la  République  française 
une  et  indivisible.  » 

Jos.  TiNANT,  veuve  Goffinet. 

Cette  déclaration  fut  notifiée  le  26  du  même  mois  au  citoyen  Delattre, 
commissaire  du  Directoire  exécutif  près  l'Administration  centrale  du  Dépar- 
tement des  Forêts,  par  le  citoyen  Mathias  Muth,  ancien  sergent  du  ci-devant 
magistrat  de  Luxembourg,  et  alors  huissier  audiencier  près  le  tribunal  civil 
du  dit  département. 

En  conséquence,  la  veuve  Goffinet  souscrivit,  conformément  à  la  loi  et 
par  fondé  de  pouvoir,  deux  obligations  identiques  dont  suit  la  teneur  : 

République  française. 

Aliénation  des  domaines  nationaux. 

Loi  du  11  frimaire  an  VIII. 

«  Le  soussigné  Jacquier,  président  du  tribunal  criminel,  fondé  de  pouvoir 
de  Joséphine  Tinant,  veuve  Adrien  Goffinet,  de  Tintigny,  en  date  du  16 
nivôse  courant  (6  janvier  1800), enregistré 21  du  même  mois, acquéreur, etc.. 
s'oblige  à  payer  le  premier  germinal  an  VIII  fine  (22  mars  1800)  au  porteur 
et  au  domicile  du  receveur  général  des  contributions  du  département  des 
Forêts,  la  somme  de  cinquante-quatre  livres  vingt-deux  centimes  en  capital, 
entièrement  en  numéraire,  pour  acquit  de  la  première  obligation  sur  le  prix 
du  dit  domaine.  » 

Jacquier. 

Adrien  Goffinet  s'était  rendu  adjudicataire  du  bois  de  la  Sarte  (1)  proche 
de  Villers-sur-Semois,  mais  il  n'avait  pas  soldé  le  prix  de  son  acquisition. 
Sa  veuve  n'ayant  pas  satisfait  davantage  à  ses  obligations,  ce  bien  national 
était  rentré  dès  l'an  VII  sous  la  main  du  Gouvernement  qui,  prévoyant  une 
revente  prochaine,  assumait  chaque  année  la  charge  des  contributions  et 
des  frais  de  garde. 

Aussitôt  mis  en  possession  de  ce  beau  domaine,  Goffinet  avait  fait  couper 
le  bois  à  blanc  étoc  (2),  et  sa  veuve,  malgré  la  situation  fausse  dans  laquelle 
elle  se  trouvai!,  continuait  à  jouir  du  recrû  du  bois.  En  1808,  il  allait  être 
revendu,  lorsque  la  veuve  Goffinet  fit  payer  parlesmains  d'un  sieur  Daleyden, 
de  Paris,  le  capital  et  les  intérêts  du  prix  de  l'acquisition  du  6  pluviôse  an 
VI  (25  janvier  1798)  ;  cependant  le  bois  resta  sous  la  surveillance  des  agents 
forestiers,  «  attendu  que  le  citoyen  Goffinet,  sa  veuve  et  héritiers  n'avaient 
payé  jusqu'alors,  ni  contributions,  ni  frais  de  garde.  » 

Cette  situation  se  prolongea jus'qu'en  1811, mais  la  longanimité  de  l'Admi- 
nistration devait  avoir  des  bornes.  La  veuve  Goffinet  ne  s'étant  pas  encore 


(1)  Ce  bois  d'une  contenance  de  47  hectares  60  ares,  entrait  pour  autant  dans  celle 
des  bois  de  la  ci-devant  abbaye  d'Orval,  nommés  le  Ghenel,  le  Banel,  la  Sarte  et  le 
Ghênois,  évaluée  au  total  à  1237  journaux  95  verges  ou  415  hectares  environ. 

(2)  A  blanc  étoc,  au  rez-du-pied  et  sans  laisser  de  baliveaux. 


—  248  — 

l'ail  porter  au  rôle  des  contributions  pour  cette  année-là,  il  lui  fut  fait  som- 
mation, dès  le  24  janvier,  en  son  domicile,. alors  à  Bellefontaine,  par  minis- 
tère de  l'huissier  Mortehan,  de  Breuvanne,  d'avoir  à  payer  au  Receveur  des 
Domaines  tous  les  arriérés,  contributions  et  frais  de  garde,  dus  par  elle  à 
cette  date. 

Cette  sommation  ne  produisit  aucun  effet.  Le  Directeur  des  Domaines 
demanda  alors  qu'il  y  fut  ordonné  par  le  Préfet,  qu'à  la  diligence  des  agents 
forestiers,  il  serait  balivé  dans  le  bois  de  la  Sarte,  une  coupe  suffisante  pour 
couvrir  le  Domaine  de  ses  avances,  et  le  prix  en  être  payé  comptant  entre 
les  mains  du  receveur  des  Domaines  à  Etalle. 

Sur  ces  entrefaites,  le  sieur  Daleyden,  à  qui  la  veuve  Gofïinet  venait  de 
revendre  la  Sarte,  s'étant  libéré  en  principal  et  en  frais,  la  vente  de  la  coupe 
projetée  n'eut  pas  lieu. 

18  mai.  —  Vente  de  la  chapelle  Lorelle.  —  Il  existait,  dans  la  propriété  de 
N'illemont,  une  chapelle  dite  chapelle  Lorette,  située  sur  le  chemin  qui  relie 
le  château  à  la  route  de  Jamoigne  et  à  proximité  de  cette  dernière. 

Cette  chapelle,  quoique  érigée  par  les  seigneurs  de  Villemont,  dans  leur 
propriété  et  à  leur  usage  exclusif,  avait  été  déclarée  bien  national  et  saisie 
à  ce  titre  par  le  citoyen  Mirondot,  commissaire  chargé  par  l'Administration 
centrale  du  département  de  relever,  dans  le  canton  d'Etalle,  les  divers  biens 
ecclésiastiques  en  état  de  faire  retour  au  domaine  national,  en  vertu  des  lois 
des  11  frimaire  et  18  pluviôse  an  VIII  (2  déc.  1799  et  7  février  1800). 

Le  citoyen  Paul-Augustin  Grandjean,  chargé  de  faire  l'expertise  de  la 
chapelle  Lorette  en  même  temps  que  celle  de  la  chapelle  de  St- Antoine,  à 
Etalle,  décrit  et  estime  la  première  dans  les  termes  suivants  : 

«  Je  soussigné,  etc.,  certihe  que  le  jour  ci-dessus,  étant  assisté  du  citoyen 
Pierre  Jeanty,  commissaire  du  Directoire  exécutif  (1)  et  muni  de  l'arrêté  du 
14 germinal  dernier, je  me  suis  transporté  sur  une  petite  chapelle  entièrement 
détériorée  (2)  appelée  la  chapelle  Lorette,  couverte  en  ardoises  très  défec- 
tueuses, située  sur  un  chemin  qui  conduit  de  Tintigny  à  Jamoigne,  près  d'un 
bois  nommé  le  Chênois,  contenant  environ  neuf  toises  de  murailles  en  bio- 
cailles,  avec  une  mauvaise  porte  d'entrée  de  pierre  de  taille,  laquelle  j'estime 
en  total,  attendu  son  délabrement,  à  quinze  francs,  et  la  démolition  à  cinq 
francs,  ainsi  la  valeur  de  la  dite  chapelle  sera  net  de  dix  francs.  » 

L'expert  ajoute  en  note  : 

«  La  maison  curiale  de  Tintigny  a  été  vendue  au  profit  de  la  République, 
et  l'on  dit  qu'il  n'en  existe  pas  d'autre  dans  cette  commune. 


(1)  Successeur  de  Adrien  Gofflnet. 

(2)  La  propriété  de  Villemont  se  trouvait  hvrée,  pour  ainsi  dire,  à  l'abandon  depuis 
la  mort  du  dernier  proi)nétaire,  le  comte  Maximilien  de  Traze.^nies,  arrivée  le  30  mars 
1794  ;  rien  d'étonnant  donc  a  ce  que  la  chapelle  Lorette  se  trouvât  fort  délabrée  «  et 
entièrement  détériorée  »»,  surtout  après  les  premières  invasions  des  sans-culottes 
répubhcains  dans  nos  contrées. 


—  249  — 

«  D'après  les  renseignements  pris  chez  les  anciens  et  notables  de  la  commune 
de  Tintigny,  je  soussigné  Paul  Augustin  Grandjean,  demeurant  à  Etalle, 
expert  ci-devant  dénommé,  déclare  n'avoir  trouvé  aucun  fonds  ni  revenus 
d'aucune  nature  qui  soient  attachés  à  la  chapelle  dont  le  procés-verbal  d'es- 
timation est  écrit  d'autre  part  ;  en  foi  de  quoi,  j'ai  signé  au  dit  Tintigny  le 
12e  thermidor  an  VII  (30  juillet  1799)  ». 

Jeanty  ;  Grandjean. 

De  même  que  pour  la  vente  des  biens  de  la  cure  et  de  la  fabrique, uneséance 
de  première  criée  eut  lieu  le  11®  du  mois  de  vendémiaire  an  IX  (3  octobre 
1800)  ;  on  faisait  connaître  à  cette  occasion  que  «  suivant  le  procès-verbal 
de  l'expert  Grandjean,  les  biens  provenant  de  la  dite  chapelle  Lorette  avaient 
été  portés,  en  revenus  rigoureusement  estimés,  à  la  somme  de  dix  francs, 
faisant  en  capital  au  denier  quarante,  celle  de  quatre-vingts  francs,  el 
qu'aucune  offre  n'ayant  été  faite,  la  vente  définitive  était  fixée  au  16  ven- 
démiaire suivant.  » 

Ce  jour-là,  les  enchères  furent  ouvertes  sur  la  somme  de  quatre-vingt 
francs,  montant  de  l'estimation. 

Pendant  le  premier  feu,  il  fut  offert,  par  le  citoyen  Richard,  la  somme  de 
quatre-vingt-cinq  francs  ;  par  le  citoyen  Recht,  celle  de  quatre-vingt-dix 
francs. 

Un  dernier  feu  ayant  été  allumé  sans  que  pendant  sa  durée  aucune  nou- 
velle enchère  se  fût  produite,  le  Préfet,  jugeant  les  enchères  portées  à  leur 
taux  véritable,  adjugea  au  citoyen  Pierre  Recht,  demeurant  à  Arlon,  les 
biens  désignés  au  procès-verbal,  pour  prix  et  somme  de  quatre-vingt-dix 
francs. 

La  chapelle  Lorette  ne  tarda  pas  à  disparaître,  comme  le  prescrivait  un 
arrêté  du  Directoire  en  date  du  11  ventôse  an  VIII  (l^r  mars  1800),  portant 
que  «  les  adjudicataires  seront  tenus  de  faire  démolir,  aussitôt  leur  adjudi- 
cation, les  bâtiments  des  oratoires  ou  chapelles  acquis  par  eux,  et  d'en  déblayer 
de  suite  et  combler  le  terrain,  faute  de  quoi  les  sous-Préfets  feront  procéder 
aux  dites  démolitions  aux  frais  des  adjudicataires.  » 

L'emplacement  de  la  vieille  chapelle  se  remarquait  encore  il  y  a  quelque 
quarante  ans  ;  un  christ  en  fonte,  portant  la  date  de  1812,  et  qui  a  disparu 
depuis,  y  en  avait  perpétué  le  souvenir. 

Une  nouvelle  chapelle  Lorette,  beaucoup  plus  monumentale  que  l'ancienne, 
fut  édifiée  par  les  soins  et  la  piété  du  baron  Vincent  d'Huart,  de  l'autre  côté 
du  chemin,  vis-à-vis  du  lieu  qu'avait  occupé  l'oratoire  primitif. 


—  250  — 

1800 

ÈPHEMÈRIDES  MILITAIRES. 
9  juin.  —  Moutebcllo. 
11  juin.  —  Marengo. 

ÈPHEMÈRIDES  ADMINISTRATIVES. 

Bonaparte, revenu  subitement  d'Egypte,  renverse  le  Directoire  le  18  bru- 
maire an  VIII  (9  nov.  1795)  et  organise  le  Consulat. 

La  constitution  du  5  fructidor  an  III  (22  août  1795)  est  abolie,  et  une  nou- 
velle loi  fondamentale  votée  le  22  frimaire  an  VIII  (13  décembre  1799)  et 
mise  en  activité  le  3  nivôse  suivant  (24  décembre). 

L'installation  des  nouveaux  pouvoirs  fut  suivie  de  la  loi  du  28  pluviôse 
an  VIII  (17  février  1800),  organisant  l'administration  départementale  et 
municipale. 

Cette  nouvelle  organisation  attribuait  entre  autres  pouvoirs  au    Préfet  : 

13.  —  La  réception  des  jugements  rendus  contre  les  déserteurs,  et  la  pour- 
suite dans  les  trois  jours,  sur  les  biens  du  condamné,  du  paiement  du  prix 
des  effets  d'armement,  habillement  ou  équipement  emportés,  et  des  frais 
de  recherche,  capture  et  conduite. 

14.  —  La  surveillance  sur  la  disparition  des  armes  de  guerre  et  elïets 
d'équipement  par  les  militaires  ;  la  recherche  par  l'intermédiaire  des  maires 
et  adjoints,  des  détenteurs  ou  receleurs,  et  leur  dénonciation  aux  tribunaux. 

Le  préfet  nommait  et  pouvait  révoquer  les  maires  et  les  adjoints,  ainsi 
que  les  membres  des  conseils  municipaux. 

Le  sous-préfet  faisait  la  répartition,  entre  les  divers  cantons  de  justice 
de  paix  de  son  arrondissement  de  la  part  qui  était  attribuée  à  ces  derniers 
dans  le  contingent  de  la  conscription. 

Par  la  loi  du  28  pluviôse  an  VIII,  chaque  commune  eut  un  conseil  muni- 
cipal de  dix  membres.  Ces  conseillers  étaient  nommés  pour  trois  ans  et 
étaient  rééligibles. 

Les  maires  et  adjoints  restaient  5  ans  en  place  et  étaient  rééligibles.  Les 
maires  devaient  être  choisis  dans  les  conseils  municipaux. 

Le  19  floréal  an  Vlll  (9  mai  1800)  Joseph  Hubert  est  nommé  maire  pro- 
visoire de  Tintigny,  et  le  2  messidor  suivant  (21  juin),  maire  à  titr      c  linitif. 

Le  premier  conseil  municipal  de  Tintigny,  élu  le  22  vendémiaire  an  IX 
(14  octobre  1800),  fut  constitué  de  la  manière  suivante  : 

Hubert,  Joseph,  31  ans,  maire  du  2  messidor  an  VIII,  marchand. 


—  251  — 

Cordier,  Jean,  51  ans,  adjoint  »  »  cultivateur. 

George,  Gilbert,  61  ans,  cons.  comm.  du  22  vend''^  an  IX,  id. 

Lahure,  Nicolas,  52  ans,  »  »  id. 

Rossignon,  Philippe,  58  ans  »  »  cordonnier. 

Henry,  Philippe-H.,  33  ans.  »  »  juge  de  paix,  renier 

Iker,  Jacques,  38  ans,  »  »  cultivateur . 

Ricaille,  Jean,  52  ans,  »  »  manœuvre. 

Guillaume,  Guillaume,  42  ans,  »  »  cultivateur. 

George,  Matliieu,  37  ans,  »  »  id. 


Préfets  du  département  des  forêts  : 

Birnbaum,  Jean,  nommé  le  23  ventôse  an  VIII  (13  mars  1800)  ;  installé 
le  22  germinal  suivant  (12  avril  1800). 

Lacoste,  Jean-Baptiste,  nommé  le  9  frimaire  an  IX  (30  novembre  1800), 
installé  le  9  nivôse  an  IX  (30  décembre  1800). 


* 
*     * 


6  mars.  —  Une  loi  du  16  ventôse  an  VIII  (6  mars  1800)  vi^nt  apporter 
quelque  allégement  à  l'odieuse  conscription  qui  pesait  si  lourdement  sur  nos 
populations. 

Cette  loi  autorisait  le  remplacement  en  faveur  «  des  citoyens  qui  seraient 
reconnus  plus  utiles  à  l'Etat,  en  continuant  leurs  travaux  et  leurs  études 
qu'en  faisant  partie  de  l'armée.  «Ces  jeunes  gens  eurent  la  faculté  de  se  libé- 
rer du  service  militaire  en  fournissant  un  remplaçant  qu'ils  se  procuraient 
à  prix  d'argent,  ou  en  versant  dans  les  caisses  de  l'Etat  une  somme  de  300 
francs. 

Bonaparte,  après  le  18  brumaire,  étendit  encore  les  avantages  de  cette 
mesure,  en  dispensant  du  service,  les  soutiens  de  famille,  les  fils  uniques  des 
veuves,  l'aîné  de  trois  orphelins,  le  frère  du  milicien. 

Malgré  cette  réelle  atténuation  de  ce  que  la  loi  sur  le  recrutement  avait 
de  rigoureux,  elle  continuait  à  accabler  plus  particulièrement  le  peuple  et 
devenait  plus  odieuse  à  mesure  que  se  multipliaient  les  levées,  nécessitées 
par  des  guerres  quasi  permanentes.  Ses  inflexibles  dispositions  provoquèrent 
des  désertions  nombreuses  et  le  recours  à  des  ruses  inimaginables,  nonobs- 
tant les  peines  multiples  et  sévères  comminées  contre  tous  les  insoumis. 

Levée  extraordinaire  de  clievaux. 

Septembre  1799-jiiillet  1800.  —  Après  avoir,  par  la  loi  du  19  fructidor  an 
VI  (5  septembre  1798),  établi  la  circonscription  qui  mettait  en  coupe  réglée 
la  jeunesse  valide  de  notre  pays,  pour  l'envoyer  sur  tous  les  champs  de  car- 
nage européens,  le  gouvernement  républicain  avait  décrété  l'organisation 
de  grandes  armées  permanentes,  capables  de  résister  à  l'Europe  coalisée. 


—  252  — 

Des  corps  uouvellemcul  constitués,  artillerie  à  cheval,  cavalerie  légère, 
équipages  militaires,  train  d'artillerie,  nécessitèrent  brusquement  une  quan- 
tité considérable  de  chevaux. 

La  loi  du  4  vendémiaire  an  VIII  (26  septembre  1799)  décrétant  qu'il 
serait  fait  une  levée  extraordinaire  de  chevaux  pour  pourvoir  à  ces  divers 
services,  vint  enlever  en  grand  nombre  à  l'agriculture  ses  auxiliaires  les  plus 
précieux. 

Cette  levée  était  fixée  au  trentième  et,  au  besoin,  au  vingtième,  parmi 
les  chevaux  de  5  à  9  ans. 

Chaque  cheval  était  fourni  par  un  groupe  de  propriétaires  qui  s'entendaient 
entre  eux  pour  la  hvraison  de  l'animal  et  pour  l'attribution  à  qui  de  droil, 
du  montant  de  la  fourniture. 

Des  prix  fort  rémunérateurs  pour  l'époque  ctaient  accordés  aux  vendeurs  ; 
reste  à  savoir  si  ceux-ci,  pour  en  obtenir  la  liquidation,  n'éprouvaient  pas 
trop  de  difficultés  ou  d'atermoiements. 

Quoiqu'il  en  soit,  le  paiement,  aux  termes  de  la  susdite  loi,  devait  être 
fait  «  à  la  partie  prenante,  soit  par  imputation  sur  ses  contributions  et  sa 
cote  à  la  subvention  de  guerre,  soit  en  numéraire,  en  cas  qu'elle  ait  acquitté 
les  dites  cotes.  » 

Il  est  curieux  de  relire  les  noms  et  qualités  des  membres  composant  la 
commission  devant  laquelle  les  animaux  requis  devaient  être  produits  et 
examinés  à  Luxembourg.  C'étaient  :  Fenouil,  commissaire  des  guerres  ; 
Vigneron,  chef  d'escadron  ;  Louctier,  capitaine  ;  Letellier,  lieutenant  ;  Her- 
bret,  maréchal  des  logis  ;  Blanchard,  brigadier  ;  Petit,  maréchal-expert, 
tous  au  24^  régiment  de  cavalerie  en  garnison  à  Luxembourg. 

Tintigny  fournit  cinq  chevaux  comme  en  témoignent  les  mandats  de  paie- 
ment suivants,  délivrés  aux  intéressés  : 

Le  27  messidor  an  VIII  (16  juillet  1800)  mandat  pour  prix  d'un  cheval 
estimé  252  francs  fourni  par  les  citoyens  Gilbert-Antoine  George,  Henri 
Maîtrejean,  Nicolas  Lahure,  les  héritiers  de  la  veuve  Déome,  de  Tintigny, 
canton  d'Etalle. 

Le  27  messidor,  mandat  pour  un  cheval  estimé  312  francs,  requis  sur  les 
citoyens  Joseph  Lothaire,  les  fermiers  de  Poncelle,  F.  Goffm  et  Henri  Fran- 
çois le  jeune,  de  Tintigny. 

Le  2  thermidor  an  VIII  (21  juillet  1800),  mandat  pour  un  cheval  estimé 
270  francs,  requis  sur  les  citoyens  J.-B.  Prouvy,  J.  Cordier,  V^  Henry,  J.-J. 
Pireaux,  J.  Paschal  l'aîné  et  J.  Ricaille,  de  Tintigny. 

Le  2  thermidor,  mandat  pour  un  cheval  estimé  360  francs,  requis  sur  les 
citoyens  Jean  Cordier,  Mathieu  George,  J.-B.  Prouvy,  François  Henry, 
de  Tintigny. 

Le  2  thermidor  an  VIII,  mandat  pour  un  cheval  estimé  240  francs,  requis 
sur  les  citoyens  V^  Jacques,  Jacques  Salpetier,  V^  Iker,  de  Tintigny. 


253 


* 
*     * 


23  septembre  1800.  —  22  septembre  1801. 

(An    IX). 

Grande  mortalité  d'enfants. 

Une  cruelle  épidémie,  sur  la  nature  de  laquelle  il  ne  nous  a  été  conservé 
aucune  indication,  sévit  cette  année-là  dans  la  commune,  parmi  les  enfants 
en-dessous  de  l'âge  de  douze  ans,  et  porta  la  désolation  et  le  deuil  dans  de  nom- 
breuses familles. 

Les  registres  de  l'état  civil  mentionnent  pour  la  période  indiquée  ci-dessus, 
septembre  1800  à  septembre  1801,  35  décès  d'enfants  de  l'âge  de  un  à  douze 
ans. 

Il  fallut  ajouter  des  feuilles  supplémentaires  à  ces  registres  qui,  par  suite 
du  nombre  considérable  et  imprévu  des  décès,  se  trouvèrent  insuffisants 
tels  qu'ils  avaient  été  formés  au  début  de  l'année. 

Le  fléau  ne  limita  pas  exclusivement  ses  ravages  à  l'an  IX,  car  pendant  la 
période  1801-1802,  on  relève  encore,  à  l'état  civil,  onze  nouveaux  décès 
d'enfants  du  même  âge. 

M.  l'abbé  Tillière,  dans  son  Histoire  de  Jamoigne,  rapporte  que,  du  2  mars 
au  9  juillet  1795,  il  mourut  dans  cette  paroisse,  35  enfants,  dont  18  pendant 
le  seul  mois  d'avril. 

C'était  cinq  ans  plus  tôt  qu'à  Tintigny.  La  redoutable  épidémie,  après 
être  restée  à  l'état  latenL  pendant  quelques  années  aux  alentours  de  Jamoigne, 
remonta-t-elle  le  cours  de  la  Semois,  pour  atteindre  Tintigny  seulement  en 
1800,  et  y  faire  en  une  année,  un  même  nombre  de  victimes  ? 

Il  serait  curieux  de  savoir  si  elle  a  sévi  en  amont  et  en  aval  des  deux 
localités  si  cruellement  frappées  et  à  quel  moment. 


1801 

ÉPHEMÈRIDE  MILITAIRE. 

9  février.  —  Traité  de  Lunéville.  Les  conquêtes  de  la  France  sont  ratifiées. 

EPHÈMERIDES  LOCALES. 

«  Premier  germinal  an  IX  (22  mars  1801)  acte  de  décès  de  Henri  Devillez, 
ex-jésuite,  résidant  à  Ansart,  décédé  le  17  ventôse  dernier  (8  mars),  âgé  de 
70  ans,  né  à  Tintigny.  Témoins  :  Jacques  Iker,  laboureur,  demeurant  à  An- 
sart, neveu  du  côté  maternel  ;  Jean  Iker,  greffier  du  juge  de  paix,  demeurant 
à  Tintigny,  secrétaire  communal,  neveu  du  côté  maternel.  » 


—  254  — 

Nota.  -  M.  J.-B.  Dourel,  dans  Ami.  de  l'Iusl.  arch.  du  Luxemb.,  l.  VI 
(1870),  p.  213,  cite  ce  prèlre  au  nombre  des  écrivains  luxembourgeois,  et 
donne  à  son  sujet  les  renseignements  qui  suivent,  mais  erronés,  en  partie, 
comme  on  pourra  le  remarquer. 

«  Devillez  (Henri),  né  à  Ansart,  paroisse  de  Tintigny  en  1757  (!),  mort  le 
17  février  (ventôse)  1801. 

u  On  a  de  lui  : 

1 .  —  Choix  de  140  cantiques. 

2.  —  Carmina  e  Selectis.  » 

* 
*      * 

»  Le  29  fructidor  (16  septembre)  acte  de  décès  de  Jacques-Henri  Duchemin, 
ci-devant  curé,  âgé  de  57  ans,  né  à  Naudré  (1),  département  des  Forêts, 
demeurant  à  Tintigny. 

Témoins  :  Jean-Joseph  Duchemin,  ci-devant  curé,  frère  du  défunt,  et 
N.-M.  Guiot,  manœuvre.  « 

On  trouve  à  cette  date  :  Jean- Jacques  Mortehan,  huissier  du  tribunal 
civil  du  1er  arrondissement  du  département  des  Forêts,  résidant  à  Breuvanne  ; 
Jeanne-Marguerite  Cordier,  son  épouse. 

19  avril.  —  Chevaux  d'arlillerie  mis  en  dépôt  chez  des  particuliers.  En  exé- 
cution d'un  arrêt  des  Consuls  du  29  germinal  an  IX  (19  avril  1801),  un  cheval 
du  train  d'artillerie  est  mis  provisoirement  en  dépôt  chez  le  maire,  Jos. 
Hubert,  avec  faculté  pour  celui-ci  de  s'en  servir  comme  de  son  propre  bien, 
mais  aussi  avec  l'obligation  de  le  reproduire  à  la  première  réquisition. 

Le  cheval  étant  venu  à  mourir  chez  le  dépositaire,  ce  dernier  fut  mis  en 
demeure,  malgré  ses  protestations,  de  payer  au  trésor  public  une  somme  de 
;^60  francs,  à  laquelle  avait  été  fixée,  par  expert,  la  valeur  de  l'animal. 

En  acceptant  et  en  recevant  sans  restriction  le  cheval  en  dépôt,  disaient 
les  instructions,  Hubert  s'était  engagé  implicitement  à  le  restituer. 

Novembre  \80\-mars  1803.  —  Réfection  des  ponts  de  Breuvanne.  —  Les 
ponts  de  bois  jetés  sur  la  Semois  et  sur  son  affluent  la  Sivanne,  à  Breuvanne, 
se  trouvaient  en  ce  temps-là,  dans  un  état  de  vétusté  qui  mettait  continuelle- 
ment en  péril  la  vie  des  piétons  et  surtout  des  équipages  obligés  de  s'en  servir. 

La  municipalité  de  Tintigny,  dont  Breuvanne  était  ressortissant,  s'émut 
de  cette  situation.  Il  fut  donc  délibéré  en  séance  du  Conseil,  qu'il  serait  pro- 
cédé sans  retard  à  la  reconstruction  de  ces  ponts,  et  qu'à  cette  fin,  l'on  s'adres- 
serait aux  autorités  compétentes,  en  vue  d'obtenir  la  délivrance  de  trente 
arbres  chênes,  jugés  nécessaires  à  la  réfection  des  dits  ponts. 

En  conséquence,  Joseph  Hubert  et  Jean  Cordier,  respectivement  maire  et 


(1)  Nadrin,  dépendance  de  la  commune  de  Wibrin. 


—  255  — 

adjoint  de  la  commune  de  Tintigny,  s'adressèrent,  le  23  brumaire  an  X 
(14  novembre  1801),  au  Préfet  du  département  et  lui  exposèrent  «  que  les 
ponts  placés  sur  la  rivière  de  Semois  et  le  ruisseau  de  la  Sivanne,  communi- 
quant du  village  de  Breuvanne,  dépendant  de  la  dite  mairie,  avec  Rossignol, 
se  trouvaient  dans  un  tel  état  de  délabrement,  que  si  l'on  n'y  faisait  pas 
promptement  les  réparations  nécessaires,  les  communications  avec  Rossi- 
gnol et  Neufchâteau  deviendraient  impossibles.  » 

Ils  ajoutaient  que  les  «  habitants  de  Breuvanne,  à  qui  incombait  la  répara- 
tion de  ces  ponts,  n'ayant  aucuns  bois  particuliers,  mais  seulement  un  droit 
d'usage  dans  la  forêt  de  Chiny,  aux  Croisettes  de  Rossignol,  ils  suppliaient 
le  Préfet  de  leur  faire  désigner,  par  l'Administration  forestière,  les  trente 
arbres  chênes  qui  leur  étaient  nécessaires  à  cet efïet,  selon  l'estimation  du  char- 
pentier expert,  Henri-Joseph  Halbardier,  du  village  d'Ansart.  » 

Celui-ci,  dans  son  procès-verbal  daté  du  18  brumaire  an  X  (9  novembre 
1801),  déclare  «  avoir  fait  visite,  à  la  réquisition  des  habitants  de  la  commune 
deBreuvanne,  sur  leurs  ponts  situés  sur  la  rivière  de  la  Semois  et  ruisseaux  y 
adjacents,  sur  l'étendue  du  fmage  de  leur  ban,  estime  que  pour  la  réfection 
et  construction  de  leurs  ponts  sur  la  dite  rivière  et  ruisseaux,  il  est  nécessaire 
de  la  quantité  de  trente  corps  d'arbres  en  chênes  de  différentes  grandeurs 
et  grosseurs,  suivant  notre  connaissance.  » 

L'inspecteur  des  bois  et  forêts,  à  qui  fut  aussitôt  transmise  par  le  sous-pré- 
fet de  Neufchâteau,  la  réclamation  de  l'administration  municipale  de  Tin- 
tigny, fit  savoir,  à  la  date  du  28  brumaire  (19  novembre),  qu'ayant  «  pris 
lecture  de  la  pétition  des  maire  et  adjoint  de  la  commune  de  Breuvanne  (sic), 
du  devis  y  annexé,  et  ayant  examiné  par  lui-même  l'état  des  lieux,  estime 
qu'il  est  instant,  pour  la  sûreté  publique  et  pour  celle  en  particuher  des  habi- 
tants de  Breuvanne  et  des  rives  de  la  Semois,  de  réparer  les  ponts  de  cette 
commune  ;  en  conséquence  de  délivrer  dans  la  forêt  nationale  de  Chiny, 
canton  des  Croisettes  de  Rossignol,  où  les  dits  habitants  sont  usagers,  les 
trente  corps  d'arbres  de  chênes  estimés  nécessaires  pour  la  dite  reconstruc- 
tion, en  déterminant  leur  longueur  et  grosseur  et  à  charge  : 

fo  Que  les  branches  qui  en  proviendront  seront  converties  en  cordes  pour 
le  chauffage  des  dits  habitants,  et  en  déduction  d'icelui  ; 

20  Que  l'emploi  des  dits  corps  d'arbres  demeurera  sous  la  surveillance  des 
agents  forestiers  et  la  responsabilité  des  dits  maire  et  adjoint,  pour  la  recons- 
truction des  dits  ponts.  » 

Cette  déhbération  est  ensuite  soumise  h  l'avis  du  conservateur  des  forêts, 
lequel  accorde  son  agréation  en  ces  termes  : 

«  Le  Conservateur  des  forêts  du  33"  arrondissement,  vu  la  pétition  ci- 
jointe  des  maire  et  adjoint  de  la  commune  de  Tintigny,  et  le  devis  y  annexé  : 
ensemble  les  observations  et  avis  de  l'Inspecteur  des  forêts  de  l'arrondisse- 
ment de  Neufchâteau,  estime  qu'il  y  a  lieu  d'en  adopter  les  dispositions  dans 
tout  son  contenu.  » 

«  A  Metz,  le  19  frimaire  an  dix  (10  décembre  1801).  »  Durand. 


—  2n6  — 

Transmise  t'iiliii  au  prélel  du  départemeiil,  celui-ci  (ioniie  aussi  sou  appro- 
bation, eu  la  subordouuaul  aux  conditions  stiindées  par  l'inspecteur  des  bois 
et  forêts  dans  son  rapport  sur  la  dite  pétition  et  en  rappelant  en  outre  qu'  «  un 
arrêté  en  date  du  15  germinal  an  VIII  (  5  avril  1800^  de  la  ci-devant  udminis- 
I ration  centrale  a  maintenu  provisoirement  les  habitants  de  la  commune  de 
Breuvanne  dans  les  droits  d'usage  quils  ont  dans  la  foret  domcmiale  deChing.y> 

Les  corps  d'arl)res  nécessaires  à  la  reconstruction  des  ponts  mentionnés 
dans  la  requête  des  maire  et  adjoint  de  Tintigny,  ayant  été  délivrés  aux  péti- 
tionnaires par  l'inspecteur  des  bois  de  l'arrondissement  de  Neufchâteau, 
dans  la  coupe  de  l'an  dix  des  Croisettes  de  Rossignol,  les  travaux  furent 
poussés  avec  activité  et  menés  à  bonne  fin  en  moins  d'une  année,  comme  en 
fait  foi  la  déclaration  ci-après  du  charpentier  juré  Gribaumont  : 

«  Je  soussigné  Lambert  Gribaumont,  charpentier  juré  des  mairies  de  Tin- 
tigny et  Bellefontaine,  déclare  par  cette,  que  les  trente  chênes  qui  ont  été 
accordés  par  arrêté  du  préfet  aux  habitants  de  Breuvanne  pour  la  construc- 
tion d'un  pont  à  placer  sur  la  rivière  de  Semois,  au  bas  du  village  de  Breu- 
vanne, ont  été  vraiment  employés  à  cette  construction  ;  atteste  en  outre 
qu'il  a  été  employé  de  plus  cinq  arbres  que  les  habitants  ont  dû  acheter 
comme  n'en  ayant  pas  assez. 

«  Dont  acte  à  Bellefontaine,  le  l^i'  ventôse  an  onze  (20  février  1803).  » 

Lambert  Gribaumont. 

Ces  ponts  de  bois,  au  nombre  de  trois,  auront  disparu  pour  faire  place  aux 
beaux  ponts  en  pierre  actuels,  contruits  en  même  temps  que  la  route  de  Tin- 
tigny à  Neufchâteau,  de  1848  à  1850. 


1802 

EPHEMÈRIDES    HISTORIQUES. 

25  mars.  —  Traité  d'Amiens. 

8  avril.  —  Concordat  avec  le  pape  Pie  VII. 

2  août.  —  Napoléon,  consul  à  vie. 

EPHEMÈRIDE  LOCALE. 

Nicolas-Marc  Guiot  est  porté  comme  exerçant  la  profession  d'instituteur 
à  Tintigny  la  première  fois  le  30  nivôse  an  X  (20  janvier  1802)  ;  jusqu'alors 
il  est  témoin  à  presque  tous  les  actes  de  l'état  civil  et  y  est  désigné  comme 
manœuvre.  Pjeul-ôtre  n'enseignait-il  qu'en  hiver.  Il  était  probablement  le 
frère  de  Grégoire  Guiot,  que  l'on  trouve  maître  d'école  à  St-Vincent  en  l'an 
IV  (13  juillet  1796).  Disparaît  en  décembre  1805.  Très  belle  écriture. 


257 


* 

*      * 


16  lévrier.  —  Vente  d'une  coupe  de  bois  au  profil  des  habiLanis  de  Tinligny, 
Ansart,  Han  et  Poncelle.  Un  fait  curieux  dans  les  annales  de  la  commune  se 
produisit  à  cette  date.  Une  coupe  extraordinaire  de  bois  fut  vendue  à  un  maî- 
tre de  forges,  et  le  produit  de  cette  vente  partagé  entre  les  habitants. 

C'est  ce  que  rappelle  la  pièce  suivante  : 

((  L'an  dix  de  la  République  française,  une  et  indivisible,  le  27  pluviôse 
(16  février  1802),  le  produit  de  la  coupe  des  bois  de  Tintigny,  Bellefontaine 
et  Lahage,  vendue  au  citoyen  Prestat,  directeur  au  fourneau  de  Rabais,  près 
de  Virton,  a  été  partagé  entre  les  dits  villages  en  raison  du  nombre  de  bour- 
geois de  chacun,  de  manière  que  Tintigny,  Han,  Poncelle  et  Ansart  en  con- 
tenant cent  quatre-vingt-cinq,  Bellefontaine  et  Lahage  cent  quarante-sept, 
le  produit  de  la  dite  coupe  consistant  en  mille  cinq  cent  soixante  cordes, 
sur  le  pied  de  deux  livres  dix  sous  l'une  (!),  donne  la  somme  de  trois  mille 
neuf  cents  livres. 

«  En  conséquence,  il  compète  aux  premières  communes  la  somme  de  deux 
mille  soixante-treize  livres  dix-neuf  centimes. 

Celles  de  Bellefontaine  et  Lahage,  la  somme  de  mille  sept  cent  vingt-six 
livres,  quatre-vingt  centimes,  observant  qu'il  vient  à  chaque  bourgeois,  de 
cette  répartition,  onze  livres,  septante  quatre  centimes. 

«  Ainsi  fait  et  réparti  entre  nous  soussignés  à  Tintigny,  le  jour  susdit, 
lecture  faite.  » 

Joseph  André  ;  Jacques  Thirv  ;  Jos.  Hubert  ;  H.-P.  Henry  ;  J.  Draime  ; 
Martin-Martin  . 

9  avril.  —  Rétablissemenl  du  culte  catholique. 

Le  Concordat  intervenu  entre  Napoléon  et  le  pape  Pie  Vil,  après  des 
négociations  laborieuses,  fut  signé  le  15  juillet  1801  ;  converti  en  loi  le  8 
avril  1802,  il  fut  solennellement  publié  le  18  avril,  jour  de  Pâques. 

Le  Pape  l'avait  promulgué  dès  le  9  avril  et,  à  dater  de  ce  jour,  les  églises 
furent  officiellement  rouvertes,  et  toutes  les  cérémonies  du  culte  catholique, 
intérieures  et  extérieures,  autorisées  comme  auparavant  et  placées  dès  lors 
sous  la  protection  des  lois. 

Lorsque  l'on  sut,  dans  nos  villages,  que  les  négociations  allaient  bientôt 
aboutir,  ce  fut  partout  une  véritable  explosion  de  joie  parmi  le  peuple  ;  les 
prêtres,  rentrés  dans  leurs  paroisses,  et  à  l'abri  désormais  des  poursuites  et 
des  vexations,  avaient  dès  le  mois  de  mars  précédent,  repris  leurs  fonctions 
et  célébré  de  nouveau  ouvertement  et  régulièrement  les  offices  dans  leurs 
églises. 

Le  curé  Duchemin  étant  mort  en  1801,  son  vicaire,  l'abbé  Clesse,  revenu 
de  son  exil  à  l'île  de  Ré,  assuma,  à  Tintigny,  les  fonctions  curiales,  dans  les- 
quelles il  fut  confirmé  peu  de  temps  après  par  l'autorité  ecclésiastique. 


—  258  — 

1()  aoùl.  —  hJihjiiclc  hygiénique.  —  Le  28  thermidor  au  X  (16  août  1802), 
le  sous-préfet  de  Neufchàteau  fait  rapport  au  préfet  au  sujet  d'uue  enquête 
qu'il  a  présidée  à  Tintigny,  à  l'elTet  de  constater  l'état  des  malades  et  de  carac- 
tériser une  maladie  épidémique  que  l'on  croyait  y  exister  depuis  quelque 
temps. 

Cette  enquête  a  fait  connaître  qu'il  n'existait  aucun  malade,  excepté 
Jean-Antoine  Dufréne  et  sa  femme,  ainsi  que  Jean-Mathieu  Guirche. 

H  Le  premier  a  un  petit  furoncle  sur  une  main,  et  la  seconde  en  a  deux,  pres- 
que guéris,  lui  survenus  à  la  suite  d'une  fièvre  scarlatine  ;  deux  de  ses  enfants 
vienneul  de  mourir  de  cette  maladie.  » 

On  ne  dit  pas  de  quelle  alïection  Guirche  était  atteint. 


1803 

Février.  —  Pensions  ecclésiastiques.  —  Une  des  dispositions  réparatrices 
du  Concordat  était  l'attribution  d'une  pension  de  retraite  aux  membres 
des  ordres  religieux  supprimés  ou  dispersés  par  la  révolution. 

Les  intéressés,  pour  en  obtenir  l'octroi,  devaient  satisfaire  à  différentes 
obligations,  que  l'on  trouve  énumérées  dans  la  demande  ci-après,  adressée 
par  un  ex-capucin  d'Arlon,  originaire  de  Tintigny,  et  y  vivant  retiré  dans  sa 
famille  : 

«  Au  Préfet  du  département  des  Forêts, 

«  Jean-Joseph  Jacob,  prêtre,  ci-devant  capucin  à  Arlon,  arrondissement 
de  Luxembourg,  en  ce  département,  domicilié  à  Tintigny,  arrondissement  de 
Neufchàteau,  "vous  prie,  citoyen  Préfet,  de  vouloir  le  porter  sur  le  tableau 
des  pensionnaires  ecclésiastiques,  à  l'efîet  de  recevoir  la  pension  que  la  loi 
lui  assigne  en  remplacement  du  bon  qu'elle  lui  avait  accordé  et  qu'il  n'a  point 
reçu. 

Pour  appuyer  cette  demande,  le  pétitionnaire  a  l'honneur  de  vous  pro- 
duire, sous  le  no  1,  un  acte  de  vie  certé  (!)  et  2°  celui  de  résidence  affiché  aux 
termes  de  la  loi.  Sous  le  n»  3,  son  extrait  de  naissance,  sous  le  n^  4  la  déclara- 
tion qu'il  n'a  recueilli  aucune  succession,  et  sous  le  n»  5  son  acte  d'adhésion 
au  Concordat.  » 

((  Salut  et  respect.  «  Jean- Joseph  Jacob. 

«  Ci-devant  capucin  à  Arlon.  » 

Ces  diverses  pièces  avaient  été  délivrées  aux  pétitionnaires  par  l'adminis- 
tration municipale  de  Tintigny. 

La  première  portait  que  «  le  citoyen  Jean-Joseph  Jacob,  âgé  de  cinquante- 
huit  ans,  prêtre  ci-devant  capucin  à  Arlon,  taille  de réside  et  a  résidé 

sans  interruption  à  Tintigny,  dans  la  maison  appartenant  à  Jeanne-Marie 


—  259  — 

Moneau,  veuve  de  feu  Jeaii-Alexandre  Jacob,  depuis  sa  suppression  arrivée 
en  l'an  V,  jusqu'à  présent. 

«  Fait  à  la  maison  commune  de  Tintigny,  le  21  pluviôse  an  XI  (10  février 
1803).  » 

Dans  la  seconde,  les  maire  et  adjoint  attestaient  que  le  certificat  ci-dessus 
«  avait  été  publié  et  affiché  trois  jours  de  suite  aux  termes  de  la  loi.  » 

La  déclaration  d'adhésion  au  Concordat  était  faite  dans  les  termes  suivants: 

«  Je  soussigné  déclare  adhérer  au  Concordat  et  être  de  communion  avec 
l'évêque  de  Metz,  nommé  par  le  premier  consul  et  institué  par  le  Souverain- 
Pontife.  » 

Jean-Joseph  Jacob. 

L'ex-capucin  eut  rapidement  satisfaction.  En  effet,  dès  le  6  ventôse  an  XI 
(25  février  1803),  paraissait  un  arrêté  préfectoral  fixant  dans  les  termes  ci- 
après,  la  pension  accordée  «  au  citoyen  Jean- Joseph  Jacob.  » 

Le  Préfet, 

«  Vu  1°  l'extrait,  etc 

«  Considérant  qu'il  résulte  des  pièces  ci-dessus  rappelées,  que  le  pétition- 
naire a  été  religieux  profès  sous  le  nom  de  Bazile  au  dit  couvent  lors  de  sa 
suppression  et  qu'en  cette  qualité  il  a  droit  au  bénéfice  de  la  loi  du  11  ven- 
tôse an  VIII  (l^r  mars  1800)  qui  accorde  des  pensions  aux  membres  du  cler- 
gé et  des  établissements  religieux  supprimés  dans  les  neuf  départements 
réunis  en  vertu  des  15  fructidor  an  IV  et  5  frimaire  an  VI  (l^r  sept.  1796  et 
25  nov.  1797). 

«  Considérant  qu'aux  termes  de  l'arrêté  des  Consuls  du  3  prairial  an  X 
(23  mai  1802),  les  pensions  ne  courent  qu'à  dater  du  jour  de  la  liquidation, 

Arrête  : 

«  Art.  1er  Le  citoyen  Jean- Joseph  Jacob,  ex-religieux  du  couvent  des 
ci-devant  capucins  d'Arlon,  âgé  au  11  ventôse  an  VIII  (1<^''  mars  1800)  de 
55  ans,  6  mois  et  13  jours,  recevra,  à  compter  du  jour  de  la  hquidation,  une 
pension  annuelle  de  800  francs,  conformément  à  la  loi  du  26  février  1790. 

Art.  2.  Cette  pension  diminuera  en  proportion  des  revenus  calculés  au 
denier  vingt  des  capitaux  qui  écherront  au  pensionnaire  par  succession  ;  il 
sera  en  conséquence  tenu,  conformément  à  l'art.  7  de  la  loi  du  17  nivôse  an  II 
(6  janvier  1794),  de  déclarer  les  valeurs  qu'il  aura  recueillies  de  ce  chef,  à 
peine  d'être  privé  de  sa  pension  et  condamné  à  une  amende  quadruple  des 
sommes  qu'il  aura  indûment  perçues.  » 

«  Art.  3.  Le  présent  sera  expédié  au  pétitionnaire. 

«  Fait  à  Luxembourg,  le  6  ventôse  an  XI  (25  février  1803).  » 

Le  Préfet, 
J.  -B.  Lacoste. 
17 


—  260  — 

Le  capucin  J.-J.  Jacob  ne  jouil  de  cette  pension  que  pendant  quatre 
années  ;  il  mourul  à  Tinligny  le  13  mai  1807. 

Même  demande  avec  mêmes  formalités  et  pièces  produites,  de  la  part  du 
citoyen  Henri-Joseph  Degolîre,  né  à  Tinligny  le  24  novembre  1737,  ex-reli- 
gieux du  couvent  des  ci-devant  Hécollets  à  Virton,  où  il  était  religieux 
profés  sous  le  nom  de  Boniface. 

Pension  annuelle  de  800  francs,  conformément  à  la  loi  du  26  février  1790. 

ô  septembre.  —  Amelioralion  des  clieinins  vicinaux.  —  Un  relevé  curieux 
de  l'état  des  chemins  vicinaux  tels  qu'ils  existaient  à  cette  époque,  fut  dressé 
en  exécution  d'un  arrêté  du  Préfet  en  date  du  8  prairial  an  XI  (7  juin  1803). 

L'administration  municipale  était  invitée  à  faire  connaître  dans  un  rap- 
port succint,  l'état  de  ces  chemins,  avec  l'indication  des  parties  qui  néces- 
sitaient des  réparations  ou  des  améliorations  urgentes,  ainsi  que  des  sommes 
que  la  commune  se  proposait  d'aflecter  aux  travaux  qu'il  convenait  d'y 
effectuer. 

Le  tableau  produit  par  les  édiles  de  Tintigny  laisse  pressentir  ce  que 
devait  être  à  cette  époque  la  vicinalité  de  la  commune.  Elle  se  trouvait,  sans 
aucun  doute,  dans  le  déplorable  état  que  décrit  trente  ans  plus  tard,  un  gou- 
verneur de  la  province. 

Parlant  de  la  voirie  vicinale  luxembourgeoise,  ce  fonctionnaire  disait  : 

«  Ici,  ce  sont  des  chemins  tels  que  le  pied  de  l'homme  ou  des  animaux  les 
a  faits,  escarpés  et  étroits,  souvent  couverts  de  glace,  devant  lesquels  le 
voyageur  s'arrête  incertain  ;  là,  au  contraire,  profonds  et  encaissés,  coupés 
par  l'eau  des  torrents,  véritables  fondrières  où  les  hommes  et  les  bestiaux 
courent  sans  cesse  risque  de  périr  (1). 

Quels  changements  et  quels  progrès  ont  été  réalisés  depuis  ce  temps  !  Des 
routes  nombreuses  et  parfaitement  entretenues  sillonnent  aujourd'hui  le 
territoire  communal  dans  toutes  les  directions  et  établissent  entre  Tintigny 
et  tous  les  villages  environnants  des  communications  faciles  et  rapides. 

Voici  le  tableau  fourni  par  la  municipalité  de  Tintigny  : 

«  1.  —  Depuis  la  maison  Jean  Iker  (au  carrefour  des  routes  actuelles 
d'Arlon  à  Bouillon  et  de  Marbehan  à  Virton)  jusqu'à  la  rivière  de  Semois  — 
l  décamètres  —  de  toute  nécessité  —  absolument  défectueux  —  frais  de 
réparation,  230  francs. 

Observât.  —  Travaux  troj)  considérables  pour  être  effectués  avant  l'hiver. 

2.  —  De  Tintigny  vers  Poncelle  —  longueur  sur  le  territoire,  60  décamètres 
ou  perches  métriques  —  de  toute  nécessité  —  à  conserver  et  réparer  —  état 
défectueux  —  frais,  50  francs. 


(1)  Comm.  luxemb.,  tome  I,  p.  617. 


—  261  — 

Travaux  trop  considérables,  etc (A  chaque  article). 

3.  —  De  Poncelle  vers  Sainte-Marie  —  79  décamètres  —  de  toute  nécessité 

—  à  conserver  et  réparer  —  frais,  50  francs. 

4.  —  De  Han  vers  Villers-sur-Semois  —  90  décamètres  —  de  toute  néces- 
sité —  à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais,  50  francs. 

5.  —  De  Tintigny  vers  Rossignol,  passant  par  Breuvanne  —  150  déca- 
mètres —  de  toute  nécessité  —  à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais, 
150  francs. 

6.  —  D'Ansart  vers  VilIers-sur-Semois  —  20  décamètres  —  de  toute  néces- 
sité —  à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais,  30  francs. 

7.  —  Chemin  d'Ansart  conduisant  à  la  couture  —  30  décamètres  —  de 
toute  nécessité  —  à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais,  30  francs. 

8.  —  De  Poncelle  au  moulin  du  dit  —  50  décamètres  —  de  toute  néces- 
sité —  à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais,  80  francs. 

9.  —  D'Ansart  vers  Rossignol  —  80  décamètres  —  de  toute  nécessité  — 
à  conserver  et  réparer  —  défectueux  —  frais,  100  francs. 

10.  —  De  Han  par  Gravière  à  Ansart  —  200  décamètres  —  très  inutile  — 
à  supprimer.  Devenu  inutile  à  cause  d'autres  chemins  plus  praticables  (1). 

11.  — -De  Poncelles  vers  Ste-Marie  par  la  Grande  Pièce  —  250  décamètres 

—  très  inutile  —  à  supprimer.  Devenu  inutile  à  cause  d'autres  chemins  plus 
praticables.  (2) 

«  Arrêté  par  nous  membres  du  Conseil  municipal  de  Tintigny,  canton 
d'Etalîe,  département  des  Forêts,  à  la  somme  de  sept  cent  soixante-dix 
francs. 

«  Fait  en  l'assemblée  du  18^  fructidor  an  XI  (5  sept.  1803).  » 

J.  Hubert  ;  H. -P.  Henry  ;  Jean  Ricaille  ;  J.  Iker  ;  P.  Rossignon  ; 
G.  Guillaume. 

12  novembre.  —  Formation  des  collèges  électoraux.  —  Des  renseignements 
circonstanciés  devaient  être  fournis  par  les  citoyens  pouvant  être  éventuelle- 
ment appelés,  par  leur  état  social,  à  faire  partie  des  collèges  électoraux 
d'arrondissement  et  de  département,  à  se  porter  candidats,  pour  les  places 
de  juges  de  paix  et  des  suppléants,  etc. 

Je  ne  reproduirai  ici  que  ceux  de  ces  renseignements  qui  concernent  les 
notabilités  administratives  de  Tintigny,  d'après  les  questionnaires  auxquels 
les  intéressés  avaient  à  répondre,  en  vue  de  faire  connaître  s'ils  remplissaient 
les  conditions  requises  aux  fins  sus-indiquées. 


(1)  Par  le  village  de  Tintigny. 

(2)  11  est  à  noter  qu'aucun  de  ces  chemins  n'était  alors  empierré.  C'est  tout  au  [tlus 
si  clans  les  rues  du  village,  de  la  bloeaille  rudimentai rement  étendue  donnait  au 
roulage  un  fond  plus  résistant. 


—  262  — 

Canloii  (rKlallo,  1»''  arroiulissomcul  du  (lépartemeiil  des  Forêts. 

1.  Quels  sont  vos  noms  et  prénoms  ?  —  Hubert,  Joseph. 

2.  Voire  âge?  —  Trente-cinq  ans. 

3.  L'époque  de  votre  naissance  ?  —  5  décembre  1768. 
1.  Votre  domicile?  —  Tintigny. 

.').  Eles-vous  célibataire,  marié  ou  veuf?  —  Marié, 

(î.  C.ombien  avez-vous  d'enfants?  —  Trois  enfants. 

7.  Quelle  était  votre  profession  avant  1789?  —  Marchand. 

8.  Depuis  1789?  —  Agent  municipal  depuis  l'an  IV  ;  ensuite  maire. 

9.  A  combien  évaluez-vous  votre  fortune  personnelle,  et  en  quoi  consiste- 
l-elle?  —  A  quatre  mille  francs  en  biens  fonds. 

Certifié  véritable  par  moi  soussigné. 

J.  Hubert. 

A  Tintigny,  le  20  brumaire  an  XI I®  (12  novembre  1803). 

Henri-Philippe  Henry,  né  le  16  juillet  1766,  âgé  de  trente-huit  ans,  domi- 
cilié à  Tintigny,  marié,  six  enfants  ;  avant  1789,  greffier  de  la  justice  de  Ville- 
mont  ;  depuis  1789,  agent  municipal  en  l'an  IV,  et  depuis,  juge  de  paix. 

Fortune  personnelle,  quinze  mille  francs  en  capitaux  et  biens  fonds. 

Alexandre,  Jean-Baptiste,  notaire  impérial,  né  le  27  mars  1774,  âgé  de 
36  ans  huit  mois  moins  14  jours,  domicihé  à  Tintigny,  célibataire. 

Employé  à  la  sous-préfecture  de  Neufchâteau  pendant  cinq  ans,  et  notaire 
depuis  l'an  XIII  ou  1805. 

Sans  fortune  personnelle. 

Iker,  Jacques-Mathieu,  né  le  9  décembre  1759,  âgé  de  quarante-cinq  ans, 
domicilié  à  Ansart,  mairie  de  Tintigny,  marié,  cinq  enfants  ;  avant  1789, 
cultivateur- depuis,  id.  —  Fortune  pers.,  quinze  mille  francs  en  biens-fonds. 

Iker,  Jean,  né  le  28  janvier  1771,  âgé  de  trente-trois  ans,  domicihé  à 
Tintigny,  marié,  six  enfants  ;  avant  1789,  marchand  ;  depuis  1789,  agent 
municipal  en  l'an  III  et  IV  ;  depuis  l'an  V  jusqu'en  l'an  X,  greffier  de  la  jus- 
tice de  paix  ;  actuellement,  premier  suppléant. 

Fortune  personnelle,  dix  mille  francs  en  biens  fonds.  (1) 


(1)  Possédant  une  forte  instruction  et  ayant  de  la  fortune,  Jean  Iker,  frère  du  pré- 
cédent, remplit  diverses  charges  i)u])liques  pendant  la  durée  de  sa  longue  carrière.  II 
fut  agent  municipal  en  l'an  III  et  en  l'an  IV,  secrétaire  communal  en  1801,  premier 
suppléant  de  la  justice  de  paix  du  canton  d'Etalle  en  1803,  membre  du  conseil  munici- 
pal et  groffler  de  la  dite  justice  (\e  paix  en  1807,  enfin  conseiller  provincial  du  canton 
d'Etalle,  de  1839  à  1848.' 


—  263  — 

1804 

ÉPHÉMÉRIDE    MILITAIRE. 

18  mai.  —  Napoléon  empereur. 

ÉPHÉMÉRIDE    LOCALE. 

Jean  Cordier,  résidant  à  Breu vanne,  adjoint  au  maire,  remplit  les  fonctions 

d'officier  de  l'état  civil. 

* 
*     * 

1er  février.  — A  propos  d'un  déserteur.  —  L'ogre  de  la  guerre  réclamait 
sans  cesse  de  nouvelles  victimes,  et  les  levées  de  jeunes  gens  se  poursuivaient 
sans  relâche  dans  nos  villages. 

On  partait  bien  pour  l'armée  mais  il  était  assez  rare  qu'on  en  revînt.  Cette 
idée  était  la  terreur  des  familles,  et,  tout  naturellement,  un  peu  la  crainte 
des  conscrits.  Aussi,  depuis  que  l'état  de  guerre  était  devenu  pour  ainsi  dire 
permanent  pour  la  France,  les  désertions  se  multipliaient,  et  les  ruses  et 
subterfuges  mis  en  œuvre  pour  se  soustraire  à  l'obligation  du  service  mili- 
taire prenaient  des  proportions  déconcertantes,  malgré  les  rigueurs  que  les 
lois  comminaient  contre  les  déserteurs  et  les  réfractaires. 

Le  patriotisme  des  Luxembourgeois  pour  la  patrie  française  n'était  pas  si 
débordant  que  d'aucuns  se  sont  plu  à  le  dire. 

Les  peines  prévues  par  les  règlements  militaires  contre  les  insoumis  étaient 
les  suivantes  : 

A  l'égard  des  parenis. 

a)  Amende  de  1500  francs.  S'ils  ne  pouvaient  r 'acquitter  immédiatement  en 
numéraire,  il  était  procédé  à  la  vente  de  leurs  biens  jusqu'à  concurrence  de 
cette  somme. 

b)  Les  garnisaires,  ordinairement  au  nombre  de  deux  ;  c'étaient  des  sol- 


II  exerçait  la  profession  de  marchand  et  était  pro()riétaire  de  la  belle  maison  cons- 
truite par  son  père  eu  1743,  la  seule  à  deux  étages  qu'il  y  eut  alors  et  même  jusqu'eu 
ces  derniers  temps  à  Tintigny,  située  au  carrefour  des  routes  d'Arlon  à  Bouillon  et 
de  Marhehan  à  Virton . 

Fort  éprouvé  dans  ses  affections  familiales,  il  perdit  successivement,  le  14  juin  1806, 
un  fils,  Mathieu- Joseph,  âgé  de  14  ans  ;  le  20  janvier  1807,  une  fille,  Marie-Marguerite, 
âgée  de  13  ans  ;  le  10  avril  suivant,  une  autre  fille,  Suzanne,  âgée  de  12  ans  ;  le  10 
déceml)re  de  la  même  année,  son  épouse,  Marguerite  Schcmit,  âgée  de  40  ans  ;  enfin, 
le  4  mai  1809,  son  fils  Maximilien,  âgé  de  18  ans  9  mois,  brigadier  au  3«  régmient  de 
hussards  de  l'empereur,  vint  mourir  chez  son  père  en  passant  en  détachement  a 
Tintigny . 


—  264  — 

liais  qiio  Von  iiislallaiL  au  (lomicilf.  du  déserteur  et  que  seç  parents  devaient 
nourrir  et  loger  jusqu'à  ce  qu'il  se  tut  soumis  à  la  loi  (1). 

(•)  La  colonne  mobile,  corps  de  troupes  détaché  pour  parcourir  le  paj/S  et 
établir  les  garnisaires  chez  les  parents  des  réfractaires,  qui  devaient,  par 
surcroît,  héberger  toute  la  colonne  au  passage. 

(/)  Les  parents  au  second  degré  encouraient  eux-mêmes  une  certaine  res- 
ponsabilité du  fait  de  l'insoumission  d'un  conscrit,  et  ils  étaient  tenus,  sous 
peine  de  recevoir  aussi  des  garnisaires,  de  se  mettre  à  sa  recherche  et  de  le 
livrer  aux  autorités  militaires. 

e)  Enlin,  s'il  arrivait  que  les  frais  d'entretien  des  garnisaires  eussent  épuisé 
complètement  celui  qui  en  avait  la  charge,  la  commune  lui  était  substituée 
dans  ses  obligations. 

A  Végard  du  réfradaire. 

'  a)  Sept  années  de  travaux  publics  ; 

b)  L'envoi  en  garnison  au  régiment  de  Belle-Ile,  qui  était  une  compagnie 
disciplinaire. 

c)  A  la  seconde  désertion,  la  peine  du  boulet.  Les  condamnés  à  cette  peine 
traînaient  un  boulet  de  8  (huit  livres),  attaché  à  une  chaîne  de  2  mètres  50 
de  long. 

L'ensemble  des  peines  comminées  tant  à  l'égard  de  l'insoumis  que  contre 
ses  parents,  s'appelait  l'exécution  militaire. 

Pour  l'honneur  de  leur  commune,  la  plupart  des  déserteurs  et  des  réfrac- 
taires de  Tintigny  vinrent  à  résipiscence. 

Jean-Baptiste  Cordier,  tils  de  Guillaume,  conscrit  réfractaire  de  l'an  XII, 
est  condamné  avec  ses  père  et  mère  du  village  de  Han,  mairie  de  Tintigny, 
à  l'amende  de  1500  francs,  par  jugement  du  11  pluviôse  an  XII  (l^r  février 
1804),  pour  avoir  déserté  en  route,  étant  dirigé  sur  le  108<^  régiment  de 
ligne.  Ce  conscrit  s'étant  représenté  volontairement  le  2  mai  pour  se  rendre 
sous  les  drapeaux,  a  été  rayé  de  la  liste  des  réfractaires,  et  ses  parents  dispensés 
de  payer  l'amende  de  1500  francs. Les  meubles  étaient  déjà  vendus  et  avaient 
seulement  produit  85  fr.  95  c.  ;  la  vente  des  immeubles,  par  expropriation 
forcée,  était  fixée  au  6  mai.  Les  poursuites  furent  arrêtées,  mais  les  frais 
déjà  faits,  et  s'élevant  à  20()  fr.  07  c,  durent  être  liquidés  par  les  parents. 

7  juin.  —  DélimitcUion  du  territoire  conmmncd.  —  Le  18  prairial  an  XII 
(7  juin  1804),  le  conseil  municipal  de  Tintigny  est  réuni  en  séance  extraor- 
dinaire. Sont  présents,  les  citoyens  Hubert,  Henry,  Jacques  Iker,  Valentin 
Iker,  Jean  Ricaille,  Guillaume  Guillaume  et  Philippe  Rossignon. 

Cette  réunion  est  teime  d'urgence  pour  satisfaire  à  l'arrêté  du  Préfet  du 


(i)  Le  souvenir  des  gar^r/saires  s'est  conservé  chez  le  peuple  qui,  sans  savoir 
pour(|uoi,  désigne  encore,  sous  cette  dénomination,  les  parasites  de  la  tête. 


—  265  — 

4  prairial  (24  mai),  portant  convocation  du  Conseil  à  ce  jour,  à  l'efïet  de  choi- 
sir deux  personnes  connaissant  parfaitement  le  territoire  communal,  pour 
remplir  les  fonctions  cV indicateurs  près  de  l'arpenteur  et  de  l'expert  chargés 
de  procéder  à  la  délimitation  du  dit  territoire,  conformément  à  l'arrêté  du 
Gouvernement  du  27  vendémiaire  dernier  (20  octobre  Î803). 

Le  Conseil  estimant  qu'il  convient  de  prendre  des  mesures  spéciales  afin 
qu'aucune  erreur  ne  se  produise  dans  un  travail  d'une  telle  importance,  est 
d'avis  d'adjoindre  un  troisième  expert  aux  deux  premiers,  en  considération 
de  la  grande  étendue  du  territoire  de  cette  mairie  et  surtout  des  bans  de 
Breuvanne,  IVIénil  et  Ansart,  qui  formaient  auparavant  des  communautés 
séparées. 

Nomme  en  conséquence  aux  fonctions  d'indicateurs,  les  citoyens  Nicolas 
François,  de  Breuvanne,  Antoine  Latour,  d'Ansart  et  Guillaume  Guillaume, 
de  Pou  celle. 

Décide  que  le  prix  de  leurs  journées  leur  sera  payé  par  la  commune,  à 
raison  de  un  franc  vingt-cinq  centimes  par  journée  d'ouvrage. 

15  juillet.  —  Le  maire,  J.  Hubert,  sollicite  un  emploi. 

La  République,  par  une  loi  en  date  du  5  ventôse  an  XI  (25  février  1804), 
avait  décidé  d'admettre  les  membres  des  conseils  municipaux  reconnus 
capables  et  dignes,  dans  l'administration  des  Droits  réunis. 

Se  fondant  sur  cette  décision  et  sur  les  services  rendus  par  lui  à  la  chose 
publique,  Jos.  Hubert,  par  pétition  en  date  du  26  messidor  an  XII  (15  juil- 
let 1804),  adressée  à  M.  Lacoste,  préfet  du  département  des  Forêts,  sollicite 
un  emploi  dans  la  susdite  administration. 

Il  fait  valoir  à  l'appui  de  sa  demande  qu'il  a  administré  la.  commune  de 
Tintigny,  sans  interruption,  depuis  le  commencement  de  l'an  IV,  tant  en 
qualité  d'agent  municipal  que  de  maire,  le  tout  gratuitement  et  «  sans  contra- 
vention tant  du  côté  du  gouvernement  que  de  la  commune.  » 

Il  prie  en  conséquence  le  préfet  de  vouloir  bien  l'inscrire  sur  le  tableau 
des  aspirants  aux  dites  fonctions  et  d'y  joindre  une  recommandation  ou.  un 
avis  favorable. 

Le  sous-préfet, en  apostille,  estime  qu'il  y  a  lieu  d'accueillir  cette  requête. 


1805 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

Troisième  coalition  :  Angleterre,  Russie  et  Autriche. 

2  décembre.  —  Austerlitz. 

26  décembre.  —  Traité  de  Presbourg  qui  met  fin  à  la  troisième  coalition. 


266  — 


* 

*     * 


12  seplembre.  —  Convois  militaires.  —  L'aimée  1805  fut,  pour  Tintiguy, 
une  des  plus  calmes  du  régime  français. 

Il  n'y  a  guère  à  signaler  ([u'une  réquisition  de  chariots,  assez  lourde  toute 
fois,  imposée  à  la  commune  dans  la  forme  suivante  : 

Département  des  F'orêts. 

Premier  arrondissement  communal. 

Neufchâteau,  le  25  fructidor  an  XIII  (12  septembre  1805). 

Le  sous-préfet, 

»  Invite  et  requiert  le  maire  de  la  commune  de  Tintigny  de  fournir  douze 
voilures  à  quatre  colliers,  pourvues  de  grandes  échelles. 

«  Ces  voitures  destinées  à  transporter  des  effets  militaires  jusqu'à  Arlon, 
devront  être  rendues  à  Neufchâteau  le  29  fructidor  courant  (16  septembre), 
vers  les  quatre  heures  de  l'après-midi.  Le  payement  sera  effectué  par  qui  de 
droit. 

COLLARD. 

Sceau  de  la  sous-[)réfecture. 

Vu  arrivée  à  Arlon,  le  30  fructidor  an  XIII  (17  septembre). 

RÉSIBOIS. 

Sceau  de  la  mairie  d'Arlon. 

10  nivôse  an  XIV  (31  décembre  1805).  —  Fin  de  1ère  républicaine. 

Napoléon  s'était  décidé  à  sacrifier  le  calendrier  républicain  à  la  cour  de 
Rome. 

Le  22  fructidor  an  XIII  (9  septembre  1805),  la  commission  du  Sénat  fit 
ratifier  le  projet  du  gouvernement  impérial  de  reprendre  le  calendrier  gré- 
gorien, qui  fut  ofliciellement  rétabli  le  1^''  janvier  1806. 

Cet  acte  important  est  mentionné  à  l'état  civil  dans  les  termes  suivants  ; 

«  Nous  maire  et  adjoint  de  la  commune  de  Tintigny,  arrondissement  de 
Neufchâteau,  avons  arrêté  aujourd'hui  à  6  heures  du  soir  le  présent  registre 
des  actes  de  mariage,  en  exécution  de  l'art.  4  du  décret  impérial  du  24  fri- 
maire an  XIV  (15  décembre  1805)  pour,  à  partir  de  demain  premier  janvier 
(1806),  employer  le  calendrier  grégorien. 

«  Fait  en  la  maison  commune  le  10  nivôse  an  XIV  (31  décembre  1805).  » 


—  267  — 

1806 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 
Quatrième  coalition  :  Prusse  et  Russie. 
14  octobre.  —  La  Prusse  est  battue  à  léna. 
27  octobre.  —  Déclaration  du  blocus  continental. 

ÉPHÉMÉRIDES    LOCALES. 

24  janvier.  —  Acte  de  naissance  de  Henri-Antoine-Joseph-Eloi  du  Faing, 
fils  de  M.  Godefroid  du  Faing,  âgé  de  44  ans,  rentier,  résidant  à  Tintigny, 
et  de  son  épouse,  dame  Marie- Joseph-Louise  de  Nonancourt. 

Nicolas-Marc  Guiot,  instituteur,  témoin  à  la  plupart  des  actes  de  l'état  civil 
depuis  le  commencement  de  1802,  signe  en  cette  qualité  le  dernier  acte  de 
décès  le  28  frimaire  an  XIV  (19  décembre  1805).  A  la  suite  de  cet  acte  vient 
la  mention  du  changement  de  calendrier; cette  date  aura  été  sans  doute  aussi 
celle  du  départ  de  l'instituteur  Guiot.  Le  3  novembre  1807  «  comparaît  le 
nommé  Henri-Josepli  Conrotte,  instituteur  primaire  de  la  commune  de  Tin- 
tigny, y  résidant.  » 

François-Louis  (Tesse  est  desservant  depuis  Tan  XII,  et  est  alors  âgé  de 
41  ans. 

Dates  diverses.  —  Conscrits  de  1806.  —  Le  conscrit  dt.  l'an  XIV,  Jean 
Magin,  d'Ansart,  mairie  de  Tintigny,  déserte  en  route,  en  allant  rejoindre 
son  corps  sur  lequel  il  avait  été  dirigé;  s 'étant  représenté  volontairement,  il 
est  amnistié. 

Bulletin  adressé  à  sa  famille  en  1813  : 

Cuirassiers.  —  Classe  de  l'an  XIV. 
Magin,  Jean,  d'Ansart,  fils  de  Alexandre  et  de  Marguerite  Nicolas. 
Egaré  dans  la  retraite  de  Moscou. 

Certifié  ;  les  Membres  du  Conseil  d'Administration  à  Thionville,  le  20  sep- 
tembre 1813. 

Signé  :  Vmoux,  Bollanger,  Lefèvre,  Brugnon. 

Un  autre  insoumis  de  cette  année,  le  nommé  Résibois,  Jean-Baptiste, 
occasionna  à  sa  famille  et  à  l'Administration  municipale  de  très  graves 
embarras  qui  ne  prirent  fin,  pour  ainsi  dire,  qu'avec  le  régime  napoléonien. 

Réfractaire  dès  son  appel  sous  les  drapeaux,  il  est  arrêté  par  la  gendar- 
merie dans  le  département  des  Ardennes,  et  dirigé  sur  Belle-Ile.  Le  garni- 
saire  qui  avait  été  établi  à  son  domicile  est  alors  retiré. 


—  268  — 

Le  10  mai  1812,  ce  soldai  (léserle,  eu  emportant  sou  habillemeut  complet, 
ses  armes  et  bagages. 

Aussitôt  les  autorités  militaires  rétablisseut  la  colouue  mobile  chez  sou 
père  et  imposent  à  tous  ses  pareuts  jusqu'au  second  degré  inclusivement, 
l'obligation  de  se  mettre  à  sa  recherche  et  de  le  ramener,  sous  peine  de  rece- 
voir aussi  des  garnisaires. 

Une.  lettre,  dont  je  vais  donner  quelques  extraits,  renferme  des  indications 
curieuses  au  sujet  des  mesures  de  rigueur  appliquées  aux  réfractaires,  et  qui 
montrent  bien  jusqu'où  s'étendait  la  responsabilité  de  leurs  familles. 

«  Tintigny,  le  19  septembre  1813. 

«  .Jean-Joseph  Gardien,  cultivateur,  Jean-Baptiste  Flamion,  manœuvre, 
résidants  à  Poncelle  ;  Jean-Baptiste  Robert  et  Jacques  Robert,  résidants  à 
Tintigny,  tous  les  quatre  parents  à  degré  proche  à  Résibois,  Jean-Baptiste, 
conscrit  réfractaire  ou  soi-disant  déserteur,  à  Monsieur  le  baron  Jourdan, 
préfet  du  département  des  Forêts,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

«  Nous  avons  l'honneur  de  vous  représenter  qu'ayant  été  inquiétés  dans 
le  temps  par  la  colonne  mobile  pour  la  reproduction  du  dit  Résibois,  pour  lors 
réfractaire  efTectif,  il  est  parvenu  à  notre  connaissance  que  le  dit  Résibois 
s'était  réfugié  au  village  d'Ecombes,  département  des  Ardennes,  arrondisse- 
ment de  Sedan,  là  où  nous  étant  transportés,  sommes  parvenus  à  le  faire 
arrêter  par  la  gendarmerie  ;  de  là,  il  a  été  conduit  au  régiment  de  Belle-Ile, 
vers  l'époque  du  10  mai  1812.  » 


«  Au  moment  où  nous  croyions  être  à  l'abri  de  toute  recherche,  nous  venons 
d'apprendre,  par  notre  maire,  que  ce  jeune  homme  aurait  déserté  une  seconde 
fois,  ce  que  nous  ne  pouvons  pas  croire,  parce  qu'il  est  de  la  plus  grande  vérité 
que  nous  n'avons  plus  eu  la  moindre  nouvelle  de  lui  depuis  le  courant  du 
mois  de  juin  1812,  époque  à  laquelle  il  est  passé  par  ici  pour  se  rendre  en  Alle- 
magne. Ce  jeune  homme  n'a  plus  ni  père  ni  mère,  ni  biens,  et  ne  pourrait  se 
réfugier  au  pays.  Il  y  aurait  donc  injustice  à  charger  ses  parents  inférieurs  (!) 
de  sa  recherche  ;  nous  osons  espérer  en  conséquence  de  votre  sollicitude 
paternelle  que  vous  nous  épargnerez  la  disgrâce  de  voir  arriver  chez  nous  la 
colonne  mobile,  vous  priant,  etc.  » 

Le  13  octobre  1813,  le  maire  de  Tintigny  informe  le  chef  du  bureau  mili- 
taire que  la  colonne  mobile  est  placée  chez  les  parents  du  soldat  Résibois, 
depuis  sa  désertion,  bien  qu'il  n'ait  jamais  reparu  au  pays. 

La  requête  ci-dessus  ne  put  donc  être  prise  en  considération. 

8  mars.  —  Enrôlement  volontaire.  —  François-Louis-IMarie- Joseph-Eugène 
de  Prouvy,  fils  de  J.-B.  de  Prouvy,  seigneur  du  Ménil.  conscrit  de  l'an  1806, 
n'étant  pas  encore  mis  en  activité,  demande  au  Préfet  à  passer  dans  l'armée 
active  et  à  servir  dans  le  2^  régiment  de  chasseurs  à  cheval. 


—  269  — 

Il  réclame  en  même  temps  une  feuille  de  route  pour  rejoindre  ce  corps.  — 
Agrée. 

Le  20  juin  1806,  le  Préfet  demande  à  l'administration  municipale  qu'il 
lui  soit  adressé  sans  retard  les  titres  et  diplômes  dont  les  médecins,  chirur- 
giens, pharmaciens,  sages-femmes,  etc.  doivent  être  munis  pour  pouvoir 
remplir  leur  état. 

Transmission  des  titres  de  Suzanne  Résibois,  pour  les  fonctions  de  sage- 
femme. 

4  octobre.  —  Certificat  d'existence. 

24e  régiment  de  ligne. 

«  Jean-Nicolas  Henry,  de  Breuvanne,  est  en  activité  de  service  depuis  le 
4  octobre  1806,  au  24^  régiment  de  ligne,  à  Treuenbritzen  (Saxe).  » 

Le  chef  de  bataillon, 

LiBERT. 


1807 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

Ayant  formé  la  quatrième  coalition  contre  la  France,  la  Prusse  et  la  Russie 
sont  vaincues,  la  première  à  léna,  le  14  octobre  1806,  et  la  seconde  à  Fried- 
land,  le  14  juin  1807. 

8  juillet.  —  Traité  de  Tilsit.  Fin  de  la  quatrième  coalition. 
6  juin.  —  Joseph  Bonaparte,  roi  d'Espagne. 

15  juillet.  —  Murât,  roi  de  Naples. 

ÉPHÉMÉRIDES  LOCALES. 

9  avril.  —  Acte  de  décès  de  Victoire  de  Prouvy,âgée  de  24  ans  ;  déclarants  : 

J.-B.  de  Prouvy,  membre  du  conseil  municipal  de  Tintigny,  père  de  la 
dite  Victoire  de  Prouvy,  issue  de  son  mariage  avec  Marie-Louise  de  Sain- 
tignon,  et  Gabriel  de  Prouvy,  cultivateur,  frère  de  la  dite  Victoire,  tous  les 
deux  résidant  au  Ménil. 

28  avril.  —  Acte  de  décès  de  Elisabeth  de  Pirombœuf,  veuve  de  feu  le 
sieur  François  de  Jacque,  âgée  de  soixante-dix-huit  ans,  décédée  en  sa  mai- 
son à  Tintigny. 

2  août.  —  Acte  de  décès  de  Marie-Sophie  de  Prouvy,  jeune  fille  âgée  de  17 
ans,  résidant  à  Poncelle,  fille  de  défunt  Théodore-Ignace  de  Prouvy,  en  son 
vivant  résidant  à  Jamoigne,  et  de  Marie-Françoise-Denis,  son  épouse,  rési- 
dant actuellement  à  Poncelle. 


-    270  — 

y  novembre.  —  Acte  de  décès  de  Nicolle  Hinque,  veuve  de  défunt  le  sieur 
du  Faing,  âgée  de  soixante-quinze  ans,  résidant  à  Tintigny. 

28  novembre.  —  Monsieur  J.-B.  de  Prouvy,  propriétaire  et  membre  du 
conseil  municipal  de  Tintigny,  et  Jacques  Henry,  de  Breuvanne,  font  décla- 
ration do  décès  de  Monsieur  Henri  du  Faing,  célibataire,  âgé  de  quatre- 
vingt-dix  ans  et  huit  mois,  résidant  au  Ménil  ;  le  premier  témoin  est  son  neveu 

à  cause  de  sa  f émane. 

* 

*      * 

Conscription  de  1807. 

Jeunes  gens  de  cette  classe  définitivement  réformés  par  le  Conseil  de  recru- 
tement : 

André,  Lambert,  de  Tintigny,  contributions  26  fr.  11 

Robert,  Jacques  id.  id.  21  fr.  55 

Collignon,  Henri-Jos.,  de  Poncelle  id.  10  fr.  20 

Certifié  par  le  percepteur  à  vie  de  Tintigny. 

HÉNOUMONT. 

20  octobre.  —  Certificat  de  présence.  — Bastin,  Jean-Nicolas,  soldat  au  108^ 
régiment  de  ligne,  n'a  plus  donné  de  ses  nouvelles  depuis  la  bataille  d'Auster- 
litz  (2  décembre  1805).  Le  chef  de  bataillon  Lacroix,  fï.  de  major,  fait  connaî- 
tre au  Commissaire  ordonnateur  de  la  l^e  division  militaire  qui  a  demandé 
des  renseignements  au  sujet  de  ce  soldat,  que  celui-ci  est  présent  à  la  compa- 
gnie des  voltigeurs  du  3®  bataillon  du  dit  régiment,  faisant  partie  de  la  3''  divi- 
sion du  'M  corps  de  la  grande  armée  campée  pour  lors  à  Gawlow,près  de  Var- 
sovie. 

—  D'Anvers,  le  20  octobre  1807. 

Ce  soldat,  originaire  de  Tintigny,  est  mort  à  l'hôpital  St-Joseph,  à  Posen, 
en  Pologne. 

1808 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

Cinquième  coalition  :  Angleterre,  Autriche,  Péninsule  hispanique. 
1808-1811.  —  Guerre  d'Espagne. 

ÉPHÉMÉRIDE  ADMINISTRATIVE. 

Jourdan  (baron  André-Joseph),  nommé  préfet  du  département  des  Forêts, 
le  8  mai  1808,  est  installé  en  cette  qualité  le  15  juillet  suivant. 

21  janvier.  —  Nomination  <run  adjoint  municipal.  —  Le  sieur  Jean  (^ordier, 
adjoint  municipal  depuis  plusieurs  années,  ayant  résigné  ses  fonctions,  il 
fallut  pourvoir  à  la  vacance  de  cette  charge. 


—  271  — 

Afin  de  pouvoir  fixer  plus  judicieusement  son  choix,  le  préfet  écrivit  con- 
fidentiellement, le  21  janvier,  au  maire  d'Arlon,  Ant.  Résibois,  originaire 
de  Tintigny,  le  priant  de  lui  désigner  sans  délai  celui  des  propriétaires  de 
cette  commune  qui,  par  ses  qualités  personnelles  et  son  attachement  au  Gou- 
vernement, mériterait  d'être  appelé  aux  fonctions  d'adjoint,  en  remplacement 
du  sieur  Cordier. 

M.  Résibois  s'assurerait  à  l'avance  des  dispositions  du  candidat  à  occuper 
cette  place  ;  en  outre,  la  mairie  de  Tintigny  étant  composée  de  plusieurs  vil- 
lages, le  préfet  désirerait  placer  l'adjoint  dans  l'un  de  ceux  où  le  maire  ne  soit 
pas  domicilié,  et  le  plus  important  par  sa  population,  après  le  chef -lieu  de 
la  mairie. 

Le  29  du  même  mois,  M.  Résibois  informe  le  préfet  qu'il  croit  pouvoir  lui 
proposer,  en  toute  confiance,  pour  remplacer  le  démissionnaire,  le  sieur  Jean 
Ricaille,  domicilié  à  Han,  et  percepteur  des  contributions,  homme  probe, 
jouissant  d'une  grande  considération  et  possédant  les  capacités  suffisantes 
pour  remplir  avec  distinction  la  fonction  qui  pourrait  lui  être  conférée. 

Le  préfet,  se  référant  entièrement  à  ces  indications,  prend  aussitôt  l'arrêté 
suivant  : 

((  En  vertu  de  l'art.  20  de  la  loi  du  20  pluviôse  an  VIU, 

Le  Préfet  du  département  des  Forêts, 

Nomme  Ricaille,  Jean,  cultivateur,  domicilié  à  Han,  aux  fonctions  d'ad- 
joint municipal  de  la  commune  de  Tintigny,  en  remplacement  du  sieur  Cor- 
dier, démissionnaire. 

P'ait  à  Luxembourg,  le  fer  février  1808. 

Lacoste. 

14  mai.  —  Le  chemin  d'Ansart  à  Tintigny  menacé  de  destruction  partielle. 
—  Ce  chemin,  décrété,  comme  on  l'a  vu,  en  1791,  et  dont  la  réception  aura 
lieu  seulement  en  1811,  était  dès  1808,  menacé  de  destruction  par  suite  de 
l'action  des  eaux  de  la  Semois. 

C'est  ce  qu'atteste  la  délibération  suivante  du  conseil  municipal  de  Tin- 
tigny. Je  la  reproduis  en  raison  de  son  importance  au  point  de  vue  de  la  con- 
figuration du  cours  de  la  Semois,  entre  Gravière  et  Tintigny. 

Séance  du  14  mai  1808. 

Présents  :  MM.  Hubert,  maire  ;  François  Devillers,  Jean  Iker,  Jean- Joseph 
Renauld,  Jean-Baptiste  Alexandre  et  Jacques  Iker,  membres  du  conseil 
municipal  de  Tintigny. 

«  Considérant  que  l'utilité  publique  commande  impérieusement  de  préve- 
nir la  destruction  totale  du  grand  chemin  qui  conduit  de  Tintigny  à  Ansart 
en  ce  que  la  rivière  de  Semois,  par  l'effet  d'un  coude  où  elle  frappe  violemment 
contre  le  dit  chemin,  au  point  que  le  dit  chemin  sera  entièrement  coupé  en 
moins  d'un  an,  ce  qui  occasionnerait  une  perte  irréparable  en  interrompant 


_  272  

la  comniuiiicalioii  des  tleux  commîmes  eL  en  outre  celle  pour  les  charbonr  et 
fers  de  foute  qui  alimentent  en  partie  les  forges  de  Waillimont,  Berchiwez, 
Laclaireau  et  plusieurs  autres. 

«  Considérant  qu'il  est  de  toute  impossibilité  de  porter  remède  à  ce  mal 
sinon  en  faisant  prendre  un  antre  cours  à  la  rivière  ;  que  ce  nouveau  cours 
peut  se  faire  commodément  et  avantageusement,  en  l'ouvrant  sur  la  propriété 
de  Henry,  François,  propriétaire  cultivateur  à  Tintigny,  ou  plutôt  sur  la 
propriété  de  cette  commune,  puisque  le  dit  Henry  François  ne  la  tient  qu'en 
engagère  pour  le  terme  de  huit  années  (1),  surtout  qu'à  la  grande  crue  des 
eaux  ce  nouveau  cours  a  lieu. 

«  Que  ce  nouveau  cours  demanderait  quarante  mètres  de  longueur  sur  douze 
de  largeur. 

«  ("onsidérant  enfin  que  tous  les  moyens  o  ;L  été  employés  pour  empêcher 
la  ruine  imminente  du  dit  grand  chemin,  mais  inutilement  ;  sur  tous  ces  puis- 
sants motifs  et  pour  l'utilité  publique,  le  conseil  municipal  demande  l'auto- 
risation d'acquérir  quarante  mètres  de  longueur  sur  douze  mètres  de  lar- 
geur, dans  un  pré  appartenant  an  dit  François,  situé  au  territoire  de  Tintigny, 
cà  lieu  dit  Norulles,  et  de  vendre  deux  cent  quarante  mètres  de  longueur  sur 
douze  de  largeur  que  formera  l'ancien  lit  de  la  rivière  de  Semois,pourle  pro- 
duit être  employé  à  l'achat  du  terrain  à  acquérir  du  dit  François  ;  le  surplus 
versé  dans  la  caisse  du  percepteur  pour  servir  aux  besoins  urgents  de  la  com- 
mune. » 

Le  15  août  1808,  le  Préfet  communique  cette  délibération  à  l'ingénieur 
en  chef  des  Ponts  et  chaussées  et  l'invite  à  lui  donner  son  avis  sur  cet  objet 
pour  pouvoir  y  statuer  en  connaissance  de  cause. 

Le  5  septembre,  l'ingénieur  écrit  que  pour  répondre  «  pertinemment  »  à 
la  demande  du  Préfet,  il  est  nécessaire  qu'il  se  transporte  sur  les  lieux  et 
qu'il  en  lève  le  plan,  ce  qui  nécessitera,  pour  la  commune  de  Tintigny,  une 
dépense  qu'il  estime  s'élever  à  144  francs. 

Les  communes  de  Tintigny  et  d'Ansart,  intéressées  à  la  conservation  du 
chemin  dont  il  s'agit,  sont  invitées,  le  12  septembre,  par  le  sous-préfet  de 
Neuf  château,  à  faire  le  dépôt  de  la  dite  somme  de  144  francs,  entre  les  mains 
de  l'ingénieur  en  chef,  contre  récépissé. 

Le  maire  de  Tintigny  répond  le  22  novembre  que  les  communes  d'Ansart 
et  de  Tintigny  ne  pourraient  jamais  faire  la  dépense  des  144  francs  demandés, 
parce  qu'  «  il  n'y  a  aucun  fonds  en  caisse,  ni  espoir  d'en  avoir.  » 

«  Que  si  la  somme  de  144  francs  est  absolument  de  rigueur,  on  sera  forcé 
d'abandonner  le  projet,  et  par  là  obligé  de  voir  un  chemin  de  première  néces- 
sité et  d'une  utilité  indispensable  anéanti.  )> 


(1)  Cette  propriété  est  la  prairie  de  yôridles,  que  la  Gomraunauté  de  Tintigny  pos- 
sède de  temps  Immémorial  et  qu'au  cours  des  siècles  elle  aliéna  sous  condition  de  la 
faculté  de  rachat,  toutes  les  fois  qu'elle  se  trouva  en  embarras  financier. 


—  273  — 

Cependant,  à  la  suite  de  diverses  correspondances  échangées  à  ce  sujet 
entre  le  maire  et  le  sous-préfet,  il  fut  convenu  que  l'on  s'en  rapporterait  à 
un  homme  de  l'art  des  environs,  ce  que  l'ingénieur  lui-même  approuva,  vu 
l'impossibilité  où  se  trouvait  la  commune  de  Tintigny  de  consigner  la  somme 
de  144  francs. 

On  doit  supposer  que  les  travaux  auront  été  effectués  selon  les  intentions 
du  conseil  municipal,  car,  le  12  juin  1812,  le  dit  conseil  ayant  été  assemblé 
en  séance  extraordinaire  pour  donner  son  avis  au  sujet  des  personnes  qui 
seraient  chargées  de  recevoir  le  chemin  d'Ansart  à  Tintigny,  conformément 
à  l'acte  notarié  du  23  novembre  1791,  il  fut  résolu  que  le  conseil  municipal 
lui-même  se  transporterait  en  corps  sur  le  dit  chemin,  «  pour  dresser  procès- 
verbal  si  ce  chemiin  avait  été  fait  conformément  aux  clauses,  charges  et  con- 
ditions du  dit  acte  notarié,  » 

Avaient  signé  au  procès-verbal  : 

H.  Dorvo,  J.-B.  de  Prouvy,  H. -P.  Henry,  F.  Devillers,  H.  Iker,  J.  Hubert, 
J.-J.  Mortehan,  G.  Guillaume  et  J.-B.  Alexandre. 

Dans  une  séance  subséquente,  le  conseil  considérant  que  les  conditions 
exigées  par  l'acte  prérappelé  avaient  été  exactement  remplies,  pour  s'en  être 
assuré  en  se  transportant  sur  les  lieux,  déclara  «  que  les  dits  pont  et  chemin 
étaient  reçus,  mais  qu'aux  termes  du  dit  acte  notarié,  les  entrepreneurs  res- 
teraient responsables  du  dit  ouvrage  pendant  un  an.  » 

17  juin.  —  Enrôlement  volontaire.  —  Par  lettre  datée  du  17  juin  1808,  le 
préfet  Lacoste  recommande  au  major  du  3^  régiment  de  hussards,  le  jeune 
Maximilien  Iker,  de  Tintigny,  qui  a  contracté  un  enrôlement  volontaire  dans 
ce  régiment. 

Dans  sa  lettre,  le  préfet  laisse  échapper  le  suggestif  aveu  que  voici  : 

((  Mais  quel  que  soit  le  mérite  personnel,  on  a  toujours  besoin  de  protection 
pour  obtenir  de  l'avancement.  » 

Le  jeune  Maximilien  Iker,  brigadier  au  3^  régiment  des  hussards  de  l'Em- 
pereur, mourut  chez  son  père,  Jean  Iker,  qu'il  était  venu  saluer  en  passant 
en  détachement,  le  4  mai  1809  ;  il  n'était  âgé  que  de  18  ans  9  mois. 

20  octobre.  —  Un  conscrit  soupçonné  de  mutilation  volontaire.  —  Nicolas 
Iker,  d'Ansart,  soupçonné  de  s'être  mutilé  la  première  phalange  de  l'index 
et  du  médium  de  la  main  droite,  pour  se  soustraire  au  service  de  l'armée 
active  auquel  il  était  appelé,  est  mis  à  la  disposition  de  la  gendarmerie  pour 
être  conduit  dans  une  compagnie  de  pionniers. 

Son  père  réclame  contre  cette  décision  du  conseil  de  recrutement  et  offre 
de  prouver  par  témoins  que  cette  mutilation  est  le  résultat  d'un  accident. 


--  274  — 

1809 

ÉPHÉMÉRIDE  MILITAIRE. 

()  juilUi.   -Bataille  de  Wagram. 
Vin  (le  la  cinquième  coalition. 

ÉPHÉMÉRIDE  LOCALE. 

4  mai.  Henri-Philippe  Heniy,  juge  de  paix  du  canton  d'Etalle,  est  nom- 
mé conseiller  municipal,  en  remplacement  du  sieur  Rossignon,  Philippe, 
décédé. 

12  mai.  —  Le  Conseil  municipal  —  J.-B.  de  Prouvy,  Jean  Iker,  Jacques 
Iker,  Devillers,  Lenfant,  Alexandre  et  Hubert  —  sollicite  l'autorisation  de 
vendre  quatre  cordes  et  demie  de  bois  et  vingt-quatre  arbres  chênes  restant 
de  la  coupe  de  cette  année, pour  le  produit  être  employé  à  l'acquit  du  loyer  de 
la  maison  du  desservant  de  la  paroisse,  et  le  surplus  servir  à  faire  une  porte 
principale  à  l'église  de  Tintigny,  laquelle  se  trouve  en  mauvais  état. 

Avis  favorable  de  l'inspecteur  des  bois  et  forêts,  Aubin-Wiart.  —  Auto- 
risation accordée. 

6  juillet.  —  Information  du  décès  d'un  militaire.  —  Après  Wagram.  Les 
maires  étaient  informés,  mais  souvent  après  un  laps  de  temps  assez  long,  de 
la  mort,  sur  le  champ  de  bataille  ou  dans  un  hôpital,  des  militaires  originaires 
de  leurs  communes. 

Voici  un  exemple  de  la  forme  dans  laquelle  se  faisait  cette  notification  : 

62e  de  ligne. 

Classe  de  1809. 

Jacob  Charles,  fils  de  feu  Alexandre  et  de  Jeanne-Marie  Moneau,  né  à 
Tintigny,  le  17  mars  1789. 

Départ  du  département,  le  29  octobre  1808.  (1) 

Incorporation,  le  7  décembre  1808. 

No  6758.  —  Fusilier  de  la  3^  compagnie  du  2^  bataillon. 

Est  mort  à  l'hôpital  de  Vienne,  le  5  octobre  1809,  par  suite  de  blessures. 

Certifié  par  nous.  Membres  du  Conseil  d'Administration. 

Marseille,  le  20  mai  1810. 

Signé  :  Du  Commun,  capitaine  ;  Gravelet,  capitaine  ;  Regnault,  major. 


(1)  n  y  avait  eu  levée  anticipative. 


—  275  — 

17  décembre.  —  Certificat  d'incorporation.  —  Les  Membres  du  Conseil 
d'Administration  du  28^  régiment  d'infanterie  légère  certifient  que  J.-B. 
Henry,  d'Ansart,  conscrit  de  1809, a  été  reçu  sous  les  drapeaux  le  2  novembre 
1809,  et  immatriculé  sous  le  n^  (3718. 

A  Mayence,  le  17  décembre  1809. 

20  décembre.  —  Fin  du  dépôt.  —  Bastin,  Louis,  de  Tintigny,  est  placé  à  la 
tin  du  dépôt  (1),  comme  ayant  un  frère  mort  en  activité,  à  l'hôpital  St-Joseph 
à  Posen,  en  Pologne.  —  Voir  à  la  date  du  20  octobre  1807. 


1810 

ÉPHÉMÉRIDES  HISTORIQUES, 
l^r  avril.  —  Mariage  de  Napoléon  avec  Marie-Louise  d'Autriche. 
Juillet.  —  Réunion  de  la  Hollande  à  l'Empire  français. 

* 

5  janvier.  —  Dispenses  de  service  aclij.  —  Jacob,  Henri-Alexandre,  de  Tin- 
tigny, et  Camus,  Jean-Joseph,  d'Ansart,  conscrits  de  1806,  demandent 
à  être  placés  à  la  fin  du  dépôt,  comme  ayant  chacun  un  frère  en  activité  de 
service.  Les  classes  auxquelles  appartenaient  ces  conscrits  venaient  d'être 
rappelées  sous  les  drapeaux. 

27  février.  —  Rachat  du  presbytère.  —  La  maison  presbytérale,  avec  ses 
dépendances,  ainsi  que  tous  les  biens  appartenant  à  la  fabrique  de  l'église, 
avaient  été  adjugés  au  citoyen  Collard,  sous-préfet  de  Neufchâteau,  le 
6  frimaire  an  IX  (16  décembre  1800),  pour  le  prix  et  somme  de  trois  mille 
deux  cents  francs. 

Or,  l'art.  92  du  décret  impérial  du  30  décembre  1809  stipulait  que  la 
commune  était  tenue  de  fournir  au  curé  un  presbytère ^  ou  à  défaut  de  pres- 
bytère, un  logement,  ou  à  défaut  de  logement,  une  indemnité  pécuniaire 
équivalente. 

En  présence  de  cette  alternative  inéluctable,  la  municipalité  ne  crut 
pouvoir  mieux  agir  qu'en  rachetant  à  son  nouveau  propriétaire  la  maison 
curiale  qui,  par  sa  situation  et  sa  disposition  se  prêtait  mieux  que  toute  autre 
à  une  telle  destination. 

A  cette  fin,  l'administration  communale  entra  en  pourparlers  avec  le 
sous-préfet  Collard,  qui  consentit  à  lui  rétrocéder  son  acquisition  moyennant 
la  somme  de  4,455  francs,  payable  par  moitiés,  l'une  en  1811  et  l'autre  en 
1812. 


(l)  Portion  de  corps  de  troupes  destiné  à  demeurer  dans  une  ffarnison  quand  le  reste 
se  mobilise. 


18 


—  276  — 

Le.  marché  ayant  été  conclu  à  ces  conditions,  le  desservant,  Jacques 
Lhonu'l,  rouira  en  possession  du  vieux  presbytère,  ({ui  resta  depuis  lors  aiïecté 
à  l'usage  que  lui  avaient  assigné  ses  premiers  fondateurs,  les  jésuites  de 
Luxembourg,  dont  le  monogramme  se  voyait  encore  il  y  a  quelque  trente 
ans  au-dessus  de  la  porte  principale. 

Pour  se  libérer,  la  commune  se  vit  dans  la  nécessité  d'imposer  à  tous  les 
chefs  de  ménage,  pendant  les  deux  années  susdites,  une  contribution  extraor- 
dinaire qui  suscita  quelques  protestations,  mais  que  la  généralité  accepta 
comme  le  mode  le  plus  équitable  de  satisfaire  aux  obligations  de  la  commu- 
nauté. 

Aiilres  difficultés  financières.  —  La  commune,  en  ce  moment,  n'était  guère 
en  fonds,  épuisée  par  les  contributions  et  les  réquisitions  de  toutes  sortes  des 
années  antérieures. 

Déjà,  en  1808,  elle  se  trouvait  dans  l'impossibilité  de  consigner  une  somme 
de  144  francs,  estimée  nécessaire  par  l'ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaus- 
sées, pour  le  tracé  des  plans  de  redressement  du  cours  de  la  Semois  et  de 
réfection  du  chemin  d'Ansart  à  Tintigny. 

A  la  même  date  du  27  février,  qui  venait  de  marquer  le  rachat  du  presby- 
tère, le  receveur  de  l'enregistrement  à  Etalle  prévenait  le  maire  de  Tintigny 
que  l'inspecteur  de  son  bureau  s'était  concerté  avec  l'inspecteur  des  eaux  et 
forêts  à  l'effet  d'assurer  le  recouvrement  du  montant  du  traitement  avancé 
par  le  Gouvernement  aux  gardes  des  bois  de  la  commune  pendant  les  années 

XII,  XIII,  XIV  et  1806.  En  conséquence,  il  avait  été  arrêté  qu'aucune  coupe 
n'aurait  lieu  cette  année  au  profit  de  la  commune  débitrice,  à  moins  que 
celle-ci  ne  se  fût  auparavant  libérée. 

En  séance  extraordinaire  du  2  avril,  le  conseil  municipal  convoqué  à  ce 
sujet  déclara  unanimement  qu'il  était  préférable  de  prélever  sur  la  commune 
une  cotisation  pour  faire  face  à  cette  charge,  plutôt  que  de  distraire  une  por- 
tion de  la  coupe,  puisque  jusqu'à  ce  jour  ce  mode  avait  été  suivi  avec  avan- 
tage en  d'autres  cas  urgents. 

L'arriéré  dû  par  la  commune  était  cependant  relativement  assez  minime. 
Voici  comment  le  receveur  de  l'enregistrement  en  avait  établi  le  relevé  : 

«  Etat  du  traitement  des  gardes  forestiers  et  des  frais  d'arpentage  dus  par 
les  communes  de  Tintigny,  Han,  Poncelle  et  Ansart,  pour  l'exercice  de  1810, 
et  montant  de  l'arriéré  dû  par  la  commune  d'Ansart  pour  les  années  XII, 

XIII,  XIV  et  1806,  dont  le  domaine  a  fait  l'avance  : 

Tintigny,  Han,  Poncelle  et  Ansart 250    » 

Ansart  seul 36    » 

Frais  d'arpentage  dans  lesquels  Ansart  ne  paye  rien  cette  année .  .       33  75 

Total 401  75 


—  277  — 

25  mars.  — Décret  impérial  d'amnistie. —  A  l'occasion  de  son  mariage  avec 
l'archiduchesse  Marie-Louise  d'Autriche,  célébré  le  l^i"  avril,  l'empereur 
Napoléon  avait  fait  publier,  dès  le  25  mars,  un  décret  d'amnistie  générale 
en  faveur  de  tous  les  militaires  insoumis,  déserteurs  ou  réfractaires  à  cette 
date. 

Afin  de  mettre  un  terme  aux  poursuites  et  aux  rigueurs  dont  ils  étaient 
l'objet  et  soustraire  leurs  familles  ou  leurs  communes  aux  mesures  sévères 
déjà  prises  à  leur  égard,  le  plus  grand  nombre  des  défaillants  firent  leur  sou- 
mission, quittèrent  leurs  refuges  et  se  représentèrent  aux  autorités  dont  ils 
relevaient. 

Les  bienfaits  de  la  clémence  impériale  s'étendirent  à  Tintigny  : 

Lambinet  .Joseph,  fils  de  Jean  et  de  Thérèse  Nicolas,  né  le  16  février  1790, 
à  Breuvanne,  déserteur  du  premier  régiment  des  cuirassiers,  2^  compagnie, 
6*^  escadro]!,  à  la  suite  du  décret,  réclame  son  pardon  et  promet  de  rejoindre 
son  corps  et  d'y  servir  avec  fidélité  S.  M.  l'Empereur  et  Roi,  sachant  qu'une 
nouvelle  désertion  l'exposerait  à  la  peine  du  boulet.  ^lalgré  cela,  son  père, 
Jean  Lambinet,  a  chez-lui  Vexécution  militaire.  Le  maire  de  Tintigny  signale 
le  cas  au  chef  du  bureau  militaire,  et  dès  le  lendemain,  le  préfet  donne  l'ordre 
de  lever  la  garnison  du  domicile  de  Lambinet. 

Urbain  François,  fils  de  Hubert  et  d'Anne-Joseph  Pireau,  né  à  Breuvanne 
le  16  octobre  1790,  déserteur  du  4*^  bataillon  de  sapeurs,  est  amnistié  en  vertu 
du  même  décret  impérial,  et  dirigé  sur  son  dépôt,  à  Metz.  Fait  la  même  décla- 
ration que  le  précédent. 

30  mars.  Mort  alarmée.  —  Jean-Baptiste  Thiry,  fusilier  au  108^  régiment 
de  ligne,  4^  bataillon,  V^  compagnie,  meurt  à  Malines,  le  30  mars  1910. 

19  mai.  Certificat  d'existence.  —  Camus,  Henri-Joseph,  classe  de  1809,  né 
le  27  février  1789,  à  Ansart,  fils  de  Jean-Baptiste  et  de  Elisabeth  Delime. 

Incorporé  le  29  novembre  1809  au  6^  régiment  léger  ;  y  sert  en  qualité  de 
chasseur  dans  la  V'^  compagnie  du  5^  bataillon,  où  il  était  présent  le  l^r 
février  1810,  jour  de  son  départ  pour  rejoindre  les  bataillons  de  guerre  en 
Espagne. 

Déclaration  datée  de  Phalsbourg,  le  19  mai  1810. 

lei"  septembre.  —  Scrutin  pour  le  collège  électoral  de  département,  pour  le 
collège  électoral  cV  arrondisse  ment  et  pour  les  candidats  à  la  justice  de  paix  et 
à  la  suppléance  de  cette  justice.  —  A  la  date  du  l^r  septembre  eut  lieu  dans 
toutes  les  communes  un  scrutin  pour  la  désignation  des  membres  du  collège 
départemental,  du  collège  d'arrondissement  et  des  candidats  à  la  justice 
de  paix  et  à  la  suppléance  de  cette  justice. 

Je  reproduirai  in-extenso  le  procès-verbal  de  ce  scrutin  à  cause  de  l'intérêt 
qu'il  présente  tant  au  point  de  vue  des  opérations  qu'il  nécessitait  qu'àcelui 
des  indications  qu'il  fournit  au  sujet  des  notabilités  du  canton  d'Etalle  à 
cette  époque. On  y  remarquera  aussi  l'analogie  frappante  qui  existait  entre 


—  278  — 

plusiours  clos  oporaLioiis  de  ce  scrutin  cL  diverses  dispusilioiis  de  notre  législa- 
tion électorale  actuelle. 

Procès-verbal    d'élection. 
«  L'an  mil  huit  cent  tiix,  le  premier  septembre, 

Nous  soussigné  Henri-Philippe  Henry,  juge  de  paix  du  canton  d'Etalle, 
premier  arrondissement  du  département  des  Forêts,  nommé  président  de 
l'assemblée  cantonale  de  Tintigny,  au  dit  canton,  à  cause  de  l'absence  du 
maire  Hubert,  nous  nous  sommes  rendus  au  lever  du  soleil  dans  la  maison 
d'école  ilu  dit  Tintigny,  lieu  désigné  pour  la  tenue  des  assemblées,  où  après 
être  restés  fort  longtemps,  et  personne  ne  s'y  étant  rendu,  nous  avons  ajourné 
les  opérations  à  demain  deux,  à  huit  heures  du  matin.  Nous  nous  y  som- 
mes rendus  derechef  et  nous  y  avons  trouvé  les  sieurs  J.-B.  de  Prouvy, 
propriétaire  au  Ménil,  et  Jean  Iker,  greffier  de  la  justice  de  paix,  l'un  et 
l'autre  faisant  partie  de  la  liste  des  dix  plus  imposés  de  la  section  de  Tintigny, 
et  comme  il  ne  s'est  présenté  personne  de  ceux  qui  composent  la  liste  des 
plus  âgés  de  la  même  section,  nous  avons  dû  composer  le  bureau  des  deux 
premiers,  après  quoi  nous  avons,  avec  les  deux  sus  nommés  choisis  pour 
scrutateurs,  procédé  à  la  nomination  du  secrétaire,  et  les  voix  s'étant  réu- 
nies sur  Jean-Joseph  Mortehan,  huissier  du  tribunal  de  première  instance, 
demeurant  à  Breuvanne,  après  ce,  nous  président,  avons  proclamé  le  bureau 
définitif,  et  ayant  fait  annoncer  au  son  de  la  caisse  que  les  ayant  droit  de 
vote  pouvaient  se  présenter  pour  faire  leurs  bulletins,  et  nous  étant  en 
tout  conformés  au  règlement  du  17  janvier  1806,  et  aux  instructions  du 
ministre  de  l'intérieur,  notamment  sur  le  serment  exigé  tant  des  membres 
du  bureau  que  des  votants,  ceux-ci  ont  déposé  leurs  bulletins  de  la  manière 
exigée  par  la  loi,  dans  les  boëtes  destinées  à  les  recevoir.  11  a  été  procédé  à 
l'ouverture  du  premier  scrutin  jusques  à  six  heures  après-midi,  heure  à 
laquelle  nous  avons  ordonné  qu'il  fût  clos  et  dépouillé. 

En  procédant  au  dépouillement  nous  avons  d'abord  vérifié  que  le  nombre 
des  bulletins  était  égal  à  celui  des  personnes  cjui  avaient  donné  leur  suffrage, 
et  inscrit  sur  la  liste  que  nous  avons  tenue  à  cet  effet,  et  il  est  résulté  de  ce 
dépouillement  savoir  : 

4 

Pour  le  collège  électoral  de  département. 

fo  Que  M.  Robert- Joseph  de  Laittres,  propriétaire  à  Rossignol,  au  dit 
canton  d'Etalle,  a  obtenu  vingt-quatre  suffrages. 

2°  Que  M.  d'Anethan,  père,  maître  de  forges  à  la  Trapperie,  au  même 
canton,  en  a  obtenu  neuf. 

3°  Que  M.  Jean-Martin  Tchofïen,  président  de  ce  canton,  domicilié  à 
Fouches,  en  a  obtenu  six. 

40  Que  M.  Demarteau,  rentier  à  Habay-la-Vieille,  en  a  obtenu  huit. 

5°  Que  M.  Henri-Philippe  Henry,  juge  de  paix  du  canton  d'Etalle,  en  a 
obtenu  un. 


—  279  — 
Collège  électoral  (V arrondissement. 

1°  Que  M.  J.-B.  Alexandre,  notaire  à  Tintigny,  au  dit  canton,  en  a  obtenu 
treize. 

2°  Que  M.  Jean  Iker,  greffier  de  la  justice  de  paix,  au  même  Tintigny, 
en  a  obtenu  treize. 

3°  Que  Al.  J.-B.  Welter,  propriétaire  à  Habay-la-Neuve,  en  a  obtenu 
vingt  et  un. 

40  Que  M.  Gaspar- Joseph  Verniol,  médecin  à  Etalle,  en  a  obtenu  sept. 

50  Que  M.  de  Laittres,  rentier  à  Rossignol,  en  a  obtenu  dix. 

6Q  Que  M.  J.-B.  de  Gerlache,  maître  de  forges  à  Biourge,  canton  de  Neuf- 
château,  en  a  obtenu  neuf. 

70  Que  M.  Demarteau,  rentier  à  Habay-la-vieille,  en  a  obtenu  cinq. 

80  Que  M.  Mortehan,  huissier  à  Breuvanne,  au  dit  canton,  en  a  obtenu  six. 

90  Que  M.  J.  B.  de  Prouvy,  rentier,  demeurant  au  Ménil,  en  a  obtenu  sept. 

10°  Que  M.  Henri  Maîtrejean,  rentier  à  Bellefontaine,  au  dit  canton,  en  a 
obtenu  deux. 

llo  Que  M.   Henri-Phihppe  Henry,  juge  de  paix  du   canton  d'Etalle, 
demeurant  à  Tintigny,  en  a  obtenu  trois. 

Candidats  à  la  justice  de  paix. 

1°  Que  M.  Demarteau,  rentier  à  Habay-la- Vieille,  en  a  obtenu  vingt-trois. 

2°  Que  M.  Jean-Martin  Tchoffen,  président  de  ce  canton,  demeurant  à 
Fouches,  en  a  obtenu  quatorze. 

3^  Que  M.   J.-B.   Welter,  rentier,  demeurant  à  Habay-la-Neuve,  en  a 
obtenu  dix. 

40  Que  M.  J.-B.  Alexandre,  notaire  à  Tintigny,  en  a  obtenu  un. 
Suppléants  de  la  justice  de  paix. 

1°  Que  M.  Pierre-François  Marchai,  propriétaire,  demeurant  à  Etalle, 
en  a  obtenu  vingt-quatre. 

2°  Que  M.  Jean  Bian,  propriétaire,  au  même  lieu,  en  a  obtenu  dix-sept. 

30  Que  M.  J.-B.  Alexandre,  notaire  à  Tintigny,  en  a  obtenu  quinze. 

40  Que  M.   Jean-Martin  Tchoffen,  président  de  ce  canton,  demeurant    à 
Fouches,  en  a  obtenu  un. 

50  Que  M.  Gaspar- Joseph  Verniol,  médecin  du  dit  Etalle,  en  a  obtenu  trois. 

60  Que  M.  J.-B.  de  Prouvy,  propriétaire  au  Ménil,  en  a  obtenu  douze. 


—  280  — 

l'^  Que  M.  J.-B.  Welter,  propriétaire  à  Habay-la-Neuvc,  en  a  obtenu 
vingt  et  un.. 

8»  Que  M.  Demarteau,  résidant  à  Habay-la- Vieille,  en  a  obtenu  un. 

9^'  Que  M.  Jean  Iker,  grefïier,  demeurant  au  dit  Tintigny,  en  a  obtenu 
deux. 

Ainsi  clos  et  rédigé  par  nous,  président  et  scrutateurs  sus  nommés,  assistés 
du  secrétaire,  à  Tintigny,  le  deux  septembre  mil  huit  cent  dix,  à  six  heures 
après-midi.   » 

H.-P.   Henry.  J.-B.   de  Prouvy.  J.    Iker. 

J.-J    MORTEHAN. 

2e  Scrutin. 
«  L'an  mil  huit  cent  dix,  le  cinq  septembre, 

En  conséquence  du  dépouillement  des  scrutins  des  différentes  assemblées 
cantonales,  qui  s'est  fait  par  devant  M.  Tchofïen,  président  du  canton  d'Etalle, 
premier  arrondissment  du  département  des  Forêts,  et  en  son  domicile,  le 
quatre  du  courant  et  duquel  dépouillement  et  recensement  général,  il  est 
résulté  qu'il  reste  encore  à  élire. 

Savoir  : 

Un  membre  pour  le  collège  électoral  de  département. 

Trois  pour  le  collège  électoral  d'arrondissement. 

Un  candidat  aux  fonctions  de  juge  de  paix, et  finalement  quatre  pour  les 
fonctions  de  suppléant  de  juge  de  paix. 

«  Nous,  Henri-Philippe  Henry,  président  de  l'assemblée  sectionnaire  de 
Tintigny,  canton,  arrondissement  et  département  que  dessus,  avons  fait 
annoncer  de  la  manière  ordinaire  et  à  soleil  levant,  qu'il  allait  être  procédé 
sur  le  champ  à  un  second  scrutin  pour  l'élection  des  personnes  ci-dessus. 

«  Et  nous  étant  rendu  à  soleil  levant  dans  la  maison  d'école,  y  avons 
trouvé  nos  scrutateurs  précédents,  les  sieurs  de  Prouvy,  propriétaire  au 
Ménil,  Jean  Iker,  greffier  de  la  justice  de  paix,  ainsi  que  le  secrétaire  ]Mor- 
tehan,  avec  lesquels  nous  avons  formé  le  bureau  et  reçu  les  bulletins  des  vo- 
tants de  la  manière  exigée  par  la  loi  et  les  instructions  de  Son  Excellence 
le  Ministre  de  l'Intérieur. 

«  Ayant  tenu  le  scrutin  ouvert  depuis  le  soleil  levant  jusqu'au  soleil 
couchant,  et  n'ayant  point  reçu  la  moitié  ni  les  trois  quarts  des  suffrages  des 
ayants  droit  de  voter,  avons  ajourné  la  continuation  des  scrutins  à  demain 
six. 

«  Et  le  six,  à  soleil  levant,  nous  étant  encore  réuni  à  nos  scrutateurs  et 
secrétaire  dénommés  ci-devant,  et  transporté  en  la  dite  maison  d'école,  y 
sommes  restés  jusqu'à  six  heures  de  l'après-midi  et  comme  les  trente  heures 


—  281  — 

accordées  par  la  loi  pour  donner  les  votes  étant  écoulées,  nous  avons  ordonné 
le  dépouillement  des  scrutins. 

«  En  y  procédant,  nous  avons  d'abord  reconnu  que  le  nombre  des  bulletins 
était  égal  à  celui  des  personnes  qui  avaient  voté,  et  de  ce  dépouillement  il  est 
résulté  : 

1»  Pour  le  collège  électoral  de  département. 

Que  Cordier  Jean,  le  jeune,  laboureur,  à  Breuvanne,  en  a  obtenu  huit. 

2°  Pour  le  Collège  électoral  d'arrondissement. 

Que  Momback,  Jean-Louis,  maire  de  Habay-la-Neuve,  en  a  obtenu  huit  . 

Poncelet,  Jean-Louis,  propriétaire  au  dit  Etalle,  en  a  obtenu  huit. 

Leclère,  Jean-Pierre,  marchand  au  dit  Habay-la-Neuve,  en  a  obtenu  huit. 

4°  Pour  la  nomination  du  candidat  aux  fonctions  de  juge  de  paix, 

Que  M.  Alexandre,  Jean-Baptiste,  notaire  à  Tintigny,  en  a  obtenu  sept. 

50  Pour  la  nomination  des  candidats  aux  fonctions  de  suppléant  de  juge 
de  paix, 

Que  le  sieur  Tschofîen,  président  de  l'assemblée  de  ce  canton  d'Etalle, 
résidant  à  Fouches,  en  a  obtenu  huit. 

Demarteau,  rentier,  résidant  à  Habay-la-Vieille,  en  a  obtenu  huit  ; 

Gilson,  maire  actuel  de  Habay-la-Vieille,  en  a  obtenu  huit. 

Maréchal,  Pierre-François,  propriétaire  au  dit  Etalle,  en  a  obtenu  huil. 

«  De  tout  quoi  nous  avons  dressé  le  présent  procès-verbal,  et  icelui  signé 
le  dit  jour  six  septembre  à  six  heures  de  l'après-midi.  » 

H.-P.  Henry.  J.-B.  de  Prouvy.  L.   Iker. 

J.-J.    MORTEHAN. 

15  octobre.  —  Le  littéraleur  Hyacinthe-Madelaine  Dorvo  à  Tintigny.  —  De 
date  immémoriale,  il  est  de  coutume,  à  Tintigny,  que  des  jeunes  gens,  surtout 
des  jeunes  filles,  quittent  le  village  pour  aller  se  mettre  en  service  à  Paris. 
Une  demoiselle  Bastin,  dont  la  famille  habitait  l'ancienne  maison  Vivinus, 
proche  le  ruisseau  du  Guénèvin,y  était  vers  le  commencement  du  siècle; elle 
y  connut  le  littérateur  Dorvo  et  devint  son  épouse. 

Cet  écrivain  très  apprécié  était  né  à  Rennes,  en  Bretagne,  le  10  novem- 
bre 1768. 

11  est  l'auteur  d'une  vingtaine  de  pièces  de  théâtre  estimées,les  unes  en  vers, 
les  autres  en  prose, et  dont  les  deux  principales,  la  mort  de  Duguesclin,  eu 
3  actes,  et  V Envieux,  en  5  actes  et  en  vers,  furent  jouées  à  la  Comédie  fran- 
çaise. 11  écrivit  en  outre  plusieurs  romans  de  réelle  valeur,  des  épîtres  et  enfin 


—  282  — 

im  poème  sur  la  rovoluliou  française  de  1830,  dédié  à  Louis-Philippe,  et 
imprimé  à  Paris  en  1831. 

On  trouvera  la  liste  de  ces  diverses  œuvres  dans  le  Dictionnaire  des  hommes 
de  lettres  et  des  artistes  de  la  Belgique,  par  Vandermaelen,  p.  59. 

La  femme  de  Uorvo  décida  bientôt  son  mari  à  venir  habiter  Tintigny, 
son  village  natal.  Les  époux  y  furent  précédés  de  la  recommandation  sui- 
vante, qu'un  haut  personnage  de  la  capitale,  dont  je  n'ai  pu  déchiffrer  la 
signature,  adressait  au  préfet  du  département  : 

«  Paris,  le  15  octobre  1810. 
«  Monsieur  le  Baron, 

«  M.  Dorvo  étant  dans  l'intention  d'aller  s'établir  à  Tintigny,  près  de  Neuf- 
château  des  Moulins  à  vent  (!!),  je  vous  prie  de  lui  être  utile  autant  qu'il 
dépendra  de  vous,  toutes  les  fois  qu'il  réclamera  vos  bons  offices,  afin  de  lui 
éviter  les  difficultés  qui  pourraient  se  présenter  contre  cet  établissement. 

«  Ce  projet  réalisé  ne  peut  qu'être  avantageux  pour  le  pays,  et  sous  ce  rap- 
port, il  doit  mériter  protection. 

«  Je  vous  serai  très  reconnaissant,  Monsieur  le  Baron,  des  bontés  que  vous 
voudrez  bien  avoir  pour  M.  Dorvo.  Il  mérite  qu'on  lui  porte  intérêt. 

('  Agréez,  Monsieur  le  Baron,  l'assurance  de  ma  considération  distinguée. 

Le  Comte  N...  » 

c(  A  Monsieur  le  Baron  Jourdan,  Préfet  du  département  des  Forêts,  à 
Luxembourg.  » 

Arrivé  peu  après  à  Tintigny,  le  ménage  Dorvo  occupa  d'abord  la  maison 
habitée  dans  la  suite  par  feu  le  docteur  Poncelet,  puis  par  l'auteur  de  cette 
notice  ;  il  fit  Construire  la  belle  habitation  dénommée  autrefois' au  Balcon, 
et  où  demeurèrent  après  lui  les  demoiselles  de  Grand  voir,  puis  M.  le  notaire 
Lefèvre-Allard,  et  enfin  M.  Léop.  Robert-Gigot,  qui  l'occupe  actuellement. 

Sans  doute  qu'il  survint  avec  le  temps,  à  Dorvo,  certains  revers  de  fortune, 
car  il  dut  dans  la  suite  abandonner  cette  maison,  pour  aller  en  occuper 
successivement  deux  autres,  la  première  possédée  après  lui  par  Victor  Orban, 
et  la  seconde  par  Henri  Halbardier,  dit  Croûque,  celle-ci  vis-à-vis  et  à 
deux  pas  de  celle  qu'il  avait  fait  édifier  à  grands  frais. 

C'est  dans  cette  dernière  qu'il  mourut  subitement,  alors  qu'il  était  occupé 
à  balayer  lui-même  sa  cuisine. 

24  octobre.  —  Capitaine  retraité.  —  Pendant  une  période  de  vingt  années, 
Tintigny  fournit  à  la  République  et  à  l'Empire  de  nombreux  soldats,  parmi 
lesquels  il  s'en  trouva  un  au  moins  qui  sortit  du  rang  et  parvint  au  grade  de 
commandant  d'une  compagnie. 

Le  sieur  Renson,  capitaine  d'artillerie  de  marine,  de  la  commune  de  Tinti- 
gny (sans  doute  de  Poncelle),  y  retiré,  demande,  à  la  date  du  24  octobre,  que 


—  283  — 

sa  pension,  s'élevant  à  la  somme  annuelle  de  1129  francs,  lui  soit  payée  à  sa 
résidence/ Il  obtient  satisfaction. 


1811 

ÉPHÉMÉRIDE  MILITAIRE. 
Mars.  —  Masséna  est  contraint  d'évacuer  le  Portugal. 

Fonctionnaires  communaux. 

Jos.  Hubert,  maire. 

Jean  Ricaille,  adjoint-maire,  résidant  à  Han. 

Jacques  Lhomel,  prêtre  desservant  la  succursale  de  la  mairie. 

Henri-Jos.  Conrotte,  instituteur  primaire  de  la  mairie,  secrétaire  com- 
munal. 

Antoine  Lambotte,  garde-champêtre,  résidant  à  Tintigny. 

* 

*      * 

En  vertu  de  la  constitution  consulaire  de  l'an  VIII,  la  nomination  et  la  ré- 
vocation des  maires,  adjoints  et  conseillers  municipaux  appartenait  au 
préfet. 

Lorsque  la  démission  d'un  titulaire  était  portée  à  la  connaissance  de  ce 
fonctionnaire,  il  prescrivait  aussitôt  une  enquête  en  vue  de  s'assurer  des  motifs 
réels  de  cette  démission  et  d'en  provoquer  le  retrait,  si  les  raisons  invoquées 
ne  lui  paraissaient  pas  suffisamment  plausibles. 

En  cas  d'agréation  des  motifs  allégués  par  l'intéressé,  le  maire  était  invité 
à  proposer  un  candidat  apte  à  remplir  la  fonction  vacante. 

On  va  voir  se  dérouler  cette  procédure,  dans  le  cas  d'un  conseiller  municipal 
démissionnaire. 

20  février-l7  mai.  —  Le  20  février,  le  sieur  Henri  François,  cultivateur  à 
Tintigny,  expose  au  sous-préfet  qu'il  est,  depuis  plus  de  quatre  ans,  conseiller 
municipal  de  cette  commune,  mais  qu'ayant  besoin  de  vaquer  entièrement  à 
ses  aiïaires  particulières,  il  le  supplie  d'agréer  sa  démission  des  dites  fonctions 
qu'il  déclare  ne  pouvoir  plus  remplir  à  dater  de  ce  jour. 

Cette  requête  est  renvoyée,  le  25  février,  au  maire  de  Tintigny,  invité  à 
donner  ses  «  observations  et  avis  »  et  présenter,  s'il  y  a  lieu,  un  candidat  en 
remplacement  du  démissionnaire. 

Le  4  mars,  le  maire  Hubert  écrit  au  sous-préfet  qu'il  lui  paraît  que  l'on 
peut  accepter  la  démission  du  pétitionnaire,  «  d'autant  que  son  réel  mobile 
est  la  persuasion  intime  qu'il  a  de  son  défaut  de  capacité  à  remplir  une 


—  284  — 

fonclion  de  celle  imporlanee^).  En  conséquence,  il  propose,  pour  le  remplacer, 
M.  Hyacinthe  Dorvo,  «  homme  de  lettres,  connu  par  plusieurs  ouvrages  de 
mérite,  càgé  de  quarante-deux  ans,  résidant  à  Tintigny  ». 

Le  sous-préfet  ajoute  à  cette  lettre,  en  apostille,  le  14  mars,  qu'il  y  a  lieu 
de  pourvoir  au  remplacement  du  sieur  Henri  François,  et  que  le  candidat 
proposé  est  propre  à  fixer  le  choix  du  Préfet. 

Le  11  avril,  ce  dernier  retourne  le  dossier  au  sous-préfet  de  Neufchâteau, 
à  l'effet  d'engager  le  sieur  Henri  François  à  faire  connaître  les  motifs  réels  de 
sa  démission,  qui  paraissent  provenir  de  quelque  mésintelligence  entre  le 
maire  et  lui. 

Invité  à  fournir  les  explications  réclamées,  l'intéressé  écrit,  le  22  avril,  au 
préfet  «  qu'ayant  eu  le  malheur  de  perdre  depuis  peu  sa  femme  et  deux  filles 
majeures,  les  seuls  enfants  issus  de  >on  mariage  et  qui  partageaient  avec  lui 
les  soins  du  ménage  et  les  travaux  de  l'agricaiture,  il  est  obligé  de  porter  seul 
le  fardeau  de  ses  affaires  personnelles  ».  Il  ajoute  que  «  trop  d'occupations  et 
les  inquiétudes  d'esprit  que  lui  ont  causé  ses  malheurs  lui  sont  les  motifs 
bien  légitimes  de  se  retirer  de  toutes  fonctions  publiques,  dans  un  âge  dont 
le  poid;  se  fait  de  plus  en  plus  sentir  ». 

Le  Préfet,  se  rendant  à  ces  raisons  et  en  reconnaissant  la  légitimité,  prend 
alors  l'arrêté  suivant  : 

Le  Préfet  du  département  des  Forêts  ; 

«  En  vertu  de  l'art.  20  de  la  loi  du  28  pluviôse  an  VIII, 

Nomme  le  sieur  Dorvo  Hyacinthe, 
homme  de  lettres, 
aux  fonctions  de  conseiller  municipal  de  Tintigny,   eu   remplacement   du 
sieur  Henri  François,  démissionnaire. 

«  Le  sous-préfet  de  Neufchâteau  est  chargé  de  l'exécution  du  présent  et 
de  nous  en  rendre  compte. 

((  Fait  à  Luxembourg,  le  17  mai  181L  » 

JOURDAN. 

Prestation  de  serment  : 

«  .Je  jure  obéissance  aux  constitutions  de  l'empire  et  fidélité  à  l'Empereur.  » 

28  mai.  —  Désertions.  Garnisaires.  —  Le  capitaine  de  la  gendarmerie 
impériale  à  Luxembourg  informe  le  préfet,  baron  Jourdan,  que  le  nommé 
Tinturier,  Henri- Joseph,  d'Ansart,  est  déserteur  du, fer  régiment  des  cara- 
biniers, et  ne  se  trouve  pas  sur  la  Ii?te  pour  recevoir  des  garnisaires.  Il  le 
prie  en  conséquence,  de  vouloir  bien  donner  des  ordres  pour  que  des  garni- 
saires soient  placés  chez  les  parents  du  fuyard. 

28  noûl.  —  Aubrion,  Jean-Nicolas,  de  Tintigny,  soldat  au  21  ^  régiment 
d'infanterie  légère,  déserte  le  28  août  1811.11  est  condamné  le  18  septembre 
de  la  même  année  à  sept  ans  de  travaux  publics  et  à  V amende  de  1500  francs. 


—  285  — 

Rentré  à  son  corps  le  17  avril  1812,  il  est  acquitté  par  jugement  du  même  jour. 

Information  datée  de  Wesel  (au  confluent  de  la  Lippe  et  du  Rhin),  le 
12  octobre  1812. 

L'étoile  du  maître  pâlissait,  les  rigueurs  des  lois  se  relâchaient  et  l'on  était 
d'autant  plus  porté  à  la  clémence  que  l'on  avait,  plus  que  jamais,  besoin  de 
tous  les  soldats.  Ces  actes  d'indulgence  facile  avaient  implicitement  pour  but 
d'inciter  tous  les  déserteurs  et  réfractaires  à  faire  leur  soumission. 

26  octobre.  —  Réparation  de  la  maison  d'école.  —  En  séance  de  ce  jour,  le 
conseil  municipal  décide  la  vente  d'un  certain  nombre  de  chênes  et  de  cordes 
de  bois  marqués  dans  la  coupe  de  l'année,  pour  le  produit  être  employé  à  la 
réparation  de  la  maison  d'école,  qui  était  en  très  mauvais  état.  Ces  réparations 
devaient  comprendre  la  couverture  du  bâtiment  en  ardoises,  le  placement 
d'une  porte  en  planches  au  levant,  la  réfection  des  planchers  et  le  récrépis- 
sage des  murs  extérieurs. 

Ont  signé  au  procès-verbal  :  H. -P.  Henry,  J.Iker,  G.  Guillaume,  J.-J.  Mor- 
tehan,  Jacques  Iker,  J.-B.  Alexandre  et  J.  Ricaille,  adjoint. 

Henri- Jos.  Conrotte,  secrétaire. 

28  décembre.  —  Nouvelle  démission.  —  J.-B.  de  Prouvy,  autrefois  seigneur 
en  partie  du  Ménil  et  y  résidant,  était  depuis  plusieurs  années  membre  du 
conseil  municipal  de  Tintigny.  Devenu  infirme  et  vieux,  il  songea  à  résigner 
ses  fonctions  et  à  faire  correspondre  cette  renonciation  avec  la  fin  de  l'année. 

En  conséquence,  il  fit  part  au  maire  de  sa  résolution,  le  28  décembre,  dans 
les  termes  suivants  : 

«  Je  viens  m'adresser  à  vous,  Monsieur,  pour  vous  prier  de  vouloir  bien 
représenter  de  ma  part  à  M.  le  Préfet  qu'étant  âgé  de  soixante-sept  ans, 
infirme,  ne  marchant,  ne  voyant,  n'entendant  qu'avec  beaucoup  de  difficulté  ; 
qu'étant  d'ailleurs  éloigné  du  chef-lieu  où  se  tiennent  les  séances  ordinaires 
du  conseil  municipal  de  trois  quarts  de  lieue,  je  ne  puis  plus  y  assister.  Je 
prie  donc  humblement  M.  le  Préfet  de  m'accorder  ma  démission.  » 

«  J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur, 

Votre  très  humble  serviteur. 
J.-B.  de  Prouvy.  » 

Le  maire  ayant  insisté  auprès  de  M.  de  Prouvy  pour  qu'il  conserve  ses 
fonctions,  celui-ci  lui  écrit  de  nouveau,  près  d'un  an  plus  tard,  le  25  novembre 
1812  : 

«  Monsieur, 

«  En  réponse  à  la  lettre  gracieuse  et  honnête  que  vous  avez  bien  voulu 
m'écrire,  j'ai  l'honneur  de  vous  dire  que  je  persiste  dans  ma  demande  ;  les 
mêmes  raisons  existant  que  lorsque  je  l'ai  faite,  et,  de  plus,  une  atteinte  de 


—  280  — 

paralysie  me  met,  comme  vous  savez,  Monsieur,  hors  d'état  d'aller  à  Tinti- 
giiy,  lieu  ordinaire  des  séances. 

((  J'ai  riiouneur  d'être,  avec  considération,  Monsieur, 

«  Votre  très  humble  serviteur. 
«  J.-B.  de  Prouvy.  » 

La  résolution  du  démissionnaire  paraissant  irrévocable, et  son  état  d'infir- 
mité ne  lui  permettant  réellement  plus  d'assister  aux  séances  du  conseil, 
le  préfet  lui  nomma  un  remplaçant,  mais  seulement  l'année  suivante,  le 
désarroi  commençant  alors  à  envahir  toutes  les  administrations  : 

«  Le  Préfet  du  département  des  Forêts, 

«  En  vertu  de  l'art.  20  de  la  loi  du  28  pluviôse  an  VIII, 

«  Nomme  le  sieur  Guiot.  Jean-Henri,  propriétaire  à  Breuvanne,  aux  fonctions 
de  conseiller  municipal  de  la  commune  de  Tintigny,  en  remplacement  du 
sieur  de  Prouvy,  J.-B.,  démissionnaire. 

«  Fait  à  Luxembourg,  le  30  avril  1813. 

JOURDAN. » 


1812 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

Sixième  coalition  contre  la  France  :  Russie,  Suéde,  Angleterre,  Espagne. 

Une  armée  de  4,50,000  hommes,  la  grande  Armée,  est  dirigée  contre  la 
Russie. 

Le  14  septembre,  100,000  hommes  seulement  font  leur  entrée  à  Moscou. 

13  octobre.  —  La  retraite  commence. 

26,  27  et  28  novembre.  —  Passage  désastreux  de  la  Bérézina. 

La  moitié  de  l'armée  y  périt. 

* 
*     * 

18  janvier.  —  J.-B.  Henry,  d'Ansart,  classe  de  1809,  4^  corps,  bataillon 
auxiliaire  formé  à  Versailles,  est  fait  prisonnier  de  guerre  par  les  Anglais, 
le  18  janvier,  à  Rodrigo  (Espagne). 

5  mars.  —  Garde  nationale.  —  Le  préfet  du  département  des  forêts,  baron 
de  l'Empire  et  membre  de  la  Légion  d'honneur,  informe  le  sieur  Renaud, 
Jean- Joseph,  fds  de  Jean  et  d'Anne-Marie  Gardien,  domicilié  à  Ansart, 
porté  sur  la  liste  conscriptionnelle  de  1811,  dan.,  le  canton  d'Etalle,  sous  le 
n<^  90,  servant  de  base  à  la  formation  du  premier  ban  de  la  garde  nationale, 
que   S.  M.    l'Empereur    et    Roi  vient  d'ordonner  la  mise  en  activité  de 


—  287  — 

quatre-vingts  coliortes  de  gardes  nationaux  ;  il  lui  ordonne  en  conséquence  de 
se  rendre  avec  ses  bagages  devant  le  capitaine  de  recrutement  à  l'hôtel 
de  la  mairie,  à  Luxembourg,  le  5  mars,  à  10  heures  du  matin,  pour  être 
dirigé  sur  Metz. 

Dom  Arsène  (1),  curé  de  Tinligny.  —  Henri  Freimuth,  en  religion  dom 
Arsène,  né  à  Hondelange,  près  d'Arlon,  le  7  janvier  1757,  fut  le  dernier  profès 
d'Orval  et  le  dernier  survivant  des  religieux  du  célèbre  monastère.  Après  la 
dispersion  des  moines,  il  vécut  pendant  quelque  temps  à  Villers-devant- 
Orval,  puis  devint  curé  de  St- Vincent  en  1808. Transféré  en  1812  à  la  cure  de 
Tintigny,  il  remplit  les  fonctions  sacerdotales  dans  cette  paroisse  pendant  un 
quart  de  siècle. 

Il  y  mourut  le  21  avril  1837,  âgé  de  80  ans. 

Sa  pierre  tombale,  fixée  au  mur,  à  côté  de  l'entrée  de  la  sacristie,  porte 
l'inscription  suivante,  composée  par  lui-même,  et  à  laquelle  il  ne  restait  à 
ajouter  que  la  date  du  décès  : 

1).         O.         M. 
Viator,  paulisper  adsta  et  vide  : 
Heri  mihi  et  tibi  hodie. 
Hic  jacet 
Arsenius  Fremuth, 
Monachus  et  pastor. 
Miser  et  miserabilis, 
Misericordiam  Dei  expectans,    • 

Cui  tu,  o  dilecte, 
Misero  preces  pende 
Natus  7  januarii  1757, 
Obiit  24  aprihs  1837. 


1813 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 

Napoléon  continue  sa  retraite  vers  la  France. 

Succès  de  Lutzen,  29  avril,  et  de  Bautzen,  20  et  21  mai. 

Défaite  de  Leipzig,  16,  18  et  19  octobre. 

Fin  octobre.  —  Les  Français  repassent  le  Rhin. 


(1)  Son  portrait,  qui  se  trouve  au  musée  archéologique  d'Arlon,  provient  de  la 
galerie  de  peintures  de  rab])aye  d'Orval.  —  Don  de  M.  le  curé  Loes,  de  Hondelange. 
Comm.  luxemb.,  t.  I,  p.  723. 


—  288  — 


* 
*      * 


23  janvier.  —  Levée  de  chevaux.  —  Héquisilion .  —  liijuiictiou  au  sieur 
Jacques  Iker,  propriétaire  d'un  cheval  hongre  et  d'une  jument  non  pleine, 
dont  signalement,  de  faire  conduire  les  dits  chevaux  cà  Neufchâteau,  où  ils 
devront  être  représentés  à  M.  le  sous-Préfet,  le  23  janvier  1813, à  huit  heures 
précises  du  malin,  à  l'elTet  d'être  dirigés  en  convoi  sur  le  chef-lieu  du  départe- 
ment, pour  concourir  comme  chevaux  destinés  cà  la  formation  du  contingent 
assigné  à  cet  arrondissement  dans  la  levée  de  180  chevaux  ordonnée  par 
décret  impérial  du  4  janvier  1813. 

1*^''  février. —  Enrôlements  volontaires. —  La  situation  de  l'empire  devenait 
critique,  et  l'on  faisait  en  ce  moment  appel  aux  jeunes  gens  de  bonne  volonté, 
en  les  engageant,  par  la  perspective  d'un  glorieux  avenir,  à  embrasser  la 
carrière  des  armes.  Beaucoup  répondirent  à  cet  apel,  et  de  tous  les  points 
de  la  France  des  volontaires  accoururent  se  ranger  sous  les  aigles  menacées, 
pour  défendre  la  patrie  en  danger. 

Le  pi"  février,  Defourneau,  Pierre- Joseph,  né  à  Tintigny  le  28  novembre 
1791,  sollicitait,  dans  ces  conditions,  son  enrôlement  pour  servir  dans  le 
corps  des  chasseurs  à  cheval. 

17)  avril.  —  Certificats  de  présence  à  l'armée.  —  Beaucoup  de  personnes,  à 
Tintigny,  se  souviennent  encore  de  Henri-Joseph  Fosty,  soldat  de  Napoléon 
et  médaillé  de  Ste-Hélène. 

Il  avait  gardé  une  allure  martiale,  portait  la  moustache  et  l'impériale  à 
l'instar  des  vieux  grognards  de  l'empereur  ;  sa  blouse,  d'une  coupe  particu- 
lière, avait  des  épaulières  et  était  complètement  ouverte  sur  le  devant  ;  sa 
casquette  affectait  la  forme  d'un  képi  ;  bref,  il  avait  conservé  le  cachet  d'un 
vrai  soldat,  d'un  vieux  brave  des  grandes  armées,  avec  lesquelles  il  avait 
pérégriné  par  toute  l'Europe.  , 

Au  commencement  de  cette  année  néfaste  pour  les  armée  de  la  France,  le 
certificat  suivant  de  sa  présence  sous  les  drapeaux,  parvint  au  maire  de  la 
commune  : 

6e  corps  d'armée. 

Infanterie  légère,  l^e  compagnie,  3^  bataillon. 

Fosty,   Henri- Joseph,   de  Tintigny. 

Classe  de   1811. 

Fils  de  Jean- Joseph  et  de  Marie-Joseph  Guick. 

Incorporé  le  18  avril  1811. 

«  Le  dénommé  ci-dessus  était  présent  à  l'époque  du  15  avril  1813,  en  qualité 
de  caporal  à  la  f^  compagnie  du  l^i"  bataillon,  d'après  les  dernières  mutations 
reçues,  et  il  sert  en  qualité  de  conscrit  de  la  classe  de  1811  du  département 
des  Forêts.  » 


—  289  — 

L'année  d'auparavant,  la  pièce  ci-après  avait  déjà  été  transmise  aux  auto- 
rités municipales  de  Tintigny. 

6e  régiment  d'infanterie  légère. 

Certificat  de  présence  au  corps. 

«  Nous  membres  composant  le  conseil  éventuel  du  3^  bataillon  du  6^  régi- 
ment d'infanterie  légère,  faisant  partie  du  2^  régiment  de  marche,  armée  de 
réserve  du  Portugal,  certifions  que  le  nommé  Fosty,  Henri-Joseph,  caporal 

à  la  V^  compagnie  du  susdit  bataillon  et  régiment arrivé  au  corps  le 

18  avril  1811,  conscrit  de  181 1  du  département  des  Forêts,  compris  sur  la  liste 
de  désignation  du  canton  d'Etalle  sous  le  n^  26,  est  présent  à  la  V^  compa- 
gnie du  susdit  bataillon  et  régiment. 

«  Fait  à  Lapuebla  (Espagne),  le  12  mai  1812. 

«  Les  Membres  composant  le  Conseil  d'administration  : 

Lenvoyé,  président  ;  Raulin,  capitaine  ;  J.-B.  Vermieux  capitaine  ; 
MoREAU,  capitaine  ;  Cochonnet,  adjudant. 

16  avril.  —  Nouvelle  réquisition  de  chevaux.  —  En  exécution  d'un  décret 
impérial  du  25  mars,  la  commune  de  Tintigny  eut  à  fournir  un  cheval  rem- 
plissant les  conditions  déterminées,  partie  à  sa  charge,  partie  à  la  charge  de 
l'Etat. 

Le  maire  ayant  constaté  qu'il  n'existait  pas  dans  la  commune  de  cheval 
réunissant  les  conditions  requises  pour  satisfaire  à  la  dite  réquisition,  les 
principaux  cultivateurs  et  propriétaires  de  chevaux,  convoqués  le  16  avril, 
en  vertu  d'un  ordre  du  Préfet,daté  du  10  du  même  mois,  traitèrent  pour  cette 
fourniture,  d'un  commun  accord  et  à  la  majorité  des  voix,  avec  le  sieur 
Jacques  Iker,  propriétaire  à  Ansart,  lequel  s'engagea  à  livrer,  à  la  décharge 
de  la  commune,  le  cheval  réquisitionné,  moyennant  le  prix  et  somme  de  six 
cent  cinquante  francs.  Il  recevrait  en  acompte  la  part  du  gouvernement,  si 
toutefois  le  gouvernement  payait  le  l^i-  juin  suivant,  comme  l'indiquait  la 
lettre  du  Préfet,  et  le  restant  lui  serait  remis  à  la  même  époque  par  la  com- 
mune. Au  cas  de  non  payement  par  l'Etat  à  la  date  fixée,  le  tout  tomberait 
à  la  charge  dt  la  commune, et  le  Préfet  serait  prié  d'adopter  un  mode  de  répar- 
tition qui  lui  serait  présenté  à  cette  fin. 

Fait  et  passé  à  Tintigny,  en  autant  de  minutes  que  d'intéressés,  le  dit  jour 
16  avril  1813. 

Avaient  signé  :  François  Richard,  Joseph  Hubert,  Jean-Joseph  Pireaux, 
Jean-Nicolas  Lejeune,  Henri  Jacob,  pour  sa  mère,  Joseph  Jacques,  ^Mathieu 
Rion,  Henri- Joseph  Louppe,  Jean  Cordier,  Jacques  Salpetier,  Jean-Joseph 
Déome,  Pierre-Joseph  Georges,  Jacques  Henry,  Jacques  Iker  et  Joseph 
Hubert,  maire. 

Cette  pièce  révèle  déjà  l'incertitude  dans  laquelle  on  se  trouvait  au  sujet 
du  payement  de  la  quote-part  incombant  au  gouvernement  dans  la  liquidation 


—  290  — 

(le  cette  fourniture.  Un  pessimisme  de  mauvais  augure  lumtait  les  esprits, 
el  Ton  sentait  vaguement  que  les  choses  prenaient  une  tournure  défavorable 
et  que  l'on  touchait  au  déclin,  peut-être  à  la  ruine  de  l'empire. 

La  suite  de  cette  aflaire  laissera  pressentir  le  désarroi  final,  la  chute  pro- 
chaine. 

Le  2  juin,  le  maire  écrit  au  sous-préfet  que  le  payement  de  la  part  contribu- 
tive de  l'Etat, fixé  au  1^''  juin,  n'étant  pas  effectué,  la  somme  de  650  francs 
londiera  à  la  charge  des  propriétaires,  «  sauf  à  eux  de  retirer  le  bon  ou  le  prix 
promis  par  le  Gouvernement  »  ;  le  fournisseur  réclamant  cette  somme,  le 
maire  prie  le  sous-préfet  de  solliciter  près  du  préfet  l'autorisation  de  la  répar- 
tir au  marc  le  franc  ou  à  tel  autre  mode  qu'il  jugera  convenir. 

Le  maire  n'ayant  pas  encore  reçu  la  susdite  autorisation  à  la  date  du  9 
juillet,  rappelle  au  sous-préfet  sa  lettre  du  2  juin.  Comme  il  n'y  est  pas  donné 
suite  davantage,  il  écrit  de  nouveau  aux  mêmes  fins  le  31  juillet.  Il  dit  qu'il 
s'est  même  rendu  à  la  préfecture,  mais  qu'il  n'a  pu  rencontrer  M.  le  Préfet. 
M.  Fery,  chef  de  bureau,  lui  a  dit  que  les  pièces  relatives  à  cette  afïaire 
n'étaient  pas  parvenues  à  la  préfecture. 

Il  fallut  tout  recommencer. 

Le  30  septembre,  M.  Hubert  renouvelle  ses  instances.  «  Je  suis  peiné,  dit-il, 
de  ne  recevoir  aucune  réponse.  Je  vous  assure  que  c'est  la  plus  grande  disgrâce 
que  je  puisse  éprouver.  » 

Le  même  propriétaire,  Jacques  Iker,  qui  avait  fourni  le  cheval  pour  la 
commune  de  Bellefontaine,  y  rencontrait  les  mêmes  difficultés. 

Enfin,  le  maire  de  Tintigny,  dans  une  dernière  supplique,  prie  en  grâce 
le  sous-préfet  de  rappeler  de  nouveau  cette  affaire  à  la  bienveillance  de 
'SI.  le  Préfet,  en  la  lui  dépeignant  comme  une  chose  de  la  plus  grande  urgence. 

Les  renseignements  s'arrêtent  à  cette  date.  On  sait  ce  qu'il  advint  quel- 
ques mois  plus  tard. 

La  quote-part  du  gouvernement  devait  être  de  400  francs. 

20  septembre.  —  Le  conscrit  de  l'an  XIV,  Jean  Magin,  d'Ansart,  mairie  de 
Tintigny,  avait  déserté  en  route,  en  allant  rejoindre  le  corps  sur  lequel  il  était 
dirigé.  Il  fut  amnistié  pour  s'être  représenté  volontairement. 

Enrégimenté  dans  la  grande  armée  pour  la  campagne  de  Russie,  il  périt 
dans  la  retraite  de  Moscou,  comme  l'atteste  la  déclaration  suivante  : 

11  e  corps  d'armée.  —  Cuirassiers. 

Classe  de  l'an  XIV.  —  Magin,  Jean,  d'Ansart. 

Fils  de  Alexandre  et  de  Marguerite  Nicolas. 

Sert  comme  réfractaire. 

Egaré  dans  la  retraite  de  Moscou. 


—  291  — 

Certifié  :  les  Membres  du  Conseil  d'administration,  à  Thionville,  le  20 
septembre  1813.  Signé  :  Vmoux,  Boulangé,  Lefèvre,  Brugnon. 

27  novembre.  —  Le  27  novembre  1813,  le  maire  Hubert  écrit  au  préfet  qu'il 
n'a  rien  négligé  pour  faire  rentrer  le  déserteur  Mathieu  Iker,  mais  que  ses 
démarches  n'ont  eu  aucun  succès.  C'est  à  son  père,  dit-il,  qu'il  faut  attribuer 
«  la  persévérance  de  Iker  dans  le  crime  (!),  car  c'est  lui  qui  le  recèle,  c'est  lui 
seul  qui  lui  donne  asile  et  qui  le  nourrit  ».  Il  assure  le  préfet  qu'aucun  des 
habitants  de  la  mairie  qu'il  administre  ne  voudrait  se  faire  le  complice  de  cet 
individu  en  lui  assurant  une  retraite.  «  J'ai  communiqué  votre  lettre  au  père, 
ajoute-t-il,  elle  n'a  produit  aucun  efTet.  C'est  conséquemment  contre  lui  que 
les  mesures  de  rigueur  que  vous  me  signalez  doivent  être  dirigées,  et  non  contre 
une  malheureuse  commune  qui  n'a  cessé  de  montrer  un  zèle  soutenu  pour  le 
service  de  la  patrie  et  de  son  Prince,  et  qui  ne  compte  que  le  sieur  Iker  comme 
déserteur.  » 

Le  Préfet  se  rendit  aux  raisons  du  maire  de  Tintigny  et  envoya  aussitôt 
un  garnisaire  chez  Yalentin  Iker. 

Cette  mesure  amena  le  déserteur  à  résipiscence  ;  il  fit  sa  soumission, 
réintégra  son  corps  et  fut,  selon  la  coutume,  aussitôt  amnistié.  Ce  qui  le 
prouve,  c'est  le  certificat  ci-après,  délivré  au  garnisaire  lors  de  son  départ  de 
chez  Iker  : 

«  Nous,  maire  de  Tintigny,  premier  arrondissement  des  Forêts  soussigné, 
certifions  que  le  sieur  Roubo,  soldat  au  18*^  régiment  de  ligne,  envoyé  dans 
cette  commune  en  qualité  de  garnisaire  et  placé  chez  Yalentin  Iker,  à  cause 
de  l'un  de  ses  fils,  conscrit  réfractaire,  depuis  le  17  novembre  courant  jusqu'à 
cejourd'hui,  s'est  comporté  en  homme  d'honneur  et  de  probité,  et  qu'aucune 
plainte  à  son  égard  ne  nous  est  parvenue. 

«  En  vérification  de  quoi,  je  lui  ai  délivré  le  présent,  pour  lui  valoir  et 
servir  en  cas  de  besoin.  » 

«  Tintigny,  le  30  novembre  1813.  » 

«  J.  Hubert.  » 

Le  même  certificat  fut  délivré  au  soldat  Dorgin,  envoyé  à  Poncelle  chez 
J.-B.  Résibois,  déserteur  impénitent,  depuis  longtemps  disparu  du  pays  et 
dont  il  a  été  précédemment  question. 

Ces  pièces  montrent  à  l'évidence  que  les  garnisaires  placés  chez  les  parents 
des  réfractaires,  étaient  tenus  de  s'y  conduire  en  «  hommes  d'honneur  et  de 
probité»;  c'était  une  légère  atténuation  de  tout  ce  que  ce  système  avait  d'ini- 
que et  de  vexatoire. 

30  novembre.  —  Renouvellement  de  la  seconde  moitié  des  conseils  municipaux. 
—  Malgré  le  trouble  profond  dans  lequel  les  événements  venaient  de  jeter 
les  diverses  administrations  de  l'empire,  on  ne  laissa  pas  de  procéder,  à  la 
date  prescrite,  c'est-à-dire  à  la  fin  de  novembre,  au  renouvellement  de  la 
seconde  moitié  des  conseils  municipaux. 

19 


—  292  — 

(lelle  formnlilé  donna  lieu,  pour  Tinligny,  à  la  présentation  des  listes 
suivantes  : 

Membres  qui  dcixticnl  irslcr  en  place  : 

Alexandre,  J.-B.,  notaire,  35  ans,  800  francs  de  revenu, 
Renault!,  .Jean-Jos.,  rentier,  39  ans,  1000  francs  de  revenu. 
IMortehan,  Jean- Jacques,  huissier,  40  ans,  800  francs  de  revenu. 
Guiot,  Jean-Henri,  propriétaire,  46  ans,  600  francs  de  revenu. 
Thiry,  Joseph,  propriétaire,  56  ans,  400  francs  de  revenu 

Membres  à  remplacer  : 
Iker,  Jacques. 

Iker,  Jean,  grefTier  du  juge  de  paix. 
Guillaume,  Guillaume. 
Henri,  Philippe-Henri,  juge  de  paix. 

Dorvo,  Hyacinthe. 

Candidats  présentés  : 

Iker,  Jacques,  propriétaire,  52  ans,  1000  francs  de  revenu     (l^r) 

Renauld,  Jean-Nic,  id.  35  ans,  1500  francs  »  (2e) 


Piraux,  Jean-Jos.,  id.  53  ans,    800  francs  »  (3^) 

Courette,  Henri- Jos.,         id.  36  ans,    600  francs  n  (4^) 

Guillaume,  Guillaume,       id.  56  ans,    200  francs  «  (5^) 

Henry,  François,  l'aîné     id.  60  ans,    700  francs  » 

Rossignon,  George,  id.  35  ans,     400  francs  » 

Nicolas,  Jean  id.  46  ans,    400  francs  » 

Salpetier,  Jacques  id.  56  ans,     400  francs  » 

Casaquy,  François-Hub.,  instituteur,  40  ans,  aucun  revenu. 

Réunissent  les  capacités,  l'attachement  au  gouvernement  et  offrent  une 
garantie  suffisante. 

Fait  et  proposé  par  le  maire  soussigné. 

A  Tintigny,  le  30  novembre  1813. 

J.  Hubert. 

Avis  du  sous-préfet   : 

Le  sous-préfet  est  d'avis  que  les  cinq  premiers  candidats  sont  propres 
à  fixer  le  choix. 

Neuf  château,  le  29  décembre  1813. 

H.  D'houdetot. 


—  293  — 

1814 

ÉPHÉMÉRIDES  MILITAIRES. 
31  mars.  —  Paris  ouvre  ses  portes  aux  alliés, 
ler  avril.  —  Déchéance  de  Napoléon. 
3  mai.  —  L'Empereur  arrive  à  l'île  d'Elbe. 

* 

*  * 

8  septembre.  —  Réfraetairc  amnistié. —  ]\laurice,  Picrre-Jos.,  de  la  commune 
deTintigny,  réfractaire  de  1814,  se  représente  volontairement  le8  septembre. 
Le  Préfet  donne  ordre  au  commamlant  des  garnisaires  de  l'arrondissement 
de  Neufchâteau  de  faire  retirer  sur  le  champ  les  garnisaires  placés  à  son 
domicile,  et  au  sous-préfet,  celui  de  cesser  toutes  poursuites  au  sujet  de 
l'amende,  et  de  suivre  la  même  marche  pour  tous  lesréfractaires  qui  se  repré- 
senteront. 

1815 

ÉPHÉMÉRIDES  HISTORIQUES  ET  MILITAIRES. 

l*^»"  mars.  —  Napoléon  débarque  à  Cannes. 
16  juin.  —  Défaite  des  Prussiens  à  Ligny. 

18  juin.  —  Waterloo. 

* 

*  * 

Afin  de  mettre  en  évidence  le  régime  transitoire  qui  succéda  à  la  puissante 
domination  française,  je  reproduirai  ici  un  arrêté  réglementant  l'afïermage 
de  la  pêche  dans  le*  cours  d'eau  traversant  le  territoire  communal. 

Par  arrêté  du  Directeur  du  cercle  de  Neufchâteau,  en  date  du  6  mai  1815, 
le  Bourguemaître  (!)  de  Tintigny  est  autorisé  à  «  procéder  à  la  ferme  de  la 
pêche  des  rivières  et  des  ruisseaux  qui  traversent  le  territoire  de  sa  commune  ». 

Le  fermier  devra  toutefois  «  être  subordonné  à  certaines  conditions  restrei- 
gnant sa  jouissance,  de  manière  à  conserver  la  pêche  pour  en  faire  une  nou- 
velle adjudication  à  l'expiration  du  bail.  Telles  sont  par  exemple  les  défenses 
de  pêcher  durant  le  temps  de  frai,  surtout  dans  la  Semois,  où  la  truite 
abonde  (!),  ou  de  se  servir  d'engins,  harnais  ou  autres  instruments  inventés 
pour  le  dépeuplement  des  rivières  et  prohibés  par  les  ordonnances  relatives  aux 
pêches  domaniales.  » 

Arrêté. 

«  Vu  la  demande  de  M.  le  Bourgmestre  de  la  commune  de  Tintigny  en  date 
du  20  septembre  1814,tendante  à  ce  que  la  pêche  de  cette  commune  soit  mise 
en  adjudication. 


—'294  — 

«  Vu  aussi  l'avis  de  M.  le  Mnilrc  des  Eaux  et  Forcis  du  cercle  porlaiit  que 
la  demande  peut  être  accueillie. 

u  Le  Directeur  du  cercle  de  Neufchâteau,  département  des  Forêts, 

«  Arrête  : 

Art.   1er. 

«  Il  sera  j)rocédé  par  devant  M.  le  Bourgmestre  de  Tintigny,  pour  le  terme 
de  trois  années  consécutives,  à  la  location  de  la  pêche  des  rivières  et  ruisseaux 
(pii  traversent  le  territoire  de  sa  commune,  à  l'intervention  de  M.  le  Maître 
des  Eaux  et  Forêts  et  en  présence  du  Percepteur  à  vie. 

Art.  2. 

«  Le  montant  de  l'adjudication  sera  versé  dans  la  caisse  du  dit  Percepteur, 
aux  époques  qui  seront  déterminées  dans  le  procès-verbal  d'adjudication 
et  employé,  sur  mandat  de  M.  le  Bourgmestre,  à  l'acquit  des  dépenses  com- 
munales légalement  autorisées. 

Art.  3. 

«  L'adjudicataire  sera  tenu  de  fournir  une  caution  solvable,  ainsi  que  de 
payer  les  frais  d'adjudication,  de  timbre  et  d'enregistrement,  au  moment 
même  de  l'adjudication. 

Art.  4. 

«  Le  présent  sera  soumis  à  l'approbation  de  M.  le  Commissaire  génércd, 
à  quel  efïet  il  lui  sera  transmis  avec  les  pièces  y  mentionnées.  » 

«  Neufchâtcau,  le  6  mai  1815. 

«  Le  Directeur  du  cercle,  » 


1814  -  1815  -  1817 


La  cataclysme  final  vient  de  se  dérouler  dans  les  sombres  plaines  de 
Waterloo  et  de  Mont-St- Jean. Les  armées  des  puissances  du  nord  etde  l'est  de 
l'Europe  franchissent  successivement  le  Rhin  et  se  répandent  sur  les  fron- 
tières de  l'ancienne  France  ;  d'innombrables  cohortes  parlant  toutes  les  lan- 
gues se  succèdent  pendant  des  semaines  sur  tous  les  chemins  du  bas  Luxem- 
bourg qui  mènent  vers  Sedan  ;  des  Baskhirs  et  des  Kirghiz  foulent  notre  sol, 
comme  un  peu  auparavant  les  petits  conscrits  de  nos  villages  avaient  porté 
leurs  pas  jusqu'à  Moscou. 

Des  réquisitions  épuisantes  frappent  les  communes  et  les  particuliers  ; 
on  revoit  l'invasion  avec  ses  horreurs  et  ses  ruines.  Toutefois,  les  chefs  des 
armées  alliés,  qui  entraient,  disaient-ils,  dans  le  Luxembourg  non  en  ennemis, 
mais  en  libérateurs,  avaient  donné  l'assurance  que  toutes  les  fournitures 
faites  par  les  communes  et  par  les  habitants  leur  seraient  intégralement 


—  295  — 

payées,  et  qu'ils  seraient  de  même  indemnisés  de  tous  les  frais  que  leur  aurait 
occasionnés  le  passage  des  troupes  étrangères. 

Cependant,  la  liquidation  des  prestations  imposées  aux  municipalités  se 
fit  attendre  jusqu'en  1817. 

Voici  l'état  qu'en  produisit  pour  sa  part  la  commune  de  Tintigny  : 

Relevé  général  des  fournilures  j ailes  pour  le  service  des  armées  alliées,  par 
les  communes  ou  les  habitanls  du  Grimd-Duché  de  Luxembourg,  à  la  liqui- 
dcUion  et  V acquillemenl  desquelles  il  n'a  pas  élé  pourvu  jusqu'ici  à  la  charge  de 
l'Etat. 

Arrondissement  de  Neuf  château. 
Commune  de  Tintigny. 
Années  pendant  lesquelles  les  fournitures  ont  eu  lieu  :  1814  et  1815. 
Vivres,  2055  fis  (florins). 
Fourrages,  1074  fis. 
Com])usti!)le,  bois  et  lumière,  néant. 
Fournitures  aux  hôpitaux,  néant. 
Total,  3129  fis. 
Transports  par  terre,  3403  fis. 
Objets  d'habillement  et  d'équipement,  484  fis. 
Main-d'œuvre,  28  fis. 
Total,  3963  fis. 
Total  des  deux  catégories,  7092  fis. 

«  Certifié  véritable  par  nous  maire  de  la  commune  de  Tintigny,  le  16 
août  1817.  » 

J.  Hubert. 

Ici  s'arrête  la  modeste  tâche  que  je  me  suis  imposée. 

Depuis  un  siècle,  notre  Luxembourg  jouit  d'une  paix  profonde,  et  nul 
d'entre  nous  n'a  connu  les  horreurs  de  la  guerre  et  des  invasions,  ces  funestes 
et  cruels  fléaux  qui  n'ont  cessé,  au  cours  des  âges,  d'accabler  et  de  ruiner  nos 
infortunés  ancêtres.  Aucune  période  de  paix  d'une  telle  durée  n'a  favorisé 
nos  heureuses  campagnes  depuis  les  origines  de  l'histoire.  Puisse  cette  ère 
de  bonheur  et  de  prospérité  durer  indéfiniment  ! 

C'est  le  vœu  sincère  que  je  forme  en  achevant  cette  notice. 

E.  LIÉGEOIS. 
12  février  1912. 


I^>        t^^        m^^Lm      Jim 


D'UN 


de   Houffalize   et  des   environs. 


INTRODUCTION 


Pendant  bien  longtemps,  les  recherches  toponymiques  n'eurent  pour  objet  que  les 
noms  géographiques. 

Ces  recherches,  semble-t-il,  devaient  convaincre  cependant  les  auteurs  qu'un  nombre 
assez  considérable  de  ces  noms  ne  sont  devenus  proprement  géographiques  qu'après 
avoir  été  à  l'origine  purement  topographiques. 

Peut-être  l'ont-ils  compris  aussi,  toutefois,  selon  les  apparences  ils  n'ont  considéré 
que  comme  tout  à  fait  modernes,  la  plupart  des  dénominations  de  cette  seconde  caté- 
gorie, c'est-à-dire  nos  lieux  dits. 

Et  pourtant,  parmi  ces  dernières,  combien  ont  été  comprises  dans  la  première  caté- 
gorie pendant  plusieurs  générations  ! 

Combien  d'autres,  rangées  toujours  dans  la  seconde,  peuvent  revendiquer  une  ori 
ginc  également  ancienne  !  Car,  quoi  qu'en  disent  des  contemporains,  chaque  époque  a 
donné  naissance  à  des  noms  topographiques.  Que  d'autres  encore,  sans  remonter  aussi 
loin,  n'en  présentent  pas  moins  d'intérêt  par  ce  qu'elles  nous  apprennent  des  usages 
du  passé  ! 

Enfin,  négliger,  comme  on  Ta  fait,  l'étude  des  lieux  dits  n'est-ce  pas  laisser  fatalement 
inexpliqués  ou  mal  interprétés  quantité  de  vocables  géographiques? 

C'est  seulement  vers  le  milieu  du  XIX^  siècle,  que  ces  diverses  raisons  commencent 
à  être  comprises  des  savants. 

Je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici  de  ce  qui  a  été  fait  dans  les  autres  régions.  Chez  nous, 
Jeantin,  dans  ses  ouvrages  historiques,  attira  à  plusieurs  reprises  l'attention  du  monde 


—  297  — 

archéologique  sur  cette  étude.  Vers  1876,  l'abbé  Sulbout  reprit  l'idée  de  Jeantin  dans 
une  séance  de  notre  Société  et  demanda  en  conséquence  qu'on  s'adressât  aux  institu- 
teurs pour  obtenir  la  désignation  des  lieux  dits  et  des  petits  cours  d'eau  avec  leur  déno- 
mination locale  ».  Chose  regrettable,  cette  proposition  ne  recueillit  pas  l'assentiment 
du  Comité  permanent.  (1) 

Dix  ans  plus  tard,  au  Congrès  archéologique  d'Anvers,  M.  Kurth,  émit  le  vœu  «  de 
voir  les  Sociétés  archéologiques  recueillir  les  noms  de  lieu  d'une  manière  systématique 
et  complète  sous  forme  de  glossaires  raisonnes.  »  Ce  vœu,  il  le  renouvela  encore  au  Con- 
grès de  Namur,  en  1887,  et  unissant  même  l'exemple  aux  préceptes,  il  fit  paraître  bien- 
tôt son   Glossaire  toponyinique  de  Saint-Léger. 

Malheureusement  —  il  l'a  reconnu  depuis  également  —  son  prosélytisme  n'a  guère 
porté  plus  de  fruits  que  celui  de  ses  prédécesseurs. 

Sauf  pour  un  nombre  restreint  de  monographies,  les  Communes  Luxembourgeoises , 
parues  vers  1890,  ne  laissent  que  fort  peu  de  place  à  la  toponymie. 

Aujourd'hui,  notre  Société  semble  enfin  entrer  dans  la  voie  déjà  suivie  par  celles  des 
contrées  voisines.  Sur  la  proposition  de  l'un  de  ses  membres,  elle  a  demandé  l'an  dernier 
aux  amateurs  de  «  dresser  un  catalogue  des  lieux  dits  de  leur  commune  et  d'en  con- 
signer l'origine  »,  comme  aussi  de  «  dresser  un  catalogue  de  livres  que  l'on  pourrait  uti- 
lement consulter  pour  l'étude  précédente.  »  Elle  a  publié  récemment  mes  Recherches 
sur  la  toponymie  du  pays  Gawnet,  et  deux  autres  glossaires  sont  annoncés. 

Espérons,  que  cette  fois,  le  bon  élan  est  donné  et  que  d'ici  peu  de  temps,  nous  aurons 
une  petite  collection  de  glossaires  luxembourgeois. 

C'est  dans  le  seul  but  d'y  contribuer,  que  je  m'y  suis  décidé  à  présenter  ces  quelques 
notes,  recueillies  jadis  sur  le  pays  de  HoufTalize. 

J'ai  eu  soin  de  les  rafraîchir  et  de  les  compléter,  voire  même  de  les  rectifier,  au  contact 
d'un  homme  du  pays,  M.  Kobs  Léon,  ancien  clerc  de  notaire,  auquel  je  tiens  à  exprimer 
ici  mes  meilleurs  remerciements. 

Habitant  l'étranger,  je  n'ai  pu,  à  mon  grand  regret,  comme  déjà  pour  mes  travaux 
précédents,  explorer  les  Archives  de  l'Etat,  et  je  n'ai  pas  été  plus  heureux  auprès  des 
particuliers.  J'ai  cependant  tiré  parti  du  tome  IV  des  Communes  Luxembourgeoises 
de  feu  M.  Tandel.  Je  souhaite  que  celui  qui  reprendra  cette  œuvre  ait  à  sa  disposition 
tous  les  éléments  nécessaires. 

Cette  fois  encore,  je  ne  me  suis  pas  astreint  à  la  disposition  suivie  par  les  quelques 


(1)  Au  reste,  même  si  elle  avait  été  acceptée,  il  est  fort  douteux  que  Sulbout  et  la  plupart  de  ses  con- 
temporains, à  pn  juger  par  les  spécimens  d'étyniologie  dont  pullulent  leurs  productions,  eussent  su  tirer 
parti  des  matériaux  fournis  par  l'enquête.  Le  plus  grand  nombre,  imbus  d'illusions  historiques  ou  archéo- 
logiques, ignorent  totalement,  ou  peu  s'en  faut,  l'existence  de  règles  sur  la  formation  des  mots  de  la 
langue. 

Veut-on  plus  de  détails?  Les  uns  s'imaginent  avoir  découvert  dans  tels  lieux-dits  (Champai,  Campi- 
naire,  Fosset,  Fossé  du  Blocus,  Prelle),  les  emplacements  des  camps  ou  des  champs  de  bataille  de  la 
guerre  des  Gaules,  sans  s'enquérir  si  ces  désignations  existent  ailleurs,  ou  si  la  toponymie  rappelle  des 
guerres  plus  récentes,  par  exemple  celle  des  Patriotes  avec  l'Autriche  en  1789,  ou  celle  de  1792-1794, 
ou  encore  si  les  traditions  locales  alléguées  n'ont  pas  été  propagées  par  quelques  érudils  qui  les  auraient 
forgées  de  toutes  pièces  en  s'appuyant  uniquement  sur  les  noms  !  Des  archéologues,  à  cause  de  la  pré- 
sence de  vestiges  de  Rome  en  tels  endroits,  ne  manquent  pas  d'en  interpréter  les  désignations  à  leur 
façon;  c.-à-d.  en  associant  celles-ci  à  l'idée  ([u'ils  se  font  delà  destination  ancienne  des  lieux,  lors 
même  que...  deux  lettres  seulement  sont  communes  aux  radicaux  prétendus  et  à  ces  désignalions, 
comme  on  peut  le  constater  par  l'étymologie  de  granarium  proposée  pour  Engreux  ! 

En  un  mot,  c'était  à  qui  retrouverait  cimetières,  villas,  bains,  tuileries,  temples,  autels,  divinités, 
basses-cours,  etc.  Ces  étymologies  nous  ont  voulu  la  boutade  suivante  :  «  La  toponymie  est  l'art  de  faire 
dire  aux  noms  de  lieu  tout  ce  qu'on  veut  !   » 


—  298  — 

glossaires  publiés  jusqu'à  ce  jour.  Je  me  suis  tenu  à  l'ordre  alphabétique,  qui  présente 
certains  avantages  incontestables.  Tout  d'abord,  il  épargne  certaines  répétitions  dans 
lesquelles  on  tombe  inévitablement  si  l'on  étudie  à  part  les  noms  de  chacune  des  sec- 
tions cadastrales,  ou  même  si  on  classe  ces  noms  sous  les  rubriques  Champs,  Prés, 
Bois  et  Chemins.  Qui  ne  connaît,  en  effet,  de  ces  cantons  partie  cultivés,  partie  boi- 
sés et  partie  convertis  en  prairies  ?  La  disposition  alphabétique,  en  outre,  facilite  sin- 
gulièrement les  recherches  à  quiconque  veut  se  documenter. 

On  me  reprochera  peut-être  d'être  trop  sobre  de  renseignements  étrangers  à  la  linguis- 
tique et  à  l'histoire.  Il  me  semble  qu'un  glossaire  de  ce  genre  ne  doit  pas  être  un  traité 
de  géographie,  encore  moins  un  livre  d'impressions.  Pas  trop  donc  d'indications  sur  la 
nature,  l'emplacement,  les  tenants  et  aboutissants,  etc.  :  excepté  lorsqu'il  s'agit  de  déter- 
miner la  signification  d'une  dénomination  nouvelle  ou  d'en  identifier  une  ancienne, 
ces  commentaires  sont,  quoi  qu'on  en  pense,  souvent  superflus  et  ne  peuvent  intéresser 
tout  au  plus  qu'une  partie  des  lecteurs  indigènes,  et  encore.  Je  ne  suis  pas  trop  partisan 
de  cartes  et  plans  contemporains  qui  risquent  fort  de  n'être  pas  consultés  du  tout. 

A  l'instar  de  ce  que  j'ai  fait  en  mes  Recherches  sur  la  topon.  du  pays  Gaumet,  j'ai 
réservé  un  chapitre  aux  environs.  Ceci  ne  dispensera  pas  de  faire  un  jour  le  glossaire  de 
chacune  des  communes  voisines. 

Pas  plus  que  pour  mes  travaux  précédents,  je  n'ai  la  prétention  d'apporter  ici  quelque 
chose  de  parfait.  Mon  seul  désir  est  d'être  utile. 

Au  reste,  il  faut  s'y  attendre,  lorsqu'on  aura  une  bonne  quantité  de  vocabulaires  sem- 
blables, un  travail  d'ensemble  rectifiera  maints  jugements  prématurés  et  interprétera 
bien  des  points  que  ces  vocabulaires  avaient  laissé  inexpliqués. 

Je  crois  rendre  également  service  en  faisant  suivre  le  présent  glossaire  d'un  petit 
appendice  bibliographique.    Ce  qui  répond  d'ailleurs  à  un  des  desiderata  de  la  Société. 

Hayange,  14  Mai  1911. 


—  299  ~ 

1.     Houffalizc. 

Formes  anciennes  :  a)  Latine  :  1147  Alta  falesia  ;  b)  Romanes  :  1176-1180 
Hufalis,  1180  Houf alise,  1200  Euphaliz,  1231  Hef alizé,  1235  Huejalize,  etc.  ; 
c)  Thioiscs  :  1403  Hiijjles,  1481-1499  Houlfleische,  Hulsweless,  refaites  évi- 
demment sur  le  thème  roman.  Adjectif  :  1244  Huffaliensis,  pour  hufïalisiensis. 

«  Houfalise,  dit  M.  Ch.  Laurent  dans  Tandel,  Communes  Luxembour- 
geoises, IV,  p.  233-234,  est  une  des  rares  localités  luxembourgeoises  dont 
l'étymologie  n'a  pas  donné  lieu  à  des  explications  absurdes.  Ce  mot  signifie 
évidemment  haute  roche  (1)  ;  il  a  été  donné  à  la  localité  qui  a  pris  naissance 
autour  de  l'ancien  château,  qui  était  bâti  en  partie  sur  un  rocher  très  escarpé. 
Falise,  en  haut  allemand  felisa,  s'est  conservé  dans  le  mot  falaise  et  se 
retrouve  dans  de  nombreuses  localités  wallonnes  et  germaniques  :  Reinerus 
de  Falisa  en  1172,  Trejalise  en  1225  (Ernst,  hist.  du  Umbourg,  t.  VI, 
p.  2,  149,  205,  la  Falise  (W.  P.,  an.  1344,  n^  1669  et  an.  1342,  n^  1509), 
Falise  (prov.  de  Namur),  Fallais  (prov.  de  Liège)  ;  Fellz  et  Holenfeliz  dans 
le  Grand-Duché  de  Luxembourg.  Houfalise  a  son  équivalent  dans  Hohenfels 
ou  Arx  Hovilez,  dont  parle  Browc?  (2).  Aucun  document  ne  prouve,  ccmmc 
le  soutient  Schayes,  qu'on  ait  dit  Hohenfels  avant  de  dire  Houfalise  ;  falise 
en  eiïet  est  une  forme  plus  ancienne  que  fels  et  la  première  forme  qu'on  ren- 
contre, AUafalesia,  est  une  latinisation  de  la  forme  romane,  de  même  que 
AUasilva  Hautcseille  (3),  Aliavilla  Hautcville  et  AUaripa  Auterive...  » 

A  son  tour,  M.  G.  Kurth,  dans  sa  Frontière  linguistique,  I,  p.  420-422, 
écrit  :  «  Houf f alizé  vient  manifestement  de  deux  termes  dont  l'un  remonte 
à  l'allemand  fels,  rocher,  et  dont  l'autre  pourrait  être  aussi  bien  le  français 
haut  que  l'allemand  hohe.  Il  y  a  même,  à  première  vue,  une  certaine  proba- 
bilité plus  grande  en  faveur  de  la  langue  qui  explique  les  deux  éléments  du 
mot  cà  la  fois.  Mais  les  présomptions  en  faveur  d'une  origine  germanique 
s'affaiblissent  si  l'on  considère  que  le  mot  falise  avait  pénétré  avec  sa  valeur 
d'appellatif  dans  le  latin  du  moyen-âge,  et  de  là,  avec  le  même  sens,  dans 
tous  les  patois  français  de  la  frontière,  depuis  le  Luxembourg  Jusqu'au 
Boulonnais  (4).  S'il  a,  depuis  lors,  disparu  de  la  langue  commune,  il  a  sub- 
sisté dans  un  assez  grand  nombre  de  noms  toponymiques  pour  qu'il  ne  reste 
aucun  doute  sur  sa  fréquence  primitive.  A  preuve  les  lieux  dits  suivants  : 


(1)  GrANDGAGN.\GE.   Mémoire  sur  les  anciens  noms  de  lieux,  p.   W. 

(2)  Ann.   trevir,  II,  244. 

(3)  Sans  doute  d'après  ce  passai  de  Grandgagnage  :  «  On  ne  peut  nier  que  seille  ait  été  un  nom 
appelant  pour  forèl.  L'abbaye  de  Haute-Seille  en  Lorraine  s'appelait  Alta  Sijlm,  et  beaucoup  de  bois 
dans  l'Ardcnne  portent  les  noms  de  Baseille  et  Haseille,  c'est-à-dire  basse  et  haute  foret  ».  Ce  a  quoi 
Houzé  (Etude  sur  la  signifie,  des  n.  de  1.)  répond  :  «  Il  ne  semble  pas  que  ce  (seiUc)  puisse  être  du 
substantif  latin  sijlva,  qui  a  pris  en  roman  les  formules  selve,  seauve,  sauve,  etc.,  »  chez  nous,  sijlva 
aurait  donné  saive.  Il  ne  faut  donc  pas  rendre  Basseille  et  Haseille  (hascllc  ?  =  coudraie,  caurc)  par 
Bassa  Sylva  et  A  lia  Si/lva . 

Les  traductions  Alta  Sylva  pour  Haute-Seille,  Sylva  et  A'cnnw  pour  Celles,  etc.,  ne  son!  que  des  jeux 
de  mots  monastiques,  comme  beaucoup  d'autres. 

(4)  Ducange,  à  la  vérité,  ne  connaît  pas  falisia,  mais  il  se  trouve  à  la  date  du  Xe  siècle  dans  le  Tra7is- 
latio  StiEugenii,  qui  a  été  rédigé  dans  l'Entre-Sambre-et-Meuse  :  »  Relinere  autem  illum  cum  vellent  qui 
cum  eo  erant,  timentes  ne  in  fruste  membra  ejus  colliderenlur,  si  de  rupe  mirae  altitudinis  in  qna  stabat 
descenderet,  repente  antequam  illum  langèrent  ex  cacumino  falisiae  se  praecipitem  dédit,  s  G.  K. 


—  300  — 

.4  /(-!  (alise  (Saiiilcz). 

.1  la  roche  de  Houff alise  (I  loUaiigo). 

.1/  Faliche  (Wardiii). 

Coirjalise  (Louvoigné). 

F  alise  (Baisy-Thy). 

La  Falise  (Rhisiics). 

Falisc  (Malmédy). 

Falize  (Laneffe). 

Falize  (Lierneux.) 

Falisolle  (Namur). 

Les  Falaises,  rocher  (St-Michel,  Meuse). 

Ilaiile  et  basse  Falize  (Rinxent,  Pas-de-C.) 

Haiiie  Falise  (Audriiighem,  P.-de-C.) 

Géralf alise  (Ligneuville,  Prusse  rhén.) 

Malfalise,  sur  la  Sambre  (Charleroi). 

Frejalizs  1204  (Plaine vaux,  Liège). 

Al  falihuele  (Schoonbroodt,  Val-St-Lambert,  n»  381). 

Je  prie  le  lecteur  de  bien  vouloir  remarquer  l'identité  de  ce  vocable  topo- 
nymique  avec  le  mot  de  falaise,  resté  dans  le  français  actuel  avec  le  sens  de: 
rochers  escarpés  le  long  de  la  mer.  Il  ne  faudrait  cependant  pas  croire  que 
les  deux  termes,  bien  qu'ils  dérivent  du  même  radical,  aient  une  origine 
identique.  Falaise  a  été  pris  par  le  français  actuel  dans  le  vocabulaire  des 
Normands  de  Normandie,  qui  le  tenaient  de  leurs  ancêtres  Scandinaves,  et 
a  reçu  le  sens  spécial  (1)  qu'il  a  aujourd'hui  dans  la  langue  classique  ;  jalise 
au  contraire,  était  universellement  employé  dans  les  patois  de  frontière, 
avec  le  sens  tout  général  qu'il  avait  en  allemand,  et  n'a  pas  été  accueilli  dans 
la  langue  littéraire,  où  son  cadet  a  pris  place.  De  part  et  d'autre,  cependant, 
le  mot  est  bien  romanisé,  et  sa  présence  dans  un  nom  de  lieu  ne  peut  pas  être 
invoquée  d'une  manière  générale  comme  une  preuve  de  la  nationalité  ger- 
manique de  la  population  qui  l'a  appliqué  à  sa  localité.  » 

Aux  listes  précédentes,  qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  : 

a)  Variante  citée,  jalise  : 

La  Falise  l.-d.  à  Arville. 

La  Falise,  I.-d.  au  confluent  de  l'Ourthe  et  du  Laval. 

La  Faliche,  l.-d.  à  Behême. 

La  Falise  de  Bienne-haul,  à  Longwilly. 

Al  Falize,  à  Baclain. 

Le  Mont  Falhize,  h  Huy. 

Coiicoiij alise,  à  Menufontaine. 

Gemont falize,  1663-1667,  dans  le  tome  IV  des  Communes  Lux.,  p.  392. 

Nifalize,  à  Spa. 


(■1)  Sans  doute,  ./ate'se  avait  la  même  signification  que  nolve  falise,  sinon  on  ne  trouverait  pas  des 
Falaises  en  Normandie,  à  une  assez  longue  distance  de  l'Océan. 


—  301  — 

b)  Variante  :  falaise. 

Falaise,  dép.  des  Ardennes. 

la  Falaise,  dép.  de  Seine-et-Oise. 

c)  Variante  :  falaise,  qui  a  échappé  à  AI.  Kurth  et  qui  provient  d'un 
thème  primitif,  falesa,  falesia  : 

La  Falaise,  l.-d.  à  Neufchâteau. 

La  Falaise,  citée  par  F.  Hutin,  (Fr.  Macédone),  Carlshourg  aulr.  Saus- 
sure, p.  153  ; 

La  Falaise,  à  Jupille  (pr.  de  Liège). 
Les  petites  Falaises,  à  Rocliehaut. 
Les  roches  de  Burtonfarloige,  à  Dohan. 
Les  roches  de  Biermifaloige,  à  Sensenruth. 
Falaise,  dép.  de  la  Somme. 

d)  Forme  diminitive  : 

Le  bois  de  Falizeul,  à  Aile. 

Falhoule,  1663-1667,  cité  dans  Les  Comm.  Luxemb.,  t.  IV,  p.  392. 

On  sait  également  que  Laroche  a  été  traduit  en  Welschefels  en  1328, 
Welschenfels  en  1420,  Welschewal:,  en  1429,  par  opposition  à  Fels,  littérale- 
ment Deutsche  Fels,  francisé  en  Larochette. 

Tout  en  reconnaissant  cependant  que  certains  adjectifs  restaient  inva- 
riables, dans  l'ancienne  langue,  lorsqu'ils  étaient  employés  dans  des  sub- 
stantifs féminins,  —  d'où  Rochehaut,  grand'rue  —  ,  je  ne  me  sens  pas  con- 
vaincu comme  les  auteurs  précités  sur  le  sens  de  la  première  partie  du  mot 
Houffalize.  En  tout  cas,  on  ne  peut  invoquer  la  forme  de  1147,  Altafalesia, 
lors  même  qu'on  admet  l'authenticité  du  document  d'où  elle  est  tirée.  Il 
est  reconnu  que  depuis  le  X'^  siècle,  c'est-à-dire  depuis  l'époque  où  les  déno- 
minations vulgaires  s'étaient  éloignées  de  leurs  formes  primitives,  surtout 
aux  XI I^  et  XI 11^  siècles,  les  rédacteurs  des  documents  latins,  embarrassés 
pour  donner  à  certains  noms  de  lieux  une  forme  en  cette  langue,  tantôt  se 
bornaient  à  transcrire  les  formes  vulgaires,  tantôt  les  latinisaient  en  y  ajou- 
tant une  désinence  latine,  ou  assez  souvent  les  traduisaient  d'après  l'éty- 
mologie  qu'ils  leur  attribuaient,  basée  sur  l'analogie  de  son  des  syllabes 
avec  des  mots  du  langage  commun  ;  ce  qui  constitue  ni  plus  ni  moins  le  pro- 
cédé du  calembour.  Dans  la  même  pièce  de  1147,  l'ancien  Walecurte  Wal- 
court  devient  Walicuria,  qui  a  un  autre  sens. 

Un  phonétiste  ne  s'y  méprendra  pas  ;  al  donne,  en  règle  générale,  â  en 
wallon  ardennais,  à  preuve  :  hâcé  (hausser),  Nafontainne  (Alba  fontana, 
offic'  Arbrefontaine),  âté  (autel),  tchènâ  (chenal,  canal),  tchâ  (chaux),  tchâci 
(chausser),  tchâfé  (chauffer),  fà  (faux),  nm  (mal),  pâme  (paume),  pâplre 
(paupière),  Sâcet  =  Sâceu  (de  salicetum),  Wâ  (Vaux),  va  (vaut,  de  valet). 

Je  sais  qu'il  existe  des  exceptions  dans  le  parler  actuel  ;  ce  sont  probable- 
ment des  emprunts.  Pour  moi,  hâcé  est  assez  concluant  :  on  disait  hâ  au  lieu 
de  hau,  autrefois,  mais  jamais  hou. 


—  302  — 

Vn  indice,  sinon  une  preuve,  que  cette  signification  n'était  pas  si  Irans- 
parenlc,  c'est  que  dans  les  nombreux  doeuments  connus  sur  noire  localité, 
on  ne  retrouve  plus  jamais  la  traduction  (illa  jalisia,  haute  roche. 

Ou  bien  hou  dissimule  un  antre  qualilicalif  ignoré  aujourd'hui,  oli  bien 
c'est  l'altération  d'un  nom  d'homme.  N'a-t-on  pas  Wilbauroche,  Thibau- 
roche,  la  Rochefoucauld,  Libertpierre,  Géralfalise? 

Je  rapproche  :  Houfosse,  à  Jalhay,  Houmonl,  et  peut-être  Alhoumont. 
Quel  serait  ce  nom  d'homme?  Ici  encore,  on  ne  peut  que  conjecturer  : 

1"  Hobo,  connu  par  des  Hôbing,  HiifFingcn,  Howelange  germaniques  ; 

2°  Hugo,  en  roman  Hugues  et  dont  le  dérivé  le  plus  connu  est  Hugbert 
ou  Hubert  (wall.  Hubêr,  Houbêr)  ; 

3»  Hodo,  d'où  le  nom  de  Sainte  Hothilda,  en  roman  Houe,  ainsi  que  : 
Hudding,  Houdeng,  Houtaing,'  Houthem,  Huttwil,  Huttenheim,  Houde- 
mont,  Hodinsart,  Hodinfosse,  Houdaincourt,  Hudelinsart. 

Au  lieu  de  donner  Houon,  Huon  ou  Hodonfalize,  Hoboni,  Hugoni,  Hodoni- 
falisia  ont  pu  former  IIov,  Hug,  Hodj alise,  de  même  que  Bosoni  vallis  et 
Hadonicrucem  sont  devenus  Bousval  et  Hautcroix  (flam.  Heykruis)  ; 

40  Hodulphe,  devenu  par  contraction  Houlf,  Hou  ; 

5*^  Hadulphe,  contracté  en  Haulf,  Houlf,  Hou. 

6°  Huldo  :  cf.  847  Huliheim  Houtaing  (Hain),  Holdingen  (Gr.  D.  de  Lux.) 

La  chute  de  la  consonne  dentale  intervocalique  se  constate  déjà  au  X«  siè- 
cle :  on  trouve  notamment  cnueia  envie,  de  invidia,  dans  la  Vie  de  Si-Léger, 
écrite  à  cette  époque  ;  elle  devient  assez  fréquente  au  XI^,  ex.  :  meïsme 
(avant  medisme),  pècchëur,  enuaïr,  fier,  beneïçun,  (bénédiction),  parais 
(paradis),  juïce  (de  judicium),  chcëre  (de  cathedra),  aorer  (adorer),  1033 
Flerusium  (cf.  868  Flederciolum  Flenrjoux,  son  diminutif)  ;  enfin,  an  XH, 
on  ne  compte  plus  qu'un  petit  nombre  d'exceptions,  variable  suivant  les 
dialectes  romans.  J'extrais  des  documents  du  pays  :  1143  Praella  =  1171 
Praelle  =  119G  Pre/e  auj .  Presles-sur-Sambre,  plus  anciennement  Pratellis 
ou  Pralella,  1139  Gimella  Jemcllc  =  au  IX^  siècle  Gamedella,  XII  s.  Waii- 
soîre  =  X^  Valciodorus,  XI I^  s.  Lernou  Lierneux  =  862  Ledernaus,  1147, 
Roulmonl  =  même  siècle  Rodolfisberg  (dans  un  document  rédigé  à  Himme- 
rode)  Roumont. 

Le  plus  souvent,  du  moins,  il  en  cnt  ainsi  généralement  dans  les  mots  du 
langage  usuel,  aprè*:  cette  chute  de  /,  d  intervocaliqucs,  l'hiatus  a  été  adouci 
par  un  yod,  principalement  après  a,  e,  i.  Voici  pourtant  quelques  exceptions  : 
Prestes  et  les  nombreuses  Prelle,  Prâlc,  rond,  Waulsorl,  le  Maine  (Meduana, 
XI^  siècle  Mehena),  Fronville  (Frcdonis  villa),  St-Mard  (S.  Medardus), 
bénir.  On  (Wadingo),  .Jemelle,  Oret  (Adclrctia  pour  Adelretium^, /^aucoar/ 
(Radulfi  curte),  la  Mène  (Medonia),  Rodolfi  mons  Roumont. 

.le  ne  m'attarde  pas  sur  la  vocalisation  de  ulf,  ul  et  de  Hold,  Hou,  puisque 
le  phénomène  se  serait  produit  pour  Alla  falesia  également.  Beaucoup  croient 
qu'il  ne  date  que  du  XI I^  siècle  ;  en  réalité,  il  se  constate  dès  le  XI^,  exemple  : 


—  303  — 

«  Le  blanc  osberc  (halsberg,  haiibeii)  li  ad  desclos  el  cors. 
...  Tant  chevauchèrent  es  veies  et  chemins...  »  (Chanson  de  Roland). 
«  U  en  la  teste  un  en  auler  liu...  Altresi  qui  faus  Jugement  fait...  »  (Lois 
de  Guillaume  le  Conquérant.) 


2.  Lieux-dits  du  territoire  communal  de  Houffalize. 

Abaye  :  Pré  VAbeye  (l'Abî).  Rappelle  l'ancienne  abbaye  du  Val  des  Éco- 
liers, fondée  en  1235, par  Thierry  et  Henri,  seigneurs  de  Houfïalize,  à  l'Hôpital 
Sainte-Catherine,  transférée  en  1244,  au  pré  dit  Angulus  et  supprimée  par 
les  édits  de  .Joseph  H,  en  1785. 

Angulus  :  1244  «  in  prato  nostro  subtus  Hufîalize,  in  loco  qui  dicitur 
Angulus  »  ;  même  année  «  ordinis  Vallis  Scolarum,  dicti  de  Angulo  Dei  », 
1252  «  el  angle  Deu  ».  Le  presbytère  en  occupe  l'emplacement. 

Basse  :  la  Ville  Basse. 

Battis  (les).  A  la  même  signification  qu'ailleurs  en  Wallonie  (voir  mes 
Recherches  sur  la  lopon.  du  pays  gaumet,  p.  54).  Je  rapproche  encore  :  le 
Baltis  des  deux  puissances,  cité  par  Roland,  Les  Comm.  Namuroises  (Auvelais, 
pass.)  et  indivis  jusque  vers  la  fin  du  XVIII*^  siècle  entre  les  communautés 
d'Auvelais-le-Comté,  qui  relevait  du  comté  de  Namur,  et  d'Auvelais-Ie- 
Voisin,  qui  dépendait  de  la  principauté  de  Liège  ;  le  Baty  des  Awes,  c'est-à- 
dire  des  oies,  terrain  vague  à  Beaufays  (Liège).  (1) 

Belle  femme  (Al.),  cabaret.  Nom  de  fantaisie. 

BocHY  :  voy.  Erbonbouchy. 

Bois  (le)  ;  Derrière  le  bois.  Bois  des  Moines  en  patois  :  o  bwès  des  Mônnes. 
Je  crois  utile  d'intercaler  un  mot  sur  la  locution  o,  rendue  souvent  à  tort, 
par  l'article  contracté  français  cm  (al),  cfui  est  traduit  ici  par  â  (ex.  :  à  Corty). 

A  mon  avis,  o  renferme  le  vieux  mot  français  ens,  dérivé  apparemment  du 
la  t.  intus  et  que  je  retrouve  dans  : 

«  Quant  cil  sobt  ens,  lor  flors  de.scendent,  »  (Flore  et  Blanceflore,  poésie  du  XII^  siècle) 
a  Quant  il  vint  enz,  e  vit  Ysolt  ».  (Tristan,  poésie  du  même  siècle). 
«  A  celle  journée. . .  fist  l'on  ouvrir  la  porte  de  la  nef,  et  mist  l'on  touz  nos  chevaus  ens». 
(Jehan  de  Joinville,  XIII,  XW  siècle.) 

«  Sau  ce  ki  li  masueir  avoient  ens  lor  pasturage.  »  (Charte  de  Floreffc  de  1257). 

))  Al  Sint-Lorint, 

Li  feû  â  sart  et  1'  four  in  ».  (Dicton  météorologique  wallon). 

Ens,  se  combina  :  1°  Avec  l'article  et  la  préposition  en  :  a)  Ens  en  le  : 

«  Enz  enl  fou  la  getterent  ».  (Cantilène  de  Ste-Eulalie,  IX^  siècle). 


(1)  Chose  probablement  ignorée  de  beaucoup  de  wallonisants,  un  certain  mot  batte  est  encore  connu 
dans  l'Ardenne  orientale  avec  le  sens  de  o  quartier  d'un  ban  débanné  pour  la  vaine  pâture  »  d'où  aussi 
par  extension  «  temps  pendant  lequel  dure  la  vaine  pâture.  »  Battis  a  aussi  son  diminulif,  que  j'observe 
notamment  à  Noire-fontaine  [le  Batigé)  et  à  Rochehaut  (Baptisé). 


—  304  — 

u  En  quinze  Unis  fu  eus  d  (1)  cors  navrez  ».  (Guillaume  (l'(  )renjj^e,  VU*-'  siècle.) 
«  Qu'il  n'eiist  ens  el  vregiet  planté.  «  (II non  de  Bordeaus,  XII''  siècle.) 
b)  Ens  en  les  et  ens  es  (2  )  : 
«  Soies  seiir,  car  ens  es  chiex. 

Vous  a  Diex  fait  sages  esliex.  »  (Jehan  Bodel,  Le  Jeu  St-Nicolas,  XIII^  s.) 
Ille  en  se  Prés,  Yle  ens  es  Prez,  formes  du  XV*^  siècle  de  Islc-le-Pré. 
Cette  expression  existe  encore  dans  èz  es,  oz  es:  «Oz-ès  tchamps,  oz-ès  picls,  dit-on  au 
pays  de  Houfîalize.  Elle  apparaît  aussi  dans  : 
Oz-ès  Chèrâs  (v.  plus  loin). 
Aux  effàts  a  Cierreux. 
Aux  ejfontenais  à  Courtil, 
Aux  Evis  prés  à  Bovigny. 
Aux  Ecawettes  au  même  territoire, 
Os-ès  deux  Oûrthes. 
Aux  Erreux  à  Arbrefontaine. 
2°  Avec  l'article  contracté  au  : 

«  Bauduïris  de  Sebourc  fu  ens  ou  paradis.  »  (Baud.  de  Sebourg,  XIV^  s.) 
3°  Avec  çà  ou  ci  dans  ceens,  caenz,  céans,  mot  connu. 
4"  Avec  là  dans  laienz,  leens  : 
«  Nesune  maie  choze  ne  puet  laianz  entrer.  »  (Roman  d'Alexandre,  XII®  s.) 

5°  Probablement  avec  en  et  de  dans  endéans,  encore  employé  dans  le  style  com- 
mercial. 

BoRJEU  :  Sur  Borjeii,  «  su  bordjeii  ».  Bordjeu  =  bourgeois,  est  le  sobriquet 
des  Houfîalisois  et  rappelle  leur  ancienne  condition.  Une  forêt  voisine  s'ap- 
pelle encore  la  Forci  des  Bourgeois,  parce  que  les  bourgeois  y  avaient  leurs 
usages.  Cf.  aussi  la  Tornée  borgeuse,  à  Limerlé. 

BouYETAi,. prairie  avec  étang.  J'ai  rencontré  plusieurs  homonymes,  notam- 
ment la  Fonlaine  des  BcuUais  à  St-I^éger.  Comme  le  gaumet  bulté,  ce  mot 
signifie  baratte.  Cependant,  je  crois  que  par  extension  il  a  été  appliqué 
aussi  aux  fruits  du  nénuphar  et  du  nuphar,  et  de  là  à  ces  plantes  mêmes. 
Dans  mon  village  natal,  ces  deux  significations  existent  simultanément.  (3) 

Brassine  (la)  1600  :  voy.  Comm.  Luxemb.  IV,  p.  372.  Lieu  inconnu. 

Champ  :  Dièrain  champ  (le),  en  1681  écrit  «  le  dernier  champ  »  ;  1244 
Guericluunps,  peut-être  pour  Werichamp  ou  le  champ  de  Wederic,  Wéry  (?) 

Censé  (la)  1682? 

Chapelle:  Chapelle  Sle-Anne;  Chapelle  Sl-Roch;  1862  Chapelle  Si-Nicolas; 
Voie  des  Chapelles,  dénomination  ancienne,  car  on  ne  voit  pas  quelles  étaient 
les  chapelles  se  trouvant  sur  ce  chemin. 


(d)  PourenZ;  cf  encore  : 

«  El  fossé  les  uni  fait  niër  »  (Romande  Rou,  \1I  s.) 

Un  des  plus  prodoinmes  qu'on  trouverai  el  ban  de  (Uieren  (Testament  de  Henri  de  Houftalize,  -1272). 

(2)  «  Devroienl  bien  mettre  leur  cure  Es  buns  livres  «  lit-on  dans  une  fable  de  Marie  de  France  (XIII  s.) 

(3)  Seulement  on  dit  hidté  et  non  bidté,  mais  cen'est-là  qu'un  mince  détail. 


—  305  — 

Château  :  Vieux  Château  (le),  abattu  vers  1692  ;  Nouveau  Châleau,  cons- 
truit ou  reconstruit  en  1628. 

Chaudron  (Pré). 

Chavée  (la),  de  exeavala  ;  Rue  de  la  Chavée  ;  Chemin  de  la  Chavée. 

Chavés  sarts,  «  les  tchavés  sârts  »  :  tchavé  signifiait  creusé. 

Chayons  :  Les  longs  chayons.  Chayons  ou  mieux  schayon,  schaillon  =  fr. 
échelon.  C'est  un  pré  accidenté. 

Chemin  :  Chemin  des  bœufs  ;  Chemin  de  la  chavée  ;  Chemin  du  couvent  ; 
Chemin  de  Mabompré  ;  Chemin  du  moulin  ;  Chemin  de  St-Roch. 

Cherâvoye,  c'est-à-dire  la  voie  charriable.  Dénomination  assez  commune. 

Chession,  qu'on  pourrait  traduire  en  français  par  Châtillon.  Un  document 
de  1794  parle  d'un  autre  Chession,  situé  sous  Brisy. 

Coin  :  voy.  Angélus. 

CoRTY  :  Corty  maire  Pire  ;  les  Cortys  ;  Au-dessus  des  Cortys  ;  Derrière  les 
Cortys.  On  sait  que  Corty  est  le  nom  wallon  du  jardin. 

Coûte  rôye  (Al)  =  les  courts  sillons. 

Couvent  (le)  ;  Derrière  le  couvent. 

Crachîre  (Al),  qui  signifie  terre  bien  engraissée,  bien  fumée. 

Cresse  (al),  =  à  la  crête  ;  Devant  la  cresse. 

Crainpré.  Je  connais  un  Craincourt  français  qui  était  anciennement 
Sicrcunne  curte  (la  ferme  de  Sigramn)  et  qui  a  dû  passer  par  les  formes  inter- 
médiaires Scraincourt  et  Ecraincourt.  L'apocope  me  paraît  peu  explicable 
autrement.  Wigiscourt  a  donné  Giscou  (pays  de  Beauraing)  en  passant  par 
Igiscourt  (cf.  wal.  Inenne  pour  Winenne,  Haut  pour  Waux),  et  Sévescourt 
n'a  été  altéré  en  Fescou  (même  contrée)  qu'après  une  forme  S'vescourt,  pro- 
noncée inévitablement  Sfescour,  puis  Fescour.  Le  traitement  de  1'  se  initial 
est  régulièrement  suc,  sic  en  ardcnnais,  sch  dans  certains  cas  :  scrîre,  scrinî, 
schové,  schâle,  schume  :  Crainpré  ne  vient  donc  pas  de  Sicramné  pratum. 
C'est  peut  être  un  ancien  fircdinpré  =  pré  de  Grato  :  cf.  mes  Recherches  sur 
la  topon.,  p.  64-65. 

Creux  :  voy.  Nemonl  des  croix. 

Crucifix  (le  Grand)  1682. 

DiÉRAIN   CHAMP   (Ic),    cité. 

Dessous  mon  Pierre.  Mon,  ailleurs  cunon,  émon,  signifie  chez. 

Eau  :  Porte  à  Fecui  (la)  ;  Par  delà  Vecui,  «  po  d'ià  l'êwe  »,  1682  le  preit  en 
delà  l'eau. 

Entre  les  deux  viviers  1682. 

Erbonbouchy,  Bouchy,  Boschy  =  de  boscus  bois.  Erbon  est  ici  sans  doute 
un  nom  d'homme.  Cf.  le  Gros  Buchy  à  Carlsbourg,  Erpo  nom  d'un  témoin 
dans  une  charte  de  975  dans  Beyer  Urkundenbuch. 

Ermitage  (1').  Dans  sa  déclaration  de  foi  et  hommage  faite  au  roi  de 
France  en  1682,  le  seigneur  d'Houfïalize  dit  :  «  ...J'ay  aussi  un  petit  bois  de 
haut  fustage  au  lieu  dit  dernier  champs,  ...où  j'ay  faict  bastir  un  Hermitage, 
et  y  résident  deux  hermites...  » 


—  306  — 

EwKNNE  (01).  Si  ce  nom  s'appliquait  à  une  prairie,  je  dirais  qu'il  vient  de 
èwe  (eau)  ;  mais  ce  n'est  pas  le  cas.  On  écrit  aussi  «  o  les  wênnes  ». 

Fa  Gérard  (le)  :  fa,  de  fagus,  hêtre. 

Fagne  (la)  :  La  censé  de  hi  fagne  1682. 

Fin  de  ville  :  extrémité. 

FoLLERiE  (Al),  1612  la  foullerie. 

Fontaine  :  voy.  Gerdin  font  aine. 

Fosses  d'Ourthe  (les). 

Galitte  fosse,  ou  mieux  Gali  de  fosse  :  Galis  Defosse? 

Gerdinfontaine  :  la  fontaine  de  Gardo. 

GoTEROLTLE  (Al),  syuonyme  de  goullelle. 

Grand  Pré  (le). 

Gremîpré  :  le  pré  de  Grimhar  (cf.  Grimoald,  Grimbert  dans  Grimbié- 
mont,  Grimard,  Grimon.) 

Guerichamps  1244,  cité. 

Hambas  (les).  Coteau. 

Haye  (01),  bois.  Nom  fort  répandu. 

Hazars  des  Bailles  1682  (les). 

Hazy.  Synonyme  de  Hasois,  constaté  à  Arsimont,  et  de  la  même  famille 
que  haslier  et  hallier. 

HiERLOT  :  Devant  le  Hierlot.  Hierlot  est  aussi  le  nom  d'un  hameau  proche 
Lierneux. 

Hodris  (les),  terres-broussailles. 

HÔPITAL  (1')  ;  1235  Hospitale  Stae-Calharinae. 

Horbonne.  ou  Orbonne. 

Jardin  :  le  jardin  à  la  porte  ;  le  Jardin  entre  deux  viviers  ;  le  Grand  Jardin 
scitué  sur  le  Marché  1682. 

Laids  Prés  (les). 

Lilion  1682  :  «  prairie  renfermée  dicte  Lilion,  joindante  à  la  rivière  et 
aux  mures  de  la  ville.  » 

Lutons  :  voy.  Trou  des  Lutons. 

Marché  (le). 

Menonpré  :  le  pré  de  Mano.  Cf.  Ste-Menehould  (S.  Manechildis),  Menon- 
ville,  Manulfivilla,  qui  d'après  Quicherat  et  Giry  serait  Marville  (Eure-et- 
Loire),  Mannenheim  826  dans  Beyer,  Urkund. 

Mont  :  voy.  Sertomont  et  Nemont  des  creux. 

Montagne  :  Sur  la  Montaigne,  1682. 

Moulin  (le)  ;  le  Moulin  Lemaire-Poncin. 

Nemont  des  croix,  «  an'  èmont  des  creux  »  :  au-dessus  de  croix.  On  se 
tromperait  gravement  si  l'on  croyait  que  les  expressions  anwnt  et  avcd  sont 
du  monopole  des  géographes.  L'auteur  de  la  Chcmson  de  Roland  (Xl^  siècle), 
dit  déjà  : 


—  307  — 

«  Li  quenz  Rollanz  revient  de  pasmeisuns, 
Sur  piez  se  drecet,  mais  il  ad  grant  dulur, 
Guardet  aval  et  si  guardet  amunt.  » 

Je  lis  ausGi  dans  Amis  el  Amiles,  poésie  du  XII^  siècle  : 

«  L  i  cuens  tint... 

Jambes  et  ventre  et  le  cors  contremont, 

Pies,  cuisses,  mains,  les  espaules  amont.  »  ; 

et  dans  le  Roman  du  Renaii,  de  la  même  époque  : 

Cl  Le  seel  quide  aiuont  sachier. .. 

...  Qant  il  furent  el  tertre  amont  ..  » 

Je  pourrais  citer  également  autant  d'exemples  pour  aval  :  je  me  borne  à 
rappeler  les  vieux  mots  hwâ  =  lauvan,  qui  signifie  littéralement  «  là-aval  » 
auâ  =  auau  (avau-la-ville,  avau  le  ])os)  et  paT  l-avau  pour  «  partout  en  val.  » 

NoHAiPRÉ,  en  1244,  Nohianprc,  qu'il  faut  lire  Nohiaupré.  La  forme  romane 
la  plus  ancienne  ne  serait-elle  pas  Xoselpret  ou  Oselpref^  Dans  ce  cas,  on  aurait 
Nosheldi  pratum  ou  Osheldi  pratum  :  cf.  Nosseghem,  Osseghem,  Usingen, 
Osmonville,  et  pour  la  prosthèse  de  Vn  dans  la  seconde  hypothèse  :  Xollômoni 
n.  wallon  de  Ollomont,  Nallioumonl,  id.  de  Alhoumont,  Nâfontainne,  id.  de 
Arbrefontaine  (Alba  fontana). 

Notons  :  voy.  Trou  des  Xidons. 

Ordonne,  cité. 

OuRTHE  (1'),  la  rivière  d'Ourthe  orientale,  qui  vient  du  hameau  d'Ourthe 
(Beho)  se  réunit  à  l'Ourthe  occidentale  en  face  d'Ortho,  après  un  parcours 
de  38  km.  Formes  archaïques  :  Urta  870  et  893,  Orie895,  Orta  1235,  Ourihe 
et  Ourtha  1244.  L'Ourthe  a  donné  son  nom  à  l'Ourth  cité,  en  1235  Orte,  à 
Ourthe-lez-Ste-Marie,  à  Ortheuville,  anciennement  Orihomnlle,  à  Ortho,  en 
888  Orlao,  au  Xlfe  siècle  Hoiihou,  Oriou. 

Elle  a  pour  homonymes  :  1°  Oiia  l'Orthe  française  ;  2^  le  masculin  Ortho 
de  636  («  Chambo  secta  super  Ortho  fluviolo),  identifié  généralement  avec 
notre  Ourthe,  mais  qui  désigne,  je  crois,  plutôt  le  ruisseau  d'Our,  passant  au 
hameau  du  même  nom,  écrit  Oiirt  en  1267  (1),  ou  bien  la  Lesse  même  (2), 
ou  mieux  encore  l'Othain  afiluent  de  la  Chiers  passant  à  Othe  et  à  Ham-de- 
vant-Marville.  (3) 


(1)  Dans  ce  cas,  Chambo,  serait  un  Ilan-sur-Ourl  disparu,  ou  Han-sur-Lesse.  Qu'on  ne  crie  pas  au 
tour  de  force  pour  cette  dernière  conjecture  :  en  700,  Ecliternacli  est  dit  o  sito. . .  super  fluvio  Deda  » 
au  lieu  de  «  Sura  »  ;  en  968  Hosingen  est  placé  à  la  fois  dans  le  comté  de  Bastogne  et  sur  l'Alzette  ;  un 
document  de  144o  même  fait  passer  la  Wimbre  à  Ave  (a  Ave  sur  Yinhre  »),  localité  arrosée  par  le 
ruisseau  dit  l'Ave.  On  conçoit  que  l'éloignement  et  l'absence  de  notions  géographiques  induisent  parfois 
en  erreur. 

(2)  Aujourd'hui  encore,  dans  le  pays  de  Paliseul,  on  vous  dira  que  la  Lesse  a  sa  source  sur  le  terri- 
toire de  Cadsbourg.  M.  Kurth,  à  l'art.  Drakena  (la  Senne)  de  sa  Front-Livguist,  (I,  -142-3),  fait  remar- 
quer judicieusement  que  les  anciens  n'avaient  pas  des  idées  aussi  arrêtées  que  les  nôtres  sur  l'identité 
d'un  cours  d'eau  et  de  ses  affluents  :  «  Souvent  pour  eux,  écrit-il,  c'est  l'affluent  qui  est  le  lleuve  et  qui, 
par  conséquent,  donne  son  nom  à  celui-ci,  au  moins  sur  unepartie  de  son  cours  !.  Il  cite  l'exemple  de 
Matines  que  deux  actes  des  IX^  et  Xe  siècles  ont  situé  sur  le  Dénier. 

(3)  (Ha  et  Ot-iniis  eussent  donné  en  effet,  à  mon  avis,  Oye  ou  Oue,  Oyin  ou  Ouin  ;  à  preuve  :  alaudam 
rom.  aloue,  caudam  pat.  queù,  queuye,  coù,  rotam  roue,  pat.  rue,  gaudiam  joie,  pat.  fr.  joye.  11  se  trou- 
vait donc  avant  t  une  autre  consonne  qui  en  a  assuré  la  conseï  vation.  Pourquoi  ne  serait-ce  pas  r  ? 

20 


—  308  — 

Quoiqu'il  eu  soil,  Ourlhc,  ne  dérivo  que  d'uu  radical  Uiia  :  Otia  eût  abouti 
au  wallon  Gale,  Walc. 

M.  Roland  (Topon.  Namuroise,  p.  200)  se  demande  s'il  ne  fautpasvoirdans 
Orla,  Uiia  un  composé  de  :  a)  Ora,  =  Ura,  identique  à  Ura  l'Eure  gardoise  et 
l'Aurach  allemand,  et  /))  la,  observé  dans  Salta  la  Salza,  afïluent  de  la  Saale 
(Sala),  Saiia  la  Sari  lie,  Miuia  la  Meurthe,  (cf.  Mura,  qui  désigne  plusieurs 
rivières  et  localités,  d'après D'Arbois de  Jubainville).  Je  me  le  demande  aussi, 
à  cause  du  voisinage  de  l'Ourge  d'Orgeo  (VII^  siècle  Uriacuin  d'où  l'adj. 
iiriacinse,  888  Urio)  et  de  l'Our,  anciennement  Urva. 

Pachy  (le),  qui,  par  exception  sans  doute,  a  le  même  sens  que  les  Paqiiis 
gaumets  et  lorrains.  Serait-ce  le  même  que  le  Pasquis  des  seigneurs  cité  dans  le 
dénombrement  du  comte  de  Rivière  en  1682?  J'en  doute. 

Parc  Philippe  (le). 

Par  DELA  l'eau. 

Pasai  de  Rrihy,  le  sentier  de  Brisy. 

Pierreuse.  J'ai  noté  ailleurs  des  Charneuse,  Fechereuse,  Spineuse,  Saus- 
scige,  Bouleuse. 

Pont  (le)  ;  le  Pont  Henckarl  1716  :  cf.  le  Pré  Henkarl  à  Vissoul. 

Porte  :  la  Porte  à  Veau  ;  le  Jardin  al  porte.  Il  y  avait  jadis  trois  portes 
percées  dans  les  murailles  de  la  ville  :  la  porte  Delcommune,  la  porte  à  l'eau 
et  la  porte  de  la  brasserie  (Com.  Lux.,  IV,  240.) 

Pré  :  Chaoupi'é  ;  Crinpré  ;  Gremîpré  ;  Menonpré,  Nohaipré  ;  Grand  Pré  ; 
les  Laids  Prés  ;  Pré  de  V Abbaye  ;  le  Pré  Chaudron  ;  le  Pré  Gérard  Mounî  ; 
1682  le  Pré  Backas. 

Promenade  (A  la). 

Randoux.  Est-ce  un  nom  en  o/as?  ou  un  nom  patronymique? 

Roye  :  V.  Coule  rôye. 

Route  :  la  Route  de  Liège  à  Bastogne  ;  route  de  Laroche  ;  route  de  JMabom- 
pré  ;  etc. 

Rue  :  la  Rue  de  la  Chavée  ;  la  Rue  du  haut  Pont  ;  la  Rue  du  Pont  ;  la 
Rue  de  la  Porte  à  l'eau  ;  la  Rue  de  la  Ville-Basse. 

Ruz  de  C'owAN,  le  ruisseau  qui  vient  de  Cowan. 

Saint-Roch  ;  Chemin  de  St-Roch. 

Sainte-Anne  (Chapelle). 

Sarts  :  les  Chavés  sarts. 

Sertômont,  le  mont  de  Sertold  :  cf.  le  n.  de  fam.  Sertilly,  dérivé  apparemment 
du  nom  d'une  localité  française,  le  prén.  Sarlrad  cité  par  Beyer,  Urkund, 
I,  p.  762. 

Spandeus  (les).  Sans  doute  de  «  spandc  »  épandre  ;  endroit  où  l'on  a  répandu 
des  fourneaux  d'essartage. 

Stoqueus.  Le  synonyme  des  Slocky,  Toquis,  Slocoit,  que  j'ai  cités  en  mes 
Recherches  sur  la  Top.  du  pays  qaumel.  La  terminaison  doit  être  le  lat.  elum  : 
cf.  Enngreu,  Velreu,  Cheneux,  etc. 


—  309  — 

Tannerie  Cawe... 

Taille-pire  =  taille-pierres. 

Thier  :  le  Thier  ;  le  Thier  du  Juge  ;  le  Thier  Lambin  ;  le  Thier  du  Moulin  ; 
le  Thier  des  Xûlons;  le  Thier  des  pourçais.  Thier:  éminence,  hauteur;  le  même 
que  les  Ternies,  Ternes,  signalés  dans  d'autres  régions. 

Trou  des  Nutons  (le).  Excavation  assez  spacieuse  creusée  dans  une  col- 
line baignée  par  l'Ourthe,  et  que  la  légende  fait  habiter  par  des  génies  dits 
Nsitons,  parce  qu'ils  ne  sortaient  que  la  nuit.  Il  y  a  des  Trous  de  Mutons, 
de  Sotais,  de  Satis,  en  beaucoup  d'endroits. 

Val  :  le  Val  (va)  de  Taverneux. 

Vieux  Château  (le),  cité. 

Voie  (vôye)  :  Voie  des  Chapelles  ;  Voie  de  Cowan  ;  Voie  de  Messe  :  le  chemin 
par  où  l'on  va  à  la  messe,  à  l'église  ;  Voie  des  Morts  :  chemin  du  cimetière  ; 
Voie  du  moulin  ;  Voie  des  tanneries  ;  Voie  des  Taverneux  ;  Cherâvôye,  cité  ; 
Vdte  Voye  (li)  =  chemin  vert. 

Ville  (la)  ;  la  Ville  Basse. 
Viviers  :  Les  deux  viviers  1682. 

WoYAis  (les),  c'est-à-dire  les  petits  gués.  Cf.  :  Waya,  à  Hemptinne-lez- 
Eghezée,  Wayaux  (Hain),  anciennement  Wadeal. 
Zayî  (sur  le),  bosquet. 


3.  Notes  sur  les  environs. 


AcHOu.FFE,  hameau  de  la  commune  de  Wibrin  ;  en  1504  Axhoff,  1537  Achoff 
1586  Achouwe.  Semble  se  déduire  philologiquement  de  Axobia,  Assobia, 
Ascobia,  ou  de  Axobrium,  etc.  A  rapprocher,  suivant  le  cas  :  Brannovii 
(peuple  gaulois),  Lexovii,  id.  Esuvii,  ici.  Mandubii,  id.  Saluvii,  id.  Lexovium 
Lisieux  et  Luxeuil,  Marbrovium  identifié  avec  Marboué,  Karubium  Qua- 
roube,  Blandovium  Blendef-lez-Louveigné,  Carcuvium  station  de  l'Itinéraire 
d'Antonin  en  Tarraconaise,  Templovium  Templeuve,  Argubium  Argoubes, 
Argobium  Argœuves,  Quadruvium  Carouge-en-Vaud,  Erpruvium,  Her- 
pruvia,  Erproeve  et  Y  prouve,  Eprave  (Eprauvc),  Bertruvium  868  à  rechercher 
dans  l'ancien  pagus  laudunensis,  Danubius  et  Danuvius  le  Danube  ou  Donau, 
Mescloeve,  ]Mécleuves-lez-Metz,  Insubres  (peuple  gaul.),  Vernodubrum  et 
Saint-Laurent-de- l'^rnarouères,  aujourd'hui  St-Chinian-en-Roussillon,  .SV«/- 
deurio  Escaudœuvres  (sur  l'Escaut),  Solobria  Soulièvres,  Sodobria  Suévres, 
Donobrium  Deneuvre,  Vandopera  et  Vendeuvre  auj.  St-Léonard-des-Bois, 
Celeoveres,  Celuevres,  Zolwre,  Zelobrio  et  Solubrio  Soleuvre  ou  Zolwer,  Benœu- 
vre,  Meobrio,  ^loyeuvre,  Grossœuvre  (latinisé  par  étymologie  populaire  en 
Grandis  Sylva),  Axonna,  Axenna  et  Axuenna  l'Aisne  française  et  peut-être 
l'Aisne  luxembourgeoise,  Axima  auj.  St-Jacome-en-Savoie,  Axa,  rivière  de 
Bretagne,  Tricasses  (peuple  gaul.,  d'où  Trecae  Troyes),  les  cogn.  Ascillus  et 
Ascula,  etc. 


—  310  — 

Alhoumont  ou  Nalhouinoiil,  en  1332  alhuyinonl.  1390  Alhumont.  A  défaut 
de  formes  plus  archaïques,  il  est  difficile  de  soupçonner  l'origine  de  ce  nom. 
Serait-ce  un  ancien  Arzoïimont'?  Ou  un  Arl-lc-Iluunwnr?  L'une  et  l'autre 
hypothèse  juslilieraient  la  non-vocalisation  de  a/ et  l'aspiration  de  Vh  qui  suit. 
Cf.  Art-sur-Meurlhe. 

Ambrongne  1663-1667,  cité,  avec  Lomeré,  Baclain,  Sterpigny,  Anselly, 
Brisy,  Gemonl/allizc,  Houl)iémont,  les  Tailles  et  Falhoule,  p.  392  des  Comm. 
Lu.veniboiirg.,  IV,  ou  Anibroigne  1682.  (  «  Nous  appartient  aussy  la  disme 
entière  d'Ambroigne,  les  deux  tierces  parties  de  la  disme  des  Tailles...  ») 
cité  ibid.  p.  401.  Ne  serait-ce  pas  un  nom  hydronymique?  Il  y  a  assez  de  ruis- 
seaux dans  ces  parages.  Je  rapproche  :  Amana  l'Ohm  et  l'Emmen,  Amesis 
l'Ems,  Amblava  l'Amblève  ou  Amel,  Emblon  le  Nèblon,  Ambara  l'Ammer. 

Ancy,  ancien  village  détruit,  dit  la  tradition,  auj.  l.-d.  près  de  Sommerain. 
M.  Kurth  (Frontière  Ling.,  I,  p.  489)  l'identifie  avec  Ausegias  de  915  ou  922, 
cité  par  Ritz,  Urkiinden,  p.  16,  et  veut  le  ramener  à  un  primitif  Alciaciim. 
La  phonétique  ne  donne  pas  raison  à  I\I.  Kurth  (1).  Je  crois  plutôt  avec  M. 
Roland  (Top.  Namur,  413-415)  que  cet  Ausegias  (pour  Auseias)  désigne 
Oisy  (Namur),  en  1287  Auci,  en  1217  Osiis,  d'autant  plus  que  ce  dernier  avait 
pour  collateur  l'abbé  de  Stavelot.  Notre  Ancy  me  paraît  être  VAnselhi  de  1250 
(«  pris  à  ma  dame  — lisez  dîme  —  d'Anselhi  et  de  Vaus  »),  vers  1663  Ancelly, 
en  1682  Anseilly,  mentionné  dans  les  Comm.  Luiemb.,  IV,  pp.  275,  392  et 
401.  D'un  primitif  Ansiliaciis,  formé  ou  de  Anselo,  diminutif  de  Anso  (cf. 
Anslar  Anlier,  Ansesart  Ansart)  ou  du  gentilice  Ansilius,  de  la  même  famille 
que  Ansicius,  Ansio,  connus  par  les  inscriptions  (Voy.  Holder,  AUceltischer 
Sprachschatz). 

Assi-N  (')  à  Bovigny,  Langlire,  les  Assins,  à  Tavigny.  Sans  doute  =  pré, 
champ  accensé,  donné  à  ferme.  Au  féminin,  on  a  VAssince,  plus  répandu. 

Baclain,  en  1466,  BacJden.  Est,  à  mon  avis,  un  nom  germanique  en  ing  : 
cf.  Cherain  et  Bihain.  On  peut  rapprocher,  pour  le  radical  — r  Bakelo  sans 
doute  un  nom  d'homme  —  Bechlingen,  et  aussi  Bacunweis  Becquevoort, 
Baconfoy,  Becquincourt,  Beckingen,  Balgsliidt,  Baldilingas  PalUng. 

BerheuvÂ,  l.-d.-  de  Tavigny.  N'est-ce  pas  Berzeiwal,  le  vallon  de  Bersod  : 
cf.  Bersileas  Bersillies  (Hain.) 

Berisménil  :  le  mansionile  de  Bery  (Bero,  Baro  -f  iacum  :  cf  Adalbero, 
Bérégise,  Berry).  En  wallon,  on  dit  simplement  «  lu  Mwênnî  »  :  exem- 
ple très  curieux.  Qui  sait  si  un  certain  nombre  des  désignations  comme 
Laval,  le  Mont,  ne  sont  pas  dans  le  même  cas.  Je  rapprocherai  aussi  le  gau- 
met  «  Lu  haut  »  pour  «  lu  haut  St-Walfra  »,  le  Mont-St-Walfroy. 

Bernistap,  à  Tavigny.  Siape  signifie  encore  dans  certaines  régions  «  bali- 
veau ».  Berni  serait  un  nom  d'homme  :  Bern-ic  oïl  Bern-her  et  Bernier.  Cf. 
des  Bernîmont,  Bernihez,  Bernissart. 

Beuleux  1682  (Les  Comm.  Lux.,  IV,  396),  bois.  Comme  le  Beulel  de  Bras, 
de  Livarchamps,  le  Bôlet  de  Villance,  le  Bolleus  d'Othée,le  Boulois  de  Chiny, 


(1)  Que  al  iiritnilif  soit  déjà  vocalisé  au  X^  siècle,  je  ne  le  croirai  jamais. 


—  311  — 

de  Herbeumont,  les  Bioleux  de  Cierreiix,  le  Boulleroy,  de  Forges  (Chimay), 
signifie  boulaie,  bois  de  bouleaux. 

BiÈNÂCHÈNÂ,  à  Cetturu.  C'est-à-dire  le  chenal,  le  canal,  le  fossé  de  Bénard. 

BiHAiN  :  895  Bûsanch,  1426  Bihaing.  Avec  Delafontaine,  je  rapproche 
Bissen  (G.  D.)  écrit  Bisanga  au  X^  siècle.  M.  Kurth  (Frontière  I,  478-479)  a 
tort,  me  semble-t-il,  de  voir  en  Biisanch  un  nom  celtique  à  disinence-anc, 
intermédiaire  entre  ac  et  le  germ.  in ^.:de  ses  six  exemples,  cjuatre  (Belsonanc) 
Busanc,  Charanc  et  Wardanc)  sont  situés  dans  le  voisinage  de  la  limite  des 
deux  langues  et  les  auteurs  français  hésitent  pour  leurs  nombreux  ain,  an, 
ans,  eng,  ant,  ent,  ens,  dont  une  quantité  assez  notable  sont  écrits  avec  la 
désinence  encum  dans  des  textes  postromains. 

BoNNERUE,  prononcez  Bon'ru  :  en  1541  Bonnery.  Ne  vient  pas  de  rue, 
mais  de  ru,  ruisseau.  La  première  partie  serait-elle  un  nom  d'homme,  comme 
Bono?  Je  rapproche  :  Boconis  mons  Bouquemont  (Meuse),  Taunacun-i  villa. 
Tonneville  (Seine  Infér.)  A  propos  de  ce  dernier,  je  dirai  qu'il  existe  bon  nom- 
bre de  noms  semblables  en  Normandie  :  Sotteville,  Motteville,  Beuzeville, 
Gainneville,  Yvetot,  Manneville,  Appeville,  Toulïreville,  Sottevast,  Quitte 
bœuf,  Criquetot,  etc.  Beaucoup  de  ceux-ci,  on  le  sait,  ne  remontent  pas  au- 
delà  des  invasions  normandes. 

BoviGNY  :  873  Bovenneias  ?  1130  Bovingeis.  D'un  primitif  Boviniacus  ou 
Bobiniacus,  dérivé  ou  du  gentilice  gallo-romain  Bovinius,  ou  du  nom  d'hom- 
me germanique  Bobo  et  13000.  Cf  pour  ce  dernier  :  Bobenheim,  Bobingen, 
Bobstadt,  Bubendorf,  Bubenreuth,  Bubikon,  Boewange  (X^  siècle  Buvingas), 
Buvange,  Bobonis  cella  Boncelles.  Bovigny  a  pour  homonymes,  en  outre, 
Bovegné  sous  Goé,  Bouvigné  (Orne),  Bouvignies  (Hain)  et  Bogny  (Ardennes  ; 
1136  Boviniacus). 

Brisy  ou  Brihy  ==  1541  Brichy  (Brixhy?),  est  également  une  dénomination 
en-iacus  et  dérive  peut-être  des  gentilices  Brictius  pu  Brisius.  Cf.  Brisiacus 
Breisach  (allem.) 

Bru  :  Le  moulin  du  Bru,  à  Cetturu  ;  1550  le  brus  de  Mons  ;  «  Item  doibvent 
faicher  et  fener  le  brus  de  Mons  et  mener  au  chasteau  de  Houlîalize.  «  (Com. 
Lux.,  IV,  355).  Ainsi  que  je  l'ai  dit  p.  16,  de  mes  Recherches  sur  la  Topon. 
du  pays  gaum.,  ce  vocable  avait  primitivement  le  sens  de  forêt  réservée  à  la 
chasse,  qu'il  conserva  assez  longtemps  dans  certaines  régions  (1),  mais  qu'il 
échangea  de  bonne  heure  par  ici  contre  celui  de  pré  seigneurial. 

BuLziN  1682  (Com.  Lux.,  IV,  401  :  «  Nous  sommes  aussy  seigneur  foncier 
de  la  court  de  Bulzin,  aiant  pouvoir  de  créer  et  destituer  un  mayeur,  etc.»  ) 
Bulkin  même  année  (Ibid.,  402  :  Les  rentes  dictes  «  les  peschirons  »  ...au 
village  de  Limerlé  le  huit  janvier,  pour  tapise  (?)  de  tailles  de  la  cour  de  Bul- 
kin, douze  florins  onze  sols.  »)  J'ignore  où  se  trouvait  cet  endroit  qui  n'est 


(-1)  Je  crois  qu'il  a  encore  celle  signification  dans  ses  deux  vers  tirés  d'une  Pastourelle  du  XlIIe  siècle  : 
«...  Que  ces  oiselez  ne  tient 
De  chanter  en  bois  n'en  bmil. . .  » 
Cf.  aussi  le  bois  de  Uniile  p.  Gl  de  Duvivier,  Rerh  sîir  le  Uainaut  ancien,  un  autre  (?)  p.  530  du  même, 
un  troisième  p.  211,  Druelh  nemus  p.  323-224,  Brolium  ibid.  :  Bnliiim  «  excelsa  silva  «  en  ilo8  dans 
Ducange,  Gloss. 


—  312  — 

pas  à  confondre  avec  Baclain,  cité  aussi  dans  le  même  document.  Prononçait- 
on  Biilcin  ou  Bûcin'l  jMème  désinence  qu'en  Baclain,  Cherain,  Bihain  et  pro- 
bablement de  même  origine. 

CÉDROGNE  (la),  forêt  ;  le  ruisseau  de  la  Cédrogne.  1235  Sedrones  (vilL), 
foret  de  Sedrones  ;  1242  Sendrogne.  Pour  moi,  c'est  une  appellation  hydro- 
nymique,  à  rapprocher  de  Sidrona,  la  Sitter,  rivière  d'Allemagne  et  de 
Sedena  le  Serain  (pour  Sénain)  français. 

Chenet  (le),  à  Mont  :  en  1529  le  Chcnneux  de  Mons  ;  le  Chenet  à  Bihain. 
Identique  à  nos  Chenois,  Chanou  gaumets.  La  signification  (chênaie)  en  est 
])ien  connue  ;  néanmoins  j'estime  que  ce  petit  renseignement  pourra  servir 
à  cpiiconque  voudra  un  jour  étudier  le  suffixe  etuni  en  Wallonie. 

(".iiERAiN  :  666  Charaneo,  1235  Cherein,  1244  Cluraing.  Nom  germanique 
en  ing.  Cf.  Carestat  1016  (Foerstem.) 

Chèras  :  Os-cs  ehèras,  à  Mont  ;  ehâleau  des  Cheras.  Voir  art.  Charrau  dans 
mes  Recherches,  etc.,  p.  58. 

Chevral,  affinent  de  l'Ourthe,  à  Achoufïe  et  venant  du  bois  St-Jean. 
Diminutif  de  Cabera  =  Capera,  équivalent  de  Gahara  que  je  rencontrerai 
plus  loin. 

CiTATTE  :  Al  Citalte,  l.-d.  à  Tavigny.  Je  ne  connais  pas  l'étymologie  de  ce 
vocable.  Ce  ne  peut  être  évidemment  le  lat.  civitatem  ni  le  germ.  stadt,  qui 
ont  donné  ou  eussent  donné  cité,  cité,  stéy.  Peut-être  se  retrouve-t-il  dans  : 
Rasladt  1.  d.  à  Wibrin,  et  Rastadt  entre  Vellereux  et  Bertogne. 

Combes  (les),  à  Mabompré.  Nom  fort  répandu  en  France,  où  il  est  encore 
usité  couramment  avec  le  sens  de  vallon.  Cf.  les  Camhes,  à  Tintigny. 

CowAN  :  1235  Quant,  1244  Couant,  Couan,  Cowan,  1255  Chuan,  etc.  J'ai 
noté  un  Cohan,  dans  l'Aisne.  (Fr.)  ;  mais  je  crains  assez  que  ce  ne  soit  un  nom 
de  la  famille-de  -m^en,  comme  on  le  croit  pour  plusieurs  appellations  revêtues 
de  la  désinence  an  -  ans,  ent  dans  ces  régions.  Le  nôtre  peut  se  ramener  à 
l'un  des  primitifs  suivants  : 

a)  Cucuant  et  Cucant  :  cf.  Cocuneda  (local),  Coca  ou  Cuca  (cogn.),  Cocasus 
(id.)  Cocillus  (id.)  Cucalus  (id.),  Cocuro  (id.)  Cocus  (id.),  Coconiaco  (loc), 
Medu-anto  Méan  {^),Bier-  ant  le  Biran  beaurinois,  Graun-cmto  vico  (loc),  Juv- 
anlus  (cogn.),  Junantus  (id  ;  coc),  Ivantus  (cogn.),  Namcmlus  (id.)  etc. 
(Voir  notamment  Holder,  Altceltischer  Sprachschatz,  pass.)  ; 

b)  Cutuant  ou  Cutant  :  cf.  Cotus  (cogn.  d'un  notable  éduen),  Colillus  (cogn.), 
Cotu  (id.),  Cotuantii  (peuple,  dans  Strabon),  Cotuco  (cogn.?),  Cotulo  (id.), 
Cutullus  (id.)  Cuda  (id.),  Cudius  (id.)  etc.  (Holder,  cité,  pass.) 

r)  Moins  sûrement  :  Cuvant  ;  cf.  Covennos  (île,  dans  Ptolémie),  Covcrna 
(lieu),  Covolus  (inscript.)  Holder,  ibid.),  Cucubarrum,  Cucuvarum,  Couard 
(France).  On  sait  que  ce  village  était  jadis  un  endroit  assez  considérable  et, 
cjue  sa  paroisse  est  très  ancienne  :  Houfialize,  primitivement,  faisait  partie 
de  cette  dernière. 

CoMPOGNE  :  1145  Coinpendium  in  Ardunna,  1238  Compagne,  1240  Com- 
ponia,  1244  Coponia,   1249  Copoinhe    et    Compoihne,   1250  Copogne,   1270 


—  313  — 

Copongne.  Avec  M.  Roland  (Topoii.  Namuroisc,  489),  je  doule  que  Com- 
pendiwn  de  1145  se  rapporte  à  Compogiie,  ou  sinon,  ce  n'est  qu'une  traduction 
liasardée  :  il  n'y  a  pas  de  raison  assez  plausible  pour  admettre  que  compendium 
ait  eu  ici  un  autre  traitement  qu'en  France,  où  il  a  engendré  Compains  et 
{^ompiègne.  Il  est  certain  qu'on  disait  déjà  au  XIII^  siècle  «  Copogne  »,  si 
pas  «  Qu'pogne  »,  puisqu'il  y  a  hésitation  entre  Com  et  Co  dans  l'orthographe. 
Cette  forme  dialectale  peut  remonter  bien  plus  haut.  Il  faut  donc  recourir  à 
deux  hypothèses  :  a)  Coinponia,  dérivé  de  Compo  :=^  cumbo:  voy.  dans  Holder 
Andacoinboriiis,  Arecunibii  ;  b)  Copponia,  non  documenté,  mais  qu'on  peut 
toutefois  rapprocher  des  cogn.  Copillos,  Copinus,  Copiius,  cités  par  le  même 
auteur. 

Darzy,  l.-d.  à  Mont.  Comme  Darciacus  mentionné  dans  Pardessus,  Diplo- 
mala,  etc.  n.  587,  Darsiacum  Darcey  (Côte  d'Or),  Darsac  (Ht^-Loire),  rentre 
dans  la  famille  des  dénominations  en  accus.  Pour  la  première  fois,  rappr. 
Condercus,  Derceia,  Derco,  Inderca,  Dercenna,  Indercillus,  dans  Holder, 
ouv.  cité,  pass. 

Dînez  :  1252  Dynei,  Rentre  aussi  dans  la  famille  du  précédent,  par  le 
suffixe.  Il  faut  noter  cependant  la  divergence  du  traitement  :  de  même  qu'en 
Lomré,  Samrée,  Ottré,  Régné,  Jévigné,  Erezée,  Lohéré,  Borzée,  etc.,  le  nom 
a  conservé  son  ancienne  forme  romane,  tandis  que  Darzy,  Tavigny,  Bovigny, 
Rogery,  Filly,  Bourcy,  Hardigny,  etc.,  ont  évolué  de  ici  à  i  plus  ou  moins 
long. 

Dinez  peut  provenir  : 

fo  de  Diniacus,  comme  Digny,  (Eure-et-L.)  ; 

2°  de  Ditiniaciis,  comme  Dithinéis  Pétigny  (Nam.)  ;  cf.  aussi  des  Det- 
tingen,  Ditzingen,  Tétange  germaniques  ; 

3°  de  Disiniacus,  duquel  sont  à  rapprocher  plusieurs  Thizy,  Dissais,  Dis- 
say,  Dessat,  etc.,  français. 

En  eiïet,  il  est  à  remarquer,  dans  nos  contrées,  lorsque  la  syllabe  initiale 
de  radicaux  en  iniacus  de  plus  de  deux  syllabes  (non  compris  la  désinence  us), 
est  brève,  la  seconde  s'èlide  souvent,  c'est-à-dire  que  Vi  devient  muet,  et 
les  terminaisons  gné,  gny,  se  réduisent  à  né,  ny.  Voici  quelques  exemples  : 

Rett'nî,  Vadenay,  de  Reiiiniacum,  Wadiniacuni  ; 

Lucenay,  Crisnée,  Bouchenî,  Gochenée,  Trèjnî,  de  Luciniacum,  Chris- 
liniaca,  Businiacus,  Gosiniaca,  Trasiniaca  ; 

Harnî,  Merny,  de  Hariniaca,  Meriniacum  ; 

Yernée,  de  Erliniaca  ; 

Franquenies,  de  Franconiaca  ; 

Gimnée,  de  Geminiaca  ; 

Gouveny,  Giveny,  de  Cubiniacus,  Gabiniacus. 

La  chute  de  Vi  de  la  seconde  syllabe  a  pu  se  produire  de  bonne  heure  et 
entraîner  plus  tard  celle  de  /  (Ditianicus  et  Ditgney  et  Diné)  ou  celle  de  s, 
phénomène  qui  s'est  accompli  dans  Masigniacum  jNIagny-en-Vexin,  Pici- 


—  314  — 

niacuin    Piiicv    (Aubo),    et    j)r()l)a!)lemciit    eu    Chisniacuiu    (Ihiiiy,    Prisneij 
Prény.  (1) 

Engreux  :  1242  Emjroiil,  si  jeu  crois  Pral,  152U  Ennegreu  ;  en  wallon 
Enngret,  Eimgreii.  Ces  deux  variantes  dialectales  trahissent  un  primitif  en 
eliim.  Se  ait-ce  Nurarelum'7  Je  ne  le  crois  pas  :  ce  radical  a  donné  en  Lorraine 
l)lusieur.s  Norroy,  pour  Nogroit,  dont  le  g  a  disparu  de  bonne  heure.  Pour- 
quel  aura  l-il  conservé  le  g  ici,  quand  cette  lettre  ou  une  équivalente  disparaît 
dans  neur,  de  negrum,  pèlerin,  de  peregrinum,  sermint,  de  sacramenlum'?  Et 
puis,  nu  s'altérerait-il  en  enn"? 

Renfermerait-il  le  mot  goreu,  goret  =  Goroil  Goreux  (Voroux-Goreux)  et 
le  l.-d.  è  Goreu  (1678  Goreux)  de  Jupille,  dans  lequel  la  première  syllabe  est 
brève  et  par  conséquent,  susceptible  de  se  changer  en  gr'?  Dans  ce  cas,  il  res- 
terait à  expliquer  enn.  On  m'a  suggéré  le  rapprochement  du  wall.  «  en'  éri  »  en 
arrière,  mais  ce  n'est  pas  le  même  cas  :  dans  cet  exemple,  n  est  dû  à  la  liaison 
du  premier  è  avec  la  syllabe  initiale  de  îri  ;  devant  un  mot  commençant  par 
une  consonne,  on  n'aurait  évidemment  pas  cet  n.  Risquera-t-on  è  (n)  cgreu"! 
En  pareils  cas,  la  forme  du  nom  reste  apparente,  ou  tout  au  plus  s'agré- 
mented'un  n  prosthétique,  comme  dans  les  wall.  Nollômont  et  Nalhoumont. 
Je  n'ose  pas  supposer  non  plus  que  primitivement  on  disait  en  le  garoil, 
puis  successivement  è  V  greu,  pour  aboutir  à  è  n'  goreu.  On  n'a  point 
d'exemples  semblables  ;  au  contraire,  on  trouve  «  o  tchèneû,  otchènet,ofayi)>, 
ou  encore  par  la  chute  de  l'article,  assez  fréquente,  Freyneux,  Rovrai,  Che- 
nois,  Esneux. 

Je  préférerais  l'hypothèse  de  Ennincoritum  &  Ennencoredum,  qui  peut 
amener  «  Enngret,  Enngreu  «  :  en  original  s'est  altéré  en  è  ou  s'est  amuï  dans 
Hendreia  et  chandregia  la  Hédrée,  Warentiacus  et  Warencias  Warzy,  Haren- 
zey  Harzé,  Lorenceis  Lorcé,  intus  ens  et  èz  ou  oz  (dans  oz-cs...)  Rapprochez, 
pour  cette  étymologie  celtique  :  a)  Enno  (cogn.),  Ennissa  (id.),  Enguriacum 
St-Jean  d'Angely,  Ingauni  (peuple),  Alvinca  (cogn.),  Ellinco  (lieu  dans  Pline), 
Bodincomagus  (id.  en  Ligurie)  ;  h)  Anderiium  Antérieux  (Cantal),  Augus- 
loritum  Limoges.  Rilon,  rituni,  d'après  plusieurs  celtistes,  signifiait  gué.  Je 
rappelle  la  position  d'Engreux,  situé  à  proximité  de  l'Ourthe. 

Ertonfontaine,  sur  Mont.  Probablement  la  fontaine  d'Ortho.  Cf.  Artaing 
Artet  (Liège). 

EspÈCHES  (les)  1682  (Comm.  Luxemb.,  t.  cité,  p.  397),  Al  Sepeche  à  Stein- 
bach.  Je  leur  connais  plusieurs  homonymes  en  Ardenne,  nommément  à 
Rochehaut,  Auby,  Vivy  et  Vonèche.  Je  crois  que  c'est  l'adjectif  épaisse. 
S'appliquent  ou  s'appliquaient  à  des  bois. 

Faien  (le).  Diminutif  du  vieux  mot  fay  ou  fa,  hêtre.  Cf.  le  Foyin,  sur  Arville. 

Floumont,  près  d'Ortho.  J'ai  noté  dans  Quicherat  (De  la  form.  franc, 
des  anc.  n.  de  1.)  un  Flodobo  monte.  Flou  pourrait  aussi  être  Flodulf  ou  Fro- 
dulf. 


(1)  Pour  les  noms  en  iliacum,  cf.  aussi  : 

Waldiliaca  Vodelée,  Martiliaciis ,  Maclet  ou  Martlef,    Gosiliaca,   Gosselies,    Waniliaca  Wagnelée, 
ViriUacus  Verly,  GalUniacus  Jaulny  ou  Jauny,  Buçadiacus  Bicqueley . 


—  315  — 

Fraiture  :  996  Fractura,  1250  Freture,  1272  Frailures.  Synonyme  de 
Frély,  1.  d.  à  Jalhay,  de  Fretieres,  Fêter  auj.  Fter  (Serville,  Nam.)  et  dérive 
comme  eux  du  lat.  f racla  brèche  =  défrichement? 

Garcy,  l.-d.  à  Mont-le-Ban,  où  se  trouvait  un  village  autrefois,  à  ce  que 
rapporte  certaine  tradition.  Ce  nom  ne  serait-il  pas  une  métathèse  de  Gracy, 
à  la  façon  de  parfond  pour  profond.  Gracy  viendrait  d'un  primitif  Graciacus, 
Gratiacus,  de  même  que  beaucoup  de  Grazay,  Grézieu,  Grazac,  Gressey, 
Grésy,  Gressy,  Grézac,  Grézieux,  Grazago.  Ou  un  ancien  Gosartiacum 
G'zarcy  et  Gharcy?  Cf.  le  prénom  Goson. 

GiVES,  GivRY  et  GivRouLLE.  Situés  le  premier  sur  l'Eau  de  Rollé,  les  deux 
autres  sur  l'Orneau  ou  ruisseau  de  Mande-St-Etienne.  Gives  paraît  être 
pour  Givres,  lequel  est  peut-être  l'ancienne  dénomination  du  ruisseau  de 
Rollé  et  qui  vient  de  Giu-ara  :  cf.  Givunna,  le  Givonne  (Ardennes),  ou  de 
Gab-ara  :  cf.  Gabellus  n.  d'un  affluent  du  Pô  dans  Pline,  Gabris  Gièvres  (Loir 
et  Cher),  et  aussi  Gabrila,  Gabrillus  (cogn.)  et  Gabromagus  mentionnés  par 
Holder,  ouv.  cité  p.  1511. 

Nos  deux  petits  cours  d'eau  ont  pu  être  confondus  :  de  là  Givry,  dénomi- 
nation en  iacLis  tirée  de  celle  du  ruisseau,  comme  762  Casleaca  sur  le  ruis- 
seau connu  Casetla,  Gtaniaciim  de  Glanis  le  Glain,  Tiliacum  Tilly  du 
Tylus  ou  Tyle,  Lethernaciim  ou  Ledernaii  Lierneux  de  la  Lederna  ou  Lienne, 
Ortao  Ortho^  de  Urta  l'Ourthe,  Alzingen  de  Alisuntia  l'Alzette,  Usingen  de 
l'Usa. 

Il  y  a  eu,  semble-t-il,  pareille  confusion  entre  le  ruisseau  d'Aiseau  et  celui 
de  Fosses,  tous  deux  Bebrona  et  Bervenna  auj.  Biesme,  entre  l'Ornot  ou  Or- 
neau  (Orn  +  ot,  eau)  d'Onoz  et  l'Orne  sous-affluent  de  la  Dyle,  entre  celle- 
ci  et  son  affluent  le  Tyle,  ainsi  qu'entre  les  deux  bras  de  l'Ourthe.  Givroulle 
est  évidemment  le  diminutif  de  l'un  des  deux  autres  vocables. 

Hardigny  est,  je  crois,  un  ancien  Hardiniacus,  formé  du  prén.  germa- 
nique connu  Hardo,  Harto  (Eberhard,  Bernhard,  Hardwin,  etc.) 

Hariwez,  sur  î\Iont-le-Ban,  C'est-à-dire  le  gué  de  Haric.  Cf.  pour  ce  nom 
d'homme  Wernher  et  Garnier,  Heringhen  (Her-inghem),  Heringen,  Harel- 
dingen  et  Harlange  (Har-eld),  Hersele  Herzeele,  Namicho  (Nam-ico),  Hczeca 
(Hez  +  ica). 

Hez,  dans  Belhez,  Chabreheid,  St-Pierrehez,  etc.  J'ai  dit  ailleurs  que  ce 
mot  était  le  german.  heid.  =  bruyère,  broussaille. 

HouBiÉMONT  :  1682  (Comm.  Lux.,  p.  401).  Le  mont,  la  hauteur  de  Hubert. 
On  voit  que  Hue  donne  bien  Hou,  ainsi  que  je  l'ai  écrit  à  l'art.  Houiïalize. 
Bert  s'altère  en  biert  et  bié,  comme  dans  Joubiéval,  Lambiévâ. 

Langlire.  Probablement  pour  VAnglière  (angularia). 

LiMERLÉ,  en  ail.  Lamscher  pour  Lamsler,  Lamsçhler  ;  anciennement 
Lommerslair,  Limerley,  Linmrlé,  Lamerly.  Renferme  l'ancien  suffixe  germ. 
lar  =  séjour,  demeure. 

LiRY,  à  Mabompré.  Peut  se  traduire  par  Liriacus  ou  par  Leodariacus  et 
Leodriacus,  ou  encore  par  Lidriacus.  Cf.  Litrange  (Brab.),  en  1598  Lieteringe, 


—  31G  — 

Lcudicus  Liège,  pour  Lîgc  (wal.  Lîdjo),  Lérouville  (Meuse),  les  ii.  de  famille 
Leray  et  Ser ville. 

LoMRÉ,  au  XVI I^  sicele  Lomeré,  et  qui  a  dû  s'écrire  Loinenj,  à  preuve  le 
nom  de  famille  Tvomr^'.  Pourrait-être  un  ancien  Liidomaricus,  dérivé  du 
n.  germ.  Ludomar  (cf.  Hlodomir,  Hlodowig  et  Louis,  Hladulf  et  Ludolphe  ou 
C'.loud.) 

Mattonrus  1552,  à  Cherain,  (Comm.  Lux.,  t.  cité,  p.  357),  Masonniz  1561 
(Ibid.,  361)  Quelle  est  la  bonne  orthographe?  Je  ne  puis  répondre.  Quant  au 
suffixe,  je  crois  que  c'est  ru  =  ruche,  ruisseau. 

Meusin  (le)  ou  ruisseau  de  Belle  Meuse  ;  appelé  également  ruisseau  de 
Martinmoulin,  sur  certaines  cartes,  mais  erronément,  car  le  vrai  ruisseau 
de  Martinmoulin  descend  des  Tailles  ;  vient  du  bois  de  Bérimesnil  et  se  jette 
dans  rOurthe.  J'ai  déjà  cité  ce  petit  affluent  à  l'art.  Semois  de  mes  Recher- 
ches, etc.,  et  en  ai  indiqué  la  synonymie  avec  la  lieuse  (^losa). 

Mont-le-Ban,  1235,  Banno,  1613  le  banc  du  Mont.  Aurait  été  la  partie 
serve  de  ^lont,  par  opposition  à  l'autre,  qui  se  sera  appelée  Mont-Ia-Ville, 
j\Iont-la-Franchisc,  au  moins  quelque  temps. 

ÀIoxt-St-jMartin,  et  Sl-Marlin,  l.-d.  de  Bovigny.  La  légende  du  pays  dit 
que  celui-ci  est  l'emplacement  d'un  ancien  village  homonyme,  détruit  par 
les  Barbares.  (?) 

N'est-ce  pas  le  même  que  le  Mont-St-Martin  cité  en  1308  (le  r^Iont-St- 
Martin),  1310  (paroisse  de  Mont-St-M.),  1531  (par.  de  Montmartin,  iNîons 
Sain  et  Martin,  1575  (id.)  1598  (la  cour  de  ]\I.-St-M.)  et  en  1759  (id.)?  Voir 
Com.  Lux.,  t.  cite,  pp.  236,  288,  372  et  622,  Vannerus,  Biens  et  Revenus  dans 
clergé  luxemb.  en  1575,  pp.  110,  210  et  222. 

Nadrin  (pron.  Nâ),  section  de  Wibrin.  Semble  être  un  Aldringen  primitif, 
vocable  assez  commun  en  terre  germanique  et  dérivé  de  Aldhar  Aider. 
Ici,  il  y  aurait'prosthése  de  n,  comme  dans  les  wall.  Nollômont,  Nâlhoûmont, 
comme  dans  Nawiscourt,  forme  du  XVIII<^  siècle  pour  Aviscourt.  On  ne  con- 
naît pas  de  formes  assez  anciennes  de  Nadrin;  c'est  pourquoi  je  me  contente  de 
cette  hypothèse  bien  vraisemblable  d'ailleurs. 

Ollomont, que  j'ai  cité, déjà  à  plusieurs  reprises, pourrait  correspondre àun 
ancien  Olodi  Mons  =  la  hauteur  d'Olod.  Cf.  a)  Olingen  (G.-D.  de  Lux.) 
Olhain  (Pas  de  Cal.),  Olincthun  (ibid.),  Oeleghem  (Flandre  oc.)  ;  /))  Benul- 
zfeld  Ville  siècle  auj.Binsfeld  (G.-D.  de  Lux.),  où  Vs  est  la  marque  du  génitif, 
Fulcoiiaca  et  Fulchosies  Faucousy  (Aisne). 

Ottre  a  tout  l'air  d'un  ancien  Ollariacum,  issu  du  n.  d'homme  germ. 
Othar,  connu  par  des  Ottringen,  Oeutrange. 

Plain  de  Bonneru  (sur  le),  l.-d.  à  ]Mabompré.  Plain  est  un  vieux  mot, 
encore  usité  par  endroits,  équivalent  au  classique  plaine. 
«  Li  dui  baron... 

Sont  descendu  dou  palais  jus  au  plain.  » 
lit-on  dans  Amis  el  Amiles,  poésie  du  XII"  siècle. 


~  317  — 

PiREYES  (Os-ès)  :  dans  les  Pierrées,  dirait-on  en  France  Suffixe  ala,  comme 
dans  Ramée,  Schavée,  Bosquée,  chaussée,  Pavée,  (Vie.)  etc  ;  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  V  cye  liégeois,  qui  correspond  en  outre  aux  français  il  (le) 
et  ie. 

PouHOU,  à  Mont-le-Ban.  Du  lat.  puteolus.  On  connaît  le  mot  poiihon, 
plus  fréquent. 

PoujOMONT  1671  (Com.  Lux.,  IV,  p.  393),  bois  appartenant  autrefois 
aux  seigneurs  de  Houfïalize.  J'ai  noté  aussi  une  graphie  Pauyomonl. 

Prales  (les),  sur  Bovigny.  Cette  dénomination  également  rendue  par 
Préalle,  Praïellc,  Prèle,  Prelle,  Presles,  Praule,  est  excessivement  commune, 
et  s'applique  généralemeut  à  des  prairies,  sinon  à  des  villages(Presles, Prelle, 
la  Préalle,  la  Prèle).  J'ai  dit  ailleurs  qu'on  y  a  vu  à  tort  des  praeliuin  ou 
champs  de  bataille  et  que  le  vrai  radical  est  praiella,  forme  sous  laquelle  se 
présentent  à  nous  les  plus  anciens  de  ces  vocables.  Praielle  était  encore 
usité  aux  XII  et  XIII*^  siècles  ;  on  trouve  à  cette  époque  : 

«  Moult  fu  biaus  li  vregier 

Et  gente  la  praële  »  (Roman  d'Alexandre). 

«  Je  l'oï  an  la  praielle  »  (Chanson  anonyme). 

Rachamps  :  wall.  Ralchan,  anciennement  Radians  1088,  Rachamps 
(Grande)  1469,  XVI I*^  siècle  Rechamps,  Rapto  campo,  Rasi  campo,  Rigido 
campo.  Paraît  à  première  vue  un  composé  de  campus  campagne  :  mais  je 
doute  que  Ra  soit  un  nom  d'homme  Rado  ou  un  des  qualificatifs  rasus,  rap- 
tus,  rigidus.  De  plus,  la  graphie  de  1088  prouve  que  cette  signification  n'était 
pas  universellement  apparente.  Cantus  est  un  radical  gaulois  employé  éga- 
lement comme  second  terme  :  cf.  Avicantus,  Rigocantiis,  Virocantus,  Medio- 
cantiis  (lieu),  Brolccmli  (Bréchamps,  Eure-et-L.)  énumérés  dans  Holder, 
AUcell,  Sprachsch,  le  cognomen  Abascanlus  que  je  trouve  dans  Allmer,  Ins- 
criplions  de  Vienne,  III,  18  et  VIII*^  siècle  Machantus  Mochamps. 

Règne,  en  1469  Regny.  D'Arbois  de  Jubainville  (Recherches  de  l'origine 
de  la  propriété,  etc.,  p.  393)  mentionne  52  Regney,  Regny,  Reignac,  Reignat 
Reigny,  Reignac,  Rigné,  Rigneux,  disséminés  sur  le  sol  français  et  les  ramène 
tous  à  un  primitif  Renniacus,  dérivé  d'un  gentilice  Rennius.  Régné  peut 
aussi  se  déduire  de  Rageniacus,  formé  du  nom  d'homme  germ.  Rageno  ou 
Regino,  assez  connu. 

Rettigny  :  1235  Relcneis,  1244  Retiigny,  1551  Reiltiny  ;  en  allem.  Rellen. 
De  Raltiniacus  =  fonds  du  germ.  Ratto  :  cf.  des  Rattenberg,  Ratzing  en 
terre  allemande. 

Ronce  (la),  affluent  de  la  Salm  qui  arrose  Langlire.  Ne  serait-ce  pas  le 
même  radical  que  les  Rancia  Rance  françaises? 

RÔSET,  l.-d.  à  Buret.  Correspond  à  un  primitif  Rauselum,  lieu  planté  de 
roseaux,  de  même  que  le  Rôsoy  de  Tintigny. 

RouvROY,  en  wallon  Rovrai,  en  ail.  Rim}erl,  anciennement  :  1437  le  tiesche 
Roiwereau,  1451  al  tièche  Riveries,  1682  le  Tiche  Roiweroy.  La  dénomination 
allemande  prouverait  que  c'est  un  primitif  Roborelum,  comme  Roiwroy- 


—  318  — 

iez-Virloii  et  Rovreux  à  Bovigiiy  ;  dans  ce  cas,  la  forme  wallonne  serait  le 
diminutif.  Mais  Rûwert  ne  serait-il  pas  plutôt  un  ancien  Ruweralh,  avec 
ralh  =  rolh  comme  dans  Wolmerath? 

Taverneux,  autrefois  :  Tiwernou  11 18  et  1143,  Tavernois,  1235,  1242,  1244 
et  1289,  Tavernoi  12r)9,  Tauernee  1468,  etc.  Je  ne  sais  pas  s'il  faut  accorder 
beaucoup  de  confiance  aux  graphies  en  oi  :  au  XIII^  siècle,  cette  diphtongue 
était  probablement  déjà  altérée,  dans  ce  pays,  en  eu  ;  c'est  ainsi  qu'on  trouve 
moible  pour  meuble  dans  un  texte  de  1272,  alois  pour  alleuds  dans  une  charte 
de  1248,  Velroy  en  1270  =  Vellrud  en  1244  et  Vellerut  en  1238,  Vervuelh 
Vervoz  (Virvaus  =  Virviacum  et  862  Vervigium)  =  en  1317  Vervoy.  Taver- 
neux peut  donc  être  ramené  à  un  primitif  Tabernaus  ou  Tavernaus, 
vocable  celtique,  dérivé  d'un  nom  d'homme  Tabernos  (?).  Pour  ce  dernier, 
rappr.  :  1°  Tab-in-iacus  Tawigny,  2°  Ept-ern-aciis  Echternach,  Med-ern-acus 
Medernach,  Mett-ern-iacus  Metternich,  Mand-ern-acus  Manternach. 

ToMBLAiNE,  l.~d.  à  Bethomont.  De  tombelle,  petite  tombe,  suivi  du  suf- 
fixe anus,  ana  de  Hawène,  Touraine,  etc. 

Trôneux  (le),  à  Renglez.  Identique  aux  Trablou  et  Trembloy  gaumets 
et  aux  Trianoy  du  Hainaut. 

Vacheresse  :  le  Nyâ  des  Vacheresses,  sur  Bihain.  Nyâ  (cf.  le  gaum.  nyau, 
nuyau)  signifie  à  la  fois  nid  et  nichet.  Vacheresse  est  ici  le  féminin  de  vacher. 

J'ai  parlé  du  suffixe  eresse  comme  objet  d'étude  dans  mes  Recherches. 
Quelques  mois  après  la  rédaction  des  lignes  que  je  lui  ai  consacrées,  parais- 
saient précisément  les  Nouveaux  Essais  de  Philologie  française  de  M.  A.  Tho- 
mas, avec  un  article  documenté  sur  ce  suffixe.  C'est  une  désinence,  nous  dit  ce 
dernier,  formée  à  l'origine  par  l'addition  de  icius  aux  mots  en  aris,  arius, 
mais  qui,  dans  la  suite,  a  été  ajoutée  en  bloc  à  une  certaine  quantité  de  thè- 
mes. Il  y  a  en  réalité  deux  suffixes  dans  cette  terminaison,  fo  rissa  eresse, 
quand  le  thème  était  composé  de  (a)  tor  et  (a)  or  et  eur,  ex.  :  venderesse,  de 
vinditor  vendeur,  et  par  analogie  quand  il  finissait  par  or  et  eur  ;  2°  arica  et 
erèce,  quand  le  radical  était  terminé  par  aris,  arius,  ex.  :  wal.  pwartcherèce, 
féminin  du  pwartchî  (porcher),  vatcherèce,  fém.  de  vatchî  (vacher). 

Vellereux,  dit  aussi  Vellrel  en  wall.,  est  écrit  Vellerul  en  1238,  Vellruel 
en  1244,  Velleruel  en  1250,  Vilroy  en  1270  et  1362,  Velleroit  en  1307,  Veleroie 
et  Villeru  au  XY^  siècle,  etc.  L'une  des  formes  wallonnes  condamne  l'éty- 
mologie  de  villariolum  proposée  par  M.  Kurth,  Front.  Ling.  I,  p.  409.  Le 
thème  primitif  devait  être  terminé  par  eluni  ou  iUun.  Je  connais  de  nom  un 
Velleret  français,  mais  c'est  un  ancien  Velatuduruiii  +  et  ;  ainsi  qu'un  Ville- 
roy  meusien,  qui  est  peut-être  un  primitif  Villariacus:  je  note  aux  environs 
Salviacus  Sauvoy,  Reffroy,  Broussey,  Vaduni  Void  (=  wez),  et  dans  la  même 
région  Fonliniacus  Fcntenoy,  Montenoy,  ]\Ialleroy  (?),  le  Void,  Nantois, 
Tonnoy,  Palnoy,  Nançois,  Manois,  Renauvoid,  d'après  lesquels  on  peut  cons- 
stater  une  altération  en  oi  d'un  ancien  é,  particulière  à  la  Lorraine.  Il  est  à 
peu  près  certain  que  1'/  (ou  les  2  /)  si  cette  lettre  existait  dans  le  thème  pri- 
mitif, était  anciennement  suivi  d'une  voyelle,  sinon  elle  se  serait  vocalisée 
comme  dans  Melsin,  Maissin,  Bellerinus,  ])lusi(Hirs  Beauraing  (dont  l'un  est 


—  319  — 

en  wal.  Biarin),  bellilalein  «  baité  ».  Je  n'ose  pas  recourir  à  des  primitifs 
Vernaretum  (Vern  arius  +  etum),  Viminaretum  (Vimin-arius  +  etum), 
malgré  les  exemples  de  Boulier  (gaum.  boûli)  =  boule  ou  bouleau,  Boulleroy 
=  Boulois,  osier  =  1.  oisus,  peuplier  =  plope  (pour  pople),  et  quoique  le  chan- 
gement de  rn-r  ou  de  mn-r  et  nnr  en  //  paraisse  assez  admissible  à  première 
vue.  Pour  le  moment,  je  me  contente  de  rapprocher  Villa  relia,  Villaregia, 
Vellereille  (Hain),  Valleroy  (Meurth.-et-M.),  id.  (Vosges)  et  Vallerois  (H^e 
Saône). 

ViLLYE,  l.-d.  à  Mont  où  l'on  a  découvert  des  vestiges  assez  importants 
de  l'époque  romaine.  On  peut  proposer  un  primitif  Villiacus  ou  Villiaca, 
propriété  de  Vilius  ou  Villius,  comme  pour  Villac  (Dordogne),  Villey-Crécry 
(Côte  d'Or),  Villeu  (Ain). 

VissouLE  :  1587  la  Vissoule  ;  en  wal.  Visroule.  Paraît  être  le  diminutif 
d'un  ancien  Visse,  qui,  je  crois,  serait  le  nom  antique  du  ruisseau  de  Co- 
wan  ;  à  l'appui  de  cette  hypothèse,  je  rapproche  :  Vis  urgis  ou  Wis  eraha 
le  Wéser,  Ves  ère  la  Vesdre,  ou  Weser,  Vis  usia  la  Vesouze,  Visa  la  Voise, 
Vis  ula  la  Visule,  affluent  de  la  Méhaigne,  Ves  ona  la  Visone  italienne,  Wis 
apa  la  Wiseppe,  Ves-unna  et  Vesunnia  citées  par  Jullian.  Hist.  de  la  Gaule, 
I,  115,  le  Vezon,  sous  afïl.  de  la  Moselle,  et  la  Vesse  à  Assesse. 

Visroule  n'est  pas  nécessairement  le  diminutif  de  Visera  :  certains  dimi- 
nutifs ont  été  formés  avec  r,  par  imitation  avec  d'autres  où  les  désinences 
suivaient  un  r  final.  C'est  ainsi  qu'on  a  : 

Pisseroule,  Pisserotte,  à  côté  de  Pissot,  Pichot,  Pichoux. 

Goteroule  à  côté  de  Gottale,  Gouttelle. 

Ponceray  et  Ponceret  à  côté  de  Ponçai,  Pançai,  Poncel. 

Bocrai,  à  côté  de  Boschet,  Boqueteau. 

Rouillerot,  à  côté  de  Rouilly  (Aube). 

Quincerot  (Yonne)  à  côté  de  Quincey  (Quintiacus). 

Wacherais  (les),  à  Bovigny,  de  Wachai  (des  Prâles). 

Arlondel,  Herlondeal,  Orlondel,  Alundea,  Arlundrel.  auj.  Allondrelle,  en 
gaum.  Alondrié  (voy.  mes  Recherches,  p.  38). 

Enfin,  fr.  puceron,  moucheron,  liseron,  poétereau,  pâquerette,  gaum. 
boutcheré,  tchapiran,  houppré  ou  houppran,  tchiquerotte,  coqré,  placeré, 
lîtré  (ailleurs  lîté),  mouseré,  wall.  latrê,  cottrê,  mossuria,  fourtchrè, 
fouyeré,  hatcherè,  lamerè,  lèherè,  leûvrè,  lombrê,  nokerê,  (cf.  ailleurs  nokette) 
pèserê,  samroû  (essaim),  coultroû  (culot)  vosgien  gratteré  (aill.  grattereau, 
gratteron),  étrangers  à  la  toponymie  (1). 

Wachai  des  Prâles  (le,  au)  et  les  Wacherais  des  Prâles,  (ou  le),  à  Bovigny  ; 
LES  Wachaux  à  Mont.  On  a  beaucoup  écrit  déjà  sur  ce  vocable,  relevé  en 
cent  endroits  : 


(1)  Malgré  M.  Feller  (art.  dans  les  nos  3.4  de  1910,  du  Bullet.  du  Dictionn.  Général  de  la  Langue 
Wall., 77-121),  je  persiste  à  croire,  en  présence  de  celte  liste  assez  copieuse,  à  l'existence  de  désinences 
-  rel,  -  reau,  -  rai,  -  ron,  -  roule,  formés  par  analogie  avec  des  primitifs  en  el,  -  on,  dont  la  première 
partie  avait  déjà  r. 

Cette  même  particularité  existe  dans  les  dialectes  allemands  :  Lammerchen,  Schânerchen,  Haserchen, 
diminutifs  de  Lamm,  Schong,  Hôse. 


—  320  — 

Anciens  : 
XIV*^  siècle  Wiri.vhnyc,  à  Freeren. 

1311  les  Warisseaux,  à  Villers-Deux-Eglises, 

1312  les  Warrssias,  à  Pelil-Leez, 

1340  le  Werissial  de  Faurecliinnes  (P'arcienncs),  auj.  le  Warickat. 

1348  Werisealpia  à  Boirs. 

1350  Weriscalpinin  dictum  le  grant  Bronk  à  Roclenge-lez-Bassenge. 

1356  Werisealpia,  à  Visé. 

1378  Werissay  à  Heure-le-Romain. 

1393  les  Waressias,  à  Thiméon. 

1504  Weri.vhas  délie  Borgois  à  Beaufays,  auj.  le  Wcrihê. 

1541  Waressai,  auj.  Warichel  (au  cadastre),  à  Forges. 

XYIII^  siècle,  les  Waressaix,  à  Saintes. 

Etc.,  etc. 

Contemporains  : 
Le  Wassai,  à  Hollange. 
Le  Walchet,  à  Villers-la-bonne-eau. 
Le  Wâchel,  à  Saint-Léger. 
Les  Waressais,  à  Montbliart. 
Les  Warissais,  à  Rance. 
Les  Wariehelles,  à  Momignies. 
Le  Petit  Wariehel,  à  Hemptinnes  (Egh.) 
Le  Werichel  des  chevaux,  à  Au  vêlais. 
Les  Werichets,  à  Avernas-le-Bauduin. 
Le  Petit  Werichel,  à  Lincent. 
Etc.,  etc. 

Ducange  —  on  l'a  dit  avant  moi  —  avait  deviné  le  sens  exact  de  ce  mot  : 
«  loca  publica  quae  incolarum  usibus  permittuntur.  »  Seulement  l'étymologie 
de  «  water  (=  aqua)  +  scliap  (=  ductus)  »  qu'il  propose  ne  me  paraît  pas 
admissible  et  je  ne  suis  pas  seul  de  cet  avis.  Ducange  a  travaillé,  pour  cette 
interprétation  sur  des  chartes  de  l'époque  romane,  dont  bon  nombre  de  lati- 
nisations ne  sont  que  médiocres.  Elle  n'explique  pas,  surtout,  les  variantes 
«  warichet  »,  «  warissia  »  et  «  warichellc  «  (2)  M.  Vanderkindere  a  avancé, 
contrairement  à  Ducange  et  à  ses  copistes,  que  le  mot  n'a  rien  de  commun 
avec  water  et  «  se  rattache  au  même  radical  que  waretiim  ». 

JM.  Vanderkindere  maintient  cependant  la  deuxième  partie,  scap. 


(2)  Waiifs  raphim  n'eût  donné  que  les  finales  -  clioi,  liai  ;  ce  qui  appert  de  :  stjnapem  séné, 
rlavem  clé,  caviiin  chai,  sapin  sais  ;  cf.  aussi  J'abam  fève,  Amblava  Amblève,  amabam  aimève,  Grez- 
Doiceau  ^  15o7  Grave  en  fiant.  —  Srapiiim  eût  pu  même  dégager  un  i  après  c,  d'où  une  forme, 
comme  Warchi  :  cf.  incrcatnm  martchi,  capiim  (  -=  caput)  rom.  chief  (ior.  cliî,  goum.  tchû),  scalam 
gaum.  chùlc,  cliieule  pour  chîlc,  piscare  pèchi  ou  pèchi. 


—  321  — 

Pour  moi,  waiischel  =  waressia,  waressai,  wachai  et  wirichai,  warischelle, 
werischet  et  waschaii  ne  sont  que  des  diminutifs  de  ce  waretum,  en  roman 
giiarris,  garis,  giicret,  waret  : 

Ou  ce  dernier  aura  été  traité  comme  un  primitif  en  ilium,  ou  bien  les  ter- 
minaisons cel  et  sia  =  ce  =  hé,  celle,  cet,  çaii  sont  respectivement  les  dési- 
nences diminutives  celles,  celle,  cet  (formée  par  imitation)  et  ciolus  (forgée  de 
même).  Je  rapproclie  pour  ces  dérivations  :  Faygé,  Clienisay,  Fîzé,  Cot'hê, 
Rebisiiel  =  Rebjoux,  Coldricioliis  Coudrecieux,  Conisuel  Conjoux,  Lomne- 
suele  Lampsoul,  ^lissoul,  Flamizoul,  Stapsoul,  Rohon  =  Richot,  vx  fr. 
berceuil  =  fr.  mod.  berceau,  diminutif  respectifs  de  Fagetum  Pays,  Chenis, 
=  Chenet,  (pour  Chenois),  Fî  ou  fief,  Curticulus  et  curtile  Courtil  ou  Corty, 
Rabais,  Coudray,  Colnidum  Conneux,  Lumma  Lomme,  Médis  My,  Flamierge, 
Stabulis  Stave,  riuus  et  Ru  ou  Ry,  berce  ;  et  aussi  Saussure,  Saulzoir  et  Saus- 
souze,  équivalents  de  Saliceliim  Sosoye,  Saucy,  Sâceu,  Sâsset. 

WiBRiN,  autrefois  Wibrant,  Wybren,  etc.,  est  encore  un  ancien  nom  en- 
ing,  formé  apparemmenl  du  prénom  germ.  Wibhar,  dérivé  de  Wibo  ou 
Wipo,  plus  connu. 

WicouRT,  dont  j'ai  noté  une  forme  archaïque,  Wicoiirt,  est  peut-être  la 
ferme  ou  court  de  Wido,  en  rom.  Guidon  ou  Gui,  ou  de  Luduvic  et  Louis. 

WiLLOGNE  :  1586  Villogne.  Malgré  Wz7/ppo  ,  la  Wilpe  allemande,  Wiliiwa 
la  Woluwe  ])raliançonne,  et  peut  être  la  Wiltz,  je  n'ose  pas  trop  supposer 
à  Willogne  une  origine  hydronymique.  On  peut  tout  aussi  bien,  d'ailleurs,  en 
faire  une  ancienne  Willonia  (ou  encore  Willonacum),  dérivée  du  nom 
d'homme  Willo,  probablement  germanique  (cf.  Wilhelm  et  Guillaume. 
Willibald  et  Guillebaud). 


322 


APPENDICE   BIBLIOGRAPHIQUE  CRITIQUE. 


Prat.  —  Elymologies  des  noms  de  lieux  de  la  province  de  Luxembourg  (1866) 

Etude  sur  V orthographe  et  les  étymologies  des  noms  de  lieux  dans  la  province  de  Lux., 

dans  les  Annales  de  notre  Institut,  année  1854. 
Travaux  bien  faibles.  Malgré  l'exemple  d'Avitacus,  qu'il  savait  dérivé  du  cogno- 
men  Avitus,  Prat  ne  peut  tirer  aucun  parti  des  noms  en  y,  é.  Quelquefois,  il 
forgea  des  étymologies  qui  vont  totalement  à  rencontre  des  formes  anciennes 
citées.  Chercha,  sans  contrôle,  ses  interprétations  dans  de  Smet,  Kreglinger, 
De  La  Fontaine,  Legonidec  (Dictionn.  breton),  etc.,  voire  même  chez  l'extra- 
vagant Jeantin,  tous  auteurs  médiocres. 

Qi'iCHERAT.  —  De  la  formation  française  des  anciens  mots  de  lieux  (1867).  —  Très  recom- 
mandable.  Certaines  de  ses  identifications  sont  cependant  à  vérifier.  Je  n'ad- 
mets pas  non  plus  que  dans  Maceria  (Mézières,  Maizière,  etc.)  Vi  se  soit  déplacé 
puisqu'on  a,  dans  plusieurs  régions  Mazère,  Magère  ;  pas  non  plus  dans  les 
noms  en  aria  et  ière,  sinon  Calcaria,  Frumentaria,  Roncaria  ne  seraient  pas 
devenus  Chockier,  Fromentières,  Ronquières,  mais  Choisière,  Fromencière, 
Roncière  ;  aria  a  donné  d'abord  eria,  puis  en  roman  ère,  alors  (mais  ancienne- 
ment) l'è  de  ère  s'est  diphtongue  en  iè,  comme  l'e  de  febris  fièvre  (wal.  fîve), 
de  Beveris  Bièvres  (wal.  Bîve),  de  petra  pierre.  Cette  explication  s'applique 
aussi  aux  noms  en  orium  et  oir  =  eux  :  cf.  potio  poison,  vox,  voix.  L't  de  iacurn 
n'a  pas  reçu  l'accent  comme  le  croit  Quicherat  :  iacum  est  devenu  successive- 
ment :  iagum,  iegum,  ieium  (au  moins  dans  l'orthographe),  iei,  puis  i,  ieu  ou  è 
suivant  les  zones 

GiRV.  —  Manuel  de  diplomatique  (1894).  —  La  topon3'mie  est  traitée  au  chapitre  111 
du  livre  III.  Y  fait  un  classement  par  époque  de  radicaux  toponymiques.  Com- 
plète donc  utilement  l'ouvrage  précédent. 

HouzÉ.  —  Etat  sur  la  signification  des  noms  de  lieux  en  France  (1864).  —  Bon  travail 
également.  Toutefois,  se  base  trop  sur  des  langues  néo-celtiques  :  «  les  textes 
celtiques  anciens  manquent  et  on  est  forcé  de  prendre  un  peu  par-ci  par-là, 
de  manière  à  faire  un  espèce  de  paléontologie  »  toponymique,  dit- il.  Je  ne  crois 
pas,  dit-il  avec  lui  que  Mezengiacum  Mézangé  soit  à  identifier  avec  Mansio 
(573),  Mansiones  [111),  ni  que  Masingiacum  (pour  Masigniacum)  Magny 
vienne  de  mansionile,  ni  que  les  Sailly,  Cellieu'  etc.,  proviennent  du  celt  caill 
(forêt),  car  ce  dernier  eût  donné  plutôt  des  Chailly,  Cailly.  Se  trompe  aussi 
lorsqu'il  dit  que  «  c'est  en  flamand  qu'on  prononce  Mahanges,  Jamonges  », 
formes  anciennes  de  Méhaigne,  Jamoîgne. 

KuRTH.  —  La  Frontière  linguistique  en  Belgique  et  dans  le  nord  de  la  France,  2  vol. 
(1196-98).  —  Ouvrage  important  avec  énormément  de  bons  renseignements. 
Restant  sur  le  terrain  toponymique,  je  me  permets  les  quelques  observations 
de  détails  suivantes.  Se  basant  sur  des  graphies  du  IX»"  siècle,  c'est-à-dire  du 
commencement  de  l'époque  romane,  l'auteur  croit  que  le  suffixe  bise  provient 
d'une  forme  bacia  et  becia  :  je  suis  d'avis  que  bacia  eût  donné  plutôt  baise, 


—  323  — 

comme  vraisemblablement  en  Barbaise  (Ard.  fr.)  ;  cf.  aussi  basia,  baise,  sar- 
matia,  Sermaize,  pacem  paix,  punaciam  punacem,  punaise  ;  le  voisinage  du 
flamand,  comme  celui  des  wallons,  becq,  issus  de  cette  langue,  milite  en  faveur 
d'un  radical  bêcia  (==  bécus),  qui  peut  donner,  bise  :  cf.  ecclesiam  église,  decem 
dix,  Alesia  Alise.  On  dira  qu'il  existe  une  forme  Raurebacya  du  VII<^  siècle, 
mais  elle  est  tirée  d'un  document  de  l'Allemagne  et  qui  nous  prouve  que  cette 
romanisation  se  fût  produite  de  ce  côté  de  la  frontière?  Je  m'explique  par 
le  peu  de  connaissance  du  wallon  qu'a  M.  Kurth,  le  scrupule  de  ne  pas  faire 
figurer  Erbaut  dans  la  liste  du  radical  bach  :  dans  la  région  on  a  cependant 
fau  (de  fagues),  boje  (baise),  ôye  (aise).  Je  ne  ferais  pas  rentrer  dans  la  famille 
des  hofstadt  le  l.-d.  des  Houstaches,  qui,  me  semble-t-il,  vient  plutôt  de  hulsti 
et  houx.  Amougies  au  XIV*^  siècle  Arnelgus  (pour  Amolgtis),  Amolgus  ne  doit 
pas  dériver  d'un  Ameliacum.  Baranzy,  en  gaum.  Barazy,  provient,  je  crois, 
de  Barentiacum  et  non  de  Barontiacum.  Je  raierais  aussi  de  la  famille  de  RotJii- 
liacum  ;  a)  Rumegies,  au  XIII"  siècle  Ruemegeias,  Rumelgiis  et  Remegies, 
b)  Ramegnies,  anc*  Ramelgiis  et  c)  Rumillies  autr.  Rumineis  ;  a)  la  forme 
Remelgies  est  évidemment  pour  Relmegies  ;  b)  dans  Ramelgies,  l  est  pour  n\ 
enfin  c)  dans  Rumillies,  lli  provient  de  gni,  comme  dans  Imiée,  autre  Imignée, 
Fromiée  anc.  Fratnegnies.  Séchery  s'explique  plus  naturellement  par  le  wallon 
que  par  un  hypothétique  Securiacum.  Se  trompe  aussi,  lorsque,  voulant  expli- 
quer le  changement  de  Rura  en  Rulles,  il  cite  Isers  Izel  et  Robermont  Robel- 
mont  ;  en  patois  on  dit  Igé  et  Roubémonl. 

Glossaire  toponymique  de  la  commune  de  Saint-Léger,  dans  les  Annales  de  la  Fédé- 
ration archéolog.  et  historique  de  Belgique  (1886).  —  A  rectifié  depuis  l'explica- 
tion du  vocable  Laquemanne.  Laisse  sans  interprétation  Contrebois  (cf.  con- 
tremont),  la  Troyère  (trowîre  =  trouée),  Vauzé  (vaUicellus),  Hardomont 
(Hardaldi  m),  Snémux  (Sunharii  v.)  Je  crois  qu'il  se  trompe  quand  il  dit  que 
Houdlevaux  vient  de  ultra,  que  Laufosse  signifie  fosse  du  loup  et  que  des  com- 
posés de  ce  genre  sont  communs  en  wallon  luxembourgeois  (?) 

Majerou,  dans  nos  Annales,  ann.  1885. 
Roland  (chan).  —  Toponymie  namuroise,  tome  I.  —  Ce  tome  ne  s'occupe  que  des 
périodes  celtiques  et  gallo-romaine.  Bon  ouvrage.  Débute  par  un  résumé 
phonétique  des  accidents  rencontrés.  A  l'exemple  de  plusieurs  auteurs  français, 
fait  dériver  certains  noms  en  iacus  de  mots  de  la  langue  usuelle  (si/ca,  wons,  etc.) 
malgré  l'absence  de  textes  sûrs.  J'ai  dit  ailleurs  qu'il  se  trompait  au  sujet  du 
Majerou,  virtonais,  de  Biran-Beauraing,  de  Fter  (Fretère)  et  de  Hastière.  Je 
doute  fort  de  l'identification  de  Beezjontana  avec  Relief ontaine,  de  Graveloit- 
Fayt  avec  Gros-Fays.  Pour  Vuaninga,ie  pense  vu  la  forme  méd\é\a\eWenagtie, 
que /ig  est  déjà  pour  gn.  Cenelia  (aqua)  et  Ceneils  (au  masculin?  pour  le  ha- 
meau), Senoye,  peuvent  provenir  de  Cenecua  Ceneca,Le  Haigneau  d'Hingeon 
n'est-il  pas  un  ancien  Hingeonneau,  au  lieu  d'être  un  hypothétique  Henio?? 
Avec  Tourneur  je  doute  également  que  Bailaus  soit  vértablement  celtique  : 
cette  graphie  est  basée  d'ailleurs  sur  une  forme  de  l'époque  romane,  Bailos, 
qui  pourrait  être  pour  Bailois,  et  dans  tous  les  cas,  on  connaît  des  Bailoy, 
Bailet,  Baileux.  Je  ne  suis  pas  non  plus  pour  le  g  inorganique  de  Vendelgeias  = 
Vendengias  auj.  Vendengies,  de  Ramulgieas  Ramulceias  Ramousies,  de  Goi7ien- 
geias  =  Gomenceias  Gomezée,  etc.,  ni  pour  le  c  épenthétique  de  Fulcod- 
Ciacum  et  Fulchosies  (Fulc-ot-iacum)  Faucouzy,  Rabodciacum  et  Rabousies 
(Radbot-iacum)  Rabozée,  etc.  Wallay  ne  vient-il  pas  d'un  primitif  Wase- 
liacus,  plutôt  que  de  Valliacus,  qui  eût  formé  Vailly,  Vaille  :  après  /•  et  s, 
niacum  donne  de  même  presque  toujours  ny,  né  au  lieu  de  gny,  gné.  Je  serais 
d'avis  aussi  que  Amée,  Anthée  et  Lonzéû  sont  à  classer  dans  la  famille  des 

21 


—  324  — 

dénominations  en  iacus,  iacca  (1)  ;  Latinne  ou  Lautenne,  Maillen,  Géminé, 
Gedinne,  dans  celle  des  noms  en  inus,  ina.  L'e  de  Falemania  n'est  pas  inor- 
ganique, car  alors  on  aurait  eu  Fautnagne  au  lieu  de  Falmagne.  Focagne 
n'est-il  pas  Forcagne,  comme  Focant  est  pour  Fourcant  :  focanea  semble-t-il, 
se  serait  altéré  en  fouagne,  de  même  que  focalia,  focaria  l'ont  été  en  foyailles 
et  fouyîre  ;  enfm,  les  deux  interprétations  de  Lavedoie  sont  aussi  douteuses 
l'une  que  l'autre  ;  si  lavatorium  a  donné  Lavadou  dans  le  Cantal,  il  a  fourni 
Laveu  à  Chantemelle  et  à  Strainchamps,  et  je  ne  pense  pas  que  dans  le  pays 
de  la  Meuse  le  traitement  soit  différent. 

Astanetum,  art.  paru  dans  les  Mélanges  Kurth  (II,  289-293).  Le  radical  reste 
obscur  ;  l'auteur,  qui  y  voit  le  germ.  ast  (branche),  ne  nous  dit  pas  ce  qu'il 
fait  de  an,  et  puis,  comme  on  Fa  déjà  dit,  il  est  difficile  de  passer  du  sens  de 
branche  à  celui  de  taillis. 

Les  Communes  Namuroises,  publiées  avec  plusieurs  collaborateurs.  Fascicules  de 
Auvelais,  Arsimont,  Froidfontaine  et  Hemptinne,  donnent  toujours  un  relevé 
de  lieux  dits  avec  formes  anciennes.  Pour  Auvelois  ou  Auvelais,  je  ne  crois  pas 
que  ois  ou  et  puisse  venir  de  ocium,  qui  donnerait  plutôt  eu,  u,  ô  ;  le  Haveloi 
(1095)  cité  dans  les  références  est  évidemment  pour  Havelus  et  ne  se  prononce 
pas  comme  on  le  prononcerait  aujourd'hui  (Haveloa),  de  même  que  Semoye 
(XlIIe  siècle)  est  pour  Semuye,  sm].  Semuy.  Les  auteurs,  en  ce  qui  con- 
cerne l'étymologie  d'Arsimont  =  le  mont  où  croisse  des  harts  (arces), 
d'après  eux,  ne  disent  pas  ce  qu'ils  font  de  Vi  de  la  deuxième  syllabe.  N'est- 
ce  pas  plutôt  un  ancien  Arcic  ou  Arcic-mont  :  cf.  Ersingen,  Arsonval,  Erquin- 
ghem.  Je  doute  également  qu'en  Haimentinas,  il  y  ait  eu  épenthèse  de  eut  après 
le  radical  Haimo.  Foerstemann  ne  mentionne  pas  le  nom  d'homme  Haiment, 
mais  ne  peut-on  pas  le  supposer  par  analogie  avec  Walecand,Winand,  Eugend 
(Oyend,- Ouen),  Folkent,  (dans   Folkendingen)  Hayent  dans  (Hagendingen)? 

Hatzelfeld,  Darmesteter  et  Thomas.  —  Traité  de  la  formation  de  la  langue  française, 
dans  leur  Dictionnaire.  —  Très  bon. 

J.  Feller.  —  Phonétique  du  Gaumet  et  du  Wallon  comparés,  précédant  le  Lexique  du 
Patois  gaumet  de  Ed.  Liégeois.  —  Bon  également.  Toutefois,  je  ne  suis  pas 
d'avis  que  Lochno  (Rossignol)  provienne  de  luciniolus,  qui,'  me  semble-t-il, 
eût  produit  lochneu,  lochnû;  lochno  est  un  diminutif  en  ot  de  luscinia,  et  non 
en  olus,  encore  moins  en  uculus.  Je  sais  qu'on  veut  faire  venir  notre  solot, 
sulot  (soleil  =  sole,  soha)  de  soliculus,  à  cause  d'exemples  anciens  comme  ceux- 
ci  :  «  Et  ourons  les  oez  de  nostre  pense  as  raiz  del  urai  soloilh  »,  «  Et  quand  li 
hom  deu  astoit  eschalfeiz  el  mult  chault  soloilh  »;  mais,  dans  la  pièce  d'où  est 
extrait  le  second  exemple,  je  trouve  précisément  la  forme  «soleilh  »,  ce  qui  me 
fait  supposer  que  soloilh  se  prononçait  comme  solheil,  soleil.  Djunou,  djuno 
provient  de  gen-u  =  culus  ;  nous  n'avons  pas  d'exemples  certains  en  wallon 
ni  en  gaumet  de  o  venant  de  Iculus. 

A.  Grignard  (S.-J.)  —  Phonétique  et  morphologie  des  dialectes  de  V Ouest-wallon,  édit. 
par  M.  J.  Feller,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Liégeoise  de  Littérature  wal., 
tome  50.  —  Bon. 

A.  CuNsoN.  —  Glossaire  toponymique  de  F rancor champs,  dans  le  Bulletin  de  la  même 
Société,  tome  46.  Je  dirais  presque  que  Fauteur  est  atteint  de  germanomanie. 
Sa  Crisnère  ne  serait-elle  pas  tout  simplement  une  cressonnière?  Son  Rus- 
teuboû  (pâturage),  un  composé  de  boii  (bœuf)?  La  Coquelle  du  département  du 


(-1)  D'autant  plus  que  d'autres  noms  en  -  ée  se  trouvent  dans  le  voisinage  :  Suarlée,  Cognelée, 
Rosée,  Hayée,  Oinézée,  etc.,  etc.   que  M.  Roland  classe  dans  la  catégorie  des  primitifs  en  -  iacus. 


—  325  — 

Cantal  n'est-elle  pas  une  petite  «  Conque  »  (cf.  nos  Conques,  Conquille)?  Com- 
bien je  préfère  la  traduction  de  Cot'hê  en  «  cortiseau  »  à  l'étymologie  celtique 
de  «  coat,  cot.  !  » 

E.  DoNY., —  Toponymie  de  Forges, dans  le  tome  51  du  Bulletin  de  la  même  Société  que 
précédemment.  Bon.  Je  crois  que  son  Boulleroy,  comme  un  Bollery  que  j'ai 
noté  ailleurs,  dérive  de  «  boulier  =  boule  »  bouleau,  de  même  que  Pommeraie 
et  Mesleroy,  viennent  de  pommier  et  de  «  mesplier  »  =  néflier. 

E.  Jacquemotte  et  J.  Lejeune.  —  Glossaire  toponymique  de  la  commune  de  Jupille, 
éditée  après  revision  par  M.  J.  Haust,  et  parue  dans  le  tome  49  du  Bulletin 
de  la  Société  susdite.  Très  bon.  Je  n'aurais  pas  cependant  rapproché  de  Jupille 
le  Joppécourt  (Jupecuria  1570)  lorrain,  qui  peut  venir  avec  plus  de  vraisem- 
blance de  Godbert-court. 

Glossaire  topon.  de  la  commune  de  Beaufays,  dans  le  tome  52  du  Bulletin  de  la  même 
Société.  Bon  également.  Il  me  semble  que  Pireus  est  tout  aussi  bien  un  ancien 
Pierroit  qu'un  petrosus,  et  j'en  vois  une  quasi-preuve  dans  les  noms  Chayneu, 
Fayneu,  Fayeu  ou  Faweû,  Frayneu  du  même  glossaire. 

L.  Roger.  —  Recherches  sur  la  toponymie  du  pays  Gaumet,  et  plus  spécialement  sur  celle 
de  Jamoigne.  dans  le  tome  45  des  Annales  de  l'Institut  Archéologique  d'Arlon, 
Mes  propres  éludes  m'ont  convaincu  que  je  m'étais  trompé  relativement  à 
à  VEpusum  dans  la  Notitia  Dignitatum,  Epusio  dans  Grégoire  de  Tours,  plus 
tard  Eçotium,  Yvotis,  Eçodium,  etc.  Je  me  suis  trompé  également  dans  l'expli- 
cation de  Fontenoille  :  la  désinence  latine  a  est  d'abord  tombée,  puis  vers  le 
Xle  siècle,  le  t  de  etelle  s'est  amuï  et  plus  tard  elle  s'est  changé  en  oille  (selle). 
Ainsi  que  pour  Ferbas,  où  la  première,  partie  ne  doit  pas  être  un  nom  d'homme  ; 
je  rapproche  des  Ferbach,Verbach,Ferembach,  Fellbach,Forbach.  Page270-78, 
au  lieu  de  Ulnetum,  lire  Alnetum  (art.  Osnes).  On  m'a  reproché  d'avoir  suivi 
M.  Kurth  pour  l'interprétation  de  nos  deux  Meix.  Je  le  répète,  Meix-devant- 
Virton,  de  1183  jusque  vers  le  XV^  siècle,  est  toujours  écrit  Mers  ou  Meirs  ; 
Meix-le-Tige  est  rendu  de  même  par  Mers  en  1255  et  en  1309,  par  Mer  rfans 
un  texte  allemand  de  1494,  et  cette  dernière  forme  subsiste  encore  dans  cette 
langue.  C'est  donc  sur  plus  d'une  graphie  que  M.  Kurth  et  moi  tablons!  Et  de 
plus,il  n'y  arien  d'insolite  dans  le  changement  deren  sch  dans  les  monosyllabes. 
Fours,  court,  ver,  mur,  vert,  hier  ne  sont-ils  pas  altérés  en  Fouches,  couche, 
véche,  mùche  ou  muhhe,  voche,  iehe,  les  uns  en  gaumet,  les  autres  en  lorrain 
et  en  messin?  Peut-être  nos  Termes  viennent-ils  d'une  forme  b.-lat.  tertinus, 
qui  avait  produit  ici  terme,  comme  consuetudinem  et  incudinem  ont  engendré 
coutume  et  enclume,  tandis  qu'en  France  elle  aurait  donné  tertre,  de  même, 
que  ordinem  et  tympanum  sont  devenus  ordre  et  timbre.  Enfin,  Prâille  n'est- 
il  pas  tout  simplement  pour  pratelle  et  praïelle? 

Notes  toponymiques  et  archéologiques  pour  servir  à  Vhistoire  de  la  frontière  des  langues 
dans  le  Luxembourg.  Dans  le  tableau  des  composés  de  bach,  j'aurais  pu  ajouter  : 
Rombas,  (X»  siècle  Ramesbach)  et  Rombize  (nom  de  fam.)  correspondant  à 
Rombach,  Rumbach,  Rumich,  Rumbeck,  Eansbach.  J'ai  eu  connaissance 
trop  tard  du  discours  prononcé  par  M.  Wolfram,  de  la  Gesellschaft  fur 
lothr.  Geschichte  und  Altertumskunde,  au  Congrès  Anthropologique  tenu  en 
août  1901,  à  Metz,  pour  pouvoir  en  tirer  parti.  Je  me  hâte  d'ajouter  que,  sauf 
pour  la  question  de  l'origine  de  la  frontière  (l'influence  d'une  voie  romaine, 
pour  U.  W),  nous  sommes  généralement  d'accord. 


—  326  — 

Je  compte  démoulror  jîrochaincmciil  ([iie  le  vocable  sler  est  le  slirpus  de 
Ducange,  et  non  le  germ.  statt  comme  je  l'ai  cru  après  d'autres. 

J.  Ff.lleh,  Les  noms  de  lieux  en  ster.  Je  crois  que  l'étude  du  type  Rogisler 
prouverait  que  ces  dénominations  sont  bien  plus  anciennes  que  ne  le  suppose 
l'auteur,  même  dans  le  cas  où  elles  auraient  été  formées  peu  après  l'altération 
du  prénom  Rotgarius  en  Rogî,  Rodgî.  La  diphtongaison  en  -ier  qui  a  amené 
en  wall.  î  se  constate  dès  le  X^  siècle  :  je  trouve  dans  le  cartulaire  de  Stavelot 
une  forme  Moriermont  de  943  pour  l'actuel  ]\lorimont,et  dans  la  chanson  de 
Roland  du  même  siècle,  l'ortographe  piez  pour  pied.  Au  XI^  siècle,  elle  est  plus 
fréquente:  1066  Thelieres  {  <  Tegularias),  1067  Clavieres  (  <  Clavarias),  vers 
1060  Maliers  (  <  Maslario),  1049  Roslier  (  <  Roslerum),  1070  Thauiers 
(  <  Tabernis),  1049  Fen ères  (  <  Ferrarias).  La  déformation  en -i- se  rencontre 
même  à  cette  dernière  époque  :  1082  Clavires  ;  mais  surtout  au  XII^  :  1171- 
1178  Perirs,  1191  Franires  (  <  Fraxnarias),  1188  Folhires  (  <*  Focarias), 
1137  Cherbonires  (  <  Carbonaria),  1195  Maslir,  1148  Felchires  (  <*  Filicarias). 
L'r  de  Mirwart  ne  provient  pas  de  /  (Mir-wald),  comme  l'avait  cru  également 
M.  Kurth  :  -en  955,  il  est  écrit  Mirvot,  de  même  vers  1034,  en  1139  Miruolt, 
en  1184  Mirvolh.  (Le  même,  Cartul.  de  St-Hubert).  A  part  cela,  l'ouvrage 
n'en  reste  pas  moins  très  recommandable. 

La  frontière  des  langues. 

1.  Dans  la  Revue  d'Ardenne  el  d'Argonne,  n°  de  mai-juin  de  cette  année, 
p.  140-144,  M.  Bruneau  rend  compte  notamment  de  mon  article  intitulé 
«  Notes  toponymiques  et  a  chéologiques  pour  servir  à  l'histoire  de  la  frontière 
des  langues  dans  le  Luxembourg  ».  Tout  en  reconnaissant  que,  dans  l'ensem- 
ble, mon  étude  «  est  un  excellent  recueil  de  matériaux  de  première  main,  qui 
sera  toujours  utile  à  consulter  »,  il  regrette  que  pour  cette  question,  je  n'ap- 
porte ni  faits  particuliers  exactement  établis  ni  raisons  générales  vraiment 
probantes  »,  que  je  n'aie  <(  même  pas  entrevu  le  problème  de  la  géographie 
humaine  »,  que  je  «  décide  des  questions  locales  au  moyen  de  l'histoire  géné- 
rale »  et  que  je  n'aie  pas  toujours  précisé  mes  références.  Le  croirait-on  ? 
M.  Br.  tombe  lui-même  dans  ce  dernier  défaut  :  il  ne  lui  eût  guère  coûté  non 
plus,  de  citer  au  moins  quelques  uns  des  faits  inexactement  prouvés  et  les 
raisons  non  probantes.  Je  n'entrevois  pas,  en  outre,  le  motif  qui  permet  à 
^I.  Br.  de  conclure,  dans  ce  qu'il  appelle  géographie  humaine,  du  général  au 
particulier  (citation  de  Vidal.  Lablache),  alors  qu'il  me  reproche  semblable 
argumentation  en  histoire. 

Point  de  faits  exactement  établis  !  Et  les  affirmations  de  M.  K.  qui  restent 
bien  vraisemblables  !  C'est  facile  à  dire  !  Mais  le  premier  venu  qui  lira  à  la  fois 
mon  étude  et  la  critique  de  M.  Br.  reconnaîtra  que  celui-ci  n'a  rien  fait  pour 
prouver  à  la  fois  que  ma  théorie  est  invraisemblable  et  que  celle  de  l'auteur 
de  la  Frontière  Linguistique  —  où  M.  Bruneau  croit  trouver  un  solide  appui 
pour  sa  dialectologie,  mais  qu'il  ne  me  paraît  pas  connaître  à  fond  —  repose 
sur  des  faits  prouvés  scientifiquement  !  J'attends  donc  le  plaisir  de  lire  M.  Br. 
surles  points  suivants  que,  par  délicatesse,  je  n'ai  fait  qu'effleurer  l'an  dernier. 
Qu'il  prenne  donc  en  main  la  célèbre  Frontière  Ling.,  tome  I,  p.  527,  et  il  y 
lira  ces  lignes  que  l'auteur  adresse  aux  historiens  qui,  comme  Mathieu, 
prétendent  que  la  Belgique  septentrionale  fut,  jusqu'à  la  fin  de  la  période 


—  327  — 

romaine,  habitée  par  des  populations  germaniques  restées  inaccessibles  à  la 
civilisation  de  Rome  :  «  La  vérité,  c'est  que  ces  régions  étaient  à  cette  époque 
entièrement  incultes.  Les  forêts  et  les  marécages  en  occupaient  presque  toute 
l'étendue... Le  sol  était  formé  d'une  multitude  d'ilôts. Les  abords  de  St-Omer 
étaient  des  îles  flottantes...  Les  noms  de  broeck  et  de  meer,  si  fréquents  dans 
la  toponymie  de  ces  régions,  donnent  une  idée  de  leur  caractère  marécageux. 
Ce  que  les  eaux  laissaient  à  la  terre  était  pris  par  la  forêt.  On  peut  lire  dans 
César  la  description  des  retraites  des  Ménapiens.  La  Vita  Bavonis  nous  donne 
une  idée  de  ce  qu'était  la  région  de  Thourout  encore  au  XI*^  siècle  :  toute  en 
forêts  !  A  travers  toute  la  Flandre  courait  l'immense  forêt  que  les  chroni- 
queurs ont  appelée  le  Neiniis  sine  iniserlcordia.  Bruges,  Gand,  Ypres,  Thou- 
rout, Rouiers,  Courtrai  sont  cernées  par  les  forêts  au  VI I^  siècle...  » 

Que  M.  Br.  rapproche  de  ce  passage  celui  (p.  545-547)  où  le  même  auteur 
affirme  que  lorsque  les  Saliens  passèrent  en  Belgique,  ce  fut  la  Carbonaria 
Sylva  qui  arrêta  leur  première  expansion  territoriale  !  D'une  part,  la  forêt 
»  sans  miséricorde  «  et  les  marais  de  la  Flandre  ne  rebutant  pas  les  envahis- 
seurs, et  de  l'autre,  la  Charbonnière  empêchant  leur  colonisation  !  Il  aurait 
fallu  prouver  péremptoirement  que  celle-ci  était  plus  inaccessible  que 
l'autre  :  (1)  où  est  cette  preuve  ? 

Ce  n'est  pas  tout.  Le  même  auteur,  toujours  parlant  des  Ripuaires, 
(p.  554-555)  nous  dit  :  «  La  limite  qu'ils  assignèrent  à  leurs  occupations,  ce  fut, 
comme  toujours,  la  forêt,  la  vaste  et  profonde  forêt  des  Ardennes...  Malgré  la 
destruction  de  l'antique  Arduenna,  ses  débris  gigantesques  sont  encore  assez 
nombreux  et  assez  importants  pour  nous  permettre  de  reconstruire,  par  la 
pensée,  les  larges  espaces  boisés  qui  séparaient  alors  les  Allemands  des  Wal- 
lons. Partout,  en  effet,  où  il  reste  des  parties  considérables  de  la  forêt  des 
Ardennes,  elles  continuent  à  faire  la  démarcation  des  deux  races  ».  Puis  il 
énumère  15  villages  wallons  séparés  par  des  bois  de  14  localités  germaniques. 
Il  y  en  a  bien  davantage  qui  ne  sont  pas  dans  le  même  cas,  ainsi  que  le  montre 
le  tableau  ci-dessous,  dans  lequel  j'oppose  chaque  fois  une  ou  deux  agglomé- 
rations romanes  à  leurs  vis-à-vis  allemandes  : 

Halanzy,  Gennevaux  Aix-sur-Cloie. 

Rachecourt.  Battincourt. 

Châtillon.  Meix-Ie-Tige.   (2) 


(1)  D'après  un  troisième  passatçe  (Ibid.,  I,  321-322),  l'accumulation  des  noms  en  in  répandus  dans  les 
arrondissements  de  Tournai,  Valenciennes,  Cambrai  et  Douai,  s'expliquerait  par  l'hypothèse  vraisem- 
blable d'une  colonisation  germanique  en  niasse  à  l'époque  des  conquêtes  de  Clodion.  Et  cependant,  ce 
pays  était  anciennement  recouvert,  comme  le  reste  du  kainaut,  par  la  Charbonnière,  qui  atteignait  même 
Arras. 

Pour  moi,  si  la  Carbonaria  sylva  est  rappelée  comme  limite  naturelle  dans  la  Lcx  Salica,  c'est  à  défaut 
de  rivière  coulant  dans  le  même  sens  et  dans  la  même  région  :  il  n'y  est  pas  fait  mention  de  la  forêt 
d'Orléans,  encore  à  présent  le  plus  grand  massif  feuillu  de  la  France.  tVoy.  notamm.  Jullian,  Hist.  de  la 
Gaule,  I,  91.  note  1,  et  Doniet,  lli.st.  de  la  forêt  d'Orl).  à  cause  de  la  présence  de  la  Loire.  Plusieurs  des 
citations  postérieures  où  la  Charbonnière  est  considérée  encore  comme  frontière,  ne  sont  que  des  clichés 
banaux,  dans  le  genre  que  celui  qu'employait  Hugues  de  Fleury,  décrivant  l'Ardenne  du  Xlle  siècle  avec 
les  termes  du  conquérant  des  Gaules  (voy.  Piot,  Les  Pagis,  13o) .  M.  Pirenne,  Hist.  de  Belgique,  \).  -13, 
croit  que  la  colonisation  dans  les  terrains  plats  des  Flandres  était  plus  aisée  qu'ailleurs  n'exigeant  pas  de 
longs  travaux  d'épartage  et  de  défrichement.  Mais  alors  pourquoi  encore  au  XlIIe  siècles  les  comtes  de 
Flandre  elles  ducs  de  Brabant  sont-ils  obligés  défaire  défricher,  pour  leur  compte  propre,  de  vastes 
étendues  incultes,  d'en  donner  d'autres  aux  abbayes  et  de  contribuer  à  l'assèchement  des  polders  et  des 
marécages  de  l'intérieur  ?  (p.  28G.) 

(2)  Anciennement  Allemand. 


—  328  — 

Vance.  Sampont. 

TT  ,                  i  Nobressart. 

•^'           )  Hachy. 

Fauvillers.  Bodange. 

Livar  champs.  Bcttlange. 

Thiversoux.  Lutrebois.  (1) 

Beuouchamps,  Ilarzy.  Niederwampach. 

Loiigvilly.  Oberwampach. 

iMoinet.  Crendal,  Tratteii. 

Rouvroy.  Helzingen. 

Cetturu.  Limerlé.  (1) 

Gouvy.  Watermaal,  Holdingen. 

Rogery.  Beho. 

Commanster.  Maldingen.  Braiinlaiif. 

Ondinval.  Schôppen. 
Faymoiiville,  Weismes.      \ 

Geuzaine,  Bruyères.  [                       Weywertz. 

Champagne.  ) 

Limbourg.  Baelen. 

Clermont.  Henrichapellc. 
Pourquoi  devrait-on  attacher  plus  d'importance  à  la  première  liste  cju'à 
la  mienne  ?  (2) 

(1)  Anciennement  Allemand. 

(2)  Y  sont  cités  du  côté  wallon  :  a)  Villers-la-bonne-eau,  alors  que  la  section  de  Lutrebois,  qui  serait 
d'origine  germanique  (p.  346  et  398),  est  plus  éloignée  de  la  frontière  que  le  chef-lieu  de  la  commune  et 
enclavée  dans  les  bois  ;  b)  Vance,  dont  l'idiùme  aurait  été  l'allemand  (p.  31)  lors  de  la  fondation  du 
hameau  de  Torlrue.  Pour  renchérir,  on  y  oppose  St-Vilh,  Meyerode  et  Amel  à  Ligneuville,  Bellevaux, 
Jlalleux,  Petil-Thier  et  Vielsalm,  et  on  laisse  de  cùté  les  villages  allemands  de  Hinderhausen,  Rodt,  Ober- 
Emmels,  Recht,  Brïicken,  Engelsdorf,  Montenau,  Iveldingen  et  Elbertingen,  beaucoup  plus  rapprochés  de 
la  limite,  et  les  localités  romanes  de  Mont-le-Soy,  Bui'tonville,  Ennal,  Logbiermez,  Houvegnez.  De  même 
pour  Bastogne,  Uarlange  et  Winseler  M.  Bruneau  m'a  avoué  lui-même  avoir  été  frappé  de  l'absence 
complète  de  forêts  entre  certaines  localités  romanes  et  leurs  vis-à-vis  allemandes  ;  nifiis  il  prétend,  avec 
exagération,  je  crois,  que  «  l'état  géographique  actuel  ne  signifie  rien  pour  l'époque  ancienne.  » 

L'argument  qu'on  peut  tirer  des  ditTérentes  dialectales  expliquées  par  une  forêt  séparant  deux  groupes 
de  villages,  ne  me  paraît  pas  toujours  concluant.  Ainsi  par  exemple,  je  crois  qu'il  y  a  plus  de  difl'érence 
entre  le  parler  d'Izel  et  celui  de  Jamoigne  —  deux  localités  cependant  unies  autrefois  par  un  même  lien 
spirituel  —  qu'entre  le  patois  de  cette  dernière  et  celui  de  Yirton.  La  toponymie  ne  contredit  pas  en 
général  la  phonétique  de  ces  parlers  actuels.  Elle  nous  montre  notamment  la  déformation  de  on  en  an  à 
Gérouville  et  à  Herbeumont  même . 

Ces  bois,  là  où  ils  existaient  n'avaient  pas  le  rôle  que  certains  leur  attribuent.  Déjà  avant  l'époque  des 
villes  neuves,  les  paysans  y  avaient,  moyennant  des  prestations  plus  ou  moins  arbitraires,  droit  d'usage 
et  de  paccage. 

De  plus,  les  anciennes  circonscriptions  paroissiales  étaient  naturellement  très  vastes  et  englobaient 
donc  beaucoup  de  localités  séparées  souvent  par  des  bois.  Ce  fut  le  cas  à  Jamoigne,  à  Tintigny,  à  Anlier, 
à  Orgeo,  à  Paliseul,  à  Ortho,  à  Mersch.  Une  tradition  veut  même  que  l'église  dont  on  aurait  retrouvé  les 
vestiges  au  l.-d.  à  la  Vieille  Eglise,  près  de  la  Misbourg,  c'est-à-dire  en  pleine  forêt  d'Anlier,  servait 
pour  Fauvillers,  Witry,  Martelange,  Léglise,  etc.  Si  ce  n'est  pas  vrai,  n'est-ce  pas  au  moins  vraisem- 
blable? 

Et  puis,  au  moyen-âge,  on  voyageait  relativement  beaucoup.  Des  paroisses  entières  couraient  proces- 
sionnellement  aux  tombeaux  des  saints,  par  exemple,  à  Stenay,  à  St-Hubert,  à  St-Walfroid,  à  Echternach. 

Qu'on  ne  dise  donc  plus  que  certains  endroits  séparés  par  la  forêt  n'avaient  pas  entre  eux  le  moindre 
relation. 

On  ne  doit  pas  oublier  non  plus  que  les  hommes  libres  et  les  nobles  francs  avaient  leurs  possessions 
souvent  des  deux  côtés  à  la  fois  de  la  frontière  :  par  exemple,  le  testament  du  diacre  Grimon  en  034. 

Supposons  même  un  instant  que  les  forêts  ont  une  certaine  influence  dans  la  répartition  des  dialectes 
d'une  même  langue.  Celte  influence  serait-elle  réellement  identique  dans  le  cas  d'une  forêt-frontière  ? 
La  frontière  ne  pouvait-elle  pas  exister  primitivement  sans  la  présence  de  bois  ?  De  deux  localités  fondées 
sur  cette  limite,  la  première  romane,  la  seconde  thioise,  l'une  devait-elle  cesser  complète  ment  de  parler 
son  idiome  particulier  pour  la  seule  raison  de  la  non  existence  d'une  barrière  sylvestre  ? 


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On  pourrait  s'imaginer  d'après  ce  passage  que  VArdiiciina  sijlva  (1)  du  côté 
de  l'Est  ne  s'étendait  que  jusqu'à  la  ligne  idéale  de  la  frontière  linguistique, 
et  qu'au  delà  les  bois  ont  disparu  depuis  bien  longtemps.  Comme  si  V Arduenna 
de  César,  de  Strabon  et  de  Tacite  n'avait  jamais  rejoint  les  rives  du  Rhin  ! 
On  n'a  pas  non  plus  démontré  que  la  portion  romane  de  cette  forêt  avait  été 
beaucoup  plus  rebelle  à  la  colonisation  romaine.  Au  contraire,  cette  partie 
est  aussi  riche  que  les  régions  voisines  en  antiquités  gallo-romaines  :  voir 
dans  nos  Annales  des  articles  de  MI\I.  Geubel,  Sulbout,  Prat,  Sibenaler,  de  Loë, 
Andrin,  de  Muyser,  Tandel,  Loes,  Dubois  et  Malget,  à  ce  sujet.  L'antique 
Ardenne  comprenait  évidemment  l'Eifel  et  probablement  (2)  les  forêts  trans- 
rhéranes  du  Rothaar  Gebirge  et  du  Westerwald;  peut-être  même  se  plongeait- 
elle  plus  avant  dans  l'Egge,  le  Teiitoburger  Wald,  le  Habicht  W.,  le  Solling, 
l'Ohm,  le  Dûn,  le  Hainleite  et  le  Harz,  qui  sont  de  même  composition  géolo- 
giques. Ainsi  s'expliquerait  la  dénomination  de  Osning  portée  par  trois 
portions  connues  de  cette  vaste  étendue  sylvestre  (3).  Un  coup  d'œil  jeté  sur 
une  carte  complète  (4)  montre  qu'aujourd'hui  encore  les  massifs  boisés  sont 
au  moins  aussi  nombreux  en  Eeslick  et  en  Eifel  que  dans  notre  Ardenne. 
UUrkiindenbiich  de  Beyer  nous  apporte  maintes  mentions  de  bois  et  de 
défréchissements  anciens  en  pays  rhénan  :  1,  pp.  10,  57,  65,  113,  125,  131,  206, 
235,  240,  267,  277,  299,  301,  308,  312  ;  II,  pp.  15,  18,  etc.  De  plus,  les  noms 
en  -scheid,  sans  compter  ceux  en  -roth  également  fréquents,  abondent  dans 
toute  la  région  située  entre  Dusseldorf  et  la  Sure,  et  même  en-deçà  :  l'auteur 
de  la  Front.  Ling.  en  a  compté  30  sur  la  feuille  de  Malmédy  de  Liebenow, 
9  dans  celle  d'A'x-la-Chapelle,33  dans  celle  de  Neuerburg,  14  dans  celle  de 
Bernkastel  et  22  dans  le  Luxembourg  (5).  Moi-même,  j'en  ai  relevé  davantage, 
sur  des  feuilles  de  l'état-major  allemand.  Et  si  l'on  y  ajoutait  les  lieux  dits  ! 

Si  l'on  devait  en  croire  le  livre  de  la  Frontière  Linguist.,  I,  p. 31  et  555,  les 
Allemands,  se  trouvant  trop  resserrés,  firent  irruption  dans  la  forêt,  la  cognée 
en  mains,  et  y  fondèrent  bientôt  de  nombreux  villages  dont  les  noms  en  rode 
et  ert  ne  peuvent  guère  remonter  au  delà  du  IX^  siècle  (Attert,  Almeroth, 
Bonnert,  etc.)  Dans  une  autre  région  ardennaise,  au  moins  aussi  peu  fertile, 
c'est-à-dire  les  Hautes  Pagnes,  on  trouve  vers  670  :  Sicco  Campo  Setchamps, 
la  Yia  Mansuerisca,  les  petits  ruisseaux  de  Stagnebachus  le  Steinbach,  de 
Didiloni  rivus  et  de  Rarobacco,  la  colline  boisée  de  Vulfebergo,  la  plantation 
de  Helmini  roboretwn,  la  source  cVAlba  Fontana,  Summa  Siggino  Aviaco  et 
sa  vanne,  Audastvilare,  Refta  Recht,  toutes  dénominations  attestant  que 
les  colons  germaniques  s'étaient  rencontrés  déjà  depuis  un  certain  laps  de 
temps  avec  les  Romains. 

D'autre  part,  l'enquête  sur  les  noms  géographiques  dont  l'étymologie  est 


(1)  Cf.  aussi  Pirenne,  Ilist.  de  Belg.,  p.  14  ;  Bulletin  du  Touring  Club  de  Uelg.,  no  du  30  Janvier 
•1908,  art.  signé  Heino,  p.  27,  dans  lequel  je  relève  cette  fleur  :  «  Notre  Luxembourg  est  encore  tout 
en  forêts. 

(2)  Cf.  Jullian,  Hist.  de  la  Gaule,  I,  p.  94. 

(3)  Ce  sont,  outre  TEeslick  actuelle,  une  partie  du  Teutoburger  W.,  voisine  d'Osnabriick  apparemment 
(Oesterley,  Histoir.-Géog.  Wôrterb..  p.  447)  et  une  forêt,  plus  rapprochée,  située  de  ce  côté  du  Rhin 
(Lacomblet,  1,  nos  310  et  343).  Le  nom  de  VHarcijnia  s.,  lui-même,  n'est  resté  qu'au  Harz, 

(4)  Voir  notamm.  celle  jointe  à  la  Front.  Ling, 
(b)  P.  539, 


—  330  — 

germanique,  a  prouvé  au  savant  écrivain  de  la  Frontière  Ling.  (voir  pp.  256- 
3',KS)  que  la  région  colonisée  par  les  Francs  du  VI^  au  VIII^  siècle  dépassait 
la  limile  actuelle,  englobant  les  localités  de  Meix-lc-Tige,  Hollange,  Stein- 
bach,  Lutremange,  Lutrebois  et  Villers-Tortrue,  au  moins  !  Les  «  pacifiques 
ombrages»  de  la  «vaste  et  profonde  forêt»,  «largement  étendus  entre  les  Gallo- 
Homains  et  les  barbares  »  à  l'origine,  se  trouvaient,  venons-nous  de  voir,  de 
ce  côté  de  la  frontière.  Mais  dans  l'espace  entre  les  villages  de  Mussy-la-Ville, 
Baranzy,  Sivry,  Witry,  Assenois,  Bastogne,  Wardin,  Tavigny,  Ancy,  Cherain, 
Sterpigny,  Bovigny,  Giveny  —  qui,  d'après  lui,  sont  tous  d'origine  gallo- 
romaine  (cf.  pp.  465,  466,  478,  489,  492,  495,  504,  509,  512,  513,  515  et  518)  — 
et  la  zone  franque  des  VIe-VIIIe  siècles,  il  n'y  a  pas  de  quoi  justifier  l'adverbe 
largement  joint  au  participe  étendus. 

Je  connais  l'objection  que  plusieurs  vont  me  poser  :  «  Avant  l'arrivée  des 
nouveaux  colons  aux  points  frontières,  les  bois  ont  pu  recroître  à  l'emplace- 
ment des  villas  romaines  abandonnées  !  «  Mais  que  l'on  me  dise  auparavant 
combien  il  a  fallu  de  temps  approximativement  pour  que  des  bâtiments 
semblables  —  où  entraient  avec  parcimonie  chaux  et  ciment  —  disparussent 
complètement  !  Que  l'on  me  dise  également  ce  qu'il  faut  penser  de  nos 
Maceriae,  Macerielum,  Tiimbeiiim,  Hofstalt,  même  en  restant  dans  le  domaine 
de  la  toponymie  !  Et  puis,  quelle  origine  ont  Kerschen,  INIessancy,  Clémency, 
Fingich,  Toernich,  Arlon,  Sesselich,  Hachy,  Warnach,  Surré,  Troine,  etc.  ? 

Enfm,  —  pourquoi  ^I.  K.  et  ses  défenseurs  ont-ils  paru  vouloir  l'éluder  ?  — 
on  découvre  assez  fréquemment  en  deçà  de  la  frontière  des  idiomes,  même  au 
cœur  des  bois,  aussi  bien  qu'au  delà,  des  cimetières  et  des  objets  présentant 
tous  les  caractères  de  l'époque  mérovingienne.  Il  n'y  a  pas  à  en  douter  :  les 
Francs  se  sont  établis  en  Ardenne  comme  ailleurs  en  petit  nombre,  soit  ;  mais 
ils  s'y  sont  établis,  et  ce  petit  nombre  est  encore  relativement  important,  à  en 
juger  par  la  quantité  de  sépultures  inhumées  à  ce  jour. 

Maintenant,  qu'on  me  dise  de  quel  côté  se  trouvent  le  plus  de  faits  précis 
et  conçoit-on  qu'au  nom  d'une  théorie  aussi  discutable  que  celle  de  M.  K., 
quelqu'un  ait  pu  écrire  que  mes  efforts  n'ont  servi  tout  simplement  qu'  «  à 
mettre  en  doute  le  témoignage  des  documents  du  moyen-âge  »  !  (1) 

2.  Il  me  faut  dire  également  un  petit  mot  de  la  critique  qu'a  faite  M.  Feller 
de  ma  notice,  dans  le  Bulletin  du  dictionnaire  général  de  la  langue  wallonne, 
ns  3-4  de  1911,  p.  119-125.  M.  F.  se  demande  si  j'ai  bien  saisi  la  portée  des 
théories  que  j'entreprends  de  réfuter.  Est-ce  ma  faute  si,  avant  que  je  ne  me 
mette  à  écrire,  d'autres  les  ont  comprises  dans  le  même  sens  que  moi  !  (2) 

Quant  à  la  contradiction  qu'il  relève  dans  la  toute  première  phrase  du 


(1)  Depuis  'a  rédaction  de  ces  lignes,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  un  peu  plus  connaissance  avec  mon 
honorable  et  savant  condradicteur,  qui  a  dii  m'avouer  que  mon  explication  est  possible.  Ceci  obtenu, 
je  lui  pose  la  question  autrement  :  Pourquoi  la  limite  n'csl-elle  pas  à  Priim  et  à  l'Idarwald? 

(2)  Par  exemple,  M.  F.  ferait  bien,  dans  l'intérêt  de  la  science,  de  nous  donner  la  vraie  teneur 
(avec  garantie)  des  passages  suivants  de  la  Front  Ling.  :  p.  14,  il  (titre),  -123,  128,  148  (  »  la  roma- 
nisation  de  La  Hulpe  paraissant  antérieure  à  l'époque  —  Xllle  siècle  —  où  sont  nés  la  plupart  des  noms 
de  lieux  »  )  -167  (  a  le  XlIIe  siècle,  c.-à-d.  l'époque  où  la  toponymie  rurale  ne  venait  que  de  naître  i  ), 
221,  etc. 


—  331  — 

chapitre  préliminaire,  ignorait-il  que  cette  contradiction  se  trouve  précisé- 
ment dans  le  passage  auquel  il  renvoie  dans  sa  note  1  de  la  page  120:  j'en  ai 
à  peine  changé  quelques  termes  !  Et  le  vocable  trabloux,  où  M.  Feller  1  a-t-il 
noté  comme  nom  commun  en  patois  gaumet  actuel  ?  Il  oppose  l'étymologie 
de  M.  Kurth  (jiiseranum  et  susseranum)  à  celle  que  je  propose  (sufï.  germ.  -ing) 
pour  Juseret  et  Susseret,  mais  sans  prouver  non  plus  que  -anum  devient  -et 
en  chestrolet.  Langloie  n'est  pas  identique  à  Longolare  Longlier,  puisqu'en 
896  il  est  écrit  Anglaria  (Halkin  et  Roi.  Cartul.  de  Stavelot,  p.  116).  De  plus, 
M.  F.,  qui  a  écrit  quelque  part  que  la  toponymie  démontrera  de  plus  en  plus 
que  les  Francs  se  sont  glissés  par  petits  groupes  par  les  interstices  de  la  forêt, 
si  la  masse  n'a  fait  que  la  côtoyer  —  ce  qui  implique  ou  bien  que  le  noms  de 
lieux  wallons  à  étymologies  germaniques  ont  été  créés  par  eux,  ou  bien  qu'ils 
ont  été  appliqués  par  les  wallons  à  l'aide  de  termes  empruntés  aux  thiois, 
et  d'une  façon  comme  de  l'autre,  ce  qui  confirme  ma  théorie  des  îlots  allo- 
glottes  — .  M.  F.,  dis-je,  me  reproche  encore  l'absence  de  distinctions  pruden- 
tes entre  vocables  d'origine  franque  appliqués  par  les  Francs  mêmes,  et  ceux 
de  même  origine  appliqués  par  les  Romains.  A  part  pour  le  qualificatif  cron, 
je  ne  crois  pas  le  reproche  fondé.  Lorsque  les  endroits  auxquels  ces  sortes  de. 
noms  ont  été  donnés,  sont  situés  sur  la  limite  des  idiomes,  il  y  a  une  forte 
présomption  en  faveur  de  l'hypothèse  de  fondations  germaniques. 

L.  R. 


Premier  comte  de  la   Roche 


AVANT- PROPOS 


L'histoire  nous  a  conservé  si  peu  de  souvenirs  de  la  vie 
du  premier  comte  de  la  Roche  qu'il  nous  sera  impossible 
de  porter  sur  l'homme  et  sur  l'administrateur  un  jugement 
formel  et  absolu.  Notre  dessein  ne  peut  donc  être  de  tracer 
le  véritable  portrait  du  fondateur  de  la  Roche.  Tout  en 
nous  gardant  des  suggestions  parfois  trop  fallacieuses  de 
l'analogie  autant  que  des  errements  d'une  imagination 
mal  bridée  nous  n'avancerons,  en  dehors  des  données  histo- 
riques, que  ce  qui  aura  quelque  droit  a  être  logiquement 
appliqué  à  notre  héros  et,  par  conséquent,  ce  qui  pourra 
être  crû  au  moins  avec  vraisemblance. 


—  333  — 
§  1er.  —  Naissance  de   Henri. 

L'antique  oppidum  Aduaiicorum  placé  au  confluent  de  la  Sambre  et  de  la 
Meuse  devint,  au  moyen  âge,  le  castrum  Namucum  (1).  Ce  dernier  était  un 
bâtiment  oblong,  revêtu  d'épaisses  murailles  et  flanqué  de  huit  tours 
élancées  (2).  Les  eaux  calmes  d'un  étang  aujourd'hui  disparu  mouillaient 
ses  robustes  assises  et  reflétaient  l'image  fidèle  du  manoir  des  comtes  de 
Namur.  Il  ne  reste  de  ce  castel  féodal  qu'une  amorce  de  voûte  issant  d'une 
des  deux  tours  que  renferme  la  première  enceinte  de  la  citadelle  bâtie,  au 
commencement  du  XIX^  siècle,  dans  les  limites  de  l'ancienne.  C'est  dans  ce 
«  chastral  riche  et  fort  redouteit  »  (3)  sinon  au  manoir  de  Floreffe,  séjour 
fréquent  (4)  des  comtes  de  Namur  et  futur  berceau  des  fils  de  saint  Norbert 
en  Belgique  (5),  que  naquit,  vers  1068,  le  fondateur  de  la  dynastie  rochoise. 
Son  père,  Albert  III  de  Namur,  était  un  prince  opulent  et  un  vaillant  capi- 
taine (6).  La  comtesse  Ida,  sa  mère,  unie  en  premières  noces  à  Frédéric  de 
Luxembourg,  était  fille  de  Bernard  II  de  Saxe  (7). 

A  la  mort  du  comte  namurois  arrivée  le  22  juin  1102  (8)  Henri  l'un  de  ses 
fils  avait  obtenu  la  Roche  et  son  teriitoire. 

§  IL  —  Sa  famille. 

La  famille  du  premier  comte  de  la  Roche  fut  l'une  des  plus  nobles  de  la 
Lotharingie  et  ])rilla  aux  premiers  rangs  de  la  société.  Le  cardinal  Frédéric, 


(1)  SiGEBERTUs  Gemblacensis,  Clironicd  cum  omnibus  aiictariis  dans  les  MONUM. 
GERM.    SCRIPT.,     T.  VIII,  p.  327. 

(2)  Galliot,  Histoire  générale  ecclésiastique  et  civile  de  la  ville  et  province  de  Namur, 
Liège,  1788-91,  T.  III,  p.  31. 

(3)  R.  P.  DE  Marne,  Histoire  du  comté  de  Namur,  Liège,  1781,  T.  I.,  p.  257. 

(4)  R.  P.  Bertholet,  Histoire  civile  et  ecclésiastique  du  duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chinij,  Luxembourg,  1741-43,  T.  IV,  livre  31,  p.  5. 

(5)  Chanoine  V.  Barbier,  Histoire  de  l'abbaye  de  Floreffe,  Namur,  1S92,  T.  I.,  p.  1(5. 

(6)  B.  Delescluze,  Le  comté  de  laRoche  et  le  tribunal  de  la  Paix  dans  BULLETIN  DE 
LA  SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE  DU  DIOCÈSE  DE  LIÈGE,  T.  IX,  pp.  263  et 
passim. 

(7)  M.  S.  P.  Ernst,  LUsloire  du  Limbourg,  édition  Lavalleye,  Liège,  1838,  T.  II,  p.  78, 
et  note  4. 

(8)  R.  P.  de  Smedt,  Vilasancti  Huberli  dans  ACTA  SANCTORUM,  T.  I  de  novembre, 
page  765,  fait  suivre  le  nom  d'Albert  III  des  dates  1063-1105  et  renvoie  à  la  note  3  qui 
dit  :  Cfr.  J.  Borgxet  in  BIBLIOGRAPHIE  NATIONALE  (de  la  Belgique),  T.  I,  pp. 
197-198. 

EuG.  DEL  Marmol,  Rechcrches  sur  les  comtes  de  Namur  du  nom  d'Albert  dans  les  ANNA- 
LES DE  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DE  NAMUR,  T.X,  Ire  livraison,  Namur, 
1868,  écrit  après  le  nom  d'Albert  III,  f  :  en  1105  ou  1106. 

Albert  III  est  mort  en  1102.  C'est  prouvé  par  Bresslau  et  Vanderkinderc.  Les  deux  char- 
tes de  1105  qui  ont  retardé  sa  mort  jusque  1106  ne  sont  pas  authentiques  dans  leur  forme 
actuelle.  En  outre  Godefroid,  son  fils  aîné,  est  comte  de  Namur  en  1102,  d'après  une  charte 
originale  publiée  dans  V.  Barbier,  Histoire  du  Chapitre  de  Sclcnjn,  p.  233.  Nous  lisons 
aussi  dans  VObituaire  de  Saint-Gérard,  publié  dans  les  ANALECTES  POUR  SERVIR 
A  L'HISTOIRE  ECCLÉSIASTIQUE,  2^  série,  T.  H,  p.  325  :  «  X  Kal.  Julii,  Adalberlus 
cornes  Namurcensis.  »  La  date  précise  du  décès  du  père  de  Henri  I  de  la  Roche  est  donc  le 
22  juin  1102. 


—  334  — 

fils  de  Gothélon  I*"'',  duc  de  Lothier,  était  le  grand  oncle  maternel  de  Henri. 
]\Ialgré  la  confiance  dont  ce  prince  de  l'Eglise  jouissait  auprès  de  la  cour 
romaine,  Frédéric  renonça  aux  honneurs  humains  et  échangea,  au  Mont- 
Cassin,  l'habit  de  conseiller  papal  contre  le  froc  sévère  des  fils  de  saint  Benoît. 
Laniodestiedece cardinal devenumoine,decenoble  de  la  maison  d'Ardenne(l) 
était  telle  que  son  étonnement  égala  sa  douleur  lorsque,  le  2  août  1047,  il 
se  vit  salué  pape  sous  le  nom  d"Etienne  X.  Le  nouveau  pontife  animé  déjà 
de  l'esprit  de  réforme  et,  en  cela,  précurseur  de  Grégoire  VII,  s'employa 
surtout  à  former  dans  les  prêtres  la  sainteté  qui  en  fait  de  dignes  ministres 
de  Dieu.  Une  violente  et  soudaine  maladie  le  surprit  à  Florence  où  il  mourut 
le  29  mars  1058  (2). 

Si  nous  parcourons  la  lignée  des  ancêtres  du  premier  comte  de  la  Roche, 
nous  rencontrons  Charles  de  Lorraine,  duc  de  Lothier,  dont  la  fille  Ermen- 
garde  avait  épousé  Albert  pr  de  Namur.  Ce  prince  était  le  frère  de  Lothaire, 
roi  de  France,  fils  cadet  de  Louis  IV  et  petit-fils  de  Charles  le  Simple  descen- 
dant direct  de  Charlemagne.  Le  comte  rochois  était  duc  de  vieille  et  illustre 
noblesse. 

Godefroid,  frère  aine  de  Henri,  succéda  à  son  père  comme  comte  de  Namur. 
Le  cadet  (3)  également  nommé  Godefroid  (4)  obtint  Durbuy  en  apanage. 
Frédéric,  fils  aussi  du  comte  namurois,  fut  formé  à  la  piété  par  son  aïeule 
Régelinde,  sœur  du  pape  Etienne  X,  laquelle,  devenue  veuve,  s'était  consa- 
crée à  Dieu  dans  la  retraite.  Envoyé  à  Liège  pour  y  fréquenter  l'école  si  renom- 
mée de  la  cathédrale,  le  noble  adolescent  y  acquit  une  solide  instruction.  A 
la  mort  de  l'évêque  Otbert,  la  majorité  des  suffrages  du  clergé  du  diocèse 
et  de  la  cathédrale  se  porta  sur  la  personne  de  Frédéric  alors  prévôt  de  Saint- 
Lambert.  Le  saint  évêque  mourut  le  27  mai  1121  empoisonné  par  les  par- 
tisans de  son  compétiteur  au  siège  épiscopal  (5). 


(1)  Ardiienna  est  formé  de  deux  mots  celtiques  ar  et  gwenn  devenu  duenn  qui  signifient 
la  fagne  ou,  ce  qui  est  moins  sûr,  haute  fagne.  L'étude  mieux  approfondie  de  rétymologie 
A' Ardiienna  m'a  fait  abandonner  l'opinion  d'un  crudit  allemand  dont  je  me  fis  l'interprète 
dans  mon  étude  Le  comté  de  la  Roche  (ANN.  INST.  ARCH.  DU  LUX.,  T.  XLVI,  p. 
255.)  pour  adopter  celle  de  M.  Kurth  exposée  dans  REVUE  DE  L'INSTR.  PUBL.  EN 
BELGIQUE,  T.  XVIII,  pp.  408-411. 

(2)  J.-E.  Darras,  Histoire  générale  de  l'Eglise,  Paris,  1857,  T.  III,  pp.  81-83. 

(3)  Cantatorium,  édition  Hanquet,  Bruxelles,  1906,  p.  42  note  3,  p.  221,  note  1,  p.  255, 
note  1,  émet  sur  le  nombre  et  l'âge  des  fils  d'Albert  III,  des  données  qui  se  contredisent. 

(4)  Il  est  rare  que  deux  enfants  d'une  même  famille  soient  désignés  par  le  même  nom. 
Au  cours  de  mes  lectures  je  n'ai  plus  rencontré  ce  fait  que  dans  les  Archives  de  Ste-Ode, 
parchemin  H  H,  à  L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG,  à  Arlon. 
Le  20  août  1598,  ai -je  vu,  ont  comparu  par  devant  les  Prévôt  et  hommes  du  château  ville  et 
comté  de  la  Roche  en  Ardenne  le  vieux  Jean  Rollè  de  la  Vacherie,  maiieur  du  dit  lieu,  et  le 
jeune  Jean  Rollé,  son  frère...  Les  fils  d'Albert  III  du  nom  de  Godefroid  devaient  aussi 
avoir  leur  cognomen  pour  les  distinguer.  Nous  touchons  d'ailleurs  à  l'époque  où  chacun 
portera  deux  noms,  le  nomen  (nom  de  baptême)  qui  deviendra  notre  prcenomcn  et  le 
cognomen,  qui  est  aujourd'hui  le  nomen,  le  gentilice  ou  nom  de  famille  et  c'est 
précisément  l'homonymie  qui  a  été  une  des  premières  causes  de  cette  double  appellation. 
(Voyez  A.  Ginv,    Manuel   de   diplonmtique,  Paris, 1894,  p.  352). 

(5)  Ch.  Pollet,  Histoire  ecclésiastique  de  l'ancien  diocèse  de  Liège,  Liège,  1860,  II,  pp. 
271-275. 


—  335  — 

Albert,  autre  frère  de  Henri,  appelé  de  la  Roche  quoiqu'aucun  document 
diplomatique  connu  ne  lui  décerne  ce  titre,  élut  son  séjour  en  Palestine.  Veuf 
en  premières  noces,  Albert  épousa  en  1119  Manille,  veuve  de  Hugues  du 
Puiset,  qui  ne  lui  présenta  pas  d'enfants.  Le  roi  Bauduin  H  de  Jérusalem  lui 
donna,  à  l'occasion  de  ce  mariage,  la  ville  de  Jaffa  (1). 

Pour  faire  connaître  tout  ce  que  je  sais  de  la  famille  d'Henri  l^r^  il  me 
reste  à  dire  quelques  mots  de  son  neveu  qui  s'appelait  Frédéric  et  qui  était 
fils  du  premier  lit  d'Albert.  Frédéric  de  la  Roche  tenait  sa  dénomination 
nobiliaire  de  son  père  Albert  chez  qui  elle  peut  s'expliquer  par  le  partage 
des  biens  maternels  :  Godefroid,  nous  l'avons  dit,  avait  les  biens  du  père,  le 
comté  de  Namur,  Henri  et  Albert  furent  dotés  de  ceux  provenants  de  la 
mère  lui  laissés  par  son  premier  mari  le  duc  Frédéric  de  Luxembourg  : 
Henri  hérita  du  comté  de  la  Roche  et  de  l'avouerie  de  Stavelot  et  Albert  dut 
recevoir  quelque  apanage  ou  dignité  de  ce  même  comté.  Frédéric,  prévôt 
et  archidiacre  de  Liège,  partit  en  1141  pour  la  Palestine  afin  d'aller  baiser 
le  sol  où  reposaient  les  cendres  de  son  père  et  pour  y  vénérer  les  lieux  qui 
furent  le  théâtre  des  grands  mystères  de  la  foi  catholique  ;  peut-être  le  gain 
ou  les  honneurs  s'ajoutaient-ils  aux  motifs  plus  nobles  de  cet  exode.  Tels 
beaucoup  de  nos  compatriotes  belges  qui  voguent  aujourd'hui  vers  le  conti- 
nent africain.  Bel  homme,  peu  lettré,  mais  d'une  prudence  rare  il  fut  évêque 
de  Saint-Jean-d'Acre,  anciennement  Ptolémaïs,  puis  archevêque  de  Tyr. 
L'abbé  de  Florennes  et  l'ancien  prévôt  de  Saint-Lambert  ont  dû  jadis  se 
rencontrer  et  se  lier  d'amitié  dans  la  ville  de  Liège:  ainsi  s'explique  aisément 
pourquoi  Frédéric  envoya  de  sa  ville  épiscopale  au  monastère  namurois, 
parmi  d'autres  reliques,  une  partie  du  chef  de  saint  Jean-Baptiste  le  Pré- 
curseur (2).  Monseigneur  Frédéric  de  la  Roche  mourut  à  Naplouse,  le  30 
octobre  1174,  et  fut  inhumé  à  Jérusalem.  Son  oncle,  le  prince-évêque  de  Liège, 
avait,  lui  aussi,  visité  les  Lieux-Saints  et  son  neveu  Richard, fils  de  Gode- 
froid  de  Durbuy,  et  évêque  de  Verdun,  y  avait  rencontré  la  mort,  en  1171, 
au  cours  d'un  pèlerinage  (3).  Ces  voyages  fréquents  vers  la  Palestine  à  cette 
époque  trouvent  leur  explication  en  ce  que  les  croisades  ont  rendu  l'idée  de 
ce  long  itinéraire  moins  effrayante  ;  puis,  la  traversée  et  le  séjour  là-bas 
sont  facilités  par  les  Chevaliers  de  Saint- Jean,  les  Templiers  et  l'ordre 
Teutonique.  Ajoutons  que  les  rois  de  Jérusalem  et  plus  tard  les  empereurs 
latins  ne  pouvaient  manquer  de  protéger  dans  ces  pays  lointains  des  euro- 
péens de  leur  nation  et  surtout,  comme  ici,  de  leur  famille. 

§  III  ^ —  Son  adolescence. 

L'histoire  ne  nous  apprend  rien  de  Henri  que  de  l'avoué.  L'officier  public, 
le  justicier,  l'administrateur,  le  guerrier  et  le  lettré  nous  restent  inconnus. 


(1)  D.  Ursmer  Berlière,  Frédéric  de  la  Roche  dans  ANNALES  DE  L'INSTITUT 
ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG,  T.  XLIII,  p.  70  et  passim  et  S.  P.  Ernst, 
Des  comtes  de  Durbuy  et  de  la  Roche  au  XI^  et  XII"  siècles,  Liège,  1836,  p.  10  et  passim. 

(2)  M.  l'abhé  Gustave  Mauclet,  Saint- Jean-Baptiste,  sa  vie,  son  culte  à  Florennes, 
Namur,  1904,  p.  39. 

(3)  L.  Vanderkindere.  La  formcdion  territoriale  des  principautés  belges  au  moyen-âge, 
Bruxelles,  1902,  T.  II,  p.  225. 


—  336  — 

Nous  ne  pouvons  non  plus  le  suivre  dans  sa  vie  intime  pour  surprendre  sa 
piété  et  son  cœur.  Si  j'envisage  pourtant  notre  comte  sous  ces  diiïérents 
aspects  ce  n'est  qu'un  prétexte  pour  esquisser  son  temps  et  dépeindre  la 
société  médiévale  qui  seront  comme  le  base  d'albâtre  à  travers  lequel  nous 
devinerons  îissez  sûrement  les  faits  et  gestes  de  notre  héros. 

fleuri,  lils  de  famille  noble,  reçut  une  culture  littéraire  sous  des  maîtres 
distingués. 

Déjà  à  l'époque  carolingienne  Liège,  notre  ville  épiscopale,  avait  donné 
des  signes  remarquables  de  vitalité  intellectuelle  (1).  Sans  compter  l'école 
palatine  aux  côtés  du  souverain,  il  y  a  en  ce  moment  la  savante  école  de  la 
cathédrale  sur  les  bancs  de  laquelle  s'est  assis  Frédéric,  fils  comme  Henri 
du  comte  namurois  et  qui  ceindra  la  mître  après  Otbert.  Chaque  paroisse 
devait  aussi  posséder  une  école  attenante  à  l'église  ou  au  presbytère  et  qui 
distribuait  gratuitement  les  connaissances  les  plus  élémentaires  aux  enfants 
du  travailleur  penché  sur  la  glèbe.  C'est  dans  l'école  externe  des  abbayes 
que  les  mains  des  moines  rompent  le  pain  de  la  science  aux  fils  des  familles 
plus  aisées,  tandis  que  les  portes  de  l'école  interne  s'ouvrent  devant  les  pieux 
adolescents  qui  se  destinent  à  la  prêtrise  (2).  L'éclat  que  jettent  les  hautes 
études  ne  pâlira  que  bien  tard  dans  le  rayonnement  des  universités.  Cette 
période  d'âpre  attachement  à  l'étude  et  de  grandeur  intellectuelle,  instaurée 
dans  le  diocèse  par  nos  évèques, devient  entre  leurs  mains, au  moment  oppor- 
tun, un  puissant  levier  pour  relever  les  prêtres  asservis  à  l'esprit  de  vassalité 
et  les  isser  à  la  sainteté  de  leur  état.  Humble,  austère,  amoureux  de  la  science, 
l'abbé  Thierry  a  fait  de  Saint-Hubert,  l'abbaye  la  plus  célèbre  du  monde  par 
le  nombre  et  la  ferveur  de  ses  religieux.  C'est  là  apparemment  qu'a  étudié 
le  jeune  Henri,  car  ses  parents  s'y  rendent  quelquefois  par  dévotion  (3),  le 
comte  namurois  est  un  bienfaiteur  de  l'abbaye  (4)  et,  le  27  août  1086, 
Albert  HI  se  mêle  à  la  pieuse  assemblée  venue  pour  assister  aux  funérailles 
de  l'abbé  Thierry  (5).  Waulsort  et  Hastière,  étages  le  long  de  la  Meuse  qui 
traverse,  avec  le  calme  de  l'intime  jouissance,  le  tableau  grandiose  et  la 
majesté  sauvage  d'une  nature  vierge,  sollicitaient  aussi  à  l'envi  les  préfé- 
rences du  jeune  namurois.  Les  moines  stavelotains,  de  leur  côté,  se  croyaient 
peut-être  quelque  droit  à  voir  venir  se  placer  sous  leur  férule  le  fils  de  leur 
avoué. 


(1)  Chanoine  A.  Gauchie,  La  querelle  des  investitures  dans  les  diocèses  de  Lièqe  et  de  Cam- 
brai û^ns  HECVEIL  DE  TRAVAUX  PUBLIÉS  PAR  LES  MEMBRES  DÉ  LA  COM- 
MISSION D'HISTOIRE  sous  la  direction  de  M.  Ch.  Moeller,  2"  fascicule  1890,  Introduc- 
tion, p.  XLVII  et  F.  A.  Specht,  Geschichle  des  Unterrichtsivescns  in  Deulschlcmd,  Stutt- 
fîart,  1885,  p.  337. 

(2)  V.  Habran,  Le  comté  de  ta  Roche  et  le  comté  de  Nannir'dans  le  Lothier,  p.  41  :  His- 
toire de  la  France,  Paris,  1746, T.  VII,  XI^  siècle,  Etat  des  lettres  en  France  pendant  ce  siècle, 
§  XXVIII,  pp.  23-24  et  D.  U.  Berlière,  Les  écoles  abbcdiales  au  moijen  chje  (écoles  externes) 
p.    500     dans    Le   MESSAGER    DES  FIDÈLES,  Maredsous,    1889. 

(3)  Cantatorium,  pp.  42-43.  Quand  l'édition  n'est  pas  indiquée,  il  s'agit  de  l'édition  de 
M.  Hanquet,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 

(4)  Ibidem,  pp.  120,  133  et  186. 

(5)  Ibidem,  p.  127. 


—  337  — 

Henri  apprit  le  latin,  le  calcul  digital,  connut  de  mémoire  tout  le  psautier(l). 
Sous  la  direction  d'Helbert  (2)  Texécution  des  mélodies  calmes  et  graves  de 
l'ofTice  liturgique,  écrites  en  notation  diastématique  autour  d'une  ligne  lon- 
gitudinale tracée  avec  un  style  à  la  pointe  sèche  dans  l'épaisseur  du  vélin, 
lui  était  familière  aux  yeux  étonnés  des  vieux  moines  qui  voyaient  cet  ado- 
lescent si  bien  chanter  à  vue  ce  qu'ils  n'avaient  eux-mêmes  appris  que  par 
l'oreille  (3).  A  partir  de  cette  époque,  les  compositeurs  commencèrent  à 
perdre  de  vue  la  simplicité  primitive,  la  discrétion  dont  l'art  grégorien  s'était 
longtemps  fait  une  loi  (4).  Notre  étudiant  s'adonna  ensuite,  pour  autant  qu'il 
eut  de  capacités, aux  études  littéraires  et  scientifiques.  Chaque  classe  ne  pou- 
vait compter  ordinairement  plus  de  dix  élèves.  Les  fêtes  chômées  étaient 
nombreuses  et  suffisaient,  autant  que  nos  vacances  actuelles,  pour  reposer 
l'esprit  et  ravigoter  les  muscles  de  la  jeunesse  estudiantine  du  moyen  âge. 
Les  élèves  étaient  assis  et  à  distance  les  uns  des  autres.  On  s'imagine  sans  nul 
effort  comme  la  verge  d'un  bon  maître  ardennais  venait  de  temps  à  autre 
caresser  l'échiné  du  jeune  espiègle  namurois.  Le  livre  classique  n'existait 
pas.  Les  professeurs,  bibliothèques  vivantes,  qui  se  faisaient  une  gloire  de 
distribuer  pour  rien  les  fruits  d'or  de  la  science,  vieillissaient  dans  le  métier. 
Le  maître  commentait  les  chefs-d'œuvre  de  la  littérature  chrétienne  et 
païenne  et  donnait  beaucoup  d'importance  à  la  versification.  Nous  igno- 
rons si  la  langue  grecque  figurait  au  programme  des  études  (5).  L'ensei- 
gnement comprenait  aussi,  avec  quelques  notions  de  droit,  la  rédaction  des 
actes  officiels,  la  géographie,  surtout  l'arithmétique  avec  l'emploi  du  zéro 
et  des  chiffres  dits  arabes  quoique  d'origine  indoue,  l'histoire  naturelle,  la 
géométrie  et  même  l'astronomie  puisque  nous  voyons  l'évêque  Eracle,  au 
X<^  siècle,  apprendre  à  des  soldats,  qu'épouvantait  une  obscurité  survenue 
en  plein  jour,  comment  l'éclipsé  du  soleil  est  un  phénomène  naturel  (6).  La 
dialectique  est  estimée  dans  le  Lothier  au  XI*^  siècle  et  prélude  à  la  grande 
théologie  scolastique  du  moyen  âge.  Encore  et  toujours  les  savants  se  pré- 
occupent des  deux  fausses  sciences  l'alchimie  et  l'astrologie.  La  médecine  est 
fort  primitive  et  l'hygiène  quasiment  inconnue  :  on  entend  les  échos  de 
Salerne  et  de  Afontpellier. 


(1)  G.  KuRTH.  Nolger  de  Liège,  pp.  270-271  et  passim. 

(2)  Cantatorium,  p.  25  et  F. -A.  Speciit,  op.  cit.,  p.  140. 

(3)  Le  plain-chant  issu  de  la  cantilène  hébraïque  et  de  la  musique  grecque  possède  une 
«raphie  qui  lui  est  propre  et  qui  a  son  histoire.  Durant  le  premier  millénaire,  elle  n'a  guère 
à  sa  disposition  pour  liourer  la  mélodie  et  sa  rythmique  que  des  lettres  puis  des  points  et 
des  accents  :  c'est  la  notation  neumatique,  elle  n'est  qu'un  aide-mémoire.  Au  XP  siècle, 
Gui  d'Arezzo  traça  des  lignes  sur  et  entre  lesquelles  ce  moine  disposa  les  neumes  :  c'est  la 
notation  diastématique  ;  celle-ci  est  précisée  pour  l'œil.  Que  la  notation  s'affirme  dès  les 
XIV «^  et  XV "^  siècles  en  notes  carrées  et  losangées  c'est  simple  évolution  calligraphique. 

(4)  Ant.  Auda,  L'Ecole  liégeoise  au  XI I"  siècle.  L'office  de  Saint  Trudon,  Paris,  1911, 
p.  17.  Ce  fut  le  premier  pas  vers  cette  décadence  de  la  cantilène  ecclésiastique  que  les 
siècles  suivants  jusqu'au  milieu  du  XIX«  ne  feront  qu'accentuer  et  qui  seront,  peut-être  à 
jamais,  les  témoins  du  naufrage  de  la  notion  authentique  du  rythme  propre  au  plain-chant 
et  de  l'exécution  traditionnelfe  intégrale  de  ses  signes  graphiques. 

(5)  F.-A.  Specht,  op.  cit.,  p.  104. 

(fi)  G.  KuRTH,  Nolger  de  Liège,  l,  286. 


—  338  — 

Chargé  de.  ce  bagage  scientifique  acquis  à  l'école  des  moines,  les  clercs 
comme  Frédéric  (1),  frère  de  Henri,  se  rendaient  sous  les  voûtes  de  Técole 
épiscopale  pour  s'y  assimiler  en  plus  la  théologie,  l'exégèse,  la  liturgie,  le 
droit  canon  et  la  patristique. 

A  l'heure  où  Henri  viendra  habiter  l'Ardenne,  cependant  que  le  peuple 
créera  ces  légendes  romanesques  que  nous  retrouvons  trop  souvent  dans 
l'histoire  liégeoise,  la  plume  très  lettrée  d'un  moine  hubertin  (2)  retracera 
tout  un  demi-siècle  de  l'existence  de  sa  chère  abbaye,  sa  vie  intérieure, 
ses  contacts  et  ses  heurts  avec  la  société  de  cette  époque  en  résumant 
les  chartes  de  la  seconde  moitié  du  XI^  siècle  et,  ainsi  même,  cet 
érudit  fortifiera  du  sceau  de  la  certitude  cette  œuvre  historique,  la 
Chronique  de  Saini-Hubert  dite  Cantaiorium,  si  remarquable  même  parmi 
les  écrits  du  moyen  âge.  Nous  devons  ici  déplorer,  avec  des  larmes  dans  la 
voix,  l'incendie  du  5  juin  1130,  le  plus  grand  désastre  qu'ait  atteint  les  archi- 
ves de  l'abbaye  de  Saint-Hubert  pendant  le  cours  de  sa  longue  existence  (3) 
parce  qu'il  a  complètement  privé  nos  mains  de  ces  volumineux  manuscrits 
en  papyrus  ou  en  parchemin  que  Henri  a  dû  connaître  par  Robert,  le  moine 
bibliothécaire,  et  qui,  à  nos  yeux  curieux  et  ravis,  auraient  sans  nul  doute 
révélé  par  le  menu,  sous  leur  écriture  cursive  ou  Caroline,  l'histoire  intellec- 
tuelle, agricole,  religieuse  et  sociale  de  l'Ardenne  dans  le  haut  moyen  âge. 


IV.  —  Son  mariage. 


Lorsque  lui  échut  la  couronne  comtale,  Henri  pouvait  avoir  vingt-huit  ans, 
c'est-à-dire  la  fleur  de  l'âge,  de  la  piété,  du  talent  et  de  la  distinction.  C'est 
alors  sans  doute  que  le  gentilhomme  mit  sa  main  dans  la  main  de  Mathilde, 
comtesse  de  Limtaourg,  fille  de  Henri  l^"^,  de  la  maison  d'Arlon,  comte  de 


(1)  n  Sa  lettre  à  l'église  de  Malines,  dit  M.  le  chanoine  Balau,  Les  sources  de  l'Histoire  de 
Liège  au  moyen  âge,  1903,  p.  177,  seul  écrit  qui  nous  reste  de  l'évêque  Frédéric,  révèle  du 
talent  et  des  connaissances.  L'auteur  y  prend  la  défense  du  prévôt  de  cette  église  et  prouve 
par  divers  exemples  qu'un  serment  arraché  par  la  violence  ne  lie  pas  la  conscience.  » 
Cette  lettre  est  reproduite  dans  Martine  et  Durand,  Ampl.  Coll.,  T.  I,  col.  653  et  suiv. 

(2)  C'est  ce  clerc  qui  le  premier  se  servit  d'une  dénomination  latine,  Rupes  (Cant., 
pp.l32  et  255),  pour  traduire  Roca,  Roka,  Rocha,  lu  Rotza  (la  Rouche,  la  Roiche,  la  Roche), 
appellation  romane  qui  servait  à  désigner  un  travail  dcdéfense,laforteresse  d'un  seigneur, 
un  château  fort.  La  traduction  est  donc  fautive  puisque  rupes  signifie  la  roche,  le  rocher, 
mais  en  rendant  Roca  par  Rupes,  le  moine  hubertin  a  procédé  comme  les  écrivains  de  son 
temps  qui  attribuaient  aux  noms  de  lieu  un  sens  d'après  l'analogie  de  son  des  syllabes. 
C'est  ce  principe  qui  leur  faisait  traduire  p.  e.  Sannois  par  Cenium  Xuces  ;  ils  seraient  restés 
aussi  logiques  en  le  traduisant  par  Sine  Xuce  (Voir  A.  Giry,  op.  cit.,  pp.  399  et  404).  La 
traduction  correcte  de  la  Roche  est  castellum  ou  casfrum,  termes  classiques  ou  Finnitas, 
terme  féodal,  mots  que  nous  rendons  aujourd'hui  par  la  forteresse  et  qu'on  traduisait  par 
Roca,  la  Roche.  La  dénomination  vulgaire  du  château  a  prévalu  et  elle  a  passé  à  la  ville 
qui  la  garde  et  dont  il  fut  le  noyau. 

(3)  G.  KuRTii.  Chartes  de  l'abbaye  de  Saint-Hubert,  Introduction,  pp.  IV-V  et  Friede- 
RicH  Cramer,  Geschichte  der  Erziehung  und  des  Unterrichtes  in  den  Niederlanden  ivùh- 
rend  des  Mitlelalters,  Stralsund,  1843,  pp.  II M 12. 


—  339  — 

Limbourg  et  créé  duc  de  Lothier  le  25  décembre  1101  (1).  Mathilde  était  la 
cousine  de  son  noble  époux  par  son  bisaïeul  Frédéric  de  Luxembourg  (1065), 
premier  mari  de  Ide  de  Saxe  qui  avait  convolé  en  secondes  noces  avec  Albert 
III  de  Namur.  Cette  noble  personne  était  éclairée,  cultivée  et  instruite. 
Jusqu'à  son  mariage,  prière,  étude,  vertu,  travail  telle  a  été  sa  vie  :  nul  doute 
qu'elle  va  prendre  sa  part  de  tous  les  soucis  et  de  tous  les  travaux  du  comte 
de  la  Roche.  INIathilde  sera  pour  son  fidèle  mari,  une  lumière,  un  charme,  un 
secours  et  un  repos  ;  et,  certes,  le  château  de  la  Roche  deviendra  le  sanctuaire 
d'une  véritable  famille  patriarcale  où  la  théologie  est  toute  en  sentiment  et 
la  morale  toute  en  action. 

De  leur  union  naquirent  :  P  Godefroid,  qui  fut  le  deuxième  comte  de  la 
Roche  ;  2^  Mathilde  qui  épousa  en  premières  noces  (2)  Thierry  de  Walcourt, 
dont  la  fille  Béatrix  maria  Winand  de  Houfïalize  et  le  fils  Werry  III  Gerberge, 
comtesse  de  Alontaigu  ;  3°  Henri  II  qui  succéda  à  son  père  Godefroid  ;  4° 
Béatrix.  Beatrix  et  son  fils  Godefroid  de  Bréda  seront  présents,  en  1152,  à 
l'acte  par  lequel  Henri  II  de  la  Roche  donnera  à  l'abbaye  de  Saint-Hubert 
une  chapelle  située  en  Freyr. 


V.  —   Sa  piété. 


L'éducation  que  Henri  reçut  à  Namur  à  l'ombre  de  l'église  Saint-Pierre  (3) 
l'atmosphère  religieuse  de  l'école  monastique,  ses  relations  professionnelles 
avec  les  moines  stavelotains  et  ses  visites  amicales  et  pieuses  à  l'abbaye 
de  Saint-Hubert  avaient  dû  infuser  dans  l'âme  de  notre  comte  une  piété 
aussi  éclairée  que  sincère  et  ardente.  Levé  tôt,  le  comte  fait  sa  prière;  puis, 
la  lourde  porte  du  castel  où  se  révèle  plus  de  solidité  que  d'architecture. 


(1)  L'existence  et  le  mariage  de  cette  princesse,  dit  Ernst,  op.  cit.,  p.  272,  se  prouvent 
par  une  pièce  de  l'an  1148  tirée  des  archives  de  l'abbaye  de  Stavelot  et  publiée  par  Dom 
Martène  dans  VETERUM  MONUM.  AMPL.  COLLECT.,  I,  II,  p.  125  et  ANNAL. 
BENEDICT.,  lib.  79,  §  38,  T.  VI,  p.  450. 

Cette  charte  est  reproduite  par  J.  Halkix  et  G. -G. Roland,  Chartes  de  l'abbaye  de  Sta- 
velot-M  almedij,  T.  I,  n"  208,  p.  413,  où  nous  lisons  :  ...Heinrico  de  Rupe  et  Heinrico  de 
Lembarch,  quorum  aller,  id  est  de  Rupe,  udvocatus  ecclesie  nostre  eral  et  allerius  Heinrici 
amite  filius...  Henri  de  la  Roche  ici  mentionné  est  Henri  II,  fils  de  Henri  I,  dont  nous 
racontons  l'histoire,  et  ce  Henri  de  Limbourg  est  Henri  II  de  Limbourg.  Le  premier  Henri 
II  de  la  Roche,  est  fils  de  la  sœur  du  père  de  Henri  H  de  Limbourg,  le  texte  de  cette  charte 
l'indique  clairement^:;  or,  le  père  de  Henri  II  de  Limbourg  est  Waleran,  fils  de  Henri  I  de 
Waleran  Limbourg. 'Donc,  Henri  I  de  la  Roche,  père  de  Henri  II  de  la  Roche,  a  marié  la 
sœur  de  Waleran  c'est-à-dire  la  fille  de  Henri  I  de  Limbourg,  qui  est  Mathilde. 

(2)  Gisleberti  Chronicon  Hanoniense,  édition  Vanderkindere,  p.  77  et  note  1  de  la  page 
151  et  Chronica  Albrici  monachi  irium  fontium  a  monacho  novi  monasterii  Hoiensis  inter 
polata,  dans  M.  G.  H.  SS.,  T.  XXIII,  p.  853. 

(3)  Cette  église  collégiale  desservie  par  douze  chanoines  était  placée  à  la  pointe  du  donjon 
du  château  et  dominait  la  ville  de  Namur.  (V.  Barbier,  Obitnaire  du  chapitre  de  Saint- 
Pierre  cm  château  de  Namur  Louvain,  1905,  pp.  5-6.) 


22 


—  310  — 

grince  sur  ses  gonds  et  Henri,  accompagné  de  la  comlesse  et  de  leurs  enfants, 
descend  à  la  petite  église  de  la  lîoche  (1). 

Juscpralors  les  églises  avaient  été  conslruiles  eu  bois  et  en  torchis,  mais 
ou  commence  à  employer  la  pierre.  L'église  Saint-Gilles  à  Saint-Hubert, 
lillc  de  cette  époque,  est  un  type  remarquable  du  style  roman  dans  sa  plus 
sévère  expression  (2).  A  la  Roche,  la  chapelle  due  à  l'influence  de  la 
famille  princiére  était  sans  doute  en  pierre  et,  Charlemagne  déjà  l'avait 
ordonné  pour  toutes  les  églises  de  l'Empire,  ses  parois  trahissaient  une  sobre 
polychromie  sans  perspective  linéaire  ou  aérienne  mais  qui  était  un  enseigne- 
mentpourllenrietses  pieux  rocliois(3).  L'entretien  des  églises  incombait  aux 
décimateurs  :  les  guerres  ruineuses  qui  éloignaient  souvent  les  seigneurs  de 
leur  famille  et  paralysaient  l'agriculture  n'était  pas  de  nature  à  contribuer 
à  la  richesse  des  édifices  du  culte. 

L'église  où  Henri  va  entendre  la  messe  est  une  pièce  rectangulaire,  non 
voûtée,  mais  lambrissée  à  la  mode  antique,  petite,  aux  fenêtres  étroites,  sans 
mobilier  ni  sacristie.  Dans  le  chevet  plat,  s'ouvre  une  niche  hémisphérique 
moins  élevée,  où  se  dresse  l'autel,  simple  pierre  surmontée  de  la  croix  et  des 
chandeliers.  Une  peinture  en  indique  le  patron  (4),  saint  Nicolas  (5).  Cet 
autel  est  recouvert  de  deux  nappes  tissées  sans  doute  par  IMathilde.  Est-ce 
que  deux  siècles  plus  tôt  Grimvara,  la  première  femme  connue  de  Marche, 
n'avait  pas  fourni  le  couvre-autel  à  l'église  de  son  lieu  natal  construite  en 
bois  et  dédiée  à  saint  Remacle  et  ne  revendiquait-elle  pas  pour  elle  seule 
l'honneur  de  lessiver  cet  ouvrage  sorti  de  ses  mains  (6)?  Au-dessus  de  l'autel, 
une  tenture  le  protège  contre  toute  immondice  et  des  courtines  brodées  par  les 
damoiselles  du  château  sont  appendues  aux  deux  côtés.  Le  missel  recouvert 


(1)  La  Roche  était  de  la  paroisse  d'Ortho  et  de  la  chrétienté  de  Bastognc  (archidiaconé 
dit  d'Ardenne,  diocèse  de  I.iège).  Son  premier  chapelain  connu  est  Wcry,  GiiiJcriciis,  en 
1152  (G.  KuRTU,  Charles  de  l'abbaye  de  Sainl-IIiihcrl,  n»  XCI,  p.  117)  ;  le  premier  curé 
connu  d'Ortho  est  Lambert,  en  1152  (Ibidem),  et  le  premier  doyen  connu  deBastot^ne  est 
Alard,  en  1104  (Canlalorinm  p.  246). 

(2)  Cette  église  paroissiale,  au  temps  de  Henri  I  de  la  Roche,  avait  déjà  le  titre  de  Saint- 
Gilles,  mais  primitivement  elle  était  dite  de  Saint-Denis  (Canlalorinm,  p.  243).  L'antique 
portail  en  voie  de  restauration  situé  du  côté  du  midi  et  la  crypte,  sous  le  grand  chœur, 
faite  avec  des  pierres  provenant  des  ruines  romaines  d'Arlon  (Canlalorinm,  p.  49),  visi- 
bles encore  actuellement  l'un  et  l'autre  dans  l'ancienne  église  des  moines  à  Saint-Hubert, 
sont  des  vestiges  émouvants  de  l'église  abbatiale  qui  fut  témoin  des  pieuses  visites  de  Henri 
de  la  Roche. 

(3)  Henry  Lesêtre,  La  Paroisse  dans  Bibliothèque  d'économie  sociale  sous  la 
direction  de  M.  Henri  Jolj-  de  l'Institut,  1906,  pp.  38-39  et  Chanoine  Reusens,  Elé- 
ments d'archéologie  chrétienne,  Louvain,  1886,  T.  II,  pp.  409-410. 

(4)  N.TII.T.1ÈRK,  Histoire  de  Sainte-Marie  à  Nochet,  Namur,  1909,  p.  Cl.  Cette  simple 
image  est  l'origine  de  nos  gigantesques  et  peu  esthétiques  retables  actuels. 

(5)  La  plus  ancienne  mention  du  patronage  de  saint  Nicolas  pour  la  Roche,  à  ma  con- 
naissance, date  du  14  décembre  1352  :  al  englize  sancl  Xicolai/  del  roichc  est-il  écrit  dans  un 
testament  (Greffe  scabinal  de  la  Roche).  Déjà,  le  2  avril  1076,  l'évêque  de  Metz  consacra 
une  chapelle  où  l'on  voyait  un  autel  de  Saint-Nicolas  dans  l'église  abbatiale  de  Saint- 
Hubert  (Cantcdorium,  p.  95)  et  l'on  peut  dire  que  le  culte  de  ce  saint  est  resté  populaire 
jusqu'aujourd'hui  en  Ardenne. 

(6)  G.  KuRTH.  Marche  et  Waha  dans  BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'ART  CHRÉ- 
TIEN DU  DIOCÈSE  DE  NAMUR,  l<r  fascicule,  p.   17. 


—  341   — 

d"un  linge  propre  est  sur  l'autel  ainsi  que  le  calice  (1).  Un  mouchoir  est  attaché 
à  l'autel  pour  permettre  au  prêtre  de  s'essuyer  la  bouche  et  le  visage.  Il 
ne  se  voit  nulle  part  ni  poussière  ni  toiles  d'araignée.  Une  étoffe  de  lin  recouvre 
la  piscine.  L'Eucharistie  est  conservée  avec  soin  dans  une  armoire  fermée  à 
clef  et  encastrée  dans  le  mur  du  côté  du  nord  (2). 

Mais  attention  !  Le  chapelain  a  récité  prime  et  la  messe  est  commencée. 
Les  vêtements  sacerdotaux  sont  blancs.  Le  manipule  est  long  de  deux  pieds, 
l'étole  pend  jusqu'au  parement  de  l'aube.  Le  cordon,  lemanuterge,  le  corporal, 
tout  est  sans  tache  et  sans  déchirure.  Sous  l'aube  le  prêtre  a  revêtu  une 
tunique  de  lin. 

Le  comte  de  la  Roche  est  au  premier  rang  du  côté  du  midi  (3).  Le  prédi- 
cateur parle  en  se  promenant  et  son  exposé  simple  et  substantiel  de  la  doc- 
trine catholique  est  serti  de  multiples  recommandations  pratiques.  Les 
paroissiens  feront  leur  testament  en  présence  du  curé  de  la  paroisse  et  surtout 
ils  ne  dilTcreront  pas  cet  acte  jusqu'aux  angoisses  de  la  mort  ;  les  dettes  y 
seront  clairement  détaillées  et,  après  avoir  indiqué  les  moyens  de  les  payer, 
ils  n'oublieront  pas,  dans  leurs  legs,  la  cathédrale  Saint-Lambert,  l'église 
d'Ortho,  leur  chapelle,  les  monastères  de  la  région.  La  veille  de  Pâques 
et  de  la  Pentecôte,  les  parrains  et  marraines  devront  porter  les  nouveaux- 
nés  à  Ortho  pour  recevoir  le  baptême  par  immersion  et,  quand  ces  enfants 
auront  atteint  l'âge  de  sept  ans,  les  parents  les  conduiront  à  l'évêque  lors 
de  son  passage  dam  la  paroisse  pour  la  confirmation.  Pour  ce  jour,  il  leur 
couperont  les  cheveux  qui  pendent  sur  le  front,  leur  laveront  le  front  et  les 
muniront  de  bandelettes  de  toile  épaisse,  propre  et  blanche,  sans  couture  et 
sans  nœud,  d'une  largeur  de  trois  doigts  et  d'une  longueur  de  deux  pieds. 
Trois  jours  après  la  confirmation,  les  parents  amèneront  leurs  enfants  à  la 
chapelle  et  le  prêtre  leur  lavera  le  front,  brûlera  les  bandelettes  et  versera 
l'eau  du  lavage  dans  la  piscine  avec  les  cendres.  La  pénitence  ne  peut  être 
administrée  à  l'église  avant  le  lever  ni  après  le  coucher  du  soleil  et  le  ministre 
de  ce  sacrement  doit  être  revêtu  du  surplis  et  ne  jamais  regarder  en  face  son 
pénitent.    Les  rochoises   se  rendent  à  l'église  par  groupes  et  entrent  au 


(1)  Les  prescriptions  se  rapportant  à  la  liturgie  ou  à  la  vie  et  aux  devoirs  du  clergé  men- 
tionnées dans  la  présente  étude  ont  été  tirées,  à  moins  d'indication  contraire,  des  Statuts 
synodaux  de  Jean  de  Flandre,  évêque  de  Liège,  du  2G  février  1288,  publiés  en  1908,  par 
E.  ScHOOLMEESTERS.  Nous  sommcs  résolus,  dit  Jean  de  Flandre,  dans  le  préambule,  de 
réunir  dans  une  compilation  unique  les  constitutions  synodales  de  nos  prédécesseurs,  et  celles 
que  nous  portons  et  ajoutons  aux  leurs.  Cette  traduction  est  de  Mgr  le  vicaire  général  de 
l'évêque  de  Liège. 

(2)  G.  de  Waha,  prévôt  et  châtelain  de  la  Roche,  demandait  par  son  testament  du  3  juillet 
1620  à  être  enterré  dans  le  chœur  de  l'éç/lise  côté  à  l' opposite  du  lieu  où  le  S.  Sacrement  repose. 
(Cour  féod.  de  la  Roche  aux  Arch.  de  l'Etcd,  à  Arlon.) 

(3)  A  l'église,  les  places  d'honneur,  comme  généralement  encore  aujourd'hui,  étaient  les 
plus  proches  du  chœur  et  personne  ne  voulait  être  des  derniers  puisqu'il  a  fallu,  à  un  cer- 
tain moment,  assigner  sa  place  à  chaque  famille.  Je  trouve,  en  effet,  qu'en  1673,  deux  famil- 
les de  Baconfov,  qui  occupaient  le  même  banc  à  Tenneville,  prétendirent  un  jour  toutes 
deux  à  la  partie  du  banc  qui  touchait  à  l'allée  du  chœur.  La  lutte  des  coudes  ne  prit  lin  que 
lorsque  l'une  d'elles  eut  donné  une  prairie  à  l'église  pour  avoir  droit  d'occuper  la  première 
moitié  du  banc,  l'autre  famille  devant  dès  lors  se  contenter  des  places  du  côté  du  mur 
{Gref.  scab.  de  la  cour  de  Wiompont  aux  x\rch.   de  i'E.,  à  A.) 


—  312  — 

confessionnal  la  tète  et  le  cou  voilés,  les  regards  baissés.  Les  criminels 
notoires  sont  expulsés  de  Téglise  le  mercredi  des  cendres  et  n'y  peuvent 
rentrer  t[ui'  le  jeudi  saint.  C'est  à  l'église  baptismale  d'Ortho  que  tous, 
vicaire  et  rocliois,  entendent  la  messe  aux  grandes  fêtes  de  Pâques,  de  la 
Pentecôte,  de  Noël,  de  l'Epiphanie  et  de  l'Ascension  (1).  A  ces  occasions, 
tous  les  paroissiens  reçoivent  debout  et  dévotement,  les  hommes  sur  la 
main  nue,  les  femmes  sur  un  linge,  le  corps  de  Jésus-Christ  qu'ils  portent  à 
la  bouche,  puis  tous  également  boivent  à  la  même  coupe  le  sang  du  Sauveur 
(2).  C'est  sous  le  lambris  de  cette  église  que  l'esclave  a  acquis  la  liberté, 
c'est  entre  ses  parois  décorées  que  le  peuple  trouve  son  théâtre,  son  forum 
et  son  hôtel  de  ville,  dans  sa  tour  que  la  faiblesse  en  cas  d'alerte  cherche  sa 
défense,  en  face  de  son  autel  que  les  jeunes  couples  unissent  solennellement 
leurs  destinées,  à  ses  pieds  que  morts  tous  viennent  se  reposer. 

Après  la  messe,  le  bangarde,  sur  la  place  devant  l'église,  proclame  les 
publications  civiles.  Accompagnons  le  vicaire  jusqu'en  sa  demeure  proche 
l'église.  La  maison  presbytérale  est  en  torchis  (3).  C'est  assurément  parmi  nos 
montagnes,  à  la  Roche  peut-être,  que  ce  prêtre  a  vu  le  jour.  Il  porte  la  tonsure 
bien  visible.  Une  longue  chevelure  inonde  ses  épaules  et  une  belle  barbe  lui 
descend  sur  la  poitrine  (4)  ;  mais,  qu'il  ne  s'avise  pas  de  la  tortiller  en  pointes 
sous  les  narines  !  Les  statuts  veillent.  Ses  habits  sont  de  dimension  conve- 
nable, de  couleur  unie  et  sombre,  le  manteau  sans  manches  :  c'est  le  costume 
clérical  (5).  Si  la  personne  qui  sert  à  table  où  la  frugalité  est  familière  et  les 
excès  de  boissons  inconnus  n'est  pas  une  proche  parente,  elle  doit  être  âgée 
d'au  moins  soixante  ans.  Défense  est  faite  aux  clercs  de  jouer  aux  dés  ou  de 
s'associer  aux  joueurs.  Les  quelques  manuscrits  essentiels  composent  toute 
la  bibliothèque.  On  ne  doit  voir  à  la  cure   ni  oiseau  de  chasse   ni  chien  de 


(1)  J.  Paquay,  Les  paroisses  de  l'ancien  concile  de  Tonqres  dans  BULLETIN  DE  LA 
SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE  DU  DIOCÈSE  DE  LIÈGE,  T.  XVlll,  p.  14.  Voyez 
aussi  Imbart  de  la  Tour,  Les  paroisses  rurales  du  IV  au  XI<^  siècle,  1900,  p.  130 
CDroits  du  cure  au  IX<^  siècle).  Il  appert  d'un  acte  du  8  juillet  1580  que  les  paroissiens  de 
Tenneville,Baconfoy  et  Ramont  recevaient  du  curé  de  Cens  primum  et  ultimum  sacramen- 
tum  et  assistaient  à  la  messe  dans  l'église-mcre  les  jours  de  Pâques,  Noël  et  Pentecôte 
(Arch.  par.  de  Cens.) 

(2)  Th.  Pierret.  Manuel  d'archéologie,  Paris,  1870,  n"  449. 

(3)  Encore  au  XVIIP  siècle,  le  22  février  1777,  le  curé  d'Erneuville,  dans  une  requête 
présentée  au  Conseil  provincial  à  fin  d'obliger  les  décimateurs  à  remettre  son  presbytère 
en  bon  état,  écrivait  qu'il  ne  pourrait  plus  habiter  décemment  sans  risquer  d'être  pillé  par 
les  vagabonds  qui  peuvent  facilement  entrer  tant  par  les  fenêtres  que  par  les  parois  qui  sont 
de  bois  et  d'argile,  presque  pourries.  Le  17  juillet  1782,  le  Conseil  de  Luxembourg  déclarait 
que  le  presbijtère  d'Erneuville  sera  rétabli  en  pierres  ou  briques...  {Archives  de  Ste-Ode, 
Liasse  NN,  à  l'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG,  à  Arlon.) 

(4)  A.  Van  Hove,  Les  statuts  stjnodaux  liégeois  de  1585,  Louvain,  1907,  p.  57.  Barbcun 
si  non  abradant,  quemadmodum  vêtus  Leodiennnm  consuetudo  et  constitutiones  antiquac 
posiularent... 

(5)  Cet  habit  devait  se  caractériser  à  l'instar  du  costume  actuel  des  prêtres  allemands 
par  une  redingote  longue  et  noire,  seulement  au  lieu  du  pantalon,  c'était  une  culotte  courte 
qui  se  rencontrait  aux  genoux  avec  des  bas  entièrement  découverts  :  c'est  ce  que  me  semble 
indiquer  du  moins  ce  passage  du  testament  de  Henri  Lambert,  vicaire  à  Libin,  du  8  juillet 
1784  :  'I  II  laisse  à  son  filleul  ses  boucles  d'argent  des  souliers  et  des  jarretières.  »  {Gref.  scab. 
de  Grandchamps.) 


—  343  — 

chasse.  Toutes  les  fonctions  du  ministère,  le  vicaire  les  accomplit  gratuite- 
ment; la  coutume  de  faire  des  olTrandes  est  respectée  mais  celles-ci  deviendront 
obligatoires.  Les  dîmes  aussi,  dans  le  principe,  étaient  libres  :  à  cause  de  la 
négligence  de  certains,  Charlemagne  en  fit  une  loi  (1)  ;  il  faut  d'ailleurs  que  le 
prêtre  entretienne  l'école,  la  matricule,  qu'il  accueille  les  étrangers  et  les 
pèlerins. 

Comme  il  est  certain  que  Henri  prit  part  aux  manifestations  religieuses  de 
son  temps,  je  dirai  un  mot  des  croix  de  Saint-Hubert.  C'étaient  des  proces- 
sions propitiatoires  que  la  totalité  des  habitants  du  décanat  de  Bastogne 
sous  la  conduite  du  clergé,  faisaient  chaque  année  au  tombeau  de  saint 
Hubert  (2).  Les  fidèles  partaient,  à  jeun  et  à  pieds  nus, en  priant  et  en  chantant. 
La  procession  était  précédée  de  la  croix.  Les  moines  venaient  processionnelle- 
ment  à  leur  rencontre  et  les  introduisaient  dans  la  vaste  église  de  l'abbaye. 
Là  Henri  dut  connaître  le  charme  de  ces  heures  bénies  dans  lesquelles  l'âme 
se  dérobe  à  toutes  les  préoccupations  du  pouvoir  pour  ne  vivre  qu'en  Dieu. 
Sans  doute  le  comte  de  la  Roche  fut-il  maintes  fois  témoin  de  la  taille  et  des 
guérisons  miraculeuses  obtenues  par  ceux  qui  s'y  soumettaient.  Chaque 
miracle  était  salué  par  le  chant  du  Te  Deiim  auquel  se  mêlaient  la  sonnerie 
des  cloches  et  les  cris  d'allégresse  de  la  nombreuse  assemblée.  Les  pèlerins 
faisaient  leur  dévotion,  déposaient  leurs  offrantes,  un  pain  et  un  fromage 
par  famille,  et  repartaient  le  cœur  plein  de  joie  (3). 

Henri  faisait  chaque  année  un  autre  voyage  à  Saint-Hubert,  c'est  lorsqu'il 
s'associait  aux  chasseurs  ardennais  pour  apporter  à  saint  Hubert,  leur 
patron,  les  prémices  de  la  chasse.  C'était  de  tradition.  Un  jour,  Frédéric 
premier  mari  de  la  mère  de  Henri  de  la  Roche,  arrivait  au  monastère  suivi 
de  ses  veneurs  portant  un  sanglier  et  lui-même  les  épaules  chargées  de  la 
hure  de  l'animal  qu'il  déposa  dévotement  devant  l'autel.  «  Nous  avons  vu, 
écrit  le  chroniqueur  de  l'abbaye,  le  duc  Godefroid  oiïrir  à  cette  église  cinq 
cerfs  avec  leurs  peaux  et  un  loup  vivant.  (J)  ». 


(1)  Imbart  de  la  Tour,  op.  cit.,  pp.  160-163. 

(2)  Ces  processions  se  disent  aussi  les  bancrolx  ou  croix  l>anales  de  Saint-Hubert.  Le 
ban  signifiait  un  territoire  ou  Ijien  les  habitants  de  ce  territoire  ;  plus  tard  ce  terme  fut 
pris  pour  l'édit  public,  notifié  souvent  au  son  de  la  cloche,  convoquant  les  hommes  du  ban, 
puis  enfin  pour  la  proclamation  elle-même  faite  aux  hommes  du  ban  réunis.  (Voyez  J.  Ceys- 
SENs,  Le  droit  de  banalité,  Liège,  1806,  pp.  5-6.)  Quant  au  mot  croix,  il  était  synonyme  de 
notre  mot  procession.  J'en  ai  acquis  la  certitude  au  cours  de  la  lecture  des  Archives  parois- 
siales de  Remagne  du  XVIL'  siècle  el  de  plus  j'ai  rencontré  dans  un  Record  du  12  avril 
1448  concernant  les  limites  de  la  cour  de  Prelle  (Archives  de  Sainte-Ode,  liasse  S,  à  l'INS- 
TITUT  ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG, à  ArIon)un  lieu-dit  appelé  le  repos  des 
croix  des  Rogcdions.  Les  croix  ou  bancroix  de  St-Hubert  étaient  donc  des  processions  an- 
nuelles organisées  par  les  habitants  d'un  teriùtoire  déterminé  vers  le  bourg  célèbre  qui 
possédait  les  reliques  de  l'apôtre  des  Ardennes.  La  procession  présidée  par  le  doyen  de 
Bastogne  s'appelait  les  croix  d'Ardenne. 

(3)G.  KuRTH,  Les  premiers  siècles  de  l'abbaije  de  Saint-Hubert  dans  COMPTE  RENDU 
DES  SÉANCES  DE  LA  COMMISSION  ROYALE  D'HISTOIRE,  T.  VIII,  pp.  49  et  52. 

(4)  CANTATORIUM,  pp.  132-133,  traduction  de  de  Robaulx  de  Soumoy,  La  chroni- 
que de  Saint-Hubert,  p.  98. 

Le  texte  original  débute  ainsi  :  Qui  (le  duc  Frédéric)  cum  adhuc  rudis  antique  et  débite 
consuetudinis  cognosceret  ex  débita  exsolvendas  becdo  Huberlo  cum  primitias  singularum 
ferarum  cuuuie  vencdionis  totius  silve  Arducnnensis...  {Cantcdorium,  p.  132). 


—  344  — 
§  VI.  —  Sa  journée. 

.    La  vie  de  Menri  est  active  et  sa  journée  bien  remplie.  Rentré  de  la  messe 
dans  ce  castel  qui  abrite  son  amour  paternel  et  une  heureuse  famille  qui  gran- 


Le  P.  de  Smet  avait  assurément  ce  texte  sous  les  yeux  lorsque,  considérant  saint  Hubert 
comme  patron  des  chasseurs,  il  écrivit  (Vila  sancti  Iliiberli  dans  ACTA  SANCTORUM,  T. 
I  de  novembre,  ]).921)  ■....(idniodiirn  uctiis  consiieliido  offereiidi  sancto  Hiiberto  venationis  pri- 
inilias  qui  cullus  forte  antiqiiiori  ciilliii  idoloUdrico  JJianae  siibstitutiis  est. 

Le  célèbre  boUandiste  a  en  vue  ici  sans  doute  une  substitution  médiate.  Je  m'explique. 
Le  remplacement  du  culte  rendu  à  Diane  à  la  mode  des  îjens  adonnés  à  l'art  de  vénerie 
(Adrianus,  Cijnegelicon,  cap.  33  ;  Beugxot,  Histoire  de  la  destruction  du  paganisme  en 
Occident,  T.  II,  p.  316  :  Martin,  Religion  des  Gaulois,  T.  II,  p.  43  et  99  et  Alexandre 
\Vn.TiiKiAr,  Luxemburijum  Romanum,  p.  40.)  par  le  culte  de  saint  Hubert  n'a  pu  se  faire 
immédiatement  pour  la  bonne  raison  qu'à  l'époque  où  fleurit  le  culte  de  saint  Hubert 
celui  de  Diane  était  déjà  desséché  depuis  longtemps  dans  les  cœurs.  En  effet,  le  catalogue 
des  trente  paganerics  encore  existantes  et  la  formule  d'abjuration  à  trois  faux  dieux  non 
encore  oubliés  qui  suivent  le  procès-verbal  des  actes  du  synode  tenu,  le  1er  mars  743,  à 
Kstines-au-Val,  en  Hainaut,  sous  la  jjrésidence  de  saint  Boniface  {Slan.  de  la  bibl.  du 
Vatican,  n°  577,  folio,  6,  d'après  Th.  Lejeune,  Recherches  sur  la  résidence  des  rois  francs 
aux  Estinnes,  Anvers  18.57,  pp.  20-46),  ne  mentionnent  pas  même  le  nom  de  la  divine  chas- 
seresse. Il  n'y  a  là  rien  pour  étonner  ceux  qui  savent  que  déjà  en  585  saint  Walfroy  avait 
brisé,  sur  les  bords  de  la  Chiers,  une  statue  représentant  sur  une  colonne  cette  divinité 
païenne.  Est  donc  bien  généreux  à  l'égard  de  Diane,  à  mon  avis,  qui  lui  accorde  que  quand 
son  culte  a  disparu  saint  Hubert  (t727)  vivait  encore  et  qu'à  aucun  moment  du  VIII" 
siècle  le  culte  du  pontife  ne  pouvait  encore  être  ni  si  intense  ni  si  notoire  que  pour  remplacer 
immédiatement  le  culte  de  cette  déesse.  De  plus,  au  témoignage  du  grand  historien  belge 
qui  a  étudié  particulièrement  les  premiers  siècles  de  l'abbaje  ardennaise,  c'est  le  VIII* 
siècle  qui  fut  le  dernier  témoin  des  dernières  susperstitions  païennes  en  Belgique.  «  Encore 
au  VIII«  siècle,  écrit  M.  Kurth  (Les  origines  de  la  civilisation  chrétienne,  II,i03),la  vie  reli- 
gieuse des  Francs  de  Belgique  était  tout  entière  sous  le  charme  des  vieux  mythes  et  du 
vieux  culte.  Attirés  par  l'horreur  mystérieuse  des  bosquets  sacrés,  ils  couraient  en  secret, 
souvent  au  sortir  du  festin  eucharistique, offrir  des  sacrifices  ou  célébrer  des  fêtes  devant 
les  dolmens,  au  pied  des  arbres,  au  bord  des  fontaines.  » 

Mais,  où  trouver  ici  le  trait  d'union  entre  les  deux  cultes  païen  et  chrétien  enseigné  par 
saint  Grégoire  le  Grand  pour  la  facile  conversion  des  idolâtres?  Si  saint  Hubert  et  son 
compagnon  saint  Bérégise  ont  achevé  l'évangélisation  de  l'Ardenne  et  bâti  l'abbaye  d'An- 
dage  (Vita  sancti  Beregisi  dans  Acta  SS.,  T.  I  d'oct.,  p.  482),  ces  apôtres  du  Christ  auront 
respecté  la  coutume  immémoriale  qui  amenait  dans  cette  solitude  les  adorateurs  de  Diane 
tout  en  apprenant  aux  Barbares  à  déposer  leurs  pieuses  offrandes  sur  l'autel  dédié  à  saint 
Pierre  patron  de  l'église  des  moines  élevée  au  milieu  des  régions  les  plus  forestières  de 
l'Europe  et  des  populations  les  plus  passionément  adonnées  à  la  poursuite  du  gibier.  Là, 
le  chasseur  ardennais  converti  garda  joyeusement  son  pèlerinage  habituel  compatible  avec 
la  nouvelle  religion,  mais  purifié  désormais  par  la  pensée  chrétienne.  Beaucoup  plus  tard, 
quand  le  patronage  de  l'apôtre  des  Ardennes  éclipsera  dans  nos  régions  celui  du  prince 
des  apôtres,  ce  qui  n'a  pu  vraisemblablement  devenir  définitif  qu'après  que  les  restes 
mortels  du  saint  évêque  eurent  été  transférés  à  Andage (825),  alors  seulement  les  nemrods 
de  l'Ardenne  offrirent  les  prémices  de  leurs  butins  cynégétiques  à  saint  Hubert, dévotion 
qualifiée  déjà  au  X''  siècle  de  coutume  ancienne  (Sliracula  sancti  Hubcrti  II,  15).  Une 
preuve  à  ajouter  de  la  substitution  immédiate  du  culte,  non  de  saint  Hubert,  mais  de  saint 
Pierre  aux  adorations  que  recevait  Diane,  c'est  qu'au  XI«  siècle  encore,  les  fervents  de  la 
chasse,  comme  le  duc  Frédéric,  portaient  leurs  offrandes,  non  pas  sous  le  tombeau  de  leur 
patron  placé  au-dessus  du  pavement  entre  l'abside  et  le  niaître-autel,  mais  devant  cet  autel 
même  de  saint  Pierre  (Cantcdorium,  p.  132)  comme  cela  s'était  toujours  pratiqué  sans  doute 
avant  la  présence  du  glorieux  corps  dans  l'église  monastique. 

Ce  qui  suit  pour  répondre  à  une  objection  qui  vient  de  surgir  peut-être  dans  l'esprit  du 
lecteur. 

Prétendre  que  tout  geste  de  paganerie  avait  radicalement  disparu  dès  le  IX«  siècle 
serait  fatuité,  puisque  le  concile  de  Trêves  de  1227  défend  d'honorer  encore  les  fontaines 
et  les  arbres  (canon  L  III)  et  celui  de  1238  défend  aux  femmes  de  se  vanter  de  chevaucher 
la  nuit  avec  Diane  (canon  LXVII),  mais  je  dénie  à  l'idole  préférée  de  nos  devanciers 
païens,  laquelle  je  vise  spécialement  dans  cette  note  trop  longue,  un  culte  collectif  et 
public  en  Ardenne  après  le  premier  quart  du  huitième  siècle.  Je  pense  avoir  quelque  peu 


—  345  — 

dit  à  ses  côtés,  la  suzerain  reçoit  ses  vassaux,  entend  leurs  doléances  et  leurs 
suppliques:  car  il  est  le  pivot  et  le  centre,  de  la  vie  publique.  Dans  la  salle  du 
rez  de  chaussée,  le  comte  de  la  Roche  préside  d'abord  la  haute  cour  féodale 
avec  les  grands  seigneurs  du  comté,  puis  la  cour  supérieure  de  justice  aidé 
des  mayeur,  échevins,  greffier  et  sergent.  En  attendant  l'institution  du  con- 
seil provincial  de  Luxembourg  les  sentences  sontréviséesà  Namur(l).  La  jus- 
tice inférieure,  sans  compter  les  plaids  généraux,  abondait  sous  l'ancien  ré- 
gime (2).  Cela  s'explique  en  partie  par  la  quote-part  des  amendes  que  per- 
cevaient les  président  et  assesseurs.  Ces  créations  judiciaires  sont  dues  fré- 
quemment à  la  générosité  de  la  couronne  qui  a  voulu  récompenser  des 
preux  pour  leur  constant  dévouement  à  la  chose  publique,  la  propriété  du 
sol  emportant  le  droit  de  justice. 

Au  dîner  on  sert  du  gibier,  de  la  volaille  et  du  poisson  car  notre  sire 
s'adonne  à  la  pêche  quand  il  n'est  pas  en  Freyr  ou  dans  les  bois  de  la  Roche 
ou  de  Saint-Remacle  à  la  poursuite  d'un  chevreuil.  En  1106,  un  jour  que 
Henri,  assis  à  table  en  face  du  chapelain  et  entouré  de  sa  famille,  des  pages 
et  de  quelques  amis,  était  servi  par  un  propriétaire  de  Mont,  les  convives 
voient  tout  à  coup  le  serviteur  qui  chancelle  et  laisse  choir  sur  son  pied  la 
soupière  bouillante  qu'il  porte  dans  ses  mains.  Les  brûlures  profondes  pro- 
voquent à  l'instant  des  douleurs  telles  que  le  malheureux  serviteur  croit 
entrevoir  la  mort  et,  tombant  cà  genoux  dans  la  salle,  il  fait  avec  des  crie 
larmoyants,  sa  confession  publique  :  vers  le  15  mai,  au  matin,  pendant  qus 
le  receveur  (3)  de  Saint-Hubert  reposait  tranquillement  chez  lui,  cet  avare 
manant,  pour  échapper  au  paiement  du  cens  annuel,  aurait  décapité  le  moine 
pendant  son  sommeil,  si  son  neveu  n'eût  arrêté  son  bras  déjà  levé  tenant  une 
épée  et  ne  l'eût  ainsi  empêché  de  commettre  un  horrible  sacrilège  (4). 

Quelle  émotion,  ce  jour-là,  au  château  de  la  Roche  ! 

Le  chapelain  apprenait  aux  enfants  le  respect  des  parents,  le  culte  des 
ancêtres,  les  lois  de  l'honneur,  la  crainte  de  forligner  (5)  et  inculquait  à  ces 
jeunes  âmes,  avec  la  connaissance  et  l'amour  de  la  religion,  les  sentiments 


étayé  mon  opinion.  Au  reste,  si  en  notre  XX»  siècle,  nous  scrutions  de  près  toutes  les  pra- 
tiques religieuses  individuelles,  ne  découvririons  nous  pas  encore  de  ci  de  là  quelque  rite 
supcrslilieux,  quelque  acte  de  paganerie  matérielle  surtout  chez  les  gens  qui  n'ont  pas  du 
christianisme  une  connaissance  sufTisante?  Personne  cependant  et  avec  raison  ne  s'avisera 
de  dire  qu'il  y  a  encore  des  païens  en  Belgique. 

(1)  J.  BoRGNET,  De  l'origine  du  conseil  provincial  de  Namur  dans  ANNALES  DE  LA 
SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DE  NAMUR,  T.  X,  4"  livraison,  pp.  446,  et  note 2  de  la 
même  page.  La  plus  ancienne  mention  du  Conseil  des  comtes  de  Namur  trouvée  par  M.Bor- 
gnet  est  de  1315.  Dans  les  chartes  des  comtes  et  dans  les  archives  du  Souverain  bailliage 
de  Namur,  il  y  a  cependant  des  actes  qui  indiquent  qu'un  tribunal  fonctionnait  et  jouait 
le  même  rôle  à  la  fin  du  XIII^  siècle  que  le  conseil  provincial  joua  plus  tard  lorsqu'il  fut 
nettement  distinct  de  la  cour  féodale  ou  Souverain  bailliage.  Pourrait-on  nier  que  ce  corps 
judiciaire  existât  au  temps  d'Albert  IIP? 

(2)  M.  l'abbé  Coxrotte,  Les  Eneilles  à  travers  les  âges,  Arlon,  1912,  pp.  37-44. 

(3)  Le  village  de  Mont  appartenait  à  l'abbaye  hubertine  depuis  1096,  mais  la  jouissance 
de  ses  revenus  ne  lui  était  accordée  que  depuis  quelques  jours  {Cantcdoriiim,  pp.  253-255.) 

(4)  Caniatorium,  p.  255. 

(5)  N.  TiLLiÈRE,  Opus  citatum,  p.  47. 


—  346  — 

chovalere.squcs  et  tout  ce  qui  est  à  rhouneur  de  l'humanité  :  les  nobles  sen- 
timents, les  belles  actions,  le  dévouement  généreux,  le  respect  de  la  fai])lesse. 
L'idée  de  patrie  n'existait  pas  :  l'esprit  provincial  était  le  seul  esprit  public. 

Les  soins  de  Tavouerie  absorbaient  bien  des  journées  du  seigneur  de  la  Roche. 
Les  archives  stavelotaines  nous  apprennent,  en  eiïet,  et  nous  le  verrons  lors- 
que nous  nous  occuperons  de  l'avoué,  que  Henri  ne  s'épargnait  ni  efïort  ni 
démarche  et  qu'il  savait  mettre  la  constance  dans  l'action  pour  mener  à 
bonne  hn  des  entreprises  parfois  fort  délicates. 

Souvent  encore,  au  second  étage  du  donjon,  réuni  avec  sa  famille,  Henri 
recevait  ses  hôtes,  car  l'hospitalité  était  large.  L'un  de  ses  habitués  était 
Conon  de  Montagu.  Ce  comte  occupait  le  château  planté  sur  un  piton  de 
montagne,  en  face  de  Marcour,  à  la  place  du  calvaire  qui  se  dresse  devant  la 
chapelle  actuelle  de  saint  Thibaut.  Henri  et  Conon  sont  des  intimes  car,  le 
3  septembre  1104  ils  cheminent  ensemble  vers  Stavelot  pour  assister  à  la  fête 
de  saint  Remacle.  Au  demeurant,  la  conversation  de  Conon  intéresse  autant 
qu'elle  édifie.  Qu'on  en  juge. Le  15  août  1096,  Conon,  parti  avec  ses  deux  gars 
pour  la  croisade  en  compagnie  de  son  ami  Godefroid  de  Bouillon,  avait  tra- 
versé l'Allemagne,  la  Hongrie,  la  Bulgarie,  l'empire  grec,  le  Bosphore,  pris 
part  à  la  conquête  de  Nicée  et  de  Dorylée  et  aux  deux  sièges  d'Antioche. 
Ici  le  père  avait  vu  tomber  à  ses  pieds,  mortellement  blessé  par  un  secta- 
teur du  faux  prophète,  son  cher  fils  Gozelon.  Après  la  prise  de  Jérusalem 
et  la  création  du  royaume  chrétien,  Conon  revint  avec  Pierre  l'Ermite  et 
leur  bateau  essuya  une  furieuse  tempête  (1).  Le  vaillant  croisé  rentrait  à  Mont- 
agu au  commencement  de  1100.  Sa  femme  qui,  au  départ,  lui  avait  souhaité 
la  victoire  et  un  heureux  retour,  la  pieuse  comtesse  Ida,  était  morte.  Conon 
étalait  ce  riche  trésor  d'impressions  et  de  souvenirs  dans  cette  belle  lan- 
gue romane,  trait  d'union  entre  le  celtique  et  notre  patois,  formée  d'un 
mélange  de  celtique,  de  tudesque  ou  thiois  et  surtout  de  latin  (2).  Pour  la 
religion,  la  maison  de  IMontagu  était  aussi  prodigue  de  son  argent  que  de 
son  sang  :  c'est  elle  qui  donnera  Wembay  à  Saint-Hubert,  qui  fondera  les 
abbayes  de  Saint-Remy,  du  Val-Saint-Lambert  et  le  prieuré  d'Aywaille.  La 
dévotion  de  cette  famil'e  pour  saint  Thibaut  était  notoire  (3).  Notre  comte 
ne  jouit  pas  longtemps  d'un  si  heureux  voisinage  :  le  seigneur  de  Montagu 
mourut  le  30  avril  1105  et  fut  enterré  à  Saint-Hubert,  auprès  de  son  père. 

Plusieurs  membres  de  la  pieuse  maison  de  la  Roche  étant  dans  les  saints  ordres, 
la  conversation  au  château  devait  tomber  fréquemment  sur  les  joies  et  les 
tiistesses  de  l'Eglise.  A  l'heure  où  Henri  ceignit  la  couronne  comtale,  le  feu 


(1)  CiiAxoixE  C.-G.  Roland.  Les  comtes  de  Rocheforl  dans  ANNALES  DE  LA  SOCIÉTÉ 
ARCHÉOLOGIQUE  DE  NAMUR,  T.  XX,  Ire  livraison,  passim. 

(2)  L'abbé  J.-J.  Bourassé.  Archéologie  chrétienne,  Tours,  1871,  p.  120,  dit  :  «  La  langue 
romane  est  la  langue  romaine  altérée  par  le  mélange  d'un  grand  nombre  de  mots  barbares.  " 
Voyez  Lacombe,  Dictionnaire  de  la  langue  romane,  Paris,  1768,  pp.  XXXVIII-XXXIX  et 
Joseph  Demarteau,  Le  Wallon  son  histoire  et  sa  littcraliire,  Liège,  1889,  p.  33. 

(3)  Cii.  Jamotte.  Montaigu  de  saint  Thibcail,  édition  A.  de  Leuze,  Namur,  1898,  p.  47 
et  Godefroid  Heu.schenius,  Vita  santi  Theobaldi  dans  ACTA  SANCTORUM,  1867,  T. 
VII  de  juin,  p.  541. 


—  347  — 

de  la  querelle  des  investitures  ou  de  la  lutte  entre  le  sacerdoce  et  l'empire, 
fruit  de  la  féodalité,  activé  par  les  vents  politiques,  religieux  et  littéraires, 
embrasait  tout  le  diocèse  (1).  La  mitre  épiscopale  était  sur  la  tête  du  s'- 
moniaque  Otbert  qui,  de  sa  crosse  majestueuse  transformée  un  jour  dans  la 
sombre  forêt  de  ]\Iii\vart  en  vulgaire  tiique  de  brigand,  rossa  jusqu'au  sang 
un  groupe  de  pieux  moines  de  Saint-Hubert  (2).  Lui-même  capturé  peu  après 
par  Henri  de  Durbuy,  oncle  de  Henri  de  la  Roche,  fut  placé  sur  un  cheval 
si  maigre  et  si  fougueux  qu'aprè  ;  un(  longue  <  t  furieuse  galopade,  le  pontife 
en  fut  meurtri  piesque  à  mort  (3).  On  comprend  que  le  comte  de  Durbuy 
communiait  aux  idées  grégorieijnes  de  ce  monastère  ardennais  qui  avait  tenu 
tête  à  l'indigne  prélat  et  dont  les  abbés  furent  les  plus  âpres  adversaires 
d'Otbert  et  les  derniers  et  plus  célèbres  champions  de  la  cause  papale  en 
Ardenne.La  mort  de  l'empereur  Henri  IV,  à  Liège,  en  1106,  et  la  soumission 
de  notre  évêque  au  pape  amenèrent  dans  le  diocèse  la  fin  d'un  schisme  qui 
avait  duré  quinze  ans.  C'est  l'heure  aussi  où  les  élections  de  nos  évêques 
comme  celles  des  pontifes  romains  secouèrent  le  joug  asservissant  du  pou- 
voir temporel.  L'Eglise  fut  victorieuse  en  ce  tournant  de  l'histoire,  parce 
qu'elle  sut  recouvrer  par  au  moins  autant  d'habileté  que  d'énergie  (4)  cet 
affranchissement  qui  délivrera  son  clergé  de  la  simonie  et  du  dérèglement  (5). 
Parmi  les  pionniers  ardennais  de  cette  grande  réforme  il  convient  d'écrire 
au  tableau  d'honneur  les  noms  de  l'abbé  Thierry  de  Saint-Hubert,  de  l'abbé 
Poppon  de  Stavelot,  du  pape  ardennais  Etienne  X,  grand  oncle  du  premier 
comte  de  la  Roche,  et  de  Frédéric  d'Ardenne,  comte  de  Verdun.  Le  sire 
de  la  Roche  aura  la  noble  fierté  de  voir  un  instant  son  frère,  Frédéric  de 
Namur  (f  1119),  assis  sur  le  siège  de  saint  Remacle  et  de  saint  Hubert. 

Le  Saint-Empire,  l'Eglise,  les  ancêtres,  le  respect  du  droit,  quels  plus  nobles 
sujets  de  conversation?  Les  enfants  de  Henri,  avides  d'émotions,  suivaient 
en  frémissant  les  péripéties  de  l'épopée  orientale  et  leurs  âmes  sensibles 
s'enflammaient  aux  récits  des  combats  lointains.  Leurs  frais  éclats  de  rire 
ainsi  que  les  jeux  aux  échecs  ou  aux  dés  venaient  varier  le  charme  de  la 
société  (6).  Au  sein  de  ces  réunions  intimes  et  familiales,  interrompues  par- 


Ci)  Alfred  Gauchie,  Opiis  cilaliim,  deuxième  partie,  1891.  Ce  fascicule  s'occupe  exclu- 
sivement du  schisme  dans  notre  diocèse  et  le  diocèse  de  Cambrai  ;  S.  Balau,  op.  cit.,  pp. 
265-266  et  Erxst  Dummler,  Zur  Geschichle  des  Invesliturslrcitcs  im  Bisthum  Luttich 
dans  NEUES  ARCHIVDERGESELLSCHAFTFÛR  ALTERE  DEUTSCHE  GESCHI- 
CHTE,  Hanno ver,  1886,  BandXl,  pp.  175-194. 

(2)  Cantatoriiim,  p.  218. 

(3)  Ibidem,  p,219.Les  allures  insolites  de  cesdiscussions  disciplinaires  ne  s'accommodent 
pas  plus  mal  avec  l'esprit  cliréticn  du  moyen  âge  que  les  duels  et  les  assassinats  du  XX'' 
siècle  avec  notre  civilisation  Inimanitaire. 

(4)  G.  KuRTH,  L'Eglise  aux  tournants  de  l'histoire,  1905,  p.  76. 

(5)  R.  P.  Bertholet,  opus  citatum,  livre  23,  pp.  166  et  199  ;  G.  Kurth,  La  cité  de  Liège  au 
moyen  âge,  1909,  T.  I,  p.  88  et  note  1  ;  Chanoine  .M.  Lecler,  Les  principaux  abus  contre 
lesquels  eut  cï  lutter  s.  Grégoire  VII  dans  COLLATIONES  NAMURCENSES,  T.  X,  Fas- 
cic.  5,  pp.  292-306  et  A.  Cauchie,  opus,  cit.,  1,  p.  XXXVII. 

(6)  L'archéologie  vient  quelquefois  corroborer  nos  données  historiques.  C'est  ainsi  que 
les  fouilles  opérées  au  château  de  la  Roche,  en  1903,  sous  la  direction  de  M.  le  chanoine  de 
Leuze,  ont  mis  à  jour  d'innombrables  tessons  de  poteries  des  XIP  et  peut-être  du  XP 
siècle,  un  dé  à  iouer  en  os,  six  dames  ou  pions  de  jeu,  en  os  gravé  que  l'on  peut  certes  rap- 
porter au  XIP  ou  au  XP  siècle.  Voir  BULLETIN  DES  MUSÉES  ROYAUX  DES  ARTS 
DÉCORATIFS  ET  INDUSTRIELS,  2^  année,  n»  12,  p.  93. 


—  348  — 

fois  par  le  récit  d'un  pèlerin  ou  le  chant  d'un  trouvère,  la  comtesse  Mathilde 
avec  une  humeur  enjouée  était  souvent  l'inspiratrice  des  conversations 
sérieuses  ;  elle  y  prêtait  une  oreille  intelligente  et  de  ci  de  là  dirigeait  dis- 
crètement les  jugements,  redressait  les  pensées  (1). 

La  dernière  rencontre  de  la  famille  comtale  s'est  faite  à  la  chapelle  domes- 
tique. Les  rayons  du  soleil  rougissant  la  sablière  des  Agelires  ont  disputé  la 
çîme  du  donjon  de  la  forteresse  à  l'ombre  dans  lac(uelle  était  déjà  plongée  la 
Roche,  le  bramement  des  cerfs  s'élève  intermittent  du  fond  d'Hermeux,  la 
nuit  répand  de  la  terre  au  ciel  ses  ténèbres  et  son  repos. 

La  journée  de  Henri  l,  on  le  voit,  est  celle  d'un  comte  et  d'un  chrétien. 

§  VIL  —  Ses  sujets  (2). 

La  prédilection  du  comte  de  la  Roche,  comme  chez  les  anciens  rois,  était 
pour  la  vie  des  champs  et  elle  le  mettait  souvent  en  contact  immédiat  avec  ses 
sujets.  Le  prince  poussait  le  loquet  en  bois  de  la  chaumière  du  serf  avec  la 
même  joie  qu'il  frappait  du  heurtoir  à  la  porte  du  seigneur.  Noble  et  simple, 
il  s'asseyait  à  leur  foyer,  s'enquérait  de  leurs  soucis,  les  aidait  de  ses  conseils. 
Ce  qui  préoccupait  surtout  Henri  dans  ses  visites,  c'étaient  la  culture  des 
terres  et  leur  rapport.  Le  régime  foncier  qui  est  à  la  base  de  l'économie  rurale 
est  encore  celui  instauré  dans  nos  contrées  par  les  romains  et  il  se  maintiendra 
jusqu'à  la  fin  du  XVHIe  siècle.  Le  sol  est  partagé  en  vastes  exploitations 
rurales  correspondant  généralement  aux  limites  de  nos  sections  communale? 
actuelles  (3).  La  famille  royale  en  possédait  un  bon  nom!)re  en  Ardcnne  sui- 
tout  aux  temps  carolingiens  mais,  depuis  lors,  beaucoup  ont  été  concédées  en 
bénéfices  par  les  rois  à  seule  fm  de  se  faire  des  vassaux  et  des  défenseurs  ou 
de  récompenser  quelques  signalés  services.  L'unité  de  la  propriété  était  la 
villa.  Celle-ci,  désignée  du  nom  de  son  fondateur  ou  de  son  propriétaire,  s'est 


(1)  Les  commentaires  de  feu  IMgr  Landriot,  ancien  archevêque  de  Reims,  sur  le  chapitre 
XXX I*'  du  Livre  des  proverbes,  sous  le  titre  de  La  femme  forte  (2  vol.)  et  sur  des  versets 
épars  de  l'Ecriture  sainte  publiés  dans  La  femme  pieuse  (1  vol.)  du  même  auteur,  consti- 
tuent des  monuments  impérissables.  La  littérature  profane  met  aussi  sous  la  plume  de  ses 
princes,  des  expressions  qui  pei;4ncnt  bien,  du  moins  sous  certains  aspects,  le  caractère  de 
la  femme  au  sein  de  la  famille.  Ainsi  Schiller  écrit  : 

«  Und  drinnen  waltet 
Die  zùchtige  Hausfrau, 
Und  herrschet  weise 
Im  hâuslichen  Kreise.  » 
(Das  Lied  der  Glocke  dans   Schillers  sammtliche  Werke,  Stùttgard  und  Tubingen,  1835, 
Band  I,  p.  394.) 

Son  ami  Gœthe  dans  Ilcrmann  und  Dorothea  nous  a  légué  sur  la  même  pensée  ce  vers 
délicieux  : 

'<  Denn  durch  Dienen  allojn  gclangt  sie  endlich  zum  Herrschen.  «  (Edition  Lévv,  Paris, 
1892,  page  86.) 

(2)  Le  lecteur  doit  ici  plus  spécialement  se  rappeler  que  l'évolution  de  la  société  est  très 
lente  et  très  complexe,  qu'il  faut  de  là  réduire  ce  fait  historique  à  sa  plus  simple  expression 
et  que,  par  conséquent,  le  meilleur  tableau  de  la  situation  féodale  même  d'un  seul  comté 
ne  peut  répondre  toujours,  pour  chaque  seigneurie  et  pour  toutes  les  époques,  à  la  réalité 
concrète  des  choses. 

(3)  Paul  Allard,  Eludes  d'iiisloire  et  d'archéologie,  1899,  p.  288. 


—  349  — 

suffit  jusque  là  à  elle-même.  Cet  individualisme  de  la  villa  explique,  du  moins 
en  partie,  les  particularités  de  langages,  de  caractère,  de  mentalité  qui  ont 
jusqu'aujourd'hui  quelque  peu  diiïérencié  nos  paroisses.  L'unité  économique, 
la  villa,  a  servi  de  base  à  l'unité  religieuse  comme  à  l'unité  politique.  Aussi, 
retrouvons-nous  la  villa  romaine  peut-être,  sûrement  la  villa  carolingienne 
dans  la  circonscription  de  l'ancienne  paroisse  et  aussi  dans  le  ressort  de  l'an- 
cienne cour  de  justice  (1).  La  villa,  encore  au  temps  de  Henri  de  la  Roche, 
comprend  la  partie  du  maître  :  corps  de  logis  pour  sa  famille  avec  dépendan- 
ces pour  les  ateliers  et  gens  attachés  à  sa  personne  (2).  Sa  demeure  n'est  sou- 
vent qu'une  maison  en  bois  remparée  de  gazon  et  entourée  de  fossés  remplis 
d'eau  poissonneuse.  De  la  pointe  du  pignon,  les  roucoulements  de  doux  pi- 
geons s'épandent  au-dessus  des  gros  poiriers  tout  fleuris  rose  et  tout  bour- 
donnants d'abeilles.  Proche  le  pont-levis  un  grand  chien,  plein  d'importance, 
dont  l'image  agitée  se  profile  au  fond  du  canal,  fait  retentir  les  échos  de  sa 
large  voix  tandis  qu'il  balance  majestueusement  sa  queue  opulente.  Le 
maître  fixait  parfois  sa  demeure  sur  une  élévation  défendue  par  la  raideur  des 
escarpements.  Souvent  cette  habitation  a  fait  place  à  nos  châteaux  modernes. 
L'église  paroissiale  est  proche,  à  moins  que  le  dominus  ou  senior,  n'habite- 
rait pas  au  centre  de  l'exploitation  (3)  ou  qu'elle  ne  serait  pas  l'antique  cha- 
pelle castrale  agrandie.  Saint  Benoît  s'est  inspiré  de  la  distribution 
romaine  de  ce  principal  groupe  de  bâtiments  pour  la  construction  de  ses 
abbayes  (4). Le  seigneur  sera  souvent  absent  à  cause  des  guerres.  Le  service 
militaire  général,  on  le  sait,  a  été  établi  par  Charlcmagne  et  repose,  au  temps 
de  notre  comte,  principalement  sur  les  classes  riches  et  moyennes.  Il  n'y  a 
de  soldats  qu'en  temps  de  guerre  :  les  armées  permanentes  ne  feront  leur 
apparition  qu'au  XV^  siècle.  Durant  l'éloignement  du  seigneur,  c'est  un 
admodiateur,  le  villicus,  maïeur  (5),  qui  gère  ses  intérêts  et  qui,  aidé  des 
scabini  (6), préside  le  tribunal  en  qui  se  concentrent  l'administration  et  la  jus- 
tice. L'autre  partie  de  la  villa  est  composée  de  manses  ou  tenures  situés  dans 
sa  périphérie  lesquels  consistent  surtout  en  terrains  écobués  (7)  possédés 
précairement  d'abord,  puis  viagèrement  par  les  manants  ou  tenanciers,  les 
masuyrs,  qui  paient  au  maître  un  cens  annuel.  Plus  tard,  cette  occupation 
sera  héréditaire,  mais  dans  tous  les  cas,  le  serf  ou  vilain  reste  attaché  à  sa 
terre  et  il  en  suit  la  destinée. Voyez  d'ailleurs:  le  comte  Gozelon  de  Bastogne, 
en  1070,  a  donné  Pinsamont  avec  les  serfs  qui  l'habitent  (8)  ;  en  1082,  l'évêque 


(1)  J.  Brassine.  Formation  des  paroisses  du  concile  de  Hozémonl  clans  BULLETIN  DE  LA 
SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE  DU  DIOCÈSE  DE  LIÈGE,  T.  XIV,  pp.  330  et  340. 

(2)  H.  PiREXNE,  Histoire  de  Belgique,  I,  p.  128  ;  Fustel  de  Coulange,  L'alleu  et  le 
domaine  rural,  pp.  441-442  ;  J.  YERNAUx,opzzs  c/Za/izm,  pp.  351-352  et  Cantatorium,  pp.  12, 
13,  14,  35,  39,  42  et  130. 

(3)  Imbart  de  la  Tour.  Opus  citcdum,  p.  108. 

(4)  A.  Bequet,  Les  grands  domaines  et  les  villas  de  l'Entre-Sambre-et-Meuse  sous  l'Empire 
romain  dans  ANNALES  DE  LA  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  DE  NAMUR,  T.  XX, 
lr«  livraison,  p.  16. 

(5)  Cantcdorium,  pp.  40,  43  et  44. 

(6)  Ibidem,  pp.  17,  39  et  226. 

(7)  Ibidem,  p.  41,  Apud  villam...  excisis  in  foresta  sartis,  féconda  ibi  provenerat  messis, 
p.  240...  vastatis  eticmi  sartis  rusticorum... 

(8)  Ibidem, p.  132,  ...tradidit  legaliter  beato  Huberto  perpetuo  habcndum  Montcm  Pincionis 
cum  familia... 


—  350  — 

Henri  a  acheté  Bras  et  Grupont  avec  leurs  serfs  (1)  et  Lambert  de  Montagu 
(t  11  17)  graliliera  les  moines  luibertins  de  terres  situées  à  Wembay  avec  les 
ilonze  lamilles  ([ui  les  cuUivent  (2).  ("/est  la  classe  inférieure.  L'épithète  de 
casalus,  donnée  par  l'historien  ardennais  du  XI*-'  siècle  (3)  à  un  manant  du 
pays  d'HoulTalize  jette  le  jour  sur  la  classe  moyenne  à  l'époque  du  comte 
Henri  I.  Un  casatus  est  un  serf  investi  à  vie  d'une  terre  moyennant  une  modi- 
que redevance  à  son  donateur  et  quelque  corvée  honorable  à  la  cour  du  comte. 
Cette  tenure  se  nomme  (ief,  censive  ou  alleu,  selon  la  valeur  de  la  redevance. 
Nous  connaissons  l'aristocratie,  cette  classe  où  se  recrutent  les  chevaliers  : 
les  seigneurs,  seuls  et  véritables  propriétaires,la  composent  et  cumulent  toutes 
les  fonctions  judiciaires  et  administratives.  Henri  I, président  de  la  cour  féo- 
dale de  la  Roche,  remettait  en  séance  publique  au  fds  aîné  du  maître  défunt 
ou  à  rac({uéreur  de  la  seigneurie  un  gazon  et  un  rameau  :  c'était  le  mode 
symbolique  de  la  transmission  de  la  propriété,  per  cespilem  el  ramuin  (4). 
Entre  ces  trois  classes  sociales  il  existe  d'autres  nuances  intermédiaires  créées 
par  le  plus  ou  moins  de  prestations  exigées  (5).  La  communauté  diffère  de  la 
seigneurie  qui  compte  surtout  des  maisons  et  des  manants  en  ce  qu'elle 
emporte  avant  tout  l'idée  de  territoire  ;  elle  est  indépendante  du  seigneur  et 
s'administre  elle-même  par  un  centenier  et  autres  délégués  qu'elle  se  choisit 
périodiquement. 

La  campagne  se  couvre  de  soille  (6),  de  spelt  (7),  de  wassin(8),  d'orge, 
d'avoine,  de  lin,  de  millet,  de  houblon  et  de  chanvre.  L'élevage  clu  bétail, 
des  porcs  et  des  bêtes  à  laine  est  intense,  la  basse-cour  est  bien  peuplée.  Les 
droits  de  chasse  et  de  poisse,  de  paisson  pour  la  herde,  les  chèvres  et  moutons, 


(1)  Ibidem,  p.  106,  ...duo  qiioqiic  allodia  scilicet  Braz  et  Griiispontcm  ciim...  el  familia... 

(2)  G.  KuRTH.  Charles,  no  LXXVI,  p.  92,  ...dedil  nobis  très  mansos  in  Winbaij  d  diiode- 
ciin  f  ami  lias. 

(3)  Canlaloriam,  p.  255. 

(4)  Ibidem,  p.  221.  Plus  tard  lorsque  le  nombre  des  propriétaires,  des' hommes  libres, 
s'accroît  les  basses  justices  aussi  donnent  l'investiture  des  biens  non  fiefïés  par  la  tradition 
de  la  bûchette  qui  passait  des  mains  du  vendeur  dans  celles  du  mayeur  pour  être  remise 
à  l'acquéreur.  Il  y  avait  en  outre  la  prise  de  possession  réelle. Le  25  mai  1744,  C.  F.  de  Varion 
de  la  Roche  prit  possession  de  la  seigneurie  de  Journal  par  la  planlalion  d'un  maij  devant 
la  maison  du  fermier  du  diet  seiyneur  et  par  différentes  décharges  de  fusils  faites  à  l'interven 
lion  du  curé  de  Champion  et  du  baron  du  Mesnil  prestre  et  des  esehei'ins  de  la  Roche.  (Gref. 
scab.  de  .Journal  aux  Arch.  de  l'Etat,  à  Arlon.)  Le  5  octobre  1776  le  baron  de  Goër  de  Forest 
l)rit  possession  du  bois  de  ^Vit<nv  l)ar  Venlcvemenl  d'un  cjazon  et  la  coupe  de  ([uelques  bran- 
chages et  autres  formalités.  (Arch.  de  Ste-Ode  à  l'IXST.  ARCH.  DU  LUX.)  Voilà  des  échos 
de  la  tradition  qui  avait  cours  au  temps  du  Henri  I  de  la  Roche  et  qui  devait  prendre  sa 
source  dans  les  coutumes  du  peuple  de  (;iovis.  Voir  G.  Kurtii,  Manuel  d'histoire  unluer- 
selle,  Xamur,  1912,  pp.  144-147. 

(5)  La  coutume  générale  du  Luxembourg  dont  la  rédaction  commencée  en  1570  ne  fut 
terminée  qu'en  1623  divise  les  biens  en  biens  d'église,  biens  nobles  et  héritages  de  servile 
condition  et  elle  reconnaît  cinq  catégories  de  personnes  :  les  gens  d'église,  les  nobles,  les 
francs  hommes,  les  bourgeois  et  les  gens  de  servile  conditioi'i.  (E.  Tandel,  Les  communes 
luxembourgeoises,  I,  67).  Les  francs  bourgeois,  les  allodiaux  et  les  hommes-monsieur,  trois 
catégories  propres  au  comté  de  la  Roche  qui  avait  sa  coutume  locale  inspirée  de  celles  du 
Luxembourg  et  de  Liège,  se  rapprochaient  beaucoup  de  l'une  ou  de  l'autre  des  catégories 
susdites. 

(6)  Forme  romane  du  mot  seigle,  en  latin  sccale. 
(!)  Epeautre,  du  tudesque  Speltz. 

(8)  Seigle  semé  à  l'approche  de  l'hiver,  peut-être  de  Wasser  (allemand),  Water  (anglais), 
eau  ou  de  IV/zi/tT  (allemand  et  anglais),  hiver. 


—  Sol- 
de paiiage  et  de  glandée  pour  la  sonre,  d'usage  des  aisances  et  du  gros  bois, 
sont  réglés  entre  les  manants  avec  ou  rarement  sans  le  seigneur.  Tous  nos 
légumes  remplissent  depuis  longtemps  les  jardins  ;  car  les  villas  carolin- 
giennes furent  des  modèles  du  genre  que  nos  ancêtres  ont  parfaitement 
copiés.  Sous  l'avare  clarté  du  crasset  et  le  large  manteau  de  la  cheminée, 
devant  la  crémallière  enfumée  et  les  chenets  en  cuivre  aux  têtes  de  lions,  le 
filage,  le  tissage  et  la  vannerie  interrompus  par  la  prière  de  tous  ou  cadencés 
par  des  noëls  qu'accompagnent  le  son  de  la  navette  et  le  ronflement  du  rouet, 
occupent  les  longues  soirées  d'hiver.  Les  chaumières  éparpillées  depuis  la  paix 
romaine  au  milieu  des  pourpris  de  ces  obscurs  travailleurs  forment  actuelle- 
ment nos  villages. IL'hygiène  de  ces  réduits  exigus  étant  aussi  rare  que  les  re- 
lations commerciales  de  leurs  hôtes  avec  d'autres  contrées,  la  population  sera 
périodiquement  décimée  par  la  lèpre  et  la  famine,  qui  parfois  anéantirent  des 
localités  entières.  Plus  tard,  lorsque  la  Roche  sera  affranchie,  c'est-à-dire  indé- 
pendante, qu'elle  s'administrera  par  les  hommes  qu'elle  se  sera  librement 
choisis, les  serfs  ruraux  s'y  rendront  pour  posséder  plus  de  sécurité.  Les  hobe- 
reaux de  la  campagne  devront  alors,  s'ils  ne  veulent  pas  voir  déserter  leurs 
terres,  accorder  la  même  liberté  et  les  mêmes  avantages  à  leurs  colons,  res- 
treindre l'arbitraire  fiscal,  se  soumettre  à  des  lois  fixes  qui  formeront  bientôt 
le  droit  coutumier  pour  les  redevances  et  les  corvées.  Celles-ci  avec  le  droit 
de  mainmorte,  seules  survivances  de  l'esclavage  primitif,  se  perpétueront 
longtemps  encore  puisque  nous  constatons  qu'en  1766,  dans  la  seigneurie 
de  Grainchamps  qui  comprenait  la  paroisse  d'Erneuville  telle  qu'elle  existe 
encore  aujourd'hui,  «  chaque  des  28  manants  doit  tous  les  ans  au  seigneur 
de  Grandchamps,  outre  une  poule  plus  la  dîme  à  l'onzième  et  deux  stiés 
d'avoine  par  mesnage,  un  jour  de  faulx  pour  le  foin  et  pour  l'avoine  parmi  la 
nourriture  estimée  à  trois  escalins  (1).  »  L'économiste  qui  voudra  émettre  un 
jugement  sur  ces  obligations  des  mainmortables  sous  l'ancien  régime  ne 
peut  pas  perdre  de  vue  qu'elles  proviennent  de  ce  jour  éloigné  où  les  terres 
furent  distribuées  gratuitement  par  les  propriétaires  à  ceux  qui  ne  possé- 
daient rien  (2). 

La  religion  du  Christ  au  service  de  princes  aussi  pieux  que  Henri  I^r, 
comte  de  la  Roche,  a  été  le  plus  fort  stimulant  pour  faire  de  l'antique  esclave 
nomade  et  païen  le  propriétaire  fier  parce  qu'indépendant  de  nos  jours. 

§  VIII.  —  Son  avouerie. 

Les  monastères  bénédictins  de  Stavelot  et  de  Malmedy,  destinés  à  recevoir 
la  direction  d'un  même  abbé,  furent  fondés  au  milieu  du  VI I^  siècle  par  saint 
Remacle  grâce  à  la  munificence  du  roi  Sigebert  III  (f  656).  La  royauté  et 
l'Eglise  lotharingienne  se  soutenaient  mutuellement  contre  l'aristocratie 
laïque.  Voilà  pourquoi  le   domaine  territorial    des    religieux  stavelotains 


(1)  TABELLES  CADASTRALES  de  Marie-Thérèse  (seigneurie  de  Grandchamps )  aux 
ARCHIVES  DE  L'ETAT,  à  Arlon. 

(2)  Paul  Allard,  Esclaves,  serfs  et  mainmortables,  1894,  pp.  67-74  et  134-156. 


—  352  — 

« 

jouil  assez  tôt  d\inc  situation  juridique  défaveur.  Ainsi  aucun  ofTicier  public 
ne  pouvait  franchir  les  limites  de  la  terre  monastique,  soit  pour  présider  un 
tribunal,  soit  pour  lever  des  amendes,  soit  pour  percevoir  des  impôts.  Ce 
privilège  d'être  affranchi  de  l'autorité  administrative,  judiciaire  et  fiscale 
des  aoenls  royaux  s'appelait  l'immunité  (1).  L'al)bé  de  Stavelot-Malmedy 
élait  donc  un  seigneur  immuniste  c'est-à-dire  qu'entre  le  souverain  et  lui 
il  n'y  avait  personne,  il  était  dans  ses  terres  l'officier  royal  et  il  en  tenait  dans 
ses  mains  tous  les  pouvoirs.  Cette  autorité  remise  sous  sa  crosse  par  les 
diplômes  de  Childéric  II,  Thierry  III  et  Louis  de  Germanique  (2),  l'abbé  ne 
l)ouvait  pas  l'exercer  par  lui-même,  défense  divine  étant  faite  au  prêtre  de 
s'immiscer  dans  les  affaires  séculières  (3).  Force  était  donc  au  seigneur  mitre 
de  se  servir  d'un  intermédiaire.  Celui-ci  prit  le  nom  d'avoué,  advocalus  (4). 
Cet  officier,  déjà  grand  propriétaire  foncier  du  pays  (5),  avait  dans  ses  attri- 
])utions  l'administration  civile,  judiciaire  et  féodale  sur  tout  le  domaine 
monastique  et  ce  personnage  insigne,  une  fois  choisi  par  l'abbé,  n'avait  plus 
qu'à  recevoir  du  roi  la  capacité  d'exercer  la  haute  justice  pour  siéger  au  milieu 
des  échevins,  y  représenter  l'abbaye,  la  défendre  dans  ses  rapports  avec 
l'étranger  et  devant  les  justices  séculières  et  intervenir  dans  les  traditions  de 
biens  faites  au  profit  des  moines. 

Les  richesses  des  moines  et  de  certaines  églises  tentaient  beaucoup  de 
gens,  et  comme  on  était  dans  un  temps  d'anarchie  et  de  violence  et  qu'il  n'y 
avait  personne  pour  défendre  militairement  le  territoire  immunitaire  contre 
ses  ennemis  tant  du  lointain  que  du  voisinage,  elles  étaient  à  la  merci  de 
tous  les  déprédateurs.  L'ombre  du  grand  empereur  avait  disparu,  la  faiblesse 
de  ses  fils,  la  piraterie  des  Normands,  la  situation  géographique  du  Lothier 
ballotté  entre  deux  grandes  nations,  la  turbulence  de  certains  ducs,  la  que- 
relle des  investitures,  l'éloignement  du  souverain,  les  guerres  entre  seigneurs 
indigènes,  telles  sont  les  causes  qui  maintinrent  nos  régions  dans  l'inquié- 
tude de  811- à  1098,  c'est-à-dire  depuis  la  mort  de  Charlemagne  jusqu'à  la 
première  croisade.  En  décembre  881,  les  religieux  de  Stavelot  durent  se  retirer 
à  Bogny  avec  le  corps  de  saint  Remacle  pendant  que  les  Normands  incen- 
diaient leur  église  (6).  Tout  porte  à  croire  que  l'année  suivante  qui  vit  Prûm, 
Trêves  et  Remich  saccagés  par  ces  hordes  marchant  sur  Metz,  un  détache- 
ment du  gros  de  l'armée  se  porta  vers  le  monastère  stavelotain  pour  le  piller. 
Il  est  même  probable  que  le  flot  de  l'invasion  a  pénétré  jusque  l'opulent  monas- 
tère hubertin  qui  se  cachait  dans  nos  forêts  (7).  Vers  953,  les  Hongrois  incen- 


(1)  G.  KuRTH,  Notger  de  Liège,  I,  p.  IG:  Idem,  La  cité  de  Liège,  I,  p.  10  et  Idem,  Les  ori- 
gines de  la  civilisation  chrétienne,  II,  p.  7.3. 

(2)  J.  YERXAUx,Les  premiers  siècles  de  l'abbaye  de  Slavelot-Malmedi;.  dans  BULLETIN 
DE  LA  SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HISTOIRE  DU  DIOCÈSE  DE  LIÈGE,  1910,  T.  XIX, 
p.  349. 

(3)  Saint  Paul,  E pitre  à  Thimolhée,  cliap.  II,  verset  4. 

(4)  On  l'appelle  ausi  vidamc,  qui  vices  domini  gerit. 

(5)  Charles  Pergameni,  L'avouerie  ecclésiastique  belge,  Gaiid,  1907,  ]).  56  et  passini. 

(6)  J.  Yernaux,  Opus  citcdum,  p.  382  et  passim. 

.  (7)  G.  KuRTH.  Les  premiers  siècles  de  l'abbaye  de  Saint-Hubert,  pp.  54,  55  et  71et  P.  Claes- 
SENS,  Les  civilisateurs  chrétiens  de  la  Belgique,  1872,  pp.  181-185. 

Le  cartulairc  de  Prûm,  écrit  en  893  et  recopié  en  1222,  porte  que  la  basilica  de  Wardanc 
(Wardin  lez  Bastogne)  a  été  détruite  par  les  païens  en  881.  Voir  A.  NE  YEN,  Histoire  de 
Bastogne,  p.  18  et  note  2. 


—  353  — 

dièrent  Malmedy  (1).  Des  seigneurs  n'osent  plus  sortir  pour  participer  aux 
offices  paioissiaux  :  dès  lors  ils  auront  leurs  chapelains.  Les  évêques  se  sont 
retirés  au  fond  de  leurs  demeures  et  le  peuple  se  voit  sevré  de  la  joie  de  cour- 
ber son  front  sous  leur  main  bénissante  (2).  On  comprend  qu'après  ces  ter- 
reurs et  dans  une  situation  si  instable  et  si  critique,  les  religieux  s'assurèrent 
contre  d'autres  pirateries,  non  par  eux-mêmes  car  la  discipline  ecclésias- 
tique défend  aux  prêtres  de  porter  les  armes,  mais  en  se  plaçant  sous  la  pro- 
tection d'un  seigneur  puissant  qui  s'intitula  l'avoué  militaire.  L'autre  était 
l'avoué  judiciaire.  Le  prince  de  Liège,  notre  évêque,  était  dans  la  même  néces- 
sité :  si  les  archidiacres  étaient  les  conseillers  du  pontife  dans  l'ordre  spirituel 
le  seigneur  avait  ses  avoués,  dont  le  principal  de  la  maison  d'Ardenne  (3), 
poui  l'aider  dans  l'ordre  temporel.  Dans  le  même  sens  l'empereur  était  aussi 
l'avoué  du  pape.  A  Stavelot- Malmedy  les  deux  avoueries  se  confondaient 
sur  la  même  tête.  Cette  double  avouerie  dont  la  chronique  peut  se  résumer 
en  disant  qu'elle  fut  avantageuse,  puis  nuisible  et  enfin  inutile  aux  religieux, 
existait  dès  900.  En  général  les  comtes  septentrionaux  d'Ardenne  furent 
avoués  de  Stavelot  et  les  comtes  méridionaux  avoués  de  Saint-Hubert.  Elle 
fut  d'abord  confiée  ici  aux  ducs  de  Lotharingie.  Nos  ducs  étant  avoués  de 
Stavelot,  c'est  par  là  qu'on  comprend  que  la  veuve  de  Frédéric  put  apporter 
cette  avouerie  à  son  second  mari,  Albert  III  de  Namur  (4), et  que  ce  privi- 
lège fut  attaché  héréditairement  au  territoire  de  la  Roche  compris  dans  la 
dot  de  Ida  de  Saxe  (5).  Par  là  même  qu'elle  devint  héréditaire  cette  institu- 
tion mérovingienne  fut  inamovible.  Dès  lors  l'abbé  n'aurait  pu  déposer  un 
avoué  pi  évaricateur  pour  les  mêmes  raisons  qui  privaient  la  royauté  de  la 
libre  disposition  des  bénéfices  et  charges  comtales.  Outre  l'avoué  il  y  avait 
sous-avoué  et  avoués  locaux  (6). 

Déjà  en  1088  notre  futur  comte  de  la  Roche  avait  exercé  les  fonctions 
d'avoué  de  Stavelot, lorsque  Macaire  de  Chimay  et  Boson  de  Barse,en  expia- 
tion du  meurtre  d'Adélard  de  Lizen,  sous-avoué  de  Stavelot,  donnèrent  à 
l'église  de  Stavelot  leurs  alleux  de  Boulaide  et  de  Berlé  avec  la  dîme  de 
Ba vigne  (7). 

C'est  en  1102,  que  Henri  est  cité  la  première  fois  comme  avoué  de  Stavelot 
et  comte  delà  Roche.  Cet  acte  rapporte  que  le  sous-avoué  Thiébaut,  giâce  à 


(1)  J.  Halkin  et  C.  Roland.  Recueil  des  chartes  de  l'abbaye  de  Slaveloi-Malmedij,  l, 
p.  203,  charte  du  2  novembre  1007  (?)  . . .monasterium  priore  a  Hiingris  conbiislo  renovcdum... 

(2)  R.  P.  Bertiiolet.  Opiis  cilalnm,  T.  III,  pp.  168  et  199. 

(3)  A.  Gauchie,  Op.  cit.,  Introduction,  p.  XXVIII. 

(4)  V.  Habran.  Le  comté  de  la  Roche.  Origine  du  comté  de  la  Roche  dans  ANNALES  DE 
L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG,  1911,  p.  271.  Voyez  aussi 
Halkin  et  Roland,  Opus  citatum,  Introduction  pp.  VI- IX  et  Ernst,  opus  citatum,  II, 
p.  97  note  1. 

(5)  WiLHEiM  RiTZ,  Urkunden  und  Abhandlungcn  zur  Geschichte,  etc.,  lien  Bandes  Ite 
Abthcilnnii,  Aaclien,  1824,  p.  56,  no  41. 

(6)  Cfr.  J.  Vannérus,  Les  avoués  de  Luxembourg  et  de  Chiny  dans  ANNALES  DE 
L'INSTITUT  ARCHÉOLOGIQUE  DU  LUXEMBOURG,  1909,  T.  XLIY,  pp.  1-58  ; 
Idem,  Les  avoués  d'Arlon  dans  MÉLANGES  GODEFROID  KURTH,  1908,  T.  I. 
pp.  123-135  ;  J.  Yernaux,  opus  citatum,  pp.  348-349  ;  Cantatorium,  pp.  17,  55,  57,  103, 
104,  145,  184,  226  et  239  et  Charles  Pergameni,  Immunités  (mtéféodales  et  avouerie 
ecclésiastique  dans  REVUE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE  EN  BELGIQUE,  1912, 
pp.  329-343. 

(7)  Halkin  et  Roland,  opus  citatum,  charte  n»  1119,  pp.  243-244. 


—  354  — 

l'iiilorvoiilion  du  comte  et  avoué  Henri,  parvint  à  obtenir  des  religieux  sta- 
velolains  la  dîme  île  Marche  à  la  condition  de  payer  quatre  livres  tous  les  ans 
à  la  Saint-André.  Marche  avait  été  donné  à  l'abbaye  par  saint  Remacle  (1). 

Henri  I*^''  de  la  Roche  intervient  en  présence  de  Herman,  comte  de  Salm, 
et  d'autres,  lorsque  Rigold  d'Assonce,s'étant  d'abord  engagé  par  serment  à 
restituer  le  village  de  Germigny  au  monastère  de  Stavelot  el:  ayant  fait  con- 
firmer cet  engagement  par  de-i  garants  dans  une  assemblée  tenue  à  Chai- 
rière,  le  ()  juillet  1104,  il  réitère  solennellement  serment  sur  le  corps  de  saint 
Remacle,  dans  l'église  de  Stavelot,  à  la  fête  de  ce  saint  patron  (2). 

L'avoué  apparaît  ainsi  que  le  sous-avoué  lorsque,  en  1105,  Gérulfe  et  sa 
femme  Berlende  laissent  aux  moines  de  Stavelot  leurs  biens  de  IMormont, 
de  Bassenge  et  de  Hollogne  pour  le  salut  de  leurs  fds  Winand  et  Héribert 
qui  avaient  été  tués  le  même  jour  et  avaient  reçu  leur  sépulture  au  monas- 
tère, et  aussi  pour  être  enterrés  à  côté  de  leurs  enfants  (3). 

Henri  est  encore  témoin  à  un  acte  de  1107  par  lequel  Berte,  dame  noble, 
donne  à  l'abbaye  trois  serfs  avec  les  terres  auxquelles  ils  sont  attachés  au 
village  de  Bra  (4). 

En  1118,  c'est  en  présence  de  l'avoué  Henri  et  du  sous-avoué  Pierre  qu'un 
noble,  nommé  Boson  et  sa  femme  Helinde,  à  la  prière  d^  l'abbé  Popon  et  de 
ses  moines,  fondent  un  autel  sous  la  tour  dans  l'église  abbatiale, en  lui  assignant 
pour  dotation  leur  alleu  de  Taverneux  (5). 

Il  en  est  de  même  en  1123,  à  Stavelot,  lorsque  les  habtants  de  Genneret 
déclarent  avec  la  ratification  de  Warner,  abbé  de  Stavelot-Malmedy,  et  de 
de  toute  la  communauté,  qu'ils  ne  doivent  payer  aucune  redevance  ni  tenir 
plaid  au  village  d'Ocquier  (6). 

En  1124,  4'abbé  Cuonon  déclare  en  présence  de  notre  conite-avouè,  de 
son  fils  Henri,  de  Henri  de  Durbuy  encore  enfant  et  de  son  tuteur  Godefroid 
de  Esch,  et  de  sa  mère,  la  comtesse  Alix  de  Grand-Pré,  que,  grâce  aux  per- 
sévérants efforts  de  l'avoué, ma(/no  nisii  el  ingénie  labore,  il  a  pu  mettre  fin 
aux  longues  contestations  qui  s'étaient  élevées  au  sujet  de  l'église  de  Bra- 
lez-Stavelot.  Nouvelle  intervention  de  l'avoué  lorsque,  en  1126,  l'abbé 
Cuonon  accense  à  Hugues  le  Veneur  la  terre  de  Chooz  (7). 

C'est  encore  par  Henri  l'avoué  qu'en  1128  Roland  de  Doreux  donna  à 
l'église  de  Stavelot  vingt  serfs  et  ce  qu'il  possédait  en  dîme  ou  en  alleu  à 
Pondrôme  et  aux  environs  (8). 


(1)  Ibidem,  p.  304,  note  1  et  Wilheim  Ritz,  op.  cit.,  p.  GO,  n°  45. 

(2)  Ibidem,  charte,  n»  135,  pp.  274-277. 

(3)  Ibidem,  charte,  n»  136,  pp.  277-279. 

(4)  Ibidem,  charte,  n"  138,  pp.  281-282. 

(5)  Ibidem,  charte,  n»  140,  pp.  284-285. 

(6)  Ibidem,  charte  no  142,  pp.  287-288. 

(7)  Ibidem,  charte  no  143,  pp.  289-291. 

(8)  Ibidem,  charte  no  148,  pp.  300-301. 


—  355  — 

L'abbaye  de  Stavelot-Malmedy  n'a  pu  s'assurer  le  concours  protecteur 
d'un  si  puissant  avoué  sans  lui  fournir  de  gros  émoluments.  Outre  la  cession 
d'une  part  déterminée  de  leurs  revenus,  tel  le  tiers  des  amendes  aux  trois 
plaids  généraux  et  des  amendes  judiciaires  et  d'autres  avantages,  elle  lui 
cédait  une  certaine  étendue  territoriale  (1).  Les  abbés  laïcs  ou  ecclésiastiques 
aux  mains  indignes  et  rapaccs  des  IX^  et  X^  siècles,  n'avaient  pas  peu  con- 
tribué sans  doute  à  introduire  cet  esprit  vénal  dans  la  vie  économique  des 
abbayes  du  moyen  âge  (2). 

Jusqu'en  1130  déjà  dix-huit  localités  avec  leurs  territoires  comprenant 
300  manses  provenant  de  l'abbaye  stavelotaine  constituaient  le  fief  d'avoue- 
rie  aux  mains  de  Henri,  comte  de  la  Roche.  Ce  sont  entre  autres  Lignières  (3), 
Marche  (4),  Humain  (5),  Jupille  (6),  Chéoux  (7),  Cielle  (8),  Halleux  (9), 
Hodister  (10),  Lavaux  (11),  Ortheuville  (12)  et  Warisy  (13).  Il  faut  encore 
ajouter  à  ce  territoire  le  ])ois  de  la  Roche  et  la  forêt  de  Freyr  (14). 

Il  me  faudrait  remonter  bien  haut  dans  les  temps  moyenâgeux  pour  éta- 
blir les  titres  de  propriété  du  monastère  stavelotain  sur  ces  localités.  Le  but 
du  présent  travail  me  défend  cette  attrayante  digression. 

On  conçoit  d'après  ces  largesses  que  la  mambournie  de  Stavelot-Malmédy, 
véritable  fief,  a  été  un  puissant  facteur  des  plus  beaux  joyaux  de  la  couronne 
de  nos  comtes  et  du  prestige  des  princes  qui  en  ornèrent  leur  front. 

Henri  comme  tous  les  avoués  lotharingiens,  et  en  cela  trop  fidèle  imita- 
teui  de  ses  ancêtres,  fut  plutôt  un  spoliateur  qu'un  défenseur  du  domaine 
ecclésiastique  placé  sous  sa  tutelle.  Trois  diplômes  contemporains  du  fils 
d'Albert  III  et  qui  concernent  spécialement  son  avouerie  nous  autorisent 
à  juger  l'avoué  avec  quelque  rigueur.  Lothaire  III  veut  réagir  contre  les 
abus  d'une  institution  qui  ne  répond  plus  à  sa  destination  originelle  ;  et,  à 
cet  effet,  ses  trois  lettres  (15)  mettent  une  digue  aux  prétentions  excessives 


(1)  Ibidem,  Introduction,  p.  IX  et  charte  no  151,  p.  304. 

(2)  Y.  Yernaux,  op.  cit.,  p.  433. 

(3)  Ibidem,  opiis  citaliim,  pp.  339  et  341. 

(4)  Ibidem,  p.  344. 

(5)  Ibidem,  p.  416. 

(6)  Ibidem,  p.  419. 

(7)  Ibidem,  p.  423. 

(8)  Halkin  et  Rolaxd,  opus  cilalum,  p.  304,  note  1. 

(9)  Ibidem. 

(10)  Ibidem. 

(11)  Ibidem. 

(12)  Ibidem. 

(13)  Ibidem. 

(14)  Ibidem. 

(15)  Halkix  et  Roland,  opus  citatnm,  pp.  314-315,  diplôme  du  13  avril  1131,...  advo- 
cati...  nullam  prorsus  exadionem  facerc...  ;  pp.  323-325,  diplôme  du  17  août  113G,  ...  sed 
aduocahis  qui  a  nobis  et  ab  ipso  abhate  beneficium  propter  hoc  ipsum  (toute  expédition  mili- 
taire) habet,  sine  supplemento  abbatis  vel  omnium  suonim  diligenter  exsolvat  ;  pp.  348-351, 
bulle  d'or  du  22  septembre  1137,  Advocatas  expeditionem  et  arma  pro  summa  et  débita 
sut  beneficii  nobis  successoribus  noslris  procuret.  . . 

23 


—  356  — 

et  aux  mesures  vexatoires  et  arbitraires  de  l'avoué  (1),  suppriment  ses  subal- 
ternes, eux  surtout  oppresseurs  des  paysans,  restreignent  son  domaine  juris- 
(liclionnel,  diminuent  ses  émoluments  et  déclarent  que  le  service  d'ost  dû  à 
lomporour  se  fera  aux  frais  de  cet  agent  sans  qu'à  cet  égard  il  soit  jamais 
liormis  d'inquiéter  l'abbé,  la  famille,  ni  les  possessions  de  saint  Remacle. 

Plus  tard,  nous  le  constaterons  au  sujet  de  Henri  11,  troisième  comte  de 
la  Roche,  aux  injonctions  impériales  se  joindra  la  voix  menaçante  du  souve- 
rain pontife  mais  tous  ces  moyens  resteront  impuissants  à  réfréner  l'esprit 
de  lucre  des  comtes  rochois  avoués  des  moines  de  Stavelot-Malmedy. 

La  plume  de  l'historien  doit  ajouter  que  ces  excès  sont  plus  imputables  à 
l'époque  qu'à  nos  princes. 

§  IX.  —  Son  exemption  du  tribunal  de  la  paix. 

Assurément  tout  le  peuple  du  XI^  siècle  était  chrétien,  mais  pas  au  point 
d'exclure  toutes  les  injustices  et  toutes  les  violences.  Les  seigneurs  temporel? 
qui  auraient  dû  êt-e  les  garants  de  la  paix  publique  étaient  les  premiers 
à  la  violer.  Certains  incendiaient  les  églises  ou  s'emparaient  de  leurs  granges 
et  de  leurs  biens,  d'autres  emprisonnaient  les  personnes  ecclésiastiques  ou 
les  empêchaient  par  des  menaces  ou  des  voies  de  fait  de  se  rendre  à  leurs  églises 
pour  y  remplir  les  fonctions  de  leur  ministère  (2).  Ce  n'étaient  que  noises  et 
querelles  depuis  le  serf  le  plus  humble  jusqu'au  plus  puissant  feudataire. 
Les  riches  se  faisaient  voleurs  de  grand  chemin,  dépouillaient  les  marchands, 
ravageaient  la  moisson  du  pauvre  et  abusaient  de  leur  force  à  l'égard  du 
peuple.  Cet  état  permanent  de  trouble  et  d'anarchie  était  funeste  à  l'indus- 
trie et  au  commerce.  Les  monastères  même  que  les  rois  pieux  avaient  fondés 
ou  dotés  et  qu'entretenait  encore  la  foi  généreuse  des  humbles,  étaient  con- 
voités et  souvent  dévalisés.  L'excommunication  (3)  lancée  maintes  fois 
contre  les  dévastateurs  et  les  détenteurs  injustes  de  ces  patrimoines  sacrés 
et  les  confirmations  (4)  de  leurs  biens  et  privilèges  accordés  par  les  papes 


(1)  Voyez  DE  RoBAULX  DE  SouMOY,  Chronique  de  l'abbaye  de  St-Hubert,  4«  partie  :  De 
l'avouerie  de  Saint-Hubert  et  des  seigneurs  de  Mirwart,  pp.  199-218  ;  puis,  pp.  55,  56  et 
81  et  MM.  Roland  et  Guilmix,  Hemptinne  dans  Les  communes  namuroises,  1907, 
p.  17. 

(2)  E.  Schoolmeesters,  op,  cit.,  pp.  XI-XII. 

(3)  J.  Halkin  et  C. -J.Roland,  ■  op.  cil.,  Bulles  du  28  décembre  1143  p.  367  et  du  30 
décembre,  même  année,  du  pape  Cclestin  II,   p.  368. 

(4)  Ibidem,  Bulles  de  Vitalien,  septembre  660,  p.  16  ;  de  Léon  III,  28  février  803,  p.  62  ; 
de  Grégoire  V,  2  juin  996,  pp.  195  et  198  ;  de  Léon  IX,  3  septembre  1049,  p.  230  et  5  octo- 
bre 1049  p.  232  ;  de  Innocent  II,  3  mai  1140,  p.  352  ;  de  Lucius  II,  10  novembre  1144, 
p.  372  ;  de  Eugène  III,  6  juin  1146,  p.  378  ;  janvier-février  1148?  p.401  et  9  janvier  1152, 
p.  454  ;  lettres  de  Brunon,  archevêque  de  Cologne,  31  octobre  953  (?),  pp.  169-171  ;  de 
Hcribert,  id.,  1007  ('?),  pp.  202-204  ;  de  Arnoul,  id.,  1140,'  pp.  357-359  et  d'Albéron  II, 
cvêque  de  Liège,  pp.  344-346  ;  les  diplômes  de  Childéric  II,  6  septembre  670,  p.  20  et  663- 
674,  p.  25  ;  de'^Dagobert  II,  1  août  677,  p.  27  ;  de  Thierry  II,  681,  p.  30  et  vers  681,  p.  33; 
de  Childéric  III,  juillet  744  (?),  p.  43  ;  de  Louis  le  Pieux,  1  octobre  814,  p.  64  ;  de  Lothaire 
II,  12  avril  862,}).  82  et  13  avril,même  année,  p.  89;  de  Louis  le  Germanique,  10  juin  873, 
]).  91  ;  de  Louis  le  Jeune,  26  mai  877,  p.  97  ;  de  Louis  l'Enfant,  10  septembre  902  p.  117  î 
de  Henri  1",  8  juin  935,  p.  146  ;  de  Otton  1%  1  février  950,  p.  162  ;  de  Otton  III,  27  février 
987,  p.  192  ;  de  Conrad  H,  1033,  p.  209  et,  18  avril  1036,  p.  211  ;  de  Henri  III,  5  juin  1040, 
p.  212  ;  de  Henri  IV,  1065,  p.  234  et,22  novembre  1089,  p.  258  ;  de  Lothaire  111,13  avril 
1131,  p.  315;  17  août  1136,  p.  323  et  22  septembre  1137,  p.  330  ;  de  Conrad  III,  11  avril 
1138,  p.  335  ;  et  de  Frédéric  P>-,  9  mars  1152,  p.  456  et  G.  Kurtii,  Charles  de  l'abbaije  de 


—  357  — 

et  les  souverains  sont  des  preuves  bien  manifestes  de  l'insécurité  qui  envelop- 
pait ces  asiles  de  la  science  et  de  la  religion. 

L'Eglise,  fondée  par  le  Prince  de  la  paix  pour  porter  la  tranquilité  aux  cons- 
ciences et  aux  nations,  »ouiïrait  de  cette  situation.  La  paix  n'est-elle  pas  la 
première  condition  de  la  vie  civilisée?  Supprimer  les  abus  de  force,  faire 
régner  plus  d'harmonie  entre  les  classes  sociales,  mettre  fin  à  ces  guerres 
atroces  et  interminables  qu'allumaient  entre  seigneurs  voisins  des  motifs 
futile.  :  telle  fut  la  noble  cause  au  service  de  laquelle  l'Eglise  mit  son  influence 
et,  si  son  succès  ne  fut  pas  complet,  ce  sera  toujours  pour  ses  pontifes  un 
éternel  honneur,  en  face  de  la  civilisation,  d'avoir  caressé  ce  rêve  grandiose 
d'une  paix  perpétuelle  régnant  sur  le  monde,  rêve  glorieux  que  le  noble  tzar 
de  Russie,  Nicolas  II,  félicité  par  le  pape  Léon  XIII,  a  repris  et  tenté  de 
réaliser  à  la  fin  du  siècle  dernier. 

Les  évéques,  anciens  soldats  mitres  de  l'empereur,  mais  à  cette  heure 
humbles  prêtres  du  Christ  convertis  à  l'idée  clunisienne  (l)dela  halte  des 
armes,  entreprirent  à  leur  tour  l'éducation  civique  des  seigneurs  féodaux  et 
leur  firent  comprendre  que  le  pacifisme  émane  de  la  doctrine  catholique, que 
la  guerre  n'est  qu'un  mal  nécessaire  pour  défendre  le  droit,  protéger  les  faibles 
et  réprimer  l'iniquité. 

Dans  sa  sagesse  l'Eglise  procéda  par  étapes.  Sa  parole  autorisée  parvint 
à  liguer  les  seigneurs  et  à  leur  faire  convenir  qu'en  tout  temps  les  prêtres, 
les  pèlerins,  les  voyageurs,  les  marchands,  les  cultivateurs  et  les  femmes 
ne  devaient  jamais  être  molestés  :  c'est  la  Paix. 

Le  port  des  armes  fut  défendu  ici  depuis  le  soleil  levant  du  vendredi 
jusqu'à  celui  du  lundi  de  chaque  semaine,  depuis  l'Avent  inclusivement  jus- 
qu'à l'Epiphanie  et  depuis  la  Septuagésisme  jusqu'à  l'octave  de  la  Pentecôte, 
aux  vigiles,  aux  quatre-temps,  aux  fêtes  du  diocèse  et  de  l'Eglise,  les  deux 
jours  qui  précédaient  ou  suivaient  ces  fêtes  :  c'est  la  Trêve-Dieu  (2). 

Ces  ligues  de  la  paix  du  moyen  âge  mettaient  le  monde  sur  le  chemin  de 
la  paix  universelle.  Elles  ne  supprimèrent  pas  complètement  les  guerres  pri- 
vées, mais  elles  en  diminuèrent  le  nombre  et  les  horreurs  (3).  De  plus,  ces 
associations  des  X^  et  XI^  siècles  sonnèrent  l'abandon  du  vieux  droit  franc 


Saint-Hubert  en  Anlenne,  Y.  I,  Bulles  de  Grégoire  VII,  29  avril  1074,  p.  39  et,  1074,  p.  41; 
deHinorius  11,19  avril  1129,  p.  98  et  d'Innocent  11,17  avril  1139,  p.  104  ;  lettres  de  Henri  I, 
évcque  de  Liège,  1075,  p.  45  ;  de  Renaud,  archevêque  de  Reims,  1086,  p.  64,  et  d'Albe- 
ron  I,  évcque  "de  Liège,  1126,  p.  97  et  diplôme  de  Henri  IV,  25  juin  1079,  p.  29. 

(1)  A  partir  du  X''  siècle  une  véritable  renaissance  monasticiuc  s'opéra  sous  l'impulsion 
féconde  du  glorieux  ordre  de  Cluny  qui  devait  être  le  principal  propagateur  des  idées  de 
reforme.  Vovez  J.-B.  Brugerette,  Grégoire  VII  et  la  réforme  du  XI°  siècle  dans  la  COL- 
LECTION "science  et  religion,  p.  15  ;  A,  Gauchie,  op.  cit.,  U<^  partie,  introduc- 
tion, p.  XXXIX  et  A.  DE  Brimont,  Un  pape  au  moyen  âge,  Urbain  II,  Paris,  1862,  pp. 
67-85. 

(2)  M.  l'abbé  Erxst,  Histoire  du  Limbourg,  édition  Ed.  Lavalleye,  T.  II,  p.  158  et  sqq.  ; 
Edmond  Poullet,  Origines,  développements  et  transformations  des  institutions  dans  les 
anciens  Paijs-Bas,  1882,  T.  I.,  p.  202;  Aegidii  Aureaevallis  religiosi  Gesta  pontificum  leo- 
diensium,  Leodn',  1613,  T.  II,  p.  38  et  M.  G.  H.  SS.,  T,  XXV,  pp,  89-90  qui  reproduisent 
l'ouvrage  précédent  de  Gilles  d'Orval.  Mon  énumération  comprend  les  temps  de  halte  qui 
existaient  avant  et  sous  Henri  le  Pacifique. 

(3)  G.  KuRTH,  Manuel  d'histoire  de  Belgique,  p.  45  et  Idem, Abrégé  de  l'histoire  de  Bel- 
gique, p,  32. 


—  338  — 

el  le  (.ummoncomcnt  d'une  évoluliuii  juridique  réclamée  par  les  besoins  nou- 
veaux :  deux  fruits  précieux  du  travail  pacifiste  des  évèques.  Plus  tard,  les 
citadins  en  tirèrent  encore  Tidée  de  conclure  entre  eux  des  associations  ana- 
logues ayant  un  caracLère  municipal.  Si  les  Trèves-Dicu  n'ont  pas  été  le 
germe  des  communes,  elles  ont  placé  au  berceau  de  ces  créations  démocra- 
tiques des  modèles  qu'elles  ont  eus  sous  les  yeux  et  qui  ont  été  contre  l'esprit 
individualiste  un  stimulant  des  plus  effîcaces  (1). 

Bien  (pie  décrétées  par  des  conciles  et  établies  réglementairement  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe,  les  ligues  de  la  paix  ne  survécurent  pas  à  l'époque 
qui  avait  présidé  à  leur  format' on. 

Henri  de  Veidun,  évêque  de  Liège  (1076-1091),  résolut  de  faire  revivre 
dans  son  diocèse,  ces  lois  bienfaisantes  et  d'y  ajouter  de  nouvelles  disposi- 
tions mieux  adaptées  à  l'esprit  du  temps:  c'est  la  Paix-Dieu. 

Comme  sanction  de  ces  règlements,  les  seigneurs  Albert  de  Namur,  Conon 
de  IMontagu,  Conrad  de  Luxembourg,  Godefroid  de  Bouillon  et  la  plupart 
des  princes  de  la  Belgique  orientale  (2),  établirent  à  Liège,  avant  1083,  le 
Tribunal  de  la  Paix,  qui  devait  juger  des  contraventions  aux  lois  nouvelle- 
ment promulguées  dans  le  diocèse  (3).  Ce  tribunal  siégeait  entre  la 
cathédrale  et  l'église  Notre-Dame-aux-Fonts.  Le  princc-évêque  convo- 
quait les  membres  et  présidait  les  séances  avec,  comme  assesseurs,  les  prin- 
cipaux du  clergé,  les  échevins  de  la  ville  et  les  magnats  du  diocèse.  Les  causes 
étaient  introduites  le  samedi  et  serfs  et  nobles  pouvaient  porter  leurs  plaintes. 
Le  tribunal  siégeait  le  dimanche.  L'accusé  avait  la  faculté  d'affirmer  son 
innocence  par  serment,  le  tribunal  prononçait  l'acquittement.  Le  condamné 
devait  se  conformer  à  la  sentence  sous  peine  de  bannissement  ou  d'excom- 
munication comme  il  lui  était  loisible  de  réclamer  le  jugement  de  Dieu.  Dans 
ce  cas  un  combat  avait  lieu  sur  la  place  du  Marché  entre  l'accusé  et  l'appe- 
lant en  présence  des  échevins  (4).  Les  armes  étaient  l'épée  et  la  hache  ou 
le  bâton  selon  que  les  lutteurs  étaient  libres  ou  serfs.  Preuve  manifeste  que 
la  justice  aveugle  de  l'époque  barbare  n'avait  pas  encore  complètement 
disparu  des  mœurs  publiques  et  que  subsistait  encore,  du  moins  en  fait,  le 
souvenir  des  anciennes  ordalies  (5).  Que  nous  sommes  loin  cependant  déjà 
de  ces  temps  où  le  coup  de  poing  ou  la  hache  apportait  la  conclusion  de 
tout  débat  et  où  la  vengeance  privée  seule  pouvait  punir  le  coupable  ! 

Cette  juridiction  qui  vécut  jusqu'en  1467  était  absolument  volontaire  et 
n'y  étaient  soumis  que  les  territoires  dont  les  feudataires  y  avaient  adhéré 
d'avance  par  un  acte  formel  (6). C'était  une  paix  consentie  parla  volonté  réflé- 
chie des  consciences.  Qu'à  côté,  notre  paix  armée  du  XX^  siècle,  rêvée  au 


(1)  G.  KuRTH,  La  cité  de  Lièijc  an  moyen  dge,  Introduction,  pp.  XXXI-XXXII. 

(2)  Ernst,  op.  cit.,  p.  149,  cite  les  noms  de  tous  ces  princes. 

(3)  G.  KuRTH.  La  cité  de  Liège,  I,  pp.  49,67  et  126  ;  II,  p.  20  et  III,  p.  83. 

(4)  Ernst,  op.  cit.,  p.  153  donne  tous  les  détails  de  cette  procédure. 

(5)  Edmond  Poullet,  op.  cil.,  I,  pp.   430  et  sqq.,  534  et  840  ;  II,  pp.  66,  99,  177,  188, 
193  et  790. 

(6)  .\.  Delescluse,  op.  cit.,  passim. 


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milieu  des  canons  et  des  cuirassés,  nous  paraît  fragile  !  La  Trêve-Dieu  déjà 
avait  revêtu  le  même  caractère  de  liberté.  C'est  d'ailleurs  le  seul  naturel.  En 
efîet,  comment  comprendre  que  des  seigneurs  lassés  de  querelles,  des  tra- 
vailleurs avides  de  tranquilité  et  de  repos,  veuillent  imposer  par  les  armes 
une  institution  qui  ne  pourra  jamais  sortir  ses  heureux  efïets  qu'au  profit 
de  sujets  qui,  de  leur  bon  et  plein  gré,  l'auront  acceptée  des  mains  aimées  de 
leurs  princes?  Pour  bien  saisir  cette  mentalité, il  faut  se  représenter  qu'alors 
le  mot  de  paix  avait  le  même  prestige  qu'en  d'autres  temps  devait  avoir 
celui  de  liberté  et  qu'a  de  nos  jours  celui  de  justice. 

Le  comté  de  la  Roche,  sous  Henri  I  et  ses  successeurs,  ne  fut  pas  soumis  à 
ce  tribunal  de  paix.  Le  fait  est  attesté  dès  le  XIII^  siècle  (1).  Moins  d'un 
siècle  après,  en  1343,  les  démêlés  de  l'évêque  de  Liège  et  du  comte  de  Luxem- 
bourg, au  sujet  de  leurs  prétentions  respectives  sur  la  Roche,  se  terminaient 
à  l'amiable  le  l*^^"  juillet  de  cette  année  et  un  acte  émané  de  l'évêque  en  cette 
circonstance  constate  que  l'on  ne  peut  attraire  à  sa  barre  ni  les  bourgeoL  de 
la  Roche  ni  les  habitants  du  comté  (2).  Comment  expliquer  cette  franchise? 
Une  réponse  sera  donnée,  trois  siècles  plus  tard,  par  Jean  d'Outremeuse 
(t  L399)  (3).  Le  pillard  comte  de  la  Roche,  selon  ce  chroniqueur  doublé  d'un 
romancier,  n'ayant  pas  voulu  sceller  l'accord  conclu  entre  différents  seigneurs 
le  18  mai  1084,  les  signataires  auraient  ravagé  l'Ardenne  et  assiégé  Henri  P'" 
dans  son  château  de  la  Roche.  Après  un  long  siège  le  rusé  comte,  réduit  par 
la  famine,  aurait  lâché  dans  le  camp  ennemi  une  truie  repue  à  crever.  A 
cette  vue,  les  princes  désespérés  se  seraient  éloignés  d'une  forteresse  encore 
si  bien  munie  de  vivres  après  un  long  siège  en  convenant  que  le  chef-lieu  du 
comté  et  son  territoire  à  une  lieue  à  la  ronde  bénéficieraient  derexemption(4). 
Cette  légende  a  été  acceptée  comme  vérité  pendant  cinq  siècles. 

Des  seigneurs  qui  conviennent  de  vivre  en  paix  et  de  trancher  leurs  diffé- 
rents par  un  arbitre,  violeront-ils  leur  contrat,  s'exposeï ont-ils  à  compromet- 
tre leur  œuvre  à  peine  établie  pour  recruter  par  la  force  un  nouvel  adhérent 
qui  n'attendra    qu'une  occasion  favorable  pour  resaisir  son  indépendance? 


(1)  J'ai  lu  dans  les  Gesta  pontificum  tiingrensiam,  trcifedensiiim  et  leodiensium  abbreoiaia 
reproduits  dans  Mon.  Germ.  Hist.  SS.,  XXV,  131  :  «  Scd  nobilis  cornes  del  Rouclie  se  et 
suam  terrain  exemit  omnibus  in  curia  régis  pro  se  et  suis  terris  hominibusve  ac  dignitatibus 
consentientibus.  »  Ce  texte  ne  se  trouve  pas  dans  le  manuscrit  de  cet  ouvrage  possédé  par  la 
Bibliothèque  royale  de  Belgique  sous  le  n»  19627. 

(2)  Voici  les  termes  de  cet  acte  qui  concernent  l'accord  en  question  :  «  On  ne  puist  de 
cest  jour  en  avant  appeleir  devant  nous  evesques  a  la  paix  de  Liège  les  bourgeois  de  la  ville 
de  la  Roiche  et  Ardenne  demeurant  en  ladicte  ville  résidemment  ni  assis  cex  qui  demourent 
residemment  dedans  le  terme  de  la  conteit  c^e  la  Roiche  comme  nous  soiens  souffisamment 
enformez  que  li  bourgois  dessusdis  et  li  menans  en  ladicte  eonteit  de  la  Roiche  quant  a  ce 
d'ancienneteit  en  doivent  être  frans.  »  Table  chronolocjiqiie  des  chartes  et  diplômes  etc., 
publiés  par  M.  Wiirth-Pâquet  dans  les  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  HISTO- 
RIQUE DU  GRAND-DUCHÉ  DE  LUXEMBOURG,  T.  XXI,  charte  n»  1593,  p.  22. 
J'ai  trouvé  une  preuve  non  moins  catégorique  de  cette  exemption  dans  un  Record  de  la 
Cour  féod.  de  la  Roche  (A-RCH.  DE  L'ÉTAT,  à  Arlon)  en  date  du  18  mars  1427  :  «...nous 
tenons,  dit  cet  acte,  sceaux  de  marche  en  famen  estre  de  la  conteit  de  la  Roich  et  partant 
teneons  que  ils  ne  doivent  est  point  appeleir  à  la  dict  paix...  » 

(3)  Jean  d'Outremeuse,  Ly  Mijreiir  des  histors,  Livre  II,  pp.  277-280  dans  les  publica- 
tions de  la  Com.  roy.  d'hist.,  édit.  MM.  Borgnet  et  Bormans,  7  vol.,  Bruxelles,  1864-1887. 

(4)  Ernst,  op.  cit.,  II,  161-162,  exhibe  par  le  menu  ce  combat  imaginaire. 


—  360  — 

Xul  ne  le  pensera  surtout  aujourd'luii  que  nous  voyons  quarante-quatre 
puissances  amenées  par  la  persuasion  à  adhérer  à  la  Cour  d'arbitrage  inter- 
nationale. Elle  est  aussi  toute  spontanée  l'adhésion  des  Etats  de  l'Amérique 
centrale  au  tribunal  arbitral  de  Carthago  auquel  ces  républiques  doivent 
depuis  six  ans  de  ne  plus  se  faire  la  guerre.  Tout  souverain  est  libre  de  se 
faire  représenter  à  La  Haye  et  nul  n'a  la  pensée  de  partir  en  guerre  contre 
les  Etats  de  Costa-Rica,  Libéria  et  Monaco  dont  les  noms  ne  figurent  pas 
dans  le  contrat  de  1907.  Il  n'en  fut  pas  autrement  en  cette  fin  du  XI"^  siècle 
où,  nous  l'avons  dit,  tout  le  monde  avait  soif  de  calme  et  de  paix.  Henri  I^r 
n'a  pas  voulu  se  soumettre  au  tribunal  de  l'évêque,  c'est  l'unique  raison  de 
l'exemption  de  notre  comté  de  cette  juridiction  liégeoise. 

Pour  quels  motifs  Henri  I^f  de  la  Roche  n'a-t-il  pas  voulu  se  soumettre 
au  Tribunal  de  la  Paix?  A  défaut  de  documents  je  recourrai  à  l'hypothèse 
et  je  conclurai  d'après  la  logique  des  faits. 

L'exemption  fut  réelle,  le  texte  (1)  des  Gesla  abbreviata  ne  nous  permet  pas 
d'en  douter.  Cet  acte  d'autorité  de  la  part  d'un  simple  comte  nous  étonne 
cependant  quelque  peu  quand  par  après  nous  ne  voyons  que  des  empereurs 
ou  un  puissant  duc  de  Bourgogne  oser  toucher  à  cette  institution  pour  la 
confirmer  ou  en  affranchir. 

Henri  est  un  papiste.  Cette  mentalité  orthodoxe  et  romaine  le  comte  de 
la  Roche  l'a  puisée  dans  sa  famille  bercé  qu'il  était  sur  les  genoux  de  son  aïeule 
Régelinde,  sœur  d'un  pape  ;  et  puis,  ses  relations  avec  les  moines  de  Saint- 
Hubert,  qui  jamais  ne  furent  rien  moins  qu'impérialistes  dans  la  querelle  des 
investitures,  ne  firent  que  confirmer  en  lui  cette  conviction.  Notre  comte 
n'est  donc  pas  un  partisan  de  l'intrus  Otbert  qui  occupe  le  siège  de  saint 
Lambert  depuis  109L  L'occasion  est  belle  de  soustraire  ses  sujets  à  un  tri- 
bunal présidé  par  l'indigne  pontife.  Aussi  le  comte  la  saisit-il  avec  empresse- 
ment pour  écarter  de  la  tête  de  ses  chers  rochois  la  houlette  de  ce  faux  pasteur. 

Depuis  son  adolescence  le  fils  d'Albert  HI  a  vu  fonctionner  cette  procédure 
judiciaire.  Son  père  rentré  de  Liège,  au  soir  des  audiences,  a  bien  des  fois 
raconté  à  ses  beaux  gars,  devant  l'àtre  flambant  de  la  grande  salle  du  donjon 
namurois,  les  différentes  péripéties  de  ces  jugements.  Pendant  vingt  ans 
Henri  a  pu  apprécier  les  bienfaits,  comme  ses  oreilles  ont  pu  entendre  les 
critiques  à  l'adresse  de  cette  juridiction  ;  et, si  le  jeune  comte  ne  l'a  pas  admise, 
une  fois  les  reines  du  pouvoir  dans  ses  mains,  c'est  qu'il  en  avait  reconnu  au 
moins  l'inutilité  pour  ses  sujets  rochois. 

Peut-être  aussi  l'institution  ne  répondait-elle  plus  aux  aspirations  popu- 
laires qui  tendaient  à  ce  que  les  manants  fussent  administrés  et  jugés  par 
leurs  propres  délégués.  Ces  idées  qui  s'acheminent  vers  la  commune  se  font 
jour  du  moins  dans  les  villes.  Henri  en  administrateur  averti  a  reconnu  que 
ce  tribunal  n'a  plus  son  opportunité  originelle,  que  c'est  une  institution  peut- 
être  fort  critiquée  par  les  rochois,  une  servitude  même,  dénomination  que 
suggère  naturellement  le  mot  exemit  du  chroniqueur. 


(1)  Reproduit  plus  haut,  page  359,  note  1. 


—  361  — 

Henri  I  sait  encore  que  ses  terriens,  sous  leurs  chaumières  de  torchis,  ont 
des  mœurs  calmes  et  de  modestes  aspirations,  car  ils  sont  agriculteurs  et  éle- 
veurs de  bestiaux  par  conséquent  peu  enclins  à  la  guerre  et  aux  querelles, 
que  les  seigneurs  clairsemés  dans  les  bruyères  et  les  taillis  s'adonnent  pas- 
sionnément à  la  chasse  et  n'ont  d'autres  soucis  que  de  percevoir  les  cens  de 
leurs  serfs  et  de  leur  administrer  la  justice.  Les  abus  de  force  étaient  donc 
plus  que  rares  parmi  ces  familles  patriarcales  et  les  juridictions  locales  leur 
suffisaient  amplement. 

Si  ces  hypothèses  ne  semblent  pas  satisfaisantes  pour  expliquer  l'opinion 
du  premier  comte  de  la  Roche  de  refuser  la  juridiction  liégeoise,  je  les  cède 
au  lecteur. 

Certains  disent  que  cette  exemption  ne  doit  pas  être  attribuée  au  fondateur  de 
la  dynastie  rochoise,mais  qu'elle  est  venue  de  son  père  Albert  III  de  Namur. 
C'est  là  une  autre  erreur.  Un  historien  liégeois  (1551-  f  1617)  reproduisant 
une  chronique  du  XI 11*^  siècle  avait  omis  d'ajouter  au  nom  de  notre  comte 
la  forme  romane  del  rouche  (1)  dans  le  passage  où  il  est  question  de  cette  exem- 
ption et  comme  dans  la  phrase  précédente  du  chroniqueur  médiéval  il  s'agit 
d'Albert  de  Namur,  l'exemption  fut  attribuée  au  comte  namurois  par  les 
lecteurs  trop  naïfs  du  négligent  copiste. 

§  X.  —  Sa  mort  et  ses  funérailles. 

Henri  avait  donc  abrité  son  âge  mûr. et  sa  vieillesse  dans  cette  demture 
agreste  bâtie  sur  un  rocher  nu  en  face  des  verdoyants  coteaux  qui  y  font  un 
coude  comme  pour  embrasser  la  rivière  et  l'église  dans  une  étreinte  joyeuse. 
Arrivé  au  soir  de  sa  vie,  le  vieillard  assis  sur  la  terrasse  bordée  de  genêts  aux 
corolles  d'or  du  manoir  aimé,  plonge,  maintenant  plus  souvent  que  jadis, 
son  regard  vers  ce  côté  de  l'horizon  coupé  par  Corimont  et  Cereux  lequel 
dresse  au-dessus  du  bourg  le  signe  salutaire  du  gibet  (2).  Ses  pensées  jaillissent 


(1)  Les  annotateurs  des  Gcsla  abbreviala  dans  les  Mon.  Gcrm.H.  .S.S.,XXV,  131,  affectent 
le  nom  du  fief  del  Roiiche, cow\ç\\\i  dans  le  passage  cité  p. 32,  note  1,  de  ces  mots  :  «  del  Rouche 
deest  M.  Chr.  B.  »  On  ne  possède  plus  le  manuscrit  de  ce  Magnum  Chronicon  Belgicum,  mais 
Chapeaville  qui,  dans  son  ouvrage  Gcsla  pontificiim  T.,  T.  et  L.,  Liège,  1()13,  II,  39,  en  repro- 
duit le  texte,  omet  les  mots  del  Rouehe.LeP.de  Marne  visant  ce  passage  tronqué  écrit  dans 
Ernst,  op.  cit.,  II,  162,  n<>  1  :  «  Il  peut  y  avoir  quelque  omission  dans  ce  texte,  qu'il  faudra 
peut-être  remplir  par  le  met  de  linpe  placé  après  celui  de  cornes.  »  Si  ce  moine  historien 
avait  eu  la  chance  de  tomber  sur  le  manuscrit  original  des  Gesta  oèôrei'/o^a  qui  se  tenait  blotti 
dans  la  bibliothèque  du  séminaire  de  Luxembourg,  il  n'aurait  pas  manqué  d'être,  comme 
nous,  carrément  affirmatif.  Le  travail  du  chanoine  et  vicaire  général  Jean  Chapeaville 
n'est  qu'une  juxtaposition  coordonnée  des  études  de  ses  prédécesseurs  historiens  Hariger, 
Anselme,  Gilles  d'Orval,  Godelscac,  Nicolas,  etc.,  à  laquelle  il  se  contente  d'ajouter  des 
annotationes  à  la  fin  de  chaque  chapitre. Le  passage  qui  nous  préoccupe  ligure  dans  la  première 
des  trois  annotationes  de  la  page  susdite.  La  voici  à  part  les  termes  incidents  :  «  De  hac 
lege  et  pace  sic  loquitur  Maç/niim  Chronicon  Belgicum  :  cum  nimiae  fièrent  strages  homi- 
num  et  incendia,  et  praedaè  et  rapinae...  concilio  Alberti  comitis  Namurcensis  ...pacem 
composuit  omnibus...  profuturam...  quae  pax  anno  pontificatus  Hcnrici  decimi  quarti 
in  expeditione  Romana  per  Henricum  regem  quartum,  et  principes  confirmata,  et  episcopo 
Henrico  datae  literae  :  sed  Comes  se  et  suam  terram  exemit  ex  hac  pace  :  et  ideo  hic  episco- 
pus  deinceps  pacificus  vocatus  est.  » 

(2)  Les  exécutions  des  criminels  avaient  lieu  à  la  Roche  au  lieu-dit  Ceureux  ancienne- 
ment Cereux  (Archives  de  Ste-Ode,  liasse  X,  à  l'INST.   ARCHÉOL.  DU  LUX.,  à  Arlon). 


—  362  — 

nombrousos  el  fuient  vers  ces  multiples  collines  aux  flancs  peuplés  d'hommes 
et  couverts  île  moissons,  aux  pics  ()m!)ragés  de  forêts  d'où  émergent  ça  et 
là  une  grise  roche  ou  un  massif  castel,  au  pied  baignant  dans  les  eaux  lim- 
pides de  rOurthe  et  du  Bronze,  de  la  Siire  et  du  Laval,  de  la  Lomme  et  de  la 
1  lalmaiche  qui  se  déroulent  avec  des  courbes  bizarres  au  milieu  des  régions 
pittoresques  de  son  vaste  comté  (1)  ;  puis,  réfléchissant  que,  pendant  son 
règne,  il  a  édifié  ses  sujets  par  ses  vertus  de  probe  chevalier  et  de  chrétien 
sans  reproche,  qu'il  a  été  un  émule  des  moines  de  Stavelot  et  de  Saint-Hubert 
pour  améliorer  la  situation  sociale  et  économique  des  prolétaires,  qu'il  a 
étendu  partout  le  règne  de  la  justice  tout  autant  que  celui  de  la  charité, 
qu'il  a  versé  ainsi  plus  de  paix  et  de  bonheur  au  sein  des  plus  humbles  foyers, 
Henri  doit  se  dire,  sans  doute,  qu'après  une  existence  qui  a  valu  la  peine 
d'être  vécue  il  n'y  a  pas  d'amertume  à  mourir. 

Notre  comte  était  septuagénaire  :  les  boucles  de  ses  cheveux  étaient  blan- 
ches comme  la  neige  et  ses  joues  brunes  comme  le  feuillage  du  chêne.  Une 
maladie,  messagère  de  sa  fm,  le  visita.  C'était  avant  le  5  juin  1139  (2).  Digne 
pendant  sa  vie,  le  père  du  comté  de  la  Roche  fut  grand  en  face  de  la  mort  : 
Henri  I  parle  et  c'est  pour  demander  le  prêtre.  Avec  quelle  humilité  le  des- 
cendant des  pieux  comtes  de  Namur  offre  à  Dieu  le  sacrifice  de  sa  vie  et 
accepte  de  voir  se  briser  les  liens  de  l'amitié,  de  l'autorité,  de  la  chair  et  du 
sang  !  Pour  rassembler,  à  l'église,  les  fidèles  qui  accompagneront,  en  rang 
et  respectueusement,  le  T.  S.  Sacrement,  on  sonne  la  cloche  de  la  façon 
convenue,  puis  la  sainte  communion  est  portée  à  l'auguste  malade.  Le  prêtre 
cil  marchant  précédé  de  la  sonnette  et  de  la  lanterne  récite  des  psaumes,  des 
litanies  et  oraisons  pendant  tout  le  parcours.  Le  corps  du  Seigneur  est  porté 
avec  un  souverain  respect  dans  un  calice  recouvert  d'un  couvercle  surmonté 
d'une  croix  et  orné  d'un  voile  à  franges  de  soie.  Le  pasteur  demande  au  comte 
de  la  Roche  s'il  croit  que,  sous  cette  forme  de  l'hostie,  réside  le  corps  du  Sei- 
gneur, né  de  la  Vierge  Marie,  torturé  sur  la  croix,  ressuscité  le  troisième 
jour.  «  Oui,  je  le  crois  »  est  la  réponse;  puis, le  saint  Viatique  est  administré 
au  princier  moribond.  Les  rochois  vivement  impressionnés  par  cette  scène 
grandiose  en  sa  simplicité  redescendent  jusque  l'église  avec  le  prêtre  qui  porte 
toujours  le  corps  du  Seigneur. 

Henri  I,  sur  son  lit  qu'entourent  son  épouse  et  ses  enfants  en  pleurs,  la 
main  surl'épée  et  les  yeux  sur  le  crucifix,  récite  d'une  voix  sombre  et  saccadée, 
le  Paler,  Y  Ave  (3)  et  le  Credo,  puis  le  cher  comte  s'éteint  doucement  comme 
une  lampe  qui  a  consumé  son  huile  tandis  que  l'on  entend  dans  la  grande 
salle  où,  par  les  archères,  l'aurore  filtre  ses  teintes  de  rose,  le  murmure  des 


(1)  Nous  croyons  pouvoir  publier,  en  annexe  à  une  étude  subséquente,  la  carte  géogra- 
phique du  comté  de  la  Roche  à  l'époque  de  la  maison  de  la  Roche. 

(2)  Chanoine  A.  de  Leuze.  La  Roche  et  son  comté,  1907,  p.  29. 

(3)  Les  hagiographes  des  temps  mérovingiens  ont  mis  sur  les  lèvres  de  leurs  héros  mou- 
rants saint  HulHTt  {Acia  SS.),  sainte  Ode,  veuve  (IbicL),  etc.,  les  paroles  vénérables  du 
Palcr  et  du  Credo.  Comme  la  Salutation  angélique  entra  dans  la  liturgie  officielle  dès  avant 
le  XI«  siècle,  nous  pouvons  croire  que  les  chrétiens  du  temps  de  Henri  I  de  la  Roche  se  fai- 
saient, déjà  alors  comme  aujourd'hui,  une  douce  obligation  de  joindre. cette  prière  au 
Noire  Père  et  au  Je  crois  en  Dieu  au  cours  des  angoisses  de  l'agonie. 


—  363  — 

prières  liturgiques  des  moines  de  Stavelot  et  de  Saint-Hubert  accourus  au 
chevet  de  leur  ami  et  protecteur. 

Le  curé  de  la  paroisse  s'empresse,  aussitôt  après  le  décès,  de  réciter  le 
De  profundis  et  l'oraison  pi  es  du  cadavre.  La  cloche  de  l'église,  pendant  plu- 
sieurs semaines,  asperge  l'air  de  sons  lugubres  et  le  moulin  fait  taire  son  habi- 
tuel tic  tac  (1).  Le  corps  n'est  pas  gardé  au  château  :  on  le  porte  à  l'église  où, 
chaque  nuit,  les  matines  sont  chantées,  puis,  l'ofTice  de  nocturne  terminé, 
le  vicaire  congédie  l'assistance  et  ferme  le  lieu  saint. Toutes  les  cours  du  comté 
ont  reçu  notification  officielle  du  décès  et  la  triste  nouvelle  met  les  cœurs  dans 
une  étreinte  douloureuse.  Le  reste  du  jour,  le  serf,  la  tête  basse,  suit  ses  grands 
bœufs,  muet  et  pensif.  C'est  que  Henri  avait  augmenté  le  comté  sans  coup 
férir.  L'histoire  vraie,  en  eiïet,  n'implique  notre  bien-aimé  prince  dans  aucune 
guerre  pas  même  dans  le  combat  de  Huy  qui  valut  à  son  frère  le  siège  épis- 
copal  de  Liège  :  d'humeur  pacifique  Henri  n'eut  d'amour  que  pour  le  devoir, 
son  castel  et  sa  famille. 

Ce  prince  magnanime  avait  régné  plus  par  le  cœur  que  par  le  sceptre. 

Un  cortège  imposant  accompagna  la  dépouille  mortelle  jusqu'à  l'église 
d'Ortho  où  les  quatre  prêtres  qui  l'y  déposèrent  se  tenaient  aux  quatre  coins 
de  la  bière  (2).  Le  doyen  de  Bastogne,  qui  avait  le  privilège  d'enterrer  les 
nobles  de  sa  chrétienté,  présida  le  service  funèbre.  A  l'issue  de  la  messe, 
après  le  Non  intres  et  le  Siibvenite,  quatre  diacres  chantèrent  successive- 
ment le  commencement  d'un  des  quatre  évangiles.  Ce  chant  alternait  avec 
des  responsoirs  et  des  oraisons  pendant  lesquels  le  célébrant  encensait  et  as- 
pergeait le  cercueil  et  la  tombe  vierge  ouverte  devant  l'autel  de  saint  Rémi  (3). 
Cela  terminé,  les  diacres  portèrent  le  cercueil  au  bord  de  la  fosse  où  l'on 
entonna  les  psaumes  Confilemini  Domino, Quoniam  bonus, Quemadmoclum  desi- 
derat,  Jubilate  et  Memenlo  qui  comme  le  Benedidus  expriment  l'allégresse  de 
l'àme  à  son  entrée  dans  le  séjour  de  l'éternité  bienheureuse.  L'auguste  défunt 
fut  ensuite  descendu  dans  la  fosse  et  le  doyen  l'aspergea  encore  en  récitant  les 


(1)  Le  moulin  banal  de  la  Roche  au  temps  de  Henri  I  tournait  sur  le  Bronze  et,  déjà  en 
1354,  on  l'appelait  li  vie  mollin  par  opposition  sans  doute  au  moulin  récemment  construit 
à  l'intérieur  des  fortifications.  Celui-ci  occupa,  pendant  plus  de  cinq  siècles,  l'emplacement 
actuel  du  Cercle  catholique.  Ses  roues  étaient  mues  par  l'eau  d'un  bief  qui  la  premait  en 
aval  de  Harcé-GofTe  et,  grossi  du  ruisseau  de  Gohettc,  la  rendait  à  l'Ourthe  au-delà  de  l'en- 
droit appelé,  dès  le  second  quart  du  XIV <■  siècle,  la  porte  du  Gravier. 

(2)  J.  Ceyssens,  Les  doi]ens  ruraux  dans  l'ancien  diocèse  de  Liège  dans  BULLETIN 
SOCIÉTÉ  D'ART  ET  D'HIST.  LIÈGE,  T.  IX,  pp.  57-58,  où  j'ai  puisé  le  rite  des  funé- 
railles qu'en  va  lire.  ,AI.  l'abbé  Cevssens  s'est  inspiré,  pour  écrire  ce  qui  a  trait  aux  funé- 
railles, de  l'ancien  rituel  liégeois  qui  se  trouve  en  manuscrit  à  la  bibliothèque  de  l'Uni- 
versité de  Liège  et  qui  a  été  reproduit  dans  les  Analecles.  C'est  du  moins  ce  que  m'a 
écrit  l'un  de  mes  estiniés^orrespondants,  mais  il  m'a  été  impossible  jusqu'à  cette  heure 
de  me  procurer  cet  ouvrage. 

(3)  En  1570.  le  sire  de  Villcrs  choisit  sa  sépulture  dedans  leur  mère  église  à  Xotre-Dame 
à  Samré.  (Cour  féod.  de  la  R.)  Le  1  juin  1611,  Henri  de  Hamptel,  seigneur  de  Prelle,  et  son 
épouse  Catherine  de  Herlinval  demandent  d'être  sépallurés  dans  l'église  de  Roumont, 
auprès  de  leurs  prédécesseurs.  (Arch.  de  Sle-Ode).  Les  Piret  de  Ste-Ode,  au  XVII<"  siècle,  repo- 
sèrent dans  l'église  de  Tenneville.  (Ibid.)  Le  seigneur  de  Cielle  en  vertu  d'un  acte  du  23 
décembre  165l'sera  inhumé  en  la  nave  de  l'éqlise  de  Cielle  auprès  de  feue  sa  mère.  {Gref.  seab. 
de  Cielle.)  C'est  ainsi  que  le  pavé  de  nos  vieilles  églises  n'était  composé  que  de  pierres  tom- 
bales. 


—  364  — 

prières  par  lesquelles  l'Eglise  demandait  pour  le  comte  Henri  le  bonheur 
de  la  résurrection  glorieuse  et  de  la  vie  éternelle.  I^],nfin,  le  célébrant  jeta 
la  première  j)elletée  de  terre  et,  pendant  i\uc  les  assistants  continuaient  cette 
funèbre  besogne,  les  piètres  i)salmodièrent  les  psaumes  Domine  probasli  me, 
Domine  exaiidi,  Laudate  et  d'autres  prière. . 

Le  doyen  reçut  pour  ses  honoraires  la  cire,  l'offrande  et  le  drap  mortuaire 
sur  lequel  la  comtesse  Mathilde  et  ses  enfants  Godefroid,  Henri,  Mathilde  et 
Beatrix  avaient  déposé  une  pièce  d'or  (1). 

Sous  les  dalles  voyantes  de  Téglise  romane  d'Ortho,  notre  premier  comte, 
Henri  I,  sommeille  dans  sa  tombe  et  le  pieux  fidèle  ignore  qu'il  foule  aux 
pieds  la  cendre  sacrée  du  fondateur  de  la  Hoche.  Le  vieux  bourg  rochois, 
nimbé  de  légendes,  lève  vers  le  ciel  limpide  sa  tète  et  ses  épaules  décharnées 
sous  un  lierre  narquois  et  redit  aux  curieux,  par  la  voix  plaintive  de  ses  seuls 
hôtes  les  noirs  sapins  qu'agite  le  vent,  la  caducité  des  grandeurs  humaines. 

Tout  comme  au  temps  de  Henri,  les  cerfs  et  les  chevreuils  errent  encore 
avec  majesté  sous  l'ombrage  de  nos  chênes  houleux  et  dans  sa  ravine  dentelée, 
là-bas,  rOurthe  écumeuse  envoie  toujours  avec  son  déclic  moqueur  ses  ondes 
cristallines  vers  le  pays  mosan. 

V.  Habran. 


(1)  C'est  par  cette  disposilioii  du  vieux  droit  coulumior  que  s'explique  comment  messire 
de  Coppin,  seipneur  de  Beausaint,  a  pu  écrire  dans  son  testament  du  9  mars  1727  que 
l'on  portera  au  doijen  une  pièce  d'or  soie  qu'il  si  trouve  (aux  obsèques  du  testateur)  ou  point. 
{Cour  féod.  de  la  R.) 


—  365  — 


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—   366   — 


TABLE    DES   MATIÈRES 


PAGES. 

Avant-propos 

332 

§1- 

—  Naissance  de  Henri  I,  premier  comte  de  la  Roche. 

333 

§  II. 

—  Sa  famille 

333 

§  m. 

—  Son  adolescence 

335 

§  IV. 

—  Son  mariage 

338 

§  V. 

—  Sa  piété                                 

339 

§  VI. 

—  Sa  journée 

344 

§  VII. 

—  Ses  sujets     ......... 

348 

§  VIII. 

—  Son  avouerie 

351 

§  IX. 

—   Son  exemption  du  Tribunal  de  la  Paix  .... 

356 

§  X. 

—  Sa  mort  et  ses  funérailles ,    . 

361 

Appendice  :  Tableau  généalogique  de  la  Maison  de  la  Roche 

365 

FIN. 


NOTICE 


SEIGNEURIE  DE  GRUNE 


JVÎ.  le  Comte  jVîaurice-'paul-françois  de  Kamaix 

CONSEILLER   DE   LÉGATION   HONORAIRE    DE   S.    M.    LE   FOI   DES   BELGES, 
ANCIEN    MEMBRE    DE  LA  CHAMBRE  DES    REl'RÉSENTANTS.    SÉNATEUR   POUR  L'ARRONDISSEMENT  D'ANVERS. 


24 


368     — 


GRUNE. 


Grune  qui,  avant  la  Révolution  française,  s'orthographiait  Grunes,  Grusne 
et  Grunne,  est  un  village  de  500  habitants  situé  dans  l'arrondissement  de 
Marche,  à  cinq  kilomètres  de  Nassogne,  son  chef-lieu  de  canton.  Son  château, 
qui  date  du  commencement  du  XVIP  siècle,  était,  sous  la  féodalité,  le  siège 
d'une  seigneurie  hautaine  se  relevant  en  plein  fief  de  la  Cour  féodale  du  comté 
de  Laroche. 

Le  seigneur  y  exerçait  la  justice  par  un  mayeur  et  des  échevins  qu'il  nommait 
lui-môme  et  destituait  à  volonté.  Ce  mayeur  et  ces  échevins  avaient  «  cognois- 
sance  de  touttes  causes  civilles  et  criminelles,  réelles  et  personnelles  ;  ibidem, 
de  toutz  contratz,  venditions,  deschanges,  œuvres,  accense,  arrentements  et 
transports  tant  héritables  et  gagières  pour  estre  tenu  et  approuvez  de  valleurs, 
lesquels  se  doivent  faire,  passer  par  devant  euls.  «  (1) 

Gomme  tous  les  possesseurs  d'un  plein  fief,  le  seigneur  de  Grune  était  tenu  de 
«  comparoistre  au  siège  féodal  de  Laroche  toutes  et  quantes  fois  il  en  était 
requis,  pour  assister  à  la  judicature  des  causes  féodales  «  et  aussi  ■•  d'estre 
toujours  monté  et  tenir  cheval  et  armes  pour  aux  occurences  comparoistre  avec 
les'  autres  hommes  de  fiefs  es  lieux  et  places  là  où  le  service  du  prince  l'exi- 
geait et  selon  qu'il  était  semond  et  commandé  par  le  prévost  et  capitaine  de 
La  Roche,  es  main  duquel  il  devait  chaque  fois  prester  le  serment  de  féaulté.  » 

Les  possesseurs  d'un  plein  fief  devaient  payer  au  domaine  Ijuit  reaulx  d'or 
pour  les  reliefs  qui  se  faisaient  à  chaque  changement  d'héritiers  et  aussi  le 
treizième  denier  «  en  cas  de  vente,  aliénation  et  transport  »  du  fief.  (2) 

Avant  la  Révolution,  Grune,  au  point  de  vue  religieux,  dépendait  de  la 
paroisse  de  Nassogne  ;  après  le  Concordat,  ce  village  fut  réuni  à  la  paroisse  de 
Bande  ;  vers  1836,  il  fut  détaché  de  cette  paroisse  et  forma  une  cure  indépen- 
dante, ressortissant  au  doyenné  de  Nassogne. 


SEIGNEURS  DE  GRUNNE. 

Le  premier  seigneur  de  Grunne  dont  il  est  fait  mention  dans  nos  Annales 
Luxembourgeoises,  est  Henri  de  Wellin  qui  vivait  dans  le  commencement  du 
XIV^  siècle. 


(1)  Coutumes  de  Grune.  Voir  les  Communes  Luxembourgeoises. 

(2)  Cour  féodale  de  Laroche.  Reg  1591-1626.  P.  99  voet  Reg.  1626-1662.  P.  348  RV  Erections  en  pleit 
fiefs  des  seigneuries  de  Ste-Oudn  et  de  Hennet. 


—     369     — 

Henri  de  Wellin  descendait  de  l'ancienne  famille  noble  de  Wellin  qui  portait  : 
d'azur  à  deux  léopards  d'argent,  l'un  sur  l'autre. 

Aux  émaux  de  l'écu  près,  les  armoiries  des  de  Wellin  sont  celles  des 
d'Ochain  que  la  légende  dit  être  issus  des  ducs  de  Normandie  (l)  et  qui  portaient 
de  gueules  à  deux  léopards  d'argent,  l'un  sur  l'autre.  Les  de  Wellin  et  les 
d'Ochain  étaient  sans  doute  deux  branches  d'une  seule  et  même  famille. 

Une  branche  de  la  famille  de  Wellin  s'établit  à  Venatte  sous  Grupet.  C'est  de 
cette  branche  que  descend  Henri  de  Wellin,  seigneur  de  Grunne,  de  Crupet  et 
de  Masbourg.  Il  en  est  question  dans  les  actes  de  1290,  1293,  1317,  1333  (2). 
En  1317,  au  mois  de  février,  Henri  donne  des  lettres  de  franchise  au  village  de 
Grunne  et,  le  9  février,  même  année,  il  règle  les  droits  et  les  devoirs  de  ses 
habitants  ;  à  cet  acte  interviennent  comme  témoins,  son  frère,  Gobert  de  Wellin, 
Godefrin  de  Resteigne,  et  Masson  de  Nassogne. 

En  1333,  Jean  de  Bohême,  comte  de  Luxembourg  et  de  Laroche  lui  donna  en 
accroissance  du  fief  de  Grunne  trois  hommes  qu'il  possédait  à  Grune  avec  tous 
les  droits  seigneuriaux  qui  lui  appartenaient  sur  eux. 

Nous  trouvons  un  document  daté  de  1318  qui  mentionne  un  Thirion  de  Bras 
comme  seigneur  de  Masbourg  et  de  Grunne.  Il  est  à  remarquer  que  ce  même 
Thirion  avait  juré  le  règlement  des  droits  et  des  devoirs  des  gens  de  Grunne 
donné  en  1317  par  Henri  de  Wellin  (3).  Il  y  a  lieu  de  supposer  qu'il  était  de  la 
famille  de  Wellin  ou  allié  à  cette  famille.  On  ne  trouve  plus  Thirion  de  Bras 
mentionné  après  cette  date. 


De  Wellin,  la  seigneurie  de  Grune  passa  aux  Trina,  sans  doute  par  le  ma- 
riage de  Marie  de  Wellin  avec  Lambolin  de  Trina,  châtelain  de  Lomprez,  puis 
seigneur  de  Harzé  (4). 

«  Trina  ou  Trinal,  en  la  terre  de  Durbuy,  dit  Bertholet  (5),  avait  d'argent  à 
un  simple  aigle  éployé  de  sable,  à  bec  et  pieds  d'or.  L'an  1312,  vivait  Jacquemar 
de  Trinal,  prévôt  de  Laroche,  qui  fut  présent  à  l'accord  fait  entre  les  abbés  et 
les  religieux  de  Saint-Hubert,  et  Arnoux  de  Pettange,  touchant  la  juridiction 
que  les  moines  prétendaient  en  la  bass9  cour  de  ce  chevalier.  Les  années  sui- 


(1)  Corn.  Lux.  T.  V.  P    112.  -  (2)    T.  viB  P.  1193.  -  (3)  T   v.  P.  595.  —  (4)  T.  viB.  p.  1 192. 
(5)  Bertholet.  Hist.  de  Luxembourg  T.  VII.  P.  488. 


—     370     — 

vantes  parlent  encore  avec  éloges  de  ces  seigneurs,  qui  ont  été  du  siège  des 
nobles  et  qui  ont  donné  aux  Carmes  et  à  l'église  paroissiale  de  Marche  quelques 
biens,  entr'aulres  l'hermitage  du  Saint-Esprit  et  la  grande  prairie  au  dessous, 
avec  la  dime  de  Hanipteau.  » 

Trina  ou  Trinal  est  situé  dans  le  canton  d'Erezée  et  fait  partie  de  la  commune 
de  Beffe. 

Une  branche  de  la  famille  de  Trina  s'établit  à  Izier  ;  elle  est  dite  Sarter,  le 
Sarter,  de  Sarter.  Dans  la  première  moitié  du  XVI*  siècle,  vivait  Guillaume  de 
Trina,  écuyer,  seigneur  de  la  Thour  à  Izier,  qui  avait  épousé  Marguerite  de 
Vilhain  (1). 

En  14t)4r,  le  27  juin,  Jehan  de  Trinar,  chevalier,  seigneur  de  Grunne  et  de 
Masbourg,  confirme  les  privilèges  accordés  aux  habitants  de  Grunne  par  Henri 
de  Wellin,  en  février  1317  et,  le  9  février  1473,  il  déclare  s'être  transporté  à 
Halleux  et  y  avoir  ordonné  aux  prévôt  et  hommes  de  Laroche,  en  Ardenne, 
d'aller  à  chef  de  sens  à  Luxembourg,  en  vertu  de  lettres  obtenues  par  l'abbaye 
de  St-Hubert,  de  Guillaume  de  Grenart  (2). 

Jean  de  Trina  était  fils  de  Hubin  ou  Hubert  de  Trina,  écuyer,  mayeur  de  Huy 
en  1414,  et  de  Marie  dite  Magleine  de  Schœnvorst  de  Fexhe,  seconde  fille  à 
Henri  Schœnvorst  de  Fexhe,  chevaher.  Le  13  août  1476,  il  releva  de  la  cour 
féodale  des  princes  évêques  de  Liège,  les  seigneuries  d'Aaz  etd'Hermée  par  l'obit 
et  le  testament  de  Bertheloine  de  Fexhe,  sa  tante.  Il  épousa,  en  premières  noces, 
N.  de  Hemt'icourt,  fille  de  Jean  de  Hemricourt,  et,  en  secondes, noces  Catherine 
de  Strailes,  fille  de  Ameil  Baré  de  Strailes,  chevalier,  seigneur  d'Othée,  et  de 
Jeanne  de  Hamal  de  Soy,  fille  d'Eustache. 

Jean  de  Trina  était  submayeur  de  Liège  le  23  mai  1457,  subbailli  de  Liège 
le  27  janvier  1477  ;  il  vivait  le  2  janvier  et  le  12  mars  1459,  le  19  avril  1467,  le 
29  mars  1476  ;  le  8  avril  1478,  il  est  dit  :  Messire  Jean  de  Trinar,  chevalier, 
seigneur  de  Grunne,  d'Aaz  etd'Hermée  [Cour  féodale  desprmces  évêques  de 
Liège).  Jean  de  Trina  était  aussi  mayeur  de  Marche  :  c'est  ce  que  nous  apprend 
l'acte  cité  plus  haut  du  9  février  1473  ;  il  avait  une  sœur  du  nom  de  Catherine 
qui  vivait  le  7  juillet  1402  {Cour  féodale  ci-dessus). 


Sur  la  fin  du  XV"  siècle,  la  seigneurie  de  Grunne  était  entrée  dans  la  famille 
de  Hemricourt  par  le  mariage  de  Ernould  Bozeal  d'Hemricourt  avec  Jeanne  de 
Trina,  dame  de  Grunne. 


(1)  Le  P'oit.  Man.  !•  partie.  XXII. 

(2)  Coin.  Lux.  T.  V.  P,  595. 


—     371     — 

Dans  la  première  moitié  du  XIIF  siècle,  vivait  Thomas,  sire  de  Hemricourt 
qui  portait  de  gueules  à  une  bande  d'argent  ;  il  avait  épousé  une  fille  de  Heyne- 
mant  de  Hoctebierges  (1)  et  eut  de  son  mariage  six  enfants,  entr'autres  Robert 
de  Grennewy,  chevalier.  Robert  changea,  sans  doute  comme  puîné,  les  émaux 
des  armoiries  paternelles  et  porta  d'argent  à  une  bande  de  gueules  ;  il  laissa 
Ernould  Bozeal  I  et  une  fille. 

Ernould  Bozeal  I  eut  trois  fils,  messire  Thiry,  Ernould  Bozeal  II,  Robert  et 
une  fille  nommée  demoiselle  Grygon. 

"  Ernut  Bozeal  (II).  .  .  .  soy  mariât  en  la  conteit  de  Namur,  et  en  sont  issus 
ly  Bozeas  et  assy  chilh  de  Nanynes,  mannans  en  la  conteit  de  Namur,  et  por- 
tant les  armes  de  Hemricourt  :  d'argent  à  la  bende  de  gueles  »  (2). 

Ernould  Bozeal  II  eut  un  fils  du  même  nom  Ernould  Bozeal  III  d'Hemricourt. 

Ernould  Bozeal  III  avait  été,  avant  1341,  en  expédition  contre  le  roi  de 
France  ;  il  est  mentionné  comme  bailli  d'Entre-Meuse-et-Archeen  1358,  mayeur 
de  Namur  jusqu'au  21  mars  1361,  puis  à  partir  du  17  mai  de  la  même  année  ;  il 
devint  ensuite  bailli  du  comté  à  partir  de  1363  jusqu'en  1366,  et  semble  avoir 
vécu  jusqu'en  1401. 

Le  comte  de  Namur  lui  céda  ses  propriétés  de  Mozet,  à  charge  de  les  tenir  en 
fief;  Ernould,  de  son  côté,  lui  fit  hommage  de  ses  nombreux  biens  allodiauxsitués 
en  ce  même  lieu,  qui  lui  furent  rendus  en  fief;  Ernould  les  releva  en  1361.  La 
même  année,  il  acquit  la  seigneurie  de  Moinil.  Il  eut  plusieurs  enfants  de  Marie, 
fille  de  Gobin  d'Avin,  mayeur  de  Namur,  entr'autres,  Ernould  Bozeal  IV  et 
Ghobart,  seigneur  de  Moinil,  époux  de  Marie  d'Assonleville  (3).  Ce  dernier 
releva  Moinil  le  20  août  1402  par  transport  de  son  frère  Ernould  qui  venait  d'en 
faire  le  relief  comme  fils  aine  (4).  Ernould  Bozeal  IV,  dit  Ernould  Bozeal 
d'Hemricourt  de  Mozin  (de  Mozeti,  fut  mayeur  de  Namur  de  1370  au  14  janvier 
1378  ;  il  fit  relief  en  1392  et  en  1401  des  fiefs  de  Mozet  et,  le  23  février  1413,  il 
releva  de  la  cour  féodale  de  Liège  par  la  mort  de  Gollart  délie  Court  d'Ambresin, 
autrement  dit  d'Avin,  son  grand  père  (5).  Il  épousa  en  dernières  noces  une  fille 
de  Mathieu  de  Gorioul,  Marguerite,  dont  il  eut  un  fils,  nommé  Libert  de  Leuze, 
une  fille  Marie  et  un  fils  Ernould  V  (6). 


(1)  Hodebierge,  dépendance  de  Melin-sui'-Gobertange,  canton  de  Jodoigne. 

(2-4-5)  Miroir  des  nobles  de  la  Ilesbaye,  édition  du  chevalier  C.  de  Bornian,   publiée  en  1910,  1"  vol., 
pp.  168-169-18.3, 184  (notes). 

C3-6)  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  25.  Les  Échevins  de   Xciivur  par  Rodriguez 
pp.  28-29-36-37. 


—     372     — 

Ernould  V  releva  Mozet  en  1425  et  eut  de  sa  femme  Marie  de  Gorioul  huit 
enfants,  entr'autres,  Ernould  VI  qui  devint  seigneur  de  Grunnepar  son  mariage 
avec  Jeanne  de  Trina,  dame  de  Grunne. 

Ernould  VI  eut  de  Jeanne  de  Trina  :  Antoine,  qui  suit  ;  Ysabeau,  femme  de 
Godefroid  Gaillard  ;  Henri  ;  Anne  ;  Marguerite,  épouse  de  Thiery  Martin, 
éohevin  ;  Jeanne,  épouse  de  Jean  de  Vinamont. 

Antoine  d'Hemricourt  de  Mozet,  émancipé  en  1512,  échevin  de  Saint-Aubain 
de  1517  à  1532,  fut  seigneur  de  Grunne  ;  il  testa  le  6  février  1548  et  mourut  le 
25  mai  1549.  11  avait  épousé  1"  Anne  Marotte,  fille  de  Jean  Marotte,  bourg- 
mestre de  Namur  de  1512  à  1516,  de  1520  à  1530,  et  d'Ysabeau  le  Potier; 
2°  Agnès  Marotte  II  eut  sept  enfants  :  Jeanne  (du  premier  lit)  épousa  Jean 
de  Maillen  ;  Thiery  (du  second  lit)  épousa  Guillemette  de  Ramelot  ;  Gilles,  qui 
suit  ;  Jean  ;  Ysabeau  qui  épousa,  le  9  octobre  1549,  Goex  van  Inden  ;  Cathe- 
rine qui  épousa  Mathias  de  Maillen  qui  vivait  de  1560  à  1592  ;  Anne  (2). 

Il  écartela  ses  armes  de  celles  de  Trina  comme  le  prouve  son  scel  de  1522  (3). 

Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet,  écuyer,  seigneur  de  Grusne,  second  flls 
des  précédents,  obtint  la  seigneurie  dont  il  fit  relief  en  1555.  11  épousa  Antoi- 
nette, fille  de  Biaise  Pierotte,  échevin  de  Namur  de  1528  à  1530,  et  de  Anne, 
fille  de  Jean  de  l'Espinée.  Gilles  était  mort  en  1562,  et  Antoinette,  à  cette  époque, 
avait  convolé  en  secondes  noces  avec  Thiery  Peelmans  (4). 

Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet  eut  pour  successeur  à  la  seigneurie  de  Grunne 
son  fils  Jean,  écuyer,  bailli  de  Fançon.  Jean  épousa  Anne  Moreau,  dame  de 
Thon  et  de  Namèche,  fille  de  Godefroid,  seigneur  de  Thon,  et  de  Jeanne  de 
Bervoets,  dame  de  Namèche  ;  il  releva  la  seigneurie  de  Grunne  le  25  septembre 
1585  et  était  mort  le  28  mars  1592.  A  cette  époque  Jehan  d'Argenteau  releva 
les  usufruits  de  la  seigneurie  de  Grunne,  relief  qu'il  renouvela  le  20  octobre 
1605,  en  sa  quaUté  de  second  époux  de  Anne  Moreau,  dame  de  Thon  (5). 

Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet,  fils  de  Jean  et  d'Anne  Moreau  de  Thon, 
seigneur  de  Grusne,  de  Thon,  de  Namèche,  de  Magery  et  de  Harzin,  capitaine 
d'une  compagnie  des  Esleux  Luxembourgeois,  membre  de  l'Etat  noble  de  Luxem- 
bourg, épousa  à  Laroche  le  2  octobre  1610,  Anne  de  Waha  de  Baillonville, 
baptisée  le  2  octobre  1592,  fille  de  Georges,  chevalier,  seigneur  de  Jemeppe,  de 
Ramezée,  capitaine,  prévôt  et  haut  gruyer  de  la  ville  et  du  comté  de  Laroche, 
et  d'Isabelle  d'Awans,  fille  de  Louis  d'Awans,  chevalier,  et  de  Jeanne  Hugonel. 


(1-2)  Ann.  de  la  Soc.ai-ch.  de  Namur,  T.  25,  pane  ■155  {notes),  page  239. 

(3)  Poplimont.  T.  V.  page  244. 

(4)  Annales  de  la  Société  archéologique  de  Naniui-,  T.  XXV,  page  20?. 

(5)  Cour  féodale  de  Laroche.  Reg.  1563-1590.  P  148,  Rv  —  Reg.  1591-1626.  P.  8  R",  P.  68  V. 


MOZETZ 


l'^EFVOT 


1)AVAN      I 


I    EnMJME    I 


IHVGONEILM 


HoBLE   Ho  n£&ILL£  DENozETZ  5IGNE 
DE  aHEVNZ    CAP'-e        x)\^^£   COMPAIGNIE 
DESESLEVX  LVXEMBC)VRGE0I5    POVR  LE 
SERVICE  DESSeRNISIEM  ArcHIDVCQZ 
DE  2RAÎBkti  £.T  î^OiLZ    D/^MOlS£LLE 
AHNE     I>E    WaHA      ûIT       BaLLoVILLE 
]  FEMME       DVDFT   SiGNCVRS 


Kufî.  Haveiland  Del. 


Daprès  les  croquis  de  M.  de  Ramaix  tils 


—      373      — 

La  maison  forte  de  Grunne  ayant  été  détruite  par  un  incendie,  il  fit,  en  1613, 
construire  un  château  avec  fossés,  pont-levis  et  poivrières.  Ce  château  est  de 
style  gothique,  de  forme  rectangulaire,  avec  hautes  tours  carrées  placées  aux 
angles  opposés. 

Gilles  de  Mozet  plaça  au  dessus  du  pont-levis  une  pierre  avec  ses  armoiries 
et  celles  de  sa  lemme  accompagnées  de  leurs  quartiers  : 

Mozet,  Thon,  Trina,  Bervoets,  Waha,  Dawans,  Esmines,  Hugonelle. 

Sur  l'autre  façade  il  fit  enchâsser  deux  pierres  armoiriées  :  Mozet- Waha  et 
portant  la  date  de  1613,  l'autre  contenant  l'inscription  suivante  : 

''  Noble  Home  Gille  de  Mozetz  Sgne  de  Greune  Gap^^  d'une  compaignie  des 
«  Esleux  luxembourgeois  pour  le  service  des  Sernisiem  Archiducqz  de  Braiban 
«  et  noble  damoiselle  Anne  de  Waha  dit  Balloville  femme  audit  Signeurs.  » 

Gilles  de  Mozet  fit  construire  en  même  temps  à  l'extrémité  du  parc  une  cha- 
pelle destinée  à  l'usage  des  châtelains  et  du  village.  Il  y  réserva  aux  châtelains 
une  place  dans  le  chœur  et  une  entrée  spéciale. 

Cette  chapelle  fut  ultérieurement  agrandie  et  transformée,  en  1836,  en  église 
paroissiale. 

A  cette  époque  on  enleva  du  chœur,  pour  les  placer  à  l'entrée,  trois  grandes 
pierres  tombales  et  une  petite,  en-dessous  desquelles  on  trouva  des  ossements, 
vraisemblablement  des  comtes  de  Grune.  Les  pierres  ne  possédaient  ni  armoi- 
ries, ni  inscriptions,  mais  elles  semblaient  avoir  été  martelées,  fort  probable- 
ment au  temps  de  la  Révolution  française,  par  le  commissaire  de  la  Convention 
nommé  P. . . ,  dont  M.  Lamotte  dans  son  "  Etude  sur  le  comté  de  Rochefort  -, 
raconte  les  hauts  faits  en  ces  termes,  page  482  (1)  : 

"  Quelques  jours  plus  tard,  le  commissaire  monté  sur  un  cheval  noir  parcou- 
rut l'un  après  l'autre  tous  les  villages.  Il  entrait  à  cheval  dans  les  églises  et 
chapelles  brisant  les  fenêtres  à  vitres  armoiriées,  abattant  les  statues  des 
saints  à  coups  de  perche,  martelant  les  armoiries  des  pierres  tombales.  Il 
arrachait  les  croix,  enlevant  les  aigles  et  les  lions,  abattait  les  gibets,  eiïvayâiii' 
partout  les  villageois  par  ses  blasphèmes  et  ses  menaces.   " 

A  la  page  505,  M.  Lamotte  ajoute  : 

«  P.,  l'exécuteur  complaisant  de  toutes  les  mesures  rigoureuses  qui  alarmaient 


(1)  Namur,  Douxtils-Delvaux,  1898. 


—     374      — 

le  pays,  avait  autant  d'adversaires  que  le  canton  contenait  d'honnêtes  gens. 
Le  plus  décidé  et  le  plus  ardent  de  tous  était  sans  contredit  le  juge  de  paix 
Deloncin.  » 

«  Le  25  mars  et  le  27  mai  1799,  il  osa  réclamer  au  Directoire  «  au  nom  de 
tout  le  canton  alarmé,  »  la  destitution  d'un  homme  qui  semblait  s'acharner  à 
faire  mépriser  le  gouvernement.   " 

«  Il  l'accusait  bien  hautement  de  nombreux  méfaits  dont  plusieurs  furent 
certifiés  le  19  septembre  1799  par  une  assemblée  de  douze  agents  municipaux 
réunis  par  les  circonstances  à  Eprave  afin  de  se  soustraire  à  l'influence  du 
commissaire  et  à  l'effet  d'émettre  une  opinion  libre  et  tranquille.  » 

Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet  releva  la  seigneurie  de  Grunne  par  suite  du 
décès  de  son  père,  Jehan  de  Mozet,  le  29  septembre  1609  :  il  releva  de  même  le 
13  août  1632  par  Jacques  de  Samerey,  curé  de  Jupille,  tout  ce  qui  lui  apparte- 
nait à  la  seigneurie  de  Harsin  en  vertu  de  la  donation  lui  faite  par  Marguerite 
et  Henri  de  Hamoire  (1). 

Le  17  novembre  1646,  Gilles  releva  aussi  le  fief  de  Namèche  par  décès  de 
François  Bervoels,  son  proche  parent,  fief  qu'il  donna  à  Gilles,  son  fils  aine,  le 
27  novembre  1653  (i).  En  1672,  le  19  février,  il  acquit,  à  titre  d'engagère,  les 
villages  de  Magery,  Magerotte,  Houmont,  La  Vasselle  et  Pinsammont,  et  dé- 
nombra, le  27  août  suivant,"  la  haute  justice  des  villages  de  Magery,  Magerotte, 
Houdmont,  La  Vasselle  et  Pinsaumont  esclissés  de  la  prévôté  de  Basiogne  pour 
former  la  seigneurie  indépendante,  dite  de  Magery,  par  suite  de  son  achat,  y 
compris  tous  les  droits  seigneuriaux.  « 

Il  dénombra  aussi  «  la  haute  justice  du  village  de  Harzin,  séparé  de  même  de 
la  seigneurie  de  Marche,  dans  les  mêmes  conditions  avec  tous  les  droits 
seigneuriaux  (3). 

Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet  et  sa  femme  testèrent  le  3  novembre  1634  : 
celle-ci  mourut  peu  de  temps  après  (4).  Gilles  épousa  2°  Marthe  de  Magery, 
veuve  de  Alexandre  d'Everlange,  chevalier  (5).  Il  était  mort  le  14  avril  1676, 
comme  le  prouve  le  relief  de  Grusne  fait,  à  cette  époque,  par  son  petit  fils 
Georges  de  Mozet  (6). 


(1)  Coin.  Lux.,  T.  V,  pp.59fl,  613.  -  (.3)  T.  IV,  p.  629.  —  (5)  T.  VI*,  p.  251. 

(2)  St.  Boimans.  Fiefs  du  comté  de  Namur. 
(4)  de  Stein.  Année  1899,  p.  210. 

(6)  Il  sera  question  de  ce  relief  plus  loin. 


—     375     — 

Georges  de  Hemricourt  de  Mozet,  écuyer,  seigneur  de  Grusne  et  de  Harzin, 
fils  de  Gilles,  capitaine  d'une  compagnie  de  chevaux  légers  au  service  de  S.  M. 
Catholique,  épousa,  le  30  septembre  1666,  Catherine  Claude  Florence  de 
Coppin  de  Conjoux,  fille  de  Jean  de  Goppin  de  Conjoux,  écuyer,  seigneur  de 
Beausaint  et  de  Marguerite  d'Orjo. 

Ils  eurent  trois  enfants:  George  qui  suit, Maria  et  Marthe  qui  épousa,  en  1687, 
Guillaume  Charles  de  Pinchart,  écuyer  (1). 

Le  15  mars  1672  Georges  de  Mozet  obtint  la  pleine  juridiction,  haute, 
moyenne  et  basse,  sur  la  seigneurie  de  Harzin  (2). 

George  de  Hemricourt  de  Mozet,  écuyer,  seigneur  de  Grusne  et  de  Harzin, 
contracta  mariage  le  24  juin  1699  avec  Françoise  Christophorinede  Lambertye, 
chanoinesse  du  chapitre  noble  de  Remiremont,  fille  de  Goerges  marquis  de  Lam- 
bertye, baron  de  Cons,  seigneur  de  Drouville,  maréchal  de  Lorraine,  conseiller 
de  S.  A.  R.  le  duc  de  Lorraine,  grand  bailli  et  gouverneur  de  Nancy  et  de  Chris- 
tine, comtesse  de  Lenoncourt. 

Il  fut  chambellan  de  S.  A.  R.  le  duc  de  Lorraine,  premier  député  de  l'Etat 
noble  du  duché  de  Luxembourg. 

Le  14  avril  1676,  Georges  releva  par  noble  Pierre  Louis  de  Coppin,  écuyer, 
seigneur  de  Beausaint,  la  seigneurie  de  Grusne,  lui  dévolue  par  la  mort  de  son 
grand  père,  noble  Gilles  de  Mozet, seigneur  de  Grunne  (3),  et  le  17  octobre  1686, 
il  releva  sa  part  de  la  seigneurie  foncière  de  Harzin  mouvant  en  commun 
fief  (4).    Il  mourut  au  château  de  Grunne  le  27  avril  1749  (5).  Il  laissa  : 

l"  Anne  Françoise  Georgette  de  Hemricourt  de  Mozet,  chanoinesse  du 
chapitre  noble  de  Remiremont  en  Lorraine,  née  au  château  de  Grunne  le  4 
juin  1700.  Elle  épousa  Denis,  Charles  Joseph  de  Hamal,  seigneur  de  Petit 
Somme  (6). 

2°  Nicolas  François  Joseph  de  Hemricourt  de  Mozet,  né  au  château  de  Grunne 
le  25  décembre  1701,  fut  chambellan  et  conseiller  intime  de  S.  A.  R.  et  S., 
colonel  propriétaire  d'un  régiment  au  nom  de  Grunne,  felii- maréchal  des  armées 


(I  )  Poplimont.  T.  V.,  p.  247.  —  (5-6)  p.  247. 

(2)  Com.  Lux.,  T.  V,  p.  595  et  p.  611.  -  (3)  p.  606.  —  (4)  p.  616. 


—     376      - 

impériales,   envoyé  extraordinaire  du  duc  de  Lorraine,  au  couronnement  de 
Frédéric  II  et  à  la  paix  d'Aix-la-Chapelle. 

Il  fut  créé  comte  de  Grunne  et  du  Saint  Empire,  en  même  temps  que  ses 
frères,  le  14  avril  1747,  par  l'empereur  François  I,  à  l'occasion  de  son  couronne- 
ment. 

Le  2  janvier  1751  messire  Nicolas  Joseph  de  Mozet  de  Grusne  releva  la 
seigneurie  do  Grunne  lui  dévolue  par  la  mort  de  noble  et  illustre  seigneur 
messire  Georges  de  Mozet,  seigneur  de  Grunne,  son  père,  et  en  vertu  du  par- 
tage fait  entre  lui  et  ses  frères  et  sœurs,  comtes  et  comtesses  de  Mozet  de 
Grunne,  des  biens  de  feu  leur  dit  père  et  de  illustre  dame  Madame  Ghristopho- 
rine,  née  Marquise  de  Lambertye,  leur  mère  (1). 

Il  décéda  au  château  de  Grune  sans  alliance,  le  15  février  1751,  des  suites  de 
blessures  reçues  dans  ses  campagnes  et  fut  enterré  dans  la  chapelle  du 
château  (2). 

3°  Philippe  Antoine  de  Hemricourt  de  Mozet  qui  suit. 

4°  Charles  Antoine  de  Hemricourt  de  Mozet,  né  au  château  de  Grunne,  le  8 
février  1708,  chambellan  du  St  Empire  d'Autriche,  colonel  du  régiment  des  cui- 
rassiers de  Stampach,  créé  comte  de  Grunne  et  du  St  Empire,  le  14  avril  1747, 
en  même  temps  que  ses  frères,  fut  nommé  prévôt  de  la  haute  cour  de  Laroche 
le  6  avril  1756. 

Le  17  novembre  1752,  Charles  Antoine, comte  de  Mozet  et  de  Gr.unne,  vendit  à 
nobleetillustre  seigneur  Philippe  Antoine,  comte  de  Mozet  de  Grunne,  son  frère, 
général  major  des  armées  de  sa  dite  Majesté,  ses  droits  à  la  succession  de  feu 
noble  et  illustre  seigneur  Nicolas,  comte  de  Mozet  de  Grunne,  leur  frère,  pour 
1000  patacons  (3). 

Il  est  mort  à  Laroche  (4). 

5»  Anne  Marguerite  Ignace  de  Plemricourt  de  Mozet,  chanoinesse  du  chapitre 
noble  de  Remiremont  en  Lorraine,  née  le  4  juin  1709. 

6"  Louise  Françoise  Dieudonnée  de  Hemricourt  de- Mozet,  née  au  château  de 
Grunne  le  19  juin  1715,  contracta  mariage,  le  17  octobre  1742,  avec    Philippe 


(1)  Com,  Lux.  T.  V.  page  59ti.  —  (3)    paga596. 

(2)  Poplimonl,  T.  V,  p.  248.  -  (4)   p.  248. 


—     377     — 

Joseph  de  Pinchart,  seigneur  de  Wartet  et  de  Ville  en  Waret,  écuyer,  flls  de 
Guillaume  Charles  de  Pinchart  et  de  Marie  Marthe  de  Hemricourt  de  Mozet  (1). 

7"  Robert  de  Hemricourt  de  Mozet,  né  au  château  de  Grunne,  tué  à  la  bataille 
de  Krotzka  le  22  juillet  1739.  Il  était  capitaine  du  régiment  de  Thiingen  (2). 

8"  Vincent  de  Hemricourt  de  Mozet,  né  au  château  de  Grunne,  colonel  au 
régiment  d'infanterie  de  Grunne,  tué  à  Prague  le  21  août  1742  (3). 

9°  Louis  de  Hemricourt  de  Mozet,  né  au  château  de  Grunne,  chambellan,  co- 
lonel au  régiment  d'infanterie  Charles  de  Lorraine,  tué  à  Hohenfriedberg  le  4 
juin  1745  (4). 

Phihppe-Antoine  de  Hemricourt  de  Mozet,  seigneur  de  Grunne  et  de  Harsin, 
second  fils  de  Georges  et  de  Françoise  de  Lambertye,  naquit  au  château  de 
Grunne  le  26  novembre  1702. 

Il  épousa  Anne-Thérèse  comtesse  Esterhazy  de  Kadendorf,  fille  de  François- 
Joseph  comte  Esterhazy  de  Kadendorf,  chambellan  de  l'empereur  d'Autriche  et 
de  Françoise-Amélie  comtesse  Erdôd  Palfry. 

Il  fut  successivement  page  de  l'électeur  de  Bavière,  chambellan  du  Prince- 
Evêque  de  Liège  et  de  l'Empereur  d'Autriche,  général  de  cavalerie  au  service  de 
S.  M.  I.  et  R.,  et  fut  créé  comte  de  Grunne  et  du  St-Empire  en  même  temps 
que  ses  frères. 

Le  23  novembre  1752  le  comte  Charles-Antoine  lui  vendit  ses  droits  dans  la 
succession  de  feu  le  comte  Nicolas,  leur  frère  (5). 

Le  8  février  1753,  fut  effectuée  la  réalisation  d'un  acte  de  partage  fait,  le  7 
janvier  1753,  entre  les  héritiers  de  feu  Messire  Georges-Louis  de  Mozet  de 
Grune  et  de  dame  Françoise  Ghristophorine  Eléonore  née  marquise  de  Lam- 
bertye, leur  père  et  leur  mère,  et  de  M""*^  Nicolas-François-Joseph  de  Mozet  de 
Grune,  comte  du  St-Empire,  chambellan  de  Leurs  M.  I. ,  lieutenant-général 
etc. . . ,  leur  frère  aîné.  Intervinrent  dans  ce  partage  : 

1)  M^^  Charles-Antoine  de  Mozet  de  Grune  ; 

2)  Dame  Anne-Marguerite-Ignace,  comtesse  de  Mozet  de  Grune,  chanoinesse 
du  noble  chapitre  de  Remiremont  en  Lorraine  ; 

3)  Dame  Louise-Françoise-Dieudonnée,  comtesse  de  Mozet  de  Grune,  douai- 


(1-2)  Poplimont  T.  V.  pp.  248-249.  -  (3-4)  Page  249. 
(5)  Corn.  Lux.  T.  V.  p.  596. 


—     378     — 

rière  de  Rr**  Philippe-Joseph  de  Pinchart,  écuyer  seigneur  de  Wartet,  tant  pour 
elle  que  pour  son  fils  unique,  mineur  d'ans  ; 

4)  M*"*  Jean-Gharles-François-Joseph  Dauvin,  seigneur  de  Burdinnes,  comme 
mari  de  dame  Françoise-Louise-Eléonore-Joseph  de  Hamal,  et  aussi  par  com- 
mission de  son  beau-père  Messire  Denis-Gharles-Joseph  de  Hamal,  seigneur  de 
Petite-Somme,  usufruitier  des  biens  délaissés  par  dame  Anne-Françoise-Geor- 
gette,  comtesse  de  Mozet  de  Grune,  et  tuteur  des  trois  filles  laissées  de  son 
mariage  ; 

5)  Messire  Philippe-Antoine  comte  Mozet  de  Grune,  général  major  de  cavale- 
l'ie,  devenu  l'ainé  par  la  mort  de  Nicolas  obtint  Grune,  Harsin  et  leurs  dépen- 
dances, le  moulin  de  Bande,  les  deux  censés  de  Jallet  en  Gondroz,  la  censé  de 
Robermont,  près  de  Virton  etc. . . ,  sous  les  charges  et  conditions  spécifiées 
dans  l'acte  (1). 

Messire  Philippe-Antoine  mourut  àNamur  le  17  mai  1753  (2).  Le  5  décembre 
1754,  son  fils  Ferdinand,  comte  de  Mozet  de  Grunue,  lieutenant  colonel  au  ré- 
giment de  Puebla,  releva  la  seigneurie  de  Grunne  par  la  mort  de  son  père  Phi- 
lippe-Antoine. En  1781,  le  20  septembre,  il  fit  le  même  relief,  mais  cette  fois 
au  nom  de  son  frère  Messire  Philippe  de  Mozet  de  Pinchart,  comte  de  Grunne, 
dont  il  sera  question  ci-après.  Ferdinand  à  cette  époque  était  général  au  service 
de  S.  M.  I.  et  R.  <3). 

Philippe-Antoine-Marie-Joseph  de  Hemricourt  de  Mozet,  comte  de  Grunne  et 
du  St-Empire.,  seigneur  de  (}runne,  de  Gastillon,  de  Harzin  etc. ,  né  le  12  février 
Î732  à  Niek  (Hongrie),  était  le  second  fils  de  Philippe-Antoine.  11  releva  le 
nom  de  Pinchart  en  vertu  du  testament  de  Henri-Hubert  de  Pinchart,  seigneur 
de  Wartet,  de  Ville  en  Waret  et  de  Frizet,  frère  de  Philippe-Joseph  et  fils  de 
Guillaume-Charles  de  Pinchart. 

Il  avait  hérité  par  adoption  tous  les  biens  de  la  famille  Pinchart  à  condition 
de  relever  le  nom  et  decarleler  ses  armes,  des  armes  de  cette  famille 

Il  épousa,  le  15  juin  1761,  Madeleine-Ghristine-Rachel  de  Holstein,  fille 
unique  de  Léopold  de  Holstein,  écuyer,  major  de  la  garde  noble  de  l'Electeur  de 
Saxe,  et  de  Marie  de  Kempis  de  Sterneuburg.  Elle  est  morte  à  Vienne  le  9  mai 
1811. 

Il  fut  membre  des  Etats  nobles  du  comté  de  Namur  et  du  duché  de  Luxem- 
bourg; servit  d'abord  au  régiment  de  son  oncle  Nicolas  et  fut  nommé,  en  raison 


(1-3)  Ck)m.  JLux,,  t.  V,  p.  597. 
(2)  Etat-civil  de  Namur. 


—     379     — 

de  sa  bravoure,  major  sur  le  champ  de  bataille  de  Torgau  en  Saxe  en  1760  ;  il 
devint  colonel,  puis  général  major  commandant  la  forteresse  de  Konigingratz, 
Bohême,  où  il  mourut  le  3  avril  1797  (1). 

Phihppe  Antoine  eut  deux  fils  : 

A)  Philippe  Ferdinand  Marie  de  Hemricourt  de  Mozet,  comte  de  Grunne- 
Pinchart  et  du  Saint  Empire,  seigneur  de  Grunne,  de  Wartet  et  de  Ville  en 
Waret,  de  Frizet,  seigneur  de  Markt  d'Odesberg,  d'UUman  de  Taxen,  de  la  for- 
teresse de  Puygarten  en  Autriche,  né  à  Dresde  le  15  mai  1762,  capitaine  au 
régiment  des  dragons  de  l'Empereur,  1790,  puis  colonel  au  régiment  de  Puebla, 
chambellan  en  1791,  général  major  en  1800,  conseiller  intime  de  l'Empereur  en 
1810,  grand  maréchal  de  la  cour  de  S.  A.  I.  l'archiduc  Charles. 

Il  épousa  à  Bruxelles  le  25  septembre  1801  Marie  Françoise  Rosalie,  baronne 
de  Felz,  fille  du  baron  de  Felz  et  de  Mœsdorff,  secrétaire  d'Etat  des  Pays-Bas 
autrichiens  et  de  Mathilde  Lucie  Helman,  dame  de  Termeeren. 

Il  mourut  à. Vienne  le  26  janvier  1854  (2).  Il  est  le  chef  de  la  branche  d'Au- 
triche. 

B)  Joseph  Mathias  Charles  ou  Carloman,  Thomas  Marie  de  Hemricourt  de 
Mozet,  comte  de  Grunne  et  du  St  Empire,  seigneur  de  Grunne,  de  Wartet,  de 
Ville  en  Waret,  de  Oastillon,  de  Beau  Logis,  etc. ,  né  à  Dresde,  le  20  février 
1769,  mort  à  sa  campagne  à  Elbville  (Nassau)  le  6  octobre  1853. 

11  fut  chambellan  de  S.  M.  I.  et  R.  en  1799,  lieutenant  colonel  du  régiment 
des  dragons  de  Latour,  puis  général  major.  Il  fut  grièvement  blessé  à  la  bataille 
d'Aspern.  Il  rentra  en  1811  dans  les  Pays-Bas  et  par  suite  d'un  arrangement 
avec  son  père  le  comte  Philippe  Ferdinand  de  Grune,  il  prit  possession  des 
biens  de  la  famille  dans  ce  pays.  En  1815  il  passa  au  service  des  Pays-Bas  en 
qualité  de  lieutenant  général. 

Il  avait  épousé  à  Bruxelles  le  28  janvier  1812,  Elise  Françoise  Scholastique 
Tabithe,  baronne  de  Secus,  dame  de  la  Croix  étoilée,  née  le  2  avril  1791,  flUe 
de  François  Marie  Joseph,  baron  de  Secus,  seigneur  de  Baufife,  de  Nairre  et  de 
Marie  Joseph  Tabithe  Helman  de  Termeeren. 

Le  comte  Joseph  Charles  de  Grunne  est  le  chef  de  la  branche  de  Belgique  (3). 


Il)  Poplimont,  t.  V,  p.  256.  —  (2)  p.  251.  —  Ci)   p.  251. 


—     380     — 


L'an  XIV  de  la  République  française,  le  13  brumaire  (4  novembre  1805), 
Messire  Philippe-Ferdinand  de  Mozet  de  Pinchart,  comte  de  Grunne,  chambel- 
lan, chevalier  de  l'ordre  de  Marie-Thérèse,  général  major  au  service  de  S.  M. 
l'Empereur  et  Roi,  et  Messire  Charles  de  Mozet  de  Pinchart,  comte  de  Grunne, 
chambellan,  lieutenant  colonel  d'un  régiment  de  dragons  au  même  service, 
etc.,  etc.,  domiciliés  en  Allemagne,  vendirent,  par  l'intermédiaire  des  citoyens 
Philippe-Eugène  Fontaine  et  Pierre-Joseph-Alexis  Douxchamps,  hommes  de 
loi,  domiciliés  à  Namur,  agissant  en  vertu  d'une  procuration  authen- 
tique datée  du  12  fructidor  an  IV  et  par  acte  du  notaire  Paul-François-Joseph 
Ghislain,  de  Namur  (département  de  Sambre  et  Meuse),  à  Nicolas  Boumal  de 
Barvaux  sur  Ourthe,  la  terre  de  Grune  comprenant  château,  fermes,  moulin, 
terres  sur  Grune  et  Bande,  et  bois  sur  Grune  et  Roy,  ainsi  que  tous  les  droits 
quelconques  sans  réserve  aucune  des  vendeurs  sur  la  terre  de  Grune  et  ses  dé- 
pendances. 

Boumal  porte  écartelé  au  F''  d'or  au  buste  de  more  de  sable,  tortillé  d'argent, 
vêtu  de  gueules  ;  au  2®  d'azur,  au  3"  et  au  4®  d'argent  à  une  masse  d'or  brochant 
du  3^  au  2*'. 

Nicolas  Boumal  était  fils  de  Lambert  Boumal  et  de  Jeanne  Petithan.  Il  mou- 
rut célibataire  le  3  mai  1806.  Dans  son  testament,  datant  du  12  février  1806, 
après  plusieurs  legs  particuliers  faits  à  sa  famille,  il  institue  pour  héritiers  uni- 
versels, de  to'us  ses  biens,  meubles  et  immeubles  non  légatés,  où  ils,  puissent  être 
mouvants  et  situés,  son  neveu  Lambert-Joseph  Thonus,  fils  de  Marie-Jeanne 
Boumal,  sa  sœur,  et  de  Nicolas  Thonus,  et  son  épouse,  Hubertine  de  Leuze,  fille 
de  sa  sœur  Anne-Marguerite  Boumal,  épouse  de  Jean-Louis  de  Leuze. 

Lambert-Joseph  Thonus  et  son  épouse,  héritèrent,  en  vertu  du  testament  de 
Nicolas  Boumal,  du  domaine  de  Grune.  Ce  domaine  resta  dans  la  famille  Thonus 
jusqu'en  1837,  époque  où  il  fut  vendu,  par  suite  de  partage,  à  M.  Pety  de  Thozée. 

La  famille  Thonus,  originaire  du  pays  de  Liège,  s'établit  à  Barvaux,  dans  la 
seconde  moitié  du  XVIP  siècle  ;  elle  porte  parti  au  1  d'or  à  la  bande  de  gueules, 
au  franc  quartier  d'azur,  au  lion  d'argent  lampassé  de  gueules  ;  au  2  d'argent 
à  une  flamme  tortillante  de  gueules  mouvante  vers  le  chef.  Cimier  :  le  lion  de 
l'écu . 

Lambert  Joseph  Thonus,  membre  des  Etats  provinciaux  de  l'ordre  des  cam_ 
pagnes  pour  le  district  de  Marche  de  1820  à  1823,  mourut  le  4  mai  1823,  lais- 
sant une  nombreuse  famille  ;  son  épouse  mourut  le  23  septembre  1836. 


(1)  Le  Fort.  Manuscrits,  3o  partie.  Bornai. 


—     381     — 

Lambert  Joseph  Thonus  fit  combler  les  fossés  du  château,  enlever  le  pont- 
levis  et  démolir  les  poivrières. 


En  suite  de  leur  partage,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  enfants  Tho- 
nus-de  Leuze  vendirent,  par  devant  M.  le  notaire  Bourguignon  de  Marche,  le 
domaine  de  Grune,  le  23  octobre  1837,  à  M'"  Théodore,  Augustin  Joseph  Petit, 
conseiller  à  la  cour  d'appel  à  Liège. 

Le  domaine  comprenait,  à  cette  époque,  sous  les  communes  de  Grune,  Bande, 
Harsin  et  Roy  472  hectares  24  ares  25  centiares. 

Pety  de  Thozée  porte  coupé  au  1  de  gueules  au  lion  d'argent  ;  au  2  pourpré  à 
trois  tourteaux  d'argent. 

M""  Pety  de  Thozée  avait  épousé  Marie  Julie  Gofïlot  ;  il  mourut  à  Liège  le  3 
octobre  1870  ;  son  épouse  mourut  à  Grune  le  16  août  1855.  M.  Pety  fit  restau- 
rer le  château  en  1851. 

*         * 

En  1871,  le  5  avril,  M.  Théodore- Jules- Joseph  Pety  de  Thozée,  ancien  mem- 
bre de  la  chambre  des  représentants,  consul  général  de  Belgique  au  Brésil,  ob- 
tint le  domaine  de  Grune  en  partage,  et,  le  25  septembre  1890,  le  vendit  à  M.  le 
comte  Maurice-Paul-François  de  Ramaix,  conseiller  honoraire  de  Légation  de 
S .  M .  le  Roi  des  Belges,  ancien  membre  de  la  chambre  des  représentants,  ac- 
tuellement sénateur  pour  l'arrondissement  d'Anvers. 

La  famille  de  Ramaix,  établie  depuis  des  siècles  dans  le  Hainaut,  était  d'ori- 
gine liégeoise  ;  elle  porte  d'or  à  trois  têtes  et  cols  de  cerf  au  naturel,  au  chef  de 
sable  chargé  de  3  croix  pattées  d'or. 

Né  le  2  mars  1850,  à  St-Josse-ten-Noode,  Monsieur  le  comte  de  Ramaix  épousa, 
en  premières  noces,  le  23  janvier  1877,  à  Anvers,  Mademoiselle  Cécile-Marie- 
Joseph  Athanase  de  Meester,  fille  de  Monsieur  Athanase  de  Meester,  sénateur,  et 
de  Madame  Eulalie  de  Terwangne,  qui  mourut  à  Anvers  le  22  novembre  1882, 
laissant  : 

1°  Gaston-Marie-Joseph  Athanase-Gislain  de  Ramaix,  né  à  Bruxelles  le  18  mai 
1878,  actuellement  secrétaire  de  Légation  ; 

2°  Marie-Joseph-Gécile-Françoise-Ghislaine,née  à  Berlin,  le  5  novembre  1879. 
Elle  a  épousé  à  Anvers  le  25  novembre  1903,  Raymond-Marie-François,  vicomte 
de  BioUey,  membre  de  la  Chambre  des  Représentants; 

3°  Amaury-Marie-Joseph-Edouard-Ghislain  de  Ramaix,  né  à  Berlin  le  11  mai 
1881,  actuellement  secrétaire  de  Légation. 

En  secondes  noces,  Monsieur  le  comte  de  Ramaix  épousa,  à  La  Haye,  le  26 


—     382     — 

novembre  1884,  Mademoiselle  Marie  Suermondt,  fliie  de  Monsieur  Camille 
Suermondt  et  de  Madame  Elisabeth  Van  Hoboken.  De  ce  ménage  est  née  à  La 
Haye,  le  7  avril  1886,  Hedwige-Marie-Joseph-Elisabeth-Emilie-Paul  de  Ramaix 
qui  a  épousé  à  Anvers,  le  15  janvier  1806,  Raoul-Adolphe-Ghislain-Marie-Jo- 
seph  Van  de  Werve  de  Vornelaer. 

En  1890,  le  domaine  de  Grune  comprenait,  sous  les  communes  de  Grune, 
Bande,  Nassogne,  Harsin,  Roy,  Hodister  et  Lignières,  239  hectares  44  ares  45 
centiares.  M.  le  comte  de  Ramaix  accrut  notablement  l'étendue  de  ce  domaine 
par  les  nombreuses  acquisitions  qu'il  fit  depuis  lors.  En  outre,  en  1894,  il  fit 
restaurer  et  agrandir  le  château  tout  en  lui  conservant  scrupuleusement  son 
style  primitif.—  Puisse-t-il  jouir  longtemps  du  fruit  de  ses  travaux  et  vivre  heu- 
reux dans  sa  belle  et  splendide  propriété. 


Am.   de  LEUZE,   chanoine 
de  la  Cathédrale  de  Namur. 


Miettes  historiques 


A  FLORENVILLE. 


I. 

LE  DROIT  DE  HAUTE  Itl'STiCE, 


Le  15  février  1785,  à  la  tombée  de  la  nuit,  un  assassinat  était 
commis  dans  le  bois  dit  la  Haye,  au  tournant  du  chemin  qui 
vient  d'Izel  à  Florenville. 

Prévenue  par  la  rumeur  publique,  la  justice  ne  s'attarda  pas  à 
des  lenteurs  de  procédure.  Dès  le  lendemain,  le  Capitaine-Prévôt 
de  la  juridiction,  ministère  public  d'alors,  provoquait  une  instruc- 
tion complète  de  l'affaire,  instruction  qui  fut  vivement  conduite  : 

Le  26  février,  après  visite  et  reconnaissance  du  cadavre  par  les 
chirurgiens,  ordre  d'arrêter  le  coupable  présumé. 

((  Il  sera  pris  et  appréhendé  au  corps  et  constitué  prisonnier 
«  en  cette  juridiction 

((  Le  sarot  rond  et  le  fusil  à  deux  coups  que  le  décretté  avait 
«  sur  lui  le  dit  jour,  15  du  courant,  seront  apportés  et  déposés 
((  au  greffe  de  céans  pour  servir  en  ce  que  de  raison.  » 

Le  15  mars,  ordre  de  confronter  l'accusé  avec  les  témoins  en- 
tendus à  l'enquête. 

Enfin,  le  30  avril,  jugement  de  condamnation  : 

25 


—     384     — 

«  Entre  le  s""  Capitaine  et  Prévôt  des  ville  et  Prévôté  deChiny, 
«  plaignant  ; 

«  Biaise  G...,  dit  Blaisot,  du  village  de  Florenville,  accusé  et 
«  arrêté  : 

a  Vn  les  pièces  du  procès  extraordinairement  instruit  à  l'ins- 
«  tance  du  plaignant,  fournies  par  inventaire  jusqu'aux  lettres  0  0  ; 

«  Les  juges  assesseurs  du  siège  prévôtal  de  Ghiny  et  assumés, 
«  faisant  droit,  déclarent  led.  accusé  et  arrêté  suffisamment 
«  atteint  et  convaincu,  tant  par  les  informations  et  recollements 
«  qu-e  coiifrontation,  d'avoir  le  mardy,  15  février  dernier,  vers  six 
((  heures  ou  six  heures  et  demy  du  soir,  tué  de  deux  coups  de 
(i  fusil  à  double  canon  chargé  de  dragées  de  fer,  tirés  coup  sur 
((  coup,  le  nommé  Nicolas  Colin,  vivant  marchand  résidant  aud. 
((  Florenville,  revenant  aud.  lieu  du  village  d'Izel,  et  cela  au  coin 
«  du  bois  dit  la  Haye,  à  portée  dud.  Florenville,  comme  aussi 
«  d'avoir  lâché  et  tiré  d'autres  coups  de  fusil  sur  des  particuliers, 
«  notamment  sur  le  sous-brigadier  Leblan,  pour  lors  de  poste  à 
«  Remagne,  et  se  trouvant  audit  Florenville  ; 

«  Pour  réparation  de  quoi  et  d'autres  excès  résultans  des  actes 
(t  dud.  procès-,  condamnons  led  arrêté  et  accusé  à  être  livré  ès- 
<-(  mains  de  l'Exécuteur  des  hautes  œuvres  pour  être  pendu  et  étran- 
M  glé  au  signe  patibulaire  de  cette  juridiction,  jusqu'à  ce  que  mort 
«  s'ensuive,  le  condamnant  à  ce,  ensemble  à  la  confiscation  de  ses 
((  biens  et  aux  dépens  de  la  poursuite. 

«  Faitàlzel  le  30  avril  1785.  Signés  J.-B.  Duhatloy,  F.-J.  Tinant. 
(L  De  Laittres,  de  laMock,  Dufaingd'Aigremont,  F.-L.  De  Prouvy, 
«  Martin  Daront,  —  J.-L.  Tinant,  clerc-juré.  )) 

La  victime  avait  eu  le  tort  de  prêter  sur  parole  300  écus  à  son 
assassin. 

Ce  dernier  fut  exécuté  à  la  potence  de  Chiny  suivant  la  formule 
du  jugement  (1). 

Ce  fut,  dit  la  tradition,  la  dernière  exécution  faite  à  cet  endroit 
en  vertu  du  droit  féodal  de  haute  justice  ;  quelques  temps  après, 
le  comté  de  Chiny  était  annexé  à  la  France  avec  abolition  de 
toutes  les  juridictions  particulières. 


(1)  Le  lieu  dit  à  La  Potence,  exisie  encore  au  cadastre  de  la  commune  de  Chiny. 
Il  se  trouve  i  gauche  du  chemin  en  venant  de  Florenville,  sur  un  plateau  bien  eu  vue  qui   domine  à 
cet  i-ndruit  la  vallée  de  la  Semois. 


—     385     — 

L'affaire  eut  son  épilogue. 

Le  13  février  de  l'année  suivante,  Nicolas  et  Joseph  les  G..., 
du  village  de  Florenville,  «  déclarés  suftisamment  atteints  et 
(c  convaincus  d'avoir  cherché  à  suborner  par  différentes  reprises 
«  et  à  engager  sous  offres  d'argent,  de  denrées  et  autres  effets, 
«  plusieurs  témoins  à  porter  un  témoignage  faux  au  procès 
<.(  instruit  à  charge  de  Biaise  G...,  dit  Blaisot,  leur  frère,  exécuté  à 
«  mort  dans  le  courant  de  Tannée  dernière, 

a.  Vu  que  les  offres  en  induction  n'ont  pas  été  suivies  d'effet 
(.(  ni  d'exécution,  »  furent  condamnés  :  a  à  un  bannissement  de 
«  trois  ans  hors  de  la  juridiction  et  solidairement  aux  dépens  de 
«  la  poursuite,  avec  défense  à  l'un  et  l'autre  de  récidiver  et 
«  d'enfreindre  leur  ban,  sous  peine  plus  griève.  » 

(Archives  de  l'Etat  à  x\rlon.) 


Cette  exécution  eut,  en  son  temps,  un  grand  retentissement  dans 
la  contrée.  L'autorité  avait  voulu  un  châtiment  exemplaire.  A  cet 
effet,  on  y  fit  assister  les  enfants  des  écoles,  groupés  en  cercle 
au  pied  du  gibet,  ainsi  qu'un  nombreux  public  de  Florenville  et 
des  environs. 

A  tort  ou  à  raison,  l'opinion  publique  voulut  rattacher  l'affaire 
à  celle  de  l'assassinat  de  M.  le  comte  de  l'Espine,  prévôt  de 
Virton,  tué  au  château  de  Laclaireau  le  20  décembre  1775,  d'un 
coup  de  feu  tiré  à  travers  la  fenêtre  au  moment  du  souper,  assas- 
sinat dont  l'auteur  ne  fut  pas  découvert.  A  ce  moment,  G.  . .  .  dit 
le  Blaisot,  était  garde  des  bois  à  Laclaireau  ;  il  vint  ensuite  s'éta- 
blir comme  maitre-cabaretier  à  Florenville. 


Nous  relèverons  la  formule  de  l'arrêt  de  mort  ci-dessus. 

Cette  formule,  qui  parait  étrange  aujourd'hui,  avait  alors  sa 
raison  d'être,  parait-il.  Elle  se  retrouve  dans  un  arrêt  précédent 
de  la  justice  d'Orval,  de  septembre  1774,  à  charge  d'un  habitant 
de  Limes  :  il  sera  livré  aux  mains  de  l'exécuteur  des  hautes-œuvres 
pour  être  conduit  au  lieu  du  supplice  accoutumé  ;  être  pendu  par  son 
col  et  étranglé  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive^  etc. 

Elle  se  retrouve  encore  dans  un  jugement  rendu  à  Lessines  un 
siècle  auparavant,  le  2  octobre  1681.  Ici   il   s'agit   d'une  femme: 


—     386     —        ■ 

Condamne  la  dite  à  être  exécutée  par  le  feu,  premièrement  étranglée 
tant  que  la  mort  a'ensuioe. 

La  revue  Jadis,  de  Soignies,  livraison  de  novembre  1910,  donne 
l'explication  suivante  : 

«  Autrefois  le  condamné  avait  grâce  entière  si  la  corde  se  rom- 
«  pait  pendant  l'exécution. 

«  Et  cela  arrivait  si  souvent  que  le  Parlement  de  Bordeaux  pro- 
<(  posa  et  fît  adopter,  le  24  avril  1524,  une  nouvelle  formule  : 
«  Pendu  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive.  » 

«  Cette  résolution  coupa  court  à  la  chance  du  pendu.  )) 

Le  condamné  était  encore  gracié  si  une  jeune  fille  consentait  à 
l'épouser  immédiatement  et  à  le  suivre  en  exil  en  dehors  du  res- 
sort judiciaire. 

Blaisot,  marié,  ne  pouvait  profiter  de  cette  dernière  éven- 
tualité. 


Au  moment  du  procès,  la  famille  de  l'un  des  membres  de  la 
cour  prévôlale  de  Ghiny,  absent  lors  du  jugement,  M.  d'Orsin- 
faing,  Henri-Gilles,  écuyer,  seigneur  du  Ménil,  occupait  à  Floren- 
ville  la  maison  habitée  aujourd'hui  par  M.  Dubras,  rentier. 


II 

DIMES    ET    REB'EY-àl^CES;    FÉÛBALES, 


A  Florenville,  prévôté  de  Ghiny,  les  dîmes  et  les  redevances 
d'origine  féodale  étaient  perçues  avec  rigueur.  Le  souvenir  en  est 
resté  vivace  dans  la  population  longtemps  après  leur  abolition. 

Le  détail  de  ces  redevances,  pris  à  différentes  époques,  montre 
qu'il  s'agissait  non  de  perceptions  revenant  à  un  seigneur  local, 
mais  de  droits  plutôt  fonciers,  vendus  et  rachetés,  nombre  de 
fois,  par  des  personnalités  différentes,  en  se  subdivisant,  pour 
arriver  finalement  en  mains  de  propriétaires  complètement  étran- 
gers l'un  à  l'autre  et  môme  à  la  localité. 

Voici  quelques  indications  relevées  aux  archives  de  l'Etat,  tant 
à  Luxembourg  qu'à  Arlon. 

a)  Au  Besoigné  (recensement)  concernant  l'ayde  ecclésiastique, 


—      387     — 

en  1571,  le  curé  de  Florenville,  en  personne,  déclare  :  Les  cha- 
noines (V  Y  voix  ont  le  6^  es-dites  dismes  et  le  reste  appartient  à  quel- 
ques gentilhommes  layz. 

h)  6  JLiin-lO  août  1686.  —  Vente  par  Denis  de  Lestrieax,  comme 
mari  de  dame  Anne-Marguerite  de  Breiderbach  — et  dame  Sibille 
Aldegonde  de  Breiderbacii,  née  de  Heisgen,  —  suivant  la  permis- 
sion et  octroy  du  Conseil  de  Luxembourg, 

à  demoiselle  Marie-Catherine  de  Monflin,  vetVe  de  feu  le  s*" 
Nicolas  de  Paschal,  écuyer,  sgr  du  Mesnil  en  partie,  demeurant 
à  Florenville, 

d'un  neufe  en  la  dismedu  village  de  Martué,  de  la  paroisse  dud^ 
Florenville,  —  moyennant  la  somme  de  20  escus  en  surplus  de 
celle  de  66  escus  cinq  escalins  que  les  cédants  ont  reçus  en  bons 
deniers  comptant  et  dont  ils  ont  donné  quittance  à  Bertrange. 

c)  12  septembre  1715.  — Jean  Otto  de  Witimont,  prestre,  Ecuyer 
et  féodal  de  la  prévosté  de  Chiny,  résidant  à  Florenville,  vend  au 
R.  P.  Pierre- François  Weydert,  recteur  du  collège  des  pères  de 
la  compagnie  de  Jésus  à  Luxembourg,  acceptant  pour  ledit  col- 
lège 

la  neufiesme  partie  dans  la  grosse  et  menue  dixme  de  Floren- 
ville, telle  que  le  dit  sieur  vendeur  l'a  acquise  par  contrat  d'achapt 
du  19«  de  9'''-«  1685, 

pour  le  prix  et  somme  de  1400  florins  Brabant,  faisant  500  escus 
de  56  sols  chacun. 


2  décembre  1721.  François  Dumont,  Escuier  capnc  prévost  et 
gruier  des  ville  et  prévosté  de  Chiny,  résident  à  Izel,  vend,  à  tittre 
de  gager  grâce  et  facultez  de  rachat,  au  s""  Philippe  françois  de 
pachal  ausy  Escuyer  seigneur  de  florenville,  menil,  maton  et 
autres  lieux  résident  aud.  Florenville. 

Seize  quartel  de  saigle  et  autant  davoine  mesure  de  Charignant 
bon  grain  bien  conditionné  à  prendre  et  avoir  sur  le  cinquièsme 
quyapartient  aud.  seigt"  vendeur  dans  les  deux  tiers  de  la  moitié 
de  la  grosse  dixmes  des  vilages  de  pin  et  izel  et  à  livrer  chacque 
années  aud.  sieur  acquéreur  sur  ses  greniers  aud.  florenville  au 
jour  et  datte  des  pr^^s  de  toute  autre  hipotecque  et  redevance,  — 
moiennant  la  somme  de  160  escus  à  56  sols  brabant  en  principal, 
non  compris  les  frais  des  pr^*^». 


—     388     — 

Parmi  les  dénombrements  féodaux,  nous  trouvons  : 

Le  12  décembre  1605,  Marie-Cliristine,  veuve,  née  comtesse 
d'Egmont,  princesse  de  Mansfelt,  etc.,  rend  foi  et  hommage  au 
Souverain  pour  les  droits  féodaux  non  détaillés  qu'elle  possède  à 
Florenville,  Ghassepierre,  Termes,  Ivoix  et  divers  autres  dans  le 
Grand-Duché  de  Luxembourg,  «  promettant  de  faire  et  laisser 
«  tout  ce  que  bonne  et  loyale  vassale  et  fidèle  subjecte  doit  faire 
«  et  laisser  de  droit  et  coustume.  » 

Au  relief  général  de  1758-1760,  prescrit  par  l'ordonnance 
royale  du  29  janvier  1753,  figurent  côte  à  côte  : 

1°  La  princesse  de  Loewenstein-Wertheim,  dénombrement  pour 
Neufchàteau,  Hotton,  Mellier,  Florenuille,  arrière-fiefs  ; 

2"  Le  prince  de  Stolberg,  pour  Neufchàteau,  Mellier,  Florenville, 
Martué  ; 

3»  Jeanne-Marie  de  Piromboeuf,  veuve  Sagebin,  pour  Floren- 
ville  ; 

4"  de  Nonancourt,  Philippe-Joseph,  gentilhomme,  seigneur  de 
Mathon  en  partie,  pour  Florenuille,  Martué. 

Pour  ce  dernier,  les  Annales  de  l'Institut  ont  publié  (1906, 
p.  254)  l'acte  de  cession,  en  1766,  de  ses  propriétés  et  des  droits 
et  prérogatives  attachés  au  château  de  Florenville  :  «  droit  de 
«  chasse  et  de  pêche  sur  l'étendue  des  bans  et  juridiction  de 
«  Florenville  et  Martuée,  —  droit  de  tenir  colombier  ou  pigeons 
«  de  champs  ou  fuyards,  —  droit  à  un  banc  de  préséance  fermé 
((  et  placé  en  tête  de  la  nef  de  l'égUse  paroissiale,  devant  l'autel 
«  de  N.-Dame.  » 

Le  dénombrement  de  1758,  comprend  en  plus  les  2/3  dans  un 
tiers  de  la  grosse  et  menue  dîme  de  Florenville  et  le  tiers  entier 
dans  la  grosse  et  menue  dime  de  Martuée,  les  dites  portions  de 
dîmes  faisant  partie  du  fief.  »  (Archives  de  l'Etat  à  Luxembourg.) 


La  perception  de  ces  multiples  redevances  se  faisait  avec 
rigueur  et  non  sans  difficulté  parfois. 

Le  4  décembre  1786,  la  Cour  prévôtale  de  Chiny  admet,  sur 
poursuites  des  collecteurs,  huit  habitants  de  Florenville  «  à  faire  la 
<i  preuve,  par  eux  offerte  au  procès,  que  depuis  quarante  ans  et 
«  plus  les  habitants  dud.  Florenville  sont  en  possession  d'avoir 
«  semé  de  la  navette  sur  le   ban   dud.  lieu,  sans  que  la  dime  en 


—     389     — 

«  ait  jamais  été  livrée,  à  l'exception  de  l'année  dernière  ;  —  sauf 
«  aux  demandeurs  leur  preuve  du  contraire.  » 

Nous  n'avons  pas  trouvé  l'arrêt  tranchant  détinitivement  la 
contestation. 

A  ce  moment  les  décimateurs  ou  propriétaires  de  la  dime  à 
Florenville  sont  : 

S.  A.  le  prince-régnant  de  Lewenstein-Wertheim  ; 

Les  rev.  Doyen  et  Ciiapitre  d'Yvoix-Garignan  ; 

Sire  pre_Fois  Maboge,  curé  de  Florenville  ; 

Jean-Henri  d'Orsinfaing,  capitaine  au  régiment  de  Bruncken, 
au  service  de  S.  M.  l'Empereur  et  Roi  ; 

François  de  Jacque,  Ecuyer,  demeurant  à  Tintigny  ; 

Bernard  Stevenotte,  Directeur  des  forges  de  Neupont,  y  de- 
meurant ; 

Jean  Gustin,  Echevin  de  la  Justice  dud.  Florenville 

et  Louis-Joseph  TerfT,  demeurant  à  Gharleville. 


Le  registre  de  justice  mentionne  diverses  tentatives  de  fraude. 

Un  habitant  est  condamné  par  la  Cour  à  une  amende  de  3 
florins  d'or  pour  n'avoir  pas  versé  la  dime  ordinaire  d'une  gerbe 
de  seigle  sur  dix,  -  une  gerbe  et  demie  de  froment,  —  auec  in- 
jonction d'être  à  l'avenir  plus  exact  au  fait  de  la  dime,  sous  telle 
peine  qu'il  appartiendra. 

L'année  suivante,  des  cultivateurs  chargeaient  des  gerbes  de 
seigle  sur  un  champ  à  eux  appartenant,  sans  y  laisser  aucune  gerbe 
de  dîmes. 

A  l'arrivée  de  l'agent  percepteur,  sur  une  30^  de  gerbes  déjà 
sur  la  voiture,  —  ont  voulu  donner  deux  gerbes  qu'ils  prenaient 
dans  la  plus  mauvaise  place  et  partie  du  champ. 

Sur  l'injonction  d'avoir  à  dimer  par  lignes  et  alternativement 
comme  de  droit,  leur  aiant  ordonné  de  décharger  leur  charette  pour 
en  tirer  la  dime,  ils  n'ont  voulu  le  faire,  sur  quoi  il  leur  a  été  signi- 
fié l'aynende. 

Et  comme  le  dit  champ  n'était  pas  lié  entièrement  pendant  led. 
jour  d'hyer  et  craignant  que  le  propriétaire  ne  le  lie  pendant  la  nuit. 
l'agent  percepteur  a  requis  un  piqueur  de  la  dime,  également 
assermenté,  —  à  se  tfansporter  avec  lui  pendant  la  nuit  sur  led. 
champ. 

Us  s'y  sont  effectivement  transportés  ensemble  vers  les  10  heures  et 
ils  ont  reconnu  pendant  ce  temps  le  propriétaire  qui  liait  le  reste  du 


—     390     — 

champ  avec  la  servante,  lesquels  ont  transporté  3  gerbes   mauvaises 
d'une  partie  du  champ  qui  était  mauvaise  à  Vendroit  du  champ  où 
il  y  en  avait  de  bonnes,  lesijuelles  trois  mauvaises  ainsi  transportées, 
ils  les  ont  laissées  et  mis  pour  la  dlme. 
D'où  contravention  et  poursuites  devant  la  Cour  prévôtale. 

(Archives  de  l'Etat  à  Arlon.) 


III. 

FLÛEEM  TILLE   k    OR  Y  AL, 


VENTES     DE     BIENS     NATIONAUX. 


LE     GRAND     FOUR. 


—  Du  1(3/21  germinal  an  5  (15/20  avril  1797.  — «  Un  four  ci-devant 
«  bannal,  situé  à  Florenville,  provenant  du  ci-devant  gouverne- 
ce  ment  autrichien,  loué  sans  bail  à  Jacques  Salpétierde  Floren- 
«  ville,  qui  en  donnait,  tout  calculé,  312  livres,  —  décrit  comme 
«  suit  dans  l'estimation  du  citoyen  Santino  Antonelly,  expert 
«  demeurant  à  Villers-d'-Orval  : 

«  Un  bâtiment  situé  sur  la  grande  place  publique  de  Floren- 
«  ville,  de  30  pieds  de  large  sur  45  de  long,  contenant  un  four  et 
«  des  tables  pour  déposer  les  pains.  —  Les  murs  et  la  toiture 
«  couverts  en  ardoises  en  bon  état,  mais  le  four  doit  être  recon- 
«  struit  à  neuf.  —  Lefournier,  par  son  bail,  était  autorisé  à  couper 
((  le  bois  dans  l'afforêt  du  ci-devant  gouvernement  pour  la  con- 
<x  somption  dudit  four;  par  conséquent  l'on  ne  peut  estimer 
«  que  le  corps  de  bâtiment. 

«  Adjugé  sur  une  mise  unique,  après  trois  feux,  au  citoyen 
«  Gollard,  demeurant  à  Florenville,  pour  550  livres.  > 

Nota.  —Ce  four  se  trouvait  sur  la  Grand-Place,  à  l'intersection 
des  routes  de  Bouillon  à  Arlon  et  de  Florenville  à  Neufchâteau, 
à  distance  des  maisons  voisines  à  cause  des  dangers  d'incendie. 

L'adjudication  avait  lieu  à  charge  de  démolition. 


—     391     — 
LA  FERME  DES   HAYONS. 

Du  16/21  Pluviôse  an  5. 

Vente  à  Luxembourg  d'une  ferme  dite  Le  Hayon,  sur  la  com- 
mune de  Florenville,  provenant  de  l'abbaie  d'Orval,  consistant  en 
80  journaux  40  verges  de  terres  labourables,  —  12  journaux  30 
verges  de  prairies,  —  une  chennevière  louée  pour  5  années  à 
Henry  Watelet  de  Florenville, 

le  tous  sis  couture  de  dessus  la  Goncie,  —  couture  de  Barsin- 
vaux,  —  id.  du  haut  des  fossés,  dessus  La  Haye,  id.  du  Hayon, 
Bois  des  prés.  Trou  margot,  —  la  chennevière,  contenant  25 
verges,  aux  Epairières,  confinant  à  l'abbé  Bertrand,  au  midy  à 
Joseph  Dallier,  au  couchant  à  Jean  Gustin,  au  nord  au  chemin, 

l'ensemble  mis  à  prix  à  3871  francs  11  sols,  soit  les  3/4  de 
l'estimation, 

finalement  adjugé  à  5000  livres  au  citoyen  Hubert,  Henri- 
Joseph,  demeurant  à  Virton,  lequel  déclare  qu'il  a  acquis  en 
prêtant  son  nom  seulement,  mais  que  le  véritable  acquéreur  est 
le  citoyen  Pvemy,  Remy,  ex-religieux  de  la  ci-devant  abbaie 
d'Orval,  résidant  actuellement  à  Sansanrue,  canton  de  Bouillon, 
département  des  Ardennes. 

—  Enregistré  à  Luxembourg  le  20  Vendémiaire  an  5,  —  reçu 
40  frs  en  bon  de  retraite. 


Par  un  acte  reçu,  le  20  floréal  an  5,  par  M.  Tinant,  notaire  public 
à  Neufchàteau,  le  citoyen  Remy,  Remy,  ex-religieux  de  la  ci- 
devant  abbaie  d'Orval,  résidant  à  Sansanrue,  se  reconnaît  acqué- 
reur 

a)  de  la  ferme  dite  des  Hayons,  mentionnée  ci-dessus; 

bj  d'une  ferme  dite  la  Ferme  de  Hachy,  provenant  de  la  ci- 
devant  abbaie  de  St-Hubert  ; 

c)  finalement  d'un  bois  dit  La  Haye,  à  Florenville,  provenant 
du  ci-devant  gouvernement  autrichien. 


Au  registre  foncier  de  la  prévôté  de  Ghiny,  se  trouve  —  12 
avril  1721,  vente  par  Jean-Otto  de  Wittimont,  prestre,  Ecuyer  et 
féodal  de  Ghiny  (voir  ci-dessus)  d'un  morceau  de  jardin  entre  2 
bornes  qui  y  sont  plantées  et  situé  au  lieu  de  Florenville  appelé 


—     392     — 


vulgairement  le  Maiche-MahilJe,  royer  Tean-Jacquemin  du  côté  du 
septent!'ion  et  le  vendeur  de  l'autre  et  le  grand  chemin  du  devant, 
au  prix  de  25  escus  argent  courant,  reçu  comptant. 


L'ABBAYE    D'OR  VAL. 

Du  16/21  Pluviôse  an  5  (4/9  février  1797). 

Vente,  à  Luxembourg,  des  ruines  de  la  maison  et  de  l'église 
d'Orval,  ainsi  décrites  dans  le  procès-verbal  d'expertise  du  citoyen 
Santino  Antonellij,  de  Villers-dt-Orval,  à  l'assistance  du  citoyen 
Jean-Charles- M a7ie  Cazè,  commissaire  du  pouvoir  exécutif  près 
l'administration  municipale  du  canton  de  Florenville,  visé  par  la 
dite  administration  municipale  sous  la  signature  de  Gringoire 
Ad^^,  Gustave  Adam  et  Allard,  s''^  commis. 

Les  Ruines.  —  1»  La  ci-devant  Abbaye  d'Orval,  maison  très- 
spacieuse  mais  présentement  brûlée  et  démolie  en  partie;  on  ne 
peut  la  regarder  pour  le  présent  que  comme  une  masure. 

L'Eglise  est  presque  toute  détruite,  ainsi  que  la  plus  grande 
partie  du  corps  du  bâtiment  qui  ne  peut  être  habité  ni  en  haut 
ni  en  bas!  il  n'en  reste  plus  que  les  pierres  et  un  tas  de 
décombres  ;  les  voûtes  des  chambres  dudit  bâtiment  également 
détruites  ;  celles  des  caves  restent  en  entier,  mais  l'eau  y  filtre. 

2"  Les  jardins,  terrasses  et  cours  adjacentes  au  bâtiment,  y 
compris  le  verger  qui  est  situé  devant  l'abbaye,  le  tout  renfermé 
par  des  murs,  contenant  29  journaux. 

Terres  labourables.  —  3"  La  Grande  Couture^  devant  les  forges, 
contenant  70  journaux,  confinant  au  levant  au  chemin  de  Luxem- 
bourg, au  midy  au  bois,  au  couchant  à  la  couture  du  Rond  Ruis- 
son,  au  nord  au  bois. 

4°  La  Petite  Couture,  entre  le  chemin  de  Luxembourg  et  Pin, 
contenant  46  journaux. 

5°  La  couture  dite  le  Recoartij,  contenant  13  journaux  40  verges, 
environnée  de  toutes  parts  par  les  bois. 

Prairies.  —  6"  Une  pièce  située  au  lieu  dit  le  Neuf  Pré,  enfer- 
mée de  toutes  parts,  contenant  22  journaux. 

.   7°  Une  pièce  au  lieu  dit  le  Pré  de  la  Cronire,  enfermée  de  toutes 
parts,  contenant  19  journaux  i  verge 

8°  Une  pièce  située  au  Fond  de  Willière  dit  les  basses  Comtesses, 
contenant  21  iournaux. 


—     393     — 

9°  Une  pièce  située  au  Fond  de  Willière,  lieu  dit  le  Sécherand  et 
Dont  Charles,  contenant  13  journaux. 

10°  La  Maison  Blanche.  —  Brûlée  et  tombée  jusqu'en  masure, 
avec  2  jardins  ;  le  plus  petit  derrière  le  bâtiment  ;  le  plus  consi- 
dérable est  devant,  joignant  l'étang  principal  de  la  forge  et  envi- 
ronné de  murs. 

Le  tout  mis  à  prix,  en  un  seul  lot,  à  23,062  livres,  soit  les  3/4  de 
l'estimation,  adjugé,  sur  une  enchère  unique,  à  23,200  livres  au 
citoyen  J.-B.  Beuvière,  de  Gharleville,  lequel  déclare  qu'il  a  fait  la 
dite  acquisition  en  prêtant  son  nom  seulement,  mais  que  le  véri- 
table acquéreur  est  le  citoyen  Rousseau,  Vaine,  demeurant  à  Ghar- 
leville, département  des  Ardennes. 

Le  prix  payable  conformément  à  la  loi  du  17  fructidor,  l'acqué- 
reur ayant  justifié  d'une  soumission  acceptée  dans  le  mois  de  la 
publication  de  la  loi  du  16  brumaire  an  5. 

Enregistré  à  Luxembourg  le  22  thermidor  an  5;  reçu  1856  francs 
pour  double  droit,  pour  n'avoir  pas  fait  enregistrer  dans  le  délai 
utile. 

LES   FORGES. 


Des  7/12  Pluviôse  an  5. 

Les  détails,  quoiqu'un  peu  longs,  décrivent  avec  précision  l'état 
des  lieux  peu  de  temps  après  la  catastrophe. 

Rapport  des  experts  Marie-Gabriel  Miraudot,  demeurant  au 
Ghatelet,  commune  de  Habay-la-Neuve,  et  François-Xavier  Papier, 
demeurant  à  Habay-la-Neuve. 

Après  avoir  parcouru  et  examiné  attentivement  les  dites  forges 
et  pris  à  cet  effet  les  renseignements  du  frère  Vincent  Cozier,  qui 
en  avait  la  direction,  du  citoyen  iVndré  Lejeune,  maçon,  demeu- 
rant à  Marny,  qui  a  travaillé  à  la  construction  et  aux  réparations 
de  partie  de  ces  usines,  —  et  autres  personnes  et  ouvriers  ou  con- 
naisseurs, nous  avons  estimé  qu'il  est  indispensable  d'ajouter  aux 
forges  les  prés  sur  lesquels  elles  sont  situées  ou  dont  elles  reçoi- 
vent les  eaux,  ainsi  que  la  couture  appelée  Couture  de  Hombuisson 
ou  les  Champs  aux  Pierres,  consistant  en  60  journaux  de  terre,  qui 
étaient  ci-devant  cultivés  par  les  religieux,  à  présent  en  friche. 

Les  forges  consistent  : 

Dans  la  halte  du  fourneau, 

le  machi  du  fourneau,  pour  un  côté  seulement, 


—     394     — 

l'enceinte  ou  murs  du  fourneau,  qui  comprend  trois  cabinets 
voûtés, 

Dans  les  restes  du  massif  du  fourneau,  dont  la  chemise  et  le 
creuset  sont  hors  de  service  et  de  nulle  valeur,  dans  les  ancres, 
renaulds  et  agraffes  en  fer  incrustés  dans  le  massif, 

La  grande  forge,  y  compris  les  murs  et  l'emplacement  de  deux 
chambres  d'ouvriers, 

La  fenderie,  boutiques  et  magazin, 

La  petite  forge,  la  platinnerie  avec  l'emplacement  de  deux 
chambres, 

Le  grand  magazin, 

La  bu  chérie  pour  la  fenderie, 

La  halle  de  la  grande  forge, 

La  scierie  à  l'eau  et  le  bocard  situés  dans  le  pré  du  Bocard,  près 
du  chemin  des  forges  et  qui,  des  dites  forges,  conduit  à  Limes, 

Dans  la  scierie  à  eau  située  à  l'extrémité  du  Pré  Dom  Gille,  con- 
tigû  à  la  chaussée  de  l'étang. 

Dans  l'emplacement  de  deux  bocards  à  4  montants,  chacun 
situé  dans  le  Pré  des  Forges,  à  côté  des  tas  de  crasse, 

Dans  la  maison  des  ouvriers  de  l'abbaye,  qui  porte  en  partie 
sur  le  mur  qui  sert  de  clôture  au  verger  et  en  partie  sur  le  mur 
qui  sert  de  terrasse  et  soutient  les  terres  du  chemin  de  voiture 
qui,  des  forges,  conduit  à  l'abbaye,  à  Izel  et  à  St-Vincent, 

Dans  la  beuterie, 

Dans  les  restes  de  la  maison  des  frères  et  de  la  compterie, 
dont  deux  chambres  et  un  petit  cellier  sont  recouverts  et  actuel- 
lement habités  par  les  frères. 

Dans  huit  canneaux  ou  courtières  avec  leurs  cabinets  et  voûtes, 
construits  en  pierres  de  taille,  d'un  parement  seulement,  de  5 
toises  de  long,  d'une  toise  de  hauteur,  comportant,  chaque  cour- 
tière, 12  toises  de  maçonnerie.  C'est  par  ces  ouvertures  que  s'in- 
troduit l'eau  de  l'étang  principal  qui,  par  sa  chute,  met  en  mou- 
vemen  les  harnais  de  ces  usines. 

Les  eaux  qui  font  mouvoir  les  forges  d'Orval  proviennent, 
savoir  : 

de  la  fontaine  St-Roch, 
de  la  fontaine  de  l'Abbé, 
.  de  la  fontaine  du  Prieur, 
de  la  fontaine  du  Moulin, 
de  la  fontaine  La  Cranière. 
Ces  cinq   fontaines   prennent  leur  source  dans  les  bois  situés 


—     395     — 

au  dessus  de  l'Abbaye  ;  elles  se  réunissent  dans  un  étang  appelé 
r Etang  du  frère  Paul,  presque  comblé  ;  de  cet  étang,  les  eaux  pas- 
sent dans  un  second  appelé  l'Etang  noir  ;  le  jardin  de  l'abbaye, 
avec  ses  terrasses,  lui  sert  de  digue,  à  l'extrémité  de  laquelle,  du 
côté  du  septentrion,  est  pratiqué  un  canal  ou  courtière  par  lequel 
elles  se  rendent  dans  un  canal  ouvert  qui  se  prolonge  dans  toute 
la  longueur  du  jardin,  à  l'issue  duquel  elles  s'introduisent  dans 
un  canal  couvert  traversant  tous  les  bâtiments  de  l'abbaye,  ses 
basses-cours  ;  elles  faisaient  mouvoir,  en  passant,  un  moulin, 
une  fouUerie,  une  scierie,  etc.  (Ces  usines  sont  absolument  dé- 
truites.) Elles  quittent  les  bâtiments  et  basses-cours  pour  entrer 
par  un  canal  pratiqué  sous  terre  dans  le  verger  de  l'abbaye,  par 
lequel  elles  se  versent  dans  l'étang  des  forges,  que  nous  appel- 
lerons l'étang  principal  ou  le  réservoir  de  toutes  les  eaux,  quoi- 
que moindre  par  son  étendue  et  sa  contenance  que  ceux  de  la 
Couronée  et  de  Rom'ouisson,  parce  qu'il  en  fait  seul  toute  la  dé- 
pense, et  que  les  harnais  du  fourneau,  de  la  grande  forge,  de  la 
fenderie,  de  la  petite  forge  et  de  la  platinerie  reçoivent  par  elles 
le  mouvement. 

D'autres  eaux  proviennent  du  fond  de  Villier  ;  ces  eaux  se  di-^ 
visent  en  deux  bras,  qu'on  peut  réunir  en  un  seul  au  moïen 
d'empalements  qui  sont  détruits  et  dont  les  emplacements 
restent.  Ces  deux  bras  fluent  à  droite  et  à  gauche  du  pré  appelé 
le  pré  Dom  gille.  Lorsque  ces  eaux  donnent  abondamment,  elles 
font  mouvoir  une  scierie  située  à  l'extrémité  de  ce  pré  contre  la 
chaussée  de  l'étang  principal,  2  bocards  à  quatre  montants  cha- 
cun situés  dans  le  pré  des  Forges,  de  l'autre  côté  de  la  chaussée 
de  l'étang  principal  ;  le  surplus  de  ces  eaux  se  rend  par  une 
courtière  pratiquée  sous  le  chemin  qui  conduit  à  Villier  dans 
l'étang  principal.  La  scierie  et  les  bocards  sont  détruits;  lorsque 
les  eaux  sont  basses,  on  les  réserve  entièrement  pour  le  service 
des  forges. 

Les  eaux  de  ces  cinq  fontaines,  de  ces  deux  ruisseaux,  quoi- 
qu'abondantes,  bien  ménagées  et  conduites  avec  art,  ne  peuvent 
cependant  fournir  que  pour  deux  tiers  à  la  dépense  des  usines  ; 
on  s'est  procuré  l'autre  tiers  des  étangs  de  la  Couronnée  et  du 
Rombuisson  ;  le  1<"'  est  abreuvé  par  les  eaux  venant  des  forges  de 
La  Soye  et  des  fontaines  de  Limes,  qu'il  rend  à  celui  de  Rom- 
buisson. 

C'est  le  ruisseau  qui  se  forme  des  eaux  de  ce  dernier  étang 
qui  fait  la  limite  de  l'ancienne  France  avec  le  pays  réuni   et  qui 


—     396     — 

faisait  tourner  le  moulin  incendié  de  Rombuisson  (l).  Ce  moulin 
est  incendié  ;  il  n'en  reste  que  les  ruines.  On  a  fait  une  brèche 
au  milieu  de  la  digue  revêtue  en  pierres,  qui  fait  perdre  à  ces 
étangs  leurs  eaux. 

A  l'angle  de  la  digue,  du  côté  de  l'ancienne  France,  située  sur 
la  commune  de  Margny,  est  pratiqué  un  déversoir  voûté  pour 
l'écoulement  des  eaux  superflues  occasionnées  par  de  grandes 
pluies  ou  fontes  de  neige  ; 

A  l'angle  opposé  de  la  digue  de  l'étang  de  Rombuisson,  sur  le 
pays  réuni,  est  construit  un  aqueduc  ou  canal  couvert  qui  com- 
munique à  l'étang  principal  et  lui  porte  le  tiers  de  l'eau  qui  lui 
manquerait  sans  ce  secours  et  fait  mouvoir  en  passant  un 
bocard  à  quatre  montants  et  une  scierie  placés  à  côté  des  forges, 
du  côté  de  Villers-dt-Orval,  dans  le  pré  des  Bocards. 

(Ces  usines  sont  également  détruites.) 

L'ensemble,  comprenant  les  ruines  et  murs  des  forges,  —  50 
arpents  d'étangs,  —  39  fauchées  de  prairies,  —  60  1/2  arpents  de 
terres  labourables,  —  bois  tant  gisants  que  sur  pied,  —  58,051 
livres  de  fer  cru,  ou  fonte,  de  la  mine,  —  3  tas  de  crasse,  les  ar- 
ticles non  détaillés  ci-dessus,  savoir  : 

FER    CRU  ou  FONTE. 

6  plumards,  1  anneau  ou  boyard,  14  lames  de  cheminées,  tant 
grandes  que  petites,  dont  trois  cassées,  25  tant  buses  que  cabi- 
nets et  fronts,  9  toises  de  buses  en  fonte,  4  enclumes,  du  poids 
de  200  livres  chacune,  1  marteau  de  forge  et  quelques  débris  de 
buses,  avec  les  bords  du  moule  des  gueuses. 

MINE. 

Etiviron  000  charrées  de  mine. 

TAS    DE    CRASSE 

3  tas  de  crasse  de  forge  et  de  fourneaux,  estimés  pouvoir  pro- 
duire pendant  18  ans  un  revenu  net  de  100' francs  par  an. 


(1)  Le  19  novembre  1791,  les  administratsurs  du  Directoire  du  département  de  la  Meuse  décidèrent 
d'inviter  le  Conseil  général  des  Ardennes  à  faire  démolir,  contre  indemnité,  le  moulin  banal  de  Maigny, 
situé  à  quelques  centaines  de  mètres  du  district  de  Montmédy,  parce  que  ce  moulin,  dont  le  tournant 
était  en  France,  touchait  à  l'habitation  du  meunier  qui  était  en  pays  limitrophe,  ctujui  permettent  l'expor- 
tation du  blé  en  fraude. 

En  ces  temps  d'afîolement  contre /('N  ai-capareurs,  réels  ou  présumés,  il  n'en  fallait  pas  plus  pour 
amener  la  prompte  disparition  du  moulin,  ce  i|ui  fut  vite  fait,  comme  on  voit  en  comparant  les  dates  ci- 
dessus  .  J.-i). 


—     397 


BOIS. 


1«  Dans  le  pré  Domgille,  16  pieds  de  chêne,  dont  6  équarris  ; 

2^  lu  antres  chênes  en  grnme,  avec  les  débris  des  arbres  des 
roues  des  usines  et  quelques  tronçons  de  chêne  épars  dans  le  pré 
de  Bocard  ; 

3»  4  chênes  sur  pied,  1  hêtre,  1  onelle,  près  des  forges  de  l'élang 
noir  et  du  pré  du  moulin  de  Rombuisson  ; 

¥  67  peupliers  d'Italie  placés  tant  sur  les  bords  de  l'étang  prin- 
cipal qu'à  l'extrémité  et  sur  le  côté  du  pré  Domgille  ; 

5"  Quelques  petits  arbres,  essence  de  chêne  et  de  hêtre,  et  de 
la  raspe  particulièrement  en  onelles,  sur  les  bords  des  étangs  et 
des  prés. 

Mis  à  prix  en  bloc  à  32,615  livres  5  sols, 

soit  les  3/4  de  l'estimation  ; 

porté  à  43,5U0  livres 

par  le  citoyen  Stevenotte; 

à  45,000  livres 

par  le  citoyen  Beuvière,  acquéreur  pour  ami  à  élire  ; 

à  63,000  livres 

par-  le  citoyen  Stevenotte  ; 

à  81,000  livres 

par  le  citoyen  Beuvière  ; 

adjugé  à  82,500  livres 

au  citoyen  B.  Stevenotte,  demeurant  à  Neupont. 

Enregistré  à  Luxembourg,  le  6  ventôse  an  5,  folio  94,  2°  case  6. 
Reçu  trois  mille  deux  cent  quatre-vingt  francs.      s.  Marlet. 

(Archives  de  l'Etat  à  Arlon.) 
N.  B.   Il   serait  curieux  de  comparer  la  description  ci-dessus 
avec  les  parties  des  ruines   restées  debout  et  existant   encore 
actuellement. 


JAGOB-DUGHESNE. 


^  propos  de  quelques  vases  du  M^sée 

d'y^rlon. 


Celui  qui  parcourrait  la  Grèce  d'aujourd'hui,  ne  la  trouverait  plus  telle  que  l'a 
dépeinte  Edm.  A  bout  dans  son  immortel  pamphlet  «  le  Roi  des  Montagnes  ■'. 
Il  trouverait  une  Grèce  régénérée  et  instruite,  qui  veut  de  plus  en  plus  secouer 
les  mauvais. souvenirs,  «  gratter  de  toutes  parts  la  couche  de  turquerie  et  de 
barbarie  slave  qui  a  si  longtemps  submergé  son  sol  sacré  »  (1).  —  Elle  a  été 
puissamment  aidée  dans  cette  œuvre  de  résurrection  de  l'antiquité  par  l'Ecole 
Française  d'Athènes,  par  son  Université  et  par  ses  nombreux  amis  d'Europe, 
lettrés  et  savants  accourus  de  tous  pays.  Son  sol  a  été  et  continue  d'être  remué 
par  le  pic  des  archéologues  (2).  Aussi,  il  n'est  pas  de  pays,  si  l'on  excepte 
l'Egypte,  qui  ait  été,  autant  que  la  Grèce,  l'objet  de  nombreuses  publications  du 
plus  haut  intérêt.  Parmi  ces  publications,  quantité  sont  consacrées  aux  arts 
industriels  de  la  Grèce,  et  spécialement  à  la  céramique. 

Il  est  presque  fastidieux  de  répéter  que  l'histoire  de  la  céramique  grecque  est 
divisée  en  quatre  grandes  périodes  devenues  classiques  :  mycénienne,  dorique, 
athénienne,  hellénistique  (3). 


(1)  GastuQ  Dechaiûps  :  Lu  Gri'ce  d'aujourd'hui.  Paris,  A.  Colin  1S98. 

(2)  Cfr.  Ch,  Diehl  :  Excursions  en  Grèce  :  Mycrnes,  Délos,  Athènes,  ohjmpie.  Eleusis,  Epidaure, 
Dodone,  Trynthe,  Tanugra.  (Introd.  p.  1-12)  Paris,  A.  Colin  1897. 

(3)  Nous  laissons  volontairement  de  coté  lu  poterie  de  l'époque  néolithique  et  de  l'industrie  minoenne 
primitive  (de  3000  à  2000  environ)  et  moyenne  (2000  à  16U0).  Cfr.  Déchelette  :  Manuel  d'archéologie  pré- 
historique, tome  III  p.  55  et  suivantes.  —  Nous  n'avons  pas  l'intention  de  faire  l'histoire  de  la  céramique 
grecque,  mais  de  décrire  sommairement  ses  principules  phases,  afin  de  pouvoir  mieux  identifier  les 
quelques  vases  grecques  que  possède  le  Musée  d'Arlon. 


—     399 


1.  —  La  PÉRIODE  MYCÉNIENNE  (Minoen  récent  de  A.  Rvans  et  B.  Hawes), 
enti-e  1600  et  1200  avant  l'ère  chrétienne,  nous  révèle  déjà  une  civilisation,  dont 
l'art  est  vraiment  un  des  plus  originaux  et  des  plus  raffinés  que  connaisse  l'his- 
toire. Les  vases  retrouvés  à  Mycènes,  à  Vafio,  à  Gnossos,  à  Phaestos,  à  Rhodes, 
en  Chypre,  séduisent  par  le  naturisme  du  décor.  Les  grandes  amphores,  les 
aiguières  et  tant  d'autres  vases  aux  modules  harmonieux,  déroulent,  sur  le  fond 
clair  de  leurs  panses,  de  grands  iris  se  balançant  au  vent,  des  poulpes  aux  yeux 
torves  déployant  leurs  souples  tentacules,  des  argonautes  nageant  gracieuse- 
ment parmi  les  algues  ..  Tout  cela,  plein  de  vie,  quoique  stylisé. 

H.  -  Puis  tout  à  coup,  la  civilisation  mycénienne  sombre  sous  une  avalanche 
de  tribus  venues  du  Nord  vers  l'an  mil,  et,  pendant  les  300  ans  de  I'époque 
DORiENNE,  c'est  le  règne  de  la  ligne  géométrique.  Cependant,  cet  art,  bien 
qu'inférieur  au  précédent,  n'est  pas  sans  charme  :  les  cercles  concentriques 
tracés  au  compas  s'emboîtent  les  uns  dans  les  autres  ;  les  chevrons  s'étagent 
avec  une  agréable  régularité  ;  d'étranges  êtres  vivants  stylisés,  dont  le  corps  et 
les  membres  sont  réduits  à  n'être,  pour  ainsi  dire,  plus  que  des  lignes,  se  super- 
posent en  bandes  sur  les  énormes  vases  des  nécropoles.  —  Le  Musée  d'Arlon 
possède  un  curieux  spécimen  de  ces  vases  protocorinthiens,  à  décoration  géomé- 
trique, des  VP  et  VIP  siècles  avant  l'ère  chrétienne. 


Jf  1  -^  ^' 

C'est  un  petit  alabastre  à  base  effilée,  de  O^IO  de  haut  et  de  0™15  de  circonfé- 
rence, trouvé  dans  la  viHa  romaine  de  Majerou  (Virton)  et  donné  par  M.  l'abbé 
Nickers,  révérend  doyen  de  St-Hubert  (flg.  1).  M.  Max  CoUignon  donne,  à  tort, 

26 


—      400     — 

croyons-nons,  aux  vases  de  cette  forme  le  nom  de  bombylios  kotyliskos  (1).  La 
petitesse  des  dimensions,  l'allongement  de  la  base,  l'étranglement  du  goulot,  la 
largeur  du  rebord  cylindi'ique  rattaché  à  la  naissance  du  col  par  une  anse  très- 
courte,  tout  in(li(iue  que  ce  vase  était  destiné  à  contenir  de  l'huile  fine  ou  des 
onguents  paiMumés  qui  ne  peuvent  être  versés  que  goutte  à  goutte. 

L'alabastre  figure  souvent  dans  les  scènes  de  bain,  de  palestre,  de  gymnase  et 
de  toilette  (2)  Le  décor  est  tra'v,  sur  le  fond  blanchâtre  de  la  terre,  au  brun 
rouge  surchargé  de  cercles  noirs.  Une  zone  de  pétales  noirs  court  à  la  base  du 
col,  et  un  registi-e  de  chevrons  de  même  couleur  encercle  la  panse  par  son 
milieu. 

Peu  à  peu  l'ancienne  population  mycénienne  finit  par  absorber  le  vainqueur, 
et  l'on  voit  reparaître,  dès  le  VHP  siècle,  surtout  en  lonie,  à  Milet,  à  Samos,  à 
Gorinthe,  toute  une  série  de  vases  dits  corinthiens^  mêlant  à  la  ligne  géomé- 
trique toute  une  profusion  de  personnages,  d'animaux,  de  rosaces,  d'étoiles  et 
de  chevrons.  «  Un  caractère  commun  à  ces  diverses  séries,  dit  M.  René  Jean  (3), 
c'est  la  multitude  des  figures  vivantes,  animaux  et  monstres,  hommes  et  divini- 
tés. Le  répertoire  de  l'imagerie  céramographique  se  constitue.  Sur  la  plupart  de 
ces  vases,  notamment  ceux  de  Gorinthe  et  de  Rhodes,  les  figures  sont  disposées 
en  zones  ou  registres  super-posés.  Beaucoup  de  ces  figures  sont  des  plusétranges  : 
griffons  et  chimères,  sphinx  et  centaures,  tritons  et  sirènes,  c'est  un  fantastique 
bestiaire,  un  fourmillement  d'êtres  monstrueux  (4).  <•  Les  lions,  les  chacals  et 
les  tigres  n'ont  jamais  existé  en  Grèce  ;  aussi,  les  artistes  peintres,  qui  ne  les 
connaissaient  que  par  les  traditions  de  l'art  assyrien  et  égyptien,  n'ont  tiré  de 
leur  représentation  que  des  motifs  de  pure  décoration,  alors  que  leurs  dessins  de 
bœufs  et  de  cerfs  sont  plus  exacts  et  copiés  d'après  nature  (5). 

IIL  —  A  partir  du  VIP  siècle  et  surtout  du  VP,  Athènes  va  éclipser  toutes  les 
autres  villes,  au  point  que  l'histoire  de  la  poterie  grecque  se  confondra  avec 
l'histoire  de  la  potei-ie  athénienne.  Cette  période,  dite  Athénienne,  marque 
l'apogée  de  la  céramique.  Tout  un  faubourg  de  la  grande  cité,  le  faubourg  du 
Géramique,  est  li-ansformé  en  un  vaste  atelier,  qui  inonde  de  ses  produits  tous  les 
pays  grecs  et  barbares.  Une  foule  d'étrangers,  ou  métèques,  accourent,  établis- 
sent leur  demeure  dans  la  ville  et  se  livrent  au  fructueux  métier  d'exportateurs. 
On  a  calculé  qu'au  temps  de  la  guerre  du  Péloponèse  (431  ans  avant  J.-G.),  le 
nombre  de  ces  métèques  s'éleva  à  96,000  contre  120,000  citoyens. 


(1)  Max  Collignon  :  L'archéologie  grecfiue,  page2rt5,  fig.  102.  Paris,  A.  QuanUn  1S81. 

(2)  Cfr.  F.  Travvinski  :    La  Vie.  antique  :  Manuel  d'Arch.  grecqut  et    romaine.  Première  partie.  Au 
chap.  XI  les  ustensils grecs,  pp.  194-223.  —Paris,  L.  Laveur,  1902 

(3)  René  .Jean  :  Les  Arts  de  Terre.   Paris,  Laurens  1911. 

(4)  Le  Musée  du  Louvre  possède  une  riche  collection  de  ces  vases  corinthiens. 

(5)  Consulter  :  Max  Collignon.  O^.  cÀt..  pp.  252-312,  livre  V.     -    P.ayet  et  Collignon  :  ///.st.  de  la  Cira- 
7/uqiue  .f/)-fi-//((e.  Paris  ISSS.  -    S.  P.einach  :  /ljt*'//<o  p.  7(i.  Paris,  Ilachelte  1907. 


—      401      — 

Dans  la  maison  grecque,  il  n'y  avait  pas  cet  encombrement  de  potiches  et  de 
bibelots  qui  dépare  souvent  nos  salons  et  nos  appartements.  L'utile  était  la  base 
unique  de  l'art.  Le  vase,  tout  comme  la  statue,  était  intimement  lié  à  des  raisons 
de  nécessité  pratique.  On  fabriqua  par  milliers  des  récipients  à  huile  et  à  vin  : 
amphores,  cratères,  lécythes,  oénochoés  ;  des  hydries  pour  l'eau  ;  des  coupes, 
des  canthares  et  des  skyphos  pour  les  boissons  ;  des  plats  et  des  assiettes  pour 
les  aliments  et  les  desserts.  Innombrables  sont  les  vases  peints  que  l'on  a  retrou- 
vés intacts  en  Chypre,  en  Gyrénaïque,  en  Grimée,  en  Sicile,  en  Gampanie  et 
surtout  en  Etrurie  (1). 

Nous  décrirons  sommairement  les  principales  catégories  de  vases  peints 
attiques.  On  peut  les  répartir  en  trois:  vases  à  fond  rouge,  —  vases  à  fond  noir,— 
vases  à  fond  blanc. 

A.  —  Les  vases  à  fond  rouge  et  à  figures  noires  sont  les  plus  anciens;  ils 
font  leur  apparition  dès  le  VI**  siècle.  Sur  le  fond  rouge  de  la  poterie,  les  peintres 
esquissaient  à  l'enduit  noir  les  scènes  qu'ils  voulaient  représenter  ;  puis,  avant  que 
l'enduit  ne  fût  séché,  ils  gravaient  à  la  pointe  sèche,  de  manière  à  faire  réappa- 
raître le  rouge  de  l'argile.  »  Ges  fines  égratignures  séparent  deux  silhouettes 
engagées  l'une  dans  l'autre  ;  elles  animent  de  quelques  organes  la  masse  com- 
pacte, dessinent  l'attache  du  bras  et  complètent  la  simple  silhouette  par  des  indi- 
cations sur  le  costume  :  plis  obliques  de  robes  ou  lignes  sèches  d'un  équipement 
mihtaire  »  (2). 

Ghose  curieuse,  les  yeux  sont  toujours  figurés  de  face,  bien  que  les  personna- 
ges soient  de  profil,  et  toutes  les  tètes  dans  un  registre  arrivent  à  la  même  hauteur, 
que  les  individus  soient  debout,  assis,  en  char  ou  à  pied.  On  retrouve  encore, 
mais  reléguées  sur  le  pied  ou  à  la  base  du  col,  des  zones  d'animaux  ;  le  milieu 
est  réservé  à  des  scènes  de  mythologie,  alors  en  grande  faveur  :  elles  constituent 
les  trois  quarts  des  compositions  de  cette  époque.  Les  noms  d'artistes  qui  se  re- 
trouvent le  plus  fréquemment  sur  les  vases  à  figures  noires  sont  ceux  d'Ergoti- 
mos,  de  Glitias,  d'Amasis,  d'Exékias,  de  Tléson,  de  Timagoras. 

Vers  la  fin  du  VI®  siècle  se  produit  une  transformation  qui  change  l'aspect  des 
vases  grecs.  Certains  auteurs  l'attribuent  à  Nicosthènes.  «  On  possède  de  cet 
industriel  des  coupes  de  technique  mixte,  coupes  dont  l'intérieur  est  orné  de 
figures  noires  selon  l'ancienne  méthode,  tandis  que  l'extérieur  est  décoré  de 
figures  rouges  selon  la  méthode  nouvelle  »  (3). 


(1)  Cfr.    Edm.  Pottier  :    Uoiiris  et  les  peintres  de  vases  grecs,  pp.  24,  27,  28.  Paris,  Laurens  1910.  — 
René  Jean  :    Op.  cit.  p.  12. —S.  Reinacb  :  Op.  cit. pp.  18-1':K       Trswinski  :  Op.  cif.  pp.  IVE -197. 

(2)  Louis   Hourlicq  :  La  Peinture,  des  Origines  au  XVI'  siècle,  p.  244.  Paris,  Laureus  1908. 
(o)  René  .lean,  Op.  rit.   p.  15. 


—     402     — 

B.  -  Quoi  qu'il  en  soit,  dès  la  fin  du  VP  s.  et  pendant  le  V"  s,,  les  vases  sont 
peints  de  laçon  telle  que  ce  qui  était  noir  pendant  la  période  précédente  est 
rouge,  et  inversement,  c'est  à  dire  que  le  fond  du  vase  est  enduit  de  vernis 
noir,  laissant  en  rouge  les  figures,  dont  les  traits  seront  exécutés,  non  plus 
à  la  pointe  sèche,  mais  en  traits  noirs  au  pinceau  (1).  Ces  traits  dénotent  une 
merveilleuse  sûreté  de  main,  car  les  lignes  sont  nettes,  précises,  sans  retouches. 
L'artiste  débutait  par  une  légère  esquisse  à  la  pointe  dure  sur  l'argile  encore 
fraîche  ;  quelques  traits  essentiels  ébauchaient  les  personnages,  leur  donnaient 
la  pose  et  le  geste  voulus.  Puis,  avec  une  patience  admirable,  le  peintre,  muni 
d'un  pinceau  extrêmement  ténu,  lait  souvent  d'une  unique  soie  de  porc,  traçait 
bout  à  bout  de  minuscules  lignes  si  bien  unies  qu'il  faut  une  loupe  et  une  longue 
expérience  pour  découvrir  qu'elles  n'ont  pas  été  jetées  d'un  seul  coup. 

Toute  représentation  d'animaux  schématisés  a  définitivement  disparu,  et  celle 
de  végétaux,  lotus  ou  palmettes,  n'a  plus  qu'un  intérêt  de  pure  décoration  orne- 
mentale, tant  la  plante  est  stylisée  à  l'extrême.  Seules  les  belles  formes  humaines 
tentent  le  génie  de  l'artiste.  Les  visages  sont  tous  d'une  beauté  grave,  sculptu- 
rale, mais  ce  sont  des  physionomies  ne  reflétant  ni  les  émotions  de  l'âme,  ni  les 
qualités  de  l'esprit.  —  Certains  archéologues  (2)  ont  cru  voir,  dans  les  visages 
algides  des  héros,  des  sentiments  de  rage  satisfaite,  de  joie  féroce,  de  peur 
aiguë. . .  Si  l'on  veut  entendre  par  là  que  les  gestes  sont  vrais,  expressifs  et  vivants, 
nous  souscrivons  volontiers  à  leur  opinion.  Mais,  en  général,  les  physionomies 
sont  impassibles.  Les  scènes  de  pure  mythologie  deviennent  plus  rares.  On 
représente  surtout  les  divinités  chères  aux  Grecs  de  ce  siècle  :  Djonysos  et  ses 
Satyres,  Aphrodite  et  les  amours. 

On  se  plaît  aussi  à  reproduire  les  tableaux  de  la  vie  quotidienne  :  scènes  de 
combat,  réunions  d'éphèbes,  jeux  à  la  palestre,  représentations  de  banquets,  in- 
térieurs de  gynécée,  épisodes  d'amour  et  de  rapt,  manipulations  d'atelier.  Les 
costumes  luxueux,  les  tissus  brodés,  les  bijoux  riches  -donnent  une  idée  de  la 
civilisation  raffinée  de  l'époque  (3). 

Parmi  les  peintres  qui  signent  les  compositions  les  plus  remarquables  de  cette 
période,  citons  Euphronios,  Brygos,  Sosias,  Epictetos,  Ghachrylion,  Douris, 
Panphaios. 


(1)  Toutefois,  Its  amphores  dites  pan.-vthénaïiiues,  données  en  prix  aux  vainqueui's  des  courses,  con- 
tinuèrent à  être  décoiées  selon  l'ancien  procédé.  Au  reste,  si  rapide  et  si  complète  qu'ait  été  cette  trans- 
position, elle  n-  fut  ni  absolue,  ni  radicale,  et  durant  tout  le  V-  siècle  or^  continua  de  fabriquer  des  vases 
à  figures  noires. 

(2)  Voir  par  ex.  ().  Hayet  et  M.  Collignon  :  Histoire  de  la  réramique  urerrjuc,  p.  171.  Paris  1888.  — 
H.Havard:  La  Céramique,  p.  .38.  Paris.  Delagrave. 

(3)  Cfr.  Bayet  :  Précis  île  l'Hist.  ilf  l'iirl .,  p.  S8.  Paris,  .Alcide  Picard,  -1905.  —  Max  Collignon:  op. 
cit.,  p.  29». 


—     403      - 

C.  —  Il  est  une  troisième  catégorie  de  vases  attiques,  c'est  celle  des  vases  à 
fond  hlanc.  La  poterie  est  recouverte  d'un  manchon  de  chaux  jaunâtre  ou  lai- 
teuse, sur  lequel  le  pinceau  peut  déposer  les  silhouettes  noires  ou  les  dessins  au 
trait  noir.  Vers  le  milieu  du  V'  s.,  ce  trait  est  fait  d'une  couleur  plus  ou  moins 
transparente,  le  plus  souvent  rouge,  car  un  filet  noir  opaque  n'est  plus  indis- 
pensable sur  le  fond  de  craie  blanche. 

Bientôt  apparaît  la  couleur  polychrome,  à  la  détrempe,  délayée  dans  une 
colle  de  blanc  d'œuf,  de  cire  liquide  ou  de  résine.  Les  Ions  l'ouges  et  noirs  se 
mêlent  aux  bleus,  violets,  verts,  jaunes  et  bruns.  Au  IV«  s.,  l'or  marie  son  éclat 
à  ces  teintes  vives  et  fait  chatoyer  les  bandelettes  du  costume,  les  boucles  d'o- 
reilles, les  perles  des  colliers,  les  baies  des  guirlandes.  La  grande  peinture  des 
tableaux  et  des  fresques  envahissait  les  ateliers  du  Céramique,  et,  par  les  quel- 
ques merveilleux  spécimens  de  compositions  que  nous  ont  conservés  une  tren- 
taine de  coupes,  quelques  œnochoés  et  des  centaines  de  lécythes,  on  peut  se 
faire  une  idée  approximative  de  ce  que  devaient  être  les  tableaux,  tous  disparus, 
hélas  !  des  grands  maîtres  du  V^  s.  (l). 

Gomme  on  vient  de  le  voir,  les  vases  de  cette  catégorie,  exception  faite  pour 
les  lécythes,  sont  rares.  Et  la  raison  en  est  bien  simple.  ^  Cette  adaptation  de 
la  peinture  ordinaire  à  la  céramique  ne  produisit  point  d'œuvres  robustes,  ni  de 
poteries  vraiment  viables.  Si  les  lécythes  peuvent  conserver  leur  enveloppe 
blanche,  et,  par  suite  leur  délicate  polychromie,  c'est  parce  qu'ils  n'ont  pas 
subi  la  cuisson  à  haute  tempér-ature.  Ce  sont  vases  fragiles  et  de  nul  usage;  ils 
n'étaient  point  faits  pour  être  maniés,  mais  pour  être  exposés,  pleins  de  parfums, 
auprès  des  morts  »  (2). 

Les  Lécythes  ^3).  Le  lécythe  à  fond  blanc  et  à  dessins  polychromes  (les  plus 
anciens  sont  à  couverte  jaunâtre  et  à  figures  se  détachant  en  silhouettes  noires) 
peut  être  considéré  comme  un  des  chefs-d'œuvre  des  formes  céramiques  grecques 
et  mérite  que  nous  nous  y  arrêtions  quelque  peu. 

Sa  fabrication  a  duré  du  V«  au  IIF  siècle  ;  on  en  a  découvert  des  centaines  à 
Athènes,  à  Erétrie,  en  Eubée  et  surtout  en  Etrurie  (4).  Leur  usage  fut  à  ce 
point  courant  à  Athènes  qu'il  introduisit  dans  le  langage  maintes  expressions 
métaphoriques:  on  appelait  auToLjiJcuooi  les  jeunes  fats  de  mise  élégante  et  de 
mœurs  dissolues,  probablement  parce  qu'on  les  comparait   à  des  vases  d'huile 


(1)  Le  Musée  de  Bruxell-^s  pos!=f'f|pi(iu«i(|U"s  coupes  remarquables  à  foiiii  bhinc,  signées  de  Sotadès. 

(2)  Louis  Hourt.i'-q  :  La  Peinture  jusqu'au  XVl'  s  ,  p.  40.  Paris  1908 

(3)PoUier:  Etude  sur  les  lécythes  blancs.  Paris  1883.  —  Pottier  :  Terres  ruiti-s  grecques,  dans  la 
Biblioth.  des  meivpilles    Paris  189D. 

(4)  Leur  découvi-rle,  en  compagnie  d'autres  vases  de  forme  gr^ciine,  da-^s  les  i.ocnlireuses  né  lupoles 
de  l'Etrurie,  leur  a  fait  longtemps  donner  le  nom  de  vases  étrusques 


—      404      — 

toujours  onctueux  ;  les  phrases  de  rhétorique  sonores  et  vibrantes  étaient,  au 
témoignagne  d'Aristophane,  appelées  "  lécythes  "  (i) 

La  lécythe  est,  croit-on  (2),  une  évolution  de  l'alabastre  et  de  l'aryballe  que 
l'on  a  posés  sur  une  base  solide  et  auxquels  on  a  ajouté  une  anse  de  grand  mo- 
dule. Sa  destination  première  tut  d'être  un  vase  à  huile  (3),  indispensable  au 
bain,  à  la  palestre  et  au  gynécée.  Plus  tard,  il  prit  une  acception  particulière, 
celle  de  vase  funéraire.  Aussi  la  plupart  des  sujets  figurés  sur  ces  vases  se  rat- 
tachent aux  cérémonies  funèbres  :  jeune  homme  ou  jeune  femme  venant  sur  la 
tombe  du  mort  apporter  des  offrandes,  scènes  de  lamentation,  d'adieu,  de  funé- 
railles, de  toilette  funèbre,  d'exposition  sur  le  lit  de  parade,  de  déposition  au 
tombeau,  de  passage  du  Styx  dans  la  barque  de  Gharon,  de  fêtes  commémora- 
tives  (4). 

IV.  Vases  hellénistiques.  —  Les  malheurs  de  la  guerre  du  Péloponèse, 
l'échec  de  l'expédition  de  Sicile  en  415  fermant  aux  exportations  attiques  le 
marché  de  la  Grande  Grèce,  et  surtout  la  prise  d'Athènes  par  Lysandre  en  404 
ruinèrent  le  commerce  des  céramistes.  Les  vases  postérieurs  à  cette  époque  sont 
en  pleine  décadence.  Le  secret  de  la  composition  de  ce  magnifique  noir  bistré, 
aux  tons  veloutés  et  chauds,  indestructible  aux  acides,  se  perdit  (5)  et  fit  place 
à  un  noir  décoloré,  brunâtre  et  sans  éclat.  Ce  furent  Alexandrie  et  certaines 
villes  de  l'Italie  du  Sud,  notamment  Tarente,  longtemps  clientes  d'Athènes,  qui 
bénéficièrent,  pendant  un  certain  temps,  des  procédés  de  peinture  de  la  grande 
cité.  Mais  les  Italo-Grecs  ne  surent  conserver  ni  la  sobriété,  ni  la  simplicité  des 
vases  attiques! 

Leur  art  est  un  art  de  pastiche  et  de  contrebande.  Les  dimensions  exagérées, 
la  surcharge  du  décor,  les  retouches  criardes  et  nombreuses  des  vases  sortis  des 
ateliers  larentins,  apuliens,  lucaniens  et  campaniens,  les  différencieront  toujours 
des  pures  merveilles  qu'avait  enfantées  le  génie  athénien.  Ils  ne  respectèrent 
même  pas  les  grandes  scènes  mythologiques  et  représentèrent  les  divinités  dans 
des  farces  burlesques  et  des  aventures  indignes  de  la  majesté  des  dieux. 

Au  III^  siècle,  c'est  le  déclin.  Un  peu  partout,  dans  les  pays  grecs,  on  fabrique 
des  poteries  qui  ne  manquent  pas  de  grâce,  mais  qui  ne  sont  plus  que  des  pro- 
duits inférieurs,  couverts  d'un  enduit  noir,  sur  lequel  on  s'est  contenté  de  jeter 
des  retouches  blanches,  jaunes  et  rouges,  représentant  des  guirlandes,  des  mas- 
ques de  théâtre  et  des  amours  (6). 


(1)  Daremb^rg, Saglio  et  PoUier  :  Uirtionn.  des  antiq.  grecques  et  romaines,  hu  mot:  l€C\  the.  Six  vol. 
in-42.  l'ariP,  Hachette.  t904. 

(2)  Ibid-m. 

(3)  Homère  ;  Odyssée  Yl,  79. 

(4)  Max.  CoUignoh  :  op.  rit.,  p.  .'Î04-.TI2. 

(h)  Edin.  Pottier,  Douris  et  les  peintres  de  vases  grecs,  p.  43.  Pans  1910. 
(fi)  R«jne  .lean,  Op.  rit.  passlm. 


—     405     — 

La  céramique  à  reliefs,  qui  fait  son  apparition  au  IV  siècle,  tend  de  plus  en 
plus  à  détrôner  la  céramique  à  peintures  :  lécythes  à  corps  de  sphinx  ou  formés 
par  une  double  tête,  cornes  à  boire  (rhyton)  terminées  par  une  tête  de  bœuf,  de 
cheval  ou  de  biche,  hydries  monumentales  à  scènes  appliquées  et  dorées  .  .  . 
Ces  vases,  quelque  beaux  qu'ils  soient,  sont  empruntés  plus  à  l'art  du  métal  et 
de  la  statuaire  qu'à  celui  de  la  céramique  (i;. 

Bientôt  de  magnifiques  poteries  à  pâte  rouge,  fine,  dure  et  homogène,  recou- 
vertes d'une  glaçure  lustrée,  douce  au  toucher  et  éclatante  comme  le  corail,  re- 
haussées de  reliefs  charmants  sur  la  surface  extérieure,  furent  fabriquées  avec 
grand  art  par  les  Etrusques  d'Arretium  (2)  et  imitées,  dans  la  suite,  avec 
une  rare  perfection  par  les  Gaulois.  Leur  vogue  fut  telle  qu'elles  remplacèrent 
définitivement,  sur  les  marchés  de  l'empire  romain,  les  vases  peints  de  la  Grèce. 

LES  LÉGYTHES  DU  MUSÉE  D'ARLON.  —  Les  vitrines  du  Musée  d'Arlon 
ne  renferment  que  trois  lécythes.  Les  deux  premiers  (fig.  2  et  3),  don  de 
M.  l'abbé  Nickers,  révérend  doyen  de  St-Hubert,  viennent  directement  de  Grèce. 
Ils  mesurent  16  et  14  1/2  cent  de  haut.  Vraisemblablement,  il  sont  du  V«  siècle 
et  appartiennent  à  la  catégorie  des  vases  à  fond  rouge  et  à  figures  noires.  Mal- 
heureusement, les  scènes  représentées  sont  en  très-mauvais  état,  et  il  est  impos- 
sible de  déterminer  leur  signification.  D'ailleurs  le  décor  est  peu  artistique  ;  le 
vernis  noir  est,  il  est  vrai,  de  bonne  qualité,  mais  les  sujets  semblent  peints  sans 
goût  ;  les  contours  sont  indécis,  les  égratignures  à  la  pointe  sèche  sont  faites 
sans  grand  souci  d'exactitude,  elles  cercles  concentriques  gravés  dans  la  zone 
inférieure  tout  enduite  de  noir,  ne  sont  pas  de  largeur  égale  sur  toute  la  péri- 
phérie et  parfois  même  ne  se  nouent  pas  à  leurs  deux  bouts.  Bref,  ces  deux 
lécythes  qui  paraissent  sortir  du  même  atelier,  tant  ils  se  ressemblent,  doivent 
être  classés  parmi  les  nombreux  vases  funéraires  communs  qui  foisonnaient  à 
Athènes  au  V®  et  au  IV*^  siècles  Ils  n'en  sont  pas  moins  dignes  d'intérêt,  ainsi 
que  nous  le  dirons  plus  loin. 

Le  troisième  lécythe  (fig.  4),  de  dimensions  supérieures,  aux  deux  précédents 
(24  1/2  centim.)  est  à  fond  blanc.  Il  est  également  de  facture  peu  soignée. 
L'enduit  noir-brun  du  goulot,  les  filets  noirs  sur  brun  qui  cerclent  la  panse,  le 
brun  rougeâtre,  avec  accentuations  noires  de  la  base,  tout  cela  est  terne  de 
coloris  et  hâtivement  exécuté.  L'unique  personnage  peint  sur  le  fond  blanc  du 
manchon,  en  une  seule  teinte  rouge  foncé,  n'a  ni  lustre,  ni  éclat.  Nul  trait  ne 
rehausse  la  silhouette  ;  la  couleur  semble  même  n'avoir  pas  subi  l'opération  du 
collage,  car  elle  s'est  écaillée  ou  délavée  en  plusieurs  endroits,  au  point  qu'il  est 
diâ3cile  de  déterminer  la  pose  et  le  geste  du  personnage.  En  l'examinant  de  très 

(1)  H.  Havaid  :  La  Céramique.  FabrUatiun,  p.  44-16.  l'atiy,  Uelagiave. 

(2)  On  les  appelle  parfois,  et  sans  laison,  poteries  samiennes. 


—      406      - 

près,  on  reconnaît  cependant  une  tennne  vêtue  de  l'hiination  ;  elle  tient  proba- 
blement en  main  l'offrande  à  présenter  au  mort,  l'un  ^des  thèmes  funér-aires  les 
plus  communément  repi-ésentés  sur  les  lécytes. 

Malgré  la  pauvreté  du  décor  et  le  peu  de  soin  appoi'té  à  son  exécution,  ce 
vase  est  de  forme  si  gracieuse  et  si  parfaite  que  nous  croyons  cependant  pouvoir 
le  ranger  parmi  les  objets  communs  de  la  fin  du  grand  siècle  (  V)  de  la  cérami- 
que. N'oublions  pas  que  la  création  d'un  vase  de  forme  irréprochable  —  et  sa 
décoration  —  constituent  un  des  problèmes  les  plus  complexes  avec  lesquels  un 
artiste,  mèmeéminent,  puisse  se  mesurer.  L'élévation  doit  s'établir  géométrique- 
ment par  une  succession  de  courbes  qui  doivent  se  contrarier  d'une  façon  con- 
stante (1). 

Que  la  décoration  soit  médiore,  à  cela  rien  d'étonnant.  Tous  les  potiers  et  tous 
les  peintres  du  Faubourg  d'Athènes  n'étaient  pas  des  artistes,  et  si  leur  situation 
pécuniaire  était  généralement  brillante,  l'éducation  et  la  situation  sociale  de 
beaucoup  d'entre  eux  étaient  des  plus  modestes. 

Au  surplus,  comme  de  nos  jours,  on  employait  des  ouvrières  dans  les  ateliers 
de  poterie.  La  peinture  d'un  vase  de  la  collection  Caputi  à  Ruvo  nous  montre 
les  céramistes  et  les  décorateurs  en  plein  travail  :  trois  peintres  tracent  les  or- 
nements et  les  dessins  sur  la  panse  des  cantares,  tandis  qu'une  femme  occupée 
à  une  décoration  plus  simpliste,  badigeonne  l'anse  d'un  grand  cratère. 

Le  lécythe  du  Musée  d'Arlon  est  l'œuvre  d'un  artisan  et  non  d'un  maître  po- 
tier. Chez  les  Grecs,  l'ouvrier  devait  participer-  beaucoup  plus  que  les  nôtres 
aux  besognes  intellectuelles  et  s'initier  à  tous  les  détails  du  métier.  C'est  ce  qui 
assure  à  l'art  industriel  des  Grecs  une  supériorité  marquée.  Si  modeste  que  soit 
l'œuvre,  on  y  sent  vivre  une  intelligence.  L'histoire  des  vases  en  particulier  est 
suggestive  à  cet  égard.  Nulle  part,  on  n'y  trouve  la  froideur  d'un  travail  méca- 
nique, la  banalité  de  la  copie  répétée  à  satiété.  Tous  ne  sont  pas  des  chefs- 
d'œuvre,  tant  s'en  faut  ;  aucun  n'est  complètement  dénué  de  personnalité,  et  la 
meilleure  preuve,  c'est  que  deux  vases  grecs  peints  absolument  identiques 
n'existent  pas  (2). 

On  pourrait,  peut-être,  émettre  l'hypothèse  que  ce  lécythe  n'est  qu'un  mau- 
vais vase  étrusque  fait  d'après  les  modèles  attiques  ?  Les  potiers  étrusques  ont, 
il  est  vrai,  fabriqué  de  faux  vases  grecs  pour  profiter  de  la  vogue  dont  jouis- 
saient les  vrais.  «  Mais  ces  imitations,  dit  M.  Martha  (3),  sont  faciles  à  recon- 
naître. Ne  comprenant  pas  le  sens  des  scènes  qu'ils  reproduisent,  les  potiers 


(1)  H.  Havard  :  La  Céramique  :  Fabrication,  p  92.  f^aris,  Iielagi'ave. 

(2)  Edm.  Poflier  :  Douris,  p.  23. 

(3)  Martha  ;  L'arch.  étrusque  et  romaine,  pp.  o6-40.  Paris,  Alcide  Picard  (4"  édition). 


—      407      — 

toscans  commettent  toutes  sortes  de  fautes  d'interprétation  et  de  dessin.  Ils  ne 
se  rendent  pas  compte,  par  exemple,  des  mouvements  et  des  attitudes. 

Lorsqu'il  y  a  des  inscriptions,  elles  sont  presque  toujours  mal  copiées,  et  bien 
souvent,  au  lieu  de  se  donner  la  peine  de  les  transcrire,  le  potier  les  a  rempla- 
cées par  des  séries  de  petites  taclies  noires  alignées  en  guise  de  lettres. ...  La 
technique  enfin  de  ces  vases  d'imitation  est  détestable,  et  l'argile  n'a  pas  la 
finesse  des  belles  poteries  grecques.  « 

Les  vases  1  et  4,  que  nous  avons  rapidement  essayé  d'identifier-,  ont  été  trou- 
ves dans  le  Luxembourg.  La  chose  ne  paraîtra  pas  étrange  si  l'on  veut  bien 
réfléchir  que  l'Etrurie  a  été  pendant  plusieurs  siècles  le  grand  marché  d'expor- 
tation des  céramistes  grecs.  Dans  la  seule  nécropole  de  Vulci,  on  en  a  découvert 
en  1828  environ  vingt  mille.  Quantité,  sans  doute  aucun,  ont  continué  à  figurer 
en  place  d'honneur-  dans  les  maisons  i-omaines,  quand  la  République  eut  conquis 
le  pays  entre  leTibr-e  et  l'Arno.  Au  r-este,  lorsque  Rome  se  fut  emparéde  Syracuse 
en  212  et  plus  tard,  de  Gorinthe  et  des  villes  gr-ecques.  les  chefs-d'œuvre  du 
midi  de  l'Italie,  de  la  Sicile  et  de  la  Grèce  enrichir-ent  les  somptueuses  demeures 
des  puissants.  Sylla,  dans  la  suite,  pilla  méthodiquement  les  sanctuaires  les  plus 
fameux  de  l'Hellade,  et  les  proconsuls  ne  se  firent  pas  faute  de  suivre  son  exemple. 
La  fièvre  des  collections  s'empar^a  des  parvenus  ignorants,  et  le  commer-ce  des 
objets  d'art  devint  aussi  actif  dans  la  Rome  des  emper-eur-s  qu'il  peut  l'ètr-e  au- 
jour-d'hui  à  Londr-es  et  à  Paris  (1). 

Les  riches  métayer-s  qui  vinrent  d'Italie,  à  la  suite  des  légions,  coloniser  nos 
pays,  exportèrent  naturellement  avec  eux  bon  nombre  de  vases  gr-ecs  qui  s'é- 
taient conservés  par  héritage  dans  leurs  familles  (2). 

Gh.  DUBOIS 


(l)  Em.  Berttaux  :  flo'we,  rAnt?fy«/(é,  p.  IS.  ParJsLaureiis  190/.  ,      »    .„      i 

9)  Une  petite  vitrine  riu  Musée  rt'Aiion,  portant  la  meniion:  «Vases  KIrusques  «  rontient  une  .-ol- 
leaion  d'excellents  A^' s^nH^tMle  Ipcvtht-,  aniochués.amphores,  «niphore  leluxe.craVAre.canlliare  elcoupe, 
-tous  à  fonrl  noir  et  figures  rouges.  -  Un  œnochoé  bronze  et  une  amphore  a  fond   blano,   décor  non 


et  figures  rouges  et  noires. 


Le  Cimetière  Franc-Mérovingien 
de  Velosnes. 


SEPTEMBRE     1911. 


Velosnes  est  un  petit  village  frontière,  à  cinq  nninutes  de  Torgny.  Au  sud- 
ouest  de  ce  village,  à  peu  de  distance  du  chemin  vicinal  de  Montmédy  à  Lon- 
guyon,  des  terrains  en  pente  déclive  dévalent  gracieusement  jusqu'à  la  Ghiers. 
A  mi-côte,  à  l'endroit  où  s'amorce  au  ctiemin  un  petit  sentier,  est  le  lie'i  dit 
«  Les  Cercueils  ».  Nous  résolûmes,  Monsieur  Gobert  et  moi,  d'opérer  quelques 
fouilles  en  cet  endroit.  Monsieur  Gillet,  propriétaire  du  terrain,  se  mit  obli- 
geamment à  "notre  disposition  et  nous  indiqua  les  places  à  fouiller; 

Une  notable  partie  de  ce  cimetière  a  déjà  été  fouillée  vers  1848  ;  nous  espé- 
rions néanmoins,  trouver  quelques  tombes  oubliées  par  nos  devanciers.  Toutes 
ont  l'orientation  ordinaire  :  les  pieds  à  l'est. 

Voici  le  résultat  de  nos  recherches  : 

1'«  TOMBE. 
Il  n'en  reste  plus  qu'un  côté  ;  entièrement  saccagée,  ni  ossements  ni  mobilier. 

2«  TOMBE. 

ReciAivrement  à  deux  dalles,  d'une  dizaine  de  centimètres  d'épaisseur.  Très 
beau  sarcophage  (N"  i),  taillé  en  forme  d'auge,  ayant  environ  l'"90  de  longueur, 
un  mètre  de  profondeur,  0"^70  de  largeur  et  0'"10  d'épaisseur.  Le  fond  seul  est 
en  pierre  blanche  de  nature  crayeuse,  étrangère  au  pays.  Celle-ci  contenait  une 


—      409     — 


bonne  partie  du  squelette,  assez  bien  conservé  et  bien  en  place  :  la  tête,  légère- 
ment endommagée,  les  fémurs,  les  tibias,  quelques  vertèbres  et  les  os  du  bassin. 
Le  mobilier  se  composait  d'une  boucle  de  ceinturon  avec  son  ardillon  (N°  5)  en 
fer  damasquiné  ;  on  remarque  encore  des  traces  de  fils  d'argent  ;  six  beaux  clous 


en  bronze,  très-bien  patines  attachaient  cette  garniture  au  cuir  du  ceinturon. 
Trois  fers  de  Javelots  (N"  3),  en  assez  bon  état  de  conservation  ;  une  lame  de 
couteau  (N°  4)  ;  une  terminaison  en  bronze  patinée  (N°  2)  et  quelques  débris  de 
fer  informes,  provenant  d'autres  armes. 

3me    TOMBE. 

Deux  dalles,  fosse  maçonnée  avec  petits  moellons,  de  i"80  de  longueur, 
O^TS  de  largeur  et  0'"60  de  profondeur.  Pas  la  moindre  trace  d'ossements  ;  des 
débris  d'os,  provenant  d'un  peigne  ou  d'un  manche  de  couteau  ;  un  vase  en 
poterie  rouge-noirâtre  genre  urne,  mais  très-incomplet,  et  un  magnifique  silex 
néolithique. 


La  saison  était  trop  avancée  pour  continuer  avantageusement  nos  fouilles  ; 
nous  décidons  de  remettre  la  suite  à  l'automne  prochain. 

En  septembre  dernier,  je  résolus  de  poursuivre  mes  recherches.  Trois  tombes 
ont  encore  été  visitées.  Celles-ci,  de  même  que  les  précédentes,  étaient  murées, 
avec  dalles,  et  orientées  de  la  même  façon. 


—     4fO     — 
4me    TOMBK. 

Une  très-belle  dalle  seulement.  Sépulture  d'enfant  de  0'"90  de  longueur,  0'"50 
de  largeur  et  Om50  de  profondeur  ;  très-bien  maçonnée  :  quelques  menus  frag- 
ments d'os  ;  absence  complète  de  mobilier. 

5.ne    TOMBE. 

Deux  dalles  la  recouvraient  ;  longueur  :  lm60  ;  largeur  :  O'^lO  ;  profondeur  • 
Om60.  Le  squelette  complet,  assez  bien  conservé  ;  un  clou  en  fer  ;  pas  de  trace 
de  mobilier. 

Qme     TOMBE 

Longueur  :  l'"50,  largeur  :  O'nTO  ;  profondeur  :  0'°70.  Les  deux  dalles  la 
recouvrant  étaient  très-épaisses  ;  ce  qui  nous  fît  supposer  que  nous  n'avions  pas 
ici  une  sépulture  ordinaire.  En  effet,  nous  fûmes  très-surpris  de  constater  que  la 
tète,  au  lieu  de  se  trouver  placée  comme  pour  une  sépulture  horizontale,  était 
située  au  milieu,  bien  d'aplomb,  trois  pierres  la  maintenant  en  place  :  les  ver- 
tèbr-es,  les  os  du  bassin  tassés  les  uns  sur  les  autres  ;  les  os  des  bras  enfoncés 
perpendiculairement  et  ceux  des  jambes  très-écartés. 

Nous  sommes  donc  ici  en  présence  d'une  sépulture  assise  et  non  repliée  ou 
accroupie.  Je  n'ai  trouvé  que  quelques  fragments  d'un  vase  très-fruste  (terre 
noirâtre),  se  trouvant  entre  les  jambes,  une  petite  fibule  droite  en  1er  et  un 
très  beau  silex. 

L'absence  presque  complète  de  mobilier,  les  pierres  soutenant  la  tête,  tout 
cela  n'indiquerait-il  pas  une  décollation?  Je  ne  sais  ;  en  tout  cas,  je  suis  assez 
perplexe  et  je  n'ose  me  prononcer. 

Il  est  assez  difficile  de  préciser  l'époque  exacte  de  cette  nécropole  ;  car  du  V« 
au  VIl^  siècle,  l'on  n'aperçoit  point  de  différence  bien  sensible  dans  les  objets. 

Far  contre,  en  tenant  compte  de  la  configuration  des  crânes  dolichocéphales 
à  fronts  déprimés  et  à  arcades  sourcillières  très-developpées,  nous  nous  trouvons 
en  présence  d'une  race  encore  bien  caractérisée,  n'ayant  subi  ni  altération,  ni 
mélange  sensibles  et  qui  semble  remonter  aux  environs  du  VP  siècle. 

Somme  toute,  si  nous  n'avons  pas  récolté  de  nombreux  objets  de  vitrine, 
nous  avons  eu  la  .salistaclion  de  rencontrer  une  sépulture  assez  rare  et  qui 
constitue  à  elle  seule,  une  trouvaille  peu  ordinaire  et  une  exception  à  la  règle 
générale. 

Paul  MOUTARDE. 


£e  ^Jararium"  du  j^ohdoor 


Le  tumulus  de  Marlelange,  décrit  en  1910,  était  relié,  par  nn  sentier  formé 
en  plusieurs  assises  de  grosses  pierres,  posées  à  plat,  large  de  quatre  pieds,  qui 
descendait  la  côte,  en  pente  douce,  avec  un  bâtiment  situé  au  pied  de  la  mon- 
tagne, vers  le  milieu  du  champs  cadastré  n°  313. 

La  source,  se  trouvant  dans  le  pré,  est  alimentée  par  les  eaux  des  fondations 


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Stai-tirïat 
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SurututLi^e.  du  LJ.ci'Lui'fH  de  JUuilelcin^A 
un  Uii^  cLL^   J'locLoor-~'i><tooT 

de  la  maison,  ainsi  que  par  les  eaux  d'un  aqueduc,  qui  longe  le  bas  de  la  mon- 
tagne,  vers  le  nord,  jusqu'au  petit  champs   n"  311.  Celui-ci  n'est  autre  chose 


(1)  Hohdoof  veut  dire  aubépine. 


—     41-2     — 

qu'un  restant  du  chemin  reliant  les  différents   bâtiments  à  la  grand'route  de 
Warnach.  Il  en  sort  une  petite  fontaine  appelée  «  Hintgesbour  ". 

Les  cendres  et  ossements  ti'ouvés  tout  autour  indiquent  qu'on  y  a  sacrifié, 
dans  le  temps,  de  petits  coqs. 

Ce  bâtiment  avait  la  forme  d'un  petit  rectangle  de  14"40  de  long  sur  10'"20  de 
large,  à  grand  axe  dirigé  du  nord  au  sud.  Les  murs  extérieurs  de  60  centimètres 
d'épaisseur,  reposaient  sur  des  fondations  de  grandes  pierres  dressées  à  sec, 
recouvertes  d'une  couche  de  béton.  Pas  de  trace  de  tegulae  ni  d'ardoises,  il  faut 
donc  admettre  que  ce  bâtiment  était  couvert  en  chaume. 

La  porte  d'entrée  large  de  l'"40  dans  le  mur,  occupait  le  milieu  de  la  façade 
sud,  était  à  deux  battants,  roulait  sur  des  gonds  et  portait  comme  ornementa- 
tion des  clous  à  grosses  têtes  (1). 

Au  devant  de  la  porte  se  trouvait  une  excavation,  profonde  de  O.ftO,  large  de 
0.90  et  longue  de  l^^SO,  remplie  de  terre  fine  noire  recouverte  sans  doute,  dans 
le  temps,  d'un  décrottoir. 

Aussitôt  la  porte  franchie,  on  arrivait  dans  un  vaste  hall  de  9™  de  large  et 
7™70  de  long,  dont  le  plancher  était  constitué  par  du  signinum  opus  excessive- 
ment grossier  (2). 

Par-ci  par  là  des  blocs  de  marbre  blanc-rougeâtre,  ressemblant  assez  bien 
au  marbre  d'Ospern,  qu'on  cherchait  de  nouveau  à  exploiter  il  y  a  quelques 
années  (3). 

Tout  autour  de  la  salle  couraient  des  plinthes  en  stuc  lustré  verdâtre,  de  0.10 
de  hauteur. 

Nous  n'avons  presque  pas  trouvé  de  cendres  dans  cette  place,  ni  des  débris  de 
poterie  quelconque  ;  seulement  un  petit  bronze  avec  genius  d'un  côté,  le  reste 
illisible,  et  un  bronze  avec  temple  de  Vesta  d'un  côté,  qui  semble  être  du  règne 
de  Domitien  81-96. 

Au  fond  du  bâtiment,  accolé  au  mur  Est  et  séparé  du  mur  Nord  et  Ouest  par 
un  espace  de  2'"70  se  trouvait  un  édicule  en  contre-bas  de  0.30  du  reste  de  l'édi- 
fice et  auquel  donnait  accès  du  côté  ouest  une  porte  de  0.90  de  large,  ainsi  que 
deux  marches  en  pierres  de  grès  du  pays  établies  dans  le  mur. 

Sur  les  murs  écroulés  de  cet  édicule  on  trouvait  des  morceaux  de  marbre  en 


'1>  D'après  les  restes  des  gonds  trouvés  et  les  gros  clous  id. 

(2)  Les  morceaux  de  briques  y  avaient  la  grosseur  du  bout  d'un  doigt. 

(3)  Il  aurait  déjà  été  connu  par  les  Romains  au  II*  siècle. 


—     413     — 

traînées,  montrant   nettement  qu'il  s'agissait  de  colonnettes  de  marbre  ayant 
supporté  un  dais  quelconque  (1). 

Contre  le  mur  Est  une  espèce  de  maçonnerie  dans  l'édicule,  qui  servait  pro- 
bablement de  banc  ou  de  siège  aux  visiteurs  venant  adorer  les  dieux  lares. 

Il  y  a  une  quarantaine  d'années,  cette  maison  fut  partiellement  fouillée  par 
l'ancien  propriétaire  et  on  y  fit  une  véritable  hécatombe  de  statuettes  en  terre 
cuite  blanche  et  rouge. 

Les  statuettes  rouges  ont  toutes  été  distribuées  aux  enfants  en  guise  de 
jouets,  à  l'exception  d'une  Vénus  mutilée,  aux  jambes  cassées. 

Les  statuettes  blanches  furent  brisées  et  les  débris  jetés  sur  le  sol,  sans  autre 
forme  de  procès. 

Je  suis  parvenu  à  sauver  quelques  rares  statuettes,  d'autres  ont  été  données  à 
mes  amis,  mais  les  pièces  que  je  possède  et  les  débris  que  j'ai  trouvés,  montrent 
qu'il  y  avait  là  plus  de  cent  statuettes,  toutes  différentes  comme  grandeur,  forme 
et  origine.  Sans  aucun  doute  quelque  contemporain  avait  réuni  ici  toutes  ces 
divinités  en  suite  d'une  prescription  formelle  du  pieux  empereur  Marc  Aurèle, 
qui  pendant  ces  temps  d'épidémie  de  peste,  qui  ravageait  alors  le  monde,  voulait 
qu'on  vénérât  tous  les  dieux  pour  les  apaiser  et  attirer  leur  clémence  (2). 

C'est  aussi  à  l'époque  de  Marc  Aurèle,  161  à  180  avant  Jésus-Christ  qu'il  faut 
faire  remonter  ces  tourelles  en  bois  et  en  pierres  construites  le  long  de  la  Sûre, 
élevées  sur  un  monticule  entourées  d'un  fossé  et  protégées,  elles-mêmes,  par  une 
palissade  en  bois  (3). 

Les  camps  fixes,  comiEe  à  Warnach,  sur  le  «  Herreberg  »  et  les  châteaux- 
forts,  comme  à  Bodange,  etc.,  avaient  pour  but  de  contenir  les  révoltes  et  d'ar- 
rêter les  invasions.  D'après  un  vieux  document  de  1610  que  j'ai  entre  les  mains, 
et  où  il  est  question  des  ruines  des  fermes  d'  "  Elz»,  lieu  dit  près  de  Neunhausen, 
j'ai  retrouvé  une  de  ces  fermes  qui  est  romaine,  ainsi  que  sur  la  hauteur  l'em- 
placement d'un  camp  romain  dont  elle  dépendait.  Nous  sommes  donc  fixés  sur 
l'origine  de  ces  fermes  qui  entouraient  les  camps  romains,  comme  à  Warnach. 

Elles  étaient  dirigées  par  des  centurions,  qui,  outre  la  culture,  avaient  dans 
leurs  attributions  la  vénération  des  divinités,  dont  nous  allons  parler  : 


(1)  Voir  Saglio,  t.  3,  2*  partie,  pages  942  et  943. 

(2)  Avec  le  mélange  des  nationalités,  il  y  eut  aussi  un  mélange  des  divinités,  de  h'i  cet  ordre  de   l'em- 
pereur. Voir  L.  Friedlaender,  Sittengeschichte  Roms,  p.  147,  tome  IV. 

(3)  Utt  monticule  semblable  non  encore  fouillé  existe,  près  d'un  gué  de  la  Siire,  à  Bilsdorf,  qui  don- 
nait accès  à  la  villa  «  In  der  Mecher  »,  à   Roulaide,  dont  nous  parlerons  plus  loin. 


—     414     — 

A piès  celte  diversion,  nécessaire  pour  bien  comprendre  la  raison  d'être  de 
ce  lararium  en  cet  endroit,  occupons-nous  un  peu  de  ces  diÛërentes  divinités. 

D'après  les  ti'ouvailles,  les  Fortunae  debouts  se  trouvaient  exposées  à  l'Ouest, 
lesFortunae  assises  au  Midi,  les  portraits  des  ancêtres  au  Nord,  les  nehaleniae 
matres  à  l'Est,  c'est-à-dire  au  fond  de  l'édicule. 

Les  nehaleniae  gauloises,  vêtues  d'une  espèce  de  palla  à  manches  bouffantes, 
assises  dans  un  fauteuil  à  dossier  en  bois  ou  clayonnage,  chaussées  de  galoches, 
coiffées  d'un  bonnet  pointu  ou  carré,  tiennent  des  deux  mains,  en  position  trans- 
versale, sur  les  genoux,  l'homme  bébé,  maiUotté,  comme  de  nos  jours  ;  ou  elles 
sont  dressées,  les  cheveux  en  chignon  entourés  d'un  diadème  et  tiennent  le  bébé, 
dans  une  position  demi-inclinée  ;  elles  reposent  toutes  sur  socle  carré  et  ont  19 
à  2(3  et"'  de  hauteur,  sont  creuses  et  constituées  par  une  pièce  antérieure  et  pos- 
térieure rapportées  latéralement,  avant  la  cuisson. 

Les  Fortunae  assises,  différemment  coiffées  et  costumées,  tiennent  toutes, 
dans  leur  bras  gauche,  une  corne  d'abondance,  simple  ou  ornementée,  la  main 
gauche  tient  une  pomme,  un  épi  ou  elles  portent  plusieurs  pommes  dans  le  giron. 

L'une  porte  sur  la  tête  une  grande  haletté,  les  cheveux  en  accroche-cœur  au 
devant  des  oreilles,  au  bras  droit  pend  un  sac  allongé,  le  bras  gauche  porte  la 
corne  d'abondance  ornementée  et  au  dos  on  lit  l'inscription  en  lettres  latines  : 
LAS  .  F.  (Lassus  fecit).  Elles  reposent  sur  socle  carré  et  ont  18  '^'"^  de  hau- 
teur. 

Il  faut  no.ter,  qu'il  existe  près  du  vieux  pont  de  Martelange  un  lieu  dit  : 
«  Leissebach  »,  ruisseau  de  Lassus  et  que  près  de  ce  pont  existait  une  imposante 
villa  romaine.  Etait-ce  là  la  demeure  du  statuaire  Lassus  ? 

Les  nouvelles  fouilles  permettraient  sans  doute  d'éclairer  ce  point.  Une  chose 
est  certaine,  c'est  que  ce  vieux  pont,  construit  à  la  façon  des  ponts  romains,  a 
été  le  tout  premier  de  la  Sûre  et  qu'il  est  construit  avec  les  débris  de  cette  villa 
romaine  de  la  Leissebach  où  entraient  des  pierres  de  taille  de  Steinfort. 

Les  Fortunae  dressées,  habillées  comme  les  femmes  gauloises  de  l'époque, 
tiennent  la  corne  d'abondance  du  bras  gauche  et  un  gouvernail  de  la  main 
droite  ;  elles  reposent  sur  socle  rond  et  ont  17  à  18  c.tm.  de  hauteur. 

Il  faut  mentionner  spécialement  une  Fortuna,  dont  l'auteur  s'est  inspiré 
évidemment  des  modèles  de  Praxitèle  :  La  Déesse,  coiffée  à  la  grecque,  cheveux 
noués  autour  du  front  avec  raie  médiane  et  rejetés  en  arrière  et  ondulés,  venant 
former  petit  chignon  à  la  nuque,  porte  sur  le  bras  gauche  une  corne  d'abon- 
dance ;  le  bras  droit  est  pendant  et  porte  une  patène.  Le  torse  est  nu  jusqu'à  la 
ceinture,  toutes  les  saillies  naturelles  sont  bien  rendues,  et  il  sort  d'une  draperie 


—     415     — 

jetée  autour  des  hanches,  comme  d'une  tulipe  ;  absence  des  pieds  ;  hauteur 
19  ctm. 

Les  Vénus,  sveltes,  élancées,  nues,  ont  la  tète  entourée  d'une  épaisse  cheve- 
lure, surmontée  d'un  diadème  fixé  par  deux  bandelettes  rejetées  en  arrière,  pour 
venir  retomber  sur  les  épaules  de  chaque  côté. 

La  main  gauche  s'appuie  sur  une  chlamys  repliée  et  la  droite  est  relevée  vers 
la  tête  en  forme  de  salut  (l). 

Elles  reposent  sur  socle  semi  ovalaire,  ont  17  ctm.  de  hauteur  avec  l'allure 
égyptienne. 

Il  faut  mentionner  spécialement  une  Vénus  plus  corpulente,  nue,  portant  des 
bracelets  aux  bras  et  aux  avant-bras,  saluant  comme  les  précédentes,  plus 
chaste,  car  elle  cache  sa  nudité  de  la  main  gauche,  tête  avec  diadème  et  chignon 
comme  les  précédentes. 

La  Pomone  tient  dans  ses  mains  un  panier  de  pommes.  Des  mères  assises 
tiennent  dans  leur  giron  un  animal.  Des  généraux  divinisés,  casqués,  portant  le 
manteau  rouge,  richement  plissé,  sur  le  devant,  appuyant  la  main  gauche  sur 
un  petit  bouclier  allongé  et  tenant  de  la  main  droite  la  poignée  de  leur  sabre. 

Un  Manlius  Gapitolinus,  sans  tête,  ayant  à  sa  droite  l'oie  qui  l'avertit  de  ce 
qu'un  gaulois,  à  sa  gauche,  à  figure  large,  nez  long  et  pointu,  à  casque  rond,  à 
double  plumeau  rouge,  est  en  train  d'escalader  le  Capitule  et  dont  il  fend  la  tête 
avec  son  sabre. 

La  Minerve  casquée,  assise,  la  main  gauche  sur  un  grand  bouclier  ovale  et  la 
droite  s'appuyant  sur  le  genou  ;  ou  dressée,  la  main  gauche  appuyée  sur  un 
petit  bouclier  allongé  et  la  droite  croisant  la  poitrine  à  angle  droit. 

Des  bustes  déjeunes  romains,  dressés  sur  socle  rond,  habillés  de  la  toge,  les 
cheveux  courts  bouclés,  à  l'âge  d'entrer  dans  la  vie  active. 

Dans  tout  cet  ensemble  le  chien  spitz,  couché  sur  un  tapis  les  jambes  étendues, 
oreilles  et  tête  dressées,  queue  relevée  en  rond  sur  le  dos,  à  double  collier,  a  un 
air  redoutable  :  Cave  canem. 

Les  Mars,  Jupiter,  Diane,  etc.,  n'y  manquaient  pas  non  plus,  à  en  juger  d'a- 
près les  débris. 

Existait-il  encore  autre  chose  dans  cette  maison,  comme  objets  de  culte,  c'est 
probable  ;  mais  seul  le  fouilleur  qui  nous  a  précédé,  pourrait  le  dire? 


(1)  Salut  mililaire  de  nus  jouis. 

•27 


—     416     — 

VILLA     DE    «  LAVI:NI»  » 

A  cent  mètres  en  dessous  du  lararium,  vers  le  nord,  dans  le  champs  cadastré 
no  449»  ,  au  lieu  dit  «  Lavend  ",  existait  une  vaste  villa-fHrme,  couverte 
en  briques  l'ouges  (tegulae  et  imbrices),  composée  d(>  deux  parties,  séparées  par 
une  cour,  de  quatre  mètres  de  larg(>,  donnant  au  sud  accès  à  l'atrium  et  à  la 
maison. 

L'aile  Est  comprenait  une  salle,  non  chauffée,  dallée  de  pierres  bleues  de4i°/4™, 
avec  excavation  dans  le  coin  Nord- Est  de  3"i  X  l""  X  1""  servant  de  dépôt 
alimentaire.  On  y  a  retrouvé  des  débris  d'ossements  humains. 

Dans  le  coin  Nord-Ouest,  cette  place  communiquait,  par  une  porte  à  double 
battant,  dont  le  fermant-verrou  se  trouvait  encore  fiché  verticalement  dans  une 


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dalle,  son  crochet  regardant  vers  cette  dernière  place  Cette  place  grande  de 
3in  4m  ^  pos.sédait  un  hypocauste  à  piles  carrées  de  0.30  ctm  de  hauteur,  formées 
par  six  briques  de  O.16  ctm/0  16  reposant  sur  une  couche  de  béton.  Au  dessus 
des  piles  des  grandes  briques  de  0  55/(i  55  supportaient  le  terril  en  signinum 
opus. 


—      417      — 

Un  morceau  d'omoplate,  un  demi  fémur,  des  os  de  cr-àne,  un  os  rocher  gauclie, 
où  l'on  distingue  le  canal  du  ner'f  auditif,  des  coquilles  de  limaçon,  restes  d'un 
repas,  une  mâchoire  inférieure  de  chien  spitz,  des  champs  en  forme  de  T,  des 
morceaux  de  tuyaux  de  chaleur  ont  été  les  objets  les  plus  intéressants  trouvés 
dans  cette  place. 

Longeant  la  première  place  dallée  et  communiquant  avec  elle,  vers  l'ouest  une 
place  à  hypocauste,  à  piles  rondes,  très  rapprochées,  hautes  de  0.30  ctm. 

Les  murs  étaient  garnis,  tout  autour,  à  la  base,  de  briques  carrées  strigillées, 
de  0.30  ctm  de  côté,  supportant  avec  les  piles,  au  moyen  de  grandes  dalles,  le 
signinum  opus.  Dans  les  coins  des  restes  de  tuyaux  de  chaleur,  dont  l'usage  est 
bien  connu. 

Dans  le  coin  nord-ouest  de  cette  place,  un  beau  fornax  long  de  li"50,  piriforme, 
0.80  ctm  de  large  à  son  plus  grand  renflement  et  0.60  ctm  de  haut. 

L'entrée  du  fornax  située  dans  une  pièce  adjacente  d'un  métré  carré,  avait 
0.45  ctm  de  large  et  0.50  ctm  de  hauteur.  Cette  place  communiquait,  toujours 
vers  l'ouest,  au  moyen  d'une  porte  de  0.90  ctm  avec  une  espèce  de  corridor  de 
3  m.  de  long  /  1.30  m.  de  large,  communiquant  lui-même  d'un  côté  avec  l'atrium 
au  moyen  d'une  porte  de  0.60  ctm,  et  de  l'autre  avec  un  alveus  ou  baignoire, 
semi-circulaire,  dont  le  bord  était  plus  élevé  de  0.30  ctm  que  le  reste  du  plan- 
cher en  signinum  opus.  L'alveus  avait  ImSO  de  longueur  à  sa  base,  comme  hau- 
teur et  largeur  OmSO.  On  y  descendait  au  moyen  d'un  escalier  en  briques. 

L'eau  y  diversée  était  chauflée  par  le  fornax  adjacent  et  s'écoulait  vers  le 
fond,  par  un  aqueduc  sous-jacent.  Il  était  revêtu  à  l'mtérieur  d'un  signinum 
opus  poli.  Le  pied  du  corridor  était  revêtu  d'une  peinture  brune,  traversée  hori- 
zontalement de  lignes  jaunes  et  noires  de  1  ctm  de  large.  Le  haut  du  mur  était 
peint  en  marbre  blanc  artificiel  avec  nervures  bien  imitées.  Dans  ce  corridor 
des  débris  de  verre  Millefiori  (verre  chatoyant),  des  débris  osseux  de  trois 
cadavres,  ainsi  qu'une  boule  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon  en  terre 
cuite  blanche,  percée  d'un  trou  au  milieu.  Elle  aura  été  portée  au  cou,  sous 
forme  d'amulette. 

Séparée  de  celle-ci  par  un  espace  large  de  4'",  l'aile  Ouest  présentait  une 
première  place  de  3'"/3'"  avec  terril  blanc,  sans  briques,  communiquant  avec 
une  deuxième  place  de  3'"/4'"  dont  le  plancher  était  en  argile  battue.  Cette  der- 
nière place  communiquait  vers  le  nord  avec  l'atrium  et  vers  l'ouest,  au  moyen 
d'un  corridor  en  plan  incliné,  large  de  1°^20  et  long  de  2'"60,  avec  une  place, 
véritable  garde  manger,  située  à  un  niveau  inférieur  de  2",  sans  autre  porte  ni 
fenêtre  mesurant  3'"45  sur  3"90  entre  les  murs. 


—     418      — 

Le  plancher  éUiit  constitué  par  un  terril  en  gravier  de  la  Sûre  et  tout  autour 
courait  un  trottoir  haut  de  0.15  centiin.  et  large  de  0.60  centim.  Ce  corridor  à 
en  juger  d'après  les  ferrures  et  les  objets  y  trouvés,  servait  à  supporter  des  éta- 
blis et  des  armoires  destinés  à  mettre  eu  lieu  sftr  les  laitages  et  les  aliments  de 
consommation  courante. 

Aussi  sommes-nous  d'avis  que  c'est  dans  cette  aile  que  la  fermière  régnait  en 
maîtresse,  pour' surveiller  le  travail  de  ses  esclaves,  tandis  que  dans  la  pi-emière 
aile  l'homme  était  chez  lui.  C'est  là  qu'il  pi'enait  son  bain  en  rentrant,  buvait  sa 
tasse  de  thé  chaud,  prenait  ses  repas  et  s'adonnait  à  ses  études  ou  à  ses  occupa- 
tions favorites. 

On  a  trouvé  dans  cette  place  beaucoup  de  gros  charbon  provenant  de  la  com- 
bustioîi  de  gi'osses  charpentes,  des  restes  de  meules  en  lave  noii-e  de  l'Eiffel,  d'in- 
nombrables tessons  de  ci'uches,  plats  en  terre  noire,  rouge.  Gomme  pièce  entière, 
un  crémier  intact,  haut  de  0.06  et  large  de  0.12  avec  moulure  et  ajoute  sur  le 
bord  antérieur,  pour  déverser  la  crème  une  fois  déposée;  cette  pièce  est  en  terre 
cuite  jaunâtre  grossière.  L'intérieur'  est  tapissé  de  tout  petits  cailloux  en  quartz 
blanc,  qui  devaient,  par  leur  forme  cristaUine,  favoriser  la  coagulation  du  lait. 

Faut-il  mentionner'  encore  une  anse  de  coffr^et  à  bijou  de  dames  avec  patène 
verte,  pour  certifier  vi'aies  les  allégations  émises  un  peu  plus  haut. 

Au  nord  de  la  maison,  l'atrium  facilement  l'econnaissable  à  ses  nombreuses 
places  à  feu,  différ-entes  de  forme,  loagues,  rondes,  carr'ées,  suivant  l'usage  qu'on 
en  faisait.  Les  foyer-s  étaient  encore  remplis  de  char'bons,  de  débris  de  vaisselle, 
de  lampes  en  terre  cuite  blanche,  de  clous.  Quelques  tr-ous  r-enfermaient  des 
dents  humaines,  surtout  des  molair'es  absolument  bien  conservées  quant  à 
leur  émail,  la  dentine  était  complètement  consumée. 

Nous  avons  tr-ouvé  aussi  2  forets  longs  de  0.12  ctm.  avec  tète  conique  de  la 
grosseur  d'un  pouce,  s'engageant  dans  un  morceau  de  bois  qu'on  faisait  tourner 
lors  de  l'usage  encore  comme  de  nos  jours. 

Non  loin  de  là  se  trouve  le  fond  dit  vallon  de  Venus  (Venusgrennchen)  où 
à  côté  d'une  sour-ce  intarissable,  nous  avons  trouvé  une  place  ronde,  bien  nivelée 
de  4™  de  diamètr-e,  dont  le  plancher  est  constitué  par  du  fin  gr-avier  de  la  Sûr-e 
et  qui,  par  sa  ti'anquillité  et  sa  fr-aicheur,  était  cer-tainement  l'endroit  où  l'on 
venait  adorer  la  Déesse  'Vénus. 


419 


LA    CHAUMIÈRE    GALLO-ROMAINE    D'OEIL. 

En  amont  du  moulin  d'Oeil  à  droite  de  la  Sûre,  près  d'un  ancien  gué  aban- 
donné maintenant  et,  contre  les  buissons,  nous  avons  découvert  la  demeure  du 
pauvre  colon  qui,  à  cette  époque  reculée,  cultivait  déjà  le  grand  champs  situé  à 
cet  endroit. 

Cette  maison,  où  il  n'existait  aucun  mur,  était  construite  en  clayonnage  sou- 
tenu par  des  montants  en  bois  fixés  dans  la  terre  par  des  cailloux  blancs  de  la 
Sûre.  Elle  avait  6°"  de  long  sur  4°^  de  lai'ge  et  présentait  deux  terrasses,  larges 
de  2™  chacune,  adossées  contre  la  côte,  la  2^  surélevée  de  0.60  sur  la   première 

Le  plancher  de  la  première  était  formé  d'argile  battue,  parsemée  de  grès  bi- 
garrés rouges  et  blancs  de  la  Sûre,  ce  qui  devait  faire  le  plus  bel  efïet. 

La  seconde  nepi'ésentait  rien  de  reconnaissable  comme  plancher  et  aura  sei'Vi 
au  lepos  et  pour  mettre  à  l'écart  des  produits  alimentaires,  cai'  nous  y  avons 
trouvé  une  fibule  en  archet,  en  bronze,  à  patène  verte  à  double  ressort,  bagué, 
rappelant  les  fibules  de  l'époque  marnienne.  C'est  sans  doute  l'objet  le  plus  an- 
cien trouvé  dans  le  pays. 

La  première  terrasse  a  mis  au  joui-  de  nombreux  tessons  de  poteries  rouges, 
noires,  pierres  à  meules  en  lave  de  l'Eiffel,  monti'ant  à  toute  évidence  qu'on 
s'adonnait  à  l'industrie  laitière.  Nous  y  avons  de  plus  mis  au  jour  un  couteau  en 
fer  pointu  à  large  base,  long  de  0.20  ctm.,  à  manche  en  fer,  recourbé  au  bout  en 
anneau  poui"  suspendre  à  la  ceinture  au  moyen  d'un  autre  anneau. 

Le  couteau  servait  d'arme  de  défense  et  pour  égoi'ger-  les  bètes  en  cas  de  be- 
soin. Un  moyen  bronze  d'Annia  Faustina,  bien  conservé,  prouve  que  ce  bâtiment 
existait  encore  au  deuxième  siècle  de  notre  ère. 


Encore  un  mot  de  la  villa  romaine  au  lieu  dit  :  -  In  dei-  Laach"à  Martelange, 
à  50  m.  environ  du  barrage  actuel  de  la  Sûre. 

Kmiilacement  encore  facilement  reconnaissable  à  la  bosse  que  fait,  en  cet  en- 
droit, le  chaujps  longeant  le  fossé  d'irrigation. 

Malheureusement  de  cette  maison  il  ne  restait  plus  que  les  fondations,  qui 
sont  exce.'^sivement  intéressantes  :  elles  sont  constituées  par  d'immenses  blocs 
de  pierres  arrachées  de  la  montagne  voisine,  longs  de  lm50,   larges  ii>'  OmSO  et 


—      420     — 

épais  de  0.40  à  0.50,  juxtaposes  les  uns  contre;  les  autres   et   reposant  sur  une 
couche  de  gi'avier  tle  la  Silr'e,  d'un  bon  nièti'e  d'épaisseur. 

Sur  ces  iiierres  colossales,  rappelant  les  pierres  des  menhirs  gaulois,  se  dres- 
saient les  murs  du  bâtiment. 

Vu  les  débris  de  poteries,  ((u'inents  de  portes,  meules  à  l'arine  mis  à  jour,  il 
n'y  a  pas  de  doute  à  avoir  sui'  l'origine  l'oinaine  de  cette  habitation.  Clet  empla- 
cement dans  la  vallée  nous  prouve  que  la  Sûre  à  cette  époque  n'était  pas  plus 
forte  (lu'aujourd'hui,  sans  cela  cette  demeure  aurait  été  inondée. 

Le  nom  de  Laach  nous  dit  que  cette  vallée  était  habitée  aux  temps  des  Gaulois 
et  nous  supposons  qu'à  cette  époque  il  existait  une  mardelle,  à  une  centaine  de 
mètres  plus  bas,  qui  n'est  pas  encore  fouillée  et  qui  pourrait  nous  révéler  des 
choses  intéressantes  de  ces  temps  reculés. 

René  MAL(iETetl)'  KugÈne  MALGP:r. 


Dom   Malachie  Bertrand, 

MOINE  ET  PROCUREUR   D'OR  VA  F.. 
1756-11798. 


§  I    —  LE  FOYKR 


Henri  Bertrand,  en  religion  Parère  Malachie,  fils  légitime  de  Jean  Bertrand, 
meunier,  et  de  Marie  Bouchet,  d'une  famille  fort  honorable  et  chrétienne,  naquit 
au  moulin  de  Linglay,  près  de  Mortehan.  11  fut  baptisé  le  5  décembre  1756  i)ar 
l'abbé  Stévenne,  vicaire  du  lieu.  Il  eut  pour  parrain  François  Baude,  l'epiésen- 
tant  Henri  Bouchet,  et  pour  mar-raine  Anne  Baude  (1).  Son  père  était  fils  de 
Guillaume  Bertrand  et  de  Marie  Baude. 

La  chapelle,  où  fut  baptisé  l'enfant,  n'existait  pas  en  1570  ;  le  procès-verbal 
de  la  visite  des  églises  en  cette  année  est  muet  sur  Mor-lehan  (2).  La  première 
piei're  de  cette  cliapelle  fut  posée  au  mois  de  septembre  1621,  et  sii'e  Lambert, 
Henri,  autorisé  par  le  curé  de  Ste-Gécile,  y  chanta  la  première  fois  la  messe, 
le  Jour  de  sainte  Apolline,  9  février  1622  (3).  La  date  de  la  construction  était 
gravée  au  cintre  de  la  porte  d'entrée.  Bâtie  au  milieu  du  cimelièie,  le  long  de 
la  Semois,  elle  fut  remplacée  par  l'église  actuelle  en  1835  (4). 

Au  point  de  vue  religieux,  Mortehan  était  une  annexe  de  Ste-(4écile.  Le  22 
juin  1744,  sire  J.  Rosier,  curé  de  Florenville  et  déflniteur,  écrivait  officiellement 
au  Président  du  Conseil  provincial,  à  Luxembourg  :  "  La  paroisse  de  Ste-Gécile 
a  trois  villages  :  [Sainte-Cécile],  Fontenoille,  où  il  y  a  chapelle,  —  et  Mortehan 
avec  chapelle  »  (5).  —  Le  26  mars  1788,  sire  H.-J.  Panhay,  curé  de  Ste-Gécile, 
déclarait  à  son  tour  :  •'  Il  y  a  un  office  de  chapelain  fondé  à  la  chapelle  de  Mor- 
tehan, appendice  de  l'église  de  Ste-Gécile,   pour  dire  la  messe  les  dimanches  et 


(1)  Registre  u"  2  Mortehan,  à  Gugnon.  —  Linglay,  situe  à  deu.x;  lieues  de  Bertrix, 
appartient  pourtant  à  cette  commune.— (2)  lleydinger,  Ai'chidiaconatûs,  etc.  p.  18;i. 
—  (3)  Archives  paroissiales  de  Gugnon.  —  (4)  Communes  Luxembourgeoises,  t.  VI. 
S?6  —  (5j  Archives  de  l'Etat,  Arlon. 


—      422     — 

fêtes  et  et  pour  tenir   les  écoles  «  (1).  La  chapellenie,  détachée  de  Ste-Gécile, 
fut  érigée  en  succursale  en  1808. 

Le  village  de  Mortehan,  doyenné  de  Bertrix  au  diocèse  de  Namur,  et  canton 
de  Paliseul  dans  la  province  de  Luxembourg,  compte  aujourd'hui  479  habi- 
tants (2).  Il  en  avait  268  en  1817  (3),  et  probablement  moins  encore  à  la  nais- 
sance de  Henri,  soixante  ans  auparavant. 

Né  aux  premiers  jours  de  décembre  1756,  l'entant  a  pu,  âgé  de  11  1/2  ans, 
faire  sa  première  communion  au  printemps  de  1767  et  même  recevoir  la  confir- 
mation de  Mgi'  de  Hontheim  ;  mais  jusque  là  nous  n'avons  aucun  document.  Il 
grandit  à  la  campagne  en  face  de  la  grande  nature  et  d'un  sol  particuhèrement 
tourmenté.  Il  vécut  au  milieu  d'une  population  patriarcale  et  religieuse,  dans 
une  atmosphère  propice  aux  saintes  vocations,  sous  les  yeux  d'une  sainte  mère. 

Bercé  aux  souvenirs  de  S.  Remacle  à  Gugnon,  il  eut  pour  premier  maître  le 
vicaire  de  Mortehan,  nommé  «  pour  tenir  les  écoles  ".  Sa  famille  comptait  au 
moins  trois  prêtres,  parents  ou  alliés  :  sire  Pontian  Hénon  ou  Hennon,  de 
Gugnon,  mort  en  1744  curé  d'Acrenne  St-Géréon,  au  diocèse  de  Gambrai,  dans 
le  Hainaut  (4);  sire  Jean  Pérard,  de  Ste-Gécile,  neveu  du  précédent,  en  1744 
curé  de  Blécourt  Notre-Dame,  au  diocèse  de  Ghâlons  (5)  ;  et  »  sire  Hauppert, 
vénérable  prêtre,  natif  de  Mortehan  et  de  résidence  à  Liège  en  janvier  1757  -, 
oncle  de  Jean  Bertrand,  le  père  de  Henri  (6).  Enfin  trois  enfants  du  village 
l'avaient  précédé  au  cloître  :  Dom  J.-B.  Delobbe,  bénédictin,  prieui-  de  l'abbaye 
de  Saint-Vanne,  à  Verdun,  né  en  1742  (7)  ;  Dom  Bruno  Gamus,  cistercien  à 
Orval,  né  en  1744  (8),  et  Dom  Gaspard  Gourtois,  né  en  1748  et  aussi  bernardin 
à  Orval  (9).  Ses  aines  d'âge  et  de  profession,  ils  aidèrent  peut-être  à  la  vocation 
de  Henri. 


(1)  Agence  des  Domaines  à  Neufchâteau  —  (2)  Almanaoh  administratif  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg,  1911.  —  (3)  Com.  Luxemb.,  I,  171.  — (4)  Gugnon.  Records, 
p.  25.  —  (5)  Ibid.  et  feuille  volante.  —  (6)  Ibid.  p.  134.  —  (7)  D.  J.-B  Delobbe  de  Morte- 
han, fut,  dit-on,  asserjnenté  et  devint  curé  de  Gugnon  en  1809.  On  lit  sur  une  pierre 
funéraire  fixée  au  mur  extérieur  du  chœur  de  l'église  :  <i  Ici  reposent  les  cendres 
«du  corps  de  sire  Dom  J.-B.  Delobbe,  ci-devant  procureur  de  St-Vaune,  à  Verdun, 
(i  décédé  curé  de  cette  paroisse  le  16  mars  182-.?,  âgé  de  80  ans.  R.  I.  P.  —  (8)  Dom 
Camus,  profès  du  24  juin  1766.  ex-prieur  de  l'abbaye  et  confesseur  à  Clairefontaine, 
obtint  la  valeur  de  7  1/3  premières  voix,  lors  de  l'élection  du  dernier  abbé.  Venu  au 
Rpfuge  de  Luxembourg  avec  ses  confrères,  le  8  décembre  1792,  il  demanda  le  pre- 
mier la  permission  de  rentrer  dans  sa  famille.  Il  re^-ut  90  florins  pour  viatique  et 
partit  le  19  décembre  suivant.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  le  trouver  à  table  à 
Mortehan  avec  M.  Sandkoui,  au  cours  de  1793.  Puis  il  revint  à  Luxembourg.  Après 
la  dernière  secousse,  il  demeura  quelque  temps  au  village  et  signa  diflférents  actps 
paroissiaux  comme  k  administi-ateur  do  Ste-Gécile.  »  —  (9)  D.  Courtois,  profès 
du  25  août  1766.  entendant  que  les  Français  venaient  de  Montmédy  pour  piller  Orval, 
demanda  un  peu  d'argent  et,  le  6  octobre  1792,  quitta  l'ahbaye  avec  une  dizaine 
d'autres.  Mais  il  rejoignit  ses  confrères  à  Luxembourg  et  même,  à  la  faveur  d'une 


—      423 


§  II.  -  LE  CLOITRE. 

Vers  la  tin  de  1780,  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  après  de  brillantes  études  à 
Liège,  le  robuste  jeune  homme  vint  demander  la  paix  à  Orval  et  y  (ut  admis 
comme  novice.  Il  reçut  à  la  fois  le  saint  habit  et  le  nom  de  P'i'éi-e  Malachie,  sous 
lequel  il  sera  plus  connu.  Après  une  année  d'épreuve,  le  6  janvier  1782,  il  fil  sa 
profession  religieuse  entre  les  mains  de  Dom  Scholtus,  abbé,  avec  un  seul  de  ses 
confrères,  D  Adam  Bergman,  du  même  âge  que  lui,  originaire  du  Grand-Duché 
actuel. 

D'octobre  1783  au  5  juillet  1785,  il  fut  envoyé  à  l'Université  de  Lou- 
vain  (1)  avec  Dom  Adrien  Schinit,  d'Altzingen  (G.-D  )  (2).  L'année  scolaire 
coîitait  pour  chacun  1285  livres.  Les  docteurs  de  la  Faculté  les  avaient  sans 
doute  en  grande  estime  puisqu'ils  venaient  passer  quelques  jours  de  vacances  à 
Orval  et  faire  avec  eux  des  excursions  à  Conques  et  dans  le  voisinage  (3). 

Rentré  de  Louvain,  D  Malachie  connut  à  peine  la  sérénité  du  cloître,  et  fit 
bientôt  le  rude  apprentissage  de  la  vie.  On  construisait  la  nouvelle  abbaye,  et 
plus  d'une  fois  le  défaut  d'argent  fit  stater  les  ti'avaux  ;  le  projet  de  Joseph  II 
de  supprimer  139  couvents,  pour  en  retirei-  les  revenus,  était  une  menace  pour 
Orval  ;  le  2  décembre  1789,  le  gouvernement  fi'ançais  sécular-isa  les  biens  ecclé- 
siastiques et  déjà  la  persécution  grc>ndait  de  toute  pari.  D.  Malachie  était  trop 
perspicace  pour  ne  pas  s'alarmer  des  angoisses  générales. 

11  sortait  souvent  en  mission  de  confiance.  Au  mois  de  mai  1788,  la  veille  de 
l'élection  de  Dom  Lucas,  à  laquelle  il  pi-it  part,  accompagnant  D.  Hubert  La- 
mock,  il  alla  chercher  l'abbé  de  Boneflfe  en  carrosse  à  six  chevaux  On  le  ren- 
contre aussi  tantôt  sur  le  chemin  de  Ghassepierre,  tantôt  sur'  la  r'oute  de  Con- 
ques, pour  aller  traiter  les  intér-èts  de  la  maison. 

Il  remplaça  D.  Siegnitz  comme  cur'é  de  S*'^  Mar-guer'ile,  comrrre  archiviste 
et   bibliothécaire.  Curé,   il  s'occupait  des  domestiques,    des    ouvriers   et  des 


accalmie,  il  revint  à  Orval  au  mois  d'avril  1793.  L'un  des  pi'emiei's,  le  9  novemhi'e 
1796,  il  accepta  un  bon  de  retraite  de  15,000  livi-es,  et  le  4  février*  suivant,  il 
acheta  pour-  10,200  livrées  irn  moulin  au  Grand,  le  Brcitenweg,  pi'ovenant  de  l'abbaye 
(le  .Munstef.  —Cf.  Lefort  Alfr-ed,  Ftistoire  du  Dépar-tcnient  des  For'êts  (1795-1814), 
t.  I,  281,  333   —  Tillièr'e.  Histoir-e  de  l'abbaye  d'Orvai,  1897,  passim. 

(1)  Cf.  Bibliothèque  natioirale.  Bruxelles.  Mati-icul«  de  riJuiversité  de  Louvain, 
1776-1780,  sectioir  des  Mss.,  n"  13702.  —  (2)  D.  A  Schmit,  licencié  en  théologie,  ex- 
l)r*ieur  et  pr-ofesseur,  obtint  la  valeur  de  16  1/3  voix  loi"s  de  l'élfction  de  Dom  Siegnitz. 
Curé  primaire  d'Etalle  en  1805,  il  tomba  mort  sur  le  chorniii  de  Habay-la-VieilIe  à 
p]talle,  en  r'etournaiit  le  jour  des  \L  Fleures,  le  28  février  1810.  —  Soir  fr'ère,  I). 
Norbert  Schmit,  futcirré  d^  Ste  Mai-ie.  puis  de  Ilabav-la-Neuve,  or'r  il  mourut  du  23  au 
24  juin  1807.  —  (3)  Livre  dfS  Comptes,  passirn.  —  Voir  eu  Appendice  les  fêtes  de  sa 
Licence. 


4-24 

étrangei's  oi-dinaircs,  pouf  les  oiîices,  les  sacrements  et  les  sépultures  :  il 
avait  son  église  paroissiale  et  son  cimetièi'e.  Archiviste,  dès  les  pt'e- 
iiiiéivs  alarmes,  le  17  Juillet  1791,  il  transporta  sur  un  chariot  les  archives 
d'Orval  au  Refuge  de  Luxembourg,  sage  précaution,  qui  sauva  tant  de  docu- 
ments précieux  (1).  A  ce  titre  encore,  il  signa  la  clôture  de  plusieurs  comptes, 
désormais  confiés  à  sa  garde.  Bibliothécaire,  chaque  année,  au  printemps,  il  fai- 
sait nettoyer  et  cirer  avec  soin  sa  bibliothèque.  lien  disait  lui-même  :  «  Etablie 
»  à  côté  de  la  tour  du  ti-ésor,  dans  une  salle  i)ercée  de  six  fenêtres  sur  la  cour 
"  et  d'autant  sur  les  jardins,  elle  consistait  en  plus  de  15,000  volumes,  parmi 
"  lescjuels  beaucoup  de  livres  rares  et  de  manuscrits  précieux  (2).  Mais  plusieurs 
"  abbés  d'Orval,  ignoi'ant  le  mérite  de  ces  ouvrages,  les  avaient  prèles  et  même 
"  donnés  à  des  sociétés  sa  van  tes,  telles  que  les  Bollandisteset  la  Congrégation  de 
«  St-Maur.  Souvent  aussi,  en  cas  de  danger,  on  en  avait  envoyé  à  Saint-Hubert, 
"  comme  le  raconte  Ghapeaville,  après  sa  visite  en  1599.  Toutefois,  malgré  ces 
"  pertes  répétées,  la  bibliothèque  d'Orval  était  riche  encore  et  l'on  ne  cessait  de 
"  l'enrichir.  « 

Le  7  janvier  1792,  mourut  l'abbé  Lucas  et  commença  ce  douloureux  veuvage 
de  l'abbaye  qui  dura  presque  deux  ans.  La  situation  s'empirait  et  le  danger  de- 
venait plus  pressant.  Le  8  décembre  1792,  après  mûre  délibéiation,  les  religieux 
d'Orval  se  retirèrent  à  Luxembourg,  laissant  à  tous  les  hasards  et  les  murs  sécu- 
laires et  les  tombeaux  sacrés  et  la  cendre  à  peine  refroidie  du  dernier  abbé. 
Loin  d'Orval,  ils  se  sentaient  à  l'étroit  au  Refuge  de  Luxembourg.  C'est  là  qu'ils 
appi'irent  la  catastrophe  du  23  juin  1/93  et  le  sac  de  l'abbaye.  Durant  ces  tristes 
jours,  I).  Malachie  aui'ait  rempli  un  rôle  héi'oïque  dans  l'abbaye  et  les  envii'ons, 
si  l'on  en  croit  M.  Jeantin,  malheureusement  trop  suspect  et  trop  souvent 
surpris  en  flagrant  délit  d'exagération  et  d'er-i-eur.  Toutefois,  si  l'on  observe  que 
l'auteur  préparait  la  première  édition  de  son  ouvrage  en  1848,  cinquante  ans 
après  la  mort  du  saint  religieux,  on  conviendra  que  cette  exagération  même 
était  l'écho  de  la  tradition  populaire  (3). 

Le  9  novembre  1793,  il  j»rit  pai't  à  lelection  de  I).  Siegnitz,  où  il  obtint  lui- 
même  une  première  voix  et  quelques  autres  (4).  Le  2  juin  1794,  jour  de  l'instal- 
lation solennelle,    il  lui  lit  acte  de  soumission  et  d'obéissance.   Ce  jour-là,  D. 


(1)  Livre  des  Comptes,  17  juillet  1791.  —  (2)  Entre  auti'cs  un  manuscrit  de  Pline 
le  jeune,  retrouvé  dans  la  bibliothèque  de  Mg""  de  Neunheuseï-,  provicaire  apostolique 
du  Luxembourg,  et  payé  dix  florins  par  M.  le  chanoine  Claesen  ;  —  et  le  livre 
d'Heures  du  duc  Wenceslas  I.  orné  de  lines  miniatures,  offert  au  roi  de  Hollande  par 
l'abhé  Welter,  alors  curé  d'Etlie.  Cf.  Tillièi-e,  op.  cil.  589,  note.  —  (3)  Cf.  Jeantin. 
Ruines  et  Chroniques  do  l'abhaye  d'Orval,  2«  édition,  1857,  pages  205.  240.  377.  3S4! 
408.  —  Paris,  ci.ez  .Iules  Taidieu.  rue  deTouriion,  13.  —  (4)  fMhliothèque  nationale. 
Bruxelles.  Conseil  privé.  Carton  898. 


—     425     — 

Norbert  Schmit  lut  à  l'Abbé  une  ode  qui  ne  manque  pas  de  souffle,  écrite  en 
strophes  émues  (1).  Après  cette  élection,  D  Malachie  fut  désigné  connue  pro- 
cureur en  remplacement  du  nouvel  abbé.  Cet  officier-  de  la  maison  veillait  aux 
intérêts  de  la  communauté.  Délégué  par  l'abbé  et  les  religieux,  il  passait  en  leur 
nom  les  actes  d'achat,  de  vente  et  d'échange  ;  il  poursuivait  le  recouvrement  des 
créances,  acceptait  les  remboursements  et  en  donnait  quittance  C'était  donc  à 
la  fuis  l'intendant  et  le  caissier  de  l'abbaye.  La  nature  même  de  ses  fondions 
l'obligeait  à  de  plus  fréquents  contacts  avec  le  monde  :  aussi  devait-il  être  d'une 
haute  intelligence  et  d'une  grande  vertu  pour  allier  toujours  la  prudence  de 
rhomme  d'afTaires  à  la  piété  du  religieux  (2). 

Tel  fut  bien  D.  Malachie,  et  son  dévouement  jioui-ses  confrères  i-edonblait  son 
coui'age.  Aussi,  dans  la  séance  du  20  germinal  an  III  (15  avril  1795),  l'adminis- 
tration d'arrondissement  ordonne  des  poursuites  •>  Conti'e  Henri  Malachie  Ber- 
"  trand,  religieux  de  l'abbaye  d'Orval,  coupable  d'avoir,  depuis  l'entrée  des 
"  Français  dans  le  Luxembourg,  touché  diflérentes  sommes  sur  les  revenus  do 
«  l'abbaye  et  de  les  avoir  envoyées  à  Luxembourg,  où  la  plupart  des  religieux 
"  s'étaient  réfugiés  avec  leur  abbé.  «  De  plus,  on  lui  réclamait  ses  comptes,  en 
lui  imposant  une  caution  de  3000  livres  en  monnaie  r'épublicaine  (3). 

Le  12  juin  1795,  après  un  long  siège,  la  garnison  autrichienne  évacua  la  for- 
teresse de  Luxembourg  et  la  dernière  colonne  républicaine  entra  dans  la  ville. 
Aussitôt  l'administration  d'arrondissement,  ti-ansféree  de  St-Hubert  à  Luxem- 
bourg fixa  la  contribution  de  guerre  à  1,500,000  livres  et  cotisa  l'abbaye  d'Orval 
à  36,623^'  11^  6d  (4).  Le  rôle  du  procureur  était  rude  en  ces  conjonctures. 

Le  13  juillet,  l'administration  estima  que  la  capitulation  avait  accordé 
aux  religieux  d'Orval  «  la  liberté  de  rentrer  dans  leurs  propriétés,  droits,  pro- 
fessions et  états  ".  Le  même  jour,  un  arrêté  de  Joubert  maintenait  la  réintégra- 
tion dans  leurs  biens  (5).  Mais  dix  jours  après,  dès  le  23  juillet,  prétextant  que 
les  rehgieux  allaient  rentrer  dans  leur  abbaye  et  quitter  le  Refuge,  l'administra- 
tion le  mit  à  la  disposition  du  receveur  et  de  l'inspecteur  des  Domaines  natio- 
naux (6). 

L'abbé  sortit  en  pleurant  de  cet  asile,  téujoin  de  son  élection  et  de  son  instal- 
lation, confident  muet  de  tant  de  douleurs  et  d'angoisses.  Ne  pouvant  rentrer 
dans  Orval  détruit,  il  ramena  au  prieuré  de  Conques  la  conmiunauté,  les  archi- 
ves et  une  partie  du  mobilier.  Orval,  Luxembourg,  Conques,  puis  la  dispersion, 
l'exil  et  la  mort,  quelles  étapes  ! 


(1)  MemorialeF.  Gabrielis  Sieguitz.  ..  1794.  M^  in  12,  62  pages  écrites.  Bibliothè- 
que de  l'Institut  Archéologique  d'Ai'iou.  56-68.  —  (2)  Cf.  Tilhère,  op.  cit.,  55.  — 
(3)  Lofort,  op.  oit  ,  52    —  f4)  il).   1U5.   -  (5)il)id.  128.  -  (6j  ibid.  129. 


—      426      — 

Cependant  la  persécution  allait  sévir  davantage  encore.  Le  26  octobre  1795, 
in  Convention  expirante  rappela  les  lois  de  1792  et  1793  contre  les  émigrés  et  les 
prêtres  et  les  rendit  obligatoires  dans  les  départements  réunis  (1).  Ces  lois  sacri- 
lèges «  décrétaient  des  mesures  pour  écarter  du  territoire  français  les  ecclésias- 
«  tiques  insermentés  ou  aj'ant  rétracté  leur  serment,  à  l'exception  des  infirmes 
«  et  des  sexagénaires,  qui  doivent  être  réunis  au  chef-lieu  de  leurs  déparlements 
«'  respectifs  dans  une  maison  d'arrêt  commune  »  (2).  Au  mois  de  décembre,  le 
ministre  de  l'Intérieur  rappelle  que  ces  lois  contre  les  prêtres,  soumis  à  la  dépor- 
tation ou  à  la  réclusion,  sont  applicables  dans  les  24  heures  et  les  fonctionnaires 
négligents  passibles  de  deux  ans  de  détention.  Il  ordonne  en  outre  de  dresser 
d'urgence  le  tableau  des  ecclésiastiques  insermentés  du  département  (3). 

Le  V'^  septembie  1796,  le  Directoire  supprima  les  abbayes,  couvents  et  prieu- 
rés, et  ordonna  de  dresser  imméiiiatement  l'état  nominatif  de  religieux  et  reli- 
gieuses, ainsi  que  l'inventaire  de  leurs  biens,  mobiliers  et  immobiliers,  dont 
l'administration  était  transférée  à  la  direction  des  domaines  nationaux  de  chaque 
département.  En  même  temps,  sous  le  nom  de  Bons  de  retraite,  il  offrait  une 
pension  de  15,000  livres  aux  profès  du  chœur  et  5000  aux  convers,  de  10,000 
aux  professes  et  3,334  aux  converses,  mais  en  assignats  {i).  Cette  générosité 
était  plus  apparente  que  réelle  ;  en  effet,  à  cette  même  date,  à  la  Bourse  de 
Paris,  un  louis  d'or  valait  5300  livres  d'assignats  (5). 

Le  19  février  1798,  deux  agents  officiels  furent  "  commis  à  l'effet  de  constater 
d'une  manière  authentique  la  situation  du  dépôt  des  bons  de  retraite  «,  destinés 
aux  religieux  supprimés.  , 

Ils  dressèrent  donc  la  liste  de  ces  religie\ix  au  l^""  vendémiaire  an  V,  22  sep- 
tembre 1796,  jour  de  la  suppression  définitive.  On  y  lisait  pour  chacun  le  nom, 
l'âge,  la  date  de  profession,  et  éventuellement  la  date  de  la  délivrance  du  bon  ; 
mais  bien  souvent  cette  dernière  date  est  remplacée  par  le  mot  Refusé.  Quatre 
carnets,  deux  pour  les  religieux,  deux  pour  les  sœurs,  avec  la  quantité  de  Bons 
nécessaires,  avaient  été  remis  à  la  direction  des  Domaines.  On  en  conserve  deux 
aux  Archives  de  l'Etat  à  Arlon  ;  maltieureusement  on  n'a  pas  celui  où  l'on  trou- 
verait le  nom  de  Dom  Malachie  avec  le  motif  de  son  refus  :  «■  Le  susnommé  a 
"  dit  ne  pouvoir  accepter  le  bon,  dont  le  talon  est  ci-dessus,  parce  que  sa  con- 
"  science  le  lui  défend  -.  Muiatis  mutundis,  on  reconstituerait  facilement  la 
légende  de  chacun.  Ce  bon  est  "  admissible  en  paiement  (i(î  DoDiaines  natio- 
naux situés  dans  la  ci-devant  Belgique.  "  Or,  il  était  défendu  d'acheter  des 
biens  d'église,    sous   peine   d'excommunication     C'était  donc  l'apostasie  ou  la 


(1)  Lefoi-t,  ibid.  235.  —  (2)  ibi'l.  249.  —  (3)  ihid.  25U.  —  (4i  ibid.  332.  —  (5)  Mont- 
gaillard.  Histoire  de  France,  IV,  419. 


-      427      — 

faim  (1).  Toutefois,  le  4  février  1797,  la  Cour  de  Rome  permit  aux  Religieux 
d'accepter  ou  d'employer  ces  bons,  à  condition  de  se  considérer  comme  déten- 
teurs provisoires,  obligés  à  futui'e  restitution  (2). 

Malgré  son  dénuement,  malgré  la  concession  du  Saint-Siège,  malgré  les  be- 
soins de  ses  confrères,  Dom  Malachie  refusa  le  bon  qu'on  lui  offrait.  C'était  à 
la  fois  renoncer  à  tout  secours  officiel  et  encourir  lé  dangereux  reproche  d'inci- 
visme, "  en  manifestant  son  aversion  pour  le  régime  républicain  et  en  dédai- 
«  gnant  les  indemnités  accordées  aux  religieux  supprimés  par  la  loi  du  T'' 
9*^ptembre  1796.  »  Tels  sont  en  effet  les  attendus  d'un  arrêté  du  18  décembi'e 
1797,  qui  condamne  à  la  déportation  le  R.  P.  Durieux,  récollet  d'Ath  (3). 

Durant  ces  années  de  deuil,  le  rôle  du  Procureur  d'Orval  fut  bien  difficile.  Que 
de  démarches  il  entreprit  dans  l'intérêt  de  ses  confrères  !  Nous  avons  dit  que,  le 
15  avril  1795,  l'administration  l'accusait  d'avoir  envoyé  des  sommes  d'argent  à 
Luxembourg  C'est  qu'en  effet  il  ne  résidait  pas  toujours  dans  cette  ville,  mais  il 
avait  un  pied  à  terre  à  Etalle,  d'où  il  rayonnait  pour  recueillir  quelques  débris  de 
loyers  et  de  rentes  arriérés.  Le  prieur  de  Conques  l'aidait  dans  cette  tâche  in- 
grate (4).  Il  fallait  entretenir  une  communauté  aux  abois,  subvenir  à  différents 
frais,  donner  l'aumône  aux  églises  et  aux  pauvres,  et  les  revenus  ne  rentraient 
pas  !  Le  peu  qu'il  recueillait  disparaissait  comme  la  neige  au  soleil.  Les  Livt^es  des 
Comptes  fourmillent  de  détails  navrants.  Les  chiffres,  minutieusement  inscrits, 
froidement  alignés  il  y  a  plus  d'un  siècle,  sont  pleins  de  révélations  mystérieuses. 
On  croirait  assister  aux  suprêmes  convulsions  de  l'abbaye,  dont  les  membres  se 
débattent  sous  l'étreinte  de  la  pauvreté  et  de  la  misère  (5).  Durant  de  longs  mois, 
la  charité  de  D.  Malachie  dut  faire  des  prodiges. 

Après  la  suppression  définitive,  les  suènes  douloureuses  se  succédaient  à  Con- 
ques :  la  visite  des  agents  républicains,  qui  vinrent  signifier  l'arrêt  de  mort, 
l'inventaire  des  archives,  leur  transfert  à  la  préfecture  (6),   les  incertitudes  de 


(1)  Annales  de  l'Institut  archéologique  du  Luxembourg,  Arlon.  XVI,  193-204. 

(2)  Lefort.  p.  cit.  254.  -  (3)  Victor  Pierre.  La  déportation  ecclésiastique,  99. 

(4)  Dom  (Jahriel  Siegnitz.  Manusr.rit  cité,  p.  61.  Note  additionnelle  de  D  Arsène 
Freymuth.  —  (5)  Cf.  Tillière,  op.  cit.  572-597.  —(6)  Les  migrations  des  Arcliives 
d'Orval  sont  donc  bien  connues.  Le  17  juillet  1791,  D.  Malachie  les  transporta  au 
Refuge  de  Luxembourg  ;  a  la  fin  de  juillet  1795,  l'abbé  Siegnitz  les  ramena  à  Con- 
ques ;  en  novembre  1796,  Gazé  et  Gringoire,  agents  républicains  de  Florenville,  les 
envoyèrent  à  la  Préfecture  ;i  Luxembourg,  après  inventaire;  enfin,  en  vertu  de 
l'article  13,  §  5,  du  traité  du  19  avril  1839  portant  «  que  l'on  procédera  à  l'extradi- 
tion des  archives,  cartes,  plans  et  documents  quelconques  appartenant  à  la  Belgi- 
que ou  concernant  leur  admininislration  »,  on  en  fit  le  partage  entre  Arlon  et  Luxem- 
bourg. —  Cf.  Noblom.  Rapport  adressé  à  M.  Smits,  gouverneur  de  la  province  de 
Luxembourg.  Bruxelles.  Wouters  frères,  1847. 


—      428      — 

l'nvenir,  etc.,  tfonhlniont  les  plus  forts.  Le  20  décembre  1796,  l'abbé  fut  chassé 
lie  Conques  et  les  i'elif;ieux  dispersés.  P.ientot  ils  durent,  déposer  la  bui'e  et  i"e- 
vôlir  des  habits  laïques.  P-.w  une  amère  ironie,  le  19,  veille  de  ce  jour  fatal, 
l'administration  avait  fixé  au  1*"  janvier  suivant  la  vente  du  refuge  de  Luxem- 
bourg. Dom  iMalachie,  toujours  charitable  et  zélé,  se  proposait  de  reprendre,  le 
22,  les  meubles  que  la  communauté  y  avait  laissés  l'année  précédente,  au  départ 
pour  Conques.  Mais,  dans  la  séance  du  21,  l'administration  le  lui  défendit  sévè- 
rement et  prit  des  mesures  en  conséquence  (1).  Les  proscrits  étaient  complète- 
ment dépouillés  et  le  rôle  du  procureur  entièrement  fini  ! 

§  III    -  LE  CALVAIRE. 

1.   DE  LUXEMBOURCt  a  ROCHEFORT. 

La  persécution  touche  au  paroxysme.  Sans  doute,  en  nos  pays,  elle  ne  fut 
jamais  légalement  sanglante,  mais  que  de  morts  innocentes  !  Par  décret  du 
5  septembre  1797(19  fructidor  an  VI),  le  Directoire  exécutif  ordonna  de  con- 
damner à  la  déportation  tous  les  prêtres  insermentés  ou  réfractaires.  Au  début, 
on  dirait  que  les  .victimes  étaient  désignées  et  rabattues  d'avance.  Dans  les  trois 
premiers  mois,  du  22  septembre  au  22  décembre  1797,  le  nombre  des  arrêtés  va 
toujours  croissant  et  atteint  en  décembre  le  plus  haut  maximum.  Arbitrairement 
individuels  ou  collectifs,  durant  ce  premier  trimestre,  298  arrêtés  atteignent  465 
condamnés,  dont  423  français  et  42  belges  (2). 

D.  Malachie  .s'était  trop  signalé  à  l'attention  des  révolutionnaires  pour  ne  pas 
être  parmi  les  premières  victimes.  Aussi  le  19  octobre  1797  (28  vendémiaire  an 
VI),  moins  d'un  mois  après  l'application  du  décret  (22  septembre),  il  fut  con- 
damné à  la  déportation.  Le  même  jour,  Kœnig,  Henri,  en  religion  P.  Justus, 
capucin  à  Luxembourg,  Brosius,  Jean,  en  religion  P.  Ildephonse,  prieui-  des 
Carmes  à  Arlon,  et  MuUer  Nicolas,  aumônier  de  l'hôpital  et  professeur  à  Luxem- 
bourg, furent  frappés  de  lamême  condamnation.  Les  arrêtés  sont  distincts,  mais 
les  termes  identiques,  sauf  les  noms.  Voici  le  texte  : 

Le  Directoire  exécutif, 

«  Après  avoir  entendu  le  rapport  du  ministre  de  la  police  générale  et  vu  une 
»  lettre  de  son  Commissaire  près  l'administration  Centrale  des  Forêts; 

«  Cous'idérânl  que  Bertrand,  dit  Dom  Malachie,  ancien  religieux  île  l'ab- 


(1)  Lelort.  op.  cit.  281.  —  (2)  Victor  Pierre,  op.  cit.  Introduction,  p   XIII. 


—     429     — 

«  baye  d'Orval,  souffle  actuellement  le  feu  de  la  discorde  dans  la  commune  de 
«  Luxembourg,  que  c'est  par  ses  insinuations  perfides  que  la  majeure  partie 
•'  des  prêtres  du  département  des  Forêts  n'ont  pas  prêté  le  serment  prescrit  par 
«  la  loi  du  19  fructidor; 

«  Considérant  qu'il  abuse  de  sa  dangereuse  influence  sur  les  âmes  faibles,  pour 
"  les  empêcher  de  recevoir  les  prêtres  soumis;  qu'il  est  même  soupçonné  d'aller 
•'  de  maison  en  maison  pour  répandi-e  sa  doctrine  pernicieuse  et  augmenter  le 
«  nombre  de  ses  crédules  sectaires  ; 

«  Arr'éte  : 

«  Le  nommé  Bertrand,  dit  Doyn  Malachie,  sera  sans  délai  saisi  et  arrêté 
«  pour  être  déporté  dans  le  lieu  qui  sera  désigné  par  le  Directoire  exécutif. 

«  Le  ministre  de  la  police  générale  est  chargé  de  l'exécution  du  présent  arrêté, 
«'  qui  ne  sera  pas  imprimé. 

«  Pour  expédition  conforme  : 
«  Le  Président  du  pouvoir  exécutif, 

«    L.  M.  RÉVELLIÈRE-LÉPEAUX. 

«  Pour  le  Directoire  exécutif  : 
"  Le  Secrétaire  généi'nl, 
«  Lagarde.  '•  (1) 

Le  jour  même  du  jugement,  D.  Malachie,  le  Père  Justus  et  Muller  furent  en- 
fermés dans  une  chambre  étroite  à  l'étage  de  la  maison  de  ville,  confiés  à  la  garde 
de  l'excellent  concierge  Schneider  et  de  sa  famille.  Wagner,  Jean-Michel,  curé 
de  Wincheringen  sur  la  Moselle,  condamné  le  2  frimaire  an  VT  (22  novembre 
1797),  arrêté  chez  lui  le  dimanche  3  décembre  suivant,  rejoignit  les  trois  prison- 
niers le  mardi  5  ;  et,  le  lendemain,  Schatel,  Joseph,  bénéficiera  Remich,  con- 
damné le  13  brumaire  (4  novembre),  leur  arriva  sous  la  conduite  d'un  gendarme. 
Désœuvrés,  incertains  sur  leur  destination,  comme  ils  devaient  prier  et  s'encoura- 
ger mutuellement  ! 


(1)  Victor  Pierre,  op.  cit.  17-18.  —  (2)  Ce  Wagner,  né  le  17  juillet  1768  à  Nieder- 
donweti  (G.-D.),  était  flls  d'un  père  aveugle  que,  dans  son  enfance,  il  conduisait 
par  la  main  de  porte  en  porte,  pour  mendier  le  pain  du  jour.  Il  fut  le  compagnon 
de  Dom  Malactiie  du  5  décembre  1797  au  12  août  1798.  Evadé  de  Gayeiine,  le  19  juin 
1800,  il  fut  nommé  curé  à  la  Basse-Pointe  (Martinique),  et  y  mourut  le  28  novembre 
1828,  avec  le  titre  de  Préfet  apostolique.  Il  a  laissé  son  autobiographie  en  un  ma- 
nuscrit de  216  pages  in-f",  dans  la  collection  des  Mss.  à  la  biblioLhèque  de  l'Institut 
historique,  à  Luxembourg.  M.  Freymann  en  publia  l'abrège  en  allemand. 


—     430     — 

Le  6  janvier  1798,  à  4  heures  du  matin,  un  gendarme  vint  leur  annoncer  le 
départimmédiat  pour  Metz.  A  seize  ans  de  là,  c'était  l'anniversaire  de  la  profes- 
sion religieuse  de  Dom  Malachie  !  Un  fort  piquet  de  chasseurs  à  cheval  et  de 
gendarmes  escorta  les  cinq  prisonniers  jusqu'à  la  Porte  Neuve,  où  les  attendait 
une  charrette.  Leur  douloureux  pèlerinage  commençait.  Voyant  tout  secours 
humain  leur  échapper,  les  malheureux  tournèrent  leurs  regards  vers  le  ciel  et 
se  résignèrent  chrétiennement  à  la  volonté  de  Dieu.  Ce  voyage  de  deux  cents 
lieues  fut  très  pénible  ;  on  les  conduisait  de  brigade  en  brigade,  de  prison  en 
prison,  sur  de  méchantes  charrettes,  par  des  routes  déchirées  et  raboteuses,  aui 
leur  faisaient  éprouver  de  rudes  secousses,  exposés  depuis  le  matin  jusqu'au  soir 
aux  intempéries  de  l'air,  et  passant  les  nuits  sur  la  paille.  Les  dépenses  du 
voyage  étaient  énormes  et  trop  souvent  les  prisonniers  furent  exploités  sans 
pudeur. 

Parfois  à  l'étape  on  leur  ajoutait  des  condamnés,  pour  compléter  un  de  ces 
tristes  convois  que  la  France  a  vus  si  nombreux.  M.  Havelange,  le  dernier  rec- 
teur magnifique  de  l'ancienne  Université  de  Louvain,  décrit  ainsi  leurs  souf- 
frances dans  des  lettres  à  ses  amis.  «  ïmagineZ-vous  que  nous  ne  logions  pas 
«  dans  des  palais  pendant  notre  route,  mais  dans  des  prisons.  En  connait-on 
"  beaucoup  de  bonnes  et  d'agréables  ?  Nous  ne  nous  plaignons  cependant  pas  ni 
«  des  concierges  ni  des  gendarmes,  qui  nous  conduisent  de  brigade  en  brigade  ; 
«  mais  malgré  toutes  les  honnêtetés  qu'on  nous  fasse,  les  prisons  sont  des  pri- 
«  sons,  et  les  charrettes  qui  nous  traînent  avec  nos  pacotilles  sont  des  char- 
«■  rettes.  Il  pleut,  il  neige  en  France  comme  dans  la  Belgique  ....  Le  chemin  du 
"  ciel  ne  fut  jamais  parsemé  de  fleurs  (1)  ". 

Les  malheureux  prisonniers  de  Luxembourg,  partis  le  6  janvier  tout  au  matin, 
passèrent  par  Pétange,  oil  ils  furent  bien  traités.  Le  soir,  à  Thionville,  ils  furent 
internés  dans  une  salle  de  la  prison,  sans  siège,  sans  feu,  sans  Ut.  A  force  de 
prières,  ils  obtinrent  du  concierge  deux  méchantes  couvertures,  louées  chacune 
un  franc  pour  \:\  nuit,  et  une  vieille  chaudière  avec  un  peu  de  bois  pour  réchauf- 
fer leurs  membres  engour-dis. 

Le  lendemain  7,  ils  arrivèrent  à  Metz,  où  on  leur  adjoignit  trois  prisonniers 
Logés  d'abord  au  rez-de-chaussée  de  la  prison,  ils  y  trouvèrent  une  douce  cha- 
leur ;  mais,  obligés  bientôt  de  monter  à  l'étage,  ils  furent  plus  mal  qu'à  Thion- 
ville. On  les  y  tenait  enfermés  de  huit  heures  du  soir  à  huit  heures  du  matin. 
Cependant  des  Messieurs  compatissants  leur  apportèrent  du  bois,  des  vêtements 
et  même  de  l'argent.  Ils  passèrent  à  Metz  deux  longues  semaines,  se  croyant 


(1)  Biographie  de  Jean-Joseph  Havelangf .  dans  les  Analectes  pour  servir  à  l'His- 
toire (le  Belgique.  T.  XXV  de  la  GoUeotioii.  211-245.  I).  Malachie  et  ses  compagnons, 
suivant  une  autre  voie,  le  rejoignirent  à  Rochefort. 


—     431     — 

parfois  au  terme  de  l'exil.  Mais  on  attendait  d'autres  condamnés.  Enfin  le  22 
janvier,  à  neuf  heures  du  soir,  le  gardien  en  faisant  sa  ronde  leur  annonça  que 
le  lendemain,  à  quatre  heures  du  matin,  ils  seraient  dirigés  sur  Rochefort  !  Ce 
leur  fut  un  rude  coup  et  tout  espoir  de  délivrance  s'évanouit.  Au  départ, 
ils  eurent  avec  eux  quatre  nouveaux  prêtres  :  les  R.  P.  dominicains  Caret  Jean 
Charles  et  Gérin  Jean-Nicolas  ;  le  curé  de  Saarable,  Bouché  Jean  ;  Custer  Nico- 
las, en  religion  P.  Albertin,  franciscain  de  Namur,  —  et  un  laïque.  Loyal 
Charles,  pharmacien  à  Bitche.  —  Sous  une  pluie  glacée  ils  arrivèrent  le  soir 
à  Etain  et  y  passèrent  la  nuit  sur  une  poignée  de  paille. 

A  Verdun,  on  les  enferma  dans  la  chapelle  de  la  prison,  avec  défense  absolue 
d'y  allumer  du  feu.  Là  Wagner  perdit  son  bréviaire,  qu'il  ne  put  remplacer  en 
cours  de  route,  tant  la  liturgie  différait  d'un  diocèse  à  l'autre.  Il  dut  donc  réciter 
son  ofllce  de  Trêves  après  ses  confrères,  très  exacts  à  le  dire  ensemble  à  la  même 
heure. 

De  Verdun  on  les  dirigea  sur  Clermont,  où  ils  passèrent  la  nuit  à  l'hôtel  de 
ville.  Le  lendemain  au  départ  il  faisait  si  froid  qu'on  leur  permit  de  marcher  à 
pied.  Traversant  d'épaisses  forêts  à  de  grandes  distances  les  uns  des  autres,  il 
leur  eût  été  facile  de  s'évader,  tant  les  braves  chasseurs  qui  les  escortaient  fer- 
maient les  yeux.  Il  ne  le  firent  pas. 

A  Sainte-Ménéhould,  où  ils  entrèrent  le  27  un  peu  après  midi,  ils  furent  heu- 
reux d'acheter  d'excellents  bonnets  de  nuit,  pour  se  garantir  la  tête  du  froid. 
Le  28,  à  Châlons-sur-Marne,  quoique  en  prison,  ils  dormirent  dans  un  lit,  et 
l'on  fit  pour  eux  une  collecte  en  ville.  A  celte  station  deux  prêtres  les  rejoigni- 
rent. Ils  étaient  le  30  à  Troyes  sur  Aube  :  toute  une  population  sympathique  les 
acclamait  ;  mais  le  concierge,  inhumain  comme  la  plupart  de  ses  pareils,  pré- 
texta qu'il  fallait  d'abord  l'ordre  du  commissaire  du  pouvoir  exécutif  et  du  juge 
de  paix.  Ces  deux  fonctionnaires  vinrent  à  la  prison,  s'entretinrent  avec  eux  jus- 
qu'à dix  heures  du  soir  et  leur  souhaitèrent  bon  courage  dans  leur  triste  situa- 
tion. On  les  suivit  hors  de  la  ville  avec  des  aliments  que  le  brutal  geôlier,  mal- 
gré toutes  les  instances,  avait  refusé  de  leur  porter. 

Autant  l'accueil  avait  été  chaleureux  à  Troyes,  autant  le  séjour  à  Villeneuve 
surtout  et  à  Montargis  fut  pénible.  A  Villeneuve,  ils  se  trouvèrent  à  l'entrée  du 
bourg  devant  une  haute  tour,  dans  laquelle  on  ne  pouvait  se  glisser  qu'en  rampant 
par  une  porte  basse.  On  les  poussa  dans  un  obscur  caveau,  où  ne  pénétrait 
jamais  ni  le  soleil  ni  la  lune,  et  la  pièce  était  si  étroite  qu'à  douze  ils  devaient 
se  tenir  debout.  Ils  suppliaient  de  leur  donner,  ne  fût-ce  qu'une  demi-heure,  une 
chambre  chaude  pour  réchauffer  leurs  membre?;  ;  mais  ce  fut  en  vain.  Serrés  les 
uns  contre  les  autres  durant  la  nuit,  ils  sentirent  leurs  vêtements  se  dégeler  et 
la  vermine  leur  courir  sur  le  corps.   On  leur  avait  pourtant  jeté  par  la  petite 

28 


—     432     — 

porte  un  morceau  de  pain  moisi  et  deux  bouteilles  de  vin,  à  deux  francs  cha- 
cune. Après  une  nuit  atroce,  ils  sortirent  de  cet  antre  infernal,  mais  ils  furent 
accueillis  par  les  clameurs  de  la  populace,  jusqu'au  départ  de  la  charrette  pour 
Sens.  On  les  logea  au  second  étage  de  la  prison,  dans  une  grande  place,  au  mi- 
lieu de  50  détenus,  parmi  lesipiels  ils  passèrent  un  jour  et  deux  nuits,  mourant 
de  faim  et  de  soif. 

Partis  le  dimanche  4  février,  ils  allèrent  de  Gourtenay  à  Montargis.  Ils  se 
félicitaient  d'avoir  de  bons  gendarmes  pour  les  conduire,  quand  sur  le  chemin 
de  la  prison  ils  trouvèrent  une  bande  d'énergumènes  qui  hurlaient  :  «  A  la  lan- 
terne avec  les  aristocrates  !  Enlevez  les  des  charrettes  !  Jetez  les  à  terre  !  En 
bas  avec  les  chiens  !  «  Devant  cette  tourbe  les  gendarmes  se  sentirent  impuis- 
sants. La  réception  de  Bellegarde  les  consola  de  ces  brutalités.  Arrivés  le  6 
février  vers  midi,  par  un  temps  clair,  ils  furent  laissés  jusqu'au  soir  sans  sur- 
veillance dans  le  parc  d'un  comte  émigré  Jamais  plus  belle  occasion  de  fuir  ne 
s'était  présentée.  Us  passèrent  la  nuit  sur  la  paille  avec  plusieurs  jeunes  gens 
requis  pour  les  surveiller. 

Ils  sont  à  Orléans  le  8  février  vers  deux  heures  de  l'après-midi  et  on  les  met 
pour  deux  jours  dans  le  couvent  des  Carmes.  Le  geôlier  les  traita  avec  une 
bienveillance  inouie,  laissant  venir  auprès  d'eux  quiconque  le  désirait.  Dès  le 
premier  jour,  on  fit  en  ville  une  collecte  fructueuse.  Le  second  jour,  un  excel- 
lent chrétien  leur  amena  son  fils  âgé  de  sept  ans  et  lui  tint  un  discours  émouvant 
sur  le  sort,  le  caractère,  le  courage  et  la  vertu  de  ces  prisonniers,,  auxquels  l'en- 
fant remit  ses  petites  économies, 

A  leur  départ  d'Orléans,  il  février,  le  R.  P.  Caret  tomba  malade  et  dut  s'a- 
liter. Par  un  temps  serein  ils  vinrent  au-delà  de  Beaugency  jusqu'à  Blois.  Ils  s'y 
arrêtèrent  un  jour  et  la  municipahté  leur  fit  donner  à  chacun  une  livre  de  pain 
et  une  demi-livre  de  viande,  et  les  fit  interner  dans  l'église  des  Carmes.  Cette 
bienveillance  était  un  piège  :  les  officiers  municipaux  voulaient  les  amener  à 
prêter  le  serment  prescrit,  afin  d'échapper  à  leur  triste  sort.  Les  martyrs  ne  s'y 
laissèrent  pas  prendre  et  forcèrent  ainsi  l'admiration  de  leurs  adversaires. 

De  là  ils  marchèrent  sur  Amboise  et  Tours,  où  ils'  joignirent  trois  autres  pri- 
sonniers, deux  prêtres,  Garnier  et  Doru,  et  un  représentant  du  peuple,  Aymé 
Jean-Jacques  ou  plus  souvent  Job.  Le  froid  était  si  intense  que  les  gendarmes, 
pris  de  pitié,  leur  permirent  de  faire  à  pied  la  plus  grande  partie  de  la  route.  A 
Sainte-Maure,  entrés  dans  une  auberge,  ils  avaient  déjà  débattu  et  convenu  du 
prix  de  12  francs  par  homme  pour  la  nourriture  et  le  lit  ;  mais  le  geôlier  pré- 
texta ses  droits  et  rompit  le  marché.  Ils  durent  ainsi  échanger  une  chambre 
chaude  et  un  lit  contre  un  réduit  glacé  et  la  paille. 


—     433     — 

Si  les  prisons  en  général  étaient  mauvaises,  celle  de  Ghatelleraiilt  a  pourtant 
la  palme.  Les  laïques  en  murmuraient  avec  raison  ;  mais  les  prêtres,  patients  et 
résignés,  entraient  tout  tranquillement  dans  ce  trou  infect. 

A  Poitiers,  les  attendait  une  agréable  surprise.  La  municipalité  les  reçut  et 
dit  au  geôlier  de  leur  donner  du  feu  et  le  meilleur  gite  possible.  La  sœur  du 
grand-vicaire,  M.  le  chanoine  Bruneval,  déjà  détenu  à  Rochefort  (1),  leur  servit  un 
excellent  souper  de  mardi  gras.  Le  lendemain,  jour  du  mercredi  des  Gendres,  à 
trois  heures  après  midi,  fidèles  à  la  loi  de  l'Eglise,  ils  arrivèrent  à  jeun  à  Lusi- 
gnan.  Une  petite  vieille,  la  mère  ou  la  femme  du  gardien,  malpropre,  couverte 
de  haillons  dégoûtants,  leur  demanda  ce  qu'elle  pourrait  bien  leur  préparer.  Dom 
Malachie,  scrupuleux  observateur  de  l'abstinence,  répondit  que  c'était  le  mer- 
credi des  Gendres  et  qu'ils  se  contenteraient  d'une  soupe  maigre.  Se  défiant  de  la 
mémoire  de  la  vieille,  il  lui  renouvela  sa  recommandation.  Elle  avait  au  contraire 
une  mémoire  excellente.  Une  heure  après,  elle  apporta  la  soupe  dans  un  grand 
chaudron  en  fer,  sans  assiettes  ni  cuillers.  Mais  pour  en  réunir  une  quantité 
suffisante,  elle  devait  faire  le  tour  de  la  bourgade,  et,  malgré  son  zèle,  elle  ne  put 
trouver  d'assiettes.  Il  ne  restait  à  ces  ventres  affamés  que  de  manger  la  soupe 
au  chaudron.  La  cuisinière  en  brave  chrétienne  n'avait  pas  oublié  le  mercredi 
des  Gendres,  et  beaucoup  moins  la  recommandation  de  Dom  Malachie  ;  aussi  la 
soupe  était  faite  d'eau  claire  et  d'un  peu  de  pain.  Mais  au  fond  de  la  marmite, 
MuUer  rencontra  tout  à  coup  un  os  maigre.  La  bonne  vieille  avait  voulu,  sans 
violer  la  loi,  faire  goftter  à  ces  Messieurs  quelque  chose  de  son  mardi  gras. 

A  Saint-Maixent,  ils  rencontrèrent  plusieurs  Anglais  relégués  à  l'intérieur  de 
la  France.  «  On  veut  vous  conduire  à  Gayenne,  dirent-ils  aux  déportés,  mais 
«  bon  courage  :  il  y  a  sur  mer  un  navire  anglais  pour  vous  délivrer  des  mains 
«  des  Français  !  » 

Enfin,  après  avoir  passé  par  Niort  et  Sugères,  ils  arrivèrent  à  Rochefort,  le 
27  février  1798.  Le  voyage  durait  depuis  le  6  janvier  précédent, 

2.  —  DE  ROCHEFORT  A  GAYENNE. 

Rochefort  (2),  sur  la  rive  droite  de  la  Gharente,  à  deux  lieues  de  l'embou- 
chure,  dans  le  département  de  la  Gharente-Inférieure,  l'un  des  trois  grands 


(1)  Cf.  Victor  Pierre,  op.  cit.  p.  94. 

(2)  Il  est  vraisemblable  que  Tinant,  François-Xavier,  né  en  1774  à  Romponcelle, 
lez-Jamoigne,  était  alors  fonctionnaire  dans  la  rade  de  Rochefort.  Il  était  (ils  de 
Tinant,  François-Joseph,  ancien  notaire.  A  l'Etat  Civil  de  Jamoigne,  sous  la  date  du 
2  février  1871,  on  lit  l'acte  de  décès  de  Tinant  GaroUne,  née  en  1801,  à  Rochefort 
(Char.-Inf.),  de  Tinant  F.-X.,  Cojyimissaire  ordonnateur  de  marine,  et  de  Berthon 
Marie-Yvonne-Simonne.  La  famille  l'appelle  Amiral.  —  A-t-il-vu  les  déportés  !... 


—     434     — 

ports  militaires  de  France,  a  vu  dans  ses  murs  la  plupart  des  victimes  que  la 
République  française  envoyait  à  Gayenne,  et  combien  ont  péri  sur  ses  pontons 
meurtriers  !  A  l'arrivée  du  groupe  Luxembourgeois,  fort  grossi  en  route,  la  mu- 
nicipalité prit  le  signalement  de  chacun.  Ils  rencontrèrent  le  digne  et  vertueux 
vicaire-général  de  Poitiers,  M.  le  chanoine  Bruneval,  qui,  dans  un  langage  apos- 
tolique, releva  leur  courage  et  leur  confiance  Les  prêtresse  groupèrent  autour 
de  trois  ecclésiastiques  que  Mgr  de  Goucy,  évêque  de  La  Rochelle,  avait  pré- 
posés aux  déportés.  Ils  menaient  sous  cette  direction  une  vie  régulière  de  piété. 
Ils  rencontrèrent  aussi  M.  Havelange,  le  recteur  de  Louvain,  arrivé  avec  son 
convoi  depuis  le  5  janvier.  Ancien  professeur  au  séminaire  de  Luxembourg,  il 
eut  bientôt  fait  la  connaissance  des  Luxembourgeois,  dont  l'histoire  est  désor- 
mais mêlée  à  la  sienne.  D'ailleurs  parmi  les  193  passagers,  dont  150  prêtres,  il 
n'y  avait  que  12  belges  des  neuf  départements. 

Entassés  dans  les  prisons,  quelques  prêtres  avaient  demandé  au  conseil  muni- 
cipal de  Rochefort  un  local  plus  spacieux.  «  Le  Commissaire  du  Directoire 
«  Boischot  leur  répondit  par  cette  amère  ironie  :  "  Je  vais  les  mettre  au  large». 
"  En  effet,  le  12  mars,  à  6  heures  du  matin,  on  avertit  les  prisonniers  qu'ils 
»  allaient  partir  dans  deux  heures.  Les  préparatifs  se  firent  en  hâte  ;  la  plupart 
«  se  confessèrent  et  s'adressèrent  leurs  adieux,  ignorant  s'ils  devaient  encore  se 
"  revoir  en  ce  monde. 

«  Bientôt  les  déportés  de  la  prison  St-Maurice  arrivaient  entre  les  tambours' 
«  qui  battaient  le  Çà  ira  et  les  voitures  chargées  de  leur  léger  jaagage  ;  les  pri- 
«  sonniers  de  l'hôpital  s'adjoignirent  à  eux,  et  tous  ensemble  ils  s'embarquèrent 
'•  sur  le  navire  La  Charente,  où  ils  furent  logés  dans  l'entrepont,  local 
"  étroit  et  malsain.  Le  vent  défavorable  retint,  pendant  neuf  jours,  le  navire 
•'  dans  la  rade  d'Aix,  à  quatre  lieues  de  Rochefort.  Le  21  mars,  la  Charente 
«  leva  l'ancre.  A  peine  eut-elle  franchi  les  passes,  qu'elle  se  trouva  en  pi  ésence 
«  d'une  fi'égate  et  de  deux  vaisseaux  de  ligne  anglais,  et  fut  contrainte  de  battre 
«  en  retraite  vers  la  côte.  Après  avoir  subi  une  canonnade  d'environ  quatre 
«  heures  et  couru  le  danger  d'être  caplujée,  elle  gagna  la  rade  de  Bordeaux. 
«  Heui-eusement  les  passagers  étaient  sains  et  saufs,  mais  le  navire  n'était  plus 
«  en  état  de  faire  le  voyage  d'Amérique.  Les  déportés  attendirent  un  mois  entier 
«  sur  le  vaisseau  démantibulé,  continuant  à  être  nourris  sur  le  même  pied  que 
"  l'équipage,  qui  se  montrait  honnête  à  leur  égard,  depuis  le  brave  capitaine 
«  Breuillac  jusqu'au  dernier  matelot.  La  ration  de  chaque  homme  consistait  en 
«  une  demi-bouteille  de  vin,  une  demi-livre  de  viande,  une  livre  et  demie  de  pain 
"  et  un  peu  d'eau-de-vie.  » 

La  plainte  du  bon  Recteur  Havelange  est  peut-être  un  peu  douce  et  résignée. 


—     435     — 

Wagner  et  Barbé-Marbois  (1)  ont  des  accents  plus  rudes.  »  Chargés  de  fer, 
«♦  dit  ce  dernier,  on  les  (les  déportés)  faisait  passer  pour  des  brigands  ou  des  as- 
"  sassins.  Ils  furent  entassés  dans  deux  prisons  de  Rochefort.  Ils  demandèrent 
«♦  à  être  détenus  moins  étroitement,  la  municipalité  leur  répondit  que  sous  peu 
«  de  jours  ils  seraient  mis  plus  au  large.  Ils  ne  comprirent  pas  d'abord  le  sens 
«  de  cette  ironie  barbare  ;  mais,  le  11  mars,  la  garde  fut  augmentée,  et  lorsque, 
«  sur  le  soir  ils  ouvrirent  leurs  fenêtres  pour  renouveler  l'air,  une  sentinelle 
«  leur  cria  :  «  Fermez  !  ou  je  fais  feu  !  «  Ils  répondirent  :  «  L'infection  nous 
"  tue  !  »  Le  soldat  renouvela  sa  menace  et  tira  au  moment  où  on  lui  obéissait. 
"  Le  jour  de  l'embarquement,  une  troupe  armée  et  nombreuse  conduisit  les  pri- 
«  sonniers  au  port...  Les  chambres  n'étaient  pas  assez  spacieuses,  pour  y  recevoir 
«  tant  de  monde  :  il  fallut  y  placer  deux  plans  ou  étages  de  hamacs.  Ils  étaient 
«'  trop  courts,  et  ils  se  touchaient.  On  peut  juger  de  l'infection  qui  en  résultait 
«  et  de  la  difficulté  de  se  mouvoir  dans  un  tel  encombrement.  Dés  la  première 
"  nuit,  des  hamacs  supérieurs  furent  arrachés  par  le  poids  de  ceux  qui  s'y  cou- 
«  chèrent.  Les  habits,  les  sacs,  les  valises  étaient  épars  de  tous  côtés.  Le  jour 
«  parut,  mais  sans  pénétr'er  dans  ce  cachot  et  la  confusion  ne  fut  pas  diminuée. 
«  Quelques-uns  perdirent  plusieurs  fois  connaissance.  » 

Le  22  avril,  La  Décade  venait  d'arriver  d'Aix  pour  le  transport  à  la  Guyane. 
C'était  un  vieux  navire  que  l'Etat  avait  prêté  au  commerce  et  qu'il  venait  de  lui 
reprendre.  Au  moment  de  (pjitter  la  Charente,  le  capitaine  Breuillac  remit 
à  Wagner  une  lettre  de  sa  famille,  puis  réunissant  dans  sa  chambre  Wagner, 
Muller  et  Dom  Malachie,  il  leur  partagea  une  somme  d'argent  que  des  person- 
nes compatissantes  de  Luxembourg  avaient  envoyée  pour  eux  (2). 

La  Décade  ne  pouvait  contenir  plus  de  150  passagers.  On  y  transborda,  le  24 
avril,  tous  ceux  de  la  Charente  et  le  lendemain  le  navire  gagna  la  haute  mer. 
La  consigne  devint  moins  sévère,  l'accès  du  pont  fut  permis  aux  malheureux 
déportés,  et  on  fit  disparaître  les  baquets  qui  infectaient  leur  local.  Toutefois  la 
propreté  était  difficile  à  obtenir  sur  ce  vieux  bâtiment  (3)  et  les  chambres  étaient 
des  lournaises.  Quelques-uns  s'en  échappaient  la  nuit  et  allaient  respirer  un  air 
pur  sur  le  pont  ;  on  les  faisait  descendre  sans  pitié,  en  leur  chantant  ce  refrain  : 
«  Descendez,  tyrans,  au  tombeau  ".  Le  nouveau  commandant  Villeneau,  jacobin 
farouche,  ne  songeait  pas  à  réprimer  ces  violences.  Au  contraire  il  encourageait 
toutes  les  grossièretés.  Sur  la  Charente  on  disait  :   «  Les  passagers  à  dîner  ! 


(1)  Le  mémpiis  de  Rarbc-Marbois  (1745-tlS06),  ne  a  Metz,  avait  servi  l'ancien  ré- 
gime sous  des  titres  divers.  Rentré  en  France,  il  parvint  aux  |iius  hautes  fonctions. 
Il  laissa  Lejonrnal  d'un  déparié  non  jugé.  —  11  avait  peu  de  relif,âoa. 

(2)  Freyman,  op.  cit.  p.  32.—  (3)  Victor  Pierre,  La  Terreur  sous  le  Directoire,  p.  283* 


—     436     — 

à  souper  !  "  Sur  la  —  Décade  on  criait  :  «  Les  déportés  au  dîner,  etc.  !  »  Le  voisi- 
nage des  forçais  était  aussi  fort  pénible  aux  prêtres  ;  la  faim,  la  soif,  le  froid, 
riiuinidité,  le  défaut  d'air,  l'infection  des  baquets,  etc.,  faisaient  d'horribles 
ravages.  Mais,  comme  le  dit  Barbé-Marbois,  «  il  faut  s'arrêter  et  supprimer 
ces  répugnants  détails,  car  des  déportés  ont  souâert  ce  qu'on  ne  lirait  pas  sans 
un  affreux  dégoût.  » 

Mgr  de  Beauregard  donne  les  détails  suivants  sur  les  derniers  moments  des 
proscrits  et  l'immersion  des  cadavres  durant  la  traversée  : 

«'  Dans  cette  situation  désolante,  où  la  maladie,  la  mort  et  l'esclavage  étaient 
notre  pensée  continuelle,  nous  avions  recours  aux  consolations  de  la  religion 
pour  nous,  et  nous  donnions  à  nos  frères  mourants  tous  les  secours  qu'elle  peut 
offrir.  La  miséricorde  de  Dieu  bénissait  leurs  derniers  moments  ;  tous  sont  morts 
dans  une  paix  profonde.  Mgr  l'évêque  de  La  Rochelle,  M.  de  Goucy,  avait  dé- 
cidé que  si  les  pouvoirs  qu'il  nous  avait  donnés  dans  son  diocèse  cessaient  en 
touchant  l'Amérique,  ils  duraient  pendant  la  navigation  et  jusqu'au  lieu 
du  débarquement  effectif.  Je  confessai  donc  pubUquement  mes  pauvres  confrères; 
je  leur  administrai  le  sacrement  de  l'extrême-onction,  et,  quand  ils  étaient  dé- 
cédés, nous  célébrions  leurs  obsèques  et  nous  récitions  près  du  corps  les  offices 
de  l'Eglise.  L'état-major  toléra  et  respecta  même  cette  pratique,  au  point  qu'un 
contremaître  vint  un  jour  me  demander  l'heure  des  obsèques,  pour  commander 
pour  cette  heure-là  les  matelots  chargés  de  la  sépulture  maritime.  Quand  l'office 
et  les  prières  étaient  terminés,  je  suivais  le  corps,  cousu  dans  son  hamac  avec 
un  boulet  aux  pieds  ;  il  était  précédé  d'un  contremaître,  qui  n'ajamais  manqué 
de  donner  l'ordre  d'attendre  la  fin  des  prières,  auxquelles  il  répondait  lui-même. 
Alors  le  corps  était  placé  sur  une  planche  destinée  à  cet  effet,  en  bas  de  laquelle 
il  glissait  jusque  dans  la  mer,  par  le  sabord  de  la  cuisine,  le  plus  près  du  beau- 
pré. Notre  respect  pour  nos  confrères  décédés  nous  mérita  celui  de  l'équipage, 
qui  nous  l'a  témoigné  d'une  manière  éclatante.  Il  n'eût  manqué  que  le  coup  de 
canon  pour  que  ce  fîit  parfait  ;  mais  on  ne  devait  pas  faire  cet  honneur  à  des 
proscrits  »  (1). 

3.  —  A  CAYENNE. 


Gayenne  est  la  capitale  de  l'île  de  ce  nom  dans  la  Guyane  française,  au  Nord-est 
de  l'Amérique  du  Sud,  à  quelques  degrés  au-dessus  de  l'Equateur.  On  en  connaît 
le  chmat  meurtrier.  L'agent  du  Directoire,  Jeannet  Dudin,  digne  élève  du  geôlier 


(l)Le!^deux  ooinpagiions d'infortune.  Grammont.  (Euvrude  St-l'harles.— Souvenirs 
de  Mgr  de  Heauregard,  p.  30.  —  A  peu  de  choses  près,  le  môme  cérémonial  s'ac- 
complissait sur  les  autres  navires. 


—     437     — 

d'Arcis  sur  Aube,  son  lieu  natal,  cousin  du  sanguinaire  Danton,  l'homme  le  plus 
immoral  et  le  plus  irréligieux,  y  faisait  sentir  aux  déportés  son  fanatisme  et  sa 
haine.  N'ayant  pas  été  prévenu  de  l'arrivée  de  la  Décade,  il  n'avait  pu  prendre 
aucune  disposition  pour  l'établissement  des  bannis,  qui,  sur  une  simple  déclara- 
tion verbale,  furent  tous  traités  en  criminels.  Ils  avaient  espéré  de  jouir  de 
quelque  liberté  ;  ils  furent  déçus.  En  débarquant,  ils  furent  mis  sous  la  garde  de 
la  force  armée;  parqués  sur  la  place  publique,  ils  ne  pouvaient  dépasser  un 
rayon  déterminé.  Le  gouvernement  leur  donnait  des  rations  insuffisantes  et 
malsaines  ;  la  population  compatissante  leur  en  apportait  de  plus  abondantes  et 
de  meilleures,  et  leur  procura  même  du  linge  et  des  habits.  Ces  attentions  adou- 
cissaient les  rigueurs  du  séjour. 

Lorsque,  au  mois  d'août,  l'administration  eut  préparé  les  logements  que  la 
l'apidité  des  événements  n'avait  pas  permis  d'approprier,  la  dispersion  commença 
et  les  déportés  connurent  le  rude  climat  de  la  Guyane  avec  ses  chaleurs  tropi- 
cales, ses  exhalaisons  paludéennes.  Jeannet  n'ignorait  pas  combien  Gonanama 
était  malsain.  11  disait  lui-même  qu'on  n'y  pouvait  séjourner  sans  danger  de  mort. 
11  y  fit  cependant  construire  à  la  hâte  des  cases  pour  les  prêtres  de  la  Décade 
et  d'autres  déportés.  Des  indiens  furent  chargés  de  ce  travail  ;  mais  on  les  paya 
mal,  et,  avant  qu'il  fût  terminé,  ils  s'enfuirent  sur  le  territoire  hollandais.  Enfin, 
on  avait  bâti  de  misérables  cabanes,  fermées  par  de  simples  treillis  et  n'ayant  pour 
toiture  que  du  feuillage.  C'est  là  que  l'on  voulait  installer  de  prétendus  Colons, 
inhabitués  au  travail  des  mains  ou  ravagés  par  la  maladie  :  on  leur  assignait 
environ  60  centiares  à  cultiver. 

Donc,  aux  premiers  jours  du  mois  d'août,  les  nouveaux  déportés  de  la  Décade 
furent  entassés  dans  un  petit  navire,  et  débarquèrent  à  Gonanama  avant  que 
l'hôpital  fût  entièrement  construit.  Cependant  dix  d'entre  eux  obtinrent  de  ne 
point  aller  à  Gonanama,  mais  à  Sinnamari.  Dom  Malachie  refusa  toute  faveur 
et  demeura  dans  le  séjour  le  plus  meurtrier.  Là,  harcelés  jour  et  nuit  par  des 
myriades  d'insectes,  ils  n'avaient  qu'une  nourriture  détestable,  le  plus  souvent 
gâtée  et  tout  à  fait  insuffisante.  Le  biscuit  et  les  salaisons  en  faisaient  le  fond. 
Eux-mêmes  devaient  la  préparer  en  plein  air.  C'était  le  plus  mauvais  régime 
pour  des  vieillards  et  des  valitudinaires.  Les  médecins  tombèrent  malades  ;  il  en 
mourut  un.  La  privation  de  secours  augmenta  la  malignité  des  maladies, et  bien- 
tôt Gonanama,  dont  le  ministre  des  colonies  parlait  comme  d'un  lieu  de  paix 
et  de  bonheur,  ne  fut  qu'un  cimetière.  Les  infirmiers,  impatients  de  partager 
les  dépouilles  de  ces  infortunés,  négligèrent  de  leur  administrer  les  secours  né- 
cessaires. On  ne  pouvait  les  empêcher  de  tester,  mais  on  leur  imposait  la  pré- 
sence d'agents  militaires.  Pour  se  soustraire  à  cette  contrainte,  les  mourants  se 
contentaient  de  dispositions  verbales  et  remettaient  l'argent  de   la  main  à  la 


—     438     — 

main,  pour  le  rendre  à  leurs  lamilles,  en   cas  de  retour  ;  sinon,  pour  faire  dire 
des  messes. 

On  avait  à  peine  le  temps  de  creuser  les  fosses  à  une  prolondeur  suffisante.  On 
[)retend  que  les  tigres  déterrèrent  un  cadavre.  Les  nuits  sui-tout  étaient  sinis- 
tres et  désespérantes.  On  ne  pouvait  se  garantir  des  insectes  qu'en  produisant 
une  é|)aisse  fumée  ;  des  crapauds  rôdaient  tout  autour,  des  fourmis  de  toute  espèce 
envahissaient  les  habits,  les  chaussures  et  les  aliments.  Il  s'agissait  bien  d'entre- 
prendre une  œuvre  de  colonisation,  et  il  n'est  pas  étonnant  que  plusieurs  de  ces 
infortunés  aient  perdu  la  raison  et  mis  fin  à  leur  vie.  Il  y  avait  là  beaucoup  de 
prèti'es  allemands  et  les  soldats  alsaciens,  qui  les  gardaient,  causaient  volontiers 
avec  eux.  On  le  leur  défendit,  mais  en  vain.  C'était  pour  eux  la  patrie  re- 
trouvée. 

«  Les  prêtres  subissaient  avec  résignation  leur  affreuse  destinée,  disait  le 
«  Vollairien  Barbé-Marbois.  Les  dix  déportés  de  Sinnamari  furent  tous  dange- 
«  reusement  malades.  Je  n'étais  lié  qu'avec  l'ancien  recteur  de  l'Université  de 
«'  Louvain,  Havelange.  C'était  un  homme  de  mœurs  simples  et  douces,  et  d'une 
"  conduite  austère.  Avare  à  l'excès  lorsqu'il  s'agissait  de  dépenses  que  son  âge  et 
«  sa  maladie  demandaient,  il  utilisait  ses  économies  à  soulager  les  infortunes 
«  qui  l'entouraient,  à  procurer  quelques  douceurs  aux  moribonds.  Je  ne  dis 
«  qu'un  mot  des  circonstances  de  sa  mort;  elle  fut  celle  de  tant  d'autres  infur- 
«  tunés  de  sa  profession,  qui  périrent  dans  cet  affreux  séjour.  Jamais  on  ne  vit 
«  plus  de  résignation,  de  fermeté  et  de  véritable  piété.  J'en  ai  entendu  qui,  à 
«  l'article  de -la  mort,  mentionnaient  dans  leurs  prières  le  fanatique  persécuteur 
«  Le  Révellière  et  invoquaient  le  Dieu  des  chrétiens  pour  lui. . .  Je  vois  mourir 
«  et  mes  compagnons  et  les  forçats,  avec  lesquels  le  Directoire  voudrait  nous 
«  associer.  Quelle  différence  entre  les  uns  et  les  autres  !  Non,  je  ne  croirai  ja- 
«  mais  que  le  néant  nous  attend  à  la  mort.  A  moins  d'une  autre  vie,  il  n'y  a 
«  rien  de  complet,  et  nous  n'avons  fait  que  commencer  à  exister  (1).  »  Monsieur 
Havelange  mourut  à  Sinnamari  le  6  septembre  1798,  à  3  heures  après-midi  (2). 

La  Religion  consolait  l'exil  de  ces  prêtres.  Ils  dressèrent  un  autel,  pauvre, 
mais  bien  tenu  ;  Monseig""  de  Beauregard  en  consacra  la  prière  et  dans  l'humble 
cabane  on  offrit  le  Saint  Sacrifice.  Ils  devançaient  le  soleil  pour  ne  pas  éveiller 
l'attention  des  nègres.  Ils  récitaient  leur  office  en  commun  et  à  des  heures  réglées. 
On  se  figure  aisément  la  pauvreté  du  sanctuaire  et  le  bonheur  surnaturel  du 
célébrant  (3). 


(1)  Barbé-Marbois.  Journal  d'un  dcporlè  non  jugé,  II,  24,  et  passim.—  (2)  Monsieur 
Havelange  avait  avec  lui  sept  prêtres:  Muller,  de  Luxemboui'g  ;  Bouche,  de  Saa- 
ralile;  Maui-y  ;  Deprés;  Garnier,  de  Loir  et  Cher;  P.  Cuslor  et  Wagner.  —  (3)  cf. 
Chateaubriand.  Génie  du  Christianisme.  Livre  II,  chap.  IV. 


—     439     — 

Cependant  Jeannet,  qui  avait  envoyé  au  ministre  son  plan  de  colonisation, 
s'obstinait  à  maintenir  le  poste  de  Gonanama,  où,  dans  le  courant  d'un  mois,  près 
de  la  moitié  des  déportés  mourut  de  misère.  Bientôt  personne  ne  fut  à  l'abri  de 
la  contagion.  Alors  il  s'éleva  parmi  les  colons  un  cri  d'indignation,  auquel  cet 
agent  ne  put  résister.  Il  envoya  donc  sur  les  lieux  trois  commissaires,  dont  nous 
devons  transcrire  le  rapport. 

««  Nous,  Commandant  en  chef,  en  compagnie  de  Chapelle,  capitaine  du  génie, 
et  de  Boucher,  sous-intendant,  nous  sommes  transportés  à  Conanama,  où  étant, 
nous  nous  sommes  rendus  à  l'hospice  et  avons  vérifié  que  sur  quatre  vingt  deux 
déportés  au  poste  à  la  fin  de  thermidor  (mi-aoûtl,  il  y  en  avait  vingt  six  de 
morts  de  maladies  putrides,  50  à  l'hospice,  dont  plusieurs  en  danger,  et  aucun 
des  autres  bien  portant.  » 

"  Cette  mortalité  est  causée  1°  par  l'eau,  qui  est  très  bourbeuse  et  même 
"  vilriolique  ;  2'^'  par  les  miasmes  putrides  qu'exhalent  les  marécages  qui  envi- 
«  ronnent  le  poste  à  plus  d'une  demi-lieue  ;  3"  par  les  vidanges  de  l'hospice, 
«  séjournant  dans  les  marais  qui  ne  peuvent  être  desséchés.  Ces  causes  ne 
«'  peuvent  être  détruites,  et  ce  poste,  dans  l'hiver  ou  saison  des  pluies,  qui  dure 
«'  ici  huit  mois,  deviendra  un  marais.  Le  niveau  des  carbets  est  plus  bas  que  le 
«  terre-plein  du  poste.  Ils  sont  mal  fails  et  les  faîtages  prêts  à  tomber.  La  coni- 
«  munication  est  très  difficile  dans  toutes  les  saisons.  Dans  l'été,  il  y  a  trop  peu 
«  d'eau  pour  les  bâtiments  à  l'entrée  de  la  rivière  ;  dans  l'hiver,  la  côte  est 
«  impraticable  par  la  grosse  mer  et  de  fréquents  raz  de  marée.  La  communication 
«'  par  terre  ne  peut  se  faire  que  par  des  piétons  sans  bagage.  Le  poste  court  donc 
"  risque  de  manquer  souvent  de  vivres,  dont  le  canton  inhabité  est  dépourvu. 
"  Les  Indiens  même  l'ont  évacué  à  cause  du  mauvais  air.  L'officier,  les  soldats, 
«'  les  délégués  de  l'administration,  les  officiers  de  santé  sont  aussi  dans  le  plus 
"  triste  état.  11  n'y  a  que  de  la  viande  salée,  aucun  fruit,  pas  même  un  citron  pour 
«  corriger  la  mauvaise  qualité  de  l'eau. 

"  Ces  raisons  impérieuses  nous  font  penser  que  le  poste  doit  être  transféré  à 
"  Sinnamari,  éloigné  de  quatre  à  cinq  lieues. 

«  Cayenne,  1  brumaire  an  VII  (22  octobre  1798). 
«  (S.)  Desvieux,  Boucher,  Chapelle  «  (i). 

Cette  mesure,  d'ailleurs  lente  à  réaliser,  ne  profita  pas  à  Dom  Malachie.  Sa 
santé,  brillante  encore  à  son  arrivée  à  Cayenne,  s'y  altéra  bientôt.  »  La  bonne 
«  foi  et  la  résignation,  dit  un  de  ses  compagnons  d'exil,  étaient  peintes  sur  son 


(1)  Freyman.  Leben  und  Wirken  .l.-M.  Wagner,  p.  52.  Ce  volume  est  le  résume 
allemand  de  l'Autobiographie  tle  Wagiiei',  compagnon  inséparable  de  D.  Malachie,  du 
5  décembre  au  mois  d'août  1798. 


—     440     — 

«  visage,  et  il  avait  autant  de  vertus  que  de  talents.  »  Atteint  de  consomption  et 
d'élisie,  à  force  d'avoir  enduré  la  misère  et  la  faim,  il  rendit  sa  belle  âme  à  Dieu 
le  25  septembre  i798,  et  son  corps  repose  dans  1  île  meurtrière.  Resté  sans  res- 
sources pécuniaires,  jusque  dans  la  moi't  fidèle  à  son  vœu  de  pauvreté,  il  ne 
laissa  absolument  rien  aux  spoliateurs  des  prêtres  à  Gonanama(l).  En  cas 
pareil,  les  nègres,  chargés  d'inhumer  le  corps,  refusaient  leurs  services  et  les 
religieux  amis  du  défunt  y  suppléaient  de  leurs  mains  (2).  Durant  ces  tristes 
mois,  les  décès  se  multiplièrent  sans  relâche  :  la  peste,  la  vermine,  la  dyssen- 
terie,  etc.,  etc.,  couchaient  dans  la  tombe  d'innombrables  et  saintes  victimes. 

L'heure  de  la  gloire  a-t-elle  sonné?  L'Evêché  de  La  Rochelle  se  propose  d'in- 
troduire la  cause  de  béatification  des  prêtres,  réguliers  ou  séculiers,  morts  pour 
la  foi  sur  les  pontons  de  Rochefort,  dans  les  îles  d'Oléron  et  de  Ré,  sous  les  feux 
de  Cayenne.  Il  a  pour  cela  écrit  aux  Ordinaires  et  Chefs  d'Ordre  intéressés 
A  son  tour.  Monseigneur  l'Evèque  de  Namur  ma  fait  l'honneur  de  m'associer  à 
de  pieuses  recherches.  C'est  ce  travail  qui  paraît  aujourd'hui  pour  la  gloire  de 
Dieu,  la  glorification  d'un  saint  religieux,  l'honneur  du  Luxembourg  et 
d'Orval. 

N.  TILLIÈRE. 


(1)  Guillon.  Les  martyrs  de  la  Foi  pendant  la  Révolution  française.  T.  II,  p.  264. 
-T  Cet  ouvrapre,  4  volumes  in-12  de  600  pages  chacun,  est  un  livre  de  chevet.  — 
(2)  11)1(1.  267,  566,  etc. 

N.  li.  11  faut  lire  aussi  la  lUograpliic  du  Recteur  Havelanse,  compagnon  de 
l).  Malachie  à  [.artir  de  Kochcforl,  et  les  notes  de  Mgr.  de  Beaui-egard,  mort  évoque 
d'Orléan.s,  et  de  M.  Barbé-Marbois,  ({ui  partagèrent  la  même  vie  à  Cayenne. 


(1) 


Reyerendo  admodum 
ac    eruditissimo    domino 

DOMINO 

MALACHITE    (alias)    HENRIGO 

BERTRAND 

EX  MORTEHAN,  LUXEMBURGENSI, 

CELEBERRIMI   MONASTERIl  B.  M.    VIRGINIS   DE  AUREA    VALLE  CISTERCIENSIS 
ORDINIS   IN    PAÏRIA   AG   DUGATU    LUXEMBURGENSI 

RELIGIOSO   PROFESSO 

IN  ALMA  UNIVERSITATE  LOVANIENSI 

SAGR/E  THEOLOGIE  LAUREAM 

ADIPISGENTI 

DIE  V  JULII  MDGGLXXXV. 


CARMEN, 

Auspiciis  celebrare  viri  praeconia  digna 
Fas  ratioque  jubent  sacris,  cum  sacra  sit  ipsa 
Materies  ;  procul  ergo  Helicon,  procul  este  profanum 
Pierium  vulgus,  Musarum  etpraeses  Apolio. 
Sanctius  auxilium  speramus  :  suscipe  vota, 
Adsis,  0  placidusque  adsis,  Deus  aime,  meisque 
Ausibus  adspira,  iioti  celebramus  honores 


(l)  Au  moment  oii  nos  dernières  pages  étaient  s.jus  presse,  nous  avons  reçu  les  deux  pièces  suivantes 
de  Doni  Fruylier,  religieux  cistercien  de  Bornlieni.  Qu'il  daif^ne  agréer  l'expression  d'une  respectueuse 
et  profonde  reconnaissance.  Nos  lecteurs  trouveront  dans  ce  documunl  beaucoup  de  détails  inédits 
sur  Dom  :\lalachle. 


—     442     — 

Doctrina  et  pietate  viri,  quem  Vallis  ad  oras 
Aurea  Luvanides  dilectum  provida  misit, 
O  felix,  laies  quae  patria  gignit  alumnos, 
Kelices  aedes,  juvenis  quas  ipse  petivit 
Doctrinae  studio  et  vitae  melioi-is  amore  ! 
Quanta  stetit  solida,  pie  vir,  constantia  mente, 
Quantum  in  pectoribus  robur,  cum  (Idus  agebas 
Septcm,  nil  animo  trépidante,  novitius  annos. 
Hue  ades,  egi'egiùm  nutrix  generosa  virorum, 
Aurea  vailis,  honorque  soli  non  ime  palerni, 
Virtutestu  pande  viri,  tu  dicito  laudes, 
Tu  vitae  seriem  enarra,  patriamque  doceto. 
Est  urbs  armigerae  nequaquam  incognita  pubi, 
Dixerunt  Luxembiu^giim  ;  vicinior  haec  est 
Mortehano,  nostro  primum  qui  luminis  usuin 
Praebuit,  hic  teneros  degit  Bertrandius  annos, 
Ex  ore  hic  primum  didicit  genetricis  amatae 
Virtutis  servare  vias,  et  pectore  amorem 
Numinis  exhaurire,  dein  dum  accreverat  aetas, 
Et  jamjam  molli  posset  mandare  cerebro 
Ausonias  voces,  latiaeque  elementa  loquelae, 
Legiacas  classes  tyro  petit,  hicque  sagacem 
Ac  ardentem  animum  studia  in  non  cognita  Agit  ; 
Nec  iabor  incassum.  Socios  certamine  pulchro 
Saepius  anteiens  victricia  praemia  victor 
Rettulit,  ingenii  dans  omnia  certa  futuri. 
Hanc  ubi  percurrit  summa  cuni  laude  palaestram 
Ardet  Aristotetis  famosa  revolvere  scripta, 
Stellarumque  vices,  et  quae  sit  rébus  origo, 
Impulsus  varias  an  corpus  acervet  in  unum 
Particulas,  societne  potens  Attractio^  quaerit, 
Et  numeris  totum  et  radiis  describere  niundum 
Discere  amat  ;  mérita  hi  gaudent  mercede  labores  ; 
Nam  sophiae  impleto  cursu,  certamen  inivit 
Haud  parva  sophicum  cum  laude,  stupente  magistro. 
Et  sociis  una  ingenium  mirantibus  acre  : 
Ergo  artes  doctus,  quarum  studiosa  juventus 
Assolet  institui  cultu  et  juvenilia  vixduni 
I.imina  transgressus  (sed  non  minus  inde  vigebat 
Mascula  pectoribus  virtus)  fallacia  mundi 


—     443     — 

Dona  fugit,  quamvisque  impelleret  undique  mundus, 

Quamvis  ipsa  caro,  formidatissimus  hoslis, 

Injiceret  stimulos,  Erebi  impugnante  tyranno, 

Et  genus  et  patrias  aedes,  et  cuncta  relinquit, 

Quae  soleant  miseras  agitare  negotia  mentes  : 

0  fortunatus  minium  !  sua  cum  bona  norit, 

Nec  strepitus  nec  dicta  sequatur  inania  vulgi  ; 

Namque  relinquendo  gaudens  secedere  mundo, 

Gonsciusesse  alias,  petimus  queis  sydera,  curas, 

Tuta  petit,  simul  lioc  animo  penetralia  vestra, 

Aurea  Vallis,  adit,  quem  fratrum  amplissimus  Abbas 

SchoUus  (oportet  enim  magnorum  nosse  virorum 

Nomina,  virtutemque  piae  proponere  menti) 

Adscribit  numéro.  Exemple  Bertrandius  ardet 

Volvere  sanctarum  reverenda  volumina  legum, 

Neve  suis  votis  hic  défait,  ardua  panda 

Nutrix  aima  viri  studia  assiduosque  labores, 

Pande  viri  placidam  virtutem  et  caetera  dotum, 

Quae  vestras  aedes  pulchro  ornavere  décore  ; 

Hinc  socios  inter  tôt  dignos  hand  minor  ipse 

Mittitur  ad  Grudiorum  urbem,  comitante  sodalem 

Huberto  (1)  pariter  nostras  adeunte  palaestras, 

Papalesque  aedes,  regalia  lumina,  structas 

Auspiciis,  Adriane,  tuis  intravit  alumnus  ; 

Ghenneds  his  praeerat,  cujus  tutela  superbam 

Protegit  usque  domum,  caput  haud  ignobile  turbae 

Purpureae,  luci  quem  quot  superesse  viderem 

Per  lustra,  annuerint  nostris  modo  sydera  votis. 

Num  tacitos  te  hic,  Menna  (2)  -duiie Nicolae  (3)  reUnquam? 

Burgeriique  (4)  Liicaeque  ("ô)  quis  nomina  nescit 

Aurea,  quique  tuum  toUent  super  aethera  nomen  ? 

Quis  regenerare  viris  encomia  débita  posset 

Egregiis,  tecumque  via  gradientibus  una 

Gaelestem  ad  patriam  superorum  et  fulgida  régna 


(1>  Hubertus  Schmit,  alias  Adrianus.  qui  una  cum  viro  nostro  Erudilissimo  S.  T.  Lauream  adeptus 
est. 

(2)  Mennas  Nagel  Luxemburgus,  vacantiarum  prior,  et  Licentise  gradu  decoratus  de  25  August.i  1767. 

(3)  Nicolaus  Haas  ex  BetsdorfT,  vacantiarUnri  piMor,  Lic«nline  gradum  ototinuit  die  25  Augnsti  1767. 

(4)  Damianus  Burgers  .Iuliacensis,  nunc  Lector  in  abbatia  Aurea  Valle. 

(5)  Bartholomaeus  Lucas  Trevireneis,  pariter  ejusdem  abbatiœ   Lector. 

Omnes  hi  Lovanii  sacrae  theologiae  studuerunt  in  Collegio  Adriani  VI. 


—     444     — 

Inclyte  Bertrandi,  queis  te  pietate  minorem 
Nec  studio  credam,  tua  dum  molimina  cerno 
Hic  quibus  ingenium  coluisti,  grandibus  nptum. 
Kt  jamjain  inerces,  quod  laetor,  magna  labori 
Parta  luo  est  ;  sunt  et  tibi  parla  trophaea  merenti. 
Ecce  nitent  solidae  festum  signantibus  Hallae 
Aulaeis,  fit  ovans  strepitus,  stat  civica  circum 
Turba  et  purpurei  te  cingunt  undique  patres. 
Nec  solum  hoc  socios  en  festiva  atria  fronde 
Ornantes,  entecta  nitent,  nitet  area  laura. 
Quare  âge.  nobiscum  solemnem  transige  lucem, 
Bertrandi,  ac  aurem  nostris  appone  benignam 
Gantibus,  impositum  quamvis  ad  munus  ineptis  ; 
Non  etenim  vestras  hic  digne  extollere  laudes 
Mens  angusta  sinit,  sola  est  narrare  voluntas, 
Sola  admirari,  stimulisque  impellere  amicis. 
Pergito  sic  ergo  virtute  accrescere,  et  usque 
Virtutes  alias  virtutibus  addere  partis, 
Pergito  sic  pietate,  domûs  insignis  alumne. 
Et  sanctam  vitam  et  penetralia  sancta  probare. 
Illam  exultantem  et  repetentem  cernimus,  inter 
Vestra  trophaea,  alacri  laudes,  quas  dicimus,  ore; 
Mox  etiam  nobis,  nil  taie  volentibus,  illam 
Gara  reposcentem  cernemus  pignora  matrem  : 
Lugebuntsocii,  laetaberis,  Aurea  ValHs, 
Tantorum  ingenio  ac  probitale  superba  virorum. 


GANTILENA. 


I. 


Nunc,  socii,  estexultandum, 
Nunc  est  favendum  cantibus, 
Nunc  pectus  est  evacuandum 
Gunctis  omnino  luctibus  ; 
Aulaeis  est  limen  orandum 
Redibit  dum  Bertrandius  ; 
Nam  quis  non  diceret  laetandum 
Festis  in  tam  solemnibus  ?  bis 


—     445     — 

IL 

lo  jam  tibi  geminandum 

0  felix  Vallis  saepius  ! 

FIoc  festum  tibi  celebrandum 

Gum  repetitis  plausibus. 

Explica  frontem,  nostris  blandum 

Ostende  vultum  cantibus  ; 

Nam  quis  non  diceret  laetandum 

Festis  in  tam  solemnibus  ?  Ms 

'  m. 

Obtinuisti,  quod  notandum, 
Laurum  binis  laboribus, 
Ingenium  certis  mirandum 
Id  monstrat  rationibus. 
Te  dabis  alibi  amandum  ; 
Te  hic  amatum  perdimus, 
Quis  dicet  ideo  laetandum 
Festis  licet  solemnibus  ?  bis 

IV. 

Sic  perge  Victor,  sic  cessandum, 
Finire  sic  quantum  decus  ! 
Quantum  mercedis  expectandum, 
Tuis  manet  virtutibus  ! 
Qui  te  sequetur  imitandum 
Non  occidet  inglorius. 
Qui  neget  hodie  laetandum 
Festis  in  tam  solemnibus  ?  Ms 

Ita  graTULans  VoVet  GoLLeglUM  ADrIanI  seXtI. 


LOVANII, 

TypiS  JOANNIS  FRANCISCI  VAN  OVERBEKE, 

Sub  signo  Lampadis  Aureae. 


l<,e  %wom  ûmm  Fé@« 


Le  Tt'oii  des  Fées  de  Croix-Rouge  est  très  connu  dans  la  partie  méridionale 
de  notre  province.  Il  préoccupe  une  grande  partie  de  la  population  par  son  côté 
légendaire  et  mystérieux.  Au  cours  des  siècles,  il  donna  lieu  à  des  superstitions 
et  à  des  frousses  puériles. 

A  un  kilomètre  de  la  halte  de  Croix-Rouge,  à  côté  du  croisement  des  routes 
d'Etalle  à  Virton  et  de  Bellefontaine  à  Ethe,  entre  le  Bois  dArdenne  et  celui 
de  Bon  Lieu,  s'étend  une  clairière  où  pousse  une  bruyère  drue  et,  deci  delà, 
quelques  jeunes  sapins. 

Au  milieu  de  la  clairière  s'élève  une  petite  colline  (cote  345  m.)  couverte  elle 
aussi  d'une  opulente  bruyère.  Ce  monticule  est  formé  d'une  roche  sablonneuse 
très  friable.  C'est  dans  ses  flancs  qu'est  creusée  la  caverne  mystérieuse  appelée 
dans  la  contrée  "  Bord  des  Fées  "  ou  «  Irou  des  Fées  ".  L'endroit  est  pro- 
priété de  la  ville  de  Virton. 

L'entrée  de  la  grotte,  tournée  vers  le  sud,  est  presque  monumentale.  Deux 
ouvertures,  séparées  par  un  pilier  rocheux,  .conduisent  dans  un  vestibule  éclairé 
par  la  lumière  du  jour.  Celui-ci  est  continué  par  un  couloir  qui  mène  immédia- 
tement dans  une  première  chambrette  plus  sombre.  A  gauche,  un  renfoncement 
de  2  mètres  40  centimètres  en  forme  d'alcôve. 

Beaucoup  de  personnes  sans  doute  ont  pénétré  jusqu'ici.  Les  enfants  gardant 
le  bétail  et  les  ouvriers  travaillant  aux  environs  au  cours  des  siècles  s'abritèrent 
à  l'entrée  en  cas  de  mauvais  temps. 

Plus  loin  un  couloir  étroit  mène  à  une  autre  chambrette.  Celle-ci  était  à  peu 
près  obstruée  par  du  sable  fin  amené  par  le  vent  et  l'on  n'y  pouvait  pénétrer. 
Une  lucarne  destinée  à  éclairer  cette  partie  était  entièrement  obstruée  par  le 
sable  amené  par  les  agents  d'érosion.  D'autres  couloirs  circulant  dans  plusieurs 
sens  étaient  ou  sont  encore  entièrement  ensablés.  Autrefois  —  il  y  a  30  ou  40 
ans  —  le  mamelon  était  presque  entièrement  dénudé  et  l'ensablement  se  faisait 
facilement. 


—     447     — 

Le  6  août  dernier,  nous  avons  déblayé  et  l'ouillé  ces  couloirs  en  partie.  Ce  tra- 
vail était  pénible  à  cause  de  l'étroitesse  de  certains  passages.  Heureusement 
nous  étions  nombreux  et  munis  d'un  outillage  spécial.  M.  l'abbé  Gh.  Dubois  et 
quatre  amateurs  nous  ont  apporté  leur  précieux  concours.  Nous  les  en  remer- 
cions vivement. 

Précédemment  la  terrasse  à  l'entrée  a  été  fouillée  par  MM.  le  professeur 
Dubois  et  l'architecte  Haverland.  Ils  n'y  ont  rien  trouvé. 


^^ 


ecHELLB 
xôb  COUPE    HORnONJAU 


///      TRO&I    DES    FEE5^,  j.j? 


Les  galeries  déblayées  actuellement  mises  bout  à  bout  ont  environ  23  mètres. 
La  longueur  de  la  galerie  principale  est  exactement  de  15  mètres. 

Maintenant  que  la  caverne  est  en  partie  déblayée,  il  convient  de  dire  ce  qu'il 
faut  en  penser.  Nous  croyons  que  c'est  une  grotte  artificielle.  Les  hommes  ont 
creusé  ce  monument  curieux,  cela  n'est  pas  douteux.  Mais  quand  ?  Ici  les  opi- 
nions diffèrent.  Faut-il  remonter  à  l'époque  préhistorique  ?  La  plupart  des  con- 


•>9 


—     448     — 

naisseurs  ne  sont  pas  de  cet  avis.  Aussi  n'avons-nons  pas,  jusque  maintenant, 
découvert  de  silex  dans  la  grotte  même.  Poui'  être  sAr  pourtant  qu'il  n'y  en  a 
pas,  il  faudrait  balayer  tout  le  sable  des  cavités  et  le  tamiser.  Le  temps  cette  fois 
nous  a  manqué  pour  terminer  ce  travail. 

Un  ouvrier  de  Virton,  en  creusant  un  fossé  près  d'une  source  au  pied  du  ma- 
melon, a  trouvé  une  hache  polie  néolithique.  Elle  est  déposée  au  Musée  du  Cin- 
quantenaire. D'autres  morceaux  de  silex  ont  été  trouvés  dans  les  environs.  Gela 
prouverait  que  les  abords  tout  au  moins  ont  été  habités  à  l'âge  de  la  pierre. 

Dans  la  grotte  même  nous  avons  découvert  des  débris  de  poterie  noirâtre  du 
haut  moyen  âge. 

Pourquoi  cette  excavation  a-t-elle  été  faite  par  la  main  de  l'homme  ?  Est-ce 
pour  l'habiter  ou  simplement  pour  s'y  réfugier?  Si  la  grotte  n'a  pas  été  habitée 
d'une  façon  continue  et  pendant  une  longue  période  comme  d'autres  cavernes 
plus  spacieuses,  elle  a  certainement  servi  à  diôérentes  repi-ises  de  refuge  et  de 
cachette.  La  tradition  le  dit.  Et  les  creux  en  forme  d'alcôve  auront  pu  servir  de 
couchettes. 

Le  7  août,  MM.  les  membres  de  l'Institut  archéologique  ont  fait  une  excursion 
au  Trou  des  Fées  et  au  «  Château  Renaud  »  où  l'on  ne  remarque  aucune  trace 
de  château,  mais  qui  à  cause  de  son  élévation  et  de  sa  position  naturellement 
forte  aura  pu  servir  de  camp  de  refuge  aux  populations  préhistoriques.  Les 
pentes  qui  l'entourent  sont  fort  raides.  Il  était  très  facile  d'isoler  le  coin  sud  par 
un  retranchement  passant  par  la  mare  d'eau  où  les  sangliers  encore  se  vautrent 
et  qui  se  trouve  à  un  point  où  les  deux  versants  se  rapprochent  grâce  à  une  forte 
entaille  naturelle  dans  le  penchant  est  de  la  colline.  En  haut  du  versant  opposé 
on  remarque  un  trou  l'essemblant  parfaitement  à  un  fond  de  cabane  ou  à  une 
petite  mardelle.  Cette  colline  est  entièrement  boisée.  Certaines  traces  de  nivelle- 
ment pourraient  faire  croire  que  le  plateau  a  été  cultivé,  il  y  a  des  siècles.  Les 
versants  en  tous  cas  n'ont  pas  subi  de  transformation. 

La  visite  était  instructive  (it  intéressante.  M.  le  bourgmestre  de  Virton  est 
venu  saluer  les  visiteurs. 

Le  lendemain  nous  avons  fouillé  une  cavité  de  près,  de  trois  mètres  de  profon- 
deur sur  autant  de  diamètre,  dont  la  destination  nous  échappe,  au  sommet  du 
monticule  du  Trou  des  Fées.  Nous  pensions  y  voir  une  communication  avec  la 
caverne  intérieure  dont  un  couloir  inexploré  encore  semble  prendre  celte  direc- 
tion. Nous  avons  également  fait  une  tranchée  sur  une  plate-forme  à  l'entrée 
d'une  petite  caverne  bouchée  par  un  cône  d'éboulis  au  côté  opposé  du  Trou  des 
Fées.  Sans  résultat. 

Au  flanc  nord-est  du  Château  Renaud  existe  une  cavité  naturelle.   Primiti- 


—     449     — 

vement  la  butte  était  en  forme  de  falaise  de  ce  côté.  L'eau  aux  âges  géologiques 
ayant  miné  la  base,  à  un  moment  donné  un  gros  quartier  de  roc  s'est  détaché 
de  la  crête  et  est  venu,  par  glissement,  s'arcbouter  contre  la  falaise.  C'est  ce  qui 
a  causé  la  caverne.  Certains  pensent  qu'elle  a  pu  servir  de  refuge  à  l'homme. 
Nous  y  avons  pratiqué  des  fouilles.  Elles  ont  donné  un  résultat  négatif. 

Divers  lieux  dits  des  environs,  le  Château  Montauban,  le  Pas  Bayard,  etc. 
rappellent  la  légende  des  Quatre  fils  Ai/mond,  tout  comme  dans  les  environs 
de  Dinant,  de  Monthermé  et  ailleurs  où  ces  souvenirs  sont  également  conservés 
par  des  lieux  dits. 

M.  Jacob,  notre  érudit  collègue,  nous  a  raconté  naguère  à  ce  propos  mainte 
intéressante  chose.  Il  voudra  peut-être  un  jour  les  écrire  pour  les  conserver  aux 
générations  à  venir. 

Jos.  REMISCH. 


VARIA. 


Monnaie  d'argent  du  Pape  S'    Pie  V. 

Trouvée  sur  le  plateau  de  Majerou  (Vieux-Virton).  A  l'avers  :  les  têtes  de 
s.  Pierre  et  des.  Paul,  avec, en  exergue  :  roma  •  gloriosi  •  principes  •  terre. 
Au  revers:  les  armes  du  Pape  :  un  écu  ovale  à  3  bandes,  timbré  de  la  tiare  et 
lies  clefs,  avec  l'inscription  :  pivs  •  v  •  pont  •  m  •  —  Don  de  M""  Nefontaine, 
instituteur  honoraire  de  Torgny,  résidant  à  Vieux-Virton. 

S.  Fie  V  (Michel  Ghislieri),  le  dernier  des  papes  canonisés,  naquit  à  Bosco 
près  Milan, 'd'une  famille  honorable,  mais  pauvre.  Il  gouverna  l'Eglise  de  1566 
à  1572  et  fit  appliquer  dans  l'univers  catholique  les  décisions  du  Concile  de 
Trente,  qui  venait  de  finir  ses  assises. 

Par  la  bulle  :  «  Ex  omnibus  afflictionibus  »,  1367,  il  condamna  la  doctrine 
antischolastique  de  Baïus  (Michel  de  Bay),  docteur  de  l'Université  de  Louvain.— 
Par  une  autre  bulle  célèbre  (1570)  "  Regnans  in  excelsis  »,  il  excommunia 
Elisabeth  d'Angleterre,  la  déclarant  hérétique,  dépourvue  de  tout  droit  au  trône 
et  déliant  ses  sujets  du  serment  de  fidélité.  —  Ce  fut  lui  aussi  qui  organisa  la 
croisade  contre  les  Turcs  qui  venaient  de  s'emparer  de  Chypre,  de  la  Crête  et  des 
îles  Ioniennes.  La  victoire  navale  de  Lépante  (1571),  remportée  par  don  Juan 
d'Autriche,  mit  fin  à  la  prépondérance  ottomane  sur  mer.  En  action  de  grâces 
pour  ce  triomphe,  Pie  V  inséra  aux  litanies  de  la  Vierge  l'invocation  :  Auxi- 
lium  Christionorum,  ora  pro  nobis,  et  son  successeur  institua  la  fête  du 
Rosaire  (i^""  dimanche  d'octobi-e). 

Pendant  tout  son  pontificat.  Pie  V  fut  l'ami  et  le  soutien  de  Philippe  II,  roi 
d'Espagne  et  des  Pays-Bas. 

Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  monnaies  frappées  à  son  nom  aient  circulé 


—      451     — 

dans  nos  pays,  d'autant  plus  que  le  vainqueur  de  Lépante  devint  gouverneur  des 
Pays-Bas  et  mourut  au  camp  de  Bouge,  près  Namur. 

G.  Dubois. 
Vase  romain  piriforme  à  anse. 

Don  de  M.  l'abbé  Weyrich,  curé  de  Thiaumont.  Ces  vases  font  leur  apparition 
pour  la  première  fois  à  l'époque  de  Trajan.  On  les  trouve  encore,  sous  cet 
empereur,  associés  à  des  vases  de  forme  similaire,  mais  beaucoup  plus  pansus 
et  que,  dans  la  suite,  ils  ont  complètement  supplantés.  Leur  usage  a  duré  jus- 
qu'à la  chute  de  l'emidre  romain  et  on  les  trouve  même  dans  les  nécropoles 
franques  de  la  1'^  époque.  Le  spécimen  donné  au  Musée  par  M.  l'abbé  Weyrich, 
a  été  découvert  en  1911  lors  des  travaux  de  la  wateringue  du  Heidebour,  à 
Thiaumont.  Il  existait  là  une  somptueuse  villa,  en  partie  retrouvée  et  détruite 
il  y  a  quelque  40  ans.  G.  D. 

Le  Pilori  de  Virton. 

Le  pilori  ou  plus  communément  «  le  carcan  «  se  trouvait  à  l'angle  de  la  mai- 
son du  père  Goëtz,  tout  proche  des  halles  ou  marché  couvert.  Il  consistait  en  un 
socle  de  pierre  rectangulaire  sur  lequel  on  plaçait  le  condamné  ;  un  long  fer  à 
entaille  carrée  et  encastré  dans  le  mur  servait  à  attacher  la  chaîne  qui  mainte- 
nait le  patient  pendant  tout  le  temps  que  durait  son  exposition  publique.  Le 


fe) 


socle  fut  supprimé,  il  y  a  quelque  vingt  ans  par  le  propriétaire  d'alors.  M''  Bau- 
ler.  L'année  dernière,  le  fer  a  disparu,  par  suite  de  la  reconstruction  de  l'im- 
meuble. 

Une  pièce  seule  en  fait  mention. 

En  1780,  les  mayeurs  et  échevins  de  la  ville  de  Virton  soumirent  à  l'approba- 
tion du  conseil  provincial  du  Luxembourg  un  projet  de  règlement  on  ne  peut 
mieux  conçu  dans  ses  45  longs  articles.  Il  ne  fut  pas  approuvé  par  lettres  de  8a 
Majesté  en  date  du  17  mai  1781,  attendu  que  les  ordonnances  de  Police  générale 
étaient  suffisantes  pour  réprimer  les  abus. 


—      452     — 

r/arlicle  35  était  ainsi  conçu  : 

«  Tous  ceux  qui  seront  trouvés  dans  des  jardins  appartenant  à  autrui  et  y 
"  pillant,  convaincus  par  témoins,  ou  par  le  rapport  d'un  garde  qui  sera  établi 
«  à  cette  fin,  auquel  sera  ajouté  foi,  d'y  avoir  pillé  et  fait  du  dégât  seront,  pour 
"  la  première  fois  amendés  suivant  les  circonstances,  outre  les  dommages  à  ré- 
«  parer,  pour  la  seconde  fois,  au  cas  que  le  garde  rapporteur  soit  secondé  d'un 
«  témoin,  mis  en  prison  au  pain  et  à  l'eau  pendant  quinze  jours,  et  pour  la  troi- 
"  sième  exi)osés  au  ••  carcan  "  un  jour  de  marché  entier  ;  et,  en  cas  de  réci- 
"  dive  à  peine  plus  griève  ".  (Archives  de  l'Etat-Arlon.) 

E.  MOUTARDE. 

Antiquités  ro)naines  des  comniuves  de  Flamierge  et  de  Bertogne 
signalées  par  M.  Cabbé  Braffort,  curé. 

\)  Chaussée  romaine 

Le  territoire  de  la  commune  de  Flamierge  renferme  de  nombreux  vestiges  de 
l'occupation  romaine  La  chaussée  romaine  venant  d'Isle-la-Hesse  et  se  diri- 
geant vers  le  Nord-Ouest,  est  restée  bien  visible  sur  un  très  long  parcours  ;  elle 
descend  dans  la' campagne  de  Flamisoul,  marquée  par  un  ruban  de  bruyères  et 
de  genêts  au  milieu  des  champs  labourés  ;  elle  longe  les  bois  de  "  Gaimont  et 
Al'  Caure  ",  descend  vers  le  village  de  Givroulle,  puis  remonte  vers  le  bois  de 
"  Viersin  "  passant  au  "  Grestai  des  pires  "  (Crête  des  pierres).  Là  se  trouve  un 
magnifique  emplacement  pour  un  observatoire  romain  :  à  520  inètres  d'altitude, 
d'où  l'on  découvre  un  magnifique  panorama  qui  s'étend  à  15  et  20  kilomètres  à 
la  ronde.  M.  Hauzeui',  de  Giney,  y  a  fait  des  fouilles  vers  1903  et  a  découvert 
des  pièces  de  monnaie. 

Le  chemin  de  Givroulle  à  Berhin,  construit  du  moins  en  partie  sur  l'ancienne 
chaussée  romaine,  s'appelle  encore  aujourd'hui  ■•  la  Chaussée  ".  A  travers  les 
«  Haies  de  la  Béguine  "  et  le  Bois  d'Herbaimont,  il  existe  encore  une  ancienne 
voie  romaine,  appelée  "  la  Vieille  pavée  »  se  dirigeant  vers  Roumont  et  Baconfoy. 

2)  Le  Cimetière  romain  Al'  Caure  (ait.  480). 

Dans  la  campagne  de  Flamierge  il  est  un  lieu  dit.»  la  Tombe  ».  Non  loin  de 
là,  dans  le  bois  «  Al'  Caure  ",  se  trouvent  une  douzaine  de  tumuli,  qui  ont  été 
fouillés  par  M""  Hauzeui',  et  dans  lesquels  il  a  trouvé  diverses  antiquités  ro- 
maines. Peut-être  en  restent-ils  qui  sont  intactes  et  qu'il  serait  intéressant  de 
visiter.  Au  village  de  Flamierge,  W  Hauzeur  a  aussi  trouvé  des  pièces  de  mon- 
naie au  »  champ  des  morts  »,  derrière  l'église. 

3)  Villas  romaines  à  Frenet. 

Le  village  de  Frenet,  situé  à  1  kilomètre  des  tumuli  d'  "  Al'  Caure  »,  est  par- 


—     453     — 

ticulièrement  intéressant.  Sur  le  versant  exposé  au  midi,  se  trouve  l'emplace- 
ment d'une  ou  peut-être  de  plusif»urs  villas  romaines.  Une  grande  quantité  de 
débris  de  briques  et  de  tuiles  sont  répandues  sur  le  sol.  En  creusant  à  peu  de 
profondeur,  on  retrouve  des  amas  de  pierres,  des  restes  de  murailles  qui  s'entre- 
croisent, de  grandes  et  fortes  dalles,  etc. 

4)  Un  aqueduc  souterrain, 

qui  existe  encore  et  qui  sert  à  la  distribution  d'eau,  amenait  l'eau  à  quelque  dis- 
tance de  la  villa  A  l'extrémité,  prés  de  la  route,  il  mesure  environ  i^SO  de  haut 
et  40  centim.  de  large.  Un  homme  peut  y  passer  sans  trop  de  difficulté,  et  de 
fait  lorsqu'on  a  aménagé  la  distribution  d'eau,  un  ouvrier  est  entré  muni  d'une 
lumière  :  mais  celle-ci  s'est  éteinte  à  une  certaine  distance  (40  mètres  ?)  et  l'ex- 
plorateur a  dû  abandonner  son  excursion  souterraine  Une  surélévation  de  ter- 
rain dans  les  champs  et  à  l'entrée  du  bois  indique  la  direction  de  l'aqueduc.  La 
source  doit  se  trouver  dans  un  petit  fond,  à  400  mètres  dans  le  bois,  vers  le 
midi,  au  lieu  dit  «  Gaimont  v,  mais  on  ne  connaît  pas  la  place  exacte. 

5)  Sépultures  belgo=romaines  à  Frenet. 

A  l'est  de  la  villa,  à  200  mètres,  au  point  le  plus  élevé  de  la  campagne,  se 
trouvaient  les  sépultures.  La  place  en  est  marquée  par  un  petit  enfoncement  du 
sol.  Les  loculi  ont  été  ouverts  et  dépouillés  de  tout  ce  qu'ils  renfermaient  par 
M.  Hauzeur,  qui  en  a  retiré  bon  nombre  d'urnes  et  autres  objets.  A  la  surface 
du  sol,  on  trouve  encore  de  nombreux  débris  de  poterie  ;  entre  autres  des  mor- 
ceaux de  poterie  Samienne. 

Plus  bas,  en  allant  vers  (xivry,  on  a  trouvé,  m'a-t-on  dit,  une  urne  :  mais  les 
renseignements  me  font  défaut  sur  ce  point  II  est  donc  probable  que  la  villa  de 
Frenet  n'était  pas  isolée.  Il  n'est  pas  étonnant  du  reste  que  les  Romains  se  soient 
plu  à  habiter  ce  coin  d'Ardennes,  d'où  l'on  jouit  d'un  des  plus  beaux  et  des  plus 
vastes  sites  du  pays.  De  Frenet,  en  effet,  on  aperçoit  toute  la  campagne  de 
Givry,  Gives,  Bertogne,  Longchamps  et  au-delà  ;  veisle  Nord  la  vue  s'étend 
jusque  la  forêt  qui  couronne  les  hauteurs  de  "  Bois  St-Jean  »,  par  delà  les  col- 
lines pittoresques  de  l'Ourthe. 

6)  Tombes  romaines  à  Gives.  (Voir  tome  46,  p    387.) 

7)  Tumuit  à  Bettomont. 

Au  lieu  dit  »  les  Tombelaines  ",  il  existe  plusieurs  tumili,  qui  ont  été  visités  : 
par  qui  ?  avec  quel  résultat  ?  je  n'ai  pu  le  savoir.  Tout  près  se  trouve  le  lieu 
dit  "  Champ  de  bataille  ». 

8)  Sépultures  à  incinération  à  Bertogne. 

Entre  Bertogne  et  Gompogne,  route   de  Houffalize,  on   a   fait  autrefois  des 


—      454      — 

fouilles,  et  on  a  trouvé  des  urnes  funéraires  :  les  détails  manquent.  J'ai  vu  une 
de  ces  urnes  chez  M.  Kaizer,  ancien  curé  de  Gompogne. 

'.»)  Substructions  romaines  à  Salles. 

A  égale  distance  des  deux  voies  romaines  dont  j'ai  parlé,  se  trouve  le  très  an- 
cien village  de  Salles,  bien  exposé  au  midi,  protégé  contre  les  vents  du  Nord  par 
les  montagnes  de  l'Ourthe,  et  sous  l'œil  du  «  Grestai  des  pires  ".  En  face  de  la 
maison  Galay,  presque  à  fleur  de  sol,  en  donnant  quelques  coups  de  pioche 
on  trouve  des  débris  de  maçonneries  en  briques.  Lorsqu'on  a  construit  cette 
maison  on  a  découvert  des  restes  de  murailles,  et  un  lieu  de  sépulture  composé 
d'une  dalle  de  fond,  de  quatre  grosses  pierres  aux  angles  et  d'une  dalle  supportée 
par  ces  pierres.  Ce  loculus  est  détruit,  mais  la  dalle  existe  encore.  A  l'intérieur 
se  trouvait  un  trousseau  de  clefs  en  fer  qui  sont  tombées  en  menus  morceaux, 
dès  qu'on  les  a  touchées.  On  a  trouvé  aussi  une  longue  tige  de  fer,  l"i50  de 
long  environ.  Il  en  reste  un  morceau,  c'est  une  poignée  doublement  coudée  à 

angle  droit  de  cette  forme  |        .  La   pointe   qui   est  égarée  était   un   peu 

courbée.  Etait-ce  une  épée?? 

10)  Villa  romaine  à  Givroulle. 

Il  y  avait  aussi  une  villa  romaine  à  Givroulle.  Des  restes  de  scories  de  forge, 
légères,  semblent  indiquer  la  présence  d'une  usine.  Il  y  a  encore  des  substruc- 
tions. Le  tout  se  trouve  sur  le  promontoire  à  la  rencontre  du  ruisseau  deTrois- 
mont  avec  celui  de  Gros-bouchi  venant  du  N.-O. 

li)  Grande  villa  près  de  la  ferme  Berhin. 

Au  dessus  de  la  ferme  de  Berhin,. à  gauche  de  la  route  de  Salle- Wigny,  il  y  a 
une  grande  villa  qui  mériterait  d'être  fouillée. 

B.  Braffort,  curé. 


La  Société  d'Archéologie  de  Bruxelles  a  fait  fouiller  dans  notre  province  : 
A  Tontelange,  au  bois  de  Gunkoll,  deux  mardelles  voisines.  A  Jamoigne, 
dans  le  bois  communal  des  Aisances,  au  lieu  dit   «*  Ghamp  du  Loup  »  un  cime- 
tière belgo-romain.  Annales  de  1911  pp.  263-373. 
Un  four  à  chaux  romain  entre  la  Semois  et  le  Hohgericht. 

Au  courant  de  l'hiver  passé,  je  fus  appelé  par  M.  le  directeur  des  travaux 
de  la  ville  d'Arlon  pour  examiner  une  trouvaille  faite  dans  une  carrière  située  à 
environ  200  m.  du  chemin  de  Sesselich  à  droite,  à  100  de  la  Semois  et  à  50  du 
cimetière  du  Hohgericht.  On  croyait  y  avoir  découvert  un  ustrinum.  La  proxi- 
mité du  cimetière  rendait  cette  hypothèse  plausible.  Mais  ce  qu'on  prenait  pour 
une  grosse  pierre  calcaire,  n'était  que  de  la  chaux  coagulée  restée  au  fond  du 
four  et  y  abandonnée  depuis  des  siècles.  Les  briques  et  différents  débris  qui  se 
trouvaient  à  l'entour,  dataient  de  la  période  romaine.  Il  mesurait  environ  l'"40 


—     455     — 

en  diamètre  et  avait  encore  l^SO  en  élévation.  Les  parois  se  composaient  de 
pierres  entassées.  L'ouverture  ainsi  que  le  chemin  d'accès  se  trouvaient  à  l'ouest, 
le  côté  le  plus  favorable  pour  activer  le  foyer. 

On  rencontre  souvent  de  ces  fours  à  chaux  abandonnés  de  la  période  romaine 
dans  nos  contrées,  lis  doivent  se  rapporter  à  l'époque  des  trésors  abandonnés  où 
la  population  dut  s'enfuir  en  cachant  les  épargnes  et  ce  qu'elle  avait  de  plus 
précieux  sans  pouvoir  venir  les  reprendre.  Or  aucune  des  nombreuses  pièces  de 
ces  trésors  n'est  postérieure  à  271.  F.  L. 

Un  foyer  romain  près  de  la  voie  militaire  d'Arlon-Trèves,  à  Birel. 

En  déblayant  le  terrain  pour  élargir  la  voie  ferrée  au-delà  de  la  route  d'Arlon- 
Longwy,  on  trouva  à  droite,  juste  en  face  du  point  où  le  chemin  des  Espagnols 
débouche  sur  la  route  actuelle  de  Luxembourg,  des  restes  d'un  ancien  foyer  assez 
grand,  à  70  ctm.  sous  le  sol.  Il  était  marqué  par  une  couche  de  débris  de  briques 
de  terre  calcinée,  de  charbons,  de  tessons  comme  on  en  trouva  près  du  four  à 
chaux  au  Hohgericht.  Des  pierres  en  rangées  semblaient  indiquer  un  chemin 
d'accès.  La  route  militaire  passait  à  côté.  En  continuant  d'enlever  les  terres,  on 
remarqua  bientôt  qu'on  n'était  en  présence  que  d'un  simple  foyer,  recouvert 
probablement  d'un  toit;  car  il  y  avait  de  nombreuses  tuiles  (tegulae).  On  y 
trouva  aussi  des  tessons  d'une  poterie  noire  de  la  même  époque,  ainsi  qu'un  de 
ces  petits  fers  à  cheval,  si  nombreux  sur  les  routes  romaines.  F.  L 

Encore  le  cimetière  romain  du  Hohgericht. 

Les  officiers  du  lO**  régiment  de  ligne  à  Arlon  qui  ont  fait  de  si  belles  décou- 
vertes les  années  précédentes  au  cimetière  à  incinération  du  Hohgericht,  au- 
delà  de  la  Semois,  ont  encore  cette  année  enrichi  leurs  collections  de  nouvelles 
trouvailles  fort  intéressantes.  La  richesse  et  la  variété  du  mobilier  de  ces  sépul- 
tures est  parfaitement  en  rapport  avec  la  grandeur  et  la  beauté  des  monuments 
découverts  dans  les  fondations  des  remparts  de  la  ville  romaine.  Elles  sont  une 
preuve  manifeste  de  la  richesse  et  de  l'importance  du  vicus  romain  avant  son 
embastillement.  Puisse  au  moins  un  exemplaire  de  chacun  de  ces  monuments 
sacrés  de  nos  ancêtres  rester  à  la  ville  et  au  coin  du  pays  auxquels  ils  appar- 
tiennent et  dont  ils  sont  un  témoignage  éclatant  de  la  piété  envers  leurs  défunts 
et  de  l'aisance  de  la  population  au  H^  et  au  HP  s.  F.  L. 

Découverte  d'un  trésor  du  XIV«  s.  à  iVlessancy. 

Ce  trésor  fut  découvert,  il  y  a  une  cinquantaine  d'années,  par  M.  Hurt- 
Wagner  de  Messancy,  en  face  de  sa  maison  paternelle,  qui  fait  coin  à  droite 
entre  la  roule  de  Longwy  et  le  chemin  qui  monte  directement  de  la  station  du 
chemin  de  fer  vers  l'église.  En  déblayant  le  terrain  de  l'autre  côté  de  la  route, 
au  pied  du  versant  qui  monte  vers  l'éghse,  pour  y  élever  une  construction,  sa 


—     456     — 

pioche  toucha  un  grand  pot  de  terre  rempli  de  pièces  d'argent  toutes  à  peu  près 
identiques.  Il  en  conserva  une  des  plus  belles  qu'il  me  lit  montrer.  C'était  un 
Josse  de  Moravie,  engagiste  du  Luxembourg,  1'''  émission  (1388-1397).  Les 
autres  furent  partagées  avec  son  frère  (jui  l'aidait  dans  sa  besogne,  disti-ibuées 
au  hasard  aux  curieux  et  vendues  en  grande  partie  au  poids  à  un  orfèvre 
d'Arlon.  F.  L. 

Fouilles  d'une  mardelle  à  Ruiles. 

La  question  des  mardelles  fut  traitée  une  première  fois  à  Arlon  au  Congrès 
archéologique  en  1899  et  ensuite  aux  conférences  du  Deutsche  Verein  où  l'on 
tint  compte  des  nouvelles  découvertes  (V,  Jahrbuch,  1907  p.  65).  Les  nombreuses 
fouilles  faites  méthodiquement  et  à  grands  frais  par  la  Société  d'histoire  et  d'ar- 
chéologie loi-raine  ne  permettent  plus  d'élever  des  doutes  sur  leur  destination. 
Les  traces  du  séjour  de  l'homme  y  sont  trop  manifestes.  La  surface  assez  éten- 
due de  ces  mares  mesurant  de  20  à  30  m.  de  diamètre  et  les  troncs  d'arbres 
dressés  au  centre,  ainsi  qu'on  le  remarque  dans  un  certain  nombre  au  Luxem- 
bourg belge  et  grand-ducal,  firent  croire  d'abord  à  des  habitations  sur  pilotis. 
Mais  les  foyers  découverts  au  fond  même  et  une  observation  plus  attentive  de 
la  disposition  et  de  la  longueur  des  arbres  firent  reconnaître  que  ces  excavations 
rondes  ou  ovales  étaient  recouvertes  d'un  immense  toit  sous  forme  de  cône. 
Il  en  est  d'autres  certes  ti'op  grnndes  pour  être  recouvertes  d'une  toiture  sem- 
blable. Mais  l'occasion  s'était  offerte  à  Ruiles  de  fouiller  une  de  ces  mardelles 
avec  toit  renfermant  encore  un  grand  nombre  de  gros  arbres,  l'In- 
stitut la  saisit  avec  empressement  et  chargea  MM.  les  abbés  Dubois  et  Loes  d'en 
diriger  et  surveiller  les  fouilles.  Des  fossés  furent  ouverts  jusqu'au  fond  en  lon- 
gueur et  en  largeur  en  dififér-enls  sens  pour  explorer  tout  l'intérieur.  On  les 
laissera  ouverts  encore  quelque  temps  pour  permettre  à  ceux  que  la  question 
intéresse  de  l'étudier  à  fond  sur  les  faits.  Pour  les  creuser,  il  fallait  bien  couper 
et  enlever  les  arbres  qui  se  trouvaient  sur  leur  passage,  mais  il  en  i-este  assez 
pour  reconnaîtra  leur  nombi'e  et  leur  disposition.  Un  coup  de  bêche  suffira  aussi 
pour  mettre  à  nu  de  nouveau  les  différentes  assises  et  en  faire  l'étude.  Un  ter- 
reau noir  couvre  le  fond.  Viennent  ensuite  les  couches  de  terre  glaise,  de 
mousses  et  de  feuilles  avec  les  arbi-es  provenant  de  la  toiture.  Au-dessus  se  forma 
dans  la  suite  des  siècles  une  couche  de  tourbe  recouverte  de  gazon.  Mais 
n'anticipons  pas  ;  un  rapport  détaillé  paraîtra  au  prochain  volume. 

F.    LOES. 


ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE 


DV     1     AOUT     1912. 


Le  mercredi,  7  août  1912,  l'Institut  archéologique  du  Luxembourg  s'est  réuni 
en  assemblée  générale  dans  la  grande  salle  du  Musée  archéologique. 

La  séance  est  ouverte  à  10  1/4  heures,  sous  la  présidence  de  M.  Sibenaler, 
consei'vateur  du  Musée,  assisté  de  M.  Loes,  secrétaire-trésorier. 

Etaient  présents  : 

MM.  Wilmart,  J.-B.  Sibenaler,  Knepper,  Rommès,  F.  Macédone,  Habran, 
L.  Lelain,  P.  Gengler,  Jeanty,  Tillière,  Gofflot,  L.  Sibenaler,  Vath,  J.  Alexan- 
dre, Dubois,  Famenne,  Remisch,  Jacob-Duchesne,  E.  Goliez,  J.  Hubert,  Godin, 
E.  Malget,  Balter,  Grob,  Laurent,  Lambinet,  Loes. 

Excusés  : 

MM.  le  Gouverneur,  baron  A.   Orban  de  Xivry,  ch"«  de   Leuze,  Vannérus, 
Gh.  Déome,  J.  Deome,  F.  Jacques,  Gupper,   Blum,   Roger,  Cornu,  Haverland, 
Beco,  Claude. 
Le  compte-rendu  de  la  dernière  séance  fut  admis  sans  observation. 
Le  secrétaire  donne  ensuite  lecture  du  compte  suivant  : 
Compte  de  l'année   1911. 
RECETTES. 

Excédent  de  l'exercice  précédent 

Subside  de  l'Etat  pour  le  retable  de  Fisenne 

Subside  ordinaire  de  l'Etat  à  l'Institut 

Subside  de  la  province      .... 

Cotisations  et  vente  de  volumes 

Intérêt  de  banque     .         .         .         .         • 

Total-  -  .         .  3820.58 


•289.61 

1100     » 

500     » 

500     » 

1415.27 

15.70 


1450 

5> 

203, 

,27 

588, 

,60 

1114, 

,80 

—     458     — 

I)ÈPP]NSES. 

Payé  à  M.  Brùck  pour  les  Annales  et  autres  imprimés 
Salaire  des  employés,  ports  et  correspondance 

Service  de  la  bibliothèque  

Service  du  musée,  y  compris  1000  frs  pour  le  retable  de  Fisenne 

Total     .  3356.67 

Il  y  a  un  excédant  en  recettes  de  463,91  provenant  de  crédits  non  employés 
pour  la  reliure  et  les  fouilles  à  faire  au  vieux  cimetière  d'Arlon. 

Ce  compte  est  admis  ?ans  observation. 

Après  les  explications  fournies  sur  le  volume  en  cours  de  publication,  on  pro- 
cède à  l'élection  de  nouveaux  membres. 

Effectifs  : 

MM.  de  Warion,  commissaire-voyer  à  Vielsalm. 
Hubert,  Joseph,  curé  à  Thibessart. 
Jacques,  Frédéric,  industriel  à  Salmchàteau. 
Braflfort,  curé  à  Baillonville. 
Van  der  Beke,  armateur  à  Anvers,  rue  Pépinière  24  (château  de 

Mirwart). 
Theisén,  curé  à  Wisembach  (Martelange). 
Flamion,  inspecteur  diocésain  à  Arlon. 
Colette,  notaire  à  Erezée. 
Moureaux,  instituteur  à  Hotton. 
(jénin  J.-C,  curé  à  Mirwart  (Grupont). 
Huart,  curé  à  Vaux-Ghavanne  (Manliay). 
Dufort  G.,  médecin,  288,  boulevard  Bockstael,  Bruxelles. 
Dufort  J  ,  intendant,  14,  rue  Herreyns,  Malines. 
Famenne  G.,  juge  de  paix  à  HoufTalize. 
Valh,  cure  à  Nobressart. 
Alexandre,  J.,  curé  à  Musson. 
de  Pitteurs,  baron  Herman,  Liège,  avenue  Rogier,  17. 

Correspondants  : 

Moreau,  Léon,  professeur  à  l'Athénée  royal  d'Arlon. 
Duleau,  libraire,  37,  Soho  Square,  London,  W. 
Admis  à  l'unanimité. 


—     459     — 

On  aborda  ensuite  la  question  <lu  recueil  des  inscriptions  pour  le  Corpus 
inscriptionum  belgicaruin. 

Au  courant  de  la  discussion,  Monsieur  Wilmart  entra  en  séance,  s'excusa  de 
venir  trop  tard  pour  avoir  manqué  la  correspondance  à  Marloie  et  prit  posses- 
sion du  fauteuil  de  la  présidence. 

Après  un  échange  de  vues  au  sujet  des  inscriptions  auquel  prirent  part  princi- 
palement le  conservateur,  le  secrétaire  l'abbé  Dubois,  l'abbé  Grob  et  M.  Wilmart, 
il  Alt  décidé,  1"  de  partager  la  besogne  en  chargeant  dans  chaque  canton  un  ou 
plusieurs  membres  de  recueillir  les  inscriptions  d'après  le  programme  adopté 
par  la  commission  nommée  par  la  fédération  archéologique  de  Belgique;  2"  de 
faire  remettre  les  inscriptions  recueillies  au  secrétaire  de  l'Institut  qui  les  trans- 
mettra à  la  prédite  commission  et  3°  de  demander  un  subside  pour  couvrir  les 
frais  et  dépenses  nécessités  par  le  déplacement  des  membres  et  par  la  copie,  pho- 
tographie et  autre  reproduction  des  inscriptions  et  monuments. 

Monsieur  le  Président  remercia  l'assemblée  et  leva  la  séance  à  1 1  heures  30. 

Dans  l'après-midi  une  vingtaine  de  membres  firent  une  excursion  à  la  Croix 
Rouge  pour  visiter  le  Trou  des  Fées  et  le  Château-Renaud,  dont  la  description 
se  trouve  page  446. 

F.  L. 


DONS  DE  1911-1912. 


Ministère  des  Sciences  et  des  Arts. 

—  Les  Arts  anciens  du  Hainaut.  Recueil  de  quinze  conférences  faites  à 

l'exposition  de  Gharleroi  19H,  publié  sous  la  direction  de  M.Jules 
Destrée.  Bruxelles,  Van  Oest,  i911,  in-18. 
Laurent  Marcel.  —  L'art  chrétien  primitif.  Bruxelles,  Vromant, 
2  vol.  cart.,  in-18. 

—  Godefroid  Kurth.  —  L'église  aux  tournants  de  l'histoire.  Bruxelles, 

1910,  Albert  Dewit,  4«  éd.,  in-12. 

—  Henri  Jos.,  Maurice Duvivier,  Thomas  Braun,  F'rédéric  Ninauve, 

LÉON  Hennebicq,  Charles  Claude.  —  De  vitibus  illustribus  nos- 
tris.  Bruxelles,  Ferdinand  Larcier,  1911,  in-8°. 

—  Lemaire  R.,  professeur  à  l'université  de  Louvain.  —  L'origine  delà 

Basilique  latine.  Bruxelles,  Vromant,  1911,  in-8°,  cart.  (Ext.  des 
An.  de  la  société  d'archéologie  de  Bruxelles). 
Bibrmé,  Maria.  —  Les  artistes  de  la  pensée  et  du  sentiment.  Editions 
de  la  Belgique  artistique  et  littéraire.  Bruxelles,  rue  des  Minimes, 

1911,  in-8°. 

—  Paul  Lafond.  —  Roger  van  der  Weyden.  Bruxelles,  Van  Oest,  1912, 

in-12. 

—  Fierens-Gevaert,    -    La  peinture  en  Belgique,  Musées,  Eglises, 

Collections,  etc.  —  Les  primitifs  flamands,  fasc.  XIL   Bruxelles 
Van  Oest,  1912. 

—  Comtesse  M.  de  Villermont,  gouvernante  des  Pays-Bas.  —  Préface 

par  Godefroid  Kurth.  Tamines,  Duculot-Reulin,  1912,  2  vol.  in-8°. 

—  LÉON  Leclère.  —  Les  églises  romanes  du  centre  et  du  sud  de  la 

France.  Bruxelles,  Weissenbruch ,  1911,  in-8°. 

—  Chibert  p.  et  Colin  E.  —  L'Indicateur  Généalogique,  Héraldique  et 

Biographique.  Revue  mensuelle,  F^  année  et  n»^  1  et  2  de  la  2^ 
année. 


—     461      — 

Ministère  de  la  Justice. 

—  Une  médaille  commémorative  frappée  à   l'occasion  de  l'inauguration 

delà  nouvelle  prison  cellulaire  de  Forest. 

—  Coutumes  du  Pays  et  Comté  de  Flandre,  quartier  d'Ypres.  Coutume 

de  la  Salle  de  Ghatellenie  d'Ypres  par  L.  Gilliodts-Van  Severen, 
T.  II. 

—  Bulletin  de  la  Commission  royale  pour  la  publication  des  anciennes 

Lois  et  Ordonnances  de  Belgique,  vol.  II,  fasc.  6  et  7. 
Académie  royale  de  Belgique.  Commission  royale  d'Histoire. 

—  Edouard  Poncelet.   Inventaire  archéologique  des   chartes    de  la 

collégiale  de  S'e  Croix  à  Liège.    Bruxelles,  Kiessling  T.  1*^,  in-l2. 
Conseil  provincial  de  Namur. 

—  Brouwer,  D.-D  ,  censés  et  rentes  du  comté  de  Namur  au  XIIP  s., 

2  vol.  Namur,  Wesmael-Charlier  1911  in-12. 

Le  comte  Michel  de  Pierredon 

—  Généalogie  de  la  maison  de  Briey  par  P.-L.  Laine.  Nouvelle  édition, 

revue  et  continuée  jusqu'à  nos  jours  par  le  comte  Michel  de  Pier- 
redon. Paris,  Firmin-Didot,  1911,  in-8°. 

M.  l'abbé  Ch.  Dubois,  professeur  au  collège  St-Joseph  à  Virton. 

—  Photographie  du  retable  de  l'église  de  Chairière-sur-Semois  (XVP  s.), 

—  Philologie  wallonne.  Monographie  des  patois  du  Luxembourg  méri- 

dional par  P.-L.-V.  Dubois,  avec  une  préface  de  Tito  Zanardelli. 
Bruxelles,  Lefèvre,  1888,  in-8°,  br. 

—  Auguste  Hock.  Liège  au  XIX*'  siècle.   Les  transformations.  Liège, 

Vaillant  Carmann  18«5  1  v.  in-8.  Id.  La  vie  1886,  l  vol.  in-8". 

—  Deux  photographies  in-4".  Les  amphithéâtres  de  Capoue  et  de  Poz- 

zuoli. 

—  Quatre  photographies  in-4"  de  sujets  de  la  colonne  Trajane  à  Rome. 

—  Une  monnaie  d'argent  du  Pape  St  Pie  V  trouvée  à  Majerou  (Virton). 

—  Une  photographie  de  la  pierre  tombale  de  Jehane  femme  de  feu  Jehan 

Guillaume  de  Mais,  t  1727,  au  cimetière  de  Virton  et  provenant  de 
l'église  de  l'Hôtel-Dieu  des  Croisiers. 

—  La  photographie  in-32  de  la  Croix  des  Récollets  au  cimetière  de 

Virton. 
Weyrich,  curé  a  Thiaumont  :  un  vase  trouvé  au  Heidenbour,   r-eslauré  par 

M.  l'abbé  Dubois. 
Conseil  provincial  de  Namur. 

—  Brouwër,  D.-D.  —  Censés  et  rentes  du  comté  de  Namur  au  XIII  s., 

2  vol.  Namur,  Wesmael-Charlier,  1911,  in-12. 


—     462     — 

M.  i/arbÉ  Nickers,  curé-doyen  à  Saint-Hubert. 

—  Deux  vases  antiques  trouvés  en  (îrèce  (7oo  av.  J.-Gh  ). 

—  Une  hache  polie  trouvée  à  Izel. 

—  Une  petite  urne  trouvée  à  la  Croix  Monct,  entre  Fontenoille  et 

Ste-Cécile. 
Louis  Bossu,  procureur  de  la  République  à  Reims. 

—  Une  taque  de  foyer  ardennaise  en  Morson,  br. 

Hubert,  Lucien.  —  La  harouille  au  prieuré  de  Gons.  Paris,  Ghapelot,  1912. 

—  Baillage  de  Longwy.  —  Procédure  criminelle,  Longwy,  Lanternier, 

1911. 

—  Les  sépultures  de  l'église  de  Saiut-Dagobert.  Longwy,  Marin,  1910. 
Jacob  Duchesne.  —  Un  grand  sceau  en  cire  verte  de  Louis  XVHL 


NÉCROLOGIE. 


Depuis  l'impression  du  volume  précédent  de  l'Institut,  la  mort  ne  nous  a 
enlevé,  à  nôtre  connaissance,  qu'un  seul  membre  :  M.  Jacques  Qustave,  vice-prési- 
dent de  la  Société  agricole,  décédé  fin  octobre  à  Goronne. 


—     463     — 

Les  Eneilles  à  travers  les  âges. 

—  Errata  et  Addenda.  — 

D'après  le  manuscrit  que  me  communique  M.  Bodart,  docteur  en  droit  à 
Bruxelles,  il  y  a  lieu  de  modifier  comme  suit  la  généalogie  des  Brialmont, 
page  25  : 

De  Jean  de  Brialmont  et  Marie  de  Blier  sont  nés  : 

1 .  Anne-Josèphe  de  Brialmont  1632-1636. 

2.  Andrianne-Charlotte,  baptisée  le  22  décembre  1633. 

3.  Nicolas  de  Brialmont,  baptisé  à  Eneille  le  28  mars  1635,  ayant  pour  parrain 
Nicolas  de  Prez  de  Barchon,  et  pour  marraine  Marie  de  Brialmont  de  Mor- 
ville.  Il  mourut  sans  enfants  le  16  octobre  1675  et  fut  inhumé  dans  le  chœur 
de  l'église  d'Eneille,  à  côté  de  ses  parents.  Il  avait  épousé  sa  cousine  Margue- 
rite de  Prez  de  Barchon,  fille  de  Nicolas  et  de  Marguerite  de  Brialmont. 
Etant  veuve,  elle  se  remaria  à  Jean  de  Serai ng  de  Fraipont,  seigneur  à 
Tilflf,  fils  d'Everard  de  Seraing  de  Fraipont,  écuyer,  seigneur  de  Deignée  et 
de  Catherine  de  Velroux,  dame  à  Tilff.  Elle  mourut  le  8  avril  1707,  et  fut 
inhumée  dans  le  chœur  de  l'église  d'Eneille. 

4.  Everard  de  Brialmont,  1637-1715. 

5.  Henri  de  Brialmont,  baptisé  à  Eneille  en  1639 

6.  Jean-Philippe  de  Brialmont,  baptisé  à  Eneille  le  24  février  1639,  ayant  pour 
parrain  le  baron  de  Waha  de  Fronville  et  pour  marraine  Anne  de  Brialmont 

7.  Ignace  de  Brialmont,  seigneur  des  Eneilles  après  Nicolas  et  Everard  de 
Brialmont,  naquit  à  Eneille  le  23  septembre  1645  et  il  mourut  d'apoplexie  le 
20  mars  1727.  

D'après  le  Livre  des  Fiefs  de  la  Prévôté  de  Poilvache  (Lahaye)  : 
1671.  9  mars.  Partage  des  biens  de  Jean  de  Brialmont  entre  ses  eafants.  Nico- 
las, l'aîné,  obtient  les  seigneuries  des  Eneilles  et  de  Wallay,  à  charge 
d'entretenir  son  père  et  de  servir  à  sa  sœur  une  rente  de  150  florins. 
1676 .  4  janvier.  Marguerite  de  Prez  relève  l'usufruit  de  la  seigneurie  de  Wallay, 
lui  dévolu  par  la  mort  de  son  mari,  Nicolas  de  Brialmont. 

* 

*  * 

Page  71.  Lire  comme  suit  le  blason  du  curé  Grofay  :   un  chevron  accompagné 

de  trois  roses. 

* 

*  * 

Page  165.  La  route  de  Petithan  à  Petite  Somme  fut  construite  en  1859-60,  celle 
de  Petithan  à  Baillonville,  en  1866-68.  E.  G. 

30 


Liste  des  Membres  de  la  Société. 


1912. 


s.  M.  le  Roi  Albert,  membre  protecteur. 

S.  A.  R  Madame  la  Comtesse  de  Flandre,  membre  effectif . 

M.  le  Comte  de  Briey,  gouverneur,  président  d'honneur. 

Bureau. 

MM.  Wilmart,  vice-président  de  la  Commission  provinciale  des  monuments, 
président. 

Beco  F.,  procureur  du  Roi  à  Arlon,  vice-président. 

J.-B.  Sibenaler,  conservateur  du  Musée. 

Loes,  curé,  secrétaire-trésorier  et  bibliothécaire. 

Comité  permanent. 

MM.  Wilmart,  Beco,  Loes,  J.-B.  Sibenaler,  J.  Vannérus,  Haveriand  et  Jacob- 
Duchesne. 

Membres   effectifs. 

Arlon  (Administration  communale). 

Arlon  (Bibliothèque  de  l'Athénée). 

MM.  Adam,  bourgmestre  à  Harnoncourt(Virton). 

Alexandre  Jules,  curé  à  Musson. 

Antoine,  chef  de  bureau  au  gouvernement  provincial  à  Arlon. 

Arend,  juge  de  paix  à  Arlon. 

Arend,  curé  à  Smuid  (Poix). 

Balter,  curé  à  Heinstert. 

Barbanson  Adrien,  château  du  bois  d'Arlon. 

Barthel,  curé  à  Marcour  (Laroche). 


i 


—     466     — 

MM.  van  der  Becke,  à  Anvers,  rue  de  la  Pépinière  24,  ou  au  château  de  Mirwart. 
Becker,  abbé,  aumônier  des  F.  F.  Maristes  à  Arlon. 
Beco  F.,  procureur  du  Roi  à  Arlon,  vice-président  de  l'Institut. 
Bergh  L.,  notaire  à  Neufchâteau. 
Bernays,  avocat,  Avenue  Van  Eyck,  33,  à  Anvers. 
Bosseler,  notaire  et  bourgmestre  à  Messancy. 
Bouché  Henri,  instituteur  communal  à  Les  Bulles. 
BradferCh.,  de  Frenoy-lez-Jamoigne,  professeur  à  l'école  industrielle  de 

Quaregnon. 
Braffort  B -M.-J.,  curé  à  Baillonville  (Heure). 
Bribosia,  commissaire  d'arrondissement  à  Bastogne. 
Bourguignon,  notaire  à  Marche. 
Briick  F.,  imprimeur  à  Arlon. 
Les  Bulles  (Administration  communale), 
du  Busde  Warnaflfe,  L.,  me/nbre  de  la  Chambre  des  Représentants,  rue  de 

la    Loi  54,  Bruxelles,  ou  au  château  de  Roumont  (Flamierge)   par 

Baconfoy. 
du  Bus  de  Warnaflfe,  juge  au  tribunal  de  Tournai. 
Galay  0.,  agréé  à  l'Univ^^de  Liège,  rue  de  Berghes  7,  Liège. 
Garly,  juge  de  paix  à  Florenville. 
Casier  J.,  artiste  peintre-verrier,  conseiller  communal,  rue  des  Deux  Ponts  3, 

Gand. 
Claude,  curé  à  Warnach  (Martelange). 
Clément,  notaire  à  Neufchâteau. 
CoUez,  père,  docteur  en  médecine  à  Longwy-Bas. 
Colard  G. -Th.,  curé  à  Noville  (Bourcy). 
Colette,  notaire  à  Erézée. 
Conrotte,  dr.  ph.,  curé  aux  Eneilles  (Durbuy). 
Cornu,  ingénieur  en  chef-directeur  des  ponts-et-chaussées  à  Arlon. 

van  den  Corput  (Pernand),  rentier  à  Assenois  (Neufchâteau)  ou  rue  Ducale 

21  à  Bruxelles. 
Couturiaux,  chan.,  inspecteur  diocésain  des  œuvres  sociales  à  Marche. 
Cupper,  architecte  provincial  honoraire  à  Bastogne. 
Dauby,  docteur  en  philologie  romane  à  Tintigny . 
Delvaux  de  Fenfe  (H.)  gouverneur  delà  province,  Liège. 
Démal  (R.  P.),  Recteur  des  Jésuites  à  Arlon. 
Déome  J.,  avocat  et  bourgmestre  à  Neufchâteau. 
DéomeCh.,chefde  bureau  au  Ministère  des  finances,  rue  des  Atrébates,  103, 

à  Bruxelles. 
Déome  Jules,  lieutenant  au  9*  de  Ligne,  rue  St-Bernard  85,  St-Gilles-Bru- 

xelles. 


—     467      — 

MM.  Devolder,  sénateur,  rue  de  Trêves  53,  Bruxelles. 
Dewez-Decat,  ingénieur  à  Fontaine-l'Evêque. 
Dewez  Joseph,  industriel  à  Mellier. 

Didier  P.,  curé  retraité  à  Robelmonl  (Meix-devant-Virton). 
Dordu  (Madame),  rentière  à  Ethe. 

Dordu  Fabien,  docteur  en  médecine  à  Bruxelles,  rue  du  Trône,  20. 
Dubois  A.,  chef  de  bureau  au  gouvernement  provincial  à  Arlon. 
Dubois  Gh.,  abbé,  professeur  au  collège  Sl-Joseph  à  Virton,  secret  -adj*. 
Dufort  G  ,  docteur  en  médecine,  288,  boulevard  de  Bockstael,  Laeken. 
Dufort  J.,  s^- intendant  m»'-  de  1'"*'  classe,  14  rue  Herreyns,  Malines. 
Eischen,  docteur  en  médecine  à  Arlon. 
Ensch-Tesch,  avocat  et  bourgmestre  à  Arlon . 
Ensch  Fritz,  notaire  à  Arlon. 
Ensch,  curé  à  Turpange  (Messancy). 
Ernould,  instituteur  communal  à  Jamoigne. 
Etienne  L.-A.,  abbé,  professeur  au  collège  St-Joseph  à  Virton. 
Famenne,  docteur  à  Florenville. 
Pamenne  George,  juge  de  paix  à  Houffalize. 
de  Favereau,  conseiller  provincial  à  Grandhan  (Durbuy). 
Flamion  J.,  inspecteur  diocésain  à  Arlon. 
Florenville  (Administration  communale). 

Forget  J.,  chan.,  professeur  à  l'Université,  rue  Marie-Thérèse  110,  Loiivain. 
François,  inspecteur  provincial  des  contributions  à  Arlon 
Fréson  J. ,  conseiller  honoraire  à  la  Cour  d'appel,  rue  Ste-Marie,  24,  Liège. 
Fribourg  Paul,  négociant  à  Arlon. 
Gaupin  Georges,  rentier  à  St-Léger. 
Genin  J.-C,  curé  à  Mirwart. 
Gengler,  R.  P.  supérieur  à  l'école  apostolique  de  Clairefontainet 

de  Gerlache,  abbé,  aumônier  à  l'Institut  St-Amand,  Vieux  Quai  au  Bois  9, 

à  Gand 
de  Gerlache  Léon,  juge  de  paix  à  Durbuy. 
Godin,  curé  à  Signeulx. 

Gofflnet  Jules,  boulevard  du  Régent  28,  Bruxelles. 
Goffinet  Auguste  (baron),  à  Freux  ou  à  Bruxelles,  rue  de  la  Sciences. 
GofflaetGonst.  (baron),  à  Freux  ou  à  Bruxelles,  rue  de  la  Science  3. 
Gofflot,  juge  au  tribunal  à  Arlon. 
Gonze  de  Loneux,  docteur  en  médecine  à  Léglise. 
Gourdet,  conseiller  à  la  cour  d'appel  de  Liège. 
Gratia,  docteur  en  médecine  à  Virton. 
Guerlot,  instituteur  communal  à  Virton. 
Guillaume  René,  aumônier  à  Walcourt. 


—     468     — 

MM.  Guiot,  secrétaire  communal  à  Jamoigne. 

Habran  Victor,  curé  à  Krneuville  (Champion). 

Hallet,  curé-doyen  à  Vielsalm. 

Hanzez,  père,  négociant  à  Bastogne. 

Haverland,  architecte  à  Virton. 

d'Herbémont  (comte),  rentier,  château  de  Golonster  par  Tilfîf  (Liège),  ou 

avenue  Louise  89,  Bruxelles. 
Heynen,  membre  de  la  Chambre  des  Représentants  à  Bertrix. 
d'HolTschinidt.  A.,  rentier-  au  château  de  Recogne  lez-Bastogne. 
Houba,  curé  à  Habay-la-Neuve 
Huart  A.-J.,  curé  à  Vaux-Chavanne  (Manhay). 
Hubert  Charles,  notaire  à  Arlon. 
Hubert  Joseph,  curé  à  Thibessart  (Neufchâteau). 
Hubert  Lucien,  rentier  à  Longwy-haut. 
Husson  F.,  percepteur  des  postes  à  Marche. 
Jacob-Duchesne,  ancien  secrétaire  communal  à  Arlon. 
Jacques,  chanoine  titulaire  à  Namur. 
Jacques  Frédéric,  industriel  à  Salm-Château  (Viel-Salm). 
Jacques,  ancien  notaire  à  Vielsalm. 
Jamoigne  (Administration  communale). 
Jaumin  D.,  inspecteur  de  la  voirie  vicinale  à  Mons. 
Kaisin,  pharmacien  à  Virton. 

Karadja  (le  prince),  au  château  des  Concessions  à  Bovigny. 
Kinsberçen,  capitaine  au  10^  de  ligne  à  Arlon. 
Kirsch,  curé  primaire  à  Arlon. 
Knepper,  curé-doyen  deSt-Donatà  Arlon. 
Kuborn  (A.),  ingénieur  à  Martelange, 
Kuborn  (A.,  docteur  en  médecine  à  Arlon. 
Lambin  Alfred,  château  de  Bourcy  (Bastogne). 
Lambin  Armand,  à  Houffalize. 

Lambinet  A.,  juge  au  tribunal  de  f®  instance  à  Neufchâteau. 
Lamy,  architecte  à  Arlon. 
Laroche  (Administration  communale). 
Larocheblin  (de)  Victor,  Avenue  des  Germains  36,  Bruxelles. 
Laurent,  géomètre  du  cadastre  à  Arlon. 
Lecler,  chanoine,  professeur  au  séminaire  à  Namur. 
Lecler,  chanoine,  inspecteur  diocésain  en  retraite  à  Arlon. 
Lecomte  E.-J.,  curé  à  Latour. 
Lefévre  Camille,  avocat  à  Arlon. 


—     469     — 

MM.  Lejeune  E.,  chef  de  bureau  au  gouvernement,  secrétaire  de  la  commission 
provinciale  des  monuments  à  Arlon. 

Lejeune  J.,  juge  au  tribunal  d'Arlon. 

Lenoir  P  -J,,  curé  à  Ruette  (Signeulx). 

Letain  E  -J.-B  ,  curé  à  St-Médard  (Neufchâteau). 

Letain  J.-B.-E.,  curé  à  Villers-sur-Semois. 

de  Leuze,  chanoine,  rue  de  l'indépendance  10,  Namur. 

Liégeois  E.,  instituteur  communal  à  Hollogne-aux-Pierres. 

de  Limburg-Stirum  (comte),   représentant  d'Arlon,   rue  du  Trône  72,  Bru- 
xelles ou  au  château  St-Jean,  par  Bihain. 

Loes,  curé  à  Hondelange,  secrétaire-trésorier  et  bibliothécaire  de  l'Institut. 

Lomry,  docteur  en  médecine  à  Gourtil  TBovigny) 

Macédone  (frère),  archiviste  des  FF.  des  écoles  chrétiennes  de  Belgique,  à 

Malonne. 
Magnette  Eugène,  chef  de  bureau  au  Ministère  des  Finances,  rue  Vonck67, 
Bruxelles. 

Maire  E.,  curé  à  Vellereux  (Houflfalize). 

Malget,  docteur  en  médecine  à  Martelange. 

Malget  René,  à  Martelange. 

Masson,  directeur  des  contributions  à  Arlon. 

Massonnet,  pharmacien  à  Arlon. 

Mathelin  (de)  A.,  château  de  Messancy. 

Mathieu  H.,  vicaire  à  Arlon. 

Maus  Gaston,  château  de  RoUey,  Bastogne. 

Mertesse  J.,  contrôleur  du  cadastre  à  Namur. 

Michaëlis,  archiviste  de  l'Etat  à  Arlon. 

Mofïarts  (de)  baron,  conseiller  provincial  à  Botassart  (Bouillon). 

Moureaux,  instituteur  à  Hotton 

Moutarde  Paul,  bijoutier  à  Virton 

MuUer-Tesch  (Madame),  au  château  de  Messancy. 

Namur,  greffier  honoraire  à  Neufchâteau. 

Nickers,  curé-doyen  à  St-Hubert. 

Noël,  curé  à  Marbehan. 

Orban  de  Xivry  A.  (baron),  sénateur,  château  des  Agelires  (Laroche). 

Orban  de  Xivry  (Fernand),  avenue  de  la  Toison  d'Or  52,  Bruxelles. 

Orban  de  Xivry  (Henri),  conseiller  provincial,  château  de  Ghession 
(Laroche). 

Origer,  conseiller  provincial  à  Autelbas. 

van  Overstraten  René,  industriel,  membre  du  comité  du  Musée  de  Lille, 
à  Lambersart-Canteleu,  près  Lille. 

Ozeray  G.,  membre  de  la  Chambre  des  Représentants  à  Arlon. 


—      470       - 

MM.  Petit,  major  au  1-2  d'artillerie  à  Louvain. 

Pely  de  Thozée.  ancien  secrétaire  de  la  Chambi-e  des  Représentants, 

consul  honoraire  de  Belgique,  l'ue  Henri  Maus  75,  Bruxelles. 
Pierrard,  ancien  professeur,  rue  Gray  137,  Ixelles-Bruxelles. 
Poncelet  J.,  avocat  et  conseiller  prov.  à  Neufchàteau. 
de  Preinorel  G.,  rentier  au  château  de  Bleid. 
Raraaix  (de)  comte,  château  de  Grune  (Bande)  ou  rue  des  Nerviens  i, 

Anvers. 
Remisch,  chef-garde,  rue  Ermesinde  6,  Arlon. 
Reuler  Paul,  avocat  et  échevin  de  la  ville  d'Arlon. 
Robert  Eudore,  notaire  à  Virton. 
Rodange,  curé  à  Vecmont  (Beausaint) 
Rogier  Oscai',  avocat  à  Jamoigiie. 
Rommes,  curé  à  Schockville  (Attert). 
St-Mard  (Administration  communale). 

Schaack,  contr-ôleur  principal  des  accises,  l'ue  Glaessens,  43,  Laeken. 
Schaudel,  receveur  principal  des  douanes  à  Nancy,  rue  Jeanne  d'Aïc  43 
Schiltz,  curé-doyen  à  Dinant. 
Schmitz,  chanoine,  secrétaire  de  l'Evêché  et  de  la  société  d'Art  chrét 

à  Namur. 
Schréder,  abbé  à  Saint-Jean  (Samrée). 
Schweisthal,  bibliothécaire  de  S    A    R.  M""^  la  Comtesse  de  Flandre,  rue 

d'Edimbourg  9,  Pxelles. 
Schwirtz,  d'  en  phil   germ.,  professeur  au  séminaire  de  Bas'togne, 
Sibenaler,  conservateur  du  Musée,  rue  Potagère  163c,  Bruxelles. 
Sibenaler  Lucien,  conserva teur-secrét. -adjoint  à  Arlon. 
Simon  Henri,  curé  à  Beho  (Gouvy). 
Simon  Jules,  notaire  à  Arlon. 
Smet,  lieutenant  au  10®  de  ligne  à  Arlon. 
Tandel  (Madame),  boulevard  du  Prince  il,  à  Luxembourg. 
Tesch  Albert,  ancien  notaire  à  Arlon. 
Theisen  M.-P.-A  ,  curé  à  Wisembach  (Martelange). 
Theissen,  curé-doyen  à  Bouillon. 
Themehn,  instituteur  à  Lamorteau. 
Thonon  J  -J.-G.,  greffier  provincial  à  Arlon. 
Tihon,  docteur  en  médecine  à  Theux. 
Tillière,  aumônier  pensionné  à  Jamoigne. 

Vannérus  Jules,  archiviste.  Avenue  Ernestine  3,  Ixelles  ou  Le  Fawetay,  Spa. 
Vaucleroy  (de),  docteur  en  médecine,  avenue  Louise  306,  Bruxelles. 
Walin,  commissaire  voyer  à  Arlon. 


—     471      — 

de  Warion,  commissaire-voyer  à  Vielsalm. 

Wavreil,  curé  à  St-Léger. 

Weyrich,  curé  à  Thiaumonl. 

Wilmart  Gh.-J.-J.,  Président  de  l'InsUtut,  bourgmestre  à  Blier  (Erezée) 

ou  à  Liège,  rue  St-Remy    1 . 
Wyk.erslooth  (de),  Madame  la  baronne,  château  de  Guirsch. 


Membres  correspondants  eu  Belgique. 


MM.  d'Arschot  Schoonhoven  (comte),  chef  du  cabinet  de  S.  M   le  Roi,  rue 
Bréderode  30,  Bruxelles. 

Becquet,  conservateur  du  Musée,  Namur. 

Bertrang,  professeur  à  l'athénée  royal  d'Arlon. 

Boreux,  ancien  insp.  cant.  de  l'enseignement  primaire,  Bertrix. 

Chevalier  de  Borman,  député,  Hasselt. 

Bormans,  administrateur  de  l'Université,  Liège. 

Ghariieux,  commissaire-voyer,  Barvaux. 

Gumont  Georges,  avocat,  rue  de  l'Aqueduc  19,  Bruxelles  (St-Gilles). 

Delvenne,  inspecteur  caut.  de  l'enseignement  ])iimaire,  Bastogne. 

Dendal,  inspecteur'  général  au  ministère  des  chemins  de  fer,  postes  et  télé- 
graphes, Bruxelles. 

Dubois  J.,  Secrétaire  général  au  Ministère  du  Travail,  Chaussée  de 
Vleurgat  94,  Bruxelles. 

Dupont,  professeur  à  l'Athénée  royal  de  Bruxelles, 

Frédéric,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Henriquet,  commissaire  voyer,  Izel. 

Massonnet,  instituteur  honoraire,  Ghassepierre. 

Muller  G.-J.,  curé  à  Sugny. 

Nicolas,  curé  à  St-Remy  (Ruette). 

Nicolas  J.,  curé  à  Robelmont. 

Favoux,  ingénieur,  Bruxelles. 

Pety  de  Thozée,  avocat,  Gharleroi. 

Van  den  Steen  de  Jehay  (comte  Fr  ),  château  des  Bassines,  par  Les 
Avins-Gondroz  ou  au  château  de  Losange  (Bastogne). 

Tinant  Oscar,  attache  au  Ministère  des  Finances  à  Ixelles, 
rue  Goffart  25. 

Tock,  professeur  à  l'Institut  polyglotte  à  Salzinnes  (Namur j. 

Warker  N.,  professeur  à  l'Athénée  royal  d'Arlon. 


—     472     — 

A  l'étranger. 

MM.  Alardo  R.  P  ,  .T. -G.,  bibliothécaire  à  l'abbaye  St-Maurice,  Clervaux 
(G.-D.  de  Luxembourg). 

Bartels,  Dr  K  ,  professeur  d'académie  à  Aschaflfenbourg  (Bavière). 

Blum,  curé  pensionné,  rued'Esch,  HoUerich  (Luxembourg). 

Bossu  Louis,  procureur  de  la  République,  8  rue  d'Anjou,  Reims  (Marne). 
M"*^  Bourgeois,  rentière,  Montuiédy. 
MM.  Diderrich  Ein.,   Grand  Hôtel  de  l'Europe,  Mondorf-les-Bains. 

Dulaii,  éditeur,  37,  Soho  Square,  London,  W.  Angleterre. 

Germain  de  Maidy  Léon,  archéologue,  rue  Héré  26,  Nancy. 

Grob,  curé,  Bivingen-Berchem. 

Comte  d'Harnoncourt,  chambellan  de  S.  M.  l'Empereur  d'Autriche,  à  Baden 
près  Vienne,  Antonsgasse  19. 

D""  José  de  Amaral  B.  de  Toro,  président  de  l'Institut  de  Vizen  (Portugal). 

Lebrun  Arsène,  ingénieur  honoraire  des  mines,  ingénieur  en  chef  de  la 
C'e  minière  française  de  Routchenko,  à  Routchenkofskail,  grand  duché 
d'Ekaterinoslaw  (Russie). 

Fierredon  Marie-Henry-Thierry  (comte  de),  rue  Copernic  9,  Paris. 

Reiners,  abbé,  rue  des  Petits-Champs,  Luxembourg-gare. 

Rivière  (baron  de),  secrétaire  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la 
France,  Toulouse. 

Roger  Lucien,  Rue  S*' Odette  60,  Hayange  (Lorraine). 

Ruppert,.  archiviste  à  Luxembourg. 

Schaak  G.,  juge  au  tribunal  de  Diekirch. 

Schliep,  ancien  fonctionnaire  de  l'Etat  néerlandais  aux  Indes,  Luxembourg. 

Sève,  consul  général  de  Belgique,  Liverpool. 

de  Thiridez,  chanoine,  aumônier  militaire  général  à  Reims. 

Van  Werveke,  professeur  à  l'athénée  de  Luxembourg. 

Welter  Gabriel,  étudiant  à  Rodemack  (Lorraine). 

Zieser  Jean,  curé  à  Garnich  (G.-D.  de  Luxembourg). 


Table  des  Matières. 


PAGES 

E.  Conrotte.  —  Les  Eneilles  à  travers  les  âges là  178 

E.  Liégeois.  —  Tintigny  pendant  la  période  révolutionnaire  et  sous 

la  domination  française 179  à  295 

L.  Roger.  —  Essai  d'un  Glossaire  toponymique  de  Houflalize  et  des 

environs 296  à  331 

V.  Habran.  —  Le  Comté  de  Laroche.  —  Henri  I,  premier  comte 

de  La  Roche 332  à  366 

de  Leuze.  —  Notice  sur  la  Seigneurie  de  Grune. 367  à  382 

Jacob^Duchesne.  —  Miettes  historiques  : 

1)  Le  Droit  de  Haute  Justice 383 

2)  Dîmes  et  Redevances  féodales     .     .     .     .  386 

3)  Florenville  et  Orval 390 

Ch.  Dubois    —  A  propos  de  quelques  Vases  du  Musée  d'Arlon  .  398  à  407 

Paul  Moutarde.  —  Le  Gitnetière  Franc-Mérovingien  de  Velosnes  .  408  à  410 

Malget    —  Le  "  Lararium  «  du  Hohdoor 41 1  à  420 

N.  Tillière.    —   Dom  Malachie  Bertrand,    Moine     et     Procureur 

d'Orval 421  à  445 

J.  Remisch.  —  Le  Trou  des  Fées 446  à  449 

Varia.—  Ch.  Dubois.—  Monnaie  d'argent  du  Pape  St   Pie  V    .     .  450 

"                     '•            Vase  romain  piriforme  à  anse     ...  451 

»       E.  Moutarde.    —  Le  Pilori  de  Virton 451 

B.  Braffort.   —    Antiquités  romaines  des  communes  de  Fla- 

mierge  et  de  Bertogne 452  à  454 

F.  Loes.  —  Un  four  à  chaux  romain  entre  la  Semois  et  le 

Hohgericht    . 454 


—     47-î      — 

PAGES 

Varia.  -  F.  Loes.  —  Un  foyer  romain  près  de  la  voie  militaire 
d'Arlon-Trèves,  à  Birel  Encore  le  cimetière 
romain  du  Hohgericht.  Découverte  d'un 
Trésor  du  XIV®  siècle  à  Messancy.  Fouilles 
d'une  mardelle  à  Rulles 455  à  456 

F.  Loes.  —  Assemblée  générale  du  7  août  1912.  —  Procès- verbal .  457  à  459 

F.  Loes.  —  Liste  des  dons.     .     .  460  à  462 

F.  Loes.  —  Nécrologe  .     .     ' 462 

E.  Conrotte,  Les  Eneilles.  -  Addenda 463 

Liste  des  Membres  de  la  Société 465  à  472 


—     475     — 

PLANCHES. 


Les  Eneilles  à  travers  les  âges. 

Vallée  de  l'Ourthe  devant  Eneille 

L'Ourthe  à  Eneille 

Trois  silex  de  la  station  néolitiqiie  du  thier  de  Base 

Le  Dolmen  de  Wéris 

Le  Pont  et  le  Gué  du  Moulin      .... 

La  ville  de  Durbuy 

Petite  Eneille.  —  Le  château  ... 

Armes  des  Fabri 

«  Capitaine 

Tombe  de  Henri  de  Brialmont  et  d'Anne  d'Ochain 

Le  Bois  d'Eneille 

Grande  Eneille.  —  Vieille  maison  de  style  liégeois 

Tombeau  de  Pierre  l'Hermite     .... 

Le  château  de  Neufmoustier      .... 

Le  presbytère  actuel  de  Grande-Eneille 

Grande-Eneille.  —  Le  presbytère,  l'église  Ste-Marguerite 

et  l'école     .... 
Le  Porche  de  l'église  de  Grande  Eneille 
Ancienne  croix  du  cimetière  encastrée  dans  la  tour  de  l'église 
L'expositorium  ouvert  et  les  anges  adorateurs 
L'intérieur  de  l'église  de  Grande  Eneille     . 

»  vue  prise  du  jubé 

»  «  La  Ste-Vierge 

Burettes  et  Plateau  du  XVIIP  siècle 
La  Grédence      .... 
La  Cuve  baptismale  . 
Tête  d'angle  de  la  cuve  baptismale 
Le  Baptistère    .         .         ' 
Ange  adorateur  du  Tabernacle  . 

M  »  »  . 

Les  Fonts  baptismaux 
Groupe  de  cultivateurs 
Grande  Eneille.  —  Le  Centre    . 
Rentrée  du  bois  d'affouage. 
Les  Rogations  .... 


y 


PAGES 
1   ' 

4 
12 
12 
14 
20 
32 
33 
33 
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38 
56 
60 
62 
86 


87  - 
92  — 

96  - 

97  ~ 

98  - 

99  - 

100  " 

101  - 

101  — 

102  - 

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106  - 

107  _ 
m  — 

132  — 

133  - 
135  ^ 
143  — 


—      476 


Le  château  de  Grune 

Armoiries  de  Gilles  de  Hemricourt  de  Mozet 

Vases  du  Musée  d'Arlon 

2*  Tombe  du  Cimetière  franc-mérovingien  de  Velosnes 

Le  Lararium  du  Hohdoor 

L'i  Villa-ferme  romaine  "  In  Lavend  ". 

Le  Trou  des  Fées 

Le  Pilori  de  Virton  ..... 


PAGES 

367 
373 
399 
409 
411 
416 
447 
451 


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LUXEMBOURG. 


ANNALES. 


N.  B    L'Institut  n'est  responsable  d'aucune  des  idées  et  des  opinions  émises  par  ses  membres 
il  se  borne  à  les  publier,  lorsque  les  documents  lui  paraissent  dignes  de  voir  le  jour. 


ANNÉE    1913 


Prix  :  7.50. 


Arlon. 


1913. 

Imprimerie  &  LiTHOGRAPfflE  P.  Bruck. 


En  dépôt  à  l'Institut. 


s.  A.   R.   Madame  la  Comtesse  de  Flandre 

MliMBRK    EFFECTIF    DE    l'InSTITUT    ARCHÉOLOGIQUE    DU    LUXEMBOURG 

née  à  Sigmaringen  le  17  Novembre  1845 
décédée  à  Bruxelles  le  26  Novembre  191 2 


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LUXEMBOURG. 


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LUXEMBOURG. 


ANNALES. 


N.B.  L'Institut  n'est  responsable  d'aucune  des  idées  et  des  opinions  émises  par  ses  membres, 
il  se  borne  à  les  publier,  lorsque  les  documents  lui  paraissent  dignes  de  voir  le  jour. 


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ANNÉE    1913. 


Prix  :  7.50. 


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Arlon.  —  Imprimerie  &  Lithographik  F.  Bruck. 
1913. 


L.  ROGER 


ADDITIONS 


AUX 


COMMUNES    LUXEMBOURGEOISES 

OU  Mélanges  Historiques,  Topoiiymiques  et  Folldoriques 


PRINCIPALES    SOURCES  : 

Archives  de  la  Présidence  à  Metz  (ci-devant  départementales).     .     AM 

Beyer,     Urkundenbuch    zur    Geschichte    der  mittelrheinischen 

Territorien BU 

D,  Calmet,  Histoire  de  Lorraine CL 

Dorvaux,  Les  Anciens  Fouillés  du  diocèse  de  Metz DP 

Heydinger,  Archidiaconus  ...  Longuiono  ...  descriptio  ...  1570     .     HL 

Kirsch,  Die  pàpstlichen   Kollektorien  in  Deutschland  wâhrend 

des  XIV^  Jahrhunderts KK 

Lorenzi,  Beitrâge  zur  Geschichte  sàmtlicher  Pfarreien  der  Diocèse 

Trier LT 

Sauer,  Inventaire  des  aveux  et  dénombrements  déposés  aux  archi- 
ves de  Metz SI 

Vannérus,    Les   biens  et  revenus  du  clergé  luxembourgeois  au 

XVP  siècle .     .     .     VB 

Van  Werweke,  Cartulaire  de  Marienthal WM 

Roland  et  Halkin,  Cartulaire  de  Stavelot-Malmédy RS 


-  '2  - 


Amberloup 

Etymologie.  —  Orreux,  qui  reste  tel  en  wallon.  Comme  il  se  trouve 
dans  une  région  où  Yoi  français  a  pour  correspondant  dialectal  et  (cf.  Fos- 
set,  Tillet,  Frenet,  etc.),  l'étymologie  la  plus  vraisemblable  est  celle  du 
lat.  oratormm.  —  Voir  en  Houzé,  Etude  sur  la  signif.  des  noms  de  lieux, 
de  nombreux  Ourdoueix,  Lourdoueix,  Auroir,  Auroux,  Ouradour,  Loroux, 
Louzouer,  Oroir,  Orrouy,  Ozoir,  etc.,  dont  plusieurs  sont  documentés  : 
Orrouy  (Oise),  par  ex.,  est  anciennement  Oratorium  super  altumnam. 

Cartulaire.  —  1682,  31  août.  Aveu  et  dénombrement  donné  au  Roi  de 
France,  à  cause  de  son  comté  de  Chiny,  par  dame  Madeleine  Isabelle,  com- 
tesse de  Schomberg,  née  comtesse  de  Cronberg,  dame  de  Montigny,  etc., 
pour  la  terre  et  seigneurie  de  Rollé,  le  fief  d' Amberloup,  le  moulin  de 
Rouette,  la  maison  franche  de  Longchamps,  les  terres  et  seigneuries  de 
Juseret,  Bercheux,  Lescheret,  Messancy,  Differt,  Buvange,  Torgny  et 
Longeau  (AM,  SI). 


Aulier 

1353.  Henri,  curé  d'Anlier  (KK). 

Toponyinie.  —  Arlune  (1').  Affluent  de  la  Rulle  (Riira),  dont  il  est 
peut-être  le  diminutif  *  Ruline. 

Behême.  Sans  formes  archaïques;  en  patois  Berne.  Uh  de  la  forme 
officielle  semble  rappeler  un  ancien  d  (ou  /),  comme  dans  Mohon  (pron. 
Mon),  de  *  Modotiis  (graphiq.  Modeimis),  Behaine  (Aisne)  de  *  Betana 
{=  Betanià).  Ce  qui  nous  ramène  à  l'un  des  primitifs  *  Bedemia  et 
Bedemna,  empruntés  peut-être  au  nom  du  ruisseau,  dit  quelquefois  encore 
«  le  Behême  ».  Je  rapproche  aussi  :  Wademiae  Weismes  (Prusse  rh.), 
Suminaray  "  Sumna  la  Somme  belge,  Lomna  la  Lomme,  Behonne 
(Meuse). 


Anloy 

893.  Le  polyptique  de  Prùm,  à  cette  date,  mentionne  à  Ansli  les 
manses  de  Domninus,  Sebuldus,  Wilhelmus,  Godramnus,  Bernoldus, 
Wilardus,  Witardus,  Framengerus,  Martinus,  Otgerus,  Gotiolus,  Frame- 
ricus,  Ratfridus,  Flodulfus,  Fronulfus,  Rothardus,  Thetfridus,  Thetgerus, 
Godoldus,  Theodoldus,  Feregrinus,  Erkengaudus  (BU). 


3  — 


Arlon 

Prêtres  originaires  d' Arlon  :  Avant  1282,  Conon  d' Arlon,  curé  de 
Temmels  (WM)  (1). 
1544.  Jean  Hirzich  d' Arlon,  curé  de  Dillingen  (LT). 
1570.  Jacques  Balthazar  d' Arlon,  curé  d'Ospern  (HL). 

Cartîdaire.  —  Entre  1335  et  1348.  Henry  Hugues  de  Morfontaine  et 
d'autres  chevaliers  se  reconnaissent  débiteurs  de  50  sous,  envers  Arnold 
d' Arlon,  ex-sénéchal  de  Luxembourg  (AM,  d'après  l' Invent. -Som.). 

Assenois 

1681,  31  décembre.  Aveu  et  dénombrement  donné  au  Roi  Louis  XIV 
par  Nicolas  d'Assenoy,  pour  un  fief  à  Petit-Fleury,  qu'il  tient  du  marquis 
de  Lambertye  (SI). 

Aubange 

1681,  2  juin.  Aveu  et  dénombrement  de  Marguerite  d'Argenteau 
d'Allamont  pour  totalité  ou  partie  de  diverses  terres  et  seigneuries,  la 
maison  forte  de  Clémarais,  une  maison  à  Aubange  (SI). 


Autelbas 

1681.  Charlotte  d'Autel,  religieuse  à  l'abbaye  Ste-Marie  de  Metz  (SI). 

Etymologie.  —  Autel  :  1256.  E Itère  (thiois)  et  Ateil  (rom.),  1257, 
Autei,  etc.  On  dit  que  les  deux  villages  d' Autel-haut  et  d' Autel-bas  doivent 
leur  nom  à  un  autel  (1.  altare)  ancien,  probablement  romain.  Dans  ce  cas, 
il  est  curieux  qu'une  appellation  si  vieille  ne  se  soit  pas  altérée  davantage 
en  allemand,  par  ex.  en  Eller,  conformément  à  ce  qui  s'est  passé  dans 
schoeller  pour  Schulter,  Alenhuowen  pour  l'officiel  Altenhofen  ou  Viville, 
biller  pour  Bilder  (plur.),  hâlen  pour  halten,  mâler  pour  Malter  ou  malder, 
Rollingen  pour  Roldingen  (771),  Gerlingen  pour  Gerldingen  (1257), 
Hollerich  pour  Hilderchingen  (1255).  Il  me  semble  qu'on  peut  supposer  : 
1°  ou  un  primitif  *  Atlar,  converti  de  bonne  heure  en  Atler ^^  Etler>, 
Elter;  2°  ou  un  nom  gallo-romain  en  -diirum  dont  la  première  partie  n'est 


(1)  Lorenzi,  O.  C.  I  ,  se  trompe  donc  p.  540,  en  plaçant  à  cette  cure  Sarisius  «  von 
Aflo  »  en  1282. 


plus  reconnaissable  :  je  rapproche  cependant  Elchert  (Nobressart,  de 
*  Albricsart)  altération  de  *  Elbrichroth,  Alhiodiirum  identifié  avec 
Aut::ers  (Seine-et-M.),  et  Tudderen  anc*  Theodiirum ;  3°  ou  un  hydrony- 
mique  A/a?itara. 

La  traduction  romane  ne  serait  qu'une  étymologie  populaire,  sans  doute 
ancienne,  basée  sur  la  signification  que  les  thiois  donnaient  de  la  dite 
dénomination.  Rappelons  à  ce  sujet  Mons  médius  pour  Montmédy 
(Madiacus),  Canutum  caput  lliO  pour  Chéneché  (Chinipiacum),  Data 
pour  Denée  (Digniaca),  Montjoie  pour  Munschau,  et  je  crois  Viville  ou 
Altenhofen  qui,  s'il  renfermait  réellement  /w/ (ferme),  ne  se  rendrait  pas 
par  Alenhuôwen  en  patois  allemand,  mais  par  Alenhaf  (cf.  Geloven  Guelf 
pour  Gélhaf). 

Barnich  :  1388  et  1420  Birnich,  1434  Barnich.  M.  Kurth  (Front. 
Ling.,  I,  482)  le  rattache  à  Brinnacus.  Je  ne  suis  pas  convaincu,  car  les 
exemples  cités  par  le  savant  auteur  pour  la  métathèse  de  \'r  sont  emprun- 
tés à  la  toponymie  romane  et  ne  vois  pas,  non  plus,  pourquoi  on  ne  pour- 
rait pas  rattacher  notre  Barnich  (Bârnech)  à  l'un  des  primitifs  suivants  : 
a)  *  Barniaciis  =  Berniacus ;  b)  *  Bartiniactis ;  c)  *  Barantiniacus  (cf.  Can- 
tenach  >  Canach  ou  Cânech,  Cuminciacum>  Kûntzig);  à)  *  Barginiacus 
(cf.  Bargos  fluvius,  le  cogn.  Bergulla,  le  n,  de  fam.  Berchoux,  Bercheux) 
e)  *  Barmiaciis  (cf.  Barrigny,  Barigny,  Barry). 


Bande 


Etymologie.  —  En  1184,  Bandres  (chartes  de  St-Hubert).  Pourrait  être 
un  nom  hydronymique,  le  village  étant  baigné  par  un  affluent  de  la 
Wamme.  Rappr.  pour  mémoire  Kurth,  Frontière  Ling.,  I,  p.  441. 


Bastogne 


1353.  Gerald  de  Bastogne,  curé  de  Schleidweiler,  permute  avec  Henri 
Evrard,  chanoine  de  St-Paulin,  à  Trêves  (KK). 

1371.  Permutation  entre  Jean  de  Louesonge  et  Martin  dit  Murselholtz, 
des  églises  St-Pierre  de  Bastogne  et  St-Laurent  d'Aix-la-Chapelle  (KK). 

1570.  Henri  de  Bastogne,  curé  de  Contern,  Alzingen  et  Sandweiler; 
en  1581,  de  Hermeskeil  (HL,  LT). 

1570.  Jean  de  Bastogne,  frère  au  prieuré  de  Cons-la-Grandville  (HL). 

1681  :  voir  Longchamps, 


-  5 


Beho 

Toponymie.  —  Beho,  en  pat.  ail.  B iickel s,  zXtér.  de  Buchholz.  C'est, 
ainsi  qu'on  l'a  écrit  avec  justesse,  le  bois  de  hêtres,  le  Hestroit  ou  le  Fays, 
comme  auraient  dit  les  anciens  Wallons.  L'endroit  se  trouvait  probable- 
ment à  une  distance  assez  considérable  de  la  terre  romane  :  ce  qui  explique 
qu'il  n'a  pas  été  traduit  par  les  Welches,  mais  simplement  altéré  et  cela, 
à  une  époque  toutefois  assez  reculée. 

Ol  Luxiboux,  lieu-dit.  A  été  traduit  :  a)  par  le  lat.  Iticus  altéré  en 
liixi  (!)  +  al.  busch  (bois)  ;  b)  par  Luchs  (lynx  ;  !)  -j-  busch.  La  tradition 
en  fait  un  lieu  de  rendez-vous  des  sorcières,  c'est-à-dire  un  *Hexenbusck. 
Peut-être  n'est-ce  là  qu'une  étymologie  populaire.  Dans  ce  cas,  on  peut 
recourir  à  l'hypothèse  de  Liltzelbusch  (le  petit  bois),  qui  a  dû  se  romaniser 
à  la  façon  de  Luxembourg  {Liitzelboiirg). 

CoMMANSTER,  en  ail.  Gonunels.  Cette  dernière  forme  est,  je  pense, 
une  altération  de  *Gomînenholz,  à  la  façon  de  Sôsem,  Fruôsem,  Attert, 
Beekerich,  Bèthem,  —  lesquels  sont  respectivement  pour  Sassenheim, 
Frassenem,  Attenrode,  Bettenkirch  et  Bettenheim  (=  Bettenhofen), — 
pour  la  première  partie,  et  de  Buckels  =  Bochholz,  Dunkels  =  Doncols 
quant  à  la  seconde  (1).  *Gommen  =  Gommon  >  Gomman  est,  sans  doute, 
un  nom  d'homme,  dont  je  rapprocherai  Gomery,  Gotîienceias  >  Gomezée 
(Yves-Gomezée),  Gummersheim.  Le  traitement  de  on  >  an  se  retrouve 
ailleurs  qu'en  pays  gaumet,  par  ex.  dans  :  Attonis  c?/r//5  >  Tancourt 
(Aisne),  Berthoyiis  curtis  >  Bertancourt  (Somme),  Bosonis  curtis  >  Bossan- 
court  (Aube).  Le  suffixe  ster,  dans  la  forme  wallonne,  viendrait  du  germ. 
stad  >  sted.  Ce  dernier  a  dû  pénétrer  en  pays  roman,  étant  déjà  altéré  en 
stert  et  à  une  époque  apparemment  moins  reculée  que  les  suffixes  -  court,  - 
ville,  —  mont,  — champ,  etc.  J'ai  dit:  déjà  altéré  en  stert.  En  effet,  le 
changement  de  rf  =  /  en  r  est  excessivement  rare  en  roman  :  la  forme 
Polleur  actuelle  de  l'ancien  Poleda  (pour  *Poledum)  n'est  qu'une  franci- 
sation moderne,  puisqu'à  proximité  de  l'endroit  se  trouve  un  lieu-dit 
Polleûheid  ;  dans  Loir  (Ledus),  il  n'est  pas  impossible  que  l'r  final  ne  soit 
un  vestige  de  la  désinence  hydronymique  — àra>-  èra,  qui  s'ajoutait  ou  se 
retranchait  à  volonté  primitivement,  à  preuve  *Somarus  le  Sombre  de 
Sombreffe  =^  *Somus  le  Son,  Isara  =  Hysa  l'Oise  (2)  ;  Tilleur  (817  Teule- 
dum)  n'est  prononcé  avec  r  sonore  qu'en  français  et  reste  en  wallon 


(1)  Je  ne  crois  pas,  en  présence  des  exemples  luxembourgeois  qui  vont  suivre,  que 
Gomels  provienne  de  '-'Gomelstat  en  passant  par  *  Gomeht,  lequel  occasionnerait  une 
prononciation  <;  Gomelscht  >  Gomescht  ou  Gomlescht  »  (cf.  «  bîsch  pour  Bùrst  »). 

(2)  Cf.  me?,  Recherches,  p.  42-43^  en  notes.  Quand  Loir  viendrait  directement  de  Ledus, 
ce  traitement  Orléanais  ne  prouverait  pas  grand'chose  pour  le  wallon. 


—  6  — 

Tileû(l).  Au  contraire,  tel  d,  dans  t[uantité  de  mots,  s'amuirent  en  ter- 
minaison masculine,  et  au  féminin  disparurent  vers  le  XI"  siècle  pour  faire 
place  souvent  à  un  yod  :  frigidum  >  froid  =  freù  et  fret,  setam  >  soie  = 
sôye,  Marliday  Marloie  =r  Môrlôye  (2).  Que  l'une  ou  l'autre  de  ces  con- 
sonnes se  soit  métamorphosée  en  r  dans  un  petit  nombre  de  vocables 
d'une  région  restreinte,  je  l'admettrais  encore  aisément.  Mais  que  stad, 
ou  sted  entrés  comme  tels  en  Wallonnie  —  avec  a  ow  e  longs,  puis 
que  \'e  de  ster  l'est  généralement  aussi  —  se  soient  altérés  en  ster 
d'Aubel  à  Bastogne  et  de  Stavelot  à  Mozet  par  francisation  ou  autre- 
ment, je  crois  la  chose  presque  impossible.  Il  n'en  est  pas  de  même  en 
pays  germanique  :  Everbode  est  devenu  *Everbor  >  *  Everber  >  Everberg  ; 
le  flam.  boekweit  se  prononce  par  endroits  boekert  )  dans  des  chartes, 
Fastradus  est  souvent  rendu  par  Fastrardus  au  moyen-âge  ;  Ledi  (871) 
s'est  converti  en  Lier  (Lierre)  (3)  ;  Heynsteide  ou  Heinstede  (1309)  est 
aujourd'hui  Heinscktert  ou  Heischtert  ;  l'ancien  Hovesteden  se  prononce 
maintenant  Huo&chtert,  officiellem.  Hostert  sous  Nieder-Anwen  ;  un 
autre  Huoschtert,  Hostert  sous  Folschette,  est  encore  écrit  Hossteden  en 
1080,  Hockstede7i  en  1489(4);  Hagelsdorf  et  Mensdorf  sont  en  patois 
luxemb.  respectivement  Hâschtert,  pour  *Hagelstadt,  ^\.Mengschtert,  pour 
*Meinstadt.  Ces  altérations  dialectales  sont  plus  anciennes  qu'on  ne  le 
croirait  généralement  par  les  documents.  Souvent,  en  effet,  les  formes 
antérieures  sont  encore  connues  ou  du  moins  transparentes,  jusqu'à  une 
époque  assez  rapprochée  de  nous.  On  a  cependant  quelques  exemples  de 
changements  anciens  acceptés  par  les  chartes  :  de  ce  nombre  sont  les 
-pelt  pour  -feld  et  -port  pour  -furth  après  .s  chuintée,  qu'on  trouve  dès  le 
IX^  siècle.  Enfin,  le  sens  de  ce  stad>  ster  ne  serait  pas  celui  de  l'actuel 
Stadt,  mais  plutôt  place,  lot  de  terraiyi,  ferme. 
Telle  est  l'une  des  interprétations  données  par  M.  Kurth  et  reprise 


(1)  Des  graphies  comme  Gembloum  1131,  Semoir  1244,  Astenoir  1306,  Bodnur  XV® 
siècle,  etc.,  doivent  être  prises,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  pour  des  essais  individuels 
de  francisation  :  certains  scribes  sachant  que  tels  mots  du  langage  usuel  et  même  des 
noms  de  lieux  dont  l'étymologie  était  encore  bien  transparente,  avaient  anciennement  un 
r  final  devenu  muet,  en  ont  conclu  que  pour  parler  ou  écrire  correctement,  il  fallait  dire 
ou  orthographier  Gemblours,  Semoir,  Astenoir,  Bodeur,  Eblier,  Chainoir,  Lierneur, 
Flosteur,  ou  Flostoir,  Halloir,  Husour,  etc.  Et  cependant  on  écrivait  Gemelaus  et  Gem- 
blaus  en  946,  Geviblues  en  987  et  en  1155,  Gemhlodium  en  1185,  Sctmoys  en  1104,  Symois  en 
1173,  Sevimots  vers  1218,  Symoy  en  1327,  Hastenoit  en  1154,  Astefioit  en  1260,  Asteneuz  en 
1380,  Boldau  en  946,  Bodeux  au  XII®  siècle,  etc.  11  en  a  été  de  même  pour  /adventice  :  le 
Biul  àe  1213  était  en  935  Biurtus,  Saint  Coweit est  orthographié  Saint-gue/  en  1230,  contre 
Séquê  en  1242,  Bucenou  du  XIII®  siècle  est  aujourd'hui  officiellement  Buzetiol. 

(2)  Remarquer  aussi  le  traitement  ardennais  de  -etum  :  Tîleû,  Polleû,  Oneux,  Esneux, 
Coreu,  Heuseux. 

(3)  Feller,  Les  noms  de  lieux  en  -ster,  245-246.  Cf.  aussi  Arnold,  Ansiedel.  und 
Wander.  deutscher  Stamme,  p.  633. 

(4)  Formes  archaïques  empruntées  à  De  Lafontaine. 


7  — 


récemment  par  M.  Feller  (1);  mes  explications,  j'espère,  n'en  ont  pas 
diminué  la  vraisemblance.  En  voici  toutefois  une  nouvelle. 

On  a  vu  plus  haut  que  les  deux  peuples  avaient  chacun  leur  dénomina- 
tion pour  notre  localité,  et  l'on  a  dû  remarquer  que  l'une  et  l'autre  ont 
une  partie  commune,  c'est-à-dire  Gom(men)-  et  *  Gommon-  >  Comman-. 
Pourquoi  -ster  ne  serait-il  pas  l'équivalent  de  -*  holzy  -elsf  Depuis  les 
environs  de  Dieuze  jusqu'à  Commanster,  je  note  les  doublets  topony- 
miques  suivants  : 


Juvelize 

Arraincourt 

Thicourt 

Hemy 

Vaumont 

Aoury 

Faulquemont 

Bionville 

Raville 

Plappecourt 

Bannay 

Landonville 

Varize  (*  Wâlglise) 

Burtoncourt 

Dragny 

Aboncourt 

Bettlainville 

Richiemonty  Richemont 

Theodonis  villa  Thionville 

Neufchef 

Bassompierre 

Le  Tiercelet 

Hussigny 

Mont-St-Martin 

Halanzy 

Battincourt 

Habergy 

Juviliancourt 

Fours  >  Fouches 

Thiaumont 

Aubrissarty  Nobressart 


=  Geiskirch  (*  Gùvskirch), 

=  Arnsdorf, 

=  Diedersdorf, 

=  Herlingen, 

=  Wallersberg, 

=  autrefois  Ougerange, 

=  Falkenberg, 

=  Baingen  >  Bingen, 

=  Roldingen  >  Rollingen, 

=  Peplingen, 

=  Bissingen, 

=  Landendorf, 

=  Waibelskirch, 

=  Brittendorf, 

=  Drechingen, 

=  Ebendorfy  *  Evendorfy  Endorf, 

=  Bettsdorf, 

=  Reichersberg, 

=  Diedenhofen, 

=  Neunhâuser, 

=  Bettstein  ("Betzstein  pour  Betsstein), 

=  Laar, 

=  Husingen, 

=  Mertzberg, 

=  Holdang, 

=  Betthem, 

=  Hewerdang, 

=  Geloven  y  Guelf, 

=  Offen, 

^  Dedeberg, 

=  Elchert  (*Elbrichrot), 


(1)  M.  Feller,  p.  340-341  de  son  art.  cité,  voit  aussi  le  même  radical  dans  :  Statte-Wny 
(XIV«  siècle  le  Statte),  la  Sitate,  n.  de  plusieurs  lieux-dits,  et  croit  même  cette  forme 
plus  vieille  que  -ster.  J'en  doute  :  ces  statte  ont  presque  tous  l'article  encore  et  ne  sont 
employés  que  comme  mots  simples. 


—  8  - 

Serinchamp  >  Strainchamps  =  Sauerfeld, 

Honville  =  Hanf  (*  Honhaf), 

Livarchamps  =  Lieschpelt  (*  Libàrtsfeld), 

Bigonville  =  Bungref  ou  Bondorf, 

Hamiville  =  Heisdorf  (*  Hemersdorf), 

Benonchamps  =  Bindelt, 

Hachiville  =  Helzingen, 

et  ce  relevé,  établi  sans  beaucoup  de  recherches,  ne  doit  pas  être  complet. 
Qu'il  le  soit  ou  non,  il  suffit  k  montrer  que  bien  souvent  les  doublets  de 
la  frontière  linguistique  se  traduisent  mutuellement.  De  plus,  si  j'analyse 
la  liste  des  noms  présentant  le  suffixe  -ster  proprement  dit  dans  l'étude 
de  M.  Feller,  soit  plus  de  120  vocables  —  nombre  évidemment  inférieur 
à  la  réalité  — ,  je  n'en  relève  que  37  s'appliquant  à  des  endroits  habités, 
parmi  lesquels  5  seulement  sont  chefs-lieux  de  communes:  or,  d'ordinaire 
«  \me  dépendance  de  commune  est  un  établissement  postérieur  à  la  tête 
de  cette  commune  »;  dans  les  lieux-dits  de  cette  liste,  19  sont  désignés 
comme  étant  des  bois  (1),  et  dans  le  reste,  il  doit  y  en  avoir  d'autres 
encore,  dissimulés  sous  l'appellation  vague  de  «  l.-d.  ».  M.  Feller  fait 
remarquer  que  «  nulle  part,  l'emplacement  de  ces  -ster  n'est  enviable  », 
qu'ils  furent  fondés  en  terres  ingrates  et  que  «  pour  la  même  raison,  ils 
ne  se  sont  guère  développés.  »  D'autre  part,  aucune  forme  en  -ster  — 
hormis  le  steria  de  961  et  Rernianster  Remience  (2),  dont  l'étymologie 
paraît  trop  douteuse  —  n'est  mentionnée  dans  les  documents  avant  le 
XIP  siècle. 

Il  me  semble  que  le  seul  moyen  de  concilier  ces  diverses  constatations 
est  de  donner  à  notre  suffixe  la  signification  de  hois,  forêt,  ou  au  moins 
une  signification  plus  compatible  avez  -holz  que  «  place,  lot  de  terrain  », 
que  ce  suffixe  provienne  de  statt  ou  d'un  autre  radical  à  rechercher. 

Cet  autre  radical  serait-il  strnthf  M.  Kurth  (Front.  Ling.,  I,  377  et 
II,  106)  y  ramène  :  «  le  bos  à'Estrieus  »,  le  «  Bois  de  YEstrie  »  et  la 
«  Forêt  del  Estreit  »,  empruntés  à  l'onomastique  romane.  Si  la  chose  est 
fondée,  les  deux  dernières  formes  viennent  d'un  thème  *  strit  ou  *stret,  et 
non  de  struth  directement.  *  Strit,  *  stret  se  seraient-ils  altérés  en  *  stert  > 
*-ster?  Je  ne  connais  pas  d'exemples  de  changements  semblables  dans 
des  monosyllabiques  ni  à  la  fin  des  mots  romans,  et  je  n'ai  pas  vu  pareilles 
formes  chez  les  auteurs  allemands. 

Il  ne  faut  pas  penser  à  Struc  >  Strauch,  qui  se  retrouve  sans  altération 
à  peu  de  distance  de  la  frontière. 

Serait-ce  alors  steiger  (montagne)  qui  se  rencontre  une  demi-douzaine 
de  fois  dans  la  région  étudiée  par  Arnold  (Ansiedelungen  und  Wander. 


(1)  Je  trouve  encore  un  bois  dit  «  en  Agueuster  »  dans  Jacquemotte  et  Lejeune,  Gloss. 
topo7i.  de  Jiipillc. 

(2)  La  plus  ancienne  connue  est  Berncricsier  (Bernister  lez  Malmédy)  de  1188  (RS). 


deutscher  Stâmme,  zumeist  nach  Hessischen  Ortsnameii),  sans  compter 
le  Steigerwald  franconien  et  Estaires  (Nord),  en  flam.  Stegers  (pluriel; 
lat.  Stagrae)?  On  sait  que  les  zones  sylvestres  coïncident  souvent  avec 
celles  des  hautes  altitudes  :  c'est  le  cas  pour  notre  Ardenne,  pour  les 
Vosges,  pour  la  Forêt  Noire  ou  Schwarzwald,  pour  les  Monts  de  Bohême 
ou  Bœhmer  Wald.  Steger  pouvait  fournir  stair,  mais  aussi  stetir. 

Mais  pourquoi  se  confiner  dans  les  dialectes  germaniques?  Certains 
archaïsmes  romans  ne  se  sont-ils  pas  conservés  dans  les  régions  qui 
avoisinent  la  limite  des  langues?  «  Nombre  de  vieux  termes  qui,  ailleurs, 
ont  été  supplantés  par  des  néologismes  »,  dit  M.  Bastin  dans  l'introduc- 
tion de  son  Vocahxilaire  de  Faymonville  (Wallonie  prussienne),  «  y 
subsistent  aussi  vivaces  que  jamais  ».  Pourquoi  n'en  aurait-il  pas  été  de 
même  à  une  époque  plus  reculée?  Le  sufïïxe  -sart  n'est-il  pas  restreint  à 
la  Wallonie  et  aux  départements  français  contigus?  On  ne  dira  jamais 
cependant  qu'il  est  d'origine  germanique,  pas  plus  que  les  mots 
«  butante,  atwer,  awan,  cwestré,  doèloèdjiner,  ènôli,  éripe,  montîre, 
spousroù  »,  etc.  mentionnés  dans  l'omTage  de  M.  Bastin  ou  dans  le 
Dictionnaire  de  Grandgagnage  (1). 

Qu'on  veuille  bien  aussi  remarquer  que  les  dénominations  revêtues  du 
suffixe  -sart  sont  rares  dans  la  zone  des  -ster,  qu'aucun  nom  géographique 
même  terminé  en  -sart  ne  peut  y  être  relevé.  Et  cependant  cette  contrée 
n'avait  pas  moins  de  raison  d'être  défrichée  anciennement  que  le  pays 
gaumet  et  que  l'Ardenne  méridionale,  où  l'on  constate  des  désignations 
géographiques  comme  Péronsart  >  Paransau,  Watrinsart,  Walansart, 
Savinsart,  Nobressart  ou  Elcheroth,  Lottert,  Lischert,  Attert,  Thibes- 
sart,  Botassart,  Rossart,  Hérissart;  ou  que  la  région  germanique  contiguë, 
où  je  relève  notamment  Atzeradt,  Meyerode,  Wehreth,  Wllwerath, 
Xhoffraix,  Hallerath,  Wolfert,  Rodt,  Rocheradt,  Simmerath,  Bickerath, 


(1)  Je  pourrais  ajouter  :  pas  plus  que  les  locutions  ens  enl  >  è  =^  o,  ens  es  >  èzè  =  ozè, 
que  le  français  a  laissé  se  perdre,  et  qui  sont  particulièrement  bien  représentées  en 
toponymie  nord-ardennaise  :  o  Bersoû,  o  Cothê,  o  Dabreufa,  Ol  Bodzeu,  Ezè  Prés  (Fran- 
corchamps),  Ol  Ramée,  Ozè  Courts  Champs,  Ozè  Roteux,  Ozè  Vevîs  (Tavigny),  Ozè  Fas, 
Ozè  Vis  Prés,  Ozè  Cawettes,  Ozè  Fontenais  (Bovigny),  Ol  Va  de  Taverneux  (Houflalize), 
Ozè  Breyîres  (Robertville)  Inzègotte  (Filot),  Inzeboquai  (Halleux),  Ensival,  etc.  ;  pas  plus 
que  le  vieux  mot  fav  >  fa  =  fôy  (hêtre),  disparu  ailleurs  bien  plus  tôt  qu'en  Ardenne,  où 
l'on  constate  notamment  les  toponymiques  Le  Fa  (Malmédy),  Dabreufa  (Francorchamps), 
Refa  (Stavelot),  Herboufa  (Soy),  Ozè  Fas  (Bovigny),  Ovifat,  etc.  ;  pas  plus  que  (reït 
(trajectus)  —  dans  St-Nicolas-au-Treit  près  de  la  Meuse,  —  très  rare  et  qui  a  dû  cepen- 
dant être  d'un  grand  emploi  dans  la  zone  frontière,  puisqu'il  a  servi  à  former  un  nombre 
respectable  de  dénominations  flamandes  en  drecht  ou  tricht  ;  pas  plus  que  aivdu  (aqua- 
ductus),  plus  rare  encore  et  qui  pourtant  survit  en  pays  germanique  dans  des  Adicht, 
Edicht,  Adjicht.  La  présence  d'un  vocable  à  proximité  de  la  limite  des  deux  langues,  en 
Wallonie,  n'est  donc  pas  toujours  une  preuve  péremptoire  de  l'origine  germanique  de  ce 
vocable.  «  Les  langues  abandonnées  savent  trouver  dans  les  coins  les  plus  reculés  des 
refuges  oîi  leur  agonie  s'achève  dans  la  paix  et  dans  l'oubli  ».  (Kurth.  Front.  Ling.  I,  170). 


-  10  — 

Witzerath,  Rôtijen,  Friesenrath,  Rabotrad,  Welkenraedt,  Hero^enradt, 
Ekkelrad,  Kerkrade,  Herzogeniath,  Winandsrade,  également  tous  noms 
géographiques. 

Ce  qui  revient  à  dire  donc  que  -ster  est  l'équivalent  de  sart.  J'en  trouve 
la  preuve  dans  Ducange  (Glossarium,  édit.  de  Niort,  1886,  tome  VII, 
p.  62t>)  : 

«  Styrpus  =  Silva  exstirpata,  idem  quod  Exartus.  Vide  in  hac  voce 
Codex  censualis  ms.    Immonis  Abbat.   Sangerm.  fol.    108  : 

Habet  ibi  styrpos  II  quod  dominus  Irmino  styrpavit,  quae  possunt 
seminari  de  modiis  frumenti  LX. . .  » 

Je  tombe  par  hasard  sur  un  passage  d'Arnold  (ouv.  cité,  p.  261),  où 
je  lis  : 

«  ...  in  Xaraheim  locum  ad  vineam  faciendam  in  fluvio  Nauua  et 
portionem  meam  de  stirpo  »  (771). 

Ducange  mentionne  encore  les  dérivés  stirpare,  stirpaticum  et  stirpes 
(stirpetum)  (1). 

Exstirpiis  >  stirpus  pouvait  donner  en  wallon  ster  :  aucun  phonétiste 
n'en  disconviendra.  L'  r  était  encore  susceptible  du  même  traitement 
que  dans  «  -saù  »  ou  «  -sa  »  de  sartnm,  Taviet  de  Tahernis,  Amas  de 
Amarn. 

Enfin,  le  sens  de  «  défrichement  »  pour  -ster  se  concilie  bien  avec 
celui  de  «  bois  »  dans  -holz  de  *Gommenholz  >  Gommels.  Les  dénomina- 
tions suivantes  en  -sart  et  en  -roth  ne  s'appliquent-elles  pas  à  des  bois  : 

Watinsart  à  Izel,  Hammebressart  à  Bellefontaine,  Warinsart  près  de 
Séviscourt,  Harbansart  à  Lamorteau,  les  Dansaux  près  de  Herbeumont. 
Harmansart  à  Sugny,  Benert  à  Tœrnich,  etc.?  (2) 

Il  est  possible  que  les  bois  de  ces  noms  n'auront  été  défrichés  qu'en 
partie,  ou  que  les  défrichements  obtenus  auront  été  replantés  à  une 
époque  ultérieure. 

J'explique  de  même  le  fameux  stier  de  1314,  cité  par  M.  Feller  : 
«  1  bonuarium  terre  entre  Dormale  et  le  stier  condist  au  chaîne.  » 


Bertrix 

1570.  Nicolas  bertrensis,  prêtre  (HL). 


(1)  Strivcal  Strivay  sous  Seraing  ne  serait-il  pas  le  diminutif.'   Cf.  wal.  sprivî  pour 
épervier. 

(2)  Cf.  aussi  Arnold  aut.  cité,  pp.  446  et  568. 


-  11 


Bleid 


Cartulaire.  —  1345.  Albert  de  Sapogne  résigne  la  cure  de  Signeulx 
et  est  remplacé  de  ce  fait  par  Dominique  d'Arrancy  (KK). 

1491.  Acensement  d'nn  «  copel  »  de  pré  fait  par  noble  écuyer  Gérard 
d'Espinal,  seigneur  en  partie  de  Cons,  aux  habitants  de  St-Remy,  prévôté 
de  Longwy  (AM). 

1570.  Frédéric  «  bladensis  »  curé  de  Ville-Houdlémont  (HL).  ^> 

1681,  22  mai.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean-Baptiste  de  Fossez  pour 
les  terres  et  seigneuries  de  Signeulx,  St-Remy,  Gomery,  la  censé  et  le 
faubourg  de  Virton,  le  bois  dit  Lefebvre  à  Mussy  et  le  franc  cortil  de 
Baranzy  (SI). 

Etytnologie.  —  Signeulx  (Sinù).  J'ai  supposé  précédemment  *  Sinaus 
et  *  Siniolum,  ce  dernier  dérivé  d'un  *  Signy  voisin.  Peut  être  aussi  le 
diminutif  :  ou  d'une  *  Sinia,  qui  serait  le  nom  ou  de  la  Vire,  ou  d'un 
ruisseau  des  environs  (1)  venant  de  Romain  (cf.  Si7ma  le  Shannon 
vilandais,  le  Sinn  allemand,  la  Chinelle  namuroise,  Senna  la  Senne  belge, 
la  Senne  de  Colmar,  la  Seigneulle  du  département  de  la  Meuse)  ;  ou 
encore  d'un  *  Sinus,  radical  paraissant  se  retrouver  dans  Sbiide  ou  Suiithe 
appellation  d'une  forêt  citée  en  deux  diplômes  d'Othon  III,  dans  le  Bois 
de  «  Schneux  »  ou  de  «  Schnet  »  lieu  dit  à  Vonêche  (Nam.),  et  dans 
Xenois  (Vosges). 

Borlon 

1682,  20  février.  Aveu  et  dénombrement  de  Julienne  de  Bois,  veuve  de 
Gérard  de  Veron,  chevalier  de  son  vivant,  pour  un  quart  des  seigneuries 
et  terres  de  Houmart,  Vervoz,  une  censé  à  Borlon,  etc  (SI). 


Bovigny 

Etymologies.  —  CiERREUX  :  N'aurait-on  pas  dans  ce  vocable  le  même 
suffixe  que  dans  Ledernaus  Lierneux,  *  Ortau  >  Ortao  Ortho  ?  Pour  la 
première  partie,  il  est  permis  de  rapprocher  :  Sera  la  Serre  du  départ,  de 
l'Oise,  Sara  =  Saravns  la  Sarre  allemande,  Sero?i  le  ruisseau  du  village 
homonyme  (Namur),  la  Gère  du  Cantal,  la  Sarine  suisse,  ainsi  que  : 
Sidrona  la  Sitter  suisse,  Sede?ia  >  *  Seni?i  le  Serein  français.  Un  ruisseau 


(1)  Rapprocher  le  passage  d'une  charte  d'Orval  de  1266  :  «  lo  pailcis  qui  est  en  Germeival 
(Gisenval  ?)  près  de  la  rivière  de  Simiel»,  Goflf.,  Cart.  d'Orval,  p.  422. 


—  12  — 

venant  de  la  frontière  allemande  contîue  avec  la  Salm  sur  le  territoire  de 
CieiTeux. 

HoNVELEZ  :  On  (y  compris  moi-même)  a  pensé  au  germ.  lar  ;  mais 
que  serait  Honve-  f  Je  doute  très  fort  que  ce  soit  liof.  Honvelez  n'appar- 
tiendrait-il pas  plutôt  à  la  famille  des  villaris  f  Longiinviler ,  ou  en 
ail.  actuel  Lôngsweiler,  a  été  altéré,  par  les  Wallons,  en  «  Lonvli  »  au 
lieu  de  «  Lonvyet  ».  Rien  d'impossible  non  plus  que  ce  soit  une  ancienne 
dénomination  en  -iacum  (comme  Ottré,  Dinez,  Lomré,  Régné),  c'est-à- 
dire  un  *  Huntîviliacimi,  issu  d'un  nom  d'homme  germanique  *  Huntwilo. 

Halconreux  :  J'y  ai  reconnu  récemment  roth  >  reux  =-  défrichement. 
Je  ne  crois  pas  que  la  première  partie  soit  le  prénom  *  Halco,  parce  que 
ce  dernier  se  fût  altéré  en  Hâcon  =  Haucon  ;  je  propose  *  Hakkelo,  dimi- 
nutif de  Hacco  (constaté).  Hakkelon  pouvait  parfaitement  donner  Halcon 
par  métathèse  à  une  époque  postérieure  à  la  vocalisation  des  -al-. 

Lamerly  a  été  considéré  comme  l'équivalent  de  Lomerslair  >  Lam- 
schler  Lamscher  ou  Limerlé.  La  chose  ne  me  paraît  pas  si  sûre  que  cela, 
en  raison  de  la  distance  relativement  courte  entre  les  deux  endroits.  Je 
croirais  plus  aisément  à  un  primitif  *  Lar?niliacum,  d'où  successivement 
*  Larmely  et,  par  méthathèse  aussi,  Lamerly.  J'ai  noté  en  France  un 
Larmigny  et  un  Lermigny. 


Bras 

1575.  Remacle  de  Froy  (Foy?)  curé  de  Bras-lez-St-Hubert  (VB), 


Bulles  (Les) 

Cartulaire.  —  1566,  18  décembre.  Lettres  patentes  du  roi  d'Espagne, 
autorisant  l'érection  d'un  moulin  banal  sur  la  Semois. 

Le  village  avait  eu  cependant  bien  avant  cette  date  un  moulin  banal  : 
le  Compte  de  la  recette  de  Chiny  de  1378-79  (Voir  Aîitiales  de  1909, 
p.  125)  mentionne  à  plusieurs  reprises  «  le  molin  de  Bures  ».  Ce  dernier 
devait  se  trouver  au  lieu  dit  «  Au  Vieux  Moulin  »,  près  de  la  Vierre. 

1575.  Les  chanoines  de  la  collégiale  d'Ivoix  avaient  part  dans  les  dîmes 
des  Bulles  (VB). 

Liste  des  membres  connus  de  l'ancieiuie  justice  foncière. 

1660.  Jacquemin  la  Pierret,  maire  ;  Alexandre  Henry,  lieutenant-maire  ; 
Nicolas  Henrion  et  Jean  Hussant,  échevins 

1661.  Vincent  Petit,  m.;  Jean  Hussant,  lient. -m.;  Nicolas  Henrion  et 
Henr}'  Hingo,  éch. 


-  43  - 

1662.  Henry  ïhiry,  m.;  Jean  Hussant,  lient. -m.;  Jacquemin  la  Pier- 
rette et  Henri  on  Petit,  éch. 

1663.  Jacquemin  la  Pierrette,  m.;  Henrion  Petit,  lient. -m.;  Henry 
ïhiry  et  Jean  Martin,  éch. 

1664.  Chenot  Collignon,  m.;  Jacquemin  la  Pierrette,  lieut.-m.;  Henry 
Martin,  éch. 

1689.  Jacquemin  Henry,  m.  ;  Chenot  Collignon,  lieut.-m.  ;  Henry 
Trodoux  et  Chenot  Hussant,  éch.;  Andrien  de  Laixe,  sergent;  Jean 
Mahillon,  greffier. 

1695.  Andrien  Délaisse,  m.;  Gilles  Louis,  éch. 

1697.  Henry  Mahillon,  m.;  Jacquemin  Henry,  lieut.-m.;  Gilles  Louis 
et  Mathieu  Hussant,  éch.;  Vernel  Harbuval,  serg. 

1701.  Jean  Rogier,  m.;  Henry  Mahillon,  lieut.-m.;  Andrien  Délaisse  et 
Arnould  Martin,  éch.;  Jean  Poleberg,  serg. 

1702.  Gilles  Louis,  m.;  Jean  Rogier,  lieut.-m.  ;  Jacquemin  Martin  et 
Gérard  Thiry,  éch. 

1711.  Nicolas  Délaisse,  m.;  Gilles  Louis,  lient.;  Jean  Potelberg,  éch.; 
Gérard  Thiry,  serg.;  Claude  Mahillon,  gr. 

1712.  Jacquemin  Martin,  m.;  Henry  Trodoux,  lient.;  Gilles  Louis  et 
Jacob  Goffinet,  éch. 

1713.  Gilles  Louis,  m.;  Jean  Rogier,  lieut.;  Arnould  Martin,  éch. 
1717.  J.  Mahillon,  m.;  Jacquemin  Henry^  lient.;  Gilles  Louis  et  Jacob 

Goffinet,  éch.;  Jean  Potelbergue,  serg. 

1720.  Nicolas  Délaisse,  m. 

1733.  Vernel  Collignon,  m.;  Andrien  Martin,  éch. 

1735.  Henry  Trodoux,  m.;  L.  Mahillon,  lient.;  J.  Goffinet  et  Pierre 
Dumon,  éch.;  Arnould  Délaisse,  gr. 

1737.  J.  Huart,  m.;  Jacob  Thiry,  éch.;  V.  Goffinet,  gr. 

1739.  Andrian  Martin,  m.;  J.  Huart,  lient.;  Vernel  Collignon  et  Jean 
Rogier,  éch. 

1741.  Arnould  Martin,  m.;  Henry  Rogier  et  Jacob  Thiry,  éch. 

1742.  Jean  Rogier,  m.;  Gilles  Délaisse,  éch. 

1744.  Henry  Rogier,  m.;  G.  Délaisse,  lient.;  Nicolas  Délaisse,  éch. 

1747.  Jean  Rogier,  m.;  Englebert  Pierret,  éch. 

1752.  Arnould  Martin,  m.;  P.  Richard  et  Jean  Gobin,  éch. 

1766.  Jean  Rogier,  lient.;  V.  Collignon,  éch.;  Ad.  Goffinet,  g. 

1767.  Jean  Foret,  m.;  N.  Goffinet,  Heut.;  Jean  Henry  Claudot  et  Jean 
François  Mahillon,  éch. 

1770.  Jean  Rogier,  m.;  V.  Collignon,  lieut.;  Nicolas  Jos.  Lallemand  et 
Lambert  Martin,  éch. 

1772.  Lambert  *  Martin,  m.;  J.  Rogier,  lieut.;  N.  Goffinet  et  Ignace 
Martin,  éch. 

1773.  J.  Rogier,  m.;  Lambert  Martin,  lient.;  Nicolas  Sempel,  éch. 
1782.  Henrv  Mahillon,  m. 


—  14 


Chanly 

Etymologie.  —  Cansleum  (pour  Cansleium)  925.  De  *  Cansiliacum  = 
fonds  de  *  Cansilius.  Cf.  un  Cansano  italien,  des  Chancy,  Chanzy, 
Chansac,  Chançay,  Champsac  et  Chancenay  français.  *  Cansiliacum  n'a 
pas  donné  ici  «  Chansilly  >  chansiyi  »,  par  suite  de  la  chute  précoce  de  1'/ 
qui  précédait  -Uaciim. 

Chantemelle 

1682, 1"  mars.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Marguerite  de  Berg, 
veuve  de  mre  Jacques  de  St-Baussant,  en  son  vivant  chevalier,  pour 
Vance,  Chantemelle,  Villers-devant-Vance,  Tortrue,  Habay-la- Neuve, 
Meix-devant-Virton,  Meix-le-Tiche,  Châtillon  (SI). 


Chassepierre 

Fin  du  XVP  siècle.  Par  lettre  datée  de  «  Wallansay  »,  le  doyen  rural 
d'Ivoix,  Jean  le  Bon  demande  à  l'abbé  St-Arnould  de  Metz  qu'il  soit 
pourvu  à  la  réparation  de  l'église  de  Chassepierre  (AM,  d'après  l'Inv.). 


Châtillon 

1681  :  voir  Chantemelle. 

1774.  D'après  une  lettre  du  curé  Moreaux,  adressée  aux  chanoines  du 
Collège  St-Louis,  patrons  de  l'église  aux  droits  de  l'abbaye  de  St-Pierre- 
mont,  le  feu  aurait  détruit  cette  année  soixante-dix  maisons  à  Châtillon 
(AM). 

Cherain 

1681.  6  juin.  Aveu  et  dénombrement  d'Ernest  Gérardin,  écuyer,  pour 
une  maison  à  Sterpigny  et  des  dîmes  à  Mont  (SI). 


Chiny 

Cartulaire.  —  1116.  L'empereur  Henri  V  confirme  les  possessions  de 
l'abbaye  de  St-Arnould  de  Metz,  y  compris  la  «  cella  quae  vocatur 
chisniacum  »  (AM). 

1178.  Guillaume,   avoué   de  Chisney,  donne   à  l'abbaye    de   Villers- 


—  15  - 

Bettnach  une  partie  de  ses  biens  sis  à  Brehem,  Tressenges,  Bonnenges, 
Autrenges,  Aroville,  Leers  et  Thil  (AM). 

1192.  Confirmation,  par  le  pape  Célestin  III,  des  biens  de  l'abbaye  de 
St-Arnould,  y  compris  la  «  cella  de  Chisniaco,  cum  ecclesiis  ad  eam 
pertinentibus,  cum  ecclesiis  (probablement  -decimis)  Florenvillei,  Orgeio, 
Tintiniaco,  Casapetra,  Sta  Caecilia  »  (AM). 

1200.  Confirmation^  par  le  pape  Innocent,  des  mêmes  possessions,  y 
compris  celles  qu'a  l'abbaye  «  in  Castro  chinei  »  (AM). 

1257  :  voir  Orgeo.  —  1265  :  voir  Tintigny. 

Avant  1382  (?)  Accord  entre  Ourriz  de  Billey,  seigneur  de  Florenville 
et  de  Martinwey,  et  Jehan  Grougeret,  prieur  de  Chiny,  relativement  à 
divers  droits  sur  le  moulin  de  Martué  (AM,  d'après  Inv.). 

1681,  29  mai.  Aveu  et  dénombrement  d'Otto  Wittimont,  pour  son  fief 
de  Chiny  (SI). 

Etymologie.  —  J'ai  peut-être  eu  tort  de  mettre  en  doute,  précédem- 
ment, l'étymologie  de  *  Cassiniacum  avancée  par  M.  Kurth,  sous  le  pré- 
texte que  le  double  5  s'amuït  rarement.  Le  nom  «  la  Crènire  »  donné  à 
une  fontaine  de  la  région  et  qui  se  traduirait,  je  pense,  par  Cressonnière 
en  français,  la  confirmerait  au  contraire. 

On  pourrait  penser  aussi  à  un  *  Gist?iiacus  >  *  Gisnei  >  Chisnei  : 
cf  Gisinga  plusieurs  Geisingen,  Giesing,  etc. 

Dampicourt 

1681,  5  juillet.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Ernest  Ferdinand, 
chevalier,  baron  de  Puys,  pour  ses  fiefs  de  Montquintin,  Couvreux,  Rou- 
vroy,  Escouviers,  etc.  (SI). 

Même  année,  22  d°.  Aveu  et  dénombrement  de  J. -Baptiste  Baillet, 
écuyer,  pour  les  terres  et  seigneuries  de  Latour,  Dampicourt  (SI). 

1759,  12  janvier.  Dénombrement  de  Christophe,  baron  de  Reumont, 
chevalier  de  l'ancienne  chevalerie  du  Saint  Empire  romain,  pour  les  terres 
et  seigneuries  de  Torgny,  Montquintin,  Dampicourt,  Couvreux,  etc.  (SI). 

Dochamps 

1682,  5  décembre.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Poncelet  du 
Pont,  au  nom  d'Emmanuel  Huard,  licencié  es  droits,  pour  un  fief  à 
Fresneux,  dit  Colin  (SI).  —  S'agirait-il  réellement  de  Freyeneux  ? 

Durbuy 

1686,  2  décembre.  Aveu  et  dénombrement  fournis  par  Charles  Hubert 
de  Grobbendoncq,  pour  la  prévôté  de  Durbuy  (SI). 


IH 


Ebly 

Etymologie.  —  1251  Ebliers,  ilQO  Erbly,  1288  Erbli,  Herblees,  etc. 
De  *Erbiliacns,  ou  de  *Herbiliacus,  ou  même  de  "Hermiliaciis.  La 
présence  de  l'une  des  consonnes  r  Qt  l  pouvait,  en  eft'et,  empêcher  le 
changement  de  b  en  v,  dans  les  deux  premiers  étymons.  Rappr.  : 
Erbenheim,  Erbersdorf,  Erpolzheim,  Herbinghem,  Herblingen,  Helm- 
lingen,  Helmstedt,  sans  oublier  les  prénoms  Wilhelm  (rom.  Willaimes, 
Willeaume,  Guillaume),  Adelhelm  (rom.  Alaime,  Aleaume).  J'écarte  les 
hypothèses  de  *Erblar,  *Hermelar,  parce  que  dans  l'un  de  ces  derniers 
cas,  le  nom  de  l'endroit  serait  devenu  en  patois  «  Ebliet  »,  au  lieu  de 
«  Ebli  »  :  à  preuve  «  Longliet  »  de  Longolare. 


Erneuville 

1136.  L'évèque  de  Bâle,  en  donnant  des  biens  à  l'abbaye  de  Prùm,  lui 
confirme  ceux  qu'elle  avait  déjà,  notamment  Widu?imufit  (donné  par 
Fredelo  de  Ore)  et  Vileîite  (BU). 


Ethe 


1570.  Gauthier  d'Ethe,  curé  de  Viviers-sur-Chiers  (HL). 

1681,   19  juin.   Aveu  et  dénombrement  de  François   Christophe   de 
Custinne,    chevalier,   pour  les  terres  et  seigneuries   d'Ethe,    Belmont 
Meix,  Verton,  etc.  (SI). 

Même  année,  24  novembre.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  Mar- 
chand, maître  de  forges  à  Buzenol,  pour  le  fief  de  Mahoué  (Hamawé  ou 
mieux  Mahâwé)  près  Virton  (SI). 

Même  année,  mai  :  Voir  Halanzy. 


Flamierge,  FlamizouUe 

Etymologie.  —  Formes  anciennes  :  Flamerges,  Flamyrges,  Fia- 
mesul,  Flamesuele ;  en  wallon  :  «  Flamîdje,  Flam'joul  ». 

Le  premier  doit  provenir  de  quelque  chose  comme  *Flarnerca,  *Flanie- 
rica,  ainsi  que  le  permet  le  rapprochement  de  :  a)  pour  -rche  ou  -rge, 
«  lârdje,  vedje  =  verdjè,  tchérdje,  foutche  »,  du  lat.  largus,  virgam, 
carricam,  furcam,  b)  pour  e  >  ie,  «  fîr,  pi  ce,  mî,  èrî  »,  de  ferum,  petiam, 


—  17  — 

mellem,  ad  rétro,  et  les  plus  récents  (1)  «  ivier,  Lierneux,  bierdjî  »  de 
hibernuin,    Ledernaus  (>  Lernou),   berbicarium.    Holder,    Altceltischer 
Sprachsch.,  mentionne  un  suffixe  -erc  dans  :  Aulerci,  Userca,  Darerca, 
Lupercus,  Luonercus,  ainsi  que  Ercavia. 
Flamizoulle  est  le  diminutif  féminin  de  Flamierge. 


Florenville 

1192  :  Voir  Chiny. 

1353.  Permutation  entre  Gauthier  Raincesseum,  chapelain  de  sire 
Jean  de  Florenville  (diocèse  de  Trêves),  et  Ponsard  dit  Jaber,  de  l'église 
de  Vrigne-au-Bois  (Vrigina  in  nemore)  (KK). 

Avant  1382  :  Voir  Chiny. 

1681,  17  octobre.  Aveu  et  dénombrement  fournis  par  Georges  Laurent 
du  Faing,  écuyer,  pour  partie  des  seigneuries  de  Termes-Frénois,  du 
Ménil,  pour  des  fiefs  à  Florenville,  Pin  et  Torgny  (SI). 


Fraiture 

1682,  décembre.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Jacques  Eustache 
Coudenhove,  baron  de  Fraiture,  pour  sa  baronnie  de  Fraiture  (SI). 
Xe  s'agirait-il  pas  ici  du  Fraiture  liégeois  ? 


Grandhan 

1683,  juin.  Aveux  et  dénombrements  de  Jean  Poncelet  Ponsard,  Pierre 
Pierrard,  Ferdinand  Rodaux,  Thomas  Laval,  Henry  Roseaux,  pour  un 
fief  dit  fief  Rondeau  à  Enneilles  (SI). 


Grapfontaine 

1681,  3  juin.  Aveux  et  dénombrements  de  Salomon  de  Hosseuse  et  de 
Nicolas  Roberty  pour  le  fief  de  Linay  (SI). 


(1)  Cf.  1286  Liernut  Liernu  {encore  Lernuth  en  1188),  1280  le  lier  à  Boirs,  contre  : 
ca.  1195  Maslir  (7(33  Maslario,  1060  Maliers),  1148  Felchlres  ('■•'filicarias)  Flesquières, 
ii'M  Silva...  Cherbonires{\N^  siècle  Ccirbonaria  sylvaj,  1191  Franires  Franière  Fraxinerias). 

La  diphtongaison  de  e  en  ie  qui  a  abouti  à  î  se  rencontre  au  moins  dès  le  X^  siècle; 
cf.  943  Moriermont  Morimont, 


I^  - 


Grune 

Etvniologie. —  Je  pense  que  ce  nom  appartient  à  l'hydronymie  :  le 
village  est  situé  sur  un  afiiuent  de  la  Wamme.  A  rapprocher  :  Crtina  la 
Crusnes  et  le  village  de  Crusnes  (Meurthe-et-Mos.),  Graona  le  Grosne 
petit  allluent  du  Rhône. 

Habay 

1570.  Thierry  de  Habay,  chanoine  d'Ivoix  (HL). 

1682.  Voir  Chantemelle . 

Même  année,  14  janvier.  Aveu  et  dénombrement  de  Jacques  de  Raggy, 
marquis  de  Pont-d'Oie,  pour  le  marquisat  du  Pont-d'Oie  et  pour  la 
seigneurie  de  Thiaumont  (SI). 

Halanzy 

Toponymie.  —  La  Wève.  Voilà  un  nom  germanique  naturalisé  en  pays 
roman,  savoir  waber,  qui  apparait  encore  dans  : 

Le  Pagus  Wabrensis  des  Francs,  lequel  tire  probablement  sa  dénomi- 
nation de  la  Wabria  forestis,  en  fr.  Woëvre,  vaste  forêt  qui  englobait 
notamment  les  territoires  de  Ville-en-Woëvre,  Fresnes-en-W.,  Marche- 
ville -en -W'.,  Savonnières-en-W.,  Mesnil-en-W.,  Saulx-en-W.,  Wadon- 
ville-en-W.,  Rupt-en-W.,  Lamarche-en-W.,  St-Benoit-en-W.,  Latour- 
en-W.,  Brainville-en-W.,  St-Benoît-en-W.  et  Wavrille,  et  dont  il  ne  reste 
plus  aujourd'hui  que  des  bois  dits  la  Culée  de  la  Wocvre,  près  de  Juvigny 
(Meuse)  et  la  Wocvre,  entre  Haudiomont,  Watronville,  Herméville, 
Gussainville,- Braquis  et  Ville-en-W.  (Meuse); 

Wavrille  (près  de  Damvillers),  diminutif  ; 

La  Voivre  et  les  Voivres  (Vosges)  ; 

La  Vaivre  et  la  Basse-Vaivre  (Hte-Saône)  ; 

La  Woivre,  bois  près  de  Vaux-les-Rosières  ; 

Wavreille,  également  diminutif,  dans  la  prov.  de  Xamur; 

Derrière  le  Waibe  et  la  Franche  Waibe,  à  Bagimont  ; 

La  Plate  Wébe,  à  Poupehan  ; 

La  Waibe  aux  Renards,  la  Wèbe  de  Gernel,  la  Wèbe  de  quarante  à 
Sugny. 

Cartulaire.  —  1090.  Le  pape  Urbain  II  confirme  les  possessions  de 
l'abbaye  S*<^-Scholastique  de  Juvigny,  y  compris  celles  de  «  Asc  juxta 
Mansenceyum  »  (CL). 

1681,  l^"^  juillet  Aveu  et  dénombrement  de  Charles  de  St-Baussant, 
chevalier  et  de  son  beau-frère   Philippe-Ernest  de  Reiffenberg,  à  cause 


-  lÔ   - 

d'Eléonore  de  St-Baussant  sa  femme,  pour  les  seigneuries  d'Aix,  Battin- 
court,  etc.  (SI). 

Même  année,  octobre.  Aveu  et  dénombrement  de  Charles  de  Lenon- 
court,  chevalier,  marquis  de  Blainville,  pour  les  terres  et  seigneuries 
d'Aix,  etc.  (SI,  qui  en  sa  table,  place  le  n°  de  cet  acte  en  regard  d'Aix- 
sur  Cl  oie). 

Même  année,  22  mai.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Louise  de 
Borville,  veuve  d'Evrard  de  Prouvi,  en  son  vivant  écuyer,  seigneur 
à'Esch  et  Belmont  en  partie,  pour  les  fiefs  de  Prouvy,  La  Ferté  et  la 
Maison  Blanche  à  Belchepin  (entre  Sarrebourg  et  Dieuze)  (SI,  qui  doit 
avoir  fait  une  erreur  de  lecture). 

Harnoncourt 

1681,  juillet.  Aveu  et  dénombrement  de  Philippe  François  pour  la 
terre  et  seigneurie  de  Harnoncourt  (SI). 


Hautfays 

1681,  12  novembre.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  de  Woestenraedt 
pour  tout  ou  partie  des  terres  et  seigneuries  de  Sclassin,  Rechany, 
(Sechery  ?),  etc.  (SI). 


Heinsch 

Brasse.  —  C'est  à  tort  que  les  Comm.  Luxemb.,  Additions,  ont  repro- 
duit l'assertion  de  Delafontaine  relativement  à  la  prétendue  disparition 
du  hameau  de  Brusse.  Il  existe  toujours,  reconnaissable  sous  la  forme  peu 
altérée  de  «Bresse».  La  métamorphose  (si  l'on  peut  appeler  cela  une 
métamorphose)  est  établie  par  les  exemples  suivants  : 

Patois  lux.  fesi  =  haut  allem.  Fûsschen, 

sèss  =  sùss, 

repsen  =  rùlpsen, 

breck  =  Brùck 


Herbeumont 

Toponymie.  —  HerbeumONT.  J'ai  dit,  en  mes  Recherches  sur  la  top. 
du  pays  gauni.,  ce  que  je  pense  de  l'étymologie  hybride  «  herbe  +  mons  ». 
Je  n'admets  pas  non  plus  «  mont  herbeux  »,  qui  supposerait  une  anti- 


-  20  - 

phrase  populaire.  Herbeumont  et  son  voisin  Herbeuvanne,  pour  moi, 
sont  respectivement  le  mont  et  la  vanne  de  Harbod.  Cf.  Herbeuville, 
souvent  écrit  Ilarbodis  villa,  notamment  en  95^2  et  en  lOHO. 

Antrogne,  ruisseau  affluent  de  la  Semois  ;  en  11 73  je  crois  :  A?itrtine. 
Nom  apparemment  celtique.  Cf.  Andes/a  l'Andelle  affl.  de  la  Seine, 
Ouoranda  la  Cure,  Anda  l'Ande  du  Cantal,  Anta  l'Ante  calvadocienne, 
*  AndyoVXxiàron  gardois,  etc. 

Il  y  avait  au  XVII'  siècle  une  forge  et  quelques  habitations  à  côté  de 
ce  ruisseau,  près  du  l.-d.  le  Paquis  d' Antrogne  (le  Paqui  d'Antroune). 
Les  registres  paroissiaux  de  cette  paroisse  mentionnent  notamment  sous 
l'année  1()34  le  baptême  de  Gaspar  fds  à  Etienne  «  forgeron  demeurant  à 
Antrogne  ». 

Champion;  vers  l!200  Campilon  (Cartul.  d'Orval),  forme  archaïque  qui 
ne  signifie  pas  qu'on  prononçait  alors  autrement  qu'aujourd'hui,  car  on 
trouve  à  la  même  époque  Bidon  pour  Bulhon  ou  Bouillon,  Tornei  pour 
Tornhei,  Torgnei  ou  ïorgny;  au  XVIP  siècle  Champillon.  Dérivé  de 
champ.  Le  hameau  a  disparu  depuis,  mais  son  nom  est  rappelé  par 
l'endroit  dit  «  le  Paquis  de  Champion  »,  ainsi  que  par  le  patronymique 
herbeumontois  «  Champion  ». 

FoRTELLE  (la).  V onr  forestelle,  petite  forêt. 

Pancès  (les),  où  passait  très  anciennement  la  Semois.  Vieille  forme 
de  poncel  >  ponceau,  qui  prouve,  de  même  que  les  Dansaus  —  en  1173 
Dunsart  — ,'que  Herbeumont  peut  être  rattaché  au  pays  gaumet  quant  à 
la  langue. 

Hompré 

Eiymologie.  —  Remoivilee  ;  en  wallon  «  R'  mwavèy'  »,  ce  qui,  si  je 
compare  «  twar,  cwasse,  Moircy  et  wajîres  »,  issus  de  tortus,  costam, 
*Morciaca  (Morceias)  et  osariam,  me  porte  à  supposer  un  primitif  comme 
*Ramordis  villani  ou  *Romordis  villam,  si  ce  n'est  un  *Ramivaris  villam. 
Peut-être  a-t-il  un  rapport  avec  Remianster  et  Remichampagne  ;  dans  ce 
cas,  il  équivaudrait  à  *Remy  -f  Warville  :  cf.  pour  ce  dernier  Foerste- 
mann,  1552  :  Warenrode,  Warenghem,  Weroldeswilare. 


Hondelange 

Etymologie.  —  SesselICH  :  1280  Seselich,  1314  Sesselich.  Peut  venir 
d'un  primitif  *Sextiliactts,  formé  du  gentilice  Sextilins,  altéré  de  bonne 
heure  en  Sestilius  La  diphtongue  -st-  aboutit  souvent  à  55-  en  luxem- 
bourgeois :  cf.  Bassendorf  -poMT  Bastendorf,  Kassel  (l.-d.)  pour  Kastel, 


—  21  — 

Asselborn  autref.  Aste?i7iebru?i7w,  Essingen  de  *Estingen  (dans  le  dérivé 
Estingeromarkim  X*^  siècle). 

Cartulaire.  —  1130-31.  Dénombrement  des  églises  à  la  collation  de 
l'abbé  de  Stavelot  :  «  ...  de  Keren  (Cherain),  ..de  Welin,  ...  de  Monte 
Sancti  Martini  (Mont-St-Martin,  sous  Bovigny),  de  Ysers  (Izier\  de 
Jupille  (Jup.  sous  Hodister),  ...  de  Marcha,  ...  de  Otreis  (Ottré),  ...  de 
Oldanies  (Odeigne),  de  Olfait  (Hautfays);  ...  de  Tohonges,  ...  de  Hun- 
deliiigas,  de  Alchisvilla  (Hachiville  ou  Helzingen)  »  (RS). 

1131  env.  Relevé  des  églises  et  des  terres  qui  payent  des  redevances  à 
l'église  de  Stavelot  :  «  ...  Ecclesia  de  ...  Œfait,  Wellin,  Marcha,  Jupilia, 
Karanco,  ..  Wirices,  ...  Heis,  ...  Fonteneles,  ...  Monte  Sti  Martini, 
...  ecclesia  de  Hondilenge  ceram  débet,  presbyter  IIII  d.  accipit, 
...  parrochi  de  LongHers  ..;  de  terris  ...  Horto,  ...  Heis,  ...  Homart,  ... 
Olpane,  ...  etc.  »  (Ibid.) 

Je  pense  que  ce  Hondelingen,  deux  fois  cité,  désigne  non  Hundelingen 
en  Hesbaye,  mais  le  Hondelange  ou  Hondelingen  luxembourgeois,  vu 
que  l'église  de  cette  dernière  localité  est  dédiée  à  St-Remacle,  comme 
celles  de  Opont,  Poupehan,  Verlaine,  Jupille,  Grimbiémont,  Marche, 
Wellin,  Chanly,  Halma,  Purnode,  Schaltin,  Winenne,  Bourdon  et  Haut- 
fays,  où  la  même  abbaye  avait  des  biens. 


Houffalize 

1681,  6  novembre.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Jean  de  Rési- 
mont,  écuyer,  pour  une  maison  à  Houffalize  et  une  rente  à  Brizy  (SI). 


Houmont 

Etymologies.  —  Magery;  en  wall.  Madjeri.  C'est  à  tort  que,  suivant 
en  cela  M.  Kurth,  j'ai  rangé  naguère  ce  vocable  dans  la  famille  de 
Maceria,  *  Maceritium  devait  donner  «  Mâjret  »  ou  «  Majri  »,  de  même 
que  macerietum  a  formé  nos  «  ^Nlâjeroi,  Mâjroi,  Mâjreu,  Mâjrou,  Maujret», 
que  maceriam  est  devenu  «  Maisière,  Mâchière,  Mâgîre,  Maugîre, 
Maihîre  »  et  Maceriolam  «  Maizerolles,  Mâgerolle,  Mârieulles  »,  etc. 
On  peut  supposer  un  ancien  *  Marcaritmm,  susceptible  lui  de  fournir 
«  Madjri  »;  cf.  Porcaritia  «  Poitchresse  ».  On  saura  peut-être  un  jour  le 
sens  du  radical,  que  je  n'ose  identifier  ni  avec  le  lat.  niergum  ni  avec  le 
germ.  marcam,  encore  moins  avec  le  gaulois  marcos  (=  jument). 

Magerotte  est  le  diminutif. 

Dans  Mageret,  on  a  le  même  radical,  mais  avec  le  suffixe  -etiuji  (fr.  oi, 

ay)  (1). 


22 


Izel 

1667,  21  novembre.  Aveu  et  dénombrement  donné  par  Jean  de  Reii- 
mont,  chevalier,  seigneur  de  Nanireux  et  de  Blagny,  pour  son  fief  de 
Fresnoy-lez-Montmédy  (SI). 

1681,  17  octobre.  Aveu  et  dénombrement  de  Philippe-François  du 
Mont,  écuyer,  pour  le  fief  dit  du  Mont  lez  Izel  et  pour  le  four  banal  de 
Pin  (SI). 

1759  :  voir  Dampicoiirt. 


Izier 


1683,  9  juillet.  Aveu  et  dénombrement  de  Henry  de  Bechaimont  pour 
la  seigneurie  de  Fermine  (SI). 


Jamoigne 

Inscription.  —  L'inscription  suivante  se  lit  à  la  pierre  d'une  des  fenêtres 
de  la  maison  Roger-Albert  (ci-devant  Egon-Goffinet)  à  Prouvy  : 

SIR. LAMBERT  DE  ASSENOID...    AM  .,   (?) 

MARCHIN   CHEVALIER  DU   PETIT   SIVRIE 

SEIGNEUR   DE   PRELLE  DU  MENIL  EN 

ET  (?)  HAUTOYE  PARTIE...    DEL   FOSSE,    1725. 

Cartulaire.  —  1681,  22  mai  :  voir  Halanzy  (AM). 

J'en  extrais  ce  qui  suit  concernant  Prouvy  : 

«...  Le  dit  fief  dudit  Prouvi  consiste  en  une  maison,  grange,  estables, 
jardins,  chennevières,  faisant  le  tout  environ  quatre  jours,  vingt  neuf 
jours  de  terres  labourables,  dix  huit  fauchies  de  prey  ou  environ,  trois 
estangs  contenant  environ  sept  jours...» 

Membres  connus  de  l'ancienne  justice  foncière. 

1600.  E.  Bastin,  maire;  Colle  Protin,  lieutenant-maire  ;  Henry  Prothin, 
Jean  Thomas,  Adam  Collin,  Henry  Pierre,  Alexandre  le  grand  Henry, 
échevins  ;  Nie.  Séviscourt,  greffier  ;  Jean  Lemaire,  sergent. 

1631.  J.  Rézette,  m.  ;  N.  Guiot,  lient. -m.  ;  Louis  Cordier  et  Adrien 
Louis,  éch. 


(1)  Cf.  Kurth,  Cartul.  de  St-Hubert,  index,  p.  719  :  Margerey. 


1654.  Jean  Poiret,  m.  ;  Henri  Thomas,  lient. -m.  ;  Jean  Gilles  et  Jean 
Alexandre,  éch.  ;  Henry  Gilles,  gr. 

1681.  Jean  Henry,  lient. -m.  ;  J.  Guiot,  Adrien  Carpenty  et  Adr.  Ri- 
chard, éch.  ;  Jean  Louppe,  gr. 

1682.  Gillet,  maire  ;  J.  Alexandre,  éch. 

1683.  Louis  Maissin,  maire. 

1685.  Jean  Guiot,  maire;  L.  Maissin,  lient. -m.  ;  Ad.  Richard,  J.  Ale- 
xandre, Evrard  Vaillant  et  J.  Lemaire,  éch. 

1687.  Nicolas  Guiot,  lieut.-m.  ;  J.  Louis,  Evr.  Henrion,  L.  Maissin  et 
J.  Lemaire,  éch. 

1688.  J.  Louppe,  m.  ;  Florent  Tailfer,  lieut.-m.  ;  Henry  Alexandre, 
Jean  Lambotte,  Nie.  Lemaire  et  Jacques  Henrion,  éch. 

1697.  Lambert  Collignon,  m.  ;  Henri  Xillis,  lieut.  m.  ;  J.  Louppe,  J. 
Guiot  et  J.  Lambotte,  éch.  ;  J.  Gilles,  sergent. 

1701.  Jean  Richard,  m.  ;  Jacques  Hingue,  N.  Lemaire,  Englebert  Tho- 
mas et  Jacques  Ricaille,  éch. 

1710.  Henry  Alexandre,  m.  ;  Henry  Dupuis,  lieut.-m.  ;  J.  Hingue,  gr. 

1717.  J.  Flagonthier,  m.  ;  Salomon  Lejeune  et  Nie.  Guiot,  éch.  ;  J. 
Rézette,  gr. 

1725.  N.  Guiot,  m.  ;  Jean  Foret  et  N.  Maissin,  éch. 

1727.  J.  Guiot,  m.  ;  Adr.  Louis,  lieut.-m.  ;  J.  L.  Clébant  et  Th.  Lejeune, 
éch. 

1729.  N.  Guiot,  m.  ;  J.  Flagonthier,  lieut.-m.  ;  N.  Lemaire,  éch. 

1731.  J.  Richard,  m.  ;  Nie.  Bertrand,  Gilles  Vaillant  et  N.  Gérard,  éch. 

1732.  J.  Flagonthier,  m.  ;  J.  Richard,  lieut.-m.  ;  N.  Gérard,  gr. 
173i.  De  Laval,  m.  ;  Evrard  Rogier  et  J.  Gillet,  éch. 

1735.  Gér.  Tailfer,  m.  ;  G.  Vaillant,  lieut.-m. 

1743.  J.  Flagonthier,  m.  ;  Evr.  Prignon,  éch. 

1749.  J.  Denis,  m.  ;  J.  Guiot,  lieut.-m. 

1754.  Gilles  Trodoux,  m.  ;  J.  N.  Bertrand,  J.  Guiot  et  J.  Lemaire,  éch. 

1760.  Henri  Lemaire,  m.  ;  M.  Mottet,  lieut.-m.  ;  J.  F.  Guiot,  gr. 

1764.  G.  Trodoux,  m.  ;  H.  Ricaille  et  M.  Mottet,  éch. 

1765.  M.  Collard,  m. 

1767.  G.  Trodoux,  m.  ;  M.  Collard,  lieut.-m. 


1770.  M.  Collard,  m. 


Jehonville 


Question  d'identification.  —  On  sait  qu'une  charte  de  1139,  reproduite 
notamment  dans  Kurth,  Cartul.  de  St-Hubert,  mentionne  dans  l'ancien 
doyenné  de  Graide  une  paroisse  de  Vusceye.  M.  Roland  la  place  aux  en- 
virons de  Maissin,  peut-être  parce  que  son  nom  vient  après  celui  de 
Maissin  et  de  Redu.   Mais  il  est  facile  de  voir  que  l'ordre  adopté  par 


—  24  — 

l'écrivain  n'est  pas  toujours  l'ordre  topographique  :  ainsi,  de  Jehonville, 
il  va  à  Ochamps.  puis  à  Paliseul  et  à  Offagne,  de  Louette  à  Bourseigne, 
puis  revient  à  Rienne,  de  Hargnies  à  Hautfays  et  ensuite  à  Oisy  pour 
revenir  à  Gembres,  et  de  Bièvres  à  Givet.  La  forme  Viisceve  ne  serait-elle 
pas  une  mauvaise  lecture  pour  *  Lusceye,  qui  pourrait  représenter  Luchy, 
localité  abandonnée  de  temps  immémorial  et  qui  se  trouvait  dans  le  bois 
dit  de  Luchy,  en  l'endroit  dénommé  La  Fange  du  château,  suivant  Tan- 
del,  Les  Comm.  Luxenib.,  VP  p.  928.  Luchy  ne  devait  plus  exister  en 
13r)0,  car  une  charte  de  St-Hubert  de  cette  année  (voir  Kurth,  ouvr.  cité, 
p.  571  et  suiv.)  relative  au  «  bois  que  on  dit  de  Luxi  »  ne  mentionne  que 
les  localités  de  Jehonville,  Offagne,  Assenois,  Chevigny  (St-Pierre), 
Bertrix,  Ochamps  et  Anloy,  aux  environs,  et  rapporte,  en  outre,  que  les 
habitants  des  trois  premiers  villages  y  ont  des  droits  usagers. 


Juseret 

Etymologies.  —  JuSERET,  en  1331  et  au  XV*=  siècle  Jiiserain,  Jiiseren. 
J'avais  supposé  ailleurs  un  primitif  *  Gusharing,  la  terminaison  -ing  pou- 
vant s'altérer  en  -et  dans  le  pays.  Mais  comme  le  g  précédant  o  et  u  se 
change  rarement  chez  nous  en  dj  (cf.  Gosselies,  Gomezée,  Gommegnies, 
Gomery,  Goschenée,  Gonrieux,  Gozée,  Gobsée,  Gouvy,  Cobréville)  et 
que  les  dju  et  tchu  wallons  peuvent  provenir  d'anciens  ge,  ga  et  ca 
(ex.  :  djunièse,  tchumin,  Djumeppe,  tchuvèye,  de  genistam,  caminum, 
Gamappa,  *  caviculam  pour  claviculam),  peut-être  a-t-on  le  droit  de  recou- 
rir plutôt  à  un  primitif  comme  *  Gasharhig ,  *  Gisheri?ig,  *  Geshering. 

La  même  remarque  semblerait  s'appliquer  à  Juzaine,  Jehonville 
(Jusxinvilla  ;  wall.  Tchonviye)  et  Gennevaux  (Gisenval).  Je  n'appuie  pas 
trop  cependant,  à  cause  de  Jodainville,  qui  pourrait  venir  de  *  Gordink 
villam. 

Bercheux  :  1297  Berchou,  aussi  écrit  quelquefois  Berchoy.  Est,  je 
crois,  une  dénomination  d'origine  gallo-romaine,  c'est-à-dire  un  ancien 
*  Barcaiis,  *  Bercaiis.  Outre  le  patronymique  français  Berchoux,  je  rap- 
proche Bargos  nom  de  deux  petits  fleuves,  l'un  d'Hibernie,  l'autre 
d'Illyrie,  cité  dans  Holder,  Altc.  Sprachsch.,  ainsi  que  le  cognomen 
Bergîdla. 

Cartulaire.  —  1682  :  voir  Amberloup. 


Lacuisine 

1682,  janvier.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  les  habitants  et  com- 
munauté de  Lacuisine,  pour  les  droits  et  usages  dont  ils  jouissent  (SI). 


1681  :  voir  Dampicourt. 


—  25  — 
Latour 

Libin 


893.  Liihin,  dépendait  alors  de  la  terre  de  Villance,  possession  de 
l'abbaye  de  Prùm,  comme  Ulsi,  Fagi,  Anloy,  Lesse,  Transinne,  Muczi, 
Fins  et  Hogemunt.  Dans  le  document,  il  est  parlé  des  manses  «  libinoises  » 
de  Amubricus,  Rainfridus,  Folcricus,  Helpricus,  Hairlandus,  Rainardus, 
Angliramnus,  Ostroldus,  Hilduardus,  Gainfridus,  Hildiaudus,  Helfridus, 
Waltberthus,  Alimarus,  Adelgisus,  Anxiander,  Eliardus,  Adelfridus, 
Anglemariis,  Wadelmarus,  Wiilmericus,  Florbertus,  Germanus,  Hariber- 
tus,  Andelinus,  Wicardus,  Fulcardus,  Bernoldus,  Flotaldus,  Laingrimnus, 
Wulframniis,  Dominicus,  Remigius,  Tancradus  et  Frediiardus,  ainsi  que 
d'un  forestarius  Gammo  et  d'un  cellarius  Gamulherius  (BU). 

Limerlé 

Toponymie.  --  GouVY,  anciennement  écrit  Govich;  en  allem.  Gellich, 
Gesslich,  pour  Gùslich;  en  wall.  Goûvi.  De  *  Guselo-zcik,  ou  de  *  Gicself- 
iacuni.  La  présence  de  \'l  avant  ?£'  ou /dans  la  forme  thioise  a  fait  tomber 
ces  lettres  (cf.  Fatler  pour  Fâtweller  =  Fauvillers). 

Le  Heulse,  l.-d.  Pour  Holz,  je  crois,  réduit  à  -els  dans  Bukels  =  Bo- 
cheltz,  Dunkels  Doncols.  Si  le  nom  n'a  pas  été  converti  en  hou,  c'est  que 
la  romanisation  de  Limerlé  n'est  pas  bien  ancienne. 

Elle  a  eu  lieu,  cependant,  avant  que  les  noms  en  -berg  ne  fussent 
altérés  en  -birech,  à  preuve  : 

Casseberre,  La  Québerre 

Sur  Talbert,  Couquelberre  (rapp.  flam.  Koekelberg). 

Gwasberre, 

Hausté  :  A  cause  du  voisinage  de  Commanster  et  du  l.-d.  Deronster, 
dont  la  prononciation  régionale  fait  entendre  distinctement  \'r  final, 
j'estime  que  Hausté  n'appartient  pas  à  la  même  famille  et  qu'il  corres- 
pond plutôt  à  Hohen-Steg  =  le  haut  sentier,  la  montée. 

Limerlé,  en  allem.  Lammerscher,  Lammscher  pour  Lammerschler. 
Sur  la  foi  du  médiocre  Hardt  (1),  on  a  lancé  une  forme  isolée  et  non 
datée,  Lofnmerslair,  et  on  a  prétendu  y  voir  le  nom  d'homme  Lommer, 
même  Lommers!  De  la  forme  vallonné,  on  n'en  tient  point  compte.  Je 
pense  que  c'est  à  tort  :  *  Limmerslar  peut  donner  en  ail.  luxembourgeois 


(1)  Cf.  son  Bericht  uber  die  Zweckmàssigkeit  der  Feststellung  einer  officiellen  Schrei- 
bung  der  Ortsnamen  des  Grossherzogthums  Luxemburg. 


—  26  — . 

Lammersler  ;^  Lammerschler  >,  etc.,  à  preuve  schioammen  pour  schwim- 
men  (napper),  klammen  pour  klimmen  (monter),  zammer  pour  Zimmer 
(appartement).  Pour  moi  donc,  *  Linuners  est  le  génitif  du  nom  d'homme 
Lindmer;^  Limmer. 

Le  Sàceii.  Que  de  fois  n'a-t-on  pas  vu  et  entendu  répéter  que  Sâceu 
dans  les  noms  de  lieux  vient  du  lat.  sacellum  (temple)?  Je  suis  loin  d'être 
convaincu  !  Voici  pourquoi  : 

a)  Sacellum,  loin  de  donner  une  terminaison  Qn-eu,  devait  aboutir  à 
une  forme  en-«/;  ce  qui  appert  de  «  vai  pourçai,  bai  »,  issus  de  vitellum, 
porcellum,  belhim.  Pour  avoir  -en,  il  faudrait  recourir  à  un  équivalent 
*  sacioïum,  formé  par  analogie  ; 

b)  c  libre  devant  les  voyelles  /  et  e  se  chuinte  (ch,  j)  ou  s'aspire  (h) 
dans  ce  pays;  ex.  :  nucejn  «  neuje  »  ou  «  neuhe  »,  aucelhun  «  oujai  »  ou 
«  ouhai  »,  vicinum  «  vèjin  »  ou  «  vèhin  »,  *  dicia7iteîn  (=  dicentem) 
«  d'jant  »  ou  «  d'hant  ». 

c)  Comme  s'il  y  avait  conspiration  contre  l'étymologie  précitée,  le 
cadastre  de  Limerlé  accuse  la  présence  de  : 

Le  Chaineu,  qui  correspond  aux  Tchenois,  Thanou  gaumets,  aux  Tchènets 

famennois    et    ardennais    (par    ex.    à    Bourseigne),    aux    Quènoy 

picards,  etc.; 
Le  Côreii,  équivalent  aux  Côrroy  gaumets,  aux  Côrets  ardennais  (par  ex. 

à  Louette)  et  famennois,  aux  Cauroy,  Couray,  Coudray  français  ; 
Le  Betileii,  auquel  répondent  les  Boùlois  gaumets,  les  Bolets  famennais; 
Feschereu,  synonyme  des  Fougeroy,  Fougeray  français  et  des  Fouschery 

gaumets  : 
La  Tornée  bordjeiise,  c'est-à-dire  la  couture  bourgeoise,   des  bourgeois, 

comme  Sitr  Bordjeii  à  Houffalize. 
A   noter    encore    aux    environs,   sans  s'écarter  de   la  largeur  d'une 
commune  : 
Rovreux,    équivalent   du   Rouvrou  ou    Rouvroy   gaumet,   du    Rouvroy 

hennuyer,  des  Rouvray  français  ; 
Le  Baileu  et  le  Grohailen,  dont   je    rapproche    des    Bailoy,  Baileu  et 

Bailet  namurois  (Roland,  Topon.  Nam.). 

Pour  moi,  Sâceu  n'est  que  le  lat.  salicetum  (saussaie),  comme  le  Sâcet 
de  Bihain,  le  Saussoi  ou  Sausswè  des  environs  d'Ittre,  Saulçois  et  Saussoy 
en  Jura,  Saulchois  CNord),  Saulchois  (Somme),  Sosoye  (Namur),  Saulzais 
(Cher),  Saussey  (Côte  d'Or),  Saulcet  (Allier),  etc. 


Longchamps 

1681,  21  octobre.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  Charles  Mathelin, 
écuyer,  pour  les  terres  et  seigneuries  d'Ile-la-Hesse,  Mande-S-^-Marie, 


—  27  — 

Mande-S'-Etienne,  Chenogne  et  Longchamps  (SIj. 
1682  :  Noix  Amber loup ^ 

Longlier 

Etyinologie.  —  Respelt,  en  1468  Respeau.  Apparemment  diminutif 
de  raspe  >respe,  fr.  rasple. 

Cartulaire.  —  970.  Suivant  une  copie  du  XV<^  siècle,  faisant  partie  du 
fonds  de  l'abbaye  de  Gorze,  aux  Archives  de  la  Présidence  à  Metz, 
l'empereur  Othon  aurait  donné,  cette  année,  à  la  dite  abbaye  des  biens 
à  Amel,  Eddulfivilla  au  pagus  de  Hiœbre,  à  Morlange,  Lozchi  au  pagus 
de  Moselgowe,  à  Loglar  au  pagus  de  Gning  (lire  Osning)  et  au  comté  de 
Trozilo,  à  Velme  au  pagus  de  Haspingawe,  etc. 


Mabompré 

893.  Biens  du  monastère  de  Prùm  à  Malbiinpreit  :  «  Juxta  Urtos^ 
Waldopecias,  Mannonis  fontana,  Curtil,  Vallis,  Noville,  Longunpreit, 
Haistros,  Bernerfontana,  Godelarpradum,  Amulrico  ladricio,  Ultra 
Wambais,  Maceria,  Suguzin,  Bedeleid  et  Broil  »,  trois  moulins.  Une 
trentaine  de  manses  sont  dénommées  d'après  leurs  détenteurs  (BU). 


Marcour 

1346.  Gobelin  préposé  à  la  cure  de  Markow.  Il  avait  eu  pour  compé- 
titeur un  chanoine  de  Hougaerde.  Le  litige  avait  été  porté  jusqu'en 
Curie  romaine  (KK.,  qui  hésite  entre  notre  Marcour  et  Merkhof,  localité 
ne  figurant  pas  aux  pouillés  de  l'ancien  diocèse  de  Liège). 

Etymologie.  —  J'en  ai  fait  naguère  un  *Merciirms.  Affirmation  trop 
confiante,  puisqu'il  faudrait  supposer  d'abord  que  la  syllabe  -eu  eût  eu 
l'accent  tonique,  comme  dans  la  forme  primitive  de  Mercœur  (Corrèze; 
Puy-de-Dôme;  Haute-Loire),  Marcoux  (Loire),  Mauguis,  etc.  (I)  En 
outre,  ur-àe-iirujii ,  -iiram,  'Urium,  -uriam  reste  régulièrement  en  wallon 
ur,  eùr,  eûr.  -Our  wall.  peut  provenir  de  -icr  entravé;  ex.  :  turnum 
>tour,  curtum  >  court,  bursam  >  boùse,  Silvestri  curtem  >  Séviscourt.  Je 
crois  donc  à  une  curtis  (ferme)  de  Maro  ou  de  Marco. 


(1)  Rappr.au  contraire   :   mercurii  diem  >  vaevcreài,  Mons   Mercorii>  Montmar/y^? 
(IX"  siècle  seulem.  Mons  Martyrum). 


28  — 


Meix-devant-Virton 

Cartulaire.  ~  1681  et  1682  :  Voir  Ethe  et  Chajitemelle. 

Toponymie.  —  Meix  :  P.  264/72  de  mes  Recherches,  j'écrivais^  à  la 
suite  de  M.  Kurth,  que  ce  vocable  était  le  gerin.  mar  =  étang.  Ne  serait- 
il  pas  plutôt  d'origine  celtique  et  n'appartiendrait-il  pas  à  l'hydronymie  ? 
Meix  est  arrosé  par  le  ruisseau  de  la  Chavratte.  Cf.  dans  Roland,  Top. 
Nam.  p.  167  :  deux  Maris,  un  Mar  us  et  un  Maro?ia. 

Menton  :  1298  «  un  preit...  qui  siet  à  Mers  lonc  le  missel  de  Menton  » 
(Cart.  d'Orval).  Menton  est  aussi  la  forme  ancienne  de  Matton  lez  Clé- 
mency,  village  arrosé  par  un  sous-affluent  de  la  Chiers.  L'un  et  l'autre 
diminutifs  de  *  Me?itus  ou  de  *  Mérita. 


Meix-le-Tige 

Cartulaire.  —  1682  :  Voir  Chantemelle. 

Etvmologie. —  Voir  mes  Recherches,  p.  72,  ainsi  que  l'art.  Meix-devant- 
Virton  ci-dessus.  Meix-le-Tige  est  situé  à  la  source  du  ruisseau  de 
Lagland,  affluent  (ou  sous-affl.)  de  la  Semois. 


Malempré 

Toponvmie.  —  L'AvE,  ruisseau  affl.  de  la  Lienne.  Probablerhent  un 
ancien  *^5yd:ra  comme  l'Yèvre  française,  et  je  crois,  comme  l'Ave  namu- 
roise  (XIP  siècle  Ave).  Cf.  aussi  Eva  Eve  (Evelette),  Avantia  dans 
Holder,  Altcelt.  Sprachschatz. 

Melreux 

1()82,  juin.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  Herla  de  Warpin,  curé  du 
Grandmesnil  pour  moitié  de  la  seigneurie  foncière  appelée  la  Basse-Cour 
de  Melreux  (SI). 


1682  :  Voir  Amberloup. 
Etvmologie  :  Voir  Musson. 


Messancy 


Mirw^arl 


1682,  23  février.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Jean  Henri 
Jamotton,  Ghislain  Jehenneaux,  Antoine  Ollivier,  etc.  pour  des  fiefs  à 
Minvart,  Han,  etc.  (SI). 


-  29  - 

Mont 

1681  :  Voir  Cherain  et  Houffalize. 

Morhet 

Toponymie.  —  Remience  :  X-^  siècle  Rernianster.  M.  Kurth  (Front.,  II, 
p.  106),  suivi  par  M.  Feller  (Les  n.  de  lieux  en  -ster,  p.  255),  range  cette 
appellation  dans  la  famille  des  noms  en  -ster.  C'est  montrer  trop  de 
confiance  (1).  Pour  moi,  l'orthographe  Remianster  doit  se  lire  * Remians- 
tre,  de  même  que  Stavelz  et  Stavels  sont  pour  *  Stavles  Etalle;  \'r  de  la 
dernière  syllabe  s'est  amuï  comme  dans  le  wal.  figniesse  (fenêtre),  vosse 
(vôtre).  Je  pense  qu'il  faut  décomposer  notre  vocable  en  deux  parties,  la 
première  *  Remy  —  de  *  Remiaciim,  ou  même  de  *  Rumiacum  :  cf.  1096 
Remonis  villa  Remoiville  (Meuse),  X^  siècle  Romonia  Remagne  — ,  la 
seconde  *  Enstera,  qui  pourrait  être  l'ancienne  dénomination  du  ruisseau 
local,  affluent  du  Laval  :  cf.  Ernster  (G.-D.  de  Lux.)  sur  la  Schwarze  Ernz 
(*  Aranster?,  puis  Ernz  par  analogie  avec  l'Ernz  d'Ernzen). 

A  noter  qu'à  côté  de  Remience  se  trouvent  le  hameau  de  Remicham- 
pagne,  qui  est  peut-êt^e  un  ancien  *  Remy  -\-  *  scampagne,  et  celui  de 
Remoiville  (voir  art.  Hompré). 

Muno 

Toponymie.  —  WatrinsART  :  Feu  Prat  écrivait  que  ce  nom  signifie 
«  sart  de  Watrin  ». 

Watrin  est  une  des  formes  romanes  de  Walter  (=  Gauthier)  et  pour 
Waltrin,  lequel  aurait  donné  ici  Wautrin-,  Aulritisarl ou  peut-être  même 
Aiirinsaut,  au  lieu  de  Watrinsaid ;  de  même  *  Wairinis  sartum  eût 
abouti  probablement  à  Warinsaut  :  cf.  carrey  de  quadratum,  neurè  de 
nutrire,  durî  de  de  rétro,  araire  de  aratro.  Pour  la  conservation  du  t,  il  a 
fallu  :  ou  bien  un  en  avant  cette  consonne  (*  Wentregin  ou  *  Wentlin-), 


(1)  Le  second  auteur  renchérit  même  beaucoup  sur  le  premier.  Encore  un  peu  son 
lexique  final  comprendrait-il  tous  les  noms  de  lieux  renfermant  st.  Pour  donner  un 
nouvel  exemple,  je  ne  vois  pas  pourquoi  le  Resti  (sor  le  voie  de  Resti...)  de  la  p.  335, 
situé  «  à  Flos,  commune  de  Réty  »  ne  doit  pas  être  identifié  avec  Réty  (1129  Retseqne, 
qu'il  faut  lire  Resteque). 

L'hypothèse  qui  voit  dans  notre  Remience  —  un  composé  fugace  dont  le  suffixe  a 
disparu,  n'est  pas  moins  crédule.  Il  faudrait  nous  apprendre  ce  que  représente  le  terme 
conservé  —  et  produire  un  cas  analogue. 


-  30  - 

ou  bien  un  r  (*  Wartrin  ou  *  Wartlin-);  cf.  mes  Recherches,  p.  11/203, 
note  1. 

Musson 

Cartulaire.  —  1681,  mai  :  Voir  Bleid. 

1681,  25  d°.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  de  Pouilly,  écuyer, 
et  de  Charles  François  Hue  de  St-Remy,  aussi  écuyer,  seigneur  de  Gras, 
de  Volkrange-Metzange,  pour  ce  qu'ils  possèdent  à  Baranzy  et  autres 
lieux  (SI). 

1681,  1"  juillet.  Aveu  et  dénombrement  de  Charles  de  St-Baussant 
pour  la  terre  et  seigneurie  de  Musson,  divers  terrains  et  prés,  dix  arpents 
de  bois,  une  maison-fief  à  Longwy-haut,  etc.  (SI). 

1683,  23  février.  Aveu  et  dénombrement  de  Marie  Claire  Félicitas  de 
Laittres,  veuve  de  Jacques  Claude  de  Longueville,  pour  le  fief  de 
Goudincourt,  au  ban  de  Musson,  et  pour  une  censé  à  Torgny  (SI). 

Etymologie.  —  MussoN  :  1175  Mezun,  1181  Meziins,  1199  Meceo7is, 
1293  Messons,  etc.;  patois  «  M'  son  ». 

Diminutif  du  vocable  Mussy,  qui  suit,  dira-t-on.  Mais  alors  comment 
expliquer  l'absence  de  1';^  dans  le  dérivé,  alors  qu'il  subsiste  dans  Mussy? 
X'est-ce  pas  plutôt  par  suite  d'une  vague  ressemblance  fortuite  des  deux 
vocables  qu'on  a  écrit  Musson,  et  ne  peut-on  pas  supposer  que  cette 
dénomination  est  empruntée  à  celle  du  ruisseau,  l'une  des  sources  de  la 
Vire,  dite  '«Batte»,  c'est-à-dire  à  * Messantio,  à.\rmTmt\i àe* Messaiitia,  le 
ruisseau  de  Messancy,  affluent  de  la  Chiers?  Sans  doute,  c'est  là  une 
hypothèse  même  très  hardie,  puisqu'elle  repose  sur  une  autre.  Mais 
quand  je  vois  des  petits  affluents  de  ce  dernier  cours  d'eau  porter  des 
noms  d'origine  celtique  (le  ruisseau  des  Charages,  Crnna,  la  Crusnes, 
Hogregia  l'Iré,  la  Thonne,  etc.),  je  me  demande  pourquoi  celui  de 
Messancy  n'aurait  pas  eu  le  sien  aussi  (1);  de  plus,  il  arrive  assez  souvent 
que  les  noms  de  deux  cours  d'eau  voisins  ont  une  même  origine  et  que 
pour  les  distinguer,  l'un  revêt  un  suffixe  diminutif  :  c'est  le  cas  pour 
l'Orne  brabançonne  et  l'Orneau  namurois,  la  Meuse,  le  Mouzon  et  la 
Moselle,  l'Amblève  ou  Amel  et  le  Nèblon  (anc.  Eviblon). 

Baranzy,  au  XIIF  siècle  Barranzey  et  en  gaum.  Barazy,  semble 
provenir  d'un  primitif  *  Barentiacus.  Cf.  Barentin  (Seine-Inf.),  Barenton 
(Aisne)  et  Barenton-le-Teilleul  (Manche). 

WiLLANCOURT,  en  1234  Viloncurl  —  fomie  qui  ne  m'inspire  pas  plus 


(1)  Pour  ce  "^  Messafifta,  Tappr.  la  Messe  affl.de  l'Alzette  ;  et  pour  ^■' Messaniiac2iin 
Messancy;  Ligny  sur  la  Ligne,  Tilly  sur  le  Thil,  Mouzay  sur  la  Meuse,  ainsi  que 
Altzingen  sur  l'Alzette. 


-  31   ^ 

de  confiance  que  Tholuncourt  pour  Tellancourt  (gm.  Tlacou),  Donpin- 
curt  Dampîcourt  —  et  en  gaum.  «  Viyancou  ».  Je  ne  crois  pas  que  le 
vocable  provienne  de  *  Willandi  curtis,  ou  de  *  Wiclandi  curtis,  ou  de 
*  Wilioni  curtis,  qui  tous  trois  auraient  donné  une  forme  dialectale  avec 
la  même  initiale  qu'en  «  Wivère  »  Willière,  la  Woèvre  de  Halanzy, 
Warnîvaux  de  Châtillon  ;  mais  plutôt  d'un  primitif  comme  *  Abilioni 
curtis >  *  Avilioncourt  :  cf.  le  prén.  germ.  Ablebert,  les  n.  de  lieux 
Avelghem,  Afiflighem,  Eblinghem,  Evelinghem,  Avelin,  Ablain,  Avling, 
Ebly,  Eppilinwillare  (Foerstem.,  II,  503). 


Mussy-la-Ville 

Etymologie.  —  Vers  1185  Muscei,  plus  tard  Micssei,  Mnssi,  Mtissy ; 
pat.  Mussi  ou  Mussî. 

M.  Kurth  (Front.  Ling.,  I)  a  proposé  * Musciaciim  et  * Militiacimi,  tout 
en  faisant  observer  que  Mussy  est  «  un  des  noms  les  plus  obscurs  »  de  sa 
liste,  «  à  cause  des  divers  radicaux  auxquels  on  peut  rattacher  les 
nombreux  noms  de  cette  catégorie  ...,  Mussy,  Moussy,  Moussey,  sans 
compter  les  Musset,  Mousset,  Moissac,  Moissat,  Moissay,  Moissieu, 
etc.  »  (l).  Je  crois  que  * Militiacum  aurait  donné  plutôt  ici  Mécy,  en 
passant  par  Meltiac  et  Melsy.  La  prononciation  traditionnelle  peut 
provenir,  certes,  de  *  Musciacum;  mais  aussi,  et  avec  autant  de  présomp- 
tion, de  *  Miiciacum  ;  même  de  *  Mmisiacum.  Pour  le  changement  de 
-w«5- (= -ons-)  en  -us-  ou  -ans-,  rappr.  Moniio7ie  Mousson  (Pont-à-M.), 
monasteritim  «  moutî  »,  constare  «  coutèy  »,  glomiiscelhim  y  glomscellum 
«  luché  »  (=  wall.  lonchai,  lonhai,  loncha). 

En  allem.  Missig  pour  Mùssig,  suivant  le  phénomène  qui  convertit 
Dùdelingen  en  «  Dideleng  »,  Burel  en  «  Birel  ».  Cette  forme  même  de 
Missich  n'exclut  pas  l'étymon  de  *  Munsiacuvi,  à  preuve  Asler  n.  ail.  de 
iVnlier  (Anslariuin)  «  Aaschweller  »  corruption  de  Ansheres  villare  (926) 
=  *  Ansersweiler,  officiellement  Arsweiler  (Lorr.  ail.)  en  fr.  Angevillers, 
Esslingen  autref.  Ensilinge  ou  Enslinge,  Urmitz  en  866  Hormiinze. 


My 

Cartiilaire.  —  1683,  juin.  Aveu  et  dénombrement  de  Jean  Evrard, 
chevalier,  vicomte  de  Lafontaine  et  d'Harnoncourt,  pour  la  terre  et 
seigneurie  de  Ville  (SI). 

Toponymie.  —  M  Y  :  873  Médis  ;  situé  sur  le  ruisseau  qu'un  document 


(1)  Cf.  aussi  Musiigny  Mousny  sous  Ortho. 


—  32  — 

de  1159  appelle  Miez  («  fontem  que  vocatur  Miez  »).  Médis  My  est  donc 
bien  un  vocable  hydronymique  comme  Medtiana,  Medana,  Meane  la 
Mayenne  française,  comme  la  Mehaigne,  comme  Medonia  la  Mène 
brabançonne,  comme  le  ruisseau  de  My-Fontaine  entre  Petit-Fays  et 
Oizy  (près  duquel  devait  se  trouver  le  Medolum  de  770). 

Missoui..  —  Diminutif  du  précédent  comme  Lomnesuele  Lampsoul  et 
Stavlecellis  Stapsoul  le  sont  de  Lomme  et  Stave. 

Ville,  qui  pourrait  s'appeler  le  Neuf  Ville  par  opposition  à  Vieux- 
Ville.  Ce  dernier  est  probablement  le  Villa  («  locum  qui  appellatur 
Villa...  in  pago  condruscio  »)  de  862,  nom  également  hydronymique,  car 
deux  chartes  de  1159  parlent  comme  suit  de  son  ruisseau  :  «  aquam  que 
vocatur  Welua  »  et  «  l'iawe  que  on  appelle  Welleua  ».  A  rapplrocher  de  : 
Wiluzva  la  Woluwe,  Wilippa  la  Wôlpe. 


Nassogne 

XIV'^  siècle.  Martin  d'Ivrée  (de  Iporegia),  Jean  de  Wihogne,  Gérard 
Pullinbreche,  Jean  Scalet,  chanoines  de  la  collégiale  (KK). 


Nives 

Etymologies.  —  NiVES  :  1139  Nirves,  1237  Nieuves,  1239  Nievres,  etc.; 
wall.  Xîve.  L'étymologie  de  *  Nervia  supposerait  une  diphtongaison 
lointaine  de  -e-  en  -ié-,  pour  aboutir  à  ni-.  Xe  faut-il  pas  l'abandonner? 
Nié  ne  se  serait-il  pas  altéré  de  bonne  heure  en  gnéf  Les  exemples  de 
«  gnieu  *  pour  «  nieu  »  (novum)  et  «  gnièr  »  pour  «  nier  »  (nervem)  le 
prouvent,  semble-t-il.  Un  primitif  comme  *  Nivara  ou  *  Nibara  est  plus 
admissible.  Serait-ce  le  nom  antique  du  ruisseau  de  Cobreville?  Rappr.  : 
N'ava  la  Xahe  allemande,  le  ruisseau  dit  Xaive  à  Fronville^  Niuverleit 
Xivelet  sur  le  ruisseau  de  Mellier,  Xeffe,  la  Xièvre  de  Xevers  (Niver- 
mim),  la  Xive  riv.  française. 

Cobreville  :  1464  Cobreville,  1481-99  Cobrainville,  Cobr avilie,  plus 
tard  Cobraiville ,  etc.  Il  existe  encore  un  nom  de  famille  Cobraiville. 
Peut-être  la  villa  de  Godbrand  (-=  Godbrend  ?),  ou  de  Gondebrand  ;  ces 
deux  prénoms  sont  apparentés  à  Hildebrand,  Herbrand,  Luitprand.  On 
aura  prononcé  «  Gobranvèye  »  puis  Gobrâvè3'e,  Cobrâvèye  »,  etc. 
Volenville  —  si  l'on  peut  indaguer  sur  une  forme  romane  assez  récente  — 
et  Molinfaing  sont  altérés  respectivement  en  «  Vlaivèye  »  et  «  Molîfet  ». 

Cartidaire.  —  1682,  9  janvier.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Jean 
Philippe  de  Caluwart,  baron  de  Fraipont,  pour  la  baronnie  de  Frai  pont 
et  les  terres  et  seigneuries  de  Baneux,  Lizen  et  Sure  (SI). 


33  — 


Noville 

893.  Possession  de  l'abbaye  de  Prùm.  La  chapelle  est  citée  dans  le 
document  (BU). 

1575.  Pierre  de  Longvillier,  curé  de  Noville  et  doyen  rural  de  Bas- 
togne  (VB). 

Ortho 

1575.  Nicolas  Francquin,  curé  d'Ortho  fVB). 


Orgeo 

1257.  Jean,  doyen  rural  d'Ivoix,  fait  connaître  que  Wathier  «  c'on  dist 
Tabarie  »,  d'Orgeo  et  tous  ses  «  parcheniers  »  ont  vendu  au  prieur  de 
Chiny,  Aubert,  la  moitié  du  bief  du  moulin  «  d'Oiir.ffoi{  »  (AM). 

XIV"^  siècle  :  voir  ChÏJiv. 

1563.'  Claude  de  Sussy,  curé  d'Orgeo,  s'excuse  auprès  du  prieur  de 
Chin}^  de  ne  pouvoir  payer  cette  année  le  canon  des  dîmes  de  Herbeu- 
mont,  à  cause  de  la  présence,  dans  sa  paroisse,  de  gens  de  guerre  indisci- 
plinés (AM). 


Rachecourt 

Etvmologies.  —  Rachecourt.  Formes  romanes  :  1275  Reegccourt, 
1322  Ravgecourt,  gaum.  Ratchcou  ;  formes  allemandes  :  1287  ReisJiove, 
1317  Reshoven,  auj.  Ressig.  Je  suppose  que  les  graphies  thioises  de  1287 
et  de  1317  ne  sont  que  des  traductions  de  la  dénomination  romane.  Pour 
que  le  g  ou  le  ch  se  soit  maintenu  dans  cette  dernière,  il  a  fallu  originai- 
rement que  l'une  de  ces  lettres  soit  précédée  d'une  autre  consonne,  par 
ex.  de  /.  Rachecourt  pourrait  donc  être,  me  semble-t-il,  la  ciirtis  d'un 
nommé  ^  Raigis  (Rado  -f  Giso  :  cf.  Radulf>  Raoul,  Anségise,  Bérégise), 
*  Ratgisconrt  paraissant  susceptible,  après  l'amuïssement  de  5  précédant 
le  suffixe,  de  perdre  aussi  1'/,  ce  qui  s'est  produit  pour  Sigisbert,  devenu 
Sigebert  et  même  Soybert,  Sebert.  La  Ratgisiciirtis  faisait  partie  du 
domaine  de  *  Ratgisiacus,  et  ce  nom-ci  doit  être  le  radical  de  l'ail.  Ressig. 

ÏRABLOU  (Le).  Identique  aux  Trembloy,  Tremblay.  Me  paraît  anté- 
rieur, je  le  répète  ici,  au  XIIL  siècle  et  je  doute  avec  beaucoup  de 
violence  que  «  une  nouvelle  plantation  de  trembles  »  puisse  «  encore 
aujourd'hui  recevoir  ce  nom  en  pays  gaumais  !  » 


:r4 


Redu 

LesSE  :  S9:>  Lizze,  possession  du  monastère  de  Prùm.  Le  relevé  des 
biens  y  mentionne  quatorze  détenteurs  de  manses  appartenant  à  ce 
couvent  (BU). 

Rossignol 

i;>53.  Henri  de  Philoména,  chanoine  de  St-Paulin  à  Trêves  (KK). 

Ruette 

1570.  Guillaume  Zonet  de  Ruette,  curé  de  Puilly  (HL). 

Toponvmie.  Dans  mes  Notes  toponymiques,  j'ai  rattaché  le  vocable 
Ruette  au  german.  rot:?  =  défrichement.  Je  n'ai  pas  la  preuve  que  ce 
radical  a  fait  souche  en  toponymie  virtonaise,  soit  simple,  soit  sous  une 
form.e  dérivée. 

Peut-être  le  nom  est-il  le  diminutif  de  *  Rue  =  *  Roue,  lequel  se  serait 
appliqué  k  une  localité  voisine  aujourd'hui  disparue  :  on  connaît  Houyet, 
Evelette,  Falmignoul,  Missoul,  Thonnelle,  comme  diminutif  de  Huy-les- 
Auneaux  ou  Hulsonniaux,  Eve,  Falmagne,  My  et  Thonne. 

*  R7ie,  —  de  *  Ruga  ou  de  *  Ruda  —  serait-il  le  nom  ancien  du  ruisseau 
dit  de  Grandcourt  ?  A  rapprocher  :  Rodena  Roanne  et  son  cours  d'eau  le 
Roannay,  la  Rotter  hollandaise,  et  le  Rouillon,  rivière  du  bassin  de  la 
Seine  et  dont  j'ignore  la  forme  archaïque. 

Sélange 
1575.  Henri  (ou  Jean)  Feutkin,  curé  de  Sélange  (VB). 

Sibret 

Etynnologies.  —  Chenogne,  dont    on    ne  connaît  que    des    formes 

relativement  récentes,  est  en  wall.  «  Tch'nogne  ».   Peut  donc  provenir 

.  d'un  *  Canonia  (=  *  Canoniacum),  issu  d'un  cognomen  gaulois  *  Cano, 

révélé   par  Canaus    (cf.  Roland,   Top.  Nam.,  466)  ;    ou    encore    d'un 

*  Casnoniay  *  Canonia,  non  documenté. 

JODENVILT.E.  Si  ce  n'est  la  villa  de   Gordo,  ce  doit  être  la  villa  de 
Ge/do.  I^app.  :  Geldiomey  Jouldion  Jodion  fNam.),  Geldonia  ou  *  Gel- 


—  35  — 

dotiac u m  iodoigne  ou  Geldenaeken,  Geldma>  Juddi7ies  Gedinne  (wal. 
Djèdenne).  Je  préfère  la  seconde  étymologie,  parce  que,  je  le  répète, 
chez  nous  le  g  précédant  o  et  ?^  devient  rarement  dj. 

Mande-Sainte-Marie.  Sans  formes  archaïques  dignes  d'être  notées. 
Est  situé  sur  le  ruisseau  de  Laval.  Comme  Mande-St-Etienne  est  aussi 
baigné  par  un  cours  d'eau,  je  suis  d'avis  que  l'un  et  l'autre  appartiennent 
au  vocabulaire  hydronymique.  Le  radical  est-il  *  Mandra  ou  *  Meduan- 
/?/;«.?  J'opine  pour  le  premier,  à  raison  de  Mandra,  forme  ancienne  du 
Mandel  flamand  (Kurth,  Front.,  I,  p.  453;  IX'^  siècle);  j'ai  noté  en  outre  : 
Petite-Mandre  (Meuse)  sur  un  petit  affluent  de  la  Meuse,  Mandre  (même 
départ.)  sur  un  affluent  du  ruisseau  de  l'Eix,  Mandres  au  même  départe- 
ment et  à  la  source  d'un  ru  tributaire  de  l'Ornain,  Mandres-aux-4-Tours 
(Meurthe-et-Mos.)  à  l'une  des  sources  de  l'Ache,  Mandern  (Prov.  rhénane) 
à  l'une  des  sources  du  Rùwer.  Meduantum  eût  abouti  à  Méan  ou  à 
Moyan  :  cf.  les  mots  wallons  «  moyou,  béole,  moyin,  Floyon  »,  de 
medullus,  betulus,  mediamis,  *  Fledo.  *  Mada7ita  aurait  pu  fournir  cepen- 
dant Mante  =  Mande;  cf.  Médis  My  et  son  ruisseau,  Mattis  le  Rupt 
de  Mad  (Meurthe  et-Mos.),  Quoranda  la  Cure,  Carantona  la  Charente. 

Cartnlaire.  —  XIV-  siècle.  Jean  de  Sebres,  chanoine  de  Ste-Marie  à 
Huy,  de  la  cathédrale  de  Liège,  de  la  collégiale  de  Nivelles  et,  à  la 
mort  de  Robert  de  Tuitio,  archidiacre  d'Ardenne  (KK). 


Sohier 

1683,  2H  juin.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Anne  Isabelle  de 
Notten,  veuve  de  Nicolas  Gougeon,  et  Jean  François  «  Grundart  »,  pour 
la  terre  et  seigneurie  de  Sohier  (SI). 


Sommethonne 

1681,  10  décembre.  Aveu  et  dénombrement  de  Nicolas  Habbot  et  Jean 
Habbot  de  Wicourt,  écuyer,  pour  des  fiefs  à  Sommethonne  (SI). 

1682,  17  août.  Id.  de  Jean  Rouyer,  Jean  le  vigneron,  Jean  Clesse, 
Pontian  Collet,  Henry  Philippe,  Jean  Istaze^  François  le  Febvre, 
Jean  Mangin,  Jean  Gérard,  Jacques  Rouyer,  Henry  Aubry,  la  fabrique 
de  Sommethonne,  François  Desrodelles,  pour  des  fiefs  au  même  lieu  (SI). 

Même  date.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  les  mayeur  et  habi- 
tants de  Sommethonne  pour  les  droits,  privilèges,  aisances,  etc.,  dont  ils 
jouissent  (SI). 

Même  année,  8  septembre.  Id.  par  François  Chauvancy,  dit  d'Aix,  tant 
au  nom  de  sa  femme,  Françoise  Rémond,  qu'au  nom  des  enfants  mineurs 


—  36  — 


nés  du  premier  mariage  de  celle-ci  avec  Jean  Niclot,  pour  des  prés  à 
Berchiwez,  des  tîefs  à  Sonimethonne,  etc.  (SI). 


Saint-Hubert 

XVIII''  siècle.  L'abbaye  possédait  le  droit  de  patronage  de  l'église 
de  Xeunh;iuser  (fr.  Neufchef),  aujourd'hui  Lorraine  allemande.  En 
mars  17  45,  cette  dernière  cure  étant  devenue  vacante,  le  «  concours  »  la 
revendiqua,  si  bien  que  le  pourvu  de  l'abbé  ne  put  recevoir  d'institutions 
ni  à  Metz,  ni  à  Trêves,  chef-lieu  de  la  province  ecclésiastique.  L'abbé 
s'adressa  en  Cour  de  Rome  et  en  obtint  un  bref  appellatoire  de  la 
sentence  du  Consistoire  métropolitain,  en  1754.  Le  prêtre  nommé  par  le 
concours  dut  ainsi  résigner  la  cure,  en  faveur  du  pourvu  de  Saint-Hubert, 
lequel  fut  déclaré  institué  «  salvo  jure  concursus  »  (DP). 


Saint-Mard 

1681,  août.  Aveu  et  dénombrement  de  Marie  Elisabeth  de  Nassau, 
veuve  de  Philippe  Edmond  de  Laistre,  pour  partie  des  seigneuries  de 
Saint-Mard,  Allondrel,  etc  (SI). 


Sainte-Marie-en-Nochet 

Etymologies.  —  Fratin  :  1270  et  1303  Fraitis.  L'une  des  deux 
interprétations  données  dans  mes  Recherches  doit  sans  doute  être 
écartée  :  * Frid-in  aurait  pu  aboutir  à  * Frevin>  Froyin.  S'il  }•  a  réelle- 
ment suffixe  -in,  il  est  préférable  de  supposer  un  ancien  *  Frastin,  ou 
encore  *  Frattin.  Dans  un  des  derniers  numéros  du  Bulletin  du  Diction- 
naire Wallon,  quelqu'un  a  proposé  le  rapprochement  du  gaum.  frâtin, 
mot  auquel  on  substitue  aujourd'hui  partout  celui  de  «  harotches  ».  A 
défaut  d'exemples  semblables,  je  ne  me  sens  pas  convaincu  :  tout  chanvre 
(je  tiens  le  renseignement  de  ma  mère  !)  roui  par  un  temps  favorable 
peut  donner  à  la  fois  «  sèran,  ètoupe  et  harotches  »;  il  est  donc  diflicile 
de  croire  qu'on  ait  désigné  un  terrain  par  «  frâtin  »  ou  encore  par 
«  harotches  »  pour  le  motif  que  le  chanvre  qu'on  y  récoltait  était  de 
qualité  médiocre.  A  moins  que  «  frâtin  »  n'ait  signifié  primitivement 
mauvais  chanvre  :  ce  qui  n'est  pas  moins  malaisé  à  démontrer. 

Sainte-Marie  :  1167  Sancta  Maria,  1211  Rista,  1214  Rista  sive 
Sancta  Maria,  Ris  te,  1226  et  1230  Sancta  Maria,  l;>27  Sai)icte  Marie  à 
Xo.xet,  1402  Sainte- Marie  en  Noyset,  1462  Sainte-Marie  en  Or  cet,  1570 


—  37  — 

Sta  Maria  in  Urceto.  Depuis  la  rédaction  de  mes  Recherches,  etc.,  je 
m'étais  demandé  si  au  lieu  de  Rista,  il  ne  fallait  pas  lire  *  Nuscet, 
*  Nusset  ou  *  Nosset  ;  mais  puisqu'il  existe  réellement  encore  à  présent 
un  bois  dit  Rasta  à  une  lieue  du  village,  j'abandonne  ce  terrain.  Qu'il  me 
soit  permis  de  revenir  cependant  sur  Nochet  et  Orcet.  Je  le  répète, 
nitcetiim  aurait  donné  Nôsoy  ou  plutôt  Nôjoy,  Noùjoy  :  Trembloy 
(à  Fratin),  le  Chénois,  le  Rôsoy  (à  Poncel),  le  Halloy,  l'Aunoy  et  le 
Tombois,  que  je  note  tous  aux  environs,  le  prouvent  abondamment,  ainsi 
que  «  noùjette  »  ou  «  neùjette  »  pour  noisette.  La  diphtongue  sch,  en 
gaumet,  après  une  voyelle  brève,  peut  provenir  de  : 

a)  ss,  comme  en  «  oché  (ossellum),  bachi  (*  bassiare),  agrachi  (incras- 
siare)  ». 

d)  X,  comme  dans  «  cuché  (cox-ellum),  machelle  (maxillam),  achi 
(axiculum), 

c)  se,  de  même  qu'en  «  boschet  (boscum -f  rom.  -et),  luché  (glomus- 
cellum),  mouschran  (muscam -j- rom.  -ron),  rouché  (*rivuscellum), 
paschan  (pascionem),  faschi  (*  fasciare)  », 

d)  si,  par  ex.  dans  «  uche  »  (ostium), 

e)  c  et  s  suivant  immédiatement  x  :  «  pouché  »  (porcellum), 

/)  même  r  lorsque  le  radical  était  monosyllabique,  par  ex.  dans 
«  couchot  »  dérivé  de  «  couche  »  (curtus). 

On  voit  que  l'interprétation  est  assez  épineuse.  Aurions-nous  ici  le 
suffixe  germanique  -i^ig?  Toujours  est-il  que  dans  cette  partie  du  territoire 
gaumet,  on  rend  par  è  bref  les  sons  français  en,  in  et  an  provenant  des 
-i?i,  -en,  -im  et  -ej?i  latins  suivis  d'une  consonne.  Exemples  :  «  tè 
(tempum),  froumè  (frumentum),  comèci  (*cumin'tiare)^  dîmèlche  » 
(domin'cum).' 

Folklore.  —  Ste-Marie  avait  aussi  son  Trou  des  Fées  (tro  des  fâves). 

Des  anciens  m'ont  conté  les  deux  faits  suivants. 

Deux  jeunes  hommes  avaient  joué  un  tour  aux  fées,  en  leur  absence. 

Celles-ci  leur  avaient  envoyé  dire  qu'elles  les  rattraperaient.  Cela  ne 
manqua  pas  :  en  chargeant  du  fumier  peu  de  temps  après,  l'un  piqua  par 
inadvertance  sa  fourche  dans  l'œil  de  l'autre. 

Trois  autres  jeunes  gens,  passant  près  du  Trou  des  fées,  eurent  l'idée 
d'y  pénétrer  Mais  comme  l'ouverture  était  fort  étroite,  ils  tirèrent  à  la 
courte  paille  pour  savoir  qui  des  trois  y  entrerait.  On  attacha  donc  une 
corde  à  l'entour  du  corps,  à  celui  que  le  sort  avait  désigné.  Quand  on  l'en 
retira,  il  n'avait  plus  de  tête. 

St-Pierre 

1575.  Henri  Magerotte,  curé  de  St-Pierre,  en  Chevigny  (VB). 

Etymologie.  —  Sberchamps  :  Le  champ  de  Sigisbert,  en  rom.  Sebert, 
Soibert. 


St- Vincent 


ll'ti.  Adalbéron,   évèque   de  Verdun,   donne   à   l'abbaye   messine  de 
St-Arnould  sa  part  des  dîmes  de  Saivinsart  (AM). 


Tavigny 


893.  L'état  des  biens  de  Prûm,  transcrit  par  le  molpe  Césaire,  men- 
tionne à  Tevenihe  les  lieux  dits  «  Ad  Curtil,  in  Monte  juxta  forestem, 
in  Carnido,  in  Gundinegias,  ad  Wispoldiso,  ad  Muci,  et  Aliumpas  »,  deux 
moulins,  les  noms  de  vingt-neuf  détenteurs  de  manses  appartenant  à 
l'abbaye,  et  une  église  (BU). 

92S.  Précaire  du  duc  Giselbert  avec  l'abbaye  St-Pierre  de  Trêves, 
relatif  au  monastère  de  St-Servais,  à  Maestricht,  et  les  villes  de  «  Burtz 
in  pago  et  comitatu  Ardunensi  »  (Bœur),  Giils,  etc  (BU). 


Termes 


1570.  Louis  de  «  Termino  »,  prêtre  (HL). 

1681,  7  juin.  Aveu  et  dénombrement  d'Albert  de  Pouilly,  chevalier, 
pour  partie  des  terres  et  seigneuries  de  Pourru,  Termes-Frénois,  Villers-d*- 
Orval,  etc.  (AM). 

1682,  6  février.  Les  habitants  et  communauté  de  Termes-Frénois 
donnent  procuration  à  Henry  Pierret,  pour  rendre  leurs  foi  et  hommages 
au  Roi  de  France,  à  cause  de  la  dépendance  du  comté  de  Chiny  (AM). 


Thiaumont 


Etymologie  :  La  forme  romane  ancienne  a  dû  être  *  Theodonmont, 
puis  *  Tidonmont  et  *  Tionmont,  vu  les  formes  thioises  Diedemberg, 
Diedemburg  et  Dedebrech  (-burg).  —  On-  avant  la  lettre  m  s'est  déna- 
salisé en  -au  -;  phénomène  qui  semble  se  retrouver  dans  :  a)  Huônau, 
voisin  de  Huompré  et  de  Huombois,  b)  Libramont,  ancienn.  Librandi- 


—  39  — 

monte,  en  wall.   Libraumont,  c)  Framont,   w.  Frômont,    d)  Blanmont 
Blâmont  (Lorraine),  en  ail.  Blankenberg. 

Carhdaire .  —  1575.  Henri  Bourfeldt,  curé  (VB). 
1682  :  Voir  Habay, 

Tillet 

TiLLET.  —  A  cause  du  voisinage  de  Frenet  et  de  Fosset,  je  crois  que 
Tillet  est  pour  Tillois  (tilietum).  Je  sais  qu'on  l'a  traduit  autrefois  par 
Tiliacum  ;  mais  cette  forme  médiévale  est  sujette  à  réserves,  autant  que 
les  suivantes  :  Tulpetnm,  Stabuletian,  Piniacus,  Taniaciis,  etc.,  qui  sont 
pour  Tidpiacum  (=  Tolbiactim  Zùlpich)^  Stahiilaaim  (=  Stabulaiis 
Stavelot),  Pinetiim  (Piney),  Tannetum  (Tannay),  etc. 

RouMONT  =  la  hauteur  sur  laquelle  s'élevait  la  forteresse  de  Rodulfus, 
d'après  ce  qui  va  suivre. 

Cartiilaire.  —  1147.  L'empereur  Conrad  III  réconcilie  l'archevêque 
Adalbéron  de  Trêves  et  le  comte  Henri  de  Namur,  qui  étaient  en  guerre 
au  sujet  de  la  charge  d'avoué  de  l'abbaye  de  St-Maximin.  Le  comte  livre 
son  château  de  Roiihuont,  pour  le  recevoir  ensuite  comme  fief  de  l'église 
de  Trêves  (BU). 

115'2.  Confirmation,  par  le  pape,  des  biens  et  droits  de  l'église  de 
Trêves.  Il  y  est  parlé  du  château-fort  de  Rodolfisberg,  que  le  comte  de 
Namur  s'était  engagé  à  ne  pas  relever  (BU). 


Tintigny 

■icj'H  .  1912  :  voir  Chinv. 

1227.  L'archevêque  Thierry,  de  Trêves,  donne  au  couvent  de  Saint- 
Arnould  l'église  de  Tintigny,  avec  ses  dépendances  et  le  droit  de  patro- 
nage (AM). 

Othon,  cardinal-diacre  et  légat  du  St-Siêge,  confirme  cette  donation 
(AM). 

1263.  J.,  princier  de  la  cathédrale,  Lambert,  sire  de  Tintigny,  et 
Jacques  d'Etalle,  chevalier,  donnent  aussi  leur  part  du  patronage  de  la 
dite  église  (AM). 

1265.  Th.,  archidiacre,  incorpore  l'église  au  prieuré  de  Chinv  (AM). 

1576.  Pierre  Guillaume  résigne  la  cure  entre  les  mains  de  Jacquemin 
Bridon  (AM). 

1578.  Requête  de  Jean  Fabri,  prêtre,  pour  la  prise  de  possession  de 
la  dite  cure  (AM). 

1680,  18  mai.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  les  maire,  justice  et 
communauté  de  Tintigny  pour  leurs  droits  et  privilèges  (SI). 


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Torgny 

Cartulaire.  —  1681,  4  juillet.  Aveu  et  dénombrement  de  Pierre 
Delîjrouffé,  pour  le  fief  dit  Cour  Lossu  (^Sossu?)  à  Torgny  (SI). 

168:>  :  Voir  Miisson. 

175!»  :  Voir  Dampicouri. 

Même  année,  27  janvier.  Aveu  et  dénombrement  donnés  à  l'Impéra- 
trice-Reine  par  Anne  Béatrix  de  Heiden,  veuve  de  Jean  Michel  de 
Wobersnow,  chevalier,  Barbe-Louise  de  Wobersnow,  femme  de  Charles 
Louis  du  Han,  comte  de  Martigny,  et  Marie  Julienne  de  Wobersnow, 
pour  les  terres  et  seigneuries  de  ïorgny,  Bazeilles,  etc.  (SI). 


Transinne 

893.  Suivant  le  polyptique  de  Priim,  il  y  avait  alors  à  Trancin  trente- 
quatre  manses  à  l'abbaye  (BU). 


Vance 

Question  d'identilîcation.  —  Sous  la  date  de  893,  les  Communes 
Luxemb.  ont  identifié  cette  localité  avec  le  Vi/ans  cité  en  même  temps 
que  Holonzi  (alias  Holonzeias)  dans  l'état  des  biens  de  Priim. 

Je  pense  que  c'est  là  une  erreur.  Vuans  et  Holonzi  sont  mentionnés 
après  Rivât  (=  Rivata),  Monti?ii  (=  Montiniaca),  Nivenru,  Bovelicurt ; 
ensuite  viennent  Wikc  in  salninse,  Fagit  juxta  Pozol,  Elemciirt,  Mor- 
villa,  Puzol,  Cavellion  et  Oron.  Or  le  copiste  Césaire  dit  dans  ses  com- 
mentaires qu'il  croit  que  tous  ces  endroits,  dont  les  noms  n'ont  pas  de 
traductions  thioises,  se  trouvent  dans  le  diocèse  de  Metz;  il  l'affirme  en 
particulier  pour  Montini,  sis  à  trois  milles  de  Metz,  dit-il,  et  qui  serait 
donc  Montigny-devant-Metz  ;  ainsi  que  pour  Wihc  in  salninse,  très 
probablement  Vic-sur-Seille  ou  -en-Saulnois,  pour  Ptizol,  aujourd'hui 
Puzieux-lez-Delme,  où  il  se  serait  renseigné. 

De  plus,  Elemcurt,  Morvilla,  Cavellion  et  Oron  désignent  assurément 
Alaincourt,  Morville-sur-Nied,  Chevillon  et  Oron,  situés  également  dans 
la  région  de  Delme. 

Il  y  a,  ce  me  semble,  assez  de  raisons  pour  admettre  que  Vuans 
désigne  aussi  une  localité  du  pays  messin,  soit  un  des  deux  Coin,  soit 
Goin.  Quant  au  changement  de  w  (vu)  en  cw  ou  gw,  il  n'est  pas  anormal 
du  tout  :  vespam  ne  devient-il  pas  gouape  en  lorrain  ? 


41 


Vecmont 


1682,  mars.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Madeleine  de  Mont- 
morency, baronne  de  Brandenbourg,  vicomtesse  d'Eclaye,  etc.,  pour  la 
seigneurie  de  Hubinne,  avec  une  cour  féodale  de  laquelle  relèvent  les 
arrière-fiefs  de  Sinsin,  Chéoux  et  Vecmont,  et  la  censé  d'Elloye  (SI), 


Villance 

893.  Extrait  du  polyptique  de  Prùm,  document  cité  ici  à  plusieurs 
reprises  : 

«  XLV.  De  Vilantia.  Est  in  vilantia  mansus  indominicatus,  aspiciunt  ad  ipsum 
culture  VII.  Prima  est  in  rotunda  hasila,  ubi  potest  seminari  avena  modios...  2°  est  que 
dicitur  inerilonis  crtice  ad  seminanda  avena  modios...  3°  ad  hulsiz  ubi  potest  seminare 
modios  CCCC  4° est  in  loco  qui  vocatur  cz/^^/^o^ (alias albiegias)  ad  seminandos  modios  CCCC. 
ô**  est  in  loco  qui  vocatur  reiinainbarbu,  ubi  potest  seminari  modii  CCL.  6°  est  secus 
fontem  qui  vocatur  scaitla,  ad  modios  LX.  7°  est  in  loco  qui  vocatur  rricheiigas,  ad 
modios  XXX,  pratum  ad  carradas  C.  Sunt  ibi  molendini  II  qui  solvunt  annona  mixta, 
modios  XL.  Bratsinas  III  que  reddunt  avena,  modios  CGC.  Silva  ad  porcos  saginandos 
M.  sunt  ibi  alia  mansa  ingenuales  XLVII  ex  quibus  sunt  vestite  XLIIII  et  très  partes 
mansi  et  subjacent  in  bis  locis  (l). 

De  mansis  servilibus.  Mansus  servilis  quem  tenet  harierus.  solvit  hostilicium  pro 
denariis  V.  Dabrastobos  XV  facit  araturam,  ut  alii  reliquum  tempus  facit  omne  servi- 
tium.  quicquid  ei  jubetur.  Mansus  amandi  facit  similiter.  Mansus  witiechero  similiter. 
Mansus  martini  similiter.  Mansus  ivinithero  similiter.  Mansus  item  martini  similiter. 
Mansus  theodorici ,  ivirannus  habet  terra  jornales  II. 

De  feodis  ministerialium.  Avmlhertus  habet  in  beneficium  mansos  II,  et  jornales  VIII. 
Seihardus  mansum  I  et  dimidium.  Harthertus  presbiter  mansos  III,  et  capellani  I  in 
trancin . 

De  hominibus  qui  attinent  curie.  Absi  homines  ex  nostra  familia,  qui  infra  potestatem 
nostram  sunt  sine  mansis,  solvit  unusquisque  annuatim  friskingam  I,  vervecinam  pro 
hostilicio  denarios  V,  coruadam  I.  per  denarios  IIII,  facit  araturam,  jornalem  dimidium. 
Omni  ebdomada  diem  I.  Si  foris  potestate  nostra  sunt,  solvit  unusquisque  denarios  XV. 
Abse  femine  ex  nostra  familia,  sive  infra  potestate  nostra  sint,  sive  extranea,  solvit 
unaquaque  linum,  fusa  XXX.  Homines  extranei  qui  infra  nostra  potestate  résident  solvit 
unusquisque  de  avena,  modium  I.  pullum  I.  ova  V.  facit  in  aratura,  coruadam  I.  et  vadit 
unum  diem  cum  falce  in  prato  secare.  Ancille  autem  que  ibi  sunt,  débet  unaquaque 
ex  dominico  lino  facere  camsilem  L  aut  sarcilem  I.  in  longitudine  cubitos  XII.  in  latitu- 
dine  II.  quod  si  hoc  non  fecerint,  solvit  unaquaque  de  lino  fusa  XXX...  »  (KU) 

1370.  Egidius,  curé  de  Nilhans,  se  démet  pour  le  canonicat  de  Saint- 
Denis,  à  Liège  (KK). 


(1)  «  Nobilis  vir  de  ctcnhs,  qui  ibidem  est  advocatus,  apud  vilanciam,  tenet  ab  ecclesia 
villam  bonam  infra  terminos  ejusdem  curie,  quod  oschanp  appellatur,  et  allodium  illud 
habet  ejus  patronatus  ecclesie  ejusdem  ville  que  terminos  habet  satis  amplos.  » 


—  42  — 


Villers-devant  Orval 


1681,  juin.  Aveu  et  dénombrement  de  Simon  de  Herbémont,  chevalier, 
seigneur  de  Charmois,  pour  partie  de  la  terre  et  seigneurie  de  Villers- 
devant-Orval  (SI). 


Villers-la-bonne-eau 

Etvmologie  et  identifications.  —  Chiversoux  :  wall.  «  Tchîversou  ». 
Diminutif  de  *  Cavriciacus  >  *  Chivercy  :  cf.  plusieurs  Givercy  français  ; 
ou  de  *  Capraritium,  composé  de  la  même  façon  que  Porcaritias  Por- 
cheresse,  Vaccariciavi  Vacheresse,  Castricium  Chastrès.  Rappr.  aussi  le 
wall.  «  tchîfe  »  chèvre  (rom.  chièvre),  de  capram. 

Losange  :  XV'^  siècle  Lossan^e,  Louesenge ;  wall.  Lozindje,  pat.  ail. 
Losig,  Losich  (cf.  Zittig  de  Ziittinga,  Rippig  de  Rilppingen,  Bàdig 
Bôdingen  ou  Bodange).  Les  auteurs  du  Cartulaire  de  Stavelot-Malmédy, 
MM.  Halkin  et  Roland,  identifient  notre  Losange  avec  le  Lnkesengias, 
Lnxengias,  Lnzxengias,  Lnchezengias ,  Lughensengeis,  Liikesengcs  des 
chartes  de  1046,  1049,  1089,  1143,- etc.  des  dits  monastères.  Un  passage 
du  n<^  125  dû  Cartul.  cité  milite  fortement,  au  contraire,  en  faveur  de 
Luxem,  autrefois  Lukesinga,  Lukesingias  (1023,  1026,  1182,  etc.),  qui 
figure  aussi  parmi  les  possessions  de  l'abbaye  Saint-Maximin  de  Trêves  à 
ces  dates  (1).  Dans  ce  titre,  le  moine  écrivain,  parlant  de  l'abbé  Thierry, 
qui  gouverna  Stavelot  et  Saint-Maximin  à  la  fois,  dit  que  cet  abbé 
favorisait  le  parti  de  Trêves  et  rapportait  fréquemment  les  controverses 
des  partis  convoitant  cet  endroit,  en  ajoutant  que  Lukesenges  appartenait 
ajuste  titre  à  Saint-Maximin  plus  qu'à  Stavelot.  En  outre,  phonétique- 
ment parlant,  *  Luksinga  ni  *  Lukensinga  ne  donneraient  en  wall. 
Lozindje  et  en  ail.  Losig,  mais  plutôt  des  formes  comme  Lochindje, 
Loyinsindje,  Luksig;  ce  qui  ne  serait  pas  malaisé  à  démontrer. 

Bettlange.  —  Une  charte  de  Stavelot,  datée  de  968,  cite  une  localité 
du  nom  de  Dottinga,  située  sur  la  rivière  de  Sura  et  dans  le  comté  de 
Bastogne.  Ne  faut-il  pas  lire  Betlinga,  qui  serait  Bettlange,  arrosé  par 
l'eau  de  Surré  ou  Sirbach? 


(I)  Pour  ceux  qui  .s'étonneraient  en  voyant  qu'une  localité  figure  dans  les  possessions 
de  deux  monastères  à  la  fois,  je  dirai  que  Crôv  et  son  église  auraient  appartenu  vers 
741-752,  en  895,  en  915  et  vers  1125  (Beyer,  Urk.,  I.  page  14,  205,  II.  p.  3,  16,  25)  à 
Rchternach,  et  en  862  (Roi.  et  H.,  Cart.  de  Stav.,  81)  à  Stavelot,  suivant  les  documents 


43  — 


Villers-la-Loue 

Etymologies.  —  Vili,ers-la-Loue  ;  en  pat.  «  Ville  laloû,  Ville  lolù 
(cf.  gaum.  «  olâye  =  alèye  »  allée),  ou  simplement  «  Villèy  ».  Est 
anciennement  écrit  Villers  Valuet,  qu'il  ne  faut  pas  lire  «...  l'alu-et  », 
mais  «...  lu  »  ou  «  -loù  »  ;  à  la  même  époque  Rehisiiel,  Briiels  sont  pour 
Rebisù[l],  Brù[l]  ou  Rebisoù[l],  etc.  Aloi'i  est  le  franc,  alleud. 

HoUDRiGNY.  —  Voici  une  étymologie  préférable  à  celles  émises  en 
mes  Recherches  :  *  Holdreginiaciis,  fonds  de  Holdregino. 


Villers-sur-Semois 


Etymologie.  —  MORTINSART.  —  On  a  si  souvent  répété  que  Mortinsart 
est  pour  *  Martinsart,  que  la  plupart  ont  fini  par  le  croire.  On  ne  peut 
cependant  se  baser  que  sur  une  graphie  unique  du  XIIP  siècle,  à  laquelle 
il  faut  préférer  la  forme  traditionnelle,  qui  mérite  au  moins  autant  de 
confiance.  Pourquoi  ne  serait-ce  pas  le  sari  de  Morto  (Mortinis  sartvmi)? 
Rappr.  :  Mortagne,  Mortain,  Mortsel,  Morting,  et  peut-être  Morcelas 
Moircv  (*  Mort-iacas  ?)  et  Mormont. 


Virton 

1.380.  Simonins  Porcher  de  Verton  et  sa  femme  Marguerite,  fille  à 
Collart  d'Ottange,  chevalier,  avec  Thomas  d'Ottange  de  Bure,  donnent 
aux  sujets  de  l'abbé  de  Saint-Pierremont  décharge,  pour  le  passé,  d'une 
rente  de  25  quartels  d'avoine  non  encore  acquittée  (AM). 

1570.  Jean  de  Virton,  curé  à  Etalle  (HI). 

1680,  24  octobre.  Arrêt  rendu  par  la  Chambre  de  Réunion,  au  profit  de 
l'évêché  de  Verdun,  contre  le  seigneur  de  Virton  (Recueil  des  arrêts  de 
la  Chambre  Royalle,  Paris,  Léonard,  1681). 

1681,  juillet.  Aveu  et  dénombrement  donnés  par  Catherine  de  Chau- 
mont,  comme  héritière  d'Alexis  de  Chaumont,  écuyer,  Marie  Anne  de 
Chaumont,  Elisabeth  de  Chaumont  et  demoiselle  Catherine  de  Jumel, 
leur  nièce,  pour  l'étalage  de  Virton,  des  droits  à  Bouillon,  etc   (SI). 

Même  année,  22  mai  :  Voir  Bleid. 


44 


Vielsalm 


1249.  Le  comte  de  Salm  en  Ardenne,  qui  tenait  en  fief  et  hommage 
de  rêvèché  de  Metz,  le  patronage  de  l'église  de  Hussange  (Lorr.)  et  la 
moitié  des  dîmes  et  redevances  attachées  à  celle-ci,  en  fait  remise  entre 
les  mains  de  l'évéque  Jacques  (DP). 


Waha 

1681,  4  novembre.  xA.veu  et  dénombrement  de  Humbert  de  Waha  de 
Fronville,  chevalier,  pour  les  terres  et  seigneuries  de  Hauvezin  et 
Verenne  (SI). 

16<S:>,  juin.  Aveu  et  dénombrement  de  Denis  Théodore  de  Waha  pour 
les  terres  et  seigneuries  de  Buisson  ville  et  Montfrent  (SI). 


Wardin 

893.  On  lit  notamment  dans  l'état  des  biens  de  Prùm  que  l'église  de 
Wardanc  a  été  détruite  par  les  Normands  (paganis). 


Witry 

Etvmologie.  —  M.  Kurth  (Front.  Ling.,  I)  a  proposé  *  Victor iacu m,  par 
analogie  aux  multiples  Victor iacitm  >  Vitry  français.  J'estime  que  *VictO' 
riacum  ne  se  serait  pas  altéré  en  Witry,  prononcé  «  Ouitri  »,  et  qu'on 
peut  supposer  plutôt  *  Witthariacum  =  fonds  de  Witthar,  équivalent  des 
Wittringen  germaniques  et  de  la  même  famille  que  Wlttîmont  («  Wittiè- 
mont»),  Witînowe  (l.-d.)  ;  ou  encore  *  Wildhariacum  :  cf.  Wiltinga 
Wiltingen. 


—  45 


VARIA 


I.  —  Vieilles  chansons 


1.  —  L'AMOUREUX  DUPE.  Dans  le  numéro  de  février  1905  de  la 
revue  Wallonia,  j'ai  donné,  avec  la  musique,  le  texte  de  cette  chanson 
tel  que  je  l'avais  entendu  de  deux  vieillards,  dont  l'un  est  mon  père. 
Depuis  lors,  j'ai  eu  l'heur  d'entendre  et  une  des  versions  éditées  par 
de  Puymaigre  en  ses  Chansons  Populaires  et  un  fragment  chanté  par  un 
ancien  de  Mussy-la- Ville,  qui  m'ont  fait  reconnaître  comme  incomplète  et 
pas  toujours  fidèle  la  variante  de  Prouvy.  Je  la  rétablis  ainsi  : 


Dj'avou'  n'  maîtresse  à  Dampîcou  (1); 
Djè  l'alous  war  presque  tous  les  djous. 
Djè  n'atous  mi  in  grand  dèpensou, 
Ca  djè  n'avous  jamâ  wâ  d'sous  (2); 
Avu  la  mîtan  d'eune  fourboulâye 
Dj'an'  avous  pou  passé  ma  djournâye  (3). 


Quand  c'est  v'nu  1'  lundi  't  au  matin  (4), 

Dj'â  rencontrey  el  gros  Martin, 

I  m'è  dit  coum'  ça  :  «  Où-c'què  t'  t'a  vas  »? 

Prends  tes  soleys  et  s'  les  met  d'zous  t'  bras, 

Ça  c'est'  n'  chose  bin  assurâye 

Que  ta  maîtresse  es'  va  mariâye  ! 

D'après  mon  interlocuteur  de  Mussy,  il  y  avait  entre  ces  deux-ci  un 
autre  couplet,  dont  il  n'a  pu  se  rappeler  le  texte  et  qui  serait,  parait-il, 
assez  ressemblant  avec  le  début  de  la  variante  de  Serrouville  (voir  Puy- 
maigre, o.  c.)  : 


(1)  A  Malavillers,  on  chante  par  erreur  «  à  Tapicou  ». 

(2)  De  Puymaigre  omet  ce  vers. 

(3)  Le  même  auteur  estropie  ce  vers. 

(4)  Var.  :  Djè  m'y  an'  allous  de  grand  matin. 


...  Je  mettou  ein  bé  chape 
Je  mettou  eiii  bé  mante 
Je  montou  su  not'  gros  ch'fau 
Qui  s'apelout  le  Mouriau. 

3^  (ou  4-^) 

Quand  dj'â  v'nu  (l)  su  l'Haut  des  Possons  (2), 

D'jâ,  dj'â  (3)  oyi  dôs  violons 

Qui  fayint  des  ringningnins. 

I  m'avant  dit  :  «  Bondjou  cousin  ! 

Atré  ci-d'da  not'  mâjon, 

V  are  'n'  boun'  trantche  dî  djambon  !  » 

4''  (ou  5*^) 

I  m'avant  fâ  assir  on  culot 

Et  s'è  n'  m'an  aporté  qu'  don  magot  (4). 

Dj'avous  r  gordjon  si  dèbraulâye 

Que  djè  n'  savous  rin  avolâye, 

Si  ç'  n'avou  ètu  la  mariâye 

Qui  m'  bayout  quequ's  boun's  goulâyes. 

5^  (ou  6-^) 

Air  m'  erwâtout,  djè  la  r'wâtous, 
Air  soupirout,  djè  soupirons. 
Dj'â  dit  qu'  ç'atout  la  faute  don  kerâye 
Que  ma  maîtresse  atout  mariâye, 
Ça  si  ç'  n'avout  m'ètu  1'  kerâye 
Dj'arous  co  pu  la  rachapâye. 

6^  (ou  7^) 

I  m'avaut  fâ  n'allé  dansi. 

Ma  dj'  n'avons  pont  d'  sous  pou  payi, 

Avu  mes  gros  et  lourds  solèys 

Qui  m'  colint  aux  pis  coume  des  colèys. 

I  m'avant  fâ  bin  des  hipâyes; 

Dj'â  bin  vu  qu'  ç'atout  pou  s'  moquâye  ! 


(1)  Var.  :  An'  arivant... 

(2)  Lieu-dit.  La  variante  de  Serrou ville  dit  :  Quand  j'crivou  duus  Lariniont. 

(3)  Var.  :  Dj'ouyous  djâ... 

(4)  Estomac  de  ruminant  préparé. 


-  47  — 

7<=  (ou  8^) 

I  m'avant  mins  coûtchi  su  1'  fon  ; 

Pou  don  soumèy  djè  'n'  n'avous  pont. 

I  s'avant  v'nus  coùtchi  d'ié  mi, 

I  n'aA^ant  rin  fâ  qu'  de  s'  dèmargouNÙ  (1). 

Dj'â,  dj'â  bin  oyi  a  lou  dijâye 

Que  ma  maitresse  atout  mariâye  ! 

Il  est  curieux  de  constater  que  cette  chanson  se  trouvait  transplantée  à 
Malavillers  et  à  Trieux  (Meurthe-et-M.)  :  telle  qu'on  la  chantait  là  : 

J'avos  'n'  matrosse  à  Tapîcout, 

à  part  la  forme  matrosse,  elle  est  bien  de  provenance  virtonaise  ;  elle  a 
dû  y  être  implantée  par  des  bûcherons  et  des  charbonniers  de  notre 
région.  Je  suis  loin  de  croire  toutefois  que  le  thème  est  gaumet  d'origine. 
On  en  chantait  une  autre  variante  à  Sen-ouville,  même  département,  et 
dont  voici  un  fragment  : 

Quand  j'èriveu  dans  Larimont, 
J'oyeu  dèjè  1'  cariyon, 
J'oyeu  les  mèn'tres  jouèy, 
J'oyeu  les  gâchons  tèrèy, 
J'o3^eu  bin  à  laou  ramège 
Qu'i  s'agissent  d'in  mariège. 

Je  m'en  alleu  dans  laou  moutî, 
Ma  ç  'n'oteut  m'  pou  z'y  priyi, 
Ç'oteut  pou  woer  la  mariâye 
Si  elle  oteû  maou  bin  parâye... 

En  entrant  dans  laou  mouti, 
La  mariâye  m'è  r'wâti,  je  l'a  r'wâti. 
Ma  le  cœur  de  la  mariâye 
Savent  maou  bin  ma  pensâye... 

En  sortant  de  laou  mouti 
Le  marièy  m'è  r'wâti; 
Le  marièy  et  la  mariâye 
M'ont  invité  à  laou  dînâye. 
I  m'ont  mins  au  pu  haut  bout, 
D'où  qu'  j'oteus  le  pu  hontaou  1 


(1)  S'embrasser,  probablement.  A  Prouvv,  on  chantait  aussi  «  dègugiii  t>. 


48  — 


J'aveus  r  cœur  si  tafoiich'tây 
Que  je  n'  pèlou  rin  avolâye!... 

Je  m'en  alleu  dans  note  maujon; 

Je  m'a  mins  au  lit  d'  bonne  façon  : 

J'en  â  avu  la  repousâye 

De  chinq  ou  chiche  maou  bonnes  jornâyes. 

Mè  mare  n'  fayeut  rin  qu'  triôlây 

Et  m'  pare  jeureut  des  gross's  mouchâyes. 

Ah  !  que  maudite  sot  la  jornâye 
Que  t'es  ètu  woer  la  mariâye  !... 


Jouve  (Chansons  Vosgiennes)  en  connaît  plusieurs  autres  versions  plus 
ou  moins  anciennes,  et  il  en  donne  une,  après  sans  doute  l'avoir  châ- 
tiée (1  ),  celle  de  Gérardmer,  qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  précédente. 
Toutes  se  rattachent  au  fragment  inséré  dans  Y  Essai  sjir  le  patois  lorrain 
du  Ban  de  Laroche,  de  Oberlin,  paru  vers  1775.  Un  auteur  messin, 
Jaclot  de  Saulny,  en  a  même  arrangé  et  publié  une  dans  ses  œuvres. 

Il  y  a  aussi  une  chanson  française  qui  débute  semblablement  : 


Quand  j'ai  sorti  de  mon  pays, 
Du  château  de  mon  père, 
Les  nouvelles  me  sont  arrivées 
Que  ma  maîtresse  était  fiancée 
J'ai  sellé  mon  cheval  grison, 
Je  lui  ai  mis  la  bride 
Un  coup  d'éperon  lui  ai  donné 
Pour  aller  voir  ma  fiancée. 

Aussitôt  qu'elle  m'aperçut. 
Son  petit  cœur  a  soupiré . . . 

La  suite  diffère  trop  de  la  nôtre  pour  que  je  continue. 


(1)  11  a  trouvé  nutaniment  que  les  deux  versions  données  par  Puymaigre  ne  pouvaient 
être  chantées,  les  couplets  de  celles-ci  n'ayant  pas  le  même  nombre  de  vers,  et  ceux-ci 
pas  le  même  nombre  de  pieds.  Les  anciens  paraissent  cependant  s'être  accommodés  de 
cette  particularité;  que  leur  importait,  à  eux,  s'il  fallait  répéter  le  vers  deux  fois  ou 
dilater  les  temps. 


2.  —  LES  PLAISIRS  DE  LA  BERGERE 

1"  COUPLET 

Il  n'y  a  rien  de  plus  charmant 
Que  la  bergère  aux  champs; 
Quand  elle  voit  la  pluie, 
Elle  désire  le  beau  temps. 
Voilà  comme  la  bergère 
Aime  à  passer  son  temps  ! 

Le  matin  et  le  soir, 
Son  berger  vient  la  voir. 
—  Ah  !  levez-vous,  bergère, 
Bergère,  car  il  est  jour  ! 
Lâchez  vos  moutons  paître, 
Le  soleil  luit  partout  ! 


Quand  la  maîtresse  entend 
La  voix  de  son  amant, 
Elle  met  sa  jupe  verte 
Et  son  joli  bouffant, 
S'en  va  ouvrir  la  porte 
A  son  berger  mignon. 


—  Oh  !  dis-moi,  mon  berger, 
Oii  irons-nous  déjeuner? 

—  Là-haut  sur  la  montagne. 
Un  oranger  il  y  a. 
Allons-y,  ma  compagne. 
Nous  déjeunerons  là  ! 


--  Oh!  dis-moi,  mon  berger. 
Où  irons-nous  reposer  ? 
—  Là-bas  dans  ces  vallons, 
Une  prairie  il  y  a. 
Allons-y,  ma  compagne, 
Nous  reposerons  là  ! 


—  5Ô  - 

Chamfleiirv  et  Weckerlin  (Chans.  popiil.  des  provinces  de  France)  en 
connaissaient  le  premier  couplet,  auquel  ils  assignaient  une  origine  ange- 
vine. Depuis,  on  l'a  retrouvée  à  Condé  en  Lorraine,  dans  l'Ouest,  en 
Berry.  J'en  trouve  par  hasard  deux  nouvelles  variantes  dans  VAlmanach 
de  la  Bonne  Chanson  de  1912,  intitulées  la  Bergère  aux  champs  et  la 
Chanson  des  Tranziaux.  On  dirait  une  pastourelle  du  moyen  âge. 


3.  —  LA  FILLE  DU  GARDE 

l^"^  COUPLET 

Au  fond  de  ce  grand  bois, 
Y  a  une  joli'  fille  ; 
On  dit  qu'elle  est  moult  belle, 
Belle  comme  le  jour. 
Trois  nobles  capitaines 
Voudraient  lui  fair'  la  cour. 


Le  plus  jeune  des  trois 
La  prit  par  la  main  blanche. 
—  Montez,  montez,  la  belle, 
Sur  mon  cheval e  gris  ! 
Dans  Paris  il  l'emmène 
Au  fond  de  son  logis. 


Arrivant  à  Paris 

«  Grand  Dieu  !  quel'  joli'  tille  ! 

Dites-nous,  la  belle, 

Dites-nous  sans  mentir  : 

Etes-vous  ici  par  force 

Ou  bien  pour  vos  plaisirs?    • 

La  belle  qui  répond 
Comme  elle  peut  le  dire  : 
«  Je  suis  ici  par  force 
Et  non  pour  mes  plaisirs. 
De  la  maison  d'  mon  père 
Ces  francs  lurons  m'ont  pris. 


-   51 


On  fit  faire  un  souper 
Chacun  se  mit  à  table. 
«  Buvez,  mangez  la  belle 
Suivant  votre  appétit. 
Avec  trois  capitaines 
Vous  passerez  la  nuit  !  » 


6^ 


Au  milieu  du  souper, 
La  belle  a  tombé  morte. 
«  Sonnez,  sonnez  les  cloches, 
Trois  dolents  cavaliers 
Ont  trouvé  la  bell'  morte 
Sans  lui  avoir  parlé  !  » 


«  De  nuit  l'enterrerons 
Au  bois  de  chez  son  père  ; 
Nous  mettrons  sur  sa  tombe 
Trois  jolies  fleurs  de  lis; 
Nous  prîrons  Dieu  pour  elle 
Qu'elle  aille  en  paradis  !  » 


8« 


Après  trois  jours  passés, 
Son  père  qui  se  promène 
«  Déterrez-moi,  mon  père, 
Mon  père  si  vous  m'aimez  ! 
J'ai  fait  trois  jours  la  morte 
Pour  mon  honneur  tarder  !  » 


Qui  ne  connaît  et  n'a  entendu  cette  chanson,  qui  est  populaire  partout, 
en  Wallonie  comme  en  France,  en  Provence  comme  en  pays  basque  ! 
Marcoaldi,  Canti popolari,  nous  la  donne  même  en  italien  (La  fuga  e  il 
pentimento;. 


-  5'i  - 
4.  —  LE  MAL  MARIÉ  (fragment) 

1"  COUPLET 

Vinez,  maman;  choùtez  bin,  ô 

Qui  d' j'vos  dîie...  Dj'ai  bin  mau  ! 

Dj'ai  pris  one  fème,  qui  Y  bon  Dieu  vos  bénisse  ! 

Elle  mi  feret  bin  passet  tot's  les  crises  ! 


Quand  dji  gangnrais  par  djoù  vingt  patars, 
Tot-a-fait  passe  pa  1'  bètche  do  coqumoar  ! 
Do  chocolat,  do  riquiqui  ! 
Faut  qui  dji  m'  continte  do  1'  waiti  mougni  ! 


Dji  vôrais  bin  mougni  do  djambon, 
Mais  jamais  on  n'  m'è  fricasse  pont  ; 
On  n'  mi  fait  pu  mougni  qui  dol  grogne, 
Dji  sus  li  pus  malheureux  des  hommes!... 

Il  existe  aussi  une  chanson  française  sur  le  même  thème  ;  en  voici  le 
troisièmiC  couplet  : 

—  Rentre  gros  lourdaud,  rentre 
Et  va-t-en  te  chauffer,  voyez. 
Les  os  sont  sous  la  table 
Et  va-t-en  les  ronger,  voyez. 
Y  a  du  fumier  dans  l'étable 
Et  va-t-en  t'y  coucher,  voyez  ! 

Ainsi   qu'une  chanson  allemande  (Der  geplagte  Ehemann),  dont  je 
donnerai  les  deux  premiers  couplets  : 

Ich  bin  ein  armer  Ehemann^ 
Hab'wenig  zum  verzehren. 
Die  Frau  die  hat  die  Hosen  an 
Und  ich  muss  Stube  kehren . 
Un  i  wichs  die  Stiewel 
Un  i  schmâr'  die  Schuh' 
Un  i  krie'  a  noch 
E  Paar  Schlâ'  dazu  1 
O  jerum,  o  jerum  ! 


Des  Xachtes,  wenn  ich  in's  Wirtshaus  geh'n 

Kommt's  Hauskreuz  nachgelaufen  : 

Du  Schlingel  !  sollst  nach  Hause  geh'n, 

Und  du  musst  Wasser  saufen. 

Wenn  i  dann  so  vor 

Minem  Fenster  steh 

Un  mit  trocknem  Maul 

Nach  dem  Wirtshaus  seh. 

O  jerum,  o  jerum  ! 

5.  —  UNE  BALLADE  DE  JÉSUS.  Je  l'ai  souvent  entendue  dans 
mon  enfance;  je  la  donne  d'après  mes  souvenirs  : 

1"  COUPLET 

Jésus-Christ  s'habille  en  pauvre  :  «  Faites-moi  la  charité  !  (bis) 
Des  miettes  de  votre  table  je  ferai  bien  mon  dîner! 

—  Les  miettes  de  notre  table,  les  chiens  les  mangeront  bien  : 
Ils  nous  rapportent  des  lièvres,  et  toi  tu  n'nous  apportes  rien  ! 


—  Madame  qui  êtes  en  fenêtre,  faites-moi  la  charité  ! 

—  Ah!  montez,  bon  pauvre  !  Un  bon  souper  vous  trouverez.  » 

Après  qu'ils  eurent  soupe,  il  demande  à  se  coucher. 

«  Ah!  montez,  bon  pauvre  :  un  bon  lit  frais  vous  trouverez.  » 

Comme  ils  montaient  les  degrés,  trois  beaux  anges  les  éclairaient. 
«  Ah!  ne  craignez  rien,  madame  :  c'est  la  lune  qui  paraît. 

Madame,  dans  trois  jours  vous  mourrez  :  en  paradis  vous  irez  ; 
Mais  votre  mari,  madame,  en  enfer  ira  brûler!  » 

Etant  à  Herbeumont,  on  m'a  parlé  aussi  de  cette  vieille  complainte, 
dont  la  version,  là,  est  un  peu  plus  longue. 


54  — 


6.  -  CHANTS  DE  MAI  DITS  DE  LA  MARIEE 


Le  prologue  le  plus  connu  est  le  suivant  : 

Mai,  joli  mai 
Joli  mois  de  mai, 
Aux  trimazots  ! 

ou  encore  : 

Voici  le  joli  mois  de  mai 
Oui  se  présente  à  votre  porte  : 
Si  peu  de  chose  lui  donnerez, 
Nous  le  recevrons  de  bon  cœur. 

Les  enfants  chantent  ensuite  l'une  des  deux  cantilènes  qui  vont  suivre, 
ou  plus  souvent  aujourd'hui  des  cantiques  à  la  Vierge  : 

A)    Làrbas,  là-haut  sur  le  vert  pré, 
Le  petit  Jésus  j'ai  rencontré  ; 
A  ses  genoux  me  suis  jeté. 
Mon  cœur  vole,  vole,  vole. 
Mon  cœur  vole  vers  les  cieux. 

A  ses  genoux  me  suis  jeté  : 

«  Ma  fille,  qu'est-ce  que  vous  m'  demandez  ? 

—  La  sagesse  et  l'humilité  ! 
Mon  cœur,  etc. 

«  La  sagesse  et  l'humilité  ! 

—  En  paradis,  quand  vous  y  serez, 
Avec  les  anges  vous  chanterez. 
Mon  cœur,  etc. 

Avec  les  anges  vous  chanterez  : 
.   «  Te  Deum  et  Laudate  ». 
Ce  sera  pour  l'éternité! 
Mon  cœur,  etc. 

B)    Jésus  s'en  va  parmi  les  champs  (bis); 
Sa  mère  le  suit  tout  en  pleurant. 

—  Sainte  Marie,  mère  de  Dieu,  Jésus  ! 


—  ôô   — 


«  Où  allez-vous,  mon  bel  enfant? 

—  A  Jérusalem,  bonne  maman. 

—  Sainte  Marie,  etc. 


—  N'y  allez  pas,  mon  cher  enfant! 
Les  Juifs  y  sont  trop  méchants. 

—  Sainte  Marie,  ... 


—  Au  visage,  vous  cracheront. 
Couronne  d'épines  ils  vous  mettront  ! 

—  Sainte  Marie,  ... 


—  A  une  croix  vous  attacheront, 

Les  pieds,  les  mains  ils  vous  cloueront! 

—  Sainte  Marie,  ... 


On  termine  par  : 


Madame,  nous  vous  remercions 

De  vos  bienfaits  et  de  vos  dons. 

C  n'est  pas  pour  nous  qu'  nous  demandons  (1), 

C'est  pour  la  Vierge  et  son  enfant. 

Marie  priera  son  Fils 

Qu'il  vous  r  rende  en  paradis  ! 


ou  à  un  jeune  homme 


Monsieur,  nous  vous,  etc. 

Marie  priera  son  Fils 

Ou'Il  vous  donne  un'  bonne  amie  ! 


Il  est  évident  que  le  prologue  et  la  fin  ne  sont  pas  de  la  même  compo- 
sition que  le  reste.  Voici  comment  je  recompose  la  pièce  d'où  ils  pro- 
viennent, telle  qu'elle  paraît  avoir  été  chantée  chez  moi;  lorsque  mes 
souvenirs  me  feront  défaut,  je  me  permettrai  de  faire  quelque  emprunt 
aux  variantes  lorraines  les  plus  rapprochées  : 


(1)  Ou  :  c  n'est  pas  pour  nous  ce  beau  présent. 


—  56  — 

Voici  le  mois  de  mai,  avril  passé  : 

Je  ne  puis  tenir  mon  cœur  de  joie  aller, 

Tant  aller,  tant  danser, 

Vous  aller,  moi  chanter. 
O  Trimazots  ! 

C'est  le  mois,  mois  de  mai, 

C'est  le  joli  mois  de  mai  ! 

Nous  avons  passé  parmi  les  champs, 
Nous  avons  trouvé  les  blés  si  grands, 
Les  avoines  vont  en  amendant. 
Les  aubépines  en  fleurissant 
O  Trimazots  ! 
C'est  le  mois,  etc. 

Catherine,  la  belle  femme. 
Lorsque  vous  couchez  votre  enfant, 
Mettez-lui  les  pieds  devant, 
La  tète  auprès  de  St-Jean  ! 

Jeunes  garçons  à  marier, 

Faites-nous  la  charité  ; 

Nous  prîrons  la  bonne  Sainte  Vierge 

•Qu'elle  vous  envoie  une  belle  maîtresse  ! 

Jeunes  lilles  à  marier. 
Faites-nous  la  charité  ; 
Nous  prierons  Notre  Seigneur 
Qu'il  vous  envoie  un  bon  serviteur! 

Madame  (ou  Monsieur),  nous  vous  remercions,  etc. 

Elle  priera  son  Fils 
Qu'il  vous  mène  au  paradis, 
Au  paradis,  encore  mieux 
Qu'il  vous  mène  dans  les  cieux  ! 

Enfin,  dans  le  cas  où  l'on  ne  recevait  rien  : 

Dju  v'  souhâtans  autant  d'afants 

Qu'i  gn'è  d'  pierrettes  avau  les  tchamps. 

Ni  pé  ni  pâte  pou  les  neûret, 

Ni  tch'mije  ni  toile  pou  les  couvret  ! 


—  57  — 

C'est  également  le  thème  champenois,  à  peu  de  chose  près  :  voy.  Tarbé, 
Romancero  do  Champagne. 

Ces  chants  n'étaient  donc  pas  localisés  au  pays  gaumet.  On  en  retrouve 
chez  d'autres  peuples. 

Ainsi,  en  Espagne,  les  fillettes,  parées,  élèvent  encore  de  petits  autels 
au  milieu  de  la  rue,  appelés  mava.  En  Provence,  subsiste  un  usage 
semblable  ;  le  nom  de  mave  s'applique  de  plus  à  la  fille  habillée  en 
déesse,  chargée  de  collecter.  Boccace,  dans  la  Vie  du  Dante,  nous  a  parlé 
aussi  des  chansons  populaires  dites  maggi  et  des  fêtes  pendant  lesquelles 
chaque  jeune  homme  plantait  un  maggio  devant  la  porte  de  son  aimée. 
11  est  à  croire  que  cette  dernière  coutume  existait  également  en  certaines 
régions  de  la  France,  comme  le  prouvent  les  deux  couplets  suivants  : 

Voici  le  mois  de  mai, 
Lonlonla  tirelire  : 
Que  donnerai -je  à  ma  mie, 
Lonla? 

Nous  lui  planterons  un  mai, 

Lonlonla  tirelire, 
Devant  sa  porte  jolie, 
Lonla  ! 

Aujourd'hui,  le  mot  gaumet  ma,  maiy  désigne  l'arbre  élevé  aux  candi- 
dats élus  par  le  scrutin.  Le  sens  est  un  peu  détourné,  ainsi  que  l'usage. 


IL  —  Jean  de  Médy 

Chaque  contrée,  peut-on  dire,  a  son  personnage  légendaire.  La  région 
du  Rhin  a  l'Eulenspiegel,  le  pays  messin  Chan  Heurlin,  la  vallée  de  la 
Meuse  Gribouille.  Les  gaumets  ont  le  «  Djan  d'  Mâdî  ». 

Il  est  regrettable  que  les  Communes  Luxembourg.,  assez  riches  cepen- 
dant en  détails  folkloriques  sur  ma  région,  aient  négligé  d'en  parler. 
Toute  la  bibliographie  que  je  connnais  sur  ce  sujet  —  et  encore,  bien 
vaguement  — consiste  en  deux  articles  parus  il  y  a  un  certain  temps,  l'un 
dans  l'Avenir  du  Luxembourg,  l'autre  dans  le  Petit  Bleu. 

Les  anecdotes  débitées  sur  notre  héros  sont  assez  nombreuses.  Malheu- 
reusement, celles  que  je  me  suis  fait  conter  sont  pour  la  plupart  gros- 
sières, et  je  n'en  ai  retenu  à  vrai  dire  qu'une  paire.  En  voici  une  : 

Durant  une  nuit  d'hiver,  je  crois,  des  voleurs  firent  une  razzia  dans  le 
pays.  Ils  enlevèrent  à  Orval  notamment  une  génisse  qu'ils  attachèrent  à 
un  arbre  de  la  forêt,  auprès  duquel  ils  avaient  déjà  entassé  divers  objets, 
entre  autres  un  grand  tonneau  dit  «  tonneau  à  buée  ».  Pendant  qu'ils 


—  58  — 

continuaient  leurs  perquisitions,  Jean  de  Mcdy  passa  en  cet  endroit  et 
fut  assez  aise  de  trouver  le  tonneau  pour  s'y  réfugier.  Il  y  vint  aussi  une 
«  barbe  grise  »,  c'est-à-dire  un  loup.  Pendant  que  celui-ci  se  jetait  sur  le 
ruminant,  Jean  saisit  la  béte  féroce  par  la  queue,  si  bien  qu'elle  fut  prise 
de  peur  et  s'enfuit  au  grand  galop,  ...  mais  traînant  derrière  elle  le 
tonneau  et  le  facétieux  Jean  !  Tous  deux  arrivèrent  ainsi  au  village  du 
Faing,  et  là,  dit-on,  le  tonneau  fut  brisé  et  la  queue  du  loup  arrachée 
simultanément.  Et  les  bonnes  femmes  de  l'endroit,  —  le  matin  avait  déjà 
paru  —  en  voyant  soudain  notre  héros  se  relever,  s'écrièrent  :  «  Oh  ! 
regardez  donc  !  un  loup  qui  ch...  un  homme  !  » 

Cet  épisode  ressemble  à  celui  de  la  ruche  d'Eulenspiegel.  Aussi  —  peut- 
être  n'est-ce  qu'une  illusion  —  je  suis  d'avis  que  les  deux  légendes,  à  part 
certains  détails  qui  diffèrent  forcément,  sont  identiques.  Il  y  a  là  une 
étude  comparative  à  entreprendre,  qui  ne  manque  pas  d'intérêt. 


III.  —  A  propos  de  Tranchîre 

Dans  mon  étude  sur  la  frontière  linguistique,  je  n'avais  pas  jugé 
nécessaire,  tant  je  la  considérais  comme  puérile,  de  parler  de  la  légende 
du  Landgraben.  Mais  comme  on  l'a  remise  récemment  sur  le  tapis,  je  me 
permets,  en  guise  de  réponse,  de  lui  consacrer  ici  quelques  lignes. 

On  s'en  va  donc  répétant  qu'en  plusieurs  endroits  de  la  dite  frontière, 
on  retrouve  des  restes  d'un  immense  fossé  et  que  celui-ci,  connu  notam- 
ment sous  l'appellation  de  Tranchîre,  —  du  moins  aux  environs  de 
Sampont  —  servait  anciennement  à  séparer  les  deux  populations  thioise 
et  romane  !  L'auteur  de  la  tranchée  ne  serait  ni  plus  ni  moins  que 
Charlemagne  ! 

On  ne  nous  dit  pas  si  le  fossé  est  encore  partiellement  visible  ailleurs 
qu'en  notre  province,  par  exemple  dans  les  plaines  de  la  Hesbaye,  du 
Brabant,  du  Nord  de  la  France,  ou  de  la  Lorraine,  où  la  question  de  la 
Sprachgrenze  a  été  tant  débattue  déjà.  Car  il  serait  bien  étrange  que 
notre  Bas-Luxembourg  en  conservât  seul  des  vestiges. 

La  dénomination  de  Tranchîre,  ainsi  que  le  faisait  remarquer  M.  Kurth 
dans  un  mémoire  bien  connu,  est  significative  et  suffirait,  à  elle  seule,  à 
renverser  l'hypothèse  de  fond  en  comble.  Evidemment,  Tranchîre  est 
emprunté  au  français  moderne,  non  au  roman,  encore  moins  au  latin. 
*  Triincaria,  en  effet,  eût  abouti  à  Tronker  ou  à  Trenker,  avec  l'accent 
tonique  sur  la  première  svllable,  et  nullement  à  une  forme  en  -chîre.  Le 
mot  tranchée  est  lui-même  rendu  en  wallon  sans  altération,  preuve  qu'il 
n'est  pas  de  création  populaire,  qu'il  est  tiré,  au  contraire,  du  vocabulaire 
industriel  moderne. 

Chose  non  moins  curieuse  :  alors  que  le  pays  est  plein  de  souvenirs  de 
Charlemagne  et  de  ses  preux,  qu'on  connaît  des  arbres,  des  chaussées. 


—  59  — 

des  «  Lits  »,  des  landes,  des  enclos,  des  Tours  Charlemagne,  des  villages 
même  attribués  à  l'empereur  «  à  la  barbe  fleurie  »,  etc.,  la  tradition  n'a 
pas  accompagné  la  désignation  du  fossé,  du  nom  de  son  célèbre  auteur. 
Sans  doute,  ces  enclos,  ces  arbres,  ces  chaussées,  etc.,  dits  de  Charle- 
magne,  n'ont  rien  eu  de  commun  avec  le  grand  monarque,  mais  ils 
attestent  jusqu'à  quel  point  sa  mémoire  était  familière  à  l'admiration  de 
nos  ancêtres. 

Il  y  a  lieu  de  se  demander  aussi  quelles  auraient  pu  être  les  raisons  de 
l'établissement  de  ce  fossé  séparateur. 

Dans  la  région,  on  savait  parfaitement  que  tels  villages  étaient  thiois, 
tels  autres  romans. 

Aurait-on  eu  quelque  intention  hostile  à  l'égard  de  l'une  des  deux 
races?  Aurait-on  voulu  interdire  à  l'une  ou  à  l'autre  de  posséder  des 
biens  au-delà  de  son  territoire,  de  s'y  rendre  et  d'y  résider?  C'est  on  ne 
peut  plus  inadmissible. 

Jamais,  dirai-je  avec  M.  Kurth,  dans  les  nombreux  partages  des  terri- 
toires francs,  on  ne  s'est  préoccupé  de  grouper  les  populations  d'après 
les  langues  qu'elles  parlaient,  même  quand  ce  groupement  semblait  tout 
indiqué. 

A  la  mort  du  grand  Clovis,  son  fils  Thierry  n'eut-il  pas  avec  l'Aquitaine 
et  la  Champagne  romanes,  l'Austrasie  bilingue;  Clotaire,  la  Neustrie  avec 
Laon  et  Soissons?  Sigebert,  fils  de  Clotaire,  ne  règna-t-il  pas  à  la  fois  sur 
l'Austrasie,  la  Tourraine  et  le  Poitou? 

Passons  sous  silence  les  autres  partages  conclus  sous  la  première 
dynastie,  pour  arriver  à  ceux  des  Carolingiens. 

Pépin  le  Bref,  avant  sa  mort,  décide  que  Charles  aura  l'Austrasie  et 
une  portion  de  l'Aquitaine,  et  Carloman  le  reste  de  cette  province  avec 
la  Bourgogne,  la  Provence,  le  Languedoc  et  l'Alémanie.  Le  partage  qui 
se  fait  en  763,  après  sa  mort,  laisse  encore  à  chacun  des  deux  frères  des 
royaumes  bilingues.  Celui  de  806,  entre  les  trois  fils  de  Charlemagne, 
«  entre  encore  bien  plus  dans  le  vif  des  unités  linguistiques  :  la  part  du 
fils  aîné  va  du  Danemark  jusqu'aux  Alpes  et  de  la  Bretagne  jusqu'à  la 
Thuringe,  celle  de  Pépin  comprend  la  Bavière  et  l'Italie  ;  on  coupe  en 
morceaux  la  Bourgogne,  l'Alémanie  et  la  Bavière  ».  Quand  Louis  le  Pieux 
associe  son  puîné  Charles  au  trône,  il  lui  donne  l'Austrasie  transrhénane, 
la  Rhétie  et  la  Bourgogne  transjurane,  laquelle  comprend  une  partie 
romane.  Le  partage  de  842  et  celui,  plus  connu,  de  843  n'innovent  en 
rien  :  la  Flandre  suit  désormais  les  destinées  de  la  France,  le  royaume 
de  Lothaire  est  établi  sur  deux  nationalités.  Même  indifférence  linguis- 
tique dans  celui  de  870,  qui  ne  fut  qu'une  répartition  d'abbayes  :  chacun 
sait  qu'Arlon,  la  ville  germanique,  était  laissée  à  Charles  le  Chauve;  et 
cependant  «  rien  n'aurait  été  plus  facile  ici  que  de  sui^Te  en  tout  la  fron- 
tière des  races,  de  laisser  tous  les  éléments  germaniques  d'un  côté  et 
tous  les  romans  de  l'autre,  il  eut  suffi  de  modifier  légèrement  le  tracé  de 


—  60  — 

la  ligne  de  démarcation  pour  obtenir  ce  résultat,  mais  les  commissaires 
des  deux  rois  n'y  pensaient  pas  même  »,  leur  intention  étant  d'arriver  à 
une  égalité  matérielle. 

Jamais  non  plus,  les  pagi  francs  ne  groupèrent  les  populations  d'après 
la  langue.  Nul  n'ignore  que  le  Haspingozve  (Hesbaye),  l'Ardenne  ou 
Osling,  le  Wabrensis  (Woivre),  le  Methingowe,  le  Moselgoive  ou  Mosel- 
lane,  étaient  bilingues. 

En  outre,  ce  qui  compliquait  la  question,  il  devait  y  avoir  même 
au  VIIP  siècle,  plus  peut-être  que  de  nos  jours,  des  localités  mixtes  le 
long  de  la  frontière,  où  le  contact  des  deux  races  était  continuel. 

Il  n'est  pas  même  nécessaire  de  soulever  une  dernière  question  sur  la 
possibilité  d'un  autre  moyen  de  séparation  plus  simple  et,  partant,  plus 
rapide  et  moins  dispendieux. 

Tout  lecteur  séiieux  conclura  avec  moi  que  les  fossés  encore  visibles 
dans  la  région  de  la  Semois  et  de  la  forêt  d'Anlier  ont  été  tracés  à  une 
époque  assez  récente;  même  quand  il  ignorerait  la  note  suivante  du  curé 
Welter,  prêtre  du  XVIIP  siècle,  concernant  le  général  Piccolomini  : 
«...  Les  tranchées  qu'il  lit  faire  dans  le  bois  d'Etalle  et  sur  les  plaines  de 
la  Semois,  depuis  Vance  jusque  près  de  Heinstert,  portent  encore  son 
nom  ». 

Après  cela,  ai-je  besoin  de  réfuter  également  l'historien  luxembourgeois 
Lagarde,  qui  prétend  que  Charlemagne  transplanta  des  milliers  de  familles 
saxonnes  dans  la  partie  depuis  allemande  et  les  sépara  de  la  population 
romane  par  une  muraille?  Construire  celle-ci  du  côté  de  l'occident,  était- 
ce  le  vrai  moyen  de  les  empêcher  de  retourner  dans  leur  patrie?  La 
frontière  remonte  bien  plus  haut. 

Profitant  du  bouleversement  causé  dans  l'Empire  par  l'irruption  des 
Vandales,  et,  à  l'instar  d'autres  peuples,  les  Francs  s'établirent  peu  à  peu 
de  ce  côté  du  Rhin,  à  l'emplacement  des  villas  romaines  abandonnées 
ou  ruinées.  Ils  y  rencontrèrent  certainement  des  compatriotes  qu'avaient 
dû  y  fixer  les  empereurs  aux  siècles  précédents.  Les  Gallo-Romains, 
décimés,  ne  tardèrent  pas  à  être  absorbés  là  où  ils  se  trouvèrent  en 
nombre  inférieur  aux  nouveaux  venus  (1),  de  même  que  le  furent  ceux-ci 
en  deçà  de  ce  qui  fut  la  limite  des  idiomes.  Le  point  où  chacun  des  deux 
éléments  cessait  de  dominer,  devait  être  infailliblement  et  naturellement 
cette  frontière. 

L'invasion  et  la  colonisation  des  Francs  peuvent  être  comparées  à  une 
mer  qui  aurait  occupé  d'abord  la  rive  droite  du  Rhin  et  qui,  par  suite  de 
la  rupture  complète  des  digues,  aurait  inondé  les  pays  de  la  rive  gauche, 


(l)  Vers  472,  Sidoine  dans  son  Episf.  XVIP,  1.  4,  adressée  au  comte  Arbogaste  à  Trè^-es, 
le  félicite  encore  d'avoir  conservé  la  pureté  de  la  langue  latine,  bien  que  Rome  ait  perdu 
ses  droits  sur  la  contrée  frontière.  Il  n'y  eut  bientôt  plus  que  les  /loiiiinrs  ccclcsiastici  qui 
ne  fussent  pas  Franci{zi.  Beyer,  Urkund.,  II,  p.  CXXIX). 


—  61  — 

gardant  partout  le  même  niveau  et  déployant  de  toutes  parts  la  même 
force,  jusqu'à  sa  rencontre  avec  une  force  au  moins  égale  qui  l'aurait 
arrêtée. 

On  a  toujours,  me  semble-t-il,  étudié  cette  question  dans  un  sens  trop 
restreint.  Cependant,  l'examen  attentif  d'une  carte  de  l'Europe  occiden- 
tale confirme  mon  hypothèse.  Le  tracé  de  la  frontière  linguistique  n'y 
apparaît-il  pas  presque  parallèle  au  cours  du  Rhin,  formant  des  coudes  à 
une  certaine  distance  de  Bâle,  de  Mayence  et  de  Wesel? 

Sans  doute,  le  tracé  comporte  encore  beaucoup  de  sinuosités  ;  mais  aux 
débuts  du  V'^  siècle,  la  contrée  n'avait  pas  partout  la  même  densité  de 
population  latine  et  la  zone  dépeuplée  à  la  suite  des  diverses  invasions 
ne  devait  pas  toujours  être  limitée  parallèlement  au  fleuve;  il  y  a,  de 
plus,  à  tenir  compte  des  causes  qui  ont  déterminé  depuis  les  fluctuations 
de  la  frontière. 

Inutile  donc  de  supposer  pour  obstacle  à  la  colonisation  germanique, 
tantôt  les  grands  bois,  tantôt  l'influence  d'une  chaussée  impériale  bien 
fortifiée. 

A  rencontre  de  l'hypothèse  de  la  forêt  séparatrice,  j'ai  démontré 
ailleurs  notamment  : 

1°  Que  cette  forêt  —  vaste,  suivant  plusieurs  auteurs,  au  point  de  per- 
mettre d'une  part  aux  Gallo-Romains  d'y  tendre  des  embuscades  aux 
envahisseurs  (!),  de  l'autre  aux  colonies  de  chaque  race  de  s'y  développer 
à  leur  aise  sans  être  exposées  à  se  rencontrer  pendant  longtemps  —  était, 
bien  au  contraire,  relativement  peuplée  dans  ses  clairières,  à  proximité 
des  voies  naturelles  et  autres,  ainsi  que  l'établissent  tour  à  tour  l'archéo- 
logie (romaine  ou  franque)  et  la  toponymie  ; 

2°  Que  la  zone  des  grandes  étendues  sylvestres  de  l'Ardenne  en  parti- 
culier coïncide  généralement  avec  celle  des  hauts  plateaux,  laquelle  court 
dans  les  directions  SO-NE  ou  O-E,  tandis  que  le  tracé  de  la  limite  des 
langues  est  orienté  du  N.  au  S.  dans  la  région  orientale  belge  ; 

3°  Qu'il  existe  ailleurs  que  dans  le  voisinage  de  cette  limite,  tant  en 
deçà  qu'au  delà,  des  restes  de  forêts  et  des  noms  de  lieux  rappelant  des 
défrichements  anciens  et  que  les  bois  n'ont  pas  empêché  la  colonisation 
germanique  en  Flandre,  dans  l'Eifel,  dans  la  partie  allemande  des 
Vosges,  etc. 

Concernant  la  seconde  hypothèse,  proposée  au  Congrès  anthropolo- 
gique de  Metz  en  1901,  je  me  permets  de  faire  observer  : 

1°  Que  si  l'argument  tiré  de  l'archéologie  —  savoir  que  les  mêmes 
antiquités  franques  se  retrouvent  de  chaque  côté  de  la  frontière  —  est 
décisif  contre  celle  de  la  forêt,  il  ne  l'est  pas  moins  contre  l'autre; 

2°  Que  l'influence  d'une  chaussée  protégée  par  des  ouvrages  de  défense 
nombreux  et  solides  devait  se  faire  sentir  sur  un  rayon  assez  étendu  ;  en 
d'autres  termes,  une  invasion  armée  devait  s'arrêter  à  une  certaine 
distance  de  cette  voie,  et,  à  plus  forte  raison,  une  colonisation.  Ce  n'a 


-  62  — 

pas  été  le  cas,  semble-t-il,  pour  celle  de  Metz-Arlon-Mande-Bellain,  qui 
se  trouve  enclavée  en  partie  dans  la  zone  allemande. 

Mais  peut-être  faut-il  croire  qu'après  le  départ  d'Aetius,  lequel  avait  su 
les  tenir  en  bride,  ces  Ripuaires,  —  qui  connaissaient,  pour  l'avoir  tant 
de  fois  parcouru,  le  chemin  de  Trêves  et  n'avaient  pas  borné,  sans  doute, 
leurs  exploits  aux  sièges  si  fréquents  de  cette  cité,  déchue  de  son  rang 
de])uis  il8  —  ne  s'arrêtèrent  dans  leur  élan  quasi  irrésistible  que  lorsque 
chacun  d'eux  se  fut  pourvu  d'un  lot  de  terre  qui  suffit  à  le  faire  vivre. 

Supposera- 1- on  la  conclusion  d'un  compromis  entre  le  successeur 
d'Aetius  et  les  envahisseurs  ripuaires,  assurant  à  ces  derniers  la  paisible 
possession  des  territoires  conquis?  Soit.  Encore  faut-il  admettre  dans  ce 
cas  que  ceux-ci  s'y  établirent  en  bandes  assez  nombreuses,  puisque  leur 
langue  n'a  pas  subi  le  même  sort  que  celle  des  Burgundes,  par  exemple. 

Quelle  aurait  été  la  limite  déterminée  dans  le  traité?  On  ne  le  saura 
probablement  jamais.  Il  y  a  lieu  toutefois,  ce  me  semble,  d'établir  encore 
la  distinction  entre  le  territoire  conquis  et  celui  qui  fut  colonisé.  Comme 
preuve,  je  rappellerai  que  la  contrée  laissée  à  Clodion,  était  limitée 
au  S.-O.  par  la  Somme,  mais  que  la  zone  d'expansion  salienne  intense 
paraît  n'avoir  jamais  dépassé  la  Candie  ni  atteint  même  Tournai,  la 
première  capitale  des  Saliens  en  Gaule. 

Sans  doute,  le  traité,  s'il  y  en  a  eu  un  réellement,  n'a  pu  avoir  qu'une 
existence  relativement  peu  longue,  tout  au  plus  jusqu'à  la  chute  de 
Syagrius.  Mais  ce  laps  de  temps  pouvait  être  suffisant  pour  permettre  au 
gros  de  la  nation  ripuaire  de  se  domicilier  définitivement. 

Ce  25  octobre  1912. 


63  - 


Franc-Alleu  de  Bérisménil 


PAR 


Am.   DK  LEUZE 

Chanoine  de  la  Cathédrale  de  Namiir 


Bérisménil,  situé  dans  la  commune  de  Samrée,  canton  de  Laroche, 
était,  sous  la  féodalité,  un  des  seize  francs-alleux  du  comté  de  Laroche. 

Les  possesseurs  de  ces  francs-alleux  étaient  «  francqs  et  exempts  de 
tailles  et  aydes  accordées  et  à  accorder  dans  le  pays  de  Luxembourg, 
mais  obligés  de  tenir  chevaulx  et  armes  en  bon  esquipache,  pour  et  à 
toute  réquisition  se  rendre  à  la  guerre  avec  les  princes  ou  ses  lieutenants 
et  le  prévost,  de  passer  monstre  par  devant  le  dit  prévost  à  tout  le  moins 
une  fois  l'an,  et  aussi,  d'estre  prêts  à  la  semonce  et  à  la  signification  du 
prévost  au  siège  tant  pour  jugier  les  débats  et  procès  y  survenans  pour 
cause  de  fiefs,  que  estre  présents  aux  reliefs  qu'ils  y  font.  » 

Ces  franchises  dont  jouissaient,  de  temps  immémorial,  les  possesseurs 
des  francs-alleux,  furent  renouvelées  par  Philippe,  roi  d'Espagne,  le 
5  avril  1562. 

Sur  la  fin  du  XIV'-  siècle,  était  seigneur  du  franc-alleu  du  Bérisménil  le 
chevalier  de  Bérisménil;  Lambert,  son  fils,  vivait  dans  la  première  moitié 
du  XV'^  siècle.  Les  descendants  de  Lambert  ajoutèrent  le  prénom  de  leur 
père  à  leur  nom  patronymique  et  furo-it  dits  Lambert  de  Bérisménil; 
au  XVIL  siècle,  nous  les  voyons  se  dénommer  Lambert  de  la  Massa  de 
Bérisménil,  sans  connaître  le  motif  de  cette  nouvelle  qualification;  sur  la 
fin  du  XVIIL  siècle,  ils  ne  sont  plus  connus  que  sous  le  nom  de  Lambert, 
mais  leur  maison  reste  désignée  mori  l'niassa. 

X'^ous  donnons  ci-joint  la  suite  généalogique  de  Lambert  de  Bérisménil. 


-   64  - 

I.  —  Le  chevalier  du  Bierimany  vivait  au  commencement  du  XV''  siècle. 

II.  —  Lambert,  fils,  le  chevalier  du  Bierimany  relève  le  droit  de  bour- 
geoisie de  Laroche  à  la  St-Remy  iV.VS;  il  vivait  le  10  novembre  1444. 

IIL  —  N....  eut  Henri  qui  suit  A, 

Jehan  Lambert  qui  suit  B. 

a)  IV.  —  Henri  Lambert  de  Berreimani  vivait  le  17  décembre  1555, 
le  15  novembre  1557;  le  5  avril  1562,  une  charte  de  Philippe,  roi  de 
Castille,  etc.,  le  déclare  «  francq  et  exempt  de  tailles  et  aydes  accordées 
et  à  accorder  dans  le  pays  de  Luxembourg,  moyennant  certains  services  ; 
le  2:>  juillet  1563,  il  donne  le  dénombrement  de  ses  fiefs  et  du  franc-alleu 
qui  fut  Lambert  le  chevalier^  son  grand -père.  —  Il  épousa  N.  dont  il  eut, 
entr'autres,  Henri,  qui  suit. 

V.  —  Henri  Lambert  du  Beresmienel  relève,  le  7  mars  1571,  différents 
fiefs  qu'il  dénombre  et  entr'autres  sa  maison,  assise  etc.,  qui  fut  Lambert 
le  chevalier^  son  tave. 

Il  épousa  :  1°  N.,  dont  il  eut  Henri  Lambert,  qui  suit; 

2°  Marguerite  du  Pont  qui  était  morte  en  1602,  2  mai,  30  octobre. 

Il  eut  du  2°  :  Messire  Pierre  Lambert  du  Bérisménil  qui  vivait  le 
4  mai  et  le  30  octobre  1602  et  qui  fut  curé  de  Lambusart  (voir  acte  du 
21  mai  1612). 

Thiry  Lambert  du  Bérisménil.  Il  en  est  fait  mention  dans  un  acte  du 
30  octobre  1602. 

Marguerite,  qui  épousa  Pirotte  de  Hebronval;  l'un  et  l'autre  vivaient  le 
4  mai  et  le  30  octobre  1602,  le  21  mai  1612. 

VI.  —  Henri  Lambert  de  Bérisménil  épousa  Catherine,  fille  d'Oliviers 
de  Villez,  seigneur  de  Villez;  son  contrat  de  mariage  date  du  5  juin  1601. 
Catherine  était  veuve  le  26  octobre  1607.  A  cette  époque,  elle  avait 
convolé  en  secondes  noces  avec  Godefroid  de  Sechery. 

Henri  eut  de  Catherine  : 

Henri  Lambert  qui  suit. 

Guillaume,  qui  relève  le  19  novembre  1658,  au  nom  de  sa  mère,  le  franc 
fief  de  Bérisménil  ;  il  vivait  le  3  décembre  1668. 

Anne,  qui  épousa  :  1°  Jean  du  Fresnoy,  du  Buisson,  dont  elle  était 
veuve  le  29  mai  16;U;  2'  Jean  Guillaume  (16  avril  1676). 

Marie  Henri  Lambert,  qui  épousa  Pierre  Hubert,  de  Lierneux,  lequel 
vivait  le  3  décembre  1668,  le  3  juillet  1679. 

VII.  —  Henri  Lambert  de  Bérisménil  vivait  le  29  avril  et  le  13  novem- 
bre 1631;  il  est  dit  homme  de  fief  de  Laroche,  échevin  d'Engreux  le 
16  mai  1642;  maire  de  la  haute  cour  d'Engreux  le  16  avril  1676.  — 
Le  22  novembre  1642,  il  avait  été  fait  prisonnier  au  fort  de  Dochamps  et 
se  trouvait  à  Maestrecht;  pour  obtenir  son  élargissement,  sa  femme 
emprunta  la  somme  nécessaire  à  Pierre  Hubert,  de  Lierneux,  somme 
qu'elle  remboursa  le  3  juillet  1679.  —  Henri  Lambert  de  Bérisménil  avait 


—  65  — 

épousé  Marie  Enverard  qui  vivait  le  22  novembre  1642,  le  3  juillet  1679. 
Ce  dernier  acte  nous  apprend  qu'il  eut  de  Marie  trois  enfants  : 

Henri,  qui  suit. 

Catherine,  qui  épousa  Alexandre  Bastogne.  Ces  époux  vivaient  le 
4  mai  1682,  le  29  avril  1693,  le  26  janvier  1696. 

Marguerite,  qui  épousa  Joseph  Collignon,  échevin  de  Bérisménil  et 
d'Engreux.  L'un  et  l'autre  vivaient  le  20  juin  1690,  le  29  avril  1693,  le 
11  février  1696,  le  26  juin  1698,  le  14  mars  1708. 

VIII.  —  Henri  Lambert,  dit  du  Bérisménil,  de  la  Massa  (Maza),  de  la 
Massa  du  Bérisménil,  vivait  le  31  janvier  1680,  mourut  le  4  avril  1705. 
Il  avait  épousé  : 

1°  Marguerite  Charlotte  de  Villez,  avec  laquelle  il  vivait  le  31  jan- 
vier 1680.  Marguerite  Charlotte  mourut  le  1^"^  décembre  1687  ; 

2°  Anne  Huet,  veuve  de  Jean  Thiry.  Son  contrat  avec  Anne  est  du 
30  décembre  1692  ; 

3°  Anne  Piron,  qui  était  veuve  en  avril  1705. 

Du  premier  mariage,  il  eut  une  fille,  Marie  Françoise  de  la  Maza  du 
Bérisménil,  baptisée  le  14  août  1672,  qui  épousa  Jean  de  Mohonval,  de 
Neuville.  Contrat  le  2  juin  1690. 
Du  second,  point  d'enfant. 
Du  troisième  :  Gérard  Lambert,  dit  la  Massa  ; 
Henri  Lambert,  qui  suit; 

Marie  Henri  Lambert,  qui  épousa  Hubert  Gallet,  de 
Ronchamps.  Contrat  du  8  mars  1734  passé  par  le  curé 
de  Vecqmont. 

IX.  —  Henri  Lambert  vivait  le  8  mars  1734,  le  17  mars  et  le  11  août 
1744;  il  mourut  le  16  avril  1746.  Son  épouse  N.  vivait  le  6  octobre  1756. 
Il  laissa  : 

Jean  qui  vivait  le  6  octobre  1756,  le  21  janvier  1791. 
Marie  Joseph.  Pierre,  qui  suit. 

Henri  Lambert,  qui  épousa  Françoise  Orban  dont  il  laissa  Marie  et 
Nicolas,  qui  vivait  le  17  février  1794  et  s'établit  à  Durnal. 

X.  —  Pierre  Lambert  vivait  le  6  octobre  1756;  il  épousa  Marguerite  de 
Harre,  de  Bérisménil,  autrement  dite  Marguerite  Jacques.  L'un  et  l'autre 
étaient  morts  le  29  septembre  1790,  laissant  plusieurs  enfants  mineurs  : 

Pierre  Lambert. 
Gérard  Lambert. 
Jacques,  qui  suit. 

Gilles,  qui  résidait  à  Natoye  le  18  avril  1808. 
Joseph,  qui  résidait  à  Durnal  le  18  avril  1808. 
Marguerite. 

Marie-Elizabeth,  qui  épousa  Jacques  Sine. 

XL  —  Jacques  Lambert  épousa  à  Melreux  Marie  Thérèse  Blanchon  et 
eut  plusieurs  enfants  de  son  mariage,  entr'autres  M.  l'abbé  Lambert  qui 


-  m  - 

fut  curé  à  Barvaux-sur-Ourthe  pendant  de  nombreuses  années  et  mourut 
le  "2  janvier  ISDI,  à  l'âge  de  88  ans. 


b)  IV.  —  Jehan  Lambert  vivait  le  17  décembre  innii,  le  10  septembre 
1558,  le  24  novembre  156i,  le  16  novembre  1571.  Il  avait  épousé  Cathe- 
rine, tille  de  Jehan  le  Malza  dont  il  laissa  : 

Thiry,  qui  suit. 

Jehan,  qui  vivait  le  5  avril  159(5  et  le  H  juillet  l(il7. 

V.  —  Thiry,  dit  Thiry  Lambert  du  Bérisménil,  le  5  mars  1596,  le 

6  juillet  et  le  16  octobre  1617,  le  2:>  avril  1629;  Thiry  Jehan  Lambert,  le 
5  avril  1596,  était  mort  le  6  juillet  1617.  Il  avait  épousé  Catherine,  laquelle 
vivait  en  viduité  le  6  juillet  et  le  16  octobre  1617,  le  23  avril  1629.  Il  laissa 
de  son  mariage  : 

Jehan,  qui  suit. 

Henri,  qui  vivait  le  6  juillet  1617,  le  23  avril  1629,  nommé  Henri  Thiry 
du  Bérisménil  le  23  avril  1629. 

Catherine  et  Anne,  qui  vivaient  le  6  juillet  et  le  16  octobre  1617,  le 
2(i  janvier  1619.  Catherine  épousa  Henri  Martin,  dit  Charlemont,  qui 
vivait  le  9  novembre  1622;  l'autre,  Anne,  épousa  Oliviers  de  Blire,  qui 
vivait  le  23  avril  1629. 

VL  —  Jehan  vivait  le  6  juillet  et  le  16  octobre  1617,  le  26  janvier  1619, 
était  mort  le  19  octobre  1621.  Il  avait  épousé  Marie  dont  il  laissa  : 

Catherine,,  qui  vivait  le  19  octobre  1619  et  épousa  Her^ri  Collignon 
de  Geuvry. 

N.  épousa  Mathieu,  lieutenant,  mayeur  d'Engreux  (acte  du  5  sep- 
tembre 1671). 

Robert,  qui  vivait  le  19  octobre  1619,  le  (î  octobre  1622,  est  appelé  dans 
cet  acte  Robert  Jehan  Thiry,  de  même  le  11  décembre  1631,  le  11  août 
1634.  Il  avait  épousé  Marie  dont  il  eut  Anne  qui  épousa,  par  contrat  du 

7  juin  1643,  Lambert  Guerin  de  Beauleux,  paroisse  d'Erneuville. 

Jehan,  appelé  dans  un  même  acte  Jehan  Thiry  Lambert  et  Jehan  Thiry 
(9  novembre  1()22),  le  4  novembre  1631.  Il  fut  sergeant  d'Engreux,  vivait 
le  22  janvier  1687.  A  cette  époque,  il  habitait  Bérisménil,  et  comme  il 
était  arrivé  dans  un  âge  avancé  et  n'avait  pas  d'enfant,  lui  et  son  épouse 
font  certaine  donation  à  Henri  Fagneray,  de  Nisramont,  à  charge  de  les 
nourrir.  Jean  était  mort  en  1692.  Il  épousa  Anne  Huet. 

Hubert,  dit  Hubert  Jean  Thiry,  le  4  novembre  1631,  le  11  août  1634,  le 
5  septembre  1(57L  II  résida  à  Hives  et  épousa  Marguerite.  Ce  fut  sans 
doute  la  souche  des  Thiry  de  Hives  dont  une  descendante  épousa 
Edouard  Collin  de  Laroche,  fils  de  l'ancien  notaire  de  ce  nom. 

Pierre,  qui  suit. 

VIL  —  Pierre,  dit  Pierre  Jehan  Thiry,  du  Mesnil,  bougeois  d'Houffa- 


—  67  — 

lize,  avait  épousé  Marie  Gertrude  (actes  du  17  février  1648-1671),  dont 
il  eut  : 

Pierre  Jehan  Thir3^ 

Marie,  qui  épousa  Claude  Laurent  Jacques,  bourgeois  d'Houffalize 
(actes  du  5  septembre  1671  et  de  1671). 


Note.  Dans  un  registre  de  la  Cour  d'Engreux,  on  trouve  cette  note  : 

«  Monsieur  Manigart.  Un  allemand,  parent  soi  disant  de  Robert  Thiry,  mort  à  Venise, 
aimerait  à  faire  une  recherche  à  la  haute  cour  d'Engreux  depuis  1580  à  1680.  Si  vous 
voulez  aller  chercher  du  coffre  les  registres  de  ces  dates  respectives  et  les  porter  chez 
vous,  je  m'y  rendrai  dans  une  demi-heure.  Vous  pourrez  prévenir  Vanderveyen  pour 
vous  accompagner  en  cas  vous  n'aiez  chez  vous  les  3  clefs.  Signé  J.  Jacquemin.  —  Il  faut 
prendre  tous  les  extraits  concernant  les  Thiry,  c'est-à-dire  les  Thiry  qui  peuvent  avoir 
autorité.  » 

Il  s'agissait  ici  de  retrouver  les  ayants  droit  à  une  succession  ouverte  à  Venise  par  la 
mort  de  Jean  Thiry,  de  Venise.  Au  sujet  de  cette  succession,  voici  un  extrait  d'un 
mémoire  remis  à  une  certaine  Dame  Cotton,  je  ne  sais  à  quelle  époque  : 

«  Jean  Thiry,  né  au  château  Thierry  en  1579,  fit  son  testament  le  10  février  1654  ;  il 
appelle  à  sa  succession  les  enfants  de  son  père  François  Thierry  et  de  sa  mère  Françoise 
Brico  ;  à  leur  défaut,  les  enfants  de  Pierre  et  de  Claude,  ses  oncles.  Son  grand  père  Robert 
Thierry,  fut  gendarme  du  Roi  de  France.  » 

La  généalogie  des  Thirv  de  Bérisménil  que  nous  venons  de  donner,  suffisent  ample- 
ment pour  démontrer  que  cette  famille  n'a  aucun  lien  de  parenté  avec  la  tamille  du 
testateur  de  Venise. 


-^=»*ES^- 


68 


Pièces  justificatives 


1.  —  Laroche.  Le  Magistrat.  Reg.  1429-1029.  cf.  14:13.  S»  Remy. 
Lambert,  fils  le  chevalier  de  Bierimany,  relève  le  droit  de  bourgeoisie. 

2.  —  Id.  1444,  10  novembre.  Henri  Reupies  de  Bierimany  vend  à 
Lambert  le  chevalier,  son  seroiige  (beau-frère),  la  maison  qui  fut  Gilotay, 
son  frère,  à  Laroche. 

3.  —  Id.  1520.  Jehan  Henry  de  Bierymany  relève  le  droit  de  bour- 
geoisie. 

4.  —  Id.  1555,  17  décembre.  Partage  entre  les  enfants  de  Jehan  le 
Malça,  savoir,  m'"*'  Jean  ayant  pour  mambourgs  Henry  Lambert  du  Béris- 
ménil  et  Jacquement  Collignon  de  Strument,  Cloes,  Henry,  ayant  comme 
mambourg  Jacob  d'Arlon,  son  oncle,  et  Jehan  Lambert,  à  titre  de  Cathe- 
rine la  Malza,  son  épouse. 

5.  —  Archives  de  famille.  Reg.  2,  1557,  15  novembre.  Linart  de  Villez, 
seigneur  de  la  cour  Henriette  à  Roy,  relève  certains  biens  et  héritages 
mouvant  de  la  cour  Henriette  et  les  transporte  à  Henry  Lambert  de 
Berreimani. 

6.  —  Beausaint.  Archives  de  M.  Edouard  Orban  de  Xivry.  1558. 
10  septembre.  Comparait  Jehan  Lambert  du  Beremaniel  qui  fait  œuvre 
de  gagière  à  Englebert  Ferrier,  son  cousin,  de  deux  pièces  de  terre 
arrable  à  luy  appartenant  de  par  Catherine  de  Maça,  sa  femme,  l'une 
derrière  la  ville  de  Harci,  et  l'autre  es  Eveux. 

7.  —  Laroche.  —  Cour  féodale.  Reg.  1503-1590.  15(i2,  5  avril.  Jehan  et 
Grégoire  de  Nisramont...  et  Henry  Lambert  de  Beremanv,  sont  déclarés, 
comme  leurs  prédécesseurs,  «  francqs  et  exempts  de  tailles  et  aydes  accor- 
dées et  à  accorder  dans  le  pays  de  Luxembourg  »  moyennant  les  services 
«  seront  tenus  eulx  acquitter  et  dont  ils  sont  obligés  en  service,  et  tenir 
chevaulx  et  armes  en  bon  esquipache  pour  eulx  trouver  en  nostre  service, 
toutes  et  quanttefois  qu'ils  en  seront  requis  et  mandés  par  nôtre  dit  pré- 
vost  de  Laroche  ;  aussi  de  passer  monstre  par  devant  le  dit  prévost  à  tout 
le  moins  une  fois  l'an  et  d'avantage...  Charte  de  Philippe,  roi  de 
Castille,  etc. 

8.  —  Laroche.  C.  F.  Reg.  1563-1590.  I56;î.  23  juillet.  Page  11.  R° 
Henri  Lambert  du  Berresmani  déclare  tenir  en  fief  d'un  comte  de  Laroche 
1  3  en  1/8  de  la  cour  de  Maboge,  la  1/2  d'un  lieu  dit  le  Mestyr  au  dessus 
le  Berresmeniel  ;  le  fief  de  Crockson;  en  franc  aleu  il  tient  avec  ses  cohéri- 


-  69  — 

tiers  environ  deux  bonniers  de  pré  et  sartage;  seul  aussi  en  franc  aleu  sa 
maison,  etc.,  qui  fut  Lambert  le  chevalier,  son  grand-père. 

9.  —  Laroche.  Le  Magistrat  Reg.  1529-1629.  I56i,  24  novembre. 
Jehan  Lambert  de  Berresmaniel  relève  de  sa  mainplevie. 

10.  —  Laroche.  CF.  Reg.  1563-1590.  1571,  7  mars.  Page  59  R°.  Henri 
Lambert  du  Beresmieniel,  fils  de  Henri  Lambert,  relève  de  1/2  d'un  lieu 
dit  le  Mestier,  situé  au  dessus  de  Bérisménil;  le  fief  Crokson.  Il  déclare 
en  outre  qu'il  tient  en  franc  aleu  avec  les  dits  fiefs  pour  le  service  d'armes 
et  de  chevaux,  sa  maison,  assise,  etc.,  qui  fut  Lambert  le  chevalier,  son 
taye . 

11.  —  Beausaint.  Archives  de  M.  Ed.  Orban  de  Xivry.  1571,  16  no- 
vembre. Comparaît  Jehan  Lambert  du  Bérémaniel  en  faveur  d'Englebert 
Ferrier. 

12.  —  Bérisménil.  Reg.  1.  1594,  4  mai.  Reconnaissance  de  Henri 
Henra  d'Olomont  en  faveur  de  Henri  Lambert  du  Bérisménil. 

13.  --  Id.  1596,  5  mars.  Thiry  Lambert  du  Bérisménil  relève  et  trans- 
porte à  Henri  Bastinet,  bourgeois  de  Laroche.  Catherine  épouse  de  Thiry. 

14.  —  Id.  1596,  5  mars.  Le  même  au  profit  du  dit  Bastinet  vend  tout  ce 
qu'il  possède  au  lieu  de  Bérisménil,  maison,  courtil,  jardin,  etc.,  excepté 
ce  qui  lui  vient  de  feue  Marguerite,  fille  de  feu  Gérard  Piron,  sa  cousine 
germaine. 

15.  —  Laroche.  C.  F.  Reg.  1591-1626.  1596,  5  avril.  Page  26  R°.  Jehan 
Lambert  du  Bérisménil  transporte  à  Henri  Bastinet,  bourgeois  de 
Laroche,  tout  le  bien  qu'il  avait  mouvant  de  la  haute  cour  d'Engreux  et 
situé  au  Bérisménil,  excepté  ce  qui  lui  est  de  feue  Marguerite,  fille  de  feu 
Gérard  Pieron  de  Moirmont,  sa  cousine.  Henri  relève. 

16.  Id.  Reg.  1595-1625.  1596,  5  avril.  Vivait  Thiry  Jehan  Lambert  du 
Bérisménil.  Feue  Marguerite,  fille  de  Gérard  Pieron  de  Moirmont,  sa 
cousine. 

17.  —  Archives  de  famille.  Reg.  2.  1601,  5  juin,  N°  67.  Contrat  de 
mariage  entre  Henri  Lambert,  fils  de  Henri  Lambert  de  Bérisménil,  et 
demoiselle  Catherine,  fille  d'Oliviers  de  Villez,  seigneur  de  Villez. 

18.  —  Ortho.  Cour  de  Hez.  1602,  4  mai.  Messire  Pierre  Lambert  du 
Bermanny  et  Pierret  de  Hebronval,  son  beau-frère,  ayant  épousé  Margue- 
rite Lambert,  vendent  au  profit  de  Pierre,  fils  de  leur  oncle,  Antoine  du 
Pont. 

19.  —  Archives  de  famille.  Acte  de  1602,  30  octobre.  Comme  Pirotte 
de  Hebronval,  mary  et  bail  de  Margaritte,  fille  feu  le  vieux  Henry 
Lambert  de  Bereménil,  en  secondes  noces  avec  aussi  feue  Margaritte  du 
Pont,  at  vendu  à  Pierre  du  Pont,  cousin  germain  d'icelle  Marguaritte,  sa 
femme,  toute  telle  action  de  biens  que  luy  compète  à  filtre  d'icelle  en  la 
jurisdiction  de  la  haute  court  d'Ortho  et  des  autres  basses  courts  y  encla- 
vées, et  que  le  dit  Pirotte  et  son  beau-frère  messire  Pierre  ont  vendu  par 
ensemble  l'action  de  Thiry,  leur  ^rère  et  beau-frère,  qu'ils  tiennent  estre 


—  70  — 

décédé,  de  quov  ils  ne  sont  encoires  du  tout  certiorez,  at,  partant  le  dit 
Pirotte  pour  asseurance  dudit  Pierre,  son  cousin,  advenant  que  le  dit 
Thirv  retournast,  obligé  les  biens  qu'il  at  audit  Beremenil  à  tiltre  de  sa 
dite  femme,  pour  ])ar  icelluy  Pierre  y  avoir  regrès  et  recours  pouraultant 
que  sera  trouvé  il  aura  receu  des  deniers  procédants  de  l'action  dudit 
Thirv  pardevant  les  susdites  haultes  et  basses  courts  au  ban  d'Ortho. 
Fait  à  la  Roche,  par  devant  la  haulte  court  d'Engreux,  assavoir,  Henry 
Bechu,  Pierre  de  Mabouge  et  Aulbert  Maschurey  le  pénultième  d'octo. 
bre  1602.  Signé  Favaige. 

20.  —  Laroche.  CF.  Reg.  1591-1626.  1607,  26  octobre.  Godefroid  de 
Sechery,  mari  en  secondes  noces  de  Catherine  de  Villez,  relève  des  biens 
féodaux  ayant  appartenu  à  feu  Henry  Lambert  du  Bérisménil,  premier 
mari  de  Catherine. 

21. — Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1612,  21  mai,  vivait  sire  Pierre 
Henry  Lambert  du  Bérisménil,  curé  de  Lambusart,  et  Pirotte  de  Hebron- 
val,  son  beau-frère. 

22.  —  Ortho.  Cour  de  Hez.  1617,  6  juillet.  Catherine,  femme  de  feu 
Thiery  Lambert  du  Bérisménil,  Catherine  et  Anne,  ses  deux  filles.  Jehan 
Thiery  Lambert,  leur  feu  frère  et  oncle.  Jean  et  Henri,  frères  de  Anne  et 
de  Catherine. 

23.  —  Cour  de  Bérisménil.  1617,  16  octobre.  Catherine,  veuve  de  Thiry 
Lambert  du  Bérisménil  ;  Henri  Piérar,  son  mambourg.  Jehan  et  Cathe- 
rine, deux  de  ses  enfants. 

24.  —  Id.  1619,  26  janvier.  Jehan  Thiry  Lambert  du  Bérisménil,  Marie, 
sa  femme; -Anne  et  Catherine,  ses  sœurs. 

25.  —  Id.  1621,  19  octobre.  Henri  Collignon  de  Geuvry,  époux  de 
Catherine,  fille  de  feu  Jehan  Thiery  du  Bérisménil,  relève  et  transporte  à 
Robert,  son  beau-frère. 

26.  —  Id.  1622,  6  octobre.  Godefroid  de  Sechery  au  profit  de  Robert 
Jehan  Thiry. 

27.  —  Id.  1622,  9  novembre.  Comparaissent  Jehan  Thiry  Lambert  et 
Godefroid  de  Sechery,  autorisé  de  Henri  Martin,  dit  de  Charlemont,  beau- 
frère  de  Jehan  Thiry. 

28.  —  Id.  1626,  19  mai.  Godefroid  de  Sechery,  représentant  feu  Henry 
Lambert  du  Bérisménil  (Henri  Lambert,  son  beau-fils). 

29.  Id.  1629,  23  avril.  Henr}-  Thiry  du  Bérisménil,  Catherine,  sa  mère, 
veuve  Thiery  Lambert,  au  profit  de  Oliviers  de  Blire,  son  beau-frère. 

30.  — Arch.  de  fam.  Reg.  2.  1631.  29  avril,  n°  75.  Henri  Lambert  de 
Bérisménil,  du  consentement  de  demoiselle  Catherine  de  Villez,  sa  mère, 
vend  au  piofit  d'Alexandre  de  Villez,  son  cousin,  les  2/3  partes  des  droits 
et  actions  échus  à  sa  dite  mère  par  le  trépas  de  ses  père  et  mère,  des 
biens  situés  à  Villez. 

31.  —  Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1631,  4  novembre.  Hubert  Jean 
Thiry,  résidant  à  Hives,  vend  tout  ce  qui  lui  appartient  à  Bérisménil, 


—  71  — 

venant  de  ses  père  et  mère,  à  Jean  Thirv,  son  frère,  manant  au  Bérisménil. 

32.  —  Laroche.  C.  F.  Reg.  1(326-I66i2.  1631,  l:>  novembre.  Page  109  v^ 
Henri  Lambert  du  Bérisménil  relève  le  fief  Croqson,  lui  dévolu  par  la 
mort  de  Henri  Lambert,  son  père. 

33.  —  Laroche.  C.  F.  16t26-16(i2.  1631,  Il  décembre.  Page  111,  R". 
Jean  Lambert  de  Warempage  vend  à  Robert  Jean  Thiry  du  Bérisménil  la 
part  ci-devant  possédée  ci-devant  par  Nicolas  Pirotte  du  Bérisménil, 
dépendante  de  la  cour  d'Engreux  et  de  la  cour  tenable  de  S^  Hubert  au 
Bérisménil. 

34.  —  Id.  1634,  29  mai.  Page  139  r°.  Anne,  veuve  de  feu  Jean  de 
Fresnoy  de  Buisson,  assistée  de  Robert  Georges  de  Rives,  son  cousin, 
après  avoir  relevé,  cède  ses  biens  héritables  lui  appartenant  par  succes- 
sion de  ses  père  et  mère  dans  la  juridiction  de  Laroche,  d'Engreux,  de 
Maboge,  au  profit  de  Henri  Lambert,  manant  du  Bérisménil,  son  frère,  et 
du  consentement  de  Catherine  de  Villers  (Villez),  sa  mère. 

35.—  Engreux.  Reg.  1602-1642.  1634.  11  août.  Robert  Jean  Thiry, 
manant  du  Bérisménil,  frère  de  Hubert  Jean  Thiry,  résidant  à  Hives. 
Marguerite  femme  de  Hubert;  Marie,  femme  de  Robert. 

36.  —  Id.  1642,  16  mai.  Page  188  v°.  Comparaît  Henri  Lambert  du 
Bérisménil,  homme  de  fief  de  Laroche,  échevin  d'Engreux;  après  avoir 
relevé,  il  transporte  par  forme  d'arrentement  perpétuel  et  irrédimible  au 
profit  de  Didier  le  Clerq  et  de  Vincent  David  de  Mabouge. 

37.  —  Id.  Page  189  v°  1642,  22  novembre.  Comparaît  Marie,  femme  de 
Henri  Lambert,  échevin  d'Engreux.  Son  mari  avait  été  fait  prisonnier 
par  les  ennemis  au  fort  de  Dochamps  le  10  août  et  il  se  trouvait  à  l'époque 
de  la  comparution  de  Marie  à  Mastrecht. 

38.  —  Laroche.  C.  F.  Reg.  1626-1662.  1658,  19  décembre.  Page  305  v°. 
Guillaume,  fils  à  feu  Henri  Lambert  du  Bérisménil,  au  nom  de  sa  mère, 
relève  le  franc-fief  du  Bérisménil. 

39.  —  Laroche.  Protocole  des  curés  de  Laroche.  1665,  17  janvier. 
Messire  Henri  Lambert,  dit  Berimainny,  curé  d'Erneuville;  Elizabeth, 
sa  sœur.  Henri  signe  :  Henricus  du  Bérisménil. 

40.  —  Engreux.  Reg.  1662.  1668,  3  décembre.  Page  75  v°.  Comme 
procès  estoit  esmu  par  devant  nous  la  haute  cour  et  justice  de  Lierneux 
d'entre  Pierre  Hubert  dudit  lieu  au  nom  de  son  Altesse  sérénissime  pré- 
tendant d'estre  satisfait  du  mariage  enthier  de  Marie  Henry  Lambert 
comme  espouse,  d'une  part,  et  Guillaume  Henry  Lambert  du  Bérisménil 
d'autre  part,  par  exhortation...  accord...  Marie  Henry  Lambert,  sœur  de 
Guillaume. 

41.  —  Id.  1671,  5  septembre  Comparaît  Pierre  Jean  Thiry,  Claude 
Laurent  Jacques,  bourgeois,  résidant  à  Houffalize,  lesquels  vendent  à 
Mathieu,  lieutenant  mayeur  d'Engreux,  et  à  Hubert  Jean  Thiry,  son 
beau-frère,  leurs  partes  du  chef  de  Pierre  Jean  Thiry,  leur  père  et  beau- 
père  respectif. 


—  72  — 

il.  —  I()7!2,  li  août,  Saniré.  Etat-civil.  Baptême  de  Marie  Françoise 
Lambert,  fille  de  Henri  Lambert,  dit  la  Massa,  et  de  Marguerite-Char- 
lotte de  Villers. 

43.  —  Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1676,  16  avril.  «  Jean  Guillaume, 
si  que  marit  d'Anne  Lambert,  dit  Bérisménil  ».  Honorable  Henri  Lam- 
bert, maire  de  la  haute  cour  d'Engreux,  frère  de  Anne. 

44.  —  Protocole  du  notaire  Nollomont.  Laroche,  1679,  o  juillet. 
Comparaît  Marie  Enverard,  relicte  de  feu  Henri  Lambert  du  Bérisménil, 
vivant  homme  de  fief  du  comté  de  Laroche,  laquelle  a  déclaré  être  avertie 
que  le  nommé  Pien^e  Hubert,  de  Lierneux,  auroit  la  sepmaine  passée 
faict  an'esté,  au  lieu  de  Malmedie,  le  harna  de  Henri  Lambert,  son  fils, 
sous  prétexte...  Ses  deux  autres  enfants,  Marguerite  et  Catherine.  — 
Cet  acte  nous  apprend  que  Marie  avait  emprunté  au  dit  Pierre  Hubert 
une  somme  d'argent  pour  la  délivrance  de  son  mari  fait  prisonnier  par 
les  Hollandais  et  renfermé  à  Maestrecht. 

45.  —  Archives  de  famille.  Reg.  2.  1680,  3  janvier.  Le  R.  P.  de  Xove- 
lino,  supérieur  de  l'Oratoire  à  Malines,  renonce  aux  droits  qui  lui  sont 
conférés  sur  la  seigneurie  de  Villers  par  Alexandre  de  Villers  en  faveur 
des  demoiselles  Marie  et  Marguerite  Charlotte,  demi-sœurs  d'Alexandre. 
Henri  Lambert  de  la  Maça,  mari  de  Marguerite-Charlotte. 

46.  — Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1682,  4  mai.  Alexandre  Bastogne, 
bourgeois  de  Laroche,  et  Catherine  Lambert  du  Bérisménil,  son  épouse  ; 
Henri  Lambert  du  Bérisménil,  son  frère. 

47.  —  Saixiré.  Etat  civil.  1687,  L^  décembre.  Mort  de  Marguerite 
Charlotte,  épouse  de  Henri  Lambert. 

48.  —  Laroche.  C.  F.  Reg.  1663-1696.  1688,  8  avril.  Page  320  v°.  Henri 
Lambert  du  Bérisménil  relève  le  fief  Croqson  et  tout  ce  qui  lui  appartient 
au  finage  de  Bérisménil,  mouvant  en  fief  commun  de  la  cour  féodale. 

49.  —  Archives  de  famille.  1690,  2  juin.  Reg.  2.  Contrat  de  mariage 
entre  Jean  de  Mohonval  de  la  Neuville,  au  ban  de  Rondu,  et  Marie 
Françoise  de  la  Maza  de  Bérisménil,  fille  de  Henri  Lambert  de  la  Ma/a. 

50.  —  Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1690,  20  juin.  Jean  Guillaume  de 
Fraveneux,  mari  de  Anne  Lambert. 

51.  —  Id.  1690,  20  juin.  Henri  Lambert  du  Bérisménil  et  Joseph  Coli- 
gnon,  mari  de  Marguerite  Lambert,  sa  sœur. 

52.  —  Id.  1693,  23  juillet.  Reg.  2.  Comparaissent  Henri  Lambert  et 
Anne  Hiiet,  son  épouse. 

53.  —  Engreux.  Reg.  1662.  1693,  6  avril.  Page  215  v°.  Comparaît  Henri 
Lambert  de  la  Massa,  demeurant  au  Bérisménil,  et  Jean  de  Mohonval, 
son  gendre.  Henri  Lambert  était  alors  veuf  de  sa  première  femme. 

54.  —  Id.  1693,  Il  août.  Henri  Lambert  de  la  Massa  du  Bérisménil,  et 
Anne  Huet,  sa  femme,  veuve  en  premières  noces  de  Jean  Thiry.  —  Cet 
acte  renvoyé  à  un  autre  acte  du  22  janvier  1687,  réalisé  le  7  février  1689. 
Dans  cet  autre  acte  comparaissent  Jean  Thiry,  sergeant  d'Engreux,  et 


Anne  Hiiet,  conjoints  habitants  du  Bérisménil,  lesquels  donnent  à  Henri 
Fagneray  de  Nisranîont...  aux  charges  de  les  nourrir,  etc.,  «  dans  le  haut 
âge  où  ils  se  trouvent  sans  enfants,  n'y  apparence,  selon  le  cours  de  la 
nature,  d'en  pouvoir  jamais  avoir  aucun  ».  —  Dans  un  acte  du  29  avril  1693, 
réalisé  le  17  octobre,  Henri  Lambert  de  la  Massa  du  Bérisménil  confesse 
être  redevable  envers  Alexandre  Bastogne,  bourgeois  de  Laroche,  et 
Catherine  Lambert  de  la  Massa,  sa  femme,  ses  beau-frère  et  sœur  respec- 
tivement d'une  somme  de...  Anne  Huet,  femme  en  second  lit  de  Henri 
Lambert;  Joseph  CoUignon,  son  beau,-frère  ;  Jean  de  Mohonval,  son 
beau-fils;  Marie  de  Villers.  tante  à  Jean  de  Mohonval.  —  Page  232. 1696, 
26  janvier.  Henri  Lambert  engage  à  Alexandre  Bastogne,  son  beau- 
frère...  En  marche  de  l'acte  :  Le  5  du  mois  d'octobre  1716,  «  comparaît 
Anne  Piron,  veuve  de  feu  Henri  Lambert  de  la  Massa,  engageur  ».  — 
Page  234  r°,  1696,  Il  février.  Personnellement  présents  Henri  Lambert 
du  Bérisménil  avec  Joseph  Collignon,  échevin  de  cette  courte  et  Margue- 
rite Lambert,  sa  femme,  lesquels  ont  déclaré  que,  par  acte  passé  le 
22  décembre  1610,  feu  Godefroid  de  Sechery  et  demoiselle  Catherine  de 
Villers,  son  épouse,  leurs  prédécesseurs... 

55.  —  Samré.  Etat  civil.  1694,  25  septembre.  Mort  de  Anne  Huet. 

56.  —  Archives  de  famille.  Ancien  registre.  Page  71  v".  I(i98,  26  juin. 
Par  devant  la  cour  d'Engreux,  comparaît  Joseph  Collignon,  échevin 
d'Engreux,  lequel,  du  consentement  de  Marguerite  Henry  Lambert,  sa 
femme,  vend  à  Henry  de  Tillieu  de  Laroche  le  quart  parte  du  bois  de 
haute  futaye  leur  appartenant  et  gisant  au  Rys  du  Sart;  dépendant  de  la 
juridiction  d'Engreux  pour  10  écus  de  48  sols  bb.  pièce. 

57.  —  Cour  de  Bérisménil.  Reg.  2.  1704,  29  janvier.  Henri  Lambert 
et  sa  femme  comparaissent  et  vendent  au  sieur  de  Tillieu. 

58.  —  Samré.  Etat  civil.  1705,  4  avril.  Mort  de  Henri  Lambert. 

59.  —  Cour  de  Bérisménil.  1705, 14  avril.  .A,nne  Piron,  veuve  de  Henri 
Lambert  du  Bérisménil.  —  Contrat  de  mariage  du  30  décembre  1692 
entre  Henri  Lambert  de  la  Massa  de  Bérisménil  et  Anne  Huet,  veuve  de 
feu  Jean  Thiry  du  Bérisménil. 

60.  —  Engreux.  Reg.  1703,  Page  24  v".  1708,  14  mars.  Anne  Piron, 
veuve  de  feu  Henry  I^ambert  de  la  Malza  de  Bérisménil  et  Joseph  Colli- 
gnon dudit  Bérisménil,  son  beau-frère,  du  consentement  de  sa  femme, 
Marguerite  de  la  Maça,  cèdent  au  profit  de  M.  de  Tillieu,  une  rente  qui 
leur  appartient  par  moitié;  l'autre  moitié  appartenant  à  l'acquéreur. 

61.  —  Id.  1707,  29  janvier.  RéaHsarion  d'un  acte  du  26  janvier  1707. 
Comparaît  Anne  Piron  de  Bérisménil,  veuve  de  feu  Henri  Lambert  de  la 
Massa,  laquelle  vend  une  part  de  l'action  qui  lui  appartient,  du  chef  de  son 
feu  mari,  à  une  rente  de  trois  stiers  moitié  seigle,  moitié  avoine,  consistant 
sa  dite  part  en  un  quart,  due  par  les  héritiers  de  feu  Jacques  Batter  du 
Chemin,  ma}'eur  de  la  haute  cour  de  Wybren. 

62.  —  Engreux.  1706,  25  janvier.  Page  11  v°.  Comparaît  Henry  du 


—  74  — 

Tillieii,  lequel  déchire  qu'au  droit  de  Jean  Mohonval,  seif^neurde  Villers, 
et  de  demoiselle  Marie-Françoise  de  la  Massa,  sa  femme,  fille,  et  repré- 
sentante feu  Henry  Lambert  de  Bérisménil,  lui  appartient  la  l'2  de  la 
propriété  d'une  rente  héritable  de  trois  stiers  seigle  et  avoine  moitiable, 
mesure  de  Bastogne,  que  devait  Jean  Batter,  dit  du  Chemin  de  Nadren, 
et  engagée  au  dit  Jean  Batter  par  le  sieur  Godefroid  de  Sechery,  second 
mari  de  demoiselle  Catherine  de  Villers,  veuve  en  premières  noces  de  feu 
Henry  Lambert  dudit  Bérisménil,  par  acte  passé  devant  la  haute  cour 
d'Engreux  le  1"  août  1614. 

Ho.  —  Vecqmont.  Protocole  des  curés.  17;>4,  8  mars.  Contrat  de 
mariage  entre  Hubert  Gallet  de  Ronchamps  et  Marie  Henry  Lambert  de 
Bérisménil,  fait  à  Vecqmont,  à  l'intervention  de  Jean  Gallet,  frère  audit 
Hubert,  et  Henri  Lambert  et  Gérard  Lambert,  tous  deux  frères  de 
Marie. 

64.  —  Maboge,  notaire.  Protocole.  1735,  '27  avril.  Anne  Piron,  veuve 
de  Henri  Lambert,  dit  la  Massa,  et  mère  de  Gérard  Lambert,  dit  la 
Massa. 

65.  —  Engreux.  Reg.  1703.  1744,  18  mars.  Page  296  v°.  Gille  Daris  de 
Bérisménil  et  Anne  Lambert,  sa  femme,  vendent  ce  qui  leur  est  succédé 
par  la  mort  de  Marguerite  Lambert,  épouse  de  Joseph  Collignon,  à  Jean 
Baltazar  de  Bérisménil,  pour  la  somme  de...  que  lui  a  remboursée,  le 
17  mars  1744,  Henri  Lambert  de  Bérisménil. 

66.  —  Id.  Reg.  1748.  Acte  du  11  août  1744,  réalisé  le  20  mai  1767,  par 
lequel  Henry  Lambert  du  Bérisménil  et  Henrv  Lambert,  son  fils,  donnent 
à  Jean  Nicolas  Baltazar  de  Bérisménil,  acceptant  par  Jean  Baltazar,  son 
père,  les  propriétés  qu'ils  ont  aux  hayes  du  bois  du  Sart  et  au  pré  de  la 
Pire,  ce  qui  a  été  engagé  par  leurs  prédécesseurs  aux  Ernold,  savoir  ce 
qui  leur  appartient  à  titre  de  succession. 

67.  —  Henry,  notaire.  Protocole.  1756,  6  octobre.  Jean  Orban,  Henry 
Lambert,  se  faisant  fort  pour  Henry  Gillet,  Jean  Collette,  Jean  Scius  et 
la  veuve  Arnould,  tous  de  Bérisménil,  au  profit  de  la  veuve  Henry  Lam- 
bert dudit  Bérisménil,  laquelle  donne  à  Jean,  Pierre  et  Marie  Joseph 
Lambert,  à  l'exclusion  de  ses  autres  enfants. 

68.  —  Engreux.  Reg.  1785-1789.  1788,  I'''' octobre.  Création  de  tuteur 
pour  Marie  Elizabeth  Lambert  de  Bérisménil,  qui  désire  se  marier,  fille 
de  feu  Pierre  Lambert  et  de  Marguerite  de  Har  de  Bérisménil.  A  cette 
époque,  elle  n'avait  pas  atteint  sa  majorité.  Henry  Lambert,  son  oncle 
paternel.  Déclaration  des  parents  tant  paternels  que  maternels  de  Marie 
Elizabeth  :  1°  Jean  Gille  Daris  de  Bérisménil,  et  2°  Marie  Elizabeth  de 
Har.  Marie  Elizabeth  devait  marier  Jacques  Sine. 

69.  ~  Engreux.  Reg.  1789-1792.  1790,  23  décembre.  Page  122  v°. 
Création  de  tuteur  aux  enfants  mineurs  de  feu  Pierre  Lambert  du 
Bérisménil;  Marguerite  Jacques,  sa  femme.  Cinq  enfants,  Pierre  Lam- 
bert, Gérard,  Jacques,  Gilles,  Joseph  tous  mineurs  d'ans,  et  Marguerite 


et  Marie  Elizabeth  épouse  Jacques  Sine.  Jean  Henri  Gillet,  un  de  leurs 
parents. 

70.  —  Id.  1791,  24  janvier.  Nouvelle  création  de  tuteur.  Hubert  Michel 
de  Bérisménil  ne  peut  accepter  à  cause  de  sa  jeunesse.  Est  nommé  Jean 
Lambert,  oncle  paternel  des  enfants  de  Pierre. 

71.  —  i\.rchives  Dumont  de  Bérisménil.  1793,  17  juin.  Nicolas  Lambert, 
du  consentement  de  ses  père  et  mère  Henri  Lambert  et  Françoise  Orban, 
vend  certains  héritages,  sis  à  Bérisménil,  à  Henri  Dumont  de  Bérisménil. 
Nicolas  Lambert  résidait  à  Durnal. 

72.  —  Id.  1794,  17  février.  Opposition  à  la  vente  susdite  faite  par 
François  Thomas,  résidant  à  Wy-lez-Soy,  époux  de  Marie,  fille  de  Henri 
Lambert  et  de  Françoise  Orban. 

73.  —  Engreux.  Reg.  1793.  1794,  13  décembre.  Réalisation  d'un  acte  du 
9  décembre.  Antoine  Urbin  Arnold  du  Bérisménil,  grand-oncle  maternel 
des  enfants  François  Thomas  de  Wy  et  de  feue  Marie  Lambert.  Nicolas 
Lambert,  frère  de  Marie,  résidant  à  Durnal. 

74.  —  Naveaux.  Protocole.  An  X,  4  ventôse.  Jacques  Lambert,  habi- 
tant du  Bérisménil  en  faveur  de  Jean  Henri,  Marie  Françoise  et  Marie 
Joseph  Dumont,  frère  et  sœurs. 

75.  —  Id.  An  X,  25  ventôse.  Jacques  Lambert  du  Bérisménil  vend... 
dans  les  sarts  dit  Henry  Lambert,  au  profit  de  Jean  Gilles  et  Gilles 
Joseph  les  Lambert,  ses  deux  frères,  le  second  actuellement  domicilié  à 
Durnal,  canton  de  Ciney. 

76.  —  Id.  1808,  18  avril.  Jacques  Lambert  de  Bérisménil  vend  au  profit 
de  Gilles  Joseph  Lambert  et  Jean  Gilles  Lambert,  frère  du  comparant, 
domicilié  le  premier  à  Durnal,  commune  de  Spontin,  le  second  à  Natoie, 
même  département.  Gérard  Lambert,  frère  de  Jacques. 

77.  —  Jacques  Lambert  épousa  à  Melreux  Thérèse  Blanchon.  Enfants  : 
Samré.  Etat  civil.  1805,  18  février,  baptême  de  Jacques  Joseph;  1808, 
iO  décembre,  baptême  de  Hubert  Joseph;  1811,  12  juin,  baptême  de 
François  Joseph. 


La  Faille  de  WelcMausea 


ET    LES    SEIGNEURIES 


de  Noviile-lez-Bastogne  et  de  Laval-lez-Remagne 


PAR 


Jules  VANNERUS 


-^aB.-«><ih>»£i»xwv«iw.- 


SUITE    ET    FIN    d) 


Additions  aux  premiers  Chapitres 

Avant  de  poursuivre  l'examen  du  problème  attachant  des  rapports  des 
Welchenhausen  avec  les  seigneuries  de  Noville  et  de  Laval,  il  nous  faut 
retourner  en  arrière  pour  compléter  les  données  déjà  acquises  :  l'interrup- 
tion forcée  qui  a  retardé  d'un  an  l'apparition  de  la  fin  de  mon  travail  aura 
toujours  eu  un  avantage  :  celui  de  me  permettre  de  pousser  plus  avant 
mes  invcctigations,  grâce,  surtout,  à  quelques  publications  toutes  récentes. 

Reprenons  donc,  chapitre  par  chapitre,  notre  histoire  des  Welchen- 
hausen, ainsi  que  celle  de  Noville  et  de  Laval. 


(1)  Voir  la  première  piirtie  de  ce  travail  dans  le  tome  XLV  (iOlO)  des  Ann::!cs,  pp.  299 
à  347  ;  la  deuxième  dans  le  tome  XLVI  (1911),  pp,  137  à  197, 


78 


Thierri  I  de  Welchenhausen  (1347-1374) 

En  dehors  des  actes  analysés  plus  haut,  Thierri  apparait  encore  dans 
différents  documents. 

Le  15  juin  (in  die  beatorum  Viti  et  Modesti  înartirum)  1353,  Godefroid, 
chevalier,  sire  de  Wiltz,  et  Lisa,  sa  femme,  approuvent  le  rachat  fait  par 
Henri  de  Beaufort,  moine  de  Saint  Willibrord,  à  Echternach,  de  leur  dîme 
à  Olmcschaut  qu'ils  avaient  engagée  à  Henri,  fils  d'Etienne,  bourgeois  de 
Bastogne,  pour  59  fl.  d'or.  Avec  eux  scelle  Theodericus  de  Werge7ih2ise?i, 
miles,  prévôt  à  Bastogne  (l). 

Le  28  juin  (le  vigille  sain  Piere  et  sain  Paulz  appostles)  1356,  Thieris 
de  Werkenhuessen,  chevalier,  prévoz  de  la  Roiche  en  Ardenne,  délivre 
vidimus  d'un  acte  du  30  janvier  1351  n.  st.,  émanant  de  Bertoulz  d'Okier, 
prévôt  de  La  Roche,  et  concernant  l'abbaye  de  Hosingen.  Le  sceau  dont 
il  usa  à  cette  occasion  subsiste  en  partie  et  montre  un  écu  chargé  en 
cœur  d'un  écusson  (12).  D'autre  part,  Dyderich  van  Welchenhusen, 
drossard  du  duché  de  Luxembourg,  figure  parmi  les  personnages  en 
présence  desquels^  le  30  juin  1367,  Hermann  de  Freisdorf,  noble  écuyer, 
fils  de  sire  Wirich,  renonça  aux  biens  qu'il  avait  hérités  de  sa  mère,  en 
faveur  des  frères  Frédéric  et  Hermann  de  Brandenbourg,  chevaliers  (3). 

Le  mariage  de  Thierri  I  de  Welchenhausen  avec  Catherine  de  Grons- 
veld,  que  nous  n'avions  rencontrée  à  ses  côtés  qu'à  partir  du  8  octobre 
1371,  doit  se  placer  avant  le  23  juin  1368,  jour  où  sire  Thierri  van 
Werkenhnise  est  mentionné  comme  ayant  droit,  au  nom  de  la  dame 
d'Argenteau  (Arkenteel),  à  des  arrérages  d'une  rente  féodale  due  sur  la 
recette  du  duché  de  Limbourg. 

Un  an  après,  le  12  juin  1369,  Thierri  de  Welchenhausen,  sénéchal  du 
Luxembourg,  déclare  que  du  chef  de  sa  femme,  il  a  reçu  du  receveur  de 
Dalhem,  payant  au  nom  de  celui  du  duché  de  Limbourg,  la  somme 
de  30  1.  de  noirs  tournois,  pour  le  terme  annuel,  échu  au  25  décembre 
précédent,  de  la  rente  qu'il,  tient  en  fief  des  duc  et  duchesse  de  Luxem- 
bourg et  de  Brabant,  à  charge  de  la  terre  de  Dalhem.  Il  appose  à  sa 
quittance  un  sceau  portant  un  éac  à  un  écusso?i  en  abîme  ;  ledit  écu  penché 
et  timbré  d^ufi  casque,  orné  d'un  volet,  et  cime  d'un  chapeau  de  tournoi 


(1)  J.  Krudewig,   Ubersicht  ûber  den  Inhalt    der    Kleincren  Archh'e  der  Rheinprovinz, 
t.  IV,  1911,  p.  88  (d'après  l'orig.  s.  parch.),  avec  lu  lecture  Olmeschant. 

(2)  Arch.  du  Gouv'  à  Luxbg.,  Abb.  de  Hosingen,  Chartes  et  titres  div.  (1349-1753). 

(3)  Arch.  Sect.  Hist.  à  Luxbg.,  C.  28;  orig.  s.  parch. 


-  79  - 
garni  de  deux   boules    soutenant   chacune    un  plumait  (f)  ;  légende  : 

s'  ...  TERIC   DE   VERCHINHVS   (1). 

Cette  rente  féodale  était  due  à  Catherine  de  Gronsveld  en  sa  qualité  de 
veuve  de  Jean  d'Argenteau  :  le  b  avril  I3(JI,  elle  avait  été  payée  à  l'écuyer 
Conrard  de  Sorezey,  mambour  de  Jean,  sgr.  d'Argenteau,  chevalier  (déjà 
parti  alors,  sans  doute,  pour  le  voyage  en  Terre  Sainte  dont  il  ne  devait 
pas  revenir)  (2). 

Un  Wautier  de  Welchenhausen,  que  je  suppose  avoir  été  le  fils  de 
Thierri  I*^"^,  se  trouva  mêlé,  avec  Philippe  des  Armoises,  à  des  événements 
qui  se  déroulèrent  vers  la  même  époque  à  la  frontière  du  Luxembourg, 
du  côté  de  la  France. 

C'est  certainemt  le  nom  de  ce  Wàutier  qui  apparaît  en  mars  1387  dans 
une  enquête  menée  par  le  bailli  de  Vitry  et  deux  autres  fonctionnaires 
français,  à  propos  du  château  de  Baleycourt-lez-Verdun,  qui  joua  un  cer- 
tain rôle  dans  l'histoire  politique  de  la  région,  à  la  fin  du  XIV''  siècle  :  il 
s'agissait  de  prouver  que  cette  forteresse,  dont  le  bailli  venait  de  prendre 
possession  et  où  des  bandes  luxembourgeoises  avaient  fréquemment 
établi  leur  repaire,  avait  été,  à  juste  titre,  confisquée  par  le  roi  de  France, 
dont  elle  relevait  comme  fief  ou  arrière-fief. 

Les  témoins  nous  apprennent  que  le  seigneur  de  Baleycourt  ayant,  un 
demi-siècle  avant,  prêté  hommage  à  Jean  l'Aveugle,  le  roi  de  Bohême 
restaura  et  compléta  les  fortifications  du  château  ;  par  la  suite,  le  comte 
de  Luxembourg  y  plaça  plusieurs  gens  d'armes,  «  qui  coururent  et  pillè- 
»  rent  ou  royaume  et  prindrent  plusieurs  personniers,  les  quieux  ilz 
»  menèrent  en  la  dicte  forteresse  . .  .et  firent  guerre  ouverte  ou  royaume ...» 

Wautier  de  Welchenhausen  fut  l'un  de  ces  gens  d'armes,  d'après  les 
dires  de  certains  des  témoins  entendus  au  cours  de  l'enquête.  Après  la 
mort  de  Roger  de  Baleycourt  (vers  1355),  dit  le  premier,  «  il  vit  estre  en 
garnison  en  la  dicte  maison  Messire  Waltier  deWoalqueneheuze,  Philippes 
des  Ermoises,  pour  lors  escuier,  et  Drohier,  qui  pour  Jors  avoit  espouzé 
la  femme  du  dict  feu  Rogier  ;  les  quieux  se  disoient  estre  en  la  dicte 
maison  de  par  le  duc  de  Brebant.  Les  quieux  feirent  plusieurs  roberies  et 
pilleries  ou  pays.  Et...  pendant  le  dict  temps,  il  y  vit  amener  plusieurs 
de  leurs  pilleries  et  auss}'  plusieurs  qui  estoient  de  Passavant  et  de  la 
terre  de  Beaulieu  ou  royaume  de  France,  et  iceux  détenus  prisonniers  au 
dict  Balicourt...  » 

Deux  autres  témoins  rapportent  les  mêmes  faits,   si  ce  n'est  cependant 


(1)  A.  Verkooren,  Inv.  des  chartes  et  cartul.  de  Brahant,  t.  IV,  1912,  nos  2586  et  2603. 
Le  même  recueil  renseigne,  sub  n°  2601,  le  document  du  28  septembre  1368  dont  nous 
avons  parlé  à  propos  de  Thierri. 

(2)  Même  inventaire,  t.  111,  1912,  n°  1907. 


—  80  — 

que  ce  fut  «  tant  au  temps  du  dict  Rogier  comme  depuis  »  qu'ils  ont  vu 
dans  la  forteresse  «  plusieurs  gens  qui  se  disoient  au  duc  de  Brebant 
comme  messires  Philippes  des  Ermoises,  messire  Waltier  de  Walque- 
neheuze  et  autres  ».  Un  autre,  encore,  dépose  avoir  vu,  depuis  la  mort 
de  Rogier,  des  gens  du  duc  de  Brabant  tenir  «  grosse  garnison  »  en  la 
maison  de  Baleycourt.  Un  dernier,  enfin,  nous  apprend  que  la  veuve  de 
Rogier  se  remaria  avec  un  nommé  Drohier,qui  occupa  dès  lors  le  château, 
«  commis  de  par  messire  Waltier  de  Wolqueneheuse,  gardien  pour  lors 
de  Verdun  »  (1). 

A  la  fin  de  juin  1394,  mourut  dans  la  même  région  un  Thierri  de 
Welchenhausen,  qui  pourrait  bien  être  soit  un  frère,  soit  un  fils  de 
Wautier  :  en  effet,  nous  lisons  dans  le  nécrologe  de  la  cathédrale  de 
Verdun,  à  la  date  du  27  juin,  qu'en  cette  année,  dans  l'octave  de  la  nati- 
vité de  Saint  Jean-Baptiste  (24  juin),  moururent  Thierri  de  Welchenhausen 
et  Jean  Xadot  d'Ivoix,  écuyers,  pour  lesquels,  à  la  suite  d'un  traité  conclu 
entre  noble  homme  Henri  d'Orley,  prévôt  d'Ivoix,  au  nom  des  amis  des 
défunts,  et  les  doyen  et  chapitre  de  la  ca+'-^édrale  susdite,  ces  derniers 
s'engagèrent  à  célébrer  annuellement  l'anniversaire  des  deux  écuyers, 
pendant  la  dite  octave  (2).  Il  est  à  supposer  que  notre  Thierri  et  Jean 
Xadot  périrent  dans  quelque  mêlée,  par  le  fait  de  gens  dépendant  du 
chapitre. 

La  sœur  de  Thierri  I,  Agnès,  est  mentionnée  dans  plusieurs  actes  avec 
son  époux,  Jean  Kuninck;  c'est  ainsi  que  le  5  avril  1346  (des  godes  dages 
imr  Palmen  dage,  1345),  Conon,  seigneur  de  Pirmont,  et  Lyse,  son 
épouse,  vendent  à  sire  Jean  Coninc  de  Luderstorp,  chevalier,  et  à  Nese, 
sa  femme,  une  rente  de  blé  sur  leur  bien  (hove)  de  Stattfeld  et  sur  leur 
moulin.  Hartard  de  Schônecken,  suzerain  de  ce  bien,  scelle  avec  les 
vendeurs  (3). 

Le  11  mars  1348  n.  st.,  le  même  Hartard  et  sa  femme  nomment  Jean 


(1)  Ch.  Aimdnd,  Z«  relations  de  la  France  et  du  Verdnnois  de  i2yo  à  1^52,  Paris,  1910, 
pp.  185,  18G  et  454  à  4()3. 

Philippe  des  Armoises  occupait  le  château  de  Cumières,  en  1369,  à  la  tête  d'une  bande 
(Aimond,  ibid.,  p.  165,  n"  4). 

(2)  «  Anno  Domini  MCCCLXXXXIIIIo,  infra  octavas  festi  nativitatis  beati  Johannis 
Baptiste,  obierunt  Therricus  de  Wannequenhouse  (il  faut  sans  doute  lire,  plutôt,  Warne- 
quenhouse)  et  Johannes  Xadot  de  Yvodio,  armigerii,  pro  quibus,  mediante  certo  tractatu 
inter  nobilem  Henricum  d'Orley,  prepositum  Yvodiensem,  nomine  amicorum  dictorum 
defunctorum,  ex  parte  una,  et  nos  decanum  et  capitulum,  ex  alia,  facto,  ordinavimus 
lieri  anno  quolibet,  infra  dictas  octavas,  anniversarium  eorum  »  (Ch.  Aimond.  Le  nécro- 
loge  de  la  cathédrale  de  Verdun,  Strasbourg,  1910,  p.  106). 

(3)  Arch.  de  Reinach.  n°  323;  de  Raadt,  Se.  arm.,  III,  p.  133. 


—  81  — 

Knnninch  de  Liidinstorf  \ç\\t  châtelain  à  Schônecken  (Schonkin)  (1); 
le  25  février  1351  (lendemain  de  la  Saint  Mathias,  1350),  les  chevaliers 
Godart  de  Rore  et  Koninck  von  Lilderstorp  sont  cités,  comme  ayant 
habité  Dreimolen,  dans  une  charte  de  Jean  de  Blanckenheim,  relative  au 
bois  dit  «  Ludestorffer  Busch  »  ('2);  le  12  mai  1352,  Jean  Kuningh  de 
Ludersdorf  Qt  son  épouse  Nese  fondent  un  anniversaire  en  l'église  de 
Niederehe,  et  assignent  en  garantie  des  vignobles  à  Ediger  (3). 

Le  2  février  1357  (ipso  die  piirificationis  béate  Marie  Virginis,  1356), 
Johan  KiLuing  van  Lndistorp  et  Nese,  sa  femme,  promettent  à  Henri, 
maréchal,  seigneur  de  Daun,  à  Henri,  à  Richard  et  à  Jean,  de  recevoir 
en  payement  222  écus  d'or,  cours  de  Cologne,  pour  le  rachat  du  bien  de 
Lamerstorf.  Ils  prient  sire  Jean  Smeych  de  Leyssingen  de  sceller  ;  Jean 
appose  un  scel  portant  un  écu  à  5  (2,  l,  2),  annelets  ;  cimier  :  un  chapeau 
de  tournoi,  garni  de  deux  touffes  de  plumes  de  paon  ;  légende  :  s'ihan 
VAN  ..I..TORF  (sans  doute,  Ludirstorf)  (4). 

Enfin,  un  acte  du  l*^"^  février  (171  vigilia  purificationis  b.  Marie  Virginis) 
1364  nous  apprend  que  Henri  et  Jean,  frères,  fils  de  Slyrp  de  Kerpen^ 
vendirent  à  Nese,  veuve  de  Jean  Knni?igh  de  Lndersdorf  çX.  à  Jean  dem 
Reyden^  de  Kerpen,  pour  266  marcs,  leur  ferme  de  Walsdorf  (5). 


Ponce  I  de  Welchenhausen  (1380-1412) 


L'acte  de  1380  que  j'avais  seulement  signalé  d'après  une  note  très  laco- 
nique de  von  Eltester  (6),  vient  d'être  retrouvé,  et  je  dois  à  l'extrême 


(1)  A.  Kreglinger,  Analyse  de  la  collect  .des  diplômes.. .. de  Renesse-Breidbach,  Anvers,  1836, 
n°  568  ;  l'acte  a  été  scellé  par  les  dits  époux  et  par  le  châtelain  :  l'analyse  donne  la  lecture 
erronée  Kuimnidi. 

(2)  Bàrsch,  Eifl.  ill.,  I,  1''''  p.,  1824,  p.  264,  avec  la  lecture  Ladestorffcr  Busch  et  la 
traduction  Cono,  pour  Koninck. 

(3)  Op.  cit.,  III,  2«  p.,  2«  L.  1855,  p.  366.  —  J.  Krudewig,  op.  cil.,  IV,  1912,  p.  131, 
d'après  l'orig.,  s.  parch.,  qui  a  été  scellé  par  Jean  et  par  Jean,  sire  de  Kerpen. 

(4)  Arch.  de  Reinach,  n°  447,  avec  la  lecture  erronée  Lise,  au  lieu  de  Nese;  de  Raadt, 
Sceau.v  ami.,  III,  415,  et  IV,  501. 

(5)  J.  Krudewig,  op.  cit.,  IV,  p.  131  ;  d'après  l'orig.,  s.  parch.,  scellé  par  Henri,  Ricliard 
Hurten  de  Schônecken,  bailli  à  Daun,  et  Guill.  de  Heyer. 

Dans  l'analvse  que  j'ai  donnée  de  l'acte  du  25  avril  1363,  une  faute  typographique  s'est 
glissée  :  dans  le  mot  anchrauiven,  une  lettre  est  tombée  et  il  faut  lire  :  ajichvrauive7i 
(ou  anchfrauzven). 

(6)  Voir  plus  haut,  t.  XLV,  p.  318. 


—  82  — 

obligeance  de  M.  le  Conseiller  D"^  Reimer,  archiviste  de  l'Etat  à  Coblence, 
de  pouvoir  en  donner  ici  le  texte  intégral  (1).  Il  est,  en  effet,  des  plus  im- 
portants pour  l'histoire  de  Welchenhausen  :  le  4  juillet  1.380,  Jean,  sire  de 
Gronsveld,  et  Henri  de  Gronsveld,  son  frère,  chevaliers,  attestent  avoir 
assisté  à  un  partage  fait  entre  leur  beau-frère,  Henri,  sire  de  Pirmont,  et 
leur  7ieve  Poncin  de  Welchenhausen,  en  présence  de  Nicolas  Walt  et  de 
Jean  de  Bracht  comme  parents  et  amis. 

Les  déclarants  remercient  le  seigneur  de  Pirmont  de  ce  qu'il  a  fait 
pour  leur  dit  neve,  car  il  lui  a  rendu  son  bien  et  ses  lettres  d'engagère, 
plus  sa  maison  de  Welchenhausen,  sans  retenir  aucun  héritage  provenant 
de  son  père,  si  ce  n'est  Flamisoul  et  Witry. 

En  considération  de  ce,  Poncin  renonce,  pour  lui  et  son  frère  Henri,  à 
tout  ce  qu'ils  peuvent  prétendre  à  charge  du  sire  de  Pirmont  et  de  ses 
biens  ;  il  s'engage  à  obtenir  cette  renonciation  de  son  frère  Henri,  dès 
que  celui-ci  aura  atteint  sa  majorité,  et  à  entrer  en  tout  temps  en  partage 
avec  lui. 

Pour  assurer  l'entière  observation  de  tous  les  points  de  cet  accord,  les 
deux  frères  de  Gronsveld  promettent  à  Henri  de  Pirmont  de  conserver  le 
château  de  Welchenhausen  et  les  autres  maisons  qu'il  remettra  en  leurs 
mains,  aussi  longtemps  que  la  renonciation  susdite  ne  sera  pas  absolu- 
ment accomplie. 

«  Ich,  Joha.n,  her  zu  Gronsfelt,  ind  Heinrich  van  Gronsfelt,  ghebruder,  ritter, 
bekennen  dat  wir  gheveist  syn  over  eyne  scheydunge  dae  ghescheydt  syn  worden  onse 
gheminde  swoigere,  her  Heinrich,  der  hère  van  Pirmont,  ind  Ponschijn  van  Welchen- 
husen,  onse  lieve  neve,  dae  by  woren  maighe  ind  vrunt,  mit  namen  Clois  Walt  ind  Johan 
van  Braicht,  also  dat  wir  ons  ser  bedanken  van  den  vurs.  Hère  van  Pirmont,  dat  he  onsen 
vurscr.  neve  guitlich  ghedain  haet,  ind  im  sinen  wille  ser  ghedain  hait,  want  he  yme  sijn 
guit  ind  sine  brieve  van  sinre  pantschaf  aile  samen  weder  gegeven  haet  ind  gheift  mit 
sinen  huse  zu  Welchenhusen,  niet  uizghescheyden  erflich  guit  ind  al  dat  sijn  vader  liet, 
uizghescheiden  Flamsule  ind  Wytery,  dat  onse  swoiger  der  her  van  Pirmont  behalden  sal 
zu  sinen  besten. 

»  Ind  dair  um  so  vertzie  ich,  Pontschin  van  Welchenhusen,  vur  mich  ind  minen 
bruder  Heinrich  up  aile  die  vorderie  ind  ansprake,  die  ich  ind  he  ummerme  haven 
moichten  up  onsen  gheminden  her  herren  Heinrich,  her  zu  Pirmont,  ind  up  sine  erven. 
Ind  gelove  in  guden  truwen  dat  ich  den  vurscr.  Heinrich,  minen  bruder,  aise  he  zu  sinen 
mundigen  daghen  comen  sal  svn,  dartzu  halden  sal,  dat  he  in  dieser  selver  maissen 
vertzie  e  dan  ich  yme  ummer  bruder  deylinge  gheduen  sal,  ind  allet  sonder  argelist. 

»  Ind  dit  duen  wir  herum  dat  ons  der  vurscr.  onse  her  van  Pirmont  also  guitlich  onse 
huis,  onse  erv^e  ind  onse  guit  weder  gegeven  hait  ind  bedanken  ons  allewege  ser  van  yme 
as  vurscr.  is. 


(1)    Conservé    au  dit  dépôt  de    Coblence    parmi   les  archives    de  la  seigneurie  de 
Landskron  ;  original,  sur  parch.,  avec  2  sceaux. 


-  83  — 

»  Ind  um  dat  ich  Johan,  her  zu  Gronsfelt,  ind  Heinrich  van  Gronsfelt,  ghebruder, 
ritter  viirscr.,  willen  dat  aile  dis  briefs  punteii  stede  ind  vast  syn  ind  voUendain  werden 
so  wie  vurscr.  steyt,  so  gheloven  wir  deme  vurscr.  her  van  Pirmont  in  guden  truwen  dat 
wir  dat  slos  Welchenhusen  ind  ander  die  huis,  die  ons  der  vurscr.  her  van  Pirmont  in 
onse  hant  settzen  sal,  nummerme  in  egheN^nre  wijs  dar  uiz  zu  settzen,  dat  vurscr. 
vertzichenisse  en  sy  also  ghedain,  dat  yt  deme  her  van  Pirmont  ind  sinen  erven  stede  ind 
onverbruchlich  ghehalden  blive,  sonder  eyncherleye  argelist. 

»  In  urkunde  onser  siegele,  die  wir  an  diesen  ofFenen  brief  haen  duen  hangen.  In  den 
jore  ons  heren  dusent  driehondert  ind  achtzich^  des  gudesdages  nae  sent  Peters  ind  sent 
Pauwels  dach.  » 


Ponce  II  de  Welchenhausen  (1426-1477) 

L'original  du  contrat  de  mariage  de  Ponce  II,  passé  en  1456^  porte 
Rompstevn  et  Welchenhusen  ;  de  plus,  l'un  des  scelleurs  de  l'acte  s'appelle 
J.  de  Byntzfeld  (Binsfeld),  et  non  pas  Ryntzfeld  ;  enfin,  il  est  à  noter 
qu'il  y  reste  un  fragment  du  sceau  de  Poncin,  où  l'on  voit  un  écu  plain, 
chargé  d'un  écusson  plain. 


Catherine  et  Marguerite   de  Welchenhausen  (1495-1520) 

D'une  obligeante  communication  de  M.  Ilgen,  directeur  des  Archives 
de  l'Etat  à  Dusseldorf,  il  résulte  que  ce  n'est  pas  Simon  de  Belven  qui 
éleva,  en  15:20,  des  prétentions  au  château  et  à  l'avouerie  de  Lontzen 
(comme  nous  l'avions  dit,  d'après  Quix),  mais  bien  André  von  dem 
Berghe.  Quix  a  été  induit  en  erreur  par  le  fait  que  si  Simon  est  bien  cité 
en  tète  de  l'acte  du  21  juillet  l-ôtiO,  c'est  comme  témoin  seulement 
(Reg.  féodal  n°  2,  f.  102  v°);  le  9  juillet  1521,  la  demande  d'André  fut 
repoussée  {ibid,  f.  125). 


La  Seigneurie  de  Welchenhausen,  de  1466  à  1791 

Gaspard  Scheiffart  de  Mérode  est  cité  le  15  avril  1606  comme  «  noble 
et  honnoré  Jaspar  Scheiffart  de  Merode,  seigneur  de...  Clermont  et 
Welkenhouss  »,  dans  une  reconnaissance  souscrite  à  son  profit  par  Louis 
de  Wilverdenge,  bourgeois  de  Houffalize  (1). 


(1)  Arch.  de  l'Etat  à  Arlon,  Reg.  aux  actes  de  vente  de  Houflfalize,  1602-1612. 


-  84  — 


La  Maison  de  Welchenhausen  à  Noville 


Un  acte  passé  le  29  juin  1715,  à  Luxembourg,  par  devant  le  notaire 
J.  Taffler,  mentionne  le  baron  de  Martial,  seigneur  à  NouviUe,  Moestorff 
et  Larochette,  conseiller  intime  de  S.  A.  Electorale  de  Palatinat,  colonel 
et  grand  bailli  de  Gimmern  (1). 


Les  biens  d'Arimont  à  Noville 


Louis  d'Arimont,  époux  de  Catherine  de  Saurfeld,  doit  avoir  été  fils 
d'un  Hugues  d'Arimont,  puisqu'il  était  encore  appelé  Louis  Hugues. 

Son  fils  Jean  apparaît  au  dénombrement  de  Noville,  en  1541,  sous  le 
nom  de  Jehan  Loivve  et  comme  prétendant  franchise.  Le  14  mars  1545 
n.  st.,  Jean  d'Arimont  le  jeune  était  maire  de  St  Lambert  à  Noville  ;  le 
22  mars  1546  et  du  10  juillet  1568  au  8  février  1572,  il  est  mentionné  en 
qualité  de  lieutenant  du  seigneur  des  fiefs  et  dimes  de  Noville.  Le  14 
novembre  1551,  il  intervient,  avec  d"*'  Marie,  sa  femme,  dans  un  acte 
passé  par  les  héritiers  de  Jodenville  ;  au  recensement  de  1575,  il  figure  à 
Noville  avec  la  qualification  de  gentilhomme  ;  les  27  juin  1569  et  8  février 
1572,  il  usait  d'un  sceau  montrant  un  écu  à  un  anille  on  fer  de  monlin, 
accompagné  de  4  roses  (on  étoiles?),  posées  i,  5,  1;  une  enquête  où  il 
déposa  comme  témoin,  le  5  juillet  1571,  nous  apprend  qu'il  avait  alors 
56  ans,  devant  donc  être  né  vers  1515. 

Le  17  avril  1577,  Jean  et  Ricalt  d'Arimont  sont  mentionnés  comme 
mayeur  et  échevin  de  la  cour  St  Remacle,  à  propos  de  biens  sis  à  Bourcy. 

Mayeur  de  Hoffelt,  Jean  fut  remplacé  dans  ces  fonctions,  ainsi  que 
dans  celles  de  maire  héritable  de  St  Lambert,  par  son  fils  Richard  d'Ari- 
mont (1587-1590)  ;  le  23  février  1590,  Richard  est  cité  comme  homme  de 
la  Salle  de  Bastogne,  et  le  9  mai  suivant,  il  appose  à  un  acte  un  scel  aux 
mêmes  armoiries  que  celui  de  son  père  ;  en  décembre  1587,  apparaît  son 
épouse,  d"^  Catherine  d'Awan. 


(1)  Arch.  du  Gouv.  à  Lux.  ;  Ch.  et  titres  div.,  Esch. 


85 


En  1624,  Jean  (II)  d'Arimont  était  encore  officier  de  la  haute  cour  et 
mairie  de  Hotfelt,  en  même  temps  que  «  capitaine  en  chieffz  pour  le  ser- 
vice de  S.  M-  »  (1). 


Les  Biens  de  Stein  à  Noville 


Les  renseignements  que  j'ai  donnés  plus  haut,  d'après  les  Comnnaies 
Luxei7ibonrgeoises  (IV,  584),  sur  l'histoire  du  droit  de  patronage  de 
l'église  de  Noville  proviennent  d'un  mémoire  conservé  au  château  de 
Resteigne  et  dont  M.  le  chanoine  Roland  m'a  communiqué  récemment 
une  copie. 

Ce  mémoire,  intitulé  Genealogia  illorum  qtii  contuleritiit  benefidum  et 
ecclesiam  parochialem  de  N^ovilla  ab  anno  ISW,  a  pour  auteur,  ainsi  que 
l'indique  la  signature,  Petrus  de  Longovillari,  curé  de  Xoville,  qui  l'a 
rédigé  d'après  les  sentences  rendues  à  Rome  et  à  Liège  et  d'après  les 
lettres  d'institution  des  curés,  ses  prédécesseurs.  Pierre  de  Longvilly, 
que  je  n'avais  signalé  comme  curé  de  Noville  qu'en  avril  1564,  était  déjà 
investi  de  cette  cure  dès  avant  juin  15^26,  époque  oîi  il  apparaît  comme 
curé  de  Noveve  et  doyen  rural  du  doyaume  de  Bastoigne;  notre  curé  est 
encore  mentionné  le  14  juillet  1537  (Pire  de  Lorvillier)  (2)  et  le  7  avril 
1570;  il  était  né  vers  1503  (3j,  et  fut  remplacé  par  Richard  du  Pont,  qui 
était  curé  au  31  juillet  1580.  Le  Maitre  Pierre,  curé  de  Noville  et  doyen 
du  concile  de  Bastogne  en  octobre  1520,  est  donc  certainement  Pierre  de 
Longvilly,  et  non  point  Pierre  de  Cologne,  présenté  par  ceux  d'Ouren 
35  ans,  au  moins,  avant  l'auteur  du  Mémoire.  Cette  rectification  jointe 
aux  renseignements  circonstanciés  contenus  dans  le  procès  Cobréville- 
Vaux  dont  nous  aurons  l'occasion  de  parler  plus  loin,  va  nous  permettre 
de  serrer  de  plus  près  l'histoire  des  collateurs  de  l'église  de  Noville  et, 
par  conséquent,  celle  de  la  famille  de  Stein. 


(1)  Voir  Ch.  des  Comptes  de  Brabani,  reg.  703  (f  229)  et  718  (ff.  223  v»  et  291)  ;  Grand 
Conseil  de  Malines,  appels  de  Luxbg.,  1.  400  ;  Arch.  Sect.  Hist.  Luxbg.,  Chartes  (9  mai 
et  5  sept.  1590)  ;  Cart.  de  Rachamps,  p.  183  ;  le  procès  Cobréville-Vaux(1568-1572),  relaté 
plus  loin  ;  les  Connu.  Lux.,  t.  IV,  497  et  502  ;  Arch.  Gouv.  Lux.,  Ch.  et  titres  div.,  1.  12. 

(2)  Cartul.  de  Rachamps,  pp.  1  et  142. 

(3)  Dans  une  enquête  tenue  à  Bastogne  les  3  et  4  août  1538,  à  propos  du  procès  de 
Robert  de  Vaux  et  consorts  contre  Jean  d'Ouren,  dépose  Messire  Pierre,  curé  de 
Noville,  âgé  de  36  ans  (Appels  de  Luxembg.,  à  Malines,  1.  9);  dans  une  autre  enquête, 
Pierre  de  Lonvillir.  doyen  et  curé,  se  déclara  âgé  de  66  ans  (procès  Cob  ré  ville- Vaulx). 


—  86  — 

Pierre  de  Longvilly  commence  sa  liste  des  collateiirs  par  une  dame 
liégeoise  nommée  Nisa,  épouse  de  Jean  de  Bastogne.  Cette  collatrice 
vivait  en  Io50  :  en  effet,  par  une  charte  du  Ki  octobre  (sabbato  ante  Luce 
Eîvangeliste)  1350,  Coiti,  seigneur  d'Ourren,  reconnut  n'avoir  rien  à 
prétendre  du  droit  de  collation  de  l'église  de  Noville,  héritage  d'Agnès 
de  Liège  et  de  Jean  de  Bastogne  :  dat  7vir  nit  en  hain  zu  geven  ain  der 
kirchen  van  Noville  noch  ain  der  kirch  gaven,  die  dar  erb  ist  Nesen  van 
Liitghe  nnd  Jehans  van  Bastenach.  Il  renonce  à  cette  collation  (gave), 
pour  lui  et  ses  successeurs,  sauf  le  fief  de  son  château  d'Ouren  :  beheltenis 
uns  biirch  lehens  van  Onren.  Cône  appose  son  scel  à  l'acte,  en  présence 
de  sire  Wautier,  seigneur  de  Clervaux  (Clerve) ;  Thierri,  son  fils;  Michel 
van  der  Mecheren;  Henkin,  son  fils;  Henkin  van  der  Mecheren  et  Henkin 
der  Wirt  van  Ourren .  (1  ) 

Le  mémoire  du  curé  de  Noville  donne  des  collateurs  de  Noville,  on  se 
le  rappelle,  la  filiation  suivante  : 

Nisa  de  Liège,  épouse  de  Jean  (I)  de  Bastogne 

Jean  (II)  de  Bastogne,  mari  de  Jeanne  d'Orphelt 

Henri  de  Bastogne 

Jean  (III)  de  Bastogne        (    Jeanne  de  Bastogne, 

(    femme  de  Jean  de  Stein. 

J'ai  supposé  précédemment  que  Jean  II  et  Jeanne  à'Orphelt  ont  vécu 
au  commencement  du  XVL  siècle  :  en  présence  des  données  recueillies 
depuis,  il  nous  faut  placer  leur  existence  environ  un  siècle  plus  tôt. 

Jean  III  est  appelé  Domicellns  Joannes  de  Bastonia,  par  le  curé  de 
Xoville,  qui  ajoute  qu'il  mourut  «  sine  prolibus  et  non  maritatus  »,  lais- 
sant toute  sa  succession  à  sa  sœur  Jeanne,  mariée  à  Jean  de  Lapide,  «  ex 
cujus  matrimonio  jus  presentandi  ad  ecclesiam  de  Novilla  venit  ad  illos 
de  Lapide  »  ;  ce  Jean  I  de  Stein  est  certainement  celui  qui  reçoit  en  fief 
d'Ouren  des  biens  sis  à  Noville,  en  1488. 


(1)  A.  Deux  copies  simples,  d'une  copie  faite  par  le  notaire  Léonard  Stochem,  sur  une 
autre,  inscrite  dans  le  martyrologe  de  l'église  de  Noville  par  le  notaire  Messire  Jehan 
Stolpart.  —  Le  l^""  septembre  1491,  Henri  van  Steinbbach  (de  Stcmbay,  dit  une  traduction), 
curé  de  Noville,  déclare  avoir  eu  la  lettre  principale  de  cette  copie,  écrite  et  signée  par 
le  notaire  J.  Stolpart,  grâce  à  laquelle  il  a  obtenu  la  cure  de  Noville  qu'il  détient  encore 
(dardurch  niyne  kirch  V(i7i  Noville  envonden  und  helialdcn  und  noch  bchalden)  ;  il  appose 
son  scel. 

B.  Traduction  en  français  (avec  les  noms  :  Nese  de  Liège,  Jehan  de  Bastoingne,  Michael 
de  Mecheren,  Henkin  l'host  d'Ourren).  Copie  d'une  copie  délivrée  par  Renier  Naucleri, 
notaire  de  la  cour  de  Trêves  (Procès  Cobréville-Vaux). 


—  87  — 

J'ai  fait  allusion,  à  son  propos,  à  un  tableau  de  la  famille  de  Stein  repo- 
sant aux  Archives  du  Gouvernement  à  Luxembourg  (Noblesse,  Familles, 
Me  -  Z)  :  or,  il  se  trouve  qu'il  y  a  même  deux  généalogies  des  Stein  dans 
le  fonds  en  question,  toutes  deux  du  XVIP  siècle,  et  intéressantes  à  con- 
fronter, car  elles  nous  fournissent  quelques  renseignements  complémen- 
taires sur  Jean  I  de  Stein  et  les  siens  :  c'est  ainsi  que  l'une  d'elles  appelle 
sa  mère,  l'épouse  de  Robert  de  Stein,  Elisabeth  de  Ropach  (ou  Robach), 
«  fille  de  la  maison  de  Bastoin  ». 

Sa  femme,  Jeanne  de  Bastogne,  est  la  même,  je  crois,  que  celle  appelée 
Jeanne  van  Tulle  dans  l'une  des  généalogies  de  Luxembourg.  En  effet, 
des  rapports  étroits  ont  existé,  comme  je  l'ai  déjà  dit  par  hypothèse,  entre 
les  de  Thoil,  Tlioel,  Tiiell  ou  Tulle  et  la  famille  de  Bastogne,  propriétaire 
du  droit  de  collation  à  No  ville  ;  j'en  trouve  encore  la  preuve  dans  les  trois 
actes  suivants  :  le  25  juillet  1  i47,  Diederich  de  Liessingen  dit  Hacke 
scelle  un  acte  de  Jean  Schorsteyn,  de  Sassel,  reconnaissant  tenir  de 
Gérard,  seigneur  de  Wiltz,  un  bien  avec  dépendances,  à  Satssel,  hérité 
de  ses  ancêtres  et  appartenant  pour  moitié  à  Henri  de  Novill  ;  le  26  jan- 
vier 1451  n.  st.,  Henri  Ramplin  de  Bastenach,  dit  de  Neville,  dénombre 
les  biens  qu'il  tient  en  fief  du  même  seigneur,  à  Saesselen  ;  et  le  13  jan- 
vier 1462,  Peter  von  Toile  rend  hommage  à  Gérard,  sire  de  Wiltz,  pour 
les  biens  de  Saessel,  lui  échus  par  la  mort  de  Henri  de  Nejfel,  son  beau- 
frère,  et  mouvant  de  Wiltz,  et  scelle  l'acte  de  relief  (1). 

Puisque  j'en  suis  à  parler  de  la  famille  de  Bastogne  à  laquelle  s'allia 
Jean  I  de  Stein,  je  ferai  remarquer  que  les  données  fournies  par  le  dossier 
du  procès  Cobréville-Vaux,  au  sujet  des  dimes  de  Noville,  m'obligent  à 
rejeter  l'hypothèse  qu'il  se  serait  agi  là  de  la  famille  le  Mignon;  nous 
devrions  plutôt  songer,  pour  identifier  les  de  Bastogne,  collateurs  à 
Noville,  à  la  famille  Ruffignon,  encore  appelée  de  Bastogne  ou  von  der 
Straessen,  à  laquelle  je  suis  tenté  de  rattacher  Jean  de  Bastogne  (1368, 
"  1384,  1386)  et  dont  on  connaît  :  Henri  et  Jean  Ruffignon,  frères  (1398); 
Jean,  bourgeois  de  Bastogne,  beau-frère  d'Arnold  de  Deynsburg  (1413), 
Thierri  et  Henri  van  der  Straessen  dits  Ruffugnon,  frères  (1446);  Thierri 
et  Henri,  hommes  de  la  Salle  (1464);  Henri  le  jeune,  homme  de  la  Salle 
(1468);  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Jean  de  Lapide  eut,  d'après  le  mémoire  de  Pierre  de 


(1)  Arch.  Sect.  Hist.  Lux.,  F.  32,  orig.;  Cart.  de  Wiltz,  flf.  284  et  291  (d'après  des  analy- 
ses de  M.  van  Werveke). 

Le  7  janvier  1447  n.  st.,  Frédéric  de  Sterpenich  et  Françoise  de  Nufyll,  conjoints, 
déclarent  avoir  vendu  à  Colin,  sgr.  d'Ottange,  les  biens  de  Schomvyler,  dits  les  biens 
Henri  de  Stirpenich,  et  tenus  en  fief  de  Gérard,  sire  de  Wiltz;  ce  dernier  scelle  l'acte 
evec  les  vendeurs  (Arch.  Sect.  Hist.,  F.  26,  avec  le  sceau  de  Françoise  de  Noville; 
anal,  van  W.) 


—  88   - 

Longvillv,  deux  enfants  (au  moins)  :  Jean  II  et  Marguerite,  mariée  à 
Trêves  à  This  Muller,  les  mêmes  qui  présentèrent  pour  la  cure  de  Noville 
l'auteur  du  Mémoire.  Ce  Jean  II  ne  peut  être  que  le  Jean  de  Steyne  qui 
avait  en  1 400  un  différend  avec  son  beau-frère  Thys  (Muller)  ;  sa  femme 
Marguerite  (1508)  me  parait  être  la  même  que  Marguerite  de  Ham,  une 
des  généalogies  de  Luxembourg  ayant  dès  lors  confondu  en  un  seul  Jean 
le  père  et  le  fils. 

Jean  II  est  mentionné  en  1508,  dans  un  acte  déjà  analysé  plus  haut, 
mais  à  propos  duquel  il  est  intéressant  de  donner  plus  de  détails  :  le 
25  janvier  1508  (1507),  (uff'  St-Paidus  tagh),  Wilhelm  von  Milboîirgh, 
son?ie  zîi  Hame,  et  Jiinckfrairœe  Trein  von  Malboiirgk,  tous  deux 
seigneurs  d'Ouren  (Urren),  déclarent  avoir  donné  en  fief  à  Johan  voni 
Stein,  demeurant  à  Biedtbonr gh ,  la  seigneurie,  les  biens  et  le  droit  de 
collation  de  l'église  en  la  paroisse  de  Xoville,  et  les  dimes  (belehent  mit 
cler  herschaft  iinnd  giittern  unnd  kirchengiift  inn  der  parren  vonn 
NoviV.e  gelegen  unnd  mit  den  ziehenden...).  Ils  prient  tous  les  hommes 
tenant  arrière-fief  (die  achter  lehen  nsser  dieser  leinschaft  liant),  dans  la 
dite  paroisse  ou  en  dehors,  de  lui  prêter  en  —  vertu  des  anciennes  lettres 
de  fief  de  Jea.n  —  serment,  hommage  et  obéissance,  suivant  le  droit 
féodal.  Jean  leur  a  prêté  serment,  en  présence  de  Sire  Valérien,  receveur 
et  conseiller  à  Luxembourg,  et  de  Maître  Nicolas  de  Marvil,  receveur  à 
Luxembourg;  Guillaume  scelle,  (i) 

Jean  II,  époux  de  Marguerite  (de  Ham),  eut,  à  en  croire  les  généalo- 
gies de  Luxembourg,  quatre  enfants,  dont  l'aîné,  Jean  (III),  fut  «  allié  à 
Catherine  de  Hosingen.  Il  est  mort  sans  hoirs  de  son  corps,  et  Xoville 
luy  at  appertenu  ». 

Le  deuxième,  Frédéric  (I),  époux  d'une  Vogel  de  Weiler-la-Tour,  eut 
cinq  enfants,  Frédéric  (II),  Robert,  Bernard,  Madeleine  et  Eve,  dont  le 
premier  seul  laissa  des  héritiers. 

Le  troisième,  Anne,  se  maria  d'abord  à  Jean  Schellart,  puis  à  Léonard 
de  Helbringen  (dont  j'ai  parlé  comme  ayant  été  le  premier  mari).  De  son 
premier  mariage,  elle  eut  Jean  Schellart,  allié  à  N.  Gintping  (ou  Gintxing); 
du  second,  Odilia  de  Helbringen,  mariée  à  Jean-Henri  de  Zolveren. 

Le  quatrième  enfant,  Eve  de  Stein,  contracta  deux  alliances  :  d'abord 


(1)  A.  Copie  collationnée  par  Frédéric  von  Stain,  d'après  une  copie  sur  l'original 
délivrée  par  J.  Haussman. 

B.  Copie  d'une  traduction  d'allemand  en  français  faite  par  le  notaire  Léonard  Stochem, 
d'après  une  copie  du  notaire  Renier  Naucleri.  Cette  traduction  donne  les  variantes 
Milhurch,  Ilainnifi,  Mailhourch,  van  Sleyne,  Bithurch.  Sa  description  du  fief  de  Noville 
diffère  considérablement  ;  il  y  est  dit  que  Jean  de  Stein  reçut  le  ficff  de  Noville,  à  savoir 
dicsme  et  collation  de  l'église  et  tout  autre  dépendicc  duditfiefve.  (Procès  Cobréville-Vaux). 


—  89  — 

avec  Jean  Waldecker,  dont  elle  eut  trois  filles,  puis  avec  Ulrich  Franck 
de  Heidehem,  dont  naquirent  des  enfants,  morts  par  la  suite  sans  descen- 
dance. 

Jean  III  eut  de  1537  à  1540,  par  devant  le  justicier  féodal  et  les  hommes 
de  Reuland,  un  procès  contre  Thierri  de  Bulich,  en  matière  de  retrait 
lignager  :  il  s'agissait  d'une  maison  sise  à  Reuland  et  que  Thierri  avait 
acquise  de  Hantz  Raben  von  Ponderich  et  de  Marie  van  Hossigh  ou 
de  Hosig,  conjoints;  la  vente  faite,  Hantz  Falck,  d'Esch-sur-la-Sûre,  et 
Marguerite  de  Hossigh  effectuèrent  le  retrait,  comme  prochai?is  linaigiers 
(nast  blutz  veriioautten),  mais  n'ayant  à  la  main  les  deniers  nécessaires  au 
retrait,  ils  laissèrent  la  maison  en  gagère  à  Thierri  (jusqu'au  rembourse- 
ment du  capital),  après  en  avoir  reçu  12  florins  d'or.  Intervint  alors 
Hantz  ou  Hentzlin  voin  (ou  van  dem)  Stein  ou  de  la  Pierre,  bourgeois  de 
Trêves,  qui  prétendit  reprendre  la  maison,  à  titre  de  sa  femme,  Jung- 
fratiw  Tliryne  von  Hosich,  plus  proche  parente;  il  obtint  gain  de  cause, 
mais  Guillaume  de  Bollich  ou  Polich,  officier  de  Reuland,  interjeta  appel 
à  Luxembourg,  au  nom  de  son  père  Thierri. 

Hans  vom  Stein  est  cité  du  27  juillet  au  6  octobre  1540,  mais  mourut 
avant  le  1 1  août  1541  et  le  procès  fut  poursuivi  par  sa  veuve. 

Une  enquête,  faite  à  Reuland  le  11  août  1541,  nous  apprend  que  Marie 
de  Hosich,  épouse  de  Hanss  Rabe  von  Punderich  (ou  Raiff  van  Ponde- 
rich), était  fille  de  Bernard,  propriétaire  de  la  maison  en  cause  et  frère  de 
Georges  et  de  Marguerite  de  Hosich;  parmi  les  témoins  entendus,  se 
trouvait  Friderich  vom  Slei?i  ou  Ferri  de  la  Pierre,  âgé  de  41  ans,  frère 
germain  de  Hantz  et  officier  de  Créhange  à  Larochette  (1). 

Frédéric  eut  également,  alors,  un  procès  à  Luxembourg,  au  sujet  de 
son  fief  de  Noville.  Le  9  septembre  1541,  le  conseil  ordonne  à  Frédéric 
de  Giltlingen  de  recevoir  Frédéric  vom  Stein,  bailli  de  Créange  à 
Larochette,  en  qualité  de  vassal,  à  Ouren,  le  23  du  même  mois.  Ce  relief 
n'ayant  pu  s'effectuer  par  suite  de  l'absence  du  sire  d'Ouren,  le  conseil 
déclara  par  sentence  du  7  octobre  1541  que  Frédéric  de  Stein  devait  jouir 
de  son  fief,  comme  s'il  l'avait  reçu  du  seigneur,  et  qu'il  pourrait  en  exiger 
l'investissement  dans  les  deux  mois. 

Le  différend  dura  longtemps,  et  le  28  février  1545  n.  st.  seulement  la 
cour  de  Luxembourg  ordonna  la  mise  à  exécution  de  sa  sentence 
d'octobre  1541  ;  le  13  mars  suivant,  Simon  de  Ransiers,  huissier  extraor- 
dinaire, se  rendit,  à  la  requête  de  noble  homme  Fredrick  von  Steyn,  à 
Noville,  où  il  convoqua  la  commune  et  donna  lecture  de  la  sentence  et 
des  lettres  exécutoriales.  En  présence  de  Jehan  d'Arymont  le  jeune, 


(1)  Appels  de  Luxembourg  au  gr.  conseil  de  Malines,  1.  7, 


—  90  - 

maire  de  Saint-Lambert,  du  curé,  de  J.  Herman,  Gérard  Trahon  et  Gérard 
le  Gaudicheux,  tous  de  Xoville,  l'huissier  maintint  Fredrich  en  la  jouis- 
sance de  tous  les  arrière-fiefs  de  Noville  ;  si  Frédéric  de  Giltingen  ne  le 
requérait  pas  dans  les  deux  mois  de  reprendre  de  lui  ces  fiefs,  à  cause  de 
la  seigneurie  d'Oren,  il  n'avait  qu'à  les  relever  du  roi. 

Le  même  jour,  la  sentence  fut  encore  insinuée,  à  Bastogne,  à  Joncker 
Jehan  et  à  la  veuve  de  Pomper  Jehan,  ainsi  qu'au  facteur  et  mambour  de 
Monsieur  de  Revnesteyn,  nommé  iVielis  de  Nymerler,  alors  à  Bastogne 
])ar  hasard. 

Le  procès  ne  se  termina  toutefois  que  le  IH  avril  1545  (ou  1546),  par 
une  sentence  donnant  tort  à  Frédéric  de  Gildtingen  et  le  condamnant  à 
l'amende  et  aux  frais;  il  y  est  rappelé  que  de  Stein  et  quelques-uns  de  ses 
prédécesseurs  avaient  demandé  en  vain  au  seigneur  d'Ouren  et  à  plu- 
sieurs de  ses  prédécesseurs  d'être  admis  au  relief  de  certains  biens 
féodaux  (1). 

Le  22  mars  1546,  Frédéric  de  Stein  reçoit  en  sa  qualité  de  «  fondateur 
et  sire  des  fiefs  et  dîme  de  Xoville  »,  l'hommage  de  Robert  de  Vaux  : 
nous  y  reviendrons  plus  loin. 

Le  5  février  1575  n.  st.,  Hanss  Schellardt  vo7in  Dieckirch,  agissant  au 
nom  de  sa  mère  Anne  vom  Stein,  veuve  de  Léonard  de  Hvlbringenn, 
prêta  foi  et  hommage  au  souverain,  à  raison  des  fiefs  tenus  de  lui,  avec 
promesse  d'en  fournir  endéans  le  mois  les  dénombrement  et  spécification 
(2)  :  cette  formalité  s'effectua  dès  le  10  février,  ainsi  que  nous  l'avons  vu. 

Frédéric  (I)  de  Stein  conclut,  le  6  juillet  1574,  avec  sa  sœur  Eve,  un 
arrangement  attribuant  à  cette  dernière  une  part  des  dîmes  de  Meisem- 
bourg  ;  par  la  suite,  Eve  se  plaignit  du  maigre  produit  de  cette  dîme  et 
réclama  une  compensation  ;  arbitrage  fut  décidé  et  le  différend  soumis  à 
leurs  amis  et  cousins  (gutte  nachphar,  freiindt  und  vetter)  Thierri  de 
Buligh  et  Jean  Vogel  vofi  Weiller  zum  Thuren,  seigneur  de  Bettendorf. 
Prenant  en  considération  les  lourdes  charges  de  Frédéric  (dont  la  maison 
avait  été  détruite  lors  de  l'incendie  général  de  Larochette),  les  arbitres 
déclarèrent,  le  4  novembre  1578,  à  Larochette,  qu'Eve  devrait  se  conten- 
ter d'une  compensation  de  130  thalers,  une  fois  donnés.  L'acte  arbitral 
porte,  entre  autres  sceaux, celui  de  Frédéric, caractérisé  par  xxnécucoicpé: 
a)plain  ;  b)  fretté  (o). 

Le  26  janvier  1579  n.  st.,  Frédéric  vo)n  Stein  déclare  tenir  du  souverain, 
comme  duc  de  Luxembourg,  des  biens  féodaux  dépendant  de  la  seigneu- 


(1)  Procès  Cobréville-Vaux. 

(2)  Arch.  du  Gouv.  à  Lux.  ;  Aveux,  relevés  et  dén.  de  fiefs. 

(3)  Mêmes  arch.,  Familles  nobles,  Me-Z. 


—  91  — 

rie  à'Oiirhen  et  lui  échus  par  la  mort  de  Jean  de  Stein  (dess  erenvestenn 
Johansen  vom  Stein),  son  père^  dans  le  duché  :  le  droit  de  collation  de 
l'église  paroissiale  de  Noville,  avec  les  dîmes,  fiefs  et  hommes,  selon 
l'ancienne  lettre  de  fief  (1).  Il  prête  le  serment  requis  entre  les  mains  de 
Joachim,  comte  de  Alanderscheid,  Blanckenheim,  etc.,  lieutenant  du 
gouverneur  du  duché  (2). 

Il  s'agit  toujours  ici  de  Frédéric  I  de  Stein  (et  non  de  son  fils  Frédéric 
II,  comme  je  l'avais  cru)  ;  il  devait  être  fort  âgé,  alors,  puisqu'il  avait 
relevé  les  biens  d'Ouren  dès  le  2  août  1529.  Il  semble  d'ailleurs  être  mort 
peu  de  temps  après,  car  il  n'apparaît  pas  au  contrat  de  mariage  de  son 
fils,  passé  le  4  mai  1579. 

Par  ce  contrat,  ainsi  que  nous  l'avons  signalé,  Frédéric  II  de  Stein 
apporta  entre  autres  ses  dîmes  et  revenus  de  Nouville,  avec  tout  ce  qui 
constituait  sa  «  part  et  portion  héréditaire  ».  Par  contre,  Robert  de 
Recogne  et  sa  femme  donnent  «  en  dotte  et  subside  de  mariaige  »  à  leur 
fille  «toute  telle  parte  et  portion  entièrement...  en  rentes  et  revenues 
»  de  grains,  vins  de  dismes,  laines,  frommaiges,  chappons,  menues  dismes 
»  que  les  dicts  S'  Robert  et  dem""^  sa  femme  souloient  ou  pouvoient  avoir 
»  par  chacun  an  avant  la  confection  de  ceste  en  la  parroisse  de  Nouville  ; 
»  en  plus,  650  florins  de  20  patars  de  Brabant,  une  fois  à  payer.  » 

Après  le  décès  de  Robert  et  de  sa  femme,  les  deux  futurs  conjoints 
«  hériteront  perpétuelment  d'un  g  tiers  de  tous  biens  meubles  trouvez  en 
»  la  maison  de  Recoingne,  rentes  héritables  que  gaigières  es  dismes  de 
»  la  ville  et  parroisse  de  Bastoingne  que  prévosté  d'illecq  soubz  telles  et 
»  quelles  jurisdictions  que  ce  soit,  dehors  les  limites  de  la  tourre,  maison- 
»  naiges  et  teneur  de  Recoingne  que  boys  sartables  soub  la  conté  de  la 
»  Roche.  »  Les  650  fl.  susdits  devront  être  payés  à  la  future,  leur  sœur, 
par  ses  frères  germains  Georges  et  Jean. 

Cette  dot  est  estimée  valoir  la  part  que  la  future  pourrait  avoir  après  la 
mort  de  ses  père  et  mère  «  en  la  thour  et  maisonnaiges  dudict  Recoingne, 
»  jardins,  viviers,  haulx  bois  que  menus,  preis,  terres  arrables  et  sarta- 
»  blés,  surséans  iceulx  maisonnaiges  et  héritaiges  tant  soub  ung  prévost 
»  de  Bastoingne  que  bois  et  champs  soub  la  conté  de  la  Roche...,  lesquels 
»  dictz  maisonnaiges  et  héritaiges...  lesdicts  George  et  Jean  et  leurs  hoirs 
»  hériteront,  joyront  et  posséderont  perpétuelement  après  la  mort  et 
»  trespas  de  leurs  dictz  père  et  mère...  » 


(1)  Die  kirchengifft  in  der  pfiirrenn  zu  Noville,  sainpt  den  zehendenn,  lehen  widt  nuirinen 
dasselhst,  nichst  nit  davo7i7i  noch  abgesondert,  ailes  vermogh  undt  in  nachfolgungh  der  altenn 
lehenn  briej/'. 

(2)  Arch.  (jouv.  Lux.,  Aveux,  relevés  et  dén.  de  fiefs  ;  orig.,  sur  parch.,  dont  le  sceau 
est  tombé. 


92  — 


A  la  prière  des  deux  parties  contractantes,  signent  et  scellent  le  contrat 
«  Guillaume  Rhuiss,  prévost  de  Bicdburch  et  Echternach,  Hanss 
Schellert,  aniptman  de  Dudeldorff,  Adam  Bentzerotte  de  Bourcy,  »  avec 
Robert  de  Recoingne  et  Frederick  de  la  Pierre.  L'acte  est  signé  : 
Guilla(iim)e  Riiiss,  Robert  de  [Recoi/igne]  Liverdugiie,  Friederich  de  la 
Pierre,  Johan  Schellertt,  Adam  vaiti  Benizeroidt.  Il  est  muni,  entre 
autres  sceaux,  de  celui  de  Robert  de  Recogne,  que  je  vais  avoir  l'occasion 
de  décrire.  (1) 

Le  1)0  novembre  1595,  nous  retrouvons  notre  Frédéric  dans  un  acte  en 
vertu  duquel,  «  pardevant  Fredericq  de  la  Pierre,  s"^  féodaulx  des  lieffz  et 
dismes  de  la  paroiche  de  Nouville,  Jehan  de  Liverdun,  de  Recoigne, 
lieutenant  sire,  Henry  d'Offorni,  Colla  Gran  Jean,  Pier  Herman,  hommes 
de  tieiïz  et  sergeant  »,  Martin  Everard,  de  Besory,  et  Margueriite,  sa 
femme,  vendent  «  toutes  leurs  [actions]  parts  entièrement  au  Bois 
»  Wathie,  soit  en  boys,  groz  et  menuz,  terre  sartable...  »,  et  ce  «  pour 
»  trois  vingt  escus,  quarant  patar  chascun,  les  vins  de  droictz  non  com- 
»  prins  »,  à  Jehan  Colla  de  Besory  et  à  Béautry,  sa  femme. 

Jean  de  Li\erdun,  «  lieutenant  sire  susdict  »,  signe  et  append  à  l'acte 
son  «  seau,  armoié  de  ses  armes  »  :  ce  scel  présente  un  écu  à  un  loup  (ou 
renard?)  passant,  accompagné  en  chef  de  'J  étoiles  à  5  rais  et  en  pointe 


(1)  ArcJi.  du  Gouv.  à  Luxbg.,  Familles  nobles^  Me-Z,  dt-  la  Pierre. 

A  propos  du  contrat  de  mariage  de  Wéry  de  Stein,  fils  de  Georges  et  de  Marguerite  de 
Wampach,  en  1590,  j'ai  émis  rh_vpothèse  que  le  futur  devait  être  proche  parent  de  Fré- 
déric de  Stein  de  Noville  et  de  Robert  de  Stein;  je  crois  m'étre  trompé,  au  moins  en  ce 
qui  concerne  l'origine  de  cette  proche  parenté  avec  Frédéric  :  celle-ci  devait  venir  du 
côté  des  'Vogel  et  non  de  celui  des  Stein,  à  ce  que  m'apprend  un  arbre  généalogique  du 
XVI«  siècle,  en  ma  possession.  Nous  y  voyons,  en  efî'et,  la  filiation  suivante  : 

Marguertie  de  Basenheim 
Epouse  :  1°  Henri  de  Nothum  2"  Jean  de  Stein,  Kuclienmelster 

Jean  de  Nothum,  Eydel  Hanss  von  Siein 

échevin  à  Arlon 

François  de  Nothum  Georges  de  Stein  Catherine  de  Stein 

Catherine    Weyrich  Claudia  d'Anly 

de  Stein     de  Stein        dite  de  Vesqueville 

Un  acte  du  24  novembre  1089  mentionne  les  s"  Wiry  de  Stein  et  François  de  Nothum, 
à  propos  de  Wilverwihz  (Cart.  Nothomb,  n°  135).  D'autre  part,  une  acte  de  la  Salle  de 
Ijastogne,  du  22  octobre  1596,  cite  comme  vendant  leurs  biens  de  Wihverwiltz  et  d'En- 
schringen  :  A)  Wirich  de  la  Pierre,  seigneur  de  Bettendorlï,  mari  d'Ermengarde  Vogel  ; 
Catherine  de  Steyn,  épouse  de  Henry  de  Baclain;  Marie  de  Steyn,  épouse  de  Thierri 
Watmenger  (Wortminger.');  Robert  de  Stein,  tous  frères  et  sœurs;  Marie  von  der  Ecken, 
épouse  de  Jean  de  Schvveistel,  et  Martin  von  der  Ecken.  B)  Frantz  de  Nothum,  échevin 
d' Arlon,  et  sa  femme.  CJ  Catherine  de  Stein,  femme  de  Mathis  Walhor,  voué  de  Bra 


-  Ô3  - 

d'ttn  besant)  heaume;  cimier  :  une  tête  et  col  de  loup  (ou  renard?); 
légende  :  s.  robert  de  ver...  dit-  d  recoingne.  (1)  Jean  employait 
donc  bel  et  bien  le  sceau  de  son  père. 

Aux  renseignements  déjà  fournis  sur  les  enfants  de  Frédéric  II  de 
Stein  et  de  Marie  de  Liverdun,  j'ajouterai  qu'en  1625  et  en  1626  Fré- 
déric (III)  de  Stein,  écuyer,  seigneur  de  Noville,  eut  une  affaire  assez 
désagréable  avec  les  dames  de  S**^  Claire  d'Echternach. 

Sa  sœur,  Marie  de  Stein,  professe  au  dit  couvent,  s'étant  vu,  vers  le 
carême  1625,  enlever  le  voile  et  consigner  en  cellule,  pour  quelque  acte 
d'indiscipline,  Frédéric  pénétra  dans  le  cloitre  «  avec  une  grande  véhé- 
mence et  colère  »,  le  lundi  après  Invocavit,  et  protesta  en  termes  plutôt 
énergiques  contre  la  mesure  prise  à  charge  de  sa  sœur;  non  content  de 
traiter  de  «  gros  villains  moines,  sans  honneur  et  pudeur,  »  les  Fran- 
ciscains, visiteurs  des  Clarisses^  il  accabla  de  sarcasmes  et  de  menaces 
les  bonnes  religieuses.  Il  renouvela  la  scène  à  diverses  reprises,  se  faisant 
même  accompagner  de  son  frère  Paul  et  d'autres  témoins,  si  bien  que 
le  P.  Franciscain  Paul  Metterich  dut  s'adresser  au  conseil  de  Luxem- 
bourg pour  que  l'on  mît  fin  aux  troubles  occasionnés  par  Frédéric,  «  au 
cloistre  de  S*^  Claire,  contre  la  tranquillité  de  la  vie  religieuse  et 
immunité  du  lieu.  » 

Le  16  septembre  1626,  le  conseil  ordonna  au  substitut  du  procureur 
général  de  faire  enquête  sur  les  faits  incriminés  ;  elle  eut  lieu  dès  le 
lendemain  et  il  se  trouva  que  les  faits  avaient  été  quelque  peu  exagérés; 
toutefois,  le  conseil  défendit  à  Frédéric,  sous  peine  d'arrestation  immé- 
diate, de  remettre  les  pieds  dans  le  monastère  sans  l'autorisation  de 
l'abbesse. 

Stein  ne  s'inclina  pas,  malgré  l'intervention  du  procureur  général  lui 
même,  et  en  appela  au  Grand  Conseil  de  Malines,  où  le  procès  durait 
encore  en  mai  1627  (2). 

Les  des  Stein  semblent  d'ailleurs  tous  avoir  été  passablement  procé- 


(1)  Arch.  Gvt.  Lux.,  ch.  et  doc.  divers,  1.  22,  Noville. 

(2)  Arch.  gén.  du  Royaume,  Grand  Conseil  de  Malines,  Appels  de  Lux.,  1.  317. 

Quelques  détails  fournis  par  les  pièces  du  procès  sont  à  retenir  :  Frédéric,  ridiculement 
infatué  de  sa  noblesse,  déclare,  entre  autres,  ne  vouloir  endurer  qu'un  «  petit-filz  de 
paysan  »  (le  P.  Metterich)  punisse  sa  sœur;  à  la  cellerière  du  couvent,  Marguerite  de 
Muegen,  il  dit  «  qu'elle  comme  une  paysanne  ne  debvroit  estre  avec  sa  sœure  noble  et 
»  qu'elle  ne  méritoit  pas  d'estre  près  une  personne  de  sy  bonne  noblesse  »  ! 

La  grainetière  du  monastère,  Marguerite  de  Dave  (âgée  de  50  ans),  le  traite  de 
«  cousin  ».  Toute  la  semaine  de  la  pentecôte  1626,  Frédéric  et  sa  mère  ont  circulé  dans 
le  cloître  ;  vers  1620  ou  1621  la  religieuse  Marie  de  Stein  a  participé  à  une  excursion  faite 
par  sa  mère,  sa  sœur  défunte  et  son  frère  Frédéric,  à  Wolffyelt,  pour  visiter  «  leur 
maison  castrale  illec,  qu'ilz  avoient  hérité  ». 


—  94    - 

duliers  :  c'est  ainsi  que  le  19  juillet  1633  une  sentence  des  markvogt  et 
échevins  de  Diekirch  termina  un  différend  entre  Théodore  de  Stein,  sgr. 
à  Xoville,  et  Catherine  de  Bentzerodt,  veuve  de  Manderscheid,  de  Fol- 
kendange,  plaignants,  et  le  mayeur  de  Reisdorf,  ajourné  (I). 

D'autre  part,  Frédéric  II  de  Stein  et  son  fils  Frédéric  III  eurent  de  longs 
différends  avec  l'abbaye  de  St-Maximin  de  Trêves,  à  propos  de  voueries 
sises  à  Heffingen  et  dépendant  de  la  mairie  de  Medernach.  Le  procureur 
du  monastère  s'étant  plaint  au  conseil  de  Luxembourg  des  empiétements 
de  Frédéric  (II),  qui  s'était  emparé  de  biens  appartenant  aux  voueries  de 
l'abbaye  et  y  avait  construit  une  maison  appelée  Stehi-Burg,  Stein  fut 
condamné  provisionnellement  par  sentence  du  24  septembre  1601.  Fré- 
déric III  poursuivit  le  procès,  qui  durait  encore  en  janvier  i63.j  (2). 

Les  renseignements  que  j'ai  eu  l'occasion  de  donner  sur  les  Stein 
comme  décimateurs  à  Xoville,  se  précisent  par  la  confrontation  des  deux 
documents  suivants,  extraits  du  cartulaire  de  Rachamps. 


La  dîme  de  Noville  en  1665  et  en  1669 


1665.  —  «  Dividement  du  tiers  de  la  disme  de  Noville,  réglée  par  le 
S""  d'Awan  .en  qualité  de  clercq  pour  les  hommes  de  fiefs.    , 

»  Premièrement,  toutes  les  dismes  estant  en  gros,  on  en  prend  hors 
4  stiers  moitables  pour  le  curé  de  Noville,  provenant  de  Cobraiville,  dit 
l'anniversaire  Gerlache  d'Isiers. 

»  2'°  Le  clerc,  savoir  le  S"^  d'Awan,  en  prend  4  muids  pour  son  droict. 

»  Du  rest,  on  en  fait  trois  partes  égalles,  dont  la  première  appartient  à 
Renesteyne,  représenté  par  Keyffemberg. 

»  Des  deux  autres  partes,  on  tire  12  muids,  desquels  vient  au  dit  S'' 
d'Awan  8  muids  et  les  autres  4  muids  restans  se  partagent  en  deux  partes  : 
sçavoir  la  moitié  à  Humain  pour  Cobraiville,  et  l'autre  moitié  aux  Kaysers 
dits  Magettes,  représentez  par  les  Religieuses  de  Bastoigne,  et  les  mam- 
bours  de  Noville  par  moitié . 

»  Le  surplus  après  déduction  de  tout  ce  que  dessus,  on  en  fait  3  tiers  : 
sçavoir  le  premier  au  S"^  d'Awan  et  le  deuxième  à  Madame  de  Jupille,  et 
au  S'  Renesteyne,  dont  la  parte  de  Madame  de  Jupille  appartient  audit 


(1)  Arch.  Gvt.  Lux.,  Ch.  et  doc.  div.,  1.  10,  Folkendange. 

(2)  Même  fonds,  ].  14  (  Larochette,  ad.  a.  1730). 


—  Ô5  — 

d'Avan  et  Renesteyne  égallement.  Du  troisième  tiers,  on  en  fait  5  partes, 
dont  3  appartiennent  au  S""  d'Awan  ;  des  deux  autres  partes  restantes, 
Gobrai ville  en  prend  la  moitié,  et  les  Magettes  avec  les  mambours  dudit 
Noville  le  rest,  par  moitié. 

»  Répartissement  des  vins,  laines,  argent,  fromages^  chappons,  lins, 
appartenans  aux  hommes  de  fief  : 

»  1°  On  fait  3  tiers.  Le  S"^  de  Renesteyne  prend  un  des  dits  tiers.  Et  les 
deux  autres,  en  faut  faire  encore  .')  tiers,  dont  les  héritiers  d'Awan  pren- 
nent les  2  tiers.  Et  de  l'autre  tiers,  on  en  fait  encore  3  tiers,  desquels 
Messire  Arion  prend  un  tiers,  qui  est  Mons"^  Renesteyne,  et  ceux  de 
Jupille  par  moitié  égalle,  la  parte  de  Jupille  mise  avec  celle  d'Awan  et 
l'autre  moitié  avec  celle  de  Renesteyne. 

»  Et  des  deux  autres  tiers  on  en  fait  5  partes,  dont  d'Awan  prend  les  3, 
et  les  'I  restantes  Jean  de  Cobraiville  et  Theis  Keyser  prennent. 

»  Dividement  de  l'an  1665  de  la  parte  des  hommes  de  fief,  laquelle 
port  61  muids. 

»  Premièrement  on  prend  4  stiers  pour  le  curé  de  Noville.  Item  4 
muids  pour  le  clerc.  Dont  rest  56  muids  4  stiers,  qu'il  faut  partager  en 
3  partes  égalles  et  dont  Reyffemberg,  au  nom  de  Renesteyne,  en  prend 
un  tiers,  qui  port  18  muids  6  stiers  5  quartes. 

»  Reste  37  m.  5  st.  2  qu.,  desquels  on  prend  l'2  m.,  sçavoir  8  m.  pour 
d'Aw^an,  2  m.  à  Humain,  les  religieuses  de  Bastoigne  1  m.  et  les  mam- 
bours de  Noville  l  m. 

»  Rest  25  m.  5  st.  2  qu.  qu'il  faut  partager  en  3  partes,  dont  d'Awan  en 
prend  une,  sçavoir  8  m.  4  st.  3  qu. 

»  La  2"'^  parte  se  partage  égallement  entre  ledit  d'Awan  et  Renesteyne, 
sçavoir  chacun  4  m.  2.  st.  et  1  1/2  qu. 

»  Du  S'"'^  tiers  restant,  qui  port  8  m.  4  st.  et  3  qu.,  on  en  fait  5  partes, 
desquelles  d'Awan  en  prend  3,  qui  portent  5  m.  et  7  qu.,  à  sçavoir  iceluy 
d'Awan  pour  soy  1  m.  5  st.  5  qu.,  Humin,  pour  Cobraiville,  autant,  et  les 
Magettes  avec  les  mambours  autant,  sçavoir  chacun  6  st.  6  1/2  qu. 

»  Les  2  autres  partes  restantes,  sçavoir  3  m.  3  st.  2  qu.,  on  les  partage 
en  2,  et  Cobraiville  en  prend  la  moitié,  sçavoir  i  m  5  st.  5  qu.  et  les 
mambours  avec  les  religieuses  le  rest,  sçavoir  chacun  7  st.,  y  comprins 
3  quartes,  qui  estoient  de  bon  sur  la  généralitez. 

»  Donc  ensuite  de  ce  dividement,  vient  à  Monsieur  d'Awan  pour  soy 
11  m.  2  st.  1  qu.,  et  la  moitié  d'une  demy,  et  encore  4  m.  de  clerc  ; 

»  Groulart,  11  m.  2  st.  1  qu.  et  la  moitié  d'une  demy  ; 


—  96  — 

»  Renesteyne,  23  m.  6  1/2  qu. 

»  Les  mambours,  2  m.  5  st.  6  1/2  qu. 

»  Les  religieuses,  2  m.  5  st.  6  1/2  qu. 

»  Humin,  5  m.  3  st.  2  qu. 

»  Somme  :  61  muids. 


»  Répartition  des  vins,  à  rate  de  60  florins 

»  Reytfemberg,  22  florins  4  sols  1  liard. 

»  d'Awan  avec  Groulart,  34  fl.  3  s.  3  1. 

»  Humin,  35  1/2  sols. 

»  Les  mambours,  17  s.  3  1. 

»  Les  religieuses,  17  s.  3  1. 


»  Dividement  du  tiers  des  Patrons. 

{Ajoitté)  :  »  Avant  tout,  on  en  prend  4  stiers  pour  le  sergeant. 

»  Premièrement,  il  se  partage  en  deux  égallement,  dont  la  moitié 
appartient  aux  Bcdenges,  maintenant  représentez  par  le  S'^  de  Stein  et 
Pieret  de  Bastoigne. 

»  De  l'autre  moitié  appartient  un  fixe  de  14  muids,  12  au  S"^  de  Ballon- 
feaux,  de  Luxembourg,  et  2  à  Mons"^  de  Stein,  qui  luy  est  toujours  dheu, 
quoy  que  cette  moitié  ne  porteroit  point  d'avantage  desdits  14  muids.  Le 
surplus  est  appelle  Beyfall,  lequel  se  partage  en  3  tiers,  desquels  un 
appartient  au  S'^  de  Stein,  le  2'"^  à  Ballonfeaux  et  l'autre  aux  RR.  PP.  Jé- 
suittes  de  Luxembourg,  représentans  les  Newmetzler  dudit  Luxembourg. 
Ce  tiers  est  notté  et  réparty  par  le  S"^  de  Stein.  » 

(Cart.  de  Rachamps,  pp.  763-766). 


15  novembre  1669,  à  Luxembourg.  —  Le  conseil  rend  une  sentence,  au 
sujet  de  la  dîme  de  Noville,  «  entre  George  de  Ballonfaux,  sergeant 
major  réformé,  au  nom  de  sa  femme  Josine  d'Alscheidt,  suppliant,  d'une 
part;  Philippe  et  Friederich  de  Stein,  rescribents;  Christophe  de  Reif- 
femberg  et  la  vefve  et  héritiers  de  feu  Jean  Pierpont^  intervenants, 
d'aultre.  » 

Il  déclare  les  suppliants  non  fondés  «  en  leurs  fins  et  conclusions 
d'exclure  les  rescribents  et  intervenants  (comme  représentants  les  Dave 
et  Bodange)  du  tiers  de  la  disme  de  Xouville^  dont  les  deux  autres  appar- 
tiennent,  l'un  au  curé,   et  l'autre  aux  représentans  les  d'Awan  »;  les 


Répartition  de  la  Dim 


I.  — 


II.  —  • 


(Après  prélèvement  des  4  stiers  du  s 


Une  moitié. 
aux  Davc  et  aux  Bodange,  . 
reprcsentés  «  par  le  S''  de 
Sti'in  et  Pieret  de  I5astoigne  » 
(KJC)."))  ;  par  Philippe  et  Fré- 
déric de  Stein,  rescribents, 
Christophe  de  Reiffeinherg 
et  les  veuve  et  héritiers  de 
Jeun  Pierpont  (IGGV»). 


Une  moitié,  rc] 


On   prend   d'abord   par   préciput,    14  muids  fixes  (as 
par  Jean  de  Stein  à    sa  sœur  Anne,    pour   portion  i 


12  muids 

pour   le    S''   de   Ballonfaux 

(1G(35) 


:2  muids 

au   S''  de  Stein 

(IG(35) 


III. 


Tier! 


(Après  prélèvement  des  -4  stiers  du  curé  et  des  4  muids  di 


Un  tiers 

pour 

Reuesteyne, 

représenté  par 

Reyffeiiherg 


i)  8  muids 
au  S''  d'Axvaii. 


a)  12  muids 


2  muids 

à  II  uni  ni  II  pour 

Cohréi'ille. 


Les  deux 


2)   i  muids 


2  muids 


1  muid 

aux  Kcysers 

dits  Mdgettes, 

représentés  par 

les  religieuses 

de  Bastogne. 


1  mi) 

aux  man 

de  No^ 


)ville  en  1665  et  1669 


Curé 


Patrons 


Jfan  Je  Stfi)i  le  vieux 


Le  surplus  (Bcyjall)  se  divise  en  3  tiers 


Un  tiers 

,'•    de.    Stcin   (1665);   aux 

ibents  (Phil.  et  Frédéric 

'cin),  représentant    Frc- 

de  Stein  de  1597  (1669). 


Un  tiers 
au    S""  de  Ballonfiutx  (1665); 
au    S''    de    Ballonfiiux    et    à 
Josine  d'A/sc/ieid,   représen- 
tant Anne  de  Stei?t  (1669). 


Un  tiers 
aux  Jésuites  de  Luxembourg, 
représentant  les  Newvietz/er, 
(1665),  aux  représentants  de 
feu  Eve  de  Sfehi  (1669). 


nmes  de  Fief 


b)  le  surplus 


n  tiers 
S''  d'Awan 


Un  tiers 

à  M^ie  de  Jupille 

et  au  S"" 

Renesteyiie . 


Un  tiers 


3/5 

au  S""  d'Awan 

(1   pour  lui,  1  à 

Humain  (pour 

Cobtuiiville) , 

1  aux  Magettes 

et  aux 

mambours). 


2/5 


1/5  ^ 
Gobraiville 


1/5 
Les    Magettes, 
(représentés  par 
les  religieuses) 
et  les  mambours 
de  Noville. 


—  97  — 

suppliants  devront  donc  «  laisser  suivre  à  iceux  en  la  dite  qualité  la  moitié 
dudit  tiers  de  disme  ». 

Ces  suppliants  sont  également  non  fondés  «  de  débattre  de  nullité 
l'engagère  faicte  au  proufit  de  feu  Frederich  de  Stein  en  l'an  1597,  par 
feu  Hans-Heinrich  de  Zolveren,  au  nom  de  sa  femme,  Odile  Helbringen, 
et  Reinard  Helbringen,  enfans  procréez  en  secondes  nopces  par  Anne 
de  Stein  avec  Léonard  Helbringen,  de  la  part  qu'ils  avoient  en  la  dite 
disme  ». 

Les  rescribents  ne  sont  pas  recevables  dans  leur  prétention  d'avoir  par 
préciput,  comme  représentant  feu  Robert  de  Recoigne,  9  muids  5  stiers 
moitables  sur  la  totalité  dudit  tiers  de  dîme. 

La  suite  de  la  sentence  parle  de  14  muids  assignés  par  Jean  de  Stein  à 
feu  Anne  de  Stein,  sa  sœur,  pour  sa  portion  filiale,  sur  la  dîme  de 
No  ville. 

Le  dit  tiers  de  dîme  sera  partagé  en  deux  :  une  moitié  appartiendra  aux 
représentants  desdits  Dave  et  Bodange;  l'autre  aux  représentants  de  feu 
Jean  de  Stein  le  vieux  (après  déduction  des  dits  14  muids  pris  par  préci- 
put, dont  12  appartiennent  aux  suppliants  et  2  aux  rescribents),  subdivisée 
en  3  parts,  dont  l'une  appartiendra  aux  rescribents  (comme  représentant 
le  dit  Friedrich  de  Stein),  l'autre  aux  suppliants  (comme  représentant 
Anne  de  Stein)  et  la  troisième  aux  représentants  de  feu  Eve  de  Stein. 

(Cart.  de  Rachamps,  pp.  892-894). 

En  tenant  compte  de  ce  que  lors  de  l'enquête  sur  les  revenus  ecclésias- 
tiques, en  1575,  la  dîme  de  Xoville  est  déclarée  se  diviser  en  trois  parts^ 
le  tiers  du  curé,  le  tiers  des  patrons  et  le  tiers  des  s"^"  de  Renenstein,  de 
Cobreville  et  consorts,  on  peut  représenter  la  répartition  des  tiers  des 
«  patrons  »  et  des  «  hommes  de  fief,  »  en  1665  et  1669,  de  la  manière 
indiquée  sur  le  tableau  ci-contre. 

Ce  tableau  appelle  quelques  commentaires. 

Au  sujet  des  membres  de  la  famille  de  Stein  qui  y  sont  cités  et  dont 
l'intervention  s'explique  par  les  détails  généalogiques  donnés  précédem- 
ment^ il  est  à  noter  que  le  s''  de  Ballonfaux  avait  épousé  la  fille  de  Nicolas 
d'Alscheid  et  de  Madeleine  Schellart,  celle-ci  petite-fille  d'Anne  de  Stein; 
quant  aux  Newmetzler,  ce  ne  peuvent  être  que  les  filles  de  Nicolas 
Neumetzler,  descendantes  des  Stein  par  Anne  Waldecker. 


-  98 


Les  Familles  de  Bodange  et  de  Dave 


A  propos  des  Dave  et  des  Bodange,  remarquons  que  la  famille  de  Dave 
arriva  à  Bodange  à  la  tin  du  XV*^  siècle. 

En  13'29  et  en  1855,  les  cens  et  rentes  de  Bodange  et  de  Wiesenbach 
étaient  tenus  en  engagère  du  seigneur  de  Meysembourg  par  le  sire  de 
Monclair.  En  1408  vivait  un  Jean  de  Boidingen  ;  en  14'28,  Jean  de  Wiltz 
dit  Rotart  était  l'époux  d'une  Agnès  de  Budingen,  citée  (A.  de  Boedin- 
gen)  comme  veuve  en  1452. 

En  août  1450,  Jean  de  Habaru  et  Henri  de  Bodange  ont  un  différend 
avec  un  maitre  mineur,  pour  l'exploitation  de  la  mine  de  plomb  de 
Wiesenbach;  le  l'''^  avril  1451,  sont  mentionnés  Wiricli  et  Henri  de 
Bliddingen,  frères,  et  Jean  de  Haharuy,  leur  beau-frère,  à  propos  de  la 
vente  de  la  censé  de  Wiesenbach.  En  février  146 4,  Henri  de  Bodenges 
était  homme  de  la  Salle  de  Bastogne;  en  juillet  1469,  le  dénombrement 
de  la  prévôté  de  Bastogne  signale  à  Bodenge  une  «  forte  maison  »  servant 
le  duc  d'armes  et  de  cheval  et  habitée  par  «  ung  gentilhomme  appelle 
»  Henri  de  Bodenge,  quy  est  seigneur  treffoncier  de  la  dite  ville,  et  prent 
»  cens  et  rentes  et  tout.  » 

Le  2  octobre  1487,  un  Philippe  de  Bodange  (cité  du  1"  février  1487  au 
28  juillet  1499)  et  D^'^*^  Marie,  sa  femme,  achètent  à  Jean-  de  Bodange, 
Jeannette,  sa  femme,  Martin  de  Hotte  et  Jeannette,  sa  femme,  deux 
maisons  à  Bastogne,  ayant  appartenu  à  Jean  de  Habaru  et  «  retombées  » 
aux  vendeurs. 

Le  2  octobre  1  i89,  un  arbitrage  termine  un  différend  entre  Arnould  de 
Recogne,  défendeur,  et  «  Wilhem  de  Dasve,  ayant  cause  des  hoirs  et 
»  successeurs  de  feu  Henry  de  Bodaingne,  frère  non  germaine  de  feu 
»  Marye,  jadis  femme  à  feu  Jehan  de  Habaru,  d'autre  »;  il  s'agissait  d'un 
héritage  acquis  par  Habaru  et  son  épouse  à  Wéry,  chanoine  de  Metz, 
frère  de  Marie,  et  provenant  des  parents  de  Wéry  et  de  Marie;  ce  bien 
appartiendra  pour  une  moitié  aux  «  prosmes  »  de  Habaru,  pour  l'autre  à 
ceux  de  Marie,  «  comme  estoit  le  dit  H.  de  Bodaingne  ». 

Ajoutons,  à  propos  de  Wéry  de  Bodange,  que  le  dénombrement  pré- 
senté à  Luxembourg,  le  10  novembre  1534,  par  Clément  d'Orley, 
seigneur  de  Linster,  mentionne  parmi  les  fiefs  relevant  de  Meysembourg, 
la  tour  de  Bodange,  possédée  par  Wirich  van  Bnddingen  :  cette  mention 
doit  provenir  de  quelque  dénombrement  antérieur,  du  XV''  siècle.  (1) 


(1)  Arch.  Gouv.  Lux.  :  aveux  et  dén.  de  fiefs. 


99 


Guillaume  de  Dave  s'établit  sans  doute  à  Bodange  par  suite  de  son 
mariage  avec  la  fille  de  Henri;  sa  famille  y  resta  jusqu'au  XVIIP  siècle. 

J'y  trouve  d'octobre  1524  (1)  à  novembre  loo7  un  Guillaume  de  Dave, 
qui  eut  au  moins  deux  enfants  :  Jean  et  Catherine  (1524-1530,  morte  avant 
septembre  1542),  épouse  de  Pierre  de  Warck  (1524-1542),  fils  de  Jean, 
auxquels  il  faut  sans  doute  ajouter  Marguerite  de  Bodange  ou  de  Dazfoe 
(1542-1551),  qui  fit  en  1542,  avec  son  mari  Pierre  le  Duc,  de  Michamps 
(noble  écuyer  en  1551,  homme  de  la  Salle  en  1554),  une  donation  à 
Catherine,  fille  de  Pierre  de  Warck. 

Le  fils  de  Guillaume,  Jean  de  Dave,  sgr.  de  Bodange  (1537-1565, 
nommé  échevin  de  Bastogne  le  7  avril  1540)  (2),  épousa  Jeanne  de 
Jodenville,  et  fut  sans  doute  le  père  de  damoiseau  Guillaume  de  Dave, 
sire  de  Bodange  de  mars  1572  à  mars  1588  (3).  Celui-ci  et  D^"*'  Adélaïde 
van  der  Leyen,  sa  femme,  firent  le  11  octobre  1572  un  échange  avec 
Gérard  de  Bodange  et  D'"*'  Catherine  de  Joudenville,  son  épouse;  l'acte 
mentionne  la  tante  de  Gérard,  Catherine,  jadis  femme  de  Pierre  de 
Warck,  défunt.  Le  même  jour,  Jean  à^OrxinJaing,  demeurant  ait  Noef- 
chaste  1-671- Ar demie,  et  D"''  Betelinne  de  Bodange,  sa  femme  (4),  vendent 
à  leur  bon  cousin  Guillaume  de  Dave  et  à  Adélaïde  ce  qui  leur  est  échu  à 
Bodange  par  le  décès  de  leur  cousin  feu  Jean  de  Warck,  de  Bodange. 

Le  11  octobre  1577,  Wilhelm  von  Daejf,  seigneur  foncier  de  Bodingen, 


(1)  En  I.tIS,  à  en  croire  les  Communes  luxembourgeoises  (IV,  p.  186,  d'après  Pierret), 
vivait  un  Jean  Stheling  (?),  frère  de  Philippe  de  Bodange. 

(2)  Le  même  ouvrage  (loc.  cit.)  rapporte  qu'en  1544,  Jean  de  Daxele^  sgr.  de  Bodange, 
était  frère  d'un  Guillaume  de  Dave;  celui-ci,  qui  habitait  Remagne,  acquiert  tout  ce  que 
Jean  Stheling  possédait  à  Bodange,  Bastogne  et  Remagne. 

(.3)  Les  Communes  (III,  p.  841  ;  IV,  186;  VI,  243,  244,  303)  attribuent  en  tout  cas  aux 
époux  Dave-Jodenville  une  fille,  Catherine,  décédée  en  1606,  qui  épousa  en  1545  Bernard 
d'Everlange,  mort  en  1595,  veuf  de  Gillette  de  Vance. 

D'autre  part,  le  tableau  de  quartiers  de  Christophe  de  Reiffenberg  lui  donne  pour 
grand-mère  paternelle  une  Dave,  fille  d'une  Jodenville,  née,  donc,  sans  doute,  du  mariage 
"de  Jean  de  Dave  et  de  Jeanne  de  Jodenville. 

(4)  Les  Communes  Luxemb.  (VI,  153)  donnent  pour  femmes  à  Jacques  d'Orchinfaing, 
cité  en  1575,  Anne  de  Cugnon  et  N.  de  Dave. 

Au  XVI"i«  siècle,  les  Communes  mentionnent  encore  : 

A)  Jean  de  Bodange  (1566),  dont  le  fils,  Jean,  écuyer,  lieutenant  des  francs-hommes  et 
mayeur  d'Anlier  (1611-1620),  épousa  Catherine  du  Faing,  fille  de  Claude  et  de  Marie  de 
Mousay,  et  en  eut  quatre  enfants,  dont  une  fille  :  Catherine,  femme  d'Adam  du  Hauchar 
d'Ansart  (VI,  82;  IV,  185). 

B)  Isabeau  de  Dave,  épouse  de  Mathieu  de  Tellin,  écuyer,  et  mère  de  Catherine  de 
Tellin,  qui  se  maria  en  1573  (VI,  1403). 


—  100  — 

et  Adélaïde  von  der  Leyen  reconnaissent  avoir  reçu  en  prêt  de  Marie  von 
der  Heiden,  veuve  de  Paul  Basem,  100  écus  à  30  sols  de  Luxembourg  ; 
l'acte  est  scellé  par  Guillaume  (de  Dave,  sur  le  sceau)  et  par  son  beau- 
frère,  Roprecht  von  der  Recongh  (1).  Il  s'agit  ici  de  Robert  de  Liverdun, 
époux  de  Marie  de  Dave;  ces  conjoints,  on  se  le  rappellera,  donnèrent 
en  dot  à  leur  fille,  en  1579,  une  part  de  dime  à  Noville. 

Un  Guillaume  (le  même  que  celui  de  1572-1588?)  était  peu  après  le 
mari  de  Jehenne  de  Sûre  :  le  24  mars  1588^  la  cour  féodale  de  Mirwart 
accorde  à  Guillaume  de  Dave,  sgr.  de  Bodange,  à  cause  de  Jehenne,  fille 
de  feu  Jean  de  Sûre,  ban  et  relief,  en  plein  fief,  de  la  maison  et  du  fief  de 
Sûre.  Le  26  juin  1592,  Guillaume  de  Sûre,  marié,  demeurant  à  Valensart, 
effectua  par  devant  la  même  cour,  le  transport  de  sa  part  des  biens  de 
Sûre  vendus  aux  enfants  de  feu  Jean  de  Sûre  :  Guilllaume  de  Dave,  sgr. 
de  Bodange,  mari  de  Jehenne;  Jean  et  Michel  de  Sûre;  Colignon  de 
Walren,  mari  d'une  autre  Jehenne  ;  Robert,  Guillaume  et  Catherine  de 
Sûre. 

Jehenne  de  Sûre  se  remaria  avec  Jean  de  Humin  (fils  de  Henri  et  de 
Catherine  de  Cobreville),  qui  apparaît  avec  elle  à  Bodange  du  2  déc.  1602 
au  11  janvier  1606;  les  16  avril  1603  et  15  juin  1604,  ils  conclurent  des 
arrangements  avec  les  frères  de  Guillaume,  Robert  et  Nicolas  de  Dave. 

En  1681,  les  deux  tiers  des  seigneuries  de  Bodange  et  de  Wisembach 
appartenaient  à  Robert  de  Dave,  écuyer,  qui  avait  pour  armoiries  un  écu 
écartelé  :  mtx  1  et  4,  3  losanges;  aux  S  et  S,  3  cotices  (=  une  bande, 
côtoyée  de  i?  bâtons)  ;  ce  blason  rappelle,  par  deux  de  ses  quartiers,  celui 
des  Dave  de  Namur  :  de  gueules,  à  la  bande  d'argent,  au  lambel  d'azur, 
brochant  en  chef  (2).  A  en  croire  la  pierre  tombale  de  Jean-Bernard 
d'Everlange,  arrière-petit-fils  de  Bernard  et  de  Catherine  de  Dave,  les 
quartiers  1  et  4  étaient  d'argent  à  3  losa?iges  de  gueules  ;  les  quartiers  2 
et  3  d'argent  à  3  bandes  d'azur  (3). 

Nos  renseignements  sur  les  seigneurs  de  Bodange  (qu'il  est  inutile  de 
poursuivre  ici  jusqu'à  la  fin  de  l'ancien  régime)  ne  nous  expliquent 
malheureusement  pas  comment  Philippe  et  Frédéric  de  Stein  représen- 
taient en  1669  les  Dave  et  les  Bodange  :  c'était  peut-être  simplement  par 
suite  d'achat. 


(1)  Anal,  van  Werveke,  d'après  les  Aich.  de  la  Sect.  Hist.  à  Luxembourg. 

(2)  Voir  pour  les  Bodange  et  les  Dave  :  les  registres  de  la  Salle  et  de  la  Justice  de 
Bastogne;  le  cart.  Nothomb  (n°  531);  le  cart.  de  Mirwart  (pp.  41  et  70);  mon  Livre  de  la 
Justice  de  Bastogne  (passim);  de  Raadt,  I,  p.  372  ;  les  Comvmnes  Li(.vemèoîirgeoises  (passim) 
les  Archives  de  Clervaux,  etc. 

(3)  Comm.  Lux.,  VI,  255. 


101  -^ 


Les  Familles  de  Reinhardstehi  et  de  Reiffenberg 

Le  s"^  de  Revnestevn  de  1545,  le  vieulx  Mons''  de  Revnenstien  que  nous 
rencontrerons  en  1570,  le  Renenstein  (et  non  Revenstein)  de  1575  et  le 
Renestevne  de  1665  ne  peuvent  être  rapportés  qu'à  Reinhardstein  ou 
Renarstein  près  Malméd}^,  mais  comment  les  seigneurs  de  ce  château 
arrivèrent-ils  à  posséder  une  part  de  la  dîme  de  Noville  et  comment 
d'eux  passa-t-elle  au  s"^  de  Reiffenberg? 

A  en  croire  Bàrsch  (l),  Reinhardstein  fut  construit  au  XIV'^  siècle  sur  le 
territoire  de  Weismes  par  Renard,  fils  de  Renard  de  Weismes;  décédé 
en  1354,  le  fondateur  du  château  le  laissa  à  son  fils  Winquin,  qui  le  reçut 
en  fief  de  l'abbaye  de  Malmédy  en  1358,  mais  mourut  sans  hoirs,  remplacé 
à  Reinhardstein  par  son  frère,  Jean  de  Weismes;  celui-ci,  encore  vivant 
en  1388,  eut  de  sa  femme,  Marie,  fille  de  Henri  de  Bastogne,  seigneur  à 
Vogelsang,  un  enfant,  Marie,  qui  épousa  Jean  de  Zievel,  seigneur  à 
Reinhardstein  par  relief  de  l'année  1430. 

Agnès  de  Zievel,  née  de  ce  mariage,  héritière  de  Reinhardstein,  épousa 
en  premières  noces  Jean  de  Brandscheid  dit  Gebùrgen,  mort  en  1470,  et 
en  secondes  Henri  de  Nesselrode.  La  fille  aînée  du  premier  mariage, 
Catherine  de  Brandscheid,  apporta  Reinhardstein  à  son  mari,  Adrien, 
bâtard  de  Nassau,  chevalier,  sire  de  Butgenbach  (bailli  de  Vianden  en 
1477  et  en  1481,  cité  comme  seigneur  à  Reinartstein  en  septembre  1489), 
qui  laissa  cette  forteresse  à  son  fils  Henri  («  fils  et  seigneur  de  Renart- 
steyn  »  en  juillet  1498,  mort  le  13  août  1535);  le  fils  de  Henri,  Jean, 
investi  du  fief  le  30  septembre  1535,  mourut  sans  hoirs,  et  Reinhardstein 
passa  à  la  sœur  du  défunt,  Anne,  dont  la  fille  unique,  Anne  de  Metter- 
nich,  n'eut  elle-même  pas  de  descendance. 

Les  Metternich,  descendants  d'Eve  de  Brandscheid,  sœur  de  Catherine, 
et  ceux  d'Adrien  de  Nesselrode,  né  du  second  mariage  d'Agnès  de  Zievel, 
élevèrent  alors  des  prétentions  sur  Reinhardstein. 

C'est  probablement  par  Marie  de  Bastogne  que  les  sires  de  Reinhard- 
stein entrèrent  en  possession  d'une  partie  de  la  dîme  de  Noville  ;  était- 
elle  de  la  famille  des  mayeurs  héréditaires  de  Bastogne,  ou  se  rattachait- 
elle  plutôt  à  la  famille  de  ce  nom  qui  transmit  aux  Stein  leur  bien  de 
Noville?  Je  ne  saurais  trancher  la  question,  mais  penche  vers  la  seconde 
hypothèse,  d'autant  plus  que  Marie  ne  pouvait  être  la  fille  d'un  seigneur 


(1)  Eiflia  ill.,  II,  2«  p.,  1844,  pp.  228-229. 


—  102  — 

(.le  Vogelsanck,  terre  entrée  dans  la  famille  de  Bastogne  au  XV'^  siècle 
seulement. 

C'est  par  les  Rolshausen,  je  crois,  que  notre  part  de  la  dîme  de  Noville 
passa  des  Reinhardstein  aux  Reiffenberg  :  ce  sont  eux,  en  effet  que  nous 
trouvons  à  Butgenbach  après  Adrien  de  Nassau  :  en  1513,  Frédéric  de 
RoiltzeJiussen,  bailli  à  Vianden,  Dasbourg  et  Saint- Vith,  reçut  en  fief 
Butgenbach  et  Trimporten;  en  1570,  c'était  Christophe  de  Rolshausen, 
bailli  de  Montjoie;  en  1606,  le  fils  du  précédent,  également  nommé 
Christophe,  qui  relevèrent  Butgenbach. 

Or,  les  Reiffenberg  s'allièrent  au  moins  deux  fois  aux  Rolshausen  :  en 
1550,  Jacques  de  Reiffenberg  était  le  mari  d'Anne  de  Rolshausen;  en 
1602,  était  écoutète  de  Butgenbach  Jean-Guillaume  de  Reiffenberg,  fils 
de  Christophe  et  de  Marguerite  de  Rolshausen;  d'autre  part,  Christophe 
de  Reiffenberg  qui  épousa  en  1630  M. -S.  de  Lontzen  dite  Roben,  avait 
pour  quartiers  paternels  Reijfenberg,  Rolshausen,  Dave,  Jodainville,  et 
est  sans  doute  le  même  que  le  co-partageant  de  la  dîme  de  Noville  en 
1665.  Bien  plus,  on  a  même  dit,  mais  à  tort,  je  pense,  qu'un  Jean  de 
Reiffenberg  qui  épousa  Marie  de  Roben,  dame  de  Hondelange,  était 
seigneur  de  Buiienback.  (1) 

Quoi  qu'il  en  soit,  remarquons  ici  que  le  29  juillet  1692,  Christophe  de 
Reiffenberg  créa  sur  ses  dîmes  de  Noville  lez-Bastogne  une  rente  de 
12  reichsthaler  au  profit  de  ses  sœurs  Elisabeth  et  Ursule.  (2) 


La  Famille  d'Aïvan 


Le  S'  d'Awan,  l'un  des  principaux  co-partageants  du  «  tiers  des  hommes 
de  fief  »,  appartenait  à  une  famille  en  la  possession  de  laquelle  se  trou- 
vait, dès  le  commencement  du  XVP  siècle,  l'une  des  deux  maisons  de 
Vaux-lez-Noville  donnant  droit  à  un  siège  dans  la  Salle  de  Bastogne  :  au 
dénombrement  de  1541,  cette  maison  appartenait  à  Robert  d'Aman, 
gentilhomme;  en  1575,  elle  avait  pour  propriétaire  Jacques  d'Awa?i  (o). 


(1)  Les  Comm.  Lux.,  t.  II,  p.  243,  470,  etc. 

(2)  Franquinet,  hivetit.  der  oorkojiden...  van  de...  Vromveiikloosters  Marienthal en  Siiuiich, 
Maastricht,  1869,  p.  231.  Le  28  janvier  1698,  Philippe-Christophe  de  Reiffenberg  donna 
au  couvent  noble  de  Marienthal  (sur  l'Aar)  500  reichsth.,  lorsque  sa  fille  y  entra  comme 
relicrieusc. 

(.3)  Grand  Conseil,  Appels  de  Luxembourg,  1.  7  et  9. 


—  103  -  - 

Le  premier  personnage  de  cette  famille  que  je  rencontre  à  Vaux  est  un 
Jehan  d'Anmn,  scellant  un  acte  du  l^*^ octobre  1514,  en  qualité  de  maire  de 
Rachamps;  il  pourrait  être  le  même  que  le  maire  Jean  Thiry,  cité  les 
25  juin  et  14  septembre  1526. 

En  1538,  Robert  de  Vaidx  eut,  avec  les  habitants  de  Vaux,  un  procès 
contre  Jean  d'Ouren,  écuyer,  seigneur  de  Tavigny  et  de  Mabompré,  au 
sujet  du  bois  et  des  terres  de  Morreley,  Moreley,  Morlez  ou  Marelle,  près 
de  Mabompré  :  commencé  pardevant  la  justice  de  ce  dernier  lieu,  il  fut 
porté  en  appel  devant  le  conseil  de  Luxembourg,  puis  devant  le  grand 
conseil  de  Malines,  en  1540.  Il  s'agit  de  notre  Robert  d'Awan,  car  des 
pièces  de  procédure  de  février  et  mars  1544,  n.  st.,  l'appellent  Robert 
d'Azvain  alias  de  Vaiilx,  d/Auwai?i  ou  d'Ajivain  dit  de  Vaulx.  (1) 

Robert  d'Awan  dit  de  Vaulx,  ou  Robert  de  Vaulx  dit  d'Azvan,  est 
mentionné  avec  la  qualification  de  maire  de  la  cour  de  Rachamps  du 
31  décembre  1544  au  23  septembre  1553,  du  24  avril  1559  au  18  septembre 
1561;  il  usait  d'un  sceau  armorié.  Cité  les  24  mai  1553  et  15  mai  1560 
avec  son  épouse  D"*^  Barbe,  il  apparaît  le  13  juillet  1557,  avec  la  même, 
sous  la  désignation  :  «  honnestes  hommes  Roubert  d'Awain,  demorant  à 
Vaulx  rier  Nouville  et  D"''  Barbe  de  Wellen.  » 

Le  26  juin  1550,  un  acte  de  la  justice  de  Bastogne  mentionne  Jean 
Rasquin,  ou  Jean,  fils  de  Rasquin  d'Arvaiu  et  de  D"'"  Marie  de  Joiden- 
ville,  et  Eve,  sa  sœur;  Louis  d'Azvain,  lieutenant-capitaine  d'Ivoix,  et 
Robert  d'Azvain,  mambours  d'Eve.  Marie  devait  être  fille  de  Henri  de 
Joiden ville,  ou  Joudenville,  mort  peu  avant  février  1547,  qui  possédait  à 
Bastogne,  près  de  la  Porte  Haute,  une  maison  dite  «  La  Grand  Maison.  » 

Déjà  du  vivant  de  Robert,  apparaît  comme  maire  de  Rachamps  un 
Jacques  d'Arvan,  de  Vaulx  dit  d'Azvan,  ou  d'Azt>an  dit  de  Vaulx,  qui 
exerçait  ces  fonctions  le  3  novembre  1558,  le  15  février  1561  et  du  17 
juin  1562  au  15  février  15S0;  son  scel,  armorié,  portait  la  légende 
JACQUES  DAWAN  DICT  DE  VAVLX  ;  il  est  qualifié  d'  «  honnête  hom- 
me ^  en  juin  1562  et  d'écuyer  à  partir  du  19  juin  1580;  les  12  octobre 
1577  et  4  novembre  1585,  il  était  homme  jugeable  de  la  Salle  de  Basto- 
gne; il  vivait  encore  le  7  mai  1591. 

Il  avait  épousé  Anne  de  Vaulx,  fille  de  Robert  de  Vaulx  et  de  Margue- 
rite Stolpert,  citée  avec  lui  le  19  juin  1580;  il  en  eut  plusieurs  enfants, 
dont  je  connais  :  Anne,  épouse  de  Jean  de  la  Tour,  demeurant  à  Sohey, 
en  juillet  1598  ;  Marguerite;  Barbe  et  Louis,  sur  lesquels  je  vais  revenir. 
Il  était  contemporain  de  Catherine  d'Awan,  épouse  de  Richard  d'Arimont 
en  1587. 


(1)  Grand  Conseil,  Appels  de  Luxembourg,  1.  7  et  9. 


—  104  — 

A  la  même  époque,  sont  é8;alement  signalés  :  Raes  d'Awafi,  seigneur 
d'A3^waille,  mari  de  Marguerite  de  Presseux,  et  Catherine  d'Azoayi  dite 
de  Vaulx,  qui  épousa  le  frère  de  Marguerite,  Godefroid  de  Presseux, 
écuver,  seigneur  de  Tohogne,  échevin  de  Durbuy  (deux  des  enfants  de 
Catherine  meurent  en  1603  et  en  1605).  Raes  et  Catherine  se  rattachent 
évidemment,  le  premier  par  son  prénom,  la  seconde  par  son  surnom,  à 
Vaux-lez-Xoville.  Il  n'en  est  pas  de  même,  je  crois,  pour  Louis  d'Awans, 
créé  chevalier  par  Charles-Quint,  au  retour  du  voyage  d'Alger,  capitaine 
de  cavalerie  d'une  compagnie  de  500  wallons,  puis  lieutenant-gouverneur 
d'Ivoix,  qui  épousa  Jeanne  Hugonel,  dont  il  eut  :  Elisabeth  d'Awans, 
épouse  en  1590,  de  Georges  de  Waha  dit  Baillonville,  prévôt  de 
La  Roche,  créé  chevalier  en  1618  et  qui  testa  avec  sa  femme  en  1620. 

Louis  d'Awan,  fils  de  Robert,  est  signalé  en  qualité  d'homme  jugeable 
ou  gentilhomme  de  la  salle  du  12  septembre  1607  au  13  oct.  1629.  Il  eut, 
parait-il,  une  sœur,  Barbe,  qui  épousa  Lamoral  du  Mesnil;  cette  alliance, 
donnée  par  V Annuaire  de  la  Noblesse  Belge  (1891,  p.  132j  est  admissible. 
En  fé\Tier  1604,  Lamoral  du  Meny,  homme  de  la  Salle,  était  avec  les 
de  Vaux,  cohéritier  de  Jean  Ghenardt  ;  de  plus,  une  fille  de  Barbe 
d'Awans,  Catherine  du  Mesnil,  épousa  par  contrat  passé  à  Bastogne  le 
19  novembre  1629  Ferry  Groulard,  sgr.  de  Ceureux,  etc.,  qui  mourut  en 
16()1  :  ainsi  s'explique  l'intervention,  dans  la  répartition  de  la  dîme  de 
Xoville  en  1665,  à  côté  du  S-^  d'Awan,  d'un  S"^  Groulart  (1). 

A  en  croire  les  Communes  Luxembourgeoises  (t.  III,  p.  1019),  un  Louis 
d'Awans,  de  Bièvre,  épousa  Claudine  du  Faing,  fille  dç  Jean  et  de 
Philippine  de  Habaru.  Ce  Louis  appartenait  à  une  autre  branche  de  notre 
famille  :  nous  savons,  en  effet,  que  Catherine  de  Gobréville  ou  Cobréville, 
fille  d'un  co-seigneur  à  Bièvre,  était  en  1613  l'épouse  d'Everard  d'xAwan, 
seigneur  de  Bièvre  en  partie,  et  la  mère  de  Nicolas  d'Awan,  cité  de  1613 
à  1622,  écuyer,  co-sgr.  à  Bièvre;  de  Louis  d'Awan  (1612-1614);  et  de 
deux  filles,  épouses  de  Nicolas  Hustinet  et  d'Adam  Rogissart.  En  1615, 
Nicolas  était  l'oncle  de  Jean  d'Awan,  de  Bohan;  en  août  1655,  Jean 
d'Awan,  prêtre,  vend  sa  part  de  la  terre  de  Bohan,  lui  échue  de  son  père 
défunt,  Jean  d'Awan.  En  1635,  vivait  Gérard  de  Taviet,  veuf  de  Mar- 
guerite d'Awan;  en  1669,  Anne  d'Awan,  épouse  de  Charles  Dauff  (2). 

Ces  d'Awan  de  la  Semois  devaient  appartenir  à  la  même  famille  que 
ceux  de  Vaux-lez-Noville  :  cette  consanguinité  me  paraît  prouvée  par 


(1)  Mes  renseignements  sur  les  d'Awan  proviennent  avant  tout  du  Cartulaire  de 
Rachamps  et  des  registres  de  la  Salle  et  de  la  Justice  de  Bastogne  ;  cf.  également  Comm. 
Lux.,  t.  IV,  p.  589,  et  t.  V,  p.  292. 

(2)  Voir  Roland,  Orchimont  et  ses  Fiefs,  passiin. 


—  105  — 

une  identité  de  prénoms  et  une  analogie  d'armoiries,   que  nous  allons 
faire  ressortir  plus  loin. 

Je  suis  peu  renseigné  sur  les  d'Awan  de  Vaux  au  cours  du  XVn™« 
siècle,  et  je  dois  descendre  jusqu'en  1681,  pour  y  trouver  un  Everard 
d'Awan,  signant  le  dénombrement  dont  voici  l'analyse  : 

Everard  Dawan,  gentilhomme  et  homme  jugeable  en  la  salle  de  Sa  Majesté  à  Bastoigne, 
déclare,  le  20  décembre  1681,  tenir  du  roi  de  France,  à  cause  de  son  comté  de  Chiny,  les 
biens  suivants  : 

«  Une  maison,  court,  jardins,  grainge,  estableries  et  bergerie  franche,  bouvière  franche 
pour  les  chevaux,  scituées  au  villaige  de  ]''aux\  prévosté  de  Bastoigne  et  diocesse  de 
Liège,  et  de  plus  après  icelle  maison  24  charée  de  foing,  30  journaux  de  terre  à  sartere 
gozonnée,  desquelz  on  n'en  peut  sartere  3  à  4  journaux  de  18  ou  19  ans  vieux. 

»  Encore  30  à  40  journaux  des  champs  arables,  desquels  ilz  s'en  peuvent  annuellement 
labourere  9  à  10  journaux.  Trois  bois  de  haulte  feuille,  consistans  en  15  journaux,  m'ap- 
partenante  la  haulte  fleure,  le  droit  de  chasse,  sy  bien  que  de  la  poisse. 

»  Item  consiste  le  dit  bien  en  une  portion  de  disme  dans  la  paroisse  de  Notnnlle,  pré- 
vosté de  Bastoigne,  de  8  à  9  muidz  de  grains  moictables,  seigle  et  avoinne  annuellement. 

»  Estant  sire  et  coUateur  de  la  cure  de  Donange  en  partie.  » 

11  signe  E.  Daivaii  et  appose  un  cachet  (1). 

Everard  est  encore  mentionné  le  22  janvier  1682,  puis  je  perds  sa  trace. 
Je  ne  saurais  dire  quelle  parenté  l'unissait  à  Catherine  d'Awan,  veuve  en 
mai  1711  de  Guillaume  d'Ortho,  écuyer,  sgr.  de  Wigny;  à  Jeanne 
d'Awant,  veuve  en  1718  de  Pierre  de  Vaulx,  écuyer,  gentilhomme  de  la 
Salle  de  Bastogne  ;  à  Catherine  d'Awan,  épouse  de  François  de  Chéoux, 
écuyer,  vivant  en  1694,  mort  avant  février  1718  (2). 

Au  XVIIP  siècle,  apparaissent  non  plus  des  «  d'Awan  »,  mais  des 
«  de  Celle  (Celles)  d'Awan  ».  Claude,  mentionné  à  Noville  de  1739  à  1766 
(en  1747  :  Cl.  d'Awan,  sgr.  de  la  cour  Saint-Lambert,  résident  à  Noville; 
en  1751  et  1766,  gentilhomme  de  la  Salle),  eut  de  son  épouse,  Anne-Barbe 
de  Rousseau,  un  fils  :  P.-J.-C.-J.  de  Celles  d'Awan,  baptisé  à  Noville  le 
o  mars  1739;  assesseur  à  Bastogne,  sgr.  de  Recogne,  époux  de  Béatrixde 
Hinderer,  le  3  juillet  1774;  le  même,  sans  doute,  qu'Ignace  de  C.  d'A., 
sgr.  de  la  cour  de  Recogne,  dont  la  fille  Marie-Françoise-Béatrice,  épousa 
à  Noville,  le  16  mars  1795,  Jean-Pierre  baron  de  Ferrant  de  Montigny, 
de  Dasbourg  (3). 

Comment  ces  de  Celles  se  rattachent-ils  à  Everard  d'Awan  ?  Je  manque 
de  renseignements  à  cet  égard.  Il  est  à  noter,  toutefois,  que  le  cachet 


(1)  Ch.  des  Comptes  de  Brabant,  reg.  4.5713  c. 

(2)  Tandel,  III,  834-835;  IV,  202,  593;  V,  431,  553;  VI,  1501, 

(3)  Ibidem,  \\,  184  ;  IV,  587  et  599. 


—  106  — 

apposé  par  Everard  à  son  dénombrement  de  1681  montre  un  écu  écartelé  : 
aux  I"  et  A",  une  aigle  ;  aux  lî'^  et  S^,  d'hermine,  les  mouchetures  posées  en 
bande,  et  que  l'armoriai  de  Kessel  attribue  aux  d'Awan,  comme 
armoiries  :  écartelé  :  aux  I  et  A,  d'argent  à  la  bande  de  2  cotices  de 
gueules,  les  entre-deux  parsemés  d' hermine  ;  aux  2  et  3,  d'or  à  l'aigle 
éplovée  de  gueules.  La  famille  namuroise  de  Celles  portant  d'hermine  à  la 
bande  de  gueules,  doublement  coticée  du  même  (ou  d'hermine  à  ime 
jumelle  de  gueules  posée  en  bande),  il  est  certain  qu'Everard,  déjà,  s'y 
rattachait  ou,  au  moins,  voulait  s'y  rattacher,  à  en  juger  d'après  deux  des 
quartiers  de  son  blason  (l);  de  plus,  il  portait  un  prénom  que  l'on  trouve 
chez  les  Celles  (en  1612,  Everard  de  Celles  était  vicomte  de  Jehérenne). 
Claude  de  Celles  d'Awan  peut  donc  fort  bien  être  un  fils  ou  un  petit-fils 
d'Everard,  ayant  simplement  voulu,  selon  une  mode  qui  avait  pénétré 
alors  jusque  dans  les  gentilhommières  les  plus  reculées  de  l'Ardenne, 
rendre  son  nom  plus  imposant. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  prénoms  de  Louis  et  d'Everard,  portés  à  la  fois  à 
Vaux  et  à  Bièvre,  et  la  composition  des  armoiries  des  d'Awan  de  Vaux 
doivent  nous  faire  conclure  à  la  communauté  d'origine  des  deux  branches  : 
la  chose  est  d'autant  plus  admissible  qu'en  janvier  1634  est  citée  Jeanne  de 
Selle  dite  Darban  (lisez  d'Awan),  épouse  défunte  de  Nicolas  de  Hauset, 
sgr.  de  Bièvre  en  partie,  lequel  appelle  «  ses  belles-filles  »  Anne  et  Mar- 
guerite Darban,  filles  de  Nicolas  Darban  (=  d'Awan)  (2). 

Comment  le  s"^  d'Awan  était-il,  en  16(j5  et  en  1669,  le  principal  intéressé 
dans  la  répartition  du  tiers  revenant  aux  «  hommes  de  fief  »  dans  la  dîme 
de  Noville?  Un  procès  qui  surgit  en  1568  entre  Jean  dé  Cobréville  le 
jeune  et  Robert  de  Vaux,  va  nous  apprendre  que  c'est  probablement 
comme  descendant  d'Anne  de  Vaux,  fille  de  Robert  et  épouse  de  Jacques 
d'Awan  en  1580;  en  même  temps,  il  nous  fournira  quelques  éclaircisse- 
ments sur  l'intervention  de  «  Humain,  pour  Cobréville,  »  dans  le  partage 
du  tiers  des  hommes  de  fiefs. 


La  Famille  de  Cobréville 

Dès  le  XV''  siècle,  sans  doute,  les  de  Cobréville  possédèrent  une  part 
de  la  dîme  de  Noville.  Le  5  juillet  1510,  en  effet,  Piere  de  Bien,  lieute- 
nant Prévost  de  Bastoingne,  Jehan  Daverdisse,  Hubert  de  Revongne, 
Jehan  d'Astetwy,  Tibnan  Bomaistre,  Jehan  de  Revongne,  tous  hommes 


(1)  Les  deux  autres,  à  l'aigle,  n'ont  aucun  rapport  avec  les  armoiries  des  d'Awans 
liégeois,  caractérisées  par  du  vair  et  un  lion. 

(2)  Roland,  Orchimont,  p.  22D. 


—  107  — 

de  la  Salle  diidict  Bastoingne,  Urbain,  sergant,  déclarent  que  pardevant 
eux  Jehan  Aubert  de  Cobr avilie  et  Kathon,  sa  femme,  fille  de  Jehan  de 
Wibren,  engagent  à  Gieliette,  femme  de  feu  Henry  le  Mignon,  20  muvs 
7noitable,  soille  et  avoine,  messure  de  Bastoingne,  S7ir  touttes  leur  part  et 
porcion  qu'ilz  ont  et  qu'ilz  ont  acqnesté  à  leur  cousins  Jehan  de  Lomsche- 
viller  et  à  sa  fenune,  dedens  les  diesmes  de  la  paroche  de  Noville  et 
d' Erloncourt  ou  à  l'entoure,  et  livré  dedens  la  ville  de  Bastoingne,  deulx 
paire  de  degrés  hault,  ou  une  lieux  à  l' environ,...  pour  280  fl.  de  16  gros 
monnaie  courante,  y  compris  les  vins  et  droits.  J.  Aubert  et  son  épouse 
obligent  en  garantie  toiit  le  résidu  qu'ilz  ont  èsdictes  diesmes  de  la  dicte 
paroche  de  ISoville...  (1) 

Ce  n'est  que  le  31  janvier  1512  que  le  transport  de  cette  part  de  la  dîme 
de  Noville  s'effectua  au  profit  de  Gilliette,  veuve  de  Henri  le  Mignon,  de 
Bastogne,  pardevant  la  justice  d'Ouren  et  les  seigneurs  de  ce  lieu,  Guil- 
laume et  Henri  de  Malberg  et  Philippe  de  Giltlingen.  D'autre  part,  sept 
ans  après,  le  5  mai  (des  nechsten  donner  stages  nach  S.  Walpurgisj  1519, 
Jehan  Abert  de  Cobraiville  et  Ketlin,  conjoints,  de  Bastogne,  vendirent 
à  Jean  de  Wintgeren  dit  Pompertman,  une  part  de  leur  dime  de  Noville, 
pour  40  fl.  ;  l'acte  de  vente  fut  scellé  par  Schiltz  van  Lanscheit,  Man- 
richter  à  Oren,  Jean  de  Lomerswiller,  Philippe  de  Giltlingen  et  Henri  de 
Mailburg,  seigneurs  d'Ouren  (2).  C'est  au  même  Jean,  appelle  cette  fois 
Pomper  Johan  (3)  et  à  son  épouse  que  nous  avons  vu,  le  10  mars  1524, 
Henri  le  Mignon  et  sa  femme  Jeanne  engager  à  leur  tour  un  quart  de 
leur  dîme  de  Noville. 

Une  vingtaine  d'années  plus  tard,  la  part  engagée  aux  Mignon  passa  à 


(1)  Procès  Cobréville-Vaux  :  A)  —  Copie,  sur  parch.,  non  signée,  d'après  l'original 
muni  du  sceau  de  la  prévôté  de  Bastogne,  appendu  par  P.  de  Bien  à  la  requête  des 
hommes.  BJ  —  Extrait  sur  papier,  délivré  par  le  clerc-juré  Gouverneur,  avec  les 
variantes  :  Hubert  de  Revogne,  Jean,  son  frère,...  Th.  Bon  Maistre ;  jf.  Aulbert  de 
Cohreville...  acquesté  à  leurs  cousins  Giltz  et  à  sa.  femme. 

Henri  le  Mignon,  de  Compogne,  est  cité  à  Bastogne  à  partir  du  10  juillet  1481  ;  il  avait 
épousé  Giliette  ou  Julienne  Hutfleisch  (fille  de  Watlet),  qui  apparaît  avec  lui  à  partir  du 
30  mai  1482. 

Le  15  mars  1502,  les  deux  époux  achètent  deux  rentes  à  Compogne;  le  12  octobre  1544, 
est  cité  Claus  Stolpert,  bourgeois  de  Bastogne,  veuf  de  Gelet,  fille  Henry  le  Myngnon  ; 
le  16  juin  1565,  un  acte  mentionne  un  engagement  de  la  dîme  de  Wardin,  fait  autrefois 
par  Thilman  Bonmaître  à  Henry  le  Mignon  et  à  Jehennette,  sa  fille. 

(J.  Vannérus,  Le  Livre...  de  Bastogfie  de  1481  à  1499,  n°^  32,  96,  138,  269,  etc.  —  Car  t. 
Nothomb,  n»»  531  et  580;  Livre  de  la  justice  de  Bastogne,  ventes,  1544-1554). 

(2)  Arch.  Sect.  Hist.  Lux.,  Fonds  Neyen,  Arch.  d'Ouren,  I,  68  et  74  (anal,  van 
Wer\'eke). 

(3)  Pomper  Jehan  apparaît  déjà  à  Bastogne  le  31  décembre  1499;  il  ne  vivait  plus  le 
25  mai  1547,  jour  où  est  citée  sa  veuve,  Catheline  le  Duck  (J.  Vannérus,  Le  Livre..., 
n"  942;  Reg.  de  la  Salle  de  Bastogne). 


—  108  — 

Robert  de  Vaux  :  le  21  mars  1546,  Fredriche  van  Stayne,  fondateurs  et 
sires  des  fiefz  et  disme  de  Noville,  déclare  qu'en  présence  de  Pierre  de 
Lonvilly,  curé  de  Xouville,  Jehan  d'Arimont,  son  lieutenant-sire  des  dits 
fiefs,  Robert  d'Awan,  Henry  de  Vaulx,  tous  hommes  de  fiefs,  et  de  Henri 
Bouvve,  de  Xouville,  sergent,  Robert  de  Vaulx,  lieutenant-prévôt  de 
Bastogne,  lui  «  a  faict  foys  et  hommaige,  repris  et  relevez  de  moy,  à 
»  causes  de  madicte  sirrerye  des  fiefz  que  dessus,  toute  telz  droict  et 
»  action  et  porcions  de  diesme  et  rentes  que  fut  Gellett,  à  son  temps 
»  femme  du  viel  Henry  le  Mignon,  par  eulx  acheptez  à  ceulx  de  Coubra- 
->  ville,  que  on  nomme  la  part  et  diesme  du  Chauldrons,  avec  tous  ses 
»  appendice,  appertenances  et  émolumens,  que  le  dict  Robert  ayt  depuis 
»  ne  guers  achepteis  des  boires  herrittier  des  dicts  Mygnon.  » 

Frédéric  s'engage,  dans  le  cas  où  Robert  achèterait  par  la  suite  la  part 
et  portion  de  Henry  Loren,  de  Vellereux,  et  de  Colla  le  Curé  en  ces 
dîmes,  à  le  tenir  quitte  «  de  plus  faires  reliefz  ne  payer  droicts  seigno- 
rables...  »;  de  plus,  ayant  reçu  de  Robert  '26  écus,  il  le  tiendra,  ainsi  que 
D""^  Marguerite  Stolpert,  sa  femme,  quittes  de  tous  droits  de  relief.  (1) 

Cette  cession  de  l'engagère  de  1510  donna  lieu,  vingt-deux  ans  après, 
à  un  long  procès  en  matière  de  retrait  lignager  (2). 

Le  23  juin  1568,  pardevant  le  commis  du  prévôt-lieutenant  de  Bastogne 
et  les  hommes  de  la  Sale,  Jean  de  Cobréville  le  jeune  consigna  «  or  et 
»  argent  pour  faire  retraicte  et  rédemption  d'une  rente  de  grains  en  fief  au 
»  lieu  de  Noville...,  engaigée  par  feu  Jean  Aubert  de  Cobréville,  son 
»  père-grand,  et  tenue  à  présent  par  Robert  de  Vaulx,  lieutenant-prévost 
»  du  dict  Bastoingne,  exhibant...  certaines  lettres...  du  V*^  jour  de  juillet 
»  1510...  et  requérant  que  le  dict  de  Vaulx  eust  à  reprendre  les  deniers 
»  mencionez  en  la  dicte  lettre,  et  par  après  soy  désister  de  la  joyssance 
»  de  la  dite  rente  ». 

Robert  répondit  «  qu'il  estoit  en  ses  termes  et  soustenat  qu'il  debvoit 
»  estre  traicté  suyvant  les  coustumes  du  pays  »;  par  contre,  Cobréville 
déniait  à  l'ajourné  tout  terme  ou  délai,  «  pour  estre  matière  d'engaigeure 
»  seulement,  mesmes  qu'il  estoit  au  service  de  S.  M.  et  résident  en  court, 
»  par  où  il  requéroit  estre  traicté  comme  estraingier  et  hasté  de  son 
»  retour  vers  icelle  court...  » 

L'affaire  fut  remise  au  25,  mais  l'ajourné  fit  défaut  ;  le  30  juin,  allé- 
guant que  les  grains  en  question  «  estoient  de  la  dépendance  et  jurisdic- 


(1)  Copie  délivrée  par  Des  Mares,  d'après  l'original,  signé  FreJrich  t&hi  Stain  et  muni 
des  sceaux,  armoriés,  en  cire  verte,  de  Frédéric,  de  Jehan  d'Arymont  et  de  Robert 
d'Awan. 

(2)  Le  dossier  s'en  trouve  dans  la  liasse  20  des  dossiers  d'appels  de  Luxembourg  au 
Grand  Conseil  de  Malines  (Arch.  gén.  du  Royaume,  Bruxelles). 


—  109  — 

»  tion  des  S"^  et  homes  de  fief  de  Noville  »,  de  Vaux  demanda  le  renvoi 
de  la  cause  par  devant  eux,  ce  à  quoi  Cobréville  consentit,  sous  réserve 
que  «  ce  renvoy  ne  pourrait  préjudicier  à  ce  que  auroit  esté  encomencé 
»  pardevant  lesdits  prévost  et  homes,  ou  diminuer  son  bon  droict.  » 

Le  7  juillet  1568,  à  Xoville,  pardevant  les  sire  et  hommes  des  fiefs  des 
dîmes  de  la  paroisse  de  Noville,  le  demandeur  renouvelle  son  offre,  avec 
consignation  d'espèces;  comme  il  devait  retourner  de  suite  en  cour,  au 
service  de  S.  M.,  il  obtient  procédure  plus  rapide  et  assignation  à  de  Vaux 
de  comparaître  «  de  tiers  jour  à  aultre  ».  Le  10  juillet,  à  Bastogne,  par- 
devant  «  Jehan  d'Arimont,  lieutenant  s"^,  Jehan  de  Cobréville  le  vieulx, 
»  Jehan  d'Alsebor  et  Henry  Collignon  de  Noville,  tous  hommes  de  fieff 
»  des  dismes  de  Noville,  Pier  Herman  de  Noville,  sergant  et  hommes 
»  desdictes  dismes.  Richarde  d'Arymont,  clerc-juré  »,  le  demandeur 
obtient  défaut  et  réajournement  au  13  suivant  ;  en  même  temps,  reconnu 
»  vray  héritier  en  droict  de  matièr  en  question  »,  il  est  reçu  «  à  faire  ban 
»  et  relief  »  et  «  faict  homaiges  et  obéissance  »,  en  payant  les  droits 
accoutumés.  Le  13  juillet,  nouvelle  remise  au  17  suivant. 

Le  J5,  Jean  de  Cobréville  le  jeune,  secrétaire  de  Mons"^  d'Assonleville, 
conseiller  du  roi,  donne  procuration^  pour  poursuivre  le  procès,  à  son 
père,  Jean  de  Cobréville  le  vieux,  et  à  Jean  Herman,  échevin  de  Bas- 
togne, en  présence  de  Jean  de  Montmédy,  huissier,  et  de  Clausse  Coli- 
gnon  Claus. 

Pour  défendre  ses  droits,  Robert  de  Vaux  présenta  un  mémoire,  qui 
manque  malheureusement  au  dossier,  ainsi  que  les  lettres  de  1452  et  de 
1512  y  annexées  ;  Cobréville  y  répondit  par  des  «  escriptures  responsifif  », 
où  il  s'inscrivit  en  faux  contre  les  preuves  littérales  de  son  adversaire.  La 
lettre  de  1452,  dit-il,  «  faisant  mention  de  certain  apoinctement  lors  faict 
»  et  passé  par  devant  le  seigneur  d'Ouren,  ses  manrichter  et  hommes 
»  féodaulx  »,  ne  peut  en  rien  préjudicier  «  pour  la  retraicte  qu'il  tend 
»  faire...,  mesme  parce  que  le  seigneur  d'Ouren  et  ses  manrichter  auroient 
»  passé  telles  lettres  subreptissement  et  obreptissement  par  devant  eulx 
»  et  par  usurpation  faicte  sur  et  contre  les  vray  seigneurs  héritiers  du  fief 
»  de  Noville,  quy  sont  ceulx  van  Stein...  Car  il  apert  bien  clèrement  par 
»  les  lettres  de  recognoissance  et  renunciation  faict  par  lesdits  seigneurs 
»  d'Ouren  n'avoir  rien  audict  Noville,  l'une  en  date  de  l'an  1350  et  l'autre 
»  de  l'an  1507,  produicte  par  le  demandeur  (1),  par  oh  l'usurpation  est 
»  toute  manifeste  et  nottoire...  » 

Quant  à  la  copie  de  l'acte  de  la  vente  que  feu  Jehan  Aubert  de  Cobré- 
ville aurait  faite,  le  31  janvier  1512,  «  de  telles  droictures  et  action  qu'il 


(1)  Voir  plus  haut  le  texte  de  ces  actes  de  1350  et  de  1508  n.  st.,  dans  les  additions  aU 
chapitre  consacré  aux  biens  des  Slein  à  Noville. 


—  110  — 

•>>  al  es  dismes  de  la  paroisse  de  Noville...  à  feu  lors  vivante  Geliett, 
^^  vefve  Henry  le  Mignon  »,  des  héritiers  de  laquelle  l'ajourné  aurait 
acquis  le  droit,  elle  ne  peut,  ainsi  que  toutes  autres  lettres  (d'obligation 
ou  autres)  passées  depuis  à  Ouren,  lui  porter  aucun  préjudice;  ces  lettres 
«  seront  par  droit  déclarées  nulles  et  de  nulle  valleur,  comme  ayant  été 
»  passées  subrepticement  et  obrepticement,  par  devant  juges  incompé- 
•»  tents,  au  déceu  et  en  fraudant  lesdits  van  Stein  ».  Cobréville  demande 
donc  l'exhibition  de  l'original  de  l'acte,  car  la  copie  peut  avoir  été  «  faicte 
»  et  forgiée  à  plaisir  »  ;  il  conclue,  enfin,  à  ce  que  le  défendeur  soit  déclaré 
«  mal  fondé  à  sa  prétendue  possession  et  condamné  à  reprendre  les 
»  deniers  des  20  muyds  gaigiers...  ». 

Sans  se  laisser  démonter  par  l'accusation  de  faux,  de  Vaux  se  borna  à 
demander  à  la  cour  féodale  d'Ouren  un  record  attestant  que  les  Mignon 
avaient  relevé  devant  elle,  à  diverses  reprises,  leur  part  des  dîmes  en 
litige  (1).  Cet  argument  parut  sans  doute  décisif  aux  féodaux  de  Noville, 
car  ils  donnèrent  tort  à  Cobréville. 

Celui-ci  en  appela  au  conseil  de  Luxembourg,  dont  il  obtint  relief 
d'appel  le  25  mai  1569^  avec  ajournement  des  sire  et  hommes  féodaux  de 
Noville  pour  le  vendredi  après  la  Trinité. 

Le  28  mai,  J.  Regnault,  haut-sergent  de  Bastogne,  se  transporte  à 
Noville  et  donne  lecture  des  lettres  du  conseil  à  Jehan  d'Arymont, 
«  lieutenant  sire  des  dismes  d'illecq  »,  qui  déclara  «  que  la  matière  et 
cause  ne  le  touchoit  en  riens  »;  le  même  jour,  il  en  laisse  copie  à  Robert 
de  Vaux. 

La  procédure  d'appel  fut  entamée  de  suite,  et  le  10  juin  1569,  en  la 
cause  entre  J.  de  Cobréville,  le  jeune,  appelant,  d'une  part,  les  sire  et 
hommes  féodaux  de  Noville,  ajournés,  le  lieutenant-prévôt  de  Bastogne, 
intimé,  d'autre,  parties  renoncent  hi?ic  inde  à  la  sentence  dont  appel,  et 


(1)  Le  8  décembre  I.'jGS,  par  devant  «  Baulduuin  de  Geltingen,  S""  d'Ouren,  Claude  de 
»  Lantscheidt,  manrichter  du  chasteau  d'Ouren,  Jehan  de  Oberhausen  et  Claude  d'Orley, 
»  demorant  à  Rulandt,  ambedeux  hommes  de  fiefz  du  chasteau  d'Ouren  »,  R.  de  Vaulx, 
lieutenant-prévôt  de  Bastogne,  demande  un  record  sur' le  point  suivant  :  dans  leurs 
registres  secrets  de  justice  et  dans  leurs  mansbouch  et  reliefs,  trouve-t-on  que  «  Gillette 
»  le  Mignon  et  depuis  elle  Henry  Mignon  et  ses  consortz,  dict  en  allemans  die  Kesselers 
»  de  Bastoigne,  ayent  par  cy-devant  ou  aultre  fois  depuis  55  à  56  ans  en  çà  reprins  et 
■»  relevé  à  ung  s'  d'Ouren,  pour  lors  s""  des  dismes  de  Nouville,  de  ce  qu'ilz  avoient 
f>  èsdictes  dismes  de  Nouville  et  s'ilz  ne  sont  registre  avec  aultres  hommes  de  tiefz  de 
»  mesme  qualité  ayant  relevé  par  cy-devant  et  de  ce  usé  et  usent  encor  journellement .''». 

Ayant  visité  leurs  «  anchiens  registres  des  hommes  de  fiefz  de  la  maison  d'Ouren  et  de 
»  relief  »,  le  seigneur  d'Ouren  et  ses  hommes  attestent  y  avoir  trouvé  mention  des  reliefs 
aux  quels  Robert  fuit  allusion  (Copie  par  des  Mares,  d'après  l'orig.,  avec  le  scel  armorié, 
en  cire  verte,  de  Claude  de  Lantrcheidt), 


—  m  — 

le  conseil  la  «  met  à  néant,  ordonnant  aux  parties  de  fournir  escriptures 
»  à  toutes  fins,  vers  la  court,  au  8^  des  prochaines  journées  judi- 
»  ciaires  »  (l). 

Dans  ses  escriptures,  Cobréville  «  répète  tout  ce  que  en  première 
»  instance  a  de  sa  part  esté  dict,  allégué  et  produict  à  son  prouffict  ». 

Il  rappelle  l'engagère  de  1510,  faite  «  par  ses  père  et  mère-grandz  »; 
certaines  lettres  de  1512,  qui  «  auroient  esté  passées  pardevant  Guill.  de 
Milbourg,  s"^  d'Ouren,  et  ses  manrichter  »,  contenant  vente  par  les  dits 
époux  de  tous  leurs  droits  et  action  sur  les  dîmes  et  fief  de  Noville  ;  les 
renonciations  de  1350  et  1507;  la  sentence  de  1541,  ayant  condamné 
Frédéric  de  Giltingen,  sire  d'Ouren,  qui  refusait  de  recevoir  feu  Frédéric 
de  Stein,  fils  de  Jean  (qui  vivait  en  1507),  «  en  hommaige  pour  la  totalité 
du  fief  de  Xouviile.  » 

«  Sur  les  reffus  et  aultres  oppositions  ineptes  dudit  Ouren,  »  continue 
Cobréville,  «  il  a  esté  du  tout  déboutté  et  privé  dudit  fief  de  Nouville  et 
»  en  lieu  que  lesdicts  von  Stein  reprenoient  de  luy  pour  la  totallité  dudict 
»  fief  de  Nouville,  ont  tousjours  depuis  reprins  en  hommaige  de  l'empe- 
»  reur  Charles  et  du  roy  nostre  sire,  comme  ducz  de  Luxembourg,  et 
»  sont  démenez  paisibles  et  esté  recognuz  pour  les  vrays  seigneurs  et 
»  héritiers  dudict  fief,  mesmement  par  l'inthimé,  lequel  a  acquis  le  droict 
»  et  action  des  héritiers  de  Mignon  par  devant  ledict  Fredrich  von  Stein 


(1)  Le  8  juin  1569,  à  Bastugne,  par  devant  le  clerc-juré  Gouverneur  et  les  bourgeois  de 
Bastogne,  Guill.  de  Warck  et  François  de  la  Fontaine,  Jehan  de  Cobréville,  homme  de 
la  Sale,  et  Anne,  sa  femme,  déclarent  que  l'action  intentée  par  leur  fils  Jean  contre 
R.  de  Vaulx,  pour  le  rachat  des  grains  de  Noville,  engagés  par  leur  père  et  grand-père 
Jean  Aubert  de  Cobréville,  l'a  été  de  leurs  su,  aveu,  consentement  et  volonté  ;  ils 
assignent  pour  ce  tous  leurs  biens  «  pour  caution,  en  mains  du  sire  des  dismes  à 
Noville  ».  Ils  déclarent,  de  plus,  n'avoir  plus  rien  à  prétendre  es  dîmes  et  rentes  en 
question,  aux  quelles  ils  renoncent  à  nouveau  au  profit  de  leur  fils. 

Cette  cession  fut  encore  confirmée  par  un  autre  acte  du  même  mois  :  le  27  juin  1569, 
«  Jean  d'Arimont,  lieutenant  sire  des  fiefz  et  dismes  de  la  paroisse  de  Noville,  sire  Pierre 
»  de  Longvilly,  curé  dudict  Noville  et  doyen  de  Bastoigne,  Robert  van  Stein,  Henry  de 
»  Vaulx  et  Henry  Collignon  de  Noville,  tous  hommes  féodalz,et  Pierre  Herman,  sergent,  » 
déclarent  que  pardevant  eux  «  honnest  homme  Jehan  de  Cobréville  le  vieulx,  homme  de 
»  la  Salle  à  Bastoigne,  et  le  dit  P.  Herman,  constitué  mambour  de  Anne  Collignon  Claes, 
»  sa  femme  »,  cèdent  au  «  jeusne  Jehan  de  Cobréville,  leur  fils  et  héritier,  tout  leur  droit 
«  en  toutes  les  dismes  de  grains,  cens,  rentes,  revenues,  proufit  et  émolumens  y  appar- 
»  tenantes...  reposantes  en  la  paroisse  de  Noville,  soit  tant  des  20  muvdz  engaigé  par 
»  feuz  Jehan  Aulbert  et  Catherine,  sa  femme,  leurs  père  et  mère,  à  feu  Gelliett,  vefve 
»  Henry  le  Mignon,  comme  aussy  sur  la  généralité  d'icelle,  maintenant  mise  en  litige 
»  par  leur  dit  filz,  acteur...  contre  R.  de  Vaulx...,  défendeur  et  adjournez  ». 

Jehan  d'Arimont  appose  le  «  seel  armoié  de  ses  armes,  en  placcart  »  :  ce  sceau  montre 
un  ècu  à  un  anille  de  moulin,  accompagné  de  4  étoiles  (ou  roses),  i ,  2,  i  ;  cimier  :  un  vol  ; 
légende  :  indislincte  (Orig.,  sur  papier). 


—  112  — 

s-  ou  son  lieutenant  au  lieu  de  Nouville,   sans  s'estre  addressé  à  ung  s'^ 
»  d'Ouren  ou  ses  nianrichter.  » 

L'usurpation  du  s*^  d'Ouren  est  donc  évidente.  D'ailleurs  tous  les  titres 
produits  par  l'intimé  ne  sont  que  lettres  d'h3^pothèques,  donations  et 
appointements,  «  lesquelz  se  peuvent  passer  pardevant  tous  juges  et  en 
»  tous  lieux;  et  ne  peult  en  ce  faict  que  moins  servir  la  lettre  que  dict 
»  que  J.  de  Cobrcville  et  Catlin,  sa  femme,  auroient  vendu  2  muydz  de 
»  grains  à  Jehan  de  Winckrenge,  etc.,  laquelle  lettre  se  retreuve  cassée 
»  et  taillée  en  pièce,  comme  l'inthimé  l'a  exhibée....  » 

Il  conclut  de  nouveau  à  ce  que  l'intimé  soit  «  déclaré  mal  fondé  à  sa 
»  prétendue  possession  et  condempné  à  reprendre  les  deniers  des 
»  20  muydz  engaigez,  et  d'iceulx  non  seulement  en  laisser  joyr  et  prouf- 
»  ficter  l'appelant,  mais  aussy  de  la  généralité  de  la  dite  rente  et 
»  disme....  » 

Le  10  juillet  1569,  les  parties  déposèrent  leurs  écritures.  Celles  de 
Robert  n'ont  pas  été  conservées,  mais  il  résulte  de  la  réponse  de  Cobré- 
ville  que  l'intimé  basait  entre  autres  son  opposition  au  retrait  sur  le  fait 
que  celui-ci  ne  pouvait  s'effectuer  du  vivant  des  père  et  mère  du  deman- 
deur (ce  qui  explique  la  renonciation  des  8  et  27  juin  1569). 

Le  procès  traînant,  ce  n'est  que  le  20  janvier  1570  que  les  répliques 
furent  déposées  ;  le  19  avril  1570,  après  Pâques,  la  cause  étant  toujours 
pendante  à  Luxembourg,  Cobréville  se  fait  donner  un  avis,  à  Malines, 
par  Le  Cocq,  A.  Heems  dit  le  Pipre,  De  Brigneme  et  un  autre  juris- 
consulte. 

Dans  un  «  advertissement  en  forme  de  mémoire  »,  sans  date,  présenté 
peu  après  au  conseil  de  Luxembourg,  Cobréville  dit  :«  Pour  ce  qu'il  polroit 
»  sambler  estrange  qu'en  lieu  de  20  muidz  engaigez  seullement  par  feu 
»  J.  Aulbert  de  C,  son  père-grand,  le  deffendeur  joyt  de  la  totalité  des 
»  dismes  en  question,  le  demandeur  supplie  sur  ce  considérer  que  depuis 
»  ce  temps  les  dites  dismes  sont  tousjours  d'an  en  an  de  beaucoup  aug- 
»  mentées  et  que  ce  que  le  deffendeur  en  a  ainsy  joy  ce  a  esté  au  plus 
»  grand  deffraulde  du  père  du  demandeur,  qui  demeura  lors  jeusne  enfant 
»  orphelin  n'ayant  dez  longtemps  après  cognoissance  de  ce  fait...  » 

Dans  un  autre  mémoire,  il  rappelle  «  le  contenu  en  l'enqueste  du 
»  demandeur,  où  se  trouve  par  tesmoing...  que  de  l'engaigière  des 
»  20  muydz  a  esté  donné  billet  et  assignation  par  le  grand-père  du 
»  demandeur  en  son  vivant  aulcunes  fois  à  Henry  le  Mignon,  aulcunes 
»  fois  à  son  frère  le  curé,  et  ce  jusques  au  jour  de  son  trespas,  que  lors 
»  demeurans  ses  enffans  pupilz  et  en  minorité  d'eaige,  voires  en  grande 
»  nécessité  et  povreté  et  sans  assistence  de  personne,  ceulx  ayans  la 
»  dicte  gaigière  ont  usé  du  mesme  droict  de  départir  les  dismes,  mais 
»  non  avec  title  ou  enseignement...  ». 


—  113  — 

En  mars  1570,  le  lieutenant-prévôt  de  Bastogne  s'adresse  «  à  Mess''^  les 
sire  et  hommes  de  Nouville  »,  pour  prouver  par  témoignages  et  record  les 
points  suivants  : 

1)  «  Que  R.  de  Vaulx,  apprès  ses  autheurs,  les  hoirs  et  héritiers  de  feue 
»  Gillette,  vefve  du  Mignon,  ou  ayans  cause,  comme  Jehan  de  Jodenville, 
»  en  leurs  noms,  ont  depuis  10,  20,  30,  40,  50  ans  et  plus  tenu,  possédé  et 
»  manié  les  dismes  de  Nouville  présentement  en  question  entre  le  dict 
»  Robert  et  J.  de  Cobreuville  le  jeune,  demorant  à  Bruxelles... 

2)  »  Ou'icelles  dismes  sont  estez  tenues  et  possédées  par  Gillette  et  ses 
»  successeurs  comme  vrays  s'^'^  et  maistres  propriétaires,  et  point  pour  et 
»  au  nom  de  gagière  aulcunement,  ains  comme  les  aiant  acquis  et 
»  achapté. 

3)  »  Que  Gillet  et  ses  aiant  cause  par  le  temps  que  depuis  ont  tousjours 
»  profficté  les  dismes  susdictes  entièrement,  tant  en  grain,  lins,  chap- 
»  pons,  argent  et  tout  généralement,  eulx-mesmes  ou  gens  à  leur  nom, 
»  comme  ledict  Jodenville,  sans  en  recepvoir  20  muidz  libverez  par  les 
»  mains  de  ceulx  de  Cobreuville,  ancestres  dudict  Jehan  le  jeusne,  le  tout 
»  suyvant  la  lettre  d'achapt  de  Gillette. 

4)  »  Que  Gillette,  ses  hoirs  et  ayantz  cause  ont  gouverné  et  administré 
»  eulx-mesmes  ou  gens  à  leur  nom  icelles  dismes,  les  laisser  à  la  chan- 
»  délie,  les  despartir  entre  les  comparceniers  en  leur  donnant  leur  billet 
»  signé,  pour  selon  ce  recepvoir  leur  part,  sans  que  lesdicts  de  Cobreu- 
»  ville  s'en  aient  meslé,  comme  propriétaires  ny  autrement. 

5)  ...  «  Que  la  totallité  des  dismes  de  Nouville  se  part  en  trois  tiers, 
»  dont  l'ung  tiers  appartient  au  curé  d'illec,  l'autre  à  ceulx  de  la  Piere  et 
»  leur  comparceniers,  et  le  troysiesme  (dont  la  dicte  question)  au  présent 
»  R.  de  Vaulx  et  ses  comparceniers,  ausquelz  il  départ  son  dict  tiers, 
»  comme  ceulx  de  la  Pierre  à  leur  comparceniers. 

6)  ...  »  Que  feu  Regnart  Raille,  demorant  à  Trêves,  at  esté  beau-frère 
»  à  feu  Jehan  de  la  Pierre,  ayant  espousé  sa  sœure,  et  pour  tel  estre  tenus 
»  et  réputés  ayant  sa  part  audit  tiers  de  Nouville  aussy  avant  que  le  dict 
»  Jehan,  son  beau-frère  ». 

Le  9  mars  1570  (st.  de  Liège),  Jehan  d'Arimont,  lieutenant-sire,  Pier  le 
Ducq,  Robert  de  Recogne,  messire  Pier  de  Hoffelt,  curé  de  Rachamps, 
Pierre  Herman  de  Nouville,  tous  hommes  des  fiefs  de  Nouville, 
délivrent  le  record  demandé,  «  par  les  rapports  des  vieux  aux  jeusnes  »  : 

«  Feu  le  jeusne  Henry  le  Mignon,  Joncker  Jan  dit  de  Jodenville  pour 
»  au  nom  du  dict  Henry,  ont  tousjour...  possédé  et  manié  leurs  droit  des 
»  dismes  de  Nouville  comme  vrays  s^^  et  maistres  propriétaires  de  leurs 
»  dict  droit  et  qu'icelluy  Henry,  Joincker  Jan  pour  au  nom  dudit  Mignon, 
»  proffittoient  èsdites  dismes  leurs  dit  droit... 


-    114  — 

«  La  totalité  des  dismes  de  Xouville  se  partent  en  3  thier,  réservé  que 
»  les  fondateurs  ne  ]-)rendent  rien  es  dismes  des  villaiges  de  Michamps, 
*  Magereux  et  Oubourcy,  assavoir  le  première  thier  au  curé  d'illecq, 
»  le  seconde  à  ceulx  de  la  Piere,  le  3*^  le  possède  le  dict  R.  de  Vaulx  pré- 
«  sentement,  estant  le  thier  de  Robert  de  semblable  qualité  comme 
»  le  thier  des  de  la  Piere.  » 

Le  même  jour,  9  mars  1570,  information  est  faite  et  tenue  par  le  sire 
et  les  hommes  de  fief  de  la  paroisse  de  Nouville. 

D"«^  Magett  du  Maigny,  veuve  de  Jehan  Keiser,  de  Bastogne,  âgée  de 
70  ans,  dépose  que  feu  Joncker  Jan  dit  de  Jodenville  a  gouverné,  «  au 
nom  des  Mignons,  quelque  espace  d'années  »,  les  dîmes  de  Noville,  le 
dit  Joincker  faisant  le  partage...  Elle  a  bien  connu  feu  Renard  Réelle, 
de  Trièves,  qui  avait  sa  part  en  ces  dîmes. 

Grand  Jehan  de  Recogne,  âgé  de  70  ans,  sait  que  feu  Henri  le  Mignon 
»  possédoit  son  droit  des  dîmes  de  Nouville,  assavoir  la  généralité  du 
»  tier  des  dites  dismes,  tant  grains,  lins,  chapons,  argent,  fromaige, 
»  etc....  Feu  Henr}^  le  M.  et  feu  Joncker  Jan  mettoient  les  dismes  dudict 
»  tier  à  la  chandelle,  et  après  départoient  les  dites  dismes...  » 

Lambert  Hantz,  de  Noville  (50  ans);  Jehan  le  Prévost,  de  Recogne 
(56  ans),  Pier  Herman  de  Nouville  (45  ans);  et  Henry  Jehan  Thiry 
de  Cobru  (56  ans),  font  des  dépositions  semblables  :  «  feu  H.  le  Mignon, 
»  feu  Joincker  Jan,  après  Robert  de  Vaulx..  ont  tousjour  possédé  et  manié 
»  la  disme  de  Nouville,  comme  vrais  s"^^  et  maistres  de  leurs  droict,  non 
»  pas  de  2o  muydz  seullement,  ains  de  toute  la  généralité  du  tier  en 
»  question...  ». 

Un  mois  après,  le  jeune  Cobré ville  demande  à  son  tour  une  enquête, 
désirant  prouver  : 

«  Que  passé  50,  60  ans  ençà,  voirs  de  tout  temps  immémorial,  feu 
»  Jehan  van  Stein,  ses  prédécesseurs  et  successeurs  ont  continuellement 
»  et  jusques  au  présent  possédé,  joy  et  usé  du  droict  de  sire  des  fîefz  et 
»  dismes  de  la  paroisse  de  Noville,  avec  toutes  les  auctorité,  droictz  et 
»  prééminences  en  deppendans... 

»  Mesme  que  feu  J.  Aubert  de  Cobréville,  père-grand  dudict  acteur, 
»  venoit  en  son  temps  par  chascun  an,  comme  hault  homme  de  fief  des 
»  dictes  dismes,  mectre  la  main  à  la  mise  avant  et  rehaulse  d'icelles, 
»  comme  chose  aussy  de  droict  et  par  succession  de  ses  feuz  prédéces- 
»  saurs  àluy  appartenans. 

»  Pardevant  lequel  de  Cobréville,  asscavoir  passé  environ  50  ou  60  ans 
»  ençà  seroit  comparue  chascun  anGelliet  le  Mignon  et  depuis  elle  Henry 
»  le  Mignon,  son  filz,  à  laquelle  le  dict  Cobréville  avoit  engagé  20  muyds 
»  de  rente  annuelle,...  requérant  chascune  fois  d'en  avoir  l'assignation  et 


—  115  — 

»  contingent  pour  en  estre  livré  et  furny  à  chascun  terme,  ensuyvant  la 
»  dicte  engaigier. 

»  Que  depuis  le  trespas  du  dict  Cobréville,  ny  aussy  auparavant, 
»  n'auroit  jamais  esté  oy  dire  que  les  dicts  20  m.  ou  autre  partie  du 
»  droict  d'iceluy  èsdictes  dismes  fuissent  par  les  dicts  Mignons  ou  autres 
»  leurs  aians  cause  tenuz  et  proufîctez  à  autre  tiltre  que  d'engaigière,  ny 
»  que  aucun  vendaige  en  soit  depuis  esté  faict. 

Le  7  avril  1570,  furent  donc  entendus  Pier  de  Lonvillir,  doyen  de 
Bastogne  et  curé  de  Noviile,  âgé  de  66  ans  ;  Grande  Johan  de  Recoigne, 
âgé  de  70  ans;  Pier  de  Hoeffelt,  curé  de  Rachamps,  âgé  de  52  ans. 
Seule,  la  déposition  du  premier  donne  quelques  détails  intéressants  ;  c'est 
ainsi  qu'il  déclare  avoir  «  veu  venir  Johan  Aubert,  père  grande  au  jeusne 
«  Cobreu ville,  mectre  les  diesmes  de  la  parouche  de  Novil  avant  à  la 
»  chandeil,  avecque  le  \deulx  Mons"^  de  Reynenstien,  et  après  les  annuyc- 
»  tissement  desdicte  diesme,  J.  Aubert  donnoit  à  ung  chascun  parchinirs 
»  son  billett  desdictes  diesmes  ».  Il  a  vu,  de  plus,  venir  avec  J.  Aubert, 
»  aulcune  fois  Henri  le  Mygnon,  aulcunne  fois  son  frèr,  le  curé  de  Bas- 
»  toingne,  auxquelles,  après  l'annuyctissement  des  diesmes,  leurs  don- 
»  noit  leurs  billett  ».  Ces  20  muids  étaient  engagés,  ainsi  que  cela  résulte 
de  propos  tenus  par  Joncker  Johan  (qui  mentionne  son  beau-frère  de  Bou- 
deiige)  et  par  le  receveur  Jean  de  Rochefort.  Johan  du  Reu,  qui  avait 
épousé  Jehennet  le  Myngnon,  ayant  voulu  rendre  l'argent  de  la  gagère 
à  Joncker  Johan,  celui-ci  le  refusa,  alléguant  que  ce  bien  ne  venait  pas 
d'elle,  mais  bien  de  son  premier  mari,  feu  Henri  le  Myngnon. 

L'affaire  resta  indécise  plus  d'un  an  encore  (1)  et  ce  n'est  que  le  12  mai 
1571  que  le  conseil  de  Luxembourg  se  prononça  par  dictum  :  donnant 
raison  à  Cobréville,  il  déclara  «  le  demandeur  bien  fondé  en  sa  demande, 
»  et  que  le  deffendeur  sera  tenu  laisser  suyvre  au  demandeur  la  généralité 
»  des  rentes  et  dismes  de  Xoville  en  question,  pariny  rendant  par  icelluy 


(1)  Le  2  mai  1.571,  les  prévost  et  homes  jugcables  de  la.  Sale  à  Bastoingne,  requis  par  J.  de 
Cobréville  le  vieux  et  J.  Herman,  procureurs  de  J.  de  Cobréville  le  jeune,  délivrent 
copie  de  l'acte  de  gagère  du  5  juillet  1510,  d'après  un  registre  commençant  le  31  juillet 
1484,  article  178,  f.  194. 

Ils  ajoutent  «  que  toutes  œuvres  de  loix...  passez  par  devant  nous  et  noz  prédécesseurs 
»  et  quant  cela  se  registre  dedans  nostre  registre  secret  et  que  quelque  partie  en  demande 
»  copie  si  ycelle  est  signée  auctenticquement  par  le  clerc  juré  de  S.  M.  à  Bastoingne,  à  la 
»  partie  le  requérant  nous  y  adjoustons  pleine  et  entière  foy,  signamment  audict  tiltre 
»  de  gaigière  commençant  et  déduisant  comme  cy  dessus  est  inséré  tout  au  loing  et 
»  tenons  le  contenu  de  nostre  dict  registre  et  papier  secret  bon,  ferme  et  croyable...  » 

Ils  prient  Lamoral  de  Boullant,  s""  de  Rollers,  etc.,  et  grand-prévôt  d'Ardenne,  d'ap- 
pcndre  ou  faire  appendre  le  sceau  de  la  prévôté  de  Bastogne.  (Orig.,  s.  parch.,  muni 
d'un  grand  sceau,  fruste,  avec  fragment  de  légende  ;  ...  preposi....) 


—  116  — 

s>  au  deffendeiir  la  somme  de  quatorse  vingtz  florins  de  16  patars, 
»  monnove  courante,  desboiirsez  par  (lillette, femme  de  feu  H. le  Mignon. . ., 
»  réservant  au  deffendeur  son  action  contre  les  héritiers  de  Ciillette,  ses 
»  auteurs,  sy  aulcune  avoir  prétend;  les  despens  compensez  et  pour 
»  cause.  » 

Le  19  mai,  de  Vaux  se  porta  pour  appelant  de  la  sentence  au  grand 
conseil  de  Malines. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  les  détails  de  la  seconde  procédure  d'appel. 

Signalons  simplement  que  dans  des  «  Faicts  nouveaux  »,  produits  peu 
après  le  5  juillet  1571,  l'appelant  repète  qu'il  a  été  et  est,  «  tant  par  luy 
»  que  par  ses  autheurs  en  la  possession  et  jouyssance  de  la  généralité  du 
»  tiers  des  dismes  en  question  doiz  l'an  1512...  Et  ce  non  à  tiltre  de 
»  gaigière  ou  tel  aultre  qu}^  se  pouroit  lever  ou  rédimer,  ains  comme  de 
»  son  propre  et  incommutable  bien,  acquiz  et  achapté  premièrement  par 
»  Gillette  Mignon,  pour...  700  fl.  une  fois,  et  depuis  par  l'appelant  des 
»  hoirs  et  ayans  cause  de  Gillette,  pour...  568  fl.  de  20  patars  Brabant 
»  pièce...  ».  C'est  «  la  propriété  de  la  dicte  généralité  du  tiers  des  dismes 
»  en  question  »  qui  a  été  transportée  «  audict  an  12  par  feu  Aubert  de 
»  Cobréville  l'anchien  et  Cathon,  sa  femme,  grandz  père  et  mère  de 
»  l'anticipant  (J.  de  C.  le  jeusne)...  » 

Gillette,  ses  hoirs  et  ayants  cause  ont  anciennement  relevé  leurs  dîmes 
des  seigneurs  à'O/rre,  «  lors  qu'ilz  estoient  s^"  directs  des  trois  tiers  et 
»  totalité  des  dismes  de  Xouville  en  question...  »  (v.  le  record  d'Oure  du 
8  décembre  1568). 

Après  la  mort  de  Gillette,  ses  héritiers  ont  partagé  la  généralité  de  ces 
dîmes,  comme  leur  bien  patrimonial,  franc  et  libre,  et  pas  seulement 
20  muids  moitables;  ils  en  ont  même  engagé  une  partie  à  divers,  «  si 
»  comme  à  Pomper  Jan,  à  Jehan  de  Joudenville  et  aultres  de  Bastoingne 
»  ou  d'allentour.  » 

En  1545,  ils  ont  vendu  à  l'appelant  leur  part  et  action  es  dites  dîmes, 
«  non  de  20  muydz  ..  tenu  en  gaigière...,  mais  le  droict  de  propriété  et 
»  en  héritableté  qu'ils  tenoient  comme  héritiers  des  Mignons,  tant  en 
»  grains,  argent,  cire,  chappons,  pouilles,  œufz,  lains,  fromaiges,  que 
»  tous  aultres  droictz  et  émolumens  ».  Le  22  mars  1546,  l'appelant  a  fait 
le  relief  pertinent  de  ces  dîmes  «  comme  maistre  et  vray  propriétaire 
»  d'icelles  en  général,  au  regard  dudict  tiers,  et  non  d'aulcuns  20 
»  muydz...  »  Depuis,  l'appelant  a  fait  chaque  année,  «  les  parchons  et 
»  distribution  à  ses  compartioniers,  comme  estant  succédé  au  droict  et 
»  lieu  des  héritiers  du  dict  Mignon,  lesquels  estoient  les  premiers  et 
»  principaulx  hommes  de  fiefz  entre  leurs  aultres  compartioniers  oudict 
»  tiers,  partissans  les  aultres...  » 

L'appelant  exhiba,  entre  autres  documents  :  le  relief  de  15  i6;  le  record 


—  117  — 

du  8  décembre  1568;  un  record  et  une  enquête  du  8  juin  1571;  une 
enquête  du  5  juillet  1571.  Ces  trois  derniers  documents  méritent  d'être 
analysés  ici. 

Le  8  juin  1571,  R.  de  Vaulx  demande  aux  «  sire  et  hommes  de  fiefz  des 
»  dismes  de  la  paroiche  de  Nouville  »,  un  record,  «  assavoir  S}^  les  hoirs 
»  Gillette  le  Mignon  (assavoir  Henry  le  M.  et  consors)  ne  sont  par  la 
»  commune  famé,  bruyt  et  renommée,  tousjours,  sans  estre  mémoire  du 
»  contraire,  esté  tenuz  et  réputés  pour  héritiers  et  propriétaires  de  la  part 
»  des  dismes  de  Nouville,  tenue  présentement  par  le  dict  Robert,  sans 
»  qu'ilz  les  ayent  tenus  par  gaigière,  mais  seullement  ceulx  quy  les  ont 
»  tenus  d'eulx,  comme  Pomper  Jehan,  Joudenville  et  aultres,  jusques  à 
»  l'achapt  fait  par  Robert  desdicts  héritiers  de  Gillette. 

»  Mesme  se  J.  de  Cobréville  le  vieux,  père  au  présent  acteur,  n'est 
»  homme  de  fief  du  tiers  des  dismes  de  Nouville  présent  en  question. 

»  Item  la  part  qu'il  en  tient,  se  il  ne  l'at  par  achapt  et  acquest  par  lu}" 
»  faict  à  Mathieu  de  Louuette  ;  d'avantaige  que  de  ladicte  part  se  il  n'en 
»  reçoit  et  a  receu  luy  mesme  annuellement  les  billetz  et  assignation  pour 
»  prendre  et  lever  sadicte  part  et  quote  en  certains  lieux  des  mains  de 
»  Robert,  comme  premier  et  principal  des  comparceniers  du  tiers  en 
»  question. 

»  Au  surplus,  si  Cobréville  le  vieux  n'at  esté  présent  et  adsisté  que 
»  Robert,  comme  premier  et  partisseur  dudict  tiers,  l'a  mis  à  la  chan- 
»  délie  au  plus  offrant,  quelquefois  réparty,  quelquefois  beu  les  vins  de 
»  la  proclamation  par  ensamble.  » 

Les  sire  et  hommes  de  fief  attestent  le  tout  dans  leur  record,  qu'ils 
font  munir  par  Jehan  d'Arimont,  «  s"^*  des  dismes  de  Nouville  »,  de  son 
scel  armorié  (1). 

Le  même  jour,  8  juin  1571,  les  sire  et  hommes  de  fief  font  encore  une 
enquête,  à  la  requête  de  R.  de  Vaulx,  écuyer,  sur  les  points  repris  dans 
leur  record;  de  plus,  s'il  est  vrai  «  que  annuellement  en  départant  ledit 
»  tiers  est  miz  en  avant  ung  papiere  contenant  la  division,  quotte  et  por- 
»  tion  d'ung  chacun  ayant  part  audict  tiers,  et  est  faict  lecture  dudict 
»  papiere,  lequel  depuis  que  Robert  l'at  achapté  des  hoirs  des  Mignons 
»  est  intitulé  sur  le  nom  du  Prévost  et  de  ses  consors,  et  avant  luy  estoit 
»  intitulé  sur  le  nom  de  Giellette,  vefve  de  feu  H.  le  Mignon,  et  à  ses 
»  parceniers,  combien  que  Pomper  Jehan  et  Jodenville,  les  tenans  des 
»  Mignons  en  gaigière  et  pour  ce  les  représentans,  laissoyent  vendre 
«  lesdictes  dismes  et  répartir  ». 


(1)  Copie  des  lettres  originales  (signées  Petrus  Hoeffelt  clcrcqiie  jurcy  des  dismes,  et 
scellées  d'un  sceau  de  cire  verte),  par  des  Mares. 


—  118  — 

Les  témoins  entendus  (1)  déposent  en  ce  sens.  Le  curé  d'Erneuville  a 
«  souventesfois  ouy  dire  les  anchiens  de  la  paroiche  de  Nouville  que 
»  H.  le  Mignon  estoit  ung  des  principaulx  des  fundateurs  desdictes 
»  dismes,  et  at  ouy  dire  le  vieulx  doyen  de  Nouville,  M"  Pierre  de  Long- 
»  villy,  que  Cobréville,  grand-père  du  présent  acteur,  avoit  vendu  sa  part 
>■»  des  dismes  de  Nouville  ».  Un  autre  déclare  avoir  «  veu  seoir  le  vieux 
»  Cobreuville  au  siège  des  hommes  à  Nouville  ». 

Le  5  juillet  1571,  nouvelle  information,  tenue  par  les  mêmes  sire  et 
hommes  féodaux,  «  à  la  requeste  de  R.  de  Vaulx,  lequel  veult  faire  appa- 
»  roir  les  poinctz  et  articles  suyvants  :  Que  de  toutte  anchienneté...  du 
»  moins  depuis  56  à  58  ans  ençà  que  les  hoirs  de  feu  Gillette  le  Mignon, 
»  assavoir  Henry  le  Mignon,  son  filz,  et  consors,  ont  joy,  manié,  possédé 
»  et  proufficté  de  la  qualité  et  totalité  de  la  part  des  dismes  de  Nouville 
»  présent  en  question  et  tenue  présentement  par  R.  de  Vaulx,  et  en  leurs 
»  noms  Pomper  Jean  et  J.  de  Jodenville,  tenants  ladicte  part  et  gaigière 
»  desdicts  Mignons,  ayans  esté  à  Nouville  mettre  avant  et  annuicter  les- 
»  dictes  dismes  au  plus  offrant,  et  puis  après  répartir  et  donner  à  chascun 
»  leurs  parciniers  son  billect,  selon  la  quote  et  portion,  et  de  ce  en  ont 
»  joy  tant  en  grains,  argent,  cire,  laine,  lins,  chappons,  fromaiges  et 
»  générallement  tout  ce  et  quant  que  dépend  de  ladicte  part,  paisible- 
»  ment...  jusqiies  au  présent,  au  veu  et  sceu  de  tous  ceulx  quy  l'ont 
»  voussu  veoir  et  scavoir,  en  ensuyvant  leurs  lettres  d'achapt  du  der- 
»  nier  de  janvier  1512,  et  ainsy  proufficté  le  tout  paisiblement 
»  jusques  au  jour  de  l'achapt  de  Robert,  faict  aux  hoirs  des  Mignons. 

»  Et  depuis  lequel  temps,  Robert...  at  joy  après  les  Mignons  de  la 
»  généralité  et  entier  part  des  Mignons  èsdictes  dismes...  paisiblement, 
»  sans  nung  contredict,  bar  ny  différent,  jusques  à  présent,  et  que  de 
»  tout  ce  en  sont  tant  les  Mignons  que  après  eux  Robert...  en  bonne, 
»  juste  et  paisible  possession  pacifique  tant  que  pour  suffier.  » 

Ce  que  les  témoins  entendus  (2)  confirmèrent. 


(1)  C'étaient  :  Jehan  Michiel  de  Benonchamps  (60  ans):  Catarine,  vefve  de  Colla  le 
Mignon,  petit-fils  de  ladite  Gillette  (60  ans);  Grand-Jehan  de  Recoigne  (70  ans);  sire 
Wathie  de  Foy,  curé  d'Ernuville  (60  ans);  Claes  de  Benonchamps  (60  ans);  Jehan  Calozet 
de  Vaulx  (69  ans);  Henry  Jehan  Thiry,  de  Cobrou  (60  ans) ;  ^^lelchior  de  Bisory  (53  ans) ; 
Lambert  Hanss  de  Nouville  (50  ans);  Margueritte,  veuve  de  Jean  Keyser  (60  ans), 
comparceniere  au  dit  tiers  de  dîme. 

(•?)  Sire  Pierre  de  Hoffelt,  curé  de  Rachamps  (.56  ans);  Jehan  d'Arymont,  mayeur 
S'  Lambert  (56  ans)  ;  Grand  Jehan  de  Recoigne  (70  ans);  Jehan  Calozer  de  Vaulx (69  ans): 
Henry  Jehan  Thiry,  de  Cobru  (60  ans);  Clous  de  Benonchamps  (00  ans),  Jehan  le  Texon 
d'Erloncourt,  mayeur  dudit  lieu  (66  ans);  Jehan  le  Prévost,  de  Recoigne  (42  ans). 

Un  passage  curieux  de  la  déposition  de  Clous  de  Benonchamps  est  à  citer  :  il  a  «  aul- 
»  cune  fois  ouy  dire  da'"  Catherine  de  Soerfvelz  (que  Dieu  absolve),  sa  belle-mère, 
»  laquelle  disoit  à  son  mary  Louuys  d'Arimont,  aucune  fois,  jouant  aux  cartes  :  Bailli, 
t>  voilà  nous  ardons  noz  chandeilles  à  jouer  ;  demain  ou  après,  il  nous  fauldra  vendre  noz 
»  cens  et  rentes  pour  achapter  du  sietix,  comme  Jehan  Aubcrt  de  Cobréville  at  vendu  ses  dismes 
»  de  Nouville  »  {sicux  =:  suif). 


—  119  — 

«  Débatant  les  lettres  de  reqiieste  civile,  prétenduz  faictz  et  tiltres 
»  nouveaulx  de  partie  (adverse)  »,  J.  de  Cobré ville  revint  bientôt  à  la 
charge;  retenons  simplement  de  son  argmnentation  la  manière  dont  il 
explique  le  passage  de  l'entièreté  de  la  part  de  dîme  disputée  entre  les 
mains  des  Mignon  :  quelque  temps  après  l'engagère  de  1510,  dit-il,  «  en 
»  faulte  d'avoir  furni  le  dict  paiement  et  aultres  poinctz  pourparlez,  la 
»  dicte  vefve  (Gillette),  en  vertu  de  la  dicte  gagière  et  de  l'obligation  de 
»  l'ultérieur  droict  pour  garantissement  seroit  entrée  en  possession  et 
»  joyssance  de  la  dicte  entière  part  et  portion  des  dictes  dismes.  » 

Par  contre,  il  lui  «  compète  et  apertient  comme  nepveu  des  dits 
»  engaigeurs,  ses  père  et  mère  grandz,  le  droict  de  purge  et  retraicte.  » 
D'ailleurs,  les  autheurs  de  Robert  «  n'ont  estez  héritiers  immédiatz  de 
»  Gillette,  mais  ung  Wathelet  le  Mignon,  filz  d'icelle,  lequel  laissa  une 
»  fille,  nommée  Catherine,  de  laquelle  est  procédé  ung  Jehan  de  Ra- 
»  champs,  dont  les  dicts  autheurs  se  nomment  héritiers,  comme  se  voit 
»  par  le  tiltre  de  l'appellant...  » 

Pour  prouver  qu'il  n'y  eut  jamais  de  vente  faite  par  son  grand-père, 
Cobévrille  s'adressa  à  la  cour  des  dîmes  de  Noville  :  le  8  février  1572 
(st.  de  Liège),  à  Noville,  Jehan  d'Arymont,  lieutenant  sire  des  fiejfz  et 
dismes  de  la  paroche  de  N'avilie,  sire  Pierre  de  Longvilliers,  curé  de 
Noville  et  doyen  de  Bastoingne,  sire  Pierre  de  Hojfelt,  curé  de  Rachamps, 
Philippe  de  Foyd,  tous  hommes  des  fieifz  des  dictes  dismes,  et  Pierre 
Herman,  ser géant,  certifient,  à  la  requête  de  J.  de  Cobréville  le  jeune, 
que  la  part  de  dîmes  actuellement  litigieuse  avec  de  Vaulx  a  été  engagée 
par  son  grand-père  à  feu  Gillette,  veuve  de  H.  le  Mignon,  ladite  gagère 
prouvée  par  actes  et  extraits  authentiques. 

Par  contre,  rien  ne  prouve  que  ces  dîmes  aient  été  vendues  par  son 
grand-père  à  Gillette,  ni  à  ses  enfants.  Depuis  soixante  ans,  cette  part  n'a 
été  l'occasion  que  d'une  vente  :  le  transport  de  1545,  fait  à  R.  de  Vaulx, 
«  par  aulcuns  soy  disans  héritiers  des  hoirs  et  enfans  de  Gillette  le 
»  Mignon.  » 

Les  déclarants  ont  reçu  «  à  ban  et  relieff  le  dict  jeusne  Cobréville  au 
commencement  du  procès  et  litige...  et  receu  le  droict  et  hommaige 
accoustumé...  »  (1) 


(1)  Orig.,  sur  parch.,  muni  de  3  sceaux,  ceux  de  J.  d'Arymont,  P.  de  Longvilliers  et 
Ph.  de  Foyd  :  a)  écu  au  fer  de  moulin,  ace.  de  4  petits  meubles  indistincts  (étoiles  à 
5  rais?);  heaume  ;  cimier  :  un  vol  ;  légende  fruste.  —  b)  une  sainte,  assise,  tenant  de  la 
dextre  un  estoc  (?)  et  de  la  senestre  un  écu  à  2  estocs,  mis  en  pal,  celui  de  dextre  (plus 
petit)  sous  un  franc-quartier  à  une  étoile  de  6  rais;  légende....  covr....  c)  écu  à  une 
bande,  chargée  en  chef  d'un  petit  meuble  (étoile  .')  et  accompagné  de  2  cotices  ;  légende:... 

LIPE-DE-FOI... 


—  120  — 

lui  mars  l.'.Ttî,  ce  procès  passablement  compliqué  dure  toujours,  sans 
([ue  j'en  connaisse  l'issue.  Toutefois,  on  peut  supposer  que  la  victoire 
resta  à  Robert  de  Vaulx,  puisqu'un  siècle  après,  c'est  un  des  descendants 
de  sa  iille  Anne,  le  S"^  d'Awan,  qui  a  pris  sa  place  de  principal  clécimateur, 
parmi  les  hommes  de  fief  de  Xoville  :  il  est  vrai  que  le  S*^  d'Awan  pour- 
rait également  descendre  de  Catherine  de  Cobréville,  fille  de  Jean  et 
épouse  d'Everard  d'Awan  en  16lo,  mais  ce  n'est  pas  d'elle  qu'il  a  dû 
hériter  sa  prééminence  dans  le  partage  des  dîmes  novilloises,  car  elle 
appartenait  à  la  branche  des  Cobréville  de  Bièvre. 

Il  reste  acquis,  en  tout  cas,  qu'en  1510,  Jean  Aubert  de  Cobréville  et 
Catherine  de  Wibren,  son  épouse,  possédaient  une  part  des  dîmes  de 
Xoville,  en  partie  par  héritage,  et  en  partie  par  achat  de  leur  cousin  Jean 
de  Lommersweiler. 

Jehan  Abert  de  Cobr avilie  mourut  entre  le  13  mars  1520  et  le  29  avril 
1522,  laissant  sa  veuve  Catheline  dans  une  situation  assez  difficile,  car 
on  alla  même  jusqu'à  demander  la  vente  de  tous  les  biens  de  la  veuve; 
il  se  rattachait  cependant  à  une  famille  notable  de  la  région. 

En  1464,  étaient  hommes  de  la  Salle  de  Bastogne  Collignon  et  Henri  de 
Cobraville  ;  ce. dernier  est  encore  cité  le  18  avril  1470,  jour  où  il  scelle  un 
acte  (Henri  de  Cobravilli).  En  juillet  1469,  il  y  avait  à  Cobréville  une 
maison  de  gentilhomme  et  une  autre  devant  service  d'armes  et  de  cheval. 

Le  14  mai  1471,  Abier  de  Cobréville  relève  le  fief  de  Sûre  du  château 
de  Mirwart.;  le  24  décembre  1481,  Aiibert  de  Co b rai nvi lie  étciitle  mari 
d'une  d"*^  Jehenne;  le  27  juillet  1490,  il  est  cité  avec  sa  femme  et  son 
frère  défunt,  M^  Jehan  de  Cobraville  ;  \e  15  avril  1510,  Aubert  de  Co- 
braville engage  au  monastère  de  St-Hubert  une  rente  de  12  francs  sur 
tous  ses  biens  de  Cobréville,  du  consentement  de  Jeanne  de  Ayville,  sa 
femme;  il  mourut  avant  le  26  juin  1529,  jour  où  est  mentionnée  Jehenne 
des  Avvelles,  dame  de  Bièvre,  et  ses  enfants  Jeanne,  Françoise  et  Jean 
de  Cobréville. 

Vers  1516,  vivait  une  Françoise  de  Bohan,  épouse  de  Jean  de  Cobréville. 

Les  Cobréville  figurent  parmi  les  seigneurs  de  Bièvre  lez-Orchimont 
jusqu'en  1614  :  un,  ou  plutôt  deux,  Jean  de  Cobréville  (ou  Cobréville) 
(1542-1580);  Françoise  (1584);  Marie  (1612);  Catherine,  fille  de  feu  Jean 
et  épouse  d'Everard  d'Awan  (1613-1614)  (I). 

Des  trois  enfants  de  Jeanne  des  Avvelles,  cités  en    1529,   Françoise 


(i)  Cf.  Reg.  de  la  justice  de  Bastogne,  gagères,  1.522;  Tandel,  Connu.  Lux.,  t.  IV, 
12,  (53,  V,  225,  VI,  1171  ;  J.  Vannérus,  Le  Livre...  de  Baatogne,,  n""^  58,  59,  644  :  Arch.  Sect. 
Hist.  Lux.,  Fonds  de  Cobréville;  Roland,  Orchimont  et  ses  Fiefs,  pp.  222^  223,  225,  283, 


292,  etc. 


—  121  — 

devint  l'épouse  de  Mathieu  de  Louette-St-Denis,  dit  le  Capitaine,  qui 
apparaît  comme  bas-seigneur  à  Bièvre  en  154'2  et  en  1551;  le  25  juillet 
1550,  avec  d"*^  Franchoise  de  Coubréville,  il  vend  ce  qu'ils  ont  à  Lessereitz 
appartenant  au  fief  de  Couhréville.  Jeanne  semble  réapparaître  le  13 
mai  1546,  comme  «  d"''  Jehenne,  fille  de  d"''  de  Coubraiville,  veuve  de 
Rambaut  fils  le  Clercq  de  la  Cuysinne  »  (1).  Quant  à  Jean,  cité  à  Bièvre 
à  partir  de  1542,  il  épousa  Jeanne  du  Fay;  il  mourut  avant  le  27  juillet 
1556,  jour  où  Mathieu  de  Louette  et  Roland  de  Cobraiville,  fondé  de 
pouvoir  de  sa  mère  Jehenne  du  Fay  et  de  son  frère  Robert  de  Cobraiville, 
vendent  pour  mille  florins  carolus  la  seigneurie  de  Cobréville  à  leur 
cousin  Jean  et  à  son  épouse  Anne  Collignon  Clauss  (2). 

Mort  le  11  juin  1579,  Jean  de  Cobréville  avait  eu  de  sa  femme  Anne 
quatre  enfants,  au  moins,  dont  nous  citerons  seulement  ici  :  Jean,  né  vers 
1547,  l'adversaire  de  Robert  de  Vaux  en  1568,  qui  épousa  en  1576  Marie 
de  Liefveld,  et  Catherine,  qui  devint  la  femme  de  Henri  de  Humyn  ou 
Humin,  homme  de  la  Salle,  lieutenant  prévôt  de  Bastogne,  mort  avant 
1606.  Des  enfants  issus  de  ce  mariage,  Claude  (1581-1639)  poursuivit  la 
descendance,  par  son  fils  Henri-Othon  (mort  en  1675,  semble-t-il)  et 
son  petit-fils  Claude-François  (1675-1735)  :  ainsi  s'explique  l'inscription 
de  «  Humain,  pour  Cobréville  »  parmi  les  décimateurs  de  Noville  en  1665 
et  1669. 


Les  Kevsers  dits  Magettes  cités  parmi  les  mêmes  décimateurs  se  rat- 
tachent évidemment  à  Magett  du  Maigny,  veuve  de  Jean  Keiser,  de 
Bastogne,  qui  déposa  dans  le  procès  Cobréville-Vaux,  le  9  mars  1570. 

Quant  à  Madame  de  Jupillc,  mentionnée  en  1665  comme  ayant  droit 
à  une  part  de  dîme  à  Noville,  elle  appartenait  sans  aucun  doute  à  la 
famille  Rulfignon,  que  nous  avons  déjà  rencontrée  à  diverses  reprises. 


La  Seigneurie  de  Laval  de  1387  à  la  Révolution  française 

Le  l^""  mai  1422,  Jehan  de  Dourlers,  écuyer,  mambour  d'Everard  de 
Doiirlers,  son  fils,  engendré  en  demoiselle  Jehenne,  »  fille  de  messire 
Gérard  de  Bastoingne,  chevalier,  relève  le  château  et  la  seigneurie  de 


(1)  Reg.  de  la  Salle  de  Bastogne,  1546,  1547,  1.5.50. 

(2)  Comm.  Lux.,  IV,  p.  573  ;  Mathieu  y  est  appelé  erroncment  de  Lohhettc,  erreur  qui  se 
retrouve  dans  la  généalogie  des  Cobréville  donnée  dans  le  Liure  d'or  de  la  Noblesse 
Luxembourgeoise ,  par  de  Kessel  (1869).  C'est  par  erreur  également  que  ces  deux  ouvrages 
appellent  Jean  Aubert  le  mari  d'Anne  Collignon  Clauss  :  il  n'a  jamais  porté  le  second 
prénom. 


—  122  — 

Loverval  (canton  actuel  de  Châtelet),  en  vertu  du  testament  de  Messire 
Engelbiert  {\\)  de  la  Marche;  Englebert  de  la  Marche,  ou  de  Louver- 
viaulx,  chevalier,  avait  relevé  cette  terre,  de  l'évèque  de  Liège,  en  i;>90 
et  en  1  WO. 

Le  9  janvier  l  WG,  Everard,  fils  de  Jehan  de  Donrlers,  effectua  lui-même 
le  relief,  avant  sans  doute,  alors,  atteint  sa  majorité.  Onze  ans  après, 
Loverval  appartenait  à  «  Demoiselle  Margrite  d'Ourleys,  fille  de  Jehan, 
écuver  »,  qui  releva  la  seigneurie  le  24  janvier  1437,  après  avoir  purgé 
une  saisie  opérée  sur  son  frère  Everard  de  Dourlers,  saisie  en  suite  de 
laquelle  le  créancier  avait  transporté  la  terre  entre  les  mains  du  prince 
le  22  novembre  1436.  Plus  tard,  Loverval  passa  aux  de  Marbais  :  le 
30  mars  14(i<S,  Gérard  de  ]\Iarbais  (déjà  cité  le  4  mars  1460),  sire  de 
Loverval,  est  désigné  comme  mambour  par  son  neveu,  Antoine,  fils  de 
feu  messire  Jehan  de  Marbais,  lors  du  relief  de  la  terre  de  ce  nom  ;  le 
23  février  1501,  Philippe  de  Merbaize,  écuver,  relève  Loverval,  par  suite 
du  décès  de  son  père  Gérard  (1).  Les  Marbais  se  rattachent-ils  aux 
d'Orle}^,  et  plus  spécialement  à  Marguerite?  Je  ne  saurais  le  dire.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Marguerite,  l'une  des  filles  de  Jean  II  d'Orley  signalées  par 
moi,  sans  que  j'en  connusse  les  prénoms,  reparaît  plus  tard,  avec  son 
frère  Englebert,  à  propos  d'un  procès  concernant  une  terre  de  la  Vaselle. 

Les  6  et  7  juin  1476,  Gilles  de  Busleiden,  conseiller  du  duc  de  Bour- 
gogne et  de  Luxembourg,  assisté  de  Jean  Hussman,  clerc-juré  de  la  pré- 
vôté d'Arlon,  procéda  à  une  enquête  à  Bastogne,  en  vertu  de  lettres- 
patentes  du  24  janvier  1476  (n.  st.)  et  à  la  requête  de  Maître  Henri 
Hocklin  (ou  Hoecklin)^  secrétaire  et  greffier  du  duc  à  Luxembourg;  il 
s'agissait  d'un  procès  alors  pendant  pardevant  le  parlement  de  Malines, 
entre  ledit  Henri,  impétrant,  demandeur,  et  Messire  Engelbert  d'Ourley, 
chevalier,  défendeur,  «  touchant  la  place,  terre  et  seignorie  de  la  Vaselle, 
prévosté  de  Bastoingne  »  (2). 


(1)  St.  Bormans,  Seigneuries  féodales  de  Liège  (Bull.  Inst.  arch.  Liégeois,  1870,  pp.  323 
et  324);  Les  fiefs  du  Comté  de  Namur,  1876,  pp.  317  et  324.  Un  Gérard  de  Marbais  est  cité 
le  1.")  mai  1423;  le  4  avril  1443,  Gérard  de  Marbais  était  père  de  l'épouse  de  Jean,  bâtard 
de  Hiiverece ;  le  12  juillet  1487  est  mentionné  (iérard  de  M.,  écuyer  {Namur,  pp.  247,  290 
et  360). 

D'après  de  Kessel,  Gérard  de  Marbais,  sgr.  de  Loverval,  etc.,  mort  le  10  janvier  1485, 
épousa  avant  janvier  1440  Laurence  de  ï'Serclaes,  décédée  le  10  octobre  1473,  fille 
d'Everard  et  de  Catherine  Taye;  il  en  eut,  entre  autres,  un  fils,  Gérard,  cité  en  1492  et 
père  de  trois  enfants,  dont  Philippe,  sire  de  Loverval  à  partir  de  1501  (Hist.  de  la  maison 
de  Marbais,  dans  Ann...  de  Namur,  t.  12,  1873,  pp.  273-276). 

(2)  Les  témoins  entendus  furent  :  Jehan  de  Ronduy,  âgé  de  58  ans;  Jehan  de  Haharuy, 
écuyer  (60  ans)  ;  Jehan  Katelyne,  bourgeois,  demeurant  à />'(25to>/o^«e  (60  ans);  Thiry  de 
HoflTert  (62  ans),  sergent  du  duc  en  la  prévôté  de  Bastogne;  Hanry,  maire  de  La  Vaselle 
(54  ans)  ;  Jehan  le  Waille  (50  ans),  Jehan  Beautris  (65  ans),  Gerlach  de  Rendu  (56  ans), 
ces  trois  échevins  de  Bastogne;  Henry  Maistre  Piere  (60  ans);  Colin  Pescheur,  bourgeois, 
demeurant  à  Bastogne  (50  ans),  précédemment  clerc -jure  du  duc  en  cette  ville. 


—  123  — 

Il  résulte  des  témoignages  produits  qu'environ  deux  ans  avant  que 
commençât  la  guerre  de  Liège,  —  vers  1465^  donc  —  Pierre,  bâtard  de 
Weymes,  transporta  à  un  certain  Jean  de  CAervaid,  par  devant  les  prévôt 
et  hommes  de  Bastogne,  «  tout  le  droit  et  action  qu'il  avoit  et  povoit 
avoir  sur  la  terre  et  s"'-  de  la  Vaselle  »,  en  lui  remettant  toutes  les  lettres 
qu'il  avait  concernant  cette  terre.  Le  transport  effectué,  Jean  «  ensuivant 
»  le  contenu  de  ses  lettres^  par  deffaulte  de  rente  annuelle  contenues 
»  es  dictes  lettres,  non  payez^  se  fist  mettre  et  conduire  par  le  dict  prévost, 
»  selon  la  coustume  du  lieu,  es  dictes  place,  terre  et  s"-^  de  la  Vaselle^ 
»  avec  ses  appartenances;  à  quoy  feu  Ulrich  Dachs,  prédécesseur  dudict 
»  maistre  Henry,  s'opposa  en  vertu  de  certaines  lettres  qu'il  avoit  et  qu'il 
»  prétendoit  précéder  celles  dudict  Pierre...  et  par  lui  transporté  au  dict 
»  Jehan  de  Clervaul  ».  Saisis  du  différend,  les  dits  prévôt  et  hommes 
féodaux  jugèrent  que  «  les  lettres  exhibez  par  Jehan  de  Clervaul 
»  dévoient  précéder  celles  dudict  Ulry,  pour  ce  qu'ellez  estoient  d'ante 
»  datte  ». 

Ainsi  débouté,  Ulry  en  appela  au  conseil  de  Luxembourg,  qui  ne  fit 
que  confirmer  la  sentence  de  Bastogne.  Par  la  suite,  Henry  Hoecklin, 
successeur  de  feu  Ulry,  conclut  avec  Jean  de  Clervaulx  un  accord  aux 
termes  duquel  celui-ci  lui  céda  tous  les  droits  qu'il  avait  sur  la  Vaselle, 
en  vertu  de  ladite  sentence  ;  Henri  fut  donc  «  mis  et  conduit  en  la  réelle 
»  et  actuelle  possession  d'icelle  terre  et  seignorie^  et  luy  firent  les  bonnes 
»  gens  d'icelle  terre  l'obéissance  en  tel  cas  accoustumé  ».  Tout  semblait 
arrangé,  donc  :  il  n'en  était  rien,  toutefois,  et  Ènglebert  d'Orley  rentra  en 
scène,  «  en  vertu  de  certaines  lettres  patentes  de  don  qu'il  avoit  obtenu 
»  de  monseigneur  le  duc,  de  ce  qu'il  disoit  et  maintenoit  le  droit  que 
»  Pierre  bastard  de  Wymes  avoit  sur  ladicte  terre  et  seignorie  de  la 
»  Vaselle  (qu'il  avoit  trasporté  audict  Jehan  de  Clervaulx),  estoit  con- 
»  fisqué  à  mon  dict  seigneur,  pour  ce  que  ledict  Pierre  de  Wymes  avoit 
»  tenu  et  tenoit  partie  contraire  de  mon  seigneur  le  duc  en  la  guerre  de 
»  Liège  ». 

En  conséquence,  Englebert  fut  mis  par  le  prévôt  de  Bastogne  en  la 
possession  et  jouissance  de  la  dite  terre  et  seigneurie,  mais  Henri  «  alla  à 
»  provision  devers  monseigneur  le  duc,  duquel  il  obtint  autres  sez  lettres, 
»  en  vertu  desquelles  il  fut  depuis  remis  en  sa  dicte  possession^  par  le 
»  dict  prévost  comme  exécuteur  desdictes  lettres.  Ce  non  obstant,  icelui 
»  messire  Englebert  a  depuis  aucune  fois  prins  ou  faict  prendre,  iceillier 
»  et  lever  les  dictes  rentes  et  revenues  d'icelle  terre,  contre  le  gré  et 
»  volunté  du  dict  maistre  Henry  »  (1). 


(1)  Un  autre  témoin  dit  qii'Englebert,  ayant  obtenu  les  patentes  de  révocation,  «  de 
»  son  auctorité  se  boutta...  en  ladite  terre...  print  et  leva  les  prouffis  venant  d'icelle  et 
»  dont  le  dict  maistre  Henry  avoit  esté  en  possession  »,  ce  qui  obligea  ce  dernier  à  récla- 
mer d'autres  lettres  du  duc,  qu'il  obtint,  mais  auxquelles  Englebert  n'obtempéra;  d'où 
le  procès  devant  le  parlement. 


—  124  — 

En  dehors  de  ces  renseignements  généraux,  quelques  détails  sont  à 
relever  dans  les  différentes  dépositions.  C'est  ainsi  que  Jean  de  Habaru 
déclara  n'avoir  «  onques  oy  dire  ne  entendu  que  Piere  de  Weymes  ait 
^■^  tenu  partie  contraire  de  monseigneur  le  duc,  en  la  guerre  de  Liège  ne 
»  autrement  »;  de  même,  Thiry  de  Hotfert  déposa  n'avoir  «  oncques  sceu 
>-v  ne  entendu  que  Piere  se  soit  meslée  de  la  guerre  de  Liège,  ne  fait  ou 
»  tenu  partie  contraire  de  monseigneur,  en  manière  quelconque  ». 

Jean  Katelvne  rapporte  qu'il  avait  été  commis  par  Henri  Hoecklin 
«  pour  son  maire  et  oriicier  de  la  place,  terre  et  s^"  de  la  Vaselle,  pour 
»  lever  ses  rentes  et  revenues,  et  pour  ce  que  ledict  Messire  Engelbert 
»  d'Orley  et  damoiselle  Marguerite,  sa  seure,  en  furent  malcontent  de  la 
»  charge  qu'icelui  déposant  avoit  prins  contre  eulx,  se  désista  et  desporta 
»  de  la  dicte  charge  ». 

Cette  enquête  (I)  est  malheureusement  la  seule  pièce  que  j'aie  trouvée 
pour  ce  procès,  dont  j'ignore  l'issue.  Nous  y  retrouvons  divers  person- 
nages déjà  rencontrés  précédemment  :  c'est  ainsi  qu'en  1449  nous  avons 
vu  Jean  II  d'Orley,  sa  femme  et  leur  fils  Everard  assigner  à  Pierre, 
bâtard  de  Weismes,  en  garantie  d'un  prêt  de  50  û.,  leurs  cens  et  rentes 
de  Vaulx ;  d'autre  part,  Englebert  d'Orley  prie,  en  1493,  Henri  Hucke- 
lin,  successeur,  et  Sohier  Dachs,  fils  de  feu  Ulrich,  de  se  dessaisir  de  cer- 
tains documents  remis  autrefois,  par  Englebert  et  ses  consorts,  à  Ulrich 
Dachs. 

Evidemment,  cette  assignation  de  1449  et  cette  demande  d'Englebert 
d'Orley  en  1493  doivent  se  rapporter  à  la  même  affaire  que  l'enquête  de 
1476,  seulement  une  chose  frappe  immédiatement  :  l'acte  de  1449  parle 
d'une  assignation,  faite  au  bâtard  de  Weismes,  des  cens  et  rentes  des 
Orley  à  Vaulx  (Laval),  alors  qu'il  n'est  question,  dans  l'enquête  de  1476, 
que  des  droits  du  même  bâtard  sur  les  rentes  et  revenus  des  «  place, 
terre  et  seigneurie  de  la  Vaselle,  prévosté  de  Bastoingne.  »  Cependant, 
l'intervention  d'Englebert  d'Orley  prouve  bien  qu'il  doit  s'agir  de  la 
même  seigneurie. 

Nous  devrions  en  conclure  que  la  terre  de  Laval  tu  été,  momentanément 
au  moins,  appelée  «  seigneurie  de  la  Vaselle.  »  La  constatation  est  faite 
pour  nous  surprendre,  car  Lavaselle,  au  sud-est  de  Rechrival,  actuellement 
dépendance  de  Sibret,  n'est  pas  renseignée  comme  ayant  fait  partie  de  la 
seigneurie  de  Laval.  Au  dénombrement  de  juillet  1469,  La  Vazalle 
figure,  avec  4  maisons  (dont  3  de  bourgeois  et  1  taillable),  dans  la  mairie 
de  Loupv;lle  (Loville);  en  lrt23,  Vazalle  est  mentionnée  dans  la  même 
mairie;  le  19  février  1672,  le  gouvernement  éclisse   de   la  prévôté  de 


(I)  Elle  est  consignée  dans  un  cahier  conservé  dans  la  première  liasse  des  procès  d'appel 
de  Lu.\i  nibourg  à  Malines  (Arch.  gcn.  du  Royaume). 


—  125  — 

Bastogjie  Magery,  Magerotte,  Houmont,  Lavasselle  et  Pinsamont,  pour 
les  céder  avec  haute,  moyenne  et  basse  justice,  à  Gilles  de  Mozet;  les 
successeurs  de  celui-ci  citent  désormais  La  Vase  lie  (1759)  ou  La  Vazelle 
(1761)  dans  leurs  dénombrements  de  la  seigneurie  de  Magery. 

Faisant  partie  de  la  paroisse  de  Mande  Sainte-Marie,  Vacelle  compre- 
nait en  17(56,  8  maisons,  15  laboureurs,  un  meunier;  en  1794,  Lavaselle 
est  signalée  avec  8  maisons  et  5  laboureurs;  en  1821,  dépendant  de  la 
commune  de  Mande  Sainte-Marie,  elle  avait  42  habitants;  en  1895, 
11  maisons  et  65  habitants  (1).  C'était  là  une  localité  de  bien  minime 
importance  et  l'on  s'étonne  de  la  voir  qualifier,  dans  l'enquête  de  1476, 
de  «  place,  terre  et  seignorie  »,  termes  qui  ne  s'appliquaient  guère  qu'à 
un  château,  siège  d'une  seigneurie. 

Le  doute  n'est  plus  possible,  cependant,  si  nous  consultons  les  dénom- 
brements de  feux  de  la  prévôté  de  Bastogne  :  alors  qu'en  1495,  La 
Vasselle  y  figure  dans  la  prévôté  en  général,  en  1500,  La  Vazelle  apparaît 
à  la  fois  dans  la  mairie  de  Loiiville  et  comme  «  seigneurie  de  la  Wazelle  », 
comprenant  Rommaingne,  Richerval  et  Chisonne  ;  en  1525,  même 
situation.  En  1528,  nous  trouvons  encore  La  Waselle  sous  la  mairie  de 
Louzville,  tandis  que  parmi  les  seigneuries  dépendant  du  prévôt  de 
Bastogne,  est  citée  «  la  singnorie  de  la  Wazelle,  asscavoir  Rernagne, 
Rechervalx  et  Chison  »/  en  1541,  La  Vauselle  est  renseignée  sous  la 
mairie  de  Louville,  mais  dans  la  liste  des  «  seigneuries  estans  soubz  la 
prévosté  »  figure  la  seigneurie  del  Vaiilx,  avec  Rechrival,  Chysonge  et 
Romain ge  ;  de  même  en  1561  et  1574  :  Le  Vazelle  sous  la  mairie, 
seigneurie  del  Vaiilx  sous  la  prévôté  (2). 

La  Vaselle  a  donc  donné  son  nom  à  la  seigneurie  de  Laval  de  1476  à 
1528.  Nous  aurions  pu  considérer  La  Vaselle  comme  étant  la  traduction 
wallonne  de  die  Vais,  Terivaez,  Vaes,  Vaysse,  Faesse,  si  nous  n'avions 
pas  rencontré  les  formes  romanes  Vaux,  la  Vaulx  et  Vaulz,  de  1446 
à  1464  (3).  Comment  expliquer  ce  fait  curieux?  Je  ne  suis  pas  en  mesure 
d'apporter  la  solution  de  l'énigme  :  tout  au  plus,  pourrait-on  supposer  que 
pendant  un  temps  les  seigneurs  de  Laval  auront  abandonné  leur  manoir 
ancestral,  si  éprouvé  par  le  siège  de  1413,  pour  aller  habiter  La  Vaselle. 


(1)  Arch.  de  Clervaux,  n°  1257,  p.  267;  Neyen,  Hist.  de  Bastogne,  p.  187;  Tandel,  I, 
153,  160  ;  IV,  19,  604,  605,  629,  671  ;  VI,  1424,  1478,  etc. 

(2)  Chambre  des  Comptes,  Reg.  45743  et  15906;  acquits,  3357  ;  reg.  703,  712  et  718. 

(3)  Lavasselle,  dit  le  bon  Prat  (Tandel,  IV,  p.  605),  signifie  «  salle  de  la  va,  ou  cella 
vallis,  petite  habitation  dans  la  vallée  »  ;  l'explication  est  plausible,  car  deux  abbayes  de 
Vaiicelles,  sises,  l'une  près  de  Marcoing,  sur  l'Escaut,  l'autre  dans  l'ancien  diocèse  d'Apt, 
s'appelaient  en  latin  Vallis  cella.  Nous  avons  en  Belgique  un  Vaucelle  sous  Buvrinnes 
(Hainaut)  et  un  Fiz?i!c^//^5  dans  le  canton  de  Philippeville  (in  VacelUs  en  J214,  Vacelle  et 

Vacelles  en  1330). 

0 


—  126  — 

Pour  en  finir  avec  Englebert  d'Orley,  ajoutons  que  d'une  note  fournie 
par  M.  le  chanoine  Roland,  il  résulte  que  son  épouse,  Marie  du  Pont, 
était  fille  unique  de  Jean  du  Pont,  lieutenant-mayeur  et  échevin  de 
Namur  (143I-14U),  bailli  de  Bouvignes  (1441-1459),  et  d'Agnès  Maufroy, 
et  veuve  en  premières  noces  de  Gilles  Nyclaux  (1441),  lieutenant-mayeur 
de  Namur^  et  en  deuxièmes  d'Etienne  Lamistant;  elle  mourut  vers  1468. 
Le  gendre  d'Englebert,  Michel  de  Berlaimont,  sgr.  de  Floyon,  lui 
succéda  comme  bailli  de  Bouvignes,  charge  qu'il  occupait  en  1491  (1). 


Je  me  suis  étonné,  précédemment,  de  voir  en  1548  les  Metzenhausen 
posséder  Remagne  en  indivision  avec  les  successeurs  de  Clément  d'Orley, 
malgré  le  partage  effectué  en  avril  '1532,  à  Arlon,  entre  Clément  et 
Thierri  de  Metzenhausen.  L'analyse  que  j'ai  prise  de  cet  acte  semble 
cependant  formelle  :  Clément  obtint  les  trois  quarts  du  château  et  de  la 
seigneurie  de  Linster;  le  moulin  de  Richeval;  des  cens  et  rentes  à 
Feulen;  des  dîmes  à  Setrich,  Helsing,  Luehshxissen,  etc.;  de  plus,  les 
biens  «  zur  Vaes,  Ramong,  Burtzich,  Alemont  »;  le  Châtelet,  etc. 

D'autre  part,  ce  n'est  qu'un  quart  de  dîmes  et  non  un  quart  de  seigneurie 
que  les  Metzenhausen  possédèrent  à  Remagne. 

Dès  le  3  novembre  1533,  Thierri  de  Metzenhausen,  sgr.  à  Waldeck  et 
à  Linster,  donnant  le  dénombrement  de  ses  fiefs  luxembourgeois,  range 
parmi  les  châteaux,  seigneuries  et  biens  de  la  famille  {stamb)  d'Orley, 
possédés  en  indivis  avec  Clément  d'Orley  :  le  quart  de  la  dîme  de  Hachi- 
ville  et  de  ses  dépendances,  le  quart  de  la  dîme  de  Remagne  et  de  ses 
dépendances  (zu  Ramonge  in  ivelschenn  lanndenn,  bv  SaJicl  Hupricht, 
mit  synem  zudehoir  zu  Merchy  wind  Josterfelt),  la  collation  de  la  cure 
de  Diekirch  (2).  Ces  droits  reparaissent  dans  le  dénombrement  de  janvier 
1548,  ainsi  que  dans  le  relief  effectué  le  10  mai  1571,  par  Henri  de 
Metzenhausen,  fils  de  Thierri  (2). 

Laval  ne  figure  pas  du  tout  dans  ces  dénombrements,  et  cependant  en 
1534  déjà,  Clément  d'Orley  ne  possédait  que  la  moitié  de  cette  terre  :  le 
10  novembre  1534,  il  reconnut  tenir  du  Souverain,  à  cause  du  duché  de 
Luxembourg,  entre  autres  fiefs  :  les  trois-quarts  du  château  et  de  la 
seigneurie  de  Linster...  ;  la  moitié  du  château  et  de  la  seigneurie  de  Laval, 
avec  la  haute-justice  de  Rechrival,  le  moulin  et  d'autres  dépendances,  la 


(1)  Ann.  de  la  Soc,  Arch.  de  Nmnur,  t.  25  (1905),  p.  75. 

(2)  Arch.  du  Gouv.  Luxbg.,  aveux  et  dénombr.  de  fiefs. 


—  127  — 

haute-justice  à  Remagne,  le  moulin  en  ce  lieu,  etc.  (1);  à  Diekirch,  le 
droit  de  collation  et  un  tiers  dans  les  dimes  en  ce  lieu,  à  Bastendorf, 
Michelau,  Erpeldange  et  Gilsdorf,  dépendant  de  Laval  («  hurt  zu  der 
Fais  »)  f2). 

Cette  même  moitié  du  château  et  de  la  seigneurie  de  Laval,  avec  haute- 
justice  à  Rechrival,  moulin  et  autres  dépendances,  haute-justice  et  moulin 
à  Remagne,  figurent  encore,  le  30  avril  1556,  dans  le  dénombrement 
présenté  au  gouverneur  du  duché  par  Bernard  d'Orley  et  Oswald  von 
der  Feltz  (comme  mari  de  Catherine  d'Orley),  tous  deux  seigneurs  à 
Linster  et  à  Meysembourg  (•"^). 

C'est  donc  seulement  après  avril  1556  que  Laval  fut  complètement 
aliéné  par  les  descendants  de  Julienne  de  Welchenhausen  (4). 


IV.  —  Les  Rapports  de  Laval  avec  la  Famille 
de  Welchenhausen 

Les  Origines  de  Laval 

Si  nous  voulons  tenter  de  reconstituer  l'histoire  de  Laval  avant  1387, 
époque  où  cette  terre  appartenait  à  Julienne  de  Welchenhausen,  nous 
nous  trouvons  dès  les  premières  recherches  en  présence   d'une  réelle 


(1)  «  Dass  halb  schloss  und  halbe  herschafft  zu  der  Faiss,  mit  dem  hup;ericht  Ritscho- 
»  ressa,  die  mullen  und  anderen  eyrrem  zubeliure  und  das  hogericht  zu  Romaingen,  mit 
»  sinem  zubehure  und  die  mullen  daselbst  und  etlich  eyrlien  (  =  eyghen)  mannen  und 
»  andere  lude,  mit  wiessenn,  zienssen  und  andere  gelt,  frucht,  cappen  und  hunner; 
^>  dhintt  mir  jars  zu  gelde  geprufl't  ain  beyden  eynden  zu  Faiss  und  Romaingen  ain  dey 
»  19  gulden  und  ain  frucht  9  mutthe  korrenn  und  7  1/2  mutthe  hafFer,  me  ader  mynner, 
»  nach  dem  jare  ganck  ;  hev  uss  hait  Johain  vain  Habarue  jairss  5  gulden  zu  leyhenn  ». 

(2)  Arch.  Gouv.  Lux.,  Av.  et  dén.  de  fiefs. 

(3)  Même  collection. 

(4)  Le  dénombrement  fourni  le  1<""  mai  1599  par  François-Christophe  de  Gondersdorf, 
seigneur  de  Linster,  mari  d'Anne-Catherine  d'Orley,  ne  renseigne. plus  rien  à  Laval  et  à 
Remagne. 

Il  est  à  remarquer  que  Bernard  d'Orley,  vers  1493,  ne  mentionnait  également  (de  même 
que  son  fils  Clément  en  1.534  et  ses  petits-enfants  en  1556)  qu'««t'  moitié  de  Laval;  peut- 
être  n'y  a-t-il  là  qu'une  erreur  semblable  à  celles  que  l'on  rencontre  assez  souA^ent  dans 
les  dénombrements,  copiés  les  uns  sur  les  autres  par  des  scribes  distraits;  peut-être, 
aussi,  la  chose  peut-elle  s'expliquer  par  l'cngagère  de  l'autre  moitié. 


—  128  — . 

diflîculté  :  l'existence  dans  la  région  de  Laval  de  plusieurs  Lavaux  ou 
Vaux  :  Lavaux  près  d'Assenois  (La  Vaulx  leez  Habarii,  en  1485); 
Lavaux-lez-Hives  (1);  Vaux-lez-Houifalize,  dépendant  actuellement  de 
Cherain  ;  Vaux-lez-Rosières  (La  Vaulx  lez  Rosière,  en  1659),  dépendant 
de  Xives  ;  Vaux-lez-Chéne,  dépendant  d'Ebly  ;  et  Vaux-lez-Bourcy, 
dépendant  de  Noville  (Vaux  desoiibz  Noville,  en  1481). 

La  dîme  de  Vaux-lez-Houffalize  a  fait  l'objet,  sous  les  noms  de  Vauz, 
Vans,  Vaux  juxta  Cheren,  de  différentes  chartes  du  cartulaire  de 
Houffalize,  des  XIir"<^  et  XIV«^  siècles.  Quant  à  Vaux-lez-Rosières,  on  la 
rencontre  à  diverses  reprises,  parmi  les  possessions  de  la  famille  de 
Cobréville. 

En  dehors  de  ces  mentions,  dont  l'identification  n'est  pas  difficile, 
nous  en  rencontrons  d'autres,  au  XIII™«  et  au  XIV™^  siècle,  toujours  dans 
la  contrée  de  Bastogne,  qu'il  est  assez  malaisé  de  rapporter  à  telle  ou 
telle  localité  ;  pour  arriver  à  quelque  certitude  dans  cette  attribution,  il 
est  nécessaire  d'envisager  l'ensemble  de  ces  citations. 

Notons-les  donc,  dans  l'ordre  chronologique. 


Différents  personnages  apparaissant,  dans  la  région, 
aux  XI II'^'^  et  XI V'^"  siècles,  sous  les  noms  de  Vaux,  de  la  Vaux,  de  la  Val 

Le  10  janvier  1238,  dimanche  après  l'épiphanie  1237  (v.  st.),  Ermesinde, 
comtesse  de  Luxembourg  et  de  La  Roche,  fait  savoir  que  sire  Henri  de 
Vaux  et  son  épouse,  dame  Elisabeth  (dominus  Heiiricus  de  Vaus  et 
domi7ia  Elizabeth,  uxor  ejus),  ont  donné  aux  religieux  de  Houffalize  le 
sixième  de  la  grande  dîme  et  le  tiers  de  la  petite  qu'ils  avaient  à  Xives 
(in  villa  de  Nievres)  (2). 

En  juin  1244,  Robert,  évêque  de  Liège,  confirmant  les  acquisitions 
faites  par  les  religieux  de  la  maison  dite  de  Angulo  Dei,  juxta  Huf alise, 
mentionne  en  premier  lieu  la  sixième  partie  des  dîmes  de  Xives,  acquise 
de  Henri  chevalier  de  Vaux  et  de  ses  fils  :  ex  empcione  et  collacione 
Henrici  viilitis  de  Wauz{y2X.  :  Waus)  siiorumque filiorum  sextam  partent 
décime  majoris  parrochie  de  Niervlez  (var.  :  Nierves)  et  eam  itidem  por- 
cionem  quam  percipiebat  in  minori  décima  parrochie  ejusdem  ex  empcione 
et  collacione  Johannis  militis  de  Coponia,  Godefridi,  Alardi  fratris  ejus  de 
Velruel  {\a.r.  :  Velleroit)  suor unique  cojnparticipum...  (3). 


(1)  En  février  1 400,  Lambotet  del  Vaz  était  homme  de  fief  de  la  cour  de  Hives  (Goffinet, 
Clairefontaine ,  1877,  p.  194). 

(2)  Cart.  de  Houffalize,  fol.  34  %'». 

(3)  Cart.  de  Houflfalize,  fol.  8  et  20. 


—  129  — 

Le  18  septembre  1289,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  Loirens  de  Vaus^ 
chevaliers,  approuve,  comme  seigneur  féodal,  le  don  que  Thomas  de 
Noville  et  sa  femme  avaient  fait  aux  religieux  de  Houffalize  de  dîmes  et 
cens  en  la  paroisse  de  Bœur  et  relève  le  monastère  de  tout  hommage  ou 
service  dû  pour  ce  fief;  quelques  jours  après,  le  24  septembre  (le  samedi 
après  le  feste  sainte  Mathieu  l'apostle),  Lorens  de  Vans,  chevalier,  fait 
savoir  que  c'est  de  son  assentiment  que  mes  sires  Frankes  de  Basto?ig?ie, 
chevaliers,  a  donné  aux  frères  de  la  maison  Ste  Catherine  de  Houffalize, 
4  sols  treversai?is  de  cens  et  2  fnuis  d'avaine  à  le  demenge  mesure  et  3 
gélines  annuellement,  revenus  qu'il  tenait  de  lui  en  fief;  Laurent  dispense 
les  religieux  de  l'hommage  et  du  service  que  mes  sires  Frankes  lui  devait 
de  ce  chef.  A  la  requête  de  mon  signenr  Lorent,  Lambert  de  Viler,  prévôt 
de  la  Roche-en-Ardenne^  scelle  la  charte  (  l). 

Laurent  est  inscrit  dans  l'obituaire  de  Houffalize,  au  mois  de  novembre, 
avec  la  commémoration  suivante  :  «  Ann.  domini  Laurencii  de  Vauz, 
»  militis,  pro  quo  habemus  quartam  decimamp  artem  in  una  parte  tercia 
»  décime  de  Velreuz  ». 

En  1293,  nous  rencontrons  les  noms  de  La  Val  et  de  le  Val  dans  l'in- 
téressant relevé  des  feudataires  de  Mirwart.  Cette  liste  renseigne,  en 
effet,  deux,  ou  même  trois  personnages  de  ce  nom  :  1)  «  Ly  fins 
»  mon  signeur  Jehan  Wajjfîart  de  la  Val  est  hom  mon  signeur  de 
»  Mirewaut  :  s'en  tient  quankes  il  a  la  Val  et  cou  k'il  tient  en  la  deime 
»  de  Bollei...  -1)  Jehans  de  la  F^/ est  hom  mon  signeur  de  Mirewaut; 
»  s'en  tient  cou  k'il  a  Masebourch  de  mon  signeur  et  cou  ke  c'on  tient 
»  de  celui-ci  en  celé  meismes  ville  de  mon  signeur  »...  3)  Thiebaus  de  le 
Val,  cité  sans  indication  de  fief  (2). 

Le  4  septembre  1303,  Thiebaus  k'on  dist  délie  Vans,  maire  de  Wellin, 
fait  connaître  un  accord  qu'il  a  conclu  avec  l'abbaye  de  Stavelot  au  sujet 
des  amendes  et  de  la  nomination  du  doyen  et  du  chairier  à  Wellin  ;  son 
frère  Jaket  est  cité  parmi  les  témoins  ;  le  sceau  de  Thibaut  porte  un  écu 
à  deux  léopards,  rangés  en  pal  (3). 

Le  13  octobre  1311,  à  l'occasion  d'une  enquête,  provoquée  par  les  reli- 
gieux de  Stavelot,  sur  le  droit  de  mortemain  au  ban  de  Wellin,  les 
témoins  vinrent  déclarer  que  la  mortemain  fut  levée  en  ce  ban  par  le 
père  de  Thiebaus  de  le  Vaus,  pour  lui  et  pour  Stavelot,  puis  par  le  père 


(1)  Cart.  de  Houffalize,  fol.  34  v°. 

(2)  Arch.  génér.  du  Royaume,  Cart.  de  Luxembourg  n"  20,  ïï.  17,  17  v»  et  19.  Cf.  Devil- 
1ers,  Monuments  pour  servir ...,  t.  III,  pp.  545-547. 

(3)  Halkin  et  Roland,  Chartes  de  l'abbaye  de  Siavelot-Malviedy,  II,  p.  118,  d'après  l'orig. 
à  Dùsseldorf  ;  il  reste  de  la  légende  du  sceau...  vt  de  vve..  in  (suivant  une  aimable  com- 
munication de  M.  Roland).  De  Raadt  se  trompe  lorsqu'il  qualifie  {Sccajix  armoriés,  t.  IV, 
p.  89)  Thibaut  de  «  maire  de  Vielsalm  », 


—  130  - 

du  comte  de  Luxembourtj  actuel.  Le  17  juillet  1328,  l'abbaye  et  Thibaus 
délie  Wïuz  s'accordent  avec  le  curé  de  Wellin,  au  sujet  des  dîmes  de  cette 
localité  (  l). 

Le  2  juin  13i7,  Wirote  de  Astenoy,  Ueutenans,  juessire  Jehan  de  Sconou, 
sire  del  Val,  chevalier,  en  la  prévosteit  de  Laroche,  déclare  que  l'écuyer 
Jean  de  Beaufort  a  engagé  à  Jean  Machon,  de  Bastogne,  11  schilling  de 
ses  revenus  annuels  en  la  cour  de  Boeur  (Bnry).  A  cette  déclaration 
assistent,  entre  autres  témoins  :  ...Godefrins  de  Recongne,  Lambekins  de 
Vaulz,  Jehan,  fiz  jadit  messire  Watier  de  Stembav,  chevalier  (2). 

Le  12  juin  1359,  lorsque  le  duc  Wenceslas  prêta,  en  sa  qualité  de  sei- 
gneur de  Mirwart,  foi  et  hommage  à  l'abbé  de  St-Hubert,  pour  la  vouerie 
du  monastère  et  ses  appartenances,  Jea7i  délie  Vaulle,  chevalier,  est  cité 
parmi  les  témoins  amenés  par  l'abbé  (3). 

Le  Lambekin  de  Vaulz  de  1347  eut,  entre  autres  enfants,  trois  fils  : 

1)  Arnould,  que  nous  allons  retrouver  plus  loin. 

2)  Henrion,  encore  connu  sous  le  nom  de  Henrion  de  Recogne,  localité 
où  il  alla  s'établir,  sans  doute. 

Les  11  décembre  1362  et  24  avril  1367,  nous  avons  rencontré  Henrions 
de  Recoingne  ou  de  Rocongne  remplissant  les  fonctions  de  lieutenant  du 
prévôt  d'Ardenne  ;  le  17  juin  1370,  Henrion  de  Recoigne  et  Ernult  de 
Vaulx,  son  frère,  sont  hommes  jugeables  du  duc  (4);  le  2  août  1370,  dans 
un  acte  passé  à  «  Novilhe,  en  la  mairie  de  Bourchy  »,  c'est  Henrion  de 
Vans  qui  est.  mentionné  comme  lieutenant  du  prévôt;  le  3Q  avril  1373, 
Ernoiil  de  Vauz  et  Henrion,  se  frère,  interviennent  en  qualité  d'hommes 
de  la  Salle  de  Bastogne  (5).  Le  10  février  1382,  nous  allons  le  voir,  appa- 
raissent He?irion  de  Recongne,  frère  Arnold  de  Vanlx,et  Malwatier ,  lour 
frère. 

Arnould  de  Recogne,  figurant  dans  un  acte  du  Cartulaire  Nothomb,  du 
ô  mars  1412,  me  paraît  devoir  être  considéré  comme  étant  le  fils  de 
Henrion. 

3)  Malwatier,  cité  le  10  février  1382^  et  que  je  crois  retrouver  dans  ce 
Mahvatier  de  Gyvry  figurant  comme  homme  jugeable  de  la  prévôté 
d'Ardenne  dans  un  acte  du  26  novembre  1387  (6). 


(1)  J.  Halkin  et  Roland,  op  cil.,  II,  pp.  I.ô5  et  180  (communication  de  M.  Roland). 

(2)  L.  Korth,  Das  Grdfl.  von  Mirbach'schc  Archiv  zii  Harjf,  1"  vol.,  Cologne,  1892,  n»  48, 
p.  67. 

(3)  Goffinet,  Notice  sur  Minvart  (Annales  d'Arlon,  t.  17,  1885,  p.  48). 

(4)  Cart.  de  Rachamps,  p.  651. 

(5)  Cart.  de  Houflfalize,  fF.  80  et  26. 

(6)  N.  van  Werveke,  Archives  de  Schuthourg,  n»  3  {Publ.  de  Ltix.,  t.  55,  1908). 


—  131  - 

Arnould  de  Vaux,  fils  de  Lambekin,  est  cité  le  24  avril  1367  {Eirnoul  de 
Vans)  et  le  30  avril  1373  (Ernoul  de  Vauz)  en  qualité  d'homme  jugeable 
de  la  Salle  de  Bastogne;  le  25  juin  1374  (Ermdde  Vans)  et  le  9  juillet  1375 
(Ernoiih  de  Vaus),  comme  homme  de  la  prévôté  de  Bastogne  ou 
d'Ardenne  (l). 

Le  10  février  1382,  Henri  de  Bastogne,  écuyer,  prévôt  d'Ardenne, 
déclare  que  pardevant  lui  et  les  hommes  jugeables,  saiges  et  honestes 
personnes  Arnotdd,  fis  Lamkin  de  Vaus,  et  Colard,  son  fis,  ont  déclaré 
qu'Ar?iold  de  Vaus,  jadis  lours  prédécessours  de  grand  temps  passeit, 
avait  laissé,  aux  religieux  de  Houffalize,  pour  le  salut  de  son  âme  et  pour 
fonder  son  anniversaire  annuel,  un  muid  de  blé  moitable,  mesure  de 
Bastogne,  moitié  seigle  et  moitié  avoine,  à  prendre  dans  sa  part  des 
dîmes  de  la  paroisse  de  Velroy,  part  qui  est  échue,  par  succession  de 
Lamkin  de  Vaulx,  audit  Arnold,  contre  ses  frères  et  serours.  Avec  son  fils 
Colignon,  il  agrée  cette  assignation. 

Parmi  les  hommes  jugeables  sont  mentionnés  saiges  et  honestes  per- 
sonnes Koynekin  de  Salme,  Henrion  de  Recongne  frère  Arnold  de  Vaulx, 
Malivatier ,  lour  frère,  et  d'autres  bonnes  gens  (2). 

La  donation  faite  par  le  premier  Arnould  de  Vaux  est  signalée  comme 
suit  dans  l'obituaire  du  monastère  de  Houffalize,  au  mois  de  mai  :  Anni- 
versariuni  Arnoldi  de  \auz,  armigeri,  pro  quo  habemus  umim  modixim 
partim  in  décima  parrochialis  (sic)  de  Velrou. 

Quant  à  Arnould  H,  il  vivait  encore,  semble-t-il,  le  18  avril  1393,  date 
à  laquelle  Fery  de  Brandeberch,  escuier,  donna  à  son  cher  et  bon  ami 
Arnold  de  Vaulx  et  à  ses  hoirs,  perpétuellement  et  héritablement,  une 
pièce  de  terre  desour  Blanchard  Prev  au  Conte  Molin  deleis  Baromey, 
audessous,  avec  l'autorisation  d'y  mener  de  l'eau  pour  en  faire  un  pré  (3). 

Le  Comte-Moulin  est  certainement  ce  «  molin  de  Vas  »  que  le  comte 
de  Luxembourg  possédait  en  1315  dans  la  mairie  de  Bourcy  (4),  et  ce 
Neuf-Moulin,  marqué  sur  les  cartes  sous  l'étang  de  Baromé,  au  nord  de 
Rachamps-lez-Noville  et  au  nord-est  de  Vaux;  l'étang  du  vivier  de 
Barosmé  ou  Baromé  est  mentionné,  les  13  juin  15(30  et  19  juin  1580,  dans 
des  actes  passés  devant  la  cour  de  Rachamps  (5). 

Outre  Colard  ou  Colignon,  que  nous  allons  encore  revoir  en  1419, 
Arnould  H  de  Vaux  paraît  avoir  eu  un  autre  fils,  Henselin  ou  Henzelin 
del  Vaulx,  homme  de  la  Salle  de  Bastogne  le  8  avril  1399  (6). 


(1)  Cart.  de  Houffalize,  ff.  53  v«,  26,  49  et  28. 

(2)  Cart.  de  Houffalize,  fol.  82  v°. 

(3)  Cart.  de  Houffalize,  f.  85. 

(4)  Urbar  publié  par  M.  van  Werveke,  p.  48. 

(5)  Cartul.  de  Rachamps,  pp.  337  et  391. 

(6)  Cart.  de  Houffalize,  ff,  44  et  45, 


—  132  — 

Le  10  août  lilO,  Henri  (VOurley,  seigneur  de  Beafort,  déclare  que  ses 
tnasuîvicrs,  inanans  et  siirséans  à  Alhoiiniont,  en  nostre  court  de  Buts, 
avaient  accensé  une  pièce  de  terre,  transformée  en  pré,  gisant  deleis  le 
Conte  Malin,  appelée  le  Nueff  Preit,  pour  30  noirs  tournois  par  an,accense 
et  pré  que  Colair  de  Vans  détenait  et  possédait  et  dont  il  avait  laissé  une 
moitié  à  Xotre-Dame  à  Corvant  et  l'autre  à  l'église  Sainte  Catherine  de 
Houffalize,  pour  fonder  des  anniversaires. 

Henri  approuve  cette  libéralité  (1). 

Pour  en  finir  avec  les  de  Vaux  ou  de  La  Vaux  ardennais  du  XI V'^  siècle, 
ajoutons  qu'un  Thibaud  del  Vanl  prit  part  à  la  bataille  de  Bâsweiler,  le 
22  août  1371,  dans  la  rotte  du  sire  d'Agimont;  il  y  fut  même  fait  prison- 
nier, et  en  1374,  Thibaud  van  der  Vanl  délivre  au  duc  Wenceslas  et  à  la 
duchesse  Jeanne  une  quittance  relative  à  l'indemnité  lui  versée  pour  la 
rançon  qu'il  avait  dû  fournir;  le  sceau  qu'il  apposa  à  cette  pièce  montre 
un  écu  de  vair,  eji  chevron  renversé,  an.  chevron  chargé  de  S  étoiles,  et  la 
légende  +  s  thiebavt  del  vavl  esc.  Ecu^^er  en  1374,  il  fut  créé 
chevalier  peu  après,  car  un  compte  de  1376-1377  l'appelle  Heer  Thiebaut 
van  der  Vanl  (2). 


La  Famille  de  Vaux-lez-Noville. 

Des  différentes  mentions  :  de  Vans,  de  Wauz,  de  la  Val,  délie  Vaux, 
del  Val,  de  Vaiclz,  etc.,  que  nous  avons  relevées  de  1244  à  1419,  y  en 
a-t-il  que  nous  puissions  rapporter  à  notre  Laval? 

Tout  d'abord,  la  plupart  semblent  devoir  concerner  la  maison  de  Vaux- 
lez-Noville  et  la  famille  qui  en  prit  le  nom.  C'est  le  cas,  je  crois,  pour  le 
chevalier  Henri  de  Vatcs  ou  Wauz,  le  donateur  de  1238;  pour  le  chevalier 
Laurent  de  Vaus,  de  1289;  pour  Arnould  I  de  Vaus  et  son  descendant 
Lambekin  de  Vanlz,  cité  en  1347  ;  pour  les  trois  fils  de  Lambekin  : 
Arnould  II  (1367-1393),  Henrion  de  Recogne  (1302-1373)  et  Malwatier 
(1382);  pour  le  fils  d'Arnould  II,  Colignon  ou  Colard  (1382-1419). 

Pour  les  deux  chevaliers  de  1238  et  1289,  mon  opinion  ou,  plutôt,  mon 


(1)  Cart.  de  Houffalize,  f.  85  :  voir  au  f.  85  v°  un  record  de  1462,  relatif  à  ce  don 
d'img  appeillé  Collart  de  Vaut.  —  L'original  de  l'acte  e.st  aux  archives  de  l'Etat  à  Arlon  ; 
cf.  dans  nos  Atinales,  t.  31  (1896),  p.  25,  une  analyse  appelant  le  donateur  «  Collard  de 
Bans  »,  avec  la  date  :  19  août  1408. 

(2)  de  Raadt,  Sceaux  arm.,  IV,  p.  89,  d'après  les  chartes  de  Brabant.  Le  même,  La 
Bataille  de  Bâsweiler  {A7in.  Soc.  Archéol.  Brux.,  t.  XI,  1897,  p.  282,  et  XVII,  1903,  p.  273). 


impression,  se  base  sur  des  considérations  d'ordre  géographique,  sur  la 
proximité  relative  de  Vaux-Noville  et  de  Compogne,  Vellereux  et  Bœur, 
mentionnés  dans  les  chartes  émanant  de  Henri  et  de  Laurent.  Pour 
Arnould  et  ses  successeurs,  je  crois  pouvoir  être  plus  affirmatif,  aussi  bien 
parce  qu'ils  gravitent  autour  de  la  Salle  de  Bastogne  (dont  un  siège  était 
réservé  en  1575,  comme  nous  allons  le  voir,  à  V aulx-lez-Bourcy)  qu'eu 
égard  aux  circonstances  dans  lesquelles  apparaissent  les  premiers  person- 
nages se  rattachant  indubitablement  à  la  maison  de  Vaux-Noville. 

Après  un  Philippe  van  Vaalz,  homme  de  fief  et  échevin  à  Arlon  le  20 
novembre  1413  (1),  que  son  prénom,  porté  au  siècle  suivant  dans  la 
famille  de  Vaux-lez-Noville,  pourrait  peut-être  faire  rattacher  à  cette 
dernière  (2),  il  nous  faut  descendre  jusqu'au  13  novembre  1401,  jour  oi^i 
Thona  von  Vau/x,  Poncin  de  Coppoingne  et  Catherine  de  Vaulx,  sa 
femme,  vendent  à  Gilles  de  Busleyden,  conseiller  du  duc  de  Luxembourg, 
la  part  leur  échue  par  le  décès  de  sire  Lambert  von  Vaulx,  curé  à  Wolwe- 
lange  (Wolfeldingen),  dans  les  biens  sis  à  Barrette  et  ailleurs  en  la  pré- 
vôté d' Arlon  (3).  Cet  Antoine  de  Vaux  est  mentionné  les  28  janvier  1494 
et  5  juin  1495  (Thonna  ou  Thonnay  de  Vaulx)  (4),  et  sa  sœur  Catherine 
avait  épousé  un  fils  de  Jean  Ponssar  ou  Ponczar  de  Compogne,  ordinai- 
rement appelé  Poncin  de  Vaulx  (1482),  dol  Vaulx  ou  de  Valz  (5). 

Quarante  ans  plus  tard,  apparaissent  deux  frères,  Robert  (1537)  et 
Henri  de  Vaux  (1541),  qui  devaient  être  les  fils  d'un  Philippe  de  Vaux, 
sur  lequel  les  données  manquent  (6). 

C'est  tout  d'abord,  Robert  de  Yaux,  cité  à  partir  du  1  i  juillet  1537  ;  non 
marié  au  14  février  1541,  date  à  laquelle  il  est  reçu  échevin  de  Bastogne  ; 
lieutenant-prévôt  de  Bastogne  (1542-1557),  sgr  de  Wardain  (1560). 

Les  21  février  1542  et  22  mars  1546,  il  était  le  mari  de  d"'^  Marguerite 
Stolpert,  fille  de  d"'^'  Jehenne  Stolpert  (sans  doute  la  même  que  Jeanne  de 


(1)  Goffinet,  Ciirt.  de  Claire  fontaine,  p.  197. 

(2)  Il  n'en  est  pas  de  même  de  Renar  del  Vaulz  qui  apparaît  dans  un  acte  du  cartulaire 
de  Houftalize,  du  ii  fenailmois  1437,  avec  la  qualification  de  mayeur  de  Stavelot  {Cart.  de 
Houffalize,  f.  75  yo)  :  il  s'agit  évidemment,  ici,  d'un  possesseur  de  La  \'aulx-Renard,  près 
de  La  Gleize,  sur  l'Amblève. 

(3)  Wùrth-Paquet,  Arch.  de  Marches  de  Guirsch,  II,  n^  33  (Ann.  de  l'Inst.  Arc/i.  du 
Lux.,  t.  12  (1880). 

(4)  J.  Vannérus,  Le  livre  de  la  justice  de  Bastogne,  n°»  782  et  823. 

(.5)  Ibidem,  n^«  125,  141,  164,  185,  258,  etc. 

(6)  Les  renseignements  que  je  donne  sur  les  de  Vaux  du  16"  siècle  sont  tirés,  principa- 
lement, du  Cartulaire  de  Rachamps  et  des  registres  de  la  Salle  et  des  échevins  de 
Bastogne. 


—  134  — 

RoUé,  veuve  de  Nicolas  Stolpert  en  octobre  1524  et  en  juin  1525)  (1). 
Il  se  remaria  a^■ec  Marguerite  d'Ochaiii  dite  de  Jemeppe,  avant  le 
10  mars  155G. 

En  1570  et  en  1575,  Robert  et  son  frère  Henri  de  Vaux  (de  Vha,de  Fhae 
prope  Bastoniam)  étaient  collateurs  de  l'église  de  Wolwelange,  en  leur 
qualité  de  seigneurs  de  l'endroit  ;  en  1575,  Robert  possédait  à  Sibret  une 
partie  de  la  maison  seigneuriale,  décrite  comme  étant  «  la  maison  que 
»  tient  en  partie  Robert  de  Vaulx,  ensemble  les  hoirs  de  Enscheringen 
»  et  Clairvaulx,  seigneurs  fonciers  dudit  lieu»  (2);  en  1577,  il  est 
«  écuyer,  sgr.  de  Sibret  ». 

Son  frère,  Henri  de  Yatix,  était  homme  de  la  Salle  au  6  juin  1545; 
maveur  de  Bourchie  et  homme  de  la  Salle  au  5  juin  1546  ;  encore  cité 
comme  maveur  de  la  haute  cour  de  Bourc}'  du  26  juin  1549  au  3  février 
1567,  qualifié  d'écuyer  le  1"  avril  1550  et  de  seigneur  de  Wolwelange  en 
1570  et  en  1575  (avec  son  frère  Robert).  Il  habitait,  en  1575,  à  Yaulx-lez 
Bourcy  l'une  des  deux  maisons  qui  donnaient  droit  de  siéger  à  la  Salle  de 
Bastogne  (3),  (l'autre  étant  détenue  par  Jacques  d' Awan)  ;  il  usait,  ainsi 
que  son  frère  Robert,  d'un  scel  armorié. 


(1)  \J Annuaire  de  la  Noblesse  Belge,  qui  a  consacré  (1895,  t.  I)  aux  de  Vaux  une  généalo- 
gie non  exempte  d'erreurs  et  de  lacunes  dans  ses  premiers  degrés,  appelle  la  première 
épouse  de  Robert  :  «  ]\Iarguerie  de  Stolpert  dite  de  Flaviisouh> .  Il  y  a  là  une  confusion, 
car  ce  n'est  que  le  frère  de  Marguerite  qui  habita  Flamisoul,  où  il  devint  maître  de  la 
poste,  par  suitç  de  son  mariage  avec  Françoise  Balon  ou  Balloin  (dite, elle,  c/^  Flainesoulle), 
fille  de  Jean. 

(2)  A  propos  de  cette  communauté  de  biens  avec  les  d'Enschringen  et  les  Clervaux, 
il  faut  noter  que  le  12  février  1604,  le  petit-fils  de  notre  Robert,  un  autre  Robert  de 
Vaulx,  résidant  à  Sibret,  et  d"®  Françoise  du  Hatoy,  sa  femme,  vendent  «  ce  qu'ils  ont 
»  à  Magerye,  tant  d'acquêt  que  par  succession  de  leurs  feus  prédécesseurs,  contrepartans 
»  moitablement  avec  les  hoirs  d'Enschringen  et  Clerval,  appelé  l'héritaige  desRufïignons  », 
et  ce  à  d""  Claude  de  Bertignon,  veuve  de  Jean  de  Mager)^e.  Le  26  juillet  1605,  les  mêmes 
Robert  et  Françoise  du  Hattoy  vendent  encore  à  la  veuve  de  J.  de  Magerie,  du  consente- 
ment de  leur  père  et  beau-père  Jean  de  Vaulx,  sgr.  de  Sibret,  leurs  droits  aux  bois  de 
Magerie,  «  procédant  tant  par  acquêt  des  Ruffignons  que  de  J.  de  la  Vazelle  et  d'autres, 
»  contrepartant  avec  le  s""  de  Clervaulx  »  (Salle,  reg.  1601  à  1612).  Robert  I  de  Vaux  se 
rattachait  donc  aux  Rufïignon  (de  Jupille). 

C^)  Pour  permettre  de  se  rendre  un  compte  exact  des  dépendances  de  cette  maison,  je 
fais  suivre  le  dénombrement  présenté  par  le  possesseur  de  1682  (v.  Chambre  des  Comptes 
de  Brabant,  reg.  45713  c). 

Le  15  janvier  1682,  Pierre  de  Vau.x,  «  escuver,  résident  au  villaige  de  Vaux,  paroisse  de 
»  Xoville  et  prévosté  de  Bastogne,  dans  la  conté  de  Chiny  »,  déclare  tenir  du  roi  de 
France,  «  en  qualité  de  noble  et  escuyer,  les  biens,  rentes  et  revenus  et  terres  qui  s'en- 
»  suv'vent,  scituez  dans  la  diocèse  de  Liège,  en  la  ditte  conté... 

»  Lesquels  biens  et  terres  consistent  premièrement  en  une  thour  avec  usuaire,  granges, 
»  estableries,  jardins,  appartenances  et  dépendances,  le  tout  comme  il  se  contient,  scituez 
»  audit  lieux  de  Vaux,  tennant  nature  de  bien  allodiaux  et  franc,  et  pour  quel  on  n'at 


—  135  ~ 

Le  16  mai  1560  et  le  3  février  1567,  il  est  appelé  Henry  Philippe  de 
Yaulx,  ce  qui  nous  indique  que  son  père  devait  s'appeler  Philippe  ;  c'est 
donc  lui  qui  est  mentionné  à  Vaux,  au  dénombrement  de  1541,  sous  le 
nom  de  «  Hanry  Flippo,  gentilhomme  ».  Il  épousa  en  premières  noces 
Catherine  de  Clervaux  ;  en  secondes,  Marie  d'Arimont,  dite  de  Noville. 

Robert  et  Henri  eurent,  je  crois,  un  frère  et  une  sœur  :  Olivier  de 
Vaulx,  homme  de  la  Salle  les  6  juin  1545,  Yl  juin  1556  et  31  juillet  1557  ; 
et  Marie  de  Vaulx,  citée  en  1545  comme  l'épouse  de  Michel  du  Pont, 
demeurant  à  Wicourt. 

A  en  croire  les  quartiers  indiqués  sur  la  tombe  d'une  fille  de  Robert  de 
Vaux,  Marie,  épouse  d'Everard  Ghenart,  morte  à  Sohier  en  1587  ~  vaulx, 
BOHAN,  OCHAIN  et  VERVY  —,  le  père  de  Robert  avait  épousé  une 
de  Bohan  ;  toutefois,  M.  le  chanoine  Roland  ne  renseigne  aucune  alliance 
de  ce  genre,  dans  la  généalogie  de  la  famille  de  Bohan,  qu'il  a  donnée 
dans  son  Orchiniont  et  ses  Fiefs  (1895).  Cependant,  les  de  Vaux  d'Achy, 
qui  portaient  dans  leur  écu  deux  bars,  comme  ceux  de  Bastogne,  appa- 


»  jamais  relevé  de  personne,  scavoir  :  premier,  en  prairie,  25  charées  de  foing,  plus  ou 
»  moins  selon  le  rapport  de  chacque  année,  et  en  4  à  5  journaux  de  sartaiges  chacque 
»  année,  que  l'on  laisse  reposer  15  à  20  ans,  sains  les  pouvoir  plus  essarter,  selon  la  nature 
»  du  pays,  et  en  25  jours  de  terre  labourables  à  arrer,  desquels  on  en  laboure  chacque  année, 
»  quelque  une,  pendant  qu'on  laisse  reposer  les  autres,  selon  la  costume  du  [pays]  lieu, 
»  avec  trois  petits  buis  de  haute  fustaille,  partageables  avec  le  S""  d'Awans,  son  voisin,  un 
»  de  chaisne  et  deux  de  hesse  ;  et  dans  ludit  village  de  Vaux,  en  quelques  menus  reve- 
»  nus,  avec  un  muyd  de  rente  à  2  parties. 

»  Item  en  qualité  de  possesseur  noble  du  dit  bien  et  par  une  dépendance  essentiele, 
»  dist  jouir  comme  ont  fait  ses  prédicesseurs  de  tout  temps  immémorial  de  Testât  de  juge 
»  de  la  Sale  à  Bastogne,  et  ce  héréditairement  de  père  à  hls  et  par  élection  d'icelle  sale 
»  et  siège  assemblé,  sains  qu'il  soit  jamais  esté  nécessaire  d'aucune  permission  ou  rafres- 
»  chissement  de  Sa  Majesté  pour  y  estre  admis. 

»  Jouyt  auss}'  du  20"  denier  des  transports,  ensemble  de  tous  autres  droicts  et  émolu- 
»  ments  aiférants  audit  estât  ;  comme  auss\'  d'une  franche  bergerie  et  franche  bovière, 
»  sains  contredit  de  personne,  outre  son  droict  à  la  bovière  du  villaige. 

»  Item  du  droict  de  chasse  et  poisse. 

»  Item  jouist  de  2  sixième  dans  ung  18  et  un  24<'  de  la  s"®  hautaine  de  Vance,  consistant 
»  en  quelques  petits  morceaux  de  terre  et  prêt,  pour  quels  les  cenciers  rendent  3  bichets 
»  de  seigle  par  an,  et  outre  sa  parte  à  tous  autres  droicts,  rentes  et  revenus  avec  les 
»  autres  s"  en  ladicte  s"'',  les  dits  héritaiges  estants  tout  bien  fielf. 

»  Item  au  villaige  de  Ligyiier,  un  certain  bien,  come  aussy  au  vilaige  de  Chêmix,  encore 
»  un  autre  bien,  partagé  tous  deux  avec  leurs  cohéritiers,  provenants  de  leurs  prédices- 
»  seurs,  y  compris  le  prêt  de  Haborquay,  qui  relève  en  fieff  de  Laroche. 

»  Finablement,  jouist  de  toutte  franchises  et  previlège  compectants  à  la  noblesse  de  la 
conté  de  Chiny  ». 

11  signe  P.  de  Vaux  et  scelle  du  sceau  de  ses  armes. 


—  136  — 

raissent  dans  la  loi^ion  d'C^rchimont  dès  1580,  ce  qui  doit  faire  conclure  à 
la  vraisemblance  d'un  mariage  Vaux-Bohan. 


La  Famille  de  Lavaux-Sainte-Anne. 

Un  autre  groupe,  parmi  les  personnages  du  nom  de  la  Vaux  ou  Val 
rencontrés  aux  XI IL'  et  XI V*"  siècles,  appartient  à  l'histoire  de  Lavaux- 
Sainte-Anne,  seigneurie  de  l'ancienne  prévôté  de  Revogne  en  la  princi- 
pauté de  Liège,  non  loin  de  Wellin-en-Famenne,  bien  connue  par  son 
beau  château  et  désignée  autrefois  sous  le  nom  de  Laval  ou  Lavaux-en- 
Famcnne. 

Sur  les  anciens  seigneurs  de  ce  nom,  dont  les  armoiries  se  caractéri- 
saient de  dexix  léopards,  l'un  sur  Vaictre,  nous  sommes  surtout  renseignés 
par  le  consciencieux  de  Hemricourt  (L). 

Monssaingnor  Jakemme  délie  Vaz  e>i  Famé  fine,  qui  portait  les  armes 
de  Welie?i  :  d'azur  à  dois  h/pares  d'a?-ge/it,  épousa  la  troisième  fille  de 
Rasse  I,  seigneur  de  Warfusée  (cité  en  1209),  et  en  eut  un  fils^  Jean. 

Ce  fils,  que  M.  le  chanoine  Roland  a  rencontré  en  1276  et  en  1288,  fut 
le  père  de  Thibaut  délie  Yauz,  qui  doit  être  le  Thiebaiis  de  le  Val,  feuda- 
taire  de  Mirwart  en  1293;  le  maire  de  Wellin  de  1303,  dont  l'écu  portait 
les  deux  léopards;  ce  Theobaldus  de  Y  aile,  témoin  le  20  août  1319  à  un 
relief  présenté  à  l'évèque  de  Liège  pour  un  fief  sis  à  Revogne  (2)  ;  le 
Thibaus  délie  Yatiz  de  1328. 

Il  eut  une  fille,  qui  devint  la  femme  de  Jean  Maxhereit,  fils  de  Rasse 
d'Uelpenich  et  petit-fils  de  Rasse  de  Schônau  dit  Maxhereit  :  c'est  lui  que 
nous  avons  rencontré  en  1347,  exerçant,  sous  le  nom  de  Messire  Jehan 
de  Sconon,  sire  del  Val,  les  fonctions  de  prévôt  de  Laroche. 

Après  la  mort  de  Thibaut  de  Lavaux,  sa  veuve,  nous  raconte  Hemri- 
court, se  remaria  à  «  on  de  cheaz  de  Welien-en-Famenne,  dont  Thibau 
»  délie  Vaz  et  ses  freires  et  sereurs  sont  issus  si  que  do  secon  mariage  et 
»  en  sont  ly  hoirs  à  présent  »  (1398).  De  sa  première  union,  elle  avait  eu 
un  fils,  connu  sous  le  nom  de  Messires  Johans  délie  Vaz,  délie  Vatilx  ou 
del  Yalz,  qui  fut  créé  souverain  mayeur  de  Liège  en  1364,  fut  échevin  à 
partir  de  1367  et  mourut  entre  le  12  juillet  1370  et  le  5  février  1373;  et 
une  fille,  Catherine,  qui  fut  mariée  à  Jean  d'Ochamps. 

Jean  laissa  de  son  épouse,  sœur  de  ce  dernier  et  fille  de  Hugues  de 
Haneffe,  sire  d'Ochamps,  un  fils  et  une  fille;  le  fils,  Rasse  délie  Vaz,  dclle 
Yauls  ou  van  der   Vaid,  chevalier,   fut  fait  prisonnier  à  la  bataille  de 


(1)  Cf.  l'édition  de  Borman,  t.  I,  1910,  pp.  71,  85,  140,  etc. 

(2)  Ed.  Poncelet,  Le  livre  des  fiefs  de  Liège  sous  Ad.  de  la  Marck,  1898,  p.  38. 


—  137  — 

Bâsweiler,  le  22  août  1371  ;  en  1374.,  il  employait  un  sceau  aux  armes  des 
Schônau  (9  tourteaux  ou  besants),  avec  la  légende  :  ...  RA  ...  DE  LE 
VAV  (1).  Quant  à  la  fille,  Helewy,  elle  apporta  ses  droits  sur  Lavaux  à 
son  mari  Thierri  de  Berlo,  écuyer,  échevin  de  Liège  de  1377  à  1386,  mort 
vers  1393,  qui  transmit  cette  terre  à  sa  descendance. 

Notre  Jean  délie  Yaulle,  chevalier,  de  1359,  semble  bien  être  le  grand 
mayeur  de  Liège  de  1364.  Quant  au  Thibaut  del  Vaut  de  1371-1374,  il 
ne  doit  faire  qu'un  avec  le  Thibaut  issu  du  second  mariage  de  la  veuve 
de  Thibaut  de  Lavaux. 


Par  suite  de  ces  éliminations  successives,  nous  ne  nous  trouvons  plus 
en  présence  que  du  fils  de  Mgr.  Jean  Waflfiart  de  Laval,  qui  tenait  en  fief 
de  Mirwart,  en  1293,  ses  droits  sur  Laval  et  sa  part  de  la  dîme  de  Bollei 
ou  Belei ;  et  de  Jean  de  Laval,  qui  était  à  la  même  époque  vassal  de  Mir- 
wart pour  des  biens  sis  à  Masbourg. 

Sont-ce  encore  des  Lavaux-S'-^-Anne,  ou  pouvons-nous  les  rattacher  à 
notre  Laval  ?  La  question  est  malaisée  à  résoudre,  car  les  éléments  de 
certitude  nous  font  défaut. 

Les  seigneurs  de  Remagne  possédaient  bien,  en  1548  et  en  1585,  à 
Moircy  et  à  Jenneville,  en  la  terre  de  Saint-Hubert,  des  droits  qui  pou- 
vaient provenir  de  vassaux  du  sire  de  Mirwart^  avoué  du  monastère  ; 
seulement,  il  est  à  noter  qu'au  XV'^<=  siècle  les  d'Orley,  seigneurs  de 
Laval,  ne  figurent  nullement  parmi  les  feudataires  de  Mirwart. 

Précisément,  un  Henri  del  Valz  est  mentionné  à  diverses  .reprises,  de 
1461  à  1479,  à  l'occasion  de  reliefs  de  fiefs  effectués  à  la  cour  de  Mirwart  : 
c'est  ainsi  que  le  jour  de  St-Hubert  1461,  un  relief  se  fait  en  présence  de 
Messire  de  Rollé,  somoneur,  et  des  hommes  :  Jean  de  Tellin,  Henri  del 
Valz  le  s.Jeir,  le  mayeur  d'Awenne  et  Gerlache  de  Mirwart  (2). 

Le  10  décembre  1467,  à  St-Hubert,  Henry  del  Vaulx  figure  au  nombre 
des  hommes  de  fief  en  présence  desquels  Charles  le  Téméraire  prêta  le  ser- 
ment prescrit  à  l'avoué  du  monastère  (3),  et,  le  1*^"^  novembre  1469,  un  relief 
s'effectue  pardevant  le  somoneur  et  les  hommes  :  J.  de  Tellin,  Henri  del 
Yalz,  Gerl.  de  Mirwart  et  J.  Colar  de  Smuid. 

En  1471,  Henri  del  Valz  ou   Vais  releva  la  moitié  de  la  vouerie  de 


(1)  De  Raadt,  Se.  arm.,  IV,  p.  89. 

(2)  Goffinet,  Sur  le<.  Fiefs  et  les  Arrière-Fiefs  de  Mirivart  (Annales,  t.  7,  1871,  p.  1.54). 

(3)  Goffinet,  Notice  sur  ...Minvarf,  dans  le  t.  17  des  Annales  d'Aiion  (1885,  p.  04). 


—  138  — 

Sevescourt  (3)  de  main  à  bouche,  d'Everard  de  la  Marck,  quand  celui-ci 
prit  possession  des  terres  de  Mirwart,  Lomprez  et  Villance.  Le  l'"^  mai  de 
la  même  année,  Jehan  de  Wilre,  sgr.  de  Granchamps,  releva  l'autre 
moitié  de  cette  vouerie,  en  présence  du  sire  de  Rollé  et  des  hommes  : 
Jlenri  del  Valz,  Jehan  de  Tellin  et  d'autres.  En  1471,  encore,  Henri  fit  le 
relief  des  voueries  du  ban  de  Chevigny,  qu'il  avait  achetées  à  la  fille 
Dromait  de  Novilley. 

Le  10  mai  1472,  Jehan  de  Tellin,  Henri  del  Valz  et  Jehan  Bodin  assis- 
tèrent, entre  autres  hommes  de  fief,  au  relief  du  fief  de  Sûre,  «  emprès 
Nife  et  Rosir  »,  présenté  par  Albert  de  Cobré ville.  La  même  année, 
ainsi  que  le  1"  novembre  1477,  Henri  del  Valz  ou  del  Vaux  intervint  en 
qualité  d'  «  homme  »  à  trois  autres  reliefs. 

A  la  même  époque,  dans  une  liste  des  fiefs  mouvant  d'un  seigneur  de 
Wellin,  sont  mentionnés  «  messire  Jehan  del  Valz  »  pour  un  petit  fief, 
valant  environ  9  gros  par  an,  qu'il  a  acheté  à  messire  Jehan  de  Trina,  et 
«  Henri  del  Valz  de  Saint-Hubert  »,  possédant  3  muids  tenus  en  fief  à 
Wellin;  de  plus,  en  tête  des  fiefs  mouvant  alors  du  château  de  Lomprez 
figure  la  moitié  du  fief  de  Valz  à  Lesterny,  détenu  par  Collignon  de  ce 
dernier  endroit  (2). 

Le  25  septembre  1479,  enfin,  Jean,  sgr.  de  Daverdisse,  Henri  del 
Vaulx,  voué  de  Sevescourt,  le  mayeur  de  Wellin  et  d'autres  «  gens  de 
bien  »  siégeaient  aux  côtés  de  l'abbé  Nicolas  d'Eve,  lorsqu'il  reçut  à 
Saint-Hubert  le  serment  d'Adolphe  de  la  Marck,  nommé  châtelain  de 
Mirwart  (3).  ' 

Ce  Henri  del  Val,  on  le  constate  de  suite,  ne  peut  avoir  aucun  rapport 
avec  Laval-Remagne  (au  moins  avec  ses  seigneurs),  pas  plus  que  le  che- 
valier Jean  del  Valz  (4)  ou  que  le  fief  de  Val  à  Lesterny  ;  les  deux  der- 
nières mentions,  spécialement,  ne  peuvent  concerner  que  Lavaux-S*«- 
Anne,  possédée  en  1408  par  «  messire  Johan  de  Berloz  »,  mort  en  1482. 

Les  seigneurs  de  notre  Laval  n'étant  pas  cités  au  nombre  des  feuda- 
taires  de  Mirwart  au  XV"«  siècle,  il  devient  très  probable  que  ce  n'est  pas 
au  chevalier  Jean  Wafflart  ou  à  Jean  de  Laval  qu'appartenait  en  1293  le 
château  de  Laval-lez-Remagne. 


(1)  J'ignore  en  quelles  mains  se  trouvait  précédemment  la  vouerie  de  Sevescourt; 
Saint-Hubert  y  possédait  en  tout  cas  depuis  fort  longtemps  des  biens,  cardés  le  milieu  du 
XI'"»  siècle  l'nbbave  reçut  de  Godefroid  le  Barbu  une  famille  ?';/  Silvestri  Curie  ;  X'ecclesia 
de  Sylvislri  Curie  figure  parmi  ses  possessions  en  112',»,  la  viUa  Silveslricurtis  en  1184 
(Kurth,  Chartes  de  Si  lluberl,  \,  pp.  28,  99  et  141). 

(2)  Goffinet,  Sur  les  Fiefs...,  pp.  154-158,  162,  163  et  165. 

(3)  Goffinet,  Notice...,  p.  66. 

(4)  1,'obituaire  de  Houffalize  contient,  au  mois  de  juillet,  la  mention  :  Anniversarium 
domini  Johannis  de  Va/z  et  coinmeuioracio fralrum  ?iflstr<>ruif/..., que  je  ne  suis  pas  en  mesure 
d'utiliser. 


139 


La  consistance  et  les  dépendances  de  Laval. 


Puisque  nous  ne  trouvons  avant  Julienne  de  Welchenhausen  aucun 
personnage  portant  indubitablement  le  nom  de  notre  Laval,  il  nous  faut 
bien  conclure  que  ce  château  a  dû  appartenir  au  Xllh  et  au  XIV''  siècle 
à  quelque  famille  de  la  région,  pour  laquelle  il  ne  constituait  qu'une 
possession  accessoire  et  qui  était  ordinairement  désignée  sous  le  nom  du 
manoir  dont  elle  faisait  son  habitation  principale. 

Pour  tenter  de  retrouver  le  nom  de  ces  propriétaires,  force  nous  est,  en 
l'absence  de  tout  renseignement  concernant  directement  leur  person- 
nalité, de  diriger  nos  recherches  d'un  autre  côté  :  voyons  quelle  était  la 
consistance  de  la  seigneurie  de  Laval;  peut-être,  en  déterminant  les 
droits  et  possessions  afférant  à  cette  terre,  en  voyant  quelles  en  étaient 
les  différentes  dépendances  et  la  mouvance  de  chacune  de  celles-ci, 
pourrons-nous  établir  avec  quelque  précision  ses  rapports  avec  les 
seigneuries  et  les  familles  de  la  région  et  arriver  à  un  tel  ensemble  de 
constatations  qu'il  nous  sera  permis  d'en  tirer  des  déductions  plausibles. 


Laval. 

En  1400,  avons-nous  vu,  le  duc  engagiste  de  Luxembourg,  désirant 
récompenser  les  services  de  Jean  d'Orley,  augmente  les  fiefs  qu'il  tient 
du  duché  et  lui  accorde  :  1°  La  part  du  souverain  dans  le  village  de 
Remagne,  dans  le  moulin  et  dans  la  haute-justice  en  ce  lieu,  avec  toutes 
les  dépendances. 

2°  La  haute-justice  à  Laval,  en  son  château  (dass  hogericJite  zu  der 
Vais,  in  syner  burcJi,  mvt  allem  Uirem  begrijfe  und  ziibehortinge). 

3°  Ce  que  le  duc  avait  à  Rechrival,  en  sujets,  revenus  et  cens. 

Cet  octroi  fut  confirmé  à  Jean,  huit  ans  plus  tard^  par  le  duc  Wenceslas, 
en  1408,  année  oîi  ses  fils,  Jean  et  Guillaume,  partagent  le  château;  en 
1413,  alors  qu'il  était  toujours  indivis,  le  castel  de  Ter  Waes  ou  castnim 
dictum  Ter  Waez,  fut  rasé  par  Antoine  de  Bourgogne,  et  Jean,  fait  pri- 
sonnier, dut  vendre  de  ses  biens  pour  fournir  sa  rançon,  en  1416. 

Le  château  fut  reconstruit  par  la  suite,  faut-il  croire,  car  en  14(i5  dat 
slosse  mid  herschafft  zo  der  Fase  passèrent  à  Bernard  d'Orley,  avec  le 
village  de  Remagne  et  toutes  leurs  dépendances,  au  delà  de  la  Sûre;  un 
relief  de  1468  nous  apprend  que  la  maison  (das  hanss)  de  Laval,  avec  la 
haute-justice  et  toutes  appartenances,  dépendait  en  fief  de  Luxembourg. 


—  140  — 

Dans  l'inventaire  de  sa  fortune,  Bernard  d'Orley  nous  donne,  vers  1493, 
d'intéressants  détails  sur  Laval  et  ses  dépendances  : 

«.  ...  Item  die  halbe  herschafft  van  der  Vaiss  luid  Romengen  ist  myn 
»  erbe,  und  hoert  zu  der  Vaiss  Wyller  by  Heltzingen  gelegen  unnd 
»>  ander  zenden  im  kirspell  van  Besxelijick  emd  etliche  lehen  man,  ouch 
•>■>  etliche  burchhuss  und  foedigen  bij  Wiltz  gelegen  zu  Widich,  ist  lehen 
»  zu  Wiltze;  ouch  eyn  deil  ain  dem  zenden  zu  Bussleiden  Johann  van 
»  Swertzeni  sellich  inné  hat  zu  pande  vur  80  gulden,  hoert  zu  Vaiss,  is 
»  nit  lenne  zu  Wiltz.  Ouch  was  ich  hain  zu  Dieckerichen,  lenne  man, 
»  kirch  gaff  und  zenden,  hoert  zu  der  Vaiss  und  nit  zu  Lintzeren  »  (l). 

Plus  loin,  nous  lisons  encore  :  «  ...  Item  hoert  Wvller  by  Heltzingen 
»  gelegen,  mit  den  zenden,  scheffen  und  hoegericht  zu  Heltzingen  und 
»  den  vodigen  dar  zu,  hoert  zu  der  Vaiss  und  ist  eyn  sonderliclie  gelytte 
»  und  lenne  zu  Wiltze,  mit  lenne  mannen  und  schaff  rentten,  wie  ich  dat 
»  dan  geloist  hayn  van  Wilhelm  van  Zyvell  und  Johann  van  Porttzich, 
»  und  ist  halff  myn  erbe,  dat  ander  haltscheit  ist  erbe  zur  Vaiss  mynnen 
»  neben  van  Oirley  und  steit  mir  zu  pande  vur  IIIP  Rinsche  gulden, 
»  nach  inhalt  der  brieff....  (2) 

»...  Eyn  gelytte  zenden  ist  zu  Bussleiden  gelegen,  hait  Johann  von 
»  Swertzhem  zu  pande  vur  80  gl.,  ist  halff  myn  erbe;  das  ander  halbe 
»  hoert  mynnen  neben  van  Oirley  zu,  und  hoert  zur  Vaiss,  maiche  man 
»  loessen.  » 

Les  fiefs  wiltzois  de  la  famille  d'Orley  sont  mentionnés  daps  le  dénom- 
brement présenté  au  roi  de  France,  pour  la  terre  de  Wiltz,  le  14  mars 
1682  ;  ils  le  sont  en  des  termes  qui  se  réfèrent  à  quelque  dénombrement 
du  XV'"''  siècle,  probablement  celui  de  1450,  analysé  plus  haut.  Nous 
voyons,  en  effet,  citer  dans  le  document  de  1682,  parmi  les  nobles  vas- 
saux de  la  seigneurie  de  Wiltz,  «  le  seig"^  d'Orlay,  seig*^  de  Wa3^sse,  à 
»  raison  de  la  seigneurie  de  Hacheville,  avec  la  haulte,  moyenne  et  basse 
»  justice,  dixmes,  rentes  et  revenus  audict  lieu  ;  item  à  raison  de  ce  qu'il 
»  à  Weiller  et  Weydingen  ;  item  aux  dixmes  de  Beslingen,  avec  tout  ce 
»  qui  est  de  fief  à  luy  appartenant  et  arrier-fief  comme  d'ancienneté,  fiefs 
»  dépendants  de  la  seigneurie  de  Wiltz  ;  item  ce  qu'il  at  dans  les  villages 
»  de  Hoffelt,  Brachtenbach  et  Selcheidt,  desquelles  dites  rentes  la  moitié 
»  at  esté  desgagée  par  Bernard  de  Sey  (=  d'Orley)  »  (3). 

En  1497,  les  fiefs  relevés  de  Gérard,  sgr.  de  Wiltz,  par  son  cher  parent 
(nebe)  Claude  d'Orle}^  sgr.  de  Linster,  à  raison  de  sa  seigneurie  de  Wiltz, 


(i)  Ajouté  à  la  fin  du  XVP  siècle  (par  de  Gondersdorf?)  :  «  Hierin  an  Dieckircher  zenen 
»  und  kirchen  giflft  ist  Metzenhausen  ein  viertteill  vermoegh  obg.  vertrags  zugedeilt.  » 

(2)  Cf.  à  ce  sujet  la  note  3  de  la  page  99. 

(3)  Chambre  des  Comptes  de  Brabant,  reg.  45713  g. 


—  141  — 

comprennent  :  la  part  de  Claude  en  gens,  revenus  et  rentes,  dîmes,  etc., 
à  Helczingen,  Willer  et  Bes&elingen  ;  une  borchplacze  à  Wiltz,  deux 
voueries  à  Widingeji  ;  ce  qu'il  possède  à  Iloinfelt  ;  la  dîme  de  Beeler  ; 
une  rouerie  à  Braichtenbach  (1). 

La  cour  de  Hachiville,  disons-le  de  suite,  ne  dépendait  pas  de  Laval  : 
dans  l'inventaire  de  sa  fortune,  Bernard  d'Orley  nous  apprend  en  effet 
que  cette  cour  (hoeff  van  Heltzingen)  dépendait  du  Châtelet  (van  dem 
Schestleit),  et  que  sa  mère  (Catherine  d'Autelj  avait  apporté  en  dot 
l'engagère  de  ces  biens. 

Remarquons,  d'autre  part,  qu'en  avril  1429,  le  seigneur  de  Laval  et  sa 
femme  engagent  à  Jean  de  Welchenhausen  et  à  François  de  Steeff'elt, 
tout  ce  qu'ils  ont  à  Weiler,  Bellain,  Hoffelt,  Hachiville,  Brachtenbach, 
Hiddange  et  Goedarige,  en  sujets,  biens  serviles,  échevins,  cens,  baux, 
rentes,  dîmes,  forêts,  prairies,  etc.,  ainsi  qu'eux  et  leurs  prédécesseurs  en 
ont  joui  jusqu'alors,  tous  ces  biens  et  droits  relevant  du  sire  de  Wiltz,  leur 
parent;  qu'en  juillet  1440,  les  mêmes  époux  engagent  à  Jean  de 
Swertzheim  leur  part  de  la  dîme  de  Boulaide  ;  qu'en  août  1450,  Jean 
d'Orley  rend  hommage  au  seigneur  de  Wiltz  pour  ses  biens  féodaux  de 
Hachiville,  Weiler  et  Weidingen,  ainsi  que  pour  la  dîme  de  Bellain  ; 
qu'en  novembre  1464,  l'engagère  de  14i29  appartenait  à  Jean  de  Bourcy 
et  à  Guillaume  de  Tzivel,  en  commun,  et  la  moitié  de  la  dette  incombant 
aux  fils  de  Jean  d'Orley  est  augmentée  par  ceux-ci  de  100  fl. 

Ces  différents  renseignements  permettent  de  dire  que  Laval,  fief  de 
Luxembourg,  comprenait  certainement  les  dépendances  suivantes  : 

1)  Weiler-lez-Hachiville,  la  dîme  de  Bellain  ;  des  biens  féodaux  et 
castraux,  ainsi  que  des  voueries,  à  Wiltz  et  à  Weidingen  :  le  tout,  fief  de 
Wiltz. 

2)  La  dîme  de  Boulaide,  ne  relevant  pas  de  Wiltz. 

3)  Des  hommes  de  fief,  le  droit  de  collation  et  des  dîmes  à  Diekirch, 
tenus  en  fief  du  Luxembourg  (2). 

Nous  reviendrons  plus  loin,  successivement,  sur  ces  diverses  dépen- 
dances de  la  terre  de  Laval. 


(1)  N.  van  Werveke,  Archives,  de  Schutbourg  (Public.  Lux.,  \.  .55,  1908). 

(2)  Peut-être  faut-il  ajouter  à  ces  dépendances  de  Laval  :  certains  droits  et  revenus  à 
Hachiville,  Hoffelt,  Brachtenbach,  Huldange  et  Goedange,  que  Jean  d'Orley  et  son 
épouse  tenaient,  dès  1429,  en  fief  de  Wiltz,  ainsi  qu'à  Selscheid  (v.  dénombrement 
de  1682). 

Blagny-lez-Ivoix,  où  Jean  d'Orley  et  Julienne  de  Welchenhausen  avaient  biens  et 
droits,  n'appartenait  ni  aux  Orley,  ni  aux  Laval  ou  aux  ^Vclchenhausen,  mais  dépendait 
de  la  seigneurie  du  Chêne. 

10 


—  142  — 

Quant  à  cette  terre  même,  déterminons-en  la  consistance. 

Nous  avons  vu  qu'en  1500, 1525, 1528, 1541,  la  seigneurie  de  La  Vasselle 
ou  de  Vîiux,  dépendant  du  prévôt  de  Bastogne,  est  renseignée  comme 
s  étendant  à  Remagne,  Rechrival  et  Chisogne. 

Lors  du  dénombrement  de  1541  (I),  la  seigneurie  del  Vaicl.x  fut  inscrite 
parmi  les  «  seigneuries  estans  soubz  la  prévosté  de  Bastoingne,  »  entre 
celle  de  Thavenx  et  le  ban  de  Witry. 

Elle  comprenait  :  1.  A.  Rechrival,  h  feux  contribuables  (4  habitants; 
2  veuves,  comptées  chacune  pour  un  demi-feu;  1  pauvre,  exempt).  2.  A 
Ch\'S07ige,  1  feu  (l  habitant;  1  veuve,  pauvre).  3.  K  Romainge,  11  feux 
(10  habitants;  2  veuves;  7  exempts  :  le  maire,  J.  Milhomme,  le  jeune,  et 
le  sergent  Lamboru). 

En  1561  (2),  la  seigneurie  del  Vaulx  ne  renseigne  que  Rechenval  ou 
Rechenvaulx  (1  feux),  et  «  au  villaige  de  Chisojige,  qu'est  mairye  de 
Louville,  en  la  prévosté  de  Bastoingne,  ung  bourgeois  subject  en  la  s'** 
del  Vaulx  ». 

En  1574  (3),  Jean  de  Rollez,  gentilhomme  et  mayeur,  dénombre  pour 
la  s"''  de  la  Vaulx,  Recherival,  avec  5  feux,  et  Chisoingne,  avec  1  feu. 

En  1659,  une  courte  description  du  Luxembourg  range  sous  la  sei- 
gneurie de  la  Val  :  Rechival,  Remaigne  et  Cysongne  (4). 

En  1681,  nous  l'avons  vu,  Pierre  Gallo  Salamanca  renseigne  comme 
formant  sa  seigneurie  de  La  Valle  :  la  maison  seigneuriale,  entourée  de 
fossés  pleins  d'eau,  avec  ses  appendances,  et  trois  bois  :  l'es  Vallets  (ou 
Vallées,  à  l'est  de  Rechrival),  le  Chenet  (entre  Tillet  et  Jenneville)  et  le 
Lambert  Fays  (entre  Vesqueville  et  Bonnerue-lez-Moircy). 

Au  commencement  du  XVIIL  siècle,  Pierret  dit  dans  son  histoire  du 
Luxembourg  (restée  manuscrite),  à  propos  de  Laval,  qu'il  range  parmi 
les  seigneuries  enclavées  ou  adjacentes  à  la  prévôté  de  Bastogne  :  «  Cette 
seigneurie,  qui  a  un  château  du  nom,  est  composée  de  Laval,  maison 
seigneuriale,  Ramaigne,  Rechival  et  Chisoigne.  Elle  est  au  s""  Otto  de 
Salamanca.  »  (5) 

Vers    1766-1771,   un    catalogue    des  quartiers,   hauts-commands,  jus- 


Ci)  Arch.  gén.  du  Royaume,  Ch.  des  Comptes,  reg.  703,  f.  91. 

(2)  IbiJ.,  reg.  712.  11  faut  évidemment  lire  ici  Rrrherii'al  ou  Reclicrivaulx. 

(3)  Jhid.,  reg.  718. 

(4)  Arch.  gén.  du  Royaume,  Ch.  des  Comptes,  reg.  729. 

(5)  E.  Tandel,  Lea  Camm.  Luxemh.,  IV,  pp.  19  et  G27.  Il  faut  évidemment  lire  :  Gallo 
de  Salamanca. 


—  143  — 

tices,  etc.,  formant  le  cadastre  général  du  Luxembourg  (Ij  renseigne  sous 
la  seigneurie  de  Laval  :  Laval  et  Remagne,  avec  Scheuville  (sic  = 
Jenneville)  et  Rechrival  comme  dépendances.  (2) 

Passons  successivement  en  revue  les  différentes  localités  sur  lesquelles 
s'étendait  la  juridiction  de  Laval. 

A  Laval  même,  il  n'y  avait  en  somme  que  le  château  (;>),  auquel  n'était 
pas  attachée  de  haute-justice  avant  1400. 


Rej7iag7ie. 

C'est  dans  ce  village  qr.e  se  trouvait  la  plus  grande  partie  des  sujets  de 
Laval,  si  bien  que  l'on  a  pu  écrire  que  «  Remagne  était  le  siège  de  la 
»  haute  cour  et  justice  de  la  seigneurie  de  Laval  et  Remagne...  ;  elle  était 
»  composée  de  l'officier  ma3-eur,  des  échevins,  de  l'acteur  d'office,  du 
»  sergent  et  du  greffier  ».  D'ailleurs,  le  château  dépendait  spirituellement 
de  Remagne  :  un  règlement  de  1752  porte  que  la  paroisse  de  l'église  de 
Remagne  comprenait  Remagne,  Jenneville,  Moircy  et  Laval  (4).  De  plus, 


(1)  Inséré  en  1899  par  M.  Ruppert,  dans  le  vol.  46  des  Publ.  de  la  Sect.  Hist.  de  Luxbg. 

(2)  Mentionnons  encore  que  dans  l'ordonnance  impériale  du  20  avril  1787,  érigeant  les 
tribunaux  de  première  instance  dans  le  Luxembourg,  Laval  est  mentionné  comme 
ressortissant  du  tribunal  de  Bastogne  (Taiidel,  IV,  128). 

«  La  maison  de  Lavalle  »  figure  en  1826,  entre  Chenet  (lez  Rondu)  et  la  censé  de 
Chisogne,  au  nombre  des  localités  dont  les  droits  d'usage  dans  le  bois  de  Freyr  ont  été 
reconnus  par  un  règlement  du  21  mai  162.3  et  une  ordonnance  du  30  déc.  1754  (Tandel,  VI, 
p.  1424;  cf.  p.  1478,  où  l'on  analyse  le  règlement  de  1623,  mentionnant  <,^  la  maison 
seigneuriale  de  La  Vaulx  »). 

(3)  Notons,  à  propos  du  château  de  Laval,  qu'il  y  a  un  Fond  de  Laval,  en  wallon  Fond 
dot  Va,  sous  la  commune  de  Longchamps  (Tandel,  Les  Connu.  Luxemb.,  IV,  p.  511);  il 
est  indiqué  sur  les  cartes,  à  1  kilomètre  au  nord  de  Mande  Saint-Etienne. 

Terminons,  enfin,  par  deux  citations  empruntées  aux  CoDununcs  Luxembourgeoises  : 

A.  —  On  remarque  à  Flamisoule  un  vieux  tronc  de  tilleul  sur  un  tertre  voisin  du 
château...  «  Il  fut  planté  vers  le  il®  siècle,  dit-on,  par  un  seigneur  de  Waha,  de  Flami- 
soule et  du  château  de  La  Valle....  Avant  la  révolution  française,...  il  servait  de  carcan!  » 
(IV,  p.  515). 

B.  —  «  Givry  est  arrosé  par  un  affluent  de  l'Ourthe,  venant  de  Mande-Saint-Etienne, 
Flamisoul  et-se  dirigeant  vers  le  moulin  de  Givroule,  pour  aller  se  réunir  à  l'Ourthe  au- 
dessous  du  petit  hameau  de  Wigny.  Ce  ruisseau  partage  la  localité  en  deux  parties  : 
l'une,  à  droite,  appelée  «  le  Mont  »,  parce  qu'elle  se  trouve  au  pied  d'une  colline  portant 
ce  nom,  et  l'autre  «  la  Va  »,  du  nom  de  Laval,  un  château  aujourd'hui  en  ruine  »  (IV, 
p.  196).  Ce  château  ne  peut  évidemment,  en  admettant  qu'il  ait  jamais  existé,  être  celui 
qui  nous  occupe. 

(4)  Tandel,  VI,  p.  1152. 


—  144  — 

le  baron  de  Laval,  seigneur  de  Remagne,  dénombra  en  1760,  nous  l'avons 
vu,  à  Remagne  une  vieille  masure  entourée  de  fossés,  avec  droit  du  vol 
du  chapon,  création  de  la  justice,  collation  de  la  cure,  etc.... 

Le  plus  clair  des  droits  de  juridiction  des  seigneurs  de  Laval  à  Remagne 
provenait  évidemment  de  la  donation  faite  à  Jean  d'Orley  en  1400  :  la 
part  du  duc  dans  le  village,  dans  le  moulin  et  dans  la  haute-justice,  avec 
toutes  dépendances.  Ces  droits  étaient  sans  doute  échus  à  la  maison  de 
Luxembourg  du  chef  de  l'avouerie  de  Saint-Hubert;  le  jnolin  de  Reman- 
g  ne  ou  ReDiaÏJigne,  en  tout  cas,  est  cité  dans  X  Urbar  de  1315,  sous  la 
mairie  de  Rondu,  comme  faisant  partie  du  domaine  comtal. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  plus  anciennes  mentions  de  Remagne  concernent 
des  biens  qu'y  possédèrent  les  monastères  de  la  région. 

Le  25  août  992,  tout  d'abord,  un  certain  Guntbert  déclare_,  à  Namur, 
avoir  reçu  en  précaire  du  comte  Gislebert,  abbé  de  Stavelot,  et  de  ses 
religieux  des  biens  sis  à  Remagne  et  à  Moircy,  in  pago  et  comitatu 
Ardxœnna,  in  loco  et  villa  que  dicitiir  Romonia  et  in  alio  loco  et  villa  qne 
dicitur  Morceias,  sitas  super  Jluvinm  Urtam.  Par  ce  contrat,  le  monastère 
cédait  à  Guntbert,  à  son  épouse  Engile  et  à  son  fils  Robert,  trois  manses 
en  terres,  prés,  pâturages,  eaux  et  cours  d'eau,  meubles  et  immeubles, 
revenus  et  charges  (1). 

L'abbaye  de  Saint-Hubert,  également,  eut  des  biens  à  Remagne  :  c'est 
ainsi  que  Richilde  de  Remania  lui  donna  une  terre  (quartarium  terre) 
payant  12  deniers,  et  un  serf  (2). 

D'autre  part,  nous  voyons  en  octobre  1225,  Waleran,  duc  de  Limbourg, 
comte  de  Luxembourg  et  marquis  d'Arlon,  déclarer  que  d'une  enquête  à 
laquelle  ont  pris  part  les  co-propriétaires  de  Gérard,  chevalier  d'Arlon, 
dans  l'alleu  de  Remagne  (Romania),  il  résulte  que  le  dit  Gérard  est  le 
plus  proche  héritier  de  Wér}',  fils  d'Erfon  (celui-ci)  chevalier  d'Arlon, 
dont  il  descend  en  ligne  directe.  Si  quelqu'un  soulevait  des  difficultés  à 
l'abbaye  de  Saint-Hubert  à  l'occasion  du  rachat  de  l'alleu  de  Remagne, 
rédimé  dudit  monastère  par  Gérard,  le  duc  obtiendra  de  ce  dernier, 
garantie  et  défense  pour  l'abbaye  (3). 

Enfin,  les  religieux  de  Houffalize  figurèrent  fort  peu  après  la  fondation 
de  leur  maison  parmi  les  décimateurs  et  les  collateurs  de  l'église  :  en 
février  1259,  nous  l'avons  dit,  l'élu  de  Liège  leur  confirma,  entre  autres 
droits,  une  part  des  dîmes  et  une  petite  portion  du  droit  de  patronage  à 


(1)  Halkin  et  Roland,  Recueil  des  chartes  de  Stavelot-Malmedy,  I,  1909,  pp.  132-133. 

{^')  Monuments  pour  servir...,  t.  VIII  (1848),  p.  54  (d'à 
;ibbaye). 

(3)  (;.  Kurth,  Chartes  de  Saint- Hubert,  \,  1903,  p.  243. 


{i)  Monuments poicr  servir...,  t.  VIII  (1848),  p.  54  (d'après  le  livre  des  bienfaiteurf: 
l'abbaye). 


—  145    - 

Roynan^e  0)  De  plus,  un  relevé  de  leurs  revenus,  datant  peut-être  de  la 
fin  du  XIIi«  siècle  (d'avant  1289,  même),  mentionne  :  apiLd  Remangne,  in 
majori  décima  partem  domini  Johannis  villici  de  Bastonia  etjiispatronatus 
qiiod  habebat  ifi  eadem  ecclesia  et  decimam  aijusdarn  comunie  et  ejusdem 
partem  in  IlIIt^i  décima  (2). 

En  dehors  de  Richilde,  la  bienfaitrice  de  Saint-Hubert,  des  person- 
nages du  nom  de  Remagne  apparaissent  dès  la  fin  du  XIP  siècle  :  en 
1 170,  un  Poncardus  de  Remania  est  mentionné,  après  Thierri  de  Latour 
et  ses  fils  et  avant  Renier  de  Bouillon  et  son  frère,  parmi  les  témoins 
d'une  charte  de  l'évèque  de  Liège,  confirmant  une  donation  en  faveur  du 
prieuré  de  Bouillon  (o). 

Un  Henri  van  Romaigne  était  curé  de  Bastogne  le  3  février  1365,  jour 
où  il  scella  pour  certain  Guillaume  le  Bohémien  (die  Bemere)  une  quit- 
tance, rédigée  en  flamand  et  délivrée  —  à  Bruxelles,  sans  doute  —  au 
receveur  de  Brabant.  Le  sceau  de  notre  prêtre  montre,  sous  une  niche 
gothique,  la  Sainte  Vierge,  tenant  l'enfant  Jésus,  et  un  homme  en  prière; 
au-dessous  de  la  niche,  deux  lions  accroupis  et  adossés;  légende  :  -\-  s' 
henr'  de  ROM*  INVESTITI  baston'.  C'est  certainement  lui  ce  Her 
Heinric,  pastoir  van  Bastenake,  qui  est  cité  au  nombre  des  conseillers  du 
duc  et  de  la  duchesse  de  Brabant,  le  5  décembre  13(31,  dans  une  charte 
datée  de  Bruxelles  (4). 

Qualifié  de  chanoine  de  Metz  à  partir  du  18  mai  1375,  il  ajouta  bientôt 
à  ce  titre  celui  de  secrétaire  du  duc  Wenceslas  (1376J  et  devint  même 
receveur  général  du  duché  de  Luxembourg  (I"  octobre  1378  —  1"  octobre 
1384);  encore  vivant  en  1385-1386,  semble-t-il,  il  dut  mourir  peu  après  : 
en  tout  cas,  la  recette  générale  fut  confiée  à  partir  du  1"  octobre  1384  à 
Pierre  de  Saint-Vith,  curé  de  Septfontaines  et  chanoine  d'Ivoix. 

Ce  personnage  d'importance,  qui  paraît  avoir  joui  de  toute  la  confiance 
de  Wenceslas,  était  appelé  indifféremment  Henri  de  Bastogne  (Bastenach 

1375,  Bastenachen  l.'n7,  Bastongne  1379)  ou  de  Remagne  (Rommaingne 

1376,  Roumaigne  Vois,  Rommaigne  1379,  Romaigne  1380-1384,  Romain- 
gne  1381-1384,  Roman  a  ne  1380,  Remengne  1379);  son  sceau  de  1365  lui 
donne  le  nom  de  Rom(anio] .  Le  5  mars  1379,  il  use  d'un  second  scel  où 
se  voit  encore,  dans  le  champ,  une/o/  (deux  mains  jointes  en  forme  de 


(1)  La  plus  ancienne  forme  du  nom  est  donc  bien  Romania  ou  Romonia,  et  non  Remania. 

Notons,  à  ce  propos,  qu'il  y  avait  un  Romagne  près  de  Damvillers,  appelé  Rouinagnc 
en  1353,  Ratnaingyie  deleis  Danvilleirs  en  1378. 

(2)  Cart.  de  Houffalize. 

(3)  G.  Kurth,  Chartes  de  Sahit-Hubert,  I,  1903,  p.  129. 

(4)  Verkooren,  Chartes  et  cart.  de  Brabant,  t.  III  (1912),  n»  1924,  et  IV  (1912),  n»  2255. 


—   146  — 

demi-sautoir,  cantonnée  des  lettres  T  à  dextre,  o  à  sénestre  et  i  en  pointe; 
dans  la  légende,  on  distingue  encore  les  lettres  ...RO..  (1). 

En  même  temps  que  Henri,  vivait  un  Godefrin  de  Remagne,  homme 
iugeable  de  la  Salle  de  Bastogne  au  24  avril  1367,  le  même  sans  doute 
que  Godefrin  de  Remagne,  cité  comme  sergent  de  Mirwart  le  27  décem- 
bre 1381,  et  que  ce  Godefrin  de  Romaingne  qui  recevait  avec  Henry  de 
Bastongnc  (le  secrétaire  du  duc,  probablement),  sur  le  ferrage  d'Ecombre, 
«  pour  leurs  provendes  d'Ivoix  »,  1  muid  6  stiers  de  wain,  livrés  par  le 
receveur  d'Ivoix  pour  l'exercice  1"  octobre  1385-1<^'^  octobre  1386  (2). 

Un  Johan  de  Remaingne  était  homme  de  la  Salle  de  Bastogne  le 
8  a\Til  1399  (3);  nous  avons  rencontré  en  mai  1446  une  Aleyde  de 
Romangne,  femme  du  bâtard  d'xA.utel. 

En  1544,  nous  l'avons  dit,  Guillaume  de  Dave,  résidant  à  Remagne, 
acquit,  paraît-il,  tout  ce  que  Jean  Stheling  (?)  —  cité  en  1518  comme  frère 
de  Philippe  de  Bodange  —  possédait  à  Bodange,  Bastogne  et  Remagne. 
En  1576,  les  dîmes  de  Remaingne  se  partageaient  entre  le  curé  et  les 
seigneurs  de  Rollé  et  consorts;  en  1602,  les  collateurs  étaient  l'abbé  de 
Saint-Hubert  et  les  sieurs  de  Rollé  et  de  Naves  (4). 

Du  chef  de  ces  dîmes  et  du  droit  de  collation,  les  Everlange  (qui  les 
tenaient  peut-être  des  Dave,  par  suite  du  mariage  de  Bernard  d'Everlange 
avec  Catherine  de  Dave)  se  considérèrent,  par  la  suite,  comme  possédant 
une  partie  de  la  seigneurie  de  Remagne  (5). 

Peu  de  temps  avant  la  mort  de  son  mari  Jean  d'Everlange,  sgr.  haut- 
justicier  de  Witry  (-{-  vers  1665),  Françoise  d'Auxbrebis  racheta  à 
Irmengarde  d'Everlange,  fille  de  Salomon  (frère  de  Jean),  la  part  dont 
elle  avait  hérité  dans  la  seigneurie  de  Witry,  du  Chesne  et  de  Remagne, 


(1)  Cf.  au  sujet  de  Henri  de  Remagne  :  Goffinet,  Clairefontaine,  1877,  p.  179;  de  Raadt, 
Sceaux  arm.,  II,  216;  les  chartes  de  Luxembourg  (n«^  1077,  1078,  1112,  1114,  etc.);  Ch. 
des  Comptes,  reg.  6116,  2628,  15905,  etc. 

(2)  Cart.  de  HoufTalize,  fol.  53  v°;  Annales  d'Arlon,  t.  17,  p.  53;  Ch.  des  Comptes, 
reg.  2657,  fol.  77. 

(3)  Cart.  de  Houffalize,  fol.  44  et  45. 

(4)  J.  Vannérus,  Biens  et  revenus  du  clergé  luxembourgeois,  enquête  de  1575-1576,  p.  123; 
Doyentié  de  Bastogne  en  1002. 

(5)  Pas  encore  en  1605,  année  où  Nicolas  d'Everlange  déclara  tenir  des  archiducs  les 
seigneuries  de  Witry,  Arloncourt,  Châtelet,  Hollange,  Tintange  et  Vaulx,  le  tiers  de 
la  seigneurie  de  Bercheux  et  le  quart  de  celle  du  Chesne  ;  il  fournit  le  dénombrement  de 
ces  biens  le  28  février  1605,  à  Luxembourg  (Tandel,  Comin.  Lux.,  VI,  p.  245). 

En  1589,  Jean  de  Cobréville  était  seigneur  de  Remagne,  à  en  croire  Tandel  (VI, 
p.  1154)  :  ce  titre  peut  s'expliquer  par  les  cessions  de  septembre  1587  signalées  dans 
l'histoire  de  Laval. 


—   147  — 

dans  le  moulin  de  Witry  et  la  dîme  de  Bercheux.  D'autre  part,  par  divers 
actes  passés  du  l'î  mai  1(369  au  '24  juillet  1676,  le  fils  de  Jean  et  de  Fran- 
çoise, Jean-Bernard  d'Everlange,  racheta  à  ses  autres  parents  les  parts 
dont  ils  avaient  hérité,  lors  d'un  partage  effectué  le  19  juillet  1649,  dans 
les  seigneuries  de  Witry,  du  Chesne,  de  Remagne  et  de  Lullange,  dans 
la  dîme  de  Bercheux  et  le  moulin  de  Witry. 

En  1677,  Jean  de  Villers-Masbourg,  qui  avait  épousé  en  1655  Marie 
d'Everlange,  fît  le  retrait  de  la  part  de  la  seigneurie  de  Remagne  engagée 
par  son  oncle  Joseph  de  Villers,  curé  de  Bercheux,  et  de  la  propriété  de 
la  moitié  vendue  par  son  beau-frère  Robert  au  S"^  Hardy,  prévôt  de  Neuf- 
château.  Aussi  dans  le  dénombrement  présenté  à  Metz,  le  18  janvier  1682, 
Jean  de  Villers  reconnut-il  tenir  du  roi  de  France,  entre  autres  droits,  la 
collation  de  la  cure  de  Remagne,  prévôté  de  Bastogne,  ainsi  que  quel- 
ques autres  revenus,  conjointement  avec  le  seigneur  de  Rollé. 

Le  fils  puîné  de  Jean  et  de  Marie  d'Everlange,  Philippe-Jacques  de 
Villers-Masbourg  (né  en  1662,  mort  en  Espagne  entre  1723  et  1735), 
s'intitulait  seigneur  de  Remagne;  de  sa  femme,  Marie-Jeanne  de  Harroy, 
il  ne  laissa  qu'un  enfant,  Marie-Claire-Joseph  (née  en  1699),  qui  épousa 
Simon  Watlet,  de  Martouzin,  et  testa  en  1753  (1). 


Rechrival 

Les  droits  des  seigneurs  de  Laval  en  cette  localité  remontent  égale- 
ment, sans  doute,  à  la  donation  de  1400,  qui  annexa  à  Laval  ce  que  le 
duc  avait  à  Rechrival,  en  sujets,  revenus  et  cens. 

Comme  celui  de  Remagne,  le  moulin  de  Rechermal  (lisez  Recherival) 
ou  de  Richierval  faisait  en  1315  partie  du  domaine  du  comte  de  Luxem- 
bourg, sous  la  mairie  de  Loville  ;  or,  le  moulin  de  Richeval  se  trouvait 
parmi  les  biens  d'Orley  de  1532  à  1556, 

Chose  curieuse,  ce  village  était  le  siège  de  la  mairie  de  Louville  ou 
Loiipville,  dans  la  prévôté  de  Bastogne,  et  donna  son  nom  à  une  église 
qui  portait  précédemment  le  même  nom  que  la  mairie. 

Loville  (Lotvilla)  faisait  partie  du  domaine  primitif  de  l'abbaye  de 
Saint-Hubert  et  est  citée  au  nombre  des  possessions  confirmées  au 
monastère  en  817  par  l-'évêque  Walcaud.  «  Ce  village  »,  dit  M.  Kurth, 
«  aujourd'hui  disparu,  se  trouvait  près  de  Rechrival  (Tillet);  il  constituait 
»  encore  au  XIV*^  et  au  XV*^  siècle  une  mairie  dite  de  Louille...  »  (2). 


(1)  Tandel,  Comm.  Lux.,  VI,  pp.  253,  1312,  1380. 

(2)  G.  Kurth,  Les  premiers  siècles  de  l'abbaye  de  Saint-LLubert,   dans  Bull.   Coiinn.  R. 
d'Hist.,  5"  s.,  l.  8  (1898),  p.  31.  Plutôt  que  Louille,  il  faut  lire  Loville. 


—  148  — 

On  dit  cjuc  ce  vilhit^e  fut  détruit  après  158!)^  mais  sa  disparition  doit 
être  antérieure  :  si  Loville  apparaît  encore  au  dénombrement  des  feux  de 
1  iî).")  { I  )  connue  village,  je  ne  trouve  plus  jamais  son  nom  cité  par  la  suite 
qu'à  propos  de  la  mairie  ou  de  l'église. 

Le  7  septembre  1571,  pardevant  la  Salle  de  Bastogne,  Guillaume 
Saultrey  et  Louise  d'Aremberg,  sa  femme,  vendent  à  Nie.  Duchanoy  et 
Catherine  de  Joudainville,  conjoints,  entre  autres  biens  «  leur  échus 
après  le  tiépas  de  feu  Arnold  Bonmaître,  leur  oncle,  et  provenant  de  la 
ligne  et  costé  de  Wal  »,  leur  part  de  la  dîme  et  de  la  collation  de 
Recliival ;  avec  l'abbé  de  Saint-Hubert,  Nicolas  Duchanoy  conféra 
différentes  fois,  à  cause  du  droit  compétant  à  sa  dite  épouse,  la  cure  de 
Loupville  dit  Rechival  (2). 

En  157(_),  la  dîme  de  Loupy  dict  Recherival  se  partageait  entre  le  curé, 
l'abbé  de  Saint-Hubert  et  d'autres;  en  1602,  sont  indiqués  comme  colla- 
teurs  de  Loupville  ou  Rechrival  l'abbé  et  le  s''  d'Arville  (du  Chanoy  )  (3). 

Chisogne 

Dès  le  commencement  du  XL  siècle,  l'abbaye  de  Saint-Hubert  eut  des 
biens  en  cette  localité  :  vers  1028,  le  comte  Gozelon  de  Bastogne  lui 
donna  diverses  terres,  entre  autres  in  Chi&onia,  dimidium  mansiim  et 
tri  gin  ta  familias  (4). 

En  1315,  Chiesoingne  est  cité  par  VUrbar  du  comte  de  Luxembourg, 
dans  la  mairie  de  Loville  ;  est  mentionné  dans  la  même  mairie  Chisonne 
en  150")  et  en  1525;  Chessonne  en  1528,  Chiesoinge  en  1541,  Chesongne 
en  1561,  Chisoingne  en  1574. 


Jtr\neville  et  Moircy 

Jenneville  (Scheuville  =  Schenville),  rattaché  à  Laval  par  le  catalogue 
de  1766-1771,  l'est  également  sous  la  forme  méconnaissable  Char  ni  lie, 
par  les  Commîmes  Luxembourgeoises  (t.  IV,  pp.  625  et  626),  d'après  un 
relevé  de  1766. 


(1)  Ch.  des  Comptes,  reg.  45743. 

(2)  Cartul.  Nothumb,  n'^s  593  et  .524.  En  1.593,  Duchanoy  relaisse  pour  neuf  ans  sa   part 
de  la  dîme  de  Rechival  (ibid.,  n°  529). 

Le  25  juin  1665,  Ernest  et  Nicolas  de  Vaux  engagent  leur  part  des  dîmes  de  Mande- 
Sainte-Marie  et  de  Rechrival,  avec  les  menus  cens  en  dépendant.  (Ibid.,  n°  528). 

(3)  Voir  les  enquêtes  sur  les  revenus  du  clergé  luxembourgeois,  publiées  par  moi. 

(4)  Kurth,  Chartes  de  Sai?it-Hubert,  I,  p.  12. 


—  149  — 

On  a  fait  de  même  pour  une  localité  voisine  de  Jenneville,  jMoircy  : 
«  Sous  la  domination  espagnole  et  longtemps  après  encore  »,  lisons-nous 
dans  les  mêmes  Communes  (VI,  1145),  «  Moircy  faisait  partie  de  la 
»  seigneurie  de  Laval  (Tillet).  On  dit  que  c'est  un  des  seigneurs  de  Laval 
»  qui  a  fait  construire  la  chapelle  de  Lorette,  située  sur  le  Thier  de  ce 
»  nom,  pour  avoir  en  échange  une  partie  des  bois  de  Lambayfays,  qui, 
»  aujourd'hui  encore,  est  comprise  dans  le  domaine  de  Laval  »  (l). 

Jenneville  et  Moircy  n'ont  jamais,  je  crois,  fait  partie  de  la  seigneurie 
de  Laval  :  tout  au  plus  les  propriétaires  de  ce  château  ont-ils  possédé 
certains  droits  et  revenus  dans  ces  deux  localités,  et  on  peut  attribuer 
l'en'eur  à  la  circonstance  que  les  Orley  jouirent  d'une  part  de  dîme  à 
Remagne  et  dans  ses  dépendances,  Meixhv  et  Josterfelt,  c'est-à-dire 
Moircy  et  Jenneville  (2).  Cette  dernière  localité  était  même  autrefois  le 
siège  d'une  des  six  féautés  ou  mairies  de  Saint-Hubert,  appelée  aussi, 
précédemment,  mairie  de  Moircy. 

Weiler 

A  Weiler,  les  seigneurs  de  Laval  possédèrent  un  bien  important,  avec 
dîmes,  cour  échevinale,  hommes  de  fief,  rentes  dites  schajf  rentten,  etc., 
s'étendant  sur  Bellain,  Hoffelt  et  Hachiville.  D'où  leur  provenait-il? 

Il  y  avait  à  Weiler  une  famille  noble  (portant  le  titre  d  ecuyer  dès  1329), 
avec  laquelle  il  semblerait  au  premier  abord  vraisemblable  d'apparenter 
les  propriétaires  de  Laval.  Les  données  que  nous  possédons  sur  la  famille 
de  Weiler  (3)  corroborent-elles  cette  hypothèse  ? 

Frédéric  ou  Ferry  I  de  Weiler  (Wyeler)  est  mentionné  à  partir  du 
9  octobre  1317,  jour  oii  il  devient  vassal  du  roi  Jean  de  Bohême  et  en 


(1)  Le  bois  de  Lambayfays  (notre  Lambiefay  de  1681)  a  été  indivis  entre  Remagne  et 
Moircy  jusqu'en  1862.  (Tandel,  VI,  p.  1144). 

(2)  L'identification  de  ce  Josterfelt  ou  Jasterfclt  m'avait  précédemment  laissé  perplexe 
(v.  p.  100)  :  cette  localité  dépendant,  au  point  de  vue  de  Ip  dîme,  de  Remagne,  ne  peut 
être  que  Jenneville,  sis  en  la  paroisse  de  Remagne. 

On  connaît  pour  Jenneville  les  formes  wallonnes  Jusaineville  (1291),  Jusonville  (1331), 
Jiizainville  (1334),  Jehemnlle  (1563),  Jelmmeville  (1625),  Chenneville  (XVIII«  siècle);  les 
mentions  de  1331  et  1334  ne  doivent  pas,  comme  le  pense  M.  Kurth  (Chartes  de 
St  Hubert),  se  rapporter  à  Jehonville  (dont  les  anciennes  graphies  Jusumnle  [1139], 
Gysunvi/e  [1214],  Gesenville  [1330],  Gcsonville  et  Gisoiiville  [1350],  se  rapprochent  singuliè- 
rement de  celles  de  Jenneville). 

(3)  D'une  façon  générale,  pour  les  Weiler,  voir  :  van  Werveke,  Documents...,  dans 
le  t.  40  des  Piàlic.  de  Lu.x.,  pp.  390,  392  et  422  ;  Table  de  Wûrth-Paquet,  mêmes  Public, 
passim;  Arch.  de  S'«  Ode,  chartes,  1434;  Bormans,  Lesficfs  de  Namur,  1876.  pp.  122,  167 
et  268;  Arch.  de  Clcrvau.x,  n°^  252,  959  et  1257;  Tandel,  Les  Comm.  Lu.x.,  t.  IV,  pp.  325, 
465,  467,  470,  501,  505,  et  t.  V,  pp.  361,  398,  467,  469,  478,  491  ;  Annuaire  de  la  Nobl.  belge, 
1899,  gén.  de  Waha  ;  etc. 


—  150  — 

reçoit  en  fief  le  moulin  de  Wye/er ;  le  22  novembre  ÏWli),  (lualifié  decuyer, 
il  s'accorde  avec  un  ménage  de  Hoffelt,  qu'il  voulait  astreindre  à  aller 
moudre  au  moulin  qu'il  avait  en  ce  dernier  lieu. 

En  l'M'A,  nous  avons  rencontré  Ferry  de  Wiiier,  homme  de  fief  de 
Houftalize;  le  1"  mars  1345,  est  cité  Frédéric  de  Wilre,  le  22  novembre 
1384,  Frédéric  de  Weiler.  En  1418,  1441  et  1445,  paraît-il,  Fery  de  Vildre, 
maveur  de  Laroche,  et  son  fils  Jean  relèvent  Vecquemont  de  l'abbaye  de 
Stavelot.  J'ai,  pour  ma  part,  rencontré  un  Frédéric  de  Weiler  à  partir  du 
25  juillet  1433,  alors  qu'il  relaisse  un  pré  sis  entre  Ulvingeii  (Trois- Vierges) 
et  Sassel,  par  un  acte  muni  de  son  sceau;  le  16  novembre  1434,  sage  et 
honorable  Ferv  de  Wilre  était  sire  de  Grantchamp  ;  Fery  de  Wilre  ou  de 
Î7//6' était  mayeur  de  Laroche  les  8  août  1435,  19  février  1437,  28  sep- 
tembre 1442  et  4  décembre  1447.  Le  15  mars  1448,  Ferri  de  Willre,  sire 
de  Grandcajuf),  prend  en  engagère  la  cour  de  Mormont;  il  est  encore 
mentionné  le  3  mars  1454. 

Le  16  septembre  1431,  Ferri  de  Wilre  relève  de  Namur  un  fief  sis  à 
Fontenelle  près  Walcourt,  par  suite  du  décès  du  père  de  sa  femme,  Jean 
de  Cens;  ce  fief  avait  appartenu  précédemment  à  ce  dernier  et  à  son  père 
Lambert  de  Cens  (encore  cité  comme  homme  de  fief  de  Namur  le  21  jan- 
vier 1391). 

En  juillet  1469,  lors  du  dénombrement  de  la  prévôté  de  Bastogne,  on 
inscrivit  à  Weicherdange  «  une  maison  quy  donne  cens  aux  hoirs  de  Weiz 
et  à  fils  Feris  de  Grandchamps  ».  Il  s'agit  évidemment  ici  de  ce  Jean  de 
Wilre,  sire  de  Grainchamps,  qui  releva  la  moitié  de  la  vouerie  de  Séves- 
court  le  l*""^  mai  1471  et  qui  épousa,  dit-on,  Marie  de  Jamblinne,  dont  il 
eut  une  fille  :  Jeanne  de  Wildre,  dame  de  Grandchamps,  Vecmont  et 
Godinne^  épouse  de  Jean  de  Waha  de  Fronville,  chevalier,  seigneur  de 
Baillonville  par  relief  du  23  mai  1499,  mort  peu  avant  novembre  1514, 
dont  la  descendance  posséda  Grainchamps,  Erneuville,  Vecmont.  Il  est 
à  noter  que  le  prévôt  de  Poilvache  était  d'avril  1520  à  mai  1532  un  Henri 
de  Wildre,  seigneur  de  Grainchamps,  créé  chevalier  en  1501,  et  en  1607 
Everard  de  Waha,  sgr.  de  Vecquemont  ;  ce  Henri  doit  avoir  été  un  frère  de 
Jeanne,  mort  sans  hoirs,  puisque  Grainchamps  passa  à  la  descendance  de 
Jeanne. 

Quant  à  "^rarie  de  Jambline,  je  ne  l'ai  pas  rencontrée,  pour  ma  part,  et 
mes  sources  ne  m'ont  fait  connaître,  comme  épouse  de  Jean  de  Weiler, 
qu'Else  de  Brandenbourg,  bâtarde  de  Clervaux,  fille  naturelle  de  Ferry 
de  Brandenbourg,  seigneur  de  Clervaux;  c'est  ce  qui  résulte  de  nombreux 
documents  du  cartulaire  de  Wiltz,  dont  je  vais  signaler  ici  les  plus  impor- 
tantes (1). 


(1)  Arch.  Sect.  Hist.  Lux.,  Cartul.  de  Wiltz,  ff.  316,  359,  361,  363,  364,  367,  368,  370, 
371,  372,  374,  376;  chartes  X  30,  X  62;  Legs  Mûnchen,  AA  33.  (Anal,  van  Werveke.) 


—  151  — 

Le  22  juillet  1488,  Jean  de  Wveler  et  Else,  bâtarde  de  Clervaux, 
vendent  à  Bernard  d'Orley  et  à  sa  femme  tous  leurs  biens  de  Heltzingen, 
pour  fournir  la  rançon  de  Jean;  en  garantie,  ils  assignent  leur  maison  de 
Wveler  et  leurs  biens  de  Grantschan,  dans  la  seigneurie  de  Laroche; 
Gérard,  sire  de  Wiltz,  suzerain  des  biens  de  Helzmgen,  scelle  l'acte. 

Le  24  février  1490,  Jean  de  Wieler,  écuyer,  reconnaissant  devoir  encore 
50  florins  à  Bernard  d'Orley,  promet  de  ne  dégager  les  biens  et  rentes  de 
Heltzingen,  précédemment  vendus  à  Bernard,  qu'après  paiement  des 
50  florins  (1). 

Le  21  décembre  1497,  Jean  Ferry  de  Willer  et  Else  de  Brandenbourg, 
fille  naturelle  de  feu  Ferry  de  Brandenbourg,  sire  de  Clereval,  conjoints, 
empruntent  de  leur  filiâtre  Jean  Ramel  et  de  Françoise  de  Stambay,  sa 
femme,  60  florins  à  32  bavières  de  Luxembourg  pièce,  pour  lesquels  ils 
engagent  les  maisons  et  héritages  de  Jean  de  Dorsschet  et  de  Jean  le 
Tiissan,  de  Someren.  Gérard,  sire  de  Welcz,  scelle  le  document. 

Les  ventes  se  succèdent  ensuite  rapidement  :  le  20  mars  1499,  nous 
l'avons  vu,  Jean  vend  au  seigneur  de  Wiltz,  et  à  sa  femme,  tous  ses  biens 
et  rentes  en  la  paroisse  de  Helzingen,  à  Hoefelt  et  à  Wyler,  engagés  dans 
le  temps  à  Bernard  d'Orley.  I>e  6  juin  1500,  il  cède  aux  mêmes,  pour 
140  fl.  à  24  Vûyspennick,  par  devant  la  cour  féodale  de  Wiltz,  un  pré  dit 
die  Nuewe  Wies  et  un  vivier  y  attenant  dit  Quarbert:  le  12  février  1502, 
pour  70  fl.  semblables,  un  moulin  à  Weiler,  un  pré  en  ce  lieu,  vers 
Hoffelt,  et  toutes  ses  corvées  de  charrues  et  autres  à  Helzingen  et 
Weiler. 

Le  21  décembre  1502,  il  vend  à  Pierre  de  Weicherdange  sa  part  du 
bois  i7i  Biiefinger  Hart,  ainsi  que  deux  voueries  à  Wieler,  engagées  à 
Jean  Rammé  pour  60  fl.  (2);  le  vendeur  scelle,  avec  Gérard,  sire  de  Wiltz, 
de  qui  les  biens  meuvent  en  fief.  Il  vend  encore  à  Gérard,  en  1504,  huit 
arrière-fiefs  sis  à  Hoffelt,  pour  8  fl.  du  Rhin  en  or;  le  3  février  1505,  le 
petit  moulin  dessous   Weiler,  deseure  Gondebericht,  pour  50  fl.  à  21  gros 


(1)  Le  30  septembre  1494,  Jean  et  Henri  de...  déclarent  que  leurs  biens  de  Hoichfelt 
sont  fiefs  de  Wiltz  et  que  leur  père  les  avait  engagés  à  Guillaume  bâtard  d'Orley  pour 
60  fl.  du  Rhin  ;  ils  permettent  à  leur  frère  aîné  Arnold  de  les  vendre,  et  ce  du  consente- 
ment de  leur  oncle  Louis,  alors  au  couvent  de  S*  Antoine  à  Pont-à-Mousson  ;  Jean  Ramy 
scelle  l'acte.  (Cart,  de  Wiltz,  f.  .Sl(3).  Cette  analyse  pourrait  se  rapporter  à  nos  Weiler. 

(2)  Cette  vente  est  mentionnée  dans  la  liste  des  vassaux  de  Wiltz  insérée  dans  le 
dénombrement  de  la  comtesse  de  Wiltz,  le  14  mars  1682  : 

«  Le  s'"  de  Wecherdingen,  Nicolas  Totteraid,  greffier  d'Arlon,  tient  en  fief  de  noble 
»  seigr  Gérard,  comte  de  Wiltz,  de  l'an  1473,  ô^  janvier,  une  parte  à  la  dixme  de  Wei- 
»  cherdingen,  rapportant  environ  5  ou  6  malders  ;  item  2  voueries  à  Weiller,  au  lieu  dit 
»  Thcilhusch  im  Beuver  Hard,  que  Pier  de  Wecherdingen  at  achepté  du  s-^  de  Weiller, 
»  que  Jean  Ramé  avoit  cy  devant  engagé  pour  60  fl.  au  s'"  de  Steinbach...  ». 


—  152  — 

i  deniers  de  T.uxeinl)Ourf];.  En  l'M),  Bartelmus  d'Asselborn  dit  Luecke 
permet  à  Gérard  de  racheter  de  lui,  pour  iS  li.,  une  créance  de  54  11.  lui 
due  par  Jean  de  Willer. 

Enfin,  le  '21  septembre  1507,  Jean  vend  à  Servais  de  Weiler,  à  grâce  de 
rachat,  différentes  terres  à  Weiler,  pour  6  fl.  à  32  beyer ;  et  le  5  février 
150!)  (jour  de  Sainte-Agathe),  il  déclare  avoir  remis  à  Gérard,  sire  de 
Wiltz,  une  lettre  émanant  de  Jean,  roi  de  Bohème,  et  portant  autorisation 
pour  son  ancêtre  Frédéric  de  Weiler  de  contraindre  les  habitants  de 
Hoffelt  à  faire  moudre  au  petit  moulin  sis  en-dessous  de  Weiler;  Jean 
ajoute  que  de  son  temps  les  habitants  susdits  ont  moulu  au  moulin,  et  les 
contrevenants  ont  été  punis. 

Else  de  Clervaux  apparaît  déjà  avec  un  premier  mari,  Henri  de  Stein- 
bach,  le  15  novembre  1466;  d'après  Tandel,  même,  Henri  de  Stenbay 
avait  épousé  D"''  Elze  de  Vilre  ou  Wilre  dès  1451  et  en  eut  un  fils.  Ramé 
de  Steinbach;  quoi  qu'il  en  soit,  J.  Ramel  et  Françoise  de  Steinbach,  sa 
femme,  signent  le  16  février  1532  n.  st.  une  reconnaissance  de  dette 
pour  eux  et  leur  mère,  Else  de  Clervaux,  fille  naturelle  de  Ferry  de 
Brandenbourg  (l'époux  de  Françoise  d'Argenteau).  On  le  voit,  si  Jean  de 
Weiler  a  réellement  épousé  une  Marie  de  Jamblinne,  nous  devons 
admettre  qu'il  s'est  remarié,  entre  1466  et  1488. 

Vecquemont  et  Grainchamps  (dépendance  actuelle  d'Erneuville)  appar- 
tenaient donc  aux  Weiler  dès  le  commencement  du  XV*^  siècle;  il  est  à 
noter  qu'en  1315,  le  sire  de  Beauraing  était  homme  et  pair  du  château  de 
Laroche,  du  "chef  de  son  château  de  Beauraing  et  des  cours  de  Grant- 
champ  et  d' Erkoigfieiii/le{[):  Erneuville,  mentionné  en  1354  sous  la  forme 
Erlonguevilhe,  était,  en  janvier  1 429,  le  siège  d'une  cour  féodale  appar- 
tenant à  D"'^  Jeanne  de  Wambay,  à  ce  que  nous  apprend  une  charte 
appelant  cette  localité  Ernogville,  Ernoigville,  Erlongville  (2).  Comme 
Erneuville  apparaît  plus  tard  dans  les  mains  des  de  Waha,  descendants 
de  Jeanne  de  Wildre,  avec  Grainchamps  et  Vecquemont,  on  peut  supposer 
que  la  localité  appartint  également  aux  Weiler,  au  moins  au  XV '^  siècle. 

Dès  lors,  aucun  indice  ne  me  permet  d'expliquer  l'assertion  de  Geubel  : 
vers  1343,  Jean  de  Jemeppe,  sire  de  Noville,  relève  de  Houffalize  «  les 
châteaux  de  Walkenheusen  et  à' Eriioiiville  »/  le  renseignement  me 
semble  d'autant  plus  être  erroné  que  quatre  ans  après  Welchenhausen 
relevait  du  seigneur  de  Wiltz;  cette  erreur  peut,  je  pense,  s'expliquer  de 
la  façon  suivante  :  la  source  à  laquelle  Geubel  a  puisé  faisait  simplement 


(1)  Urbar  publié  par  M.  van  Werveke,  p.  50. 

(2)  Kurth,  Chartes  de  Saint-Hubert,  1,  p.  "xST  ;  Archives  de  Sainte-Ode,  chartes.  Au 
dénombrement  de  1541,  Arnoville  Q?,i  relevé,  avec  Grantchavipz,  sous  Laroche;  en  1586, 
l'église  à'Artiiville  est  mentionnée  comme  église-mère  de  celle  de  Hives. 


—  153  — 

allusion  au  relief  de  1343  :  ce  relief  comprenant  en  effet  la  maison  de 
Noville  et  quatre  maisons  à  Foy  et  Noville,  Jean  de  Jemeppe  relevait 
par  là-méme  la  maison  qui  devint  plus  tard,  par  suite  de  l'acquisition 
qu'en  fit  Thierri  I  de  Welchenhausen,  la  «  maison  de  Welchenhausen  », 
à  Noville.  Les  termes  «  les  châteaux  de  Walkeniieusen  et  d'Ernouville  » 
doivent  donc  se  lire,  je  pense  :  «  le  château  (appelé  plus  tard  :)  de 
Walkenheusen  à  Nouville  »  (1). 

Si  les  renseignements  que  nous  avons  réunis  sur  la  famille  de  Weiler 
ou  Wildre  nous  ont  permis  de  rectifier  une  erreur  d'importance  commise 
au  sujet  du  château  de  Welchenhausen,  ils  ne  nous  ont  pas,  par  contre, 
révélé  de  parenté  entre  les  seigneurs  de  Laval  et  les  Weiler,  pas  plus 
qu'ils  ne  nous  ont  mis  en  situation  d'expliquer  les  rapports  de  Weiler 
même  avec  la  terre  de  Laval.  A  un  moment  donné,  cette  famille  aura- 
t-elle  cédé  ses  droits  seigneuriaux  sur  Weiler  aux  Laval  ?  Nous  ne  saurions 
le  dire  :  en  tout  cas,  les  différents  Frédéric  de  Weiler  que  nous  avons 
rencontrés  au  XIV*^  siècle  ne  possédaient  pas,  semble-t-il,  la  seigneurie 
de  Weiler,  qui  ne  figurait  pas  parmi  les  fiefs  que  leurs  successeurs  tinrent 
des  seigneurs  de  Wiltz;  ils  n'y  avaient,  au  XV*^  siècle,  qu'un  simple 
manoir  (2). 

Les  dîmes  de  Bellain  constituaient  un  important  fief  wiltzois;  en 
dehors  des  Orley-Laval,  nous  en  trouvons  une  part  entre  les  mains  de  la 
famille  d'Autel,  au  XV'^  siècle  :  le  11  novembre  1475,  Gilles  d'Autel, 
seigneur  de  Koerich,  rend  hommage  à  Gérard,  sire  de  Wiltz,  pour  les 
rentes  de  Kaundorf  et  la  part  des  dimes  de  Beslinck  qu'il  a  mouvant  de 
Wiltz;  treize  ans  après,  le  1"  octobre  1488,  Thierri  Grveffenclaeghe  de 
Felretz  prête  hommage  au  même  Gérard  pour  des  rentes  à  Hachiville  et 
à  Bellain,  relevant  de  Wiltz  et  héritées  de  son  oncle,  feu  Thierri,  seigneur 
de  Hollenfeltz  (3). 

La  dîme  de  Botdaide 

En  1440,  le  seigneur  de  Laval  et  son  épouse  engagent  à  Jean  de 
Swertzheim  leur  part  de  la  dîme  de  Boulaide. 


(1)  A  propos  des  dépendances  de  la  seigneurie  de  Noville  à  Foy,  signalons  qu'au 
dénombrement  de  la  prévôté  de  Bastogne  en  1469  figure,  à  Faing,  une  maison  «  qui  paie 
»  trécens  à  hoirs  de  ceulx  de  Werckenhouse  »  ;  chose  curieuse,  le  souvenir  des  Welchen- 
hausen subsiste  encore  à  Foy  :  Faysous,  nous  apprend  une  note  de  1877,  est  un  lieu-dit 
de  Foy  désignant  des  «  terrains  ayant  appartenu  à  un  ancien  seigneur  de  Noville  appelé 
Falquenouse  (?)  ».  (Tandel,  IV,  p.  58.3). 

(2)  Le  dénombrement  de  la  comtesse  de  Wiltz,  en  1682,  mentionne  parmi  ses  vassaux 
le  s'^  de  Weiller,  à  raisoti  de  sa  inazur e  à  Wiltz  et  ce  qu'il  at  à  Weiller,  Hoffelt  et  Heltzingeii: 
il  s'agit  ici  du  seigneur  de  Laval  ;  la  masure  de  Wiltz  est  la  borchplacze  relevée  par  Claude 
d'Orley  en  1497  et  où  s'élevait  sans  doute  précédemment  une  maison  castrale  (burghausj . 

(3)  Cart.  de  Wiltz,  ff.  206  et  214  (anal,  van  Werveke). 


—  154  — 

Cette  dîme,  nous  apprend  Bernard  d'Orley,  ne  relevait  pas  de  Wiltz. 
Elle  devait  dépendre  de  la  cour  féodale  d'Arlon,  car  c'est  devant  le 
prévôt,  deux  hommes  féodaux  et  deux  échevins  de  cette  ville  que  Pierre 
Fusgin  et  Else,  sa  femme,  veuve  en  premières  noces  de  Conrad  de 
Saurfeld,  vendirent  à  Jean  Husman,  d'Arlon,  et  à  son  épouse,  le  27  août 
1461,  leur  part  dans  la  dîme  du  ban  de  Bussleiden,  à  l'exception  de  ce 
qu'ils  ont  donné  à  l'église  de  Strainchamps  ;  le  8  avril  1469,  pardevant 
deux  échevins  d'Arlon,  Pierre  Faussjen  et  sa  femme  reçoivent  encore 
20  florins  de  Houssman,  en  augmentation  sur  le  prix  de  venté  de  leur 
dîme  de  Boussleyden  ;  le  2  janvier  1472,  la  veuve  de  Pierre  Fusgin  déclare 
encore,  pardevant  le  sous-prévôt  et  un  échevin  d'Arlon,  avoir  de  nouveau 
reçu  11  florins  sur  la  même  dîme  (1). 

Le  28  décembre  1587^  devant  les  prévôts  et  hommes  jugeables  de 
Houftalize,  Catherine  de  Benonchamps,  fille  de  Louis  et  d'Elise  de  Lucsy, 
renonce  au  profit  de  son  frère,  Paul  de  Cottin,  issu  du  premier  mariage 
d'Elise  avec  Henri  de  Cottin,  à  tous  les  droits  pouvant  lui  appartenir  en 
les  rente  et  dîmes  de  Busleyden  et  de  Tintenge. 

D'autre  part,  c'est  sur  la  dîme  de  Boulaide  que  Marie  Lamborel.  veuve 
de  Nicolas  d'Everlange,  fonda  par  testament,  en  1649,  deux  messes  en 
sa  chapelle  castrale  de  Witry  et  en  l'église  de  Remoiville  (2). 

Quant  à  ce  qui  concerne  le  droit  de  collation  de  la  cure,  il  est  à  noter 
qu'en  1483,  le  curé  avait  été  présenté  par  Gérard  de  Wampach  (de  Wam- 
pasio),  comme  tuteur  des  enfants  de  feu  Henri  Ruffignon,  et  par  Hue 
d'Enscherange  (3j;  Gérard  de  (Nieder-)  Wampach  avait  épousé  une  fille 
de  «  feu  le  joesne  H.  Ruffignon  »  (I48i),  tandis  que  Hugues  d'Ensche- 
range était  l'époux  de  Marie  d'Ober- Wampach,  fille  de  Catherine 
Ruffignon  :  le  droit  de  collation  provenait  donc  des  Ruffignon,  semble-t-il. 

L'église  de  Boulaide  (Bnilaidas)  se  trouvait,  avec  celles  de  Maissin  et 
de  Martelange,  au  nombre  des  biens  dont  la  possession  fut  confirmée  à 
l'abbaye  de  Saint-Hubert  par  l'évèque  Walcaud  en  817,  mais  les  trois 
églises  ne  figurent  plus  dans  la  bulle  de  confirmation  de  biens  octroyée 
par  Innocent  II,  en  llo9.  Celle  de  Boulaide  avait  sans  doute  passé  à 
l'abbaye  de  Stavelot,  car  en  1088  nous  voyons  Macaire  de  Chimay  et 
Boson  de  Barse  donner  à  ce  monastère  leurs  alleux  de  Boulaide  (Bnilai- 
das) et  de  Berlé,  avec  la  dîme  de  Bavigne  (4). 


(1)  Arch.  de  Marches  de  Guirsch,  \,  n°'  73,  86,  92. 

(2)  Comvi.  Lux.,  IV,  4'J7;  VI,  285. 

(3)  Arch.  de  Reinach.  n°  2097. 

(4)  G.  Kurth,  Chartes  de  Saint-IIuhert,  I,  p.  5;  cf.  c  R  H,  t.  8  de  la  5"  s.  (1898),  p.  34. 
K.  Hanquet,  La  Chro7i.  de  Saint-Hubert,  1906,  p.  12.  Halkin  et  Roland,  Chartes  de 
Stavelot-Malmedy ,  I,  p   244. 


155 


Le  bien  de  Die  kir  ch 

Nous  avons  vu,  dans  notre  introduction,  qu'une  moitié  du  droit  de 
collation  de  l'église  de  Diekirch  appartenait  en  1326,  à  Gérard  de  Wiltz 
ou  à  Wautier  de  Wiltz  dit  de  Bereldange;  en  1385,  à  Waleran  du  Chêne, 
comme  mari  de  Julienne  de  Welchenhausen  ou  Laval;  en  1402,  à  Jean  I 
d'Orley,  second  époux  de  Julienne.  En  1489,  Gérard,  seigneur  de  Wiltz, 
renonce  à  tout  dioit  de  patronage  au  profit  de  Bernard  d'Orley,  petit-fils 
de  Julienne;  celle-ci  possédait  ce  droit  en  qualité  d'héritière  de  la 
seigneurie  de  Laval. 

A  toute  évidence,  c'est  de  la  maison  de  Wiltz  que  cette  moitié  du  droit 
de  collation  de  Diekirch  échut  à  Julienne  de  Welchenhausen. 


Notre  longue  enquête  sur  les  origines  de  Laval,  ainsi  que  sur  la  consis- 
tance et  les  dépendances  de  cette  terre  ne  nous  a  malheureusement  pas 
appris  grand  chose  sur  ses  rapports  avec  la  famille  de  Welchenhausen. 

Elle  ne  nous  a  pas  fait  trouver  le  nom  des  propriétaires  de  Laval 
antérieurs  à  1385  et  nous  a,  tout  au  plus,  amené  à  la  conclusion  que  ce 
château,  privé  de  l'exercice  de  la  haute  justice  avant  1400,  a  dû  appartenir 
aux  XIIL  et  XIV'  siècles  à  quelque  famille  du  pays,  portant  habituelle- 
ment le  nom  d'une  terre  plus  importante  que  le  bien  de  Laval.  Ce  nom, 
nos  recherches  ne  sont  pas  parvenues  à  le  déceler,  jusqu'à  présent. 

Quelques  indices,  toutefois,  sont  à  retenir  dans  les  renseignements 
réunis  sur  Laval  et  ses  dépendances,  car  ils  nous  permettent  de  restreindre 
le  champ  de  nos  investigations  ultérieures. 

En  effet,  si  Laval  constituait,  avec  son  bien  de  Diekirch,  un  fief  luxem- 
bourgeois, si  la  dime  de  Boulaide  ressortissait  de  la  cour  féodale  d'Arlon, 
par  contre  le  bien  de  Weiler,  dépendant  également  de  Laval,  relevait  de 
Wiltz.  D'autre  part,  le  bien  de  Diekirch,  c'est-à-dire  la  moitié  de  la 
collation  de  l'église,  des  dimes  et  des  fiefs  y  attachés,  avait,  avant 
d'arriver  à  Julienne  de  Welchenhausen,  appartenu  aux  seigneurs  de 
Wiltz  :  on  peut  donc,  fort  légitimement,  admettre  qu'une  parenté  très- 
proche  unissait  la  dame  de  Laval  à  la  famille  de  Wiltz,  ce  qui  explique- 
rait, par  surcroît,  les  relations  fort  étroites  que  ses  successeurs,  les  d'Orley, 
entretinrent  toujours  avec  les  dynastes  wiltzois;  plus  spécialement, 
aurait-on  ainsi  l'explication  du  titre  de  nebe7i  donné  en  1429,  par  Jean  II 
d'Orley  de  Laval  et  sa  femme,  à  Jean,  seigneur  de  Wiltz. 

Par  contre,  nous  ne  savons  toujours  nen  de  la  parenté  qui  unissait 
Julienne  à  Thierri  I  de  Welchenhausen  et  aux  siens.  L'examen  de  ce 
problème  nous  oblige  à  reprendre  la  question  de  plus  loin. 


—  156  — 


L'origine  de  Thierri  I  de  Welchenhausen 

Les  circonstances  dans  lesquelles  le  nom  des  Welchenhausen  fait  ses 
premières  apparitions  ne  laissent  pas  que  d'exciter  notre  curiosité  :  alors 
qu'avant  13 i7,  nous  n'avons  pas  rencontré  une  seule  fois  cette  famille  (1), 
elle  surgit  tout  d'un  coup  de  l'obscurité,  au  milieu  du  XIV''  siècle,  repré- 
sentée par  un  personnage  important,  titré  de  chevalier  (1347);  investi 
bientôt  des  fonctions  de  prévôt  d'Ardenne  (1353),  puis  de  celles  de 
lieutenant  et  sénéchal  (!2)  du  duché  (i36!2);  dont  les  armoiries  s'apparen- 
tent à  celles  des  familles  les  plus  illustres  de  la  région;  alliée,  enfin,  à  de 
riches  et  anciennes  maisons. 

Ces  circonstances  rendent  des  plus  vraisemblables  la  supposition  que 
Thierri  I  de  Welchenhausen  était  un  cadet  de  famille,  appartenant  par 
sa  naissance  à  quelque  race  notable  du  pays.  Pour  tenter  d'élucider  cette 
question,  nous  n'avons  à  notre  disposition  qu'un  moyen  d'investigation  : 
scruter  de  près,  d'une  part,  l'histoire  des  biens  et  revenus  possédés  par 
Thierri  I  ;  d'autre  part,  celle  des  familles  de  la  région  ayant  porté,  à  cette 
époque,  des  armoiries  caractérisées  par  un  énissori  plain,  en  abîme. 


Les  possessions  de  Thierri  I 

En  1347^  on  s'en  souviendra,  les  héritages  de  Thierri  et  de  sa  femme 
comprenaient  la  dîme  d'Enzen,  le  bien  de  Sellerich  et  de  Winterspelt, 


(1)  Le  3  décembre  1327,  le  pape  Jean  XXII  accorde  à  Thierri,  fils  de  Henri  de  Mercen- 
chusen,  Merchenchusen  ou  Mercenhusen,  deux  canonicats,  en  l'église  de  Notre-Dame  d'Aix 
et  en  celle  de  Kerpen  (H.-V.  Sauerland,  Urk.  u.  Reg.  zur  Gesch.  der  Rheinlande  aies  dem 
Vatik.  Archiv.,  II,  Bonn,  1903,  n^^  1346  et  1347;  avec  l'identification  erronée,  Metzen- 
hausen  près  Simmern.  —  A.  Fayen,  Lettres  de  Jeiin  XXII,  II,  Rome,  1UU9,  n»  2069). 

Les  prénoms  Thierri  et  Henri,  caractéristiques  de  nos  premiers  Welchenhausen  ; 
la  mauvaise  lecture  Melckerliuyse  rencontrée  à  propos  de  Henri  de  Welchenhausen;  la 
forme  courante  Werchenhusen  ;  ces  diiférentes  circonstances  m'avaient  d'abord  amené  à 
supposer  que  le  document  de  1327  concernait  des  membres  de  la  famille  qui  nous  occupe. 

11  n'en  est  rien,  cependant,  et  Henri  de  Mercenhusen  tirait  son  nom  de  Merzenhausen, 
à  une  lieue  de  Juliers.  Un  personnage  appelé  habituellement  Henri  d'Overbach  (localité 
située  à  un  kilomètre  de  Merzenhausen)  usait,  en  novembre  1362  et  en  novembre  1363, 
d'un  sceau  portant  la  légende  :  _j-  s'.  henrici-de-[m]ercenhvseN'MILIt';  les  armoiries 
nont  rien  de  commun  avec  celles  de  nos  Welchenhausen.  (A.  Verkooren,  Inv.  des  Chartes 
et  Cnrt.  de  Brahant,  III,  n«  1987,  et  IV,  n°  2107,  etc.). 

(2)  Dapijer,  sénéchal,  drossart,  truchsess,  sont  les  noms  que  prirent  les  prédécesseurs 
dts  gouverjieurs  du  Luxembourg.  Ce  dernier  titre  ne  prévalut  qu'au  XV®  siècle.  (Cf.  van 
Wtrveke,  dans  les  Puf'/.  de  Luxembourg,  t.  40,  p.  259). 


—  157  — 

celui  de  Welchenhausen  et  celui  de  Vossin.  D'autre  part,  ces  époux  ou 
déjà  leurs  parents  ou  ancêtres,  ont  possédé  des  droits  assez  importants 
sur  Flamisoul  et  Witry,  Hasborn,  Recht. 

Voyons  successivement  ce  que  nous  connaissons  de  ces  différentes 
possessions. 

La  dîme  d'Enzen 

Pour  l'identification  à'Insin,  il  pourrait  y  avoir  doute,  et  l'on  pourrait 
hésiter  entre  Entzen  près  de  Zùlpich  et  Enzen  près  de  Bitbourg.  Cepen- 
dant, il  ne  peut  s'agir  que  de  ce  dernier,  dans  la  charte  de  1347  :  la 
première  localité,  en  effet,  oi^i  l'abbaye  de  Prùm,  puis  celle  de  Siegburg, 
possédait  des  biens  considérables  et  dont  le  château  relevait  en  fief  de 
JuHers  (l),  ne  semble  pas  avoir  eu  de  rapports  avec  Dasbourg  et  Vianden. 

Par  contre,  Enzen  appartenait  à  la  mairie  de  Nosbaum,  dans  le  comté 
de  Vianden,  et  le  village  voisin  de  Stockem  appartenait  à  la  fin  du  XIIP 
et  au  commencement  du  XIV*^  siècle  aux  seigneurs  de  Neuerbourg  (2). 

De  plus,  le  suzerain  de  la  dîme  d'Enzen  en  1347,  Thibaut  de  Bar, 
seigneur  à  Pierrepont  et  à  Dasbourg,  était  le  deuxième  époux  de  Marie 
de  Namur,  veuve  de  Henri,  comte  de  Vianden. 

D'ailleurs,  tout  doute  tombe  en  présence  de  la  circonstance  suivante  : 
le  18  octobre  1533,  Jean  vam  Kruytze,  le  jeune,  fils  de  Jean  va7n  Kruvtze, 
relève  devant  la  cour  féodale  de  Vianden,  un  fief  déjà  relevé  par  Huart 
de  Crtitzi  en  1477  :  Eussenbach  et  Ajfolter,  achetés  de  Jean  van  Rudlin- 
gen  ;  une  maison  castrale  à  Dasbourg,  etc.  ;  de  plus,  la  dîme  d'Enzen, 
provenant  des  Welchenhausen  :  den  Intzener  tzheenden,  der  da  kumpt 
van  den  Welchenhusen  (3). 

J'ignore  comment  la  dîme  d'Enzen  passa  des  Welchenhausen  aux  von 
dem  Kruytze;  je  ne  suis  malheureusement  pas  mieux  renseigné  sur  ses 
possesseurs  d'avant  1347. 

Sellerich  et  Winterspelt 

Sellerich  (paroisse  de  Brandscheid)  formait  avec  Hontheim  et  Hers- 
cheid  une  écoutèterie  de  l'abbaye  de  Prùm,  encore  appelée  cour  de 
Sellerich. 

Le  record  de  Sellerich,  publié  par  Grimm,  désignait  comme  seigneur 


(1)  Barsch,  E{fl.  ill.,  3"  v.,  l-^^  p.,  1852,  p.  204. 

(2)  Ibidem,  .3®  v.,  2®  p.,  1852,  pp.  578-579;  cet  auteur  met  erronéinent  Enzen  dans  la 
mairie  de  Freilange. 

(3)  Arch.  Gouv\  Luxbg.,  l"""  reg.  aux  fiefs  de  Vianden. 

11 


—  158  — 

foncier  et  féodal  l'abbé  de  Priim  et  comme  voué  le  seigneur  de  Schônberg 
{we/c/ier  Sc/iônbef\^  xchk'/isst  7i?id  entsch/eussi);  le  voué  de  Cronenbourg 
et  l'écoutète  d'Alf  (Bleialf)  y  jouissaient  également  de  certaines  préro- 
gatives. 

Quant  à  Winterspelt,  c'était  aussi  le  chef-lieu  d'une  écoutèterie  de 
Priim,  formée  de  la  localité  même,  d'Eigelscheid^  Elcherath,  Hemmeres, 
Ihren  et  Walmerath;  sa  chapelle  était  une  filiale  de  Bleialf  (1). 

Sellerich  et  Winterspelt,  situés  entre  Reuland  et  Prùm,  sont  cités  en 
1222  dans  les  commentaires  du  polyptyque  de  Prùm  :  le  noble  Robert 
d'Esch-sur-Sùre  tenait  en  fîef  du  monastère,  en  la  cour  d'Alf  (Bleialf),  à 
Winterspelt  et  à  Sellerich,  des  prestations,  de  nombreux  moutons  et  des 
cens  (2). 

Au  siècle  suivant,  nos  deux  localités  sont  mentionnées  dans  une  charte 
des  plus  intéressantes,  qu'il  convient  d'analyser  ici. 

Le  2  février  1343  (1342,  in  die  purificatio7iis  Sa?icie  Marie  Virgiiiis),  à 
Prague,  Jean  de  Valkensteyn,  seigneur  à  Bettingen,  déclare  que  Jean,  roi 
de  Bohème  et  comte  de  Luxembourg,  lui  a  donné  en  fief  la  montagne 
dite  «  Castel  »,  puis  «  Fridlant  »,  sise  entre  Waxweiler  et  Greimelscheid 
[inontem  dictum  Castel,  nunc  vero  Fridlant  wlgariter  nuncupatiim ,  situm 
intra  Wahswlr  et  Gryfnilscheid),  pour  qu'il  pût  y  édifier  et  construire  un 
château  ou  forteresse  (castrum  seu  niimitiofieni)  ;  il  s'engage  à  tenir  ce 
mont,  avec  le  château  y  bâti,  en  fief  du  comté,  en  le  laissant  accessible 
{apertum  et patens  ac  reddihile)  au  comte  et  à  ses  successeurs.  . 

Il  unit  et  incorpore  à  ce  château,  à  perpétuité,  tous  les  revenus  et 
rentes  qu'il  possède  en  Ardenne,  dans  les  cours  de  Winterspelt,  Orten, 
Sellerich  et  Elcherath  :  omnes  redditus  et proventus  qnos  habeo  in  Ardenna 
videlicet  in  ciiriis  Winterspelt,  Orten,  Selrich  et  Elchenrod,  cum  universis 
suis  juribns  et  pertinenciis,  necno?i  vassallatibns,  clientibus,  nobilibus  et 
ignobilibus,  qui  quidem  proventus  ultra  viginti  librarum  turonensium 
parvortim  redditus  annuatim  se  extendu7it....  Il  y  annexe  également  son 
village  de  Feilsdorf  (Fulsdorf,  prope  Ham),  déjà  fief  du  roi. 

S'il  meurt  sans  héritier,  le  château,  avec  le  mont  et  tous  les  droits  y 
afférant,  passera  à  Hermann   de  Brandenberch  et  à  ses  héritiers;   si 


(1)  Biirsch,  Eiflia  ilL,  II,  2<>  p.,  1844,  p.  223;  III,  2«  p.,  irM.,  1854,  pp.  305-306  et  433. 

(2)  «  Puto  nobilem  virum  Rubinum  de  Hays  infeodatum  esse  de  aliquibus  villis  istis, 
»  que  site  sunt  in  episcopatu  Metensi.  Preterea  tenet  ab  ecclesia  angaria  et  oves 
»  (muttones)  multas  et  census  apud  curtem  de  Alve,  sciendum  est  in  Wynterspelt  et  in 
»  Selrich  ».  (Beyer,  Mittelrh.  Urkdh.,  I,  1860,  p.  163).  Cf.  J.  Vannérus,  Les  anciens 
Dyndstes  d' Esch-sur-la-Sùre,  1910,  p.  92. 


—  159  — 

Hermann  et  ses  enfants  (pueri  quos  7iunc   habei)  mouraient  également 
sans  hoirs  de  leur  corps,  le  castel  ferait  retour  au  roi  et  à  ses  héritiers. 

Il  scelle,  avec  nobles  hommes,  sire  Thierri  de  HoncheringQt  Hermann 
de  Brandenberch,  témoins  (1). 

Hermann  était,  on  le  sait,  le  fils  du  frère  du  sire  de  Falkenstein,  Fré- 
déric de  Brandenbourg;  pas  plus  que  ses  enfants,  il  n'eut  l'occasion 
d'entrer  en  possession  du  château  de  Friedland,  car  de  son  union  avec 
une  Veldentz,  Jean  de  Falkenstein  laissa  une  fille,  Blanchefleur,  qui  eut 
des  descendants. 

Je  ne  sais  si  ces  descendants  possédèrent  la  forteresse  de  Castel,  car  je 
n'ai  plus  rencontré  le  nom  de  celle-ci  après  1343;  le  souvenir  s'en  était 
tellement  perdu  que  Bârsch,  ignorant  quelle  était  exactement  la  montagne 
qu'elle  couronnait,  en  était  réduit  à  supposer  qu'elle  se  trouvait  à  Lam- 
bertsberg,  entre  Waxweiler  et  Greimelscheid  (2j;  heureusement,  un 
article  de  J.  Heydinger,  publié  en  1878  (3),  nous  fournit  des  renseigne- 
ments précis  :  d'une  enquête  faite  sur  place,  il  résulte  que  le  Castel  de 
Jean  de  Falkenstein  est  encore  reconnaissable,  au  sud  de  Lambertsberg, 
sur  une  hauteur  dominant  la  Prùm  et  dite  de  nos  jours  Hihkaselt 
(=  Hoch-Kastel),  où  l'on  a  trouvé  des  monnaies  et  de  nombreuses  tuiles. 

Quant  à  Winterspelt  et  Sellerich,  nous  les  retrouvons  à  la  fin  du 
XV-^  siècle  :  le  11  juin  1499,  Robert,  abbé  de  Primi,  donne  en  fief  à 
Marguerite  de  Fénétrange,  dame  de  Brandenbourg,  les  biens  de  Schweich, 
Mehring,  Mertze,  Eigelscheid,  Winterspelt  et  Sellerich,  que  les  ancêtres 
de  cette  dame  avaient  tenus  en  fief  de  l'abbaye  de  Prùm  (4).  Deux  ans 
après,  le  19  juillet  (veille  de  la  Sainte-Marguerite)  1501,  Jean  de  Féné- 
trange, seigneur  à  Falkenstein  et  à  Esch,  engage  son  bien  de  Winterspelt 
et  de  Sellerich,  pour  335  fl.,  à  Thierri  de  Sain  et  à  Hélène  de  Virnebourg, 
sa  femme  (5). 

Marguerite  et  Jean  de  Fénétrange,  cousins-germains,  se  rattachaient 


(1)  Chartes  de  Luxembourg,  aux  Arch.  gén.  du  Royaume,  h  Bruxelles  (n°  797);  orig., 
s.  parch.,  auquel  ne  reste  appendu  que  le  sceau  de  Th.  de  Huncherange. 

(2)  Eijî.  ilL.  II,  l''"  p.,  1829,  p.  127;  III,  1"  p.,  1854,  pp.  240  et  412;  cf.  Bertholet, 
t.  VII,  p.  131,  avec  des  erreurs  de  lecture. 

(3)  Luxembiirgisches  iji  der  Eifel,  d^x\?,\e?,  Puhl.  de  Luxemb.,  t.  32  (1878),  pp.  103-104. 
Cf.  Puhl.  de  Luxbg.,  t.  23  (18(58),  p.  186,  où  Wùrth-Paquet  cite  notre  burg  parmi  les 
localités  luxembourgeoises  disparues  par  suite  de  guerres,  d'épidémies,  etc. 

(4)  Orig.,  sur  parch.,  aux  arch.  de  la  Sect.  Histor.  de  l'Institut  de  Lux.  (X,  40),  d'après 
une  analyse  de  M.  van  Werveke. 

(5)  Barsch,  Eifluiill..  III,  2«p.,  1<"^  livr.,  1854,  p.  433. 


-    160  - 

en    lijj^ne  directe  à  Je;in  de  Falkenstein,  et  par  lui  à  Robert  d'Esch, 
coiiiine  l'indique  le  crayon  généalogique  suivant  : 

Robert  d'Esch-sur-Sûre  (1220-12G2) 


Ermengarde  d'Esch  (1266-1292) 

Ep.  vers  1250  Ferry  de  Neuerbourg  (1258-1278). 


Thierri  de  Neuerbourg,  sgr.  de  Brandenbourg  (1291-1317) 


Jean  de  Brandenbourg,  sgr.  de  Falkenstein  (1316-1351) 


Blanchefleur  de  Falkenstein,  enfant  unique  (1351-1378) 
Ep.  en  2''<^^  noces  Bouchard  de  Fénétrange  (-j-  vers  1372) 

Jean  de  Fénétrange,  sgr.  à  Falkenstein  et  Esch  (1386-1442) 


Simon  de  Fénétrange 
Bouchard  de  Fénétrange  \  (1429-1477) 

(1439-1449)  /  Ep.  en  1429 

Anne  de  Brandenbourg 


Jean  de  Fénétrange  (1469-1501)  Marguerite  de  Fénétrange 

chanoine  et  archidiacre  à  Trêves.  ^^^^^  ^^  Brandenbourg  (1). 

A  en  croire  Bàrsch,  les  Welchenhausen  possédèrent  à  Winterspelt  et  à 
Sellerich  la  moitié  de  deux  voueries,  celles  d'Erpeldange  et  de  Féné- 
trange, qu'ils  tenaient  en  fief  de  l'abbaye  de  Prûm  et  qu'ils  laissèrent  par 
héritage  aux  Ouad  :  le  12  octobre  153i,  Guillaume  Quad,  échanson 
héréditaire  du  pays  de  Berg,  en  fut  investi  par  l'abbé  Guillaume  ;  il  les 
vendit  à  Thierri  de  Boulich.  L'autre  moitié  des  deux  voueries  paraît  avoir 
été  tenue  en  fief  de  l'abbaye  par  les  Brant  de  Buseck. 

L'appellation  de  voueries  dŒrpeldayige  et  de  Fénétrange  doit  être 
postérieure  à  l'époque  où  ces  voueries  appartinrent  aux  Welchenhausen; 
en  tout  cas,  la  qualification  d'Erpeldange  ne  doit  pas  remonter  au  delà 
du  XVL  siècle,  qui  vit  l'arrivée  des  Boulich  à  la  seigneurie  d'Erpeldange 
(lez-Diekirch)  (2). 


(1)  Voir  à  ce  sujet  :  J.  Vannérus,  Lesanc.  Dynastes  d'Esch,  pp.  285  et  339  et  passim. 

(2)  En  1585,  Carsilius  de  Palland,  de  Reuland,  et  Jeanne  de  Mylendonck  furent  investis 
des  dîmes  de  Winterspelt  et  de  Sellerich,  fief  de  Prùm  ;  elles  furent  données  plus  tard 
par  Ottilie,  fille  de  Balthasar  de  Palland,  à  Marie-Madel.  de  Sôtern. 


—  161  — 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  renseignements  qui  précèdent  suffisent  pour  nous 
faire  admettre  que  l'histoire  du  bien  tenu  en  fief,  en  1347,  de  Frédéric, 
sire  de  Xeuerbourg  et  de  Cronenbourg  (descendant  direct  de  Robert 
d'Esch),  doit  se  rattacher  de  près  à  celle  des  seigneurs  d'Esch  et  de  leurs 
descendants,  les  Neuerbourg  et  les  Brandenbourg. 

Le  bien  de  Welchenhausen. 

La  charte  du  10  avril  1347  nous  apprend  que  Thierri  I  tenait  le  bien  de 
Werchinhusin  en  fief  de  Godevart,  sire  de  Wiltz. 

Qualifiée  de  maison  et  de  château  (hus^  slos)  en  1380,  la  forteresse 
(arx)  ào,  Welchenhausen  fut.  rasée  en  1394(1),  et  il  semble  bien  que  si 
elle  fut  rebâtie,  ce  ne  fut  plus  avec  son  importance  primitive.  Sa  mou- 
vance de  Wiltz  nous  est  attestée  par  les  actes  de  1446  et  de  1466  que  nous 
avons  déjà  eu  l'occasion  d'analyser;  différents  autres  documents  vont 
encore  nous  montrer  que  Welchenhausen  se  rattachait  à  Wiltz  par  les 
rapports  les  plus  étroits. 

Le  19  juillet  1497,  in  dem  porteluùs  zii  Wiltz,  fur  der  brucken,  accord 
est  conclu  entre  Gérard,  seigneur  de  Wiltz,  et  Thierri  de  Dasbourg^  reli- 
gieux trinitaire,  curé  à  Groscampen,  au  sujet  de  la  chapelle  de  Welchen- 
husen,  que  Thierri  avait  mal  desservie  ;  sur  les  instantes  prières  du  curé, 
qui  promet  de  bien  remplir  ses  obligations,  Gérard  lui  laisse  le  service  de 
la  chapelle  jusqu'à  ses  derniers  jours  (2). 

Vers  1502,  à  en  croire  M.  Peffer  (3),  les  nobles  vassaux  du  seigneur  de 
Wiltz  comprenaient,  entre  autres,  Ergasse  de  Boullant,  Dyederich  de 
Bourscheid,  Gérard,  sire  d'Ottange,  Evrard  d'Orley,  Henri  de  Welche?i- 
Jiausen,  Gilles  d'Autel,  Gérard  de  Wiltz,  sgr.  de  Hartelstein,  Frédéric  de 
Brandenbourg,  sgr.  de  Stolzembourg,  et  Simon  de  Fenestrange,  sgr.  de 
Brandenbourg.  Parmi  les  hommes  castraux  qui  possédaient  alors  des 
maisons  relevant  du  château  à  Wiltz,  le  même  auteur  cite  Arnold  Hesse 
de  Hilbringen,  Jean  de  Wiltz,  dit  Rottert...  Michel  du  Schaart,  Sebrecht 
de  Neuerbourg,  Werner  de  Heinstorf,  Frédéric  d'Asselborn  et  Henri  de 
Welche7ihaiise7i . 


(i)  Dans  son  travail  Bcitrag  zur  Gcschichte  der  Ardennen,  publié  en  1842,  le  curé 
Bormann  rapporte  (II,  p.  103)  que  seize  ou  dix-sept  ans  auparavant,  vers  1S25  donc,  on 
avait  trouvé  à  Welchenhausen  (V(illis=  Thalhausen)  des  restes  d'habitation  avec  tuiles  ; 
quoi  qu'en  pensât  Bormann,  qui  rejette  cette  hypothèse,  il  s'agit,  sans  doute,  ici,  du  châ- 
teau des  sires  de  Welchenhausen. 

(2)  Assistent  à  l'arrangement  .Tean  van  dem  Berge,  curé  à  Montzhuisen,  Jean  de  Basen- 
heim,  curé  à'Pintsch,  Frédéric  de  Clervaux,  vicaire  à  Bellain,  Jean  Thoschz  de  Helsin- 
gen,  chapelain  à  Wiltz,  et  Jean  van  dem  Holtz,  burgrave  et  manrichter  à  Wiltz  (Cartul. 
Wiltz,  ff.  1.58  à  160,  aux  Arch.  de  la  Sect.  Hist.  ;  anal,  van  Werveke). 

(3)  N.  PefFer,  Le  pays  et  la  fraiichise  de  Wiltz  sons  le  régime  féodal,  dans  le  Progr.  de 
l'école  ijidustrielle...  de  Luxembourg,  i'J06  (p.  13). 


—  162  — 

Ces  deux  listes  se  rapportent  à  des  personnages  ayant  vécu  vers  1440 
et  ont  été  insérées  dans  le  dénombrement  de  ir)0l2  comme  s'il  s'agissait 
de  vassaux  possédant  à  cette  époque  même  des  fiefs  wiltzois  :  c'est  un 
procédé  dont  d'autres  dénombrements  de  Wiltz  offrent  des  exemples  et 
dont  l'anachronisme  peut  donner  lieu  à  des  confusions  pour  les  lecteurs 
non  avertis. 

Vers  1580^  lisons-nous  encore  dans  la  monographie  de  M.  Peffer,  Jean, 
sgr.  de  Wiltz,  Stadbredimus,  etc.,  reconnaît  avoir  reçu  en  fief  direct  du 
souverain  la  terre  de  Wiltz,  avec  de  nombreuses  dépendances  :  parmi 
celles-ci,  figurent  les  rentes  de  schaift  dans  la  landineyerei,  dans  les  cours 
de  Kaundorf,  Niederwampach,  Oberwampach,  Hachiville  et  Weyler, 
Bous  ;  dans  le  village  de  Vaux  (Welchenhausen),  23  fl.;  à  Lieler,  Lellin- 
gen  et  Roullingen  (1). 

Le  l*^"^  janvier  1631,  dans  le  dénombrement  de  fiefs  qu'il  présenta  au 
gouverneur  du  Luxembourg,  représentant  le  souverain,  le  comte  Jean  de 
Wiltz  nous  apprend  qu'un  comte  de  Wiltz  est  seigneur  foncier  et  censier 
à  Welchenhausen,  où  il  a  le  droit  de  créer  et  de  démettre  maire  et  justice; 
il  y  possède  un  château-fort,  ruiné  depuis  de  longues  années  et  ayant 
dépendu  du  comté,  dont  la  chapelle  est  à  sa  collation;  la  dîme  lui  revient; 
cette  dîme  et  les  rentes  en  grain  levés  dans  la  localité  sont  menées  à 
Wiltz  par  le  pont  d'Asselborn  (2). 


(1)  N.  PefFer,  p.  9.  Il  est  inutile  de  dire  que  l'identification  erronée  Vi;iux  est  un  nou- 
veau méfait  à  inscrire  à  charge  de  Bertholet. 

On  conserve  aux  Archives  de  la  Section  historique,  à  Luxembourg  (XIV,  43),  un  relevé 
des  redevances  dues  à  Welclienlmsen,  pour  le  maischaff,  en  date  du  10  janvier  1546,  more 
Leodiensi. 

(2)  «  Weitter  ist  ein  graffzu  Wiltz  grundt- und  schafftsherr  zu  Welchenhausen,  in 
welchem  orth  er  auch  meyer  und  gericht  zu  setzen  und  zu  entsetzen  hatt,  welche  aida 
uber  seine  freyschafftsgutter  zu  urtheillen  und  zu  erkennen  haben. 

»  Item  hatt  er  daselbst  ein  schlosz  und  burgh,  so  vor  langen  jaren  verfallen  und  zu  der 
graffschaft  Wiltz  gehôrigh  gewesen,  daselbsten  ein  graff  zu  Wiltz  zu  bethienungh  der 
bourgcapellen  daselbst  einen  capellan  zu  denominieren  und  zu  setzen  hat,  welcher  auch 
geburlicher  weisz  belohnet  wirdt... 

»  Weitters  gebùrtt  einem  graffen  zu  Wiltz  die  collation  der  hieunden  benenter  cappe- 
len,  nemblich  die  capell  im  schlosz  zu  Wiltz,  der  capellen  des  hospitalsz  zu  Wiltz,  der 
capellen  von  Welchenhausen... 

»  Disz  sein  aile  die  zehenden,  so  zu  der  graffschafft  Wiltz  gelibert  werden  mùssen. 
Erstlich  :  Wiltzer  zehenden...  Welchenhausen...  ailes  nach  inhalt  der  registeren... 

»  Weitters  sein  die  underthanen  von  Heuderscheitt  und  (leustorffverpflicht  den  weg... 
zu  underhalten...  Wie  in  gleichem  auch  das  dorff  Asselborn  wegen  underhaltungh  einer 
brùcken  iiber  die  daselbst  flieszende  bach,  womit  eines  graften  von  Wiltz  zehenden  und 
kornrenthen,  so  von  Leller,  Holler  und  Welchenhausen  naher  Wiltz  gefùrt  werden, 
kein  hindermall  wegen  groszen  gewassers  zustehen  môgte,  bei  peen  dasz  sie  allen  scha- 
den  und  interesse  abtragen  sollen,  und  sein  auch  des  wegen  uflFden  drey  jarmiircken  des 
tholsz  befreyett  »  (N.  Peffer,  op.  cit.,  pp.  26,  54  et  55  ;  Hardt,  Luxcmhurger  Weisthûmer, 
1870,  pp.  740-743). 


—  163  — 

Les  rapports  de  Welchenhausen  avec  Wiltz  sont  également  spécifiés 
dans  le  dénombrement  de  cette  dernière  terre  dressé  à  Aufflance,  le  14 
mars  1682,  par  Marie-Marguerite,  comtesse  de  Wiltz,  baronne  d'Aufflance 
et  de  Buz3^  Ce  relevé  mentionne  parmi  les  nobles  vassaux  de  Wiltz, 
«  le  seig'  baron  de  Hofalize,  à  présent  les  seig"^"  comtes  de  Merode  et  de 
»  Ognies,  à  raison  de  la  maison  franche  et  chasteau  à  Welchenhausen, 
»  avec  la  justice  foncière,  dixmes,  rentes  et  revenus  et  aultres  dépen- 
»  dances  ». 

Ce  document  nous  apprend  de  plus  qu'  «  un  seig'  comte  de  Wiltz  est 

»  seig*^  foncier  et  de  schafft  de  Welchenhausen,  auquel  lieu  il  a  pouvoir 

»  d'establir  aussi  mair  et  justice  et  de  les  déposséder,  lesquels  ont  à 

»  cognoistre  et  donner  jugement  sur  les  biens   francs  de  schafft  dudit 

»  lieu.  Plus,  il  at  audit  lieu  un  chasteau  qui  est  ruiné  depuis  long  temps, 

»  qui  luy  appartenoit  ;  là  il  peut  nosmer  et  pourveoir  un  chapelain  pour 

»  deservir  la  chapelle  dudit  chasteau,  qui  sera  salarié  comme  il  s'appar- 

»  tiendra  ». 

«  Un  seig"^  comte  de  Wiltz  »,  est-il  encore  dit  plus  loin,  «  est  collateur 
»  des  chapelles  suivantes,  scavoir  de  la  chapelle  du  chasteau  de  Wiltz,  la 
»  chapelle  de  l'hospital  dudit  Wiltz,  celle  de  Welchenhausen,  comme  est 
»  dit  C3'-devant...  ». 

«  . .  .Plus,  appartient  à  un  seig"^  comte  de  Wiltz  les  dixmes  dudit  Wiltz, . . . 
»  Heltzingen,  Welchenhausen,  Pintsch...  ». 

«  Pareillement  aussi  le  village  d'Asselboren,  à  cause  de  l'entretient  du 

»  pont  sur  le  ruisseau  qui  coule  par  le  dit  lieu,  affin  qu'il  ne  cause  aucun 

»  retardement  par  inondation  ou  débordement  d'eau,  lorsqu'on  voudra 

»  mesner  et  conduire  les  dixmes  et  rentes  en  grains  de  Leller,  Holler  et 

»  Welchenhausen  à  Wiltz,  à  peine  de  supporter  et  payer  tous  les  dom- 

»  mages  et  intérestz  qui  en  pourroient  survenir,  et  sont  aussi  à  cause  de 

»  cela  francs  de  gabelles  aux  quattre  foires  »  (1). 

Trois  ans  après,  le  26  février  1685,  une  sentence  du  Conseil  de  Luxem- 
bourg, réglant  les  obligations  des  gens  de  condition  servile  du  comté  de 
Wiltz  envers  leur  comte,  stipule  que  ces  sujets  devront  continuer  à  ame- 
ner au  château  de  Wiltz  les  redevances  en  nature  (die  schaff  iind  zehen- 
fruchten)  de  Welchenhausen,  Bous,  Hachiville,  Weiler,  Weicherdange 
et  Brachtenbach  (2). 

Ajoutons  enfin,  pour  être  aussi  complet  que  possible,  que  le  1"  décem- 
bre 1695,  le  conseil  de  Metz  manda  au  premier  huissier  ou  sergent  à  ce 
requis  par  Henri  de  la  Haye,  officier  du  comté  de  Wiltz,  mambour  de  la 


(1)  Ch.  des  Comptes  de  Brabant,  aux  Arch.  gén.  du  Royaume,  à  Bruxelles,  reg.  4.5713 c. 

(2)  J.  Vannérus,  Doc.  conccrji.  lefiefdeNiederdiampach,  n°  24  (0ns  Hcinecht,  1904). 


—  164  - 

chapelle  castrale  de  Welhaiisen,  de  contraindre  à  payer  sans  délai  tous 
les  débiteurs  de  cette  chapelle  (l)  ;  qu'en  IT)):^,  les  biens  annexés  à  cette 
chapelle  furent  érigés  en  bénéfice  perpétuel  ('!)  ;  et  qu'en  1756,  le  comte 
de  Wiltz  est  encore  mentionné  comme  seigneur  foncier  et  censier  (schaf- 
ilierr)  à  Welchenhausen  (o). 

Ces  différentes  données  permettent  de  conclure  qu'il  y  avait  plus  qu'un 
simple  lien  féodal  entre  Wiltz  et  Welchenhausen  :  le  fait  que  les  seigneurs 
de  Wiltz  s'intitulaient  seigneurs  fonciers  et  censiers  de  Welchenhausen  ; 
que  le  château  leur  avait  fait  retour  au  XVIP  siècle  et  même,  semble-t-il, 
dès  avant  1497,  —  par  suite,  peut-être  de  l'extinction  des  Welchenhausen, 
ou  encore  de  la  négligence  des  Mérode  à  remplir  leurs  obligations  de 
vassaux  —  ;  qu'ils  étaient  collateurs  de  la  chapelle  castrale,  en  même 
temps  que  décimateurs  ;  tout  indique  que  la  seigneurie  de  Welchenhausen 
a  dû  pendant  un  temps  appartenir  aux  sires  de  Wiltz,  qui  l'ont,  sans 
doute,  à  un  moment  donné,  séparé  de  leur  terre,  au  profit  d'un  de  leurs 
cadets,  d'une  de  leurs  filles  ou  simplement  de  quelque  parent. 

Le  bien  de  Vossin. 

Après  la  charte  de  1347,  renseignant  le  bien  de  Vosshi  comme  relevant 
du  sire  d'Ouren,  nous  l'avons  rencontré  sous  le  nom  de  «  cour  de 
Fosse n  »,  dans  un  document  de  1448,  sous  celui  de  Voyssheim  en  1449, 
sous  celui  de  Fosse7i-\ç.7.-0\.\\:&u  en  1466,  toujours  en  possession  des  des- 
cendants de  Thierri  I  de  Welchenhausen. 

Je  ne  suis  pas  en  mesure  d'identifier  cette  localité  ;  n'était  la  mention 
de  1466,  plaçant  Fossen  près  d'Ouren,  on  pourrait  songer  soit  à  Vussem, 
près  de  Schleiden,  dans  l'ancien  comté  de  Blankenheim,  cité  en  1222  sous 
la  forme  Vusheym  (4)  ;  soit  à  Fùsenich,  près  de  Trêves,  mentionné 
comme  «  villa  Vosene  juxta  Treverim  »  en  1254,  lorsque  Henri  chevalier 
de  Hucsley  et  Yda,  son  épouse,  donnèrent  leurs  biens  en  cette  localité  à 
l'abbaye  de  Himmerode,  en  présence  des  comtes  de  Luxembourg  et  de 
Vianden  ;  en  juin  1259,  ce  fut  au  tour  de  Gobelon,  chevalier,  seigneur  de 


(1)  Orig.,  s.  parch.,  en  ma  possession. 

(2)  Voir,  in  fine,  une  note  additionnelle. 

(3)  Bàrsch,  op.  cit.,  III.  2«  p.,  18.54,  p.  268. 

Mentionnons  encore  que  le  8  octobre  1602,  Glas  Adam  de  Welchenhausen  releva  du 
seigneur  d'Ouren  une  pièce  de  terre  arable  sise  «  under  Wasserdell,  obent  Welchen- 
hausen »  (Cart.  d'Ouren,  n»  191,  f.  26  v°  ;  Arch.  Sect.  hist.  Luxbg.) 

Au  sujet  de  la  dépendance  du  village  de  Welchenhausen  de  la  seigneurie  de  Dasbourg, 
il  est  à  noter  que  Welltetihausen  est  renseigné  en  1621  comme  faisant  partie,  de  même  que 
Harspell,  de  la  mairie  de  Leidenborn. 

(4)  En  1222,  le  seigneur  de  Schleiden  tenait  de  l'abbaye  de  Prum  7'il/am  unam  que 
Vusheym  appellalur,  que  non  lofige  est  ab  ipso  Castro  (Beyer,  Mittelrh.  Urkdb.,  I,  p.  175). 


—  165  — 

Brandenbourg,  et  de  Mathilde,  son  épouse,  de  faire  à  ce  monastère  don 
de  leurs  biens  de  Fusenich,  donation  qui  fut  approuvée  en  1271  par  leur 
fils  Jean  (1). 

Flamisoul  et  Witry 

Le  -4  juillet  1380^  Jean,  sire  de  Gronsveld,  et  son  frère  Henri,  remer- 
cient Henri,  seigneur  de  Pirmont,  de  ce  qu'il  a  fait  pour  leur  neve  Poncin 
de  Welchenhausen,  auquel  il  a  rendu  tout  son  héritage  paternel,  sauf 
Flamisoul  et  Witry. 

J'ignore  tout  à  fait  les  circonstances  dans  lesquelles  Thierri  I  de  Wel- 
chenhausen posséda  des  biens  à  Flamisoul.  Il  est  bien  dit,  dans  les 
Communes  luxembourgeoises  de  Tandel  (IV,  p.  516),  qu'en  1310  Henri  de 
Rodemacher,  petit-fils  d'Arnould  de  Rodemacher,  se  qualifiait  de  seigneur 
de  Flamisoul,  mais  quoique  l'on  renvoie  aux  analyses  Wùrth-Paquet,  je 
crois  ce  renseignement  erroné,  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  prénom 
de  Henri  :  il  n'est  pas  publié  dans  la  Table  chronologique  de  cet  auteur, 
à  l'année  1310,  et  je  n'ai  pas,  pour  ma  part,  rencontré  de  Henri  de  Rode- 
macher à  cette  époque  (2). 

Lors  du  dénombrement  de  la  prévôté  de  Bastogne,  en  juillet  1469,  il  y 
avait'  «  en  la  ville  de  Flamesoulle  cincq  maisons,  sur  lesquelles  Monsei- 
»  gneur  (le  duc)  ait  la  haulteur,  et  en  sont  les  hoirs  de  Pierremont 
»  seigneur  treffoncier  et  y  prendent  toutes  amendes,  cens,  rentes,  réservé 
»  les  cas  quy  appartenent  à  haulteur  et  crime,  et  l'une  des  dictes  maisons 
»  est  francque  maison  à  treffoncier  seigneur  ;  laquelle  ville  Baltasar 
»  d'Auté  tient  en  gaige  des  dessus  dis  seigneurs  et  hoirs  de  Pierremont  » 
(3).  Flamisoul  n'a  donc  pas  fait  retour  aux  Welchenhausen  et  est  resté 
entre  les  mains  des  Pirmont,  au  moins  quant  à  la  propriété. 

Balthasar  d'Autel  était,  dit-on,  fils  de  Gobel  I"  et  de  Jeanne  de  Basto- 
gne, héritière  de  Vogelsang  ;  sous-prévôt  de  Bastogne  en  1  463,  il  n'aurait 
eu  qu'une  fille  (4);  d'après  Neyen  (5),  il  était  parent  de  Gobel,  était 
prévôt  en  1469,  mourut  en  1470  et  avait  épousé  Jeanne  de  Montjardin. 
Nous  avons  cependant  rencontré  à  la  date  du  13  mai  1446,  dans  notre 
histoire  de  Laval,  un  Balthasar,  bâtard  d'Autel,  mari  d'Aleyde  de 
Remagne,  qui  me  semble  fort  être  notre  personnage  ;  si  cette  hypothèse 
est  la  bonne,  Jeanne  de  Montjardin  n'aura  été  qu'une  seconde  épouse. 


(1)  Beyer,  Mittelrh.  Urhdb.,  III,  pp.  908  et  1073  ;  etc. 

(2)  Un  Arnould  de  Rodemacher  vivait  en  126(3  et  1276. 

(3)  Arch.  de  Clervaux,  1883,  n°  1257,  p.  266. 

(4)  E.  Tandel,  II,  p.  197,  d'après  VAnn.  de  la  Noblesse  belge. 

(5)  Hist.  de  Bastogne,  pp.  89  et  108. 


—  166  — 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  5  novembre  1463,  Jean  d'Autel,  sire  de  Vogelsang, 
fils  de  Gobel,  et  Eve  de  Kerpen,  sa  femme,  s'engagent  à  payer  à  Balthasar 
10  tl.  du  Rhin  par  an  (1). 

Il  apparaît  comme  homme  de  la  Salle  de  Bastogne  du  5  mai  I46i  (jour 
où  il  remplissait  les  fonctions  de  lieutenant-prévôt)  au  12  mai  1470  ;  il  ne 
vivait  plus  au  27  novembre  1471.  Sa  veuve,  Jehennete  de  Montjardin,  est 
citée  à  Bastogne,  le  o  juillet  1481  ;  un  fils  non  marié,  Bernard,  le  23  juin 
1488  (2)  ;  une  fille,  Marguerite,  devint  l'épouse  de  Lambert  Lardenoy  de 
Ville,  homme  de  fief  de  Durbuy  en  1454  (3). 

Par  la  suite,  Flamisoul  arriva  à  Jacques  d'Esbeeck  :  le  24  janvier  1530, 
il  déclare  tenir  en  fief  du  duché  de  Luxembourg  «  la  seigneurie  treffon- 
»  cière  de  Flamsoul,  avec  la  forte  maison  et  sept  (=  geôle,  de  prison, 
»  maire,  justice,  amendes,  etc.,  rien  réservé,  sinon  le  cas  que  appartient 
»  à  haulteur  et  crismes  ».  Jacques,  qui  était  maître  de  poste  à  Flamisoul 
en  janvier  1519,  mourut  le  4  avril  1541,  alors  qu'il  était  receveur  et 
échevin  de  Bastogne  ;  il  avait  épousé  Marie  Ballon,  dont  le  frère,  Jean 
Balloin,  demeurait  à  Flamessoiille  en  mars  1554.  La  fille  de  Jean,  Fran- 
çoise Ballon,  dite  de  Flamisoul,  épousa  Guillaume  Stolpert,  qui  devint 
maître  de  la  poste  et  releva  neuf  dixièmes  de  la  seigneurie  de  Flamisoul 
le  28  avril  1563  (4). 

Il  ne  semble  donc  pas  que  ni  les  Welchenhausen,  ni  les  Pirmont  soient 
jamais  rentrés  en  possession  de  ce  fief. 

Quant  à  Witry,  je  ne  suis  pas  mieux  renseigné,  au  point  de  vue  de  ses 
rapports  avec  Thierri  I  de  Welchenhausen,  que  pour  Flamisoul.  On  le 
sait,  les  Pittange  y  furent  seigneurs  :  le  26  février  1281,  Henri,  comte  de 
Luxembourg,  donna  en  fief  à  Arnold,  sire  de  Pittange,  tout  ce  qu'il 
avait  à  Witry,  Winville,  Volaiville  et  Traimont,  plus  ce  qu'il  possédait 
à  Hupperdange,  le  tout  en  échange  contre  la  moitié  de  ce  qu'Arnold 
avait  à  Rachamps  et  tous  ses  biens  de  Wibrin  ;  le  25  mai  1311,  Jean 
de  Bohème  céda,  de  plus,  à  Arnold  de  Pittange  la  haute-justice  sur 
Witry,  Pittange  et  autres  localités,  pour  reconnaître  les  services  qu'il 


(1)  Arch.  de  Reinach,  1877,  n»  1841. 

(2)  Tandel,  IV,  pp.  ().3,  64,  90,  114  et  llô  ;  J.  Vannérus,  Le  livre  de  la  justice  de  Bastogne, 
n»"  31  et  522. 

(3)  Tandel,  VI,  p.  623.  —  Thiry  Baltazar,  lieutenant-prévôt  de  Laroche  le  15  mars  1502 
(Cart.  Nothomb,  n°  580),  le  même  sans  doute  que  «  Thirials  Baltazar  d'Autel,  prévôt 
forestier  de  Laroche  »,  époux  de  Marie  de  Chéoux  (fille  de  Bernard,  qui  testa  en  1518,  et 
de  Catherine  d'Autel)  (Tandel,  V,  p.  552),  semble  également  avoir  été  un  fils  de  Balthasar. 

(4)  Registres  de  la  justice  de  Bastogne,  passim  ;  Tandel,  IV,  pp.  516  et  517.  Cf.  pour 
les  d'Kesbeeck  :  J.  Vannérus,  Documents  concernant  Niedenvainpach,  1904. 

(5)  X.  van  Werveke,  Doc.  histor . ,  à:y.vi^  les  Public,  de  Luxbg.,  t.  40  (1889),  p.  386; 
Tandel,  VI,  p.  239. 


—  167  — 

avait  rendus  à  l'empereur  Henri  VII,  son  père;  enfin,  le  3  novembre  1339, 
le  roi  de  Bohème  accorda  à  son  amé  chevalier  Arnold  de  Pittange  et  à 
ses  hoirs  l'autorisation  de  prendre  leur  bois  de  chauffage,  de  bâtiment 
et  de  charronnage  dans  son  bois  d'Anlier  (1). 

A  côté  de  la  haute-justice,  appartenant  aux  comtes  de  Luxembourg, 
puis  aux  Pittange,  d'autres  droits,  la  basse  justice,  la  dîme,  étaient  dé- 
tenus depuis  longtemps  par  l'abbaye  de  Saint-Hubert;  dès  avant  1184,  le 
monastère  avait  une  part  de  l'église  et  du  village,  et  il  acquit  aussi  des 
droits  de  décimation  en  1215  et  en  1247.  Bientôt,  les  conflits  surgirent  de 
cette  juxtaposition  de  juridictions  et  les  religieux  eurent  maintes  fois  à 
lutter  contre  les  Pittange  :  c'est  ainsi  qu'un  accord  dut  intervenir  entre 
l'abbaye  et  le  seigneur  de  Pittange  le  l*^'"  août  1312,  en  présence  de  la 
comtesse  de  Luxembourg,  au  sujet  de  leurs  droits  respectifs  «  en  la  court 
et  ou  ban  de  Wytry  »  (2). 

Les  droits  que  Thierri  I  de  Welchenhausen  détint  à  Witry  provenaient- 
ils  des  religieux  ou  bien  de  leurs  voués,  les  Pittange?  C'est  ce  que  le 
manque  de  renseignements  m'empêche  d'élucider. 

Hasborn. 

Le  21  octobre  13il,  l'archevêque  Bauduin  de  Trêves  acquiert  de  Jean 
Koning  de  Ludenstorp  et  de  sa  femme  Agnès  (de  Welchenhausen)  le 
village  de  Hasborn-lez-Wittlich;  après  la  mort  de  son  mari,  Agnès  reçut 
de  l'archevêque  Bohémond  II  la  jouissance  viagère  des  biens  féodaux  du 
défunt,  ainsi  que  la  demi-vouerie  de  Hasborn;  quelques  mois  plus  tard, 
elle  reçut  même  tous  les  biens  de  Hasborn  (1359).  Comme  Thierri  II 
reçut  en  fief  de  l'archevêché,  en  1419,  la  moitié  de  ce  village,  qui  est 
encore  reprise  en  fief  trévirois  par  son  fils  Ponce  II,  le  9  août  1459,  il  est 
très  possible  que  les  parents  d'Agnès  aient  déjà  détenu  cette  vouerie  :  je 
ne  suis  pas  à  même,  malheureusement,  d'élucider  ce  point. 

Recht. 

En  1382,  ou  peu  avant,  de  duc  de  Luxembourg  acquit  Recht  de  Poncin 
de  Welchenhausen  :  comme  le  vendeur  devait  être  encore  bien  jeune 
alors,  il  est  à  supposer  que  cette  localité  appartint  déjà  à  Thierri  I; 
malheureusement,  je  ne  connais  rien  de  son  histoire. 

En  1621,  la  mairie  de  Recht  est  signalée  comme  dépendant  de  Butgen- 
bach  et  «  prenant  cour  et  judicature  devant  la  justice  illecques,  tant  en 


(1)  N.  van  Werveke,  Doc.  Hist.,  dans  les  Pubi.  de  Luxbg.,  t.  40  (1<^S9),  p.  3SG  :  Table  de 
Wùrth-Paquet  ;  Tandel,  VI,  pp.  239  et  240. 

(2)  Kurth,  Chartes  de  Saint-Hubert,  I,  i903,  pp.  142,  224,  316,  463-465. 


—   168   - 

»  civil  que  criminel  ■>>.  De  cette  mairie  ressortissaient  :  Recht,  avec  en- 
viron '28  mcnafjes;  Briïken,  en  partie,  avec  12  ménat^es;  Engelstorf, 
avec  lo.  Au  dénombrement  de  1626,  les  com's  de  Recht  et  de  Bùtgenbach 
figuraient  ])armi  les  six  cours  dépendant  de  Saint- Vith,  la  première  étant 
comptée  pour  8  12  feux  (4  pour  Recht,  1  1/2  pour  Briicken,  3  pour 
Engelsdorf).  En  1771,  la  mairie  de  Recht,  au  quartier  de  Saint- Vith,  est 
renseignée  comme  comprenant  «  Brucken,  Engelsdorf  et  le  village  de 
Recht,  comté  de  Salm  ». 

L'abbaye  de  Malmédy  y  possédait  des  dîmes  ;  les  droits  cédés  au  duc 
par  Poncin  de  Welcheuhausen  pourraient  provenir,  primitivement,  du 
domaine  du  monastère. 

Les  armoiries  des   Welchenhaiisen. 

Welckenhausen,  dit  Bertholet  (t.  VII,  p.  490),  «  portoit  de  sable  à 
l'écusson  d'argent  ». 

Les  différentes  descriptions  de  sceaux  que  nous  avons  données  au  cours 
des  régestes  de  cette  famille  prouvent  que  Bertholet  ne  se  trompait  pas. 

Le  scel  employé  par  Thierri  I  en  1347,  i:rvl,  1356,  1359,  1364  et  1369 
montre  un  écu  chargé  en  aenr  d'un  êcusson  plain ;  cimier  :  un  chapeait  de 
tournoi  garni  de  "2  boules  soutenant,  cha:nnc,  un  plumail ;  légende  : 
s'   TERIC   DE   VERCHINHVS. 

L'écusson  plain,  en  abîme,  caractérise  les  armoiries  des  descendants  de 
Thierri  ;  plus  spécialement,  le  blason  de  son  fils  Henri  est  représenté,  au 
XV*^  siècle,  comme  étant  de  sable  à  l'écusson  d'argent  ;  volet  :  d'hermine  ; 
cimier  :  un  chapeau  d'hermine,  retroussé  de  gueules,  gar/ii  de  t?  touifes  de 
plumes  de  paon. 

Ce  sont  là  des  armoiries  caractéristiques,  bien  familières,  par  leur  élé- 
ment principal,  l'écuson  plain  en  abîme,  à  tous  ceux  qui  ont  à  consulter 
les  chartes  du  Luxembourg  et  de  l'Eifel  ;  elles  permettront  peut-être,  par 
l'un  ou  l'autre  rapprochement  suggestif,  de  projeter  quelque  lumière  sur 
l'origine  si  obscure  de  Thierri  de  Welchenhausen.  Jetons  donc  un  coup 
d'œil  sur  les  familles  qui,  dans  la  région,  portaient  dans  leur  écu  l'écusson 
plain,  seul  ou  accompagné  de  quelque  brisure  ;  toutefois,  pour  ne  pas 
m'égarer  dans  des  recherches  trop  hasardées,  j'écarterai  de  prime  abord 
les  familles  où  je  n'ai  pas  rencontré  le  prénom  de  Thierri,  à  la  fin  du 
XIIP  siècle  ou  dans  la  première  moitié  du  XIV^  :  ce  sont  les  Reiffer- 
scheid,  les  Reifferscheid-Malberg ,  les  Schônecken  (1).  Je  n'envisagerai 
pas  d'avantage,  ici,  la  famille  de  Vianden,  d'autant  plus  qu'elle  avait  déjà, 


(1)  Les  Colpach  n'apparaissent  pas,  au  moins  d'après  mes  notes,  avant  la  seconde  moitié 
du  XIV"  siècle. 


—  169  — 

à  la  fin  du  XIIP  siècle,  abandonné  l'écusson  plain  en  abîme,  pour  la  fasce 
des  Perwez. 

A  //«;;z;;/(-lez-Biersdorf),  où  l'écusson  plain  se  voyait,  surmonté  d'un 
lambel  à  5  pendants,  nous  rencontrons  en  février  1291,  un  chevalier 
Thierri  de  Hamm,  wardain  de  Bettingen,  au  sujet  duquel  je  manque  de 
renseignements  précis  (1). 

Wildenberg,  près  de  Reifferscheid,  avait  pour  seigneur,  en  1316  et  en 
1333,  un  Thierri^  cité  en  cette  dernière  année  avec  son  épouse  Agnès  et 
ses  fils  Henri  et  Jean;  il  devait  porter  un  écu  à  l'écusson  plain,  car  d'après 
Fahne  (2),  qui  fait  de  sa  famille  une  branche  des  Reifferscheid,  il  était 
arrière-petit-fils  de  Philippe  III  de  Wildenberg  (1254-1277),  portant 
l'écusson  en  abime  des  Reifferscheid,  et  petit-fils  de  Gérard,  dont  le  sceau 
montrait,  en  1277,  le  même  écusson  dans  un  champ  d'hermine;  semblables 
armoiries  caractérisaient  en  1312  le  scel  de  Philippe,  seigneur  de  Wilden- 
berg, cousin-germain  de  Thierri. 

A  Broich  (Hackenbroich)-lez-Mùlheim,  vivait  de  1274  à  1297  un  noble 
chevalier,  Thierri,  sire  de  Bruka,  Bntyche,  Brugke  ou  Briike,  person- 
nage important,  fils  de  Burchard  et  d'Agnès,  sœur  de  Thierri^  comte  de 
Limbourg;  je  ne  connais  pas  son  sceau,  mais  Gelre  nous  apprend  que 
ces  seigneurs  van  den  Bruyc,  vassaux  du  comté  de  Berg,  portaient  de 
gueules  à  l'écusson  d'or.  Aussi  est-ce  un  écu  à  l'écusson  plain  que  nous 
voyons  sur  le  sceau  de  Burchard,  sire  de  Bruke  en  1346,  et  sur  celui  de 
son  fils  aîné  Thierri,  en  1366  et  1369  (3). 

Restent  enfin  les  Brandenbourg,  dont  les  armoiries  sont  décrites,  on  le 
sait,  comme  étant  de  gueules  à  un  écusso?i  d'argent  en  abime  et  chez  les- 
quels le  prénom  de  Thierri  a  été  maintes  fois  porté  :  plus  spécialement, 
ce  fut  celui  du  seigneur  de  Brandenbourg  de  1291  à  1317  et  d'un  de  ses 
fils  cadets. 

A  partir  du  26  janvier  1291  et  jusqu'au  19  août  1317  apparaît  à  Bran- 
denbourg, après  Godefroid  et  son  fils  Jean,  un  Thierri  de  Neuerbourg, 
fils  de  Ferry  et  d'Ermengarde  d'Esch-sur-la-Sùre,  qui  est  habituellement 
qualifié  de  nobilis  domicellus,  armiger,  damoisel,  et  qui  devint  probable- 
ment seigneur  de  Brandenbourg  par  suite  de  son  mariage,  avec  une  sœur 
ou  une  fille  de  Jean.  Il  portait  dans  son  sceau,  en  1306,  en  1316  et  en  1317, 
un  écu  à  V écusson  plain  et  à  la  bande  (ou  cotice)  d'hermine  brochante. 


(1)  Cf.  J.  Vannérus,  Les  anc.  Dynastes  d'Esch,  1910,  pp.  88  et  89,  et  Fahne,  Gesch.  der 
Grafen...  zu  Salm-Reiffersclieid,  II,  1866,  p.  39. 

(2)  Geschichte  der  Grafen...  zu  Salm-Reifferscheid,  I,  V^^  p.,  1866,  pp.  34  à  38. 

(3)  Pour  ces  Broich  — qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  les  dynastes  de  Bruch-lez-Wittlich, 
chez  lesquels  le  prénon  de  Thierri  était  fréquent,  mais  dont  l'ccu  était  bandé  —  cf.  Lacom- 
blet,  Urlidb.  des  Niederrheins,  II  et  III  ;  Fahne,  op.  cit.  I,  2^  p.,  p.  125  ;  de  Raadt,  Sceaux, 
\,  p.  328. 


—  170  — 

Il  laissa  au  moins  quatre  fils  et  trois  filles.  Des  fils,  Frédéric,  cité  à 
jiartir  de  i:>14,  continua  la  lignée  à  Brandenbourg,  par  son  fils  aîné 
Hermann;  Jean  devint  seigneur  à  Falkenstein  et  à  Bettingen;  Godefroid, 
le  plus  jeune,  s'engagea  dans  les  ordres  et  devint  archevêque  régionnaire 
(chor-bischof)  à  Trêves;  Thierri,  le  troisième,  va  nous  occuper  plus  lon- 
guement. Des  filles,  Ermengarde  épousa  Ernest  PJttipas,  bourgeois  de 
Trêves  ;  Aleyde  devint  la  femme  de  Gilles  de  Milborch,  écuyer  ;  Jutte 
s'unit  à  Colin,  écoutête  à  Wittlich. 

Thierri,  mentionné  pour  la  première  fois  le  15  février  1320  (feria  sexta 
in  capite  jejunii,  1319),  avec  la  qualité  de  clerc,  semble  être  ce  nobilis  vir 
Theodericiis  de  Brandi nber g,  cité  le  4  mars  1321  dans  une  charte  d'Ernest 
Pittipas  relative  à  l'engagêre  de  Wiltingen,  Canzem  et  Temmels  (1).  Il 
figure,  en  tout  cas,  dans  un  arrangement  conclu  le  24  avril  1326  à  propos 
de  la  succession  de  Thierri,  le  damoiseau  de  Brandenbourg  défunt,  avec 
ses  frères  Jean  et  Godefroid;  Thierri  et  Godefroid  étaient  alors  pourvus 
de  bénéfices  ecclésiastiques;  le  premier  scella  l'acte,  d'un  sceau  où  se  voit 
un  écu  à  un  éciisson  plain,  à  la  bande  de  .'i  losanges  brochante. 

Le  14  août  de  la  même  année,  les  trois  frères,  Jean,  sire  de  Falken- 
stein, chevalier,  Thierri,  clerc,  et  Godefroid,  écuyer,  ainsi  que  leur  neveu, 
le  damoiseau  Hermann  (fils  de  feu  Frédéric),  assignent  une  rente  à  leur 
sœur  et  tante  Ermengarde,  épouse  d'Ernest  Pittipas. 

C'est  la  dernière  mention  que  je  connaisse  de  Thierri  de  Brandenbourg; 
Neyen  dit  bien,  dans  son  histoire  de  la  maison  de  Brandenbourg  (2),  qu'il 
était  curé  de  Landscheid  vers  1340  à  1343,  mais  il  y  a  là  une  erreur  et 
même  une  contradiction  (3),  comme  on  n'en  constate  que  trop  dans  les 
monographies  généalogiques  de  cet  auteur,  car  Godefroid,  le  frère  de 
Thierri,  était  investi  de  cette  cure  en  avril  et  en  juillet  1330. 

Thierri  est-il  mort  peu  après  août  1326?  Aucun  document  ne  le  dit,  et 
je  me  demande  si  ce  n'est  pas  lui,  que  nous  retrouvons,  vingt-et-un  ans 
plus  tard,  sous  le  nom  de  Thierri  de  Welchenhausen. 

Les  rapports  étroits  que  nous  avons  constatés  plus  haut  entre  Winter- 
spelt  et  Sellerich  et  la  famille  d'Esch-sur-la-Sùre  et  ses  descendants  en 
ligne  féminine,  les  Neuerbourg  et  les  Brandenbourg;  la  possession,  en 
1347,  par  Thierri  de  Welchenhausen,  d'un  bien  à  Sellerich  et  Winterspelt, 
relevant  du  seigneur  de  Neuerbourg  et  de  Cronenbourg  ;  l'analogie  des 


(1)  Cette  charte  (Charles  de  Luxemb.,  n"  5()7,  orig.),  dont  le  texte  n'est  pas  très  clair, 
devrait,  semble-t-il,  si  hi  mention  se  rapportait  à  Thierri  de  Neuerbourg,  déjà  mort  à  ce 
moment-là,  faire  allusion  à  cette  circonstance. 

(2)  Ihihlic.  de  Luxemb.,  t.  28  (1873),  pp.  272-274,  278,  279. 

(3)  Il  a,  en  effet,  dit  précédemment  que  Godefroid  embrassa  la  cléricature  vers  1330  et 
succéda  à  son  frère  Thierri  en  qualité  de  curé  de  Landscheid. 


—  171  — 

armoiries  du  Thierri  de  132G  et  du  seigneur  de  Welchenhausen  ;  autant 
de  circonstances  (1)  qui  rendent  mon  hypothèse  très  vraisemblable. 
Ayant  quitté  la  carrière  ecclésiastique  pour  devenir  chevalier  et  fonder 
famille,  on  s'expliquerait  très  bien  qu'il  ait  supprimé  la  brisure  de  son 
écu,  pour  reprendre  les  armoiries  de  ses  ancêtres,  en  n'y  apportant  qu'un 
changement  de  couleur  et  d'émail. 

D'autre  part,  les  dates  concorderaient,  car  Thierri,  père  en  1347  d'un 
fils  marié,  a  dû  naître  vers  1300;  encore  clerc  en  1326,  il  a  dû,  si  mon 
hypothèse  est  la  bonne,  rentrer  dans  le  monde  bien  peu  de  temps  après 
l'acte  d'août  1326,  car,  quoique  l'on  se  mariât  très  jeune,  au  moyen-âge, 
il  faut  néanmoins  admettre  que  le  fils  de  Thierri,  Wautier,  marié  en  1347, 
a  dû  naître  au  plus  tard  vers  1327-1328. 

Quant  à  se  rendre  compte  des  circonstances  qui  amenèrent  Thierri  I  de 
Welchenhausen  à  prendre  le  nom  sous  lequel  il  parcourut  une  si  brillante 
carrière,  la  question  est  malaisée  à  résoudre  ;  qu'il  appartînt  par  la  nais- 
sance à  la  famille  de  Brandenbourg,  ou  qu'il  se  rattachât  à  quelque  autre 
race  portant  l'écusson  plain  en  abîme,  nous  ne  pouvons  guère  nous 
expliquer  le  nom  qu'il  portait  à  partir  de  1347  que  par  son  premier 
mariage  :  ce  ne  peut  être  par  suite  de  sa  seconde  union,  contractée  seule- 
ment entre  1362  et  1368. 


Les  Relations  des  Welchenhausen  avec  les  Wiltz 


Nous  avons  pu,  précédemment,  conclure  à  une  étroite  parenté  entre 
Julienne  de  Welchenhausen,  dame  de  Laval,  et  la  famille  de  Wiltz.  Des 
liens  de  proximité  devaient  également  rattacher  aux  Wiltz  la  petite-fille 
de  Thierri  I,  Catherine  de  Welchenhausen,  car  en  1444  et  en  1471  son 
fils  et  elle  appellent  encore  beau-frère  (dans  le  sens  de  parent)  le  sire  de 
Wiltz,  Gérard. 

D'autre  part,  différents  documents  que  nous  avons  eu  l'occasion  d'ana- 
lyser au  cours  de  notre  notice  sur  la  famille  de  Noville  (à  laquelle 
Thierri  I  de  Welchenhausen  devait  se  rattacher  de  si  près),  nous  l'ont 
montrée  possédant  en  indivision  avec  les  Wiltz  et  les  Wampach,  des 
droits  sur  les  dîmes  et  la  collation  de  la  paroisse  de  Bœur.  Il  convient 
donc  que  nous  étudions  de  plus  près  l'histoire  de  ces  droits  de  décimation 
et  de  patronage. 


(1)  Auxquelles  on  pourrait  encore  ajouter,  si  l'on  adoptait  l'identification  Vossin  = 
Fusenich,  le  fait  que  Gobelon  de  Brandenbourg  et  Jean,  son  fils,  interviennent  en  1259 
et  en  1271  dans  des  chartes  relatives  à  cette  dernière  localité. 


-  172  — 

Les  Dîmes  et  le  J)nnl  de  Collation  de  F  église  de  Boeur . 

En  l'281),  nous  l'avons  vu,  Thomas  I  de  Noville  et  Hawide,  sa  femme, 
donnèrent  au  monastère  de  Houtfalize  le  huitième  de  la  dîme  due  dans 
un  tiers  de  la  paroisse  de  Boeur,  avec  le  droit  de  patronage  y  afférant, 
ainsi  que  tout  ce  qui  leur  était  échu  dans  la  même  paroisse,  en  dîme, 
droit  de  jxitronage,  cens  ou  rentes,  par  la  mort  de  Jean  de  Xhignesse, 
frère  de  Hawide.  Le  même  jour,  Laurent  de  Vans,  seigneur  féodal  des 
dîmes  et  cens  donnés,  approuve  cette  libéralité,  et  relève  les  religieux  de 
tout  hommage  ou  service  dû  pour  ce  fief.  En  l.'>(>2,  après  avoir  élevé  des 
prétentions  sur  les  dîmes  et  sur  le  droit  de  patronage  de  Boeur  ainsi 
donnés  par  Thomas  de  Noville  et  par  Hawide,  le  frère  de  celle-ci, 
Philippe  de  Xhignesse,  chevalier,  reconnut  l'avoir  fait  à  tort  et  renonça 
à  tout  droit  sur  l'objet  de  la  donation  (I). 

Le  4  octobre  (jeudi  après  la  Saint-Remi)  l!291,  Henris,  anneis  fis  à  7no?i 
saingnour  Wathier  de  Beafor,  cev aller  jadis,  agissant  du  consentement 
de  sa  mère,  dame  Ysabeal,  de  son  frère  Jean  et  de  sa  sœur  Ponche,  vend 
aux  religieux  de  Houffalize  la  quarte  partie  de  le  grosse  dîme  et  la  menue 
aveke  le  droit  de  patronaige  ki  i  apent  en  un  lier  de  la  parroche  de  Burs, 
et  ce  pour  45  marcs  (mairs  de  Ligois),  qu'il  a  appliqués  au  paiement  de 
leurs  dettes  communes,  laissées  par  son  père  défunt. 

N'ayant  pas  de  sceau,  il  prie  le  justicier  des  chevaliers  de  la  comté  de 
Luxembourg  et  le  prévôt  de  La  Roche  en  Ardenne,  de  sceller,  ce  qu'ils 
font. 

Notons  à' propos  de  cette  vente,  inscrite  dans  le  cartulaire  de  Houffa- 
lize, qu'à  la  fin  de  ce  recueil  est  copiée  une  liste  des  cens,  perçus  à 
Bauclen,  que  Messires  Wautiers,  sires  de  Beafort,  donna  aux  religieux 
de  Houffalize,  pour  l'anniversaire  de  lui  et  de  ma  dame  Ysabiau,  se 
femme  (2).  D'autre  part,  à  la  suite  de  cette  libéralité,  Wautier  et  son 
épouse  furent  inscrits  dans  l'obituaire  de  Houft'alize,  au  mois  de  septem- 
bre :  «  Anniversarium  anno  Domini  M°  ce  L  xx°  nono,  crastino  exalta- 
»  cionis  sancte  crucis,  obiit  dominus  Walterus  de  Beafort  octavo  decimo 
»  kalendas  octobris  et  Elizabet,  uxor  ejus,  pro  quibus  habent  (sic)  con- 
»  ventus  de  Huffalisia  duodecim  grossos  veteres  supra  census  de 
»  Baclen  ». 


(1)  A  propos  de  Philippe  de  Xhignesse,  ajoutons  que  le  28  mars  1304  won  signor 
Philippe  Je  Sc/ienesse,  chevalier,  est  cité  au  nombre  des  témoins  de  la  sentence  arbitrale 
prononcée  par  Béatrice,  veuve  du  comte  de  Luxembourg,  entre  son  fils,  le  comte  Henri, 
et  Gérard  de  Grandpré,  sire  de  Houffalize  (v.  T^z^A' de  Wurth-Paquet,  Puhl.  Lux.,  1861, 
n"  389;  cf.  le  texte  de  ce  jugement,  ibidem,  1800,  pp.  80-82).  Wurth-Paquet  remarque  : 
«  de  Schennesse,  aussi  qualifié  de  Biaufort.  Biaufort  ou  Beaufort,  serait-ce  la  traduction 
de  Schetmesse?  •»  ! 

(2)  Cartulaire  de  Houffalize,  ff.  84  v»  et  10(5  \°. 


—  173  — 

Le  9  août  (in  vigilia  festi  heati  Laiirencii  martiris)  1319,  l'official  de  la 
cour  de  Liège  mande  à  Wéry,  investi  de  l'église  de  Bertogne,  de,  ad 
pre&entiam  Aiibretini  dicti  de  Wanbav,  armigeri,  filii  qunndam  domini 
Johannis  dicti  Maie  Herbe,  7nilitis,  et  domicelle  Aelidis,ejus  uxoris^eten 
celle  des  religieux  de  Houffalize,  recevoir  en  son  nom,  lorsque  ces  parties 
le  demanderont,  l'échange  projeté  entre  elles  :  ces  derniers  désirent  céder 
leurs  dîmes  et  cens  de  la  paroisse  de  Btiers,  auxquels  les  dits  époux  ont 
également  une  part  ;  ceux-ci  voudraient  céder  le  patronage  de  l'église  de 
B  lier  s. 

Le  1"  avril  (feria  tercia  post  sanctam  dieni  Pasche)  1320,  le  curé  de 
Bertogne  fait  savoir  à  l'official  (\Vi  Abretinus  (plus  loin  Albertus)  de 
Bastonia  dit  de  Wambav,  écuyer,  et  son  épouse,  ont  procédé  avec  les 
religieux  de  Houffalize  à  l'échange  projeté  entre  eux  (1). 

Une  autre  charte  du  même  l*^"^  avril  1320  nous  donne  à  ce  propos  les 
renseignements  suivants  :  le  mardit  après  le  jour  de  la  sainte  Paske, 
Aubretin's  de  Basioingne  dis  de  Wambays,  escuyers,  fis  jadit  mon  signeur 
Jehan  Maie  Herbe,  chevaliers,  et  damoiselle  Aelis,  sa  femme,  cèdent  au 
couvent  de  Houffalize  leur  droit  sur  le  patronage  et  les  menues  dîmes  en 
l'église  de  Biiers,  en  échange  contre  les  grosses  dîmes  en  la  paroisse 
du  dit  Buers,  les  cens  que  les  religieux  avaient  en  la  cour  de  ce  lieu 
et  tous  autres  droits  se  partageant  contre  les  dits  époux,  les  dîmes, 
grosses  et  menues,  en  la  paroisse  de  Martelenge  ;  toutefois,  les  religieux 
conservent  ce  qu'ils  avaient  dans  le  patronage  et  dans  la  menue  dîme,  à 
Buers.  Parmi  les  témoins,  figurent  Messires  Gérars  de  Bastongne,  che- 
valiers,... Maistre  Henris  de  Bastongne,  Gérars,  ils  Monsigneur  Gerart 
deseur  dit.  Aubretin  scelle,  pour  lui  et  son  épouse,  et  prie  le  doyen  du 
concile  de  Bastogne  d'en  faire  autant  (2). 

En  1334,  Jean  de  Rachamps  est  présenté,  pour  remplir  les  fonctions 
curiales  à  Boeur,  par  le  monastère  de  Houffalize  et  par  les  patrons  de 
l'église  :  Thomas  de  Noville,  chevalier,  Godefroid,  sire  de  AYiltz,  et 
Henri  de  Wampach. 

Le  15  avril  1364,  lorsqu'il  s'agit  de  remplacer  Jean  de  Rachamps, 
décédé,  Jean  de  Jemeppe  présenta  à  l'archidiacre  d'Ardenne  Jean  Dentin, 
d'Estinnes-au-Val,  et  ce  du  chef  de  1'  «  héritage  »  acquis  par  son  beau- 
père  défunt^  Thomas  de  Noville,  à  Godefroid,  sire  de  Wiltz,  et  à  sa 
femme  (3). 

Cette  présentation  provoqua  un  différend  dont  nous  trouvons  certaines 


(1)  Cartul.  de  Houffalize,  fol.  23  v»  et  24.  Dans  l'analyse  précédant  le  texte  le  fils  de 
Jean  Maie  Herbe  est  appelé  Alhrikinnsi. 

(2)  Cart.  de  Houfïiilize,  f.  22  v°-23  v°. 

(:3)  Vuir  plus  haut,  pour  ces  actes  de  1334  et  1304,  pp.  142  et  144  (58  et  tJO). 


12 


-  i7/i  - 

péripéties  retracées  dans  une  charte  délivrée  le  3  octobre  1365,  au  cloître 
de  l'église  de  S'*^  Croix,  de  Liège,  par  Gilles  de  Rochefort,  archidiacre 
d'Ardenne,  en  l'église  de  Liège  :  ce  dignitaire  y  déclare  que  l'église  de 
lUters,  de  son  archidiaconat,  étant  venue  à  vaquer  par  la  mort  du  dernier 
recteur,  sire  Jean  dit  de  Rachamp,  prêtre,  Godefroid,  sgr.  de  Wiltz,  cheva- 
lier, et  Jean  de  Wampach,  écuyer  (ho)iorabiles  et  strenui  viri  videlicet 
dominus  Godefridus,  donihnis  temporalis  territorii  de  Wolche,  miles,  et 
Johannes  de  Wampach,  armi^er),  se  disant  en  possession  du  droit  de 
patronage  de  cette  église,  ont  présenté  comme  curé,  au  prédécesseur  de 
Gilles,  sire  Gobelin  de  Wolche,  prêtre  ;  par  contre,  la  maison  de 
Houffalize  et  sire  Jean  de  Gemeppia  (plus  loin  :  Jemeppia),  chevalier, 
prétendant  être  les  véritables  patrons,  présentaient  au  même  prédéces- 
seur Jean  Dentini,  d'Estinnes-au-Val  {de  Leslhiis  in  Valle),  clerc  du  dio- 
cèse de  Cambrai. 

Différentes  pétitions  ont  été  adressées  à  ce  sujet  au  prédécesseur  susdit 
(l'une,  de  Jean  de  Wampach  est  datée  du  23  avril).  Godefroid  de  Wiltz  et 
Jean  de  Wampach  ont  été  (d'après  Gobelin  de  Wiltz),  ainsi  que  leurs  pré- 
décesseurs, en  la  paisible  possession  du  droit  de  présentation. 

Dans  une  requête  présentée  contre  J.  dictiis  de  Wampaxh  et  sire 
Gobelinus  de  Wolche,  prêtre,  J.  Dentini  déclare  que  ce  sont,  au  contraire, 
la  maison  de  Houffalize  et  sire  Jean  de  Jemeppe  qui  ont  été,  après  leurs 
prédécesseurs,  paisibles  possesseurs  de  ce  droit,  et  que  c'est  à  tort  que 
Jean  de  Wampach,  se  prétendant  patron  de  l'église,  l'a  molesté. 

Gobelinus  répondit  que  le  droit  de  patronat  de  l'église  est  absolument 
séparé  du  droit  de  décimation  dans  l'étendue  de  la  paroisse  (1)  et  que 
l'échange  entre  les  religieux  et  Abertinus  de  Bastonia  était  de  nulle 
valeur,  n'ayant  pas  été  effectué  selon  les  solemnités  de  droit  requises. 

Gobelinus,  alors  curé  de  Donnange  {Diinitighe),  fut  toutefois  débouté 
de  ses  prétentions  et  la  présentation  de  J.  Dentini  déclarée  canonique  : 
l'archidiacre  admit  donc  ce  dernier  à  l'église  de  Bœur  (2) 

Le  30  avril  1373,  Henris  de  Bastonge,  esctivers,  privas  de  la  Roche  en 
Ardenne  pour  le  temps,  fait  savoir  que  pardevant  lui  et  les  hommes 
jugeables,   honnerable  et  saige  homme  Jehans  de  Wambay,  escuyers. 


(1)  «  ...  Quod  jus  piitronatus  ecclesie  memorate  de  Burs  hactenus  extitit  et  adhuc  est 
»  penitus  distinctum  et  separatum  a  jure  percipiendi  et  levandi  décimas  infra  metas 
»  dicte  parrochialis  ecclesie  ». 

(2)  Cart.  de  Houffalize,  ff.  29  v°  —  32  \^.  Parmi  les  témoins  au  prononcé  du  jugement 
est  cité  Gerardus,  hivestihis  ecclesie  de  Novilia  in  Ardcnna. 

Jean  Dentin  resta  en  la  paisible  jouissance  de  la  cure  si  âprement  disputée,  car  le 
même  canulaire  (f.  SQ  \^)  mentionne  au  2  août  1370  «  Jehans  Dentins  de  Lestinnes,  en  le 
dyocèse  de  Cambray,  prebstres,  viestis  de  Beure  ens  ou  concile  de  Bastongne  ». 


—   175  — 

ayant  mis  hors  de  sa  mambournie  sa  femme,  damoiselle  Aelis,  a  donné  au 
monastère  de  Houffalize  tout  le  droit  qu'ils  pouvaient  avoir  dans  le  patro- 
nage de  1  église  de  Biiers,  concile  de  Bastogne.  Ladite  Alice  a  corroboré 
de  son  assentiment  cette  libéralité,  selon  le  rapport  du  lieutenant-prévôt 
et  de  deux  hommes  de  la  Salle,  qui  se  sont  rendus  à  cet  effet  à  Wambay. 
De  son  côté,  Henri,  fils  légitime  des  dits  époux,  clere,  pastoiir  et  vestis  du 
Graiit  Wambay,  a  ratifié  la  donation  (1).  Celle-ci  est  consignée  en  ces 
termes  dans  l'obituaire  du  couvent,  au  mois  de  mai  :  Afiniversarium 
Johamiis  de  Wanbasio,  sctitiferi,  et  domicelle  Aelidis,  uxoris  sue,  et 
antecessorum  eorum,  gui  legaverunt  ?iobis  omne  jus  quod  habebant  in 
patronatu  ecclesie  parrochialis  de  Burs  (2). 

Enfin,  nous  l'avons  également  vu  plus  haut,  en  achetant  à  leurs  cou- 
sins, les  enfants  du  seigneur  de  Jemeppe  et  de  Catherine  de  Noville,  la 
maison  de  Noville  et  ses  dépendances,  Thierri  I  de  Welchenhausen  et 
son  épouse  Catherine  de  Gronsveld  avaient  acquis  les  droits  de  cette 
maison  sur  les  dîmes  et  la  collation  de  l'église  de  Bœur  (avant  le  2 
février  1374). 

Nos  renseignements  sur  les  dîmes  et  le  droit  de  collation  de  Bœur  de 
1289  à  1374  nous  les  montrent  aux  mains  de  plusieurs  groupes  de  pro- 
priétaires séculiers  : 

1)  Les  Noville  :  Thomas  I  de  Xoville  et  son  épouse  Hawide  de 
Xhignesse  (1289)  ;  une  partie  de  leurs  droits  provenaient  des  Xhignesse. 
Leur  fils  Thomas  II  est  au  nombre  des  collateurs  de  13;)4.  Le  gendre  de 
Thomas  II,  Jean  de  Jemeppe,  présente  en  1364,  du  chef  d'une  acquisition 
faite  par  son  beau-père  (mort  avant  le  9  avril  1342)  à  Godefroid,  sire  de 
VViltz,  et  à  sa  femme.  Les  enfants  du  seigneur  de  Jemeppe  cèdent  leurs 
droits  en  la  paroisse  de  Bœur  à  leurs  cousins  Thierri  I  de  Welchenhausen 
et  Catherine  de  Gronsveld,  lors  de  la  vente  qu'ils  firent  à  ces  époux  de  la 
maison  de  Xoville. 

2)  Les  Beanfort  :  Isabelle,  veuve  de  Wautier  de  Beaufort,  chevalier  ; 
ses  enfants  Henri,  Jean  et  Ponche  (1291). 

3)  Les  Wampach  :  Aubertin  de  Bastogne  dit  de  Wampach,  écuyer,  fils 
du  chevalier  Jean  Malherbe,  de  Bastogne,  et  Alice,  sa  femme  (1319,  1320); 
Henri  de  Wampach  (1334);  Jean  de  Wampach,  écuyer,  et  Alice,  sa 
femme  (1365,  1373). 

4)  Les  Wiltz  :  Godefroid,  seigneur  de  Wiltz  (133i);  avant  le  9  avri^ 
1342,  il  cède  une  part  au  moins  de  ses  droits  à  Thomas  II  de  Noville.  En 
1365,  lui,  ou  son  fils  Godefroid,  prétend  encore  figurer  parmi  les  collateurs. 


(1)  Cart.  de   Houffalize,  f.  25-2G  v°.  lAicte  est  scellé  par  Jean   de  Wamhay  et   par  le 
prévôt. 

(2)  Ibidem,  f.  102  v«. 


—  176  — 

De  ces  groupements,  les  trois  derniers  peuvent  être  confondus  en  un 
seul,  se  rattachant  à  la  famille  de  Wiltz. 

Les  Beau  fort,  en  effet,  on  le  sait,  ne  formaient  qu'une  race  avec  les  Wiltz, 
dont  ils  portaient  les  armoiries  légèrement  modifiées. 

Quant  aux  WampacJi,  ils  devaient  également  descendre  des  dynastes 
wiltzois.  En  137 i  et  1376,  Jean  de  Wampach,  certainement  le  même  que 
Jehans  de  Wambav,  esaivers,  qui  donna  en  1373  une  part  du  patronage 
de  Boeur  aux  religieux  de  HoufFalize,  portait  sur  son  sceau  un  écu  à  un 
chef,  ail  franc-quartier  chargé  de  3  feuilles  de  nénuphar,  armoiries  que 
l'on  décrit  :  d'or  an  chef  de  gueules  (c'est-à-dire  Wiltz)  ;  au  franc-quartier 
d'argent  à  trois  cœurs  ou  feuilles  de  nénuphar  de  giœules  (c'est-à-dire 
Boîirscheid'  (1). 

Nos  collateurs  de  Boeur  appartenaient  à  la  famille  d'Ober- Wampach, 
qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  distinguer  des  Nieder- Wampach  (portant, 
eux,  de  gueules,  à  2  chevro?is  d'or,  accompagnés  de  S  étoiles  à  5  rais  du 
même,  l'une  en  cœur,  entre  les  S  chevrojis,  et  l'autre  en  pointe).  D'ailleurs, 
Wampach-Haut  et  Wampach-Bas,  encore  appelés  Grande-Wampach  et 
Petite-Wampach,  eurent  toujours,  toutes  deux,  les  relations  les  plus 
étroites  avec  la  terre  de  Wiltz. 

Lors  du  dénombrement  de  la  mairie  de  Hoffelt,  en  la  prévôté  de  Bas- 
togne,  en  juillet  1469,  il  y  avait  «  en  la  ville  Deseurtraine  Wambay  » 
19  maisons,  dont  deux  appartenant  au  seigneur  de  Clervaux  et  une  habitée 
par  «  ung  gentilhome  appelle  Jehan  de  Wambay  »;  la  hauteur  appartenait 
au  duc  de  Bourgogne  sur  toutes  les  maisons.  «  En  la  ville  Desoubztrain 
Wambay  »,  on  comptait  15  maisons,  dont  une,  d'un  gentilhomme,  tenue 
en  fief  du  sire  de  Wiltz  ;  onze  taillables  au  sire  de  Rodemack  et  à  Thierri 
de  Bastogne  ;  trois  payant  cens  aux  hoirs  de  Recogne  ;  le  duc  avait  la 
hauteur  sur  celles  de  ces  maisons  ne  dépendant  pas  de  la  ville  (2). 

En  1631,  Jean,  comte  de  Wiltz,  déclare  être  seigneur  haut,  moyen  et 
bas  à  Niederwampach,  où  il  a  maire  et  justice,  et  où  tous  les  habitants 


(1)  De  Raadt  (Sceaux  arin.,  IV,  p.  198)  décrit  le  sceau  de  Jean  de  Wampach  :  plain,  au 
chef  parti  :  au  l*'",  ?,  feuilles  de  tilleul  saris  tiges,  renversées  (nêrinphar)  ;  au  2^,  plain  ;  il  y  a 
là  une  petite  erreur,  fort  explicable.  Sur  la  belle  pierre  tombale  de  Jean-François  de 
Monflin,  inhumé  dans  l'église  de  Hondelange  en  1753,  les  armoiries  du  quartier  Ovcr- 
Wainbach  montrent  nettement  les  3  feuilles  de  nénuphar  dans  un  écusson,  tiès  en  relief, 
posé  en  franc-quartier  (cf.  J.  Vannérus,  Docum.  concerna?it  le  fief  de  Niederwampach,  pp. 
24  et  27).  Rietstap  place  l'écusson  de  Bourscheid  sur  le  tout,  mais  je  n'ai  pas,  pour  ma 
part,  rencontré  cette  disposition. 

(2)  Arch.  de  Clervaux,  n°  1257. 

Nous  avons  déjà  fait  allusion  à  ce  fief  de  Rodemacher  à  Wampach,  qui  avait  donné  lieu 
à  un  différend  réglé  arbitralement,  en  1378,  entre  (iilles,  sire  de  Rodemacher,  et  Alix 
de  Noville. 


—  177  — 

sont  ses  sujets  serviles,  sauf  trois  hommes  de  fief,  dont  l'un  est  vassal 
castrai  (bourglehnman'  et  doit  desservir  son  fîef  avec  cheval  et  équipe- 
ment ;  à  Oberwampach,  il  est  haut-voué,  seigneur  foncier  et  censier,  et 
tous  les  habitants  y  sont  ses  sujets  serviles  ;  il  a  un  moulin  à  Niederwam- 
pach  ;  à  Oberwampach,  il  a  la  justice  haute  et  moyenne,  acquise  du 
souverain  par  engagère  (1). 

Les  seigneurs  de  Wiltz  déléguèrent  leurs  droits  de  vouerie  à  Ober- 
Wampach  à  la  famille  noble  dite  de  Wampach  (Ober-Wampach)  :  en 
octobre  1448,  Jean  de  Wampach  s'y  intitulait  voué  héréditaire;  le  27  mai 
1462,  Jean  de  Wampag,  fils  du  précédent,  reprit  en  fîef  de  Gérard,  sire  de 
Wiltz,  entre  autres  droits  et  biens,  le  droit  d'avoué  à  Wiltz  et  au  pays  de 
Wiltz  et  tous  ses  biens  de  Wampag,  sauf  la  dîme  et  la  pèche.  Des  diffé- 
rends naquirent  quelquefois  entre  les  sires  de  Wiltz  et  d'Ober- Wampach  : 
en  1628,  le  comte  de  Wiltz  dut,  en  sa  qualité  de  «  seigneur  haut-voué  et 
foncier  de  la  Haulte  Wampach  »,  procéder  contre  Georges-Ferri  de 
Cicignon,  d'Ober-Wampach,  qui  avait  empiété  sur  ses  droits  en  démolis- 
sant l'ancienne  maison  et  en  la  rebâtissant  à  une  autre  place  (2). 

C'est  de  Wiltz  que  relevaient,  d'autre  part,  certains  droits  seigneuriaux 
aux  deux  Wampach,  consistant  en  différents  biens,  cens  et  rentes,  et  qui 
étaient  en  décembre  1437  et  en  mars  1451  en  la  possession  de  Frédéric  de 
Brandenbourg,  seigneur  de  Stolzembourg;  à  la  mort  de  celui-ci,  les  biens 
zîc  den  zzveyen  Wampagen  passèrent  à  son  frère  Jacques,  qui  les  releva 
du  sire  de  Wiltz  le  18  juin  1452  et  les  céda  en  engagère,  le  24  octobre 
1455,  à  Thierri  de  Bastogne  (cité  à  Nieder- Wampach  en  1469);  les  rentes 
des  villages  de  Wampach  furent  dégagées  peu  avant  le  8  avril  1478  par 
Gérard,  seigneur  de  Wiltz  (3). 

Ces  attaches  wiltzoises  de  la  famille  d'Ober-Wampach,  disons-le  en 
passant,  viennent  encore  corroborer  ce  que  j'ai  dit  précédemment  de  la 
part  des  Orley  dans  les  dîmes  et  dans  le  droit  de  collation  de  l'église  de 
Diekirch  :  cette  part,  ai-je  dit,  a  dû  leur  provenir  par  Julienne  de 
Welchenhausen,  de  la  famille  de  Wiltz.  Or,  les  Ober-Wampach  possé- 
dèrent une  portion  des  dîmes  de  Diekirch  dès  avant  le  XV*^  siècle  :  le 
1"  août  1455,  Guillaume  d'Orley,  seigneur  de  Linster,  déclare  que  Thierri 
de  Sauerfeld  (Strainchamps)  a  reçu  de  lui  en  fîef,  à  titre  de  sa  femme, 
fîlle  de  feu  Jean  de  Wampach  (et  de  Sara  de  Septfontaines)^  les  biens  sis 
à  Diekirch,  que  les  ancêtres  dudit  Jean  détenaient  déjà  en  fief  ;  lors  du 


(1)  Hardt,  Lux.   Wcisthumcr,  pp.  7.39,  740  et  744. 

(2)  Arch.  de  Clenuiux,  n°  954;  Cartul.  de  Wiltz,  fol.  229  (arch.  Sect.  Hist.  ;  anal,  van 
Werveke)  ;  Fonds  Neyen,  ibidem,  au  23  juin  1(528. 

(3)  Picbi.  de  Lux  ,  t.  40  (1889),  pp.  423-424;  arch.  Sect.  Hist.  Lux.,  Cart.  de  Wiltz, 
ff.  210  et  .351-354,  et  Chartes  et  titres  div.,  IX,  9  (anal,  van  W.). 


—  178  — 

partage  effectué,  en  janvier  li'H  n.  st.,  eiiti-e  Thierri,  ses  fils  et  le  mari 
de  sa  tille  Marguerite  de  Sur/elt,  celui-ci,  Jean  de  Falkenhain  dit  Spiese, 
obtint  entre  autres  le  bien  (hoffj  de  Fcullen,  tel  qu'il  avait  appartenu  à 
feu  Jean  de  Wanipach  le  vieux,  et  le  bien  de  Diekirch  avec  dépendances  : 
lias  guil  zu  Dickirchen,  zii  Gehtorff',zu  Anoelstorff,  zu  Bastendorjj'  und 
zit  Michelaiave,  tnit  aile  syne  ztibeheiire,  iss  sey  in  zenden,  zinssen,  renten, 
guide,  wasser,  iveide,  dune  und  grunne...  ».  En  février  1562,  Georges  de 
Waha  dit  Fronville,  fils  de  Jeanne  de  Strainchamps  (petite-fille  de 
Thierri  et  nièce  de  Jean  de  Falkenhain),  tenait  en  fief  de  Bernard  d'Orley 
et  d'Oswald  von  der  Feltz,  beaux-frères,  et  de  Henri  de  Metzenhausen 
une  part  de  la  dîme  de  Diekirch  et  dépendances;  au  XVIIP  siècle,  les 
du  Hautoy,  descendants  de  Gilliot  de  Waha  et  de  Jeanne  de  Strainchamps, 
possédaient  toujours  la  «  part  de  Fronville  »  dans  les  dîmes  de  Diekirch. 

On  peut  donc  conclure  que  les  dîmes  et  le  droit  de  collation  de  la 
paroisse  de  Boeur  appartinrent  à  deux  groupes  de  propriétaires  séculiers: 
les  Xoville  et  les  Wiltz.  Les  premiers  en  acquirent  une  partie  par 
l'alliance  de  Thomas  1  avec  Hawide  de  Xhignesse^  une  autre  par  un 
achat  fait  à  Godefroid  de  Wiltz  et  à  sa  femme  (Lyse  de  Schœnecken)  ; 
quelle  que  soit  la  façon  dont  les  Xhignesse  arrivèrent  à  la  possession  de 
droits  sur  l'église  de  Boeur,  on  doit  considérer  la  famille  de  Wiltz 
comme  représentant  avant  toute  autre  les  fondateurs  primitifs  de  cette 
paroisse.  L'acquisition  d'une  portion  de  ces  droits  faite  au  seigneur  de 
Wiltz  par  Thomas  II  de  Noville  semble  même  indiquer  une  parenté  entre 
les  familles,  du  vendeur  et  de  l'acquéreur. 


Rappelons-nous,  d'autre  part,  que  Thierri  I"  de  Welchenhausen  était 
certainement  allié  aux  Noville  :  c'est  à  leurs  cousins  les  fils  de  Catherine 
de  Noville  que  Thierri  et  Catherine  de  Gronsveld  achetèrent  la  maison 
de  Noville  et  ses  dépendances.  La  parenté  ne  provenait  certes  pas  du 
côté  de  Catherine  de  Gronsveld,  étrangère  aux  Ardennes,  et  doit  s'expli- 
quer, soit  par  la  première  union  de  Thierri,  soit  par  l'alliance  contractée 
par  son  père. 

De  la  première  femme  de  Thierri,  nous  savons  simplement  qu'elle 
s'appelait  Aleyde;  de  sa  mère,  nous  ignorons  tout  :  si  nous  ne  nous 
sommes  point  trompé  en  le  supposant  fils  de  Thierri  de  Neuerbourg,  il 
devait  avoir  pour  mère  l'héritière  des  anciens  seigneurs  de  Brandenbourg  : 
c'est  donc  Aleyde  qui  devrait  se  rattacher  aux  Noville  ;  d'après  les  dates, 
on  pourrait  alors  la  considérer  comme  fille  de  Thomas  I  de  Noville.  Cette 
hypothèse  se  corrobore  de  la  circonstance  que  les  deux  fils  aînés  de 
Thierri  reçurent  des  noms  familiers  aux  Noville  :  Wautier  et  Ponce  (ou 
Poncin). 


-    179  - 

En  même  temps  que  sa  consanguinéité  avec  les  Xoville,  nous  avons 
été  amenés  à  admettre  entre  Thierri  I  de  Welchenhausen  et  les  Wiltz  une 
parenté  assez  proche,  qui  s'accorde  avec  les  rapports  si  étroits  que  nous 
avons  pu  constater  par  ailleurs  entre  la  seigneurie  de  Welchenhausen  et 
la  terre  de  Wiltz,  entre  Julienne  de  Laval  et  les  dynastes  wiltzois. 

Malheureusement,  nous  en  sommes  réduits  aux  pures  conjectures  pour 
nous  rendre  compte  de  cette  parenté.  Si  ïhierri  I  est  bien,  comme  je  l'ai 
supposé,  le  fils  de  Thierri  de  Neuerbourg  et  d'une  Brandenbourg,  on 
pourrait,  pour  l'expliquer,  recourir  à  l'hypothèse  suivante  :  c'est  son  union 
avec  Aleyde  de  Xoville,  parente  des  Wiltz  comme  son  frère  Thomas  II, 
qui  aura  valu  à  Thiern  la  possession  de  Welchenhausen. 

Si  la  mère  de  Thierri  I  n'était  pas  une  Brandenbourg,  on  pourrait  la 
considérer  comme  ayant  été  une  Wiltz  :  ainsi  trouverait  également  son 
explication  cette  parenté  simultanée  de  nos  Welchenhausen  avec  les 
Wiltz  et  les  Noville  (1). 

D'autre  part,  nos  recherches  ne  nous  ont  pas  permis,  jusqu'à  présent, 
d'établir  avec  précision  le  lien  qui  existait  entre  Thierri  I  et  Julienne  de 
Laval;  cette  parenté  est  évidente,  mais  sa  nature  nous  échappe  toujours, 
grâce  à  la  pauvreté  des  résultats  de  notre  enquête  :  tout  au  plus  pourrait- 
on,  avec  quelque  vraisemblance,  faire  de  Julienne  une  fille  de  Thierri  ou, 
plutôt,  de  son  fils  Wautier.  De  nouveaux  documents,  seuls,  nous  tireront 
de  l'incertitude  à  cet  égard. 


Une  ascendance  légendaire  des  Welchenhausen 


L'erreur  consistant  à  faire  de  Welckcnhausen  et  de  Vanlx  (prévôté  de  Bastogne)  une 
seule  et  même  localité  remonte,  nous  l'avons  dit  au  début  de  ce  travail,  à  Bertholet,  qui 
en  est,  sinon  l'inventeur,  au  moins  l'éditeur  responsable.  En  1859,  encore,  elle  se  retrouve 
dans  une  notice  de  De  la  Fontaine  (2),  auquel  elle  fait  écrire  :  «  Un  Vaux,  annexe  de  la 
»  commune  de  Noville,  portait  le  nom  allemand  de  Wclschenhauscn,  communément  écrit 
»  Welkcnhausen  =  demeure  des  Wallons;  un  tel  nom  ne  pouvait  avoir  été  en  usage  que 
»  chez  les  voisins  allemands  des  habitants  de  Vaux  ». 

Un  siècle  avant,  une  dizaine  d'années  après  l'appariticn  de  l'Histoire  de   Bertholet, 


(1)  La  parenté  avec  les  Wiltz  de  Catherine,  fille  de  Henri  de  Welchenhausen,  issu  du 
second  mariage  de  Thierri  1"  et  non  de  l'union  de  celui-ci  avec  Ale3'de  (de  Noville), 
s'expliquerait  mieux  par  l'hypothèse  rattachant  Thierri  I  lui-même  (et  non  Aleyde)  à  la 
famille  de  Wiltz.  Il  est  toutefois  impossible,  je  pense,  en  présence  des  armoiries  portées 
par  Thierri  \,  de  le  faire  descendre  des  Wiltz  en  ligne  masculine. 

(2)  Public,  de  Luxembourg,  1859,  p.  43. 


—  180  — 

cette  identification  erronée  donna  à  un  généalogiste  complaisant,  (occupé  à  reconstituer, 
en  les  embellissant,  les  fastes  de  la  famille  lorraine  de  La  Vaulx-Vrécourt,  l'idée  et 
l'occasion  de  corser  son  mémoire  en  y  intercalant  une  branche  formée  par  les  «  seigneurs 
de  Vuelkenhausen  ». 

Le  résultat  de  ses  recherches  parut  en  1758,  en  un  Mémoire  in  quarto,  et  reçut  l'année 
suivante,  dans  le  Grand  Dictionnaire  historique  iXeMorcn  {\.),  les  honneurs  d'une  large 
publicité. 

Je  m'en  voudrais  de  ne  pas  reproduire  ici,  de  cet  audacieux  factum,  les  passages 
concernant  spécialement  notre  pays  : 

<.  Lavaulx,  maison  de  nom  et  d'armes,  en  la  prévôté  de  Montmédy.  Elle  tire  son 
origine  des  ancieps  comtes  de  Chiny  et  a  pris  le  nom  du  fief  qui  s'appelloit  Laruil,  lequel 
lui  fut  donné  en  partage  dans  le  XII"  siècle.  Elle  a  porté  indifféremment  le  nom  de  Laval 
ou  de  Lavaulx. 

Le  premier  connu  est  : 

»  L  —  Louis  de  Chiny,  sire  de  Laval,  fils  d'Arnoul  II,  comte  de  Chiny,  et  d'Adélaïde, 
sa  femme.  C'est  ce  Louis  qui  a  formé  la  maison  connue  sous  le  nom  de  Laval  et  ensuite 
de  Lavaulx.  Louis  épousa  Edme  d'Elose,  fille  de  Jean,  sire  de  Corswaremme,  et  eut  pour 
fils  Vernon,  qui  suit. 

»  II.  ._  Vernon  de  Chiny,  I  du  nom  de  Laval,  sgr.  de  Marville  et  autres  lieux,  épousa 
Edmonde  de  Limbourg  de  Fauquemont,  dont  il  eut  Oulry,  qui  suit. 

»  III.  —  Oulry,  de  Laval,  se  trouva  à  l'assemblée  des  pairs  de  Bastogne,  tenue  l'an 
1233,  pour  aviser  aux  moyens  de  s'opposer  à  l'incursion  des  aventuriers.  Il  épousa 
Mariette  de  Mauderchied,  dont  il  eut  :  1.  Varnier  de  Laval,  qui  fut  abbé  de  S.  Erri  de 
Verdun;  2.  Eric,  qui  suit;  3.  Jean,  qui  fut  auteur  de  la  branche  de  Laval  Bazeille ; 
4.  Enguérant,  marié  à  Ermengarde  de  Conflans. 

»  IV.  —  Erie  de  Laval,  fut  marié  deux  fois  :  1)  à  Elise  de  Sponche,n,  dont  il  eut  : 
1  Jean- Ferry,  qui  suit;  2.  Henriette  de  Laval,  qui  mourut  jeune:  2)  à  Claudine  de 
Raville,  dont  il  eut  Théodore  de  Laval,  qui  a  fait  la  branche  de  Vuelkenhausen,  rapportée 
ci-après. 

»  V.  —  Jean-Ferry  de  Lav^al,  sire  dudit  lieu.  Remagne  et  Marville,  épousa  en  1347 
Emonde  de  Roden-Marcheren  et  en  eut  deux  fils:  1.  Guillaume,  qui  mourut  sans  être 
marié;  2.  Husson.  qui  suit...  (2). 

Seigneur  de  Vuelkenhausen,  dans  la  prévôté  de  Bastogne. 

»  V.  —  Théodore  de  Laval,  chevalier,  sire  de  Vuelkenhausen,  c'est-à-dire  en  françois, 
Lavaulx,  étoit  fils  pûné  d'Eric  de  Laval,  sire  du  dit  lieu.  Remagne,  Marville,  etc.,  et  de 
Claudine  de  Raville.  II  fut  fait  en  1359  prévôt  des  villes  de  Bastogne  et  de  Marche.  11  eut 
deux  fils  :  Henri,  qui  suit,  et  Thierry,  chevalier,  sgr.  de  Vuelkenhausen,  vicaire  de  la 
vouerie  de  l'abbaye  de  S.  Hubert  en  1364,  pour  Venceslas,  roi  de  Bohème,  duc  de 
Luxembourg,  qui  le  fit  la  même  année  gouverneur  de  ce  duché. 


(1)  Ed.  1759,  t.  X,  addit.  et  correct.,  pp.  20-21  et  24-25 

(2)  Dans  la  suite  de  la  filiation,  l'auteur  ne  tente  plus  d'intéresser  le  Luxembourg  aux 
faits  et  gestes  de  ses  Lavaulx,  si  ce  n'est  qu'il  fait  d'un  arrière-petit-fils  de  Husson,  Erard 
de  Lavaulx,  l'auteur  d'une  branche  restée  dans  le  Luxembourg,  à  laquelle  il  rattache  : 
Georges  de  Laval,  chevalier,  seigneur  dudit  lieu  en  partie,  maître-échevin  de  la  ville  de 
Luxembourg  en  1594,  époux  de  Marie  Dellz,  dont  il  n'eut  point  d'enfants. 


—  181  — 

»  VI.  —  Henri  de  Laval,  sire  de  Vuelkenhausen,  fut  sénéchal  du  duché  de  Luxem- 
bourg. Il  épousa  Huguette  d'Autel,  dont  il  eut  : 

»  VII.  —  Antoine  de  Laval,  sire  de  Vuelkenhausen,  qui  épousa  Lis  de  Gourey,  dont 
vint  Marc  de  Laval,  sire  de  Vuelkenhausen,  lequel  épousa  Adelle  de  Houffalis  ;  il  laissa 
pour  fils  :  Henri,  qui  lui  succéda.  » 

On  le  voit  de  suite,  tout  ce  récit  n'est  qu'un  tissu  d'assertions  aussi  fantaisistes  qu'em- 
brouillées, ne  méritant  même  pas  la  discussion.  Si  j'ai  tenu  à  le  reproduire  ici,  c'est  pour 
montrer  jusqu'à  quel  point  d'audace  et  de  bêtise  certains  généalogistes  ont  pu  descendre. 

Il  est  particulièrement  regrettable  de  constater  semblables  pratiques  à  propos  de  l'his- 
toire d'une  famille  dont  on  a  pu  dire  :  «  La  maison  de  La  Vaulx,  encore  existante,  compte 
»  parmi  les  plus  distinguées  de  la  Lotharingie.  Incontestablement  fort  ancienne,  elle  est 
»  aussi  très  importante  par  les  hautes  situations  qu'ont  occupées  plusieurs  de  ses  mem- 
»  bres  et  très  considérable  par  les  branches  nombreuses  qu'elle  a  formées  »  (1). 


Note  additionnelle. 

Le  18  novembre  1732,  par  devant  le  notaire  J.-G.  Bernard,  Jean 
Theodori,  fils  légitime  de  Henri  Theodori  et  de  Marguerite,  conjoints, 
de  Niederwampach,  se  destinant  à  la  prêtrise,  déclare  que  le  comte  de 
Wiltz,  pour  «  seconder  ses  pieux  desseins,  l'auroit  gratifié  du  bénéfice  de 
»  sa  chapelle  castralle  sise  au  village  de  Welchenhausen,  ...  raportante 
»  annuellement  ...  26  écus  19  s.,  faisants  en  florins  Carolus  ...  109  fl.  5  s. 
»  Le  dit  raport  ne  suffisant  pas  pour  la  somme  requise  par  les  statuts 
»  émanés  au  fait  des  titres  patrimoniaux,  ...  le  W  novembre,  au  village 
»  de  Welchenhausen,  ...  les  honorables  Michel  Henckels,  commis 
»  mayeur,  Servais  Schroder,  Pierre  Closen  et  Jean  Kaulmes,  eschevins 
»  de  la  cour  foncière  de  Welchenhausen,  Jean  Heinen,  Jean-P.  Guden  et 
»  Jean-Adam  Backes,  leurs  voisins,  ...  ont  (par  agréation  du  sgr.  comte 
»  de  Wiltz,  leur  sgr.  foncier)  cédez  ...  pour  supplément  au  dit  titre  ...  et 
»  abandonnent  à  l'aspirant  ...  les  pièces  de  bois  et  terres  à  hayes  ci-après 
»  dénommez,  qui  demeureront  pour  toujour  et  à  jamais  affectez  à  la 
»  susditte  chapelle  castralle  :  scavoir,  un  bois  de  haute  fleure,  appartenant 
»  aux  habitants  susnomés  (à  la  réserve  de  P.  Closen,  qui  n'a  rien  audit 
»  bois),  nommé  le  Steinetz  Dusch,  aboutant  au  chemin  qui  conduit  au 
»  village  de  Haschpelt,  et  leurs  terres  à  hayes  nommées  Steinetz  Hecken, 
»  contenant  le  bois  15  journaux  et  les  ha3^es  14  journaux;  P.  Closen 
»  cède  un  de  ses  bois,  situé  au  lieu  nommé  Hilgenborn,  aboutissant  au 


(1)  Léon  Germain,  Une  légende.  Les.  Armoiries  de  la  Maison  de  La  Vaul.x,  Saint-Dié,  1894. 

C'est  en  1752,  sur  un  ex-libris,  qu'apparaissent  pour  la  première  fois,  au  lieu  de  l'ancien 
écu  aux  trois  tours,  de  grandes  armoiries,  o\.\  s'annonce  la  fantaisie  du  Mémoire  de  1758  :  les 
cléments  en  sont  empruntés  aux  armes  de  Chiny  et  de  Luxembourg,  et  elles  figurent 
encore  telles  quelles  dans  les  armoriaux  modernes  ! 


—   182  — 

•»  susdit  bois,  contenant  2  journaux,  dont,  suivant  l'évaluation  faite  ...  à 
»  raison  d'un  écus  par  journal  de  bois  et  des  haies  1/2  écu  de  raport  annuel, 
s>  par  an  2i  écus,  les  quels,  joints  aux  26  écus  19  s.  que  dessus,  font ...  201 
»  fl.  Carolus  et  ô  s.,  sur  quoi  l'aspirant  est  en  droit  de  fonder  son  patri- 
»  moine;  et  a  été  ...  investi  du  bénéfice  prémis  par  le  sgr.  comte  et  mis  en 
»  possession  des  bois  et  haies  ...  par  les  commis  maïeur  et  échevins  ...  ». 

Le  comte  si,çne  («  De  Wiltz  »)  et  scelle,  en  son  château  de  Wiltz;  les 
habitants  de  Welchenhausen  apposent  leurs  marques,  en  ce  lieu  (aucun 
ne  sait  écrire). 

Le  12  décembre  17;)2,  Fr.  Simons,  curé  de  Groscampen  et  de  Welchen- 
hausen, atteste  la  vérité  de  ce  qui  précède,  à  Groscampen. 

Le  12  mai  1733,  à  Liège,  le  prince-évéque  Georges-Louis  érige  en 
bénéfice  ecclésiastique  perpétuel  les  biens  précédemment  (duduDiJ 
annexés  à  la  chapelle  de  Welchenhausen,  en  la  paroisse  de  Groscampen, 
et  ceux  ajoutés  par  l'acte  du  18  novembre  précédent;  ce,  sous  l'invocation 
de  Sainte  Lucie,  en  ladite  chapelle.  La  collation,  la  provision  et  toute 
disposition  de  ce  bénéfice  lui  appartenant  pour  la  première  fois,  il  le 
confère  à  J.  Theodori;  par  la  suite,  le  droit  de  collation  appartiendra  au 
comte  de  Wiltz  et  à  ses  successeurs  (1). 


!»!=;- 


(1)  Orig.,  s.  pap.,  avec  sceau  plaqué.  Arch.  Gouvt.  Lux.,  Cli.  et  t.  di\-.,  1.  26  [Wiltz]. 


184 


TABLEAU     DE     LA     FAMILLE 


N. 


Thierri  I  de  Welchenhausen  (tils  de  Thierri  de  Xeuerbourg,  sgr.  de  Brandenbniirg 
[1291-1317]  ?),  petit-fils  d'une  Agnès. 

Chevalier  (1347),  prévôt  d'Ardenne  (1353-1370),  lieutenant,  sénéchal  ou  drossard  du 
Luxembourg  (13()2-1371),  vicaire  du  duc  en  la  terre  de  Mirwart  et  en  l'avouerie  de 
Saint-Hubert  (13(34),  -f  le  1"  mars  1374  ou  1375. 

Epousa  :  1.  Aleyde  (1347)  (se  rattachant  aux  Wiltz  et  aux  Noville  ?). 

2.  Entre  1362  et  juin  1868,  Catherine  de  (ironsveld,  veuve  de  Jean 
d'Argenteau  (  -\-  en  1362),  fille  de  Henri  et  de  Mathilde  von 
der  Heyden  ;  dame  d'Argeanteau  et  de  Veltjaeren,  elle  se 
remaria,  avant  juillet  1375,  avec  Henri,  sgr.  de  Pirmont 
(1361-1400  + avant  1409). 
11  laissa  deux  fils  de  son  premier  mariage,  un  du  second. 


Wautier  I.  chevalier  (1347-1363); 
vers  1360,  au  service  du  duc,  comme 
gardien  de  Verdun  (semble-t-il). 

Epouse  vers  1347  Sara,  fille  de  sire 
Jean  de  Schœnecken. 


Ponce  ou  Poncin  I  (13S0-14t2),  + 
peu  avant  août  1418. 

Ep.  avant  janvier  1390  Catherine, 
fille  de  Thomas  de  Hjiuset,  chevalier, 
voué  héréditaire  de  Lontzen. 


Thierri , 
ècuyer,    tué 
en    1394,   à 
ou     près 
Verdum. 


Julienne, 
dame  de  La- 
val. 

Epouse  : 
1)  Waleran 
du  ('h  éne 
(1385); 

2)    Jean    I 
d'Orley 
(1387-1408). 


Jean,  bâtard,  dit 
Kjiepgen  (1429). 

Ep.  Catherine  de 
Birtrange  (-f- 
avant  1458). 

Thierri  de  Wel- 
chenhausen (1437- 
1443),  noble  écuyer. 


Thierri  11,  écuyer, 
(1410-1414),  prévôt  de 
Bastogne  (1412-1414), 
voué  héréditaire  de 
Lontzen,  -\-  en  1426, 
sans  enfants. 

Ep.  Agnès,  fille  de 
Gilles  de  Sorizées  ou 
de  Bombaye  (encore 
viv.  1429). 


Thierri  111,  investi  de 
Lontzen  en  déc.  1477. 

-|-  sans  postérité  entre 
avril  1483  et  le  2  avril 
1487. 

Ep.  :  .'  Marie  de  (ilî- 
mes. 


Ponce  111(148.3),  relève  Lontzen  le  2  avril  1487, 
-f-  en  1494  ou   1495,   sans  enfants. 

Ep.  Qithon  de  Corswarem  (mars  1493-149,5), 
veuve  de  Thilman  Waldoreal,  échevin  de  Liège, 
mort  le  14  mars  1488;  elle  se  remarie  avec  Simon 
de  Soumagne  (1495). 


185 


DE    WELCHENHAUSEN 


Agnès  (1346-13G4); 

Epouse  le  chevalier  Jean  Kt)ning  de  Leuder^dorf 
(134G-1357). 


Mathilde  (1363). 


Henri,  mineur  en  1380,  ccu3-er,  burggraf  à  Millen  et  Ganghelt  (1404),  prévôt  de 
Uurbuy  (1412-1414),  sgr.  de  Clermont  (1411-1440),  de  Limbricht  (1426-1428),  etc.  ; 
-]-  le  1<"'  mars  1444  ou  1445. 

Ep.  Agnès  de  Herghe,  fille  d'Adam  et  de  Jeanne  de  Lynden,  citée  1428,  -1- 
un  29  juillet. 


Ponce  II,  voué  à 
Lontzen  (1427-146.3). 
+  en  1477. 

Ep.  en  1456  Jeanne 
de  Malberg,  fille  de 
Jean,  sgr.  d'Ourt  n  et 
de  Sainte-Marie. 


Une  fille. 

Ep.  un  s""  de 
Neufchàteau  (lez 
Uaelhem) 


Catherine  (1448-1449)  + 
avant  18  déc.  1469. 

Ep.  Jean  Scheiffart  de  Me- 
rode,  sgr.  de  Hemersbach 
(1448-1449),  -[-  avant  le  13 
mars  1451. 


Catherine,   religieuse  à  Burtscheid. 
(Sept.  1495-sept.  1520). 


Marguerite,  religieuse  à  Burtscheid 
(1495),  prieure  (1512),  encore  vivante  au 
13  sept.  1520. 


I.  —  TABLE  DES  CHAPITRES 


(Les  nombres  entre  parenthèses  renvoient  aux  pages  du  tiré-à-part] . 

Introduction.  La  collation  de 

la  cure  de  Diekirch  (  1326-1489)  ï.  XLV  209  (3) 

/.  La  Fai7iil!e  de  Welchenhausen                                   —  304  (8) 

Thieni    I (1347  1374)            —  305  (9) 

Additions T.  XLVIII  78  (118) 

Ponce  I (1380  I4l2i  T.  XLV  318  (22) 

Additions T.  XLVIII  81  (121) 

Thierri  II (1410  1426)  T.  XLV  320  (24) 

Ponce  II (1426  1477)            -  323  (27) 

Addition T.  XLVIII  83  (123) 

Thierri  III (1477  1483)  T.  XLV  324  (28) 

Ponce  III (1483  1494)             —  326  (30) 

Catherine  et  Marguerite    .     .  (1495  1520)            —  327  (31) 

Addition    .......                         T.  XLVIII  83  (123) 

Henri (1380  14 ii)  T.  XLV  329  (33) 

Catherine (1446-1449)            —  338  (42) 

La  seigneurie  de  Welchenhau- 
sen      (1466-1791)             —  340  (44) 

Addition T.  XLVIII  83  (123) 

Branche  bâtarde T.  XLV  344  (48) 

//.  La  seigneurie  de  N'ovule.     .     .                          T.  XLVI  137  (53) 

La  famille  de  No  ville.  .  .  .  (1250  1378)  —  138  (54) 
La  maison  de  Welchenhausen, 

à  Xoville —  147  (63) 

Addition         T.  XLVIII  84  (124) 

Les  seigneurs  de  X^oville,  sous- 

voués  de  Wibrin T.  XLVI  150  (66) 

Le  Fief  de  Welchenhausen   à 

Donckols —  154  (70) 

Les  biens  d'Arimont  à  Noville.                                  —  155  (71) 

Additions T.  XLVIII  84  (124) 

Les  biens  de  Stein  à  Xoville    .                         T.  XLVI  162  (78) 

Additions T.  XLVIII  85  (125) 

La  dîme  de  Xoville  en  1665  et 

en  1669 •     •     •                                    '-  94  (134) 


—  188  — 


Les  familles  de  Bodanije  et  de 
Dave 

Les  familles  de  Rcinhardstein 
et  de  Reiff'enbei<^    .... 

La  famille  d'Awan.     .     .     .     . 

La  famille  de  Cobréville.     . 


T.XLVTIT  08  (138) 

—  101  (14!) 

—  102  (142) 

—  106  (146) 


///.    La   Seigneurie  de  Laval  de 

1387  à  la  Révohitiun  Fran- 
çaise  

Jean  Id'Orley. (1387  1408) 

Jean  II  et  Gnillamne  d'Orley  .     (U08-1452) 

Additions 

Everard  et  Englebert  d'Orley  .     (1464) 
Bernard  d'Orley  et  ses  enfants.     (1465-1532) 

Additions 

La  Famille  de  Rolland    .     .     .     (1564  1599) 
Gérard  et  Emond  de  Schwart- 

zenberg.     .     .  ...     (1610-1640) 

Henri,  comte  de  Rivière     .     .     (1650) 
Les  Familles  Daems  et  Gallo 

de  Salamanca (1650  1768) 

Les  Peintres  Van  Orley,  des 

cendants  d'Everard  d'Orley 

de  Laval 


T. 

XLVI 

172 

im 

— 

172 

(«8) 

— 

173 

(89) 

T. 

XLVIII 

121 

(161) 

T. 

XLVI 

179 

(95) 

— 

182 

(98) 

T. 

XLVIII 

126 

(166) 

T. 

XLVI 

186 

(102) 

— 

188 

(104) 

— 

190 

(106) 

190    (106) 


194    (110) 


/r.  Les  Rapports  de  LMval  avec  la 
Famille  de  Welchenhaiisen  . 
Les  origines  de  Laval  .  .  . 
Différents  personnages  appa- 
raissant, dans  la  région,  aux 
XIIL  et  XIV*"  siècles,  sous 
les  noms  de  Vaux,  de  la 
Vaux,  de  la  Val.     .  .     . 

La  famille  de  Vaux  lez  Noville 
La  famille  de  Lavaux-Saintc- 

Anne 

La  consistance  et  les  dépen- 
dances de  Laval 

Laval 

Remagne 

Rechrival 

Chisosfne 


ï.  XLVIII 


127    (167) 
127    (167) 


128  (168) 

132  (172) 

136  (176) 

139  (179) 

139  (179) 

143  (183) 

147  (187) 

148  (188) 


—  189  — 

Jenneville  et  Moircy 148  (188) 

Weiler    ....". 149  (189) 

La  dîme  de  Boulaide 153  (193) 

Le  bien  de  Diekirch 155  (195) 

L'origine  de  Thierri  I  de  Welchenhausen 156  (196) 

Les  possessions  de  Thierri  I 156  (196) 

La  dîme  d'Enzen 157  (197) 

Sellerich  et  Winterspelt 157  (197) 

Le  bien  de  Welchenhausen 161  (201) 

Addition    / 181  (221) 

Le  bien  de  Vosshi 164  (204) 

Flamisoul  et  Witry 165  (205) 

Hasborn 167  (207) 

Redit 167  (207) 

Les  armoiries  des  Welchenhausen 168  (208) 

Les  relations  des  Welchenhausen  avec  les  Wiltz 171  (211) 

Les  dîmes  et  le  droit  de  collation  de  l'église  de  Bœur   .     .     .  172  (212) 

Une  ascendance  légendaire  des  Welchenhausen 179  (219) 

Tableau  généalogique  des  Welchenhausen 183  (223) 


II.   -  TABLE  ONOMASTIQUE 


Cette  table  —  sommaire,  bien  que  signalant  tous  les  noms  cités  — 
renvoie  à  la  pagination  des  Annales. 

Les  trois  parties  de  cette  notice  y  ont  paru  comme  suit  : 

La  première  dans  le  tome  XLV  (1910),  pp.  299  à  347; 
La  deuxième  dans  le  tome  XLVI  (1911),  pp.  137  à  197; 
La  troisième  dans  le  tome  XLVIII  (1913),  pp.  77  à  183. 

Ces  trois  parties  sont  désignées  ici  par  les  chiffres  italiques  /,  5  et  5; 
i,  305  renverra  donc  à  la  p.  305  de  la  première  partie  (t.  45);  2,  160,  à  la 
p.  160  de  la  deuxième  partie  (t.  46);  3,  160,  à  la  p.  160  de  la  troisième 
partie  (t.  48). 

13 


190 


d'Achy  :  3,  135. 

Afflévïlle  :  t>,  145,  146. 

Affolter  :  3,  \:n. 

d'Àgimont  :  "2,  142;  3,  132. 

Ahin  :  t\  103. 

Aigrement  :  1,  344. 

d'Aix  Ayz,  de  AqjiisJ  /  i,  301. 

Aix-la-Chapelle  :  1,  313,  318,  319, 

32  4,    325,    327  9,    337;    2,    177; 

3, 156. 
Alemo)it  :  v.  Alhoiimont. 
Alf  :  3, 158. 
Alger  :  3,  104. 
Aliioimiont  :  ?,  138,  143;  3,  126, 

132. 
Allomont  :  i,  304. 
d'Alpen  :  i,  340. 
Alsace  :  i,  334;  2,  174. 
d'Alscheid  :  ?,  166,  168;  3,  96,  97. 
d'Alsebor  :  3,  109;  cf.  Asselborn. 
de  Amlingen  :  i,  346. 
Andréon  :  i,  307. 
Andrimont  (d')  :  7,  321-3,  325. 
Angelstorjf  :  v.  Ingeldorf. 
Anlier  :  i,  303;  ^,  99,  167. 
d'Anly  :  3,  92. 
Ans-et-Mollin  :  7,  327. 
Ansart  :  3,  99. 

Ansenbourg  (d')  :  5,  139,  175. 
Anvers  :  2,  190,  196. 
d'Apremont  :  i,  309;  2,  186,  189. 
de  Aquis  :  v.  Aix  (d'). 
d'Arberg  :  2,  191,  193. 
Ardenne  :  i,  306-8,  311,  315,  316, 

333;  2,  140,  144,  154,  155,  160, 

166,  180,  186  8;  5,  78,  99,  ll5, 

129,  130,  131, 141,  156,  158, 172, 

174.  183. 


(d')Arenberg  :  i,  330;  3,  148. 
Argenteau  (d')  :   /,  313,  314,  316, 

317,  335;  2,  147,  154,  182,  183, 

185,  196;  3,  78,  79,  152,  183. 
d'Arimont  :  t>,  147,    155-62,   170; 

3,  84,  85,  89,   103,  108  11,  113, 

117  9,  135. 
Arion  :  3,  95. 
Arlon   :   7,   301,  308,  332-4,  344; 

2,  138,  157,  164,  184;  3,  92,  122, 
126,  133,  144,  151,  154,  155. 

Arloncourt  :  t>,  149;  3,  107,  118, 

146. 
des  Armoises  :  ï,  305;  !?,  144. 146; 

3,  79,  80. 
Arras  :  i,  337. 
d'Arschot  :  2,  153,  190. 
d'Arville  :  148. 

(d')  Asselborn  :   2,   183;   3,   152, 

161  3;  cf.  Alsebor. 
d'Assenois  :  2,  138. 
d'Assonleville  :  3,  109. 
Astenet  :  7,  336. 
àlAstenov  :  3,  106,  130. 
Aubel  :  i,  332. 

Aubert  :  3,  107  (cf.  Cobréville). 
Aufflance  :  3,  163. 
(d')  Autel  :  i,  308,  310,  312,  339- 

41;  2,  145,  170,  173-8,  182,  185; 

5,  141,  146,  153,  161,  165,  166, 

181. 
Autreppe  :  i,  342. 
(d')  Autriche  :  /,  343;  2,  197. 
von  Auwe  ou  Auwen  :  2, 164, 183. 
d'Auwenn  ou  Awenn  :  2,  158. 
d'Auxbrebis  :  3, 146. 
d'Awan  :  2,  160;  ;J,  84,  94-6,  102-6, 

108,  120,  134,  135  ('). 
d'Awans  :  3,  104,  106. 
Awenne  :  3,  137;  cf.  Auweime. 


[})  C'est  par  erreur,  je  pense,  que  je  n'ai  pas  considéré  Louis  d'Awans,  époux  de  Jeanne 
Hugonel,  comme  se  rattachant  aux  d'Awan  (.?,  lOi);  il  ne  doit  faire  qu'un  avec  Louis 
d'Awan,  lieutenant-capitaine  d'Ivoix  en  1550  (5,  103). 


—   191 


Aye  :  1,  304. 

de  Ayville  ou  des  Ayvelles  :  3,  120. 
Aywaille  :  1,  312;  e,  190;  3,  104. 
d'Ayz  :  Y.  Aix. 


Backes  :  5,  181. 

(de)  Baclain  :  3,  92.  172. 

Baelen:  7,  331. 

Baesweiler  :  7,  312   313,  319,  322; 
3,  132,  137. 

de  Baexen  :  e,  148-50,  153,  154. 

de  Baillet  :  7.  :3i3. 

Bailleul  :  7,  327. 

Baillonville  :  3   104.  150 

(de)  Baleycourt  :  3.  79,  80. 

Ballon.  Balloin  ou  Balon  :  3,  134, 
166. 

de  Ballonfaux  :  '2,  168;  3.  96,  97. 

Balthasar  :  3,  166. 

de  Bar  :  1,  305,  306;  3.  157 

de  Barbençon  :  7,  342;  ^,  189. 

Bareton  :  t?,  14i. 

Baromé,  Barosmé  :  3,  131. 

(de)Barse  :  7,  316;  5,  154. 

Bas-Bellain  :  2,  148. 

de  Basem  ou  Basenheim  :  3,  92, 
100,  161. 

Bastendorf  :  3,  127,  178. 

Bastogne  :  7,  303.  306  307,  311, 
314.  316.  320,  321,  331  5;  t>,  138, 
140,  147-50,  154,  155,  159,  160, 
162,  163,  165-7,  169/170,  176  7, 
186  8;  3,  78,  84,  85,  87,  90-2, 
94-6,  98,  99,  101-11,  113  6,  119- 
23, 125,  128,  130,  131,  133-5,  142, 
145-8,  150,  165,  166,  173  6,  179, 
180;  add. 
de  Bastogne  :  7,  315,  344;  2,  144, 
162,  170,  176  9,  185  ;  5,  86,  87, 
101,  102,  121,  129,131,145,  146, 
148,  165,  17;^  175-7. 
Bauduin  :  3,  167. 


de  Bautze  :  1,  342. 

de  Bavière  :  1,  312. 

Bavigne  :  3,  154. 

Bazeille  :  3,  180. 

Béatrice  :  3,  172 

(de)  Beaufort  :  7,  345;  2,  144, 149; 

:{,  78,  130,  132,  172,  175,  176. 
Beaufort-sur-Meuse  :  2,  193. 
Beaulieu  :  3,  79. 
Beaumont  :  7,  308. 
Beauraing  :  3,  152. 
Beautris  :  3,  122. 
Beeler  :  5,  141. 
Belei  :  v.  Bollei. 
(de)  Bellain  :  1,  344;  ?,  176,  178, 

179,  183;  3,  140,  141,  149,  153, 

161. 
Bel  Petit  :  7,  310. 
de  Belva  :  2,  155,  156. 
de  Belvaux  :  2,  156. 
de  Belven  :  7,  329;  3,  83. 
die  Berner e  :  .'?,  145. 
(de)  Benonchamps  :  2,  158,    160; 
3,  1 18,  154. 

de  Bentzerodt  :  3,  92,  94. 
Berbourg  :  7,  346,  347  ;  2,  178. 
de  Berche  :  1,  312. 
Bercheux  :  9,  177;  3,  1  i6,  147. 
(de)  Bereldange  :  7,  300,  301  ;  3, 

155. 
(de)  Berg  :  7,  304,  320,  329,  336-8; 
2,  164;  3,  160,  169. 
Berge    ou  Berghe  (von  dem)  :  7, 

307,  340;  i»,  183,  193;  3,  83,  161, 

183. 
de  Berlaimont  :  2, 181, 185;  3, 126. 
Berlé  :  3,  154. 
de  Berlo  :  3,  137,  138. 
Bernabrùck  :  7,  343. 
Bernard  :  3,  181. 
Bernardfagne  :  "2,  141. 
Bersés  :  ^,189. 
Bertholet  :  7,  303;  3,  179. 
de  Bertignon  :  3,  134. 


192 


Bertolff:  /,  ::>2i,  325 

Bertogne  :  t>,  142;  :i,  17:î. 

(de)  Benvard  :  J,  :U)5;  t>,  144,  146. 

Besorv  :  v.  Bisory. 

Bes/i/ige/i,    Bcssclinck,    Besselin- 

gen  :  v.  Bellain. 
de  Bette  :  /,  34;}. 
Bettembourg  :  "-2,  173. 
Bettendoif  :'t?,  165;  .'^,  90,  92. 
Bettingen  (Sterpenich)  :  2,  145. 
Bettingen  (Prùm)  :  î*,  165,  171;  3, 

158,  169,  170. 
Beuver  Hard  :  v.  Biiefmger  H. 
Beyssel  de  Gymnich  :  i*,  150. 
de  Beyvels  :  '■2,  15(i. 
de  Bien  :  S,  106. 
de  Bierbach  :  2,  156. 
de  Biernaw  :  i,  322. 
Bièvre  :  3,  104,  106,  120,  121. 
de  Bihain  :  2,  158. 
de  Bilhain  :  2,  158. 
Bilstel  :  l,  332. 
de  Binsfeld  :  1,  324;  S,  83. 
de  Bioiirge  :  7,  310. 
de  Birgel  :  i,.313,  337. 
(de)  Birtrange  :  l,  345-7. 
(de)  Bisory  :  3,  92,  118. 
Bitbourg  (de):  2,  156,  163,  171; 
S,  88,  92. 
Blagny-lez-Ivoix  :  /,  303;  '2,  177; 

3,  141. 
Blamont  :  i,  311. 
Blanchard  Prey  :  3,  131. 
Blanchart  :  7,  303. 
Blankenheim  (de)  :  /,  306;  3,  81, 

91,  164. 
Bleialf  :  3,  158. 
Blitterswyck  :  7,  341. 
Bock  :  5,  164. 

Bodange  (de)  :  3,  96-100, 115, 146. 
Bodin  :  5,  138. 
Bœur  :  7,  314,  315;  2,  137,  140-2, 

144,  145;  3,  129,  130,  13)2,  133, 

171-8. 


Boferding  :  2,  1^7. 

(de)  Bohan  :  3,  104,  120,  135,  13.6. 

Bohême  (de)  :  7,  306-9,  312,  313, 

333;  2,  142,  143,  145,  173,  174; 

.'},  79,  149,  158,  166,  167,  180. 
(le)  Bohémien  :  3,  145. 
Bohémond  :  2,  167. 
de  Boisleau  :  2,  190,  192. 
(de)  Boland  ou  BoUand  :  7,  311, 

325,  330,334;  2,mi,  169,   171, 

173,  184,  186-9;  3,  115,  161. 
Bollei  :  3,  129,  137. 
Bollich  :  v.  Bulich. 
Bologne  :  2,  168. 
de  Bombaye  :  7,  322,  323. 
Bonmaître  :  3,  106,  107,  148. 
Bonnerue  :  3,  142. 
Boppart  :  7,  309. 
Bor  Johan  :  add. 
de  Borman  :  7,  326,  327. 
de  Born  :  2,  183. 
Bornheim  :  7,  337. 
Bornival  :  ?,  178. 
Bottenbroich  :  7,  339. 
délie  Bouchinne  :  2,  170. 
(de)  Bouillon  :  3,  145.' 
Boulaide  :  2,  ill;  3, 140, 141, 153-5. 
de  Boulay  :  2,  ill,  178. 
de  Boulich  :  v.  Bulich. 
Bonl/afil  :  v.  Boland 
(de)  Bourcy  :  7,  304,  345;  2,  143, 

147, 158, 179;  3,  84,  92,  126,  130, 

131,  134,  140,  141. 
de  Bourdon  :  2,  156. 
(de)  Bourgogne  :  7,  320,321,331-5, 

337;  t>,  174,175,  178,  179;  3, 122, 

139,  176. 
Bourgois  :  7,  302. 
Bourot  :  5,  167. 
(de)  Bourscheid  :  7,  301,  317,  334, 

335,  340,  341;  2, 173,  183;  3,  161, 

176. 
Bous,  :  3,  162,  163. 
Bouvignes  :  2, 180, 181, 185;  3, 126. 


—   193 


Boiivye  :  S,  108. 

Bôvange  :  '2,  150. 

Bra  :  3,  92. 

(de)  Brabant  :   1,  307,  308,  312, 

oio,   ol9  oJl,   oZo,  ool,  ooZ,  oo4, 

337,  338,  341,  344,  346;  9,  174, 

175,  193,  194,  196;  S,  78-80,  91, 

116,  146. 
de  Bracht  :  i,  312;  3,  82. 
Brachtenbach  :  t>,  148,  150,  176  ; 

3,  140,  141,  163. 
Braine-le-Comte  :  1,  322. 
(de)  Brandenbourg  (Lux.)  :  1,  306, 

308,  321,  325,  334,  335  ;  2,  175  ; 

3,  78,  131,  150,  152,  158-61, 164, 

165,  169-71,  177,  178,  183;  add. 
de  Brandenbourg  (Prusse)  :  ?,  172, 

173. 
de  Brandscheid  :  .'>,  101. 
Brant  de  Buseck  :  3,  160. 
Brasberg  :  2,  318,  328. 
de  Brede,  Breide  :  ?,  162;  add. 
de  Brederode  :  1,  313,  336. 
de  Breitscheid  :  ?,  167. 
de  Breux  :  1,  303. 
Briedel  :  7,  314. 
de  Briey  :  /,  342. 
de  Brignéme  :  5,  112. 
Brockardt  :  -2,  165. 
van  den  Broecke  :  7,  313,  314. 
de  Broich  :  3,  169. 
Bruch  :  7,  313;  3,  169. 
Brùcken  :  3,  168. 

de  Briika,  Bruke,  Brugke  :  3,  169. 
de  Bruenne  ;  2,  190. 
Bruxelles  :  2,  194-7;  3,  113, 146. 
va7i  den  Bnivc,  de  Bricvche  :  3, 

169. 
de  Buchet,  Buchetz,  Buvssette  : 

2,  187-188. 
Buefinger  H  art  :  3,  151. 
de  Bulich  :  3,  89,  90,  160. 
Bùvden  :  7,  346. 
Buret  :  7.  345. 


Burtscheid  :  7,  327-9,  336;  .S,  183. 

Bury  :  v.  Bœur. 

de  Busleyden  :  2,  180;  3,  88,  122, 

133.  cf.'^Boulaide. 
Butgenbach  :  7,  312;  .'>',  101,  102, 

167,  168;  add. 
Butkens  :  7,  325. 
Buyssette  :  v.  Buchet. 
Buzv  :  3.  163. 


Calozer,  Calozet  :  3,  118. 

Cambrai  :  i>,  144,  195  ;  3,  174. 

Canzem  :  3,  170. 

le  Capitaine  :  3,  121. 

van  Cappenberghe  :  2,  196. 

de  Carondelet  :  2,  186,  188. 

Castel  :  3,  158,  159. 

de  Celles  :  3,  106. 

de  Celles  d'Awan  :  2,  160;  3,  105, 

106. 
de  Cens  :  3,  150. 
Ceureux  :  3,  104. 
de  Chabot  :  7,  304. 
Champion  :  2,  188,  189. 
Chanoy  :  v.  Duchanoy. 
Chantemelle  :  7,  344;^i^  157. 
Charles-Ouint  :  3,  104,  111. 
Charles-le-Téméraire  :  3,  137. 
Château-Thierri  :  7,  325. 
leChâtelet  :  .S,  126,  141,  146. 
Chauldron  :  3,  108. 
le  Chêne  :  7,  303;  2,  177,  178;  .3, 

141,  146,  147. 
du  Chêne  :  7,  300-3,,  317;  2,  172, 

185;  3,  155. 
le  Chenet  :  i>,  192;  .3,  142,  143. 
(de)  Chéoux  :  3,  105,  135,  166. 
Cherain  :  3,  128. 
Chesongne ,  Chessonnc  :  v.  Chiso- 

gne. 
Chestrevin  :  2,  181. 
Chevigny  :  3,  138. 


—  194  — 


de  Chimay  :  .'>,  loi. 

(de)  Chinerv  :  /,  .'103;  t\  189. 

Chiny  :  /,  310,  Ml,  334;   i>,    142, 

159,  174,   175,  191;  :i,   105,  134, 

135,  180,  181. 
Chisogne  :  r>,  125,  142,  143,  148. 
de  Cicignon  :  S,  177. 
Cinev  :  l,  31(î. 
Claes  :  1,  'MO. 
Clarisses  :  .'?,  93. 
Clas  :  S,  164. 
Clémency  :  7,  344. 
leClercq  :  S,  121. 
Clermont  :  1,  328,  3>32,  335,  337, 

339-42;  i>,  147;  3,  83,  183. 
(de)  Clervaux  :  i.  313.  334,  335; 

t^  148,  149,  156,  158.  162,  175, 

-183;  3,  86,  123,  134,  135,  150-2/ 

161,  176. 
Clever-Hamm  :  1,  320. 
de  Clèves  :  7,  320. 
Clignet  :  1,  332. 
Closen  :  3,  181. 
(de)  Cobréville  :  t^  166,  188;  3,  94, 

95.   97,  100,    104,    106-21,    128, 

138,  146. 
Cobru  :  '2,  160;  3,  114,  118. 
Cogenbosch  :  2,  194. 
Cofar  :  3,  137. 
Colin  :  3,  170. 
Colla  :  3,  92. 

Collignon  :  .'>',  109,  111,  1.38. 
Collignon  Claus  :  3,  109,  111,  121. 
Colmar  :  i\  164. 

(de)  Cologne  :  t^  170;  3,  81,  85. 
(de)  Compogne  :  /,  311  ;  t>,  138  ;  3, 

107,  128,  133. 
Comte-Moulin  :  3,  131,  132. 
.  de  Condé  :  /,  .327. 
Condroz  :  /,  327. 

Conflans  (de)  :  i>,  187,  188;  3,  180. 
Conflans-en-Jarnisis  :  /,.309;  t>,145. 
(de)  Corswarem  :   /,  .316,  326,  327  ; 

î?,181,  185;.'i,  180,183. 


Cortenbach  :  t^  193. 

de  Cet  tin  :  .'>,  154. 

Cowan  :  /.  314;  2,  138;  .'>',  i;î2. 

de  Crauwels  :  /,  340. 

de  Créange  :  2,  156,  164;  3,  89. 

(de)  Cronenbourg  :  I,  305,  306  330, 

331;  .SM58,  161,  170. 
de  Crôv  :  I,  322. 
Crummel  :  /..  318. 
de  Crutzi  :  3,  157. 
Cr^itznachen  :  J,  331. 
de  Cugnon  :  3,  99. 
Cumières  :  3,  80. 
Curange  :  7,  339. 
le  Curé  :  3,  108. 


D 


Dachs  :  t^  180:  3,  123. 

Daems  :  i\  190. 

Dalhem:  7,  319,  322,  328;  3,  78. 

Dalken  :  7,  343 

Dampicomt  :  7,  3i4. 

Damvillers  :  1,  .305,  3.32;  3,  145. 

Darban  :  v.  d'Awan. 

(de)  Dasbourg  :  7,  304,  305,  307, 

320,    .329,   330;   t?,   1.55;   3,   102, 

105,  157,  161,  164. 
Dauff  :  3,  104. 

(de)  Daun  :  7,  306,  313;  3,  81. 
de  Dave  :  2,  165,  166,  168;  3,  93, 

96-100,  102,  146. 
Daverdisse  :  3,  106,  138. 
Dawan  :  v.  Awan  (d') 
Dellz  :  3,  180. 
Dentin,  Dentini  :  2,  144;  3,  173, 

174. 
de  Devnsburg  :  .'>,  87. 
Dhame  :  i',  167. 
Diekirch  :  7,  299-303,  321;  t>,  164, 

165,  182;  3,  90,  94, 126,  127, 1  40, 

141,  1.55,  177,  178. 
de  Dieranio  :  t?,  156. 
Diest  :  7.  333. 


195 


Dinant  :  1^181. 
Dion-le-Mont  :  ^2,  190-3. 
Dodeiîbourg  :  2,  175. 
Dollart  :  v.  Dullart. 
Doncols  :  2,  148,  149,  J54,  155. 
Donnange  :   -•,  139,   164;  3,   105, 
'     174. 

de  Dorsschet  :  5,  151. 
Dourlers  :  v.  Orley. 
Dreimolen  :  o,  81. 
Driessche  :  7,  336. 
Drinkler  :  2,  148. 
Drohier  :  5,  79,  80. 
Dromait  :  ,?,  138. 
Drimckeler  :  v.  Drinkler. 
le  Duc  :  3,  99,  107,  113. 
Duchanoy  :  .'>,  148. 
Dudelange  :  2,  177,  178. 
(de)  Dudeldorf  :    /,  306;  t>,  164, 

165;  3,  92. 
Dullart  :  i,  346,  347. 
Duplessien  :  2,  167. 
Durbuy  :   /,  307,  318,  320,  332-5  ; 

e,  177;  3,  104,  166,  183. 
de  Dynter  :  1,  333,  334;  2,  il  A. 


Ebly  :  3,  128. 

Echternach  :  2,  144,  159,  160, 163; 

3,  78,  92,  93. 
von  der  Ecken  :  3,  92. 
Ecombre  :  3,  146. 
Ediger  :  3,  81. 
Eifel  :  7,  304,  330. 
Eigelscheid  :  '>',  158,  159. 
Eisenbach  :  cf.  Eiissenhach. 
d'Elberfeld  :  7,  304. 
Elcherath  :  3,  158. 
Elderen  :  7,  337. 
(d')  EU  :  2,  142,  lii. 
d'Elose  :  3,  180. 
Elpe  :  7,  304. 
Elsloo  :  7,  317. 


von  Eltester  :  7,  318. 

van  den  Ende  :  i,  164. 

d'Endelsdorf  :  7,  335. 

Engelsdorf  :  3,  168. 

d'Enghien  :  t?,  1.96. 

Engiie  :  3,  144. 

(d'j  Enschringen  :   7,  337;  3,  92, 

134,  154. 
Entzen  :  3,  157. 
Enzen  :  7,  305;  ;>',  156,  157. 
Erlebald  :  t\  141. 
Ermesinde  :  3,  128. 
d'Ermeton  :  e,  180. 
Erneuville  :  7,  304;  t>,  137;  .'>\  118, 

150,  152,  153. 
Erpeldange  :  t>,  164  ;  ;J,  127,  160. 
d'Esbeeck  :  3, 166. 
(d')  Esch-sur-Sûre  :  7,  321  ;  e,  139, 

146;  3,  89,  158-61,  169,170. 
d'Eschweiler  :  7,  337,  346. 
Escinache  :  v.  Xhignesse. 
Espagne  :  3,  147. 
Estinnes-au-Val   :   t?,  144;  3,  173, 

174. 
à'Estryller  :  i\  170. 
d'Etalîe  :  1,  344;  t>,  176,  183. 
Etienne  :  3,  78. 
Ettelbrùck  :  7,  345,  3-46. 
Eupen  :  7,  319. 
Eussenbach  :  3,  157. 
d'Eve  :  ,î^,  138. 
Everard  :  5,  92. 
(d')  Everlange  :  t',  168,  169,  171, 

175;  3,  99,  100,  146,  147,  154. 
Eynatten  :  7,  318. 


Fahne  :  /,  320. 

F'aing  :  v.  Foy. 

duFaing  :  3,  99,  10  i. 

Faick  :  3,  89. 

de  Falkenhain  dit  Spiese  :  3,  178. 


196  - 


(de)  Falkenstein  :  I,  306,  330;  t?, 

168,  169;  3,  158-60,  170. 
Famenne  :  :i,  136. 
Fanzel  :  7,  344. 
(de)  Fauqiiemont:  7,  310,311,  3'29, 

336;  337,  341;  :i,  180. 
Faussjen  :  3,  154. 
Fauvillers  :  '■2,  141. 
Favaige  :  t?,  189. 
du  FaV  :  .-J,  121. 
Feilsdorf  :  :i  158. 
Felretz  :  v.  Volratz. 
Feltz  (von  der)  :  5,  127,  178. 
(de)  Fénétrange  :  7,  312  ;  S,  159-61; 

add. 
de  Ferdinand  :  7,  343. 
de  Ferrant  de  Montigny  :  S,  105. 
Feulen  :  .S,  126,  178. 
de  Fexhe  :  2,  189. 
Fhae  :  v.  Vaux  (Noville). 
Filly  :  7,304;  ?,  143. 
de  Filues  :  t^  139. 
Fischbach:  t?,  175,  188,189. 
(de)  Flamisoul  :  3,  82,  134,  143, 

157,  165,  166. 
de  Flandre:  7,  319;  t>,  138. 
Fléville  :  2,  186. 
Flippo  :  3,  135. 
Florence  :  7,  307. 
de  Floren ville  :  7,  342. 
Floyon  :  t>,  180-2,  185;  3,  126. 
Folkendange  :  5,  94. 
Fond  de  Laval  :  3,  143. 
de  la  Fontaine  :  3,  111. 
Fontenelle  (Walcourt)  :  3,  150. 
de  Fontoy  :  7,  312. 
Forbach  ■.  7,  309. 
Fossen  :  v.  Vossin. 
(de)  Foy  :  7,  304;  2,  143;  3,  118, 

119,  153. 
Foyan  :  2,  155,  156,  161. 
France  :  5,  145,  148,  162, 167, 191; 

3,  79,  105,  134,  140,  147. 
Franchimont  :  7,  326. 


Franciscains  :  3,  93. 

Franck  :  3,  89. 

Franckenberg  :  7,  331;  "2,  177. 

Frankenberg  :  7,  325,  335. 

Freilange  :  3,  157. 

de  Freisdorf  :  3,  78. 

de  Frentz  :  5,  163. 

Freyr  :  3.  143. 

Friedland  :  3,  158.  159. 

de  Fronville  :  2,  157;  3,  150,  178. 

Funck  :  2,  188. 

Fusgin,  Faussjen  :  3,  154. 

Fûsenich  :  3, 164,  165,  171. 


G 


Gaesbeek  :  2,  185,  194  6. 

Gallo  de  Salamanca  :  2  190,  191; 

.3,  142. 
Ganghelt  :  7,  331;  3,  183. 
van  Gappenberghe  :  2,  196. 
le  Gaudicheux  :  3,  90. 
Gebùrgen  :  3,  101. 
de  Gegen  :  7,  320,  331 
de  Geltingen  :  v.  Giltlingen. 
Georges-Louis  :  3,  182. 
Geresme  :  v.  Giresme. 
Geubel  :  7,  304;  3,  152. 
Geustorf  :  v.  Gœsdorf. 
Ghenart  :  .S,  104,  135. 
Gilot  :  2,  193. 

Gilsdorf  :  2,  165;  .'>',  127,  178. 
de  Giltlingen  (ou  Giltingen):  ^^,163, 

164;  .3,  89,  90,  107,  110,111. 
Gimmern  :  5,  84. 
Gintping  ou  Gintxing  :  3,  88. 
Giravillir  :  2,  167. 
de  Giresme  :  2,  187,  188. 
Gislebert  :  3,  144. 
(de)  Givry  :  3,  130.  143. 
(de)  Glîmes  :  7,  325;  3,  183. 
Gobelinus  :  2,  166 
Godefroid-le-Barbu  :  3,  138. 
Godinne  :  3,  150. 


197  — 


Gœdange  :  2,  176;  3,  141. 

deGœr  :  1,  341. 

de  Gœrlitz  :  7,  331,  334. 

Gœsdorf  :  3,  162. 

GoJidehericht  :  5,  151. 

de  Gondersdorf  :  3,  127,  140. 

de  Gourey  :  5,  181. 

Gouverneur  :  3,  107,  111. 

Gozelon  :  3,  148. 

der  Graeffe  :  i,  328. 

(de)  Grainchamps  :  t?,  183;  3,  138, 

150-2. 
Grancha7nps,      Grandcamp    :    v. 

Grainchamps. 
Grand- Bigard  :  t^,  194. 
Grand-Jean  :  3,  92,  114,  115,  118. 
de  Grandpré  :  3,  172. 
Grantchaujp,     Grantschaii     :    v. 

Grainchamps. 
Granl   Wanibav  '■  v.  Ober-Wam- 

pach. 
Grave  :  v.  Grès. 
Greiffenclau  :  3,  153. 
Greimelscheid  :  3,  158,  159. 
de  Grès  ou  Grave  :  /,  325. 
de  Gressenich  •  ?,  167-9,  171. 
Grevenmacher  :  /,  343. 
Greverath  :  i?,  175. 
Gronais  :  l,  311. 
de  Gronsveld  :  l,  313-7,  320,  323, 

327,  331,  332,  337,  338;  S,  137; 

3,  78,  79,  82,  83,  165,  175,  178, 

183. 
Groscampen  :  1,  304;  3,  161,  182. 
Groulard  :  5,  95,  96,  104. 
de  Grumelscheid  :  !?,  183. 
Gryejfendaeghe  :  v.  Greiffenclau. 
Grysegrubben  :  1,  336. 
Guden  :  /?,  181. 
Gueldre  :  /,  312. 
de  Gùlpen  :  /,  328,  329. 
Guntbert  :  3,  144. 
de  Gymnich  :  /,  346;  i?,  175. 
Gyresme  :  v.  Giresme. 


H 


(de)  Habaru  :  2,  158,  161;  3,  98, 

104,  122,  124,  127,  128. 
Habergy  :  2,  158. 
Haborqiiay  :  3,  135. 
de  Haccourt  :  1,  322. 
(de)  Hachiville  (ou  Heltzingen)  : 

i?,  176,  178-80,  183;  3,  126,  140, 

141,  149,  151,  153,  161-3. 
Hack,  Hacke  :  1,  340;  3,  87. 
de  Hackenbroich  :  3,  169. 
de  Hagen  :  I,  300. 
Hainaut  :  1,  312. 
Hal  :  t>,  195. 
Haltfast  :  <2,  180. 
(de)  Ham,   Hamm,   Hamme   :    /, 

304;  t>,  163;  3,  88,  158,  159,  169. 
de  Hamal  :  /,  337;  t?,  177. 
Hamoir  :  i?,  142. 
de  Haneffe  :  3,  136. 
Hanss  ou  Hantz  :  3,  114,  118. 
Happaert  :  e,  185,  195,  197. 
de  Haracourt  :  add. 
Hardy  :  3,  147. 
de  Harff:  t>,  149. 
de  Harroy  :  3,  147. 
d'Harscamp  :  1,  329. 
Harspelt  :  /,  304;  5,  164,  181. 
vander  Hart  :  t\  155. 
Hartelstein  :  1,  339,  340;  i\  170; 

.'>',  161. 
Harvengt  :  i.\  186. 
Harvet  :  3,  193. 

Hasborn  :  /,  322.  324;  3, 157, 167. 
du  Hatoy  ou  Hautoy  :  3,  13 i,  178. 
Hasson ville  :  t>,  189^ 
du  Hauchar  :  5,  99. 
Haultepenne  :  t?,  182. 
(de)  Hauset  :  1,  318,  319,  325,  328; 

3,  106,  183. 
Hautoy  :  v.  Hatoy. 
Haverece  :  3,  122. 
Haversin  :  7,  322. 


198 


de  Haxhausen  :  t\  149. 

de  la  Haye  :  .'J,  163. 

de  Hayme  :  t',  154. 

de  Hébronval  :  t\  158. 

Heckenmûnster  :  t\  175. 

Heems  :  ,'>,  1 12. 

Heere  ou  Heers  :  i\  190. 

Heerlen  :  /,  :ri9. 

la  II  ce  W'athv  :  t^  162. 

Kelfingen  : 't>,  167  9;  .S,  94. 

}leidehei)i  :  .'>,  89. 

von  der  Heiden  ou  Heyden  :    7, 

3l:i,  31i,  338;  .'J,  100,  Ï83. 
Heiderscheid  :  .'>,  162. 
Heidweiler  :  t\  175. 
Heimbach  :  /,  340. 
Heinen  :  S,  181. 
Heinsberg  :  7,  335. 
de  Heinstorf  :  S,  161. 
de  Helbringen  :  t>,  164;  S,  88,  90, 

97;  cf.  Hilbringen. 
Helmont  :  t\  193. 
IJelshig  et  Heltzingen  :  v.  Hachi- 

ville. 
îlemesborch  :  v.  Hemmersbach. 
Hemmeres  :  .'J,  158. 
Hemmersbach  :  /,  332,  338-41  ;  S, 

183. 
de  Hemricourt  :  /,  316. 
Henckels  :  .S,  181. 
Hem-a  :  t.',  148. 
Hem-i  :  .'?,  122. 
Henri,    empereurs.    IV    :    7,   318. 

VIÎ  :  167,  172. 
Henri,  élu  de  Liège  :  i\  138. 
d'Henron  :  /,  343.^ 
de  Herckenrode  :  /,  327. 
Herck-Saint-Lambert  :   /,  327;  t>, 

189. 
Herent  :  t?,  181. 
Herman  :  t^,  90,  92,  109,  III,  113-5, 

119. 
de  Hersdorf  :  /,  306. 
Hersscheid  :  .'^,  157. 


Hertogenwald  :  7,  319. 

Hervé  :  7,  313,  314,  319,  332. 

Herzogenrath  :  1.  324. 

Hesbaye  :  7,  319. 

Hesse  de  Hilbringen  :  .'>,  161. 

Heyden  :  v.  Heiden. 

de  Heyer  :  .'î,  81 . 

Hilbringen  :  o,  161  ;  cf.  Helbrin- 
gen. 

Hilgenborn  :  3,  181. 

Himmerode  :  .:>,  164. 

de  Hinderer  :  5, 105. 

Hives  :  S,  128,  152. 

Hobscheid  :  ?,  139. 

Hoch-Kastel  :  S,  159. 

Hocklin,  Hoecklin,  Huckelin  :  i?, 
180;  S,  122  4. 

Hodiers  :  7,  319. 

de  Hoemen  :  7,  338. 

van  den  Hoerick  :  7,  324. 

Hoesselt  :  7,  327. 

Ho f alizé  :  v.  Houffalize. 

(de)  Hoffelt  :  7,  335;  t?,  150,  159, 
161, 176,  183;  S,  84,  85,  113,  115, 
117  9,  140,  141,  149  53,  176. 

de  Hoffert  :  .'J,  122,  124. 

de  Hoffs  :  7,  304. 

d'Hotfschmidt  :  e,  169,  171. 

Hohenlandsberg  :  t',  189. 

Hoichfelt,  Hoinfelt:\.  Hoffelt. 

Hoiiischiet  :  I,  331. 

Hollande  :  /,  312. 

Hollange  :  .'»,  146. 

Hollenfeltz  :  L>,  174;  3,  153. 

Holler  :  .S,  162,  163. 

Holset  :  v.  Hauset. 

vom  ou  van  dem  Holtz  :  i^,  183;  3, 
161. 

Hombourg  :  /,  316,  318,  328. 

Hondelange  :  .'?,  102,  176. 

Uonsotige  :  t?,  178. 

Hontheim  :  3,  157. 

de  Hoiitov  :  t^  181. 

de  Horion  :  7,  341,  342. 


199 


Hoscheid  :  '2,  158;  cf.  Hoinschiet. 

(de)  Hosingen  :  3,  78,  88,  89. 

l'Host  :  .9,  86. 

de  Hotte  :  S,  98. 

(de)  Hoiiffalize  :  /,  304,  314,  315, 
329,  332,  335,  337;  2,  137  43, 
145,  147  54,  188,  196;  ,9,  83,  128, 
129,  131-3,  138,  144,  150,  152, 
154,  163,  172-6,  181. 

Houmont  :  .9,  125. 

Housman,  Husman  :  .3,  122,    153. 

Houthem-St-Gerlache  :  7,  338. 

Huart  :  t>,  155. 

Huckelin  :  v.  Hocklin. 

de  llucs/ev  :  S,  164. 

HiigoneliS,  104. 

Huidange  :  '2,  176;  S,  141. 

Humain  :  2,  145,  146,  186-9. 

de  Hnmin  ou  Humyn  :  3,  94  6, 
100.  106,  121. 

(de)  Huncherange  ;  7,  310;  .3,  159. 

de  Hunolstein  :  7,  312. 

Hupperdange  :  .3,  166. 

Hurth  de  Schœnecken  :  7,  317; 
5,  81. 

Husman  :  v.  Housman. 

Hustinet  :  .3,  104. 

Huy  :  7,  323. 

Hylbringen  :  v.  Helbringen. 


Jacobi  :  2,  165. 

de  Jamblinne  :  .3,  150,  152. 

de  Jardin  :  7,  343,  341 

Jasterfelt  :  v.  Jenneville. 

Jean  XXH,  pape  ;  -3.  156. 

Jean  IV,  duc  de  Brabant  :  t?,  194. 

Jean  l'Aveugle  :  .3,  79,   149,  152, 

158,  166,  167. 
Jeanne,  duchesse  :  .3,  1.32. 
de  Jegen  :  v.  Gegen. 
Jehérenne  :  .3,  106. 
Jehonville  :  .3,  149. 
(de)  Jemeppe  :  /,  304,  314,  315;  t>, 

137,  142-6,  149,  154;  .3,134,152, 

153,  173  5. 
Jenneville  (Josterfeld)  :  2,  184;  5, 

126,  137,  142,  143,  148,  149. 
Jésuites  :  .3,  96. 
de  Jodenville  :  .3,  84,  99,  102,  103, 

113,  1 14,  1 16-8,  1  i8  ;  cf.  Joncker. 
Joncker  :  .3,  90,  113  5;  cf.  Joden- 
ville. 
Josterfelt  :  v.  Jenneville. 
Juifs  :  7,  312. 

Juliers  :  7,  313,  340;  .3,  156,  157. 
(de)  Jupille  :  2,  159  61  ;  .3,  9i,  95, 

121,  134. 
Jiisaineville  :  v.  Jenneville. 
Juseret  :  t?,  177. 


d'Icourt  :  ?,  157. 
Ihren  :  .3,  158. 
Illingen  :  2,  147. 
Ingeldorf  :  .3,  178. 
Innocent  II  :  t>,  141  ;  3,  154. 
Insin,  Intzen  :  v.  Enzen. 
d'Isiers  :  .3.  94. 

Ivoix  :  7,  302,  303,  308,  312,  331  ; 
5,  80,  103,  104,  1  45,  146. 


K 


Kamp  :  l,  339. 

Katelyne  :  .3,  122,  124. 

Kaulmes  :  .3,  181. 

Kaundorf  :  .3,  153,  162. 

Kayser,  Keiser,  Kevser  :  .3,  94, 95, 

114,  118,  121. 
Kermpt  :  t',  180  2,  185. 
(de)  Kerpen  :  2,   147;  .3,  81,  156, 

166. 
Kessel  :  t^  183. 


—  200  ~ 


Kessel er  :  /,  340;  '»',  110. 

Kevenich  :  /,  oOl. 

Keyser  :  v.  Kayser. 

Kleinwey  :  t\  150. 

Knepgin  ou  Knepgen  :  /j.'Jii,  345; 

?,  176,  183. 
(de)  Kœrich  :  /,  301  ;  .'J,  153. 
Kolve  :  /,  309. 
Koning  :  v.  Kuninck. 
de  Krekelberg  :  /,  323. 
Krickelman  :  /,  327. 
vam  Kruytze  :  3,  157. 
Kukelberg  :  7,  327. 
Kuninck  (ou  Koning)  :  7,  309,  322  ; 

S,  80,  81,  167,  183. 


La  Cuisine  :  S,  121. 

La  Ferté  :  /,  308. 

de  Laittres  :  'J,  166. 

de  La  Marck  :  /,  326,  330,  342;  ^2, 

177-9;  3,  122,  138. 
Lambert-Fays  :  2, 192;  ;^,  142,  149. 
Lambertsberg  :  3,  159. 
Lambiefav  :  v.  Lambert-Fays. 
Lamboref:  t>,  187;  3,  154. 
Lamboru  :  3,  142. 
Lamerstorf  :  3,  81 . 
Laminne  :  7,  316. 
Lamistant  :  3,  126. 
Lançon  :  '2,  192. 
Lande] i es  :  7,  327. 
(de)  Landres  :  7,  310,  342. 
(de)  Landscheid  :  2,  163;  3,  107, 

110,  170. 
de  Lannoy  :  7,  342;  3,  149. 
de  Lanser  :  /,  344. 
Lantzenberg  :  /,  .331. 
Lantscheidt  :  v.  Landscheid. 
de  Lapide  :  v.  Stein. 
Lardenoy  :  3,  166. 
La  Roche  :  7,  .307,  308,  311,  312, 

334;  2,  138,  142,  143,  145,  146, 


150,   151,   155,  180,  183,  187-9; 

3,  78,  91,  104,  128-30,   135,  136, 

150  2,166,172,174. 
de  Larochette  :    /,    302;    2,    150, 

162  5,    167,  169,  171,   173,   177, 

188;  5,  84,  89,  90;  add. 
de  Latour  :  3,  145. 
de  Laiierdwig  :  v.  Liverdun. 
de  Lavahe  :  2,  156. 
(de)  Laval  :  7,  302,  303,  .321,  344; 

172  94,  197;  3,  121  128,    137  55, 

180,  181  ;  add. 
(de)  Lavaselle  :  3,  122  5,  134,  142. 
Lavaux-lez-Assenois  .•  3,  128. 
(de)Lavaux-lez-Hives  :  3, 128, 138. 
(de)  Lavaux-Sainte-Anne  :  3,  129- 

32, 136  8. 
La  Vaulx-Renard  :  3,  133. 
La  Vaulx-Vrécourt    :    7,   30;î;    3, 

1801. 
Laverdun  :  v.  Liverdun. 
Lecheret  :  2,  177;  3,  121. 
Le  Cocq  :  3,  112. 
Leerbeek  :  !?,  195. 
Leeuw-St- Pierre  :  2,  196. 
s'  Leemvs  :  2,  195. 
de  Lefebvre  :  7,  343. 
Lefort  :  7.  322. 
Legisteulle  :  2,  162. 
Leidenborn  :  7,  304;  3,  164. 
Le  Jœune  :  7,  344. 
Le  lier  :  v.  Lieler. 
Lellingen  :  7,  308;  3,  162. 
Lessereitz  :  v.  Lecheret. 
(de)  Lestérny  .•  3, 138. 
Lestines  :  v.  Estinnes. 
Leudersdorf  :  7,  309,  322;  3,  80, 

81,  167,183. 
von  der  Leyen  \3,  99,  100. 
Leyssitigen  :  3,  81;  cf.  Liessingen. 
deLiefveld  :  3,  121. 
(de)  Liège  :  /,  307,  310,  314,  317  9, 

321,  322,  326,  333,  342;  2,  138, 

1  41,  142,  144,  156,  158,  162,  169, 


201  — 


179, 189,  191  ;  S,  85,  86,  105,  106, 

113,  122-4,   128,  134,   136,   137, 

144,  145,  172-4,  182,  183. 
Lieler  :  S,  162,  163. 
(de)  Liers  :  1,  322,  323. 
de  Liessingen  :  l,  340;  .'?,  87;  cf. 

Leyssingen. 
Lignier  :  3,  135. 
de  Lima  :  t',  191,  193. 
(de)  Limbourg  :   I,  318,  319,  331, 

332;  t>,  193;  S,  78,  144,  169,  180. 
Limbricht  :  7,  336,  337,  339,  341; 

3,  183. 
(de)  Limerlé  :  ?,  138,  152. 
Limminghe  :  t^,  193. 
Linster  :  7,  300-3,  345,  346;  ?,  173, 

175  80,  182,  183,  185;  3,  98,  126, 

127,  140,  177. 
de  Liverdun  :  ?,  165-7,  169,  171; 

3,92,93;  cf.  Recogne, 
de  Lizen  :  t^,  141. 
de  Lobbette  :  v.  Louette. 
de  Lœsenich  :  1,  317. 
de  Loi?isw!/re  :  /,  330. 
de  Lommersweiler  :  J,  307  ;  3, 107, 

120. 
Lomprez  :  7,  308;  ^?,  143;  3,  138. 
Lomscheviller  :  v.  Lommersweiler. 
de  Loncin  :  7,  319;  v.  Lontzen. 
(de)  Longchamps  :  2,  182,  188;  3, 

143. 
Longuyon  :  ?,  144. 
de  Longvilly  :  2,  157,  170;  3,  85, 

86,  ii^,  107,111,115,118,  119. 
(de)  Lontzen  :  7,  318,  319.  322-9; 

3,  83, 183. 
de  Lontzen  dit  Roben  :  3,  102. 
(de)  Looz  :  7,  310,  319,  335,  336, 

339;  2,  142. 
Loren  :  3,  108. 
Lorraine  :  t^,  188. 
Lotvilla  :  v.  Louville. 
de  Louette-S'-Denis  :  3,  117,  121. 
Loupville  :  v.  Louville. 


Loiivain  :  7,  307,  310,  317. 

Louville  (Louwille,  Loitfyville,  Lot- 
villa)  :  3,  125,  142,147,  148. 

Louvrange  :  ?,  192,  193. 

Lover  val  :  t>,  177,  179;  3,  122. 

de  le  Loye  :  t^,  186. 

de  Lucsy  :  3,  154. 

de  Lucy  :  i?,  187,  188. 

Liidenberch  :  7,  304. 

Ludenstorp,  Liiderstorp  :  v.  Leu- 
dersdorf. 

Luecke  :  3,  152. 

Lullange  :  3,  147. 

Lulshausen  :  3,  126. 

Liunzwilre  :  v.  Lommersweiler. 

Luxembourg  :  7,  301  3,  305  13, 
316,  318,  321,  331-4,  342,  343, 
345;  t>,  138,  142,  143,  145,  147, 
148,  150,  152,  156,  157,  159  68, 
172,  173,  178,  180,  182  4,  186  9, 
192,  196,  197;  3,  78,  79,  84,  89, 
90,  93,  94,  96, 98,  100, 103,  110  2, 
115,  122,  123,  126,  128,  130-3, 
139,  141-5,  146-8,  151,  152,  156' 
158,  162-7,  172,  180,  181,  183. 

de  Lynden  :  7, 336, 338, 341  ;  3,  183. 

M 

Maastricht  :  7,311,  312;  e,  190 

Mabompré  :  '•2,  165;  3,  103. 

de  Mâcher  :  7,  312. 

Machon  :  3,  130. 

Magereux  :  2,  160;  3, 114. 

Magerotte  :  3, 125. 

(de)  Magery  :  3,  125,  134. 

Magette  :  3,  94,  95,  121. 

du  Maigny  :  3,  114,  121. 

Maissin  :  3,  154. 

Maistre  Piere  :  3,  122. 

de  Maizières  :  2, 159. 

de  Maiberg  :  7,  322,  324,  330,  337, 

340;  t>,  163,  164;  3,  107,  168;  cf. 

Milbourg. 


—  202 


Maie  Herbe  :  :i,  173,  175. 
Malines  :  7,  343,  344;  t>,  1G8;  .S\  IKÎ, 

103,  112,  11(),  122. 
Malmedy  :  /,  325;  e,  141;  .'>'.  101, 

108. 
Malwatier  :  '>',  130  2. 
(de)  Manderscheid  :  7,343;   t',91, 

94,  180. 
Mande  S'- Etienne  :  S,  143. 
Mande  S" -Marie:  1,  308,  311;  3, 

125,  148. 
Manternach  :  t\  173. 
de  ]\Iaibais  :  3,  122. 
Marche  :  J,  306,  307,  318,  335;  t?, 

189;  5,  180. 
de  la  Marche  :  1,  311. 
de  la  Marck  :  v.  La  Marck. 
Marelle  :\.  Morreley. 
Marenne  :  "J,  189. 
des  Mares  :  5,  108,  110,  117. 
Marienthal(Lux.)  \i,  139,  U[,iU. 
Marienthal  (s.-l'Aar)  :  3,  102. 
Marmagen  :  1,  309. 
Marre  lé  :  v.  Morreley. 
Martelange  :  3, 154,  173. 
de  Martial  :  ^2,  149,  150;  3,  84. 
Martouzin  :  3,  147. 
(de)  Marville  :  7,  308;  î,  144;  3, 88, 

180. 
Masbourg  :  7,  335;  5,  129,  137. 
Masschereil  :  7,  329. 
Massilgoitz  :  7,  307. 
Mathelin  :  -2,  190. 
Mathieu  :  2,  157. 
Mathilde  :  3, 164. 
Mathon  :  7,  344. 
Maufroy  :  3, 126. 
Maxhereit  :  3,  136. 
vander  Mecheren  -.3,  86. 
Meckell  :  2,  163. 
Medernach  :  3,  94. 
Mehring  :  3,  159. 
(de)  Meisembourg  :  7,  313;  2,  180, 
183;  .'^,  90,  98,  127. 


Mercv-lez- Verdun  :  2,  175. 

de  Merode  :  /,  321,  325,  328,  335, 

337  42;  2,  147,  170;  3,  83,  163. 

164   183;  add. 
Mersch  :  l,  311;  2.  139. 
Mertze  :  3,  159. 
de  Merwede  :  /,  336. 
de  Merzenhausen  :  ,^,  156. 
du  Mesnil  :  3,  104. 
de  Messin  :  ï?,  155. 
Metterich  :  3,  93. 
de  Metternich  :  i,  344;  5,  101. 
Metz  :    /,    310.   311,  323;   2,  153, 

191;  3,  98,  145,  147,  158.  163. 
de  Metzenhausen  :  7,  300;  2,  184, 

185;  3,  126,  140.  178. 
Meuschemen  :  7,  331,  341. 
de  Meygin  :  7,  306. 
Michamps  :  5,  99.  114. 
Mevnvelder  :  1,  307. 
Michelaù  :  5,  127,  178. 
Michiel  :  3,  118. 
de  Mignon  :  7,  343,  344. 
le  Mignon:  2, 163,  170;  3,  87,107, 

108,  110  9. 
de  Milbourg  :  2,  163;  3.  88,  111, 

170;  cf.  Malberg. 
Milhomme  :  3,  142. 
Milieu  :  i»,  331,  339;  3  183. 
(de)  Mirwart  :  7.  308.  309.  316;  2, 

188;  3,  100,  120,  129, 130,  136  8, 

146,  183. 
Moer  von  dem  Walde  :  7,  328. 
de  Moers  :  7,  331. 
Moestroff  :  t',  150,  169;  3,  84. 
Mohimont  :  2,  169. 
Mohr  :  v.  Moer. 
Moircy  :  2,  184;  3,  126,  137,  143, 

144,  148,  149. 
Moirsele  :  v.  Moorsel. 
Monclair  :  3,  98. 
de  Monflin  :  3,  176. 
Monsieur  (les  Hommes)  :  2,  155. 
(le)  Mont  :  t^l39;  3,  143. 


20^ 


de  Montigny  :  3,  105. 

(de)  Montjardin  :  t?,  190,  192;  3, 

J65,  166. 
Montjoie  :  1,  335;  .5,102. 
(de)  Montmédy  :  1,  332;  3,  109, 

180. 
(de)  Moorsel  :  5,  185,  194-6. 
Moravie  :  ^,  172. 
Morialmé  :  7,  327;  e,  196. 
Mormont  :  3,  150. 
Morreley,  Moreley,  M  or  lez,  Mar- 

relé  :  3,  103. 
Morse  le,     Mortsel,     Moiirselle    : 

V.  Moorsel. 
de  Mousay  :  3,  99. 
de  Mozet  :  3,  125. 
de  Muegen  :  3,  93. 
Mùllenarck  :  i,  344. 
Mùller  :  t>,  163;  3,  ^^. 
Mùlstrohe  :  1,  327. 
de  Munichausen  :  5,  188. 
Mùnsbach  :  1,  346;  t?,  176. 
Mutzhagen  :  7,  318,  319. 
My  :  2,  141. 
Mylburg  :  v.  Milbourg. 
de  Mylendonck  :  3, 160. 


N 


(de)  Namur  :  7,  308,  322;  2,  193; 

5,  100,  126,  144,  150,  157. 
de  Nassau  :  7,  323;  ^,  156;  3,  101, 

102  ;  add. 
Naucleri  :  5,  86,  88. 
de  Naves  :  3,  146. 
iVe^el  :  v.  Noville. 
de  Nesselrode  :  3,  101. 
Neuchapelle  :  2,  193. 
Neufchâteau  :  3,  99,  147. 
Neudorf  :  2, 144. 
Neuerbourg  (Wittlich)   :    7,   322, 

324. 
(de)  Neuerbourg  (Vianden)   :   7, 


305;   5,  157,  160,  161,  169,  170, 

178,  179,  183. 
(de)   Neufchâteau   (Dalhem)  :    7, 

328,  329  ;  5,  183. 
de  Neufchâtel  :  7,  346. 
Neuf-Moulin  :3,  131. 
Neumann  :  ■2, 150. 
Neumetzler  :  t?,  167,  168;  5,96,97. 
de  Neunheuser  :  7,  344. 
Neyen  :  7,  306;  3,  170. 
Niedeggen  :  2,  149. 
Niederehe  :  3,  81. 
(de)  Nieder-Wampach  :  3, 162, 176, 

177,  181;  cf.  Wampach. 
Nisa  :  2,  169, 170;  3,  86. 
Nives  :S,  187;  5,128,  138. 
Nivelles  :  2,  194-6. 
de  Nodlingen  :  7,  300. 
Noirmont  :  2,  190-2. 
Nommern  :  2,  163. 
Nosbaum  :  3,  157. 
de  Nothomb  :  3,  92. 
(de)  Noville  :  1,  304,  314,  315,  337, 

341;   5,   137-71,    187;   .5,    84-97, 

100-21,  129,  130,  134,  135,  152, 

153,  171-3,  175,  176,  178,  179, 

183  ;  add. 
Novilley  :  3,  138. 
NiiejfPreit'.  3,  132. 
Nuewe  Wies  :  3,  151. 
Nii/yll:  V.  Noville. 
Nut'h  :  7,  336,  337. 
Nyclaux  :  5,  126. 
Nyder-Rodeschiet  :  7,  331. 
de  N  y  mer  1er  :  5,  90. 
Nyt  :  7,  337. 


Obbendorf  :  7,  329. 
d'Oberhausen  :  7,  324;  2,  162;  5, 

110. 
(d')  Ober-Wampach:  3,162, 175-7; 

V.  Wampach. 


204 


(d')Ochain  :  /,  ;V27;  .'.\  i:U,  135. 

d'Ochainps  :  .'>,  11)0. 

d'Ocquier  :  'J,  14:>;  .'>,  78. 

Oesling  :  t^  144. 

7'0>i  Ofs/>e/t  -J,  lOi. 

d'Ofl'ofni  :  .'>',  92. 

d'dgnies  :  3,  163. 

Oleye  :  /,  316. 

Olniescliaut  :  o,  78. 

d'Olmùss  :  7,  327. 

Ongeleede  Hof  :  \>,  181 . 

d'dostfrize  :  i?,  152. 

Opprebais  :  i,  325. 

Opvelp  :  /,  325. 

Orchimont  :  7,  308,  332;  .S,  135. 

d'Orchinfaing  :  S,  99. 

(d')  Ordange  :  /,  308,  323. 

d'Orjo  :  7,  316. 

d'Orley  :  l,  300-3,  317,  344-6;  S», 
172-85,  194-7;  S,  80,  98,  110, 
121-7,  132,  137,  139-41,  144,147, 
149,  151,  153-5,  161,  177. 

Ornez:  v.  Ouren. 

d'Orphelt:  t?,  170;  .'>',  86. 

Orspelt  :  t>,.183. 

Orten  :  3,  158. 

(d')Ortho;^,  155;  3,  105. 

Osogne  :  /,  322. 

d'Ottange  :  S,  87,  161. 

Oubourcy  :  3,  114. 

d'Oupeye  :  7,  337. 

(d'j  Ouren  :  7,  305,  307,  324,  330, 
340,  346;  '2,  162,  163,  165,  170, 
171;  .3,  85,  86,  88-90,  103,  107, 
109-12,  116,  164;  add. 

l'Ourthe  :  3,  143,  144. 

d'Overbach  :  3,  156. 

Outre-Meuse  :  'J,  193. 

d'Outscheid  :  /.  300.  301. 


Palatinat  :  3,  84. 

de  Pallant  ;  7,  338;  3,  160. 


Parrette  :  3,  13.'}. 

Passavant  :  3,  79. 

de  Pastrana  :  i?,  190-2. 

Pays-Bas  :  ^,  191. 

van  Pee  ou  Pede  :  t^,  181. 

de  Perwez  :  3,  169. 

Pescheur  :  3,  122. 

de  Pfoitzheim  :  ^,  168. 

Philippe  :  3,  135. 

Philippe  II  :  2,  Ul. 

Pieret  :  3,  96. 

Pierpont  :  5,  96. 

de  la  Pierre  :  v.  Stein. 

Pierremont  :  v.  Pirmont. 

Pierrepont  :  7,  305,  306;  3,  157. 

Pinsamont  :  3,  125. 

Pintsch  :  3,  161,  163. 

le  Pipre  :  5,  112. 

(de)  Pirmont  :   7,  316,  317;  3,  80, 

82,  83,  165,  166,  183. 
Piroult  :  7,  308. 
(de)  Pittange:   7,311;  '2,  156;  3, 

166,  167. 
Pittipas  :  3,  170. 
Poilvache  :  3,  150.    - 
Polich  :  V.  Bulig. 
Pomper  :  t^  163;  3,  90,107,  116-8; 

cf.  Pompertman. 
Pompertman  :  3,  107. 
Poncin  :  7,  325. 
Ponde  rie  h  :  v.  Rabe. 
Ponssar  ou  Ponczar  :  3,  133. 
du  Pont  :  2,  179,  180,  185;  3,  85, 

126,  135. 
Ponthoz  :  7,  327.  . 
Pont-à-Mousson  :  5,  151. 
Porttzich  :  v.  Bourcy. 
Portzem  :  v.  Pfortzheim. 
de  Pouilly  :  2,  156. 
Prague  :  2,  172;  3,  158. 
le  Preit  :2,  187. 
de  Presseux  :  3,  104. 
le  Prévost  :  3,  114,  118. 


205 


Priiitscheil  :  P,  156. 

Prùm  :   1,  304,  307  ;  3,   157,  158, 

160,  164;  add. 
la  Prùm  :  3,  159. 
de  Puffelyngen  :  7,  346. 
Pimderich  :  v.  Rabe. 
(de)  Puttlange:  7,  303;  e,  173,178. 
van  Pynbroeck  :  9,  196. 

Q 

Quabeeck  :  7,  310. 
Ouad  :  3,  160. 
Quaetbeke  :  9,  195. 
Ouartbert  :  3,  151. 
Ouastchiquis  :  7,  327. 
Quix  :  3,  83. 

R 

Raal  ou  Rael  :  t^,  163,  164  ;  3, 113, 

114. 
Rabe  de  Pimderich  :  3,  89. 
(de)  Rachamps  :    7,  312;   t',  142, 

144;  3,  103,   113,  115,  118,  119, 

131,  166,  173,  174. 
Rade  :  1,  329. 
Rael  :  v.  Raal. 
Raijf  :  v.  Rabe. 
Raille  :  v.  Raal. 
Raimbaiit  :  /,  331. 
Ramé,  Ramel,  Rammé,  Ramy  :  i*, 

183  ;  3,  151  2. 
de  Ramelot  :  t',  142. 
Rameru  :  i',  196. 
Ramplin  :  3,  87. 
Ramy  :  v.  Ramé, 
de  Ransiers  :  3,  89. 
Rasquin  :  3,  103. 
de  Raville  :  3,  180. 
Rechrival   :  i>,  173,   184,  193;  3, 

125  7,  139,  142,  147-8. 
Recht  :  7,  318  ;  3,  157,  167  8. 
(de)  Recogne  :   7,  308,  309,  311  ; 

2, 155, 156,  158  62,  165, 166,168, 


171  ;  3,  91-3,  97,  98,  100,  105, 
113  5,  118,  130-2,  176. 
de  Redange  :  s?,  142. 
Réelle  :  v.  Raal. 
Refail  :  7,  304. 
Regnault  :  3,  110. 
de  Reiffenberg  :  3,  94  6,  99,  101-2. 
(de)  Reifferscheid  :  3,  168-9. 
(de)  Reinhardstein  :  t',  166  ;  3,  90, 

94  7,  101,  102,  115. 
Reisdorf  :  3,  94. 

(de)   Remagne  :    7,  302,  316;  2, 
138,  156,  172,  177,  179, 180,  182, 
184-93;  3,  99,  125-7,  137,  139, 
140,  142-7,  165,  180. 
Remersdael  :  7,  336,  337,  342. 
Remich  :  t^  188. 
Remoi ville  :  3,  154. 
Remouchamps  :  7,  312. 
Renarstein,    Renenstein^     Renes- 

teyne  :  v.  Reinhardstein. 
de  Rendu  :  3,  122. 
Resteigne  :  ?,  169,  170  ;  3,  85. 
Rethel  :  7,  305. 
Rethelois  :  /,  305. 
de  Rettigny  :  t?,  170. 
du  Reu  :  3,  115. 
(de)  Reuland  :  7,  304,  305,  335  ;  3, 

89,  110,  158,  160. 
de  Reuldange  :  7,  306. 
de  Reuschenberg  :  1,  325. 
Revenstein  :  v.  Reinhardstein. 
(de)  Revogne  :  3,  106,  107,  136. 
der  Reyde  :  3,  81. 
Reynenstein  :  v.  Reinhardstein. 
Reynsberg  :  i,  320. 
Rhin  :  7,  321,  323,  324,  327,  331, 
344;  i>,  175-7,  183;  3,  140,  151. 
R/miss  :  v.  Ruiss. 
Richardson  :  7,  339. 
de  Rivière  :  '2,  153, 190. 
de  Robach  ou  Ropach  :  ^,163;  3, 

87. 
Roben  :  3, 102;  cf.  Lontzen. 


14 


206 


Robert  :  .'î,  128,  \U. 

de  Rochefort  :  l/MS;  :i,  il5,  174. 

Rochette  :  t\  17:î. 

(de)  Rodemacher  :  /,  ."M  1  ;  t^  145  ; 

.'.',1^5,176,180. 
Rogissart  :  :>,  104. 
Roignon-le  Franc  :  /,  '>42. 
Rolduc  :  y,  :Ml>. 
(de)  Rollé   :    1,  Ml,  :VM;  S,   149, 

173,   186-90;   :i,   115,  134,   137, 

138,  142,  146,  li7. 
RoUinger:  t>,  164,  165,167. 
de  Rolshausen  :  3,  102. 
Romagne  :  S,  145.  cf.  Remagne. 
Romain  :  3,  173 
Romains  (rois  des)  :   /,  333,  335  ; 

t>,  173,  174,  193 
Rome  :  5,  85. 
Rompsteyn  :  i,  324;  3,  83. 
(de)Rondu:  3,  122,144. 
Ropach  :  v.  Robach. 
àQ  Rore  \3,U. 
Rosières  :  3,  138. 
von  der  Rossmûhle  :  7,  328,  329. 
Rotart  ou  Rpttert  :  3,  98,  161. 
Roullingen  :  3,  162. 
de  Rousseau  :  2,  160;  3, 105. 
van  Rudlingen  : .'?,  157. 
Ruette  :  i,  342. 
Ruffignon  :  e,  159, 161  ;  3,  87, 121, 

134,  154. 
Ruiss  :  3,  92. 
Rnlandt  :  v.  Reuland. 
deRummen  :  7,  310,  311. 
Ruremonde  :  2, 193. 
Ruve  :  i,  318. 
de  Rvntzfeld  :  v.  Binsfeld. 


de  Saarwerden  :  7,  331,  332. 
de  Sain  :  3,  159. 
Saint-Gerlache  :  /,  338. 
Saint-Hubert  :   7,  :507,  309,   310, 


316;  ?,  149-54,  192;  3,  120,  126, 

130,  137,   138,  144-9,   154,   167, 

180,  183. 
S»  Lambert  :  3,  156-8,  160,  161. 
S'  Léonard  :  3,  193. 
S'Pol  :  7,311. 
S*  Remacle  :  2,  157. 
S'  Roch  :  t^l41. 
(de)  S'  Vith  :  7,  312,  318,  332,  344; 

3,  148,  155,  156,  176, 183;  3,  102. 

145,  168. 
Sainte  Croix  :  i?,  139. 
Sainte  Marie  :  7,  324,  340. 
Saintes  :  ?,  196. 
de  Salleez  :  3,  167. 
(de)  Salm  :  7,  310,  311,  314;  3, 138, 

195;  3,  131,  168. 
Sassel  :  3,  87,  150. 
de  Satzenem  :  1,  308. 
Satzfey  :  ?,  149. 
Saultrey  :  t>,  148. 
de  Saurfeld  :  3,  157,  158,  161, 170; 

3,  84,  118,153.177,  178. 
du  Schaart  :  5,  161. 
Scharpillig  :  3,  163. 
de  Schauwenbourg  :  3, 147. 
Scheiffart  :  v.  Merode. 
de  Schell  :  7,  342. 
Schellart  :  1,  329;  3,  164-6,  168, 

171;  3,  88,  90,  92,  97. 
Schengen  :  e,  163,  165. 
Schen7iesse  :  v.  Xhignesse. 
Schestleit  :  v.  Châtelet. 
Schieren  :  2,  164. 
Schiervelt  :  7,  327,  329. 
Schleiden  :  t?,  142;  3,  164. 
de  Schœnau  :  3,  130, 136, 137. 
Schœnberg  :  3,  158. 
(de)  Schœnecken  :  7,  305,  306, 312; 

3,  80,  81,  168,  178,  183. 
de  Schœnenbourg  :  e,  188,  189. 
de  Schoonvorst  :  7,  313,  314,  317, 

334,  335. 
Schorsteyn  :  3,  SI. 


-  207  — 


Schouweiler  :  5.  87. 

Schroder  :  3,  181. 

Schryber  :  7,  331. 

Schuttrange  :  1,  346  ;  e,  176. 

Schwannen  :  J,  343. 

de  Schwartrenberg  ou  Schwartzen- 

bourg  :  2.  188-CO. 
Schweich  :  3,  159. 
de  Schweisthal  :  3,  92. 
Sconou  :  v.  Schœnau. 
Sebrecht  :  3,  161. 
Semtsheim  :  t>,  189. 
Sellerich  :  1, 305;  3, 156-60, 1 70;  add. 
Selscheid  :  3,  140,  141. 
Seneffe  :  t?,  196. 
de  Senzeilles  :  "2,  181. 
(de)  Septfontaines  :  3,  145,  177. 
Seirich  :  3,  126. 
Sevescoiirt  :  3,  138,  150. 
Sibret  :  /,  311  ;  3,  134. 
Siegbiirg  :  3,  157. 
Silly  :  1,  342. 
Simmern  :  i?,  149. 
Simpelveld  :  /,  319. 
Sindorf  :  /,  341. 
Sittard  :  I.  336. 
Sixte  IV  :  2,  153. 
Sleeuws  :  2,  195. 
Slyrp  :  3,  81. 
Smeych  :  3,  81. 
Smiiid  :  3,  137. 
Soerfvelz  :  v.  Saurfeld. 
de  Sœtern  :  3,  160. 
Sohey  :  3,  103. 
Sohier  :  3,  135. 
Soiron  :  /,  :527. 

(de)  Soleiivre  :  J,  303  ;  2,  177,  178. 
Solre-s.-Sambre  :  2,  186-7. 
de  Sombreffe  :  I,  328,  329. 
(de)  Sommerain  :  J,  304  ;  3,  151. 
Sonlez  :  '■J,  155. 
de  Sorezey,  Sorisées,  Sorizéez,  Sor- 

rizées,   Sorozéez   :    1,   321,  322, 

325  ;  3,  79. 


Sougnez  :  2,  190. 

de  Soumagne  :  l,  327. 

Soye  :  /,  334. 

de  Spanheim  :   l,  306,  307,  312, 

313,  331  ;  2,  177. 
Spiese  :  3,  178. 
de  Sponheim  :  3,  180. 
Sprimont  :  l,  319. 
Stadtbredimus  :  1,  343, 344  ;  3, 162. 
Stambay,  Stanbais  :  v.  Steinbach. 
Stattfeld  :  3,  80. 
Stavelot  :  /,  308,  325  ;  2,  141,  142; 

3,  129,  130,  133,  144,  150,  154. 
de  Steefe/t  ou  Steefelt  :  1,  344  ;  2, 

176;'>î,  141. 
van  Steenbergen  :  i,  313. 
de  Stein  :  9, 155,  162-71  ;  3,  85-94, 

101,  107,  109-11,  113,  114. 
(de)  Steinbach  :  e,  138,  152,  170, 

183;  3,  86,  130,  151,  152. 
Steinetz  Biisch  et  Hecken  :  3, 181. 
Steinfeld  :  /,  309. 
Ste?nbav,   Stenbav  :  v.  Steinbach. 
(de)  Sterpenich  :  7,  343  ;  9,  144-5, 

175;  3,  87. 
(de)  Steyn  :  /,  336. 
Stheling  :  3,  99,  146. 
Stochem  :  3,  86,  88. 
Stockera  :  e,  149,  158  ;  3,  157. 
Stolpart  :  3,  86. 

Stolpert  :  3, 103,  108,133, 134, 166. 
Stolzembourg  :  1^  lîiîO;  5,  161, 177 
de  Stoultgen  :  J,  343. 
von  der  Straessen  :  3,  81 . 
(de)   Strainchamps  :    3,  153;    v. 

Saurfeld. 
de  Streithagen  :  1,  341. 
Suis  :  9,  185,  195. 
la  Sûre  :  t>,  182  ;  3,  139. 
(de)  Sûre  :  3,  100,  120,  138. 
de  Swertzheim  :  9,  177;  3,  140, 

141,  153. 
Syfret  :  1,  307. 
Syrie  :  J,  316. 


208  — 


Taffler  :  3,  84. 

de  Taviet  :  .'>,  104. 

Tavigny  :  l>,  165;  :i,  103,  142. 

Tave  :'t>,    179,  185,  194,  196;  3, 

122. 
de  Tellin  :  S,  99,  137,  138. 
Temmels  :  .'?,  170. 
Tencourt  :  l^,  188. 
Te?igys  :  1,  313. 
Ternath  :  t>,  194. 
Terre  Sainte  :  7,  316;  3,  79. 
le  Texon  :  3,  118. 
Theodori  :  3,  181-2. 
Thesch  :  cf.  Thoschz. 
de  Theux  :  i?,  192. 
de  Thiery  :  i,  343,  344. 
Thionvilie  :  7,  310. 
Thiry  :  3,  103,  114,  118. 
Thisnes  :  ?,  142. 
Thohogne  :  5,  104. 
von    Thoil,    Thoel,    Tulle,   Tiœll, 

Toile  :  ?,  162,  163,  170;  3,  87 ;  add. 
Thorembisôul  :  I,  325. 
Thoschz  :  3,  161. 
le  Tiissaji  :  3, 151. 
Tillet  :  l?,  148, 149  ;  3,  142,  147, 149. 
Tintange  ;  3,  146,  154. 
de  Toile  ;  v.  Thoil. 
Tottelart  :  add. 
Totteraid  :  3,  151. 
de  Toul  :  cf.  Thoil. 
de  la  Tour  :  3,  103. 
Tragenis  :  i,  337. 
Trahon  :  5,  90. 
Traimont  :  3,  166. 
de  Trazegnies  :  i,  342. 
Trembleur  :  l,  342. 
Trêves  :  i,  300,  307,  312,  314,322, 

324,  330;  9,  142,  163-4,  171, 175, 

195;  3,  86,  88,  89,  94,  11:5  4, 160, 

164,  170. 
de  Triceres  :  i',  193. 


Trimporten  :  3,  102. 
de  Trina  :  3,  138. 
Trois-Vierges  :  v.  Ulflingen. 
Trouwelet  :  1,  311. 
T'Serclaes  :  3, 122. 
Tubize  :  9,  196. 
Tuell,  Tulle  :  v.  Thoil. 
Tzievel  :  v.  Zievel. 

U 

d'Uelpenich  :  3,  136. 
Ugny  :  t',  167. 

Ulflingen,   Ulvingen  (Trois-Vier- 
ges) :  t>,  148-9;  .S,  150. 
Urbain  :  3,  107. 
Urbin  :  9,  149. 


V 


la  Va  :  3,  143. 

Vais  s,  Fasse,  Vayss  :v.  Laval. 

(de)  la  Val  :  3,  129;  cf.  Laval. 

de  Valangin^  Valengin  ou  Valen- 

gien:  ?,  191,  193." 
Val-Benoît  :  1,  319. 
Valensart  :  3,  100. 
Valérien  :  v.  Busleyden. 
les  Vallées  ou  Vallets,  bois  :  2, 

192;  3,  142. 
delVals,  Valz,  Vaulx;  délie  Vaulle, 

Vanz,     Vans;  de  le    Vans;  de 

Vaulz  :  3,  129,  130,  137-8. 
(de)  Vance  :  1,  344;  t?,  157-8;  3, 

99, 135. 
Vaucelle  :  3,  125. 
Vaucelles  :  3,  125. 
Vaulle,    Vaulx,    Vaulz,    Vans  :  "2, 

187;  cf.  Vais. 
Vaux  :  7,302;  3,146,  179. 
de  Vaux  :  7,  303,  316-7;  2,  140, 

157-8,  187-8;  3,   85,  90,  103-5, 

108-21,  129,  130,  148,  172. 
Vaux-lez-Chêne  :  3,  128. 


—  209 


V.-lez-Houffalize  :  2,  139;  3,  128. 

(de)  V.-lez-Noville  :  2,  187;  3, 
102-6,  118,  128,  131-6,  179. 

V.-lez-Rosières  :  3,  128. 

Vecqiiemont  :  3,  150,  152. 

Veinau  :  t?,  149,  150. 

de  Veldentz  :  3,  159. 

(de)  Vellereiix  :  1,  308;  t>,  138; 
3,  108,  128-9,  131,  133. 

de  Velletro  :  2,  142. 

Veltjaeren  :  i,  314,  316;  3,  183. 

de  Veltmuhlen  :  i,  341. 

van  der  Vemeyl  :  1,  329. 

Verdenne  :  t?,  189. 

Verdun  :  3,  80, 180, 183;  cf.  Li  Ver- 
dun. 

Verviers  :  i,  323. 

Vervm(?):  7,305. 

de  Vervy  :  3,  135. 

(de)  Vesque ville  :  3,  92,  142. 

Vha  :  V.  Vaux  (Noville). 

(de)  Vianden  :  1,  304,  306,  313, 
331,  346;  2,  155-6,  167,  177; 
3,  101-2,  157,  164,  168;  add. 

Vielsalm  :  3,  129. 

(de)  Vileir,  Viler,  2, 138, 140;  .^,  129. 

(de)  Villaimont,  Villaymont,  Ville- 
mont  :  7,  310,  342.  ^ 

Villance  :  7,  308;  3,  138. 

Ville  :  3,  166. 

Villemont  :  v.  Villaimont. 

(de)  Villers  :  7,  318;  cf.  Vileir. 

de  Villers-Masbourg  :  3,  147. 

Villers-le-Bouillet  :  t>,  141. 

de  Virnebourg  :  7,321,334;  3, 159- 

(de)  Virton  :  7,  308,  310,  332. 

de  Visscher  :  2,  159,  161. 

Vitry  :  5,  79. 

Vogel  :  e,  163-5;  3,  88,90,  92. 

Vogelsanck  :  7,  340;  ?,  170,  176-7; 
3,  101-2,  166. 

Volaiville  :  3, 166. 

Volratz  :  3,  153. 

Voseiie  :  3,  164. 


Vossi7i   :   7,  305,  339-40;  3,  157, 

164-5,  171. 
Voyssheim  :  cf.  Vossiji. 
Vroenhove  :  2,  190. 
Vusheym  :  3,  164. 
Vîissem  :  3,  164, 

\A/ 

de  Wachtendonck  :  7,  341. 

Waesmont  :  2,  181. 

Wafflart  :  3,  129,  137-8. 

de  Waha  :  2,  157;  3,  104, 143,  150, 

152,  178;  cf.  Fronville. 
le  Waille  :  3, 122. 
Waisme  :  v.  Weismes. 
de  Wal  :  3,  148. 
Walcaud  :  3,  Ul,  154. 
Walckhoiisen  ou  Walkenhousen, 

près  Heerlen  :  7,  329. 
Walcourt  :  5,  150. 
Walde  :  v.  Mohr. 
Waldeck  :  3,  126. 
Waldecker  :  e,  164,  167;  .S,  89,97. 
Waldoreal  :  7,  326,  327;  .3,  183. 
Waleran  :  3,  144. 
Walhor  :  3,  92. 
Walhorn  :  7,  314. 
Walmerath  :  3,  158. 
de  Walren  :  5,  100. 
(de)  Walsdorf  :  e,  179;  .3,  81. 
Walt  :  3,  82. 

Waltpott  de  Bassenheim  :  t?,  184. 
(de)Wampach  :  t^  142,  145, 164-5; 

3,  92,  152,  154,  171,  173-7. 
de  Warck  :  3,  99,  111. 
Wardin  :  3,  107,  133. 
de  Warfusée  :  3,  136. 
Warizy  :  2,  157. 
Wasserdell  :  3,  164. 
Wathie  ou  Wathy  (Haie)  :  2,  162  ; 

3,  92. 
Watlet  :  3,  147. 
Watmeiiger  :  3,  92. 


—  210 


Watrenge  :  'J,  155. 

Waiiquelin  :  '■J,  {74. 

Wiuiters  :  t',  194-7. 

Waxweiler  :  /,  304;  3,  158-9. 

de  Wecels  ou  Wesele  :  1,  310-1. 

(de)  Weicherdange  :  3,  150-1,  163. 

Weidingen  :  e,  178;  3,  140-1. 

von  dem  Weier  :  1,  324. 

(de)  ^Yeiler  :  1,  304,  344;  9,  176, 

178-80,  183;  3,  138,  140-1,  149- 

53,  155,  162-3. 
Weiler-la-Toiir  :  e,  164-5;  ^î,  88,90. 
Weinau  :  v.  Veinau. 
Weinz  :  /,  309. 
(de)  Weismes  :  t?,  155, 177  ;  3,  101, 

123-4  ;  add. 
Weisspfenning  :  '2,  166. 
Weiz  :  V.  Wiltz. 
Welchenhausen  :   1,  304-5,  312  3, 

319,    329-30,,  338-44  ;    e,    137, 

147  8,150-1,  154,  162;  3,  82-4, 

157,  161-4,  179-83. 
de  Welchenhausen  : 

Agnès  :  7,  309,  322;  3,  80-1,  167. 

Catherine  (fille  de  Henri)  :  1, 

338-40,  342;  5,  171,  179,  183. 

Catherine  (fille  de  Ponce  II)  : 

1,  324,  327-9  ;  3,  83,  183. 

Henri  :  7,  317-8,  320-2,  329-38, 

341-2;  2,  137,  147;  3,  82,  161, 

168,  179,  183. 

Jean  :   7,  344-5;  2,  176,  \SÎ\  ;  3, 

141,  183. 

Julienne  :  7,  301-3,  317,  345  ;  2, 

172,  182, 184-5  ;  3,  127, 139, 141, 

155,  171,  177,  179,  183. 

Marguerite  :   1,  324,  327-9;  3, 

83,  183. 

Mathilde  :  7,  309. 

Pierre  (?)  :  7,  325. 

Ponce  1:7,  317-22,  331-3  ;  3, 

81-3,  165,  167-8,  183. 

Ponce  II  :   7,  320,  323-4,  328, 

331  ;  3,  83,  167,  183. 


Ponce  III  :  7,  324-7,  329;  5,  183. 

Thierri  1:7,  305-17,  337  ;  i»,  137, 

145,  148,  178-81  ;  3,  78  81,  153, 

155  71,  175,  178-9,  183. 

Thierri  II   :   7,  320-4,  331-5  ;  3, 

167,  183. 

Thierri  III  :  7,  324-5  ;  3,  183. 

Thierri  :  7,  345-7  ;  5,  80,  183. 

Wautier  :  7,  305,  309,  317  ;  3, 

79,  80,  171,  179,  183. 
Welchenhausen  à  Lontzen  :  7, 319, 

329. 
Welchenhausen  sous  Heerlen  :  7, 

329. 
(de)  Wellin  :  3,  103,  129,  136,  138. 
Wemmel  :  t>,  181,  194. 
Wenceslas  :  v.  Luxembourg, 
de  Wereckenhusen  :  7,  304. 
Wéry  :  3,  173. 
Wesele  :  v.  Wecels. 
de  Wesemael  :  7,  321,  323. 
Westerioo  :  7,  342. 
Weveler  :  7,  304. 
Wevmes  :  v.  Weismes. 
Wibald  :  e,  141. 
(de)  Wibrin  :  7,  304;   \>,  137,  143, 

148-54;  3,  107,  120,  166. 
Wickrade  :  7,  329. 
Wicourt  :  3,  135. 
Widingen  :  v.  Weidingen. 
Wiesenbach  :  3,  98,  100. 
Wigny  :  3,  105,  143. 
(de)  Wildenberg  :   7,  335  ;  3,  169. 
Wilier  :  v.  Weiler. 
de  Willemoit  :  7,  304. 
Wi/re  :  v.  Weiler. 
Wiltingen  :  3,  170. 
de  Wiîtz  :   7,  300,  301,  305,  332, 
338-40;   i?,   142,   144,   150,    176, 
178  9, 183  ;  3,  78,  87, 140-1, 150-5, 
161-4,  171,  173-9,  181-3;  add. 
de  Wiltz  dit  Rotart  ou  Rottert  :  3, 

98,  161. 
de  Wilverdenge  :  3,  83. 


211  — 


Wilverwiltz  :  5,  92. 
Winandsrade  :  i,  329. 
de  Winckrenge  :  3,  112. 
de  Winningen  :  ?,  144. 
Winterspeit  :    1,  305;  3,  156-60, 

170;  add. 
de  Wintgeren  :  3,  107. 
Win  ville  :  3,  166. 
der  Wirt  :  3,  86. 
Wisbecq  :  t^  196. 
Wiskirchen  :  2,  149. 
de  Withem  .•  1,  340. 
Witry  :  1,  311  ;  t?,  166  ;  3,  82,  142, 

146-7,  154,  157,  165,  167. 
de  Witte  :  t^  190. 
Wittlich  :  7,  322;  ?,  167;  3,  170. 
Wolc/ie  :  V.  Wiltz. 
Wolfsfeld  :  3,  93. 
Wolkringen  :  t^,  139. 
Wolwelange  :  3,  133-4. 
Wortminger  :  3,  9'2. 


de  Wosch  :  1,  341. 

van  den  Wouwere  :  ^,  195. 


Xadot  :  3,  80. 

de  Xheuveidmont  :  1,  327. 

(de)  Xhignesse  :  t>,  140-2,  146;  3, 

172,  175,  178. 
Xhoris  :  2,  141. 


de  Zeel  :  1,  328-9. 

Zélande  :  i,  312. 

Zetrud  :  i,  317. 

de  Zievel  :  1,  337;  9,  179;  3,  101, 

140-1. 
Zittig  :  5,  176. 
Zonhoven  :  e,  170,  177. 


Erratum 


T.  45,  p.  299  (p.  3  du  tiré  à  part),  13'^  ligne  à  partir  du  bas.  —  Lire  :  à  ma 
connaissance 

P.  316  (p.  20),  5''  ligne.  —  Lire  :  fours,  au  lieu  àt  fours. 

P.  320  (p.  24),  titre.  —  Lire  :  Thierri  II  de  Welchenhausen. 

P.  325  (p.  29),  1.  26.  —  Lire  :  Thierri  //de  Welchenhausen. 

P.  338  (p.  42),  titre.  —  Lire  :  ([U6-1449J. 

T.  46,  p.  139  (p.  55),  1.  32.  —  Lire  :  ...  dîme  à  Mo7is  et  à  Vauz. 

P.  149  (p.  65),  n.  4.  —  Lire  :  de  Baexen. 


—  212  — 

ADDENDA 

Welchenhmisen. 

Le  2  mars  1485  n.  st.,  Frédéric  de  Wiltz  déclare  que  son  père  Gérard, 
sgr.  de  Wiltz,  et  lui  pouvaient  réclamer  200  fl.  du  seigneur  de  Nassau  ou 
de  leur  oncle,  sire  Schœffnrt  (Scheiffart);  son  frère  lui  a  assigné  les 
revenus  de  sa  part,  se  montant  à  100  fl.  et  9  fl.  d'intérêts  sur  Welchen- 
husen,  à  condition  que  s'il  mourait  sans  enfants  ces  100  fl.  reviendront  à 
son  frère  Gérard.  —  TWP,  n°  1(55,  d'après  l'orig.  (pap.,  scel;  coll.  Sect. 
Hist.  Luxbg). 

Noville. 

Un  an  après  la  vente  du  24  juin  1492  déjà  signalée  {i,  162),  le  24  mai 
1493,  Jean  de  Thoille  vendit  encore  à  Godart,  sire  de  Larochette,  un  tiers 
de  ses  rentes  et  revenus  ain  buschen,  velt  nnd  iviesseii,  etc.,  un  hojf  vofi 
Novelle,  prévôté  de  Bastogne;  ces  biens  sont  fiefs  de  la  seigneurie 
d'Ouren,  dont  la  dame,  Irmegarde  de  Breide,  scelle  l'acte  de  vente  avec 
son  manrichier  et  un  homme  féodal.  —  TWP,  n°  689,  d'après  l'orig. 
(parch.,  sceaux  tombés,  AGL). 


Laval. 

Le  7  mars  1490  (1489,  iif  den  sondag  Reminiscere),  Henri  de  Wevinpts 
dit  von  der  Vasse  reçoit  en  fief  castrai  du  comte  de  Vianden  den  burg 
seess  zu  Botgenbach ,?i\QQ,  dépendances,  oi^i  Johan  Bor  Johan  dit  Totteïart 
et  son  épouse  Grete  habitaient,  à  la  Porte  de  Butgenbach  (Reg.  aux  fiefs 
de  Vianden,  sur  parch.,  f°  85).  Il  s'agit  certainement  ici  d'un  proche 
parent  de  Pierre,  bâtard  de  Weismes,  que  nous  avons  rencontré  à  Laval, 
de  1449  à  1465. 


Winterspelt. 

J'ai  signalé  (t.  48,  p.  159  ;  tiré-à-part,  p.  199)  que  Marguerite  de  Féné- 
trange,  dame  de  Brandenbourg,  reçut  en  fief  en  1499,  de  l'abbé  de  Prùm, 
entre  autres  biens,  ceux  de  Winterspelt  et  Sellerich  ;  ajoutons  que  le  25 
janvier  1465  n.  st.,  André  de  Haracourt  et  Marguerite  de  Fénétrange, 
conjoints,  sgr.  et  dame  de  Brandenbourg,  vendirent  à  l'abbaye  de  Prùm 
leur  vouerie  et  mairie  de  Winterspelt  avec  dépendances.  —  TWP,  n"  50. 


MATERIAUX 

POUR     LA     BIBLIOGRAPHIE 

DU     LUXEMBOURG  (I) 


1.  —  De  l'Abbaye  d'Orval. 

Dans  Les  Vies  des  SS.  Pères  des  Déserts  d'Occident.   Avec  des  Figures  qui   représentent 
austérité  de  leur  vie,  &  leurs  principales  occupations.  —  A  Paris, 

Desaint  et  Saillant,  rue  S.  Jean  de  Beauvais. 
Durand,  rue  du  Foin, 
chez    {     Le  Mercier,  1 

J.  Th.  Hérissant,      ,         rue  S.  Jacques. 
Le  Prieur,  ! 

—  M.  DCC.  LVII.  Avec  Approbation  &  Privilège  du  Roi,  in-12,  t.  II,  pp.  416-422. 

2.  —  L'Abbaye  d'Orval. 

Dans  L' Illustration  Européenne.  Bruxelles,  1870-1871,  p.  160. 

3.  —  L'Abba3^e   d'Orval.   (Texte.)   —   Ruines   de   l'Abbaye   d'Orval. 
(Gravure.) 

Dans  Le  Magasin  pittoresque.  Paris,  1848,  t    XVI,  p.  404. 


(1)  Voy.  les  Annales  de  l' Institut  archéologique  du  Lu.xembourg,  t.  III  (1854)  pp.  253-272, 
et  t.  XII  (1880),  pp.  209-216  (  Documents  pour  l'histoire  d'Arlon.);—  t.  VIII  (1874),  pp.  175- 
181  (Document  pour  l'histoire  de  la  ville  de  Luxembourg) ;  —  t.  X  (1878),  pp.  89-90  (Des- 
cription du  Lu.\embourg  en  vers  latins) ;  —  t.  XIII  (1881),  pp.  211-238,  et  t.  XVIII  (1886), 
pp.  241-264  (Recherches  bibliographiques  sur  les  journaux  luxembourgeois)  ;  —  t.  XV  (1883), 
pp.  3-18  et  221-281  {Documents  relatifs  à  l'histoire  des  duchés  de  Luxembourg  et  de  Bouillon. — 
Vieux  Almanachs) ;  —  t.  XVI  (1884)  pp.  181-192  et  231-248  (Documents  relatifs  ii  l'histoire 
du  duché  de  Luxembourg.  —  Doctcments  relatifs  aux  seigneuries  de  St-Htibert  et  de  Mirwart)  ; 
—  t.  XXI  (1889),  pp.  593-609,  et  t.  XXVIII  (1893)  ;  pp.  1439-1442  (La  Presse  luxembour- 
geoise); t.  XXV  (1891),  pp.  694-695  {Description  en  vers  latins,  des  villes  d'Arlon,  Bastogne, 
Damvillers,  Luxembourg  et  Thioriville) ;  —  t.  XXVIII  (1893),  pp.  1417-1427  (Les  Forêts 
du  Luxembourg.  Catalogues  de  bois  domaniau.v  vendus  dans  le  Ltcxembourg  en  1825,  1826  et 
1828).  Voyez  aussi  le  journal  La  Semois,  Bouillon,  1'^'^  avril-16  septembre  1877  {Bibliothè- 
que bouillonnaise,  ou  Xotice  des  our'rages  imprimés,  concernant  la  ville  et  le  duché  de  Bouillon. 
Par  J.-B.  Douret). 

15 


—  214  — 

4.  —  L'Abbaye  de  Saint-Hubert  (Texte  et  gravure.) 

Dans  le  Magasin  belge,  universel  et  pittoresque.  Bruxelles,  1838,  pp.  150-1.''>1. 

5.  —  Abrégé  de  la  vie  et  miracles  de  Saint-Hubert,  patron  des  Arden- 
nes,  par  un  religieux  de  l'Abbaye  de  Saint-Hubert.  Luxembourg,  chez 
Jean-Baptiste  Ferry,  1734,  pet.  in-8°. 

G.  —  Abrégé  des  Prières  et  Catéchisme,  à  l'usage  des  Pensionnaires 
des  Religieuses  de  Sainte-Claire,  dites  du  St-Esprit,  à  Luxembourg.  — 
A  Luxembourg,  chez  la  Veuve  de  J.-B.  Kleber  Imprimeur  de  Sa  Majesté 
Impériale  Je  Royale  Apostolique.  —  MDCCLXXXL 

In-12,  de  113  pp. 

7.  —  Les  Accusations  contre  la  Grande  Compagnie  du  Luxembourg. 
—  Réponse.  —  Arlon,  M.  Poncin,  Imprimeur-éditeur .  —  1871. 

ln-80,  de  35  pp. 

8.  —  L'Administration  forestière.  —  Le  Luxembourg. 

Dans  le  Courrier  belge.  Bruxelles,  11  septembre  1837. 

9.  —  Adresse  des  volontaires  de  l'armée  belgique  aux  habitans  de  la 
ville  et  province  de  Luxembourg.  (1790).  In-8°. 

10.  —  Affaire  de  M.  Pescatore. 

Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  29  octobre  et  3-4  novembre  1832,  pp.  1309, 
1328-1330. 

11.  -  Affaire  de  M.  Thorn. 

IbiJ.  3  septembre  1832,  pp.  1083-1084. 

12.  —  Affaire  des  Tornaco.  —  Acte  d'accusation  et  plaidoiries  de  MM. 
Lemaire,  procureur  du  roi,  Lelievre,  Buydens,  Braas,  Gillain,  Michaux, 
Thirion,  F.  Fallon,  Grooters,  Walter^  Wynant  et  Marchot,  défenseurs  ; 
de  M.  Ernst,  substitut  du  procureur  du  roi,  et  répliques.  — Namur, 
imprimerie  de  J.  H.  J.  Misson  et  Lesire.  —  1832. 

In-8°,  de  168  pp. 

13.  —  Affaire  Thorn  et  Pescatore. 

Dans  le  Mémorial  belge .  Bruxelles,  H.  Remy,  28  novembre  1832,  p.  1428 

14.  —  Affaire  Tornaco. 

Ibid.,  20  août  1832,  p.  1029. 

15.  —  Affaire  Tornaco.  —  Acte  d'accusation. 

Ibid.,  3  septembre  1832,  pp.  1084-1085. 


—  215  — 

16.  —  Sur  l'Age  des  grès  liasiques  du  Luxembourg,  avec  une  carte 
des  environs  d'Arlon  ;  par  G.  Dewalque. 

Dans  les  Bulletins  de  l' Académie  royale  des  sciences,  etc.,  de  Belgique,  1857,  2«  série, 
t.  II,  n°6. 

17.  —  Almanach  agricole,  horticole  et  d'économie  domestique,  de  la 
province  de  Luxembourg,  par  F.  G.  (François  Gerardi).  Arlon,  C.-A. 
Bourgeois,  1850,  in-16. 

—  Almanach  agricole,  horticole  et  d'économie  domestique  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg,  par  F.  G.  (François  Gerardi).  —  Deuxième  année. 
—  1851.  —  Arlon,  imprimerie  C.-A.  Bourgeois,  1851. 

In-i6,  de  160  pp. 

—  Almanach  agricole,  horticole  et  d'économie  domestique  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg,  pour  l'année  1852,  par  F.  Gerardi,  Président  du 
comice  agricole  du  canton  de  Virton  ;  membre  du  comité  directeur  de  la 
province  du  Luxembourg  ;  de  l'association  pour  l'encouragement  de  la 
société  agricole  des  bons  ouvriers;  de  la  société  royale  Linnéenne,  et 
de  plusieurs  sociétés  d'agriculture  belges  et  étrangères  ;  membre  de  l'aca- 
démie agricole  de  France.  —  Tournai,  typographie  de  J.  Casier man  et 
ûls,  libraires-éditeurs.  —  1852. 

In-18,  de  170  pp.  ;  vignettes  et  figures. 

—  Almanach  agricole,  horticole  et  d'économie  domestique  de  la  Pro- 
vince de  Luxembourg  et  de  la  Belgique,  pour  1853,  par  F.  Gerardi, 
Président  du  comice  agricole  du  canton  de  Virton  ;  membre  du  comité 
directeur  de  la  province  ;  de  l'Académie  agricole,  manufacturière  de 
France,  de  la  Société  rovale  Linnéenne  de  Belgique;  de  l'association 
pour  la  propagation  des  bons  ouvriers  agricoles  ;  de  la  Société  d'agri- 
culture de  la  Moselle  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  belges  et  étrangères. 
—  Arlon,  impri?nerie  et  lithographie  de  J.  Bourger. 

In-16,  de  160  pp.  et  2  planches. 

18.  —  Almanach  de  la  campagne,  pour  l'an  1781,  à  l'usage  du  duché 
de  Luxembourg.  Luxembourg,  Chevalier,  in-32,  fig. 

19.  —  Almanach  de  poche  pour  l'an  de  grâce  M.DCC.LXXVII,  à 
l'usage  du  Duché  de  Luxembourg,  avec  une  Table  du  Lever  et  Coucher 
du  Soleil  pour  tous  les  lieux  qui  sont  au  50.  degré  de  Latitude  et  qui  en 
approchent.  —  A  Luxembourg,  chez  les  Héritiers  d'André  Chevalier,  à 
l'Enseigne  de  la  grande  Bibliothèque,  vf"  419.  —  Avec  Permission  des 
Supérieurs . 

In-32,  figures  de  monnaies;  texte  encadré. 


—  216  — 

—  Alnianach  de  poche  pour  l'an  de  grâce  M.DCC.LXXVIIl,  à  l'usage 
du  Duché  de  Luxembourg,  avec  une  Table  du  Lever  et  Coucher  du  Soleil 
jiour  tous  les  lieux  qui  sont  au  50.  degré  de  Latitude  et  qui  en  appro- 
chent. —  A  Luxembourg^  chez  les  Héritiers  d'André  Chevalier,  à 
l'Enstigne  de  la  grande  Bibliothc'qiie,  w'' 419. —  Avec  Permission  des 
Supérieurs. 

ln-32,  de  82  IV.,  figures  de  inonniiies;  texte  encadré. 

20.  —  Almanach  du  Luxembourg  pour  1857.  Arlon,  J.  Bourger. 
In-32,  de  178  pp.  —  1"  année. 

—  Almanach  du  Luxembourg  pour  1862.  —  Sixième  année.  —  Arlon, 
typographie  et  lithographie  de  J.  Bourger. 

In-32,  de  215  pp. 

—  Almanach  du  Luxembourg  pour  l'année  bissextile  1876.  ~  Vingtième 
année.  — Arloti,  imprimerie  et  lithographie  J.  Bourger.  —  20  août  1875. 

In-32,  de  224  pp. 

—  Almanach  du  Luxembourg  pour  l'an  de  grâce  1882. —  Vingt-sixième 
année.  —  Arlon,  imprimerie  et  lithographie  J.  Bourger. 

In-32,  de  256 "pp. 

—  Almanach  du  Luxembourg,  pour  l'an  de  grâce  1894,  38*^  année. 
Arlon,  Imprim.  et  Lith.  J.  Bourger,  22  juillet  189:3. 

21.  —  Almanach  portatif  pour  l'an  bissextil  1812.  Imprimerie  de  Schmit- 
Briick,  à  Luxembourg  (1811). 

«  In-18  de  5  feuilles  3  quarts,  tiré  à  2000  exempl.  » 
{Bibliographie  de  l'Empire  français.  Paris,  1813  (1812),  t.  I,  p.  141. 

—  Almanach  portatif  pour  l'année  bissextile  1828,  de  l'ère  Grégorienne, 
à  l'usage  des  Habitans  du  Grand  Duché  de  Luxembourg.  —  62"=^  Année.  — 
Luxeinbourg,  chez  Schmit-Brilck,  rue  du  Curé. 

In-IB,  de  210  pp.  et  3  ff.,  figures  de  monnaies  :  texte  encadré. 

22.  —  Almanach  pour  l'an  de  grâce  1833,  à  l'usage  des  habitants  de  la 
province  de  Luxembourg.  Arlon,  P. -A.  Bruck. 

In-32,  de  179  pp.  —  !''«  année. 

—  Almanach  pour  l'année  1850,  à  l'usage  des  habitants  de  la  province 
de  Luxembourg.  Arlo7i.  —  Chez  P.-A.  Bruck,  imp. 

ln-32,  de  192  pp.  ;  figures  de  monnaies. 


—  217  — 

—  Almanach  pour  l'année  1855,  à  l'usage  des  habitants  de  la  province 
de  Luxembourg.  Arlon,  Imp.  et  Lith.  de  P.- A.  Briick. 

In-32,  de  220  pp.  et  2  if. 

23.  —  Alphabetische  Anseige  der  vorzùglichsten  Ouellen  zur  Kenntnis 
der  Rechte  und  Gewohnheiten  des  Herzogthums  Luxemburg  und  Graf- 
schaft  Chiny,  von  deren  Vereinigung  mit  der  Franken-Republik,  von  Fr. 
Mùller.  Trier,  Rodt,  1825,  in-8°. 

(Catalogue  des  livres...  de  J.-B.  Th.  de  JoJighe.  Bruxelles,  1860,  t.  I,  n"  1156.) 
Le  Moniteur  belge,  du  30  décembre  1846,  donne  ainsi  le  titre  de  cet  ouvrage  : 
Alphabatische  Anseige  der  vorzùglichsten  Ouellen  ziir  Kentniss  der  Rechten  und  geivolin- 
heiten  des  Herzogthums  Lu.veniburg  und  der  grafschaft  Chiny,  vor  deren  vereifiigtcng  mit 
francken  Rcpublick,  9  vendcmiar,  jahr  IV,  von  Michael-Franz-Joseph  Muller.   Trier,  1825, 
in-12. 

24.  -  Amherd.  Die  Andacht  zur  Trôsterin  der  Betrùbten  im  Grozher- 
zogthum  Luxemburg.  Lii.xemburg,  Rril:k,  1857,  in-12. 

25.  —  Annales  civiles  et  religieuses  d'Yvois-Carignan  et  de  Mouzon, 
par  Ch.-Jos.  Delahaut,  publiées  avec  augmentations  et  corrections,  par 
l'abbé  L'Ecuy.  Paris,  Desoer,  1822. 

In-S",  de  XV  et  495  pp.,  fig. 

26.  —  Annales  de  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments 
historiques  et  des  œuvres  d'art  dans  la  province  de  Luxembourg. 

— -  Institut  archéologique  du  Luxembourg.  Annales.  Arlon,  1851-1894, 
29  vol.  gr.  in-8°,  avec  planches  et  cartes. 

1851-1887:  P. -A.  Briick. 
1887-1894  (1"  semestre)  :  F.  Briick. 
1894  (2«  semestre)  :  V.  Poncin. 

La  Société  a  fonctionné  dès  1847,  bien  que  sa  première  publication  ne  date  que  de 
1851 .  En  1867,  elle  prend  le  nom  à' Institut  archéologique  du  Luxembozirg. 

27.    —  Antidote   contre   les  réticences  et  les  erreurs  historiques   de 
Monsieur  de  Gerlache,  Président  de  la  Commission  royale  d'histoire,  etc., 

à   Bruxelles;   par (Beeckman),  prêtre   catholique   belge,  auteur  du 

Livre  noir  1838,  de  la  Réponse  à  Mgr.  C.   Van  Bommel,   évèque  de 
Liège  1836.   Bruxelles,  Librairie  encyclopédique  de  Périchon,  rue  de  la 
Montagne,  n°  26.  —  1840.  (Imprimerie  de  G.  Cttelens,  à  Lonvain.) 
2  vol.  in-18,  de  3  ff.  —  202  pp.,  et  2  fF.  —  XXVIII  —  198  pp. 

28.  —  Antiquités  découvertes  dans  le  Luxembourg.  Par  M.  Jeantin. 

Dans  le  Bulletin  de  l'Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beau.x-arts  de  Belgique, 
t.  XXI,  n"  9,  1854. 

29.  —  Antiquitez  de  la  Gaule  Belgique,  royaulme  de  France,  Austrasie 
et  Lorraine,  avec  l'origine  des  duchez  et  comtez  de  l'ancienne  et  moderne 


-   218  — 

Brabaut,  Tongre,  Ardenne,  Havnau,  Mozelane,  Lotreich,  Flandres, 
Lorraine,  Barrois,  Luxembourg,  Louvain,  Waudemont,  lainville,  Namur, 
Chigny  et  aultres  principautez,  extraictes  soubz  les  vies  des  evesques  de 
Verdun,  ancienne  cité  d'icelle  Gaule,  par  M.  Richard  de  Wassebourg, 
archidiacre  en  l'église  de  Verdun...  Ofi  les  ve7id  à  Paris...  par  Vincetit 
Sertenas...  et  aussi  ce  (sic)  vendent  e7i  la  cité  de  Verdun,  15 i5,  2  vol. 
in-fol.,  fig.  sur  bois,  lettres  rondes. 

(Archives  du  Bibliophile.  Paris,  A    Claudin,  1860,  t.  III,  p.  214.) 

—  Premier  (et  second)  volume  des  Antiquitez  de  la  Gaule  Belgique, 
royaulme  de  France,  Austrasie  et  Lorraine,  avec  l'origine  des  duchez  et 
des  comtez  de  l'ancienne  et  moderne  Brabant,  Tongre,  Ardenne,  Haynau, 
IMoselane,  Lotreich,  Flandres,  Lorraine,  Barrois,  Luxembourg.  Louvain, 
Vaudemont,  Joinville,  Namur,  Chiny  et  autres  principaultez.  Extraictes 
soubs  les  vies  des  evesques  de  Verdun,  ancienne  cité  d'icelle  Gaule... 
Avec  plusieurs  epithomes  et  sommaires  ès-vies  des  Papes,  empereurs, 
roys  et  princes  des  susdicts,  depuis  Jules  César  jusques  à  présent,  1549, 
par  R.  de  Wassebourg.  Achevé  d'imprimer  le  13  de  novembre.  On  le  vend 
à  Paris,  par  Vincetit  Serte?ias...  et  aussi  se  ve?ide?it  en  la  cité  de  Verdiui, 
1549.  (Impr.  par  Fr.  Girault),  2  vol.  in-fol. 

30.  —  xA.ntropologise  psychologias  prima  initia  ad  usum  scholarum 
Athenaei  Luxemburgensis.  Lu.xemburgi,  J.  Lamort,  1819. 

In-8°  de  .ô7  pp.  —  Par  Valentin  Trausch. 

31.  —  Aperçu  général  de  la  constitution  géologique  et  de  la  richesse 
minérale  du  Luxembourg;  étendue,  nature,  composition  et  usage  des 
gîtes  ferrifères  de  la  partie  méridionale  de  cette  contrée,  avec  la  descrip- 
tion, la  distinction  et  la  détermination  de  la  teneur  et  de  la  composition 
de  tous  les  minerais  de  fer  employés  dans  l'industrie.  Par  Ch.  Clément. 
Arlon,  Briick,  1864. 

In-S",  de  V  —  151  pp.  et  7  pi.  coloriées. 

—  Aperçu  de  la  constitution  du  sol  du  Luxembourg,  avec  une  indication 
sommaire  des  produits  minéralogiques  qu'il  renferme,  par  M.  Ch.  Clé- 
ment, ingénieur  au  corps  des  mines. 

Dans  les  Annales  des  travaux  publics  de  Belgique.  Bruxelles,  1864,  t.  XXII,  pp.  121- 
179. 

Extraits  des  chapitres  IV  et  V  du  volume  précédent. 

32.  —  Apologie  contre  certain  discours  émis  soubs  le  nom  des  Etats- 
Généraux  des  Pays-Bas.  Par  laquelle  sont  rembarrées  les  cavillations  et 
impostures  dudict  discours.  Avec  un  récit  véritable  de  ce  que  c'est  passé 
des  l'aiTivée  de  Son  Altesse  esdicts  Pays.  S.  l.  n.  d. 

Pet.  in-8°,  de  80  ff. 

«  Livre  fort  rare,  écrit  en  faveur  de  don  Juan  d'Autriche,  en  réponse  au   petit  livre 


—  219  — 

Sommier  Discours,  etc.,  publié  par  les  Etats-Généraux  des  Pays-Bas  contre  ce  prince. 

«  La  dédicace  est  datée  des  Roche  (La  Roche  en  Ardenne,  nov.  1577),  et  signée  Phi- 
lippe le  Franc.  C'est  probablement  au  secrétaire  ou  à  un  des  partisans  intimes  du  prince 
qu'on  doit  cette  apologie.  » 

(Catalogue  des  livres...  de  J.  B.  Th.  de  Jonghe.  Bruxelles,  18'il,  t.  II,  n°  1)224). 

33.  —  Apologie  pour  les  Chartreux  que  la  persécution  excitée  contr'eux 
au  sujet  de  la  constitution  Unigenitiis  a  obligez  de  sortir  de  leurs  monas- 
tères ;  avec  la  protestation  des  Religieux  de  l'Abbaye  d'Orval,  opposans 
à  la  bulle  Unigenitiis,  qui  ont  pris  le  parti  de  la  fuite;  en  date  du 
29  septembre  1725  (par  Jean-Baptiste  Cadry).  Amsterdam,  Nie.  Potgieter, 
1725,  in-4°. 

(Dictionnaire  de  Bibliographie  française  —  par  Fleischer  — ,  n''  3183.) 

34.  —  Appendix  zur  Geschichte  der  Klœpels-Armee,  nebst  einer  Notiz 
ueber  des  Verfassers  Leben  u.  Wirken,  so  wie  auch  einer  Leichenrede 
auf  dessen  Tod,  von  Herrn  Kleyr. 

Par  Jacques  Klein, 

Dans  le  Lu.vemhnrger-  Wortjur  Wahrheit  und  Recht,  février  1849. 

35.  —  Les  Ardennaises  ;  poésies  légères.  Paris,  1826,  in-8°. 

Par  Jean- Ferdinand  Poncin  de  Casaquy. 

36.  —  En  Ardenne,  par  quatre  Bohémiens  (Félix  Delhasse,  Théophile 
Thoré,  Paul  Dommartin  et  Henri  Macette).  —  Namur  —  Dinant  —  Han 
—  Saint-Hubert  —  Houffalize  —  La  Roche  —  Durbuy  —  Nandrin  — 
Comblain  —  Esneux  —  Tilf  —  Spa.  —  Bruxelles,  Ch.  Vanderauwera, 
éditeur,  Mojitag7ie-aux- Herbes-Potagères,  25.  —  1856. 

2  vol.  in-24,  de  228  et  200  pp. 

Voy.  la  Reime  trimestrielle.  Bruxelles,  i85tî,  t.  XII,  pp.  382-384. 

37.  —  En  Ardenne.  La  saison  des  travaux  sérieux  recommence  pour 
les  jeunes  peintres. 

Lithographie,  par  Félicien  Rops. 

38.  —  En  Ardenne.  Li  sotte  Marie  qui  pinse  à  s'  néfant  qu'on  a  interré. 

Lithographie,  par  Félicien  Rops. 

39.  —  En  Ardenne.  Où  l'artiste  se  repent  vivement  d'avoir  été  peindre 
des  effets  de  neige. 

Lithographie,  par  F.  Rops. 

40.  —  En  Ardenne.  Sur  le  chemin  de  St-Hubert. 

Lithographie^  par  F.  Rops. 


—  220  — 

il.  —  L'Ardenne  sous  le  rapport  de  la  végétation,  par  François  Crépin, 
professeur  de  botanique  à  l'école  d'horticulture  de  l'Etat,  à  Gendbrugge. 
Bnixtiles,  librairie  de  Giist.  Mayolez,  1863. 

In-8»,  de  (H>  pp. 

42.  —  Les  Ardennes. 

Dans  les  Mémoires  d'outre-tombe,  par  M.  de  Chateaubriand.  Bruxelles,  1848,  in-18,  t.  IV, 
pp.  69-74. 

43.  —  Les  Ardennes  (Texte).  —  Les  Ardennes.  Une  Goffe.  Dessin  de 
Lancelot. 

Dans  Le  Magasin  pittoresque.  Paris,  1874,  t.  XLII,  pp.  267  et  340. 
Extrait  des  Ardennes  illustrées,  par  D.  Lancelot. 

4i.  — Ardennes.  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  ce  département. 
Principauté  de  Sedan,  Mouzon,  etc. 

Dans  Le  Cabinet  historique.  Revue  mensuelle.  Paris,  1875,  juillet  à  septembre,  pp.  209-224. 

Parmi  les  manuscrits  mentionnés  dans  ce  cahier  nous  citerons  : 

N"  6107.  —  Documents  relatifs  au  domaine  de  la  Couronne  à  Sedan,  Bouillon,  Cari- 
gnan,  Raucourt.  —  Arch.  nat.  2^  36,  38. 

N»  6125.  —  Acte  par  lequel  Charles  Robert,  comte  de  la  Marck  et  de  Braine,  cède  à 
Henri  de  la  Tour,  maréchal  de  France,  les  terres  de  Sedan  et  Raucourt  et  le  duché  de 
Bouillon.  —  1601,  25  août  :  original.  —  Arch.  nat.  K  107,  no  It!. 

N°  6130.  —  Lettres  patentes  du  Roy  Louis  XIII,  par  lesquelles  il  prend  sous  sa  protec- 
tion les  souverainetez  de  Frédéric-Maurice  de  la  Tour,  duc  de  Bouillon.  —  26  août  1641. 
—  Decamps,  80,  n"  25,  f»  144.  6«  preuve.  Conrart,  t.  6,  p.  535. 

N°6137.  —  Brevet  par  lequel  le  Roi  attribue  au  duc  de  Bouillon  et  au  vicomte  de 
Turenne  les  rangs  et  préséance  qui  leur  appartiennent,  à  cause  du  duché  de  Bouillon  et 
des  principautés  souveraines  de  Sedan  et  de  Raucourt.  —  Saint-Germain-en-Laye,  2  avril 
1649.  Orig.  —  K.  118,  n°  9^. 

N»  6197.  —  Copie  des  lettres  de  Louis,  comte  de  Chiny,  par  lesquelles  il  avoue  tenir  à 
foy  et  hommage  de  l'archevesque  de  Reims,  Pourru-lès-Lebsois,  Pourru-en-l'Aisne, 
F.scombre,  Lagrange,  le  Bon  et  le  bois  de  Outre-Onne,  la  ville  de  Messaucourt,  la  moitié 
de  la  ville  de  Sachy  ;  item  ce  qu'il  a  en  la  ville  de  Retainges,  à  Crolly  et  à  Aroulx,  entre 
Mouzon  et  Jouy.  —  Mouzon  1294.  —  Très,  des  ch.  Champ.  Mouzon,  n"  2. 

N»  6219.  —  Arnould,  comte  de  Chini.  —  Lettres  concernant  l'abbé  de  Mouzon.  Manusc. 
fr.  du  XVII»  siècle.  —  Bibl.  de  Bourg,  n°  6734. 

45.  —  Les  Ardennes.  France-Belgique.  Par  Elizé  de  Montagnac. 
Paris,  Rothschild,  1873,  5Î  vol.  gr.  in-fol.,  figures. 

46.  —  Les  Ardennes.  Tournée  Pittoresque,  Artistique  et  Historique; 
Paysages,  Traditions,  Chroniques  et  Légendes.  Par  Victor  Joly.  Bruxelles, 
J.  Vajibiiggenhoiidt,  1854-1857. 

2  vol.  gr.  in-fol.,  avec  30  gravures  à  l'eau-forte,  sur  acier,  par  Mart.  Kuytenbrouwer, 
et  des  figures  sur  bois. 

Voy.  la  Revue  Trimestrielle.  Bruxelles,  octobre  1858,  t.  XX.  pp.  333-335. 


—  'i21  — 

47.  —  Ardennes- Villégiatures.  —  Meuse.  —  Lesse.  —  Hoyoux.  — 
Ourthe.  —  Amblève.  —  Vesdre.  Bruxelles,  rue  des  Paroissiens. 

In-folio  piano.  —  Carte. 

48.  —  Arlon.  Etablissement  géographique  de  Bruxelles,  fondé  par 
Ph.  Va?ider  Mae  le  n. 

In-folio  piano.  —  Carte. 

49.  —  A  Arlon.  —  Conférence  de  M.  Nothomb.  —  Exercices  de  tir.  — 
Soirée  chez  M.  le  Gouverneur.  —  La  procession  d'Echternach.  — 
L'  «  Emulation  ». 

Dans  le  Journal  de  Bruxelles,  2  juin  1893. 

50.  —  A  Arlon.  —  Les  exercices  du  tir.  —  Notre-Dame  de  Luxembourg. 
La  revision.  —  La  campagne.  -  Un  nouveau  journal.  —  La  distribution 
d'eau. 

Ihid.,  6  mai  1893. 

5L  —  Arlon  à  travers  les  âges.  Par  Aug.  Henckels. 

Dans  L  Indépendant  d' Arlon  et  du  Luxembourg.  Arlon  1889-1890. 

52.  —  Arlon  et  ses  environs.  Par  M.  D.  Keiffer. 

Dans  La  Belgique  illustrée,  ses  inonumejits,  ses  œuvres  d'art,  publiée  sous  la  direction  de 
M.  Eugène  Van  Bcmmel.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  et  Compagnie,  t.  II,  p.  497. 

53.  —  Arlon.  —  Bastogne.  —  Houffalize.  —  Vielsalm.  —  Marche.  — 
Durbuy.  —  La  Roche.  —  Neufchâteau.  —  Bouillon.  —  St  Hubert.  — 
Virton.  —  Chiny. 

Ddns  La  Belgique  pittoresque.  Bruxelles,  F.  Claassen,  in  18,  pp.  258-266. 

54.  —  Arlon.  —  Bastogne.  —  Marche  en  Famene.  —  La  Roche.  — 
Chiny.  —  Saint-Hubert.  —  Echternach.  —  Virton.  —  Vianden.  —  Bouil- 
lon. --  Dickrich.  —  Durbuy.  —  Neufchatel.  —  Hoffalize.  —  Grave- 
Macheren. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Description  des  places  qui  sont  aujourd'hui  le  théâtre  de  la  guerre 
dans  les  Pays-Bas,...  Seconde  Edition,  considérablement  augmentée,  et  ornée  des  plans  des 
principales  Villes  fortifiées.  A  Mons,  chez  les  Libraires  associés.  —  1794,  in  8°,  pp.  6,  8,  9, 
lOetU. 

55.  —  Arlon.  —  Bitbourg.  —  Chiny.  —  Damvillers.  —  Echternach.  — 
Luxembourg.  —  Marche.  —  Montmédy.  —  Thionville. 

Dans  V  Atlas  des  villes  de  Belgique  au  AT/"  siècle.  —  Cent  plans  du  géographe  Jacques  de 
Devcrter,  exécutés  sur  les  ordres  de  Charles-Qîiint  et  de  Philippe  II,  reproduits  en  fac-similé 
chromographique  par  l'Institut  7iatio7!al  de  géographie,  à  Bruxelles.  Bruxelles,  in-fol.,  avec 
texte  descriptif. 


-  222  — 

La  notice  sur  Arlon  est  de  M.  E.  Tandel,  commissaire  d'arrondissement. 

Voy.  Le  Bibliophile  Belp^e.  Bruxelles,  Fr.-.T.  Olivier,  18(57,  t.  II,  pp.  280-290.  (Plan^topo- 
graphiques  des  villes  des  Pays-Bas  au  XVl'  siècle). 

56.  —  Arlon.  —  Liège  (et  une  partie  de  la  province  de  Luxembourg.) 
Etablissement  géographique  de  Bruxelles,  J onde  par  Ph.  Vander  Maelen. 

2  cartes  in-folio  piano. 

Dans  l'atlas  intitulé  :  Belgique.  —  Ministère  des  Travaux  publics.  —  Nivellement  général 
du  Royaume.  —  1848. 

57.  —  Arlon.  —  Marche. 

Dans  l'ouvrage  a\ant  pour  titre  :  Recherches  historiques  sur  les  villes  et  villages  célèbres  de 
Pancienne  Belgique,  qtii  faisaient  partie  des  Pays-Bas  autrichiens.  Par  M.  Gustave  De  Patoul- 
Fieuru.  —  Dédié  à  la  Nation  Belge.  —  Première  partie.  —  Mons,  imprimerie  de  la  veuve 
Piérart,  rue  d'Havre,  36.  —  1860,  in-80,  pp.  15-16  et  43. 

58.  -  Armoiries  des  anciens  Etats  féodaux  de  la  Belgique.... —  Luxem- 
bourg. —  Comté  de  Luxembourg.  —  Comté  de  Chiny. 

Dans  Patria  Belgica.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  &  0%  1775,  t.  III,  pp.  744-747. 
(Art  héraldique,  par  M.  Eugène  Gens.) 

59.  —  Arrestation  de  M.  Pescatore. 

Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  24  octobre  1832,  p.  1268. 

60.  —  Arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  roi  de  France,  du  7  octobre  1742,  qui 
remet  le  prince  de  Lowestein-Wertheim  en  possession  des  terres  de 
Chassepierre,  Cugnon,  Mortehan,  Auby,  Ste  Cécile,  d'une  partie  de 
Bertrix,  et  autres  lieux  en  dépendant,  après  avoir  cassé  deux  arrêts  du 
parlement  de  Metz.  —  1742, 

Placard. 

61.  —  Arrêt  du  Conseil  provincial  du  Luxembourg,  ayant  pour  objet 
de  dresser  une  déclaration  pertinente  du  nombre  de  tous  les  habitants 
des  villes,  prévôtés,  seigneuries  et  offices,  qui  sont  dans  l'étendue  de 
leurs  juridictions,  et  une  autre  déclaration  du  produit  de  toutes  les  terres, 
dans  le  but  de  prendre  des  mesures  pour  prévenir  la  disette.  1741. 

62.  —  Arrêt  du  parlement  de  Metz,  du  2  juillet  17;57,  qui  fait  défense 
aux  Seigneurs  et  habitants  de  Chassepierre  et  Cugnon  de  reconnaitre  la 
juridiction  du  Conseil  de  Luxembourg.  —  1737. 

Placard. 

6.3.  —  Arrêt  du  parlement  de  Metz,  qui  casse  et  annule  une  ordonnance 
du  conseil  des  finances  de  Bruxelles,  établissant  un  bureau  de  péage  au 
profit  de  la  reine  de  Hongrie  dans  le  village  de  Recogne.  —  1743. 

Placard. 


—  223  — 

64.  —  Arrêt  du  parlement  de  Metz,  qui  casse  la  procédure  faite  au 
bureau  du  domaine,  à  Luxembourg,  contre  le  nommé  Jean  de  Greid,  de 
Chassepierre,et  qui  ordonne  qu'il  sera  procédé  contre  plusieurs  personnes. 
—  1743. 

Placard. 

65.  —  L'Artisan  chrétien,  ou  la  vie  du  bon  Henry^  Maistre  Cordonnier 
à  Paris,  par  M.  J.  Antoine  Vachet.  Paris,  1670,  in-S». 

Henri-Michel  Busch  était  né  à  Arlon,  en  1608.  Il  mourut  à  Paris,  le  9  juin  1666. 

66.  —  Der  Aufrichtige  Republikaner  an  die  Freunde  der  Wahrheit, 
oder  :  Bemerkungen  ùber  das  Betragen  des  trierschen  General-Vikariats 
gegen  die  eidscheuen  Geistlichen  im  ehemaligen  Herzogthum  Luxem- 
burg.  Aschaffenburgy  in-8° 

67.  —  Auguste  Clavareau.  Par  A.  Alvin. 

Dans  y  Annuaire  de  la  Société  d' Emulation  de  Liège,  pour  l'année  1865.  Liège,  J.-G. 
Carmanne,  1865,  in-12,  pp.  117-1.35. 

68.  —  Un  Auto-da-fé  à  Luxembourg,  en  1749.  Par  A.  Galesloot. 

Dans  la  RcTue  Trimestrielle.  Bru.xelles,  juillet  1865,  t.  47,  pp.  288-295. 

69.  -^  Avec  le  Club  alpin.  Par  Félix  de  Breux(P.-C.-A.  de  Haulleville). 

Dans  le  Journal  de  Bruxelles.  Supplément  illustré,  11  et  18  juin  1893. 
Cet  article  renferme  des  détails  sur  Houffal'ze  et  ses  environs. 

70.  —  Avis  aux  RR.  PP.  Jésuites,  sur  leur  procession  de  Luxembourg, 
du  20  mai  1685.  S.  l.  n.  d.,  in-12. 

Voy.  sur  cette  procession  le  Mercure,  de  Paris,  juin  1685. 


71.  —  Banquet  offert  à  MM.  les  professeurs  Dumont  et  Glaesener,  à 
l'occasion  de  la  distinction  qui  leur  a  été  accordée  à  l'exposition  de  Paris. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  12  décembre  1855,  pp.  4008-4009. 

72.  —  Le  Baron  de  Gerlache,  ancien  président  du  Congrès  national, 
etc.,  par  Théodore  Juste.  —  1785-1870.  —  Bruxelles,  1870,  in-8°. 

73.  —  Le  Baron  Nothomb.  Par  Th.  Juste.  (Texte  et  portrait). 

Dans  IJIllustration  nationale.  Bruxelles,  11  juillet  1880,  pp.  7-8. 

74.  —  Barvaux.  —  Durbuy. 

Dans  La  Chronique,  gazette  quotidientie.  Bruxelles,  13  octobre  1874.  (La  Chronique  en 
voyage,  par  Jean  d'Ardenne). 


—  224  — 

75.  —  Beitrag  zur  Geschichte  der  Ardennen,  von  Borman.  Trier, 
1841-1842,  2  vol.  in-8°,  planches. 

76.  —  Belsjie,  waaronder  het  Luxemburgsche,  het  land  van  Liiijk,  en 
de  aangrenzende  fransche  vestingen  en  andere  bezittingen  :  volledig 
beschreven  door  G.  Bruining.  'S  Gravenhage,  1825,  in-8°. 

77.  — ^  Le  Berger  des  Ardennes. 

Dans  L Illustration  Européenne.  Bruxelles,  1870-1S71,  pp.  372  374. 

78.  —  Bibliothèque  héraldique.  —  Armoriai  luxembourgeois,  ou  Des- 
cription des  armoiries  des  familles  nobles  du  Luxembourg  ancien  et 
moderne,  province  et  Grand-Duché  de  Luxembourg,  comté  de  Chiny, 
Duché  de  Bouillon,  etc.,  précédé  de  la  liste  des  Membres  de  l'Etat-Noble 
de  ce  pays  aux  assemblées  générales  de  1616^  1770,  1816,  etc..  par  le 
chevalier  P.-N.  de  Kessel,  Membre  de  plusieurs  Sociétés  d'Histoire  et 
d'Archéologie.  —  Arlon,  J.  Everling,  libraire.  —  1868.  {Bruxelles,  Imp. 
de  Toint-Scohier ,  rue  de  la  Commune ,  11). 

In-S'',  de  104  pp. 

79.  —  Bibliothèque  héraldique.  —  Livre  d'or  de  la  noblesse  luxem- 
bourgeoise, ou  Recueil  historique,  chronologique,  généalogique  et  biogra- 
phique des  familles  nobles  du  Luxembourg  ancien  et  moderne,  province 
et  Grand-Duché  de  Luxembourg,  Comté  de  Chiny,  Duché  de  Bouillon, 
etc..  etc..  par  le  chevalier  P.-N.-C.-C.-A.  de  Kessel,  Membre  collabora- 
teur de  la  Revue  Internationale  d'Histoire  et  d'Archéologie  héraldique  : 
Le  Héraut  d'Armes;  Membre  correspondant  de  \ Annuaire  de  la  No- 
blesse et  des  familles  patriciennes  des  Pays-Bas  ;  de  la  Société  paléonto- 
logique  et  archéologique  de  Charlero}^;  etc.,  etc.  —  Arlon,  J.  Everling, 
libraire.  —  La  Hâve,  Martinus  Nijhoif.  —  Bruxelles,  Imprimerie  de 
Toint-Scohier,  rue  de  la  Commune,  11.  —  1869. 
In-S",  de  XV  et  227  pp. 

80.  —  Biographie  de  Jean  l'Aveugle,  comte  de  Luxembourg,  marquis 
d'Arlon  et  roi  de  Bohème;  en  forme  de  discours  prononcé  à  la  fin  de 
l'année  scolaire  1835,  par  P.-D.  Joachim.  Luxembourg... 

81.  Biographie  du  lieutenant-général  Petithan,  commandant  de  la 
garde  civique  de  Bruxelles.  —  Bruxelles,  B.-J.  Van  Dooren,  imprimeur, 
Chaussée  de  Wavre,  25.  —  1857. 

In-8o,  de  1  f.  et  14  pp. 

82.  —  Biographie  luxembourgeoise,  histoire  des  hommes  distingués  de 
ce  pays  considéré  à  l'époque  de  sa  plus  grande  étendue,  ou  qui  se  sont 


—  225  — 

rendus  remarquables  pendant  le  séjour  qu'ils  y  ont  fait,  par  le  docteur 
Aug.  Neyen,  Chevalier  de  l'ordre  de  la  Couronne  de  chêne,  l'un  des 
fondateurs  et  membre  effectif  de  la  Société  Royale  grand-ducale  pour  la 
recherche  et  la  conservation  des  monuments  historiques  dans  le  pays  de 
Luxembourg,  de  l'Académie  impériale  de  Metz,  de  l'Académie  d'archéo- 
logie d'Anvers;  de  l'Institut  historique  de  France  (l'^*  classe),  de  l'institut, 
archéologique  de  Liège  et  de  celui  de  Hesse-Darmstat  ;  de  la  Société 
historique  d'Arlon,  de  celle  pour  les  recherches  utiles  de  Trêves,  de  celle 
pour  la  conservation  et  la  description  des  monuments  historiques  de 
France,  de  celles  de  médecine  de  Liège  et  de  Bruges  ;  de  celle  des 
sciences  naturelles  de  Liège  ;  de  celle  des  sciences  physiques,  chimiques 
et  des  arts  industriels  et  agricoles  de  Paris,  etc.  —  La  vertu  la  plus 
humble  comme  la  grandeur  dans  tout  son  éclat  doit  trouver  place  dans 
une  Biographie  nationale.  —  Luxembourg,  Pierre  Briick,  libraire- 
éditeur,  rue  du  Curé.  1851-1860-1862. 

2  vol.  in-i»,  de  VI  —  480  et  340.  —  152  pp. 

—  Tome  IIL  Supplément,  Luxembourg,  Jean  Joris,  1876. 

In-40,  de  III,  490  p.,  XXXI-XII,  plus  table  générale,  24  p.,  et  fautes  typographiques, 
24  p. 

83.  —  De  Bittgang  no  Conter,  —  Gudde  Noicht;  vum  J.  Diedenhoven, 
1830. 

Vo}'.  V Essai  sur  ia  poésie  luxembourgeoise,  par  Félix  Thyes.  Bruxelles,  Henri  Samuel, 
1854,  pp.  36  et  50. 

84.  —  Le  Bois  de  La  Roche  (Luxembourg). 

Dans  L Illustration  Européenne.  Bruxelles,  1870-1871,  p.  390. 

85.  —  Aux  Bords  de  la  Semois.  —  Excursion  pédestre  en  Ardenne, 
par  M.  Hector  Van  Doorslaer.  —  Imprimerie  rue  Dupont,  13,  à  Bru- 
xelles, 1880,  in-8°. 

Ce  livre  renferme  une  Lettre-préface,  par  M.  Coomans,  membre  de  la  Chambre  des 
représentants. 

Voy.  le  journal  Je  Bruxelles,  du  29  janvier  1880.  (Chronique  littéraire). 

86.  —  Les  Bords  de  la  Semoy  en  Ardenne,  par  George  Podesta.  Bric- 
xelles.  Imprimerie  de  G.  S  tapir  aux,  Rue  de  la  Montagne,  51.  —  1850. 

In-12.  de  140  pp.  et  1  f. 

Voy.  le  Bulletin  de  la  Société  des  gens  de  lettres  belges.  Bruxelles,  1850,  pp.  83-84. 

87.  —  Nos  Bruyères  et  nos  Fonctionnaires  s'en  vont  en  guerre  !  Par 
J.-A.  Henry,  curé  de  Limes.  Arlon,  imprimerie  et  lithographie  de  J. 
Bourger  (1854). 

Pet.  in-8°,  de  107  pp.  


—  226  — 

88.  —  Caisse  de  ])révoyance  en  faveur  des  ouvriers  mineurs  de  la 
province  de  Luxembourg.  Rapport  de  la  commission  administrative 
pour  1840. 

Dans  Le Mouiteur  hclgc,  Bruxelles,  13  août  18'i7,  pp,  2181-2182. 

89.  —  Cajus  Igula,  ou  l'Empereur  Cajus  César  Caligula,  né  à  Igel  le 
31  août  de  l'an  764  de  Rome  ou  11'^^  de  J.  C.  Ere  commune.  Essai  par 
forme  de  Dissertation  sur  le  sujet  et  l'Epoque  du  fameux  Monument, 
appelé  communément  la  Tour  d'Igel,  situé  à  l'extrémité  du  Luxembourg, 
au  bord  de  la  Moselle,  entre  les  Confluens  de  la  Saare  &  de  la  Sûre,  avec 
les  dessins  de  ses  quatre  faces  en  détail  (par  Théodore  Lorent,de  Rémich). 
A  Luxembourg,  de  V Imprimerie  des  Héritiers  d'André  Chevalier. 
M.DCC.LXIX. 

In-4",  de  148  pp  ,  front,  et  9  pi. 

90.  —  Calendrier  luxembourgeois   postal   et  commercial.  —  1878.  — 
Florenville,  E.  Sauté. 

91.  —  Carolys.  IV,  Rom.  Imp.  Boh.  Rex.  Pater.  Patriae.  jf.  Kleinhardt 
del.  1772.  J.  Baltzcr  se.  Praga. 

Portrait  de  Charles  IV,  roi  de  Bohême  et  comte  de  Luxembourg.  , 

92.  —  Carte  de  la  Hollande,  comprenant  le  Limbourg  Hollandais  et  le 
G^  Duché  de  Luxembourg.  Bruxelles,  1830. 

93.  —  Carte  de  la  province  de  Luxembourg.  Etablissement  Géogra- 
phique de  Bruxelles.  S.  O. 

In-folio  piano. 

94.  —  Carte  du  département  des  Forêts,  par  P.  G.  Chanlaire. 

95.  —  Carte  h3'drographique,  routière  et  administrative  de  la  province 

1 

de  Luxembourg,  ?  l'échelle  de ,  comprenant  toutes  les  routes 

^  100,000 

avec  leurs  longueurs,  les  Chemins  de  Grande  Communication,  les  Che- 
mins de  Fer,  les  Canaux,  les  Rivières  et  Cours  d'Eau,  et  un  grand  nombre 
de  Points  de  nivellement.  Bruxelles,  Ph.  Vander  Maele?i. 

1  feuille  coloriée  de  l'"84  cent. 

96.  —  Carte  topographique  de  la  province  de  Luxembourg,  par  Heus- 
chling,  ingénieur  du  cadastre. 

4  feuilles. 

97.  —  Carte  topographique  et  militaire  de  la  Belgique  et  du  grand- 


—  227  — 

duché  de  Luxembourg,  dressée  d'après  celle  de  Ferraris,  par  L.  Capitaine. 
Paris,  1836. 

In-fol.  obi.,  en  65  feuilles. 

98.  —  Cartulaire  de  Clairefontaine,  par  le  père  Hippolyte  Goffinet. 
Arlo?i,  P.-A.  Briick,  1887. 

In-S*",  de  XXVII-284  pp.,  plus  une  photolithographie. 

99.  —  Cartulaire  de  l'abbaye  d'Orval,  depuis  l'origine  de  ce  monastère 
jusqu'en  l'année  1865,  époque  de  la  réunion  du  comté  d&  Chiny  au  duché 
de  Luxembourg,  par  le  père  Hippolyte  Goffinet.  Bruxelles,  F.  Hayez, 
1879. 

In-40,  de  XXVII  —  800  pp. 

100.  —  Catalogue  de  la  bibliothèque  communale  de  la  ville  d'Arlon. 
—  Arlon,  Poncin,  im primeur -édite  ur ,  4-6,  Marché-aux-Pom^nes-de-Terre, 
4-6.  —  1875. 

In-80,  de  159  et  II  pp. 

lOL  —  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  l'Athénée  Royal  Grand-Ducal 
de  Luxembourg,  précédé  d'une  Notice  historique  sur  cet  établissement, 
parle  professeur  A.  Namur,  docteur  en  philosophie,  conserv.  secret,  et 
l'un  des  membres  fondât,  de  la  soc.  p.  la  rech.  et  la  conserv.  des  mon. 
hist.  et  membre  effect.  de  la  soc.  des  sciences  nat.  du  G.  D.  de  Luxem- 
bourg ;  correspondant  des  soc.  arch.,  hist.,  litt.  et  scient.  d'Arlon,  de 
Béziers,  de  Bonn,  de  Douai,  de  Gand,  de  Leide,  de  Liège,  de  Maestricht, 
de  Middelbourg,  de  Nancy,  du  Puy,  de  Tongres,  de  Tournai,  de  Trêves, 
de  Verdun;  de  l'acad.  d'arch.  de  Belgique,  d'Anvers;  de  l'acad.  imp.  de 
Metz;  des  soc.  numismat.  de  Bruxelles  et  de  Berlin;  de  la  soc.  libre 
d'émulation  de  Liège  ;  de  la  société  des  antiquaires  de  la  Normandie  ; 
de  la  soc.  pour  la  cons.  des  mon.  de  France,  de  celle  des  antiquaires  de 
France  et  de  l'institut  des  provinces  de  France,  bibliothécaire  à  l'Athé- 
née. Luxembourg.  Imprimerie-Librairie  de  V.  Biick,  1855. 

In-8°,  de  835  pp. 

102.  — Catalogue  des  livres  des  bibliothèques  des  ci-devant  Jésuites 
de  Luxembourg.  1778,  in-8°. 

103.  —  Catalogus  Abbatum  Cœnobii  Munsteriensis.  Treviris,  1664. 

Par  Alexandre  de  Wiltheim. 

104.  —  Des  Causes  de  la  détresse  agricole,  forestière  et  industrielle  des 
Ardennes  luxembourgeoises,  des  droits  affouagers,  du  sartage,  de  la 
vaine  pâture  et  des  conséquences  du  défaut  de  voies  promptes  et  écono- 


—  228  — 

miques  de  transport,  par  Bonnardeaii-Henkart,  membre  de  la  chambre  de 
commerce  d'Arlon.     -  Ar/on,  imprimerie  de  J.  Bourger,  18H9. 

In-S",  de  ol  pp. 

105.  --  Ce  que  veut  le  Luxembourg,  par  M.  G.  Morel.  Bruxelles,  1858, 
in  8». 

lOG.  —  Chambre  de  commerce  d'Arlon.  —  Rapport  général  à  Monsieur 
le  Ministre  des  Affaires  étrangères  sur  la  situation  du  commerce  et  de 
l'industrie  pendant  l'année  1860.  Arlo?i,  —  Typographie  de  C.-A.  Bour- 
geois. 

()0  pages  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1861.  Ibid.,  1862. 

118  pp.  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1862.  Ibid.,  1863. 

197  pp.  et  tableaux. 

— pendant  l'année  1863.  Ibid.,  1864. 

162  pp.  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1864.  Ibid.,  1865. 

211  pp.  et  tableaux. 

—  -pendant  l'année  1865.  Arlo7i,  i?nprimerie  de  M.  Poncin^  1866. 

132  pp.  et  tableaux. 

—  Chambre  de  commerce  d'Arlon.  Rapport  général  sur  la  situation  de 
l'agriculture,  du  commerce  et  de  l'industrie,  dans  la  province  de  Luxem- 
bourg, pendant  l'année  I8G6.  Arlon^  Imprimerie  et  lithographie  J.  Boiir- 
ger,   1867. 

201  pages  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1867.  Ibid.,  1868. 

116  pp.  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1868. /Z'/rt'.,  1869. 

168  pp. 

—  pendant  l'année  1869.  Ibid.,  1870. 

171  pp.  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1870.  Ibid.,  1871 

218  pp.  et  tableaux. 


—  229  — 

—  ......  pendant  l'année  1871.  Ibid.,  1872. 

156  pp.  et  tableaux. 

—   pendant  l'année  1872.  Ibid.,  1873. 

143  pp.  et  tableaux. 

—  pendant  l'année  1873.  Ibid.,  1874. 

127  pp.  et  tableaux. 

—  Chambre  de  commerce  et  des  fabriques  d'Arlon.  Rapport  général 
sur  la  situation  de  l'agriculture,  du  commerce  et  de  l'industrie  dans  la 
province  de  Luxembourg,  pendant  les  années  1877  et  1878.  Ibid.,  1879. 

232  pp.  et  tableaux. 

—  Chambre  de  commerce  et  des  fabriques  d'Arlon.  —  Compte-rendu 
des  Travaux  et  de  la  situation  pendant  l'année  1879.  Ibid.,  18S0. 

53  pp. 


79  pp. 


en  1880.  Ibid.,  1881. 
en  1881.  Ibid.,  1882. 


74  pp. 


107.  —  Charles  par  la  grâce  de  Dieu  Empereur  des  Romains...  Duc..., 
de  Luxembourg...  (A  la  fin  :)  Siir  l'Imprimé  à  Bruxelles.  A  Ljc.xemboicrg, 
chez  André  Chevalier,  Imprimeur  de  Sa  M.  I.  &  Cath.  s.  d. 

Pet.  in-40,  de  7  pp.;  armoiries  en  tête  de  la  f®  page. 

Ordonnance  relative  aux  Mendians,  VaguhoiiJs  &  Ge/is  sa/!s  iveu,  datées  de  Bru.xelles  le 
12  Jam'ier  l'an  de  grâce  1734. 

108.  —  Charles-Alexandre,  Duc  de  Lorraine  et  de  Bar,  Chevalier  de 
l'Ordre  de  la  Toison  d'oi.  Maréchal  des  Armées  du  Saint  Empire 
Romain  &  de  celles  de  Sa  Majesté  l'Impératrice-Reine  de  Hongrie  &  de 
Bohême  etc.  Son  Lieutenant  Gouverneur  &  Capitaine  Général  des  Pays- 
Bas,  etc.,  etc.  (A  la  fin  :)  A  Lu.xemboiirg,  chez  l'héritier  d' André  Cheva- 
lier, vivant  Imprimeur  de  Sa  Majesté  l' Impératrice-Reine  (1752). 

Pet.  in-4°,  de  3  pp.;  armoiries  en  tête  de  la  i^^  page. 

Ordre  d'adjuger,  dans  tous  les  procès  qui  sont  encore  indécis,  les  intérêts  de  la  demeure  judi- 
ciaire au  denier  vingt  argent  courant,  en  réduisant  le  pri.x  &"  l'estimation  du  principal  en 
argent  de  change. 

109.  —  La  chasse  au  coq  de  bruyère.  Récit  de  chasse  dans  les  Ardennes, 
histoire  naturelle  de  diverses  espèces  de  tétras,  leurs  mœurs,  les  lieux 

16 


—  230  — 

qu'ils  habitent,  l'art  de  les  chercher,  de  les  tirer,  de  les  élever  en  volière. 
Lit'ixf,  Renard,  18()0. 
In-l-J,  df  VUl  —  158  pp. 

1 10.  —  Château  d' Ansembourg,  Gr^  Duché  de  Luxembourg. 
Lithographie. 

m.  —  Le  Château  de  Bouillon  (Texte  et  gravure). 

Dans  le  Magasin  belge,  universel  et pittore?,que...  Bruxelles,  1838,  pp.  117-118. 

1 12.  —  Le  Château  de  Rosister,  ballade.  —  A  Monsieur  Rasse. 

Dans  les  Préludes  poétiques,  par  Léon  Wocquier...  Bruxelles  et  Louvain,  1842,  in-18, 
pp.  45-54. 

113. —  Le  Château  de  Rosister,  légende  ardennaise,  par  Léon  Woc- 
quier, secrétaire  de  la  Société  littéraire  de  l'université  de  Louvain.  — 
Liège,  Félix  Oitdart,  éditeur  de  la  Revue  de  Liège.  —  1845.  {Typogra- 
phie de  Félix  Oudart.) 

In-8o,  de  2  ff.  et  43  pp.  —  Extrait  de  la  Revue  de  Liège. 

114.  —  Chemin  de  fer  central  des  Ardennes  belges.  —  Notes  pour  faire 
suite  au  mémoire  publié  à  l'appui  du  projet,  le  21  mars  1859. —  Bruxelles, 
Imprimerie  de  Th.  Le&igjie,  faubourg  de  Louvain.  —  1860. 

In-8°  de  44  pp.  avec  une  carte. 

115.  —  Chemin  de  fer  de  Givet  à  Athus  (par  Brassine).  —  Bruxelles, 
Office  de  publicité.  Imprimerie  de  A.-N.  Lebègue  et  Compagnie,  rue 
Terrarcken,  6.  —  1870. 

In-12de36  pp. 

116.  —  Chemin  de  fer  de  la  Grande  Compagnie  du  Luxembourg. 

Dans  Y AnJiuaire  spécial  des  chemins  de  fer  belges,  par  Fêli.x  Loisel.  Bruxelles  et  Paris, 
1867,  in-8°,  pp   480-499. 

117.  —  Chemin  de  fer  du  Luxembourg.  Concession.  Document.  Bru- 
xelles, 1846. 

118.  —  Chemin  de  fer  du  Luxembourg.  —  Rapport  de  la  Députation 
permanente  du  Conseil  provincial.  —  Arlon,  Imprimerie  de  P.- A.  Briick, 
(1850),  in-4°. 

119.  —  Chemin  de  fer  du  Luxembourg  reliant  la  Meuse  belge  à  la 
Moselle  française  et  allemande,  à  Metz  et  à  Trêves.  —  Premier  mémoire 


—  231  — 

à  l'appui  du  projet.  Demandeur  en  concession  :  John  Piddington  et  O^. 
Brîcxelles,  Imprimerie  de  Deltombe,  rue  N.-D.-aux-Neiges,  36.  —  1845. 

In-40,  de  2  fF.  et  28  pp.,  carte. 

120.  —  Chronique  luxembourgeoise.  —  Othfried  le  Saxon.  Par  Léon 
Wocquier. 

VidiVi%  La  Revue  de  Liège.  Liège,  Félix  Oudart,  1845,  in-S»,  t.  III,  pp.  173-197,  251-268, 
481-514,  567-595. 

121.  —  Les  Chroniques  de  l'abbaye  d'Orval,  par  M.  Jeantin.  Nancy, 
1850,  in-8°,  figures. 

122.  —  Les  Chroniques  de  l'Ardenne  et  des  Woëpvres,  ou  revue  et 
examen  des  traditions  locales  antérieures  au  onzième  siècle,  pour  servir 
à  l'histoire  de  l'ancien  comté  de  Chiny,  par  M.  Jeantin,  Président  du 
Tribunal  civil  de  Montmédy,  Chevalier  de  la  Légion  d'Honneur,  Membre 
de  la  Société  Royale  Grand-Ducale  pour  la  recherche  et  la  conservation 
des  Monuments  historiques  du  Luxembourg,  correspondant  du  Comité 
du  Musée  historique  Lorrain,  et  de  la  société  Philomatique  de  Verdun. 
Paris,  L.  Maison,  libraire,  me  Christine,  3.  —  Nancv,  Grimblot  et  V^ 
Ravbois,  imprimeurs-libraires.  Place  du  Peuple,! ,  et  rue  Saint- D izier ,  125. 
185 L  (Nancy,  imprimerie  de  veuve  Ravbois  et  comp.). 

2  vol.  in-8o,  de  10  —  XXIX  —  594  et  XIII  —  623  pp.,  figures  lithographiées. 

123.  —  Chroniques  historiques  et  traditions  populaires  du  Luxembourg. 
—  Indutiomar.  (54-52  av.  J.  C).  Par  Léon  Wocquier. 

Dans  la  Revue  de  Bruxelles.  Nouvelle  série.  Bruxelles  et  Louvain,  1842,  in-8,  t.  I, 
pp.  195,  286  et  366 

124.  —  Chronologie  historique  des  comtes  de  Salm,  en  Ardennes. 

Dans  les  Nouvelles  Archives  historiques  des  Pays-Bas,  publiées  par  le  baron  de  Reiffenberg. 
Bruxelles,  C.-J.  de  Mat,  1332,  t.  VI,  p.  40. 

125.  —  Chronologische  Uebersicht  der  Geschichte  der  Stadt  und  des 
Groszherzogthums  Luxemburg.  Lu.xemburg,  1827,  in-12. 

Par  Pierre-Dominique  Joachim. 

126.  —  Chronologische  Uebersicht  der  Stadt  und  des  Groszherzog- 
thums Luxemburg,  von  Maeysz   1819,  in- 18 

127.  --  Circulaire  du  Ministre  des  Finances,  sur  la  Contribution  fon- 
cière. Circular  des  Ministers  ûber  die  Grund-Steur.  —  A  Ltixembourg,  de 
l'Imprimerie  du  Département,  rue  du.  Curé,  w"  422,  in-4°. 

Cette  circulaire,  adressée  aic.x  Admitiistrateurs  du  Départemejit  des  Forêts,  est  datée  de 
Pari^,  le  19  Fructidor,  an  k,  de  la  République  une  et  indivisible. 


—  2^2  — 

128.  -  La  Clef  de  Saint  Hubert. 

Dans  Le  Mag,isin  pittoresque,  Paris,  1871,  t.  XXXIX,  p.  52. 
Extrait  du  Traite  des  superstitions,  par  l'abbé  Thiers. 

129.  —  Club  des  Sangliers  réunis.  Règlement  voté  en  séance  obliga- 
toire du  1^^  décembre  1872.  (Bruxelles,  1872). 

Autographie,  de  2  pp.  in-4".  —  Au-dessous  du  titre  se  trouve  un  dessin  représentant 
une  tète  de  sanglier. 

Voici  le  début  de  ce  règlement  : 

Art.  1.  II  existe  à  Bruxelles  une  société  sous  le  nom  de  Club  des  Sangliers  réunis. 

But.  Art.  2.  Son  but  est  de  réunir  à  certains  jours  les  frères  luxembourgeois  exilés  à 
Bruxelles,  afin  qu'ils  puissent  se  connaître,  s'amuser  entre  eux  et  s'entretenir  du  pays 
absent. 

Membres.  Art.  3.  Les  fils  des  forêts  luxembourgeoises  peuvent  seuls  faire  partie  du  club. 

130.  —  Commission  royale  pour  la  publication  des  anciennes  lois  et 
ordonnances.  —  Annexes  au  procès-verbal  de  la  séance  du  9  février  1847. 
—  Annexe  n°  1 . 

Premier  rapport  de  M.  Gachard  (sur  les  anciens  titres  de  la  ville  de 
Virton*  à  partir  de  l'année  1270). 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  17  mars  1847,  pp.  689-690. 

131 .  —  Des  Comtes  de  Durbuy  et  de  La  Roche  aux  XP  et  XIP  siècles,, 
par  S.  P.  Ernst,  publié  par  Ed.  Lavalleye.  Liège,  1836,  in-8°. 

132.  —  Les  Comtes  de  Vianden,  ou  de  Vienne,  ancêtres  du  roi  des 
Pays-Bas.  Par  M.  Nothomb. 

Dans  la  Revue  belge,  1830. 

133.  —  La  Confrérie  des  vivants  et  des  morts,  érigée  d'autorité  aposto- 
lique en  l'église  de  N.  Dame  de  Foy,  à  Thonelle,  diocèse  de  Trêves,  et 
pays  de  Luxembourg,  par  fr.  Gilles  de  Montmédy.  Bruxelles,  Godefr. 
Schovaerls,  1638,  in-8°. 

134.  —  Conseil  provincial  du  Luxembourg.  —  Question  :  Y  a-t-il  lieu 
de  rendre  les  assurances  contre  les  risques  d'incendie  obligatoires  pour 
tous  les  habitants  et  d'en  confier  le  monopole  au  Gouvernement  ?  — 
Arlon,  iviprimerie  de  P.- A.  Briick  (1845). 

In-80,  de  30  pp. 

135.  —  Conseils  provinciaux.  Luxembourg.  Séance  du  7  juillet  1846. 

Dans  Z«  Moniteur  belge.  Bruxelles,  13  juillet  1846,  pp.  133-135. 

—  Séance  du  9  juillet  1846. 

Ibid.,  16  juillet  1846,  p.  174. 


—  Séance  du  10  juillet  1846. 

/iid.,  18  juillet  1846,  pp.  197-198. 

—  Séance  du  11  juillet  1846. 

Ibid.,  28  juillet  1846,  pp.  295-297. 

—  Séance  du  6  juillet  (1847). 

Ibid.,  10  juillet  1847,  p.  1719. 

—  Séances  des  8  et  9  juillet  (1847). 

Ibid.,  14  juillet  1847,  p.  1800. 

—  Séance  du  10  juillet  (1847). 

Ibid.,  16  juillet  1847,  p.  1834. 

—  .......  Séances  des  12  et  13  juillet  (1847). 

Ibid.,  pp.  1847-1851. 

—  Séance  du  18  juillet  1848. 

Ibid.,  22  juillet  1849,  p.  1961. 

—  Séances  des  19,  20,  21,  22  et  24  juillet  1848. 

Ibid.,  28  juillet  1848,  pp.  2038-2042. 

—  Séance  du  25  juillet  1848. 

Ibid.,  29  juillet  1848,  pp.  2055-2056. 

—  Séance  du  26  juillet  1848. 

Ibid.,  11  août  1848,  p.  2246. 

136.  —  Considérations  au  sujet  de  la  découverte  de  tombeaux  anti- 
ques, à  Holsthum,  dans  le  Luxembourg.  Par  F.  J.  F.  Marchai. 

Dans  les  Bulletins  de  l'Acad.  de  Belgique,  t.  VI,  1839. 

-137.  _  Quelques  Considérations  sur  les  cimetières  de  la  province  de 
Luxembourg,  en  1872.  Par  Antoine  Valérius. 

Dans  le  Joicrnal  de  médecine,  de  Bruxelles,  octobre  1872. 

138.  —  Conspectus  Florae    cryptogamicae  magni  ducatus  Luxembur- 
gensis. 

Par  Louis  Marchand. 

l;}9.  _  Contestations  territoriales  avec  la  France.  Provinces  de  Lu- 
xembourg &  de  Namur.  —  Contestations  entre   les  Pays-Bas  &  l'état  de 


—  234  — 

Liège.  Contestations  territoriales.  Terre  et  abbaye  de  Saint-Hubert.  Nas- 
sogne.  Souveraineté  de  la  rivière  d'Ourte.  —  Du  conseil  de  Luxem- 
bourg. —  Des  états  de  Luxembourg. 

Dans  les  Mémoires  historiques  et  politiques  des  Pays-Bas  autrichiens  f^par  le  comte  de 
Nénv).  —  Nouvelle  Edition,  rej'ue,  corrigée  &  considérablement  augmejitée .  A  Bruxelles.  — 
M.  UCC.  LXXXV,  in-8«,  pp.  179-182,  220-222,  2(57  268,  294-297. 

140.  —  Conversion  du  général  d'Alton  aux  Ardennes.  1789. 

141.  —  Correspondance  sur  la  situation  économique  et  industrielle  de 
la  province  de  Luxembourg.  Par  Emile  Tandel,  commissaire  de  l'arron- 
dissement d'Arlon-Virton. 

Dans  VEconoiniste  belge,  1859-18(50. 

142.  —  Les  Courans  des  riviers  (sic)  de  Meuse,  de  Mozel  &  de  la  Sar 
où  se  trouvent  le  Luxembourg  &  l'archevêché  de  Trêves,  partie  de  Lim- 
bourg,  du  Palatinat,  du  Duché  des  Deux-Ponts,  de  la  Lorraine,  &  du 
Pays-Maissain,  etc.  Dressé  par  L  B.  Nolin,  Geografe  ord  :  du  Roy.  A 
Paris,  chez  l'Auteur,  rue  Saint- lacqties  à  l'enseigne  de  la  place  des  Vic- 
toires. Avec  Privilège  du  Roy.  Et  presentein^  chez  Moudhard  &  Jean,  rue 
St-Jeaji  de  Beauvais.  1787. 

In-folio  piano. 

143.  —  Cour  d'appel  de  Bruxelles.  —  Mémoire  en  réplique  pour  la 
Société  du  Luxembourg,  appelante,  sur  la  partie  principale  de  ses  conclu- 
sions, relative  à  la  résiliation  du  contrat  de  concession,  avec  dommages- 
intérêts  ;  en  cause  contre  l'Etat-Belge.  — Bruxelles.  Imprimerie  de  P. -M. 
De  Vroom.  1843. 

In-4'>,  de  29  pp. 

La  couverture  porte  :  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  Réplique  pour  la   Société  du  Lu.xem- 
bourg. 
■  Ce  Mémoire  es,i  signé  :  jf.  Barbanson,  avocat,  et  L.-J.  Ramvct,  avoué. 

144.  —  Cour  d'Appel  de  Liège.  Mémoire  pour  Jean-Pierre  Sampaix- 
Collin,  à  Izel,  contre  Charles  Printz  &  C'%  banquiers  à  Arlon.  Bruxelles, 
Parent  {ISU),^-^^. 

145.  —  Cour  d'Assises  de  Namur.  Affaire  de  Tornaco. 

Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles  H.  Remy,  7,  8,  9,  12,  13  et  14  septembre  1832,  pp. 
1101,  1106, 1110,  1122,  1125,  1130. 

146.  —  Les  Coutumes  de  Luxembourg  Z«.v^;;/i'c»//7-^,  Pierre  Reulandt, 
1623,  in-4°. 

—  Coutumes  des  pays,  duché  de  Luxembourg  et  Comté  de  Chiny,  par 
M.-N.-J.  Leclercq,  procureur  général  près  la  cour  de  cassation,  président 


—  235  — 

de  la  commission  royale  pour  la  publication  des  anciennes  lois  et  ordon- 
nances de  la  Belgique.  — Bruxelles.  Fr.  Gobbaerts,  imprimeur  du  Roi, 
successeur  d'Emm.  Devroye,  rue  de  Louvain,  40. — 1867-1869,  2  vol.  in-4°. 

De  la  collection  intitulée  :  Recueil  des  anciennes  coutumes  de  la  Belgique. 

—  Coutumes  générales  des  pays  duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chiny.  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier,  Imprimeur  et  Libraire  or- 
dinaire du  Roy,  &  dit  Conseil  Provincial  de  Luxembourg.  M.  DC.  XCII. 
Par  Ordre  exprés  dudit  Conseil. 

Petit  in-12,  de  115  pp.,  plus  3  pp.  non  chiffrées  pour  la  Table. 

On  trouve  à  la  suite  de  ces  Coutumes  : 

Ordon?ia?ice  et  Edit perpetxiel  des  Archiducs  Nos  Princes  Souverains.  Pour  meilleure  direc- 
tioti  des  affaires  de  la  justice  en  leur  Pays  de  par  deçà.  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier, 
Imprimeur  &  Libraire  ordinaire  du  Roi,  &  du  Conseil  Provincial  de  Luxembourg.  — 
M.  DCXCII   Par  Ordre  exprés  dudit  Conseil. 

Pet.  in-12,  de  43  pp. 

—  Coutumes  générales  des  pays  duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chiny.  —  A  Lu.xembourg,  chez  André  Chevalier,  Imprimeur  &  Libraire 
ordinaire  du  Rov  &  du  Cofiseil  Provincial  de  Luxembourg.  M.  DC.  XCIL 
Par  Ordre  exprc's  dudit  Conseil. 

Pet.  in-12,  de  115  pp.,  plus  3  pp.  non  chiffrées  pour  la  Table. 

Cette  édition,  aussi  datée  de  1692,  diffère  de  la  précédente  quant  aux  caractères  du  ti- 
tre et  aux  fleurons.  Elle  est  également  suivie  de  l'Ordonnance  ei  Edit  perpétuel  des  Archi- 
ducs A^os  Princes  Souverains.  Pour  meilleure  direction  des  affaires  de  la  lustice,  en  leurs  Pais 
de  par  deçà. 

—  Coutumes  générales  des  Pays  Duché  de  Luxembourg  et  Comté  de 
Chinv.  —  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier,  Imprimeur  et  Libraire 
ordinaire  du  Roi  et  du  Conseil  provincial  de  Luxembourg.  (Sans  date.) 

Pet.  in- 80,  de  118  pp. 

147.  —  La  Croix  d'Orval.  Paris,  1866,  in-8°. 


148.  —  Déclaration  de  Son  Altesse  Serenissime  Electorale  nôtre  Souve- 
rain. Réglant  le  Stile  des  Procédures  concernant  ses  Domaines  &  autres 
Droits  du  Duché  de  Luxembourg  &  Comté  de  Chiny,  tant  en  première 
instance,  qu'en  Cause  d'Appel.  Du  dix-sept  septembre  \1\\.-  A  Luxem- 
bourg, chez  André  Chevalier,  Imprimeur  de  Son  Altesse  Electorale, 
&  Marchand-Libraire  (171 1). 

Pet.  in-4'',  de  9  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

149.  —  Décret  qui  dépose  deux  professeurs  en  théologie  (Ouenon  et 
Havelange)  dans  le  séminaire  de  Luxembourg.  Bruxelles,  19  novembre 
1787.  in-8°. 


—  236  — 

150.  —  Déduction  de  droit  pour  JVIessire  Frédéric  comte  d'Eynatten 
Seigneur  de  Harcé,  etc.  Résument  &  Revident.  Contre  la  Dame  Comtesse 
Douarière  de  Thun,  Epouse  en  seconde  Noces  à  Messire  Robert  Tappa- 
rel  Comte  de  Lagnasco,  Inthimée.  (Par  E.  Moncornet.)  5.  /.  n.  d.  (1727  ?) 

Pet.  in-fol.,  de  79  pp. 

On  lit  à  la  page  37  :  «  ...  La  Belle-Mere  du  Rcvideut  {com\e^?,e  de  Thun)  a  joui  paisible- 
ment de  la  Terre  de  Harcé  &  en  même  temt  de  celle  de  Kocrick,  jusqu'au  tems  de  la 
confiscation  de  ces  deux  Terres  au  proffit  du  Roi  de  France  l'an  169.5...  » 

Les  seigneuries  de  Harzé  et  de  Koerich  faisaient  partie  du  duché  de  Lu.xembourg. 

151.  —  LaDeffaite  de  plusieurs  troupes  françoises  en  Lorraine,  duché 
de  Luxembourg,  comtez  de  Namur  et  de  Flandres.  Lille,  Pierre  de  Rache, 
1635,  in-i°. 

152.  —  Deffense  des  droicts  du  roy  catholique  Charles  II,  en  qualité  de 
duc  et  prince  souverain  de  Luxembourg.  Wiirtzbourg,  1(372,  in- 18. 

153.  —  Défense  du  comté  de  Chiny,  contre  la  France.  1683,  in-16. 

(Bibli»theca...  Carolus  Major,  pars  11^  n°  7184.) 

154.  —  Défrichement  des  bruyères  dans  la  province  de  Luxembourg. 
Arlon,  in-4". 

155.  —  Das  Denkmal  der  Diana  in  Kanton  Echternach,  beschrieben 
und  beurtheilt  von  M.  F.  J.  Mùller.  Trier,  s.  d.,  in-4°. 

156.  --  Le  Départ  des  volontaires  pour  Luxembourg.  Prière  adressée  à 
la  Sainte  Vierge,  depuis  le  commencement  de  nos  troubles  (1790). 

In-8o,  de  4  pp. 

157.  —  Le  Dernier  Jour  de  Clairefontaine  (par  Marcellin  La  Garde) 
Bruxelles,  Périchoii,  1850,  in-8°. 

Voy.  le  Bulletin  d,:  la  Société  des  gens  de  lettres  belges,  1850,  p.  84. 

—  Le  Dernier  Jour  de  Clairefontaine,  épisode  de  l'invasion  française 
dans  le  Luxembourg  en  1794,  par  Marcellin  La  Garde.  Digitus  Dei  est 
hic.  —  Bruxelles,  librairie  de  Philippe  Hen,  rue  de  l'Empereur,  n°  22.  — 
1856.  (Hasselt.  Imprimerie  de  J.  V.  Finoulst.) 

ln-8o,  de  138  pp.,  avec  une  planche  (lithographiée  chez  /.  Bourger,  à  Arlon)  représen- 
tant les  Ruiiies  de  Clairefontaine. 

Ce  roman  a  été  publié  également  à  Arlon  dans  V Echo  du  Luxembourg,  numéros  du 
17  avril  au  11  mai  1862  inclus. 

158.  —  Les  Derniers  Bénédictins  de  Saint-Hubert.  Par  Van  Eck. 

Dans  la  Revue  de  Belgique.  Bruxelles,  Emile  Lelong,  1846,  t.  I,  p.  153-160. 


—  237  — 

159.  —  Description  des  fossiles  des  terrains  secondaires  de  la  province 
de  Luxembourg,  par  MM.  F.  Chapuis  et  G.  Dewalque.  Bruxelles,  1854, 
in-4°,  avec  38  pi. 

Extrait  des  Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  savants  étrangers,  publiés  par  l' Académie 
royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique,  t.  XXV,  1854. 

160.  —  Description  du  Jubilé  de  l'an  1781,  Luxembourg,  1782,  pet. 
in-8°,  fig. 

161.  —  Description  d'un  monument  connu  sous  le  nom  de  Tron  des 
Fées,  près  de  Virton.  Par  J.  P.  J.  Dumont. 

Dans  les  Annales  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique.  Anvers,  1844. 

162.  —  Description  géognostique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg, 
suivie  de  considérations  économiques  sur  ses  richesses  minérales;  par 
M.  A.  Engelspach-Larivière.  Bruxelles,  Havez,  1828,  in-4°. 

Extrait  des  Mémoires  couronnés  par  l' Académie  royale  des  sciences  et  belles-lettres  de 
Bruxelles,  t.  VII,  1828. 

163.  —  Description  géologique  de  la  partie  septentrionale  de  la  pro- 
vince de  Luxembourg,  par  M.  Ch.  Clément.  Bruxelles,  Van  Dooren,  1849. 

In-8°,  de  30  pp.,  avec  1  pi. 

Extrait  des  Annales  des  Travaux  publics  de  Belgique,  t.  VIII. 

16i.  —  Deux  armées  de  France,  l'une  à  Perpignan,  &  l'autre  à  Luxem- 
bourg (1542).  —  L'Empereur  (Charles  V)  prend  Luxembourg  (1544). 

Dans  V  Histoire  de  l'Empereur  Charles  V.  Par  Don  Jean  Antoine  de  Ver  a  et  Figueroa, 
Comte  de  La  Roca,  etc.  Traduite  d'Espagnol  en  François  par  le  Sieur  Du  Perron  le  Hayer,  etc. 
Reveïte  &  corrigée  par  A.  F.  D.  M.  &  Ch.  de  Wal.  A  Bruxelles,  chez  François  Foppens 
Imprimeur  &  Libraire,  au  S.  Esprit.  M.DC.LXVII,  pet.  in-12,  pp.  2.ô0  et  2.56. 

165.  —  Dictionnaire  avec  des  notices  biographiques  et  bibliographiques 
de  tous  les  membres  du  corps  médical  luxembourgeois  pendant  le 
XIX^  siècle,  par  N.  Liez,  pharmacien,  membre  de  la  Société  Botanique 
et  des  trois  sections  de  l'Institut  Royal  Grand  Ducal  de  Luxembourg.  — 
1886.  —  Avec  une  biographie  du  docteur  Félix  Schaan.  Luxembourg, 
Imprimerie  Veuve  Michel  Bourger-Blum. 

Pet.  in-8°,  de  III  et  167  pages. 

166.  —  Dictionnaire  géographique  du  Luxembourg  ;  par  Ch.  Vander- 
maelen,  chevalier  de  Pordre  Léopold,  membre  de  l'Académie  royale  des 
sciences  et  belles-lettres  de  Bruxelles,  de  l'Académie  royale  des  sciences 
de  Turin  et  de  Lucques,  des  Sociétés  de  géographie  de  Paris  et  de 
Londres,  de  la  Société  géologique  de  France,  de  la  Société  Française  de 
statistique  universelle,  de  l'Académie  de  l'industrie  agricole,  manufactu- 
rière et  commerciale,  de  la  Société  des  sciences  physiques,  chimiques  et 
arts  industriels  de  France,  de  celle  d'histoire  naturelle  de  Vétéravie, 


—  238  — 

correspondant  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Liège,  de  la  Société 
impériale  et  royale  arétine  d'Aresso,  des  Sociétés  de  statistique  de 
Londres,  de  Marseille  et  du  royaume  de  Saxe,  de  la  Société  des  sciences, 
lettres  et  arts  d'Anvers,  de  celle  des  sciences  naturelles  et  médicales  de 
Bruxelles,  membre  honoraire  de  la  Société  royale  de  Navigation  de 
Londres  et  de  la  Société  royale  des  antiquaires  du  Nord  et  de  Copenhague^ 
correspondant  de  la  Société  provinciale  des  sciences,  des  arts  et  des 
lettres  du  Hainaut,  et  de  la  Société  royale  des  sciences,  de  l'agriculture 
et  des  arts  de  Lille,  de  la  Société  géologique  de  Londres,  et  du  lycée 
d'histoire  naturelle  de  New-Yorck,  membre  honoraire  du  conseil  de  salu- 
brité publique  de  Bruxelles,  auteur  de  l'atlas  universel  en  400  feuilles,  et 
de  l'atlas  de  l'Europe  en  165  feuilles. 

Le  docteur  Meisser,  professeur  de  l'université  de  Bruxelles,  secrétaire- 
perpétuel  de  la  Société  des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles, 
membre  de  la  Société  géographique  de  Paris,  membre  fondateur  de  la  So- 
ciété Cuviérienne, membre  de  l'académie  des  sciences  de  Madrid,  membre 
correspondant  du  cabinet  provincial  de  minéralogie  et  produits  industriels 
du  Hainaut,  etc.,  est  chargé  de  la  rédaction  et  de  la  correspondance. 
Bruxelles,  à  l'Etablissement  géographique,  faubourg  de  Flandre.  — 
1838.  (Bruxelles.  —  imprimerie  encyclographique ,  rue  de  Flandre,  n"  155). 

In-S",  de  2  ff.,  282  pp.,  1  f.,  210  pp.,  et  2  flf. 

167.  —  Dictionnaire  roman,  valon,  celtique  et  tudesque,  pour  servir  à 
l'intelligence,  des  anciennes  Lois  et  Contrats,  des  Chartes,,  Rescripts, 
Titres,  Actes,  Diplômes  et  autres  Monumens  tant  ecclésiastiques  que 
civils  et  historiques,  écrits  en  langue  Romance  ou  Langue  Françoise 
ancienne.  Par  un  Religieux  Bénédictin  de  la  Congrégation  de  S.  Vannes 
(Dom  Jean  François),  Membre  de  plusieurs  Académies.  A  Bouillon,  de 
l'Imprimerie  de  la  Société  Typographique.  M.DCC.LXXVIL 

In-4'>,  de  XII  et  346  pp. 

168.  —  Dictionnaire  wallon-français  à  l'usage  des  habitants  de  la  pro- 
vincede  Luxembourg  et  des  contrées  voisines,  par  J.-B.  Dasnoy,  géomètre 
du  cadastre.  Ncufchâteau,  chez  l'auteur ,  1858. 

In-18,  de  .509  pp. 

169.  —  Diplôme  de  l'empereur  et  roi,  donné  à  Luxembourg,  le  6  juin 
1789,  in-8°. 

470.  —  Discours  de  consolation  pour  M"'^  Agnès,  née  comtesse  de 
Mérode,  au  sujet  de  la  mort  de  Jean  d'Allamont,  son  fils,  gouverneur  de 
Montmédy.  In- 18. 

(Bulletin  du  /iouquinistr.  Paris,  A   Aubry,  18(38,  t.  XXIV,  p.  389.) 

Jean  d'Allamont,  seigneur  de  Malandry,  baron  de  Buzy,  fut  tue  sur  les  remparts  de 
Montmédy,  le  4  août  1657. 


-  239  — 

171.  —  Discours  de  M.  Barreau,  après  la  distribution  des  prix  faite  à 
/école  normale  de  Luxembourg. 

Dans  la  Bibliothèque  des  Instituteurs...  Mons,  H.  J.  Hoyois.  182(i,  p.  404. 

172.  —  Discours  de  M.  Muller,  lors  de  la  distribution  des  prix  aux 
élèves  de  l'athénée  de  Luxembourg. 

Ibid.,  1826,  p.  .325. 

173.  —  Discours  de  M.  Trausch,  avant  la  distribution  des  prix  faite  à 
l'école  normale  de  Luxembourg. 

Ibid.,  1826,  p.  398. 

174.  —  Discours  en  forme  de  dissertation  sur  l'établissement  des  bour- 
ses attachées  à  l'Athénée  de  Luxembourg.  Par  P.  D.  Joachim. 

Dans  le  Journal  de  Luxembourg,  31  août  1836. 

175.  —  Discours  et  cantique  à  la  L.-.  la  Réconciliation  de  Bouillon, 
par  L.  Defrenne.  5841  (1841). 

(Catalogue  des  livres...  de  jf.  B.  Th.  de  Jonghe.  Bruxelles,  1861,  t.  II,  n»  3986.) 

176.  —  Discours...  pour  Mad.  d'Allamont  de  Malendrie^  à  la  mort  de 
son  fils,  par  de  Demkercke  de  Villecle3^  Bruxelles,  1657,  in-4". 

177.  —  Discours  prononcé  sur  la  tombe  du  major  Nothomb,  par  le 
colonel  du  1^"^  régiment  de  ligne. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  1"  décembre  1848,  p.  3546. 
Ferdinand  Nothomb  était  né  à  Esch-sur-l'Alzette,  le  30  mai  1811. 

178.  —  Discours  prononcés  aux  distributions  des  prix  des  athénées 
royaux.  Athénée  royal  d'Arlon.  Discours  de  M.  le  bourgmestre.  —  Dis- 
cours de  M.  Manbour,  préfet  des  études. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles  22  août  1852,  pp.  2504-2505. 

179.  —  Disposition  du  traité  de  Vienne  du  31  mai  1815,  concernant  la 
forteresse  et  le  grand-duché  de  Luxembourg.  —  Adresse  de  félicitations 
au  roi  (Guillaume  I"),  de  la  part  de  35  curés  du  Luxembourg. 

Dans  V Histoire  du  royaume  des  Pays-Bas,  depuis  iSlA  jusqu'en  1830,...  /ar  E.  C.  de  Ger- 
lache.  Bruxelles,  Hayez,  1839,  in-8'',  t.  I.  pp.  287-288,  et  t.  II,  pp.  58-60. 

180.  —  Dissertation  historique  et  critique  sur  la  Maison  royale  des 
comtes  d'Ardennes,  par  S.  P  Ernst,  chanoine  régulier  de  l'abbaye  de 
Rolduc,  publié  par  P.  F.  X    de  Ram,  Membre  de  l'Académie  royale  de 


—  240  — 

Belgique  et  de  la  Commission  royale  d'histoire.  Bruxelles,  M.  Hayez, 
iviprimciir  de  l'Académie  royale  de  Belgique.  —  1858. 

In-S'\  de  164  pp.  —  E.\trait  du  t.  X,  n°2,  2""'  série,  des  Bulletins  de  la  Commission  royale 
ifhisloirr. 

ISl.  -  Dissertation  raisonnée  sur  les  meilleurs  moyens  de  fertiliser  les 
landes  de  la  Campine  et  des  Ardennes,  sous  le  triple  point  de  vue  de  la 
création  de  forêts,  de  prairies  et  de  terres  arables,  en  réponse  à  l'une  des 
questions  du  programme  de  1846  de  l'Académie  royale  des  sciences,  des 
arts  et  des  lettres  de  Bruxelles,  classe  des  sciences;  par  J.-B.  Bivort. 
Bruxelles,  Hayez,  1846. 

In-4'>,  de  60  pp.  —  Extrait  des  Mémoires  couronnés  Je  l'Académie  des  sciences,  etc.,  t.  XXI. 

182.  —  Dissertation  sur  les  meilleurs  moyens  de  fertiliser  les  landes  de 
la  Campine  et  des  Ardennes,  sous  le  triple  point  de  vue  de  la  création  de 
forêts,  de  prairies  et  de  terres  arables;  par  M.  Ch.  Du  Trieu  de  Terdonck. 

Dans  les  Mémoires  couronnes  et  Mémoires  des  savants  étrangers,  publiés  par  l' Académie 
royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique,  t.  XXI,  1847. 

183.  —  Don  d'une  somme  de  400  livres  fait  par  les  Etats  de  Bretagne  à 
un  sieur  de  Saint-Hubert,  qui  prétendait  avoir  le  pouvoir  de  guérir  de  la 
rage. 

Dans  le  Bulletin  du  Comité  de  la  langue,  de  l'histoire  et  des  arts  de  la  France.  Paris,  im- 
pritnerie  impériale,  1854,  t.  II,  pp.  71-72. 

184.  —  D.  Gonçales  de  Cordoua  logé  avec  son  armée  dans  Yuoy  à  vne 
lieue  de  Mouzon  (1622). 

Dans  Le  hvictiesme  tame  dv  Mercure  français,  ov,  suit  te  de  l'Histoire  de  nostre  temps,  sous 
le  reg?ie  dît  Tres-Chrestien  Roy  de  France  &  de  Nauar^e,  Lovys  XII L  Contenant  l' Adjonction 
à  l'Amiee  M.  DC.  XXI. Ce  qui  s' est  passé  l'An  M.  DC.  XXII.  Et  le  commencement  de  l'Année 
M.  DC.  XXIII.  A  Paris,  chez  lean  &  Estienne  Richer,  riie  Sainct  lean  de  Latran  à 
l'Arbre  verdoyant  :  Et  au  Palais  sur  le  Perron  Royal.  —  M.  DC.  XXIII.  Avec  privilège 
dv  Roy,  in-12,''pp.  735-736. 

185.  —  Don  Juan  d'Autriche  arrive  à  Luxembourg  (4  novembre  1576). 

Dans  l'Histoire  des  troubles  des  Pays-Bas,  sous  Philippe  II,  par  Vanderrynckt.  Bruxelles, 
Hublou,  M.  DCCC.  XXII,  t.  Il,  pp.  380-390. 

186.  —  Droits  de  foires  à  Bertrix  (1661  ?) 

Tarif.  —  En  placard. 

187.  —  Ducatus  Luceburgii,  divisus  in  Regionem  Germanicam  & 
Wallonicam,  porro  etiam  in  Ducatum  Bulonium,  Comitatus  Salmiae.  & 
Viandîe;  pneposituras  Luceburgii,  Arluni,  &  Bastonaci  ;  &  Toparchias 
Eschiae,  Miremundiœ,  &  Orchemundiae  Accuratissime  expresserunt  &  in 
lucem  ediderunt  Gerardus  &  Leonardus  Vale,  cum  Priv.  5.  /.  n.  d . 

Carte  in-folio  piano. 


-_  241  — 

188.  —  Ducatus  Lutzenburgici  tabula  nvperrime  in  lucem  édita  per 
Fredericum  de  Wit.  /'  Amslerdani  by  Fredrick  de  Wit  bide  Calverstraet 
by  den  dajti  inde  Witte  Pascaert.  S.  d. 

Carte  in-folio  piano. 

189.  —  Ducatus  Luxemburg  distinctis  Limitibus  Majorum  &  Minorum 
Ditionum  exacte  designatus  &  in  lucem  editus  a  Mattœo  Seutter,  Sac. 
Cces.  Majest.  Geogr.  Augusta  Vindel.  —  Renoviert  A°  1780.  Cujti  Gratia 
cfc  Privil.  S.  R.  I.  Vicariato  i?i  partibo  Rheni  Sisevice  A  Jiiris  Franco n.  — 
Zuff  in  Augsburg  bey  lohan.  Michael  Probst  Kunsthander.  G.  Mattfi. 
Seutter  junior  sculpsit. 

Au  bas  de  cette  carte  coloriée  se  trouve  un  plan  de  la  ville  de  Luxembourg.  (Tchnogra- 
phia  ijiunitissimœ  Meiropolis  Lnxemhurgi.) 

190.  —  Ducatus  Luxemburgi  tam  in  Maiores  quàm  Minores  ejusdem 
Ditiones  accurate  distinctus  et  exhibitus  à  loh.  Bapt.  Homanno.  Norim- 
bergœ.  Cum  Privilegio  Sac.  (\i's.  Majestatis.  S.  d. 

Carte  in-folio  piano. 

191.  —  Duché  de  Bouillon.  —  Duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chiny. 

Dans  Patria  Belgica.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  et  C'®,  1873,  t.  II,  pp.  56-57  et 
59-62.  (Géographie  historique,  par  Ch.  Piot.) 

192.  —  Duché  de  Luxembourg.  5.  /.  w.  d. 

Pet.  in-folio  piano  (0.21  x  0.18.) 
Carte  coloriée. 

193.  —  Le  Duché  de  Luxembourg  divisé  en  Quartier  Walon  et  Alle- 
mand, dans  chacun  desquels  sont  divisez  les  Seigneuries,  Prevostés  et 
Comtés,  le  Duché  de  Bouillon,  le  Comté  de  Namur,  etc.  par  le  S"^  Sanson. 
Paris,  H.  Jaillot,  1692. 

Carte  mentionnée  dans  la  Bihtiotheca  geographica  Stefens.  London,  1872,  part.  I,  n"1716. 

194.  —  Le  Duché  de  Luxembourg  divisé  en  Quartier  Walon  et  Alle- 
mand dans  chacun  desquels  sont  divisez  les  Seigneuries,  Prevostés  et 
Comtés.  Le  Duché  de  Bouillon,  le  Comté  de  Namur  et  le  Pays  entre 
Sambre  et  Meuse.  Dédié  au  Roy  par  son  tres-humble,  tres-obeissant, 
tres-fidel  Sujet  et  Serviteur  Hubert-Iaillot,  Géographe  du  Roy.  —  Avec 
privilège  de  Sa  Majesté.  1781.  —  A  Paris  chez  Dezauche  Successeur  des 
Sieurs  De  l'Isle  et  Buache  premiers  Géographes  du  Roi,  Rue  des  Noyers 
près  la  Rue  des  Anglois.  Avec  Privilège  du  Roi  en  1781. 

Carte  en  4  feuilles. 


-  242  — 

195.  -  Duché  de  Luxembourg.  —  Evesché  de  Liège.  (Luxembourg, 
Thionville,Montmédv.Neufchasteau,  Bastoigne,  Sainct-Hubert,  Bouillon. j 

Dans  la  Rei<ue  Jr  />'n(.vr//rs.  Hruxelles,  octobre  1841,  pp.  (17-74.  fVoV'igi-'  dans  /fs  Pays- 
/>ast'sfii^>ii>/s  et  /'n<i'(-/it'  Je  Liège, par  le  colonel  français  Duplessis  l'Escuyer,  Ters  l'année  1G50.) 

190.  —  Le  Duché  de  Luxembourg.  —  La  ville  de  Luxembourg.  —  La 
ville  d'Arlon.  La  ville  de  Thionville.  —  La  ville  de  Bastogne.  —  La 
ville  de  Mont-Médi.  -  La  ville  de  Rochefort.  —  La  ville  de  Marche.  — 
La  ville  de  La  Roche.  —  La  ville  de  Chiny.  —  La  ville  de  Marville.  — 
La  ville  de  St-Hubert.  —  La  ville  d'Ivoy.  -  La  ville  d'Echternach.  —  La 
ville  de  Virton.  —  La  ville  de  Vianden.  —  La  ville  de  Damvilliers.  —  La 
ville  de  St-Vit.  —  La  ville  de  Dickrick.  —  La  ville  de  Durbuy.  —  La  ville 
de  Neuf-Chatel. — La  ville  de  Bidbourg.  —  La  ville  d'Hoffalize.  —La 
ville  de  Grave-Macheren. 

Dans  les  Délices  des  Pays-Bas,  ou  description  géographique  et  historique  des  XVII  provin- 
ces belgiques.  Septième  Edition...  A  Paris,  et  se  trouvent  à  Anvers  ;  chez  C.  M.  Spanoghe, 
Imprimeur-Libraire,  sur  la  place  de  la  Sucrerie.  —  M.  DCC.  LXXXV,  t.  IV,  pp.  3-65. 

^'ov.  aussi  les  autres  éditions  des  Délices  des  Pays-Bas. 


197.  —  De  l'Echange  du  Luxembourg  contre  le  Danemarck  et  du  rôle 
politique  de  la  Cour  de  Bruxelles  dans  le  soulèvement  de  Smaland.  1540- 
1545.  Par  J.J.  Altme3'er, 

Dans  le  Trésor  national.  Bruxelles,  Wouters,  Raspoet  et  O®,  1843,  2"  série,  t.  II,  pp. 
230-247. 

198.  —  Echange  d'une  partie  du  Luxembourg  contre  une  partie  du 
Limbourg.  —  Question  du  Luxembourg  :  engagement  pris  par  le  cabinet 
de  La  Haye  de  fournir  le  consentement  de  la  Diète  germanique  et  des 
agnats  de  la  maison  de  Nassau  à  la  cession  de  la  partie  wallonne  du  Lu- 
xembourg. —  Arrangement  militaire  entre  la  forteresse  fédérale  de  Lu- 
xembourg et  le  gouvernement  belge,  du  20  mai  1831.  Déclaration  du  gou- 
verneur militaire  de  la  forteresse  de  Luxembourg. 

Dans  V  Essai  historique  et  politique  sur  la  Révolution  belge,  par  Notho))ib...  Troisième  Edi- 
tion... Bruxelles,  J.  P.  Meline,  1834,  in-S»,  pp.  207-212,  372-373  et  450-453. 

199.  —  Edict  perpétuel  sur  l'accord  faict  entre  messire  Jehan  d'Austri- 
ce...  d'une  part  et  les  Estatz  generaulx  de  ces  pays  par  deçà  d'aultre  part, 
pour  l'appaisement  des  troubles  suscitez  esdictz  pays  par  la  gendarmerie 
estrangiere,  publié  à  Bruxelles  le  XVIL  iour  de  Febvrier  1577.  Bruxelles^ 
M.  de  Hamonty  1577. 

In-4»,  de  8  ff. 

Cet  èdit  fut  publié  ensuite  de  la  paix  arrêtée  et  conclue  à  Marche-en-Famenne,  le  12 
février  1577.  Voy.  l'Histoire  des  Troubles  des  Pays-Bas,  sous  Philippe  II,  par  Vandervynckt. 
Bruxelles,  Hublou.  1822,  t.  II,  p.  390. 


-   243  — 

—  Eeuwich  edict  ende  gebodt  opt  accoord  gedaen,  tusschen  heere 
Johan  van  Oistenrijck,  in  naera  des  catholijcxschen  conincx  van  Spaen- 
gnye..  ende  de  générale  straten  van  dese  lande  van  herwaertsovere,  om 
die  troublen  indeselve  landen  byde  vu3^theemsche  crijchsluyden  gesusci- 
teert  nedertelegge  ende  appeyseren,  gepubliceert  te  Bmessele  den 
XVIJ^"  dach  van  Februario  1577.  TAntwerpen,  by  Chr.  Plantijti,  1577. 

In  4°,  de  8  ff.  non  chiffrés. 

Traduction  flamande  de  la  pièce  précédente. 

200.  —  Edict  van  den  keyzer,  raekende  de  stigtinge  van  het  Semina- 
rie  Generael  in  de  iiniversiteyt  van  Loven,  en  van  het  Seminarie  Filiael 
in  de  Stad  Luxembourg,  voor  de  studenten  in  de  Gods-geleertheyd.  Van 
den  16  october  1786.  In-8'. 

—  Edit  de  l'empereur  (Joseph  II),  concernant  l'établissement  du  Sémi- 
naire Général  dans  l'université  de  Louvain  et  du  Séminaire  Filial  à  Lu- 
xembourg, pour  les  élèves  en  théologie.  Du  16  octobre  1786. 

In-folio,  de  7  pp. 

201.  —  Edit,  Ordonnance  et  Règlement  des  Archiducs  nos  Princes 
Souverains,  sur  le  fait  des  bois.  /^  Luxembourg,  chez  André  Chevalier, 
Imprimeur  Si.  Marchand- Libraire.  —  M.  DC.  XCVIII. 

Pet.  in-4'',  de  32  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

Cet  édit  est  daté  de  Terviieren  le  quatorzième  jour  de  Septembre,  l'an  de  grâce  mille  six 
cens  ^  dix-sept. 

202. —  Eiflia  illustrata  oder  geographische  und  historische  Beschreibung 
der  Eifel  von  J.  F.  Schannat,  met  Anmerkungen,  nebst  Abbildungen 
von  Sigillen  und  Wappen,  herausgegeben  von  G.  Barsch.  lOJln  am 
Rhein,  1824-1854,  5  vol.  in-8°. 

203.  —  Electeurs  Cultivateurs  !...  5.  /.  7i.  d. 

In-folio  piano,  à  2  colonnes. 

Circulaire  électorale,  finissant  par  ces  mots  : 

»  Cultivateurs  ! 

»  Si  vous  voulez  sauver  l'agriculture,  vous  voterez  tous  pour 

«  M.  Numa  Ensch.» 

204.  —  Electeurs  Cultivateurs,...  —  Virlon.  —  I?np.  J.-B.  Raty,  s.  d. 

In-folio  piano,  à  3  colonnes. 

Cette  circulaire  électorale,  publiée  en  faveur  de  M.  Mernier,  est  une  réponse  à  la  pré- 
cédente. 

205.  —  Eloge  funèbre  de  Madame  Marguerite- Josèphe  de  la  Fontaine, 
abbesse  de  Clairefontaine,  prononcé  le  jour  de  ses  funérailles,  6  juillet 


—  244  — 

IT.'vi,  parle  R.  P.  Bonaventiire  de  I>iixembourg  (Henri-Remy  Mirchoiit), 
capucin,  définiteur  &  gardien  aux  Capucins  à  Luxembourg.  Luxembourg, 
ITiJi,  in-'t° 

206.  —  Elogium  R.  P.  Philippi  Schouville...  a  P.  ProvincicC  Reni  Infé- 
rions S.  J.  concinnatuin,  in  quo  ejus  virtates  enumerantur.  Conjlnentiœ, 
lv/)is  Theodori  Biiigrajt,  17U3. 

Pet.  iu-4",  de  3(3  pp. 

207.  —  L'Empereur  et  Roy.....  (A  la  fin:)  A  Luxembourg,  cJiez  André 
Chevalier,  Imprimeur  de  Sa  Majesté  Imp.  &  Catholique,  &  Marchand- 
Libraire  (\T33). 

Pet.  in-4°,  de  4  pp.  ;  armoiries  en  tête  de  la  l""*  page. 

Déclarations  du  11  septembre  1733,  interprétant  les  articles  1  et  9  de  V Ordonnance  du 
10  juin  1732,  sur  le  fait  de  la  Chasse  et  de  la  Pêche  dans  le  duché  de  Luxembourg... 

208.  —  Emploi  de  la  cendre  de  marne  bitumineuse  dans  le  Luxembourg. 
Par  Jacquelart. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  28  janvier  1852,  pp.  255-256. 

209.  —  Epistola  theologi  romano-catholici  ad  abbatem  Aureaevallis. 
Treviris,  1721. 

210.  —  Epoque  de  l'introduction  de  l'imprimerie  à  Liège  et  à  Luxem- 
bourg. Par  De  Rg.  (De  Reiffenberg). 

Dans  Le  Bibliophile  belge.  Bruxelles,  1847,  t.  IV,  pp.  337-339. 

211.  — -  Ein  Ernstes  Deutsch-Luxemburger  Wort  an  den  Sogennanten 
Verfasser  und  ungcbetenen  Uebersender  des,  am  7'*^"  August  1815  mit 
der  Post  von  Namur  aus  einigen  Notablen  von  Lùtzenburg  Zugekom- 
menen  Flugblattes,  wt  Iches  unter  dem  Titel  :  «  Solution  d'une  question 
très-importante,  »  erschienen  ist.  Lnxembttrg,  1815,  in-8°. 

Par  Dominique-Constantin  Munchen. 

212.  —  Erbhilt.  Echo  oder  Wiederhall  auf  das  ernste  deutsche  Luxem- 
burger  Wort,  von  D.  C.  Munchen.  1810,  in-8^ 

213.  —  Esch  an  der  Alzette  und  schloss  Berwart.  —  Esch-sur-l'Alzette 
et  le  château  de  Berwart.  —  Par  M.  J.-B.  Kolkach.  Luxembourg,  1871, 
in- 12,  carte  et  blasons. 

214.  —  Esquisse  historique  sur  la  ci-devant  seigneurie-baronie  de  Lu- 
xembourg et  comté  de  Chiny.  Par  Aug.  Neyen.  Luxembourg,  1845,  in-8°. 


—  245  — 

215.  —  Esquisse  sur  l'Ardenne,  par  M.  le  major  Daufresne.  Bruxelles, 
Van  Assche,-  ISll,  in-8^ 

216.  —  Essai  d'un  système  de  droit  coutumier  luxembourgeois,  précédé 
d'une  introduction,  par  J.  P.  Ferron.  Luxembourg,  1853,  in-8". 

217.  ~  Essai  d'une  description  géognostique  du  grand-duché  de  Luxem- 
bourg, par  M.  F.  Steininger.  Bruxelles,  Hayez,  1828,  in-4%  pi. 

Extrait  des  Mémoires  couronnes  par  l' Académie  royale  des  sciences  et  belles-lettres  de  Bru 
xelles,  t.  VII,  1828. 

218.  —  Essai  sur  la  poésie  luxembourgeoise,  par  Félix  Thyes.  Bruxelles, 
T\p.  de  Henri  Samuel,  et-  O",  rue  des  Secours,   7.  —  1854. 

In-12,  de  72  pp.  —  Extrait  de  la  Remce  Trimestrielle,  t.  I. 

219.  —  Sur  les  divers  Etages  qui  constituent  le  lias  moyen  et  le  lias 
supérieur  dans  le  Luxembourg,  par  G.  Dewalque. 

Dans  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique, 
t.  XXI,  n°  8,  1854. 

220.  —  Etats  de  Luxembourg. 

D.ms  Touvrage  intitulé  :  Révolution  brabançonne.  —  Essai  historique,  suivi  de  la  joyeuse 
Entrée  de  Josepli  II,  aniiotée  par  M.  Le  Grand,  contrôleur  au  ministère  des  finances,  membre 
de  l^ Académie  d'archéologie  de  Belgique.  Bruxelles,  Wouters,  Raspoet  &  C^,  1843,  in-8°, 
pp.  209-210. 

221.  —  Etienne-Constantin,  baron  de  Gerlache.  (Portrait  et  texte.) 

Dans  L  Illustration  nationale.  Bruxelles,  30  avril  1880,  pp.  1-2. 

222.  —  Etienne  Heuschling  et  les  derniers  temps  de  l'enseignement  de 
l'hébreu  au  collège  des  Trois-Langues.  Par  M.  Félix  Xève. 

Dans  l'Annuaire  de  l' Université  catholique  de  Louvain.  Louvain,  1848,  pp.  274-320. 

223.  —  Etudes  du  droit  coutumier  luxembourgeois,  par  J.  P.  Ferron. 
Luxembourg,  1857^  in-8°. 

224.  —  Etudes  histoi'iques  sur  les  légendes  Scandinaves  du  Luxembourg, 
comparées  à  celles  de  tous  les  autres  pays  du  monde,  par  Thil.  Lorrain. 
Arlon,  J.  Boitrger,   1856. 

In-12,  de  152  pp. 

225.  —  Une  excursion  dans  les  Ardennes.  —  Chaudfontaine,  Tilf, 
Comblain-au-Pont,  Remouchamps^  Durbuy,  La  Roche,  Marche,  Roche- 
fort,  la  grotte  de  Han-sur-Lesse.  Par  Xavier  Olin. 

Dans  la  Revue  Trimestrielle.  Bruxelles,  185G,  t.  XI,  pp.  244-268  ;  t.  XII.  pp.  279-301. 

17 


—  246  — 

226.  -  -  Excursion  dans  les  Ardennes  par  Namur  et  Liège.  —  De  Namur 
à  Aye,  Marche,  Champion  et  La  Roche.  -  La  Roche,  croix  de  Coremont, 
Vallée  de  la  Bronze.  -  La  Roche,  Cielle,  Vallée  de  l'Ourte.  —  La  Roche, 
Vallée  de  la  Bronze,  Queue  de  vache,  Jupille,  l'Hermitage  de  Saint- 
Thibaut,  Hotton.  —  Hotton,  Melreux. 

Dans  les  Soiréex  Je  fiDiiillc,  par  Victor  Lcfcvre,...  —  A'°  4.  {i^  édition.)...  Bruxelles, 
Henri  Manceaux,  1871,  in-1-2,  pp.  5-7,  et  14-39. 

227.  —  Quelques  excursions  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  par 
Albin  Body.  —  Spa,  imprimerie  J.  Goffin.  —  1871. 

In- 12,  de  59  pp. 

228.  --  Exposé  de  la  situation  administrative  de  la  province  de  Luxem- 
bourg. Arlon,  1836-1894,  in-8». 

1836-1864  :  Bourgeois.  —  1865-1882  :  M.  Poucin.  —  1883-1892  :  /.  Bourger.—  1893-1894  : 
V.  Ponci7i. 

229.  —  Exposé  général  de  l'agriculture  luxembourgeoise,  ou  dissertation 
raisonnée  sur  les  meilleurs  moyens  de  fertiliser  les  landes  des  Ardennes, 
sous  le  triple  point  de  vue  de  la  création  de  forêts,  d'enclos,  de  rideaux 
d'arbres,  de  prairies  et  de  terres  arables,  ainsi  que  sous  le  rapport  de 
l'irrigation  ;  par  Henri  Le  Docte,  agronome-cultivateur.  —  Mémoire  qui 
a  obtenu  la  médaille  de  vermeil,  décernée  par  l'Académie  royale  des 
sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique.  —  Bru.velles,  M. 
Hayez,  imprimeur  de  l'Académie  royale.  —  1849. 

In-S»,  de  2  ff.,  II  et  179  pp. 

230.  —  Extrait  du  programme  des  leçons  normales  de  Luxembourg  en 
1826. 

Dans  la  Bibliothèque  des  Instituteurs.  Mons,  H.  J.  Hoyois,  1826,  p.  172. 

231.  —  Extrait  du  protocole  de  la  22'"  séance  de  la  diète  de  la  confédé- 
ration germanique,  du  28  juin  1832,  concernant  l'arrestation  de  l'ancien 
avocat  Thorn,  à  Luxembourg. 

Dans  Le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  26  juillet  1832,  p.  943. 

232.  —  Extrait  du  protocole  particulier  de  la  38-^  séance  de  la  diète  de 
la  confédération  germanique,  du  11  octobre  1832.  —  Extrait  du  premier 
protocole  particulier  de  la  42^^  séance  de  la  diète  de  la  confédération  ger- 
manique, du  8  novembre  18:>2.  —  Déclaration  du  gouvernement  belge 
relative  aux  contumax.  —  Déclaration  du  colonel  Prisse.  (Affaire  Thorn 
et  Pescatore). 

Dans  L'Indépendant.  Bruxelles,  H.  Remy,  9  décembre  1832. 


—  247 


233.  --  Extrait  d'une  lettre  de  Luxembourg. 


Dans  Le  Nouvel  Esprit  des  Journaux  français  et  étrangers...  Bruxelles,   de  l'Imprimerie 
d'Emmanuel  Flon,  octobre  1803,  pp.  271-272.         • 


234.  —  Familia  augusta  Luxemburgensis,  ex  monumentis  fide  demon- 
strata  in  disputatione  circulari,  habita  ab  A.  G.  Fabro,  Mecklenburgensi. 
Altdorfii,  1722,  in-4». 

235.  —  De  la  Fertilisation  des  landes  dans  la  Campine  et  les  Ardennes, 
considérée  sous  le  triple  point  de  vue  de  la  création  de  forêts,  de  prairies 
et  de  terres  arables  ;  par  M.  Raingo. 

Dans  les  Mémoires  couronnées  et  Mémoires  des  savants  étrangers,  publiés  par  l' Académie 
royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beau.x-arts  de  Belgique,  t.  XXI,  1847. 

236.  —  Le  Fidèle  et  Vaillant  Gouverneur,  ou  Tableau  racourci  de  la 
vie  et  de  la  mort  de  messire  Jean  d'Allamont,  seigneur  dudit  lieu  et  de 
Malandry,  baron  de  Busy,  etc.,  chevalier  profès  de  Saint-Jacques,  gentil- 
homme de  la  bouche  de  Sa  Majesté  Catholique,  lieutenant  de  ses  gardes 
allemandes,  gouverneur,  capitaine  et  prevost  de  Montmédy.  Dédié  à  sa 
mémoire  par  un  fidèle  Patriot  Luxembourgeois  (Guillaume  de  Waha.) 
A  Liège,  de  l'imprimerie  de  Banduin  Bronckart,  à  Saint  François  Xavier, 
1658. 

In-4'',  de  3  ff  ,  74  pp.  et  1  t.,  avec  un  plan  de  Montmédy  et  le  portrait  de  Jean  d'Allamont. 

—  Le  Fidelle  et  vaillant  Governevr  représenté  dans  l'Histoire  de  la 
vie  et  de  la  mort  de  Messire  laen  d'Allamont  Seignevr  dvdit  liev,  et  de 
Malandry,  Baron  de  Bvsy,  etc.  Chevalier  Profès  de  S.  lacques,  Gentil- 
homme de  la  Bouche  de  Sa  Majesté  Catholique,  Lieutenant  de  ses  Gardes 
Allemandes,  Gouverneur,  Capitaine  et  Prévost  de  Montmédy.  Dédié  à 
sa  mémoire  par  un  fidelle  Patriot  Luxembourgeois  (Guillaume  de  Waha.) 
Seconde  édition  (publiée  par  Thomas  des  Hayons).  A  Liège,  chez  Gvil. 
Henry  Streel  Imprimeur  de  Son  Altesse  Serenissifue.  1668. 

In-12,  de  21  ff.,  268  pp.  et  4  fF.,  avec  2  portraits,  1  planche  de  blasons,  et  1  plan. 

237.  —  Flore  luxembourgeoise,  ou  description  des  plantes  phanéro- 
games, recueillies  et  observées  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg, 
classées  d'après  le  système  sexuel  de  Linnée.  Par  L.  A.  Tinant,  corres- 
pondant de  la  Commission  de  statistique  du  Grand-Duché  de  Luxem- 
bourg, et  membre  de  la  Société  de  Botanique  du  bas  et  mo3^en  Rhin.  — 
Lu.\embonrg,J.  P.  Kuborn,  libraire-éditeitr .  1836.  (Bruxelles . Imprimerie 
de  J.  Stienon.) 

Ir.-8o,  de  512  pp. 


—  248  — 

238.  —  Les  Fondateurs  de  la  nationalité  belge.  —  Le  Baron  Nothomb, 
par  Théodore  Juste.  Bruxelles,  C.  Miiquardt,  \^1^,  2  vol.  in-8°. 

\'i)v.  la  Rt'vur  Je  Belgique.  Bruxelles,  15  janvier  1875,  p.  110. 

2:59.  —  Forêt  de  Chiny.  —  Meussin  et  partie  de  Fays  moyen,  apparte- 
nant à  la  Banque  de  l'Industrie,  en  liquidation,  à  Anvers.  —  Plan  de 
balivage.  —  Evaluation.  —  Bruxelles,  imprimerie. et  lithographie  de  A. 
Mertens  et  fils,  rue  de  l'Escalier,  22.  —  1867. 

ln-40,  Je  64  pp. 

Par  M.  Gustave  Bagneris,  inspecteur  des  forêts,  professeur  d'économie  forestière  à 
l'Ecole  impériale  de  Nancy. 

240.  —  Franzenberg  ou  le  travail  et  la  vertu  récompensés,  par  F. -A. 
Mouzon,  Directeur  de  l'école  moyenne  de  l'Etat  à  Braine-le-Cointe, 
ancien  inspecteur  cantonal,  auteur  du  Précis  de  l'histoire  chronique  de 
l'abbave  de  S^-Huhert,  etc.  Ouvrage  approuvé  par  l'autorité  ecclésiastique 
et  spécialement  écrit  pour  être  distribué  en  prix  aux  élèves  de  l'un  et  de 
l'autre  sexe.  Le  bonheur  est  une  récompense,  et  non  un  droit  ;  c'est  le 
fruit  du  travail,  et  non  un  produit  du  hasard.  (Anonyme.)  Liège,  H.  Des- 
sain, imprimeur-libraire,  Place  S^-Lombert,  n°  9  -  28. 

In-12,  de  XII  et  228  pp.  ;  frontispice. 
Le  titre  gravé  porte  la  date  de  1856. 

C'est  l'histoire  d'un  Luxembourgeois,  nommé  Pierre-André  François. 
Chapitre  premier.  Vallée  de  la  Batte. 
Chapitre  II.  Le  Couvent  des  Récollets  de  Virton... 

Chapitre  III... .  Luxembourg.  —  Grevenmacher.  —  Wasserbilig.  —  Les  bords  de  la 
Moselle.  —  Mausolée  d'Igel.  —  Trêves.... 

Chapitre IV.  Usages  et  coutumes  populaires  du  Luxembourg. 

24 1 .  —  Sur  le  Frère  Abraham  de  l'abbaye  d'Orval  et  les  tableaux  qui 
lui  ont  été  attribués;  par  A.  Namur. 

Dans  les  Annales  dç  l' Académie  d'archéologie  de  Belgique.  Anvers,  1859,  t.  XVI. 


242.  —  Engling  (J.).  Geschichte  des  sogenannten  Klôppelkrieges, 
quellenmâszig  dargestellt.  Luxemburg,  1857,  in-8°. 

243.  —  Gouttes  de  rosée,  suivies  de  Innocence  et  Repentir,  Drame  en 
Trois  Actes,  et  des  Bords  de  l'Eisch,  récits  et  traditions,  par  Amélie 
Picard,  auteur  des  Epanchements  d'une  jeune  âme.  —  Arlon,  Typogra- 
phie et  lithographie  de  J.  Bourger.  —  1859. 

In-8<>,  de  334  pp.  et  1  f. 

Pages  121-332  :  Les  Bords  de  l'Eisch.  —  Récits  et  Traditions.  I.  Kœrich.  —  Les  sorcières 
de  Kœrich.  II.  Hobscheid.  —  Les  violettes  de  Noël.  III.  Sept-Fontaines  (Simmern).  — 
Les  éperviers  de  Sept-Fontaines.  IV.  La  Montagne  de  la  Claus.  —  Le  Ménestrel. 
V.  Greisch.  —  Minuit.  VI.  Simmern- Schmelz.  —  La  Reine  des  eaux.  VII.  Roodt.  —  La 


__  249  — 

jeune  fille  du  hameau.  VIII.  Bour.  —  Les  pièces  d'or.  IX.  Dondelingen.  —  Le  descendant 
de  Florus.  X.  Ansembourg.  —  La  clef  d'or.  XI.  Marienthal.  —  L'Exilée.  XII.   Hollen- 
feltz.  —  Théofried. 
On  trouve  dans  les  Gouttes  de  rosée  une  pièce  de  vers  intitulée  :  Marienthal  (^^-ç.  47-49). 

'244.  -  Les  Gouverneur,  Président  et  Gens  du  Conseil  Provincial  de 
Sa  Majesté  l'Impératrice-Reine  de  Hongrie  &  de  Bohême,  nôtre  Souve- 
raine, ordonnez  es  Pays  Duché  de  Luxembourg  &  Comté  de  Chiny.  (A  la 
fin  :)  Sur  la  Copie  imprimée  à  Bruxelles.  A  Luxembourg  chez  l'Héritière 
d'André  Chevalier,  vivant  Imprimeur  de  Sa  Majesté  l' Impératrice- Reine 
(1751). 

Pet.  in-4'',  de  8  pp.  ;  armoiries  en  télé  de  la  l''"  page. 

Ordonnance  du  6  février  1720,  concernant  \q?,  funérailles  et  le  port  de  Deuil. 

245.  —  Grâces  et  guérisons  miraculeuses,  que  N.  D.  de  Consolation  at 
eslargie  à  plusieurs  affligez  en  sa  chapelle  lés  Luxembourg,  bastie  et 
dédiée  en  son  nom,  par  les  PP.  de  la  Compagnie  de  Jésus,  depuis  l'an 
1624  jusques  à  l'entrée  du  présent  1648.  Trêves,  Hubert  Reulandt,  1648, 
in-18. 

Voy.  Kujitgen,  Histoire  de  N.  D.  de  Luxembourg.  Namur,  1866,  p.  9. 

246.  ~  Grammaire  française  pratique  spécialement  destinée  à  l'usage 
des  écoles  allemandes  de  la  province  de  Luxembourg,  par  J.-B.  Henckels. 
6^  édition.  Arlo?i,  P.- A.  Bruck,  1873,  in-12. 

247.  —  Grammaire  théorique  et  pratique  de  la  langue  latine,  à  l'usage 
de  l'Athénée  de  Luxembourg,  par  P.  Clomes,  P.  D.  Joachim  et  J.  B. 
Wolff,  régents  audit  Athénée.  A  Lu.xembourg,  chez  Schmit-Bruck,  impri- 
meur-libraire de  l'Athénée,  1827. 

In-8°,  de  442  pp. 

248.  —  Grand- Duché  de  Luxembourg.  —  Circulaire  de  la  Députation 
des  Etats  aux  Bourgmestres  des  villes  et  des  communes.  —  Instruction 
sur  quelques  mesures  d'ordre  à  établir  dans  les  écoles  primaires.  — 
Ouverture  du  neuvième  cours  normal.  —  Extrait  de  l'exposé  de  la  situa- 
tion de  la  province,  en  ce  qui  concerne  l'état  de  l'instruction  primaire  en 
1825.  —  Clôture  du  neuvième  cours  normal. 

Dans  la  Bibliothèque  des  Instituteurs,  journal  de  l'instruction  moyenne  et  primaire  dans  les 
provinces  ivallones.  Mons,  H.  J.  Hoyois,  1826,  pp.  45,  46,  117,  236,  376. 

249.  —  Le  Grand-Duché  de  Luxembourg  et  la  Belgique,  par  Arthur 
D'Hoffschmidt,  Membre  du  Conseil  provincial  du  Luxembourg  belge.  — 
Arlon,  imprimerie  de  Poncin  (1867). 

In-8o,  de  128  pp. 


—  250  — 

250.  —  Le  Grand-Duché  de  Luxembourg  illustré.  Précis  historique  et 
descriptif.  —  Publié  par  le  journal  L'Illustration,  60,  rue  Richelieu.  — 
Paris.  —  Paris.  —  Imprimerie  de  l'Illustration,  A.  Marc,  rue  de  Ver- 
neuil,  22,  s.  d. 

Gr.  in-8»,  de  32  pp. 

251.  —  Grande  Compagnie  du  Luxembourg.  —  Notes  détachées  rela- 
tives à  la  canalisation  de  l'Ourthe,  dans  sa  partie  comprise  entre  Laroche 
et  la  Meuse,  à  Liège.  —  Liège,  imprimerie  de  J.  Desoer,  libraire. —  1848. 

In-8",   de   71   pp.,  avec  deux  tableaux  et   une  Carte   indiquant  /es  principaux  canaux 
exécutes  ou  projetés  en  rapport  ar^ec  l'Ourthe  canalisée  et  le  Chemin  de  fer  du  Luxembourg . 
La  couverture  porte  :  Canalisation  de  l'Ourthe. 

252.  —  Grande  Compagnie  du  Luxembourg.  Procès-verbal  de  l'assem- 
blée générale  tenue  à  Bruxelles,  le  20  octobre  1846. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  5  novembre  184(i,  pp.  1197-1198. 

253.  —  Grande  Compagnie  du  Luxembourg.  Résolutions  prises  en 
assemblée  générale  des  actionnaires,  du  9  mars  18 4î).  (Correspondances 
qui  les  avaient  précédées.  —  Actes  de  procédure  notifiés  à  la  suite.) 
Bruxelles,  in-8". 

254.  —  Gubernatores  Luxembourgenses  ad  Philippum  Arembergium 
Principem  Chimacensum  Luxemburgi  Gubernatorem.  Treviris  1653, 
in-fol. 

Par  Alexandre  de  Wiltheim. 

255.  —  Le  Guide  aux  ruines  d'Orval,  par  M.  Jeantin,  Président  hono- 
raire du  tribunal  de  Montméd}',  Chevalier  de  l'Ordre  Impérial  de  la 
Légion  d'Honneur  et  de  l'Ordre  de  Léopold,  auteur  des  Chroniques  d'Or- 
val, etc.  —  Prix  :  Un  franc.  —  Bru.xelles,  Comptoir  universel  d'imprimerie 
et  de  librairie  V.  Devaiix  et  C",  rue  Saint-Jean,  26.  —  1868. 

In-12,  de  47  pp.,  avec  2  plans  de  l'abbaye  d'Orval. 

Sur  la  couverture  se  trouvent  les  armoiries  du  comte  de  Loen  d'Enschéidê. 

256.  —  Guide  de  l'excursionniste,  par  Eugène  Van  Bemmel.  —  De  l'art 
de  voyager.  —  Waterloo.  —  L'abbaye  de  Villers  —  La  Meuse  de  Xamur 
à  Givet.  —  La  Meuse  de  Namur  à  Liège.  —  Spa  et  ses  environs.  — 
L'Ourthe  et  l'Amblève.  —  Luxembourg  méridional.  —  Le  grand-duché. 
—  Trêves  et  la  Moselle.  —  Nouvelle  édition  entièrement  refondue  et 
accompagnée  de  dix  cartes.  —  Prix  :  2  francs.  —  Bruxelles,  Office  de 
Publicité,  46,  rue  de  la  Madeleine.  1870.  (Imp.  de  Veuve  Nys,  bl,  rue 
Potagère,  Bru.xelles). 

In-18,  de  159  pp. 


—  251   — 

257.  —  Guide  du  Vo3'ageur  en  Ardenne,  ou  Excursions  d'un  touriste 
belge  en  Belgique,  par  Jérôme  Pimpurniaux  (A.  Borgnet),  homme  de 
lettres,  membre  de  nulle  société  savante  et  décoré  d'aucun  ordre.  — Avec 
une  carte  comprenant  le  sud-est  de  la  Belgique.  —  Bruxelles,  Delevingne 
et  Callezvaert,  éditeurs,  Chaussée  d'Ixelles,  90.  —  1856. 

In-12,  de  VIII  et  397  pp 

Voy.  la  Revue  Trimestrielle.  Bruxelles,  1S5G,  t.  XII,  p.  390.-391. 

—  Guide  du  voyageur  en  Ardenne,  ou  Excursions  d'un  touriste  belge 
en  Belgique,  par  Jérôme  Pimpurniaux  (A.  Borgnet),  homme  de  lettres, 
membre  de  toutes  les  sociétés  savantes  et  décoré  de  tous  les  ordres.  Avec 
une  carte  comprenant  le  sud-est  de  la  Belgique.  Première  partie  :  Les 
Fagnes,  la  Warge,  l'Amblève,  la  Salm,  l'Ourte,  l'Eau  d'Heure,  le 
Viroin^  la  Meuse,  la  Semois,  la  Chiers.  Bruxelles,  librairie  polytechnique 
d'Auo.  Decq,  1857. 

In-12,  de  424  pp. 

—  ..  Deuxième  partie  :  L'Our,  la  Sure,  la  Lomme,  la  Lesse,  la  Meuse, 
la  Semois,  la  Vire,  l'Alzette,  les  deux  Erenz,  le  Mamer,  l'Eischen,  le 
Hoyaux  et  la  Méhaigne   —  Bruxelles,  Aug.  Decq,  1857. 

In-12.  de  VI-46i  pp. 

—  Guide  du  voyageur  en  Ardenne,  ou  Excursions  d'un  touriste  belge 
en  Belgique,  par  Jérôme  Pimpurniaux  (A.  Borgnet).  Deuxième  édition. 
Bruxelles,  Au  g.  Decq,  1858. 

2  vol.  in-12,  de  424  et  4(iO  pp.,  avec  une  carte. 

25S  —  Guide  sur  le  chemin  de  fer  du  Luxembourg,  par  Eugène  Van 
Bemmel.  -  Le  chemin  de  fer  du  Luxembourg.  De  l'art  de  voyager. 
Premières  excursions  par  le  chemin  de  fer  du  Luxembourg,  Waterloo  et 
l'abbaye  de  Villers.  Les  bords  de  la  Meuse.  Luxembourg  septentrional  : 
rOurthe  et  l'Amblève.  Luxembourg  méridional  :  la  Semois.  Le  Luxem- 
bourg hollandais.  Les  bords  de  la  Moselle.  Prix   :   1    franc. 

Bruxelles,  Charles  Lelono,  ii)i primeur-éditeur,  138,  rue  Royale,  138.  — 
1859. 

In-32,  de  124  pp. 


259.  —  Die  Hauptthatsachen  der  Luxemburger  Geschichte,  zur  Grund- 
lage  bei  seinem  Unterrichte,  von  D"^  J.  Paquet.  Luxeniburg,  1839,  in-8°, 
carte. 

260.  —  Les  Hauts-Plateaux  de  l'Ardenne.  —  Bastogne  et  Saint-Hubert. 
Par  Edmond  Picard. 

Dans  la  Revue  Moderne,  Bruxelles,  Lvcien  Hochsteyn,  1882,  t.  I,  p.  19-34. 


-■    252  — 

—  Les  Hauts  plateaux  de  l'Ardenne.  —  Bastogne  et  Saint-Hubert,  par 
M.  Edmond  Picard. 

D.ms  La  Uclgiquf  i/lustrée,  ses  luoniimcnts,  ses  paysages,  ses  œuvres  d'art,  publiée  sous  la 
direction  de  M.  Eugène  Van  Bemmel.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  et  Compagnie,  t.  II, 
p.  550. 

2()l.  -  Henri,  fils  du  comte  Conrad  î-^  a-t-il  été  comte  régnant  de 
Luxembourg,  et  partant  ce  pays  a-t-il  eu  cinq  princes  régnants  de  la  mai- 
son, portant  le  nom  de  Henri?  Par  Auguste  Neyen.  Luxembourg,  1846, 
in-8°. 

2()2.  —  Les  Hépatiques  de  l'Ardenne,  par  Ch.-H.  Delogne  et  F.  Gra- 
vet.  Gatid,  Annoot-Braeckman,  1868-1870 
6  fascicules  in-4<>,  avec  60  espèces  en  nature. 

263.  —  Herborisation  dans  un  coin  des  Ardennes  belges.  Par  D.  van 
Bastelaer. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  Royale  de  Botanique  de  Belgique,  1864. 

264.  —  Histoire  de  Chiny  et  d'Orval.  Faits  historiques,  jurisprudence, 
esquisse  morale,  religieuse  et  chevaleresques  (sic),  légende  et  nnracles  ; 
agriculture  dans  les  Ardennes  et  biens  communaux  ;  conséquences  qui 
entraine  (sic)  l'homme  de  bonne  foi,  dans  les  opérations  illusoires  ou 
apparentes,  conduites  telles  que  la  liquidation  de  M""  le  comte  de  Geloes 
depuis  1840,  etc.  Enrichi  de  gravures.  Par  Eugène  Van  Damine.—  Gand, 
Imprimerie  de  F.  Hage,  rue  de  Bruxelles,  8.  —  1871. 

In-8«,  de  XIV  et  166  (.')  pp.  (i). 

265.  —  Histoire  de  l'ancien  pays  et  du  canton  de  Wiltz  ;  par  M.  le  D^ 
Aug.  Neyen.  Luxembourg,  V.  Biick,  18..,  2  vol.  in  8". 

266.  —  Histoire  de  l'ancienne  abbaye  de  Clairefontaine,  près  d'Arlon. 
depuis  sa  fondation  par  Ermesinde,  en  1214,  jusqu'à  sa  destruction  par 
l'armée  républicaine,  en  1794,  précédée  d'un  essai  historique  sur  l'ancien 
château  de  Bardenbourg,  par  Jean  Baptiste  Reicbling,  curé  de  Schieren. 
—  Edition  posthume,  précédée  d'une  notice  biographique  sur  l'auteur 
(par  le  D^  A.  Namur).  —  Liixembourg.  Imprimerie  de  V.  Biick,  rue  du 
Curé.  1866. 

In-8»,  de  XXIX  et  184  pp. 

267.  —  Histoire  de  Marville,  par  P.  A.  B.  (Bizot).  Montmédy,  impri- 
merie-librairie de  Henry,  1848,  in-8°. 


(')  Notre  exemplaire  est  probablement  incomplet.  Nous  donnons  le  titre  qui  se  trouve 
sur  la  couverture. 


—  253  — 

268.  —  Histoire  de  Notre  Dame  de  Luxembourg,  honorée  sous  le  titre 
de  Consolatrice  des  affligés,  par  L.  Kuntgen,  de  la  Compagnie  de  Jésus. 
Je  ferai  observer  en  passant  que  je  n'ai  vu  nulle  part  d'image  miraculeuse 
plus  belle  et  plus  digne  de  nos  églises,  nulle  part  plus  de  solide  piété, 
qu'à  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Luxembourg.  Feller,  voyages,  t  I, 
p.  159.  —  Nanmr,  F.-J.  Doiixfils,  rue  de  la  Croix.  -  Luxembourg,  P. 
Brûck,  rue  du  Curé.  —  Metz,  M''""  Constant  Loïez,  8^  rue  Fournirue,  8.  — 
'1866.  (Bruxelles.  —  /;;//».  de  Ch.  l.elong,  rue  du  Commerce,  25.) 

In- 12,  de  300  pp  ,  figures. 

269.  —  Histoire  de  Notre-Dame  de  Luxembourg,  honorée  sous  le  titre 
de  Consolatrice  des  affligés,  dans  la  chapelle  des  PP.  de  la  Compagnie  de 
Jésus.  Nouvelle  édition,  corrigée  par  un  Père  de  la  même  compagnie. 
A  Lu.xernbourg,  chez  la  veuve  de  J.  B.  Kleber,  1769,  pet.  in-8%  fig. 

La  première  édition  porte  la  date  de  1724.  Voyez  Kuntgen,  Histoire  de  Notre-Dame  de 
Lu.vembourg.  Namur,  1866,  p.  10. 

270.  ^  Histoire  de  Thionville,  suivie  de  divers  mémoires  sur  l'origine 
et  l'accroissement  des  fortifications...,  de  notices  biographiques,  etc.,  par 
G.  F.  Teissier.  Metz,  Verronnais ,  1828,  in-8'',  figure. 

271.  —  Histoire  de  la  maison  de  Luxembourg,  par  Nie.  Vignier,  nou- 
vellement mise  en  lumière  avec  autres  pièces  sur  le  même  sujet,  par 
André  Du  Chesne,  Tourangeau  Paris,  Thiboust,  1617,  in-8'',  pi.  généalo- 
giques. 

—  Histoire  de  la  Maison  de  Luxembourg,  où  sont  plusieurs  occurences 
de  guerres  et  affaires  tant  d'Afrique,  d'Asie,  que  d'Europe,  par  Nicolas 
Vignier,  illustrée  de  notes,  avec  une  continuation  (par  Nie.  Geor.  Pavil- 
lon). Paris,  Th.  Biaise,  1619,  in-4'',  blas. 

272.  —  Histoire  de  la  seigneurie  de  Montjardin  et  de  la  Porallée  mira- 
culeuse, par  le  chevalier  Joseph  de  Theux  de  Montjardin  —  Bruxelles, 
Fr.  Gobbaerts,  imprimeur  du  Roi,  rue  de  Louvain,  40,  1869. 

Gr.  in-4'',  de  3  ff.  et  102  pp.,  avec  figures  d'armoiries  et  planches  en  couleur. 

273.  —  Histoire  de  la  ville  de  Bastogne,  depuis  son  origine  celtique 
jusqu'à  nos  jours,  par  le  D^  Aug.Neyen,  Membre  de  plusieurs  Académies, 
Instituts  et  Sociétés  savantes  ;  Chevalier  de  plusieurs  Ordres.  —  Non 
plura  reperi  notanda.  —  Arlon,  J.  Everling,  libraire-éditeur.  —  Luxe^n- 
boî/rg,  V.  Bilck,  impr .-libraire-éditeur .  1868.  (Imp.  et  Lith.  de  P. -A. 
Brûck,  à  Arloii.) 

In-8o,  de  5  ff.,  491  pp.  et  1  f.,  planches. 


—  254  — 

274.  —  Histoire  de  la  ville  de  Vianden  et  de  ses  comtes,  par  Aug. 
Xeyen.  Lu.xcuibonrir,  V.  liitck,  1851,  in-S",  carte. 

275.  —  Histoire  de  la  ville,  du  comté  et  du  marquisat  d'Arlon,  par 
G. -F.  Prat,  chef  de  Division  au  Gouvernement  provincial  d'Arlon,  Secré- 
taire-Conservateur de  l'Institut  archéologique  de  la  province  de  Luxem- 
bourg, Membre  de  plusieurs  sociétés  savantes  tant  en  Belgique  qu'à 
l'étranger.  Arlo>i,  l'.-A.  Bruck,  1873-1874. 

2  vol.  gr.  in-8",  avec  un  atlas  renfermant  les  figures  des  monuments  romains  et  autres 
gravures  pour  l'intelligence  du  texte. 

Voy.  la  Revue  de  Belgique.  Bruxelles,  15  mars  1875,  p.  315,  et  Le  Moniteur  belge,  du  13 
juin  187(5,  pp.  1714-1715. 

276.  —  H'stoire  des  Seigneurs  de  Colpach  et  d'Ell,  par  N.  Liez. 
Luxembourg,  188(5. 

277.  —  Histoire  du  collège  de  Luxembourg  ;  dédiée  aux  étudiants, 
par  P.  K.  1843. 

278.  —  Histoire  du  comte  de  Mansfeld,  seigneur  de  Heldrungen, 
Prince  du  Saint-Empire^  Chevalier  de  la  Toison  d'or,  Maréchal  des 
armées  du  Roi,  Gouverneur  et  Capitaine-général  de  la  ville  et  province 
de  Luxembourg  et  comté  de  Chin}^  (par  Jean-Frédéric  Schannat).  Liixejn- 
bourg,  André  Chevalier,  M.DCC.VH. 

In- 18,  de  99  pp. 

279.  —  Histoire  du  comté  de  Chiny  et  des  pays  haut-wallons,  par 
M.  Jeantin,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Président  du  Tribunal 
civil  de  Montmédy  (Meuse),  correspondant  du  Ministère  de  l'Instruction 
publique  et  Membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes.  Verborum  rerumque 
inquirere  causas.  Paris,  Jules  Tardieu,  libraire,  rue  de  Tournon,  13.  — 
Bruxelles,  F.  Heussner,  libraire,  Place  Sainte-Oudule,  23.  —  Nancy, 
Grimblot,  veuve  Raybois  et  Conip.,  inipriiueurs-libraires.  Place  Stanislas, 
7,  et  rue  Saint-Dizier,  125.  185S.  (Nancy,  imprimerie  de  veuve  Raybois 
et  comp.) 

2  vol.  in-S",  de  XLVII-504  et  XXVIII-570  pp.  —  1  f.,  figures  et  cartes. 

280.  —  Histoire  du  Duché  de  Luxembourg,  par  Marcellin  Lagarde. 
Bruxelles,  A.  Jamar,  éditeur,  s.  d.  (Imprimerie  de  Labroue  et  Compagnie, 
Rue  de  la  Fourche,  36). 

2  vol.  in-12,  de  179  et  183  pp.,  figures. 
De  la  liihliotheque  nationale. 

281. —  Histoire  du  régiment  de  Latour,  par  le  Colonel  Guillaume, 
Directeur  du   personnel  au  Ministère   de   la  Guerre,  Commandeur  de 


—  255  — 

l'ordre  de  Léopold,  etc.,  Correspondant  de  l'Académie  royale  de  Belgi- 
que, de  la  Société  royale  des  Beaux-Arts  et  de  Littérature  de  Gand,  etc. 
—  Gajid,  imprimerie  et  lithographie  de  De  Biisscher  frères,  rue  Sa- 
vaen,  42.    -  1862. 

In-8°,  de  2  ff.  et  8.5  pp.,  avec  une  gravure  en  couleurs,  représentant  des  dragons  de 
Latour  :  1791-1806. 

Extrait  des  Annales  ds  la  Société  royale  des  Beaux-Arts  et  de  Littérature  de  Ga?id. 
Tome  IX.  —  1862. 

Cet  ouvrage  renferme  des  détails  biographiques  sur  Philippe-Charles  de  Pfortzheim, 
né  à  Colpach,  et  sur  Maximilien  de  Baillet,  comte  de  Latour,  né  au  château  de  Latour, 
près  de  Virton. 

282.  —  Histoire  du  siège  de  Luxembourg.  Paris,  1684,  pet.  in- 12,  fig. 

Extraordinaire  du  Mercure  galant. 

283.  —  Histoire  ecclésiastique  et  civile  du  Duché  de  Luxembourg  et 
Comté  de  Chiny.  Par  le  R.  P.  Jean  Bertholet  de  la  Compagnie  de  Jésus. 
A  Lu.xeinbourg,  chez  André  Chevalier,  Idi primeur  de  Sa  Majesté  la 
Reine  de  Hongrie  et  de  Bohème,  et  Marchand-Libraire.  M.DCC.XLI- 
M.DCC.XLUI,  8  vol.  in-4",  figures  par  P.  A.  Kilian. 

Tome  I  :  M.DCC.XLI.  Ue  XIV  pp.  i  f.,  4.58  et  XIV  pp.  ;  6  fig.  et  1  carte. 

Tome  II  :  M.DCC.XLII.  De  xij-5rt'i  et  cix  pp. 

Tome  III  :  M.DCC.XLII.  De  LUI  pp.,  1  f.,  432-LXXII  pp.  et  1  f.  ;  1  fig. 

Tome  IV  :  M.DCC.XLII.  De  XLVIII  pp.,  .3  ff.,  460  et  LXXXII  pp. 

Tome  V  :  M.DCC.XI.III.  De  4  ff.,  458  et  cxxij  pp. 

Tome  VI  :  M.DCC.XLIII.  De  XXXV-388  et  c  pp.;  16  pi. 

Tome  VII  :  M.DCC.XLIII.  De  XVL492  et  c  pp. 

Tome  VIII  :  M.DCC.XLIII.  De  2  fl".,  197-ccij  et  99  pp. 

Cette  histoire  renferme  (t  I,  pp.  404-423)  une  Dissertation  sjir  les  antiques  d'Arlon,  qui 
a  donné  lieu  à  quelques  écrits  dont  voici  les  titres  : 

—  Lettre  d'un  Conseiller  de  Bru.xelles  à  un  gentilhomme  du  duché  de  L^u-.vembourg .  Bru- 
xelles, 22  mai  1743,  in-S». 

—  Lettre  d'un  Chanoine  de  Trêves  à  un  ami.  Trêves,  7  juillet  1743,  in-S". 

—  Lettre  du  P.  Bertholet  à  ]\L^^^^  chanoine  à  Trêves.  Namur,  14  novembre  1743. 
In  8«,  de  8  pp. 

—  LAncie7ine  Tradition  d'Arlon,  ijijustement  attaquée  par  le  R.  P.  Bertholet,  jésuite, 
mais  justement  défendue  par  la  ville  ^  magistrat  d' Ar Ion,  consistant  1°  en  un  avant  propos. 
2°  l' e.xposition  du  sentiment  du  père  Bertholet.  3°  la  réfutation  du  même  .sentiment.  (Par 
Henri-Remy  Mirchout,  dit  le  P.  Bonaventure).  A  Luxembourg,  chez  les  héritiers  de 
J.  B.  Ferry,  imprimeur  et  marchand-libraire.  1744. 

In-12,  de  54  pp.,  avec  une  pi.  représentant  le  monument  trouvé  à  Arlon. 


—  256  — 

Zef/rr  au  Rh'crcnd  Père  Bonavcnture  de  Liixanbourg,  capucin,  auteur  d'un  ouvrage 

intitulé  :  La  Tradition  d'Arlon,  etc.  S.  1.  n.  d. 

In- 12,  de  20  pp. 

L,-ttr,'  du   P.   Ihrtliolct,  jésuite,  au   TrH-Révérend  Père  Bonavcnture  de  Luxembourg, 

ca/^ucin,  en  Réponse  ir  son  libelle  intitulé  l'Ancienne  tradition  d'Arlon,  injustement  atta- 
quée, etc.  Imprime  à  Liège,  avec  permission  des  supérieurs  (5  février  1745). 

Pet.  in-8",  de  30  pp.  et  1  f. 

—  Remarques  de  la  part  du  Magistrat  de  la  ville  d'Arlon,  sur  la  lettre  du  Révérend  Père 
Bertholet,  jésuite,  au  Révérend  Père  Bonavcnture  de  Luxembourg,  capucin,  en  réponse  à  la 
brochure  intitulée,  l'Ancienne  Tradition  injustement  attaquée,  etc.  (A  la  fin  :)  Imprimées 
avec  les  suivantes  à  Luxembourg,  chez  les  héritiers  de  J.  B.  Ferry,  Imprimeur  et  Mar- 
chand Libraire,  1740.  In-i2,  de<)l  pp. 

—  Suite  des  Remarques  de  la  part  du  Magistrat  d'Arlon,  sur  la  lettre  du  R.  P.  Bertholet, 
iésuite,  en  répoJise  à  la,  etc. 

In- 12,  de  48  pp. 

Ces  Remarques  sont  du  P.  Bonaventure  de  Luxembourg. 

—  Réponse  aux  Remarques  du  P.  Bonaventure  de  Luxembourg,  capucin,  sur  son  Arahmœ. 
S.  1.  n.  d. 

In-i2,  de  24  pp. 

—  Lettres  au  R.  P.  Bonaventure  de  Luxembourg,  auteur  d'un  oicvrage  intitulé  l'Ancienne 
tradition,  etc.  Liège,  E.  Kints,  1746. 

In-80,  de  72  pp. 

284.  —  Histoire  en  abrégé  de  la  vie  de  S.  Hubert,  prince  du  sang  de 
France,  duc  d'Aquitaine,  premier  évéque  et  fondateur  de  la  ville  de 
Liège  et  apôtre  des  Ardennes.  Par  Célestin,  abbé  de  S.  Hubert.  Paris  et 
Liégey  chez  Everard  Kints,  1737,  in-8°. 

285.  —  Histoire  généalogique  des  Maisons  de  Dreux,  de  Bar  le  Duc,  de 
Luxembourg  &  de  Limbourg,  du  Plessis  de  Richelieu,  de  Broyés  &  de 
Chasteauvillain,  avec  les  preuves,  par  A.  du  Chesne.  Paris,  1631,  in-folio. 

286.  —  Histoire  géographique  et  politique  de  la  province  de  Luxem- 
bourg, depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours,  par  J.-B.  Laforét.  Namiir, 
Doux  fils,  1856. 

In-S*»,  de  66  pp.,  avec  une  carte  du  Luxembourg  à  l'époque  romaine. 

287.  —  Historia  Luxemburgensis  adj.  opusculum  de  gentilium  Deorum 
culta,  vanisque  sacrificiis,  a  Joanne  Bertelio,  concinnata.  Coloniœ,  Butge- 
nius,  MDCV,  2  vol.  in-4°. 

—  Historia  Luxemburgensis,  seii  Commentarius  quo  ducum  Luxem- 


—  257  — 

burgensiiim  ortus,  progressus,  ac  res  gestaî  continuata  série  ab  ipso 
primario  initiatore,  usqiie  ad  pr^sentem  illustrissimum  Archiducem 
Albertum  accurate  describuntur.  Simul  et  totius  provinciae  Luxembur- 
gensis  Ducatiis,  Marchionatus,  Baronatus  cœteraque  Dominia  succincte 
perstringuntiir.  Omnia  summo  studio  atque  admiranda  jucundidate  a 
Reverendo  Pâtre  D.  Joanne  Bertelio,  Epternacensis  Monasterii  Abbate 
concinnata.  Cum  indice  rerum  copiosissimo.  Editio  recognita  et  summa- 
rio  vitae  auctoris  adaucta  a  J.  P.  Brimmeyr  et  Math.  Michel,  societati 
historicae  luxemburgensi,  adscriptis.  Luxemburgi,  Vict.  Biick,  1856. 
Gr.  in-8°,  de  378  et  XVIll  pp. 

288.  —  Historisch-Œconomische  wie  industrielle  Handelstatistick  der 
Stadt  Diekirch.  Diekirch^  J.  A    i>chrœl,  1837. 

In-8°,  de  15  pp.  —  Par  François-Julien  Vannerus. 

289.  —  L'Homme  aux  légendes.  —  Province  de  Luxembourg. 

Chapitre  VIIl  des  Récits  historiques  belges...,  par  Adolphe  Siret. —  Sixième  édition.  Paris, 
P.  M.  Laroche;  Leipzig,  L.  A.  Kittler  ;  H.  Casterman,  Tournai,  1859,  in-12,  figures. 

-^  L'Homme  aux  légendes.  —  Récits  du  Limbourg  et  du  Luxembourg, 
par  Adolphe  Siret.  Troisième  édition.  Totunai,  H.  Casterman;  Paris, 
P.  Lethielleux,  1859. 

In-12,  de  104  pp.,  avec  sujet  gravé. 

29 \  —  Hommes  politiques  de  la  Belgique.  —  M.  de  Gerlache.  Par 
Félix  Delhasse. 

Dans  la  Revue  Trimestrielle.  Bruxelles,  1857,  t.  XIV,  pp.  5-65. 

Cette  biographie  de  M.  de  Gerlache  se  retrouve  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Ecrivains  et 
Hommes  politiques  de  la  Belgique, par  Fêli.x  Delhasse.'Kn  vente  :  chez  les  principaux  libraires 
du  rovaume.  —  1857.  (Bruxelles.  —  Impr.  de  Henri  Samuel,  rue  des  Secours,  7),  in-12, 
pp.  87-149. 

29  L  —  Les  Hommes  remarquables  qui  ont  appartenu  au  pays  de 
Luxembourg.  —  Traduction  d'un  manuscrit  latin.  Par  Aug.  Neyen. 
Lii.xembotirg,  1862,  in  4°. 

292.  —  De  l'Honneur  national,  à  propos  des  vingt-quatre  articles,  par 
un  Luxembourgeois  de  la  partie  cédée.  —  Beati  pacifici,  quoniam  filii 
Dei  vocabuntur.  Evang.  secundum  Matth.,  v.  9.  —  Bruxelles,  Muquardt, 
libraire,  rue  de  V  Empereur .  —  Février  1839. 

Pet.  in-8o,  de  15  pp. 

L'auteur  de  cet  écrit  est  le  baron  Fréd.-Aug.-Ferd.-Th.  de  Reitfenberg,  né  à  Mons,  le 
14  nov^embre  1795. 


—  258  — 

'■2\y^.  —  Les  Illustrations  de  Stavelot,  et  les  vies  des  saints  Remacle, 
'rhé(Hlart,  Hadelin,  Lambert,  Hubert,  Poppo,  et  d'autres  grands  civilisa- 
teurs des  Ardcnnes;  par  Courtejoie.  Liège,  imprimerie  de  Lardinois  1848, 
in-hJ. 

294.  —  Lnprimeurs  luxembourgeois  à  Cologne.  Par  J.-B.  Douret.  — 
Bruxelles,  Imprimerie  de  Toint-Scohier,  rue  de  la  Commune,  Il  (1870). 

In-8",  de  7  pp.  —  Extrait  du  Bibliophile  Belge,  Tome  V. 

295.  —  De  l'Industrie  agricole  dans  la  province  de  Luxembourg  et 
renseignements  divers  sur  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  par  Emile 
Reuter.  officier  aux  carabiniers.  Luxembourg,  Imprimerie  Pierre  Briick, 
libraire-éditeur .  1 875 . 

In-8°de  131  pp. 

296.  —  L'Innocence  injustement  opprimée  Dans  la  personne  du 
S' Genty,  Curé  de  S*  Nicolas  dans  la  Ville  de  Mons.  Et  Mademoiselle  L.  T. 
son  Epouse  appellée  vulgairement  sa  Sœur,  Par  le  procédé  violent  du 
Sieur  de  Beaurieu,  Chanoine  Officiai  de  Cambrai,  à  la  sollicitation  des... 
de  la  Paroisse  dudit  St  Nicolas,  soutenus  du  S"^  de...  6\  n.  l.  d.  (1693). 

Pet.  in- 12,  de  83  pp. 

Guillaume-Martin  Genty  était  né  à  Bastogne.  Vov.  le  Bibliophile  Belge.  Bruxelles, 
Olivier,  186G,  t.  I,  pp.  67-71. 

297  —  Instituts  de  droit,  ou  Sommaire  de  jurisprudence  canonique, 
civile,  féodale  &  criminelle,  pour  les  pa3's  de  Liège,  de  Luxembourg,  de 
Namur  &  autres.  Par  M.  Sohet.  Licencié  es-Loix,  Mayeur  de  Chooz. 
A  Bouillon,  chez  A.  Foissv,  Imprimeur  de  S.  A.  8.  Mrg.  le  Duc.  Et  se  vend 
à  Liège,  Luxembourg,  Namur,  Bruxelles,  Malines,  Louvain,  Douav,  etc. 
M.  DCC.  LXXII.  Avec  Approbation  des  'Supérieurs. 

In-4°  de  XVI-207  et  144  pp..  —  1''=  et  2"  parties. 

—  Instituts,  etc.  A  Namur,  chez  Guillaume-Joseph  Lafontaine,  Impri- 
meur de  Sa  Majesté  Impériale  Royale  Apostolique  &  du  Conseil  de 
iVatnur.  1770. 

in-40,  de  III-111-348  pp.  —  3«  partie. 

—  Instituts,  etc.  Ibid..  M.  DCC.  LXXXL 

In-4'',  de  128,  120  et  cxij  pp.  —  4e  et  5^  parties. 

298.  —  Instruction  à  l'usage  des  brigadiers  et  des  gardes  forestiers  de 
l'Inspection  de  Luxembourg.  —  Instruktion  zum  Gebrauche  der  Forst- 
Brigadiere  imd  der  Forster  der  Inspektion  Lùtzemburg.  —  Arlon,  impri- 
merie de  C.-.l.  Bourgeois.  —  1836. 

In-8",  de  213  pp.,  plus  6  pp.  non  chift'rées  pour  la  Table  des  matières. 
Par  F2rpclding,  Inspecteur  des  eaux  et  forêts. 


—  259  — 

299.  —  Itinéraire  du  Luxembourg  Germanique,  ou  Voyage  historique 
et  pittoresque  dans  le  Grand-Duché.  —  Dédié  au  Roi.  Par  le  chevalier 
L'Evèque  de  la  Basse  Moûturie,  Membre  de  la  Légion  d'Honneur,  de  la 
première  classe,  de  l'Institut  historique  de  France,  etc.,  etc. 

Vivite  Luxburgi  :  fidos  vos  prisca  per  orbem 

Fama  vocat,  fidos  posteritasque  leget  : 
Nescia  gens  verti,  sociis  regique  Deoque 

Servastis  semper  fœdera,  jura,  fidem. 

Luxembourg.  Librairie  de  V.  Hojfman,  Place  d' Armes ^  «°  216.  Impri- 
merie de  J.  Lamort.  —  1844. 

In-8o,  de  5  ff.,  XXIX  et  5U0  pp. 

300.  —  Itinéraires  sur  le  chemin  de  fer  du  Luxembourg,  avec  indication 
des  correspondances  que  les  Voyageurs  trouveront  sur  cette  ligne,  tant 
pour  des  excursions  dans  l'intérieur  de  la  Belgique  que  pour  des  voyages 
à  l'extérieur.  —  Bruxelles.  Imprimerie  de  Delevingne  et  Callewaert, 
Chaussée  d'Ixe'les,  90.  —  186;). 

In-32,  de  26  pp.,  avec  une  carte. 

oOI.  —  Jean-Baptiste  Thorn,  décédé  gouverneur  du  Hainaut,  par  J.  B. 
Bivort.  Mons,  Em.  iloyois  (1843). 

In-S»,  de  14  pp. 

302.  —  Jean  l'Aveugle,  roi  de  Bohême,  comte  de  Luxembourg,  marquis 
d'Arlon  ;  esquisse  biographique,  publiée  par  P. -A.  Lenz,  professeur  à 
l'Université  de  Gand.  Ga?id,  1839. 

In-8°,  de  98  pp.,  avec  une  lithographie. 

Tiré  à  part,  à  50  exemplaires,  des  Notn'elles  archives  historiques,  philosophiques  et  litté- 
raires. 

303.  —  Jean  Rothe,  chroniqueur  et  poète  (luxembourgeois)  du  XV^ 
siècle. 

Dans  le  Bibliophile  belge.  Bruxelles,  t.  XV. 

304.  —  Schœtter  (J  ).  Johann,  Graf  von  Luxemburg,  und  Kœnig  von 
Bœhmen.  Luxemburg,  1865,  2  vol.  in-8°. 

305.  —  Jong  vum  Schreek  ob  dé  Lezeburger  Parnassus,  vum  A.  Meyer. 
Loîtvaifi,  Massar-Mever,  1832,  in-12. 

3)06.  —  Journal  der  belegering  van  Luxemburg,  door  het  léger  des 
konings  van  Frankryk,  gecommandeerd  van  de  maarschalck  de  Crequi,... 
benevens  eene  curieuse  afbeelding  der  stad  en  'tbeleg.  (S.  1.)  Aiino 
1684,  fig. 


—  260  — 

307.  —  Jounuil  du  voyage  de  Sa  Majesté  (Louis  XIV)  à  Luxembourg, 
jvin  1(387.  S-"  part.  Paris,  1687,  in- 12. 

Par  Donneau  de  Visé,  rédacteur  du  Mercut-i-  galant. 

;îOS.  —  luan  Austriaco  camina  à  Flandes.  Desconocido  en  el  camino, 
en  Luxeniburgo  se  descubre.  (4  novembre  1576). 

D.uisla  Primera  Decada  Je  /as  Guerras  de  Flandes,  des  de  la  Muerte  del  Eniperador 
Carlos  V.  liasta  el  Priucipio  del  Gonierno  de  Alexandro  Farnese,  tercero  Duque  de  Parina  y 
Placent  ia,  escrita  eu  Latin  por  el  K.  P.  Famiano  Estrada  de  la  Campania  de  Jésus,  y  Tradu- 
cida  en  Romance  por  el  R.  P.  Melchor  de  Novar  de  la  misma  Compania.  Tercera  impression 
de  nnej'o  enmendada,  y  corregida  de  muchas y  grandes  faltas.  Amberes,  por  Henrico,  y  Cor- 
nelio  Verdussen,  Aflo  M.D.CCI.  —  Con  Licencia  de  los  Superiores,  pet.  in-8o,  pp.  455-463. 

Vov.  aussi  la  traduction  française  de  cet  ouvrage  de  Strada,  publiée  par  Du  Rier,  sous 
le  titre  d'Histoire  de  la  Gverre  de  F'iandre...  Première  Décade.  Paris,  Thomas  lolly, 
M.UC  LXIV,  in-12,  pp.  321-334  (Don  Juan  d'Autriche  à  Luxembourg.) 

309.  —  Jugement  du  28  juillet  1849.  En  cause  de  la  Compagnie  du 
Luxembourg,  contre  l'Etat  belge.  —  {Bruxelles.)  Imprimerie  de  V. 
Manche^  me  des  Boîleii.x,  13.  (1849). 

In-folio  piano,  à  3  colonnes. 


310  —  Weiland,  Karte  der  Niederlande,  Belgien  und  Luxembourg. 
Weimar,  1831. 

311.  —  Kermesse  dans  les  Ardennes.  S.  /.  n.  d. 

Lithographie  coloriée. 

312.  —  Kleine  vermischte  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Schicksale 
einheimischer  und  fremder  Mùnzen  im  Luxemburg  und  in  Chiny,  von 
M.  F.  J    Mùller,  Trier,  1829,  in-4°. 

313.  --  Kurze  Beschreibung  der  Weltberùhmten  Prozession  zu  Echter- 
nach. 

(Dictionnaire  géographique  du  Luxembourg,  par  Pli.  Vandermaelen.  —  Bruxelles,  1838, 
p.  45.) 

314  —  Kurze  doch  zuverlâsi  ^e  statistiche  Uebersicht  des  Herzogthums 
Luxemburg  und  der  Grafschaft  Chiny,  von  M.  F.  J  Mùller.  Trier,  Schroll 
(1814),  in-4°. 


315.  —  Gottschall.   Lambertine  von  Mericourt,  eine  Tragôdie.  Ham- 
burg,  1850. 

316   —  La  Roche. 


—  261  — 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Ruines  et  paysages  en  Belgique,  par  Eug.  Gens,  Professeur 
d'histoire  à  l'Athénée  d'Anr'ers.  Bruxelles,  A.  Jamar,  éditeur,  s.  d.,  in-12,  pp.  199-204. 

317.  —  La  Roche-sur-rOiirthe  (Luxembourg  belge).  (Texte.)  -  Vue 
des  ruines  de  la  Roche-sur-I'Ourthe.  Dessin  de  Vanderhect  de  Bruxelles. 

Dans  le  Magasin  pittoresque.  Paris,  1852,  t.  XX,  pp.  129-130. 

318.  —  Weber  (^Hubert).  Leben  der  gottseligen  Schwester  Margaretha, 
des  dritten  Ordens  des  heiligen  Franciscus.  Klausnerin  an  dem  heiligem 
Geist-Kloster  in  Luxemburg.  Luxemburg,  1835,  in-8°. 

319  —  Leben  der  Gicefin  Yolanda,  von  Vianden,  beschrieben  von 
Alex.  Wiltheim^  ùbersetz  von  P.  Stheres.  Luxemburg,  Lamort,  1841, 
in-8°,  fig. 

320.  —  Xoel  (P.  A  O.).  Leben  der  hl.  Kunigunde  von  Luxemburg, 
Kaiserin  von  Deutschland   Luxemburg,  1856,  in-8''. 

321 .  —  Weber.  Leben  der  Schwester  Monika,  geborne  Margaretha  von 
Busbach,  Witwe  des  H.  Wiltheim.  Luxemburg,  Heinze,  1857. 

322  —  Simon  Abbes  Gabbema,  Leevensbeschryvingen  van  St.  Willi- 
brord,  St.  Bonifaas  en  St  Aalberyk.  Gouda,  1703,  figures  sui  cuivre. 

323.  —  Lettre  adressée  par  quelques  notables  de  la  province  du 
Luxembourg,  à  M.  l'abbé  Brosius  En  date  du  8  mai  1790,  contenant  un 
tableau  intéressant  des  dispositions  de  la  ville  et  du  pays.  A  Louvain,  chez 
François  Miche/,  (1190),  in  S°. 

324.  —  Lettre  de  l'abbé  de  Feller  au  conseil  souverain  du  Luxembourg 
(1788). 

325.  —  Lettre  de  Marche.  —  A  propos  d'une  forêt  de  2,447  hectares.  — 
Une  forêt  à  partager  entre  quatorze  communes.  —  Pour  éviter  une  trouée 
dans  le  massif  forestier  de  Freyr.  —  Achat  par  l'Etat  de  lîO  hectares  de 
Bois. 

Dans  le  Journal  de  Bruxelles,  2  juin  1893. 

326.  —  Lettre  de  M.  J.  Havelange  (datée  de  Luxembourg,  le  3  dé- 
cembre 1787  et  adressée)  aux  Etats  du  duché  de  Luxembourg  et  comté 
de  Chiny  (donnant  des  explications  au  sujet  de  sa  démission).  (1787),  in  8°. 

327.  —  Lettre  de  M.  l'Abbé  Havelange,  adressée  à  tous  les  Archevêque 
&  Evéques,  dont  les  diocèses  s'étendent  sur  la  province  de  Luxembourg. 
(Datée  de  Luxembourg,  le  10  Mai  1181).  —  Représentations  du  même  à 

18 


—  262  — 

leurs  Altesses  Rovales,  Gouverneurs  Généraux  des  Pays-Bas  Autrichiens. 
RepTiesentatio  ab  infras  cripto  exhibita  Serenissimis  Belgii  Austriaci 
Gubernatoribus  (1).  —  Lettre  de  M.  Havelange  à  S.  A.  R.  &  E.  l'Arche- 
vêque de  Trêves,  le  20  Mai  1787.  —  Copie  d'une  Lettre  de  M.  Havelange 
à  ^L  Mayence,  Directeur  du  Séminaire  Filial  de  Luxembourg,  en  réponse 
à  un  Billet  repris  en  entier  dans  la  Lettre  suivante.  (Luxembourg,  le 
18  Mai  1787).  -  Discours  de  M.  Mayence,  Président  du  Séminaire  de 
Luxembourg,  aux  Séminaristes  assemblés,  le  19  Mai  1787.  (En  latin).  — 
Extrait  d'une  Lettre  de  Louvain.  —  Vers  adressés  à  l'Empereur  &  à 
L.  A.  R.,  le  ol  Mai  1787.  —  (Luxembourg,  1787). 

In-8o,  de  16  pp. 

328.  —  Lettre  de  M.  le  commandant  prussien  (Dumoulin)  de  la  forte- 
resse de  Luxembourg,  à  M.  Reuter,  procureur  royal  belge,  à  Luxem- 
bourg. (3  juin  1817). 

Dans  r  Ohserx'ateur  politique ,  administratif  et  littéraire  de  la  Belgique.  Bruxelles,  P.  J.  De 
Mat,  1816,  t.  X,  pp.  322-323. 

329.  —  Lettre  d'un  Patriote  Belgique  (datée  de  Namur,  le  20  de  Mai 
1790).  —  Relation  des  Victoires  remportées  par  les  Troupes  Royales 
Autrichiennes  sur  les  Insurgens  Brabançons,  le  18,  23  &  24  Mai  1790. 

Pet.  in-8°,  de  12  pp. 

Voici  quelques  lignes  de  la  Relation  que  nous  venons  de  citer  : 

«  Le  18  Mai.  les  Insurgens  Brabançons  poussèrent  leur  aveuglement  jusqu'à  tenter  de 
pénétrer  dans  la  province  de  Luxembourg,  restée  fidèle  à  son  légitilne  Souverain.  » 
(Page  2). 


«  Spécification 

«  De  P  Attirail  de  guerre  pris  sur  les  /nsurgens  le  23  Mai  1190  près  de  Bayonville  àf  le  24 
près  d'Y^MViTAWi,  par  l'Aile  droite  de  l'Armée  Autrichienne. 

«  Deux  Canons  de  6  livres  de  balle. 

«  Sept  de  3 

«  Deux  de  2 

«  Un  de  1  1/2  Le  Lion  Belgique. 

«  Un  Petite  Pièce. 

Oiize  h  deux  chevaux. 


«  Chariots  de   Munitions    ,     ... 

Un  a  quatre 

«  Un  chariot  ordinaire  à  quatre  chevaux. 

«  73  Fusils  &  22  Bajonnettes,  avec  de  la  grosse  &  menue  Munition  :  55  Caises,  22  che- 
vaux, dont  11  seulement  sont  propres  pour  l'Artillerie;  l'on  a  aussi  fait  42  Prisonniers, 
parmi  lesquels  se  trouve  un  soi-disant  Officier. 


(1)  Dans  cette  pièce,  datée  de  Luxembourg,  le  10  de  Mai  1787,  J.  J.  Havelange  nous 
apprend  que  «  depuis  14  ans  il  fut  envoyé  de  Louvain  à  Luxembourg,  pour  y  être  em- 
ployé dans  l'enseignement  public  au  College-Royal.  » 


~  263  — 

«  De  r Attiraillc  de  guerre,  pris  par  l'Aile  gauche  de  la  dite  Armée,  près  de  Mirwart,  le 
23  de  Mai. 

«  Le  grand  &  principal  Etendart. 

«  Un  canon  de  8  livres  de  balle. 

«  Deux         de  6 

»  Six  Chârettes  de  Munitions,  &  trois  Chariots  chargés  de  vivres,  ainsi  que  six  Ton- 
neaux emplis  de  cartouches  &  de  balles. 

«  Tous  ces  Trophées  entreront  dans  la  Ville  de  Luxembourg  le  29  de  ce  mois.  » 
(Page  11). 

«  Avis  postérieur. 

»  Mr.  le  Lt.  Colonel  de  Pfortzheim  a  sabré  à  l'affaire  de  Mirwart  du  25  les  Canonniers 
ennemis,  &  leur  enleva  le  canon. 

«  C'est  Mr.  le  Premier-I-ieutenant  de  Mesemacker  du  Régiment  de  la  Tour,  qui  a 
enlevé  lui-même  le  grand  Etendard.  »  (Page  12). 

330.  —  Lettre  sur  ce  qui  se  passe  actuellement  dans  la  province  de 
Luxembourg.  Bruxelles,  ce  3  de  l'an  1790.  Pet.  in-8\ 

331.  —  Lettre  sur  la  qualité  lithontriptique  des  eaux  d'Ardenne.  Par 
dom  Robert  Hickmann. 

Dans  r Indicateur  intéressant,  ou  l' Ami  de  l'humanité.  (Malines,  P.  J.  Hanicq).  1784. 
Cette  lettre  avait  déjà  paru  dans  la  Gazette  salutaire,  publiée  à  Bouillon. 

332.  —  Het  Leven  ende  Mirakelen  vande  H.  Bisschoppen  Eligius, 
Willibrordus,  Norbertus,  Apostelen  van  dese  Nederlanden.  Ende  princi- 
paelijck  derStadt  Antwerpen.  Door  Laurentius  Beyerlinck.  f  Antiverpeii., 
by  Fransoys  le  Chien  Inde  Cainmerstraet  (Inde  twee  Oyevaerts)  1651,  in-4'' 
goth. 

333.  —  Het  Leven  van  den  H.  Donatus,  doôr  Mr.  den  Abt....  Rector 
van  Sorbonnen,  overgezet  doôr  J.  D.  Verpoorten.  f  Antzverpen,  by 
Gerarchis  Berbie,  in  de  Israelitstraet,  by  de  Borze.  1759,  in-8^  Avec  la 
gravure  de  la  statue  du  saint,  à  St-Jacques  d'Anvers. 

Publié  par  la  Confrérie  de  St-Donat,  à  St-Jacques  d'Anvers,  dont  l'auteur  était  cha- 
noine. 

334.  —  Lexicon  der  Luxemburger  Umgangsprache  (wie  sie  in  und  um 
Luxemburg  gesprochen  wird)  mit  hochdeutscher  und  franzôsischer 
Uebersetzung  und  Erklârung,  von  J.  F.  Gangler.  Luxembourg,  Hoffman, 
1847. 

335.  —  Le  Lias  inférieur  de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle,  du  grand- 
duché  de  Luxembourg,  de  la  Belgique,  de  la  Meuse  et  des  Ardennes; 
par  Terquem  et  Piette. 

(Mém.  de  la  Soc.  géol.  de  Fra7ice,  t.  VIII,  1865-1868). 


—  264  — 

336.  —  Liste  alphabétique  des  villes,  villages  et  hameaux  de  la  province 
de  Luxembourg.  —  Arlon,  de  l'Imprimerie  de  P. -A.  Brilck,  s.  d. 

In-40,  de  (32  pp. 

3o7.  —  Liste  chronologique  des  ordonnances  des  XIIP,  XI V^  et  XV"^ 
siècles,  concernant  la  province  de  Luxembourg.  (Par  M.  Laurent). 

Dans  les  Procès-verbaux  des  séances  de  la  Commission  royale  pour  la  publication  des 
anciennes  lois  et  ordonnajices  de  la  Belgique.  Bruxelles,  1883,  t.  VI,  pp.  377-391. 

338.  —  Liste  des  bannis  et  des  exécutés,  pour  cause  des  troubles,  dans 
les  provinces  de  Brabant,  de  L imbourg  et  de  Luxembourg  :  15  février 
-1569.  (1570,  n.  st.). 

Dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire,  ou  recueil  de  ses 
bulletins.  —  Troisième  série.  —  Tome  septième.  —  l^^"  bulletin.  Bruxelles,  M.  Hayez,  impri- 
meur de  l'Académie  royale.  —  1864,  in-8'',  pp.  34-65. 

339.  —  Liste  des  députés  pour  Vienne...  Députés  de  Luxembourg. 

Dans  le  jfournal  historique  et  littéraire.  Luxembourg,  l^'"  septembre  1787,  p.  61. 

Par  une  dépêche  du  3  juillet  1787,  Joseph  II  ordonna  aux  états  des  différentes  provinces 
des  Pays-Bas  de  lui  envoyer,  à  Vienne,  des  députés,  qui  vinssent  lui  soumettre  de  vive 
voix  les  griefs  qui  occasionnaient  les  troubles  dont  il  se  plaignait.  (1) 

Les  députés  de  Luxembourg  étaient  :  l'abbé  d'Echternach,  M''  de  Pfortzheim,  de  l'Etat 
Noble,  M''  Didier,  échevin  d'Arlon,  de  la  part  du  Tiers  Etat,  et  M""  Rossignon,  conseiller- 
pensionnaire  des  Etats. 

340.  —  Lucilibvrgensia  sive  Lvxembvrgvm  roman vm.  Hoc  est 
Arduennae  veteris  situs  populi,  loca  prisca,  ritus,  sacra,  lingua,  viae  con- 
sulares,  castra,  castella,  villae  publicae,  jam  inde  a  Cassarum  temporibus 
Urbis  adhaec  Luxemburgensis  incunabula  et  incrementum  investigata 
atque  a  Fabula  vindicata.  Monimentorum  insuper,  praeprimis  Eglensis 
secvndorum  Cis-Alpinorum  principis,  inscriptionum,  simulachrorum, 
sigillorum  epitrapeziorum,  gemmarum,  et  aliarum  antiquitatum  quam- 
plurimarum  tam  urbi  Luxemburgensi  importatarum  quam  per  totam 
passim  provinciam  sparsarum  mythologica  romana.  Pleraque  aut  prorsus 
nova,  aut  a  nomine  hactenus  explanata,  erudite  non  minus  quam  operose 
eruderata  et  illustrata  a  R.  P.  Alexandro  Wilthemio  Lvxembvrgensi 
Societatis  Jesu  sacerdote.  Opus  posthumum,  a  Med.  Doctore  Aug.  Neyen, 
Luxemburgo,  pluribus  societatibus  scientificis  adscripto,  nunc  primum  in 
lucem  editum.  Lu.xejubiirgi.  ApiidJ.  P.  Kuboryi,  bibliopola.  (Uixembiirgi. 
—  Typis  7.  Lamort].  MDCCCXLIL 

In-40,  de  XVII  pp.,  1  f.  et  336  pp.  Avec  99  pi.  tirées  en  bleu. 


(1)  M.  Le  Grand,  Révolution  brabançonjie.  Bruxelles,  1843,  p.  47. 


265  — 


341.  —  Lutzenbursfi  Ducatus. 


Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Hœresis  ac  rehellio  Hollandorvm  Gvilicbno  principi  avriaco 
asserta.Ab  anno  1559,  vsque  ad  obitum  eius  158  4.  Svbnectitvr  regvm  Hispaniarvm  a  Rvrginidis 
et  Avstriacis  in  singvlas  Belgicœ provhicias  plénum  jus  ùf  doniiniuni.  Auctore  loanne  de  la 
Fosse,  lurisconsulto  Belga.  BrvxellcB,  apud  Godefredum  Schovartium,  1644.  —  Cum  gratiâ 
&  privilegio,  pet.  in-4°,  pp.  3-4  (notes). 

342.  —  Luxembergensis  Ducatus,  tam  in  minores  quam  Principales 
Ditiones  peraccurate  distinctus  perNicolaum  Visscher.  Amsterdam {ilOO  ?) 

(Bibliotheca  geographica  StcTens.  London,  1872,  part.  I,  n°  1717). 

343.  —  Luxembourg  (carte  de  la  province  de).  lÀbrairie  classique  de 
J.-B.  Tarride,  Editeur,  rue  du  Peuplier,  9,  Bruxelles.  S.  d. 

Pet.  in-folio  piano. 

344.  —  Le  Luxembourg.  Par  Eug.  Gens. 

Dans  la  Belgique  nuviumentale.  Bruxelles,  Jamar,  1845,  2  vol.  in-S",  lig. 

345.  —  Le  Luxembourg  belge  et  son  ethnographie  sous  la  domination 
romaine,  par  J.  Felsenhart,  docteur  en  philosophie  et  lettres,  membre 
correspondant  de  l'Académie  d'archéologie  de  Belgique.  —  Bruxelles, 
Félix  Callewaert  père,  éditeur,  2(5,  rue  de  l'Industrie,  26.  —  1874. 

In-S»  de  334  pp. 

346.  —  Luxembourg,  Bouillon  (Duchés  de),  etc.  Par  Jeanne  C"^  Mail- 
lart.  S.  /.  n.  d. 

In-folio  piano.  —  Carte  coloriée. 

347.  —  La  Luxembourg-Limbourgeoise. 

Dans  la  brochure  ayant  pour  titre  :  Epitre  au  Roi  des  Belges,  sur  les  24  articles,  par 
A. -F.  Guillerez,  Professeur  de  l'jiniversité  de  Fraiice,  auteur  de  la  Vie  du  eh*'"  de  Pougens, 
d'un  Mémoire  à  la  Chambre  des  Pairs  sur  l'amnistie,  etc.,  ouvrages  favorablement  accueillis 
par  le  Roi  des  Français.  —  Bruxelles,  François,  libraire-éditeur,  rue  aux  Laines,  n°  9.  — 
1838,  in-80,  pp.  13-15. 

—  La  Luxembourg-Limbourgeoise. 

Dans  La  Coulisse  théâtrale  et  sportive.  Bruxelles,  (1891),  n"  10,  p.  14. 

348.  —  Le  Luxembourgeois.  Almanach  administratif,  agricole,  com- 
mercial et  industriel  de  la  province  de  Luxembourg  (par  E.  Tandel). 
Arlon,  Poncin,  imprimeur-éditeur ,  1866. 

In-        ,  de  92  pp.  —  1"  année. 

-  Ibid.,  1867. 

In-        ,  de  104  pp.  —  2«  année. 


—  266  — 

—  /^/</.,  1868. 

In-        ,  de  90  pp.  —  ^^  année. 

;:549.  —  La  Luxembourgeoise.  Paroles  d'Edouard  Smits,  Musique  de 
F.  Campenhout.  Prix  :  1.  F'". 

3  pages  in-i". 

Cette  chanson  patriotique,  probablement  oubliée  depui.s  longtemps,  est  entièrement 
gravée  (musique  et  paroles).  Elle  ne  porte  ni  lieu  d'impression,  ni  nom  de  graveur,  ni 
date  :  mais  elle  a  sans  doute  été  publiée  à  Bruxelles,  pendant  la  période  de  1830  à  1839. 

Voici  les  3  couplets  de  La  Luxembourgeoise  : 

Des  rois  osaient,  dans  leur  vaine  arrogance. 
Au  Luxembourg,  de  loin  montrer  des  fers; 
Ils  se  fiaient  au  sommeil  de  la  France... 
Le  Lion  Belge  avait  les  yeux  ouverts. 
Que  tardent-ils  ?  qu'ils  offrent  à  nos  haines. 
De  leurs  sujets  les  stupides  troupeaux  ; 
Venez!  bientôt  les  forêts  des  Ardennes. 
Des  fils  du  Nord,  couvriront  les  tombeaux. 

Luxembourgeois  !  vous  êtes  fiers  et  braves! 
S'ils  sont  nombreux,  nous  sommes  vos  amis  ; 
Que  les  Germains  demandent  aux  Bataves 
Si  nous  avons  compté  nos  ennemis  ? 
Bravons  la  mort  pour  repousser  leurs  chaînes. 
Plus  ils  sont  forts,  plus  le  triomphe  est  beau  ! 
Tyrans  unis,  venez!  et  les  Ardennes, 
Vous  recevront  dans  un  vaste  tombeau. 

Quoi  !  vous  voulez  morceler  la  Patrie  ! 

N'avons-nous  plus  et  du  fer  et  des  bras  ? 

Le  Polonais  prouve  à  la  Moscovie, 

«  Qu'un  peuple  meurt ^  mais  qu'il  ne  se  rend  pas!  » 

Du  Polonais,  l'ardeur  brûle  nos  veines  ! 

Osez  toucher  à  nos  jeunes  drapeaux. 

Et  vous  verrez  les  forêts  des  Ardennes, 

Des  fils  du  Nord,  ombrager  les  tombeaux. 

—  La  Luxembourgeoise.  Paroles  d'Edouard  Smits,  Musique  de 
F,  Campenhout. 

Dans  La  Coiilisse  théâtrale  et  sportive.  Bruxelles,  (1891),  n°  10,  p.  14. 

350.  —  Luxemburgische  Gedichte  und  Fabeln.  Von  A.  Meyer;  nebst 
einer  grammatischen  Einleitung  und  einer  Wôrtererklârung  der  dem 
Dialekt  mehr  oder  weniger  eigenartigen  Ausdrùcke  von  Gloden.  Brnssel. 
Bei  Delevingne  tmd  Callewaert  (1845). 

In-12,  de  XXXVIII  et  199  pp. 

Voy.  Félix  Thycs,  Essai  sur  la  poésie  luxembourgeoise,  p.  39  et  suiv. 


—  267  — 

Soi .  —  La  Maison  dynastique  et  baronnale  von  der  Feitz,  issue  du 
Luxembourg,  par  Aug.  Neyen.  Luxembourg,  1866,  in- 4°. 

352.  —  Manuel  de  la  Meuse.  —  Histoire  de  Montmédy  et  des  localités 
meusiennes  de  l'ancien  comté  de  Chin}^  par  M.  Jeantin.  Nancy,  1861- 
1863,  3  vol.  in-8°. 

353.  —  Manuel  des  fondations  de  bourses  d'étude,  instituées  en  faveur 
des  Luxembourgeois,  par  J.  P.  Koltz,  chef  de  bureau  et  membre  secré- 
taire du  comité  consultatif  pour  les  affaires  des  fondations  d'instruction 
publique.  Luxembourg,  Imprimerie  de  V.  Buck,  rue  du  Curé.  —  1858. 

ln-8°,  de  1  f.,  XVIIl  et  551  pp. 

354.  —  Manuel  des  fondations  de  bourses  d'études  (textes  et  législa- 
tion), par  Emile  Tandel,  secrétaire -receveur  de  la  Commission  provin- 
ciale des  bourses  du  Luxembourg.  —  Arloii,  Typographie  et  Lithographie 
de  P.-A.  Bruck,  1874. 

In-80,  de  182  pp. 

355.  —  Map  shewing  the  line  &  extensions  of  the  Great  Luxembourg 
Company;  the  European  Railroads,  executed,  or  in  course  of  exécution, 
and  the  Luxembourg  canal,  designed  to  Connect  the  rivers  Meuse  and 
Moselle.  June  1846. 

In-folio  piano. 

356.  —  Marc  Bruno,  profil  d'artiste,  par  Félix  Thyes,  précédé  d'une 
notice  sur  l'auteur  (l),  par  Eugène  Van  Bemmel,  professeur  ordinaire  à 
la  faculté  des  lettres  de  l'université  de  Bruxelles.  —  Bruxelles,  établisse- 
ment typographique  de  Henri  Sajuuel,  rue  des  Secours,  7.  —  1855. 

In-i8,  de  XLIV  et  194  pp. 

357.  —  Marche.  —  Arlon.  —  Bastogne.  —  La  Roche.  —  Luxembourg. 
—  S'-Hubert.  —  Nassogne.  —  Echternach. 

Dans  le  Guide  du  Voyageur  en  Belgique  et  eu  HolUuide,  par  Richard.       , 
Paris,  Maison,  1839,  in-18,  pp.  280-292. 

358.  —  Les  Marches  de  l'Ardenne  et  des  Wôepvres,  ou  l'arène  féodale 
à  la  naissance  des  grandes  suzerainetés  lotharingiennes,  par  M.  Jeantin, 
Président  du  Tribunal  civil  de  Montmédy,  Chevalier  de  la  Légion  d'Hon- 
neur, Membre  de  l'Académie  de  Metz  et  des  sociétés  archéologiques 
d' Arlon,  Luxembourg,  Nancy  et  Verdun  ;  correspondant  du  Ministère  de 


(1)  Né  à  Luxembourg,  le  19  janvier  1830. 


-   268  — 

rinstruction  publique  pour  les  travaux  historiques.  Paris,  L.  Maison, 
libraire,  rue  Christine,  3.  —  Nancy,  Grimblotet  V"  Ray  bois,  imprimeurs- 
libraires,  P/ace  Stanislas,  1,  et  rue  Saisit- Dizier,  125.  —  1853.  (Nancy, 
imprimerie  de  veuve  Ray  bois  et  comp .) 

2  vol.  in-S",  de  LXXV-549  et  632  pp.  ;  cartes. 
Première  partie  :  Marches  Ardenno-Mosellaniqiies. 
Seconde  partie  :  Marches  liarro-Woëpvriennes. 

no9.  —  Maria,  die  Trôsterin  der  Betrùbten  oder  Geschichte  der 
Verehrung  Maria's  als  der  Schutzpatronin  der  Stadt  und  des  Landes 
Luxemburg,  quellenmâssig  dargestellt  von  P.  Aloysius  Amherd,  Priester 
und  Missionàr  aus  der  Versammelung  des  allerheiligsten  Erlosers. 
Luxemburg,  \.  Buck,  1855. 

Voy.  Kuntgen,  Histoire  de  Notre-Dame  de  Luxembourg.  Namur,  1866,  p.  11. 

360.  —  Maria  Mutter  Jesu,  Trœsterin  der  Betruebten,  Patronin  des 
Herzogthums  Lutzemburg  und  der  Grafschaft  Chiny,  in  ihrer  nœchst 
Lutzemburg  gelegenen  Capell  wunderthastige  Xoth-Helferin  allen 
Betruebten  und  Noth-Leidenden  zum  Trost  vergestellt.  Lutzemburg, 
1736,  in-8°. 

Par  Pierre  Wiltz. 

361.  —  Le  Mariage  à  la  chaise.  Mœurs  ardennaises. 

Dans  la  Lune-  de  miel,  journal  des  Célibataires  et  des  Fiancés.  Bruxelles,  Rossel,  in-8°, 
n»  2,  du  1"  février  1876,  pp.  7-8. 

362.  —  Marie-Thérèse  à  Luxembourg. 

Dans  le  Magasin  belge,  universel  et  pittoresque.  Bruxelles,  18.38,  p.  133. 

363.  —  Marie-Thérèse  par  la  grâce  de  Dieu,  Impératrice  des  Ro- 
mains,... Duchesse...  de  Luxembourg...  (A  la  fin  :)  'Sur  la  Copie  imprimée 
à  Bru.xelles.  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier,  Imprimeur  de  ^"« 
Majesté  Impériale  &  Royale  (1746). 

Pet.  in-4°,  de  10  pp.;  armoiries  en  tète  de  la  1"  page. 
Ordonnance  du  12  janvier  1746,  relative  à  la  vénalité  des  Offices. 

364.  —  Marie-Thérèse  par  la  grâce  de  Dieu,  Impératrice  des  Ro- 
mains,... Duchesse...  de  Luxembourg...  (A  la  fin  :)  Se  vend  à  Luxembourg, 
chez  l'héritière  d'André  Chevalier,  viva?it  Imprimeur  de  Sa  Majesté 
V Impératrice- Reine  (1 752) . 

Pet.  in-4'',  de  12  pp.;  armoiries  en  tête  de  la  1"  page. 
Ordonnance  du  22  juin  1752,  concernant  les  Seigneuries, fiefs,  etc. 

365.  —  Martin  de  Rossem,  gouverneur  du  Luxembourg. 


—  269  — 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Marguerite  d'Autriche  ;  sa  vie,  sa  politique  et  sa  cour,  par  J.-J. 
Altmeyer.  Liège,  Jeunehomme  frères,  1840,  in-S"^,  pp.  99-100. 

366.  —  Mémoire  adressé  à  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics,  par  la 
députation  du  conseil  provincial,  sur  les  travaux  publics  qui  restent  à 
exécuter  dans  la  province  de  Luxembourg.  Arlon,  imprimerie  de  Hruck, 
1847,  in-4°. 

367.  --  Mémoire  d'un  prêtre  luxembourgeois  (J.  X.  Henry,  curé  de 
Limes)  au  roi  des  Belges,  au  Sénat,  à  l'ancienne  et  à  la  nouvelle  législa- 
ture belge,  relativement  aux  griefs  du  Luxembourg.  —  Marche,  impri- 
merie de  C.  Danloy-De  Feigiiies,  libraire.  1848. 

In-8o,  de  48  pp. 

La  couverture  porte  ce  titre  :  Les  Griefs  du  Luxembourg  wallon,  et  les  employés  en  curée. 

368.  —  Mémoire  en  cause  l'Administration  de  l'enregistrement  et  des 
domaines,  à  Liège,  contre  Paul-Michel-Charles-Joseph  de  Favereau, 
rentier,  domicilié  à  Jenneret,  commune  de  Bende,  province  de  Luxem- 
bourg. Liège,  1853,  in-4°. 

369.  —  Mémoire  (lu  à  la  séance  de  l'Académie  de  Bruxelles,  du  22  jan- 
vier 1784,),  sur  les  obstacles  qui  s'opposent  à  une  meilleure  culture  des 
Ardennes,  et  sur  les  moyens  d'y  remédier.  Par  François  de  Marci. 

Dans  les  Mémoires  de  l'Académie.  Bruxelles,  t.  V  (sciences),  p.  139. 

370.  —  Mémoire  pour  le  Sieur  Henri  Barthélémy  André,  propriétaire 
à  Magery,  Grand-Duché  de  Luxembourg.  (Par  Joseph-Pierre-François 
Leclerc.)  A  Luxembourg^  chez  J.  Lamort,  Place  d'Armes  (1819). 

In-8o,  de  71  pp. 

371.  —  Mémoire  pour  les  Religieux  Bénédictins  de  l'abbaye  de 
St-Hubert,  contre  Dom  N.  Spirlet,  leur  abbé,  à  Messeigneurs  les  doyens 
et  chapitre  de  Liège.  1772,  in-4°, 

372.  —  Mémoire  sur  la  dyssenterie  qui  a  sévi  en  1857  à  Arlon  et  dans 
les  villages  environnants.  Par  Antoine  Valerius. 

Dans  le  Journal  de  médecine,  de  Bruxelles,  1859,  t.  XXIX,  p.  321. 

373.  —  Mémoire  sur  l'histoire  naturelle  du  Limbourg,  Luxembourg, 
Stavelot  et  Liégeois.  Par  Robert  Limbourg. 

Dans  les  Mémoires  de  l' Académie  de  Bru.xelles,  t.  L 

374.  -  -  Mémoire  sur  la  situation  politique  du  Grand-Duché  de  Luxem- 
bourg au  Congrès  national,  par  le  comité  diplomatique  (1831). 


—  270  — 

375.  —  Mémoire  sur  l'utilisation  des  terrains  incultes  de  l'Ardenne,  par 
V.  Bronn,  docteur  en  philosophie,  professeur  d'économie  rurale  et  fores- 
tière à  l'université  de  Liège,  secrétaire  de  la  commission  d'agriculture  de 
la  province  de  Liège,  membre  honoraire  et  correspondant  de  plusieurs 
sociétés  savantes.  —  «  An  diesen  rauhen  Waldwùsten,  an  diesen  Felsen, 
an  diesen  Gewassern  sollen  wir  unsre  Krâfte  ùben,  und  die  reichen 
Gaben  durch  P^rfmdungs  geist  zu  Tage  fordern,  die  die  Xatur  dem  Fleisse 
7AIT  Belohnung  in  unsre  Berge  gelegt  hat.  »  Kasthofer.  —  Lié^e,  imprime- 
rie de  J.  Desoer,  place  iiaint-Lamhert.  —  X'"''.  1829. 

In-S»,  de  38  pp. 

.'î76.  —  Mémoire  sur  les  sources  minérales  de  rx\rdenne  belge.  Par 
Ch.  Clément.  Bruxelles,  Va?i  Dooren,  186L 

In-S»,  de  20pp  ,  1  pi. 

Extrait  des  Ainui/rs  des  Iraruiux publics  de  Belgique,  t.  XIX. 

377.  —  Mémoire  sur  les  terrains  ardennais  et  rhénan  de  l'Ardenne,  du 
Rhin,  du  Brabant  et  du  Condroz;  par  M.  André  Dumont.  Bruxelles, 
H  ayez,  1848,  in-i". 

Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  siences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de 
Belgique,  t.  XX  (1847),  et  t.  XXII  (1848). 

—  Mémoire  sur  les  terrains  ardennais  et  rhénan  de  l'Ardenne,  du  Rhin, 
du  Brabant  et  du  Condroz,  par  A. -H.  Dumont,  professeur  de  minéralogie 
et  de  géologie  à  l'université  de  Liège,  membre  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  etc.  l'iége,  Renard,  1857,  in  4°. 

378.  —  Mémoire  sur  les  terrains  triasiques  et  jurassiques  de  la  province 
de  Luxembourg;  par  M.  A. -H.  Dumont. 

Dans  les  Nouveaux  Alémoires  de  l'Acadé)iiie  royale  des  sciences  et  des  belles  lettres  de 
Bruxelles.  Bruxelles,  1842,  t.  XV. 

379.  —  Mémoires  des  contraventions  faites  par  la  France,  au  traité  de 
paix  conclu  à  Nimègues  entre  Sa  Majesté  Catholique  et  le  Roy  très-chres- 
tien,  avec  un  renseing  particulier  des  preuves  du  droit  et  possession  de 
Sa  Majesté,  en  regard  de  tout  ce  que  la  France  à  occupé  par  voye  de  fait 
es  provinces  de  Luxembourg,  Namur  et  Brabant,  depuis  la  publication  de 
la  dite  paix  jusques  au  15  de  janvier  1682.  (^aus  lieu  d'impression.)  1682, 
in-18. 

380.  —  Mémoires  inédits  du  maréchal  de  Vauban  sur  Landau,  Luxem- 
bourg, et  divers  sujets,  extraits  des  papiers  des  ingénieurs  Hue  de  Cali- 
gny,  et  précédés  d'une  notice  historique  sur  ces  ingénieurs,  siècles  de 
Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  par  M.  Augoyat,  lieutenant-colonel  du  génie. 
Paris,  J.  Corréard,  éditeur  d'ouvrages  militaires,  rue  de  Tournon,  20. 


—  271  — 

Anselin  et  G.  Laguionie,  libraires,  rue  Dauphine,  36.  Michelsen,  libraire, 
à  Leipzig.  —  1841.  (Imp.  de  Moquet  et  Comp.,  rue  de  la  Harpe,  90.) 

In-80,  dexiii-III-258  pp.  et  1  f.;  fac-similé. 

Pages  33-5.5  :  Propriétés  des  fortifications  de  Luxembourg  quand  elles  seront  mises  en  l'état 
proposé  par  le  projet  de  1684  (époque  de  la  prise  de  cette  forteresse,  par  Vatiban).  —  Propriétés 
particulières  de  la  Ville- Basse  et  du  Paffenthal.  —  Le  Cornichon.  —  La  demi-lune  de  Bonne- 
voie  en  particulier.  —  La  redoute  de  Thionville.  —  Rideau  escarpé  oit  chemin  cottvrrt. 

381.  —  Metz  et  Thionville  sous  Charles-Quint,  par  Ch.  Rahlenbeck 
Bruxelles,  Weissenbruch,  1880. 

In-8o,  de  3(i4  pp. 

382.  —  La  Meuse  et  les  Ardennes,  excursion  pittoresque  en  Belgique, 
par  A.  Tailleroche.  —  l^^  édition.  —  Bruxelles,  Imprimerie  de  A.  Fischlin, 
Rue  du  Damier ,  13.  —  1859. 

In-12,  de  110  pp. 

383.  —  Ministères  des  Affaires  étrangères  et  des  Travaux  publics.  — 
Convention  (du  20  septembre  1860)  entre  la  Belgique  et  la  France,  pour 
le  raccordement  du  chemin  de  fer  du  Luxembourg  avec  le  chemin  de  fer 
des  Ardennes.  (Bruxelles,  1860). 

3  pp.  pet.  in-folio. 

384.  —  Miracles  de  Xostre  Dame  de  Consolation,  en  sa  Chapelle  bastie 
par  les  PP.  de  la  Comp.  de  Jésus,  à  Luxembourg.  1640,  in-8°. 

(Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de  feu  Monsieur  Gaspar-Joseph  De  Servais,  Malines^ 
(1808),  n»  4520). 

385.  —  Miracula  et  curationes  admirandaî  quae  Maria  Consolatrix 
Afflictorum  in  Sacello  suo  juxta  Luxemburgum  operari  dignita  est.  Tre- 
viris,  apud  Hubertus  Reulandt,  1640. 

Par  le  P.  Jacques  Brocquardt. 

386.  —  Mise  en  liberté  de  M.  Thorn. 

Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  M  novembre  1832,  p.  1419. 

387.  —  Mode  de  remboursement  à  mesure  d'exécution  de  travaux  au 
canal  du  Luxembourg,  de  deux  millions  restant  du  cautionnement  fourni 
au  Gouvernement  par  la  Grande  Compagnie  du  Luxembourg.  —  Liège, 
Typographie  de  P.-J.  Collardin,  itnprimeîir  de  l'université.  —  1848. 

In-8o,  de  1  f.  et  42  pp. 

388.  —  Monographie  de  la  Seigneurie  de  Preisch  (Luxembourg,  Lor- 
raine), son  histoire,  son  château  féodal,  son  ancienne  chapelle  gothi- 
que, etc.;  son  château  moderne,  sa  nouvelle   chapelle,   son   parc;   ses 


—  272  - 

transformations  diverses,  etc  ;  avec  la  liste  chronologique  de  ses  châtelains 
depuis  1122;  son  armoriai  particulier,  etc.  Par  Aly-honse  Bremond, 
Auteur  du  Nobiliaire  Toulousain,  de  l'Histoire  généalogique  de  la  maison 
de  Beauffort,  d'Artois,  etc.  Metz,  Imprimerie  de  Charles  Thomas,  rue 
Jurne,  1.  —  1870. 

In-8»,  de  2  11".,  121  pp.  et  1  f.;  gravure  et  blasons. 

389.  —  M.  Alphonse  Nothomb.  (Texte  et  portrait). 

Dans  le  Journal  de  Bruxelles.  Supplément  illustré,  13  août  1893. 

390.  —  M.  J.  Lejeune,  ministre  de  la  Justice.  (Texte  et  portrait). 

DiLXï^  L'Illustration  Européenne.  Bruxelles,  1887-1888,  pp.  113-114. 

391.  —  Monsieur  Louis,  histoire  luxembourgeoise,  par  D.  Keiffer. 
Arlo7i,  1875,  in-12. 

392.  —  M.  Nothomb  et  son  système. 

Dans  Les  Furets,  par  Lefranc.  Bruxelles,  septembre  1842,  pp.  52-.Ô4. 

393.  —  M.  Nothomb,  ministre  d'Etat,  Membre  de  la  Chambre  des 
Représentants  (Belgique).  (Portrait  et  texte). 

Dans  L Illustration  Européenne.  Bruxelles,  1887-1888,  pp.  817-818. 

394.  —  Extrait  du  Moniteur  belge,  du  30  avril  1858  (Révocation  de  J.  J. 
Mestrieau).  —  Lettre  de  M.  Victor  Tesch,  Ministre  de  la  Justice,  à 
Mestrieau.  —  Réponse  de  Mestrieau  à  M.  Tesch.  Bru.xelles.  —  Typ.  de 
Ch.  Valider aiaver a,  Montagyie-aux-Herbes-Potagères,  25,  (1858), 

In-12,  de  12  pp. 

Jean-.Ioseph  Mestrieau  était  greffier  delà  Justice  de  Paix  du  2»  canton  de  Bruxelles. 

—  A  Messieurs  les  Membres  de  la  Chambre  des  Représentants  et  du 
Sénat.  (Par  J.  J.  Mestrieau).  Bruxelles.  —  Imp.  et  lith.  de  Ch.  Vande- 
rauzvera,  Montagne-aiix- Herbes- Potager  es,  25,  (1858). 

3  pp.  in-4''. 

Pétition  dirigée  contre  M.  V.  Tesch. 

—  Mestrieau  à  AL  le  Procureur  du  Roi  de  l'arrondissement  de  Bru- 
xelles. —  V--  lettre.  —  Bruxelles.  —  1858. 

In-8°,  de  16  pp. 

—  Deuxième  pétition  de  Mestrieati  à  la  Chambre  des  Représentants. — 
Bruxelles.  —  1858. 

In-8»,  de  8  pp.  —  Contre  M.  V.  Tesch. 


—  273  — 

—  M.  Victor  Tesch  n'est  pas  Belge.  —  Pétition  à  la  Chambre  des 
Représentants,  par  Mestrieau.  Bruxelles,  typographie  de  Ch.  Vatiderau- 
ivera,  Montagne-mix-Herbes-Potagères,  '25.  —  1859. 

In-8o,  de  13  pp. 

395.  —  >3p  Le  Montaigu  de  S'.  Thibaud  Ermite  Prêtre  et  Religieux 
de  l'ordre  de  Camaldule,  par  Ch.  Jamotte,  Curé  de  Marcour,  Vice- 
Archidiacre  et  Officiai  de  Condroz  au  Luxembourg^  alors  évêché  de 
Liège.  —  Marche,  de  l'imprimerie  de  C.  Danlov,  Reli.-Lib.  —  1843. 

In- 18,  de  122  pp. 

Cet  ouvrage  renferme  des  détails  historiques  sur  le  comté  de  Montaigu,  le  village  de 
Marcourt,  etc.  La  première  édition  parut  à  Liège,  en  1669. 

396.  —  Monimient  d'Igel,  près  de  Trêves. 

Dans  le  Voyage  pittoresque  dans  le  royaume  des  Pays-Bas.  Bruxelles,  Jobard,  1825^  in-4°. 

397.  —  Monument  de  Mansfeldt.  Par  P.  D. 

Dans  le  Mercure  belge.  Bruxelles,  Weissenbruch,  1819,  t.  Vil,  pp.  161-167. 
Lettre  datée  du  Grand-Duché  de  Luxembourg ^  le  20  août  1819. 

398.  —  Monuments  de  la  famille  de  Laittres,  dans  l'église  de  Saint- 
Mard,  près  de  Virton,  par  Eug.  de  Gerlache.  Bruxelles,  1850,  gr.  in  4°, 
titre,  texte  et  6  planches. 

399.  —  Monuments  pour  servir  à  l'histoire  des  provinces  de  Xamur,  de 
Hainaut  et  de  Luxembourg.  Bruxelles,  1844-1874,  8  vol.  in-4°. 

Tomes  IV- VI  :  Le  Chevalier  au  Cygne  et  Godefroid  de  Bouillon. 

Tome  VII  :  Annales  d'Epternach.  —  Nêcrologe  de  l'abbaye  d'Epternach.  Cantatoriuni 
Sancti  Huberti. 

400.  —  La  Mort  de  Redouté. 

Dans  le  Mémorial  de  la  Littérature  et  des  Beaux-Arts  dans  les  Deux  Mondes.  Année  1840. 
Paris,  1841,  in-S",  pp.  223-22  i. 
Extrait  d'un  article  de  J.  Janin,  publié  dans  l' Artiste. 

401.  —  Le  Mort  vivant,  légende  luxembourgeoise,  par  Auguste  de 
Peellaert.  A  Bruxelles,  chez  Lelong,  libraire,  rue  des  Pierres,  s.  d. 
(Imprimerie  de  N.  J  Slingeneyer,  rue  des  Bateaux,  à  Bruxelles.). 

In-18,  de  80  pp. 

402.  —  Motif  van  recht  voor  Heer  Anthonis  Baron  van  Grobbendoncq, 
Wesemael,  Heer  van  Durbuy,  Hest,  etc.,  Impétrant,  teghen  Heer  Peeter 
van  Brantwijck,  Heer  van  Blocklandt.  Gedaeghde,  Gedruckt  int  iaer  ons 
Heer  en  1635,  in-4°. 


—  274  — 

•iO:>.  —  Les  Mousses  de  l'Ardenne,  par  Ch.-H.  Delogne  et  F.  Gravet. 
Gaiid,  Annoot-liraeckman,  1868-1873,  5  fascicules  in  4°,  avec  250  espèces 
en  nature. 

404.  —  Mousses,  Hépatiques  et  Lichens  des  environs  de  Neufchâteau, 
par  H.  Verheggen. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  royale  de  Botanique  de  Belgique,  1871. 

405.  —  Des  Moyens  de  fertiliser  les  Ardennes,  le  Condroz,  la  Campine, 
par  L.  J.  Wodon,  inspecteur  de  l'enregistrement  et  des  domaines  dans  la 
province  de  Liège,  auteur  du  commentaire  des  lois  sur  l'enregistrement 
et  l'un  des  fondateurs  de  la  Revue  belge.  —  Liège.  Imprimerie  de 
N.  Redouté,  Rue  de  la  Régence,  n"  Tl.  —  1843. 

ln-8»,  de  25  pp. 


40H.  —  Neue  Gerichts  und  Process-Ordnung  fur  das  Hertzogthum 
Lutzemburg  und  die  Graffschafft  Chiny.  Luxembiirg,  Kleber,  1757,  in-S". 

407.  —  Neuer  Luxemburger  Handkalender. . .  Luxembourg,  Peter 
Bruck,  1804-1805,  in-32. 

«  Cet  almanach  a  été  commencé  en  1764,  par  le  libraire-inipnmeur  André  Chevalier. 
i^a  famille  Perle  succéda  à  Chevalier.  En  1789,  Pierre  Bruck,  directeur  de  l'imprimerie 
de  la  famille  Perle  et  associé  à  celle-ci,  demanda  un  octroi  pour  la  continuation  de  cet 
almanach,  ainsi  que  pour  l'impression  et  le  débit  des  almanachs  de  poche,  de  campagne 
et  de  cabinet  à  l'usage  du  duché  de  Luxembourg,  tant  en  allemand  qu'en  français,  «  en 
»  considération  des  pertes  qu'il  a  essuyées  du  chef  de  l'impression  du  plan  de  l'institut 
»  des  séminaires,  des  auteurs  du  Gazzaniga  et  Bertieri,  demeurés  impoursuivis  et  sans 
»  valeur,  à  cause  des  troubles  (1).  »  L'autorisation  a  été  accordée,  malgré  l'opposition  de 
la  famille  Perle  qui  réclamait  la  propriété  de  l'ouvrage.  »  {Recherches  bibliographiques  sur 
les  Almanachs  Belges,  par  A.  Warzée.  Bruxelles,  Heberlé,  1852,  p.  145.) 

—  Neuer  Luxemburger  hand-Kalender,  etc.  (Nouveau  Calendrier  por- 
tatif de  Luxembourg.)  Lnprimerie  de  Smitz,  à  Luxembourg  (1812.) 

ln-18,  de  5  feuilles  2  quarts,  tiré  à  2000  exempl. 
(Bibliographie  de  l' Empire  français.  Paris,  1813,  t.  I,  p.  223.) 

408.  —  Note  sur  la  statistique  mortuaire  de  la  ville  d'Arlon,  depuis  le 
1"  janvier  1855  jusqu'au  31  octobre  1874.  Par  Antoine  Valerius. 

Dans  le  Journal  de  médecine,  de  Bruxelles,  mai  1874. 

409.  —  Note  sur  l'emploi  du  charbon  de  terre  maigre  et  sulfureux  à 
l'amendement  du  sol  et  surtout  au  défrichement  de  la  Campine  et  des 
Ardennes,  par  P.  J.  Moreau.  Bruxelles,  1847,  in-8°. 


(1)  Archives  du  Royaume. 


—  275  — 

410.  —  Note  sur  le  grès  de  Luxembourg;  par  J.-B.-J.  D'Omalius- 
d'Halloy. 

Dans  les  Bulletins  de  l' Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de 
Belgique,  t.  XI. 

411.  —  Note  sur  les  ordonnances  qui  existent  dans  les  archives  du 
Grand-Duché  de  Luxembourg,  sur  la  collection  des  mêmes  ordonnances, 
en  vingt-deux  volumes  in-folio^  que  possède  M.  de  la  Fontaine,  gouver- 
neur du  Grand  Duché,  et  sur  le  projet  formé  en  différents  temps  de 
réunir  et  de  publier  les  ordonnances  de  cette  province.  Par  L.  P.  Gachard. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Commission  pour  la  publication  des  anciennes  lois  et  ordonnances,ï^k&. 

412.  —  Note  sur  quelques  antiquités  romaines  d'Arlon  ;  par  J.  E.  Roulez. 

Dans  les  Bulletins  de  l' Académie  de  Belgique,  t.  IX,  1842. 

413.  —  Note  sur  quelques  moyens  à  employer  pour  venir  en  aide  à  la 
classe  indigente,  particulièrement  dans  les  communes  rurales  du  Luxem- 
bourg ;  par  Gerardi,  receveur  pensionné  à  St-Léger,  province  de 
Luxembourg. 

Dans  Le  Moniteur  Belge.  Bruxelles,  4  mars  1847,  n°  63. 

414.  —  Notes  d'un  écolier  en  vacances.  —  Vianden.  Par  Godefroid 
Kurth. 

Dans  la  Rexnie  Trimestrielle.  Bruxelles,  juillet  1865,  t.  XLVII,  pp.  81-134. 

415.  —  Notes  sur  la  question  du  défrichement  des  bruyères  dans  le 
Luxembourg.  Par  M.  Zoude. 

Dans  le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  23  février  1847,  p.  511. 

416.  -  Nothomb  (Portrait  de  J.  B.).  Lith.  Royale  P.  Degobert.  Publié 
par  Ch.  He7i,  à  Bruxelles. 

De  la  Galerie  des  contemporains  illustres. 

417.  —  Nothomb,  Membre  de  la  Chambre  des  Représentans,  élu  par 
le  District  d'Arlon,  né  à  Messancy  (prov.  de  Luxembourg),  le  3  juillet 
1805. 

Portrait  par  Baugniet.  —  Lithographie. 

418.  —  Notice  bibliographique  de  M.  Michel  Glcesener,  membre  de 
l'Académie.  Bruxelles,  F.  Hayez,  imprimeur  de  l'Académie  royale  de 
Belgique.  —  1874. 

In-18,  de  8  pp.  —  Extrait  de  la  Bibliographie  académique ,  édition  de  1874. 


—  276  — 

419.  —  Notice  bio<;raphique  sur  Henii-Jean-Néponnicène  baron  de 
Crantz,  de  Roodt  (Grand  Duché  de  Luxembourij).  Par  J.  P.-J.  Koltz. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Société  Royale  de  Botanique  de  lieluique.  Bruxelles,  1875,  t.  XIV, 
pp.  121-1-27. 

420.  —  Notice  biographique  sur  M.  Glœsener,  professeur  à  l'Université 
de  Liège,  avec  un  aperçu  de  ses  travaux,  par  Alphonse  Le  Roy.  Extrait  du 
Compte-rendu  des  fêtes  jubilaires  de  l'Université  de  Liège  (3  novembre 
1867).  Liège,  imprimerie  de  J.  G.  Carmanne,  me  St-Adalbert,  8.  —  1869. 

(ir.  in-8°,  de  24  pp. 

42L  —  Notice  de  la  Lorraine,  qui  comprend  les  duchés  de  Bar  et  de 
Luxembourg,  l'électorat  de  Trêves,  et  les  trois  évèchés,  l'histoire  des 
villes  de  ce  pays,  des  antiquités,  etc.)  par  Dom  Aug.  Calmet.  Lunéville, 
George,  1840,  2  vol.  in-8°. 

422.  —  Notice  historique,  descriptive  &  pittoresque  du  Château-Fort 
de  Bouillon,  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours,  augmentée  de  deux 
chapitres  pour  servir  de  guide  aux  touristes,  par  A.  Leroux,  Membre 
correspondant  de  l'Institut  archéologique  de  la  province  de  Luxembourg. 
—  Deuxième  édition  revue,  corrigée  et  ornée  d'un  dessin  représentant  le 
fort  actuel . 

«  L'histoire  nationale  est  pour  tous  les  hommes  du  même  pays  une 
»  sorte  de  propriété  commune.  C'est  une  portion  du  patrimoine  moral 
»  que  chaque  génération  qui  disparaît  lègue  à  celle  qui  la  remplace; 
»  aucune  ne  doit  la  transmettre  telle  qu'elle  l'a  reçue,  mais  toutes  ont 
»  pour  devoir  d'y  ajouter  quelque  chose  en  certitude  et  en  clarté.  » 

Augustin  Thierry. 

—  E7i  vente  chez  les  libraires  de  la  localité.  Sedan,  chez  M.  Ed.  Sara- 
sin.  libraire,  place  de  la  Halle.  A  Bruxelles,  Office  de  publicité,  Montagne 
de  la  Cour.  A  Arlon,  chez  M.  Bourger,  libraire  imprimeur  {Arlon.  — 
Typ.  et  lith.  J.  Bourger.)  (1880). 

In-12,  de  150  pp. 

423.  —  Notice  historique  et  descriptive  sur  l'abbaye  d'Orval,  par 
G.  M.  Rolland,  à  Orval,  canton  de  Florenville.  Liège,  1851,  in-12. 

424.  —  Notice  historique  et  généalogique  sur  la  famille  d'Huart,  titrée 
comte  de  Teutwert,  baron  d'Huart  et  de  Jamoigne,  chevalier  héréditaire 
du  Saint  Empire,  etc.  Liixefubour g ,  imprimerie  de  V.  Buck,  Place 
d'Armes,  1853. 

In-S",  de  70  pp.  —  Par  EiiiiiianLul  d'Huart. 


—  277  — 

425.  —  Notice  historique  et  militaire  sur  la  ville  de  Montmédy  (par 
Rago,  sous -lieutenant  au  66-^  régiment  de  ligne).  Montmédy,  Pétré, 
libraire-éditeur ,  1860. 

In-8°,  de  154  pp.,  1  plan  et'2  vues  lith. 

426.  —  Notice  historique  sur  la  famille  de  Wiltheim.  Par  Auguste 
Neyen,  Docteur  en  Médecine,  en  Chirurgie  et  en  Accouchements,  de 
l'ancienne  Faculté  de  Liège,  ancien  secrétaire  de  la  Société  de  Médecine, 
et  Membre  de  celle  des  sciences  naturelles  de  la  même  ville,  correspon- 
dant de  celle  des  sciences  physiques,  chimiques  et  des  Arts  industriels  et 
agricoles  de  Paris,  Membre  honoraire  de  la  société  royale  pour  les 
Recherches  utiles  de  Trêves,  etc.  Luxembourg,  chez  J.  P.  Kuborn,  niar- 
ché-aux-herbes,  ;i°  264.  —1842. 

In-40,  de  32  pp.,  fig. 

427.  —  Notice  sur  Edouard  Morhange.  Par  Eugène  Van  Bemmel. 

Dans  la  Revue  Trimestrielle. 
Bruxelles,  1856,  t.  X,  pp.  309-332. 

428.  —  Notice  sur  J.  B.  Brasseur,  Membre  de  l'Académie  royale  des 
sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique,  par  J.  Liagre.  Bru- 
xelles, M.  Hayez,  imprimeur  de  l'Académie  royale.  —  1869. 

In-18,  de  30  pp.  —  Extrait  de  \' Annuaire  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  3d<'  année, 
1869. 

429.  —  Notice  sur  Joseph-Ernest  Buschmann;  par  Ad.  Siret. 

Dans  V Annuaire  de  l' Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beau.x-arts  de  Belgique. 
Bruxelles,  Hayez,  1870,  pp.  165-169. 

430.  —  Notice  sur  la  famille  de  Harbonnier  et  la  seigneurie  de  Cobré- 
ville,  par  M.  A.  Namur,  professeur  à  l'Athénée  de  Luxembourg,  conser- 
vateur-secrétaire de  la  Société  pour  la  recherche  et  la  conservation  des 
monuments  historiques  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  membre 
correspondant  de  l'Académie  d'Archéologie  de  Belgique,  etc. 

Dans  les  Annales  de  l' Académie  d' Archéologie  de  Belgique.  Anvers,  Froment,  1852  ;  t.  IX, 
pp.  164-193. 

431.  —  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  du  baron  Etienne  Constantin  de 
Gerlache.  Par  J.-J.  Thonissen. 

Dans  V Annuaire  de  l' Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique. 
Bruxelles,  F.  Hayez,  1874,  pp.  107-228. 

On  trouve  également  une  Notice  sur  M.  de  Gerlache  dans  le  recueil  intitulé  :  La 
Noblesse  belge,  par  Poplimont.  Bruxelles,  1851,  in-4o. 

19 


—  278  — 

4:>2.  --  Notice  sur  la  ville  gauloise  de  Majerou,  près  de  Virton.  Par 
F.  J.  F.  Marchai. 

Dans  les  liu/li-lins  Je  l' Académie  royale  Je  Belgique,  t.  XI,  1844. 

•i:>3.  —  Notice  sur  le  défrichement  des  bruyères  et  sur  la  formation  des 
colonies  agricoles  dans  les  Ardennes,  par  G.  B.  J.  Raingo.  Mons,  1844, 
in  8°. 

434.  —  Notice  sur  le  prévôt  de  Marci,  et  sur  les  docteurs  Van  Rossum 
et  Vonck.  Par  P.-F.-X.  de  Ram. 

Dans  V Annuaire  Je  l' AcaJémie  royale  Je  Belgique.  Bruxelles,  1845. 

435.  -  -  Notice  sur  les  anciennes  monnaies  des  comtes  de  Flandre,  ducs 
de  Brabant,  comtes  de  Hainaut,  comtes  de  Namur  et  ducs  de  Luxem- 
bourg, faisant  partie  de  la  collection  de  médailles  de  l'université  de 
Gand,  par  F.  Den.  Duyts.  Garni,  1847,  in-8°,  avec  48  pi.  de  monnaies. 

436.  —  Notice  sur  les  archives  des  anciens  états  de  Luxembourg.  Par 
M.  Gachard. 

Dans  le  Compte- r en Ju  Jes  séances  Je  la  Commission  royale  J' histoire,  ou  recueil  Je  ses 
bulletins.  —  Deuxième  série.  —  Tome  septième.  —  11^  bulletin.  —  Bruxelles,  M.  Ha3-ez, 
1855,  in-8-,  pp.  418-454. 

437.  —  Notice  sur  les  chartes  de  la  ville  de  Virton,  et  sur  la  coutume 
de  Beaumont  en  Argonne,  par  F.  J.  F.  Marchai. 

Dans  les  Bulletins  de  l' AcaJémie  royale  Je  Belgique,  t.  XII,  1845. 

438.  —  Notice  sur  les  Luxembourgeois  célèbres,  par  M.-L.-G.  (Mar- 
cellin  La  Garde).  Arlo7i,  1851,  in-8°. 

439.  —  Notice  sur  Mathias  Schaar,  membre  de  l'Académie,  par 
Ad.  Quetelet. 

Dans  l'Annuaire  Je  l' AcaJémie  royale  Jes  sciences,  Jes  lettres  et  Jes  beaux-arts  Je  Belgique. 
Bruxelles,  Hayez,  1868,  pp.  115-130. 

440.  —  Notice  sur  Michel  Glœsener,  par  M.  Folie. 

IbiJ.,  1878,  p.  277. 

441.  —  Notice  sur  M.  le  baron  Km.  d'Huart,  décédé  au  château  de 
Bétange,  le  8  janvier  1856,  par  Namur.  Luxembourg,  1856,  in-8''. 

442.  —  Notice  sur  M.  Nicolas-Emile  Tandel,  par  G.  Lonay,  professeur 
de  philosophie  au  petit  séminaire  de  S'-Trond. 

Dans  lu  Keinie  catholique,  novembre  1850. 


—  279  — 

443.  —  Notice  sur  quelques  localités  de  l'ancien  duché  de  Luxembourg; 
par  D.  Marlin. 

Dans  la  Revue  belge.  Liége^  Jeunehomme  frères,  1839,  t.  XII,  p.  299. 

444.  —  Notice  sur  Remacle  Mohy  du  Rondchamps,  poète,  historien  et 
littérateur,  et  sur  deux  autres  poètes  également  inconnus.  Par  De  Villen- 
fagne  d'Ingihoul. 

Dans  la  Revue  de  Bruxelles.  Bruxelles,  mars  1839,  pp.  84-105. 

445.  —  Notice  sur  un  dépôt  de  monnaies  découvert  à  Grand-Halleux, 
province  de  Luxembourg,  en  1846,  par  G.-J.-C.  Piot,  docteur  en  droit, 
employé  aux  archives  générales  du  royaume,  membre  de  plusieurs 
sociétés  savantes.  Bruxelles,  Hayez,  1847,  in-4°,  fig. 

Extrait  des  Mémoires  couro7inês  et  Mémoires  des  savants  étrangers,  publiés  par  l' Acadéviie 
royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beau.x-arts  de  Belgique,  t.  XXI,  1847. 

446.  —  Notice  sur  Vianden,  par  François-Julien  Vannerus. 

Publiée  en  français  dans  le  Courrier  du  Grand-Duché  de  Lu.ve)iibourg,  et  en  allemand 
dans  le  Wœchter  an  der  Sauer. 

447.  —  Notices  biographiques  sur  les  auteurs  luxembourgeois,  par 
J.  Neumann,  Professeur  de  langue  et  de  littérature  françaises  à  l'Athénée 
de  Luxembourg.  —  Luxembourg,  Imprimerie  de  Pierre  Bruck.  —  1856. 

In -4",  de  1  f.  et  45  pp. 

Voy.  la  Revue  Trimestrielle.  Bruxelles,  1857,  t.  XIV,  pp.  401-403. 

44S.  —  Notices  sur  les  anciens  Trévirois,  suivies  de  recherches  sur  les 
chemins  romains  qui  ont  traversé  le  pays  des  Trévirois,  par  Hertzrodt. 
Trêves,  1809,  in-8°. 

449.  --  Nouveau  Stile  pour  l'instruction  des  procédures  et  l'administra- 
tion de  la  justice  dans  le  Duché  de  Luxembourg  et  Comté  de  Chiny, 
décrété  à  Luxembourg,  le  2  juin  1756.  Luxembourg,  ICleber,  1756,  in-8°. 

450.  —  Nouveau  Style  pour  l'instruction  des  procédures  et  l'adminis- 
tration de  la  justice  pour  le  duché  de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny. 
Litxembourg,  A.  Chevalier,  1753,  in-4". 

En  français  et  en  allemand. 

451 .  —  Une  nouvelle  espèce  subalpine  pour  la  flore  des  Ardennes  ;  par 
M.  Romain  Beaujean,  directeur  de  l'Ecole  moyenne  de  Saint-Hubert 
(juillet  1864). 

l^àn^le?,  Bulletins  de  la  Société  royale  de  Botanique  de  Belgique.  Bruxelles,  1864,  t.  III, 
pp.  22'>-228. 


—  280  — . 

452.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  fossiles  des  terrains  secondaires 
de  la  province  de  Luxembourg,  par  F.  Chapuis.  l'^'"  partie.  1858. 

In-4°,  de  150  pp.  et  20  pi.  —  Extrait  des  mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique, 
t.  X.\.\I1I. 

45o.  —  Nouvelles  tirées  de  plusieurs  lettres  de  Paris,  de  Luxembourg, 
d'Anvers  et  de  Cambray,  où  se  voit  Testât  des  affaires  de  France, 
d'Allemagne  et  des  Pays-Bas.  5.  /.,  1636. 

Pet,  in-i»,  de  8  pp. 
Gazette  du  temps,  très-rare. 


454.  —  Observations  botaniques  à  S'-Léger,  en  1849.  Par  Fr.  J.  Gerardi. 

Dans  les  Mémoires  de  l' Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique, 
t.  XXV,  p.  38. 

455.  —  Oilzegt-Klâng,  vum  Antun  Meyer.  Liittich,  gedriickt  bei  H. 
Dessain,  H.  Lambertus-Plaiz.  1853. 

In-i8,  de  108  pp. 

456.  —  Les  Oiseaux  luxembourgeois,  ou  histoire  naturelle  des  oiseaux 
qui  habitent  la  province,  moyen  de  les  prendre,  de  les  élever,  la  nomen- 
clature des  .maladies  auxquelles  ils  sont  sujets,  avec  les  moyens  de 
guérison  à  y  opposer.  Par  J.-M.-E.  Mohimont.  Ar/o7i,  C.  A.  Bourgeois, 
1847,  in-8°. 

457.  —  Oraison  funèbre  de  Ch.  H.  de  Bentreradt,  XLIP  abbé  d'Orval. 
S.  /.,  1707,  in-8°. 

(Catalogue  des  livres...  de  J.  B.  Th.  de  Jonghe.  Bruxelles,  1861,  t.  Il,  11°  3613). 

458.  —  Oraison  funèbre  de  Dom  Menues  d'Effleur,  Abbé  d'Orval,  par 
Jean  Maugré.  1769,  in-4°. 

(Ersch,  France  littéraire,  t.  II,  p.  353). 

459.  —  Oraison  funèbre  de  Madame  Marie  Scholastique  Bourquin, 
abbesse  de  Bonnevoie.  (Par  le  P.  Anselme  d'Esch-sur-la  Sûre).  Luxem- 
bourg, 1752. 

In-4°,  de  8  pp. 

460.  —  Oraison  funèbre  de  Tres-Noble  Madame  Françoise  de  Gourcy, 
Abbesse  de  l'Abbëe  (sic)  de  Fontaine-Marie  dite  de  Tifferdange,  Ordre 
de  Cîteaux,  Filiation  de  Clervaux,  Pa3'&  de  Luxembourg,  prononcé  en 
l'Eglise  de  la  dite  Abbaye  le  28  janvier  1744.  Parle  R.  P.  Hilaire  Bor- 


—  281  — 

thon,  Chanoine  Régulier,  Professeur  en  Théologie  à  l'Abbaïe  (sic)  Royale 
de  Saint-Pierremont.  —  A  Luxembourg,  Chez  André  Chevalier,  Impri- 
meur de  Sa  Maj.  Imp.  &  Cath.  &  Marchand  Libraire.  S.  d. 

In-4°,  de  15  pp. 

461.  —  Orchimont  et  la  maison  Equestre,  Dynastique  et  Comtale  du 
nom  à  Orchimont  même  (Ursimons),  à  Bièvre  (Bivera),  enfin  à  Stockholm, 
en  Suède.  Mémoire  statistique,  historique  et  généalogique,  par  le  Docteur 
Auguste  Xeyen.  —  Liège,  Léon  de  Thier,  1877. 

In-8°,  de  145  pp. 

462.  —  Ordinantie  Kai.  Ma.  omte  vueren  aile  manieren  van  victalie 
ende  prouande  te  watere  tôt  Couelens,  en  te  lande  tôt  Lutzenborch,  om 
van  daer  voirts  inden  léger  zyner  Ma.  gesleten  te  worden,  etc.  Gheprint 
i?ide  Keyserlvcke  Rycx-Stadt  Nymeghen,  bv  Peter  Van  Elzen  (1552). 

Pet.  in-S"  goth.,  de  4  tt.;  marque  typographique  au  bas  de  la  souscription. 

463.  —  Ordonnance  de  Sa  Majesté  Impériale  et  Catholique,  qui  défend 
la  distilation  des  Eaux-de-Vie  de  Grain  dans  l'étendue  de  la  Province  de 
Luxembourg  &  Comté  de  Chiny,  etc.  Du  16  Décembre  1733.  A  Luxem- 
bourg, chez  l'héritière  d' A  ndré  Chevalier,  vivant  Imprimeur  de  Sa  Majesté 
l'Impératrice- Reine  (1733). 

Pet.  in-4°,  de  8  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

464.  —  Ordonnance  et  placard  du  Roy  sur  le  fait  du  droit  de  Thonlieu, 
appelé  communément  le  droit  de  haut  conduit  qui  se  levé  au  pays  et 
duché  de  Luxembourg  et  Comte  de  Chiny.  A  Luxembourg,  chez  André 
Chevalier,  imprimeur  et  Marchand  Libraire,  1698,  in-4°. 

465.  —  Ordonnance  et  Règlement  de  Sa  Majesté  Impériale  et  Catho- 
lique. Sur  le  fait  de  la  Chasse  &  de  la  Pèche  dans  le  Duché  de  Luxem- 
bourg &  Comté  de  Chiny.  Du  10  Juin  1732.  A  Luxembourg,  chez  André 
Chevalier  Imprimeur  de  Sa  Majesté  Imp.  &  Cath.  <k  Marchand  Libraire 
(1732). 

Pet.  in-4",  de  17  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

466.  —  Ordonnance  et  Règlement  provisionel  du  Roy  nôtre  Sire,  sur 
le  fait  du  Ject  et  Collecte  de  l'Ayde  accordée  à  Sa  Majesté  par  les  Trois 
Etats  du  Pays  de  Luxembourg.  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier, 
Imprimeur  &  Marchand  Libraire.  —  M.DC.XCVIII. 

Pet.  in-4°,  de  17  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

Cette  ordonnance  est  datée  de  Bruxelles,  le  vingt-huitième  jour  d'Août,  l'an  de  grâce 
mil  SIX  cens  vingt-quatre. 


~  282  — 

i67.  —  Deux  Ordonnances  de  Sa  Majesté  etc.  L'une  qui  défend  aux  Su- 
jets de  Sadite  Majesté  de  s'enrôler  dans  les  Troupes  des  Puissances  étran 
stères  ;  &  enjoint  de  tenir  la  main  à  ce  que  leurs  Emissaires  ne  viennent 
dans  les  Provinces  des  Pays-Bas  les  y  enrôler,  du  31.  Juillet  1738.  L'autre 
pour  prévenir  la  désertion  dans  les  Troupes  de  Sa  Majesté,  en  observant 
exactement  &  ponctuellement  ce  qui  est  porté,  du  1.  Août  de  la  même 
année.  Snr  la  Copie  unprijuée  à  Bruxelles.  A  Lîixembourg,  chez  André 
Chevalier,  Imprimeur  de  Sa  Majesté,  ô-  Marchand  Libraire  (1742). 

Pet.  in-4o,  de  14  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

468.  —  Ordonnances  de  Sa  Majesté  l'Imperatrice-Reine^  concernant  les 
Patrouilles,  les  Vagabonds,  les  Gens  sans  aveu,  &  pour  prévenir  la  Déser- 
tion de  ses  Troupes.  Du  1'^  Août  1738  &  3«'  Décembre  1749.  A  Luxem- 
bourg, chez  l'Héritière  d'Afidré  Chevalier,  vivant  Imprimeur  de  Sa 
Majesté  l' Lnpératrice-Reine  (1751). 

Pet.  in-4"',  de  13  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

469.  —  De  l'Origine  et  du  but  véritable  de  la  Procession  dansante 
d'Echternach,  dans  le  grand-duché  de  Luxembourg.  Simple  note  histo- 
rique suivie  de  pièces  probantes  concernant  cette  cérémonie.  Par  le 
Docteur  Auguste  Neyen.  —  Liège,  Léon  de  Tliier,  1880. 

Gr.  in-S",  de  77  pp. 

470.  —  Ouvrage  dédié  aux  Luxembourgeois.  —  Les  Ardennes  belges 
au  point  de-vue  militaire  et  agricole  ;  projet  de  création  d'çtablissements 
civils  et  militaires  dans  le  Luxembourg  et  richesse  minérale  de  cette 
contrée,  par  Emile  Reuter.  —  Bruxelles,  C.  Muquardt  et  C'%  librairie  de 
la  Cour,  Place  Royale.  —  1874.  (Bruxelles.  —  Imp.  de  J.  H.  Dehou, 
Grande  Ile,  6.) 

In-8o,  de  114  pp.  et  i  f. 

471.  —  Snellaert  (F.  A.)  —  Een  Paer  dagen  in  Luik  en  in  de  Arden- 
nen.  Gent,  Bauivens,  1851. 

In-8°,  de  15  pp. 

472.  —  Le  Pas-d'armes  de  Villers-sur-Lesse  (par  Lacoste).  Bruxelles, 
Société  typographique  belge,  Ad.  Wahlen  et  Compag7iie.  —  MDCCCXL. 

In-8o,  de  2  ff.  et  284  pp. 

473.  —  Li  Péchon  d'avril,  ou  Vos  l'auros,  vos  n'  l'auros  nin,  comédée 
es  cinq  acques,  kimincée  li  premi  d'avril,  kwand  on  z''a  ridmandet  les 
sodarts.  Par  A.-J.  Alexandre.  Accessit.  —  Médaille  en  vermeil.  (Patois 
de  Marche-en-Famenne.)  (Liège,  1858). 

In-S»,  de  78  pp. 


—  283  — 

474.  —  Philosophice  moralis  prima  lineamenta  ad  iisiim  Athenaei 
Luxemburgensis.  Luxeînbîirgi,  J.  Lamort,  1819,  in-8°. 

Par  V.  Trausch. 

475. —  Pierre  Ernest,  Comte  de  Mansfeld,  Gouverneur  de  Luxembourg. 
Ph.  J.  Mailla  rt  Seul  p. 

Portrait. 

476.  —  Pierre  Ernest,  Comte  de  Mansfeld,  Gouverneur  du  Luxem- 
bourg, etc. 

Ce  portrait  se  trouve  dans  l'Histoire  de  la  Gverre  de  Flandre,  escrite  e?t  latin  par 
Famianvs  Strada,  de  la  Compagnie  de  lesvs.  Première  décade.  Mise  en  François  par  P.  Dv- 
Rier.  Seconde  partie  de  la  première  décade.  Roven  et  Paris,  Thomas  lolly,  M.DC.LXIV, 
in-12,  p.  181. 

477.  —  P.  J.  Redouté.  Par  Jules  Janin. 

Dans  le  Journal  de  Bruges  et  de  la  province.  Bruges  Imprimerie  de  P.-C.  Popp,  Quai 
au  Miroir,  n"  54,  26  juin  1840,  n"  177. 

478.  —  Pierre-Joseph  Redouté;  par  R.  de  M. 

Dans  La  Renaissance,  chronique  des  arts  et  de  la  littérature.  Bruxelles,  1851,  t.  XIII,  p.  105. 

470.  —  Amherd  (Aloysius).  —  Die  Pilgêrfahrt  zu  Maria  der  Trôsterin 
der  Betrùbten.  Luxemburg,  1856,  in-16. 

480.  —  Plan  de  Luxembourg.  A  Paris,  chez  Jean,  rue  St-Jean  de 
Beauvais,  X"  \0.  S.  D. 

In-folio  piano. 

481.  —  Plan  figuratif  du  massif  schisteux  des  Ardennes.  Lith.  de 
Burggraaff,  Bruxelles. 

Dans  les  Bulletins  de  l' Académie  royale  des  sciences  et  belles-lettres  de  Bruxelles,  1836,  t.  III. 

Ce  plan  accompagne  un  Rapport  de  M.  A  H.  Dumont,  sur  l'état  des  travaux  de  la  carte 
géologique  de  la  Belgique. 

482.  —  Le  poète  Ardennais.  —  La  Source  d'Ardenne.  —  L'Ardenne. 
—  La  Veillée  de  la  Saint- Valentin,  légende  luxembourgeoise.  —  Josine 
de  Florange.  Légende  des  Ardennes.  —  La  Montagne.  —  La  Chapelle 
dans  la  forêt. 

Dans  les  Poésies  et  chajisotis  nouvelles,  par  Auguste  Daufresne  de  la  Chevalerie.  Mons, 
Masquillier  et  Lamir,  s.  d.,  in-18,  pp.  7-10,  81-82,  97-99,  110-113,  192-193,  213-214,  263-264. 

483.  —  Pratique  de  la  dévotion  en  faveur  des  fidèles  visitant  le  sépulcre 
ou  monument  érigé  près  de  Marche  en  Famenne.  Liège,  1678. 

Ce  livre  est  attribué  à  Philippe  Scouville. 


—  284  — 

—  Pratique  de  dévotion  en  faveur  des  fidèles  visitant  le  sépulcre  ou 
monument  érigé  près  de  Marche  en  Famenne  ;  précédée  d'une  notice  sur 
rorigine  de  cet  établissement  et  les  miracles  qui  y  ont  lieu.  Avec  permis- 
sion des  supérieurs.  S.  l. 

In-18,  de  56  pp. 

484.  —  Précis  chronologique  de  l'histoire  de  la  ville  et  du  Grand-Duché 
de  Luxembourg.  Luxembourg,  Bruck,  1828,  in-18. 

485.  —  Précis  historique  et  chronologique  du  pays  de  Luxembourg, 
suivi  d'une  notice  des  principales  villes  du  département  des  Forêts,  par 
M.  F.  H.  Christiani.  A  Luxembourg,  chez  C.  Lamort,  hnp.  de  la  Préfec- 
ture. An  XlII-Xm),  in-12.    i  -,  -  ,;  , 

486.  _  Précis  historique  sur  la  vie  de  mademoiselle  Théroigne  de 
Méricourt.  (S.  l.)  1790. 

In-80,  de  16  pp. 

487.  —  Précis  historiques  sur  Chiny  et  les  comtes  de  ce  nom,  par 
J.  B.  Goffinet-Salle.  Gand.  Imprimerie  et  Lithographie  Van  Melle,  1883. 

In-8°,  de  96  pp. 

488.  —  Des  Prisonniers  de  Namur.  (La  bande  dite  de  Tornaco). 

Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  2  septembre  1832,  p.  1079. 
Lettre  datée  à^ Arlon,  le  25  août  1832. 

489.  —  La  Procession  dansante,  ou  le  Pèlerinage  au  tombeau  de 
St  Willibrord,  à  Echternach.  —  Petit  manuel  à  l'usage  des  pèlerins,  par 
l'abbé  J.  Bern.  Krier,  Professeur  au  Progymnase  d'Echternach.  — 
Luxembourg.  Imprimerie  de  Pierre  Bruck.  1870. 

In-12,  de  79  pp.,  plus  1  p.  non  chitïiée  pour  la  Table  des  matières.  —  Avec  une  gravure. 

490.  —  La  Procession  dansante  d'Echternach.  Par  G.  L.  (Gustave 
Lemaire). 

Dans  L'Etoile  belge.  Bruxelles,  18  et  19  mai  1875 

491.  —  La  Procession  sautante  (à  Echternach). 

Dans  Les  Fêtes  légendaires,  par  Amédêe  de  Ponthieu.  Paris,  E.  Maillet,  1866,  in-12,  p.  177. 

493.  —  Proclamation  de  M.  Thorn.  (Arlon,  30  novembre  1832.) 
Dans  le  Mémorial  belge.  Bruxelles,  H.  Remy,  5  décembre  1832,  p.  1459. 

494.  —  Programme  de  l'Athénée  de  Luxembourg,  publié  à  la  clôture 
de  l'année  scolaire  1837-1838.  Luxembourg,  in-4". 


—  285  — 
1838-1839.  Luxembourg,  in-4^ 


495.  —  Projet  de  distribution  d'eau  de  l'Ourthe,  dans  les  villes  de 
Bruxelles,  Xamur,  Charleroi,  Malines,  Lierre,  Anvers,  Alost,  Gand, 
Bruges,  Ostende  et  Blankenberghe,  par  Edouard  Dusart,  capitaine  en 
premier  du  génie,  commandant  les  pompiers  de  la  ville  de  Bruxelles. 
Bruxelles,  1872,  in-4° 

496.  —  Promenades  d'un  antiquaire  dans  les  Ardennes  ;  par  Eugène 
Gens. 

Dans  les  Annales  de  /' Académie  d'Archéologie  de  Belgique.  Anvers,  Froment,  1852, 
t.  IX,  p.  113. 

497.  —  La  Prophétie  d'Orval,  Paris,  Maillet,  1840,  9  pp. 

«  Les  uns,  quoique  sans  preuve,  datent  cette  prophétie  de  l'an  1344  et  l'attribuent  au 
frère  Abraham,  religieux  de  l'abbaye  d'Orval,  d'oii  l'on  inférera  qu'on  en  a  rajeuni  le 
style  qui,  au  surplus,  trahit  par  une  maladroite  affectation  d'archaïsme,  une  main  inex- 
périmentée ;  d'autres  invoquent  des  témoignages  respectables  et  la  mettant  aussi  sur  le 
compte  d'un  solitaire  d'Orval,  qu'on  ne  nomme  pas,  se  contentent  de  dire  qu'elle  a  été 
imprimée  à  Luxembourg,  en  1544^  époque  où  l'on  n'imprimait  pas  dans  cette  ville  ;  aussi 
s'est-on  bien  gardé  de  montrer  le  livre  qui,  au  surplus,  pourrait,  à  toute  force,  avoir  été 
imprimé  ailleurs,  mais  avec  l'indication  de  Luxembourg,  ainsi  que  la  chose  est  arrivée 
plus  d'une  fois(l).  » 

—  La  Prophétie  d'Orval  d'après  les  copies  prises  sur  le  texte  original 
dans  l'Abbaye  d'Orval  &  à  Luxembourg,  avec  les  concordances  histori- 
ques et  les  événements  à  accomplir  en  1883,  1893,  1908  et  1911,  par  un 
converti . 

«  Ne  méprisez  pas  les  prophéties. 

«  Eprouvez  tout  ;  retenez  ce  qui  est  bon.  » 

!''«  Epître  de  S.  Paul  aux  Thess., 

Ch.  V,  vers.  20  et  21. 

Prix  :  fr.  0.50.  —  Bruxelles.  Imprimerie  de  l'Office  de  Publicité  Catho- 
lique, Vè,  coin  des  rues  du  Midi  et  du  Lombard,  13.  187  L 
In-16,  de  VIII  et  24  pp. 

—  Prophéties  dites  d'Olivarius  &  d'Orval,  interprétées  par  leur  auteur 
Nostradamus  «  le  grand  Prophète.  »  -  Recherches  &  commentaire,  par 
H.  Torné-Chavigny,  curé  de  Saint-Denis-du-Pin  (ancien  curé  de  la 
Glotte.)  —  Prix  :  1  fr.  50  c.  —  Angoulême,  veuve  Girard,  imprimeur- 
éditeur,  rue  Tison  d' Ar gence ,  1872.  —  Tous  droits  réservés. 

In-80,  de  96  pp. 


(1)  Le  Bibliophile  belge,  1848,  t.  V,  p.  92. 


—  286  — 

Outre  le  titre  ci-dessus,  la  CDUverture  porte  : 

<.<  L'arbre  qu'estoit  par  longtemps  mort  scchc,  dans  une  nuict  viendra  à  reverdir.  — 
Voir  111.  90-100.  Nostradamus. 

Le  ciel  même  peut-il  réparer  les  ruines 

De  cet  arbre  séché  jusque  dans  ses  racines  ?... 

Si  du  sang  de  nos  rois  une  goutte  échappée  ! 

yoas,  Athalic  (Racine). 
En  vente  chez  le  commentateur,  à  Saint-Denis-du-Pin.  » 

La  Prophétie  d'Orvals.  été  insérée  dans  différents  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 

—  Journal  des  Villes  et  des  Campagnes,  20  juin  18.39. 

—  Le  Propagateur  de  la  foi,  t.  IV,  p.  332  ;  t.  V,  p.  137. 

—  Tablettes  du  chrétien,  p.  489. 

—  L'Invariable,  de  Fribourg,  rédigé  par  M.  le  Comte  O'  Mahoni,  t.  XIII,  1839. 

—  L' Oracle  pour  1840  et  les  années  suivantes,  ou  recueil  de  prophéties  anciennes  et  moder- 
nes, concernant  le  passé,  le  présent  et  l'avenir,  et  annonçant  particulièrement  les  destinées  de  la 
France,  de  l'Europe  et  de  l'Orient,  avec  les  preuves  de  leur  authenticité ,  et  des  explications 
tirées  de  l'histoire.  Seconde  édition  perfectionnée  et  augmentée  d'un  supplément,  par  Henri 
Dujardin,  Paris,  Camus,  1840,  in-12. 

—  Des  Prédictions  modernes,  et  en  particulier  de  la  Prophétie  dite  d' Orval,  par  M.  R^^^^; 
et  Lettre  d'un  Chanoijie  (M.  Remusat)  à  un  de  ses  amis  sur  la  proximité  de  lafi?i  du  inonde.  — 
Des  Prophéties  attribuées  à  S.  Malachie,  avec  le  Texte  Latin,  la  Traduction  Française,  et  des 
Remarques  critiques,  par  le  P.  Menestrier.  —  Sur  les  Avefittires  de  Martin  de  Gallardon, 
suivi  de  la  Prophétie  Turgotine  ;  par  l'Abbé  Wurtz.  —  Examen  critique  du  magnétisme  ani- 
mal, par  l' Abbé  Wurtz.  —  De  la  Baguette  divinatoire,  par  le  P.  MeJiestrier .  —  Instruction 
sur  la  manière  d'exorciser  ceu.v  qui  sont  possédés  du  Démon  :  tirée  du  Rituel  Romain,  et  trad. 
par  de  Peyronnet.  —  Avignon,  chez  Seguin  aîné,  imprimeur-libraire.  MDCCCXXXX, 
in-12,  pp.  14-18. 

—  Prophétie  authentique  arrii'ée  d'Amérique,  et  suivie  de  celle  qui  a  été  trouvée  dans  l'an- 
ciejiJie  abbave  d' Orval.  Paris,  Dentu,  1840,  in-8". 

—  Nostradamus,  par  Eug.  Bareste.  Paris,  Maillet,  1840,  in-12,  portrait. 

—  2"  édition.  Ibid.,  1840.  in-8°,  portrait. 

—  Tf' édition.  Ibid.,  1840,  in-12. 

—  Prophéties.  La  fin  des  temps,  avec  une  notice  par  Eug.  Bareste.  Paris,  Savigni,  1840, 
in-lS. 

—  2"  édition.  Ibid.,  1840,  in-18. 

—  3^  édition.  Ibid.,  1840,  in-18. 

—  4^  édition.  Ibid.,  1S40,  in-18. 

—  £^  édition.  Ibid.,  1842,  in-18,  pp.  43-55. 

—  Prophéties.  La  fin  des  teDifs,  avec  une  nolice  par  Eugène  Bareste.  D'après  la  si.vième 
édition  française.  Des  oracles  redoutables  annoncent  d^ ailleurs  que  les  temps  sont  arrivés,  (jf.  de 
Maistre,  Soirées  de  S.  Petersbojtrg).  Bruxelles,  J.-B.-J.  De  Mortier,  éditeur.  Rue  Léopold, 
84,  faubourg  de  Namur.  —  1848,  in-i8,  pp.  55-(j8. 

—  Le  Bibliophile  belge.  —  Tome  V.  —  Bruxelles,  Librairie  ancienne  et  moderne,  rue 
des  (barrières,  n°  30.  —  1848,  in-8°,  pp.  92-95.  (De  quelques  ouvrages  contenant  des  prédic 
tions  et,  en  particulier,  de  la  prophétie  d' Orval.  Par  M.  de  Reiffenberg.) 


—  287  — 

—  La  Fin  des  temps  confirmée  par  des  prophéties  authentiques  nouTellenient  recueillies  par 
y.  Collin  de  Plancy.  Des  oracles  redoutables  annoncent  d'ailleurs  que  les  temps  sont  arrivés 
y.  de  Maistre,  Soirées  de  S^-Pêtersbourg.  Paris,  Henri  Pion,  imprimeur-éditeur.  Rue 
Garancière,  10.  —  1871,  in-18,  figures,  pp.  83-89. 

Voy.  aussi  la  brochure  intitulée  : 

Au  il  février  le  grand  événement  !  Prouvé  par  le  commentaire  de  la  Prophétie  d'Orval.  Par 
F.  Parisot.  Paris,  1874. 

On  trouve  un  article  sur  cette  brochure  dans  La  Chronique,  Gazette  quotidienne.  Bru- 
xelles, 31  janvier  1874. 

Citons  encore  un  long  article  publié  dans  le  Supplément  du  journal  le  Soir  (Bruxelles), 
du  12  août  1894,  sous  le  titre  de  :  La  prophétie  d'Orval. 

498.  —  Propositions  de  M.  Laurent  concernant  la  publication  d'un 
nouveau  Supplément  aux  Coutumes  du  Luxembourg. 

Dans  les  Procès-verbau.x  des  séances  de  la  Commissioti  royale  pour  la  publication  des  aricien- 
nés  lois  et  ordotuianccs  de  la  Belgique.  Bruxelles,  1883,  t.  VI,  pp.  364-365. 

499.  —  Province  de  Luxembourg. 

Dans  La  Belgique  pittoresque.  Histoire.  —  Géographie.  —  Topographie.  —  Histoire  natu- 
relle. —  Mœurs.  —  Coutumes.  —  Industrie.  —  Commerce.  —  Beaux-arts.  —  Biographies.  — 
Statistiques.  —  Ouvrage  orné  de  trente-deux  vues  et  monumefis,  vigjiettes  et  gravures,  d'une 
carte  générale  de  la  Belgique  et  des  cartes  des  neuf  provinces.  — Prix  :  i'b  francs.  —  A  Bruxel- 
les, au  bureau  central  d'abonnements,  rue  des  Fripiers,  n°  34.  Et  à  la  librairie  moderne, 
Montagne  de  la  Cour,  n°  2.  —  1834.  (Imprimerie  de  C.-J.  de  Mat.),  in-4'',  pp.  422-432. 

500.  —  La  Province  de  Luxembourg.  Description  géographique,  histo- 
rique, statistique  et  archéologique,  par  C.-J.  Mathieu,  professeur  d'his- 
toire, et  Alexis  M.  G.,  professeur  de  géographie.  Namur,  Wesmael- 
Charlier,  1880. 

In-12,  de  224  pp. 

50L  —  La  Province  de  Luxembourg.  —  Voyage  à  travers  champs,  par 
E.  van  Bemmel  et  F.  Gravrand.  —  Bruxelles,  chez  les  principaux 
libraires.  Imprimerie  de  J.  Stienon.  —  1849. 

In-12,  de  230  pp.  et  1  f. 

N°  3  des  Publications  de  la  Société  des  gens  de  lettres  belges. 

502.  —  Publication  de  fac-similé  en  terre  cuite  d'une  collection  de 
sceaux  luxembourgeois. 

Dans  Le  Bibliophile  belge.  Bruxelles,  1848,  t.  V,  pp.  31-33. 

503.  —  Publications  de  la  Société  pour  la  recherche  et  la  conservation 
des  monuments  historiques  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  cons- 
tituée sous  le  patronage  de  Sa  Majesté  le  roi  Grand-Duc,  par  arrêté  daté 
de  Walferdange,  du  2  septembre  1845.  Luxembourg,  Lamort  (puis  F. 
Buck,  imprimeur -Libraire),  1846-1889...  39  vol.in-4°  et  in-S",  grav. 


._.  288  — 

504.  —  D.  Keiffer.    -  Le  Quatuor  de  Vianden.  —  Arlori,  imprimerie  et 
lithographie  J.  Bourger.  —  1866. 

In- 18",  de  XI  et  173  pp. 


505.  —  Race  ardennaise  (Chevaux  de). 

Dans  Patria  Belgica.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  et  C'«,  1873,  t.  I,  pp.  537-538. 
(Eiîve  du  bétail  et  animaux  domestiques,  par  M.  J.  Leyder). 

506.  —  Rapport  adressé  à  M.  le  Gouverneur  de  la  province  de  Luxem- 
bourg, par  H.  Noblom,  délégué  auprès  du  Gouvernement  du  Grand- 
Duché,  pour  le  partage  et  la  remise  des  archives.  —  Arlon.  —  Impri^nerie 
de  J.  Laurent.  1847. 

In-4°,  de  86  pp. 

507.  —  Rapport  de  la  Députation  permanente  du  Conseil  provincial  à 
M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  sur  le  défrichement  des  bruyères  et  terres 
vagues  dans  la  province  de  Luxembourg.  Arlon,  1844,  in-4°. 

508.  —  Rapport  fait  à  la  Chambre  des  Représentants,  par  le  Ministre 
d'Etat,  ayant  ad  intérim  le  Département  des  Affaires  étrangères,  dans  la 
séance  du  19  février  1834,  sur  la  situation  politique  du  grand-duché  de 
Luxembourg,  suivi  de  pièces  diverses,  d'un  plan  lithographie,  et  d'un 
appendice  contenant  les  adresses  des  deux  Chambres  et  les  réponses  du 
Roi.  Bruxelles,  chez  Rémi,  imprimeur,  1834,  in-1'2. 

509.  —-  Rapport  présenté  aux  actionnaires  de  la  Compagnie  du  Grand 
Luxembourg.  —  Bureaux  de  la  Compagnie,  n°  1,  Royal  Exchange  Buil- 
dings. (Au  verso  du  faux  titre  :)  Imprimerie  d'Ad.  Wahlen  et  Compagnie 
(à  Bruxelles). 

In-8«,  de  47  pp. 

510.  —  Rapport  sur  des  recherches  et  des  expériences  faites  dans  le 
but  d'amender,  au  moyen  de  la  chaux,  une  partie  du  sol  de  l'Ardenne, 
par  G.  Lambert.  Bruxelles,  1847,  in-8°. 

51 L  —  Recherches  sur  l'introduction  de  l'imprimerie  dans  quelques 
villes  de  la  Belgique.  Par  Alex.  Pinchart. 

Dans  Le  Bibliophile  belge.  Bruxelles,  A.  Vandale,  184(3,  t.  \\l.  (Luxembourg,  pp  310-312)  - 

512.  —  Recherches  sur  l'origine  de  la  dénomination  de  Couper  s,  donnée 
aux  habitants  d'une  partie  des  Ardennes.  Par  Pierre-Joseph  Duhaivurlin. 
Paris,  Bailleul,  18... 

Tiré  à  50  exemplaires. 


—  289  — 

513,  —  Rapport  sur  la  situation  administrative  et  industrielle  de 
l'arrondissement  d'Arlon-Virton,  par  Emile  Tandel.  Arlon,  Poncin,  1879. 

In-     ,  de  92  pp. 

—  Ibid.,  1880. 

In-  ,  de  181  pp. 

—  Ibid.,  1881. 

In-  ,  de  103  pp. 

—  Ibid.,  1882. 

In-     ,  de  106  pp. 

—  Arlon,  imprimerie  jF.  Bourger,  1883. 

In-    ,  de  178  pp. 

—  Rapport  sur  la  situation  administrative  de  l'arrondissement  d'Arlon- 
Virton,  par  Em.  Tandel.  Années  1883,  1884  et  1885.  Arlon,  J.  Bourger, 
1886. 

51  pages. 

—  1886.  Ibid.,  1887. 

83  pages. 

—  1887.  Ibid.,  1888. 

46  pages. 

—  1888.  Ibid.,  1889. 

29  pages. 

—  1889.  Ibid.,  1890. 

19  pages. 

—  1890.  Ibid.,  1891. 

19  pages. 

—  1891.  Ibid.,  1891. 

98  pages. 

—  1892.  Arlon,  V.  Poncin,  1893 

48  pages. 

—  1893.  Ibid.,  1894. 

83  pages. 

514.  —  Rapport  sur  la  situation  commerciale  et  industrielle  du  Luxem- 
bourg, adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  par  la  Députation  provin-, 
ciale.  Arlon,  iml>rimerie  de  C.-A.  Bourgeois.  —  1836. 

In-8o,  de  133  pp.  et  1  f. 


—  290  — 

515.  —  Rapport  sur  les  fouilles  de  Majeroux,  par  J.  E.  G.  Roulez. 

Dans  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  t.  X,  1843. 

516.  —  Rapport  sur  les  inscriptions  votives  et  les  statuettes  trouvées  à 
Geromont,  près  de  Gérouville  (Luxembourg  belge),  et  sur  les  tombes 
gallo-franques  de  Wecker,  découvertes  en  1848,  par  A.  Namur,  conser- 
vateur-secrétaire de  la  Société  archéologique  de  Luxembourg.  Luxem- 
bourg, in-4°. 

517.  —  Rapport  sur  les  mémoires  qui  ont  concouru  à  la  question  relative 
à  la  constitution  géologique  du  grand-duché  de  Luxembourg,  par 
MM.  d'Omalius  et  Cauchy.. 

Dans  les  Mémoires  couronnés  par  l'Académie  royale  des  sciences  et  belles-lettres  de  Bruxelles, 
t.  VII,  1828. 

518.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  relatif  aux  fossiles  des  ten'ains  juras- 
siques de  la  province  de  Luxembourg,  par  A. -H.  Dumont. 

Dans  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  t.  X\'III,  1851. 

519.  —  Récits  de  l'Ardenne.  —  Aubinette,  ou  l'Orpheline  de  Durbuy, 
par  le  major  Auguste  Daufresne  de  la  Chevalerie.  —  Quels  que  soient  le 
temps  et  le  règne,  aimons  avec  une  piété  filiale  toutes  les  gloires  de  la 
patrie  (Général  Petiet).  Bj-uxelles,  F.  Hayez,  imprimeur  de  l'Académie 
royale.  —  ISll. 

In-8°,  de  4  ff.  et  160  pp. 

On  lit  au  recto  du  3®  f.  liminaire  :  Hommage  respectueux  li  l'illustre  famille  d'Ursel  dont 
le  7'énérable  aïeul  descendant  des  co-mtes  de  Groobendoncq  a  été  le  dernier  seigneur  de  Durbuy. 

L'auteur  dit,  dans  la  préface  : 

«  Aubinette  ou  l'orpheline  de  Durbicy,  à  laquelle,  nous  osons  l'espérer,  le  lecteur  voudra 
bien  s'intéresser,  nous  a  fourni  l'occasion  de  recueillir  nos  souvenirs,  nos  impressions  au 
sujet  du  beau  pavs  de  l'Ardenne  et  de  mettre  en  lumière  certains  faits  de  son  histoire  si 
intéressante.  » 

520.  —  Recueil  d'Edits,  Ordonnances,  Déclarations  et  Reglemens, 
concernant;  le  Duché  de  Luxembourg  &  Comté  de  Chiny;  A  Luxem- 
bourg, chés  André  Chevalier,  Lmprimeur  &  Libraire  ordinaire  du  Rov. 
—  M.DC.XCL 

Pet.  in-40,  de  2  ff.,  459  pp.  et  4  ff.;  armoiries  sur  le  titre. 

52L  —  Recueil  d'édits,  ordonnances,  reglemens  et  déclarations  décré- 
tés dans  les  ci-devant  Pays,  Duché  de  Luxembourg  et  Comté  de  Chiny, 
en  matière  de  Bois  et  Forêts,  publié  par  F.  X.  Wùrth-Paquet,  substitut 
du  procureur  du  Roi  Grand-Duc,  à  Luxembourg.  —  Primum  nobis  stu- 


—  291  — 

dium  fuit  a  sacratissimis  rétro  principibus  initium  siimero  et  eonim  con- 
stitutiones  viae  dilucidae  tradere.    I.    I.   Cod.   T.   17.    L.    I.   —  Prix   : 
1  fl.  75  cents.  —  Luxembourg,  chez   la    V''  Hoffman,  Libraire,  1835. 
(A  Luxembourg  de  L'imprimerie  de  Schmit-Bruck.) 
In-8o,  de  VIII  et  201  pp. 

522.  —  Recueil  d'ordonnances,  placards,  édits,  etc.,  émanés  pour  le 
pays,  duché  de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny,  de  1531-1784.  3  vol. 
in-fol. 

«  Recueil  unique  de  documents  manuscrits  et  imprimés,  formé  par  M.  J.  B.  Waeken, 
avocat  au  Conseil  de  Luxembourg,  plus  tard  président  de  Chambre  à  la  Cour  de  Liège 
jusqu'en  1830.  Les  tables  sont  rédigées  et  écrites  par  le  même  jurisconsulte.  »  (Catalogue 
des  livres...  de  J.  B.  Th.  de  Jonghe.  Bruxelles,  1860,  t.  I,  n°  518.) 

523.  —  Recueil  de  la  noblesse  de  Bourgogne,  Limbourg,  Luxembourg, 
Gueldres^  Flandres,  etc.,  etc.^  par  J.  Le  Roux.  Bruxelles,  t'Serstevens, 
s.  d.,  in-4°. 

—  Recueil  de  la  noblesse  de  Bourgogne,  Limbourg,  Luxembourg, 
Gueldres,  Flandres,  Artois,  Ha3mau...,  et  autres  provinces  de  S.  M.,  re- 
présentant les  titrés,  noblesse^  etc.,  de  1424  jusqu'en  1714,  par  J.  Le 
Roux,  Roy  d'armes.  A  Lille,  1715,  in-4°. 

—  Recueil  de  la  Noblesse  de  Bourgogne,  Limbourg,  Luxembourg, 
Gueldres,  Flandres,  Artois,  Haynau,  Namur,  etc.,  représentant  les  noms 
et  surnoms  des  Titrés  et  Lettres-patentes  de  Chevalerie  de  1424  à  l'an 
1714...,  par  J.  Le  Roux,  Roi  d'Armes  de  Flandre...  à  Douay,  Derbaix, 
1784,  in-4°. 

524.  —  Recueil  de  quelques  guérisons  miraculeuses  et  autres  faveurs 
octroyées  par  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  en  son  monument  situé  près 
de  Marche  en  Famenne.  Liège,  H.  Hoyoux,  1678. 

In-18,  de  67  pp.,  avec  une  planche.  —  Attribué  à  Philippe  Scouville. 

525.  —  Recueil  des  Bulletins  de  la  Commission  royale  d'histoire  de 
Belgique.  Bru.xelles,  M.  Hayez,  1834-1850,  16  vol.  in-8»  (l-^^  série). 

Outre  un  grand  nombre  de  notes  et  d'indications  relatives  au  Luxembourg  (1),  on  a 
inséré  entièrement  dans  ce  recueil,  en  ce  qui  concerne  le  même  pays,  quelques  docu- 
ments dont  voici  la  liste  : 

—  1289,  dominica  qua  cantatur  jubilate.  Charte  de  Wallerand,  comte  de  Juliers.  —  Quit- 
tance pour  le  comte  de  Luxembourg.  (T.  XVI,  p.  66.) 

—  1294,  le  vendredi  après  la  S'-Laurent.  Compromi'i  d'Henri,  comte  de  Lu.xemhourg  et 
d'Henri,  comte  de  Bar.  (T.  XVI,  p.  'o'^.) 


(1)  Voy.  la  Table  générale,  publiée  en  1852. 


—  292  — 

—  KiôS,    post    festuin  anmintialionis  beatae  Virginis   III   feria.    Ouittancc  de  certaines 
lettres,  dimnéc par  Weticeslas,  duc  de  Luxembourg  et  de  Brabant.  (T.  V,  p.  8ô.) 

—  l()3(),  2(3  martii.  Lettre-circulaire  tozichant  la  mort  du  père  Cuil.  Wiltheim.  (T.  VIII, 
p.  328.) 

—  1640,  11  janvier.  Réponse  du  cardinal-infant  aux  états-  du  Luxembourg.  (T.  XIII, 
p.  473.) 

—  1640.  Représentation  des  états  du  Luxembourg  au  cardinal-infant.  (T.  XIII,  p.  468.) 

—  1640,  29  septembre.  Nouvelle  remontrance  des  états  du  Luxembourg  au  cardinal-infant. 
(T.  XIII,  p.  474.) 

—  Extrait  du  nécrologe  de  l'abbaye  d'Epternach.  (T.  VII,  p.  239.) 

—  Fragmentum  Epternacense.  (T.  VII,  p.  259.) 

526.  —  Rede  gehalten  bei  der  Errichtung  des  Denkmahles  fur  Theodor 
Lenz,  auf  dem  Leichenhofe  Robermont  zu  Lùttich,  am  17  july  1824,  von 
Cari  Eyschen,  stiident  auf  der  dortigen  Universitaet.  Gedruckt  auf  das 
Begehren  der  Zuhœrer  zum  Besten  eines  dùrftigen  Schùlers  des 
Athenœum  zu  Luxemburg.  Luxemhurg,  Lamort,  1824,  in-8". 

527.  —  Redouté  (Pierre- Joseph). 

Dans  le  Mémorial  de  la  Littérature  et  des  Beaux-Arts  dans  les  Deux-Mondes.  Année  1840. 
Paris,  1841,  in-8«,  pp.  243-244. 

528.  —  Réflexions  d'un  Patriote  à  deux  de  ses  Amis,  au  Séminaire  filial 
à  Luxembourg.  En  date  du  22  juin  1787.  -  M.D.CC.LXXXVII. 

Pet.  in-8°,  de  8  pp. 

529.  —  Réflexions  sur  le  libelle  intitulé  :  Avis  aux  RR.  PP.  Jésuites 
sur  leur  procession  de  Luxembourg  ..  Par  un  avocat  de  Luxembourg. 
1686,  in-12. 

Voici  ce  que  Baj'îe  dit  de  cet  ouvrage  dans  ses  Nouvelles  de  la  République  des  Lettres. 
(Amsterdam,  Henry  Desbordes,  mai  1686,  pp.  592-593.)  : 

«  On  a  parlé  amplement  de  cet  Avis  dans  les  dernières  Nouvelles  d'Octobre,  &  on  ne 
s'étendroit  pas  moins  sur  la  Réponse  de  cet  Avocat,  si  on  y  trouvoit  de  la  matière,  mais 
on  ne  sçait  sur  quoi  donner  fond.  Cela  diminue  l'étonnement  où  l'on  a  été  de  voir  que 
l'Avocat  d'une  cause  si  favorisée  n'ose  ni  dire  son  nom,  ni  marquer  le  lieu  oîi  il  a  fait 
imprimer  son  livre.  Il  nous  assure  que  les  Jésuites  n'ont  pas  seulement  songé  à  répondre  ; 
il  devoit  suivre  leur  exemple,  «&  craindre  le  bon  mot  d'un  Sicilien  (1),  quaso  inquit, 
Prœtor,  adversario  ineo  da  istum  patronum,  deinde  mihi  nemineDi.  De  grâce  donnez  cet 
Avocat  à  mes  parties,  ^  puis  ne  m'en  dominez  aucun.  Il  attribue  aux  Jansénistes  l'Avis  qu'il 
entreprend  de  réfuter,  &  il  les  menace  d'une  terrible  Bombarderie  quand  le  temps  en  sera 
venu;  Les  Bombardiers,  ajoûte-t-il,  pourraient  bien  se  ressouvenir  que  vous  les  avez  insultez 
dans  votre  libelle.  Tout  ce  qu'on  vient  de  dire  n'empêche  pas  qu'on  ne  croie  que  cet 
Ouvrage  doit  être  lu.  » 


(1)  Cicer.  de  Orat.  1.  2 


—  293  — 

530.  —  Réfutation  des  critiques  adressées  au  projet  de  dérivation  de 
rOurthe,  par  Edouard  Dusart,  Capitaine  en  premier  du  Génie,  comman- 
dant des  pompiers  de  la  ville  de  Bruxelles.  —  Bruxelles.  Br?ivla?it- 
Christophe  et  Compagnie^  libraires-éditeurs,  33^  rue  Blaes,  1873. 

In-8o,  de  1  f.  et  71  pp. 

531.  —  Regelbùchelcher  vum  Lezeburger  orthoegraf,  en  ures  al  prov, 
d^Fraechen  aus  dem  ha,  a  versen  vum  A.  Me3'er.  Liège,  H.  Dessain,  1854. 

In-18,  de  34  pp. 

532.  —  Région  ardennaise.  —  Région  jurassique. 

Dans  Piitria  Belgica.  Bruxelles,  Bruyiant-Christophe  et  C'^  1873,  t.  I,  pp.  454-457. 
(Géographie  botanique,  par  M.  François  Crépin.) 

533.  —  Région  ardennaise.  —  Région  luxembourgeoise  ou  jurassique. 

Ibid.,  pp.  495-497   (Géographie  agricole,  par  M.  C.  ^lalaise). 

534.  —  Règlement  de  la  maison  pénitentiaire  des  jeunes  délinquants  à 
Saint-Hubert. 

Dans  Le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  31  août  1847,  pp.  2350-2359. 

535.  —  Règlement  gênerai  pour  la  conduite  de  tous  les  Receveurs^ 
Controlleurs,  Commis  &  Gardes  des  Droits  d'Entrée,  Sortie,  Transit  & 
autres  de  Sa  Majesté  Impériale  &  Catholique  dans  les  Pays-Bas.  Du  15. 
Février  1738.  Sur  ï Impritné  à  Bruxelles.  A  Luxembourg,  chez  l'Héritière 
d'André  Chevalier,  vivant  Imprimeur  de  Sa  Majesté  l' Impératrice-Reine. 

Pet.  in-4°,  de  29  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

Pages  24-29  :  Liste  des  Bureaux  des  Droits  de  Sa  Majesté  Impériale  et  Catholique  au 
Pays-Bas. 


Départetiient  du  Bureau  principal  de  Luxembourg.  —  Département  du  bureau  principal 
de  Marche.  —  Département  du  Bureau  principal  de  5'.  Vith. 

536.  —  Règlement  pour  la  Maréchaussée  de  la  province  de  Luxem- 
bourg. Du  9  Novembre  1736.  A  Luxembourg,  chez  André  Chevalier, 
Imprimeur  de  Sa  Maj.  Imp.  &  Catholique,  &  Marchand  Libraire.  1736. 

Pet.  in-4f,  de  15  pp.  ;  armoiries  sur  le  titre. 

537.  —  Règlement  pour  la  ville  d'Arlon.  Luxembourg (il6i),  pet.  in  8°. 

20 


—  294  — 

5:W.  —  Règlement  provisoire  de  l'ordre  d'Orval  et  Chiny.  Arlon, 
Imprimerie  de  C-A.  Bourgeois  (1861). 

ln-4",  de  71)  pp. 

Par  M.  N.  lierger,  président  du  tribunal  de  première  insttuice  d' Arlon,  commissaire  naminê 
pour  procéder  à  la  distribution  par  voie  d'ordre,  entre  les  créanciers  inscrits,  du  prix  de  la 
forêt  de  Chiny,  divisions  dites  Phays  de  Moyen  et  Phays  de  jlleussin,  de  la  for,' t  et  du  domaine 
d'Orval,  saisis  à  la  requête  de  la  dame  Pauline-Marie  Devos.... 

5;)9.  —  Règlement  sm-  l'organisation  des  gardes-champètres,  avec 
commentaires  ou  code  rm-al  à  l'usage  des  gardes  champêtres  de  la 
province  de  Luxembourg  (par  M.  G.  F.  Prat).  Arlon,  imprimerie  de 
P.-A.  BritcÂ.  —  iS3i). 

In-12,  de  XII  et  269  pp 

540.  —  Reis  door  het  koningrijk  der  Nederlanden  en  het  groot  hertog- 
dom  Luxemburg,  door  A.  B.  van  Meerten-Schilperoort.  Amsterdam, 
1828,  5  vol.  in-8°. 

541.  —  Relation  de  la  Trahison  tramée  contre  la  ville  de  Luxembourg 
en  1720.  La  Haye  1742,  pet.  in  12. 

(Catalogue  des  livres,  estampes,   etc.   de  Monsieur  V.  S.  Anvers,  J.  Grange  (1773),  n°  18(33.) 

542.  —  Relation  fidèle  de  ce  qui  s'est  passé  dans  la  province  de 
Luxembourg,  entre  les  patriotes  et  les  impériaux.  (1790),  in-8°. 

543.  —  Le  Relief  et  la  structure  de  l'Ardenne,  du  Jura  et  des  Alpes.  — 
Dénudations  subies  par  la  ride  ardennaise. 

Dans  Patria  Belgica.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  &  C'«,  1873,  t.  I,  pp.  42-46. 
(Urologie.  Relief  du  sol,  ses  origines  et  ses  causes,  par  M.  E.  Dupont.) 

544.  —  Remacle  Mohy  du  Rondchamps. 

Dsins  les.  Fleurs  des  vieux  poètes  liégeois  {\.^hO-\(S\iÙ).  Avec  une  introduction  historique  par 
N.  Peetermans.  recueil  publié  et  accompagné  de  notices  biographiques,  par  H.  Helbig.  Liège, 
F.  Renard,  1859,  in-12,  pp.  76-87. 

545.  —  Remacle  Mohy  du  Rondchamp  et  son  Cabinet  historial.  Par 
H.  Helbig. 

Dans  V A^inuaire  de  la  Société  libre  d'Emulation  de  Liège,  pour  l'année  1857.  Liège,  J.-(j. 
Carmanne,  1857,  in-12,  pp.  204-223. 

546.  —  Remarques  d'un  jurisconsulte  sur  la  visite  faite  en  1725  dans 
l'abbaye  d'Orval,  ordre  de  Cisteaux,  par  l'abbé  de  Grimbergue^  pré- 
montré. 1727,  in-4°. 

547.  Très-humbles  Remontrances  faites  à  Sa  Majesté  l'empereur  et  roi, 
par  les  Etats  du  pays  duché  de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny,  dans 
leur  assemblée  générale,  du  15  juin  1787.  In-8°. 


—  295  — 

548.  —  Renseignemens  sur  la  caverne  à  ossemens  le  trou  de  Hogheur, 
dans  le  duché  de  Luxembourg,  par  Ph.  C.  Schmerling. 

Danslt'S  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  t    II,  1835,  pp.  271-275. 

549.  —  Réponse  de  Mgr.  l'abbé  d'Orval  à  ses  religieux  fugitifs  et 
retirez  en  Hollande.  S.  l.  n.  d.  (1726). 

Pet.  in-4'',  de  4  pp. 

550.  —  Requête  de  P.  Wiltheim  pour  l'élection  de  Notre-Dame  (1666). 

Dans  V Histoire  de  Noire-Dame  de  Luxembourg,...  par  L.  Kuntgen  ..  Namur,  1866, 
pp.  161-162  et  374-375. 

551.  —  Réseau  luxembourgeois.  —  Mémoire  adressé  à  M.  le  Ministre 
des  Travaux  publics  par  la  Chambre  de  commerce  d'Arlon.  —  Arlon, 
Impriinerie  et  lithographie  J.  Boiirger.  —  1880. 

In-8",  de  31  pp. 

552.  —  Respublica  Xamurcencis,  Hannonias  et  Lutsenburgensis. 
Amstelodami,  per  Joa.  Janssoniiim,  1634,  pet.  in-12. 

—  Respublica  Lutzenburgensis,  Hanonias  et  Namurcensis.  Amst., 
apiid  Guilielmus  Blaeu,  1635,  in-24. 

553.  —  Restes  du  Palais  de  Mansfeld,  à  Luxemb".  Pelaert  del.  — 
Madon.  —  Lith.  de  Jobard  [à  Bruxelles). 

554.  —  Résumé  de  l'histoire  civile  et  politique  de  la  province  de 
Luxembourg,  par  Poncin  Casaquy,  avocat  à  la  Cour  de  Bruxelles. 
Bruxelles,  M.  Hayez,  imprimeur  de  U Académie ,  1834. 

In-8°,  de  47  pp.  —  l"""  époque. 

555.  —  Résumé  de  la  statistique  des  décès  de  la  ville  d'Arlon  pendant 
les  vingt-cinq  dernières  années.  Par  Antoine  Valerius. 

Dans  le  Journal  de  médecijie,  de  Bruxelles,  février  1880. 

556.  —  Résumé  pour  les  communes  de  Soy,  Mormont,  Wéris,  Heid, 
Vaux-Chavanne,  etc.,  contre  le  duc  d'Ursel.  Liège,  in-4°. 

557.  —  Retour  à  Durbuy.  —  L'Amazone  des  Ardennes.  —  L'Ardenne 
et  Ferdinand  Nicolaï.  — -  L'Hiver  à  Durbuy.  —  Simple  légende.  A 
Mademoiselle  Gravez  de  Bomal.  —  Le  Linot  de  Durbuy. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Chansons,  par  Auguste  Daufresne  de  la  Chevalerie,  lieictenant 
au  2^^  régiment  de  chassetirs  à  cheval.  Tournai,  Typographie  d'Adolphe  Delmée.  —  1855, 
in-18,  pp.  8-0,  41-43,  52-53,  117-118,  216-219,236-237. 


296  — 

558.  —  Romans  historiques  du  Luxembourg.  —  La  Dernière  Marquise 
du  Pont  d'Oye,  par  Léon  Wocquier.  Bruxelles,  hnprbnerie  de  A.  Labroiie 
et  Compagnie,  me  de  la  Fourche,  .'36.  —  1850. 

2  vol.  in-18,  de299et  272  pp. 

559.  —  La  Ruine  d'Orval. 

Dans  La  Belgique.  Supplé))ieiil  illustré.  Bru.\elles,  25  juin  1893. 

560.  —  La  Ruine  de  Vianden,  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg. 
Par  Baze. 

Dans  VAuimaire  de  la  Société  libre  d'Emulation  de  Liège,  pour  l'année  1861.  Liège,  J.-G. 
Carmanne,  1861,  in-12,  p.  386. 

561.  — Les  Ruines  de  Villers  et  d'Orval. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Ruines  et  Paysages  en  Belgique,  par  Eug.  Gens,  Professeur 
d'histoire  à  l'Athénée  d'Anvers.  Bruxelles,  A.  Jamar,  éditeur,  s.  d.,  in-i2,  pp.  105-123. 

562.  —  Ruines  du  château  de  Falkenstein  (Duché  de  Luxembourg.) 
B.  Mary  del.  —  Madou.     -  Lith.  de  Jobard  (à  Brn.xelles.j 

563.  —  Jeantin.  —  Les  Ruines  et  Chroniques  de  l'abbaye  d'Orval. 
Paris,  Tardieu,  1867,  in-8°^  portr.  et  plan. 


564.  —  Saint-Hubert.  Par  D.  M. 

Dans  la  Minerve  des  Pays-Bas.  Bruxelles,  Laurent  frères,  1828-1829,  t.  I,  pp.  170-172. 

565.  —  Saint-Hubert.  —  Igel.  —  Salm.  —  Hofalise.  —  Bastogne.  — 
Soleuvre.  —  Orval. 

Dans  V Itinéraire  ou  Voyages  de  J/''  l'abbé  De  Feller  en  diverses  parties  de  l'Europe.  Liège, 
Lemarié,  1820,  in-8o,  t.  I,  p.  10  ;  t.  II,  pp.  152-157,  510,  -  291  -  292,  -  294,  -  297  -  298,  -  300  - 
304,  549. 

566.  —  Saint-Hubert,  évéque  de  Liège,  etc. 

Dans  VIListoire  de  Liège,  depuis  César  Jusqu'à  la  fin  du  XVII I^  siècle,  par  le  Baroti  de 
Gerlache.  Troisième  édition.  Bruxelles,  H.  Goem^ere,  1874,  in-S»,  pp.  33-36. 

567.  —  Les  Saintes  Montagnes  et  Collines  d'Orval,  et  de  Clairevaux^ 
vive  représentation  de  la  vie  exemplaire  &  Religieux  Trespas  de  Reue- 
rend  Père  en  Dieu  Dom  Bernard  De  Montgaillard  Abbé  de  l'Abbaye 
D'Orval  de  l'Ordre  de  Cisteaux  :  au  pays  de  Luxembourg,  Prédicateur 
Ordinaire  de  leurs  Altezes  Serenissimes,  sur  le  modèle  de  l'incomparable 
Sainct  Bernard  Abbé  de  Claireuaux,  &  du  grand  Législateur  Moyse.  Av 
iovr  et  célébrité  de  ses  Exeques  faictes  solennellement  trois  jours  durant. 


—  297  — 

en  l'Eglise  d'Orual  les  10^  1 1^  &  12.  jours  d'Octobre  l'An  M.DC.XXVIII. 
Par  Reuerend  Père  en  Dieu  Messire  F.  André  Valladier  Docteur  en 
Théologie,  Conseiller,  Aumosnier,  &  Prédicateur  ordinaire  du  Roy  tres- 
chrestien,  Abbé  de  l'Abbaye  de  Sainct  Arnovld  de  Metz,  de  l'Ordre  de 
Sainct  Benoist.  -  Imprimé  à  Luxembourg  chez  Hubert  Reuland.  1629. 

Pet.  in-4«,  de  121  pp.,  avec  un  portrait  en  tête  duquel  on  lit  : 

Admodum  R.  D.  Bernardvs  de  Montgaillard  Aiireœuatlis  Abbas  Cisierciensh  Ord.  Doctor 
Theologus,  Regms  Bruxellis  Ecclesiastcs  etc. 

568.  —  Le  Sanglier  des  Ardennes  (Guillaume  de  La  Marck.)  Par 
M.  L.  Polain. 

Dan.s  V Annuaire  de  la  Société  libre  d' Emulation  de  Liège,  pour  l'année  1866.  Liège,  J.-G. 
Carmanne,  1866,  in-12,  pp.  165-181. 

569.  —  E'  Schreek  ob  de'  Lezeburger  Parnassus,  vum  A.  Meyer. 
Luxembourg^  Lamort,  Place  d'Armes,  1829. 

In-18,  de  53  pp. 

570.  —  Les  Seigneurs  de  Schôneck,  à  propos  d'une  monnaie,  par 
R.  Chalon,  Membre  correspondant  de  l'Académie  royale,  président  de  la 
Société  numismatique  et  de  la  Société  des  Bibliophiles  belges,  etc.,  etc. 
—  (Extrait  de  la  Revue  de  la  numismatiqîie  belge,  t.  III,  W"  série.)  — 
Bruxelles,  imprimerie  d'Emm.  Devrove,  Rue  de  Louvain.  —  1859. 

10-8",  de  22  pp. 

571.  —  La  Semo3^s,  par  D.  Lancelot  et  Elizé  de  Montagnac.  Paris, 
1871,  in-fol.,  planches. 

572.  —  Le  Serin  ou  Mémoire  du  S'.  Boulanger,  ancien  chirurgien- 
major,  contre  M.  le  Baron  d'Huart,  ancien  capitaine  d'Infanterie.  Metz, 
veuve  Antoine,  1785,  in-8''. 

«  Pièce  de  grand  mérite  et  d'une  excessive  rareté.  »  (Bulletin  du  Bibliophile.  Paris, 
Techener,  1845,  p.  29.) 

573.  —  Session  ordinaire  des  Conseils  provinciaux.  —  Luxembourg. 
Séance  du  6  juillet  (1852). 

Dans  le  Moniteur  belge.  Bruxelles,  10  juillet  18.52,  pp.  1952-1953. 

—  Séances  des  8  et  9  juillet  (1852). 

Ibid.,  13  juillet  1852,  pp.  1989-1990. 

-  Séance  du  10  juillet  (1852). 

Ibid.,  14  juillet  1852,  pp.  2004-2005. 

—  Séance  du  12  juillet  (1852). 

Ibid.,  16  juillet  1852,  pp.  2033-2034. 


—  298  — 

—  Séance  du  13  juillet  (1852). 

Ibid.,  17  juillet  1852,  p.  2043. 

—  Séance  du  soir  du  13  juillet  (1852). 

Ibid.,  19-20  juillet  1852,  pp.  20(59-2070. 

—  Séance  du  14  juillet  (1852). 

Ibid.,  21  juillet  1852,  p.  2087. 

574.  —  Société  des  Ardennes.  Considérations  sur  différentes  commu- 
nications pour  la  province  de  Luxembourg,  et  principalement  sur  la  route 
de  Stavelot  à  Diekirch,  par  M.  R.  de  Puydt.  Bruxelles,  Stapleaux,  1837. 

In-4'',  de  83  pp. 

575.  —  Société  du  Luxembourg.  —  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  — 
Conditions  générales  de  l'exécution.  —  S.  l.  n.  d. 

ln-8o,  de  8  pp. 

576.  —  Société  du  Luxembourg.  —  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  — 
Conditions  particulières  et  instructions  à  suivre  dans  l'exécution  des 
travaux.  5.  /.  n.  d. 

ln-8«,  de  28  pp. 

577.  —  Société  du  Luxembourg.  —  Canal  de  Meuse  et,  Moselle.  — 
Devis  des  matériaux.  5.  /.  n.  d. 

In-80,  de  13  pp. 

578.  —  Société  du  Luxembourg.  —  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  — 
Rapport  présenté  à  la  Chambre  des  Représentants,  par  M.  le  Ministre 
des  Travaux  Publics.  —  Bruxelles,  Imprimerie  de  P. -M.  De  Vroom.  — 
1842. 

In-80,  de  80  pp. 

579.  —  Société  du  Luxembourg.  —  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  — 
Règlement  de  service  pour  les  employés  de  l'agence  générale  et  pour 
ceux  des  routes  et  canaux,  préposés  à  la  direction  ou  à  la  surveillance 
des  travaux  exécutés  par  entreprise  on  en  régie.  5.  /.  n.  d. 

In-S",  de  26  pp. 

580.  —  Société  du  Luxembourg.  Réponse  à  un  article  de  \ Indépendayit, 
du  6  octobre  1837,  intitulé  :  Canal  de  Meuse  et  Moselle.  Bruxelles,  1837, 
in  8°. 

581.  —  Sonderbare  Gebet  zu  Maria,  deren  wunderthâtigen   Bildnis 


~  299  — 

unter  dem  Titel  Trôsterin  der  Betrùbten,  in  der  Capellen  be}-  Lùtzenburg 
geehret  wird.  Trier,  1661,  in-12. 

582.  —  Souvenir  de  la  bonne  maman  Dutreux.  Luxembourg,  1856,  in-8°. 

583.  —  Souvenir  de  La  Roche,  à  M"^  P...  Par  Louisa  Stappaerts. 

Dans  V Annuaire  de  la  Société  libre  d'Emulation  de  Liège,  pour  l'année  1863.  Liège,  J.-G. 
Carmanne,  1863,  in-12,  pp.  199-200. 

584.  —  Souvenirs  et  légendes  des  Ardennes  et  du  pays  de  Liège,  par 
F.  Yserentant.  Bruxelles,  Office  de  Publicité;  Arlon,  J.  Doitrger,  1880. 

In-18,  de  227  pp. 

585.  —  Een  Speelreisje  in  de  Ardennen,  langs  Namen  en  Luik,  door 
V.  Lefèvre.  Brussel,  gebroeders  Callewaert,  1880. 

In-12,  de  128  pp. 

586.  —  Statistique  mortuaire  de  la  ville  d'Arlon.  Relevé  des  décès  par 
maladie  depuis  le  L"^  janvier  1855  jusqu'au  31  décembre  1879.  Par  Antoine 
Valerius. 

Dans  le  Journal  de  la  Société  royale  de  médecine  publique  de  Belgique,  1880. 

587.  —  Status  Monasterii  S.  Huberti  in  Ardenna  Ordinis  S.  Benedicti... 
A71110  Christi  Dom.,  1624,  pet.  in-8". 

588.  --  Statuts,  Cahier  des  charges,  etc.  de  la  Grande  Compagnie  du 
Luxembourg.  —  Statutes,  Cahier  des  charges,  etc.  of  the  Great  Luxem- 
burg  Company.  —  London  :  Printed  by  Bai/y  Brothers^  Royal  Exchange 
Buildings,  Cornhill.  (1846). 

In-S^",  de  73  pp.  —  En  français  et  en  anglais. 

589.  —  Statuten  van  de  Maatschappij  van  Luxemburg,  coedgekeurd  by 
koninglijk  besluit  van  den  21  Januarij  1828,  n°  125,  met  een  kort  overzigt 
wegens  de  oprigting  dier  maatschappij,  en  een  berigt  ten  aanzien  van  de 
deelneming  in  de  zelve;  mitsgaders  de  daartoe  betrekkelijke  konninglijke 
besluiten  van  den  15  october  1825,  en  1  Julij  1827.  —  Statuts  de  la  Société 
du  Luxembourg,  autorisée  par  arrêté  royal  du  21  janvier  1828,  n°  125, 
avec  un  exposé  de  l'objet  et  de  la  formation  de  cette  société,  un  avis  sur 
les  demandes  d'actions,  et  les  arrêtés  royaux  des  15  octobre  1825  et 
l'--"  juillet  1827,  relatifs  à  cette  Société.  ^  Brussel.  Terdrukkerij  van  de 
weduzve  Picard,  Berlaiinont  straat,  rvijk  6,  n°  \\o\.  —  MDCCCXXVIIL 

In-8o,  de  .51  pp. 


—  300  — 

590.  —  La  Surprise  fâcheuse  ou  l'Avanture  incroyable  de  Mr.  l'Abbé 
Karger,  natif  de  la  province  de  Luxembourg,  Histoire  étonnante  &  véri- 
table, arrivée  près  de  Mayence,  par  J.  L.  Krafft.  —  A  Brusseles,  chés 
J.  van  Vlaenderen,  Marchand  Libraire  èf  Impriîneur.  173i.  Se  vend 
chés  la  Veuve  Bouhy,  au  marché  de  la  Chapelle.  —  Avec  Approbation  & 
Privilège  de  S.  M.  L  &  C. 

Pet.  in-8°,  de  1  f.  et  126  pp.,  avec  les  portraits  de  Jean  Karger  et  de  Maurice  Arnet. 

«  Un  certain  Jean  George  Arnet,  meunier  à  Eltwill,  un  bourg  près  de  Mayence  &  sujet 
de  l'Electeur  de  ce  nom  qui  ayant  tu  Monsieur  l'Abbé  Jean  Karger,  s'imagina  que  ce 
prêtre  étoit  son  fils,  dont  il  n'avoit  reçu  pendant  plusieurs  années  aucune  nouvelle;  il  lui 
en  parla,  mais  cet  abbé  l'avant  désabusé  par  des  raisons  solides,  qu'il  n'étoit  pas  celui 
qu'il  croyoit,  en  lui  indiquant  le  lieu  de  sa  naissance,  ses  parens  &  plusieurs  autres  choses 
pour  lui  persuader  qu'il  erroit  :  non  obstant  cet  homme  indiscret  demeura  dans  son  opi- 
nion, s'imagina  que  son  fils  (Maurice  Arnet)  le  méconnoissoit,  le  fit  prendre  par  des  sol- 
dats &  le  mettre  dans  une  étroite  prison  l'espace  de  quatre  mois.  »  (Krafft.) 

Jean  Karger  était  né  à  Rodt,  près  d'Arlon,  le  9  juillet  1701.  Sa  grande  ressemblance 
avec  Maurice  Arnet  fut  cause  que  Jean-George  Arnet  le  prit  pour  son  fils. 

59i.  —  Sybilla  cumana,  comédie  Aristophanique  dédiée  à  Monsgr. 
Philippe  Fr.  de  Croy  duc  d'Havre  et  de  Croy,  gouverneur  du  duché  de 
Luxembourg  et  pays  de  Chiny,  pour  sa  bienvenue  audit  gouvernement 
en  may  1649,  par  la  jeunesse  du  Collège  de  la  Comp.  de  Jésus,  Namur, 
in-4". 


592.  —  Table  alphabétique  des  villes,  bourgs,  villages,  hameaux, 
châteaux,  etc.,  du  grand-duché  de  Luxembourg.  Luxembourg^  in-4°. 

En  allemand  et  en  français. 

593.  —  Tables  de  conversion  des  poids  et  mesures  anciens,  usités  dans 
le  département  des  Forêts,  par  J.  B.  Heuschling.  — Luxembourg,  1809, 
in-18. 

594.  —  Tableau  alphabétique  et  synoptique  des  villes,  villages, 
hameaux,  châteaux,  usines  et  maisons  isolées  de  la  province  de  Luxem- 
bourg. (Par  Bourdon).  Arlon,  Everling,  1850,  in-8°  oblong. 

595.  —  Tableau  analytique  et  chronologique  des  principaux  faits  de  la 
ville  et  du  grand-duché  de  Luxembourg,  par  Ulveling.  1832,  in-8°. 

596.  —  Tarif  pour  la  levée  des  droits  d'entrée,  sortie  et  transit,  dans  le 
pais,  duché  de  Luxembourg,  et  comté  de  Chiny,  augmenté  du  transit  par 
la  Moselle.  Luxembourg,  Kleber,  1767,  in-4°. 

597 .  —  Tavigny  (Château  de) 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Mélancolie.  —  Poésie  iiitimc,  par  Hippolyte  du  Frénoy  Bru 
xelles,  Géruzet,  rue  des  Eperonniers,  n»  6.  —  1840,  in-iS,  pp.  105-110. 


—  301  — 

598.  —  Taxe  sur  les  juifs,  dans  le  Luxembourg. 

Dans  les  Nouvelles  Archives  historiques  des  Pays-Bas,  publiées  par  le  baron  de  Reiffenberg. 
Bruxelles,  C.-J.  De  Mat,  1830,  t.  V. 

599.  —  Terrain  ardennais  (cambrien  ou  silurien). 

Dans  Palria  Belgica.  Bruxelles,  Bruylant-Christophe  &  C'",  1873,  t.  I,  p.  ill  et  suiv. 
(Géologiej  par  M.  Michel  Mourlon). 

600.  —  De  Theavillà  capta  carmen  Michaelis  Hospitalii.  Parisis, 
F.  More  Uns,  1558. 

Pet.  mA"  de  8  pp. 

601.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  la  Galerie  historique  des  contemporains.  Mons,  Leroux,  1827,  in-S°,  t.  VIII,  pp.. 
348-349. 

602.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  la  Biographie  universelle  et  historique  des  femmes  célèbres,  mortes  ou  invantes,  qui  se 
sont  fait  remarquer  dans  toutes  les  7iations,  par  leurs  vertus,  leur  géjiie,  leurs  écrits,  leurs 
talens  pour  les  sciences  et  les  arts,  par  leur  sensibilité,  leur  courage,  leur  héroïsme,  letirs 
malheurs,  leurs  erreurs,  leurs  galanteries,  leurs  vices,  etc.,  depuis  le  commencement  du  monde 
jusqu'à  nos  Jours.  Par  une  Société  de  Gens  de  Lettres,  auteurs  du  Dictionnaire  universel.... 
Publiée  par  L,  Prudhomme,  Père,  auteur  des  Révolutions  de  Paris,  etc.  Paris,  Lebigre, 
1830,  in-S",  t.  IV,  pp.  315-316. 

603.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Xy2LVi%  La  Belgique  pittoresque...  Bruxelles,  1834,  in-4°,  p.  432. 

604.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Les  Femmes  célèbres  de  1789  à  1795,  et  leur  influence  dans  la 
révolution,  pour  servir  de  suite  et  de  complément  à  toutes  les  histoires  de  la  révolution  française  ; 
par  E.  Lairttdlier,  avocat.  A  Paris,  chez  France,  à  la  librairie  politique,  Place  de  l'Ora- 
toire du  Louvre,  6.  —  1840,  in-8o,  t.  I,  pp.  56-103. 

605.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  l'ouvrage  ayant  pour  titre  :  Les  Déesses  de  la  liberté.  —  Les  Femmes  de  la  Cojivention 
et  du  Directoire,  par  M.  Capefigue.  Paris,  Amyot,  éditeur,  rue  de  la  Paix.  —  M.  DCCCLII, 
gr.  in-18,  pp.  43-45. 

606.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  le  livre  intitulé  :  Edmond  et  Jules  de  Goncourt.  —  Portraits  intimes  du  XVILI^ 
siècle.  Etudes  nouvelles  d'après  les  lettres  autographes  et  les  doctiments  inédits.  Paris,  E.  Dentu, 
libraire-éditeur,  Palais-Royal,  Galerie  d'Orléans,  13.  —  1857,  in-18,  pp.  157-192. 

Cette  notice  biographique  curieuse  renferme  un  Discours  prononcé  à  la  Société  frater- 
nelle des  Minimes,  le  25  Mars  1792,  l'an  quatriètne  de  la  liberté,  par  M^°  Théroigne,  en 
présejitant  un  drapeau  au.v  citoyennes  du  faubourg  Saint-Germain,  et  le  texte  d'une  affiche 
signée  Théroigne,  et  portant  pour  titre  :  Aux  48  sections. 


—  302  - 

607.  —  Théroigne  de  Méricoiirt. 

Dans  la  Biographie  universelle  (Michaud)  ancienne  et  moderne ,.. .  Nouvelle  édition...  Paris, 
madame  C.  Desplaces,  et  Leipzig,  F.  A.  Brockhaus,  s.  d.,  in-B",  t.  XLI,  pp.  316-317. 

608.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

Dans  le  Nouveau  Dictionnaire  universel,  par  iSLiuricr  Lachatre,  t.  II,  p.  1419. 

609.  —  Théroigne  de  Méricourt,  dite  la  Belle  Liégeoise,  par  Th.  Fuss. 
Liège,  1854,  in-8°. 

610.  —  Théroigne  de  Méricourt  et  les  dames  patriotiques. 

«  Caricature  libre  qui  outrage  leurs  opinions  et  leurs  charmes;  in-4''  en  largeur, 
bistré.  »  (Description  hist.  etbihliogr.  de  la  collection  de  feu  M.  le  comte  de  la  Bêdoy'ere,  sur 
la  révol.  franc.). 

611.  —  Théroigne  de  Méricourt  la  jolie  liégeoise;  correspondance 
publiée  par  le  vicomte  de  V...,  Y.  (Lamothe-Langon).  Les  femmes  sont 
extrêmes;  elles  sont  meilleures  ou  pires  que  les  hommes.  La  Bruxère, 
Cliap.  IIL  Des  femmes.  —  Paris,  Allardin,  libraire,  quai  de  UEor  loge,  57. 
—  1836. 

2  vol.  in-So,  de  378  et  345  pp. 

612.  —  Théroigne  de  Méricourt. 

T)&n^\e'Dictionnaire  biographique  des  Belges...  Par  J.  Pauivels-de  Vis.  Bruxelles,  1843, 
in-80,  p.  226. 

613.  —  Théroigne  de  Méricourt  (89-93). 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Les  Femmes  de  la  Révolution,  par  J.  Michelet.  Bruxelles  et 
Leipzig,  Kiessling,  Schnée  et  O".  1854,  in-32,  t.  I,  pp.  125-134;  —  Paris,  Adolphe 
Delahays,  1854,  in-12,  pp.  110-118. 

614.  —  Théroigne  de  Méricourt.  Par  Mario  Proth. 

Dans  La  jfeune  France.  Paris,  1878,  t.  I,  pp.  47-57. 

615.  —  Théroigne-de-Méricourt. 

Dans  la  Biographie  des  hommes  célèbres  de  la  Belgique,...  TournaN',  imprimerie  de  L.-A. 
Robert,  Grand'Place,  65,  s.  d.,  in-18,  pp.  146-148. 

616.  —  Théroigne  et  Populus,  ou  le  Triomphe  de  la  démocratie,  drame 
national  en  vers  civiques.  Londo7i,  1790,  in-S". 

«  Cette  tragi-comédie  est  précédée  d'un  précis  satyrique  sur  la  vie  de  Théroigne  de 
Méricourt.  »  {Catalogue  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  le  Vicomte  H. -A.  Du  Bois  de  Beau- 
chesne.  Paris,  1874,  n«  593). 


-   303  — 

617.  —  Théroigne  (Lambertine).  (Par  x\dolphe  Mathieu),  Mous,  impri- 
merie de  Piérart,  libraire,  me  d'Havre,  36,  s.  cl. 
In-8°,  de  56-XII  pp.  et  1  f. 
Les  pages  I-XII  renferment  une  notice  biographique  sur  Théroigne. 

—  Théroigne  (Lambertine). 

Dans  les  Œiivres  en  vers  de  Adolphe  Mathieu.  —  Givre  et  Gelées.  Bruxelles.  Imprimerie 
d'Emm.  Devroye,  rue  de  Louvain.  —  1852,  in-12,  pp.  181-225. 


Voy.  sur  Théroigne  : 

—  Les  Actes  des  Apôtres  (par  Peltier,  Mirabeau  jeune,  Champcenetz,  Suleau  et  autres.) 
Paris  (1789-1792),  T.  I,  n°  VI,  pp.  6-1(3;  n»  VIII,  p.  4  ;  n°  IX,  pp.  7-8;  n°  XVI,  p.  13; 
n»  XXIII,  pp.  4-5  ;  no  XXIV,  pp.  11-15  ;  n»  XXX,  p.  8.  —  T.  II,  Introduction,  pp.  2,  3  et  6  ; 
n«  XXXII,  pp.  11-12  ;  n«  XXXVII,  p.  15;  n»  XXXVIII,  pp.  1-16  (Théroigne  et  Populus,  ou 
le  Triomphe  de  la  démocratie;  drame  national  en  vers  civiques.) ;  n"  XLII,  p.  13;  n°  XLVII, 
pp.  2,  15  et  16;  n°  XLVIII,  pp.  3-14  (Théroigne  et  Populus...  —  suite.  — );  n°  XLIX, 
pp.  9-11  ;  n»  LVIII,  p.  3;  n«  LX,  pp.  3-9.  T.  III,  p.  10  (introdtcction);  n»  66,  p.  8;  n»  71, 
pp.  3-9;  n«  74,  p.  12  :  n°  81,  p.  15  —  T.  IV,  n»  91,  p.  14;  n»  94,  p.  1;  n"  95,  pp.  3-5;  n°  96, 
p.  15;  n°  98,  pp.  3-9;  n°  105,  pp.  13-14  (Opposition  de  M.  Populus,  au  mariage  de  M.  le 
marquis  de  Saint  Hurtigc,  avec  demoiselle  Têrouenne  de  Mere-y-court);  n"  110,  pp.  3-28 
(Grand  récit  du  mariage  national,  célébré  au  village  de  Sur enne,  près  Paris  ;  entre  Mgr . 
Populus  &'  Z)"®  Têrouenne  de  Mere-y-Court,  l'an  deuxième  de  la  constitution,  &"  relation 
Hdèle  des  accide?its  qui  l'ont  suivi)  ;  n°  119,  p.  16  —  T.  V,  n"  131,  p.  9;  n"  136,  p.  10.  — 
T.  VI,  n»  169,  pp.  3-11  ;  n»  171,  p.  16;  n^^  176-177,  pp.  29-32.  —  T.  VII,  p.  22  (i?ttroduc- 
tion)  ;  n»  209,  p.  11.  —  T.  IX,  n»  249,  p.  9;  n°  257,  pp.  15-16  (Complainte  à  l'endroit  de  la 
demoiselle  Théroigne,  qui  a  eu,  le  malheur  d'être  pendue  en  Allemagne ,  en  passatit) . 

—  Révohitions  de  France  &  de  Brabant.  Par  Camille  Desmoulins.  —  Otdd  novi?  — 
A  Paris,  chez  Garnery,  Libraire,  rue  Serpente,  n»  17.  —  D'une  imprimerie  nationale. 
L'an  premier  de  la  liberté  (1789-1792)  —  N°  12,  p.  546;  n»  14,  pp.  21-22;  n°  17,  p.  149; 
n"  63,  p.  481. 

—  Journal  général  de  la  Cour  et  de  la  Ville  (par  Brune  et  Gautier).  Paris,  15  septembre 
1789  —  10  août  1792.  —  N"»  des  15  décembre  1791  et  19  février  1792. 

—  Morceaux  choisis  des  Actes  des  Apôtres...  Londres,  Robertson,  1790,  m-12.  —  T.  I, 
pp.  211-225  (Théroigne  et  Populus,  oti  le  Triomphe  de  la  démocratie,  drame  national  en  vers 
civiques)  ;  t.  II,  pp.  17-26  (Théroigne  et  Populus...  —  suite  — ),  et  pp.  31-34  Bulletin  de 
Mademoiselle  Théroigne.) 

—  Révolutions  de  Paris,  dédiées  à  la  Nation  &  au  district  des  Petits-Augustins,  par  Louis 
Prudhomme.  Paris,  1790-1794,  in-8o.  —  T.  XVI,  p.  358. 

—  De  l' Insurrection  parisienne  et  de  la  prise  de  la  Bastille  ;  discours  historique  prononcé 
par  extrait  dans  l'Assemblée  nationale.  Par  Dussaulx.  Paris,  Beaudoin,  1790,  in-S",  p  234  ; 
—  Paris,  à  la  Librairie  historique,  rue  Saint-Honoré,  Hôtel  d'Aligre,  n"  123,  et  rue  de 
l'Arbre-Sec,  n»  26.  —  1821,  in-18,  p.  106. 

—  Procédure  criminelle  instruite  au  Chdtelri  de  Paris,  sur  la  Dénonciation  des  faits  arri- 
vés à  Versailles  dans  la  journée  du  6  octobre  1789.  Imprimée  par  ordre  de  l'Assemblée  Natio- 
nale. —  Prix  des  deux  Parties,  4  liv.  16  sols.  — A  Paris,  chez  Baudouin,  Imprimeur  de 
l'Assemblée  Nationale,  rue  du  Foin- Saint-Jacques.  1790,  in-8o.  —  l^e  partie,  pp.  146,  187, 
247,  et  2e  partie,  pp.  32  et  50. 


—  304  -. 

—  Histoire  de  la  réTo/ution  de  1789,  et  de  l'établisseviejit  d'une  constitiitio7i  en  France  ;  par 
deux  amis  de  la  Liberté.  Paris,  1790,  in-8°,  t.  VII,  p.  78. 

—  Les  Sahats  jacohites  (par  Marchand.)  Au  Palais-Royal,  1791-1792,  in-8".  —  N°  65 
(I^e  Houdoir  de  Mademoiselle  Théroigne.  Ititermède  civique.) 

—  Le  Rôdeur,  réuni  au  Chroniqueur  secret  de  la  Révolution.  Paris.  —  N°  39. 

—  Dernier  Tableau  de  Paris,  ou  Récit  historique  de  la  Révolution  du  10  Août  1792,  des 
causes  qui  l'ont  produite,  des  Evénemens  qui  l'ont  précédée,  et  des  crimes  qui  l'ont  suivie.  — 
Par  y.  Peliier,  de  Paris,  Auteur  des  Actes  des  Apôtres,  de  la  Correspondance  politique,  ou 
Tableau  de  Paris,  et  de  divers  Ouvrages  ptcbliés  depuis  trois  ans.  —  A  Londres,  chez  l'Au- 
teur, Hôtel  de  la  Sabloniere,  Leicester-fields.  Et  se  trouve  à  Bruxelles,  chez  B.  Le 
P'rancq,  Imprimeur-Libraire,  rue  de  la  Magdelaine.  —  Septembre  1793,  in-8°.  —  T.  I, 
pp    102-104. 

Au  bas  de  la  page  103  du  t.  I  se  trouve  la  note  suivante  : 

«  Quoique  cette  Théroigne  de  Méricourt  soit  suffisamment  connue,  il  n'est  pas  inutile 
de  répéter  ici  que  c'était  une  fille  de  mauvaise  vie,  native  de  Luxembourg,  âgée  de 
30  ans,  petite,  chétive,  mal-saine,  usée  par  la  débauche,  &  n'avant  plus  qu'une  révolution 
pour  ressource.  Elle  ne  trouvait  plus  d'amans  à  corrompre,  elle  se  rejetta  sur  des  dépu- 
tés. Elle  admira  d'abord  Barnave,  elle  estima  ensuite  Pétion.  Puis  elle  tint  club,  puis  elle 
voyagea,  fut  emprisonnée  &  relâchée  par  Léopold,  &  la  voilà  derechef  dans  l'arène  quand 
il  s'agit  de  verser  du  sang.  Son  intrigue  avec  Populus  était  une  fiction  de  l'Auteur  des 
Actes  des  Apôtres,  &  cette  fiction  était  tirée  du  nom  même  de  cet  amour  supposé.  » 

Anne-Josephe  Théroigne,  que  le  peuple  de  Paris  nommait  la  belle  liégeoise,  naquit  h 
Marcour,  près  de  La  Roche,  le  13  août  1762,  et  non  à  Luxembourg,  comme  le  dit  l'au- 
teur de  la  note  que  nous  venons  de  reproduire.  Quoique  petite  de  taille,  elle  était  douée 
d'une  forte  constitution.  Tous  ses  biographes  s'accordent  à  vanter  sa  beauté. 

On  sait  que  les  écrivains  royalistes  déchiraient  Théroigne  dans  leurs  pamphlets  et  dans 
leurs  journaux.  Gautier  l'appelait  Charogne  ambulante  (1),  et  Peltie'r,  Suleau,  etc., 
donnaient,  dans  les  Actes  des  Apôtres,  de  nombreux  articles  dirigés  contre  elle. 

Théroigne  ne  put  pardonner  ces  injures,  que  la  presse  anti-révolutionnaire  lui  lançait 
à  chaque  instant  :  elle  s'en  vengea  le  10  août  1792  en  faisant  massacrer  Suleau. 

—  Souvenirs  d'un  Déporté  (Pierre  Villiers),  potir  servir  aux  historiens,  aux  romanciers, 
au.v  compilateurs  d'Ana,  aux  folliculaires,  aux  journalistes,  aux  faiseurs  de  tragédies,  etc. 
Paris,  1802,  in-S°,  p.  224. 

—  Esquis.$es  historiques  de  la  Révolution  française,  defuis  la  convocation  des  Etats-Généraux 
jusqu'au  rétablissement  de  la  maison  de  Bourbo7i.  Par  Didaure,  auteur  de  l'Histoire  de  Paris. 
Paris.  Baudouin  frères,  libraires.  Rue  de  Vaugirard,  n"  36.  —  1823,  in-8".  —  T.  I, 
pp.  330-331. 

—  Douze  fournées  de  la  Ré7<olution.  par  Barthélémy.  Suivi  de  Ma  justification.  Bruxelles, 
F^.  Laurent,  imprimeur-éditeur,  Place  de  Louvain,  n"  7.  —  1832,  in-32,  pp.  36-37. 

—  ^er  Prairial  an  III,  scène  historique  de  la  ConvcntioJi  nationale,  notice  sur  cette  époque 
mémorable  de  la  Révohitioji  française ,  suivie  des  opinions  de  divers  écrivains,  du  compte  rendu 
de  la  séance  de  la  Conve^ition,  et  de  notes  historiques  ;  pour  servir  à  l'intelligence  de  la  gravure 
ci-joijite,  et  faite  par  Réveil,  d'après  le  Tableau  de  M.  Court.  Paris,  au  Palais-Royal,  chez 
les  marchands  de  nouA^eautés,  et  chez  Paulin,  libraire-éditeur.  Place  de  la  Bourse.  — 
1833,  in-8<>,  pp.  III,  3,  25,  26  et  29. 


(1)  Journal  général  de  la  Cour  et  de  la  Ville. 


—  305  — 

La  Terwagne  (Théroigne)  figure  sous  le  n"  51  dans  la  gra^■ure  qui  se  trouve  en  tête  de 
cette  notice. 

—  Le  Constitutiojinel.  Paris,  20  mai  1838. 

—  Histoire  de  la  Révolution  française,  par  M.  Louis  Blanc.  Bruxelles.  Meline,  Cans  et 
Compagnie.  Livourne.  Même  Maison.  —  Leipzig.  J.  P.  Meline.  —  1847-1852,  in-12,  t.  III, 
pp.  120,  177,  192-193. 

—  Mémoires  d' Outre-tombe,  par  M.  de  Chateaubriand.  Bruxelles,  Rozez  et  C'®,  Rue  de 
la  Madeleine,  87.  —  1849,  in-18,  —  T.  III,  p.  133. 

—  Les  Chemises  rouges,  par  Charles  Monselet.  Bruxelles.  Meline,  Cans  et  C'«,  lib.- 
éditeurs.  Livourne.  Même  Maison.  —  Leipzig,  J.  P.  Meline.  —  1850,  in-i8,  —  T.  II, 
pp.  173,  176,  177,  187;  t.  III,  pp.  71-251  ;  t.  IV,  pp.  5-92. 

Le  livre  troisième  de  ce  roman  est  intitulé  :  Théroigne  de  Âléricourt. 

—  Le  Bibliophile  belge.  Bruxelles,  in-S".  —  T.  VII,  1850,  p.  461  (Lettre  autographe  de 
Théroigne  de  Méricourt) ;  t.  VIII,  1851,  p.  164  (E.xtrait  de  naissance  de  Théroigne  de  Méri- 
court). 

—  Histoire  du  Tribunal  révolutionnaire,  par  Charles  Monselet.  —  Première  partie.  — 
D.  Giraud  et  J.  Dagneau,  libraires-éditeurs,  7,  rue  Vivienne,  au  premier,  7.  Maison  du 
Coq  d'or.  —  1852,  in-12,  pp.  34-35. 

—  Etudes  littéraires  sur  la  Révolution  française,  par  Auguste  Vitu.  —  François  Suleau. 
—  Paris,  France.  —  Grenoble,  Baratier  frères  et  fils,  1854,  pet.  in-12,  pp.  104-109. 

—  Histoire  de  la  Société  française  petidant  la  révolution,  par  Edmond  et  Jolies  de  Concourt. 
Paris,  E.  Dentu,  libraire,  Palais-Royal,  Galerie  vitrée,  13.  —  M.DCCCLIV,  in-8opp.281, 
282  et  403. 

—  En  Ardenne,  par  quatre  Bohémiens.  Bruxelles,  1856,  t.  II,  pp.  36-42. 

—  Les  Hébertistes.  —  Plainte  contre  une  calovmie  de  l'histoire,  par  G.  Tridon.  —  Paris 
chez  l'auteur,  rue  des  Mathurins- Saint-Jacques,  11,  et  chez  les  libraires.  —  1864,  in-8°, 
p.  30. 

—  Histoire  des  Girondins,  par  A.  de  Lamartine.  —  Edition  illustrée,  publiée  par  l'auteur. 
Paris,  Armand  Le  Chevalier,  libraire-éditeur.  Rue  de  Richelieu,  61,  et  chez  tous  les 
libraires  de  la  France  et  de  l'étranger,  1865-1866,  in-4o.  —  T.  I,  pp.  382-383. 

—  Guide  de  l'excur sioniste,  par  Eugè7ie  Van  Bemmel....  Bruxelles,  1870,  in.  18,  p.  97. 

—  L Illustration  Européenne.  —  V>x\xxit\\it%,  1870-1871,  t.  I,  pp.  294,  302,311,335,343, 
351,  359  et  367  {L'Enfant  du  Carrefour  maudit.  (1)  ) 

—  Histoire  des  Martyrs  de  la  Liberté  suivie  de  l'Histoire  des  Montagtiards,  par  Alphonse 
Esquiros....  Paris,  22,  rue  Visconti,  s.  d.,  in-4o,  pp.  16,  22,  27,  59,  66  et  98  {Hist.  des 
Mon  tagnards .) 


61H.  —  Les  Tournois  de  Chauvenci,  donnés  vers  la  lin  du  treizième 
siècle,    décrits  par  Jacques   Brétex,    1285.   Annotés    par  feu    Philibert 


(1)  L'auteur  de  ce  roman  (Marcellin  La  Garde)  prétend  que  Théroigne  «  n'est  pas  morte 
à  la  Salpétrière  en  1817,  mais  bien  en  Ardenne,  sous  un  autre  nom,  il  n'y  a  pas  vingt  ans.  » 


—  306  — 

Delmotte,  Bibliothécaire  de  la  ville  de  Mons,  et  publiés  par  H.  Delmotte, 
son  fils,  bibliothécaire,  conservateur  des  archives  de  l'Etat,  à  Mons.  — 
Imprimerie  de  A.  Prignet,  à  Valencie?mes.  I8o5. 

ln-8°,  de  165-28  pp.  et  1  f .  ;  caractères  gothiques.  —  Titre  rouge,  bleu  et  noir. 
Poënie  de  4500  vers,  à  la  suite  duquel  se  trouve  les  noms  des  chevalieyi  qui  ont  rompu 
des  Lances  dans  les  Tournois  de  Chuuvenci . 

Voy.  V Album  de  Valenciennes.  Valenciennes,  A.  Prignet,  1835,  pp.  91-94. 

Voy.  aussi  le  compte  rendu  publié  sous  ce  titre,  par  le  baron  de  Reitï'enberg  :  Les 
tournois  de  Chauvenci,  donnés  vers  la  fin  du  XIII^  siècle,  décrits  par  Jacques  Bretex.  1285, 
annotés  par  feu  Philibert  Delmotte,  etc.  S.  1.  n.  d.  (1835),  in-S»,  de  6  pp. 

619.  —  Tractaet  van  aliantie  ende  eendragticheyt  tusschen  die  drie 
staten  van  den  hertoghdoni  van  Brabant  ende  die  van  Middelborch, 
Lutsenborch,  Vlaenderen,  enz.  Ghedaen  tôt  Ghent  den  eersten  dach  in 
mei  1488. 

«  Petit  in-folio,  de  6  feuillets,  à  longues  lignes,  au  nombre  de  38  la  page  pleine  ;  sans 
nom  d'imprimeur  et  sans  date,  mais  très-probablement  de  1488.  »  {Messager  des  sciences 
historiques  de  Belgique.  Gand,  1839,  p.  42.) 

620.  —  Traité  des  maladies  les  plus  communes  qui  attaquent  le  cochon 
dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg  (par  Arnould,  Wirtgen  et  Lejeune). 
Luxembourg,  1824. 

In-8o,  de  29  pp. 

621.  —  Traité  des  vsvrpations  des  roys  d'Espagne  svr  la  covronne  de 
France,  depuis  le  règne  de  Charles  VIII  jusques  à  présent,  par  Baltha- 
zard.  Paris.  1644,  in-4°. 

«  Avec  la  prise  de  Thionville,  la  bataille  de  Rocroy,  etc.  »  f  Catalogue  de  livres  aticiens  et 
modernes,  rares  et  curieux,  provenant  de  la  librairie  J.- Joseph  Techener père.  —  Neuvième 
partie.  —  Paris,  18(36,  n«  10034.) 

622.  —  Traité  du  8  décembre  1868  entre  la  Grande  Compagnie  du 
Luxembourg  et  la  Société  du  chemin  de  fer  de  l'Est  de  la  France.  —  Les 
faits  tels  qu'ils  ont  été  exposés  et  les  faits  tels  qu'ils  se  sont  passés.  (Par 
M.  Victor  Tesch).  —  Arlo7i,  M.  Poncin,  imprimeur-éditeur,  Marché-aux- 
pommes-de-terre.  1870. 

In-8",  de  76  pp. 

623.  —  Traité  des  24  articles.  —  Du  chef-lieu  administratif  et  judiciaire 
dans  le  Luxembourg.  Mémoire  de  la  régence  d'Arlon  à  la  Chambre  des 
Représentants  et  au  Sénat.  Bruxelles,  1839,  in-8°. 

624.  —  Translation  des  restes  de  Charles -le-Téméraire  de  Nancy  à 
Luxembourg,  manuscrit  d'Antoine  de  Beaulaincourt,  Roi  d'armes  de  la 
Toison  d'Or,  publié  pour  la  première  fois  avec  notes  et  pièces  justifica- 
tives, et  précédé  d'une  Introduction  historique  et  d'une  Dissertation  sur  le 


—  307  — 

tombeau  du  duc  de  Bourgogne  dans  la  collégiale  Saint-Georges,  par 
Ch.  de  Linas,  Membre  non  résident  du  Comité  de  la  Langue^  de  l'His- 
toire et  des  Arts  de  France,  de  l'Académie  d'Arras,  correspondant  de 
l'Académie  d'Archéologie  de  Madrid,  de  la  Société  impériale  des  Sciences 
de  Lille,  des  Sociétés  des  Antiquaires  de  la  Morinie  et  de  la  Picardie,  des 
Sociétés  dunkerquoises,  de  Châlons  sur-Marne,  d'Archéologie  Lorraine, 
membre  du  conseil  de  la  Société  française  pour  la  conservation  des  Monu- 
ments, etc.,  etc.  —  Nancy,  de  l'imprimerie  de  A.  Lepage.  1855. 

Gr.  in-8°,  de  64  pp.  avec  une  planche. 

625.  —  La  Traque  au  loup  d'Ardenne,  ou  la  Battue.  Fragment  d'un 
poème,  intitulé  :  Les  Rives  de  l'Ourte.  —  Un  Orage  en  Ardenne.  Frag- 
ment. Par  F.  Poncin. 

Dans  VAiniiidirc  Jr  la  littérature  et  des  beaux-arts  ;  dédié  aux  littérateurs  et  aux  artistes  du 
royatcvie  des  Pays-Bas.  Bruxelles,  H.  Tarlier,  1830  (Liège,  imprimerie  de  J.  De  Sartorius- 
Delaveux),  in-ÎS,.  pp.  108-109  et  132-133. 

626.  —  A  travel  trough  Belgium,  the  frontiers  of  France,  Liège, 
Luxembourg^  and  ulong  the  Rhins,  in  1814.  Amsterdam,  1815,  in-12. 

627.  —  Le  Trésor  d'Orval. 

Dans  le  Journal  de  Bruxelles.  Supplément  illustré,  16  juillet  1893,  et  dans  La  Belgique. 
Supplément  illustré.  Bruxelles,  16  juillet  1893. 


628.  —  Université  de  Liège.  —  Notices  sur  MM.  les  professeurs 
V.  A.  G.  Dupret  et  Em.  Tandel,  lues  en  séance  du  conseil  académique 
du  12  janvier  1852.  —  Liège,  imprimerie  de  J.  Desoer,  libraire. —  1852. 

In-8",  de  66  pp. 

Pages  25-26  :  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  N'icolas-Emile  Tandel,  lue  à  la  séance  du 
conseil  académique  de  l'université  de  Liège,  le  V2  Janvier  i^hi,  par  Ch.  Loomans,  professeur  à 
la  faculté  de  philosophie  et  lettres.  —  Liège,  imprimerie  de  J.  Desoer,  libraire.  —  1852. 

629.  —  Université  de  Liège.  —  Séance  solennelle  du  20  décembre  1876. 
—  Derniers  honneurs  rendus  à  M.  Michel  Glœsener,  professeur  èmérite 
et  ancien  Recteur  de  l'Université  de  Liège,  membre  de  l'Académie  royale 
de  Belgique;  Officier  de  l'Instruction  publique  en  France;  président 
honoraire  et  membre  de  diverses  Académies  et  Sociétés  savantes,  belges 
et  étrangères  ;  Officier  de  l'ordre  Lèopold  ;  commandeur  des  ordres  de  la 
Couronne  de  Chêne  de  Hollande,  du  Christ  de  Portugal  et  de  S'-Stanislas 
de  Russie;  décédé  le  11  juillet  1876.  —  Liège,  imprimerie  de  J.  Desoer, 
libraire.  —  1877. 

In-8o,  de  35  pp. 


—  308  — 

630.  —  Un  peu  de  tout  à  propos  de  la  Semois,   par  M.  de  Prémorel. 
Arlon,  Laurent,  1851,  in-8°,  avec  grav.  et  carte. 


631.  —  Mes  Vacances  à  La  Roche.  Par  Eug.  Gens. 

Dans  la  Reime  Je  Belgique.  Bruxelles,  15  juillet  1872,  p.  220. 

632.  —  Le  Val  de  la  Salm,  histoires  et  légendes  ardennaises,  par  Mar- 
cellin  La  Garde.  Bruxelles,  1866,  in-Pi. 

633.  —  3'"'^  Vente.  N°  2.  —  Syndicat  d'amortissement.  —  Administra- 
tion des  Domaines.  S"!"^  ressort.  —  Grand-Duché  de  Luxembourg.  — 
Agence  des  Domaines  de  Luxembourg,  Neufchâteau,  Diekirch  et 
Marche.  —  Vente  de  bois  domaniaux,  en  exécution  de  la  loi  du  27  dé- 
cembre 1822,  et  de  l'arrêté  de  Sa  Majesté  du  16  octobre  1824,  N°  90.  — 
A  l-iege,  chez  Dauvrain,  Imprimeur  de  l'Administration  des  Do77iaines, 
rue  sur  Meuse,  n"  360  (1829). 

Affiche  de  7  feuilles,  en  tête  de  laquelle  se  trouvent  les  armes  de  la  Hollande. 
La  vente  dont  il  s'agit  a  eu  lieu  le  9  mars  1829. 

634.  —  Verhael  van  het  leven  van  den  H.  Willibrordus,  hertsbisschop 
van  Utrecht,  apostel  van  Antwerpen,  ende  andere  plaetsen  in  Brabandt, 
item  van  Hollandt,  Zeelandt,  Vrieslandt,  Overyssel,  Gelderlandt,  Lut- 
zemburg,  Gulick,  Cleve,  Denemarcken,  ende  andere  omliggende  landen, 
met  een  cort  verhael  van  het  leven  van  S3^ne  medegesellen  by  een  verga- 
dert  door  den  eerw.  heer.  Aub.  Le  Mire,  licentiaet  in  de  H.  Godtheyt, 
canonick  van  Antwerpen  Antzverpen,  in  de  Planlynsche  druckerye,  1613. 

In-8»,  de  36  pp. 

635.  —  Vers  latins  en  l'honneur  de  Michel  Schwab,  de  Luxembourg. 
1769,  in-fol.  piano. 

636.  —  Verslag  van  een  plant  —  en  landbouwkundig  reisje  gedaan  in 
julij  1826,  langs  de  oevers  der  Maas  van  Luik  naar  Dinant,  in  de  Arden- 
nes  en  het  groot  hertogdom  Luxemburg.  1827. 

In-S»,  de  27  pp. 

Extrait  du  Bijdrageii  tôt  de  Jiatuurkuiidige  xvetenschappen,  de  MM.  Van  Hall,  W.  Vrolik 
et  Mulder,  t.  II,  1827,  pp  450-479.  C'est  une  relation  d'un  voyage  agricole  et  botanique, 
entrepris  dans  le  Luxembourg,  par  Richard  Courtois  et  le  professeur  Bronn. 

637.  — V.  Viglii  ab  Ayta  Zuichemi  Dissertationes  historico-pragmaticœ 
quinque  ;  de  rébus  Lotharingicis ,  Brabanticis ,  Luccemburgencibus , 
Namurcencibus  et  Burgundicis. 

In-S»,  de  48  pp. 

Voy.  sur  cet  opuscule  de  Fr.  C.  de  Nelis  le  Catalogue  des  livres...  de  y.  B.  Th.  de  Jonghe 
Bruxelles,  1861,  t.  II,  n°  5933. 


-  309  — 

638.  —  Vie  de  Philippe  de  Scouville,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  par  le 
P.  Alex.  Pruvost.  Luxembourg,  1866,  in  8°,  portr. 

639.  —  La  Vie  de  Sœur  Monique  de  Busbach  Veuve  de  Mr.  Melchior 
de  Wiltheim,  et  Religieuse  de  la  Congrégation  de  Notre-Dame  à  Luxem- 
bourg. —  A  Naimir,  chez  Charles  Gérard  Albert,  Imprimeur  et  Libraire. 
1705. 

«  In-12,  de  6  ff.  lim.,  174  pp.,  approbation  et  errata  2  iï. 

«  Epître  dédicatoire  à  Madame  Marguerite  Sibile  de  Busbach,  dame  de  Soleure,  etc., 
veuve  de  Messire  Jean  d'Arnoult,  chevalier,  président  du  conseil  provincial  de  Luxem- 
bourg. 

«  L'approbation  est  signée  de  J.  Pierre,  èvêque  d'Arbe,  suffragant  de  Trêves,  le 
25  avril  1704,  et  de  J.  Fontaine,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Namur  et  censeur  des 
livres,  le  7  avril  1705. 

«  Cette  vie  fut  écrite,  vers  l'an  lti53,  par  le  P.  Christophe  de  Wiltheim,  et  en  1654,  par 
le  P.  Charles  Malcuit,  minime. 

«  Christophe  de  Wiltheim,  né  à  Luxembourg  au  commencement  du  XV1I«  siècle, 
entra  dans  la  Compagnie  de  Jésus  le  26  septembre  1(328.  Sa  mère  fonda,  en  1627,  le 
monastère  de  Sainte-C'laire  dit  de  la  Congrégation  de  Notre-Dame,  à  Luxembourg.  Elle  s'v 
retira,  sous  le  nom  de  Sœur  Monique,  le  15  août  1634,  et  y  mourut,  le  10  septembre  1651, 
en  odeur  de  sainteté.  Son  tils  Christophe  ayant  écrit  sa  vie  en  1653,  le  manuscrit  fut 
retrouvé  plus  tard  dans  les  papiers  de  sa  sœur,  qui  était  également  religieuse  à  Sainte- 
Claire  et  qui,  par  humilité,  ne  voulut  pas  le  faire  imprimer  ;  c'est  ce  qui  explique  pour- 
quoi cet  ouvrage  n'a  été  pnblié  qu'en  1705.  Bulletin  du  Bihliuphile  belge,  2«  série,  t.  VI, 
p.  405.  —  Bibl.  des  Sœurs  de  N.-D.  à  Namur.  —  Bibl.  de  la  ville  de  Luxembourg.  » 
(F.-D.  Doyen,  Bibliographie  namuroise,  n°  559.) 

640.  —  La  Vie  du  grand  Saint  Hubert,  Prince  du  sang  de  France, 
Fondateur  et  premier  Evéque  de  la  noble  cité  de  Liège.  A  Namur,  chez 
Nicolas  Joseph  D'Etienne,  Imprimeur,  à  5'  Jérôme.  1745. 

«  In-12,  de  36  pp.  Réimprimé  sous  le  titre  de  Vie  du  grand  sai?it  Hubert,  Fondateur  et 
premier  Evêque  de  la  noble  Cité  de  Liège.  Nouvelle  édition  augmentée  de  la  manière  de  faire 
la  Neuvaine  Namur,  1827,  in  12,  de  24  pp.  »  (F.-D.  Doyen,  Bibliographie  namuroise, 
n°  737.) 

641.  —  La  Vierge  d'Arduène,  Traditions  Gauloises,  ou  Esquisse  des 
Mœurs  et  des  Usages  de  la  Nation,  avant  l'Ere  Chrétienne.  Par  Madame 
Elise  Voïart.  —  IL  édition.  Paris,  chez  A.  Chasser iau  Libraire,  au 
Dépôt  Bibliographique  Rue  Neiive  des  Petits-Champs  ?;'  5  ;  —  Audot 
Libraire,  Rue  des  Mucons  ^orbonne,  7i°  11.  1822.  Et  chez  l'Editeur,  Rue 
Chanoinesse,  n°  14.  (De  l'imprimerie  de  Baudoin  frères,  rue  de  Vaugi- 
rard,  n°  36). 

In-S'^,  de  l  f.,  XVIIJ  et  424  pp.,  front.  :  titre  gravé. 

642.  —  Villas  romaines  et  autres  monuments  anciens  dans  la  commune 
de  Limerlé,  par  M.  le  D-^  Boset. 

Dans  le  livre  intitulé  :  Société  libre  d'Emulation  de  Liège,  Procès-verbal  de  la  séance 
publique,  tenue  le  29  décembre  1850.  Liège,  Desoer.  1851,  in-8o. 

21 


—  310  — 

643.  —  La  ville  de  Luxembourg.  (Texte).  —  Vue  de  Luxembourg,  dans 
le  grand-duché  de  Luxembourg.  Dessin  de  Vanderhecht. 

Dans  le  Magasin  pittoresque.  Paris,  1853,  t.  XXI,  p.  304. 

644.  —  Des  Vingt-quatre  articles  et  du  Luxembourg,  par  F.  Dubois, 
président  du  Conseil  provincial  du  Luxembourg,  Membre  de  la  députa- 
tion  permanente.  Persévérance  et  courage.  —  ArloJi,  imprimerie  de  P. -A. 
Briick.  —  1839. 

In-S»,  de  71  pp. 

645.  —  Virgile  à  Mautche  avons  ses  biergis.  Vies  pasquées  da  A.-J. 
Alexandre.  Séria  ludo.  —  Marche,  Meurqxdn-de  Hild,  ityiprimeur- 
li braire,  s.  d. 

In-8«,  de  30  pp.  et  1  f. 

Ce  livret  renferme  dix  églogues  en  patois  de  Marche. 

646.  —  Vita  Sanct.  Confessons  et  Pontificis  Huberti  (per  P.  Wille- 
maers  ?).  Bnixellis,  apud  Eng.  llenr.  Fricx,  1730,  in-4°,  figures  sur  cuivre. 

647.  —  Vita  venerabilis  Yolanda3  Priorissae  ad  Marise  Vallem  in  Ducatu 
Luciliburgensi  cum  appendice  de  Margarita  Henrici  VII,  Imperatoris 
Sorore,  eiusdem  loci  Priorissa.  Et  genealogia  historica  veterum  Comitum 
Viennensium  in  Arduennâ.  Authore  Alexandro  Wilthemio  Luciliburg. 
Soc.  lesu  Presbytero.  Antuerpiœ,  Typis  Marcelli  Parys,  sub  Turri  Divœ 
Yirginis  in  aureâ  Clavi,  1673. 

In-S»,  de  9  ff.  et  248  pp.,  grav.  sur  bois. 

648.  —  Le  Vœu  des  Ardennes.  —  Fascicule  de  quelques  considérations 
d'économie  sociale  adressées  à  la  législature  belge  et  présentées  à  la 
méditation  des  publicistes,  par  le  comte  d'Espiennes,  sénateur  de  Belgi- 
que, chevalier  de  Malte,  bourgmestre  de  la  commune  de  Soy,  etc.  «  Illud 
pro  me  majoribusque  meis  contendere  ausim,  quirites,  nihil  nos,  neque 
privatos,  neque  in  magistratibus,  quod  incommodum  populo  esset  scien- 
tes  fecisse  :  nec  ullum  factum  dictumve  nostrum  contra  utilitatem  publi- 
cam  vere  referri  posse.  »  Bruxelles.  Imprimerie  de  Deltombe,  Rue  de  Lou- 
vaiji,  7fm.  —iS31. 

In-8°,  de  52  pp. 

649.  —  Voyage  dans  le  département  des  Forêts,  par  J.  B.  J.  Breton. 
Paris,  1802,  in  8'. 

Avec  une  carte  et  une  vue  de  Luxembourg. 

650.  —  Voyage  dans  les  Ardennes,  par  P.  L. 

Dans  le  journal  VOfficede  Publicité.  Bruxelles,  3  septembre  1876. 


—  311  — 

651.  —  Voyage  minéralogiqiie  et  physique  de  Bruxelles  à  Lausanne, 
par  le  Luxembourg,  la  Lorraine...,  fait  en  1782,  par  le  comte  Grégoire  de 
R.  (Razoumov'ski).  Lausanne,  Moiirer,  1783,  in-8°. 

652.  —  Voyage  pittoresque  en  Belgique,  en  Hollande  et  dans  le  Grand- 
Duché  de  Luxembourg.  Bruxelles,  1835,  in-4°  oblong,  planches  coloriées. 

653.  —  Une  vue  de  l'Aisne  (Luxembourg)  (Texte  et  gravure). 

Dans  L'Illustrcition  Européenne.  Bruxelles. 

654.  —  Vue  de  Luxembourg,  par  de  Beaulieu. 

(Ajinales  du  Bibliophile  belge  et  hollandais.  Bruxelles,  Fr.-J.  Olivier,  1864,  t.  I,  p,  177, 
n»  432.) 

655.  —  Wasserbilig. 

On  trouve  les  lignes  suivantes  dans  La  Clef  du  Cabinet  des  SouTerains.  Paris,  Courcier, 
n°  2569,  du  Jeudi  26  Pluviôse  an  12  de  la  République  française  (16  février  1804)  : 

«  Luxembotcrg,  \.'6  pluviôse.  —  Il  existe  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Wasserbilig, 
arrondissement  de  Luxembourg,  une  montagne  énorme  dont  la  base  vient  de  s'avancer 
de  10  à  12  pieds  dans  la  Moselle.  Cette  montagne  offre  diverses  ouvertures  ou  crevasses 
d'une  profondeur  extraordinaire.  Des  masses  énormes  se  sont  déjà  détachées  de  la  masse 
principale.  Si  cette  montagne  venait  à  s'écrouler,  comme  on  le  craint,  elle  arrêterait  par 
son  eboulement  le  cours  de  la  Moselle,  les  eaux  reflueraient  et  inonderaient  les  ■pillages 
de  Wasserbilig  et  d'Oberbilig.  Elles  prendraient  ensuite  un  cours  forcé  dans  la  campagne, 
et  couvriraient  la  route  de  l'rèves  entre  Wasserbilig  et  Igel,  intercepteraient  toute  com- 
munication entre  Trêves  et  Luxembourg  ;  elles  entraîneraient  enfin  une  grande  perte 
pour  l'état.  Le  préfet  vient  d'envover  un  ingénieur  sur  les  lieux,  pour  qu'on  puisse  lui 
proposer  les  mesures  qu'il  convient  de  prendre  à  l'effet  de  prévenir  ce  désastre.  » 

656.  —  Wunderwerck  und  gnadenreiche  Haillungen,  so  unsere  Liebe 
Frau  die  Trôsterin  an  vielen  bedrângten  Menschen  mildliglicher  zeiget. 
Trier,  1648,  in-8°. 


657.  —  Zone  ardennaise.  —  Zone  luxembourgeoise  ou  jurassique. 

Dans  Patria  Belgica.  Bruxelles,   Bruylant-Christophe  &  0«,   1873,  t.  L  PP-  522-525. 
(Economie  rurale,  par  M.  Emile  de  Laveleye.) 


658.  —  Balthazar  Gérard  à  Luxembourg.  (1582-1584). 

Voy.  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  des  sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique. 
—  A7i7iexe  aux  Bulleti7is.  —  1853-1854.—  Bruxelles,  M.  Hayez,  1854.  (Recherches  critiques 
et  historiques  sur  la  Concession  de  Balthazar  Gérard,  par  M.  Arendt,  professeur  à  l'université 
de  Louvain,  correspondant  de  l'Académie,  pp.  9-iO,  12-14,  17,  36-37,  43,  58). 

Balthazar  (lérard  vint  à  Luxembourg  au  mois  de  mars  1582  et  se  mit,  comme  clerc,  au 
service  de  Jehan  Duprel,  secrétaire  du  comte  Pierre-Ernest  de  Mansfeld.  Il  prit  congé 
de  son  maître  au  mois  de  mars  1584,  puis  quelque  temps  après,  il  partit  pour  Delft,  où 
il  assassina  le  prince  d'Orange  (10  juillet  1584). 


—  312  — 

050.  —  Consulte  du  conseil  d'Etat  sur  l'érection  d'un  évêché  dans  la 
pro\ince  de  Luxembourg  :  7  novembre  1701. 

Dans  le  CoDipte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire,  ou  Recueil  de  ses 
bulletins.  —  Troisième  série.  —  Tome  troisième.  Bruxelles,  M.  Hayez,  1862,  pp.  4()1-471. 

660.  —  Description  du  siège  de  Luxembourg  par  le  maréchal  Créqui^ 
de  France,  l'an  1684. 

(Bibliothèque  impériale,  de  Vienne,  n°  5640). 

«  Cette  description  a  13  pages  d'écriture,  dit  M.  Ciachard  (1)  ;  elle  ne  porte  pas  de  nom 
d'auteur,  mais  on  voit  qu'elle  est  l'ouvrage  d'un  Français  qui  était  présent,  ou  qui  a  écrit 
sur  des  documents  officiels. 

«  On  y  lit  que  Luxembourg  fut  investi  le  28  janvier  1684;  que  la  tranchée  s'ouvrit 
dans  la  nuit  du  8  au  9  mai  ;  que  la  chamade  fut  battue  pour  la  première  fois  le  l^""  juin, 
pour  la  seconde  fois  le  3  juin,  et  que  la  garnison  sortit  de  la  place  le  7  avec  composition 
honorable.  On  v  trouve  encore  que  les  Français  avaient  34  bataillons  et  60  escadrons 
faisant  de  20  à  25,000  hommes  de  pied  et  7,000  chevaux,  42  pièces  de  batterie,  dont  9  de 
33  livres  et  33  de  24  livres  de  balle,  8  pièces  de  8  et  autant  de  4,  15  mortiers  à  bombe, 
6  pierriers,  1,400  chevaux  d'artillerie,  etc.  ;  que  les  assiégeants  ont  eu,  en  morts  et 
blessés,  6,000  hommes,  parmi  lesquels  80  officiers  et  personnes  de  marque  ;  que  la 
garnison  se  composait  de  2,600  hommes  d'infanterie  en  5  régiments  et  3  compagnies 
franches,  et  500  à  600  chevaux,  avec  400  bourgeois  armés;  qu'il  est  sorti  de  la  place  de 
1,800  à  1,900  hommes;  que  le  reste  a  été  tué. 

«  Le  rédacteur  rend  hommage  à  la  valeur  des  assiégés  en  ces  termes  : 

«  Quant  à  la  défense,  elle  a  été  ferme,  industrieuse  et  entreprenante.  Ceux  qui  ont  de 
»  mieux  fait,  entre  eux,  sont  le  prince  de  Chimay,  gouverneur  de  la  place  et  du  pays  :  il 
»  a  peu  d'expérience,  mais  il  s'est  gouverné  par  le  conseil  des  plus  expérimentés  ;  le 
»  mestre  de  camp  espagnol  et  le  comte  de  Tilly,  celui-ci  homme  de  qualité,  qui  n'a  rien 
»  de  wallon  que  la  naissance,  et  d'ailleurs  du  cœur,  de  l'esprit  et  de  la  politesse,  et  de 
;>  plus  un  fort  honnête  homme  :  c'est  la  troisième  fois  que  nous  le  troiivons  dans  des 
»  places  assiégées,  et  toujours  dans  des  postes  avancés  et  des  plus  dangereux.  Il  }'  a  eu 
»  d'autres  officiers  d'entre  eux  qui  ont  parfaitement  bien  fait  leur  devoir  aux  redoutes  et 
»  à  la  corne;  il  n'en  faut  pas  d'autre  preuve  que  l'expérience  que  les  nôtres  en  ont  fait.  » 

«  A  la  fin  de  son  récit,  l'auteur,  examinant  «  ce  que  les  ennemis  ont  fait  de  bien  »,  dit 
»  encore  «  qu'ils  ont  témoigné  beaucoup  de  fermeté  à  la  défense  de  la  contrescarpe,  des 
»  redoutes  et  de  la  corne.  » 

661.  —  Entreveues  de  Charles  IV,  empereur,  de  son  fils  Wenceslaûs^ 
Roy  des  Romains,  et  de  Charles  V,  Roy  de  France,  à  Paris,  l'an  1378... 
Discours  sur  l'origine  des  Roys  de  Portugal,  yssus  en  ligne  masculine  de 
la  Maison  de  France,  par  T.  Godefroy.  Paris,  1613.  2  t.  en  1  vol.  in-4°. 

(L'Ami  des  Livres.  Paris,  René  MulTat,  juin  1802,  n^  3380). 

662.  —  Historia  de  cosas  del  Oriente,  en  dos  partes  :  L  Que  contiene 
una  descripcion  gênerai  de  los  reynos  de  Asia,  con  las  cosas  mas  notables 
dellos;  la  historia  de  los  Tartaros,  y  su  origen  y  principio;  las  cosas  del 


(1)  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire...  Bruxelles,  Hayez,  1863, 
3»  série,  t.  V,  p.  361. 


—  313  - 
V      . 

reyno  de  Egypto;  traduzido  y  recopilado  de  diverses  y  graves  histo- 
riadores  por  Amato  Centeno.  II.  En  quai  se  contienen  las  jornadas  que 
■  los  principes  christianos  hizieron  a  la  recuperacion  de  la  Tierra  sancta, 
desde  Gudofre  de  Bullon  hasta  que  se  perdido  el  todo.  Cordova,  por 
Diego  Galvan,  1595,  2  part,  en  1  vol.,  in  4°  (  l). 

f Catalogue  de  la  bibliothcquc  espagnole  de  don  José  Miro...  Paris,  A""  librairie  Bachelin- 
Deflorenne,  1878,  n«  544). 

663.  —  Instruction  donnée  par  le  duc  d'Albe  au  prévôt  Foncq,  envoyé 
vers  l'archevêque  de  Trêves  et  l'évéque  de  Liège,  afin  d'obtenir  leur 
consentement  à  l'érection  d'un  évéché  dans  la  province  de  Luxembourg  : 
22  janvier  1571  (1572,  n.  st.) 

Dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire,  ou  recueil  de  ses 
bulletins.  Bruxelles,  M.  Hayez,  1866,  3=  série,  t.  VIII,  IV^^  bulletin,  pp.  331-335. 

664.  —  Lettre  de  Charles  VI  à  l'état  ecclésiastique  des  différentes  pro- 
vinces. Vienne,  5  septembre  1739. 

lèid.,  1851.  2«  série,  t.  I,  pp.  518-519. 

Leur  piété,  leur  zèle  pour  la  religion  et  leur  attachement  à  son  service  lui  font  espérer 
que  non-seulement  ils  consentiront  au  subside  qu'il  fait  demander  aux  états,  mais  encore 
qu'ils  emploieront  leur  crédit  auprès  des  autres  membres,  pour  engager  ceux-ci  à  les 
imiter. 

A  l'état  ecclésiastique  de  Luxembourg,  l'Empereur  disait  : 

«  Considérant  la  petite  portion  par  laquelle  l'état  ecclésiastique  concourt  d'ordinaire 
aux  subsides,  tant  ordinaires  qu'extraordinaires,  que  mes  fidèles  états  de  Luxembourg 
m'accordent,  vous  ferez  réflexion  qu'étant  moins  chargés,  à  proportion,  que  ne  le  sont 
les  laïques,  il  vous  sera  d'autant  plus  facile  de  faire  un  eflfort,  dans  cette  occasion  où  la 
religion  n'est  pas  moins  intéressée  que  la  seureté  de  mes  Etats  héréditaires.  Je  m'attends 
donc  que  vous  ne  bornerez  pas  votre  zèle  à  consentir  simplement  au  secours  et  subside 
extraordinaire  ou  don  gratuit  que  je  demande  aux  fidèles  états  de  ma  province  et  duché 
de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny,  et  de  ceux  de  mes  autres  provinces  des  Pays-Bas, 
mais  que,  pour  me  mettre  d'autant  mieux  en  état  de  résister  à  l'ennemi  du  nom  chrétien, 
vous  étendrez  votre  zèle  et  piété  jusqu'à  m'aider  d'un  don  gratuit  de  la  part  du  clergé  de 
mondit  duché  et  comté,  par-dessus  la  quote-part  que  vous  fournirez  dans  le  subside  ou 
secours  extraordinaire  que  j'espère  du  zèle  et  affection  des  dits  états,  dans  lesquels  vous 
occupez  la  première  place.  Je  suis  persuadé  que,  etc.  » 

665.  —  Lettre  de  Charles  VI  aux  députés  ordinaires  des  différentes 
provinces.  Vienne,  5  septembre  1739. 

lôid.,  1851,  2e  série,  t.  I,  pp.  515-517. 

Il  les  prie  de  seconder  l'Archiduchesse  gouvernante  dans  la  pétition  qu'elle  fera  aux 
états  de  leur  province  respective. 

Aux  députés  de  Luxembourg,  l'Empereur  écrivit  : 

«  Je  ne  doute  pas  non  plus  que  vous  y  employerez  d'autant  plus  efficacement,  que 
vous  n'ignorez  pas  les  dépenses  immenses  avec  lesquelles  j'ai  toujours  fait  pourvoir  à  la 


(1)  Sur  d'autres  ouvrages  relatifs  à  Godefroid  de  Bouillon  voy.   notre  Bibliothèque 
boîiillonnaise  (dans  le  journal  La  Scmois,  22  et  29  juillet,  5  et  12  août  1877). 


—  314  — 

seureté  particulière  de  votre  province,  en  y  employant  des  sommes  immenses,  soit  pour 
les  fortifications  de  la  ville  de  Luxembourg,  soit  pour  y  entretenir  des  nombreuses  gar- 
nisons, soit  pour  des  corps  de  troupes  y  envoyez  dans  les  tems  plus  critiques.  Les 
subsides  de  la  province,  et  le  produit  des  domaines  et  des  droits  d'entrée  et  de  sortie  en 
votre  province,  n'y  ont  jamais  pu  suffire;  il  y  faut  suppléer  annuellement  par  des  envois 
continuels  de  fort  grandes  sommes  d'argent  des  autres  provinces  de  mes  Pays-Bas,  et  fort 
souvent  par  la  voie  de  mes  finances  d'Allemagne.  Et  ces  circonstances  vous  doivent 
d'autant  plus  faire  sentir  la  nécessité,  dont  il  est,  que  chaque  province  contribue  de 
toutes  ses  forces,  et  même  au  delà,  dans  les  cas  aussi  pressants  que  celui-ci,  à  la  conser- 
vation et  défense  de  l'universalité  de  mes  Etats.  » 

G66.  —  Lettre  de  Charles  VI  aux  états  de  Limbourg,  Luxembourg, 
Gueldre,  Hainaut,  Namur,  Tournai,  Tournaisis  et  Malines.  Vienne, 
14  février  1738. 

Ibid.,  1851,  2«  série,  t.  I,  pp.  488-490. 

Il  leur  demande  leur  concours  à  une  levée  de  quatre  millions  de  florins. 

667.  —  Lettre  de  Charles  VI  aux  états  de  Limbourg,  de  Luxembourg, 
de  Gueldre,  de  Hainaut,  de  Namur,  de  Tournai,  de  Tournaisis  et  de 
Malines.  Vienne,  19  novembre  1738. 

Ihid.,  1851,  2«  série,  t.  I,  pp.  501-502. 

Il  leur  témoigne  sa  gratitude  des  services  considérables  qu'ils  lui  ont  rendus,  par  le 
subside  extraordinaire  accordé  en  1735,  et  le  consentement  donné  à  la  levée  de  quatre 
millions  de  florins,  sous  la  garantie  des  états  de  Silésie  ;  les  assure  qu'il  en  conservera 
constamment  le  souvenir,  et  qu'il  s'eflForcera  de  leur  procurer  toute  consolation  et  sou- 
lagement. 

668.  —  Lettre  de  Charles  VI  aux  états  de  Luxembourg.  Vienne, 
9  mars  1715. 

Ibid.,  1851,  2»  série,  t.  I,  p.  463. 

Il  leur  témoigne  sa  gratitude  des  expressions  contenues  dans  leur  lettre  du  20  janvier; 
les  assure  de  l'amour  et  de  la  clémence  qu'il  conservera  pour  eux,  et  leur  promet  spécia- 
lement de  maintenir  les  privilèges  qu'ils  se  sont  acquis  par  les  services  signalés  rendus  à 
sa  maison. 

669.  —  Lettre  de  Charles  VI  aux  états  des  différentes  provinces. 
Vienne,  27  août  1735, 

Ibid.,  1851,  2«  série,  t.  I,  pp   475-479. 

Il  leur  demande  un  subside  extraordinaire,  pour  l'aider  à  soutenir  la  guerre  en  Italie 
et  dans  l'Empire. 

Aux  états  de  Luxembourg  l'P^mpereur  disait  : 

«  Et  comme,  principalement  pour  votre  conservation,  j'ai  fait  la  dépense  d'envoier, 
pendant  longtems,  des  sommes  considérables  pour  l'entretien  du  corps  extraordinaire 
des  troupes  que  j'ai  tenues  ci-devant  chez  vous  pour  la  sûreté  de  la  ville  de  Luxembourg 
et  de  toute  la  province,  et  que,  par  là,  ainsi  que  par  les  sommes  immenses  que  du  reste 
des  Païs-Ras  on  apporte,  depuis  si  longtems  chez  vous,  pour  l'entretien  d'une  nombreuse 
garnison,  et  pour  mettre  ma  bonne  ville  de  Luxembourg  dans  un  entier  état  de  sûreté  et 
de  défense,  votre  province  jouit,  depuis  tant  d'années,  du  bénéfice  des  sommes  si  consi- 
dérables qui  se  dépensent  chez  vous,  j'ai  non-seulement  enjoint  à  madame  ma  très-chère 


—  315  — 

et  très-aimée  sœur  la  sérénissime  Archiduchesse,  gouvernante  générale  de  mes  Païs-Bas, 
de  vous  faire  demander  votre  quote-part  en  ce  secours  extraordinaire,  mais  encore  au- 
dessus  de  cette  quote-part,  une  augmentation  de  secours  proportionnée  à  la  situation  de 
votre  province,  et  aux  grands  bénéfices  dont  elle  jouit  depuis  si  longtems.  Et  je  m'attens 
que,  non-seulement  pour  ce  qui  concerne  votre  quote-part  en  ce  secours  extraordinaire, 
mais  aussi  en  ce  qui  concerne  ladite  augmentation  de  secours,  vous  me  donnerez,  en  cette 
occasion,  etc.  » 

670.  —  Lettre  de  Philippe  II  aux  états  de  Luxembourg.  Madrid, 
18  février  1596. 

Ibid.,  1851,  2"  série,  t.  I,  pp.  350-351. 

Il  exprime  ses  regrets  de  la  situation  dans  laquelle  il  a  appris,  par  leur  remontrance, 
que  se  trouve  leur  province.  —  Il  a  remis  leurs  écrits  à  l'Archiduc.  —  Il  ne  juge  pas  à 
propos  qu'ils  envoient  des  députés  à  Madrid. 

671 .  —  Lettre  de  Philippe  IV  aux  gouverneur  et  conseil  de  la  province 
de  Luxembourg,  sur  les  mesures  à  prendre  dans  cette  province  pour 
résister  à  l'invasion  des  Français  :  26  mai  1635. 

Ihid.,  1866,  3«  série,  t.  VIII,  pp.  442-445. 

672.  —  Lettre  de  Racine  à  Boileau.  Luxembourg,  24  mai  1687. 

Dans  les  Œuvres  de  Roileau,  avec  un  choix  de  notes  des  vieil  leur  s  coininentateurs  et  précé- 
dées d'une  notice  par  M.  Aviar.  Paris,  Firmin  Didot,  1848,  in-12,  pp.  506-507. 

Cette  lettre  renferme  le  passage  suivant  : 

«  Le  voyage  est  prolongé  de  trois  jours,  et  on  demeurera  ici  (à  Luxembourg)  jusqu'à 
lundi  prochain.  Le  prétexte  est  la  rougeole  de  M.  le  comte  de  Toulouse  ;  mais  le  vrai  est 
apparamment  que  le  roi  (Louis  XIV)  a  pris  goût  à  sa  conquête,  et  qu'il  n'est  pas  fâché  de 
l'examiner  tout  à  loisir.  Il  a  déjà  considéré  toutes  les  fortifications  l'une  après  l'autre,  est 
entré  jusque  dans  les  contremines  du  chemin  couvert,  qui  sont  fort  belles,  et  surtout  a 
été  fort  aise  de  voir  ces  fameuses  redoutes  entre  les  deux  chemins  couverts,  lesquelles 
ont  tant  donné  de  peine  à  M.  de  Vauban.  Aujourd'hui  le  roi  va  examiner  la  circonvalla- 
tion,  c'est-à-dire  faire  un  tour  de  sept  ou  huit  lieues.  Je  ne  vous  fais  point  ici  le  détail  de 
tout  ce  qui  m'a  paru  ici  de  merveilleux  :  qu'il  vous  suffise  que  je  vous  en  rendrai  compte 
quand  nous  nous  verrons,  et  que  je  vous  ferai  peut-être  concevoir  les  choses  comme  si 
vous  y  aviez  été...  » 

673.  —  Lettre  du  prince  de  Chimay,  gouverneur  des  duché  de  Luxem- 
bourg et  comté  de  Chiny,  sur  les  usurpations  et  les  violences  commises 
par  les  Français  dans  cette  province  depuis  la  paix  de  Ximègue  : 
12  avril  1682. 

Dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commission  royale  d'histoire^  ou  recueil  de  ses 
bulletins.  —  Troisième  série.  —  Tome  di.xicme.  —  F7"'«  bulletin.  Bruxelles,  Hayez,  1869, 
pp.  361-370. 

674.  —  Lettres  de  Louis  XIII,  du  cardinal  de  Richelieu  et  de  M. 
de  Noyers,  au  marquis  de  Praslin.  Juin  1639. 

Dans  le  Bulletin  du  Bibliophile  et  du  Bibliothécaire.  Paris,  J.  Techener,  1861,  pp.  517-518. 
Ces  trois  lettres  sont  relatives  à  la  bataille  de  Thionville  (1639),  oi:i  une  division  fran- 
çaise prit  la  fuite  devant  l'ennemi. 


—  316  — 

675.  —  Liste  des  documents  concernant  le  duché  de  Luxembourg,  qui 
existent  dans  la  trésorerie  des  chartes  de  l'Empire,  aux  Archives  de  corn- 
et d'Etat,  à  Vienne,  et  dans  la  trésorerie  des  chartes  de  la  couronne  de 
Bohème,  à  Prague.  Par  M.  Gachard. 

Dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  la  Cainmission  royale  d'histoire,  ou  recueil  de  ses 
bulletins.  —  Troisième  série.  —  Tome  si.xieme.  —  i^^  bulletin.  Bruxelles,  M.  Hayez,  1864, 
pp.  223-228. 

676.  —  M.  le  Baron  de  Gerlache,  président  du  congrès  de  Malines  et 
l'orangisme.  —  Briuxelles.  En  vente  chez  tons  les  libraires.  —  1864. 
{Bru.xelles.  —  Typ.  de  E.  Wittjuann,  rue  de  Schaerbeek,  65.) 

In-8°,  de  8  pp. 

Cette  brochure  est  signée  :  Un  ancien  Orangiste. 

677.  —  Relation  des  conférences  tenues  à  Mayence  entre  les  ambassa- 
deurs de  Philippe  le  Bon  et  ceux  de  Ladislas,  roi  de  Hongrie  et  de 
Bohême,  sur  les  différends  étant  entre  ces  deux  princes  à  l'occasion  du 
duché  de  Luxembourg  :  10  25  mars  1453  (1454,  n.  st.) 

Dans  le  Compte  rendu  des  séances  de  la  Commissioti  royale  d'histoire,  ou  recueil  de  ses 
bulletins.  —  Deuxième  série.  —  Tome  douzième.  —  Bruxelles,  M.  Hayez,  1859,  pp.  372-386. 

678.  —  Déclaration  de  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  en  forme 
de  lettre  aux  commis  des  ducs  de  Saxe,  contenant  un  exposé  des  droits 
d'Elisabeth  de  Gorlitz  sur  les  duché  de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny, 
et  des  siens,  comme  mambour  et  gouverneur  de  ces  duché  et  comté,  au 
nom  d'Ehsabeth  :  26  octobre  1443. 

Ibid.,  1858,  2«  série,  t.  XI,  pp.  167-216. 

679.  —  Commission  donnée  par  la  reine  Marie  de  Hongrie  à  Martin 
de  Cupere,  concernant  le  transport  des  ossements  du  duc  de  Bourgogne, 
Charles  le  Hardi,  de  Nancy  à  Luxembourg.  Bintz,  4  août  1550. 

Ibid.,  2«  série,  t.  IX,  p.  143. 

680.  —  Relation  de  l'évèque  de  Chalcédoine,  abbé  de  Crespin,  au  sujet 
de  la  translation  des  ossements  de  Charles  le  Hardi,  duc  de  Bourgogne, 
de  Nancy  à  Luxembourg.  1550. 

Ibid.,  2«  série,  t.  IX,  p.  146. 

681.  ^  Déclaration  des  justicier  et  échevins  d'Arlon,  attestant  l'exécu- 
tion faite  par  le  feu,  de  cinq  personnes  convaincues  de  sortilèges.  Arlon, 
le  20  novembre  1590. 

Ibid.,  2"  série,  t.  V,  p.  344. 

682.  —  L'Impératrice  Marie-Thérèse  au  procureur  général  de  Luxem- 
bourg. Bruxelles,  14  janvier  1771. 

Ibid.,  2»  série,  t.  VII,  p.  437. 


-  317  — 
683.  —  Abbaye  de  St- Hubert  (Articles  sur  1'). 

Dans  L' Epilogucur  politique,  galant  &  critiqtie,  pour  servir  de  suite  au  Magazin,  composé 
par  une  Société  d'Amis.  Amsterdam,  chez  J.  R3ckhofr,  le  Fils,  près  de  la  Bourse. 
M.D.CC.XLIII,  in-12,  t.  VII,  pp.  3.3-37  et  11.3-114;\.  VIII,  pp.  146-148. 

Nous  allons  reproduire  ces  articles,  à  cause  des  détails  historiques  qu'ils  renferment. 

(Tome  VII.  N°  V.  Du  Lundi  6  mai  1743).  «  D.-vxs  le  tems  que  dans  toutes  les  Cours,  les 
Ministres,  &  les  Politiques  sont  uniquement  occupés  à  chercher  les  moïens  de  rétablir  la 
Paix,  en  raprochant  les  intérêts  des  Puissances  belligérantes,  il  n'a  pas  tenu  à  un  Moine 
d'allumer  la  guerre  dans  un  coin,  d'où  elle  auroit  pu  dans  peu  se  communiquer  de  tous 
cotez  &  devenir  générale. 

«  Qui  dit  un  Moine,  entend  un  homme  qui  s'est  retiré  du  Monde,  pour  se  donner 
entièrement  à  Dieu  &  vivre  dans  la  solitude  &  la  retraite.  Tel  devroit  être  le  Moine  & 
c'est  ce  qu'il  n'est  absolument  point.  S'il  sort  du  Monde  pendant  quelques  tems, c'est  pour 
y  rentrer  plus  hardi,  plus  intriguant,  à  l'abri  des  Privilèges  de  son  Habit,  qui  lui  donne 
les  petites  &  les  grandes  entrées  par  tout  &  l'autorise  à  se  mêler  de  tout,  excepté  ce  dont 
il  devroit  se  mêler  uniquement,  qui  est  l'humilité,  le  renoncement  à  toutes  les  vanités 
du  Siècle,  la  retraite  &  la  Prière. 

«  Celui  dont  il  s'agit  ici,  est  un  Bénédictin,  c'est-à-dire  un  Moine  d'un  des  premiers 
Ordres  de  l'Eglise  Romaine,  à  laquelle  il  a  donné  de  Grands  hommes  &  en  grand  nombre. 
Mais  depuis  le  pieux  S.  Betioit,  son  fondateur,  on  n'est  que  trop  autorisé  à  apliquer  à  cet 
Ordre  le  quantum  mutatus  ab  illo,  &  sur  tout  à  l'Abbaïe  de  St.  Hubert,  dont  ce  Moine  est 
Abbé. 

«  Ce  Prélat,  Souverain  pour  le  temporel  dans  tous  les  districts  qui  composent  ce  qu'on 
apelle  les  Terres  de  l'Abbaïe  de  5.  Hubert,  prétend  aujourd'hui  avoir  toujours  été  sous 
la  Protection  des  Rois  de  France,  &  venir  secouer  le  joug  de  sa  dépendance  de  l'Evèque 
de  Liège  &  celle  de  la  jurisdiction  du  Duché  de  Luxembourg,  pour  plusieurs  Villages, 
Seigneuries,  Fièfs,  qu'il  possède  &  qui  relèvent  de  ce  Duché,  dont  il  y  a  aparence  qu'ont 
relevé  autrefois  toutes  les  Terres  de  cette  Abbaïe  fondée  dans  le  8"'«.  Siècle  par  Pépin  de 
Heristel,  Maire  du  Palais  des  Rois  d'Austrasie,  dont  le  Luxembourg  faisoit  partie  ;  Pour 
comprendre  de  quelle  manière  les  fondations  pieuses  de  ces  tems-là,  jouissent  de  tant 
d'exemptions  qu'on  ne  trouve  pas  dans  celles  qui  les  ont  précédées  &  les  ont  suivies,  il 
faut  entendre  Mezerai.  «  C'étoit,  dit-il,  à  qui  bàtiroit  le  plus  d'Eglises,  &  d'Hôpitaux,  &  à 
»  qui  fonderoit  le  plus  de  Monastères.  Les  Rois  se  piquoient  d'exempter  ceux  qu'ils  fon- 
»  doient,  de  toutes  charges  temporelles,  &  de  leur  assurer  une  libre  &  pleine  possession 
»  de  tout  ce  qu'on  leur  donnoit:  Voilà  pourquoi^  comme  les  Evêques  avoient  le  pouvoir 
»  de  mettre  la  main  sur  ces  biens,  parce  qu'ils  disposoient  des  donations  &  des  offrandes 
»  qu'on  faisoit  à  toutes  les  Eglises  de  leur  Diocèse,  &  que  d'ailleurs  ils  prenoient  de  cer- 
»  tains  droits  pour  la  bénédiction  du  Chrême,  pour  la  consécration  des  Autels,  pour 
»  leurs  visites,  &  quelques  fois  pour  les  Ordinations;  ils  les  obligèrent  de  les  affranchir 
»  de  tout  cela,  &  même  de  n'entrer  point  au  dedans  du  Monastère,  mais  de  laisser  la 
»  correction  des  Moines  à  l'Abbé,  si  non  en  cas  qu'il  ne  fût  pas  assez  fort  pour  se  faire 
■»  obéir;  &  avec  cela  de  donner  les  Ordres  sacrez  à  ceux  de  ses  Religieux  qu'il  leur  pré- 
»  senteroit,  sans  en  rien  prendre.  Les  Princes  de  leur  part  accordèrent  aussi  libéralement 
»  de  pareilles  immunitez,  qui  les  exemtoient  tant  des  contributions  pour  leurs  terres, 
»  &  de  tous  impôts  pour  leurs  denrées,  que  d'étrennes,  de  logemens,  &  du  deffrai  de 
>■>  leurs  juges,  auxquels  on  les  devoit  par  tout  où  ils  alloient  tenir  leurs  séances  (*). 


(*)  Abrégé  Chronologique  Tom.  I,  p.  190. 


318 


<v  Tki.i-k  est  l'origine  de  l'indépendance  &  de  la  Souveraineté  de  l'Abbaïe  de  5.  Hubert, 
qui  ne  fût  dans  le  commencement  qu'une  Collégiale  de  Clercs  fondée  par  Pépin  dans  la 
Ville  à'AtiJdinuDi,  qu'il  donna  à  cette  Eglise  &  qui  prit  le  nom  de  5.  Hubert  lorsqu'on  y 
transporta  de  Liège  le  Corps  de  5.  Hubert,  Evêque  de  cette  ville,  vers  l'an  920.  Vers 
le  XIl"  Siècle  les  Clercs  de  cette  Collégiale  embrassèrent  l'Ordre  de  5.  Benoit,  &  vécurent 
en  Communauté^  sous  la  discipline  du  prévôt  de  leur  Collégiale,  qui  prit  le  titre  d'Abbé. 

«  De  tout  cela  on  peut  conclure  que  l'Abbaïe  de  S.  Hubert  a  fait  autrefois  partie  du 
Roïaume  di  Austrasie  dont  la  Couronne  de  France  ne  possedoit  rien  avant  la  cession  de  la 
Lorraine.  Ainsi  cette  Abbaïe  ne  pouvoit  recourir  qu'à  la  protection  des  Princes  qui  sont 
restés  Souverains  des  Provinces  qui  composoient  cet  ancien  Roïaume  &  par  conséquent 
des  Ducs  de  Luxembourg  étant  enclavé  dans  ce  Duché.  C'est  ce  qui  donna  lieu  à  Charles- 
Quint  d'entreprendre  de  faire  valoir  ses  droits  sur  cette  Abbaïe,  qui  a  toujours  comparue 
par  son  Abbé,  ou  ses  Députez  à  l'Assemblée  des  Etats  du  Duché  de  Luxembourg ,  des 
charges  duquel  il  païoit  sa  quote  part  ;  ce  qui  continua  jusques  dans  le  seizième  Siècle 
que  l'Abbé  Remacle,  voulant  trancher  du  Souverain,  refusa  d'assister  à  ceux  qui  furent 
tenus  après  l'inauguration  de  Philippe  II.  Le  Procureur  Général  de  la  Province  fit  saisir 
ses  revenus.  Que  fit-il  alors  ?  eut-il  recours  à  la  protection  de  la  France  ?  non,  il  en  apella 
au  Gr.  Conseil  de  Malines,  qu'il  reconnut  donc  pour  Juge  Com pétant,  tellement  qu'aïant 
été  condamné,  il  ratifia  ce  qui  avoit  été  réglé  dans  l'Assemblée  des  Etats  &  promit  d'y 
assister  comme  par  le  passé,  ce  que  ses  Successeurs  ont  exécuté;  il  obtint  la  main-levée 
de  la  saisie  de  ses  Revenus.  Qu'on  juge  par  ces  circonstances,  de  qui  dépend  cet  Abbé. 
Autre  remarque,  s'il  étoit  sous  la  protection  de  la  France,  lorsqu'il  s'agiroit  de  l'Election 
d'un  Abbé,  le  Roi  y  envoieroit  un  Commissaire  pour  y  assister.  Cela  s'est-il  jamais  prati- 
qué ?  &  lors  de  l'Election,  n'y  a-t-il  pas  deux  Commissaires,  un  de  l'Evêque  de  Liège,  qui 
prétend  le  droit  de  Patronat  sur  cette  Eglise,  aïant  été  fondée,  selon  lui,  non  par  Pépin, 
mais  par  Walcand,  Evéque  de  Liège,  &  l'autre  de  la  part  de  la  Régence  des  Païs-Bas. 
Après  ces  remarques  tirées  de  l'Histoire  de  ces  tems-là,  qu'on  juge  quel  droit  ce  Prélat, 
Moine,  a  de  réclamer  la  protection  de  la  France  :  C'est  néanmoins  ce  qu'il' vient  de  faire 
hautement.  Fier  de  l'arrêt  du  Parlement  de  ALetz,  rendu  en  faveur  de  ses  prétentions,  il 
s'est  rendu  à  Paris,  il  a  vu  les  Ministres,  &  il  leur  a  proposé  les  moïens  d'établir  irréfra- 
gablement  la  Protection  de  Sa  Maj.  sur  son  Abbaïe,  en  s'em parant  de  vive  force  de 
divers  Villages  dépendans  du  Luxembourg,  &  pour  cet  effet  ce  Saint  Eclésiastique,  cet 
humble  Anachorète,  demande  seulement  six  mille  hommes,  à  la  tête  desquels  il  offre  de 
se  mettre,  &  de  les  conduire  par  des  sentiers  à  lui  connus,  dans  divers  Territoires,  qui  se 
sont  soustraits,  dit-il,  à  la  dépendance  de  la  France,  sans  qu'on  y  lit  attention,  pour 
reconnoître  la  jurisdiction  du  Luxembotirg  etc.  L'Abbé  guerrier  fut  renvoie  au  Maréchal 
de  Noailles,  dont  la  prudence  tempéra  les  ardeurs  guerrières  de  ce  Général  mitre,  en  lui 
faisant  entendre  que  la  situation  présente  des  affaires  ne  permettoit  pas  de  rien  brusquer, 
&  obligeoit  au  contraire  à  de  grands  ménagemens  dans  la  disposition  des  troupes  du  Ro\, 
de  peur  de  porter  ombrage  à  des  Voisins,  qu'on  a  des  raisons  importantes  de  ménager 
etc.  L'Abbé  partit  peu  content  du  succès  de  son  voïage,  remportant  pourtant  la  gloire 
de  pouvoir  aspirer  à  une  place  dans  la  liste  des  Prélats  Guerriers  &  Brouillons.  Après 
cette  levée  de  Bouclier,  la  Maison  d'Autriche  ne  peut  ignorer  ce  qu'elle  a  à  attendre  de 
son  Zèle,  auquel  il  n'a  pas  tenu  que  la  France  n'entrât  à  main  Armée  dans  les  Pais-Bas, 
car  ces  6000  hom.  auroient  sans  doute  été  l'Etincele,  qui  auroit  allumé  l'incendie.  » 

(Tome  VIL  N«  XV.  Du  Jeudi  4  Juillet  1743).  «  Il  nous  est  revenu  indirectement  que 
Mr.  l'Abbé  de  S.  Hubert  a  témoigné  du  mécontentement  de  ce  que  nous  avons  dit  dans 
la  feuille  i\°  V.  de  ce  Tome-ci,  au  sujet  de  ses  démêlés  avec  la  Régence  des  Païs-Bas,  & 
de  son  recours  à  la  protection  de  la  Cour  de  France.  En  premier  lieu  nous  pouvons 
l'assurer  que  nous  n'avons  eu  aucune  intention  de  le  choquer  personnellement;  ce  que 
nous  avons  dit  du  caractère  des  Moines  ne  peut  passer  que  pour  des  généralités,  qui  ne 
s'appliquent  plus  aux  particuliers,  dès  qu'ils  savent  se  soustraire  aux  vices  qui  y  sont 


—  319  — 

blasonnés.  Or  nous  savons,  à  n'en  point  douter,  que  ce  Prélat  possède  tous  les  talens  & 
toutes  les  vertus  qui  font  l'honnête  homme  ;  ainsi,  ce  qui  a  été  dit  des  vices  ordinaires 
aux  Moines,  ne  le  regarde  pas.  Le  célèbre  Burnet,  Evêque  de  Salisbitry,  disait  que 
«  quand  il  voïoit  un  Bourgeois,  un  particulier,  il  etoit  obligé  charitablement  de  croire 
»  que  c'étoit  un  honnête  homme,  jusqu'à  ce  que  par  sa  conduite  il  lui  ait  fait  voir  le 
»  contraire;  mais  que  quand  il  voïoit  un  homme  revêtu  de  l'habit  Ecclésiastique,  il  ne 
»  pouvoit  en  conscience  le  croire  honnête  homme  qu'après  qu'il  l'en  auroit  convaincu 
»  par  sa  conduite  &  ses  actions  ».  Les  actions  &  la  conduite  chrétienne  &  charitable  de 
M"".  l'Abbé,  dans  son  Abbaïe  &  à  l'égard  de  ses  Sujets  font  preuve  de  sa  vertu  &  de  sa 
probité. 

«  Quant  à  son  démêlé  avec  la  Régence  des  Païs-Bas,  si  nous  avons  dit  quelque  chose 
par  raport  à  ses  droits  &  à  ses  prétentions,  qui  ne  soit  point  dans  son  sistême  &  qui 
favorise  les  Prétentions  de  la  Reine  de  Hongrie,  il  peut-être  persuadé  que  nous  n'avons 
pas  inventé  les  preuves  que  nous  avons  aportées,  &  que  nous  les  avons  tirées  des  Histo- 
riens des  Païs-Bas  &  en  particulier  du  Luxembourg  ;  ainsi  c'est  à  ces  Auteurs  qu'il  devroit 
s'en  prendre  s'ils  ont  raporté  quelques  faits  éloignés  de  la  vérité. 

«  Par  raport  à  ce  que  nous  avons  raporté  de  ses  démarches  à  la  Cour  de  France  & 
auprès  des  Ministres,  nous  n'avons  fait  que  transcrire  une  Lettre  de  Paris  du  16  d'Avril 
de  cette  Année  qui  a  été  lu  ici  dans  les  CafFez,  par  plus  de  deux  cent  personnes,  &  dont 
nous  voulons  bien  lui  procurer  copie,  s'il  la  souhaite  pour  le  convaincre  qu'il  n'y  a  rien 
en  tout  cela  de  notre  invention,  &  que  nous  n'avons  fait  que  la  fonction  d'Historien.  Ce 
peu  de  lignes  convaincront  les  honnêtes  gens  &  en  particulier  ce  Prélat,  que  nous 
n'avons  eu  aucune  intention  d'épiloguer  sur  son  sujet,  &  que  nous  avons  pour  sa  personne 
tout  le  respect  qui  est  dû  à  ses  vertus  &  à  sa  probité  ». 

(Tome  Vin.  N"  XIX.  Du  Lundi  18  Novembre  1743.)  «  L'affaire  de  l'Abbaïe  de 
S.  //«^<'>-/ fait  toujours  du  bruit  &  bien  loin  de  s'accommoder  devient  plus  criante.  On 
mande  de  Metz  qu'on  y  a  condamné  à  mort  le  Prévôt  et  les  Archers  qui  avaient  été 
envoies  dans  cette  Abbaïe  pour  y  faire  exécuter  les  ordres  du  Conseil,  &  aux  Galères  les 
Soldats  qui  leur  servoient  d'Escorte.  C'est  aller  vite  en  besoigne  ;  ces  infortunés  sont  allé 
à  5.  Hubert,  non  comme  un  Parti  bleu,  mais  munis  d'une  bonne  commission,  &  par  ordre 
du  Souverain,  leur  étoit-il  possible  de  ne  pas  y  obéir^  ont-ils  fait  quelque  chose  d'eux- 
mêmes  ?  ce  n'est  donc  pas  à  eux  qu'on  doit  s'en  prendre,  mais  à  ceux  qui  les  ont  envoies. 
Et  que  diroit-on  si  la  Reine  de  Hongrie  par  représailles,  faisoit  pendre  un  des  6  Partisans 
qu'elle  tient  prisonniers  avec  10  ou  12  de  leurs  Dragons,  sous  prétexte  qu'ils  ont 
été  exécuter  les  ordres  de  leur  Général  dans  la  Riche  Abbaïe  de  Môlk,  d'oii  ils  ont 
emporté  des  sommes  immenses  sous  prétexte  de  la  protéger.  Tout  ce  qui  s'est  passé,  par 
raport  à  cette  Abbaïe,  de  la  part  de  la  France,  depuis  quelques  années,  &  tous  les  arrêts 
du  Parlement  de  Metz  sont  des  excès  d'autant  plus  crians,  que  c'est  une  infraction  mani- 
feste du  Traité  de  Rvswick,  où  il  est  dit  Art.  X.  «  Tous  les  Lieux,  ^'illes,  Bourgs,  Places 
»  &  Villages  que  le  Roi  T.  C.  a  occupés  &  réunis  depuis  le  Traité  de  Nimegue,  dans  les 
»  Provinces  de  Luxembotirg,  Namur,  Brabant,  Flandres,  Hainaut  &  autres  Provinces  des 
»  Païs-Bas,  selon  la  liste  des  dites  réunions,  produites  de  la  part  de  S  M.  Cath.  dans  les 
»  Actes  de  cette  négociation,  &  dont  copie  sera  annexée  au  présent  Traité,  demeureront 
»  à  S.  M.  Cath.  â  présent  et  à  toujours,  etc..  »  Or  on  trouve  dans  cette  Liste  §  86. 
La  Terre  àf  Seigneurie  de  S.  Hubert  avec  un  Bourg  et  six  Mayries;  sans  que  la  France  y  ait 
contredit,  dans  sa  Liste  d'exception  qui  fait  aussi  partie  du  même  Traité,  qui  a  été  confiimé 
par  le  Traité  de  Rastadt  &  par  le  Traité  définitif;  ainsi  voilà  une  brèche  faite  en  même 
tems  à  trois  Traités,  qui  ont  leurs  garans.  Peut-on  accuser  les  Rois  de  ces  manquemens 
de  Parole?  Je  ne  puis  me  déclarer  pour  l'affirmative.  C'est  dans  leur  Cœur  bien  plutôt 
que  dans  leur  Cabinet,  que  doit  se  retrouver  la  bonne  foy,  si  elle  ètoit  banie  du  reste  de 
l'Univers  ;  ce  sont  bien  plutôt  des  fautes  de  leurs  Ministres,  fautes  qu'il  commettent  ou 
par  ambition  ou  par  ignorance,  mais  qui  ne  peut  leur  être  imputée  que  jusqu'à  ce  que  la 


—  820  — 

Puissance  lésée  en  a  porté  des  Plaintes  directement  à  leur  Maître,  si  celui-ci  n'y  remédie 
pas  d'abord  en  faisant  exécuter  les  Traités,  de  l'observation  desquels  dépend  son  honneur 
it  la  confiance  des  autres  Potentats.  Après  tout  qu'importe  t'il  à  cette  Abbaïe  de  qui  elle 
dépende,  puisqu'il  faut  toujours  qu'elle. relève  ou  d'une  Puissance  ou  de  l'autre;  que  ne 
suit-elle  la  leçon  très  sensée  de  l'Ane  : 

Quid  rrfcrt  mea 
Oui  serviam,  Clitelias  duiii  portent  meas? 

684.  —  Catalogue  N°  27.  —  Syndicat  d'amortissement.  —  Administra- 
tion des  Domaines,  Eaux  et  Forêts  du  5'^'^^  ressort.  —  Grand-Duché  de 
Luxembourg.  —  Inspection  de  Neufchâteau.  —  Catalogue  des  bois  doma 
niaux,  à  vendre,  en  exécution  de  la  Loi  du  27  Décembre  1822,  et  de 
l'Arrêté  de  Sa  Majesté  du  16  Octobre  1824,  N°  90.  (A  la  fin  :)  A  Liège,  de 
l'Imprimerie  de  Dauvrain,  Imprimeur  de  V Administration  des  Domaines, 
Eaux  et  Forets  (1826). 

In-8o,  de  29  pp. 

Vente  du  23  octobre  1826,  à  Neufchâteau. 

Voici  quelques  extraits  de  ce  Catalogue  : 

«.    DÉSIGNATION   DES    BOIS. 

«  Article  premier. 

«  Le  bois  dit  :  Forét-de-Muno  (commune  de  Muno).... 

«  Article  deux. 

«  Une  forêt  dite  :  De  S'i^-Cécile  (commune  de  S'^-Cécile).... 

«  Les  villages  de  Fontenoille,  S'^-Cécile  et  Mortehan,  y  jouissent  des  droits  d'usage 
suivant  : 

«   1"  Treize  cordes  deux  dixièmes  des  Pays-Bas  de  bois  de  chauffage  par  ménage. 

«  2°  Les  bois  de  construction  et  de  charronage  nécessaires. 

«  3°  Enfin  les  ramilles  provenant  de  l'exploitation  de  ces  bois  et  cordes  :  le  tout  à 
prendre  dans  les  deux  tiers  de  la  coupe  qu'on  ne  peut  dépasser,  mais  qui  sont  absorbés 
presque  chaque  année. 

«  Lorsqu'il  y  a  un  excédent,  il  revient  au  propriétaire. 

«  Le  produit  des  coupes  des  bois  de  ces  communes  doit  être  précompté  sur  les  déli- 
vrances ci-dessus,  et  on  n'y  ajoute  que  le  complément,  excepté  lorsque  les  coupes 
communales  donnent  plus  que  huit  cordes  huit  dixièmes  à  chaque  affouager  ;  dans  ce  cas, 
il  leur  revient  un  minhnuin  de  quatre  cordes  quatre  dixièmes  (deux  cordes  d'Espagne) 
bois  de  chauffage,  dans  celle  du  domaine. 

«  Les  communes  de  S'^  Cécile  jouissent  en  outre  du  droit  de  parcours  et  de  glandée 
dans  les  cantons  défensables. 

«  Celle  de  Mortehan  exerçoit  ci-devant  le  même  droit,  qu'elle  ne  paroît  pas  avoir 
réclamé. 

«  Ces  droits  sont  fondés  sur  un  arrêt  du  conseil  provincial  de  Luxembourg,  du  dix 
mars  mil  sept  cent  cinquante-un  ;  sur  un  arrêté  de  l'administration  centrale  du  départe- 
ment des  Forêts,  en  date  du  quatorze  germinal  an  huit,  et  sur  une  résolution  de  la 
Commission  permanente  du  Syndicat,  du  vingt-sept  septembre  mil  huit  cent  vingt-cinq  ; 


—  321  — 

cette   dernière  concernant   le   pâturage   en   faveur  des  communes  de  S'^-Cécile   et   de 
Fontenoille. 

«  Onze  bonniers  dix  aunes  de  prés,  à  des  particuliers  sont  enclavés  dans  la  forêt,  lieu 
dit  Harbay. 

«  Les  contributions  foncières  étoient  supportées,  pour  un  huitième,  par  les  communes 
usagères,  avant  le  système  français. 

Article  trois. 

«  Un  bois  nommé  Grande  et  Petite  Danseaux,  et  côtes  de  Gerniry,  considéré 
comme  une  dépendance  de  la  forêt  ci-dessus  de  S'«-Cécile,  mais  libre  de  charges  en  bois 
d'usage,...  situé  sur  la  commune  de  Mortehan.... 

«  Pbemier  lot. 

«  La  Petite-Danseau.... 

«  La  commune  de  Mortehan  y  jouit  du  pâturage  dans  les  cantons  défensables,  sans 
payer  de  redevance. 

«  Cet  usage  est  fondé  sur  une  ancienne  jouissance,  et  sur  l'exposé  qu'en  fait  l'ancien 
pied  terrier,  des  biens  du  prince  de  Lœweinstein,  ci-devant  propriétaire. 

«  Deu.kième  lot. 

«  Comprenant  la  Grande-D.\nseau  et  les  côtes  de  Gernirv.... 

«  La  commune  de  Mortehan  y  exerce  le  pâturage  aux  mêmes  titres  que  dans  le  pre- 
mier lot. 

«  Article  quatre. 

«  Un  bois  nommé  de  Conques,....  situé  sur  la  commune  de  S*^-Cécile.... 

«  Article  cinq. 

«  Un  bois  dit  :  La  S.^blonnière,....  situé  sur  la  commune  de  Jamoigne.... 

«  Il  y  a  dans  cette  forêt  une  grande  carrière  de  pierres  de  taille  très-recherchées,  non 
exploitée  depuis  quelques  années. 

«  Article  six. 

«  Une  forêt  dite  :  Merlenve.\ux  (commune  de  Villers-devant-Orval).... 

«  La  forêt  est  grevée  des  charges  suivantes  : 

«  Les  communes  de  Gérouville,  Limes  et  Censés  voisines,  La  Sove  et  Somptonne,  du 
Grand-Duché  ; 

«  La  ville  de  Montmédie  et  ses  dépendances,  les  communes  de  Breux,  (irand-Verneuil, 
Petit-Verneuil,  Avioth,  Thonnelalong,  Thonneletil,  Thonnelle,  Vigneul,  Chauvency-le- 
Château,  Lamouilly,  Olizy,  Moiry,  Margut,  Margny,  Herbeuval,  Sapogne,  Auflance, 
Signy  et  Montlibert,  Villy,  Sailly,  Froumy,  Osne,  Sachy,  Blagny,  Bievre  et  Laferté, 
communes  françaises,  y  prennent  sur  pied  annuellement,  cinquante-six  arpens  ancienne 
mesure,  (faisant  vingt-huit  bonniers  soixante  perches  trois  aunes)  et  en  font  le  partage 
entr'elles,  sans  avoir  à  rendre  compte  du  produit. 

«  Le  village  de  Limes  et  les  fermes  de  Hatoi  et  Malveau,  ont  en  sus,  droit  de  parcours 
dans  les  tailles  défensables,  et  celui  de  paisson. 

«  Ces  communes  paient,  de  ce  chef,  le  traitement  d'un  garde  et  une  part  des  contribu- 
butions  foncières,  équivalente  à  leurs  droits. 

«  La  forêt  est  donc  plutôt  indivise  qu'usagère,  ce  qui  présente  moins  d'inconvénient 
pour  le  partage. 


—  322  — 

«  La  part  du  oonvi.MiKMiKMit  se  réduit  donc  à  dix  huit  quarante  sixièmes. 

«  Les  droits  des  usagers  ont  été  reconnus  par  arrêté  de  la  chambre  des  comptes  de 
Sa  Majesté  à  Bruxelles,  du  quinze  juin  mil  six  cent  vingt-six  ;  par  le  traité  passé  à  Thion- 
ville,  le  douze  mai  mil  sept  cent  un,  et  par  arrêté  de  l'administration  centrale  du  dépar- 
tement des  Forêts,  sous  la  date  du  cinq  fructidor  an  sept  de  la  république. 

«  Article  sept, 
v;  Un  bois  nommé  Taille-Medy,  ...  situé  sur  la  commune  de  Gérouville.... 

«  Article  huit. 
«  Un  bois  dit  :  Neulimoxt,....  situé  sur  la  commune  de  Bellefontaine.... 

«  Article  neuf. 
«  Un  bois  nommé  Watinsart,  ..  .  situé  sur  la  commune  d'Izel  .... 

«  Article  dix. 
«  Une  forêt  dite  :  Forêt-d'Orval,....  située  sur  la  commune  de  Villers-devant-Orval.... 

«  Article  onze. 

«  Une  forêt  dite  :  de  Chinv,  ....  située  sur  les  communes  de  Chiny,  Lacuisine, 
Rossignol  et  Suxy,  section  de  Straimont  .... 

«  Cette  forêt  est  grevée  des  droits  d'usage  ci-après  détaillés,  qui  emportent  entre  la 
moite  et  les  deux  tiers  des  quatre  coupes  annuelles. 

«  2"  (s/c).  Du  pâturage  dans  les  taillis  défensables. 

«  3"  De  la  pais  son. 

«  4°.  Et  de  l'enlèvement  des  feuilles  mortes. 

«  Les  communes  usagères  sont  : 

«  1°  Partie  de  la  section  d'Assenois,  bâtie  sur  la  ci-devant  terre  de  Chiny. 

«  2°.  Les  communes  de  Rossignol. 

«  3°.  Termes. 

«  4°.  Les  Bulles. 

«  5°.  Tintigny,  pour  les  sections  d'Ansart,  Breuvanne  et  Ménil. 

«  6°  Chiny. 

«  7°.  Jamoigne. 

«  8°.  Izel. 

«  90.  Moyen. 

«  10°  Straimont,  pour  la  section  de  Suxy. 

«  11".  Lacuisine  et  Martué. 

«  120.  £t  Florenville. 

«  Renfermant  ensemble,  pour  mil  huit  cent  ving-six,  mille  huit  cent  quatre-vingt-dix- 
huit  usagers,  qui  ont  droit,  à  chacun,  treize  cordes  deux  dixièmes  des  Pays-Bas,  de 
chauffage,  par  ménage,  outre  les  bois  de  construction  nécessaires  à  leur  habitation,  et  le 
bois  de  charronnage,  avec  les  ramilles  de  l'exploitation. 

«  Le  produit  des  coupes  de  bois  de  ces  communes,  doit  être  précompté  sur  les  déli- 
vrances ci-dessus  ;  celles-ci  ne  devant  que  completter  les  treize  cordes  deux  dixièmes  : 


—  323  — 

mais,  dans  tous  les  cas,  on  doit  délivrer  quatre  cordes  quatre  dixièmes  pour  minimum,  à 
prendre  dans  les  deux  tiers  des  coupes  seulement,  avec  les  ramilles  de  l'exploitation. 

«  13°.  Les  communes  de  Straimont,  la  section  de  Suxy  exceptée. 

«  14°.  De  S'-Médard. 

«  15°.  D'Orgeo,  la  section  d'Orgeo  exceptée,  au  nombre  de  deux  cent  vingt-un  usagers, 
pour  mil  huit  cent  vingt-six,  jouissent  de  la  moitié  des  droits  ci-dessus,  et  aux  mêmes 
conditions. 

«  Ces  quinze  communes  ont,  de  plus,  le  droit  de  parcours  dans  les  taillis  défensables, 
et  celui  de  paisson. 

«  Elles  ont  également  l'usage  d'enlever  les  feuilles  mortes  dans  les  cantons  assignés. 

«  Ces  jouissances  sont  fondées  sur  les  anciens  règlements  des  bois,  de  mil  six  cent  dix- 
sept,  mil  six  cent  vingt-trois  et  mil  sept  cent  cinquante  quatre,  reconnus  par  les  arrêtés 
de  l'administration  centrale,  et  ceux  du  conseil  de  préfecture  du  département  des  Forêts, 
en  date  des  onze  nivôse,  quinze  germinal  et  quinze  floréal  an  huit  ;  huit  et  neuf  floréal  an 
dix  ;  \-ingt-quatre  brumaire  et  seize  pluviôse  an  onze  ;  dix-huit  mars,  seize  mai  et  quinze 
juillet  mil  huit  cent  six,  et  ^àngt-cinq  juillet  mil  huit  cent  huit. 

«  Décision  du  ministre  des  finances,  du  quatre  mai  mil  huit  cent  huit. 

«  Chaque  ménage  usager  des  sections  des  communes  de  Florenville,  Martué,  Lacui- 
sine,  Jamoigne,  Moyen,  Chamois,  les  Bulles,  Termes,  Breuvanne  et  Ménil,  doit  payer 
au  domaine,  cinquante-un  cents  trois  dix  millièmes,  ce  qui  a  produit,  pour  mil  huit  cent 
vingt-cinq,  cinq  cent  seize  florins  seize  cents. 

«  Les  sections  de  Martué,  les  Bulles,  Termes,  Moyen,  Jamoigne,  Florenville  et  Lacui- 
sine,  payoient  aussi,  sous  le  régime  autrichien,  pour  chaque  pied  d'arbres  de  construction 
délivré  aux  usagers,  dix  neuf  cents. 

«  Suivant  les  dispositions  de  l'article  deux  de  l'ordonnance  de  Marie-Thérèse,  en  date 
du  huit  février  mil  sept  cent  soixante-douze,  les  usagers  doivent  le  huitième  des  contri- 
butions foncières,  qu'ils  ne  paient  plus. 

«  Article  douze. 

«  Premier  lot. 

«  Division  nommée  Phays-de-Movex  (forêt  de  Chiny)... 

«  Sont  enclavés  dans  ce  lot  un  mauvais  pré  à  Jean-Baptiste  Xaviaux,  de  Chiny;  conte- 
nant soixante-dix  perches  soixante  aunes,  lieu  dit  :  le  Pré-Moré. 

«  Et  le  Moulin  à  fariae,  nommé  Vignol,  appartenant  à  Lamain  Clément,  occupant  avec 
le  jardin  et  ses  alentours,  une  superficie  de  soixante-onze  perches  cinquante  aunes. 

«  Ce  moulin  n'est  qu'à  trois  cents  aunes  de  la  lisière. 

«  Deuxième  lot. 

«  Division  de  Meussin  (forêt  de  Chiny)... 

«  Sont  enclavés  dans  ce  lot  et  en  un  tenant,  les  forges,  étangs  et  dépendances  d'Epioux, 
appartenantes  à  Mr.  Devillers-Bodson,  et  contenant  vingt-cinq  bonniers  huit  perches 
trente  deux  aunes. 

«  Article  treize. 

«  Une  forêt  dite  :d'Herbeumont,  située  sur  les  communes  de  Herbeumont  et  Straimont. 

«  Une  grande  carrière  d'ardoises,  très-estimées,  recherchées  dans  le  pays,  et  ci-devant 
par  les  villes  de  France  jusqu'à  Metz  et  Nancy,  occupe  l'extrémité  nord  de  la  forêt, 
district  de  Poursumont. 


—  324  — 

v^  La  forc't  entière  tst  j^môvcc  tk's  charges  suivantes  : 

^^  La  coninuine  d'IIerbeumont  y  a  droit  à  treize  cordes  deux  dixièmes  des  Pays-Bas  de 
bois  de  chaulVage,  par  ménage,  maintenant  au  nombre  cent  quatre-vingt-onze,  à  la  glan- 
dée  pour  les  cochons,  et  au  pâturage  pour  les  bestiaux. 

<v  Les  communes  de  Straimont,  maintenant  au  nombre  de  cent  onze  ménages;  de 
S'-Médard,  qui  compte  quatre-vingt  onze  ménages,  et  dix-neuf  de  celle  d'Orgeo,  ont  droit 
de  six  cordes  soixante-six  centièmes  de  bois  de  chauflaga  ;  à  la  moitié  des  bois  de  bâti- 
ment et  d'agriculture  nécessaires;  l'autre  moitié  leur  revenant  dans  la  forêt  domaniale  de 
Chiny. 

vv  Plus  le  pâturage  et  la  glandée. 

«  Le  produit  des  coupes  particulières  à  ces  communes,  doit-être  précompté  sur  les 
délivrances  à  faire  dans  celle  de  la  forêt. 

«  Ces  délivrances  absorbent  environ  les  deux  cinciuièmes  des  coupes  de  la  forêt,  et  ne 
pourroient  jamais  dépasser  les  deux  tiers  :  l'autre  tiers  étant  réservé,  par  préciput,  au 
propriétaire. 

La  commune  d'Ilerlieuniont  paie  une  redevance  annuelle  de  soixante-un  florins  qua- 
rante-deux cents  pour  sa  jouissance. 

«  Ces  droits  et  charges  reposent  sur  les  titres  suivants  : 

«  1°  Arrêté  de  l'administration  centrale  du  département  des  Forêts,  du  vingt-un  ven- 
démiaire an  huit. 

«  2°  Arrêtés  des  vingt-sept  fructidor  an  treize,  trente  avril  mil  huit  cent  six,  et  neuf 
juillet  mil  huit  cent  huit.  » 

685.  —  Nos  Ardennes. 

Dans  Le  Soir,  jourual gratuit  quotidien.  Bruxelles,  22  septembre  1894. 

686.  —  Le  Cheval  ardennais. 

Dans  L'Ardenne,  journal  des  touristes.  Liège,  imp.  Demarteau,  août  188(3,  \\°  4. 

687.  —  En  radeau  de  Chiny  à  La  Cuisine. 

Dans  Le  Soir,  journal  gratuit  quotidien.  Bruxelles,  14  septembre  1894. 

688.  —  Report  to  be  presented  to  the  shareholders  in  the  Great  Luxem- 
bourg Company,  at  the  sixth  annual  gênerai  meeting,  to  be  held  in 
Brussels  the  30th  April  1852.  S.  l. 

3  pp.  in-folio. 

689.  —  Edmond  Picard.  —  Scènes  de  la  vie  judiciaire.  —  La  Forge 
Roussel.  —  Bruxelles,  Ferdinand  Larder,  1880. 

ln-8o,  de  77  pp. 

690.  —  Almanach  administratif  de  la  Province  de  Luxembourg,  Publié 
avec  l'autorisation  de  la  Députation  du  Conseil  provincial,  par  J.  Laurent, 


—  325  -- 

Directeur  au  Gouvernement  provincial,  et  E.  Stienon,  chef  de  bureau  à 
la  même  administration.  Arlon,  Imp.  et  Lith.  F.  Briïck. 

1891,  1"  année,  304  pp. 

1892,  2e  »  ,  304  » 
1893, 3«  »  ,  307  » 
1894, 4«  »  ,315  » 
1895, 5«   »   ,  316  » 

691.  —  A  M.  l'Editeur  du  Journal  1' «  Ardennais  »,  à  Neufchâteau. 
Bruxelles,  J.  Goemœre,  imp.  du  Roi,  rue  de  la  Limite  21  (1894). 

In-folio,  à  2  colonnes. 

Réponse  du  D''  VV.  Heynen  aux  articles  que  VArdnn?iais  avait  publiés  contre  sa  candi- 
dature. Cette  lettre  est  datée  de  Bcrtrix,  le  24  octobre  1894. 

692.  —  Aux  bords  de  la  Semois.  —  Notes  d'un  jeune  touriste,  par 
E.  Lamotte.  Bruxelles,  imprimerie  de  Calleivaert  frères,  éditeurs,  66,  rue 
St-Lazare,  S.  d.  In-12. 

693.  —  Bulletin  des  séances  du  conseil  provincial  du  Luxembourg. 
Arlon,  1836-1894,  in-8°. 

-.1840-1864  :  P.- A.  Bruck. 
1865-1882  :  Poncin. 
188.3-1892  :  J.  Bourrer. 
1893-1894  :  V.  Poncin. 

694.  —  Carlsbourg,  autrefois  «  Saussure  »,  ancienne  seigneurie  et  pairie 
du  Duché  souverain  de  Bouillon,  par  Félix  Hutin  (Frère  Macédone), 
professeur  à  l'établissement  de  Carlsbourg,  Membre  de  l'Institut  archéo- 
logique de  la  Province  de  Luxembourg.  Liège,  H.  Dessairi,  ijnprimeur , 
rue  Trappe,  7.  —  Alost,  Procure  générale.  Place  hnpèriale,  24.  —  1894. 

Gr.  in-S",  de  436  pp.  ;  gravures. 
Avec  cette  épigraphe  : 

Il  est  sous  le  ciel  bleu,  loin  du  bruit  de  la  ville, 
Une  heureuse  vallée  au  milieu  des  grands  bois, 
Il  est  une  oasis  radieuse  et  tranquille. 
Un  Eden  merveilleux  où  la  terre  fertile 
Fait  éclore  les  fleurs  et  les  fruits  à  la  fois. 

Gode  froid  Kûrth. 
«  La  Jeunesse  d'un  poète  ». 

Le  prospectus  de  ce  livre  porte  le  titre  suivant  : 

Histoire  de  Carlsbourg,  autrefois  «  Saussure  »,  ancienne  seigneurie  et  pairie  du  duché  souTe- 
raiti  de  Bouillon  ;  par  le  Frère  Macédone,  professeur  à  l'Etablissement  de  Carlsbourg.  S.  1. 
(1894),  in-S",  de  3  pp. 

695.  —  Catalogue  de  la  Bibliothèque  communale  de  la  ville  d' Arlon. 
Arlon.  Imprimerie  et  Lithographie  J.  Bourger.  1893. 

212  pp.,  sans  la  Table. 

22 


—  3-26  — 

696.  —  Chemin  de  fer  de  Virton.  —  Mémoire  à  l'appui  de  la  demande 
en  concession  du  tracé  de  Habay  à  Virton  par  Etalle,  Chatillon,  S'  Léger 
et  Ethe,  par  Désiré  Hanus,  secrétaire  de  la  Chambre  de  commerce 
d'Arlon.  Arlon,  Imprimerie  et  Lithographie  J.  Bourger,  1867. 

5S  pp.  et  1  carte. 

697.  —  Chemin  de  fer  projeté  d'Athus  à  Givet.  —  Détails  élémentaires 
pour  établir  des  termes  de  comparaison  entre  le  projet  détaillé  dans  la 
demande  en  concession  et  un  autie  projet  suivant  un  parcours  beaucoup 
plus  rapproché  de  Floren ville  et  de  Virton.  Arlon,  hnprimerie  et  Litho- 
graphie J.  Boiirger,  1871. 

27  pp.  et  1  carte. 

698.  —  La  Concession  d'Athus-Charleroi  et  la  reprise  du  Grand-Luxem- 
bourg.—  Lettres  à  M.  Malou.  Arlon,  Imprimerie  et  lithographie  J.  Bour- 
ger,  1872. 

15  pp.  et  1  carte. 

699.  —  L'hiver  en  Ardenne.  Par  Boset. 

Dans  L'Echo  J'Ainay,  jour7ial  hebdomadaire.  Imprimerie  Centrale  des  Communes,  Epse 
V^incent-Garot,  à  Amay,  22  janvier  1888,  n<'  4. 

700.  —  La  légende  de  Saint  Hubert. 

Dans  Le  Soir,  journal  gratuit  quotidien.  Bruxelles,  4  novembre  1894. 

70  L  —  Notre-Dame  d'Arlon  (Luxembourg.) 

Dans  la  Revue  populaire  de  l' Association  de  St-François  de  Sales.  —  Semaine  religieuse  du 
diocèse  de  Namur,  publiée  sous  le  patronage  de  Mgr.  l' Evèque  de  Namur.  Namur,  Imprime- 
rie de  Ad.  Wesmael-Charlier,  éditeur  de  l'Evèché,  rue  de  Fer,  51,  1885-1886,  t.  XVIII, 
in-8°,  pp.  60-61 . 

Extrait  de  l'ouvrage  intitulé  :  Les  Vierges  miraculeuses  de  la  Belgique,  par  A.  D.  R.  (De 
Reume). 

702.  —  Ermitage  de  Saint-Thibaut  (Hodister).  Par  A.  L. 

Ibid.,  pp.  4U7-41i,  42.".-427,  457-459. 

703.  —  Province  de  Luxembourg.  Histoire  du  Conseil  provinciaL 
Années  1836  à  1885.  —  Arlon.  Imp.  et  Lith.  F.  Briick,  1894  (1). 

322  et  XVI  pp. 

Par  un  ancien  conseiller  provincial  (M.  Edouard  Orban  de  Xivry,  Gouverneur  de  la 
province  de  Luxembourg.) 


(1)  Une  note  volante  placée  dans  le  volume  porte  que  les  années  1886  à  1894  paraîtront 
très  pnjchainement. 


—  327  — 

704.  —  La  question  des  chemins  de  fer  dans  la  province  de  Luxem- 
bourg, par  Désiré  Hanus,  secrétaire  de  la  Chambre  de  Commerce 
d'Arlon,  Arlon.  Imprimerie  et  lithographie  J.  Boiirger,  1870. 

27  pages. 

705.  —  Rapport  des  Commissaires  d'arrondissement  d'Arlon-Virton 
(E.  Tandel)  et  de  Bastogne  (E.  Caprasse),  concernant  l'étude  d'un  che- 
min de  fer  vicinal  de  Jemelle  à  Martelange.  Ar/o?i,  hfiprimerle  et  Litho- 
graphie J.  Bourger,  1892. 

27  pages.  —  Extrait  de  l'Exposé  de  lu  situation  administrative. 

706.  —  Das  Staatsrecht  des  Grossherzogthums  Luxemburg,  von  D"" 
Eyschen  (Ministre  d'Etat,  Président  du  Gouvernement  Grand  Ducal).  — 
Aus  Marquardsen's  Handbuch  des  Oeffentlichen  Rechts.  Freiburg  in  B., 
1890.  Akademische  Verlag&bîichhandlung  vo7i  J.  C.  B.  Mohr  (Paul 
Siebeck). 

251  pages. 

707.  —  Traits  de  dévouement  et  de  civisme.  —  Département  de  la 
Seine,  commune  de  Choisy.  —  Département  de  la  Seine-Inférieure,  com- 
mune de  Fécamp.  —  Département  des  Forêts,  canton  de  Remich. 

Dans  le  Bulletin  décadaire  de  la  République  française.  A  Paris,  de  l'imprimerie  de  la 
République.  —  N°  19,  l'"'^  décade  de  Germinal  an  VII,  in-8°,  pp.  23-24. 

Voici  l'article  concernant  le  canton  de  Remich  : 

«  Le  Commissaire  du  Directoire  près  l'administration  municipale  de  ce  canton,  écrit 
au  ministre  de  l'intérieur  que  le  jour  où  les  conscrits  sont  partis  de  la  commune  de 
Remersesen,  le  C®"  Jacoby,  ministre  du  culte  catholique,  a  offert  à  chacun  d'eux,  au  nom 
de  la  fraternité  républicaine,  une  somme  de  quinze  francs,  et  leur  a  recommandé  de  servir 
la  République  avec  courage  et  fidélité. 

«  Il  serait  à  souhaiter,  ajoute  le  commissaire,  que  de  pareils  traits  fussent  moins  rares 
dans  les  autres  cantons  de  ce  département,  et  parmi  les  autres  ministres  du  même  culte  ; 
je  désire  qu'il  soit  inséré  dans  le  Bulletin  décadaire,  pour  l'encouragement  des  patriotes 
et  la  confusion  des  ennemis  de  la  liberté.  » 

708.  —  Wintergrùn.  Sagen,  Geschichten,  Legenden  und  Mârchen  aus 
der  Provinz  Luxemburg.  —  Gesammelt  und  herausgegeben  von  N.  War 
ker.  Arlon,  Buchdruckerei,  Virtonerstrasse.  H.  Willems.  1889-1890. 

Petit  in-80,  de  149  pp. 

.  —  ...  Zweite  bedeutend  vermehrte  Auflage.  Druck  von  G.  Willems,  33, 
Handelstrasse,  Esch  an  der  Alzette,  1892. 

Petit  in-8°,  de  578  pp.  —  Preis,  4  mark. 

Zu  beziehen  durch  :  G.  Everling,  Buchhandlung,  Arlon.  —  E.  Gofïinet,  idem. — 
Hofbuchhandlung  V.  Buck,  5,  Pastorstrasse,  Luxemburg 

709.  —  L'Empire  sous  les  Luxembourgeois  (Henri  VII).  Par  Ch.  Rahlen- 
beck. 

Dans  la  Revue  de  Belgique.  Bruxelles,  15  novembre  1894. 


—  328  — 

710.  —  Les  Coniinunes  luxembourgeoises,  par  E.  Tandel,  commissaire 
de  l'arrondissement  d'Arlon-Virton.  —  Ouvrage  dédié  à  Sa  Majesté 
Léopold  II,  Roi  des  Belges.  —  Arlon.  —  Imprimerie  F.  Briick,  1889-1894, 
9  vol.  gr.  in-8°,  avec  81  planches,  des  portraits,  gravures,  plans^  armoi- 
ries, etc. 

Tirage  :  425  exemplaires. 

Tcime  1  (2  vol.)  —  Partie  générale.  —  Prix  :  12  fr.  —  1889.  —  949  pages. 

Collaborateurs  : 

MM.  Hourt,  directeur  à  l'administration  provinciale,  à  Arlon.  —  Le  Luxembourg.  — 
Zi'.s-  instiiulions polUiques  et  administratives.  — Routes  et  chemiiis  vicinaux. 

Charles  Liiurent,  avocat  général  à  la  cour  d'appel  de  Bruxelles.   —  Le  droit  coutumier 

Eni.  Tandel,  commissaire  de  l'arrondissement  d'Arlon-Virton.  —  Annexes  archéo 
logiques.  —  Répartition  des  habitants  sous  le  rapport  des  langues  nationales.  —  Classement  des 
provinces  belges  sous  le  rapport  de  l'instruction.  —  L'épargne  dans  le  pays.  —  L'épargne  dans 
les  provinces.  —  Les  fondations  de  bourses  d'études.  —  Les  imprimeries  eti  i88g.  —  Les  chemiyis 
de  fer  du  Luxembourg.  —  Les  chemins  de  fer  vicinaux.  —  Postes  et  messageries.  —  Les 
Lu.vembourgeois  mijiistres. 

A.  d'HofFschmidt,  membre  du  conseil  des  mines.  —  Géographie  historique.  —  Les  élus 
du  Lu.xembourg.  — La  séparation. 

E.  Bockholtz,  ingénieur  des  mines.  —  Constitution  géologique  du  Luxembourg. 

II.  Mousel,  inspecteur  des  eaux  et  forêts.  —  Les  forêts  de  la  province  du  Luxembourg.  — 
Le  droit  d'usage.  —  La  chasse  et  la  pêche. 

E.  Charles,  secrétaire  de  la  société  agricole  du  Luxembourg.  —  L'agriculture. 

Leyder,  sous-directeur  de  l'institut  agricole  de  Gembloux.  —  L'élevage. 

D.  Hanus,  secrétaire  de  la  chambre  de  commerce  d'Arlon.  —  Le  Luxembourg  belge, 
industriel  et  commercial. 

D'  Jeant}'.  —  Topographie  viédicale  de  la  provi?ice  de  Luxembourg. 

Prat.  —  L'instructiofi  publique. 

J.-B.  Douret.  —  La  presse  lu.xembourgeoise,  1740-1889. 

V.  Birnbaum,  professeur  à  l'athénée  royal  d'Arlon.  —  Les  musées  d'Arlon. 

Sibenaler,  conservateur  du  musée  archéologique  d'Arlon.  —  Carte  archéologique  du 
Luxembourg. 

Tome  IL  —  L arrondissement  d'Arlon.  —  Prix  :  9  fr.  —  1889.  —  538  pages. 
Canton  d'Arlon,  par  Em.  Tandel.  —  Canton  de  Messancy,  par  C.  Laurent. 

Tome  III.  —  L'arrondissement  de  Virton.  —  Prix  :  20  fr.  —  1890.  —  1313  pages. 
Par  Em.  Tandel. 

Tome  IV.  —  L' arrondissement  de  Bastogne.  —  M.  Emile  Tandel,  Commissaire  de  l'ar- 
rondissement d'Arlon  et  M.  André,  commissaire  de  l'arrondissement  de  Bastogne.  — 
Prix  :  12  francs.  —  1891.  —  744  pages. 

Tome  V.  —  L arrondisseinent  de  Marche.  —  M.  l'abbé  de  Leuze.  —  Prix  :  13  francs.  — 
1892.  —  710  pages. 

Tome  VIa.  —  L'arrondissemefit  de  Neufchâtcau.  —  Canton  de  Netifchâteau,  par  M"  A. 
de  Leuze  et  Em.  Tandel.  Canton  de  Bouillon,  par  le  F-"»  Macédone  de  Carlsbourg  (Félix 
Hutin).  —  Prix  :  10  fr.  50.  —  1893.  —  762  pages. 

Tome  VIb.  —  LJ arrondissement  de  Neufchâteau.  —  Canton  de  Paliseul,  par  Em.  Tandel. 
Canton  de  S^-Hubert;Y>^T  M"  A.  de  Leuze  et  Em.  Tandel.  Canton  de  Wellin,  par  M'^  le 
chanoine  Doyen  &  cure  Roland.  —  Prix  :  10  fr.  50.  —  1893.  —  Pages  703-151(3. 


—  329  — 

Tome  VIL  —  Table  o7iomas.tiquc.—  Prix  :  6  fr.  —  1894.  —  CCCXL  pages. 

L'Histoire  des  Coiniimites  hixcinhourgeoises  a  figuré  à  l'Exposition  d'Anvers,  de  1894, 
classe  VIII,  Arts  libéraux,  Objets  scie7ittfi.qit,es.  Cartographie,  etc.  A  cette  occasion,  le  jury 
a  décerné  un  diplôme  d'honneur  à  M.  Emile  Tandel. 

Les  9  vol.  dont  cet  ouvrage  est  composé,  forment  les  tomes  XXI-XXVIII  des  Annales 
de  ri7istitttt  archéologique  du  Luxembourg. 

711.  —  Le  Corps  de  saint  Hubert  conservé  jusqu'à  nos  jours.  Docu- 
ments et  preuves  recueillis  par  M.  l'abbé  Hallet,  aumônier  à  la  Maison 
pénitentiaire  et  de  Réforme,  à  Saint-Hubert;  et  publiés  dans  les  Précis 
Historiques  (par  Ed.  l'erwecoren).  Bruxelles,  imprimerie  de  J.  Vande- 
reydt,  libraire-éditeur,  rue  de  Flandre,  lOi.  —  1871. 

In-8o,  de  32  pp. 

On  lit  à  la  page  25  :  «  \J Observateur  du  Luxemhotirg  a  publié,  dans  son  numéro  du 
25  février  1846,  un  article  sur  le  Corps  de  saint  Hubert,  par  M.  Geoffroy,  major  des 
cuirassiers  en  non-activité.  » 

Suit  la  reproduction  d'une  partie  de  l'article  de  M.  Geoffroy. 

712.  —  Translation  du  corps  de  saint  Hubert  au  monastère  d'Andaïn. 
(825). 

Dans  la  Revue  populaire  de  l' Association  de  5'  François  de  Sales.  —  Semaine  religieuse  du 
diocèse  de  Namur...  Namur,  Wesmael-Charlier,  1885-1886,  t.  XVIIL  pp.  214-217. 

713.  —  Pèlerinage  à  Echternach. 

Ibid.,  pp.  681-683. 

714.  —  Pèlerinage  de  Saint-Thibaut.  Par  A.  D.  L. 

Ibid.,  pp.  810-811. 

715.  —  Notre-Dame  de  Luxembourg. 

Ibïd.,  1886-1887,  t.  XIX,  pp.  632-633. 

716.  —  Histoire  de  la  Dyssenterie  épidémique  qui  a  régné  au  péniten- 
cier et  dans  le  canton  de  St-Hubert,  en  1863.  Par  le  D^  Herpain. 
Bruxelles,  1863. 

717.  —  Notice  sur  les  reboisements  dans  le  Luxembourg.  Par  F.  L. 
Trouet,  sous-inspecteur  des  eaux  et  forêts.  Arlon .  ImprimeriePoncin,  1877. 

39  pp. 

718.  —  Notice  sur  le  projet  d'un  réseau  de  chemin  de  fer  à  voie 
réduite,  dans  la  partie  orientale  du  Luxembourg.  Bruxelles.  Imp.  Bour- 
lard  et  Havaux,  rue  d'Assaut,  16,  1881. 

48  pp.,  avec  cartes. 

719.  —  Sièges  fameux  de  Bouillon,  par  Stephen  Leroy,  professeur  au 


—  330  — 

collège  Turenne,  à  Sedan.  Sedan.  Imprimerie  de  Jules  Laroche,  22,  rue 
Gambetta,  181)2. 
43  pages. 

720.  —  Biographie  de  Pierre-Joseph  Redouté,  par  André  De  Vos. 
Gand,  Annoot-Braeckman,  1873. 

In-S",  de  12  pp..  portr.  —  Extrait  de  la  Belgique  horticole. 

721.  —  La  Charte  d'affranchissement  de  S'-Léger,  2  mars  1368,  par 
M.  Godefroid  Kùrth,  Professeur  à  l'université  de  Liège.  Brtixelles,  Imp. 
de  F.  H  ayez. 

ln-8o,  de  16  pp.  —  Extrait  des  Bulletins  de  la  Commission  royale  d'histoire  de  Belgique,  t. 
V,  n°  1,  4«  série. 

722.  —  Chemin  de  fer  du  Luxembourg.  Parcours  géographique  et  his- 
torique à  course  de  locomotive.  (Par  Léon  De  Thier).  Liège,  Carmanne, 
1858-1860. 

2  broch.  in-12,  de  23  et  42  pp. 

723.  —  Les  Etats  provinciaux  du  Grand-Duché  de  Luxembourg,  de 
1816  à  1830.  Luxembourg.  Imprimerie  de  la  Cour  V.  Biick  Léofi  Biick, 
successeur ,  1890. 

1307-XIV-200  pp. 
Par  P.  Ruppert. 

724.  —  Exercices  sur  les  particularités  géographiques  et  historiques  de 
la  province  de  Luxembourg,  par  Théodore  De  Rive.  Arlon,  Briick,  1841. 

In-18,  de  35  pp. 

725.  —  Glossaire  toponymique  de  la  commune  de  St  Léger,  avec  quel- 
ques indications  sur  la  méthode  à  employer  dans  la  confection  des  glos- 
saires toponymiques,  par  Godefroid  Kùrth,  Professeur  à  l'université  de 
Liège.  Namur,  Libraire  et  Lithographe  Lambert  de  Roisin,  22,  rice  de 
l'Âuge,  1887. 

98  pp. 

726.  —  Le  Grand-Duché  de  Luxembourg  dans  ses  relations  interna- 
tionales. Recueil  des  traités,  conventions,  arrangements  internationaux 
et  dispositions  législatives  diverses  concernant  les  étrangers,  par  P.  Rup- 
pert, Conseiller  Secrétaire  Général  du  Gouvernement.  —  Lu.xemboitrg. 
Imprimerie  de  la  Cour  V.  Bûck.  Léon  Biick,  successeur.  Mai  1892. 

886  et  LV  pp. 

727.  -  Le  Guide  du  Voyageur  dans  le  Grand-Duthé  de  Luxembourg, 


on  I 
OOl     — 

par  M.  Erasmy.  Luxembourg.  Imprimerie  de  V.  Bilck,   rue  du  Curé.  — 
1861. 

In-18,  de  IV-191  pp  ,  avec  une  carte  du  Grand-Duché  et  un  plan  de  Luxembourg. 

728.  —  Journal  de  l'Enregistrement  et  du  Notariat,  pour  le  Grand- 
Duché  de  Luxembourg,  ou  Recueil  des  lois,  ordonnances,  arrêtés,  déci- 
sions judiciaires  et  administratives  en  matière  d'enregistrement,  de  tim- 
bre, de  greffe,  d'hypothèques,  de  notariat,  de  successions,  de  mutations 
par  décès,  de  domaines,  etc.,  rédigé  par  M.  Schon,  Directeur  de  l'Enre- 
gistrement et  des  Domaines,  à  Luxembourg.  Luxembourg,  1847-1863,  17 
vol.  et  tabl. 

M.  Schon,  directeur  de  l'enregistrement,  mourut  en  1854.  Après  cette  époque,  le  jour- 
nal fut  rédigé  par  son  frère,  Michel  Schon,  employé  de  l'enregistrement,  avec  le  con- 
cours de  plusieurs  magistrats  et  jurisconsultes. 

729.  —  Les  lois  et  règlements  sur  l'organisation  politique,  judiciaire  et 
administrative  du  Grand-Duché  de  Luxembourg,  recueillis  par  P.  Rup- 
pert,  Conseiller  Secrétaire  Général  du  Gouvernement,  Greffier  de  la 
Chambre  des  Députés  et  Secrétaire  du  Conseil  d'Etat.  2''  édition,  entière- 
ment remaniée  et  complétée  jusqu'au  31  Décembre  1885.  Luxembourg, 
imprimerie  de  la  Cour,  Y.  Bilck,  rue  du  Curé,  1885. 

924  pp.  —  Le  faux  titre  porte  :  Organisation  politique,  judiciaire  et  administrative  du 
Grand- Duché  de  Luxembourg. 

730.  —  Mémoire  sur  le  canal  de  jonction  de  la  Meuse  à  la  Moselle, 
dans  le  Luxembourg,  par  un  ingénieur  (Remy  De  Puydt).  Mons.  Hoyois- 
Derely,  1831. 

In-4°,  de  96  pp.,  tableau. 

731.  —  Mœurs  Luxembourgeoises,  par  Jules  Guillain,  professeur.  Dé- 
dié au  Cercle  Luxembourgeois  de  Charleroi.  Mons,  Hector  Manceaux, 
Imp.-Edit.,  1887. 

732.  —  A  la  frontière.  Villers  devant  Orval.  —  Les  ruines  de  l'Abbaye 
d'Orval.  —  La  prédiction  du  moine  d'Orval. 

Dans  le  Supplément  au  Soir  (Bruxelles),  du  23  décembre  1894. 

733.  —  Amélioration  de  la  Race  Bovine  dans  le  Luxembourg,  par 
L.  Goebbels,  Médecin-Vétérinaire  à  Nassogne.  —  Arlon,  F.  Poncin, 
im  primeur- éditeur ,  1889. 

Petit  in-40,  de  9  pp.  à  2  colonnes. 

734.  —  L'Association  libérale  luxembourgeoise  aux  libéraux  de  la 
province.  Manuel  de  l'électeur.  Arlon,  V.  Po?icin,  Impritneur-Editeur, 
Marché  aux  Pommes  de  terre,  4-6.  1875. 

87  pp.  —  Par  Arthur  d'Hoil'schmidt. 


_.  332  — 

735.  —  La  Constitution  de  1848,  ses  travaux  préparatoires  dans  la 
Commission  des  quinze,  la  section  centrale  et  les  séances  des  Etats,  par 
un  des  derniers  survivants  de  l'Assemblée  Constituante  (M.  Lucien 
Richard,  conseiller  d'Etat.)  JAixembourg.  —  Imprimerie  de  la  Cour, 
V.  Biick.  —  /..  Bilck,  successeur.  1894. 

200  pp. 

736.  —  Instruction  pratique  pour  l'exécution  de  la  loi  électorale  du 
5  mars  1884,  en  ce  qui  concerne  les  opérations  pour  les  élections  légis- 
latives. \AL\embourg.  Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Biïck.  1884. 

40  pp. 

7.')7.  —  Pasicrisie  luxembourgeoise.  Recueil  de  la  jurisprudence  luxem- 
bourgeoise en  matière  civile,  commerciale^  criminelle,  de  droit  public, 
fiscal,  administratif  et  notarial,  publié  par  M.  P.  Ruppert^  Secrétaire  gé- 
néral du  gouvernement,  avec  la  collaboration  de  plusieurs  magistrats  et 
jurisconsultes.  —  'Luxembourg.  1881  1890,  in-8°. 

—  Pasicrisie  luxembourgeoise.  —  Recueil  de  la  jurisprudence  luxem- 
bourgeoise, en  matière  civile,  commerciale,  criminelle,  de  droit  public, 
fiscal,  administratif  et  notarial,  publié  par  A.  Liger,  avocat.  —  J.  ^Vùrth- 
Weiler,  Docteur  en  droit,  ancien  avocat,  avec  la  collaboration  de  plu- 
sieurs magistrats  et  jurisconsultes.  Luxembourg.  Imprimerie  Th.  Schroell, 
1894.  .  , 

Prix  de  l'abonnement  par  année,  7  fr.  50.  —  Prix  du  n»,  0.75 

738.  —  Pasinomie  Luxembourgeoise,  ou  Collection  des  lois,  décrets, 
arrêtés,  règlements  généraux  et  spéciaux,  qui  peuvent  être  invoqués  dans 
le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  servant  de  continuation  à  la  Pasinomie 
belge,  recueillis  par  M-  Mùnchen,  avocat  à  la  Cour.  —  2®  série.  Du  1^"^ 
janvier  1840  à  la  constitution  du  9  juillet  1848.  —  lAixembourg,  chez  V. 
Biick,  successeur  de  J.  P.  Kuborn,  Place  Guillaume.  1852. 

—  Pasinomie  Luxembourgeoise.  --  Recueil  des  lois,  décrets,  arrêtés, 
règlements  généraux  et  spéciaux,  etc.,  qui  peuvent  être  invoqués  dans  le 
(jrand-Duché  de  Luxembourg^  publié  à  partir  de  1870,  par  P.  Ruppert, 
Conseiller  Secrétaire  Général  du  Gouvernement,  Greffier  de  la  Chambre 
des  Députés  et  Secrétaire  du  Conseil  d'Etat.  188i)  à  1891.  Luxembourg, 
Imprimerie-JÀbralrie  de  la  Cour,  V.  Bilck.  L.  Biick,  successeur^  Rue  du 
Curé.  1891. 

739.  —  La  Procession  dansante  d'Echternach.  Par  Godefroid  Kurth. 

Dans  la  Revue  Géfiérak.  Bruxelles,  Haencn,  août  187(3. 


740.  —  Rapport  général  sur  l'état  de  l'agriculture  dans  le  Grand-Du- 
ché, de  1839  à  1880,  par  Eug.  Fischer,  Président,  et  J.  P.  J.  Koltz,  secré- 
taire de  la  Commission  d'agriculture.  (31  Décembre  1891.) 

528  pp.  —  La  couverture  porte  :  Statistique  historique  du  Grand  Duché  de  Luxembourg. 
Agriculture.  Etat  général  de  l'agriculture,  de  18.39  <>  1889.  — Service  agricole  de  1881  (i  1893. 
(15  Janvier  1895.)  Luxembourg.  —  Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Bùck.  Léon  Buck, 
successeur. 

741.  —  Recueil  général  en  matière  de  Notariat  et  de  Jurisprudence 
pour  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  rédigé  par  IVP'  Schon,  ContnMeur 
garde-magasin  du  timbre,  avec  le  concours  de  plusieurs  magistrats  et  ju- 
risconsultes. Luxembourg,  1867-1874,  3  vol. 

742.  —  Remarques  critiques  sur  l'histoire  de  Saint- Willibrord,  arche- 
vêque des  Frisons.  Traduit  de  l'allemand  du  docteur  Binterim,  par  P.-F.- 
X.  De  Ram.  Louvain,  1831. 

In-S",  de  17  pp.  —  Extrait  du  Nouveaii  Conservateur  belge. 

743.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  —  Le 
Gouvernement,  le  Conseil  d'Etat  et  la  Chambre  législative  du  Grand-Du- 
ché de  Luxembourg,  de  1881  à  1889,  et  la  représentation  de  la  province 
de  Luxembourg,  de  1815  à  1839,  d'après  les  documents  officiels  par  P. 
Ruppert,  Conseiller  Secrétaire  Général  du  Gouvernement,  Secrétaire  du 
Conseil  d'Etat  et  Greffier  de  la  Chambre  des  Députés.  15  septembre  1889. 
Lu.xembourg.  Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Biick,  rue  du  Curé,  5. 

239  et  V  pp. 

744.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  —  La 
situation  de  l'industrie  et  du  commerce,  de  1839  à  1889,  par  Ed.  Metz, 
Président  et  Ch.  Gemen,  secrétaire  de  la  chambre  de  commerce.  31  Dé- 
cembre 1889.  Luxembourg.  Imprimerie  de  la  Cour,  Y.  Biick,  rue  du 
Curé,  5. 

115  pp. 

.745.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  — 
L'administration  des  contributions  directes,  accises  et  cadastre,  de  1839  à 
1889,  par  M.  Mullendorft,  Directeur  de  l'administration,  l^--  octobre  1889. 
LAi.xembotirg.  Imprimerie  de  la  Cour,   V.  Biick,  rtie  du  Curé,  5. 

70  pp. 

746.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  — 
Hospice  central  d'Ettelbrûck.  —  Assistance  des  infirmes  indigents.  Ré- 
gime hospitalier  et  légal  des  aliénés.  1815-1889.  Par  le  D^  A.  Buffet,  Mé- 
decin-Directeur de  l'Hospice  central.  15  Novembre  1889.  Luxembourg. 
Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Biick,  rue  du  Curé,  5. 

141  pp. 


747.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  — 
L'administration  de  l'Enregistrement  et  des  Domaines,  de  1839  à  1889, 
par  Em.  Faber,  Directeur  de  l'administration.  (31  mars  1890).  Luxem- 
bourg. Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Biick,  rue  du  Curé,  5. 

88  pp. 

748.  —  Statistique  historique  du  Grand-Duché  de  Luxembourg.  —  Le 
service  de  la  recette  générale  et  la  comptabilité  de  l'Etat,  de  1839  à  1889, 
par  X.  Leclerc,  Caissier  de  la  Recette  Générale.  1^"^  octobre  1891.  Luxem- 
bourg. Imprimerie  de  la  Cour,  V.  Biick,  rue  du  Curé,  5. 

98  pp. 

749.  —  Supplément  au  n°  43  du  journal  La  Cote  libre.  —  Rapports  et 
sentence  du  comité  de  justice  de  la  presse  dans  l'affaire  Mandel  contre 
Victor  Tesch  et  Consorts,  administrateurs  de  la  Grande  Compagnie  du 
Luxembourg.  —  Plainte.  —  Rapports.  —  Annexes.  —  Prix  :  20  centi- 
mes. Bruxelles,  imprimerie  spéciale  de  la  Cote  libre^  rue  du  Peuplier,  1.  — 
187'2. 

Petit  in-40,  de  3(5  pp.  à  2  colonnes. 

750.  —  Le  travail  des  ouvriers,  femmes  et  enfants,  dans  le  Grand- 
Duché  de  Luxembourg,  par  Alexis  Brasseur,  Docteur  en  droit.  Luxem- 
bourg. Imprimerie  de  la  Cour.,  V.  Biick,  Léon  Biick,  successeur.  1890. 

16  pp. 

751 .  —  Traité  de  droit  public  du  Grand-Duché  de  Luxembourg,  par 
Isl.  Eyschen.  Observations  publiées  sur  cet  ouvrage  dans  la  Liixemburger 
Zeitutig.  Luxembourg.  Imprimerie  Th.  Schroell.  1890. 

55  pp. 

752.  —  La  vie  de  Saint  Hubert,  écrite  par  un  auteur  contemporain  ; 
publiée  d'après  un  manuscrit  du  grand  séminaire  de  Namur,  par  Charles 
De  Smedt.  Bruxelles,  Hayez,  1878 

In-80,  de  45  pp.  —  Extrait  du  Compte-rendu  de  la  Commission  royale  d'histoire. 

753.  —  Les  vingt-cinq  codes  de  la  Législation  Luxembourgeoise,  par 
Gontier-Grigy,  J^irecteur  d'assurances. 

Juger  en  équité  et  non  en  droit,  c'est  suivre  sa  conscience  du  moment,  sauf  appel  tardif 
à  celle  du  lendemain.  C'est  la  paresse  qui  prend  ses  aises. 

—  Troisième  édition  (sur  le  même  plan  que  celles  de  1842  et  1860, 
mais  entièrement  refondues.)  Luxembourg,  J.  Joris,  Imprimeur -Editeur . 
1872-1875. 


—  oàù   — 


754.  —  Engelhardt.  —  Geschichte  der  Stadt  und  Fesstung  Luxemburg. 
Luxenièurg,  1850_,  in-12, 

755.  —  Organ  des  Vereins  fur  christliche  Kimst  in  der  Diocèse  Luxem- 
burg. Luxemburg,  1861-1882  ....,  in-8°,  planches. 

756.  —  Ons  Hémecht.  Organ  des  Vereines  fur  Luxemburger  Geschichte, 
Litteratur  und  Kunst.  Luxemburg.  Druck  von  P.  Worré-Mertens, 
Maria-Thercsicn-Sirasse .  N°  1,  1  Januar  1895. 

Die  Vereinsschrift  erscheint  vorlaùfig  am  1  jeden  Monates,  16-24  Seiten  stark.  Dieselbe 
wird  allen  Mitgliedern  gratis  zugestellt  :  fur  Nichtrereinsangehôrige  betriigt  der  jahrli- 
che  Abonnementspreis  F.  7.50  (Mk  B).  —  Aile  Rechle  vorbehalten. 

757.  —  Règlement  des  cours  normaux  annexés  à  l'école  primaire 
supérieure  du  Gouvernement  à  Virton. 

Dans  le  Rapport  triennal  sur  la  situation  Je.  l'instruction  primaire  en  Belgique  et  sur  l'exé- 
cution de  la  loi  organique  du  23  septembre  1842,  présenté  aux  Chambres  législatives,  par  M.  F. 
Piercot,  Ministre  de  l' Intérieur ,  le  8  mai  1854. —  Troisième  période  trientiale.  —  1849  —  1850 
—  1851.  —  Bruxelles,  Emm.  Devroye,  imprimeur  du  Roi,  40,  rue  de  Louvain.  (S.  d.),  in- 
folio, pp.  126-128. 

758.  —  Circulaire  de  l'inspecteur  de  la  province  de  Luxembourg  (Tan- 
del)  contenant  le  programme  des  matières  à  traiter  dans  les  conférences 
d'instituteurs.  30  juin  1847. 

Ibid.,  pp.  153-160. 

759.  —  Circulaire  de  l'inspecteur  de  la  province  de  Luxembourg  (Tan- 
del)  contenant  un  complément  au  programme  des  matières  à  traiter  dans 
les  conférences  d'instituteurs.  27  juin  1848. 

Ibid.,  pp.  160-165. 

760.  —  Circulaire  de  l'inspecteur  de  la  province  de  Luxembourg  (Tan- 
del)  contenant  un  deuxième  complément  au  programme  des  matières  à 
traiter  dans  les  conférences  d'instituteurs.  28  octobre  1848. 

Ibid.,  pp.  165-166. 

761 .  —  Circulaire  de  l'inspecteur  de  la  province  de  Luxembourg  (Tan- 
del)  contenant  un  troisième  complément  au  programme  des  matières  à 
traiter  dans  les  conférences  d'instituteurs.  31  mai  1850. 

Ibid.,  pp.  166-169. 

Dans  cette  circulaire,  adressée  par  M.  Tandel  aux  inspecteurs  cantonaux,  on  remarque 
le  pass.ige  suivant  : 

«  Vous  avez  pu  lire,  Monsieur  l'Inspecteur,  dans  le  dernier  rapport  triennal,  à  la  fin 
du  chapitre  III,  que  le  Luxembourg  figure  en  tête  des  provinces  qui  se  présentent  le  plus 


—  336  —. 

favorablement  sous  le  rapport  du  degré  d'instruction  des  élèves.  Vous  voudrez  bien  faire 
connaître  ce  passage  aux  instituteurs  et  leur  recommander  de  faire  tous  leurs  efforts  pour 
que  notre  province  conserve  cette  position  distinguée.  » 

162.  —  Province  de  Luxembourg.  —  Modèle  de  délibération  à  prendre 
par  les  conseils  communaux  dans  le  but  de  régulariser  l'enseignement 
religieux  dans  les  écoles,  ainsi  que  la  fréquentation  des  offices  divins 
par  les  élèves. 

/d/J.,  pp.  218-219. 

763.  —  Godefroid  Kurth,  professeur  à  l'université  de  Liège,  lauréat  du 
concours  quinquennal  d'histoire.  (Portrait  et  texte). 

Dans  Le  Patriote  illustré.  Bruxelles,  24  mai  1891,  pp.  241  et  249-50. 

764.  —  M.  Orban  de  Xivry,  gouverneur  du  Luxembourg.  (Portrait  et 
texte.) 

Ibid.,  6  décembre  1891,  pp.  589  et  597. 

765.  —  L'Eglise  de  Saint-Hubert.  (Gravures  et  texte.) 

Ibid.,  18  septembre  1892,  pp.  456,  461  et  463. 

766.  —  M.  le  baron  de  Gerlache,  le  premier  président  de  la  conférence 
de  Saint- Vincent-de-Paul,  à  Bruxelles.  (Portrait.) 

Ibid.,  20  novembre  1892,  pp.  568-569. 

767.  —  Saint-Hubert  chassant  dans  la  forêt  de  Soignes.  (Gravure).  — 
La  Chasse  de  Saint-Hubert.  (Texte.) 

Ibid.,  21  mai  1894,  pp.  242  et  246. 

768.  -  La  théorie  de  N.-R.  Brùck. 

Dans  La  Chronique,  Gazette  quotidienne.  Bruxelles,  13  décembre  1893. 
Article  signé  :  Karx.\c. 

769.  —  De  Liège  à  Verviers,  Spa,  Stavelot  et  Vielsalm...  Viel-Sam.  — 
L'Ourthe  et  l'Amblève.  De  Liège  à  Trois-Ponts  et  de  Comblain  à 
Laroche...  Bomal.  Barvaux,  Durbuy.  Melreux.  Laroche.  —  De  Jemelle 
à  Libramont,  Longlier-Neufchâteau  et  Arlon.  Libramont.  Neufchâteau. 
Arlon.  —  De  Libramont  à  Bastogne  et  Houffalize.  Bastogne.  Bourcy. 
Houffalize.  —  Les  bords  de  la  Semoys.  Florenville.  Ruine  de  rAbba3'e 
d'Orval  (gravure  sur  bois).  Laiche.  Chassepierre.  Sainte-Cécile.  Herbeu- 
mont.  Mortehan.  Cugnon.  Auby.  Dohan.  Bouillon.  Vue  du  Château  de 
Bouillon  (gravure  sur  bois).  Corbion.  Poupehan.  Rochehaut.  —  Le  Grand 
Duché  de   Luxembourg.  Luxembourg.  Environs  de  Luxembourg.  —  De 


—   oo7   

Luxembourg  à  Ettelbruck,  Diekirch,  Vianden,  Echternach  et   Trêves 
Ettelbruck.  Diekirch.  Vianden.  Echternach. 

J.-B.  DOURET. 


••H^r-4K" 


TABLE   ONOMASTIQUE 


Aalberyk,  S',  261. 

Abraham,  Frère,  248,  285. 

Aisne,  311. 

Albe,  duc  d',  313. 

Albert,  Archiduc,  257. 

Alexandre,  J.,  282,  210. 

Alexis,  M.  G.,  287. 

Allamont,  Jean  d',  238,  247. 

Allamont,  M^  d',  239. 

Allemagne,  280. 

Alost,  285. 

Aîtmeyer,  J.  J.  242,  269. 

Alton  aux  Ardennes,  général  d', 

234. 
Alvin,  A,  223. 
Alzette,  251. 

Amblève,  221,  250,  251,  236. 
Amherd,  Aloysius,  217,  268,  283. 
Andaïn,   Andaïnum  (S'   Hubert), 

329. 
André,  328. 

André,  Henri  Barth,  269. 
Ansart,  322. 
Anselme,  le  Père,  280. 
Ansembourg,  230,  249. 
Anvers,   225,   238,  248,   263,  280, 

285. 
Ardenne  ou  Ardennes,  214,  218, 

219,  220,  225,  230,  231,  240,  245, 

260,  263,  267,  270,  273,  278,  282, 

290,  295,  299,  307,  324. 
Ardenne,  Jean  d',  223. 
Arenberg,  prince  d',  250. 
Arendt,  professeur,  311. 
Aresso,  d',  2;î8. 
Arlon,  2^5,  221,  225,  227,  229,  240, 

242,  267,  269,  274,  275,  294,  328, 

336. 


Arlon,  Marquisat  d',  254. 

Arlon,  N.  D.  d',  326. 

Arnet,  Maurice  d',  300. 

Arnould,  306. 

Arnould,  C"^  de  Chiny,  220. 

Arnoult,  Jean  d',  309. 

Aroulx,  220. 

Artois,  Maison  d',  272,  291. 

Assenois,  322. 

Athus,  230,  326. 

Auby,  222,  336. 

Auflance,  321. 

Augoyat,  lieutenant,  270. 

Austrasie,  217,  259. 

Autriche,  Autrice,  Jean  d',  242. 

Aveugle,  Jean  1',  224,  259. 

Avioth,  321 . 

Aye,  246. 

Bagneris,  248. 

Baillet,  Maximilien  de,  255. 

Balthazar,  Gérard,  306,  311. 

Bar,  276. 

Bar  le  Duc,  229,  256. 

Barbanson,  J.,  234. 

Bardenbourg,  252. 

Bar  est,  Eug.,  286. 

Barnave,  304. 

Barreau,  239. 

Barrois,  218 

Bàrsch,  G.,  243. 

Barthélémy,  304. 

Barvaux,  223,  336. 

Basse  Moûturie,  259. 

Bastogne,  221,  240,  242,  251,  253, 

267,  296,  328,  336. 
Batte,  Vallée  de  la,  248. 
Baugniet,  275. 
Bayle,  292. 


—    oo9 


Bayonville,  262. 

Baze,  296. 

Beauffort,  Maison  de,  272. 

Beaujean,  Romain,  279. 

Beaulaincoiirt,  306. 

Beaiilieu,  de,  oll. 

Beaumont  en  Argonne,  278. 

Beaurieu,  chanoine,  258. 

Bédoyère,  O'  de  la,  302. 

Beeckman,  217. 

Bellefontaine,  322. 

Bende,  269. 

Bentzerardt,  Ch.  H.  de,  288. 

Berger,  N.,  294. 

Berlin,  227. 

Bertelio,  255. 

Bertholet,  S.  J.,  255,  256. 

Bertieri,  274. 

Bertrix,  222,  240. 

Berwart^  château  de,  244. 

Bétange,  278. 

Beyerlinck,  Laurentius,  263. 

Beziers,  227. 

Bièvre,  Bivera,  281,  321. 

Binterim,  333. 

Birnbaum,  V.,  328. 

Bitbourg,  Bidbourg,  221,  242. 

Bivort,  J.-B.,  240,  259. 

Bizot,  P.  A.,  252. 

Blagny,  321. 

Blanc,  Louis,  305. 

Blankenberghe,  285. 

Blocklandt,  273. 

Bockholtz,  328. 

Body,  Albin,  246. 

Bohême,  229. 

Boileau,  315. 

Bois  du  Beauchesne,  vicomte  de, 

302. 
Bornai,  336. 

Bon  et  le  Bois  de  Outre-Onne,  220. 
Bonaventure,   le   Père  ou   Henri 

Remy  Mirchout,  244,  255,  256. 
Bonn,  227. 


Bonnardeau-Henkart,  228. 

Bonnevoie,  280. 

Borgniet,  A.,  251. 

Bomian,  224. 

Borthon,  Hilaire,  280. 

Boset,  309,  326. 

Bouillon,  220,  221,  224,  230,  239, 

24i,  242,  265,  276,  328,  329,  336. 
Boulanger,  295. 
Bour,  V.,  249. 
Bourcy,  336. 
Bourdon,  300. 
Bourgogne,  290. 

Bourguin  Marie  Scholastique,  280. 
Braas,  214. 

Brabant,  218,  264,  270,  278. 
Braine,  220. 
Braine-le  Comte,  248. 
Brantwyck,  Peter  van,  273. 
Brasseur,  D"",  334. 
Brassine,  230. 
Bremond,  Alphonse,  272. 
Bretagne,  240. 
Brétex,  Jacques,  305,  306. 
Breton,  310. 
Breux,  321. 
Breu vanne,  322. 
Brimeyer,  J.  P.,  257. 
Broquardt,  Jacques,  Père,  271. 
Bronn,  V.,  270,  308. 
Bronze,  la  Vallée,  246. 
Brosius,  abbé,  261. 
Broyés,  256. 
Bruck,  N.  R.,  336. 
Bruges,  225,  285. 
Bruining,  G.,  224. 
Brune,  303. 
Bruno,  Marc,  267. 
Bruxelles,  217,  222,  227,  238,  285, 

311. 
Bruyère,  de  la,  302. 
Buffet,  Ds  333. 
Busch,  Michel,  223. 
Busbach,  Sœur  Monique  de,  309. 


._  :}4o  _ 


Busbarch,  Marguerite,  .'509. 

Buschmann,  J.  Ern.,  '■211. 

Buydens,  214. 

Burnet,  évèque  de  Salisbury,  olO. 

Bii;^v,  t2:58,  '2 il. 

Cadry,  J.-B.,  219. 

Cajiis  Igiila,  César  Caligula,  226. 

Caligny,  Hue  de,  270. 

Calmet,  dom  Aug.,  276. 

Cambray,  280. 

Campenhout,  266. 

Campine,  240,  247,  274. 

Capefigue,  301. 

Capitaine,  L.,  227. 

Caprasse^  E.,  327. 

Carignan,  220. 

Carlsbourg,  Saussure,  325. 

Casagny,  J.  Ferd.  Poncin  de,  219. 

Casaquy,  Poncin,  219,  295. 

Cauchy,  290.     . 

Célestin,  abbé,  256. 

Chalon,  R.,  297. 

Champeenetz,  303. 

Champion,  246. 

Chanlair,  P.'S.,  226. 

Chapuis,  P.,  237,  280. 

Charleroy,  224,  285. 

Charles,  Alexandre  duc,  229. 

Charles,  duc  de  Luxembourg,  229. 

Charles,  E.,  328. 

Charles  II,  236. 

Charles  IV,  226,  312. 

Charles  V,  237,  260,  271,  312,  318. 

Charles  VI,  313. 

Charles  VIII,  306. 

Charles-le-Hardi,  316. 

Charles-le  Téméraire,  306. 

Chamois,  323). 

Chassepierre,  222,  336. 

Chasteauvillain,  256. 

Chateaubriand,  de,  220,  305. 

Chatillon,  320. 
Chaudfontaine,  245. 
Chauvenci,  tournoi  de,  305. 


Chauvency-le-Chateau,  321 . 

Chiers,  251 . 

Chimav,  312,  315. 

Chiny,'213,  217,  220,  222,  223,  231, 

234,  236,  241,  242,  248,  252,  254, 

260,  267,  274,  279,  284,  290,  294, 

324. 
Chinv,  Comté,  261,  284. 
Chiny,  forêt  de,  322. 
Choisy,  327. 
Chooz,  258. 
Christiani,  284. 
Cielle,  246. 

Clairefontaine,  227,  236,  243,  252. 
Clairevaux,  296. 
Clavareau,  Aug.,  223. 
Clément,  Charles,  218,  237,  270 
Cl er vaux,  280. 
Clomes,  P.,  249. 
Clotte,  285. 

Cobré ville,  Seigneurie,  277. 
Collm  de  Plancy,  287. 
Colpach,  25  i,  255. 
Comblain  au  Pont,  245. 
Condroz  au  Luxembourg,  274. 
Conques,  321. 
Conrard.  L,  252. 
Conter,  225. 
Coomans,  225. 
Copenhague,  238. 
Corbion,  336. 
Coremont,  croix  de,  246. 
Court,  304. 
Courte] oie,  258. 
Courtois,  Richard,  308. 
Crantz,  baron  de,  276. 
Crépin,  François,  220,  293. 
Créqui,  marquis  de,  259,  312. 
Crespin,  abbé  de,  318. 
Crolly,  220. 
Croy^  Philippe,  300. 
Cugnon,  222,  236. 
Cupere,  Martin  de,  316. 

Cygne,  Chevalier,  273. 


—  341  — 


Damvillers,  221,  242. 

Danemarck,  Danemarque,  242. 

Danseau,  G^^^  o-21. 

Danseau,  P^%  321 . 

Dasnoy,  238. 

Daufresne  de  la  Chevalerie,  245, 

285,  290,  295. 
Defrenne,  239. 
Delahaut,  Ch.  Jos.,  217. 
Delft,  31 1 . 

Delhasse,  Félix,  219,  257 
Delmotte,  Philibert,  306. 
Delmotte,  Henri,  306. 
Delogne,  Ch.  H.,  252,  274. 
Demkerive  de  Villecley,  239. 
Denis  du  Pin,  S',  285. 
Desmoulin,  C,  303. 
De  Thier,  Léon,  330. 
Deux-Ponts,  234. 
Deventer,  Jacques  de,  221. 
Devillers-Bodson,  323. 
De  Vos,  André,  330. 
De  Vos,  Pauline,  294. 
Dewalque,  215,  237,  245. 
Diana,  236. 
Diekirch,  221,  242,  257,  298,  308, 

336. 
Diedier,  échevin,  264. 
Diedenhoven,  J.,  225. 
Dinant,  219. 
Dohan,  336. 
Dommartin,  Paul,  219. 
Donatus,  263. 
Dondelinger,  249; 
Donneau  de  Visé,  260. 
Douai,  227. 

Douret,  J.-B.,  258,  328. 
Doyen,  chanoine,  328. 
Doyen,  F.,  309 
Dreux,  256. 

Du  Bois  de  Beauchesne,  302. 
Dubois,  F.  310. 
Duchesne,  253,  256. 
Duhaivuriin,  288. 


Dujardin,  Henri,  28:3. 

Dulaure,  304. 

Dumont,  223,  270,  283,  290. 

Dumont,  J.-P.,  237. 

Dumoulin,  262. 

Du  Perron,  237. 

Du  Plessis-l'Escuyer,  242. 

Dupont,  E.,  294.' 

Duprel,  311. 

Dupret,  307. 

Durbuy,  219,  221,   223,  232,  242, 

2  45,  290,  295,  336. 
Du  Rier,  260,  283. 
Dusarr,  Edouard,  285,  293. 
Dussaulx,  303. 
Dutreux,  299. 
Duyst,  Den.,  278. 
Echternach,  Epternach,  221,  236, 

242,  260,  2(37,  273,  282,  284,  292, 

329,  336. 
Echternach,  abbé  d',  264. 
Ecuy,  abbé  1',  217. 
Eife'l,  24'.. 
Eisch,  248. 
Eligius,  SS  263. 
Eli,  seigneur,  254. 
Eltwill,  :}U0. 

Engelspach-Larivière,  237. 
Engelhardt,  335. 
Enghng,  J.,  248. 
Ensch,  Xuma,  243. 
Epioux,  forges  d',  323. 
Erasmy,  331. 
Erenz  les  deux,  251 . 
Eniiesinde,  258. 
Ernst,  214,  232. 
Ernst,  S.  P.,  chanoine,  239. 
Erpelding,  258. 
Esch  sur  la  Sûre,  280. 
Eschiae,  230. 
Escombre,  220. 
Esneux,  219. 
Espienne,  c""  d',  310. 
Esquiros,  Alph.,  305. 


23 


342  — 


Etalle.  :W6. 

Ethe,  326. 

Ettelbriick,  33G. 

Evnaten,  Ss'  de  Harcé,  236. 

Eyschen,  Cari.,  292. 

Eyschen,  D^  327,  3;U. 

Faber,  334. 

Fabro,  A.  G.,  247. 

Faj^nes,  les,  251. 

Falkenstein,  2{)(). 

Fallon,  F.,  214. 

Famiano,  R.  P.,  260. 

Farnèse,  Alexandre,  260. 

Favereau,  Michel,  Ch.  Jos.,  269. 

Fays,  248. 

Fécamp,  327. 

Feller,  abbé  de,  251,  261,  296. 

Felsenhart,  J  ,  265. 

Feltz,  267. 

F'erraris,  226. 

Ferron,  J.-P.,  24Ô. 

Fischer,  333. 

Flandre,  218,  236,  278,  291. 

Fleischer,  219. 

Florange^  Josine,  283. 

Florenville.    276,    322,   323,    326, 

336. 
Florus,  249. 
Folie.  M.,  278. 
Foncq,  313. 

Fontaine,  J,  chanoine,  309. 
Fontaine,  Alarg.  Joseph  de  la,  243. 
Fontaine,  gouverneur,  275. 
Fontaine,  Marie,  280. 
Fontenoille,  320. 
Fosse,  Jean  de  la.  265. 
Foy,  N.-D.  de,  232. 
France,  217,  222,  225,   227,  233, 

23«),  237,  270,  280. 
François  André,  248. 
François,  Dom.  Jean,  238. 
Franzenberg,  248. 
Frédéric,  0%  236. 
Frédéric,  Maurice  de  la  Tour,  226. 


I^'renoy,  du,  300. 

Freyr,  forêt  de,  261 . 

Froumy,  321. 

Fuss,  Th.,  302. 

Gachard,  232,  275,  278,  ;îl2,  316. 

Galesloot,  223. 

Gallardon,  Martin  de,  286. 

Gand,  227,  255,  285. 

Gangler,  J.-P.,  263. 

Gaule  Belgique,  217. 

Gautier.  303. 

Gazzaniga,  274. 

Geloes.  C"^  de,  252. 

Geniblous,  333. 

Gendbrugge,  220. 

Gens,  E.,  222,  265.  285,  296,  308. 

Genty,  curé,  Mons,  258. 

Geoffroy,  329. 

Gerardi',  215,  275,  380. 

Gerlache,  baron  de.  217,  223,  257, 

296,  316,  336. 
Gerlache,  Etienne,   Constant  de, 

217,  223,  239,  245,  277. 
Gerlache,  Eugène  de,  273. 
Germiry,  321 . 
Geromont,  290. 
Gerouville,  290,  321.  322. 
Gillain,  214. 

Gilles,  de  Montmédy,  232. 
Givet,  230,  250,  326. 
Glaesener,  Michel.  275,  27(),  278, 

307. 
Gloden.  266. 
Gloesener,  223. 

Godefroid  de   Bouillon,  273,  313. 
Godefroy,  312. 
Gotbbels,  L  ,  331 . 
Goffinet-Salle.  J.  B.,  284. 
Goffinet,  Hippolyte,  227. 
Gonçales,  D.  de  Cordua,  240. 
Goncourt,  Edm.  et  Jules.  301 ,  305. 
Gorlitz,  Elizabeth  de,  316. 
Gottschall,  260. 
Gourcv,  280. 


34^ 


Grand-Halleux,  279. 

Grave-Macheren,  221,  242. 

Gravet,  F.,  232,  274. 

Gravez,  M"%  295. 

Gravrand,  F.,  287. 

Greid,  Jean  de,  223. 

Greisch,  248. 

Grevenmacher,  248. 

Grigy,  334. 

Grimbergue,  294. 

Grobbendoncq,  baron,  273,  290. 

Grooters,  214. 

Gueldres,  291,  314. 

Guillaume  d'Orange,  265. 

Guillain,  Jules,  321. 

Guillaume  I,  239. 

Guillaume,  Colonel,  254. 

Guillerez,  A.-F.,  265. 

Habay,  326. 

Hadelin,  258. 

Hainaut,   Haynau,  218,  238,  273, 

278,  291,  295,  314. 
Hallet,  abbé,  329. 
Han,  219. 

Han  sur  Lesse,  245. 
Hanus,  Désiré,  326,  327,  328. 
Harbonnier,  277. 
Harcé,  Harzé,  236. 
Hatois,  321 . 
Haulleville,  223. 
Havelange,  235. 
Havelange,  J.,  261,  262. 
Haynau,  218. 
Hayons,  Thomas  des,  247. 
Heid,  295. 
Helbig,  H.,  294. 
Heldringen,  254. 
Henckels,  Aug.,  221,  249. 
Henri,  252. 

Henri,  C"^  de  Bar,  291. 
Henri,  C"^  de  Luxembourg,  291 . 
Henri  de  la  Tour,  220. 
Henri  le  Docte,  246. 
Henry,  Henri  Michel  Busch,  223. 


Henry,  J.  A.,  curé,  225,  269. 
Herbeumont,  323,  336. 
Herbeuval,  321. 
Hermitage,  St-Thibaut,  246. 
Herpain,  D^,  329. 
Hertzrodt,  279. 
Hesse-Darmstadt,  225. 
Hest,  273. 
Heure,  Eau  d',  251. 
Heuschling,  226. 
Heuschling,  Etienne,  245. 
Heuschling,  J.  B.,  300. 
Heynen,  D^  W.,  325. 
Hickmann,  Robert,  dom,  263. 
Hobscheid,  248. 
Hodister,  326. 

Hotfschmidt,  Arth.  d',  249,  328, 
331. 

Hogheur,  trou  de,  295. 

Hollande,  226. 

Hollenfeltz,  249. 

Holsthum,  232. 

Hommanus,  241. 

Hongrie,  reine  de,  222,  229. 

Hospitalii,  Michaelis,  301. 

Hotton,  246. 

Houffalize,  Hofalize,219,22l,  223, 

242,  296,  336. 
Hourt,  328. 
Hoyaux,  le,  251. 
Hoyoux,  221. 
Huart,  famille  d',  276. 
Huart,  baron  d',  297. 
Huart,  Em.,  278. 
Humain,  262. 

Hutin,  Frère  Macedone,  225,  328 
laillot  Hubert.  241. 
lainville,  218. 

Igel,  226,  248,  273,  296,  311. 
Ivoy,  242. 
Izel,  234,  322. 
Jacoby,  327. 
Jacquelart,  244. 
Jamoigne,  276,  322,  323. 


Jamotle,  'iT.'». 

Janin,27:î,  t>S:î. 

Joantin/217, 231,  250,254/207,296. 

Jeanty,  I>,  :î28. 

Jemelle,  ;^27,  ;î36. 

Jenneret,  2(i9. 

Joachini,  Pierre,  Dominique,  22i, 

2;il),  2i!). 
Joinville,  Jainville,  218. 
Jolv,  V.,  220. 

Jonghe.  J.  B.  de,  217,  219,  291,  308. 
Joseph  II,  245,  264. 
Joiiy,  220. 

Juan  d'Autriche,  don,  218,  240. 
Jupille,  246. 

Juste,  Théodore,  223,  2 48. 
Karger,  abbé,  300. 
Kasthofer,  270. 
Keiffer,  M.  D.,  221,  272. 
Keiffer,  288.     . 

Kessel,  chevaher  P.  N.  de,  224. 
Kihan,  P.  A.,  255. 
Klein,  Jacques,  219. 
Kleyr,  219. 

Kloepels,  gueiTe  des  paysans,  248. 
Koerich,  Koeurick,  236',  248. 
Kolbach,  244. 

Koltz,  J.  P.  J.,  267,  276,  333. 
Krafft,  J.  L.,  300. 
Krier,  J.  Bern.,  284. 
Kunigunde,  261. 
Kuntgen,  249.  253,  268,  295. 
Kurth,  Godefroid,  275,  330,  332, 

336. 
Kuystenbrouwer,  220. 
Lachatre,  302. 
Lacoste,  282. 
Lacuisine,  322,  324. 
Ladislas,  316. 
Laferté,  32 1 . 
Laforet,  J.  B.,  256. 
Lagarde,  Marcellin,  236,  254,  278, 

308. 
Lagrange,  220. 


La  Haye,  242. 
Laiche,  336. 
Lairtullier,  E.,  301. 
Laittres,  de,  273. 
Lamain,  Clément,  3)23. 
Lamartine,  A.  de,  305. 
Lambert,  G.,  288. 
Lambert,  S',  258. 
Lambertine  de  Mericourt,  260. 
Lamotte^  E.,  325. 
Lamotte-Langon,  302. 
Lamouilly,  3)21. 
Lancelct,"  D.,  220,  277. 
Landau,  270. 

Laroche,  219,  221,  225,  232,  242, 
245,  250,  260,  267,  299,  308,  336. 
Latour^  254. 
Laurent,  264,  287. 
Laurent.  J  ,  324. 
Laurent,  Ch.,  328. 
Lausanne,  311. 
Lavalleye,  Ed.,  232. 
Laveleye,  311. 
Leclerc,  C.  N.,  334. 
Leclerc,  Pierre  François,  269. 
Leclercq,  N   J.,  234. 
Lefèvre,  Victor,  246,  299. 
Le  franc,  272. 
Legrand,  245,  264. 
Leide,  227. 

Lejeune,  J.,  ministre,  272,  306. 
Lehèvre,  214. 
Lemaire,  214 
Lemaire,  Gustave,  284. 
Le  Mire,  308. 
Lentz,  P.  A.,  259. 
Lentz,  Théodore,  292. 
Leroux,  A.,  276,  291. 
Leroy,  Alphonse,  276. 
Leroy,  Stephen,  329. 
Les  Bulles,  322. 
Lesse,  la,  221,  251. 
Leuze,  abbé  de,  328. 
Leyder,  328. 


Leyder,  J.,  288. 

Liagre,  277. 

Libramont,  336. 

Liège,  2-17,  222,  223,  225,  227, 

238,  246,  250,  258,  269,  282, 
336. 

Liège,  évèché,  2-42. 
Liège,  université,  307. 
Lierre,  285. 
Liez,  N.,  237,  254. 
Liger,  A.,  332. 
Lille,  238. 

Limbourg-Hollandais,  226. 
Limbourg,  234,  242,  256,  264, 

291,  314. 
Limbourg,  Robert,  269. 
Limerlé,  283. 
Limes,  321. 
Linas,  De,  307. 
Linnée,  247. 

Linnéenne,  Société  ro3^ale  de, 
Loen  d'Enschéidé,  250. 
Loevenstein,  prince  de,  320. 
Loisel,  Félix,  230. 
Lomme,  la,  251. 
Lonay,  G.,  278. 
Londres,  237,  238. 
Longlier,  336. 
Loomans,  307. 
Lorent,  Théodore,  226. 
Lorrain,  231,  245. 
Lorraine,  217,  218,  229,  234, 

276,  311. 
Lotreich,  218. 
Louis,  272. 

Louis  c»-^  de  Chiny,  220. 
Louis  XIII,  220,  240,  315. 
Louis  XIV,  270. 
Louis  XV,  270. 
Louvain,  218,  260. 
Lowenstein-Wertheim,  222. 
Lucques,  237. 
Luxembourg,   athénée,   218, 

239.  2i9.  254.  279. 


234, 

299. 


269. 


236. 


90.- 


Luxembourg,  duché,  215,  216,  231 

234,  236,  240,  241,  255,  261,  265 

274. 
Luxembourg,  Grand  Duché,  216 

224,  226,  231,  237,  245,  247,  263 

269,  276,  279,  284,  290,  295,  312 

336. 
Luxembourg,  Comté,  218,  222. 
»       »        province,   214,  217 

222,  226,  232,  236,  249,  258,  263 

269,  273,  287. 
Luxemboijrg,   221,  223,  228,  231 

234,  242,  248,  250,  254,  256,  258 

260,  267,  269,  271,  291,  306,  308 

311,  314. 
Luxembourg,  ville,  214,  218,  231 

237,  239,  242,  255,  280,  283,  294 

310. 
Luxembourg,  Séminaire,  235,  243 

262. 
Luxembourg,  N.  D.,  221,  249,  253 

329. 
Luxembourg,  G^^^C'^  214, 230,  250 

271,  299. 
Luxembourg-Limbourgeoise,  265 
Luxembourgeois,  Almanach,  265 
Luxembourgeoise,  la,  266. 
Macette,  21^. 
Madrid,  238. 
Maes,  336. 
Maestricht,  227. 
Mahoni,  O"  O',  286. 
Maillart,  Jeanne,  O^''",  265 
Maissain,  234. 
Majeroux,  278,  290. 
Malaise,  C,  293. 
Malandry,  238,  247. 
Malcuit,  :»9. 
Malines,  285,  314,  316. 
Malou,  326. 
Malveau,  321. 
Mamer,  le,  251. 
Manbour,  23>9. 
Mandel,  334. 


346 


Mansfeld,  254,  273,  283,  295,  SU. 
Marchai,  F.  J.  F.,  233,  278. 
Marchand,  304. 
Marche,   221,  222,  242,  245,  246, 

261,  267,  283>,  291,  308,  328. 
Marchot,  214. 
Marci,  278. 

Marci,  François  de,  269, 
Marck,  la,  220. 
Marck,  Guillaume  de  la,  297. 
Marcour,  273. 

Margaretha  von  Busbach,  261 . 
Marguerite  d'Autriche,  269. 
Margut,  321. 
Margn}^  321. 

Maria  trôsterin,  268,  283,  298. 
:\Iarie-Thérèse,  268,  316. 
Marienthal,  249. 
Marlin,  279. 
Martelange,  327 
Martué,  322.    ' 
Marville,  242,  252. 

Marquardsen,  326. 

Mathieu,  Ad.,  303. 

Mathieu,  C-  J.,  287. 

Maugré,  Jean,  280. 

Mayence,  M.,  262. 

Méhaigne,  251. 

Meister,  238. 

:Melchior,  R.  P.  de  Movar.,  260. 

Melreux,  246,  316. 

Menestrier,  286. 

Menil,  322. 

Mennes  d'Effleur,  dom.,  280. 

Merlenvaux,  320. 

Mernier,  243, 

]Mérode,  Agnès  O"^  de,  238. 

Mesemacker,  263. 

Messancourt,  220. 

Mestriau,  J.  J.,  272. 

Metz,  Ed.,  333. 

Metz,  222,  225,  227,  230,  271,  318, 
319. 

Meurthe  et  Moselle,  263. 


Meuse,  221,   230,   234,   250,  251, 

263,  267,  271,  298. 
Meussin,  248,  323. 
Meyer,  A.,  259,  266,  280,  293,  297. 
Michaud,  302. 
Michaux,  214. 
Michel,  Mathias,  257. 
Michelet,  J.,  302. 
Mirchout,  Henri  Remy,  255. 
Middelbourg,  227. 
Mirabeau,  303. 
Mireniundiae,  240. 
Mirwart,  262. 
Mohimont,  280. 
Mohy  de  Rondechamp,  Remacle, 

279,  294. 
Moirv,  321, 
Môlk,  319. 
Moncornet,  E.,  236, 
Monselet,  Charles,  305. 
Montagnac,  Elizée,  220,  297. 

Montaigu  de  S»  Thibaut,  273. 

Montgaillard,  abbé,  296. 

Montjardin,  253. 

Montlibert,  321,        . 

Montmédy,  221,  231,  238,  242, 247, 
250,  254,  267,  277. 

Moreau,  P.-J.,  274. 

Morel,  N.-G.,  228. 

Morhange,  Eduard,  277. 

Mormont,  295. 

Mortehan,  222,  320,  336. 

Moselle,    215,  230,  248,  250,  251, 
263,  298, 

Mourlon,  Michel,  301. 

Mousel,  H.,  328. 

Mouzon,  217,  220,  240. 

Mouzon,  F.-A.,  248. 

Moyen,  322. 

Mozel,  234. 

Mozelane,  218. 

Mulder,  308. 

Muller,  Fr.,  217,  236,  239,  260, 

Mullendorff,  333. 


—  347  — 


Munchen,  Constantin,  244,  332. 

Muno,  320. 

Munsterensis,  227. 

Namur,  218,   219,   233,   234,   236, 

241,  246,  250,  258,  270,  273,  278, 

284,  285,  295,  299,  314. 
Namur,   A.,   227,   248,   252,   277, 

278,  290. 
Nancy,  227,  306. 
Nandrin,  219. 
Nassau,  242. 
Nassogne,  234,  267. 
Naviaux,  J.-B.,  323. 
Nederland,     Niederland,     Pays- 
Bas,  263. 
Nelis,  F.-C.  de,  308. 
Neny,  O^  de,  234. 
Nepomucène,   Henri-Jean,   baron 

de  Roodt,  276. 
Neiifchateau,  Neufchatel,  231 ,  242, 

274,  308,  320,  328,  3;]6. 
Neumann,  J.,  279. 
Neulimont,  322. 
Nève,  Félix,  245. 
New- York,  238. 
Neyen,  244. 
Neyen,  Aug.,  T)%  225,  252,  253, 

257,  264,  267,  277.  281,282. 
Nicolaï,  Ferd.,  295. 
Nimègiie,  270,  315. 
Noailles,  de,  318. 
Noblon,  H.,  288. 
Noël,  P.  A.  O.,  261. 
Nolin,  B.,  234. 
Norbert,  S*,  263. 
Normandie,  227. 
Nostradamus,  285. 
Nothomb,  baron,  221,   223,   232, 

248. 
Nothomb,  Alph.,  272,  275. 
Nothomb,  Major,  239. 
Noyers,  de,  315. 
Oberbillig,  311. 
Olim,  Xavier,  245. 


Olizy,  321. 

Omalius  d'Halloy,  275,  290. 

Orange,  d',  311. 

Orban  de  Xivry,  326,  336. 

Orchemundiae,  240. 

Orchimont,  Ursimons,  281. 

Orgeo,  323. 

Orval,  219,  227,  231,  244,  248,  250, 

252,  276,  294,  296,  317,  336. 
Orval,  abbé,  295. 

»        chronique,  231. 

»       croix^  235. 

»       forêt,  322. 

»        prophétie.  285. 
Osne,  321. 
Ostende,  285. 
Otfried  le  Saxon,  231. 
Our,  251. 

Ourte,  234,  246,  251,  307. 
Ourthe,  221,  250,  285,  293,  336. 
Paffenthal,  271. 
Palatinat,  234. 
Paliseul,  328. 
Paquet,  J.,  D^,  251. 
Paris,  225,  237,  280. 
Pari  sot.  Fr.,  287. 
Patoul  Fieuru,  Gust.  de,  222. 
Pauwels,  J.,  302. 
Pavillon,  Nie. -Georges,  253. 
Pays-Bas,  218,  224,  233,  262,  286. 
Pallaert,  Aug.  de,  293. 
Peetermans,  N.,  294. 
Peltier,  J.,  303. 
Perpignan,  237. 
Pescatore,  214,  222,  246. 
Petiet,  290. 
Petithan,  224. 
Perion,  304. 
Pfortzheim,    Phil.-Ch.,   255,    263, 

264. 
Phays  de  Moyen,  294,  323. 

»       de  Meuzin,  294. 
Philippe  II,  221,  315,  318. 
Philippe  IV,  315, 


-  :U8  — 


Pliilippe  de  France,  219. 
Philippe  le  Bon,  .'316. 
Picard,  Amélie,  248. 
Picard,  Edmond,  251,  324. 
Piddington,  John,  231. 
Piercot,  F.,  oSo. 
Pierre,  309. 
Piette,  263. 
Pimpurniaux,  251. 
Pinchard,  288. 
Piot,  Ch.,  241. 
Plessis,  Richelieu  du,  256. 
Podesta,  George,  225. 
Polain,  L.,  297. 
Poncin  Casaqu}^,  295. 
Poncin,  F.,  307. 
Pont  d'Oye,  296. 
Ponthieu,  André  de,  284. 
Poplimont,  P.-J.,  277. 
Poppo,  258. 
Populus,  303. 
Poraliée,  253. 
Pougens,  265. 
Poupehan,  336. 
Pourru-en-l'Aisne,  220. 
Pourru  les  Lebsois,  220. 
Poursumont,  323. 
Praslin,  315. 

Prat,  G. -F.,  254,  294,  328. 
Preisch,  271. 
Pré,  More,  323. 
Prémorel,  de,  308. 
Printz,  Charles,  234. 
Prisse,  colonel,  246. 
Proth,  302. 

Prud'homme,  L.,  303. 
Pruvost,  309. 
Pursomont,  391. 
Puy,  du,  227. 

Puydt,  Remy  de,  298,  331. 
Puydt,  Joséphine,  331. 
Guenon,  235. 
Quetelet,  Ad.,  278. 
Queu  de  Vache,  246. 


Racine,  315. 

Rago,  277. 

Rahlenbeck,  27 1,  327. 

Raingo,  247,  278. 

Ram,  P.  F.  X.  de,  239,  278,  333. 

Ranwet,  L.,  234. 

Rasse,  230. 

Rastadt,  319. 

Rancourt,  220. 

Razoumovski,  311. 

Recogne.  222. 

Redouté,  273,  283,  292,  330. 

Reichling,  J.-B.,  curé,  252. 

Reiffenberg,  231,  244,  257,  286. 

Reiffenberg,  baron,  300,  306. 

Reims,  220. 

Remacle,  abbé,  318. 

Remich,  Remerseren,  226,  327. 

Remouchamp,  245. 

Remusart,  286. 

Retainges,  220. 

Réunie';  A.  de,  325. 

Reuter,  258,  262. 

Reuter,  Emile,  282. 

Richard,  267. 

Richard,  Lucien,  332. 

Richelieu,  card.  de,  315. 

Rier,  P.  du,  260,  283. 

Rive,  Théodore  de,  330. 

Robert,  Ch.,  c",  220. 

Rochefort,  242,  245. 

Rochehaut,  336. 

Rocroy,  306. 

Roland,  curé,  328. 

Roland,  G,  M.,  276. 

Roodt,  248,  276. 

Rops,  Félicien,  219. 

Rosister,  230. 

Rossignol,  322. 

Rossignon,  264. 

Rossen,  Martin  de,  268. 

Rothe,  Jean,  259. 

Roulez,  P.  J.,  331. 

Roulez,  J.  E.,  275,  290. 


549  — 


Rousse],  1)24. 

Ruppert,  ;330,  331,  332,  333. 
Rys^^^ck,  319. 
Sablonnière,  32 1 . 
Sachy,  220,  321. 
Sailly,  321. 
S'  Bonifaas,  261. 
S"'  Cécile,  222,  320,  336. 
»        »       forêt,  320. 
S"^  Claire,  abbaye,  214. 
S*  Denis  du  Pin,  285. 
S'  Germain  en  Laye,  220. 
S'  Hubert,  évéque,  214,  256,  258, 

309,  328,  335. 
S«  Hubert,  abbaye,  214,  317. 
»     .  »         église,  336. 
S'  Hubert,  219,  221,  232,  234,  236, 

240,  242,  251,  267,  269,  293,  296, 

299,  326. 
S*  Huruge,  marquis  de,  303. 
S'  Léger,  275,  280,  326,  330. 
S<  Mard,  273. 
S^  Médard,  323. 
S'  Pierremont,  281. 
S'  Remacle,  258. 
S*  Thibaut,  246,  273,  326,  329. 
S'  Trond,  278. 
S«  Wilibrord,  261,  308. 
S'  Vith,  242,  293. 
Salm.,  231,  240,  251,  296,  308. 
Sampaix-Collin,  J.  P.,  234. 
Sanson,  241. 
Sapogne,  321. 
Sar,  234. 
Saxe,  238,  316. 
Schaan,  Félix,  237. 
Schaar,  Mathias,  278. 
Schannat,  J.  F.,  243,  254. 
Schieren,  252. 
Schmerling,  Ph.  C,  295. 
Schoetter,  J.,  257. 
Schon,  331,  333. 
Schon,  Michel,  331. 
Schônech,  297. 


Schouville,  Scouville,  Ph.    R.   P., 

2ii,  283,  2<)1,  309. 
Schwab,  308. 
Sedan,  220. 
Semois,  225,  251,  297,  303,   325, 

336. 
Servais,  J.  Gasp.  de,  271. 
Seutter,  Math.,  241. 
Sibenaler,  328. 
Signy,  321. 
Simon,  261. 
Siret,  Ad.,  257,  277. 
Smaland,  242,  252. 
Smedt.  Charles  de,  334. 
Smits,  Ed.,  266. 
Snellaert,  F.  A.,  282. 
Sohet,  258. 
Soleure,  309. 
Soleuvre,  296. 
Somptonne,  321. 
Soye,  295,  310,  321. 
Spa,  219,  250,  336. 
Spilett,  dom  N.,  269. 
Stappaerts,  Louisa,  299. 
Stavelot,  258,  269,  298,  336. 
Steininger,  245. 
Stevens,  265. 
Stheres,  P.,  261. 
Stiénon,  E.,  325. 
Stockholm,  281. 
Strada  Flamanus,  283. 
Straimont,  322. 
Suède,  281. 
Suleau,  303,  305. 
Sûre,  251. 
Surenne,  303. 
Suxy,  322. 
Taille  Medy,  322. 
Tailleroche,  271. 
Tandel,  E.,  222,  234,  265,  267,  278, 

289,  307,  327,  328,  335. 
Tapparel,  c'%  236. 
Teissier,  25:5. 
Termes,  322. 


350  — . 


Terquem,  263. 

Tervuren,  243. 

Terwecore,  Ed.,  329. 

Tesch.,  V.,  272,  306,  334. 

Theavilla,  301. 

Theodart,  S*,  258. 

Theofried,  249. 

Théroigne  de  Mericourt,  284,  301. 

Theux,  253. 

Thier,  de,  330. 

Thierry,  Aug.,  276. 

Thiers,  abbé,  232. 

Thionville,  221,  242,  253,  271,  306, 

315,  322. 
ïhirion,  214. 
Thonissen,  J.  J.,  277. 
Thonnelalong,  321. 
Thonneletil,  321. 
Thomielle,  232,321. 
Thoré,  Théophile,  219. 
Thorn,  214,  246,271. 
Thorn,  J.-B.,  259,  284. 
Thun,  de,  236. 

Thyes,  Féli^;,  225,  245,  266,  267. 
Tilf,  219,  245. 
Tilly,  c«%  312. 
Tinant,  L.  A.,  247. 
Tintigny,  322. 
Tongres,  218,  227. 
Toparchias,  240. 
Tornaco,  214,  234,  284. 
Torné-Chavigny,  H.,  285. 
Tournai,  227,  314. 
Tournaisis,  314. 
Trausch,  Valentin,  218,  219,  239, 

283. 
Trêves,  Trier,  225,  227,  230,  234, 

248,  250,  262,  311,  336. 
Trévirois,  279. 
Tridon,  G.,  305. 
Tri  eu  de  Terdonck,  240. 
Trois -Ponts,  336. 
Trou  des  Fées,  237. 
Trouet,  F.  L.,  329. 


Turenne,  v^*%  220. 

Turin,  237. 

Ulveling,  300. 

Ursel   duc  d',  290,  295. 

Vachet,  Ant.,  223. 

Vale,  240. 

Valerius,  Ant.,  233,  269,  274,  295, 

299. 
Valladier,  Ant.-F.,297. 
Van  Bastelaer,  D.,  252. 
Van  Bemmel.  Eug.,  221,  250,  251, 

252,  267,  277,  287,  305. 
Van   Bommel,  évéque   de  Liège, 

217. 
Van  Damme.  252. 
Vanderheck,  261. 
Van  der  Maelen,  Ch  ,  237,  260. 
Van  der  Maelen,  Ph.,  221. 
Vandervynckt,  240. 
Van  Doorslaer,  Hector,  225. 
Van  Eck,  236. 
Van  Hall,  308. 
Vannerus,  257,  279. 
Van  Rossum,  278. 
Vauban,  maréchal,  270;  ;)15. 
Vaux-Chavanne,  295. 
Vera,  237. 

Verdun,  218,  227,  231. 
Verheggen,  274. 
Verneuil,  G^  321. 
Verneuil,  F,  321. 
Verpoten,  J.  D.,  263. 
Verviers,  336. 
Vesdre,  221. 
Vetéravie,  237. 
Vianden,  221,  232,  240,  242,  254, 

275,  279,  288,  296,  336. 
Vielsalm,  221,336. 
Vienne,  232,  239,  264. 
Vigli,  308. 
Vigneul,  321. 
Vignier,  Nie,  253. 
Vignol,  323. 
Ville-Basse,  271. 


—  351 


Villenfagne  d'Ingihoul,  279. 

Villers,  250,  251. 

Villers  devant  OrvaL  296,  331. 

Villers  sur  Lesse,  282. 

Villiers.  304. 

Villy,  321. 

Vire   251. 

Viroin,  251. 

Virton,   215.   221,   237,   242,    248, 

278,  326,  32S. 
Visscher,  N.,  265. 
Vitu,  Aug.,  305. 
Voiart,  309. 
Vrolik,  308. 
Waeken.  J.-B  ,  291. 
Waha,  Guillaume  de,  247. 
Wahl,  Ch.  de,  237. 
Walcand,  évêque  de  Liège,  318. 
Walferdange,  287. 
Walerand   c'*^  de  Juliers,  291. 
Walter,  214. 
Warge,  251. 
Warker,  :>27. 
Warzée,  274. 

Wassebourg,  Richard  de,  218. 
Wasserbillig,  248,  311. 
Waterloo,  250.  251. 
Watinsart,  322. 

Waudemont,  Vaudemont,  218. 
Wéber.  Hubert,  26!. 
Wecker,  290. 


Weiland,  260. 
Wellin,  328. 

Wenceslaus,  duc,  292,  312. 
Wéris,  295. 
Wesemael,  273. 
Willemaers,  310. 
Willibrord,  S',  261,  263,  333. 
Wiltheim,  famille,  277. 

»  Alexandre,    227,    250, 

261,  264,  310. 
Wiltheim,  Christophe,  309, 

»  Guil.  P.,  292,  295. 

»  Henri,  2(51. 

»  Melchior,  309. 

Wiltz,  252. 
Wiltz,  Pierre,  268. 
Wirtgen,  306. 

Wocquier,  Léon,  230,  231,  296. 
Wodon,  274. 
Woepwres,  231,  2()7. 
Wolff,  249. 
Wùrth-Paquet.  290. 
Wùrth-(Weiler).  332. 
Wurtz,  abbé,  286. 
Wynant,  214. 

Yolanda  von  Vianden.  261,  310. 
Yserentant,  F.,  299. 
Yvois.  Yvoy,  240. 
Yvois-Carignan,  217. 
Zoude,  275. 


Inventaire  analytique 


quelques  docurrients  déposés  aux  archives  du 
château  de  13ettembourê. 


Les  documents  dont  nous  publions  ci-dessous  l'inventaire  ana- 
lytique se  trouvent  aux  archives  du  château  de  Bettembourg 
(canton  d'Esch,  Grand-Duché),  quoiqu'ils  ne  s'attachent  en  rien 
à  l'histoire  de  cette  seigneurie,  ni  à  celle  de  ses  seigneurs. 

Ils  semblent  y  avoir  été  déposés  dans  le  courant  du  19"ie  siècle 
seulement  et  provenir,  pour  la  plupart,  de  la  famille  Résibois 
d'Arlon. 

La  seigneurie-foncière  de  Bettembourg  appartenait,  à  la  chute 
de  l'ancien  régime,  aux  princes  de  Hohenzollern-Hechingen- 
Haigerloch. 

Dépouillée  des  droits  féodaux  par  la  Révolution,  cette  illustre 
famille  est  restée  néanmoins  en  possession  du  château  et  de  ses 
importantes  dépendances.  Le  6  mai  1807,  par  devant  le  notaire 
Godfrin,  de  Luxembourg,  Maximilien-Henri-Laurent,  comte  de 
Hoen  et  de  Neufchàteau,  époux  de  la  comtesse  Félicité-Thérèse 
de  Hohenzollern,  et  Godfroid  Hermans  de  Maestricht,  fondé 
de  pouvoirs  de  S.  Exe.  le  prince  Frcdéric-François-Xavier  de 
HohenzoUern-Hechingen,  lieutenant-général  de   cavalerie  et  con- 

24 


—     354     — 

seiller  intime  de  S.  M.  d'Autriche,  demeurant  à  Gracovie,  ven- 
diient  les  propriétés  de  Bettembourg  à  Cliarles-Joseph  Collart, 
mailre  de  forges  à  Dommeldange. 

François-Auguste-Joseph  Collart,  propriétaire  et  maire  à  Bet- 
tembourg, fils  de  feu  Charles-Joseph  Collart  et  de  Marie-Thérèse- 
Françoise  de  Donnéa(l)  épousa,  le  25  juillet  1820,  Marie-Antoinette 
Résibois,  lille  d'Antoine  Résibois  (2),  propriétaire,  directeur  de  la 
poste  aux  lettres  et  bourgmestre-président  à  Arlon,  et  de  Marie- 
Joséphine  Houstert.  Madame  CoUart-Résibois  mourut  au  château 
de  Bettembourg,  le  22  septembre  1870,  et  c'est  son  arrière-petit- 
nis,  M.  Auguste  Collart,  qui  a  bien  voulu  mettre  les  archives  à 
notre  disposition  (3). 

Mondorf-les-Bains,  décembre  1912. 

Emile  DIDERRICH. 


1.  1445 Jean  Babbis  et  Jean  vain  der  Nah,  échevins  d'Arlon,  consta- 
tent que  Catherine  vain  Kersse,  veuve  de  Nicolas  de  Monderchin,  a  cédé  à 
Jean  Huseman,  furman  et  bourgeois  d'Arlon,  une  maison  avec  grange,  sises 
dans  cette  ville.—  Original,  parchemin,  allemand  ;  un  sceau  en  cire  verte  :  écu 
au  lion  (?)  rampant,  jofjûnn babbi  §. 

2.  1446,  le  premier  dimanche  avant  la  nativité  de  la  Vierge.  —  Jean  von  der 
Nah  et  Pierre  de  Torterait  (4),  échevins  d'Arlon,  constatent  que  jongher  Jean, 
seigneur  de  Mechtzich,  Gilles,  son  fils,  et  Marguerite,  sa  fille,  ont  cédé  hérédi- 
tairement à  dame  Catherine  de  Kerschen,  veuve  de  Nicolas  de  Monderchen, 
bourgeois  d'Arlon,  une  hofsiade,  sise  à  Arlon.  —  Original,  allemand,  parche- 


(\)  de  Bonnéa.  ;  d'argent  au  lion  de  s'moide  armé  et  laixpas.sé   de  gw.eMies;  concession  du  litre  de 
clievalier,  1763  ;  famille  liégeoise. 

(2)  Parmi  les  nombreux   portraits   à  l'huile  anciens  qui  se  trouvent  au  château  de  Bettembourg, 
signalons  ceux  de  M.  Antoine  Résibois,  maire  d'Arlon  et.de  Mad.  Collart-Résibois  (Fresez  1847). 

(3)  Les  archives  de  Hettembourg  proprement  dites  seront  publiées  dans  une  notice  historique  sur  la 
seigneurie  que  nous  préparons. 

(4)  ViUers-ïortru. 


—    355     ~ 

min  ;  deux  sceaux  en  cire  verte  :  1"  écu  à  un  pentalpha  ;  2**  écu  à  trois  feuilles 
de  trèfle,  2-1 . 

3.  1446,  le  premier  dimanche  après  la  nativité  de  la  Vierge.  —  Thilman  de 
Biisleyden  et  Pierre  de  Totteraidt,  échevins  d'Arlon,  constatent  que  Junvher 
Jean  de  Messancy,  Gilles,  son  fils,  et  Catherine  sa  fille,  ont  cédé  à  la  dame 
Kersi,  veuve  de  Nicolas  de  Monderchin,  bourgeois  d'Arlon,  une  hosiert^  sise 
dans  la  ville  d'Arlon,  à  côté  de  Manbarsshaus.  —  Original,  allemand,  parche- 
min ;  trois  sceaux  :  1°  écu  à  trois  pals;  2°  manque;  3"  écu  à  trois  feuilles  de 
trèfle,  2-1. 

4.  1519,  19  février.  Nicolas  von  Nothem,  strœmeiger  et  mayeur  à  Aldenho- 
ven,  et  Trynnen  Jean,  iliornhnecht  et  gericht  à  Aldenhoven  constatent  que 
Printz  Glaiss  der  pelizer,  bourgeois  d'Arlon,  et  Monbertz  Elssgin,  conjoints, 
ont  transporté  à  Jean  Borck,  boucher  à  Arlon,  et  à  Marie,  sa  femme,  plusieurs 
prés  sis  au  ban  d'Aldenhoven.  —  Original,  allemand,  parchemin  ;  les  sceaux 
manquent. 

5.  1583  (n.  st.),  mercredi  avant  le  30  mars.  Par  devant  le  notaire  Nicolas 
von  Bastnach,  échevin  d'Arlon,  Bartholomé  Hausman,  docteur  en  droit,  substi- 
tut du  procureur  général  à  Luxembourg,  pour  lui  et  au  nom  de  son  frère  Diede- 
rich  Hausman,  aussi  au  nom  de  Collin  Raeckenlhal  (?)  et  Hélène  Hausman, 
conjoints,  et  Georges  Meuchin,  échevin  à  Luxembourg,  pour  lui  et  au  nom  de  sa 
femme  Jeanne  Hausman,  déclarent  avoir  relaissé  héréditairement,  en  1567,  leur 
hohsiadt,  sise  à  Arlon,  près  du  marché,  à  Henri  Beschpach  et  Marie,  conjoints, 
à  Jean  d'Aldenhoven  et  Marguerite,  conjoints,  et  à  Nicolas  Warck,  marchand 
de  fer,  et  Catherine,  conjoints,  tous  bourgeois  d'Arlon,  contre  une  rente  annu- 
elle de  12  florins  d'or,  par  ménage,  payable  le  jour  de  St. -Etienne.  M.  Freylia- 
ger,  échevin  d'Arlon  et  bailli  à  Guirsch,  témoin.  —  Copie  du  l.  mai  1617, 
notaire  Pierre  Borck. 

6.  Vers  1590  (Le  copiste  a  oublié  la  date).  —  Nicolas  Bastnach,  justicier,  et 
Hans  von  Nothum,  échevins  d'Arlon,  constatent,  que  Mathias  Breisgin,  receveur 
et  échevin  à  Luxembourg,  à  cause  de  Jeanne  Haussman,  sa  femme,  et  Jacques- 
François,  fowman  et  bourgeois  d'Arlon,  comme  fondé  de  pouvoirs  de  Made- 
leine de  Flavigny,  épouse  en  secondes  noces  de  Nicolas  vom  Pfaltz,  échevin  de 
Thionville,  et  tutrice  des  enfants  issus  de  son  premier  mariage  avec  Jean  Haus- 
mann,  en  son  vivant  secrétaire  et  greffier  du  Conseil  de  Luxembourg,  ont 
relaissé  héréditairement  leui'  hobstadt  in  Hetzgassen,  sise  à  Arlon,  darufj 
Bine  behausung  gestanden,  sojamerlich  durch  den  Frantzosen  zu  Bodem 
verbrent  und  destruiert  worden  ist,  à  Clauss  von  Weiler  et  Trine,  conjoints, 


—     356     — 

contre  une  rente  annuelle  de  douze  francs,  le  franc  à  12  sols  de  Brabant.   — 
Copie  du  17"*  siècle, 

7.  1594,  juin  13  ;  Arlon.  —  Michel  Warck  et  Jean  Schockweiller,  steur- 
yneyer,  échevins  d' Arlon,  constatent  le  transport  de  quelques  biens,  sis  au  ban 
d'Arlon,  fait  en  faveur  de  Jean  Greisch,  par  Jacques  Borck,  aussi  échevin  d'Ar- 
lon,  au  nom  de  Thierry  d'Arlon  et  de  Jeanne,  conjoints,  ainsi  que  de  Martin 
Sondag  et  de  Marie,  conjoints,  à  cet  effet  muni  d'une  procuration  datée  de  Mar- 
sal,  im  Stifit  Metz,  11  mai  1694,  et  reçue  par  Pierre  Peltermann,  tabellion. 

Original,  allemand,  parchemin.  Le  premier  sceau  manque  ;  le  second,  celui 
de  Schockweiller,  est  en  cire  verte  et  représente  un  chevron  accompagné  de 
trois  feuilles  de  trèfle,  2  et  1. 

8.  1629,  15  décembre  ;  Useldange.  —  Obligation  d'une  somme  de  106  tha- 
1ers  et  25  stuber,  le  thaler  à  30  stubers,  cours  de  Luxembourg,  constituée  par 
Thomas  Neuwe  et  Marie,  conjoints,  d'  à  Useldange,  au  profit  de  la  veuve  de  feu 
Steinmetzers  Frantzen.  Acte  reçu  et  signé  par  Adamy,  grefiîer  et  échevin 
d'Useldange.  Témoin  :  Pierre  Nœrdingen,  mayeur  à  Schweich.  Signature  de 
Hans-Gonrad  de  Berg  '•^\  —  Original,  allemand,  papier. 

9.  1641,  15  avril  ;  château  d'Useldange.  —  Herman-Fortunat,  margrave  de 
Baden  et  Hochberg,  comte  à  Sponheim  et  Roussy,  seigneur  à  Rodemach,  Unsel- 
dingen  et  Fortbach,  donne  en  fief  à  Sebastien  Steinmetz  plusieurs  biens  dans  la 
seigneurie  d'Useldange. 

Allemand,  papier  ;  signature  du  margrave  et  cachet:  écu  écartelé  ;  aux  1  et  4, 
échiqueté  de  16  pièces  ;  au  2,  parti  :  le  premier  coupé,  à  un  sanglier  en  chef  et  à 
la  quintefeuille  en  pointe,  le  second  à  la  bande  brochant  sur  un  champ  burrelé  ; 
au  3,  parti  :  le  premier  à  la  fasce,  le  second  au  lion  rampant;  l'écu  de  Bade,  à  la 
bande,  sur  le  tout.  S  -  HERMAN  -  FORTVNA  -  D  -  G  -  MARC  -  BAD  -  E  - 
HOGH  -  GOM  -  I  -  SPON  -  E  -  RVT  -  D  -  I  -  ROD  -  VNS.  (2). 

10.  1661,  17  septembre.  —  Pièce  concernant  une  créance  que  la  dame  Marie 
Beffort,  veuve  de  feu  Jacoby,  en  son  vivant  justicier  à  Grevenmacher,  réclame 


(1)  Hans-Com-ad  de  Berg,  seigneur  de  Colpach,  bailli  à  Useldange  pour  les  margraves  de  Bade,  fils  de 
Théodore,  seigneur  de  Colpach,  et  d'Anne  de  Bettingen. 

(ï)  Le  sceau  (matrice)  de  la  justice  d'Useldange,  datant  de  la  même  époque  et  ressemblant  par  sa 
dimension  et  son  exécution  à  celui  dont  usa  le  margrave  en  1641,  se  trouve  au  Musée  de  Luxembourg. 
Il  représente  un  écu  écartelé  :  aux  1  et  4  à  la  bande  (Bade)  ;  aux  2  et  3  échiqueté  de  16  pièces  ;  en  cœur 
un  écusson  à  la  bande  brochant  sur  un  champ  burrelé. 


—     357     — 

à  charge  du  village  de  Qœstingn  ;  il  y  est  dit  que  l'abbé  de  St.  Maximum  est 
seigneur  foncier  et  voué  au  dit  Gostingen.  Signée  :  Zander. 

11.  1664,  23  juillet;  Arlon.  —  Henri  Schueflf  et  Nicolas  Schweitzer,  éche- 
vins  d'Arlon,  constatent  le  transport  de  quelques  prés,  sis  à  Arlon,  fait  par 
Glauss  Metzler,  bourgeois  d'Arlon,  et  Suzanne  Bessling,  conjoints,  en  faveur  de 
Pierre  Wiltz,  le  jeune,  aussi  bourgeois  de  la  ville,  et  deSusanne  Bessling,  con- 
joints. 

Original,  allemand,  parchemin.  Signatures  des  échevins  et  de  G.  Mangin 
greffier.  Deux  sceaux  :  le  premier,  sur  cire  verte,  représente  un  écu  à  trois 
fasces  (?)  ;  le  second  manque. 

12.  1675.  Abbaye  St-Maximin.  Elocationes  decimarum,  anno  i675.  — 
Dîmes  et  revenus  de  l'abbaye  dans  la  paroisse  d'Usselskirchen,  dans  les  mairies 
de  Frisange  et  de  Dalheim,  à  Waldbredimus,  dans  les  mairies  de  Mudtfort,  de 
Munessbach,  de  Mammeren,  de  Kehlen,  de  Hunstorfî,  de  Lintgen,  de  Mersch 
(Unterschriebener  bekent  contentiert  zu  sein  wegen  seiner  competens  de  Aô 
1675  von  Ihrer  hochwiird.  von  S.  Maximin  anbent  Trier  commitierter.  Actum 
Luxemburg,  die  S'*^  Junii  1673.  Ita  testor  S.  L.  Lupus,  pastor,  Mersch),  de 
Remich,  de  Besch,  dans  les  paroisses  d'Osperen  et  de  Feulen,  dans  la  mairie  et 
cour  d'Asselborn,  dans  les  mairies  de  Gostingen,  Olingen  etHagelborn,  à  Meder- 
nach,  dans  la  Terra  gallica  (Besingen,  Breux,  Signy  et  Klein-Flassigny)  ; 
dans  la  cour  de  Mertert  ;  Friesinger  Grundtzins,  Dalheimer  Zinss,  Mudt- 
forier  Zins,  Munsbacher  Zins ,  p.  25.  »  de  domo  in  Arluno  quam  habemus 
hereditario  juri  a  frê  Jacoho  Steftelt....  »  p.  30.  Les  dîmes  de  Besingen  ont 
été  relaissées  «  circa  nativitatem  1668  D.  Francisco  Renardi,  pasiori  in 
Rachecourt.  » 

—  Cahier  in-folio,  de  80  pages,  dont  68  écrites  ;  couvercle  en  parchemin 
(feuille  arrachée  d'un  ancien  vespérale  et  contenant  le  chant  du  Magnificat). 

13.  1682.  24  octobre  ;  Metz.  Aveu  et  dénombrement  de  la  seigneurie  de  Ster- 
penich,  fourni  au  roi  de  France  par  Jean-Adam  Pellot,  échevin  d'Arlon  et  sei- 
gneur haut-justicier  de  Sterpenich.  —  Copie. 

14.  1706,  24  novembre.  —  François-Mathias  Simonis,  justicier,  et  Dominique 
Notomb,  échevins  d'Arlon,  assistés  de  Georges  Gilsdorf,  leur  clerc-juré,  consta- 
tent que  Jean-Claude  Forron, échevin  de  la  même  ville,  comme  fondé  de  pouvoirs 
de  M"«  Catherine-Jeanne  Coquelet,  a  fait  le  transport  des  deux  tiers  de  la  maison 
dite  de  Guirsch,  sise  à  Arlon,  avec  écurie,  coui-,  jardin  et  dépendances,  au  profit 
de  Jean-Baptiste  Henron,  directeur  des  postes  à  Luxembourg,  représenté  par 
Adam  Pellot,  aussi  échevin  d'Arlon.  M"«  Coquelet  avait  hérité  d'un  tiers  de  la 


—     358     ^ 

maison  do  Guirsch  de  ses  parents,  et  l'autre  tiers  lui  était  échu  en  vertu  du  tes- 
tament (il  juin  1692)  de  sa  sœur  M'i^  Marie-Marguerite  Coquelet.  La  venderesse 
habite  \liostellerie  ou  pend  pour  Enseigne  Vimage  de  Sainct  Hubert  au 
dessus  des  escaUUers  de  chambre  paroisse  Saint  Victor^  à  Metz.  La  vente, 
taite  sans  préjudice  du  droit  de  la  confrérie  de  Ste-Gatherine  en  la  ville  d'Arlon, 
a  été  passée  à  Metz,  le  18  novembre  1706,  par  devant  les  notaires  royaux  Gui- 
chardt  et  Damerville.  —  Original,  français,  parchemin  ;  deux  sceaux  en  cire 
verte  :  1°  écu  à  la  barre  chargée  de  trois  quintefeuilles,  accompagnée  en  chef 
d'une  étoile  à  six  rayons  et  en  pointe  de  4  pals  (Simonis)  ;  2°  écu  au  chevron 
accompagné  en  chef  de  deux  roses  (ou  étoiles)  et  en  pointe  d'un  gland  ;  cimier, 
une  étoile  à  5  rayons  (Nothomb)  (1). 

15.  1708,  3  mars.  Dominique  Nothomb  et  Pierre  Perle,  échevins  d'Arlon, 
assistés  de  G.  Gilsdorff,  clerc-juré,  constatent  le  transport  d'un  tiers  de  la  maison 
dite  de  Guirsch  et  sise  à  Arlon,  fait  par  Marie-Madeleine  Coquelet,  veuve  de  feu 
le  Doux,  au  profit  de  M^  Jean-Mathias  Pratz,  avocat  au  Conseil  de  Luxem- 
bourg et  échevin  d'Arlon.  —  Original,  français,  parchemin  ;  les  sceaux 
manquent. 

16.  1708,  12  avril.  —  François-Mathias  Simonis  et  Jean-Claude  Forron, 
échevins  d'Arlon,  assistés  de  G.  Gilsdorf,  clerc-juré,  constatent  le  transport  de 
la  propriété  de  deux  tiers  de  la  maison  dite  de  Guirsch,  sise  à  Arlon  entre  la 
maison  de  la  veuve  Grosjean  et  celle  de  Jean  Saucy,  fait  par  Jean-Adam  Pellot, 
échevin  d'Arlon,  comme  fondé  de  procuration  de  J.-B.  Henron,  directeur  des 
postes  à  Luxembourg,  son  gendre,  au  profit  de  Jean-Mathias  Pratz,  avocat  au 
Conseil  de  Luxembourg  et  échevin  de  la  ville  et  prévôté  d'Arlon.  L'acte  de  vente 
a  été  reçu   le  21  novembre  1707,  par  le  notaire  Taffier,  de  Luxembourg.  — 

Original,  français,  parchemin  ;  deux  sceaux  sur  cire  verte  ;  1°  écu  oval ; 

2°  Simonis  (voir  ci-dessus). 

17.  1711,  11  mai  ;  par  devant  François  Pierret,  notaire  royal  à  Luxem- 
bourg. —  Jean-Henri  Eumeringen,  maître  de  poste  à  Steinfort,  a  vendu  à  Jean- 
Baptiste  Henron,  directeur  des  postes  à  Luxembourg,  un  onzième  de  la  seigneu- 
rie d'Autel,  provenant  de  la  dot  de  sa  première  femme,  Catherine  Dubois,  pour 
la  somme  de  1000  écus,  argent  fort  d'Espagne.  Cette  part  et  la  maison  du  ven- 
deur, sise  à  Steinfort,  sont  hypothiquées  pour  une  somme  de  1600  écus  envers 


(1)  Cf.  au  sujet  des  aiTnoiries  de  la  famille  Nothomb  l'ouvrage  sur  les  laques  par  M.  J.-B.  Sibenaler, 
tome  XLIII  (1908)  de  nos  annales,  pp.  153-155. 


—     359     — 

Jean  Perlé,  maitre  de  la  poste  d'Arlon,  lequel  a  cédé  ses  prétentions  par  acte  du 
25  août  1688  au  s""  Pellot,  demeurant  à  A.rlon  ;  celui-ci  a  recédé  l'hypothèque  à 
Jean  Beyer,  échevin  et  banquier  en  cette  ville  par  acte  du  notaire  Gilstroff, 
d'Arlon,  d.  d.  20  août  1699. 

Arrangement  à  ce  sujet.  Témoins  :  Henri  Henriquet,  conseiller-receveur  des 
aydes  et  des  domaines  du  Roy  en  cette  province,  et  Jean  Frisch,  bourgeois  en 
cette  ville. 

Extrait  authentique  par  P.  Herman,  notaire,  1751. 

18.  1711,  3  octobre  ;  par  devant  le  notaire  Henn,  de  Luxembourg.  — 
Charles-Chrétien  de  Landas,  comte  de  Louvigny,  maréchal  de  camp  des  armées 
de  S.  M.  en  cette  ville,  comme  fondé  de  pouvoirs  par  procuration  reçue  par  le 
notaire  François  Walter  Delahaye,  dans  la  ville  de  Namur,  29  août  dernier, 
d'Alexandre-François  d'Appelter,  aussi  maréchal  des  armées  de  S.  M.  vend,  cède 
et  transporte  à  Guillaume  Adami,  substitut-greffier  au  Conseil  provincial  à 
Luxembourg,  et  à  Jeanne  Jacquez,  conjoints,  la  part  aux  château,  terre  et  sei- 
gneurie d'Autel,  adjugée  à  Charles  d'Appelterre,  son  oncle,  par  sentence  du 
Conseil  provincial  du  2  avril  1705  ;  la  vente  est  faite  pour  la  somme  de  280 
patagons.  Témoins  :  Math.  Brassel,  prêtre,  altariste  à  St.  Nicolas,  et  Willi- 
brord  Scheer,  avocat  au  Conseil  provincial. 

Expédition  authentique. 

19.  1725.  Allocations  des  dîmes  et  revenus  de  l'abbaye  St.-Maximin  dans  le 
pays  de  Luxembourg.  —  Cahier  in  8°,  40  pages  ;  allemand. 

20.  1730,  3  août.  —  Erection  d'un  nouveau  signe  patibulaire  de  la  seigneurie 
d'Autel,  l'ancien  ayant  été  abattu  par  un  orage  le  16  août  1729.  Procès-verbal. 
Copie  par  le  notaire  Martin. 

21.  1734,  20 octobre.  Bruxelles.—  Lettres-patentes  par  Charles,  empereur  des 
Romains,  portant  nomination  de  Jean-Ignace  Feltz  aux  fonctions  de  Landmaire 
et  justicier  de  Sandweiler,  en  remplacement  de  Henri-François  Feltz,  son  père, 
lequel  a  résigné.  —  Original,  parchemin  ;  le  sceau  manque. 

Le  12  novembre  1734  Feltz  prêta  serment  entre  les  mains  de  M.  de  Zievel, 
prévôt  de  Luxembourg. 

22.  1737,  juin.  —  Pièces  concernant  le  procès  intenté  devant  le  bailliage  de 
Thionville  par  l'abbaye  de  St.-Maximin  contre  Pierre  et  Jean  Meyer,  de  Breis- 
dorf,  qui  doivent  un  restant  des  dîmes  de  l'année  1731.  -  P.  Alexandre,  procu- 
reur de  l'Abbaye  à  Luxembourg. 


—     36U     — 

23.  1738,  17  aoiU.  —  François-Louis-Guillaume,  baron  de  Hinderer,  lieute- 
iianl-colonel  de  S.  M.  I.  et  G.,  seigneur  d'Autel,  Wourmeldange  et  a.  1.,  et 
Marie-Charlotte  de  Ryaville,  conjoints,  relaissent  à  titre  de  bail  et  admodiation, 
pour  neuf  années  consécutives,  à  commencer  à  la  St. -Georges  1740,  à  Jean 
Richard,  leur  admodiateur  moderne,  plusieurs  revenus  seigneuriaux  d'Autel,  y 
compris  le  logement  au  château.  —  Copie  par  le  notaire  Martin. 

24.  1738,  13  décembre.  Notaire  Pierret,  Arlon.  —  Fr. -Louis-Guillaume, 
baron  de  Hinderer,  seigneur  d'Autel,  vend  au  s'  Adam  Lapierre,  admodiateur 
des  lorges  de  Lasauvage,  y  demeurant,  «  toutes  les  cordes  du  bois  de  Heckbous, 
lesquelles  le  seigneur  vendeur  s'oblige  à  livrer  au  s''  acheteur  toutes  façonnées  et 
pour  raison  desquelles  cordes  le  dit  acheteur  s'oblige  à  payer  au  seigneur  ven- 
deur 5  escallins  de  chaque  corde,  à  raison  de  7  sols  l'escallin  au  cours  de  Luxem- 
bourg, dont  la  livraison  se  fera  au  premier  mars  prochain  et  sera  permis  au 
S""  acheteur  de  charbonner  les  dites  cordes  dans  le  bois  ». 

Copie  authentique. 

25.  1742,  13  juin  ;  Luxemburg.  —  W.  Scheer,  seigneur  d'Autel  en  partie, 
relaisse  au  S""  Richard,  pour  la  présente  année  qui  a  commencé  depuis  la 
St. -Georges  dernier  (23  avril)  sa  part  à  la  seigneurie  d'Autel  avec  le  droit  de 
pèche  et  de  chasse.  —  Original,  signature. 

26.  1742,  24  novembre.  Willibrord,  abbé  de  l'abbaye  impériale  de  St.-Maxi- 
min,  relaisse  à  Schwiegers  Peter  le  moulin  banal  de  Lintgen,  à  titre  de  bail  et 
pour  l'espace  de  9  ans.  Tous  les  ans,  à  la  St. -Martin,  le  preneur  fournira  au 
refuge  de  Luxembourg  2  maldres  de  froment,  5  maldres  de  seigle  et  un  cochon 
gras,  vers  noël  il  y  fournira  4  chapons. 

27.  1750,  24  septembre,  Luxembourg;  par  devant  Jean-Antoine  Notomb, 
notaire  à  Differdange,  contrat  de  mariage  entre  François-Christian  Gerden, 
conseillei-  au  Conseil  provincial,  fils  légitime  de  feu  Jean-François  Gerden,  et 
de  dame  Marie-Sydoine  Haack,  assisté  de  la  dite  dame,  sa  mère  et  des  desmoi- 
selles  Mai-ie-Catherine  et  Mari«î  Hack,  ses  tantes,  —  et  demoiselle  Ludovine 
Scheer,  fille  légitime  de  Willibrord  Scheer,  avocat  au  dit  Conseil  et  d'Erneste- 
Marguerite  Adamy,  conjoints,  seigneur  et  dame  en  partie  d'Autel,  Sterpenich, 
Schiittringen,  Munsbach,  Obersiren  et  a.  1.  Les  parents  cèdent  à  la  future  leur 
seigneurie  de  Sterpenich  et  d'Autel. 

Se  trouvent  mentionués  dans  l'acte  :  Guillaume  Scheer,  frère  aîné  de  la 
fiancée;  une  sœur  du  fiancé,  mariée  au  s'"  Schockweyller,  grand-bailli  de  S.  M. 
au  comté  d'Ogimont.  Témoins  :  Pierre  Behm,  protonotaire  apostolique  et  curé 


—     361     — 

d'Allert  ;  François-Xavier  Behm,  curé  à  Soleuvre  ;  et  les  personnes  susmention- 
nées. 

Copie  authentique  par  J.-R.  Bernard,  notaire  admis  au  Conseil  provincial, 
résidant  actuellement  au  château  de  Sanem,  7  avril  1763. 

28.  Vers  1750.  Note  manuscrite  portant  que  Philippe-Guillaume  Hack  de 
Liessingen  avait  épousé  Marie  de  Piesport,  laquelle  était  issue  d'une  ancienne 
famille  des  environs  de  Trêves  et  vivait  vers  1610. 

Que  Guillaume  Hack.  a  été  bailli  et  officier  pour  les  princes  de  Bade  à  Usel- 
dange  vers  1675,  et  qu'un  Guillaume  Hack  avait  épousé  une  demoiselle  de 
Berg,  de  la  famille  des  seigneurs  de  Colpach   —  Anonyme. 

29.  S.  d.  Crayon  généalogique. 

('lUillaume  Adami 

substitut  greffier 

au  Conseil  provincial 

X 

Jeanne  Jacques 


Einest-Marguerite  Adami 
X 


Hack 


Willibrord  S>;lieer  Jean-Franc.  GeideiDxMarie-Sydonie  Hack,  Marie-Cath.  H.,  .Marie  H. 

avocat  au  Conseil  provinc. 

C.uill.  Scheer     Ludovine  Scheer  X  l'^SO    Franc. -Christian    N.  C.erden 

Gerden,  conseiller  X 

Schock- 
François-VVillbrord  de  Gerden  weyller 

bailli 

à 
Ogimonl 

30.  1751,  1  mars;  par  devant  le  notaire  François  Didier,  d'Arlon.  -  Jeanne- 
Françoise  Emering,  veuve  sans  enfants  du  s'"  Wangen,  clerc-juré  de  la  seigneurie 
d'Useldange,  fille  de  feu  Henri  Emei-iiiger,  en  son  vivant  maître  de  poste  à 
Steinfort,  et  de  Catherine  Dubois,  sa  première  femme,  demeurant  à  Steinfort, 
cède  par  donation  entre  vifs  à  François-Christian  Gerden,  conseiller  de  S.  M.  au 
conseil  provincial,  la  moitié  du  douzième  aux  château,  terre  et  seigneurie 
d'Autel.  Témoins  :  Paul  Wiltz,  prêtre,  directeur  du  rosaire  de  l'égUse  paroissiale 
d'Arlon,  et  Jean -Baptiste  Kieller,  notaire  résidant  à  Luxembourg.  Réalisation 
au  siège  des  nobles  à  Luxembourg,  le  25  janvier  1752. 

Copie  de  l'époque. 


—     362     — 

31.  1751,  1  mai.  Sleinfort,  notaire  Didier.—  Jeanne-Françoise  Eumering,  veuve 
de  feu  Nie.  Wangen,  clerc  d'Useldange,  demeurant  à  Steinfort,donne  procuration 
à  l'avocat  de  Mignon  pour  la  représenter  dans  le  procès  au  sujet  de  la  seigneurie 
d'Autel  dont  elle  réclame  la  moitié  d'un  douzième  qui  lui  a  été  laissée  par 
sa  mère.  —  Paul  Wiltz,  prêtre,  directeur  du  rosaire  de  l'église  paroissiale 
d'Arlon,  témoin. 
Copie  certifiée. 

32.  1751,  2  mai,  Steinfort,  notaire  Didier.  —  La  même  cède,  par  donation 
entre  vifs,  à  François-Christian  Gerden,  conseiller  de  S.  M.  à  Luxembourg,  la 
moitié  d'un  douzième  dans  la  seigneurie  d'Autel,  dont  elle  a  hérité  de  sa  mère 
Anne-Catherine  Dubois,  première  femme  de  feu  Henri  Eumeringen,  maître  de 
poste  à  Steinfort.  L'autre  moitié  du  douzième  appartient  à  la  sœur  de  la  dona- 
trice, mariée  au  s""  Masson,  lequel  demeure  en  Lorraine.  —  Réalisation  au  siège 
des  nobles,  Luxembourg,  le  25  janvier  1752. 

Cachet,  sur  hostie  rouge,  du  justicier  des  nobles,  François-Ed. -Antoine,  baron 
de  Heyden,  à  la  fasce  de  sable  accompagnée  de  3  lions^  2  en  chef  et  un  en 
pointe. 

33.  Mémoire  concernant  un  douzième  dans  la  seigneurie  d'Autel.  —  Extraits  : 

168...  septembre  14.  Disposition  testamentaire  de  Marguerite  Clefler,  veuve 
de  Guillaume  Dubois,  maître  de  poste  à  Asselborn.  La  testatrice  déclare  qu'elle 
a  laissé  le  douzième  dans  la  seigneurie  d'Autel  à  Henri  Eumering,  son  gendre, 
pour  remplacer  une  dote  de  800  écus  ;  comme  le  douzième  vaut  cependant  plus, 
elle  demande  que  ses  fils  puissent  le  retirer  en  remboursant  les  800  écus  à 
Eumering. 

Le  11  mai  1711,  après  le  décès  de  sa  première  femme,  Catherine  Dubois, 
Jean-Henri  Emering  vend  le  douzième  au  s""  Henron  (Notaire  Pierret).  Celui-ci 
le  vend  à  M"e  de  Reichling,  le  3  juin  1711. 

Le  15  septembre  1727,  Marie-Madeleine  Eumering,  fille  de  Jean-Henri,  épouse 
de  J.-B.  Masson,  de  Pont-à-Mousson,  ratifie  cette  vente,  en  faveur  de 
Mi'«  Charlotte  de  Ryaville  de  Puttelange,  héritière  de  M"''  de  Reichling.  (Elle 
avait  droit  sur  une  moitié  du  douzième). 

Le  8  juillet  1746,  Jeanne-Françoise  Eumering,  veuve  de  Nicolas  Wangen,  et 
sœur  de  Marie-Madeleine,  vend  la  moitié  du  douzième  à  son  neveu  Jean-Bap- 
tiste Masson,  chirurgien  à  Fraize-en-Lorraine  pour  la  somme  de  1000  francs 
barrois  et  15  sols. 


—     363     — 

Le  15  mai  1751,  devant  le  notaire  Molitor,  J.-B.  Masson  cède,  par  donation 
entre  vifs,  au  baron  de  Hinderer,  époux  de  M"e  Ciiarlotte  de  Ryaville,  toute  pré- 
tention qu'il  pourrait  avoir  sur  la  propriété  du  douzième.  Transport  au  siège  des 
nobles,  le  30  janvier  1752. 

34.  1752,  14  juin.  Erection  du  nouveau  signe  patibulaire  de  la  seigneurie 
d'Autel  au  lieu  dit  underacht  (Lauterbusch)  (l'ancien  signe  ayant  été  abattu  par 
•'  l'impétuosité  des  vents  »)  et  en  présence  de  Dominique  Pals,  mayeur  haut- 
justicier  d'Autel  et  de  Sterpenich,  demeurant  à  Hagen,  Nie.  Tockert,  d*  à 
Bettingen,  Henri  Joachim,  d*  à  Sterpenich,  Dominique  Heintges,  d'  à  Sterpe- 
nich, Jean  Kuntsch,  d*  à  Hagen,  et  Jean  Thilmany,  d'  à  Sterpenich,  touséche- 
vins  de  la  haute-justice.  —  Copie. 


35.  S.  d.  (Vers  1752).  Crayon  généalogique. 

Frédéric  Cleffer,  maître  de  poste  à  Asselborn  1545,  mayeur. 


François  Cleffer,  maître  de  poste  à  Asselborn  1600. 
Madeleine  Wiltheim 


Frédéric  Cleffer, 

Marie  Prommeschenckel. 

Jeanne  Cleffer 

Frédéric  Weydert, 
mayeur  à  Ettelbriick 
1680 


Baltassar  Cleffer, 
maître  de  poste  à  Asselborn 
1648 


Marguerite  Cleffer 
veuve  en  168. . . 

Guillaume  Dubois 
maître  de  poste  à  Asselborn 
1680 


Catherine  Dubois. 

Henri  Emeringer 
maître  de  poste  à  Steinfort. 


Marie-Madeleine 
Emering 

J.-B.  Masson 
de  Pont-à-Mousson 

J.-B.  Masson,  leur 

neveu,  chirurgien  à 

Fraize-en-Lorraine 

1746 


Jean-François 

Emering 
veuve  en  1751 

Nicolas  Wangen 
clerc  à   Useldange 

sans  hoirs. 


—      364     — 

36.  1760,  28  mai.  —  Fr. -Louis-Guillaume,  baron  de  Hinderer,  seigneur 
d'Autel,  vend  au  baron  d'Huart,maitre  de  forge  à  Lasauvage,  seigneur  de  Sosne, 
2000  cordes  de  bois  à  prendre  à  front  de  taille  dans  le  bois  de  Grasse,  seigneurie 
d'Autel  ;  la  corde  de  6  pieds  de  long  sur  i  pieds  de  haut,  et  la  branche  de  3  pieds 
et  demi  de  long  entre  les  tailles,  le  tout  pieds  d'Espagne  ou  de  St-Lambert,  pour 
la  somme  de  24  sols  au  cours  de  notre  province  pour  chaque  corde. 

Copie  simple. 

37.  1764,  20  novembre,  château  d'Autel.  —  Transaction  au  sujet  du  dégage- 
ment des  trois  dixièmes  dans  un  sixième  de  la  seigneurie  d'Autel  (vendus  devant 
le  notaire  Ordt,  les  8  mai  1698  et  2  mars  1699,  par  Gérard-Mathieu  baron 
d'Huart  et  Jean-Baptiste  de  Maillj'^,  ce  dernier  agissant  au  nom  de  Marie-Mar- 
guerite baronne  d'Huart,  sa  femme)  entre  Jean-François-Henri-Gérard  baron 
d'Huart,  chevalier  du  S^  Empire,  colonel  d'infanterie  et  capitaine  aux  Gardes 
wallones,  maître-propriétaire  des  forges  de  Lasauvage  et  de  Herserange,  sei- 
gneur de  Sosne,  d'une  part,  et  François-Louis-Guillaume  baron  de  Hinderer 
lieutenant-colonel  au  service  de  S.  M.  l'Impératrice  et  Reine,  seigneur  d'Autel, 
d'autre  part. 

—  Copie  authentique  par  P.  Kinsch,  notaire  à  Autel,  28  décembre  1764. 

38.  1766,  31  juillet.  —  Déclaration  du  président  François-Chrétien  Gerden, 
lequel  prétend  posséder  «  une  juste  quarantième  part  »  dans  les  château,  terre 
et  seigneurie  d'Autel. 

3U  Vers  1770.  —  Mémoire  pour  servir  au  procès  que  soutient  Antoine  TouUy, 
bourgeois  et  boulanger  de  la  ville  d'Arlon,  appelant  contre  trois  autres  bour- 
geois et  boulangers  de  la  même  ville  :  Jean-Georges  Brémond,  Pierre  Grendel  et 
Dominique  Thill.  Il  s'agit  de  l'interprétation  de  l'art,  premier  des  privilèges  et 
statuts  accordés  au  métier  de  boulangers  d'Arlon  par  S.  M.,  le  27  mars  1764  et 
du  droit  dit  Brodfermeite.  La  question  soumise  à  la  décision  du  conseil  provin- 
cial est  de  savoir  si  la  ferme  du  droit  à\i  Brodfermette  soit  payée  à  la  baumai- 
trie  hors  de  la  caisse  de  ce  métier,  ou  si  le  droit  doit  se  lever  à  charge  seule- 
ment de  ceux  des  confrères  qui  exercent  le  métier  et  sur  la  proportion  des 
fournées  qu'ils  font  par  année,  ainsi  que  de  la  qualité  ou  poids  des  pains  qu'ils 
cuisent  et  débitent. 

40.  1771,  4  septembre  ;  Luxembourg.  —  Réparation  de  l'église  de  Mersch  ; 
quittance  délivrée  par  J. -Frédéric  Warcken  pour  une  somme  reçue  de  la  part 
de  Dom  Placide  Kleiner. 


—     365     — 

41.  1775,  18  mai.  Par  devant  J.-B.  Didier,  notaire  à  Arlon,  Dominique  Heitz, 
possesseur  de  la  maison  Crompes  à  Hobscheidt,  cède  quelques  biens  situés  près 
du  moulin  de  St- Pierre,  à  François  Perle,  maître  de  poste  et  échevin  à  Arlon. 
Le  23  mai  suivant,  François-Laurent  Forron,  et  Augustin  Bochholtz,  échevins 
de  la  ville,  prévôté  et  marquisat  d'Arlon,  assistés  de  J.-B.  Kieller,  greffier,  con- 
statent le  transport  ;  le  vendeur  est  représenté  par  Nicolas  Simonis,  sergent  de 
la  ville  d'Arlon.  Le  transport  est  inscrit  sur  les  registres  de  Kellerey  Wol- 
chringen  zu  Arle. 

—  Expédition  authentique. 


42.    Vers  1775. 
Hinderer. 


Rapport  de  la  seigneurie  d'Autel  possédée  par  le  baron  de 


Pachis,  prairies,  foin,  etc. 

Parties  aliénées 

Aisances 

Terres  arables 

Chapons 

Poules  . 

Argent  . 

(  moitables. 
Grains]  seigle 

f  avoine 


100  chariots. 

56   écus,  28  5ols. 

8  journaux. 
144 

32 
132 

164  écus,  28  sols. 
U7  1/2  maldres. 
4 

15 


43.  1776,  3  septembre.  Luxembourg.  —  Réparation  de  la  tour  de  Mersch  ; 
quittance,  délivrée  par  J. -Frédéric  Warken,  concernant  les  fournitures  et  un 
repas  de  dimanche. 


44.   1785,  7  janvier  ;  Arlon.  —  Lettre  de  A.  Pierson,  déclarant  que  la  sei- 
gneurie d'Autel  est  divisée  comme  suit  : 


à  Mad.  de  Lefebre   . 

à  M.  le  baron  de  Hinderer 

à  M.  le  Président  (de  Gerden) 


60/120 

59/120 

1/120 


45.  Vers  1789.  Mémoire  concernant  la  seigneurie  d'Autel,  par  GoUard,  à  ce 
commis  par  décret  de  la  Cour  du  20  avril  1782. 

Extraits  :  Les  5/8  de  la  seigneurie  d'Autel  et  de  Sterpenich,  mis  en  criée  par 
l'autorité  du  Grand  Conseil  de  Malines,  ont  été  adjugés  le  10  novembre  1650  à 
Jean    de    Reichling,  colonel  d'un  régiment  de  Haut-Allemands,  seigneur  de 


—     366     — 

Mouzon.  De  son  mariage  avec  Odile  d'Huart,  le  colonel  de  Reichling  n'a  pas  eu 
d'enfants. 

Une  nioilié  des  5/8  passa  alors  au  frère  du  colonel,  Thomas  Reichling,  rece- 
veur des  domaines  à  Arlon,  et  aux  enfants  de  sa  sœur,  épouse  d'un  sieur  Kleffer. 

L'autre  moitié  échut  à  la  famille  d'Huart. 

Les  5/8  ont  donc  été  divisés  en  12  parts,  dont  6  aux  d'Huart  et  3  au  receveur 
Reichling.  Celui-ci  acquit  un  douzième  (des  5/8)  de  sa  nièce  Odile  Kleffer,  épouse 
de  N.  Seïer,  d'Arlon,  par  acte  du  11  avril  1670.  Il  avait  donc  4/12  lorsqu'il  est 
venu  à  décéder,  laissant  deux  filles  :  Anne-Marie  et  Marie-Glaire. 

Anne-Claire,  mariée  au  S''  d'Appelter,  bailli  à  Vianden,  acquit  l'un  des  6/12  de 
la  famille  d'Huart,  de  Christophe-Albert  d'Huart,  par  acte  du  9  octobre  1697.  La 
même  acheta  encore  un  des  6'12  des  d'Huart,  que  lui  vendirent  Odile  d'Huart  et 
Charles  de  Soudonville,  conjoints,  le  28  avril  1698. 

Les  deux  sœurs  Reichling  ensemble,  par  acte  d'échange  du  24  avril  1690, 
avaient  acquis  encore  deux  autres  parts  aux  6/12  des  d'Huart,  du  comte  de 
Jobert  et  de  la  comtesse  de  Letang,  son  épouse. 

Elles  acquirent  aussi,  par  actes  du  8  mai  1698  et  du  2  mars  1699,  la  moitié  des 
5/8  appartenant  aux  d'Huart,  que  leur  vendit  Gérard-Mathias  d'Huart,  lieute- 
nant de  cavalerie  au  régiment  de  Manderscheidt,  et  J.-B.  de  Wailly,  seigneur  de 
Fronville,  époux  de  Marie-Marguerite  d'Huart. 

Anne-Claire  de  Reicheling  est  décédée  sans  hoirs,  et  eut  pour  héritière  sa 
sœur.  • 

Celle-ci  acquit  ensuite  un  douzième  des  5/8  du  s»"  Henron,  le  3  juin  1711. 

L'héritière  de  M"«  Anne-Marie  de  Reichling  était  M"«  Charlotte  de  Ryaville, 
épouse  dubaron  de  Hinderer  (1). 

Comme  le  transport  de  la  moitié  des  5/8,  vendue  par  MM.  d'Huart  et  de  Mailly 
n'a  pas  été  fait,  le  baron  Henri-Gérard  d'Huart,  à  qui  la  propriété  en  était  restée, 
craignant  des  difficultés,  céda  ses  droits  au  baron  de  Hinderer. 

46.  1759,  12  avril.  Château  de  Pontd'oye.  —  L'abbé  liages,  prêtre,  docteur 
de  la  Sorbonne,  prieur  de  S*  Aubin,  procureur  du  marquis  du  Pontdoye,  laisse 
la  Peieschmûhlen  en  bail  héréditaire  à  Pierre  Schmit.  Témoins  :  Sire 
Henri  Guillaume,  prêtre  demeurant  à  Pontdoye;  Nicolas  Siebenaler,  marchand  à 
Arlon.  Signatures.  —  Expédition  authentique. 

47.  1763,  11  avril,  Arlon,  Jean-Baptiste  Papier,  notaire.  —  Le  duc  de  Cors- 
warem-Looz,  demeurant  à  son  château  de  Ste-Marie,  laisse  en  bail  héréditaire 


(1)  Cl.  Emile  Diderrich.  Notice  historique  sur  la  famille  de  Ryaville .  Lu.xenibgurg,  1912 


—     367     — 

le  moulin  dit  Petersmûhle  avec  dépendances,  qu'il  avait  acquis  du  marquis  du 
Pontdoye,  à  François  Perlé  (1),  échevin  de  la  ville  d'Arlon,  et  de  Jeanne  de  la 
Chapelle,  conjoints.  Témoins  :  Jean-François  André,  curé  de  Ste-Marie,  et 
Joseph  Canon,  demeurant  à  Lenclos.  Réalisation,  le  28  mai  1776.  —  Parche- 
min ;  expédition  authentique. 

48.  1790,  5  janvier.  Arlon,  Jean-Baptiste  Richard,  notaire.  —  Henri  André, 
meunier  au  moulin  de  St-Pierre  à  Frassem,  et  Barbe  Theis,  conjoints,  vendent 
à  Emmanuel  Gillet  et  à  Jean-Baptiste  Gillet,  directeurs  du  fourneau  de  Luxe- 
roth,  le  dit  moulin,  que  les  vendeurs  avaient  acquis  de  François-Hyacinthe 
Dumont  (époux  d'Anne-Louise-Henriette  Perlé),  capitaine  et  prévôt  d'Izel,  par 
acte  du  22  juin  1784.  Transport  devant  la  justice  d'Arlon,  8  janvier  1790.  — 
Expédition  authentique. 

49.  An  X,  12  germinal.  Arlon.  —  Jean-Baptiste  Gillet,  propriétaire  du  moulin 
de  St. -Pierre  près  de  Frassem,  y  demeurant,  et  Emmanuel  Gillet,  facteur  à 
Laclaireau,  frères,  vendent  le  bail  héréditaire  du  dit  moulin,  qu'ils  avaient  acquis 
des  époux  André  Theis,  aux  citoyens  Jacques  et  Pierre  Kieffer,  meuniers  au 
moulin  de  Clairefontaine.  —  Expédition  authentique. 

50.  1808,  12  janvier.  Arlon,  G. -M.  Schmit,  notaire.  ~  Jacques  Kieffer,  meu- 
nier au  moulin  de  St. -Pierre  à  Heckbous,  et  Angélique  Billig,  conjoints,  ainsi 
que  Pierre  Kieffer,  meunier  à  Clairefontaine,  vendent  le  bail  du  dit  moulin  à 
Willihrord  Reding  et  Thérèse  de  Mallaise,  de  Bettembourg,  —  Expédition 
authentique. 

51.  1808,  14  mai.  Arlon,  notaire  Jean-Nicolas  Rossignon.  —  Jean-Baptiste 
Goris,  homme  d'affaires,  demeurant  au  château  de  Steen,  commune  d'Elhvyt, 
vend,  en  sa  quahté  de  fondé  de  pouvoirs  de  Mad.  Auguste-Joseph  Delapuente, 
veuve  Dehorman,  rentière  à  Bruxelles,  la  propriété  du  moulin  de  St. -Pierre, 
détenu  actuellement  par  Willibrord  Reding,  ainsi  que  le  Mûhlenbusch  à  Char- 
les-Alexandre De  Marches,  rentier  à  Guirsch,  représenté  par  Antoine  Résibois, 
maire  d'Arlon.  —  Expédition  authentique. 

52.  1809,  12  février.  Arlon,  G. -M.  Schmit,  notaire.  —  Les  époux  Reding  — 
de  Mallaise,  de  Petersmûhl  vendent  le  bail  du  dit  moulin  à  Antoine  Résibois, 
d'Arlon.  —  Expédition  authentique. 


(1)  Était  maître  de  poste  à  Arlon  en  1775. 


—     368     — 

53.  1812,  3  mars.  Arlon,  notaire  J.-N.  Rossignon.  —  Charles-Juste  de  Bock, 
chef  du  secrétariat  de  la  Grande  Chancellerie  de  la  Légion  d'honneur,  demeu- 
rant à  Paris,  vend  à  Antoine  Résibois,  maire  et  directeur  des  postes  à  Arlon,  le 
Pratzenbitsch,  à  Frassem. 

Expédition  authentique. 

54.  1752,  18  septembre,  Luxembourg.—  Lettre  de  P.  Galibert,  arpenteur  juré, 
estimant  la  terre  de  Wintrange  à  une  valeur  totale  de  1446  écus,  2  escalins,  5 
sols,  8  deniers  13/75. 

65,  1791,  92,  93,  94  et  97.  Forges  de  Dommeldange.  —  Engagements  des 
voituriers  de  Schœafels,  Rameldange,  Gosseldange,  Pretting,  Bourglinster, 
Ernster,  Steinsel,  Consdort,  Hollenfels,  Kœspelt,  Meistert,  Gomering,  Hins_ 
torflf  etc.,  pour  transporter  les  charbons  des  bois  environnants  aux  usines  de 
M.  Collart  à  Dommeldange. 

—  2  cahiers  in-folio. 

56.  1731-1766;  1798-1803.  Deux  dossiers  contenant  la  correspondance  des 
familles  de  Hinderer  et  de  Gerden  au  sujet  d'Autel. 

57.  1816,  1  juillet.  —  Guillaume,  roi  des  Pays-Bas,  nomme  J.  Résibois, 
d'Arlon,  directeur  des  postes  en  cette  ville.  —  Diplôme  original,  hollandais. 

(A  suivre.) 


N.  B.  L'impression  de  notre  manuscrit  était  déjà  commencée,  lorsque 
M.  Auguste  Collart  nous  annonça  la  découverte  d'un  second  lot  d'archives  dans 
lequel  se  trouvent  de  nombreux  documents  dont  nous  ferons  suivre  les  analyses 
prochainement.  A  cette  occasion  nous  ajouterons  une  table  alphabétique. 

E.  D. 


Compte  Seiê"2iJ'''a' 

des  Recettes  et  des  $)2p2rises 

RÉALISÉES  EN 

la  terre  et  Seigneurie  de  jYeufcf]âteau  et  du  Î3an   de  jYCellier 

en    l'an   176^, 

publié  par  M.  l'abbé  E.  LETAIN,  curé  à  Saint-Médard. 

INTRODUCTION. 


Au  commencement  du  iH^  siècle,  la  Terre  et  Seigneurie  de 
Neufchâteau  et  Meliier  appartenait  par  indivis  et  à  part  égale, 
aux  nobles  familles  d'Arenberg  et  de  Lœwenstein.  Le  droit  de  la 
première  famille  ne  fut  jamais  contesté  ;  mais  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  la  2"ie.  Depuis  plus  de  200  ans,  les  représentants  de  la 
famille  de  Stolberg  prétendaient  avoir  di'oit  non  seulement  à  la 
moitié  de  la  Terre  de  Neufchâteau,  mais  encore  à  la  Seigneurie 
de  Bertrix,  et  à  tout  le  Comté  de  Rochefort. 

Le  différend  fut  tranché  le  9  juillet  1755,  par  les  soins  de  l'Im- 
pératrice Marie-Thérèse,  qui  en  sa  qualité  de  duchesse  de  Luxem- 
bourg, excerçait  son  droit  de  Suzeraine  sur  les  terres  en  litige. 
Le  droit  des  de  Stolberg  était  établi  [)oni'  la  Terre  de  Rerlrix  et 
le  Comté  de  Rochefort.  Quant  à  Neufchâteau,  les  de  Lœwenstein 

■25 


—     370     — 

ne  conservaient  plus  que  le  1/6,  les  2  antres  sixièmes  étant  dévo- 
lus aux  (Je  Stolbeig.  Celle  décision  fut  acceptée  par  les  parties  en 
présence  ;  et  le  15  avril  1760,  «  le  Prince-Régnant  de  Stolberg  (l) 
déclare  tenir  en  fief  de  Sa  M.  l'Impératrice,  le  tiers  de  la  Ville, 
Terre  et  Seigneurie  de  Neufchàteau,  et  du  ban  de  Mellier,  par 
indivis  avec  le  Prince  d'Aretiberg  qui  en  a  la  moitié,  et  le  Prince 
de  l.œwenstein-Wertheim  qui  en  a  le  sixième  (2). 

C'est  ce  que  déclare  aussi  le  prévôt  des  Seigneurs  princes  de 
Stolberg  et  de  Lœwenstein,  au  nom  de  ses  maîtres,  dans  les 
tabelles  de  Marie-Thérèse  imposées  par  ordonnance  du  l'2  mars 
1766  11  y  est  dit  que  la  Terre  et  Seigneurie  de  Neufchàteau  ap- 
partient  pour  la  moitié  au  Seigneur  d'Arenberg  et  pour  l'autre 
moitié  aux  nobles  familles  de  Stolberg  et  de  Lœwenstein,  la  pre- 
mière pour  deux  tiers  et  la  seconde  pour  l'autre  tiers. 

La  même  déclaration  est  faite  par  le  délégué  de  la  famille 
d'Arenberg,  avec  les  observations  suivantes  :  «  Il  est  à  observer 
«  que  le  Seigneur  Duc  d'Aremberg  possède  la  moitié  de  cette 
«  terre  corn  nie  descendant  de  l'ancienne  et  illustre  maison  de  la 
«  Marck,  qui  a  possédé  cette  Seigneurie  pendant  plusieurs  siècles, 
«  et  qu'elle  est  directement  mouvante  et  relevante  de  Sa  Majesté 
a  comme  duchesse  de  Luxembourg  et  comtesse  de  Chiny. 

(c  II  est  aussi  à  considérer  que  le  nombre  des  usagei's  s'aug- 
«  mente  considérablenjent  de  jour  à  autre,  ce  qui  diminue  à  pro- 
«  portion  le  produit  des  bois  du  déclarant  ;  surtout  si  l'on  fait 
«  attention  que  pour  4  sols  8  deniers  que  paye  chaque  usager, 
«  on  lui  délivre  6  cordes  de  bois,  outre  le  bois  d'Agriculture  ;  et 
<(  que  les  cordes  étant  façonnées  par  le  propre  usager,  il  y  fait 
«  entrer  un  quart  plus  de  bois.  De  plus,  l'on  ne  fait  aucun  profit 
«  des  arbres  chênes  qui  suffisent  à  peine  pour  bois  du  bâtiment 
((  et  d'agriculture,  sous  la  rétribution  très  modique  des  pres- 
<L  talions. 


(1)  Cuni.  Lux,  Vf.  A.  pp.  19  et  37.  Le  différend  s'était  élevé  à  l'occasion  de  la  succession  des  «  de  la 
Marck  » . 

(2)  Cfr.  Com.  Lux.  VI,  pp.  l'J  et  37  -  870.  Pour  l'origine  du  démêlé  et  la  réalisation  de  l'accord   inter-' 
venu,  Cfr.  id.  pp.  -18  ;  868  et  869. 


—     371     — 

«  î/on  supplie  aussi  d'observer  que  les  ferrages  de  cette  terre 
K  et  l3an  de  Mellier  au  eommencemeut  du  siècle  passé,  se  mon- 
«  taient,  année  commune,  à  200  muids,  et  que  par  la  mauvaise 
«  foi  des  habitants  de  ces  terres,  qui  recèlent  ou  dénient  les 
«  adstrictions  aux  dits  droits,  prétendent  qu'on  doit  leur  en  mon- 
«  trer  les  titres,  ainsi  que  des  autres  prestations  ;  ce  qui  est  ce- 
ce  pendant  impossible,  à  cause  de  leur  ancienneté  qui  va  à  plusieurs 
«  siècles,  indépendant  des  incendies,  guerres  et  autres  ravages, 
«  et  dont  la  manie  et  l'acharnement  aux  piocèssont  montés  à  un 
«  tel  point  qu'ils  contestent  généralement  tous  les  droits  des  Sei- 
(c  gneurs  »  (1). 

Le  compte  que  nous  publions  est  dressé  à  la  diligence  de  la 
famille  de  Stolberg,  par  MM.  de  Rossius  de  Humain,  et  de  Thierry  : 
ces  deux  signataires  sont  vraiseml)lablement  M.  de  Thierry, 
Prévôt  de  Neufchàteau  pour  le  Prince  de  Stolberg  et  M.  C.  A.  de 
Rossius  de  Humain,  officier  principal  et  prévôt  de  Rochefort. 

Ce  compte  renseigne  les  «  Receptes  et  les  Déboursements  » 
opérés  sur  la  terre  en  question  en  1704;  il  est  dressé  sur  un 
cahier  in-folio  de  75  pages.  Ce  document  nous  a  été  prêté,  grâce 
à  l'obligeance  des  héritiers  de  la  famille  Grandjean-r.ambotte,  de 
St-Médard. 


L'importance  de  ces  Documents  est  incontestable.  Elle  a  été 
démontrée  par  M.  le  D'  Van  Werveke,  cité  par  notre  collègue 
M.  Liégeois.  —  Ann.  de  ITnst.  1909—  p.  166.  —  Voir  aussi  les 
observations  de  ce  dernier  dans  les  préliminaires  du  compte  de 
Chiny  —  ibid.  p.  125  et  ss.  Ces  comptes  méritent  d'être  publiés 
«  à  cause  du  grand  nombre  de  renseignements  topographiques, 
historiques  et  économiques  que  fournissent  toujours  ces  genres  de 


(1)    Voir  Tabelle  de  Marie  Thérèse,  aux  archives  de  la   province  à   Arlon.    Nous   y     renverrons 
sous  les  initiales  T.    de  M.    T. 

Voir  également  les  actes  de  ventes  de   biens    nationaux-,   aux    mêmes  archives:    nous   les    dési- 
gnerons sous   les   initiales  V.    de   B.    N. 


—     372     — 

duciiineiils.  —Ces  documents  sont  pins  intùressants  encore  quand 
il  s'agit  coninie  dans  l'espèce,  d'un  compte  relatif  à  une  terre 
ayant  appartenu,  non  au  Souverain,  mais  à  des  Seigneurs  parti- 
cidiers,  car  il  est  toujours  difficile  de  les  consulter  :  pour  les 
f>remiers  on  n'a  qu'à  aller  aux  archives  du  royaume,  ressource 
que  l'on  n'a  pas  pour  des  comptes  particuliers  »  (l). 

St-Médard,  le  15  avril  1913. 
E.  L. 


Abréviations. 


A.  -  Altesse. 
Ant.  =  Antoine. 
Aug.  =  Auguste. 
Av.  =  Avoine. 
An®"*  =  annuellement, 
à  pr.  =  à  présent, 
arg.  c. —  argent  courant, 
arg.  f.  =  argent  fort, 
arp,  =  arpent, 
ari-ent  p    —  arrentement 

perpétuel, 
j^ois  =  Bourgeois 
br.  =-  brabant 
G.  =  corde 
Cl.  =  Claude 


c.  =  cire 
ch.  =  chapon 
Déb.  =  déboursé 

d.  =  denier 
Fr.  =  François 
fl.  =  florin 

fr.  =  franc 

God.  =  Godefroid 

Guill.  =  Guilleaume 

gr.  =  gros 

H.  -=  Henri 

Hér.  --=  héritage 

J.  =  Jean 

jh  =  Joseph 

j.  =  jour 

V.  de  B.  N. 


L.  A.  =  Leurs  Altesses 
1.  c.  =  livre  cire 
m.  =  inuid. 
Nas  =  Nicolas 
ord.  =  ordinaire 
P.  =^  Pierre 
p.  =  pied, 
par.  =  parisis 
q.  ==  quartel 
S""  =  Seigneur 
S'e  =  Seigneurie 
s.  b.  =  sol  brabant 
t.  =  terre 

T.  de  M.  T.   =  tabelles 
de  Marie-Thérèse 
vente  de  biens  nationaux. 


Monnaies  emploijées  dans  le  présent  compte  (2). 

N.  B.    La   valeur  intrinsèque   du   florin  à  cette   époque  est  de 
fr.  8136  de  notie  monnaie;  le  sol  vaut  donc  0  fr.  0906. 


(1)  M.  Vannérus,  lettre  à  l'auteur, 

(2)  Dans  le  présent  compte,  les  iiioaaaies  sont  toutes  réduites  en   (lorins,   sois  et  deniers:  le  sol 
valant  il  deniers  et  le  tlorin  20  sols. 


373 


L'ECU  =  56  sols,  ou  2  fl.  16  s.-O  d. 

Le  franc  (ancien)  =  Ofl.  12  s.-O  d. 

Le  franc  fort  =  1/4  de  l'Ecii  ou  0  fL  '14  s.-O  d. 

L'Esqualin  =  1/2  du  fr.  L  ou  0  fl.  7  s.-O  d. 

6  parisis  =  7  deniers. 

Le  liard  ==  1  3/4  denier. 

Le  soi  fort  =  14  deniers. 

Mesures. 

Le  muid  =  12  quarteis  ou  144  mels. 

Le  quartel  =  le  franchard. 

Le  quartel  pel  =  11  2/27  mels  (1). 

liste  des  localiiés  citées  dans  le  présent  compte. 


A.  Aleumont,  30-39. 
Assenois,  4. 

B.  Bernimont,  4-21-58-63. 
Bertrix,  71. 

G.  Cousteumont,  43-47. 

F.  Fineuse,  19-35-71. 
Florenville,  31 
(les)  Fossés,  54. 
Fraiture,  59. 

G.  Gennevaux,  23-41-53-60. 
Gérimont,  59. 
Gohimont,  36. 

Grand  voir,  7-35, 
M.  Habaru,  39-45-55. 

Hamipré,  6-7-19-21-24-55. 

Humain,  71. 
L.  Lahérie,  17. 

Lavaux,  55. 

Léglise,  13-28-53-58. 

Longlier,  3-4-7-9-10-14-18-19- 
30-43-45-46-47-55-60-6 1-62. 


M.  iMartué,  31. 
Massul,  4. 

Mellier,  4-7-cS-9-l 0-12-13-16- 
1 8-22-23-24-27-28-33-34-36- 
38-4 1-45-46-49-5 1  -53-56-60- 
61-62-66-67. 
Molinfaing,  4-14-17-21. 
M  or  i  val,  42-45-55. 
N.  Namoussart,  21-61. 
Narcimont,  13. 
Neufchàleau,    3-6-7-10-11- 
1 2-1 5-1 6-1 7-18-1 9-20-22-23- 
24-25-26-27-29-32-38-44-46- 
48-49-50-56-58-59-6 1-63-6  i- 
69-71. 
Neuville,  60. 
P.  Petitvoir,  14. 
R.  Respel,  21. 
Rossart,  17. 
Rossignol,  53,  54. 
S.   Sl-tlubert,  7-57. 


(I)  Voir  p.  391  du  pr.  compte. 


—     374      — 


S.   Seiiiel,  8-55. 

S  pin  eu  se,  53. 

Straimont,  4-5-9-14-53. 

Suxy,  4-5-IJ-OO. 
T.  Tliibessart,  8. 

Tuiirnay,  21-21). 


Tiunquuy,  1 4-55-(30-63. 
V.  Veaux,  60. 

Verlaine,  21-60. 
AV.  Warmifon laine,  21. 
Wiltimont,  58-60-61-63. 


lisie   des   £ieux-dits. 


A.  Aux  Bocquillons,  36. 
A  la  Havanne,  5. 

A  la  Fosse,  19, 
A  la  Scivanne,  5i. 

B.  Bois  de  Bereanmont,5. 

«     des  Glienos,  36. 
«     de  Gohimont,  36. 
«     de  la  Haye,  26. 
«     d'Ospeau  26. 

C.  Cence  de  Motivai,  42-45 
Chennin  de  Vert-Bois,  53. 
Cher-Pré,  13. 

Côte  du  Chenu,  19. 

D.  Deirière  la  forêt,  53-54. 

F.  Fagnes  du  Bisenil,  33. 

»      des  Fourches  des 
eaux,  4. 

«       des  Gros-Prés,  13. 

»      de  Harmifagne,  34. 

»       Harsin,  34. 

«       Bassel,  54. 

«       Varichaud,  13. 
(la)  Fontaine  à  la  Daine,  7. 
Fosses  du  Lombard,6-17-18. 
Fosses  du  Château,  6-18-19. 

G.  (la)  Goutelle    des  Grands- 

Prés,  4. 
H.  Hucqueny,  60. 


L.  (la)  Lîambois,  14. 
La  Courvé,  58. 
La  Rosière,  17. 
M.  Mairie  Godefroid,  28. 
N.  Neuf-pré,  7. 
P.  Petit-vivier  d'Aleumont,  30. 
Ploïe-Bioulle,  23. 
Porte  de  Longlier,  7-18. 
Pré  Aidant  (ou  Nidant),  30. 
<c     Bucqueny  (ou  llurqiiPiiy),  53. 
«    Bailliol,  4. 
«     Bourguignon,  8. 
«    Bréda,  8. 
((     Chardel,  60. 
«     d'Hallefontaine,  60-63. 
«    du  Bru,  8. 
«     Henriette  ('Ml  Chevroux),  53. 
«     Hindelet,  8. 
(.(     (I«  longlier  (ou  |irc  Richard),  30. 
c(    Marquet,  30. 
((    sous  Semel,  8. 
R.  Ruis-icau  dp  U  vis  d'Aumoiil,  4. 
ï.  Teries  Hendricques,  28. 
V.  Vivier  de  la  Meule, 

«  d'en  Haut  de  Mellier,  9. 
«  d'en  Bas  de  Mellier,  9. 
«  de  Straimont,  9. 
Vieux-Moulin,  58. 


—     375 


^able  des  l^ecetks  et  des  J)épenses. 
I.  Recettes  a)  EN  ARGIùNT. 


Prairies  :  4-13-30. 

Fagnes  :  4. 

Bois  :  5-36-37. 

Chassai  et  Maisons  :  6-15. 

Brassine  :  6-7. 

Jardin  :  6. 

Aisances  :  7. 

Prairies  :  8. 

Viviers  :  9. 

Graisse  :  10. 

Bourgeois  :  11. 

Moulins  :  12. 

Héritages  et  tei'ritoires  :  14. 

Fours  Bannaux  :  16-29. 

Bans  et  territoires  :  17. 

Nouveaux  Arrantenients  :  18-19 

Etaux  :  20. 

Balances  et  poids  :  20. 

Confrérie  des  Drapiers  :  20. 

Pavillions  e    Porcs  :  21. 

Ton  lieu  :  22. 

Fief  de  Tonne  :  22. 

Travers-Passages  :  23. 

Tailles  :  24. 


Guets  :  25. 

Haute-Paisson  :  26. 

Pan nage  :  27. 

Mairie  Godefroid  :  28. 

Terres  Hendriques  :  28. 

Dimes  :  31-3843-45. 

Amendes  de  forfaitures  et  de 

Gruerie  :  32. 
Forges  :  33-34-35. 

b)  EN  NATURE. 

Avoines  :  45-46-50. 

1)  de  la  Messerie  :  46. 

2)  des  Corvées  :  46. 
Farine  d'avoine  :  51-52. 
Cire  :  53  à  56. 
Gabelle  :  56. 
Chapons  :  58  à  62. 
Poules  :  63  à  65. 

1)  de  la  Messerie  :  64. 

2)  des  Corvées  :  64. 
Anguilles  :  66  67. 


II.  DEPENSES. 


a)  En  nature. 


1)  En  seigle  pour  dime  :  43. 
Pour  réduction  de  fermage  :  43 

2)  En  avoine  pour  dime  :  47. 
Pour  réduction  de  fermage  :  47 

3)  En  cire  pour  chandelle  :  57 
A  l'abbave  de  Sl-HuberL  :  57. 


bj  En  argent. 


1)  Frais  de  justice  :  69. 

2)  Pour  l'officier  :  70. 

3)  Pour  anniversaire:  70. 

4)  Pour  gciges  :  70. 

5)  Pour  habillements  :  71. 

6)  Pour  ports  de  lettres  :  71. 

7)  Pour  frais  de  notaire:  71. 

8)  Travaux  de  réparations  :  71 


376 


(Compte    des    Hceeitcs   et  des    Dépenses    de    ïa    T'evve    et 
Seigneurie  de  Neufeûkteau  et  du  Ban  de  melîier. 


(P.  3)  (1) poui'  toute  la  Terre  de   Neufchâteau droit  aux 

illégitimes  qui  meurent  sans  hoirs  et  à  eux  chut  par  droit  accoutumé  des  lieux, 
parmi  païant  les  exseques  et  deptes,  si  aucunes  il  y  a;  et  si  les  deptes  excédent 
l'échéance,  les  Seigneurs  les  peuvent  quitter  sy les  laisser  aux  crédi- 
teurs. 

Item  mes  dits  Seigneurs  ont  le  droit  de  commettre  un  prévost,  gruïer,  deux 
maïeurs  et  trois  échevins  en  la  Terre  de  Neufchâteau  et  au  banc  de  Mellier. 
Avec  ce,  ont  droit  de  tout  excès,  pardon  et  rémission  écheuttes  es  dites  Terre'?. 

(P.  4).  Recepte  en  argent  au  jour  St-Remi,  des  bancs  de  Long  lier  et  de 
Mellier^  sur  prairies  ordinaires  {•^). 

De  Gérard  Guilleaume,  de  Straimont,  pour  le  pré  lui  accordé  contenant  5  j. 
de  terre  sur  la  goutelle  des  grands  Prés  (3),  tirant  bas  vers  l'eau  de  chacun  jour 
3  gr.  à  présent,  Guilleaume  Gillet  de  Suxy  :  1  fr.  3  gr.  faisant  argent  courant  : 

Ofl.  17  s6d. 

D'Arnould  de  Nolinfaing  pour  le  pré  Bailliol,  dessous  le  chemin  qui  vat  de 
Bernimont  à  Molinfaing,  joignant  les  hoirs  Collet  ;  à  présent  Henri  Hardi  de 
liOnglier  ;  3  g  :  .  .  .  .  .  .         0-3-6. 

De  Remanant  d'As.senois,  pour  les  faignes  des  Fourches  des  Eaux,  montant  vers 
le  ruisseau  de  la  Vis  d'Aumont  et  aux  forêts  des  seigneurs  de  Linché  ;  remis 
1  fr.  6  gr.  :      .  .  .  .  .  .  .         1-1-0. 

Page        :   2  11  —  2  s.  ;  à  Leurs  Altesses  1  fl  ~  1  s. 

(Page  5).  Autre  Recepte  au  dit  Jour  des  bancs  de  Long  lier  et  de 
Meillier. 


(>)  La  couverture  pp.  l  et  2,  manque. 

(2)  En   marge,    la   note   «  oi'dinaire  »   i|iii    se    ic^piMe   devant    Ips    dilTcients    chapitres    de  recettes 
jusqu'à   la  page  7   iiiclusiveiiient. 

(3)  l^rès  de  Léglise. 


—      377      — 

De  Jean  Devoir  de  Massiis,  pour  le  bois  de  Bereaiimont  (1),  à  présent  Gode- 
froid  Goes  de  Massus  :  2  gr     .  .  .  .  .  .         0-2-4. 

Le  15  juillet  1672  a  été  remis  à  Jacques  Bouchain,  de  Slraimont,  2  nouées  à 
la  Hawane  (2)  dessous  la  piessente  qui  vat  de  Straimont  à  Suxy  ;  à  présent  P. 
Bonchain  ;  6  liards  .  ......     0-0-1012. 

Page  :  0-3-2  1/2  :  à  Leurs  Altesses  ....       0-1-7  1/4. 

(Page  6.)  Recepie  au  dit  jour  sur  chassai  et  maison. 

De  J.  Bourdonchelle  pour  le  chassai  où  est  assise  sa  maison  à  Hamipré  ;  à 
présent  la  V'''  Vasbergem  4  gr.         .  .  .  0-4-8. 

Du  dit  Bourdonchelle,  pour  autre  chassai,  joignant  sa  maison,  à  présent,  la 
V^e  Bougi  :  4  gr    .  .  ...  .  .  .  0-4-8. 

La  place  sur  le  four  banal  a  été  relaissé  à  Joseph  Vasseaux  par  acte  du  20 
mars  1750,  à  4  fr.     .  .  .  .  .  .  .         2-16-0. 

De  J.  Facille  pour  son  jardin  aux  Fossés  de  Lombard,  consistant  en  40  pieds 
en  longueur  et  30  en  largeur  ;  8  gr.  a  présent  Sir  Gofflnet.         .         .         0-9-4 

De  J.  Gollian  Alison,  pour  sa  cave  dessous  la  halle  de  Neufchâteau,  que  paie 
la  V^«  Paul  Daubi  ;  4  gr 0-4-8 

De  N.  Wauthier,  pour  sa  brassine,  jardin  et  écurie,  aux  Fossés  du  Château  : 
54  gr.  à  présent  Jean  Ghauveau 3-3-0 

De  J.  Lagarmitte,  pour  un  jardin  à  joignant  la  brassine  ci-dessus  à  présent 
Sir  Gotfinet 6  gr.  0-7-0 

Page  :  7-9-4  ;  à  leurs  Altesses  ;  3-14-8. 

(P.  7).  Recepte  au  dit  jour  des  Bancs  de  Longlier  et  de  Mellier. 

D'Englebert  d'Aleumont,  pour  sa  brassine  dessous  le  moulin,  par  requeste 
présenté  par  J.  Jacob  le  15  mars  1700,  pour  aggrandir  et  élargir  la  dite  bras- 
sine de  8  p.  en  longueur  et  12  en  largeur;  comme  aussi  une  petite  place  pour 
un  jardin  de  40  p.,  parmi  une  rente  de  12  g.  à  présent  :  Fr.  Gofflot  :        0-14-0 


(1)  Bois  de  Bereaumonl  =  environ  25  hect.,  à  000  m.  de  Juseiet.  Le  long  de  ce  bois,  se 
trouvent  diverses  parcelles  de  bois  sur  la  section  de  Massul,  et  appartenant  à  plusieurs  proprié- 
taires. 

(2)  La  Havanne,  lieu  dit  d'une  fnrèt  appartenant  à  .Mgr  le  Duc  d'Arenberg.  Elle  est  traversée 
dans  sa  plus  grande  longueur  pai'  le  chemin  de  fer  du  Lu.xembourg.  Elle  est  située  entre  Mellier, 
Les  Fossés  et  Rossignol.  Contenance  :   environ   2000  \\wX. 

Parmi  les  lieux  dits  de  cette  forêt,  il  y  a  dans  le  présent  cumpte,  les  l!,,cMuillons  (page  :î6), 
à  la  Fosse  (p.  19).  à  la  Scervanne  (p.  54)  etc. 


—     378     — 

I»e  François  de  St-lluberl,  pour  quelques  places  d'aisances,  du  costé  de  la 
Fontaine  à  la  Dame  ;  à  présent  Baptiste  Conrotte  y  a  sa  tannerie     .  0-1-2 

De  Godefroid  le  Brasseui',  pour  une  petite  place  où  il  a  érigé  la  muraille  de  sa 
maison,  devant  la  porte  de  Longlier,  à  présent  la  V^'®  Lepauque,  1  gr.        0-1-2 

De  H.  Genette  de  Hamipré,  pour  le  Neuf-Pré  (1),  à  présent  Salomon 
Gilon.  ........  0-3-6 

De  Malhelin  Martin,  pour  une  place  d'aisance  qui  est  le  jardin  Halbardier  au 
Neufchâteau,  4  gr.  6  par       ......  0-5-3 

Page  :  1-5-1  à  leurs  Altesses.  ....  0-12-6  1/2 

(P  8)  Recepte  des  prairies  haussées  et  adjugées  le  4  octobre  1758 
pour  un  terme  de  6  années^  ici  la  dernière. 

Le  pré  Hindelet  (2),  adjugé  à  Didier  Reuller  de  Longlier  (3)  à  17  Ir.  1/2  :  en 
fl.,  10  fl.  10  s.;  moitié  ......  5-5-0 

Le  pré  sous-Semel  (4),  après  que  le  rendant  y  aura  pris  6  charrées  de  foing 
pour  émolument  d'office,  le  surplus  aiant  été  exposé  en  hausse,  est  resté  à 
néant  :........  0-0-0. 

Les  prés  Bourguignon  et  Bréda,  ont  été  adjugés  à  Antoine  Gope,  de  Grand- 
voir,  à  60  s.  moitié  ;......  1-10-0. 

Le  pré  Bréda  se  renseigne  à  l'article  ci-dessus  :    .  .  .  0-0-0. 

Le  pré  (5)  de  la  Queu  du  Vivier  (6),  le  rendant  en  jouit  :  .  -         0-0-0 

Le  pré  (7)  du  Bru  (8),  nu  banc  de  Meillier,  a  été  adjugé  à  Nicolas  Lepère  de 
Thibessart,  à  15  écus  et  7  s.  en  fl.  —  42  fl.  7  s   ;  moitié  :  21-3-6. 

Page  :  à  leurs  Altesses  :  27-18-6. 


(1)  Neuf-pré  :  lieu  dit  dei  riére  la  ferme  de  Mellier,  anciennement  au  duc  d'Aremberg. 

(2)  Prés  de  Mellier. 

(3j  En  marge  de  ce  poste  et  des  trois  suivants  «  B""  dernière  année  ». 

(4)  Vendu  en  -1807  pour  4500  frs.  Contenance  :  8  hect.,  88  ares.  L'acheteur  est  Josc|ih  Collette  de 
Neufchâteau.  (V.  de  B.  N.). 

(5)  En  marge  de  ce  poste  :  «  comme  aux  comptes  précédents  ». 

(6)  Pré  de  la  Queue  du  Vivier  :  55  ares  de  médiocre  qualité,  vendu  800  frs.  à  François-Joseph  Rollaiid- 
Burton  de  Neufchâteau.  (V.  de  B.  N.,'. 

(7)  En  marge  «  6%  dernière  année  ». 

(.8)  Pré  du  BruI,  près  de  Thibessart,  vendu  12500  frs.  —  Cuntenance  :  20  hect.,  75 ares.  (V.  de  B.  N.). 

Outre  ces  terrains,  on  a  vendu  aussi  en  1807  :  a)  le  pré  des  Sergents,  1150  frs.  b)  Le  pré  de  la  Cla- 
vière  (1  hect.,  12  ares,  50  cent.)  pour  3000  frs.  c)  Le  pré  de  Hemroule  (12  a.  50  c.)  pour  600  frs,  d)  Le  pré 
de  la  Chuureveau  (56  a.)  pour  1800  frs.  e)  La  Ferme  de  Neufchâteau  (28  h.,  84  a.  de  (ferres  labourables,  et 
4  1/2  de  Fanges)  a  été  vendue  en  1808  au  sieur  Colette  et  consorts,  pour  33675  fis.  Elle  était  située  «sur 
les  communes  de  Neufchâteau,  de  Grandvoir  et  de  Lahérie  ».  Elle  était  louée  pour  3  ans  au  sieur  De 
Bertrix  pour  66  frs.  Tan  (V.  de  B.  N.  N   55). 


—     379     — 

(P.  9).  Receptes  (î)  au  dit  jour  des  Viviers  des  bancs  de  Longlier  et  de 
M  entier. 

Du  Vivier  d'en  haut  de  Meillier  présentement  réduit  en  prairie,  que  tient  le 
meunier  avec  le  moulin  rendant  par  an  6  fr.  forts  :      .  .  4-4-0. 

Du  vivier  d'eu  bas,  lequel  est  détruit  depuis  les  guerres,  le  meunier  de  Meillier 
en  profite  paiant  1  fr.  .  .  .  .  .  0-14-0 

Du  vivier  de  la  Meule,  accordé  par  décret  de  Son  A.  le  7  8*""e  17^3  à  Jean 
Tinret  (?)  au  rendage  de  il)  s.  forts  .  .  .  O-ii-8. 

Du  vivier  de  Straimont,  accordé  à  Gérard,  meunier  du  dit-lieu,  paiant  2  fr  1/2, 
à  présent,  Alexandre  A rnould      ....  1-15-0. 

Page  :  7-4-8  ;  à  leurs  Altesses.  .  .  .  3-12-4. 

(P.  10).  Recepte  de  la  Graisse  de  Longlier  et  de  Meillier. 

La  Graisse  (2)  de  la  Terre  et  Seigneurie  de  Neufchâ'eau  jette  par  les  4  jurés, 
montent  par  année  à  120  fr.  forts,  faisant  arg.  cour  .  .  84-0-0. 

La  graisse  du  Banc  de  Meillier  monte  par  chacun  an  à  8  fr.  forts  --=      5-12-0 

Page  :  89-12-0  :  à  Leurs  Altesses.  .  .  .         44-16-0 

(Page  11).  Recepte  des  Bourgeois  de  Neuf  château  et  des  Francs-Bour- 
geois de  la  terre.,  au  jour  St-Remi. 

Les  Bourgeois  (3)  de  Neufchàteau  et  Francs-Bourgeois  de  la  terre  montent 
cette  année  à  233  Bourgeois,  comptant  2  veuves  pour  1  bourgeois  ;  moitié 
116  1/2,  a  5  sols  argent  fort  :  .  .  48  fr.  6  gr.  6  par. 

en  florins  :  .  .  .  .  33-19-7 

Page  :    A  leurs  Altesses  :     .  .  .  33-19-7 

(P.  12.)  Recepte  des  moulins  (4)  au  jour  St-Etienne,  des  bancs  de  Lon- 
glier et  de  Meillier. 

Du  moulin  de  Neufchàteau  (5)  qui  doit  pai'  an  7  fr.  forts  =  ,        4-18-0 


(1)  En  marge  de  la  page  0  et  10,  la  note  «  oïdinaiie  ». 

(2)  Ce  droit  était  à  charge  des  habitants  bannaux. 

(3)  En  marge  (par  certificat  N'  1). 

(4)  En  marge, 'a  note  «  ordinaire  »  i|ui  se  répèle  devant  les  dillérents  chapitres  de  rpcettes,  jusqu'à 
Ip  page  19  inclusivement. 

(5)  Ce  moulin  fut  vendu  à  Remacle-Joseph  Colette  fîis,  le  2.5  avril  1807  au  pri.\  de  4900  frs.  \\  com- 
prenait un  moulin  à  grain  à  2  tournants,  une  scierie  à  côté,  un  jardin  de  .1  ares,  et  un  élang  de  3  hect.  ; 
d'une  rente  annuelle  de  865  litres  de  seigle  ou  48  bichets,  mesure  de  Virton.  (V.  de  B.  N.  n- 1). 


—     380     — 

Iiu  moulin  do  Mellier  (1),  qui  doit  par  an  7  fr  forts  --  4-18-0 

De  Paul  Gofflot  deNeufchàteau,  pour  un  moulin  à  moudre  écorce,  où  était  la 
foulerie  érigé  suivant  l'octroie  des  22  et  27  X'^'"«  1686  à  présent  J.  Burton 

1-12-8. 
Du  dit  Burton  pour  avoir  consti'uit  une  nouvelle  roue  au  dit  moulin  pour  fou- 
lerie et  pillcrie,  lui  octroie  par  décret  du  2  S*"®  1753,  21  s.  arg.  cour.         1-1-0 

De  J.  Tinret  de  Neufchàteau  pour  le  moulin  à  moudre  écorce,  érigé  sur  son 
fond,  par  octroie  du  21  avril  et  5  juillet  1698  ;  à  présent  la  V^^  j  Tinret, 

1  (r.  6  gr  ;  1-1-0 
Page  :  13-10-8  :  à  L.  A.  .  .  .  .  6-15-4 

(Page  13.)  Receptes  des  services  et  prairies  ordinaires. 

De  Gollin  Wautelet,  pour  service  que  soûlait  paier  Colas  Milignant  ;  à  présent 
Antoine  Troué  de  Léglise,  5  gros.  .  .  .  0-5-10 

De  J.    Lambourain  de  Belin,   pour  le   pré  de  sa  foulerie  à  présent  le  s""  de 
Senocq  de  Léglise  ;  6  gr.  .  .6  parisis  :  0-7-7. 

De  Nemeris  de  Narcimont,  pour  le  cher-pré,  que  paie  Englebert  Leclerc,  un 
1/2  gros     .  ...  .  .  .  .  .  .         0-0-7 

De  Jacques  le  Gaigneur,  pour  la  faigne  (2)  des  Gros-Prés,  contenant  2  arpens 
3  quarts,  à  6  gros,  à  présent  H.  Mergeaie  de  Meillier,  1  f.  1  gr.  9  par.    0-16-1/2 

De  Piette  de  Suxy,  pour  autre  faigne,   proche  Les  Fossés,  5  j.  1  quart  à  6 
gr.  :  2  fr.  2  gr.  3  par  .  .  .  .  .  1-10-7  1/2 

De  Jacques  Le  Gardeur,  pour  la  faigne  Varichaud  à  Meillier,  à  présent  Nicolas 
Le  Clerc,  2  fr.  .  .  .  .  .  l-8-O 

Page  :  4-8-8  ;  à  L.  A.  :  2-4-4. 

(P.  14).  Receptes  au  dit  Jour  sur  héritage  et  territoire. 

De   Beatrix  de  Longlier,  pour  l'héritage  Louis  Le  Franc  que  paie  J.  Didier 
Reuller,  1    fr.  .  0-14-0 

De  Godefroid  Gillet  de  Tronquoy  pour  4  j.  de  terre  proche  de  la  Bannibois  (3), 
1  fr.  8  gr.,  à  présent  la  chapelle  de  Tronquoy  .  .  1-3-4 


(1)  Le  moulin  de  MeUier  tut  vendu  lii  25  avril  1807  poui'  7100.  Il  comprenait  un  moulin  à  giain,  couvert 
d'ardoises,  en  bon  état;  une  scierie  il  côté  et  une  écluse  au-dessus  ;  les  places  ;i  fentour  contenant  il 
ares  ou  22  perches  ;  enfin  un  enclos  de  2  hect..  30  cent.,  (4  arpents  60  perches)  fermé  de  haies  vives. 

(V.  deB.  N.  n"l).    • 

(2)  Kagnes  des  gros-prés,  sur  le  territoire  de  Thibessart. 

(3)  La  Hanibois  :  bois  seigneurial  de  1026  arpents  et 8  perches,  à  l;i  recioissance  de  30  ans,  à  l'usage 
des  usagers,  ([uc  payent  chacun  4  Sols  8  den.,  et  reçoivent  en  letdur  6  cordes  de  bois.  I':n  1766  ils  sont 
au  nombre  de  463.  Outre  le  bois  de  chaull'age,  ils  reçoivent  aussi  le  bois  d'agriculture  et  de  bâtiment.  Ce 
bois  est  situé  prés  de  Tronquoy.  (T.  de  M.  T.) 


—     381     — 

Des  enfants  Adam,  pour  l'héritage  Gornel  ou  la  Meule,  que  paie  J.  Le  Reuthe 
de  Molinfaing:  2  Ir.  1  gr.  ....  1-9-2 

De  Pierion  de  Straimont,  pour  certaine  pièce  d'aisance,  situé  au  village  de 
Straimont,  desous  le  courtil  Gérard  ;  à  présent  Ant.  Gillet  :  1  gr.  0-1-2 

De  J.  Evrard  de  Tronquoy,  pour  la  faigne  tenante  à  la  Banibois,  à  présent 
Nas  Gobert  :  10  gr.  6  par  .  .  .  .  0-12-3 

D' Pierret,  de  Petitvoir,  pour  les  relais  bâtis  sur  la  rivière  d'entre  les 

deux  Voies  :  1  fr.         .  .  .  .  .  0-140 

Page:  4-13-11,  à  L.  A.  :    ....  2-6-111/2 

(P.  15).  Receptes  audit  jour  sur  Maison  et  Chassiaux. 

De  Toussaint  de  Barbier,  pour  une  place  lui  arrentée  à  la  halle  de  Neufchâ- 
teau  ;  à  présent  J.  Javaux,  4  fr.  2  gr.         .  .  .  2-18-4 

De  Louis  Piei-quin,  pour  la  place  lui  accordée,  à  présent  la  V^'«  Pierre  Guise, 
5  fr.  .  .  .  .  .  .  3-10-0 

De  J.  Gilson,  pour  la  scierie  au  relais  du  moulin,  à  présent  le  meunier  la 
tient  avec  le  moulin;  2  gr.  .....  0-2-4 

De  Thirion  Le  Masson,  pour  la  maison  GoUin  Gillet,  que  paie  J.-B.  Pierron  : 
2gr.  6  par  (1)         .  .  .  .  .  •  •  0-3-1 

Page  :  6-13-9  ;  à  L.  A.  :  3-6-10  1/2. 

(P.  16).  Receptes  des  fours  oannaux. 

Du  four  banal  de  Neufchâteau  (2)  qui  doit  par  an  3  fr.  .  2-2-0. 

Du  four  banal  de  Meillier,  relaissé  en  arrentement  perpétuel  en  suite  des  or- 
dres de  S.  A.  aux  habitants  du  dit  heu,  par  acte  passé  par  devant  la  justice  de 
Meillier  le  12  juillet  1742  ;  parmi  payant  12  fl.  brabant.  pour  lesquels  les  habi- 
tants se  sont  obligés  solidairement  cy  =     .  .  •  12-0-0. 

m  :   14-2-0  ;  à  L   A    :  7-1-0. 


(P.  17).  Recepte  sur  banc  et  territoire. 

De  J.  Notte  de  Lahéric,  pour  un  champ  situé  entre  Molinfaing  et  Lahérie, 
contenant  un  demi-jour  à  présent  H.  Desoie,  de  Lahérie,  3  gr  =  0-3-6. 

De  J.  Godefrind,  pour  une  place  lui  accordée,  proche  le  ruisseau  du  Moulin 
pour  une  tannerie,  8  gr.  à  présent  N^^  Ghenelon  0-9-4. 


(1)  ">  o-r  6  par   •  0-2-11.  Le  comptable  a  faii  ici  une  légère  eri'eur. 

(2)  184  habitants  sont  tenus  de  cuire  leur  pain  au  four  banal  de  Neufchâteau.   Les  Seigneurs  doi^ont 
fuui'nir  30  cordes  de  bois.  (,T.  de  -M-  T.). 


—     382     — 

I/nii  Kifil,  a  ôlé  acconlô  à  N"*^  Godefrind,  une  place  pour  une  tannerie,  paiant 
10  gr.  à  présent  Gilles  Boulenger  .  .  •  0-11-8. 

De  P.  De  Huile,  de  Neufchâteau,  pour  une  place  sous  l'étang  pour  y  ériger  une 
maison  ;  à  présent  Pierre  Sir  5  g.  .  .  0-5-10. 

De  Pv.  le  Cuvilier,  pour  une  place  lui  accordé  pour  construire  un  jardin  aux 
Fosses  du  Lombard,  6  gr  .  .  .  •  0-7-0. 

De  Thirion  le  Ruthe,  de  Rossarf,  pour  la  permission  de  tendre  2  ou  3  nasses 
en  la  rivière  de  Petitvoire,  jusqu'au  lieu  appelé  la  rosière  (1),  2  gr  ;  à  pré- 
sent le  s''^  Jacques  .....  0-2-4. 

Page  :   1-19-8  à  L.  A.  :  0-19-10. 

(P.  18).  Receptes  aux  dits  bancs  de  Longlier  et  de  Meillier  des  nou- 
veaux arrentements. 

A  été  accordé,  l'an  1643  à  Rémi  Golignion,  une  place  en  la  halle  de  Neufchâ- 
teau, paiant  5  fr.  à  présent  Collet.  .  .  .  3-10-0. 

It.  lui  a  été  accordé  une  autre  place  joignant  paiant  2  fr.  2  gr.  à  présent  la 
yve  Paul  Daubi  .  .  •  •  1-10-4. 

De  J.  Golignion  pour  une  place  dans  les  fossés  du  Château  (2)  proche  le  Lom- 
bard, 4  gr.  et  pour  le  ragrandissement,  4  gr.,  à  présent  Sir  Gofflnet,         0-9-4. 

De  J.  Dernier,  pour  une  place  où  était  une  petite  forge  joignant  la  Halle, 
2  fr.  et  pour  la  cave  1  gr  .  .  .  .  1-9-2. 

Du  dit  Bernier,  pour  une  place  dans  les  fossés  du  château  2  gr.  —  la  V^« 
Paul  Daubi      ......  0-2-4. 

Du  dit  Bernier  pour  un  petit  jardin  au  Fosses  du  château,  6  gr.  ;  à  présent 
Jacob  ......  0-7-0. 

Le  3  avril  1676  a  été  accordé  à  Fr.  Lembert,  une  place  aux  fosses  du  Lom- 
bard pour  une  forge,  12  gr.  et  pour  le  ragrandissement  6  gr.  à  présent 
P.  Gaussin       ......  1-1-0. 

De  la  maison  J.  Dassenois,  proche  la  porte  de  Longlier,  à  présent  Charles 
Dassenois,  8  gr  =  .  .  .  ..  .  0-9-4. 

De  Hubert  Laurent  pour  une  place  proche  la  porte  Salomon,  que  paie  Gilles 
Rolland,    4  gr.  .....  0-4-8. 

Page  :  9-3-2  ;  à  L.  A.   4-11-7. 


(1)  La  «  Rosière  »  près  de  Petitvoir. 

(2)  D'après  les  communes  luxembourgeoises  (Vf.  A.  p.  13),  Neufchâteau,  imposante  forteresse  jus- 
qu'au XVI*  siècle,  a  vu  ses  fortifications  détruites  par  les  Français  en  1555,  et  son  chateau-fort,  rasé  au 
Traité  des  Pyrénées  (1659).  C'est  ce  1(111  oxpli(iLie  les  nijuvf^aux  arrentements  accordés  dans  les  fossés  de 
la  ville  et  du  château. 


—     383     — 

(F*.  19).  Recopies  des  nouveaux  arrenteinents  qui  se  paient  argent 
courant. 

De  Henri  Conrotte  de  Neufchàteau,  pour  une  place  aux  fossés  de  celte  ville, 
entre  la  porte  de  Longlier  et  celle  de  Hamipré,  5  s.,  à  présent  Chenelon  :    0-5-0 

De  Geor-ges  Vauthier  pour  une  place  lui  accordée  aux  fossés  de  cette  ville,  à 
présent  la  V^'«  Va  uthier  :    ......  0-5-0 

De  Fr.  Rock  pour  sa  maison,  10  s.,  à  présent  Bichot  :  .  0-10-0 

De  Claude  Mahilion  pour  2  morceaux  de  terre,  l'un  à  la  Fosse  (1)  et  l'autre 
à  la  coste  du  Chenu  (2)  ......  0-14-0 

D'Auguste  Maison,  pour  un  jardin  aux  fosses  du  château,  7  s.,  à  présent  la 
Vv«  Anson.  .  .  .  .  .  .  .  0-7-0 

De  Gérard  Baltazar,  pour  un  jardin  aux  fosses  du  château,  à  présent  Marquet 

0-7-0 

De  la  V^«  Renauld  Simard  de  Fineuse,  pour  ragrandissement  de  sa  maison 
sur  l'aisance  à  Fineuse       ......  0-0-6 

De  J.  La  Croix,  de  Neufchàteau,  pour  un  ravehn  qui  conduit  l'eau  sur  son 
enclos        ........  0-2-0 

De  J.  Thirion,  pour  ragrandissement  de  sa  maison  sur  l'aisance  de  Hamipré, 

0  0-6 

Page  :  2-11-0  ;  à  L.  A.  :  1-5-6. 

(P.  20).  Recepte  des  Eteaux  en  la  halle  de  Neufchàteau. 

Les  étaux  (3)  des  Merciers,  Cordonniers  et  autres  en  la  halle  de  Neufchàteau 
ont  été  haussés  le  2  may  1763  pour  un  terme  de  3  années,  et  adjugés  à  J.-B.- 
Conrotte  de  Neufchàteau,  30  fr.,  moitié  15;  ici  la  l^^e  année  :  en  fl.  .         9-0-0 

La  Balance  (4)  et  poids  à  peser  qui  étaient  en  la  halle  de  Neufchàteau  étant 
déserte      ........  0-0-0 

Par  charte  des  Seigneurs  a  été  accordé  de  dresser  une  confrérie  de  drapiers, 
de  chacun  confrère  une  place  4  s.  ;  la  dite  confrérie  étant  déserte  et  n'y  aïant 
plus  aucun  confrère,  cet  article  est  à  néant.  .  .  .  00-0 

Page,         à  L.  A.  :  9-0-0. 


(1)  Il  y  a  un  lieu  dit  «  à  la  Fosse  »,  à  Massul,  entre  ce  village  et  Lahérie. 

(2)  G"  de  Léglise   au  sud  et  à  I  kilum.  environ  de  Thibes^arl. 

(3)  En  marge  «  par  hausse  n-  2,  1",  3'"°  année  ». 

(4)  En  marge  «  comme  au.x.  comptes  précédents  d. 


—     384     — 

('\  21).  Recepte  des  pavillons  et  porcs  sur  territoire  (1). 

Les  leriniers  des  teri'ages  de  Molinl'aing,  Namoussay,  Marbay,  Bei-nimont, 
H('si)el,  Verlaine,  Warinilbnlaine,  Haniipré  et  Tournay,  doivent  chacuns  au 
surplus  de  ieui's  rendages  en  gi-ain,  une  renie  de  2  l'r.,  10  gr.  6  par.  arg.  1'., 
faisant  28  l'r.  9  gr.  :  en  II.  20  fl.  2  s.  6  d.;  à  L.  A.  moitié  =  10-1-3. 

Page  :  à  L.  A  :  10-1-3. 

(P.  22).  Receptes  de  la  ferme  du  Tonlieu  (2)  et  soixantiesme  (3)  de  la 
Terre  du  Neufchàteau  et  du  banc  de  Meillier  (4). 

Le  Tonlieu  de  Neu (château  et  du  banc  de  Meillier,  haussé  le  10  may  1763 
pour  3  années,  adjugé  à  J.  Henri  Sir.  caution  J.  Henri  Jacques,  de  Neufchàteau 
à  311  fr.  moitié  155  fr.  6  s.  en  fl.  .  .  93-6-0. 

Le  fief  de  Tonne,  qui  est  une  rente  de  30  fr.  f.  que  le  fermier  du  Tonlieu  paie 
au  surplus  de  son  adjudication,  faisant  21  fl.  moitié  à  L.  A.  =  10-10-0. 

Page  :  à  L.  A.  -=  103-16-0  (5). 

(P.  23).  Receptes  des  travers  passages  {%)  de  la  t>irre  de  Neufchàteau 
et  du  banc  de  Meillier,  haussés  le  iO  may  1763  pour  3  années^  ici  la 
première. 

Le  travers  passage  de  la  terre  de  Neufchàteau  adjugé  à  J.  B.  Gonrotte  de 
Neufchàteau  à  21  fr.  ;  moitié  10  f.  6,  en  fl.  =  .  .  6-6-0. 

Le  travers  passage  du  banc  de  Meillier  adjugé  à  H.  Crochet  de  Gennevaux  à 
72  fr.  moitié  36  en  fl.  =-  .  .  \  .        '         21-12-0. 

Le  travers  passage  Ploie  BiouUe  (7),  adjugé  à  J.  B.  Conrotte  de  Neufchàteau, 
à  un  sol  :  moitié  .....  0-0-6. 

Page  .  a  L.  A.  27-18-6. 

(P.  24).  Receptes  des  tailles  de  la  terre  de  Neufchàteau  et  du  banc  de 
Meillier. 

Les  Tailles  de   la  terre  et  Seigneurie  (8)    de   Neufchàteau   avec    les  for- 


(1)  En  marge  «  ordinaire  ». 

(2;  Tonlieu  :  droit  seigneurial  dû  par  les  vendeurs  et  les  acheleuis  pour  les  places  qu'ils  occupaient 
au  marché  ou  à  la  foire. 

(3>  «  Quant  aux  bourgeois  l'oi-ains,  au  cas  où  ils  f'aisent  quelque  marchandise  de  bestiaux,  quel  qu'il 
«  soit,  l'acheteur  et  le  vendeur,  doivent  strictement  le  soixantième  denier  aux  Seigneurs  (coiii.  L.  \'l.  A. 
p.  28;.  » 

(4)  En  marge  «  par  liausse  w  2-^-'^  année  ». 

(5>  En  inai'ge  du  fief  de  Tonne,  la  note  «  ordinaire  ». 

(6>  En  mai'ge  «par  la  hausse  n-  2,  l"-3"'!  année  ». 

(7)  Ploïe-BiouUe  —  non  loin  de  Léglise,  sur  la  route  de  Lavaux. 

(8>  En  mai'ge  :  «  connue  aux  comptes  précédents  :  nihil  ». 


—     385     — 

raines  comptant  2  veuves  pour  un  Bo'^,  les  Roi»  ont  supplie  L.  A.  de  patienter 
jusqu'à  une  paix  prochaine,  pour  lors  de  paier  tous  les  arriérages,  non  obstant 
tous  les  devoirs  faits  et  assemblé  les  plus  anciens  de  cette  terre  pour  reconnaître 
les  dits  droits,  ont  déclaré  ne  savoir  comment  ils  se  païaient,  ensuite  de  l'attesta- 
tion de  justice  exhibé  aux  comptes  précédents. 

La  taille  (1)  du  banc  de  Meillier  que  le  Chapelain  d'Hamipré  prenait  pour  ses 
gages  montent  cette  année  à  14  fl.  14  sols  ;  moitié        .  .  7-7-0 

Page  :  à  L.  A.   :  7-7-0. 

(P.  25).  Receptes  des  guets  de  la  terre  de  Neufchâteau. 

Les  Ro'^  Baptistes  (2)  et  taillables  de  la  terre  et  seigneurie  de  Neufchâteau 
qui  doivent  chacun  à  la  St-Remi  et  Pasques  à  chacun  des  dits  temps  5  s.  b.  et 
l'on  compte  2  V^««  pour  1  B^'^. 

Les  B^'s  ont  supplié  L  A.  de  patienter  jusqu'à  une  paix  prochaine,  après 
avoir  fait  assemblé  les  plus  anciens  de  cette  terre,  ont  déclaré  ne  savoir  sur 
quoy,  ni  comment  ces  droits  se  lèvent,  suivant  l'attestation  de  Justice,  comme 
aux  comptes  précédents.  ....  0-0-0. 

(P.  26).  Receptes  de  la  Paisson  ou  Haute  Fleure  (3)  de  la  Forret  de 
Neuf  château. 

La  Paisson  ou  Haute  Fleure  de  la  Forêt  de  Neufchâteau,  tant  des  bois 
Seigneuriaux  que  communaux  aîant  été  exposée  en  hausse  le  4  octobre  1763, 
ainsi  que  la  Glandée  des  Francs-Bois  d'Ospeau  (4)  et  de  La  Haye  (5)  ont  resté  au 
bâton  faute  d'enchérisseur  ;  ensuite  ont  été  relaissés  à  J.  Marenne  de  Neufchâ- 
teau au  prix  de  12  esqualins  faisant  4  fl.  et  4  s.  moitié  .  2-2-0 
Page  :  à  L.  A.            .             .             .             •             •             •  2-2-0 

(P.  27).  Receptes  des  pannages  {6)  de  la  terre  de  Neufcliâteau  et  du 
banc  de  Meillier. 

Les  pannages  (7)  de  la  terre  de  Neufchâteau  se  montent  à  11  fl.  10  sols, 
moitié      .....•••  5-15-0 


(1)  En  marge  :  «  par  certificat,  rr  3  ». 

(2)  En  marçe  :  «  comme  aux  comptes  précédents  :  nihil  ». 

(a)Fnmaroe-   «par  liausse  N'4.  ».   -(Le  droit  de  glandée   ou   Ifautc-deur,  consiste  à  mettre  dans 
les  bois  une  seule  troupe  de  codions,  tant  dans  les  bois  de  terre  que  dans  ceux  du  bois  de  .Mellier  ». 

(4)  Le  Bois  d'Ospeau,  d'une  contenance  de  86  hectares,  appartient  tout  entier  moins  2/15  ù  M  .Pierrard 
de  Mellier.  Il  est  contigu  au  faubourg  du  Terme  du  Moulin  de  Neuf  château. 

(5)  Ce  bois  touchait  à  la  ville  de  Neufchâteau  ;  il  est  aujourd'hui  défriché,  moins  2  hectares  environ . 
L'abattoir  est  construit  sur  un  coin  de  cette  propriété  de  12  hectares. 

(6)  Les  Pannages  sont  dûs  pour  le  droit  de  glandée. 

(7)  En  marge  :  «  par  certilicat,  N»  Tj  ». 

26 


-     386     — 

Les  iTconrs  de  la  terre  de  Neufchâteau,  il  n'y  en  a  pas  cette  année. 

Les  pannages  (I)  du  banc  de  Meillier  se  montent  à  5  fl.  10  s.  moitié,  2-15-0 

Les  recours  (2)  du  banc  de  Meillier  se  montent  à  31  s.  2  d.,  moitié  0-15-7 

Page  :  à  L.  A.        .                 .                 .                  .                  .  9-5-7 

(P.  28).  Receptes  des  bancs  de  la  mairie  Qodefroid  et  des  terres  Hen- 
dricques. 

Les  Bso's  de  la  mairie  (3)  Godefroid  (4)  qui  sont  francs  en  leurs  maisons  doi- 
vent 2  fr.  f.  moitié     .  .  .  .  .  0-14-0 

Les  officiers  ont  remis  sous  l'agréation  de  L.  A.  les  terres  Hendricques  (5) 
situées  au  banc  de  Meillier  en  arr^°^  perpétuel  à  Antoine  Troué  de  Léglise  par 
acte  du  27  may  1755,  au  prix  de  6  fl.  moitié  :  .  .  3-0-0 

F^age  :  à  L.  A.     .  .  .  .  .  3-14-0 

(P.  29).  Receptes  du  four  banal  de  Neufchâteau,  appartenant  à  L.  A. 

Le  four  banal  (6)  de  Neutchâteau  a  été  relaissé  le  2  juillet  1762  pour  3  années 
à  Fr.  Leppé,  H.  Lambinet  de  Neufchâteau  et  Philippe  Rathie  de  Tournai,  au 
prix  de  28  écus  .....  78-8-0 

La  maison  (7)  située  sur  le  four  Banal,  étant  rentrée  aux  domaines,  on  a  été 
obligé,  pour  la  conservation  du  dit  four  de  la  rétablir.  S.  A.  Mgr.  le  Duc  d'Aren- 
berg  n'y  aiant  voulu  concourir  et  s'étant  désisté  de  la  Rente,  a  été  relaissé  à 
J''  Vasseaux,  .par  acte  du  20  mars  1750,  passé  par  devant  la  Justice  de  Neuf- 
château  pour  5  f.  6  gr.  =:  .  .  .  .  3-17-0 

Page  :  à  L.  A.   :  82-5-0. 

(P.  30).  Receptes  des  Prairies  appartenant  à  L.  A.  (8). 
Le  Pré  Marquet  et  le  Pré  des  aidant,  l'officier  en  jouit  .  0-0-0 

Le  pré  de  Longlier  nommé  le  pré  Richard  est  perdu  depuis  longtemps.   0-0-0. 
Le  petit  Vivier  d'Aleumont  (9)  est  perdu  depuis  longtemps.  0-0-0. 

Page  :  à  L.  A  :  0-0-0. 


(1)  En  marge  :  «  par  certificat,  N'  6  », 

(2)  En  marge  .  par  certificat  N'  7  ».  (3)  En  marge  la  note  «  ordinaire  ». 

(4>  Elle  consistait  en  quelques  maisons   d'enlrecour  situées  aux   villages   de   Menugoutte,  Nevrau- 
mont  et  Rossart  (C.  L.  VI  A.  p.  21). 
.     (S)  Elles  étaient  situées  sur  le  territoire  de  Léglise. 

(6)  En  marge  :  2'-3*  année  ». 

(7)  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

(8)  En  marge  :  «  comme  aux  comptes  précédents  :  nihil  ». 
(9>  Derrière  Ranciniunt. 


—     387     — 

(P.  31).  Reeeptes  du  neuvième  de  la  dixme  de  Florenville  et  MayHué^ 
appartenant  à  L.  A.  (i). 

Le  9*">e  de  la  grosse  et  menue  dixme  de  Florenville  et  Martué,  a  été  adjugé  le 
22  juillet  1763  à  Paul  Tafîe,  caution  F''  J''  Taiïe  du  dit  Florenville  au  prix  de  36 
écus,  cy.  en  fl.  =     .  .  .  .  100-16-0. 

Page  :  à  L.  A.  :   100-16-0. 

(P.  32).  Receptes  des  amendes  de  Fourfaiture  et  Qruerie  de  la  terre  de 
Neuf  château. 

Les  amendes  de  Fourfaiture  (2)  de  la  présente  année  se  montent  à  la  somme 
de  29  fl.  8  s.  moitié  14  fl.  14  ;  tirant  le  1/4  de  l'officier,  reste  11  fl.  6  d.  =  11-0-6. 

Les  amendes  de  gruerie  (3)  de  la  présente  année  se  montent  à  la  somme  de 
815  fl.  1  sol  1/2  dont  le  1/3  de  leur  Altesse  porte  271  fl.  13  s.  10  d.  ;  auxquels 
doit  être  adjointe  4  fl.  4  s.  de  la  1/2  de  l'amende  de  Recours  :  faisant  275  fl.  17  s. 
10  d.  ;  de  laquelle  somme  déduisant  1  fl.  16  s.  du  1/3  des  amendes  des  insolva- 
bles et  3  fl.  7  s.  9  d.  pour  moitié  des  frais  faits,  faisant  5  fl.  3  s.  9  d.,  reste 
270-14-1 .  Tirant  le  1/4  de  l'officier  reste  203-0-6  3/4  ;  à  quoi,  ajoutant  8  fl.  et  8  s. 
de  la  moitié monte  en  total  211-8-6-3/4   =  .  211-8-6  3/4. 

Page  :  à  L.   A.  222-9-3/4. 

(P.  33.)  Recepte  de  la  forcée  de  Meillier-Haut  (4). 

De  J.  Hachette  pour  la  retenue  d'eau  du  Ruisseau  et  Etang.  41  fr.  8  gr.  moi- 
tié :  20  fr.  10  gr.  faisant  14  fl.  11  s.  8  d.,  à  présent  le  S''  Duc  de  Gorswarem- 
Loos  =  14-11-8. 

Du  dit  s*"  Duc  p""  l'héritage  de  sa  forge  et  ceux  aux  environs  contenant  36  j . 
de  terre  à  5  gr  chacun.  15  fr.  moitié  7  fr  6  gr.  :=  5-5-0 

Du  même,  pour  la  faigne  du  Bisenil  contenant  20  j.  de  terre  à  5  gr;  8  fr  8  gr. 
moitié  4  fr.  4  gr  =  .  .  .  .  .  3-0-8. 

Du  même  pour  la  faigne  arrentée  comme  dessus  contenante  40  j  ;  16  fr.  8  gr. 
moitié  8  fr  4  gr  =  .....  5-16-8. 

Page  :  à  L  A  =  .  .  .  .  •  28-14-0. 

(P.  34),  Recepte  de  la  forge  de  Mellier  Bas. 

De  P.  Monstier,  pour  le  cours  d'eau  du  ruisseau  et  étang  d'icelui  41  fr  8  gr. 


(1)  En  marge  :  «  [lar  hausse,  N"  8  ». 

02)  En  marge  :  «  par  certificat,  N-  9  ». 

(3)  En  marge  :  «  par  certificat  N-  10  ». 

(4)  En  marge,   la  note   (f  ordinaii'e  »,   qui   se  répète  aux   pp.    34  et   35. 


—     388      — 

moitié   20  fr.  10  gr;    faisant  en  (1.  14-11-8  ;  à  présent  le  Duc  de  Gorsvarem- 
Loos  :  14-11-8  ......  14-11-8 

Pour  la  faigne  de  sa  forge  et  ceux  aux  environs  contenante  40  j.  à  5  gr.  = 
16  fr.  8  gr;  moitié  :  8  fr.  4  gr.  faisant  :    .  .  .  5-16-8 

Pour  la  faigne  Harsin,  contenant  10  j.  comme  dessus  :  4  fr.  2  gr  ;  moitié  2  fr 
1  gr  = 1-9-2 

Pour  la  faigne  de  Harmifaigne,  contenante  41  j.  comme  dessus  :  17  fr  1  gr  ; 
moitié  8  fr.  6  gr.  6  par.  faisant      .  .  .  .  .  5-19-7 

Page  :  à  L.  A.  :  27-17-1. 

(P.  35).    Recepte  de  la  forge  de  Gra7idvoir. 

Par  bail  des  s''^,  a  été  accordé  au  s""  de  Valfleurie  une  forge  à  Fineuse,  où  était 
le  moulin  du  dit  lieu,  en  païant  ann^  6  fr.  moitié  :  3  fr.  =  2  fi.  2  s.  à  présent  le 
s""  Jacques  .  ......  2-2-0 

Il  lui  a  été  accordé  la  place  où  était  la  scierie  à  Fineuse,  en  païant  6  fr  à  L.  A. 

moitié  3  fr  HZ         .  .  .  .  .  .  .  2-2-0 

Il  a  été  accordé  au  s'^  Jacques  par  octroie  du  29 X^*'*"  1754,  réalisé  en  la  Haute- 
Gour  de  Neufchâteau  le  14  mars  1755,  de  construire  une  demie  forge  au  lieu  et 
place  de  la  scierie  et  platinerie,  en  païant  1  écu  de  rente,  moitié  =  1-8-0 

Page  :àLA=  .  .  .  .  .  .  512-0 

(P.  36).    Vendition  de  Bois  (1). 

Par  contrat  du  l*^""  octobre  1763  a  été  vendu  au  S''  Rossignon,  facteur  des 
forges  de  Mellier,  la  coupe  des  bois  :  Francs-Bois  de  Gohimont  (2)  et  des 
Chenus  (3);  de  plus  15  arp.  en  la  forêt  dit  :  Aux  Bocquillions  (4),  joignant  le 
bout  de  la  coupe  de  l'année  antérieure,  au  prix  de  24  s.  la  corde  fixé  par  le 
Règlement  des  Bois,  dont  les  livremenls  se  sont  faits  sçavoir  de  la  coupe  des 
francs  bois  de  Gohimont  et  des  Ghënus  le  4  mars  1764,  qui  ont  produit  la  quan- 
tité de  4200  cordes;  et  celle  des  Bocquillions,  le  28  du  dit  mois,  1498  cordes; 
en  total  5698  cordes,  moitié  2849,  au  prix  de  24  s.  :  3418  fl.  16  s.  :      3418-16-0 

Page  :  à  L.  A.  :  3418-16-0. 
(P.  37j.  Autres  Bois. 


(1)  En   marge  :   «  par  marché  »,  n.   11   et  procès-verbaux  n.    12  et  13. 

(2)  Gohimont  :  ce  bois  d'une  vingtaine  d'hectares  est  aujourd'hui  défriché  en  grande  partie;  il  était 
situé  à  mi-chemin  entre  Léglise  et  Gennevaux. 

(3)  Entre  Léglise  et  Mellier. 

(4)  Sur  la  route  de  MeJlier  à  Suxy.  à  l'entrée  de  la  Forêt  et  à  800  mètres  environ  de  .Mellier. 


—     389     — 

Du  tiers  du  bois  d'aisance  (1)  des  Communautés,  ii  n'y  en  a  pas  eu  cette 
année         ........  00-0 

Des  cordes  surnuméraires  (2),  ainsi  que  des  bùcties  aïant  été  vendus  aux  usa- 
gers dans  les  différents  livrements  leur  faits  pour  leurs  chaufages,  ont  produit 
12  fl.  et  14  s.  moitié  ......  6-2-0 

Page  à  L.  A.  :  6-20. 

(P.  38).  Recepte  de  Seigle. 

Les  terrages  de  la  terre  de  Neufchâteau  et  du  banc  de  Meillier  (3)  ont  été 
haussés  le  7  août  1763,  en  présence  de  ceux  de  Justice  et  se  montant  suivant  la 
hausse  60  m.  3  q.  6  mels  ;  moitié  :  30  m.  1  q.  9  m.  dont  le  1,3  en  seigle  :  10  m. 
0  q   7  mels. 

La  dixuie  (4)  de  Neufchâteau  a  toujours  été  accordée  à  l'officier  pour  ses 
gages  (5)  .  .  .  .  .  .  .  .  0-0-0 

Page  à  L,  A.  :  10  m.  0  q.  7  mels. 

(P.  39).  Autres  recepte  de  seigle. 

Des  enfants  CoUin  (6)  Le  Gendre  de  Habaru  pour  service  en  seigle  :  3  IVan- 
quards  ;  livrables  moitié  à  L.  A.  .  .  .  0  m.  1  q.  6  mels 

Page  à  L.  A.  :  0  m.  1  q.  6  mels. 

(P.  40).  Recepte  de  seigle  du  moulin  de  Neufchâteau. 

Le  moulin  de  Neufchâteau  (7),  haussé  et  adjugé  le  21  juin  1759  à  J.  Jérosme 
Rémi  de  Bougnimont  pour  6  années,  commençant  le  l*"'  octobre  1759  et  finis- 
sant la  veille  du  dit  jour  1765,  au  rendage  de  22  m.,  outre  les  rentes  ordinaires 
païables  en  4  temps  égaux,  sçavoir  Noël,  Pasques,  St-Jean-Baptiste  et  la  veille 
St-Remi,  rétrocédé  le  5  juillet  suivante  H.  Amaui'i  de  Wacherocq;  la  moitié  à 
L.  A.,  11  m.  se  renseigne  ici  du  dit  bail  les  termes  de  Noël  1763,  Pasques, 
St-Jean-Baptiste  et  la  veille  de  St-Remi,  faisant  .  H  m.  0  q.  0  mel. 

Page  :  à  Leurs  Altesses  =  11-0-0. 


(1)  En  marge  :  «  par  certificat  N*  14  ». 

(2)  En  marge  :  «  Item,  N*  15  ». 

(3)  En  marge  :  «  par  hausse  N'  16  ». 

(4)  La  1/2  de  la  dîme  de  Neufchâteau  rend  année  communo,  en  si-iglp.  40  quartelsà  5  e.scaUns,  et  en 
avoine  à  90  qu.  à  15  sols  (T.  de  M.  T.) 

(5)  En  marge  :  Comme  aux  comptes  précédents  ». 

(6)  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

(7)  En  marge  :  5'-6'  année  ». 


—      390     — 

(P.  41).  Rendage  du  Seigle  du  Moulin  de  Mellicr. 

Le  Moulin  de  Mellier  (1)  a  été  relaissé  le  12  7^^'^  1757,  à  H.  Thibessart  de 
Mellier,  sous  le  cautionnement  de  Henri  Thibessart  de  Gennevaux,  pour  un 
terme  de  8  années,  commençant  le  i^^  8'«"e  1757,  au  prix  de  16  muids,  8  quar- 
tels,  p;iïables  à  4  termes  égaux,  sçavoir  Noël,  Pasques,  St. -Jean-Baptiste  et  la 
veille  St. -Rémi  1764  =--  à  leurs  Altesses,  moitié  =         .  8  m.  4  q.  0  m. 

Page  :  à  Leurs  Altesses  :  8  m.  4  q.  0  m. 

(P.  42).  Recepie  de  seigle  du  gaigniage  de  Morival. 

La  censé  (2)  de  Morival  (3),  aiant  été  brûlé  le  9  X^^e  1713,  S.  A.  l'a  remis  par 
bail  du  11  mars  1714  en  arr^nt  perp.  à  Evrard  Grandjean,  parmi  rendant  an«°' 
16. q.  de  seigle  et  qu'il  rétablira  la  ditte  censé  suivant  la  teneur  de  son  bail,  réa- 
lisé en  la  Justice  de  Neufchâteau  1  m.  4.q.  0  m. 

(P.  43).  Rendage  et  délivrement  en  seigle  (4). 

Au  Prieur  de  Longlier  (5)  pour  sa  dixme  :  1  m.  Oq.O  m. 

It.  distribué  aux  pauvres  le  jour  du  vendredi-saint      .  1  m.  0  q-0  m. 

A  J.  Mathieu  Gollard,  greffier  et  contrôleur  pour  ses  gages  ordinaires,  au 
contingent  de  L.  A.  =0  m  8  q-0  mel.  .  .  0  m  89-0  mel. 

François  Déom  (6)  fermier  du  terrage  de  Gousteumont,  aiant  eu  sa  maison 
incendiée  le  25  8'^re  nés,  avec  la  moitié  du  dit  terrage,  portant  la  ditte  moitié 
suivant  la  p.  6  'de  la  Hausse,  2  m  1/2  dont  il  a  obtenu  décharge  par*  décret  du  18 
mars  1764.  se  répète  ici  1  m.  3  q.,  pour  la  moitié  de  L.  A.  taisant  tiers.  Seigle 
5   quartels   =.....  0-5-0. 

Pour  la  diminution  (7)  au  30'"'"  de  30  m.  5  q.  ann^-"L      .         .        .        1-0-2. 

Page  4  m    1  q.  2  mel. 

Lesquels  4  m.  —  1  q.  -  2  mel  soustraits  des  30  m.  10  q.  1  m.  de  la  page 
précédente  reste  26  m.  8  q.  et  11  mels  r= 26-8-11. 

(P.  44).   Vendition  de  seigle. 

Le  21  mars  1764  (8)  après  que  les  billets  d'affiches  ont  été  mis  que  le  dit  jour, 


(1)  En  marge  :  «  7-  -  8-  année  ». 

(2)  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

,  (3)  Morival  -  entre  Longlier  et  Verlaine. 

(4)  Les  Seigneurs  devaient  -12  quartels  de  Seigle  aux  religieux  d'Orval  (T.  do  ftL  T). 

(5)  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

(6)  En  marge  :  «  décret  de  rémission  ». 

(7)  En  marge  la  note   «  il  est  ainsi  ». 

(8)  En   marge  :   «  pai-  hausse,   n.  18  ». 


—     '391     — 

il  serait  procédé  à  la  Hausse  publique  des  seigles  de  la  Recepte  de  L  A,  le  quart el 
a  été  mis  à  prix  à  30  s.,  a  été  adjugé  à  36  s.  à  J.  H.  Jacques  de  Neufchâteau  en 
la  quantité  de  26  m.  8  q.  11  mels  =  320  q.  11  m.  au  dit  prix  de  36  s  ;  577  fl. 

13  s  = 577-13-0. 

Page  :  L.  A  : 577-13-0. 

(P.  45)   Receptes  d'avoine  des  bancs  de  Longlier  et  de  Mellier. 

Les  terrages  (1)  de  la  T.  et  S'^  de  Neufchâteau  et  du  banc  de  Meillier  montent 
cette  année  à  la  part  de  L.  A  comme  au  texte  des  seigles,  les  2/3,  20  m.  1  q  — 
2  mels  = 20-1-2. 

La  dixme  de  Neufchâteau  (2)  a  toujours  été  accordée  à  l'officier  pour  ses 
gages  = 0-0-0. 

La  rente  (3)  des  enfants  Gollin-Legendre,  de  Habaru  pour  service  en  avoine 

-  0-1-6. 

La  censé  de  Morival,  relaissé  en  arr^'t  perp.  à  Evrard-Grandjean,  un  rendage 

de  2-8-0. 

Page  à  L.  A.  :  22  m.  10  q.  8  mels. 

(P.  46).  Autre  Recepte  d'avoine  des  bancs  de  Longlier  et  de  Meillier. 

La  Messerie  (41  de  la  terre  de  Neufchâteau  qui  est  que  chacun  Ro's  labourant 
au  mars  doit  2  q.  d'av.  pels,  et  une  poulie,  a  été  haussée  et  adjugée  le  10  mars 
1763  pour  un  terme  de  3  années  à  J.  Henri  Sir,  caution  J.  H  Jacques  de  Neuf- 
château à  6  m    11  q;  à  L.  A.  moitié  — 3-5-6. 

La  Messerie  (5)  du  banc  de  Meillier  haussée  et  adjugée  pour  1763  —  34  q  ; 
moitié  =- 1-5-0. 

Les  corvées  (6)  du  banc  de  Meillier  qui  est  que  chacim  B^'^  labourant  en  mars, 
aiant  pleine  charue  doit  par  an  8  q.  d'av.  ont  monté  cette  année  pour  la  part  de 
L.  A.  à  27  q.  pels,  faisant  livrable  24  q.  11  m.  =       .  .  2-0-11. 

Page  :  à  L.  A.  =  6-11-5  mel. 

Total  des  avoines  à  L.  A.  ;^9  m.  10  q.  1  mel. 


(1)  «  Par   la  même   hausse,    n.    16  ». 

(2)  En  marge:»  comme  aux  comptes  précédents  ».  Cfr.  p.  38. 

(3)  En  marge  :  i  ordinaire  ». 

(4)  En  marge  :  «  par  la  uiénie  hausse,    ii.  2  :  he-3iiR'  année  »  . 

(5)  En  marge  :  «  par  hausse,   n.  19  ». 

(6)  En  marge  :  «  par  certificat,  n.  20  ». 


—     392     — 

(P.  47).  Renàage  et  delivrcment  en  avoine. 

Au  prieur  de  Longlier  (1)  pour  sa  dixme  au  contingent  de  L.  A.  2  m  =z  2-0-0. 

La  moitié  (2)  du  terrage  de  Cousteumont,  aiant  été  brûlée,  se  répète  comme 
au  texte  des  seigles,  10  q.  =^        .  .  .  .  0-10-0 

Four  la  diminution  (3)  au  SO^me  de  29  m  1  m  =  .  0-11-7  1/4. 

Page  :  3  m.  9  q-7  1/4. 

Lesquels  3  m.  9  q.  7  1/4  mels  soustraits  des  29  m.  10  q.  1  mel,  rapportés  à  la 
p.  précédente  =      .  .  .  .  .  26-0-5  3/4. 

(P.  48).   Vendition  d'avoines. 

Le  21  mars  1764  (4),  le  quartel  d'av.  aïaut  été  mis  à  prix  à  14  s.  a  clé  adjugé 
à  17  s.  à  J.  H.  Jacques  de  Neufchâteau  ;  vendu  la  quantité  de  26  m.  5  3/4 
mels,  faisant  312  q.  5  mels  3/4  au  dit  prix  de  17  s.  =  .  265-12-2. 

Page  :  à  L.  A.  =  265-12-2. 

(P.  49).  Recepies  de  Froment. 

Du  moulin  (5)  de  Neufchâteau  qui  doit  en  froment  2  m.  ;  à  L.  A   1  m.  ^^  1-0-0. 
Du  moulin  de  Meillier  qui  doit  par  an  4  q.  ;  à  L.  A.  2  qu.  cy   =  0-2-0. 

Page  à  L.  A.  =  1  m.  2  q.  0  mel. 

(P.  50)     Vendition  de  Froment. 

Le  21  mars  1764  (6)  ;  le  quartel  aiant  été  mis  à  prix  à  6  esqualins  a  été  adju- 
gé à  7  1/2  =  52  1/2  s.  à  J.  Bouché  de  Neufchâteau,  vendu  14  q.  au  dit 
prix  =    .  .  .  .  .  36  fl.  15  s. 

Page  :  à  L.  A.  36-15-0. 

(P.  51).  Recepte  de  farine  d'avoine. 

Du  mouhn  de  Meillier  (7)  qui  doit  par  an  en  farine  d'av.,  6  q.  et  qui  montent 
à  la  part  de  L.  A.  à  3  q.  =  .  .  .  .  Om.  3q.  0. 

Page  :  à  L.  A.  :  0  m.  3  q.  0  mel. 


(1)  En  marge  .  «  ordinaire  ». 

(2)  En  marge  :  «  voir  la  rémission  N    17  •. 

(3)  En  marge  :  «  il  est  ainsi  ». 

(4)  En  marge  :  «  Par  Hausse.  N-  21. 

(5)  En  marge  :  «  oi'dinaire  ». 

(6)  En  marge  :  c  par  hausse,  N-  22  ». 

(7)  En  marge  :  «oi'dinaire  ». 


—     393     — 

(P.  62).    Vendition  de  farine  (1). 

Vendu  3  q.  de  farine  d'av.  à  34  s.  le  q.  --  5  fl.  2  s.  ==  5  fl.  2  s. 

Page  :  à  L.  A.  5-2-0. 

(P.  53).   Recopie  de  cire  au  jour  St-Etienne  (2). 

Des  Hoirs  Honlaid  pour  le  pré  Henriette  ou  Ghevreux  à  présent  le  s"'  Jacques 
1  1.  de  cire  =    .  .  .  .  ,  .  1.1. 

Des  Hoirs  Riche-Homme  de  Spineuse  pour  le  pré  Bucqueni  (3)  que  paie 
Antoine  Gillet  de  Straimont  =.  .  .1  1/2. 

De  J.  Gaier  de  Gennevaux  que  paient  les  héritiers  Grandjean  de  Léglise  =  1 

De  Jacques  Rossel  pour  la  Faigne  lui  accordée  par  décret  du  2  juillet  1707, 
consistant  en  4  arp.  de  t.  sur  le  derrière  de  la  forêt,  du  costé  du  Rossignol  et  du 
costé  d'en  bas  au  chemin  venant  de  Meillierau  dit  Rossignol,  nommé  le  chemin 
du  Verd-Bois  (4),  à  présent  Gérard  Poncin  de  Rossignol  ^  4. 

Page  :  7  1/2  livres  cires. 

(P.  54).  Autres  recopies  do  cires  sur  héritages  et  territoires. 

De  Fr,  Taupette  (5)  poui'  l'hér.  Brouard  des  Fossés  à  présent  H.  Gollard  de 
Meillier  =.  .  .  .  .  .     2  1.  c 

Le  18  juin  1750  les  Officiers  ont  relaissé  à  J.  PirnoUes  du  Rossignol,  une  faigne 
contenante  5  j.  de  t.  derrière  la  forêt,  joignante  du  Midi  au  Ruisseau  appelé  La 
Scivanne,  d'en  bas  à  la  Faigne  Rossel  et  de  l'autre  costé  à  la  forêt  pai-  décret 
enregistré  au  greffe  le  30  août  1751,  parmi  païant  =  .  .     2  1.  c. 

Page  :  4  livres  cires. 

(P.  55).  Autre  recepte  au  dit  jour  St-Etienne. 

Des  Hoirs  Folignant  de  Semel  (6),  pour  hér.  qui  fut  Cornet  de  Semel,  à  pré- 
sent Godefroid  Fierret  de  Longlier  .  .  .  .     3  I.  c. 

De  J.  Le  Masson  d'Hamipré  pour  l'hér.  Birnon,  à  présent  la  V^  J.  Régal  1 

^     1  1.  c. 

Des  enfants  Margueritte  de  Habaru  pour  l'hér.  de  Goupeumont,  à  présent  J. 
Déom  de  Laveaux  =  .  .  .  •  •  .     6  1.  c. 


(1)  En  marge  :   «  par  aftinnaliuii  ». 
(2j  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

(3)  Bucqueni  ou  boucqueni  =  lieu  dit  près  de  Straimont. 

(4)  A  500  mètres   de   Mellier,   dénonmié   le  chemin   de  Rulles. 

(5)  En  marge  :   «  ordinaire  ». 

(6)  En  marge:  «  ordinaire  ». 


—     394      - 

De  Piorre  de  Morival  pour  l'hér.  qui  fut  Renois,  à  présent  J.  Lamocq  de 
Tronquoy     .  .  •  •  •  •  .     6  1,  c. 

Page  :  16  1.  c. 

(P.  56).  Auit^e  recepic  de  cire. 

La  gabelle  de  Neufchâteau  (1),  haussée  le  10  inay  1763  pour  3  années  au  prof- 
fit  de  la  Ville,  pour  réfection  des  Ponts  et  Chaussées,  est  deub  par  francs  2  1.  c. 
personne  n'aïant  haussé,  est  resté  à  néant  =      .  .  .  0. 

La  Messerie  (2)  de  Neufchâteau  (3)  haussé  le  10  may  1763  pour  un  terme  de 
3  années  à  J.  Henri  Sir,  de  Neufchâteau  à  6  m.  11  q.,  il  doit  3  livres  de  c. 
par  m.  =  .  •  •  ■  •  20  3/4  1.  c. 

La  Messerie  (4)  du  banc  de  Meillier,  haussée  le  1  may  1763  et  demeurée  à 
34q.,  ildoit  1  1.  c.  par  m.  =  .  .  2  3/4,  1/2  1.  c. 

Les  terrages  (5)  ci-devant  spécifiés  aux  Pavillons  (6)  doivent  2  livres  de  c.  au 
nombre  de  10  ==      .  •  .  •  •  20  1.  c. 

Page  :  43  1/2.  1/12  Le. 

Total  des  cires  ordinaires  et  extraordinaires  :  71  1/12  à  L.  A.  -=  35  1/2, 
1/24  Le. 

(P.  57).  Rendaye  et  délivremeni  en  cire. 

Livré  à  la  Chandeleur  pour  chandelles  ordinaires  4  1.  c.  ;  pour  L.  A.  moi- 
tié =  .  .  .  .  .  .  2  1.  c. 

Id.  à  l'Abbaye  de  Saint-Flubert  de  rente  ordinaire  au  contingent  de 
L.  A.  --         .  .  .  .  .  .  40  le. 

Page  :  ==     42  1.  c. 

(P.  58).  Recepte  des  chapons  qui  se  paient  au  Jour  St-Etienne. 

Des  enfants  Henriquet  pour  l'hér.  de  la  Gourvé,  à  présent  H.  Pailliot  de 
Léglise  =        .  .  .  .  .  .  1  ch. 

Des  enfants  Messire  J.  Naveaux  pour  l'hér.  de  Léglise,  à  présent  P.  Four- 
nier  =  .  .  .  .  .  •  1- 

De  J.  Colignon,  de  Vitimont,  à  présent  J.  Charles  =  .  1. 


(1)  En  marge  :  «  comme  aux  coni|)te  précédent  :  nihil  ». 
C2)  Cfr.  p.  'iC, 

(3)  Kn  marge  :  «  Par  la  hausse,  .\-  2  :   l"-S""  année  ». 

(4)  En  marge  :  «  par  la  hausse,  N-  19  ». 

{5>  En  marge  la  note  :  •  ordinaire  »  la(|uelle  se  répète  jusi|u'à  la  page  61  inclusivement. 
(6)  Cfr.  p.  21. 


—     395     — 

De  J.  Debli,  pour  lliér.  dessous  le  Vieux-Moulin,  excepté  le  dessous,  à  pré- 
sent Goffiné  la  Garmilte  de  Neufchàteau  =         ...  2. 

De  J.  Devoir  et  Henri  pour  l'hér.    Beatrix  de  Bernimont,  à  présent  J.  Houde- 
mont  =  .  .  .  , 

Page  :  6  ch. 


(P.  59).  Aidre  recepte  de  chapons  au  dit  jour  sur  maison  ordinaire. 
D'Englebert  d'Aleumont,  pour  sa  maison  en  la   halle  de  Neufchâteau,  à  pré- 
sent à  J.  Louis  Mergeay  -=  .  .  ^  2>  oh 

De  J.  de  Fraiture,  pour  sa  maison  pour  prix  à  l'entour  et  les  Prés  derrièr-e 
Fraiture  que  paie  la  V^e  j)g]gi^j,g  ^g  Q^,.ij^Q^|.  _    _  ^  _  ^  ^^^ 

Do  J.  Vernier  pour  sa  maison  que  paie  la  V^'«  Dumont  de  Neufchâteau=l  ch. 
Page  =  8ch. 

(P.  60)  Autre  recepte  de  chapons  au  jour  dit  es  banc  de  Longlier  et  de 
Meillier. 

De  J.  de  Suxy  pour  le  pré  Ghardel,  lui  arrenté,  à  présent  Jacques  Bigon- 
ville  de  Veaux  -=   ,  .  .  .  .  .  .  i  ch. 

De  H.  Bossart  de  Genneveaux  pour  le  l'ossu-pré  que  paie  Hingo  Dehotte  de 
Vitimont  =  .  .  .  .  .  .  .  2  ch. 

De  Sir  de  Neuville  pour  la  fauché  de  pré  à  Hucqueni  (1),  que  paie  J.  Lher- 
mitte  de  Neuville  =  .  .  .  .  .  4  ch. 

De  Thirion  et  les  eniants  Poncin  de  Verlaine,  pour  le  pré  de  HalIei'ontaine(2) 
que  paie  la  chapelle  de  Tronquoy  =  .  .  .  6  ch. 

Page  =  13  ch. 

(P.  61).  Chapons  sur  grange. 

De  J.  Hastier  pour  sa  grange  et  maison  que  paie  La  Garmitte  de  Neufchâ- 
teau =  .  .  .  .  .  .  1  ch. 

Autres  chapons  sur  jardins  es  banc  de  Longlier  et  de  Mellier. 
De  J.  Genvil  de  Vitimont  pour  l'hér.   que  paie  Guillaume  Le  Père,  de  Na- 
moussart  =.  .  .  .  .  .  l  ch. 


(1)  La  forêt  de  ce  nom  se  trouve  PnLre  la  gare  cleRossart  et  le  village  de  Orandvoir.  Elle  appartient 
en  partie  aux  communes  de  Grandvoir-Tournai.  et  à  l'Etat  Belge  i|ui  Ta  acheté  au  prince  Ant.  d'Ai'enberg 
de  Marche-les-Dames. 

(2)  Sous  Verlaine. 


—     396.    — 

r.  des  ch.  2  ;  total  desch.  =  .  .  .  .  29 

A  L.  A.  ==  14  1/2  ch. 

(P.  62).   Vendition  de  cJiapons. 

Vendu  (1)  la  quantité  de  14  1/2  ch.  au  prix  de  12  s.  pièce  aux  différents  parti- 
culiers qui  les  doivent,  suivant  l'usage  où  ils  sont  de  les  païer  au  dit  prix  ^ 

8  fl.  14  s. 
P   àL.  A.  =  8-14-0. 

(P.  63).  Recepte  des  Poulies  au  jour  S(-Eiic7wc  des  bancs  de  Lon- 
glier  et  de  Meillier  sur  territoires  ordinaires. 

De  Stevens  Beco  (2)  pour  l'iiér.  que  paie  J.  Charles  de  Viltiniont  -=         1  p. 
De  Jeanne-Marie  Devoir,  à  présent  J.  Houdemont  de  Bernimont  =^  l  p. 

Autres  poulies  sur  prairies  ordinaires. 

Du  flls  Thirion  p'"  le  pré  de  Hallelontaine,  à  présent  la  chapelle  de  Tronquoy 

=  2  p. 

Four  le  jardin  qui  fut  le  Fol,  que  J.  Salomon  a  raproché,  à  présent  Louis 

Mergeay  de  Neufchâteau  =^   .  .  .  .  .  .  2  p. 

Autres  poulies  sur  four  et  mazure. 

Du  Four  banal  de  Neufchâteau  qui  doit  par  an  aux  S'^  1/2  p.  =  1/2  p. 

De  la  V^e  Jodenville  pour  sa  maison  et  jardin  que  paie  J.  Bourgeois  =     1  p 
P.  7  1/2  p.  ;  à  L.  A.  =-  .  .  .  .  .  .         3  3/4  p. 

(P.  64).  Recepte  de  poulies  de  la  Seigneurie  de  Neufchâteau. 

De  la  messerie  (3)  de  Neufchâteau  le  10  may  1763  à  J.  H.  Sir  de  Neufchâteau 
qui  doit  40  p.,  à  L.  A.  --  .  .  .  .  .  20  p. 

Des  B'^o's  Baptistes  (3)  et  Tailiables  qui  doivent  chacuns  3  p.,  s'en  est  trouvé 
cette  année  99  Bourgeois  Tailiables  :  moitié  49  1/2  faisant  148  l/2p.  =148  l/2p. 

Page  à  L.  A.  =  168  1/2  p  ;  total  des  p.  à  L.  A.  172  1/4. 


(1)  En  marge  :  «  comme  au.\  comptes  pi'écédents  ». 
(2;  En  marge  :  «  ordinaire  ». 

(3)  En  marge  :  «  ordinaiie  ». 

(4)  En  marge  :  «  par  certificat   m.  23  ». 


—     397     — 

(P.  65).  Venditîon  de  Poulies  (l). 

Vendu  les  172  p  1/4  aux  différents  particuliers  qui  les  doivent  à  5  s,  argent  de 
cette  province  =    .  .  .  .  .  .  43fl.  Is.  3d. 

Page  à  L.  A.  =  .  .  .  .  .  43-1-3. 

(P  66).  Recepte  d Anguilles. 

Du  moulin  (2)  de  Mellier  qui  doit  par  an  aux  S's  12  anguilles  ;  à  L.  A.    =    6- 

Page  :    L.  A.  :  6  Anguilles. 

(P.  67).  Vendition  d'anguilles. 

Vendu  les  6  ang.  à  3  s.  pièce  au  meunier  de  Meillier  ainsi  qu'il  s'est  pratiqué 
de  tout  temps  =     .  .  .  .  .  .  .  0-18-0 

Page  à  L.  A.  =  0-18-0. 

La  somme  totale  de  la  Recepte  porte  sauf  erreur  de  calcul  celle  de  5147  fl. 
18  s.  6  1/2  arg.  cour,  de  la  Province  de  Luxembourg. 

(P.  68).  Somme  totale  des  Receptes. 

Argent  (p.  67)  =  5147  fl.  18  s.  6  1/2  d. 

Seigle  (p.  42)  =  30  m.  10  q.  1  mel. 

Avoine  (p.  46)  =  29  m.  10  q.  1  mel. 

Froment  (p.  49)  =  1  m.  2  q.  0  mel. 

Farine  d'avoine  (p.  51)  =  0  m.  3  q.  0  mel. 

Cire  (p.  56)  =  35  1/2,  1/24. 

Chapons  (p.  61)  =  14  1/2. 

Poulies  (p.  64)  =  172  1/4. 

Anguilles  (p.  66)  =  6. 

(P.  69).  Déboursement  sur  la  recepte  du  présent  compte. 

Déboursé  à  la  Justice  de  Neufchâteau  pour  avoir  été  présente  à  la  recepte  des 
Gens  ordinaires  pour  le  jour  St. -Etienne  ==  .  .  4-0-0. 

Item,     pour  le  jour  St. -Rémi  =  .  .  .  4-0-0. 

Item,     pour  3  autres  receptes,  savoirdeseigle,  d'avoines  et  de  froment^  3-0-0. 

Page:     11-0-0. 

(P.  70).  Autres  déboursements. 

A  l'officier,  pour  ses  gages  =  ...  60-0-0. 


(1>  En  marge  :  «par  affirmation  ». 

(2)  En  maro-e  la  note  :  «  ordinaire  »  laquelle  se  répèle  devant  les  pp.  fi7,  69  ef  70. 


—     398     — 

An  curé  pmir  l'anniversaire  de  feu  L.  A.  au  contingent  de  L.  A.  =       3-12-0. 

A  H.  PeiTcaux  poni-  ses  gages  de  forestier,  5  écus  =  .                42-0-0. 

It     à  J.  Gérai'd,  pour  ses  gages  de  forestier  =       .  .                42-0-0. 

It.     à  Antoine  Cope,  pour  ses  gages  de  forestier  =  .                42-0-0. 

Au  sergent  pour  ses  gages  =    .                .                .  .                4-16-0. 

Au  mesme  pour  sa de  1763  et  1764  =           .  .                12-0-0. 

Au  Procureur  d'office  pour  ses  gages  au  contingent  de  L.  A    =            28-0-0. 

Au  comptable  pour  les  2  cahiers  du  présent  compte  =  .                2-0-0. 
Page  :  236-8-0. 

(P.  71).  Déboursé  à  Malhias  Gastaigne  (1),  marchand  drapier  et  maître- 
tailleur  à  Neufchâteau  pour  l'habillement  de  3  gardes  de  bois  de  L.  A.  Sérénis- 
simes,  suivant  son  état  quittance  de  20'""«  1764  =  .  65  fï.  .5-3 

Déb.  p'  ports  de  lettres  (2),  envoïées  et  reçues  p""  le  service  de  L.  A.  depuis  le 
j.  St  Rémi  1763,  jusqu'à  la  veille  du  dit  jour  :  =  .  9  fl.  18-0 

Déb.  au  notaire  Poncelet  (3)  p'"  moitié  des  exploits  faits  à  Jacques  Le  Roy, 
Evrard  Brahi  et  à  Jean  Nevraumont  de  Fineuse,  à  l'eflet  de  constituer  nouvel 
avocat  au  Procès  de  la  Banalité  et  Graisse  suivant  la  quittance  cy  =  1-8-0 

Déb.  à  Fr.  Boitelle  (4),  maitre-masson  et  Sébastien  Moustier,  maréchal  au 
Neufchâleau  10  fl.  18  s.  p''  avoir  raccommodé  l'entré  du  gruUe  du  Four  Banal  et 
y  mis  un  cercle  de  fer,  suivant  quittance  cy  =  .  .  10-18-0 

Déboursé  (5)  au  dit  Fr.  Boitelle  11  fl.  12  s.  pour  pavé  à  neuf  la  cuisine  du 
château  deL.  A.,  fourni  les  pierres  et  pavement,  acheau  et  graive,  et  avoir 
fait  un  pilier  pour  soutenir  la  charpente  de  la  Bucherie  suivant  sa 
quittance  -=  .  .  .  .  .  11  fl.  12-0 

Déb.  à  H.  Saudemont  (H),  couvreur  en  ardoises,  2  fl.  12  s.  4  1/2  d.  ;  sçavoir 
1  fl.  8  s.  4  1/2  d.  pour  avoir  réparé  le  toit  du  château  de  L.  A.  (7)  et  24  s.  pour 
moitié  de  l'ouvrage  fait  au  toit  du  moulin  de  Neufchâteau  y  compris  les 
doux  =   .  .  .  .  .  .  2-12-4  1/2 


il)  Km  inarse  :  «  par  élal  et  iiuittance  n°  24  ». 
('2)  Kn  mai'ge  :  «  par  iiotulk^  ir  '17i  ». 
Ci)  En  inai'gp  :  <  par  quittance  n*  26  f. 

(4)  En  marge  :  «  par  quittance  n°  27  ». 

(5)  En  marge  :  «  par  quittance  n'  28  ». 

(6)  En  marge  :  «  par  quittance  n*  29  *. 

(7)  Le  château  seigneurial  consistait  en  6  places,  une  grange,  deux  écuries,  bergerie,  remise  et  four, 
avec  les  masures  de  la  forteresse  en  ruine.  (T.  de  >I.  T.; 


—     399     — 

Déb.  à  Paul  de  Bertrix  (1),  couvreur  en  faisiaux,  3  fl.  5  s.  pour  avoir  réparé 
le  toit  de  la  Bergerie  y  compris  600  de  faisiaux  fournis  cy  =-       .  3-5-0 

Déb.  à  H.  Hollay  (2),  maitre-menuisier  3  fl.  15  1/2  s.  pour  avoir  fait  à  neuf  1/3 
du  Haut  Grenier  du  château  de  L.  A.  y  compris  les  doux  y  emploiées  suivant  sa 
quittance  =  ,  .  .  .  .  .  3-15-6 

Le  Total  des  Déboursements,  du  présent  Compte  monte  à  la  somtne 
de  356  fl.  2  s.  1  112  rf,  argent  au  cours  de  Luxembourg . 

356-2-1  1/2. 

(P.  74).  Complanation  du  présent  Compte. 

La  recepte  du  présent  compte  (3),  rapportée  à  la  p.  67  et  68  porte  la  somme 
5147  fl.  18  s.  6  d.  1/2  =  .  .  .  5147-18-6  d.  1/2. 

Hors  quelle  somme,  distraiant  celle  des  déboursements  rapportés  à  la  p.  pré- 
cédente (4)  =        .  .  .  .  .  356-2-1  1/2. 

Reste  plus  reçu  que  déboursé  ^         .  .  .  4791-16-5. 

A  quoy  il  faut  ajouter  10  fl.  d'abus  que  le  comptable  a  fait  à  la  page  72  du 
compte  précédent,  y  ayant  rapporté  en  déboursement  33  fl.  au  lieu  de  23,  ce 
qui  fait  finalement  =  .  .  .  .  4801-16-5. 

Dont  les  2/3  appartenant  à  S'"»  Maison  de  Stolberg  porte  3201  fl.  4-4  et  le 
1/3  compétent  à  la  S'"^  Maison  de  Louwenstein  porte  1600-12-2  =     1600-12-2, 

La  recepte  p.  42  (5)  porte  =  .  ,  30  m.  10  q.  1  mel. 

Vendu  et  livré  p.  43  et  44  =                  .                *                .  30-10-1. 

Partant  recepte  et  rendage  égal. 

La  recepte  {6}  p.  46  porte  =  .                .                .  29  m.  10-1 

Vendu  et  livré  pp.  47  et  48  -=  .                .                .  29  m.  10-1 

Partant  recepte  et  rendage  égal  = 

La  recepte  T^.  49  (7)  porte  =.  .                .                .  1  m.  2-0 

Vendu  et  livré  p.  50  =             .  •                 .                 .  1  m.  2-0 

Partant  recepte  et  rendage  égal  ^ 


(1)  En  marge  :  «  par  quittance  n*  3U  ». 

(2)  En  marge  :  «  par  quittance  n°  31  ». 

(3)  En  marge  :  «  argent  ». 

(4)  En  faisant  le  calcul  des  sommes  déboursées,  on  trouve  345  fl.  2  s.  1  1/2  tlenier  au  lieu  de  3r)6.   Le 
comptable  fait  donc  une  erreur  de  11  florins. 

(5)  En  marge  :  «  seigle  ». 

(6)  En  marge  :  «  avoine  ». 
(7i  En  marge  :  "  fiomenl  ». 


—     400     — 

La  rcceple  \-).  TA  {l)  povie  =      ....  0-3-0 

Vendu  et  livré  p.  52  --=  .  •  •  •  0-3-0 

Partant  recepte  et  rendage  égal. 

(P.  76).  La  recepte  {•>)  p.  56  porte  --  .  .  .  .35  1/2  1/24 

Livré  p.  57  =^     .  .  ...  .  .42 

Ainsi  plus  livré  que  reçu  6  1.9  onces  et  2/3  onces.  A  quoi  ajoutant  le  plus 
livi'é  que  reçu  du  compte  précédent  p.  74.  37  1.  12  onces  1/3,  le  comptable 
trouve  relit  44  1.  12  onces. 

La  recepte  (3)  p.  61  porte  =       .  .  .  .  .  14  1/2 

Renseigné  et  vendu  p.  62  =         .  .  .  .  .  14  1/2 

Ainsi  rec.  et  rend  égal  = 

La  recepte  (4)  p.  64  porte  =      .  .  .  .  .  172  1/4 

Vendu  et  renseigné  p.  65  ^       .  .  .  .  .  172  1/4 

Ainsi  rec.  et  rendage  égal. 

La  recepte  (5)  p.  66  porte  =   .  .  .  .  .  .6 

Renseigné  et  vendu  p.  67  =    .  .  .  .  .  6 

Partant  rec.  et  rendage  égal. 

Ainsi  calculé  et  arrêté,  sous  les  protestations  ordinaires,  et  les  pièces  justifl- 
calives  sont  restées  es  mains  de  l'officiei'  principal  de  la  Sérénissime  Maison  de 
Stolbcrg,  avec  offres  de  donner  vision  des  dittes  pièces  et  d'en  laisser  prendre 
coppie  à  rortîcier  de  la  S'"^  Maison  de  Louveinstein,  auquel  son  absence 
attendu,  il  sera  remi  un  double  du  présent  compte. 

Fait  au  château  de  Humain,  ce  31  janvier  1767. 

De  Rossius,  de  Humain;  de  Thierry. 


(1)  Rn  marge  :  t  farine  d'uvoiiie  ». 

(2)  En  marge  :  «  cire  » 

(3)  En  marge  :  «  chapons  ». 
f4)  En  marge  :  «  poulies  ». 
(t'A  En  marge  :  «  ans'iiille  «. 


Miettes  historiques. 


I. 

»ART;    LE    MAITRE    D*ÉCÛLE 
BE  FLÛREM VILLE  (1793). 


On  lit  dans  la  Biographie  Luxembourgeoise,  du  Docteur  Aug. 
Neyen  (Luxembourg,  1860)  : 

<c  MASSAR.T,  Gaspard  (1)  dit  le  maître  d'école  de  Florenville^  est 
ft  un  personnage  qui  se  distingua  à  son  époque  par  son  patrio- 
4  tisme.  L'histoire  n'a  rien  retenu  de  lui  ;  mais  la  tradition  encore 
«t  très-vivace,  surtout  dans  la  contrée  qu'il  a  habitée,  exige  pour 
«  lui  une  mention  dans  la  biographie  nationale  de  l'ancien  pays 
«  de  Luxembourg. 

«  Massart  était  maitre  d'école  du  village  chef-lieu  du  canton  de 
li  Florenville,  à  l'époque  des  commencements  de  la  révolution 
M  française  de  1789.  Il  aimait  sa  patrie  et  abhorrait  conséquem- 
«  ment  les  envahisseurs  qui  tentaient  de  s'en  emparer  pour  y  in- 
«  troduire  le  régime  nouveau.  Sous  un  extérieur  pacifique,  il  ca- 
«  chait  une  âme  fortement  trempée  —  aussi  se  rendit-il  bientôt 
«  célèbre  dans  la  contrée  par  son  entourage,  non  moins  que  par 
«  la  hardiesse  aventureuse  avec  laquelle  il  sut  mettre  à  profit  sa 
«  connaissance  des  lieux. 

<t  Nommé  chef  d'un  des  corps-francs  au  moyen  desquels  le 
«  Gouvernement  de  Bruxelles  avait  tenté  de  remédier  au  désavan- 


(1)  Charles,  plus  connu  sous  le  prénom  de  Gaspard. 

£7 


—     402     — 

«  tage  que  procurait  l'affaiblissement  de  l'armée  autrichienne 
<v  dans  le  Luxembourg  et  les  autres  provinces,  par  i'éparpillement, 
«  devenu  nécessaii'e,  de  ses  régiments  qui  avaient  dû  être  envoyés 
^^  vers  diirérents  points  menacés  à  la  fois,  Massart  se  montre  digne 
«  de  la  mission  qui  le  plaçait  à  la  tête  de  ces  défenseurs  improvi- 
((  ses  du  sol  natal  et  dont  les  rangs  se  renforçaient  comme  par 
«  enchantement,  parce  que  les  populations,  exaspérées  par  les  dé- 
«  prédations  des  soldats  de  la  Convention,  s'enrôlaient  avec  em- 
«  pressement,  afin  de  préserver  le  pays  de  l'invasion. 

c(  Les  rares  documents  locaux  de  l'époque,  conservés  jusqu'à 
«  ce  jour,  de  même  que  la  voix  publique,  ne  le  dénomment  pas 
«  autrement  que  le  maître  d'école  de  Florenville. 

«  Afin  de  mieux  découvrir  les  projets  de  l'ennemi,  il  pénétrait 
«  déguisé  au  milieu  des  soldats,  dans  les  bivouacs  et  les  maisons 
«  des  villages  où  ils  campaient,  écoutant  leurs  conversations  tout 
«  en  ayant  l'air  de  n'y  point  faire  attention  et  presque  toujours,  à 
«  la  suite  de  ces  espionnages  exécutés  d'un  air  niais  et  insou- 
«.  ciant,  le  succès  couronnait  son  audace,  poussée  souvent  jus- 
«  qu'à  la  témérité. 

a  On  ne  sait  pas  précisément  quelle  fut  sa  fin,  mais  il  est  vrai- 
ce  semblable  qu'il  perdit  la  vie  pendant  une  escarmouche  ». 


Une  note  trouvée  à  un  vieux  registre  paroissial  de  Florenville 
fixe  le  moment  et  les  circonstances  de  son  décès  :  1793  —  Le  17 
mai,  à  quatre  heures  du  matin,  a  été  tué  à  Florenville,  par  les 
soldats  français,  Charles  Massart,  maitre  d'école  audit  lieu,  in- 
humé le  18  dito. 

Nous  sommes  à  même  de  donner  sur  ce  décès  des  renseigne- 
ments détaillés,  autrefois  recueillis  de  vieillards  de  Florenville, 
contemporains  de  l'événement  : 

Le  chef  d'un  détachement  républicain  envoyé  nuitamment  de 
France  rencontre,  à  l'entrée  du  village,  une  campagnarde  mati- 
nale et  la  prie  de  lui  indiquer  où  demeure  le  général  Massart. 

La  brave  femme  de  répondre  bien  honnêtement  qu'elle  ne  con- 
naît pas  de  général  Massart  et  qu'il  n'y  a  du  nom  de  Massart  que 
le  maitre  d'école,  chez  qui  elle  accepte  de  conduire  la  troupe. 


—     403     — 

Massart  entendant  du  bruit  devant  sa  porte  nnonte  à  l'étage 
et,  au  moyen  d'une  chaise,  se  hisse  à  la  force  des  poignets  au 
travers  du  plancher  mobile  du  grenier,  pour  gagner  sa  cachette 
habituelle,  un  réduit  aménagé  entre  le  mui-  et  la  cheminée. 

Mais  un  soldat  dont  l'attention  avait  été  éveillée  par  quelque 
brait,  monte  à  son  tour  à  l'étage,  voit  la  chaise  qui,  pour  lui,  est 
placée  d'une  façon  insolite  et,  levant  la  tête,  constate  que  les 
planches  du  plafond,  repoussées  à  la  hâte,  ne  se  joignent  pas 
exactement. 

L'alarme  est  donnée  dans  toute  la  maison  et  Massart,  serré  de 
près,  saute  par  une  fenêtre  du  pignon  en  vue  de  gagner 
l'abri  du  mur  du  cimetière  et  de  là,  tout  proche,  le  bois  dit 
Le  Terme. 

Les  soldats  tirent  au  plus  vite  par  la  fenêtre  restée  ouverte  et 
Massart  reçoit  dans  le  dos,  à  bout  portant,  trois  balles  qui  le 
clouent  sur  place. 

Le  petit  bâtiment  où  ces  événements  se  sont  passés  n'existe 
plus  ;  il  a  été  démoli  pour  faire  place  à  l'église  actuelle  et  à  l'a- 
ménagement de  ses  abords.  Il  se  trouvait  entre  l'ancien  cime- 
tière, qui  ceinturait  la  vieille  église,  et  le  chemin  d'accès  à 
celle-ci,  du  côté  de  la  caserne  de  Gendarmerie. 

Après  le  drame  et  jusqu'en  ces  derniers  temps,  il  a  continué 
à  servir  de  logement  à  l'instituteur  communal. 


Encore  aujourd'hui  le  souvenir  du  Maître  d'école  est  demeuré 
dans  les  traditions  du  pays,  car  ces  audacieux  exploits  avaient 
vivement  frappé  l'imagination  du  peuple.  A  la  tête  de  quelques 
partisans  recrutés  parmi  de  hardis  braconniers  et  contrebandiers 
de  la  contrée,  il  opérait  sur  la  frontière  française,  au  besoin  en- 
levant une  sentinelle  par  ici,  tuant  quelques  soldats  par-là,  fil- 
trant par  l'ouverture  pour  aboutir,  à  Sedan,  à  un  bureau  occulte 
de  renseignements. 

Ses  coups  faits,  il  faisait  enterrer  les  armes  à  des  endroits  con- 
venus, licenciait  ses  quelques  hommes,  rentrait  chez  lui  et  re- 
prenait ses  classes,  sauf  à  recommencer  sur  nouvel  avis  de  ses 
indicateurs. 

Agent  dévoué  d'Orval,  il  épargna  à  l'Abbaye  plusieurs  visites 
de  pillards,  révolutionnaires   plus   ou   moins  réguliers,  —  ou  du 


—     404     — 

moins  en  atténua  les  conséquences,  les  moines,  prévenus,  ayant 
eu  le  temps  d'abriter  les  objets  les  plus  précieux. 

La  destruction  d'Orval  eut  lieu  5  semaines  après,  le  23  juin 
•1793  ;  celle  de  l'Abbaye  de  Glairefontaine,  près  Arlon,  le  18  avril 
de  l'année  suivante  et  l'annexion  du  Luxembourg  à  la  France  le 
1er  octobre  1795. 


L'exécution  de  Massart,  considérée  comme  un  fait  d'armes, 
motiva  le  rapport  officiel  suivant  du  citoyen  Milhaud  du  Cantal, 
délégué  par  la  convention  nationale  à  l'armée  des  Ardennes. 

«  28  mai  1793 Le  fruit  de   cette  expédition   a   été   la 

«  destruction  du  célèbre  maître  d'école  de  Florenuille,  Capitaine  de 
«  brigands  (1),  fameux  par  ses  crimes   et   par  son   talent   pour 

«  l'espionnage Nous  avons  eu   deux   hommes  blessés  et 

«  nous  n'avons  perdu  que  deux  chevaux,  qui  ont  été  remplacés 
«  par  ceux  que  nous  avons  pris  à  Orval  ». 


L'épopée,  si  courte  mais  si  marquante,  du  maître  d'école  de 
Florenuille^  se  trouve  rappelée  dans  l'ouvrage  de  Jean  tin  :  Les  rui- 
nes et  chroniques  d'Orval  ;  —  dans  les  Communes  Luxembourgeoi- 
ses, chapitres  Virton,  p.  41  et  Florenville,  p.  106,  ainsi  que  dans 
V Histoire  de  V Abbaye  d'Orval  par  l'abbé  N.  Tillière. 

En  fait  Massart,  jeune  et  hardi  partisan,  était  le  chef  d'une  de 
ces  bandes  qui,  d'impulsion,  s'improvisaient  ou  se  recrutaient 
un  peu  partout  sur  la  frontière  à  la  suite  de  la  brutalité  des 
réquisitions  militaires. 

La  mort  a  brusquement  coupé  court  à  ses  tentatives  de  résis- 
tance et  après  sa  disparition,  ses  compagnons  se  tinrent  cois  par 
crainte  des  terribles  représailles  dont  ils  avaient  été  menacés. 

Il  serait  intéressant  de  recueillir  les  menus  faits  de  cette  épo- 
que qui  se  sont  passés  dans  d'autres  localités,  parait-il  :  aux  en- 
virons de  Virton,  à  Saint-Léger,  à  Heinstert  (Nobressart),  ensuite 
dans  le  nord-est  du  Luxembourg  lors  de  la  guerre  des  gourdins 
(Klœppelkriey). 


(1)  Les  Français  nommaient  Briyan'^s  les  paysans  révoltés  :  voir  dans  les  rapports  de  l'époque  les 
brigands  de  la  Vendée,  les  brigands  de  la  Loire,  etc. 


-     405     - 
II. 

LES  BÉQOISITIOMS  FB 

Les  incursions  et  rapines  des  révolutionnaires  français  en  1793 
et  la  brutalité  de  leurs  soldats,  allant  jusqu'au  meurtre  des  op- 
posants, sont  également  restées  célèbres  dans  les  localités  de  la 
frontière  peu  éloignées  des  garnisons  de  Longwy,  Montmédy  et 
Sedan. 

Citons-en  quelques-unes  :  —  Dans  son  intéressante  monogra- 
phie sur  le  village  de  Tintigny  (Annales  de  l'Institut,  1912), 
M.  Ed.  Liégeois  nous  donne  les  résultats  de  l'une  d'elles,  en 
date  du  31  mai  1794.  Les  victimes  sont  de  tout  âge  et  de  tout 
sexe  et  condition  sociale  : 

Un  manouvrier  de  Lahaye,  tué  entre  Bellefontaine  et  le  bois  ; 
Un  autre  ;  —  Un  jeune  garçon,  trouvé  sur  la  grand'roule  ;  — 
Jean-François  André  ;  —  Le  pâtre  de  Poncel  ;  —  Un  laboureur 
de  Bellefontaine,  tué  dans  le  bois;  —  Un  autre  du  même  village; — 
Un  manouvrier  ;  —  Pierre  Copin,  Vhermite  de  la  Petite  Crardère, 
trouvé  dans  le  bois  six  jours  après  ;  —  Une  jeune  fille  de  Tintigny^ 
son  corps  ramassé  neuf  jours  après  à  l'orée  du  bois. 


Le  mois  précédent,  semblables  exploits  avaient  eu  lieu  entre 
Florenville  et  Izel. 

Les  campagnards  de  Pin,  violemment  dépouillés,  s'étaient  réu- 
nis à  la  sortie  du  village  pour  essayer  de  reprendre  leuis  bes- 
tiaux et,  munis  de  bâtons  et  de  fourches,  suivaient  les  ravisseurs 
en  les  harcelant. 

A  un  moment  donné,  ceux-ci,  par  une  manœuvre  d'enveloppe- 
ment, massèrent  les  poursuivants  dans  le  petit  bois  de  la  Haye, 
complètement  isolé  dans  la  campagne  et  les  y  fusillèrent  sans 
merci.  Puis  les  héros  purent  s'en  aller  sans  obstacle  avec  leur 
butin  au  complet. 

Le  registre  paroissial  d'Izel  renseigne  pour  cette  journée  : 

«  Le  8  avril  1794,  ont  été  tués  par  les  Français  au  bois  de  la 
«  Haye, 

<L  Jean  Vignol,  âgé  de  41  ans  ;  —  la  fille  Henri  Leroy,  24  ans;  — 
«  Gilles  Fineuse,  35  ans;--  Evrard  Hinque,  célibataire,  20  ans;  — 


—      406      — 

«  le  lils  Pierre-Micliel,  id.  21  ans  ;  —  Jacques  Evrard,  25  ans  ;  —  la 
«  fille  Pierre- Louis,  non  mariée,  19  ans  ;  —  Elisabeth  Gilleray,  id., 
a  "21  ans  ;  —  Joseph  Limousin,  —  tous  de  Pin. 

«  Le  26  mai  est  décédée  àlzel,  Marie-Catherine  Marchai,  femme 
(1  à  Joseph  Demassue,  tuée  par  les  Fi-ancais. 

Puis  —  ((  Le  25  juillet  est  décédée  à  Moyen,  des  suites  d'un 
«  coup  de  fusil  des  Français,  Marie  Perin,  femme  à  Nicolas 
«  Thibeau  )>. 


Le  pays  de  Martué  fut  le  théâtre  d'un  événement  heureuse- 
ment moins  tragique. 

A  500  mètres  du  hameau,  en  bordure  de  la  Semois  et  bien  à 
l'écart  de  toute  communication  se  trouve,  dans  la  forêt,  à  lieu 
dit  La  Rochette,  une  excavation  recouverte  par  un  banc  de  pierre 
schisteuse. 

Avertis  de  l'arrivée  d'une  bande  de  réquisitionnaires,  les  habi- 
tants y  avaient  soigneusement  caché  leurs  poules  et  autres  vo- 
lailles. 

Mais  ils  avaient  compté  sans  le  chant  matinal  du  coq,  qui  vint 
révéler  la  cachette  et  amena  la  rafle  complète  de  ces  réserves. 

Le  gros  bétail  avait  été  conduit  plus  loin,  jusqu'aux'  forges  des 
Epioux  où  il  fut  également  découvert  par  les  chercheurs  mis  en 
éveil  et  qui  n'eurent  qu'à  suivre,  sur  le  sol  boisé,  les  traces  fraî- 
ches de  piétinement. 

L'endroit  s'appelle  encore  aujourd'hui  le  Trou  aux  poules. 


Les  pillages  et  dévastations  eurent  également  lieu  dans  les 
localités  voisines. 

A  Chassepierre,  les  habitants  avaient  installé,  au  clocher  de 
l'église,  dominant  la  campagne  sur  un  large  rayon,  un  servic^e  de 
vedettes  qui  leur  avait  permis,  plusieurs  fois,  de  sauver  leur  bé- 
tail en  le  chassant  hâtivement,  à  travers  un  gué  de  la  Semois, 
jusqu'à  la  forêt. 

Le  24  X*^'*"  1793,  les  soldats,  après  avoir  incendié  le  presbytère, 
mirent  le  feu  au  clocher  pour  se  débarrasser  d'une  surveillance 
aussi  gênante. 


—     407     — 

Le  6  du  même  mois,  fat  tué,  au  village  même,  le  laboureur 
Louis  RoUin,  détenteur  du  taureau  banal.  D'après  une  tradition 
de  l'endroit,  le  taureau  fut  emmené  hors  de  l'écurie  par  trois 
pillards  français.  RoUin,  doué  d'une  force  peu  commune,  survint 
à  ce  moment,  sortit  les  fusils  des  pillards  qu'il  jeta  dans  le  ruis- 
seau, puis  il  maitrisa  les  bandits  et  reprit  son  taureau.  Mais  un 
soldat,  retrouvant  un  fusil  intact,  revint  abattre  RoUin  sur  place. 

Les  visites  répétées  des  pillards  répandaient  dans  ce  village 
une  terreur  dont  le  registre  du  presbytère  révèle  bien  les  traces  : 
les  habitants,  vieillards,  femmes  et  enfants,  fuyaient  au  plus  vite 
vers  les  bois. 

Le  registre  porte  entre  autres  : 

1»)  Le  3  avril  1794,  à  10  heures  du  soir,  est  né,  dans  les  bois  de 
la  forêt  de  Chiny,  Jean  Bastogne  fils  de  Jean-Baptiste  et  de  Marie 
Poncin  sa  femme,  retirée  dans  les  bois  à  cause  de  la  guerre  et 
insultes  des  Français.  —  Acte  dressé  et  signé  par  sir  Bernard, 
curé  de  Lacuisine,  le  desservant  de  ce  territoire. 

2°)  Le  14  avril  est  né  aux  forges  des  Epioux,  Nicolas-Hubert 
Renauld,  flls  de  Hubert,  platineur  et  de  Marie-Catherine  Hénon  — 
la  mère  ayant  dû  fuir  et  se  rendre  aux  dites  forges  pour  ses  cou- 
ches, à  cause  des  invasions  françaises. 

S»)  Le  23  avril  est  née  dans  les  bois  de  Chiny,  Jeanne-Catherine 
Poncin,  fille,  etc.,  —  acte  dressé  par  le  curé  de  Lacuisine. 

4°)  Le  10  mai  est  né  au  lieu  dit  Hitay,  sur  le  ban  de  Chiny^  oà 
les  paroissiens  s'étaient  rendus  à  cause  de  la  guerre,  Jean -Nicolas 
Fondriaux. 


Pour  Muno,  les  Annales  de  l'Institut  (année  1877)  nous  donnent 
un  relevé  détaillé  des  rapines  opérées  dans  les  sections  de  Lam- 
bermont  et  Watrinsart,  très  rapprochées  de  la  garnison  de  Sedan. 

A  ce  relevé  on  trouve  :  bétail,  volailles,  vêtements,  linge,  ar- 
gent, denrées,  outils  et  instruments  aratoires,  chevaux  et  voitu- 
res, tout  ce  qui  était  transportable.  Nicolas  Sindic,  de  Lamber- 
mont,  libelle  sa  réclamation  :  (Les  Français)  lui  ont  pris  dans  sa 
poche  192  livres,  etc. 

D'après  le  dire  d'anciens  habitants,  des  maraudeurs  français 
de  la  frontière,  déguisés  en  soldats,  avaient  plusieurs  fois  suivi 
les  réquisitionnaires,  en  vue  de  profiter  de  la  terreur  que   ceux- 


—     408     — 

ci  inspiraient  aux  populations  qui  se  trouvaient  isolées  et  sans 
appui  militaire. 

A  Florenville,  après  nu  acte  de  naissance  du  21  X^»"®  1794,  le 
registre  de  la  cure  porte  la  note  suivante  : 

<i  Le  soussigné  déclare  que  les  militaires  ayant  dévasté  toute 
«  sa  maison  et  en  même  temps  déchiré  le  registre  et  éparpillé 
«  tous  les  papiers,  il  a  (inscrit  ?)  le  moins  mal  qu'il  a  pu,  sur  des 
«  feuilles  volantes,  les  baptêmes,  mariages  et  sépultures  et  les  a 
«  inséré  dans  le  présent  Registre  (s.  P.  f.  Maboge,  curé  de 
«  Florenville  », 


III. 

GÉRÛPTILLE. 


La  revue  Jadis  de  Soignies,  n"  de  janvier  i906,  publie  la  requê- 
te ci-après,  intéressante  pour  notre  histoire  locale  : 

L'HERMITAGE  DU  BOÏS  DE  MERLANVAUX 


«  La  pièce  suivante  expose  les  tentatives  faites  au  début  du 
«  '18e  siècle  dans  le  but  d'ériger  un  ermitage  dans  le  bois  de  Mer- 
«  lanvaux,  dans  la  province  actuelle  de  Luxembourg  : 

Messeigneurs  les  Président  et  gens  de  la  chambre  des  comptes 
de  S.  M.  I    et  G.  en  Brabant. 

Remontre  très-humblement  frère  Gesselin  Le  Roy,  native  du 
village  de  Lime,  comté  de  Ghiny  au  Duché  de  Luxembourg  que 
depuis  sa  tendre  jeunesse  il  a  tousjour  eu  une  inclination  pour 
la  sollitude,  que  depuis  quelques  années  il  a  été  admis  dans  la 
Gongrégation  des  Eremites,  mais  ne  se  trouvant  pas  d'hermitage 
vacant  pour  s'y  établir  il  souhaiteroit  d'en  faire  bâtir  une  à  ses 
fraix  sur  une  langue  de  terre  stérile  ne  raportant  aucun  profit  à 
S.  M.  dans  le  bois  de  Merlanvaux,    dépendant  de  la  gruerie  de 


—     409     — 

Ghiny,  joindant  le  ruisseau  des  douze  fontaines,  laquelle  place  a 
été  ci-devant  accordé  aux  nommés  Jean-François  Lejeune,  Fran- 
çois de  Vorster  et  Jean-Baptiste  Rips,  bourgeois  de  cette  ville  de 
Bruxelles,  pour  y  faire  construire  un  dans  le  dessein  oii  ils 
étaient  de  se  faire  ermite,  mais  ayant  commencé  de  bâtir  ils  ont 
changé  de  sentiment  et  abandonné  leur  entreprise  pour  revenir 
en  cette  ville  de  Bruxelles  où  ils  sont  établis,  ce  qui  fait  prendre 
au  remontrant  la  confiance  de  se  retirer  veis  V.-S.  illustre,  les 
suppliant  très-humblement  d'être  servi  de  luy  accorder  la  per- 
mission de  faire  bâtir  sur  les  ruines  lesd.  murailles  commencez 
led.  hermitage  ....  avec  ordre  au  haut  forestier  ou  autre  offi- 
cier de  la  gruerie  de  Ghiny  de  luy  désigner  les  bois  nécessaires 
pour  la  construction  d'icelluy  —  Quoy  faisant  (signé)  F.  Lecol. 

«  L'avis  du  conseil  des  finances  du  29  9'^"^  1729  fut  d'écon- 
«^t  duire  le  suppliant  qui,  ne  sachant  aucun  métier,  devrait  s'en- 
(c  tretenir  par  aumône.  (Archives  de  l'Etat  à  Bruxelles.  —  Gon- 
«  seil  des  finances,  papiers  sauvés  de  rin(;endie,  farde  97).  — 
ft  Cet  avis  fut  adopté  par  le  gouvernement  ».  (E.-M.). 


JACOB-DUGHESNE. 


fouilles  et  trouvailles 
faites  à  y^rlon  et  dans  '^  province. 


Les  Etablissements  gallo-romains  de  la  Haute  Sûre 

par  R.  et  Eug.  MALGET. 

1.  —  La  maison  gallo-romaine  «  Im  Bodem  » 
à  Bigonville  (Bongeref). 

Le  chemin  rural,  quittant  la  loute  romaine  près  de  la  maison  Get-ard,  passe  à 
Grumelange,  traverse  la  Sûre  (gué)  et,  après  avoir  dépassé  la  côte,  débouche, 
sous  forme  de  sentier,  au  lieu  dit  «  Im  Bodem  »,  territoire  de  Bigonville. 

A  25  m.  de  ce  sentier,  et  faisant  avec  lui  un  angle  de  45°,  se  trouvait  une 
maison  gallo-romaine,  simple,  de  forme  quadrilatérale,  ayant,  entre  les  murs, 
20  pieds  romains  (6  m.)  de  large,  sur  24  pieds  (7  m.  20)  de  long,  dirigée  du 
N.  au  S. 

Les  murs,  construits  en  pierres  schisteuses  du  pays,  avaient  une  épaisseur  de 
deux  pieds  (0  m.  60)  et  reposaient  sur  une  couche  de  béton,  en  pierres  concas- 
sées, de  0  m.  30  de  haut,  sur  0  m   60  de  large. 

Un  terril  en  signinum  opus  couvrait  tout  le  sol  du  bâtiment  et  tout  autour, 
aux  pieds  des  murs,  courait  une  plinthe  haute  de  0  m.  10  en  béton  au  sable 
blanc,  et  présentant,  à  sa  surface,  un  lustre  en  verre  verdâtre. 

Les  murs  déblayés  et  complètement  enfouis,  dans  la  terre,  avaient  encore  une 
hauteur  d'un  bon  mètre,  sans  autre  ouverture  que  la  porte  d'entrée,  du  coté 
sud,  à  0  m.  90  du  coin  sud-est.  On  entrait  de  plein  pied  par  cette  porte  de 
0  m.  90  de  large. 


—     411     — 

Son  linteau,  consistant  en  une  grande  pierre,  gisait  à  l'intérieur  du  bâtiment. 
Les  murs  ne  présentaient  plus  de  crépissage  net,  ni  à  leur  surface  interne,  ni  à 
la  surface  externe  ;  mais  à  en  juger  par  quelques  débris  de  plâtrage,  la  peinture 
des  parois  intérieures  était  rouge. 

Dans  le  coin  sud-est  de  l'appartement  gisait  un  gros  tas  de  chaux,  en  poudre, 
qui  n'avait  pu  être  utilisée,  avant  la  destruction  de  la  construction  par  le  feu. 

Beaucoup  de  gros  clous  épars,  à  moitié  consumés  par  la  rouille,  dont  un  de 
0  m.  12  de  long  et  un  autre,  à  tête  plate,  ressemblant  à  une  ancienne  clenche,  à 
loquet,  de  porte. 

Un  fond  de  pot  rouge,  de  0  m.  10  de  diamètre,  tapissé  à  l'intérieur  d'une  infi- 


nité  de  petits  morceaux  de  grès.  Pot  semblable  à  ceux,  dont  on  se  servait  pour 
conserver  le  lait. 

Un  bord  large  de  0  m.  07,  ayant  appartenu  à  un  énorme  vase  de  terre  grise, 
largement  ouvert,  en  haut,  et  rétréci  à  sa  base,  pour  recueillir  le  lait,  le  refroi- 
dir et  déposer  la  crème,  en  un  mot  l'écrémeuse  du  temps. 

Le  bord  présente,  comme  particularité,  une  signature  du  pouce  du  potier 
romain,  avec  ses  empreintes,  chères  à  M-^  Berlillon.  A  remarquer  que  souvent 
les  vases  romains,  avec  sigle,  sont  contresignés  d'une  empreinte  digitale. 

Nous  constatons  simplement  le  fait,  sans  vouloir  prouver  si  ces  choses  sont 
intentionnelles  ou  un  effet  du  hasard. 

Gomme  autre  particularité,  nous  signalons  encore  la  découverte  de  débris 


—     412      — 

dune  mince  feuille  en  bronze,  avec  des  lignes,  plus  ou  moins  régulières,  de 
petits  trous.  Etait-ce  un  passe-thé  ou  un  passe-lait,  nous  l'ignorons. 
Le  bâtiment  était  recouvert  de  briques  rouges  (imbrices  et  tegulae). 

Ces  rares  débris  prouvent,  que  cette  maison  était  habitée  par  un  client  gallo- 
romain,  s'occupant  de  l'industrie  du  lait. 


2.  —  La  ferme-laiterie  gallo-romaioe  «  Im  Bodem  ». 


A  environ  75  m.  au  sud,  du  même  côté  que  la  maison  précédente,  nous  décou- 
vrons un  bâtiment  plus  considérable  ;  composé  d'abord  d'une  grande  place,  pro- 
fonde encore  de  1  m.  50  après  déblai,  longue  de  11  m.  80,  sur  4  m.  entre  les 
murs. 

Le  sol  en  était  constitué  par  de  la  terre  glaise  battue  et  littéralement  jonché 
d'une  quantité  considérable  de  débris  de  poteries  grises,  noires,  rouges,  etc., 
jattes,  vases,  pots  ayant  servi  à  recueillir  et  à  manipuler  le  lait. 

Comme  pièce  curieuse  nous  y  avons  trouvé  une  pyramide  tronquée,  en  grés, 
ayant  7  cm.  à  la  base  et  5  cm.  au  sommet  avec  une  hauteur  totale  de  5  cm. 

Les  angles  et  les  milieux  des  faces  de  cette  pierre  présentent  8  rainures  ver- 
ticales destinées  à  loger  les  cordes  pour  la  faire  servir  de  contre-poids  (aequi- 
pondium)  à  l'objet  à  peser  dans  la  balance  romaine  (statera). 

Les  murs  de  cette  place,  épais  de  0  m.  90,  reposaient  sur  un  bloc  de  béton  de 
0  m.  90  sur  0  m.  60  de  haut,  en  ciment  et  pierres  concassées. 

Au  nord  cette  place  communiquant  librement  avec  l'extérieur,  la  clôture  légère 
aura  disparu  sans  laisser  de  trace. 

A  trois  mètres  du  coin  nord-est,  on  arrivait,  au  moyen  de  deux  marches  en 
pierres,  larges  de  0  m.  45,  par  une  porte,  large  de  0  m.  90,  dans  un  couloir 
d'un  mètre  cinquante  de  large.  Contre  le  mur  de  la  place  décrite,  était  adossé  un 
établi,  haut  et  large  de  0  m.  60,  complètement  noir  et  chargé  de  cendres,  de 
charbons,  de  débris  de  fer  méconnaissables,  nous  donnant  l'impression  d'avoir 
devant  nous  l'ancien  foyer  avec  cheminée,  où  le  lait  subissait  différentes  trans- 
formations, avant  de  passer  aux  mains  des  clients.  Voilà  pour  la  première  partie 
de  cette  intéressante  maison. 

Une  2«  partie  était  constituée  par  une  1'*^  place  de  1  m.  80  de  large  sur 
3  m.  80  de  long,  séparée  de  la  dernière  place  que  nous  venons  de  décrire,  par 
une  mince  cloison  en  briques,  de  0.  m.  30  d'épaisseur.  Le  plancher  de  cette  place 
était  en  terre  glaise  battue,  recouvert  par  des  débris  d'imbrices  et  de  tegulae. 


-     415     — 

dont  une  entière  portant  des  empreintes  de  pieds  de  chèvre.   Le  reste  du  bâti- 
ment semblait  avoir  été  couvert  en  chaume. 

Cette  belle  place  communiquait,  vers  le  nord,  avec  une  vaste  salle  de  10  m. 
de  long,  sur  5  m.  80  de  large. 

Le  long  du  mur  Est  se  trouvait  une  maçonnerie,  ayant  dû  servir  de  crèche, 
haute  de  30  cm.  et  large  de  80  cm.  Tout  le  long,  des  morceaux  de  fer  rouillé, 
clous,  culs  de  vases  rouges,  avec  petits  grès  incrustés  à  l'intérieur,  culs  de 
jattes  etc. 

Tout  le  long  du  mur  ouest,  un  espace  large  de  2  m.,  sur  1  m.  de  profondeur, 
rempli  de  terre  noire,  meuble,  servant  ou  bien  à  absorber  l'urine  des  bêtes,  ou 
à  y  accumuler  le  fumier  pendant  la  mauvaise  saison.  Nous  sommes  plutôt  tentés 


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d'admettre  la  première  hypothèse,  connaissant,  pai-  expérience,   le  grand  sens 
pratique  des  gallo-romains,  nos  ancêtres. 

Cette  grande  place,  qui  servait  donc  d'écurie  aux  vaches,  communiquait  hbre- 
ment  avec  l'extérieur,  du  côté  nord  ;  mais  il  est  certain  que  ce  côté  qui  servait 
d'entrée  et  de  sortie  aux  bêtes  et  au  service,  était  fermé,  dans  le  temps,  par 
des  matériaux  légers  et  facilement  combustibles. 


—     414     — 

Au  pied  (iu  mur  Rst,  et  à  l'extérieur,  courait  une  rigole,  large  et  profonde  de 
0  m.  30,  servant  à  récoulenient  des  eaux  de  la  toiture  du  bâtiment. 

Nous  n'avons  pas  poussé  plus  loin  à  l'Est  de  cette  bâtise,  mais  nous  supposons 
qu'il  existe  encore,  ci-dessus,  une  construction  plus  importante  que  celles  décri- 
tes. Nous  avons  en  effet  découvert,  plus  haut,  dans  un  loculus,  des  débris  d'un 
vase,  genre  pot,  de  10  cm.  de  haut,  sur  10  cm.  de  diamètre  au  milieu,  avec  4 
rendements  au  col,  larges  de  1  cm.  chacun,  et  portant  sur  la  panse  4  roses  à 
20  pétales,  tracées  avec  une  couleur  rouge  brunâtre,  et  d'un  diamètre  de  0  m.  05. 
Ce  vase  en  terre  cuite  brune  très  dure,  rappelle  la  facture  franque  et  explique- 
rait par  là  même  le  mot  allemand  au  lieu  dit  «  Im  Bodem  «. 

Nous  ne  sachions  pas  qu'on  ait  déjà  découvert  et  décrit  une  laiterie  gallo- 
romaine  dans  le  pays,  mais  notre  trouvaille  nous  montre  que  les  esclaves  qui 
soignaient  le  lait,  faisaient  le  beurre,  le  fromage  et  les  vendaient,  ne  venaient 
nullement  en  contact  avec  les  esclaves  qui  devaient  soigner  les  vaches,  les  nour- 
nir,  les  nettoyer  et  les  traire.  Le  dernier  devoir  incombait  sans  doute  aux  hom- 
mes, tandis  que  le  premier  était  du  ressort  de  la  femme. 


3.  —  La  villa  gallo-romaine  des  Gisenvichterchen  au  lieu  dit  : 
«  In  der  Mecher  »,  près  de  Boulaide. 


Cette  villa  avait  l'importance  de  celle  décrite  en  1910,  au  lieu  dit  «  in  Prebich  ", 
près  de  Bilsdorf  et  malheureusement  les  fondations  en  ont  été  arrachées  pour 
plus  de  moitié,  dans  le  temps,  par  des  fouilleurs  ignorants. 

Un  peu  plus  bas,  contre  l'ancienne  route  romaine  qui  traverse  la  Sûre,  au 
lieu  dit  «  Heidenkneppchen  »,  existait  une  deuxième  et  importante  villa  romai- 
ne, non  encore  fouillée,  habitée  par  les  Gavichterchen  (nains  gardiens). 

Il  serait  très  intéressant  de  fouiller  cette  villa,  pour  retrouver  le  mobilier,  ou 
les  armes  de  ces  gardiens  des  gués  de  la  Sûre. 

En  s'approchant  de  la  villa  «  In  der  Mecher  ",  à  l'Ouest,  on  rencontre  d'abord, 
accolé  au  bâtiment  principal,  un  édîcule  de  4  m/ 4  m.  dans  lequel  on  pénètre, 
au  coin  nord,  par  une  porte  de  0,90  m.  de  largeur  et  de  2  m.  de  hauteur. 

Ce  curieux  édicule  se  trouve  actuellement  enfoui,  dans  le  sol,  à  une  profon- 
deur de  2  mètres. 

Les  faces  sud  et  ouest  présentent  chacune,  vers  le  milieu,  une  fenêtre,  large 


—     415     — 

à  l'intérieur  de  0,90"./ 0,90-,  à  l'extérieur  de  0,30™/ 0,90-.  Le  mur  sud  seul 
présente  de  chaque  côté  de  la  fenêtre,  une  armoire  de  0,50."XO,50-xO,30.". 

Tout  autour  de  la  place,  6  places  à  feu,  du  diamètre  de  0,25  m.  environ  et 
profondes  de  0  10-  ;  vrais  nids  creusés  dans  le  roc,  et  encore  remplis  de  char- 
Dons  et  de  cendres. 

Tout  autour  de  ces  foyers  étaient  placés,  dans  du  sable  blanc,  des  fonds  et 
debns  de  vases,  de  la  poterie  la  plus  fine,  en  terre  cuite  rouge,  recouverts  d'un 
beau  noir  bn  lant.  Ces  vases  servaient,  sans  doute,  à  préparer  les  sauces  fines 
et  mets  succulents.  D'autres  vases  plus  grossiers  en  terre  grise,  noire  etc    ser- 


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valent  à  contenir  le  lait  et  à  cuire  les  plats  de  viande  et  tout  cela  au  bain  de 
sable  chaud.  Nous  avons  trouvé,  en  effet,  dans  cette  place,  des  restes  d'une 
vraie  cuisine  de  gourmet,  des  dents  et  ossements  de  différentes  bêtes  domes- 
tiques et  entre  autres  une  tête  de  léporidé,  ou  lapin  géant,  que  les  romains  au- 


—     416     — 

raient  importé  dans  le  pays,  probablement  d'Espagne  et  qui  en  a  totalement 
disparu.  En  mettant,  bout  à  bout,  les  2  incisives  supérieures,  qui  sont  d'un  su- 
perbe jaune  orange  à  l'extérieur,  on  obtient  un  cercle  complet  de  0,06  m.  de 
diamètre,  vrai  anneau  de  serviette.  Les  incisives  inférieures,  de  même  teinte, 
ont  0,09  m.  de  long,  mais  préominent  seulement  de  0,03  m.  de  la  mâchoire  in- 
térieure, qui  a  une  longueur  de  10  cm.  Cette  mâchoire  porte  en  outre  4  grosses 
molaires  et  les  condyles  articulaires  aux  tempes,  présentent  un  écartement  de 
0,07  m. 

Vis-à-vis  de  la  porte,  dans  le  coin,  au  milieu  d'ossements  humains,  un  beau 
contre  de  charrue  (culter)  de  0,02x0,025  m.  d'épaisseur  au  manche,  de  4  cm. 
de  largeur  au  milieu.  Il  est  terminé  en  pointe  recourbée  et  présente  0,45  cm. 
de  longueur  totale.  La  place  était  dépourvue  de  cheminée,  les  émanations  de  la 
cuisine  devaient  s'échapper  par  la  toiture. 

Tout  près  de  la  porte  d'entrée  de  la  cuisine,  une  autre  porte,  large  de  im20 
nous  mène  dans  l'Atrium.  A  cette  place  nous  découvrons  beaucoup  de  clous  à 
grosses  têtes  et  comme  pièce  curieuse  une  chaîne  romaine  qui  a  encore  2  m.  de 
long  et  présente  cette  particularité  que  les  mailles  sont  de  grandeur  et  de  gros- 
seur différentes.  Il  y  en  a  plusieurs  de  6  à  8  cm.  de  long. 

Les  mailles  sont  fortement  usées  aux  bouts,  ce  qui  prouve  que  la  chaîne  a  fait 
un  long  usage. 

Cette  chaîne  possède,  à  un  bout,  un  crochet  plat  de  8  cm.  de  long,  tandis  que 
les  crochets  de  nos  chaînes  sont  ronds. 

Ce  qui  prouve  que  cette  chaîne  à  servi  à  barricader  la  porte  principale,  devant 
les  envahisseurs,  c'est  qu'elle  a  été  trouvée,  encore  munie  de  2  crochets,  qui 
ont  servi  à  la  fixer  au  mur  en  travers  de  la  porte. 

Dans  l'Atrium  nous  voyons  disposés  paralèllement  au  mur  ouest,  et  distants 
de  lui  de  1  m,  4  blocs  de  pierres  ayant  supporté  évidemment  4  piliers  de  la 
toiture  de  l'Atrium. 

Dans  le  coin  nord -ouest,  nous  avons  découvert  le  doyen-d'âge  des  anciens 
coquemars,  qui  eux  ont  disparu  à  leur  tour  pour  faire  place  aux  cafetières  mo- 
dernes :  C^est  un  vase  rond  en  fer  battu,  ayant  0,21  m.  de  diamètre  à  la  base, 
0,24  m.  au  sommet,  et  comme  hauteur  0,07  m.  Il  porte,  au-dessus  et  vers  le 
rebord,  un  ajoutage  tubulaire  de  0,02m. X0,03  m.,  réuni  au  moyen  d'une 
anse  recourbée  et  rivée  au  milieu  de  l'appareil. 

Ce  vase  servait  à  chauffer  de  l'eau,  sur  des  braises,  et  on  le  retirait  du  feu  au 
moyen  d'un  crochet,  en  le  saisissant  par  l'anse.  De  nombreuses  places  à  feu  mon- 


—     417     — 

trent  que  les  esclaves  préparaient  chacun  son  repas,  dans  cet  atrium.  Outre 
un  marteau  ordinaire,  une  petite  bêche  en  fer  avec  manche,  des  clous,  beaucoup 
de  fibules  rondes,  comme  des  boutons  de  manchettes,  en  bronze,  à  demi-consu- 
mées,  on  n'a  rien  découvert  dans  cet  atrium,  à  situation  latérale.  On  pourrait 
encore  signaler  la  ferrure  du  bout  d'un  timon  de  chariot,  longue  de  0  m.  22  et 
large  de  0  m.  09  portant  encore  les  deux  clous  d'attache  au  bois  du  limon.  Au 
bout  de  la  ferrure  se  trouve  un  anneau  rond  de  0  m.  12  de  diamètre,  pour  atte- 
ler une  bête,  au  devant  de  celles  qui  étaient  de  chaque  côté  du  timon.  Avant  de 
quitter  l'Atrium,  il  faut  mentionner  encore  une  place  se  trouvant  vers  l'est,  pro- 
fonde de  2  m.,  large  de  2  m.  et  longue  de  4  m.  avec  une  porte  de  sortie,  vers  le 
nord,  de  0  m.  90  de  largeur,  remplie  d'ardoises  dressées,  comme  nous  les  dres- 
sons encore  aujourd'hui  sur  les  chantiers,  mais  complètement  pourries. 

Le  propriétaire  était-il  marchand  d'ardoises  vu  la  quantité  énorme,  ou  ser- 
vaient-elles à  couvrir  un  bâtiment  ?  Enigme  ! 

Vers  le  milieu  de  l'atrium  et  du  côté  du  sud  on  pénétrait,  par  une  large  porte 
de  2  m.,  dans  un  superbe  corridor,  avec  un  beau  terril,  bien  conservé.  Ce  terril 
présentait  ceci  de  particulier,  qu'à  0  cm.  10  des  murs,  des  moulures  larges  de 
0  m.  06  et  profondes  de  0  m.  01  couraient  tout  autour,  à  la  façon  des 
moulures  de  nos  panneaux  des  portes  actuelles.  Tout  en  faisant  bel  effet,  ces 
moulures  servaient  à  laisser  s'écouler  vers  l'atrium  les  eaux  de  service  ;  car 
nous  sommes  dans  la  partie  occupée  par  le  maître.  Au  fond  du  corridor  se 
dresse  une  vaste  cuve  (alveus)  ovalaire  haute  de  0  m.  80,  large  de  1  m.  80,  dont 
les  parois  étaient  constituées  uniquement  par  des  briques  de  cheminée  carrées 
et  creuses  (tubuli).  Un  fornax,  étabh  sous  la  cuve,  avait  son  ouverture  de  0m.40 
sur  0  m.  50,  au  dehors  au  sud  et  servait  à  chauffer  au  moyen  des  tubuli  l'eau 
de  ce  réservoir.  Le  fornax  chauffait,  en  même  temps,  tout  le  corridor.  Celui-ci 
reposait,  en  effet,  sur  un  hypocauste,  dont  les  piliers  en  briques  avaient  0  m.  60 
de  haut. 

Nous  avons  eu  la  chance  de  conserver  un  morceau  de  plâtrage  coloré  du  lam- 
bris du  corridor  nous  permettant  de  reconstituer  la  peinture  de  tout  le  mur.  En 
bas  était  peint  une  ligne  rouge-brun,  de  1  ctm.  de  large,  au  dessus  une  ligne 
Jaune-ocre  de  0  m.  05  de  large,  puis  une  bande  rouge-brun  de  0  m.  08  de 
large  et  une  dernière  vert-eau  de  0  m.  08  de  large.  Au  dessus  de  ce  lambris  le 
reste  de  la  muraille  était  peint  en  blanc.  Disons  tout  de  suite  que  ce  corridor, 
avec  l'alveus,  constituait  le  balneum  ou  bain  particulier  du  propriétaire  do  la 
villa. 

A  gauche  du  corridor,  2  portes,  larges  de  0  m.  90,  conduisaient  dans  la  partie 

détruite  de  fond  en  comble  par  un  précédent  fouilleur. 

28 


—      418      — 

A  droite,  tout,  au  commencement,  une  porte  de  0  m.  90  conduisait  dans  une 
belle  salle,  comme  nous  n'avions  pas  encore  l'occasion  d'en  voir  dans  nos  fouilles. 
Elle  avait  6  m.  de  long,  sur  4  m.  50  de  large.  Le  plancher  était  en  signinum 
opus.  La  première  partie,  large  de  3  m.  50,  reposait  sur  des  piliers  en  briques 
rondes,  de  0  m.  60  de  hauteur,  sur  0  m.  16  de  diamètre,  que  reliaient  de  gran- 
des briques  cari-ées  de  0  m.  55  sur  0  m.  05  d'épaisseur.  Le  fornax  de  chauffe, 
situé  à  peu  près  vers  le  milieu  de  la  paroi  nord,  avait  sa  bouche  de  0  m.  40 
sur  0  m.  50,  dans  l'atrium  décrit  précédemment.  Dans  les  4  coins  on  voyait 
encore  à  une  hauteur  de  0  m.  60,  des  tubuli  carrés,  placés  transversalement, 
pour  arrondir  les  angles,  vrais  réceptacles  des  toiles  d'araignées.  Vers  la  toiture 
les  buses  étaient  rondes,  vraies  cheminées. 

Au  bout  de  l'hj'pocauste  et  des  deux  côtés,  le  long  des  murs,  une  conduite 
de  0,oOm..xO,50  m.  formée,  au  fond  et  des  deux  côtés,  de  briques  strigillées  et 
recouverte  de  grandes  briques  de  0,55  m  supportant  le  terril,  conduisait  la 
chaleur  aux  buses  montantes  dans  les  coins  du  fond  de  la  salle.  A  la  naissance 
des  conduites,  montait,  de  chaque  côté,  le  long  des  murs,  une  colonne  de  tubuli, 
sous  forme  de  pilastres,  divisant,  pour  ainsi  dire,  la  place  en  deux  parties,  dont 
la  première  sur  l'hypocauste,  bien  chauffée  et  la  seconde  plus  solide,  où  le  terril 
reposait  sur  le  sol,  pouvait  mieux  résister  aux  secousses  imprimées  au  plancher 
par  les  danses  effrénées  des  bals  payens. 

Aux  restes  de  peintures,  nous  avons  pu  reconnaître  un  lambris  d'appui,  rouge 
sang  de  0,95  m'.,  régnant  tout  autour  de  la  salle. 

Au-dessus,  les  murs  blancs  étaient  ornés  de  rameaux  de  vignes,  de  coupes  de 
fruits  et  de  gigots  de  mouton,  tellement  succulents  que  les  gouttelettes  de  sang 
en  coulaient  encore,  toutes  rouges,  le  long  du  mur. 

Ce  qui  prouve  que  ces  peintures  n'étaient  pas  jetées  au  mur  sans  ordre,  mais 
reparties  en  champs  réglés  d'après  les  dispositions  des  solives  du  plafond,  c'est 
que  nous  avons  trouvé  un  morceau  de  plâtrage  blanc,  représentant  un  fer  de 
lance,  long  de  0,05  m.  et  surmonté  d'une  boule  (buUa).  En  dessous  du  fer  de 
lance,  un  bouclier  rond  (clipeus)  de  0,08  m.  de  diamètre,  ornementé  de  quatre 
autres  bulles  décoratives  de  0,025  m.  de  long  sur  0,05  m.  de  large,  le  tout  de 
couleur  rouge-brun.  On  voit  donc  qu'aux  attributs  de  la  bonne  chère,  les  Ro- 
mains savaient  aUier  ceux  du  dieu  Mars. 

Parmi  les  débris  et  objets  trouvés  dans  cette  place,  il  faut  signaler  les  débris 
de  deux  carafes  à  col  long  et  étroit  (ampulla),  avec  anse,  pieds  à  rebord  et  rai- 
nures au  niveau  de  la  panse,  le  tout  en  verre  millefiori. 

Quatre  sonnettes  en  bronze,  à  patène  verte,  hautes  de  0,04  m.  anneaux  com- 


—     419     — 

pris,  rondes  au  sommet  et  carrées  à  la  base  de 0,025  m.x0,03in.  Ces  sonnettes, 
à  cause  de  leur  petite  dimension,  servaient  sans  doute  d'amulettes,  et  étaient 
portées  au  cou,  en  signe  distinctif  de  la  fonction  des  militaires  gardiens  des 
gués  de  la  Sûre  et  des  routes  confiées  à  leurs  porteurs.  Poser  la  question,  ce  n'est 
pas  la  résoudre,  mais  y  rendre  attentifs  les  chercheurs  futurs.  (Légende  du 
moyen- âge). 

Cinq  bronzes,  dont  un  grand  de  la  Diva  Faustina,  femme  de  Marc  Aurèle,  un 
moyen,  d'Annia  Faustina  sa  fille,  et  3  petits  à  inscriptions  illisibles,  mais  à  effi- 
gies bien  distinctes. 

Des  ornements  (bulla)  en  bronze  d'un  ceinturon  en  cuir,  ayant  la  forme  de 
boutons  ronds,  de  torches,  d'écaillés,  de  lances,  de  limaçons,  de  bouquets,  de 
travées,  ainsi  que  la  boucle  du  ceinturon  sous  forme  de  lance,  surmonté  d'une 
boule  avec  traverse-agrafe  en  dessous  pour  fermer  le  tout. 

Une  lame  en  acier,  de  0,55  m.  avec  le  manche  de  0,07  m.,  percé  d'un  trou 
pour  le  fixer  à  une  poignée  en  bois  ou  en  os. 

Cette  lame  pointue  et  à  4  facettes  plates,  prend  insensiblement  une  forme 
carrée,  pour  se  transformer  à  0,i2  cm.  de  la  poignée  en  hexagone,  devenant  de 
plus  en  plus  épaisse.  Le  fourreau  était  sans  doute  en  bois,  muni  d'une  douille 
pointue  en  fer,  comme  nos  bâtons  ferrés  actuels.  Car  cette  douille  a  été  trouvée 
à  côté  de  la  lame.  Une  penture  de  porte  en  deux  parties,  qui  avait  ceci  de  parti- 
culier, qu'un  des  bouts  de  la  bande  en  fer,  de  0  m.  45  de  long,  se  terminait  en 
crochet  se  mouvant  dans  un  trou  foré  dans  l'autre  bande,  pour  constituer  ainsi 
une  charnière  primitive,  mais  très  sohde. 

Un  débris  de  vase  rouge,  de  l'Allier,  où  l'on  voit  encore  la  tête  et  le  poitrail 
d'un  sanglier  pourchassé  par  une  meute  de  chiens,  se  réfugiant  en  toute  vitesse 
dans  les  buissons,  où  l'attend  la  lance  du  chasseur. 

A  en  juger  par  l'épaisse  couche  de  cendres,  il  faut  admettre  que  le  bois  est  in- 
tervenu largement  dans  la  confection  du  plafond  de  cette  riche  salle.  Cette  par- 
tie du  bâtiment  était  couverte  de  grandes  tuiles  plates  et  embriquées.  A  noter 
encore  que  sur  différentes  briques  du  bâtiment,  surtout  sur  celles  de  l'hypocauste, 
nous  avons  remarqué  des  empreintes  de  pieds  de  chèvres,  mais  nulle  part  trace 
d'une  marque  de  fabricant. 

Cette  villa  s'étendait  jusque  dans  la  superbe  vallée  qui  remonte  de  la  Sûre, vers 
Boulaide.  Son  jardin  était  entouré  d'un  mur  en  pierres  du  pays,  crépi  de  mortier 
romain.  Nous  avons  trouvé  encore  des  traces  de  ce  mur  à  50  m.  en  dessous  des 
ruines,  vers  cette  vallée. 

On  accédait  à  la  villa  vers  l'ouest. 


—     420     — 

En  descendant,  dans  le  fond,  on  passait  à  côté  des  tombes  du  villarius  qui 
étaient  superbes  et  qui  ont  été  détruites,  il  y  a  quelques  années,  sans  qu'on  en 
ait  conservé  le  moindre  objet. 

Une  auge  en  pierre  de  taille  blanche  de  de  0,80  X  0,80  m.,  avec  des  urnes,  a 
été  réduite  en  morceaux  qui  ont  été  utilisés  comme  pierres  à  bâtir,  dans  une 
écurie  du  village  de  Boulaide. 

C'est  avec  un  sentiment  de  tristesse  qu'on  s'éloigne  d'un  tel  endroit,  où  la  vie 
joyeuse  a  fait  place  au  silence  de  la  mort. 

Ce  frais  wallon,  abrité  contre  les  vents  du  nord  et  de  l'ouest,  créé  par  la  na- 
ture pour  vivre  la  vie  de  l'abeille,  au  milieu  de  champs  fleuris  et  chargés  de 
riches  moissons,  a  vu  s'écrouler,  en  quelques  heures,  sous  les  coups  des  barbares, 
ivres  de  sang  et  de  carnage,  tout  ce  que  le  travail  et  l'intelligence  y  avait  pro- 
duit de  merveilleux,  pendant  plusieurs  siècles. 

Depuis  quinze  siècles  un  grand  linceul  couvre  ces  ruines,  cette  vie  n'y  revien- 
dra plus  jamais. 

René  et  D»^  Eugène  Malget. 


Le  „Château  de  Montragu"  à  Frahan. 


Le  2  août  1913,  M.  le  D"^  Delogne  d'Alle-sur  Semois  envoya  sur  les  intéressan- 
tes ruines  de  ce  château,  à  Monsieur  le  Président  de  la  Société  archéologique  du 
Luxembourg,  la  lettre  suivante  : 


^f- 


7^ti/ia/w  c/. 


:i-c^^â>  cd^^czcc  c^e^o'cète 


J'ai  l'honneur  de  vous  signaler  l'existence,  sur  le  pic  le  plus  élevé  du  promon 
toire  rocheux,  dit  Crêtes  de  Frahan,  à  l'altitude  de  294  m.,  de  ruines  à  peu 
près  totalement  inconnues  dans  la  contrée,  dénommées  «  Château  de  Montragu  « 
et  sises  sur  la  roche  du  même  nom  :  elles  circonscrivent  une  superficie  de  plus^Ç| 
600  m.  carrés.  Les  tours  sont  construites  en  énormes  moellons,  chaux  et  ,^bj^„ 


—     422      — 

ont  encore  plus  de  i  m.  50  de  hauteur,  7  m.  de  diamètre,  et  sont  reliées  par  des 
courtines.  On  y  a  trouvé  des  conglomérats  de  ciment,  renfermant  de  nombreux 
petits  ci-istaux  brillants  de  quartz,  et  des  bricaillons  à  texture  très-compacte,  et 
d'un  poids  très-lourd.  Ce  «  Château  "  constitue  une  véritable  énigme  historique, 
et  son  nom  même  est  entouré  du  plus  profond  mystère.  Aucun  ouvrage  n'en  fait 
mention  ;  le  livre  ei  recueille  de  la  Duché  et  Pays  de  Bouillon,  ouvrage 
manuscrit,  in-f'\  1576,  conservé  aux  archives  de  cette  ville,  est  muet  à  son 
égard,  alors  qu'il  renseigne  les  ruines  du  château  de  Liresse  et  du  chàteau-le- 
Duc  (prés  de  Menuchenet)  Il  semble  donc  permis  de  conclure  que  le  Château 
de  Montragu  remonte  à  une  très-haute  antiquité,  et  que  le  souvenir  en  élait 
déjà  perdu  à  cette  époque  :  c'est  aussi  l'opinion  de  M.  Loes,  révérend  curé  de 
Hondelange  et  secrétaire  de  votre  Société,  qui  a  bien  voulu  visiter  ces  ruines 
avec  moi,  le  30  juillet  dernier. 

Les  moellons  auront  été  pris  sur  place,  et  les  filons  de  pierre  calcaire  existant 
dans  le  voisinage  (par  ex.  à  Turbuliry)  auront  fourni  la  chaux. 

Notons  encore,  qu'à  15  minutes  du  «  Château  »  on  trouve,  au  sommet  de  la 
Roche  de  Bonru  —  près  de  l'embouchure  du  ruisseau  de  ce  nom  —  les  ruines 
d'un  poste  qui  commandait  la  vallée  et  la  Semois.  Il  serait  utile,  je  pense,  d'ex- 
plorer les  côtes  voisines,  et  de  faire  des  recherches  méthodiques  dans  les  crêtes 
le  Frahan  elles-mêmes. . . .  Ci-joint  un  croquis  des  ruines,  qui  n'attendent  plus 
qu'un  explorateur  pour  livrer  leur  secret. 

Agréez,  etc.* 

D^  Th.  DELOGNE. 

Lors  de  notre  visite  j'avais  engagé  M.  le  D''  Delogne  à  faire  des  fouilles  à  l'in- 
térieur des  ruines,  car  ni  la  forme  quadrangulaire  avec  tours  aux  coins  enga- 
gées au  quart,  ni  la  décomposition  avancée  du  mortier, ni  l'appareil  de  la  maçon- 
nerie en  grosses  pierres  de  l'endroit,  ne  permet  de  reconnaître  si  ces  ruines  sont 
celles  d'un  castel  romain  où  d'un  donjon  du  haut  moyen-âge.  Des  fouilles  pour- 
raient mettre  à  jour  l'un  ou  l'autre  objet,  de  la  poterie,  des  armes  ou  du  mobi- 
lier, permettant  de  fixer  la  date  ou  l'origine  de  cette  consti'uction. 

Le  13  octobre,  M.  le  D''  Delogne  nous  envoya  les  renseignements  complémen- 
taires suivants  : 

«  Les  murs  des  courtines  ont  1  m.  40  d'épaisseur  ;  on  ne  trouve  ni  débris  de 
bois,  ni  de  fer,  ni  de  poterie,  ni  de  charbon  de  bois  dans  ces  ruines.  L'architecte 
Hucq  de  Bruxelles  incline  à  penser  que  ce  château  n'a  pas  été  achevé  et  le  sup- 
pose du  Xll**  siècle,  mais  il  n'est  pas  sûr  de  ce  qu'il  avance. ...  Je  ne  suis  pas  de 
son  avis  ;  je  crois  plutôt,  comme  je  vous  l'ai  dit,  que  le  souvenir  de  ce  château 


-      423      — 

était  déjà  perdu  en  1576,  époque  où  l'on  mentionnait  dans  le  "  Livre  et  Recueille» 
les  ruines  de  Liresse  et  du  Château-le-Duc.  Vous  savez  que  ce  livre,  dressé  par 
les  soins  de  Guillaunne  d'Oyenbrughe  de  Duras,  gouverneui-  de  Bouillon,  est  une 
compilation  des  titres  et  privilèges  des  particuliers,  tant  vassaux  et  sujets  que 
des  communes  et  villages  du  Duché,  ainsi  que  des  formes  de  justice,  attestés  par 
un  grand  nombre  de  témoins,  en  présence  du  Gouverneur  et  des  juges  de  la  cour 
souveraine  de  Bouillon,  pour  tenir  lieu  de  chartes  et  de  documents  anciens, 
détruits,  dispersés  ou  brûlés  pendant  les  dernières  guerres. 

«  Gomme  ce  livre,  conservé  aux  archives  de  Bouillon,  mentionne  une  rubrique 
pour  Fraban,  comment  n'y  est-il  pas  fait  mention  d'un  château  ?  Il  mentionne 
bien  Liresse  et  Château-le-Duc  !  Si  le  château  datait  du  XIP  siècle,  il  sortirait 
déjà  joliment  des  ténèbres  de  l'histoire  et  le  manque  de  notice  serait  d'autant  plus 
surprenant.  Il  avait  certainement  pour  auteur  un  seigneur  quelconque,  tout  au 
moins,  et  il  serait  curieux  qu'il  ne  fut  pas  fait  mention  de  lui  dans  notre  histoire 
locale  !  Pas  plus  alors  qu'aujourd'hui,  on  ne  construisait  à  l'aventure,  ni  autre 
part  que  sur  son  fonds.  Si  la  construction  a  cessé  pour  un  motif  ou  l'autre,  —  et 
si  la  chose  n'est  pas  impossible,  elle  doit  faire  l'exception,  —  comment  ce  fait 
anormal,  avec  ses  causes,  n'a-t-il  pas  été  mentionné  ? 

«  On  ne  trouve  pas  de  débris,  dira-t-on  ;  notez  que  nous  sommes  dans  les  fonda- 
tions et  que  tout  ce  qui  était  au-dessus,  a  été  enlevé.  M.  Hucq  semble  ne  pas 
avoir  trouvé  assez  de  débris  sur  place,  pour  que  le  castrum  ait  été  bien  im[tor- 
tant  :  il  perd  de  vue,  je  pense,  qu'il  est  sur  une  formidable  arête  et  que  les  maté- 
riaux ont  glissé  jusqu'en  bas,  ont  pu  être  utilisés  pour  routes,  constructions,  etc. 
Et  si  ces  ruines  remontent  à  1500  ans,  par  ex.,  ces  matériaux  n'ont-ils  pu  se 
disséminer  et  s'enfouir  en  partie,  lors  de  l'exploitation  du  bois,  etc.  ? 

"  Voilà  les  objection?  et  réponses  que  je  vous  soumets,  pour  ce  qu'elles  valent  » 

M.  Delogne  raconte  ensuite  qu'il  a  fait  explorer  le  centre  d'une  tour,  où  l'on 
n'a  rien  trouvé,  par  le  fouilleur  de  la  société  archéologique  de  Namur  et  com- 
ment il  n'a  pu  continuer  les  fouilles.  M.  Rops,  le  vice-président  de  la  société  ar- 
chéologique de  Namur,  envoyé  sans  doute  par  le  Président  à  qui  M.  Delogne 
avait  renseigné  sa  découverte,  était  venu  voir  les  ruines  et  avait  envoyé  le 
fouilleur  de  la  société.  Pour  tirer  cette  affaire  au  clair,  il  s'est  adressé  au  docte 
fureteur  d'archives,  M.  le  chanoine  Roland,  mais  celui-ci  a  répondu  n'avoir 
jamais  rencontré  dans  les  documents  anciens,  le  nom  de  Montragu. 

Les  fouilles  et  les  recherches  aux  archives  de  Namur  restant  sans  résultat,  il 
fallait  naturellement  consulter  encore  les  archives  de  l'Etat  à  Arlon.  Apiès 
maintes  recherches,  il  fallut  retdre  les  armes  et  remettre  provisoirement  la 
solution  de  cette  question. 

F.  L. 


La  Mardelle  de  Rulles. 

Fouilles  d'une  mardelle  de  grandes  dimensions  à  Rulles. 


OBSERVATIONS  GÉNÉRALES  (1). 

La  question  des  mardelles  se  rattache  à  celle  des  fonds  de  cabane  si  intéres- 
sante pour  l'étude  des  populations  préhistoriques.  C'est  par  l'étude  de  l'habitation 
humaine  surtout  qu'on  connaîtra  mieux  leur  genre  de  vie  et  leur  degré  de  civili- 
sation. Pour  se  protéger  contre  les  températures  extrêmes,  les  habitants  de  tous 
les  pays,  de  la  zone  tempérée  comme  des  zones  froides  et  chaudes,  cherchaient 
un  abri  sous  terre.  Les  grottes,  les  abris  sous  roche  leur  servaient  d'abord  de 
refuge.  Quand  ils  ne  trouvaient  pas  un  arbre  à  la  puissante  ramure  et  à  l'épais 
feuillage  pour  les  protéger  contre  les  intempéries  de  l'air,  ils  étaient  bien  obligés 
de  se  construire  une  hutte  ;  mais  pour  se  soustraire  aux  morsures  du  froid  et  des 
rayons  du  soleil,  il  fallait  creuser  la  terre  et  s'y  construire  un  abri.  N'est-ce  pas 
ce  que  font  encore  de  nos  jours  les  esquimaux  et  ce  qu'ont  fait  les  soldats  russes 
pendant  l'hiver  dans  la  guerre  russo-japonaise  ? 

Et  même  à  une  époque  fort  reculée  où  cependant  on  était  parvenu  à  un  degré 
de  civilisation  fort  avancé,  les  populations  des  Indes  ne  continuèrent-elles  pas  de 
creuser  leurs  temples  splendides  sous  terre  dans  la  masse  rocheuse  ?  Dans  nos 
pays  à  température  modérée,  où  cependant  il  faut  se  protéger  contre  les  intem- 
péries, la  chaleur  de  l'été  et  le  froid  de  l'hiver,  n'était-il  pas  logique,  qu'à  défaut 
d'abri  naturel,  l'homme  cherchât  à  se  créer  un  refuge  ?  Et  le  moyen  le  pkis  sim- 
ple, n'était-ce  pas  de  creuser  une  fosse  suffisamment  grande  pour  la  famille  et  de 


(-1)  C'est  à  la  demande  de  plusieurs   membres  que   nous  (iniiiions  cet  apeiru  général.  Les  lecteurs 
au  courant  de  celte  quesliua  pourront  le  passer. 


—     425     — 

la  recouvrir  d'un  loit  sous  forme  de  hutte.  Les  grottes  ne  leur  avaient-ils  pas 
appris  ailleurs  que  sous  terre  on  est  mieux  protégé  contre  le  chaud  et  le  froid 
excessifs.  Ce  genre  d'habitations  demi  souterraines  avait  l'avantage  d'être  frais 
en  été  et  chaud  en  hiver. 

Aussi  des  observateurs  sagaces  reconnurent  bientôt  dans  les  nombreuses  exca- 
vations arrondies  ou  allongées  des  dififérents  pays  de  l'Europe,  les  derniers  ves- 
tiges d'habitations  humaines  des  temps  les  plus  reculés,  f^es  premières  qu'on  étu- 
dia avec  plus  de  soin,  avaient  quelques  mètres  de  profondeur  sur  cinq  de  diamètre, 
et  sont  connues  sous  le  nom  de  fonds  de  cabanes.  Plus  tard  on  en  découvrit 
d'autres  formes.  Ainsi  les  cabanes  néolithiques  de  la  Hesbaye  ont  en  général 
1  m.  50  à  2  m.  de  largeur,  3  à  4  de  longueur  et  0  m.  60  de  profondeur. 

Mais  que  les  nombreuses  mares  du  Luxembourg  et  de  la  Lorraine  soient  les 
vestiges  d'anciennes  habitations  humaines,  c'est  ce  qu'on  se  refusa  longtemps 
d'admettre.  Les  archéologues  de  chambre  comme  le  vulgaire  opposèrent  une 
foule  d'objections,  tout  en  cherchant  une  explication  plausible  de  la  présence  de 
ces  nombreuses  excavations  de  nos  pays.  Il  n'y  a  pas  jusqu'au  nom  qui  donna 
lieu  à  de  longues  controverses.  Les  uns  trouvèrent  qu'il  n'est  pas  français  et  pro- 
posèrent le  mot  «  margelle  «  qui  a  une  toute  autre  signification.  D'autres  le  con- 
sidèrent comme  non  diminutif  de  mare,  comme  le  mot  allemand  meerchen  est  un 
diminutif  de  meer  ou  moor.  En  Lorraine,  on  finit  par  adopter  sur  la  proposition 
de  M.  Vicheman,  le  mot  «  mare  »  pour  les  deux  langues.  Mais  ailleurs,  on  conti- 
nue encore  à  se  servir  du  mot  mardelle  comme  plus  expressif  et  caractérisant 
mieux  ce  système  spécial  d'habitations  primitives. 

On  confondit  même  assez  longtemps  les  mardelles  avec  d'autres  dépressions 
du  sol  soit  naturelles,  soit  artificielles  et  l'auteur  de  ces  lignes  crut  nécessaire  au 
congrès  d'Arlon  de  1899  d'en  bien  marquer  la  différence. 

C'est  la  confusion  entre  ces  différentes  dépressions  du  sol  ainsi  qu'une  observa- 
tion insuffisante,  qui  retinrent  assez  longtemps  des  archéologues  en  erreur.  Les 
fouilles  des  mardelles  sont  fort  coûteuses  et  produisent  fort  peu  d'objets  de 
vitrine.  Voilà  pourquoi  les  uns  ne  voulurent  pas  et  les  autres  ne  purent  pas  les 
entreprendre. 

C'est  ainsi  que  le  rapport  sur  les  mardelles  de  l'arrondissement  d'Arlon,  fait  au 
congrès  de  1897,  n'est  basé  que  sur  les  fouilles  faites  pendant  les  25  dernières 
années  par  les  cultivateurs  pour  transformer  ces  mares  en  prairies  fertiles  ou  en 
terres  arables.  En  Lorraine,  où  la  question  était  à  l'étude  depuis  des  années,  le 
gouvernement  soutint  énergiquement  la  société  archéologique  de  Metz  et  les 
fouilles  méthodiques  faites  sous  l'habile  direction  de  M.  l'abbé  Golbus,  curé  d'Al- 
trip,  fournirent  des  preuves  manifestes  que  les  mares  ne  dépassant  pas  20  à 
30  mètres  de  diamètre,  étaient  couvertes  d'un  toit  conique  et  servaient  d'habila- 


-       4 -20      — 

lions  huiiiaines.  C'en  élait  fini  pour  toujours  des  anciennes  thèses  que  les  mar- 
(ielles  sont  des  dépressions  naturelles,  produites  par  érosion  ou  effondrement  du 
sous-sol,  d'anciens  abreuvoii's,  des  carrières,  etc. 

La  légende  qui  partout  dans  le  Luxembourg  prétend  que  les  mares  marquent 
l'emplacement  d'anciens  châteaux  enfouis,  était  vengée.  Elle  avait  raison  en 
somme.  Ces  immenses  huttes  dont  la  construction  exigeait  tant  d'efforts  à  une 
époque  où  l'on  manquait  d'outils  et  d'instruments,  valaient  bien  alors  des  châ 
teaux.  Pourtant  le  souvenir  de  ce  genre  d'habitation  était  complètement  perdu 
dans  l'imagination  du  peuple.  Il  ne  savait  s'expliquer  la  présence  de  ce  grand 
nombre  de  gros  arbres  et  de  branchages  déposés  au  fond  de  ces  tourbières.  Pen- 
dant la  longue  période  de  défrichements  et  de  cherté  du  bois  qui  s'en  suivit,  on 
ouvrit  bien  des  mardelles  et  on  tira  môme  le  bois,  surtout  le  chêne  dans  l'espoir 
de  l'utiliser  pour  meubles  en  bois  noir,  mais  leur  attente  fut  bien  trompée.  Le 
bois  se  fendillait  à  l'air  et  n'avait  plus  de  consistance.  On  se  disait  alors  que  les 
ancêtres  avaient  sans  doute  conduit  ces  arbres  et  branchages  dans  la  mare  pour 
empêcher  les  bestiaux  de  se  noyer  et  que  les  arbres  dressés  au  milieu,  dont  ou 
voyait  les  bouts  pourris  à  la  baisse  ou  descente  des  eaux  en  été,  marquaient  sans 
doute  les  places  les  plus  dangereuses. 

En  effet  on  avait  remarqué  partout  dans  le  Luxembourg  la  présence  de  ces 
arbres  dressés  dans  les  mares.  Les  articles  publiés  par  M.  l'abbé  Wies  vers  1874 
dans  le  «  Luxemburger  Wort  »  dont  M.  l'abbé  Blum  me  donna  connaissance  à 
la  suite  du  congrès  d'Arlon,  en  font  également  foi.  On  avait  bien  découvert  des 
cendres  et  des  charbons  au  fond  des  mardelles,  preuves  manifestes  de  la  présence 
de  l'homme,  mais  ces  arbres  dressés  au  milieu  de  la  mare  d'eau  firent  supposer 
d'abord  aux  archéologues  luxembcjurgeois  la  présence  d'habitations  sur  palafit- 
tes.  On  ne  remarque  nulle  part  en  Lorraine  la  présence  de  troncs  d'arbres  de- 
bouts  dans  les  mares,  comme  il  appert  par  une  observation  faite  au  sujet  de  la 
toiture  par  M  l'abbé  Golbus  dans  son  rapport  sur  ses  fouilles  publié  aux  Annales 
de  1905,  de  la  Société  d'archéologie  de  Metz,  p.  -236.  Ils  nous  exphquent 
cependant  comment  ces  immenses  toitures  très  lourdes  ont  pu  se  soutenir.  Ges 
arbres  leur  servaient  d'afipui. 

La  découverte  de  loyers  au  fond  des  mares  fut  la  preuve  évidente  que  le  fond 
même  était  habité  à  l'origine  et  que  l'excavation  ne  fut  convertie  en  mare  que 
plus  tard.  L'examen  et  la  disposition  des  arbres  firent  reconnaître  par  leur  nom- 
bre, leur  largeur,  leur  pose  à  travers  la  mare,  le  pied  aux  bords  et  la  tête  à 
l'intérieur,  qu'ils  formaient  une  toiture  sous  forme  de  hutte  conique  au-dessus  de 
l'excavation.  On  en  trouva  même  dont  les  par'ties  supérieures  taillées  en  fourche, 
étaient  engagées  l'une  dans  l'autre,  de  sorte  qu'en  soulevant  les  pointes  avec  un 
troisième  arbre  également   à   fourche   on   obtenait   un    trépied   couvrant    la 


—      4-27      — 

fosse.  C'est  évidetnnoent  de  cette  manière  qui  était  extrènienient  simple  et 
n'exigeait  ni  outils  ni  instruments  spéciaux,  qu'on  élevait  la  première  charpente 
de  l'immense  toiture.  Il  suffisait  de  coucher  d'autres  arbres  contre  ce  trépied,  de 
les  couvrir  de  branchages  et  ensuite  de  feuilles  mortes  maintenues  par  une 
couche  de  terre  glaise,  et  on  obtenait  une  toiture  protégeant  suffisamment  contre 
les  intempéries  de  l'air,  les  chaleurs  de  l'été  et  le  froid  de  l'hiver.  Or,  on  retrouve 
tous  ces  matériaux  au  fond  des  mardelles. 

Quoiqu'on  n'en  ait  pas  encore  trouvé  de  traces  dans  les  fouilles,  il  est  plus  que 
probable  que  la  couche  de  terre  était  protégée  par  de  la  paille,  des  herbes,  de  la 
fougère,  des  genêts,  etc.,  collées  par  un  bout  à  la  surface,  ou  même  qu'elle  était 
couverte  de  gazons  superposés  comme  on  le  voit  encore  aux  huttes  des  charbon- 
niers de  nos  bois. 

Quand  avec  les  progrès  de  la  civilisation  sous  la  période  romaine,  ces  habita- 
tions primitives  furent  abandonnées  pour  des  contructions  plus  confortables  en 
maçonnerie,  la  couche  protectrice  en  paille  ou  en  genêts,  etc.,  n'étant  plus  en- 
tretenue, finit  par  disparaître  ;  les  pluies  lavèrent  et  détrenipèrent  la  terre  qui 
tomba  au  fond  delà  fosse  convertie  en  étang  par  l'obstruction  du  canal  d'écoule- 
ment ;  l'eau  pénétra  la  couche  des  feuilles,  les  branchages  finirent  par  pourrir  et 
tomber  dans  la  fosse,  en  attendant  que  les  arbres  maintenant  la  toiture  finissent 
également  par  s'écrouler  sur  tous  ces  débris.  C'est  l'ordre  dans  lesquels  on  les 
retrouve  sous  la  couche  de  la  tourbe,  qui  dans  la  suite  des  siècles  s'est  formée 
au-dessus  de  ces  ruines. 

Les  savants  se  demandèrent  longtemps  ce  que  devaient  être  et  où  l'on  pourrait 
retrouver  ces  cachettes  souterraines,  dans  lesquelles,  d'après  les  historiens  de 
Rome,  nos  ancêtres  déposèrent  leurs  provisions  à  l'arrivée  des  Romains  pour  les 
soustraire  à  leui's  recherches.  11  faut  évidemment  les  chercher  dans  ces  habita- 
tions souterraines  dont  le  toit  conique,  peu  élevé,  couvert  d'hei'bes,  de  terre  ou 
de  gazons  était  peu  visible  parmi  les  broussailles  et  dans  les  bois  couvrant  alors 
nos  contrées. 

C'est  dans  les  anciens  bois  que  les  mardelles  sont  le  mieux  conservées.  Quand 
le  taillis  n'est  pas  trop  touffu,  elles  sont  faciles  cà  trouver.  Dans  les  hautes  fu- 
taies, on  les  reconnaît  de  loin,  parce  qu'elles  y  forment  clairière.  Les  chênes, 
les  hêtres,  les  frênes  ne  peuvent  croître  dans  ces  mares  ;  il  n'y  a  que  des  arbus- 
tes comme  des  saules,  des  aulnes  qui  peuvent  y  prendre  racine.  Cependant  il  y 
a  au^si  des  mardelles  sèches,  mais  dans  les  bois  elles  sont,  en  Lorraine  et  aux 
environs  d'Arlon,  assez  rares.  M.  l'abbé  Dubois  a  remarqué  le  contraire  au  pays 
de  Virton.  Dans  les  campagnes  cultivées,  le  plus  grand  nombre  est  complète- 
ment détruit.  On  n'en  voit  plus  d'onlinaire  la  moindre  trace,  et  il  n'y  a  guère 
que  le  hazard  qui  peut  les  faire  découvrir,   comme  il  est  arrivé  pour  celle  de 


—     428     — 

Schouweiler  mise  à  jour,  en  creusant  la  tranchée  du  chemin  de  fer  de  la  ligne  de 
Luxembourg-Pétange  (V.  Hémecht  1889). 

Il  faut  remarquer  encore  qu'on  ne  les  trouve  pas  au  fond  des  vallées,  mais  sur 
les  [)lateaux  et  au  penchant  des  collines.  Ce  choix  s'imposait  par  la  nécessité  de 
préserver  l'intérieur  le  plus  possible  de  l'humidité  et  de  creuser  même  un  canal 
pour  l'écoulement  des  eaux. 

Elles  sont  généralement  reparties  par  groupes,  sur  une  élévation,  à  l'entoui- 
d'une  colline  ou  sur  des  plateaux.  Elles  sont  parfois  assez  nombreuses  pour  for- 
mer des  villes  ou  des  villages  (V.  Congrès  d'Arlon  de  1889,  ma  carte  au 
T.  XLIII.  de  nos  Annales  et  l'Annuaire  de  la  Soc.  d'hist.  et  d'archéol.  lorraine  de 
Metz  1903,  p.  218). 

On  ne  connaît  pas  encore  les  limites  exactes  de  l'aire  de  dispersion  des  mar- 
delles.  On  les  retrouve  partout  dans  le  Luxembourg  et  la  Lorraine,  vers  le  Rhin 
et  jusqu'en  Berry  (France).  L'expérience  a  prouvé  que  ce  n'est  pas  dans  la 
nature  des  terrains  qu'il  faut  chercher  les  limites  ;  la  cause  en  est  plutôt  ethno- 
logique. On  devine  dès  lors  toute  l'importance  de  cette  question  pour  l'étude  de 
nos  populations  préhistoriques.  Ne  trouverait-on  peut-être  dans  cette  étude  la 
solution  de  plusieurs  questions  qui  se  rapportent  aux  commentaires  de  César,  la 
migration  des  peuplades  avant  son  arrivée,  leur  répartition,  l'explication  du  mot 
"  civitates  "  qui  vient  toujours  sous  la  plume. 

On  s'est  demandé  aussi  si  les  mardelles  dont  les  diamètres  dépassent  20  et  30 
mètres  (en  sens  contraire)  pouvaient  encore  être  recouvertes  d'un  toit  conique 
abritant  toute  l'excavation.  Une  occasion  favorable  s'est  présentée  en  automne 
1912  d'en  fouiller  une  dont  les  dimensions  étaient  sensiblement  plus  grandes, 
22  X  33. 

Un  de  nos  membres  les  plus  actifs  et  des  plus  dévoués  M.  l'abbé  Dubois,  pro- 
fesseur à  Virton,  ayant  profité  de  ses  promenades  pour  expliquer  à  ses  élèves 
les  antiquités  des  environs,  M.  Forêt,  un  de  ses  élèves,  originaire  de  RuUes, 
remarqua  pendant  les  vacances  de  1911  que  sa  description  des  mardelles  s'appli- 
quait parfaitement  à  une  mare,  dont  on  venait  de  tirer  de  dessous  la  tourbe  dans 
une  couche  de  feuilles,  de  gros  arbres  noircis  par  le  temps  et  il  signala  la  décou- 
verte à  son  professeur.  Celui-ci  s'y  rendit  avec  le  secrétaire  de  l'Institut.  Ils 
acceptèrent  la  mission  de  diriger  et  de  surveiller  les  fouilles,  qui  par  suite  du 
retard  de  l'autorisation  du  propriétaire,  ne  purent  avoir  lieu  que  pendant  les 
vacan(;es  d'octobre  1912.  Monsieur  van  denCorput,  en  apprenant  que  ces  fouilles 
promettaient  d'être  intéressantes,  eut  la  générosité  de  se  charger  d'une  grande 
partie  des  frais,  ce  dont  nous  lui  exprimons  ici  nos  vifs  remerciements. 

Son  régisseur  qui  est  de  Rulles  et  M.  le  curé  de  l'endroit  qui  s'intéressa  si  fort 
à  nos  recherches,  nous  firent  trouver  d'excellents  ouvriers  qui  sous  l'habile  di- 
rection de  M.  Bodeux  nous  facilitèrent  notre  tâche.  A  tous  nos  sincères  remer- 
ciements. 


—      429     — 
IL 

RÉSULTAT  DES  FOUILLES. 

La  mardelle  se  trouve  en  haut  du  versant  septentrional  du  massif  séparant  la 
rivière  de  la  Semois  de  son  affluent  la  RuUe,  entre  les  villages  de  Rulles  et  de 
Villers-sur-Semois,  à  800  mètres  du  chemin  de  fer  de  Virton,  à  1200  de  celui 
d'Arlon  et  à  200  environ  de  la  Rulle,  a  370  m.  d'altitude.  Sa  situation  a  fait 
dénommer  cet  endroit  "  Sur  le  Haut  ".  Un  vaste  horizon  s'étend  à  l'Est,  au 
Nord  et  surtout  à  l'Ouest,  limité  au  loin  par  les  hauteurs  d'Arlon,  les  forêts  de 
Rulles  et  de  Ghiny.  La  vue  est  superbe  sur  les  vallées  de  la  Rulle  et  de  la  Semois, 
et  l'emplacement  bien  choisi  sur  une  hauteur,  à  côté  de  rivières  poissonneuses  et 
de  forêts  giboyeuses.  Au  midi  seulement  la  vue  est  limitée  de  près  par  le  bois  de 
Villers  et  la  butte  dite  du  «  Gibet  »  appartenant  à  l'ancienne  seigneurie  de 
Villers. 

La  mardelle  se  trouve  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Rulles,  dans  un  ter- 
rain communal,  ancien  bois  défriché,  ce  qui  explique  qu'elle  était  relativement 
assez  bien  conservée.  Une  voie  romaine  passait  à  40  mètres  venant  de  Houde- 
mont  et  suivait  la  hauteur  sur  toute  sa  longueur  dans  la  direction  de  Breu- 
vanne,  où  l'on  trouve  encore,  dans  les  champs,  des  restes  d'importantes  sub- 
structions  romaines. 

L'excavation  est  creusée  en  pleine  marne  de  Jamoigne  (Hettangien)  entrecou- 
pée de  minces  couches  de  pierres  calcaires.  C'est  un  lit  en  place  de  ces  pierres 
marneuses  qui  constitue  le  fond  de  la  mardelle.  Voilà  bien  une  preuve  manifeste 
que  l'excavation  ne  s'est  pas  produite  par  effondrement  du  sous-sol.  Ce  n'est  pas 
non  plus  pour  l'extraction  de  la  marne  qu'elle  fut  creusée.  On  voit  de  ces  carriè- 
res, qui  sont  bien  différentes  et  facilement  reconnaissables,  tout  à  coté  et  l'une 
d'elles  échancre  même  un  côté  de  la  mardelle. 

Celle-ci  se  présente  dans  le  penchant  de  la  colline  sous  la  forme  d'un  van  allon- 
gé, dirigé  vers  le  N.-N.-O.,  dont  le  rebord  par  derrière  a  5  mètres  d'élévation, 
par  devant  90  centimètres,  et  dont  le  fond  avec  inclinaison  de  50  ctm.  vers  la 
vallée,  mesure  de  haut  en  bas  33  mètres  et  en  largeur  22  mètres.  La  forme  de  ce 
cercle  allongé  est  assez  régulière. 

Au  rebord  inférieur  vers  la  vallée  existait  autrefois  un  canal  pour  l'écoulement 
des  eaux,  dont  on  a  encore  retrouvé  des  vestiges  d'abord  à  l'intérieur  de  la  mar- 
delle, en  commençant  les  fouilles  et  plus  tard  à  l'extérieur,  quand  la  commune  fit 
creuser  un  fossé  assez  profond  pour  placer  des  tuyaux  de  drainage,  et  dévei'ser 
dans  la   vallée  le  trop-plein  des  eaux  de  l'ancienne  mare.  Lors  des  fouilles,  on 


—      430      — 

remarqua  que  l'entrée  du  canal  était  faite  de  pierres  schisteuses  posées  de  champ 
et  recouvertes  par  de  grandes  dalles  de  chiste  mesurant  65  X  40  et  55  X  25 
ctm.  Or  le  chiste  dont  elles  proviennent,  ne  commence  qu'à  trois  kilomètres 
plus  au  Nord,  au  delà  du  village  de  RuUes.  L'ouverture  du  canal  se  trouvait  à 
i  m.  80  sous  le  sol  actuel  à  40  ctm.  sous  le  niveau  de  la  mardelle. 

C'est  par  suite  de  l'obstruction  de  ce  canal  que  l'excavation  se  transforma  en 
mare,  et  que  dans  la  suite  des  siècles  une  couche  de  tourbe  se  forma  au  dessus 
des  débris  de  l'ancienne  habitation.  Après  le  défrichement  du  bois,  on  tâcha  de  la 
convertir  en  prairie  et  néanmoins,  elle  était  toujours  couverte  d'eau  en  hiver. 
Pour  déverser  ces  eaux,  le  locataire  creusa  un  petit  canal  et  un  fossé  à  l'inté- 
rieur qui  lui  fit  découvrir  sous  le  gazon  la  tourbe, et  sous  celle-ci  l'épaisse  couche 
des  feuilles  et  des  arbi'es.  Il  crut  pouvoir  utiliser  la  tourbe  comme  engi'ais,  mais 
elle  ne  produisit  aucun  eâet  sur  les  récoltes.  Quant  aux  arbres  qu'il  tiia  d'un 
fossé  et  d'une  place  de  i  X  5  m.  de  surface,  défoncée  jusqu'au  roc,  il  les  dressa 
comme  des  perches  en  cône  près  de  la  mardelle  sur  la  hauteur  pour  les  sécher. 
Quand  l'eau  se  fut  évaporée,  il  ne  resta  qu'un  tissu  spongieux  ne  donnant  plus 
même  ni  chaleur  ni  charbon  au  feu.  Ce  sont  ces  travaux  qui  attirèrent  l'atten- 
tion sur  la  mardelle. 

Après  avoir  sondé  le  terrain,  il  fut  donc  décidé  de  faire  des  fouilles  et  d'en 
demander  l'autorisation  à  la  commune.  Celle-ci  tardant  de  venir,  on  ne  put  les 
commencer  qu'aux  vacances  d'automne  de  l'année  suivante  1912. 

Vider  entièrement  cette  immense  excavation,  il  n'y  avait  pas  à  y  songer,  tant 
à  cause  des  frais  élevés  que  ce  travail  exigeait,  qu'à  cause  de  l'impossibilité  de 
trouver  des  ouvriers  pour  le  mener  à  bonne  fin,  avant  la  fin  des  vacances  et  la 
saison  des  pluies.  Il  fut  décidé  d'épuiser  la  mare  au  moyen  de  la  pompe  et  de 
creuser  jusqu'à  la  terre  vierge,  d'un  talus  à  l'autre  à  ti'avers  la  mare,  des  fossés, 
un  dans  le  sens  de  la  longueur  et  d'autres  en  largeur  aux  endroits  les  plus  favo- 
rables, à  déterminer  pendant  les  travaux.  Ces  tranchées  permettront  d'étudier 
suffisamment  les  différentes  couches,  la  position  et  la  longueur-  des  arbres,  les 
bords  sur  lesquels  ils  s'appuient  et  les  endroits,  où  il  y  a  le  plus  de  chance  de 
trouver  le  mobilier,  s'il  en  existe. 


La  masse  des  matériaux  remplissant  l'excavation  avait  un  développement  d'un 
mètre  30  ctm.  dans  la  partie  élevée  et  d'un  mètre  80  ctm.  dans  la  partie  la  plus 
basse.  Après  l'épuisement,  elle  s'est  affaissée  au  centre  d'une  dizaine  de  centimè- 
tres. Elle  se  composait  de  six  couches,  la  terre  végétale,  la  tourbe,  les  feuilles 
avec  les  arbres,  la  mousse,  la  terre  coulée  et  le  terreau  noir  tapissant  le  fond. 
A  l'exception  de  l'avant  dernière  qui  disparaissait  au  centre,  et  ne  se  retrouvait 


—      431      — 

que  par  minces  plaques  clans  la  couche  de  feuilles,  elles  s'étendaient  toutes  uni- 
formément sur  toute  l'étendue  de  l'excavation. 


1 .  La  surface  se  composait  de  terre  végétale  étendue  sur  la  tourbe  pour  per- 
mettre au  gazon  de  prendre  i-acine  et  de  se  développer.  Elle  avait  acquis  un 
développement  de  30  ctm.  à  l'exception  des  abords  où  elle  atteignait  jusque  50  à 
70  ctm.  A  certaines  places  le  talus  avait  glissé,  à  d'autres,  là  où  la  pente  était 
trop  haute  et  trop  raide  pour  être  gazonnée,  et  présentait  du  danger  pour  les 
animaux  en  pacage,  on  l'avait  abattu.  Sous  ces  terres  abattues  ou  glissées,  nous 
avons  trouvé  à  plusieurs  places,  aux  deux  extrémités  et  à  l'est,  des  foyers  à  40 
et  50  ctm.  de  profondeur.  Ces  foyers  sont  donc  de  date  récente  et  avaient  sans 
doute  été  allumés  par  des  bûcherons  se  mettant  au  pied  du  talus,  à  l'abri  du 
vent  et  de  la  tempête  soufflant  avec  violence  sur  cette  hauteur.  Dans  ces  couches, 
on  trouva  aussi  un  peu  partout  des  restes  de  terre  calcinée,  provenant  sans  doute 
d'un  essartage  ou  d'un  nettoyage  par  le  feu,  après  le  défrichement. 


2.  Sous  la  terre  végétale  se  trouvait  la  tourbe,  haute  de  30  à  40  ctm.  Cette 
couche  s'était  formée  pendant  les  longs  siècles  suivant  l'effondrement  de  l'habita- 
tion. L'obstruction  du  canal  avait  converti  l'excavation  en  marais.  Dans  la 
tourbe  prirent  naissance  plus  tard,  des  aulnes  et  des  saules  et  d'autres  essences 
aimant  une  terre  saturée  d'eau.  Leur  présence  était  accusée  par  les  souches  qu'où 
y  trouva.  Il  y  avait  aussi  quelques  ossements  de  grands  animaux,  comme  le  che- 
val, y  jetés  soit  par  hazard  soit  pour  les  enfouir,  comme  c'est  l'usage  à  la 
campagne. 

A  l'ouest,  du  coté  du  chemin  romain,  on  trouva  des  débris  de  tuiles  et  quel- 
ques briques  romaines  à  dessin  élémentaire.  Plus  loin,  vers  le  centre,  on  trouva 
un  petit  fer  à  cheval  semblable  à  ceux  qu'on  rencontre  si  souvent  sur  les  voies 
romaines. 

Un  peu  plus  haut  on  trouva  aussi  deux  écailles  de  molusque  très  friables. 


3.  Sous  la  tourbe  se  trouvait  la  couche  la  plus  importante,  celle  des  feuilles, 
des  arbres  et  des  branchages.  L'épaisseur  de  la  couche  de  feuilles  variait  entre 
20  et  40  ctm.,  mais  avec  les  arbres  dont  plusieurs  avaient  presque  60  ctm.  de 
diamètre,  elle  atteignit  parfois  une  hauteur  de  70  ctm. 


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—    43:? 


—      434      — 

Ces  feuilles  fortement  serrées  avaient  conservé  la  couleur  rousse  des  feuilles 
mortes;  mais  à  l'air,  elles  prirent  bientôt  une  teinte  grisâtre. C'est  le  hêtre  qui  y 
est  le  mieux  représenté,  puis  vient  le  chêne  et  enfin  le  coudrier,  mais  en  quan- 
tité beaucoup  plus  petite. 

On  remarqua  à  plusieurs  endroits  que  les  branchages  furent  employés  avec 
leurs  feuilles  et  leurs  fruits,  glands,  faines,  noisettes.  M.  l'instituteur  Forêt  de 
Rulles  trouva  au  printemps  dernier  dans  les  remblais  deux  de  ces  faînes  nouvel- 
lement germées,  ayant  des  pousses  de  plus  d'un  centimètre.  Les  branches  etper- 
ches  étaient  éparpillées  dans  toute  l'étendue  de  la  mardelle  sous  les  arbres. 

Ceux-ci  étaient  d'essences  et  de  dimensions  différentes,  ceux  de  20,  30  et  40ctm. 
étaient  étendus  dans  toute  l'excavation  ;  ceux  de  50  et  de  60  ctm.  de  diamètre 
étaient  plus  rares  et  se  trouvaient  en  haut  de  la  mardelle  contre  le  talus  supérieur. 
Tous  ces  bois,  à  l'exception  des  gros  chênes  et  des  hêtres  de  60  ctm.  de  diamètre 
étaient  tellement  saturés  et  décomposés  par  la  vase,  qu'ils  se  coupaient  à  la 
bêche  ou  à  la  pioche  comme  la  terre.  Le  chêne  avait  mieux  résisté,  il  fallait 
même  employer  la  hache  pour  couper  ceux  de  fortes  dimensions.  Dans  les  hêtres 
les  plus  gros,  il  n'y  avait  guère  que  le  cœur  qui  avait  résisté. 

Tous  ces  arbres  avaient  été  coupés  à  la  hache  en  les  entaillant  d'un  côté,  à 
l'exception  des  plus  gros  dont  on  avait  coupé  les  racines  au  lieu  d'entailler  le  tronc. 

Ils  étaient  tous  ébranchés.  On  n'avait  laissé  subsister  que  la  branche  au  som- 
met formant  fourche  et  de  distance  en  distance  des  bouts  de  20  à  25  ctm.,  desti- 
nés sans  doute  à  porter  des  traverses  rendues  nécessaires  à  cause  de  la  longueur 
de  la  toiture.  Des  arbres  trouvés  dans  le  fossé  central  à  travers  les  montants  rem- 
plissaient sans  doute  cet  office. 

Les  autres  étaient  couchés  avec  le  gros  bout  au  dehors  et  le  sommet  à  l'inté- 
rieur. Us  s'appuyaient  donc  sur  le  bord  de  l'excavation.  On  a  encore  retrouvé 
des  cales  servant  à  les  fixer.  Dépassant  en  général  de  quatre,  cinq  et  six  mètres 
le  fossé  tracé  au  milieu  de  la  mardelle,  ils  avaient  une  longueur  suffisante  pour 
former  la  toiture  à  deux  pans  au  dessus  de  l'excavation.  La  partie  supérieure  se 
terminait  en  fourche,  servant  à  les  réunir  deux  à  deux  ou  à  trois  comme  mon- 
tants, et  à  porter  le  faitage  nécessité  par  la  longueur  du  toit. 

Ces  grands  arbres  s'étaient  cassés  aux  extrémités  supérieures,  toujours  plus 
faibles,  en  tombant  dans  la  fosse.  Les  arbres  les  plus  forts  se  trouvaient  en  haut 
de  la  mardelle,  où  le  talus  est  le  plus  élevé.  L'un  d'eux  était  même  resté  en  place, 
engagé  et  calé  dans  la  marne  au  bas  du  talus,  cassé  à  deux  mètres  de  hauteur, 
mais  conservant  encore  la  direction  oblique  primitive  de  la'  toiture  conique  de 
cette  partie  du  toit.  Le  pied  dont  les  racines  avaient  été  coupées  à  la  hache, 
était  poli  par  le  frottement  contre  les  cales  et  le  talus.   La  partie  supérieure 


—     435     — 

détachée  par  la  violence  du  vent  ou  par  le  poids  de  la  toiture,  gisait  à  côté  dans  la 
^lirection  de  l'inclinaison  du  pied.  Au  bout  supérieur  de  la  mardelle,  dans  le  fossé 
central,  on  trouva  la  moitié  d'un  frêne  très  proprement  fendu  de  haut  en  bas, 
large  de  50  ctm.  et  long  de  4  m.  Quelle  était  sa  destination  ?  Aura-t-il  servi  de 
banc  ?  Le  foyer  était  à  côté. 

Dans  la  partie  inférieure,  à  l'est,  on  trouva  en  haut  de  la  couche  de  feuilles  un 
quartier  de  hêtre  long  d'un  mètre  dont  un  bout  était  tellement  uni  et  droit  qu'il 
semblait  avoir  été  coupé  à  la  scie. 

On  a  trouvé  aussi  dans  cette  partie,  à  la  surface  des  feuilles,  un  bois  équarré 
qui  semble  avoir  été  raboté  d'un  côté. 

Au  pied  d'un  des  gros  chênes,  en  haut  de  la  mardelle,  on  a  trouvé  un  objet 
arrondi,  évasé  et  mouluré  transversalement,  ressemblant  presque  à  un  chapi- 
teau, recouvert  d'une  matière  noire,  très  dure,  enveloppant  un  tissu  spongieux 
et  fibreux,  comme  le  bois  de  chêne  des  petits  arbres  retrouvés  dans  la  vase.  Cette 
trouvaille  qui  nous  intrigua  d'abord,  n'était  qu'un  faux  amadouvier,  le  polypo- 
rias  igniarius,  mesui'ant  30  ctm  de  contour  en  haut,  68  à  la  base  et  ayant  13 
en  hauteur. 


4.  —  Ce  qu'il  y  a  encore  de  particulier  à  notre  mardelle,  c'est  l'épaisse  couche 
de  mousse  compacte  s'étendant  sous  les  feuilles  qu'elle  pénètre  même  un  peu  à 
certains  endroits.  Elle  avait  en  moyenne  15  ctm.  de  développement.  Mais  là,  où 
la  mousse  augmentait,  les  feuilles  diminuaient.  On  s'était  demandé  d'abord  si 
cette  couche  ne  provenait  pas  du  fond  et  si  elle  ne  tapissait  pas  l'aire  de  la  mar- 
delle. Un  examen  plus  attentif  nous  convainquit  du  contraire.  Il  y  avait  encore 
deux  couches  en  dessous,  parfaitement  distinctes,  et  elle  était  complètement 
exempte  de  terre,  de  détritus,  de  souillures  qu'on  aurait  dû  nécessairement  y 
remarquer,  si  elle  avait  été  foulée  aux  pieds.  Il  faut  donc  admettre  qu'elle  rem- 
plaçait en  partie  les  feuilles  et  qu'elle  servait  à  boucher  les  ouvertures  laissées 
par  les  branchages  ou  à  tapisser  l'intérieur  du  toit,  comme  on  faisait  naguère 
encore  dans  certaines  écuries  des  Ardennes,  en  rembourrant  de  mousse  les  claies 
de  séparation  et  du  plafond  pour  protéger  les  animaux  contre  le  froid. 

D'ailleurs  la  mousse  qu'au  bas  de  la  côte  on  pouvait  avoir  en  abondance,  était 
préférable  aux  feuilles  qui  glissent  si  facilement  les  unes  sur  les  autres  sur  une 
pente  aussi  rapide  que  le  toit.  C'est  précisément  pour  cela  qu'il  fallait  recouvrir 
les  feuilles  d'une  couche  de  terre  ou  de  limon  pour  les  maintenir.  La  terre  bat- 
tue ou  damée  sert  encore  aujourd'hui  de  couverture  aux  pauvres  cabanes  des 
indigènes  de  la  Palestine,  notamment  en  Samarie,  comme  je  l'ai  vu  il  y  a  quel- 
ques années.  Cependant  il  faut  croire  que  sur  les  vastes  toitures  des  mardelles 


—      4'M\      — 

elle  était  protégée  par  une  couche  de  paille,  de  genêts  ou  de  fougères.  Si  on 
n'en  trouve  pas  plus  de  traces  dans  les  ruines,  c'est  qu'elle  aura  pourri  sur  le 
toit  avant  l'effondrement.  Quant  au  limon,  1!  a  coulé  ensuite  par  suite  des 
pluies  au  fond  de  la  fosse.  Les  gros  arbres  composant  l'ossature  n'étant  tombés 
qu'en  dernier  lieu,  les  couches  du  toit  se  trouvent  en  sens  inverse  dans  l'exca- 
vation. 


5.  —  Tandis  que  dans  d'autres  mardelles  on  trouve  au  fond  deux  couches  de 
limon,  l'une  provenant  de  la  toiture  et  l'autre  tapissant  le  fond,  on  n'en  trouve 
ici  qu'une  seule,  celle  provenant  de  la  toiture  et  encore  était-elle  extrêmement 
mince,  tellement  même  qu'on  n'en  trouve  que  des  traces  dans  la  couche  des 
feuilles  au  centre.  Tout  s'explique  aisément.  D'abord  la  couche  inférieure  tapis- 
sant le  fond  de  la  mardelle  pour  retenir  les  eaux  d'infiltration,  n'était  pas  né- 
cessaire ici,  parceque  la  mardelle  est  creusée  dans  la  marne.  Elle  n'était  pas 
nécessaire  non  plus  pour  consolider  le  fond,  puisqu'il  repose  sur  une  mince 
assise  de  pierres  marneuses  très  serrées. 

L'autre  provenant  "des  terres  du  toit  dissoutes  et  lavées  par  la  pluie  et  entraî- 
nées par  son  poids  au  fond  de  la  nappe  d'eau  à  travers  les  branchages  et  les 
feuilles,  se  trouve  ici  dans  une  condition  toute  différente  à  cause  de  l'épaisse 
couche  de  mousse.  Celle-ci,  par  sa  nature  moins  sujette  à  glisser  et  préservant 
mieux  du  froid  que  la  couche  de  terre,  la  rendait  en  grande  partie  inutile.  Une 
couche  très  mince  suffisait  pour  maintenir  les  feuilles  et  retenir  la  garniture 
extérieure  de  paille  ou  de  genêts.  Quand  celle-ce  eut  disparu,  les  pluies  firent 
couler  la  couche  de  marne  aux  bords,  d'où  elle  glissa  vers  l'intérieur  avant  que 
les  couches  de  mousse,  de  feuilles  et  de  branchages  ne  tombèrent.  Aussi  aux 
bords,  elle  est  mêlée  à  la  marne  des  talus  qui  ghssèrent  et  firent  irruption  à 
l'intérieur  après  l'abandon  de  la  mardelle.  Ces  glissements  diffèrent  de  dévelop- 
pement, ayant  selon  les  places,  15,  20,  30  et  parfois  70  ctm.  en  élévation.  A  un 
ou  deux  mètres  du  bord,  où  ils  cessent,  il  ne  reste  que  la  marne  du  toit  qui  a 
généralement  5  ctm.  d'épaisseur  et  s'en  va  ensuite  en  diminuant  vers  l'intérieur. 
G  est  surtout  en  dessous  des  gros  arbres  qu'elle  se  trouve  fine,  sans  mélange  et 
compacte.  Après  ce  travail  de  désagrégation  et  de  ghssement,  ce  qui  restait  de  la 
couche  de  marne  sur  les  feuilles  retenues  par  la  mousse,  n'était  que  de  minces 
plaques  qui  tombèrent  avec  elles  dans  l'intérieur  de  l'excavation,  où  on  les  re- 
trouve partout  encore  attachées  aux  feuilles. 


6.—  La  dernière  couche,  celle  qui  repose  directement  sur  la  terre  vierge  ou  la 
pierre  marneuse,  est  une  espèce  de  terreau  noir-brun  et  gras,  dégageant  une 


—      437      — 

forte  odeur  d'hydrogène  sulfuré.  L'analyse  que  M.  l'abbé  Dubois  en  fit  feire  au 
laboratoire  du  collège  Saint-Joseph  de  Virton,  démontra  qu'elle  était  uniquement 
composée  de  matières  organiques.  Soumise  à  l'action  du  feu,  il  ne  resta  ni  char- 
bon, ni  terre,  ni  autre  résidu  que  des  cendres. 

Cette  terre  renfermait  des  tas  de  brindilles  dans  la  partie  la  plus  basse  et  le 
long  du  talus  occidental.  Servaient-elles  de  litière  ou  à  recueillir  l'humidité  du 
sol  ?  Les  deux  hypothèses  sont  possibles.  En  tout  cas,  la  couche  était  ici  beau- 
coup plus  forte  (45  ctm.)  que  dans  le  reste  de  la  mardelle,  où  elle  atteignait  géné- 
ralement 20  ctm.  Il  faut  cependant  en  excepter  un  point  central  plus  élevé,  où 
elle  n'avait  que  10  ctm.  De  ce  point  la  pente  du  terrain  allait  en  augmentant 
vers  le  midi,  l'ouest  et  le  nord  où  se  trouvait  l'entrée  du  canal,  de  sorte  que  les 
eaux  devaient  suivre  le  talus  occidental  pour  y  arriver.  La  difiérence  du  niveau 
du  premier  point  au  canal  est  de  50  ctm.,  suffisante  donc  pour  l'écoulement  des 
eaux. 

Cette  épaisse  couche  de  terreau  ne  s'explique  que  par  une  longue  habitation. 
Ce  sont  des  détritus  de  toute  sorte  apportés  par  les  pieds  des  hommes  et  des 
animaux  et  piétines  sur  place,  de  manière  à  former  une  couche  très  dure  qui,  par 
le  séjour  séculaire  dans  les  eaux,  a  fini  par  se  ramollir. 

Les  mardelles  servaient  originairement  de  refuge  aux  hommes  et  aux  animaux 
comme  on  le  voit  encore  actuellement  dans  les  pays  primitifs  ou  dans  les  pays  où 
la  civilisation  a  rétrogradé,  comme  en  Syrie.  Là,  la  famille  reste  d'ordinaire  à 
l'entrée,  près  de  la  porte  par  où  entre  l'air  et  la  lumière,  et  les  animaux  sont 
relégués  au  fond.  Dans  les  mardelles,  le  foyer  qui  marque  bien  le  séjour  de 
l'homme,  se  trouve  vers  le  talus  supérieur,  donc  en  haut  de  l'habitation. 

Il  en  est  ainsi  également  de  celle  de  Rulles.  A  six  mètres  du  talus  supérieur 
et  à  1  m.  60  de  profondeur,  se  trouve  un  petit  enfoncement,  où  l'on  découvrit  des 
charbons  et  des  tisons,  restes  du  foyer.  On  trouve  encore  quelques  tisons  un  peu 
plus  loin  vers  l'ouest  et,  à  1  m.  20  dans  la  même  direction,  deux  écailles  de 
mollusques.  Quant  au  mobilier  des  mardelles,  il  est  fort  rare.  La  raison  en  est 
qu'elles  ne  furent  pas  abandonnées  subitement,  à  la  suite  d'une  guerre  d'extermi- 
nation ou  d'une  catastrophe  quelconque,  mais  lentement  par  suite  du  progrés  de 
la  civilisation,  surtout  dans  l'art  de  bâtir  introduit  par  les  Romains,  dont  on  re- 
trouve d'ordinaire  les  constructions  à  peu  de  distance.  Les  occupants  avaient  donc 
le  temps  d'en  emporter  tout  ce  qui  pouvait  leur  être  de  quelque  utilité. 

Dans  celle-ci,  on  a  trouvé  au  fond  à  l'est  une  branche  coudée,  taillée  en  biseau 
semblable  aux  charues  primitives,  dont  on  se  sert  encore  dans  quelques  pays  à 
culture  facile  et  négligée,  comme  en  Palestine. 

Au  courant  des  travaux,  on  trouva  aussi  une  planche  rabotée  et,  à  l'entrée  du 
canal,  une  pierre  marneuse,  qui  semble  avoir  servi  de  polissoir. 


—     438     — 

En  fait  de  mobilier  et  d'objets  de  vitrine,  c'est  bien  maigre. 

Si  sous  ce  rapport,  le  résultat  des  fouilles  est  sans  importance,  comme  il  fallait 
s'y  attendre,  d'un  autre  côté,  le  point  principal,  qui  était  de  constater  qu'une 
toiture  unique  couvrait  cette  immense  excavation,  fut  complètement  atteint. 
Malgré  les  doutes  émis  sur  la  possibilité,  les  fouilles  ont  fourni  les  preuves  que 
nonobstant  toutes  les  difficultés  à  vaincre,  le  fait  existe.  Nous  devons  en  con- 
clure que  pour  un  tel  travail,  il  fallait  le  concours  d'un  nombre  considérable 
d'hommes  et  une  certaine  organisation  qui  témoigne  de  l'avancement  de  la  civi- 
lisation à  cette  époque  lointaine. 

Cette  organisation  existait  avant  l'arrivée  des  colons  romains.  Ceux-ci  con- 
struisaient en  pierres.  Ce  que  nous  avons  dit  de  la  toiture  peu  apparente  et  de 
la  profondeur  de  l'excavation  de  nos  mardelles,  les  fait  ranger  parmi  les  ha- 
bitations décrites  par  César.  Celle  de  Rulles  ne  peut  remonter  à  l'époque  de 
bronze  :  les  larges  entailles  faites  aux  arbres  exigaient  l'emploi  de  la  lourde 
hache  de  fer.    C'est  donc  à  la  période  de  la  Tène  qu'il   faut  la  rapporter. 

Mais  ce  qui  intéresse  surtout,  c'est  la  forme  de  ces  grands  fonds  de  cabane 
de  forme  ovale  qui  doit  être  particulière  à  un  peuple,  comme  encore  de  nos 
jours,  chaque  nation  a  son  architecture  propre.  Mais  quel  est  ce  peuple?  En 
étudiant  l'aire  de  dispersion  de  ces  cabanes,  et  en  les  étudiant  partout,  comme 
l'on  a  fait  en  Lorraine,  quelles  données  précieuses  on  pourra  recueillir  pour 
l'histoire  de  nos  populations  préhistoriques.  Voilà  certes  un  objet  d'étude  très 
intéressant  pour  toutes  les  sociétés  archéologiques  de  nos  coiltrées.  Aussi, 
comme  nous  l'avons  déjà  fait  dans  nos  Annales  et  au  congrès  de  Dinant,  faisons- 
nous  de  nouveau  appel  à  leur  concours  pour  l'étude  de  cette  question. 

F.  LoES. 


Fouilles  au  lieu  dit  «  Vieille  Eglise  ^,  près  de  Rulles. 


Lors  des  fouilles  à  la  mardelle  de  Rulles,  nos  ouvriers  et  de  nombreux  visi- 
teurs de  ce  village  nous  parlèrent  des  ruines  d'une  ancienne  église,  située  à  un 
quart  de  lieue  au  delà  du  village  sur  une  butte  élevée,  qui  porte  encore  le  nom 
de  "  vieille  église  »  (1).  Tout  ce  qu'on  en  savait  en  dehors  de  la  tradition  qui  y 
fixe  le  siège  d'une  ancienne  paroisse  régionale,  c'est  que  le  curé  Kenler  (1843- 


(  1)  Le  plateau  dont  elle  fait  partie,  porte  aussi  le  nom  Je.  «  Chaurnont  *. 


—     439     — 

1862)  y  fit  beaucoup  de  recherches,  et  que  dans  les  ruines  se  trouvent  de  nom- 
breuses briques.  Mais  on  ignore  complètement  ce  que  M.  le  curé,  qui  fut  arrêté 
dans  ses  fouilles  par  les  propriétaires,  a  trouvé  et  il  n'a  laissé  aucune  relation  de 
ses  recherches,  pas  même  la  moindre  mention  dans  les  archives  de  la  cure.  Les 
briques  qu'un  de  nos  ouvriers  nous  rapporta,  étaient  des  briques  et  des  débris  de 
tuiles  romaines. 

Les  ruines  proviennent  donc  d'une  construction  romaine  ou  postérieure  élevée 
avec  les  matériaux  d'un  bâtiment  de  cette  époque.  Mais  cette  vieille  église,  dont 
on  ne  trouve  aucune  trace  dans  les  archives,  que  la  tradition  s'obstine  à  regar- 
der comme  le  centre  d'une  ancienne  chrétienté,  et  qui  se  trouve  parfaitement 
dans  les  conditions  de  semblables  églises,  établies  sur  une  butte  élevée,  à  proxi- 
mité de  la  grande  forêt  et  d'une  vallée  aux  nombreux  villages,  fort  peuplée 
sous  les  romains,  ne  serait-elle  pas  antérieure  à  nos  archives  ou  peut-être  une  de 
ces  cellae  romaines  décrites  par  l'abbé  Sulbout  dans  nos  annales,  ou  une  basilique 
comme  celle  de  Misbour  dont  j'ai  encore  vu  les  fouilles  ?  Certes  la  question  méri- 
tait d'être  étudiée  ;  les  fouilles  furent  décidées  et  le  secrétaire  de  l'Institut  se 
chargea  avec  M.  l'abbé  Dubois  de  les  diriger  ensemble  et  de  les  surveiller  alter- 
nativement, ce  qui  fut  fait  pendant  l'octave  de  Pâques  1913. 

Nos  deux  fidèles  fouilleurs  de  la  mardelle,  MM.  Bodeux  et  Kolbach,  entrepri- 
rent le  travail  rendu  assez  diflîcile  par  les  ronces  et  les  épines  qui  avaient  envahi 
les  ruines.  Le  champ  où  elles  se  trouvent,  est  un  terrain  vague  de  la  forme 
d'un  triangle.  La  base,  au  midi,  a  40  m.,  le  côté  ouest  65  et  l'est  60  mètres.  Le 
point  principal  des  ruines  est  au  centre  et  à  l'ouest.  Un  talus  assez  élevé  longe 
la  base  du  triangle.  Le  dessus  de  ce  talus  fut  d'abord  exploré  par  une  tranchée 
qui  ne  révéla  rien  d'autre  qu'une  petite  source  vers  l'est.  On  examina  aussi  plu- 
sieurs tas  de  pierres  qui  se  trouvaient  en  dehors  de  la  partie  principale  des 
ruines.  On  n'y  trouva  rien,  ni  aucun  indice  de  substructions.  II  fallait  aborder 
alors  l'immense  tas  de  pierre  occupant  le  centre  et  l'ouest,  entièrement  couvert 
d'épines.  Une  tranchée  fut  ouverte,  le  traversant  de  l'est  à  l'ouest  et  allant 
jusqu'à  la  terre  vierge  ;  on  en  fit  une  seconde  plus  tard  mais  dans  un  autre 
sens.  Tout  avait  été  saccagé  et  arraché  jusque  dans  les  fondations  ;  pas  un  pan 
de  mur  n'était  resté  debout  ;  mais  partout  on  trouva  les  vestiges  de  la  cons- 
truction romaine.  Ce  n'est  qu'en  attaquant  un  point  plus  élevé,  contre  le  côté 
ouest  et  à  12  m.  60  de  la  base,  qu'on  trouva  de  la  maçonnerie.  C'étaient  les 
restes  d'un  hypocauste  romain. 

La  partie  inférieure  ou  le  sous-sol  en  était  encore  très  bien  conservée,  elle 
formait  une  place  carrée  mesurant  3  m.  80  de  côté.  Les  piles  de  briques  carrées 
de  18  ctm.  de  côté  se  trouvaient  presque  toutes  en  place,  mais  ne  conservaient 
plus  leur  hauteur  primitive  qui  devait  être  de  60   ctm.,  elles  étaient  disposées 


~     440     — 

par  rangées,  7  dans  un  sens  et  8  dans  l'autre,  mais  à  des  distances  inégales  les 
unes  des  autres.  Des  tuiles  dont  on  avait  abattu  les  bords,  couvraient  le  fond  et 
les  murs  autour  de  la  place  à  60  ctm.  de  hauteur.  Le  pavement  qui  reposait  sur 
les  piles,  était  complètement  détruit.  Il  ne  restait  plus  qu'une  seule  brique  entière 
des  grands  carreaux  reposant  directement  par  leurs  coins  sur  les  piles  ;  elle 
mesurait  55  x  48  x  6  ctm.  et  était  percée  aux  quatre  coins  de  petits  trous 


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servant  sans  doute  à  mieux  la  maintenir  sur  les  piles.  A  côté  gisait  un  gros 
clou  et  un  fer  recourbé  en  œillet  et  sous  forme  de  crochet.  Elle  fut  trouvée  près 
du  foyer  et  était  encore  noircie  d'un  côté. 

Le  foyer  se  trouvait  à  l'est  entre  deux  murs  de  briques  larges  de  45  ctm.,  à  90 
ctm.  du  coin  sud  et  s'avancant  à  l'intérieur  de  85  ctm.  Leur  longueur  totale 
était  de  1  m.  70.  L'entrée,  sur  environ  un  mètre  de    longueur,  était  dallée  de 


_      44!      — 

briques  mises  sur  tranche.  Près  du  foyer,  on  trouva  deux  tuyaux  de  briques  car- 
rées, juxtaposées,  reposant  par  leurs  bords  extérieurs  sur  deux  piles,  de  manière 
à  former  l'entrée  d'une  cheminée  d'attirage. 

Tout  à  côté,  vers  le  nord,  se  trouvait  une  seconde  place  de  même  grandeur, 
mais  à  un  niveau  supérieur  de  70  ctm.  Le  mur  qui  bordait  ces  deux  places  à 
l'ouest,  était  un  mur  extérieur  se  prolongeant  des  deux  côtés  au  delà,  à  une  dis- 
tance qu'on  n'a  pu  déterminer,  parce  que  les  fondations  mêmes  étaient  détruites. 

C'est  tout  ce  qui  reste  de  l'ancienne  construction.  Le  curé  Kenler  avait  tout 
renversé  pour  retrouver  les  restes  de  l'ancienne  église. 

On  trouva  encore  dans  les  ruines  de  nombreuses  briques  creuses,  à  trous  le 
communication  latérale,  pour  la  circulation  de  l'air  chaud  dans  les  murs  autour 
des  chambres.  Mais  à  l'exception  des  deux  mentionnées  plus  haut,  il  n'en  restait 
que  des  débris. 

Dans  les  places  conservées,  on  trouva  aussi  a)  de  larges  plaques  de  crépi 
peintes  en  quatre  tons  (rouge,  jaune,  noir  et  vert-bleu)  formant  lignes  d'en- 
cadrement avec  rinceaux  de  fleurs  et  de  feuillage  ;  b)  une  moulure  en  mor- 
tier peinte  en  rouge  et  c)  de-ci,  de-là  des  clous  en  forme  de  T. 

Dans  une  tranchée  à  travers  les  épines,  on  trouva  un  col  de  jarre,  un  poids 
de  balance,  un  morceau  de  fonte,  reste  d'un  outil  de  jardinage,  du  béton  ro- 
main et  des  tessons  de  poterie  ordinaire. 

Nous  devons  ajouter  qu'au  témoignage  de  plusieurs  personnes  parfaitement 
au  courant  des  traditions  de  l'endroit,  on  a  détruit,  il  y  a  une  dizaine  d'an- 
nées, plusieurs  tombes  pour  inhumation,  un  cimetière  disaient  d'autres,  qui  se 
trouvait  à  une  centaine  de  mètres  vers  le  sud-est,  au  penchant  de  la  colline 
vers  la  Semois.  Seraient-ce  peut  être  ces  tombes  découvertes  dans  un  temps  foj-t 
reculé,  qui  auront  fait  donner  à  nos  ruines  le  nom  de  "  Vieille-Eghse  ^  ?  C'est 
possible,  mais  il  faut  regretter  que  ces  tombes  sont  détruites.  On  aurait  pu  peut- 
être  y  trouver  des  indices.  Dans  les  ruines  on  n'a  rien  trouvé  qui  puisse  se  rap- 
porter au  culte  chrétien.  P-  L- 


Trois  Mardelles  à  Preylange  et  une  à  Viville. 


En  dressant  la  carte  des  vestiges  romains  et  des  mardelles  de  l'arrondissement 
d'Arlon,  j'ai  dit  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  découvrir  ces  vestiges  du  passé, 
ni  dans  les  bois  qui  sont  parfois  trop  touffus,  ni  dans  les  campagnes  où  tes .  tra- 


—      442     — 

vaux  de  culture  les  ont  recouverts  et  détruits,  et  j'ajoute,  où  parfois  aussi  parce 
que  certaines  moissons  trop  grandes  les  cachent. 

C'est  ce  que  j'ai  pu  remarquer  au  dernier  printemps  en  passant  dans  les 
champs  de  Viville,  où  j'ai  reconnu  entre  le  sentier  et  le  chemin  de  Freylange,  au 
sortir  du  village,  les  traces  d'une  ancienne  mardelle. 

Plus  loin,  sur  le  territoire  de  Freylange,  un  kilomètre  au  nord  du  village,  à 
cinq  cents  mètres  d'une  grande  villa  romaine  et  à  l'origine  d'un  vallon  qui  des- 
cend vers  le  HôU-fra-steen,  ce  souvenir  intéressant  de  la  mythologie  franque, 
j'ai  trouvé  trois  autres  mardelles  transformées  en  prairies  et  déformées  en  partie 

pour  les  besoins  de  la  culture. 

F.  L. 


Fouilles  d'un  cimetière  franc  à  Godincourt  près  de  Musson. 


En  novembre  1912,  M.  Steinbach,  en  voulant  nettoyer  un  champ  qu'il  venait 
d'acheter  à  Godincourt,  eut  son  attention  attirée  par  des  pierres  qui  trop  rap- 
prochées de  la  couche  arable,  rendaient  le  labour  difficile  ;  il  remarqua  qu'elles 
ne  provenaient  pas  d'une  couche  rocheuse,  mais  d'anciens  murs  entourant  des 
squelettes,  dont  plusieurs  étaient  accompagnés  d'armes  et  de  poteries.  L'institu- 
teur de  Musson,  M.  Navet,  signala  le  fait  par  l'intermédiaire  du  gouvernement 
provincial  à  l'Institut  archéologique,  en  émettant  l'hypothèse  que  ces  tombes 
pourraient  bien  provenir  du  cimetière  de  l'ancien  village  de  Musson,  situé,  d'a- 
près la  tradition,  un  kilomètre  plus  à  l'est,  près  du  hameau  de  Godincourt,  à 
l'emplacement  des  petits  jardins  qui  s'étendent  à  l'ouest  de  cette  localité.  Il  eut 
de  plus  l'amabilité  de  nous  accompagner  dans  nos  premières  visites  et  de  nous 
donner  tous  les  renseignements  relatifs  à  la  topographie  et  aux  fouilles  déjà 
faites.  Il  nous  apprit  aussi  que  le  cantonnier  M.  G.  Michel  découvrit,  il  y  a 
quelques  années,  des  tombeaux  semblables  dans  un  champ  voisin,  mais  qu'ils 
furent  tous  détruits.  Toutes  ces  tombes,  d'après  la  description  qu'on  nous  fit  et 
les  objets  qu'on  nous  montra,  étaient  franques. 

L'endroit,  où  se  trouve  ce  cimetière,  s'appelle  «  Au  dessus  la  Chapelle  «,  d'un 
petit  oratoire  construit  en  1735  dans  l'angle  est  des  chemins  de  Rachecourt  et 
de  Battincourt,  par  François  Jaquet,  ainsi  que  porte  une  inscription  gravée  sur 
le  linteau  de  la  porte.  Mais  au  cadastre,  cette  partie  du  ban  de  Musson  porte  le 
nom  de  Grand-Faing,  d'un  bois  de  hêtres  qui  la  couvrait.  Un  chemin  de  vidange 
partant  de  la  chapelle,  monte  dans  la  direction  N.-E.  et  traverse  en  biais  et  vers 


-    44: 


le  milieu  le  champ  de  M.  Steinbach.  Le  cimetière  se  trouve  à  gauche,  en  haut 
et  au  bout  du  champ,  à  environ  50  m.  du  chemin,  150  m.  de  la  chapelle  et 
150  m.  du  chemin  de  Rachecourt.  Il  occupe  la  partie  supérieure  d'un  promon- 
toire regardant  le  soleil  levant  et  donnant  vue  sur  le  beau  vallon  de  la  Batte 
jusqu'au  moulin  de  Halanzy.  L'endroit  était  admirablement  choisi  poui-  un  cime- 
tière franc.  Toutes  les  tombes  étaient  orientées  et  alignées  comme  au  plan  ci- 
dessous. 

Les  parois  des  fosses  étaient  revêtues  d'une  maçonnerie  à  sec,  à  un  seul  pare- 
ment formant  l'intérieur  de  la  tombe.  Dans  ces  murs  n'entraient  que  des  pierres 
du  bajocien  de  Longwy,  abondantes  sur  les  hauteurs  boisées  au  sud  de  Musson, 


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et  des  pierres  plates  ramassées  sur  le  terrain.  Dans  l'une  des  tombes,  les  deux 
extrémités  étaient  fermées  par  une  grosse  pierre  de  taille  provenant  d'une  cons- 
truction antérieure  et  dans  quelques  autres  par  des  pierres  plates  de  macigno,  po- 
sées de  champ,  connues  au  pays  sous  le  nom  de  "  cladasses  ".  On  trouva  aussi  au 
fond  de  plusieurs  tombes  et  dans  des  murs,  adhérant  encore  aux  pierres,  des  mor- 
ceaux de  béton  romain.  Mais  ces  pierres  avec  les  restes  de  béton  qui  y  adhé- 
raient, étaient  rapportés  et  provenaient  d'une  construction  romaine  en  petit  ap- 
pareil. Beaucoup  de  ces  pierres  portaient  aussi  des  traces  de  feu,  comme  on  le 
voit  dans  les  ruines  de  nos  villa  romaines. 

Aucune  tombe  n'était  dallée,  et  on  ne  remarqua  aucune  trace  de  couvercle  ni 
en  bois  ni  en  pierres,  alors  qu'il  aurait  été  si  facile  de  les  recouvrir  de  ces  gran- 
des pierres  plates  de  l'endroit.  Cependant  dans  quelques  tombes  on  remarqua 
de  minces  lames  de  pierres  ferrugineuses  recouvrant  le  fond  et  môme  le  corps. 


—      444     ^ 

Les  tombes  mesuraient  en  général  1  m.  70  de  longueur,  0  m.  60  de  largeur  et 
Dm.  40  de  hauteur  du  fond  à  la  couche  arable.  Ce  peu  de  profondeur  explique 
pourquoi  les  corps  et  les  ossements  étaient  dans  un  état  de  décomposition  telle- 
ment avancée,  que  souvent  il  ne  restait  plus  que  le  crâne  et  les  fémurs. 

Les  tombes  mises  à  jour  sont  au  nombre  de  dix-huit.  En  voici  la  description 
en  suivant  les  numéros  d'ordre  du  plan  ci-devant. 

\.  Cette  tombe,  ainsi  que  les  deux  suivantes,  se  trouvait  à  la  limite  occiden- 
tale du  champ  ;  elle  était  de  moyenne  grandeur  et  ne  renfermait  aucune  arme. 

II.  Celle-ci  était  des  plus  riches;  elle  renfermait  un  scramasaxe  avec  le  cou- 
teau ou  poignard,  une  garniture  en  bronze  d'un  fourreau  d'épée,  une  plaque  de 
ceinture  en  fer  ornée  de  trois  clous  de  bronze,  et  de  cinq  boutons  à  tenon,  por- 
tant en  petit  relief  un  entrelac  de  quatre  bandes,  formant  au  milieu  un  carré  et 
se  terminant  chacune  sur  le  pourtour  par  une  tête  de  serpent. 

III.  Celle-ci  dépasse  en  importance  toutes  celles  qu'on  a  mis  à  découvert  dans 
ce  cimetière.  Les  deux  extrémités  étaient  fermées  chacune  par  une  grande 
pierre  de  taille  provenant  d'une  construction  antérieure.  Les  parois  latérales 
étaient  construites  en  grande  partie  avec  des  pierres  de  petit  appareil  d'une 
construction  rumaine  dont  plusieurs  étaient  en  pai'tie  calcinées.  Au  fond  et  dans 
les  murs,  on  trouva  des  restes  de  béton  romain,  soit  libres,  soit  adhérents  en- 
core aux  pierres.  A  côté  du  corps  se  trouvait  une  pierre  à  aiguiser,  ainsi  qu'un 
briquet  avec  silex  ;  un  manche  en  cuivre  long  de  9  ctm.  et  large  d'un  et  demi, 
auquel  était  fixée  par  deux  rivets  une  lame  très  fine,  mais  complètement  oxydée  ; 
un  scramasaxe  et  aux  pieds,  les  débris  d'une  poterie  noire. 

IV.  Complètement  saccagée,  sise  à  la  limite  du  champ,  oft  quelques  années 
aupai'avant  M.  Michel  avait  trouvé  des  tombes  analogues. 

V.  Cette  tombe  fut  fouillée  en  présence  de  notre  vice-président,  M.  Beco.  On 
y  remarqua,  à  la  place  des  pieds,  des  minimes  restes  de  bronze  ;  à  la  ceinture,  une 
belle  boucle  en  bronze  très  ornementée  et,  en  fait  d'ossements,  seulement  des 
traces,  comme  les  parties  les  plus  dures  des  fémurs  et  des  humérus  et  la  partie 
postérieure  du  crâne.  La  tête  était  inclinée  à  droite.  C'était  une  tombe  de 
femme , 

VI.  Cette  tombe  avait  été  violée.  Il  n'y  restait  plus  ni  corps  ni  mobilier. 

VII.  Celle-ci  parait  également  une  tombe  de  femme.  Elle  ne  renfermait  plus 
qu'un  bouton  à  tenon  de  bronze,  à  bord  grenelé  ;  un  objet  en  cuivre  ressemblant 
à  une  lame  minuscule,  longue  de  3  ctm.  1/2,  large  d'un  ctm,  très  mince,  com- 
plètement oxydée,  portant  encore  le  rivet  par  lequel  elle  était  fixée  au  manche, 
et  une  plaque  de  ceinturon  en  bronze  assez  grande,  ajourée  et  ornée. 

VIII.  Cette  tombe  ainsi  que  la  3*  et  la  6*,  renfermait  dans  les  murs  des  pierres 


—     445     — 

d'une  construction  romaine  antérieure.  Le  crâne  dolichocéphale  comme  celui  des 
francs,  était  très  bien  conservé.  A  côté  du  corps  se  trouvaient  un  scramasaxe  et 
les  restes  d'une  grande  épée,  tellement  rouillée  qu'elle  cassa  en  plusieurs  mor- 
ceaux en  la  soulevant. 

IX.  Cette  tombe  fut  fouillée  en  présence  de  M.  l'abbé  Alexandre,  notre  collè- 
gue, curé  à  Musson.  Elle  mesurait  à  l'intérieur  i  m.  70  sur  0  m.  45  et  0  m.  60 
de  profondeur.  Le  fond  était  tapissé  de  minces  feuilles  d'une  pierre  ferrugineuse 
de  l'endroit  ;  on  en  avait  recouvert  aussi  le  corps  Les  ossements  étaient  relati- 
vement assez  bien  conservés.  Le  fémur  mesurait  0  m.  45  et  l'humérus  0  m.  31. 
La  taille  était  de  1  m.  67.  Les  bras  étaient  couchés  le  long  du  corps,  comme 
dans  les  autres  tombes.  On  n'y  a  trouvé  que  la  boucle  du  ceinturon  en  bronze  et 
une  urne  placée  aux  pieds.  C'était  une  tombe  de  femme. 

X.  Les  fouilles  ne  produisirent  rien. 

XI.  Tombe  de  guerrier.  On  y  trouva  le  scramasaxe  avec  longue  soie  recou- 
verte d'un  manche  en  bois,  une  boucle  en  fer  et  des  tessons  d'une  urne. 

XII.  Celle-ci  renfermait  également  un  scramasaxe  avec  manche  en  bois.  La 
boucle  du  ceinturon  en  fer  était  mangée  en  partie  par  la  rouille. 

XIII.  Ossements  presque  totalement  consumés.  Urne  bien  conservée. 

XIV.  Cette  tombe  fut  fouillée  en  présence  de  M.  l'architecte  Haverland.  Il  ne 
restait  plus  guère  des  ossements  que  la  base  du  crâne.  A  côté  du  corps  se  trou- 
vait le  scramasaxe  avec  les  restes  d'un  couteau  ou  poignard  et,  aux  pieds,  une 
urne  ebréchee. 

XV.  On  y  trouva  une  boucle  de  ceinturon  assez  bien  conservée  et  la  pointe 
d'une  épée  et  d'un  couteau. 

XVI.  Les  fouilles  ne  donnèrent  aucun  résultat. 

XVII.  On  y  trouva  les  restes  rouilles  d'une  pointe  de  couteau  ou  d'épée. 

XVIII.  On  n'y  trouva,  à  côté  des  ossements  consumés,  que  les  restes  d'un  cou- 
teau et  l'urne. 

Beaucoup  de  tombes  avaient  été  violées  auparavant.  On  ne  trouva  aucune 
médaille.  Ce  cimetière  parait  du  V^  siècle. 

F.  L. 


4  46 


Le  cimetière  Tomain  du  Hohgericlit  en  face 
de  la  Station  d'Arlon. 


C'est  certainement  un  des  plus  beaux  de  la  Belgique.  Hélas,  il  est  maintenant 
entièrement  saccagé  et  des  curieuses  trouvailles  qu'on  y  a  faites,  le  plus  grand 
nombre  a  quitté  le  Luxembourg  sans  probablement  y  revenir,  à  l'exception  ce- 
pendant des  intéressantes  collections  d'un  de  nos  membres  les  plus  dévoués. 

Déjà  en  1906,  M.  J.-B.  Sibenaler,  notre  conservateur  et  co-propriétaire alors 
d'une  partie  de  ce  cimetière,  en  avait  signalé  l'importance  et  décrit  une  quaran- 
taine d'objets  y  découverts  (Voir  Annales  T.  41,  p.  171-174-277-289  et  T.  44, 
p.  322-328). 

Mais  les  propriétaires  sont  maîtres  de  leurs  terrains  et  ce  sont  des  archéolo- 
gues amateurs  qui  obtinrent  l'autorisation  d'y  faire  des  fouilles.  Leurs  travaux 
sont  terminés  maintenant  ;  ils  ont  tous  quitté  Arlon.  La  partie  la  plus  riche  et 
la  plus  intéressante  se  trouve  au  coin  N.-E.  du  plateau,  dans  le  pré  de  la  veuve 
Barnich,  et  seul  le  capitaine  Dohet  eut  la  permission  de  le  fouiller  et  il  l'a  si 
bien  fait  qu'il  n'y  a  plus  d'espoir  d'y  faire  une  découverte  de  valeur. 

Les  nombreuses  pièces  qu'il  y  trouva,  comparées  entre  elles  et  ^vec  les  urnes 
trouvées  dans  les  environs,  lui  permirent  de  découvrir  deux  établissements  de 
potier  dont  l'un  était  tout  près  au  midi  du  cimetière  et  l'autre  plus  haut,  près  du 
bois  de  sapins  qni  va  disparaître  complètement. 

Le  plateau  proprement  dit  comprend  environ  trois  hectares,  appartient 
à  M.  Halbardier  et  fut  principalement  fouillé  par  M.  le  capitaine  Kinsbergen. 
Ici  les  tombes  étaient  beaucoup  plus  espacées  et  même  assez  rares  aux  limites 
sud  et  ouest  du  terrain.  Le  lundi  de  Pâques  de  cette  année,  on  défonça  le  terrain 
à  trente  centimètres  de  profondeur.  Le  soc  fouillant  la  terre  vierge  dix  centi- 
mètres plus  profondément,  mit  à  jour  et  fît  reconnaître,  à  la  couleur  noire  du 
terrain,  toutes  les  sépultures.  Une  nuée  de  curieux  suivit  la  charrue  pour  enlever 
les  poteries  non  encore  cassées.  Averti  trop  tard,  j'arrive  juste  à  temps  pour  con- 
stater le  désastre  avant  que  la  herse  n'ait  nivelé  et  mêlé  tout.  Cependant  j'eus 
le  bonheur  d'obtenir,  pour  notre  musée,  du  fils  du  propriétaire,  M.  Léopold 
Halbardier,  les  trouvailles  qu'il  regardait  comme  les  plus  importantes  et  que 
l'ardeur  communicative  des  archéologues  collecteurs  lui  avait  fait  ramasser. 
Nous  lui  en  exprimons  ici  nos  vifs  remerciements  ainsi  qu'à  M.  l'abbé  Dubois 
qui  avec  les  débris  a  reconstitué  les  12  pièces  suivantes  : 


—     447      — 

Deux  bols  (patina)  en  terre  noire,  deux  plus  petits  en  terre  rouge  au  col  arrondi 
sans  anse  et  de  couleur  grise;  un  autre  en  terre  rouge  de  même  forme,  mais 
dont  la  partie  supérieure  était  concave  avec  un  trou  assez  large  à  col  rentrant 
d'un  quart  de  la  hauteur  de  la  pièce,  de  sorte  qu'il  était  impossible  de  verser 
tout  le  contenu  ;  un  plat  (catinum)  noir;  un  autre  plus  petit  rouge;  deux  patères 
moyennes  dont  une  rouge  et  une  autre  noire,  une  troisième,  rouge  et  très  grande 
et  une  autre  brisée  en  partie,  enfin  une  cruche  en  terre  rouge  à  grosse  panse 
et  à  une  anse. 

Outre  les  pièces  reconstituées  par  M.  l'abbé  Dubois,  M.  Halbardier  fils  nous 
remit  le  contenu  d'un  loculus  ou  d'une  tombe  romaine  très  curieuse  ;  elle  était 
formée  comme  presque  toutes  les  autres  de  4  briques  romaines  formant  les 
quatre  parois  recouvertes  d'une  cinquième  qui  s'était  enfoncée  sous  le  poids 
des  terres  et  avait  écrasé  l'urne  qui  se  trourait  à  l'intérieur.  Celle-ci  formée 
d'une  terre  noire  renfermait  au  fond  5  pièces  de  monnaies,  au-dessus  un  grain 
de  collier,  un  cachet,  les  débris  d'un  miroir  en  métal  et  par  dessus  tout,  cinq 
fibules.  Le  tout  était  recouvert  d'un  couteau  de  sacrificateur  placé  de  biais 
pointe  et  tranchant  en  bas.  F.  L. 


Le  cimetière  l'oiiiain  des  Quatre-Bras  à  Arlon. 

En  creusant  les  citernes  de  deux  maisons  construites  cette  année  à  gauche  de 
la  route  de  Luxembourg,  à  75  mètres  environ  avant  d'arriver  à  l'entrecroise- 
ment des  routes  de  Longwy  et  de  Luxembourg,  on  a  mis  à  jour  une  partie  du 
cimetière  romain  signalé  jadis  par  M.  Prat  aux  Annales  et  dans  son  Histoire 
d'Arlon. 

M.  le  directeur  des  travaux  de  la  ville  prit  soin  de  surveiller  les  travaux  de 
déblaiement,  obtint  des  ouvriers  des  restes  de  plusieurs  tombes  et  les  fit  déposer 
au  musée  provincial.  On  trouva  d'abord  des  débris  d'urnes  sur  une  ligne  lon- 
geant la  route  à  deux  mètres  de  distance.  Ces  débris  avaient  moins  d'importance. 
Mais  10  mètres  plus  loin,  longeant  également  la  route  dans  l'encoignure  nord  de 
l'encroisement,  on  trouva  à  deux  mètres  de  profondeur,  au  fond  des  citernes  des 
deux  maisons,  distantes  de  2  mètres  l'une  de  l'autre  et  mesurent  2  =  4  m.,  une 
seconde  rangée  d'urnes  funéraires  et  de  débris  de  poterie.  Pas  un  seul  objet  n'é- 
tait resté  en  entier,  mais  on  pourra  en  reconstituer  plusieurs.  Les  débris  déposés 
proviennent  de  deux  urnes,  de  trois  cruches  dont  2  avec  anse,  d'une  amphore, 
d'une  patère  en  fausse  samienne  et  d'un  vase  en  terre  noire. 

F.  L.   . 


—    us    — 
Le  Tombei*0  et  le  Landgrof. 

Ces  deux  importants  ouvrages  de  terre  que  les  Wallons  désignent  sous  les 
noms  de  moutte  (motte)  ou  boudge  (bauge)  des  renards  et  de  Tranchée  de 
l^iccolome  ont  fait  l'objet  d'une  étude  signée  par  M.  le  D""  Raeymackers  et  publiée 
sous  le  titre  de  «  Le  Tomberg  et  la  Tranchée  de  Piccolomini  à  Vance  (Luxem- 
bourg) "  dans  la  F'^  livraison  des  Annales  de  la  Société  d'Archéologie  de  Bruxelles 
(T.  XXVII,  p.  101-106).  Cette  étude  à  laquelle  l'auteur  a  ajouté  des  références 
complètes,  ce  qui  est  excellent,  bien  qu'elle  ne  nous  apprenne  rien  de  nouveau, 
demande  cependant  quelques  rectifications  et  explications. 

D'abord  ce  n'est  pas  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Vance,  mais  sur  celui 
de  la  commune  de  Hachy  que  se  trouve  la  butte  artificielle  du  Tomberg.  La 
Tranchée  fait  limite  entre  les  deux. 

Aussi  ce  n'est  pas  à  la  commune  de  Vance,  mais  à  celle  de  Hachy,  que  l'auto- 
risation de  faire  des  fouilles  au  Tomberg  fut  demandée,  et  cette  demande  fut  faite 
en  1909,  sur  la  proposition  du  secrétaire,  par  M.  le  Président  de  l'Institut  archéo- 
logique du  Luxembourg  uniquement  en  faveur  de  cette  société.  Examinons 
d'abord  la  question  du  Tomberg. 

I.  Le  Tomberg.  —  Les  mesures  que  M.  Raeymackers  donne  de  cette  butte 
sont,  faute  d'explications  suffisantes,  de  nature  à  embrouiller  tout,  comme  ce  fut 
jadis  le  cas  pour  le  fortin  du  Kasselknap  (v.  An.  de  l'Inst.  T.  XXI,  p.  219-225). 

Il  faut  remarquer  d'abord  que  cette  butte  se  trouve  sur  un  terrain  en  pente  et 
qu'elle  a  la  forme  d'un  cône  tronqué,  dont  les  différentes  surfaces  ou  plans  n'ont 
pas  la  régularité  d'une  figure  géométrique.  Notamment  le  pied  s'élargit  par  une 
pente  tellement  douce  qu'il  est  difficile  d'en  déterminer  la  limite.  C'est  ainsi  que 
M.  R.  donne  pour  périmètre  125  m.,  tandis  que  je  n'en  ai  donné  que  150.  Il 
aurait  pu  même  en  donner  200,  en  étendant  davantage  la  limite  de  la  base.  Il 
donne  pour  hauteur  6  m.  80,  tandis  que  j'en  ai  donné  10.  La  première  mesure 
est  évidemment  piise  en  amont  ;  la  seconde  le  fut  approximativement  en  aval. 
Il  donne  pour  inclinaison  des  flans  45  °/o,  ce  qui  est  fort  exagéré,  et  donnerait 
avec  le  périmètre  de  175  m.  et  la  hauteur  de  6  m.  80  (les  trois  seules  mesures 
qu'il  donne  de  la  butte),  pour  étendue  de  la  plate  forme,  un  chiffre  plus  que 
double.  Or  celle-ci  a  pour  diamètre  moyen  tout  au  plus  25  m.  Elle  est  actuelle- 
ment complètement  déformée,  surtout  à  l'ouest  et  au  centre,  par  les  fouilles  fai- 
tes pour  découvrir  le  trésor  caché,  d'après  la  légende,  au  fond  de  la  butte.  La  par- 
tie opposée  présente  un  rebord  d'un  mètre  et  demi  d'élévation,  et  pourrait  être 
le  reste  d'un  retranchement  entourant  le  haut  de  la  butte  et  la  transformant  en 
cuvette,  comme  le  petit  camp  de  Heinstert, 


—      449      — 

En  ce  qui  concerne  l'origiDe  et  la  destination  de  cette  butte,  je  n'ai  nullement 
été  aussi  afflrmatif  que  paraît  le  dire  M.  R.  J'en  ai  parlé  une  première  fois  dans 
un  article  demandé  pour  le  Congrès  archéologique  d'Arlon  de  1899,  où  après 
avoir  sommairement  donné  quelques  raisons  en  faveur  d'une  tombe  aussi  bien 
qu'en  faveur  d'un  ouvrage  de  défense,  je  dis  formellement  qu'il  faudrait  faire  des 
fouilles,  pour  avoir  quelque  chose  de  positif  sur  ces  deux  points.  Ce  fut  ensuite 
quelques  années  plus  tard  dans  une  conférence  donnée  au  Deutsche  Verein, 
qui  ne  fut  qu'une  briève  énùmération  des  antiquités  romaines  de  l'arrondissement 
d'Arlon.  Je  l'annonce,  en  deux  mots,  comme  tumulus  et  comme  castel  selon  la 
tradition  de  la  partie  allemande.  Il  en  fut  de  même  pour  la  carte  qui  fut  jointe 
à  la  traduction  française  faite  à  mon  insu  et  sur  ce  point  pas  tout  à  fait  exacte. 
C'est  tout. 

Il  est  évident  d'après  cela,  que  pour  avoir  mon  opinion  entière  sur  cette  ques- 
tion, il  faut  remonter  au  premier  écrit.  Or,  là  précisément,  je  fais  appel  à  la 
nécessité  de  faire  des  fouilles  pour  découvrir  la  vérité.  M.  R.  se  trompe  donc 
dans  ses  appréciations  sur  ce  point.  Il  se  trompe  encore,  s'il  croit  que  les  grands 
tumulus  furent  si  rares  au  sud  de  Tongres,ou  dans  nos  parages  dont  il  s'agit.  Il 
en  existait  un  près  de  Waltzing  qui  fut  certainement  romain  ;  un  autre  près 
d'Athus  qui  fut,  à  mon  avis,  insuffisamment  fouillé  ;  un  troisième  dans  les  prai- 
ries en  dessous  de  Kolbach  dont  les  terres  furent  conduites  dans  les  prairies  pour 
les  amender  et  qui,  au  niveau  du  sol,  recelait  des  ossements,  un  quatrième  plus 
bas,  à  la  jonction  de  ce  ruisseau  à  l'Attert,  qu'on  prétend  avoir  eu  la  même  im- 
portance et  dont  les  terres  servirent  également  à  assainir  la  prairie  ;  celui  de 
Miltombe  (Bastogne)  fut  décrit  dans  nos  Annales,  et  M.  l'architecte  Haverland 
nous  renseigna  un  autre  plus  au  nord  de  la  province.  Il  est  probable  qu'on  en 
trouverait  encore  d'autres  en  scrutant  tous  les  recoins  de  la  province. 

M.  R.  dit  que  d'après  les  idées  admises,  les  grands  tumulus  belges  n'auraient 
servi  de  postes  d'observation  que  pour  les  commandants  des  corps  de  troupes  qui 
ont  guerroyé  dans  notre  pays  au  moyen-âge.  Cela  est  loin  d'être  admis  par 
tout  le  monde,  et  que  fait-il  des  tumulus  romains  deTongres  qui  étaient  certaine- 
ment romains  et  dont  plusieurs  furent  des  postes  d'observation  ?  Il  parle  aussi 
du  grand  respect  des  romains  pour  les  tombeaux  de  leurs  ancêtres,  et  oublie 
qu'à  partir  de  la  fin  du  IIP  siècle  les  romains  utilisèrent  même  les  plus  beaux 
monuments  pour  des  travaux  de  défense.  Plus  de  cent  villes  de  la  Gaule  dont 
les  fondations  sont  bourrées  de  monuments  romains  en  sont  la  preuve.  Peu 
importe  qu'on  explique  ce  fait  par  l'invasion  des  barbares,  le  déclin  du  paga- 
nisme ou  le  progrès  du  christianisme,  le  fait  est  que  les  romains  se  servirent 
même  des  monuments  funéraires  pour  ces  ouvrages  de  défense.  Pourquoi  dés 
lors,  dans  ces  tristes  temps  de  guerre  et  d'invasions,  ne  se  seraient-ils  pas  servi 

30 


—     450     — 

dans  le  même  but  d'une  butte  qui  peut-être  n'était  pas  même  d'origine  romaine, 
ou  dont  la  destination  primitive  fut  perdue  de  vue  dans  la  suite  des  siècles? 

Mais  il  n'est  pas  même  démontré  que  le  Tomberg  fut  un  tumulus.  Cependant 
il  y  a  des  raisons  en  faveur  de  cette  thèse  :  c'est  d'abord  la  forme  de  la  butte 
qui,  malgré  ses  dimensions  extraordinaires,  a  cependant  la  configuration  des 
tertres  funéraires  et  puis,  c'est  le  nom  même  de  Tomberg  qui  signifie  monticule  du 
tumulus,  à  moins  de  le  faire  dériver  du  celte  «tonn«,  qui  signifie  montagne.  Or, 
dans  tous  les  lieux-dits  luxembourgeois  en  tum,  on  trouve  d'anciennes  sépul- 
tures et  des  urnes  funéraires.  (Voir  Frontière  linguistique  de  M.  Godefroid 
Kurth  et  Congrès  d'Arlon  de  1899).  Quant  au  tumulus  d'Athus,  les  fouilles 
n'ont  suffi  qu'à  constater  qu'il  n'y  a  pas  de  grande  sépulture. 

D'autres  raisons  militent  en  faveur  d'un  poste  d'observation,  comme  ceux  que 
les  romains  avaient  l'habitude  d'élever  le  long  des  voies  et  des  vallées  sur  des 
buttes  élevées,  isolées  naturellement  ou  artificiellement,  dominant  monts  et  val- 
lées, communiquant  avec  d'autres  postes  et  à  proximité  d'une  source  d'eau  ou 
d'une  rivière.  Or  le  Tomberg  se  trouve  dans  ces  conditions  et  à  200  pas,  au  midi, 
commence  une  fange  où  se  trouve  une  source.  La  protection  de  la  voie  mililairede 
Trêves  à  Reims,  ainsi  que  l'encerclement  au  moyen  de  fortins  comme  àTongres, 
exigeaient  aussi  un  poste  d'observation  à  cet  endroit.  Dans  un  rayon  très  étendu, 
on  ne  trouva  pas  un  emplacement  plus  convenable.  Seulement  la  diflSculté,  c'est 
que  ce  poste  exigeait  aussi  une  tour  pour  communiquer  avec  Arlon  et  sur  cette 
motte  de  sable,  il  n'y  avait  pas  moyen  d'en  construire  une  en  maçonnerie  et  on  n'en 
trouve  aucune  trace.  Si  une  tour  y  fut  élevée,  il  faut  qu'elle  ait  été  construite  en 
bois  comme  celles  dont  les  armées  romaines  renforçaient  leurs  retranchements 
(V.  Pitiscus,  Lexicon  antiq.  rom.,  v  turris).  C'est  une  conclusion  qu'il  faudrait 
maintenant  prouver  par  les  faits.  Mais  comme  dans  une  terre  sablonneuse  et 
aussi  remaniée  que  celle  du  Tomberg,  le  bois  ne  se  conserve  pas  et  que  les  traces 
ont  dû  disparaître,  il  est  facile  de  dire  qu'on  n'en  fournira  pas  la  preuve.  Les 
hypothèses  ne  sont  qu'un  moyen  d'investigation  et,  comme  telles,  permises  ;  mais 
ce  qui  ne  l'est  pas,  c'est  d'être  inexact  dans  ses  descriptions.  La  science  repose 
sur  des  faits  et  tout  fait  bien  décrit  est  un  acquis  à  la  science. 

Contre  la  thèse  que  le  Tomberg  serait  peut-être  d'origine  assez  récente,  on 
peut  invoquer  un  document  historique  :  l'acte  d'affranchissement  de  Villers- 
Tortru,  du  8  décembre  1282,  qui  le  mentionne  déjà  sous  le  nom  de  motte  par  le- 
quel la  population  le  désigne  encore  parfois  de  nos  jours. 

IL—  «'  La  Tranchée  ou  le  Landgrof  ».  —  En  examinant  de  près  cet  ouvrage,  on 
remarque  qu'il  consiste  en  une  levée  de  terre  qui  n'a  plus  guère  qu'un  mètre 
d'élévation  et  qui  était  bordée  de  chaque  côté  d'un  fossé  presque  comblé  aujour- 


—     451      — 

d'hui  par  les  pierres  et  les  mauvaises  herbes  enlevées  des  champs  et  par  les  ter- 
res que  la  charrue  y  amène  aux  tournants. 

Telle  quelle,  cette  tranchée  diffère  complètement  de  celle  qu'on  appelle  Land- 
grof  à  Heinstert  et  à  Nobressart.  Celle-ci  n'est  qu'un  fossé  sans  levée  de  terre 
et,  le  plus  souvent,  il  ne  présente  qu'une  dépression  du  sol  ressemblant  parfaite- 
ment à  un  vieux  chemin  abandonné,  plus  raviné  aux  penchants,  moins  «ur  les 
plateaux  et  presque  sans  trace  dans  les  fonds. 

La  tranchée  de  Tombergne  commence  qu'à  environ  150  m.  de  la  butte,  tra- 
verse le  plateau  du  midi  au  nord  dans  la  direction  de  Villers-Tortru  sur  une 
longueur  de  450  m.  On  n'en  remarque  plus  de  traces  à  la  descente  vers  la  route 
de  Bouillon,  Un  sentier  la  continue  ici  et  débouche,  à  la  route,  directement  sur 
un  chemin  de  terre  qui  conduit  au  hameau  de  Villers-Tortru.  D'ici  à  Heinstert 
et  au-delà,  on  ne  retrouve  aucune  trace  de  ce  fossé  ni  dans  les  champs  ni  dans 
les  bois,  et  j'ai  eu  beau  faire  appel  au  souvenir  des  villageois  des  endroits 
intermédiaires,  on  n'en  a  jamais  entendu  parler  ni  remarqué  des  traces. 

Ce  qu'à  Heinstert,  ainsi  qu'aux  villages  voisins,  on  appelle  Landgrof,  est  un 
fossé  qui  se  trouve  à  quatre  kilomètres  environ  au  nord  de  ce  village,  en  pleine 
forêt.  Il  traverse  de  l'ouest  à  l'est  le  bois  de  la  Passe  du  Cerf  et  descend  en 
biais  vers  la  RuUe.  C'est  en  haut  de  la  descente  qu'il  est  le  plus  profond  et  le 
plus  large.  Les  berges  y  ont,  d'un  côté  deux,  de  l'autre  trois  mètres  d'élévation 
et  le  fond  a  environ  cinq  à  six  mètres  de  largeur.  En  compagnie  de  MM.  les 
abbés  Balter  et  Ch.  Dubois,  nous  l'avons  suivi  vers  l'ouest  jusqu'à  la  sortie  du 
bois  vers  Velessart,  et  cherché  dans  la  direction  opposée  ses  traces,  à  travers 
bois  et  fanges,  également  jusqu'à  la  sortie  du  bois,  au  ru  venant  de  la  Folie.  Or, 
sur  toute  cette  longueur  d'une  lieue,  il  ressemble  complètement  à  un  vieux  che- 
min raviné. 

Remarquons  que  la  direction  que  suit  ce  fossé,  est  diamétralement  opposée  à 
celle  de  la  frontière  linguistique  entre  la  population  allemande  et  wallonne  : 
celle-ci  va  du  nord  au  sud.  Dans  cette  dernière  direction,  nous  n'avons  pu 
retrouver  aucune  trace  de  fossé  ni  de  délimitation  quelconque. 

L'abbé  Welter  en  parlant  du  Landgrof,  n'a  fait  que  rapporter,  sans  examen 
et  sans  contrôle,  une  tradition  populaire  basée  sur  le  mot  de  Landgrof.  Ce  qui 
prouve  qu'il  ne  connaissait  nullement  les  heux,  c'est  qu'il  étend  la  vallée  de  la 
Semois  jusqu'à  Heinstert,  tandis  que  pour  arriver  à  ce  village  en  partant  de 
Vance,  il  faut  traverser  tout  le  haut  delà  vallée  de  l'Attert,  ou  faire  le  détour 
par  la  ligne  de  séparation  des  eaux  de  l'Attert  et  de  la  RuUe. 

L'abbé  Welter  nous  dit  aussi  qu'à  Vance,  on  attribue  le  Landgrof  à  Piccolomi- 
ni.  Sur  quoi  est  basée  cette  tradition  ?  On  ne  le  sait.  Peut-être  que  les  troupes  de 


—      452      — 

ce  général,  qui  ont  laissé  un  si  triste  souvenir  dans  le  pays,  ont  campé  à  cet 
endroit,  puisqu'elles  avaient  un  camp  à  Vance  qui  en  est  si  peu  éloigné.  Mais  il 
se  peut  aussi  que  nous  soyons  ici  en  présence  d'un  cas  qui  se  présente  souvent 
dans  le  Luxembourg.  C'est  que  les  gens  du  peuple  intrigués  par  ces  anciennes 
ruines  dont  l'origine  leur  est  inconnue,  les  attribuent  à  un  ancien  événement 
marquant  du  pays  plus  récent  dont  le  souvenir  est  conservé.  C'est  ainsi  qu'à 
Arlon  on  attribue  aux  espagnols  l'ancien  chemin  des  lépreux,  à  Robelmont,  aux 
Sarrazins,  une  villa  romaine,  etc.,  etc.  Les  traditions  contradictoires  des  deux 
populations,  allemande  et  wallonne,  en  semblent  une  preuve.  Il  faut  donc  cher- 
cher la  solution  ailleurs,  soit  dans  des  fouilles,  soit  dans  les  anciens  documents 
historiques.  Sous  ce  dernier  rapport  il  ne  semble  pas  inutile  de  rappeler  ce  que 
nous  l'apprend  l'acte  d'afîranchissement  du  28  décembre  1282.  Villers  et  Tortru 
formaient  auparavant  deux  villages  distincts,  ayant  chacun  ses  terres  propres, 
qui  furent  probablement  déjà  délimitées  par  la  Tranchée  ou  le  Landgrof  puis- 
qu'il se  dirige  directement  sur  le  village  comme  pour  le  partager  en  deux.  Actu- 
ellement il  sert  encore  de  limite  entre  les  bans  des  communes  de  Vance  et  de 
Hachy,  et  cependant  pour  former  la  ville  neuve  de  Villers-Tortru,  le  comte 
Thirion  avait  donné  pour  sa  part  la  motte  (le  Tomberg)  qui  se  trouve  du  côté 
oriental  de  la  Tranchée  sur  le  ban  de  Hachy.  Dans  le  même  acte  écrit  en  fran- 
çais, Tortru  est  orthographié  Torterut  qui  rappelle  la  forme  allemande  Torteraidt 
et  ferait  croire  que  ce  petit  hameau  fut  allemand.  En  y  passant  dernièrement  je 
n'ai  entendu  parler  que  l'allemand  ;  une  seule  personne,  m'a-t-on  dit,  fait  excep- 
tion. Cependant  les  enfants  doivent  se  rendre  à  l'école  à  Vance  où  l'on  n'enseigne 
que  le  Irançais.  Sous  le  rapport  archéologique,  observons  encore  que  la  tranchée 
forme  avec  le  chemin  traversant  Villers-Tortru  une  ligne  directe  et  continue 
reliant  le  Tomberg  à  la  grande  voie  militaire  des  Romains  de  Trêves  à  Reims. 

F.  L. 


ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE 


DU  24  AOUT  1913. 


La  séance  eut  lieu  dans.la  grande  salle  du  Musée  archéologique  à  10.30  et  fut 
présidée  par  M.  Beco,  procureur  du  Roi,  vice-président  de  l'Institut. 

Le  président  Wilmart,  par  suite  d'un  retard  du  train,  n'arriva  qu'à  la  fin  de 
la  séance. 

Sont  présents  :  MM.  Beco,  Knepper,  Gratia,  J.-B.  Letain,  E.  Letain, 
Remisch,  Blum,  J.  Hubert,  Lefèvre,  Lambinet,  Haverland,  Jacob-Duchesne, 
Kinsbergen,  L.  Sibenaler,  Loes,  Wilmart. 

Se  sont  fait  excuser  :  MM.  Goliez,  L.  Cornu,  A. -P.  Gengler,  Oscar  Rogier, 
Dubois,  Claude,  Theisen,  Habran,  Dufort,  J.-B.  Sibenaler,  Wavreil,  Vannérus. 

1.  M.  le  Secrétaire  résume  le  procès-verbal  de  la  dernière  séance.  Il  est 
approuvé  sans  observation. 

2.  M.  le  secrétaire-trésorier  donne  ensuite  lecture  des  recettes  et  des  dépenses 
de  l'exercice  1912  avec  quelques  explications  sur  plusieurs  chapitres,  notam- 
ment sur  la  bibliothèque.  Ce  compte  dont  le  libellé  suit,  fut  également  approuvé 
sans  observation. 

Compte    de   l'année   1912. 

RECETTES. 


Excédent  de  l'exercice  précédent .... 

463,91 

Subside  de  l'Etat  à  l'Institut         .... 

500,00 

Subside  de  la  province 

500,00 

Cotisations  et  vente  de  volumes    .... 

1744,78 

Intérêt  de  banque , 

1030 

Total 


3218,98 


—     454     — 

DÉPENSES. 

Payé  à  M.  Brûck  pour  les  Annales  et  autres  imprimés.        .        .  1889,07 

Salaire  des  employés,  ports  et  correspondances     .         .        ,        .  224,50 

Service  de  la  bibliothèque 916,36 

Service  du  Musée 176,30 


Total  3206,23 

Il  reste  donc  un  boni  de  12,76, 

M.  van  den  Gorput  en  visitant  les  fouilles  de  la  mardelle  de  RuUes  a  payé  le 
salaire  des  ouvriers  dus  en  ce  moment,  soit  67,50,  ce  dont  nous  lui  exprimons 
nos  plus  vifs  remerciements. 

3.  Furent  ensuite  nommés  membres  effectifs  de  l'Institut  : 
Sur  la  proposition  de  M.  l'abbé  Dubois  : 

1.  M.  l'abbé  Arnould,  curé  à  Ghenois  (Virton). 

2.  M.  l'abbé  Weber,  chapelain  à  Viville  (Arlon). 

De  M.  le  docteur  Lomry  : 

3.  M.  l'abbé  A.-J.  Robert,  curé-doyen  à  Houâalize. 

4.  M.  l'abbé  T   Doucet,  curé  à  Ottré  (Bihain). 

De  M.  Wilmart  : 

5.  M.  l'abbé  Hanin,  chapelain  à  Biron  (Barvaux). 

De  M.  Lambin  : 

6.  M.  l'abbé  Leyder,  curé  à  Dinez  (Houfîalize). 

De  M.  J.-B.  Sibenaler  : 

7.  M.  l'abbé  J.  Moreau,  curé  à  Saint-Pierre  (Libramont). 

De  M.  Beco  : 

8.  M.  Lavallée,  professeur  à  l'athénée  royal  d'Arlon. 

De  M.  Remisch  : 

9.  M.  Edm.  Strauss,  bijoutier  à  Arlon. 

De  M.  Gratia  : 

10.  M.  Bernauda,  notaire  à  Saint-Léger. 

De  M.  Loes  : 

11.  M.  Geubel,  Joseph,  piqueur  provincial  à  Arlon. 

12.  M.  Michaëlis,  X.,  avocat  à  Arlon. 

13.  M''"'"  Verhulst,  Louise,  professeur  d'histoire  à  l'école  normale,  Arlon. 


—     455     — 

14.  M.  Délavai  Paul,  directeur  de  la  banque  arlonaise,  Arlon. 

15.  M.  Arend,  A. -A.,  lie.  phil.,  curé  à  Halanzy. 

16.  M.  Legrain,  d""  phil.  et  let.,  prof,  de  religion  à  l'athénée  royal,  Arlon. 

17.  M.  Mathaei,  Jean,  commis  des  postes,  Arlon. 

18.  M.  Delogne  Th.,  docteur  en  médecine  à  AUe-sur-Semois. 

4.  Contributions  au  <•  Corpus  inscriptionum  belgicarum  ». 

M.  le  secrétaire  rappelle  les  décisions  prises  à  la  séance  précédente  et  informe 
l'assemblée  que  jusqu'ici,  il  n'a  encore  reçu  que  24  relevés  d'inscriptions,  dont  18 
de  M.  l'abbé  Dubois  et  6  de  M.  l'abbé  Letain,  curé  à  Saint-Médard. 

A  la  demande  de  M.  Haverland,  on  fit  circuler  ces  dernières  dans  l'assemblée, 
ainsi  que  deux  photographies  dont  l'une  d'un  ancien  plan  du  château  de  Herbeu- 
mont,  et  l'autre  d'une  copie  authentique  de  l'acte  appliquant  la  loi  de  Beaumont 
à  la  terre  d'Herbeumont  (1). 

Entre  temps  un  des  membres  ayant  fait  la  remarque  qu'il  n'a  pas  reçu  les  ins- 
tructions ni  des  fiches,  M.  le  secrétaire  rappelle  qu'il  en  reste  un  certain  nombre 
à  la  bibliothèque  à  la  disposition  des  membres. 

Le  temps  était  trop  limité  pour  examiner  également  les  inscriptions  relevées 
avec  tant  de  zèle  et  de  patience  par  M.  l'abbé  Dubois  et  M.  le  Président  remercia 
nos  deux  zélés  collaborateurs  d'avoir,  les  premiers,  mis  la  main  à  l'œuvre  d'une 
si  intéressante  collection. 

5.  Examen  de  l'avant-projet  de  loi  sur  la  conservation  des  monuments  an- 
ciens. 

M.  Haverland  fait  l'historique  de  cet  avant-projet  et  fait  rapport  sur  les  dis- 
cussions préparatoires  du  projet  à  soumettre  au  Congrès  de  Gand. 

L'assemblée,  sur  l'avis  du  comité,  avait  déjà  rejeté  les  art.  19  et  20  de  l'avant- 
projet;  elle  se  rallie  maintenant  à  la  nouvelle  rédaction  proposée  au  Congrès  de 
Gand  d'après  laquelle  les  découvertes  doivent  être  annoncées  à  M,  le  Gouverneur 
qui  avisera  ensuite. 

6.  Participation  au  Congrès  de  Gand. 

Le  choix  de  nos  deux  présidents,  MM.  Wilmart  et  Beco,  comme  délégués  à 
ces  assisses  scientifiques  est  ratifié  par  l'assemblée,  avec  faculté  de  se  faire  rem- 
placer par  le  secrétaire  en  cas  d'empêchement. 

Le  secrétaire  avait  offert  au  nom  de  l'Institut  d'envoyer  à  l'exposition  trois 
gros  arbres,  deux  chênes  et  un  hêtre,  de  nos  forêts  préhistoriques,  ainsi  qu'un 
polyporias  igniarius  plus  que  deux  fois  millénai''e,  provenant  des  fouilles  de  la 


(1)  Quelques  jours  plus  tard  nous  pai-vint,  celle  de  la  pierre  tombale  des  de  Rivière  à  l'église  paroissiale 
^e  HqulTalize,  relevée  par  M.  LamLiu,  clerc  de  notaire  à  Houllalize. 


—      45*^      — 

mardelle  de  Rulles,  à  condition  cependant  que  le  destinataire  se  charge  des  frais 
(le  transport  à  partir  de  Marbehan.  M.  le  directeur  trouve  la  découverte  du  plus 
haut  intérêt,  mais  exprima  le  regret  de  ne  pouvoir  accepter,  faute  de  place. 

7.  Une  conversation  s'engagea  au  sujet  des  noms  des  lieux,  à  laquelle  prirent 
part  MM.  Gratis,  Haverland,  Remisch,  Loes  etc.,  et  dont  la  conclusion  fut 
d'engager  les  membres  à  continuer  ce  travail  déjà  fait  pour  plusieurs  localités  et 
parties  du  Luxembourg. 

Conformément  à  la  proposition  faite  par  plusieurs  membres  déjà  l'année  pré- 
cédente, lors  de  la  visite  au  Trou  des  Fées  et  au  Château  Renaud,  on  fit  dans 
l'après-midi  une  excursion  aux  ruines  de  Montauban.  Y  prirent  part  Messieurs 
Wilmart,  Jacob- Duchesne,  Remisch,  Blum,  Letain  J.-B.,  Letain  E.,  Haverland, 
Hubert,  Wavreil  et  Loes,  sous  la  direction  de  ce  dernier.  Celui-ci  en  avait  fait  le 
relevé  à  la  fin  de  l'hiver,  bien  avant  l'arrivée  de  la  commission  des  fouilles  du 
Cinquantenaire  de  Bruxelles  qui  nous  a  prévenu,  en  commençant  l'exploration 
des  ruines  dès  les  premiers  beaux  jours  de  la  nouvelle  saison.  Ces  ruines  étaient 
déjà  connues  de  Merjeai,  qui  en  fait  la  description  dans  ses  voyages.  Originaire 
d'Etalle  où  demeurait  son  père  et  renseigné  par  lui,  il  était  mieux  à  même  que 
tout  autre  de  nous  renseigner. 


Le  comité  a  cru  inutile  de  soumettre  à  l'assemblée  les  sottes  attaques  dont 
l'Institut  fut  l'objet  de  la  part  d'une  petite  publication  éclose  (iepuis  quelque 
temps  à  Arlon.  Pour  apprécier  sa  conduite,  il  suffit  de  faire  remarquer  que  dans 
le  n°  où  parut'la  diatribe,  elle  fit  usage  d'un  cliché  appartenant  à'  l'Institut  qui 
ne  lui  avait  été  accordé  que  sous  la  condition  expresse  de  l'accompagner  du 
nom  du  propriétaire.  Elle  ne  l'a  pas  fait. 

Sera-t-il  nécessaire  maintenant, pour  répondre  à  ses  malveillantes  critiques,  de 
rappeler,  ce  qu'elle  aurait  pu  apprendre  si  facilement  en  demandant  le  cliché, 
ces  faits  patents  :  le  catalogue  de  la  bibhothèque  est  publié  dans  les  Annales;  les 
comptes  sont  examinés  et  publiés  tous  les  ans  dans  l'assemblée  générale  ;  toutes 
les  fonctions  sont  absolument  gratuites  ;  aucun  collaborateur  n'est  rétribué  ;  les 
cotisations  sont  depuis  nombre  d'années  inférieures  au  prix  du  volume  remis  à 
chaque  membre  ;  l'Institut  n'a  nulle  action  sur  les  propriétaires,  s'il  leur  plait 
de  faire  fouiller  leurs  terrains  par  d'autres  et  de  leur  en  céder  les  trouvailles 
quelqu'importantes  qu'elles  soient. 

Au  lieu  de  débinei-  la  Société  par  des  questions  insidieuses  sous  le  prétexte  de 
s'intéresser  à  la  «  vie  arlonaise  «,  elle  ferait  mieux  d'instruire  et  d'intéresser  le 
|)ublic  en  attirant  l'attention  sur  les  riches  collections  et  les  travaux  de  la  So- 
ciété, sur  les  services  qu'elle  rend  à  la  science,  par  son  musée  comme  moyen 
d'attraction  à  la  ville,  et  enfin  sur  les  devoirs  pour  tout  vrai  luxembourgeois 
aimant  sa  province,  de  lui  conserver  ses  richesses  archéologiques  et  les  souve- 
nirs de  ses  ancêtres.  F.  L. 


Kécrolo|ie  de  1912-1915. 


Depuis  la  publication  du  deinier  volume  des  Annales,  notre  société  a  éprouvé 
une  perte  très  sensible  en  la  personne  de  Son  Altesse  Royale  Madame 
la  Comtesse  de  Flandre,  pieusement  décédée  au  Palais  de  la  rue  de  la 
Régence  à  Bruxelles,  le  27  novembre  1912. 

La  princesse  Marie-Louise-Alexandrine-Caroline  de  Hohenzollern  était  née  à 
Sigmaringen,  le  17  novembre  1845.  Elle  avait  épousé,  à  Berlin,  le  25  avril  1867, 
Je  Prince  Philippe  de  Saxe-Gobourg  Gotha,  frère  de  Léopold  II,  Comte  de  Flan- 
dre, petit  fils  du  Roi  Louis-Philippe. 

Les  quarante  cinq  années  qu'elle  passa  dans  notre  pays,  furent  partagées  entre 
les  soins  qu'elle  donnait  à  son  auguste  famille  et  l'intérêt  et  le  dévouement  qu'elle 
témoigna  à  toutes  les  œuvres  de  bienfaisance  et  de  charité  établies  sur  le  sol  de 
sa  nouvelle  patrie. 

Il  est  pour  ainsi  dire  impossible  de  faire  l'historique  d'une  œuvre  de  charité  en 
Belgique  pendant  les  40  dernières  années,  sans  y  rencontrer  le  nom  ou  sans  y 
ressentir  la  générosité  de  l'Auguste  Mère  de  notre  Roi  bien-aimé.  Aussi  bien  elle 
avait  conquis  les  respectueuses  sympathies  et  le  sincère  attachement  de  tous  les 
Belges. 

Ces  sentiments  se  donnèrent  surtout  libre  cours  à  l'occasion  des  funérailles  de 
la  bien-aimée  Princesse. 

Il  n'y  eut  qu'une  voix,  en  ces  pénibles  circonstances,  pour  célébrer  sa  grande 
bonté  et  sa  simplicité,  son  dévouement  inaltérable  à  notre  pays  et  à  ses  institu- 
tions, sa  charité  inépuisable  envers  les  pauvres  et  les  malheureux. 

En  ce  qui  concerne  plus  spécialement  l'œuvre  dont  s'occupe  notre  société,  nous 
sommes  heureux  de  saluer  en  Son  Altesse  Royale  une  artiste  de  grand  mérite  et 
une  insigne  bienfaitrice  de  l'Institut  archéologique  du  Luxembourg. 

Madame  la  Comtesse  de  Flandre  avait  une  âme  d'artiste,  son  talent  était  très 
au-dessus  de  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  un  talent  d'amateur.  Elève  de  Por- 
taëls,  du  vieux  Van  der  Heoht,  qui  l'initia  aux  mystères  de  l'eau-forte,  de  Wyts- 
man,  de  Blanc-Garin,  puis  d'Uytterschaut,  avec  lequel  elle  faisait  de  l'aquarelle, 


—     458     — 

elle  ne  craignait  pas  d'exposer  ses  œuvres  aux  flèches  de  la  critique,  refusant 
cependant  systématiquement  les  récompenses  décernées  par  les  jurys. 

Elle  s'adonnait  avec  goût  et  persévérance  à  la  peinture,  à  Bruxelles,  dans  le 
petit  atelier  de  son  palais  tout  tapissé  des  portraits,  des  paysages  et  des  ébauches 
qu'elle  composait  aux  Amerois,  où  il  n'était  pas  rare  de  la  rencontrer,  assise  le 
long  d'un  chemin  ou  au  coin  pittoresque  du  bois,  occupée,  en  compagnie  de  son 
maître  et  ami,  M.  Blanc-Garin,  à  peindre  la  belle  et  grandiose  nature  des  bords 
de  la  Semois.  C'est  pendant  ses  nombreux  séjours  aux  Amerois  qu'elle  a  fait  cette 
admirable  collection  des  «'  Vues  de  la  Semois  «,  les  plus  belles  eaux-fortes  qu'on 
possède  de  ce  coin  du  pays,  qui  ont  été  si  bien  célébrées  dans  la  préface  par 
M.  Carton  de  Wiart,  et  dont  l'auguste  princesse  a  autorisé  la  vente  au  profit  de 
l'œuvre  des  «  Habitations  ouvrières  «. 

Plusieurs  églises  du  pays  de  Bouillon  et  Florenville  possèdent  de  la  vénérée 
défunte  des  minuscules  tableaux  religieux  où  son  âme  tout  entière  si  profondé- 
ment pieuse  semble  avoir  voulu  se  traduire  et  par  le  choix  du  sujet  et  par  la 
vivacité  des  couleurs. 

Son  Altesse  Royale  s'intéressait  tout  particulièrement  au  mouvement  artisti- 
que dans  le  Luxembourg.  Ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  lorsqu'en  1911,  on 
ouvrit  à  Bouillon  une  exposition  de  tableaux  dûs  au  pinceau  d'un  jeune  artiste 
de  la  localité,  M.  Albert  Raty,  elle  la  visita  plusieurs  fois  avec  le  personnel  de  sa 
maison  et  fit  retenir,  par  M.  Blanc-Garin,  les  tableaux  qui  lui  paraissaient  les 
meilleurs. 

Ses  préférences  allaient  à  la  peinture.  Cependant  elle  aimait  aussi  les  autres 
productions  artistiques. 

Aux  Amerois,  ses  principales  promenades  avaient  pour  but  la  visite  des  mo- 
numents de  toute  la  région  :  églises,  châteaux  forts,  abbayes,  ruines  intéres- 
santes. Son  domaine  s'enrichissait  chaque  année  de  quelque  pièce  de  broderie, 
d'orfèvrerie  ou  de  sculpture,  si  bien  que  les  vastes  salles  du  château  et  les  allées 
du  parc  et  la  chapelle  étaient  devenues  un  véritable  musée. 

A  Bruxelles,  elle  possédait  une  bibliothèque  qui  renfermait  des  richesses  ines- 
timables. 

11  n'est  pas  étonnant,  dans  ces  conditions,  qu'elle  ait  témoigné  tant  de  sympa- 
thie à  l'œuvre  entreprise  par  l'Institut. 

Le  regretté  comte  de  Flandre  avait  accepté  le  titre  de  protecteur  de  notre 
Société.  A  sa  mort,  Son  Altesse  Royale  Madame  la  comtesse  de  Flandre  fit  sa- 
voir que  rien  n'était  changé  et  qu'elle  acceptait  le  titre  de  membre  effectif  de 
notre  Institut. 


—     459     — 

Cet  encouragement  est  trop  précieux  pour  qu'il  ne  mérite  pas  une  mention 
spéciale  et  un  témoignage  public  de  reconnaissance. 

Aussi  le  souvenir  de  l'auguste  princesse  que  la  Belgique  pleure,  restera  pro- 
fondément gravé  dans  la  mémoire  de  tous  les  membres  de  l'Institut.  Ils  se  rap- 
pelleront qu'elle  fut  tout  à  la  fois  une  grande  chrétienne,  une  princesse  chari- 
table, une  artiste  à  l'âme  idéalement  belle  et  ils  trouveront  dans  le  souvenir  de 
tant  de  vertus  et  dans  un  exemple  venu  de  si  haut,  un  précieux  encouragement  à 
redoubler  de  zèle  en  faveur  de  l'œuvre  commune,  et  une  énergie  nouvelle  pour 
aider  à  ses  progrès  et  à  son  développement.  J.  Th. 

II.  Le  13  octobre  1912,  est  décédé  à  Liège,  M.  Théodore  Jules-Joseph 

Pety  de  Thozée,  veuf  de  Florentine,  Baronne  de  Rosen  de  Delsen  et  du 
St-Empire,  né  à  Neufchâteau,  le  25  mars  1828. 

Le  vénérable  défunt  occupa  un  grand  nombre  de  fonctions  publiques.  Rappe- 
lons seulement  qu'il  fut  Membre  de  la  Chambre  des  Représentants  pour  l'arron- 
dissement de  Marche  de  1870  à  1884,  Membre  du  Conseil  Héraldique,  Consul 
général  dans  l'Inde  Britannique,  dans  l'ile  de  Ceylan  et  dans  les  provinces  fran- 
çaises et  portugaises  de  l'Indoustan,  Chargé  d'affaires  de  Belgique  près  de  l'em- 
pire du  Brésil  et  de  Perse  et  en  Bulgarie,  Agent  diplomatique  et  plénipotentiaire 
spécial  de  S.  M.  le  Roi  des  Belges  en  Bulgarie. 

Cette  carrière  si  longue  et  si  bien  remplie  fut  récompensée  par  l'octroi  de 
hautes  distinctions  honorifiques.  En  effet,  M.  Petit  de  Thozée  était  Commandeur 
de  l'Ordre  de  Léopold,  Décoré  de  la  croix  civique  de  1"^  classe.  Décoré  de  la  croix 
commémorative  du  règne  de  Léopold  II,  Chevalier  de  l'Ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  Grand  Croix  de  l'Ordre  de  Mérite  civil  de  Bulgarie,  Grand  Officier  de 
l'Ordre  de  Saint-Alexandre  de  Bulgarie,  Grand  Cordon  de  l'Ordre  du  Lion  et  du 
Soleil  de  Perse,  Grand  Officier  de  l'Ordre  de  l'Osmanié. 

Au  moment  de  son  décès,  différents  organes  de  la  presse  quotidienne  ont 
rendu  hommage  à  cet  homme  éminent  par  sa  science,  travailleur  infatigable, 
qui,  après  avoir  consacré  plusieurs  années  de  sa  vie  à  nos  luttes  politiques,  entra 
dans  la  carrière  diplomatique  et  mit  son  talent  et  son  dévouement  au  service  du 
Pays. 

Dans  les  postes  qui  lui  furent  successivement  confiés,  M.  Pety  de  Thozée  fit 
preuve  d'un  diplomate  remarquable,  d'un  tact  sûr,  de  connaissances  aussi  vastes 
que  précieuses.  Sa  carrière  fut  longue  et  brillante. 

A  l'époque  où  il  prit  sa  retraite,  il  était  Agent  diplomatique  à  Sofia,  où  le  Roi 
Ferdinand  de  Bulgarie  l'honorait  de  sa  haute  estime  et  de  sa  particulière  con- 
fiance, car  il  avait  appris  à  apprécier,  notamment  dans  les  circonstances  diffîci- 


—      46U      — 

les,  lorudition,  la  iirofonde  expérience,  les  lumières  de  l'intelligence  vive  et 
pénétrante  de  notre  éminent  compatriote. 

C'est  une  belle  et  sympathique  figure  qui  est  disparue. 

La  dernière  ligne  qu'on  vient  de  lire  fut  contirmée  par  les  télégrammes  en- 
voyés à  la  famille  Pety  de  Thozée.  par  le  roi  Ferdinand,  quand  il  apprit  la 
mort  de  l'ancien  représentant  du  gouvernement  belge  à  la  cour  de  Sofia.  Ce 
document,  daté  de  Stara  Zagora,  où  le  roi  Ferdinand  se  trouvait  au  milieu  des 
opérations  de  la  guerre  des  Balkans,  est  ainsi  conçu  :  «  Douloureusement  ému 
du  décès  de  votre  estimé  et  regretté  père,  qui  fut  toujours  pour  moi  et  mon  pays 
un  ami  éclairé  et  fidèle,  je  vous  exprime  mes  profondes  et  sincères  condoléan- 
ces. »  Ferdinand  roi. 

M.  Pety  de  Thozée  était  membre  de  notre  Institut  et  de  nombreuses  sociétés 
scientifiques  de  Belgique  et  de  l'étranger.  Il  laisse,  ainsi  qu'on  peut  en  juger 
par  la  bibliographie  ci-dessous  de  nombreux  travaux  de  littérature,  d'histoire, 
d'archéologie,  de  numismatique  et  de  récits  de  voyage  dont  quelques-uns  datent 
de  l'époque  où  il  terminait  ses  études  au  lycée  Louis-le-Grand. 

Retiré  de  la  vie  publique,  il  s'adonna  uniquement  à  l'étude  de  ces  questions  et 
peu  de  temps  avant  sa  mort,  il  publia  encore  certaines  notices  historiques  et 
numismatiques. 

Parmi  les  manuscrits,  il  laisse  de  nombreuses  notes  sur  les  comtes  de  Ghiny 
dont  il  avait  commencé  l'étude  il  y  a  plus  de  trente  ans.  P.  Th. 

Voici  d'après  la  «  Bibliographie  luxembourgeoise  »  de  M.  l'abbé  M.  Blum  ses 
publications  parues  sous  son  nom  et  sous  ses  différents  pseudonymes  : 

1.  Paul  Noël,  peintre  de  genre,  né  à  Waulsort,  1789  par  Jules  Petit.  Liège, 
1845.  —  30  p.  in-S"  avec  1  port. 

2.  Recherches  sur  l'histoire  monétaire  de  l'ancien  pays  de  Liège,  par  Jules 
Petit.  Bruxelles,  1847.  —  43  p.  in-8". 

2  a.  Recherches  sur  l'histoire  monétaire  du  pays  de  Liège.  Deuxième  tirage 
augmenté  d'une  lettre  sur  la  classification  des  monnaies  épiscopales  lié- 
geoises. Liège  1849.  —  VIII  -f  54  p.  in-8o. 

3.  Etudes  de  numismatique  liégeoise  :"  Une  trouvaille.  Liège  1847.  —9  p. 
in- 12  avec  1  pi. 

4.  Le  troubadour  liégeois  Henri  Delloye,  par  Jules  Petit.  Gand  1849.  —  12  p. 
in-8°. 

5.  Souvenirs  de  voyages  dans  le  pays  rhénan,  par  Gh.  de  Sainte-Hélène,  de 
l'ordre  du  Collier  d(»  St-Goar.  Liège  1849-1850.  —  3  vol.  de  214,  183  et 
176  p.  in-18". 


—     4fii      — 

6.  Notice  sur  l'église  de  Goninxheim,  par  Jules  Petit  de  Rosen.  Anvers  1850. 

—  13  p.  in-8°  avec  1  pi. 

7.  Catalogue  des  inéraux,  des  médailles  et  des  jetons  des  chapitres,  des  cor- 
I)orations  et  des  familles  de  l'ancien  pays  de  Liège.  Bruxelles  1860.  —  26 
p.  in-8°. 

8.  Catalogue  des  médailles  et  des  jetons  historiques  de  l'ancien  pays  de  Liège. 
Bruxelles  1851.  —  24  p.  in-8°. 

9.  La  bibhothèque  de  Bossuet,  Gand  1851.  ~  3  p.  in-8". 

10.  Le  tombeau  de  la  première  reine  des  Belges.  (Liège  1851).  —  7  p.  in-S". 

1 1 .  Fragments  d'une  description  historique  et  archéologique  de  l'église  Notre- 
Dame  de  Tongres.  Liège  i852.  —  20  p.  in-8". 

12.  Numismatique  liégeoise.  Abbaye  de  Saint-Hubert.  Liège  1852.— 7  p.  in-8°. 

13.  Description  d'un  evangéliaire  du  trésor  de  Notre-Dame  de  Tongres.  Liège 
1852.  —  10  p.  in-8<' 

14.  Sur  la  restauration  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Tongres.  Gand  1853.  — 
14  p.  in-8°. 

15.  De  Paris  à  Meaux,  par  Ch.  de  Sainte-Hélène.  Liège  1853.  —  40  p.  in-8°. 

16.  Courte  notice  sur  Notre-Dame  de  Walcourt,   par  Ch.  de  Sainte-Hélène. 
Namur  1854.  —  27  p.  in-8°  avec  une  pi. 

17.  Quelques  mots  sur  un  florin  d'or  anonyme  attribué  à  Englebertde  la  Mark, 
évêque  de  Liège,  par  J.  Petit  de  Rosen.  Liège  1854.  —  10  p.  in-8°. 

18.  A  propos  de  l'exposition  universelle  des  beaux-arts  MDGCCLV.  Liège  1855. 

—  67  p.  in-8". 

19-22.  Société  de  Saint-Vincent  de  Paul.  Conférence  de  Tongres.  Rapports  sur 
les  œuvres  des  années  1855  à  1858.  Tongres.  —  14,  8,  7  et  8  p.  in-8°. 

23.  .^.ntiquités  architecturales  de  la  Normandie.  Tongres  1856.  —  15  p.  in-S". 

24.  Mémoire  de  Barthèlemi  de  Vieillevoye,  directeur  de  l'Académie  des  Beaux- 
Arts  de  Liège.  Tongres  1858.  —  58  p.  in-8^ 

25.  Notice  sur  la  seigneurie  de  Dilsen.  Tongres  1864.  —  34  p.  in-8°. 

26.  Ulysse  Capitaine,  numismate  liégeois.  (Bruxelles  1871).  —  6  p.  in-8''. 

27.  Bibliothèque  d'Ulysse  Capitaine.  Liège  1872.  —  13  p.  in-12. 

Dans  nos  Annales  : 

28.  Faits  et  gestes  des  comtes  de  Chiny  par  Jean  d'Anly.  —  Tome  XVI,  année 
1884,  p.  205-224. 

29.  Archives  conservées  à  Saint-Léger.  —  Ibd.,  p.  225-230, 


—     4fi2      — 

III.—  M.  de  WariOD,  né  à  Meix-devant-Virton  le  16  mai  1852,  décédé  le  27 
octobre  1912  à  Vielsalm,  où  il  s'était  retiré  chez  ses  sœurs,  commissaire-voyer 
honoraire,  décoré  de  la  croix  civique  de  1'''  classe  et  de  la  médaille  commémora- 
tive  du  règne  de  Léopold  II,  descendait  d'une  ancienne  famille  noble  de  la  Lor- 
raine, ofi  elle  possédait  la  seigneurie  de  Villers-sous-Barcy.  Il  exerça  d'abord  les 
fonctions  d'instituteur  successivement  à  Meix,  à  Tintigny  et  à  Villers-dt-Orval 
et  ensuite  celles  de  Commissaire-voyer  à  Arlon  et  à  Houâalize.  Ses  penchants 
pour  le  dessin  et  pour  les  mathématiques  lui  avaient  ouvert  et  fait  choisir  cette 
dernière  carrière,  mais  à  ses  heures  de  loisir  il  s'occupait  aussi  d'antiquités  et  de 
bibliognostie.  M.  le  D'"  Lomry  et  M.  Morhet,  pharmacien,  célébrèrent  en  deux 
discours  les  vertus  de  cet  homme  de  bien  à  son  enterrement  qui  eut  lieu  à 
Vielsalm  le  30  octobre  1912. 

Les  armes  des  de  Warion,  alias  Vicarion,  étaient  «  de  gueules  à  fasce  d'ar- 
gent, accompagné  de  trois  annelets,  aussi  d'argent,  deux  en  chef  et  un  en 
pointe  ". 

IV.  —  Jean-Philippe-Jules  Déome,  dont  l'Institut  déplore  la  perte,  fut 
un  homme  admirablement  doué  sous  tous  les  rapports  etunedes  personnalités  les 
plus  marquantes  du  Luxembourg.  Il  était  né  à  Nivelet  (Assenois)  le  13  décembre 
1830,  fit  ses  études  au  séminaire  de  Bastogne  et  aux  universités  de  Louvain  et 
de  Bruxelles  et  vint  s'établir  comme  avocat  à  Neufchâteau,  où  il ^' unit  ses  desti- 
nées à  M^iie  Clémence  Hansez,  originaire  de  Bastogne.  Cette  union  resta  sans 
postérité. 

Ce  qui  distingua  cet  homme  doué  d'un  corps  robuste,  d'une  santé  de  fer,  d'une 
intelligence,  d'une  force  de  travail  et  d'une  mémoire  extraordinaires,  ce  furent 
ses  talents  d'avocat  et  de  practicien  particulièrement  au  courant  des  choses  de  la 
procédure.  C'est  ce  qui  ressort  de  l'article  nécrologique  que  lui  consacra  la 
plume  vigoureuse  et  alerte  de  Bast  dans  le  journal  «  l'Action  »  et  des  nombreux 
discours  prononcés  au  tribunal  avant  la  levée  du  corps  et  le  transport  à  l'église, 
à  la  mortuaire  et  devant  la  tombe.  On  y  relève  à  l'envi  son  caractère  charmant, 
son  affabilité,  son  langage  élégant,  son  habilité  d'avocat,  ses  goûts  artistiques, 
son  dévouement  et  son  abnégation,  sans  laquelle  il  aurait  certes  occupé  un  rang 
bien  supérieur  dans  l'échelle  sociale. 

La  confiance  de  ses  concitoyens  le  fit  entrer  au  conseil  communal  le  27  octo- 
bre 1863  et  trois  ans  plus  tard,  il  fut  chargé  des  fonctions  d'échevin.  Il  présida 
le  conseil  comme  Bourgmestre  les  dix  dernières  années  de  sa  vie,  à  partir  du  31 
décembre  1903.  Il  fut  également  membre  du  Conseil  provincial  où  il  fut  honoré 
de  la  vice-présidence. 

Le  Roi  reconnut  ses  services  en  le  nommant  Officier  de  l'Ordre  de  Léopold. 


—     463     — 

Le  20  novembre  1899,  un  autre  arrêté  le  nomma  membre  correspondant  de  la 
commission  royale  des  monuments.  Ce  choix  était  heureux.  Dans  ce  brillant 
avocat  se  cachait  une  âme  d'artiste.  Il  était  fin  connaisseur  en  œuvres  d'art, 
surtout  en  peinture.  Lui  même  conduisait  le  pinceau  avec  amour  et  habileté. 
Nous  regrettons  vivement  de  n'avoir  pu  nous  procurer  au  moins  la  liste  de  ses 
œuvres.  Ses  portraits  surtout  ont  de  la  distinction.  L'Institut  possède  de  lui  ceux 
de  Mathieu  Lambert  de  Champion  (copie),  de  Nestor  Martin  et  de  M.  Tandei, 
dont  il  lui  fit  cadeau.  Il  restaura  encore  pour  la  société,  en  vrai  amateur  désinté- 
ressé, les  portraits  des  abbés  d'Orval,  Montgaillard  et  Freymuth.  Sa  belle  intelli- 
gence prit  l'essor  vers  l'autre  monde  le  20  septembre  1913. 

L'inhumation  eut  lieu  à  Neufchâteau  le  23  au  milieu  d'une  affluence  extraor- 
dinaire de  la  population. 

F.  L. 


Liste  des  Membres. 


A  la  liste  des  membres  pabliée  à  la  tin  du  volume  précédent  (1912),  il  laut 
ajouter  les  noms  des  trois  membres  nommés  à  l'assemblée  générale  de  1912, 
bien  involontairement  omis  : 

M.  le  baron  Herman  de  Pitteurs,  avenue  Rogier,  17,  Liège. 
M.  l'abbé  Aloys  Vath,  curé  à  Nobressart  (Arlon). 
M™^^  Victor  Scheuer,  rue  Potagère,  55,  Bruxelles. 

Il  faut  ajouter  encore  les  noms  des  18  membres  nommés  à  l'assemblée  générale 
de  1913,  voir  page  454  de  ce  volume. 

Les  changements  d'adresse  des  noms  suivants  sont  à  noter  : 

Claude,  curé  à  Nothomb  (Attert). 
Dauby,  professeur,  rue  de  Louvain,  7,  Tirlemont. 
Dordu  (Madame),  rentière,  rue  de  Neufchâteau,  14,  Arlon. 
François,  directeur  des  contributions  à  Namur. 
de  Gerlache  de  Gomei-y,  abbé,  à  Nieuwkerke  (Waes). 
Jacques  Gustave,  industriel  à  Vielsalm. 

Jaurain  D  ,  inspecteur  de  la  voirie  vicinale  à  Bernimont  (Lavaux). 
Kinsbergen,  capitaine  au  10"^  de  ligne  à  Namur. 
Lambin  Armand,  docteur  en  droit  et  candidat  notaire  à  Houffalize. 
Lecomte  E.-.J.,  lie.  en  droit  canon,  curé  à  Samrée. 
Mathieu  H.,  curé  à  Laforèt  (Vresse). 

Schweisthal,  bibliothécaire  du  Roi,  chaussée  St-Pierre,  183,  Etterbeek- 
Bruxelles. 

Sont  à  rayer  de  la  liste  des  membres  : 

1**  Les  noms  des  membres  décédés,  voir  nécrologie,  p.  457-463  de  ce  volume. 

2"  Les  inembres  démissionnaires  : 

Barthel,  curé  à  Marcourt  (Laroche). 

Les  Bulles  (administration  communale). 

Origer,  conseiller  provincial  à  Autelbas. 

Schaack,  contrôleur  des  accises,  maison  communale,  Laeken. 

Smet,  lieutenant  au  10*^  de  ligne  à  Arlon, 

ainsi  que 
M.  l'abbé  Genin  J.-C,  curé  à  Mirwart. 


DONS  EN  1912-1913. 


Ministère  des  Sciences  et  des  Arts. 

—  H.  Van  der  Linden  et  H.  Obreen.  —  Album  historique  de  la  Belgi- 

que, précédé  d'une  préface  de  H.  Pirenne.  Bruxelles,  Van  Oest, 
1911,  petit  in  4»,  ill. 

—  BuFFiN,  baron  Camille.  —  Mémoires  et  documents  inédits  sur  la 

Révolution  belge  et  la  campagne  des  dix  jours  (1830-1831),  recueil- 
lis et  annotés  par  le  baron  Gam.  Buffin.  Bruxelles,  Kiesling,  1912, 
2  vol.  in  12. 

—  Mémoires  du  Comte  de  Bray,  publiés  par  le  colonel  F.  de  Bray.    — 

Introduction  d'Ernest  Daudet.  —  La  Révolution  française  et  la 
politique  des  puissances  européennes,  Brux.  Goemare,  1911,  in  8°. 

—  A.  Verkoeren.  —  Inventaire  des  Archives  de  Belgique.    —  Chartes 

et  cartulaires  des  duchés  de  Brabant  et  de  Limbourg  et  des  Pays 
d'Outre-Meuse.  Bruxelles,  Hayez.T.  IV  et  V,  1912  et  1913. 

—  Gapart,  Jean.  —  Une  rue  de  tombeaux  à  Saqqarah.  Bruxelles.  Vro- 

mant  1901,  1  v.  in  4°  de  texte  et  1  v.  in  4°  de  pi.,  2. 

—  René  Dubreucq,  membre  du  conseil  colonial.  —  A  travers  le  Congo 

belge.  Récit  de  voyage  de  Banana  à  Katanga.  Brux.  1*^'  juillet 
1907,  nomb.  ill. 

—  Bautier,  Pierre.  —  Juste  Suttermans,  peintre  des  Médicis.   Brux. 

Van  Oest,  1912,  in  18». 

—  Beets,  N.,  attaché  au  cabinet  des  estampes  d'Amsterdam.  —  Lucas 

de  Leyde.  Bruxelles,  Van  Oest,  1913,  in  18. 

—  Pierron  Sanders.   —  Les  Mostaerts  ;   Jean   Mostaert  dit  Maire 

d'Oultremont,  Gilles  et  François  Mostaert,  Brux.  Van  Oest,  in  18. 

—  Gloquet,  L.  —  Les  artistes  wallons.  Brux.,  Van  Oest  1913,  in  12. 

31 


—     466      — 

—  Comte   d'ARSCHOT-ScHOONHOVEN.    —    Epitaphier    de    la    famille 

d'Arschot,  avec  une  préface  de  M.  de  Ridder.  —  N"  163.  —  ArloD, 
Brùck,  1913,  in  4°  ill. 

Ministère  db  la  Justice. 

—  Recueil  des  ordonnances  des  Pays-Bas.  Règne  d'Albert  et  d'Isabelle 

1597-1621.  —  Tome  II  contenant  les  actes  du  8  mai  1609  au  14 
juillet  1621,  p.  16,  Victor  Brants.  Bruxelles,  Goemaer,  in-fol. 

—  Bulletin  de  la  commission  royale  des  anciennes  lois  et  ordonnances 

de  Belgique,  vol.  IX,  fasc.  8  et  0. 

Conseil  provincial  de  Namur. 

—  L'administration  et  les  finances  du  comté  de  Namur  du  XIII«  au  XV* 

siècle.  Source  IV.  Chartes  et  règlements  publiés  par  D.-D.  Brou- 
wers.  Namur,  Wesmael-Gharlier,  1813  —  12. 

D""  G.  Dufort. 

—  Rapport  sur  l'uniformisation  des  bases  de  la  statistique  de  la   mor- 

talité enfantine.  Bruxelles.  Ext.  du  Moniteur  belge  1913,  17  p. 

Louis  Bossu,  Procureur  de  la  République  à  Reims. 

—  1)  La  maison  d'Anneville  de  l'ancienne  chevalerie  Lorraine.  Paris. 

Alphonse  Picard  1912,  12  p.  in-12. 

—  2)  La  famille  des  Marino,  id.  52  pp. 

—  3)  La  prophylaxie  de  la  peste  en  Barrois  vers  l'an  1500.  Paris,  Alph. 

Picard  1913,  10  pp.  in-8°. 
Lucien  Roger,  à  Hayange,  un  volume  renfermant  : 

—  1°  Recherches  sur  la  préparation  que  les  Romains  donnèrent  à  la 

chaux,  par  M.  delà  Paye.  Paris,  Imp.  royale  1777,  83  pp. 

—  2"  Recherches  sur  la  pouzzolane,  sur  la  théorie  de  la  chaux  et  sur  la 

cause  de  la  dureté  du  mortier,  par  M.  Faujas   de  Saint-Fond. 
Paris,  Nyon  1778,  125  pp. 

—  3'"  Recherches  sur  l'art  de  voler  depuis  la  plus  haute  antiquité  jus- 

qu'à ce  jour  par  M.  David  Bourgeois.  Paris,  Cuchet  1784,  143  pp. 

LoES  François,  curé  à  Hondelange. 

—  Pitiscus  Samuel.  —  Lexicon  antiquitatum  romanarum.  Hayae  Comi- 

tum,  Petrus  Goosse,  1737,  3  vol.  in  fol.,  rel. 

—  Dictionnaire  universel  français  et  latin  dit  de  Trévoux.  Paris,  Veuve 

Delaune,  1743,  6  vol.  in  fol.  rel. 


—      467     — 

LÉOPOLD  Halbardier  à  Schoppach. 

—  Trouvailles  faites  dans  leur  champ  de  Hohgericht  : 

Un  fond  d'urne  provenant  d'une  tombe  romaine  et  renfermant  5 
médailles,  5  fibules,  les  débris  d'un  miroir,  un  cachet  et  un  large 
couteau. 

Les  débris  de  poteries  dont  12  pièces  habilement  reconstituées  [par 
M.  l'abbé  Gh.  Dubois. 

MuscHANG  Bosseler  de  Hondelange. 

—  Une  ancienne  balance  romaine  à  fléau  en  bois. 
M.  l'abbé  Claude,  curé  à  Nothomb. 

—  Une  pièce  d'un  demi  franc  de  Napoléon  I. 

Que  cette  liste  serve  en  même  temps  d'accusé  de  réception  et  de  marque  de 
gratitude  de  la  part  de  l'Institut  aux  généreux  donateurs. 

P.  L. 


Table  des  Matières. 


PAGES 

L.  Roger.  —  Additions  aux  Communes  luxembourgeoises  ou  Mé- 
langes historiques,  toponymiques  et  folklo- 
riques     1  à  44 

Id.  Varia.  —      I)  Vieilles  Chansons 45  à  57 

II)  Jean  de  Médy 57  à  58 

III)  A  propos  de  Tranchîre 58  à  62 

Am.  de  Leuze.  —  Franc- Alleu  de  Bérisménil 63  à  76 

Jules  Vaonérus.  —  La  Famille  de  Welchenhausen  et  les  Seigneurs 
de  Noville-lez-Bastogne  et  de  Laval-lez-Re- 

magne  (Suite  et  fin) 77  à  212 

J.-B.  Douret.  —  Matériaux  pour  la  Bibliographie  du  Luxembourg  .        213  à  351 
Emile  Diderrich.  —  Inventaire  analytique  de  quelques  documents 
déposés  aux  archives  du  Château  de  Bettem- 

bourg 353  à  368 

E.  Letain.  —  Compte  seigneurial  des  Recettes  et  des  Dépenses  réa- 
lisées en  la  Terre  et  Seigneurie  de  Neufchâ- 
teauet  duBandeMellier  en  l'an  1764.     .     .       369  à  400 
Jacob-Duchesne.  —  Miettes  historiques  : 

I)  Massart,  le  maître  d'école  de  Florenville 

(1793) 401  à  404 

II)  Les  Réquisitions  françaises 405  à  408 

III)  Gérouville 408  à  409 

Varia.  —  Fouilles  et  trouvailles  faites  à  Arlon  et  dans  la  Pro- 
vince : 

1)  R.  et  EuG.  Mâlget.  —  Les  Etablissements  gallo- 

romains  de  la  Haute-Sûre 410  3  420 

2)  D*"  Th.  Delogne.  —  Le  Château  de  Montragu  à 

Frahan 421  à  423 


—     470     — 

PAGES 

3)  F.  Lobs.  —  I^  Mardelle  de  Rulles    ....  424  à  438 

4)  »  Fouilles  au  lieu-dit  «  Vieille  Eglise  » 

près  de  Rulles 438  à  441 

5)  "  Trois  Mardelles  à  Freylange  et  une  à 

Viville •  441  à  442 

6)  "  Fouilles  d'un  cimetière  franc  à  Godin- 

court  près  de  Musson 442  à  445 

7)  «  Le  Cimetière  Romain  du  Hohgericht 

en  face  de  la  Station  d'Arlon.     .     .  446  à  447 

8)  »  Le  Cimetière  Romain  des  Quatre-Bras 

à  Arlon 447 

9)  "             Le  Tomberg  et  le  Landgrof.     .     .     .  448  à  452 
F.    Locs.    —  Assemblée  générale  du  24  août  1913 453  à  456 

Nécrologie  de  1912-1913 457  à  463 

».  Liste  des  Membres 464 

».  Liste  des  Dons 465 


4H 


PLANCHES 


PAGE 

i)  Portrait  de  S.  A.  R.  Madame  la  comtesse  de  Flandre    ...  l 

2)  La  Maison  gallo-Romaine  «  Im  Bodem  »  à  Bigonville  (Bongeref)  411 

3)  La  ferme-laiterie  gallo-Romaine  «  Im  Bodem  ».                 .        .  413 

4)  La  villa  gallo-Romaine  des  Gisenvichterchen  au  lieu-dit   «  In  der 

Mecher  «  près  de  Boulaide 415 

5)  Le  Château  de  Montragu  à  Frahan 421 

6)  La  Mardelle  de  Rulles 432-433 

7)  Substructions     romaines   lieu-dit    «  Vieille  Eglise  «  (RuUe)     .  440 

8)  Cimetière    franc  de    Godincourt  (Musson)   dans   le    chemin    de 

M.  Steinbach,  lieu-dit  «  Au-dessus  de  la  Chapelle  »       .  443 


Wmbourg,   Arlon,  Belgium 


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