Full text of "Annales"
-»-.
IISÎ
m
m
n
Ulli^
jj
11
DU
LUXEMBOURG,
ANNALES.
N.B L'Institut n'est responsable d'aucune des idées et des opinions émises par ses membres:
il se borne à les publier, lorsque les documents lui paraissent dignes de voir le jour
rH" mmimm:mBz
-mrmM'^
ANNÉE 1912.
Prix: 7.50.
Arlon. - Imprimerie & Lithographie F. Bruck.
1912.
i n n m ï
m ^» ê
W f
y y lui
fj **
DU
LUXEMBOURG.
m
1 1
m
m
1
Jl
Li
1
DU
LUXEMBOURG.
ANNALES.
N.B L' Institut n'est responsable d'aucune des idées et des opinions émises par ses membres
il se borne à les publier, lorsque les documents lui paraissent dignes de voir le jour.
i^mm. M^ :sk: m:^ ^wl/' :
ANNEE 1912.
Prix : 7.50.
■^^
m^éu
n9(^
Arlon. - Imprimerie & Lithographie F. Bruck.
1912.
T'A) •
IMP. F BRUCK
Les Eneilles à travers les Ages
PAR
l'abbé E. GONROTTE
Curé d'Eneille
Docteur en Philosophie et Lettres
Ancien professeur de rhétorique au Séminaire de Bastogne.
SOURCES.
Le fonds de Neufmoustier^ aux archives provinciales de Liège, mis à ma
disposition par les archivistes Léon Lahaye et Armand Tihon, à qui j'adresse
mes remercîments ainsi qu'aux personnes qui m'ont fourni des documents : M. le
Juge Fabri, d'Eneille ; M. Eugène Haverland, à Virton ; Madame de Favereau, de
Grandhan ; M. le Juge de Gerlache, de Durbuy.
Un diplôme de Charles le Gros, — mélanges Kurth — par Léon Lahaye.
Vaillant, Liège.
Histoire de Laroche et Durbuy. A. de Leuze. Arlon, Briick.
Histoire dJAuvelais et d'Arsimont. Abbés Glausset et Mauclet. Namur,
Servais.
Bulletin du Dictionnaire général de la Langue wallonne. Vaillant,
Liège, 1907, et Annuaire de la Société Liégeoise de Littérature wallonne.,
1908 : Les monnaies et les mesures anciennes au pays de Liège, par
Lequarré.
'Le stock d'Eneille et les actes de la Cour d'Eneille, 2 manuscrits conser-
vés au château de Grandhan.
— 2 —
La Famille de Lailtvc, par le R. P. de Gerlache S. J. (les Brialmont).
La Famille van de)' Sêraien, par Piot.
Les Communes luxembourgeoises , par Emile Tandel.
Les registres de la commune et de la cure de Grandhan.
Les archives de Petite-Somme, conservées à Somrne-Leuze.
Les archives de la cure d'Eneille, comprenant :
r « Un registre de rente appartenant à l'englis de Sent Margarit commen"
sant^al Sens Andri 1510 », écrit en français de l'époque, fortement influencé par
le parler local, 1510-1540.
2" Un fragment du registre des baptêmes, 1605-1627.
3" Un registre des hypothèques, cens et rentes dûs à réalise d'Eneille,
1665-1752.
4'» Un registre idem de 1746 à 1827 et 1722 à 1783.
5*» Deux registres des anniversaires de la paroisse, 1668-1702 et 1770.
6" Un formulaire d'actes publics en français ou eyi latin à Cusage du
curé Le Charpentier .
7° A partir de I79d, les registres des baptêmes, des mariages, des
défunts, et les registres de la Fabrique depuis 1808.
8° Une série de testaments, de transports, d'actes de mariage, etc.^
depuis 1623.
Histoire numismatique du Comté, puis Duché de Luxembourg et de ses
fiefs, par Edouard Bernay s et Jules Vannérus. Bruxelles. Hayez, 1910.
Les Annales de la Société archéologique de Namur, tome XX% 1894.
Les premiers siècles de l'abbaye de Stavelot-Malmédy , par J Yernaux.
Liège. Gormaux, 1911.
Tous les détails qui ne sont pas renseignés autrement se trouvent aux ar-chives
d'Eneille.
CHAPITRE 1er.
TOPOGRAPHIE,, HâMEAUE, CHEMIMB ET
LIEOX DITS.
§ I.
Situation et Population.
La paroisse des Eneilles, au pays de Durbuy, dans la jolie ceinture des collines
qui l'enveloppe, — eneîlei, dirait le grec, sans aucune prétention étymologique —
est une des plus antiques localités du Luxembourg septentrional, enclavée dans
la province de Namur, qui lui refuse passage, et séparée du reste de l'univers
par VEau d'OioHIie, au lit profond et large. C'est une section de la commune de
Grandhan. Située à 8 kil de Durbuy, à 12 de Marche, elle est bornée au sud
par les communes de Baillonville, de Noiseux, de Fronville, à l'est par le terri-
toire de Grandhan ; de Petite-Somme et de Somme-Leuze au nord ; de Heure et
de Baillonville à l'ouest. Elle est desservie par la poste de Durbuy, par les gares
de Barvaux (il kil ) et de Melreux (9 kil.), par la malle-poste de Melreux-Noi-
seux-Haversin, et par le téléphone à la Barrière de Grandhan (4 kil.) Son terri-
toire mesure 581 hectares, 76 ares, 79 centiares, dont 77 hectares, 77 ares et
20 centiares de bois d'afiouage.
Dans son lamentable isolement, sans chemin praticable vers Noiseux, sans
pont sur rOurthe, sans relations vers le nord, la population d'Eneilles est en
décroissance chaque année. Elle comptait 247 habitants en 1891 pour 49 ména-
ges ; le recensement de 1910 n'en porte plus que 209, répartis en 55 ménages.
11 y a 27 enfants en âge d'école, une trentaine de célibataires au-dessus de trente
ans, deux naissances en moyenne par an, quand on en trouve 17 en 1845,
— 4
Orographie.
De la route de Monteuville à Grandhan, le seul point d'où les deux Eneilles
étalent leur coquetterie aux regards du touriste, Grande Enellle, à l'ouest, appa-
raît au fond d'une vaste plaine (176 m. d'altitude), avec sa vieille église aux
flancs du Fromental (186 m.) et sa couvée de petites maisons blanches, éche-
lonnées le long de la route, qui grimpe péniblement vers les sommets du Oros-
thie?"; séparée de Petite Eneille par le fer à cheval boisé du thier de Base (230
m.) au bout duquel s'éparpillent à l'est, sur la déclivité du plateau découvert, les
chaumines, les fermes et le château. •
Le reste du territoire, au nord, forme un larçe dos d'âne, raviné en cent
endroits et mamelonné à souhait pour le plaisir des yeux, fermé à l'ouest par le
bois d'Eneille et donnant naissance à maints ruisselets, à maints torrents, qui,
aux jours de grandes pluies, se précipitent en grondant, de cascade en cascade,
dans la courbe majestueuse de VOurthe.
Pliol. Eug. Ilavcriand.
L'Ourtlie à Eneille. — Au fonii : Grande Eneille.
5 —
Hydrographie.
L'Ourthe, au midi, fait limite entre les provinces de Luxembourg etdeNamur
sur l'espace de 500 niètres, entre les territoires de Noiseux, Fronviile et Eneille.
Elle y présente régulièrement 10 mètres de largeur, coulant de l'ouest à l'est,
tantôt gazouillante et rapide sur ses cailloux nacrés, tantôt dormante et perfide
au-dessus d'insondables gouffres ; partout bordée de touffes de saules, de joncs,
d'iris.
Autrefois, l'Ourthe était navigable jusqu'aux Eneilles, qui avaient dans la
baie des Lelches, un port minuscule très commode pour le ravitaillement du
pays, par les bateaux venant de Liège, Barvaux et Durbuy.
La limite namuroise, au sud et à l'ouest est formée par l'Ourthe, le ruisseau
des Sourdants, les rys de Villemonl et des Fonds de Braye, qui dessinent de
façon si originale sur les cartes de Belgique l'arrête externe de ce long pied de
nez que la province de Luxembourg fait éternellement à son ingrate sœur jumelle
de Namur, en sa pauvre terre bloquée des Eneilles. Moins connu des géographes
et presque mort-né, le ruisseau du Tronleux, à Grande Eneille, tire son filet
d'eau claire de la fontaine du Tronleux, et dégringole au plus vite dans le ruis-
seau des Sourdants, à cinq cents pas de sa source, après avoir recueilli le trop
plein de la fontaine Ste-Marguerite, si poétique derrière son cadre de haies vives,
et raccordée au presbytère par la voie souterraine d'un vulgaire tuyau de plomb
à jet intermittent.
Petite Eneille a de l'eau à profusion, à fleur de côte, avec ses sources d'eau
pure, ses étangs fangeux, aimés de la tanche ; ses mares aux canards, ses ruis-
selets sans nom, ravinant à d'énormes profondeurs les terres et le parc du châ-
teau, pour aboutir dans l'Ourthe en deux versants, celui d'Eneille et celui du
Chène-à-Han, notamment par l'embouchure du grand Ry, au passage d'eau entre
Eneille et Grandhan.
Nature du sol.
Productions minérales, végétales, animales.
Nous devons à notre excellent ami M. Eugène Haverland la notice suivante
d'après les levés, tracés et légendes de MM. Maximilien Lohest et Michel
Mourlon :
- La plus grande partie du scus-sol d(s detx Eneilks est constitué par
l'Assise dite de iMarieinbourg du Famennien inférieur. Cette assise se compose
de schistes souvent violacés avec psammiles à Rhynchonella Dumontî, fossile
dont on trouve de nombreux gisements, particulièrement le long de la route de
Grande Eneille à Petite Eneille. Cette assise est comme enveloppée par un
vaste fer-à-cheval dont les branches se développent suivant une direction NW,
N, NE, E et S E et qui est formé par l'Assise de Senzeilles, assise inférieure à
la précédente, du même Etage Famennien. L'Assise de Senzeilles est composée,
(aux Enneilles) de schistes, souvent verdâtres et noduleux, Rhynchonella
Omallusi, fossile dont on rencontre de nombreux exemplaires dans toute cette
partie du territoire. Dans toute la branche septentrionale de ce fer-à-cheval se
trouve également le Cirthia Murchisoniana.
Parallèment à cette même branche, et encore plus au nord, s'étend, suivant
une direction S W — N E, une large bande de schistes, dits Schistes de
Matagne ou de Barvaux, foncés, très feuilletés, à Cordiola retrostriata et
petits Qoniatites ferrugineux. On y trouve aussi Chonefes armata et la
variété à ailes allongées du joli Spirifer Verneuilli. En fait de minéraux, la
pyrite ou sulfure de fer.
L'extrémité d'une autre bande de ces mêmes schistes se montre au Nord-Est
de Petite Eneille.
Quant au sol, il se compose, sur les hauteurs et sur les pentes, de détritus et
éboulis des roches sous-jacentes ; sur les plateaux, d'un peu de Umon ; dans le
fond des vallées, d'une large et forte nappe d'alluvions appartenant au quater-
naire supérieur ou moderne. »
Il y a quelques années, on a retiré, des alluvions des bords de l'Ourthe, un
tronc d'arbre, noir comme ébène, lequel a servi à construire un bois de lit, que
l'on peut voir chez Justin Lecomte de Petite Eneille.
Le sol d'Eneille est argileux dans les parties basses, particulièrement dans les
prairies, où, plusieurs fois l'année, l'Ourthe déborde et laisse son jaune limon,
au grand détriment des foins, qui trop souvent d'ailleurs s'embarquent d'eux-
mêmes pour Maestricht; le sol est à base de schiste, à peine recouvert d'une
mince couche d'humus sur les hauteurs et formant çà et là des rochers à pic,
qui se désagrègent sous l'action des eaux et croulent en masses énormes dans
les ravins et les fossés. Au nord-est sur la limite de Somme-Leuze, on exploite
une carrière de marbre rouge, malheureusement trop friable pour la statuaire,
mais excellent pour recharger les routes et faire de beaux pavements. Non
loin de là, commence la zone calcareuse : les pierres grises de Côreux sont
bonnes pour la bâtisse.
Fertile dans la plaine et sur le versant des collines exposées au midi, le
territoire d'Eneille est très aride sur les plateaux dénudés. Les années de séche-
resse y sont des années de famine : tout y brûle dans l'argile durcie ou dans le
schiste ingrat. Le salut est dans les pluies abondantes. D'après un fermier du pays,
«« en été il faudrait ici de la pluie toute la nuit et du brouillard toute la journée ».
Dans ces conditions humides, tout y pousse, gras pâturages et belles céréales ;
seulement, attention aux caprices de l'Ourthe ! Les arbres fruitiers y donnent
des produits de la meilleure qualité. Dans les bois dominent le chêne et le hêtre ;
dans les terrains vagues, les genêts, la bruyère, qui reculent de plus en plus
devant les plantations d'aulnes, de bouleaux, de sapins. Sur les rochers et dans
les fondrières, il y a de fantastiques entrelacements de ronces aux mûres trucu-
lentes ; et partout des revêtements de mousses piquées de fleurs aux brillantes
corolles, parmi lesquelles je signale à l'attention des botanistes : le corydale, le
cynoglosse, la dame d'onze heures, le calamus, l'ail des ours, la digitale jaune,
et ce feu d'artifice perpétuel de l'œillet des Chartreux, à travers les lames
schisteuses.
Dés les premiers jours du printemps, le paradis d'Eneille s'anime de mille
chants d'oiseaux, et comme dans le bois sacré de Golone — c'est en la Grèce
antique — « les nombreux rossignols aux nombreuses ailes, comme dit Sophocle,
y chantent nuit et jour ". Ce qui frappe le plus l'étranger qui vient à la belle
saison goûter la sohtude d'Eneille, c'est la multitude infinie d'oiseaux de toute
taille et de tout cri, depuis le héron et le canard sauvage jusqu'au merle chan-
teur et au roitelet-colibri.
La chasse d'Eneille est renommée. Cinq gardes locaux en défendent l'entrée
aux profanes. Les lapins pullulent et pilulent dans les bois, les talus, les jardins ;
les compagnies de perdreaux y courent sur les routes comme les poussins dans
les rues ; le lièvre y est à l'aise ; le faisan tient bien dans nos bois. Le renard, la
belette, la fouine, le putois connaissent nos poulaillers. Le blaireau dort sous les
côtes ensoleillées, où se réchauffent et se jouent, dans la sonorité des feuilles
sèches, l'orvet et le lézard. La mouche de Saint-Jean sillonne nos nuits d'été
avec sa lanterne d'acétylène.
La pêche est une des meilleures qui soient depuis la source et le confluent des
deux Ourthes, jusqu'à la Meuse ; mais le poisson y est avisé, capricieux. Certains
jours, il se donne sans réserve aux professionnels de la ligne : on dirait un suicide
en masse décidé par la république des eaux. Ces jours de liesse sont rares et l'on
ne peut pas dire que la ligne nourrisse son homme, malgré la multitude de poissons
de toute espèce dans une pèche louée et bien gardée. Les locataires eux-mêmes
y font de rares apparitions ; tandis que les lignards de Noiseux, de Marche et de
Liège, ne laissent point passer un jour de pêche légale, sans venir, même au
cœur de l'hiver, guetter le saumon, le brochet, la tanche, la perche, la truite,
le barbeau, le liautus, le clievenne, la brème, l'anguille et le menu fretin, chaque
espèce selon sa saison.
Climatologie.
Le climat d'Eneille est double : rude sur les sommets (230 m.) exposés à la
bise ; doux, mais traître dans la vallée (176 m ), à cause des courants d'air et des
brouillards de l'Ourthe. L'hiver, c'est un spectacle curieux à observer des hauteurs
du Gros-Chêne (350 m). Derrière vous, le plateau uniforme du Gondroz ; en
face, l'Ardenne toute blanche, sur un vaste horizon elliptique, depuis Perrière,
par St-Roch, Erezée, Samrée, Nassogne, jusqu'à Marloie etHaversin, à une dis-
tance rayonnante de 7, 10 et 5 lieues, à l'est et au sud : telle la vallée du Rhône
vue de Leysin. Au loin — j'allais dire le Mont Blanc calme et majestueux
(Labiche) — au loin donc, la ceinture de neige sur la haute Ardenne et sur la
déclivité des pentes ; et tout au fond de la cuve, Grandhan et les Eneilles avec
leurs prairies toujours vertes. Car la neige y dure peu, et le moindre rayon de
soleil y a des réverbérations intenses. Ecoutez ce récit merveilleux transcrit in
perpetuam rei memoriam par le curé Randollet :
« Le 30 novembre 1771, jour de Saint André, apôtre, on a cueilli des fraises
dans le bois du Ghayneux, entre les deux Eneilles. Elles étaient aussi bonnes et
bien mûres qu'en été ; et ce même jour il faisait aussi chaud et beau serein, sans
la moindre gelée, qu'aux plus beaux jours d'arrière-saison. Enfin, de mémoire
d'homme on n'a vu une si belle année. Depuis le printemps jusqu'à ce jour, il a
fait constamment le plus beau temps qu'on puisse désirer, c'est-à-dire une tem-
pérature assez chaude, sans sécheresse, de temps en temps rafraîchie par de
bonnes pluies et fortes rosées. Aussi, il y a près d'un mois que l'on a vu dans les
wassends semés au commencement de septembre, les premiers montants noués,
et généralement les grains sont de toute beauté. Ils sont même trop beaux. Dieu
veuille les conserver. Ita est «. Randollet.
L'année 1911a bien marqué ce que vaut le sol d'Eneille en temps de sécheresse.
Les gelées de mai, malgré les pluies qui ont suivi, n'ont permis qu'une demi-
récolte de foins. Les chaleurs tropicales de juin-octobre ont donné de la qualité
aux céréales et à toute espèce de fruits, quand ils n'ont pas séché sur les arbres.
Les regains ont manqué ; les pommes de terre cuisaient dans le schiste, où
beaucoup d'arbres et d'arbustes sont morts de soif. L'automne fut piteux de
décors et de produits :
" apricis coquitur vindemia saxis ".
— 9
§ IL
Hameaux, Chemins et Lieux-dits,
Deux hameaux forment la paroisse : Grande Eneille et Petite Eneille. A
Grande Eneille se rattachent Petite Noiseux, une maison seule, derrière le
ruisseau des Sourdants, au territoire de Noiseux (province de Namur) ; et Bois
d'Eneille, trois chaumières sur la route de Marche à Liège.
Grande Eneille est reliée à Petite Eneille par une route construite en 1883.
La route provinciale de Grande Eneille au Sainpont date de 1902. Elle fut décla-
rée provinciale en 1908, en prévision de son prolongement sur Noiseux.
C'est tout un poème en 24 chants que la construction de cette route d'Eneille
à Noiseux. Les Eneillais, 24 ans durant, l'ont réclamée en vain comme la voie
du salut. Un premier plan dressé en 1909 et se montant à environ 103,000 francs
pour les deux kilomètres qui nous séparent de la civilisation, fut rejeté par la
commune de Noiseux, qui ne trouve aucun intérêt à travailler pour le voisin.
Réduit de 20,000 francs par le conseil communal de Grandhan, il a été ainsi
approuvé par le ministre de l'agriculture. Nous sommes en 1912, et c'est toujours
entre Eneille et Noiseux le charme sans cesse renaissant des montagnes russes
aux giclantes ornières.
En attendant l'ouverture de l'année jubilaire — un jubilé de 25 ans d'espoirs
déçus — faisons le tour du territoire des Eneilles, et citons par ordre alphabé-
tique les lieux-dits, d'après le cadastre et les vieilles archives du presbytère.
A. En Abluhan ou Nabluhan (avec prothèse de n), l'Aire al Gôre (Gôre =
Coudrier).
B. So Base, al Basse Adam, al Basse Gaillard. (Basse = flaque d'eau) —
(Adam, Gaillard = noms de familles d'Eneille du 16^ siècle), A Baty Dewarre.
Au grand Battis. (Dewarre, nom de famille du 15® siècle) (Battis ou Baty= une
pelouse non fermée, au milieu ou à côté d'un village ; ainsi nommée parce que
l'herbe en est battue par les bestiaux ou les passants, dit le dictionnaire roman,
imprimé à Bouillon en 1742).
Li Bwès d'Eneille, li Bwès du seigneur (aujourd'hui : li Bwès del fontaine), al
boque du Bwès {Boche de Boys, en 1519), â bon Bonnî, è Bonihan ou Bonix-
hant, â solo de Bonihan, â Bouhon (1510) ^ au Buisson.
C. El Commune, eu a Gommina (anciennes terres de la communauté d'Eneille),
- 10 —
en Co?'iil, le Cot^lil du Colonel, le Corlil du Lion, le Cortil du château
dessous l'église, al Couley destruyt ylhe (1510), al creux Saint Pir, al rodje
Creux.
D. So Djoupré ou Djouprelle, les treus djournas.
E. E l'Enclos
F. Al Paye, dizo Pays, so les Fiefs ou so les Fys (anciens fîefs dépendant de
la cour féodale de Liège), e Fond d'Braye (Braye = fange), è Fond dé Trou dé
Bwés, Fond dé Bon Bonni, Fosse Djacque, Fosse Houtton ou Hotton, Fosse
Sie Marçarit {\ôiO), Fosse Zabay ou Zabeau ou Isabeau, {anciens noms
ou prénoms locaux), Fosse dé Tchayneux, Fosse délie rodje Creux, Fosse
des Leus, Fosse dé Mouni ou dé Molinay, en Frenu (1510).
H. So Halin, so Hasval ou Hasvâ, la Heppe (heppe = hache de charpentier,
dite épaule de mouton : ce terrain en a la forme).
L. a Léable, à Letches (laiches), So les lits (du moulin).
M. E Mardjai ou Margai (pré Margai = Margaritae), so Morimont, è
Mousty.
A^. E Naiveu (lieu où s'arrêtaient les bateaux, naves)), so Neitchet ou é
Neytchept ou é neye Tchet, au gros Nez CoUin.
0. A l'ovreux ou l'avreux (avec a sourd ; lieu où l'on refaisait les bateaux).
P. li Pasay dé Tchêne à Han, é setche Patchi, so 1' Plain d'Sâcire, so 1' Plain
délie rodje Creux {plain, opposé de fosse) au Péri de Tchêne à ^îan., é Pré du
Pont, é Pré Collard, Pré d'Mâtche (Marche), a Pré dé Cortil, li savadje Pré, â
Pré Péronne, Pré de Treylis {treillis) à l'encont de Cenglis (église)
( /5* siècle), è Pré à Baye.
Q So les Quoades (les Choades, en 1510) ou les Quartes en Abluhan.
/?. A Rays Collard, en Regnelée ou Regnerée ou sur le Rengle (1510),
Rondlchamps (champs disposés en rond, actuellement boisés), Ry d'Mardjai,
Grand Ry.
S. La saison du Pasay ou Paçeau ou délie Piedsente dé Tchêne à Han (saison,
terme agricole, désignant une certaine étendue de terrains semés des mêmes
produits). E Salcire ou Sâcire ou Saucier, al Saulx (lieu planté de saules), dizeu
Sâcire, è Sievâ ou Tchevâ.
7. Thier de Base ou de Basse (d'après ses flaques d'eau), so Texhée, Thier
de Croqs (Crocus ? il y croit en abondance une espèce de fleur de ce genre), è
gros Thier, è Tronleux (planté de tronles = trembles).
V. En Verontol (1510), a Vevy (vivier), âclôssés Voyes.
11 —
W. A Wayay ou Wea'js (1510), a Wé Pire ou Wez Pire (Pire, nom de
famille), a Petit Wayai ou Petit Wez (gué), au Grand Wayai.
Z È Zoupire ou Sous Pire.
CHAPITRE Jl
E PRÉHISTÛHIQPE,
L'époque préhistorique comprend l'âge de la pierre, l'âge du bronze, l'âge du
1er, selon que les hommes de ces époques lointaines employaient pour leurs
instruments le fer, le bronze ou la pierre.
Dans l'état actuel des sciences préhistoriques, il semble que l'âge de la pierre
se divise en
période éolithique (utilisation d'éclats naturels),
» paléolithique (pierre taillée),
» néolithique (pierre polie).
D'aucuns placent comme intermédiaire entre les deux dernières, la période
tardenoisienne.
La période éolithique semble n'avoir pas laissé de traces dans le Luxem-
bourg : d'après Rutot, l'homme utilisait les (apis naturels de sileœ, tels qu'il
les trouvait en certaines régions : Baraque Michel, vallées de la Sambre et de la
Meuse, pays de Mons, bassin de l'Ourthe inférieure, vers Tilflf. Le même auteur
pense que des peuplades éolithiques se seraient conservées jusqu'en pleine
période néolithique (populations dites fténusiennes).
Durant la période paléolithique, l'homme vit à l'entrée des grottes, se livre
à la pêche et à la chasse. C'est l'époque du manmouth, de l'ours des cavernes,
de l'hippopotame à narines cloisonnées, du renne etc. Eneille a certainement vu
l'homme paléolithique, qui a laissé des traces dans les grottes de la vallée de
l'Aisne et de l'Ourthe inférieure.
La période tardenoisienne voit apparaître, vers la fin de l'âge du renne,
une population pratiquant une industrie toute spéciale, composée de petits
instruments très délicats. A l'origine, elle vivait dans les grottes (Remouchamps),
puis paraît s'être transportée sur les plateaux, peut-être à la suite des crues et
- 12
Trois silex de la station néolithique du
Thier de Base. Grand, nat.
Rec. et del. Eug. Haverland, I9il.
(Musée de l'Inst. arch. d'Arlon;,
des inondations (plateaux de Remouchamps,de
la vallée de la Meuse, près de Rivière ; Gampine
limbourgeoise). On n'a pas jusqu'ici retrouvé de
traces, dans les environs d'Eneille, de cette
population qui devait être très paisible et vivait
de la pêche.
La période néolithique ou de la pierre
polie est caractérisée par les monuments
mégalithiques : dolmens, grands polissoirs,
pierres levées etc. L'homme vit principalement
sur les hauts plateaux à horizons étendus,
dans le voisinage des sources. Il utilise excep-
tionnellement les grottes, surtout pour les
sépultures. Il connaît la poterie, s'adonne à la
chasse, employant pour cela des pointes de
flèches à ailerons. Il y en a des traces a
Eneille : une petite station néohthique bien
caractérisée, au bout de l'allée de sapins qui
Plnjl. Edouard l'élit.
Le Dolmen de Wéri.'^
13 —
monte au thier de Bise, sur le plateau légèrement incliné vers le sud-est,
d'où l'on découvre très distinctement à trois lieues les hauts plateaux de Wéris
et d'Oppagne (dolmens). M. Eugène Haverland y a trouvé une vingtaine d'éclats
de silex, la plupart craquelés par le feu, restes abandonnés sans doute par une
population très pauvre et dépourvue de matière première : quelques lames et
pointes assez rudimentaires, un fragment de hache polie, ayant servi de percu-
teur et craquelé par le feu, des fragments de plaques de psammite, dont l'un
porte deux raies parallèles, produites par frottement (polissoirs ?) .
Les âges du bronze et du fer correspondent à peu près à l'époque gauloise.
CHAPITRE III.
EMEILLE A L'ÉPÛQPÊ ROMAINE ET
A L'ÉPOQUE FRAMQIIE. — ÉTYMOLOGIE.
§1.
Époque romaine.
1. A l'époque de la conquête romaine, le territoire d'Eneille était à la limite
méridionale du pays des Gondi'uses, tribu cliente des Trévires. Cette tribu occu-
pait la région située au nord de la Famenne, sur la rive gauche de l'Ourthe,
Urta, un nom celtique latinisé. Notre petit coin de terre, aux fertiles prairies,
appelées encore « les Prés sous la ville », se prêtait bien à l'établissement d'une
villa ou centre d'exploitation agricole, noyau du futur village d'Eneille, près de
l'endroit où la voie romaine de Tongres à Arlon franchit la rivière. Venant du
nord, cette ancienne voie enjambe la Meuse à Ponthière, et, passant par Béemont,
la Posterie, près de Ghardeneux, où l'on a découvert en 1910 des constructions
romaines, elle descend vers l'Ourthe par le lieu dit « au Vieux Chemin », lais-
sant les fermes de Chêne à Han à gauche, pour traverser la rivière en aval du
moulin d'Eneille ; à un endroit guéablc où se retrouve encore actuellement, au
fond de l'eau, le dallage destiné à faciliter autrefois le passage des lourds chariots
de guerre.
— 14 —
Klle longeait la rive droite sur une «listance tb 80 mètres, et montait obli-
quement la côte, entre Monteuville et Grandhan. Recouverte d'iiumus dans la
vallée, elle reparait au sommet du plateau en un tronçon de 100 mètres, parfai-
tement conservée. Par Melreux, Soy, Marcour, Mande-St-Etienne, elle va
rejoindre à Arlon la grande voie de Reims à Trêves. A signaler aussi plusieurs
diverliciUes, au bord desquels, particulièrement au Baty Dewarre, la charrue
met fréquemment au jour de vieux fers de mules.
l'Itot. Petit.
Le Gué du Moulin,
prés de l'endroit où la voie romaine francliit l'Ourtlie.
Devant l'entrée de l'école se voit nettement, à fleur de sol, marquée au feu,
l'ouverture d'un grand four creusé dans le schiste, dont la ligne supérieure, en
carré arrondi aux angles, se recourbe du côté sud, où se trouvait la prise d'air.
Remblayé et nivelé depuis la construction de l'école, ce four a été vidé jusqu'au
fond à la demande de M. Eugène Haverland, le 20 août 1911. Le fond est légère-
ment en fond de bateau. Les parois présentent les traces d'un feu violent. On y a
retrouvé noircies et calcinées les pierres qui en formaient le rebord ou la voûte
au-dessus du sol, effondrées dans l'argile rougie, sur tout le périmètre. Il mesure
3 mètres 65 de côté et l m. 50 dans sa plus grande profondeur. La tradition
locale désigne cette excavation comme un four crématoire de l'époque romaine.
C'est peu probable. Autrefois, une longue barre de fer le chevauchait d'un bord
à l'autre. On n'a retrouvé à la place du foyer qu'une poignée de terre noire et
quelques charbons.
On parle aussi d'un autel du dieu Pan trouvé jadis sur l'emplacement de
l'église.
— i5 —
§ II.
Époque Franque.
1. Les Tombeaux mérovingiens.
En face de Grande Eneille, sur la hauteur du thier de Base, à l'endroit même
où il se termine en promontoire, dominant à pic toute la vallée, M. Haverland
a mis à découvert deux tombes mérovingiennes, le 3 novembre 1911. Elles sont
orientées du N W au S E. Inclinées comme la pente du terrain, elles ont une
profondeur qui varie entre 1 mètre et 0™40. Larges de 0™60, l'une a 2 mètres
de long, l'autre l'^SS ; juxtaposées avec un entre deux de O^TS, Elles sont
taillées dans le schiste et d'un travail très soigné. La plus grande ne contenait
plus aucun débris humain ; dans l'autre se trouvaient encore quelques osse-
ments décomposés par l'action des eaux et sucés par les radicelles qui les enser-
raient de toutes parts. L'absence d'armes ou de poteries permet de les rapporter
à la fin de l'époque mérovingienne. Des fouilles plus complètes mettraient
sûrement à jour un ancien cimetière : il y a cinquante ans on avait déjà re-
trouvé au même endroit un squelette accompagné d'une pointe de fer.
Entre Petite Eneille et Chêne à Han, on signale aussi une tombe de ce genre
au thier de Rock.
2. Les Carolingiens.
A cinq minutes de Grande Eneille, sur le territoire de Noiseux, le plateau de
l'Armont garde des traces d'un ancien campement d'un type tout à fait unique,
qui passe pour un camp carolingien.
En voici la description d'après un article anonyme (auteur Alfred Becquet) des
Annales de la Société archéologique de Namur (i).
« Nous croyons utile de signaler à nos lecteurs, qu'intéresse l'histoire de notre
province, l'emplacement d'un camp de l'époque carlovingienne à l'extrémité
nord-est du canton de Rochefort et près de la chaussée romaine allant d'Arlon à
Tongres. Il est situé dans la commune de Noiseux, sur une colline abritée des
vents du Nord et à une très petite distance des bords de l'Ourthe.
Cette colline aride et déserte porte le nom de Larmont, nom qu'un lettré du
village nous assurait être la traduction de armorum trions. On remarque en
cet endroit, sur une espace de plus de 1500 mètres, une quantité de fosses
(1) Tome XX% 1S94, 3' livraison, pages 310 et suivantes.
— 16 —
creusées dans un schiste très dur. Il y en a de toutes formes et de toutes dimen-
sions : carrées, rondes, ovales, en demi-cercle, etc. Les plus grandes ont
environ un mètre de largeur sur autant de profondeur ; les rondes, qui sont les
plus répandues, n'ont que trente centimètres de diamètre sur cinquante à
soixante de profondeur. Ces dernières renferment des restes de pieux ou de forts
piquets en bois qui avaient été primitivement calés avec des galets provenant de
rOurthe, et que l'on retrouve encore en place. Les fosses carrées contiennent
souvent aussi des restes de bois : dans l'une d'elles nous trouvâmes encore un
cadre formé de quatre forts madriers en chêne, placé contre les parois du fond.
Six fosses carrées étaient creusées en quinconce vers le milieu du Larmont ;
leur disposition régulière nous fait supposer qu'elles avaient servi à maintenir
les montants d'une construction en bois. Toutes les autres fosses que nous avons
reconnues nous ont paru établies sans ordre, et comme au hasard.
On ne peut faire que des conjectures sur la destination de ces trous ; celle qui
nous paraît la plus probable est qu'ils étaient destinés à maintenir des piquets
de tentes, de baraques, de palissades, à servir de trous de loup et à d'autres
défenses de campagne.
L'emplacement de la cuisine se distingue encore parfaitement : le foyer, établi
sur le sol, était entouré d'un double fossé creusé en forme de bacs. Gomme le
terrain est légèrement en pente, il est assez probable que ceux-ci servaient à
retenir et à écouler les eaux, qui, sans cette protection, se seraient répandues
sur le foyer. On voit aussi dans la partie nord du Larmont deux puits creusés
dans le schiste ; ils ont un mètre cinquante de diamètre à leur ouverture.
Nous n'avons remarqué aucune trace de fossés ni de maçonnerie, mais le sol
est couvert de débris de poterie commune, principalement dans le voisinage de
la cuisine. Cette poterie, d'un gris ardoise, est mince, dure et sonore comme les
grès. Ces caractères appartiennent à la poterie de l'époque carlovingienne dont
le musée de Namur possède de nombreux spécimens. On y trouve aussi des
fragments de tuiles romaines ; ils provenaient peut-être de la toiture de la
construction dont nous avons signalé la présence vers le milieu du camp ; au
IX'^ siècle on se servait encore fréquemment de la tuile romaine pour couvrir les
habitations de quelque importance. Il est possible aussi que ces fragments de
tuiles aient été amenés, avec les terres, d'un champ voisin, où l'on voit les
restes d'une petite construction de caractère romain.
La colline de Larmont était parfaitement choisie pour l'assiette d'un camp :
elle était bien abritée, voisine de l'Ourthe et d'une chaussée romaine qui, à
cette époque, était la voie la plus praticable pour la marche des armées.
Si l'étude des lieux nous a engagés à faire remonter son établissement aux
Garlovingiens, on peut aussi supposer, avec quelque raison, que ce camp dut
— 17 —
être occupé au commencement du IX^ siècle, pendant les guerres interminables
que se firent entre eux Louis le Débonnaire et ses fils, guerres qui eurent
plusieurs fois pour théâtre le sud de la Belgique ».
D'autre part voici ce que je lis dans Kurth (1) :
« Quand Lothaire II mourut en 869, ses oncles Charles le Chauve et Louis le
Germanique se jetèrent sur son héritage et le partagèrent entre eux. Le cours
de la Meuse et celui de /'Ourthe servirent de frontière : Louis le Germa-
nique reçut ce qui était à iest ; Charles le Chauve ce qui était à l'ouest.
A la mort de Louis, Charles voulut s'emparer du tout, mais il fut honteuse-
ment battu à Andernach par Louis III, et peu de temps après, quand Charles fut
mort, Louis III fit expier aux fils de Charles la faute de leur père en leur enle-
vant la part de la Lotharingie (879).
Nous étions de la sorte rattachés à l'Allemagne, et quand le roi de ce pays,
Charles le Gros, fut devenu empereur, nous nous trouvâmes de nouveau réunis
avec toutes les autres provinces franques sous l'autorité unique d'un souverain. »
Tout fait donc supposer (histoire, plan, poteries) que l'Armont est réellement
un camp carolingien.
3. Ëtymologie.
« Un diplôme de Pépin de Herstal, rendu entre 687 et 714, probablement
en 692 (date de la fondation de la paroisse de Lierneux), nous apprend que
le maire du palais fait don à l'Abbé de Stavelot et à ses moines, de la villa de
Lierneux et de ses dépendances, parmi lesquelles est cité un endroit appelé
Unalia. Nous ne possédons plus le texte de cette donation ; mais son exis-
tence nous est formellement attestée par des sources diplomatiques contempo-
raines (1) «.
Unalia est cité encore comme dépendance de Lierneux dans une charte du 15
août 747, par laquelle le maire du palais Carloman, avant de se retirer au
couvent du Mont Cassin, restitue à l'Abbaye de Stavelot villa^n aliquam quae
vocitatur Lethernau, una cum appenditiis et adjacentiis suis, quorum
vocabula sunt : Br astis {Bra), Feronio (Ferot-sous-Mîj), Unalia et Alda-
nias {Odeigne) (2).
(1) Histoire de Belgique racontée aux enfants des écoles, pp. 34-35, Namur, De Roisin.
(2) Yernaux Le^ Premiers Siècles de l'Abbave de Stavelot-Malmédy, page 33.
£
— 18 —
La iiosition ci l;i iiatui'e de cet Unalia se précisent dans un diplôme signé
en 887 par l'empereur d'Allemagne, Charles le Gros, et par son neveu naturel et
successeur Arnould de Carinthie, à Lustnau, domaine royal situé non loin de
l'endroit où lo Rhin pénètre dans le lac de Constance. Cet acte impérial publié
peu de temps avant la déposition de Charles, donne à un certain Hrotmundus,
entre autres 92 mansa, m villa HaManzia {Havelange) in pago Condro-
dense {Condrostinse?) ; in villa Unaija, super fluvio Urtae, mansa un'"' :
quatre manses dans la villa Unalia, sur la rivière d'Ourthe.
La villa Unalia, sur l'Ourthe, non loin d'Havelange, non loin de Ferot-sous-
My, ne peut être que la villa des Eneilles.
Plus tard, une bulle du pape Alexandre III à l'Abbé de Neufmoustier (15 mars
1178), cite dans la longue liste des cures incorporées à Neufmoustier le nom
d'Eneille sous la forme Anale : « Nous prenons sous notre protection votre
possession de Anale avec son église. Anale, au singulier, désigne ici Grande
Eneille, où se trouve l'église paroissiale. Le pluriel Analia (alias Unalia)
désignerait les deux Eneilles.
Anale, Analia est devenu successivement Anelhe (1504), Eyneylhe, Eynelhe,
Enelhe (16*^ siècle). Les formes Eneille ou les Enneilles ne se trouvent qu'à
partir du 17^ siècle, dans les registres paroissiaux.
Nous adoptons la forme Eneille, comme plus conforme à son origine latine :
Grande Eneille, Petite Eneille, les deux Eneilles. Quant au sens des mots
Analia (Unalia), judicent peritiores : cela ne ressemble à rien de connu,
sinon que l'on dit encore aujourd'hui le trou d'Eneille^ comme on dit Esch-le-
trou, sur la Sûre. Il n'y a rien de commun entre l'étymologie d'Eneille (Anale)
et le nom du ruisseau de l'Enalle (Alsena), affluent de la Salm, cité dans un
ancien diplôme comme frontière du pays de Stavelot.
4. Les quatre manses d'Eneille à l'époque franque.
A l'époque de la possession stavelotaine, du VIP au IX* siècle, le domaine
de l'Abbaye était divisé en « villae » de différentes grandeurs. Parfois l'Abbaye
n'acquiert dans une « villa » que quelques manses ou des parties de manses.
« Les « villae » comprenaient deux parties essentielles, le manse seigneurial
(mansus indominicatus) exploité directement par les serfs de l'Abbaye (familia),
et les tenures des paysans grevées de certaines charges fixées par la coutume.
(1) Halkin et Roland. Recueil des chartes de Stavelot-Malmédy, I, 52. — Léon Lahave, Mélanges
Kurth.
— 19 —
Le manse seigneurial comprend d'abord la maison d'tiabitation ... résidence
du maitre .,. ; il contient aussi des maisons plus petites où demeurent les
esclaves (serfs domestiques) et des bâtiments industriels ou agricoles qu'en-
toure un mur ; plus loin, ce sont des champs de culture, des prés, des vignes,
des bois. Au manse seigneurial se rattachent encore le moulin et le plus souvent
une église.
A la tête de chaque villa se trouvait un maire, « major ou villicus ». Sous le
maire viennent un certain nombre d'agents qui l'aidaient à administrer sa
circonscription : decani, forestarii, venatores, magistri operum etc.
Au point de vue politique, l'autorité souveraine était représentée par des agents
intermédiaires, connus sous le nom dejudices : ducs, comtes, centeniers, etc.
A l'Abbaye tout était centralisé entre les mains d'un double pouvoir : l'avoué,
suppléant de l'Abbé comme souverain justicier, et le prévôt, son instrument
pour la gestion des propriétés monastiques (1) »».
(1) Yernaux, op. cit. 92, 95-9
— 20
CHAPITRE IV.
§ I.
La Seigneurie d'Eneille au Comté de Durbuy.
La seigneurie d'Eneille date de l'époque féodo-communale. En 1389, elle est en
mains des d'Ochain ou de Xhoce, dont une héritière épouse Gilles de Brialmont.
Eneille était une des seize seigneuries féodales et foncières dépendant du comté
(plus tard de la prévôté) de Durbuy (1).
l'Iiiit. Alhert.
LA VILLE LE DURBUY.
Le Château. — L'église. — L'ancien lit de l'Ourtlie.
•« Le comté de Durbuy fut primitivement un apanage des puînés de la maison
de Namur. Nous y trouvons, en 1124, un comte Henri, qualifié de «« puer «, et
en 1163, le comte de Luxembourg, Henri l'Aveugle, cède à sa sœur, Alix de
(1) A. de Leuze : Hl.stolre de Laroche et Durbuy, p. 236.
— 21 —
Hainaut, tous les alleux qu'il possède dans les comtés de Laroche et de
Durbuy (1). La première race des comtes de Du rbuy s'éteignit donc entre ces
deux dates; son auteur était Henri (t 1089), fils d'Albert II de Namur (1018-
1064). Perdu par Henri l'Aveugle avec tous ses autres domaines, le comté fut
repris par son gendre, Thibaut de Bar, et demeura dès lors au Luxembourg,
Henri le Blondel le céda, le 23 juin 1247, à son frère Gérard, en exécution d'un
accord du 24 avril 1244, par lequel Ermesindeet son fils Henri avaient autorisé
Gérard à réclamer sa part d'héritage aussitôt après le décès de sa mère. Gérard
survécut à tous les siens et mourut presque octogénaire entre 1298 et 1303, ne
laissant que des filles ; l'une d'elles qui avait épousé le sire de Grandpré et
d'Houffalize, éleva des prétentions sur Durbuy contre Henri VII de Luxembourg,
réclamant, lui aussi, la propriété de cette terre. Les deux parties s'en remirent
à l'arbitrage de Béatrice d'Avesnes, dont la sentence décida, le 29 décembre 1303,
que Durbuy revenait au comte de Luxembourg, à charge pour lui d'indemniser
les Grandpré (2) ».
Il est souvent question, dans les plus vieilles archives d'Eneille, des mesures
et de la monnaie de Durbuy.
Gérard, frère de Henri V, le Blondel, avait ouvert « un atelier monétaire à
Durbuy au cours de l'année 1298, très vraisemblablement de l'aveu de Henri
VII, car l'unique quart de gros qui nous en reste est au nom de ce souverain
et reproduit fidèlement ceux qu'on faisait à Luxembourg. Cette mesure déplut
à Hugues de Ghâlons, évèque de Liège (1296-1301), sans doute parce que
ce prélat, qui falsifiait outrageusement le numéraire de sa principauté, ne se sou-
ciait pas de voir établir une comparaison entre les nouvelles monnaies et son
mauvais billon ; il fit faire des remontrances à Luxembourg, sous prétexte que
l'atelier de Durbuy était un péril pour l'évèché, et le 12 novembre 1298 Gérard
dut céder (3) ». La charte de renonciation porte entre autres le sceau d'Evrard
d'Ochain : un écu à deux lions léopardés superposés, tel que nous le retrou-
vons en tête de la pierre tombale de Henri de Brialmont, seigneur d'Eneille qui
avait épousé Anne d'Ochain, à la fin du XVI« siècle. Les armes des d'Ochain
sont à peu de chose près celles de Normandie.
« En 1354, l'année même où le Luxembourg fut érigé en duché, Charles IV
donne le comté de Durbuy à Wenceslas I", comte de Luxembourg, qui l'assigne,
comme Chiny, et antérieurement Laroche, pour douaire à sa femme Jeanne de
Brabant.
(1) La seigneurie de Durbuy n'a jamai.s été du comté d'Ardenne et son territoire ne fut jamais que
passagèrement uni à celui de Laroche, sans former avec lui une unité politique. Voir Le Comté de
Laroche, par V. Habran, au T. XLVI des Annales de l'Institut archéologique d'Arlon, p. 272.
(2) Edouard Bernays et Jules Vannérus. Histoire numismatique du Comté puis du Duché de Luxem-
bourg et de ses Fiefs. Bruxelles, Hayez. 1910 — pages 74-75.
(3) Bernays et Vannérus, loc. cit.
— 22 —
La duchesse entra eflectivement en possession de ces biens au décès de son
mari, mais les rétrocéda, le 3 septembre 1390, en échange d'une rente viagère
de 3,500 francs d'or (1). » Depuis cette époque les comtés de Laroche et de
Durbuy suivirent les destinées générales du duché de Luxembourg.
A cause des frais de guerre qui mettaient les princes dans la nécessité de
tî-afiquer de leurs sujets comme d'un vil troupeau, la terre de Durbuy, comme
d'autres terres luxembourgeoises, fut souvent engagée à divers créanciers, entre
autres (1354), aux comtes de Virnembourg, puis aux de laMarck, de qui Charles-
Quint la dégagea, en 1525, pour l'engager à nouveau, en 1539, au comte Jean
d'Oost-Frise (Oostvrieslant), gouverneur du duché de Limbourg. Le retrait de
la seigneurie se fit en 1609 ; puis jusqu'en 1628, Durbuy n'eut d'autres maîtres
que les souverains de la Belgique en personne (2) . Philippe IV la vendit à titre
précaire à Antoine Schetz, comte de Grobbendonck. Depuis 1756, elle est à titre
définitif aux mains de la famille d'Ursel, qui la posséda avec ses prérogatives,
jusqu'à la révolution française, pour ne garder, après, que le château et ses
dépendances (3).
Il sera fait parfois allusion dans l'histoire d'Kneille à l'époque où la terre de
Durbuy était à l'engagère.
Le territoire d'Eneille était dit pays d'Empire^ pays du roi^ pays du roi
d'Espagne, par opposition au pays de Liège et au pays de Stavelot, restés
indépendants jusqu'à la Révolution.
Sous le règne des Archiducs Albert et Isabelle, eut lieu un essai d'unification
de la monnaie dans la terre de Durbuy. « L'on soUoit user et allouer à Durbuy
et par toute la terre, toute sorte de monnoie selon qu'elle avait cours au païs de
Liège ; mais le 5 aoùst 1603, a été publié à son de tambour, en la ville de
Durbuy, une ordonnance envoyée du Conseil de Luxembourg, du 10 juillet au
dit an, ensemble deux placartz ; l'ung, donné à Bruxelles, le 16 novembre 1599,
et l'autre à Gand, en l'an 1602, par lesquels fut interdit de plus prendre ni allouer
aucune sorte de monnoie doresnavant, sinon au cours de Brabant, et porte par
les dits placartz, ce qu'ast depuis été observé » (4). Dans les registres de cens et
rentes d'Eneille, on trouve concurremment les florins brabants et la monnaie de
Liège, souvent les deux ensemble dans le même compte.
(1) Bernays et Vannérus Ihid., pp. 74-75.
(2) A. de Leuze, op. cit., p. 278.
(3) A. de Leuze, op. cit., p. 292.
(4) A. de Leuze, Histoire de Durbuy : Coiiiniunes luxembourgeoises.
— 23 —
§ IL
Les Seigneurs d'Eneille.
Eustache de Hamal t 1252, bâtit le château de Brialmont, près de Ghênée,
(aujourd'hui entre Tilflf et Méry). Son petit fils, Wéry de Hamal, chevalier,
seigneur de Brialmont épouse Jeanne de Fraipont.
Leur fils, Gilles de Hamal, seigneur de Vaudemont, est à la bataille de Bast-
weiler en 1371. Il épouse l« N. de Renesse, 2° Lutgarde de Gortil. Il fut du parti
des Waroux, dans la guerre des Awans et des Waroux.
Son fils Jean, seigneur de Brialmont épouse Jeanne de Saulcy.
De là, Gilles, seigneur de Brialmont, chevalier, qui épouse la fille de Gilles
d'Ochain, haut-avoué de Xhoce, et de Jeanne de Moges. Gilles d'Ochain (alias
Giloteau de Xhoce) était seigneur d'Eneille en 1389.
De Gilles de Brialmont et Demoiselle de Xhoce naît :
Jean de Brialmont, premier seigneur du nom à Eneille.
Il épouse Marie de Hamal.
De là, Thierry de Brialmont (t 1511) qui avait épousé Jeanne de Filly, fille de
Jacquemin et de Marguerite d'Autel .
Leurs biens sont partagés entre leurs enfants en 1534.
Leur fils Jean de Brialmont, seigneur d'Eneille et de Neufmoustier, épouse en
novembre 1529, Marguerite Garpentier, fille du seigneur de Walyn et de Lisogne
et de Bertheline de Bombaye.
De là, Jean de Brialmont, chevalier, seigneur des Eneilles et de Neufmoustier,
épouse 1°, en octobre 1556, Marguerite du Sart, morte en 1593, fille de Guillaume
et de Marguerite Lardinoy de Ville ; 2" Anne de Glerve, veuve de Gorbeau de
Monfort.
Enfant du l^'' mariage, Henri de Brialmont, seigneur des Eneilles, épouse 1°,
en décembre 1585, Jeanne de Bois de Soheit, fille de Gilles, seigneur de Soheit
et de Marie de Fraipont; 2°, en juin 1594, Anne d'Ochain, de Jemeppe, fille de
Gilles, mayeur de Marche, et d'Anne de Vervy. Il meurt en 1624; sa 2^^^ femme,
en 1630.
Enfants du 2™^ mariage : Jean qui suit; 1° Jean-Paul, baron de Brialmont,
colonel au service de S. M. I., qui épousa Anne-Albertine, comtesse de Fursten-
berg; 2" Jeanne, religieuse de Ste-Aldegonde, à Huy.
— 24 —
Jean de Brialmont, seigneur des Eneilles, Vaux, Wallay (t 7 décembre 1673),
avait épousé en 1630 Marie de BHer, dame héritière de Wallay et de Reppe,
morte le 23 septembre 1645, fille de Nicolas de Bîier (1), Haxele, Wallay et
Reppe, membre de l'ordre équestre du comté de Namur etc., et d'Elisabeth de
Cellicer, dont :
Ignace de Brialmont, écuyer, seigneur des Eneilles, de Vaux, Wallay, Reppe
et de Morvilîe. Il épousa r Marie-Jeanne Brant de Brabant, morte sans hoirs ;
2" en 1709, Marguerite Gérardine de Coppin, fllle de Pierre-Louis de Goppin,
haut justicier de Beausaint, Falaën, Waillimont et Montaigle, et de Marguerite
de Lamock de Botassart. Marguerite de Goppin mourut le 21 mars 1752, ne
laissant que 3 filles : 1° Marie-Josèphe de Brialmont, dame de Wallay et de
Reppe, mariée le 28 septembre 1731, à Gharles-Fortuné-Henri baron van der
Straten, fils d'Oger-Jean van der Stratenet deLambertine, comtesse de Marchin ;
2" Adrienne-Gharlotte de Brialmont, épouse à Monsieur de Witry (2). Dame
Gérardine, par son testament du 15 mai 1752, institua pour ses héritières « ses
trois chères filles, recommandant beaucoup pour l'amour de Jésus-Christ la
paix et l'union entre elles et leurs familles ».
Elle a une attention spéciale pour Adrienne-Gharlotte, qui restait avec elle.
« Voulant reconnaître les bons services qu'elle a reçus et qu'elle attend encore
de sa très-chère fille Adriane-Gharlotte de Brialmont de Wallay, elle lui laisse
et légate hors part toute sa vaisselle d'argent, item une rente d'environ 24 écus
de revenu annuel, qu'elle a acquise depuis son veuvage, et que lui doit la com-
munauté d'Ocquier, item la moitié de la rente acquise par son mari, et dont le
capital est mis sur la bourgeoisie de Namur avec d'autres capitaux. »
Par le mariage de Marie-Josèphe de Brialmont avec Gharles-Fortuné-FIenri
van der Straten, et par donation d' Adriane-Gharlotte, le domaine seigneurial
passe à la famille van der Straten.
(\) Dans le chœur de l'église de Durbuy est conservée une peinture sur bois, revers d'un volet
de triptytiiie dont l'avers a été recouvert d'une couche de peinture grossière, à l'huile. Ce tableau
représente un chevalier agenouillé et accompagni' de son patron, Saint Nicolas, et d'une fillette
également agenouillée. Dans un coin, le blason des de Blier. Ce chevalier est évidemment Nicolas
de Blier, accompagné sans doute ik; sn fille Marie dont il est i^uestion ici. Eug. Haverland.
(2) De Gerlache : Lalttre.
— 25 —
Tableau généalogique des Hamal-Brialmont ou Rrialmont d'Eneille.
Eustache de Hamal t 1252, bâtit le château de Brialmont.
Wery de Hamal-Brialmont et Jeanne de Fraipont.
o-ii ^ u 1 + N. deRenesse.
Gilles de Hamal et , , , , ^ ..,
i Lutgarde de Gortil.
Jean de Brialmont et Jeanne de Saulcy.
(14« siècle) Gilles de Brialmont et N. d'Ochain, de Xhoce, ss'" d'Eneille.
Jean de Brialmont d'Eneille et Marie de Hamal.
151t. Thiry de Brialmont et Jeanne" de Filly.
1529. Jean de Brialmont et Marguerite Garpentier.
Jean de Brialmont et
Marguerite du Sart t 1593.
Anne de Glerve.
1624 Henri de Brialmont et
Jeanne de Bois 1585.
Anne d'Ochain 1594-1630.
l Marie de Blier t lti45.
T 1673 Jean de Brialmont et J ,„x »^ -^ ^ r^
f (?) Marguerite de Prez.
l Marie-Jeanne Brant de Brabant.
t 1726 (?) Ignace de Brialmont et J ,, . ^ . ,. , ^ . ,,-r,r> i-rco\
^ ' ^ f Marg^-GerardmedeGoppm (1709-1752).
Marie- Josèphe et Gh.-F. -Henri van der Straten.
Adrienne-Gharlotte t 1785.
Marie-Aldegonde et M"" de Witry.
— 26 —
Ces détails sont conformes à un fragment généalogique de la famille van der
Straten, par le père de Gerlache (1) ; sauf que ce fragment ne signale pas la pos-
session de la seigneurie d'Eneille par les de Xhoce. Ce fait est consigné dans une
charte originale de l'abbaye de Neufnioustier, datée du 15 mai 1542 «Par devant
la cour de Neufmoustier, Johan de Bréamont, seigneur d'Enelhe, représentant
ses père et mère, — et avant eux Giloteau de Xhoce, qui fit relief le 6 février
1389, comme seigneur d'Enelhe, — relève ses biens à Eneilhe parmi quatre gros
tournois et deux chapons (2) ».
En 1489, messire Jacque, seigneur d'Eneille, relève la même rente que Gilo-
teau de Xhoce en 1389 (3).
En 1504, elle est payée par Thiry de Brialmont.
D'autre part, le plus ancien registre des rentes de Ste-Marguerite signale le
même Thiry comme payant un muid d'avoine à l'église d'Eneille jusqu'en 1519,
avec cette mention, qu'après sa mort (1511), elle est acquittée par messire
Jacque.
De 1524 à 1546 la rente de Neufmoustier est payée par Jean de Brialmont.
En 1609, un autre Jean de Brialmont refusant de la payer, s'adresse au Conseil
provincial de Luxembourg, qui lui donne tort et l'oblige comme ses ancêtres.
La reddition des comptes des mambours, qui se faisait en la maison du
seigneur d'Eneille, peut-être parce que le cofïre de Ste-Marguerite y était refuge^
est souvent signée par Jean et par Nicolas Briabnont, le même qui sera
parrain delà cloche de 1672.
Outre les Brialmont indiqués ci-dessus, la liste des anniversaires d'Eneille
cite Jacques de Brialmont et Mademoiselle Marguerite de Hespée, sa femme ;
Jean de Grune et Jeanne de Brialmont ; Martin de Brialmont ; Thiry de Brial-
mont et Grégoire son frère ; Thiry de Brialmont et Marguerite Piron ou Pirard.
Dans un fragment des registres des baptêmes, je trouve au 29 juin 1606,
Thiry de Brialmont, fils de Thiry et de Marguerite Pirard. Une note ajoute
qu'il mourut tué, en 1648.
Ces derniers ne figurent plus comme seigneurs d'Eneille, probablement à
cause de la mésalliance.
Dans un procès de 1623, Thiry de Brialmont est cité parmi ceux qui font
opposition au seigneur d'alors.
A la fin du XVII^ siècle et au début du XVIIF, une certaine Marguerite de
(1) de Gerlache. Laittre.
(2) Fonds (le Neurmoiistier, arcliives de Liège.
(3) Fonds de Neufnioustier. Ibid.
— 27 —
Prez, Dame d'Eneille, concentre autour d'elle toute l'activité de la maison
seigneuriale.
En 1678 et en 1683, dans une contestation avec la fabrique, elle paraît, avec
les nobles et vertueux seigneurs d'Eneille, (sans doute Everard et Ignace de
Brialmont) comme héritière et représentant de feu Jean de Brialmont, décédé
en 1673 ; l'avocat de Stiennon, son gendre, faisant partie pour elle.
Elle est citée dans le récit de la bénédiction de la tour de l'église en 1689, sous
le nom de Dame Marguerite de Prez, dame douairière des Eneilles.
Dans un bail qu'elle fait en 1695, par devant le curé Le Charpentier, avec le
manant Wera Cornet, pour la ferme de Comblain-au-Pont, elle est dénommée
Dame Marguerite de Prez, dame des Eneilles et Wallay, et son mari Jean-Eve-
rard de Fraipont signe après elle le contrat, en la maison de la dite Dame
d'Eneille.
Dans une action qu'elle intente, en 1700, à Sire Pierre-Gilles de Vivario, c'est
noble dame Marguerite de Prez, veuve en premières noces (sic) de feu noble sei-
gneur Jean de Fraipont, dame des Eneilles.
Nous la retrouvons encore en 1703, dans une constitutio pro domino de
Stiennon, rédigée en latin par le curé Le Charpentier, in œdibus dominœ tem-
poralis des Eneilles, acte dans lequel un clerc du diocèse de Liège réclame
contre Hubert de Prez, prêtre, et contre son frère Nicolas, qui l'avait présenté
pour le bénéfice de St-Jean-Baptiste et de St-Jean l'Evangéliste à Grivegnée.
Lors de la levée de fonds pour la restauration du presbytère, elle est taxée à
part comme le seigneur, à 14 florins; et, depuis la mort de Jean de Brialmont,
en 1673, elle paie concurremment avec les seigneurs ou le seigneur d'Eneille
jusqu'en 1707, les cens et rentes de l'église.
A l'âge de 82 ans, elle renouvelle son privilège d'une messe basse le dimanche,
dans l'oratoire de sa maison de résidence à Petite Eneille.
Après sa mort il y a des tiraillements entre sa famille et celle du seigneur. En
1717, Ignace de Brialmont, pour satisfaire à la demande de caution pour les
frais du procès qu'il soutient en appel par devant Messieurs du Conseil ordinaire
de Liège, contre Demoiselle de Stiennon, engage par acte passé devant le curé
Le Charpentier, notaire, et trois témoins, sa censé de l'Alloux en la seigneurie de
Montgauthier, pays de Liège, avec tous prés, terres, bois, haies en dépendant lui
appartagés et dévolus après la mort de feu Madame Marguerite Lamock, Dame
de Beausaint, sa belle-mère, et généralement tous ses biens cens et rentes.
Quant à la branche liégeoise des Brialmont, son dernier descendant, le lieute-
nant-général Brialmont, est mort à Bruxelles le 21 juillet 1903. Il s'est fait un
— 28 -
graml nom dai)s l'histoire militaire contemporaine, en Belgique et à l'étranger :
c'est le créateur des forts de la Meuse.
Les Brialmont d'Eneille avaient le titre d'écuyer. Leur blason porte : Fuselé
d'argent à cinq fuseaux de gueules, le fuseau central chargé d'un lion d'argent,
cimier : un bouc issant d'argent.
On peut le voir encore sur l'ancienne porte d'entrée du château de Petite-Somme.
Voici maintenant quelques détails sur la seconde famille seigneuriale des
Eneilles.
De Charles-Fortuné- Henri van der Straten et de Marie-Josèphe Brialmont
naquirent onze enfants, dont un jésuite, une religieuse, un capitaine au régiment
de Vierset et deux chanoines du chapitre impérial de Saint Servais à Maestricht.
Le dernier, Jean-Henri, était aussi chanoine de la cathédrale de Liège.
L'ainé, Charles-François-Joseph, qui succéda à son père, le 27 mars 17.59,
porta le titre de baron jusqu'à son élévation au titre de comte par Louis XVI
(1788-1789). Par naissance, il était pair du comté de Rochefort, seigneur de
Waillet, du Mont, de Fresnoy, de Cerfontaine et de Ponthoz. C'est le premier
des van der Straten qui devient seigneur des Eneilles, par acte de donation de
sa tante Adrienne-Charlotte de Brialmont, en date du 23 juillet 1768 (1).
Dans son testament du 30 août 1771, Adrienne-Charlotte règle comme suit la
succession d'Eneille : « Il convient que la terre et la seigneurie d'Eneille et le
fief de Vaux soient dans la part de ma sœur de Waillet pour être possédés
ensuite par indivis par mes neveux et nièces de la maison de Waillet qui seront
dans l'état céhba taire (2). »
Avant d'être seigneur des Eneilles, Charles-François-.Joseph était entré, en
1749, au service de l'impératrice Marie-Thérèse; en 1756 il combattit en Bo-
hême, dans l'armée du comte de Daun qui s'opposait aux envahissements du roi
de Prusse. A la bataille de KoUin, 1757, il fut avec ses troupes au plus fort de
la mêlée, et se distingua au bombardement de la place de Zittau, puis il partit
pour le siège de Schweidnitz, en Silésie. De ce siège il fait une longue relation
au comte de Ferraris. Il termine par ce trait qui montre son héroïsme :
«' Pendant la nuit du 10 au 11 novembre, l'ordre de l'assaut ayant été donné,
on appliqua des échelles aux murailles des forteresses, et notre bataillon qui
était de tranchée, monte à l'assaut ; le feu de l'ennemi cessa une demi-heure
après, et moi, je tombai des échelles dans la descente qui conduisait à une
poterne. Deux soldats du régiment de Wurtemberg, qui s'y étaient réfugiés
pendant que le feu de la place rendait la nuit aussi belle que le jour, me secou-
ai) De Gerlanhe : Laittre.
(2) Piot : la famille van <ier Straten.
— 29 —
rurent et me transportèrent hors de cette retraite, mais ils n'empêchèrent pas
que je n'eusse la jambe cassée «.
Le 31 juillet 1768, il fut reçu à l'Etat noble du duché de Luxembourg et
comté de Ghiny, du chef de la seigneurie des Eneilles et sur preuves de noblesse,
ancienne et chevaleresque.
11 avait épousé, le 13 août 1763, sa cousine germaine Marie-Louise d'Ever-
lange de Witry, qui mourut le 9 mars 1777, et fut inhumée dans la chapelle
seigneuriale de Waillet.
Charles-François-Joseph van der Staten s'établit en 1780 au château de Ger-
fontaine, près de Maubeuge. Membre de l'ordre de la noblesse du Hainaut fran-
çais en 1787, il assista aux assemblées générales des trois ordres jusqu'en 1789,
à titre de seigneur de Gerfontaine. Il fut ainsi appelé à prendre part aux déli-
bérations des Etats de l'ordre de la noblesse du Hainaut sur les questions les plus
brûlantes qui préoccupaient la France à cette époque. « Il y engageait avec
chaleur son ordre et celui du clergé à concéder l'impôt ; il trouvait juste que le
tiers-état pût parvenir librement aux dignités, aux charges et emplois dans le
militaire, la robe et l'église, tout en se montrant sur certains points très jaloux
de défendre les prérogatives de son ordre, les droits seigneuriaux, corvée, main-
morte, propriété légitime de la noblesse, disait-il, à laquelle on ne peut toucher
sans injustice, parce qu'elle est fondée dans son origine sur un contrat réciproque
et sur une possession constante et immémoriale ».
Il y dénonçait aussi en termes très sensés les dangers de la liberté de la
presse : « autant vaudrait, disait-il, demander la faculté de vendre publiquement
sans contrôle les poisons les plus subtils ; » et si par malheur elle devenait le
vœu général de la France, « que du moins Sa Majesté exhorte plus que jamais
les évêques à veiller sérieusement sur ces publications dangereuses. «
En 1789, il fut élu pour se rendre à Paris aux Etats-Généraux et y représen-
ter la noblesse du Hainaut ; mais il déclina cet honneur.
Il avait épousé en secondes noces, le 19 février 1780, Marie-Gécile-Agnès de
Maulde, dame héritière de Gerfontaine.
Il mourut au château de Gerfontaine, le 13 juillet 1791 ; sa femme quitta
bientôt après ses terres de France pour aller chercher en Allemagne la sécurité
que les persécutions révolutionnaires enlevaient aux familles de noblesse fran-
çaise.
Elle mourut au château de Waillet, le 19 février 1800.
Le comte laissait de sa première femme cinq enfants.
Le troisième, Alexandre-Gharlés, lui succéda. Il était né le 2 novembre 1767.
Après la création du royaume des Pays-Bas, Guillaume F"" le nomma membre
— so-
dé l'ordre oqueslfe du grand-duché de Luxembourg, sous le litre de bai'on van
der Straten-Waillet, qui était celui que sa famille avait porté aux Pays-Bas
autrichiens. Puisque la charte française, octroyée par Louis XVIII en 1815
restituait à la noblesse ses anciens titres, la famille de Straten, devenue fran-
çaise depuis 1780, pouvait revendiquer ses droits au titre de comte, que le roi
Louis XVI lui avait concédé ; mais Alexandre-Charles, se prévalant de l'arrêté
réglementaire du 23 mai 1817, ne transmit au conseil héraldique de La Haye
aucun des actes qui pouvaient lui faire reconnaître le titre de comte français
C'est pour ce motif qu'il fut inscrit au Journal officiel du royaume et aux
Etats de Luxembourg et de Namur, avec la qualification de baron, qui est
devenue le titre de sa branche (1).
Le baron van der Straten-Waillet mourut le 24 avril 1826, comme on peut le
voir par son épitaphe, en la chapelle seigneuriale de l'église de Waillet :
« Ci gisent très-noble et très-illustre seigneur Gharles-Joseph-
Alexandre, baron van der Straten-Waillet, chevalier, seigneur de
Waillet, du Mont, des Enneilles, et en partie de Triant, membre de
l'ordre équestre du royaume des Pays-Bas, né au château de Ponthoz,
LE 2 novembre 1767, DÉgÉdÉ AU CHATEAU DE WAILLET, LE 24 AVRIL 1826,
ET SA PREMIÈRE ÉPOUSE, TRÈS-NOBLE ET TRÈS-ILLUSTRE DAME CHARLOTTE,
BARONNE DE POUILLY, DE GORNAY, CHANOINESSE DU CHAPITRE DE StE-ALDE-
GONDE A MAUBEUGE, FILLE D'ANDRÉ, MARQUIS DE POUILLY, MARQUIS DE
Lançon, baron de Cornay, et de Louise -Elisabeth-Charlotte de Lar-
DENOYS DE ViLLE, DÉgÉdÉE AU CHATEAU DE WaILLET LE 13 OCTOBRE 1809 ».
Alexandre-Charles avait épousé en second mariage Marie-Josèphe-Henriette,
fille d'Alard, baron van Eyll de Soncholt, seigneur de Hollebeek, et de Marie-
Anne-Aldegonde van der Straten.
Elle mourut le 29 mai 1829. Il eut du premier lit six enfants et deux du second.
Henri, son cinquième enfant, né le 10 décembre 1804, a hérité des anciennes
seigneuries de Waillet, du Mont et des Eneilles, et a épousé le l®"" septembre 1830,
Louise de Bar, fille de Pierre-Ernest, chevalier de Bex et d'Agnès d'Emale.
Il en eut 1° Henri, né le 18 juillet 1831.
2° Marie, née le 18 novembre 1832.
3° Marie-Hyacinthe-Amélie, née le 26 juin 1834.
4" François-Louis, né le 13 août 1836.
5° Pauline, née le 25 décembre 1838 (1).
(1> De Gerlache : Laittre.
— 31 —
Tableau généalogique des van (1er Slralen-Waillet. seigneurs d'Eoeille.
Charles-Fortuné Henri van der Straten et Marie-Josèphe de Brialmont.
t 1791 Charles-François-Joseph van der Straten et Marie-Louise d'Everlange.
Jean-Henri van der Straten, dit l'abbé de Waillet t 1822.
Dieudonnée-Ignace de Brialmont t 1830.
t 1826 Alexandre-Charles van der Straten et Charlotte de Pouilly t 1809.
Henri van der Straten et Louise de Bex.
Charles van der Straten t 1910.
Joseph van der Straten.
Armes: Fascé d'azur et d'argent de 8 pièces ; au chef d'or, chargé de 3
membres d'aigle, arrachés de gueules, les serres en bas.
Casque couronné.
Cimier : un membre d'aigle de l'écu, entre un vol de sable.
Lambr. : d'argent et d'azur.
Supp. : 2 aigles regardantes, de sable, languées de gueules, tenant chacune
une bannière fascée d'argent et d'azur de 8 pièces.
Devise : preux et loyal.
A sa mort (1822), le chanoine Jean-Henri van der Straten avait laissé le
domaine des Eneilles à sa sœur Dieudonnée-Ignace, la dernière survivante des
onze enfants de Charles-Fortuné-Henri, morte à Namur, en 1832. Elle-même
avait fait donation à son petit-neveu, Monsieur Henri van der Straten de Waillet,
fils d'Alexandre-Charles.
Il vendit, le 7 août 1834, son domaine des Enneilles, consistant en un château
avec bâtiments d'habitation et d'exploitation, cour, jardins, vergers, prés,
pâtures, terres, trieux, bois et broussailles, le tout d'une contenance d'environ
113 bonniers, pour le prix de 33,000 francs, payables en cinq termes, à Guil-
laume-Renier-Joseph Lambermont, propriétaire domicilié dans la commune
d'Esneux, à charge par le dit acquéreur de payer à perpétuité à l'entière dé-
charge et indemnité du vendeur entre autres : cinq cent quarante-sept francs
de rente, dus en vertu du testament mystique de la demoiselle Adrienne-Char-
— 32 —
lotte 'le Briahi]ont, reçu pai- le notaire Genoret d'Ochain, le 13 avril 1771,
réalisé à la cour de Durbuy le 30 avril 1785, en faveur 1^' de Monsieur van
der Stralen d'Etalle, 2° de la famille van Eyll de Doyon, 3° des deux demoiselles
Guillelmine et Pauline van der Straten, sœurs mineui'es du vendeur. Ces trois
rentes formant un capital de 21,600 francs.
L'acquéreur prenait aussi à sa charge onze cent quarante-cinq litrons,
nonante-quatre dés (trente-sept setiers, une quarte et un mêlais d'épeautre),
évalués douze cent nouante-cinq francs dus à la fabrique de l'église succursale
des Eneilles; et à la même fabrique dix-neuf francs vingt-trois centimes (vingt-
deux escalins, treize sols et neuf deniers argent de Luxembourg) en trois textes
au principal évalué trois cent quatre-vingt-quatre francs soixantes centimes.
Toutes ces rentes dues à la fabrique d'Eneilles ont été reconnues par titres-
nouvels passés devant Peduzy, notaire à Bande, le 15 mars 1833.
« Conditionné, ne font pas partie de la présente vente les deux petits jardins
sis au village des Eneilles détenus actuellement par le desservant de ce lieu et
tenant l'un du levant à la veuve Gérard et du couchant à Julien Marchai ; et
l'autre du levant au cimetière et du midi à Jean-Antoine Collin, à la veuve
Farigoul et autres.
Le 15 juillet 1843, la veuve Lambermont et ses enfants vendent le domaine,
contenant alors environ 122 hectares à François Gollignon, cultivateur à Jeme[)pe
(Marche), pour la somme de 49,990 francs 40 centimes, ce qui avec les capitaux
de rentes donne pour prix de ces immeubles la somme de 100,000 francs.
Enfin le 28 mai 1851, les époux
Gollignon revendirent à Monsieur
Victor Fabri, avocat près de la
Cour d'appel de Liège, le domaine
contenant cent trente hectares,
pour le prix de 105,000 francs en
diminution duquel l'acheteur payait
les charges hypothécaires se mon-
tant à 69,476 frs 36 centimes (1).
Le Château et le domaine agrandi
appartiennent actuellement à
Monsieur Joseph Fabri-Gapitaine,
de Liège, qui y fait chaque an-
née sa villégiature de printemps et d'été, continuant les traditions de bien-
faisance et de piété des anciens seigneurs.
l'hot. Eu(f. Huverland.
Petite Eneille. Le Château.
M) Archives du château d'Eneille.
— 33 —
De Joseph Fabri et Cécile Capitaine
sont nés :
François Fabri, avocat à Liège,
Marguerite Fabri, religieuse de St-
Vincent de Paul,
Jean, Lucie et Pierre Fabri.
.Armes de la famille Fabri. — L ecu
est d'argent à l'enclume de sable accostée
de deux lions, affrontés de gueules armés
et lampassés de même, soutenant un
marteau de sable couronné d'or.
Le heaume est d'acier, tourné à dex-
tre, grillé et liseré d'or, doublé d'azur.
Cimier : Un demi lion tenant un mar-
teau couronné, aux couleurs de l'écu.
Les feuillages sont en dedans d'argent,
en dehors de gueules.
Devise : Fabricando Fabri Fimus.
Armes de la famille Capitaine. —
L'écu est d'argent à la fasce de sable,
portant en chef 3 merlettes de sable, et
en abîme une étoile à six raies de gueu-
les, accostée de deux pampres au naturel
(les feuilles et les tiges sont de sinople,
les grappes sont de pourpre).
Le heaume est d'argent, grillé et liseré
d'or doublé de gueules.
Cimier : deux ailes éployées d'argent
portant en abîme une merlette de sable.
Les feuillages sont en dedans d'argent,
en dehors de sable.
CAPITAINE.
— 34 —
i III.
Droits seigueuriaux.
Un ancien texte résume ainsi les droits des seigneurs d'Eneille : « Le 30 juillet
1610, Jean de Brialmont dénombre :' la seigneurie d'Eneille, maisons, cens,
rentes, amendes, corvées etc. Il crée maïeur, échevins et autres officiers de jus-
tice, qui jugent au civil et au criminel, sauf que l'exécution des criminels appar-
tient au seigneur de Durbuy. Il tient en arrière-flef de Durbuy la Cour de Vaux,
à Grandhan, ayant plusieurs hommes qui tiennent aucunes pièces d'héritage
mouvantes de la dite Cour, qu'ils relèvent de lui ".
Le seigneur d'Eneille avait le droit de chasse et le droit de pêche ; de lui aussi
dépendaient les bois d'aisances, le droit de pâture et le moulin banal (1).
A ces différents titres les manants d'Eneille étaient ses sujets.
A sa mort, le seigneur des Eneilles avait les honneurs de l'oraison funèbre.
Une lettre nous reste à ce sujet du curé Le Charpentier :
« Monsieur et très révérend Doyen,
Je viens en tout respect supplier votre Révérence de la part de Monsieur
d'Eneille, d'assister aux obsèques de feu Monsieur de Wallay^ son frère ; et
comme il était en peine à qui il donnerait la préférence, des Pères Carmes ou des
Pères Récollets, j'ai dit que c'était le devoir de votre Révérence. C'est pourquoi
je vous prie de ne pas me dédire et vous tenir préparé. Il y aura une belle com-
pagnie d'ecclésiastiques. J'aurai l'honneur de vous attendre le soir, afin de vous
délasser «.
Les seigneurs avaient leur oratoire ou chapelle privée dans leur résidence de
Petite Eneille, comme l'indique la requête suivante (sans date) adressée par
la Dame des Eneilles à Mgr le vicaire général de Liège :
« Remontre en toute soubmission à Votre Illustrissime Révérence, Margueritte
de Prez, douairière des Eneilles et Wallay, âgée de 82 ans et assez valétudi-
naire, que sa résidence de la Petite Enneille est distante de l'église d'une demi-
lieue ou environ — chemin fort m.ontagneux, de manière qu'il m'est presque
impossible de m'y rendre pour entendre la messe. Cause pourquoi elle recourt à
«tVotre Illustrissime Révérence, la suppliant bien humblement de vouloir accor-
d) Le moulin, après avoir longtemps appartenu à la ramille Hamoir, fut revendu en 1910 à
Jo-5epti Deprez.
— 35 —
der la permission à Monsieur François Gillet, chapelain de Grande Somme, de
biner dans son oratoire, en sa maison de résidence, où elle a eu auparavant la
permission défaire dire la messe, qui s'y est toujours dite jusqu'à la mort d'un
certain Messire Everard de Blier, prêtre, natif de la paroisse ».
Everard de Blier, d'après sa pierre tombale, est mort en août 1702.
En 1709, Ignace de Brialmont ob-
tint aussi le privilège à vie d'une
binaison au château de Petite
Eneille.
Les seigneurs étaient enterrés dans
l'église, ordinairement sous le chœur.
Ainsi, en 1752 Dame Gérardine de
Goppin, dans son testament, « dé-
signe pour lieu de sa sépulture le
chœur de l'église d'Eneille, près de
son honoré mari, voulant que «es
obsèques y soient faites le plus possi-
ble honorablement selon son état et
condition. "
Parmi les nombreuses tombes de
l'église, nous n'en trouvons plus
qu'une de la famille seigneuriale :
Ci gistent nobles S' Henri de
Brialmont S'' des Enneilles qui
TRÉPASSÂT l'an 1574 LE 31™®
OCTOBRE : ET DE DaMOISELLE ANNE
Dochain dit Jemeppe SA
compaigne morte l'an 1630.
Phot. Edouard Petit
Tombe de Henri de Brialmont et d'Anne d'Ochain.
Au centre se trouvent les armes
seigneuriales : les blasons des Brial-
mont et Dochain, reliés par un nœud d'am.our ; à droite et à gauche, les quar-
tiers de famille :
Brialmont, du Sart, Garpentier, Lardinoy,
OcHAiN, Saive, Vervy, Hevver.
Heuver est une localité près de Malines. ■
36 —
IV.
Le Fief d'Eneille.
A côté du domaine seigneurial il y avait à Eneille un petit fief dépendant de
la Cour féodale de Liège. Il était situé au nord du territoire, joignant le Pays du
Roi en la commune de Somme, qui se divise encore aujourd'hui comme autrefois
en Pays du Roi et Pays de Liège.
A l'origine il appartenait aux familles nobles de la région.
En 1437, nous le trouvons en mains de Sire Lorent d'Anthine. Il est vendu à
Jean Bouttier, puis à Jean Rondial. La famille Rondial (Rondeau) le conserve
jusqu'en 1648, et le livre aux Ponsart. Puis, par ventes successives de 1687,
1718, 1723, 1725, 1728, 11 vient à la famille Gollin, qui le garde jusqu'en 1784.
Anne-Marie Gollin le revend à Charles-Michel d'Ambremont, pour 48 écus de
rente viagère. Les d'Ambremont le laissent par héritage à M. de Favereau (1).
Le souvenir de ce fief est conservé dans le nom des lieux-dits : So les Fys
(sur les Fiefs), Bois des Fys (Bois des Fiefs).
(1) Archives provinciales de Liège.
— 37 —
CHAPITRE V.
LA CÛPR DE lUSTIOE.
§ ï.
Le Mayeur et les Échevins.
La Cour d'Eneille comprenait un mayeur et quatre échevins aidés d'un gref-
fier et d'un sergent.
Le nombre et la compétence des membres de la Cour variaient d'une commune
à l'autre, ainsi que leur mode de nomination. Dans les registres d'Eneille ne se
trouvent jamais cités plus de quatre noms d'échevins. Ailleurs il y eu avait
généralement sept.
E^ 1513, la Cour d'Eneille avait pour mayeur Jean Jacob, et pour échevins
Juliot Detro, Mathy de Kesne, Jean Rondias et Henri le Maréchal.
En 1735, la Cour se composait du mayeur de Blier, échevin lui-même, et des
trois échevins Pirard, Bourdon et GoUin.
Aux Eneilles, le mayeur et les échevins étaient nommés par le seigneur. Citons
une pièce authentique : « Nous, Ignace de Brialmont, seigneur des deux Eneilles,
Wallay, Reppeetc, soussigné, voulant pourvoir à chacun l'administration de
la justice par le nombre des échevins à ce requis, avons donné et conféré, comme
par les présentes donnons et conférons, à Henry Pirard de la petite Eneille,
une des eschevinautés vacquantes en notre Cour et Justice du dit Eneille, avec
tous les droits et émoluments annexés et dépendants de la dite eschevinauté ; et
ce aux devoirs et obligations de droit nous compétents et dûs, requérant partant
notre susdite Justice de l'admettre suivant la coutume, et un chacun de nos
sujets de le reconnaître pour tel. En foy de quoy avons signé la présente et
muni du cachet ordinaire de nos armes.
« Donné à Eneille, le huitième mars mil sept cent dix-sept ». I. de Brialmont.
« Le neuf mars mil sept cent et dix-sept, le s' Henry Pirard, repris un blancq
de cette, at été admis à l'Estat d'Eschevinage et en passe le serment accoutumé.
Par ordre, C.-J. Froidmont ».
C'est indiquer d'une façon bien précise la source du pouvoir, la nomination en
— 38 -
cas de vacance d'un siège, nomination à vie probablement, comme cela se faisait
ailleurs ; le caractère non gratuit de la fonction, l'admission obligatoire par le
collège des magistrats et la reconnaissance par les sujets, les garanties d'authen-
ticité et le serment initial.
Le mayeur était révocable à la volonté du seigneur. Les échevins ne pouvaient
être révoqués que pour des motifs très graves.
Quant à la compétence, la Cour jugeait au civil et au criminel, avec la réserve
indiquée dans les droits seigneuriaux.
Les archives d'Eneille ne font mention d'aucun procès criminel.
Les autres points de sa compétence nous apparaissent en détail dans les actes
de la Cour d'Eneille. Voici quelques exemples, choisis dans diflérents ordres
d'attributions.
1. En 1513 la Cour d'Eneille autorise en faveur de Mathy le Ghastelain, jadis
d'Eneille, une réduction à lui faite par les mambours Jean Jacob et Jean Ponsart,
de deux postulats et 9 aidants, que son père Poncelet avait déjà payés à l'é-
glise Sainte-Marguerite.
2. En 1623, dans un procès concernant le gaspillage qui se fait dans les bois
l'Iiol. Ed. Petit.
Le Huis d'Eneille.
— 39 —
d'aisances du seigneur, Henri de Brialmont, agissant au nom de son père, Jean
de Brialmont, obtient de la justice d'Eneille la sentence suivante : « Les manants
qui auront nécessité de bâtir, ayant obtenu congé du seigneur de pouvoir faire
abattre des arbres à cet effet, et en auront eu la marque du forestier du seigneur,
seront tenus de les faire mener hors des bois en déans un an en tout, de les faire
employer à leurs bâtiments, sauf que pour empêchement légitime, ils n'aient pu
les faire ouvrer ; et ce, sous peine d'amende, selon qu'il se fait en autres lieux
voisins en pareil cas «.
3. Le 26 avril 1728, à la requête du procureur Pirard de la Cour d'Eneille,
sont criés bannis deux particuliers de Baillonville et de Noiseux, pour n'avoir
pas obéi à un commandement qui les condamnait à payer leurs obtentions à la
vente du curé Le Charpentier décédé. Ce commandement et ce cri de bannisse-
ment émane du mayeur et échevins de la souveraine justice de la Cité et Pays
de Liège.
4. Aux plaids du 26 janvier 1734, le curé Grofay, comme mambour principal
des pauvres de sa paroisse, commence contre Jean Gollin, dit de Porcheresse,
échevin de la Cour d'Eneille, Pierre Colar de Deulin et Jean Duchesne d'Eneille,
représentant les Ponsart, un procès qui se continue aux plaids du 8 et du 26
février, du 8 mars 1 734, pour réclamer un muid d'épeautre, dont restait en arrière
un seller et un quart, depuis plusieurs années. Les débats, devant la Cour des
plaids, durèrent jusqu'au 7 juin 1735 et aboutirent à la condamnation des
défaillants, et pour Collin, à une subhastation ou saisie de 17 bêles à laine lui
appartenant et ramenées dans l'élable de la veuve Pirard d'Eneille, où elles
furent vendues après trois jours. Les frais du procès s'élevèrent à plus de 30 flo-
rins, parmi lesquels on compte 18 sous pour celui qui a gardé les bêtes pendant
trois jours.
5. Le 17 avril 1735, la Cour des mayeur et échevins ordonne de commu-
niquer au même Gollin une protestation du curé Grofay, réclamant de lui le
paiement intégral du pot de vin qu'il devait de temps immémorial pour le distri-
buer aux fidèles à Pâques. Cette année et la précédente, il n'en avait livré qu'une
bouteille, tout au plus la moitié de ce qu'il devait.
6. En 1732, la dame d'Eneille est en procès devant la Cour, avec les manants
d'Eneille, comme il résulte d'une enquête et d'une contre-enquête tenues à Hotton,
chez la veuve Reculemont, le 9 et 10 septembre. L'enquête se fait à l'instance
des communs habitants d'Eneille, emprenans pour Jean Lefebvre, Théodore
Thiry et consorts, intimés, contre la Dame de Coppin, veuve de feu Ignace de
BrialmoDt, écuyer, seigneur d'Eneille et Wallay, appelante par devant
J.-B. Martiny, commissaire de la cause, et F. Collignon, adjoint, assumés en
exécution du règlement de la Cour du 8 février.
— 40 —
Dix-sept témoins interrogés, dont l'un de Hotton, les autres, de Noiseux,
Fronville, Melreux, Monteuville, Grandhan, Eneille, déclarent tous à peu près
uniformément » qu'ils ont toujours vu poisser à Eneille, à fer pendant le jour,
à fer et à feu pendant la nuit, l'hiver sur une nacelle ou sur la glace ; l'été, en
entrant dans l'eau ; sinon, qu'il faudrait être à l'embuscade sur le bord ou
hurlai/ de la rivière pendant le clair du soleil, ce qui serait encore inutile, à
moins de tuer le poisson avec un fusil. »»
Dans la contre-enquête tenue à l'instance de Dame de Goppin, 20 témoins
sont interrogés, natifs de Marcour, Hotton, Werpin, Hampteau, Petithan,
Rendeux-St-Lambert, qui viennent tous déclarer ne savoir comment on poisse à
Eneille ; mais de toutes leurs dépositions il résulte qu'on poisse à Eneille comme
partout ailleurs, à fer et à feu, dans les conditions que nous avons indiquées
plus haut.
7. Une des principales occupations de la cour des mayeur et échevins, c'était,
surtout depuis un édit d'Albert et Isabelle (8 avril 1623), la charge d'enregistrer
les ventes et la plupart des transactions civiles, tels que les prêts, donations,
testaments, transports, échanges, afin de donner à tous ces actes une valeur
légale.
Ainsi pour une vente de deux sartages, faite en 1724 par devant André le
Charpentier, notaire apostolique, le greffier, Pirard, écrit en marge : « Le 17
mars 1730, fut le présent acte réalisé et registre à la cour des Enellles, pour y
sortir ses effets, par déshéritance du transporteur Noël Ottelet de Noiseux, et
adhéritance de l'acquéreur, Herman-Joseph Dupont, sauf et garde le bon droit
d'un chacun, et fut mis en garde de loi ».
Grâce à ces extraits du Rôle de la Cour des Eneilles conservés en grande
partie au château de Grandhan, on peut voir quelle était la jurisprudence de
l'époque en matière de testaments et de transports.
En voici un exemple intéressant pour Eneilles :
Le 10 novembre 1705 comparut devant le notaire Schaepen de Maestricht,
Jean-François Ponsart, du pays du roi d'Espagne, de la village de petite
Eneye^ lequel étant malade au lit d'une blessure, dispose de tous ses biens en
cas qu'il viendrait mourir, laissant au pont de la dite ville un demi-écu une fois
et un patar à St-Lambert de Liège, une fois, et institue sa femme Anne-Marie
Henri Jaspar Guillaume de Malmédy, héritière de tous ses biens où et en quelle
place ils sont situés (Eneille, Grandhan, Fronville), à condition de donner aux
pauvres 18 écus. Les témoins étaient J.-B. Hausman, caporal de la compagnie
de Monsieur le capitaine Godillière, au régiment de Monsieur le comte de Dona
et Guillaume Spyckers, habitant de Maestricht.
— 41 —
Cet acte est enregistré à la Cour de Maestricht en la forme suivante : « Nous
bourgmestre et conseillers jurés de la ville de Maestricht attestons et certifions
par cette, que Renier Schaepen est notaire public, catholique-romain, résidant
en cette ville, et qu'à ses actes et documents par lui signés, comme la présente,
on ajoute foi plénière tant en justice qu'en dehors d'icelle. En foi de quoi avons
lait dépêcher la présente sous la signature d'un de nos secrétaires et munir du
scel commun de cette ville, ce 20 septembre 1709. Etait signé par ordre d'iceux,
Hen. Thisus. Le cachet était de cire verde'. »
De l'an 1713, les Cours d'Eneille, de Grandhan, de Fronville, enregistrent un
transport gager des dits biens fait par Anne-Marie Guillaume, veuve en pre-
mières noces de François Ponsart, présentement femme de Lorent Sauvage,
bourgeois de Malmédy, en faveur du sieur Warny, prêtre bénéficier de l'autel
Ste-Barbe, à Somme. Ce transport avait été fait à Marche, par devant le notaire
Goffart, le 3 mars 1713.
Du 29 mars et du 5 avril 1725 il y a aux Cours de Fronville et d'Eneille un
retrait de Monsieur Gouverneur, capitaine de cavalerie pour le service de Sa
Majesté très chrétienne, d'entre les mains du sieur Warny, qui refuse de rendre
vêture, par la voie amiable, des biens gagèrement transportés. De là, procès.
Ce capitaine Gouverneur agissait par contrat passé à Malmédy, par devant le
notaire Dorgué, dans la sallette de l'abbaye impériale, en présence du R^ S^"" Dom
Gélestin de Verhouter, capitalaire de l'abbaye et du sieur Etienne Lavalle,
mayeur et échevin du ban de Fronville, au nom de Anne-Marie Henri Jaspar et
de son troisième mari, Hendrick Deroed. En faveur de ce dernier, elle fait une
donation entre vifs de ses biens, cens et rentes situés au pays d'Eneille, au détri-
ment de son fils, Philippe-Charles Sauvage, le 5 septembre 1741, en la maison
du sieur Delsemme à Jupille (Liège), par devant Barthélémy-Hubert Mathei,
notaire de la Cour de Liège.
Le 31 octobre de la même année, nouveau transport et renom des mêmes biens,
de la part de Henri Deroed en faveur du sieur Guillaume Bonjean, de Fraiture,
dans la maison de monsieur l'avocat Massar de Jenhez, situé au Souverain Pont,
paroisse St-Etienne à Liège. Cet acte est enregistré aux Cours de Fronville et
d'Eneille, le l^"- juillet 1750.
Et tout cela finit par un dernier transport fait par Guillaume Bonjean en
faveur de son parent, l'avocat Danthine de Petite Eneille, au prix de 700 florins
brabants, par devant Nicolas Georis, notaire de Liège, en la maison de l'avocat
Danthine, située dans la paroisse St-Adalbert à Liège, dans la rue St-Jean, le
cinq du mois de février 1755 (1).
(1> Le stock d'Eneille, au château de Grandhan.
— 42 —
Délégués du seigneur- à la Cour d'Eneille, le mayeur ou les échevins pouvaient
aussi le représenter devant des Cours étrangères. C'est ainsi que l'an mil sept
cent vingt-six, Ignace de Brialmont déclare « commettre et constituer Henry
Pirard, Eschevin de notre Cour d'Enneille pour en notre nom et de notre parte
comparaître par devant la Courte dite Jean Beaudhuin jugeante à Wéris, et y
faire tous reliefs et autres devoirs par nous dûs et afférents «.
Conclusion. La Cour d'Eneille, sauf appel au Conseil du Luxembourg, jugeait
définitivement au civil dans les causés réelles et personnelles ; et dans les causes
criminelles, instruisait le procès « jusques à dire droit «, puis remettait la cause
et le criminel au prévôt de Durbuy, qui avec sept échevins composait la
Haute-Cour.
Depuis la période bourguignonne, il pouvait aussi y avoir appel du Conseil
de Luxembourg au Grand Conseil de Malines. A cette cour suprême ressor-
tissaient les provinces belges, excepté le Brabant et le Hainaut et les principautés
de Liège et Stavelot.
Nous trouverons dans la suite de cette histoire plusieurs cas d'appel à Luxem-
bourg et à Malines.
i n.
Le Greffier et le Sergent.
« Le Greffier, disent les abbés Clausset et Mauclet dans leur belle histoire
d'Auvelais, était un personnage important. Souvent il était le seul lettré du col-
lège. Comme on ne trouvait pas dans chaque village un homme capable d'en
remplir les fonctions, on devait fréquemment recourir aux bons offices d'un
étranger et l'on rencontre de nombreux exemples de scribes desservant simulta-
nément plusieurs greffes scabinaux ». — La Cour d'Eneille eut longtemps pour
greffier un de Blier résidant à Fisenne.
« Le greffier rédigeait une sorte de procès-verbal des séances du tribunal,
tenait note des diverses phases des procédures, et il libellait ordinairement les
jugements. Il transcrivait d'abord sur des feuilles de parchemin, plus tard dans
des registres, les contrats soumis à la formalité de la réalisation et en dépêchait
des copies authentiques. Il dressait aussi les assiettes des tailles ; en un mot,
tenait toutes les écritures (1) ".
(1) Clausset et Mauclet : Histoire d'Auvelais et d'Arsimont pp. 70-71. Namur, Serval.*.
- 43 -
Parmi les Greffiers d'Eneille, nous trouvons Nicolas Duchesne, au commence-
ment du 17^ siècle ; et plus tard, Froidmond, de Blier, Tirtia, Dujardin.
Le Sergent était une espèce d'huissier chargé de citer les parties devant le
tribunal et de signifier aux intéressés les requêtes des particuliers et les décisions
de la Cour. Ainsi, en 1725, le sergent Jean Borlon signifie à Joseph Leboutte,
au nom de la Cour d'Eneille, qu'il a à comparaître aux fins de venir se voir con-
damner au paiement de dix écus au curé André Le Charpentier, son créancier.
Suppôt de la Cour, le sergent l'était naturellement aussi du seigneur : Le 7
mai 1786, un assemblement s'est tenu dans la maison pastorale d'Eneille, avec la
permission de très noble Dame des Eneilles, Adriane-Gharlotte de Brialmont, et
à la semonce de Henri Drouba, son sergent, surséant de la Petite Eneille, au
sujet des difficultés survenues entre le révérend sieur Randollet, curé, et les
manants, à propos de la nomination d'un maître d'école.
« Le sergent assistait aux séances pour assurer l'ordre ; il était agent
exécutif quand il s'agissait d'appréhender un coupable, de saisir des gages, de
procéder à des ventes publiques (1) «.
Au point de vue communal, le sergent cumulait ses fonctions de justicier avec
celles de garde-champêtre.
CHAPITRE VI.
LA COMMONAPTÉ.
1 . Plaids généraux. A côté des plaids judiciaires, il y avait à Eneille, comme
dans toutes les communautés, l'antique institution des plaids généraux, d'origine
franke, c'est-à-dire, des assemblées de tous les chefs de famille, réunis à des
moments déterminés pour discuter au sujet de leurs intérêts communs.
Les plaids généraux se tenaient de droit trois fois par an, à des époques fixes,
et pouvaient encore avoir lieu à divers moments de l'année, avec la permission
du seigneur,
« L'assemblée se tenait le plus souvent devant l'église, au cimetière, ou dans
la maison pastorale, souvent à l'issue de la messe. Le mayeur, représentant le
pouvoir seigneurial, présidait les séances, entouré des membres de la justice.
Tous les chefs de famille, hommes ou même femmes veuves, avaient le droit et
l'obligation d'assister aux plaids généraux.
(1) Clausset et Mauclet, op. cit. pp. 71-72.
— 44 —
On y donnait lecture des vieilles chartes, afin que chacun connût tous ses
droits et toutes ses obligations. On promulguait aussi les ordonnances des souve-
rains, les édits et les défenses des seigneurs.
La gestion des propriétés communes et notamment la réglementation des
coupes de bois, les mesures à prendre pour sauvegarder les anciens privilèges ;
les procès à intenter ou à soutenir dans ce but, le choix des mandataires à em-
ployer devant la justice, l'entretien de la voirie, les réparations à effectuer à
l'église, au cimetière, à la maison pastorale, les emprunts à contracter ou les
contributions à lever pour subvenir aux charges, l'audition des comptes étaient
les principaux objets portés à l'ordre du jour des plaids généraux (1) ».
La taille d'Eneille pour 1770 se monte à 13 fl. 2 sols, 1 gigot, parmi lesquels
le curé paie 34 sous, 2 liards. Le plus imposé, André Servais, paie 51 sous ; les
6 plus pauvres, 1 gigot ; d'après l'assiette de la taille dressée dans la maison de
Philippe Legrand, par les assieurs Noël Gathy, Jean Servais, André Hollon
(HoUogne), Philippe Legrand.
Citons maintenant quelques affaires traitées dans les assemblées de la commu-
nauté.
Aux plaids généraux tenus le 7^ jour de l'an 1623 (plaids des Rois ou de
l'Epiphanie), le seigneur Henri Brialmont en personne a remontré aux manants
que diverses fois plusieurs habitants se sont plaints tant aux plaids généraux
qu'aux autres plaids de ce que les gens ayant le plus de moyen intéressaient fort
leur pâturage, prenant troupes de moutons exorbitamment et plus que leurs
pâtures ne peuvent porter, au grand préjudice de leurs bêtes à cornes. Il leur a
proposé de charger en tout par les deux villages d'Eneille, trois cents moutons
par dessus son troupeau ordinaire, à répartir proportionnellement ou bien sui-
vant les héritages de chacun, ou bien suivant l'assiette de la taille de Sa Majesté,
ou bien autrement de façon convenable et raisonnable. Pour à quoi répondre
s'étant les dits manants tirés à part se sont retournés par devers le seigneur et
la Justice avec diverses opinions, sur le fait de la répartition. Pour laquelle
diversité accommoder, le seigneur a requis les mayeur et échevins de prendre
et recevoir les opinions de chacun particulièrement.
« Trois ont déclaré vouloir prendre des moutons à leur plaisir et sans règle ;
six ont déclaré vouloir que la répartition se fît à l'advenant des héritages ; vingt-
cinq ont déclaré vouloir qu'il fût fait à proportion de la taille payée au Prince
par chacun,
« Le sieur Belleamye, curé des Eneilles, a déclaré qu'il se contenterait d'en
prendre autant que le plus riche laboureur en prendra en conformité de sa
taille.
(1) Classet et Mauclfit, op. cit. pp. 75-76.
— 45 —
« Le seigneur acteur accepte et reproduit le besoigné cy fait en cette Cour, le
7 de ce mois, sur les plaids généraux derniers contenant les règles volontaires
arrêtées entre lui et ses sujets, excepté quatre requérants. »
« Donc tous les habitants, sauf quatre, parmi lesquels Thiry de Brialmont et
sire Jacques Rondeau, prêtre, demeurant à la Petite Eneille, se sont ralliés à la
majorité. Sur ce, les mayeur et échevins donnent permis de prendre bestes à
laine conformément à la dite assiette et advenant de trois cents moutons, outre
et par dessus la troupe du seigneur, et ce par provision, jusqu'à ce qu'autrement
en soit ordonné ».
Le 11 janvier 1623, ils accordent aussi au seigneur acteur défaut contre les
quatre non comparants, qui adressent une requête à Monseigneur le Gouverneur,
Président et gens du Conseil de Luxembourg, invoquant leur paisible possession
depuis 20, 30, 40, 50 ans. Le Conseil de Luxembourg communique leur requête
à Henri de Brialmont, le 19 janvier 1623. La suite du débat nous manque.
2, Le Mayeur, les Echevins, les Gbnteniers, le Sergent. A Eneille,
le mayeur et les échevins de la Cour de justice cumulaient aussi les fonctions
communales, avec les deux centeniers, restes des anciennes institutions féodales,
nommés également par le seigneur.
Les fonctions du mayeur ou bourgmestre se bornaient à l'administration des
biens communaux, à la réquisition de journées de travail à prester par les habi-
tants pour les travaux publics, à la surveillance générale des biens et des chemins.
Nous verrons les centeniers intervenir une fois dans les débats relatifs à la
restauration du presbytère, à propos d'une levée de contribution due par les
particuliers. Ils commandaient aussi les rinages, c'est-à-dire, les réunions à jour
fixe et annuelles, où se débattaient les affaires de la communauté.
Le sergent, comme fonctionnaire communal, outre son rôle de garde-champê-
tre, devait annoncer les plaids extraordinaires par affiches, et aller de maison
en maison, convoquer tous les manants « parlant à eux-mêmes, leurs femmes,
enfants, domestiques », et leur notifiant le lieu, l'heure, l'objet de l'assemblée.
Au moment de la réunion, il sonnait la cloche paroissiale.
3. Charges publiques. De l'époque féodo-communale nos archives ne disent
rien sur les redevances des manants vis-à-vis du seigneur. Le curé lui devait tous
les sept ans une journée de faulx aux foins, par corvée ; deux annuellement pour
raccense de l'eau proche de la maison de cure, deux setiers d'avoine comme
laboureur pour la vente du bois ; à la fête des Rois, il paie sept bons liards à la
recette seigneuriale. Ces redevances durent jusqu'à la fin de l'ancien régime.
Dans la suite, à partir de l'époque bourguignonne, outre la taille fixée par les
5 assieurs de la communauté, «« les Etats de chaque province votaient annuel-
— 46 —
leinent les aides et subsides, c'est-à-dire, leur part dans les dépenses générales
du gouvernement. L'aide votée par « la province de Luxembourg « était répartie
entre les divers corps sociaux : clergé, villes, noblesse, plat pays.
" La contribution globale du plat pays était divisée entre les bailliages et les
prévôtés, puis on déterminait la portion pour laquelle chaque communauté
interviendrait. Le mayeur et les échevins de la Cour ayant reçu le billet qui les
informait de la somme réclamée aux habitants de leur juridiction faisaient l'as-
siette de la taille, c'est-à-dire taxaient chacun suivant sa fortune, en prenant
pour base la quantité de bonniers ou de journaux de terre qu'ils détenaient (1) ».
D'après une répartition faite par le lieutenant prévôt de Durbuy, en date du
20 février 1767, Eneille devait payer 81 florins, 14 patars et 3 deniers, la moitié
au 15 du courant, un quart au 15 juillet, l'autre quart au 15 d'octobre suivant,
à peine d'exécution en mains de M. Malempré, à Marche, avec le demi-sol par
florin. Item pour le soutien de la Cour du duc Charles, payable comme dessus,
14 florins brabants 14 patars. La taille était payable à Marche (Eneille et la
prévôté de Durbuy faisant partie du quartier de Marche). Les envois ont coûté
pour les deux années 1765 et 1766, 8 escalins.
Le 6 février 1769, le sieur de Blier, greffier de la Cour d'Eneille, à la demande
du comte Philippe de Gobenzl envoie la réponse de la dite Cour sur l'estimation
des biens-fonds faite par ceux de la justice d'Eneille aidés de leurs experts en
vue de la repartition de la taille due à Sa Majesté.
Le journal de bonne terre labourable y est estimé àun setier et demi d'épeautre
à comble, pour la première année ; à trois quarts d'avoine aussi comble, pour la
deuxième année ; la troisième se repose. Suit l'estimation des terres médiocres,
des mauvaises terres, des trixhes labourables, des sarlages à vingt ans.
Le cent de bon foin est estimé à 15 sols, le cent de médiocre à 7, le cent de
mauvais, de même que le regain à 5.
Un chapon est estimé à deux escalins (14 sous), une poule 7 sols, un œuf trois
deniers (un quart de sol) ; une journée de faulx d'un manœuvre 17 sols, quand
on ne nourrit pas le manœuvre, et quand on le nourrit, 10 sols.
Le prix d'une livre de laine est de 8 sols ; à quelle occasion on prie de faire
attention que dans les étables du curé, la livre est taxée 10 sols, par abus.
Une ordonnance de Marie-Thérèse, en date du 20 mai 1779, régie comme suit
la contribution foncière :
« Ghers et bien-aimés, sur le compte qui nous a été rendu de votre représen-
tation du 26® février dernier concernant l'article 13 de notre ordonnance du 21
(t) Clausset et Mauclet, op. cit. p. 81.
— 47 —
mars 1771, nous vous faisons la présente, à la délibération du Sérénissime Duc
Charles-Alexandre de Lorraine, Gouverneur et capitaine général des Païs-Bas,
pour vous dire que le vrai sens du dit article n'étant et ne pouvant être autre
que de faire contribuer par les propriétaires des cens et rentes foncières, une
partie de l'imposition proportionnée au montant de la rente et au produit du
fonds qui en est chargé, il est tout simple qu'en cas de difficulté pour déterminer
cette proportion, il sera fait une évaluation par experts du produit ou de la
valeur réelle du fonds, sans égard à l'évaluation portée au cadastre ; de manière
par exemple que si un fonds chargé de 50 sols de rente, cotisé dans l'imposition
à 20 sols, est estimé valoir réellement un produit de 200 sols, le tenancier devra
supporter dans les 20 sols de l'imposition quinze sols, et le rentier les 5 sols
restants. Selon quoi vous aurez à vous régler tant à l'égard du cas qui fait l'objet
de votre dite représentation, que de tous autres cas de cette espèce qui peuvent
se présenter dans la suite ».
Le clergé avait son rôle à part dans la répartition générale de l'impôt. Le
curé d'Eneille payait comme décimaleur et comme laboureur.
En 1778, pour une dîme de 250 florins brabants, il paie 17 florins, 12 sous,
6 deniers.
Quand, pour fait de guerre ou autre calamité publique, un curé ou une com-
munauté avaient subi de grands dommages, ils pouvaient exposer leur situation
au Conseil du Luxembourg, qui généralement réduisait leur taille pour l'année
suivante, si les réclamations lui parvenaient à temps et étaient trouvées légitimes.
L'ordre du clergé était représenté à Luxembourg par les abbés de Saint-
Maximin (Trêves), de Munster (Luxembourg), d'Echternach, de Saint-Hubert,
d'Orval et le prieur d'Houflalize.
Gomme laboureur, le curé d'Eneille, pour 7 journaux 156 verges de terres
labourables, dont deux jours de la première classe ; la moitié du résidu de la
deuxième ; le reste de la troisième classe, payait à la taille l florin, 2 sous et 6
deniers, en évaluant le sou à 0.06 et le denier à i/3 de sou.
Pour 9 jours, 102 verges de terres sartables, dont 4 de la première classe, il
payait 4 sous, 7 deniers.
Pour un jour, 106 verges de jardin et de verger, il payait 14 sous. Pour un
jour, 159 verges de prairies, dont un tiers de la première classe, un tiers de la
deuxième, un tiers de la troisième, il payait 14 sous, trois deniers.
Pour 9 bêtes à cornes, l florin, 13 sous, 9 deniers.
Pour cinq chevaux, 1 florin, 17 sous, 6 deniers.
Pour vingt-deux bètes à laine, 16 sous, 6 deniers.
Pour l'industrie d'un domestique laboureur, 13 sous et 3 deniers.
— 48 —
Outre la contribution ordinaire pour les aides de Sa Majesté, le clergé, comme
le plat pays, devait payer ou parfois offrait gratuitement des subsides extraor-
dinaires comme le prouvent les lettres suivantes adressées au doyen du concile
ou du doyenné d'Ouffet.
Le 9 février 1708, le doyen de Luxembourg, A. Feller, lui écrit : « Si nous
avons tant tardé à vous envoyer le second mandement pour la contribution, le
fait en est que nous étions avertis qu'il y avait cette année des frais extraordi-
naires à répartir, et que le Roi avait nommé une jointe de Mfe'"" le comte d'Autel
et de quelques seigneurs pour les régler. Nous avons présenté la requête à la
dite jointe pour que le secrétaire de l'Etat soit obligé de nous donner connais-
sance tant de la somme générale du clergé que de la quote-part des frais venant
à sa charge ; et après tout bien examiné, il s'est trouvé que nous avons réparti
au juste la moitié de notre somme. Ainsi votre doyenné a été taxé à 143 V2 écus,
dans la dernière répartition générale ; vous ferez lever la même somme pour
achever le paiement de la présente année, et la répartition subdivisionnelle du
premier paiement vous servira pour celui-ci ».
En 1737, le doyen du concile d'Ouflfet était le curé Maréchal de Grandhan.
Nous retrouvons dans ses papiers une acceptation d'un don gratuit du clergé
séculier, par S, A. R. Marie-Elisabeth, en ces termes :
« Etant informée par le rapport qu'on nous a fait de votre acte d'accord du 8
février 1737 que vous présentez à S. M. un don de 12,000' florins brabants
pour l'assister à supporter les dépens immenses auxquels l'engage la présente
guerre contre les infidèles, et ayant ce don agréable, nous l'avons accepté au
nom de notre très cher frère et seigneur, et nous vous remercions par la pré-
sente à condition que vous fassiez remettre incessamment cette somme à Bruxel-
les, entre les mains de l'administrateur de la caisse de guerre ».
Enfin, voici une autre dépêche officielle au même doyen du concile d'Ouffet,
curé de Grandhan, et qui prouve que le même subside volontaire a été payé plu-
sieurs fois.
« J'ai l'honneur de vous avertir que l'Etat ecclésiastique de cette province,
assemblé à Luxembourg le 20 du mois de novembre, ayant accordé volontaire-
ment à S. M. 1. et G. un subside ordinaire et extraordinaire de 12.000 fl. pour
l'année 1739, notre clergé séculier, suivant la transaction de 1712, en est pour
6720 florins brabants. Les deniers de recette et vacations portent avec les consi-
dérations des confrères endommagés par les trois F (1), la somme de 292 fl. B.,
faisant ensemble celle de 7012 fl. B., dans laquelle votre doyenné d'Ouffet est
taxé suivant le pied ordinaire à 499 florins brabants, 9 sols et 7 liards payables.
(1) Les trois grands Fléaux : le Feu, le Fer, la Famine.
— 49 —
la moitié an 15 février prochain, un quart au 15 juillet, un quart au 15 octobre
de l'année 1739, entre les mains du receveur du dit clergé, monsieur Groffay,
résidant à Marche, le tout, augmenté de 58 fl. 19, pour frais d'exécution ».
La taxe de la province de Luxembourg, à cette date, tant pour les subsides
ordinaires qu'extraordinaires, se montait à 280,000 florins brabants « hors de
laquelle le clergé s'est volontairement chargé des 12,000 fl. stipulés plus haut.
La taxe ecclésiastique du doyenné d'Ouflet était répartie entre les intéressés
par le vice-doyen ou collecteur du concile, qui fut longtemps un curé d'Eneille :
Noël Depierreux. Voici ce qu'il nous renseigne pour l'an 1664. » La répartition
de la taxe due à Sa Majesté catholique aux mois d'avril et mai 1664, se portait
cette année à 445 florins brabants, pour le doyaume d'Ouflet, solvable en déans
la St-Remy prochain, laquelle a été répartie en la ville de Durbuy, le 2 septem-
bre, en présence des curés du concile, qui ont payé en tout 468 fl., 13 patars,
dont 13 florins brabants pour la cure d'Eneille, 18 pour Tohogne, 11 pour
Durbuy, 3 pour Barvaux, etc., etc.
« Dans les 468 fl. sont compris le port à Marche par la messagère, 22 pat. ; les
vacations des oflîciers et répartisseurs, 14 fl. ; par ainsi, ily a d'excrescence 9 fl.
1 pat. Et de la pénultième et dernière taxe le collecteur renseigne d'excrescence
47 fl. 17 pat. : soit pour les trois dernières taxes, 56 fl. 18 pat. d'excrescence.
» J'ai reçu en outre, dit le vice-doyen, 15 fl. pour le révérend Prélat de Neuf-
moustier, ce qui est son entier contingent. — Le 5 décembre, recevant les deux
dernières taxes du révérend ofïîcial de Marcour, portant 36 fl. brabants, je lui ai
décompté 8 florins, pour les deux journées de vacation pour la répartition faite à
Durbuy, le 2 septembre 1664, et trois patakons en tout pour les deux précé-
dentes portant 15 fl. 4 pat. ; et, collecteur représentant un doyen, moi, je prends
pour mes vacations, pour les trois précédentes, trois patakons ; et pour la der-
nière, 4 fl. 4 pat. à déduire hors des excrescences. — Le 1" décembre 1664, j'ai
décompté au vénérable pasteur de Durbuy, douze florins pour payer le vin
du dîner ».
En dehors du domaine ecclésiastique, il y avait un collecteur laïc, qui, comme
les antiques publicains, prenait la levée des tailles au rabais, c'est-à-dire qu'on
l'adjugeait à qui s'offrait à la percevoir en prenant comme salaire le tantième le
moins élevé. Il rendait compte de ses opérations à la Cour de justice et à l'as-
semblée des manants. Pour l'audition des comptes, le mayeur, les échevins, le
greflïer, le sergent étaient rétribués comme pour établir l'assiette de l'impôt.
4. Les Revenus et les Biens communaux.
De tous temps, les revenus d'Eneille furent assez maigres. La taille commu-
4
— 50 —
nale, les bois, la pêche ne devaient pas faire monter haut le budget annuel,
d'autant plus que ces deux derniers postes relevaient du droit seigneurial, et
que l'église Ste-Marguerite possédait une partie des bois. Il y avait assez bien de
terres communes, qu'on appelle encore « La Commune », à l'est du territoire des
Eneilles, sur lesquelles par tradition perdure le droit de vaine pâture, comme
sur les terres du château à partir de la Toussaint. D'ailleurs il n'existe plus
aucun compte des anciens temps.
En 1910, la location de la chasse rapporte 750 frs. à la section d'Eneille.
Chaque habitant paie une moyenne de 5 à 8 francs pour sa part de bois
d'affouage, soit un revenu de 250 francs environ par an.
Les additionnels se montent à 0.30 centimes. Les propriétaires paient 5 7o du
revenu cadastral.
5. RÉGIME ADMINISTRATIF.
Sous le régime français, issu de la Révolution, Eneille fait partie du départe-
ment des Forêts, avec pour maire, M. Hamoir.
Réunie quelques années à Monteuville et à la commune de Petite Somme,
elle appartient depuis 1826 à la commune de Grandhan.
Administration communale en 1910 :
Bourgmestre : Henri Rondelet, à Petithan.
Conseillers d'Eneille : Nestor Collin, échevin.
Joseph Deprez.
Secrétaire : Adolphe Désirotte, de Grandhan
Receveur communal : Henri Despas, de Grandhan.
En temps normal. Petite Eneille est à vingt minutes de Grandhan, à trois
quarts d'heure de Petithan ; mais quand les ponts de bois sont renversés aux
passages d'eau de Chêne à Han et du moulin, et quand les barquettes ne mar-
chent plus par suite des crues de l'Ourthe ou de la débâcle des glaçons, Eneille
est à deux lieues de Grandhan, à une et demie de Petithan.
On a essayé depuis cent ans tous les groupements possibles pour faire à Eneille
une situation communale sortable. La topogi-aphie s'y oppose.
6. Ancienne Population. Les Manants d'Eneille, les notables.
Le plus vieux document qui nous renseigne sur l'ancienne population
d'Eneille, c'est le procès des moutons, en 1623 : les deux Eneilles comptent alors
— 51 —
37 ménages. Il y en a 29 en 1695, d'après le procès pour la restauration de la
maison pastorale. Entre ces deux dates, survient la peste de 1636, qui fait à
Eneille de nombreuses victimes. Dans un fragment du registre des baptêmes, de
1605 à 1627, nous comptons jusque 18 jeunes gens, en dessous de 20 ans, nés
entre 1616 et 1627, dont la mort est signalée en 1636. Citons-les pour mémoire :
Marie, fille de Michel le Maréchal et de Jeanne Ponsart, née le 19 août 1616. —
Roland, fils de Jean Thyes et de Catherine Rondeau, né le 2 janvier 1617. —
Toussaint, fils de Jean Toussaint et de Marguerite Ponsart, né le 17 janvier
1619. — Jeanne fille de Bernard et de Marguerite Ponsart, née le 19 juillet 1619.
— Anne, fille de Jean Thyes et de Catherine Rondeau, née le 16 novembre
1628. — Marguerite et Anne, sœurs jumelles, filles de Jean Bernard et de
Jeanne Ponsart, nées le 21 mars 1621. — Marguerite, fille de Jean Toussaint et
Marguerite Ponsart, née le 25 octobre 1622. — Jean, fils de Jean Thyes et de
Catherine Rondeau, né le 8 décembre 1622. — Jean, fils de Jean Toussaint et de
Marguerite Ponsart, né le 23 novembre 1623. — Anne, fille de Jean Bernard et
de Jeanne son épouse, née le 2 décembre 1623. — Jeanne, fille de Henri Trina,
moulnier et de Jeanne Demarteau, née le 27 juin 1625. — Tierry, fils de
François de Leuze et d'Antoinette de Molin, né le 20 novembre 1625.— Jeanne,
fille de Jean Toussaint et de Marguerite Bernard, née le 13 février 1626. —
Marguerite, fille de Hubert de Tohogne et de Marguerite Ponsart, née le 25
octobre 1626. — Pierre, fils de Jean de Leuze et d'Antoinette de Molin, né le
4 janvier 1627. — Ponce, fils de Poncelet Ponsart et de Jeanne de Trina, né le
8 juillet 1627. — Jean, fils de Jean Toussaint et de Marguerite Bernard, né le
22 décembre 1627.
Remarquez les 5 enfants morts dans la famille Toussaint en 1636. Cette famille
que nous trouvons déjà dans la liste de 1623, ne reparaît plus dans celle de 1695.
11 n'y a du reste que 5 familles qui soient portées à la fois sur les deux listes de
1623 et de 1695 : les Ponsart, les Gollin, les Lecomte, les Gérard, les Pire.
Si la peste de 1636 a changé presque tous les noms à Eneille, c'est qu'il y est
revenu de nouveaux habitants en majorité étrangers: c'était un repeuplement
nécessaire.
Disons un mot sur l'origine probable de ce fléau.
L'Europe était alors en plein dans la Guerre de Trente ans. L'empereur Fer-
dinand H avait répondu à l'attaque de la France « en envoyant dans le Luxem-
bourg 32,000 Croates, Polonais et Hongrois, se joindre aux troupes espagnoles,
avec lesquelles ils devaient envahir la France (juin 1635) ; mais ces hordes sau-
vag'^s se crurent ou plutôt feignirent de se croire en pays ennemi aussitôt après
— 52 —
avoir franchi la Mosollc (l) -, Ravajjçeant tout sur son passage, « l'année austro-
espagnole parvint jusque près de Pai-is ; mais énergiquement repoussée, elle se
replia en hâte sur le Luxembourg, où elle établit ses quartiers d'hiver.
Ce fut pour la [)fovince la plus épouvantable de toutes les catastrophes qui
s'étaient abattues sur elle jusqu'ici : les Impériaux prirent possession du plat
pays et des villes, se livrant aux plus honteux excès, infligeant aux habitants
des tortures sans nom pour leur extorquer de l'argent qu'ils n'avaient pas, ou des
vivres dont ils étaient tout aussi dépourvus, ou encore, par simple désœuvrement,
pour l'unique plaisir de tuer et de détruire. La conséquence de cette invasion fut
une cherté inouïe des choses les plus nécessaires à l'existence, si bien que la livre
de fromage vint à coûter 10 sous, et le setier de froment (18 litres) 48 sous, d'où
une famine affreuse ; la misère atteignit un tel degré, que l'on vit des mères
égorger leurs enfants pour s'en repaître, et les bourgeois des villes se nourrir de
cadavres qu'ils allaient détérer dans les cimetières. Il n'en fallait pas tant pour
provoquer des épidémies ; aussi la peste ne tarda-t-elle pas à faire son apparition
et à sévir avec une telle violence qu'elle enleva les deux tiers de la population
dès le début de l'hiver (1636) (1) «.
Aux Eneilles, nous l'avons dit, cinq familles à peine y survécurent, et après
60 ans, le nombre des ménages n'était pas encore remonté jusqu'au chiffr-e de 37,
comme le donne notre première liste.
Parmi les notables d'Eneille emportés par la peste, signalons Messire Jacques
Rondeau, prêtre, demeurant à Petite Eneille. Nous en avons un acte authenti-
que (2) dans sa déclaration de volonté dernière, recueillie et consignée par le
curé Pierre Belleamye.
Cet acte a été fait à la hauteur d'Eneille sur le thier qu'on dit la Fosse des
Frênes, quelque peu éloigné de la logette qu'on lui avait fait dresser expressé-
ment à raison de son infection.
Il n'y eut pas moyen de lui faire signer de sa main sa déclaration. On prit
pour témoins Jean Delrée, Henry Gérard moulnier, Henri GoUin, Pierre de
Brialmont, le jeune, et le curé Pierre Belleamye.
Jacques Rondeau y confirmait une donation du 26 octobre 1624, faite devant
la justice de Fronville en faveur de ses neveu et nièce Jacques et Jehenne
Pirard, enfants de son demi-frère Jehan Pirard et d'Elisabeth Duchesne. Puis il
ordonnait par codicille qu'on fit des anniversaires annuellem.ent à l'église d'Eneille,
(i) Bernays et Vannérus, op. cit. p. 374.
(2( Archives du chfiteau <le Grandhan.
i
— 53 —
à charge pour ses neveu et nièce de payer tous les ans au curé un daller, mon-
naie du Roi,
Le curé l'ayant interrogé si on ne lui devait aucune chose, il déclara que
Evrard de Noiseux lui devait vingt-quatre florins brabants d'argent prêté, et
Guillaume le Gharlier de Baillonville dix-sept patacons pour biens lui vendus ; et
Henri Gille de Baillonville lui devait quarante florins brabants seulement tant
pour laines à lui délivrées que pour grains ; et autrement, quittant le reste de
toutes autres prétentions qu'il pourrait avoir à rencontre du dit Henri, en faveur
de Marie sa fille, et ce pour bonnes considérations ; que Henri GoUin lui devait
32 patacons, lesquels aussi il lui quittait.
» En outre, dit le curé, m' ayant enquis et demandé ce qu'il pouvait devoir
à autrui, il répondit devoir à Jean Scion d'Eneille, une charrée d'ancinnes, et
à Roland de Moirville deux à trois pots de bière, ne pensant devoir à homme du
monde autre chose, excepté qu'il déclara avoir mis de côté trente-trois florins
brabants, qu'il chargeait ses héritiers de donner à Roland de Grandhan pour la
regrosse d'une terre qu'il lui avait achetée ».
Les pestiférés n'étaient pas enterrés au cimetière, mais en pleine campagne au
lieu-dit « La Maladrèie ».
Jacques Rondeau avait une fortune considérable. Elle fut le noyau du second
domaine de Petite Eneille, sorte de domaine bourgeois, enclavé aujourd'hui
encore, comme au temps féodal, dans l'ancien domaine des seigneurs. Par un
concours d'alliances et d'héritages, la peste aidant, ce domaine vient aux mains
des Pirard, puis des Danthine, puis des de Favereau.
Jacques Pirard, l'héritier de Jacques Rondeau, était fils de Jean Pirard-
Duchesne, demi-frère de Jacques Rondeau, dont la mère, Bertheline de Brial-
mont, veuve de Thiry Rondeau, avait épousé en secondes noces, à la fin du
XVP siècle, Jean Pirard le Maréchal, le vieux, père de Pirard-Duchesne : " Jean
Pirard le Maréchal et Bertheline avaient un second fils qui mourut sans hoirs,
écrit Pierre Pirard en 1710, et ainsi, icelui Jacques, prêtre, avait hérité de tous
les biens tant du côté de son père Rondeau, que de la dite Demoiselle Berthehne
sa mère ; lesquels biens il promit de donner en convenances de mariage à Jean
Pirard, le jeune, fils unique en secondes noces de Bertheline ; tellement que
Jean Pirard a hérité de tous les biens de Thiry Rondeau.
Pirard le Maréchal avait eu déjà d'une première femme sept enfants, lesquels,
selon les coutumes du pays de Luxembourg devaient également partir par tête
à tous biens provenant de leur père, excepté les acquettes faites pendant les
mariages, qui allaient aux enfants respectifs de ces mariages; maisiceux enfants
du premier lit venant à pauvreté vendirent et engagèrent leurs biens et parts
— 54 —
tant à leur père, étant déjà rallié en secondes noces, qu'au dit Sire Jacques, qui
laissait tout au profit de Jean Pirard, son demi-frère unique des secondes noces
de sa mère, et ce dernier a encore par là succédé à tous les biens et acquettes
de son père, et a eu le bien entier, après plusieurs années de séparation. Et
icelui Jean a eu deux enfants, fils et fille ; elle mariée à Gengoux de Baillon-
ville, et le fils à Anne de Blier, duquel descend mon père. Les enfants du pre-
mier mariage de Pirard le Maréchal sont présentement (1710) les l'irard de
Grandhan. «
Pierre Pirard, l'auteur de ce grimoire, épouse Agnès Danthine, fille de Lam-
bert Danthine, et arrière petite-fille de Gui Danthine et de Marguerite de
Sottrez.
Ils eurent un fils unique, Henri Pirard, né le 9 mars 1688, souvent cité dans
nos archives comme échevin et greffier d'Eneille. Il mourut en 1735, laissant
sa fortune à l'avocat Henri-François-Joseph Danthine de Liège, mort céliba-
taire, qui la passe à Auguste-Charles-Marie de Favereau, fils d'Albert-
Antoine, chevalier de Favereau, et de Marguerite-Gabrielle Danthine de Liège.
La pierre tombale d'Agnès Danthine, dans l'église d'Eneille, porte ces simples
mots :
Ci gist Agnès
Danthine
ÂGÉE DE 93
ANS. 1740
Le blason des Danthine, que l'on trouve sur la pierre tombale de son fils,
Henri Pirard, porte écartelé au premier et au quatrième un chevron, au deu-
xième et au troisième un lion.
Dans les armes de Henri Pirard, les lions sont remplacés par des fasces. Son
blason et celui des Danthine, sur sa tombe, sont timbrés d'un heaume, un lion
issant. Voici son épitaphe :
Ci GIT LE SIEUR
HenriPirard
FILS DE Pierre
Pirard et D^'ie
AgnèsDanthine
Eschevin et Greffier
Des Eneilles, décédé le
9 T^re 1735
Requiescat in page
— 55 —
Cette inscription est gravée sur un piédestal en forme de cloche supportant un
sarcophage surmonté des deux blasons susdits (au lieu des blasons on trouve
souvent des statues dans les tombes princières de l'époque).
L'abbé de Blier avait aussi sa tombe dans l'église avec ses armes. Le blason
de la famille de Blier portait d'argent à trois fasces d'azur, au premier canton
d'or à une rose de gueules, soutenue de sinople et boutonnée d'or, d'après Riet-
stap (Armoriai général). Cependant, ni dans la pierre tombale d'Eneille, ni dans
le volet du rétable de l'église de Durbuy (portrait de Nicolas de Blier et de sa
fille) la rose n'est soutenue ni barbée. Il n'y a qu'une simple rose héraldique,
stylisée et sans tige ni feuille (1).
Voici l'épitaphe de l'abbé de Blier :
Hic jaget vbnï'"''s dnus
EVERARDUS DE BlIER
Presbyter qui obyt
8A 7BRIS A.0 1702
Requiescat in page.
Les de Blier ont été anoblis le 20 juillet 1618, Luxbg., dit Rietstap.
Les plus anciennes familles dont les descendants habitent encore Eneilles sont
les Collin et les Ponsart, déjà cités dans les anniversaires du XV^ siècle. Nos
archives nomment Jean Colin, capitaine de la cavalerie du Condroz, Louis
Colin, prêtre, Jean-Henri Colin, chanoine de Scléen, dans la première moitié
du XVIII* siècle, et dans la seconde moitié, André Colin, curé de Natoye, pro-
priétaire d'une bergerie à Petite Noiseux, en 1771. Ils payaient chaque année
des rentes à l'église pour la communauté de Porcheresse. Ce sont les Colin,
jadis de Porcheresse ou dits de Porcheresse.
De 1600 à 1700, on trouve les familles Gérard, Raskin, le Mouton, Pirlottin
(Pirottin, Pirotton), Lecomte, Pire, Warnier (Warny), Collard (Colla).
De 1700 à 1800 : Modave, Michel, Etienne, Houart, Dachoulle (Dachouffe),
Drouba, Ottelet.
De 1800 à 1815 : Bougelet, Farigoul, Julien Maréchal, Quirin.
A part les deux familles de souche cinq fois séculaire, la population d'Eneille
a toujours été très flottante.
C) Voir aussi Communes Luxembourgeoises, T. V, p. 321
— 56 —
Phot. Ed. Petit.
GRANDE ENEILLE.
Vieille maipon de style liégeois.
Les fermes d'Eneille et
celles de Chêne à Han
n'ont pas peu contribué
à renouveler les noms
et les familles dans la
paroisse.
En 1793, il y avait à
Grand Eneille 3 labou-
reurs, 2 maisons de la 2^"
classe, 14 de la 3^
A Petite Eneille, 2 la-
boureurs, 2 maisons de
la 2« classe, 7 de la 3%
en tout, 30 maisons (1).
CHAPITRE VIL
■ L A W A K Û I S e E .
§ I.
Les Origines — la Patronne — l'ancienne Division
ecclésiastique — la Collation de la Cure.
1 . « Au témoignage d'un antique curé d'Eneille, qui a écrit l'avoir vu dans un
registre de l'abbaye de Neufmoustier, l'église paroissiale date de l'an 1000 (2). «
Il est impossible de préciser l'époque où le culte chrétien, dans nos pays, rem-
plaça le culte païen. Mais sans aucun doute, la villa d'Eneille dut être visitée de
bonne heure par les premiers apôtres du Gondroz, traversée qu'elle était par sa
voie romaine, aboutissant à Tongres et à Trêves, deux centres de civilisation
chrétienne aux premiers siècles de notre ère.
2. La Patronne. L'autel de Ste. Marguerite y remplaça-t-il immédiatement
l'autel du dieu Pan? C'est peu probable, puisque le culte de Ste. Marguerite ne
s'est répandu en occident que depuis les Croisades.
La paroisse d'Eneille existait avant son incorporation à Neufmoustier ; elle
est peut-être de fondation stavelotaine, puisque la terre d'Eneille relevait de
Stavelot depuis la donation de Pépin de Herstal, au VII» siècle, jusqu'à la dona-
tion de Charles le Gros, à la fin du IX*^ siècle.
(1) Communes luocembourgeoises. Grandlian. (2) Note de M. Georig, ancien curé d'Enei-lle.
— 57 —
On sait d'ailleurs que les paroisses de Tohogne et d'Ocquier, non loin d'ici,
ont été fondées au VIP siècle par S. Sigolin, abbé de Stavelot, successeur de
S. Remacle.
Quoi qu'il en soit, Sainte Marguerite, vierge et martyre, est de temps immé-
morial patronne de la paroisse.
Elle a pu nous venir avec les chanoines augustins de Pierre l'Hermite, desser-
vants de la cure, comme vicaires perpétuels de Neufmoustier.
D'autre part, Ste. Marguerite est fort en honneur dans le nord du Luxem.
bourg et dans le diocèse de Liège. Il y a les roches ou les grès Ste-Marguerite
près de Durbuy, comme il y a la montagne Ste-Marguerite à Laroche.
3. Dans Yancienne organisation ecclésiastique, la paroisse d'Eneille, comme
la plus grande partie du vieux duché de Luxembourg, appartenait au diocèse de
Liège, divisé en huit archidiaconés, subdivisés eux-mêmes en doyaumes ou
doyennés.
Eneiile était une des 70 paroisses du concile d'Ouffet, archidiaconé du Gon-
droz, jusqu'à la nouvelle circonscription des cures ou succursales, réglée par le
décret impérial du 30 septembre 1807, qui la plaça dans le doyenné de Durbuy.
Les églises paroissiales de l'ancien diocèse de Liège étaient divisées en églises
majeures ou entières, en églises médianes et en quartes chapelles, selon qu'elles
payaient le tout, la moitié ou le quart de la taxe ecclésiastique due à l'évêque, à
l'archidiacre et au doyen. Les archidiacres étaient des espèces de vicaires géné-
raux, souvent inamovibles, chargés d'abord de la direction des aflaires tempo-
relles pour les églises situées dans leur circonscription. « Ils visitaient les éghses
majeures et médianes et y donnaient l'institution aux curés canoniquement nom-
més par les collateurs, tandis que ces fonctions étaient exercées dans les quartes
chapelles par le doyen. On croit avec assez de fondement que les églises majeures
sont les églises-mères primitives, que les médianes sont issues d'un démembre-
ment à une époque déjà ancienne, et que les quartes chapelles sont des églises
filiales érigées en paroisses à une époque plus moderne (1).
On peut lire à l'appendice la répartition des églises du Concile d'Ouffet dans
cet ancien cadre. Eneiile était une église médiane.
Les curés de chaque paroisse, toujours au diocèse de Liège, choisissaient leur
doyen parmi les curés de leur ressort, sous la présidence de l'archidiacre. Il
était prescrit aux doyens de convoquer les curés en synodes ou conciles un cer-
tain nombre de fois déterminé. De là le nom de Concile donné aux doyennés.
Ces conciles étaient encore divisés en confréries :
Dans le concile d'Ouffet, Eneiile faisait partie de la confrérie de Wéris. Nos
(2) Claus.set et Mauclet, op. cit., p. loy.
— 58 —
conférences ecclésiastiques d'aujourd'iiui ne sont que la reproduction de ces an-
ciens conciles.
Dans le doyenné d'Oufïet il y avait 5 classes de 6 ou 7 curés chacune, chaque
classe nommait un défi niteur. Les définiteurs confèrent ensemble sur les difTé-
rentes affaires, mais ne définissent rien sans l'avis de ceux de leur classe. Outre
le définiteur, il y a un collecteur de tailles. Chaque année on nomme 5 assoieurs
de tailles, qui agissent de concert avec le collecteur. » (Deldef, curé à Tohogne).
Le doyen était appelé officiai, en tant que juge des causes ecclésiastiques
dans son doyenné. Il y avait appel de ses sentences à l'official de Liège. Il se
faisait aider, pour différents services, par un curé de son canton, appelé vicaire
du doyen, vice-doyen.
Les doyens et vice-doyens conservaient leur résidence dans la paroisse à la-
quelle ils étaient attachés, parce que ces charges étaient indépendantes de la cure
ou du chef-lieu. C'est ainsi que nous verrons le doyen ou l'official tantôt à Petit-
han, tantôt à Grandhan, Melreux, Rendeux, Marcour, Harzé, parfois même à
Ouffet. Ces paroisses étaient momentanément le centre du doyenné ; mais géné-
ralement les réunions étaient fixées à Durbuy.
Les taxes ecclésiastiques dues à l'évêque, à l'archidiacre et au doyen s'appelaient
iura cathedrici et obsonii, ou simplement Yobsonium et le cathedricum , le
cathédrique et l'obsonique. Pour les amateurs de plus amples détails, nous trans-
crivons en appendice ce que nous avons trouvé là-dessus dans nos archives.
Le curé d'Eneille, comme curé moyen, payait la moitié de la taxe totale, soit
10 gros de cathédrique (le gros valait trois livres), plus un gros pour la regis-
Iratio^ et un gros pour la quittance ; et 5 gros d'obsonique, seclusis registra-
tione et quittancia.
Le cathédrique se payait avant la St-Blaise, chaque quatrième année bissex-
tile ; et l'obsonique, l'année antébissextile.
4. Le Patronage ou collation de la Cure : son incorporation à Neuf-
moustier.
Eneille et son église étaient déjà possession de l'abbaye de Neufmoustier en
1178, d'après la bulle d'Alexandre III, qui cite « Anale » dans la longue liste des
cures incorporées à Neufmoustier : « Possessionem vestram de Anale, cum
ecclesia protectione nostra suscipimus " (1).
L'incorporation est un acte de l'autorité pontificale en vertu duquel une église
paroissiale perd son autonomie et devient filiale d'une autre église ou d'un
monastère. Elle n'a plus aucune part dans le choix de ses pasteurs, qui prennent
(1) Fonds de Neufmoustier. Archives de Liège.
— 59 —
désormais la qualité de vicaires perpétuels. Ils sont présentés et entretenus par
la nouvelle église-mère, suivant les conditions déterminées par levêque » (1).
Neufmoustier, près de Huy, était un monastère de Chanoines réguliers de St.
Augustin, qui pouvaient être envoyés m vicariam perpetuam dans les
paroisses dont l'abbaye avait la possession ; car la possession d'une église
donnait le droit de patronage ou de collation à la cure. En général, celui qui
percevait la dîme avait l'obligation de fournir le service religieux. Si, comme
cela devait être en principe, l'évêque lui-même levait la dîme, il avait le droit et
l'obligation de nommer le curé. Si, par octroi, par abus, la dîme était perçue par
un seigneur laïc ou ecclésiastique, c'était le seigneur ou l'abbé, c'est-à-dire le
patron qui avait le droit de présenter le curé à l'évêque, qui n'avait qu'à vérifier
sa capacité et devait le nommer.
Le patronage d'Eneille appartenait à l'abbaye de Neufmoustier depuis que le
droit de lever la dîme et de présenter le curé lui avait été donné par un person-
nage qui antérieurement était décimateur et patron d'Eneille.
Tous les monastères, lors de leur fondation, recevaient de certains bienfaiteurs
des dîmes et des patronats. Nous verrons plus loin Jean Donis, prêtre de Durbuy
affirmer gratuitement que la cure d'Eneille a été présentée à Neufmoustier par
un seigneur d'Eneille, ancien coUateur. C'est probable, mais pas prouvé.
Donc, dès avant 1178, les refigieux de Neufmoustier étaient en possession pai-
sible de la cure d'Eneille ; cette situation a duré jusqu'en 1547, année où pour la
première fois, la possession leur fut contestée par Jean Donis.
Avant de passer en revue les curés d'Eneille, vicaires perpétuels de Neufmous-
tier, jusqu'à la Révolution française, il sera utile de résumer l'histoire de l'abbaye
du Neufmoustier.
«' Le premier établissement du Neufmoustier date de 1101.
Au retour de la première croisade, selon le récit des chroniqueurs, le bateau
qui portait Pierre UHermite et divers seigneurs belges, entre autres Gonon de
Montaigu et Lambert de Clermont, fut assailli par une tempête violente. Les
passagers promirent d'élever une église à la gloire de Dieu, s'ils échappaient au
naufrage. Parvenus heureusement au port, ils accomplirent leur vœu et choi-
sirent la ville de Huy, pour y édifier, en dehors des murs, une église qu'ils pla-
cèrent sous le vocable de St-Jean-Baptiste et du St-Sépulcre. Pierre l'Hermite
y réunit plusieurs prêtres et leur donna la règle de St. Augustin ; il fut le premier
prieur de la nouvelle éghse (novum monasterium : Noumosty, Neufmoustier), et
le resta jusqu'à sa mort (8 juillet 1115).
(1) Lenoir : Histoire de Villers-sur-Semois.
— 60 —
Cette église l'ut consacrée en 1130, par l'évéque de Liège, Alexandre. Après
des débuts assez difficiles, le monastère prospéra grâce aux libéralités des princes
et des particuliers, sufiisamment nombreuses pour que le diplôme du pape Alexan-
dre III (1178) mentionne les biens du Neufmoustier à Huy, Castres, Eneille
(Anale), Petit-Bois, Modave, Villers, Seraing, Lamontzée, Terwagne, etc.
D'autres bulles confirmèrent la précédente, notamment en 1248 et en 1260.
En 1208, tum propter ampliationem, tum propter amœnitatem etsitum
loci et ecclesiae exaltationem, l'évéque de Liège, Hugues de Pierrepont, avait
changé le prieuré en abbaye, et le chanoine Alexandre en fut le premier abbé.
Cependant la mémoire de Pierre l'Hermite y avait été oubliée : ses restes
reposaient dans une tombe modeste, qu'il s'était choisie lui-même en dehors de
l'hot. G. Herrnuns, édit. Anvers.
Le tombeau de Pierre rHeriiiite.
l'église, sous la gouttière. Un chanoine, Maurice de Neufmoustier, l'interpolateur
de la chronique de Troisfontaine et de Gilles d'Orval, résolut de lui faire rendre
les honneurs dus au fondateur du Neufmoustier et à l'apôtre des Croisades. Le
5 octobre 1242, on transporta les précieux restes en grande pompe dans l'éghse»
— 1)1 —
où un service solennel fut célébré ; puis dans la Crypte, devant l'autel des apôtres
St. Philippe et St. Jacques. Ils y furent vénérés jusqu'à la Révolution française.
L'abbaye du Neufmoustier comptait généralement dix chanoines. Outre l'abbé,
elle n'avait comme dignitaires que le prieur et le prévôt. Le prévôt était en même
temps curé de St-Nicolas à Huy, et le chanoine le plus âgé était d'ordinaire curé
d'Eneille. Outre la cure d'Eneille, les Augustins du Neumoustier ne desservirent
que St-NicoIas et St-Etienne à Huy; encore ces deux églises furent-elles réu-
nies en 1624. Quant à l'église de Castres, citée en 1178, elle fut échangée avec
St- Jacques de Liège.
La vie du monastère ne fut pas toujours paisible : il y eut des conflits nom-
breux et des procès continuels, tantôt contre les particuliers, tantôt contre la
ville, tantôt contre l'église de Ste-Marie à Huy ; avec cette dernière, surtout
pour des questions de préséance : ordre à suivre dans les processions, dans les
sonneries de cloches le Samedi saint ; d'autres débats concernaient l'administra-
tion des sacrements, la sépulture des laïcs dans l'église du Neufmoustier, etc. etc.
Commencés en 1212, ces procès se renouvelèrent jusqu'à la suppression de
l'abbaye.
A l'intérieur même, il y eut des orages entre l'Abbé et ses chanoines, les
seconds reprochant au premier une trop grande parcimonie dans les distributions
qu'il leur faisait. Aussi, dès 1287, on divisa les biens et les revenus du couvent
en deux parts : l'une servant à l'entretien de l'Abbé et aux dépenses générales,
l'autre était afifectée à l'entretien du prieur et des chanoines. Cela ne mit pas fin
aux difficultés, et les chanoines, gens pratiques, usèrent d'un autre moyen : à la
mort de chaque Abbé, les survivants, avant de procéder à l'élection du nouveau,
concluaient un accord, que tous promettaient de respecter, spécifiant les droits,
privilèges, devoirs des chanoines, le montant de leur pension et de leur apport
en nature, etc.
Chose assez explicable, mais peu compatible avec une bonne administration et
une vie religieuse parfaite, les chanoines s'accordèrent des faveurs de plus en plus
grandes ; de là, difficultés pour le nouvel élu de tenir les promesses du contrat,
et parfois, conflits qui pourtant assez rarement tournèrent à l'état aigu. Au
XVHF siècle cependant, l'AbbéThéodore-Eustache de Ponty dut quitter la maison
et se contenter d'une pension viagère ; et son successeur, François-Joseph-Ignace
de Lemede, quarantième et dernier Abbé, n'échappa au même sort que grâce (!)
à la Révolution française, qui mit tout le monde d'accord en confisquant le couvent.
En 1797, l'abbaye ne renfermait plus que trois chanoines ; un quatrième s'était
enfui par peur.
— 62 —
Déjà l'abbaye était mutilée, et l'église transformée en magasin à fourrages pour
l'armée républicaine.
A sa suppression, l'abbaye possédait, outre ses bâtiments conventuels à Huy,
divers biens, notamment 80 bonniers de terre à Petit Bois, 32 à Meeâe, des bois
à Vierset, Neuville, Villers-le-Bouillet, où elle avait aussi des parts de houillières.
Les rentes en argent et en nature formaient un capital de plus de 210,000 francs.
L'abbaye fut vendue au prix de 342,000 francs, à J. Gosuin, en 1797, comme
bien national.
Phot. Cr. Hennans, édit. Anvers.
LE CHATEAU DE NEUFMOUSTIER
(ancienne abbaye).
Elle passa en 1854 à M. Charles Godin. Il fit édifier en 1857, sur le caveau qui
avait contenu le tombeau de Pierre l'Hermite, une statue en pierre, représentant
le promoteur des Croisades, léguée en 1911 à la ville de Huy (1).
L'exposé qui précède, outre qu'il rattache assez directement la paroisse d'Eneille
à l'histoire des Croisades, a encore l'avantage de nous faire comprendre certaines
particularités propres à la nomination des curés d'Eneille, par exemple, pourquoi
ils se disaient vestits de l'Abbé et du Chapitre de Neufmoustier, et pourquoi la
résignation se faisait en mains de cette double autorité, diversement intéressée,
comme nous venons de le raconter.
(1) Note de M. Tihon, archiviste à Liège, puis à Bruxelles.
— 63 —
« II.
Les curés d'Eneille.
Un obituaire (martyrologium) de l'abbaye de Neufmoustier nous a conservé
les noms de quelques curés de la fin du XV^ siècle et de la première moitié du
XVP : Albert de Wastefale, Josse, dit Golot, Jacques Dorto t 1512, Gédéon
Colle, curé d'Eneille de 1510 à 1516 ; alors il devint prieur de Neufmoustier et
fut remplacé par Henri de Grée, Trader noster Jubitarius, dit l'obituaire, pour
rappeler ses 50 ans de profession religieuse. De ces deux derniers les archives
d'Eneille possèdent le registre des cens et rentes et les comptes de fabrique
(1510-1540).
Henri de Grée est remplacé par Thierry d'Amay en 1544, puis c'est Nicolas
Longpré en 1546, eti Glausse en 1547.
A cette époque lointaine, le remplacement d'un curé à Eneille comportait la
procédure suivante :
1° la résignation de la cure par le titulaire qu'il s'agissait de remplacer ;
2" l'examen et le certificat de capacité ; 3° les bulles pontificales acceptant la
résignation et mandant la mise en possession ; 4° les lettres de présentation
(à l'Ordinaire), d'investiture (par l'Archidiacre), et d'installation (par le Doyen) ;
5" le placet de Sa Majesté ; 6^ la prise de possession par devant notaire.
Ainsi nous voyons en 1544 les chanoines de Neufmoustier adresser au pape
Paul ni une supplique annonçant la démission du curé d'Eneille, Henri de Grée,
et demandant de le remplacer par Thierry d'Amay. Une petite bulle du 4 février
1544, confère la cure à'Eignelle au nouveau titulaire ; et une autre de la même
date, mande à l'évêque de Feltre, à Nicolas Ponsart (d'Eneille) et à Martin
OlTermans, chanoine de Liège, de mettre Thierry d'Amay, chanoine de Neuf,
moustier, en possession de la cure. Le 5 mars 1544, Antoine, évêque de Sabine,
fait savoir aux deux mêmes personnages que Henri de Grée, chanoine de Neuf-
moustier, âgé de plus de 70 ans, a résigné la cure à'Eiffneile, qu'il avait desservie
pendant plus de 20 ans, et que le Pape Paul HI a nommé à sa place un autre
chanoine. Le 7 mars 1544, Thomas Gampégius, évêque de Feltre, en vertu des
deux bulles pontificales du 4 février, envoie ses lettres d'installation à Thierry
d'Amay, qui prend possession, le 27 mai, par devant Nicolas Lozé, notaire.
Les chanoines augustins se succédaient ainsi régulièrement à Eneille jusqu'au
jour où Jean Donis provoqua contre eux une ordonnance du Conseil de Luxem-
bourg, 24 janvier 1547. Il remontre au Conseil que la cure d'Eneille est à la
— H4 —
collation du seigneur d'Kneille, que jadis elle a été présentée à un religieux de
Neufmoustier par le dit seigneur, que les chanoines, lorsqu'ils apprenaient que le
curé était ancien homme et sur le bord de la fosse lui faisaient résigner son
bénéfice en la main d'un autre religieux, sans l'avoir représenté au vrai collateur,
comme cela devait se faire selon les lois canoniques, si bien que la connaissance
du droit de présentation lut abolie ; que, circonvenu par leurs intrigues, un évêque
de Liège (il ne dit pas son nom), a incorporé la cure au Neufmoustier; que,
depuis ce temps, les chanoines ont toujours retenu ce bénéfice par résignation ;
que depuis 7 mois un religieux occupe la cure contre les ordonnances de Sa Majesté
et sans placet ; qu'Antoine de Metz, officier de Durbuy, a présenté le bénéfice au
remontrant ; mais que, lorsque celui-ci se fut transporté à Eneille et eut pris
possession de l'église, le religieux pcr vim et clains, à force d'armes, a débouté
et déchassé le dit remontrant à son très gros regret.
En conséquence, le Conseil du Luxembourg ordonne au religieux de se désister
et départir du dit bénéfice, ou de montrer ses titres et placet de Sa Majesté.
Le 1^'" février, Henri Basein, huissier du Conseil du Luxembourg se transporte
à Eneille et fait lecture de ce mandement au serviteur du religieux Clausse, en
l'absence de §on maître. Puis au mois de septembre suivant, l'archidiacre du
Condroz, Everard de Manderscheid, à qui Antoine de Metz, au nom du comte
d'Oostvrieslant, seigneur de Durbuy, a présenté Jean Donis à la cure d'Eneille,
dont il prétend avoir le patronat, lui donne l'investiture. Le 18 du même mois, a
lieu la mise en possession par le notaire Doumal.
Pour démontrer que la cure était à la collation du seigneur d'Eneille, Jean
Donis s'était basé sur les raisons juridiques suivantes :
« Les résignations sont contraires aux chartes et privilèges de Sa Majesté,
comme propriétaire de la terre de Durbuy. Les chanoines de Neufmoustier ont
résigné sans reconnaître la juridiction impériale, ni les seigneurs de Durbuy. La
possession de la cure par ceux de Neufmoustier ne doit valoir ; car il n'y a pas
de prescriptions contre les droits des princes et majestés.
Ainsi, le comte Everard de la Marche a donné la cure de Bourlon, laquelle avait
été possédée longtemps par les frères mineurs de Huy, et cette possession a été
trouvée de nulle valeur ; et à présent, la collation de la cure de Bourlon est en la
main du seigneur de Durbuy. Les nobles et gentilshommes de la terre de Durbuy
pourront accorder que toutes les collations de la dite terre sont de droit laïcales.
Il est chose notoire que les seigneurs de Durbuy sont en possession de donner les
cures de leur seigneurie, comme celle de Grandhan et Petithan, et celle d'Izier et
Phisen ; de même la cure d'Eneille, détenue par ceux de Neufmoustier, doit
revenir.
— 65 —
La possession de ceux de Neufmoustier n'est pas possession mais exploitation
dérogeant le droit de Sa Majesté impériale.
Ils ont fait beaucoup de résignations à Rome pour avoir plus grande possession,
sans avoir jamais obtenu placet.
Les chartes de Jean, roi de Bohême et duc de Luxembourg, écrites en lettres
d'or, disent que toutes les collations de Durbuy sont patronage laïcal.
Il y a 12 ans, ceux d'Eneille ont usé de la loi de Liège ; mais il a été trouvé
ensuite qu'Eneille était du ressort du Luxembourg. Il est à supposer que les
chanoines de Neufmoustier ont pris possession de la cure d'Eneille pendant que
Durbuy était à l'engagère et que les seigneurs pargaigiers ne se sont pas souciés
de récupérer les biens perdus, comme le font les officiers actuels.
Pour que l'Abbé ait collation du bénéfice, il faudrait par le droit canon que ce
bénéfice soit incorporé à l'abbaye par le Saint-Siège apostolique, avec le consen-
tement du patron.
Ceux de Neufmoustier, comme curés d'Eneille, ont contribué à la taille du
Luxembourg, en faisant obtention de leur lettre de Rome ; mais sans montrer de
placet de Sa Majesté.
La ville et le château de Durbuy ont été occupés par les Français et les Lié-
geois ; les impériaux ont mis le siège devant la ville, qui a été brûlée avant sa
reddition. A présent, elle n'est pas encore réparée ; par quoi possession prise
d'icelui temps ne doit valoir. De même, au temps que personne n'habitait Durbuy,
et que les gens d'armes du roi de France occupaient le château, la possession
prise alors ne doit porter préjudice à l'empereur. Enfin la possession que ceux
de Neufmoustier disent avoir de la cure d'Eneille n'est point possession, mais
torsion ».
Il est à croire que Jean Donis n'a pas joui longtemps de la cure d'Eneille et
que les religieux rentrèrent bientôt dans leur ancien droit. Car Thierry d'Amay
revient une seconde fois comme curé à Eneille. Le 10 novembre 1558, Robert de
Berghe, évêque de Liège, fait savoir que Thierry d'Amay, chanoine de Neuf-
moustier, après avoir joui de la cure d'Eneille, a résigné cette charge et s'est
retiré à Neufmoustier, où il a fondé une messe septimanale.
En 1566, nous retrouvons comme curé d'Eneille Arnould du Bois, dit Sohey, ou
Arnoldus Sylvius ou Sylanus ; en 1573, Bertrand de Perwez ; et, la même année
Arnould de Sohey, qui revient un instant, et est remplacé par Jean Tixhon, cha-
noine de Notre-Dame à Huy, qui vient comme procurator d'Arnould de Sohey.
Le 31 février 1575, Everard de Manderscheid, archidiacre du Gondroz fait
savoir qu'Arnould de Sohey, chanoine de Neufmoustier a résigné la cure
5
— 66 —
d'Eneille, que l'Abbé de Neufmoustier a présenté Léonard Henroteau et qu'il l'a
admis à la dite cure. Or nous avons de la même année la copie d'une bulle du
pape Grégoire qui confie la cure d'Eneille à Guillaume de Granhan, prêtre du
diocèse de Liège : mais celui-ci l'ayant résignée, le pape la confère à Jean Monet
et ordonne à l'offlcial de Liège de l'installer.
De là un nouveau procès entre Jean Monet et Léonard Henroteau.
Sire Jean Monet, curé de Wéris, convoitait depuis longtemps la cure d'Eneille.
Il avait boulé en tète à Jean de Brialmont, seigneur foncier d'Eneille, que le
droit de patronat et présentation de la cure lui appartenait. Ces propos furent
agréables au seigneur qui désirait s'exempter des dîmes qu'il devait au curé
comme les autres paroissiens. Aussi, lorsque Arnould de Sohey mourut, à l'heure
de minuit, le 30 janvier 1575, le seigneur de Brialmont s'empressa d'agir. Dès le
lendemain de bon matin il donna collation absolue au curé de Wéris, comme s'il
ne fût besoin d'autre institution ; si bien que l'archidiacre du Gondroz refusa de
l'investir.
Jean de Brialmont avait même employé la violence ; avec quelques-uns de ses
manants il était venu rompre la muraille du cimetière et forcer la serrure de la
porte de l'église, en présence de Waty Warnant, chanoine de Neufmoustier, qui
protesta vivement.
Il y avait en ce moment trois curés prétendant à la cure d'Eneille. Jean Tixhon,
qui résigna le 30 janvier 1576 entre les mains de Josse d'Orgeo, en faveur de
Léonard Henroteau de Serey (Seraing), lequel allait continuer contre Jean
Monet un procès qui dura jusqu'en 1580,
Dans le courant de 1576, Jean Monet provoque une enquête contre le chanoine
Henroteau et l'on cite comme témoins sire Gloze de Petite-Somme, prêtre ; sire
Henri Buisson de Marche, vice-curé de Granhan, et différents paroissiens d'E-
neille, qui déclarent que le défendeur est de bonne vie et mœurs et qu'il remplit
bien son office.
Le 13 juillet 1577, le Conseil du Luxembourg accorde la recrédence de la
cure en faveur de Jean Monet. Mais le 15 août suivant, une sentence du Grand
Conseil de Malines révoque celle du Conseil du Luxembourg, disant que la pos-
session de Neufmoustier est légitime et confirmée par décision papale, faisant
sans doute allusion à la bulle de 1178. En conséquence, il renvoie l'affaire au
Conseil de Namur, qui donne raison aux chanoines et déboute sire Monet, 30
juin 1582.
Pendant le procès, on avait séquestré les biens de la cure, et nommé adminis-
trateur des biens Jean Lambert de Grandhan, voué de Fronville et prévôt de
Durbuy, qui refusa de rendre compte de sa gestion. Une sentence du Conseil de
Namur lui ordonna de liquider, le vingt-trois juin 1583,
— 67 —
Il nous reste du temps de Léonard flenroteau deux documents concernant
certaines charges du curé : l'un, du 2 novembre 1577, où, à sa demande, Everard
de Manderscheid lui envoie le montant des droits reçus par l'archidiacre,
lors de l'investiture des curés d'Eneille, ses prédécesseurs ; l'autre, c'est une dé-
claration du 2 novembre 1600 : l'offlcial et les curés du concile d'Ouffet attestent
que le curé d'Eneille n'est tenu en raison de la grosse dîme qu'il perçoit qu'à
fournir taurum et verrem, secundum antiquam et inveieratam consue-
tudinem.
Après résignation de Léonard de Seraing, le 22 juin 1602, Everard de Man-
derscheid investit de la cure d'Eneille Wynand Périlleux, chanoine de Neuf-
moustier présenté par l'Abbé. La mise en possession se fait par le notaire Nicolas
Colette, pasteur de Méan.
Wynand Périlleux, présenté à Eneille par son Abbé avait d'abord été ajourné
(25 avril 1601); Lambertus Lampceanus, de Ville, est admis à desservir l'église
d'Eneille ; puis, la même autorisation est accordée à Wynand Périlleux (16 juin
1601) ; enfin, Wynand est admis comme curé d'Eneille, à condition de prendre
un vicaire honnête, instruit et approuvé, jusqu'à ce que lui-même soit trouvé
capable. Gela n'empêche pas le dit Wynand d'être nommé abbé de Neufmoustier,
en 1604. Il résigne en faveur de Pierre de Villers, le 26 octobre.
Le 11 juin 1618, Jean d'Elderen, archidiacre, investit Pierre Belleamye, cha-
noine de Neufmoustier, de la cure d'Eaeille, vacante par résignation de Pierre
Pierrotte, dont on ne dit pas autre chose, non plus que du successeur de Bellea-
mye, le chanoine Grltte, qui fut ici le dernier moine de Neufmoustier, le dernier
chanoine d'Eneille (i).
Il fut remplacé à sa mort par un prêtre séculier, Noël de Pierreux, qui vint à
Eneille « d'abord comme desserviteur provisoire, l'an 1635—1636, lorsque la
peste et mortalité infectait tout le diocèse de Liège et les pays circon voisins. «
Il fut quelque temps coadjuteur des deux derniers chanoines, avant sa nomina-
tion définitive.
Pour Noëli de Pierreux comme pour tous les prêtres séculiers qui vont se
succéder à Eneille investis de Neufmoustier, à la procédure indiquée plus haut
pour la nomination d'un curé, on ajoute le serment ou l'obligation de ne pouvoir
résigner, ni permuter de cure à l'insu et sans l'agréation du révérend prélat et
chapitre des chanoines de Neufmoustier. Il prêta ce serment à l'Abbé Louy
Nihoul, qui le présenta le 15 mars 1637 ; ceux de Neufmoustier ne voulant plus
venir à Eneille.
Une autre formalité qui n'existait pas non plus jusque là, c'est la réception du
vl) Fonds de Neufmoustier, aux archives provinciales de Liège.
I
— 68 —
saint rochet. Le même jour de mars, Noël de Pierreux reconnaît avoir reçu
habitum seu rochetum des chanoines de Neufmoustier, uniquement afin d'ob-
tenir la cure d'Eneille. Uniquement, c'est-à-dire qu'il déclarait n'avoir pas droit
aux revenus des chanoines.
Les prêtres séculiers, comme autre fois les moines, venaient à Eneille, in
vicariam perpetuam, comme vicaires perpétuels de l'abbaye. Ce système des
vestits (vestitus rocheto) de Neufmoustier dura jusqu'à la Révolution française.
1. Noël de Pierreux était un enfant du pays. Il y avait à Septon une Cour
de Pierreux, dont les actes sont conservés aux archives de Petite-Somme. Le
nouveau curé d'Eneille appartenait à cette famille de justiciers. Son père Bernard
de Pierreux avait épousé Marie de Longueville, le 12 mars 1594. Bernard de
Pierreux était le fils de Jean de Pierreux (t 1589) et de Jehenne de Bohon
(t 1590), qui avaient une messe anniversaire à Grandhan. Le nom de Noël est
héréditaire dans la famille des Longueville, comme on peut le voir dans leur
tableau généalogique, cité dans les Communes luxembourgeoises à l'article
Longueville, section de la commune de Tohogne. La liste des anniversaires de
Petite-Somme renseigne qu'on paie annuellement un escalin pour chanter vigiles
et messe à l'intention de vénérable Messire Noël de Pierreux, ancien curé d'E-
neille. Il y avait aussi pour lui une ancienne fondation à Eneille, où Messire de
Pierreux fut curé pendant 53 ans. Dix ans avant sa mort, il écrit dans ses livres
de comptes :
« Je soussigné. Vénérable Sire Noël de Pierreux, vestit du Noumosty, curé
d'Enneilles, et vice-doyen du Concile d'Ouffet, ai aujourd'hui, 23 octobre 1679, la
43^ année de ma résidence pastorale des dites Enneilles, fait faire ma fosse de
sépulture par Jean de Champion, demeurant à Deulin, et ai y apposé une tombe
de pierre avec mes armoiries en quatre quartiers, la dite pierre de tombe repo-
sant devant le grand crucifix de la dite église, où ai choisi ma sépulture, remet-
tant mon corps et mon âme au pied de Dieu, priant et suppliant vouloir bénir
mon âme, de la recevoir en sa sainte grâce au royaume du paradis. La dite tombe
de pierre entièrement accommodée revient au prix de vingt florins brabants ».
Or, cette belle pierre, maintenant fort abîmée, a servi longtemps de seuil au
porche de l'église. Elle porte l'épitaphe suivante :
1636-1688
icy gist vénérable sire
Noël de Pierreux, vestit
DU Noumosty, pasteur des
Enneilles et vice doyen
DU Concile d'Ouffet, qui
trépassât le 15^ jour
du mois de janvier 1688
Année dk sa résidence pasto-
rale LA 53». Priez Dieu pour son Ame.
— 69 —
A droite et à gauche de ses armes on lit : Pierreux, Longueville. Son écusson
porte un aigle biceps.
2. André Le Charpentier, qui vint après lui, avait d'abord été chapelain
aux Flémalles, à Souxhon et à Hollogne-aux-Pierres ; c'est connu par les nom-
breux actes notariés qu'il apporta ici, venant de ces trois premiers postes.
« Vénérable Messire André Le Charpentier at commencé sa résidence pastorale
des Eneilles à la St-Jean 1688, étant investit du sacré Rochet par le Révérend
Nicolas Dauvin, très digne Abbé de Noumosty-lez-Huy, et reçu de tous les Srs.
chanoines du chapitre », dit une note de sa main.
Il était fils d'André Le Charpentier d'Eneille et de Jehenne Piron. Nous le
savons par un acte de partage de 1679, où André Le Charpentier donne de son
vivant ses biens sis à Eneille, et sur le ban d'Eneille, depuis le Bois du Rond-
champs à l'ouest, jusqu'au ry de Savon, près de Durbuy, en somme, une fortune
considérable, à ses quatre enfants : Messire André, Jehenne, Marie et Mathieu
Le Charpentier. En outre des terrains, Messire André avait avec sa sœur Jehenne,
chacun la mitant de la maison d'en haut, la mitant du fournil et des autres édi-
fices et jardin y joignant, et aussi la mitant du cortil du château sous l'église
avec la mitant des arbres à fruits.
Marie et Mathieu avaient chacun la mitant de la maison d'en bas et des édi-
fices y joignant, ainsi que la mitant du jardin derrière.
Touchant l'usufruit vital d'André leur père, ses enfants lui promettaient de
payer solidairement chacun annuellement 10 patacons, faisant en monnaye
braibant 24 florins. Le paiement devait se faire en deux termes, le premier à
la Saint-Jean-Baptiste, le deuxième au Noël. Si les dits enfants ou aucun d'iceux
refuse de payer les dix patacons, le père pourra sans voie de procès remettre la
main à la part entière du défaillant et en disposer à son bon plaisir, et l'argent
de l'usufruit vital du père se mettra en mains du Vénérable Messire André, pour
le distribuer en ses nécessités.
André Le Charpentier est donc un enfant d'Eneille, devenu curé de sa paroisse
natale ; cela se voit assez souvent sous l'ancien régime. Son ministère parmi
les siens fut très laborieux. Sa devise, gravée sur sa pierre tombale : in laho-
ribus a juvenfute mea, se justifie par la puissante activité qu'il a déployée
dans la restauration de l'église et de la maison pastorale, et dans ses fonctions
de notaire apostolique, sans cesse consulté et mis en réquisition dans toutes les
paroisses voisines pour sa science du droit ecclésiastique et du droit civil, dont
il a laissé de nombreux formulaires et de nombreux actes en latin et en fran-
çais.
Succédant à un vieux curé qui avait passé plus de 60 ans dans la paroisse, et
— 70 —
qui, comme tous les vieux, s'était habitué à ses vieilles masures, le nouveau
venu trouva la maison de cure très délabrée. Ce fut pour lui une source de
longues difficultés avec ses paroissiens et compatriotes. Mais si au cours de ces
luttes il a pu se dire parfois que « nul n'est prophète chez soi, » on ne le vit
jamais dans ses justes réclamations dépasser le ton de la stricte équité ni de la
douce urbanité, qui se monte rarement jusqu'à l'aigre-doux. On le verra par la
suite, dans l'aflaire de la restauration des édifices pastoraux.
André Le Charpentier avait deux neveux prêtres, l'un curé à Anthinnes,
l'autre récollet à Liège.
Il mourut le 15 mars 1727.
Voici son épitaphe :
In laboribus a juventute mha
D. 0. M.
HiG JACET Rd"s D°"s André-
as Le Charpentier, ves-
TITUS Novimonasterii
Pastor des Enneilles
Spatio 39 annorum qui
OBIIT 15» MENSIS MARTII
AnnI 1727
VlATOR PRECARE PRO EO
REQUIESCAT IN PAGE.
Ses armes parlantes sont une interprétation de sa devise : m laboribus a
juventute mea et même de son nom Le Charpentier : elles portent un chevron
accompagné d'une hache (dextre) et d'une sorte de trident (senestre) posés en
sautoir, et d'une ruche posée en pointe.
André Le Charpentier avait fondé à Eneille une messe septimanale, savoir
tous les lundis de chaque semaine, pour le repos de son âme et de tous les fidèles
trépassés, au taux de 30 florins, trois patars, trois liards, un gigot, dont les
manants et surséants de Porcheresse payaient 15 florins, trois patars, trois
liards, un gigot, aflectés sur la généralité de leurs biens, par acte passé devant
le notaire d'Ambremont et réalisé à la cour d'Havelahge, le 3 mars 1722. Cette
rente était payée par les Colin ; le reste, par deux particuliers de Noiseux.
3. Lambert Grofay fut le troisième curé séculier à Eneille, investi par le
Révérend Abbé seigneur Henri-Ferdinand de Jacquemaert de Neufmoustier. Nous
ne savons rien de ses origines.
Il avait pour devise ^ dilexi décorent domus tuae ».
« ^d majorem Dei gloriam domusque ejus decorem, écrit-il, anno 1742,
novwn confession a le ; cnino 1743, duo altaria, uniim ad honorent £. M.
— 71 —
Virginis, alterum sanctae MargarUae,Patronae]miusparochiae;etanno
i744,sedUia communiae cclesiae nostrae propriis expensis fieri curavî,
item feretrum et duo majora candelabra lignea ». Il semble bien que c'est
du curé Grofay que viennent toutes ces vieilles choses encore en usage dans
l'église. On trouvera plus loin tout le détail de son œuvre qui justifie si bien ces
mots de son épitaphe : «« ecclesiae decorem maxime dilexit et promovit ».
Il eut sa part aussi dans l'achèvement de la vieille maison pastorale. La note
distinctive de son caractère, c'est une grande générosité. Il payait de sa personne
et de sa bourse, et ses écrits ne laissent entrevoir aucune trace de difficultés
entre lui et ses paroissiens.
Il avait comme auxiliaires, successivement ses neveux, l'abbé Michel et l'abbé
Patron. Il mourut le 17 novembre 1753, comme l'indique sa pierre tombale :
Hic jacet
Venerabilis Dominus
Lambertus Grofay
Vestitus Novimonasterii
Pastor in Enneilles per
AnNOS 26, CUJUS ECCLESIiE
DECOREM MAXIME DILEXJT
ET PROMOVIT. ObIIT
17 novembris 1753
Requiesgat in pack. Amen.
Sur la pierre tombale figure un blason, portant un chevron accompagné de
trois marguerites : deux en chef et une en pointe.
Vénérable Sire Lambert Grofay avait fondé une messe basse annuelle à dire le
jour de son trépas, sur une partie du petit pré dessous-le-Mont.
Item une deuxième messe tant pour lui que pour son neveu Lambert-Joseph
Michel, vicaire d'Eneille et bénéficier de St-Paul à Liège.
La tombe de ce dernier dont il ne reste que deux fragments renseigne sa mort
en 17 mai 1753.
Elle est le seul monument qui reste de la longue série des vicaires-marguilliers
à Eneille.
4, Le curé Losseau qui lui succéda signe au registre des rentes, (vice-curé) ou
desserviteur des Eneilles, en même temps que N. Patron, vicaire des Bneilles,
la reddition des comptes de l'église, le 10 mars 1754.
Nous donnons la pièce intégralement pour montrer une fois pour toutes, com-
ment cette formalité se réglait sous l'ancien régime.
— 72 —
« Le 10 mars 1754, les manants de la communauté et paroisse des Eneilles
ayant été convoqués pendant la messe solennelle du premier et second dimanche
de carême pour être présents et entendre les comptes de l'église du dit Eneille,
du consentement et aveu de Monsieur Losseau établi desserviteur de la paroisse,
présent aux dits comptes, à l'intervention de Jean-Pierre Georlet, curé de Pe-
tite-Somme, exécuteur testamentaire de feu sire Lambert Grofay, révérend curé
des Eneilles, et de Monsieur Pierre-François-Louis Bornai, révérend curé de
Statte et de Monsieur Nicolas-Henri Patron, prêtre vicaire des Eneilles, tous les
deux héritiers mobiliaires du dit feu curé des Eneilles, le tout compté et exacte-
ment liquidé de part et d'autre entre les manants soussignés et les susnommés,
il se trouve que l'église d'Eneilles a de boni 93 écus, deux sous, sept petits
liards, qui ont été enfermés dans une bourse de peau appartenant à l'église
et mis en dépôt entre les mains de Philippe Legrand, manant d'Eneille,
pour le garder en fidèle et honnête homme, comme le sien propre, qui pourra
le confier aux soins et garde de Mademoiselle des Eneilles, dame du dit lieu, en
cas qu'elle veuille bien s'en charger ; lesquels manants soussignés ont constitué
le révérend N. Patron, vicaire, pour vendre les grains de l'église argent comp-
tant, dont il remettra le provenu dans la bourse de l'église, à l'assistance des
manants qui s'y voudront trouver après semonce ; les dits héritiers mobiliaires
déchargés de toute obligation touchant la recette et administration des biens de
la dite église pendant la vie de feu Monsieur Lambert Grofay jusque et ci-inclus
le 10 mars 1754. En foi de quoy les manants ont signé et marqué cette pièce,
et messieurs les héritiers, desserviteur et exécuteur testamentaire susdits, les
jours, mois et an que dessus. » Six manants sur huit ne savaient signer.
Le 2 juin 1754, Monsieur Patron rend compte aux manants de sa commission
et de sa gestion.
6. Le 30 juin 1754, après l'advertance par deux fois dans l'église paroissiale,
Philippe Legrand a remis eu mains de Monsieur Devillier, curé moderne des
Eneilles, les 73 écus, deux sous, 7 liards, qui lui avaient été remis par Monsieur
Georlet.
C'est tout ce que l'on sait de Monsieur Devillier, qui du reste ne fit pas long
séjour à Eneille.
6. Pierre-François Grade le remplaça en 1755. Il était depuis sa sortie du
séminaire (1754), bénéficier de l'église de Jumet.
Voici ce que nous en dit son successeur, M. Randollet, ayec une petite pointe
de malice : « Reverendus Dominus Grade, ab anno 1755, in Eneilles
pastor, desiderio ministerium maius implendi^ majorique anîmarwn
curaevacandi, prope Huum, curam de Statte obtinuit,resignaio hocpas-
toratu, quem invitus aut certe nolens volens acquievit et accepit. Hoc
~ 7^ —
omis et munus eœcepit Joannes-Josephus Randollet, ex Halma, in paro-
chia de Wellin 27^ aprilis 1725 natus, patria luœemburgensis, altaris
sancii Huberti et Agathae in Fronville beneficiatus , nec non in Deulin
sancti Remacli officio utens.
D'après cette note, Monsieur Grade ne serait venu à Eneille, qu'à son corps
défendant. Il y reste quinze ans. Monsieur Randollet lui reproche une certaine
négligence à poursuivre les défaillants en matière de rentes.
Dans une lettre au Prince-Evêque de Liège, il demandait de pouvoir résigner
la cure d'Eneille en faveur de Monsieur Randollet, cum reservatione modicae
pensionis ducentorum Brabantiae florinorum, .... vel permutaiionem
cum eodem inire erga simplex beneficium ecclesiasiicum.
Nous savons par un mot de Monsieur le curé Georis qu'il mourut à Statte,
lieu de sa naissance, un an et demi après son arrivée, inconsolable d'avoir quitté
Eneille et surtout repentant de son arrangement avec Monsieur Randollet.
Nous donnons en appendice son acte de résignation à Neufmoustier, du con-
sentement de l'Abbé et des Chanoines, alors au nombre de 15, comme l'indique
par hasard, une surcharge au texte de la formule de résignation.
7. Jean-Joseph Randollet, deHalma (Wellin), avant de venir à Eneille, était
bénéficier de Fronville et Deulin. Dès son arrivée ici, il s'occupe de réorganiser
l'école et de nommer un vicaire-marguillier. Les premiers curés séculiers d'Eneille
s'étant dévoués à la restauration de l'église et du presbytère. Monsieur Randollet
eut à soigner surtout les revenus de l'église et de la cure et il parvint à créer
pour un curé d'Eneille une situation matérielle assez bonne. Nous l'établirons
plus loin d'après ses comptes. Ce fut un grand défenseur de la dîme et des droits
pastoraux et il a laissé sur ce sujet des pages bien écrites, un véritable plaidoyer,
dont l'avaient chargé les curés de la confrérie de Wéris, sans doute à cause de
sa science et de sa plume facile.
Curé des Eneilles depuis 1110, il signe encore, jusqu'en 1786, non plus les
registres de la paroisse, qu'il cesse en 1782, mais un petit journal ou chasserai
des rentes annuelles de l'église. Il mourut en décembre 1794. On est en pleine
période révolutionnaire, c'est le néant dans les archives d'Eneille jusqu'en 1796.
Du mois de janvier 1796, au mois d'avril, je trouve M. Garnier, desserviteur
d'Eneille ; puis d'avril à juillet M. Bottin ; et de juillet 1796 à 1804, Hubert An-
toine, qui tiennent pour 1796 le registre des baptêmes, des mariages et des décès.
Il n'y a rien pour 1797 ; à partir de 1798, les inscriptions sont régulières.
8. Entré dans la paroisse à la St-Jean 1795, selon M. Georis, le curé ANTOINE
vit la suppression de la paroisse, puis sa réunion à Grandhan, l'année 1804. La
tradition rapporte qu'il s'était présenté ici déguisé en maquignon, chez le maire
— 74 —
d'alors, Fol"- Pire, qui semploya plus d'une fois à le soustraire aux recherches des
traqueurs de prêtres. Il devint curé deOrandhan, tout en restant administrateur
d'Eneille, jusqu'en i808. Se?'ve nequam ! ait dominus Qeoris ; nam rogatus
a domino lempDf^ali des Eneilles ut aedifîcia pastoralia ac bona eccle-
siastica publiée vendila redimeret, redemit quidem^ sed proprio nomine,
caque iterum ut sua cuidam advenae vendidit sacrilège. Interdicto mul-
tatus, rediit ex Grandhan ad suos in Terioagne, ubi mortuus est omnino
contemptus. Ainsi finit le dernier vestit de Neufmoustier.
Dans les comptes de Fabrique pour les années 1807 à 1810, on paie en tout
122 f. 35 au vicaire Spic pour ses obits et devoirs religieux pendant les années
1807 et 1808. Monsieur Spic ne fut que vicaire pendant la suppression de la cure,
dit M. Georis.
9. Jean-Joseph Thiry, le 6 septembre 1808, fut nommé à la succursale des
Eneilles par Mgr Pisani de la Gaude, lors de la nouvelle circonscription des cures
et succursales, conformément au décret du 30 septembre 1807. II mourut à
Eneille le 13 juin 1825. Le reste de l'année, la paroisse fut administrée par
M. Lhermite.
10. Au 1*'' janvier 1826, Englebert Georis, né à Hives (Laroche), le 4 août
1794, fait prêtre à la Trinité 1823, à Namur, vicaire à Dinant pendant deux
ans, et à Gendron pendant cinq mois, fut nommé à la cure d'Eneille.
« Ce qu'il y a de remarquable pendant les années de la résidence pastorale
d'Englebert Georis — lui-même le rapporte en ces termes le 28 juillet 1841 —,
c'est qu'il prit à coeur les intérêts de la Fabrique, et que, aidé du Conseil, il remit
tout en ordre, sépara et spécifia parmi les rentes, que l'on paie d'après les titres
nouveaux, celles qui sont pour anniversaires, et celles qui sont pour l'entretien
de l'église, comme on le voit dans le registre sommier de 1837. Il soigna aussi de
son mieux l'église qu'il avait trouvée dans un dénûment complet de linge, de
meubles et de bien des objets nécessaires pour la décence et la solennité des offices.
Dilexi decorem domus Doniini, j'ose le dire, que Dieu me le permette, non
pas pour m'en glorifier, mais uniquement pour que mes successeurs en fassent
encore plus que moi, pour la propreté du Lieu-Saint, que je n'ai pas négligé.
Aussi Monseigneur l'Evêque Dehesselle, lorsqu'il vint confirmer le jour de la
Saint-Jean 1839, eut la bonté de me dire que j'avais une église et une paroisse
comme un couvent ».
Il mourut le 17 février 1844, âgé de 50 ans, d'une maladie de langueur, La
cure fut alors administrée par H.-I. Biette, curé de Grandhan.
11. Il eut pour successeur Philippe Prémont, né à Vecmont (Laroche), le 15
mars 1815, vicaire à Habay en 1841, curé à Lavacherie en 1842, à Eneille en
1844, où il mourut en retraite, le 13 avril 1889. L'abbé Prémont continua l'œuvre
— 75 —
du curé Georis, régla définitivement le paiement et le rachat des rentes, sans
négliger non plus la beauté du Saint-Lieu, et multipliant les œuvres de piété
dans le petit couvent de Monsieur Georis.
12. Il fut remplacé(1879-1907)par l'abbé Victor Gaspar, d'Erezée,qui, durant
cette époque de troubles et de renaissance sociale, sut créer et entretenir toute
une floraison d'œuvres locales, sous l'antique patronage de Ste. Marguerite,
v^rge et martyre.
§111.
La Cure, ses revenus et ses charges, La maison pastorale.
Les vicaires-marguilliers.
Les écoles paroissiales et communales.
Le principal revenu du curé d'Eneille était formé par le douaire et par les
grosses et menues dîmes que lui devaient ses paroissiens.
1. Le douaire. Une liste des biens de cure envoyée par les marguilliers de la
Fabrique d'Eneille à la Direction générale du culte catholique, le 23 novembre
18i7, porte à 5 hectares 28 ares l'ensemble des terres, sarts, prairies, jardins,
qui formaient les biens de la cure, donnant un revenu annuel de 310 francs.
Il y avait une prairie de 20 ares sur Grandhan et deux prairies de 73 ares et
de 2 ares sur Noiseux. Dix pièces étaient sans charges, 17 chargées d'anniver-
saires. Citons les principales de ces terres : le doyar de la commune, un demi-
bonnier (ou 50 ares en 1817), le doyar du thier de Base, un journal et demi (ou
61 ares) ; la maladrée, 31 verges (ou 5 ares) ; la terre du Grand Ry, 24 verges,
le doyar sur les Fièvres (les Fiefs), un demi-bonnier ; la terre dessous Va, 24
verges ; la Fosse prêtre, 30 verges, et le sart, 76 verges ; l'ahènire dessous l'é-
glise, 12 verges, celle de dessous le Mousty, 10 verges ; la houblonnière, 9 verges ;
le jardin, 33 verges ; le doyar, prairie et petit pré, 135 verges ; la prairie dessous
le grand pré, 10 verges, le jardin des coucous, 7 verges, etc.
C'est un leg de Fiacre de Noiseux et de Jean Lecomte, pour chanter vigile et
messe, qui avait donné au curé Randollet la propriété du jardin aux coucous,
joignant et devant la maison de cure. Il était de petit rapport et ne pouvait
servir qu'à y faire passer le chemin en question et pour renfermer une cour
devant la maison pastorale.
En 1773, avec l'autorisation d'Adrianne-Charlotte de Brialmont, le curé avait
changé le chemin « qui passait exactement contre la cure » pour le mettre un
peu plus loin. Cette transposition avantageuse à la cure ne portait aucun pré-
judice ni au public ni aux particuliers, et le chemin devenait plus commode,
— 76 —
plus court et plus aisé. La dame y trouvait aussi l'avantage de prendre les eaux
et lavasses plus haut, pour les conduire sur sa prairie en temps et lieu. Le curé
devait mettre le nouveau chemin en état, et s'engager à ne pas détourner le
cours des eaux, ni, sous prétexte de propriété d'étang, les vendre ni accenser à
personne.
2. La dîme. L'abbaye de Neufmoustier, avons nous dit, en possession d'E-
neille, avait le patronage et la collation de la cure avec le droit d'y lever la
dime pour assurer le service religieux.
De fait, c'était le titulaire de la cure, chanoine régulier ou prêtre séculier qui
levait la dime paroissiale, du reste à peine suffisante pour son entretien. Nulle
part il n'est dit que le curé d'Eneille rendait quoi que ce soit à Neufmoustier.
Nous savons pourtant qu'il n'avait point part dans les revenus des chanoines.
Puisque l'occasion s'offre ici d'elle-même, faisons une courte digression sur
cette antique chose si décriée : la dîme !
De la dime, il y a déjà des antécédents dans la loi mosaïque. Quelques cano-
nistes ont voulu la fonder sur cette tradition et la rendre obligatoire de droit
divin ; mais on oublie qu'elle tenait lieu de propriété foncière chez les Juifs
(puisque la tribu de Lévi n'avait pas eu sa part de la Terre promise) ; tandis
qu'au moyen-âge le clergé cumulait la dîme et la propriété. La dîme avait pour
base un contrat avec les grands propriétaires du territoire où le clergé rural
s'établissait. Or, la dîme ne pouvait se payer en argent : l'argent était trop rare
autrefois ; on la paya en nature, et, longtemps, de bon gré. Qn a crié contre
cette institution surtout quand elle commença à peser sur la petite propriété,
résultat du morcellement des héritages. C'est une exagération de dire qu'elle
était vexatoire et nuisible à l'agriculture. Les Anglais, gens de pratique positive
et amis des traditions, l'ont maintenue jusque dans ces derniers temps. Aussi,
quand la Révolution française abolit la dîme, le décret ajoutait : sauf à aviser
par un autre moyen aux frais du culte : logement du curé, son entretien,
soutien des pauvres et de la Fabrique.
Le décret disait encore que la dîme serait perçue en attendant. Elle dis-
parut quand même, peu après, et le budget du culte, quoique porté en principe,
ne fut établi que plus tard. On vendit donc les terres grevées de dîmes ; l'ache-
teur payait un dixième en moins : c'était lui faire un cadeau, au détriment du
clergé et de l'Etat.
La dîme du curé Randollet, en 1778, se composait comme suit, d'après les cal-
culs du manœuvre Jean-Joseph Thomas, qui l'avait battue pour les repreneurs.
12 muids et demi (env. 30 hectol.) d'épeautre, à trois écus le muid.
8 muids et sept setiers de wassend (seigle), à six escalins le setier.
— 77 —
16 muids d'avoine et deux setiers, à deux escalins le setier.
6 setiers (env. 180 litres) d'orge, à quatre escalins le setier.
4 setiers de potages (pois, vesces, faveltes), à quatre escalins,
14 setiers de drawe, à cinq plaquettes le setier.
1236 bottes de paille et seize de potages, l'une portant l'autre, à dix bons liards
(env. 2 sous V2), ce qui fait pour les pailles 55 écus ; plus, au moins 5 écus, pour
les petites pailles.
Le curé laissait les potages mêlés, de même que l'orge pour diminution des
mesures, et quatre écus et demi au manœuvre, pour frais de collecte ; il laissait
aussi 7 muids d'épeautre et le quart de la paille à certain M' Merche ; et, toute
soustraction faite, sa dîme se montait à 250 florins.
Le revenu du curé, à la plus belle époque, au temps de sire Randollet, valait
donc environ 550 francs, d'après l'estimation du douaire et de la dîme.
Là-dessus il devait s'entretenir et acquitter toutes ses charges: environ 15
florins pour les aides ordinaires de Sa Majesté, sans compter les aides extraordi-
naires ; la taille communale, l'obsonique et le cathédrique, la rente et les corvées
du château. Il devait annuellement 3 livres de cire à la Fabrique, deux setiers
d'avoine pour la rente du bois, deux setiers d'avoine à un curé de Grandhan et
autant à un curé de Fron ville ; soit en tout une trentaine de florins.
Le curé Randollet faisait valoir son bien par l'intermédiaire d'un domestique
laboureur ou par son frère, aidé souvent par Noël Dewar, censier de GoUin, à
Petite Eneille, devenu en 1775 le censier du curé, qui lui paye annuellement jus-
que 88 florins pour différents travaux agricoles et pour de nombreux charrois,
entre autres, en 1775, deux charrois de houille qu'il va charger à Rivage au prix
de 15 florins par voyage, pour la briqueterie du curé ; puis plusieurs charrois de
bois à Petite Eneille, où le curé faisait fabriquer sa bière. Mais ni le curé ni le
censier ne semblent faire fortune dans la culture. En 1786, Dewar doit vendre
tous ses biens à Eneille pour payer ses arriérés à l'église, à la cure et à divers
créanciers. D'autre part, nous voyons, le 29 août 1788, le Chanoine Lhoneux,
cessionnaire du curé Randollet, qui avait été bénéficier de Deuhn, dans un acte
signé au château même de Deulin, a/?w de pourvoir d'une façon plus conve-
nable que ci-devant à la pension alimentaire du dit curé, lui recéder à cet
effet toutes les rentes de sa cure, de son bénéfice et tous les arriérés, de même
que tout le produit des terres labourables et des sartages qui seront à lever et
percevoir cette année par le curé d'Eneille. Il lui cédait encore ce qu'on pourrait
appeler la menue dîme : celle des crompires, chanvre et lin, à son profit et au
profit de son fermier conformément à son bail.
Quant au casuel du curé, voici une pièce qui nous renseignera parfaitement sur
la situation des curés de l'ancien régime, à la veille de la révolution française.
— 78 —
C'est une lettre éci'ite par le curé Randollet, à l'archidiacre du Condroz, au nom
de tous les curés du concile d'Ouffet, qui l'avaient choisi pour leur porte- voix.
« Nous, tous les curés du décanat d'Ouffet, dans votre archidiaconé du Condroz,
au duché de Luxembourg, soussignés, remontrons à Votre Illustre Seigneurie,
que quelque ancienne que soit notre possession d'exiger des droits pastoraux, que
les ancêtres de nos paroissiens respectaient et considéraient comme un droit
de fondation ou d'érection de cure, tels que de payer par chaque famille un
pain aux jours de Noël, Pâques et Pentecôte et aux trois jours des Rogations, les
œufs de Pâques en nature ou par rédemption, item les droits de mariage et de
sépulture, registration de baptême, le droit pour recevoir les femmes à l'église,
item la quote-part du marguillier ; il est néanmoins que plusieurs de nos con-
frères sont en contention avec leurs paroissiens, les uns dans un point, les autres
dans un autre, et tous exposés à y être, au sujet des susdits droits, sous prétexte
qu'ils ne sont point entérinés au Conseil provincial de Luxembourg,
Ce qui augmente nos peines et nous remplit d'amertume, c'est que ces con-
tentions n'ont d'autre perspective que de nous distraire de nos devoirs et faire
manquer le bui principal de notre mission, qui est, aussi bien que l'instruction,
la paix et l'union avec nos ouailles, parmi lesquelles il ne se trouve que trop de
ces esprits inquiets et tracassiers, qui, après avoir troublé le bon ordre et assez
souvent manqué aux devoirs de la religion, nous taxent d'injustice dans nos
prétentions, entraînent la multitude et se réunissent tous, sous l'appas séduisant
de l'indépendance, pour nous résister ouvertement en toute occasion, et toujours
avec mépris, lorsqu'il s'agit de nos intérêts temporels, sous prétexte que nos
statuts archidiaconaux, quoique suivis de temps immémoriaux, ne sont point
revêtus du placet de Sa Majesté, notre auguste Souveraine.
Cause que nous supphons très humblement Votre Illustre Seigneurie de rece-
voir favorablement le recours que nous prenons vers elle pour obtenir cette
sanction royale, avec tel changement ou modification qu'il vous plaira de pro-
poser à Sa Majesté.
Il n'est point de sacrifice, Mgr, que nous ne fussions inclinés de faire au bien
d'un accord stable, uniforme et respectivement obligatoire ; mais qu'il nous soit
permis d'onserver que nous supportons déjà tant de charges, tant de peines et de
disgrâces dans notre ministère, et que la plupart des suppliants n'ont point la
rétribution condigne pour vivre honorablement selon leur caractère ; et, par
une suite nécessaire, sont hors d'état d'assister à nourrir et vêtir les pauvres,
bien moins encore s'ils devaient plaider pour leurs droits, qui font le principal
de leurs revenus.
Qu'il nous soit permis de faire une deuxième observation.
— 79 —
En supposant que le curé ne tire plus ses droits pastoraux, qui ne sont qu'une
bagatelle accidentelle pour le particulier, qu'en reviendrait-il au bien public ?
Le paroissien n'en deviendrait-il pas plus insolent encore par son indépen-
dance ? Le contraire de la supposition produit nécessairement un bien ; il excite
l'un à remplir exactement ses devoirs, et retient les autres dans la subordina-
tion. Il en faut convenir, s'il n'y avait plus de rétribution attachée à l'exercice
de quelques-uns de nos devoirs, ou plutôt, aux actes de notre juridiction, le far-
deau en deviendrait certainement plus pesant : l'homme de l'église est toujours
homme, et par ainsi, dans notre état comme dans ceux du monde, l'ouvrier est
digne de son salaire ; mais il faut une loi qui oblige indistinctement : tels seraient
nos statuts archidiaconaux, si Votre Seigneurie daignait employer ses bons
offices pour obtenir le placet royal du troisième tome de Manigart, soit en tout
ou en partie, pour ce qui concerne les droits pastoraux de notre décanat, situé
dans votre archidiaconé, au duché de Luxembourg ».
Avec tout cela, le pauvre curé d'Eneille se faisait encore voler ses dîmes par
le curé de Grandhan dans les terres du Ghesne-à-Han, que le voisin, nouvel
arrivé dans le pays, prétendait siennes. « Pour la première fois, mon confrère,
que vous paraissez sur cet horizon, lui écrit-il en 1779, c'est un coup d'essai qui
ne se sent pas de la timidité ; notamment que je vous ai fait dire le jour même
que vous avez enlevé ma dîme, de compter exactement ce que vous y lèveriez,
pour nous rencontrer ailleurs ». Il demande compensation sur la dîme de deux
autres terres, pour équivaler à ce qu'il requiert, et propose de s'en rapporter à
l'arbitrage de gens intelligents et désintéressés, comme seule voie et seul moyen
d'être dispensés d'entrer en plus grande difficulté.
Un cas de ce genre s'était déjà présenté en 1722, entre André Le Charpentier
et le curé Gharlier de Grandhan, au sujet de la dîme et de la terre du sergent et
de la terre de Jean de Marche.
Sous de Pierreux, le charriage est confié à plusieurs paroissiens : Jaspar,
Gérard, Gollin, de la Hault, Biaise, Poncelet, Ponsart, qui probablement accom-
pagnés des piqueurs de dîme faisaient au jour voulu le tour du ban ou d'un coin
déterminé, pour piquer dans les tasseaux la part du curé.
Gitons quelques notes : « La veille Saint Laurent, Hubert Jaspar a ramené une
charée de seigle, commençant â Grand Ry et retournant â Thier de Base. —
Une charée de 25 jarbes deseur le Bois et retournant deseur Salcire. Le lende-
main Sainte Marguerite, une charée commençant à la Haye et finant dévier
l'Enclos. Jaspar a été rechercher quelques jarbes à Jean de la Hault en Salcire,
pendant qu'on estait allé voire le révérend Doyen. Le 12^ jour d'aoust, Jaspar,
une charée commençant aux Fiefz et finant en la Gommune. La veille Saint
Laurent, Henri Gérard, une charée avec 7 jarbes Henri Noël. Jaspar, 13 jarbes
— 80 —
de seigle, sur le Thier de Base et retournant parTronsleu. Jean delà Hault,
cinq jarbes deseur le Bois et retournant par Ghaply au sart Hofurlin. — Jaspar,
une charée de foing retournant de la guernet du seigneur d'Eneille. — 3 jarbes
de bled, deux de vesces et 3 moulots de foing. Jaspar a charié dix charées de
blancs grains et 2 charées de foing ; je lui ai donné deux patakons. — La veuve
Jacques, 4 jarbes de seigle, ramenées de sa grange. »
Sur le rôle des piqueurs de dime, les mayeur et échevins d'Eneille ont fait
publier deux fois, d'abord le 1®"" mai 1781, puis le 6 juillet 1794 par le sergent
Henri Drouba, aux plaids généraux d'Eneille, une ordonnance portée par le Con-
seil de Luxembourg, le 26 juillet 1771, en faveur delà Baronne Minekwitz de
Porcheresse et Graide et Sire Jean-Nicolas Gomins, curé d'Opont et de Naomé,
concernant le terrage de Graide et de Porcheresse, et la dîme dans les districts
de ces deux villages et celui de Naomé. Cette pièce a pu venir à Eneille par l'en-
tremise du curé RandoUet, originaire de Halma. En voici le résumé,
« La Baronne et le curé susdits rappellent qu'au mépris du règlement de 1587
défendant aux propriétaires de charoier leurs grains de la nuit, ni après le cou-
chant ni avant la levée du soleil, les dits propriétaires vont les charoier dans le
temps qui leur plaît, ne s'attachant pas non plus d'avertir les dîmeurs ou piqueurs
de dime, ni même le terrageur à domicile, se contentant de crier à la campagne
soit faiblement, soit fortement « à la dîme « lorsqu'ils chargent les grains ; et
comme il est moralement impossible que ces cris portés toujours à des heures et
des moments choisis, auxquels ils savent que le dîmeur ou le terrageur ne peut
pas être à portée d'entendre, il arrive qu'en éludant ainsi l'esprit de l'ordonnance
susmentionnée, ils retiennent à leur disposition la quantité et la quotité de la
dime qu'ils veulent bien laisser, sans qu'il soit bonnement possible que les déci-
mateurs parviennent à la connaissance de ce qu'on peut avoir laissé de trop peu
sur le terrain pour les dîmes et terrages. etc.
Le Conseil de Luxembourg donne permission de constituer des piqueurs dans
chaque village et de les faire mettre à serment à l'effet tant de lever les dîmes et
terrage que de faire rapport de ceux qui auront enlevé les grains en contravention
de l'ordonnance du 17 juillet 1587, et ordonne aux habitants de chaque village
d'avertir les dits piqueurs respectivement en leur domicile avant d'enlever les
grains, sous peine de cent florins d'or d'amende ».
En publiant cette pièce à Eneille on avertissait les habitants que les nommés
Antoine Dachouffe de la Petite Eneille, et François Lecomte de la Grande Eneille,
étaient établis et sermentés dimeurs ou piqueurs de dîmç pour toute la juridic-
tion des Eneilles.
Le dimeur ne prenait pas toujours invariablement une gerbe sur dix. C'étaient
parfois deux gerbes sur treize, tant des fonds et chapeaux que des autres gerbes
— 81 —
des tasseaux, comme à Porcheresse et à Graide ; parfois, une gerbe de douze,
comme à Naomé.
La dîme et le douaire disparurent à la Révolution. On tenta cependant de
récupérer dans la suite une partie des biens de la cure. Voici comment :
Un arrêté du roi Guillaume, en date du 19 août i8ll,remei la fabrique
d'EneWe en droit de profiter des pièces de biens qui n'auraient pas été
vendues de leur ci-devant bien de cure. Or, le procès-verbal d'adjudication
ne portait qu'une partie des pièces situées sur la commune d'Eneille et aucune
de celles qui se trouvent sur les communes de Grandhan, Fronville et Noiseux.
On put prouver d'après les actes de création que les pièces de biens situées sur
les communes étrangères, consistant en prairies, terres labourables et sartables,
avaient étéafiectées pour des anniversaires. Le conseil de Fabrique, en séance
du 19 mars 1827, les revendiqua au profit de la Fabrique, qui ferait acquitter les
obligations dont elles étaient chargées. En conséquence, le conseil supplie la
Députation des Etats du Grand-Duché de Luxembourg de vouloir bien les auto-
riser à cet effet contre tous les détenteurs actuels des pièces du bien de cure,
situées sur les communes étrangères.
Le 11 août 1827, les détenteurs furent invités à venir déclarer à quel titre ils
possédaient ces biens, devant le conseil de Fabrique, qui siégea de 8 heures à 10
heures en les attendant. Aucun ne s'est présenté.
De là trois procès que la Fabrique perdit en première instance à Dinant contre
les trois détenteurs, en l'année 1833. La Fabrique interjeta appel de ces trois
jugements, sûre d'après l'avocat Zoude de Liège, qu'ils ne pouvaient manquer
d'être révoqués.
Selon toute apparence, l'avocat se trompait, car on ne voit nulle part que les
biens revendiqués aient fait retour à la Fabrique. D'autre part, une lettre de
Monsieur Aug. van der Straten-Ponthoz à M. Georis dit que l'un de ses avocats,
M, Adams, trouve la prescription un moyen puissant pour ses adversaires,
parce qu'il faudrait prouver la mauvaise foi.
Sauf ce point secondaire, concernant les terrains non compris dans l'acte de
vente, les acquéreurs des biens de la cure ne devaient plus être inquiets, ni in-
quiétés, depuis le concordat de 1811, entre Pie VII et Napoléon,
§ IV.
La maison pastorale.
On appelle aujourd'hui encore la cure, le groupe de maisons qui fait face au
presbytère actuel. C'est la résidence des anciens pasteurs d'Eneille, fort transfor-
6
— 82 —
mee maintenant, les granges et les étables étant converties en quartiers habi-
tables.
La restauration de la maison pastorale au 17^ siècle a mis en branle pendant
des années toute la paroisse et toutes les autorités compétentes, civiles et reli-
gieuses.
Avant de résumer ces longs débats, rappelons les principes de droit commun
en cette matière.
La construction, restauration, réparation et entretien des maisons pastorales,
comme des églises paroissiales, étant une charge inhérente aux dîmes ecclésias-
tiques, devait être supportée par les décimateurs ecclésiastiques ou par les laïcs
qui auraient acquis ces dîmes des ecclésiastiques depuis le concile de Latran,
tenu en 1179. La dépense, pour les églises du moins, ne devait être fournie par
eux qu'après qu'on aurait prélevé les revenus de la Fabrique et la quote-part
des bénéflciers proportionnelle aux fruits qu'ils percevaient dans l'église où était
leur bénéfice.
A défaut de ces trois moyens, et c'était le cas à Eneille pour ce qui concernait
le presbytère, « il y sera suppléé, dit une ordonnance de Marie-Thérèse en 1769,
reprenant pour son compte une jurisprudence antérieure, il y sera suppléé par
les habitants de la paroisse qui y reçoivent la nourriture spirituelle, sur le pied
qui sera réglé par l'octroi qu'ils devront obtenir pour cet effet de Nous, comme
ci-devant. »
Donc en 1688, à l'arrivée du curé Le Charpentier, les édifices pastoraux me-
naçaient ruine. A la demande du nouveau curé, le 21 juin 1688, la grange pas-
torale et autres édifices adjacents furent visités par la Justice des Eneilles qui
jugea ces bâtimens réparables de fond en comble.
Les années qui suivirent se passèrent en instances et en protestations de la
part du pasteur, qui, « prévoyant la briève ruine des dits maisonnages, courait
grand risque et péril d'être ses domestiques accablés aussi bien que ses bestiaux ».
En 1692, 1693, 1694, les seigneur et manants, paroissiens d'Eneille, sont
résolus à faire les réparations, mais ne les font pas quand même.
Un acte daté de Fizenne, le pénultième de mai 1693, et signé L. de Blier,
« ordonne qu'à la requête de sire André Le Charpentier soit signifié aux seigneur,
manants et paroissiens, qu'à son entrée dans la cure ayant fait visiter par la Jus-
tice du lieu les maisonnages pastoraux, ils se sont trouvés fort défectueux et
sujets à réparation, particulièrement la grange et le fournil. En suite de quoi
ayant été résolus de les réparer et ayant obtenu permission d'abattre une quan-
tité de chênes dans les bois communaux, où les habitants ont leur usage, sans
préjudice des droits du seigneur, une partie a été ramenée et le reste est demeuré
dans les bois, où les chênes pourrissent, pendant que les maisonnages menacent
— 83 —
ruine, le curé vient par cette solliciter ou semoncer le seigneur, manants et
paroissiens de s'acquitter de leurs obligations au plus tôt ; protester, comme il
fait, de tous dommages et intérêts qu'il reçoit de leurs délais et négligence,
ensemble de tous périls et inconvénients qui pourront en résulter ».
Jean Lecomte, sergent d'Eneille, intima copie de cette ordonnance à Pierre
Pirard, Jean Borlon, Charles Pire, Jean Wathy, et pour la connaissance des
résidus manants, afficha à la porte de l'église aussi une copie, le 20 juin 1693.
En 1(593 et 1694, on se décide à charrier les chênes et en partie les autres
matériaux.
Les charpentiers ont commencé de quarrer les chênes environ les mois de
février-mars 1694. Les manants pour convenir de leurs journées et salaires ainsi
que de leur bière ont constitué Pierre Firard et Jean Borlon. Ce dernier est venu
sur leurs ouvrages demander ce quils prétendaient gagner. Le dimanche, à la
sortie de la grand'messe, il fait récit à la communauté qu'ils voulaient gagner
chacun deux escalins (env. i fr. 20) jusqu'à un tel temps, et par après, les jours
étant plus longs, deux escalins et demi sans rehausse (1).
Pendant le travail, les charpentiers ayant demandé de l'argent, le pasteur a
prié les constitués d'aller de maison à maison, afin que chaque ménage donnât un
écu à bon compte pour les ouvriers ; mais pas un n'a voulu payer. Ensuite Jean
Lecomte est venu prier le curé d'avoir patience et qu'on en ferait pour un meilleur.
Dans le mois de juin, on a tiré la vieille grange en bas, à eôçt de prendre et
faire resservir tous les bois propres à bâtir.
Le 2 juillet, on a dressé la grange et autres édifices sur les mêmes fondements
où était la vieille, avec l'assistance de la plus grande partie des paroissiens.
Par après, les charpentiers ont bâti des étables de porcs avec les vieux bois et
les ont replacés au haut voilé de la même largeur qu'ils étaient ci-devant à la
basse parois de la vieille, ne venant qu'à la longueur des vieux étables de porcs.
Or, est-il que le tout étant achevé et compte fait avec les ouvriers, question
d'avoir de l'argent pour les payer, le pasteur a semonce plusieurs fois ses parois-
siens d'en vider, jusqu'à ce qu'il a été obligé de les faire citer devant l'official
forain à eflet de les faire venir au paiement de leur quote-part, selon la répartition
qu'il avait fait présenter à chacun en particulier. Ils ont demandé ajournement
et renvoyé à leur juge compétent pour n'être traitables ni responsables devant
un juge ecclésiastique ; ce qui leur a été accordé.
L'état de frais des travaux, fait en juillet 1694, se montait à 163 francs et
quinze patars, comprenant le prix dû aux charpentiers 106 fr. 16 pat. ; aux
maçons 6 fr. ; au couvreur 6 fr. 15 p. ; à celui qui a fait les hennés 13 fr. 16 p. ;
(1) A cette époque, l'nrgent avait une valeur marchande deux à trois fois plus grande qu'aujourd'liui.
— 84 —
à la l'oiunu' qui a l'ait le moi-tier six jours, gagnant neuf sous pai- jour, en laissant
la moitié pour son manœuvre ; à Jacques de Warre pour couper 40 chênes et les
mettre à corde, au prix de dix liards chaque, soit 5 francs ; au menuisier pour 7
journées et demie, 6 frs. et 15 p. ; pour l'achat de 200 lattes, 3 fr. 18 p. ; aux
scieurs 15 fr., etc. etc.
La répartition de ce que chaque ménage devait donner au-dessus de ses
journées et charriages s'élevantà 139 fr. Il manquait donc encore 24 fr. pour faire
la somme de 163 francs.
Sur l'ajournement accordé par la Cour d'Eneille, les manants ont demandé d'en
venir à un accord. Alors, ils ont trouvé les bâtiments trop amples, bien qu'ils
eussent consenti précédemment à les rebâtir sur les anciens fondements, puis
ils ont chicané sur l'abatis de l'étable des porcs ; puis sur de vieilles portes qu'on
aurait pu feire resservir pour diminuer les frais d'achat et de sciage des chênes !
A partir d'ici, cela dégénère en querelle d'allemand : On reproche au pasteur
d'avoir pris les vieux bois restants. Or, il les réservait pour faire un fournil gran-
dement nécessaire ; il avait mis, à la place, des bois achetés aux héritiers de feu
Noël de Pierreux, son prédécesseur.
De plus, passé cinq ou six ans, il avait fait mettre chaque année des waz
(paille de wassend triée) sur la grange, à effet de mettre ses bestiaux et fourrages
à couvert ; outre plus de trente corvées et journées qu'il a fait faire sans y
être tenu.
Après avoir rappelé tous ces faits, le curé adresse la consultation suivante à
un magistrat de Durbuy :
On demande si les paroissiens sont fondés dans leurs prétentions de tout ou en
partie ; et si on venait à un accord et répartition sur chaque ménage, le pasteur
serait-il obligé de prendre séparément la quote-part d'un chacun en particulier ;
ou bien les paroissiens ne sont-ils pas tenus et obligés de collecter et faire la
masse totale ?
Le magistrat répondit : « Vu le fait ci-dessus et la visite de 1688, le soussigné,
eu égard que les bâtiments en question sont encore plus ruineux qu'ils ne l'étaient
en 1682, six ans auparavant, et que les paroissiens ont consenti aux réparations
sans opposition, est de sentiment au premier état, qu'à présent qu'elles sont faites,
ils ne sont plus recevables à les blâmer, par la maxime de droit : quod semel
placuii, amplius displicere non potest^ c.-à-d. ce qui une fois a été décidé ne
peut plus être rapporté ; outre qu'il ne parait d'aucunes réparations voluptuaires
ou superflues, auxquelles les paroissiens ne seraient pas tenus par l'article 6 et
suivants du chapitre V de Domibus pastorum des statuts archidiaconaux ; et
s'il y avait différend considérable, il devrait être décidé à l'arbitrage du Révérend
Archidiacre ; les statuts le déclarent.
— 85 -
Au second chef, il est manifeste que le curé n'est pas tenu de faire la collecté
des quotes de chaque paroissien. Cette collecte est une partie de leur obligation,
qu'ils doivent exécuter entre eux : l'exemple est journalier en toutes les autres
obligations de communauté.
Délibéré à Durbuy, le 2 décembre 1694. Signé A. D. Rossignon.
Quelques jours avant cette date, le 18 novembre, sur requête du pasteur
d'Eneille, l'official Jean d'Awan, avait convoqué, devant lui à Petithan, par
l'intermédiaire de Jean Parmentier, marguillier, les habitants d'Eneille, pour y
dire leurs raisons, le 25 du courant, à 10 heures du matin.
Le 22 novembre, le marguillier insinua la chose à Pierre Pirard et à Jean
Lecomte, constitués de la paroisse d'Eneille ; item une copie à Jean Borlon ; et,
allant de maison en maison, lut la requête du curé avec l'apostille de l'official
aux manants paroissiens défaillants.
Parmi tous ces pourparlers avec la justice d'Eneille et l'official de Petithan,
le curé, voyant la résistance de ses paroissiens, réduits d'ailleurs pour la
plupart à la mendicité, avait proposé à l'examinateur synodal, Joannes Le
Beau, et à l'archidiacre du Condroz, Gaspar de Stockem, d'engager un muid
d'épeautre (env. 2 hectolitres et demi), hors des revenus de l'église, pour sup-
pléer au défaut de ceux qui ne pourraient payer, avec promesse de le dégager
quand il plairait aux autorités ecclésiastiques.
L'archidiacre accorda la permission pour le terme.de 6 ans, le 6 avril 1694,
sur ces considérations, émises par l'examinateur synodal, que la restauration
était urgente, que la permission était accordée pour un temps et pour le soula-
gement des pauvres, n'y ayant rien en cela de contraire au but des constitutions
apostoliques.
Nul paroissien ne voulut prendre à ses gages le muid d'épeautre ; les ouvriers
avaient déjà fait une partie de la restauration et réclamaient leur dû, ce qui
força le curé à emprunter, pour les payer, 30 écus à son confrère d'Ocquier, et
à intenter un procès par devant Messeigneurs du Conseil de Luxembourg, au
commencement de l'année 1695. Quinze ménages se décidèrent à payer leur
cotisation et firent signifier aux douze autres défaillants, dont le seigneur et la
Dame, qu'ils acceptaient la répartition, et protestaient de tous dommages et
intérêts qu'ils pourraient recevoir au regard des dépenses du procès. C'était le 5
février 1695.
Le même jour, en présence et à l'intervention de Henri le Rousseau, de Longue-
vifie, et d'Arnould Claude, d'Heure, témoins ; de Jean Lecomte, centenier de la
Grande Eneille et de Jean Borlon, centenier de la Petite Eneille, pour assoupir
la difficulté esmeute et arrêter le procès, on décida que chaque ménage de la
— 86
paroisse, au nombre de 27, sera obligé de payer incessamment aux susdits
centeniers, lesquels conjointement avec le curé feront la collecte, \ 4 escalins au-
dessus de tous charriages, journées et autres dépenses laites à l'entour des bâti-
ments pastoraux.
Neuf ménages seulement purent payer sur le champ, y compris le seigneur et
la Dame ; les 18 autres demandèrent du délai, se basant sur la permission de
l'archidiacre. Au mois de mai suivant, huit autres ménages avaient encore payé
leur cotisation, soit ensemble 7 écus (env. 34 frs.), lesquels joints aux 25 écus
d'épargne que les mambours de l'église, Charles Pire et Jean Lecomte, avaient
en caisse pour les années 1693 et 1694, servirent à rembourser au curé d'Ocquier
ses trente écus et leur intérêt d'un an, plus encore un écu et demi payé à
M, Doupré, collecteur de l'archidiacre.
Après tous ces débats,
il restait encore à loger
le curé. Ce fut le premier
souci de M. Grofay, l'an-
née qui suivit sa venue à
Eneille.
Aux plaids généraux
du 12 janvier 1728, tous
manants des deux Eneil-
les présents, comme aussi
Révérend Messire Grofay ,
il fut convenu entre eux
d'employer 70 écus hors
des cent que redevaient
les héritiers du défunt
curé Le Charpentier, pour
construire un quartier de
maison pastorale, à la-
quelle le curé contribuait
du sien pour 30 écus ; les
charriages et la main
d'œuvre étant faits par
les manants également,
suivant une juste répar-
tition, à laquelle contribuaient en argent ceux qui n'avaient pas travaillé et
charrié pour leur quote-part, tous protestant ne vouloir rien payer au-dessus de
ce qu'ils sont tenus.
Tantae molis erat tam pulchram condere curam !
Phot. Eug. Haverldiiii.
Grande Eneille. — Le Presbytère actuel.
— 87
Et cette belle cure, qui avait coûté tant d'eôorts, devait, comme le douaire et
les biens de fabrique, être vendue à des étrangers :
Barbarus has segetes
Cependant, grâce à la générosité des seigneurs d'Eneiile, un nouveau presby-
tère fut bâti sur la colline qui fait face à l'ancienne cure. Le presbytère et ses
deux jardins, réservés lors de la vente du château, appartiennent encore à la
famille van der Straten-Waillet, qui les laisse gracieusement à la disposition de
la Fabrique et du curé, bénéficiaire en outre d'une rente annuelle établie par
Henri van der Straten, à la demande de Mademoiselle d'Eneiile, sa grande tante,
Dieudonnée-Ignace van der Straten-Waillet, morte religieuse à Namur, en i832.
Très précaire à l'origine, jusqu'en 1848, — il n'y avait à l'étage qu'une seule
chambre ; au rez-de-chaussée, le bureau du curé était l'un des petits réduits qui
forment l'arrière-cuisine ; la chambre de gauche servait d'école — le presbytère
actuel, sans être de loin le plus confortable du Luxembourg, en est peut-être le
plus joli, avec ses collines boisées qui l'encadrent du levant au couchant, avec
ses terrasses en forteresse fleuries de lilas, d'aubépines et de roses, avec sa vue
sur les méandres de l'Ourthe et sa perspective sur la plaine toujours verte que
terminent à l'horizon lointain les sombres plateaux de l'Ardenne.
Laudaturque domus longos quae prospicit agros.
Vrai tableau de genre, avec la grange et l'étable, les remises et le fournil, en
style d'Eneiile : la tuile, le chaume et le torchis, symboles d'un temps qui n'est
plus à la dime ni aux curés laboureurs.
— 88
§ V.
Les Vicaires-Marguilliers. Les Écoles paroissiales
et communales.
L'école paroissiale, sous la responsabilité du curé, se tenait dans une salle de
l'ancienne ou de la nouvelle cure. L'éducation de l'enfance était confiée le plus
souvent à un vicaire, prètre-marguillier, qui aide aussi le curé dans ses fonc-
tions pastorales. Le plus ancien vicaire signalé dans nos registres paroissiaux
est sire Jean Catoul, parrain d'Anna Gilsoul, en septembre 1608. Puis, c'est
Georges d'Orlho, chapelain, parrain de Georges de la Haulten 1622.
Quelle était à Eneilie la situation de ces prêtres-marguilliers ? Nous pouvons
le dire au moins pour le temps du curé Randollet.
Dès son arrivée, en 1770, le 2 décembre, Messire Randollet reçoit une dépu-
tation de ses paroissiens lui demandant de leur accorder un digne prêtre, capable
d'être ensemble vicaire et marguillier, pour leur dire la messe basse les jours de
dimanches et fêtes et pour tenir bien dûment l'école, depuis la fête de tous les
saints, jusqu'à Pâques,
D'accord avec le curé, les paroissiens s'obligèrent de payer chacun annuelle-
ment, en trois termes égaux douze escalins (env. 7 frs. 30), au curé pour son
vicaire, à commencer le dimanche des Avents et à finir à pareil jour, l'an révolu.
Les paroissiens s'obligent en outre de faire lever et reproduire cette somme en
la maison paroissiale aux termes fixés, tous étant tenus solidairement. Ils auront
la messe demandée dite à leur intention et à heure compétente pour la plus
grande utilité des deux villages. Il est également stipulé que les veuves ayant un
chef de ménage paieront la rétribution en entier. Il est aussi expressément sti-
pulé que le curé et son vicaire auront ensemble deux mois de vacances par
année, pendant lesquels les paroissiens n'auront qu'une messe paroissiale, dont
avis sera donné la semaine auparavant.
Le vicaire-marguillier fut l'abbé Dochain jusqu'au 10 mai 1774. Alors le Révé-
rend sire Hubert Maréchal, ci-devant vicaire à Jemeppe, se présenta au curé et
à la communauté vinagèrement assemblée, qui a député ses commis au bourg-
mestre pour faire la convenance suivante : « Gomme il a été arrêté aux plaids
généraux derniers, le gage de marguillier et de vicaire ensemble consiste en
autant d'écus à couronne (env. 6 frs.), faisant chaque dix escalins deux sous,
qu'il y a de manants dans cette paroisse, le tout payable par les deux commis
- 89 —
députés, hors de la caisse de la communauté, en deux termes, la moitié au Noël,
et 'le résidu à la St-Jean, 24 juin, qui sera le terme de la première année révo-
lue et ainsi d'année en année. «
Le curé assigne au vicaire, hors de la même caisse, les deux escalins de droits
pastoraux par chaque manant pour salaire des vigiles et des anniversaires fondés,
tant en grains qu'en argent, et pour les confessions.
Jean-Hubert Maréchal s'engage à dire la messe, fêtes et dimanches, vers
l'heure de l'aurore, pour la grande commodité de la paroisse, et à l'intention des
fidèles le dimanche seulement. Il s'engage ensuite à tenir l'école depuis la Tous-
saint jusqu'à Pâques, pour quoi il lèvera la rente des pauvres, tant qu'il n'en
sera pas autrement disposé. Et comme il n'y a pas de maison vicariale, la com-
munauté devra lui en fournir une convenable jusqu'à ce qu'on en ait bâti une à
portée de l'église. Et pour lors le vicaire devra sonner au gré du curé à midi et
au soir.
Ces arrangements ne tiennent pas longtemps ; et la question scolaire se repré-
sente plus d'une fois au cours du ministère du curé Randollet.
Nous trouvons en cette matière une sentence du Conseil souverain du Luxem-
bourg, datée du 25 avril 1786, donnant raison au curé contre ses paroissiens, qui
décident d'en appeler à une autre chambre. Le 7 mai intervient un nouvel accord :
on paierait un écu (env. 4 fr. 80) à raison de chaque ménage ou feu, qui seront
trouvés chaque année aux Eneilles et participant aux aisances de la communauté ;
le vicaire aura une part égale à chaque manant dans les aisances et émoluments
de la communauté, toutes charges communales déduites. On s'oblige à acheter
ou à bâtir une maison avec deux places au rez-de-chaussée, avec un petit jardin,
et à l'entretien de la maison. Outre les dimanches et les fêtes, le vicaire dira une
messe tous les lundis pour les trépassés. Le curé lui comptera dix écus (env. 48
fr.) chaque année pour ses fonctions de marguillier. Si l'on ne trouve pas de
vicaire pour tenir l'école, on prendra un laïc auquel avec les autres avantages
faits au vicaire, on donnera pour traitement cinq plaquettes (env. 3 fr.) par an
et par ménage.
A cette époque 1786, il y avait à Eneille 24 ménages, sans compter la cure et
le château. J'ignore comment se termina la question ; mais, de même que parfois
on ne trouvait pas un mambour pour l'église, de même, à défaut de vicaire, on
ne trouvait pas toujours un marguillier laïc à Eneille. C'est ainsi qu'en 1778, les
paroissiens ayant refusé de payer le marguillier, disant que c'était aux décima-
teurs à le fournir, le curé a loué pour la fête de la Toussaint un marguillier
étranger, Jean Renauld de Marloie, à qui il a payé par année 15 écus argent de
Liège. La situationaduréjusqu'après la Toussaint 1780. L'école fut alors tenue par
le vicaire-marguillier, Sire Dehive, à qui le curé donna pour rétribution la table
— 90 -
et le logement pendant deux mois et plus, à raison de 12 sous du roi par jour. Il
toucha en outre 4 couronnes pour ses droits d'anniversaires, plus la dime des
pauvres. Entré à la Toussaint, il quitta le 5 février 1781.
En 1778 et 1782, le curé dut tenir l'école lui-même ; et ce qui lui fut payé, il le
distribua aux pauvres les plus nécessiteux, la rente des pauvres servant alors à
payer le maître d'école, à Eneille comme en beaucoup d'endroits : c'était une
façon de donner aux pauvres l'école gratuite.
On voit par les signatures des testaments et des pièces officielles que bon nom-
bre d'anciens savaient signer ; mais péniblement. La plupart se contentaient
d'apposer leur croix ou leur marque.
" Il est à remarquer que, dans les écoles paroissiales, les élèves étaient géné-
ralement partagés en deux catégories : les écrivants et les non écrivants. Les
écrivants devaient payer le double des autres pour leur écolage, et en outre
l'encre, le papier, les plumes. Il en résultait que plusieurs enfants, notamment
ceux des classes pauvres, sortaient de l'école sachant bien lire, mais sans avoir
touché la plume. Il n'est donc pas tout à fait juste de considérer comme illettrés
tous ceux qni dans les actes publics remplacent leur signature par une croix
« pour ne sçavoir écrire » (Glausset et Mauclet).
Je me rappelle avoir vu dans mon enfance un ouvrage scolaire intitulé :
Cinquante sortes d'écritures. C'était la reproduction de diverses écritures
manuscrites, depuis la belle et nette anglaise, jusqu'à l'indéchiffrable « pattes de
mouches » : le traité de lecture avec difficulté graduée ! Gomme pendant, pour
l'écriture, un recueil de textes en lettres moulées, avec, en tête, une fine gravure
représentant le magister devant son pupitre, dans une attitude impeccable de
greffier : buste droit ; en main la gracieuse plume d'oie, sur laquelle s'allongent
trois doigts fuselés, les deux autres formant chevalet.
Depuis 1830 jusqu'en 1857, l'école, pour ainsi dire ambulante, changea cinq
fois de local. En tout dernier lieu, la classe se tenait dans un quartier de maison
en torchis : S'^fiO de long, 3'"20 de large, 2"'65 de haut ; ni cour, ni préau ; les
récréations et le reste sur la voie publique. Mobilier rudimentaire : une chaise,
une table, pour le maître, l'image du Christ et le faisceau de baguettes de coudrier.
Les élèves avaient pour tout bagage classique la Croisette, le petit et le grand
catéchisme, la bible de Martin de Noirlieu, le traité de politesse : toutes bonnes
choses, qui manquent dans beaucoup d'écoles savantes de nos jours. Les maîtres
primitifs, Defays, Gollin, Roland cumulaient l'emploi d'instituteur avec celui de
laboureur, couvreur de toits, fabricant de mannes et de balais. Jean-Joseph
Gollin, ayant dû quitter le poste pour faire son service militaire, le curé Georis
tint lui-même école au presbytère.
L'inspection était confiée à un notable du pays: notaire, juge, médecin. On
I
— 91 —
cite le cas de tel médecin-inspecteur, qui, avant l'inspection de la classe, demande
tout bonnement au maître de le raser, en présence des élèves.
Il pratiquait à sa façon la méthode Froebel et l'enseignement occasionnel.
La caractéristique de l'enseignement à cette époque était naturellement l'ab-
sence complète de méthode.
Pour la lecture, on apprenait à l'enfant toutes les lettres de l'alphabet. Les
lettres connues, on abordait seulement les combinaisons des lettres, deux à deux
d'abord.
Il y avait cependant une certaine gradation dans les exercices. Après la com-
binaison des lettres deux à deux, puis trois à trois, venait celle des syllabes pour
former les mots. Le procédé de lecture était absolument illogique : chaque élève
allait lire le morceau près du maître, assis à son pupitre, tandis que les autres
suivaient plus ou moins ou bavardaient entre eux. Toute la classe y passait ;
puis, commençait la lecture en chœur, scandée par le bruit de cigale du délicieux
signal. Pas de questions sur le texte, pas d'explications de mots. Parfois les
enfants étaient priés d'apporter de chez eux des sujets de lecture. On les voyait
alors arriver qui avec une gazette, qui avec un almanach, qui avec un catalogue,
le tout recruté dans les bons ménages de l'endroit, et chacun de lire en classe ce
qu'il avait apporté.
Apprendre les quatre règles, c'était tout le but à atteindre en calcul.
Conséquence : sur 84 habitants nés dans la commune de Grandhan, on en
trouve 14 ne sachant ni hre ni écrire de 1826 à 1835.
Pour encourager ses élèves, le maître distribuait des images. Les plus appli-
qués étaient investis d'emplois de confiance: scier du bois, nettoyer la classe
avec l'arrosoir en pain de sucre renversé, tenir la main des petits et diriger
leurs timides essais sur l'ardoise ou le cahier, leur faire répéter les lettres.
Dans les punitions, le châtiment corporel dominait : le maître distribuait à
tour de bras Vhuile de coudrier sur le dos, sur la tète, sur la pointe des pieds,
sur le bout des doigts ; mises à genoux sur une vive arrête, les bras levés tenant
une bûche ou un gros livre ; bonnet d'àne, transcriptions, retenues, expulsions,
le tout terminé souvent par l'invasion d'une mère en furie venant en pleine classe
prendre la défense de sa progéniture.
Chaque élève apportait à tour de rôle le bois nécessaire au chauffage de la
classe. Le maître recevait souvent des cadeaux : des galettes au nouvel an, à
Pâques des œufs, des tartes à la fête, à la St-Nicolas des conques.
A partir de 1842, tout se perfectionne, surtout avec le nouveau local bâti en
1857 et les nouveaux maîtres diplômés de Nivelles, Malonne et Carlsbourg :
Devillez (1855), Rossignon (1856-57), Schmit (1857-61), Lucien Feltesse (1861-
1896), Florent Feltesse (1896-1910), Diogène Hubin (1910).
92 —
Sur 6->7 personnes, de 1846 à 1892, on n'en trouve plus (pie 3 ne sachant lire
ni écrire, dans toute la commune de Grandhan (1).
§vi.
L'Église Sainte-Marguerite. Le Mobilier. La Fabrique.
1. L'église Ste-Marguerite, coquettement assise au flanc de la colline, avec ses
vieux murs de pierres grises tranchant sur la verdure du fromental, entourée de
son antique cimetière où reposent dix siècles endormis, forme avec les bâtisses
de l'école et du presby-
tère en briques rouges,
un groupe délicieux à
l'œil, un motif d'aqua-
relle, qui a tenté le pin-
ceau de plus d'un artiste.
Elle est exactement
orientée, comme toutes
les vieilles églises. Da-
tant de l'époque romane
elle en a gardé le cachet
sévère, malgré ses mul-
tiples restaurations. La
vieille tour massive, son
parvis percé de meur-
trières, ses trois portails
en plein cintre, ses co-
lonnes et sa grande ar-
cade à l'entrée du chœur,
lui-même en gothique
tertiaire ; ses fenêtres
en ogive, avaient depuis
longtemps attiré l'at-
tention des amis de l'art
chrétien. Le 10 janvier
1910, une décision mi-
nistérielle l'a placée parmi les monuments de troisième classe.
l'Iiut. Eug. Haverland.
Grande Eneille. — Le Porche do TÉglise.
<l) Note de M. Florent Feltesse, ancien In.^tituteur d'Eneille.
— 93 —
Antérieure à U78 et à la bulle d'Alexandre III, rien ne s'oppose à ce qu'elle
date réellement de l'an mil, comme le rapporte un ancien religieux de Neuf-
moustier qui écrit l'avoir lu dans les annales de l'abbaye.
Le chœur fut restauré en 1633. Les nervures et l'aspect général sont peu régu-
liers. Du milieu de la nef, le chœur parait légèrement incliné vers la gauche.
C'est que, d'après Lequarré, dans son traité des mesures au pays de Liège :
« Les maçons n'èstît wère adon ustiyî corne oùy po fé des dreutès royes^
qwand c'est qu'èle èstît on po longues. C'est coula qui d'vins lès grandes
églises {et même dans les petites comme à Eneille), qu'ont stu batèyes i-a
passé treus, qwate, cints ans, on veut téle-f'èy des finiesses qui sont deûs,
treûs pôces pu hautes di soù {seuil) eune qui l'aute. C'est coula ossu qu'on
veut l'Keur di ces èglîses-la clintchî 'ne miète so l'costé, rapportai roye
de mitan dèl grande alêye. 1-enn 'a qui volet qu' les architèques d'adon
l'arît fait èn-èsprès po r'prèsinter l'tiesse de Bon Diu sol creûs on pô
clintchêye de filintche costé. Ci sèreût vrêy, si l'Keur di totes les églises
clintchîve todi dé mimne sins ; mins i-a dès cisses qui n'clintchèt nin, èt^
wice qu'èle èl fêt, tôt as teitre c'est vès l'hlintche main, tôt as teûre vès
l'dreùte, qui l'Keur est fou roye avou l'grande alêye : c'est corne i-a-
touméve ". Le même auteur explique l'irrégularité des nervures par l'absence
du mètre aux multiples divisions, permettant de prendre des mesures précises.
Les maçons de village se servaient d'une grande règle qui dirigeait l'œil à la
diable dans le domaine de l'à-peu-près.
En 1665, Noël de Pierreux restaure la nef et agrandit les deux fenêtres —
les fenêtres de gauche et la 3*^ à droite sont de date récente — refait les deux
boiseries du chœur, — l'une est encore au jubé. (Une ligne en retrait, à courbe
romane, sur les deux murs latéraux, à l'entrée du chœur, semble indiquer qu'il
y avait là deux chapelles, l'une dédiée à la Ste. Vierge ; l'autre à S te. Marguerite,
en face de laquelle fut enterré le greffier Pirard).
En 1689, André Le Charpentier fait « la réparation de la tour entière et église
d'illecque, laquelle nous avons commencée, dit-il, le deuxième avril 1689, la veille
de l'Invention Ste. Croix, après avoir invoqué l'assistance de Dieu, de la Ste. Vierge
et de notre bonne patronne Ste. Marguerite — solennellement par le très saint
sacrifice de la messe, le Vénérable étant exposé ; lequel achevé, nous sommes
allés procession nellement aux fondements de la tour, pour y bénir les trois pre-
mières pierres, laquelle bénédiction étant faite et trois collectes dites en l'hon-
neur de St. Joseph, Ste. Marguerite et Ste. Barbe, Noble Dame Madame Mar-
guerite de Prez, dame douairière des Enneilles, a rais la première pierre, moi, la
seconde, et Monsieur de Prez, frère de la dite Dame, la troisième ; et par après,
la plus saine partie de mes paroissiens sont descendus l'un après l'autre dans les
— 94 —
fondements, Irappei- sur les tcois pierres avec le marteau des maçons ». Elle fut
achevée le deux juillet 1689. La tour entière comprenait 25 verges de murailles
et trois portails de pierres neufs. Le portail intérieur, faisant face à la nef, porte
la date de 1689.
Le tout a coûté 181 patagons et six eskelins.
Le coffre Ste. Marguerite suffit presqu'à lui seul pour couvrir ces frais de
réparation. En 1687 et en 1688, on y avait trouvé en deux saquelets 157 pata-
gons et demi et 18 patars. Des dons particuliers firent le reste.
Pour disposer ainsi de l'argent de l'église il avait fallu l'autorisation du Révé-
rend officiai forain au Luxembourg, Jean d'Awan,curé de Petithan, qui l'accorde
pour cette fois seulement, le 29 avril 1689. La requête qui lui fut adressée par
le curé, le seigneur et les paroissiens d'Eneille, remontre la nécessité pressante
qu'il y a de réparer incessamment la tour de leur église, » voulant tomber et
défectueuse de trois côtés. Et comme cette charge est incombante aux manants,
lesquels dans la conjoncture présente, outre les pierres et autres matériaux qu'ils
ont fourni bien avec de la peine, sont incapables de donner autre chose, " les
suppliants demandent à l'ofïîcial la permission de prendre les dépens nécessaires
pour la main-d'œuvre hors de l'épargne des revenus de l'église « qui est bien
ornée et ne manque de rien. » Il y eut le jour de la pose de la première pierre
de grandes festivités à Eneille : le compte des mambours de cette année porte 24
patars (env. l fr. 40), pour les ménestriers.
L'an 1777, le 9 du mois de mai, vers les onze heures et trois quarts du soir,
la flèche de l'église fut foudroyée. C'est depuis lors qu'elle offre à l'œil cet aspect
tronqué de pain de sucre entamé, qui contraste si fort avec la grâce de la tulipe
renversée qui domine le parvis accolé à la tour. Voici la relation du fait par un
témoin autorisé : « Ce jour là nous avons essuyé Voragand le plus furieux. De
mémoire d'homme, il n'en est point arrivé de semblable. En quatre ou cinq
minutes de temps tout a été entièrement ravagé et dévasté par la grêle et par
le vent si impétueux qu'il a renversé plusieurs maisons, arraché les arbres les
plus forts, chesnes, hêtres, tilleux ; et les wassends, qui étaient tous en épis,
ont été entièrement non ravagés, mais hachés, au point qu'en bien des endroits
il n'en restait le moindre vestige, la terre trop légère ayant été pour ainsi dire
labourée et couverte de grêlons de la grosseur d'un œuf de pigeon, à un demi-
pied de haut.
Cet affreux orage s'est formé au-delà du Hainaut français, et a passé par Va-
lenciennes, déjà avec la même violence et faisant les mêmes dégâts, prenant sa
direction sur ce pays, dont les Eneilles et Noiseux se trouvaient malheureuse-
ment dans le centre — les voisins des deux côtés n'ayant pas également souffert
— 95 —
de la grêle — et a été flni, à ce que nous avons pu apprendre, dans les déserts
du pays de Salm. Sa largeur ordinaire n'était qu'environ deux lieues.
L'inexpérience nous a été très nuisible : les plus laborieux de ceux qui ne
manquaient point de ressources ont remis la charrue dans les endroits ensemen-
cés de wassend, pour y resemer de l'orge ou de l'avoine, qui n'ont point du tout
réussi ; et ceux qui ont laissé leur terre et essarts à la merci de Dieu, ont encore
recueilli quelque chose : environ une moitié de récolte ordinaire ; car si on s'était
gardé d'y mettre un peu trop longtemps le bétail, on était ravi avec admiration
de voir repousser les grains de ceux qui n'avaient point eu la force de relabou-
rer et qui les avaient affranchis de la pâture». Hoc descripsit RandoUet,
pasior in Eneilles.
Le même curé RandoUet, si poétique dans ses narrations et si pratique dans
ses comptes, consigne aux Exposita de 1777 les notules suivantes :
Après l'affreux ouragan de 1777, les Demelenne de Marche ont travaillé quatre
jours aux réparations du toit de l'église et de la flèche, deux jours à 28 sous et
deux à 17 V2 ; puis, il leur compte cinq pintes de bière à 1 florin ; note qu'ils ont
employé deux mille ardoises de Herbeumont à vingt-deux escalins le miUe, deux
mille clous de lattes à 28 sous le mille; marque 1 fl. 16 sous pour le chartier qui
est allé chercher le tout à Marche ; plus 18 florins de plomb acheté chez la Veuve
Grépin ; ce qui, avec divers menus frais, donne pour la réparation de la flèche
et du toit environ 55 florins.
En 1813 et en 1815, les murs délateur et de l'église furent encore réparés
pour une somme de 209 florins.
La dernière grosse réparation a commencé vers la St-Pierre 1840, et fini à la
même époque en 1841, du temps de M. Georis, qui écrit que « l'éghse fut rétablie
presqu'à neuf, puisque les travaux s'élevèrent à plus de 6000 francs, prélevés
en partie sur une coupe extraordinaire d'une contenance égale à l'ordinaire de
deux années, au bois d'Eneille, y compris les chênes de l'année courante, pour
une valeur de 2500 francs »,
La sacristie^ avec le comble, fut faite en 1704, avec trois charrées de pier-
res cherchées sur Côreux, comme d'ailleurs toutes les pierres pour les murailles
de l'église et du cimetière. Elle fut pourvue d'une armoire en chêne, pour remi-
ser les ornements et vases sacrés. C'est un modèle du genre, très commode ; mais
aujourd'hui trop petite pour contenir toutes nos richesses ornementales.
Un retrait du mur rappelle qu'il y avait en face de l'autel une ouverture per-
mettant aux seigneurs d'assister à la messe de la sacristie même.
En 1741, Lambert Grofay fait faire l'échelle pour la montée aux cloches ; en
I
— 96 —
1744, la nionlée de l'église — un petit escalier taillé dans le roc aboutissant à
l'entrée réservée aujourd'hui au curé — les piliers et la porte de la montée ;
il fait relever et raccommoder le
grenier et les deux fenêtres de
la chambre au-dessus du parvis,
servant de remise à divers objets
usuels.
Le colombier, au-dessus du
chœur, date de i526, au temps du
curé de Grée. Son établissement a
coûté 10 florins.
A remarquer au-dessus du clo-
cher, du chevet de la nef et du
chœur, trois croix en fer battu
très élégantes ; et, enclavé dans la
maçonnerie de la tour, un crucifix
de pierre, si vieux et si étrange
dans sa forme de têtard, qu'il doit
remonter très loin dans l'histoire
du style décoratif. C'est probable-
ment une croix tombale du XV*
siècle.
Phot. Eug. Haverland.
GRANDE ENNEILLE.
Ancienne croix <)u cimetière encastrée
dans la tour de l'église.
2. Le mobilier. — Le grand autel fut placé en 1710. Il avait été amené de
Durbuy par des bateliers qui ont reçu 12 escalins (env. 7 f. 30). On y a travaillé
sur place environ 100 jours, à partir du 25 mai. Le tout a coûté 295 florins
et 4 patars, savoir le piédestal avec le tabernacle, les colonnes, le tpmpane,
la corniche, les chapiteaux, la moulure, le tableau avec les planches, les
quatre anges (il n'y en a plus que deux), la couronne impériale au-dessus
du tabernacle, y compris les frais du sculpteur Hallet et du peintre Riga, les
deux de Liège.
Un des compartiments du tabernacle, réservé aux expositions solennelles,
représente, en bas relief. Dieu le Père sortant d'un nuage, sur un vol de ché-
rubins.
On voit par le détail des pièces qu'il s'agit là de notre maître-autel d'aujour-
d'hui, en style renaissance, si bien en désaccord avec le caractère de tout
l'édifice.
Les deux petits autels, dans le même style, moins artistiques pourtant, ont
été placés en 1743, par Lambert Grofay, l'un en l'honneur de la Ste. Vierge,
— 97 —
l'autre en l'honneur de Ste. Marguerite, patronne de l'église. Avec le grand
autel ils forment un groupe qui pourrait être très harmonieux, s'il était dans un
autre cadre ; et si à droite et à gauche, ils ne masquaient de façon déplorable la
grande arcade du chœur.
Les trois autels sont garnis de façon très cossue par les vieux chandeliers en
cuivre, véritables dinanderies, apportées probablement de la ville de Huy, ce
centre de l'art du cuivre aux temps anciens, par les chanoines de Neufmoustier,
Phot. Ed. Petit.
L'expositorium ou\ert et les anges adorateurs.
de qui viennent aussi sans aucun doute nos deux meubles les plus précieux, la
crédence et le baptistère. La crédence est un édicule des débuts de la renaissance,
composé d'une niche, portée sur une colonne ornée de feuillages ; la niche est
surmontée d'un tympan ayant au centre une tête ailée de chérubins et terminé
par un fleuron formé de grappes de raisins. Le baptistère, en pierre bleue, avec
son vaste couvercle en cuivre battu, avec sa cuve quadrangulaire ornée de têtes
— 98 —
humaines représentant les quatre fleuves du paradis terrestre, avec sa colonne
massive cantonnée de quatre colonnettes, dont la base moulurée est reliée aux
angles par des griffes, date du XIF siècle, comme les baptistères de Russon
et de Flônes, qui lui ressemblent. On ne voit pas dans les archives à quelle
époque ces deux merveilles ont été placées dans l'église, ce qui indiquerait
qu'elles y étaient avant 1510, date de nos plus anciens registres.
l'hot. Edouard l'rlil.
GRANDE ENEILLE.
L'autel de la Sainte Vierge. L'arc triomphal et le chœur. L'autel de Sainte Marguerite.
André le Charpentier parle une seule fois des Saints Fonts ; c'est pour dire
qu'il les a fait renfermer. Peut-être veut-il dire que c'est lui qui les avait si
malencontreusement murés de trois quarts dans la niche ofi ils restèrent invi-
sibles et inabordables jusqu'en août 19U.
La partie supérieure était protégée par un débris de balustrade en style re-
naissance, encadré dans une arcade détachée des anciennes stalles du chœur.
La balustrade clôturait le chœur au droit de l'arc triomphal, dans lequel sont
encore les encoches qui emboîtaient ses deux extrémités.
Le chœur fut agrandi à cette époque de l'espace correspondant aux deux petits
autels, entièrement pavé en marbre de St-Remy, avec belle rosace centrale,
— 99 —
cerclant de noir une merveilleuse étoile en marbre rouge, noir, blanc et bleu,
en dessous de la lampe ardente.
L'église Ste-Marguerite était bien meublée, et tout allait bien dans ses finances,
jusqu'aux dates malheureuses où elle subit plusieurs pillages successifs, au temps
des guerres du XVIP siècle. Nous en parlerons plus loin. Mais il y avait dans le
pays d'autres pillards que les soldats étrangers, et l'église d'Eneille fut souvent
visitée par les voleurs, même jusqu'en l'an de grâce 1910.
« La nuit du 29 au 30 décembre 1739, l'église d'Eneille a été volée par des fri-
pons qu'on n'a jamais pu découvrir. Après avoir cassé un barreau à la fenêtre de
la sacristie, ils ont forcé toutes les portes des armoires, levé hors de sa place la
Phot. Ed. Petit.
GRANDE ENEILLE. — Vue prise du Jubé.
tour du tabernacle, enlevé une belle remontrance toute en argent, un beau calice
tout d'argent et un ciboire de même, jeté les saintes hosties sur l'autel et derrière
les chandeliers; puis deux calices avec deux voiles, dont l'un a été retrouvé, qui
est celui avec Jésus Cordi en or, trois mois après le vol, dans un houle (talus)
de terre. Ils ont seulement laissé les pieds des dits calices, n'étant que de cuivre.
On a retrouvé les deux pieds dans les prunelliers, près du cimetière ».
On y a remis deux coupes d'argent. L'église d'Eneille a encore un de ces calices
au pied de cuivre argenté portant comme inscription : « par légat de messire
Jean Fabricius, dit le Maréchal, natif de ce village et vice-pasteur de St-André
à Liège, 1631 ».
— 100 —
" Le curé (îrofay refournit ensuite son église des autres vases sacrés sans avoir
intéressé en rien la communauté, sinon Madame d'Eneille, les demoiselles ses
filles, la vieille Agnès Danthine et Antoine Bonjean, son beau-frère, qui eurent
la charité de l'assister.
Parmi ces vases sacrés il y avait un calice acheté à Liège pour 138 florins
(environ 165 fi's.), pour lesquels les paroissiens, de bon cœur, lui laissèrent trois
livres de cire pour le compenser de ce qu'il l'avait payé de son ai'gent. Ce n'était
Pliot. Ed. Petit.
GRANDE ENEILLE.
Image de la Sainte Vierge.
La voûte du chœur.
pas la moitié de sa valeur, mais, dit le curé, « je l'ai fait volontiers pour l'amour
de Dieu et la décoration de sa maison, à laquelle j'ai travaillé autant que j'ai pu
depuis mon entrée dans la cure ». En retour de ces largesses, il demandait,
en cas que le Seigneur le rappelât subitement, d'avoir de l'église une chasuble,
aube, amict et reste, pour être enseveli, ayant donné de son argent deux aubes
et une belle chasuble.
Le 18 août 1751, nouveau vol avec effraction, dont coût 27 florins de répara-
tions, entre autres pour les barreaux de la sacristie.
101
A la fin du mois d'aoftt 1752, écrit le curé RandoUet, Mademoiselle Adriane-
Charlotte de Brialmont-Wallay, présentement Dame des Eneilles, a eu la bonté
d'envoyer à mon prédécesseur une assiette et deux burettes d'argent pour nous
en servir dans notre église, ce que j'annote ici pour mémoire, afin de me sou-
venir et mes successeurs de prier Dieu pour elle dans les saints saciifices de la
messe, surtout les fêtes solennelles ». ^
Ces burettes et cette assiette, d'une grande valeur, sont marquées aux armes
* V des Brialmont et sont datées de 1744 ». Elles
étaient sans doute comprises dans l'argenterie
donnée hors part à sa fille Adriane-Gharlotte par
Gérardine de Goppin, morte en 1752 ; et ont dû
servir auparavant pour la messe au château.
En 1770,1a même
demoiselle « nous
a prêté la pierre
d'autel pour servir
à l'autel de la Vier-
ge Marie., situé à
droite dans la nef
de notre église, jus-
qu'à ce qu'elle ou
les héritières la re-
demandent, dont je lui ai donné un billet d'obli-
gation, » dit le même RandoUet.
Le confessional et l'harmonium ont été donnés
par Monsieur Prémont. Le lustre en style Louis
XVI, qui décore la nef, est un don des demoiselles
Marie-Josèphe et Marie-Anne GoUin. Il a coûté
300 francs. Les deux grands candélabres des jours
de fête ont été faits sur le modèle de cet ancien
lustre, mais avec moins d'art.
La statue de S. Roch porte sur le socle l'inscrip-
tion suivante : Joannes Wilmotie, picior, et
Augustus de Fave^^eau, ynagister et disci-
pulus, sculpserunt dederunique Anearum
ecclesiae anno 1816. Gette statue, en terre
cuite, ne manque pas d'élégance.
La statue de Ste. Marguerite et surtout celles
des anges adorateurs, rappellent la façon du
sculpteur Jean Delcour (1627-1707) (1).
Phot. Eug. Haverland
et Ed. Petit.
GRANDE ENEILLE.
Burettes et plateau du XVlii' .siècle
Phut. Eug. Haverland.
GHANDE ENEILLE.
Créilenc.3.
(1) Voir pages
— 102
La statue de St. Donat et la crèche sont des dons de la famille Fabri.
Le chemin de la croix en toile peinte, date des débuts du ministère de
M. Prémont.
La chaire n'a de remarquable que Tange à la trompette sacrée.
Naguère l'arcade du chœur était ornée d'une série de statuettes en bois repré-
sentant les douze apôtres, groupés en demi-cercle aux deux côtés de Notre-Sei-
gneur. « Sans valeur artistique, ces statuettes aux attitudes bizarres avaient
donné lieu à des jeux de mots
peu décents, de sorte que
leur suppression s'imposait »
dit le rapport du Commis-
saire d'arrondissement, M.
Gilles, chargé par le minis-
tre de la Justice et le Gou-
verneur de la province de
réintégrer ces petits saints
drôles, onze ans après qu'ils
avaient disparu sans laisser
leur adresse.
La Vierge de Lourdes est
pleine de grâce et de majesté.
Les cloches. — Comme
toutes les cloches, elles ont
été souvent fondues et refon-
dues. Citons un cas. Le jour
de la Visitation N.-D. 1672,
Nicolas de Brialmont, sei-
gneur des Eneilles et Wallay ,
fut choisi comme parrain de
la nouvelle cloche, baptisée
Marguerite, patronne de l'é-
glise. La marraine fut noble
demoiselle Andriane Char-
lotte de Hamal, fille du sei-
gneur de Petite-Somme. La précédente avait été brisée en sonnant le deuxième
coup de la messe basse.
Il y eut à Eneille tantôt une cloche, tantôt deux. L'avant-dernière est célèbre
par son poids, 1600 kilos, son beau timbre de basse, qu'on entendait de Marenne,
à 3 lieues, à vol d'oiseau, bien entendu. Ses débris ont donné les deux cloches
actuelles.
Phot. Eug. Haverland.
GHANDE ENEILLE.
La cuve baptismale.
— 103 —
L'une porte comme inscription : Convoco populos ad sancta festa Dei ;
l'autre ; Te nascente cecini, te moriente gemam.
(A. Causard. Tellin, 1902.) Ce qui veut dire : Je convoque les foules av^
saintes fêtes de Dieu
Je Vax chanté naissant, je
te pleurerai mourant.
De la grosse cloche furent
parrain et mari'aine les châte-
lains d'Eneille, M. Joseph Fabri
et sa nièce, M«»e Marie du
Monceau de Liège.
De la petite, Nestor et Lucie
GoUin de Grande Eneille.
— Dans le courant du mois
d'août 1911, les pierres tom-
bales, éparses dans l'église, fu-
rent relevées et dressées autour
du chœur, qui, grâce à cette
décoration séculaire, retrouve
son cachet d'antique et solen-
nelle gravité. Plusieurs de ces
pierres mesurent 1.59 x 0.95,
0"22 centim.étres d'épaisseur,
et pèsent un peu moins de
1000 kilos.
De cette année date aussi la
translation des Saints Fonts à
leur place naturelle, sous un 4*^
et nouveau portail au fond de
l'église. Ce travail, qui a duré
vingt jours, fut exécuté à souhait par François Dachouffe et ses fils, aidés des
frères Grignet et Auguste Linhet, sous la direction de M. Eugène Haverland,
architecte.
3. La Fabrique. Les revenus et les charges. Les mambours de l'église
et des pauvres . Les biens de la Fabrique étaient administrés par un ou plusieurs
mambours, conjointement avec le curé, mambour principal.
L'église Ste-Marguerite était déjà considérablement dotée au commencement
du XVI* siècle. Le registre des rentes renseigne pour 1510 deux deniers de cens
Phot. Euy. Haverland.
Tête d'angle de la cuve baptismale.
— 104
en argent ; en nature, 1 1 muids et 5 setiers d'avoine ; 9 muids et 3 setiers
d'épeautre, parmi lesquels un muid et quatre setiers d'épeautre pour les pauvres.
Les héritages Ste-Marguerite se composaient alors de 27 pièces do terres
labourables ou prairies, sans compter « le Fosse Ste-Marguerite, si long et si
large qu'il s'estend, en bois, en haies et en terres ". Les déboursements dépas-
sent les recettes de 14 aidants et 5 blancs.
En voici le détail : a curé
un muid de spelt por feir les
comptes Ste-Marguerite. —
por les chandelles et despans
du chandelion ; pour del chyr
(cire) al chandlues, à paske,
al pandicosse et al tossés,
96 aidants 1/2 — por a curé
por feir le puens de lammes
(le pain de la messe), 2 ai-
dants (48 sous), por des
hosty 3 aidants, — por al
amône (les pauvres) ; — por
le dey (3 aidants), por le
sah à pashe (3 aidants
monnoye de Dry but). Nous
ne parvenons pas à com-
prendre ces deux expressions
locales. Plus tard on lit :
pour le cley ou le clé ou le
vin a cena ou de sena ; pour
le cley de mostire à tenir le
sena ou le sens cène (la sainte
Gène) ; pour une skot ou
schoy le jour de sin Sen, en
la maison du vestit. On lit
PUot. Ed. Petit.
GRANDE ENEILLE. Le baptistère.
aussi por le sak à Paske et papier imbibé.
Ce compte de 1510 se borne au strict nécessaire, et comme dans toutes les
paroisses de l'époque, les plus fortes dépenses sont pour le luminaire.
Dans le compte de 1512, figurent 28 aidants pour aleiz alyge (à Liège) pour
le affeir Set Margarit, à casse del porclamation ; 9 aidants pour sa bienvenue,
à mossieur le Doyn deqsilhe (du concile) : cette mention i-evient tous les ans,
ce qui dénote que la visite du doyen était obligatoire une fois par an. L'archi-
— 105 —
diacre visitait aussi souvent la paroisse. Au compte de 1516, il touche 10 aidants
en outre de sa bienvenue, pour le parvis qui n'avait pas été fait au jour qu'ils
avin meiu (au lieu de l'archidiacre on écrit presque toujours les archidiacres).
Peu à peu les postes du compte se multiplient avec les besoins de l'église. Le
prix du vin et de l'huile ne paraît aux comptes qu'à partir du curé Randollet,
qui renseigne pour pain, vin, huile, 18 fl. brabants ou 14 fl. de Liège.
Les derniers comptes du même curé en 1782 donnent un revenu total de 16
muids d'avoine et 6 d'épeautre (environ 53 hectolitres des deux sortes), plus 4
florins de cens en argent.
A cette époque on doit aux pauvres deux muids d'épeautre (env. 5 hectolitres) ;
mais il y a des défaillants ou retardataires pour le paiement, de sorte que le curé
distribue ce qui a été payé, seulement aux plus pauvres. Au XVP siècle la rente
des pauvres monte jusqu'à huit muids et demi d'épeautre.
Cette variation dans la rente des pauvres et sa diminution peuvent s'expliquer
par la même cause qui préside aux réductions des anniversaires pour les morts.
Des cas de réduction se sont présentés plusieurs fois, notamment en 1769,
lorsque la Commission des Tabelles du Haut Command de Durbuy, dans un nou-
veau jet de taille, a exigé le dixième denier, au heu de 10 petits liards sur les
rentes foncières.
Le curé Randollet réclame en ces termes : " Les rentes qu'on paie au curé,
à la Fabrique pour les défunts ou pour les pauvres, ne sont que des
rentes perpétuelles que les pieux fondateurs ont légatées, chargeant
leurs héritiers ou certaines pièces de leurs biens pour certaine quantité
de messes ou d'aumônes. Ce n'est point le curé ou la Fabrique, c'est-à-
dire, les créanciers, qui ont remis du bien sous certaine redevance de
rentes foncières ; ce sont les fondateurs ; c'est à ces derniers de pâtir
lors de l'augmentation de taille foncière, les morts en fait de légat n'é-
tant pas de meilleure condition que les vivants, lorsque la fondation périt
ou qu'elle diminue malgré ou contre la volonté de la Fabrique ou du curé
légataire.
Supposant que quelqu'un ait fondé dix messes, et que sa volonté fût
que ses enfants ou héritiers paieraient dix setiers d'avoine, ceux-ci vou-
lant en vertu des tabelles retenir le dixième, le fondateur doit nécessai-
rement perdre la dixième rnesse, puisqu'un setier d'avoine, évalué au
Command de Durbuy à 8 sous, fait à peine le montant de l'honoraire
d'une messe et surtout d'un anniversaire ; et quand même la rétribution
serait du double, il n'appartient plus aux débiteurs de la restreindre ou
diminuer. lien est de même pour toutes les autres fondations, par pro-
— 106
portion, qui de leur naàirc soni libres et doivent le d mcurer au risque
et péril du fondateur.
D'autre part, comme ce n'est pas avec du grain qu'on paie les aides
de Sa Majesté, ce n'est pas non plus avec du grain qu'on devrait payer
la Fabrique et le Curé.
Le compte de 1511 porte 7 setiers d'épeautre à payer au curé pour décharger
les anniversaires Stassar.
Sous le curé du
Pierreux, il y avait
déjà 91 messes anni-
versaires, dont 22 avec
vigiles. Actuellement
il y a 131 messes fon-
dées, parmi lesquelles
se trouvent encore les
messes portées au ta-
bleau du 15* siècle.
Le plus ancien do-
cument de la Fabrique
d'Eneille, c'est la liste
des anniversaires ins-
crits sur le parchemin
qui recouvre le regis-
tre des rentes de 1510
à 1541. Il date du
commencement du 15''
siècle.
Pmus. Jehan de bri-
animt et demzelle che
feme qui ont lesit por
leur anniversaire le
quar de pré de trelis
alencontre de l'englis.
Badou et demzelle
Isabei che feme un
setiers vigilhe.
adam deneilhe un setiers. Tyri d'Amal (alias d'Herbet) et maghrit che feme
1 setier — le petit Colin et agat che feme 1 setier — pirlotin 1 setier — Mathy
decêne et maroye che feme 1 setier — lambier le tils Jeha alar 1 setier davon —
Phut. Kug. Haverland .
tiRANDE ENEILLE.
Ange adorateur flu tabernacle.
— 107 —
lambier lenfo (Lampho) I setier davon et pirà rondia un setiers davon — por le
feme henri dardenne — Isabeal le feme ponsar l setier — Catelin le feme
Jehanson 1 setier — linard rondia 1 setier et dame Isabeal — Jehan le Gastelen
1 setier.
La liste des biens de la Fabrique d'Eneille, transmise à la Direction générale
des affaires du culte, en 1817, renseigne 300 ares de terrains, dont 174 sur
Noiseux, le tout estimé à 141 florins 75 cents de revenu annuel, déduction faite
des frais de culture. Il
y avait 6 sartages, 5
prairies, 2 trieux, 2
terres, soit 16 pièces,
grevées chacune d'une
messe hebdomadaire.
Jusqu'en 1817, ces
biens, comme ceux de
la cure, étaient en
mains de 3 détenteurs,
considérés comme lo-
cataires, payant 63 fr.
72 de location pour
les biens de l'église,
plus 310 francs pour
les biens delà cure (1).
La vente Antoine n'é-
tait pas encore rati-
fiée (2). De là le procès
que nous avons rap-
porté au sujet des
biens de cure.
Les prairies que la
Fabrique possède ac-
tuellement sur Noi-
seux ont été achetées
en 1 864 pour la somme
de 8840 frs. La vente
des foins se montait
en 1908 à 233 francs,
en 1909 à 497. Depuis, ces prairies sont louées pour 9 ans au prix de 387 frs 75.
Phot. Eug. Haverland.
GRANDE ENEILLE.
Ange adorateur du tabernacle.
(1) Arcliives de Somiue-Leu/.e. r2) Voir page 74.
— 108 —
Les inambours étaient chargés de recueillir pendant l'année de leur gestion
les rentes de l'église et la rente des pauvres, et de les répartir, celle des pauvres,
le jour du Vendredi Saint ou bon Vendredi ; celles de l'église, dans le courant
de l'année, entre les différents services du culte paroissial. Leur année commen-
çait à la St-André ; et généralement, le jour de la Conception de Notre-Dame,
ils rendaient compte de leurs recettes en nature ou en argent et de tous les
déboursements qu'ils avaient faits. Au XVP siècle, cette formalité de la reddi-
tion des comptes se faisait à l'église, après la messe, en présence du curé et de
tous les paroissiens précédemment convoqués du haut de la chaire ; plus tard,
en présence de quelques-uns seulement, à qui l'on demandait leur signature ou
leur marque comme témoins. A cette date on trouve régulièrement deux mam.-
bours agissant de concert.
Au XVIF siècle et au xyill"^, il n'y en a plus qu'un pour chaque année, pre-
nant un muid d'épeautre pour sa peine, et encore il arriva plus d'une fois qu'on
ne trouve personne pour cette pieuse corvée, qui devenait difficile, surtout quand
il fallait poursuivre les défaillants.
Un mambour," s'il y consent, peut être continué dans sa charge pour plusieurs
années consécutives. Les étrangers qui viennent s'installer dans la paroisse y
sont nommés à leur tour d'après l'ancienneté de leur résidence, du moins au
temps de Messire André Le Charpentier, comme on peut le conclure du fait
suivant que nous allons rapporter tout au long parce qu'il jette une grande
lumière sur la nature de cette charge et sur le mode de nomination.
En l'année 1707, André le Charpentier remontre au Révérend officiai forain,
curé de Rendeux, qu'en la 19* année de sa résidence pastorale à Eneille, il a,
conjointement avec le mambour de son égUse, choisi, le dimanche vers la Saint-
André, un nouveau mambour pour lever les rentes de son église et commencera
faire le devoir au Noël suivant.
Or, un certain Jean Vincent, meunier, son paroissien depuis plus de trois ans
et demi et plus ancien domicilié, ayant été choisi, refuse. C'est pourquoi le curé
s'adresse à l'official, le juge ecclésiastique compétent pour ce cas, le priant d'or-
donner à Jean Vincent d'accepter la charge de mambour, à raison que les débi-
teurs de la Fabrique prétendent de payer tous les jours, et le condamner aux
frais.
Jean Vincent, plus ou moins soutenu par l'official, avait attaqué le curé dans
son église au grand scandale des paroissiens ; et il s'était montré malhonnête
envers le seigneur d'Eneille qui, à la réquisition du curé, l'avait gratifié d'un
échevinage pour le mettre à couvert de la milice ; il avait même quitté le moulin
seigneurial pour aller moudre ailleurs.
— 109 —
Le curé terminait son réquisitoire par cette péroraison dénotant un tiomme
qui n'a pas froid aux yeux :
« Quoi faire, quoi juger de tout cela, sinon que s'appuyant sur la grande faveur
qu'il a de votre Révérence, il s'imagine qu'il peut tout faire ; et de là, voyez
s'il est juste de me condamner sans m'avoir ouï, au premier rapport de personne
semblable, sans obtenir autre formalité que celle que votre passion vous a sug-
gérée. Permettez que je vous dise, Monsieur, que vous avez paru un peu trop
violent en cette rencontre, aussi bien que dans plusieurs autres, en me faisant
passer pour un ladre, puisque vous n'avez jamais eu sujet de douter de la passion
que i'ai de vous servir, et de me dire en cette qualité, Monsieur, Votre très
humble serviteur ».
Quelques années plus tard, le curé RandoUet, dans une situation analogue,
prit la chose moins au tragique : ne trouvant pas de mambour, il se contenta de
faire lever les rentes tout simplement par ses domestiques, aux conditions ordi-
naires.
Mais Sire Le Charpentier nous paraît plus à cheval sur son droit. Antérieu-
rement déjà, en 1690, il avait eu des difficultés avec son mambour Pierre Lipsin,
qui, « se trouvant rarement à l'église et ayant négligé de faire payer les débiteurs
est assez présomptueux, comme il va migrer au mois de mai prochain, de vouloir
s'en aller avec tous les émoluments qu'un mambour a accoutumé de percevoir.
Cause pour quoi il supplie le Révérend officiai forain au Luxembourg, curé de
Petithan, d'ordonner à Pierre Lipsin de mettre un autre en sa place, à ses frais,
pour faire le devoir jusqu'à la fin de l'année, ou du moins ne pouvoir prétendre
hors du muid qu'il retient, qu'à la rate (au pro rata) du temps et le condamner
aux frais engendrés et à engendrer «.
L'official fait comparaître le mambour à Petithan, le 26 avril 1691, pour les 9
heures du matin, afin de répondre pertinemment. Et, dès le 24, Pierre Pirard,
échevin de la Cour des Eneilles, relate avoir insinué la requête du curé avec
l'apostille de l'official, à Pierre Lipsin, mambour de l'église d'Eneille, en parlant
à lui-même.
On avait vu un cas pareil dans le passé : en 1677, le mambour Jean Henry,
après la mort de sa femme, s'était fait soldat à l'incognito, sans rendre compte
de sa recette.
Les fonds de l'église Ste-Marguerite étaient déposés par le curé et le mambour
dans un cofifre à trois clefs, le coffre Ste-Marguerite. Pour plus de sûreté, on le
réfugiait au château d'Eneille. Outre les frais du culte, le coffre Ste-Marguerite,
quand il y avait des respargnes, et que les paroissiens étaient trop pauvres
pour supporter leur charge envers l'éghse, servait parfois à payer les frais d'en-
tretien du mobilier.
— 110 —
r.es comptes de l'église et des inambours étaient soumis au contrôle de l'évêque
ou de l'oflicial : en vertu d'un décret du pape Grégoire XIV, de l'an i59l, les
revenus devaient être enregistrés dans les bureaux de l'Office. Cette registration
est souvent notée sur les livres de la Fabrique d'Eneille, avec sa date.
En 1678, lors d'une revision générale des comptes de l'église et des mambours,
faite à Melreux par Lambert Varlet, officiai du concile d'Ouffet, « il a reconnu
des notules de quelques restances à la charge de feu noble et généreux Jean de
Brialmont, seigneur d'Eneille et Wallay, qui devront se calculer au contenu des
registres, lesquelles, nous a affirmé le révérend pasteur, manu pectori apposita,
bien savoir de n'avoir été réellement payées, quoiqu'elles soient portées en
compte ; et ainsi sont restées en surséance, sur la parole du noble seigneur, qui
avait toute sa vie été zélé pour l'embellissement et entretien de l'église, et se
proposait de faire l'application des restances par ses propres soins et diligence
accoutumée, si la mort ne lui avait coupé ses desseins ; sur quoi, nous réservons
et retenons entendre les nobles et vertueux seigneurs et Dame d'Eneille, héritiers
du défunt, pour, leur cause ouïe, y être disposé de piano, si faire se peut, selon
la clémence de notre mère la Ste. Eglise ».
Cette question fut tranchée par l'archidiacre Herman de Stockhem, lors de sa
visite paroissiale à Eneille. Il décida que la Dame d'Eneille, représentant feu
noble Jean de Brialmont, en payant la moitié de la dette, qui se montait à 145
florins, onze patars et demi et un gigot, ne pourrait être molestée pour le
résidu. — Fait en la maison pastorale d'Eneille, en présence du pasteur Noël de
Pierreux et de l'avocat de Stiennon, partie faisant pour la dite Dame, sa belle-
mère, le 14 septembre 1683.
La charge de mambour de l'église et des pauvres disparut avec l'ancien régime
pour être remplacée par le conseil de Fabrique et le bureau de bienfaisance. Le
bureau de bienfaisance, à Grandhan, dispose d'une somme de 600 francs pour les
3 sections de la commune.
A Eneille, le conseil de Fabrique s'organise pour la première fois, le 13 janvier
1811, conformément aux lois du 30 décembre 1809. Le curé Thiry convoque les
membres, nommés tant par Monsieur le Préfet du département (des Forêts) que
par Mgr l'Evêque. Les charges sont réparties par le sort du scrutin en présence
du desservant et du maire, M. Hamoir (propriétaire du moulin d'Eneille), de la
manière suivante :
Président, Joseph Collin,
Secrétaire, Antoine Dachouffe,
Marguilliers, Jean Collin, trésorier,
Joseph HoUogne,
et Joseph Farigoul.
— 111 —
Le premier compte que rend le sieur Joseph Hollogne en sa qualité de mar-
guillier caissier externe de la succursale des Kneilles, depuis janvier 1807, jus-
qu'au 31 décembre 1810, porte pour les trois années ensemble 942 f. 39 de re-
cettes effectuées et 228 f. 68 à recouvrer ; les dépenses se montent à 816 f. 12
pour les années 1808, 1810, 1811 . Après cette date, la reddition des comptes se
fait tous les ans.
Après la Révolution, jusqu'en 1814, les rentes dues à l'église étaient mêlées
aux rentes dues à la cure. C'est le curé Thiry qui commença à les faire payer
séparément.
M. Georis nous a dit plus haut comment il a séparé, en 1837, les rentes pour
anniversaires des rentes pour l'entretien de l'église.
En 1851, le conseil de Fabrique avait pris la décision suivante :
Vu les demandes formulées par plusieurs débiteurs à l'effet de rembourser à la
Fabrique certaines rentes au prix de quarante francs le setier (30 litres),
Considérant que ces remboursements sont très avantageux à la Fabrique,
Le Conseil arrête :
Que toutes les demandes proposées à ce taux seront acceptées et seront
appliquées de la manière suivante : 1° placements hypothécaires à 5 % ;
2" achat de prairies pouvant donner approximativement un revenu de 5 %.
A partir de 1836, il était loisible aux débiteurs des rentes de les payer en
argent, tantôt 85 centimes, tantôt un franc et dix centimes pour le setier d'a-
voine ; et 80 centimes ou un franc et cinq centimes pour l'épeautre, annuelle-
ment.
Pendant le pastorat de Monsieur l'abbé Prémont, toutes les rentes de l'église
furent remboursées : travail qui a demandé beaucoup de patience ; et dans cer-
tains cas, aussi difficile que la pacification des Parisiens, selon le mot de son
notaire, en 1871.
Phot. .V/"" Fahri.
Les Fonts.
— H2 —
CHAPITRE VIll.
LA YIE POLITIQUE.
iDstitiitions civiles, judiciaires, fiscales. — Le Placet et
les deux Pouvoirs. — Les Faits de guerre.
i . A toutes les périodes de l'histoire, nous avons trouvé des traces de l'existence
et de la situation politique d'Eneille sous les différents régimes qui se sont succédé
en Belgique. Il ne sera pas inutile de rappeler ici, dans un rapide tableau, tout
le passé d'Eneille au point de vue de la politique générale.
A l'époque romaine (57 av. J.-G. — 445 ap. J.-C), avec son antique voie de
Tongres à Trêves ; à l'époque franque (445-853) avec la restitution de Garloman
à l'abbaye de Stavelot (747) ; à l'époque féodo-communale, avec l'empereur
d'Allemagne, Charles le Gros, et son bénéficiaire Hrotmundus (887), c'est la villa
Unalia ou Analia ; puis, c'est la seigneurie d'Eneille avec ses châtelains, vas-
saux des seigneurs de Durbuy, vassaux eux-mêmes des ducs de Luxembourg et
des souverains belges, à savoir : 1» les Ducs de Bourgogne (1384-1482), avec les
Etats provinciaux (Conseil de Luxembourg : six conseillers dont trois nobles et
trois lettrés, un procureur général et son substitut, un greffier et un receveur
des exploits, un chapelain et six huissiers) ; — avec les Etats généraux et le gou-
verneur capitaine général du Luxembourg, président du Conseil, intermédiaires
entre le Souverain et les Etats de Province ; — avec Conseil communal et Justice
locale subordonnée au Conseil de Luxembourg et au Grand Conseil ou Cour
suprême de Malines ; 2° les princes Austro-Espagnols, jusqu'à l'abdication de
Charles-Quint (1482-1555) ; 3" les princes espagnols : Philippe II (t 1598),
Albert et Isabelle (1598-1621), Philippe IV et Charles II (1621-1700); 4° les
Autrichiens, en lutte avec Louis XIV et Louis XV : Charles VI, Marie-Thérèse,
Joseph II (1700-1794) ; avec un rouage en plus, le Conseil suprême des Pays-Bas,
à Vienne; 5' la période franco-hollandaise, avec les effets de la Révolution
française et du régime hollandais ; 6° la période d'indépendance, de paix et de
prospérité nationales. Au milieu de tout cela, Eneille forme une petite unité poli-
tique parfaite. Sous l'ancien régime, la communauté a son bourgmestre et ses
plaids ; la Cour d'Eneille, ses mayeur et échevins, son greffier et tous les officiers
subalternes ; elle a son notaire dans la personne du curé, immatriculé de la Cour
épiscopale de Liège. Il n'y manquait que le signe patibulaire ; mais à quoi bon
une potence parmi ses paisibles habitants !
— 113 —
Dans l'ancien temps, on ne voit guère l'autorité supérieure intervenir à Eneille
qu'en matière fiscale, pour la levée des tailles ordinaires ou extraordinaires et
pour les contributions de guerre, par l'entremise des gouverneurs généraux, tels
que le comte de Gobenzl, Charles-Alexandre de Lorraine, Marie-Elisabeth de
Hongrie, etc., sans compter, malgré les sauvegardes du Roi de Prusse, les réqui-
sitions et les pillages ; le tout se terminant par la vente des biens ecclésiastiques,
inutilement réclamés sous le roi Guillaume de Hollande, qui tracassait aussi le
pays à sa façon.
2. Le Placet. Une autre source de conflits c'était le droit de placet. Le placet
à l'origine était un acte de protection que les princes accordaient aux lois et à
l'organisation ecclésiastiques. Le plus grand nombre de leurs édits en matière de
ce genre concernait ou bien la forme dans laquelle les actes de la Cour de Rome
devaient être admis, ou bien l'exercice de la juridiction ecclésiastique, les dimes,
les bénéfices, l'admission aux cures, les biens ecclésiastiques, les privilèges des
clercs. Nous avons vu des exemples de ces conflits à Eneille dans le procès de
Jean Monis, qui conteste sa juridiction à un religieux de Neufmoustier, sous
prétexte qu'il occupe la cure contre les ordonnances de Sa Majesté et sans placet.
Le curé Randollet rappelle que les paroissiens ne veulent plus payer les droits
pastoraux, disant qu'ils ne sont pas soumis au placet^ et il propose comme
moyen efficace pour les sauver, l'octroi du placet royal. C'était demander pro-
tection à un droit dont les princes ont abusé bien souvent contre l'église.
Signalons ici en passant, comme acte de l'autorité souveraine, une pieuse
ordonnance de Marie-Thérèse, pour montrer jusqu'où allait parfois, sous son
règne, malgré certains empiétements qui préparent le Joséphisme, le bon accord
entre le pouvoir politique et le pouvoir spirituel dans les affaires du culte.
« Le Gouverneur président et gens du Conseil provincial de Sa Majesté font
savoir au curé d'Eneille, par l'intermédiaire du doyen d'Ouflfet, le 10 janvier 1753,
que la piété qui anime toutes les actions de l'impératrice reine et la vénération
particulière qu'elle a pour Saint Camille de Lellis, l'ont engagée à requérir le
pape Benoit XIV de permettre la récitation de son office et la célébration de la
messe en son honneur dans tous les Etats de la domination autrichienne, ce que
le Saint-Père a bénignement accordé aux instances de cette auguste princesse, le
29 mai 1752. Le gouverneur et le Conseil provincial étaient chargés de faire les
dispositions requises pour l'exécution dans le Grand Duché de Luxembourg et le
Comté de Chiny «.
Cette copie était conforme à la pièce jointe que le Directeur général in publi-
ais cameralibus avait fait parvenir au Conseil suprême des Pays-Bas à Vienne.
— 114 —
3. Les Faits de Guerre. Durant les guerres de la succession d'Espagne et de
la succession d'Autriche (1648-1715), Louis XIV et Louis XV envahissent plu-
sieurs fois la Belgique.
Le contre-coup de ces luttes politiques se fait sentir jusqu'à Eneille.
En l'an 1673, on déduit au compte du inambour Lambert Colin " les pertes
qu'il a soufiertes dans sou administration par les armées allemandes, tant en ses
propres biens qu'en biens de l'église «. A l'église, les Allemands avaient pris trois
clas, c'est-à-dire, trois livres de cire, à 18 patars (env. 1 fr.) le cla, quoiqu'on
eiH déjà payé à la sauvegarde de l'armée Ghauanacq 48 patars (env. 2 fr. 60)
pour la conservation des grains et des ornements de l'église.
Puis les Français pillent l'église à leur tour, y dérobent 12 florins et 2 patars
(env. 14 fr. 50).
Enfin l'église et la maison du seigneur ayant été pillées et brûlées, le calice et
les ornements dérobés, c'est Madame d'Eneille, Marguerite de Prez, qui les a
rachetés.
Au compte de 1690, on porte 3 florins pour raccommoder la serrure et la
porte de l'église, brisée par les Allemands, et douze florins pour remplacer une
chasuble verte prise par eux.
Le 18 août 1694, l'église est entièrement pillée par les fourrageurs de l'armée
Mg"" le Dauphin, savoir la brigade de Rottembourg, campée à Vinaimont-lez-Huy.
Le coffre de Ste-Marguerite fut trouvé brisé et volé de toutes les épargnes qu'il
contenait, savoir les recettes des deux mambours successifs, Pierre Lipsen et
Hubert Lecresse.
Pendant la cinquième guerre de Louis XIV, Eneille fut épargné grâce à une
sauvegarde accordée par le commissaire de guerre du roi de Prusse à Monsieur
de Cassai, seigneur de Grandhan, qui s'était soumis à la contribution de
guerre, « demandée de la part de Sa Majesté le roi de Prusse à la j)rovince de
Luxembourg, promettant de la payer en terme de trois semaines, tant pour sa
maison de Grandhan que pour Ste-Ode, la ville et la prévôté de Durbuy, y com-
pris gentilshommes et ecclésiastiques de tout le doyaume d'Ouffet ».
Cette pièce est datée de Huy, le 13 juillet 1713, et signée Bitter.
Une autre sauvegarde avait déjà été envoyée de Berlin, le 27 juin 1713, au
clergé du doyaume d'Ouflet.
De par Sa Majesté le Roy de Prusse.
Sa Majesté ayant pris sous sa protection et sauvegarde les doyen, vice doyen,
déflniteurs, curés et chapelains du doyaume de Harzé (le doyen du Concile d'Ouffet
était alors le curé de Harzé) dans la province de Luxembourg, leurs domestiques,
bestiaux, maisons, meubles, biens et tout ce qui leur appartient dans les endroits
— 115 —
de leurs cures, il est défendu expressément à tous les officiers tant de pied qu'à
cheval, à tous les commandants de gros et petits partis et à vous, les soldats,
cavaliers et dragons de service de Sa Majesté, de ne loger, fourrager, exécuter,
piller, ni faire aucune vexation que ce puisse être aux dits ecclésiastiques du
doyaume de Harzé, dans la province de Luxembourg, attendu qu'ils ont payé la
quote-part des contributions qui leur a été imposée pour la douzième année de la
guerre, finissant le 15 de mai mil sept cent-quatorze ; mais au contraire de les
laisser paisiblement Jouir de l'effet de la présente sauvegarde et de leur prêter
aide et assistance, si vous en êtes requis, à peine d'être châtiés corporellement,
pourvu qu'ils ne fassent rien de préjudiciable au service de Sa Majesté ou de ses
alliés et toutes autres troupes de l'empire. La présente sauvegarde ne sera valable
en original ou copie authentique que jusqu'au i5* de may de l'an mil sept cent
quatorze, où il faudra être muni d'une nouvelle sauvegarde. Signé : Frédéric
Guillaume.
Nous trouvons cette sauvegarde renouvelée encore en 1718 et signée de Happe.
Un récit de ces temps malheureux nous a été laissé par M. Georlet, curé de
Petite-Somme qui résume de la façon suivante les événements militaires pour
les années 1744 à 1748, à l'époque des guerres de la succession d'Autriche, abou-
tissant au traité d'Aix-la-Chapelle.
« L'an 1744, à la Saint-Nicolas, apparut dans l'air une comète qui, au com-
mencement, paraissait assez petite, marchant d'orient en occident, mais qui
ayant grandi à proportion de son cours, avait une queue d'au moins quarante
pieds de longueur. Elle a terminé son cours le jour de Saint-Mathias 1745, vers
les six heures du soir.
La guerre s'est allumée la même année ou plutôt s'est communiquée aux Pays-
Bas, que les Français ont entièrement conquis en deux campagnes, sauf le
Luxembourg, qui a eu le bonheur de demeurer neutre pendant toute la guerre,
par les soins de son brave gouverneur, le maréchal de Neiperg, en vertu d'un
traité fait avec le maréchal de Belleisle, gouverneur des Trois-Evêchés.
L'armée de l'impératrice et reine de Hongrie et de Bohême, Marie-Thérèse
d'Autriche, fille aînée de feu le sérénissime empereur Charles VI, étant partie de
Bréda avec ses alliés, pour aller couvrir Namur, seule ville des Pays-Bas qui
restait au pouvoir de notre reine, et, vers le commencement de juillet 1746,
s'étant postée sur la Méhaigne, petite rivière qui se décharge dans la Meuse au-
dessous de Huy, les Français, campés au Mazy, près de Gembloux, ayant occupé
le camp de Vinalmont, la ville de Huy et la montagne de Saint-Gilles lez Liège,
pour couper les vivres à l'armée alliée, elle a été obligée d'abandonner son camp,
de passer la Meuse au dessus d'Andenne, et ayant campé quelques jours à Ohet
en Condroz, d'où seul elle pouvait tirer des vivres, elle dut partir subitement et
défila en cinq colonnes par le Bois de Boffeut, Ocquier et Ponthoz, sur Hamoir,
— llrt —
Fairon, Bornai, Diirbiiy et le Marteau (Eneille) pour, par Aywaille et les envi-
rons aller repasser- la Meuse sous Visé et se poster le long de la citadelle de Liège
et du Geer, petite rivière qui se décharge par la Hesbaye à Maestricht. Le défilé
des troupes a duré cinq jours, pour finir le jour de notre dédicace, 4 septembre
1746. On aurait peine à exprimer les ravages semés dans les campagnes et les
maisons, sur la route de cette armée, par les maraudeurs. Les avoines ont été
presque toutes consommées dans les champs par la cavalerie, et depuis le village
de Petite-Somme, au-dessus duquel il est passé plus de 10,000 hussards, Croates
et Pandoures, jusqu'à Ouffet, ce n'était que tentes dressées dans le séjour et mar-
che continuelle des troupes. L'armée entière comprenait plus de 100,000 hommes.
Anglais, Hessois, Hanovriens, Hollandais et les troupes irrégulières.
Nous avions deux sauvegardes au château, qui ont préservé Petite-Somme ;
mais Septon a beaucoup souffert. Toutes les églises ont été conservées et res-
pectées ainsi que les châteaux ; le reste fut fort maltraité.
Après le passage des troupes, les maladies ont régné sur toute la route et
dans les endroits où les deux armées ont campé. Elles se sont séparées à la rai-
octobre, après une bataille donnée aux murs de Liège, à Rocour, où l'aile gauche
de l'armée alliée a eu du pis. Le soleil parut tout en sang (l), le premier et le deux
septembre, au plus fort du passage. On aurait pu approprier ce texte de l'Evan-
gile : Erunt signa in sole et in terris pressura gentium prae timoré. Le
duc Charles de Lorraine commandait en chef l'armée alliée.
Elle est hivernée partie en Hollande, savoir : Bavarois auxiliaires, Anglais et
Hollandais ; les Hessois et Hanovriens chez eux ; les Autrichiens, partie au pays
de Liège, partie au Limbourg et le reste dans la province de Luxembourg, en
deçà de Laroche. Il n'ont pas été cantonnés jusqu'à ce jour, 21 novembre 1746.
Pendant le passage de l'armée, il a fallu sur-le-champ livrer les rations de pain
aux troupes, et comme personne ne s'y attendait et que la moisson de dur grain
ne faisait que finir, les moulins étaient si occupés que sur quatre lieues de lar-
geur on avait peine à trouver un moment pour moudre, peine à avoir du grain
battu, et presque point de temps pour cuire, de manière que notre petit village
a dû fournil- en 30 heures de temps 150 pains de 7 livres ; encore lallut-il les
conduire par delà Ayv/aille, excepté 50 qui ont été livrés à Petithan, où les
Hussards ont campé deux jours. Septon a dû livrer 300 pains, à peine d'être
brûlé.
L'année suivante, 1747, on a eu des quartiers d'hiver de Hussards, qui cou-
viaient le quartier général autrichien établi à Verviers. Ils ont été délogés au
(J) Aujourd'hui, 17 nvril 1912, pendant réclipse de soleil qui dura de 11 heures à 13 heures passées,
je dois un moment interrompre la correction de cette page 116, faute de lumière sutllsante, en plein
midi. Ces sortes de phénomènes ne manquent pas d'Impressionner vivement les simples, et ... j'en suis.
— 117 —
mois d'avril 1748 par une division de l'armée française, commandée par Monsieur
de Lowendhal, maréchal de France, qui a débouché subitement et à l'insu de
tout le monde, par Marche, Durbuy, Barvaux, Aywaille, de façon que Durbuy
seul a eu pour sa part 4500 hommes au séjour, auxquels il a fallu livrer foin,
paille, bois, pain et chariots, sans cependant enfreindre la neutralité de la pro-
vince de Luxembourg. Une autre division de l'armée française a débouché en
même temps par Arlon, tandis que le Maréchal de Saxe ayant feint d'entre-
prendre le siège de Bar-le-Duc, tombait tout à coup sur Maestricht, dont le siège
fut fait dans les formes, et où l'armistice fut publié, après la prise de la ville, le
30 avril 1748, avec les préliminaires de la paix conclue à Aix-la-Chapelle.
Après cela, on eut des cantonnements d'Autrichiens dans la terre de Durbuy
et de Laroche, savoir le régiment de ligne dragons, depuis le mois de juillet jus-
qu'à la Noël de 1748. Le reste de l'armée autrichienne était cantonné dans
toute la province, d'où ils ne sont sortis que sur le commencement de 1749,
après la publication de la paix conclue à Aix-la-Chapelle, au mois d'octobre
1748, et après le règlement des évacuations publié à Bruxelles, au mois de
décembre. Comme Namur était une des dernières places du voisinage à évacuer
par les Français qui s'en étaient rendus maîtres en 1746, tous les régiments
autrichiens d'infanterie ont dû prendre la route du Pays-Bas, par Huy et ont
dû passer dans le plus mauvais temps du monde, par des pluies continuelles,
en janvier 1749, partie par Petite-Somme, où il y a eu 8 logements, partie par
Somme et Durbuy et les villages circonvoisins de la province, ce qui a causé de
gros embarras, outre les frais de convois de bagage jusqu'à Huy, et la nourri-
ture qu'il fallait fournir aux troupes pendant leur passage. Ces régiments étaient
Los Rios, Prié, Salm, Arberg etc. La cavalerie et l'artillerie ont pris leur route
par Namur, après l'évacuation française. Dieu nous préserve de pareilles visites,
longe fac a noMs, Domine » (l).
Le traité d'Aix-la-Chapelle, comme celui d'Utrecht en 1713, rendait les pro-
vinces belges à l'Autriche et elles lui restèrent jusqu'en 1794, pour retomber
alors pendant 20 ans au pouvoir de la France et de la Révolution française.
A part la vente des biens de l'église et de la cure, vers 1796, le souvenir du
régime politique de la Révolution est à peu près nul dans la tradition populaire
à Eneille. On y parle vaguement d'une cloche disparue, à la suite du décret de
1797, qui n'autorisait plus qu'une cloche dans chaque commune, et encore avec
défense de s'en servir pour les exercices du culte.
Cette cloche aurait été descendue d'abord dans un gouffre de l'Ourthe au-dessus
du moulin, attelée, comme disent les paysans, à une chaîne fixée au bord de la
(1) Archives de Somme-Leuze.
— 118 —
rivière. La cachette n'étant plus sûre, on reprit la cloche pour l'enfouir dans ta
bergerie Dachouffe de Petite Eneille. Là elle aurait été découverte, sur dénon-
ciation, et emportée par les républicains.
Il y a, dans une maison particulière d'Eneille, mais venant de Ghardeneux,
une armoire originale, qui servait d'autel à un prêtre proscrit, l'abbé Gavroy,
pour dire la messe en cachette aux fidèles de la région. Réfugié dans la famille
Bouillon, il y vécut en sécurité, sans être jamais signalé aux rabatteurs de la
Convention. Eneille a été plusieurs fois visité par la bande du fameux Poncelet,
celui-là qui un jour fit boire son cheval dans le bénitier de l'église de Rochefort.
CHAPITRE IX.
LA Y/m SOCIALE.
Langage — Mœurs et Coutumes.
1 . Le Langage. — Le patois d'Eneille est à peu de chose près le délicieux
patois de Liège. Dans l'isolement où se trouvent les Eneilles, le patois s'y est
conservé très pur.
Pour en donner une idée et pour marquer en même temps la valeur des
anciennes monnaies, si souvent citées dans notre texte, voici, en dialecte d'Eneille,
une adaptation de l'article publié en dialecte liégeois dans le Bulletin du Diction-
naire général de la langue wallonne (1907), par le Professeur N. Lequarré. Les
syllabes et les mots en italique marquent les variantes propres au dialecte
eneillais.
Nous donnons plus loin, d'après le même auteur, en dialecte liégeois pour per-
mettre la comparaison avec le dialecte d'Eneille, quelques notions sur les mesures
et les poids anciens cités dans notre histoire.
Li Manôye a vî Payis d'Lidje.
(Dialecte d'Eneille).
« Sins r gros live qui 1' baron Jules de Tchèstrètd' Hanèfe a scris, l'an 1890, sol
manôye de vi Payis d' Lidje (1), i n' freût nin a s' ritrover d'vins lès manôyes
d'avâ ci de timps passé. Et minme, avou ci savant lîve la, ons a co de ruse, de
(1) Numinnintiiiue i/e la l'f-itiripavtt^ ilf l.ii-rip pt lie ses dOpi-nihmcfn (Bouillon, Looz), Bruxelles,
18»0, II1-4'.
— 119 —
tirer l'afaire a clér, pace qui, so ô pô pus d' noûf cints ans, nos avans avou, co
pus d' cinquante princes-èvèques qu' ont battou manôye ; qu'on 'nnè fôrdjeût
divins tôt plein dès pièces, corne a Lîdje, a Gurindje tôt près d' Hasse et pus tard
a Hasse, a Dinant, a Fosse, a Hu, a Masék, a Mastrék, a Saint-Trond, a Tongue,
a Twin, et a Visé ; et qu'on î v'seût dès pèces di tote sôr di cougnes avou l's
armes di Lidje, dèl Hèsbaye, di Duras', di Moha, dèl Campine, di Horn, del
Gondroz, di Bouyon, d'où qu'on frawtinew^ vol'tî, pace qui ç' n' ésteût nin terre
d'Ampire — et de payis d'inte li Sambe et 1' Moûse.
Corne vos 1' vèyez, c'èst-a s'i piède.
Ci n' sèrefit co rin s'i n'aveût avou è payis qui l' manôye dèl Principauté, mins
i nos d'meûre co traze et traze ôrdonances dès princes-èvèques et dès Gris d' Pèron
qui marquèt a k'bin qu'ons èsteût oblidjî di r'çùr difèrinnès pèces d'ôr et d'ardjint
dèl Bavîre, dèl Bourgogne, di Cologne, di Djuliér, di l'Espagne, dèl Flande, di
France, dèl Guèle, de Hinnaut, d'Inglitère, de Luxembourg, di Nameùr, di l'Au-
triche, de Portugal, d'Utrèk, et dès autes et dès autes.
G'èst-on foù grand ovrèdje di r'qwèri tôt coula et i mèl farè bin lèyè po pus
tard et n' diviser asteur qui dèl manôye di Lidje de timps d' nos treûs ou qwéte
dièrins princes-èvèques.
Mins i gnat co 'n-aute hame èl vôye : c'est qui 1' no d' quéquès pèces a candji
d' valeur avou lès annèyes.
Lès vyès djins savèt co bin çou qu' c'èsteût on" aidant et on patar vola passé
cint ans. A réz', po 1' ci qu' l'areût roûvî, i-gnat ne tchanson di tos bwègnés
rapwètroûles qu' ènnè wade li sov'nance :
Qwète aidants c'èst-on patar ;
L'ardjint est fait po rôler ;
L' ci qu' va-t-a dj' va so 'ne èk'nèye
S' fait pus nahî qu'a roter.
Inte nos autes seûye-t-i dit, lî ci qu'a scris ces rôyes-la ni s' doteût wère qui
r deûsinme mitan de dih-noûvinme siéke vièreût dès ciclisses a cavaye so 'ne
monteùre qui n' ravise nin co si ma one èk'nèye, po li spèheûr de mons.
Disqu'a l'an saze cints on n' dîviseût nin d' patars è payis d' Lîdje. Çou qu'ons
a loumé dispôy on patar, d'avance on l' loumeve on' aidant, corne on s'ènnè pout
ahèyemint assurer d'vins 'ne cinquantinne di Gris dès Manôyes a Pérou d' Lidje
dispôy l'an 1477 disqu'a ût' di djun 1600, et qu'on' imprimeur, Guiyame-Henri
Streel, « imprimeur de son Altesse sérénissime «, a rassonlé d'vins on lîve di l'an
— 120 —
1675 (1). Gés aks-la réglèt po k'bin d' florins et d'aidants d' Lidje i faléve prinde
télés et tëlès péces d'ôr et d'ardjint dès autes payis.
Li Cri d' Pèron de lU' d'octôbe di l'an 1600 fait treûs côs 11 rapport inte 11
manôye di Lidje et 1' clsse dèl Braibant. Vo-nnè-ci one dès treùs : « Le Florin
" d'or forgé sur le pied du St-Empire a onze flor. liég. et huit aid. et clnquante-
" sept patars monnoye de Brabant «.
57 patars ou 2 florins es 17 patars dèl Braibant valint donc il florins et 8
aidants ou 228 aidants d' Lidje. Corne 57 est tôt djusse li qwart dl 228, on florin
de Braibant valent qvfèie florins d' Lidje et on patar brabançon qwète aidants
lidjwès.
Cèst-âhy a comprinde, corne nosse planquèt Hlnri Simon fait dire a Kinave
divins « Brique et Mwèrti ».
Mins, çou qui n' lèt d'imbarasser fwèrt, c'est qui, slns noie èspllcacion dé
monde, lès Gris d' Pèron d' Lîdje qui sûvèt, a parti de 20 dl fèvrîr di l'an 1601,
ni marquèt pus 1' valeur dès manôyes d'â-d'foû avou dès florins et dès aidants
d' Lîdje, mins avou dès florins et dès patars de Brabant.
Coula s' passéve dès timps d'Ernest dl Bavîre. Pusqul nos coplnans, vos r'mar-
querez qui dj' nèl dllome nin prlnce-èvèque dl Lîdje. Vocl poqwè.
G'èsteût r sahon qu' l'èglîse dl Lîdje, come lès clsses di tos lès diyocéses de
wèsinèdje, aveût a t'nl lès protestants a gougne. Tote li sogne dès catoliques
èsteùt qu'an èvèque ni tapahe 11 cote sol baye — come 11 cas s'aveût dèdja pré-
slnté è l'Alemagne — qu'l n' si marlahe et qu'l n' fihe dèsbins dis 5' église one
propriété laïque qui passereût a ses éfants. Tôt 1' monde sét qu' c'êst-alnsl qui
r Prusse a k' minci vola tôt asteûr qwète cints ans. C'est po coula qui, tôt d'où
qu'ons aveût a r'crainde oweafalre parèye, lès tchènonnes tchùsihm/ polès posses
d'archèvèque ou d'èvèque dès fis, dès frés ou dès nèvéùs d' grands seigneurs qui
passm^ po dès ©mes sûr, pace qui leû famile èsteût rik'nohowe tôt costé come
fleur dl catolique. Mins dès s'-faltès familes, ènn' aveût nin a r'dohe et po
prév'ni 1' dandjî, on n' si djlnna wère d'aler conte lès pus anciènès Iwès
d' l'Église, tôt lèyan d'manl laïque lès grands seigneurs qu'ons aveût tchùsi come
èvèques et, çou qu'ès-ossl pés, tôt l'zi pèrmètant d'avu d'vins lès mains deûs' treûs
qwète diyocéses d'on côp et tèle-féy co pus. Portant tos lès cls qui k'nohèt on
pô r roudrouhe, savèt bin qui, tôt parèy qu'in-ome ni pout avu d'on côp deûs
feumes d'adreût, in-èvèque ni pout èsse al tlèsse di deûs diyocéses, puisqu'il est
marié a sis-t'-égllse, come si rond d'ôr èl mosteùre.
Po 'nnè rlv'nl a Lîdje, Ernest di Bavîre èsteût archevêque di Cologne, èvèque
(1) Éitits et Publications <les Monnayes, otc. Liège, 1675, petit in-4v
— 121 —
di Lîdje (1581-1612), di Frèsingue (ou Freisingen, èl Bavire, a sét' bonès eûres
di Mûnik), di Hildeshem (ou Hildesheim, asteur èl Prusse, a cinq ou sih eûres
di Hanôve), di Meùster (ou Munster èl Wèsfalèye) et abé di Stavelot. Si nèveû
quel rimplaça a Lidje di 1612 a 1650, fourit ossi archevêque di Cologne, évèque
di Lîdje, di Hildeshem, di Meùstèr et Paderborn, sins èsse priyèsse nin pus qui
s' inonnonke. Mins l' treûsinme duc di Bavîre, Miyin-Hinri, nèveû da Ferdinand,
qui fourit ossi archevêque di Cologne, èvèque di Lîdje, di Hildeshem et d' Meùs-
ter djusqu'à 3 d' djun 1688, si fit consacrer èvèque on'an et 'ne qwinzinne di
djoûs après avu rimplacè s' monnonke, mins i ne vala nin bècôp mis pol case.
C'est lu, avou s' fameûs réglèmint d' 1684, qui r'hapa tos leûs dreûts as trinte-
deùs mèstîs.
Vo-nos-la bin Ion éri d'Èrnest di Bavîre et de mandemint qu'i fit l'an 1606 po
fé k'nohe qu'i-aveût fait fôordiè 'ne noûve manôye di keûve qu'èsteût on vrêy
patar, mins qu'i louméve, todi 'n-aidant, magré 1' candjemint d' 1601. Voci çou
qu'i d'héve :
« Savoir faisons, come pour la commodité de nos subjets, avons fait forger
» par notre monnoyeur de Liège certains deniers de cuivre d'un aidan liégeois
" et autres de douze sols liégeois avec notre efïigie d'un costé et nos armoiries
«' de l'autre, ordonnons partant a tous et chacun manans et surceans de cestui
«' nostre dit payi de Liège a tel prix les recepvoir et laisser avoir cours sur peine
« de trois florins d'amende a appliquer comme de coustume, a quel effet ordon-
« nons et commandons a notre souverain mayeur et son lieutenant de faire
« publier ceste, mettre en garde la loi (1) et la faire estroitement et inviolable-
» ment garder, car nostre plaisir est tel et sérieuse volonté. »
One vintinne d'annêyes divant, on prince èvèque n'areût wèsou bâte manôye
sins prinde l'avis dès tchènonnes et dire qu'i l'aveût pris, et i n'areût wèsou
dire as Lidjwès : vos f'rez tel et télemint, pace qu'i m' plaît.
C'est mutwèt pace qui lès princes di Bavîre, qui lès tchènonnes di Saint-
Lambiè nos avit d'né come maîsses, fît si bin a leù manîre qui nos n' trovans
d'vins lès vis écrits nou poyèdje di mandemint qu'areutcandjî lès aidants d' Lidje
a patars. A réz', l'afaire si fit di p'tit a p'tit, inte 1600 et 1650. Ak'mincemint, on
meta « florins et patars de Braibant «, et al longue dé timps « patars di Brai-
bant, manôye di Lîdje «, po fini avou 1' drôle di nom « patars di Braibant-
Lîdje. »
Qwand 1' manôye di Lîdje fourit assiowe vès 1720 pon' pus wère bodji disqu'al
Bèvolucion francèse, voci kmint qu'on comptéve et qu'on payei</ ava ci :
L'unité d' manôye a Lîdje estent 1' florin, on nom qui vint d' Ion et d' haut,
(1) Li mandemint est dé 16 d'avri ; li cour des èchèvins l' iiiéta al wade li 18.
— 122 —
pusqui lès prumis, qu' èslmi dès pèces d'ôr, ont stu fôrdjîs a Floreuce, è l'Italie,
l'an 1252. On 'nnè fit bin vite quasî d'vins tos lés payis. Ç fouyfli rwèd' France
saint I.ouwis qui k'minça, lès autes sùvît, et, bin de timps a Ion, on luma totes
lès pèces d'ôr dès florins. A djourdliu éco li noin d' florin d'ôr a d' moré as
djènès fleurs di savadje cécorèye qui crèhèt d'vins nos prés. Gome lès pèces d'ôr
(l'a saint Louwis SiVint on' fleur d' lis dès costé d" pèe, i-a dès cis qu'ont pinsé
qu' c'est po coula qu'on l's a loumé florins. Eco fareût-i savou s'on 'nn' a batou
d'vant 1252. Totefwès Florence n'est po rin d'vins 1' nom dès florins.
Après lès florins d'ôr, on fôrdja dés cis d'ardjint : c'ést-on s'-fait qui fourit
l'unité pol manôye a Lidje. Qwand c'est qui 1' Rèvolucion nos eût apwèrté
r franc et lés çantimes, on taxa 1' valeur d'on florin d' Lîdje a on franc vint-on
Centimes et cinquante-sî cintinmes di çantimes.
On florin d' Lidje si Xowxneût a pus sovint on carlus' . Dji n'a polou trové dis-
qu'asteûr si 1' nom vint dès Carolus qui li rwè d' France Tchâle VIII a fait fôrdjî
et qu'on louméve on blanc, ou bin d'aute pâ.
Li carlus' di Lidje waleût vint patars et, d'vant l'an 1600, corne nos l'avans
dit, vint aidants. C'est dé Brabant, n' l'avans vèyou, qui 1' nom d' patara v'nou
a Lîdje. Iffnat qui volet qui 1' mot patar séreût 1' nom tihon Peter ou Pire, on
pô mèsbrudji, et qu'ons areût d'né a 'ne manôye qu' aveût d'on costé lès deûs clés
d' saint Pire è creûs. Mins in fareût prover qui 1' mot patar est flamind, et d'vins
r timps lés tihons dèl Brabant dihm^ stuyver po on patar, Scheler é Dictio-
iiaire da Grandgagnage dit : « Patar est une déformation de patac, qui est le
primitif du patacon «. Mins dj' nèl pou creùre, tant 1' difèrint est grand inte on
patar et on patacon, corne nos 1' vièrans tôt asteûr.
Divant 1600, on patar dé Brabant valeùt qwète aidants d' Lidje, qu'ons sleût
bin vite loumer dès patar tôt l'zi fant piède lès treûs qwarts di leû valeur. Mins
r patar, raminé ainsi a on vintinme dé florin ou dé carlus' di Lîdje, vala todi
qwète aidants, qui xHè&iint naturélemint pus que 1' qwart di çou qu'avm^ stu.
Avou r tarif di vés 1800, l'ancyin aidant d' Lîdje ou patar vaXeût si çantimes
et sèptante-ùt méyinmes di çantime [6^ 078], et l'aidant, qu' énn' esteùt l' qwart,
on pô pus d'on çantime et d'mèy ou 1* 5195.
Divins l' timps, i-aveùt falou v'mi'-qwète sous po fé 'n-aidant d' Lidje et mut-
wét fôrdjive-t-on adon dès pèces di kertve d'on sou, magré qu' dj' énn aye oyou
a parler noi pa. Mins, s'èle èsiint p'tites, éle arm^ co stu apougnaves assez,
pusqu'avou 1' tarif di 1800, tchaskeune areût valou on pô pus d'on qwart di
C-antime ou 0*= 2533.
Mins, qwand c'est qu' l'aidant d' Lidje fout d'toumé a qwnrt d'on patar di
— 123 —
Lidje, on n' poléve pus sondji a fé dès pèces d'on sou, et on s' continta d' bâte des
cisses d'on d'mèy aidant, qu'on loumew/ dès âoze-sous.
È francès, qwand on voléve dire êire sans argent, on d'heût : n'avoir pas
un liard ou n'avoir pas un rouge liard, et asteurn' avoir pas un centime.
Divins 1* timps, on Lîdjwès areût dit parèy : djin'a nin on doze-sous sor mi^
ou, po-z-ablâmer 'ne saqwè : dji n' è dèreû nin on doze-sous.
Ainsi, po racotcheter tote l'afaire, de timps d' nos dièrins princes-èvèques, on
carlus' valeût vint patars ; on patar, qwète aidants, et on' aidant, vint'-qwète
doze-50MS.
Mins quélès pèces aveût-on ? Tôt k'minçant po li d'zos, on 'nn' aveût d' treùs
sors : dès cisses di keûve, dès cisses d'ardjint et dès cisses d'ôr.
Lès pèces di keûve èsiint : li doze-sous, l'aidant, li pèce di deùs aidants et
r patar. A Lidje, on loumeût li pèce di deûs aidants one bouhe, d'après l' tihon
busch, qu'èsteùt one pèce a pô près parèye d'Ah ou Aix-la-Chapelle. El Braibant,
li bouhe èsteût on djigot. On s'a sièrvou quèque timps di s' mot-la a Lîdje, et, si
dj' tin bin, c'est co ènèt a Nivèle on çantime.
Lès pèces d'ardjint èstm^ 1' blanmûse, li skèlin, li dobe sikèlin ou carlus', et
r patacon.
One blanmûse valew^cinq' patars ou l' mitan d'on skèlin. El manôye à'asteur,
ci sèreût on pô pus d' trinte çantimes ou 30 çantimes et 39 cintinmes. Grandga-
gnage fait v'ni 1' mot dèl Wèsfalèye, d'où qu'i gn'aveut one pèce d'on' ûtiume
di dalèr — qu'areùt valou voci ine blanmûse et d'mèye — et qui tireùt si nom
di s' coleûr : blaumueser, bleûve manôye, pace qu'èle èsteût faite d'ardjint et
d'èk (ink, zinc) fondons èssonle ou d' composicion. On scrèy li nom d' treûs mani-
res : blanmûse, blamûse et blâmùse, Gome lès blanmûses èstint fwèrt tènes di
tèye, on lès louméve quéquefèy dès plaquètes.
Li skèlin vd\eùt di patars ou, è nosse manôye d'asteur, swèssante çantimes et
sèptante-ût cintinmes, ainsi quasi swèssante-onk. C'est co on mot tihon : schel-
ling, qui vout dire one saqwè qui hil'tèye, de verbe schellen, hil'ter, soner. Lès
Inglès r dinèt co asteur a one di leûs pèces d'ardjint, qui vat on franc et on
qwart, come li mark d'Alemagne : c'est l' shilling ou chèlin.
Li dobe sikèlin, c'èsteùt 1' florin ou 1' carlus', qui vâreût ènèt on franc vint-on
çantimes et cinquante-si cintinmes. Dj'a come one dimèye idêye qui lès Lîdjwès
ont d'né 1' nom d' carlus' a florin d' Brabant qwand c'est qu'a v'nou è leû payîs,
po r distinguer dès florins d' Lidje, çou qui lèreût co bin supôser qui l' nom pro-
vinreût d' l'impèreûr Charlè-Quint, et, qwand lès deûs florins ont stu parèys, li
nom d' carlus' a d'moré a florin d' Lîdje. ,
Cou qui m'fait pinser ainsi, c'est qui 1' minme afaire a-st-arivé de timps dès
— 124 —
Holandès. Lefts péces d'ôf di di gulden ou florins ont d'ynoré è nosse payis bin
liés annèyes après V Rèvolucion d' l'an Trinte. Dj'énn'a vèyou co traze et traze è
bureau d'à m' père, et on n' lès louméve may qui dès pèces di dî carlus'. On lès
loukive todi avou 'ne grande atincion, pace qu'èle valint on franc et saze çantimes
di pus qu' lès napolèyons, qu'avît pris 1' pièce dès louwis d'ôr.
Ad'dizeûr de carlus', li pus grosse pèce d'ardjint de payis èsteût l' patacon,
qui valéve qwète carlus'. Li patacon èst-ine manôye qu'a v'nou d' l'Espagne
divins lès Payis-Bas et èl Franche-Comté, c'est one saqwè d' sûr. G'èsteùt 'ne
piasse espagnole. Dj'a li — d'ji v's èl rind po çou qu'i m' cosse — qui 1' nom
espagnol patacon sèreùt on mot arabe : bâ iâca^ mètou po abou tâca, qui vout
A\ve paître dèl flnièsse^ pace qui lès Arabes arît pris po lès deûs montants d'ine
finiésse lès colones d'Èrcule qu'èstit r'présintèyes so cèrtinnès manôyes d'Espagne.
A Lidje, les p'titès djins et minme lès bordjeûs ni Ktoûrnint wère lès pèces
d'ôr. Lès cisses d'ardjint èstm^ pus apougnâves et fini pus d'haut. C'est sùremint
po coula qu'on d'hew d'on' ome, qwand on l' louk po ritche : Cila^ î-a dès
paiacons.
Lès courones di France ou écus de six livres passint a pus sovint a Lidje
po cinq carlus' tôt ronds qwand n' 'nn' aveût qu'one. Mins, d'après l' cri d' Pèron,
avou r piète d'on payis a l'aute, èle ni valint djusse voci qui qwète carlus' et
dîh'-nouf patars, et on n' màqueiU nin d' discompter 1' patar qwand c'est qui
r payemint 'nnè valeùt lès ponnes. Lès d'mèyès courones ou écus de trois
livres passent a l'advinaut.
Po lès courones di Bradant ou courones dèl Royène — dji m' madjène qui
cisse Royène la èsteût Marèye-Thèrése d'Autriche — on lès prind a Lidje po
qwète patars di mons qu' lès courones di France. Cèsses-ceY estint lès pus
comunes et on lès Xoxxmeût simplumint courones.
Po lès pèces d'ôr, s' on 'nnè veut qu'arabe so lès cris d' Pèron, on n' 'nn' a may
bècôp batou a Lîdje, pace qui 1' payis èsteût trop p'tit et qu'on s' sièrveut
ahèyemint dès cisses dès autès nacions, pusqu'on lès prindéve quasi tôt costé,
sins wè-d' tchwè piède dissus. So li d'dièrin, i-aveût deûs sors di pèces d'ôr è
payis : li florin d'ôr et 1' ducat.
Li florin d'ôr èsteût d'abîme ancyin, ca d'vins tos lès vis réglumints, al cam-
pagne corne èl vèye, c'est todi a fwèce d'amindes di treûs florins d'ôr ou de dobe
qu'on pareule, di qwè rwiner on pauve maswir. k dîh-ûtinme siéke, li florin
d'ôr valeur cinq' carlus' ou on pô pus d' sî francs. C'èsteût 'ne pèce a pô près dèl
grandeur di nos pèces d'ôr di di fi-ancs, mins bècôp pus tène. On 'nnè vèyéve wère
et tote li sogne de ci qui r'çûvéve one si-faite manôye, c'èsteût dèl piède ; ossi
r èwalpéve-t-i d'vins on bokèt d' papi po lî fé t'ni pus d' pièce è s' boûse.
— 125 —
Li ducat, qu'aveût stu fabriqué po l' prumi côp èl Sicile divant l'an 1200, qui
t'néve si nom d'ine divise è latin qu'èsteùt d'ssus :
SU tibi, Christe, datus quem tu régis iste ducatus
et qu'aveût passé dèl Sicile é l'Alemagne é a Lîdje, v^Xeût voci ût carlus', dî
patars, deûs aidants et on doze-50M5. Vos trouverez mutwét drôle qu'on n'auhe
nin qwérou a d'ner a ducat, corne a nos pèces d'ôr, li valeur d'on nombe tôt
rond d' carlus'. Mins 1' prince qui lès v'seu fé, ôrdonew d'ènné tèyî ot'tant a
marc ou a li d'méye live d'ôr et i valm/ çou qu'i valint : tant pés vat po lès cis
qu'avm^ dès comptes a fé. A réz', i estm^ acustoumés, ca d'vins l' trintinne di
pèces d'ôr d'a-d'foû qu' lès cris d' Pèron accèptint, c'èsteùt d' tchance d'ènnè rès-
contrer one qui s' valeur toumahe djusse a dès carlus' sins patars et sins aidants.
Lès djins d'asfeur trovèt qu' lès manôyes, corne lès mèseûres de timps passé,
c'èsteùt 'ne saqwè d' fameûs'dimint èbrouhiné et, Diu m' pardone, i n' s'e maque
wère qui n' traitèhe di bièsses lès djins d'adon. D'abord tchaskeun' n'aveût a
k'nohe qui lès manôyes di s' prôpe payis et, s'i-aveùt minme a Lîdje dès banquis
et dès candjeûs qui k'toùrnit d' totes sôr di pèces, il avm^ lès Gris d' Pèron po
s' guider.
Di m' djonne timps, qwand dj'a stu è scole, i nos faleût aprinde tôt coula :
è l'arismètique on lès loumeût ïès partèyes àliquotes, qui nosse brave vî maisse
nos feût prononcer aliqwotes pace qui, d'heùt-i-i, c'èsteùt on mot latin ; lès
toursiveùs d'inte nos autes lès loumit partèyes as clicotes. C'èsteùt bin pus
malahy po nos autes qui po lès vyès djins qu'a vint 1' manôye a l'advinant, tôt
fant qu' nos autes i nos è idXeût fè dès francs et dès çantimes. È s' vos m' diman-
dez poqwè qu'on n's aprindew/ coula, dji v' dire — magré qu' nos n'è savent rin
adon ~ qu' c'èsteùt djustumint po-z-ac'mwède è payis lès manôyes et lès mè-
seûres dèl Rèvolucion francèse. G'èst-owe afaire qu'a pris pus d' cinquante ans,
di k'tchissé lés vyès mesures et lès vyes manôyes, pace qui lés djins î èsUni
trop-z-acustumés, Èximpe lès Inglès, qui passèt portant po fwèrt sùtis, et
qu' n'ont co polou disqu'asteùr ac'mwéde lès novèlès mèseûres é leù payis, et
portant i rik'nohèt qu'éle sont mèeùs qu' lès leurs .
Vers ci ignat one cintinne d'annêyes, tos lès comptes dès mairerèyes, de
çouvèrnèmint, dèl douwane, dés r'civeûs d' contribucions, etc., èstint faits a
francs et a çantimes, mins quasi totes lés djins, avou dés pèces d'onk, di deûs,
di cinq' et d' di çantimes, comptm/ todi a patars.
Divant d'aler pus Ion, i n' si met' nin ma qu' dji v' dije qu'igna co 'ne cwèr-
néte dèl province di Lîdje d'où qu'on compte todi a patars et a-z-aidants, G'ést-è
payis dé Rwè ou l'ancyin duché d' Limbourg, as martchîs d'Hève, d'as Batices
et n'a-wère a ci d'Abe. On i vint 1' boûre al live — qn'èsi-asteur on d'mèy kilo
— 126 —
— èl a oftaiil ti' palars èl d'aidants. Hximpe : a inarchi dèl saminne passêye,
on v' dirèl qui 1' boùre a stu a vint'-qwète patars in-aidant mons. Si vos loukîz
r gazète, vos vertr? qu'on a vindou li d'méy kilo d' boûre a 1 franc 45 cantimes,
pace qui 1' gazeti, lu, ni wèsereût d'viser d' lîves, di patars ni d'aidants. Volez-
ve savii poqwè qu'on vint 1' boAre ainsi ? Dji v's èl va dire. Lès vatchelis de
payis de Rwè sont turtos on pô — ou minme bècôp — pice-crosses : c'est 1' mèsti
(luèl veut. Corne on n' sareût ramourner 1' manôye de vî payis d' Lîdje avou
r cisse d'nsieur tôt tournant djusse et qui l' fracsion profite todi a ci qui live l'ard-
Jint, li vatcheli r'çût, po tchaque live di bofire, one tote petite saqwè d' trop'
qui n' li vat qui vint'-cinq ou cinquante cantimes po tote si batêye, mins c'est
todi ot'tant.
Qwand Napolèyon, l'an qwinze, fout r'vièrsé po tôt, lès Belges avm^ to dièl
liesse leûs vyes mèseùres et leûs vyes manôyes et s'ènn' aveùt-i d'vins zèls qui
comptint bin qu' tôt coula aleftt raviker.
C'a siou V gouvèrnèmint holandès qu' s'i a 1' mis pris po-z-animer 1' candje-
mint di p'tit a p'tit, tôt d'nant lès vis noms as novèlès mèseùres, come one èl ou
one ône po on mète ; on hop (une coupe) po on lite ; one mudde (un muid) po
on stî, etc.
Pol manôye, ci fout co quasi parèy. I prit l' vi nom d' florin ou gulden, qu'on
louma carlus' a Lîdje, magré qui l'oufie quasi 1' dobe di valeur di l'ancyin carlus',
pusqu'i passéve po 2 francs 11 cantimes 6402, mins i-èl parta, come li franc
l'aveût stu, è cint p'titès pèces di keûve, qu'on louma on çant, èl pl^ce di hon-
derdste, pace qui 1' mot roman çant, qui n'a qu'one sillabe, rôle bècôp mis qui
r mot tihon, qu'est malahy a dire, minme po lès Holandès. I fôrdja dès pèces di
keûve d'on d'mèy çant et d'on çant ; dès cisses di composicion d' vint'-cinq' çans
avou on grand dobe (W), qu'on louma bin dé timps a long dès pèces di nouf pa_
tars, pace qui c'èsteût quasi djusse coula ; dès pèces di cinquante çants ou d'on
d'mèy carlus', dès cisses d'on carlus', etc.
A ç' sudjèt-la — et ç' sèrè po fini — dj'a 'ne rimarque a fé qui trouve si pièce
voci.
È françès, li cintinme partèye d'on gulden come li cisse d'on dalèr d'Amérique,
si scrèy cent^ come li nombe cint' et s' prononce san, todi come li nombe.
Lès Holandès ont fait a leù mot cent on pluriel tihon centen et on roman
cents avou 'ne 5 al caive.
Divins lès campagnes tôt atoû d' Lîdje, djusqu'à d'vins lès dièrinnès annêyes,
on a dit on çant et dès çants (pron. 5an), mins a Lîdje minme, sùremint pace
qui r mot riv'new^ pus sovint a pluriel qu'a singulier, on a dit çans' tôt fant sinti
\'s et minme, en on bastardé francès, cens' .
— 127 —
Ci n'est nin co tôt. Li Lidjwès a fait de mot çant, qu'èsteùt masculia, on mot
féminin « one çans' » tôt H clapant 'ne s a singulier. Nos scolis ont brohé d'ssus
po dire è leû francès une cens' et minme une cèn', et diusqu'a nos scriyeûs d'
comèdèye, quèlzi sonne qu'i djasèt mis 1' walon, tôt mètant sol cov'teûre di leù
pièce qu'on 1' vint trinte-cinq' çans' tel et télemint. Sins 1' savow et sins 1' voli
i djasèt bel et bin tihon, ca 1' mot nos vint dès Holandès et i n'a asteur dès çants
coma manôye qu'èl Holande et as États-Unis.
Qwand ci n' sèreût qu' po sacler foû dé francès d' Lidje dès vîl'meûsès ièbes
come une cens' et une cèn' , dès cens' et dès cèn', qui' marquèhe qu'on vint leû
comèdèye septante çantimes, pusqu'ossi bin ci sèrè 70 çantimes qu'i m' farèt payî.»
J'ai publié ce texte, avant tout, pour donner au lecteur une idée du patois
d'Eneille.
Si, avec ces détails, quelqu'un voulait évaluer en numéraire moderne les
anciennes monnaies réelleset de compte, souvent notées dans les pages précédentes,
il devrait savoir la valeur de l'argent à l'époque où ces monnaies avaient cours,
puis rechercher les conditions économiques dans lesquelles se trouvait le pays
émetteur ; alors seulement essayer de traduire en monnaie actuelle. Cette opéra-
tion est des plus délicates.
<- Ainsi, par exemple, il est avéré que l'argent avait au XI V^ siècle un pouvoir
d'achat de 15 à 20 fois supérieur à celui qu'il a de nos jours. Si donc une mon-
naie pèse 3 grammes ei titre 0,500 millièmes arg. fin, le gramme d'argent pur
valant aujourd'hui 0.08 f. ladite monnaie vaut 3x0.08 = 0.12 f.x 15 = 1.80 fr.
2
Voici un cas d'application facile : en 1415, on a payé 2 gros à 2 ouvriers pour
jeter en bas des remparts de Luxembourg un cheval mort qui empestait la rue.
— Que valaient ces 2 gros ?
Si on ne tient pas compte du pouvoir d'achat de l'argent à cette époque, on
obtient l'absurdité suivante : 1 gros titre environ 0.400 miUièmes en moyenne,
et pèse 2.84 gr., donc, le gramme d'argent pur valant 0.08 f. on obtient :
2.84X0.08X400=0.09 f. env.
100
Pas même 10 centimes par gros, pour chaque homme employé à la susdite
besogne !
Il faut donc multiplier la valeur intrinsèque actuelle par le pouvoir d'achat de
l'argent en 1415, soit 0.09 x 20 = 1.80 fr., prix conforme au bon sens et à
la réalité, et on arrive à 3.60 f. pour le salaire de chacun.
Autre exemple, pris dans notre texte, page 49 : le curé d'Eneille, collecteur
du concile d'Ouflet, prend 3 patacons pour 3 vacations à Durbuy lors de la ré-
partition de la taille de Sa Majesté, en 1064 ; ce qui ferait 4 frs. 20, si l'on se
tient à la valeur intrinsèque de l'argent, et 14 frs. en argent monnayé sur la
— 128 —
l):ise (lu rapport 1:15, régissant encore actuellement le numéraire de l'union
latine, mais qui ne correspond plus à la réalité.
Erreur pourtant. Le patagon est une pièce d'argent titrant 0,874, arg. fin, et
valant 48 sous, monnaie du temps: l 1/-2 patagon =- 1 couronne d'or; la cou-
ronne d'or titrait 21 carats, 6 gr., ce qui fait en millièmes 0,895, d'où il résul-
terait, si on n'y prenait garde, que 1 1/2 patagon, ou 42 grammes d'argent à
0,874, représenteraient en argent marchand 2 frs., et en argent monnayé,
rapport l : 15, un peu moins que 8 frs. Tandis que la couronne d'or, pesant 3
grammes 34 et titrant 0,895, vaudrait aujourd'hui, comme valeur intrinsèque
8 frs 35 : d'où le non sens, que 2 frs d'argent =- 8 frs 35 d'or. Et cette hérésie
provient de ce que l'on n'a pas tenu compte du rapport de l'or et de l'argent
au XVIP siècle, qui était alors de 1 : 12, et de la cherté de la vie lors de la
guerre de 30 ans : avec cela, on va loin des 4 frs 20, valeur intrinsèque de
3 patagons, ou des 14 francs, auxquels nous les avons taxés plus haut.
N'oubhons pas non plus que nos 5 frs. actuels ne valent que 1 fr. 90, et même
moins, de valeur intrinsèque « (1).
Le texte wallon publié ci-dessus, ne tient compte que de la valeur intrinsèque
des anciennes monnaies, comme aussi les évaluations que nous avons parfois
risquées précédemment.
Or, sous Marie-Thérèse encore, donc à une époque assez récente, le pouvoir
d'achat de l'argent était près de trois fois supérieur à ce qu'il est aujourd'hui.
Quand par conséquent nous disons, page 77, que le revenu d'un curé d'Eneille
s'élevait à 550 francs environ, il faut entendre deux à trois fois plus, comme
valeur actuelle.
La situation matérielle de nos jours ne vaut même plus cela.
(Sed) Vatis avarus
Non temere est animus : versus amai, hoc studet unum.
Horace. Epît. II, l, 119-120.
Mesures de Longueur.
(Dialecte liégeois).
" L'unité, à Lîdje comme aute pa, c'esteut 1' pîd. 0ns aveilt d' deûs sors de pîds.
Li pîd d' S* Lambiè èsteût 'ne gote pus court qui 1' ci d' S* Houbiè : i valéve
djusse 0™29 17795. Gome nos l'avans dit, on n' s'è sièrvéve qui po mèserer lès
tères. Voci k'mint qu'on s'î prindéve.
Li mèsereû aveût 'ne grèye pîce di saze pîds ou on pô pus d' 4°"668, qu'on
louméve ine vèdje. Lès vis Romains loumît pertica leu vèdje qu'èsteût d' dî pîds.
(\) D'après M. l'avocat Bernays, d'Anvers.
— 129 —
È France, on 'nnè fit 1' « perche » ou pîce, mins pol longueur on peut dire qu'i-
aveût otetant d' « perches » qui d' payis.
Qwand c'est qu'on voléve mèserer 'ne tère, on k'mincîve a eune dès cwènes
tot-z-apliquant 1' vèdje so l'arôye et on plantéve deûs piquets as deùs bèchètes
dèi vèdje. Coula fait, on rapliquéve li vèdje tour à tour as deûs piquets, tôt
r mètant di sqwére avou l'arôye — a l'oûy po 1' pus sovint, ou avou deûs ficelés
dèl minme longueur qwand on voléve mèserer fwért djusse. On plantéve codeûs
piquets a deûs novêlès bètchètes dèl vèdje, et on s'assuréve qui 1' vèdje touméve
djusse inte les deûs dièrins piquets. On aveût ainsi on pèçot d' tére di saze pîds
so saze è qwareûre ou d' deûs cints cinquante sî pîds ramourenés : c'est çou qu'on
louméve ine pitite vèdje. Qwand 1' mèsereû aveût mèseré vint s'-faits pèçots,
ons aveût 'ne grande vèdje. Li p'tite vèdje valéve 0*''e2179 et 1' grande vèdje
4ares3589,
Vint grantès vèdjes fît on bouni. C'est co on mot latin bonnarium, qui pro-
vint d' borna., mèsbrudjî a bonna è latin d' couhène et qui vout dire rinna.
I-a sèt' ou ût cints ans d' cial, on louméve bouni ine tére qu'aveût stu mèserèye
et qu'ons î aveût planté dès rinnas. On n' fève coula qu' po lès tères qu'on tchèr-
wéve ou, d'vins lès tiers, po lès cis qu'on n' poléve cultiver qu'ai hawe. Lès prés,
lès bwès et lès marasses n'avît nin dès rinnas et s'ènn'avît-i nin mèsahe : c'èsteût
dès bins d' comeune ou di c'mogne qu'èstît banaves.
Pitit a p'tit on d'na 1' valeur di vint grantès vèdjes a 'ne tére qu'aveût des
rinnas et on 'nnè fit 1' mèseûre d'on bounî. Di ç' timps-la, divins lès bons tèreûs,
corne èl Hèsbaye, ine cinse èsteût d'ordinaire di doze bounîs. C'est çou qu'i faléve
a on maswir ou manant po viker lu et s' feume, ses èfants, ses sièrfs et ses biès-
ses. On louméve ine sifaite cinse è latin mansus, qui vout dire ine demeure
d'abord et puis ine valeur di doze bounîs. Di l'aute costé dèl Moûse, wice qu'i-a
dès tiers et dès croupèts, lès cinses a vît pus d' doze bounîs et c'est coula qu'on
pout 1ère divins lès vis aks dès afaire corne çouci : « I lî d'na on manse d'on
manse et d'mèy «, çou qui vout dire : i lî d'na 'ne cinse di dîh-ût bounîs.
Li mot » manse » ni poléve aut'mint qui di s' kisèmer tôt wice qu'ons a djasé
r latin de vî timps. On trouve co èl Lorinne meix ou meis, èl Provance mas,
èl Bretagne ma, èl Nôrmandèye mois (mwès') et è nosse payis moxhe ou
mohe. C'est d' la qu'a v'nou mohon, a Vèrvî manhon, qui tint 1' pus près a
latin 7nansio. Et, come on d'héve ine manhon, ine mohon, lès cis d' Lîdje ont
volou fé r malîn tôt mètant îne e al cowe de mot et tôt d'hant ine mohone, tôt
djusse come lès Francès ont djudjî qu' faléve dire une bure èl pièce d'ow bure,
come nos autes on beûr.
9
— 130 —
On s' sièrvéve quéqaefèy ossu po mèserer lès téres de ajourna, è francès
« journal ». C'est çou qu'on pout labourer so 'ne djournèye. É payis d' Lîdje, on
djourna valéve cinq' grantès védjes ou 1' qwart d'on bounî. Mins atoû d' nos
autes, è payîs d'Lîmbourg et è ci d'Luxembourg, sûremins qu' lès ornes è lès
blesses èstît pus djintis, ca on djourna î valéve ût grantès vèdjes.
Mutwèt qui 1' pîd d' S* Lambîè, sol posteure dèl catèdrale, n'èsteût nin ossi
ahèy a mèserer djusse qui 1' ci d' S' Houbiè, ou bin qu' lès mèsereûs avit ma
tèyî leû vèdje di saze pîds. Ga i-aveût quéques viyèdjes è payis d' Lîdje qu'avit
left vèdje a part.
On mèseréve à Vône lès draps, lès stofes, les teûles, lès nales, lès cowètes et
tos afaires ainsi.
L'ône di Lîdje valéve deûs pîds et on qwart di St. -Houbiè (Ord. dé 5 di djanvîr
1687), çou qui fait 0"631 ou quasi tôt djusse lès deux tîs d'on mète. Ossu d'vins
nos botiques compte-t-on co oûy li mète po lue ône et d'mèye.
Mèseûres po lès grains, lès favêtes,
lès vèces, lès peûs et l'sé.
Po totes ces dinrèyes-la, l'unîté c'èsteût li sti.
Li mot sti^,è francès «* setier «, è vî francès « sestier », provint de latin sex-
tarius, ine mèseûre qu'èsteût l'sîhinme partèye d'ine pus grande, li congius.
L'ôrdonance de 5 di djanvîr 1689 nos dit çou qu'on stî deût t'ni : «< Le setier à
mesurer le grain tiendra, comme du passé, vingt-quatre pots ou quartes au vin
(p. 135) «. Nos vièrans pus bas qu'on pot valéve cinquante pôces di St. -Houbiè
ramourenés dès treûs sins.
On stî t'néve qwate qivates ; li qwate, qwate pognous ou pougnous ; et
l'pognou qwate mèseûres.
Li stî èsteût fait d' deûr bwès, tôt rond, ossi ladje dizeûr qui d'zos et avou on
fond tôt plat. I-èsteût cèclé d'fiér atoû ; dès sqwéres di fier tinît 1' fond as
montants po qu' li d'vins n'bodjasse may. So li d'zeûr, ine reûde baguète di fier
èl trivièrséve pol mwètèye d'on bwérd a l'aute et èle èsteût at'nowe a mitant
d'ine aute baguète di fier hazèye é fond. C'est por la qu'on apougnîve li stî.
On fève dès d'mèyes-sitis, dès qwates, dès pognous, dès d'mèys-pognous et dès
mèseûres, tôt coula d'bwès.
On d'vise quéquefèy d'on grand stî. Dji n'a polou saveur a djusse çou qu
- 131 —
c'èsteût, mins voci çou qu' dj'a trové d'vins lès vis aks qui djâsèt d' rintes. On
mèseréve di deùs Dianîres a stî : po lès deûrs grains — wassin ou regnon, spéte
ou blé et frumint — après aveûr impli li stî, on passéve li stritche dissus po qu'i
fouche a ras' ; po lès marsèdjes — wèdjes, avonne, favètes et vèces, — on hopéve
li stî tant qu'ons è poléve mète, et c'èsteût l'atch'teû qu'apougnîve li flér d'à
mitant tôt passant s' main è grain et tôt 'nnè fant r'toumer 1' mons possibe. On
louméve çoula on hopé stî : dji m' madjène qui c'èsteût 1' grand stî.
I faléve ût stîs po on moy c'est co 'nemèseûre dès Romains: modius, è francès
" muid «, Li moy di Lîjde valéve tôt près d' deûs hèctolites et d'mèy (245 lites
6952). D'vins I' timps, on n' cultivéve quasî atoû Lidje qui 1' wassin et 1' blé,
quéquefèy lès deûs èssonle : c'èsteût dèl mèsteûre. Lès grains d' blé sont si bin
sèrés deùs à deûs èl paye quels èwalpêye, qu'i n' vinèt nin foû minme tôt les
bâtant. On stî d' blé est bêcôp pu lèdjîr qu'on stî d'wassin, et on dj'va d'moûni
pwèrtéve ahèymint on moy ou ût stîs (J' blé, c'est po çoula qu'on d'héve a pus
sovint ine tchèdje di blé él pièce de dire on moy.
Guy on peûse li se : dé vî timps, on 1' vindéve come lès grains al mèseûre. I
nos è d'meûre on spot : ainsi on cinsî qu'a on noû varlèt et qui s'aparçut qu'i
n' lî convint wêre, dîrè d' lu : I n' magnerè may on stî d' se èl mohone.
Mèseûres po Y vin, li bire, li pèquet Tôle, etc.
L'unité d' mèseûre po tôt çoula ésteût a Lîdje li pot ou qwate.
Li pot d' Lîdje tinéve come nos l'avans dit tot-rade, cinquante pôces di
St.-Houbiè ramourenés dès treûs sins, ou 1 lite 279665. Li pot t'néve deûs pintes ;
li pinte, deûs sopènes. et 1' sopène, qwate mèseûres ou roquèyes.
Lès Peûs, Pwès ou Pesants.
Quasî d'vins tôt nos payis d'Europe, li live èsteût l'unité d' pwès. Èle prov'-
néve dès Romains quel loumît libra ou as libralis, mins' le aveût ou tôt plin
ou bècôp d'cwèli ava lès vôyes, et on nnè poléve dire sins s' roûvi : otetant
d'pays, otetant d' lives.
— 132
Li livR dès Romains qu'aveût t'nou doze onces ou unciœ so li d'ièrin, peûsereût
orty 321 grames 238 ou a quèques grames près li tîs' d'en kilo. A Lîdje, si les
papis dès ancyins nos rac'sègnét çou qui faléve po on pid et po on pot, i n' nos
d'hèt nin çou qu'ine live pèséve. L'ôi'donance de 5 di djanvir 1689 si continte de
dire : « La livre commune devra contenir, comme de tout temps, seize onces,
et la petite livre douze onces... La livre anx chandelles de suif devra peser deux
livres communes et un demi-quateron ». Ainsi li lîve di Lîdje valéve saze onces,
et d'après lès rapwètroûles qu'on 'nn' a fait avou lès noûvès mèseûres dèl Révo-
lution, èle pèséve 467 grames 093. Ine once di Lîdje valéve ût gros et V gros,
septante défis grains. Ainsi on grain pèséve on tôt pô pus qu'on d'mèy déci-
grame (0 gr. 05067).
2. Mœurs et cou-
tumes. La population
d'Eneille s'adonne avant
tout à l'agriculture et à
l'élevage du bétail. Pour
se rendre compte des us
et coutumes d'autrefois
en cette matière, il suffit
de parcourir les vieux
baux et contrats agri-
coles.
Dans l'ancien temps,
un bail s'appelle un
• stuyt ou stuitte local.
Il est de trois ans ou de
trois à six et de six à
neuf, prenant cours au
premier jour de mai et
finissant à pareil jour
les dits trois, six ou
neuf ans révolus et
expirés.
Par acte notarié du
27 février 1695, Noble
Dame Marguerite de Preit, dame des Eneilles et Wallay déclare établir Wéra
Cornet, manant de Gomblen-a-Pont pour bovier en sa censé du fond de Josse,
ban de Combien, pour un stuyt de trois ans continuels, à partir de mai suivant.
Cornet labourera ses terres de toutes royes et si à temps et fidèlement au dire
des bons laboureurs, qu'à sa faute la dite dame n'endure aucun frais et intérêt.
l'kol. Emj. Haverlanil.
Groupe de cullivateur.'i
— 133 —
Tous les grains croissants sur les champs d'icelle censé se partageront sans
fraude à la jarbe, au jour de la moisson. Cornet devra les engranger à ses frais.
Les fruits des arbres et autres menus fruits seront partagés également comme
les grains, hormis, que la dîme des fiefs et autres provenant de la basse-cour,
icelle dame se la réserve.
Pour les réparations des toits et parois et autres choses y survenantes et
Pliot. Euij. HaverluHil.
Grande Eneille.
nécessaires, le censier chariera tous les matériaux et nourrira les ouvriers dont
les journées seront à payer à la charge de la dame, laquelle encore paiera un
muid d'épeautre et un demi-muid d'avoine à un ouvrier d'août ; le reste à la
charge du censier.
Si le censier reçoit de la dame par prêt grains pour alimenter sa famille, il
devra rendre ce grain fidèlement avant la sortie des trois ans révolus.
La dame lui mettra quatre bœufs de charrue, dont le censier devra répondre.
En cas de renoncement, on s'avertira dès le mois de novembre ou a la Saint-
Martin avant le mai de la dernière année.
Finalement Cornet sera tenu de donner un pain de sucre à la dame, pour le
vin de stuyte, et comme il y a cent charrées de môles (marne) tirées, le censier
les devra charrier sur les terres de la censé pendant les trois années de son
— 134 —
stu3le, à condition que s'il vient à sortir après les trois ans il devra être indem-
nisé des charrées qu'il n'aura retiré ses peines et graisses.
— Citons encore quelques clauses du stuitte local passé en 1722 entre le sieur
Jean Colin, capitaine de la cavalerie du Condroz et son censier Jean Servais.
« Le censier sera obligé de bien et fidèlement labourer toutes les terres de la
censé, et les engraisser tant les éloignées que les prochaines, et surtout les jeter
contre mont en les labourant.
En cas où le preneur vînt à labourer quelque terre à des particuliers par
moitié, il devra laisser à sa sortie la moitié part des pailles qui auront provenu
sur icelle, à la réserve de celles provenant de son chef, qu'il lui sera libre de
reprendre.
Il devra payer tous cen^ et rentes dont les biens sont chargés, de même que
les tailles et subsides, sans nulle réserve.
Sera obligé le dit fermier de faire mettre chaque année un cent de waux
(=- waz, paille triée) sur le toit des bâtiments à ses frais, et faire deux corvées,
s'il en est requis, avec son charriot.
Il devra planter ou faire planter six jeunes arbres chaque année.
Sera obligé de rendre annuellement quinze écus (env. 74 f.), au Noël,
Est conditionné que s'il arrivait quelque ravage de gens de guerre ou chose
semblable, le sieur rendeur devra y avoir égard, à condition que le preneur
ait soin d'avertir de bonne heure le sieur son maitre. Gomme gage, il oblige la
généralité de ses biens meubles et immeubles présents et futurs. »
— Une particularité de l'élevage du bétail, c'est le cheptel, pratiqué encore jus-
qu'en ces derniers temps entre les campagnards, qui mettent à nourrisson une
ou plusieurs bêtes, pour un temps déterminé.
En 1515 la Fabrique achetait deux bœufs à la femme Jehan Gollîn qui les re-
tenait à nourrisson pour trois ans, dont coût 15 postulats.
« Aujourd'hui, 25 juillet 1659, écrit le curé de Pierreux, sont comparus par
devant moi en personnes sieur Jean- Hubert Dezasse et Jean-Martin Ponsart,
lieutenant réformé, lesquels m'ont déclaré être tombés d'accord touchant trois
bestes à cornes que le dit Jean-Hubert Dezasse prins à nourrisson au dit Jean-
Martin Ponsart pour temps des trois ans, à commencer au jour saint Jacques,
apostre, 25 de julet, an susdit 1659 et finissant la troisième année, ans et jours
révolus, et ont été les dicts trois bestes estimées à quatorze patacons à la croix
(env. 66 fr.) ou valeur d'iceulx, lesquels bestes sont deux vaches à laict et une
génisse d'environ deux ans. Une des dicts vaches at le poil brun et langue (nom)
jolie. Or, le tout est conditionné et rapporté au dictum et selon la coutume des
— 135 —
gens de bien et nourriciers de ce pays. Est ainsi arrêté en notre maison pasto-
rale d'Eneille les jour, mois et an vu supra. En foi de quoy ont les dicts inté-
ressés soubsigné en manière de cour, nom, surnom et signature accoutumée. »
— L'un semble écrire avec une allumette, l'autre avec une aiguille.
Les troupeaux de moutons étaient aussi pour une bonne part dans les revenus
de la culture ancienne. Il en a déjà été question dans un procès entre le seigneur
d'Eneille et ses manants.
Transcrivons ici une pièce intéressante à ce sujet. « L'an 1690, du mois d'oc-
tobre le 13® jour, ont personnellement comparu devant moi, notaire apostolique,
dit le curé Le Charpentier, Noble et Révérend Sire Jacques de Bouylle d'une
part, et honnêtes personnes Lambert Gollin et Jean Ponsart d'autre part ; là
même a été convenu et arrêté que les derniers comparants tiendront et hiver-
neront un troupeau de moutons au dit de Bouylle, consistant en deux cent et
vingt moutons, parmi trente-deux sous liégeois par chaque tête des dits onze
vingt moutons, parmi quoi le dit Bouylle mettra douze moutons de surplus pour
suppléer à ceux qui pourraient mourir pendant l'hivernement, sans rien donner
pour leur nourriture; mais bien ajoutera au dit troupeau deux brebis qui après
avoir enlevé leurs agneaux suivront aux nourrisseurs, et les agneaux au souvent
dit de Bouylle.
Bien conditionné toutefois que s'il survient quelque orage de guerre, de sorte
que par le feu immis ou par des soldats fourrageurs les fourrages venaient à
être péris avant que l'hiver soit fini, pour lors les nourrisseurs seront tenus de
les entretenir, le plus honnêtement qu'un père de famille pourrait faire en cas
pareil, du reste qui leur en pourrait demeurer de tel orage. Et puis après, le dit
de Bouylle sera tenu d'achapter le surplus où il se pourra, et en décompter seu-
lement la moitié du prix qu'il aura déboursé, et l'autre moitié sera à la charge
des nourrisseurs, qui en tel cas devront mener les dits fourrages. En outre a
aussi été conditionné que s'il arrive que les dits moutons seraient enlevés tous
ou en partie par les gens de guerre sans qu'on les ait pu récupérer, et que cela
soit arrivé avant la tondaye, le maître vienne à perdre tous ou en partie ses
moutons, les nourriciers perdront aussi tout ou en partie le tantième des deniers
qui leur en devront venir en vertu de la présente convention ; mais si telle dis-
grâce survenait après la tondaye, pour lors le dit sire perdra ses moutons et les
nourriciers seront payés indisputablement, par le maître, de la moitié de tout
le tantième qui leur est arrêté par le présent contrat, et'perdront tant seulement
l'autre moitié ou en partie, en suite des moutons qui auront été enlevés du trou-
peau. A aussi été conditionné que les seconds comparants seront obligés de faire
laver les moutons, et nourrir les tondeurs à leurs frais, parmi leur laissant
suivre les crottes. Gomme encore s'il survient quelque imposition sur les dites
— 136 —
bètes à laine, soit à raison des contributions et autre sujet, cela sera à la charge
des nourrisseurs, parmi tout quoi ils agiront en gens de bien, pour ce que les
dits moutons soient bien hivernes, et auront bon soin de subministrer ce qui est
nécessaire tant au troupeau qu'au berger. « Les témoins étaient Jeanne Le
Charpentier et Jeanne François, la servante du curé.
La laine se filait sur place par les professionnelles du pays. Gela ressort de la
déclaration suivante faite pour Jean Japin devant le curé Le Charpentier,
notaire, en faveur de Martine le Gharlier, le 7 mai 1724, laveuse de mouton,
fileuse de laine et en somme bonne à tout faire.
Comparaissent comme témoins : 1° Marie Vescoven, déclarant que pendant l'an
passé et durant celui-ci, elle aurait employé pour gagner ses journées une cer-
taine Martine le Charlier; 2" Jeanne Massart et Jeanne Reraacle, déclarant
l'avoir mise en œuvre pendant la moisson de l'an 1723 et à d'autres travailles,
comme à foyer dedans le jardin, défaire le fumier aux champs; et d'avoir bonne
connaissance qu'elle a assisté à laver les moutons de la censé de Somme, et
qu'elle a filé pendant deux hivers pour Nanon Fornay ; 3° Lorrain Remacle,
déclarant aussi avoir fait filer pendant les deux dernières années consécutives,
étant domicilié à Somme-le-Temple, la dite Martine le Charlier.
A paît quelques familles de riches propriétaires, comme les Rondeau, les
Pirard, les Colin et les Ponsart, la plupart des habitants d'Eneille étaient ré-
duits à la mendicité : c'est le mot du curé Le Charpentier. Le curé lui-même,
malgré ses sept. chevaux, sâ dîme et son censîer, notamment Dewarre au temps
de Randollet, n'avait pas l'air d'en mener très large, quoiqu'il fût sous ce rapport
encore bien mieux loti que beaucoup de ses confrères : le chiffre proportionnel
de la taille au doyenné d'Oufifet, le montre à l'évidence.
Le censier Dewarre payait sa dette au curé par des labours et des charrois,
de la paille, du foin, du trèfle à 8 patars (0.48) la livre, des poulets : cinq couples
représentaient la valeur de 3 fr. 50.
Les ouvriers s'acquittaient, comme aujourd'hui du reste, par des travaux ma-
nuels de toute espèce : tel creusait pour le curé une fosse à prendre les renards,
tel lui tondait ses moutons, tel lui plaquait ses ruches. Il est à noter que la plu-
part des curés d'Eneille avaient des colons et des mouches.
Le curé Grofay laisse en mourant la cire de se^ mouches pour le luminaire du
S. Sacrement ; et durant sa vie, il laissait pour la même destination la chan-
delle qu'on lui donnait à Eneîlle ou dans les villages voisins pour recommander
les morts.
Au point de vue commercial, les Eneilles étant enclavées dans le pays de
Liège, dit Randollet, on y mit dans le commerce l'évaluation des espèces en
monnaie de Liège aussi bien que le prix des denrées.
Phot. A'(/. Petit.
Rentrée ilu bois d'altouage.
— 137 —
Les comptes réduisent souvent les florins liégeois en florins brabants.
La plupart des transactions commerciales se faisaient en nature. L'argent ne
devait pas courir les rues quand les œufs étaient à quatre pour un sou, la tonne
de bière à 14 escalins (env. 8 fr.), le quartau de vin de Bar à 4 écus (env. 17 fr.),
l'aune de toile à 6 liards, l'aune de seron à 14 liards, d'après le curé Le Char-
pentier.
Et parmi tout cela, quel était le prix du beurre ?
Le curé de Pierreux va nous le dire : « Le 14^ de l'an 1664, j'ai délivré 46
livres de bœur ou vairlet du sieur de Ghesne, lieutenant prévôt de Durbuy,
pour envoyer à Luxembourg, à raison de 4 patacons, faisant 9 florins 12 sous
(env. 11 francs).
Les redevances, les dîmes, les créances se payaient donc en nature, comme
aussi généralement les rentes de la Fabrique (il y avait peu de cens en argent
à Eneille) ; mais les bras cassés se payaient en nature et en argent. Ainsi, le 4*
octobre 1718, par devant le curé Le Charpentier et en présence des témoins
en bas dénommés, comparurent personnellement George Zobel et Jean de
Chesne, tous les deux habitants d'Eneille la grande, lesquels ont déclaré être
d'accord par ensemble au sujet du bras que le dit Zobel avait eu cassé en deux
endroits par le fils de Jean de Chesne, en la manière suivante, savoir : que Jean
de Chesne payera entièrement le chirurgien et donnera en outre 7 écus à Zobel
pour toutes prétentions qu'il pourrait prétendre tant pour des journées que pour
tous autres frais et intérest causés par ses blessures, et pour faire les dits sept
écus le dit de Chesne lui a là même astallé deux muids d'espaute que le sieur
Jean CoUin lui doit donner soit à Eneille soit à Remon, et cela au plus tôt, les
dits deux muîds faisant quatre écus ; et les trois autres, le dit de Chesne s'oblige
de les lui compter fidèlement en espèces au Noël prochainement venant, jusques
à là que s'il arrivait faute, le souvent dit Zobel jouira de son droit comme si le
présent accord ne serait arrivé ; au moyen de tout quoi ils demeureront bons
amis. Ce fait et passé en notre maison pastorale, en présence de Mathieu Le
Charpentier et Hubert Malemprez, témoins à ce requis.
Pour continuer notre étude de mœurs dans son cadre économique et social,
ajoutons que le souvent dit Zobel, pauvre manant comme le montrera l'état de
son meuble, ne parait pas s'être guéri de ses blessures, car trois ans après, le
dernier jour de l'an 1721, nous le voyons comparaître à nouveau devant le curé
notaire avec Louis Stordeur de Ponthoz pour déclarer « que le dit Stordeur lui
devant annuellement deux muids d'épeautre de rente, affectés sur la généralité
de ses biens à Ponthoz, il décide de les lui céder et transporter à toujours avec
tous canons arriérés, à charge que Stordeur sera obligé de payer les exèques de
feue Judith Creyr, épouse Zobel, et toutes autres redevabililés du transporteur.
— 138 —
En second lieu, de le noui'rir, alimenter et entretenir d'habits à sa maison de
Ponthoz sa vie durante ; et après sa morte lui faire faire pareillement ses
exèques. « Le curé avait d'avance facilité cet accord en fixant aux deux particu-
liers un rendez-vous dans la maison du Brave, au grand Pont.
Le 2* jour de l'an 1722, George Zobel part pour Ponthoz avec son chétif mo-
bilier, savoir: « un lit de plumes avec un travers et un coussin et deux couvertes
de petite valeur — un coffre de farine assez passable — une petite fripone de
couleur, minime — un noret à lignes et un tablier — trois sacs et environ trois
setiers d'avoine — un poêle à faire des ameiettes — une petite mai de farine —
un bodet d'osier et un autre de paille remplis de houblon ou environ six clas
(livres) — un chaudron et une petite marmite de fer. — Lesquels meubles Louis
Stordeur a chargés sur son chariot sur lequel George Zobel estait, à effet de le
mener à sa maison de Ponthoz. »
Dans la plupart des inventaires de meubles de cette époque il est fait mention
d'une provision de houblon. Elle était réservée à la fabrication de la bière, qui se
faisait, pour les manants comme pour le curé, à la brassine de Petite Eneille.
Chacun y conduisait les matières premières nécessaires, le bois ou le charbon et
les tonneaux.
La bière tenait une grande place dans l'alimentation, avec le pain, le beurre,
le fromage et la bouillie ou les hrais d'avoine, remplaçant les pommes de terre,
qui n'apparaissent à Eneille qu'en 1788.
Un procès du' curé Le Charpentier avec le meunier Le Boutte, pour dix écus
prêtés et non rendus, nous apprend que le curé n'en a reçu en déduction que les
moutures de ses ôrams, à raison d'un escalin par muid.
Nous venons de voir avec le cas Zobel, quelle pouvait être ici la richesse d'un
pauvre au XVIIP^ siècle.
En voici un autre exemple d'après le plus vieux testament conservé dans nos
archives et passé devant le curé Belleamye.
L'an 1623, du mois de janvier le 7™® jour, Maroye Pirard laisse à Jehenne
Pirard un cortil — à Anne de Marie un cottereau noir avec deux bouts de
trippes — à Marie, fille au dit Pirard, une paire de linceuls et une nappe ; à sa
sœur Jehenne, femme à Jean-Pierre, une paire de linceuls — aux filles Balthazar,
un corset et une jaquette — à Jehenne, fille de Thiry, une vache et une génisse
— aux enfants Pirard, la moitié d'une terre qu'elle a au Chamont.
Il n'est pas rare, dans les anciens testaments de voir ainsi les femmes du
peuple céder à une parente, à une amie leurs cottereaux, leurs corsets, leurs
jaquettes et leurs gibons. C'est la simplicité antique et à coup sûr l'absence de
luxe ; mais très bien l'affaire des microbes et des fiebvres.
— 139 —
Voici à se sujet toute la thérapeutique du curé de Pierreux. Peut-être ses remèdes
familiers ont-ils encore du bon après trois cents ans de macérage.
A l'accès de la fiebvre.
Recipe, jobade et laitue, de chacune une poignée ; les estamper ensemble y
ajoutant deux blancs d'œufs, demie poignée de sel, demie poignée de mie de pain
brun, de rechef le tout ensemble les estamper y ajoutant un peu d'huile et de tout
cela en faire une emplastre entre deux blancs linges pour appliquer sur le front,
un peu auparavant la dicte emplastre chauffée estant secq, et la fault renouveler
pour l'espace de deux ou trois jours.
Remède pour tirer la chaleur de la fiebvre.
Il fault appliquer aux deux plantes des pieds du vieux levain, uns œuf d'oye,
du noire savon aussi gros que deux gailles ; du sel, demie poignée ; de la suif de
cheminée un bon cuiller, ensemble tout estamper, et aussitôt la fiebvre passée le
tout oster.
La jobade liée sur les deux poignes est aussi fort bonne.
Pour boire au malade.
Il fault prendre une petite poignée de surelles de brebis, autant de bourrache
et les faire bouillir dans une taile et demi de laict clère, l'espace d'un jour et demi ;
puis il la fault couler parmi un fin linge blanc estant frais. Il en boira à son soif
principalement pendant la fiebvre ; après quoy on ajoutera un cuiller de recipe
qu'ordonnera le docteur.
La personne tremblante ne doit manger pendant la fiebvre ; mais, un ou deux
jour après, un chandeau de cerfuille et bourrache lui serat bon et bon adpont.
Item les prunes, item un papin de farine d'avoine, l'eau du dit papin bouillie
dans des laitues. Il ne boirat que bière médiocre. La chair et les œufs lui sont
nuisibles.
— 140 —
CHAPITRE X.
LA ¥IE REMGIEOSE.
Les événements que nous venons de raconter ne forment que le côté matériel,
parfois mesquin, de la vie quotidienne. Nous allons essayer de faire surgir de
nos vieilles annales l'âme religieuse d'Eneille.
La religion fut toujours en honneur dans la paroisse, et la piété est un patri-
moine héréditaire dans les familles.
Le centre de la vie religieuse est avant tout le culte de la St^ Eucharistie.
L'antique église d'Eneille, ce petit bijou de l'art roman, proclame à travers
les âges la foi eucharistique des âdèles et des pasteurs, dont plusieurs ont pris
pour devise : " Dilexi decorem domus iuae, j'ai aimé la beauté de ta maison.»
La splendeur du vieux tabernacle, à l'impériale couronne, la richesse de
l'ostensoir et des vases sacrés, le luxe dès ornements sacerdotaux les plus anciens,
nous redisent de leur voix séculaire les honneurs rendus par nos devanciers à
la royauté mystique du Dieu de l'Hostie.
liCS pierres tumulaires elles-mêmes, à travers l'usure de leurs armes, de leurs
titres et de leurs inscriptions, remettent devant les yeux de l'imagination rê-
veuse, l'affluence des générations pieuses qui se sont succédées à la Table sainte
du petit Cénale d'Eneille pendant plus de neuf cents ans !
De tout temps, à de rares exceptions, la totalité des paroissiens y communie
à Pâques et le grand nombre aux grandes fêtes de l'année.
C'est un déshonneur public et comme un deuil familial de n'être plus admis
aux sacrements. A preuve, l'opinion actuellement régnante encore, à preuve
aussi, cette singulière lettre adressée par un fidèle d'Eneille à son curé le 6 jan-
vier 1830.
« Il est étonnant, Monsieur le curé, qu'en votre qualité de desservant, vous
refusez d'admettre mon fils, votre paroissien, au tribunal de pénitence et à la
communion.
Je doute, Monsieur, que vous soyez fondé dans ce refus, et par ainsi mainte-
nir le scandale qui en résulte.
Si mon fils vous paraît égaré, il est de votre devoir de le rappeler ; et puisque
vous en avez les moyens, employez-les, je vous y engage très instamment pour
ma tranquillité paternelle et pour le salut de mon fils.
— 141 —
Je reste persuadé, Monsieur, que vous allez faire attention à mes désirs et que
vous y ferez droit sans caprice.
Votre très humble et très obéissant paroissien. «
Les XVP, XVII* et XVIIP siècles ne sont pas à la communion fréquente. Il y
a du Jansénisme dans l'air, à Eneille comme partout. Dans les comptes de 1510,
le curé reçoit deux aidants (48 sous) pour faire le pain de la messe ; et les
hosties reviennent à trois aidants. En 1515, le curé Gédéon Colle renseigne dans
ses comptes pour une pinte de vin a Noë pour acomeyls 21 sous. Jean
GoUin, avons-nous vu, devait à Pâques un quart de vin mesure de Drybu pour
achomelyr les parochiens. Le curé de Pierreux écrit : un quart de vin pour
distribuer aux paroissiens communiants à Pasques, ou bien, pour com-
munier aux Pasques les paroichains, ou encore pour administrer lespa-
roichains aux Pasques. Cette redevance se paie par la famille Colin jusqu'à
la révolution française; mais à la fin on n'indique plus sa destination.
D'après ces textes, il semblerait qu'autrefois les fidèles communiaient sous les
deux espèces. Il n'en est rien pourtant. Car si la communion pascale est obliga-
toire depuis le quatrième concile de Latran (1215), la communion sous les deux
espèces, dans l'église romaine, n'a jamais été nécessaire de précepte divin, ni de
précepte ecclésiastique. Les papes l'ont autorisée quelque fois. Ainsi au concile
de Trente (1545-1563), l'empereur Ferdinand et le roi de France, Charles IX,
demandaient que l'on rendît au peuple l'usage de la coupe, comme cela existe
encore dans l'église grecque. Les Pères du concile (21^ session), laissèrent à la
prudence du pape Pie IV, d'accorder cette grâce ou de la refuser.
D'autre part, dans beaucoup d'églises s'était introduite la coutume de distri-
buer du vin non consacré aux fidèles qui avaient communié, comme en beaucoup
d'églises, particulièrement en France, on distribue du pain bénit. Cette distribu-
tion de vin existait donc à Eneille, et peut être aussi celle du pain bénit.
Au temps des curés Grofay et Grade, le prix des hosties grandes et petites
est de 2 florins 4 sous (28 sous) ; en 1815, les comptes de Fabrique portent 3
francs; en 1910, 15 francs, ce qui représente plus de deux mille hosties consa-
crées annuellement dans la minuscule paroisse d'Eneille.
Le récent décret de Pie X sur la communion fréquente ne fera qu'augmenter
le chiffre des communions. J'en ai pour gage le bienveillant accueil fait au décret
et la fidélité des parents à mener eux-mêmes les enfants à la Table sainte au
jour de la communion privée.
La communion privée s'est faite ici pour la première fois le dimanche de la
Sainte Famille, 22 janvier 1911 ; la seconde à la fête de Saint Joseph.
Cérémonie touchante dans sa simplicité : famille par famille, les enfants
— 142 —
encadrés de leurs parents, de leurs frères, de leurs sœurs ; puis le gros de la
paroisse, dans une communion générale, le drapeau national flottant au
clocher, chacun priant pour les siens, pour la paroisse, pour la patrie, pour le
pape du décret eucharistique.
La dévotion au Saint Sacrement se manifestait encore autrefois par une fête
spéciale le jour du jeudi Saint et par les prières des Quarante Heures^
pour lesquelles on faisait une collecte destinée à la cire qui brûlera devant
le Très- Saint Sacrement. Le jeudi Saint, après l'office de l'église, le curé,
chanoine de Neufmoustier, recevait à sa table les confrères et les dignitaires de
fabrique, dans un écot ou festin de Gêne.
Le rétablissement de la Confrérie et de la fête de l'adoration perpétuelle dans le
diocèse de Namur date du 30 janvier 1832. L'adoration à Eneille fut fixée au 17
décembre. Le curé Randollet parle déjà de l'adoration perpétuelle en 1782. Depuis
1868, existe ici Y association de Vadoration perpétuelle et de Vœwore des
églises pauvres. C'est à cela que notre église doit l'avantage d'être si bien pourvue
en ornements de tout genre.
En 1910, le conseil central de l'œuvre nous envoie le diplôme qu'il se plaît à
offrir aux paroisses les plus ferventes à remplir leurs engagements au premier
dimanche de chaque mois.
L'œuvre de la visite quotidienne marche à souhait dans la paroisse. Les
offices y sont bien fréquentés, même en semaine. Le chant grégorien y est
exécuté dans toute sa beauté, sous l'habile direction de Monsieur l'instituteur
Hubin, qui dirige sa chorale avec une maîtrise égale aux meilleurs chantres de
cathédrale.
Les missions paroissiales sont l'objet d'un règlement épiscopal de 1834.
En 1838 fut donnée à Eneille, sous M. Georis, une mission qui commença
le 9 décembre, 2® dimanche des Avents, aux vêpres, sous la présidence de
Monsieur Arnould, très digne et révérend doyen de Marche qui, outre les deux
beaux sermons d'ouverture et de clôture, en donna plusieurs autres très touchants.
Les prédicateurs furent Monsieur Merck, très révérend Doyen de Melreux ; M.
Hubert curé de Borsu, orateur très distingué qui donna 14 sermons; M. Michel,
curé de Barvaux-Condroz et M. Béchet, curé de Waillet. Il y eut un grand
nombre d'ecclésiastiques. Ceux qui prirent part aux confessions furent M. Fabry,
curé de Noiseux ; Fouat, curé d'Heure ; Bricoux, curé de Somme ; Moreau, curé
de Bonsaint ; Cartier, curé de Maffe, et les cinq prédicateurs. Un jour on y vit
aussi M. le Doyen de Durbuy, le curé de Tohogne, celui de Porcheresse, qui y
bénit les chapelets ; celui de Haversin, qui confessa aussi quelques personnes, et
celui de Hodister. La mission avait réussi parfaitement bien et produisit les plus
heureux effets. »
— 143 —
De temps immémorial, les curés d'Eneilles faisaient venir un religieux, ordi-
nairement un Père Récollet, pour prêcher la Passion pendant la Semaine
Sainte.
« L'an 1772, pour la grande gloire de Dieu et le salut des âmes, dit le curé
Randollet, j'ai prié le vénérable Père Ancion, Récollet, de nous accorder les
stations du chemin de la croix, ce qu'il a fait à ma très grande satisfaction et
édification des fidèles par une solennité qui a duré trois jours, et avons opéré
ensemble et par l'assistance de mes confrères et des terminaires des fruits spiri-
tuels, comme au jubilé. J'ai payé à l'assistant du dit Père 14 escalins vieux pour
les 14 images des stations, et 2 couronnes au menuisier pour les cadres. »
Depuis, les missions se sont données régulièrement avec la participation una-
nime des fidèles, sauf en 1872, où il y eut cinq abstentions. La dernière date de
1904, comme le rappelle la belle croix de mission qui décore notre église.
Les confréries du Sacré-Cœur de Jésus et du Très Saint Cœur de Marie furent
établies par M. l'abbé Prémont, en 1873 et en 1876. Cette dernière a son centre
à Notre-Dame des Victoires à Paris. Lors de son établissement à Eneille se
passa un petit incident qui le retarda de quatre années. Par erreur, la demande
d'agrégation avait été dirigée sur la Métropole de Paris qui porte aussi le titre
de Notre-Dame. L'archiprêtre ne la retrouva que quatre ans après, en rangeant
des papiers. Cette erreur avait nécessité une double demande et l'envoi d'un
duplicata de l'acte d'érection par Mgr l'Evèque de Namur.
C'est de cette époque que datent les deux statues qui sont à droite et à
gauche de la nef ; comme aussi la dévotion du premier vendredi du mois,
si pieusement suivie à Eneille.
La congrégation de la Bonne ilt/or^ fut établie en 1851, le Tiers Ordre en
1856, l'Apostolat de la prière en 1872, pendant la mission prêchée par les
PP. Rédemptoristes Van Breusse et S. Omer.
Les fêtes les plus solennisées, outre les quatre grandes fêtes annuelles, étaient
autrefois la Purification et la Conception N.-D. Jusqu'en 1770, à la Purifica-
tion, on distribuait à l'office les chandelles à tous les paroissiens et paroissiennes
et même jusqu'aux enfants. Le curé Randollet, trouvant cet usage abusif, l'a
supprimé. « Mon refus, dit-il, a occasionné bien des murmures.... Mais j'ai con-
tinué à les donner comme de coutume, à Messieurs de la Justice, aux servants
à l'autel et aux chanteurs jusqu'à nouvelle disposition. » En 1781, il joint aux
précéd^ts, Mademoiselle d'Eneille, Madame van der Straten-Waillet et les deux
demoiselles van der Straten, ses filles.
Il y a deux processions par an : à la fête du S. Sacrement et à l'Assomption.
Celle-ci va de l'Eglise à Petite Eneille, comme au dernier jour des Rogations.
— 144 —
A la Conception Notre-Dame, les mambours rendaient leurs comptes, comme
nous l'avons vu, dès le 15*^ siècle.
Après les fêtes de Notre Seigneur et de la Ste. Vierge, venait la fête de la
patrone, Ste. Marguerite, vierge et martyre.
Sa mère était morte en lui donnant le jour. Elevée dans le christianisme par
sa nout^rice, elle resta fidèle à sa foi. Son brutal de père, prêtre des idoles, la
livra lui-même aux bourreaux, l'an 275, à Antioche de Pisidie. Son corps se
garde à Monte Fiascone en Toscane.
Le poète latin Vida a fait deux hymnes en son honneur. Dans la première, il
conjure la sainte de jeter un œil de compassion sur l'Italie, ravagée alors par la
guerre. Il y parle de la dévotion qu'avaient pour elle les mères présentes, pas-
sées et futures, dévotion qui est encore fort en vogue dans les provinces méri-
dionales de la France, ainsi qu'à Eneille, où l'on vient de loin en pèlerinage de
supplication ou d'action de grâces.
Dans le passé, Ste. Marguerite était comme la caissière de l'église, avec son
coffre aux respargnes ; et de très bonne heure elle fut la pourvoyeuse des rentes
culturelles à Eneille. On faisait sa fête à l'église et dans les familles, fête toute
religieuse comme aujourd'hui encore, sanctifiée le matin par une communion
générale. Les comptes des mambours du XVP siècle portent 4 1/2 aidants pour
mestry (ménestrier) luy jour del sainth Magrit.
Toutes les œuvres sociales de la paroisse sont mises sous son patronage :
coopérative Ste. Marguerite, mutualité Ste. Marguerite, bibliothèque Ste. Mar-
guerite, club St.e. Marguerite, et naguère, la laiterie Ste. Marguerite.
L'autre fête d'Eneille, anniversaire de la dédicace de l'église, se célébrait de-
puis des siècles le premier dimanche de septembre. Ce jour-là était très incom-
mode pour diflérentes raisons soumises par le curé Randollet, d'accord avec les
paroissiens, à Mgr François-Charles de Verbruck, évêque et prince de Liège.
Il la transféra, le 5 janvier 1774, au deuxième dimanche d'octobre.
La paroisse d'Eneille garde le souvenir de deux visites épiscopales : Mgr de
Hesselle et Mgr Gravez y vinrent confirmer en 1839 et en 1876.
Monsieur Georis, dans une courte note, rappelle ainsi les effets de la première.
« Un grand bienfait qui a été presque aussi avantageux que la dernière mis-
sion pour le salut des âmes, c'est la visite de Mgr Dehesselle, révérendissime
Evoque de Namur. Le 23 juin 1839, dimanche après les vêpres, dix confesseurs
se trouvèrent réunis et entendirent les confessions de tous les paroissiens, à l'ex-
ception de huit, dont quatre vieilles gens qui ne purent y venir. Le lendemain,
jour de St.-Jean, Monseigneur arriva vers les 8 h. 1/2 du matin. Sa Grandeur
Pliot. Eli. Petit.
Les Rogations sur les crêtes schisteuses de Petite Eaeille.
— 145 —
célébra la messe, distribua la Sainte Communion à tous, prêcha ; fit les prières
pour les morts sur le cimetière, la visite de l'église, le catéchisme aux enfants,
administra la confirmation et finit la cérémonie vers 12 heures. Elle fut très
satisfaite de tout, quitta Eneille à cinq heures. Ce fut une belle solennité et un
jour de fête pour la paroisse. «
De la confirmation, remontons au baptême. On voit par les vieux registres
paroissiaux que les enfants recevaient le baptême dès le jour de leur naissance,
le lendemain au plus tard. La plupart des garçons s'appelaient Pierre, Jacques
ou Jean ; quelques-uns Mathieu, Mathias, Philippe — Noël, Toussaint —
Lambert, Hubert— Gabriel, Gaspar, Thierry, Roland, Arnould, Henri, Antoine,
Gilles. Actuellement encore on donne presque toujours le surnom de Gilles aux
garçons ; Ghislaine, aux filles. C'est pour les préserver des convulsions.
Dans la liste des baptêmes de 1605-1627, presque toutes les filles s'appellent
ou Marguerite ou Anne ou Jeanne ou Isabelle ou Marie. Nous n'y trouvons pas
de Joseph, ce qui prouve que le culte de St. -Joseph, quoique toujours associé à
celui de Jésus et de Marie, n'était pas si populaire à Eneille qu'il l'est aujourd'hui.
Les curés Pierre de Villers, Pierre Belleamye, Sire Jacques Rondeau ; les
vicaires Jean Catoul et Georges d'Ortho sont cités souvent comme parrains.
Sur l'espace de 20 ans, les Dames ou les Demoiselles de Brialmont sont 13 fois
marraines ; Jean de Brialmont, 1 fois parrain d'enfants du peuple.
La même liste des baptêmes montre que les naissances étaient nombreuses, de
7 à 10 chaque année pour une trentaine de ménages. La mortalité infantile y
apparaît considérable.
Pas de naissance à Eneille sans mariage, autrefois. Les vieux registres sont
édifiants sous ce rapport. D'ailleurs le mariage civil n'était pas encore inventé.
Tous les mariages se solennisaient à l'église ; le contrat se passait devant le
curé, notaire apostolique, deux témoins et les plus proches parents. « Pour le
mariage à solenniser, si Dieu et la Ste. Eglise y consentent » — ainsi débute
le contrat de mariage fait le 27 janvier 1681, entre Nicolas, fils de feu Henri
Gérard, en son vivant moulnier d'Eneille, d'une part, et Anne, fille de feu Pon-
celet Arnould Ponsar, veuve Lambert Colin, d'autre part; le curé Noël de Pier-
reux signe le contrat comme notaire, avec Jean de Borlon, marlier, et Jean du
Marteau, comme témoins, et les proches parents : Blase et (la marque) Mary
Jacques Poncelet.
Si Dieu et la Ste Eglise y consentent : on lit cette pieuse réserve en tête
de tous les contrats de mariage de cette époque.
La piété de nos ancêtres se révèle dans tous leurs actes privés et publics,
particulièrement, dans la rédaction de leurs testaments, dont l'introduction est
10
— 146 —
comme un acte de préparation à la mort, et où se trouvent exprimés leurs sen-
timents de cliarité envers Dieu, leurs proches et les pauvres. Citons comme
modèles les testaments de Henri l^irard et de sa mère Agnès Danthine.
hi nomme satictissimae Trinitatis^ amen.
Je soussigné, affligé d'une longue et pénible incommodité, néantmoins en
plein sens, mémoir et jugement, considérant la certitude de la morte et l'incer-
titude de l'heure d'icelle, qui très souvent cause ruine de familles par querelles,
disputes et procès, si par ordonnance et disposition des défuncts n'y est apporté
remède convenable, voulant à ce obvier, ay fait et ordonné et ordonne par les
présentes, mon testament et disposition de dernière volonté en la forme et ma-
iiière suivante :
Premier, après avoir recommandé mon âme à Dieu son Créateur et Rédemp-
seur Jésus-Christ, à la glorieuse Vierge Marie, à mes patrons et patrones et à
toute la Cour céleste, lorsqu'elle partira de cette vallée de misère, je choisis la
sépulture de mon corps sous une tombe à mettre en l'église d'Eneille, à l'opposite
de la chapelle Sainte-Marguerite, où je veux que mes obsèques soient faites
suivant mon état, le tout sans pompe et à la charge et discrétion de mon héritier
conditionnel subdénommé.
Et quant aux biens, cens et rentes que le seigneur m'at élargit en ce monde,
soyent acquêts, obventions, successions paternels ou maternels ou collatérales et
autres dont j'ai pouvoir et puissance de disposer, j'institue en iceux pour mon
héritière universelle ma très chère mère Agnès Danthine, veuve de feu Pierre
Pirard, mon très honoré père, au cas elle me survive ; si point, j'institue comme
dessus mon dit héritier, le sieur Henri- François-Joseph Danthine, jurisconsulte
et avocat à la cour épiscopale de Liège, mon cousin germain maternel ; et en cas
ma dite mère survive, je lui substitue pour mon dit héritier, mon dit cousin, à
charge de condition expresse que mon dit substitué sera tenu et obligé d'avoir
toute complaisance et un soin très grand et très particulier de ma dite mère,
pour que rien ne lui manque dans son âge avancé, et de luy subministrer toutes
sortes de douceurs qu'elle exigera de luy le reste de sa vie, comme j'ai fait pen-
dant la m.ienne, sinon, je donne pouvoir et autorité à ma dite mère de et à son
bon plaisir et vouloir, charger mes biens susdits d'une somme de deux mille
florins brabants liégeois ou autant que bon lui semblera ; à charge aussi pour
mon dit cousin, si institution arrive, faire faire mes exèques comme j'ay prédé-
claré ; et, si la substitution, celles de ma mère en la même manière ; et dans
l'un et l'autre cas, faire dire cinq cents messes pour le repos de mon âme, de
mes père et mère et parents trépassés, le plutôt que faire se pourrat ; comme
aussi de donner incontinant après les dites institution ou substitution éventuelles
— 147 —
ouvertes, trois cents florins semblables une fois à chacune de ses sœurs, si lors
elles sont trouvées civilement vivantes.
Telle est ma dernière volonté que je veux et ordonne devoir sortir ses pleins
effets suivant le contenu des présentes, révoquant et cassant toutes autres dis-
positions antérieures, s'il s'en trouvait ; constituant tous porteurs pour la faire
réaliser pardevant toutes courtes compétentes. Ainsi ordonné et disposé mon
dit testament à Eneille, lieu de ma résidence, le vingt trois septembre mille sept
cent trente- quatre, et en corroboration et signe de vérité j'ay signé et muni
cette du cachet de mes armes. Henry Pirard, Greffier d'Eneille et notaire imma-
triculé de Liège 1734. »
Le dernier testament de sa mère, Agnès Danthine, qui lui survécut encore 6
ans, est fait par devant le curé Grofay. Elle choisit le lieu, de sa sépulture dans
l'église d'Eneille, près de son très cher fils; elle reprend les clauses du testament
de son fils, ainsi que le codicille y ajouté, qui fondait trois anniversaires perpé-
tuels dans l'église d'Eneille ; et, parmi différents autres legs, elle donne aux pau-
vres de la paroisse « ce qui pourra lui être dû à sa mort, comme canons arriérés
des rentes lui dues et dettes qui lui seront dues. «
L'ancienne législation jusqu'à l'édit de Joseph II (26 juin 1784), permettait les
inhumations dans l'intérieur des égUses. Les seigneurs d'Eneille, les gens de la
Cour, les curés et les autres ecclésiastiques avaient le droit d'y désigner le lieu
de leur sépulture. C'était un acte de leur piété et un hommage à leur dignité.
Ils voulaient reposer sous les yeux de Ste. Marguerite, ou au pied de la croix,
tels le greffier Pirard, le curé de Pierreux et tant d'autres.
J'aime la poésie du petit cimetière d'Eneille, avec ses tilleuls séculaires, avec
ses vieilles petites croix en fer rouillé, plusieurs très élégantes, sans noms et
sans dates, qui nous laisseraient ignorer, par exemple, que le 15 juillet 1680,
Léonard Pir, fils de Jean Pir et de Jeanne Pirard, est enterré derrière le chœur,
au pied du premier tilleul, si la main du vieux curé de Pierreux n'avait marqué
ce souvenir dans les archives ; — vieilles petites croix muettes, qui nous laisse-
raient ignorer encore, sans la mémoire du vieux fossoyeur, François Pire, que
tel coin inoccupé, aussi derrière le chœur, abrite les cendres de Jeanne Toussaint,
de Dinant, la digne servante du curé Georis, morte assez mystérieusement, 10
jours après son maître, — elle fut exhumée et autopsiée 14 jours après son en-
terrement, sur soupçon d'empoisonnement criminel — le 27 février 1844, sans
tenants ni aboutissants de parenté dans la paroisse.
Cette circonstance permit à Monsieur le Doyen Verhagen, de Durbuy, lors
de sa visite en octobre 1910, de désigner, d'accord avec l'échevin et le curé, la
place qui entoure cette croix, comme lieu de sépulture réservé aux enfants morts
sans baptême.
— 148 —
Les pins anciennes inscriptions tombales datent de 1844. A partir de cette
époque, quelques belles tombes en pierre grise ou en ardoise de Martelange,
décorent le champ des morts.
La population d'Eneille est très fidèle au culte des morts.
Elle comprend que le cimetière, participant aux privilèges du Lieu Saint, dort
être considéré comme le jardin de l'église, Kerhliof; et son entretien a fait de
tout temps le souci de l'initiative privée et des pouvoirs publics. Elle comprend
« que le corps du chrétien, par la réception des sacrements, par son association
à la vie morale et aux mérites de l'âme, par sa participation future à la fin der--
niére, à la gloire et à la félicité éternelles, est digne de tous les respects. Elle
comprend que les corps des fidèles décédés dans la paix du Seigneur ne perdent
pas avec la vie du temps leur qualité de membres de Jésus-Christ, et que la mort
ne rompt aucunement les liens spirituels qui nous attachent à nos frères défunts «.
Le cimetière d'Eneille, aussi ancien que l'église, est entre tous un lieu vénérable
et sacré. C'est le prolongement dans le temps du cimetière mérovingien décou-
vert en 1857 et réouvert en 1911 au sommet du Fromental.
Plus loin, sous les taillis du thier de Base, densas inier corylos, le prome-
neur aventureux s'arrête étonné devant un tumulus encadré d'épicéas, près duquel
s'étalent en cercle sur une belle esplanade d'énormes pierres, qui font rêver de
l'ancien autel du dieu Pan, le dieu des Eneilles, à l'époque où les vétérans de
Rome fondaient la villa Unalia. Or vous êtes tout simplement devant la tombe
de ce fameux anglais lord Ashley, assassiné en 1842.
Lord Ashley, un original, dont on garde le portrait au château de
Grandhan, habitait avec un seul domestique les grands bâtiments de la ferme de
de Favereau à Petite Eneille, une vaste maison du XVIIP siècle, au centre d'un
merveilleux panorama, dans la solitude sauvage des fourrés giboyeux. Ce nou-
veau René avait les goûts romantiques de son temps. Il aimait la chasse et la
pêche ; un vrai trappeur de l'Arkansas. Avec cela, des idées humanitaires,
comme son compatriote et ami le docteur Scudi, qui demeurait à Grande Eneille,
adoré des indigènes dont il guérissait tous les maux. Ils avaient fondé à Petite
Eneille une loge aristocratique où les gros bonnets de la franc-maçonnerie régio-
nale tenaient leurs réunions. C'est à leur intention que lord Ashley avait fait
aménager le plain du thier de Grocqz et du thier de Base, transformés en jardins
anglais, en terrasses, belvédères, promenades, dans la splendeur des acacias,
des marroniers, des noyers, qu'on est étonné de voir aujourd'hui disputer le
terrain aux chênes et aux épines. Il avait rêvé d'élever là, pour y recevoir
ses frères conventuels, un chalet de plaisance, dont les riches maté-
riaux, à pied d'œuvre, attendent toujours l'architecte et le maçon : bases de
— 149 —
colonnes, tambours, chapiteaux aux belles moulures, débris de la cathédrale
St -Lambert de Liège et de la vieille église de Tilleur, dignes d'une meilleure desti-
née (1), aujourd'hui en train de s'eflriter comme la mémoire de lord Ashley.
Car les vieux d'Eneille, dont je tiens ces détails, ne sont pas toujours d'accord
pour nous narrer sa vie et son trépas.
Sa famille le détestait, parait-il, et cherchait à se débarrasser de lui. Un jour
son domestique périt d'un coup de feu dans la maison même du maître. Peu de
temps après, ce fut le tour de lord Ashley : son cadavre fut retrouvé au fond de
rOurthe, près du pont d'Hotton, portant encore sa montre en or. Il fut enterré
au thier de Base, par les soins d'un ami, en compagnie d'une bouteille de vin et
d'un paquet de tabac. 0 mortels, ignorants de leur destinée ! dirait Bossuet.
Ainsi donc tout le thier de Base sert de dortoir ( cœmeterium) à la population
d'Eneille, depuis au moins quinze siècles assurément.
De là surgiront un jour tous les Eneillais, païens et chrétiens, quand la trom-
pette du jugement dernier lancera dans la vallée de l'Ourthe son appel éclatant :
Sur cite mortui, venite in fudicium.
La trompe sonne et tout frissonne,
Jusqu'aux tombeaux elle résonne,
Et nous convoque au pied du trône.
M
wl
A Fontibus salus.
(1) Ces reliques, par la gracieuseté de Monsieur et Madame de Favereau.de Grandhan, vont désormais
décorer la terrasse du presbytère d'Eneille.
150
ÉPILOQPE,
Fin lier iyi2
Nous attendons toujours la route de Noiseux. Un commissaire spécial a fait
en octobre dernier l'expertise des terrains d'emprise. Depuis, tout dort encore
une fois dans les cartons. On ne peut plus sortir d'ici qu'en auto du moyen-
âge. N'allez pas croire pourtant qu'on s'ennuie aux Eneilles. Il vient de s'y
fonder une société sportive et dramatique, sous le nom de Club Sainte-
Marguerite, à l'initiative de trois jeunes humanistes de l'Institut Sainte-Mar-
guerite, établi au presbytère (1) : Baron Félix d'Anethan, Vicomte Edouard
Petit de Montfleury, Marquis Robert de Ritïlart : parties de football dans
les prés Sous-la- Ville, auxquelles s'intéresse toute la paroisse, le dimanche,
avant et après les vêpres ; séances dramatiques et récréatives au Casino du
Fromental, sorti de terre comme par enchantement, à la mi-mars 1912 : places
pour 300 personnes. On accourt de tous les villages voisins, à Grande Eneille,
transformé en nouvel Oberammergau. Et les foules s'en retournent enchantées et
en chantant le chant local des Eneilles, qui résume admirablement la situation
topographique et historique de la paroisse.
CHANT DES ENEILLES.
1 . Aux Eneilles, c'est un pays,
Où l'on reçoit bien les amis ;
C'est dans le nez de la province.
Près de Mirlipimpin-la-cinse.
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Aux deux Eneilles, c'est charmant.
2. Petite Eneille est sur le dos
Du plus joli de nos coteaux :
De là se voient toute l'Ardenne
Et le Condroz et la Famenne.
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Petite Eneille, c'est charmant.
(J) Plusieurs élèves en sont sortis avec le diplnine .rhumanités complètes, entérina par le jury
d'homiiiogatlon.
— 151 —
3. Et Grande Eneille est dans le fond,
Sous la colline en demi-rond,
Et ses prés verts vont jusqu'à l'Ourthe,
Sans que la vue y soit plus courte.
Ah, ah, ah, mais vraiment,
A Grande Eneille, c'est charmant.
4 . Les deux Eneilles voient le train
Et son panache très lointain ;
Le sifflet des locomotives
N'arrive pas jusqu'à nos rives
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Aux deux Eneilles, c'est charmant.
5. Notre curé roule en auto.
Il passe toujours au galop,
Très bien campé comme un gros moine.
Sur son moteur à gaz d'avoine.
Ah, ah, ah, mais vraiment,
Curé d'Eneille, c'est charmant.
6. Son église est aux flancs des monts ;
A droite, à gauche, deux maisons :
A gauche, le vieux presbytère,
A droite, le palais scolaire.
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Ce coin d'Eneille est bien charmant.
7. On fréquente vêpres, salut,
Qu'il lasse chaud ou qu'il ait plu ;
Et tous nos gens vont à la messe,
Et tous nos gens vont à confesse.
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Oui, gens d'Eneille, c'est charmant.
8. Petite Eneille a le château
Dont le parc se mire dans l'eau.
Avec autour deux grandes fermes,
Fidèles à payer leurs termes.
Ah, ah, ah, mais vraiment,
A l'autre Eneille, c'est charmant.
— 152 —
y. Vieille église, école, château,
Avec l'un et l'autre hameau,
Font tous ensemble bon ménage,
Gomme aux beaux jours du moyen-âge.
Ah, ah, ah, mais vraiment,
Le vieux Eneille était charmant.
10. Derrière, c'est le casino,
Tout goudronné de bas en haut ;
En huit jours il sortit de terre,
Mais peut braver grêle et tonnerre.
Ah, ah, ah, mais vraiment.
Pour Grande Eneille, c'est charmant.
1 1 . Venez donc voir, n'ayez pas peur,
On vous prendra sur le moteur.
Sur le moteur à gaz d'avoine.
Vous chanterez comme un gros moine :
Ah, ah, ah, mais vraiment,
Aux deux Eneilles, c'est charmant.
12. Grâce aux Favei»eaux et Franchi mont,
On va pouvoir franchir le mont,
Qui sépare Noiseux d'Eneilles,
Sans se crotter jusqu'aux oreilles.
Ah, ah, ah, mais vraiment,
Eneille, alors, sera charmant.
Le 15 Mars 1912, Monsieur le Baron de Favereau, Président du Sénat,
Ministre d'Etat, nous communique la dépèche suivante de Monsieur le Ministre
de l'Agriculture.
Bruxelles, le H Mars 19i2.
" J'ai l'honneur de vous faire connaître que je viens d'approuver le projet de
construction d'un chemin vicinal entre les villages de Noiseux et les Enneilles,
sur le territoire des communes de Noiseux et de Grand'han.
Mon département interviendra à concurrence de la moitié dans la dépense à
résulter de l'exécution de ce travail. »
— 153 —
EN FIN !
Dès les premiers jours de mai i9l2, la commune de Noiseux a eu la gracieu-
seté de faire apposer l'affiche de consolation au mur de notre église :
COMMUNES DE NOISEUX ET DE GRAND'HAN.
ADJ UDICATION
DE TRAVAUX.
Le JEUDI 20 JUIN 1912, à 10 heures du matin, en la salle communale de
Noiseux,
Les Collèges des Bourgmestres et Echevins des communes de Noiseux et de
Grand'Han procéderont à l'ouverture des soumissions régulièrement parvenues
pour les travaux de construction du chemin de grande communination de
Noiseux aux Enneilles sur les territoires de Noiseux et de Grand'Han.
Les travaux forment un seul lot d'adjudication.
Montant du devis, frs. 83292,67
Cautionnement, 5000,00
Pour être valables : les soumissions seront rédigées sur timbre de 0,50 c,
conformément au modèle donné au cahier des charges. Elles seront adressées à
Monsieur le Bourgmestre de Noiseux par lettre recommandée remise à la poste
le 17 Juin au plus tard, et seront accompagnées du reçu de cautionnement versé
préalablement entre les mains du Receveur communal de Noiseux ou dans une
agence de la banque nationale. — Les frais d'adjudication sont à la charge de
l'entrepreneur et seront payés comptant.
Les soumissions seront mises sous double enveloppe, et l'enveloppe
intérieure portera la suscription suivante : Soumission pour la construc-
tion du chemin de grande communication de Noiseux aux Enneilles.
Les plans, devis et cahier des charges sont déposés au Secrétariat
communal où les amateurs peuvent en prendre connaissance.
Noiseux, le 6 Mai 1912.
Le Secrétaire, Le Bourgmestre,
P. C. DEPIERREUX. J- LOMBA.
154 —
EXO D O S.
Depuis l'an dernier la population a diminué ici grandement : plusieurs
familles sont parties pour aller chercher fortune ailleurs. Nous sommes réduits
à cent quatre-vingt-dix habitants.
Il n'y a plus eu de naissances depuis le mois de septembre 1911.
On attend du neuf pourtant. . . . dans la boite aux lettres : les araignées n'y
tissent pas encore leur toile ; mais une mésange y a élu domicile, y a calé son nid
dans le fond, y a pOndu douze œufs. Elle les couve depuis quinze jours et ne se
dérange même plus pour le facteur, ni pour la correspondance, qu'elle reçoit sur
ses ailes éployées.
20 mai 1912, éclosion de la jeune famille. Serait-ce un symbole de renais-
sance ? Acceptons-en l'augure.
— 155
AFFEMDICE.
Les ménages d'Eneille en 1623.
1. Le curé Belleamye.
2. Henri de Brialmont,
seigneur d'Eneille.
3. Sire Jacques Rondeau, prêtre.
4. Thiry de Brialmont.
5. Antoine Ponsart.
6. Henri Gollin.
7. Jean de Soy.
8. Piron de Restinée.
9. Pirard le Maréchal.
10. Noël Deveux.
11. Jean Demolin.
12. Jean Gérard.
13. Jacques Biaise.
14. Noël Valentin.
15. Jean Leclercq.
16. Jean de Leuze.
17. Mathieu Le charpentier.
18. Thomas Charpentier.
19. Arnould Ponsart.
Les ménages
1. Le curé Le Charpentier.
2. Le seigneur de Brialmont.
3. La dame d'Eneille.
i. Jean Borlon.
5. Jacques de Warre.
6. Pierre Pirard.
7. Pierre Pirotte.
8. Hubert Lecresse.
9. Jean Ponsart.
10. Hermant de Pont.
IL Catherine Ponsart.
12. Jacques Pocket.
13. Henri Gérard.
14. Jean de Marche.
15. Jean Lecomte.
20. Gaspard de Tohogne.
21. Jean Pire.
22. Jean Dottrez.
23. Jean de Thys.
24 . Jean Renard
25. Rolland Ponsart.
26. Pierre Collin.
27. Martin Adam.
28. Jean de Bray.
29. Jean Tossaint.
30. Guillaume Lecomte.
31. Jean de Chêne.
32. Mathieu Collin.
33. Jean de Bois.
34 Pierre del Coulée.
35. Henri de Trina.
36. Noël Leclercq.
37. Bernard-Ponsart, dont la fille,
Petra (Pirkine), mourut noyée en
1641, et fut enterrée à Esneux.
d'Eneille en 1 695.
16. Jean-Martin Ponsart.
17. Les filles Lambert.
18. Lorrain Martin.
19. La vefve Raeskin.
20. Charles Pire.
21. Nicolas Gérard.
22. Les enfants Jean Rolland.
23. Antoine Collin.
24. La vefve Lambert Collin.
25. La relicte Henri Gollin.
26. Jean Mathieu.
27. Jean Parmentier.
2S. La vefve Noël Lizen.
29. La relicte Jean Lorrain.
- 156
Le curé de Pierreux tenait une liste des églises majeures, médianes et quartes
chapelles.
Il fait suivre la première série de cette note :
Octodecim istae parochiae integ^^ae, integrum debent cathedra ticum,
scilicet, 20 grossos, seclusis registratione et quittancia.
Parmi ces paroisses je relève :
Clavier. d. pastor ... 60 m. siliginis et avenae.
Combien. monasterium malmundarense.
Dochamps. Sanctae Grucis Leod. capitulum, 36 m.
Fronville. Capitulum Huense.
Hans magna (Grandhan) . Commendator et princeps
Rarbançons pro medietate.
Izier. dominus temporalis de Soy et représentantes Guillelmum
Sauter, medietatem
Melreux. d. Abbas Sancti Huberti pro una tertia et d. Abbas Vallis
Sancli Lamberti pro una tertia, d. Cornes de Rochefort uti
dominus temporalis de Waha, et d. Abbas scholarium Leod.
alteram tertiam débet. 80 m.
Ockier. Reverendus Prior monasterii stabulensis.
Tohonia d. pastor. 70 m.
Mediae ecclesiae.
1. Eneilles. d. pastor. 30 m.
2. Fisenne. d. pastor. 30. speltae et avenae.
3. Nandren. Rd. d. abbas vallis Sancti Lamberti,
4. Ny. Ecclesia cathedralis namurcensis.
5
6
7
8. SummaTempIi. Rd. d. commandator Villarii Templorum.
9. Scy. d. temporalis. 30 m.
10. Strey. capitulum Huense et dominus commendator, medietatem
11. Vierset. d. pastor.
12. Wil... Rd. Abbas de Valford^
13. Villarum Templorum. d. commendator.
14. Cyelle. 8. m.
Quatuordecim istae ecclesiae debent medietatem cathedratici, scilicet 10
grossos. registratio unum et quittancia unum.
— 157 —
Quartes chapelles.
Citons encore quelques noms du pays :
RESCRIPTIONES
Bouinalia. d. abbas S. Huberti ..... 24 m.
Bonsin. Gapitulum S. Pétri Leod. débet duas tertias
partes et d. pastor duas partes alterius ter-
tiae partis, d. de Viron alteram.
Borlon. Fratres minores huenses et d. pastor mediatim 20 m.
Hans parva (Petithan). d. pastor 24 m.
Heyd. parochiani 14 m.
Marcourt. d. pastor 60 m.
Mons S. Dionysii (Jusaine) 48 m.
Méan. d. pastor, abbas S. Huberti medietatem, de
Viron unam quartam... de Gambys aliam
partem.
Pro receptione jurium cathedratici et obsonii.
Cathedraticum cedit solvendum précise ante festum Sti Blasii, quarto quo-
queanno bissextili, et obsonium, anno antebissextili.
(Quoad cathedraticum) pro qualibet intégra Ecclesia debentur 20 grossi vete-
res, valentes très stupheros et sex solidos, valentes secundum D. Nicolaum
Maino, sigilliferum Suae Gelsitudinis 3 flr 5
Media aut mediana Ecclesia débet 10 grosses : . . . 1 flr 12 1/2
Tertiana aut quarta Gapella débet 6 grossos : . . . — 19 1/2
Ex grossis, integrae et mediae competunt Suae Gelsitudini duae tertiae.
Altéra tertia pars competit R^o Archidiacono et Decano, scilicet duae partes
Archidiacono et tertia Decano.
Pro obsonio autem intégra Ecclesia tenetur ad 10 grossos, seu ad medietatem
20 grossorum. Et média Ecclesia ad medietatem 10 grossorum scilicet ad 5
grossos ; qui grossi dividuntur ut supra.
Sed quoad cathedraticum et obsonium in quartis Gapellis, quartae Gapellae
debent pro cathedratico sex grossos et pro obsonio très grossos, scilicet medie-
tatem cathedratici.
lam vero notandum quod decanus solus et in solidum habet in suis quartis
Gapellis non modo obsonium sed et cathedraticum sine eo quod Serenissimus
Episcopus et Archidiaconus loci aliquid habeat de ejusmodi obsonio et cathe-
dratico. Sic refert Dnus Ghristianus D'Anelonse quondam decanus Ghristianitatis
Uffeensis, electus anno 1500, in fine maii. Et sic etiam habetur in mandato
— 158 —
relaxatoa R'"" Kpiscopo leodiensi, Erardo de Marca, anno 1508, 19* februarii ;
per quod evidentissime api)aiet cathedralicum et obsonium quartaruin capella-
rum conipetere Decanis. Similiter habetur scriptum in quodam veteri registro
Dni Decani (nom illisible) quod obsonium de quartis Gapellis speclat in solidum
soli Decano, ita ut nuUi de eoruin cathedratico et obsonio computum reddere
teneatur.
Aniio 1774, 28^ augusti, ego Aegidius De Bra, rector Ecclesiae de Harzé, fui
clectus ad decanatum Goncilii Uflensis sub Arohidiaconatu Gondrozii.
Gathedraticum fuit solvenduin in festo Sti Blasii anno 1676, uti et obsonium
anno praecedenti, sed neutrum. propter bella fuitsolutum, nec etiam, ob eamdem
causam obsonium 1679 et cathedraticum 1680.
At circa médium septembris 1680, per Secretarium sigilli majoris suae Gelsi-
tudinis Maximilliani a Bavaria Episcopi, ad nos transmissae fuerunt monitoriales
ex parte ejusdem Episcopi pro solutione cathedratici et obsonii non solum ter-
mini ultimi, sed omnium aiiorum praeteritorum non solutorum, et solvendorum
intra quindecim dies a monitione pastoribus facta realiter et cum effeçtu sub
poenis contentis in praedicto mandate, nisi satisfecerint ; idemque per expressum
misi ad singulos pastores et decanos percipientes exemplum unum praedictae
monitionis et mandati, ne causam excusationis et ignorantiae allegare postea
possent, et hoc circa 24 mensis currentis, ut apparet in recepissis pastorum.
Secundum autem epistolas D"^' Martini sigilliferi Sti Episcopi receptus 30^
7 bris 1680, nulius pastorum et décima torum solvit termines 1671, 1675, 1679,
tam catliedratici quam obsonii, uti apparet per registra et computum ultimum
n^i Decani Jamart, nisi aliter per quittancias doceatur ; et sic erat solvendum
obsonium pro terminis 1671, 1675, 1679, cathedraticum vero pro 1670, 1674,
1678, 1680, 1684, 1688, 1692, 1696.
D'après les Avis et Résolutions de Monsieur Didier, avocat au Gonseil de
Luxembourg sur quelques points douteux dressés par le Révérend Doyen d'Ortho,
en Ardenne :
Le droit tant d'obsonium, dont appartient au Doyen la 3* parte, que le cathe-
draticum, dont au Doyen la 9*= parte, est très ancien.
De fait il se doit par ceux qui possèdent les dîmes : prélats, pasteurs et autres,
— 159 —
tant laïcs qu'ecclésiastiques, combien que par le laps de teoaps une partie des laïcs
s'en veuillent émanciper, et depuis 10 à 12 ans, les troubles des guerres et la
moralité des redevables en ont du tout empêché la levée ; tant il y a que Zopaeus
dans ses Résolutions, appelle les dits droits jura dominica et impresciptibilia.
Concernant ce dernier point, l'avocat du Conseil répond : quod jus cathedraticum
prescribi non possit.
En l'an 1696, écrit encore le Doyen De Bra, ayant reçu des mandements de la
part de Monseigneur le Coadministrateur, pour faire payer par les curés et autres
percevans disme dans le doyenné d'Ouffet, les droits du cathédratique et de l'ob-
sonique, je dépêchai aussitôt un messager à tous les curés, le 17, 18, 19 et 20
octobre, un exemplaire du dit inandement pour chaque curé, leur ordonnant de
donner un récépissé d'icelui par écrit signé de leur main propre, afin qu'ils ne
prétextent pas cause d'ignorance ; et j'ai fait tenir à Monsieur Martin gardescei
de S. A. pour s'en servir en son temps en cas de besoin. Voire, comme je suis à
un bout du doyenné, j'ai en prié et commis le Révérend Martiny, curé d'Ocquier
et vice-doyen, qui est au milieu du doyenné pour qu'il î^owrfraeï prendre la peine
de recevoir les dits droits de cathédratique, afin que mon éloignement ne leur
fît de la peine ; mais le tout en vain ; puisqu'il n'a pu recevoir que fort peu de
chose, comme il peut se voir par ses receptas.
Acte de Résignation de la cure des Eneilles par le curé Grade, en faveur
du curé Randollet.
Anno D'à' 1770, mensis januarii die sexta, coram me notario et testibus infra
denominati et specialiter vocatis personaliter comparuerunt in loco capitulari
sohto et capitulantes R. R. P. P. Du Fon Barré Prior, etautoritate Reverendis-
simi, Illustrissimi et Gellissimi Dni Dni Episcopi Leodiensis, tam in spiritua-
libus quam in temporalibus administrator deputatus, De Tinlot, De Lemede,
de Reul, de Bouxhon et Terwaigne, omnes capitulares abbatiae Novi Monasterii,
Novum Monasterium nuncupati, ordinis Sti Augustini, prope Huum, qui nobis
spontanée declaraverunt consense pro ut tenore praesentium consentiunt, qua-
tenus venerabilis Dnus Grade, vicarius perpetuus parochiae loci des Eneilles,
diœcesis leodiensis, ipsam parochialem ecclesiam seu vicariam perpetuam, cujus
collatio,ldum vacat ad libatos comparentes spectare ommino dignos-
citur, eamdem dimittere ac resignare valeat, etiam sibi reservata pensione, ad
et in favorem Rndi Dni Josephi Randollet, presbyteri ejusdem dioecesis, quem ad
eflectum profato monasterio nostro aggregeverunt, sub conditione tamen quod
dictus Josephus Randollet, nequeat ulterius, favore alterius cujusvis hancce resi-
— 160 —
gnare seu permutare absque speciali consensu Abbatis et Capitularîum tune
temporis existentium (15\ ad quem eflfectum solitum in manibus Prions et Gapi-
liilarium in mea et testium praesentia praostitit jurainentum de non resignando
seu pernuitando liaucee vicariam perpetuarn.
*
* *
Au temps du curéGrofay, Eneille avait deux notaires résidents : le curé lui-
même et le greffier Henri Pirard. Le protocole du notaire Pirard, rien que pour
les deux années 1731 et 1732, contient plus de deux cents actes et contrats de
tous genres, passés à Eneille et dans les villages voisins. 11 y a entre autres le
contrat de mariage entre noble Seigneur Gharles-Fortunat de Vanderstraten,
chevalier, seigneur de Frénoy et Noble Demoiselle Marie-Josèphe de Brialmont.
Mais la pièce la plus curieuse est la suivante :
Déclaration Joseph- Clément Dejozé sur Foccision de N. N. Berry.
« Aujourd'hui, troisième janvier, mille sept cent trente et un, par devant moi,
notaire public soussigné, et en présence des témoins en fin de cette dénommés,
personnellement comparut un nommé Joseph -Clément Déjozé, soi-disant lié-
geois, baptisé en l'éghse de Seraing-sur-Meuse, et fils du lieutenant colonel
Guillaume Dejozé, le dit comparant présentement enrôlé au service de Sa Majesté
très chrétienne, n'ayant, pour raisons inférieures, voulu déclarer son régiment,
à nous cependant le dit comparant inconnu, lequel de sa pure et libre, franche
et spontanée volonté, sans persuasion de personne, nous a déclaré qu'ayant eu
le malheur, avec un sien camarade, appelé Saint-Martin, d'avoir occis, la veille
de Saint Thomas 1729, un jeune homme de la ville d'Aix-la-Chapelle, constitué
dans les ordres, appelé Berry, il se serait enfui et sauvé du pays de Liège, après
avoir commis ce crime, avec le dit Saint-Martin, crainte d'être appréhendés, dès
qu'ils ont vu qu'on remuait cette affaire ; et que s'étant ainsi sauvé, icelui com-
parant aurait appris qu'on taxait le seigneur Baron de Waha de ce crime, de
manière que le comparant, outre les remords particuliers qu'il ressent du dit
fait, se trouve encore autant plus inquiet dans sa conscience et son âme d'avoir
appris cette fausse accusation contre le dit seigneur de Waha, au préjudice de
son honneur et de sa famille, quoi qu'il en fût très innocent ; à raison de quoi le
dit comparant ne faisant aucun bien depuis, voulant aussi se réconcilier avec
Dieu, et profiter du temps d'un saint jubilé qui se présente à gagner, et par le
moyen duquel il désire ardemment de pouvoir obtenir grâce du Seigneur et
l'absolution de son confesseur, se perfondant pourtant sur l'avis de quelques
confesseurs, lesquels il a consultés à cet effet, qu'il ne pourra obtenir l'absolu-
tion de son crime avant d'avoir déclaré la vérité du fait et d'avoir fait connaître
par une déclaration évidente, publique et authentique, l'innocence du seigneur
de Waha, crainte que l'innocence ne fût opprimée, et si le comparant avait à
— 161 —
mourir avant cette déclaration, la vérité ne pourrait plus être reconnue, attendu
qu'il ne sait pas ce que son complice Saint-Martin est devenu ; à raison de quoi
le dit comparant, pour la décharge de sa conscience, est obligé de déclarer,
comme par cette présente il iléclare, qu'on ne doit accuser ni soupçonner autre
personne du crime en question, sinon lui comparant et ce susdit Saint-Martin,
et que la chose est arrivée en la manière suivante, savoir : que le jour susdit,
veille Saint Thomas, vers les deux heures après midi, le dit comparant et le dit
Saint-Martin se sont fortuitement trouvés au commencem.ent de la chaussée qui
va de Liège à Saint-Trond, en une grosse neuve maison rouge, à main droite,
dans laquelle étant par hasard tous les deux entrés, ils y ont vu le dit seigneur
de Waha avec le dit Berry, ce dernier témoignant d'attendre quelque charrette,
voiture ou autre occasion pour pouvoir mettre ou porter jusqu'à Saint-Trond
une longue valise de cuir qu'il avait avec lui ; de quoi s'étant le dit Saint-Martin
aperçu il s'aurait oflfert de la porter comme allant aussi le même chemin ; que
là-dessus^^Berry l'aurait remercié, disant qu'il attendrait encore, et qu'il espérait
qu'il viendrait quelque voiture ou autre occasion ; mais ayant inutilement
attendu jusque vers trois heures et demie, le comparant avec son compagnon se
mirent en devoir de partir pour poursuivre leur chemin ; et en sortant, le dit
comparant réitéra au dit Berry les mêmes offres pour porter sa valise, lui di-
sant qu'il n'en serait pas incommodé, ce que le dit Berry accepta et dit qu'il
partirait avec eux. Ensuite le dit seigneur de Waha s'en est retourné après
avoir donné l'adieu et souhaité bon voyage au dit Berry, en lui recommandant
la lettre qu'il lui avait donnée pour son beau-père. Après quoi, chemin faisant
ensemble, à une bonne demi-lieue de là, ils ont rencontré quelques chartiers
sur la voiture d'un desquels la valise fut mise et un petit sacquelet d'étudiant,
et ils entrèrent dans un cabaret avec les dits charetiers, où ils burent ensemble
de la bière, ayant bu auparavant de la Hougaerde, tellement que le comparant
acheva de s'y faire sou, aussi bien que son compagnon Saint-Martin et le dit
Berry. Ils ont ensuite poursuivi leur route ; et la nuit les ayant surpris, le dit
Saint-Martin aurait repris la valise de la charette et la mit dans un petit caba-
ret, à main gauche de la chaussée, à un petit quart d'heure de la seconde bar-
rière, où il dit que c'était une valise à Monsieur le Baron d'Aubec ; qu'il la re-
prendrait en repassant, et trouvant que le dit comparant avec le dit Berry avait
entretemps pris l'avance, en chemin, il tira deux coups de pistolet, auxquels le
comparant, qui tenait le dit Berry dans ses bras pour se soutenir, répondit par
deux coups pareils de pistolet.
Et le dit Saint-Martin les vint retrouver chez le bailli Lessoine, où ayant en-
core bu un pot de bière et ne pouvant plus boire davantage, le dit bailli qui
selon toute apparence s'en aperçut oôrit à ce jeune homme Berry, vêtu d'habits
tirant sur le gris-brun, avec un manteau bleu, de rester chez lui, à quoi il répon-
11
— 162 —
dit qu'il ne voulait point quitter sa compagnie et qu'il irait encore bien loger à
Oreye, et voulut le dit Berry donner une pièce de vingt-cinq sous pour payer, le
(lit comparant lui dit d'avoir payé ; sur quoi ils sont sortis, et, étant arrivés à un
quar-t de lieu de hi, le comparant avec le dit Saint-Martin le menèrent en bas de
la levée, vis-à-vis d'une voûte soutenant la chaussée, dans la croyance qu'il avait
quelque chose sur lui et dans sa valise qui était assez pesante ; puis le comparant
avec le dit Saint- Martin renversèrent le dit Berry et lui ont coupé la tête et le
déshabillé ; puis, l'ont trainé dessous la voûte de la chaussée ; et, crainte qu'il
ne serait reconnu, ils ont emporté la tète à un quart de lieu de là et l'ont enterrée
à côté de la chaussée. Après cela, le dit Saint-Martin a été reprendre la valise
dans le cabaret. Etant en après retournés à Liège, où s'étant ensuite aperçus
que la chose pourrait être reconnue, et qu'on en faisait de grandes recherches, le
comparant s'est trouvé obligé de même que le dit Saint-Martin, de se sauver et
de s'écarter comme ils ont fait, jusqu'à présent que la conscience du comparant
l'oblige de revenir pour faire cette déclaration pour la décharge du dit seigneur
de Waha, déclarant le dit comparant que le dessus est véritablement le fait
comme il s'est passé, et que, pour ce faire, il n'a reçu aucuns conseils, inductions,
persuasions, or, ni promesses du dit seigneur de Waha ni d'aucune personne de
sa parenté, directement ni indirectement, et que le seigneur de Waha est de
toute manière innocent du fait et du crime, dont le comparant a appris qu'on
voulait le charger; le dit comparant avec le dit Saint-Martin étant seuls coupa-
bles du dit crime, qu'ils ont commis d'eux-mêmes, dans la croyance que la dé-
pouille de ce jeune homme et de sa valise serait considérable, à quoi a aussi con-
tribué la boisson dans laquelle ils étaient, tellement que la conscience du com-
parant l'a obligé de venir de lui-même personnellement passer cette déclaration
pour faire voir l'innocence du dit seigneur de Waha ; qui pourra s'en servir, ou
les siens, s'ils le trouvent convenir ; le tout affirmé par serment prêté en mains
de moi, le dit notaire ; présents les dits témoins, en foi et vérité de sa présente
déclaration, ce qu'il déclare qu'il ferait par devant la justice de Liège s'il osait
s'y retrouver.
Ainsi fait, déclaré et affirmé, en la maison de la demoiselle Massart, à Dén-
ient, ban de Fronville(i), y présents comme témoins Révérend sieur Jean Henry
Grégoire, vicaire de Deulent, et le sieur Renier Hardy, bourgeois de la ville de
Huy, lesquels avec le comparant, âgé de 29 ans, comme il a déclaré, haut de
cinq pieds et trois pouces de France, à cheveux longs noirs, à visage plat et
large, nez aquilin, les yeux bruns, gros sourcils noirs, de même que sa barbe,
avec moi, le dit notaire, ont soussigné la présente.
Henry Firard, notaire immatriculé suivant l'édit dernier
de son Altesse de Liège, au premier présent et requis
In fidem. 173i (2) «.
M) Les de Waha étalent :«eigneurs de Fronville. (2) Archives du château de Grandhan.
— 163 —
M. Victor Fabri, avocat près la Cour d'appel de Liège, qui se rendit acquéreur
du Domaine des Eneilles, le 12 avril 1851, était le S'"*^ fils de M. Arsène Fabri
de Seny, avocat, membre de la deuxième chambre des Etats-Généraux de Hol-
lande etc., et de Dame Marie- Joséphine de Longrée, fille de Gharles-Henri-
Joseph, chevalier de Longrée et de Marie de Bourguignon, Dame de Gens. La
famille Fabri de Seny, dont un des membres possède encore actuellement le
château, habita ce village et celui de Parfondrieux, depuis la fin du XV^ siècle,
jusqu'à la fin du XVÏIP, où elle se fixa successivement à Thuin, puis définitive-
ment à Liège, en la personne de Henri-Ernest Fabri de Seny, père d'Arsène
Fabri, déjà nommé.
Henri-Ernest Fabry de Seny obtint d'abord le diplôme de bourgeois de Thuin
et fut grefiSer de la ville de Thuin ; puis, le 20 septembre 1769, celui de bour-
geois de Liège, avec reconnaissance et inscription de ses armes à rofiSce du
Hérault d'armes de S. M. L et R. Le 3 septembre 1770,11 fut reçu, comme avocat,
membre de la Chambre Saint-André. Il épousa, le 17 août 1772, Dame Thérèse
du Bois, fille d'Antoine-Joseph du Bois, de Thuin, et de Dame Marie-Barbe de
Kertigny.
M. Victor Fabri avait épousé Mademoiselle Adélaïde Mersch, dont la famille
possédait certaines terres dans le pays de Durbuy. A sa mort la propriété des
Eneilles échut à son fils, M. Joseph Fabri, propriétaire actuel, ancien avocat
près la Cour d'appel de Liège, ancien magistrat à Marche, qui épousa, le 9 juin
1886, Mademoiselle Cécile Capitaine, fille de M. Ulysse Capitaine, bibliophile
Liégeois, et de Dame Mélanie Pirlot.
Casimir-François-Ulysse Capitaine naquit à Liège, le 23 décembre 1828 et
mourut à Rome, le 21 mars 1871. Il était fils de Balthasar-Félix Capitaine et de
Catherine-Elisabeth- Joséphine Seroux .
La famille Capitaine est une famille d'origine luxembourgeoise, établie à Liège
depuis des générations.
Ulysse Capitaine est un grand bienfaiteur de la ville de Liège.
Voici le début de son testament :
«' Je lègue à ma ville natale ma bibliothèque liégeoise, mon médaillier, ma
collection de sceaux, de gravures, de cartes géographiques et d'autographes, à
la condition expresse que des personnes compétentes soient chargées d'en dresser
un catalogue complet et détaillé, dont l'impression devra être achevée endéans
les deux années qui suivront ma mort. "
Le legs fait à la ville de Liège comporte, d'après les renseignements que j'ai
— 164 -
obtenus des auteurs du Catalogue, 11,435 volumes et brochures, 226 manuscrits,
218 autographes, 2031 gravures, plans, cartes, etc., 3093 médailles en bronze,
coins ou matrices en cuivre, monnaies liégeoises (or, argent et cuivre) etc., en
tout 16,993 numéros, auxquels il (aut ajouter des collections de journaux pu-
bliés à Liège, des diplômes et autres parchemins, quelques portraits peints à
l'huile et divers objets d'antiquité. Le public Uégeois a eu l'occasion, en 1869,
d'apprécier une partie des richesses d'Ulysse en fait de gravures de notre an-
cienne école ; quant au médaillier, il jouit dans le monde des numismates d'une
réputation qui s'est étendue bien au-delà de nos frontières.
La ville de Liège s'est montrée reconnaissante. Le Conseil communal, à l'una-
nimité, à décidé qu'un buste d'Ulysse Capitaine serait placé sur le meuble qui
renferme sa collection de monnaies, et qu'un terrain serait réservé au défunt,
dans la partie du cimetière où est déposée la dépouille mortelle des citoyens qui
ont particulièrement honoré la patrie (1).
Armes et origine de la famille de Favereau de Graodhan :
1' Vairé d'argent et d'azur à la bande de gueules. 2° De sinople à la fasce
d'argent. 3" D'argent au hon de sable, couronné d'or et lampassé de gueules,
placé sur une terrasse de sinople et accompagné à dextre d'un arbre du même.
(Comm. lux. T. V, p. 237.)
Il y avait à Grandhan une cour de Vaux, dépendant des Rrialmont d'Eneille,
et une autre, dite cour de Fraisne.
Vers 1500, Jehan de Fraisne, seigneur de Grandhan, vendit ses propriétés à
Jehan de Chaisne, dont nous trouvons la famille souvent citée dans les annales
d'Eneille, sous le nom Decène, de Kesne, du Chêne.
Cette famille les vendit à son tour vers 1725 à la famille seigneuriale de
Cassai, qui les revendit, en 1828, à M. le Baron Auguste-Charles-Marie de
Favereau, né à Eneille, le 12 du mois d'août 1796, 6n pleine Révolution fran-
çaise. (Voir page 54).
Voici son acte de naissance et de baptême inscrit sur un petit chasserai,
commencé par MM. GarnieretBottin, desserviteurs provisoires, et continué par
le curé Antoine.
« L'an mille sept cent quatre-vingt et seize, le douzième jour du mois d'août,
est né à Eneille, diocèse de Liège, province de Luxembourg, à quatre heures du
matin, et baptisé le même jour vers les onze heures, Auguste-Charles-Marie, fils
légitime de Monsieur Albert-Antoine, chevalier de Favereau, qui a été baptisé à
(1) A. Leroy. Ulysse Capitaine, sa vie et ses travaux. Liège, Desoer.
— 165 —
la paroisse de N.-D. au Pont, et de Marguerite-Gabrielle-Joseph Danthinne, née
à Liège et baptisée dans l'église de St-Adalbert, au dit Liège, lequel enfant a eu
pour parrain M. Charles-Antoine de Favereau, son oncle paternel, et pour
marraine, Marie-Agnès-Gatherine-Joseph d'Anthinne, sa tante maternelle, les-
quels ont signé le présent enregistrement avec moi.
Ita est. Hubert Antoine, curé.
Cette année 179(5, il y eut à Eneille 9 naissances, deux mariages et deux
décès.
Autrefois, les fermes du Marteau et de Chêne à Han faisaient partie de la
paroisse d'Eneille.
Chêne à Han s'en est détaché de lui-même, il y a près de vingt ans, pour se
réunir à la paroisse de Grandhan, plus rapprochée et d'accès plus commode,
quand l'Ourthe permet le passage.
Le Marteau est depuis plus longtemps rattaché officiellement à Petithan, qui
n'en est qu'à une portée de fusil, sur la rive droite de l'Ourthe, reliée à l'autre
rive par le pont de la route vers Somme, construite en 1866-1868.
En février 1830, le curé de Petithan avertit par lettre son confrère d'Eneille
qu'il s'est permis d'empiéter sur sa juridiction en administrant les derniers
sacrements au fermier du Marteau, dans un cas d'urgence, insinuant qu'il était
plus facile au messager de traverser l'Ourthe à cheval, que de venir par le sen-
tier des chèvres de Côreux, à la cure d'Eneille distante d'une lieue.
Il y a deux chapelles dans la paroisse, l'une à Petite Eneille, dédiée à la
Sainte-Vierge ; l'autre à Petite Noiseux, bâtie en l'honneur de Sainte-Begge, par
la famille Ponsart, au siècle dernier. Elle appartient maintenant à Nestor
Lecarte-Ponsart. On y vient de loin pour invoquer la sainte contre certaines
maladies infantiles. Sa démolition est prévue dans le projet de la route Noiseux-
Eneille.
La paroisse d'Eneille compte plusieurs de ses enfants dans les ordres séculiers
et réguliers : les abbés Adolphe et Léon Feltesse, l'abbé Joseph Lefebvre, Maurice
Feltesse, frère des écoles chrétiennes, sœur Marie-Edmond, de la providence de
Peltre, née Louise Feltesse et sœur Séraphine, franciscaine de Manage, née
Marie-Louise Lecomte.
— 166 —
Membres du club « Ste-Marguerite. »
Président d'honneur : Maître François Fabri.
Président : Hubin Diogéne.
Secrétaires
Trésorier : Grignet Hubert.
Robert Rifflart.
Edouard Petit.
Félix d'Anethan. Léon Deprez.
Louis Lefebvre. Octave Warny.
Emile Michel. Joseph Linhet.
Emile Lecomte. Joseph Pi rotton.
Lucien Bohon. Victor Pire.
Emile Méan. Ottelet Nestor.
Ernest Lecomte. Deprez Félix.
Constant Famerée. Dachouâe Fernand.
Arthur Etienne. - François Deprez.
Adolphe Dachouflfe. Louis Famerée.
Nestor Mengal. Gérard Clément.
Céleste Jamotton. Henri Grignet.
Henri Leroy, Joseph GoUin.
— 167
A
Adalbert (Saint), 14.
Adams, 81.
Aix-la-Chapelle, 117.
Albert II, 21.
Alexandre III, 58.
AUoux, 27.
Ainbremont (d'), 36.
Anale, 18 et suiv.
Andenne, 115.
André (Saint), 8.
Anethan (d'), 150.
Anthinne (d'), 36, 53, 54, 146, 162.
Anthinnes, 70.
Antioche, 144.
Antoine, 73, 107.
Arberg, 117.
Ardenne (comté d'), 8
Arlon, 13, 14, 15, 21.
Arnould, 142.
Ashley, 148, 149.
Aubec (d'), 159.
Autel (d'), 23, 48.
Avesnes (Béatrice d'), 21 .
Awan (d'), 85.
Awans, 23.
Aywaille, 116.
Badoii, 106.
Baillonville, 3, 39, 52.
Balthazar, 138.
Bar (Thibaut de), 21.
Bar (vin de), 137.
Baïaque-Michel, li.
Barbe (Sainte), 41.
Barvaux-Gondroz, 142.
Barvaux-s/Ourthe, 3, 5, 6, 49.
Basein, 64.
Bastweiler, 23.
Beausaint, 24.
Bavière (Maximilien de), 156.
Béchet, 142.
Becquet, 15.
Béemont, 13.
Belleamye, 44 et suiv.
Belleisle, 115.
Benoit XIV, 113.
Berghe (de), 65.
Berlin, 114.
Bernard, 51.
Bernays, 21, 52, 128.
Berry, 158, 159.
Bex (de), 31.
Biette, 74.
Biaise (Saint), 58,1.56.
Blier (de), 24, 46, 54, 55, 82.
Bois (de), 23.
Bois-Bofleut, 115.
Bombay e (de), 23.
Bornai, 72, 155.
Bonjean, 100.
Bonsaint, 142, 155.
Borlon, 37, 155.
Bossuet, 149.
Bottin, 73.
Bougelet, 117.
— 168
Bouillon, 117.
HoiH'lon, 64.
Buuxhon (de), 157.
Bouylie (de), 135.
Bra, 17, 156, 157
Brabant (Brant de), 24
Bréda, 115.
Brialmont (de), passiin.
l^iiisson, 66.
Camille (Saint), 113.
Gampégius, 63.
Campine, 12.
Capitaine, 33, 161.
Carinthie (Arnould de), 18.
Carloman, 17, 112.
Carolingiens, 15.
Gaiisbourg, 91.
Carpentier, 23.
Cassai (de), 114.
Castres, 60.
Catoul, 88, 145.
Causard, 103.
Cellicer, 24.
Cens, 161.
Cerfontaine, 28, 29.
Chàlons (Hugues de), 24.
Champion, 68.
Ghardeneux, 13.
Charles- Alexandre, 113.
Charles II, 112.
Charles le Chauve, 17.
Charles le Gros, 17, 18, 56, 112.
Charles IV,
Charles Quint, 112.
Charlier, 53, 79, 136.
Charpentier (le), passiin
Chauanacq, 114.
Ghayneux, 8.
Chêne (de), passim.
Chêne à Han, passim.
Ghiny, 21, 29, 113.
Claude, 85.
Glausse, 63.
Clausset, 43 et suiv.
Clavier, 154.
Clerfve(de), 23.
Glermont (de), 53.
Gloze, 66.
Gobenzl, 113.
Colla, 55.
Colle, 55.
Colette, 67
CoUignon, 32, 39.
Gollin, passim.
Combien, 132, 154.
Condroz, passim.
Constance (lac de), 18.
Coppin (de), 24, 39.
Corbeau de Montfort, 23.
Cornay, 30.
Cornet, 27, 132.
Cortil (de), 23.
Croates, 51, 116.
Crocqz (thier de), 148.
Gyelle, 154.
D
Dachouflfe, passim.
Dardenne, 107.
Dauvin, 69.
Daun (de), 28.
Defoy, 90.
Dehesselle, 74, 144.
Dejosé, 158, 159.
Deldef, 58
Delrée, 52.
Delsemme, 41 .
Demarteau, 51.
— 169 —
Deprez, 50.
Deroed, 41.
Désirotte, 50.
Dezasse, 134.
Despas, 50.
Detro, 37.
Deulin, passim.
Deviller, 91.
Devillier, 72.
Dewarre, 14, 84, 136.
Didier, 156.
Dochamps, 154.
Bonis, 59, 63, 64.
Dorto, 63.
Doumal, 64.
Doupré, 86.
Drouba, 55, 80.
Dupont, 40.
E
Eignelie, 63.
Elderen (d'), 67.
Enalle, 18.
Emale, 30.
Erezée, 8.
Ermesinde, 21.
Esch-le-Trou, 18.
Esneux, 153.
Etalle, 32.
Etienne, 55.
Etienne (Saint), 41.
Everlange (d'), 31.
Fabri, 32, 33, 103, 161.
Fabricius, 99.
Fairon, 116.
Famenne, 13.
Falaën, 34.
Farigoul, 55.
Favereau (de), 53, ICI, 149, 162.
Feller, 48.
Feltesse, 91, 92, 165.
Feltre, 63.
Ferdinand II, 51.
Ferot-sous-My, 17.
Fiacre, 75.
Fizenne, 82, 154.
Flône, 98.
Fon Barré (du), 157.
Fornay, 136.
Fouat, 142.
Fraipont (de), 23, 27.
François, 136.
Fresnes (fosse des), 52.
Fresnoy, 28.
Froebel, 91.
Froidmont, 37.
Fronville, 3, 5, 40, 52.
Furstenberg (de), 23.
G
Garnier, 73.
Gaspar, 74,
Gavroy, 117.
Geer, 116.
Gembloux, 115.
Generet, 32.
Gengoux, 54.
Georis N., 41.
Georis E., 73 et suiv.
Georlet, 72.
Gérard (comte), 21.
Gérard, 51 et suiv.
Gerlache (de), 1, 24.
Gille, 53.
Gilles, 102.
Gilles (Saint), 115.
Gillet, 35.
170 —
Gilsoul, 88.
Godillière, 40.
Qodin, 62,
Gomins, 80.
Gosuin, 62.
Grade, 72, 73.
Graide, 80, 81.
Grandhan, passim.
Grandpré, 21.
Grand-Ry, 5.
Grée (de), 63.
Grégoire, 160.
Grégoire (pape), 66.
Grégoire XVI, 110.
Grignet, 103.
Grivegnée, 27.
Grobbendonck, 22.
Grofay, 39, 70 et suiv.
Grofay (Marche;, 49.
Gros-Chêne, 8. .
Grune (de), 24.
Guillaume, 41.
Guillaume I^^ 29, 81, 113.
H
Habay, 74,
Habran, 21.
Hainaut (Alix de), 20.
Hallet, 96.
Halkin, 18.
Halma, 73, 80.
Hamal (de), 23, 102.
Hamoir, 50, 110, 115.
Hampteau, 40.
Hardy, 160.
Ilarzé, 58, 114, 156.
Hault (de la), 79, 88.
Ilausman, 40.
Havelange, 18, 70.
Haverland, 5, 12, 13, 14, 103.
Haversiu, 3, 8.
Haxfle, 24.
Henri (comte), 20, 21.
Henri l'Aveugle, 20
Henri le Blondel, 21.
Henri VII, 21.
Hermite (Pierre 1'), 59 et suiv.
Henroteau, 66.
Herstal (Pépin d'), 56.
Henry, 109.
Hepsée (de), 24.
Heure, 3, 85, 142.
Heu ver, 35.
Heyd, 155.
Hodister, 143.
HoUebeeke, 30
Hollogne, 44, 111.
Hongrois, 51.
Hotton, 40.
Houart, 55.
Houffalize, 21, 47.
Hrotmundus, 18, 112.
Hubert, 142.
Hubert (Saint), 47. .
Hubin, 91, 142.
Huy, passim.
Izier, 64, 154.
Jacquemaert (de), 70.
Jamart, 156.
Jaspar, 40, 79.
Jemeppe, 35.
Joseph II, 112.
Josse (Golot), 63.
Jusaine, 155.
Jupille, 41.
— 171
K
Kertigny (de), 70.
Kollin, 28.
Kurth, 17.
L
Lahaye, 1, 18.
Laittres, 2, 24, 26, 28.
Lambert, 66.
Lambert (Saint), 40, 149.
Lambermont, 31.
Lamock (de la), 24, 27.
Lampceanus, 67.
Lardinoy, 23, 30.
Larmont, 15, 16, 17.
Laroche, 21, 22.
Lavacherie, 74.
Lecomte, 6, 51, etc.
Lecresse, 114.
Legrand, 44, 72.
Lemede (de). 61, 157.
Leuze (de), 20, 22, 51.
Leysin, 8.
Lhoneux, 77.
Liège, passim.
Lierneux, 17.
Lieux-dits, 9, 11, 79, 80.
Lirihet, 103.
Lipsin, 109, 114.
Lisogne (de), 23.
Lohest, 5.
Longpré, 63.
Longrée (de), 161.
Longueville, 68, 85.
Losé, 63.
Losseau, 71.
Lothaire II, 17.
Lotharingie, 17.
Louis le Débonnaire, 17.
Louis le Germanique, 17.
Louis III.
Louis XVI, 112, 114.
Louis XV, 114.
Louis XVI.
Lowendhal, 117.
Lustnau, 18.
Luxembourg, passim.
M
Maestricht, 6, 28, 40, 41, 116.
Maffe, 142.
Malempré, 46.
Malemprez, 137.
Malines (Conseil de), 66.
Malmédy, 40, 41.
Malonne, 91.
Mande-St-Etienne, 14.
Manderscheid (Evrard de), 64, 65, 67
Marche, passim.
Marchin (de), 24
Marck (de la), 22.
Marcour, 14, 40, 49, 53, 155.
Maréchal, 48, 51, 53, 55, etc.
Marenne, 102.
Marguerite (Sainte), passim.
Marie-Elisabeth, 48, 113.
Marie-Thérèse, 46, 82, 112, 113, 115.
Mariembourg, 6.
Marteau (le), jadis paroisse
d'Eneille, 116, 165.
Marteau (du), 145.
Martin, 157.
Martiny, 39, 156.
Massar, 41, 136.
Matagne, 6.
Mathei, 41.
Maubeuge, 29, 30.
Mauclet, 43 et suiv.
Maximin (Saint), 47.
— 172
Mazy, 115.
Méan, 67, 155.
Meeffe, 62.
Méhaigne, 116.
Melreux, 3, 40. 58, 110.
Mérovingiens, 16, 148.
Metz (Antoine de), 64.
Meuse, 7, 11, 28.
Michel, 55, 71.
Mineckwitz, 80.
Modave, 55,. 60.
Moges (de), 23.
Molin (de), 51.
Monceau (du), 103.
Moïiis, 113.
Mons, 11.
Mont, 28.
Montaigle, 24.
Monlaigu (Gonon de), 58.
Mont-blanc, 8.
Mont-Cassin, 17.
Monte Fiascone, 143.
Monteuville, 3, 40, 50.
Montgauthier, 27.
Molrville, 53.
Monet, 66.
Morville, 24
Mourlon, 5.
Mouton (le), 55.
Munster, 47.
N
Namur, passioi.
Namur (Conseil de), 66.
Nandren, 154.
Naomé, 80, 81.
Napoléon I^^ 81.
Nassogne, 8,
Neipperg, 115.
Neumoustier, passim.
Neuville, 62.
Nihoul, 67.
Nivelles, 71.
Noirlieu (Martin de), 90.
iNfoiseux, passim.
Ny, 1.54.
O
Oberaramergau, 149.
Ochain (d'), 20, 21.
Ocquier, 57, 86, 115, 164.
Odeigne, 17.
Ofiermans, 63.
Opont, 80.
Oppagne, 13.
Oreye, 160.
Orgeo (d'), 66.
Ortho (d'), 88.
Orval, 46, 60.
Ouffet, passim.
Ourthe, passim.
Pan (dieu), 14, 56, 148.
Pandoures, 116.
Parmentier, 85.
Patron, 71, 72.
Paul III, 63.
Peduzy, 32.
Périlleux, 67.
Perwez, 65.
Petite Noiseux, passim.
Petite Somme, passim.
Petithan, passim.
Philippe II, 112.
Philippe IV, 112.
Phisen, 64.
Pie VII, 18.
173
PieX.
Pierreux (de), 49, 67, 137, 139.
Pierrette, 67.
Piot, 28.
Pirard, passim.
Pire, 51 et suiv.
Pirlot, 161.
Pirlottin, 55.
Piron, 26, 69.
Pirotton, 55.
Polonais, 51.
Poncelet, 79, 145.
Ponsart, passim.
Ponthière, 13.
Ponthoz, 28, 115.
Ponty (de), 61.
Porcheresse, 55, 70, 80, 112.
Pouilly (de), 30, 31.
Prémont, 74 et suiv.
Prez (de), 27, 93, 114, 132.
Prié, 117.
Prusse (roi de), 113, 114.
Quirin, 55.
Q
R
RandoUet, 8, 73 et suiv.
Rasquin, 55.
Reculemont, 39.
Reims, 14.
Remacle, 136.
Remacle (Saint), 98.
Remy (Saint), 98.
Renauld, 89.
Rendeux, 40, 45, 58, 108.
Renesse (de), 23.
Reppe (de), 24.
Reul(de),57.
Rietstap, 55.
Rifflart, 150.
Riga, 17.
Rivage, 17.
Rivière, 12.
Roch (Saint), 8.
Roche fort, 28.
Rock (thier de), 15.
Roland, 18, 90.
Rome, 161.
Rondeau, 36 à 53
Rondelet, 50.
Ronchamps, 69.
Rossignon, 85, 91.
Rottembourg, 114.
Rousseau, 85,
Russon, 98.
S
Saive, 35.
Saint-Martin, 158, 159.
Saint-Omer, 143.
Saint Trond, 159.
Salm, 117.
Sambre, 11.
Samrée, 8.
Sart (du), 23.
Saulcy (de), 23.
Sauvage, 40.
Savon (Ry de), 69.
Schetz, 22.
Schmit, 91.
Senzeilles, 6.
Servais, 44, 134.
Schaepen, 41.
Schweidnitz, 28.
Scion, 53.
Scy, 154.
Seny, 161.
Seraing, 60.
Seroux, 161.
— 174 —
Sigolin (saint), 57.
Sohey, 23, 66.
Somme-Leiize, 3, 6, 36.
Soinine le temple, 136, 154.
Sourdants, 5.
Soy, U.
Spic, 74.
Spyckers, 40.
Statte, 72.
Stavelot, 17, 56.
Stiennon (de), 27, 110.
Stockem (de), 85.
Strey, 154.
Sftre (la), 18.
Terwagne, 60, 73, 157.
Thiry, 39, 74, 110, 138.
Thisus, 41.
Thyes, 51.
Thomas, 76.
Thuin. 161.
Tihon, 62.
Tilfl, 8.
Tilleur, 149.
Tinlot (de), 157,
Tixhon, 65, 66.
Tohogne, 49,57. 68, 142, 154.
Tongres, 13, 15. 56.
Toussaint, 51.
Trêves, 14, 56.
Tî'évires, 13
Trina (de), 51.
Troisfontaines, 60
Tronleux, 5.
U
Unalia, 17, 18.
Ursel (d';, 22.
Utrecht, 117.
Van Breusse, 143.
Van der Straten, 24, 81, 87
Van Eyll, 30.
Vannérus, 21, 52.
Varlet, 110.
Vaudemonl,23.
Vaux, 24, 28, 164.
Verhagen, 147.
Verbrùck, 144.
Verhouter (de), 41.
Vervy, 23.
Vescoven, 136.
Vienne, 112.
Vierset, 28, 62, 154.
Ville, 30, 67.
Villemont (Ry de), 5.
Viilers (de), 67.
Villers le Bouillet, 60, 62.
Viilers le Temple, 154.
Vinaimont, 114, 115.
Vincent, 108.
Virnembourg, 22.
Vivario(de), 27.
W
Walia (de), 159.
Waillimont, 24.
Wallay, passim.
Walyn (de), 23.
Warnant, 66.
Warny, 41, 55.
Waroux, 23.
Wastefale (de), 23.
Wattry, 83.
Wenceslas 1^\ 21.
175
Wéris, 13, 57.
Werpin, 40.
Wilmotte, 101.
Wittry (de), 24, 29.
Wurtemberg, 28.
X
Xhoce (de), 20, 23, 26.
Yernaux, 17
Ziltau, 28
Zobel, 137.
Zoude, 81.
ERRATA.
de Hespée, lisez : de Hepsée, p. 26.
Laittre, «
Classet, »
sancta, »
nascente, "
succédées, »
culturelles, »
Laittres, p. 2, 24, 26, 28.
Glausset, p. 44. note,
singula, p. 103.
natum, p. 103.
succédé, p. 140.
cultuelles, p. 144.
177 —
Table des Matières.
Sources et bibliographie
Chapitre I. Topographie. — Ghemins, hameaux et lieux-dits .
Chapitre II. Epoque préhistorique. Les silex d'Eneille.
Chapitre III. Epoque romaine, époque franque. Rlymologie .
Chapitre IV. La seigneurie d'Eneille. Les seigneurs. Les droits
seigneuriaux
Chapitre V. La Cour de Justice. Le mayeur et les échevins. Le
greffier et le sergent
Chapitre VI. La communauté Les plaids généraux Le mayeur,
les échevins, les centeniers, les sergents. — Les
charges publiques. Les revenus et les biens com-
munaux. Régime administratif. Ancienne popu-
lation : les manants d'Eneille, les notables .
Chapitre VII. La paroisse. Les origines. La Patronne. L'ancienne
division ecclésiastique. La collation de la cure et
l'abbaye de Neufmoustier. — Les curés d'Eneille.
La cure, ses revenus et ses charges. La maison
pastorale. Les vicaires-marguilliers. Les écoles
paroissiales et communales. L'église Ste-Margue-
rite. Le mobilier. La Fabrique ....
Chapitre VIII. La vie politique. Institutions civiles, judiciaires, fis-
cales. Le placet et les deux pouvoirs. Les faits
de guerre .... ...
Chapitre IX. La vie sociale. Langage. Mœurs et coutumes
Chapitre X. La vie religieuse
Epilogue
Appendice
Table onomastique
PAGES
1-2
3
11
13
"20
37
43
56
112
118
140
150
155
167
ll^i
178
PLANCHES
Vallée (le l'Ourthe devant Eneille . . . .
L'Ourthe à Eneille
Trois silex de la station néolithique du thiei' de Base.
Le Dolmen de Wéris
Le Pont et le Gué du Moulin
La ville de Durbuy
Petite Eneille. — Le château
Armes des Fabri
" Capitaine
Tombe de Henri de Brialmont et d'Anne d'Ochain .
Le Bois d'Eneille
Grande Eneille. — Vieille maison de style liégeois .
Tombeau de Pierre l'Hermite . . .
Le château de Neufmoustier .....
Le Presbytère actuel de Grande-Eneille .
Grande-Eneilie. — Le presbytère, l'église St.e-Marguei'ite et réc(
Le Porche de l'église de Grande Eneille .
Ancienne croix du cimetière encastrée dans la toui' de l'église
L'expositorium t)uvert et les anges adorateurs .
L'intérieur de l'église de Grande Eneille
» « vue prise du jubé
La Ste- Vierge
Burettes et Plateau du XVIIF siècle
La Grédence . . . . •
La Cuve baptismale .
Tète d'angle de la cuve baptismale
Le Baptistère ....
Ange adorateur du Tabernacle.
Les Fonts baptismaux
Groupe de cultivateurs
Grande Eneille. — Le Centre .
Rentrée du bois d'adouage
Les Rogations ....
île
PAGES
1
4
12
12
14
20
32
33
33
35
38
56
60
62
86
87
92
96
97
98
99
100
lUl
101
102
103
104
106
107
111
132
133
135
143
TINTIGNY
PENDANT LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE
ET SOUS
LA DOMINATION FRANÇAISE
AVANT- PROPOS
La tourmente révolutionnaire qui éclata en France en
1789 et qui ne tarda pas à s'étendre à toute l'Europe occi-
dentale, ne date guère que d'un siècle, et, cependant, le
souvenir des horreurs et des désordres qu'elle suscita dans
nos villages, particulièrement à ses débuts, y est pour
ainsi dire perdu parmi le peuple.
Quelques faits particuliers, quelque dramatique histoire
sont bien rappelés encore dans les récits bien souvent
incohérents qui se font au coin du feu pendant les longues
veillées de l'hiver ; mais ces faits, presque toujours déna-
turés par une tradition peu soucieuse d'exactitude, sont
passés du domaine de l'histoire dans celui de la légende
et ne présentent plus aujourd'hui qu'une valeur histori-
que tout à fait relative.
Il est infiniment regrettable que chaque village n'ait
point alors possédé quelque Blanchart, chroniqueur et
12
— 180 —
annaliste, qui eût enregistré jour par jour tous les faits qui
se seraient déroulés sous ses yeux dans sa localité.
Quel puissant attrait un tel journal n'offrirait-il pas
aujourd'hui ! Avec quelle avidité et quel intérêt, petits et
grands en feraient la lecture !
Mais dans le trouble profond où furent jetées nos paisibles
populations, au milieu des pillages, des massacres et des
vexations de toutes sortes qui les accablèrent, il ne vint
à personne l'idée de noter les actes odieux perpétrés jour-
nellement dans nos villages par la soldatesque étrangère et
par les agents rapaces auxquels notre malheureux pays
servit trop longtemps de proie facile et résignée.
Certes, beaucoup de personnes connaissent aujourd'hui
la suite des faits généraux qui ont marqué la domination
française dans notre pays, mais bien rares sont celles qui
possèdent l'histoire particulière de leur localité pendant
cette période.
Une véritable bonne fortune m'a mis entre les mains
toutes les pièces émanées de l'administration communale
de Tintigny, à l'occasion de ses rapports avec les envahis-
seurs, ainsi que les actes et arrêtés, correspondances, etc.,
des autorités françaises, tant militaires que civiles, pendant
la période qui s'étend depuis les premières invasions des
révolutionnaires dans notre province, jusqu'à la chute de
l'empire napoléonien et la réunion de notre pays à la
Hollande. (1)
Il m'a paru qu'il ne serait pas sans intérêt de dresser,
au moyen de ces documents, un tableau fidèle de la suite
des faits qui se sont produits à Tintigny pendant l'une
des périodes les plus mouvementées de son histoire.
A vrai dire, s'il ne s'était agi que de cette commune
exclusivement, peut-être eussé-je hésité à faire ce travail.
Mais tous les faits généraux, tous les actes administra-
tifs, toutes les réquisitions injustes et ruineuses qui mar-
(1) Toutes ces pièces reposent aux archives de l'Etat, à Arlon, et m'ont été obli-
geamment communiquées par M. l'arcliiviste Mîcliaëlis,
— 181 —
quèrent les premières années de l'invasion française, s' étant
produits en même temps et de la même façon dans tous
nos villages ; le même système de pillages, de violences et
de vexations de toutes sortes ayant sévi partout avec la
même impitoyable rigueur, chaque commune trouvera
dans ce récit l'historique de ce qui s'est passé chez elle à la
même époque et aux mêmes dates ; l'histoire de l'une sera
l'histoire de toutes les autres ; car aucune d'elles, dans le
Luxembourg méridional surtout, n'échappa aux fureurs
de l'invasion et à ses tristes suites.
Au moment où les hordes républicaines franchirent pour
la première fois les frontières du Luxembourg, Tintigny
dépendait de la seigneurie de Yillemont, dont il était le
chef-lieu. Cette ancienne et importante circonscription féo-
dale comprenait également les villages de Breuvanne et
d'Ansart, qui formaient en ce temps-là des communautés
ou mairies distinctes ; ceux de Han et de Poncelle cons-
tituaient avec Tintigny, la mairie de ce nom.
La juridiction de Villemont s'exerçait en outre sur les
communautés de Bellefontaine-Lahage et de Saint-Vin-
cent-Rawez, et s'étendait ainsi sur un territoire de plus
de 6000 hectares.
Ce riche domaine était alors possédé par la puissante
famille de Trazegnies, dont l'un des membres, le comte
Maximilien-Richard de Trazegnies, colonel pensionné de
cavalerie au service de S. M. I. et R., âgé et célibataire,
habitait le château avec une domesticité assez restreinte (1),
et y vivait retiré, taciturne et un peu farouche.
Villemont possédait la haute, la moyenne et la basse
justice. L'autorité administrative et judiciaire y était exer-
cée par un tribunal composé de quatre juges ordinaires,
inamovibles, et de plusieurs féodaux ou juges féodaux.
(1) C'étaient Barbe Changi, François et Anne Nennig, frère et sœur, originaires de
Bruges. Anne Nennig épousa Nicolas Sindic, natif de Strainchamps, et meunier au
moulin de Tintigny, lez ViUemont.
— 182 _
Ces derniers étaient des feudataires relevant des seigneurs
de Villeniont en raison des fiefs qu'ils possédaient.
L'un des juges ordinaires avait le titre d'officier de Vil-
Icinont et remplissait les fonctions de chef-juge et d'accusa-
teur ou de ministère public. Il saisissait le tribunal des
délits relevés dans l'étendue de la juridiction et poursui-
vait les accusés devant les juges.
Les juges ordinaires siégeaient en permanence et
jugaient les affaires de peu d'importance. Les féodaux
étaient convoqués pour les causes criminelles et celles
impliquant u chastoy corporel, mort, fustigation, mutilation
de membre ou bannissement. )>
Une autre institution remarquable fonctionnait parallè-
lement à la justice seigneuriale ; c'était le corps des
masuyers ou justice des masuyers.
De même que le collège municipal régissant les commu-
nautés d'habitants, cette institution comprenait un maïeur,
un lieutemmi maïeur, cinq échevins, un clerc-juré ou greffier
et un sergent.
La justice des masuyers avait pour mission de veiller,
dans chacun des villages de la seigneurie, aux intérêts
du maître, de dénoncer ou réprimer les infractions et délits
qui étaient de nature à porter atteinte à ses droits.
Dans le temps où la Révolution commençait à jeter le
trouble dans nos villages, c'est-à-dire en l'année 1793, le
tribunal de Villemont était ainsi composé :
Adrien Goffinet, officier, chef-juge, notaire, procureur
et haut mayeur de la seigneurie, né aux Bulles, le 10 jan-
vier 1763, demeurant à Tintigny ;
Jacques Hénoumont, facteur du fourneau de Rawez ;
J. B. de Prouvy, seigneur en partie du Ménil, y résidant ;
Joseph Magnette, d'Etalle ;
Henri-Philippe Henry, greffier et receveur de la sei-
gneurie, demeurant à Tintigny ;
— 183 —
Philippe Rossignon, sergent d'office, aussi de Tin-
tigny.
Ce tribunal continua à fonctionner, au moins jusque
dans le courant de l'année 1794, comme en témoignent
quelques causes assez curieuses qui y furent encore jugées
dans les premiers mois de cette année.
L'anarchie marque ensuite la transition entre cette épo-
que et l'établissement des justices de paix, au mois
d'août 1795.
*
* *
Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l'Autri-
che, qui venait de lancer V ultimatum devenu désormais
historique.
Le plan de campagne, élaboré par Dumouriez, avait pour
base cette vue dominante: «La France ne doit s'acharner
« politiquement qu'à un seul ennemi, qu'à l'Autriche, pour
« lui ravir les Pays-Bas, remplis de mécontents et à la por-
« tée de la France, conquête qui, ajoutant à ses forces mo-
« raies et matérielles, formera ainsi le premier nœud de
« l'alliance des peuples contre les rois. »
Les hostilités commencent au mois d'août ; les Prussiens
sont les premiers soldats que voient nos villages. Quoique
alliés de V Autriche, ils y commettent, en passant pour
aller porter la guerre en France, force déprédations de
toutes sortes. Le 14 août ils s'emparent de Longwy ; ils
bombardent ensuite Verdun qui capitule, mais vont se
faire battre par Dumouriez, à Valmy, le 20 septembre.
Après cette défaite, ils rebroussent chemin pour rentrer en
Allemagne. Ils repassent, en majeure partie, par le Luxem-
bourg, et semblent vouloir s'y venger, sur de paisibles
populations, de leur récente défaite.
« Ils y ont marché, disent les Etats dans leurs rapports,
« plutôt en ennemis qu'en alliés, sans ordre ni disciphne,
« pillant et enlevant aux habitants tous les meubles, bé-
« tail et vivres qu'ils ont pu trouver et emporter.
— 181 —
« ]\Iais une dévastation plus générale et plus cruelle
u encore était réservée à la fureur des factieux français ;
u ils ont commencé à l'exercer dans tous les districts des
u frontières de la partie méridionale de cette province, où
' ils ont pillé tout ce que les habitants possédaient en
u meubles et elTets, et ceux qu'ils n'ont pu enlever, ils les
« ont fracassés, de même que les portes et fenêtres des mai-
ce sons, ainsi que d'autres parties d'une destruction aisée
« et de peu de durée, ce qu'ils n'ont pas exécuté sans faire
« soulTrir aux pauvres habitants qui tombaient sous leurs
a mains, les outrages les plus inhumains. »
Tel sera l'état déplorable des cantons méridionaux du
Luxembourg pendant les années 1793 et 1794, jusqu'à ce
qu'enfin, la bataille de Fleurus, gagnée par les Français
le 26 juin 1794, plaçant définitivement notre pays sous leur
domination, ils y établiront un semblant d'administration
régulière, qui ramènera un peu d'ordre et de tranquillité
parmi les malheureuses populations traquées sans pitié et
ruinées sans merci durant ces deux cruelles années.
Comme au cours des siècles précédents, la partie de
notre province la plus voisine de la France fut encore
cette fois-ci la principale victime d'une lutte implacable et
acharnée entre les deux pays. L'été de 1792 vit les premières
violations d.e notre territoire par les hordes révolutionnai-
res, surgissant depuis lors sans cesse et à l'improviste,
souvent la nuit, des forteresses assises sur notre frontière,
Longwy, Montmédy, Sedan.
Des troupes de pillards avides de désordres et de vio-
lences, les accompagnent et se livrent aux pires excès,
volant, incendiant et massacrant tout sur leur passage.
L'anarchie est complète, il n'y a plus d'autorité. A l'appro-
che de ces nouveaux Vandales, les habitants éperdus,
affolés, fuient au plus profond des bois, entraînant avec eux
leurs troupeaux et emportant ce qu'ils ont de plus précieux.
Ils s'y tiennent cachés aussi longtemps qu'est signalée la
présence de leurs inhumains ennemis, et ils ne rentrent
dans leurs demeures dévastées que pour les fuir bientôt
encore.
— 185 —
Des engagements continuels ont lieu entre les troupes
autrichiennes venant de la direction d'Orval et de la wSoye,
harcelées sans reJâche par les sans-culottes que la victoire,
par une sorte d'amère dérision, favorise presque continuel-
lement. A leur arrivée dans les vihages, ils les trouvent dé-
serts ; ils pillent, détruisent et incendient à plaisir ; ensuite,
pareils à un torrent dévastateur, ils s'avancent plus loin en
poursuivant leurs cruelles et odieuses dévastations.
Il m'a paru utile, pour l'intelligence de ce qui va suivre,
de donner d'abord, en manière de préface, les quelques
indications préliminaires qui précèdent.
Cela dit, j'aborde sans autre préambule, ce qui doit faire
l'objet de cette notice, c'est-à-dire l'histoire de Tintigny
pendant la période révolutionnaire et sous la domination
française.
J'en retracerai les diverses péripéties sous forme de jour-
nal ; c'est celle qui me paraît le mieux appropriée à cette
matière, parce qu'elle offre l'avantage de pouvoir présenter
dans l'ordre le plus logique, la succession des faits qui se
sont déroulés dans nos villages pendant la période de
vingt années que dura le régime français, successivement
anarchique, républicain et monarchique.
Je rapporterai d'abord quelques faits locaux qui se
sont produits pendant les années de la période révolution-
naire antérieure à 1794, époque à laquelle prennent cours
les documents qu'il m'a été donné de consulter.
— 186 —
1789
Lorsque la Révolution éclate en France, tout est en état normal, et la
(laix rèi^no à Tintii^ny, sous l'adminislraLion seigneuriale et assez débonnaire
(le Villenionl.
L'agriculture est l'occupation principale de la population. Tous les pou-
voirs fraternisent. Le maire est Gérard Drême et son lieutenant, Henri
Hésibois. La paroisse a pour curé J.-H.-J. Duchemin, natif de Nadrin
(Wibrin), en fonctions depuis 1770 ; il est secondé par un vicaire, Nicolas
Simon, déjà mentionné comme occupant cette charge en 1749.
L'instruction primaire y est donnée par un instituteur, Henri-Joseph
Guillaume.
Le bénéfice de Saint-Michel, en la chapelle seigneuriale, à côté du chœur de
l'église, fondé en partie par noble dame Bonne d'Ongnies, dame de Ville-
mont, en 1608, et en partie par noble dame Anne-François de Mérode, com-
tesse de Lannoy et dame de Villemont, en 1691, est détenu par Jacques
Bonnerue, natif de Tintigny, prêtre curé de Rouvroy et définiteur du décanat
rural de Longuyon ; un autre bénéfice, celui de l'autel Ste-Anne, a pour
titulaire l'abbé F.-J. Lepeucq.
Sont mentionnés encore en 1789 :
Sire Charles GolTin, prêtre de Tintigny, où il était né, dit l'auteur de
V Histoire de Sainte-Marie, en 1761. Un peu plus tard, il est vicaire à Etalle,
et, en 1805, curé à Ste-Marie. Il prit sa retraite en 1829, et se retira dans sa
famille, à Tintigny, où il mourut le 16 juillet 1834.
Le sieur Pierre Boly, demeurant à Tintigny, est chirurgien-juré de la
Seigneurie de Villemont.
Le 30 mars, mourut Joseph Rossignon, prêtre, natif de Tintigny, y rési-
dant, ex-jésuite.
Le 28 mai, naissance de Anne- Joséphine- Juhe, fille de Adrien Gcffinet,
notaire et officier de la seigneurie de Villemont, et de Marie-Bernardine
Tinant, son épouse, demeurant ensemble à Tintigny.
1790
Le 17 août, décès à Tintigny, du sieur Henri Henry, officier de la sei-
gneurie du Ménil et juge en plusieurs seigneuries.
Le 25 octobre, naissance à Breuvanne de Eléonore-Henriette Josèphe,
fille de Jean-Baptiste de Prouvy, écuyer, ancien officier au service de S. M.
I. et R., et de M°ie Louise Martine de Saintignon, résidant ensemble au dit
Breuvanne. Parr. : Claude-Nicolas de Prouw, officier au service de France,
— 187 —
représenté par Henri Lambert-Joseph de Prouvy, résidant à Breuvanne ;
marr. : M°ie Catherine-Marguerite- Victoire de Jacque, dite Rosière, demeu-
rant à Tintigny.
Le 16 décembre, naissance à Tintigny, de Henri-Phihppe, fils de Jean-
François Guillaume, avocat, et de Marie- Jeannne Mahillon. Parr. : Henri-
Philippe Henry, greffier et receveur de la seigneurie de Villemont.
Le 29 décembre, décès à Tintigny, de sire Nicolas Simon, prêtre-vicaire de
la paroisse.
1791
Le 12 février, naissance de Philippe, fils légitime de Henri-Philippe Henry,
greffier et receveur de la seigneurie de Villemont.
Le 22 février, naissance de Jean-Baptiste-Charles-Chrétien, fils du sieur
Adrien Goffînet, notaire et officier de Villemont.
Le curé Duchemin écrit le 6 septembre : il m'a été produit une lettre
signée de M. le comte de Clauwez, lieutenant-colonel au service de S.
M. L et R., datée du camp de Brahorva, en Servie, du 7 juin 1790, qui
annonce à M^e d'Avelaing, résidant à Bellefontaine, la mort de l'un de ses
fils, qu'elle m'a dit être Charles d'Avelaing, enseigne (1) dans ce régiment.
En cette année 1791, les habitants d'Ansart se trouvèrent dans l'obliga-
tion, par ordre de « Messieurs les Députés des Etats de la province », de
construire un nouveau chemin allant d'Ansart à Tintigny et suivant une
nouvelle direction tracée par un piqueur (2) désigné à cette fin, par le Con-
seil provincial.
L'ancien chemin, la voie toute primitive reliant les deux villages, parvenait
au lieu de Gravière par un long détour. Cet ancien chemin est figuré aujour-
d'hui par une prairie demi-circulaire, longue de plusieurs centaines de mètres
et d'une largeur moyenne seulement d'une vingtaine, commençant à l'entrée
du village d'Ansart et aboutissant k Gravière. La route actuelle, construite en
ligne droite, représente à peu près le diamètre ou la corde du demi-cercle
que forme cette prairie, et a réduit par conséquent d'un tiers environ la
distance d'Ansart à Gravière. En ce dernier endroit prenait naissance un
bras de dérivation de la Semois, se dirigeant en hgne droite, cà travers les
prairies, jusqu'en amont de Breuvanne. Le lit de cette sorte de canal est
encore parfaitement visible sur toute son étendue, de Gravière à Breuvanne.
Un pont était donc indispensable à l'endroit où le chemin d'Ansart à Tinti-
gny franchissait ce bras de la Semois, et il y en existait alors un en bois,
appelé le pont de Gravière, nom ^"^lequel ce lieu dit est encore parfois dési-
gné aujourd'hui.
(1) Degré de la hiérarchie militaire correspondant au grade moderne de sous-
lieutenant.
(2) Adjoint à un conducteur des ponts et chaussées.
— 188 _
.le rapporterai ici, à titre (locumeiilaire, les principaux points de la coii-
venlioii inlerveiuie entre la comniunaulé d'Ansart et les entrepreneurs de
la route ; elle renferme des données très-curieuses sur les procédés de cons-
truction des chemins vicinaux employés à cette époque, sur le temps que
l'on y consacrait, et aussi parce qu'elle précise les nombreux changements
opérés depuis lors dans la configuration des lieux, entre Ansart etTintigny.
Cette pièce débutait de la manière suivante :
« Cejourd'hui, vingt trois novembre mil sept cent quatre-vingt et onze,
par devant moi (1) notaire royal de la résidence de Tintigny soussigné, et
en présence sont comparus les communs habitants de
la mairie d'Ansart dûment convoqués et vinagèrement assemblés au lieu
et de la manière ordinaire et accoutumée, lesquels ont dit que par ordre de
Messieurs les Députés des Etats de cette prrvince, ils seraient chargés de la
construction d'un nouveau chemin allant d'Ansart à Tintigny et passant
par une nouvelle direction leur désignée par le piqueur Mangin de. Luxem-
bourg, contenant trois cent-cinquante toises environ, c'tst-à-diie depuis la
levée qui aboutit au pont de Gravière jusqu'au piquet qui se trouve planté
vis-à-vis la maison de ferme du sieur de Jacque de Tintigny et où réside le
nommé George Henry »
Après quelques détails sur les préliminaires qui ont abouti à la résolution
prise par les Etats, les formalités d'affichage et d'adjudication, le document
continue ainsi :
« S'ils avaient été obligés d'agréer le prix de l'adjudication, ils auraient
dû payer quarante-huit sols de chaque toise ; mais comme au moyen de ce
nouveau chemin, l'ancien qui faisait le tour au Bie (2) devient inutile ; ils
ont résolu de céder ledit ancien chemin aux entrepreneurs, ainsi que le che-
min des morts,' qui devient aussi inutile ; ce qui a été accepté par Vincent
Rion de Tintigny, Jacques Iker et Henri- Joseph Halbardier, du dit Ansart,
ici présents et acceptant, savoir qu'ils se chargent et s'obligent à cons-
truire le nouveau chemin, à commencer jusqu'à , de la
largeur de trente-deux pieds de Saint-Lambert, avec deux fossés aux côtés,
de la largeur de chacun quatre pieds, en diminuant dans le fond ; qu'ils élève-
ront ce chemin à la hauteur des piquets qui ont été plantés par le piqueur
Hulsier, qu'ils chargeront le dit chemin de bons graviers à la largeur de
seize pieds et à la hauteur (épaisseur) de dix-huit pouces dans le milieu du
chemin et de neuf pouces sur les côtés ; qu'ils feront et construiront deux
murs en chaux et sur iceux poseront un pont en bois au lieu dit au pont de
Gravière, et ce, à la hauteur de l'ancienne chaussée qui aboutit au dit pont,
duquel ils répondront pendant une année ; que les dits acceptants rendront
le dit chemin parfait et recevable au gré de l'ofTicier de la seigneurie de
(1) Adrien Gofflnet.
(2) Lieu dit situé sur la rive droite de la Rulles et de la Semois, vers leur confluent,
et où il n'y a que des prairies. Doit ce nom au voisinage des deux cours d'eau.
— 189 —
Villemont, et ce au plus tard dans trois années (!) c'est-à-dire un tiers du dit
chemin cliaque année.
(( Pour et en contre change de quoi que les dits entrepreneurs
indemniseront les particuliers sur les héritages desquels le dit nouveau
chemin aura sa direction, et qu'ils rendront à la dite communauté un louis
d'or neuf ; et parmi aussi que les dits entrepreneurs laisseront un passage
libre par l'ancien chemin, du côté d'Ansart, tant pour la sortie des foins des
prairies situées au lieu dit au Bie que pour le pâturage du bétail des parti-
culiers propriétaires des dites prairies, et qu'après le quinze octobre de
chaque année, ils laisseront le dit ancien chemin au vain pâturage, sans
pouvoir préteiidre aucune indemnité ; conditionné ainsi que les dits che-
mins ; conditionné encore que la communauté fournira aux
entrepreneurs tous les bois nécessaires pour la construction du nouveau pont
de Graviére, parmi cependant qu'on emploiera avant tout les bois du vieux
pont de Graviére, et malgré qu'il soit dit ci-devant Consentant les
parties à la réalisation des présentes.
« Ainsi fait et passé au dit Ansart en présence de Henri Joseph et Nicolas
Renauld, tous deux jeunes hommes résidant au dit lieu, qui comme té-
moins à ce requis, ont signé avec les comparants et moi notaire, lecture
faite.
'( Sont signés : Jean- Joseph Gardien, centenier ; Joseph Renauld,
maire ; Jean - Nicolas, échevin ; Jacques Harquin ; Jean - Nicolas
Renauld ; Guillaume Iker ; la marque de Nicolas Debray ; Alexandre
Magin ; Jean-Joseph Tinturier ; Jean Nicolas, le jeune ; la marque de
Joseph Halbardier ; N. Rion ; H.-J. Halbardier, avec paraphe ; J. Iker,
Henri-Joseph Renauld ; Nicolas Renauld, et A. Goffînet, notaire, avec
trait de plume.
Suit la réalisation.
« Soit réalisé. Tintigny, le 2 décembre 1791.
« Était signé : A. Goffînet, avec traits de plume. »
Cette route, de si minime étendue, subit de nombreuses vicissitudes
pendant le long temps que dura sa construction ; la réception définitive
n'en fut faite que dix-huit ans plus tard, en 1809 !
1792
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Avril. — Premières hostilités. Deux divisions françaises pénètrent
dans le Hainaut et s'avancent vers Mons et Tournai. Echec complet. *
24 août. — Bataille de Valmy. Défaite des Prussiens.
— l^^O —
Septembre. — Dumouricz s'avance contre les Pays-Bas autrichiens à
la lèle (le Vannée de BcUjunu', de Valenciennes sur Mons, étant appuyé :
à droite par l'année des Ardennes, de Givet sur Naraur, et à gauche, par
l'iuinée du Xord, de Lille sur Tournay.
Le due de Saxe-Teschen el deux généraux belges, Clerfayt et Reaulieu
défendent nos provinces.
(). novembre. — Ils sont battus à Jemappes, et en moins d'un mois, les
iM'ançais conquièrent la Belgique entière et forcent les Autrichiens à se
retirer jusque derrière la Hoer.
ÉPHÉMÉRIDES ADMINISTRATIVES.
20 SEPTEMBRE. — ' La Couvention nationale succède à l'Assemblée
législative.
V'^ séance : al^olition de la royauté, proclamation de la République.
15 déeemhre. — La Convention adopte un décret prescrivant aux géné-
raux de gouverner militairement le pays conquis, de dissoudre toutes les
anciennes autorités, de mettre sous le séquestre les biens des nobles, des
églises et des communautés.
Des agents de la Convention se partagent notre pays et forcent les habi-
tants à coups de sabre et de fusil, de demander leur agrégation à la Répu-
blique française ; le pays entier est mis au pillage.
FAITS LOCAUX.
21 avril. — Décès de Pierre Boày, chirurgien-juré de la seigneurie de
Villemont. ~
9 mai. — Naissance de Louis-Constant Désiré, fils du sieur Adrien
Goffmet, officier de la seigneurie de Villemont, notaire et procureur, et
de Marie-Louise-Bernardine Tinant, résidant à Tintigny.
— Mauvaises récoltes.
1793
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Première coalition contre la France : Angleterre, Espagne, Empire ger-
manique, Rome et Naples.
Les ennemis se pressent aux Alpes, aux Pyrénées, en Belgique et sur le
Rhin. La Convention décrète une levée de .300.000 hommes.
18 mars. — Dumouriez est battu à Neerwinden. Evacuation de la
Belgique.
— 191 —
La Convention décrète une levée en masse du peuple.
Bientôt les Français reprennent partout l'ofTensive; combats devant
Arlon les 7 et 9 juin ; les républicains sont victorieux, s'emparent de la
ville et en chassent les Autrichiens.
ÉPHÉMÉRIDES ADMINISTRATIVES.
10 mars-29 oclobre. — Le 10 mars, la Convention établit un tribunal
criminel qui, le 29 octobre, prend le nom de tribunal révolutionnaire,
d'odieuse et sanglante mémoire.
28 avril. — L'archiduc Charles d'Autriche, nommé capitaine général
de la Belgique, prend possession.
FAITS LOCAUX.
Les registres paroissiaux mentionnent en cette année :
24 janvier. — Décès de sire Louis-François de Lamock, ci-devant curé
d'Allamont, en France, et résidant depuis plusieurs mois à Tintigny.
14 mai. — Naissance de Marie-Françoise, fille de Henri-Philippe Henry,
greffier et receveur de la seigneurie de Villemont, et de Jeanne Gobert,
résidant à Tintigny.
A diverses dates :
— Le sieur François-Joel du Houx, baron de Crèvecœur, résidant à
Breuvanne.
— Nicolas-Louis, écrivain, résidant à Tintigny.
— Sire François Louis Clesse, prêtre, né et résidant à Tintigny ; vicaire de
cette paroisse (1791-1801), puis desservant (1801-1810). Transféré à cette
date à la cure de Rossignol ; y décédé le 10 juillet 1841.
— Henri-Joseph Guillaume, maître d'école à Tintigny (1789-1796).
— Guillaume Hubert, de Tintigny, sergent d'office de la seigneurie de
Villemont.
*
* *
Avec cette année s'ouvre, pour les populations riveraines de la Vire, du
Ton et de la Semois, une des périodes les plus désastreuses de leur histoire.
C'est, en effet, par les vallées de ces trois rivières que vont s'acheminer,
pour se précipiter vers l'Allemagne, les hordes indisciplinées des sans-culot-
tes, arrivant de France à flots pressés et qui, pareils à un ouragan dévasta-
teur, sèmeront partout sur leur passage, la ruine, la désolation et même
la mort.
Des bandes de soudards, ivres de butin et de sang, se ruent sur les cantons
méridionaux de notre province, parce que celle-ci appartient à l'Autriche ;
ils s'y vengent à usure, avec rage et barbarie, sur des populations sans
— 102 —
délensc ni défenseur, de la déroute que leurs armes viennent d'essuyer à
Neerwinden.Toul fuit devant leur fureurdévastatrice,et les hordes de pillards
et de malandrins qui les suivent aehèvent la ruine des villages abandonnés.
Les habitants épouvantés se sont précipités vers les bois, dont la profondeur
et l'élendue ne leur fournissent même pas une retraite assurée contre les
poursuites de leurs cruels ennemis.
Cependant, le 23 juin, entre deux alertes, les pauvres habitants de Tinti-
gny sont revenus à leurs demeures dévastées. Vers le milieu de la journée,
des portes s'entr'ouvrent craintivement, et l'on entend se répéter, de maison
à maison, de rue à rue, ces mots sinistres : « Ourvaux brûle ! Ourvaux
brûle ! «
Orval, la puissante abbaye, livrée aux flammes par ces scélérats ! Est-ce
Dieu possible ! Rien n'est donc plus en sûreté? C'est bien l'abomination de
la désolation! Ah ! fuyons de nouveau Et de nouveau la foule se pré-
cipite vers les bois.
Et la lugubre année 1793 s'écoule ainsi tout entière dans les plus cruelles
alarmes.
1794
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
16 et 17 avril. — Nouvelles rencontres des Autrichiens et des Français
près d'Arlon. Ces derniers sont victorieux. Retraite des Autrichiens.
30 auril. — Dans la nuit du 30 avril, les Autrichiens exécutent un retour
offensif. Ils reprennent Arlon, chassent et poursuivent les Français jusque
sous les glacis "de Longwy.
27 juin. — Victoire des Français à Fleurus. Les anglo-hollandais se
retirent dans les Provinces-Unies et les impériaux repassent le Rhin.
ÉPHÉMÉRIDES ADMINISTRATIVES.
La Terreur : mai-août-septembre 1793 a» 9 thermidor an II (27 juillet
1794). —
FAITS LOCAUX.
20 janvier. — Naissance de Anne-Barbe-Louise-Sophie, fille de sieur
Adrien Goffinet, officier de la seigneurie de Villemont, notaire et procureur,
et de Marie-Louise-Bernardine Tinant, résidants à Tintigny.
30 mars. — A huit heures du matin est décédé à Tintigny, muni du
sacrement de l'extrème-onction, n'ayant pu, à cause du délire, recevoir le
Saint-Viatique, Monsieur Maximilien, comte de Trazegnies, seigneur de
Villemont, colonel pensionné de cavalerie au service de Sa Maj. Imp. et
Royale, et le lendemain son corps a été inhumé dans le cimetière de
Tintigny.
— 193 —
1er décembre. — Naissance à Tintigny, de Marie-Magdeleine-Antoinette,
fille du sieur Benoît-Emmanuel Foncin, mayeur royal de la ville de Virton
et juge assesseur des prévôtés de Virton et Saint-Mard, et de D^i^ Marie-
Magdeleine Antoinette Rossignon, résidant temporairement à Tintigny.
— Jacques Houlmont, cloutier, centenier (1) actuel de Tintigny. Le 8
floréal an V (27 avril 1797) adjoint municipal de la commune, décédé
le 2 mai 1806.
*
* *
L'année 1794 ne s'ouvre pas sous de meilleures auspices pour nos villa-
ges. Rien n'arrête plus la fureur des soudards de la République. Les exac-
tions, les violences et les meurtres perpétrés contre d'inoffensifs campa-
gnards, se multiplient, c'est le règne de la Terreur.
Les pauvres paysans réfugiés dans les bois, n'y sont pas à l'abri des balles
de ces forcenés qui les traquent jusque dans leurs retraites et les abattent
à coups de fusil, comme de vulgaires animaux, sans distinction d'âge ni de
sexe. Je vais bientôt en fournir la preuve.
Cependant, la justice seigneuriale de Villemont, bien chancelante, sans
doute, fonctionne encore, mais des ferments d'insubordination et d'irrespect
envers cette vieille institution s'étaient déjà glissés, au contact des idées
nouvelles, parmi certains éléments des populations villageoises.
11 janvier. — • Des patrouilles de nuit avaient été ordonnées dans toutes
les localités, par les autorités militaires autrichiennes (2). Le 11 janvier,
l'officier delà seigneurie, Adrien Goffinet, porte plainte, par devant les juges
ordinaires, contre un certain nombre de bourgeois récalcitrants. Chargé,
dit-il et pressé par le pouvoir militaire de faire exactement la garde et
patrouille et de poursuivre tous ceux qui se trouveraient en défaut d'ac-
comphr leurs obligations à cet égard, il a reçu rapport que le 9 du dit mois
de janvier, Henri- Joseph Halbardier, Jean-Delimes, Jean- Joseph Tinturier
et J. B. Nicolas, et, le 8, Henri-Joseph Didrige, Jean Renaud, Jean-Pierre
Louche et François Richard, tous du village d'Ansart, ont été trouvés en
défaut de faire, aux dits jours, les gardes et patrouilles qui leur avaient été
commandées ; il conclut, à charge des quatre premiers, à une amende de dix
écus, et à pareille à charge des quatre autres, le tout conformément à l'art.
14 de l'ordonnance du 26 juillet 1749.
L'officier demande en outre que Halbardier soit condamné à une
amende supplémentaire de 20 florins d'or, pour les insultes qu'il vient
de se permettre à l'égard du dit officier, en proférant à cette audience, les
mots de f..., jurant et disant qu'il se f... de lui, et ne cessant de l'injurier.
(1) Le centenier tirait le centième denier de la recette communale, et 40 sols par
journée nécessaire de vacation. — Connu. lux., III, 27.
(2) Voir à ce sujet la lettre adressée à « Messieurs du Magistrat de Virton par le
lieutenant Traguern des Chevaux Légers de Lempr. « — Corn. licx. III, 86.
— 194 —
Les autres accusés allèguent pour leur justification que s'ils ont été
en retard de faire la garde et de patrouiller, c'est à cause du grand froid
et parce qu'il n'y avait pas de bois au corps de garde ; ils promettent de
se rendre (U)rénavant au dit corps de garde, se soumettant au surplus à
ce qu'il |)laira à la cour de statuer.
Tenanl compte de leurs explications et de leur soumission, la cour
absout les prévenus avec « défense de plus récidiver. »
A l'égard de llalbardier qui, dans cette assemblée, « vient de tenir des
proposles plus injurieux à l'égard de l'ofTicier plaignant et même de la cour,
les juges assesseurs au siège de Villemont, ordonnent à l'ajourné de con-
venir ou disconvenir catégoriquement des injures dont plainte, le condam-
nent aux droits du premier rapport et mandent au premier sergent
requis de mettre la présente à exécution. »
Fait à Tintigny, le 24 janvier 1794. «
Signé : J.-B. de Prouvy, J. Magnette, Rossignon, Hénoumont, H. -P.
Henry.
29 mars. — Une autre affaire non moins curieuse au point de vue de la
législation qui régissait à cette époque l'ouverture et la tenue des débits
de boissons, fut soumis au jugement de la même cour dans sa séance du
29 mars.
L'oflicier de la seigneurie y portait plainte à charge d'un nommé
André Deheke, résidant depuis peu de temps à Tintigny, et qui s'y
était établi sans « avoir produit au plaignant aucun certificat de ses vie
et mœurs de la justice de son dernier domicile. »
Deheke était en outre inculpé de « s'être permis de tenir cabaret et
caifé au dit Tintigny sans avoir obtenu la permission de l'officier plai-
gnant, ce qu'il ne pouvait cependant faire qu'après une permission écrite,
conformément à l'art. 5 de l'ordonnance du 25 juin 1765. »
Non content d'avoir manqué aux prescriptions du dit article, le pré-
venu, au grand scandale du public, et au mépris des ordonnances, rece-
vait chez lui des personnes relevant de la juridiction de Villemont, non
seulement les jours de dimanche pendant les offices divins, mais aussi la
nuit après les heures de retraite, « leur distribuant eau-de-vie et cafïé. «
Pour tous ces faits, le plaignant requiert contre l'accusé sa condamna-
tion à une amende de 20 florins et aux dépens, avec défense de tenir
cabaret à l'avenir, « à peine plus grièfe. »
« Ouï le requérant et faisant droit à ses conclusions, la cour condamne
Deheke à l'amende de 20 florins, conformément à l'ordonnance précitée. »
Ce même 29 mars encore, la cour statuant sur une autre plainte, con-
damne J.-B. Drème à une amende de deux florins d'or et aux dépens,
pour avoir maltraité un domestique de J.-B. Flamion, meunier de Lahage
« de paroles el d'un coup de pied ».
— 195 —
Comme on le voit, les humbles eux-mêmes trouvaient protection auprès
de la vieille justice seigneuriale. Mais elle était expirante, et ce furent là
les dernières causes traduites devant les juges de Villemont.
30 mars. — Le lendemain 30 mars, le dernier représentant du régime
féodal dans ce puissant domaine, le comte Maximilien de Trazegnies,
qui s'était enfui du château, mourait à Tintigny, chez son receveur,
H. -P. Henry, greffier de la seigneurie.
L'agitation croissait de toutes parts, et les violences contre la propriété
et contre les personnes se multipliaient. A la fm les campagnards exas-
pérés, songèrent à résister. Dans plusieurs cantons, des corps de volon-
taires furent rapidement constitués et armés pour défendre contre les
envahisseurs leurs familles et leurs biens.
Leurs efforts et leur pèsM%tiee furent surtout dirigés vers la région de
Virton, qui était la plus cruellement éprouvée. Les volontaires s'y con-
centrèrent, et la seigneurie de Villemont fournit son contingent. Le 19
février, 44 hommes de Bellefontaine, de Lahage et des environs arri-
vaient à Virton dès le matin, et l'on procédait aussitôt à la bénédiction
des armes.
Tous ces hommes n'étaient rien moins que des soldats ; aussi, n'est-
ce qu'une guerre de guérillas que tentèrent les chouans luxembourgeois,
s'abritant surtout dans les bois, y faisant le coup de feu à chaque occasion
favorable, mais provoquant par là même, de terribles représailles contre
les villages et contre ceux qui ne les avaient pas abandonnés.
16 avril. — Pour tâcher de mettre fin à ces escarmouches continuelles
et souvent meurtrières, le commandant de Montmédy fit sommer tous les
villages, depuis la Chiers jusqu'à la Semois, d'avoir à livrer sans aucun
délai, la totalité de leurs armes, quelles qu'elles fussent, sous peine d'in-
cendie et d'exécution sommaire.
On savait déjà de quoi les sans-culottes étaient capables, aussi s'em-
pressa-t-on de satisfaire à ce menaçant ultimatum ; mais les volontaires
cachés dans les bois détenaient presque tous les fusils. Les Français s'en
irritèrent.
«Le mercredi saint, 16 avril 1794, une colonne de brigands, dit l'abbéWelter,
« ayant à sa tête le sanguinaire Debaune, commandant de Montmédy^ ci-de-
« vant menuisier à Thonne-les-Prés, attaqua vers midi le piquet autrichien
« de la Grange au-Bois, et les volontaires armés de Virton et des endroits
« voisins. Ceux-ci cédèrent devant le nombre après avoir combattu toute
« la journée. Outrés d'une résistance opiniâtre, les Français entrèrent le soir
« à Belmont et Ethe avec l'artillerie, et incendièrent les deux villages la nuit
« du jeudi-saint. Ce jour-là, ils brûlèrent encore le château de Laclaireau,
« appartenant au général de Briey, et tous les édifices en dépendant. »
13
— 196 _
17 avril. — Le château de Lalour, avec neuf maisons, subit le même sort
le 17 avril. »
L'abbé Welter ajoute que les personnes de sa paroisse qui tombèrent
au pouvoir de l'ennemi furent massacrés de la -manière la plus barbare.
UNE PAGE SANGLANTE.
31 mai. — Ces représailles cruelles s'exerçaient de tous côtés, et le 31
mai fut un jour de terreur et de deuil pour la paroisse de Tintigny. La
chasse à l'homme y fut organisée, et, en ce jour printanier, au moment où la
nature paraît les bois de ses plus riches décors, la sauvagerie des soldats
républicains les rougissait du sang de nombreuses et innocentes victimes.
Le curé Duchemin qui, malgré la dureté des temps, continuait à inscrire
régulièrement les naissances, les mariages et les décès de ses paroissiens,
enregistre de la manière suivante la sanglante hécatombe du 31 mai :
« Le 31 mai, a été tué par les Français, Jean-Louis Orban de Lahage(l),
manouvricr ; son corps a été trouvé au lieu dit : « le Chemin des bœufs »,
entre Bellefontaine et le bois, et le lendemain il a été enterré dans le cime-
tière de Tintigny. »
« Le 31 mai a été tué par les troupes françaises, Jean Lambillon de
Lahage, manouvrier, et le lendemain, etc. »
« Le 31 mai a été tué par les troupes françaises, Guillaume Rion de
Saint-Vincent, garçon ; son corps a été trouvé au lieu dit « la Grand' route », et
le lendemain, etc. »
« Le 31 mai 1794, a été tué par les troupes françaises, près du village de
Poncel, Jean,-François André, garçon, et le surlendemain, etc. »
« Le 31 mai, a été tué près du village de Poncel, par les troupes françaises,
Nicolas Hubert, du dit Poncel, pâtre. »
« Le 31 mai a été tué par les troupes françaises, au lieu dit le haut des
Minières, dans le bois, Jacques Clesse, de Bellefontaine, laboureur, et le
surlendemain, il a été enterré dans le cimetière de Tintigny. »
« Le 31 mai a été tué par les troupes françaises, à l'entrée du bois, du
côté de Bellefontaine, Jean-Nicolas Courtois, du dit Bellefontaine, garçon
et le surlendemain, etc. »
« Le 31 mai a été tué par les troupes françaises, vers l'entrée du bois, du
côté de Bellefontaine, Claude Rampel, du dit Bellefontaine, manouvrier,
et le surlendemain, etc. »
(1) A cette époque, Lahage, Bellefontaine et St-Vincent appartenaient encore à la
circonscription pai'oissiale de Tintigny.
— 197 —
« Le. 31 mai, a été tué par les troupes françaises, Pierre Copin, résidant à
Bellefontaine, autrefois hermite de la petite Cranière ; son corps a été trouvé
au-dessus de la Blanche fontaine, dans le bois de Tintigny, le 5 juin et le même
jour, il a été enterré, etc. »
a Le 31 mai, a été tuée à l'entrée du bois de Tintigny, par les troupes fran-
çaises, Marguerite Hubert, de Tintigny, son corps a été trouvé seulement le
9 juin suivant et a été enterré le même jour dans le cimetière de Tintigny. >>
*
* *
On voit, par ces extraits, que la battue avait été générale ce jour-là dans
la seigneurie de Villemont ; on traquait et on tuait de tous les côtés à la fois
les pauvres habitants. Les sans-culottes se vengeaient ainsi, sur des gens sans
défense, de la défaite qu'ils venaient de subir, à Arlon, le 30 avril, et de leur
expulsion de cette ville.
Ces scènes de désordre et de barbarie continuèrent dans le Luxembourg
méridional pendant tout le printemps de cette année 1794.
27 juin. — Après la bataille de Fleurus, gagnée par les Français, le 27 juin,
les Autrichiens, ayant abandonné le pays, notre province se trouva livrée
à la merci d'une nuée d'agents républicains, revêtus de mandats plus où
moins réguliers, et qui rivalisèrent d'ardeur pour pressurer les pauvres habi-
tants, victimes déjà de tant de ruineuses réquisitions.
9 octobre. — Le 18 vendémiaire an III (9 octobre 1794), le représentant
du peuple Frécine frappa le Luxembourg d'une contribution de 400.000
florins. La seigneurie de Villemont paya pour sa quote-part environ 300
florins.
En outre de cette imposition en numéraire, Tintigny et les autres villages
de la seigneurie, furent encore requis de livrer à Montmédy un certain nom-
bre de têtes de bétail, dont l'agent Ponsart, de cette ville, vint faire le choix
et le dénombrement.
Pour garantir la fidélité de la fourniture, il emmena avec lui, à son départ,
une des notabilités du village, Louis Rion, qui fut gardé comme otage jus-
qu'à complète satisfaction.
En échange de ces fournitures, les municipalités reçurent des bons, dont
le montant devait venir en déduction de contributions futures à imposer
aux communautés.
Une administration régionale provisoire pour la partie sud du Luxembourg
venait d'être constituée à Habay-la-Neuve par les représentants du peuple
qui y avaient établi commissaire délégué le citoyen Bernard Stevenotte,
directeur de forges, à Neupont-Chanly.
l'^r décembre. — Par circulaire datée du 11 frimaire an III, (l^r décembre
1794), Stevenotte prescrivait à toutes les municipalités de lui fournir exac-
tement, dans un bref délai, des relevés eu tableaux : 1» de la population
— 19S —
2" du holail ; ii" clos grains cL fourrages ; 4» des marchandises ; 5» enfin des
hois et matières minérales existant dans le ressort de leurs juridictions res-
pectives. Les administrations devaient lui faire connaître en outre les som-
mes (jui se trouvaient pour le moment dans les caisses publicpies, et dresser
une liste des personnes émigrées ayant des propriétés foncières ou mobilières,
revenus, créances ou prétentions dans leur ressort.
Les oflicier et juges de la seigneurie de Villemont y représentaient encore
l'autorité principale, et c'est à eux que parvint le lendemain, 2 décembre,
la circulaire susdite. Ils se mirent aussitôt en devoir d'y satisfaire, et dès le
17 du même mois, ils adressaient au citoyen Stevenotte, tous les renseigne-
ments réclamés.
La marquise de Trazegnies, Marie-Caroline-Ermeline de Namur-Joncret,
et son fils, Philippe, propriétaires et seigneurs du riche domaine de Villemont,
habitaient alors Bruxelles. Devant la pénible obligation dans laquelle nos
juges se trouvèrent de les déclarer absents, sachant d'ailleurs à quoi leurs
maîtres et bienfaiteurs se trouveraient exposés du chef de leurs déclarations,
ils levèrent la difficulté en donnant à leur rapport sur ce point, la forme que
voici :
« Nous n'avons nulle connaissance qu'aucun émigré ayt des propriétés
(( foncières ni mobilières, aucun revenu, créance, ni prétention dans cette
« juridiction, si l'on excepte la veuve d'Avelaing de Bellefontaine, qui se
« trouve actuellement dans la ville de Luxembourg depuis bien antérieure-
« ment au blocus.de cette place, et au sujet de laquelle nous avons fait dres-
« ser le recensement également joint en expédition, en attendant que vous
« nous fassiez connaître les intentions des représentants du peuple à cet
« égard, de même que concernant le seigneur de Villemont, dont la résidence
« habiluelle esl aux Pays-Bas (1), ce qui nous a suggéré le doute s'il devait
« être compris dans la classe des absents. »
A. Goffînet, J. Magnette, J. Henoumont, H. -P. Henry.
Je ne reproduirai pas ici les statistiques dont il vient d'être question ; on
les trouvera au tome 46 des Annales de l'Institut archéologique du Luxem-
bourg, année 1911, p. 104 et suivantes.
1795
ÉPHÉMÉRIDE MILITAIRE.
C.onquête de la rive gauche du Rhin, ratifiée par la paix de Bâle, conclue
le 17 mai.
ÉPHÉiMÉRIDES ADMINISTRATIVES.
9 janvier. — Dès le début de cette année, le 9 janvier (20 nivôse, an III),
une administration provisoire pour le Luxembourg, est établie à Saint-
(1) On (lésipnait alors et l'on entend encore cliez nous de nos jours par Pays-Bas,
toute la partie de la Belgicjue située au-delà de la Meuse.
— 199 —
Hubert. Elle est composée de 9 membres ou administrateurs ; parmi lesquels
il faut mentionner le citoyen Bernard Stevenotte, déjà envoyé précédemment
par les Représentants du peuple français, en qualité de commissaire délégué
auprès de l'Administration régionale de Habay-la-Neuve.
31 janvier. — L'Administration provisoire de Saint-Hubert est installée
dans ses fonctions le 12 pluviôse an III (31 janvier 1795) et prend immédia-
tement séance.
* *
3 mars. — On a vu à la date du 9 octobre 1794, que la seigneurie de Villemont
frappée d'une contribution en numéraire de 300 florins, avait été en outre
astreinte à la livraison, à Montmédy, d'un certain nombre de têtes de bétail,
dont l'agent Ponsart était venu faire la désignation, et que celui-ci, en se reti-
rant avait emmené un otage comme garantie de la fourniture complète au
jour marqué.
Les habitants de Tintigny ne tardèrent pas à satisfaire à cette réquisition,
et quelques jours plus tard, Adrien GoiTinet, Lambert Lenfant et Henri-
Philippe Henry, désignés par leurs concitoyens à cet effet, arrivaient à Mont-
médy, avec leur bétail.
Pendant que les préposés en faisaient la réception, ils se transportèrent
chez le commissaire de guerre N... (1) afin de recevoir le bon de paiement
pour les bestiaux qu'ils avaient amenés. Au lieu de leur délivrer immédiate-
ment cette pièce, le commissaire les entretint longtemps de diverses choses,
entre autres, des services qu'il pouvait leur rendre dans les fournitures de
contributions ultérieures, des pertes qu'il avait essuyées du fait des Autri-
chiens, et des moyens que lui et sa sœur avaient employés avec les commis-
saires ennemis pour rendre les contributions moins onéreuses.
Le& délégués comprirent de suite où voulait en venir leur interlocuteur et
jugèrent que le moyen le plus sûr de hâter la délivrance de leur bon était de
lui offrir un peu d'argent. Ils lui présentèrent donc vingt-quatre livres en
numéraire, en le priant d'accepter de leur part ce gage de gratitude.
Il fit d'abord mine de les refuser, mais quelqu'un étant venu frapper à la
porte, il s'empressa d'empocher l'argent et de délivrer aux délégués la pièce
qu'ils attendaient.
A leur retour à Tintigny, ils s'empressèrent d'instruire leurs commettants
de ce qui leur était arrivé, déclarant qu'ils avaient déboursé cet argent afin
d'éviter les retards qu'ils craignaient d'essuyer pour l'obtention de leur bon ; .
ils ajoutaient qu'ils étaient décidés à en supporter la perte, si leurs conci-
toyens n'approuvaient pas leur conduite.
Elle fut ratifiée à l'unanimité dans une séance tenue le 13 ventôse an III
(3 mars 1795).
(1) Es n'ont pas osé divulguer autrement son nom.
— 200 _
Le même jour vil se produire une protestation des communs habitants
dv Brouvannc.eonlro une imputation portée à leur charge, au sujet de détour-
nemeuls qui devaient s'être produits dans les vivres des troupes Irançaises de
passage.
Le 10 venlôse (28 février) le commissaire Martel avait réquisitionné tous
les chariots et voitures de nos villages pour le transport de ces troupes, de
leurs bagages et de leurs approvisionnements. Des vols de vivres avaient
été constatés et les soupçons s'étaient portés sur les charretiers ce Breuvanne.
Ils étaient innocents, à en juger du moins par la forme de la protestation
que la communauté adressait, dés le 3 mars, aux autorités militaires de
ALintmédy.
On y disait notamment que les communs habitants du village de Breu-
vanne, au duché de Luxembourg, comlé de Chiny, réunis au domicile de
Jacques Henry le jeune, au sujet de l'accusation de vol formulée à leur
charge, « déclarent sous la foi de leur conscience, qu'ils ne connaissent rien
« des dites malversations, n'ayant d'ailleurs pas été réquisitionnés pour le
« transport de ces choses, ce qu'ils certifient pour véritable et attestent sur
« la foi de leurs serments. »
Jacques Henry, mayeur. — Jean Génin, échevin. — Jean-Joseph Pireaux,
centenier.
17 mars. — Le 11^ de nivôse, 3^ année républicaine (31 décembre 1794),
l'Administration de Saint-Hubert, en suite d'un arrêté des représentants du
peuple, avait établi, sur toutes les communautés, une contribution de sou-
liers, à fournir dans le délai de 3 mois. Le prix devait en être versé aux inté-
ressés au moment de la livraison. La seigneurie de Villemont fut des premières
à satisfaire à l'obligation que lui imposait le susdit arrêté.
En effet, dès le 27 ventôse an III (17 mars 1795), l'officier de la seigneurie,
Adrien Goffinet, toujours en fonctions, « adressait « aux citoyens membres
de l'Administration du Luxembourg, à Saint-Hubert, « son contingent de
souliers, en accompagnant cet envoi de la lettre ci-après, qui mérite d'être
reproduite ici. Elle montre à quel degré d'humiliation la crainte des agents
de la république avait réduit les fonctionnaires du régime déchu.
« Citoyens,
« D'après la sous-répartition faite par ceux du Magistrat de Saint-Hubert,
« en suite de l'arrêté des Représentants du peuple sous la date du 11^ nivôse
« 3^ année républicaine, au sujet d'une réquisition de souliers pour le service
« des braves défenseurs de la patrie, la seigneurie de Villemont ayant été
« imposée à cent quatre vingt deux paires, c'est avec une satisfaction bien
« sensible que j'ai vu les habitants de cette seigneurie s'empresser de satis-
« faire à cette réquisition, mais comme elle ne m'indique aucun endroit ni au-
« cun commissaire préposé à la recette de ces souliers, je ne puis que vous les
« adresser, dans l'attente que vous voudrez les faire recevoir et délivrer
^ 2Ô1 —
« décharge au conducteur, qui est autorisé à en recevoir le prix fixé par les
« arrêtés des Représentants du peuple français.
« Salut et fraternité. »
« A. GoFFiNET, Officier de Villemont.
« Tintigny, le 27 ventôse 3® année républicaine. »
Le même jour, le dit officier adressait encore aux administrateurs à Saint-
Hubert, la requête ci-après :
LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ
« Aux citoyens, membres de l'Administration du Luxembourg, à Saint-
Hubert.
« Citoyens,
« Le soussigné, chargé jusqu'à présent par état de l'administration des bois
communaux de la seigneurie de Villemont, comprenant les villages de Tin-
tigny, Ansart, Bellefontaine, Breuvanne, Lahage, Saint-Vincent, Han et
Poncelle, se trouve pressé par les habitants de ces endroits, qui presque tous
sont dépourvus de chauffage, de continuer les devoirs de son office à cet
égard ; mais comme il croit y trouver un obstacle dans l'art. 4 de l'arrêté
des représentants du peuple, daté de Bruxelles, le 4^ jour des sans-culottides
an 2® de la République (20 septembre 1794), il s'adresse à vous. Citoyens
préposés à la conservation des droits du peuple, vous requérant de déclarer,
soit par disposition ou interprétation du dit article, si le dit soussigné, en sa
prédite qualité, peut obtempérer aux justes réclamations et réquisitions des
dits habitants, d'autant plus pressantes que le temps de la coupe des bois
devient très-instant. »
« Salut et fraternité.
A. GoFFiNET, Officier de Villemont.
« Tintigny, le 27 ventôse, 3^ année républicaine. »
19 mars. — L'Administration de Saint-Hubert ne tarda guère à statuer
sur cette requête, et dès le lendemain du jour où elle lui parvenait, elle pre-
nait l'arrêté favorable suivant :
« Séance du 29, matin.
« Vu la pétition du citoyen Goffinet, stipulant pour les communes de la
ci-devant seigneurie de Villemont, composée des villages de Tintigny, Ansart,
Bellefontaine, Breuvanne, Lahage, Saint- Vincent, Han et Poncel.
« L'Administration, l'agent national entendu, arrête que l'Inspecteur par-
ticulier des bois et forêts se transportera ou enverra un sous-inspecteur dans
les bois communaux de la seigneurie de Villemont, à l'effet de reconnaître
et constater ce que chacune des communes composant cette seigneurie est
fondée à prétendre pour son chauffage, en dresser procès-verbal pour, icelui
fait, être rapporté à l'Administration qui statuera ce qu'il appartiendra. »
« Charlot, Président. »
— 202 —
7 juin. — La ville de Luxembourg, dont l'investissement avait commencé
le 2.") novembre 1794, se rendit aux Français le 19 prairial an III (7 juin 1795),
après un siège de cent quatre vingt-quatre jours. Elle fut frappée d'une con-
tribulion d'environ un million de francs.
L'.Vihninistralion provisoire du Luxembourg, qui avait siégé jusque là
à Sainl-llubcrl, fui Iraiiférée dans la capitale par un arrêté des représentants
du peuple, daté du jour même de l'entrée des vainqueurs dans cette ville.
On vit bientôt }- allluer, venant de toutes les directions, des approvision-
nements de toutes sortes, munitions, denrées alimentaires, fourrages, paille,
bois, hommes et chevaux. La plupart de ces choses étaient réquisitionnées
dans les villages luxembourgeois, en même temps que les chariots et les voi-
tures nécessaires à leur transport. Chaque localité était tenue de fournir un
nombre déterminé de véhicules, calculé d'après le chiffre de sa population.
22 juin. — Un parc considérable de ces approvisionnements était établi
à Habay-la-Neuve, et c'est vers cet endroit que convergeaient les transports
de nos villages.
A tort ou à raison, la communauté de IMortinsart venait de protester
auprès de l'Administration contre la prestation d'une voiture lui imposée à
partir du l^r messidor (19 juin).
Elle prétextait qu'elle était encore de service à ce moment au dit parc.
La réclamation fut prise en considération, et l'Administration, en séance
du 4 messidor (22 juin), prit un arrêté aux termes duquel elle décidait, l'agent
national entendu, que « la voiture requise de la commune de Mortinsart,
serait fournie par celle de Tinleni (sic). »
Les articles de cet arrêté valent d'être cités :
Art. 2. — La dite voiture sera attelée de deux bons chevaux, munie
d'échelles, cordes et perches.
Art. 3. — Elle devra se trouver le 6 messidor, huit heures du matin, au
parc de Habay-la-Neuve.
Art. 4. — ■ Le maire, sindic, et centenier sont personnellement responsables
de l'exécution de la présente réquisition.
Art. 5. — Le présent arrêté sera envoyé au chef du parc de Haba3% ainsi
qu'aux communes de Mortinsart et de Tintent.
(Signé) F.\illy (1) secrétaire-adjoint.
27 juin. — La Convention Nationale avait décrété là confiscation, au pro-
fit de la République, de tous les biens des églises, des monastères et des
nobles absents émigrés, et le séquestre avait été mis immédiatement sur tous
ces biens, en attendant leur mise en vente au bénéfice de la nation.
(1) Failly (Jacques-Louis), de Dormans, (Marne), ex-adniinistrateur du dépaT*tement
des Forêts, du 23 floréal an VI (12 mai 1798) au 4 nivôse an VII (24 décembre 1798).
— 203 —
Le 12 pluviôse an III (31 janvier 1795), l'Administration d'arrondisse-
ment du Luxembourg avait reçu de l'Administration centrale de la Belgique,
le jour même de son installation à Saint-Hubert, une circulaire où on lisait :
« Depuis l'établissement des administrations d'arrondissement, nous
avons recommandé de procéder à la formation des listes de tous les émigrés,
ou absents du pays qui ne sont pas rentrés dans leurs foyers depuis que les
Français sont en possession de la Belgique.
« Nous avons aussi recommandé la plus grande exactitude et la plus
prompte formation des inventaires chez tous les émigrés ou absents, afin de
faire procéder sans retard, aux ventes du mobilier, qui est exposé à des dila-
pidations continuelles par suite des lenteurs qu'éprouvent ces ventes. »
Après la mort du comte Maximilien de Trazegnies, arrivée, ainsi qu'il a
été dit, le 30 mars 1794, Villemont, qui lui était échu en vertu d'un pacte
de famille, faisait retour à la veuve de son frère aîné, le marquis Joseph-
Lothaire, laquelle habitait Bruxelles depuis plusieurs années, ainsi que son
fils et unique héritier Philippe.
Villemont, considéré dès lors comme abandonné par ses propriétaires, fut
saisi par les agents de la République, le château et tout ce qu'il renfermait
placé sous séquestre, et les archives enlevées et transportées à Virton par le
receveur des Domaines Burton.
A la réquisition du Directeur Suin des Domaines nationaux de la Bel-
gique, poursuite et diligence du receveur des Domaines nationaux de Virton,
devaient être mis en adjudication, sur les heux, à la date du 9 messidor (27
juin) : 10 les propriétés du ci-devant comte tle Latour, général autrichien ;
20 les propriétés du ci-devant comte de Briey, jardin et château de Ruette-
la Grande ; 3o celles du ci-devant marquis de Trazegnies, château et propriété
de Villemont ; 4° celle du ci-devant Neunheuser, à Aigremont ; et
d'autres appartenant à divers absents, réputés émigrés du canton de Virton.
On va voir que l'opposition de la marquise, appuyée sur ses titres de pro-
priété et sur des attestations de résidence et de non émigration arrêta court
Tes mesures de spoliation déjà prises à l'égard de ses propriétés luxembour-
geoises.
28 juin. — L'Administration d'arrondissement pour le Luxembourg n'avait
été établie que provisoirement à Saint-Hubert. Le 28 juin, alors que les Fran-
çais se trouvaient en pleine et définitive possession de la capitale du duché,
cette administration y fut tranférée et, à partir de ce jour, y siégea régulière-
ment.
C'est auprès d'elle que la marquise de Trazegnies, dame de Villemont,
va protester contre les atteintes portées à ses droits de propriété et contre le
séquestre dont ses biens venaient d'être frappés.
Afin de ne pas scinder le récit de ce qui touche à cette affaire, laquelle
marquera la fin du régime féodal à Villemont, je vais rapporter brièvement
— 201 —
la suite tics faits qui se produisirent au sujet des revendications de la mar-
t|uise, représentée à Tintigny par le receveur et grelfier de la seigneurie,
I lenri-Philippe Henry.
Marie-Caroline-Ermeline de Namur Joncret, marquise de Trazegnies,
après la mort de son époux, Joseph-Lothaire de Trazegnies, arrivée le 9 mai
1781, avait abondonné Villemont qui. en vertu du pacte de famille déjà
cité, échéait à son beau-frère, Maximilien-Richard de Trazegnies.
Elle rentra avec son fils, en son château de Trazegnies, et, après quelques
années de séjour dans ce domaine, se retira au couvent de Berlaymont, à
Bruxelles, où elle se proposait de finir ses jours.
Au moment de l'entrée victorieuse des troupes françaises en Belgique,
son fils Philippe, qui était également établi à Bruxelles, engagea vivement sa
mère, pour plus de sûreté, à venir habiter avo'^ lui. Cédant à ses instances, la
marquise quitta le couvent de Berlaymont et alla se loger rue aux Laines,
où Philippe avait sa résidence habituelle.
« J'y fis transporter, dit-elle, dans une première requête adressée au com-
missaire Chupiet, tous mes meubles et effets, tant ceux que j'avais au cou-
vent de Berlaymont que ceux de ma campagne à Trazegnies, le greffier de
cet endroit et quelques paysans s'y firent aussi conduire des matelas, des
habillements et autres efïets que je ne connais pas moi-même, et quelques
cofTres contenant les papiers de difîérents greffes, pour les mettre à couvert
des batailles qui se faisaient tous les jours en cet endroit.
« Je me croyais là dans une nouvelle demeure bien tranquille, lorsque tout
à coup, il y a environ six semaines, on est venu de la part du dit citoyen
commissaire, me faire sortir de la dite maison avec les gens qui sont à mon
service, sans me laisser suivre autre chose que quelques nippes servant à
notre corps, sous prétexte que mon fils était absent et que je n'avais rien
déclaré.
« Sur quoi j'observe, citoyen, que mon fils n'avait exactement rien que
ce que je voulais bien lui donner, et que le peu de meubles dont il se servait
étaient encore à moi, et pour en convaincre le citoyen commissaire, on joint
ici trois déclarations qui constatent la vérité de tout ce que je viens d'avancer.
« Elle vous supplie donc, au nom de la justice et de l'humanité, citoyen,
de vouloir bien lui faire la grâce de la remettre en possession de ses propriétés.
« Salut et fraternité.
« Trazegnies.
« Bruxelles, le 18 brumaire 3^ année républicaine (8 novembre 1794). «
Après avoir été successivement soumise à l'avis de l'Administration d'ar-
rondissement du Brabant, du Directeur des Domaines nationaux, de l'Ad-
ministration centrale et supérieure de la Belgique, et enfin du Comité de
surveillance, la requête de la comtesse de Villemont provoqua de la part de
ce dernier pouvoir, la déclaration formelle suivante :
_ 205 _
« Le comité de surveillance estimant que la veuve Trazegnies n'est pas
comprise dans la classe des émigrés, n'avait pas cru devoir examiner ses
papiers. Sur l'observation de l'émigration de son fils, deux de nos membres
se sont transportés dans sa maison qui était sous le scellé, et après avoir pris
inspection de tous les papiers, on n'a rien trouvé de suspect ou contraire
aux intérêts de la République française. En conséquence, le Comité croit que
la pétitionnaire peut obtenir sa demande (réintégration dans la possession
de tous ses biens) sans aucun inconvénient.
«Bruxelles, le 18 pluviôse, 3^ année républicaii e (6 février 1795). »
Lamothe, S''^. G.-I. Claysens, Président.
Les pièces dont la marquise fait état dans sa requête au citoyen commis-
saire Chupiet, étaient les suivantes :
a) Déclaration des maire et officiers municipaux de la ville de Bruxelles,
certifiant que la veuve Trazegnies n'est pas émigrée.
b) Déclaration des mêmes magistrats, attestant la non émigration du ci-
toyen Philippe Trazegnies.
Bruxelles, le 18 thermidor an III (5 août 1795).
Comme on le voit par la déclaration qui précède, la marquise de Traze-
gnies et son fils Philippe habitaient Bruxelles lorsque les Français, par voie
de conquête, prirent possession du Luxembourg et y appliquèrent les lois
de la confiscation des biens, décrétées contre les nobles émigrés ou absents.
Vu la difficulté et la lenteur des communications à cette époque troublée,
les relations entre les juges de Villemont et leurs seigneurs s'étaient trou-
vées interrompues à ce point que l'officier de la seigneurie, chargé de fournir
aux représentants du peuple la liste des émigrés de sa circonscription, accom-
pagné d'un inventaire détaillé de leurs biens, répond en ces termes au com-
missaire délégué Bernard Stevenotte.
« En ce qui concerne le seigneur de Villemont, dont la résidence habituelle
« est aux Pays-Bas, nous sommes dans l'incertitude de savoir s'il doit être
« compris dans la classe des absents. »
Ce doute n'embarrassa guère l'administration spoliatrice, qui décréta d'em-
blée la mise sous séquestre de tous les biens des seigneurs de Villemont, répu-
tés, sans autre forme, émigrés ou absents.
Le receveur des Domaines nationaux à Virton fit aussitôt transporter dans
sa résidence, les archives et tous les autres papiers qui se trouvaient; à Ville-
mont ; en même temps il faisait apposer les scellés sur le mobilier du château,
que venait de laisser dans l'abandon la mort du comte Maximilien-Richard
de Trazegnies.
Heureusement, le receveur de la se'gneur^e put se mettre à temps en
rapport avec la marquise, qui venait de produire, devant l'administration
— 203 —
(l'arroiulissomenl du Brabanl, ses preuves dç uon émigration et d'être remise,
par le fail. en possession de tous ses biens.
Elle s"enij)ressa d'enjoindre à son régisseur de protester en son nom, au-
près de l'Administration du Luxembourg, eontre cette usurpation, et de pro-
duire, à l'appui de sa requête, les attestations et décisions émanées de l'au-
torité centrale.
L'Administration luxembourgeoise ne pouvait que déférer à une requête
lui présentée dans de telles conditions. Aussi se hâta-t-elle d'y faire droit,
malgré quelques objections de l'Inspecteur des Domaines nationaux, au sujet
des preuves de propriété fournies par la marquise de Trazegnies et estimées
par lui insuffisantes.
L'arrêté pris par l'Administration dans sa séance du 29 fructidor an III
(15 septembre 1795), rappelait le sujet du litige et les décisions intervenues.
En voici la partie principale :
« Vu la pétition de la citoyenne veuve Trazegnies demandant la levée des
scellés et la remise par le receveur des Domaines à Virton des titres et papiers
relatifs à la seigneurie de Villemont.
« Vu l'arrêté de l'Administration centrale qui la déclare non émigrée,
ensemble l'arrêté de l'Administration du Brabant, exécutoire de celui de
l'administration centrale.
« Vu le certificat de la Municipalité de Bruxelles, portant que le citoyen
Trazegnies, fils de la pétitionnaire, est réellement dans la dite ville.
(' Vu aussi l'avis de l'Inspecteur des Domaines nationaux conforme à la
demande,
L'Administration,
« Considérant qu'il résulte des pièces ci-dessus énoncées que la citoyenne
Trazegnies n'est aucunement dans le cas des lois contre les absents ou
émigrés.
L'agent national entendu, arrête :
« Au vu du présent arrêté, le Receveur des Domaines de Virton remettra
sous bref état double à la pétitionnaire ou à son fondé de pouvoirs, les titres
et papiers relatifs à sa propriété de Villemont, lesquels se trouvent entre ses
mains par suite du séquestre. »
La marquise de Trazegnies était lasse d'une propriété si lointaine et qui
venait de lui susciter tant de soucis ; craignant d'ailleurs d'eu voir surgir
dans l'avenir de nouvelles causes de tribulations, elle résolut de sacrifier ce
domaine que l'illustre maison dont elle portait le nom avait possédé pendant
un siècle et demi. A une date qu'il ne m'a pas été possible de préciser, mais
certainement tout à la fin du 18^ ou dès le commencement du 19^ siècle, elle
fit mettre Villemont en vente.
— 207 —
Cette belle propriété, avec ses dépendances, fut acquise parle baron Henri-
François de Paul- Joseph d'Anethan de la Trapperie, qui en était proprié-
taire au mois de novembre 1806, ainsi qu'en témoigne un acte passé à cette
date par-devant le notaire impérial J.-B. Alexandre, résidant à Tintigny.
Dans un autre document du 30 frimaire an V (20 décembre 1796), on voit
encore le domaine en la possession du marquis de Trazegnies. C'est donc
entre ces deux dates assez rapprochées qu'en fut faite la cession à l'acquéreur.
10 août. — ■ Le 23 thermidor an III (10 août 1795), un arrêté du représen-
tant du peuple Joubert supprima, dans le pays de Luxembourg, le conseil
souverain, toutes les justices criminelles et civiles, les remplaçant par un tri-
bunal civil au chef-lieu, et cinq tribunaux correctionnels, dont un à Habay-
la Neuve.
Au nombre des juges du tribunal de Luxembourg figura, dès le principe,
le citoyen d'Anethan de la Trapperie, maître de forges et négociant.
— V. Ann. Inst. arch. du Luxemb., t. 20, pp. 1-13.
Par le fait de cet arrêté, les juges de Villemont perdirent leurs emplois ;
mais comme ils étaient, dans leur rayon, à peu près les seuls aptes à des fonc-
tions administratives et judiciaires, et que la République choisissait de pré-
férence ses agents parmi les hommes de loi et les personnages notables du
pays, de nouvelles charges furent immédiatement offertes, à titre de com-
pensation,aux magistrats dépossédés. Ils les acceptèrent, pour ne point briser
une carrière qui s'était ouverte pour eux sous les plus favorables auspices.
Henri Philippe Henry devint agent municipal de Tintigny et juge de paix
du canton d'Étalle ; Adrien Gofïinet fut nommé commissaire du Directoire
exécutif près l'administration municipale du même canton ; on créa Hénou-
mont receveur à vie pour la circonscription de Tintigny et Jos. Magnette
fut attaché à l'administration municipale du canton.
Dans certains milieux, on a fait aux juges de Villemont un grief d'avoir
accepté ces fonctions et d'être en très au service d'un gouvernement spoliateur.
Mais on oublie que la Belgique était alors définitivement conquise et faisait
partie intégrante du territoire français, sans aucune idée de retour à l'ancien
état de choses. En servant la République, ils ne croyaient donc faillir à aucun
devoir de conscience. Fonctionnaires, ils n'avaient pas à se faire les juges du
gouvernement qui les rétribuait ; il ne leur incombait que de remplir ponc-
tuellement et scrupuleusement les charges dont ils étaient investis. C'est
bien ainsi, d'ailleurs, qu'en jugèrent leurs familles, toutes des plus honorables,
et qui auraient su provoquer de leur part un refus justifié, si elles avaient jugé
ces fonctions incompatibles avec leur honneur.
Ne vit-on pas M. d'Anethan de la Trapperie accepter lui-même immédia-
tement, lors de la création des tribunaux de police correctionnelle, un poste
de juge à celui de Luxembourg?
Qui sait enfin si ces jeunes gens, car tous étaient jeunes, n'avaient pasformé
le dessein de mettre l'influence qu'ils tiendraient de leurs fonctions mêmes.
— 208 —
au service de leur commune et d'éviter à celle-ci, ou au moins d'en atténuer
les rigueurs, les charges souvent vexatoires qui devaient peser sur nos vil-
lages pendant la dure période de la domination française? Et il n'y a pas à
douter qu'ils n'aient souvent atteint ce but et épargné à leurs concitoyens
une foule de diiïicultés et de maux.
Mais c'est surtout contre Adrien GofTmet, à cause des fonctions spéciales
qu'il remplissait, que la vindicte populaire s'est donné carrière ; et la légende,
qui est souvent le contre-pied de l'histoire, ne s'est pas fait faute d'accabler
sa mémoire.
Examinons un instant, aussi impartialement que possible, quelle était la
situation de l'ancien officier de Villemont, au moment de la suppression des
justices féodales.
En sa qualité de chef-juge et d'accusateur ou de ministère public, il s'était
certainement attiré de nombreuses inimitiés, surtout parmi la classe alors la
plus sujette à se trouver en conflits fréquents avec la justice seigneuriale. Et
l'on sait que celle-ci n'était pas tendre pour toutes les contraventions qui
lésaient les intérêts du maître, délits de bois, de pèche, de chasse, vol ou pil-
lage de récoltes, etc.
Des rancunes, des haines s'étaient accumulées contre lui, et il n'y a rien
d'étonnant à ce que la légende du bon Dieu de Pitié se soit créée de toutes
pièces lorsque se produisit la mort quasi inopinée du commissaire du Direc-
toire exécutif.
D'aucuns crurent y voir une punition du Ciel. On raconte, à Tintigny du
moins, qu'étant allé à Villers-dt-Orval, donner l'ordre de fermer l'église et
d'abattre la croix du clocher, il avait rencontré, à son retour, au milieu des
bois, près du bon Dieu de Pitié, un dément à demi-nu, couvert de longues
tiges de lierre qu'il agitait, et qui avait voulu lui barrer le passage.
Pris de frayeur et croyant à une apparition surnaturelle, Goffmet aurait
éperonné son cheval et regagné à bride abattue Tintigny, où, arrivé couvert
de sueur et tremblant de fièvre, il se serait mis au lit et n'aurait pas tardé à
expirer après une agonie affreuse, tourmenté par d'horribles visions.
Or, rien de tout cela n'est vrai, ni même vraisemblable. Les cérémonies
du culte catholique avaient été suspendues et les églises fermées deux ans
auparavant, le 26 septembre 1797 ; Adrien Goffinet ne pouvait donc pas être
allé à Villers-dt-Orval pour remplir la mission dont on lui fît un grief, d'au-
tant plus que cette commune ne ressortissait pas de sa juridiction. Il n'y a
guère d'apparence non plus qu'à la date du 25 mars il ait pu rencontrer un
fou à demi-nu dans les bois d'Orval. et, cette rencontre se fût-elle produite,
qu'elle n'eût certainement pas impressionné un homme peu superstitieux,
jeune, fort et bien armé, au point de lui causer cette frayeur qui devait pro-
duire de si terribles suites.
Non, Adrien Goffmet est mort — et je tiens la chose d'un de ses contempo-
rains du village alors âgé de douze ans — d'une pneumonie aiguë, désignée
— 209 —
en ce temps-là sous le nom de fluxion de poitrine, entouré des membres de
sa famille et de ses intimes, parmi lesquels son voisin et bien cher ami, le
docteur Joachim Renaud, dont les soins affectueux ne parvinrent pas à
conjurer une issue rapide et fatale.
Il n'était âgé que de 36 ans (1).
Adrien Goffinet habitait à Tintigny le bel immeuble qu'il avait récemment
acquis et restauré, et que l'on voit encore aujourd'hui, à la sortie du village,
à gauche, sur la route de Saint-Vincent. Le docteur Renaud occupait à
quelques pas de là, un autre immeuble qui est encore maintenant la pro-
priété des descendants de sa famille.
Je citerai une dernière preuve, et non la moins convaincante, que Goffmet
n'était pas l'homme impie que l'on a voulu représenter et dont on a essayé
de ternir la mémoire.
C'est une lettre qu'il écrivit courageusement au citoyen Failly, commis-
saire du Directoire exécutif, près d'Administration centrale, en faveur de
M. Duchemin, curé de Tintigny, en vue d'obtenir pour celui-ci, un adoucisse-
ment des rigueurs dont on usait alors à l'égard des prêtres non assermentés.
Combien de fonctionnaires de la République eussent osé alors intervenir
en faveur de l'un de ces prêtres?
Il ne craignit pas, en entreprenant cette démarche, de se rendre suspect
aux yeux de ses chefs, et de compromettre ainsi sérieusement sa situation.
Voici cette lettre :
DÉPARTEMENT
des
FORÊTS
LIBERTE EGALITE
CANTON
D'ÉTALLE Tintigny, le 14 frimaire 7^ année de la République fran-
çaise, une et indivisible (4 décembre 1798).
Goffinet, Commissaire du Directoire exécutif, prés l'administration
municipale du canton d'Etalle,
Au citoyen Failly, commissaire du Directoire exécutif prés le Dépar-
tement des Forêts.
Citoyen commissaire,
« Le nommé Henri-Joseph Duchemin, ci-devant curé de Tintigny, ayant
obtenu un certificat d'infirmité lui délivré par le citoyen Rogier, officier de
santé, j'ai cru que je ne pouvais me refuser à attester la vérité de ce certificat,
pour avoir reconnu le dit Duchemin comme infirme depuis plusieurs années ;
(1) Voir son acte de décès à la date du 25 mars 1799.
— 210 —
il à (l'aillours été déclaré Ici depuis sa détention à Luxembourg, outre qu'il
est encore sexagénaire (1) : il doit vous faire parvenir ce cerlilicat cpie je vous
prie de ne point regarder pour Cire exagéré, ni sa personne pour être dangereuse
dans aucun cas. »
« Salut et fraternité,
« Votre concitoyen,
« A. GOFFINET. »
En assumant la charge de commissaire du Directoire exécutif, après avoir
rempli celle d'accusateur public, le pauvre Goiïinet tombait de Charybde
en Scylla, au point de vue de l'impopularité attachée à ses fonctions. « Les
commissaires du Directoire exécutif près les administrations centrales et
municipales, disait l'art. 191 de la Constitution, surveillent et requerrent
l'exécution des lois. »
Cette considération seule suffit à expliquer l'animadversion intense qui
s'était attachée à son nom.
J'ajouterai, pour clore cette parenthèse, un peu longue déjà, que Henri-
Philippe Henry, fonctionnaire de la République, fut le père d'une nombreuse
et très honorable famille, dont deux membres occupèrent de hautes situations
dans l'état ecclésiastique, et qu'il a gardé, malgré les événements, l'entière
confiance de la marquise de Trazegnies, dont il resta le régisseur dévoué et
intègre, comme il le fut ensuite de M. d'Anethan, le nouveau propriétaire
de Villemont, qui le maintint dans cette charge jusqu'à l'arrivée du baron
d'Huart, en 1819..
Adrien Goffînet n'eut pas une descendance moins distinguée ; l'un de ses
petits-fils, le général baron Goffînet, fut revêtu, dans ces derniers temps, à la
cour de Belgique, des plus hautes et des plus enviables dignités.
22 août — Une nouvelle constitution est octroyée à la France, et aux pro-
vinces conquises, le 5 fructidor an III (22 août 1795).
Ratifiée par le peuple le 1*^'' vendémiaire an IV (23 septembre), cette charte
porte, au point de vue administratif, les dispositions principales suivantes :
Le territoire est divisé en départements, ceux-ci en cantons et ces derniers
en communes ou municipalités.
Un agent municipal et un adjoint s'occupent seuls des afïaires exclusive-
ment locales.
Chaque canton a une administration municipale qui siège au chef-lieu.
Cette assemblée est constituée par la réunion de tous les agents munici-
mx du canton.
Auprès des administrations municipales cantonales sont établies des com-
(1) Goffinet exaf^-érait encore, à dessein sans doute, l'âge du curé Duchemin, qui
n'avait alors que 55 ans ,
— 211 —
missaires du gouvernement central, chargés de solliciter l'expédition des
affaires de l'Etat ou l'exécution des lois. Ce sont les commissaires du Direc-
toire exécutif.
Les communes élisent pour deux ans leur agent mun-cipal et leur adjoint.
Cette élection a lieu après le 1er germinal (21 mars).
Les règles administratives qui viennent d'être énoncées restèrent en vigueur
jusqu'à l'établissement de la constitution du 28 pluviôse an VIII (17 février
1800).
31 août. — A la date du 31 août (14 fructidor an III), il est procédé à la
première division territoriale et administrative des provinces belges.
8 septembre. — Par délibération du 22 fructidor an III (8 septembre 1795),
l'Administration d'arrondissement juge nécessaire de faire disparaître tout
ce qui pouvait rappeler l'ancienne organisation judiciaire ; elle décide que
« tous les signes distinctiis des ci-devant justices, hautes, moyennes et basses,
tels que potences, fourches patibulaires, carcans et autres existant dans
l'étendue des différentes communes, seront abattus et détruits, et les pierres
et bois enlevés dans la huiLaine de la notification de l'arrêté. »
27 septembre. — Ce jour marque encore une date mémorable dans les
annales de la première République française.
Par arrêté du 5 vendémiaire an IV (27 septembre 1795), l'Administration
centrale de Bruxelles impose à tous les corps constitués, judiciaires et admi-
nistratifs, de même qu'à tous les fonctionnaires, i'obhgation de faire usage,
dans tous leurs actes et expéditions, du calendrier républicain seul, à partir
du fei" brumaire suivant (13 octobre 1795).
Vers la fin du même mois de septembre, la commune de Tintigny est
astreinte à fournir deux voitures pendant sept jours, au parc établi à Luxem-
bourg, pour y efïectuer le transport des bois de chauffage destinés à l'appro-
visionnement militaire de la dite ville.
Ce service, fait par les charretiers Henri-Joseph Collignon et Henri-Joseph
Sansoin, tous les deux de Tintigny, est liquidé au moyen de deux bons de
42 florins, délivrés à la décharge de la commune et imputables sur les impo-
sitions de celle-ci, conformément à un arrêté du 9 fructidor an V (26 août
1797).
Ces bons sont émis à Luxembourg, seulement à la date du 24 brumaire
an VI (14 novembre 1797), par le commissaire Bochkolt, du 3^ bureau de
l'Administration centrale du département des Forêts.
' 4 octobre. — La Convention nationale, dans un décret du 9 vendémiaire
an IV (4 octobre 1795), prononce la réunion définitive et intégrale des anciens
Pays-Bas à la République française.
26 octobre. — La même assemblée arrête sa dissolution et termine ses
séances le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Réunie pour la première fois,
14
— 212 —
le 20 septembre 1792, elle avait donc duré 3 ans 1 mois et 6 jours exactement,
« Aucune assemblée, dit Th. Juste, n'a laissé de souvenirs plus terribles, et
quoiciu'elle vécût continuellement au milieu d'épouvantables tempêtes, elle
sut cependant préserver la France de l'invasion étrangère. »
18 novembre. — Le 27 brumaire an IV (18 novembre 1795) est également
dissoute l'Administration d'arrondissement Saint-Hubert-Luxembourg ;
elle fait place à un nouvel organisme, celui du département des Forêts,
composé de cinq administrateurs et d'un commissaire du Directoire exécutif.
Jacques-Louis Failly, de Dormans (Marne) rcj^nplit cette dernière charge
du 23 floréal an VI (12 mai 1798) au 4 nivôse an VII (24 décembre 1798).
1796
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Bonaparte prend le commandement de l'armée d'Italie.
Jourdan commande l'armée de Sambre-et-Meuse.
Moreau commande l'armée du Rhin.
11 avril. — Montenotte.
3 août. — Castiglione.
15 novembre. — Arcole.
• ÉPHÉMÉRIDES ADxMINISTRATIVES.
A l'état civil de Tintigny, l'année 1796 est incomplète. Les registres sont
tenus par le curé jusque fin mai, après quoi ils passent aux autorités civiles.
Baptêmes, jusqu'au 12 mai, 32.
Mariages, jusqu'au 23 mai, 8.
Décès, jusqu'au 22 avril, 8.
A partir du 21 thermidor an IV (8 août 1796), les actes sont signés : H. -P.
Henry, agent municipal.
Le premier mariage, le 9 vendémiaire an IV (l^i" octobre 1796) ; le premier
décès le 24 thermidor an IV (11 août 1796).
Bellefontaine, Lahage et St-Vincent n'y figurent plus.
On trouve à la date du 10 mai : H. -P. Henry, agent municipal de la com-
mune de Tintigny ; Jacques Houlmont, adjoint. A cette date, le centenier,
qui est Joseph-Hubert, exerce encore ses fonctions.
— 213 —
ÉPHÉMÉRIDES LOCALES.
Jos. Guillaume, maître d'école, résidant à Tintigny. Apparaît la première
fois en cette qualité en 1789.
François-Louis Clesse, prêtre vicaire à Tintingy. Remplit ces fonctions
dès 1791.
Henri-Joseph Henry, prêtre résidant à Tintigny, fils de Henri Henry,
officier de la seigneurie du Ménil et juge en plusieurs seigneuries.
Le 5 avril, décès à Tintigny de Cécile de Jacque, ci-devant religieuse à
Juvigny.
*
* *
Mars- Avril.
Ici se place un épisode mémorable de la résistance qu'une partie de la popu-
lation opposait au régime républicain.
L'esprit de révolte était surtout motivé par l'obligation du service militaire,
auquel les lois de la République astreignaient les jeunes gens de toutes les
classes de la société.
Ce service militaire forcé était une nouveauté qu'il était malaisé de faire
pénétrer brusquement dans les mœurs d'un peuple à qui, jusqu'alors, le
recrutement des armées n'avait jamais demandé que des- engagements
volontaires.
D'ailleurs, la désignation pour le service militaire équivalait en quelque
sorte à un arrêt de mort à l'égard de celui que frappait le sort, si l'on songe
aux guerres meurtrières qu'avait alors à soutenir sans trêve la République
contre l'Europe coalisée. C'était l'effioi des familles. Aussi une effervescence
générale ne tarda-t-elle pas à se manifester parmi la population de plusieurs
cantons du Luxembourg méridional.
Je ne toucherai à ce sujet que pour ce qui concerne la part qu'y prit la
commune de Tintigny, renvoyant pour le surplus à la relation qui en a été
donnée au tome V, p. 642, des Communes luxembourgeoises.
Le foyer de la rébellion se trouvait à Tintigny même, d'où le mouvement
était secrètement et habilement dirigé.
Les convictions religieuses de la population, dit le commissaire Duportail,
chargé d'une enquête sur la situation, avaient contribué à faciliter le soulè-
vement. Il avait été surtout provoqué et était courageusement entretenu
par les trois frères Lenfant, dont deux étaient étudiants en théologie, et le
troisième, novice aux Récollets ; ils étaient secondés dans leur propagande
par Henri- Joseph Conrotte, ancien chartreux, et Henri Devillez, ex-jésuite,
retiré chez son parent, Conrotte père, et, enfin, par le curé de Villers-sur
Semois. Tous étaient liés entre eux par une étroite amitié ; ils devaient sur-
tout leur influence à cette circonstance, qu'ils donnaient l'instruction aux
enfants de Tintigny et des environs.
— 214 —
« Ils ré[iauilaic'nt des écits incendiaires et faisaient signer des listes d'en-
gagenienl [)our résister aux l'rançais. »
Ces exeilalions avaient produit leurs fruits, et les cantons de Virton et
d'Etalle étaient en révolte ouverte contre la loi de conscription.
Le tirage au sort devait avoir lieu à Etalle le 25 germinal (14 avril). Appelé
par ses fonctions à assurer l'exécution de la loi, Adrien Goffinet, commissaire
du Directoire, devait se rendre ce jour-là, dès le matin, de Tintigny, lieu
de sa résidence, au chef-lieu du canton.
Les jeunes conscrits des alentours ne l'ignoraient pas et avaient résolu
sa mort. Quelques-uns des plus déterminés, postés dans le parc du château
de Sainte-Marie, attendaient son passage, armés de fusils. Tout à coup irré-
solus, à la vue de leur victime, et craignant sans doute aussi pour leurs vil-
lages les plus terribles représailles, ils abaissèrent leurs armes et le laissèrent
passer.
Le même jour, après-midi, le gros des insurgés se trouve aux prises, dans
le bois d'Etalle, avec les troupes répubhcaines, venues pour prêter main-
forte aux autorités ; on y tiraille jusqu'au soir sans résultat apparent, mais
entre temps, les chefs des rebelles ayant appris que des forces importantes
venaient d'être envoyées contre eux, licencièrent leurs hommes, et le 26 au
matin, les bois étaient évacués.
Aussitôt commence la répression ; des colonnes mobiles sont placées dans
tous les villages, on désarme les habitants et on les charge de logements mili-
taires ; Duportaiï fait fouiller de fond en comble Tintigny, où il croyait
découvrir les Lenfant, Conrotte et Devillez, mais c'est en vain ; ils avaient
su se soustraire à toute recherche.
Cependant la plupart des insurgés ont été saisis ou ont fait volontaire-
ment leur soumission ; les innocents sont relâchés et les plus coupables sont
envoyés à Luxembourg où il doit être statué sur leur sort.
L'ordre paraît rétabli et le commissaire Duportaiï croit pouvoir conclure
son rapport en disant : « Il n'y a plus aucune apparence de troubles dans le
département, et les coupables échappés à nos recherches sont en trop petit
nombre pour qu'on puisse en concevoir de l'inquiétude. La tranquillité
règne dans tous les cantons. »
Fit-on retomber sur Tintigny, la responsabiUté des troubles auxquels
quelques-uns de ses habitants venaient d'être si activement mêlés, et que
la répression directe n'avait pu atteindre? On doit le croire lorsque l'on voit
la malheureuse commune inondée de troupes et frappée d'une prestation de
300 rations de pain et d'autant de viande, ainsi que de la fourniture de vingl-
qiiatre chariols à quatre chevaux pendant la durée des mêmes mois de germinal
et floréal. Et encore ne s'inquiétait-on guère de l'indemniser de ces charges
écrasantes, car ce n'est que deux années plus tard, et probablement à la
suite d'instantes et multiples démarches, que l'Administration municipale
du canton se décida à lui délivrer une reconnaissance de ces fournitures, ainsi
que cela ressort des deux pièces ci-après :
— 215 —
Département des Forêts. — Canton d'Etallo.
Commune de Tintigny.
« Nous membres de l'Administration municipale du canton d'Etalle, attes-
tons que la commune de Tintigny, même canton, a fourni trois cents rations
de pain et autant de viande pendant le courant des mois de germinal et floréal
an IVe (21 mars-20 mai 1796) aux troupes auxiliaires stationnées dans la
dite commune, qu'il n'a été délivré aucune quittance militaire et que la réqui-
sition qui a donné lieu à cette fourniture a été égaré.»
« Fait à Etalle, le 14 nivôse an VI (3 janvier 1798).
J. Hubert, J.-B. Bourguignon, Tschoffen.
Département des Forêts. — Canton d'Etalle.
Commune de Tintigny.
« Nous, membres de l'Administration municipale du canton d'Etalle, attes-
tons que la commune de Tintigny a fourni vingt-quatre voitures à quatre che-
vaux pendant le courant de germinal et floréal an lY^ aux troupes auxiliaires
cantonnées dans la dite commune, pour aller chercher du pain et de la viande
depuis Tintigny jusqu'à Arlon, distance de cinq lieues, qu'il n'a été donné
aucune quittance militaire, etc. »
J. Hubert, J.-B. Bourguignon, Tschoffen.
Vu par moi, commissaire du Directoire exécutif.
A. GOFFINET.
A valoir sur les impositions conformément à l'arrêté du 9 frimaire an V
(29 novembre 1796).
*
* *
On peut induire de cette seconde pièce qu'outre les deux compagnies de
150 hommes auxquels la commune devait fournir le pain et la viande, un
nombre beaucoup plus considérable de soldats y étaient cantonnés, puis-
qu'il fallait vingt-quatre chariots à quatre chevaux pour aller chercher à
Arlon le pain et la viande nécessaires à leur consommation.
10 mai. — Durant cette ère d'agitation générale, on avait un peu perdu
de vue ce qui touchait aux intérêts particuliers des habitants, et l'on était
arrivé à la date du 21 floréal (10 mai) sans avoir encore procédé à la distri-
bution ordinaire de l'affouage. Cependant tous les ménages, accablés par les
charges des logements militaires, devaient en avoir le plus urgent besoin.
Peut-être les formalités administratives nouvelles en avaient-elles retardé
jusqu'alors la distribution ; toujours est-il qu'un fonctionnaire de l'adminis-
tration centrale fut envoyé à Tintigny, aux fins d'effectuer le récolement de
la coupe de 1796.
Le procès-verbal rédigé par cet agent nous a été conservé ; je le reproduirai
ici, parce qu'il présente un réel intérêt au point de vue de l'indivision qui
— 216 —
oxislail ak)rs pour les bois entre les diiîérentes localités qui formaient aupa-
ravant la seigneurie de Villemont (1).
L'auteur de ce procès-verbal avait peut-être de réelles aptitudes pour les
fondions qu'il exerçait, mais il était pour sûr fort étranger aux règles les plus
élémentaires de la grammaire et de l'orthographe.
Du s'en fera une idée à la lecture de son rapport :
Bois et Forêts.
Département des Forêts. — Arrondissement de Virton.
u Verbal du recolement de la couppe annuel et ordinaire de la commune de
Tintigny, an (Han) et Poncel, adjoint Belle fontaine et la Hage ipour l'an
1796 V. s.
« L'an quatre de la République française, une et indivisible, le vingt un
floréal (10 mai) à cinq heures de relevé je soussignée s : inspecteur des bois et
forêts de l'administration centrale de Luxembourg, séante au dit Luxem-
bourg, demeurant ordinairement à Izel, arrondissement de Virton, porteui
de ma commission duement enregistrée, certifie m'être transporté aujour-
d'hui à l'heure susdite au bois de la commune de Tintigny, dont la commune
de la Hache et la commune de Belle fontaine tire la même part que la ditte
commune de Tintigny, au canton appelé Bouviveaux, accompagnie du citoyen
Henry, agent municipal de la commune de Tintigny et de Jacques Houimont,
adjoint et de Joseph Hubert, sentenier de la dite commune et Jean Bap-
tisse Laguerre forestiers, et de Vincent Maître jean agent municipal de la
commune de Belle fontaine et de Joseph André, adjoint et Joseph Dansart,
et Jean-Batisse Balon forestiers, partie faisante pour la commune de la Hache,
à l'effet de procéder au recollement de vingt quatre arpens, ou environs
de bois qui est la couppe a recroissance de 17 ans, étant arrivé au lieu susdit
j'ai bien vu que la couppe était exploitée en bon père de famille garnie plus
que suffisance de chênes anciens et modernes, charmes et hêtres anciens et
modernes, qui est l'essance de leurs bois, et aiant suit exactement les règles
et arrêtée des loix forestiers, pour la ditte exploitations aiant laisser pour
reserve et balliveaux en chênes anciens et hêtres anciens quatre cent et
quatre vingt et quatre pied, en modernes et de Fage de la même qualitée que
si dessus, dix sept cent et quatre vingt pied, la couppe annuelle des dittes
communes rapportera à chaque feu une corde et demy, dont la commune de
Tintigny, Poncel et An ne faisant qu'une se trouvent composée de cent qua-
rante feux, et Belle fontaine et la Hache de même, la susditte couppe se
trouve située sur le ban de la commune de la Hache, tenant au levant au
grand bois de la même commune, au midi, au taillis de 1795, au couchant
aux terres labourables de la Hache et au nord à la couppe de 1797, le tout
aiant été fait d'après l'arrêtée du 14 frimaire article sept.
(1) Cette indivision datait vraisemblablement de l'époque où ces localités furent
affranchies à la loi de Beauiiiont (1258), par le seigneur de Villemont, de concert avec
le comte de Ghiny, qui leur octroya, à cette occasion, « l'aisance de ses bois ».
- 217 —
Fait à la commune de Tintigny dans la maison du citoyen Jacque Houl-
mont, adjoint municipal le jour mois et an que dessus et signées d'après lec-
ture faite.
Etaient signés : H. P. Henry, agent.
Par copie conforme : J. Houlmont, adjoint ; J. J. Ericot, s : inspecteur
des bois et forêts pour l'arrondissement de Virton.
V : m. Jean agent ; André, adj.oint.
Il ressort bien du contenu de cette pièce que la communauté d'Ansart
n'avait alors aucune part dans les bois que possédaient par indivis Tintigny
et Bellefontaine. Mais lui appartenait, en propriété exclusive, le bois de
la Prise, dont le produit des coupes ordinaires paraissait suffire aux besoins
de sa population qui, d'après le recensement du 18 décembre 1794, comptait
41 ménages et 204 individus.
C'est ce qui semble ressortir du procès-verbal de récolement de la coupe
de 1796, dressé par le même fonctionnaire le 25 germinal (14 avril) et dans
lequel, après le préambule habituel il ajoute les détails intéressants qui sui-
vent :
« certifie m'être transporté aujourd'hui au lieux dit la Prise
contenant 45 arpen , mesure ordinaire du pays, accompagné du citoyen
.J. : Nicolas Pieret sentenier de la commune d'Ansart et de Joseph Halbardier,
forestier du dit bois, et Nicolas Evrard, garde du bois des domaines, à l'effet
de faire le recollement de leur couppe ordinaire de 1796, étant arrivé sur le
lieu susdit j'ai vu que la ditte coupe ne contenoit que de la haute futail en
chênes et même les 45 arpens entière exceptée un petit canton, qu'il si trouve
quelque mauvaise raspe dont la majeur partie sont garnis d'épines ; la couppe
susdite pour être partagée entre les habitants de la susditte contient (pour
consiste) en cinquante deux chênes et cinq charmes et un hêtre qui pourrait
leur faire en raport à chaque particulier de cinq quart de cordes, qui est le por-
duit annuelle de leur bois communeau, aiant fait tomber tous les dépérissant
et au retour de l'âge, lequel dans le nombre il n'est s'en trouve aucun qui
puissent servir pour la marine ni les arseneaux, le dit bois est située etc., etc.»
22 mai. — Tintigny gémissait sous le lourd fardeau d'une occupation mili-
taire exorbitante. Mais les réquisitions et les prestations de toute nature dont
on n'avait cessé de l'accabler pendant la période d'avril-mai ne devaient pas
encore marquer, pour ses malheureux habitants, le terme de leurs épreuves.
Dans les premiers jours du mois de prairial une nouvelle compagnie, appar-
tenant à la colonne mobile, vint prendre ses quartiers dans le village. Aussi-
tôt, réquisition de voitures pour le service des troupes. Mais les habitants,
exaspérés déjà par tant de charges continuelles, refusent d'y satisfaire, allé-
guant qu'aucune réquisition de l'Administration centrale ne leur a été adressée.
En présence de cette situation, le commandant de la compagnie porte
aussitôt plainte auprès des autorités de Luxembourg, et, dans le style mili-
taire emphatique de l'époque, écrit ce qui suit :
— 218 --
C-olonuc mobile.
(".ompagnie auxiliaire. — 78^ demi-brigade.
Tintigui, le 3 prairial (22 mai) IV^ année.
Le chef de la compagnie,
Aux ciloyens composant l'Administration centrale du département
des Forêts, à Luxembourg.
Citoyens,
« Je me suis présenté dans dilïérents villages, pour obtenir des voitures à
reflet d'aller chercher des elïets d'habillement dans les magasins de la Répu-
blique à Thionville, afin de couvrir nos soldats qui sont entièrement nuds.
Les difïérentes communes se sont refusées à m'en fournir faute que je
n'avais pas à leur présenter une réquisition de vous.
Ainsi je vous invite donc, au nom de l'humanité française, de m'en faire
passer une sur l'instant qui puisse me servir dans tous les cas où le bien du
service l'exigera.
Salut et fraternité.
Duché, Capitaine.
P. S. — Nous ne pouvons pas aller chercher nos vivres faute de cette réqui-
sition et jusqu'alors on ne nous avait pas fait cette difficulté. »
Transmise immédiatement au commissaire des guerres, cette requête
donna lieu de sa part à la réponse suivante adressée d'urgence à l'Adminis-
tration départementale :
Place de Luxembourg.
(( L'Administration du Département des Forêts est invitée d'autoriser
le commandant de la compagnie auxiliaire de la 78"^ demi-brigade à se faire
fournir de la commune de Tintigny où la dite compagnie est cantonnée, ou
de l'administration du canton, toutes les fois que le besoin du service l'exigera,
les voitures nécessaires pour le transport des vivres et efïets d'habillement
dont la dite compagnie pourra avoir besoin. »
" Luxembourg, le 4 prairial IV<^ année républicaine (23 mai 1796).
Le commissaire des guerres,
Desnoyers.
A son tour, l'Administration centrale du département dans sa séance du
même jour, prit l'arrêté motivé, dont suit la teneur, curieuse à plus d'un titre :
Extrait du procès-verbal de la séance du 4 prairial 4^ année.
'< Vu la réquisition du Commissaire des guerres Desnoyers de ce jour, de
faire mettre à la disposition du commandant de la compagnie auxiliaire de
— 219 —
la 78^ demi-brigade cantonnée dans la commune de Tintigny les voitures
nécessaires pour le transport des vivres et elïets d'habillement dont elle a
besoin.
L'Ado°, le O'*^ du D^e ex : entendu arrête :
Art. 1er.
La commune de Tintigny fournira, à la réquisition et première demande,
au commandant de la compagnie de la 78^ demi-brigade, les voitures néces-
saires pour aller chercher les vivres et effets dont elle a besoin.
Art. 2.
(^es voitures ne seronL fournies que lorsque l'urgence du service l'exigera,
et au cas que cette commune soit surchargée par cette fourniture, rAd°° M^^
d'Etalle fera fournir par d'autres communes les plus voisines de ce cantonne-
ment, les voitures dont il s'agit. Le dit commandant s'adressera à la dite
Administration à cette lin.
Art. 3.
Ces voitures ne seront tenues que de faire une station, c'est-à-dire 5 ou 6
heues de distance de leur domicile. Le dit commandant est autorisé à les faire
relever et remplacer par les Ado°s des cantons ou communes où elles se trou-
veront à cette distance.
Art. 4.
Expédition du présent arrêté sera envoyée à l'Ado" M^^^ d'Etalle, au dit
commandant et à la dite commune pour son exécution. »
Pour expédition conforme :
CONCEMONT.
10 juin - 25 septembre. — Outre les troupes cantonnées dans la commune,
les habitants de Tintigny eurent encore à subir, depuis le commencement de
juin jusqu'à la fm de septembre, les charges et les réquisitions nécessitées
par le passage de l'armée de Sambre et Meuse. Le pays était inondé de soldats,
et des convois interminables de vivres, d'armes et de munitions encombraient
toutes les routes. Arrachés aux travaux des champs, dont la plupart restaient
en friche, les malheureux cultivateurs se voyaient forcés de mettre, sans trêve
ni repos, leurs chevaux et leurs chariots au service des armées.
La déclaration suivante délivrée à l'un d'entre eux, dépeint suffisamment
cette lamentable situation :
Parc de Luxembourg.
Equipages M^es. — Services aux'es.
Armée de Sambre et Meuse.
(( Je soussigné, chef du parc des dits équipages, certifie et atteste que le
citoyen Henri Aubrion, de la commune de Tintigny, canton d'Etalle, a fait
— 220 —
coiitinuellemeiil le service avec sa voiture et ses quatre chevaux, sans aucune
rétribution (!), depuis le 22 prairial lY^ année (10 juin 1796), jusqu'au cin-
quième jour complémentaire (22 septembre) où il a perdu un de ses chevaux
par mort casuelle, et que depuis cette époque, il a continué de le faire avec
ses trois autres jusqu'au 4 vendémaire cinquième année (25 septembre).
En foi de quoi, je lui ai délivré le présent pour lui servir et valoir au besoin. »
Le chef du parc,
LÉTACHE.
5 septembre. — Le 19 fructidor an IV (5 septembre 1796), fut votée la loi
établissant la conscription dans toute l'étendue du territoire français.
A partir de ce jour, cette loi pesa lourdement sur le pays et devint bientôt
odieuse aux populations.
Elle prévoyait l'inscription au rôle annuel de tous les jeunes gens âges de
vingt ans, parmi lesquels le sort désignait ceux qui devaient être soldats.
Les conscrits auxquels le sort avait été favorable ne pouvaient cependant
pas se considérer comme étant définitivement libérés. La loi, en effet, avait
posé ceci en principe : « Tout Français est soldat et se doit à la défense de la
patrie. »
Les jeunes gens âgés de 20 à 25 ans et que le sort avait épargnés, formaient
cinq classes annuelles^ dont tous les membres étaient inscrits sur des listes
où ils étaient classés par rang d'âge. Le gouvernement pouvait puiser sur
ces listes selon ses besoins, en appelant d'abord la plus jeune classe et en com-
mençant, dans cette classe, par les plus jeunes conscrits.
13 décembre. — Pendant que la République se mettait ainsi en mesure de
fournir aux besoins toujours renaissants de ses armées, ses agents poursui-
vaient dans notre pays, l'accaparement des biens ecclésiastiques.
Le Bénéfice Sainte-Anne, fondé en l'église paroissiale, n'avait pas échappé
à leur attention.
Un commissaire spécial, envoyé à Tintigny pour en faire l'estimation, trans-
mit à ses chefs le désinvolte procès-verbal suivant de cette opération :
Etalle, le 23 frimaire an V (13 décembre 1796).
« Le citoyen Mirondot, commissaire de l'Administration, au citoyen Failly,
administrateur du département des Forêts.
« Je vous envoyé, citoyen et ami, six procès-verbaux d'estimation de biens
nationaux dépendants tant de la ci-devant abbaye d'Orval, que du Bénéfice
Sainte-Anne, dont le chef-lieu est Tintigny.
« Ce bénéfice est sans charge d'âmes. Le gouvernement autrichien en était
le collateur, c'est ce qui m'a déterminé à le prendre en passant. Je vous en ai
parlé. Vous m'avez répondu dans le principe que jusqu'à présent il ne s'agis-
— 221 —
sait que des biens du clergé régulier et vous n'avez pas désapprouvé ma con-
duite, qui ne fait qu'anticiper sur les événements et a le mérite d'assurer à
la République des objets qui auraient pu échapper.
« Respects à vos aimables citoyennes, civilités et amitiés de la part des
miennes.
« Je suis de tout mon cœur, votre citoyen et ami,
MiRONDOT.
A la suite de ce rapport, l'Administration décida la mise en vente du dit
bénéfice et en fixa la date au l^i" ventôse an V (19 février 1797).
Les parents du fondateur ou plutôt leurs héritiers, car le bénéfice était
de création fort ancienne, songèrent aussitôt à mettre opposition à cette
aliénation abusive.
A cette fin, les ayants droit qui étaient pour lors les nommés J.-B. Laguerre,
Henri François, Philippe Rossignon et Guillaume Hubert, tous de Tintigny,
adressèrent à l'Administratioç centrale du département des Forêts, une
requête tendante à ce qu'il soit sursis à la vente et adjudication des biens du
bénéfice Sainte-Anne, érigé en leur éghse paroissiale et que ces biens leur
soient attribués à titre d'héritiers et plus proches parents du fondateur.
Voici cette pièce :
Citoyens Administrateurs,
« Les pétitionnaires vous exposent que venant d'être informés que la vente
au profit de la nation des biens composant le bénéfice Sainte-Anne érigé
en l'église paroissiale de Tintigny, seroit fixée au premier ventôse prochain,
ils se croient, d'après les lois, fondés à réclamer ces biens, non seulement en
leur qualité d'héritiers et plus proches parents des donateurs d'iceux et
fondateurs du dit bénéfice, mais aussi parce que les dispositions des dits
donateurs portent qu'en cas de suppression de ce bénéfice, les biens en retour-
neront à sa famille, selon que les exposants le justifieront par la production
des titres afférents, et ce qui d'ailleurs est si vrai que jamais le bénéfice n'a
pu, suivant l'une des conditions de son érection, être conféré qu'à ceux qui
se prouvaient être les plus proches parents des susdits fondateurs et dona-
teurs.
' Parmi quoi, ils réitèrent leur demande ci-dessus formée, aux offres de
la justifier le plus tôt possible, faisant élection de domicile en celui de leur
défenseur officieux soussigné. »
« Salut et fraternité.
Signé : J. F. Guillaume, avec paraphe.
Luxembourg, le 24 pluviôse an cinq (12 février 1797).
Observations en marge :
a) Les pétitionnaires produiront leurs titres pour qu'ils soient examinés
— 222 —
par i'Admiiiislralion et qu'il soil ensuite statué par elle sur ce qu'il appar-
tiendra.
Luxembourg, le 14 ventôse an V (4 mars 1797).
Faillv ; DuPORTAiL, S'"*^ en chef.
b) Soit le mémoire ci-contre envoyé à ïad°^ municipale du canton d'EtalIe
pour donner son avis sur la réclamation qui en fait l'objet, et le faire remettre
à l'ado" centrale dans le délai d'une décade.
DUPORTAIL.
11 eût été intéressant de connaître la suite donnée à cette affaire ; mais
l'absence de tout document s'y rapportant ne m'a pas permis de savoir
quelle en fut l'issue.
Quoiqu'il en soit, le bénéfice de Sainte-Anne ne survécut pas à la tour-
mente révolutionnaire ; les biens seuls affectés autrefois à l'établissement de
cette œuvre en ont perpétué le souvenir, et l'on désigne encore aujourd'hui
sous le nom de Bénéfice, les jardins et prairies situés entre la rue Perdue, la
Semois, et le ruisseau de Villemont lesquels biens en constituaient le fonds
principal (1).
20 décembre. — Aucun bien d'église ne devait échapper à la rapacité des
agents de la République.
Au mois de novembre 1267, Wauthier de Wees, seigneur de Villemont,
donnait « pour Dieu et en aumosne, à tous jours mais à tenir, à l'éghse d'Orval,
« dois muis vertenois de bief moniale, à panre au molin de Poncel, dou meil-
« lour qui i serat. »
Cette redevance avait été régulièrement et loyalement acquittée durant
le cours de plusieurs siècles, et les religieux d'Orval la percevaient encore
au moment où éclata la terrible révolution qui devait marquer la fm du célè-
bre monastère.
Le relevé des biens de l'abbaj^e avait révélé aux sbires républicains l'exis-
tence de cette rente ; aussi l'administration centrale s'empressa-t-elle, dès
qu'elle lui fût signalée, de dépêcher un commissaire spécial pour procéder
à son estimation et en préparer la mise en vente consécutive.
Le procès-verbal d'estimation est curieux à plus d'un titre, mais l'étendue
de cette pièce ne me permet que d'en citer les passages les plus intéressants,
surtout ceux qui sont relatifs à l'estimation de la valeur des grains à cette
époque et aux mesures alors en usage.
Voici ces divers extraits :
No 79 du 4e état des estimations (1).
(1) Par testament en date du 26 juin 1769, Guillaume Huberti, pour lors titulaire
du bénéfice Ste-Anne donne « pour augmentation de revenu, la grange, escurie et
jardin y attenants et à lui appartenant en propriété ». — A?^ch. pat^oiss.
— 223 —
« L'an cinq de la république française, une et indivisible, le 30 frimaire
(20 décembre 1796), en exécution de la commission à moi délivrée par l'Admi-
nistration centrale du département des Forêts en date du 5 brumaire, enre-
gistrée le premier frimaire présent mois, Je Marie-Gabriel Mirondot, expert
soussigné, demeurant au Chatelet, commune de Habay-la-Neuve, me suis
transporté, assisté du citoyen Adrien Goffînet, commissaire du Directoire
exécutif près l'administration municipale du canton d'Etalle, par moi requis,
au moulin de Poncelle, dont la propriété appartient au citoyen Trazegnies
de Villemont, le dit moulin tenu à loyer par le citoyen Guillaume Claisse,
lequel est tenu de payer aux religieux d'Or\'^al, un rendage annuel de deux
muids de seigle, ou 48 bichets mesure de Virton. Lesquels deux muids de
seigle étaient affectés par la dite abbaye au payement des gages de leur
garde chasse de la ci-devant prévôté et seigneurie d'Etalle.
Et après avoir conféré avec le dit citoyen Goffmet, commissaire du pou-
voir exécutif et le receveur des Domaines de l'arrondissement sur l'avantage
ou le désavantage qui pourrait résulter de la division de ce rendage, nous
avons déterminé de concert avec le dit citoyen Goffmet, qu'il n'est pas
dans le cas d'être divisé et qu'il doit former un seul lot d'adjudication ; en
conséquence, nous avons procédé à l'estimation ainsi qu'il suit :
« Le prix du halage des grains vendus sur le marché de Virton n'ayant pas
été tenu exactement pendant les dix dernières années, nous avons pris pour
base, faute de mercuriale, le rapport fait tout récemment par le receveur
des subsides à la résidence de Virton, à l'administration centrale, que nous
a transmis le citoyen Gillet, commissaire du pouvoir exécutif près l'adminis-
tration municipale du canton de Virton, d'après lequel le quintal (1) de fro-
ment est estimé dix livres (2) et le seigle sept livres aussi le quintal. Ainsi,
d'après cette donnée, les quarante huit bichets formant ensemble environ
douze quintaux, donnent un revenu annuel en deniers, de quatre-vingt-
quatre livres, de laquelle déduisant le cinquième formant la somme de seize
livres seize sols pour contribution dont le dit rendage est présumé devoir
être chargé, n'étant pas porté sur le rolle des contributions, reste net celle
de soixante-sept livres quatre sols. D'après lesquels délais et le prix commun
des grains dans le canton de Virton et celui d'Etalle, j'estime les dits quarante-
huit bichets de seigle à percevoir sur le moulin de Poncelle chaque année, à
raison de dix-huit fois le revenu, à une somme principale de douze cent
neuf livres douze sols, pour être vendus en un seul lot conformément à la
loi du 17 fructidor dernier et à l'arrêté du Directoire exécutif du 23 du même
mois. »
« De tout quoi, j'ai dressé le présent procès-verbal que le dit citoyen Adrien
Goffmet, commissaire du Directoire exécutif près l'administration munici-
pale du canton d'Etalle a signé avec moi.
Fait les jour, mois et an que dessus.»
Mirondot : A. Goffînet.
(1) 1 quintal = 100 kg.
(2) 1 livre = 1 franc ; 1 franc = 20 sols ou sous.
— 224 —
Vu par le soussigné Receveur des Domaines à Habay.
Perin.
Vu à l'administration municipale du canton d'EtalIe le 5 nivôse an V
(25 décembre 1796).
J. Magnette.
1797
EPHEMËRIDES ADMINISTRATIVES.
H. -P. Henry, jusqu'alors agent municipal de la commune de Tintigny
est nommé juge de paix du canton d'Etalle. Il est encore agent municipal
le 12 avril, c'est à cette date qu'il apparaît comme tel pour la dernière fois-
Il a pour successeur Joseph Hubert, 29 ans, ancien aide-greffier de la
justice de Villemont.
Une attestation délivrée par la commune le 26 thermidor (13 août) est
signée : H.-P. Henry, sans autre indication; Joseph Hubert, agent muni-
cipal.
Leurs nominations respectives aux fonctions de juge de paix et d'agent
municipal ont eu lieu apparemment vers cette date.
Le 11 vendémiaire an VI (2 octobre 1797), premier acte de l'état civil
signé : Jos. Hubert, agent municipal.
Jacques Houlmont, reste adjoint municipal.
Tintigny contribua, pour la plus large part, à la formation du premier
tribunal de justice de paix du canton d'Etalle :
Henri-Philippe Henry, ancien greffier de la haute justice de Villemont,
juge de paix, 32 ans, demeurant à Tintigny.
Henri-Joseph Rion, huissier du tribunal de paix, 25 ans, domicilié à
Tintigny.
Joseph Renaud 63 ans, assesseur au tribunal de paix du canton d'Etalle,
demeurant à Ansart.
Gille George, assesseur au tribunal de paix du canton d'Etalle, 62 ans,
demeurant à Tintigny.
Jean Iker. greffier du juge de paix, âgé de 26 ans, demeurant à Tintigny,
secrétaire communal.
EPHEMERIDE MILITAIRE.
17 octobre. — Traité de Campo-Formio. La Belgique, la Savoie et Nice
sont cédées à la France.
— 225 —
FAIT LOCAL.
23 brumaire an VI (13 novembre 1797). Décès à Breu vanne de Louise-
Martine de Saintignon, épouse de Jean-Baptiste de Prouvy, seigneur du
Ménil.
*
4 février. — Le pouvoir central venait de décréter que la comptabilité des
fabriques d'églises serait dorénavant soumise au contrôle des autorités
civiles. C'était un acheminement vers leur suppression et la vente de leurs
biens, que le gouvernement républicain ne devait pas tarder à réaliser.
Le 16 pluviôse an V (4 février 1797), les membres du conseil de fabrique
sont réunis au presbytère sous la présidence du curé Duchemin, pour ouïr
la reddition du compte de l'exercice précédent. Ce compte est présenté par
Vincent Maîtrejean, de Bellefontaine, receveur, ass'sté de Jean-Nicolas Maî-
trejean et de Henri Goffin, membres, tous les deux aussi de Bellefontaine (1),
qui se sont trouvés à cette liquidation, sur convocation ordinaire.
« Pendant l'exposition du dit compte, même moment seize pluviôse cin-
quième année, est intervenu le citoyen Goffinet, commissaire du Directoire
exécutif près l'administration municipale du canton d'Etalle, accompagné
du citoyen Henry, agent municipal de Tintigny, lesquels après avoir pris
vision tant de la recette que de la dépense du compte ci-dessus, l'ont arrêté
comme il est dit en la clôture d'icellui.
« Fait et arrêté au dit Tintigny le seize pluviôse cinquième année. »
Suivent les signatures.
21 mars-1 juin. — Il était d'usage autrefois, de délivrer gratuitement
aux bourgeois, les bois nécessaires à la confection de leurs instruments ara-
toires et à la construction ou à la réfection de leurs maisons. Aucun ne se
faisait faute d'user et même souvent d'abuser de cette remarquable faveur.
Le citoyen Adrien Goffmet, commissaire du Directoire exécutif et ci-devant
juge et officier de la seigneurie de Villemont, s'était fixé à Tintigny tout au
début de l'exercice de sa nouvelle charge. Né aux Bulles, le 10 janvier 1763,
il avait épousé le l^r août 1786, Bernardine- Joséphine Tinant, née à Rom-
poncelle, en 1763.
Il avait songé dès lors à s'établir définitivement à Tintigny et, à cet effet,
il avait successivement acquis, de 1790 à 1793, des héritiers de Jean Médy,
en son vivant chirurgien-juré de la seigneurie de Villemont, les portions com-
pétentes à chacun d'eux, dans la maison occupée auparavant par le praticien
décédé, et connue sous le nom de maison Médy. Elle était située dans la partie
du village désignée alors sous le nom de Petite Tintigny, sur le chemin de
Saint-Vincent. Elle existe encore de nos jours. C'était une belle et spacieuse
habitation, mais de construction déjà ancienne.
(i; Paroisse de Tintigny, à cette époque.
— 226 —
Gollinet résolut de la reconstruire et de l'embellir. Il s'était bien promis
d'user à cette fin de la faculté consacrée par la coutume, et de se procurer
gratuilenient et à sulfisance tous les bois nécessaires aux travaux qu'il avait
projetés.
11 élait assuré d'avance que la demande qu'il allait faire, si démesurée
qu'elle pût paraître, serait pariouj: favorablement accueillie. Il ne pouvait
en être autrement, toutes les autorités à l'approbation desquelles cette
demande devait être soumise, ou avaient à compter avec lui en raison des
fonctions qu'il exerçait, ou étaient de ses amis. xMirondot, inspecteur des bois
et forêts, entretenait avec lui des relations suivies ; H.-P. Henry, agent muni-
cipal de la commune de Tintigny et Joseph JMagnette, le membre le plus
influent de l'administration municipale du canton d'Etalle, étaient ses
anciens collègues de la haute justice de Villemont.
Le premier soin d'Adrien GofTinet fut de faire établir, par un agent
officiel, un devis détaillé de la quantité d'arbres qui lui serait nécessaire pour
conduire à bonne fin l'importante restauration dont il avait élaboré les plans.
Cet agent rendit compte de la manière suivante de l'estimation à laquelle
il avait procédé.
« L'an cinq de la République française, une et indivisible, le premier ger-
minal (21 janvier 1797), je soussigné, Lambert Gribaumont, charpentier
juré de la commune de Belleiontaine, me suis transporté, à l'invitation du
citoyen Adrien Goffînet, de la commune de Tintigny, sur un bâtiment situé
en ce dernier endroit, à lui appartenant et qu'il veut faire rétablir, à l'effet
de reconnaître et constater la quantité et la qualité des arbres chênes qui lui
sont nécessaires pour achever et reconstruire son bâtiment susmentionné ;
j'ai, d'après une visite dûment faite, reconnu qu'il était absolument nécessaire
au dit citoyen Goffînet, de la quantité de soixante quatre pieds cVarhres chênes
de la qualité 'comme s'en suit, savoir :
Pour deux places à main droite en entrant, quinze sommiers de
dix-huit pieds de longueur chacun, ci 15
Pour les deux vestibules, douze sommiers de dix-huit pieds l'un
ci 12
Pour une place au-dessus des caves sur le derrière, douze som-
miers de treize pieds l'un, ci 12
Pour une autre place au-dessus des mêmes caves, onze sommiers
de dix-huit pieds l'un, ci 11
Pour la réparation du toit, quatre vernes de vingt-pieds l'une, ci . 4
Pour deux places à côté de la cuisine, dix sommiers de quatorze
pieds l'un, ci 10
Total .... 64
Fait et reconnu à Tintigny, les jour, mois et an que dessus. »
Lambert Gribaumont.
— 227 —
« Vu et vérifié par l'agent municipal de Tintigny, le l^r germinal an V. «
H.-P. Henry.
Nanti de cette estimation, à laquelle il avait évidemment collaboré, Golïi-
net adresse à l'administration centrale du département des Forêts, la requête
ci-après :
LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ
Tintigny, le 6 germinal an V (26 mars 1797).
Citoyens Administrateurs,
« Le citoyen Adrien Gofïinet, commissaire du Directoire exécutif près l'admi-
nistration municipale du canton d'Etalle, demeurant à Tintigny, soussigné
possède une maison située au dit lieu qui se trouve en très mauvais état et
pour le rétablissement de laquelle il lui est absolument nécessaire de soixante-
quatre arbres chênes pour sommiers et vernes, suivant qu'il est justifié
par l'acte ci-joint, dressé d'après visite du charpentier et attesté par l'agent
municipal.
« Comme il a toujours été d'usage que les habitants obtenaient dans les
bois communaux les bois de bâtiment nécessaires lorsqu'il s'en trouvait en
suffisance dans les coupes, et que par la déclaration ci-jointe des agents
municipaux et forestiers, il est constaté qu'il existe dans la coupe ordinaire
de Tintigny pour le chauffage de 1797 v. s., est une quantité d'arbres chênes
dont on peut disposer et qui surpasse le nombre nécessaire au soussigné, il
vous invite, en conséquence, citoyens administrateurs, à lui accorder soi-
xante-quatre arbres chênes dans la coupe des bois de Tintigny de 1797 v. s.,
pour être employés à son bâtiment, et d'autoriser qui de droit pour lui en
faire la délivrance.
A GOFFINET.
Le même jour, les autorités municipales de Tintigny et de Bellefontaine,
dont les bois étaient indivis, émettent un avis favorable :
« L'an cinq de la République française, le 6 germinal, nous soussignés,
Henri-Philippe Henry, agent municipal de Tintigny et Vincent Maîtrejean,
agent de Bellefontaine, Jacques Dessaint et Jean Pierson, forestiers des bois
communaux de Tintigny, déclarons que la coupe ordinaire de chauffage de
ces communes pour 1797 v. s., est exploitée dans la raspe : qu'outre le
nombre de balivaux de haute futaye et surtout en espèce de chênes
qui doivent rester par arpent conformément aux lois et arrêtés, on peut
faire tomber dans la dite coupe la quantité de cent et dix arbres chênes pour
être employés à la réfection et construction des bâtiments des citoyens de la
commune qui en constateraient le besoin, suivant les anciens usages, nous
déclarons au surplus que dans le nombre de ces chênes aucun ne peut ser-
vir à la marine.
« Fait les jour, mois et an que dessus. »
H.-P. Henry, agent ; V : m : Jean, agent ; Jacques Dessaint, forestier ;
Jean Pierson, forestier.
15
— 228 —
Le 8 germinal (2(S mars) l"ai>eul municipal de Tintigny déclare qu'il est
vrai que Lambert Gnl)aumi)nL de Bellefontaiue est un ancien charpentier
juré, et que les bourgeois de Tintigny ayant des bois communaux, ont eu
(le tout temps le droit, en cas de reconstruction ou même d'érection de bâti-
ments neufs, de s'y faire marquer et désigner les arbres chênes dont ils
pourraient avoir besoin pour la charpente de ces bâtiments.
Le 17 germinal (6 avril) la demande de Gollinet est soumise à l'examen
de l'administration municipale du canton d'Etalle, qui se borne à y apposer
son visa, revêtu des signatures des citoyens Magnette et H. Jeanty.
L'inspecteur des bois et forêts, requis à son tour d'émettre son avis déclare :
« D'après le visa de l'administration municipale du canton d'Etalle, les
certiticats des agents forestiers de Tintigny, le soussigné ne voit aucun empê-
chement à faire en faveur du pétitionnaire une exception à l'arrêté du 29 ven-
démiaire an V (2 octobre 1796), puisqu'il résulte des certificats que la coupe
annuelle dont la raspe (1) est abattue et enlevée, peut produire au-delà de
la quantité de chênes reprise au devis, sans dégrader le bois, et en laissant le
nombre de bahvaux des trois âges prescrits par l'ordonnance, w
« Le 19 germinal an V (8 avril 1797) ».
MiRONDOT.
Ahn de hâter l'accomplissement de toutes les formalités requises en
pareille circonstance, l'agent municipal de Tintigny, H.-P. Henry, se hâte
de délivrer au citoyen Goflinet, le 23 germinal (12 avril), une déclaration
par laquelle il atteste que le pétitionnaire a réellement besoin de soixante-
([uaire arbres chênes pour achever la reconstruction de sa maison située au
dit lieu et qu'tV a déjà tous les autres matériaux prêts à V effet de cette recon-
struction.
Sur ces entrefaites, Philippe Rossignon, ex-sergent d'office de l,a ci-devant
justice de Villemont, qui faisait aussi efïectuer à sa demeure d'importantes
restaurations, jugea le moment favorable, de conx:ert sans doute avec GofTi-
net, de demander aussi, aux autorités compétentes, la délivrance gratuite
des bois dont il avait besoin. Mais il fut plus modéré et ne demanda que trente
chênes.
Le 21 floréal (10 mai) la requête d'Adrien Goffinet et celle de Phihppe
Rossignon étant venues à l'avis du sous-inspecteur des bois et forêts,
comme il était de règle, celui-ci donne cet avis dans les termes ci-après :
'( Le citoyen GofTmet, domicilié à Tintigny, et le citoyen Rossignon, de
la même commune, se sont pourvus près l'Administration centrale pour
obtenir des bois de bâtiment pris dans les bois communaux pour achever les
réparations de leurs maisons. La demande leur est octroyée ; ils absorbe-
ront la majeure partie des chênes de la coupe de cette année (!) ; le sous-in-
(1) Raspe, futaie, grosse branche ou baliveau d'un arl)re de futaie.
— 229 —
specteur estime néanmoins que ceux qu'on peut faire tomber sans dégrader
le bois et en laissant la quantité de baliveaux prescrits par les ordonnances,
on peut satisfaire aux besoins de ces deux citoyens. »
« A Habay-la-Neuve, le 21 floréal an V (10 mai 1797) ».
T : Stevenotte, s : inspecteur.
Il ne manquait plus aux pétitionnaires que l'agréation de l'Administra-
tion centrale ; elle ne se fit pas trop attendre, et la séance dans laquelle la
requête des deux citoyens fut examinée se clôtura par l'intéressant arrêté
qu'on va lire :
« Vu la pétition des citoyens Goffinet et Rossignon de la commune de Tin-
tigny, l'avis de l'inspecteur des bois en date du 19 germinal an V ; l'état de
la quantité de bois nécessaire aux pétitionnaires constaté par l'agent muni-
cipal de Tintigny ; un certificat des agents municipaux de Tintigny et Belle-
fontaine, constatant que l'on peut disposer de 110 chênes dans la coupe de
1797 du bois communal de Tintigny ; l'Administration considérant que de
tout temps les habitants de Tintigny ont joui chi droit de prendre dans leur
bois communal celui nécessaire pour leuiv. constructions, lorsque la nécessité
en était constatée ;
Le commissaire du Directoire entendu, arrête :
Art. 1er
Le sous-inspecteur des bois du canton d'Etalle est autorisé à désigner,
marquer et délivrer aux pétitionnaires, dans le bois communal de Tintigny,
coupe de 1797, la quantité d'arbres désignée au devis du charpentier du 1er
germinal dernier.
Art. 2.
Les pétitionnaires se conformeront aux lois et aux usages du pays dans
l'exploitation des d. arbres, laquelle au surplus sera surveillée par le> agent
et adjoint municipaux de Tintigny et le sous-inspecteur.
Art. 3.
Il seront tenus de justifier l'usage qu'ils en auront fait dans un an de ce
jour à l'administration municipale du canton.
Art. 4.
Expédition du présent arrêté sera remise aux pétitionnaires et au sous-
inspecteur, lequel dressera procès-verbal de la délivran."e du dit bois et le
transmettra au secrétariat de l'Administration centrale.
Délivré en séance, le 13^ prairial an V (l^r juin 1797) ».
N. Reuter ; BocHKOLTZ ; Dewilde ; Legier ; Seyler, secrétaire en chef.
Il ne restait plus qu'à délivrer aux intéressés les arbres leur accordés si
généreusement.
— 230 —
llonformémont à la décision ci-dessus de l'Administration centrale, le
sous-inspecleur des bois et forets se transporta sur les lieux et procéda à la
désignation des chênes qui devaient être abattus pour satisfaire aux besoins
des pétitionnaires.
11 rendit compte de sa mission dans le procès-verbal dont suit la teneur :
(( L'an cinq de la République française, une et indivisible, le 19 prairial
(7 juin 1797), ensuite de deux arrêtés de l'Administration centrale du dépar-
tement des Forêts, tous deux en date du 13 courant (le'" juin), par lesquels
il est accordé aux citoyens Adrien GofTinet et Philippe Rossignon, tous deux
de la commune de Tintigny, canton d'Etalle, des bois pour reconstruire leurs
bâtiments,
« Je soussigné, Toussaint Stevenotte, sous-inspecteur des bois et forêts
de l'arrondissement de Habay-la-Neuve, résidant au CJiatelet, d'après la
commission qui m'a été dépêchée par les susdits arrêtés, me suis transporté
dans les bois communaux de Tintigny, coupe ordinaire de 1797, v. s., accom-
pagné des citoyens Vincent Maîtrejean et Jacques Houlmont, agent et adjoint
municipaux, Jacques Dessaint et J.-B. Laguerre, forestiers des dits bois,
et Lambert Gribaumont, charpentier, et en présence d'iceux j'ai désigné,
marqué et délivré dans la dite coupe, conformément aux susdits arrêtés,
savoir au dit citoyen GofTinet, la quantité de soixante-quatre arbres chênes,
et au citoyen Rossignon celle de trente arbres chênes ; parmi que les dits
citoyens se conformeront aux lois forestières et conditions portées aux sus-
dits arrêtés, chacun pour ce qui le concerne.
(( Ainsi fait à Tintigny, les jour, mois et an que dessus (1) ».
T. Stevenotte, sous-inspecteur ; J. Houlmont, adjoint ; H. J. Rossi-
gnon ; A. GoFFiNET ; Lamb. Gribaumont ; Jacques Dessaint, forestier.
Je me suis étendu un peu longement sur ce point, afin de rappeler un
antique usage, aujourd'hui aboli, et de faire connaître les diverses formalités
auxquelles était soumis l'exercice de ce précieux privilège.
Il était, certes, très louable et fort utile, en vue du bien même de la com-
munauté, d'encourager par un don de cette nature les bourgeois qui confec-
tionnaient des instruments aratoires ou qui construisaient des maisons ;
mais on conviendra que l'octroi de pareille faveur eût dû avoir une limite
au-delà de laquelle il n'eût été permis de faire exception pour personne. Agir
comme le firent en faveur de Rossignon et surtout de Goffinet des autorités
trop complaisantes, c'était frustrer les autres bourgeois d'une notable partie
de l'affouage qui aurait dû équitablement leur être attribué. On n'hésita pas
cependant, dans le cas en question, de distraire du patrimoine commun
l'énorme quantité de quaire-uingl-qualorze arbres chênes qui, estimés au prix
moyen et assez minime de 50 francs l'un, constituaient pour cesdeux citoyens
un fort joli cadeau, (".es arbres, en efïet, ne pouvaient être de petite taille,
(1) Il est à noter que les diverses pièces émanées des agents locaux ou rédigées sur
les lieux, sont toutes écrites de la main de Goffinet et apparemment élaborées par lui.
— 231 —
si Ton songe qu'ils devaient servir à confectionner des vernes et des sommiers
énormes, comme ceux que l'on peut voir encore dans plus d'une ancienne
maison de la commune.
lei' septembre. — Le système des réquisitions à outrance continuait à
sévir et à accabler les malheureux campagnards. On accumulait àLuxembourg
des approvisionnements immenses, si l'on en juge par la quantité considé-
rable de fourrage et de paille que dut livrer à ce moment la seule commune de
Tintigny. Il est vrai que ces livraisons se faisaient contre des bons de paie-
ment, mais ceux-ci n'étaient jamais recouvrables en espèces ; ils demeuraient
exclusivement imputables sur les impositions, et l'on avait toujours bien soin
de proportionner celles-ci à l'importance des livraisons faites par les four-
nisseurs.
Voici un exemple de la forme dans laquelle étaient traités ces marchés :
Département des Forêts. — Place de Luxembourg.
Canton d'Etalle. — Commune de Tintigny.
Reçu la quantité de trente-cinq quintaux de paille, livrés au magasin de
la place de Luxembourg, par le citoyen Henry de la commune de Tintigny.
canton d'Etalle, éloignée de dix lieues du magasin, en exécution de l'arrêté
du 8 pluviôse an cinquième (27 janvier 1797), de l'Administration centrale
du département des Forêts.
Délivré en la place de Luxembourg le 15 fructidor cinquième année de la
République (l^'" septembre 1797).
Le garde magasin. Vu par le commissaire des guerres,
DupoY. Dubois.
Vu bon par le commissaire de l'Administration centrale, pour la somme de
cent cinq francs dix-huit sols, y compris le transport, imputable sur les impo-
sitions, conformément à l'art. VIII du susdit arrêté, et annoté au registre
sous le no 633.
Dewilde.
Suit le relevé des différentes fournitures faites par la commune de Tintigny.
Même reçu pour vingt-sept quintaux de paille livrés par le citoyen Henry
de la commune de Tintigny, pour la somme de quatre-vingt-un francs qua-
torze sols.
Luxembourg, le 15 fructidor 5^ année (l^r septembre 1797).
— Id., pour quarante quintaux de paille livrés par le citoyen Garand de
Tintigny, pour la somme de cent-vingt-six francs dix sols.
Luxembourg, le 30 vendémiaire 6^ année (21 octobre 1797).
(1) Soit environ 3 francs le quintal, transport compris.
-^ 232 —
— 1(1. pour (lix-sopl quintaux de paille livrés par le citoyen Ricaille de
Tintigny, pour la somme de cinquante-un francs huit sols.
Luxembourg, le 4 brumaire 6^ année (25 octobre 1797).
Id. pour vingt-cinq quintaux de foin livrés par le citoyen Henry le
jeune de Tintigny, pour la somme de quatre-vingt-huit francs trois sols.
Luxembourg, le 13 brumaire 6^ année (3 novembre 1797).
— Id. pour vingt-un quintaux de foin livrés par le citoyen Henry de Tin-
tigny, pour la somme de quatre-vingt-huit francs trois sols.
Luxembourg, le 13 brumaire 6« année.
— Id. pour vingt-un quintaux de paille livrés par le citoyen Henry de
Tintigny, pour la somme de soixante-trois francs onze sols.
Luxembourg, le 21 brumaire 6^ année (11 novembre 1797).
— Id. pour quatre-vingts quintaux de paille livrés par le citoyen Henry de
Tintigny, pour la somme de soixante-trois francs dix sols.
Luxembourg, le 21 brumaire 6® année.
— Id. pour vingt-deux quintaux vingt-cinq livres de paille livrés par le
citoyen Henry de Tintigny pour la somme de soixante sept francs six sols.
Luxembourg, le 21 brumaire 6^ année.
— Id. pour huit quintaux d'avoine livrés par le citoyen Delaitre de la
commune de Breuvanne, pour la somme de nonante-quatre francs.
Luxembourg, le 9 frimaire 6^ année (29 novembre 1797).
Nota. — Le présent a été donné en acompte des subsides par le citoyen
Delaitre du Rossignolle.
Tintigny, le 27 frimaire 6^ année (17 décembre 1797).
26 septembre. — On en était arrivé au moment le plus critique et le plus
périlleux de toute la période révolutionnaire. Des énergumènes, dans des
harangues exaltées, s'employaient partout à faire proclamer la suppression
des cultes et à obliger les prêtres catholiques à abjurer leurs erreurs. Leurs
philippiques haineuses portèrent bientôt leurs funestes fruits ; les églises
furent fermées, la célébration du culte interdite, et les prêtres non asser-
mentés poursuivis, traqués sans relâche.
Les populations luxembourgeoises, profondément attachées à leurs
croyances, souffrirent beaucoup de ces excès.
L'abbé Clesse (1), alors vicaire de Tintigny, écrit à ce sujet dans un registre
paroissial :
(1) Né à Tintigny le 4 juin 1763, ordonné prêtre à Trêves le 19 septembre 1789.
Déporté à l'ile de Ré, il en revint eu 1800, desservit la cure de Tintigny jusque vers
1810 ; fut ensuite curé à Rossignol et y mourut le 10 juillet 1841.
— 233 —
« Suivent les actes de baptême conférés dans la paroisse de Tintigny pen-
dant le temps qu'a duré la persécution de France contre les prêtres qui
s'étaient refusés à prêter le serment impie exigé par le Directoire de Paris,
en vertu de la loi du 19 fructidor an V^ (30 août 1797), par moi François-
Louis Clesse, desservant provisoirement la succursale de Tintigny, 1804.
(( On a laissé de faire les fonctions publiques du culte catholique dans cette
paroisse, en vertu de la loi précitée, le 26 septembre 1797. L'année suivante,
je fus déporté à l'île de Rhé, d'après une loi impie du Directoire de Paris,
lancée contre les prêtres insoumis, où je suis resté pendant un an renfermé
dans la citadelle de cette île, ainsi qu'un millier de prêtres de toutes les
parties de la France et des pays réunis. Etant rendu à ma patrie (1799) en
vertu de l'arrêté des consuls de la République, j'ai repris mes fonctions com-
me vicaire, le curé Duchemin n'étant pas encore mort (l),non pas publique-
ment, parce que le Concordat n'avait pas encore paru, mais bien en secret. »
26 octobre. — A cette date est mentionnée la fourniture, par le curé Duche-
min, de Tintigny, de 58 quintaux de grains prélevés sur les dîmes et trans-
portés à Luxembourg pour les magasins militaires de la place.
Il est délivré à l'occasion de cette fourniture, un bon portant la somme de
cent quarante et un franc quinze sols, pour frais de transport, « distance de
dix lieues, à raison de dix sols par lieue et par quintal. » Ce bon devait être
reçu pour comptant en numéraire par les receveurs et collecteurs en paie-
ment et déduction des impositions personnelles, tant ordinaires qu'extra-
ordinaires, pour l'année 1797 (vieux style), conformément à l'arrêté de
l'administration centrale du 14 frimaire précédent (2 décembre 1796).
2 décembre. — Les besoins de la guerre réclamaient un accroissement et
un renouvellement continuel de matériel, surtout de canons. Mais il y avait
pénurie de métal pour la fonte de ces engins de mort.
Afin d'y pourvoir, l'Administration centrale du département des Forêts
décréta, par un arrêté en date du 12 frimaire an VI (2 décembre 1797), la
saisie de toutes les cloches des églises paroissiales et des maisons religieuses,
à l'exception d'une par chef-lieu de canton.
Une protestation générale s'éleva contre cette mesure ; on fit ressortir
surtout qu'il ne serait plus possible, en cas d'alarme, de sonner le tocsin
pour réclamer du secours, surtout la nuit.
Ces plaintes étaient fondées et l'Administration, revenant en partie sur
son arrêté, voulut bien consentir à ce que chaque commune conservât l'une
de ses cloches, pour parer à toute éventualité en cas de besoin.
Il est de tradition, à Tintigny, que les habitants sauvèrent leurs cloches
en les transportant dans la Semois, en un endroit situé un peu au-dessus chi
village et appelé le Trou des Groseilliers.
(1) Le curé Duchemin mourut le 29 fructidor an IX (16 septembre 1801), à l'âge de
57 ans.
— 234 —
Il V eut sans (luLiLe un peu d'exagération dans cette alTaire des cloches;
ce que l'on dit que firent les habitants de Tintigny pour sauver les leurs
oùt-il été toléré par les autorités administratives et militaires, et surtout par
le commissaire du Directoire qui habitait la commune? Il est permis d'en
douter. Ce qui est certain, c'est qu'elles échappèrent toutes les deux à l'arrêt
de saisie et se trouvent encore actuellement dans la tour de l'église (1); les
inscriptions très anciennes qu'elles portent sur leur pourtour et qui rappellent
la générosité des seigneurs de Villemont, le prouvent suffisamment.
J'ai reproduit ailleurs ces inscriptions (2).
1798
Le gouvernement républicain avait décrété la saisie et l'attribution au
domaine public de tous les biens des cures et des fabriques d'églises, sous
prétexte de restitution de ces biens au domaine national.
La procédure administrative suivie en cette circonstance offrant un inté-
rêt tout spécial pour notre localité, je reproduirai ici intégralement les dif-
férentes pièces qui en font l'objet et qui retraceront mieux que tout récit
le tableau des faits qui se déroulèrent à cette occasion dans notre commune.
Commencées en mars 1798, les opérations de saisie et de vente se pour-
suivirent jusqu'à la fin de l'année 1800.
En voici l'exposé :
Procès-verbal d'estimation.
Cure et Fabrique de Tintigny.
« L'an six de la République française, les 6, 7, 8 et 9 germinal (26, 27, 28
et 29 mars), je soussigné Paul-Augustin Grandjean, demeurant à Etalle,
expert nommé par délibération de l'Administration centrale du département
des Forêts en date du 13 frimaire dernier (3 décembre 1797), à l'effet de pro-
céder à l'évaluation en revenu et en capital sur le pied de 1790, du domaine
national ci-après désigné, me suis en conséquence de la commission à moi
donnée par la dite administration en date du 14 du dit mois de frimaire, trans-
j)orté assisté du citoyen Adrien Goffinet, commissaire du Directoire exécutif
prés l'administration municipale du canton d'Etalle, par moi requis, sur un
bien national appelé le bien de la cure et celui de la fabrique de Tintigny,
situé sur le territoire de la commune du dit lieu, dont les terres ont été louées
pour trois années et les prairies pour une, pardevant la municipalité du dit
canton, à N. Tschofîen, agent de Fouches, le 27 ventôse dernier (17 mars),
pour la somme de cinq cent cinquante-neuf livres ; et après avoir pris des
renseignements tant auprès du receveur du domaine national de l'arrondis-
(1) On pourrait également faire la même constatation dans beaucoup de nos clochers.
(2) Notice historique sur la Seigneurie de ViUeynont, dans Ann. de l'Institut
archéol. du Luxemh., tome XLVI, p. 47.
— 235 —
sèment qu'auprès des anciens locataires, il résulte que le bien de la cure et
celui de la fabrique consistent dans les objets qui suivent :
« En maison et dépendances, douze journaux de terres sartables, dix jour-
naux de terres labourables, onze journaux de prairies, situés sur la com-
mune de Tintigny, provenant de la cure et fabrique du dit Tintigny, affer-
més le 27 nivôse dernier à Nicolas Tschofïen, savoir les terres pour troi ans,
les prairies et la maison pour une année.
I. — La maison curiale située au dit Tintigny, avec un jardin potager à
côté de la maison et y attenant du derrière, entouré de murs'du côté de la
rue' avec un verger dans lequel il y a une douzaine de vieux arbres à fruits,
ainsi que quelques quenouilles et espaliers dans le potager ; cette maison est
joignant la rue du côté du nord et consiste en une cuisine, trois chambres
et un petit cabinet au rez-de-chaussée, en haut trois chambres ; à côté de la
cuisine se trouve encore une place qui sert de bûcherie, et au-dessus de ce
liâtiment qui est couvert en ardoises, règne un grenier ; joignant la maison
il y a une écurie fort étroite et une grange, l'une et l'autre couvertes en bar-
deaux (1) et dépendant de la dite maison qui exige beaucoup de réparations.
II. — Terres labourables dépendant de la cure et fabrique de Tintigny.
Dix journaux environ de terre labourable situés sur les communes de
Tintigny, Ansart, Bellefontaine et Breu vanne, le journal de 160 verges,
la verge de 16 pieds de Saint-Lambert, estimés à 60 livres le journal, produi-
sant de revenu annuel trois livres le journal, lesquels dix journaux j'estime
valoir, à raison de vingt fois le revenu, à une somme de six cents livres.
Suit le détail de ces terres savoir :
1. Deux journaux dessous la Longue Haie, royer (2) le grand chemin du
nord et Jean-Nicolas Conrotte, du midi.
2. Deux journaux au même endroit, royer Jean-Nicolas Pascal du midi et
Jean- Joseph Pireau du nord.
3. Un journal à la Fosse-Husnel (3), royer Joseph Pascal, du midi et les
prairies d'autres côtés.
4. Deux journaux au-dessus de la Longue-Haie, royer Joseph Pascal,
du midi et Jean Cordier du levant.
(1) Planches minces employées au lieu d'ardoises.
(2) Royer, limité par.
(3) La Fosse Hussenet ou Huclwnet, entre Tintigny et Ansart, joignant les
Bris-Fossés, appelée anciennement étang de la Mâjoleresse (Majoresse, en 1787), et,
actuellement, la Fosse du Ziglot. Cet étang fut ouvert en 1541, avec l'autorisation de
Baudouin de Barbanson, seigneur de Villemont et receveur du comté de Chiny pour
l'empereur Gliarles-Quint ; il tut octroyé à un nommé Jehan le Haulchar (famille nol)le)
d'Ansart, qui payait^ chaque année, de ce chef, une redevance de 4 deniers.
Les Fosse Gosneur (à Froidefontaine) et Fosse Hussenet appartenaient, en 1754. à
la fabrique de l'église de Tintigny .
A la Fosse Gosneur, il y avait un bâtiment.
- 23fi -
,'). L'U (.lomi-jounial sur le I)aii (.l'Ausart, royer Joscpli Martilly du levant
cl Jean-Nicolas Renaukl du couchant.
(j. Trois demi-journaux sur le ban de Beliefontaine, royer la veuve Saussu
du Nord, la veuve Allard du midi, Vincent Maîtrejean et Henri Bayard
d'autres côtés.
7. Un demi-journal au Gros Terme, royer la veuve Déomc du midi et Guil-
laume Renaud du nord.
8. Un demi-journal derrière Han, royer Jacques Salpétier du midi et
Guillaume Cordier du nord.
III. Terres sartables dépendant de la cure et fabrique de Tintigny.
Douze journaux de terres sartables scitués sur la commune de La Hage,
que l'on ne cultive que de 12 à 15 ans; les locataires n'ont jamais rendu plus
d'un escalin de province par année pour chaque journal, ])ouvant produire
de revenu annuel douze sous, lesquels douze journaux j'estime valoir, à
raison de vingt fois le revenu net, une somme principale de cent quarante-
quatre livres.
Suit le détail de ces terres, savoir :
T. Sept journaux sur le Lary, royer Joseph (follet du midi et Jean Henry,
de La Hage, du nord.
2. Deux journaux près du bois, royer la veuve Nicolas du couchant et la
veuve Fosty du levant.
3. LTn journal près le bois le Chevalier, royer le bois du couchant et les
terres du levant.
4. Deux journaux derrière La Hage, royer Trazegnies du midi el Jean
Henry du nord.
IV. Prairies de la cure et fabrique de Tintigny.
Onze journaux de prairies environ scituées sur les communes de Tintigny,
Ansart, Breuvanne, Villers, Rulles et Harinsart, dont une partie sujette
aux inondations, pouvant produire de revenu net annuel huit Hvres le jour-
nal, lesquels onze journaux j'estime valoir, à raison de vingt fois le revenu,
une somme principale de dix-sept cent soixante livres.
Suit le détail de ces prairies, savoir :
1. Un journal dit le pré de la Coiie, à Tintigny, royer Lambert Lenfant
du midi, Joseph Pascal du nord et le grand chemin du Levant.
2. Un journal sous Breuvanne, roj'^er les tournailles des prairies du midi
et Jean ('.ordier du nord.
3. Un journal .sous Breuvanne, royer Jacques Henry du midi et du nord.
— 237 —
4. Un huitième de journal aux Aoiots, l)an d'Ansart, lieu dit Losson, royer
veuve Iker du levant.
5. Deux demi-journaux aux Neufs-Prés, ban d'Ansart, royer Gilbert-
Antoine George du levant et Lambert Lenfant du couchant.
6. Un demi-journal aux Vieux Prés, l'oyer les terres laboural)les du levant
et Jean-Nicolas Renaud du couchant.
7. Un huitième de journal à Ferbâ, ban de Breu vanne, royer la veuve
Lafontaine du midi et Jean-Baptiste Prouvy (de) du nord.
8. Un huitième de journal au Gué de la Sarie, royer François Gofïin du
côté du levant.
9. Un huitième de journal à la Rochette,royeT Pierre Guillaume du levant.
10. Un demi-jour à Randam pré, han de Villers,se contréchangeant d'année
en année avec Gilbert-Antoine George et l'émigré Looz.
11. Un quart de journal au Brufossé, royer Pierre- Joseph Gardien d'An-
sart du couchant et les héritiers de la veuve Renaud du levant.
12. Un huitième de journal à la Corre, royer la veuve Mathieu Iker, du
nord, et Jean-Nicolas Renaud d'autres côtés.
13. Un demi-journal à Hony (haut nid?), royer Henri François du nord
et la veuve Déome d'autres côtés.
14. Un quart de journal au Rond Pré, royer Joseph Resibois du levant et
le ruisseau d'autres côtés.
15. Un demi-journal à Campe, royer la rivière de Semois du nord.
16. Un demi-journal à la Fosse Cosneure, royer Jean Clesse du levant et
Henri Hubert du couchant.
17. Un huitième de journal à Gillebéponl, royer la veuve Guillaume du
levant et les aisances communales d'autres côtés.
18. Un quart de journal à Cottéhan, royer Jean Hubert, du couchant, et
aboutissant à la rivière.
19. Trois quarts de journal à la Ligne, royer J.-B. Huart du levant et
François Renson d'autres côtés.
20. Un grand quart de journal à Be^ain/osse, royer Jean Cordier du levant
et les terres labourables du midi.
21. Un demi-journal au By, royer la rivière du midi et François Jacques
d'autres côtés.
22. Un quart de journal aux Aviots, royer Jean Cordier du levant et la
rivière d'un autre côté.
23. Une muUe de foin dans un pré aux héritiers Jean Cordier de Breu-
vanne.
— 238 —
24. Un huitième de journal à Robépré, royer les terres labourables du levant
ol les comparsonniers (1) d'autres côtés.
25. Vn demi-journal à (Inndemant, royer Guillaume Hubert du couchant
et rémigré Looz du levant.
26. Deux petites prairies consistant en deux huitièmes de journal, à Gan-
demant. Tune se contréchangeant avec Jean-Nicolas Maîtrejean, et l'autre,
royer les terres labourables et les comparsonniers d'autres côtés.
27. Un mille de foin environ, à prendre dans le ban au-dessus de Villers-
sur-Semois, dépendant de Villemont.
28. Un huitième de journal le long de la Sivanne, ban d'Ansart, royer le
ruisseau du nord.
29. Deux petites parties de prairies dans le pré de Pascal Marnedi^.
30. Une mulle de foin à Nolépré, royer les comparsonniers de tous côtés.
31. Une petite prairie à Moiievaux, royer l'émigré Looz du levant.
32. Un petit pré au Heine, royer les terres labourables au levant.
33. Un huitième de journal sous le moulin de Poncel, royer le ruisseau du
levant.
34. Un huitième de journal aux Ilettes, royer la veuve Mathieu Iker du
levant et du midi.
35. Un huitième de journal à la Hachelle, ban de Villers, royer les héri-
tiers Gilles Lefèvre du levant et Thomas Louis du couchant.
36. Un petit pré à Bellefontaine, royer Vincent Maîtrejean du levant et
les communes d'autres.
Arrêté à Tintigny, le 9 germinal VI^ année (29 mars).
A. GoFFiNET. ; A. Grand.jean.
Voici comment il fut procédé à la vente de ces divers biens :
(Aire et fabrique de Tintigny.
No 1435 des ventes.
« L'an VI de la République française, une et indivisible, le 6 du mois de
messidor (24 juin 1798) à dix heures du matin.
(( En exécution des lois des 16 brumaire, 2 fructidor an V (6 nov. 1796,
19 août 1797), 9 vendémiaire, 16 et 24 frimaire an VI (30 septembre 6 et 14
(1) Comparsonnier , cotnpersonnier ou comparçonnier .- associé solidaire, pour la
tenure d'une terre, avec; redevance au seigneur.
Cohéritier, copartageant.
— 239 —
décembre 1797), qui urdouneiit la vente des biens nationaux dans toute
l'étendue de la République.
« Nous, Administrateurs du département des Forêts, nous sommes trans-
portés, accompagnés du citoyen Legier, commissaire du Directoire exécutif
prés notre Administration, où étant, le dit commissaire du Directoire exé-
cutif a annoncé qu'il allait être procédé à la réception des premières enchères
pour la vente des biens ci-après désignés, faisant le n» 1435, de l'état des
biens de la cure et fabrique de Tintigny, et indiqués par l'affiche spéciale du
25 germinal dernier (13 juin 1798), art. ô, dont il a été donné lecture, laquelle
affiche a été bien dûment publiée et apposée dans les lieux prescrits par la
loi, suivant les certificats ci-annexés des officiers municipaux des communes
où sont situés les biens, lesquels biens consistent :
(Suit le détail donné au procès-verbal d'estimation).
« Les dits biens appartenant à la République française, comme provenant
de la cure et fabrique de Tintigny, et formant un seul lot d'estimation, lequel
suivant le procès-verbal de Paul-Augustin Grandjean expert, en date des
6, 7, 8 et 9 germinal dernier, et enregistré le 19 floréal suivant (8 mai 1798),
a été porté, en revenu rigoureusement estimé, à la somme de cent quatre-
vingt cinq francs vingt centimes, et en capital à celle de trois mille sept cent
quatre francs (!).
« Lesquels biens seront adjugés définitivement dans une séance qui aura
lieu le 11 messidor courant (29 juin 1798), au plus offrant et dernier enché-
risseur, sous les conditions ci-après : (suit l'exposé de ces conditions en vingt-
cinq articles).
« Après quoi, nous avons provoqué les offres des citoyens présents, sur la
somme de deux mille sept cent soixante et dix-huit francs, égale aux trois
quarts de l'estimation du dit bien.
« Aucune offre n'ayant été faite, nous avons ainsi arrêté le présent procès-
verbal de première criée, lequel a été signé et nous avons indiqué au
onze messidor courant (29 juin) la séance d'adjudication définitive.
« Fait à Luxembourg, les jour, mois et an que dessus. »
HovELMAN ; Arnoul ; CoLLARD ; Failly.
— Ce n'était donc ici qu'une simple formahté, une sorte d'avertissement
à l'instar du premier coup de cloche qui annonce aux fidèles l'heure pro-
chaine de l'office divin ; elle avait pour but, apparemment, de permettre aux
amateurs, par un laps de temps suffisant de former leur opinion et de prendre
leurs dispositions pour parer aux obligations d'une acquisition éventuelle.
L'absence de toute enchère, dans d'autres circonstances analogues, mon-
tre bien qu'il en était ainsi.
Séance cV adjudication définitive.
« Le onzième jour du mois de messidor l'an six de la RépubUque fran-
çaise, une et indivisible, à midi.
- 240 —
« Nous, Administrateurs du département des Forêts, accompagnés du
citoyen Failly, commissaire du Directoire exécutif près notre Administra-
tion, nous étant rendus dans la salle , etc. — comme précédemment
— nous avons ouvert les enchères sur la somme de deux mille sept cent soi-
xante-dix huit francs, qui est le montant des trois quarts de l'estimation.
« En conséquence, nous avons fait allumer un premier feu pendant la durée
duquel il a été offert par le citoyen Mirondot la somme de cinquante mille
francs ; par le citoyen Ivlartet, celle de soixante mille francs ; par le citoyen
Mirondot celle de cent mille francs ; par le citoyen Goffinet, celle de cent cin-
quante mille francs ; par le citoyen Mirondot, celle de deux cent mille francs.
« Pendant le second feu, il a été offert par le citoyen Goffmet, la somme de
deux cent cinquante mille francs ; par le citoyen Mirondot, celle de deux
cent soixante mille francs
u Pendant le troisième feu, il a été offert par le citoyen Goninet, la somme
de deux cent quatre-vingt deux mille francs.
(( Et il a été allumé un dernier feu, lequel s'étant éteint sans qu'il ait été
fait i^endant sa durée aucune enchère, l'Administration du département,
jugeant les enchères portées à leur taux véritable (!), a adjugé au citoyen
Adrien Goffinet, demeurant au Tintigny, comme dernier enchérisseur, les
biens désignés au présent procès-verbal, pour le prix et somme de deux cent
quatre-vingt deux mille francs, aux clauses, charges et conditions portées
par le dit procès-verbal et prescrites par les lois, que le dit citoyen a déclaré
bien connaître, et a signé avec nous.
« Fait à Luxembourg, les dits jour, mois et an que dessus. »
A. GoFFiNÇT ; Darizu ; Arnoul ; Mirondot ; Failly.
Enregistré à Luxembourg, le huit thermidor an VI (26 juillet 1798).
Reçu deux cent quatre-vingt deux francs.
Fauvelle.
Déclaration de command (1).
« L'an six de la République française, le 12^ du mois de messidor (30 juin
1798), à dix heures du matin, est comparu au secrétariat du département des
Forêts, séant à Luxembourg, le citoyen Goffmet, demeurant à Tintigny,
canton d'Etalle, département des Forêts, acquéreur par procès-verbal
d'hier, du domaine national situé à Tintigny, canton dudit Etalle, ayant ci-
devant appartenu à la cure et fabrique de Tintigny, et consistant en maison,
jardins, enclos, prairies, terres labourables et sartables.
« Lequel a déclaré qu'en vertu de la réserve par lui faite lors de l'adjudica-
tion du dit domaine, il nommait pour ses commands, les citoyens Henri-
Philippe Henry, résidant à Tintigny, et Jacques Iker, à Ausart, chacun pour
(1) Celui au commandement duquel on se porte aciiuéreur ou adjudicataire.
— 241 —
un huitième, se réservant les trois quarts pour, après acceptation faite, dans
les six mois, à dater de ce jour, être le dit citoyen subrogé aux droits du décla-
rant dans l'acquisition du bien sus désigné, de laquelle déclaration il a de-
mandé acte, qui lui a été donné les jour, mois et an que dessus, et a signé avec
moi, secrétaire en chef du département. »
MiRONDOT ; A. GOFFINET.
'( Et le même jour 12 messidor de l'an six de la République française, est
comparu au secrétariat de l'Administration centrale, le citoyen Jacques
Iker, demeurant à Ansart, lequel a accepté la déclaration ci-dessus, et a signé
avec le secrétaire en chef du département. »
MiRONDOT ; J. Iker.
« Enregistré à Luxembourg, le huit thermidor an VI (26 juillet 1798) «.
(( Reçu deux francs. Fauvelle.
Cette seconde mise en vente, pas plus que la première, ne devait être défi-
nitive, bien qu'elle fût annoncée comme telle. Tout le prouve ; le taux mani-
festement outré des enchères et de l'adjudication, le public forcément res-
treint y ayant pris part, ne laissent aucun doute à cet égard. Aussi le procès-
verbal porte-t-il en marge la mention suivante :
(( Revendu le 26 frimaire an IX (^17 décembre 1800) ».
Alin de ne pas scinder ce qui a trait à ce sujet, je vais déroger pour un ins-
tant à l'ordre chronologique que j'ai suivi jusqu'ici et exposer la suite des
opérations nécessitées pour la revente des l)iens détaillés aux articles précé-
dents, laquelle se fit en vertu des lois et arrêtés des consuls mentionnés
ci-après.
Loi du 26 vendémiaire an VII (17 octobre 1798)
et
Arrêtés des Consuls des 15 nivôse, 22 ventôse et 9 floréal an VIII (5 janvier,
12 mars et 29 avril 1800).
« L'an neuf de la République française, une et indivisible, le vingt-unième
jour du mois de frimaire (12 décembre 1800), à dix heures du matin.
« En exécution de la loi du 26 vendémiaire an VII (17 octobre 1798) et
des arrêtés des Consuls ci-dessus mentionnés relatifs à la vente des biens natio-
naux dans toute l'étendue de la République.
« Nous, Préfet du département des Forêts, nous sommes transporté dans
la salle ordinaire de nos séances, où étant, nous avons annoncé qu'il allait
être procédé à la réception des premières enchères pour la vente des biens
ci-après désignés lesquels biens consistent
« Dans une maison et dépendances ; 4 hectares 27 ares 74 mètres 48 déci-
mètres (1) — douze journaux — de terres sartables ; 3 hectares 56 ares 45
(1) On avait, entretemps, procédé à un nouveau mesurage plus rigoureux de tous
les terrains, d'après le nouveau système des mesures décrété par la loi du 19 frimaire
an VIII (10 décembre 1799).
— 242 —
mètres 40 décimètres dix journaux — de terres labourables ; 3 hectares 92
ares 9 mètres 91 décimètres — onze journaux de prairies — situés sur la
commune de Tintigny et circonvoisines, provenant de la cure et fabrique du
dïi lieu et rentrés dans les mains de la Nation en vertu des lois des 11 fri-
maire et 18 pluviôsean VIII (2 décembre 1799 et 7 février 1800), et formant
un seul lot (l'estimation, lequel, suivant le procès-verbal de Paul-Augustin
Grandjean expert, en date des 6, 7, 8 et 9 germinal an VI et enregistré le 19
floréal suivant, a été porté en revenu rigoureusement estimé, à la somme de
cent quatre vingt cinq francs vingt centimes, faisant en capital au dernier
huit, celle de mille quatre cent quatre-vingt-deux francs, lesquels biens
seront adjugés définitivement dans une séance qu; aura lieu le 26 frimaire
(17 décembre), au plus ofTrant et dernier enchérisseur, sous les conditions
ci- après :
Suivent ces conditions en 38 articles.
« Et le vingt-sixième du mois de frimaire de l'an IX (17 décembre 1800),
de la République française, une et indivisible, à onze heures du matin,
« Nous, Préfet du département des Forêts, nous étant rendu dans la salle
des séances, nous avons annoncé que, d'après la publication faite par l'affiche
du 26 brumaire dernier (12 décembre 1800), apposée à cet effet dans les lieux
prescrits par la loi, ainsi qu'il est justifié par les certificats ci-annexés des
maires des communes où sont situés les biens à adjuger, il allait être procédé
à l'adjudication définitive des dits biens, dont la contenance est plus au long
détaillée dans le procès-verbal de la première criée qui a eu lieu le 21 du
mois courant.
« Et de suite, ayant donné lecture des dites affiches, du procès-verbal de
la première séance, des détails y portés sur la consistance de l'objet mis en
vente, et des clauses, charges et conditions y détaillées, nous avons ouvert
les enchères sur la somme de mille quatre cent quatre-vingt-deux francs qui
est le montant de l'estimation.
« En conséquence, nous avons fait allumer un premier feu, pendant la
durée duquel il a été offert, par le citoyen Hubert, la somme de mille cinq
cents francs ;
Par le citoyen Gellé, celle de mille six cents francs ;
Par le citoyen Hubert, celle de mille huit cents francs ;
Par le citoyen Taillé, celle de deux mille francs ;
Par le citoyen Gellé, celle de deux mille six cents francs.
« Pendant le second feu, il a été offert parle citoyen Hubert, la somme de
trois mille francs ;
Par le citoyen Gellé, celle de trois mille deux cents francs.
« Et il a été allumé un dernier feu. lequel s'étant éteint sans qu'il ait été
fait pendant sa durée aucune enchère, le Préfet, jugeant les enchères portées
— 243 —
à leur taux véritable, a adjugé au citoyen Gellé Jean-B., demeurant à Luxem-
bourg, fondé de pouvoir du citoyen Herman-Joseph Collard de Neufchâteau,
par procuration ci-après, comme dernier enchérisseur, les biens désignés au
présent procès-verbal, pour le prix et somme de trois mille deux cents francs
aux clauses, charges et conditions portées par le dit procès-verbal et pres-
crites par les lois que le dit citoyen a déclaré bien connaître, et a signé avec
nous.
« Fait à Luxembourg, les jour, mois et an que dessus. »
Gellé Pour le Préfet :
fondé de pouvoir du Le secrétaire général,
citoyen Collard, de Neufchâteau, Tinant.
« Enregistré à Luxembourg, le six nivôse an IX (27 décembre 1800),
fol. 126, vo case 4.
« Reçu soixante-quatre francs et six francs pour la subo° de guerre.
Fauvelle.
Procuration du citoyen Collard, sur timbre de 50 centimes.
« Je soussigné, Herman-Joseph Collard, sous-préfet de l'arrondissement
de Neufchâteau, commet et constitue le citoj^en Jean-Baptiste Gellé, em-
ployé à la préfecture, à l'efïet de pour moi et en mon nom acquérir les biens
de la ci-devant cure et fabrique de Tintigny, et ceux de la ci-devant cure de
Saint-Pierre, situés en cet arrondissement.
« Neufchâteau, le vingt-un frimaire an neuf (12 décembre 1800). »
*
* *
On aura remarqué que des fonctionnaires de l'ordre administratif seuls
prirent part aux adjudications successives auxquelles furent soumis les biens
dont il vient d'être question, et, d'autre part, que ces adjudications eurent
toujours lieu en l'hôtel de la préfecture, à Luxembourg.
Ces deux circonstances étaient certainement de nature à nuire considé-
rablement au résultat de la vente, aucun particulier ne se sentant disposé
à entreprendre le voyage de Luxembourg, alors assez difficile, pour aller
disputer à des agents de l'Administration des biens dont l'acquisition était
loin d'offrir à ce moment toutes les garanties désirables.
Le citoyen Collard resta donc adjudicataire, pour un prix dérisoire, d'un
ensemble de biens d'une valeur au moins décuple (1), et l'on s'étonne même
que le citoyen Hubert, maire de Tintigny, osât se mesurer, dans cette circons-
tance, avec le sous-préfet, son supérieur immédiat.
(1) La maison presbytérale seule fut revendue à la commune, quelque années plus
tard, pour la somme de 4455 francs.
16
— 244 —
Octobre. — L'automne de 1798 vil la mise à exécution des lois édictées
contre les prêtres inassermentés.
Tous ceux qui avaient refusé de prêter serment à la constitution civile de
1790, furent décrétés d'arrestation et déportés hors du territoire continental
de la République.
Au mois d'octobre, les agents républicains commis à l'exécution des
décrets, parcoururent le pays accompagnés de gendarmes et procédèrent à
l'arrestation de tous les prêtres réfractaires ; ceux-ci furent d'abord dirigés
vers Luxembourg, où la concentration devait en être faite, puis transportés
aux îles de Hé et d'Oléron que l'on avait choisies comme lieu de déportation
générale.
Plusieurs prêtres, originaires de Tintigny, y étaient à ce moment réfugiés
ou y exerçaient secrètement leur ministère ; tous étaient en opposition avec
la loi. C'étaient le curé de la paroisse, Henri- Joseph Duchemin, et son vicaire
François-Louis Clesse ; François-Joseph Lepeucq, bénéficier de l'autel
Sainte-Anne ; Charles Goffm, vicaire d'Etalle ; l'abbé Fournier, vicaire de
Rossignol (1) ; Henri-Joseph Henry, prêtre résidant à Tintigny ; enfin, l'abbé
Georges, vicaire de Lahage qui, pour échapper à l'exil, se tenait caché depuis
quelque temps ; mais les sbires républicains ayant pris sa mère en otage, il
se livra et se joignit aux autres condamnés.
Je tiens de l'un de mes aïeuls le fait que voici et dont il fut le témoin,
étant alors âgé de douze ans.
Tous ces prêtres venaient d'être chargés sur deux charrettes escortées
de soldats. Les parents, les amis, les paroissiens entouraient les pauvres véhi-
cules et faisaient tout en pleurs leurs adieux à ceux qui partaient pour l'exil.
Comme le triste convoi tardait à se mettre en route, retenu de force, en quel-
que sorte, par la foule rassemblée à l'entour, survient un officier qui, tout en
colère, s'adressant aux hommes de l'escorte : « Tirez dessus », leur dit-il. Ce
fut aussitôt dans toutes les directions, une fuite éperdue qui dispensa les
soldats de mettre à exécution l'ordre cruel qu'ils venaient de recevoir.
Et les deux pauvres charrettes s'acheminèrent vers Etalle, première
étape du douloureux voyage.
A Luxembourg, on fit une sorte de triage parmi les déportés ; les vieux
et les infirmes n'allèrent pas plus loin et furent enfermés dans les prisons de
la ville. Au nombre de ceux-ci se trouvèrent l'abbé Georges, atteint d'une
déviation prononcée de la colonne vertébrale, et le curé Duchemin, valétu-
dinaire depuis plusieurs années et qui, à l'intervention du citoyen Adrien
Golfinet auprès du citoyen Failly, commissaire du Directoire exécutif près
l'Administration centrale du département des Forêts, fut élargi dès le mois
de décembre. Il revint à Tintigny où il vécut retiré jusqu'à sa mort surve-
nue le 29 fructidor an IX (16 septembre 1801).
(1) Rossignol dépendait encore alors de la paroisse de Tintigny
— 245 —
L'abbé Clesse a fait lui-même le récit de sa déportation dans une note que
j"ai reproduite à la date du 26 septembre. Il rentra dans sa famille vers la
fin de l'année 1799. ::::_ ( ^', "- -
1799
EPHEMÈRIDE MILITAIRE
Journée du 18 brumaire an VIII (9 novembre) qui donne le pouvoir à
Bonaparte. Il est nommé consul le 11 novembre.
FAIT LOCAL.
Le 13 mars, décès de François de Jacques, écuyer, âgé de 78 ans, époux
de Elisabeth de Pirombœuf, en sa maison à Tintigny. Déclaration par un
neveu, François de Jacques, de la commune tle Granvoir, 45 ans.
25 mars. — On trouve au registre des décès de l'état civil de Tintigny, pour
l'an VII, l'acte suivant, que je résume :
» 5 germinal (25 mars), déclaration de décès du citoyen Adrien Gotfmet
commissaire du Directoire exécutif prés l'Administration municipale du
canton d'Etalle, âgé de 36 ans, par les citoyens François-Joachim Renaud,
officier de santé, âgé de 32 ans, et Alexandre Hubert, manœuvre, 26 ans,
tous les deux voisins et amis du citoyen Goffmet.
En raison de la personnalité du défunt, cette mort quasi inopinée causa
un certain émoi dans la commune et aux environs.
Les hautes fonctions dont Adrien GofTinet se trouva revêtu, quoique bien
jeune encore, avaient donné à son nom une précoce célébrité.
Notaire, haut mayeur et chef juge de la seigneurie de Villemont, il devint,
après la suppression des justices féodales, commissaire du Directoir exécutif
près l'Administration municipale du canton d'Etalle. Ces nouvelles fonctions
lui donnaient pour attributions de « surveiller et de requérir l'exécution
des lois. »
Accusateur pubhc auprès de la haute justice de Villemont, chargé de faire
appHquer les lois sous le gouvernement républicain, il s'était attiré l'anti
pathie, voire même la haine de tous ceux contre lesquels le hasard des cir-
constances l'avaient appelé à requérir. Il s'était fait une renommée à l'ins-
tar de certain huissier redoutable qui vivait autrefois dans le pays, et auquel
la vindicte populaire avait généreusement décerné le surnom significatif
de Lucifer.
Aussi, à la nouvelle de la mort prématurée de Goffinet, les ressentiments
jusqu'alors prudemment contenus se donnèrent carrière, et diverses légen-
des s'échafïaudèrent sur les causes de la rapidité de son décès.
— 246 —
l\n-poUios par la Iradilioii, ces récits souvent imaginaires sont parvenus
jusqu'à nous amplifiés, déformés et rendus impressionnants à plaisir. J'ai
essayé ailleurs (1) de remettre les choses au point à cet égard, en m'appuyant
sur des documents authentiques et le témoignage d'un contemporain dont
la bonne foi ne peut être mise en doute.
Pendant la durée de sa courte carrière au service de la République, Adrien
Golïinet avait eu l'occasion de se rendre acquéreur, à des conditions très
avantageuses, de divers biens dont la possession suscita à sa veuve de sérieux
embarras pendant plusieurs années.
Il était enchérisseur, on l'a vu, à la première vente des biens de la cure et
de la fabrique de Tintigny. Peut-être voulait-il uniquement, de concert
avec ses commands, Henry et Iker, empêcher que ces biens ne passent en
des mains étrangères. Il ne se désista que devant les prétentions du sous-
préfet Collard, à qui ils furent définitivement adjugés.
GofTinet ne se trouva sans doute pas en état de solder immédiatement
le montant de ses acquisitions. Aussi jugea- t-il prudent de se garantir con-
tre l'éventualité d'une revente, prévue en cas de non libération dans un délai
déterminé. Par exploit de l'huissier Meisner, en date du 25 messidor an V
(13 juillet 1798), il fit signifier au citoyen Boferding, greffier du premier
tribunal civil du département des Forêts, « que le dit citoyen commissaire,
en exécution de la loi du 16 brumaire an V (6 nov. 1796), était opposant et
s'opposait à toutes ventes qui pourraient être faites de tous meubles, immeu-
bles, rentes foncières et constituées, droits fonciers et incorporels appar-
tenant au citoyen Adrien Goflfmet, demeurant à Tintigny, canton d'Etalle,
département des Forêts, acquéreur d'un domaine national par procès-verbal
du 6 pluviôse an VI (25 janvier 1798), jusqu'à ce que le dit citoyen Adrien
GofTinet ait entièrement acquitté le montant de la dite acquisition. »
Telles sont les garanties que la loi précitée du 16 brumaire an V accordait
aux acquéreurs des biens ecclésiastiques, afin de vaincre les hésitations et les
incertitudes qui se manifestaient quant à la stabiUté des acquisitions réa-
lisées ; elle avait en même temps pour but d'accroître le nombre des amateurs
et d'élever par le fait le taux des enchères et le montant des adjudications.
A la mort d'Adrien GofTinet, survenue le 25 mars 1799, sa veuve consultée
par l'Administration sur le point de savoir si elle avait l'intention de conser-
ver les acquisitions de domaines nationaux faites par son mari, répondit
par la déclaration suivante, datée du 21 prairial an VII (9 juin 1799) :
« La soussignée, Joséphine Tinant, veuve Goffinet, domiciliée à Tintigny,
canton d'Etalle, en ce département, déclare en vertu de l'art. 2 de la loi
du 16 floréal dernier (5 mai 1799), qu'elle est dans l'intention de conserver
les acquisitions de domaines nationaux faites par son mari, et ; /Aie est
prête à signer les obligations exigées par l'art. 4, de quoi elle demande acte. »
(1) Sous la date du 10 août 1795.
— 247 —
« Tintigny, le 21 prairial an VII (9 juin 1799) de la République française
une et indivisible. »
Jos. TiNANT, veuve Goffinet.
Cette déclaration fut notifiée le 26 du même mois au citoyen Delattre,
commissaire du Directoire exécutif près l'Administration centrale du Dépar-
tement des Forêts, par le citoyen Mathias Muth, ancien sergent du ci-devant
magistrat de Luxembourg, et alors huissier audiencier près le tribunal civil
du dit département.
En conséquence, la veuve Goffinet souscrivit, conformément à la loi et
par fondé de pouvoir, deux obligations identiques dont suit la teneur :
République française.
Aliénation des domaines nationaux.
Loi du 11 frimaire an VIII.
« Le soussigné Jacquier, président du tribunal criminel, fondé de pouvoir
de Joséphine Tinant, veuve Adrien Goffinet, de Tintigny, en date du 16
nivôse courant (6 janvier 1800), enregistré 21 du même mois, acquéreur, etc..
s'oblige à payer le premier germinal an VIII fine (22 mars 1800) au porteur
et au domicile du receveur général des contributions du département des
Forêts, la somme de cinquante-quatre livres vingt-deux centimes en capital,
entièrement en numéraire, pour acquit de la première obligation sur le prix
du dit domaine. »
Jacquier.
Adrien Goffinet s'était rendu adjudicataire du bois de la Sarte (1) proche
de Villers-sur-Semois, mais il n'avait pas soldé le prix de son acquisition.
Sa veuve n'ayant pas satisfait davantage à ses obligations, ce bien national
était rentré dès l'an VII sous la main du Gouvernement qui, prévoyant une
revente prochaine, assumait chaque année la charge des contributions et
des frais de garde.
Aussitôt mis en possession de ce beau domaine, Goffinet avait fait couper
le bois à blanc étoc (2), et sa veuve, malgré la situation fausse dans laquelle
elle se trouvai!, continuait à jouir du recrû du bois. En 1808, il allait être
revendu, lorsque la veuve Goffinet fit payer parlesmains d'un sieur Daleyden,
de Paris, le capital et les intérêts du prix de l'acquisition du 6 pluviôse an
VI (25 janvier 1798) ; cependant le bois resta sous la surveillance des agents
forestiers, « attendu que le citoyen Goffinet, sa veuve et héritiers n'avaient
payé jusqu'alors, ni contributions, ni frais de garde. »
Cette situation se prolongea jus'qu'en 1811, mais la longanimité de l'Admi-
nistration devait avoir des bornes. La veuve Goffinet ne s'étant pas encore
(1) Ce bois d'une contenance de 47 hectares 60 ares, entrait pour autant dans celle
des bois de la ci-devant abbaye d'Orval, nommés le Ghenel, le Banel, la Sarte et le
Ghênois, évaluée au total à 1237 journaux 95 verges ou 415 hectares environ.
(2) A blanc étoc, au rez-du-pied et sans laisser de baliveaux.
— 248 —
l'ail porter au rôle des contributions pour cette année-là, il lui fut fait som-
mation, dès le 24 janvier, en son domicile,. alors à Bellefontaine, par minis-
tère de l'huissier Mortehan, de Breuvanne, d'avoir à payer au Receveur des
Domaines tous les arriérés, contributions et frais de garde, dus par elle à
cette date.
Cette sommation ne produisit aucun effet. Le Directeur des Domaines
demanda alors qu'il y fut ordonné par le Préfet, qu'à la diligence des agents
forestiers, il serait balivé dans le bois de la Sarte, une coupe suffisante pour
couvrir le Domaine de ses avances, et le prix en être payé comptant entre
les mains du receveur des Domaines à Etalle.
Sur ces entrefaites, le sieur Daleyden, à qui la veuve Gofïinet venait de
revendre la Sarte, s'étant libéré en principal et en frais, la vente de la coupe
projetée n'eut pas lieu.
18 mai. — Vente de la chapelle Lorelle. — Il existait, dans la propriété de
N'illemont, une chapelle dite chapelle Lorette, située sur le chemin qui relie
le château à la route de Jamoigne et à proximité de cette dernière.
Cette chapelle, quoique érigée par les seigneurs de Villemont, dans leur
propriété et à leur usage exclusif, avait été déclarée bien national et saisie
à ce titre par le citoyen Mirondot, commissaire chargé par l'Administration
centrale du département de relever, dans le canton d'Etalle, les divers biens
ecclésiastiques en état de faire retour au domaine national, en vertu des lois
des 11 frimaire et 18 pluviôse an VIII (2 déc. 1799 et 7 février 1800).
Le citoyen Paul-Augustin Grandjean, chargé de faire l'expertise de la
chapelle Lorette en même temps que celle de la chapelle de St- Antoine, à
Etalle, décrit et estime la première dans les termes suivants :
« Je soussigné, etc., certihe que le jour ci-dessus, étant assisté du citoyen
Pierre Jeanty, commissaire du Directoire exécutif (1) et muni de l'arrêté du
14 germinal dernier, je me suis transporté sur une petite chapelle entièrement
détériorée (2) appelée la chapelle Lorette, couverte en ardoises très défec-
tueuses, située sur un chemin qui conduit de Tintigny à Jamoigne, près d'un
bois nommé le Chênois, contenant environ neuf toises de murailles en bio-
cailles, avec une mauvaise porte d'entrée de pierre de taille, laquelle j'estime
en total, attendu son délabrement, à quinze francs, et la démolition à cinq
francs, ainsi la valeur de la dite chapelle sera net de dix francs. »
L'expert ajoute en note :
« La maison curiale de Tintigny a été vendue au profit de la République,
et l'on dit qu'il n'en existe pas d'autre dans cette commune.
(1) Successeur de Adrien Gofflnet.
(2) La propriété de Villemont se trouvait hvrée, pour ainsi dire, à l'abandon depuis
la mort du dernier proi)nétaire, le comte Maximilien de Traze.^nies, arrivée le 30 mars
1794 ; rien d'étonnant donc a ce que la chapelle Lorette se trouvât fort délabrée « et
entièrement détériorée »», surtout après les premières invasions des sans-culottes
répubhcains dans nos contrées.
— 249 —
« D'après les renseignements pris chez les anciens et notables de la commune
de Tintigny, je soussigné Paul Augustin Grandjean, demeurant à Etalle,
expert ci-devant dénommé, déclare n'avoir trouvé aucun fonds ni revenus
d'aucune nature qui soient attachés à la chapelle dont le procés-verbal d'es-
timation est écrit d'autre part ; en foi de quoi, j'ai signé au dit Tintigny le
12e thermidor an VII (30 juillet 1799) ».
Jeanty ; Grandjean.
De même que pour la vente des biens de la cure et de la fabrique, uneséance
de première criée eut lieu le 11® du mois de vendémiaire an IX (3 octobre
1800) ; on faisait connaître à cette occasion que « suivant le procès-verbal
de l'expert Grandjean, les biens provenant de la dite chapelle Lorette avaient
été portés, en revenus rigoureusement estimés, à la somme de dix francs,
faisant en capital au denier quarante, celle de quatre-vingts francs, el
qu'aucune offre n'ayant été faite, la vente définitive était fixée au 16 ven-
démiaire suivant. »
Ce jour-là, les enchères furent ouvertes sur la somme de quatre-vingt
francs, montant de l'estimation.
Pendant le premier feu, il fut offert, par le citoyen Richard, la somme de
quatre-vingt-cinq francs ; par le citoyen Recht, celle de quatre-vingt-dix
francs.
Un dernier feu ayant été allumé sans que pendant sa durée aucune nou-
velle enchère se fût produite, le Préfet, jugeant les enchères portées à leur
taux véritable, adjugea au citoyen Pierre Recht, demeurant à Arlon, les
biens désignés au procès-verbal, pour prix et somme de quatre-vingt-dix
francs.
La chapelle Lorette ne tarda pas à disparaître, comme le prescrivait un
arrêté du Directoire en date du 11 ventôse an VIII (l^r mars 1800), portant
que « les adjudicataires seront tenus de faire démolir, aussitôt leur adjudi-
cation, les bâtiments des oratoires ou chapelles acquis par eux, et d'en déblayer
de suite et combler le terrain, faute de quoi les sous-Préfets feront procéder
aux dites démolitions aux frais des adjudicataires. »
L'emplacement de la vieille chapelle se remarquait encore il y a quelque
quarante ans ; un christ en fonte, portant la date de 1812, et qui a disparu
depuis, y en avait perpétué le souvenir.
Une nouvelle chapelle Lorette, beaucoup plus monumentale que l'ancienne,
fut édifiée par les soins et la piété du baron Vincent d'Huart, de l'autre côté
du chemin, vis-à-vis du lieu qu'avait occupé l'oratoire primitif.
— 250 —
1800
ÈPHEMÈRIDES MILITAIRES.
9 juin. — Moutebcllo.
11 juin. — Marengo.
ÈPHEMÈRIDES ADMINISTRATIVES.
Bonaparte, revenu subitement d'Egypte, renverse le Directoire le 18 bru-
maire an VIII (9 nov. 1795) et organise le Consulat.
La constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) est abolie, et une nou-
velle loi fondamentale votée le 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799) et
mise en activité le 3 nivôse suivant (24 décembre).
L'installation des nouveaux pouvoirs fut suivie de la loi du 28 pluviôse
an VIII (17 février 1800), organisant l'administration départementale et
municipale.
Cette nouvelle organisation attribuait entre autres pouvoirs au Préfet :
13. — La réception des jugements rendus contre les déserteurs, et la pour-
suite dans les trois jours, sur les biens du condamné, du paiement du prix
des effets d'armement, habillement ou équipement emportés, et des frais
de recherche, capture et conduite.
14. — La surveillance sur la disparition des armes de guerre et elïets
d'équipement par les militaires ; la recherche par l'intermédiaire des maires
et adjoints, des détenteurs ou receleurs, et leur dénonciation aux tribunaux.
Le préfet nommait et pouvait révoquer les maires et les adjoints, ainsi
que les membres des conseils municipaux.
Le sous-préfet faisait la répartition, entre les divers cantons de justice
de paix de son arrondissement de la part qui était attribuée à ces derniers
dans le contingent de la conscription.
Par la loi du 28 pluviôse an VIII, chaque commune eut un conseil muni-
cipal de dix membres. Ces conseillers étaient nommés pour trois ans et
étaient rééligibles.
Les maires et adjoints restaient 5 ans en place et étaient rééligibles. Les
maires devaient être choisis dans les conseils municipaux.
Le 19 floréal an Vlll (9 mai 1800) Joseph Hubert est nommé maire pro-
visoire de Tintigny, et le 2 messidor suivant (21 juin), maire à titr c linitif.
Le premier conseil municipal de Tintigny, élu le 22 vendémiaire an IX
(14 octobre 1800), fut constitué de la manière suivante :
Hubert, Joseph, 31 ans, maire du 2 messidor an VIII, marchand.
— 251 —
Cordier, Jean, 51 ans, adjoint » » cultivateur.
George, Gilbert, 61 ans, cons. comm. du 22 vend''^ an IX, id.
Lahure, Nicolas, 52 ans, » » id.
Rossignon, Philippe, 58 ans » » cordonnier.
Henry, Philippe-H., 33 ans. » » juge de paix, renier
Iker, Jacques, 38 ans, » » cultivateur .
Ricaille, Jean, 52 ans, » » manœuvre.
Guillaume, Guillaume, 42 ans, » » cultivateur.
George, Matliieu, 37 ans, » » id.
Préfets du département des forêts :
Birnbaum, Jean, nommé le 23 ventôse an VIII (13 mars 1800) ; installé
le 22 germinal suivant (12 avril 1800).
Lacoste, Jean-Baptiste, nommé le 9 frimaire an IX (30 novembre 1800),
installé le 9 nivôse an IX (30 décembre 1800).
*
* *
6 mars. — Une loi du 16 ventôse an VIII (6 mars 1800) vi^nt apporter
quelque allégement à l'odieuse conscription qui pesait si lourdement sur nos
populations.
Cette loi autorisait le remplacement en faveur « des citoyens qui seraient
reconnus plus utiles à l'Etat, en continuant leurs travaux et leurs études
qu'en faisant partie de l'armée. «Ces jeunes gens eurent la faculté de se libé-
rer du service militaire en fournissant un remplaçant qu'ils se procuraient
à prix d'argent, ou en versant dans les caisses de l'Etat une somme de 300
francs.
Bonaparte, après le 18 brumaire, étendit encore les avantages de cette
mesure, en dispensant du service, les soutiens de famille, les fils uniques des
veuves, l'aîné de trois orphelins, le frère du milicien.
Malgré cette réelle atténuation de ce que la loi sur le recrutement avait
de rigoureux, elle continuait à accabler plus particulièrement le peuple et
devenait plus odieuse à mesure que se multipliaient les levées, nécessitées
par des guerres quasi permanentes. Ses inflexibles dispositions provoquèrent
des désertions nombreuses et le recours à des ruses inimaginables, nonobs-
tant les peines multiples et sévères comminées contre tous les insoumis.
Levée extraordinaire de clievaux.
Septembre 1799-jiiillet 1800. — Après avoir, par la loi du 19 fructidor an
VI (5 septembre 1798), établi la circonscription qui mettait en coupe réglée
la jeunesse valide de notre pays, pour l'envoyer sur tous les champs de car-
nage européens, le gouvernement républicain avait décrété l'organisation
de grandes armées permanentes, capables de résister à l'Europe coalisée.
— 252 —
Des corps uouvellemcul constitués, artillerie à cheval, cavalerie légère,
équipages militaires, train d'artillerie, nécessitèrent brusquement une quan-
tité considérable de chevaux.
La loi du 4 vendémiaire an VIII (26 septembre 1799) décrétant qu'il
serait fait une levée extraordinaire de chevaux pour pourvoir à ces divers
services, vint enlever en grand nombre à l'agriculture ses auxiliaires les plus
précieux.
Cette levée était fixée au trentième et, au besoin, au vingtième, parmi
les chevaux de 5 à 9 ans.
Chaque cheval était fourni par un groupe de propriétaires qui s'entendaient
entre eux pour la hvraison de l'animal et pour l'attribution à qui de droil,
du montant de la fourniture.
Des prix fort rémunérateurs pour l'époque ctaient accordés aux vendeurs ;
reste à savoir si ceux-ci, pour en obtenir la liquidation, n'éprouvaient pas
trop de difficultés ou d'atermoiements.
Quoiqu'il en soit, le paiement, aux termes de la susdite loi, devait être
fait « à la partie prenante, soit par imputation sur ses contributions et sa
cote à la subvention de guerre, soit en numéraire, en cas qu'elle ait acquitté
les dites cotes. »
Il est curieux de relire les noms et qualités des membres composant la
commission devant laquelle les animaux requis devaient être produits et
examinés à Luxembourg. C'étaient : Fenouil, commissaire des guerres ;
Vigneron, chef d'escadron ; Louctier, capitaine ; Letellier, lieutenant ; Her-
bret, maréchal des logis ; Blanchard, brigadier ; Petit, maréchal-expert,
tous au 24^ régiment de cavalerie en garnison à Luxembourg.
Tintigny fournit cinq chevaux comme en témoignent les mandats de paie-
ment suivants, délivrés aux intéressés :
Le 27 messidor an VIII (16 juillet 1800) mandat pour prix d'un cheval
estimé 252 francs fourni par les citoyens Gilbert-Antoine George, Henri
Maîtrejean, Nicolas Lahure, les héritiers de la veuve Déome, de Tintigny,
canton d'Etalle.
Le 27 messidor, mandat pour un cheval estimé 312 francs, requis sur les
citoyens Joseph Lothaire, les fermiers de Poncelle, F. Goffm et Henri Fran-
çois le jeune, de Tintigny.
Le 2 thermidor an VIII (21 juillet 1800), mandat pour un cheval estimé
270 francs, requis sur les citoyens J.-B. Prouvy, J. Cordier, V^ Henry, J.-J.
Pireaux, J. Paschal l'aîné et J. Ricaille, de Tintigny.
Le 2 thermidor, mandat pour un cheval estimé 360 francs, requis sur les
citoyens Jean Cordier, Mathieu George, J.-B. Prouvy, François Henry,
de Tintigny.
Le 2 thermidor an VIII, mandat pour un cheval estimé 240 francs, requis
sur les citoyens V^ Jacques, Jacques Salpetier, V^ Iker, de Tintigny.
253
*
* *
23 septembre 1800. — 22 septembre 1801.
(An IX).
Grande mortalité d'enfants.
Une cruelle épidémie, sur la nature de laquelle il ne nous a été conservé
aucune indication, sévit cette année-là dans la commune, parmi les enfants
en-dessous de l'âge de douze ans, et porta la désolation et le deuil dans de nom-
breuses familles.
Les registres de l'état civil mentionnent pour la période indiquée ci-dessus,
septembre 1800 à septembre 1801, 35 décès d'enfants de l'âge de un à douze
ans.
Il fallut ajouter des feuilles supplémentaires à ces registres qui, par suite
du nombre considérable et imprévu des décès, se trouvèrent insuffisants
tels qu'ils avaient été formés au début de l'année.
Le fléau ne limita pas exclusivement ses ravages à l'an IX, car pendant la
période 1801-1802, on relève encore, à l'état civil, onze nouveaux décès
d'enfants du même âge.
M. l'abbé Tillière, dans son Histoire de Jamoigne, rapporte que, du 2 mars
au 9 juillet 1795, il mourut dans cette paroisse, 35 enfants, dont 18 pendant
le seul mois d'avril.
C'était cinq ans plus tôt qu'à Tintigny. La redoutable épidémie, après
être restée à l'état latenL pendant quelques années aux alentours de Jamoigne,
remonta-t-elle le cours de la Semois, pour atteindre Tintigny seulement en
1800, et y faire en une année, un même nombre de victimes ?
Il serait curieux de savoir si elle a sévi en amont et en aval des deux
localités si cruellement frappées et à quel moment.
1801
ÉPHEMÈRIDE MILITAIRE.
9 février. — Traité de Lunéville. Les conquêtes de la France sont ratifiées.
EPHÈMERIDES LOCALES.
« Premier germinal an IX (22 mars 1801) acte de décès de Henri Devillez,
ex-jésuite, résidant à Ansart, décédé le 17 ventôse dernier (8 mars), âgé de
70 ans, né à Tintigny. Témoins : Jacques Iker, laboureur, demeurant à An-
sart, neveu du côté maternel ; Jean Iker, greffier du juge de paix, demeurant
à Tintigny, secrétaire communal, neveu du côté maternel. »
— 254 —
Nota. - M. J.-B. Dourel, dans Ami. de l'Iusl. arch. du Luxemb., l. VI
(1870), p. 213, cite ce prèlre au nombre des écrivains luxembourgeois, et
donne à son sujet les renseignements qui suivent, mais erronés, en partie,
comme on pourra le remarquer.
« Devillez (Henri), né à Ansart, paroisse de Tintigny en 1757 (!), mort le
17 février (ventôse) 1801.
u On a de lui :
1 . — Choix de 140 cantiques.
2. — Carmina e Selectis. »
*
* *
» Le 29 fructidor (16 septembre) acte de décès de Jacques-Henri Duchemin,
ci-devant curé, âgé de 57 ans, né à Naudré (1), département des Forêts,
demeurant à Tintigny.
Témoins : Jean-Joseph Duchemin, ci-devant curé, frère du défunt, et
N.-M. Guiot, manœuvre. «
On trouve à cette date : Jean- Jacques Mortehan, huissier du tribunal
civil du 1er arrondissement du département des Forêts, résidant à Breuvanne ;
Jeanne-Marguerite Cordier, son épouse.
19 avril. — Chevaux d'arlillerie mis en dépôt chez des particuliers. En exé-
cution d'un arrêt des Consuls du 29 germinal an IX (19 avril 1801), un cheval
du train d'artillerie est mis provisoirement en dépôt chez le maire, Jos.
Hubert, avec faculté pour celui-ci de s'en servir comme de son propre bien,
mais aussi avec l'obligation de le reproduire à la première réquisition.
Le cheval étant venu à mourir chez le dépositaire, ce dernier fut mis en
demeure, malgré ses protestations, de payer au trésor public une somme de
;^60 francs, à laquelle avait été fixée, par expert, la valeur de l'animal.
En acceptant et en recevant sans restriction le cheval en dépôt, disaient
les instructions, Hubert s'était engagé implicitement à le restituer.
Novembre \80\-mars 1803. — Réfection des ponts de Breuvanne. — Les
ponts de bois jetés sur la Semois et sur son affluent la Sivanne, à Breuvanne,
se trouvaient en ce temps-là, dans un état de vétusté qui mettait continuelle-
ment en péril la vie des piétons et surtout des équipages obligés de s'en servir.
La municipalité de Tintigny, dont Breuvanne était ressortissant, s'émut
de cette situation. Il fut donc délibéré en séance du Conseil, qu'il serait pro-
cédé sans retard à la reconstruction de ces ponts, et qu'à cette fin, l'on s'adres-
serait aux autorités compétentes, en vue d'obtenir la délivrance de trente
arbres chênes, jugés nécessaires à la réfection des dits ponts.
En conséquence, Joseph Hubert et Jean Cordier, respectivement maire et
(1) Nadrin, dépendance de la commune de Wibrin.
— 255 —
adjoint de la commune de Tintigny, s'adressèrent, le 23 brumaire an X
(14 novembre 1801), au Préfet du département et lui exposèrent « que les
ponts placés sur la rivière de Semois et le ruisseau de la Sivanne, communi-
quant du village de Breuvanne, dépendant de la dite mairie, avec Rossignol,
se trouvaient dans un tel état de délabrement, que si l'on n'y faisait pas
promptement les réparations nécessaires, les communications avec Rossi-
gnol et Neufchâteau deviendraient impossibles. »
Ils ajoutaient que les « habitants de Breuvanne, à qui incombait la répara-
tion de ces ponts, n'ayant aucuns bois particuliers, mais seulement un droit
d'usage dans la forêt de Chiny, aux Croisettes de Rossignol, ils suppliaient
le Préfet de leur faire désigner, par l'Administration forestière, les trente
arbres chênes qui leur étaient nécessaires à cet efïet, selon l'estimation du char-
pentier expert, Henri-Joseph Halbardier, du village d'Ansart. »
Celui-ci, dans son procès-verbal daté du 18 brumaire an X (9 novembre
1801), déclare « avoir fait visite, à la réquisition des habitants de la commune
deBreuvanne, sur leurs ponts situés sur la rivière de la Semois et ruisseaux y
adjacents, sur l'étendue du fmage de leur ban, estime que pour la réfection
et construction de leurs ponts sur la dite rivière et ruisseaux, il est nécessaire
de la quantité de trente corps d'arbres en chênes de différentes grandeurs
et grosseurs, suivant notre connaissance. »
L'inspecteur des bois et forêts, à qui fut aussitôt transmise par le sous-pré-
fet de Neufchâteau, la réclamation de l'administration municipale de Tin-
tigny, fit savoir, à la date du 28 brumaire (19 novembre), qu'ayant « pris
lecture de la pétition des maire et adjoint de la commune de Breuvanne (sic),
du devis y annexé, et ayant examiné par lui-même l'état des lieux, estime
qu'il est instant, pour la sûreté publique et pour celle en particuher des habi-
tants de Breuvanne et des rives de la Semois, de réparer les ponts de cette
commune ; en conséquence de délivrer dans la forêt nationale de Chiny,
canton des Croisettes de Rossignol, où les dits habitants sont usagers, les
trente corps d'arbres de chênes estimés nécessaires pour la dite reconstruc-
tion, en déterminant leur longueur et grosseur et à charge :
fo Que les branches qui en proviendront seront converties en cordes pour
le chauffage des dits habitants, et en déduction d'icelui ;
20 Que l'emploi des dits corps d'arbres demeurera sous la surveillance des
agents forestiers et la responsabilité des dits maire et adjoint, pour la recons-
truction des dits ponts. »
Cette déhbération est ensuite soumise h l'avis du conservateur des forêts,
lequel accorde son agréation en ces termes :
« Le Conservateur des forêts du 33" arrondissement, vu la pétition ci-
jointe des maire et adjoint de la commune de Tintigny, et le devis y annexé :
ensemble les observations et avis de l'Inspecteur des forêts de l'arrondisse-
ment de Neufchâteau, estime qu'il y a lieu d'en adopter les dispositions dans
tout son contenu. »
« A Metz, le 19 frimaire an dix (10 décembre 1801). » Durand.
— 2n6 —
Transmise t'iiliii au prélel du départemeiil, celui-ci (ioniie aussi sou appro-
bation, eu la subordouuaul aux conditions stiindées par l'inspecteur des bois
et forêts dans son rapport sur la dite pétition et en rappelant en outre qu' « un
arrêté en date du 15 germinal an VIII ( 5 avril 1800^ de la ci-devant udminis-
I ration centrale a maintenu provisoirement les habitants de la commune de
Breuvanne dans les droits d'usage quils ont dans la foret domcmiale deChing.y>
Les corps d'arl)res nécessaires à la reconstruction des ponts mentionnés
dans la requête des maire et adjoint de Tintigny, ayant été délivrés aux péti-
tionnaires par l'inspecteur des bois de l'arrondissement de Neufchâteau,
dans la coupe de l'an dix des Croisettes de Rossignol, les travaux furent
poussés avec activité et menés à bonne fin en moins d'une année, comme en
fait foi la déclaration ci-après du charpentier juré Gribaumont :
« Je soussigné Lambert Gribaumont, charpentier juré des mairies de Tin-
tigny et Bellefontaine, déclare par cette, que les trente chênes qui ont été
accordés par arrêté du préfet aux habitants de Breuvanne pour la construc-
tion d'un pont à placer sur la rivière de Semois, au bas du village de Breu-
vanne, ont été vraiment employés à cette construction ; atteste en outre
qu'il a été employé de plus cinq arbres que les habitants ont dû acheter
comme n'en ayant pas assez.
« Dont acte à Bellefontaine, le l^i' ventôse an onze (20 février 1803). »
Lambert Gribaumont.
Ces ponts de bois, au nombre de trois, auront disparu pour faire place aux
beaux ponts en pierre actuels, contruits en même temps que la route de Tin-
tigny à Neufchâteau, de 1848 à 1850.
1802
EPHEMÈRIDES HISTORIQUES.
25 mars. — Traité d'Amiens.
8 avril. — Concordat avec le pape Pie VII.
2 août. — Napoléon, consul à vie.
EPHEMÈRIDE LOCALE.
Nicolas-Marc Guiot est porté comme exerçant la profession d'instituteur
à Tintigny la première fois le 30 nivôse an X (20 janvier 1802) ; jusqu'alors
il est témoin à presque tous les actes de l'état civil et y est désigné comme
manœuvre. Pjeul-ôtre n'enseignait-il qu'en hiver. Il était probablement le
frère de Grégoire Guiot, que l'on trouve maître d'école à St-Vincent en l'an
IV (13 juillet 1796). Disparaît en décembre 1805. Très belle écriture.
257
*
* *
16 lévrier. — Vente d'une coupe de bois au profil des habiLanis de Tinligny,
Ansart, Han et Poncelle. Un fait curieux dans les annales de la commune se
produisit à cette date. Une coupe extraordinaire de bois fut vendue à un maî-
tre de forges, et le produit de cette vente partagé entre les habitants.
C'est ce que rappelle la pièce suivante :
(( L'an dix de la République française, une et indivisible, le 27 pluviôse
(16 février 1802), le produit de la coupe des bois de Tintigny, Bellefontaine
et Lahage, vendue au citoyen Prestat, directeur au fourneau de Rabais, près
de Virton, a été partagé entre les dits villages en raison du nombre de bour-
geois de chacun, de manière que Tintigny, Han, Poncelle et Ansart en con-
tenant cent quatre-vingt-cinq, Bellefontaine et Lahage cent quarante-sept,
le produit de la dite coupe consistant en mille cinq cent soixante cordes,
sur le pied de deux livres dix sous l'une (!), donne la somme de trois mille
neuf cents livres.
« En conséquence, il compète aux premières communes la somme de deux
mille soixante-treize livres dix-neuf centimes.
Celles de Bellefontaine et Lahage, la somme de mille sept cent vingt-six
livres, quatre-vingt centimes, observant qu'il vient à chaque bourgeois, de
cette répartition, onze livres, septante quatre centimes.
« Ainsi fait et réparti entre nous soussignés à Tintigny, le jour susdit,
lecture faite. »
Joseph André ; Jacques Thirv ; Jos. Hubert ; H.-P. Henry ; J. Draime ;
Martin-Martin .
9 avril. — Rétablissemenl du culte catholique.
Le Concordat intervenu entre Napoléon et le pape Pie Vil, après des
négociations laborieuses, fut signé le 15 juillet 1801 ; converti en loi le 8
avril 1802, il fut solennellement publié le 18 avril, jour de Pâques.
Le Pape l'avait promulgué dès le 9 avril et, à dater de ce jour, les églises
furent officiellement rouvertes, et toutes les cérémonies du culte catholique,
intérieures et extérieures, autorisées comme auparavant et placées dès lors
sous la protection des lois.
Lorsque l'on sut, dans nos villages, que les négociations allaient bientôt
aboutir, ce fut partout une véritable explosion de joie parmi le peuple ; les
prêtres, rentrés dans leurs paroisses, et à l'abri désormais des poursuites et
des vexations, avaient dès le mois de mars précédent, repris leurs fonctions
et célébré de nouveau ouvertement et régulièrement les offices dans leurs
églises.
Le curé Duchemin étant mort en 1801, son vicaire, l'abbé Clesse, revenu
de son exil à l'île de Ré, assuma, à Tintigny, les fonctions curiales, dans les-
quelles il fut confirmé peu de temps après par l'autorité ecclésiastique.
— 258 —
1() aoùl. — hJihjiiclc hygiénique. — Le 28 thermidor au X (16 août 1802),
le sous-préfet de Neufchàteau fait rapport au préfet au sujet d'uue enquête
qu'il a présidée à Tintigny, à l'elTet de constater l'état des malades et de carac-
tériser une maladie épidémique que l'on croyait y exister depuis quelque
temps.
Cette enquête a fait connaître qu'il n'existait aucun malade, excepté
Jean-Antoine Dufréne et sa femme, ainsi que Jean-Mathieu Guirche.
H Le premier a un petit furoncle sur une main, et la seconde en a deux, pres-
que guéris, lui survenus à la suite d'une fièvre scarlatine ; deux de ses enfants
vienneul de mourir de cette maladie. »
On ne dit pas de quelle alïection Guirche était atteint.
1803
Février. — Pensions ecclésiastiques. — Une des dispositions réparatrices
du Concordat était l'attribution d'une pension de retraite aux membres
des ordres religieux supprimés ou dispersés par la révolution.
Les intéressés, pour en obtenir l'octroi, devaient satisfaire à différentes
obligations, que l'on trouve énumérées dans la demande ci-après, adressée
par un ex-capucin d'Arlon, originaire de Tintigny, et y vivant retiré dans sa
famille :
« Au Préfet du département des Forêts,
« Jean-Joseph Jacob, prêtre, ci-devant capucin à Arlon, arrondissement
de Luxembourg, en ce département, domicilié à Tintigny, arrondissement de
Neufchàteau, "vous prie, citoyen Préfet, de vouloir le porter sur le tableau
des pensionnaires ecclésiastiques, à l'efîet de recevoir la pension que la loi
lui assigne en remplacement du bon qu'elle lui avait accordé et qu'il n'a point
reçu.
Pour appuyer cette demande, le pétitionnaire a l'honneur de vous pro-
duire, sous le no 1, un acte de vie certé (!) et 2° celui de résidence affiché aux
termes de la loi. Sous le n» 3, son extrait de naissance, sous le n^ 4 la déclara-
tion qu'il n'a recueilli aucune succession, et sous le n» 5 son acte d'adhésion
au Concordat. »
(( Salut et respect. « Jean- Joseph Jacob.
« Ci-devant capucin à Arlon. »
Ces diverses pièces avaient été délivrées aux pétitionnaires par l'adminis-
tration municipale de Tintigny.
La première portait que « le citoyen Jean-Joseph Jacob, âgé de cinquante-
huit ans, prêtre ci-devant capucin à Arlon, taille de réside et a résidé
sans interruption à Tintigny, dans la maison appartenant à Jeanne-Marie
— 259 —
Moneau, veuve de feu Jeaii-Alexandre Jacob, depuis sa suppression arrivée
en l'an V, jusqu'à présent.
« Fait à la maison commune de Tintigny, le 21 pluviôse an XI (10 février
1803). »
Dans la seconde, les maire et adjoint attestaient que le certificat ci-dessus
« avait été publié et affiché trois jours de suite aux termes de la loi. »
La déclaration d'adhésion au Concordat était faite dans les termes suivants:
« Je soussigné déclare adhérer au Concordat et être de communion avec
l'évêque de Metz, nommé par le premier consul et institué par le Souverain-
Pontife. »
Jean-Joseph Jacob.
L'ex-capucin eut rapidement satisfaction. En effet, dès le 6 ventôse an XI
(25 février 1803), paraissait un arrêté préfectoral fixant dans les termes ci-
après, la pension accordée « au citoyen Jean- Joseph Jacob. »
Le Préfet,
« Vu 1° l'extrait, etc
« Considérant qu'il résulte des pièces ci-dessus rappelées, que le pétition-
naire a été religieux profès sous le nom de Bazile au dit couvent lors de sa
suppression et qu'en cette qualité il a droit au bénéfice de la loi du 11 ven-
tôse an VIII (l^r mars 1800) qui accorde des pensions aux membres du cler-
gé et des établissements religieux supprimés dans les neuf départements
réunis en vertu des 15 fructidor an IV et 5 frimaire an VI (l^r sept. 1796 et
25 nov. 1797).
« Considérant qu'aux termes de l'arrêté des Consuls du 3 prairial an X
(23 mai 1802), les pensions ne courent qu'à dater du jour de la liquidation,
Arrête :
« Art. 1er Le citoyen Jean- Joseph Jacob, ex-religieux du couvent des
ci-devant capucins d'Arlon, âgé au 11 ventôse an VIII (1<^'' mars 1800) de
55 ans, 6 mois et 13 jours, recevra, à compter du jour de la hquidation, une
pension annuelle de 800 francs, conformément à la loi du 26 février 1790.
Art. 2. Cette pension diminuera en proportion des revenus calculés au
denier vingt des capitaux qui écherront au pensionnaire par succession ; il
sera en conséquence tenu, conformément à l'art. 7 de la loi du 17 nivôse an II
(6 janvier 1794), de déclarer les valeurs qu'il aura recueillies de ce chef, à
peine d'être privé de sa pension et condamné à une amende quadruple des
sommes qu'il aura indûment perçues. »
« Art. 3. Le présent sera expédié au pétitionnaire.
« Fait à Luxembourg, le 6 ventôse an XI (25 février 1803). »
Le Préfet,
J. -B. Lacoste.
17
— 260 —
Le capucin J.-J. Jacob ne jouil de cette pension que pendant quatre
années ; il mourul à Tinligny le 13 mai 1807.
Même demande avec mêmes formalités et pièces produites, de la part du
citoyen Henri-Joseph Degolîre, né à Tinligny le 24 novembre 1737, ex-reli-
gieux du couvent des ci-devant Hécollets à Virton, où il était religieux
profés sous le nom de Boniface.
Pension annuelle de 800 francs, conformément à la loi du 26 février 1790.
ô septembre. — Amelioralion des clieinins vicinaux. — Un relevé curieux
de l'état des chemins vicinaux tels qu'ils existaient à cette époque, fut dressé
en exécution d'un arrêté du Préfet en date du 8 prairial an XI (7 juin 1803).
L'administration municipale était invitée à faire connaître dans un rap-
port succint, l'état de ces chemins, avec l'indication des parties qui néces-
sitaient des réparations ou des améliorations urgentes, ainsi que des sommes
que la commune se proposait d'aflecter aux travaux qu'il convenait d'y
effectuer.
Le tableau produit par les édiles de Tintigny laisse pressentir ce que
devait être à cette époque la vicinalité de la commune. Elle se trouvait, sans
aucun doute, dans le déplorable état que décrit trente ans plus tard, un gou-
verneur de la province.
Parlant de la voirie vicinale luxembourgeoise, ce fonctionnaire disait :
« Ici, ce sont des chemins tels que le pied de l'homme ou des animaux les
a faits, escarpés et étroits, souvent couverts de glace, devant lesquels le
voyageur s'arrête incertain ; là, au contraire, profonds et encaissés, coupés
par l'eau des torrents, véritables fondrières où les hommes et les bestiaux
courent sans cesse risque de périr (1).
Quels changements et quels progrès ont été réalisés depuis ce temps ! Des
routes nombreuses et parfaitement entretenues sillonnent aujourd'hui le
territoire communal dans toutes les directions et établissent entre Tintigny
et tous les villages environnants des communications faciles et rapides.
Voici le tableau fourni par la municipalité de Tintigny :
« 1. — Depuis la maison Jean Iker (au carrefour des routes actuelles
d'Arlon à Bouillon et de Marbehan à Virton) jusqu'à la rivière de Semois —
l décamètres — de toute nécessité — absolument défectueux — frais de
réparation, 230 francs.
Observât. — Travaux troj) considérables pour être effectués avant l'hiver.
2. — De Tintigny vers Poncelle — longueur sur le territoire, 60 décamètres
ou perches métriques — de toute nécessité — à conserver et réparer — état
défectueux — frais, 50 francs.
(1) Comm. luxemb., tome I, p. 617.
— 261 —
Travaux trop considérables, etc (A chaque article).
3. — De Poncelle vers Sainte-Marie — 79 décamètres — de toute nécessité
— à conserver et réparer — frais, 50 francs.
4. — De Han vers Villers-sur-Semois — 90 décamètres — de toute néces-
sité — à conserver et réparer — défectueux — frais, 50 francs.
5. — De Tintigny vers Rossignol, passant par Breuvanne — 150 déca-
mètres — de toute nécessité — à conserver et réparer — défectueux — frais,
150 francs.
6. — D'Ansart vers VilIers-sur-Semois — 20 décamètres — de toute néces-
sité — à conserver et réparer — défectueux — frais, 30 francs.
7. — Chemin d'Ansart conduisant à la couture — 30 décamètres — de
toute nécessité — à conserver et réparer — défectueux — frais, 30 francs.
8. — De Poncelle au moulin du dit — 50 décamètres — de toute néces-
sité — à conserver et réparer — défectueux — frais, 80 francs.
9. — D'Ansart vers Rossignol — 80 décamètres — de toute nécessité —
à conserver et réparer — défectueux — frais, 100 francs.
10. — De Han par Gravière à Ansart — 200 décamètres — très inutile —
à supprimer. Devenu inutile à cause d'autres chemins plus praticables (1).
11. — -De Poncelles vers Ste-Marie par la Grande Pièce — 250 décamètres
— très inutile — à supprimer. Devenu inutile à cause d'autres chemins plus
praticables. (2)
« Arrêté par nous membres du Conseil municipal de Tintigny, canton
d'Etalîe, département des Forêts, à la somme de sept cent soixante-dix
francs.
« Fait en l'assemblée du 18^ fructidor an XI (5 sept. 1803). »
J. Hubert ; H. -P. Henry ; Jean Ricaille ; J. Iker ; P. Rossignon ;
G. Guillaume.
12 novembre. — Formation des collèges électoraux. — Des renseignements
circonstanciés devaient être fournis par les citoyens pouvant être éventuelle-
ment appelés, par leur état social, à faire partie des collèges électoraux
d'arrondissement et de département, à se porter candidats, pour les places
de juges de paix et des suppléants, etc.
Je ne reproduirai ici que ceux de ces renseignements qui concernent les
notabilités administratives de Tintigny, d'après les questionnaires auxquels
les intéressés avaient à répondre, en vue de faire connaître s'ils remplissaient
les conditions requises aux fins sus-indiquées.
(1) Par le village de Tintigny.
(2) 11 est à noter qu'aucun de ces chemins n'était alors empierré. C'est tout au [tlus
si clans les rues du village, de la bloeaille rudimentai rement étendue donnait au
roulage un fond plus résistant.
— 262 —
Canloii (rKlallo, 1»'' arroiulissomcul du (lépartemeiil des Forêts.
1. Quels sont vos noms et prénoms ? — Hubert, Joseph.
2. Voire âge? — Trente-cinq ans.
3. L'époque de votre naissance ? — 5 décembre 1768.
1. Votre domicile? — Tintigny.
.'). Eles-vous célibataire, marié ou veuf? — Marié,
(î. C.ombien avez-vous d'enfants? — Trois enfants.
7. Quelle était votre profession avant 1789? — Marchand.
8. Depuis 1789? — Agent municipal depuis l'an IV ; ensuite maire.
9. A combien évaluez-vous votre fortune personnelle, et en quoi consiste-
l-elle? — A quatre mille francs en biens fonds.
Certifié véritable par moi soussigné.
J. Hubert.
A Tintigny, le 20 brumaire an XI I® (12 novembre 1803).
Henri-Philippe Henry, né le 16 juillet 1766, âgé de trente-huit ans, domi-
cilié à Tintigny, marié, six enfants ; avant 1789, greffier de la justice de Ville-
mont ; depuis 1789, agent municipal en l'an IV, et depuis, juge de paix.
Fortune personnelle, quinze mille francs en capitaux et biens fonds.
Alexandre, Jean-Baptiste, notaire impérial, né le 27 mars 1774, âgé de
36 ans huit mois moins 14 jours, domicihé à Tintigny, célibataire.
Employé à la sous-préfecture de Neufchâteau pendant cinq ans, et notaire
depuis l'an XIII ou 1805.
Sans fortune personnelle.
Iker, Jacques-Mathieu, né le 9 décembre 1759, âgé de quarante-cinq ans,
domicilié à Ansart, mairie de Tintigny, marié, cinq enfants ; avant 1789,
cultivateur- depuis, id. — Fortune pers., quinze mille francs en biens-fonds.
Iker, Jean, né le 28 janvier 1771, âgé de trente-trois ans, domicihé à
Tintigny, marié, six enfants ; avant 1789, marchand ; depuis 1789, agent
municipal en l'an III et IV ; depuis l'an V jusqu'en l'an X, greffier de la jus-
tice de paix ; actuellement, premier suppléant.
Fortune personnelle, dix mille francs en biens fonds. (1)
(1) Possédant une forte instruction et ayant de la fortune, Jean Iker, frère du pré-
cédent, remplit diverses charges i)u])liques pendant la durée de sa longue carrière. II
fut agent municipal en l'an III et en l'an IV, secrétaire communal en 1801, premier
suppléant de la justice de paix du canton d'Etalle en 1803, membre du conseil munici-
pal et groffler de la dite justice (\e paix en 1807, enfin conseiller provincial du canton
d'Etalle, de 1839 à 1848.'
— 263 —
1804
ÉPHÉMÉRIDE MILITAIRE.
18 mai. — Napoléon empereur.
ÉPHÉMÉRIDE LOCALE.
Jean Cordier, résidant à Breu vanne, adjoint au maire, remplit les fonctions
d'officier de l'état civil.
*
* *
1er février. — A propos d'un déserteur. — L'ogre de la guerre réclamait
sans cesse de nouvelles victimes, et les levées de jeunes gens se poursuivaient
sans relâche dans nos villages.
On partait bien pour l'armée mais il était assez rare qu'on en revînt. Cette
idée était la terreur des familles, et, tout naturellement, un peu la crainte
des conscrits. Aussi, depuis que l'état de guerre était devenu pour ainsi dire
permanent pour la France, les désertions se multipliaient, et les ruses et
subterfuges mis en œuvre pour se soustraire à l'obligation du service mili-
taire prenaient des proportions déconcertantes, malgré les rigueurs que les
lois comminaient contre les déserteurs et les réfractaires.
Le patriotisme des Luxembourgeois pour la patrie française n'était pas si
débordant que d'aucuns se sont plu à le dire.
Les peines prévues par les règlements militaires contre les insoumis étaient
les suivantes :
A l'égard des parenis.
a) Amende de 1500 francs. S'ils ne pouvaient r 'acquitter immédiatement en
numéraire, il était procédé à la vente de leurs biens jusqu'à concurrence de
cette somme.
b) Les garnisaires, ordinairement au nombre de deux ; c'étaient des sol-
II exerçait la profession de marchand et était pro()riétaire de la belle maison cons-
truite par son père eu 1743, la seule à deux étages qu'il y eut alors et même jusqu'eu
ces derniers temps à Tintigny, située au carrefour des routes d'Arlon à Bouillon et
de Marhehan à Virton .
Fort éprouvé dans ses affections familiales, il perdit successivement, le 14 juin 1806,
un fils, Mathieu- Joseph, âgé de 14 ans ; le 20 janvier 1807, une fille, Marie-Marguerite,
âgée de 13 ans ; le 10 avril suivant, une autre fille, Suzanne, âgée de 12 ans ; le 10
déceml)re de la même année, son épouse, Marguerite Schcmit, âgée de 40 ans ; enfin,
le 4 mai 1809, son fils Maximilien, âgé de 18 ans 9 mois, brigadier au 3« régmient de
hussards de l'empereur, vint mourir chez son père en passant en détachement a
Tintigny .
— 264 —
liais qiio Von iiislallaiL au (lomicilf. du déserteur et que seç parents devaient
nourrir et loger jusqu'à ce qu'il se tut soumis à la loi (1).
(•) La colonne mobile, corps de troupes détaché pour parcourir le paj/S et
établir les garnisaires chez les parents des réfractaires, qui devaient, par
surcroît, héberger toute la colonne au passage.
(/) Les parents au second degré encouraient eux-mêmes une certaine res-
ponsabilité du fait de l'insoumission d'un conscrit, et ils étaient tenus, sous
peine de recevoir aussi des garnisaires, de se mettre à sa recherche et de le
livrer aux autorités militaires.
e) Enlin, s'il arrivait que les frais d'entretien des garnisaires eussent épuisé
complètement celui qui en avait la charge, la commune lui était substituée
dans ses obligations.
A Végard du réfradaire.
' a) Sept années de travaux publics ;
b) L'envoi en garnison au régiment de Belle-Ile, qui était une compagnie
disciplinaire.
c) A la seconde désertion, la peine du boulet. Les condamnés à cette peine
traînaient un boulet de 8 (huit livres), attaché à une chaîne de 2 mètres 50
de long.
L'ensemble des peines comminées tant à l'égard de l'insoumis que contre
ses parents, s'appelait l'exécution militaire.
Pour l'honneur de leur commune, la plupart des déserteurs et des réfrac-
taires de Tintigny vinrent à résipiscence.
Jean-Baptiste Cordier, tils de Guillaume, conscrit réfractaire de l'an XII,
est condamné avec ses père et mère du village de Han, mairie de Tintigny,
à l'amende de 1500 francs, par jugement du 11 pluviôse an XII (l^r février
1804), pour avoir déserté en route, étant dirigé sur le 108<^ régiment de
ligne. Ce conscrit s'étant représenté volontairement le 2 mai pour se rendre
sous les drapeaux, a été rayé de la liste des réfractaires, et ses parents dispensés
de payer l'amende de 1500 francs. Les meubles étaient déjà vendus et avaient
seulement produit 85 fr. 95 c. ; la vente des immeubles, par expropriation
forcée, était fixée au 6 mai. Les poursuites furent arrêtées, mais les frais
déjà faits, et s'élevant à 20() fr. 07 c, durent être liquidés par les parents.
7 juin. — DélimitcUion du territoire conmmncd. — Le 18 prairial an XII
(7 juin 1804), le conseil municipal de Tintigny est réuni en séance extraor-
dinaire. Sont présents, les citoyens Hubert, Henry, Jacques Iker, Valentin
Iker, Jean Ricaille, Guillaume Guillaume et Philippe Rossignon.
Cette réunion est teime d'urgence pour satisfaire à l'arrêté du Préfet du
(i) Le souvenir des gar^r/saires s'est conservé chez le peuple qui, sans savoir
pour(|uoi, désigne encore, sous cette dénomination, les parasites de la tête.
— 265 —
4 prairial (24 mai), portant convocation du Conseil à ce jour, à l'efïet de choi-
sir deux personnes connaissant parfaitement le territoire communal, pour
remplir les fonctions cV indicateurs près de l'arpenteur et de l'expert chargés
de procéder à la délimitation du dit territoire, conformément à l'arrêté du
Gouvernement du 27 vendémiaire dernier (20 octobre Î803).
Le Conseil estimant qu'il convient de prendre des mesures spéciales afin
qu'aucune erreur ne se produise dans un travail d'une telle importance, est
d'avis d'adjoindre un troisième expert aux deux premiers, en considération
de la grande étendue du territoire de cette mairie et surtout des bans de
Breuvanne, IVIénil et Ansart, qui formaient auparavant des communautés
séparées.
Nomme en conséquence aux fonctions d'indicateurs, les citoyens Nicolas
François, de Breuvanne, Antoine Latour, d'Ansart et Guillaume Guillaume,
de Pou celle.
Décide que le prix de leurs journées leur sera payé par la commune, à
raison de un franc vingt-cinq centimes par journée d'ouvrage.
15 juillet. — Le maire, J. Hubert, sollicite un emploi.
La République, par une loi en date du 5 ventôse an XI (25 février 1804),
avait décidé d'admettre les membres des conseils municipaux reconnus
capables et dignes, dans l'administration des Droits réunis.
Se fondant sur cette décision et sur les services rendus par lui à la chose
publique, Jos. Hubert, par pétition en date du 26 messidor an XII (15 juil-
let 1804), adressée à M. Lacoste, préfet du département des Forêts, sollicite
un emploi dans la susdite administration.
Il fait valoir à l'appui de sa demande qu'il a administré la. commune de
Tintigny, sans interruption, depuis le commencement de l'an IV, tant en
qualité d'agent municipal que de maire, le tout gratuitement et « sans contra-
vention tant du côté du gouvernement que de la commune. »
Il prie en conséquence le préfet de vouloir bien l'inscrire sur le tableau
des aspirants aux dites fonctions et d'y joindre une recommandation ou. un
avis favorable.
Le sous-préfet, en apostille, estime qu'il y a lieu d'accueillir cette requête.
1805
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Troisième coalition : Angleterre, Russie et Autriche.
2 décembre. — Austerlitz.
26 décembre. — Traité de Presbourg qui met fin à la troisième coalition.
266 —
*
* *
12 seplembre. — Convois militaires. — L'aimée 1805 fut, pour Tintiguy,
une des plus calmes du régime français.
Il n'y a guère à signaler ([u'une réquisition de chariots, assez lourde toute
fois, imposée à la commune dans la forme suivante :
Département des F'orêts.
Premier arrondissement communal.
Neufchâteau, le 25 fructidor an XIII (12 septembre 1805).
Le sous-préfet,
» Invite et requiert le maire de la commune de Tintigny de fournir douze
voilures à quatre colliers, pourvues de grandes échelles.
« Ces voitures destinées à transporter des effets militaires jusqu'à Arlon,
devront être rendues à Neufchâteau le 29 fructidor courant (16 septembre),
vers les quatre heures de l'après-midi. Le payement sera effectué par qui de
droit.
COLLARD.
Sceau de la sous-[)réfecture.
Vu arrivée à Arlon, le 30 fructidor an XIII (17 septembre).
RÉSIBOIS.
Sceau de la mairie d'Arlon.
10 nivôse an XIV (31 décembre 1805). — Fin de 1ère républicaine.
Napoléon s'était décidé à sacrifier le calendrier républicain à la cour de
Rome.
Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), la commission du Sénat fit
ratifier le projet du gouvernement impérial de reprendre le calendrier gré-
gorien, qui fut ofliciellement rétabli le 1^'' janvier 1806.
Cet acte important est mentionné à l'état civil dans les termes suivants ;
« Nous maire et adjoint de la commune de Tintigny, arrondissement de
Neufchâteau, avons arrêté aujourd'hui à 6 heures du soir le présent registre
des actes de mariage, en exécution de l'art. 4 du décret impérial du 24 fri-
maire an XIV (15 décembre 1805) pour, à partir de demain premier janvier
(1806), employer le calendrier grégorien.
« Fait en la maison commune le 10 nivôse an XIV (31 décembre 1805). »
— 267 —
1806
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Quatrième coalition : Prusse et Russie.
14 octobre. — La Prusse est battue à léna.
27 octobre. — Déclaration du blocus continental.
ÉPHÉMÉRIDES LOCALES.
24 janvier. — Acte de naissance de Henri-Antoine-Joseph-Eloi du Faing,
fils de M. Godefroid du Faing, âgé de 44 ans, rentier, résidant à Tintigny,
et de son épouse, dame Marie- Joseph-Louise de Nonancourt.
Nicolas-Marc Guiot, instituteur, témoin à la plupart des actes de l'état civil
depuis le commencement de 1802, signe en cette qualité le dernier acte de
décès le 28 frimaire an XIV (19 décembre 1805). A la suite de cet acte vient
la mention du changement de calendrier; cette date aura été sans doute aussi
celle du départ de l'instituteur Guiot. Le 3 novembre 1807 « comparaît le
nommé Henri-Josepli Conrotte, instituteur primaire de la commune de Tin-
tigny, y résidant. »
François-Louis (Tesse est desservant depuis Tan XII, et est alors âgé de
41 ans.
Dates diverses. — Conscrits de 1806. — Le conscrit dt. l'an XIV, Jean
Magin, d'Ansart, mairie de Tintigny, déserte en route, en allant rejoindre
son corps sur lequel il avait été dirigé; s 'étant représenté volontairement, il
est amnistié.
Bulletin adressé à sa famille en 1813 :
Cuirassiers. — Classe de l'an XIV.
Magin, Jean, d'Ansart, fils de Alexandre et de Marguerite Nicolas.
Egaré dans la retraite de Moscou.
Certifié ; les Membres du Conseil d'Administration à Thionville, le 20 sep-
tembre 1813.
Signé : Vmoux, Bollanger, Lefèvre, Brugnon.
Un autre insoumis de cette année, le nommé Résibois, Jean-Baptiste,
occasionna à sa famille et à l'Administration municipale de très graves
embarras qui ne prirent fin, pour ainsi dire, qu'avec le régime napoléonien.
Réfractaire dès son appel sous les drapeaux, il est arrêté par la gendar-
merie dans le département des Ardennes, et dirigé sur Belle-Ile. Le garni-
saire qui avait été établi à son domicile est alors retiré.
— 268 —
Le 10 mai 1812, ce soldai (léserle, eu emportant sou habillemeut complet,
ses armes et bagages.
Aussitôt les autorités militaires rétablisseut la colouue mobile chez sou
père et imposent à tous ses pareuts jusqu'au second degré inclusivement,
l'obligation de se mettre à sa recherche et de le ramener, sous peine de rece-
voir aussi des garnisaires.
Une. lettre, dont je vais donner quelques extraits, renferme des indications
curieuses au sujet des mesures de rigueur appliquées aux réfractaires, et qui
montrent bien jusqu'où s'étendait la responsabilité de leurs familles.
« Tintigny, le 19 septembre 1813.
« .Jean-Joseph Gardien, cultivateur, Jean-Baptiste Flamion, manœuvre,
résidants à Poncelle ; Jean-Baptiste Robert et Jacques Robert, résidants à
Tintigny, tous les quatre parents à degré proche à Résibois, Jean-Baptiste,
conscrit réfractaire ou soi-disant déserteur, à Monsieur le baron Jourdan,
préfet du département des Forêts, chevalier de la Légion d'honneur.
« Nous avons l'honneur de vous représenter qu'ayant été inquiétés dans
le temps par la colonne mobile pour la reproduction du dit Résibois, pour lors
réfractaire efTectif, il est parvenu à notre connaissance que le dit Résibois
s'était réfugié au village d'Ecombes, département des Ardennes, arrondisse-
ment de Sedan, là où nous étant transportés, sommes parvenus à le faire
arrêter par la gendarmerie ; de là, il a été conduit au régiment de Belle-Ile,
vers l'époque du 10 mai 1812. »
« Au moment où nous croyions être à l'abri de toute recherche, nous venons
d'apprendre, par notre maire, que ce jeune homme aurait déserté une seconde
fois, ce que nous ne pouvons pas croire, parce qu'il est de la plus grande vérité
que nous n'avons plus eu la moindre nouvelle de lui depuis le courant du
mois de juin 1812, époque à laquelle il est passé par ici pour se rendre en Alle-
magne. Ce jeune homme n'a plus ni père ni mère, ni biens, et ne pourrait se
réfugier au pays. Il y aurait donc injustice à charger ses parents inférieurs (!)
de sa recherche ; nous osons espérer en conséquence de votre sollicitude
paternelle que vous nous épargnerez la disgrâce de voir arriver chez nous la
colonne mobile, vous priant, etc. »
Le 13 octobre 1813, le maire de Tintigny informe le chef du bureau mili-
taire que la colonne mobile est placée chez les parents du soldat Résibois,
depuis sa désertion, bien qu'il n'ait jamais reparu au pays.
La requête ci-dessus ne put donc être prise en considération.
8 mars. — Enrôlement volontaire. — François-Louis-IMarie- Joseph-Eugène
de Prouvy, fils de J.-B. de Prouvy, seigneur du Ménil. conscrit de l'an 1806,
n'étant pas encore mis en activité, demande au Préfet à passer dans l'armée
active et à servir dans le 2^ régiment de chasseurs à cheval.
— 269 —
Il réclame en même temps une feuille de route pour rejoindre ce corps. —
Agrée.
Le 20 juin 1806, le Préfet demande à l'administration municipale qu'il
lui soit adressé sans retard les titres et diplômes dont les médecins, chirur-
giens, pharmaciens, sages-femmes, etc. doivent être munis pour pouvoir
remplir leur état.
Transmission des titres de Suzanne Résibois, pour les fonctions de sage-
femme.
4 octobre. — Certificat d'existence.
24e régiment de ligne.
« Jean-Nicolas Henry, de Breuvanne, est en activité de service depuis le
4 octobre 1806, au 24^ régiment de ligne, à Treuenbritzen (Saxe). »
Le chef de bataillon,
LiBERT.
1807
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Ayant formé la quatrième coalition contre la France, la Prusse et la Russie
sont vaincues, la première à léna, le 14 octobre 1806, et la seconde à Fried-
land, le 14 juin 1807.
8 juillet. — Traité de Tilsit. Fin de la quatrième coalition.
6 juin. — Joseph Bonaparte, roi d'Espagne.
15 juillet. — Murât, roi de Naples.
ÉPHÉMÉRIDES LOCALES.
9 avril. — Acte de décès de Victoire de Prouvy,âgée de 24 ans ; déclarants :
J.-B. de Prouvy, membre du conseil municipal de Tintigny, père de la
dite Victoire de Prouvy, issue de son mariage avec Marie-Louise de Sain-
tignon, et Gabriel de Prouvy, cultivateur, frère de la dite Victoire, tous les
deux résidant au Ménil.
28 avril. — Acte de décès de Elisabeth de Pirombœuf, veuve de feu le
sieur François de Jacque, âgée de soixante-dix-huit ans, décédée en sa mai-
son à Tintigny.
2 août. — Acte de décès de Marie-Sophie de Prouvy, jeune fille âgée de 17
ans, résidant à Poncelle, fille de défunt Théodore-Ignace de Prouvy, en son
vivant résidant à Jamoigne, et de Marie-Françoise-Denis, son épouse, rési-
dant actuellement à Poncelle.
- 270 —
y novembre. — Acte de décès de Nicolle Hinque, veuve de défunt le sieur
du Faing, âgée de soixante-quinze ans, résidant à Tintigny.
28 novembre. — Monsieur J.-B. de Prouvy, propriétaire et membre du
conseil municipal de Tintigny, et Jacques Henry, de Breuvanne, font décla-
ration do décès de Monsieur Henri du Faing, célibataire, âgé de quatre-
vingt-dix ans et huit mois, résidant au Ménil ; le premier témoin est son neveu
à cause de sa f émane.
*
* *
Conscription de 1807.
Jeunes gens de cette classe définitivement réformés par le Conseil de recru-
tement :
André, Lambert, de Tintigny, contributions 26 fr. 11
Robert, Jacques id. id. 21 fr. 55
Collignon, Henri-Jos., de Poncelle id. 10 fr. 20
Certifié par le percepteur à vie de Tintigny.
HÉNOUMONT.
20 octobre. — Certificat de présence. — Bastin, Jean-Nicolas, soldat au 108^
régiment de ligne, n'a plus donné de ses nouvelles depuis la bataille d'Auster-
litz (2 décembre 1805). Le chef de bataillon Lacroix, fï. de major, fait connaî-
tre au Commissaire ordonnateur de la l^e division militaire qui a demandé
des renseignements au sujet de ce soldat, que celui-ci est présent à la compa-
gnie des voltigeurs du 3® bataillon du dit régiment, faisant partie de la 3'' divi-
sion du 'M corps de la grande armée campée pour lors à Gawlow,près de Var-
sovie.
— D'Anvers, le 20 octobre 1807.
Ce soldat, originaire de Tintigny, est mort à l'hôpital St-Joseph, à Posen,
en Pologne.
1808
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Cinquième coalition : Angleterre, Autriche, Péninsule hispanique.
1808-1811. — Guerre d'Espagne.
ÉPHÉMÉRIDE ADMINISTRATIVE.
Jourdan (baron André-Joseph), nommé préfet du département des Forêts,
le 8 mai 1808, est installé en cette qualité le 15 juillet suivant.
21 janvier. — Nomination <run adjoint municipal. — Le sieur Jean (^ordier,
adjoint municipal depuis plusieurs années, ayant résigné ses fonctions, il
fallut pourvoir à la vacance de cette charge.
— 271 —
Afin de pouvoir fixer plus judicieusement son choix, le préfet écrivit con-
fidentiellement, le 21 janvier, au maire d'Arlon, Ant. Résibois, originaire
de Tintigny, le priant de lui désigner sans délai celui des propriétaires de
cette commune qui, par ses qualités personnelles et son attachement au Gou-
vernement, mériterait d'être appelé aux fonctions d'adjoint, en remplacement
du sieur Cordier.
M. Résibois s'assurerait à l'avance des dispositions du candidat à occuper
cette place ; en outre, la mairie de Tintigny étant composée de plusieurs vil-
lages, le préfet désirerait placer l'adjoint dans l'un de ceux où le maire ne soit
pas domicilié, et le plus important par sa population, après le chef -lieu de
la mairie.
Le 29 du même mois, M. Résibois informe le préfet qu'il croit pouvoir lui
proposer, en toute confiance, pour remplacer le démissionnaire, le sieur Jean
Ricaille, domicilié à Han, et percepteur des contributions, homme probe,
jouissant d'une grande considération et possédant les capacités suffisantes
pour remplir avec distinction la fonction qui pourrait lui être conférée.
Le préfet, se référant entièrement à ces indications, prend aussitôt l'arrêté
suivant :
(( En vertu de l'art. 20 de la loi du 20 pluviôse an VIU,
Le Préfet du département des Forêts,
Nomme Ricaille, Jean, cultivateur, domicilié à Han, aux fonctions d'ad-
joint municipal de la commune de Tintigny, en remplacement du sieur Cor-
dier, démissionnaire.
P'ait à Luxembourg, le fer février 1808.
Lacoste.
14 mai. — Le chemin d'Ansart à Tintigny menacé de destruction partielle.
— Ce chemin, décrété, comme on l'a vu, en 1791, et dont la réception aura
lieu seulement en 1811, était dès 1808, menacé de destruction par suite de
l'action des eaux de la Semois.
C'est ce qu'atteste la délibération suivante du conseil municipal de Tin-
tigny. Je la reproduis en raison de son importance au point de vue de la con-
figuration du cours de la Semois, entre Gravière et Tintigny.
Séance du 14 mai 1808.
Présents : MM. Hubert, maire ; François Devillers, Jean Iker, Jean- Joseph
Renauld, Jean-Baptiste Alexandre et Jacques Iker, membres du conseil
municipal de Tintigny.
« Considérant que l'utilité publique commande impérieusement de préve-
nir la destruction totale du grand chemin qui conduit de Tintigny à Ansart
en ce que la rivière de Semois, par l'effet d'un coude où elle frappe violemment
contre le dit chemin, au point que le dit chemin sera entièrement coupé en
moins d'un an, ce qui occasionnerait une perte irréparable en interrompant
_ 272
la comniuiiicalioii des tleux commîmes eL en outre celle pour les charbonr et
fers de foute qui alimentent en partie les forges de Waillimont, Berchiwez,
Laclaireau et plusieurs autres.
« Considérant qu'il est de toute impossibilité de porter remède à ce mal
sinon en faisant prendre un antre cours à la rivière ; que ce nouveau cours
peut se faire commodément et avantageusement, en l'ouvrant sur la propriété
de Henry, François, propriétaire cultivateur à Tintigny, ou plutôt sur la
propriété de cette commune, puisque le dit Henry François ne la tient qu'en
engagère pour le terme de huit années (1), surtout qu'à la grande crue des
eaux ce nouveau cours a lieu.
« Que ce nouveau cours demanderait quarante mètres de longueur sur douze
de largeur.
« ("onsidérant enfin que tous les moyens o ;L été employés pour empêcher
la ruine imminente du dit grand chemin, mais inutilement ; sur tous ces puis-
sants motifs et pour l'utilité publique, le conseil municipal demande l'auto-
risation d'acquérir quarante mètres de longueur sur douze mètres de lar-
geur, dans un pré appartenant an dit François, situé au territoire de Tintigny,
cà lieu dit Norulles, et de vendre deux cent quarante mètres de longueur sur
douze de largeur que formera l'ancien lit de la rivière de Semois,pourle pro-
duit être employé à l'achat du terrain à acquérir du dit François ; le surplus
versé dans la caisse du percepteur pour servir aux besoins urgents de la com-
mune. »
Le 15 août 1808, le Préfet communique cette délibération à l'ingénieur
en chef des Ponts et chaussées et l'invite à lui donner son avis sur cet objet
pour pouvoir y statuer en connaissance de cause.
Le 5 septembre, l'ingénieur écrit que pour répondre « pertinemment » à
la demande du Préfet, il est nécessaire qu'il se transporte sur les lieux et
qu'il en lève le plan, ce qui nécessitera, pour la commune de Tintigny, une
dépense qu'il estime s'élever à 144 francs.
Les communes de Tintigny et d'Ansart, intéressées à la conservation du
chemin dont il s'agit, sont invitées, le 12 septembre, par le sous-préfet de
Neuf château, à faire le dépôt de la dite somme de 144 francs, entre les mains
de l'ingénieur en chef, contre récépissé.
Le maire de Tintigny répond le 22 novembre que les communes d'Ansart
et de Tintigny ne pourraient jamais faire la dépense des 144 francs demandés,
parce qu' « il n'y a aucun fonds en caisse, ni espoir d'en avoir. »
« Que si la somme de 144 francs est absolument de rigueur, on sera forcé
d'abandonner le projet, et par là obligé de voir un chemin de première néces-
sité et d'une utilité indispensable anéanti. )>
(1) Cette propriété est la prairie de yôridles, que la Gomraunauté de Tintigny pos-
sède de temps Immémorial et qu'au cours des siècles elle aliéna sous condition de la
faculté de rachat, toutes les fois qu'elle se trouva en embarras financier.
— 273 —
Cependant, à la suite de diverses correspondances échangées à ce sujet
entre le maire et le sous-préfet, il fut convenu que l'on s'en rapporterait à
un homme de l'art des environs, ce que l'ingénieur lui-même approuva, vu
l'impossibilité où se trouvait la commune de Tintigny de consigner la somme
de 144 francs.
On doit supposer que les travaux auront été effectués selon les intentions
du conseil municipal, car, le 12 juin 1812, le dit conseil ayant été assemblé
en séance extraordinaire pour donner son avis au sujet des personnes qui
seraient chargées de recevoir le chemin d'Ansart à Tintigny, conformément
à l'acte notarié du 23 novembre 1791, il fut résolu que le conseil municipal
lui-même se transporterait en corps sur le dit chemin, « pour dresser procès-
verbal si ce chemiin avait été fait conformément aux clauses, charges et con-
ditions du dit acte notarié, »
Avaient signé au procès-verbal :
H. Dorvo, J.-B. de Prouvy, H. -P. Henry, F. Devillers, H. Iker, J. Hubert,
J.-J. Mortehan, G. Guillaume et J.-B. Alexandre.
Dans une séance subséquente, le conseil considérant que les conditions
exigées par l'acte prérappelé avaient été exactement remplies, pour s'en être
assuré en se transportant sur les lieux, déclara « que les dits pont et chemin
étaient reçus, mais qu'aux termes du dit acte notarié, les entrepreneurs res-
teraient responsables du dit ouvrage pendant un an. »
17 juin. — Enrôlement volontaire. — Par lettre datée du 17 juin 1808, le
préfet Lacoste recommande au major du 3^ régiment de hussards, le jeune
Maximilien Iker, de Tintigny, qui a contracté un enrôlement volontaire dans
ce régiment.
Dans sa lettre, le préfet laisse échapper le suggestif aveu que voici :
(( Mais quel que soit le mérite personnel, on a toujours besoin de protection
pour obtenir de l'avancement. »
Le jeune Maximilien Iker, brigadier au 3^ régiment des hussards de l'Em-
pereur, mourut chez son père, Jean Iker, qu'il était venu saluer en passant
en détachement, le 4 mai 1809 ; il n'était âgé que de 18 ans 9 mois.
20 octobre. — Un conscrit soupçonné de mutilation volontaire. — Nicolas
Iker, d'Ansart, soupçonné de s'être mutilé la première phalange de l'index
et du médium de la main droite, pour se soustraire au service de l'armée
active auquel il était appelé, est mis à la disposition de la gendarmerie pour
être conduit dans une compagnie de pionniers.
Son père réclame contre cette décision du conseil de recrutement et offre
de prouver par témoins que cette mutilation est le résultat d'un accident.
-- 274 —
1809
ÉPHÉMÉRIDE MILITAIRE.
() juilUi. -Bataille de Wagram.
Vin (le la cinquième coalition.
ÉPHÉMÉRIDE LOCALE.
4 mai. Henri-Philippe Heniy, juge de paix du canton d'Etalle, est nom-
mé conseiller municipal, en remplacement du sieur Rossignon, Philippe,
décédé.
12 mai. — Le Conseil municipal — J.-B. de Prouvy, Jean Iker, Jacques
Iker, Devillers, Lenfant, Alexandre et Hubert — sollicite l'autorisation de
vendre quatre cordes et demie de bois et vingt-quatre arbres chênes restant
de la coupe de cette année, pour le produit être employé à l'acquit du loyer de
la maison du desservant de la paroisse, et le surplus servir à faire une porte
principale à l'église de Tintigny, laquelle se trouve en mauvais état.
Avis favorable de l'inspecteur des bois et forêts, Aubin-Wiart. — Auto-
risation accordée.
6 juillet. — Information du décès d'un militaire. — Après Wagram. Les
maires étaient informés, mais souvent après un laps de temps assez long, de
la mort, sur le champ de bataille ou dans un hôpital, des militaires originaires
de leurs communes.
Voici un exemple de la forme dans laquelle se faisait cette notification :
62e de ligne.
Classe de 1809.
Jacob Charles, fils de feu Alexandre et de Jeanne-Marie Moneau, né à
Tintigny, le 17 mars 1789.
Départ du département, le 29 octobre 1808. (1)
Incorporation, le 7 décembre 1808.
No 6758. — Fusilier de la 3^ compagnie du 2^ bataillon.
Est mort à l'hôpital de Vienne, le 5 octobre 1809, par suite de blessures.
Certifié par nous. Membres du Conseil d'Administration.
Marseille, le 20 mai 1810.
Signé : Du Commun, capitaine ; Gravelet, capitaine ; Regnault, major.
(1) n y avait eu levée anticipative.
— 275 —
17 décembre. — Certificat d'incorporation. — Les Membres du Conseil
d'Administration du 28^ régiment d'infanterie légère certifient que J.-B.
Henry, d'Ansart, conscrit de 1809, a été reçu sous les drapeaux le 2 novembre
1809, et immatriculé sous le n^ (3718.
A Mayence, le 17 décembre 1809.
20 décembre. — Fin du dépôt. — Bastin, Louis, de Tintigny, est placé à la
tin du dépôt (1), comme ayant un frère mort en activité, à l'hôpital St-Joseph
à Posen, en Pologne. — Voir à la date du 20 octobre 1807.
1810
ÉPHÉMÉRIDES HISTORIQUES,
l^r avril. — Mariage de Napoléon avec Marie-Louise d'Autriche.
Juillet. — Réunion de la Hollande à l'Empire français.
*
5 janvier. — Dispenses de service aclij. — Jacob, Henri-Alexandre, de Tin-
tigny, et Camus, Jean-Joseph, d'Ansart, conscrits de 1806, demandent
à être placés à la fin du dépôt, comme ayant chacun un frère en activité de
service. Les classes auxquelles appartenaient ces conscrits venaient d'être
rappelées sous les drapeaux.
27 février. — Rachat du presbytère. — La maison presbytérale, avec ses
dépendances, ainsi que tous les biens appartenant à la fabrique de l'église,
avaient été adjugés au citoyen Collard, sous-préfet de Neufchâteau, le
6 frimaire an IX (16 décembre 1800), pour le prix et somme de trois mille
deux cents francs.
Or, l'art. 92 du décret impérial du 30 décembre 1809 stipulait que la
commune était tenue de fournir au curé un presbytère ^ ou à défaut de pres-
bytère, un logement, ou à défaut de logement, une indemnité pécuniaire
équivalente.
En présence de cette alternative inéluctable, la municipalité ne crut
pouvoir mieux agir qu'en rachetant à son nouveau propriétaire la maison
curiale qui, par sa situation et sa disposition se prêtait mieux que toute autre
à une telle destination.
A cette fin, l'administration communale entra en pourparlers avec le
sous-préfet Collard, qui consentit à lui rétrocéder son acquisition moyennant
la somme de 4,455 francs, payable par moitiés, l'une en 1811 et l'autre en
1812.
(l) Portion de corps de troupes destiné à demeurer dans une ffarnison quand le reste
se mobilise.
18
— 276 —
Le. marché ayant été conclu à ces conditions, le desservant, Jacques
Lhonu'l, rouira en possession du vieux presbytère, ({ui resta depuis lors aiïecté
à l'usage que lui avaient assigné ses premiers fondateurs, les jésuites de
Luxembourg, dont le monogramme se voyait encore il y a quelque trente
ans au-dessus de la porte principale.
Pour se libérer, la commune se vit dans la nécessité d'imposer à tous les
chefs de ménage, pendant les deux années susdites, une contribution extraor-
dinaire qui suscita quelques protestations, mais que la généralité accepta
comme le mode le plus équitable de satisfaire aux obligations de la commu-
nauté.
Aiilres difficultés financières. — La commune, en ce moment, n'était guère
en fonds, épuisée par les contributions et les réquisitions de toutes sortes des
années antérieures.
Déjà, en 1808, elle se trouvait dans l'impossibilité de consigner une somme
de 144 francs, estimée nécessaire par l'ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées, pour le tracé des plans de redressement du cours de la Semois et de
réfection du chemin d'Ansart à Tintigny.
A la même date du 27 février, qui venait de marquer le rachat du presby-
tère, le receveur de l'enregistrement à Etalle prévenait le maire de Tintigny
que l'inspecteur de son bureau s'était concerté avec l'inspecteur des eaux et
forêts à l'effet d'assurer le recouvrement du montant du traitement avancé
par le Gouvernement aux gardes des bois de la commune pendant les années
XII, XIII, XIV et 1806. En conséquence, il avait été arrêté qu'aucune coupe
n'aurait lieu cette année au profit de la commune débitrice, à moins que
celle-ci ne se fût auparavant libérée.
En séance extraordinaire du 2 avril, le conseil municipal convoqué à ce
sujet déclara unanimement qu'il était préférable de prélever sur la commune
une cotisation pour faire face à cette charge, plutôt que de distraire une por-
tion de la coupe, puisque jusqu'à ce jour ce mode avait été suivi avec avan-
tage en d'autres cas urgents.
L'arriéré dû par la commune était cependant relativement assez minime.
Voici comment le receveur de l'enregistrement en avait établi le relevé :
« Etat du traitement des gardes forestiers et des frais d'arpentage dus par
les communes de Tintigny, Han, Poncelle et Ansart, pour l'exercice de 1810,
et montant de l'arriéré dû par la commune d'Ansart pour les années XII,
XIII, XIV et 1806, dont le domaine a fait l'avance :
Tintigny, Han, Poncelle et Ansart 250 »
Ansart seul 36 »
Frais d'arpentage dans lesquels Ansart ne paye rien cette année . . 33 75
Total 401 75
— 277 —
25 mars. — Décret impérial d'amnistie. — A l'occasion de son mariage avec
l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, célébré le l^i" avril, l'empereur
Napoléon avait fait publier, dès le 25 mars, un décret d'amnistie générale
en faveur de tous les militaires insoumis, déserteurs ou réfractaires à cette
date.
Afin de mettre un terme aux poursuites et aux rigueurs dont ils étaient
l'objet et soustraire leurs familles ou leurs communes aux mesures sévères
déjà prises à leur égard, le plus grand nombre des défaillants firent leur sou-
mission, quittèrent leurs refuges et se représentèrent aux autorités dont ils
relevaient.
Les bienfaits de la clémence impériale s'étendirent à Tintigny :
Lambinet .Joseph, fils de Jean et de Thérèse Nicolas, né le 16 février 1790,
à Breuvanne, déserteur du premier régiment des cuirassiers, 2^ compagnie,
6*^ escadro]!, à la suite du décret, réclame son pardon et promet de rejoindre
son corps et d'y servir avec fidélité S. M. l'Empereur et Roi, sachant qu'une
nouvelle désertion l'exposerait à la peine du boulet. ^lalgré cela, son père,
Jean Lambinet, a chez-lui Vexécution militaire. Le maire de Tintigny signale
le cas au chef du bureau militaire, et dès le lendemain, le préfet donne l'ordre
de lever la garnison du domicile de Lambinet.
Urbain François, fils de Hubert et d'Anne-Joseph Pireau, né à Breuvanne
le 16 octobre 1790, déserteur du 4*^ bataillon de sapeurs, est amnistié en vertu
du même décret impérial, et dirigé sur son dépôt, à Metz. Fait la même décla-
ration que le précédent.
30 mars. Mort alarmée. — Jean-Baptiste Thiry, fusilier au 108^ régiment
de ligne, 4^ bataillon, V^ compagnie, meurt à Malines, le 30 mars 1910.
19 mai. Certificat d'existence. — Camus, Henri-Joseph, classe de 1809, né
le 27 février 1789, à Ansart, fils de Jean-Baptiste et de Elisabeth Delime.
Incorporé le 29 novembre 1809 au 6^ régiment léger ; y sert en qualité de
chasseur dans la V'^ compagnie du 5^ bataillon, où il était présent le l^r
février 1810, jour de son départ pour rejoindre les bataillons de guerre en
Espagne.
Déclaration datée de Phalsbourg, le 19 mai 1810.
lei" septembre. — Scrutin pour le collège électoral de département, pour le
collège électoral cV arrondisse ment et pour les candidats à la justice de paix et
à la suppléance de cette justice. — A la date du l^r septembre eut lieu dans
toutes les communes un scrutin pour la désignation des membres du collège
départemental, du collège d'arrondissement et des candidats à la justice
de paix et à la suppléance de cette justice.
Je reproduirai in-extenso le procès-verbal de ce scrutin à cause de l'intérêt
qu'il présente tant au point de vue des opérations qu'il nécessitait qu'àcelui
des indications qu'il fournit au sujet des notabilités du canton d'Etalle à
cette époque. On y remarquera aussi l'analogie frappante qui existait entre
— 278 —
plusiours clos oporaLioiis de ce scrutin cL diverses dispusilioiis de notre législa-
tion électorale actuelle.
Procès-verbal d'élection.
« L'an mil huit cent tiix, le premier septembre,
Nous soussigné Henri-Philippe Henry, juge de paix du canton d'Etalle,
premier arrondissement du département des Forêts, nommé président de
l'assemblée cantonale de Tintigny, au dit canton, à cause de l'absence du
maire Hubert, nous nous sommes rendus au lever du soleil dans la maison
d'école ilu dit Tintigny, lieu désigné pour la tenue des assemblées, où après
être restés fort longtemps, et personne ne s'y étant rendu, nous avons ajourné
les opérations à demain deux, à huit heures du matin. Nous nous y som-
mes rendus derechef et nous y avons trouvé les sieurs J.-B. de Prouvy,
propriétaire au Ménil, et Jean Iker, greffier de la justice de paix, l'un et
l'autre faisant partie de la liste des dix plus imposés de la section de Tintigny,
et comme il ne s'est présenté personne de ceux qui composent la liste des
plus âgés de la même section, nous avons dû composer le bureau des deux
premiers, après quoi nous avons, avec les deux sus nommés choisis pour
scrutateurs, procédé à la nomination du secrétaire, et les voix s'étant réu-
nies sur Jean-Joseph Mortehan, huissier du tribunal de première instance,
demeurant à Breuvanne, après ce, nous président, avons proclamé le bureau
définitif, et ayant fait annoncer au son de la caisse que les ayant droit de
vote pouvaient se présenter pour faire leurs bulletins, et nous étant en
tout conformés au règlement du 17 janvier 1806, et aux instructions du
ministre de l'intérieur, notamment sur le serment exigé tant des membres
du bureau que des votants, ceux-ci ont déposé leurs bulletins de la manière
exigée par la loi, dans les boëtes destinées à les recevoir. 11 a été procédé à
l'ouverture du premier scrutin jusques à six heures après-midi, heure à
laquelle nous avons ordonné qu'il fût clos et dépouillé.
En procédant au dépouillement nous avons d'abord vérifié que le nombre
des bulletins était égal à celui des personnes cjui avaient donné leur suffrage,
et inscrit sur la liste que nous avons tenue à cet effet, et il est résulté de ce
dépouillement savoir :
4
Pour le collège électoral de département.
fo Que M. Robert- Joseph de Laittres, propriétaire à Rossignol, au dit
canton d'Etalle, a obtenu vingt-quatre suffrages.
2° Que M. d'Anethan, père, maître de forges à la Trapperie, au même
canton, en a obtenu neuf.
3° Que M. Jean-Martin Tchofïen, président de ce canton, domicilié à
Fouches, en a obtenu six.
40 Que M. Demarteau, rentier à Habay-la-Vieille, en a obtenu huit.
5° Que M. Henri-Philippe Henry, juge de paix du canton d'Etalle, en a
obtenu un.
— 279 —
Collège électoral (V arrondissement.
1° Que M. J.-B. Alexandre, notaire à Tintigny, au dit canton, en a obtenu
treize.
2° Que M. Jean Iker, greffier de la justice de paix, au même Tintigny,
en a obtenu treize.
3° Que Al. J.-B. Welter, propriétaire à Habay-la-Neuve, en a obtenu
vingt et un.
40 Que M. Gaspar- Joseph Verniol, médecin à Etalle, en a obtenu sept.
50 Que M. de Laittres, rentier à Rossignol, en a obtenu dix.
6Q Que M. J.-B. de Gerlache, maître de forges à Biourge, canton de Neuf-
château, en a obtenu neuf.
70 Que M. Demarteau, rentier à Habay-la-vieille, en a obtenu cinq.
80 Que M. Mortehan, huissier à Breuvanne, au dit canton, en a obtenu six.
90 Que M. J. B. de Prouvy, rentier, demeurant au Ménil, en a obtenu sept.
10° Que M. Henri Maîtrejean, rentier à Bellefontaine, au dit canton, en a
obtenu deux.
llo Que M. Henri-Phihppe Henry, juge de paix du canton d'Etalle,
demeurant à Tintigny, en a obtenu trois.
Candidats à la justice de paix.
1° Que M. Demarteau, rentier à Habay-la- Vieille, en a obtenu vingt-trois.
2° Que M. Jean-Martin Tchoffen, président de ce canton, demeurant à
Fouches, en a obtenu quatorze.
3^ Que M. J.-B. Welter, rentier, demeurant à Habay-la-Neuve, en a
obtenu dix.
40 Que M. J.-B. Alexandre, notaire à Tintigny, en a obtenu un.
Suppléants de la justice de paix.
1° Que M. Pierre-François Marchai, propriétaire, demeurant à Etalle,
en a obtenu vingt-quatre.
2° Que M. Jean Bian, propriétaire, au même lieu, en a obtenu dix-sept.
30 Que M. J.-B. Alexandre, notaire à Tintigny, en a obtenu quinze.
40 Que M. Jean-Martin Tchoffen, président de ce canton, demeurant à
Fouches, en a obtenu un.
50 Que M. Gaspar- Joseph Verniol, médecin du dit Etalle, en a obtenu trois.
60 Que M. J.-B. de Prouvy, propriétaire au Ménil, en a obtenu douze.
— 280 —
l'^ Que M. J.-B. Welter, propriétaire à Habay-la-Neuvc, en a obtenu
vingt et un..
8» Que M. Demarteau, résidant à Habay-la- Vieille, en a obtenu un.
9^' Que M. Jean Iker, grefïier, demeurant au dit Tintigny, en a obtenu
deux.
Ainsi clos et rédigé par nous, président et scrutateurs sus nommés, assistés
du secrétaire, à Tintigny, le deux septembre mil huit cent dix, à six heures
après-midi. »
H.-P. Henry. J.-B. de Prouvy. J. Iker.
J.-J MORTEHAN.
2e Scrutin.
« L'an mil huit cent dix, le cinq septembre,
En conséquence du dépouillement des scrutins des différentes assemblées
cantonales, qui s'est fait par devant M. Tchofïen, président du canton d'Etalle,
premier arrondissment du département des Forêts, et en son domicile, le
quatre du courant et duquel dépouillement et recensement général, il est
résulté qu'il reste encore à élire.
Savoir :
Un membre pour le collège électoral de département.
Trois pour le collège électoral d'arrondissement.
Un candidat aux fonctions de juge de paix, et finalement quatre pour les
fonctions de suppléant de juge de paix.
« Nous, Henri-Philippe Henry, président de l'assemblée sectionnaire de
Tintigny, canton, arrondissement et département que dessus, avons fait
annoncer de la manière ordinaire et à soleil levant, qu'il allait être procédé
sur le champ à un second scrutin pour l'élection des personnes ci-dessus.
« Et nous étant rendu à soleil levant dans la maison d'école, y avons
trouvé nos scrutateurs précédents, les sieurs de Prouvy, propriétaire au
Ménil, Jean Iker, greffier de la justice de paix, ainsi que le secrétaire ]Mor-
tehan, avec lesquels nous avons formé le bureau et reçu les bulletins des vo-
tants de la manière exigée par la loi et les instructions de Son Excellence
le Ministre de l'Intérieur.
« Ayant tenu le scrutin ouvert depuis le soleil levant jusqu'au soleil
couchant, et n'ayant point reçu la moitié ni les trois quarts des suffrages des
ayants droit de voter, avons ajourné la continuation des scrutins à demain
six.
« Et le six, à soleil levant, nous étant encore réuni à nos scrutateurs et
secrétaire dénommés ci-devant, et transporté en la dite maison d'école, y
sommes restés jusqu'à six heures de l'après-midi et comme les trente heures
— 281 —
accordées par la loi pour donner les votes étant écoulées, nous avons ordonné
le dépouillement des scrutins.
« En y procédant, nous avons d'abord reconnu que le nombre des bulletins
était égal à celui des personnes qui avaient voté, et de ce dépouillement il est
résulté :
1» Pour le collège électoral de département.
Que Cordier Jean, le jeune, laboureur, à Breuvanne, en a obtenu huit.
2° Pour le Collège électoral d'arrondissement.
Que Momback, Jean-Louis, maire de Habay-la-Neuve, en a obtenu huit .
Poncelet, Jean-Louis, propriétaire au dit Etalle, en a obtenu huit.
Leclère, Jean-Pierre, marchand au dit Habay-la-Neuve, en a obtenu huit.
4° Pour la nomination du candidat aux fonctions de juge de paix,
Que M. Alexandre, Jean-Baptiste, notaire à Tintigny, en a obtenu sept.
50 Pour la nomination des candidats aux fonctions de suppléant de juge
de paix,
Que le sieur Tschofîen, président de l'assemblée de ce canton d'Etalle,
résidant à Fouches, en a obtenu huit.
Demarteau, rentier, résidant à Habay-la-Vieille, en a obtenu huit ;
Gilson, maire actuel de Habay-la-Vieille, en a obtenu huit.
Maréchal, Pierre-François, propriétaire au dit Etalle, en a obtenu huil.
« De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal, et icelui signé
le dit jour six septembre à six heures de l'après-midi. »
H.-P. Henry. J.-B. de Prouvy. L. Iker.
J.-J. MORTEHAN.
15 octobre. — Le littéraleur Hyacinthe-Madelaine Dorvo à Tintigny. — De
date immémoriale, il est de coutume, à Tintigny, que des jeunes gens, surtout
des jeunes filles, quittent le village pour aller se mettre en service à Paris.
Une demoiselle Bastin, dont la famille habitait l'ancienne maison Vivinus,
proche le ruisseau du Guénèvin,y était vers le commencement du siècle; elle
y connut le littérateur Dorvo et devint son épouse.
Cet écrivain très apprécié était né à Rennes, en Bretagne, le 10 novem-
bre 1768.
11 est l'auteur d'une vingtaine de pièces de théâtre estimées,les unes en vers,
les autres en prose, et dont les deux principales, la mort de Duguesclin, eu
3 actes, et V Envieux, en 5 actes et en vers, furent jouées à la Comédie fran-
çaise. 11 écrivit en outre plusieurs romans de réelle valeur, des épîtres et enfin
— 282 —
im poème sur la rovoluliou française de 1830, dédié à Louis-Philippe, et
imprimé à Paris en 1831.
On trouvera la liste de ces diverses œuvres dans le Dictionnaire des hommes
de lettres et des artistes de la Belgique, par Vandermaelen, p. 59.
La femme de Uorvo décida bientôt son mari à venir habiter Tintigny,
son village natal. Les époux y furent précédés de la recommandation sui-
vante, qu'un haut personnage de la capitale, dont je n'ai pu déchiffrer la
signature, adressait au préfet du département :
« Paris, le 15 octobre 1810.
« Monsieur le Baron,
« M. Dorvo étant dans l'intention d'aller s'établir à Tintigny, près de Neuf-
château des Moulins à vent (!!), je vous prie de lui être utile autant qu'il
dépendra de vous, toutes les fois qu'il réclamera vos bons offices, afin de lui
éviter les difficultés qui pourraient se présenter contre cet établissement.
« Ce projet réalisé ne peut qu'être avantageux pour le pays, et sous ce rap-
port, il doit mériter protection.
« Je vous serai très reconnaissant, Monsieur le Baron, des bontés que vous
voudrez bien avoir pour M. Dorvo. Il mérite qu'on lui porte intérêt.
(' Agréez, Monsieur le Baron, l'assurance de ma considération distinguée.
Le Comte N... »
c( A Monsieur le Baron Jourdan, Préfet du département des Forêts, à
Luxembourg. »
Arrivé peu après à Tintigny, le ménage Dorvo occupa d'abord la maison
habitée dans la suite par feu le docteur Poncelet, puis par l'auteur de cette
notice ; il fit Construire la belle habitation dénommée autrefois' au Balcon,
et où demeurèrent après lui les demoiselles de Grand voir, puis M. le notaire
Lefèvre-Allard, et enfin M. Léop. Robert-Gigot, qui l'occupe actuellement.
Sans doute qu'il survint avec le temps, à Dorvo, certains revers de fortune,
car il dut dans la suite abandonner cette maison, pour aller en occuper
successivement deux autres, la première possédée après lui par Victor Orban,
et la seconde par Henri Halbardier, dit Croûque, celle-ci vis-à-vis et à
deux pas de celle qu'il avait fait édifier à grands frais.
C'est dans cette dernière qu'il mourut subitement, alors qu'il était occupé
à balayer lui-même sa cuisine.
24 octobre. — Capitaine retraité. — Pendant une période de vingt années,
Tintigny fournit à la République et à l'Empire de nombreux soldats, parmi
lesquels il s'en trouva un au moins qui sortit du rang et parvint au grade de
commandant d'une compagnie.
Le sieur Renson, capitaine d'artillerie de marine, de la commune de Tinti-
gny (sans doute de Poncelle), y retiré, demande, à la date du 24 octobre, que
— 283 —
sa pension, s'élevant à la somme annuelle de 1129 francs, lui soit payée à sa
résidence/ Il obtient satisfaction.
1811
ÉPHÉMÉRIDE MILITAIRE.
Mars. — Masséna est contraint d'évacuer le Portugal.
Fonctionnaires communaux.
Jos. Hubert, maire.
Jean Ricaille, adjoint-maire, résidant à Han.
Jacques Lhomel, prêtre desservant la succursale de la mairie.
Henri-Jos. Conrotte, instituteur primaire de la mairie, secrétaire com-
munal.
Antoine Lambotte, garde-champêtre, résidant à Tintigny.
*
* *
En vertu de la constitution consulaire de l'an VIII, la nomination et la ré-
vocation des maires, adjoints et conseillers municipaux appartenait au
préfet.
Lorsque la démission d'un titulaire était portée à la connaissance de ce
fonctionnaire, il prescrivait aussitôt une enquête en vue de s'assurer des motifs
réels de cette démission et d'en provoquer le retrait, si les raisons invoquées
ne lui paraissaient pas suffisamment plausibles.
En cas d'agréation des motifs allégués par l'intéressé, le maire était invité
à proposer un candidat apte à remplir la fonction vacante.
On va voir se dérouler cette procédure, dans le cas d'un conseiller municipal
démissionnaire.
20 février-l7 mai. — Le 20 février, le sieur Henri François, cultivateur à
Tintigny, expose au sous-préfet qu'il est, depuis plus de quatre ans, conseiller
municipal de cette commune, mais qu'ayant besoin de vaquer entièrement à
ses aiïaires particulières, il le supplie d'agréer sa démission des dites fonctions
qu'il déclare ne pouvoir plus remplir à dater de ce jour.
Cette requête est renvoyée, le 25 février, au maire de Tintigny, invité à
donner ses « observations et avis » et présenter, s'il y a lieu, un candidat en
remplacement du démissionnaire.
Le 4 mars, le maire Hubert écrit au sous-préfet qu'il lui paraît que l'on
peut accepter la démission du pétitionnaire, « d'autant que son réel mobile
est la persuasion intime qu'il a de son défaut de capacité à remplir une
— 284 —
fonclion de celle imporlanee^). En conséquence, il propose, pour le remplacer,
M. Hyacinthe Dorvo, « homme de lettres, connu par plusieurs ouvrages de
mérite, càgé de quarante-deux ans, résidant à Tintigny ».
Le sous-préfet ajoute à cette lettre, en apostille, le 14 mars, qu'il y a lieu
de pourvoir au remplacement du sieur Henri François, et que le candidat
proposé est propre à fixer le choix du Préfet.
Le 11 avril, ce dernier retourne le dossier au sous-préfet de Neufchâteau,
à l'effet d'engager le sieur Henri François à faire connaître les motifs réels de
sa démission, qui paraissent provenir de quelque mésintelligence entre le
maire et lui.
Invité à fournir les explications réclamées, l'intéressé écrit, le 22 avril, au
préfet « qu'ayant eu le malheur de perdre depuis peu sa femme et deux filles
majeures, les seuls enfants issus de >on mariage et qui partageaient avec lui
les soins du ménage et les travaux de l'agricaiture, il est obligé de porter seul
le fardeau de ses affaires personnelles ». Il ajoute que « trop d'occupations et
les inquiétudes d'esprit que lui ont causé ses malheurs lui sont les motifs
bien légitimes de se retirer de toutes fonctions publiques, dans un âge dont
le poid; se fait de plus en plus sentir ».
Le Préfet, se rendant à ces raisons et en reconnaissant la légitimité, prend
alors l'arrêté suivant :
Le Préfet du département des Forêts ;
« En vertu de l'art. 20 de la loi du 28 pluviôse an VIII,
Nomme le sieur Dorvo Hyacinthe,
homme de lettres,
aux fonctions de conseiller municipal de Tintigny, eu remplacement du
sieur Henri François, démissionnaire.
« Le sous-préfet de Neufchâteau est chargé de l'exécution du présent et
de nous en rendre compte.
(( Fait à Luxembourg, le 17 mai 181L »
JOURDAN.
Prestation de serment :
« .Je jure obéissance aux constitutions de l'empire et fidélité à l'Empereur. »
28 mai. — Désertions. Garnisaires. — Le capitaine de la gendarmerie
impériale à Luxembourg informe le préfet, baron Jourdan, que le nommé
Tinturier, Henri- Joseph, d'Ansart, est déserteur du, fer régiment des cara-
biniers, et ne se trouve pas sur la Ii?te pour recevoir des garnisaires. Il le
prie en conséquence, de vouloir bien donner des ordres pour que des garni-
saires soient placés chez les parents du fuyard.
28 noûl. — Aubrion, Jean-Nicolas, de Tintigny, soldat au 21 ^ régiment
d'infanterie légère, déserte le 28 août 1811.11 est condamné le 18 septembre
de la même année à sept ans de travaux publics et à V amende de 1500 francs.
— 285 —
Rentré à son corps le 17 avril 1812, il est acquitté par jugement du même jour.
Information datée de Wesel (au confluent de la Lippe et du Rhin), le
12 octobre 1812.
L'étoile du maître pâlissait, les rigueurs des lois se relâchaient et l'on était
d'autant plus porté à la clémence que l'on avait, plus que jamais, besoin de
tous les soldats. Ces actes d'indulgence facile avaient implicitement pour but
d'inciter tous les déserteurs et réfractaires à faire leur soumission.
26 octobre. — Réparation de la maison d'école. — En séance de ce jour, le
conseil municipal décide la vente d'un certain nombre de chênes et de cordes
de bois marqués dans la coupe de l'année, pour le produit être employé à la
réparation de la maison d'école, qui était en très mauvais état. Ces réparations
devaient comprendre la couverture du bâtiment en ardoises, le placement
d'une porte en planches au levant, la réfection des planchers et le récrépis-
sage des murs extérieurs.
Ont signé au procès-verbal : H. -P. Henry, J.Iker, G. Guillaume, J.-J. Mor-
tehan, Jacques Iker, J.-B. Alexandre et J. Ricaille, adjoint.
Henri- Jos. Conrotte, secrétaire.
28 décembre. — Nouvelle démission. — J.-B. de Prouvy, autrefois seigneur
en partie du Ménil et y résidant, était depuis plusieurs années membre du
conseil municipal de Tintigny. Devenu infirme et vieux, il songea à résigner
ses fonctions et à faire correspondre cette renonciation avec la fin de l'année.
En conséquence, il fit part au maire de sa résolution, le 28 décembre, dans
les termes suivants :
« Je viens m'adresser à vous, Monsieur, pour vous prier de vouloir bien
représenter de ma part à M. le Préfet qu'étant âgé de soixante-sept ans,
infirme, ne marchant, ne voyant, n'entendant qu'avec beaucoup de difficulté ;
qu'étant d'ailleurs éloigné du chef-lieu où se tiennent les séances ordinaires
du conseil municipal de trois quarts de lieue, je ne puis plus y assister. Je
prie donc humblement M. le Préfet de m'accorder ma démission. »
« J'ai l'honneur d'être, Monsieur,
Votre très humble serviteur.
J.-B. de Prouvy. »
Le maire ayant insisté auprès de M. de Prouvy pour qu'il conserve ses
fonctions, celui-ci lui écrit de nouveau, près d'un an plus tard, le 25 novembre
1812 :
« Monsieur,
« En réponse à la lettre gracieuse et honnête que vous avez bien voulu
m'écrire, j'ai l'honneur de vous dire que je persiste dans ma demande ; les
mêmes raisons existant que lorsque je l'ai faite, et, de plus, une atteinte de
— 280 —
paralysie me met, comme vous savez, Monsieur, hors d'état d'aller à Tinti-
giiy, lieu ordinaire des séances.
(( J'ai riiouneur d'être, avec considération, Monsieur,
« Votre très humble serviteur.
« J.-B. de Prouvy. »
La résolution du démissionnaire paraissant irrévocable, et son état d'infir-
mité ne lui permettant réellement plus d'assister aux séances du conseil,
le préfet lui nomma un remplaçant, mais seulement l'année suivante, le
désarroi commençant alors à envahir toutes les administrations :
« Le Préfet du département des Forêts,
« En vertu de l'art. 20 de la loi du 28 pluviôse an VIII,
« Nomme le sieur Guiot. Jean-Henri, propriétaire à Breuvanne, aux fonctions
de conseiller municipal de la commune de Tintigny, en remplacement du
sieur de Prouvy, J.-B., démissionnaire.
« Fait à Luxembourg, le 30 avril 1813.
JOURDAN. »
1812
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Sixième coalition contre la France : Russie, Suéde, Angleterre, Espagne.
Une armée de 4,50,000 hommes, la grande Armée, est dirigée contre la
Russie.
Le 14 septembre, 100,000 hommes seulement font leur entrée à Moscou.
13 octobre. — La retraite commence.
26, 27 et 28 novembre. — Passage désastreux de la Bérézina.
La moitié de l'armée y périt.
*
* *
18 janvier. — J.-B. Henry, d'Ansart, classe de 1809, 4^ corps, bataillon
auxiliaire formé à Versailles, est fait prisonnier de guerre par les Anglais,
le 18 janvier, à Rodrigo (Espagne).
5 mars. — Garde nationale. — Le préfet du département des forêts, baron
de l'Empire et membre de la Légion d'honneur, informe le sieur Renaud,
Jean- Joseph, fds de Jean et d'Anne-Marie Gardien, domicilié à Ansart,
porté sur la liste conscriptionnelle de 1811, dan., le canton d'Etalle, sous le
n<^ 90, servant de base à la formation du premier ban de la garde nationale,
que S. M. l'Empereur et Roi vient d'ordonner la mise en activité de
— 287 —
quatre-vingts coliortes de gardes nationaux ; il lui ordonne en conséquence de
se rendre avec ses bagages devant le capitaine de recrutement à l'hôtel
de la mairie, à Luxembourg, le 5 mars, à 10 heures du matin, pour être
dirigé sur Metz.
Dom Arsène (1), curé de Tinligny. — Henri Freimuth, en religion dom
Arsène, né à Hondelange, près d'Arlon, le 7 janvier 1757, fut le dernier profès
d'Orval et le dernier survivant des religieux du célèbre monastère. Après la
dispersion des moines, il vécut pendant quelque temps à Villers-devant-
Orval, puis devint curé de St- Vincent en 1808. Transféré en 1812 à la cure de
Tintigny, il remplit les fonctions sacerdotales dans cette paroisse pendant un
quart de siècle.
Il y mourut le 21 avril 1837, âgé de 80 ans.
Sa pierre tombale, fixée au mur, à côté de l'entrée de la sacristie, porte
l'inscription suivante, composée par lui-même, et à laquelle il ne restait à
ajouter que la date du décès :
1). O. M.
Viator, paulisper adsta et vide :
Heri mihi et tibi hodie.
Hic jacet
Arsenius Fremuth,
Monachus et pastor.
Miser et miserabilis,
Misericordiam Dei expectans, •
Cui tu, o dilecte,
Misero preces pende
Natus 7 januarii 1757,
Obiit 24 aprihs 1837.
1813
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
Napoléon continue sa retraite vers la France.
Succès de Lutzen, 29 avril, et de Bautzen, 20 et 21 mai.
Défaite de Leipzig, 16, 18 et 19 octobre.
Fin octobre. — Les Français repassent le Rhin.
(1) Son portrait, qui se trouve au musée archéologique d'Arlon, provient de la
galerie de peintures de rab])aye d'Orval. — Don de M. le curé Loes, de Hondelange.
Comm. luxemb., t. I, p. 723.
— 288 —
*
* *
23 janvier. — Levée de chevaux. — Héquisilion . — liijuiictiou au sieur
Jacques Iker, propriétaire d'un cheval hongre et d'une jument non pleine,
dont signalement, de faire conduire les dits chevaux cà Neufchâteau, où ils
devront être représentés à M. le sous-Préfet, le 23 janvier 1813, à huit heures
précises du malin, à l'elTet d'être dirigés en convoi sur le chef-lieu du départe-
ment, pour concourir comme chevaux destinés cà la formation du contingent
assigné à cet arrondissement dans la levée de 180 chevaux ordonnée par
décret impérial du 4 janvier 1813.
1*^'' février. — Enrôlements volontaires. — La situation de l'empire devenait
critique, et l'on faisait en ce moment appel aux jeunes gens de bonne volonté,
en les engageant, par la perspective d'un glorieux avenir, à embrasser la
carrière des armes. Beaucoup répondirent à cet apel, et de tous les points
de la France des volontaires accoururent se ranger sous les aigles menacées,
pour défendre la patrie en danger.
Le pi" février, Defourneau, Pierre- Joseph, né à Tintigny le 28 novembre
1791, sollicitait, dans ces conditions, son enrôlement pour servir dans le
corps des chasseurs à cheval.
17) avril. — Certificats de présence à l'armée. — Beaucoup de personnes, à
Tintigny, se souviennent encore de Henri-Joseph Fosty, soldat de Napoléon
et médaillé de Ste-Hélène.
Il avait gardé une allure martiale, portait la moustache et l'impériale à
l'instar des vieux grognards de l'empereur ; sa blouse, d'une coupe particu-
lière, avait des épaulières et était complètement ouverte sur le devant ; sa
casquette affectait la forme d'un képi ; bref, il avait conservé le cachet d'un
vrai soldat, d'un vieux brave des grandes armées, avec lesquelles il avait
pérégriné par toute l'Europe. ,
Au commencement de cette année néfaste pour les armée de la France, le
certificat suivant de sa présence sous les drapeaux, parvint au maire de la
commune :
6e corps d'armée.
Infanterie légère, l^e compagnie, 3^ bataillon.
Fosty, Henri- Joseph, de Tintigny.
Classe de 1811.
Fils de Jean- Joseph et de Marie-Joseph Guick.
Incorporé le 18 avril 1811.
« Le dénommé ci-dessus était présent à l'époque du 15 avril 1813, en qualité
de caporal à la f^ compagnie du l^i" bataillon, d'après les dernières mutations
reçues, et il sert en qualité de conscrit de la classe de 1811 du département
des Forêts. »
— 289 —
L'année d'auparavant, la pièce ci-après avait déjà été transmise aux auto-
rités municipales de Tintigny.
6e régiment d'infanterie légère.
Certificat de présence au corps.
« Nous membres composant le conseil éventuel du 3^ bataillon du 6^ régi-
ment d'infanterie légère, faisant partie du 2^ régiment de marche, armée de
réserve du Portugal, certifions que le nommé Fosty, Henri-Joseph, caporal
à la V^ compagnie du susdit bataillon et régiment arrivé au corps le
18 avril 1811, conscrit de 181 1 du département des Forêts, compris sur la liste
de désignation du canton d'Etalle sous le n^ 26, est présent à la V^ compa-
gnie du susdit bataillon et régiment.
« Fait à Lapuebla (Espagne), le 12 mai 1812.
« Les Membres composant le Conseil d'administration :
Lenvoyé, président ; Raulin, capitaine ; J.-B. Vermieux capitaine ;
MoREAU, capitaine ; Cochonnet, adjudant.
16 avril. — Nouvelle réquisition de chevaux. — En exécution d'un décret
impérial du 25 mars, la commune de Tintigny eut à fournir un cheval rem-
plissant les conditions déterminées, partie à sa charge, partie à la charge de
l'Etat.
Le maire ayant constaté qu'il n'existait pas dans la commune de cheval
réunissant les conditions requises pour satisfaire à la dite réquisition, les
principaux cultivateurs et propriétaires de chevaux, convoqués le 16 avril,
en vertu d'un ordre du Préfet,daté du 10 du même mois, traitèrent pour cette
fourniture, d'un commun accord et à la majorité des voix, avec le sieur
Jacques Iker, propriétaire à Ansart, lequel s'engagea à livrer, à la décharge
de la commune, le cheval réquisitionné, moyennant le prix et somme de six
cent cinquante francs. Il recevrait en acompte la part du gouvernement, si
toutefois le gouvernement payait le l^i- juin suivant, comme l'indiquait la
lettre du Préfet, et le restant lui serait remis à la même époque par la com-
mune. Au cas de non payement par l'Etat à la date fixée, le tout tomberait
à la charge dt la commune, et le Préfet serait prié d'adopter un mode de répar-
tition qui lui serait présenté à cette fin.
Fait et passé à Tintigny, en autant de minutes que d'intéressés, le dit jour
16 avril 1813.
Avaient signé : François Richard, Joseph Hubert, Jean-Joseph Pireaux,
Jean-Nicolas Lejeune, Henri Jacob, pour sa mère, Joseph Jacques, ^Mathieu
Rion, Henri- Joseph Louppe, Jean Cordier, Jacques Salpetier, Jean-Joseph
Déome, Pierre-Joseph Georges, Jacques Henry, Jacques Iker et Joseph
Hubert, maire.
Cette pièce révèle déjà l'incertitude dans laquelle on se trouvait au sujet
du payement de la quote-part incombant au gouvernement dans la liquidation
— 290 —
(le cette fourniture. Un pessimisme de mauvais augure lumtait les esprits,
el Ton sentait vaguement que les choses prenaient une tournure défavorable
et que l'on touchait au déclin, peut-être à la ruine de l'empire.
La suite de cette aflaire laissera pressentir le désarroi final, la chute pro-
chaine.
Le 2 juin, le maire écrit au sous-préfet que le payement de la part contribu-
tive de l'Etat, fixé au 1^'' juin, n'étant pas effectué, la somme de 650 francs
londiera à la charge des propriétaires, « sauf à eux de retirer le bon ou le prix
promis par le Gouvernement » ; le fournisseur réclamant cette somme, le
maire prie le sous-préfet de solliciter près du préfet l'autorisation de la répar-
tir au marc le franc ou à tel autre mode qu'il jugera convenir.
Le maire n'ayant pas encore reçu la susdite autorisation à la date du 9
juillet, rappelle au sous-préfet sa lettre du 2 juin. Comme il n'y est pas donné
suite davantage, il écrit de nouveau aux mêmes fins le 31 juillet. Il dit qu'il
s'est même rendu à la préfecture, mais qu'il n'a pu rencontrer M. le Préfet.
M. Fery, chef de bureau, lui a dit que les pièces relatives à cette afïaire
n'étaient pas parvenues à la préfecture.
Il fallut tout recommencer.
Le 30 septembre, M. Hubert renouvelle ses instances. « Je suis peiné, dit-il,
de ne recevoir aucune réponse. Je vous assure que c'est la plus grande disgrâce
que je puisse éprouver. »
Le même propriétaire, Jacques Iker, qui avait fourni le cheval pour la
commune de Bellefontaine, y rencontrait les mêmes difficultés.
Enfin, le maire de Tintigny, dans une dernière supplique, prie en grâce
le sous-préfet de rappeler de nouveau cette affaire à la bienveillance de
'SI. le Préfet, en la lui dépeignant comme une chose de la plus grande urgence.
Les renseignements s'arrêtent à cette date. On sait ce qu'il advint quel-
ques mois plus tard.
La quote-part du gouvernement devait être de 400 francs.
20 septembre. — Le conscrit de l'an XIV, Jean Magin, d'Ansart, mairie de
Tintigny, avait déserté en route, en allant rejoindre le corps sur lequel il était
dirigé. Il fut amnistié pour s'être représenté volontairement.
Enrégimenté dans la grande armée pour la campagne de Russie, il périt
dans la retraite de Moscou, comme l'atteste la déclaration suivante :
11 e corps d'armée. — Cuirassiers.
Classe de l'an XIV. — Magin, Jean, d'Ansart.
Fils de Alexandre et de Marguerite Nicolas.
Sert comme réfractaire.
Egaré dans la retraite de Moscou.
— 291 —
Certifié : les Membres du Conseil d'administration, à Thionville, le 20
septembre 1813. Signé : Vmoux, Boulangé, Lefèvre, Brugnon.
27 novembre. — Le 27 novembre 1813, le maire Hubert écrit au préfet qu'il
n'a rien négligé pour faire rentrer le déserteur Mathieu Iker, mais que ses
démarches n'ont eu aucun succès. C'est à son père, dit-il, qu'il faut attribuer
« la persévérance de Iker dans le crime (!), car c'est lui qui le recèle, c'est lui
seul qui lui donne asile et qui le nourrit ». Il assure le préfet qu'aucun des
habitants de la mairie qu'il administre ne voudrait se faire le complice de cet
individu en lui assurant une retraite. « J'ai communiqué votre lettre au père,
ajoute-t-il, elle n'a produit aucun efTet. C'est conséquemment contre lui que
les mesures de rigueur que vous me signalez doivent être dirigées, et non contre
une malheureuse commune qui n'a cessé de montrer un zèle soutenu pour le
service de la patrie et de son Prince, et qui ne compte que le sieur Iker comme
déserteur. »
Le Préfet se rendit aux raisons du maire de Tintigny et envoya aussitôt
un garnisaire chez Yalentin Iker.
Cette mesure amena le déserteur à résipiscence ; il fit sa soumission,
réintégra son corps et fut, selon la coutume, aussitôt amnistié. Ce qui le
prouve, c'est le certificat ci-après, délivré au garnisaire lors de son départ de
chez Iker :
« Nous, maire de Tintigny, premier arrondissement des Forêts soussigné,
certifions que le sieur Roubo, soldat au 18*^ régiment de ligne, envoyé dans
cette commune en qualité de garnisaire et placé chez Yalentin Iker, à cause
de l'un de ses fils, conscrit réfractaire, depuis le 17 novembre courant jusqu'à
cejourd'hui, s'est comporté en homme d'honneur et de probité, et qu'aucune
plainte à son égard ne nous est parvenue.
« En vérification de quoi, je lui ai délivré le présent, pour lui valoir et
servir en cas de besoin. »
« Tintigny, le 30 novembre 1813. »
« J. Hubert. »
Le même certificat fut délivré au soldat Dorgin, envoyé à Poncelle chez
J.-B. Résibois, déserteur impénitent, depuis longtemps disparu du pays et
dont il a été précédemment question.
Ces pièces montrent à l'évidence que les garnisaires placés chez les parents
des réfractaires, étaient tenus de s'y conduire en « hommes d'honneur et de
probité»; c'était une légère atténuation de tout ce que ce système avait d'ini-
que et de vexatoire.
30 novembre. — Renouvellement de la seconde moitié des conseils municipaux.
— Malgré le trouble profond dans lequel les événements venaient de jeter
les diverses administrations de l'empire, on ne laissa pas de procéder, à la
date prescrite, c'est-à-dire à la fin de novembre, au renouvellement de la
seconde moitié des conseils municipaux.
19
— 292 —
(lelle formnlilé donna lieu, pour Tinligny, à la présentation des listes
suivantes :
Membres qui dcixticnl irslcr en place :
Alexandre, J.-B., notaire, 35 ans, 800 francs de revenu,
Renault!, .Jean-Jos., rentier, 39 ans, 1000 francs de revenu.
IMortehan, Jean- Jacques, huissier, 40 ans, 800 francs de revenu.
Guiot, Jean-Henri, propriétaire, 46 ans, 600 francs de revenu.
Thiry, Joseph, propriétaire, 56 ans, 400 francs de revenu
Membres à remplacer :
Iker, Jacques.
Iker, Jean, grefTier du juge de paix.
Guillaume, Guillaume.
Henri, Philippe-Henri, juge de paix.
Dorvo, Hyacinthe.
Candidats présentés :
Iker, Jacques, propriétaire, 52 ans, 1000 francs de revenu (l^r)
Renauld, Jean-Nic, id. 35 ans, 1500 francs » (2e)
Piraux, Jean-Jos., id. 53 ans, 800 francs » (3^)
Courette, Henri- Jos., id. 36 ans, 600 francs n (4^)
Guillaume, Guillaume, id. 56 ans, 200 francs « (5^)
Henry, François, l'aîné id. 60 ans, 700 francs »
Rossignon, George, id. 35 ans, 400 francs »
Nicolas, Jean id. 46 ans, 400 francs »
Salpetier, Jacques id. 56 ans, 400 francs »
Casaquy, François-Hub., instituteur, 40 ans, aucun revenu.
Réunissent les capacités, l'attachement au gouvernement et offrent une
garantie suffisante.
Fait et proposé par le maire soussigné.
A Tintigny, le 30 novembre 1813.
J. Hubert.
Avis du sous-préfet :
Le sous-préfet est d'avis que les cinq premiers candidats sont propres
à fixer le choix.
Neuf château, le 29 décembre 1813.
H. D'houdetot.
— 293 —
1814
ÉPHÉMÉRIDES MILITAIRES.
31 mars. — Paris ouvre ses portes aux alliés,
ler avril. — Déchéance de Napoléon.
3 mai. — L'Empereur arrive à l'île d'Elbe.
*
* *
8 septembre. — Réfraetairc amnistié. — ]\laurice, Picrre-Jos., de la commune
deTintigny, réfractaire de 1814, se représente volontairement le8 septembre.
Le Préfet donne ordre au commamlant des garnisaires de l'arrondissement
de Neufchâteau de faire retirer sur le champ les garnisaires placés à son
domicile, et au sous-préfet, celui de cesser toutes poursuites au sujet de
l'amende, et de suivre la même marche pour tous lesréfractaires qui se repré-
senteront.
1815
ÉPHÉMÉRIDES HISTORIQUES ET MILITAIRES.
l*^»" mars. — Napoléon débarque à Cannes.
16 juin. — Défaite des Prussiens à Ligny.
18 juin. — Waterloo.
*
* *
Afin de mettre en évidence le régime transitoire qui succéda à la puissante
domination française, je reproduirai ici un arrêté réglementant l'afïermage
de la pêche dans le* cours d'eau traversant le territoire communal.
Par arrêté du Directeur du cercle de Neufchâteau, en date du 6 mai 1815,
le Bourguemaître (!) de Tintigny est autorisé à « procéder à la ferme de la
pêche des rivières et des ruisseaux qui traversent le territoire de sa commune ».
Le fermier devra toutefois « être subordonné à certaines conditions restrei-
gnant sa jouissance, de manière à conserver la pêche pour en faire une nou-
velle adjudication à l'expiration du bail. Telles sont par exemple les défenses
de pêcher durant le temps de frai, surtout dans la Semois, où la truite
abonde (!), ou de se servir d'engins, harnais ou autres instruments inventés
pour le dépeuplement des rivières et prohibés par les ordonnances relatives aux
pêches domaniales. »
Arrêté.
« Vu la demande de M. le Bourgmestre de la commune de Tintigny en date
du 20 septembre 1814,tendante à ce que la pêche de cette commune soit mise
en adjudication.
—'294 —
« Vu aussi l'avis de M. le Mnilrc des Eaux et Forcis du cercle porlaiit que
la demande peut être accueillie.
u Le Directeur du cercle de Neufchâteau, département des Forêts,
« Arrête :
Art. 1er.
« Il sera j)rocédé par devant M. le Bourgmestre de Tintigny, pour le terme
de trois années consécutives, à la location de la pêche des rivières et ruisseaux
(pii traversent le territoire de sa commune, à l'intervention de M. le Maître
des Eaux et Forêts et en présence du Percepteur à vie.
Art. 2.
« Le montant de l'adjudication sera versé dans la caisse du dit Percepteur,
aux époques qui seront déterminées dans le procès-verbal d'adjudication
et employé, sur mandat de M. le Bourgmestre, à l'acquit des dépenses com-
munales légalement autorisées.
Art. 3.
« L'adjudicataire sera tenu de fournir une caution solvable, ainsi que de
payer les frais d'adjudication, de timbre et d'enregistrement, au moment
même de l'adjudication.
Art. 4.
« Le présent sera soumis à l'approbation de M. le Commissaire génércd,
à quel efïet il lui sera transmis avec les pièces y mentionnées. »
« Neufchâtcau, le 6 mai 1815.
« Le Directeur du cercle, »
1814 - 1815 - 1817
La cataclysme final vient de se dérouler dans les sombres plaines de
Waterloo et de Mont-St- Jean. Les armées des puissances du nord etde l'est de
l'Europe franchissent successivement le Rhin et se répandent sur les fron-
tières de l'ancienne France ; d'innombrables cohortes parlant toutes les lan-
gues se succèdent pendant des semaines sur tous les chemins du bas Luxem-
bourg qui mènent vers Sedan ; des Baskhirs et des Kirghiz foulent notre sol,
comme un peu auparavant les petits conscrits de nos villages avaient porté
leurs pas jusqu'à Moscou.
Des réquisitions épuisantes frappent les communes et les particuliers ;
on revoit l'invasion avec ses horreurs et ses ruines. Toutefois, les chefs des
armées alliés, qui entraient, disaient-ils, dans le Luxembourg non en ennemis,
mais en libérateurs, avaient donné l'assurance que toutes les fournitures
faites par les communes et par les habitants leur seraient intégralement
— 295 —
payées, et qu'ils seraient de même indemnisés de tous les frais que leur aurait
occasionnés le passage des troupes étrangères.
Cependant, la liquidation des prestations imposées aux municipalités se
fit attendre jusqu'en 1817.
Voici l'état qu'en produisit pour sa part la commune de Tintigny :
Relevé général des fournilures j ailes pour le service des armées alliées, par
les communes ou les habitanls du Grimd-Duché de Luxembourg, à la liqui-
dcUion et V acquillemenl desquelles il n'a pas élé pourvu jusqu'ici à la charge de
l'Etat.
Arrondissement de Neuf château.
Commune de Tintigny.
Années pendant lesquelles les fournitures ont eu lieu : 1814 et 1815.
Vivres, 2055 fis (florins).
Fourrages, 1074 fis.
Com])usti!)le, bois et lumière, néant.
Fournitures aux hôpitaux, néant.
Total, 3129 fis.
Transports par terre, 3403 fis.
Objets d'habillement et d'équipement, 484 fis.
Main-d'œuvre, 28 fis.
Total, 3963 fis.
Total des deux catégories, 7092 fis.
« Certifié véritable par nous maire de la commune de Tintigny, le 16
août 1817. »
J. Hubert.
Ici s'arrête la modeste tâche que je me suis imposée.
Depuis un siècle, notre Luxembourg jouit d'une paix profonde, et nul
d'entre nous n'a connu les horreurs de la guerre et des invasions, ces funestes
et cruels fléaux qui n'ont cessé, au cours des âges, d'accabler et de ruiner nos
infortunés ancêtres. Aucune période de paix d'une telle durée n'a favorisé
nos heureuses campagnes depuis les origines de l'histoire. Puisse cette ère
de bonheur et de prospérité durer indéfiniment !
C'est le vœu sincère que je forme en achevant cette notice.
E. LIÉGEOIS.
12 février 1912.
I^> t^^ m^^Lm Jim
D'UN
de Houffalize et des environs.
INTRODUCTION
Pendant bien longtemps, les recherches toponymiques n'eurent pour objet que les
noms géographiques.
Ces recherches, semble-t-il, devaient convaincre cependant les auteurs qu'un nombre
assez considérable de ces noms ne sont devenus proprement géographiques qu'après
avoir été à l'origine purement topographiques.
Peut-être l'ont-ils compris aussi, toutefois, selon les apparences ils n'ont considéré
que comme tout à fait modernes, la plupart des dénominations de cette seconde caté-
gorie, c'est-à-dire nos lieux dits.
Et pourtant, parmi ces dernières, combien ont été comprises dans la première caté-
gorie pendant plusieurs générations !
Combien d'autres, rangées toujours dans la seconde, peuvent revendiquer une ori
ginc également ancienne ! Car, quoi qu'en disent des contemporains, chaque époque a
donné naissance à des noms topographiques. Que d'autres encore, sans remonter aussi
loin, n'en présentent pas moins d'intérêt par ce qu'elles nous apprennent des usages
du passé !
Enfin, négliger, comme on Ta fait, l'étude des lieux dits n'est-ce pas laisser fatalement
inexpliqués ou mal interprétés quantité de vocables géographiques?
C'est seulement vers le milieu du XIX^ siècle, que ces diverses raisons commencent
à être comprises des savants.
Je n'ai pas à m'occuper ici de ce qui a été fait dans les autres régions. Chez nous,
Jeantin, dans ses ouvrages historiques, attira à plusieurs reprises l'attention du monde
— 297 —
archéologique sur cette étude. Vers 1876, l'abbé Sulbout reprit l'idée de Jeantin dans
une séance de notre Société et demanda en conséquence qu'on s'adressât aux institu-
teurs pour obtenir la désignation des lieux dits et des petits cours d'eau avec leur déno-
mination locale ». Chose regrettable, cette proposition ne recueillit pas l'assentiment
du Comité permanent. (1)
Dix ans plus tard, au Congrès archéologique d'Anvers, M. Kurth, émit le vœu « de
voir les Sociétés archéologiques recueillir les noms de lieu d'une manière systématique
et complète sous forme de glossaires raisonnes. » Ce vœu, il le renouvela encore au Con-
grès de Namur, en 1887, et unissant même l'exemple aux préceptes, il fit paraître bien-
tôt son Glossaire toponyinique de Saint-Léger.
Malheureusement — il l'a reconnu depuis également — son prosélytisme n'a guère
porté plus de fruits que celui de ses prédécesseurs.
Sauf pour un nombre restreint de monographies, les Communes Luxembourgeoises ,
parues vers 1890, ne laissent que fort peu de place à la toponymie.
Aujourd'hui, notre Société semble enfin entrer dans la voie déjà suivie par celles des
contrées voisines. Sur la proposition de l'un de ses membres, elle a demandé l'an dernier
aux amateurs de « dresser un catalogue des lieux dits de leur commune et d'en con-
signer l'origine », comme aussi de « dresser un catalogue de livres que l'on pourrait uti-
lement consulter pour l'étude précédente. » Elle a publié récemment mes Recherches
sur la toponymie du pays Gawnet, et deux autres glossaires sont annoncés.
Espérons, que cette fois, le bon élan est donné et que d'ici peu de temps, nous aurons
une petite collection de glossaires luxembourgeois.
C'est dans le seul but d'y contribuer, que je m'y suis décidé à présenter ces quelques
notes, recueillies jadis sur le pays de HoufTalize.
J'ai eu soin de les rafraîchir et de les compléter, voire même de les rectifier, au contact
d'un homme du pays, M. Kobs Léon, ancien clerc de notaire, auquel je tiens à exprimer
ici mes meilleurs remerciements.
Habitant l'étranger, je n'ai pu, à mon grand regret, comme déjà pour mes travaux
précédents, explorer les Archives de l'Etat, et je n'ai pas été plus heureux auprès des
particuliers. J'ai cependant tiré parti du tome IV des Communes Luxembourgeoises
de feu M. Tandel. Je souhaite que celui qui reprendra cette œuvre ait à sa disposition
tous les éléments nécessaires.
Cette fois encore, je ne me suis pas astreint à la disposition suivie par les quelques
(1) Au reste, même si elle avait été acceptée, il est fort douteux que Sulbout et la plupart de ses con-
temporains, à pn juger par les spécimens d'étyniologie dont pullulent leurs productions, eussent su tirer
parti des matériaux fournis par l'enquête. Le plus grand nombre, imbus d'illusions historiques ou archéo-
logiques, ignorent totalement, ou peu s'en faut, l'existence de règles sur la formation des mots de la
langue.
Veut-on plus de détails? Les uns s'imaginent avoir découvert dans tels lieux-dits (Champai, Campi-
naire, Fosset, Fossé du Blocus, Prelle), les emplacements des camps ou des champs de bataille de la
guerre des Gaules, sans s'enquérir si ces désignations existent ailleurs, ou si la toponymie rappelle des
guerres plus récentes, par exemple celle des Patriotes avec l'Autriche en 1789, ou celle de 1792-1794,
ou encore si les traditions locales alléguées n'ont pas été propagées par quelques érudils qui les auraient
forgées de toutes pièces en s'appuyant uniquement sur les noms ! Des archéologues, à cause de la pré-
sence de vestiges de Rome en tels endroits, ne manquent pas d'en interpréter les désignations à leur
façon; c.-à-d. en associant celles-ci à l'idée ([u'ils se font delà destination ancienne des lieux, lors
même que... deux lettres seulement sont communes aux radicaux prétendus et à ces désignalions,
comme on peut le constater par l'étymologie de granarium proposée pour Engreux !
En un mot, c'était à qui retrouverait cimetières, villas, bains, tuileries, temples, autels, divinités,
basses-cours, etc. Ces étymologies nous ont voulu la boutade suivante : « La toponymie est l'art de faire
dire aux noms de lieu tout ce qu'on veut ! »
— 298 —
glossaires publiés jusqu'à ce jour. Je me suis tenu à l'ordre alphabétique, qui présente
certains avantages incontestables. Tout d'abord, il épargne certaines répétitions dans
lesquelles on tombe inévitablement si l'on étudie à part les noms de chacune des sec-
tions cadastrales, ou même si on classe ces noms sous les rubriques Champs, Prés,
Bois et Chemins. Qui ne connaît, en effet, de ces cantons partie cultivés, partie boi-
sés et partie convertis en prairies ? La disposition alphabétique, en outre, facilite sin-
gulièrement les recherches à quiconque veut se documenter.
On me reprochera peut-être d'être trop sobre de renseignements étrangers à la linguis-
tique et à l'histoire. Il me semble qu'un glossaire de ce genre ne doit pas être un traité
de géographie, encore moins un livre d'impressions. Pas trop donc d'indications sur la
nature, l'emplacement, les tenants et aboutissants, etc. : excepté lorsqu'il s'agit de déter-
miner la signification d'une dénomination nouvelle ou d'en identifier une ancienne,
ces commentaires sont, quoi qu'on en pense, souvent superflus et ne peuvent intéresser
tout au plus qu'une partie des lecteurs indigènes, et encore. Je ne suis pas trop partisan
de cartes et plans contemporains qui risquent fort de n'être pas consultés du tout.
A l'instar de ce que j'ai fait en mes Recherches sur la topon. du pays Gaumet, j'ai
réservé un chapitre aux environs. Ceci ne dispensera pas de faire un jour le glossaire de
chacune des communes voisines.
Pas plus que pour mes travaux précédents, je n'ai la prétention d'apporter ici quelque
chose de parfait. Mon seul désir est d'être utile.
Au reste, il faut s'y attendre, lorsqu'on aura une bonne quantité de vocabulaires sem-
blables, un travail d'ensemble rectifiera maints jugements prématurés et interprétera
bien des points que ces vocabulaires avaient laissé inexpliqués.
Je crois rendre également service en faisant suivre le présent glossaire d'un petit
appendice bibliographique. Ce qui répond d'ailleurs à un des desiderata de la Société.
Hayange, 14 Mai 1911.
— 299 ~
1. Houffalizc.
Formes anciennes : a) Latine : 1147 Alta falesia ; b) Romanes : 1176-1180
Hufalis, 1180 Houf alise, 1200 Euphaliz, 1231 Hef alizé, 1235 Huejalize, etc. ;
c) Thioiscs : 1403 Hiijjles, 1481-1499 Houlfleische, Hulsweless, refaites évi-
demment sur le thème roman. Adjectif : 1244 Huffaliensis, pour hufïalisiensis.
« Houfalise, dit M. Ch. Laurent dans Tandel, Communes Luxembour-
geoises, IV, p. 233-234, est une des rares localités luxembourgeoises dont
l'étymologie n'a pas donné lieu à des explications absurdes. Ce mot signifie
évidemment haute roche (1) ; il a été donné à la localité qui a pris naissance
autour de l'ancien château, qui était bâti en partie sur un rocher très escarpé.
Falise, en haut allemand felisa, s'est conservé dans le mot falaise et se
retrouve dans de nombreuses localités wallonnes et germaniques : Reinerus
de Falisa en 1172, Trejalise en 1225 (Ernst, hist. du Umbourg, t. VI,
p. 2, 149, 205, la Falise (W. P., an. 1344, n^ 1669 et an. 1342, n^ 1509),
Falise (prov. de Namur), Fallais (prov. de Liège) ; Fellz et Holenfeliz dans
le Grand-Duché de Luxembourg. Houfalise a son équivalent dans Hohenfels
ou Arx Hovilez, dont parle Browc? (2). Aucun document ne prouve, ccmmc
le soutient Schayes, qu'on ait dit Hohenfels avant de dire Houfalise ; falise
en eiïet est une forme plus ancienne que fels et la première forme qu'on ren-
contre, AUafalesia, est une latinisation de la forme romane, de même que
AUasilva Hautcseille (3), Aliavilla Hautcville et AUaripa Auterive... »
A son tour, M. G. Kurth, dans sa Frontière linguistique, I, p. 420-422,
écrit : « Houf f alizé vient manifestement de deux termes dont l'un remonte
à l'allemand fels, rocher, et dont l'autre pourrait être aussi bien le français
haut que l'allemand hohe. Il y a même, à première vue, une certaine proba-
bilité plus grande en faveur de la langue qui explique les deux éléments du
mot cà la fois. Mais les présomptions en faveur d'une origine germanique
s'affaiblissent si l'on considère que le mot falise avait pénétré avec sa valeur
d'appellatif dans le latin du moyen-âge, et de là, avec le même sens, dans
tous les patois français de la frontière, depuis le Luxembourg Jusqu'au
Boulonnais (4). S'il a, depuis lors, disparu de la langue commune, il a sub-
sisté dans un assez grand nombre de noms toponymiques pour qu'il ne reste
aucun doute sur sa fréquence primitive. A preuve les lieux dits suivants :
(1) GrANDGAGN.\GE. Mémoire sur les anciens noms de lieux, p. W.
(2) Ann. trevir, II, 244.
(3) Sans doute d'après ce passai de Grandgagnage : « On ne peut nier que seille ait été un nom
appelant pour forèl. L'abbaye de Haute-Seille en Lorraine s'appelait Alta Sijlm, et beaucoup de bois
dans l'Ardcnne portent les noms de Baseille et Haseille, c'est-à-dire basse et haute foret ». Ce a quoi
Houzé (Etude sur la signifie, des n. de 1.) répond : « Il ne semble pas que ce (seiUc) puisse être du
substantif latin sijlva, qui a pris en roman les formules selve, seauve, sauve, etc., » chez nous, sijlva
aurait donné saive. Il ne faut donc pas rendre Basseille et Haseille (hascllc ? = coudraie, caurc) par
Bassa Sylva et A lia Si/lva .
Les traductions Alta Sylva pour Haute-Seille, Sylva et A'cnnw pour Celles, etc., ne son! que des jeux
de mots monastiques, comme beaucoup d'autres.
(4) Ducange, à la vérité, ne connaît pas falisia, mais il se trouve à la date du Xe siècle dans le Tra7is-
latio StiEugenii, qui a été rédigé dans l'Entre-Sambre-et-Meuse : » Relinere autem illum cum vellent qui
cum eo erant, timentes ne in fruste membra ejus colliderenlur, si de rupe mirae altitudinis in qna stabat
descenderet, repente antequam illum langèrent ex cacumino falisiae se praecipitem dédit, s G. K.
— 300 —
.4 /(-! (alise (Saiiilcz).
.1 la roche de Houff alise (I loUaiigo).
.1/ Faliche (Wardiii).
Coirjalise (Louvoigné).
F alise (Baisy-Thy).
La Falise (Rhisiics).
Falisc (Malmédy).
Falize (Laneffe).
Falize (Lierneux.)
Falisolle (Namur).
Les Falaises, rocher (St-Michel, Meuse).
Ilaiile et basse Falize (Rinxent, Pas-de-C.)
Haiiie Falise (Audriiighem, P.-de-C.)
Géralf alise (Ligneuville, Prusse rhén.)
Malfalise, sur la Sambre (Charleroi).
Frejalizs 1204 (Plaine vaux, Liège).
Al falihuele (Schoonbroodt, Val-St-Lambert, n» 381).
Je prie le lecteur de bien vouloir remarquer l'identité de ce vocable topo-
nymique avec le mot de falaise, resté dans le français actuel avec le sens de:
rochers escarpés le long de la mer. Il ne faudrait cependant pas croire que
les deux termes, bien qu'ils dérivent du même radical, aient une origine
identique. Falaise a été pris par le français actuel dans le vocabulaire des
Normands de Normandie, qui le tenaient de leurs ancêtres Scandinaves, et
a reçu le sens spécial (1) qu'il a aujourd'hui dans la langue classique ; jalise
au contraire, était universellement employé dans les patois de frontière,
avec le sens tout général qu'il avait en allemand, et n'a pas été accueilli dans
la langue littéraire, où son cadet a pris place. De part et d'autre, cependant,
le mot est bien romanisé, et sa présence dans un nom de lieu ne peut pas être
invoquée d'une manière générale comme une preuve de la nationalité ger-
manique de la population qui l'a appliqué à sa localité. »
Aux listes précédentes, qu'il me soit permis d'ajouter :
a) Variante citée, jalise :
La Falise l.-d. à Arville.
La Falise, I.-d. au confluent de l'Ourthe et du Laval.
La Faliche, l.-d. à Behême.
La Falise de Bienne-haul, à Longwilly.
Al Falize, à Baclain.
Le Mont Falhize, h Huy.
Coiicoiij alise, à Menufontaine.
Gemont falize, 1663-1667, dans le tome IV des Communes Lux., p. 392.
Nifalize, à Spa.
(■1) Sans doute, ./ate'se avait la même signification que nolve falise, sinon on ne trouverait pas des
Falaises en Normandie, à une assez longue distance de l'Océan.
— 301 —
b) Variante : falaise.
Falaise, dép. des Ardennes.
la Falaise, dép. de Seine-et-Oise.
c) Variante : falaise, qui a échappé à AI. Kurth et qui provient d'un
thème primitif, falesa, falesia :
La Falaise, l.-d. à Neufchâteau.
La Falaise, citée par F. Hutin, (Fr. Macédone), Carlshourg aulr. Saus-
sure, p. 153 ;
La Falaise, à Jupille (pr. de Liège).
Les petites Falaises, à Rocliehaut.
Les roches de Burtonfarloige, à Dohan.
Les roches de Biermifaloige, à Sensenruth.
Falaise, dép. de la Somme.
d) Forme diminitive :
Le bois de Falizeul, à Aile.
Falhoule, 1663-1667, cité dans Les Comm. Luxemb., t. IV, p. 392.
On sait également que Laroche a été traduit en Welschefels en 1328,
Welschenfels en 1420, Welschewal:, en 1429, par opposition à Fels, littérale-
ment Deutsche Fels, francisé en Larochette.
Tout en reconnaissant cependant que certains adjectifs restaient inva-
riables, dans l'ancienne langue, lorsqu'ils étaient employés dans des sub-
stantifs féminins, — d'où Rochehaut, grand'rue — , je ne me sens pas con-
vaincu comme les auteurs précités sur le sens de la première partie du mot
Houffalize. En tout cas, on ne peut invoquer la forme de 1147, Altafalesia,
lors même qu'on admet l'authenticité du document d'où elle est tirée. Il
est reconnu que depuis le X'^ siècle, c'est-à-dire depuis l'époque où les déno-
minations vulgaires s'étaient éloignées de leurs formes primitives, surtout
aux XI I^ et XI 11^ siècles, les rédacteurs des documents latins, embarrassés
pour donner à certains noms de lieux une forme en cette langue, tantôt se
bornaient à transcrire les formes vulgaires, tantôt les latinisaient en y ajou-
tant une désinence latine, ou assez souvent les traduisaient d'après l'éty-
mologie qu'ils leur attribuaient, basée sur l'analogie de son des syllabes
avec des mots du langage commun ; ce qui constitue ni plus ni moins le pro-
cédé du calembour. Dans la même pièce de 1147, l'ancien Walecurte Wal-
court devient Walicuria, qui a un autre sens.
Un phonétiste ne s'y méprendra pas ; al donne, en règle générale, â en
wallon ardennais, à preuve : hâcé (hausser), Nafontainne (Alba fontana,
offic' Arbrefontaine), âté (autel), tchènâ (chenal, canal), tchâ (chaux), tchâci
(chausser), tchâfé (chauffer), fà (faux), nm (mal), pâme (paume), pâplre
(paupière), Sâcet = Sâceu (de salicetum), Wâ (Vaux), va (vaut, de valet).
Je sais qu'il existe des exceptions dans le parler actuel ; ce sont probable-
ment des emprunts. Pour moi, hâcé est assez concluant : on disait hâ au lieu
de hau, autrefois, mais jamais hou.
— 302 —
Vn indice, sinon une preuve, que cette signification n'était pas si Irans-
parenlc, c'est que dans les nombreux doeuments connus sur noire localité,
on ne retrouve plus jamais la traduction (illa jalisia, haute roche.
Ou bien hou dissimule un antre qualilicalif ignoré aujourd'hui, oli bien
c'est l'altération d'un nom d'homme. N'a-t-on pas Wilbauroche, Thibau-
roche, la Rochefoucauld, Libertpierre, Géralfalise?
Je rapproche : Houfosse, à Jalhay, Houmonl, et peut-être Alhoumont.
Quel serait ce nom d'homme? Ici encore, on ne peut que conjecturer :
1" Hobo, connu par des Hôbing, HiifFingcn, Howelange germaniques ;
2° Hugo, en roman Hugues et dont le dérivé le plus connu est Hugbert
ou Hubert (wall. Hubêr, Houbêr) ;
3» Hodo, d'où le nom de Sainte Hothilda, en roman Houe, ainsi que :
Hudding, Houdeng, Houtaing,' Houthem, Huttwil, Huttenheim, Houde-
mont, Hodinsart, Hodinfosse, Houdaincourt, Hudelinsart.
Au lieu de donner Houon, Huon ou Hodonfalize, Hoboni, Hugoni, Hodoni-
falisia ont pu former IIov, Hug, Hodj alise, de même que Bosoni vallis et
Hadonicrucem sont devenus Bousval et Hautcroix (flam. Heykruis) ;
40 Hodulphe, devenu par contraction Houlf, Hou ;
5*^ Hadulphe, contracté en Haulf, Houlf, Hou.
6° Huldo : cf. 847 Huliheim Houtaing (Hain), Holdingen (Gr. D. de Lux.)
La chute de la consonne dentale intervocalique se constate déjà au X« siè-
cle : on trouve notamment cnueia envie, de invidia, dans la Vie de Si-Léger,
écrite à cette époque ; elle devient assez fréquente au XI^, ex. : meïsme
(avant medisme), pècchëur, enuaïr, fier, beneïçun, (bénédiction), parais
(paradis), juïce (de judicium), chcëre (de cathedra), aorer (adorer), 1033
Flerusium (cf. 868 Flederciolum Flenrjoux, son diminutif) ; enfin, an XH,
on ne compte plus qu'un petit nombre d'exceptions, variable suivant les
dialectes romans. J'extrais des documents du pays : 1143 Praella = 1171
Praelle = 119G Pre/e auj . Presles-sur-Sambre, plus anciennement Pratellis
ou Pralella, 1139 Gimella Jemcllc = au IX^ siècle Gamedella, XII s. Waii-
soîre = X^ Valciodorus, XI I^ s. Lernou Lierneux = 862 Ledernaus, 1147,
Roulmonl = même siècle Rodolfisberg (dans un document rédigé à Himme-
rode) Roumont.
Le plus souvent, du moins, il en cnt ainsi généralement dans les mots du
langage usuel, aprè*: cette chute de /, d intervocaliqucs, l'hiatus a été adouci
par un yod, principalement après a, e, i. Voici pourtant quelques exceptions :
Prestes et les nombreuses Prelle, Prâlc, rond, Waulsorl, le Maine (Meduana,
XI^ siècle Mehena), Fronville (Frcdonis villa), St-Mard (S. Medardus),
bénir. On (Wadingo), .Jemelle, Oret (Adclrctia pour Adelretium^, /^aucoar/
(Radulfi curte), la Mène (Medonia), Rodolfi mons Roumont.
.le ne m'attarde pas sur la vocalisation de ulf, ul et de Hold, Hou, puisque
le phénomène se serait produit pour Alla falesia également. Beaucoup croient
qu'il ne date que du XI I^ siècle ; en réalité, il se constate dès le XI^, exemple :
— 303 —
« Le blanc osberc (halsberg, haiibeii) li ad desclos el cors.
... Tant chevauchèrent es veies et chemins... » (Chanson de Roland).
« U en la teste un en auler liu... Altresi qui faus Jugement fait... » (Lois
de Guillaume le Conquérant.)
2. Lieux-dits du territoire communal de Houffalize.
Abaye : Pré VAbeye (l'Abî). Rappelle l'ancienne abbaye du Val des Éco-
liers, fondée en 1235, par Thierry et Henri, seigneurs de Houfïalize, à l'Hôpital
Sainte-Catherine, transférée en 1244, au pré dit Angulus et supprimée par
les édits de .Joseph H, en 1785.
Angulus : 1244 « in prato nostro subtus Hufîalize, in loco qui dicitur
Angulus » ; même année « ordinis Vallis Scolarum, dicti de Angulo Dei »,
1252 « el angle Deu ». Le presbytère en occupe l'emplacement.
Basse : la Ville Basse.
Battis (les). A la même signification qu'ailleurs en Wallonie (voir mes
Recherches sur la lopon. du pays gaumet, p. 54). Je rapproche encore : le
Baltis des deux puissances, cité par Roland, Les Comm. Namuroises (Auvelais,
pass.) et indivis jusque vers la fin du XVIII*^ siècle entre les communautés
d'Auvelais-le-Comté, qui relevait du comté de Namur, et d'Auvelais-Ie-
Voisin, qui dépendait de la principauté de Liège ; le Baty des Awes, c'est-à-
dire des oies, terrain vague à Beaufays (Liège). (1)
Belle femme (Al.), cabaret. Nom de fantaisie.
BocHY : voy. Erbonbouchy.
Bois (le) ; Derrière le bois. Bois des Moines en patois : o bwès des Mônnes.
Je crois utile d'intercaler un mot sur la locution o, rendue souvent à tort,
par l'article contracté français cm (al), cfui est traduit ici par â (ex. : à Corty).
A mon avis, o renferme le vieux mot français ens, dérivé apparemment du
la t. intus et que je retrouve dans :
« Quant cil sobt ens, lor flors de.scendent, » (Flore et Blanceflore, poésie du XII^ siècle)
a Quant il vint enz, e vit Ysolt ». (Tristan, poésie du même siècle).
« A celle journée. . . fist l'on ouvrir la porte de la nef, et mist l'on touz nos chevaus ens».
(Jehan de Joinville, XIII, XW siècle.)
« Sau ce ki li masueir avoient ens lor pasturage. » (Charte de Floreffc de 1257).
)) Al Sint-Lorint,
Li feû â sart et 1' four in ». (Dicton météorologique wallon).
Ens, se combina : 1° Avec l'article et la préposition en : a) Ens en le :
« Enz enl fou la getterent ». (Cantilène de Ste-Eulalie, IX^ siècle).
(1) Chose probablement ignorée de beaucoup de wallonisants, un certain mot batte est encore connu
dans l'Ardenne orientale avec le sens de o quartier d'un ban débanné pour la vaine pâture » d'où aussi
par extension « temps pendant lequel dure la vaine pâture. » Battis a aussi son diminulif, que j'observe
notamment à Noire-fontaine [le Batigé) et à Rochehaut (Baptisé).
— 304 —
u En quinze Unis fu eus d (1) cors navrez ». (Guillaume (l'( )renjj^e, VU*-' siècle.)
« Qu'il n'eiist ens el vregiet planté. « (II non de Bordeaus, XII'' siècle.)
b) Ens en les et ens es (2 ) :
« Soies seiir, car ens es chiex.
Vous a Diex fait sages esliex. » (Jehan Bodel, Le Jeu St-Nicolas, XIII^ s.)
Ille en se Prés, Yle ens es Prez, formes du XV*^ siècle de Islc-le-Pré.
Cette expression existe encore dans èz es, oz es: «Oz-ès tchamps, oz-ès picls, dit-on au
pays de Houfîalize. Elle apparaît aussi dans :
Oz-ès Chèrâs (v. plus loin).
Aux effàts a Cierreux.
Aux ejfontenais à Courtil,
Aux Evis prés à Bovigny.
Aux Ecawettes au même territoire,
Os-ès deux Oûrthes.
Aux Erreux à Arbrefontaine.
2° Avec l'article contracté au :
« Bauduïris de Sebourc fu ens ou paradis. » (Baud. de Sebourg, XIV^ s.)
3° Avec çà ou ci dans ceens, caenz, céans, mot connu.
4" Avec là dans laienz, leens :
« Nesune maie choze ne puet laianz entrer. » (Roman d'Alexandre, XII® s.)
5° Probablement avec en et de dans endéans, encore employé dans le style com-
mercial.
BoRJEU : Sur Borjeii, « su bordjeii ». Bordjeu = bourgeois, est le sobriquet
des Houfîalisois et rappelle leur ancienne condition. Une forêt voisine s'ap-
pelle encore la Forci des Bourgeois, parce que les bourgeois y avaient leurs
usages. Cf. aussi la Tornée borgeuse, à Limerlé.
BouYETAi,. prairie avec étang. J'ai rencontré plusieurs homonymes, notam-
ment la Fonlaine des BcuUais à St-I^éger. Comme le gaumet bulté, ce mot
signifie baratte. Cependant, je crois que par extension il a été appliqué
aussi aux fruits du nénuphar et du nuphar, et de là à ces plantes mêmes.
Dans mon village natal, ces deux significations existent simultanément. (3)
Brassine (la) 1600 : voy. Comm. Luxemb. IV, p. 372. Lieu inconnu.
Champ : Dièrain champ (le), en 1681 écrit « le dernier champ » ; 1244
Guericluunps, peut-être pour Werichamp ou le champ de Wederic, Wéry (?)
Censé (la) 1682?
Chapelle: Chapelle Sle-Anne; Chapelle Sl-Roch; 1862 Chapelle Si-Nicolas;
Voie des Chapelles, dénomination ancienne, car on ne voit pas quelles étaient
les chapelles se trouvant sur ce chemin.
(d) PourenZ; cf encore :
« El fossé les uni fait niër » (Romande Rou, \1I s.)
Un des plus prodoinmes qu'on trouverai el ban de (Uieren (Testament de Henri de Houftalize, -1272).
(2) « Devroienl bien mettre leur cure Es buns livres « lit-on dans une fable de Marie de France (XIII s.)
(3) Seulement on dit hidté et non bidté, mais cen'est-là qu'un mince détail.
— 305 —
Château : Vieux Château (le), abattu vers 1692 ; Nouveau Châleau, cons-
truit ou reconstruit en 1628.
Chaudron (Pré).
Chavée (la), de exeavala ; Rue de la Chavée ; Chemin de la Chavée.
Chavés sarts, « les tchavés sârts » : tchavé signifiait creusé.
Chayons : Les longs chayons. Chayons ou mieux schayon, schaillon = fr.
échelon. C'est un pré accidenté.
Chemin : Chemin des bœufs ; Chemin de la chavée ; Chemin du couvent ;
Chemin de Mabompré ; Chemin du moulin ; Chemin de St-Roch.
Cherâvoye, c'est-à-dire la voie charriable. Dénomination assez commune.
Chession, qu'on pourrait traduire en français par Châtillon. Un document
de 1794 parle d'un autre Chession, situé sous Brisy.
Coin : voy. Angélus.
CoRTY : Corty maire Pire ; les Cortys ; Au-dessus des Cortys ; Derrière les
Cortys. On sait que Corty est le nom wallon du jardin.
Coûte rôye (Al) = les courts sillons.
Couvent (le) ; Derrière le couvent.
Crachîre (Al), qui signifie terre bien engraissée, bien fumée.
Cresse (al), = à la crête ; Devant la cresse.
Crainpré. Je connais un Craincourt français qui était anciennement
Sicrcunne curte (la ferme de Sigramn) et qui a dû passer par les formes inter-
médiaires Scraincourt et Ecraincourt. L'apocope me paraît peu explicable
autrement. Wigiscourt a donné Giscou (pays de Beauraing) en passant par
Igiscourt (cf. wal. Inenne pour Winenne, Haut pour Waux), et Sévescourt
n'a été altéré en Fescou (même contrée) qu'après une forme S'vescourt, pro-
noncée inévitablement Sfescour, puis Fescour. Le traitement de 1' se initial
est régulièrement suc, sic en ardcnnais, sch dans certains cas : scrîre, scrinî,
schové, schâle, schume : Crainpré ne vient donc pas de Sicramné pratum.
C'est peut être un ancien fircdinpré = pré de Grato : cf. mes Recherches sur
la topon., p. 64-65.
Creux : voy. Nemonl des croix.
Crucifix (le Grand) 1682.
DiÉRAIN CHAMP (Ic), cité.
Dessous mon Pierre. Mon, ailleurs cunon, émon, signifie chez.
Eau : Porte à Fecui (la) ; Par delà Vecui, « po d'ià l'êwe », 1682 le preit en
delà l'eau.
Entre les deux viviers 1682.
Erbonbouchy, Bouchy, Boschy = de boscus bois. Erbon est ici sans doute
un nom d'homme. Cf. le Gros Buchy à Carlsbourg, Erpo nom d'un témoin
dans une charte de 975 dans Beyer Urkundenbuch.
Ermitage (1'). Dans sa déclaration de foi et hommage faite au roi de
France en 1682, le seigneur d'Houfïalize dit : « ...J'ay aussi un petit bois de
haut fustage au lieu dit dernier champs, ...où j'ay faict bastir un Hermitage,
et y résident deux hermites... »
— 306 —
EwKNNE (01). Si ce nom s'appliquait à une prairie, je dirais qu'il vient de
èwe (eau) ; mais ce n'est pas le cas. On écrit aussi « o les wênnes ».
Fa Gérard (le) : fa, de fagus, hêtre.
Fagne (la) : La censé de hi fagne 1682.
Fin de ville : extrémité.
FoLLERiE (Al), 1612 la foullerie.
Fontaine : voy. Gerdin font aine.
Fosses d'Ourthe (les).
Galitte fosse, ou mieux Gali de fosse : Galis Defosse?
Gerdinfontaine : la fontaine de Gardo.
GoTEROLTLE (Al), syuonyme de goullelle.
Grand Pré (le).
Gremîpré : le pré de Grimhar (cf. Grimoald, Grimbert dans Grimbié-
mont, Grimard, Grimon.)
Guerichamps 1244, cité.
Hambas (les). Coteau.
Haye (01), bois. Nom fort répandu.
Hazars des Bailles 1682 (les).
Hazy. Synonyme de Hasois, constaté à Arsimont, et de la même famille
que haslier et hallier.
HiERLOT : Devant le Hierlot. Hierlot est aussi le nom d'un hameau proche
Lierneux.
Hodris (les), terres-broussailles.
HÔPITAL (1') ; 1235 Hospitale Stae-Calharinae.
Horbonne. ou Orbonne.
Jardin : le jardin à la porte ; le Jardin entre deux viviers ; le Grand Jardin
scitué sur le Marché 1682.
Laids Prés (les).
Lilion 1682 : « prairie renfermée dicte Lilion, joindante à la rivière et
aux mures de la ville. »
Lutons : voy. Trou des Lutons.
Marché (le).
Menonpré : le pré de Mano. Cf. Ste-Menehould (S. Manechildis), Menon-
ville, Manulfivilla, qui d'après Quicherat et Giry serait Marville (Eure-et-
Loire), Mannenheim 826 dans Beyer, Urkund.
Mont : voy. Sertomont et Nemont des creux.
Montagne : Sur la Montaigne, 1682.
Moulin (le) ; le Moulin Lemaire-Poncin.
Nemont des croix, « an' èmont des creux » : au-dessus de croix. On se
tromperait gravement si l'on croyait que les expressions anwnt et avcd sont
du monopole des géographes. L'auteur de la Chcmson de Roland (Xl^ siècle),
dit déjà :
— 307 —
« Li quenz Rollanz revient de pasmeisuns,
Sur piez se drecet, mais il ad grant dulur,
Guardet aval et si guardet amunt. »
Je lis ausGi dans Amis el Amiles, poésie du XII^ siècle :
« L i cuens tint...
Jambes et ventre et le cors contremont,
Pies, cuisses, mains, les espaules amont. » ;
et dans le Roman du Renaii, de la même époque :
Cl Le seel quide aiuont sachier. ..
... Qant il furent el tertre amont .. »
Je pourrais citer également autant d'exemples pour aval : je me borne à
rappeler les vieux mots hwâ = lauvan, qui signifie littéralement « là-aval »
auâ = auau (avau-la-ville, avau le ])os) et paT l-avau pour « partout en val. »
NoHAiPRÉ, en 1244, Nohianprc, qu'il faut lire Nohiaupré. La forme romane
la plus ancienne ne serait-elle pas Xoselpret ou Oselpref^ Dans ce cas, on aurait
Nosheldi pratum ou Osheldi pratum : cf. Nosseghem, Osseghem, Usingen,
Osmonville, et pour la prosthèse de Vn dans la seconde hypothèse : Xollômoni
n. wallon de Ollomont, Nallioumonl, id. de Alhoumont, Nâfontainne, id. de
Arbrefontaine (Alba fontana).
Notons : voy. Trou des Xidons.
Ordonne, cité.
OuRTHE (1'), la rivière d'Ourthe orientale, qui vient du hameau d'Ourthe
(Beho) se réunit à l'Ourthe occidentale en face d'Ortho, après un parcours
de 38 km. Formes archaïques : Urta 870 et 893, Orie895, Orta 1235, Ourihe
et Ourtha 1244. L'Ourthe a donné son nom à l'Ourth cité, en 1235 Orte, à
Ourthe-lez-Ste-Marie, à Ortheuville, anciennement Orihomnlle, à Ortho, en
888 Orlao, au Xlfe siècle Hoiihou, Oriou.
Elle a pour homonymes : 1° Oiia l'Orthe française ; 2^ le masculin Ortho
de 636 (« Chambo secta super Ortho fluviolo), identifié généralement avec
notre Ourthe, mais qui désigne, je crois, plutôt le ruisseau d'Our, passant au
hameau du même nom, écrit Oiirt en 1267 (1), ou bien la Lesse même (2),
ou mieux encore l'Othain afiluent de la Chiers passant à Othe et à Ham-de-
vant-Marville. (3)
(1) Dans ce cas, Chambo, serait un Ilan-sur-Ourl disparu, ou Han-sur-Lesse. Qu'on ne crie pas au
tour de force pour cette dernière conjecture : en 700, Ecliternacli est dit o sito. . . super fluvio Deda »
au lieu de « Sura » ; en 968 Hosingen est placé à la fois dans le comté de Bastogne et sur l'Alzette ; un
document de 144o même fait passer la Wimbre à Ave (a Ave sur Yinhre »), localité arrosée par le
ruisseau dit l'Ave. On conçoit que l'éloignement et l'absence de notions géographiques induisent parfois
en erreur.
(2) Aujourd'hui encore, dans le pays de Paliseul, on vous dira que la Lesse a sa source sur le terri-
toire de Cadsbourg. M. Kurth, à l'art. Drakena (la Senne) de sa Front-Livguist, (I, -142-3), fait remar-
quer judicieusement que les anciens n'avaient pas des idées aussi arrêtées que les nôtres sur l'identité
d'un cours d'eau et de ses affluents : « Souvent pour eux, écrit-il, c'est l'affluent qui est le lleuve et qui,
par conséquent, donne son nom à celui-ci, au moins sur unepartie de son cours !. Il cite l'exemple de
Matines que deux actes des IX^ et Xe siècles ont situé sur le Dénier.
(3) (Ha et Ot-iniis eussent donné en effet, à mon avis, Oye ou Oue, Oyin ou Ouin ; à preuve : alaudam
rom. aloue, caudam pat. queù, queuye, coù, rotam roue, pat. rue, gaudiam joie, pat. fr. joye. 11 se trou-
vait donc avant t une autre consonne qui en a assuré la conseï vation. Pourquoi ne serait-ce pas r ?
20
— 308 —
Quoiqu'il eu soil, Ourlhc, ne dérivo que d'uu radical Uiia : Otia eût abouti
au wallon Gale, Walc.
M. Roland (Topon. Namuroise, p. 200) se demande s'il ne fautpasvoirdans
Orla, Uiia un composé de : a) Ora, = Ura, identique à Ura l'Eure gardoise et
l'Aurach allemand, et /)) la, observé dans Salta la Salza, afïluent de la Saale
(Sala), Saiia la Sari lie, Miuia la Meurthe, (cf. Mura, qui désigne plusieurs
rivières et localités, d'après D'Arbois de Jubainville). Je me le demande aussi,
à cause du voisinage de l'Ourge d'Orgeo (VII^ siècle Uriacuin d'où l'adj.
iiriacinse, 888 Urio) et de l'Our, anciennement Urva.
Pachy (le), qui, par exception sans doute, a le même sens que les Paqiiis
gaumets et lorrains. Serait-ce le même que le Pasquis des seigneurs cité dans le
dénombrement du comte de Rivière en 1682? J'en doute.
Parc Philippe (le).
Par DELA l'eau.
Pasai de Rrihy, le sentier de Brisy.
Pierreuse. J'ai noté ailleurs des Charneuse, Fechereuse, Spineuse, Saus-
scige, Bouleuse.
Pont (le) ; le Pont Henckarl 1716 : cf. le Pré Henkarl à Vissoul.
Porte : la Porte à Veau ; le Jardin al porte. Il y avait jadis trois portes
percées dans les murailles de la ville : la porte Delcommune, la porte à l'eau
et la porte de la brasserie (Com. Lux., IV, 240.)
Pré : Chaoupi'é ; Crinpré ; Gremîpré ; Menonpré, Nohaipré ; Grand Pré ;
les Laids Prés ; Pré de V Abbaye ; le Pré Chaudron ; le Pré Gérard Mounî ;
1682 le Pré Backas.
Promenade (A la).
Randoux. Est-ce un nom en o/as? ou un nom patronymique?
Roye : V. Coule rôye.
Route : la Route de Liège à Bastogne ; route de Laroche ; route de JMabom-
pré ; etc.
Rue : la Rue de la Chavée ; la Rue du haut Pont ; la Rue du Pont ; la
Rue de la Porte à l'eau ; la Rue de la Ville-Basse.
Ruz de C'owAN, le ruisseau qui vient de Cowan.
Saint-Roch ; Chemin de St-Roch.
Sainte-Anne (Chapelle).
Sarts : les Chavés sarts.
Sertômont, le mont de Sertold : cf. le n. de fam. Sertilly, dérivé apparemment
du nom d'une localité française, le prén. Sarlrad cité par Beyer, Urkund,
I, p. 762.
Spandeus (les). Sans doute de « spandc » épandre ; endroit où l'on a répandu
des fourneaux d'essartage.
Stoqueus. Le synonyme des Slocky, Toquis, Slocoit, que j'ai cités en mes
Recherches sur la Top. du pays qaumel. La terminaison doit être le lat. elum :
cf. Enngreu, Velreu, Cheneux, etc.
— 309 —
Tannerie Cawe...
Taille-pire = taille-pierres.
Thier : le Thier ; le Thier du Juge ; le Thier Lambin ; le Thier du Moulin ;
le Thier des Xûlons; le Thier des pourçais. Thier: éminence, hauteur; le même
que les Ternies, Ternes, signalés dans d'autres régions.
Trou des Nutons (le). Excavation assez spacieuse creusée dans une col-
line baignée par l'Ourthe, et que la légende fait habiter par des génies dits
Nsitons, parce qu'ils ne sortaient que la nuit. Il y a des Trous de Mutons,
de Sotais, de Satis, en beaucoup d'endroits.
Val : le Val (va) de Taverneux.
Vieux Château (le), cité.
Voie (vôye) : Voie des Chapelles ; Voie de Cowan ; Voie de Messe : le chemin
par où l'on va à la messe, à l'église ; Voie des Morts : chemin du cimetière ;
Voie du moulin ; Voie des tanneries ; Voie des Taverneux ; Cherâvôye, cité ;
Vdte Voye (li) = chemin vert.
Ville (la) ; la Ville Basse.
Viviers : Les deux viviers 1682.
WoYAis (les), c'est-à-dire les petits gués. Cf. : Waya, à Hemptinne-lez-
Eghezée, Wayaux (Hain), anciennement Wadeal.
Zayî (sur le), bosquet.
3. Notes sur les environs.
AcHOu.FFE, hameau de la commune de Wibrin ; en 1504 Axhoff, 1537 Achoff
1586 Achouwe. Semble se déduire philologiquement de Axobia, Assobia,
Ascobia, ou de Axobrium, etc. A rapprocher, suivant le cas : Brannovii
(peuple gaulois), Lexovii, id. Esuvii, ici. Mandubii, id. Saluvii, id. Lexovium
Lisieux et Luxeuil, Marbrovium identifié avec Marboué, Karubium Qua-
roube, Blandovium Blendef-lez-Louveigné, Carcuvium station de l'Itinéraire
d'Antonin en Tarraconaise, Templovium Templeuve, Argubium Argoubes,
Argobium Argœuves, Quadruvium Carouge-en-Vaud, Erpruvium, Her-
pruvia, Erproeve et Y prouve, Eprave (Eprauvc), Bertruvium 868 à rechercher
dans l'ancien pagus laudunensis, Danubius et Danuvius le Danube ou Donau,
Mescloeve, ]Mécleuves-lez-Metz, Insubres (peuple gaul.), Vernodubrum et
Saint-Laurent-de- l'^rnarouères, aujourd'hui St-Chinian-en-Roussillon, .SV«/-
deurio Escaudœuvres (sur l'Escaut), Solobria Soulièvres, Sodobria Suévres,
Donobrium Deneuvre, Vandopera et Vendeuvre auj. St-Léonard-des-Bois,
Celeoveres, Celuevres, Zolwre, Zelobrio et Solubrio Soleuvre ou Zolwer, Benœu-
vre, Meobrio, ^loyeuvre, Grossœuvre (latinisé par étymologie populaire en
Grandis Sylva), Axonna, Axenna et Axuenna l'Aisne française et peut-être
l'Aisne luxembourgeoise, Axima auj. St-Jacome-en-Savoie, Axa, rivière de
Bretagne, Tricasses (peuple gaul., d'où Trecae Troyes), les cogn. Ascillus et
Ascula, etc.
— 310 —
Alhoumont ou Nalhouinoiil, en 1332 alhuyinonl. 1390 Alhumont. A défaut
de formes plus archaïques, il est difficile de soupçonner l'origine de ce nom.
Serait-ce un ancien Arzoïimont'? Ou un Arl-lc-Iluunwnr? L'une et l'autre
hypothèse juslilieraient la non-vocalisation de a/ et l'aspiration de Vh qui suit.
Cf. Art-sur-Meurlhe.
Ambrongne 1663-1667, cité, avec Lomeré, Baclain, Sterpigny, Anselly,
Brisy, Gemonl/allizc, Houl)iémont, les Tailles et Falhoule, p. 392 des Comm.
Lu.veniboiirg., IV, ou Anibroigne 1682. ( « Nous appartient aussy la disme
entière d'Ambroigne, les deux tierces parties de la disme des Tailles... »)
cité ibid. p. 401. Ne serait-ce pas un nom hydronymique? Il y a assez de ruis-
seaux dans ces parages. Je rapproche : Amana l'Ohm et l'Emmen, Amesis
l'Ems, Amblava l'Amblève ou Amel, Emblon le Nèblon, Ambara l'Ammer.
Ancy, ancien village détruit, dit la tradition, auj. l.-d. près de Sommerain.
M. Kurth (Frontière Ling., I, p. 489) l'identifie avec Ausegias de 915 ou 922,
cité par Ritz, Urkiinden, p. 16, et veut le ramener à un primitif Alciaciim.
La phonétique ne donne pas raison à I\I. Kurth (1). Je crois plutôt avec M.
Roland (Top. Namur, 413-415) que cet Ausegias (pour Auseias) désigne
Oisy (Namur), en 1287 Auci, en 1217 Osiis, d'autant plus que ce dernier avait
pour collateur l'abbé de Stavelot. Notre Ancy me paraît être VAnselhi de 1250
(« pris à ma dame — lisez dîme — d'Anselhi et de Vaus »), vers 1663 Ancelly,
en 1682 Anseilly, mentionné dans les Comm. Luiemb., IV, pp. 275, 392 et
401. D'un primitif Ansiliaciis, formé ou de Anselo, diminutif de Anso (cf.
Anslar Anlier, Ansesart Ansart) ou du gentilice Ansilius, de la même famille
que Ansicius, Ansio, connus par les inscriptions (Voy. Holder, AUceltischer
Sprachschatz).
Assi-N (') à Bovigny, Langlire, les Assins, à Tavigny. Sans doute = pré,
champ accensé, donné à ferme. Au féminin, on a VAssince, plus répandu.
Baclain, en 1466, BacJden. Est, à mon avis, un nom germanique en ing :
cf. Cherain et Bihain. On peut rapprocher, pour le radical — r Bakelo sans
doute un nom d'homme — Bechlingen, et aussi Bacunweis Becquevoort,
Baconfoy, Becquincourt, Beckingen, Balgsliidt, Baldilingas PalUng.
BerheuvÂ, l.-d.- de Tavigny. N'est-ce pas Berzeiwal, le vallon de Bersod :
cf. Bersileas Bersillies (Hain.)
Berisménil : le mansionile de Bery (Bero, Baro -f iacum : cf Adalbero,
Bérégise, Berry). En wallon, on dit simplement « lu Mwênnî » : exem-
ple très curieux. Qui sait si un certain nombre des désignations comme
Laval, le Mont, ne sont pas dans le même cas. Je rapprocherai aussi le gau-
met « Lu haut » pour « lu haut St-Walfra », le Mont-St-Walfroy.
Bernistap, à Tavigny. Siape signifie encore dans certaines régions « bali-
veau ». Berni serait un nom d'homme : Bern-ic oïl Bern-her et Bernier. Cf.
des Bernîmont, Bernihez, Bernissart.
Beuleux 1682 (Les Comm. Lux., IV, 396), bois. Comme le Beulel de Bras,
de Livarchamps, le Bôlet de Villance, le Bolleus d'Othée,le Boulois de Chiny,
(1) Que al iiritnilif soit déjà vocalisé au X^ siècle, je ne le croirai jamais.
— 311 —
de Herbeumont, les Bioleux de Cierreiix, le Boulleroy, de Forges (Chimay),
signifie boulaie, bois de bouleaux.
BiÈNÂCHÈNÂ, à Cetturu. C'est-à-dire le chenal, le canal, le fossé de Bénard.
BiHAiN : 895 Bûsanch, 1426 Bihaing. Avec Delafontaine, je rapproche
Bissen (G. D.) écrit Bisanga au X^ siècle. M. Kurth (Frontière I, 478-479) a
tort, me semble-t-il, de voir en Biisanch un nom celtique à disinence-anc,
intermédiaire entre ac et le germ. in ^.:de ses six exemples, cjuatre (Belsonanc)
Busanc, Charanc et Wardanc) sont situés dans le voisinage de la limite des
deux langues et les auteurs français hésitent pour leurs nombreux ain, an,
ans, eng, ant, ent, ens, dont une quantité assez notable sont écrits avec la
désinence encum dans des textes postromains.
BoNNERUE, prononcez Bon'ru : en 1541 Bonnery. Ne vient pas de rue,
mais de ru, ruisseau. La première partie serait-elle un nom d'homme, comme
Bono? Je rapproche : Boconis mons Bouquemont (Meuse), Taunacun-i villa.
Tonneville (Seine Infér.) A propos de ce dernier, je dirai qu'il existe bon nom-
bre de noms semblables en Normandie : Sotteville, Motteville, Beuzeville,
Gainneville, Yvetot, Manneville, Appeville, Toulïreville, Sottevast, Quitte
bœuf, Criquetot, etc. Beaucoup de ceux-ci, on le sait, ne remontent pas au-
delà des invasions normandes.
BoviGNY : 873 Bovenneias ? 1130 Bovingeis. D'un primitif Boviniacus ou
Bobiniacus, dérivé ou du gentilice gallo-romain Bovinius, ou du nom d'hom-
me germanique Bobo et 13000. Cf pour ce dernier : Bobenheim, Bobingen,
Bobstadt, Bubendorf, Bubenreuth, Bubikon, Boewange (X^ siècle Buvingas),
Buvange, Bobonis cella Boncelles. Bovigny a pour homonymes, en outre,
Bovegné sous Goé, Bouvigné (Orne), Bouvignies (Hain) et Bogny (Ardennes ;
1136 Boviniacus).
Brisy ou Brihy == 1541 Brichy (Brixhy?), est également une dénomination
en-iacus et dérive peut-être des gentilices Brictius pu Brisius. Cf. Brisiacus
Breisach (allem.)
Bru : Le moulin du Bru, à Cetturu ; 1550 le brus de Mons ; « Item doibvent
faicher et fener le brus de Mons et mener au chasteau de Houlîalize. « (Com.
Lux., IV, 355). Ainsi que je l'ai dit p. 16, de mes Recherches sur la Topon.
du pays gaum., ce vocable avait primitivement le sens de forêt réservée à la
chasse, qu'il conserva assez longtemps dans certaines régions (1), mais qu'il
échangea de bonne heure par ici contre celui de pré seigneurial.
BuLziN 1682 (Com. Lux., IV, 401 : « Nous sommes aussy seigneur foncier
de la court de Bulzin, aiant pouvoir de créer et destituer un mayeur, etc.» )
Bulkin même année (Ibid., 402 : Les rentes dictes « les peschirons » ...au
village de Limerlé le huit janvier, pour tapise (?) de tailles de la cour de Bul-
kin, douze florins onze sols. ») J'ignore où se trouvait cet endroit qui n'est
(-1) Je crois qu'il a encore celle signification dans ses deux vers tirés d'une Pastourelle du XlIIe siècle :
«... Que ces oiselez ne tient
De chanter en bois n'en bmil. . . »
Cf. aussi le bois de Uniile p. Gl de Duvivier, Rerh sîir le Uainaut ancien, un autre (?) p. 530 du même,
un troisième p. 211, Druelh nemus p. 323-224, Brolium ibid. : Bnliiim « excelsa silva « en ilo8 dans
Ducange, Gloss.
— 312 —
pas à confondre avec Baclain, cité aussi dans le même document. Prononçait-
on Biilcin ou Bûcin'l jMème désinence qu'en Baclain, Cherain, Bihain et pro-
bablement de même origine.
CÉDROGNE (la), forêt ; le ruisseau de la Cédrogne. 1235 Sedrones (vilL),
foret de Sedrones ; 1242 Sendrogne. Pour moi, c'est une appellation hydro-
nymique, à rapprocher de Sidrona, la Sitter, rivière d'Allemagne et de
Sedena le Serain (pour Sénain) français.
Chenet (le), à Mont : en 1529 le Chcnneux de Mons ; le Chenet à Bihain.
Identique à nos Chenois, Chanou gaumets. La signification (chênaie) en est
])ien connue ; néanmoins j'estime que ce petit renseignement pourra servir
à cpiiconque voudra un jour étudier le suffixe etuni en Wallonie.
(".iiERAiN : 666 Charaneo, 1235 Cherein, 1244 Cluraing. Nom germanique
en ing. Cf. Carestat 1016 (Foerstem.)
Chèras : Os-cs ehèras, à Mont ; ehâleau des Cheras. Voir art. Charrau dans
mes Recherches, etc., p. 58.
Chevral, affinent de l'Ourthe, à Achoufïe et venant du bois St-Jean.
Diminutif de Cabera = Capera, équivalent de Gahara que je rencontrerai
plus loin.
CiTATTE : Al Citalte, l.-d. à Tavigny. Je ne connais pas l'étymologie de ce
vocable. Ce ne peut être évidemment le lat. civitatem ni le germ. stadt, qui
ont donné ou eussent donné cité, cité, stéy. Peut-être se retrouve-t-il dans :
Rasladt 1. d. à Wibrin, et Rastadt entre Vellereux et Bertogne.
Combes (les), à Mabompré. Nom fort répandu en France, où il est encore
usité couramment avec le sens de vallon. Cf. les Camhes, à Tintigny.
CowAN : 1235 Quant, 1244 Couant, Couan, Cowan, 1255 Chuan, etc. J'ai
noté un Cohan, dans l'Aisne. (Fr.) ; mais je crains assez que ce ne soit un nom
de la famille-de -m^en, comme on le croit pour plusieurs appellations revêtues
de la désinence an - ans, ent dans ces régions. Le nôtre peut se ramener à
l'un des primitifs suivants :
a) Cucuant et Cucant : cf. Cocuneda (local), Coca ou Cuca (cogn.), Cocasus
(id.) Cocillus (id.) Cucalus (id.), Cocuro (id.) Cocus (id.), Coconiaco (loc),
Medu-anto Méan {^),Bier- ant le Biran beaurinois, Graun-cmto vico (loc), Juv-
anlus (cogn.), Junantus (id ; coc), Ivantus (cogn.), Namcmlus (id.) etc.
(Voir notamment Holder, Altceltischer Sprachschatz, pass.) ;
b) Cutuant ou Cutant : cf. Cotus (cogn. d'un notable éduen), Colillus (cogn.),
Cotu (id.), Cotuantii (peuple, dans Strabon), Cotuco (cogn.?), Cotulo (id.),
Cutullus (id.) Cuda (id.), Cudius (id.) etc. (Holder, cité, pass.)
r) Moins sûrement : Cuvant ; cf. Covennos (île, dans Ptolémie), Covcrna
(lieu), Covolus (inscript.) Holder, ibid.), Cucubarrum, Cucuvarum, Couard
(France). On sait que ce village était jadis un endroit assez considérable et,
cjue sa paroisse est très ancienne : Houfialize, primitivement, faisait partie
de cette dernière.
CoMPOGNE : 1145 Coinpendium in Ardunna, 1238 Compagne, 1240 Com-
ponia, 1244 Coponia, 1249 Copoinhe et Compoihne, 1250 Copogne, 1270
— 313 —
Copongne. Avec M. Roland (Topoii. Namuroisc, 489), je doule que Com-
pendiwn de 1145 se rapporte à Compogiie, ou sinon, ce n'est qu'une traduction
liasardée : il n'y a pas de raison assez plausible pour admettre que compendium
ait eu ici un autre traitement qu'en France, où il a engendré Compains et
{^ompiègne. Il est certain qu'on disait déjà au XIII^ siècle « Copogne », si
pas « Qu'pogne », puisqu'il y a hésitation entre Com et Co dans l'orthographe.
Cette forme dialectale peut remonter bien plus haut. Il faut donc recourir à
deux hypothèses : a) Coinponia, dérivé de Compo :=^ cumbo: voy. dans Holder
Andacoinboriiis, Arecunibii ; b) Copponia, non documenté, mais qu'on peut
toutefois rapprocher des cogn. Copillos, Copinus, Copiius, cités par le même
auteur.
Darzy, l.-d. à Mont. Comme Darciacus mentionné dans Pardessus, Diplo-
mala, etc. n. 587, Darsiacum Darcey (Côte d'Or), Darsac (Ht^-Loire), rentre
dans la famille des dénominations en accus. Pour la première fois, rappr.
Condercus, Derceia, Derco, Inderca, Dercenna, Indercillus, dans Holder,
ouv. cité, pass.
Dînez : 1252 Dynei, Rentre aussi dans la famille du précédent, par le
suffixe. Il faut noter cependant la divergence du traitement : de même qu'en
Lomré, Samrée, Ottré, Régné, Jévigné, Erezée, Lohéré, Borzée, etc., le nom
a conservé son ancienne forme romane, tandis que Darzy, Tavigny, Bovigny,
Rogery, Filly, Bourcy, Hardigny, etc., ont évolué de ici à i plus ou moins
long.
Dinez peut provenir :
fo de Diniacus, comme Digny, (Eure-et-L.) ;
2° de Ditiniaciis, comme Dithinéis Pétigny (Nam.) ; cf. aussi des Det-
tingen, Ditzingen, Tétange germaniques ;
3° de Disiniacus, duquel sont à rapprocher plusieurs Thizy, Dissais, Dis-
say, Dessat, etc., français.
En eiïet, il est à remarquer, dans nos contrées, lorsque la syllabe initiale
de radicaux en iniacus de plus de deux syllabes (non compris la désinence us),
est brève, la seconde s'èlide souvent, c'est-à-dire que Vi devient muet, et
les terminaisons gné, gny, se réduisent à né, ny. Voici quelques exemples :
Rett'nî, Vadenay, de Reiiiniacum, Wadiniacuni ;
Lucenay, Crisnée, Bouchenî, Gochenée, Trèjnî, de Luciniacum, Chris-
liniaca, Businiacus, Gosiniaca, Trasiniaca ;
Harnî, Merny, de Hariniaca, Meriniacum ;
Yernée, de Erliniaca ;
Franquenies, de Franconiaca ;
Gimnée, de Geminiaca ;
Gouveny, Giveny, de Cubiniacus, Gabiniacus.
La chute de Vi de la seconde syllabe a pu se produire de bonne heure et
entraîner plus tard celle de / (Ditianicus et Ditgney et Diné) ou celle de s,
phénomène qui s'est accompli dans Masigniacum jNIagny-en-Vexin, Pici-
— 314 —
niacuin Piiicv (Aubo), et j)r()l)a!)lemciit eu Chisniacuiu (Ihiiiy, Prisneij
Prény. (1)
Engreux : 1242 Emjroiil, si jeu crois Pral, 152U Ennegreu ; en wallon
Enngret, Eimgreii. Ces deux variantes dialectales trahissent un primitif en
eliim. Se ait-ce Nurarelum'7 Je ne le crois pas : ce radical a donné en Lorraine
l)lusieur.s Norroy, pour Nogroit, dont le g a disparu de bonne heure. Pour-
quel aura l-il conservé le g ici, quand cette lettre ou une équivalente disparaît
dans neur, de negrum, pèlerin, de peregrinum, sermint, de sacramenlum'? Et
puis, nu s'altérerait-il en enn"?
Renfermerait-il le mot goreu, goret = Goroil Goreux (Voroux-Goreux) et
le l.-d. è Goreu (1678 Goreux) de Jupille, dans lequel la première syllabe est
brève et par conséquent, susceptible de se changer en gr'? Dans ce cas, il res-
terait à expliquer enn. On m'a suggéré le rapprochement du wall. « en' éri » en
arrière, mais ce n'est pas le même cas : dans cet exemple, n est dû à la liaison
du premier è avec la syllabe initiale de îri ; devant un mot commençant par
une consonne, on n'aurait évidemment pas cet n. Risquera-t-on è (n) cgreu"!
En pareils cas, la forme du nom reste apparente, ou tout au plus s'agré-
mented'un n prosthétique, comme dans les wall. Nollômont et Nalhoumont.
Je n'ose pas supposer non plus que primitivement on disait en le garoil,
puis successivement è V greu, pour aboutir à è n' goreu. On n'a point
d'exemples semblables ; au contraire, on trouve « o tchèneû, otchènet,ofayi)>,
ou encore par la chute de l'article, assez fréquente, Freyneux, Rovrai, Che-
nois, Esneux.
Je préférerais l'hypothèse de Ennincoritum & Ennencoredum, qui peut
amener « Enngret, Enngreu « : en original s'est altéré en è ou s'est amuï dans
Hendreia et chandregia la Hédrée, Warentiacus et Warencias Warzy, Haren-
zey Harzé, Lorenceis Lorcé, intus ens et èz ou oz (dans oz-cs...) Rapprochez,
pour cette étymologie celtique : a) Enno (cogn.), Ennissa (id.), Enguriacum
St-Jean d'Angely, Ingauni (peuple), Alvinca (cogn.), Ellinco (lieu dans Pline),
Bodincomagus (id. en Ligurie) ; h) Anderiium Antérieux (Cantal), Augus-
loritum Limoges. Rilon, rituni, d'après plusieurs celtistes, signifiait gué. Je
rappelle la position d'Engreux, situé à proximité de l'Ourthe.
Ertonfontaine, sur Mont. Probablement la fontaine d'Ortho. Cf. Artaing
Artet (Liège).
EspÈCHES (les) 1682 (Comm. Luxemb., t. cité, p. 397), Al Sepeche à Stein-
bach. Je leur connais plusieurs homonymes en Ardenne, nommément à
Rochehaut, Auby, Vivy et Vonèche. Je crois que c'est l'adjectif épaisse.
S'appliquent ou s'appliquaient à des bois.
Faien (le). Diminutif du vieux mot fay ou fa, hêtre. Cf. le Foyin, sur Arville.
Floumont, près d'Ortho. J'ai noté dans Quicherat (De la form. franc,
des anc. n. de 1.) un Flodobo monte. Flou pourrait aussi être Flodulf ou Fro-
dulf.
(1) Pour les noms en iliacum, cf. aussi :
Waldiliaca Vodelée, Martiliaciis , Maclet ou Martlef, Gosiliaca, Gosselies, Waniliaca Wagnelée,
ViriUacus Verly, GalUniacus Jaulny ou Jauny, Buçadiacus Bicqueley .
— 315 —
Fraiture : 996 Fractura, 1250 Freture, 1272 Frailures. Synonyme de
Frély, 1. d. à Jalhay, de Fretieres, Fêter auj. Fter (Serville, Nam.) et dérive
comme eux du lat. f racla brèche = défrichement?
Garcy, l.-d. à Mont-le-Ban, où se trouvait un village autrefois, à ce que
rapporte certaine tradition. Ce nom ne serait-il pas une métathèse de Gracy,
à la façon de parfond pour profond. Gracy viendrait d'un primitif Graciacus,
Gratiacus, de même que beaucoup de Grazay, Grézieu, Grazac, Gressey,
Grésy, Gressy, Grézac, Grézieux, Grazago. Ou un ancien Gosartiacum
G'zarcy et Gharcy? Cf. le prénom Goson.
GiVES, GivRY et GivRouLLE. Situés le premier sur l'Eau de Rollé, les deux
autres sur l'Orneau ou ruisseau de Mande-St-Etienne. Gives paraît être
pour Givres, lequel est peut-être l'ancienne dénomination du ruisseau de
Rollé et qui vient de Giu-ara : cf. Givunna, le Givonne (Ardennes), ou de
Gab-ara : cf. Gabellus n. d'un affluent du Pô dans Pline, Gabris Gièvres (Loir
et Cher), et aussi Gabrila, Gabrillus (cogn.) et Gabromagus mentionnés par
Holder, ouv. cité p. 1511.
Nos deux petits cours d'eau ont pu être confondus : de là Givry, dénomi-
nation en iacLis tirée de celle du ruisseau, comme 762 Casleaca sur le ruis-
seau connu Casetla, Gtaniaciim de Glanis le Glain, Tiliacum Tilly du
Tylus ou Tyle, Lethernaciim ou Ledernaii Lierneux de la Lederna ou Lienne,
Ortao Ortho^ de Urta l'Ourthe, Alzingen de Alisuntia l'Alzette, Usingen de
l'Usa.
Il y a eu, semble-t-il, pareille confusion entre le ruisseau d'Aiseau et celui
de Fosses, tous deux Bebrona et Bervenna auj. Biesme, entre l'Ornot ou Or-
neau (Orn + ot, eau) d'Onoz et l'Orne sous-affluent de la Dyle, entre celle-
ci et son affluent le Tyle, ainsi qu'entre les deux bras de l'Ourthe. Givroulle
est évidemment le diminutif de l'un des deux autres vocables.
Hardigny est, je crois, un ancien Hardiniacus, formé du prén. germa-
nique connu Hardo, Harto (Eberhard, Bernhard, Hardwin, etc.)
Hariwez, sur î\Iont-le-Ban, C'est-à-dire le gué de Haric. Cf. pour ce nom
d'homme Wernher et Garnier, Heringhen (Her-inghem), Heringen, Harel-
dingen et Harlange (Har-eld), Hersele Herzeele, Namicho (Nam-ico), Hczeca
(Hez + ica).
Hez, dans Belhez, Chabreheid, St-Pierrehez, etc. J'ai dit ailleurs que ce
mot était le german. heid. = bruyère, broussaille.
HouBiÉMONT : 1682 (Comm. Lux., p. 401). Le mont, la hauteur de Hubert.
On voit que Hue donne bien Hou, ainsi que je l'ai écrit à l'art. Houiïalize.
Bert s'altère en biert et bié, comme dans Joubiéval, Lambiévâ.
Langlire. Probablement pour VAnglière (angularia).
LiMERLÉ, en ail. Lamscher pour Lamsler, Lamsçhler ; anciennement
Lommerslair, Limerley, Linmrlé, Lamerly. Renferme l'ancien suffixe germ.
lar = séjour, demeure.
LiRY, à Mabompré. Peut se traduire par Liriacus ou par Leodariacus et
Leodriacus, ou encore par Lidriacus. Cf. Litrange (Brab.), en 1598 Lieteringe,
— 31G —
Lcudicus Liège, pour Lîgc (wal. Lîdjo), Lérouville (Meuse), les ii. de famille
Leray et Ser ville.
LoMRÉ, au XVI I^ sicele Lomeré, et qui a dû s'écrire Loinenj, à preuve le
nom de famille Tvomr^'. Pourrait-être un ancien Liidomaricus, dérivé du
n. germ. Ludomar (cf. Hlodomir, Hlodowig et Louis, Hladulf et Ludolphe ou
C'.loud.)
Mattonrus 1552, à Cherain, (Comm. Lux., t. cité, p. 357), Masonniz 1561
(Ibid., 361) Quelle est la bonne orthographe? Je ne puis répondre. Quant au
suffixe, je crois que c'est ru = ruche, ruisseau.
Meusin (le) ou ruisseau de Belle Meuse ; appelé également ruisseau de
Martinmoulin, sur certaines cartes, mais erronément, car le vrai ruisseau
de Martinmoulin descend des Tailles ; vient du bois de Bérimesnil et se jette
dans rOurthe. J'ai déjà cité ce petit affluent à l'art. Semois de mes Recher-
ches, etc., et en ai indiqué la synonymie avec la lieuse (^losa).
Mont-le-Ban, 1235, Banno, 1613 le banc du Mont. Aurait été la partie
serve de ^lont, par opposition à l'autre, qui se sera appelée Mont-Ia-Ville,
j\Iont-la-Franchisc, au moins quelque temps.
ÀIoxt-St-jMartin, et Sl-Marlin, l.-d. de Bovigny. La légende du pays dit
que celui-ci est l'emplacement d'un ancien village homonyme, détruit par
les Barbares. (?)
N'est-ce pas le même que le Mont-St-Martin cité en 1308 (le r^Iont-St-
Martin), 1310 (paroisse de Mont-St-M.), 1531 (par. de Montmartin, iNîons
Sain et Martin, 1575 (id.) 1598 (la cour de ]\I.-St-M.) et en 1759 (id.)? Voir
Com. Lux., t. cite, pp. 236, 288, 372 et 622, Vannerus, Biens et Revenus dans
clergé luxemb. en 1575, pp. 110, 210 et 222.
Nadrin (pron. Nâ), section de Wibrin. Semble être un Aldringen primitif,
vocable assez commun en terre germanique et dérivé de Aldhar Aider.
Ici, il y aurait'prosthése de n, comme dans les wall. Nollômont, Nâlhoûmont,
comme dans Nawiscourt, forme du XVIII<^ siècle pour Aviscourt. On ne con-
naît pas de formes assez anciennes de Nadrin; c'est pourquoi je me contente de
cette hypothèse bien vraisemblable d'ailleurs.
Ollomont, que j'ai cité, déjà à plusieurs reprises, pourrait correspondre àun
ancien Olodi Mons = la hauteur d'Olod. Cf. a) Olingen (G.-D. de Lux.)
Olhain (Pas de Cal.), Olincthun (ibid.), Oeleghem (Flandre oc.) ; /)) Benul-
zfeld Ville siècle auj.Binsfeld (G.-D. de Lux.), où Vs est la marque du génitif,
Fulcoiiaca et Fulchosies Faucousy (Aisne).
Ottre a tout l'air d'un ancien Ollariacum, issu du n. d'homme germ.
Othar, connu par des Ottringen, Oeutrange.
Plain de Bonneru (sur le), l.-d. à ]Mabompré. Plain est un vieux mot,
encore usité par endroits, équivalent au classique plaine.
« Li dui baron...
Sont descendu dou palais jus au plain. »
lit-on dans Amis el Amiles, poésie du XII" siècle.
~ 317 —
PiREYES (Os-ès) : dans les Pierrées, dirait-on en France Suffixe ala, comme
dans Ramée, Schavée, Bosquée, chaussée, Pavée, (Vie.) etc ; qu'il ne faut pas
confondre avec V cye liégeois, qui correspond en outre aux français il (le)
et ie.
PouHOU, à Mont-le-Ban. Du lat. puteolus. On connaît le mot poiihon,
plus fréquent.
PoujOMONT 1671 (Com. Lux., IV, p. 393), bois appartenant autrefois
aux seigneurs de Houfïalize. J'ai noté aussi une graphie Pauyomonl.
Prales (les), sur Bovigny. Cette dénomination également rendue par
Préalle, Praïellc, Prèle, Prelle, Presles, Praule, est excessivement commune,
et s'applique généralemeut à des prairies, sinon à des villages(Presles, Prelle,
la Préalle, la Prèle). J'ai dit ailleurs qu'on y a vu à tort des praeliuin ou
champs de bataille et que le vrai radical est praiella, forme sous laquelle se
présentent à nous les plus anciens de ces vocables. Praielle était encore
usité aux XII et XIII*^ siècles ; on trouve à cette époque :
« Moult fu biaus li vregier
Et gente la praële » (Roman d'Alexandre).
« Je l'oï an la praielle » (Chanson anonyme).
Rachamps : wall. Ralchan, anciennement Radians 1088, Rachamps
(Grande) 1469, XVI I*^ siècle Rechamps, Rapto campo, Rasi campo, Rigido
campo. Paraît à première vue un composé de campus campagne : mais je
doute que Ra soit un nom d'homme Rado ou un des qualificatifs rasus, rap-
tus, rigidus. De plus, la graphie de 1088 prouve que cette signification n'était
pas universellement apparente. Cantus est un radical gaulois employé éga-
lement comme second terme : cf. Avicantus, Rigocantiis, Virocantus, Medio-
cantiis (lieu), Brolccmli (Bréchamps, Eure-et-L.) énumérés dans Holder,
AUcell, Sprachsch, le cognomen Abascanlus que je trouve dans Allmer, Ins-
criplions de Vienne, III, 18 et VIII*^ siècle Machantus Mochamps.
Règne, en 1469 Regny. D'Arbois de Jubainville (Recherches de l'origine
de la propriété, etc., p. 393) mentionne 52 Regney, Regny, Reignac, Reignat
Reigny, Reignac, Rigné, Rigneux, disséminés sur le sol français et les ramène
tous à un primitif Renniacus, dérivé d'un gentilice Rennius. Régné peut
aussi se déduire de Rageniacus, formé du nom d'homme germ. Rageno ou
Regino, assez connu.
Rettigny : 1235 Relcneis, 1244 Retiigny, 1551 Reiltiny ; en allem. Rellen.
De Raltiniacus = fonds du germ. Ratto : cf. des Rattenberg, Ratzing en
terre allemande.
Ronce (la), affluent de la Salm qui arrose Langlire. Ne serait-ce pas le
même radical que les Rancia Rance françaises?
RÔSET, l.-d. à Buret. Correspond à un primitif Rauselum, lieu planté de
roseaux, de même que le Rôsoy de Tintigny.
RouvROY, en wallon Rovrai, en ail. Rim}erl, anciennement : 1437 le tiesche
Roiwereau, 1451 al tièche Riveries, 1682 le Tiche Roiweroy. La dénomination
allemande prouverait que c'est un primitif Roborelum, comme Roiwroy-
— 318 —
iez-Virloii et Rovreux à Bovigiiy ; dans ce cas, la forme wallonne serait le
diminutif. Mais Rûwert ne serait-il pas plutôt un ancien Ruweralh, avec
ralh = rolh comme dans Wolmerath?
Taverneux, autrefois : Tiwernou 11 18 et 1143, Tavernois, 1235, 1242, 1244
et 1289, Tavernoi 12r)9, Tauernee 1468, etc. Je ne sais pas s'il faut accorder
beaucoup de confiance aux graphies en oi : au XIII^ siècle, cette diphtongue
était probablement déjà altérée, dans ce pays, en eu ; c'est ainsi qu'on trouve
moible pour meuble dans un texte de 1272, alois pour alleuds dans une charte
de 1248, Velroy en 1270 = Vellrud en 1244 et Vellerut en 1238, Vervuelh
Vervoz (Virvaus = Virviacum et 862 Vervigium) = en 1317 Vervoy. Taver-
neux peut donc être ramené à un primitif Tabernaus ou Tavernaus,
vocable celtique, dérivé d'un nom d'homme Tabernos (?). Pour ce dernier,
rappr. : 1° Tab-in-iacus Tawigny, 2° Ept-ern-aciis Echternach, Med-ern-acus
Medernach, Mett-ern-iacus Metternich, Mand-ern-acus Manternach.
ToMBLAiNE, l.~d. à Bethomont. De tombelle, petite tombe, suivi du suf-
fixe anus, ana de Hawène, Touraine, etc.
Trôneux (le), à Renglez. Identique aux Trablou et Trembloy gaumets
et aux Trianoy du Hainaut.
Vacheresse : le Nyâ des Vacheresses, sur Bihain. Nyâ (cf. le gaum. nyau,
nuyau) signifie à la fois nid et nichet. Vacheresse est ici le féminin de vacher.
J'ai parlé du suffixe eresse comme objet d'étude dans mes Recherches.
Quelques mois après la rédaction des lignes que je lui ai consacrées, parais-
saient précisément les Nouveaux Essais de Philologie française de M. A. Tho-
mas, avec un article documenté sur ce suffixe. C'est une désinence, nous dit ce
dernier, formée à l'origine par l'addition de icius aux mots en aris, arius,
mais qui, dans la suite, a été ajoutée en bloc à une certaine quantité de thè-
mes. Il y a en réalité deux suffixes dans cette terminaison, fo rissa eresse,
quand le thème était composé de (a) tor et (a) or et eur, ex. : venderesse, de
vinditor vendeur, et par analogie quand il finissait par or et eur ; 2° arica et
erèce, quand le radical était terminé par aris, arius, ex. : wal. pwartcherèce,
féminin du pwartchî (porcher), vatcherèce, fém. de vatchî (vacher).
Vellereux, dit aussi Vellrel en wall., est écrit Vellerul en 1238, Vellruel
en 1244, Velleruel en 1250, Vilroy en 1270 et 1362, Velleroit en 1307, Veleroie
et Villeru au XY^ siècle, etc. L'une des formes wallonnes condamne l'éty-
mologie de villariolum proposée par M. Kurth, Front. Ling. I, p. 409. Le
thème primitif devait être terminé par eluni ou iUun. Je connais de nom un
Velleret français, mais c'est un ancien Velatuduruiii + et ; ainsi qu'un Ville-
roy meusien, qui est peut-être un primitif Villariacus: je note aux environs
Salviacus Sauvoy, Reffroy, Broussey, Vaduni Void (= wez), et dans la même
région Fonliniacus Fcntenoy, Montenoy, ]\Ialleroy (?), le Void, Nantois,
Tonnoy, Palnoy, Nançois, Manois, Renauvoid, d'après lesquels on peut cons-
stater une altération en oi d'un ancien é, particulière à la Lorraine. Il est à
peu près certain que 1'/ (ou les 2 /) si cette lettre existait dans le thème pri-
mitif, était anciennement suivi d'une voyelle, sinon elle se serait vocalisée
comme dans Melsin, Maissin, Bellerinus, ])lusi(Hirs Beauraing (dont l'un est
— 319 —
en wal. Biarin), bellilalein « baité ». Je n'ose pas recourir à des primitifs
Vernaretum (Vern arius + etum), Viminaretum (Vimin-arius + etum),
malgré les exemples de Boulier (gaum. boûli) = boule ou bouleau, Boulleroy
= Boulois, osier = 1. oisus, peuplier = plope (pour pople), et quoique le chan-
gement de rn-r ou de mn-r et nnr en // paraisse assez admissible à première
vue. Pour le moment, je me contente de rapprocher Villa relia, Villaregia,
Vellereille (Hain), Valleroy (Meurth.-et-M.), id. (Vosges) et Vallerois (H^e
Saône).
ViLLYE, l.-d. à Mont où l'on a découvert des vestiges assez importants
de l'époque romaine. On peut proposer un primitif Villiacus ou Villiaca,
propriété de Vilius ou Villius, comme pour Villac (Dordogne), Villey-Crécry
(Côte d'Or), Villeu (Ain).
VissouLE : 1587 la Vissoule ; en wal. Visroule. Paraît être le diminutif
d'un ancien Visse, qui, je crois, serait le nom antique du ruisseau de Co-
wan ; à l'appui de cette hypothèse, je rapproche : Vis urgis ou Wis eraha
le Wéser, Ves ère la Vesdre, ou Weser, Vis usia la Vesouze, Visa la Voise,
Vis ula la Visule, affluent de la Méhaigne, Ves ona la Visone italienne, Wis
apa la Wiseppe, Ves-unna et Vesunnia citées par Jullian. Hist. de la Gaule,
I, 115, le Vezon, sous afïl. de la Moselle, et la Vesse à Assesse.
Visroule n'est pas nécessairement le diminutif de Visera : certains dimi-
nutifs ont été formés avec r, par imitation avec d'autres où les désinences
suivaient un r final. C'est ainsi qu'on a :
Pisseroule, Pisserotte, à côté de Pissot, Pichot, Pichoux.
Goteroule à côté de Gottale, Gouttelle.
Ponceray et Ponceret à côté de Ponçai, Pançai, Poncel.
Bocrai, à côté de Boschet, Boqueteau.
Rouillerot, à côté de Rouilly (Aube).
Quincerot (Yonne) à côté de Quincey (Quintiacus).
Wacherais (les), à Bovigny, de Wachai (des Prâles).
Arlondel, Herlondeal, Orlondel, Alundea, Arlundrel. auj. Allondrelle, en
gaum. Alondrié (voy. mes Recherches, p. 38).
Enfin, fr. puceron, moucheron, liseron, poétereau, pâquerette, gaum.
boutcheré, tchapiran, houppré ou houppran, tchiquerotte, coqré, placeré,
lîtré (ailleurs lîté), mouseré, wall. latrê, cottrê, mossuria, fourtchrè,
fouyeré, hatcherè, lamerè, lèherè, leûvrè, lombrê, nokerê, (cf. ailleurs nokette)
pèserê, samroû (essaim), coultroû (culot) vosgien gratteré (aill. grattereau,
gratteron), étrangers à la toponymie (1).
Wachai des Prâles (le, au) et les Wacherais des Prâles, (ou le), à Bovigny ;
LES Wachaux à Mont. On a beaucoup écrit déjà sur ce vocable, relevé en
cent endroits :
(1) Malgré M. Feller (art. dans les nos 3.4 de 1910, du Bullet. du Dictionn. Général de la Langue
Wall., 77-121), je persiste à croire, en présence de celte liste assez copieuse, à l'existence de désinences
- rel, - reau, - rai, - ron, - roule, formés par analogie avec des primitifs en el, - on, dont la première
partie avait déjà r.
Cette même particularité existe dans les dialectes allemands : Lammerchen, Schânerchen, Haserchen,
diminutifs de Lamm, Schong, Hôse.
— 320 —
Anciens :
XIV*^ siècle Wiri.vhnyc, à Freeren.
1311 les Warisseaux, à Villers-Deux-Eglises,
1312 les Warrssias, à Pelil-Leez,
1340 le Werissial de Faurecliinnes (P'arcienncs), auj. le Warickat.
1348 Werisealpia à Boirs.
1350 Weriscalpinin dictum le grant Bronk à Roclenge-lez-Bassenge.
1356 Werisealpia, à Visé.
1378 Werissay à Heure-le-Romain.
1393 les Waressias, à Thiméon.
1504 Weri.vhas délie Borgois à Beaufays, auj. le Wcrihê.
1541 Waressai, auj. Warichel (au cadastre), à Forges.
XYIII^ siècle, les Waressaix, à Saintes.
Etc., etc.
Contemporains :
Le Wassai, à Hollange.
Le Walchet, à Villers-la-bonne-eau.
Le Wâchel, à Saint-Léger.
Les Waressais, à Montbliart.
Les Warissais, à Rance.
Les Wariehelles, à Momignies.
Le Petit Wariehel, à Hemptinnes (Egh.)
Le Werichel des chevaux, à Au vêlais.
Les Werichets, à Avernas-le-Bauduin.
Le Petit Werichel, à Lincent.
Etc., etc.
Ducange — on l'a dit avant moi — avait deviné le sens exact de ce mot :
« loca publica quae incolarum usibus permittuntur. » Seulement l'étymologie
de « water (= aqua) + scliap (= ductus) » qu'il propose ne me paraît pas
admissible et je ne suis pas seul de cet avis. Ducange a travaillé, pour cette
interprétation sur des chartes de l'époque romane, dont bon nombre de lati-
nisations ne sont que médiocres. Elle n'explique pas, surtout, les variantes
« warichet », « warissia » et « warichellc « (2) M. Vanderkindere a avancé,
contrairement à Ducange et à ses copistes, que le mot n'a rien de commun
avec water et « se rattache au même radical que waretiim ».
JM. Vanderkindere maintient cependant la deuxième partie, scap.
(2) Waiifs raphim n'eût donné que les finales - clioi, liai ; ce qui appert de : stjnapem séné,
rlavem clé, caviiin chai, sapin sais ; cf. aussi J'abam fève, Amblava Amblève, amabam aimève, Grez-
Doiceau ^ 15o7 Grave en fiant. — Srapiiim eût pu même dégager un i après c, d'où une forme,
comme Warchi : cf. incrcatnm martchi, capiim ( -= caput) rom. chief (ior. cliî, goum. tchû), scalam
gaum. chùlc, cliieule pour chîlc, piscare pèchi ou pèchi.
— 321 —
Pour moi, waiischel = waressia, waressai, wachai et wirichai, warischelle,
werischet et waschaii ne sont que des diminutifs de ce waretum, en roman
giiarris, garis, giicret, waret :
Ou ce dernier aura été traité comme un primitif en ilium, ou bien les ter-
minaisons cel et sia = ce = hé, celle, cet, çaii sont respectivement les dési-
nences diminutives celles, celle, cet (formée par imitation) et ciolus (forgée de
même). Je rapproclie pour ces dérivations : Faygé, Clienisay, Fîzé, Cot'hê,
Rebisiiel = Rebjoux, Coldricioliis Coudrecieux, Conisuel Conjoux, Lomne-
suele Lampsoul, ^lissoul, Flamizoul, Stapsoul, Rohon = Richot, vx fr.
berceuil = fr. mod. berceau, diminutif respectifs de Fagetum Pays, Chenis,
= Chenet, (pour Chenois), Fî ou fief, Curticulus et curtile Courtil ou Corty,
Rabais, Coudray, Colnidum Conneux, Lumma Lomme, Médis My, Flamierge,
Stabulis Stave, riuus et Ru ou Ry, berce ; et aussi Saussure, Saulzoir et Saus-
souze, équivalents de Saliceliim Sosoye, Saucy, Sâceu, Sâsset.
WiBRiN, autrefois Wibrant, Wybren, etc., est encore un ancien nom en-
ing, formé apparemmenl du prénom germ. Wibhar, dérivé de Wibo ou
Wipo, plus connu.
WicouRT, dont j'ai noté une forme archaïque, Wicoiirt, est peut-être la
ferme ou court de Wido, en rom. Guidon ou Gui, ou de Luduvic et Louis.
WiLLOGNE : 1586 Villogne. Malgré Wz7/ppo , la Wilpe allemande, Wiliiwa
la Woluwe ])raliançonne, et peut être la Wiltz, je n'ose pas trop supposer
à Willogne une origine hydronymique. On peut tout aussi bien, d'ailleurs, en
faire une ancienne Willonia (ou encore Willonacum), dérivée du nom
d'homme Willo, probablement germanique (cf. Wilhelm et Guillaume.
Willibald et Guillebaud).
322
APPENDICE BIBLIOGRAPHIQUE CRITIQUE.
Prat. — Elymologies des noms de lieux de la province de Luxembourg (1866)
Etude sur V orthographe et les étymologies des noms de lieux dans la province de Lux.,
dans les Annales de notre Institut, année 1854.
Travaux bien faibles. Malgré l'exemple d'Avitacus, qu'il savait dérivé du cogno-
men Avitus, Prat ne peut tirer aucun parti des noms en y, é. Quelquefois, il
forgea des étymologies qui vont totalement à rencontre des formes anciennes
citées. Chercha, sans contrôle, ses interprétations dans de Smet, Kreglinger,
De La Fontaine, Legonidec (Dictionn. breton), etc., voire même chez l'extra-
vagant Jeantin, tous auteurs médiocres.
Qi'iCHERAT. — De la formation française des anciens mots de lieux (1867). — Très recom-
mandable. Certaines de ses identifications sont cependant à vérifier. Je n'ad-
mets pas non plus que dans Maceria (Mézières, Maizière, etc.) Vi se soit déplacé
puisqu'on a, dans plusieurs régions Mazère, Magère ; pas non plus dans les
noms en aria et ière, sinon Calcaria, Frumentaria, Roncaria ne seraient pas
devenus Chockier, Fromentières, Ronquières, mais Choisière, Fromencière,
Roncière ; aria a donné d'abord eria, puis en roman ère, alors (mais ancienne-
ment) l'è de ère s'est diphtongue en iè, comme l'e de febris fièvre (wal. fîve),
de Beveris Bièvres (wal. Bîve), de petra pierre. Cette explication s'applique
aussi aux noms en orium et oir = eux : cf. potio poison, vox, voix. L't de iacurn
n'a pas reçu l'accent comme le croit Quicherat : iacum est devenu successive-
ment : iagum, iegum, ieium (au moins dans l'orthographe), iei, puis i, ieu ou è
suivant les zones
GiRV. — Manuel de diplomatique (1894). — La topon3'mie est traitée au chapitre 111
du livre III. Y fait un classement par époque de radicaux toponymiques. Com-
plète donc utilement l'ouvrage précédent.
HouzÉ. — Etat sur la signification des noms de lieux en France (1864). — Bon travail
également. Toutefois, se base trop sur des langues néo-celtiques : « les textes
celtiques anciens manquent et on est forcé de prendre un peu par-ci par-là,
de manière à faire un espèce de paléontologie » toponymique, dit- il. Je ne crois
pas, dit-il avec lui que Mezengiacum Mézangé soit à identifier avec Mansio
(573), Mansiones [111), ni que Masingiacum (pour Masigniacum) Magny
vienne de mansionile, ni que les Sailly, Cellieu' etc., proviennent du celt caill
(forêt), car ce dernier eût donné plutôt des Chailly, Cailly. Se trompe aussi
lorsqu'il dit que « c'est en flamand qu'on prononce Mahanges, Jamonges »,
formes anciennes de Méhaigne, Jamoîgne.
KuRTH. — La Frontière linguistique en Belgique et dans le nord de la France, 2 vol.
(1196-98). — Ouvrage important avec énormément de bons renseignements.
Restant sur le terrain toponymique, je me permets les quelques observations
de détails suivantes. Se basant sur des graphies du IX»" siècle, c'est-à-dire du
commencement de l'époque romane, l'auteur croit que le suffixe bise provient
d'une forme bacia et becia : je suis d'avis que bacia eût donné plutôt baise,
— 323 —
comme vraisemblablement en Barbaise (Ard. fr.) ; cf. aussi basia, baise, sar-
matia, Sermaize, pacem paix, punaciam punacem, punaise ; le voisinage du
flamand, comme celui des wallons, becq, issus de cette langue, milite en faveur
d'un radical bêcia (== bécus), qui peut donner, bise : cf. ecclesiam église, decem
dix, Alesia Alise. On dira qu'il existe une forme Raurebacya du VII<^ siècle,
mais elle est tirée d'un document de l'Allemagne et qui nous prouve que cette
romanisation se fût produite de ce côté de la frontière? Je m'explique par
le peu de connaissance du wallon qu'a M. Kurth, le scrupule de ne pas faire
figurer Erbaut dans la liste du radical bach : dans la région on a cependant
fau (de fagues), boje (baise), ôye (aise). Je ne ferais pas rentrer dans la famille
des hofstadt le l.-d. des Houstaches, qui, me semble-t-il, vient plutôt de hulsti
et houx. Amougies au XIV*^ siècle Arnelgus (pour Amolgtis), Amolgus ne doit
pas dériver d'un Ameliacum. Baranzy, en gaum. Barazy, provient, je crois,
de Barentiacum et non de Barontiacum. Je raierais aussi de la famille de RotJii-
liacum ; a) Rumegies, au XIII" siècle Ruemegeias, Rumelgiis et Remegies,
b) Ramegnies, anc* Ramelgiis et c) Rumillies autr. Rumineis ; a) la forme
Remelgies est évidemment pour Relmegies ; b) dans Ramelgies, l est pour n\
enfin c) dans Rumillies, lli provient de gni, comme dans Imiée, autre Imignée,
Fromiée anc. Fratnegnies. Séchery s'explique plus naturellement par le wallon
que par un hypothétique Securiacum. Se trompe aussi, lorsque, voulant expli-
quer le changement de Rura en Rulles, il cite Isers Izel et Robermont Robel-
mont ; en patois on dit Igé et Roubémonl.
Glossaire toponymique de la commune de Saint-Léger, dans les Annales de la Fédé-
ration archéolog. et historique de Belgique (1886). — A rectifié depuis l'explica-
tion du vocable Laquemanne. Laisse sans interprétation Contrebois (cf. con-
tremont), la Troyère (trowîre = trouée), Vauzé (vaUicellus), Hardomont
(Hardaldi m), Snémux (Sunharii v.) Je crois qu'il se trompe quand il dit que
Houdlevaux vient de ultra, que Laufosse signifie fosse du loup et que des com-
posés de ce genre sont communs en wallon luxembourgeois (?)
Majerou, dans nos Annales, ann. 1885.
Roland (chan). — Toponymie namuroise, tome I. — Ce tome ne s'occupe que des
périodes celtiques et gallo-romaine. Bon ouvrage. Débute par un résumé
phonétique des accidents rencontrés. A l'exemple de plusieurs auteurs français,
fait dériver certains noms en iacus de mots de la langue usuelle (si/ca, wons, etc.)
malgré l'absence de textes sûrs. J'ai dit ailleurs qu'il se trompait au sujet du
Majerou, virtonais, de Biran-Beauraing, de Fter (Fretère) et de Hastière. Je
doute fort de l'identification de Beezjontana avec Relief ontaine, de Graveloit-
Fayt avec Gros-Fays. Pour Vuaninga,ie pense vu la forme méd\é\a\eWenagtie,
que /ig est déjà pour gn. Cenelia (aqua) et Ceneils (au masculin? pour le ha-
meau), Senoye, peuvent provenir de Cenecua Ceneca,Le Haigneau d'Hingeon
n'est-il pas un ancien Hingeonneau, au lieu d'être un hypothétique Henio??
Avec Tourneur je doute également que Bailaus soit vértablement celtique :
cette graphie est basée d'ailleurs sur une forme de l'époque romane, Bailos,
qui pourrait être pour Bailois, et dans tous les cas, on connaît des Bailoy,
Bailet, Baileux. Je ne suis pas non plus pour le g inorganique de Vendelgeias =
Vendengias auj. Vendengies, de Ramulgieas Ramulceias Ramousies, de Goi7ien-
geias = Gomenceias Gomezée, etc., ni pour le c épenthétique de Fulcod-
Ciacum et Fulchosies (Fulc-ot-iacum) Faucouzy, Rabodciacum et Rabousies
(Radbot-iacum) Rabozée, etc. Wallay ne vient-il pas d'un primitif Wase-
liacus, plutôt que de Valliacus, qui eût formé Vailly, Vaille : après /• et s,
niacum donne de même presque toujours ny, né au lieu de gny, gné. Je serais
d'avis aussi que Amée, Anthée et Lonzéû sont à classer dans la famille des
21
— 324 —
dénominations en iacus, iacca (1) ; Latinne ou Lautenne, Maillen, Géminé,
Gedinne, dans celle des noms en inus, ina. L'e de Falemania n'est pas inor-
ganique, car alors on aurait eu Fautnagne au lieu de Falmagne. Focagne
n'est-il pas Forcagne, comme Focant est pour Fourcant : focanea semble-t-il,
se serait altéré en fouagne, de même que focalia, focaria l'ont été en foyailles
et fouyîre ; enfm, les deux interprétations de Lavedoie sont aussi douteuses
l'une que l'autre ; si lavatorium a donné Lavadou dans le Cantal, il a fourni
Laveu à Chantemelle et à Strainchamps, et je ne pense pas que dans le pays
de la Meuse le traitement soit différent.
Astanetum, art. paru dans les Mélanges Kurth (II, 289-293). Le radical reste
obscur ; l'auteur, qui y voit le germ. ast (branche), ne nous dit pas ce qu'il
fait de an, et puis, comme on Fa déjà dit, il est difficile de passer du sens de
branche à celui de taillis.
Les Communes Namuroises, publiées avec plusieurs collaborateurs. Fascicules de
Auvelais, Arsimont, Froidfontaine et Hemptinne, donnent toujours un relevé
de lieux dits avec formes anciennes. Pour Auvelois ou Auvelais, je ne crois pas
que ois ou et puisse venir de ocium, qui donnerait plutôt eu, u, ô ; le Haveloi
(1095) cité dans les références est évidemment pour Havelus et ne se prononce
pas comme on le prononcerait aujourd'hui (Haveloa), de même que Semoye
(XlIIe siècle) est pour Semuye, sm]. Semuy. Les auteurs, en ce qui con-
cerne l'étymologie d'Arsimont = le mont où croisse des harts (arces),
d'après eux, ne disent pas ce qu'ils font de Vi de la deuxième syllabe. N'est-
ce pas plutôt un ancien Arcic ou Arcic-mont : cf. Ersingen, Arsonval, Erquin-
ghem. Je doute également qu'en Haimentinas, il y ait eu épenthèse de eut après
le radical Haimo. Foerstemann ne mentionne pas le nom d'homme Haiment,
mais ne peut-on pas le supposer par analogie avec Walecand,Winand, Eugend
(Oyend,- Ouen), Folkent, (dans Folkendingen) Hayent dans (Hagendingen)?
Hatzelfeld, Darmesteter et Thomas. — Traité de la formation de la langue française,
dans leur Dictionnaire. — Très bon.
J. Feller. — Phonétique du Gaumet et du Wallon comparés, précédant le Lexique du
Patois gaumet de Ed. Liégeois. — Bon également. Toutefois, je ne suis pas
d'avis que Lochno (Rossignol) provienne de luciniolus, qui,' me semble-t-il,
eût produit lochneu, lochnû; lochno est un diminutif en ot de luscinia, et non
en olus, encore moins en uculus. Je sais qu'on veut faire venir notre solot,
sulot (soleil = sole, soha) de soliculus, à cause d'exemples anciens comme ceux-
ci : « Et ourons les oez de nostre pense as raiz del urai soloilh », « Et quand li
hom deu astoit eschalfeiz el mult chault soloilh »; mais, dans la pièce d'où est
extrait le second exemple, je trouve précisément la forme «soleilh », ce qui me
fait supposer que soloilh se prononçait comme solheil, soleil. Djunou, djuno
provient de gen-u = culus ; nous n'avons pas d'exemples certains en wallon
ni en gaumet de o venant de Iculus.
A. Grignard (S.-J.) — Phonétique et morphologie des dialectes de V Ouest-wallon, édit.
par M. J. Feller, dans le Bulletin de la Société Liégeoise de Littérature wal.,
tome 50. — Bon.
A. CuNsoN. — Glossaire toponymique de F rancor champs, dans le Bulletin de la même
Société, tome 46. Je dirais presque que Fauteur est atteint de germanomanie.
Sa Crisnère ne serait-elle pas tout simplement une cressonnière? Son Rus-
teuboû (pâturage), un composé de boii (bœuf)? La Coquelle du département du
(-1) D'autant plus que d'autres noms en - ée se trouvent dans le voisinage : Suarlée, Cognelée,
Rosée, Hayée, Oinézée, etc., etc. que M. Roland classe dans la catégorie des primitifs en - iacus.
— 325 —
Cantal n'est-elle pas une petite « Conque » (cf. nos Conques, Conquille)? Com-
bien je préfère la traduction de Cot'hê en « cortiseau » à l'étymologie celtique
de « coat, cot. ! »
E. DoNY., — Toponymie de Forges, dans le tome 51 du Bulletin de la même Société que
précédemment. Bon. Je crois que son Boulleroy, comme un Bollery que j'ai
noté ailleurs, dérive de « boulier = boule » bouleau, de même que Pommeraie
et Mesleroy, viennent de pommier et de « mesplier » = néflier.
E. Jacquemotte et J. Lejeune. — Glossaire toponymique de la commune de Jupille,
éditée après revision par M. J. Haust, et parue dans le tome 49 du Bulletin
de la Société susdite. Très bon. Je n'aurais pas cependant rapproché de Jupille
le Joppécourt (Jupecuria 1570) lorrain, qui peut venir avec plus de vraisem-
blance de Godbert-court.
Glossaire topon. de la commune de Beaufays, dans le tome 52 du Bulletin de la même
Société. Bon également. Il me semble que Pireus est tout aussi bien un ancien
Pierroit qu'un petrosus, et j'en vois une quasi-preuve dans les noms Chayneu,
Fayneu, Fayeu ou Faweû, Frayneu du même glossaire.
L. Roger. — Recherches sur la toponymie du pays Gaumet, et plus spécialement sur celle
de Jamoigne. dans le tome 45 des Annales de l'Institut Archéologique d'Arlon,
Mes propres éludes m'ont convaincu que je m'étais trompé relativement à
à VEpusum dans la Notitia Dignitatum, Epusio dans Grégoire de Tours, plus
tard Eçotium, Yvotis, Eçodium, etc. Je me suis trompé également dans l'expli-
cation de Fontenoille : la désinence latine a est d'abord tombée, puis vers le
Xle siècle, le t de etelle s'est amuï et plus tard elle s'est changé en oille (selle).
Ainsi que pour Ferbas, où la première, partie ne doit pas être un nom d'homme ;
je rapproche des Ferbach,Verbach,Ferembach, Fellbach,Forbach. Page270-78,
au lieu de Ulnetum, lire Alnetum (art. Osnes). On m'a reproché d'avoir suivi
M. Kurth pour l'interprétation de nos deux Meix. Je le répète, Meix-devant-
Virton, de 1183 jusque vers le XV^ siècle, est toujours écrit Mers ou Meirs ;
Meix-le-Tige est rendu de même par Mers en 1255 et en 1309, par Mer rfans
un texte allemand de 1494, et cette dernière forme subsiste encore dans cette
langue. C'est donc sur plus d'une graphie que M. Kurth et moi tablons! Et de
plus,il n'y arien d'insolite dans le changement deren sch dans les monosyllabes.
Fours, court, ver, mur, vert, hier ne sont-ils pas altérés en Fouches, couche,
véche, mùche ou muhhe, voche, iehe, les uns en gaumet, les autres en lorrain
et en messin? Peut-être nos Termes viennent-ils d'une forme b.-lat. tertinus,
qui avait produit ici terme, comme consuetudinem et incudinem ont engendré
coutume et enclume, tandis qu'en France elle aurait donné tertre, de même,
que ordinem et tympanum sont devenus ordre et timbre. Enfin, Prâille n'est-
il pas tout simplement pour pratelle et praïelle?
Notes toponymiques et archéologiques pour servir à Vhistoire de la frontière des langues
dans le Luxembourg. Dans le tableau des composés de bach, j'aurais pu ajouter :
Rombas, (X» siècle Ramesbach) et Rombize (nom de fam.) correspondant à
Rombach, Rumbach, Rumich, Rumbeck, Eansbach. J'ai eu connaissance
trop tard du discours prononcé par M. Wolfram, de la Gesellschaft fur
lothr. Geschichte und Altertumskunde, au Congrès Anthropologique tenu en
août 1901, à Metz, pour pouvoir en tirer parti. Je me hâte d'ajouter que, sauf
pour la question de l'origine de la frontière (l'influence d'une voie romaine,
pour U. W), nous sommes généralement d'accord.
— 326 —
Je compte démoulror jîrochaincmciil ([iie le vocable sler est le slirpus de
Ducange, et non le germ. statt comme je l'ai cru après d'autres.
J. Ff.lleh, Les noms de lieux en ster. Je crois que l'étude du type Rogisler
prouverait que ces dénominations sont bien plus anciennes que ne le suppose
l'auteur, même dans le cas où elles auraient été formées peu après l'altération
du prénom Rotgarius en Rogî, Rodgî. La diphtongaison en -ier qui a amené
en wall. î se constate dès le X^ siècle : je trouve dans le cartulaire de Stavelot
une forme Moriermont de 943 pour l'actuel ]\lorimont,et dans la chanson de
Roland du même siècle, l'ortographe piez pour pied. Au XI^ siècle, elle est plus
fréquente: 1066 Thelieres { < Tegularias), 1067 Clavieres ( < Clavarias), vers
1060 Maliers ( < Maslario), 1049 Roslier ( < Roslerum), 1070 Thauiers
( < Tabernis), 1049 Fen ères ( < Ferrarias). La déformation en -i- se rencontre
même à cette dernière époque : 1082 Clavires ; mais surtout au XII^ : 1171-
1178 Perirs, 1191 Franires ( < Fraxnarias), 1188 Folhires ( <* Focarias),
1137 Cherbonires ( < Carbonaria), 1195 Maslir, 1148 Felchires ( <* Filicarias).
L'r de Mirwart ne provient pas de / (Mir-wald), comme l'avait cru également
M. Kurth : -en 955, il est écrit Mirvot, de même vers 1034, en 1139 Miruolt,
en 1184 Mirvolh. (Le même, Cartul. de St-Hubert). A part cela, l'ouvrage
n'en reste pas moins très recommandable.
La frontière des langues.
1. Dans la Revue d'Ardenne el d'Argonne, n° de mai-juin de cette année,
p. 140-144, M. Bruneau rend compte notamment de mon article intitulé
« Notes toponymiques et a chéologiques pour servir à l'histoire de la frontière
des langues dans le Luxembourg ». Tout en reconnaissant que, dans l'ensem-
ble, mon étude « est un excellent recueil de matériaux de première main, qui
sera toujours utile à consulter », il regrette que pour cette question, je n'ap-
porte ni faits particuliers exactement établis ni raisons générales vraiment
probantes », que je n'aie <( même pas entrevu le problème de la géographie
humaine », que je « décide des questions locales au moyen de l'histoire géné-
rale » et que je n'aie pas toujours précisé mes références. Le croirait-on ?
M. Br. tombe lui-même dans ce dernier défaut : il ne lui eût guère coûté non
plus, de citer au moins quelques uns des faits inexactement prouvés et les
raisons non probantes. Je n'entrevois pas, en outre, le motif qui permet à
^I. Br. de conclure, dans ce qu'il appelle géographie humaine, du général au
particulier (citation de Vidal. Lablache), alors qu'il me reproche semblable
argumentation en histoire.
Point de faits exactement établis ! Et les affirmations de M. K. qui restent
bien vraisemblables ! C'est facile à dire ! Mais le premier venu qui lira à la fois
mon étude et la critique de M. Br. reconnaîtra que celui-ci n'a rien fait pour
prouver à la fois que ma théorie est invraisemblable et que celle de l'auteur
de la Frontière Linguistique — où M. Bruneau croit trouver un solide appui
pour sa dialectologie, mais qu'il ne me paraît pas connaître à fond — repose
sur des faits prouvés scientifiquement ! J'attends donc le plaisir de lire M. Br.
surles points suivants que, par délicatesse, je n'ai fait qu'effleurer l'an dernier.
Qu'il prenne donc en main la célèbre Frontière Ling., tome I, p. 527, et il y
lira ces lignes que l'auteur adresse aux historiens qui, comme Mathieu,
prétendent que la Belgique septentrionale fut, jusqu'à la fin de la période
— 327 —
romaine, habitée par des populations germaniques restées inaccessibles à la
civilisation de Rome : « La vérité, c'est que ces régions étaient à cette époque
entièrement incultes. Les forêts et les marécages en occupaient presque toute
l'étendue... Le sol était formé d'une multitude d'ilôts. Les abords de St-Omer
étaient des îles flottantes... Les noms de broeck et de meer, si fréquents dans
la toponymie de ces régions, donnent une idée de leur caractère marécageux.
Ce que les eaux laissaient à la terre était pris par la forêt. On peut lire dans
César la description des retraites des Ménapiens. La Vita Bavonis nous donne
une idée de ce qu'était la région de Thourout encore au XI*^ siècle : toute en
forêts ! A travers toute la Flandre courait l'immense forêt que les chroni-
queurs ont appelée le Neiniis sine iniserlcordia. Bruges, Gand, Ypres, Thou-
rout, Rouiers, Courtrai sont cernées par les forêts au VI I^ siècle... »
Que M. Br. rapproche de ce passage celui (p. 545-547) où le même auteur
affirme que lorsque les Saliens passèrent en Belgique, ce fut la Carbonaria
Sylva qui arrêta leur première expansion territoriale ! D'une part, la forêt
» sans miséricorde « et les marais de la Flandre ne rebutant pas les envahis-
seurs, et de l'autre, la Charbonnière empêchant leur colonisation ! Il aurait
fallu prouver péremptoirement que celle-ci était plus inaccessible que
l'autre : (1) où est cette preuve ?
Ce n'est pas tout. Le même auteur, toujours parlant des Ripuaires,
(p. 554-555) nous dit : « La limite qu'ils assignèrent à leurs occupations, ce fut,
comme toujours, la forêt, la vaste et profonde forêt des Ardennes... Malgré la
destruction de l'antique Arduenna, ses débris gigantesques sont encore assez
nombreux et assez importants pour nous permettre de reconstruire, par la
pensée, les larges espaces boisés qui séparaient alors les Allemands des Wal-
lons. Partout, en effet, où il reste des parties considérables de la forêt des
Ardennes, elles continuent à faire la démarcation des deux races ». Puis il
énumère 15 villages wallons séparés par des bois de 14 localités germaniques.
Il y en a bien davantage qui ne sont pas dans le même cas, ainsi que le montre
le tableau ci-dessous, dans lequel j'oppose chaque fois une ou deux agglomé-
rations romanes à leurs vis-à-vis allemandes :
Halanzy, Gennevaux Aix-sur-Cloie.
Rachecourt. Battincourt.
Châtillon. Meix-Ie-Tige. (2)
(1) D'après un troisième passatçe (Ibid., I, 321-322), l'accumulation des noms en in répandus dans les
arrondissements de Tournai, Valenciennes, Cambrai et Douai, s'expliquerait par l'hypothèse vraisem-
blable d'une colonisation germanique en niasse à l'époque des conquêtes de Clodion. Et cependant, ce
pays était anciennement recouvert, comme le reste du kainaut, par la Charbonnière, qui atteignait même
Arras.
Pour moi, si la Carbonaria sylva est rappelée comme limite naturelle dans la Lcx Salica, c'est à défaut
de rivière coulant dans le même sens et dans la même région : il n'y est pas fait mention de la forêt
d'Orléans, encore à présent le plus grand massif feuillu de la France. tVoy. notamm. Jullian, Hist. de la
Gaule, I, 91. note 1, et Doniet, lli.st. de la forêt d'Orl). à cause de la présence de la Loire. Plusieurs des
citations postérieures où la Charbonnière est considérée encore comme frontière, ne sont que des clichés
banaux, dans le genre que celui qu'employait Hugues de Fleury, décrivant l'Ardenne du Xlle siècle avec
les termes du conquérant des Gaules (voy. Piot, Les Pagis, 13o) . M. Pirenne, Hist. de Belgique, \). -13,
croit que la colonisation dans les terrains plats des Flandres était plus aisée qu'ailleurs n'exigeant pas de
longs travaux d'épartage et de défrichement. Mais alors pourquoi encore au XlIIe siècles les comtes de
Flandre elles ducs de Brabant sont-ils obligés défaire défricher, pour leur compte propre, de vastes
étendues incultes, d'en donner d'autres aux abbayes et de contribuer à l'assèchement des polders et des
marécages de l'intérieur ? (p. 28G.)
(2) Anciennement Allemand.
— 328 —
Vance. Sampont.
TT , i Nobressart.
•^' ) Hachy.
Fauvillers. Bodange.
Livar champs. Bcttlange.
Thiversoux. Lutrebois. (1)
Beuouchamps, Ilarzy. Niederwampach.
Loiigvilly. Oberwampach.
iMoinet. Crendal, Tratteii.
Rouvroy. Helzingen.
Cetturu. Limerlé. (1)
Gouvy. Watermaal, Holdingen.
Rogery. Beho.
Commanster. Maldingen. Braiinlaiif.
Ondinval. Schôppen.
Faymoiiville, Weismes. \
Geuzaine, Bruyères. [ Weywertz.
Champagne. )
Limbourg. Baelen.
Clermont. Henrichapellc.
Pourquoi devrait-on attacher plus d'importance à la première liste cju'à
la mienne ? (2)
(1) Anciennement Allemand.
(2) Y sont cités du côté wallon : a) Villers-la-bonne-eau, alors que la section de Lutrebois, qui serait
d'origine germanique (p. 346 et 398), est plus éloignée de la frontière que le chef-lieu de la commune et
enclavée dans les bois ; b) Vance, dont l'idiùme aurait été l'allemand (p. 31) lors de la fondation du
hameau de Torlrue. Pour renchérir, on y oppose St-Vilh, Meyerode et Amel à Ligneuville, Bellevaux,
Jlalleux, Petil-Thier et Vielsalm, et on laisse de cùté les villages allemands de Hinderhausen, Rodt, Ober-
Emmels, Recht, Brïicken, Engelsdorf, Montenau, Iveldingen et Elbertingen, beaucoup plus rapprochés de
la limite, et les localités romanes de Mont-le-Soy, Bui'tonville, Ennal, Logbiermez, Houvegnez. De même
pour Bastogne, Uarlange et Winseler M. Bruneau m'a avoué lui-même avoir été frappé de l'absence
complète de forêts entre certaines localités romanes et leurs vis-à-vis allemandes ; nifiis il prétend, avec
exagération, je crois, que « l'état géographique actuel ne signifie rien pour l'époque ancienne. »
L'argument qu'on peut tirer des ditTérentes dialectales expliquées par une forêt séparant deux groupes
de villages, ne me paraît pas toujours concluant. Ainsi par exemple, je crois qu'il y a plus de difl'érence
entre le parler d'Izel et celui de Jamoigne — deux localités cependant unies autrefois par un même lien
spirituel — qu'entre le patois de cette dernière et celui de Yirton. La toponymie ne contredit pas en
général la phonétique de ces parlers actuels. Elle nous montre notamment la déformation de on en an à
Gérouville et à Herbeumont même .
Ces bois, là où ils existaient n'avaient pas le rôle que certains leur attribuent. Déjà avant l'époque des
villes neuves, les paysans y avaient, moyennant des prestations plus ou moins arbitraires, droit d'usage
et de paccage.
De plus, les anciennes circonscriptions paroissiales étaient naturellement très vastes et englobaient
donc beaucoup de localités séparées souvent par des bois. Ce fut le cas à Jamoigne, à Tintigny, à Anlier,
à Orgeo, à Paliseul, à Ortho, à Mersch. Une tradition veut même que l'église dont on aurait retrouvé les
vestiges au l.-d. à la Vieille Eglise, près de la Misbourg, c'est-à-dire en pleine forêt d'Anlier, servait
pour Fauvillers, Witry, Martelange, Léglise, etc. Si ce n'est pas vrai, n'est-ce pas au moins vraisem-
blable?
Et puis, au moyen-âge, on voyageait relativement beaucoup. Des paroisses entières couraient proces-
sionnellement aux tombeaux des saints, par exemple, à Stenay, à St-Hubert, à St-Walfroid, à Echternach.
Qu'on ne dise donc plus que certains endroits séparés par la forêt n'avaient pas entre eux le moindre
relation.
On ne doit pas oublier non plus que les hommes libres et les nobles francs avaient leurs possessions
souvent des deux côtés à la fois de la frontière : par exemple, le testament du diacre Grimon en 034.
Supposons même un instant que les forêts ont une certaine influence dans la répartition des dialectes
d'une même langue. Celte influence serait-elle réellement identique dans le cas d'une forêt-frontière ?
La frontière ne pouvait-elle pas exister primitivement sans la présence de bois ? De deux localités fondées
sur cette limite, la première romane, la seconde thioise, l'une devait-elle cesser complète ment de parler
son idiome particulier pour la seule raison de la non existence d'une barrière sylvestre ?
— 329 —
On pourrait s'imaginer d'après ce passage que VArdiiciina sijlva (1) du côté
de l'Est ne s'étendait que jusqu'à la ligne idéale de la frontière linguistique,
et qu'au delà les bois ont disparu depuis bien longtemps. Comme si V Arduenna
de César, de Strabon et de Tacite n'avait jamais rejoint les rives du Rhin !
On n'a pas non plus démontré que la portion romane de cette forêt avait été
beaucoup plus rebelle à la colonisation romaine. Au contraire, cette partie
est aussi riche que les régions voisines en antiquités gallo-romaines : voir
dans nos Annales des articles de MI\I. Geubel, Sulbout, Prat, Sibenaler, de Loë,
Andrin, de Muyser, Tandel, Loes, Dubois et Malget, à ce sujet. L'antique
Ardenne comprenait évidemment l'Eifel et probablement (2) les forêts trans-
rhéranes du Rothaar Gebirge et du Westerwald; peut-être même se plongeait-
elle plus avant dans l'Egge, le Teiitoburger Wald, le Habicht W., le Solling,
l'Ohm, le Dûn, le Hainleite et le Harz, qui sont de même composition géolo-
giques. Ainsi s'expliquerait la dénomination de Osning portée par trois
portions connues de cette vaste étendue sylvestre (3). Un coup d'œil jeté sur
une carte complète (4) montre qu'aujourd'hui encore les massifs boisés sont
au moins aussi nombreux en Eeslick et en Eifel que dans notre Ardenne.
UUrkiindenbiich de Beyer nous apporte maintes mentions de bois et de
défréchissements anciens en pays rhénan : 1, pp. 10, 57, 65, 113, 125, 131, 206,
235, 240, 267, 277, 299, 301, 308, 312 ; II, pp. 15, 18, etc. De plus, les noms
en -scheid, sans compter ceux en -roth également fréquents, abondent dans
toute la région située entre Dusseldorf et la Sure, et même en-deçà : l'auteur
de la Front. Ling. en a compté 30 sur la feuille de Malmédy de Liebenow,
9 dans celle d'A'x-la-Chapelle,33 dans celle de Neuerburg, 14 dans celle de
Bernkastel et 22 dans le Luxembourg (5). Moi-même, j'en ai relevé davantage,
sur des feuilles de l'état-major allemand. Et si l'on y ajoutait les lieux dits !
Si l'on devait en croire le livre de la Frontière Linguist., I, p. 31 et 555, les
Allemands, se trouvant trop resserrés, firent irruption dans la forêt, la cognée
en mains, et y fondèrent bientôt de nombreux villages dont les noms en rode
et ert ne peuvent guère remonter au delà du IX^ siècle (Attert, Almeroth,
Bonnert, etc.) Dans une autre région ardennaise, au moins aussi peu fertile,
c'est-à-dire les Hautes Pagnes, on trouve vers 670 : Sicco Campo Setchamps,
la Yia Mansuerisca, les petits ruisseaux de Stagnebachus le Steinbach, de
Didiloni rivus et de Rarobacco, la colline boisée de Vulfebergo, la plantation
de Helmini roboretwn, la source cVAlba Fontana, Summa Siggino Aviaco et
sa vanne, Audastvilare, Refta Recht, toutes dénominations attestant que
les colons germaniques s'étaient rencontrés déjà depuis un certain laps de
temps avec les Romains.
D'autre part, l'enquête sur les noms géographiques dont l'étymologie est
(1) Cf. aussi Pirenne, Ilist. de Belg., p. 14 ; Bulletin du Touring Club de Uelg., no du 30 Janvier
•1908, art. signé Heino, p. 27, dans lequel je relève cette fleur : « Notre Luxembourg est encore tout
en forêts.
(2) Cf. Jullian, Hist. de la Gaule, I, p. 94.
(3) Ce sont, outre TEeslick actuelle, une partie du Teutoburger W., voisine d'Osnabriick apparemment
(Oesterley, Histoir.-Géog. Wôrterb.. p. 447) et une forêt, plus rapprochée, située de ce côté du Rhin
(Lacomblet, 1, nos 310 et 343). Le nom de VHarcijnia s., lui-même, n'est resté qu'au Harz,
(4) Voir notamm. celle jointe à la Front. Ling,
(b) P. 539,
— 330 —
germanique, a prouvé au savant écrivain de la Frontière Ling. (voir pp. 256-
3',KS) que la région colonisée par les Francs du VI^ au VIII^ siècle dépassait
la limile actuelle, englobant les localités de Meix-lc-Tige, Hollange, Stein-
bach, Lutremange, Lutrebois et Villers-Tortrue, au moins ! Les « pacifiques
ombrages» de la «vaste et profonde forêt», «largement étendus entre les Gallo-
Homains et les barbares » à l'origine, se trouvaient, venons-nous de voir, de
ce côté de la frontière. Mais dans l'espace entre les villages de Mussy-la-Ville,
Baranzy, Sivry, Witry, Assenois, Bastogne, Wardin, Tavigny, Ancy, Cherain,
Sterpigny, Bovigny, Giveny — qui, d'après lui, sont tous d'origine gallo-
romaine (cf. pp. 465, 466, 478, 489, 492, 495, 504, 509, 512, 513, 515 et 518) —
et la zone franque des VIe-VIIIe siècles, il n'y a pas de quoi justifier l'adverbe
largement joint au participe étendus.
Je connais l'objection que plusieurs vont me poser : « Avant l'arrivée des
nouveaux colons aux points frontières, les bois ont pu recroître à l'emplace-
ment des villas romaines abandonnées ! « Mais que l'on me dise auparavant
combien il a fallu de temps approximativement pour que des bâtiments
semblables — où entraient avec parcimonie chaux et ciment — disparussent
complètement ! Que l'on me dise également ce qu'il faut penser de nos
Maceriae, Macerielum, Tiimbeiiim, Hofstalt, même en restant dans le domaine
de la toponymie ! Et puis, quelle origine ont Kerschen, INIessancy, Clémency,
Fingich, Toernich, Arlon, Sesselich, Hachy, Warnach, Surré, Troine, etc. ?
Enfm, — pourquoi ^I. K. et ses défenseurs ont-ils paru vouloir l'éluder ? —
on découvre assez fréquemment en deçà de la frontière des idiomes, même au
cœur des bois, aussi bien qu'au delà, des cimetières et des objets présentant
tous les caractères de l'époque mérovingienne. Il n'y a pas à en douter : les
Francs se sont établis en Ardenne comme ailleurs en petit nombre, soit ; mais
ils s'y sont établis, et ce petit nombre est encore relativement important, à en
juger par la quantité de sépultures inhumées à ce jour.
Maintenant, qu'on me dise de quel côté se trouvent le plus de faits précis
et conçoit-on qu'au nom d'une théorie aussi discutable que celle de M. K.,
quelqu'un ait pu écrire que mes efforts n'ont servi tout simplement qu' « à
mettre en doute le témoignage des documents du moyen-âge » ! (1)
2. Il me faut dire également un petit mot de la critique qu'a faite M. Feller
de ma notice, dans le Bulletin du dictionnaire général de la langue wallonne,
ns 3-4 de 1911, p. 119-125. M. F. se demande si j'ai bien saisi la portée des
théories que j'entreprends de réfuter. Est-ce ma faute si, avant que je ne me
mette à écrire, d'autres les ont comprises dans le même sens que moi ! (2)
Quant à la contradiction qu'il relève dans la toute première phrase du
(1) Depuis 'a rédaction de ces lignes, j'ai eu l'occasion de faire un peu plus connaissance avec mon
honorable et savant condradicteur, qui a dii m'avouer que mon explication est possible. Ceci obtenu,
je lui pose la question autrement : Pourquoi la limite n'csl-elle pas à Priim et à l'Idarwald?
(2) Par exemple, M. F. ferait bien, dans l'intérêt de la science, de nous donner la vraie teneur
(avec garantie) des passages suivants de la Front Ling. : p. 14, il (titre), -123, 128, 148 ( » la roma-
nisation de La Hulpe paraissant antérieure à l'époque — Xllle siècle — où sont nés la plupart des noms
de lieux » ) -167 ( a le XlIIe siècle, c.-à-d. l'époque où la toponymie rurale ne venait que de naître i ),
221, etc.
— 331 —
chapitre préliminaire, ignorait-il que cette contradiction se trouve précisé-
ment dans le passage auquel il renvoie dans sa note 1 de la page 120: j'en ai
à peine changé quelques termes ! Et le vocable trabloux, où M. Feller 1 a-t-il
noté comme nom commun en patois gaumet actuel ? Il oppose l'étymologie
de M. Kurth (jiiseranum et susseranum) à celle que je propose (sufï. germ. -ing)
pour Juseret et Susseret, mais sans prouver non plus que -anum devient -et
en chestrolet. Langloie n'est pas identique à Longolare Longlier, puisqu'en
896 il est écrit Anglaria (Halkin et Roi. Cartul. de Stavelot, p. 116). De plus,
M. F., qui a écrit quelque part que la toponymie démontrera de plus en plus
que les Francs se sont glissés par petits groupes par les interstices de la forêt,
si la masse n'a fait que la côtoyer — ce qui implique ou bien que le noms de
lieux wallons à étymologies germaniques ont été créés par eux, ou bien qu'ils
ont été appliqués par les wallons à l'aide de termes empruntés aux thiois,
et d'une façon comme de l'autre, ce qui confirme ma théorie des îlots allo-
glottes — . M. F., dis-je, me reproche encore l'absence de distinctions pruden-
tes entre vocables d'origine franque appliqués par les Francs mêmes, et ceux
de même origine appliqués par les Romains. A part pour le qualificatif cron,
je ne crois pas le reproche fondé. Lorsque les endroits auxquels ces sortes de.
noms ont été donnés, sont situés sur la limite des idiomes, il y a une forte
présomption en faveur de l'hypothèse de fondations germaniques.
L. R.
Premier comte de la Roche
AVANT- PROPOS
L'histoire nous a conservé si peu de souvenirs de la vie
du premier comte de la Roche qu'il nous sera impossible
de porter sur l'homme et sur l'administrateur un jugement
formel et absolu. Notre dessein ne peut donc être de tracer
le véritable portrait du fondateur de la Roche. Tout en
nous gardant des suggestions parfois trop fallacieuses de
l'analogie autant que des errements d'une imagination
mal bridée nous n'avancerons, en dehors des données histo-
riques, que ce qui aura quelque droit a être logiquement
appliqué à notre héros et, par conséquent, ce qui pourra
être crû au moins avec vraisemblance.
— 333 —
§ 1er. — Naissance de Henri.
L'antique oppidum Aduaiicorum placé au confluent de la Sambre et de la
Meuse devint, au moyen âge, le castrum Namucum (1). Ce dernier était un
bâtiment oblong, revêtu d'épaisses murailles et flanqué de huit tours
élancées (2). Les eaux calmes d'un étang aujourd'hui disparu mouillaient
ses robustes assises et reflétaient l'image fidèle du manoir des comtes de
Namur. Il ne reste de ce castel féodal qu'une amorce de voûte issant d'une
des deux tours que renferme la première enceinte de la citadelle bâtie, au
commencement du XIX^ siècle, dans les limites de l'ancienne. C'est dans ce
« chastral riche et fort redouteit » (3) sinon au manoir de Floreffe, séjour
fréquent (4) des comtes de Namur et futur berceau des fils de saint Norbert
en Belgique (5), que naquit, vers 1068, le fondateur de la dynastie rochoise.
Son père, Albert III de Namur, était un prince opulent et un vaillant capi-
taine (6). La comtesse Ida, sa mère, unie en premières noces à Frédéric de
Luxembourg, était fille de Bernard II de Saxe (7).
A la mort du comte namurois arrivée le 22 juin 1102 (8) Henri l'un de ses
fils avait obtenu la Roche et son teriitoire.
§ IL — Sa famille.
La famille du premier comte de la Roche fut l'une des plus nobles de la
Lotharingie et ])rilla aux premiers rangs de la société. Le cardinal Frédéric,
(1) SiGEBERTUs Gemblacensis, Clironicd cum omnibus aiictariis dans les MONUM.
GERM. SCRIPT., T. VIII, p. 327.
(2) Galliot, Histoire générale ecclésiastique et civile de la ville et province de Namur,
Liège, 1788-91, T. III, p. 31.
(3) R. P. DE Marne, Histoire du comté de Namur, Liège, 1781, T. I., p. 257.
(4) R. P. Bertholet, Histoire civile et ecclésiastique du duché de Luxembourg et comté de
Chinij, Luxembourg, 1741-43, T. IV, livre 31, p. 5.
(5) Chanoine V. Barbier, Histoire de l'abbaye de Floreffe, Namur, 1S92, T. I., p. 1(5.
(6) B. Delescluze, Le comté de laRoche et le tribunal de la Paix dans BULLETIN DE
LA SOCIÉTÉ D'ART ET D'HISTOIRE DU DIOCÈSE DE LIÈGE, T. IX, pp. 263 et
passim.
(7) M. S. P. Ernst, LUsloire du Limbourg, édition Lavalleye, Liège, 1838, T. II, p. 78,
et note 4.
(8) R. P. de Smedt, Vilasancti Huberli dans ACTA SANCTORUM, T. I de novembre,
page 765, fait suivre le nom d'Albert III des dates 1063-1105 et renvoie à la note 3 qui
dit : Cfr. J. Borgxet in BIBLIOGRAPHIE NATIONALE (de la Belgique), T. I, pp.
197-198.
EuG. DEL Marmol, Rechcrches sur les comtes de Namur du nom d'Albert dans les ANNA-
LES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, T.X, Ire livraison, Namur,
1868, écrit après le nom d'Albert III, f : en 1105 ou 1106.
Albert III est mort en 1102. C'est prouvé par Bresslau et Vanderkinderc. Les deux char-
tes de 1105 qui ont retardé sa mort jusque 1106 ne sont pas authentiques dans leur forme
actuelle. En outre Godefroid, son fils aîné, est comte de Namur en 1102, d'après une charte
originale publiée dans V. Barbier, Histoire du Chapitre de Sclcnjn, p. 233. Nous lisons
aussi dans VObituaire de Saint-Gérard, publié dans les ANALECTES POUR SERVIR
A L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, 2^ série, T. H, p. 325 : « X Kal. Julii, Adalberlus
cornes Namurcensis. » La date précise du décès du père de Henri I de la Roche est donc le
22 juin 1102.
— 334 —
fils de Gothélon I*"'', duc de Lothier, était le grand oncle maternel de Henri.
]\Ialgré la confiance dont ce prince de l'Eglise jouissait auprès de la cour
romaine, Frédéric renonça aux honneurs humains et échangea, au Mont-
Cassin, l'habit de conseiller papal contre le froc sévère des fils de saint Benoît.
Laniodestiedece cardinal devenumoine,decenoble de la maison d'Ardenne(l)
était telle que son étonnement égala sa douleur lorsque, le 2 août 1047, il
se vit salué pape sous le nom d"Etienne X. Le nouveau pontife animé déjà
de l'esprit de réforme et, en cela, précurseur de Grégoire VII, s'employa
surtout à former dans les prêtres la sainteté qui en fait de dignes ministres
de Dieu. Une violente et soudaine maladie le surprit à Florence où il mourut
le 29 mars 1058 (2).
Si nous parcourons la lignée des ancêtres du premier comte de la Roche,
nous rencontrons Charles de Lorraine, duc de Lothier, dont la fille Ermen-
garde avait épousé Albert pr de Namur. Ce prince était le frère de Lothaire,
roi de France, fils cadet de Louis IV et petit-fils de Charles le Simple descen-
dant direct de Charlemagne. Le comte rochois était duc de vieille et illustre
noblesse.
Godefroid, frère aine de Henri, succéda à son père comme comte de Namur.
Le cadet (3) également nommé Godefroid (4) obtint Durbuy en apanage.
Frédéric, fils aussi du comte namurois, fut formé à la piété par son aïeule
Régelinde, sœur du pape Etienne X, laquelle, devenue veuve, s'était consa-
crée à Dieu dans la retraite. Envoyé à Liège pour y fréquenter l'école si renom-
mée de la cathédrale, le noble adolescent y acquit une solide instruction. A
la mort de l'évêque Otbert, la majorité des suffrages du clergé du diocèse
et de la cathédrale se porta sur la personne de Frédéric alors prévôt de Saint-
Lambert. Le saint évêque mourut le 27 mai 1121 empoisonné par les par-
tisans de son compétiteur au siège épiscopal (5).
(1) Ardiienna est formé de deux mots celtiques ar et gwenn devenu duenn qui signifient
la fagne ou, ce qui est moins sûr, haute fagne. L'étude mieux approfondie de rétymologie
A' Ardiienna m'a fait abandonner l'opinion d'un crudit allemand dont je me fis l'interprète
dans mon étude Le comté de la Roche (ANN. INST. ARCH. DU LUX., T. XLVI, p.
255.) pour adopter celle de M. Kurth exposée dans REVUE DE L'INSTR. PUBL. EN
BELGIQUE, T. XVIII, pp. 408-411.
(2) J.-E. Darras, Histoire générale de l'Eglise, Paris, 1857, T. III, pp. 81-83.
(3) Cantatorium, édition Hanquet, Bruxelles, 1906, p. 42 note 3, p. 221, note 1, p. 255,
note 1, émet sur le nombre et l'âge des fils d'Albert III, des données qui se contredisent.
(4) Il est rare que deux enfants d'une même famille soient désignés par le même nom.
Au cours de mes lectures je n'ai plus rencontré ce fait que dans les Archives de Ste-Ode,
parchemin H H, à L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, à Arlon.
Le 20 août 1598, ai -je vu, ont comparu par devant les Prévôt et hommes du château ville et
comté de la Roche en Ardenne le vieux Jean Rollè de la Vacherie, maiieur du dit lieu, et le
jeune Jean Rollé, son frère... Les fils d'Albert III du nom de Godefroid devaient aussi
avoir leur cognomen pour les distinguer. Nous touchons d'ailleurs à l'époque où chacun
portera deux noms, le nomen (nom de baptême) qui deviendra notre prcenomcn et le
cognomen, qui est aujourd'hui le nomen, le gentilice ou nom de famille et c'est
précisément l'homonymie qui a été une des premières causes de cette double appellation.
(Voyez A. Ginv, Manuel de diplonmtique, Paris, 1894, p. 352).
(5) Ch. Pollet, Histoire ecclésiastique de l'ancien diocèse de Liège, Liège, 1860, II, pp.
271-275.
— 335 —
Albert, autre frère de Henri, appelé de la Roche quoiqu'aucun document
diplomatique connu ne lui décerne ce titre, élut son séjour en Palestine. Veuf
en premières noces, Albert épousa en 1119 Manille, veuve de Hugues du
Puiset, qui ne lui présenta pas d'enfants. Le roi Bauduin H de Jérusalem lui
donna, à l'occasion de ce mariage, la ville de Jaffa (1).
Pour faire connaître tout ce que je sais de la famille d'Henri l^r^ il me
reste à dire quelques mots de son neveu qui s'appelait Frédéric et qui était
fils du premier lit d'Albert. Frédéric de la Roche tenait sa dénomination
nobiliaire de son père Albert chez qui elle peut s'expliquer par le partage
des biens maternels : Godefroid, nous l'avons dit, avait les biens du père, le
comté de Namur, Henri et Albert furent dotés de ceux provenants de la
mère lui laissés par son premier mari le duc Frédéric de Luxembourg :
Henri hérita du comté de la Roche et de l'avouerie de Stavelot et Albert dut
recevoir quelque apanage ou dignité de ce même comté. Frédéric, prévôt
et archidiacre de Liège, partit en 1141 pour la Palestine afin d'aller baiser
le sol où reposaient les cendres de son père et pour y vénérer les lieux qui
furent le théâtre des grands mystères de la foi catholique ; peut-être le gain
ou les honneurs s'ajoutaient-ils aux motifs plus nobles de cet exode. Tels
beaucoup de nos compatriotes belges qui voguent aujourd'hui vers le conti-
nent africain. Bel homme, peu lettré, mais d'une prudence rare il fut évêque
de Saint-Jean-d'Acre, anciennement Ptolémaïs, puis archevêque de Tyr.
L'abbé de Florennes et l'ancien prévôt de Saint-Lambert ont dû jadis se
rencontrer et se lier d'amitié dans la ville de Liège: ainsi s'explique aisément
pourquoi Frédéric envoya de sa ville épiscopale au monastère namurois,
parmi d'autres reliques, une partie du chef de saint Jean-Baptiste le Pré-
curseur (2). Monseigneur Frédéric de la Roche mourut à Naplouse, le 30
octobre 1174, et fut inhumé à Jérusalem. Son oncle, le prince-évêque de Liège,
avait, lui aussi, visité les Lieux-Saints et son neveu Richard, fils de Gode-
froid de Durbuy, et évêque de Verdun, y avait rencontré la mort, en 1171,
au cours d'un pèlerinage (3). Ces voyages fréquents vers la Palestine à cette
époque trouvent leur explication en ce que les croisades ont rendu l'idée de
ce long itinéraire moins effrayante ; puis, la traversée et le séjour là-bas
sont facilités par les Chevaliers de Saint- Jean, les Templiers et l'ordre
Teutonique. Ajoutons que les rois de Jérusalem et plus tard les empereurs
latins ne pouvaient manquer de protéger dans ces pays lointains des euro-
péens de leur nation et surtout, comme ici, de leur famille.
§ III ^ — Son adolescence.
L'histoire ne nous apprend rien de Henri que de l'avoué. L'officier public,
le justicier, l'administrateur, le guerrier et le lettré nous restent inconnus.
(1) D. Ursmer Berlière, Frédéric de la Roche dans ANNALES DE L'INSTITUT
ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, T. XLIII, p. 70 et passim et S. P. Ernst,
Des comtes de Durbuy et de la Roche au XI^ et XII" siècles, Liège, 1836, p. 10 et passim.
(2) M. l'abhé Gustave Mauclet, Saint- Jean-Baptiste, sa vie, son culte à Florennes,
Namur, 1904, p. 39.
(3) L. Vanderkindere. La formcdion territoriale des principautés belges au moyen-âge,
Bruxelles, 1902, T. II, p. 225.
— 336 —
Nous ne pouvons non plus le suivre dans sa vie intime pour surprendre sa
piété et son cœur. Si j'envisage pourtant notre comte sous ces diiïérents
aspects ce n'est qu'un prétexte pour esquisser son temps et dépeindre la
société médiévale qui seront comme le base d'albâtre à travers lequel nous
devinerons îissez sûrement les faits et gestes de notre héros.
fleuri, lils de famille noble, reçut une culture littéraire sous des maîtres
distingués.
Déjà à l'époque carolingienne Liège, notre ville épiscopale, avait donné
des signes remarquables de vitalité intellectuelle (1). Sans compter l'école
palatine aux côtés du souverain, il y a en ce moment la savante école de la
cathédrale sur les bancs de laquelle s'est assis Frédéric, fils comme Henri
du comte namurois et qui ceindra la mître après Otbert. Chaque paroisse
devait aussi posséder une école attenante à l'église ou au presbytère et qui
distribuait gratuitement les connaissances les plus élémentaires aux enfants
du travailleur penché sur la glèbe. C'est dans l'école externe des abbayes
que les mains des moines rompent le pain de la science aux fils des familles
plus aisées, tandis que les portes de l'école interne s'ouvrent devant les pieux
adolescents qui se destinent à la prêtrise (2). L'éclat que jettent les hautes
études ne pâlira que bien tard dans le rayonnement des universités. Cette
période d'âpre attachement à l'étude et de grandeur intellectuelle, instaurée
dans le diocèse par nos évèques, devient entre leurs mains, au moment oppor-
tun, un puissant levier pour relever les prêtres asservis à l'esprit de vassalité
et les isser à la sainteté de leur état. Humble, austère, amoureux de la science,
l'abbé Thierry a fait de Saint-Hubert, l'abbaye la plus célèbre du monde par
le nombre et la ferveur de ses religieux. C'est là apparemment qu'a étudié
le jeune Henri, car ses parents s'y rendent quelquefois par dévotion (3), le
comte namurois est un bienfaiteur de l'abbaye (4) et, le 27 août 1086,
Albert HI se mêle à la pieuse assemblée venue pour assister aux funérailles
de l'abbé Thierry (5). Waulsort et Hastière, étages le long de la Meuse qui
traverse, avec le calme de l'intime jouissance, le tableau grandiose et la
majesté sauvage d'une nature vierge, sollicitaient aussi à l'envi les préfé-
rences du jeune namurois. Les moines stavelotains, de leur côté, se croyaient
peut-être quelque droit à voir venir se placer sous leur férule le fils de leur
avoué.
(1) Chanoine A. Gauchie, La querelle des investitures dans les diocèses de Lièqe et de Cam-
brai û^ns HECVEIL DE TRAVAUX PUBLIÉS PAR LES MEMBRES DÉ LA COM-
MISSION D'HISTOIRE sous la direction de M. Ch. Moeller, 2" fascicule 1890, Introduc-
tion, p. XLVII et F. A. Specht, Geschichle des Unterrichtsivescns in Deulschlcmd, Stutt-
fîart, 1885, p. 337.
(2) V. Habran, Le comté de ta Roche et le comté de Nannir'dans le Lothier, p. 41 : His-
toire de la France, Paris, 1746, T. VII, XI^ siècle, Etat des lettres en France pendant ce siècle,
§ XXVIII, pp. 23-24 et D. U. Berlière, Les écoles abbcdiales au moijen chje (écoles externes)
p. 500 dans Le MESSAGER DES FIDÈLES, Maredsous, 1889.
(3) Cantatorium, pp. 42-43. Quand l'édition n'est pas indiquée, il s'agit de l'édition de
M. Hanquet, professeur à l'Université de Liège.
(4) Ibidem, pp. 120, 133 et 186.
(5) Ibidem, p. 127.
— 337 —
Henri apprit le latin, le calcul digital, connut de mémoire tout le psautier(l).
Sous la direction d'Helbert (2) Texécution des mélodies calmes et graves de
l'ofTice liturgique, écrites en notation diastématique autour d'une ligne lon-
gitudinale tracée avec un style à la pointe sèche dans l'épaisseur du vélin,
lui était familière aux yeux étonnés des vieux moines qui voyaient cet ado-
lescent si bien chanter à vue ce qu'ils n'avaient eux-mêmes appris que par
l'oreille (3). A partir de cette époque, les compositeurs commencèrent à
perdre de vue la simplicité primitive, la discrétion dont l'art grégorien s'était
longtemps fait une loi (4). Notre étudiant s'adonna ensuite, pour autant qu'il
eut de capacités, aux études littéraires et scientifiques. Chaque classe ne pou-
vait compter ordinairement plus de dix élèves. Les fêtes chômées étaient
nombreuses et suffisaient, autant que nos vacances actuelles, pour reposer
l'esprit et ravigoter les muscles de la jeunesse estudiantine du moyen âge.
Les élèves étaient assis et à distance les uns des autres. On s'imagine sans nul
effort comme la verge d'un bon maître ardennais venait de temps à autre
caresser l'échiné du jeune espiègle namurois. Le livre classique n'existait
pas. Les professeurs, bibliothèques vivantes, qui se faisaient une gloire de
distribuer pour rien les fruits d'or de la science, vieillissaient dans le métier.
Le maître commentait les chefs-d'œuvre de la littérature chrétienne et
païenne et donnait beaucoup d'importance à la versification. Nous igno-
rons si la langue grecque figurait au programme des études (5). L'ensei-
gnement comprenait aussi, avec quelques notions de droit, la rédaction des
actes officiels, la géographie, surtout l'arithmétique avec l'emploi du zéro
et des chiffres dits arabes quoique d'origine indoue, l'histoire naturelle, la
géométrie et même l'astronomie puisque nous voyons l'évêque Eracle, au
X<^ siècle, apprendre à des soldats, qu'épouvantait une obscurité survenue
en plein jour, comment l'éclipsé du soleil est un phénomène naturel (6). La
dialectique est estimée dans le Lothier au XI*^ siècle et prélude à la grande
théologie scolastique du moyen âge. Encore et toujours les savants se pré-
occupent des deux fausses sciences l'alchimie et l'astrologie. La médecine est
fort primitive et l'hygiène quasiment inconnue : on entend les échos de
Salerne et de Afontpellier.
(1) G. KuRTH. Nolger de Liège, pp. 270-271 et passim.
(2) Cantatorium, p. 25 et F. -A. Speciit, op. cit., p. 140.
(3) Le plain-chant issu de la cantilène hébraïque et de la musique grecque possède une
«raphie qui lui est propre et qui a son histoire. Durant le premier millénaire, elle n'a guère
à sa disposition pour liourer la mélodie et sa rythmique que des lettres puis des points et
des accents : c'est la notation neumatique, elle n'est qu'un aide-mémoire. Au XP siècle,
Gui d'Arezzo traça des lignes sur et entre lesquelles ce moine disposa les neumes : c'est la
notation diastématique ; celle-ci est précisée pour l'œil. Que la notation s'affirme dès les
XIV «^ et XV "^ siècles en notes carrées et losangées c'est simple évolution calligraphique.
(4) Ant. Auda, L'Ecole liégeoise au XI I" siècle. L'office de Saint Trudon, Paris, 1911,
p. 17. Ce fut le premier pas vers cette décadence de la cantilène ecclésiastique que les
siècles suivants jusqu'au milieu du XIX« ne feront qu'accentuer et qui seront, peut-être à
jamais, les témoins du naufrage de la notion authentique du rythme propre au plain-chant
et de l'exécution traditionnelfe intégrale de ses signes graphiques.
(5) F.-A. Specht, op. cit., p. 104.
(fi) G. KuRTH, Nolger de Liège, l, 286.
— 338 —
Chargé de. ce bagage scientifique acquis à l'école des moines, les clercs
comme Frédéric (1), frère de Henri, se rendaient sous les voûtes de Técole
épiscopale pour s'y assimiler en plus la théologie, l'exégèse, la liturgie, le
droit canon et la patristique.
A l'heure où Henri viendra habiter l'Ardenne, cependant que le peuple
créera ces légendes romanesques que nous retrouvons trop souvent dans
l'histoire liégeoise, la plume très lettrée d'un moine hubertin (2) retracera
tout un demi-siècle de l'existence de sa chère abbaye, sa vie intérieure,
ses contacts et ses heurts avec la société de cette époque en résumant
les chartes de la seconde moitié du XI^ siècle et, ainsi même, cet
érudit fortifiera du sceau de la certitude cette œuvre historique, la
Chronique de Saini-Hubert dite Cantaiorium, si remarquable même parmi
les écrits du moyen âge. Nous devons ici déplorer, avec des larmes dans la
voix, l'incendie du 5 juin 1130, le plus grand désastre qu'ait atteint les archi-
ves de l'abbaye de Saint-Hubert pendant le cours de sa longue existence (3)
parce qu'il a complètement privé nos mains de ces volumineux manuscrits
en papyrus ou en parchemin que Henri a dû connaître par Robert, le moine
bibliothécaire, et qui, à nos yeux curieux et ravis, auraient sans nul doute
révélé par le menu, sous leur écriture cursive ou Caroline, l'histoire intellec-
tuelle, agricole, religieuse et sociale de l'Ardenne dans le haut moyen âge.
IV. — Son mariage.
Lorsque lui échut la couronne comtale, Henri pouvait avoir vingt-huit ans,
c'est-à-dire la fleur de l'âge, de la piété, du talent et de la distinction. C'est
alors sans doute que le gentilhomme mit sa main dans la main de Mathilde,
comtesse de Limtaourg, fille de Henri l^"^, de la maison d'Arlon, comte de
(1) n Sa lettre à l'église de Malines, dit M. le chanoine Balau, Les sources de l'Histoire de
Liège au moyen âge, 1903, p. 177, seul écrit qui nous reste de l'évêque Frédéric, révèle du
talent et des connaissances. L'auteur y prend la défense du prévôt de cette église et prouve
par divers exemples qu'un serment arraché par la violence ne lie pas la conscience. »
Cette lettre est reproduite dans Martine et Durand, Ampl. Coll., T. I, col. 653 et suiv.
(2) C'est ce clerc qui le premier se servit d'une dénomination latine, Rupes (Cant.,
pp.l32 et 255), pour traduire Roca, Roka, Rocha, lu Rotza (la Rouche, la Roiche, la Roche),
appellation romane qui servait à désigner un travail dcdéfense,laforteresse d'un seigneur,
un château fort. La traduction est donc fautive puisque rupes signifie la roche, le rocher,
mais en rendant Roca par Rupes, le moine hubertin a procédé comme les écrivains de son
temps qui attribuaient aux noms de lieu un sens d'après l'analogie de son des syllabes.
C'est ce principe qui leur faisait traduire p. e. Sannois par Cenium Xuces ; ils seraient restés
aussi logiques en le traduisant par Sine Xuce (Voir A. Giry, op. cit., pp. 399 et 404). La
traduction correcte de la Roche est castellum ou casfrum, termes classiques ou Finnitas,
terme féodal, mots que nous rendons aujourd'hui par la forteresse et qu'on traduisait par
Roca, la Roche. La dénomination vulgaire du château a prévalu et elle a passé à la ville
qui la garde et dont il fut le noyau.
(3) G. KuRTii. Chartes de l'abbaye de Saint-Hubert, Introduction, pp. IV-V et Friede-
RicH Cramer, Geschichte der Erziehung und des Unterrichtes in den Niederlanden ivùh-
rend des Mitlelalters, Stralsund, 1843, pp. II M 12.
— 339 —
Limbourg et créé duc de Lothier le 25 décembre 1101 (1). Mathilde était la
cousine de son noble époux par son bisaïeul Frédéric de Luxembourg (1065),
premier mari de Ide de Saxe qui avait convolé en secondes noces avec Albert
III de Namur. Cette noble personne était éclairée, cultivée et instruite.
Jusqu'à son mariage, prière, étude, vertu, travail telle a été sa vie : nul doute
qu'elle va prendre sa part de tous les soucis et de tous les travaux du comte
de la Roche. INIathilde sera pour son fidèle mari, une lumière, un charme, un
secours et un repos ; et, certes, le château de la Roche deviendra le sanctuaire
d'une véritable famille patriarcale où la théologie est toute en sentiment et
la morale toute en action.
De leur union naquirent : P Godefroid, qui fut le deuxième comte de la
Roche ; 2^ Mathilde qui épousa en premières noces (2) Thierry de Walcourt,
dont la fille Béatrix maria Winand de Houfïalize et le fils Werry III Gerberge,
comtesse de Alontaigu ; 3° Henri II qui succéda à son père Godefroid ; 4°
Béatrix. Beatrix et son fils Godefroid de Bréda seront présents, en 1152, à
l'acte par lequel Henri II de la Roche donnera à l'abbaye de Saint-Hubert
une chapelle située en Freyr.
V. — Sa piété.
L'éducation que Henri reçut à Namur à l'ombre de l'église Saint-Pierre (3)
l'atmosphère religieuse de l'école monastique, ses relations professionnelles
avec les moines stavelotains et ses visites amicales et pieuses à l'abbaye
de Saint-Hubert avaient dû infuser dans l'âme de notre comte une piété
aussi éclairée que sincère et ardente. Levé tôt, le comte fait sa prière; puis,
la lourde porte du castel où se révèle plus de solidité que d'architecture.
(1) L'existence et le mariage de cette princesse, dit Ernst, op. cit., p. 272, se prouvent
par une pièce de l'an 1148 tirée des archives de l'abbaye de Stavelot et publiée par Dom
Martène dans VETERUM MONUM. AMPL. COLLECT., I, II, p. 125 et ANNAL.
BENEDICT., lib. 79, § 38, T. VI, p. 450.
Cette charte est reproduite par J. Halkix et G. -G. Roland, Chartes de l'abbaye de Sta-
velot-M almedij, T. I, n" 208, p. 413, où nous lisons : ...Heinrico de Rupe et Heinrico de
Lembarch, quorum aller, id est de Rupe, udvocatus ecclesie nostre eral et allerius Heinrici
amite filius... Henri de la Roche ici mentionné est Henri II, fils de Henri I, dont nous
racontons l'histoire, et ce Henri de Limbourg est Henri II de Limbourg. Le premier Henri
II de la Roche, est fils de la sœur du père de Henri H de Limbourg, le texte de cette charte
l'indique clairement^:; or, le père de Henri II de Limbourg est Waleran, fils de Henri I de
Waleran Limbourg. 'Donc, Henri I de la Roche, père de Henri II de la Roche, a marié la
sœur de Waleran c'est-à-dire la fille de Henri I de Limbourg, qui est Mathilde.
(2) Gisleberti Chronicon Hanoniense, édition Vanderkindere, p. 77 et note 1 de la page
151 et Chronica Albrici monachi irium fontium a monacho novi monasterii Hoiensis inter
polata, dans M. G. H. SS., T. XXIII, p. 853.
(3) Cette église collégiale desservie par douze chanoines était placée à la pointe du donjon
du château et dominait la ville de Namur. (V. Barbier, Obitnaire du chapitre de Saint-
Pierre cm château de Namur Louvain, 1905, pp. 5-6.)
22
— 310 —
grince sur ses gonds et Henri, accompagné de la comlesse et de leurs enfants,
descend à la petite église de la lîoche (1).
Juscpralors les églises avaient été conslruiles eu bois et en torchis, mais
ou commence à employer la pierre. L'église Saint-Gilles à Saint-Hubert,
lillc de cette époque, est un type remarquable du style roman dans sa plus
sévère expression (2). A la Roche, la chapelle due à l'influence de la
famille princiére était sans doute en pierre et, Charlemagne déjà l'avait
ordonné pour toutes les églises de l'Empire, ses parois trahissaient une sobre
polychromie sans perspective linéaire ou aérienne mais qui était un enseigne-
mentpourllenrietses pieux rocliois(3). L'entretien des églises incombait aux
décimateurs : les guerres ruineuses qui éloignaient souvent les seigneurs de
leur famille et paralysaient l'agriculture n'était pas de nature à contribuer
à la richesse des édifices du culte.
L'église où Henri va entendre la messe est une pièce rectangulaire, non
voûtée, mais lambrissée à la mode antique, petite, aux fenêtres étroites, sans
mobilier ni sacristie. Dans le chevet plat, s'ouvre une niche hémisphérique
moins élevée, où se dresse l'autel, simple pierre surmontée de la croix et des
chandeliers. Une peinture en indique le patron (4), saint Nicolas (5). Cet
autel est recouvert de deux nappes tissées sans doute par IMathilde. Est-ce
que deux siècles plus tôt Grimvara, la première femme connue de Marche,
n'avait pas fourni le couvre-autel à l'église de son lieu natal construite en
bois et dédiée à saint Remacle et ne revendiquait-elle pas pour elle seule
l'honneur de lessiver cet ouvrage sorti de ses mains (6)? Au-dessus de l'autel,
une tenture le protège contre toute immondice et des courtines brodées par les
damoiselles du château sont appendues aux deux côtés. Le missel recouvert
(1) La Roche était de la paroisse d'Ortho et de la chrétienté de Bastognc (archidiaconé
dit d'Ardenne, diocèse de I.iège). Son premier chapelain connu est Wcry, GiiiJcriciis, en
1152 (G. KuRTU, Charles de l'abbaye de Sainl-IIiihcrl, n» XCI, p. 117) ; le premier curé
connu d'Ortho est Lambert, en 1152 (Ibidem), et le premier doyen connu deBastot^ne est
Alard, en 1104 (Canlalorinm p. 246).
(2) Cette église paroissiale, au temps de Henri I de la Roche, avait déjà le titre de Saint-
Gilles, mais primitivement elle était dite de Saint-Denis (Canlalorinm, p. 243). L'antique
portail en voie de restauration situé du côté du midi et la crypte, sous le grand chœur,
faite avec des pierres provenant des ruines romaines d'Arlon (Canlalorinm, p. 49), visi-
bles encore actuellement l'un et l'autre dans l'ancienne église des moines à Saint-Hubert,
sont des vestiges émouvants de l'église abbatiale qui fut témoin des pieuses visites de Henri
de la Roche.
(3) Henry Lesêtre, La Paroisse dans Bibliothèque d'économie sociale sous la
direction de M. Henri Jolj- de l'Institut, 1906, pp. 38-39 et Chanoine Reusens, Elé-
ments d'archéologie chrétienne, Louvain, 1886, T. II, pp. 409-410.
(4) N.TII.T.1ÈRK, Histoire de Sainte-Marie à Nochet, Namur, 1909, p. Cl. Cette simple
image est l'origine de nos gigantesques et peu esthétiques retables actuels.
(5) La plus ancienne mention du patronage de saint Nicolas pour la Roche, à ma con-
naissance, date du 14 décembre 1352 : al englize sancl Xicolai/ del roichc est-il écrit dans un
testament (Greffe scabinal de la Roche). Déjà, le 2 avril 1076, l'évêque de Metz consacra
une chapelle où l'on voyait un autel de Saint-Nicolas dans l'église abbatiale de Saint-
Hubert (Cantcdorium, p. 95) et l'on peut dire que le culte de ce saint est resté populaire
jusqu'aujourd'hui en Ardenne.
(6) G. KuRTH. Marche et Waha dans BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ART CHRÉ-
TIEN DU DIOCÈSE DE NAMUR, l<r fascicule, p. 17.
— 341 —
d"un linge propre est sur l'autel ainsi que le calice (1). Un mouchoir est attaché
à l'autel pour permettre au prêtre de s'essuyer la bouche et le visage. Il
ne se voit nulle part ni poussière ni toiles d'araignée. Une étoffe de lin recouvre
la piscine. L'Eucharistie est conservée avec soin dans une armoire fermée à
clef et encastrée dans le mur du côté du nord (2).
Mais attention ! Le chapelain a récité prime et la messe est commencée.
Les vêtements sacerdotaux sont blancs. Le manipule est long de deux pieds,
l'étole pend jusqu'au parement de l'aube. Le cordon, lemanuterge, le corporal,
tout est sans tache et sans déchirure. Sous l'aube le prêtre a revêtu une
tunique de lin.
Le comte de la Roche est au premier rang du côté du midi (3). Le prédi-
cateur parle en se promenant et son exposé simple et substantiel de la doc-
trine catholique est serti de multiples recommandations pratiques. Les
paroissiens feront leur testament en présence du curé de la paroisse et surtout
ils ne dilTcreront pas cet acte jusqu'aux angoisses de la mort ; les dettes y
seront clairement détaillées et, après avoir indiqué les moyens de les payer,
ils n'oublieront pas, dans leurs legs, la cathédrale Saint-Lambert, l'église
d'Ortho, leur chapelle, les monastères de la région. La veille de Pâques
et de la Pentecôte, les parrains et marraines devront porter les nouveaux-
nés à Ortho pour recevoir le baptême par immersion et, quand ces enfants
auront atteint l'âge de sept ans, les parents les conduiront à l'évêque lors
de son passage dam la paroisse pour la confirmation. Pour ce jour, il leur
couperont les cheveux qui pendent sur le front, leur laveront le front et les
muniront de bandelettes de toile épaisse, propre et blanche, sans couture et
sans nœud, d'une largeur de trois doigts et d'une longueur de deux pieds.
Trois jours après la confirmation, les parents amèneront leurs enfants à la
chapelle et le prêtre leur lavera le front, brûlera les bandelettes et versera
l'eau du lavage dans la piscine avec les cendres. La pénitence ne peut être
administrée à l'église avant le lever ni après le coucher du soleil et le ministre
de ce sacrement doit être revêtu du surplis et ne jamais regarder en face son
pénitent. Les rochoises se rendent à l'église par groupes et entrent au
(1) Les prescriptions se rapportant à la liturgie ou à la vie et aux devoirs du clergé men-
tionnées dans la présente étude ont été tirées, à moins d'indication contraire, des Statuts
synodaux de Jean de Flandre, évêque de Liège, du 2G février 1288, publiés en 1908, par
E. ScHOOLMEESTERS. Nous sommcs résolus, dit Jean de Flandre, dans le préambule, de
réunir dans une compilation unique les constitutions synodales de nos prédécesseurs, et celles
que nous portons et ajoutons aux leurs. Cette traduction est de Mgr le vicaire général de
l'évêque de Liège.
(2) G. de Waha, prévôt et châtelain de la Roche, demandait par son testament du 3 juillet
1620 à être enterré dans le chœur de l'éç/lise côté à l' opposite du lieu où le S. Sacrement repose.
(Cour féod. de la Roche aux Arch. de l'Etcd, à Arlon.)
(3) A l'église, les places d'honneur, comme généralement encore aujourd'hui, étaient les
plus proches du chœur et personne ne voulait être des derniers puisqu'il a fallu, à un cer-
tain moment, assigner sa place à chaque famille. Je trouve, en effet, qu'en 1673, deux famil-
les de Baconfov, qui occupaient le même banc à Tenneville, prétendirent un jour toutes
deux à la partie du banc qui touchait à l'allée du chœur. La lutte des coudes ne prit lin que
lorsque l'une d'elles eut donné une prairie à l'église pour avoir droit d'occuper la première
moitié du banc, l'autre famille devant dès lors se contenter des places du côté du mur
{Gref. scab. de la cour de Wiompont aux x\rch. de i'E., à A.)
— 312 —
confessionnal la tète et le cou voilés, les regards baissés. Les criminels
notoires sont expulsés de Téglise le mercredi des cendres et n'y peuvent
rentrer t[ui' le jeudi saint. C'est à l'église baptismale d'Ortho que tous,
vicaire et rocliois, entendent la messe aux grandes fêtes de Pâques, de la
Pentecôte, de Noël, de l'Epiphanie et de l'Ascension (1). A ces occasions,
tous les paroissiens reçoivent debout et dévotement, les hommes sur la
main nue, les femmes sur un linge, le corps de Jésus-Christ qu'ils portent à
la bouche, puis tous également boivent à la même coupe le sang du Sauveur
(2). C'est sous le lambris de cette église que l'esclave a acquis la liberté,
c'est entre ses parois décorées que le peuple trouve son théâtre, son forum
et son hôtel de ville, dans sa tour que la faiblesse en cas d'alerte cherche sa
défense, en face de son autel que les jeunes couples unissent solennellement
leurs destinées, à ses pieds que morts tous viennent se reposer.
Après la messe, le bangarde, sur la place devant l'église, proclame les
publications civiles. Accompagnons le vicaire jusqu'en sa demeure proche
l'église. La maison presbytérale est en torchis (3). C'est assurément parmi nos
montagnes, à la Roche peut-être, que ce prêtre a vu le jour. Il porte la tonsure
bien visible. Une longue chevelure inonde ses épaules et une belle barbe lui
descend sur la poitrine (4) ; mais, qu'il ne s'avise pas de la tortiller en pointes
sous les narines ! Les statuts veillent. Ses habits sont de dimension conve-
nable, de couleur unie et sombre, le manteau sans manches : c'est le costume
clérical (5). Si la personne qui sert à table où la frugalité est familière et les
excès de boissons inconnus n'est pas une proche parente, elle doit être âgée
d'au moins soixante ans. Défense est faite aux clercs de jouer aux dés ou de
s'associer aux joueurs. Les quelques manuscrits essentiels composent toute
la bibliothèque. On ne doit voir à la cure ni oiseau de chasse ni chien de
(1) J. Paquay, Les paroisses de l'ancien concile de Tonqres dans BULLETIN DE LA
SOCIÉTÉ D'ART ET D'HISTOIRE DU DIOCÈSE DE LIÈGE, T. XVlll, p. 14. Voyez
aussi Imbart de la Tour, Les paroisses rurales du IV au XI<^ siècle, 1900, p. 130
CDroits du cure au IX<^ siècle). Il appert d'un acte du 8 juillet 1580 que les paroissiens de
Tenneville,Baconfoy et Ramont recevaient du curé de Cens primum et ultimum sacramen-
tum et assistaient à la messe dans l'église-mcre les jours de Pâques, Noël et Pentecôte
(Arch. par. de Cens.)
(2) Th. Pierret. Manuel d'archéologie, Paris, 1870, n" 449.
(3) Encore au XVIIP siècle, le 22 février 1777, le curé d'Erneuville, dans une requête
présentée au Conseil provincial à fin d'obliger les décimateurs à remettre son presbytère
en bon état, écrivait qu'il ne pourrait plus habiter décemment sans risquer d'être pillé par
les vagabonds qui peuvent facilement entrer tant par les fenêtres que par les parois qui sont
de bois et d'argile, presque pourries. Le 17 juillet 1782, le Conseil de Luxembourg déclarait
que le presbijtère d'Erneuville sera rétabli en pierres ou briques... {Archives de Ste-Ode,
Liasse NN, à l'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, à Arlon.)
(4) A. Van Hove, Les statuts stjnodaux liégeois de 1585, Louvain, 1907, p. 57. Barbcun
si non abradant, quemadmodum vêtus Leodiennnm consuetudo et constitutiones antiquac
posiularent...
(5) Cet habit devait se caractériser à l'instar du costume actuel des prêtres allemands
par une redingote longue et noire, seulement au lieu du pantalon, c'était une culotte courte
qui se rencontrait aux genoux avec des bas entièrement découverts : c'est ce que me semble
indiquer du moins ce passage du testament de Henri Lambert, vicaire à Libin, du 8 juillet
1784 : 'I II laisse à son filleul ses boucles d'argent des souliers et des jarretières. » {Gref. scab.
de Grandchamps.)
— 343 —
chasse. Toutes les fonctions du ministère, le vicaire les accomplit gratuite-
ment; la coutume de faire des olTrandes est respectée mais celles-ci deviendront
obligatoires. Les dîmes aussi, dans le principe, étaient libres : à cause de la
négligence de certains, Charlemagne en fit une loi (1) ; il faut d'ailleurs que le
prêtre entretienne l'école, la matricule, qu'il accueille les étrangers et les
pèlerins.
Comme il est certain que Henri prit part aux manifestations religieuses de
son temps, je dirai un mot des croix de Saint-Hubert. C'étaient des proces-
sions propitiatoires que la totalité des habitants du décanat de Bastogne
sous la conduite du clergé, faisaient chaque année au tombeau de saint
Hubert (2). Les fidèles partaient, à jeun et à pieds nus, en priant et en chantant.
La procession était précédée de la croix. Les moines venaient processionnelle-
ment à leur rencontre et les introduisaient dans la vaste église de l'abbaye.
Là Henri dut connaître le charme de ces heures bénies dans lesquelles l'âme
se dérobe à toutes les préoccupations du pouvoir pour ne vivre qu'en Dieu.
Sans doute le comte de la Roche fut-il maintes fois témoin de la taille et des
guérisons miraculeuses obtenues par ceux qui s'y soumettaient. Chaque
miracle était salué par le chant du Te Deiim auquel se mêlaient la sonnerie
des cloches et les cris d'allégresse de la nombreuse assemblée. Les pèlerins
faisaient leur dévotion, déposaient leurs offrantes, un pain et un fromage
par famille, et repartaient le cœur plein de joie (3).
Henri faisait chaque année un autre voyage à Saint-Hubert, c'est lorsqu'il
s'associait aux chasseurs ardennais pour apporter à saint Hubert, leur
patron, les prémices de la chasse. C'était de tradition. Un jour, Frédéric
premier mari de la mère de Henri de la Roche, arrivait au monastère suivi
de ses veneurs portant un sanglier et lui-même les épaules chargées de la
hure de l'animal qu'il déposa dévotement devant l'autel. « Nous avons vu,
écrit le chroniqueur de l'abbaye, le duc Godefroid oiïrir à cette église cinq
cerfs avec leurs peaux et un loup vivant. (J) ».
(1) Imbart de la Tour, op. cit., pp. 160-163.
(2) Ces processions se disent aussi les bancrolx ou croix l>anales de Saint-Hubert. Le
ban signifiait un territoire ou Ijien les habitants de ce territoire ; plus tard ce terme fut
pris pour l'édit public, notifié souvent au son de la cloche, convoquant les hommes du ban,
puis enfin pour la proclamation elle-même faite aux hommes du ban réunis. (Voyez J. Ceys-
SENs, Le droit de banalité, Liège, 1806, pp. 5-6.) Quant au mot croix, il était synonyme de
notre mot procession. J'en ai acquis la certitude au cours de la lecture des Archives parois-
siales de Remagne du XVIL' siècle el de plus j'ai rencontré dans un Record du 12 avril
1448 concernant les limites de la cour de Prelle (Archives de Sainte-Ode, liasse S, à l'INS-
TITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, à ArIon)un lieu-dit appelé le repos des
croix des Rogcdions. Les croix ou bancroix de St-Hubert étaient donc des processions an-
nuelles organisées par les habitants d'un teriùtoire déterminé vers le bourg célèbre qui
possédait les reliques de l'apôtre des Ardennes. La procession présidée par le doyen de
Bastogne s'appelait les croix d'Ardenne.
(3)G. KuRTH, Les premiers siècles de l'abbaije de Saint-Hubert dans COMPTE RENDU
DES SÉANCES DE LA COMMISSION ROYALE D'HISTOIRE, T. VIII, pp. 49 et 52.
(4) CANTATORIUM, pp. 132-133, traduction de de Robaulx de Soumoy, La chroni-
que de Saint-Hubert, p. 98.
Le texte original débute ainsi : Qui (le duc Frédéric) cum adhuc rudis antique et débite
consuetudinis cognosceret ex débita exsolvendas becdo Huberlo cum primitias singularum
ferarum cuuuie vencdionis totius silve Arducnnensis... {Cantcdorium, p. 132).
— 344 —
§ VI. — Sa journée.
. La vie de Menri est active et sa journée bien remplie. Rentré de la messe
dans ce castel qui abrite son amour paternel et une heureuse famille qui gran-
Le P. de Smet avait assurément ce texte sous les yeux lorsque, considérant saint Hubert
comme patron des chasseurs, il écrivit (Vila sancti Iliiberli dans ACTA SANCTORUM, T.
I de novembre, ]).921) ■....(idniodiirn uctiis consiieliido offereiidi sancto Hiiberto venationis pri-
inilias qui cullus forte antiqiiiori ciilliii idoloUdrico JJianae siibstitutiis est.
Le célèbre boUandiste a en vue ici sans doute une substitution médiate. Je m'explique.
Le remplacement du culte rendu à Diane à la mode des îjens adonnés à l'art de vénerie
(Adrianus, Cijnegelicon, cap. 33 ; Beugxot, Histoire de la destruction du paganisme en
Occident, T. II, p. 316 : Martin, Religion des Gaulois, T. II, p. 43 et 99 et Alexandre
\Vn.TiiKiAr, Luxemburijum Romanum, p. 40.) par le culte de saint Hubert n'a pu se faire
immédiatement pour la bonne raison qu'à l'époque où fleurit le culte de saint Hubert
celui de Diane était déjà desséché depuis longtemps dans les cœurs. En effet, le catalogue
des trente paganerics encore existantes et la formule d'abjuration à trois faux dieux non
encore oubliés qui suivent le procès-verbal des actes du synode tenu, le 1er mars 743, à
Kstines-au-Val, en Hainaut, sous la jjrésidence de saint Boniface {Slan. de la bibl. du
Vatican, n° 577, folio, 6, d'après Th. Lejeune, Recherches sur la résidence des rois francs
aux Estinnes, Anvers 18.57, pp. 20-46), ne mentionnent pas même le nom de la divine chas-
seresse. Il n'y a là rien pour étonner ceux qui savent que déjà en 585 saint Walfroy avait
brisé, sur les bords de la Chiers, une statue représentant sur une colonne cette divinité
païenne. Est donc bien généreux à l'égard de Diane, à mon avis, qui lui accorde que quand
son culte a disparu saint Hubert (t727) vivait encore et qu'à aucun moment du VIII"
siècle le culte du pontife ne pouvait encore être ni si intense ni si notoire que pour remplacer
immédiatement le culte de cette déesse. De plus, au témoignage du grand historien belge
qui a étudié particulièrement les premiers siècles de l'abbaje ardennaise, c'est le VIII*
siècle qui fut le dernier témoin des dernières susperstitions païennes en Belgique. « Encore
au VIII« siècle, écrit M. Kurth (Les origines de la civilisation chrétienne, II,i03),la vie reli-
gieuse des Francs de Belgique était tout entière sous le charme des vieux mythes et du
vieux culte. Attirés par l'horreur mystérieuse des bosquets sacrés, ils couraient en secret,
souvent au sortir du festin eucharistique, offrir des sacrifices ou célébrer des fêtes devant
les dolmens, au pied des arbres, au bord des fontaines. »
Mais, où trouver ici le trait d'union entre les deux cultes païen et chrétien enseigné par
saint Grégoire le Grand pour la facile conversion des idolâtres? Si saint Hubert et son
compagnon saint Bérégise ont achevé l'évangélisation de l'Ardenne et bâti l'abbaye d'An-
dage (Vita sancti Beregisi dans Acta SS., T. I d'oct., p. 482), ces apôtres du Christ auront
respecté la coutume immémoriale qui amenait dans cette solitude les adorateurs de Diane
tout en apprenant aux Barbares à déposer leurs pieuses offrandes sur l'autel dédié à saint
Pierre patron de l'église des moines élevée au milieu des régions les plus forestières de
l'Europe et des populations les plus passionément adonnées à la poursuite du gibier. Là,
le chasseur ardennais converti garda joyeusement son pèlerinage habituel compatible avec
la nouvelle religion, mais purifié désormais par la pensée chrétienne. Beaucoup plus tard,
quand le patronage de l'apôtre des Ardennes éclipsera dans nos régions celui du prince
des apôtres, ce qui n'a pu vraisemblablement devenir définitif qu'après que les restes
mortels du saint évêque eurent été transférés à Andage (825), alors seulement les nemrods
de l'Ardenne offrirent les prémices de leurs butins cynégétiques à saint Hubert, dévotion
qualifiée déjà au X'' siècle de coutume ancienne (Sliracula sancti Hubcrti II, 15). Une
preuve à ajouter de la substitution immédiate du culte, non de saint Hubert, mais de saint
Pierre aux adorations que recevait Diane, c'est qu'au XI« siècle encore, les fervents de la
chasse, comme le duc Frédéric, portaient leurs offrandes, non pas sous le tombeau de leur
patron placé au-dessus du pavement entre l'abside et le niaître-autel, mais devant cet autel
même de saint Pierre (Cantcdorium, p. 132) comme cela s'était toujours pratiqué sans doute
avant la présence du glorieux corps dans l'église monastique.
Ce qui suit pour répondre à une objection qui vient de surgir peut-être dans l'esprit du
lecteur.
Prétendre que tout geste de paganerie avait radicalement disparu dès le IX« siècle
serait fatuité, puisque le concile de Trêves de 1227 défend d'honorer encore les fontaines
et les arbres (canon L III) et celui de 1238 défend aux femmes de se vanter de chevaucher
la nuit avec Diane (canon LXVII), mais je dénie à l'idole préférée de nos devanciers
païens, laquelle je vise spécialement dans cette note trop longue, un culte collectif et
public en Ardenne après le premier quart du huitième siècle. Je pense avoir quelque peu
— 345 —
dit à ses côtés, la suzerain reçoit ses vassaux, entend leurs doléances et leurs
suppliques: car il est le pivot et le centre, de la vie publique. Dans la salle du
rez de chaussée, le comte de la Roche préside d'abord la haute cour féodale
avec les grands seigneurs du comté, puis la cour supérieure de justice aidé
des mayeur, échevins, greffier et sergent. En attendant l'institution du con-
seil provincial de Luxembourg les sentences sontréviséesà Namur(l). La jus-
tice inférieure, sans compter les plaids généraux, abondait sous l'ancien ré-
gime (2). Cela s'explique en partie par la quote-part des amendes que per-
cevaient les président et assesseurs. Ces créations judiciaires sont dues fré-
quemment à la générosité de la couronne qui a voulu récompenser des
preux pour leur constant dévouement à la chose publique, la propriété du
sol emportant le droit de justice.
Au dîner on sert du gibier, de la volaille et du poisson car notre sire
s'adonne à la pêche quand il n'est pas en Freyr ou dans les bois de la Roche
ou de Saint-Remacle à la poursuite d'un chevreuil. En 1106, un jour que
Henri, assis à table en face du chapelain et entouré de sa famille, des pages
et de quelques amis, était servi par un propriétaire de Mont, les convives
voient tout à coup le serviteur qui chancelle et laisse choir sur son pied la
soupière bouillante qu'il porte dans ses mains. Les brûlures profondes pro-
voquent à l'instant des douleurs telles que le malheureux serviteur croit
entrevoir la mort et, tombant cà genoux dans la salle, il fait avec des crie
larmoyants, sa confession publique : vers le 15 mai, au matin, pendant qus
le receveur (3) de Saint-Hubert reposait tranquillement chez lui, cet avare
manant, pour échapper au paiement du cens annuel, aurait décapité le moine
pendant son sommeil, si son neveu n'eût arrêté son bras déjà levé tenant une
épée et ne l'eût ainsi empêché de commettre un horrible sacrilège (4).
Quelle émotion, ce jour-là, au château de la Roche !
Le chapelain apprenait aux enfants le respect des parents, le culte des
ancêtres, les lois de l'honneur, la crainte de forligner (5) et inculquait à ces
jeunes âmes, avec la connaissance et l'amour de la religion, les sentiments
étayé mon opinion. Au reste, si en notre XX» siècle, nous scrutions de près toutes les pra-
tiques religieuses individuelles, ne découvririons nous pas encore de ci de là quelque rite
supcrslilieux, quelque acte de paganerie matérielle surtout chez les gens qui n'ont pas du
christianisme une connaissance sufTisante? Personne cependant et avec raison ne s'avisera
de dire qu'il y a encore des païens en Belgique.
(1) J. BoRGNET, De l'origine du conseil provincial de Namur dans ANNALES DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, T. X, 4" livraison, pp. 446, et note 2 de la
même page. La plus ancienne mention du Conseil des comtes de Namur trouvée par M.Bor-
gnet est de 1315. Dans les chartes des comtes et dans les archives du Souverain bailliage
de Namur, il y a cependant des actes qui indiquent qu'un tribunal fonctionnait et jouait
le même rôle à la fin du XIII^ siècle que le conseil provincial joua plus tard lorsqu'il fut
nettement distinct de la cour féodale ou Souverain bailliage. Pourrait-on nier que ce corps
judiciaire existât au temps d'Albert IIP?
(2) M. l'abbé Coxrotte, Les Eneilles à travers les âges, Arlon, 1912, pp. 37-44.
(3) Le village de Mont appartenait à l'abbaye hubertine depuis 1096, mais la jouissance
de ses revenus ne lui était accordée que depuis quelques jours {Cantcdoriiim, pp. 253-255.)
(4) Caniatorium, p. 255.
(5) N. TiLLiÈRE, Opus citatum, p. 47.
— 346 —
chovalere.squcs et tout ce qui est à rhouneur de l'humanité : les nobles sen-
timents, les belles actions, le dévouement généreux, le respect de la fai])lesse.
L'idée de patrie n'existait pas : l'esprit provincial était le seul esprit public.
Les soins de Tavouerie absorbaient bien des journées du seigneur de la Roche.
Les archives stavelotaines nous apprennent, en eiïet, et nous le verrons lors-
que nous nous occuperons de l'avoué, que Henri ne s'épargnait ni efïort ni
démarche et qu'il savait mettre la constance dans l'action pour mener à
bonne hn des entreprises parfois fort délicates.
Souvent encore, au second étage du donjon, réuni avec sa famille, Henri
recevait ses hôtes, car l'hospitalité était large. L'un de ses habitués était
Conon de Montagu. Ce comte occupait le château planté sur un piton de
montagne, en face de Marcour, à la place du calvaire qui se dresse devant la
chapelle actuelle de saint Thibaut. Henri et Conon sont des intimes car, le
3 septembre 1104 ils cheminent ensemble vers Stavelot pour assister à la fête
de saint Remacle. Au demeurant, la conversation de Conon intéresse autant
qu'elle édifie. Qu'on en juge. Le 15 août 1096, Conon, parti avec ses deux gars
pour la croisade en compagnie de son ami Godefroid de Bouillon, avait tra-
versé l'Allemagne, la Hongrie, la Bulgarie, l'empire grec, le Bosphore, pris
part à la conquête de Nicée et de Dorylée et aux deux sièges d'Antioche.
Ici le père avait vu tomber à ses pieds, mortellement blessé par un secta-
teur du faux prophète, son cher fils Gozelon. Après la prise de Jérusalem
et la création du royaume chrétien, Conon revint avec Pierre l'Ermite et
leur bateau essuya une furieuse tempête (1). Le vaillant croisé rentrait à Mont-
agu au commencement de 1100. Sa femme qui, au départ, lui avait souhaité
la victoire et un heureux retour, la pieuse comtesse Ida, était morte. Conon
étalait ce riche trésor d'impressions et de souvenirs dans cette belle lan-
gue romane, trait d'union entre le celtique et notre patois, formée d'un
mélange de celtique, de tudesque ou thiois et surtout de latin (2). Pour la
religion, la maison de IMontagu était aussi prodigue de son argent que de
son sang : c'est elle qui donnera Wembay à Saint-Hubert, qui fondera les
abbayes de Saint-Remy, du Val-Saint-Lambert et le prieuré d'Aywaille. La
dévotion de cette famil'e pour saint Thibaut était notoire (3). Notre comte
ne jouit pas longtemps d'un si heureux voisinage : le seigneur de Montagu
mourut le 30 avril 1105 et fut enterré à Saint-Hubert, auprès de son père.
Plusieurs membres de la pieuse maison de la Roche étant dans les saints ordres,
la conversation au château devait tomber fréquemment sur les joies et les
tiistesses de l'Eglise. A l'heure où Henri ceignit la couronne comtale, le feu
(1) CiiAxoixE C.-G. Roland. Les comtes de Rocheforl dans ANNALES DE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, T. XX, Ire livraison, passim.
(2) L'abbé J.-J. Bourassé. Archéologie chrétienne, Tours, 1871, p. 120, dit : « La langue
romane est la langue romaine altérée par le mélange d'un grand nombre de mots barbares. "
Voyez Lacombe, Dictionnaire de la langue romane, Paris, 1768, pp. XXXVIII-XXXIX et
Joseph Demarteau, Le Wallon son histoire et sa littcraliire, Liège, 1889, p. 33.
(3) Cii. Jamotte. Montaigu de saint Thibcail, édition A. de Leuze, Namur, 1898, p. 47
et Godefroid Heu.schenius, Vita santi Theobaldi dans ACTA SANCTORUM, 1867, T.
VII de juin, p. 541.
— 347 —
de la querelle des investitures ou de la lutte entre le sacerdoce et l'empire,
fruit de la féodalité, activé par les vents politiques, religieux et littéraires,
embrasait tout le diocèse (1). La mitre épiscopale était sur la tête du s'-
moniaque Otbert qui, de sa crosse majestueuse transformée un jour dans la
sombre forêt de ]\Iii\vart en vulgaire tiique de brigand, rossa jusqu'au sang
un groupe de pieux moines de Saint-Hubert (2). Lui-même capturé peu après
par Henri de Durbuy, oncle de Henri de la Roche, fut placé sur un cheval
si maigre et si fougueux qu'aprè ; un( longue < t furieuse galopade, le pontife
en fut meurtri piesque à mort (3). On comprend que le comte de Durbuy
communiait aux idées grégorieijnes de ce monastère ardennais qui avait tenu
tête à l'indigne prélat et dont les abbés furent les plus âpres adversaires
d'Otbert et les derniers et plus célèbres champions de la cause papale en
Ardenne.La mort de l'empereur Henri IV, à Liège, en 1106, et la soumission
de notre évêque au pape amenèrent dans le diocèse la fin d'un schisme qui
avait duré quinze ans. C'est l'heure aussi où les élections de nos évêques
comme celles des pontifes romains secouèrent le joug asservissant du pou-
voir temporel. L'Eglise fut victorieuse en ce tournant de l'histoire, parce
qu'elle sut recouvrer par au moins autant d'habileté que d'énergie (4) cet
affranchissement qui délivrera son clergé de la simonie et du dérèglement (5).
Parmi les pionniers ardennais de cette grande réforme il convient d'écrire
au tableau d'honneur les noms de l'abbé Thierry de Saint-Hubert, de l'abbé
Poppon de Stavelot, du pape ardennais Etienne X, grand oncle du premier
comte de la Roche, et de Frédéric d'Ardenne, comte de Verdun. Le sire
de la Roche aura la noble fierté de voir un instant son frère, Frédéric de
Namur (f 1119), assis sur le siège de saint Remacle et de saint Hubert.
Le Saint-Empire, l'Eglise, les ancêtres, le respect du droit, quels plus nobles
sujets de conversation? Les enfants de Henri, avides d'émotions, suivaient
en frémissant les péripéties de l'épopée orientale et leurs âmes sensibles
s'enflammaient aux récits des combats lointains. Leurs frais éclats de rire
ainsi que les jeux aux échecs ou aux dés venaient varier le charme de la
société (6). Au sein de ces réunions intimes et familiales, interrompues par-
Ci) Alfred Gauchie, Opiis cilaliim, deuxième partie, 1891. Ce fascicule s'occupe exclu-
sivement du schisme dans notre diocèse et le diocèse de Cambrai ; S. Balau, op. cit., pp.
265-266 et Erxst Dummler, Zur Geschichle des Invesliturslrcitcs im Bisthum Luttich
dans NEUES ARCHIVDERGESELLSCHAFTFÛR ALTERE DEUTSCHE GESCHI-
CHTE, Hanno ver, 1886, BandXl, pp. 175-194.
(2) Cantatoriiim, p. 218.
(3) Ibidem, p,219.Les allures insolites de cesdiscussions disciplinaires ne s'accommodent
pas plus mal avec l'esprit cliréticn du moyen âge que les duels et les assassinats du XX''
siècle avec notre civilisation Inimanitaire.
(4) G. KuRTH, L'Eglise aux tournants de l'histoire, 1905, p. 76.
(5) R. P. Bertholet, opus citatum, livre 23, pp. 166 et 199 ; G. Kurth, La cité de Liège au
moyen âge, 1909, T. I, p. 88 et note 1 ; Chanoine .M. Lecler, Les principaux abus contre
lesquels eut cï lutter s. Grégoire VII dans COLLATIONES NAMURCENSES, T. X, Fas-
cic. 5, pp. 292-306 et A. Cauchie, opus, cit., 1, p. XXXVII.
(6) L'archéologie vient quelquefois corroborer nos données historiques. C'est ainsi que
les fouilles opérées au château de la Roche, en 1903, sous la direction de M. le chanoine de
Leuze, ont mis à jour d'innombrables tessons de poteries des XIP et peut-être du XP
siècle, un dé à iouer en os, six dames ou pions de jeu, en os gravé que l'on peut certes rap-
porter au XIP ou au XP siècle. Voir BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX DES ARTS
DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS, 2^ année, n» 12, p. 93.
— 348 —
fois par le récit d'un pèlerin ou le chant d'un trouvère, la comtesse Mathilde
avec une humeur enjouée était souvent l'inspiratrice des conversations
sérieuses ; elle y prêtait une oreille intelligente et de ci de là dirigeait dis-
crètement les jugements, redressait les pensées (1).
La dernière rencontre de la famille comtale s'est faite à la chapelle domes-
tique. Les rayons du soleil rougissant la sablière des Agelires ont disputé la
çîme du donjon de la forteresse à l'ombre dans lac(uelle était déjà plongée la
Roche, le bramement des cerfs s'élève intermittent du fond d'Hermeux, la
nuit répand de la terre au ciel ses ténèbres et son repos.
La journée de Henri l, on le voit, est celle d'un comte et d'un chrétien.
§ VIL — Ses sujets (2).
La prédilection du comte de la Roche, comme chez les anciens rois, était
pour la vie des champs et elle le mettait souvent en contact immédiat avec ses
sujets. Le prince poussait le loquet en bois de la chaumière du serf avec la
même joie qu'il frappait du heurtoir à la porte du seigneur. Noble et simple,
il s'asseyait à leur foyer, s'enquérait de leurs soucis, les aidait de ses conseils.
Ce qui préoccupait surtout Henri dans ses visites, c'étaient la culture des
terres et leur rapport. Le régime foncier qui est à la base de l'économie rurale
est encore celui instauré dans nos contrées par les romains et il se maintiendra
jusqu'à la fin du XVHIe siècle. Le sol est partagé en vastes exploitations
rurales correspondant généralement aux limites de nos sections communale?
actuelles (3). La famille royale en possédait un bon nom!)re en Ardcnne sui-
tout aux temps carolingiens mais, depuis lors, beaucoup ont été concédées en
bénéfices par les rois à seule fm de se faire des vassaux et des défenseurs ou
de récompenser quelques signalés services. L'unité de la propriété était la
villa. Celle-ci, désignée du nom de son fondateur ou de son propriétaire, s'est
(1) Les commentaires de feu IMgr Landriot, ancien archevêque de Reims, sur le chapitre
XXX I*' du Livre des proverbes, sous le titre de La femme forte (2 vol.) et sur des versets
épars de l'Ecriture sainte publiés dans La femme pieuse (1 vol.) du même auteur, consti-
tuent des monuments impérissables. La littérature profane met aussi sous la plume de ses
princes, des expressions qui pei;4ncnt bien, du moins sous certains aspects, le caractère de
la femme au sein de la famille. Ainsi Schiller écrit :
« Und drinnen waltet
Die zùchtige Hausfrau,
Und herrschet weise
Im hâuslichen Kreise. »
(Das Lied der Glocke dans Schillers sammtliche Werke, Stùttgard und Tubingen, 1835,
Band I, p. 394.)
Son ami Gœthe dans Ilcrmann und Dorothea nous a légué sur la même pensée ce vers
délicieux :
'< Denn durch Dienen allojn gclangt sie endlich zum Herrschen. « (Edition Lévv, Paris,
1892, page 86.)
(2) Le lecteur doit ici plus spécialement se rappeler que l'évolution de la société est très
lente et très complexe, qu'il faut de là réduire ce fait historique à sa plus simple expression
et que, par conséquent, le meilleur tableau de la situation féodale même d'un seul comté
ne peut répondre toujours, pour chaque seigneurie et pour toutes les époques, à la réalité
concrète des choses.
(3) Paul Allard, Eludes d'iiisloire et d'archéologie, 1899, p. 288.
— 349 —
suffit jusque là à elle-même. Cet individualisme de la villa explique, du moins
en partie, les particularités de langages, de caractère, de mentalité qui ont
jusqu'aujourd'hui quelque peu diiïérencié nos paroisses. L'unité économique,
la villa, a servi de base à l'unité religieuse comme à l'unité politique. Aussi,
retrouvons-nous la villa romaine peut-être, sûrement la villa carolingienne
dans la circonscription de l'ancienne paroisse et aussi dans le ressort de l'an-
cienne cour de justice (1). La villa, encore au temps de Henri de la Roche,
comprend la partie du maître : corps de logis pour sa famille avec dépendan-
ces pour les ateliers et gens attachés à sa personne (2). Sa demeure n'est sou-
vent qu'une maison en bois remparée de gazon et entourée de fossés remplis
d'eau poissonneuse. De la pointe du pignon, les roucoulements de doux pi-
geons s'épandent au-dessus des gros poiriers tout fleuris rose et tout bour-
donnants d'abeilles. Proche le pont-levis un grand chien, plein d'importance,
dont l'image agitée se profile au fond du canal, fait retentir les échos de sa
large voix tandis qu'il balance majestueusement sa queue opulente. Le
maître fixait parfois sa demeure sur une élévation défendue par la raideur des
escarpements. Souvent cette habitation a fait place à nos châteaux modernes.
L'église paroissiale est proche, à moins que le dominus ou senior, n'habite-
rait pas au centre de l'exploitation (3) ou qu'elle ne serait pas l'antique cha-
pelle castrale agrandie. Saint Benoît s'est inspiré de la distribution
romaine de ce principal groupe de bâtiments pour la construction de ses
abbayes (4). Le seigneur sera souvent absent à cause des guerres. Le service
militaire général, on le sait, a été établi par Charlcmagne et repose, au temps
de notre comte, principalement sur les classes riches et moyennes. Il n'y a
de soldats qu'en temps de guerre : les armées permanentes ne feront leur
apparition qu'au XV^ siècle. Durant l'éloignement du seigneur, c'est un
admodiateur, le villicus, maïeur (5), qui gère ses intérêts et qui, aidé des
scabini (6), préside le tribunal en qui se concentrent l'administration et la jus-
tice. L'autre partie de la villa est composée de manses ou tenures situés dans
sa périphérie lesquels consistent surtout en terrains écobués (7) possédés
précairement d'abord, puis viagèrement par les manants ou tenanciers, les
masuyrs, qui paient au maître un cens annuel. Plus tard, cette occupation
sera héréditaire, mais dans tous les cas, le serf ou vilain reste attaché à sa
terre et il en suit la destinée. Voyez d'ailleurs: le comte Gozelon de Bastogne,
en 1070, a donné Pinsamont avec les serfs qui l'habitent (8) ; en 1082, l'évêque
(1) J. Brassine. Formation des paroisses du concile de Hozémonl clans BULLETIN DE LA
SOCIÉTÉ D'ART ET D'HISTOIRE DU DIOCÈSE DE LIÈGE, T. XIV, pp. 330 et 340.
(2) H. PiREXNE, Histoire de Belgique, I, p. 128 ; Fustel de Coulange, L'alleu et le
domaine rural, pp. 441-442 ; J. YERNAUx,opzzs c/Za/izm, pp. 351-352 et Cantatorium, pp. 12,
13, 14, 35, 39, 42 et 130.
(3) Imbart de la Tour. Opus citcdum, p. 108.
(4) A. Bequet, Les grands domaines et les villas de l'Entre-Sambre-et-Meuse sous l'Empire
romain dans ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, T. XX,
lr« livraison, p. 16.
(5) Cantcdorium, pp. 40, 43 et 44.
(6) Ibidem, pp. 17, 39 et 226.
(7) Ibidem, p. 41, Apud villam... excisis in foresta sartis, féconda ibi provenerat messis,
p. 240... vastatis eticmi sartis rusticorum...
(8) Ibidem, p. 132, ...tradidit legaliter beato Huberto perpetuo habcndum Montcm Pincionis
cum familia...
— 350 —
Henri a acheté Bras et Grupont avec leurs serfs (1) et Lambert de Montagu
(t 11 17) graliliera les moines luibertins de terres situées à Wembay avec les
ilonze lamilles ([ui les cuUivent (2). ("/est la classe inférieure. L'épithète de
casalus, donnée par l'historien ardennais du XI*-' siècle (3) à un manant du
pays d'HoulTalize jette le jour sur la classe moyenne à l'époque du comte
Henri I. Un casatus est un serf investi à vie d'une terre moyennant une modi-
que redevance à son donateur et quelque corvée honorable à la cour du comte.
Cette tenure se nomme (ief, censive ou alleu, selon la valeur de la redevance.
Nous connaissons l'aristocratie, cette classe où se recrutent les chevaliers :
les seigneurs, seuls et véritables propriétaires,la composent et cumulent toutes
les fonctions judiciaires et administratives. Henri I, président de la cour féo-
dale de la Roche, remettait en séance publique au fds aîné du maître défunt
ou à rac({uéreur de la seigneurie un gazon et un rameau : c'était le mode
symbolique de la transmission de la propriété, per cespilem el ramuin (4).
Entre ces trois classes sociales il existe d'autres nuances intermédiaires créées
par le plus ou moins de prestations exigées (5). La communauté diffère de la
seigneurie qui compte surtout des maisons et des manants en ce qu'elle
emporte avant tout l'idée de territoire ; elle est indépendante du seigneur et
s'administre elle-même par un centenier et autres délégués qu'elle se choisit
périodiquement.
La campagne se couvre de soille (6), de spelt (7), de wassin(8), d'orge,
d'avoine, de lin, de millet, de houblon et de chanvre. L'élevage clu bétail,
des porcs et des bêtes à laine est intense, la basse-cour est bien peuplée. Les
droits de chasse et de poisse, de paisson pour la herde, les chèvres et moutons,
(1) Ibidem, p. 106, ...duo qiioqiic allodia scilicet Braz et Griiispontcm ciim... el familia...
(2) G. KuRTH. Charles, no LXXVI, p. 92, ...dedil nobis très mansos in Winbaij d diiode-
ciin f ami lias.
(3) Canlaloriam, p. 255.
(4) Ibidem, p. 221. Plus tard lorsque le nombre des propriétaires, des' hommes libres,
s'accroît les basses justices aussi donnent l'investiture des biens non fiefïés par la tradition
de la bûchette qui passait des mains du vendeur dans celles du mayeur pour être remise
à l'acquéreur. Il y avait en outre la prise de possession réelle. Le 25 mai 1744, C. F. de Varion
de la Roche prit possession de la seigneurie de Journal par la planlalion d'un maij devant
la maison du fermier du diet seiyneur et par différentes décharges de fusils faites à l'interven
lion du curé de Champion et du baron du Mesnil prestre et des esehei'ins de la Roche. (Gref.
scab. de .Journal aux Arch. de l'Etat, à Arlon.) Le 5 octobre 1776 le baron de Goër de Forest
l)rit possession du bois de ^Vit<nv l)ar Venlcvemenl d'un cjazon et la coupe de ([uelques bran-
chages et autres formalités. (Arch. de Ste-Ode à l'IXST. ARCH. DU LUX.) Voilà des échos
de la tradition qui avait cours au temps du Henri I de la Roche et qui devait prendre sa
source dans les coutumes du peuple de (;iovis. Voir G. Kurtii, Manuel d'histoire unluer-
selle, Xamur, 1912, pp. 144-147.
(5) La coutume générale du Luxembourg dont la rédaction commencée en 1570 ne fut
terminée qu'en 1623 divise les biens en biens d'église, biens nobles et héritages de servile
condition et elle reconnaît cinq catégories de personnes : les gens d'église, les nobles, les
francs hommes, les bourgeois et les gens de servile conditioi'i. (E. Tandel, Les communes
luxembourgeoises, I, 67). Les francs bourgeois, les allodiaux et les hommes-monsieur, trois
catégories propres au comté de la Roche qui avait sa coutume locale inspirée de celles du
Luxembourg et de Liège, se rapprochaient beaucoup de l'une ou de l'autre des catégories
susdites.
(6) Forme romane du mot seigle, en latin sccale.
(!) Epeautre, du tudesque Speltz.
(8) Seigle semé à l'approche de l'hiver, peut-être de Wasser (allemand), Water (anglais),
eau ou de IV/zi/tT (allemand et anglais), hiver.
— Sol-
de paiiage et de glandée pour la sonre, d'usage des aisances et du gros bois,
sont réglés entre les manants avec ou rarement sans le seigneur. Tous nos
légumes remplissent depuis longtemps les jardins ; car les villas carolin-
giennes furent des modèles du genre que nos ancêtres ont parfaitement
copiés. Sous l'avare clarté du crasset et le large manteau de la cheminée,
devant la crémallière enfumée et les chenets en cuivre aux têtes de lions, le
filage, le tissage et la vannerie interrompus par la prière de tous ou cadencés
par des noëls qu'accompagnent le son de la navette et le ronflement du rouet,
occupent les longues soirées d'hiver. Les chaumières éparpillées depuis la paix
romaine au milieu des pourpris de ces obscurs travailleurs forment actuelle-
ment nos villages. IL'hygiène de ces réduits exigus étant aussi rare que les re-
lations commerciales de leurs hôtes avec d'autres contrées, la population sera
périodiquement décimée par la lèpre et la famine, qui parfois anéantirent des
localités entières. Plus tard, lorsque la Roche sera affranchie, c'est-à-dire indé-
pendante, qu'elle s'administrera par les hommes qu'elle se sera librement
choisis, les serfs ruraux s'y rendront pour posséder plus de sécurité. Les hobe-
reaux de la campagne devront alors, s'ils ne veulent pas voir déserter leurs
terres, accorder la même liberté et les mêmes avantages à leurs colons, res-
treindre l'arbitraire fiscal, se soumettre à des lois fixes qui formeront bientôt
le droit coutumier pour les redevances et les corvées. Celles-ci avec le droit
de mainmorte, seules survivances de l'esclavage primitif, se perpétueront
longtemps encore puisque nous constatons qu'en 1766, dans la seigneurie
de Grainchamps qui comprenait la paroisse d'Erneuville telle qu'elle existe
encore aujourd'hui, « chaque des 28 manants doit tous les ans au seigneur
de Grandchamps, outre une poule plus la dîme à l'onzième et deux stiés
d'avoine par mesnage, un jour de faulx pour le foin et pour l'avoine parmi la
nourriture estimée à trois escalins (1). » L'économiste qui voudra émettre un
jugement sur ces obligations des mainmortables sous l'ancien régime ne
peut pas perdre de vue qu'elles proviennent de ce jour éloigné où les terres
furent distribuées gratuitement par les propriétaires à ceux qui ne possé-
daient rien (2).
La religion du Christ au service de princes aussi pieux que Henri I^r,
comte de la Roche, a été le plus fort stimulant pour faire de l'antique esclave
nomade et païen le propriétaire fier parce qu'indépendant de nos jours.
§ VIII. — Son avouerie.
Les monastères bénédictins de Stavelot et de Malmedy, destinés à recevoir
la direction d'un même abbé, furent fondés au milieu du VI I^ siècle par saint
Remacle grâce à la munificence du roi Sigebert III (f 656). La royauté et
l'Eglise lotharingienne se soutenaient mutuellement contre l'aristocratie
laïque. Voilà pourquoi le domaine territorial des religieux stavelotains
(1) TABELLES CADASTRALES de Marie-Thérèse (seigneurie de Grandchamps ) aux
ARCHIVES DE L'ETAT, à Arlon.
(2) Paul Allard, Esclaves, serfs et mainmortables, 1894, pp. 67-74 et 134-156.
— 352 —
«
jouil assez tôt d\inc situation juridique défaveur. Ainsi aucun ofTicier public
ne pouvait franchir les limites de la terre monastique, soit pour présider un
tribunal, soit pour lever des amendes, soit pour percevoir des impôts. Ce
privilège d'être affranchi de l'autorité administrative, judiciaire et fiscale
des aoenls royaux s'appelait l'immunité (1). L'al)bé de Stavelot-Malmedy
élait donc un seigneur immuniste c'est-à-dire qu'entre le souverain et lui
il n'y avait personne, il était dans ses terres l'officier royal et il en tenait dans
ses mains tous les pouvoirs. Cette autorité remise sous sa crosse par les
diplômes de Childéric II, Thierry III et Louis de Germanique (2), l'abbé ne
l)ouvait pas l'exercer par lui-même, défense divine étant faite au prêtre de
s'immiscer dans les affaires séculières (3). Force était donc au seigneur mitre
de se servir d'un intermédiaire. Celui-ci prit le nom d'avoué, advocalus (4).
Cet officier, déjà grand propriétaire foncier du pays (5), avait dans ses attri-
])utions l'administration civile, judiciaire et féodale sur tout le domaine
monastique et ce personnage insigne, une fois choisi par l'abbé, n'avait plus
qu'à recevoir du roi la capacité d'exercer la haute justice pour siéger au milieu
des échevins, y représenter l'abbaye, la défendre dans ses rapports avec
l'étranger et devant les justices séculières et intervenir dans les traditions de
biens faites au profit des moines.
Les richesses des moines et de certaines églises tentaient beaucoup de
gens, et comme on était dans un temps d'anarchie et de violence et qu'il n'y
avait personne pour défendre militairement le territoire immunitaire contre
ses ennemis tant du lointain que du voisinage, elles étaient à la merci de
tous les déprédateurs. L'ombre du grand empereur avait disparu, la faiblesse
de ses fils, la piraterie des Normands, la situation géographique du Lothier
ballotté entre deux grandes nations, la turbulence de certains ducs, la que-
relle des investitures, l'éloignement du souverain, les guerres entre seigneurs
indigènes, telles sont les causes qui maintinrent nos régions dans l'inquié-
tude de 811- à 1098, c'est-à-dire depuis la mort de Charlemagne jusqu'à la
première croisade. En décembre 881, les religieux de Stavelot durent se retirer
à Bogny avec le corps de saint Remacle pendant que les Normands incen-
diaient leur église (6). Tout porte à croire que l'année suivante qui vit Prûm,
Trêves et Remich saccagés par ces hordes marchant sur Metz, un détache-
ment du gros de l'armée se porta vers le monastère stavelotain pour le piller.
Il est même probable que le flot de l'invasion a pénétré jusque l'opulent monas-
tère hubertin qui se cachait dans nos forêts (7). Vers 953, les Hongrois incen-
(1) G. KuRTH, Notger de Liège, I, p. IG: Idem, La cité de Liège, I, p. 10 et Idem, Les ori-
gines de la civilisation chrétienne, II, p. 7.3.
(2) J. YERXAUx,Les premiers siècles de l'abbaye de Slavelot-Malmedi;. dans BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ D'ART ET D'HISTOIRE DU DIOCÈSE DE LIÈGE, 1910, T. XIX,
p. 349.
(3) Saint Paul, E pitre à Thimolhée, cliap. II, verset 4.
(4) On l'appelle ausi vidamc, qui vices domini gerit.
(5) Charles Pergameni, L'avouerie ecclésiastique belge, Gaiid, 1907, ]). 56 et passini.
(6) J. Yernaux, Opus citcdum, p. 382 et passim.
. (7) G. KuRTH. Les premiers siècles de l'abbaye de Saint-Hubert, pp. 54, 55 et 71et P. Claes-
SENS, Les civilisateurs chrétiens de la Belgique, 1872, pp. 181-185.
Le cartulairc de Prûm, écrit en 893 et recopié en 1222, porte que la basilica de Wardanc
(Wardin lez Bastogne) a été détruite par les païens en 881. Voir A. NE YEN, Histoire de
Bastogne, p. 18 et note 2.
— 353 —
dièrent Malmedy (1). Des seigneurs n'osent plus sortir pour participer aux
offices paioissiaux : dès lors ils auront leurs chapelains. Les évêques se sont
retirés au fond de leurs demeures et le peuple se voit sevré de la joie de cour-
ber son front sous leur main bénissante (2). On comprend qu'après ces ter-
reurs et dans une situation si instable et si critique, les religieux s'assurèrent
contre d'autres pirateries, non par eux-mêmes car la discipline ecclésias-
tique défend aux prêtres de porter les armes, mais en se plaçant sous la pro-
tection d'un seigneur puissant qui s'intitula l'avoué militaire. L'autre était
l'avoué judiciaire. Le prince de Liège, notre évêque, était dans la même néces-
sité : si les archidiacres étaient les conseillers du pontife dans l'ordre spirituel
le seigneur avait ses avoués, dont le principal de la maison d'Ardenne (3),
poui l'aider dans l'ordre temporel. Dans le même sens l'empereur était aussi
l'avoué du pape. A Stavelot- Malmedy les deux avoueries se confondaient
sur la même tête. Cette double avouerie dont la chronique peut se résumer
en disant qu'elle fut avantageuse, puis nuisible et enfin inutile aux religieux,
existait dès 900. En général les comtes septentrionaux d'Ardenne furent
avoués de Stavelot et les comtes méridionaux avoués de Saint-Hubert. Elle
fut d'abord confiée ici aux ducs de Lotharingie. Nos ducs étant avoués de
Stavelot, c'est par là qu'on comprend que la veuve de Frédéric put apporter
cette avouerie à son second mari, Albert III de Namur (4), et que ce privi-
lège fut attaché héréditairement au territoire de la Roche compris dans la
dot de Ida de Saxe (5). Par là même qu'elle devint héréditaire cette institu-
tion mérovingienne fut inamovible. Dès lors l'abbé n'aurait pu déposer un
avoué pi évaricateur pour les mêmes raisons qui privaient la royauté de la
libre disposition des bénéfices et charges comtales. Outre l'avoué il y avait
sous-avoué et avoués locaux (6).
Déjà en 1088 notre futur comte de la Roche avait exercé les fonctions
d'avoué de Stavelot, lorsque Macaire de Chimay et Boson de Barse,en expia-
tion du meurtre d'Adélard de Lizen, sous-avoué de Stavelot, donnèrent à
l'église de Stavelot leurs alleux de Boulaide et de Berlé avec la dîme de
Ba vigne (7).
C'est en 1102, que Henri est cité la première fois comme avoué de Stavelot
et comte delà Roche. Cet acte rapporte que le sous-avoué Thiébaut, giâce à
(1) J. Halkin et C. Roland. Recueil des chartes de l'abbaye de Slaveloi-Malmedij, l,
p. 203, charte du 2 novembre 1007 (?) . . .monasterium priore a Hiingris conbiislo renovcdum...
(2) R. P. Bertiiolet. Opiis cilalnm, T. III, pp. 168 et 199.
(3) A. Gauchie, Op. cit., Introduction, p. XXVIII.
(4) V. Habran. Le comté de la Roche. Origine du comté de la Roche dans ANNALES DE
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, 1911, p. 271. Voyez aussi
Halkin et Roland, Opus citatum, Introduction pp. VI- IX et Ernst, opus citatum, II,
p. 97 note 1.
(5) WiLHEiM RiTZ, Urkunden und Abhandlungcn zur Geschichte, etc., lien Bandes Ite
Abthcilnnii, Aaclien, 1824, p. 56, no 41.
(6) Cfr. J. Vannérus, Les avoués de Luxembourg et de Chiny dans ANNALES DE
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG, 1909, T. XLIY, pp. 1-58 ;
Idem, Les avoués d'Arlon dans MÉLANGES GODEFROID KURTH, 1908, T. I.
pp. 123-135 ; J. Yernaux, opus citatum, pp. 348-349 ; Cantatorium, pp. 17, 55, 57, 103,
104, 145, 184, 226 et 239 et Charles Pergameni, Immunités (mtéféodales et avouerie
ecclésiastique dans REVUE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE EN BELGIQUE, 1912,
pp. 329-343.
(7) Halkin et Roland, opus citatum, charte n» 1119, pp. 243-244.
— 354 —
l'iiilorvoiilion du comte et avoué Henri, parvint à obtenir des religieux sta-
velolains la dîme île Marche à la condition de payer quatre livres tous les ans
à la Saint-André. Marche avait été donné à l'abbaye par saint Remacle (1).
Henri I*^'' de la Roche intervient en présence de Herman, comte de Salm,
et d'autres, lorsque Rigold d'Assonce,s'étant d'abord engagé par serment à
restituer le village de Germigny au monastère de Stavelot el: ayant fait con-
firmer cet engagement par de-i garants dans une assemblée tenue à Chai-
rière, le () juillet 1104, il réitère solennellement serment sur le corps de saint
Remacle, dans l'église de Stavelot, à la fête de ce saint patron (2).
L'avoué apparaît ainsi que le sous-avoué lorsque, en 1105, Gérulfe et sa
femme Berlende laissent aux moines de Stavelot leurs biens de IMormont,
de Bassenge et de Hollogne pour le salut de leurs fds Winand et Héribert
qui avaient été tués le même jour et avaient reçu leur sépulture au monas-
tère, et aussi pour être enterrés à côté de leurs enfants (3).
Henri est encore témoin à un acte de 1107 par lequel Berte, dame noble,
donne à l'abbaye trois serfs avec les terres auxquelles ils sont attachés au
village de Bra (4).
En 1118, c'est en présence de l'avoué Henri et du sous-avoué Pierre qu'un
noble, nommé Boson et sa femme Helinde, à la prière d^ l'abbé Popon et de
ses moines, fondent un autel sous la tour dans l'église abbatiale, en lui assignant
pour dotation leur alleu de Taverneux (5).
Il en est de même en 1123, à Stavelot, lorsque les habtants de Genneret
déclarent avec la ratification de Warner, abbé de Stavelot-Malmedy, et de
de toute la communauté, qu'ils ne doivent payer aucune redevance ni tenir
plaid au village d'Ocquier (6).
En 1124, 4'abbé Cuonon déclare en présence de notre conite-avouè, de
son fils Henri, de Henri de Durbuy encore enfant et de son tuteur Godefroid
de Esch, et de sa mère, la comtesse Alix de Grand-Pré, que, grâce aux per-
sévérants efforts de l'avoué, ma(/no nisii el ingénie labore, il a pu mettre fin
aux longues contestations qui s'étaient élevées au sujet de l'église de Bra-
lez-Stavelot. Nouvelle intervention de l'avoué lorsque, en 1126, l'abbé
Cuonon accense à Hugues le Veneur la terre de Chooz (7).
C'est encore par Henri l'avoué qu'en 1128 Roland de Doreux donna à
l'église de Stavelot vingt serfs et ce qu'il possédait en dîme ou en alleu à
Pondrôme et aux environs (8).
(1) Ibidem, p. 304, note 1 et Wilheim Ritz, op. cit., p. GO, n° 45.
(2) Ibidem, charte, n» 135, pp. 274-277.
(3) Ibidem, charte, n» 136, pp. 277-279.
(4) Ibidem, charte, n" 138, pp. 281-282.
(5) Ibidem, charte, n» 140, pp. 284-285.
(6) Ibidem, charte no 142, pp. 287-288.
(7) Ibidem, charte no 143, pp. 289-291.
(8) Ibidem, charte no 148, pp. 300-301.
— 355 —
L'abbaye de Stavelot-Malmedy n'a pu s'assurer le concours protecteur
d'un si puissant avoué sans lui fournir de gros émoluments. Outre la cession
d'une part déterminée de leurs revenus, tel le tiers des amendes aux trois
plaids généraux et des amendes judiciaires et d'autres avantages, elle lui
cédait une certaine étendue territoriale (1). Les abbés laïcs ou ecclésiastiques
aux mains indignes et rapaccs des IX^ et X^ siècles, n'avaient pas peu con-
tribué sans doute à introduire cet esprit vénal dans la vie économique des
abbayes du moyen âge (2).
Jusqu'en 1130 déjà dix-huit localités avec leurs territoires comprenant
300 manses provenant de l'abbaye stavelotaine constituaient le fief d'avoue-
rie aux mains de Henri, comte de la Roche. Ce sont entre autres Lignières (3),
Marche (4), Humain (5), Jupille (6), Chéoux (7), Cielle (8), Halleux (9),
Hodister (10), Lavaux (11), Ortheuville (12) et Warisy (13). Il faut encore
ajouter à ce territoire le ])ois de la Roche et la forêt de Freyr (14).
Il me faudrait remonter bien haut dans les temps moyenâgeux pour éta-
blir les titres de propriété du monastère stavelotain sur ces localités. Le but
du présent travail me défend cette attrayante digression.
On conçoit d'après ces largesses que la mambournie de Stavelot-Malmédy,
véritable fief, a été un puissant facteur des plus beaux joyaux de la couronne
de nos comtes et du prestige des princes qui en ornèrent leur front.
Henri comme tous les avoués lotharingiens, et en cela trop fidèle imita-
teui de ses ancêtres, fut plutôt un spoliateur qu'un défenseur du domaine
ecclésiastique placé sous sa tutelle. Trois diplômes contemporains du fils
d'Albert III et qui concernent spécialement son avouerie nous autorisent
à juger l'avoué avec quelque rigueur. Lothaire III veut réagir contre les
abus d'une institution qui ne répond plus à sa destination originelle ; et, à
cet effet, ses trois lettres (15) mettent une digue aux prétentions excessives
(1) Ibidem, Introduction, p. IX et charte no 151, p. 304.
(2) Y. Yernaux, op. cit., p. 433.
(3) Ibidem, opiis citaliim, pp. 339 et 341.
(4) Ibidem, p. 344.
(5) Ibidem, p. 416.
(6) Ibidem, p. 419.
(7) Ibidem, p. 423.
(8) Halkin et Rolaxd, opus cilalum, p. 304, note 1.
(9) Ibidem.
(10) Ibidem.
(11) Ibidem.
(12) Ibidem.
(13) Ibidem.
(14) Ibidem.
(15) Halkix et Roland, opus citatnm, pp. 314-315, diplôme du 13 avril 1131,... advo-
cati... nullam prorsus exadionem facerc... ; pp. 323-325, diplôme du 17 août 113G, ... sed
aduocahis qui a nobis et ab ipso abhate beneficium propter hoc ipsum (toute expédition mili-
taire) habet, sine supplemento abbatis vel omnium suonim diligenter exsolvat ; pp. 348-351,
bulle d'or du 22 septembre 1137, Advocatas expeditionem et arma pro summa et débita
sut beneficii nobis successoribus noslris procuret. . .
23
— 356 —
et aux mesures vexatoires et arbitraires de l'avoué (1), suppriment ses subal-
ternes, eux surtout oppresseurs des paysans, restreignent son domaine juris-
(liclionnel, diminuent ses émoluments et déclarent que le service d'ost dû à
lomporour se fera aux frais de cet agent sans qu'à cet égard il soit jamais
liormis d'inquiéter l'abbé, la famille, ni les possessions de saint Remacle.
Plus tard, nous le constaterons au sujet de Henri 11, troisième comte de
la Roche, aux injonctions impériales se joindra la voix menaçante du souve-
rain pontife mais tous ces moyens resteront impuissants à réfréner l'esprit
de lucre des comtes rochois avoués des moines de Stavelot-Malmedy.
La plume de l'historien doit ajouter que ces excès sont plus imputables à
l'époque qu'à nos princes.
§ IX. — Son exemption du tribunal de la paix.
Assurément tout le peuple du XI^ siècle était chrétien, mais pas au point
d'exclure toutes les injustices et toutes les violences. Les seigneurs temporel?
qui auraient dû êt-e les garants de la paix publique étaient les premiers
à la violer. Certains incendiaient les églises ou s'emparaient de leurs granges
et de leurs biens, d'autres emprisonnaient les personnes ecclésiastiques ou
les empêchaient par des menaces ou des voies de fait de se rendre à leurs églises
pour y remplir les fonctions de leur ministère (2). Ce n'étaient que noises et
querelles depuis le serf le plus humble jusqu'au plus puissant feudataire.
Les riches se faisaient voleurs de grand chemin, dépouillaient les marchands,
ravageaient la moisson du pauvre et abusaient de leur force à l'égard du
peuple. Cet état permanent de trouble et d'anarchie était funeste à l'indus-
trie et au commerce. Les monastères même que les rois pieux avaient fondés
ou dotés et qu'entretenait encore la foi généreuse des humbles, étaient con-
voités et souvent dévalisés. L'excommunication (3) lancée maintes fois
contre les dévastateurs et les détenteurs injustes de ces patrimoines sacrés
et les confirmations (4) de leurs biens et privilèges accordés par les papes
(1) Voyez DE RoBAULX DE SouMOY, Chronique de l'abbaye de St-Hubert, 4« partie : De
l'avouerie de Saint-Hubert et des seigneurs de Mirwart, pp. 199-218 ; puis, pp. 55, 56 et
81 et MM. Roland et Guilmix, Hemptinne dans Les communes namuroises, 1907,
p. 17.
(2) E. Schoolmeesters, op, cit., pp. XI-XII.
(3) J. Halkin et C. -J.Roland, ■ op. cil., Bulles du 28 décembre 1143 p. 367 et du 30
décembre, même année, du pape Cclestin II, p. 368.
(4) Ibidem, Bulles de Vitalien, septembre 660, p. 16 ; de Léon III, 28 février 803, p. 62 ;
de Grégoire V, 2 juin 996, pp. 195 et 198 ; de Léon IX, 3 septembre 1049, p. 230 et 5 octo-
bre 1049 p. 232 ; de Innocent II, 3 mai 1140, p. 352 ; de Lucius II, 10 novembre 1144,
p. 372 ; de Eugène III, 6 juin 1146, p. 378 ; janvier-février 1148? p.401 et 9 janvier 1152,
p. 454 ; lettres de Brunon, archevêque de Cologne, 31 octobre 953 (?), pp. 169-171 ; de
Hcribert, id., 1007 ('?), pp. 202-204 ; de Arnoul, id., 1140,' pp. 357-359 et d'Albéron II,
cvêque de Liège, pp. 344-346 ; les diplômes de Childéric II, 6 septembre 670, p. 20 et 663-
674, p. 25 ; de'^Dagobert II, 1 août 677, p. 27 ; de Thierry II, 681, p. 30 et vers 681, p. 33;
de Childéric III, juillet 744 (?), p. 43 ; de Louis le Pieux, 1 octobre 814, p. 64 ; de Lothaire
II, 12 avril 862,}). 82 et 13 avril,même année, p. 89; de Louis le Germanique, 10 juin 873,
]). 91 ; de Louis le Jeune, 26 mai 877, p. 97 ; de Louis l'Enfant, 10 septembre 902 p. 117 î
de Henri 1", 8 juin 935, p. 146 ; de Otton 1% 1 février 950, p. 162 ; de Otton III, 27 février
987, p. 192 ; de Conrad H, 1033, p. 209 et, 18 avril 1036, p. 211 ; de Henri III, 5 juin 1040,
p. 212 ; de Henri IV, 1065, p. 234 et,22 novembre 1089, p. 258 ; de Lothaire 111,13 avril
1131, p. 315; 17 août 1136, p. 323 et 22 septembre 1137, p. 330 ; de Conrad III, 11 avril
1138, p. 335 ; et de Frédéric P>-, 9 mars 1152, p. 456 et G. Kurtii, Charles de l'abbaije de
— 357 —
et les souverains sont des preuves bien manifestes de l'insécurité qui envelop-
pait ces asiles de la science et de la religion.
L'Eglise, fondée par le Prince de la paix pour porter la tranquilité aux cons-
ciences et aux nations, »ouiïrait de cette situation. La paix n'est-elle pas la
première condition de la vie civilisée? Supprimer les abus de force, faire
régner plus d'harmonie entre les classes sociales, mettre fin à ces guerres
atroces et interminables qu'allumaient entre seigneurs voisins des motifs
futile. : telle fut la noble cause au service de laquelle l'Eglise mit son influence
et, si son succès ne fut pas complet, ce sera toujours pour ses pontifes un
éternel honneur, en face de la civilisation, d'avoir caressé ce rêve grandiose
d'une paix perpétuelle régnant sur le monde, rêve glorieux que le noble tzar
de Russie, Nicolas II, félicité par le pape Léon XIII, a repris et tenté de
réaliser à la fin du siècle dernier.
Les évéques, anciens soldats mitres de l'empereur, mais à cette heure
humbles prêtres du Christ convertis à l'idée clunisienne (l)dela halte des
armes, entreprirent à leur tour l'éducation civique des seigneurs féodaux et
leur firent comprendre que le pacifisme émane de la doctrine catholique, que
la guerre n'est qu'un mal nécessaire pour défendre le droit, protéger les faibles
et réprimer l'iniquité.
Dans sa sagesse l'Eglise procéda par étapes. Sa parole autorisée parvint
à liguer les seigneurs et à leur faire convenir qu'en tout temps les prêtres,
les pèlerins, les voyageurs, les marchands, les cultivateurs et les femmes
ne devaient jamais être molestés : c'est la Paix.
Le port des armes fut défendu ici depuis le soleil levant du vendredi
jusqu'à celui du lundi de chaque semaine, depuis l'Avent inclusivement jus-
qu'à l'Epiphanie et depuis la Septuagésisme jusqu'à l'octave de la Pentecôte,
aux vigiles, aux quatre-temps, aux fêtes du diocèse et de l'Eglise, les deux
jours qui précédaient ou suivaient ces fêtes : c'est la Trêve-Dieu (2).
Ces ligues de la paix du moyen âge mettaient le monde sur le chemin de
la paix universelle. Elles ne supprimèrent pas complètement les guerres pri-
vées, mais elles en diminuèrent le nombre et les horreurs (3). De plus, ces
associations des X^ et XI^ siècles sonnèrent l'abandon du vieux droit franc
Saint-Hubert en Anlenne, Y. I, Bulles de Grégoire VII, 29 avril 1074, p. 39 et, 1074, p. 41;
deHinorius 11,19 avril 1129, p. 98 et d'Innocent 11,17 avril 1139, p. 104 ; lettres de Henri I,
évcque de Liège, 1075, p. 45 ; de Renaud, archevêque de Reims, 1086, p. 64, et d'Albe-
ron I, évcque "de Liège, 1126, p. 97 et diplôme de Henri IV, 25 juin 1079, p. 29.
(1) A partir du X'' siècle une véritable renaissance monasticiuc s'opéra sous l'impulsion
féconde du glorieux ordre de Cluny qui devait être le principal propagateur des idées de
reforme. Vovez J.-B. Brugerette, Grégoire VII et la réforme du XI° siècle dans la COL-
LECTION "science et religion, p. 15 ; A, Gauchie, op. cit., U<^ partie, introduc-
tion, p. XXXIX et A. DE Brimont, Un pape au moyen âge, Urbain II, Paris, 1862, pp.
67-85.
(2) M. l'abbé Erxst, Histoire du Limbourg, édition Ed. Lavalleye, T. II, p. 158 et sqq. ;
Edmond Poullet, Origines, développements et transformations des institutions dans les
anciens Paijs-Bas, 1882, T. I., p. 202; Aegidii Aureaevallis religiosi Gesta pontificum leo-
diensium, Leodn', 1613, T. II, p. 38 et M. G. H. SS., T, XXV, pp, 89-90 qui reproduisent
l'ouvrage précédent de Gilles d'Orval. Mon énumération comprend les temps de halte qui
existaient avant et sous Henri le Pacifique.
(3) G. KuRTH, Manuel d'histoire de Belgique, p. 45 et Idem, Abrégé de l'histoire de Bel-
gique, p, 32.
— 338 —
el le (.ummoncomcnt d'une évoluliuii juridique réclamée par les besoins nou-
veaux : deux fruits précieux du travail pacifiste des évèques. Plus tard, les
citadins en tirèrent encore Tidée de conclure entre eux des associations ana-
logues ayant un caracLère municipal. Si les Trèves-Dicu n'ont pas été le
germe des communes, elles ont placé au berceau de ces créations démocra-
tiques des modèles qu'elles ont eus sous les yeux et qui ont été contre l'esprit
individualiste un stimulant des plus effîcaces (1).
Bien (pie décrétées par des conciles et établies réglementairement dans une
grande partie de l'Europe, les ligues de la paix ne survécurent pas à l'époque
qui avait présidé à leur format' on.
Henri de Veidun, évêque de Liège (1076-1091), résolut de faire revivre
dans son diocèse, ces lois bienfaisantes et d'y ajouter de nouvelles disposi-
tions mieux adaptées à l'esprit du temps: c'est la Paix-Dieu.
Comme sanction de ces règlements, les seigneurs Albert de Namur, Conon
de IMontagu, Conrad de Luxembourg, Godefroid de Bouillon et la plupart
des princes de la Belgique orientale (2), établirent à Liège, avant 1083, le
Tribunal de la Paix, qui devait juger des contraventions aux lois nouvelle-
ment promulguées dans le diocèse (3). Ce tribunal siégeait entre la
cathédrale et l'église Notre-Dame-aux-Fonts. Le princc-évêque convo-
quait les membres et présidait les séances avec, comme assesseurs, les prin-
cipaux du clergé, les échevins de la ville et les magnats du diocèse. Les causes
étaient introduites le samedi et serfs et nobles pouvaient porter leurs plaintes.
Le tribunal siégeait le dimanche. L'accusé avait la faculté d'affirmer son
innocence par serment, le tribunal prononçait l'acquittement. Le condamné
devait se conformer à la sentence sous peine de bannissement ou d'excom-
munication comme il lui était loisible de réclamer le jugement de Dieu. Dans
ce cas un combat avait lieu sur la place du Marché entre l'accusé et l'appe-
lant en présence des échevins (4). Les armes étaient l'épée et la hache ou
le bâton selon que les lutteurs étaient libres ou serfs. Preuve manifeste que
la justice aveugle de l'époque barbare n'avait pas encore complètement
disparu des mœurs publiques et que subsistait encore, du moins en fait, le
souvenir des anciennes ordalies (5). Que nous sommes loin cependant déjà
de ces temps où le coup de poing ou la hache apportait la conclusion de
tout débat et où la vengeance privée seule pouvait punir le coupable !
Cette juridiction qui vécut jusqu'en 1467 était absolument volontaire et
n'y étaient soumis que les territoires dont les feudataires y avaient adhéré
d'avance par un acte formel (6). C'était une paix consentie parla volonté réflé-
chie des consciences. Qu'à côté, notre paix armée du XX^ siècle, rêvée au
(1) G. KuRTH, La cité de Lièijc an moyen dge, Introduction, pp. XXXI-XXXII.
(2) Ernst, op. cit., p. 149, cite les noms de tous ces princes.
(3) G. KuRTH. La cité de Liège, I, pp. 49,67 et 126 ; II, p. 20 et III, p. 83.
(4) Ernst, op. cit., p. 153 donne tous les détails de cette procédure.
(5) Edmond Poullet, op. cil., I, pp. 430 et sqq., 534 et 840 ; II, pp. 66, 99, 177, 188,
193 et 790.
(6) .\. Delescluse, op. cit., passim.
— 359 —
milieu des canons et des cuirassés, nous paraît fragile ! La Trêve-Dieu déjà
avait revêtu le même caractère de liberté. C'est d'ailleurs le seul naturel. En
efîet, comment comprendre que des seigneurs lassés de querelles, des tra-
vailleurs avides de tranquilité et de repos, veuillent imposer par les armes
une institution qui ne pourra jamais sortir ses heureux efïets qu'au profit
de sujets qui, de leur bon et plein gré, l'auront acceptée des mains aimées de
leurs princes? Pour bien saisir cette mentalité, il faut se représenter qu'alors
le mot de paix avait le même prestige qu'en d'autres temps devait avoir
celui de liberté et qu'a de nos jours celui de justice.
Le comté de la Roche, sous Henri I et ses successeurs, ne fut pas soumis à
ce tribunal de paix. Le fait est attesté dès le XIII^ siècle (1). Moins d'un
siècle après, en 1343, les démêlés de l'évêque de Liège et du comte de Luxem-
bourg, au sujet de leurs prétentions respectives sur la Roche, se terminaient
à l'amiable le l*^^" juillet de cette année et un acte émané de l'évêque en cette
circonstance constate que l'on ne peut attraire à sa barre ni les bourgeoL de
la Roche ni les habitants du comté (2). Comment expliquer cette franchise?
Une réponse sera donnée, trois siècles plus tard, par Jean d'Outremeuse
(t L399) (3). Le pillard comte de la Roche, selon ce chroniqueur doublé d'un
romancier, n'ayant pas voulu sceller l'accord conclu entre différents seigneurs
le 18 mai 1084, les signataires auraient ravagé l'Ardenne et assiégé Henri P'"
dans son château de la Roche. Après un long siège le rusé comte, réduit par
la famine, aurait lâché dans le camp ennemi une truie repue à crever. A
cette vue, les princes désespérés se seraient éloignés d'une forteresse encore
si bien munie de vivres après un long siège en convenant que le chef-lieu du
comté et son territoire à une lieue à la ronde bénéficieraient derexemption(4).
Cette légende a été acceptée comme vérité pendant cinq siècles.
Des seigneurs qui conviennent de vivre en paix et de trancher leurs diffé-
rents par un arbitre, violeront-ils leur contrat, s'exposeï ont-ils à compromet-
tre leur œuvre à peine établie pour recruter par la force un nouvel adhérent
qui n'attendra qu'une occasion favorable pour resaisir son indépendance?
(1) J'ai lu dans les Gesta pontificum tiingrensiam, trcifedensiiim et leodiensium abbreoiaia
reproduits dans Mon. Germ. Hist. SS., XXV, 131 : « Scd nobilis cornes del Rouclie se et
suam terrain exemit omnibus in curia régis pro se et suis terris hominibusve ac dignitatibus
consentientibus. » Ce texte ne se trouve pas dans le manuscrit de cet ouvrage possédé par la
Bibliothèque royale de Belgique sous le n» 19627.
(2) Voici les termes de cet acte qui concernent l'accord en question : « On ne puist de
cest jour en avant appeleir devant nous evesques a la paix de Liège les bourgeois de la ville
de la Roiche et Ardenne demeurant en ladicte ville résidemment ni assis cex qui demourent
residemment dedans le terme de la conteit c^e la Roiche comme nous soiens souffisamment
enformez que li bourgois dessusdis et li menans en ladicte eonteit de la Roiche quant a ce
d'ancienneteit en doivent être frans. » Table chronolocjiqiie des chartes et diplômes etc.,
publiés par M. Wiirth-Pâquet dans les PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ HISTO-
RIQUE DU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG, T. XXI, charte n» 1593, p. 22.
J'ai trouvé une preuve non moins catégorique de cette exemption dans un Record de la
Cour féod. de la Roche (A-RCH. DE L'ÉTAT, à Arlon) en date du 18 mars 1427 : «...nous
tenons, dit cet acte, sceaux de marche en famen estre de la conteit de la Roich et partant
teneons que ils ne doivent est point appeleir à la dict paix... »
(3) Jean d'Outremeuse, Ly Mijreiir des histors, Livre II, pp. 277-280 dans les publica-
tions de la Com. roy. d'hist., édit. MM. Borgnet et Bormans, 7 vol., Bruxelles, 1864-1887.
(4) Ernst, op. cit., II, 161-162, exhibe par le menu ce combat imaginaire.
— 360 —
Xul ne le pensera surtout aujourd'luii que nous voyons quarante-quatre
puissances amenées par la persuasion à adhérer à la Cour d'arbitrage inter-
nationale. Elle est aussi toute spontanée l'adhésion des Etats de l'Amérique
centrale au tribunal arbitral de Carthago auquel ces républiques doivent
depuis six ans de ne plus se faire la guerre. Tout souverain est libre de se
faire représenter à La Haye et nul n'a la pensée de partir en guerre contre
les Etats de Costa-Rica, Libéria et Monaco dont les noms ne figurent pas
dans le contrat de 1907. Il n'en fut pas autrement en cette fin du XI"^ siècle
où, nous l'avons dit, tout le monde avait soif de calme et de paix. Henri I^r
n'a pas voulu se soumettre au tribunal de l'évêque, c'est l'unique raison de
l'exemption de notre comté de cette juridiction liégeoise.
Pour quels motifs Henri I^f de la Roche n'a-t-il pas voulu se soumettre
au Tribunal de la Paix? A défaut de documents je recourrai à l'hypothèse
et je conclurai d'après la logique des faits.
L'exemption fut réelle, le texte (1) des Gesla abbreviata ne nous permet pas
d'en douter. Cet acte d'autorité de la part d'un simple comte nous étonne
cependant quelque peu quand par après nous ne voyons que des empereurs
ou un puissant duc de Bourgogne oser toucher à cette institution pour la
confirmer ou en affranchir.
Henri est un papiste. Cette mentalité orthodoxe et romaine le comte de
la Roche l'a puisée dans sa famille bercé qu'il était sur les genoux de son aïeule
Régelinde, sœur d'un pape ; et puis, ses relations avec les moines de Saint-
Hubert, qui jamais ne furent rien moins qu'impérialistes dans la querelle des
investitures, ne firent que confirmer en lui cette conviction. Notre comte
n'est donc pas un partisan de l'intrus Otbert qui occupe le siège de saint
Lambert depuis 109L L'occasion est belle de soustraire ses sujets à un tri-
bunal présidé par l'indigne pontife. Aussi le comte la saisit-il avec empresse-
ment pour écarter de la tête de ses chers rochois la houlette de ce faux pasteur.
Depuis son adolescence le fils d'Albert HI a vu fonctionner cette procédure
judiciaire. Son père rentré de Liège, au soir des audiences, a bien des fois
raconté à ses beaux gars, devant l'àtre flambant de la grande salle du donjon
namurois, les différentes péripéties de ces jugements. Pendant vingt ans
Henri a pu apprécier les bienfaits, comme ses oreilles ont pu entendre les
critiques à l'adresse de cette juridiction ; et, si le jeune comte ne l'a pas admise,
une fois les reines du pouvoir dans ses mains, c'est qu'il en avait reconnu au
moins l'inutilité pour ses sujets rochois.
Peut-être aussi l'institution ne répondait-elle plus aux aspirations popu-
laires qui tendaient à ce que les manants fussent administrés et jugés par
leurs propres délégués. Ces idées qui s'acheminent vers la commune se font
jour du moins dans les villes. Henri en administrateur averti a reconnu que
ce tribunal n'a plus son opportunité originelle, que c'est une institution peut-
être fort critiquée par les rochois, une servitude même, dénomination que
suggère naturellement le mot exemit du chroniqueur.
(1) Reproduit plus haut, page 359, note 1.
— 361 —
Henri I sait encore que ses terriens, sous leurs chaumières de torchis, ont
des mœurs calmes et de modestes aspirations, car ils sont agriculteurs et éle-
veurs de bestiaux par conséquent peu enclins à la guerre et aux querelles,
que les seigneurs clairsemés dans les bruyères et les taillis s'adonnent pas-
sionnément à la chasse et n'ont d'autres soucis que de percevoir les cens de
leurs serfs et de leur administrer la justice. Les abus de force étaient donc
plus que rares parmi ces familles patriarcales et les juridictions locales leur
suffisaient amplement.
Si ces hypothèses ne semblent pas satisfaisantes pour expliquer l'opinion
du premier comte de la Roche de refuser la juridiction liégeoise, je les cède
au lecteur.
Certains disent que cette exemption ne doit pas être attribuée au fondateur de
la dynastie rochoise,mais qu'elle est venue de son père Albert III de Namur.
C'est là une autre erreur. Un historien liégeois (1551- f 1617) reproduisant
une chronique du XI 11*^ siècle avait omis d'ajouter au nom de notre comte
la forme romane del rouche (1) dans le passage où il est question de cette exem-
ption et comme dans la phrase précédente du chroniqueur médiéval il s'agit
d'Albert de Namur, l'exemption fut attribuée au comte namurois par les
lecteurs trop naïfs du négligent copiste.
§ X. — Sa mort et ses funérailles.
Henri avait donc abrité son âge mûr. et sa vieillesse dans cette demture
agreste bâtie sur un rocher nu en face des verdoyants coteaux qui y font un
coude comme pour embrasser la rivière et l'église dans une étreinte joyeuse.
Arrivé au soir de sa vie, le vieillard assis sur la terrasse bordée de genêts aux
corolles d'or du manoir aimé, plonge, maintenant plus souvent que jadis,
son regard vers ce côté de l'horizon coupé par Corimont et Cereux lequel
dresse au-dessus du bourg le signe salutaire du gibet (2). Ses pensées jaillissent
(1) Les annotateurs des Gcsla abbreviala dans les Mon. Gcrm.H. .S.S.,XXV, 131, affectent
le nom du fief del Roiiche, cow\ç\\\i dans le passage cité p. 32, note 1, de ces mots : « del Rouche
deest M. Chr. B. » On ne possède plus le manuscrit de ce Magnum Chronicon Belgicum, mais
Chapeaville qui, dans son ouvrage Gcsla pontificiim T., T. et L., Liège, 1()13, II, 39, en repro-
duit le texte, omet les mots del Rouehe.LeP.de Marne visant ce passage tronqué écrit dans
Ernst, op. cit., II, 162, n<> 1 : « Il peut y avoir quelque omission dans ce texte, qu'il faudra
peut-être remplir par le met de linpe placé après celui de cornes. » Si ce moine historien
avait eu la chance de tomber sur le manuscrit original des Gesta oèôrei'/o^a qui se tenait blotti
dans la bibliothèque du séminaire de Luxembourg, il n'aurait pas manqué d'être, comme
nous, carrément affirmatif. Le travail du chanoine et vicaire général Jean Chapeaville
n'est qu'une juxtaposition coordonnée des études de ses prédécesseurs historiens Hariger,
Anselme, Gilles d'Orval, Godelscac, Nicolas, etc., à laquelle il se contente d'ajouter des
annotationes à la fin de chaque chapitre. Le passage qui nous préoccupe ligure dans la première
des trois annotationes de la page susdite. La voici à part les termes incidents : « De hac
lege et pace sic loquitur Maç/niim Chronicon Belgicum : cum nimiae fièrent strages homi-
num et incendia, et praedaè et rapinae... concilio Alberti comitis Namurcensis ...pacem
composuit omnibus... profuturam... quae pax anno pontificatus Hcnrici decimi quarti
in expeditione Romana per Henricum regem quartum, et principes confirmata, et episcopo
Henrico datae literae : sed Comes se et suam terram exemit ex hac pace : et ideo hic episco-
pus deinceps pacificus vocatus est. »
(2) Les exécutions des criminels avaient lieu à la Roche au lieu-dit Ceureux ancienne-
ment Cereux (Archives de Ste-Ode, liasse X, à l'INST. ARCHÉOL. DU LUX., à Arlon).
— 362 —
nombrousos el fuient vers ces multiples collines aux flancs peuplés d'hommes
et couverts île moissons, aux pics ()m!)ragés de forêts d'où émergent ça et
là une grise roche ou un massif castel, au pied baignant dans les eaux lim-
pides de rOurthe et du Bronze, de la Siire et du Laval, de la Lomme et de la
1 lalmaiche qui se déroulent avec des courbes bizarres au milieu des régions
pittoresques de son vaste comté (1) ; puis, réfléchissant que, pendant son
règne, il a édifié ses sujets par ses vertus de probe chevalier et de chrétien
sans reproche, qu'il a été un émule des moines de Stavelot et de Saint-Hubert
pour améliorer la situation sociale et économique des prolétaires, qu'il a
étendu partout le règne de la justice tout autant que celui de la charité,
qu'il a versé ainsi plus de paix et de bonheur au sein des plus humbles foyers,
Henri doit se dire, sans doute, qu'après une existence qui a valu la peine
d'être vécue il n'y a pas d'amertume à mourir.
Notre comte était septuagénaire : les boucles de ses cheveux étaient blan-
ches comme la neige et ses joues brunes comme le feuillage du chêne. Une
maladie, messagère de sa fm, le visita. C'était avant le 5 juin 1139 (2). Digne
pendant sa vie, le père du comté de la Roche fut grand en face de la mort :
Henri I parle et c'est pour demander le prêtre. Avec quelle humilité le des-
cendant des pieux comtes de Namur offre à Dieu le sacrifice de sa vie et
accepte de voir se briser les liens de l'amitié, de l'autorité, de la chair et du
sang ! Pour rassembler, à l'église, les fidèles qui accompagneront, en rang
et respectueusement, le T. S. Sacrement, on sonne la cloche de la façon
convenue, puis la sainte communion est portée à l'auguste malade. Le prêtre
cil marchant précédé de la sonnette et de la lanterne récite des psaumes, des
litanies et oraisons pendant tout le parcours. Le corps du Seigneur est porté
avec un souverain respect dans un calice recouvert d'un couvercle surmonté
d'une croix et orné d'un voile à franges de soie. Le pasteur demande au comte
de la Roche s'il croit que, sous cette forme de l'hostie, réside le corps du Sei-
gneur, né de la Vierge Marie, torturé sur la croix, ressuscité le troisième
jour. « Oui, je le crois » est la réponse; puis, le saint Viatique est administré
au princier moribond. Les rochois vivement impressionnés par cette scène
grandiose en sa simplicité redescendent jusque l'église avec le prêtre qui porte
toujours le corps du Seigneur.
Henri I, sur son lit qu'entourent son épouse et ses enfants en pleurs, la
main surl'épée et les yeux sur le crucifix, récite d'une voix sombre et saccadée,
le Paler, Y Ave (3) et le Credo, puis le cher comte s'éteint doucement comme
une lampe qui a consumé son huile tandis que l'on entend dans la grande
salle où, par les archères, l'aurore filtre ses teintes de rose, le murmure des
(1) Nous croyons pouvoir publier, en annexe à une étude subséquente, la carte géogra-
phique du comté de la Roche à l'époque de la maison de la Roche.
(2) Chanoine A. de Leuze. La Roche et son comté, 1907, p. 29.
(3) Les hagiographes des temps mérovingiens ont mis sur les lèvres de leurs héros mou-
rants saint HulHTt {Acia SS.), sainte Ode, veuve (IbicL), etc., les paroles vénérables du
Palcr et du Credo. Comme la Salutation angélique entra dans la liturgie officielle dès avant
le XI« siècle, nous pouvons croire que les chrétiens du temps de Henri I de la Roche se fai-
saient, déjà alors comme aujourd'hui, une douce obligation de joindre. cette prière au
Noire Père et au Je crois en Dieu au cours des angoisses de l'agonie.
— 363 —
prières liturgiques des moines de Stavelot et de Saint-Hubert accourus au
chevet de leur ami et protecteur.
Le curé de la paroisse s'empresse, aussitôt après le décès, de réciter le
De profundis et l'oraison pi es du cadavre. La cloche de l'église, pendant plu-
sieurs semaines, asperge l'air de sons lugubres et le moulin fait taire son habi-
tuel tic tac (1). Le corps n'est pas gardé au château : on le porte à l'église où,
chaque nuit, les matines sont chantées, puis, l'ofTice de nocturne terminé,
le vicaire congédie l'assistance et ferme le lieu saint. Toutes les cours du comté
ont reçu notification officielle du décès et la triste nouvelle met les cœurs dans
une étreinte douloureuse. Le reste du jour, le serf, la tête basse, suit ses grands
bœufs, muet et pensif. C'est que Henri avait augmenté le comté sans coup
férir. L'histoire vraie, en eiïet, n'implique notre bien-aimé prince dans aucune
guerre pas même dans le combat de Huy qui valut à son frère le siège épis-
copal de Liège : d'humeur pacifique Henri n'eut d'amour que pour le devoir,
son castel et sa famille.
Ce prince magnanime avait régné plus par le cœur que par le sceptre.
Un cortège imposant accompagna la dépouille mortelle jusqu'à l'église
d'Ortho où les quatre prêtres qui l'y déposèrent se tenaient aux quatre coins
de la bière (2). Le doyen de Bastogne, qui avait le privilège d'enterrer les
nobles de sa chrétienté, présida le service funèbre. A l'issue de la messe,
après le Non intres et le Siibvenite, quatre diacres chantèrent successive-
ment le commencement d'un des quatre évangiles. Ce chant alternait avec
des responsoirs et des oraisons pendant lesquels le célébrant encensait et as-
pergeait le cercueil et la tombe vierge ouverte devant l'autel de saint Rémi (3).
Cela terminé, les diacres portèrent le cercueil au bord de la fosse où l'on
entonna les psaumes Confilemini Domino, Quoniam bonus, Quemadmoclum desi-
derat, Jubilate et Memenlo qui comme le Benedidus expriment l'allégresse de
l'àme à son entrée dans le séjour de l'éternité bienheureuse. L'auguste défunt
fut ensuite descendu dans la fosse et le doyen l'aspergea encore en récitant les
(1) Le moulin banal de la Roche au temps de Henri I tournait sur le Bronze et, déjà en
1354, on l'appelait li vie mollin par opposition sans doute au moulin récemment construit
à l'intérieur des fortifications. Celui-ci occupa, pendant plus de cinq siècles, l'emplacement
actuel du Cercle catholique. Ses roues étaient mues par l'eau d'un bief qui la premait en
aval de Harcé-GofTe et, grossi du ruisseau de Gohettc, la rendait à l'Ourthe au-delà de l'en-
droit appelé, dès le second quart du XIV <■ siècle, la porte du Gravier.
(2) J. Ceyssens, Les doi]ens ruraux dans l'ancien diocèse de Liège dans BULLETIN
SOCIÉTÉ D'ART ET D'HIST. LIÈGE, T. IX, pp. 57-58, où j'ai puisé le rite des funé-
railles qu'en va lire. ,AI. l'abbé Cevssens s'est inspiré, pour écrire ce qui a trait aux funé-
railles, de l'ancien rituel liégeois qui se trouve en manuscrit à la bibliothèque de l'Uni-
versité de Liège et qui a été reproduit dans les Analecles. C'est du moins ce que m'a
écrit l'un de mes estiniés^orrespondants, mais il m'a été impossible jusqu'à cette heure
de me procurer cet ouvrage.
(3) En 1570. le sire de Villcrs choisit sa sépulture dedans leur mère église à Xotre-Dame
à Samré. (Cour féod. de la R.) Le 1 juin 1611, Henri de Hamptel, seigneur de Prelle, et son
épouse Catherine de Herlinval demandent d'être sépallurés dans l'église de Roumont,
auprès de leurs prédécesseurs. (Arch. de Sle-Ode). Les Piret de Ste-Ode, au XVII<" siècle, repo-
sèrent dans l'église de Tenneville. (Ibid.) Le seigneur de Cielle en vertu d'un acte du 23
décembre 165l'sera inhumé en la nave de l'éqlise de Cielle auprès de feue sa mère. {Gref. seab.
de Cielle.) C'est ainsi que le pavé de nos vieilles églises n'était composé que de pierres tom-
bales.
— 364 —
prières par lesquelles l'Eglise demandait pour le comte Henri le bonheur
de la résurrection glorieuse et de la vie éternelle. I^],nfin, le célébrant jeta
la première j)elletée de terre et, pendant i\uc les assistants continuaient cette
funèbre besogne, les piètres i)salmodièrent les psaumes Domine probasli me,
Domine exaiidi, Laudate et d'autres prière. .
Le doyen reçut pour ses honoraires la cire, l'offrande et le drap mortuaire
sur lequel la comtesse Mathilde et ses enfants Godefroid, Henri, Mathilde et
Beatrix avaient déposé une pièce d'or (1).
Sous les dalles voyantes de Téglise romane d'Ortho, notre premier comte,
Henri I, sommeille dans sa tombe et le pieux fidèle ignore qu'il foule aux
pieds la cendre sacrée du fondateur de la Hoche. Le vieux bourg rochois,
nimbé de légendes, lève vers le ciel limpide sa tète et ses épaules décharnées
sous un lierre narquois et redit aux curieux, par la voix plaintive de ses seuls
hôtes les noirs sapins qu'agite le vent, la caducité des grandeurs humaines.
Tout comme au temps de Henri, les cerfs et les chevreuils errent encore
avec majesté sous l'ombrage de nos chênes houleux et dans sa ravine dentelée,
là-bas, rOurthe écumeuse envoie toujours avec son déclic moqueur ses ondes
cristallines vers le pays mosan.
V. Habran.
(1) C'est par cette disposilioii du vieux droit coulumior que s'explique comment messire
de Coppin, seipneur de Beausaint, a pu écrire dans son testament du 9 mars 1727 que
l'on portera au doijen une pièce d'or soie qu'il si trouve (aux obsèques du testateur) ou point.
{Cour féod. de la R.)
— 365 —
o
o
ce
_C0
(D
C
O
co
w
ce
u
s
H— 1
Q
j5
Z 3
^ «
w
"a
Oh
(D
3
<
.5"
""00
_o
co
^<D
C
-<D
•Qû
3
CO
-£
JQ
CO
h-
l-H S
© r-J
O
Q 5
K
a
o
w G
03 -3
a LO
§ o
2 "3
t< s
13
O
a
•O)
d
fcD
o
'©
s
J
"l-^
<D
Q
^
■H
œ
0^
3
fe
cr-
o ^
o s
H
K
t^
O
>i
O
H
p:!
o
<
'^
h-i
o
H
3
o
W
<©
u
t>
2
Q
tn
-a
Ci
D5
IJH
X ■
H o
•a o
Q
o
w
P
S
H
9 ^
r^ 2
— 366 —
TABLE DES MATIÈRES
PAGES.
Avant-propos
332
§1-
— Naissance de Henri I, premier comte de la Roche.
333
§ II.
— Sa famille
333
§ m.
— Son adolescence
335
§ IV.
— Son mariage
338
§ V.
— Sa piété
339
§ VI.
— Sa journée
344
§ VII.
— Ses sujets .........
348
§ VIII.
— Son avouerie
351
§ IX.
— Son exemption du Tribunal de la Paix ....
356
§ X.
— Sa mort et ses funérailles , .
361
Appendice : Tableau généalogique de la Maison de la Roche
365
FIN.
NOTICE
SEIGNEURIE DE GRUNE
JVÎ. le Comte jVîaurice-'paul-françois de Kamaix
CONSEILLER DE LÉGATION HONORAIRE DE S. M. LE FOI DES BELGES,
ANCIEN MEMBRE DE LA CHAMBRE DES REl'RÉSENTANTS. SÉNATEUR POUR L'ARRONDISSEMENT D'ANVERS.
24
368 —
GRUNE.
Grune qui, avant la Révolution française, s'orthographiait Grunes, Grusne
et Grunne, est un village de 500 habitants situé dans l'arrondissement de
Marche, à cinq kilomètres de Nassogne, son chef-lieu de canton. Son château,
qui date du commencement du XVIP siècle, était, sous la féodalité, le siège
d'une seigneurie hautaine se relevant en plein fief de la Cour féodale du comté
de Laroche.
Le seigneur y exerçait la justice par un mayeur et des échevins qu'il nommait
lui-môme et destituait à volonté. Ce mayeur et ces échevins avaient « cognois-
sance de touttes causes civilles et criminelles, réelles et personnelles ; ibidem,
de toutz contratz, venditions, deschanges, œuvres, accense, arrentements et
transports tant héritables et gagières pour estre tenu et approuvez de valleurs,
lesquels se doivent faire, passer par devant euls. « (1)
Gomme tous les possesseurs d'un plein fief, le seigneur de Grune était tenu de
« comparoistre au siège féodal de Laroche toutes et quantes fois il en était
requis, pour assister à la judicature des causes féodales « et aussi ■• d'estre
toujours monté et tenir cheval et armes pour aux occurences comparoistre avec
les' autres hommes de fiefs es lieux et places là où le service du prince l'exi-
geait et selon qu'il était semond et commandé par le prévost et capitaine de
La Roche, es main duquel il devait chaque fois prester le serment de féaulté. »
Les possesseurs d'un plein fief devaient payer au domaine Ijuit reaulx d'or
pour les reliefs qui se faisaient à chaque changement d'héritiers et aussi le
treizième denier « en cas de vente, aliénation et transport » du fief. (2)
Avant la Révolution, Grune, au point de vue religieux, dépendait de la
paroisse de Nassogne ; après le Concordat, ce village fut réuni à la paroisse de
Bande ; vers 1836, il fut détaché de cette paroisse et forma une cure indépen-
dante, ressortissant au doyenné de Nassogne.
SEIGNEURS DE GRUNNE.
Le premier seigneur de Grunne dont il est fait mention dans nos Annales
Luxembourgeoises, est Henri de Wellin qui vivait dans le commencement du
XIV^ siècle.
(1) Coutumes de Grune. Voir les Communes Luxembourgeoises.
(2) Cour féodale de Laroche. Reg 1591-1626. P. 99 voet Reg. 1626-1662. P. 348 RV Erections en pleit
fiefs des seigneuries de Ste-Oudn et de Hennet.
— 369 —
Henri de Wellin descendait de l'ancienne famille noble de Wellin qui portait :
d'azur à deux léopards d'argent, l'un sur l'autre.
Aux émaux de l'écu près, les armoiries des de Wellin sont celles des
d'Ochain que la légende dit être issus des ducs de Normandie (l) et qui portaient
de gueules à deux léopards d'argent, l'un sur l'autre. Les de Wellin et les
d'Ochain étaient sans doute deux branches d'une seule et même famille.
Une branche de la famille de Wellin s'établit à Venatte sous Grupet. C'est de
cette branche que descend Henri de Wellin, seigneur de Grunne, de Crupet et
de Masbourg. Il en est question dans les actes de 1290, 1293, 1317, 1333 (2).
En 1317, au mois de février, Henri donne des lettres de franchise au village de
Grunne et, le 9 février, même année, il règle les droits et les devoirs de ses
habitants ; à cet acte interviennent comme témoins, son frère, Gobert de Wellin,
Godefrin de Resteigne, et Masson de Nassogne.
En 1333, Jean de Bohême, comte de Luxembourg et de Laroche lui donna en
accroissance du fief de Grunne trois hommes qu'il possédait à Grune avec tous
les droits seigneuriaux qui lui appartenaient sur eux.
Nous trouvons un document daté de 1318 qui mentionne un Thirion de Bras
comme seigneur de Masbourg et de Grunne. Il est à remarquer que ce même
Thirion avait juré le règlement des droits et des devoirs des gens de Grunne
donné en 1317 par Henri de Wellin (3). Il y a lieu de supposer qu'il était de la
famille de Wellin ou allié à cette famille. On ne trouve plus Thirion de Bras
mentionné après cette date.
De Wellin, la seigneurie de Grune passa aux Trina, sans doute par le ma-
riage de Marie de Wellin avec Lambolin de Trina, châtelain de Lomprez, puis
seigneur de Harzé (4).
« Trina ou Trinal, en la terre de Durbuy, dit Bertholet (5), avait d'argent à
un simple aigle éployé de sable, à bec et pieds d'or. L'an 1312, vivait Jacquemar
de Trinal, prévôt de Laroche, qui fut présent à l'accord fait entre les abbés et
les religieux de Saint-Hubert, et Arnoux de Pettange, touchant la juridiction
que les moines prétendaient en la bass9 cour de ce chevalier. Les années sui-
(1) Corn. Lux. T. V. P 112. - (2) T. viB P. 1193. - (3) T v. P. 595. — (4) T. viB. p. 1 192.
(5) Bertholet. Hist. de Luxembourg T. VII. P. 488.
— 370 —
vantes parlent encore avec éloges de ces seigneurs, qui ont été du siège des
nobles et qui ont donné aux Carmes et à l'église paroissiale de Marche quelques
biens, entr'aulres l'hermitage du Saint-Esprit et la grande prairie au dessous,
avec la dime de Hanipteau. »
Trina ou Trinal est situé dans le canton d'Erezée et fait partie de la commune
de Beffe.
Une branche de la famille de Trina s'établit à Izier ; elle est dite Sarter, le
Sarter, de Sarter. Dans la première moitié du XVI* siècle, vivait Guillaume de
Trina, écuyer, seigneur de la Thour à Izier, qui avait épousé Marguerite de
Vilhain (1).
En 14t)4r, le 27 juin, Jehan de Trinar, chevalier, seigneur de Grunne et de
Masbourg, confirme les privilèges accordés aux habitants de Grunne par Henri
de Wellin, en février 1317 et, le 9 février 1473, il déclare s'être transporté à
Halleux et y avoir ordonné aux prévôt et hommes de Laroche, en Ardenne,
d'aller à chef de sens à Luxembourg, en vertu de lettres obtenues par l'abbaye
de St-Hubert, de Guillaume de Grenart (2).
Jean de Trina était fils de Hubin ou Hubert de Trina, écuyer, mayeur de Huy
en 1414, et de Marie dite Magleine de Schœnvorst de Fexhe, seconde fille à
Henri Schœnvorst de Fexhe, chevaher. Le 13 août 1476, il releva de la cour
féodale des princes évêques de Liège, les seigneuries d'Aaz etd'Hermée par l'obit
et le testament de Bertheloine de Fexhe, sa tante. Il épousa, en premières noces,
N. de Hemt'icourt, fille de Jean de Hemricourt, et, en secondes, noces Catherine
de Strailes, fille de Ameil Baré de Strailes, chevalier, seigneur d'Othée, et de
Jeanne de Hamal de Soy, fille d'Eustache.
Jean de Trina était submayeur de Liège le 23 mai 1457, subbailli de Liège
le 27 janvier 1477 ; il vivait le 2 janvier et le 12 mars 1459, le 19 avril 1467, le
29 mars 1476 ; le 8 avril 1478, il est dit : Messire Jean de Trinar, chevalier,
seigneur de Grunne, d'Aaz etd'Hermée [Cour féodale desprmces évêques de
Liège). Jean de Trina était aussi mayeur de Marche : c'est ce que nous apprend
l'acte cité plus haut du 9 février 1473 ; il avait une sœur du nom de Catherine
qui vivait le 7 juillet 1402 {Cour féodale ci-dessus).
Sur la fin du XV" siècle, la seigneurie de Grunne était entrée dans la famille
de Hemricourt par le mariage de Ernould Bozeal d'Hemricourt avec Jeanne de
Trina, dame de Grunne.
(1) Le P'oit. Man. !• partie. XXII.
(2) Coin. Lux. T. V. P, 595.
— 371 —
Dans la première moitié du XIIF siècle, vivait Thomas, sire de Hemricourt
qui portait de gueules à une bande d'argent ; il avait épousé une fille de Heyne-
mant de Hoctebierges (1) et eut de son mariage six enfants, entr'autres Robert
de Grennewy, chevalier. Robert changea, sans doute comme puîné, les émaux
des armoiries paternelles et porta d'argent à une bande de gueules ; il laissa
Ernould Bozeal I et une fille.
Ernould Bozeal I eut trois fils, messire Thiry, Ernould Bozeal II, Robert et
une fille nommée demoiselle Grygon.
" Ernut Bozeal (II). . . . soy mariât en la conteit de Namur, et en sont issus
ly Bozeas et assy chilh de Nanynes, mannans en la conteit de Namur, et por-
tant les armes de Hemricourt : d'argent à la bende de gueles » (2).
Ernould Bozeal II eut un fils du même nom Ernould Bozeal III d'Hemricourt.
Ernould Bozeal III avait été, avant 1341, en expédition contre le roi de
France ; il est mentionné comme bailli d'Entre-Meuse-et-Archeen 1358, mayeur
de Namur jusqu'au 21 mars 1361, puis à partir du 17 mai de la même année ; il
devint ensuite bailli du comté à partir de 1363 jusqu'en 1366, et semble avoir
vécu jusqu'en 1401.
Le comte de Namur lui céda ses propriétés de Mozet, à charge de les tenir en
fief; Ernould, de son côté, lui fit hommage de ses nombreux biens allodiauxsitués
en ce même lieu, qui lui furent rendus en fief; Ernould les releva en 1361. La
même année, il acquit la seigneurie de Moinil. Il eut plusieurs enfants de Marie,
fille de Gobin d'Avin, mayeur de Namur, entr'autres, Ernould Bozeal IV et
Ghobart, seigneur de Moinil, époux de Marie d'Assonleville (3). Ce dernier
releva Moinil le 20 août 1402 par transport de son frère Ernould qui venait d'en
faire le relief comme fils aine (4). Ernould Bozeal IV, dit Ernould Bozeal
d'Hemricourt de Mozin (de Mozeti, fut mayeur de Namur de 1370 au 14 janvier
1378 ; il fit relief en 1392 et en 1401 des fiefs de Mozet et, le 23 février 1413, il
releva de la cour féodale de Liège par la mort de Gollart délie Court d'Ambresin,
autrement dit d'Avin, son grand père (5). Il épousa en dernières noces une fille
de Mathieu de Gorioul, Marguerite, dont il eut un fils, nommé Libert de Leuze,
une fille Marie et un fils Ernould V (6).
(1) Hodebierge, dépendance de Melin-sui'-Gobertange, canton de Jodoigne.
(2-4-5) Miroir des nobles de la Ilesbaye, édition du chevalier C. de Bornian, publiée en 1910, 1" vol.,
pp. 168-169-18.3, 184 (notes).
C3-6) Annales de la Société archéologique de Namur, t. 25. Les Échevins de Xciivur par Rodriguez
pp. 28-29-36-37.
— 372 —
Ernould V releva Mozet en 1425 et eut de sa femme Marie de Gorioul huit
enfants, entr'autres, Ernould VI qui devint seigneur de Grunnepar son mariage
avec Jeanne de Trina, dame de Grunne.
Ernould VI eut de Jeanne de Trina : Antoine, qui suit ; Ysabeau, femme de
Godefroid Gaillard ; Henri ; Anne ; Marguerite, épouse de Thiery Martin,
éohevin ; Jeanne, épouse de Jean de Vinamont.
Antoine d'Hemricourt de Mozet, émancipé en 1512, échevin de Saint-Aubain
de 1517 à 1532, fut seigneur de Grunne ; il testa le 6 février 1548 et mourut le
25 mai 1549. 11 avait épousé 1" Anne Marotte, fille de Jean Marotte, bourg-
mestre de Namur de 1512 à 1516, de 1520 à 1530, et d'Ysabeau le Potier;
2° Agnès Marotte II eut sept enfants : Jeanne (du premier lit) épousa Jean
de Maillen ; Thiery (du second lit) épousa Guillemette de Ramelot ; Gilles, qui
suit ; Jean ; Ysabeau qui épousa, le 9 octobre 1549, Goex van Inden ; Cathe-
rine qui épousa Mathias de Maillen qui vivait de 1560 à 1592 ; Anne (2).
Il écartela ses armes de celles de Trina comme le prouve son scel de 1522 (3).
Gilles de Hemricourt de Mozet, écuyer, seigneur de Grusne, second flls
des précédents, obtint la seigneurie dont il fit relief en 1555. 11 épousa Antoi-
nette, fille de Biaise Pierotte, échevin de Namur de 1528 à 1530, et de Anne,
fille de Jean de l'Espinée. Gilles était mort en 1562, et Antoinette, à cette époque,
avait convolé en secondes noces avec Thiery Peelmans (4).
Gilles de Hemricourt de Mozet eut pour successeur à la seigneurie de Grunne
son fils Jean, écuyer, bailli de Fançon. Jean épousa Anne Moreau, dame de
Thon et de Namèche, fille de Godefroid, seigneur de Thon, et de Jeanne de
Bervoets, dame de Namèche ; il releva la seigneurie de Grunne le 25 septembre
1585 et était mort le 28 mars 1592. A cette époque Jehan d'Argenteau releva
les usufruits de la seigneurie de Grunne, relief qu'il renouvela le 20 octobre
1605, en sa quaUté de second époux de Anne Moreau, dame de Thon (5).
Gilles de Hemricourt de Mozet, fils de Jean et d'Anne Moreau de Thon,
seigneur de Grusne, de Thon, de Namèche, de Magery et de Harzin, capitaine
d'une compagnie des Esleux Luxembourgeois, membre de l'Etat noble de Luxem-
bourg, épousa à Laroche le 2 octobre 1610, Anne de Waha de Baillonville,
baptisée le 2 octobre 1592, fille de Georges, chevalier, seigneur de Jemeppe, de
Ramezée, capitaine, prévôt et haut gruyer de la ville et du comté de Laroche,
et d'Isabelle d'Awans, fille de Louis d'Awans, chevalier, et de Jeanne Hugonel.
(1-2) Ann. de la Soc.ai-ch. de Namur, T. 25, pane ■155 {notes), page 239.
(3) Poplimont. T. V. page 244.
(4) Annales de la Société archéologique de Naniui-, T. XXV, page 20?.
(5) Cour féodale de Laroche. Reg. 1563-1590. P 148, Rv — Reg. 1591-1626. P. 8 R", P. 68 V.
MOZETZ
l'^EFVOT
1)AVAN I
I EnMJME I
IHVGONEILM
HoBLE Ho n£&ILL£ DENozETZ 5IGNE
DE aHEVNZ CAP'-e x)\^^£ COMPAIGNIE
DESESLEVX LVXEMBC)VRGE0I5 POVR LE
SERVICE DESSeRNISIEM ArcHIDVCQZ
DE 2RAÎBkti £.T î^OiLZ D/^MOlS£LLE
AHNE I>E WaHA ûIT BaLLoVILLE
] FEMME DVDFT SiGNCVRS
Kufî. Haveiland Del.
Daprès les croquis de M. de Ramaix tils
— 373 —
La maison forte de Grunne ayant été détruite par un incendie, il fit, en 1613,
construire un château avec fossés, pont-levis et poivrières. Ce château est de
style gothique, de forme rectangulaire, avec hautes tours carrées placées aux
angles opposés.
Gilles de Mozet plaça au dessus du pont-levis une pierre avec ses armoiries
et celles de sa lemme accompagnées de leurs quartiers :
Mozet, Thon, Trina, Bervoets, Waha, Dawans, Esmines, Hugonelle.
Sur l'autre façade il fit enchâsser deux pierres armoiriées : Mozet- Waha et
portant la date de 1613, l'autre contenant l'inscription suivante :
'' Noble Home Gille de Mozetz Sgne de Greune Gap^^ d'une compaignie des
« Esleux luxembourgeois pour le service des Sernisiem Archiducqz de Braiban
« et noble damoiselle Anne de Waha dit Balloville femme audit Signeurs. »
Gilles de Mozet fit construire en même temps à l'extrémité du parc une cha-
pelle destinée à l'usage des châtelains et du village. Il y réserva aux châtelains
une place dans le chœur et une entrée spéciale.
Cette chapelle fut ultérieurement agrandie et transformée, en 1836, en église
paroissiale.
A cette époque on enleva du chœur, pour les placer à l'entrée, trois grandes
pierres tombales et une petite, en-dessous desquelles on trouva des ossements,
vraisemblablement des comtes de Grune. Les pierres ne possédaient ni armoi-
ries, ni inscriptions, mais elles semblaient avoir été martelées, fort probable-
ment au temps de la Révolution française, par le commissaire de la Convention
nommé P. . . , dont M. Lamotte dans son " Etude sur le comté de Rochefort -,
raconte les hauts faits en ces termes, page 482 (1) :
" Quelques jours plus tard, le commissaire monté sur un cheval noir parcou-
rut l'un après l'autre tous les villages. Il entrait à cheval dans les églises et
chapelles brisant les fenêtres à vitres armoiriées, abattant les statues des
saints à coups de perche, martelant les armoiries des pierres tombales. Il
arrachait les croix, enlevant les aigles et les lions, abattait les gibets, eiïvayâiii'
partout les villageois par ses blasphèmes et ses menaces. "
A la page 505, M. Lamotte ajoute :
« P., l'exécuteur complaisant de toutes les mesures rigoureuses qui alarmaient
(1) Namur, Douxtils-Delvaux, 1898.
— 374 —
le pays, avait autant d'adversaires que le canton contenait d'honnêtes gens.
Le plus décidé et le plus ardent de tous était sans contredit le juge de paix
Deloncin. »
« Le 25 mars et le 27 mai 1799, il osa réclamer au Directoire « au nom de
tout le canton alarmé, » la destitution d'un homme qui semblait s'acharner à
faire mépriser le gouvernement. "
« Il l'accusait bien hautement de nombreux méfaits dont plusieurs furent
certifiés le 19 septembre 1799 par une assemblée de douze agents municipaux
réunis par les circonstances à Eprave afin de se soustraire à l'influence du
commissaire et à l'effet d'émettre une opinion libre et tranquille. »
Gilles de Hemricourt de Mozet releva la seigneurie de Grunne par suite du
décès de son père, Jehan de Mozet, le 29 septembre 1609 : il releva de même le
13 août 1632 par Jacques de Samerey, curé de Jupille, tout ce qui lui apparte-
nait à la seigneurie de Harsin en vertu de la donation lui faite par Marguerite
et Henri de Hamoire (1).
Le 17 novembre 1646, Gilles releva aussi le fief de Namèche par décès de
François Bervoels, son proche parent, fief qu'il donna à Gilles, son fils aine, le
27 novembre 1653 (i). En 1672, le 19 février, il acquit, à titre d'engagère, les
villages de Magery, Magerotte, Houmont, La Vasselle et Pinsammont, et dé-
nombra, le 27 août suivant," la haute justice des villages de Magery, Magerotte,
Houdmont, La Vasselle et Pinsaumont esclissés de la prévôté de Basiogne pour
former la seigneurie indépendante, dite de Magery, par suite de son achat, y
compris tous les droits seigneuriaux. «
Il dénombra aussi « la haute justice du village de Harzin, séparé de même de
la seigneurie de Marche, dans les mêmes conditions avec tous les droits
seigneuriaux (3).
Gilles de Hemricourt de Mozet et sa femme testèrent le 3 novembre 1634 :
celle-ci mourut peu de temps après (4). Gilles épousa 2° Marthe de Magery,
veuve de Alexandre d'Everlange, chevalier (5). Il était mort le 14 avril 1676,
comme le prouve le relief de Grusne fait, à cette époque, par son petit fils
Georges de Mozet (6).
(1) Coin. Lux., T. V, pp.59fl, 613. - (.3) T. IV, p. 629. — (5) T. VI*, p. 251.
(2) St. Boimans. Fiefs du comté de Namur.
(4) de Stein. Année 1899, p. 210.
(6) Il sera question de ce relief plus loin.
— 375 —
Georges de Hemricourt de Mozet, écuyer, seigneur de Grusne et de Harzin,
fils de Gilles, capitaine d'une compagnie de chevaux légers au service de S. M.
Catholique, épousa, le 30 septembre 1666, Catherine Claude Florence de
Coppin de Conjoux, fille de Jean de Goppin de Conjoux, écuyer, seigneur de
Beausaint et de Marguerite d'Orjo.
Ils eurent trois enfants: George qui suit, Maria et Marthe qui épousa, en 1687,
Guillaume Charles de Pinchart, écuyer (1).
Le 15 mars 1672 Georges de Mozet obtint la pleine juridiction, haute,
moyenne et basse, sur la seigneurie de Harzin (2).
George de Hemricourt de Mozet, écuyer, seigneur de Grusne et de Harzin,
contracta mariage le 24 juin 1699 avec Françoise Christophorinede Lambertye,
chanoinesse du chapitre noble de Remiremont, fille de Goerges marquis de Lam-
bertye, baron de Cons, seigneur de Drouville, maréchal de Lorraine, conseiller
de S. A. R. le duc de Lorraine, grand bailli et gouverneur de Nancy et de Chris-
tine, comtesse de Lenoncourt.
Il fut chambellan de S. A. R. le duc de Lorraine, premier député de l'Etat
noble du duché de Luxembourg.
Le 14 avril 1676, Georges releva par noble Pierre Louis de Coppin, écuyer,
seigneur de Beausaint, la seigneurie de Grusne, lui dévolue par la mort de son
grand père, noble Gilles de Mozet, seigneur de Grunne (3), et le 17 octobre 1686,
il releva sa part de la seigneurie foncière de Harzin mouvant en commun
fief (4). Il mourut au château de Grunne le 27 avril 1749 (5). Il laissa :
l" Anne Françoise Georgette de Hemricourt de Mozet, chanoinesse du
chapitre noble de Remiremont en Lorraine, née au château de Grunne le 4
juin 1700. Elle épousa Denis, Charles Joseph de Hamal, seigneur de Petit
Somme (6).
2° Nicolas François Joseph de Hemricourt de Mozet, né au château de Grunne
le 25 décembre 1701, fut chambellan et conseiller intime de S. A. R. et S.,
colonel propriétaire d'un régiment au nom de Grunne, felii- maréchal des armées
(I ) Poplimont. T. V., p. 247. — (5-6) p. 247.
(2) Com. Lux., T. V, p. 595 et p. 611. - (3) p. 606. — (4) p. 616.
— 376 -
impériales, envoyé extraordinaire du duc de Lorraine, au couronnement de
Frédéric II et à la paix d'Aix-la-Chapelle.
Il fut créé comte de Grunne et du Saint Empire, en même temps que ses
frères, le 14 avril 1747, par l'empereur François I, à l'occasion de son couronne-
ment.
Le 2 janvier 1751 messire Nicolas Joseph de Mozet de Grusne releva la
seigneurie do Grunne lui dévolue par la mort de noble et illustre seigneur
messire Georges de Mozet, seigneur de Grunne, son père, et en vertu du par-
tage fait entre lui et ses frères et sœurs, comtes et comtesses de Mozet de
Grunne, des biens de feu leur dit père et de illustre dame Madame Ghristopho-
rine, née Marquise de Lambertye, leur mère (1).
Il décéda au château de Grune sans alliance, le 15 février 1751, des suites de
blessures reçues dans ses campagnes et fut enterré dans la chapelle du
château (2).
3° Philippe Antoine de Hemricourt de Mozet qui suit.
4° Charles Antoine de Hemricourt de Mozet, né au château de Grunne, le 8
février 1708, chambellan du St Empire d'Autriche, colonel du régiment des cui-
rassiers de Stampach, créé comte de Grunne et du St Empire, le 14 avril 1747,
en même temps que ses frères, fut nommé prévôt de la haute cour de Laroche
le 6 avril 1756.
Le 17 novembre 1752, Charles Antoine, comte de Mozet et de Gr.unne, vendit à
nobleetillustre seigneur Philippe Antoine, comte de Mozet de Grunne, son frère,
général major des armées de sa dite Majesté, ses droits à la succession de feu
noble et illustre seigneur Nicolas, comte de Mozet de Grunne, leur frère, pour
1000 patacons (3).
Il est mort à Laroche (4).
5» Anne Marguerite Ignace de Plemricourt de Mozet, chanoinesse du chapitre
noble de Remiremont en Lorraine, née le 4 juin 1709.
6" Louise Françoise Dieudonnée de Hemricourt de- Mozet, née au château de
Grunne le 19 juin 1715, contracta mariage, le 17 octobre 1742, avec Philippe
(1) Com, Lux. T. V. page 59ti. — (3) paga596.
(2) Poplimonl, T. V, p. 248. - (4) p. 248.
— 377 —
Joseph de Pinchart, seigneur de Wartet et de Ville en Waret, écuyer, flls de
Guillaume Charles de Pinchart et de Marie Marthe de Hemricourt de Mozet (1).
7" Robert de Hemricourt de Mozet, né au château de Grunne, tué à la bataille
de Krotzka le 22 juillet 1739. Il était capitaine du régiment de Thiingen (2).
8" Vincent de Hemricourt de Mozet, né au château de Grunne, colonel au
régiment d'infanterie de Grunne, tué à Prague le 21 août 1742 (3).
9° Louis de Hemricourt de Mozet, né au château de Grunne, chambellan, co-
lonel au régiment d'infanterie Charles de Lorraine, tué à Hohenfriedberg le 4
juin 1745 (4).
Phihppe-Antoine de Hemricourt de Mozet, seigneur de Grunne et de Harsin,
second fils de Georges et de Françoise de Lambertye, naquit au château de
Grunne le 26 novembre 1702.
Il épousa Anne-Thérèse comtesse Esterhazy de Kadendorf, fille de François-
Joseph comte Esterhazy de Kadendorf, chambellan de l'empereur d'Autriche et
de Françoise-Amélie comtesse Erdôd Palfry.
Il fut successivement page de l'électeur de Bavière, chambellan du Prince-
Evêque de Liège et de l'Empereur d'Autriche, général de cavalerie au service de
S. M. I. et R., et fut créé comte de Grunne et du St-Empire en même temps
que ses frères.
Le 23 novembre 1752 le comte Charles-Antoine lui vendit ses droits dans la
succession de feu le comte Nicolas, leur frère (5).
Le 8 février 1753, fut effectuée la réalisation d'un acte de partage fait, le 7
janvier 1753, entre les héritiers de feu Messire Georges-Louis de Mozet de
Grune et de dame Françoise Ghristophorine Eléonore née marquise de Lam-
bertye, leur père et leur mère, et de M""*^ Nicolas-François-Joseph de Mozet de
Grune, comte du St-Empire, chambellan de Leurs M. I. , lieutenant-général
etc. . . , leur frère aîné. Intervinrent dans ce partage :
1) M^^ Charles-Antoine de Mozet de Grune ;
2) Dame Anne-Marguerite-Ignace, comtesse de Mozet de Grune, chanoinesse
du noble chapitre de Remiremont en Lorraine ;
3) Dame Louise-Françoise-Dieudonnée, comtesse de Mozet de Grune, douai-
(1-2) Poplimont T. V. pp. 248-249. - (3-4) Page 249.
(5) Corn. Lux. T. V. p. 596.
— 378 —
rière de Rr** Philippe-Joseph de Pinchart, écuyer seigneur de Wartet, tant pour
elle que pour son fils unique, mineur d'ans ;
4) M*"* Jean-Gharles-François-Joseph Dauvin, seigneur de Burdinnes, comme
mari de dame Françoise-Louise-Eléonore-Joseph de Hamal, et aussi par com-
mission de son beau-père Messire Denis-Gharles-Joseph de Hamal, seigneur de
Petite-Somme, usufruitier des biens délaissés par dame Anne-Françoise-Geor-
gette, comtesse de Mozet de Grune, et tuteur des trois filles laissées de son
mariage ;
5) Messire Philippe-Antoine comte Mozet de Grune, général major de cavale-
l'ie, devenu l'ainé par la mort de Nicolas obtint Grune, Harsin et leurs dépen-
dances, le moulin de Bande, les deux censés de Jallet en Gondroz, la censé de
Robermont, près de Virton etc. . . , sous les charges et conditions spécifiées
dans l'acte (1).
Messire Philippe-Antoine mourut àNamur le 17 mai 1753 (2). Le 5 décembre
1754, son fils Ferdinand, comte de Mozet de Grunue, lieutenant colonel au ré-
giment de Puebla, releva la seigneurie de Grunne par la mort de son père Phi-
lippe-Antoine. En 1781, le 20 septembre, il fit le même relief, mais cette fois
au nom de son frère Messire Philippe de Mozet de Pinchart, comte de Grunne,
dont il sera question ci-après. Ferdinand à cette époque était général au service
de S. M. I. et R. <3).
Philippe-Antoine-Marie-Joseph de Hemricourt de Mozet, comte de Grunne et
du St-Empire., seigneur de (}runne, de Gastillon, de Harzin etc. , né le 12 février
Î732 à Niek (Hongrie), était le second fils de Philippe-Antoine. 11 releva le
nom de Pinchart en vertu du testament de Henri-Hubert de Pinchart, seigneur
de Wartet, de Ville en Waret et de Frizet, frère de Philippe-Joseph et fils de
Guillaume-Charles de Pinchart.
Il avait hérité par adoption tous les biens de la famille Pinchart à condition
de relever le nom et decarleler ses armes, des armes de cette famille
Il épousa, le 15 juin 1761, Madeleine-Ghristine-Rachel de Holstein, fille
unique de Léopold de Holstein, écuyer, major de la garde noble de l'Electeur de
Saxe, et de Marie de Kempis de Sterneuburg. Elle est morte à Vienne le 9 mai
1811.
Il fut membre des Etats nobles du comté de Namur et du duché de Luxem-
bourg; servit d'abord au régiment de son oncle Nicolas et fut nommé, en raison
(1-3) Ck)m. JLux,, t. V, p. 597.
(2) Etat-civil de Namur.
— 379 —
de sa bravoure, major sur le champ de bataille de Torgau en Saxe en 1760 ; il
devint colonel, puis général major commandant la forteresse de Konigingratz,
Bohême, où il mourut le 3 avril 1797 (1).
Phihppe Antoine eut deux fils :
A) Philippe Ferdinand Marie de Hemricourt de Mozet, comte de Grunne-
Pinchart et du Saint Empire, seigneur de Grunne, de Wartet et de Ville en
Waret, de Frizet, seigneur de Markt d'Odesberg, d'UUman de Taxen, de la for-
teresse de Puygarten en Autriche, né à Dresde le 15 mai 1762, capitaine au
régiment des dragons de l'Empereur, 1790, puis colonel au régiment de Puebla,
chambellan en 1791, général major en 1800, conseiller intime de l'Empereur en
1810, grand maréchal de la cour de S. A. I. l'archiduc Charles.
Il épousa à Bruxelles le 25 septembre 1801 Marie Françoise Rosalie, baronne
de Felz, fille du baron de Felz et de Mœsdorff, secrétaire d'Etat des Pays-Bas
autrichiens et de Mathilde Lucie Helman, dame de Termeeren.
Il mourut à. Vienne le 26 janvier 1854 (2). Il est le chef de la branche d'Au-
triche.
B) Joseph Mathias Charles ou Carloman, Thomas Marie de Hemricourt de
Mozet, comte de Grunne et du St Empire, seigneur de Grunne, de Wartet, de
Ville en Waret, de Oastillon, de Beau Logis, etc. , né à Dresde, le 20 février
1769, mort à sa campagne à Elbville (Nassau) le 6 octobre 1853.
11 fut chambellan de S. M. I. et R. en 1799, lieutenant colonel du régiment
des dragons de Latour, puis général major. Il fut grièvement blessé à la bataille
d'Aspern. Il rentra en 1811 dans les Pays-Bas et par suite d'un arrangement
avec son père le comte Philippe Ferdinand de Grune, il prit possession des
biens de la famille dans ce pays. En 1815 il passa au service des Pays-Bas en
qualité de lieutenant général.
Il avait épousé à Bruxelles le 28 janvier 1812, Elise Françoise Scholastique
Tabithe, baronne de Secus, dame de la Croix étoilée, née le 2 avril 1791, flUe
de François Marie Joseph, baron de Secus, seigneur de Baufife, de Nairre et de
Marie Joseph Tabithe Helman de Termeeren.
Le comte Joseph Charles de Grunne est le chef de la branche de Belgique (3).
Il) Poplimont, t. V, p. 256. — (2) p. 251. — Ci) p. 251.
— 380 —
L'an XIV de la République française, le 13 brumaire (4 novembre 1805),
Messire Philippe-Ferdinand de Mozet de Pinchart, comte de Grunne, chambel-
lan, chevalier de l'ordre de Marie-Thérèse, général major au service de S. M.
l'Empereur et Roi, et Messire Charles de Mozet de Pinchart, comte de Grunne,
chambellan, lieutenant colonel d'un régiment de dragons au même service,
etc., etc., domiciliés en Allemagne, vendirent, par l'intermédiaire des citoyens
Philippe-Eugène Fontaine et Pierre-Joseph-Alexis Douxchamps, hommes de
loi, domiciliés à Namur, agissant en vertu d'une procuration authen-
tique datée du 12 fructidor an IV et par acte du notaire Paul-François-Joseph
Ghislain, de Namur (département de Sambre et Meuse), à Nicolas Boumal de
Barvaux sur Ourthe, la terre de Grune comprenant château, fermes, moulin,
terres sur Grune et Bande, et bois sur Grune et Roy, ainsi que tous les droits
quelconques sans réserve aucune des vendeurs sur la terre de Grune et ses dé-
pendances.
Boumal porte écartelé au F'' d'or au buste de more de sable, tortillé d'argent,
vêtu de gueules ; au 2® d'azur, au 3" et au 4® d'argent à une masse d'or brochant
du 3^ au 2*'.
Nicolas Boumal était fils de Lambert Boumal et de Jeanne Petithan. Il mou-
rut célibataire le 3 mai 1806. Dans son testament, datant du 12 février 1806,
après plusieurs legs particuliers faits à sa famille, il institue pour héritiers uni-
versels, de to'us ses biens, meubles et immeubles non légatés, où ils, puissent être
mouvants et situés, son neveu Lambert-Joseph Thonus, fils de Marie-Jeanne
Boumal, sa sœur, et de Nicolas Thonus, et son épouse, Hubertine de Leuze, fille
de sa sœur Anne-Marguerite Boumal, épouse de Jean-Louis de Leuze.
Lambert-Joseph Thonus et son épouse, héritèrent, en vertu du testament de
Nicolas Boumal, du domaine de Grune. Ce domaine resta dans la famille Thonus
jusqu'en 1837, époque où il fut vendu, par suite de partage, à M. Pety de Thozée.
La famille Thonus, originaire du pays de Liège, s'établit à Barvaux, dans la
seconde moitié du XVIP siècle ; elle porte parti au 1 d'or à la bande de gueules,
au franc quartier d'azur, au lion d'argent lampassé de gueules ; au 2 d'argent
à une flamme tortillante de gueules mouvante vers le chef. Cimier : le lion de
l'écu .
Lambert Joseph Thonus, membre des Etats provinciaux de l'ordre des cam_
pagnes pour le district de Marche de 1820 à 1823, mourut le 4 mai 1823, lais-
sant une nombreuse famille ; son épouse mourut le 23 septembre 1836.
(1) Le Fort. Manuscrits, 3o partie. Bornai.
— 381 —
Lambert Joseph Thonus fit combler les fossés du château, enlever le pont-
levis et démolir les poivrières.
En suite de leur partage, comme nous l'avons dit plus haut, les enfants Tho-
nus-de Leuze vendirent, par devant M. le notaire Bourguignon de Marche, le
domaine de Grune, le 23 octobre 1837, à M'" Théodore, Augustin Joseph Petit,
conseiller à la cour d'appel à Liège.
Le domaine comprenait, à cette époque, sous les communes de Grune, Bande,
Harsin et Roy 472 hectares 24 ares 25 centiares.
Pety de Thozée porte coupé au 1 de gueules au lion d'argent ; au 2 pourpré à
trois tourteaux d'argent.
M"" Pety de Thozée avait épousé Marie Julie Gofïlot ; il mourut à Liège le 3
octobre 1870 ; son épouse mourut à Grune le 16 août 1855. M. Pety fit restau-
rer le château en 1851.
* *
En 1871, le 5 avril, M. Théodore- Jules- Joseph Pety de Thozée, ancien mem-
bre de la chambre des représentants, consul général de Belgique au Brésil, ob-
tint le domaine de Grune en partage, et, le 25 septembre 1890, le vendit à M. le
comte Maurice-Paul-François de Ramaix, conseiller honoraire de Légation de
S . M . le Roi des Belges, ancien membre de la chambre des représentants, ac-
tuellement sénateur pour l'arrondissement d'Anvers.
La famille de Ramaix, établie depuis des siècles dans le Hainaut, était d'ori-
gine liégeoise ; elle porte d'or à trois têtes et cols de cerf au naturel, au chef de
sable chargé de 3 croix pattées d'or.
Né le 2 mars 1850, à St-Josse-ten-Noode, Monsieur le comte de Ramaix épousa,
en premières noces, le 23 janvier 1877, à Anvers, Mademoiselle Cécile-Marie-
Joseph Athanase de Meester, fille de Monsieur Athanase de Meester, sénateur, et
de Madame Eulalie de Terwangne, qui mourut à Anvers le 22 novembre 1882,
laissant :
1° Gaston-Marie-Joseph Athanase-Gislain de Ramaix, né à Bruxelles le 18 mai
1878, actuellement secrétaire de Légation ;
2° Marie-Joseph-Gécile-Françoise-Ghislaine,née à Berlin, le 5 novembre 1879.
Elle a épousé à Anvers le 25 novembre 1903, Raymond-Marie-François, vicomte
de BioUey, membre de la Chambre des Représentants;
3° Amaury-Marie-Joseph-Edouard-Ghislain de Ramaix, né à Berlin le 11 mai
1881, actuellement secrétaire de Légation.
En secondes noces, Monsieur le comte de Ramaix épousa, à La Haye, le 26
— 382 —
novembre 1884, Mademoiselle Marie Suermondt, fliie de Monsieur Camille
Suermondt et de Madame Elisabeth Van Hoboken. De ce ménage est née à La
Haye, le 7 avril 1886, Hedwige-Marie-Joseph-Elisabeth-Emilie-Paul de Ramaix
qui a épousé à Anvers, le 15 janvier 1806, Raoul-Adolphe-Ghislain-Marie-Jo-
seph Van de Werve de Vornelaer.
En 1890, le domaine de Grune comprenait, sous les communes de Grune,
Bande, Nassogne, Harsin, Roy, Hodister et Lignières, 239 hectares 44 ares 45
centiares. M. le comte de Ramaix accrut notablement l'étendue de ce domaine
par les nombreuses acquisitions qu'il fit depuis lors. En outre, en 1894, il fit
restaurer et agrandir le château tout en lui conservant scrupuleusement son
style primitif.— Puisse-t-il jouir longtemps du fruit de ses travaux et vivre heu-
reux dans sa belle et splendide propriété.
Am. de LEUZE, chanoine
de la Cathédrale de Namur.
Miettes historiques
A FLORENVILLE.
I.
LE DROIT DE HAUTE Itl'STiCE,
Le 15 février 1785, à la tombée de la nuit, un assassinat était
commis dans le bois dit la Haye, au tournant du chemin qui
vient d'Izel à Florenville.
Prévenue par la rumeur publique, la justice ne s'attarda pas à
des lenteurs de procédure. Dès le lendemain, le Capitaine-Prévôt
de la juridiction, ministère public d'alors, provoquait une instruc-
tion complète de l'affaire, instruction qui fut vivement conduite :
Le 26 février, après visite et reconnaissance du cadavre par les
chirurgiens, ordre d'arrêter le coupable présumé.
(( Il sera pris et appréhendé au corps et constitué prisonnier
« en cette juridiction
(( Le sarot rond et le fusil à deux coups que le décretté avait
« sur lui le dit jour, 15 du courant, seront apportés et déposés
(( au greffe de céans pour servir en ce que de raison. »
Le 15 mars, ordre de confronter l'accusé avec les témoins en-
tendus à l'enquête.
Enfin, le 30 avril, jugement de condamnation :
25
— 384 —
« Entre le s"" Capitaine et Prévôt des ville et Prévôté deChiny,
« plaignant ;
« Biaise G..., dit Blaisot, du village de Florenville, accusé et
« arrêté :
a Vn les pièces du procès extraordinairement instruit à l'ins-
« tance du plaignant, fournies par inventaire jusqu'aux lettres 0 0 ;
« Les juges assesseurs du siège prévôtal de Ghiny et assumés,
« faisant droit, déclarent led. accusé et arrêté suffisamment
« atteint et convaincu, tant par les informations et recollements
« qu-e coiifrontation, d'avoir le mardy, 15 février dernier, vers six
(( heures ou six heures et demy du soir, tué de deux coups de
(i fusil à double canon chargé de dragées de fer, tirés coup sur
(( coup, le nommé Nicolas Colin, vivant marchand résidant aud.
(( Florenville, revenant aud. lieu du village d'Izel, et cela au coin
« du bois dit la Haye, à portée dud. Florenville, comme aussi
« d'avoir lâché et tiré d'autres coups de fusil sur des particuliers,
« notamment sur le sous-brigadier Leblan, pour lors de poste à
« Remagne, et se trouvant audit Florenville ;
« Pour réparation de quoi et d'autres excès résultans des actes
(t dud. procès-, condamnons led arrêté et accusé à être livré ès-
<-( mains de l'Exécuteur des hautes œuvres pour être pendu et étran-
M glé au signe patibulaire de cette juridiction, jusqu'à ce que mort
« s'ensuive, le condamnant à ce, ensemble à la confiscation de ses
(( biens et aux dépens de la poursuite.
« Faitàlzel le 30 avril 1785. Signés J.-B. Duhatloy, F.-J. Tinant.
(L De Laittres, de laMock, Dufaingd'Aigremont, F.-L. De Prouvy,
« Martin Daront, — J.-L. Tinant, clerc-juré. ))
La victime avait eu le tort de prêter sur parole 300 écus à son
assassin.
Ce dernier fut exécuté à la potence de Chiny suivant la formule
du jugement (1).
Ce fut, dit la tradition, la dernière exécution faite à cet endroit
en vertu du droit féodal de haute justice ; quelques temps après,
le comté de Chiny était annexé à la France avec abolition de
toutes les juridictions particulières.
(1) Le lieu dit à La Potence, exisie encore au cadastre de la commune de Chiny.
Il se trouve i gauche du chemin en venant de Florenville, sur un plateau bien eu vue qui domine à
cet i-ndruit la vallée de la Semois.
— 385 —
L'affaire eut son épilogue.
Le 13 février de l'année suivante, Nicolas et Joseph les G...,
du village de Florenville, « déclarés suftisamment atteints et
(c convaincus d'avoir cherché à suborner par différentes reprises
« et à engager sous offres d'argent, de denrées et autres effets,
« plusieurs témoins à porter un témoignage faux au procès
<.( instruit à charge de Biaise G..., dit Blaisot, leur frère, exécuté à
« mort dans le courant de Tannée dernière,
a. Vu que les offres en induction n'ont pas été suivies d'effet
(.( ni d'exécution, » furent condamnés : a à un bannissement de
« trois ans hors de la juridiction et solidairement aux dépens de
« la poursuite, avec défense à l'un et l'autre de récidiver et
« d'enfreindre leur ban, sous peine plus griève. »
(Archives de l'Etat à x\rlon.)
Cette exécution eut, en son temps, un grand retentissement dans
la contrée. L'autorité avait voulu un châtiment exemplaire. A cet
effet, on y fit assister les enfants des écoles, groupés en cercle
au pied du gibet, ainsi qu'un nombreux public de Florenville et
des environs.
A tort ou à raison, l'opinion publique voulut rattacher l'affaire
à celle de l'assassinat de M. le comte de l'Espine, prévôt de
Virton, tué au château de Laclaireau le 20 décembre 1775, d'un
coup de feu tiré à travers la fenêtre au moment du souper, assas-
sinat dont l'auteur ne fut pas découvert. A ce moment, G. . . . dit
le Blaisot, était garde des bois à Laclaireau ; il vint ensuite s'éta-
blir comme maitre-cabaretier à Florenville.
Nous relèverons la formule de l'arrêt de mort ci-dessus.
Cette formule, qui parait étrange aujourd'hui, avait alors sa
raison d'être, parait-il. Elle se retrouve dans un arrêt précédent
de la justice d'Orval, de septembre 1774, à charge d'un habitant
de Limes : il sera livré aux mains de l'exécuteur des hautes-œuvres
pour être conduit au lieu du supplice accoutumé ; être pendu par son
col et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive^ etc.
Elle se retrouve encore dans un jugement rendu à Lessines un
siècle auparavant, le 2 octobre 1681. Ici il s'agit d'une femme:
— 386 — ■
Condamne la dite à être exécutée par le feu, premièrement étranglée
tant que la mort a'ensuioe.
La revue Jadis, de Soignies, livraison de novembre 1910, donne
l'explication suivante :
« Autrefois le condamné avait grâce entière si la corde se rom-
« pait pendant l'exécution.
« Et cela arrivait si souvent que le Parlement de Bordeaux pro-
<( posa et fît adopter, le 24 avril 1524, une nouvelle formule :
« Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive. »
« Cette résolution coupa court à la chance du pendu. ))
Le condamné était encore gracié si une jeune fille consentait à
l'épouser immédiatement et à le suivre en exil en dehors du res-
sort judiciaire.
Blaisot, marié, ne pouvait profiter de cette dernière éven-
tualité.
Au moment du procès, la famille de l'un des membres de la
cour prévôlale de Ghiny, absent lors du jugement, M. d'Orsin-
faing, Henri-Gilles, écuyer, seigneur du Ménil, occupait à Floren-
ville la maison habitée aujourd'hui par M. Dubras, rentier.
II
DIMES ET REB'EY-àl^CES; FÉÛBALES,
A Florenville, prévôté de Ghiny, les dîmes et les redevances
d'origine féodale étaient perçues avec rigueur. Le souvenir en est
resté vivace dans la population longtemps après leur abolition.
Le détail de ces redevances, pris à différentes époques, montre
qu'il s'agissait non de perceptions revenant à un seigneur local,
mais de droits plutôt fonciers, vendus et rachetés, nombre de
fois, par des personnalités différentes, en se subdivisant, pour
arriver finalement en mains de propriétaires complètement étran-
gers l'un à l'autre et môme à la localité.
Voici quelques indications relevées aux archives de l'Etat, tant
à Luxembourg qu'à Arlon.
a) Au Besoigné (recensement) concernant l'ayde ecclésiastique,
— 387 —
en 1571, le curé de Florenville, en personne, déclare : Les cha-
noines (V Y voix ont le 6^ es-dites dismes et le reste appartient à quel-
ques gentilhommes layz.
h) 6 JLiin-lO août 1686. — Vente par Denis de Lestrieax, comme
mari de dame Anne-Marguerite de Breiderbach — et dame Sibille
Aldegonde de Breiderbacii, née de Heisgen, — suivant la permis-
sion et octroy du Conseil de Luxembourg,
à demoiselle Marie-Catherine de Monflin, vetVe de feu le s*"
Nicolas de Paschal, écuyer, sgr du Mesnil en partie, demeurant
à Florenville,
d'un neufe en la dismedu village de Martué, de la paroisse dud^
Florenville, — moyennant la somme de 20 escus en surplus de
celle de 66 escus cinq escalins que les cédants ont reçus en bons
deniers comptant et dont ils ont donné quittance à Bertrange.
c) 12 septembre 1715. — Jean Otto de Witimont, prestre, Ecuyer
et féodal de la prévosté de Chiny, résidant à Florenville, vend au
R. P. Pierre- François Weydert, recteur du collège des pères de
la compagnie de Jésus à Luxembourg, acceptant pour ledit col-
lège
la neufiesme partie dans la grosse et menue dixme de Floren-
ville, telle que le dit sieur vendeur l'a acquise par contrat d'achapt
du 19« de 9'''-« 1685,
pour le prix et somme de 1400 florins Brabant, faisant 500 escus
de 56 sols chacun.
2 décembre 1721. François Dumont, Escuier capnc prévost et
gruier des ville et prévosté de Chiny, résident à Izel, vend, à tittre
de gager grâce et facultez de rachat, au s"" Philippe françois de
pachal ausy Escuyer seigneur de florenville, menil, maton et
autres lieux résident aud. Florenville.
Seize quartel de saigle et autant davoine mesure de Charignant
bon grain bien conditionné à prendre et avoir sur le cinquièsme
quyapartient aud. seigt" vendeur dans les deux tiers de la moitié
de la grosse dixmes des vilages de pin et izel et à livrer chacque
années aud. sieur acquéreur sur ses greniers aud. florenville au
jour et datte des pr^^s de toute autre hipotecque et redevance, —
moiennant la somme de 160 escus à 56 sols brabant en principal,
non compris les frais des pr^*^».
— 388 —
Parmi les dénombrements féodaux, nous trouvons :
Le 12 décembre 1605, Marie-Cliristine, veuve, née comtesse
d'Egmont, princesse de Mansfelt, etc., rend foi et hommage au
Souverain pour les droits féodaux non détaillés qu'elle possède à
Florenville, Ghassepierre, Termes, Ivoix et divers autres dans le
Grand-Duché de Luxembourg, « promettant de faire et laisser
« tout ce que bonne et loyale vassale et fidèle subjecte doit faire
« et laisser de droit et coustume. »
Au relief général de 1758-1760, prescrit par l'ordonnance
royale du 29 janvier 1753, figurent côte à côte :
1° La princesse de Loewenstein-Wertheim, dénombrement pour
Neufchàteau, Hotton, Mellier, Florenuille, arrière-fiefs ;
2" Le prince de Stolberg, pour Neufchàteau, Mellier, Florenville,
Martué ;
3» Jeanne-Marie de Piromboeuf, veuve Sagebin, pour Floren-
ville ;
4" de Nonancourt, Philippe-Joseph, gentilhomme, seigneur de
Mathon en partie, pour Florenuille, Martué.
Pour ce dernier, les Annales de l'Institut ont publié (1906,
p. 254) l'acte de cession, en 1766, de ses propriétés et des droits
et prérogatives attachés au château de Florenville : « droit de
« chasse et de pêche sur l'étendue des bans et juridiction de
« Florenville et Martuée, — droit de tenir colombier ou pigeons
« de champs ou fuyards, — droit à un banc de préséance fermé
(( et placé en tête de la nef de l'égUse paroissiale, devant l'autel
« de N.-Dame. »
Le dénombrement de 1758, comprend en plus les 2/3 dans un
tiers de la grosse et menue dîme de Florenville et le tiers entier
dans la grosse et menue dime de Martuée, les dites portions de
dîmes faisant partie du fief. » (Archives de l'Etat à Luxembourg.)
La perception de ces multiples redevances se faisait avec
rigueur et non sans difficulté parfois.
Le 4 décembre 1786, la Cour prévôtale de Chiny admet, sur
poursuites des collecteurs, huit habitants de Florenville « à faire la
<i preuve, par eux offerte au procès, que depuis quarante ans et
« plus les habitants dud. Florenville sont en possession d'avoir
« semé de la navette sur le ban dud. lieu, sans que la dime en
— 389 —
« ait jamais été livrée, à l'exception de l'année dernière ; — sauf
« aux demandeurs leur preuve du contraire. »
Nous n'avons pas trouvé l'arrêt tranchant détinitivement la
contestation.
A ce moment les décimateurs ou propriétaires de la dime à
Florenville sont :
S. A. le prince-régnant de Lewenstein-Wertheim ;
Les rev. Doyen et Ciiapitre d'Yvoix-Garignan ;
Sire pre_Fois Maboge, curé de Florenville ;
Jean-Henri d'Orsinfaing, capitaine au régiment de Bruncken,
au service de S. M. l'Empereur et Roi ;
François de Jacque, Ecuyer, demeurant à Tintigny ;
Bernard Stevenotte, Directeur des forges de Neupont, y de-
meurant ;
Jean Gustin, Echevin de la Justice dud. Florenville
et Louis-Joseph TerfT, demeurant à Gharleville.
Le registre de justice mentionne diverses tentatives de fraude.
Un habitant est condamné par la Cour à une amende de 3
florins d'or pour n'avoir pas versé la dime ordinaire d'une gerbe
de seigle sur dix, - une gerbe et demie de froment, — auec in-
jonction d'être à l'avenir plus exact au fait de la dime, sous telle
peine qu'il appartiendra.
L'année suivante, des cultivateurs chargeaient des gerbes de
seigle sur un champ à eux appartenant, sans y laisser aucune gerbe
de dîmes.
A l'arrivée de l'agent percepteur, sur une 30^ de gerbes déjà
sur la voiture, — ont voulu donner deux gerbes qu'ils prenaient
dans la plus mauvaise place et partie du champ.
Sur l'injonction d'avoir à dimer par lignes et alternativement
comme de droit, leur aiant ordonné de décharger leur charette pour
en tirer la dime, ils n'ont voulu le faire, sur quoi il leur a été signi-
fié l'aynende.
Et comme le dit champ n'était pas lié entièrement pendant led.
jour d'hyer et craignant que le propriétaire ne le lie pendant la nuit.
l'agent percepteur a requis un piqueur de la dime, également
assermenté, — à se tfansporter avec lui pendant la nuit sur led.
champ.
Us s'y sont effectivement transportés ensemble vers les 10 heures et
ils ont reconnu pendant ce temps le propriétaire qui liait le reste du
— 390 —
champ avec la servante, lesquels ont transporté 3 gerbes mauvaises
d'une partie du champ qui était mauvaise à Vendroit du champ où
il y en avait de bonnes, lesijuelles trois mauvaises ainsi transportées,
ils les ont laissées et mis pour la dlme.
D'où contravention et poursuites devant la Cour prévôtale.
(Archives de l'Etat à Arlon.)
III.
FLÛEEM TILLE k OR Y AL,
VENTES DE BIENS NATIONAUX.
LE GRAND FOUR.
— Du 1(3/21 germinal an 5 (15/20 avril 1797. — « Un four ci-devant
« bannal, situé à Florenville, provenant du ci-devant gouverne-
ce ment autrichien, loué sans bail à Jacques Salpétierde Floren-
« ville, qui en donnait, tout calculé, 312 livres, — décrit comme
« suit dans l'estimation du citoyen Santino Antonelly, expert
« demeurant à Villers-d'-Orval :
« Un bâtiment situé sur la grande place publique de Floren-
« ville, de 30 pieds de large sur 45 de long, contenant un four et
« des tables pour déposer les pains. — Les murs et la toiture
« couverts en ardoises en bon état, mais le four doit être recon-
« struit à neuf. — Lefournier, par son bail, était autorisé à couper
(( le bois dans l'afforêt du ci-devant gouvernement pour la con-
<x somption dudit four; par conséquent l'on ne peut estimer
« que le corps de bâtiment.
« Adjugé sur une mise unique, après trois feux, au citoyen
« Gollard, demeurant à Florenville, pour 550 livres. >
Nota. —Ce four se trouvait sur la Grand-Place, à l'intersection
des routes de Bouillon à Arlon et de Florenville à Neufchâteau,
à distance des maisons voisines à cause des dangers d'incendie.
L'adjudication avait lieu à charge de démolition.
— 391 —
LA FERME DES HAYONS.
Du 16/21 Pluviôse an 5.
Vente à Luxembourg d'une ferme dite Le Hayon, sur la com-
mune de Florenville, provenant de l'abbaie d'Orval, consistant en
80 journaux 40 verges de terres labourables, — 12 journaux 30
verges de prairies, — une chennevière louée pour 5 années à
Henry Watelet de Florenville,
le tous sis couture de dessus la Goncie, — couture de Barsin-
vaux, — id. du haut des fossés, dessus La Haye, id. du Hayon,
Bois des prés. Trou margot, — la chennevière, contenant 25
verges, aux Epairières, confinant à l'abbé Bertrand, au midy à
Joseph Dallier, au couchant à Jean Gustin, au nord au chemin,
l'ensemble mis à prix à 3871 francs 11 sols, soit les 3/4 de
l'estimation,
finalement adjugé à 5000 livres au citoyen Hubert, Henri-
Joseph, demeurant à Virton, lequel déclare qu'il a acquis en
prêtant son nom seulement, mais que le véritable acquéreur est
le citoyen Pvemy, Remy, ex-religieux de la ci-devant abbaie
d'Orval, résidant actuellement à Sansanrue, canton de Bouillon,
département des Ardennes.
— Enregistré à Luxembourg le 20 Vendémiaire an 5, — reçu
40 frs en bon de retraite.
Par un acte reçu, le 20 floréal an 5, par M. Tinant, notaire public
à Neufchàteau, le citoyen Remy, Remy, ex-religieux de la ci-
devant abbaie d'Orval, résidant à Sansanrue, se reconnaît acqué-
reur
a) de la ferme dite des Hayons, mentionnée ci-dessus;
bj d'une ferme dite la Ferme de Hachy, provenant de la ci-
devant abbaie de St-Hubert ;
c) finalement d'un bois dit La Haye, à Florenville, provenant
du ci-devant gouvernement autrichien.
Au registre foncier de la prévôté de Ghiny, se trouve — 12
avril 1721, vente par Jean-Otto de Wittimont, prestre, Ecuyer et
féodal de Ghiny (voir ci-dessus) d'un morceau de jardin entre 2
bornes qui y sont plantées et situé au lieu de Florenville appelé
— 392 —
vulgairement le Maiche-MahilJe, royer Tean-Jacquemin du côté du
septent!'ion et le vendeur de l'autre et le grand chemin du devant,
au prix de 25 escus argent courant, reçu comptant.
L'ABBAYE D'OR VAL.
Du 16/21 Pluviôse an 5 (4/9 février 1797).
Vente, à Luxembourg, des ruines de la maison et de l'église
d'Orval, ainsi décrites dans le procès-verbal d'expertise du citoyen
Santino Antonellij, de Villers-dt-Orval, à l'assistance du citoyen
Jean-Charles- M a7ie Cazè, commissaire du pouvoir exécutif près
l'administration municipale du canton de Florenville, visé par la
dite administration municipale sous la signature de Gringoire
Ad^^, Gustave Adam et Allard, s''^ commis.
Les Ruines. — 1» La ci-devant Abbaye d'Orval, maison très-
spacieuse mais présentement brûlée et démolie en partie; on ne
peut la regarder pour le présent que comme une masure.
L'Eglise est presque toute détruite, ainsi que la plus grande
partie du corps du bâtiment qui ne peut être habité ni en haut
ni en bas! il n'en reste plus que les pierres et un tas de
décombres ; les voûtes des chambres dudit bâtiment également
détruites ; celles des caves restent en entier, mais l'eau y filtre.
2" Les jardins, terrasses et cours adjacentes au bâtiment, y
compris le verger qui est situé devant l'abbaye, le tout renfermé
par des murs, contenant 29 journaux.
Terres labourables. — 3" La Grande Couture^ devant les forges,
contenant 70 journaux, confinant au levant au chemin de Luxem-
bourg, au midy au bois, au couchant à la couture du Rond Ruis-
son, au nord au bois.
4° La Petite Couture, entre le chemin de Luxembourg et Pin,
contenant 46 journaux.
5° La couture dite le Recoartij, contenant 13 journaux 40 verges,
environnée de toutes parts par les bois.
Prairies. — 6" Une pièce située au lieu dit le Neuf Pré, enfer-
mée de toutes parts, contenant 22 journaux.
. 7° Une pièce au lieu dit le Pré de la Cronire, enfermée de toutes
parts, contenant 19 journaux i verge
8° Une pièce située au Fond de Willière dit les basses Comtesses,
contenant 21 iournaux.
— 393 —
9° Une pièce située au Fond de Willière, lieu dit le Sécherand et
Dont Charles, contenant 13 journaux.
10° La Maison Blanche. — Brûlée et tombée jusqu'en masure,
avec 2 jardins ; le plus petit derrière le bâtiment ; le plus consi-
dérable est devant, joignant l'étang principal de la forge et envi-
ronné de murs.
Le tout mis à prix, en un seul lot, à 23,062 livres, soit les 3/4 de
l'estimation, adjugé, sur une enchère unique, à 23,200 livres au
citoyen J.-B. Beuvière, de Gharleville, lequel déclare qu'il a fait la
dite acquisition en prêtant son nom seulement, mais que le véri-
table acquéreur est le citoyen Rousseau, Vaine, demeurant à Ghar-
leville, département des Ardennes.
Le prix payable conformément à la loi du 17 fructidor, l'acqué-
reur ayant justifié d'une soumission acceptée dans le mois de la
publication de la loi du 16 brumaire an 5.
Enregistré à Luxembourg le 22 thermidor an 5; reçu 1856 francs
pour double droit, pour n'avoir pas fait enregistrer dans le délai
utile.
LES FORGES.
Des 7/12 Pluviôse an 5.
Les détails, quoiqu'un peu longs, décrivent avec précision l'état
des lieux peu de temps après la catastrophe.
Rapport des experts Marie-Gabriel Miraudot, demeurant au
Ghatelet, commune de Habay-la-Neuve, et François-Xavier Papier,
demeurant à Habay-la-Neuve.
Après avoir parcouru et examiné attentivement les dites forges
et pris à cet effet les renseignements du frère Vincent Cozier, qui
en avait la direction, du citoyen iVndré Lejeune, maçon, demeu-
rant à Marny, qui a travaillé à la construction et aux réparations
de partie de ces usines, — et autres personnes et ouvriers ou con-
naisseurs, nous avons estimé qu'il est indispensable d'ajouter aux
forges les prés sur lesquels elles sont situées ou dont elles reçoi-
vent les eaux, ainsi que la couture appelée Couture de Hombuisson
ou les Champs aux Pierres, consistant en 60 journaux de terre, qui
étaient ci-devant cultivés par les religieux, à présent en friche.
Les forges consistent :
Dans la halte du fourneau,
le machi du fourneau, pour un côté seulement,
— 394 —
l'enceinte ou murs du fourneau, qui comprend trois cabinets
voûtés,
Dans les restes du massif du fourneau, dont la chemise et le
creuset sont hors de service et de nulle valeur, dans les ancres,
renaulds et agraffes en fer incrustés dans le massif,
La grande forge, y compris les murs et l'emplacement de deux
chambres d'ouvriers,
La fenderie, boutiques et magazin,
La petite forge, la platinnerie avec l'emplacement de deux
chambres,
Le grand magazin,
La bu chérie pour la fenderie,
La halle de la grande forge,
La scierie à l'eau et le bocard situés dans le pré du Bocard, près
du chemin des forges et qui, des dites forges, conduit à Limes,
Dans la scierie à eau située à l'extrémité du Pré Dom Gille, con-
tigû à la chaussée de l'étang.
Dans l'emplacement de deux bocards à 4 montants, chacun
situé dans le Pré des Forges, à côté des tas de crasse,
Dans la maison des ouvriers de l'abbaye, qui porte en partie
sur le mur qui sert de clôture au verger et en partie sur le mur
qui sert de terrasse et soutient les terres du chemin de voiture
qui, des forges, conduit à l'abbaye, à Izel et à St-Vincent,
Dans la beuterie,
Dans les restes de la maison des frères et de la compterie,
dont deux chambres et un petit cellier sont recouverts et actuel-
lement habités par les frères.
Dans huit canneaux ou courtières avec leurs cabinets et voûtes,
construits en pierres de taille, d'un parement seulement, de 5
toises de long, d'une toise de hauteur, comportant, chaque cour-
tière, 12 toises de maçonnerie. C'est par ces ouvertures que s'in-
troduit l'eau de l'étang principal qui, par sa chute, met en mou-
vemen les harnais de ces usines.
Les eaux qui font mouvoir les forges d'Orval proviennent,
savoir :
de la fontaine St-Roch,
de la fontaine de l'Abbé,
. de la fontaine du Prieur,
de la fontaine du Moulin,
de la fontaine La Cranière.
Ces cinq fontaines prennent leur source dans les bois situés
— 395 —
au dessus de l'Abbaye ; elles se réunissent dans un étang appelé
r Etang du frère Paul, presque comblé ; de cet étang, les eaux pas-
sent dans un second appelé l'Etang noir ; le jardin de l'abbaye,
avec ses terrasses, lui sert de digue, à l'extrémité de laquelle, du
côté du septentrion, est pratiqué un canal ou courtière par lequel
elles se rendent dans un canal ouvert qui se prolonge dans toute
la longueur du jardin, à l'issue duquel elles s'introduisent dans
un canal couvert traversant tous les bâtiments de l'abbaye, ses
basses-cours ; elles faisaient mouvoir, en passant, un moulin,
une fouUerie, une scierie, etc. (Ces usines sont absolument dé-
truites.) Elles quittent les bâtiments et basses-cours pour entrer
par un canal pratiqué sous terre dans le verger de l'abbaye, par
lequel elles se versent dans l'étang des forges, que nous appel-
lerons l'étang principal ou le réservoir de toutes les eaux, quoi-
que moindre par son étendue et sa contenance que ceux de la
Couronée et de Rom'ouisson, parce qu'il en fait seul toute la dé-
pense, et que les harnais du fourneau, de la grande forge, de la
fenderie, de la petite forge et de la platinerie reçoivent par elles
le mouvement.
D'autres eaux proviennent du fond de Villier ; ces eaux se di-^
visent en deux bras, qu'on peut réunir en un seul au moïen
d'empalements qui sont détruits et dont les emplacements
restent. Ces deux bras fluent à droite et à gauche du pré appelé
le pré Dom gille. Lorsque ces eaux donnent abondamment, elles
font mouvoir une scierie située à l'extrémité de ce pré contre la
chaussée de l'étang principal, 2 bocards à quatre montants cha-
cun situés dans le pré des Forges, de l'autre côté de la chaussée
de l'étang principal ; le surplus de ces eaux se rend par une
courtière pratiquée sous le chemin qui conduit à Villier dans
l'étang principal. La scierie et les bocards sont détruits; lorsque
les eaux sont basses, on les réserve entièrement pour le service
des forges.
Les eaux de ces cinq fontaines, de ces deux ruisseaux, quoi-
qu'abondantes, bien ménagées et conduites avec art, ne peuvent
cependant fournir que pour deux tiers à la dépense des usines ;
on s'est procuré l'autre tiers des étangs de la Couronnée et du
Rombuisson ; le 1<"' est abreuvé par les eaux venant des forges de
La Soye et des fontaines de Limes, qu'il rend à celui de Rom-
buisson.
C'est le ruisseau qui se forme des eaux de ce dernier étang
qui fait la limite de l'ancienne France avec le pays réuni et qui
— 396 —
faisait tourner le moulin incendié de Rombuisson (l). Ce moulin
est incendié ; il n'en reste que les ruines. On a fait une brèche
au milieu de la digue revêtue en pierres, qui fait perdre à ces
étangs leurs eaux.
A l'angle de la digue, du côté de l'ancienne France, située sur
la commune de Margny, est pratiqué un déversoir voûté pour
l'écoulement des eaux superflues occasionnées par de grandes
pluies ou fontes de neige ;
A l'angle opposé de la digue de l'étang de Rombuisson, sur le
pays réuni, est construit un aqueduc ou canal couvert qui com-
munique à l'étang principal et lui porte le tiers de l'eau qui lui
manquerait sans ce secours et fait mouvoir en passant un
bocard à quatre montants et une scierie placés à côté des forges,
du côté de Villers-dt-Orval, dans le pré des Bocards.
(Ces usines sont également détruites.)
L'ensemble, comprenant les ruines et murs des forges, — 50
arpents d'étangs, — 39 fauchées de prairies, — 60 1/2 arpents de
terres labourables, — bois tant gisants que sur pied, — 58,051
livres de fer cru, ou fonte, de la mine, — 3 tas de crasse, les ar-
ticles non détaillés ci-dessus, savoir :
FER CRU ou FONTE.
6 plumards, 1 anneau ou boyard, 14 lames de cheminées, tant
grandes que petites, dont trois cassées, 25 tant buses que cabi-
nets et fronts, 9 toises de buses en fonte, 4 enclumes, du poids
de 200 livres chacune, 1 marteau de forge et quelques débris de
buses, avec les bords du moule des gueuses.
MINE.
Etiviron 000 charrées de mine.
TAS DE CRASSE
3 tas de crasse de forge et de fourneaux, estimés pouvoir pro-
duire pendant 18 ans un revenu net de 100' francs par an.
(1) Le 19 novembre 1791, les administratsurs du Directoire du département de la Meuse décidèrent
d'inviter le Conseil général des Ardennes à faire démolir, contre indemnité, le moulin banal de Maigny,
situé à quelques centaines de mètres du district de Montmédy, parce que ce moulin, dont le tournant
était en France, touchait à l'habitation du meunier qui était en pays limitrophe, ctujui permettent l'expor-
tation du blé en fraude.
En ces temps d'afîolement contre /('N ai-capareurs, réels ou présumés, il n'en fallait pas plus pour
amener la prompte disparition du moulin, ce i|ui fut vite fait, comme on voit en comparant les dates ci-
dessus . J.-i).
— 397
BOIS.
1« Dans le pré Domgille, 16 pieds de chêne, dont 6 équarris ;
2^ lu antres chênes en grnme, avec les débris des arbres des
roues des usines et quelques tronçons de chêne épars dans le pré
de Bocard ;
3» 4 chênes sur pied, 1 hêtre, 1 onelle, près des forges de l'élang
noir et du pré du moulin de Rombuisson ;
¥ 67 peupliers d'Italie placés tant sur les bords de l'étang prin-
cipal qu'à l'extrémité et sur le côté du pré Domgille ;
5" Quelques petits arbres, essence de chêne et de hêtre, et de
la raspe particulièrement en onelles, sur les bords des étangs et
des prés.
Mis à prix en bloc à 32,615 livres 5 sols,
soit les 3/4 de l'estimation ;
porté à 43,5U0 livres
par le citoyen Stevenotte;
à 45,000 livres
par le citoyen Beuvière, acquéreur pour ami à élire ;
à 63,000 livres
par- le citoyen Stevenotte ;
à 81,000 livres
par le citoyen Beuvière ;
adjugé à 82,500 livres
au citoyen B. Stevenotte, demeurant à Neupont.
Enregistré à Luxembourg, le 6 ventôse an 5, folio 94, 2° case 6.
Reçu trois mille deux cent quatre-vingt francs. s. Marlet.
(Archives de l'Etat à Arlon.)
N. B. Il serait curieux de comparer la description ci-dessus
avec les parties des ruines restées debout et existant encore
actuellement.
JAGOB-DUGHESNE.
^ propos de quelques vases du M^sée
d'y^rlon.
Celui qui parcourrait la Grèce d'aujourd'hui, ne la trouverait plus telle que l'a
dépeinte Edm. A bout dans son immortel pamphlet « le Roi des Montagnes ■'.
Il trouverait une Grèce régénérée et instruite, qui veut de plus en plus secouer
les mauvais. souvenirs, « gratter de toutes parts la couche de turquerie et de
barbarie slave qui a si longtemps submergé son sol sacré » (1). — Elle a été
puissamment aidée dans cette œuvre de résurrection de l'antiquité par l'Ecole
Française d'Athènes, par son Université et par ses nombreux amis d'Europe,
lettrés et savants accourus de tous pays. Son sol a été et continue d'être remué
par le pic des archéologues (2). Aussi, il n'est pas de pays, si l'on excepte
l'Egypte, qui ait été, autant que la Grèce, l'objet de nombreuses publications du
plus haut intérêt. Parmi ces publications, quantité sont consacrées aux arts
industriels de la Grèce, et spécialement à la céramique.
Il est presque fastidieux de répéter que l'histoire de la céramique grecque est
divisée en quatre grandes périodes devenues classiques : mycénienne, dorique,
athénienne, hellénistique (3).
(1) GastuQ Dechaiûps : Lu Gri'ce d'aujourd'hui. Paris, A. Colin 1S98.
(2) Cfr. Ch, Diehl : Excursions en Grèce : Mycrnes, Délos, Athènes, ohjmpie. Eleusis, Epidaure,
Dodone, Trynthe, Tanugra. (Introd. p. 1-12) Paris, A. Colin 1897.
(3) Nous laissons volontairement de coté lu poterie de l'époque néolithique et de l'industrie minoenne
primitive (de 3000 à 2000 environ) et moyenne (2000 à 16U0). Cfr. Déchelette : Manuel d'archéologie pré-
historique, tome III p. 55 et suivantes. — Nous n'avons pas l'intention de faire l'histoire de la céramique
grecque, mais de décrire sommairement ses principules phases, afin de pouvoir mieux identifier les
quelques vases grecques que possède le Musée d'Arlon.
— 399
1. — La PÉRIODE MYCÉNIENNE (Minoen récent de A. Rvans et B. Hawes),
enti-e 1600 et 1200 avant l'ère chrétienne, nous révèle déjà une civilisation, dont
l'art est vraiment un des plus originaux et des plus raffinés que connaisse l'his-
toire. Les vases retrouvés à Mycènes, à Vafio, à Gnossos, à Phaestos, à Rhodes,
en Chypre, séduisent par le naturisme du décor. Les grandes amphores, les
aiguières et tant d'autres vases aux modules harmonieux, déroulent, sur le fond
clair de leurs panses, de grands iris se balançant au vent, des poulpes aux yeux
torves déployant leurs souples tentacules, des argonautes nageant gracieuse-
ment parmi les algues .. Tout cela, plein de vie, quoique stylisé.
H. - Puis tout à coup, la civilisation mycénienne sombre sous une avalanche
de tribus venues du Nord vers l'an mil, et, pendant les 300 ans de I'époque
DORiENNE, c'est le règne de la ligne géométrique. Cependant, cet art, bien
qu'inférieur au précédent, n'est pas sans charme : les cercles concentriques
tracés au compas s'emboîtent les uns dans les autres ; les chevrons s'étagent
avec une agréable régularité ; d'étranges êtres vivants stylisés, dont le corps et
les membres sont réduits à n'être, pour ainsi dire, plus que des lignes, se super-
posent en bandes sur les énormes vases des nécropoles. — Le Musée d'Arlon
possède un curieux spécimen de ces vases protocorinthiens, à décoration géomé-
trique, des VP et VIP siècles avant l'ère chrétienne.
Jf 1 -^ ^'
C'est un petit alabastre à base effilée, de O^IO de haut et de 0™15 de circonfé-
rence, trouvé dans la viHa romaine de Majerou (Virton) et donné par M. l'abbé
Nickers, révérend doyen de St-Hubert (flg. 1). M. Max CoUignon donne, à tort,
26
— 400 —
croyons-nons, aux vases de cette forme le nom de bombylios kotyliskos (1). La
petitesse des dimensions, l'allongement de la base, l'étranglement du goulot, la
largeur du rebord cylindi'ique rattaché à la naissance du col par une anse très-
courte, tout in(li(iue que ce vase était destiné à contenir de l'huile fine ou des
onguents paiMumés qui ne peuvent être versés que goutte à goutte.
L'alabastre figure souvent dans les scènes de bain, de palestre, de gymnase et
de toilette (2) Le décor est tra'v, sur le fond blanchâtre de la terre, au brun
rouge surchargé de cercles noirs. Une zone de pétales noirs court à la base du
col, et un registi-e de chevrons de même couleur encercle la panse par son
milieu.
Peu à peu l'ancienne population mycénienne finit par absorber le vainqueur,
et l'on voit reparaître, dès le VHP siècle, surtout en lonie, à Milet, à Samos, à
Gorinthe, toute une série de vases dits corinthiens^ mêlant à la ligne géomé-
trique toute une profusion de personnages, d'animaux, de rosaces, d'étoiles et
de chevrons. « Un caractère commun à ces diverses séries, dit M. René Jean (3),
c'est la multitude des figures vivantes, animaux et monstres, hommes et divini-
tés. Le répertoire de l'imagerie céramographique se constitue. Sur la plupart de
ces vases, notamment ceux de Gorinthe et de Rhodes, les figures sont disposées
en zones ou registres super-posés. Beaucoup de ces figures sont des plusétranges :
griffons et chimères, sphinx et centaures, tritons et sirènes, c'est un fantastique
bestiaire, un fourmillement d'êtres monstrueux (4). <• Les lions, les chacals et
les tigres n'ont jamais existé en Grèce ; aussi, les artistes peintres, qui ne les
connaissaient que par les traditions de l'art assyrien et égyptien, n'ont tiré de
leur représentation que des motifs de pure décoration, alors que leurs dessins de
bœufs et de cerfs sont plus exacts et copiés d'après nature (5).
IIL — A partir du VIP siècle et surtout du VP, Athènes va éclipser toutes les
autres villes, au point que l'histoire de la poterie grecque se confondra avec
l'histoire de la potei-ie athénienne. Cette période, dite Athénienne, marque
l'apogée de la céramique. Tout un faubourg de la grande cité, le faubourg du
Géramique, est li-ansformé en un vaste atelier, qui inonde de ses produits tous les
pays grecs et barbares. Une foule d'étrangers, ou métèques, accourent, établis-
sent leur demeure dans la ville et se livrent au fructueux métier d'exportateurs.
On a calculé qu'au temps de la guerre du Péloponèse (431 ans avant J.-G.), le
nombre de ces métèques s'éleva à 96,000 contre 120,000 citoyens.
(1) Max Collignon : L'archéologie grecfiue, page2rt5, fig. 102. Paris, A. QuanUn 1S81.
(2) Cfr. F. Travvinski : La Vie. antique : Manuel d'Arch. grecqut et romaine. Première partie. Au
chap. XI les ustensils grecs, pp. 194-223. —Paris, L. Laveur, 1902
(3) René .Jean : Les Arts de Terre. Paris, Laurens 1911.
(4) Le Musée du Louvre possède une riche collection de ces vases corinthiens.
(5) Consulter : Max Collignon. O^. cÀt.. pp. 252-312, livre V. - P.ayet et Collignon : ///.st. de la Cira-
7/uqiue .f/)-fi-//((e. Paris ISSS. - S. P.einach : /ljt*'//<o p. 7(i. Paris, Ilachelte 1907.
— 401 —
Dans la maison grecque, il n'y avait pas cet encombrement de potiches et de
bibelots qui dépare souvent nos salons et nos appartements. L'utile était la base
unique de l'art. Le vase, tout comme la statue, était intimement lié à des raisons
de nécessité pratique. On fabriqua par milliers des récipients à huile et à vin :
amphores, cratères, lécythes, oénochoés ; des hydries pour l'eau ; des coupes,
des canthares et des skyphos pour les boissons ; des plats et des assiettes pour
les aliments et les desserts. Innombrables sont les vases peints que l'on a retrou-
vés intacts en Chypre, en Gyrénaïque, en Grimée, en Sicile, en Gampanie et
surtout en Etrurie (1).
Nous décrirons sommairement les principales catégories de vases peints
attiques. On peut les répartir en trois: vases à fond rouge, — vases à fond noir,—
vases à fond blanc.
A. — Les vases à fond rouge et à figures noires sont les plus anciens; ils
font leur apparition dès le VI** siècle. Sur le fond rouge de la poterie, les peintres
esquissaient à l'enduit noir les scènes qu'ils voulaient représenter ; puis, avant que
l'enduit ne fût séché, ils gravaient à la pointe sèche, de manière à faire réappa-
raître le rouge de l'argile. » Ges fines égratignures séparent deux silhouettes
engagées l'une dans l'autre ; elles animent de quelques organes la masse com-
pacte, dessinent l'attache du bras et complètent la simple silhouette par des indi-
cations sur le costume : plis obliques de robes ou lignes sèches d'un équipement
mihtaire » (2).
Ghose curieuse, les yeux sont toujours figurés de face, bien que les personna-
ges soient de profil, et toutes les tètes dans un registre arrivent à la même hauteur,
que les individus soient debout, assis, en char ou à pied. On retrouve encore,
mais reléguées sur le pied ou à la base du col, des zones d'animaux ; le milieu
est réservé à des scènes de mythologie, alors en grande faveur : elles constituent
les trois quarts des compositions de cette époque. Les noms d'artistes qui se re-
trouvent le plus fréquemment sur les vases à figures noires sont ceux d'Ergoti-
mos, de Glitias, d'Amasis, d'Exékias, de Tléson, de Timagoras.
Vers la fin du VI® siècle se produit une transformation qui change l'aspect des
vases grecs. Certains auteurs l'attribuent à Nicosthènes. « On possède de cet
industriel des coupes de technique mixte, coupes dont l'intérieur est orné de
figures noires selon l'ancienne méthode, tandis que l'extérieur est décoré de
figures rouges selon la méthode nouvelle » (3).
(1) Cfr. Edm. Pottier : Uoiiris et les peintres de vases grecs, pp. 24, 27, 28. Paris, Laurens 1910. —
René Jean : Op. cit. p. 12. —S. Reinacb : Op. cit. pp. 18-1':K Trswinski : Op. cif. pp. IVE -197.
(2) Louis Hourlicq : La Peinture, des Origines au XVI' siècle, p. 244. Paris, Laureus 1908.
(o) René .lean, Op. rit. p. 15.
— 402 —
B. - Quoi qu'il en soit, dès la fin du VP s. et pendant le V" s,, les vases sont
peints de laçon telle que ce qui était noir pendant la période précédente est
rouge, et inversement, c'est à dire que le fond du vase est enduit de vernis
noir, laissant en rouge les figures, dont les traits seront exécutés, non plus
à la pointe sèche, mais en traits noirs au pinceau (1). Ces traits dénotent une
merveilleuse sûreté de main, car les lignes sont nettes, précises, sans retouches.
L'artiste débutait par une légère esquisse à la pointe dure sur l'argile encore
fraîche ; quelques traits essentiels ébauchaient les personnages, leur donnaient
la pose et le geste voulus. Puis, avec une patience admirable, le peintre, muni
d'un pinceau extrêmement ténu, lait souvent d'une unique soie de porc, traçait
bout à bout de minuscules lignes si bien unies qu'il faut une loupe et une longue
expérience pour découvrir qu'elles n'ont pas été jetées d'un seul coup.
Toute représentation d'animaux schématisés a définitivement disparu, et celle
de végétaux, lotus ou palmettes, n'a plus qu'un intérêt de pure décoration orne-
mentale, tant la plante est stylisée à l'extrême. Seules les belles formes humaines
tentent le génie de l'artiste. Les visages sont tous d'une beauté grave, sculptu-
rale, mais ce sont des physionomies ne reflétant ni les émotions de l'âme, ni les
qualités de l'esprit. — Certains archéologues (2) ont cru voir, dans les visages
algides des héros, des sentiments de rage satisfaite, de joie féroce, de peur
aiguë. . . Si l'on veut entendre par là que les gestes sont vrais, expressifs et vivants,
nous souscrivons volontiers à leur opinion. Mais, en général, les physionomies
sont impassibles. Les scènes de pure mythologie deviennent plus rares. On
représente surtout les divinités chères aux Grecs de ce siècle : Djonysos et ses
Satyres, Aphrodite et les amours.
On se plaît aussi à reproduire les tableaux de la vie quotidienne : scènes de
combat, réunions d'éphèbes, jeux à la palestre, représentations de banquets, in-
térieurs de gynécée, épisodes d'amour et de rapt, manipulations d'atelier. Les
costumes luxueux, les tissus brodés, les bijoux riches -donnent une idée de la
civilisation raffinée de l'époque (3).
Parmi les peintres qui signent les compositions les plus remarquables de cette
période, citons Euphronios, Brygos, Sosias, Epictetos, Ghachrylion, Douris,
Panphaios.
(1) Toutefois, Its amphores dites pan.-vthénaïiiues, données en prix aux vainqueui's des courses, con-
tinuèrent à être décoiées selon l'ancien procédé. Au reste, si rapide et si complète qu'ait été cette trans-
position, elle n- fut ni absolue, ni radicale, et durant tout le V- siècle or^ continua de fabriquer des vases
à figures noires.
(2) Voir par ex. (). Hayet et M. Collignon : Histoire de la réramique urerrjuc, p. 171. Paris 1888. —
H.Havard: La Céramique, p. .38. Paris. Delagrave.
(3) Cfr. Bayet : Précis île l'Hist. ilf l'iirl ., p. S8. Paris, .Alcide Picard, -1905. — Max Collignon: op.
cit., p. 29».
— 403 -
C. — Il est une troisième catégorie de vases attiques, c'est celle des vases à
fond hlanc. La poterie est recouverte d'un manchon de chaux jaunâtre ou lai-
teuse, sur lequel le pinceau peut déposer les silhouettes noires ou les dessins au
trait noir. Vers le milieu du V' s., ce trait est fait d'une couleur plus ou moins
transparente, le plus souvent rouge, car un filet noir opaque n'est plus indis-
pensable sur le fond de craie blanche.
Bientôt apparaît la couleur polychrome, à la détrempe, délayée dans une
colle de blanc d'œuf, de cire liquide ou de résine. Les Ions l'ouges et noirs se
mêlent aux bleus, violets, verts, jaunes et bruns. Au IV« s., l'or marie son éclat
à ces teintes vives et fait chatoyer les bandelettes du costume, les boucles d'o-
reilles, les perles des colliers, les baies des guirlandes. La grande peinture des
tableaux et des fresques envahissait les ateliers du Céramique, et, par les quel-
ques merveilleux spécimens de compositions que nous ont conservés une tren-
taine de coupes, quelques œnochoés et des centaines de lécythes, on peut se
faire une idée approximative de ce que devaient être les tableaux, tous disparus,
hélas ! des grands maîtres du V^ s. (l).
Gomme on vient de le voir, les vases de cette catégorie, exception faite pour
les lécythes, sont rares. Et la raison en est bien simple. ^ Cette adaptation de
la peinture ordinaire à la céramique ne produisit point d'œuvres robustes, ni de
poteries vraiment viables. Si les lécythes peuvent conserver leur enveloppe
blanche, et, par suite leur délicate polychromie, c'est parce qu'ils n'ont pas
subi la cuisson à haute tempér-ature. Ce sont vases fragiles et de nul usage; ils
n'étaient point faits pour être maniés, mais pour être exposés, pleins de parfums,
auprès des morts » (2).
Les Lécythes ^3). Le lécythe à fond blanc et à dessins polychromes (les plus
anciens sont à couverte jaunâtre et à figures se détachant en silhouettes noires)
peut être considéré comme un des chefs-d'œuvre des formes céramiques grecques
et mérite que nous nous y arrêtions quelque peu.
Sa fabrication a duré du V« au IIF siècle ; on en a découvert des centaines à
Athènes, à Erétrie, en Eubée et surtout en Etrurie (4). Leur usage fut à ce
point courant à Athènes qu'il introduisit dans le langage maintes expressions
métaphoriques: on appelait auToLjiJcuooi les jeunes fats de mise élégante et de
mœurs dissolues, probablement parce qu'on les comparait à des vases d'huile
(1) Le Musée de Bruxell-^s pos!=f'f|pi(iu«i(|U"s coupes remarquables à foiiii bhinc, signées de Sotadès.
(2) Louis Hourt.i'-q : La Peinture jusqu'au XVl' s , p. 40. Paris 1908
(3)PoUier: Etude sur les lécythes blancs. Paris 1883. — Pottier : Terres ruiti-s grecques, dans la
Biblioth. des meivpilles Paris 189D.
(4) Leur découvi-rle, en compagnie d'autres vases de forme gr^ciine, da-^s les i.ocnlireuses né lupoles
de l'Etrurie, leur a fait longtemps donner le nom de vases étrusques
— 404 —
toujours onctueux ; les phrases de rhétorique sonores et vibrantes étaient, au
témoignagne d'Aristophane, appelées " lécythes " (i)
La lécythe est, croit-on (2), une évolution de l'alabastre et de l'aryballe que
l'on a posés sur une base solide et auxquels on a ajouté une anse de grand mo-
dule. Sa destination première tut d'être un vase à huile (3), indispensable au
bain, à la palestre et au gynécée. Plus tard, il prit une acception particulière,
celle de vase funéraire. Aussi la plupart des sujets figurés sur ces vases se rat-
tachent aux cérémonies funèbres : jeune homme ou jeune femme venant sur la
tombe du mort apporter des offrandes, scènes de lamentation, d'adieu, de funé-
railles, de toilette funèbre, d'exposition sur le lit de parade, de déposition au
tombeau, de passage du Styx dans la barque de Gharon, de fêtes commémora-
tives (4).
IV. Vases hellénistiques. — Les malheurs de la guerre du Péloponèse,
l'échec de l'expédition de Sicile en 415 fermant aux exportations attiques le
marché de la Grande Grèce, et surtout la prise d'Athènes par Lysandre en 404
ruinèrent le commerce des céramistes. Les vases postérieurs à cette époque sont
en pleine décadence. Le secret de la composition de ce magnifique noir bistré,
aux tons veloutés et chauds, indestructible aux acides, se perdit (5) et fit place
à un noir décoloré, brunâtre et sans éclat. Ce furent Alexandrie et certaines
villes de l'Italie du Sud, notamment Tarente, longtemps clientes d'Athènes, qui
bénéficièrent, pendant un certain temps, des procédés de peinture de la grande
cité. Mais les Italo-Grecs ne surent conserver ni la sobriété, ni la simplicité des
vases attiques!
Leur art est un art de pastiche et de contrebande. Les dimensions exagérées,
la surcharge du décor, les retouches criardes et nombreuses des vases sortis des
ateliers larentins, apuliens, lucaniens et campaniens, les différencieront toujours
des pures merveilles qu'avait enfantées le génie athénien. Ils ne respectèrent
même pas les grandes scènes mythologiques et représentèrent les divinités dans
des farces burlesques et des aventures indignes de la majesté des dieux.
Au III^ siècle, c'est le déclin. Un peu partout, dans les pays grecs, on fabrique
des poteries qui ne manquent pas de grâce, mais qui ne sont plus que des pro-
duits inférieurs, couverts d'un enduit noir, sur lequel on s'est contenté de jeter
des retouches blanches, jaunes et rouges, représentant des guirlandes, des mas-
ques de théâtre et des amours (6).
(1) Daremb^rg, Saglio et PoUier : Uirtionn. des antiq. grecques et romaines, hu mot: l€C\ the. Six vol.
in-42. l'ariP, Hachette. t904.
(2) Ibid-m.
(3) Homère ; Odyssée Yl, 79.
(4) Max. CoUignoh : op. rit., p. .'Î04-.TI2.
(h) Edin. Pottier, Douris et les peintres de vases grecs, p. 43. Pans 1910.
(fi) R«jne .lean, Op. rit. passlm.
— 405 —
La céramique à reliefs, qui fait son apparition au IV siècle, tend de plus en
plus à détrôner la céramique à peintures : lécythes à corps de sphinx ou formés
par une double tête, cornes à boire (rhyton) terminées par une tête de bœuf, de
cheval ou de biche, hydries monumentales à scènes appliquées et dorées . . .
Ces vases, quelque beaux qu'ils soient, sont empruntés plus à l'art du métal et
de la statuaire qu'à celui de la céramique (i;.
Bientôt de magnifiques poteries à pâte rouge, fine, dure et homogène, recou-
vertes d'une glaçure lustrée, douce au toucher et éclatante comme le corail, re-
haussées de reliefs charmants sur la surface extérieure, furent fabriquées avec
grand art par les Etrusques d'Arretium (2) et imitées, dans la suite, avec
une rare perfection par les Gaulois. Leur vogue fut telle qu'elles remplacèrent
définitivement, sur les marchés de l'empire romain, les vases peints de la Grèce.
LES LÉGYTHES DU MUSÉE D'ARLON. — Les vitrines du Musée d'Arlon
ne renferment que trois lécythes. Les deux premiers (fig. 2 et 3), don de
M. l'abbé Nickers, révérend doyen de St-Hubert, viennent directement de Grèce.
Ils mesurent 16 et 14 1/2 cent de haut. Vraisemblablement, il sont du V« siècle
et appartiennent à la catégorie des vases à fond rouge et à figures noires. Mal-
heureusement, les scènes représentées sont en très-mauvais état, et il est impos-
sible de déterminer leur signification. D'ailleurs le décor est peu artistique ; le
vernis noir est, il est vrai, de bonne qualité, mais les sujets semblent peints sans
goût ; les contours sont indécis, les égratignures à la pointe sèche sont faites
sans grand souci d'exactitude, elles cercles concentriques gravés dans la zone
inférieure tout enduite de noir, ne sont pas de largeur égale sur toute la péri-
phérie et parfois même ne se nouent pas à leurs deux bouts. Bref, ces deux
lécythes qui paraissent sortir du même atelier, tant ils se ressemblent, doivent
être classés parmi les nombreux vases funéraires communs qui foisonnaient à
Athènes au V® et au IV*^ siècles Ils n'en sont pas moins dignes d'intérêt, ainsi
que nous le dirons plus loin.
Le troisième lécythe (fig. 4), de dimensions supérieures, aux deux précédents
(24 1/2 centim.) est à fond blanc. Il est également de facture peu soignée.
L'enduit noir-brun du goulot, les filets noirs sur brun qui cerclent la panse, le
brun rougeâtre, avec accentuations noires de la base, tout cela est terne de
coloris et hâtivement exécuté. L'unique personnage peint sur le fond blanc du
manchon, en une seule teinte rouge foncé, n'a ni lustre, ni éclat. Nul trait ne
rehausse la silhouette ; la couleur semble même n'avoir pas subi l'opération du
collage, car elle s'est écaillée ou délavée en plusieurs endroits, au point qu'il est
diâ3cile de déterminer la pose et le geste du personnage. En l'examinant de très
(1) H. Havaid : La Céramique. FabrUatiun, p. 44-16. l'atiy, Uelagiave.
(2) On les appelle parfois, et sans laison, poteries samiennes.
— 406 -
près, on reconnaît cependant une tennne vêtue de l'hiination ; elle tient proba-
blement en main l'offrande à présenter au mort, l'un ^des thèmes funér-aires les
plus communément repi-ésentés sur les lécytes.
Malgré la pauvreté du décor et le peu de soin appoi'té à son exécution, ce
vase est de forme si gracieuse et si parfaite que nous croyons cependant pouvoir
le ranger parmi les objets communs de la fin du grand siècle ( V) de la cérami-
que. N'oublions pas que la création d'un vase de forme irréprochable — et sa
décoration — constituent un des problèmes les plus complexes avec lesquels un
artiste, mèmeéminent, puisse se mesurer. L'élévation doit s'établir géométrique-
ment par une succession de courbes qui doivent se contrarier d'une façon con-
stante (1).
Que la décoration soit médiore, à cela rien d'étonnant. Tous les potiers et tous
les peintres du Faubourg d'Athènes n'étaient pas des artistes, et si leur situation
pécuniaire était généralement brillante, l'éducation et la situation sociale de
beaucoup d'entre eux étaient des plus modestes.
Au surplus, comme de nos jours, on employait des ouvrières dans les ateliers
de poterie. La peinture d'un vase de la collection Caputi à Ruvo nous montre
les céramistes et les décorateurs en plein travail : trois peintres tracent les or-
nements et les dessins sur la panse des cantares, tandis qu'une femme occupée
à une décoration plus simpliste, badigeonne l'anse d'un grand cratère.
Le lécythe du Musée d'Arlon est l'œuvre d'un artisan et non d'un maître po-
tier. Chez les Grecs, l'ouvrier devait participer- beaucoup plus que les nôtres
aux besognes intellectuelles et s'initier à tous les détails du métier. C'est ce qui
assure à l'art industriel des Grecs une supériorité marquée. Si modeste que soit
l'œuvre, on y sent vivre une intelligence. L'histoire des vases en particulier est
suggestive à cet égard. Nulle part, on n'y trouve la froideur d'un travail méca-
nique, la banalité de la copie répétée à satiété. Tous ne sont pas des chefs-
d'œuvre, tant s'en faut ; aucun n'est complètement dénué de personnalité, et la
meilleure preuve, c'est que deux vases grecs peints absolument identiques
n'existent pas (2).
On pourrait, peut-être, émettre l'hypothèse que ce lécythe n'est qu'un mau-
vais vase étrusque fait d'après les modèles attiques ? Les potiers étrusques ont,
il est vrai, fabriqué de faux vases grecs pour profiter de la vogue dont jouis-
saient les vrais. « Mais ces imitations, dit M. Martha (3), sont faciles à recon-
naître. Ne comprenant pas le sens des scènes qu'ils reproduisent, les potiers
(1) H. Havard : La Céramique : Fabrication, p 92. f^aris, Iielagi'ave.
(2) Edm. Poflier : Douris, p. 23.
(3) Martha ; L'arch. étrusque et romaine, pp. o6-40. Paris, Alcide Picard (4" édition).
— 407 —
toscans commettent toutes sortes de fautes d'interprétation et de dessin. Ils ne
se rendent pas compte, par exemple, des mouvements et des attitudes.
Lorsqu'il y a des inscriptions, elles sont presque toujours mal copiées, et bien
souvent, au lieu de se donner la peine de les transcrire, le potier les a rempla-
cées par des séries de petites taclies noires alignées en guise de lettres. ... La
technique enfin de ces vases d'imitation est détestable, et l'argile n'a pas la
finesse des belles poteries grecques. «
Les vases 1 et 4, que nous avons rapidement essayé d'identifier-, ont été trou-
ves dans le Luxembourg. La chose ne paraîtra pas étrange si l'on veut bien
réfléchir que l'Etrurie a été pendant plusieurs siècles le grand marché d'expor-
tation des céramistes grecs. Dans la seule nécropole de Vulci, on en a découvert
en 1828 environ vingt mille. Quantité, sans doute aucun, ont continué à figurer
en place d'honneur- dans les maisons i-omaines, quand la République eut conquis
le pays entre leTibr-e et l'Arno. Au r-este, lorsque Rome se fut emparéde Syracuse
en 212 et plus tard, de Gorinthe et des villes gr-ecques. les chefs-d'œuvre du
midi de l'Italie, de la Sicile et de la Grèce enrichir-ent les somptueuses demeures
des puissants. Sylla, dans la suite, pilla méthodiquement les sanctuaires les plus
fameux de l'Hellade, et les proconsuls ne se firent pas faute de suivre son exemple.
La fièvre des collections s'empar^a des parvenus ignorants, et le commer-ce des
objets d'art devint aussi actif dans la Rome des emper-eur-s qu'il peut l'ètr-e au-
jour-d'hui à Londr-es et à Paris (1).
Les riches métayer-s qui vinrent d'Italie, à la suite des légions, coloniser nos
pays, exportèrent naturellement avec eux bon nombre de vases gr-ecs qui s'é-
taient conservés par héritage dans leurs familles (2).
Gh. DUBOIS
(l) Em. Berttaux : flo'we, rAnt?fy«/(é, p. IS. ParJsLaureiis 190/. , » .„ i
9) Une petite vitrine riu Musée rt'Aiion, portant la meniion: «Vases KIrusques « rontient une .-ol-
leaion d'excellents A^' s^nH^tMle Ipcvtht-, aniochués.amphores, «niphore leluxe.craVAre.canlliare elcoupe,
-tous à fonrl noir et figures rouges. - Un œnochoé bronze et une amphore a fond blano, décor non
et figures rouges et noires.
Le Cimetière Franc-Mérovingien
de Velosnes.
SEPTEMBRE 1911.
Velosnes est un petit village frontière, à cinq nninutes de Torgny. Au sud-
ouest de ce village, à peu de distance du chemin vicinal de Montmédy à Lon-
guyon, des terrains en pente déclive dévalent gracieusement jusqu'à la Ghiers.
A mi-côte, à l'endroit où s'amorce au ctiemin un petit sentier, est le lie'i dit
« Les Cercueils ». Nous résolûmes, Monsieur Gobert et moi, d'opérer quelques
fouilles en cet endroit. Monsieur Gillet, propriétaire du terrain, se mit obli-
geamment à "notre disposition et nous indiqua les places à fouiller;
Une notable partie de ce cimetière a déjà été fouillée vers 1848 ; nous espé-
rions néanmoins, trouver quelques tombes oubliées par nos devanciers. Toutes
ont l'orientation ordinaire : les pieds à l'est.
Voici le résultat de nos recherches :
1'« TOMBE.
Il n'en reste plus qu'un côté ; entièrement saccagée, ni ossements ni mobilier.
2« TOMBE.
ReciAivrement à deux dalles, d'une dizaine de centimètres d'épaisseur. Très
beau sarcophage (N" i), taillé en forme d'auge, ayant environ l'"90 de longueur,
un mètre de profondeur, 0"^70 de largeur et 0'"10 d'épaisseur. Le fond seul est
en pierre blanche de nature crayeuse, étrangère au pays. Celle-ci contenait une
— 409 —
bonne partie du squelette, assez bien conservé et bien en place : la tête, légère-
ment endommagée, les fémurs, les tibias, quelques vertèbres et les os du bassin.
Le mobilier se composait d'une boucle de ceinturon avec son ardillon (N° 5) en
fer damasquiné ; on remarque encore des traces de fils d'argent ; six beaux clous
en bronze, très-bien patines attachaient cette garniture au cuir du ceinturon.
Trois fers de Javelots (N" 3), en assez bon état de conservation ; une lame de
couteau (N° 4) ; une terminaison en bronze patinée (N° 2) et quelques débris de
fer informes, provenant d'autres armes.
3me TOMBE.
Deux dalles, fosse maçonnée avec petits moellons, de i"80 de longueur,
O^TS de largeur et 0'"60 de profondeur. Pas la moindre trace d'ossements ; des
débris d'os, provenant d'un peigne ou d'un manche de couteau ; un vase en
poterie rouge-noirâtre genre urne, mais très-incomplet, et un magnifique silex
néolithique.
La saison était trop avancée pour continuer avantageusement nos fouilles ;
nous décidons de remettre la suite à l'automne prochain.
En septembre dernier, je résolus de poursuivre mes recherches. Trois tombes
ont encore été visitées. Celles-ci, de même que les précédentes, étaient murées,
avec dalles, et orientées de la même façon.
— 4fO —
4me TOMBK.
Une très-belle dalle seulement. Sépulture d'enfant de 0'"90 de longueur, 0'"50
de largeur et Om50 de profondeur ; très-bien maçonnée : quelques menus frag-
ments d'os ; absence complète de mobilier.
5.ne TOMBE.
Deux dalles la recouvraient ; longueur : lm60 ; largeur : O'^lO ; profondeur •
Om60. Le squelette complet, assez bien conservé ; un clou en fer ; pas de trace
de mobilier.
Qme TOMBE
Longueur : l'"50, largeur : O'nTO ; profondeur : 0'°70. Les deux dalles la
recouvrant étaient très-épaisses ; ce qui nous fît supposer que nous n'avions pas
ici une sépulture ordinaire. En effet, nous fûmes très-surpris de constater que la
tète, au lieu de se trouver placée comme pour une sépulture horizontale, était
située au milieu, bien d'aplomb, trois pierres la maintenant en place : les ver-
tèbr-es, les os du bassin tassés les uns sur les autres ; les os des bras enfoncés
perpendiculairement et ceux des jambes très-écartés.
Nous sommes donc ici en présence d'une sépulture assise et non repliée ou
accroupie. Je n'ai trouvé que quelques fragments d'un vase très-fruste (terre
noirâtre), se trouvant entre les jambes, une petite fibule droite en 1er et un
très beau silex.
L'absence presque complète de mobilier, les pierres soutenant la tête, tout
cela n'indiquerait-il pas une décollation? Je ne sais ; en tout cas, je suis assez
perplexe et je n'ose me prononcer.
Il est assez difficile de préciser l'époque exacte de cette nécropole ; car du V«
au VIl^ siècle, l'on n'aperçoit point de différence bien sensible dans les objets.
Far contre, en tenant compte de la configuration des crânes dolichocéphales
à fronts déprimés et à arcades sourcillières très-developpées, nous nous trouvons
en présence d'une race encore bien caractérisée, n'ayant subi ni altération, ni
mélange sensibles et qui semble remonter aux environs du VP siècle.
Somme toute, si nous n'avons pas récolté de nombreux objets de vitrine,
nous avons eu la .salistaclion de rencontrer une sépulture assez rare et qui
constitue à elle seule, une trouvaille peu ordinaire et une exception à la règle
générale.
Paul MOUTARDE.
£e ^Jararium" du j^ohdoor
Le tumulus de Marlelange, décrit en 1910, était relié, par nn sentier formé
en plusieurs assises de grosses pierres, posées à plat, large de quatre pieds, qui
descendait la côte, en pente douce, avec un bâtiment situé au pied de la mon-
tagne, vers le milieu du champs cadastré n° 313.
La source, se trouvant dans le pré, est alimentée par les eaux des fondations
/>».^o
(yO
\
7.T'
90
Stai-tirïat
£tuMi.
:.ro
K-
SurututLi^e. du LJ.ci'Lui'fH de JUuilelcin^A
un Uii^ cLL^ J'locLoor-~'i><tooT
de la maison, ainsi que par les eaux d'un aqueduc, qui longe le bas de la mon-
tagne, vers le nord, jusqu'au petit champs n" 311. Celui-ci n'est autre chose
(1) Hohdoof veut dire aubépine.
— 41-2 —
qu'un restant du chemin reliant les différents bâtiments à la grand'route de
Warnach. Il en sort une petite fontaine appelée « Hintgesbour ".
Les cendres et ossements ti'ouvés tout autour indiquent qu'on y a sacrifié,
dans le temps, de petits coqs.
Ce bâtiment avait la forme d'un petit rectangle de 14"40 de long sur 10'"20 de
large, à grand axe dirigé du nord au sud. Les murs extérieurs de 60 centimètres
d'épaisseur, reposaient sur des fondations de grandes pierres dressées à sec,
recouvertes d'une couche de béton. Pas de trace de tegulae ni d'ardoises, il faut
donc admettre que ce bâtiment était couvert en chaume.
La porte d'entrée large de l'"40 dans le mur, occupait le milieu de la façade
sud, était à deux battants, roulait sur des gonds et portait comme ornementa-
tion des clous à grosses têtes (1).
Au devant de la porte se trouvait une excavation, profonde de O.ftO, large de
0.90 et longue de l^^SO, remplie de terre fine noire recouverte sans doute, dans
le temps, d'un décrottoir.
Aussitôt la porte franchie, on arrivait dans un vaste hall de 9™ de large et
7™70 de long, dont le plancher était constitué par du signinum opus excessive-
ment grossier (2).
Par-ci par là des blocs de marbre blanc-rougeâtre, ressemblant assez bien
au marbre d'Ospern, qu'on cherchait de nouveau à exploiter il y a quelques
années (3).
Tout autour de la salle couraient des plinthes en stuc lustré verdâtre, de 0.10
de hauteur.
Nous n'avons presque pas trouvé de cendres dans cette place, ni des débris de
poterie quelconque ; seulement un petit bronze avec genius d'un côté, le reste
illisible, et un bronze avec temple de Vesta d'un côté, qui semble être du règne
de Domitien 81-96.
Au fond du bâtiment, accolé au mur Est et séparé du mur Nord et Ouest par
un espace de 2'"70 se trouvait un édicule en contre-bas de 0.30 du reste de l'édi-
fice et auquel donnait accès du côté ouest une porte de 0.90 de large, ainsi que
deux marches en pierres de grès du pays établies dans le mur.
Sur les murs écroulés de cet édicule on trouvait des morceaux de marbre en
'1> D'après les restes des gonds trouvés et les gros clous id.
(2) Les morceaux de briques y avaient la grosseur du bout d'un doigt.
(3) Il aurait déjà été connu par les Romains au II* siècle.
— 413 —
traînées, montrant nettement qu'il s'agissait de colonnettes de marbre ayant
supporté un dais quelconque (1).
Contre le mur Est une espèce de maçonnerie dans l'édicule, qui servait pro-
bablement de banc ou de siège aux visiteurs venant adorer les dieux lares.
Il y a une quarantaine d'années, cette maison fut partiellement fouillée par
l'ancien propriétaire et on y fit une véritable hécatombe de statuettes en terre
cuite blanche et rouge.
Les statuettes rouges ont toutes été distribuées aux enfants en guise de
jouets, à l'exception d'une Vénus mutilée, aux jambes cassées.
Les statuettes blanches furent brisées et les débris jetés sur le sol, sans autre
forme de procès.
Je suis parvenu à sauver quelques rares statuettes, d'autres ont été données à
mes amis, mais les pièces que je possède et les débris que j'ai trouvés, montrent
qu'il y avait là plus de cent statuettes, toutes différentes comme grandeur, forme
et origine. Sans aucun doute quelque contemporain avait réuni ici toutes ces
divinités en suite d'une prescription formelle du pieux empereur Marc Aurèle,
qui pendant ces temps d'épidémie de peste, qui ravageait alors le monde, voulait
qu'on vénérât tous les dieux pour les apaiser et attirer leur clémence (2).
C'est aussi à l'époque de Marc Aurèle, 161 à 180 avant Jésus-Christ qu'il faut
faire remonter ces tourelles en bois et en pierres construites le long de la Sûre,
élevées sur un monticule entourées d'un fossé et protégées, elles-mêmes, par une
palissade en bois (3).
Les camps fixes, comiEe à Warnach, sur le « Herreberg » et les châteaux-
forts, comme à Bodange, etc., avaient pour but de contenir les révoltes et d'ar-
rêter les invasions. D'après un vieux document de 1610 que j'ai entre les mains,
et où il est question des ruines des fermes d' " Elz», lieu dit près de Neunhausen,
j'ai retrouvé une de ces fermes qui est romaine, ainsi que sur la hauteur l'em-
placement d'un camp romain dont elle dépendait. Nous sommes donc fixés sur
l'origine de ces fermes qui entouraient les camps romains, comme à Warnach.
Elles étaient dirigées par des centurions, qui, outre la culture, avaient dans
leurs attributions la vénération des divinités, dont nous allons parler :
(1) Voir Saglio, t. 3, 2* partie, pages 942 et 943.
(2) Avec le mélange des nationalités, il y eut aussi un mélange des divinités, de h'i cet ordre de l'em-
pereur. Voir L. Friedlaender, Sittengeschichte Roms, p. 147, tome IV.
(3) Utt monticule semblable non encore fouillé existe, près d'un gué de la Siire, à Bilsdorf, qui don-
nait accès à la villa « In der Mecher », à Roulaide, dont nous parlerons plus loin.
— 414 —
A piès celte diversion, nécessaire pour bien comprendre la raison d'être de
ce lararium en cet endroit, occupons-nous un peu de ces diÛërentes divinités.
D'après les ti'ouvailles, les Fortunae debouts se trouvaient exposées à l'Ouest,
lesFortunae assises au Midi, les portraits des ancêtres au Nord, les nehaleniae
matres à l'Est, c'est-à-dire au fond de l'édicule.
Les nehaleniae gauloises, vêtues d'une espèce de palla à manches bouffantes,
assises dans un fauteuil à dossier en bois ou clayonnage, chaussées de galoches,
coiffées d'un bonnet pointu ou carré, tiennent des deux mains, en position trans-
versale, sur les genoux, l'homme bébé, maiUotté, comme de nos jours ; ou elles
sont dressées, les cheveux en chignon entourés d'un diadème et tiennent le bébé,
dans une position demi-inclinée ; elles reposent toutes sur socle carré et ont 19
à 2(3 et"' de hauteur, sont creuses et constituées par une pièce antérieure et pos-
térieure rapportées latéralement, avant la cuisson.
Les Fortunae assises, différemment coiffées et costumées, tiennent toutes,
dans leur bras gauche, une corne d'abondance, simple ou ornementée, la main
gauche tient une pomme, un épi ou elles portent plusieurs pommes dans le giron.
L'une porte sur la tête une grande haletté, les cheveux en accroche-cœur au
devant des oreilles, au bras droit pend un sac allongé, le bras gauche porte la
corne d'abondance ornementée et au dos on lit l'inscription en lettres latines :
LAS . F. (Lassus fecit). Elles reposent sur socle carré et ont 18 '^'"^ de hau-
teur.
Il faut no.ter, qu'il existe près du vieux pont de Martelange un lieu dit :
« Leissebach », ruisseau de Lassus et que près de ce pont existait une imposante
villa romaine. Etait-ce là la demeure du statuaire Lassus ?
Les nouvelles fouilles permettraient sans doute d'éclairer ce point. Une chose
est certaine, c'est que ce vieux pont, construit à la façon des ponts romains, a
été le tout premier de la Sûre et qu'il est construit avec les débris de cette villa
romaine de la Leissebach où entraient des pierres de taille de Steinfort.
Les Fortunae dressées, habillées comme les femmes gauloises de l'époque,
tiennent la corne d'abondance du bras gauche et un gouvernail de la main
droite ; elles reposent sur socle rond et ont 17 à 18 c.tm. de hauteur.
Il faut mentionner spécialement une Fortuna, dont l'auteur s'est inspiré
évidemment des modèles de Praxitèle : La Déesse, coiffée à la grecque, cheveux
noués autour du front avec raie médiane et rejetés en arrière et ondulés, venant
former petit chignon à la nuque, porte sur le bras gauche une corne d'abon-
dance ; le bras droit est pendant et porte une patène. Le torse est nu jusqu'à la
ceinture, toutes les saillies naturelles sont bien rendues, et il sort d'une draperie
— 415 —
jetée autour des hanches, comme d'une tulipe ; absence des pieds ; hauteur
19 ctm.
Les Vénus, sveltes, élancées, nues, ont la tète entourée d'une épaisse cheve-
lure, surmontée d'un diadème fixé par deux bandelettes rejetées en arrière, pour
venir retomber sur les épaules de chaque côté.
La main gauche s'appuie sur une chlamys repliée et la droite est relevée vers
la tête en forme de salut (l).
Elles reposent sur socle semi ovalaire, ont 17 ctm. de hauteur avec l'allure
égyptienne.
Il faut mentionner spécialement une Vénus plus corpulente, nue, portant des
bracelets aux bras et aux avant-bras, saluant comme les précédentes, plus
chaste, car elle cache sa nudité de la main gauche, tête avec diadème et chignon
comme les précédentes.
La Pomone tient dans ses mains un panier de pommes. Des mères assises
tiennent dans leur giron un animal. Des généraux divinisés, casqués, portant le
manteau rouge, richement plissé, sur le devant, appuyant la main gauche sur
un petit bouclier allongé et tenant de la main droite la poignée de leur sabre.
Un Manlius Gapitolinus, sans tête, ayant à sa droite l'oie qui l'avertit de ce
qu'un gaulois, à sa gauche, à figure large, nez long et pointu, à casque rond, à
double plumeau rouge, est en train d'escalader le Capitule et dont il fend la tête
avec son sabre.
La Minerve casquée, assise, la main gauche sur un grand bouclier ovale et la
droite s'appuyant sur le genou ; ou dressée, la main gauche appuyée sur un
petit bouclier allongé et la droite croisant la poitrine à angle droit.
Des bustes déjeunes romains, dressés sur socle rond, habillés de la toge, les
cheveux courts bouclés, à l'âge d'entrer dans la vie active.
Dans tout cet ensemble le chien spitz, couché sur un tapis les jambes étendues,
oreilles et tête dressées, queue relevée en rond sur le dos, à double collier, a un
air redoutable : Cave canem.
Les Mars, Jupiter, Diane, etc., n'y manquaient pas non plus, à en juger d'a-
près les débris.
Existait-il encore autre chose dans cette maison, comme objets de culte, c'est
probable ; mais seul le fouilleur qui nous a précédé, pourrait le dire?
(1) Salut mililaire de nus jouis.
•27
— 416 —
VILLA DE « LAVI:NI» »
A cent mètres en dessous du lararium, vers le nord, dans le champs cadastré
no 449» , au lieu dit « Lavend ", existait une vaste villa-fHrme, couverte
en briques l'ouges (tegulae et imbrices), composée d(> deux parties, séparées par
une cour, de quatre mètres de larg(>, donnant au sud accès à l'atrium et à la
maison.
L'aile Est comprenait une salle, non chauffée, dallée de pierres bleues de4i°/4™,
avec excavation dans le coin Nord- Est de 3"i X l"" X 1"" servant de dépôt
alimentaire. On y a retrouvé des débris d'ossements humains.
Dans le coin Nord-Ouest, cette place communiquait, par une porte à double
battant, dont le fermant-verrou se trouvait encore fiché verticalement dans une
< .? 4 5-
-/^tj/e OvLi^'c
YiiU-
hi.
Zî
fû\^*ne vt)*v\cw/v*4.
3P /"S. ^^^^__-.-'^^'^*^M.t»-l-t*
dalle, son crochet regardant vers cette dernière place Cette place grande de
3in 4m ^ pos.sédait un hypocauste à piles carrées de 0.30 ctm de hauteur, formées
par six briques de O.16 ctm/0 16 reposant sur une couche de béton. Au dessus
des piles des grandes briques de 0 55/(i 55 supportaient le terril en signinum
opus.
— 417 —
Un morceau d'omoplate, un demi fémur, des os de cr-àne, un os rocher gauclie,
où l'on distingue le canal du ner'f auditif, des coquilles de limaçon, restes d'un
repas, une mâchoire inférieure de chien spitz, des champs en forme de T, des
morceaux de tuyaux de chaleur ont été les objets les plus intéressants trouvés
dans cette place.
Longeant la première place dallée et communiquant avec elle, vers l'ouest une
place à hypocauste, à piles rondes, très rapprochées, hautes de 0.30 ctm.
Les murs étaient garnis, tout autour, à la base, de briques carrées strigillées,
de 0.30 ctm de côté, supportant avec les piles, au moyen de grandes dalles, le
signinum opus. Dans les coins des restes de tuyaux de chaleur, dont l'usage est
bien connu.
Dans le coin nord-ouest de cette place, un beau fornax long de li"50, piriforme,
0.80 ctm de large à son plus grand renflement et 0.60 ctm de haut.
L'entrée du fornax située dans une pièce adjacente d'un métré carré, avait
0.45 ctm de large et 0.50 ctm de hauteur. Cette place communiquait, toujours
vers l'ouest, au moyen d'une porte de 0.90 ctm avec une espèce de corridor de
3 m. de long / 1.30 m. de large, communiquant lui-même d'un côté avec l'atrium
au moyen d'une porte de 0.60 ctm, et de l'autre avec un alveus ou baignoire,
semi-circulaire, dont le bord était plus élevé de 0.30 ctm que le reste du plan-
cher en signinum opus. L'alveus avait ImSO de longueur à sa base, comme hau-
teur et largeur OmSO. On y descendait au moyen d'un escalier en briques.
L'eau y diversée était chauflée par le fornax adjacent et s'écoulait vers le
fond, par un aqueduc sous-jacent. Il était revêtu à l'mtérieur d'un signinum
opus poli. Le pied du corridor était revêtu d'une peinture brune, traversée hori-
zontalement de lignes jaunes et noires de 1 ctm de large. Le haut du mur était
peint en marbre blanc artificiel avec nervures bien imitées. Dans ce corridor
des débris de verre Millefiori (verre chatoyant), des débris osseux de trois
cadavres, ainsi qu'une boule de la grosseur d'un œuf de pigeon en terre
cuite blanche, percée d'un trou au milieu. Elle aura été portée au cou, sous
forme d'amulette.
Séparée de celle-ci par un espace large de 4'", l'aile Ouest présentait une
première place de 3'"/3'" avec terril blanc, sans briques, communiquant avec
une deuxième place de 3'"/4'" dont le plancher était en argile battue. Cette der-
nière place communiquait vers le nord avec l'atrium et vers l'ouest, au moyen
d'un corridor en plan incliné, large de 1°^20 et long de 2'"60, avec une place,
véritable garde manger, située à un niveau inférieur de 2", sans autre porte ni
fenêtre mesurant 3'"45 sur 3"90 entre les murs.
— 418 —
Le plancher éUiit constitué par un terril en gravier de la Sûre et tout autour
courait un trottoir haut de 0.15 centiin. et large de 0.60 centim. Ce corridor à
en juger d'après les ferrures et les objets y trouvés, servait à supporter des éta-
blis et des armoires destinés à mettre eu lieu sftr les laitages et les aliments de
consommation courante.
Aussi sommes-nous d'avis que c'est dans cette aile que la fermière régnait en
maîtresse, pour' surveiller le travail de ses esclaves, tandis que dans la pi-emière
aile l'homme était chez lui. C'est là qu'il pi'enait son bain en rentrant, buvait sa
tasse de thé chaud, prenait ses repas et s'adonnait à ses études ou à ses occupa-
tions favorites.
On a trouvé dans cette place beaucoup de gros charbon provenant de la com-
bustioîi de gi'osses charpentes, des restes de meules en lave noii-e de l'Eiffel, d'in-
nombrables tessons de ci'uches, plats en terre noire, rouge. Gomme pièce entière,
un crémier intact, haut de 0.06 et large de 0.12 avec moulure et ajoute sur le
bord antérieur, pour déverser la crème une fois déposée; cette pièce est en terre
cuite jaunâtre grossière. L'intérieur' est tapissé de tout petits cailloux en quartz
blanc, qui devaient, par leur forme cristaUine, favoriser la coagulation du lait.
Faut-il mentionner' encore une anse de coffr^et à bijou de dames avec patène
verte, pour certifier vi'aies les allégations émises un peu plus haut.
Au nord de la maison, l'atrium facilement l'econnaissable à ses nombreuses
places à feu, différ-entes de forme, loagues, rondes, carr'ées, suivant l'usage qu'on
en faisait. Les foyer-s étaient encore remplis de char'bons, de débris de vaisselle,
de lampes en terre cuite blanche, de clous. Quelques tr-ous r-enfermaient des
dents humaines, surtout des molair'es absolument bien conservées quant à
leur émail, la dentine était complètement consumée.
Nous avons tr-ouvé aussi 2 forets longs de 0.12 ctm. avec tète conique de la
grosseur d'un pouce, s'engageant dans un morceau de bois qu'on faisait tourner
lors de l'usage encore comme de nos jours.
Non loin de là se trouve le fond dit vallon de Venus (Venusgrennchen) où
à côté d'une sour-ce intarissable, nous avons trouvé une place ronde, bien nivelée
de 4™ de diamètr-e, dont le plancher est constitué par du fin gr-avier de la Sûr-e
et qui, par sa ti'anquillité et sa fr-aicheur, était cer-tainement l'endroit où l'on
venait adorer la Déesse 'Vénus.
419
LA CHAUMIÈRE GALLO-ROMAINE D'OEIL.
En amont du moulin d'Oeil à droite de la Sûre, près d'un ancien gué aban-
donné maintenant et, contre les buissons, nous avons découvert la demeure du
pauvre colon qui, à cette époque reculée, cultivait déjà le grand champs situé à
cet endroit.
Cette maison, où il n'existait aucun mur, était construite en clayonnage sou-
tenu par des montants en bois fixés dans la terre par des cailloux blancs de la
Sûre. Elle avait 6°" de long sur 4°^ de lai'ge et présentait deux terrasses, larges
de 2™ chacune, adossées contre la côte, la 2^ surélevée de 0.60 sur la première
Le plancher de la première était formé d'argile battue, parsemée de grès bi-
garrés rouges et blancs de la Sûre, ce qui devait faire le plus bel efïet.
La seconde nepi'ésentait rien de reconnaissable comme plancher et aura sei'Vi
au lepos et pour mettre à l'écart des produits alimentaires, cai' nous y avons
trouvé une fibule en archet, en bronze, à patène verte à double ressort, bagué,
rappelant les fibules de l'époque marnienne. C'est sans doute l'objet le plus an-
cien trouvé dans le pays.
La première terrasse a mis au joui- de nombreux tessons de poteries rouges,
noires, pierres à meules en lave de l'Eiffel, monti'ant à toute évidence qu'on
s'adonnait à l'industrie laitière. Nous y avons de plus mis au jour un couteau en
fer pointu à large base, long de 0.20 ctm., à manche en fer, recourbé au bout en
anneau poui" suspendre à la ceinture au moyen d'un autre anneau.
Le couteau servait d'arme de défense et pour égoi'ger- les bètes en cas de be-
soin. Un moyen bronze d'Annia Faustina, bien conservé, prouve que ce bâtiment
existait encore au deuxième siècle de notre ère.
Encore un mot de la villa romaine au lieu dit : - In dei- Laach"à Martelange,
à 50 m. environ du barrage actuel de la Sûre.
Kmiilacement encore facilement reconnaissable à la bosse que fait, en cet en-
droit, le chaujps longeant le fossé d'irrigation.
Malheureusement de cette maison il ne restait plus que les fondations, qui
sont exce.'^sivement intéressantes : elles sont constituées par d'immenses blocs
de pierres arrachées de la montagne voisine, longs de lm50, larges ii>' OmSO et
— 420 —
épais de 0.40 à 0.50, juxtaposes les uns contre; les autres et reposant sur une
couche de gi'avier tle la Silr'e, d'un bon nièti'e d'épaisseur.
Sur ces iiierres colossales, rappelant les pierres des menhirs gaulois, se dres-
saient les murs du bâtiment.
Vu les débris de poteries, ((u'inents de portes, meules à l'arine mis à jour, il
n'y a pas de doute à avoir sui' l'origine l'oinaine de cette habitation. Clet empla-
cement dans la vallée nous prouve que la Sûre à cette époque n'était pas plus
forte (lu'aujourd'hui, sans cela cette demeure aurait été inondée.
Le nom de Laach nous dit que cette vallée était habitée aux temps des Gaulois
et nous supposons qu'à cette époque il existait une mardelle, à une centaine de
mètres plus bas, qui n'est pas encore fouillée et qui pourrait nous révéler des
choses intéressantes de ces temps reculés.
René MAL(iETetl)' KugÈne MALGP:r.
Dom Malachie Bertrand,
MOINE ET PROCUREUR D'OR VA F..
1756-11798.
§ I — LE FOYKR
Henri Bertrand, en religion Parère Malachie, fils légitime de Jean Bertrand,
meunier, et de Marie Bouchet, d'une famille fort honorable et chrétienne, naquit
au moulin de Linglay, près de Mortehan. 11 fut baptisé le 5 décembre 1756 i)ar
l'abbé Stévenne, vicaire du lieu. Il eut pour parrain François Baude, l'epiésen-
tant Henri Bouchet, et pour mar-raine Anne Baude (1). Son père était fils de
Guillaume Bertrand et de Marie Baude.
La chapelle, où fut baptisé l'enfant, n'existait pas en 1570 ; le procès-verbal
de la visite des églises en cette année est muet sur Mor-lehan (2). La première
piei're de cette cliapelle fut posée au mois de septembre 1621, et sii'e Lambert,
Henri, autorisé par le curé de Ste-Gécile, y chanta la première fois la messe,
le Jour de sainte Apolline, 9 février 1622 (3). La date de la construction était
gravée au cintre de la porte d'entrée. Bâtie au milieu du cimelièie, le long de
la Semois, elle fut remplacée par l'église actuelle en 1835 (4).
Au point de vue religieux, Mortehan était une annexe de Ste-(4écile. Le 22
juin 1744, sire J. Rosier, curé de Florenville et déflniteur, écrivait officiellement
au Président du Conseil provincial, à Luxembourg : " La paroisse de Ste-Gécile
a trois villages : [Sainte-Cécile], Fontenoille, où il y a chapelle, — et Mortehan
avec chapelle » (5). — Le 26 mars 1788, sire H.-J. Panhay, curé de Ste-Gécile,
déclarait à son tour : •' Il y a un office de chapelain fondé à la chapelle de Mor-
tehan, appendice de l'église de Ste-Gécile, pour dire la messe les dimanches et
(1) Registre u" 2 Mortehan, à Gugnon. — Linglay, situe à deu.x; lieues de Bertrix,
appartient pourtant à cette commune.— (2) lleydinger, Ai'chidiaconatûs, etc. p. 18;i.
— (3) Archives paroissiales de Gugnon. — (4) Communes Luxembourgeoises, t. VI.
S?6 — (5j Archives de l'Etat, Arlon.
— 422 —
fêtes et et pour tenir les écoles « (1). La chapellenie, détachée de Ste-Gécile,
fut érigée en succursale en 1808.
Le village de Mortehan, doyenné de Bertrix au diocèse de Namur, et canton
de Paliseul dans la province de Luxembourg, compte aujourd'hui 479 habi-
tants (2). Il en avait 268 en 1817 (3), et probablement moins encore à la nais-
sance de Henri, soixante ans auparavant.
Né aux premiers jours de décembre 1756, l'entant a pu, âgé de 11 1/2 ans,
faire sa première communion au printemps de 1767 et même recevoir la confir-
mation de Mgi' de Hontheim ; mais jusque là nous n'avons aucun document. Il
grandit à la campagne en face de la grande nature et d'un sol particuhèrement
tourmenté. Il vécut au milieu d'une population patriarcale et religieuse, dans
une atmosphère propice aux saintes vocations, sous les yeux d'une sainte mère.
Bercé aux souvenirs de S. Remacle à Gugnon, il eut pour premier maître le
vicaire de Mortehan, nommé « pour tenir les écoles ". Sa famille comptait au
moins trois prêtres, parents ou alliés : sire Pontian Hénon ou Hennon, de
Gugnon, mort en 1744 curé d'Acrenne St-Géréon, au diocèse de Gambrai, dans
le Hainaut (4); sire Jean Pérard, de Ste-Gécile, neveu du précédent, en 1744
curé de Blécourt Notre-Dame, au diocèse de Ghâlons (5) ; et » sire Hauppert,
vénérable prêtre, natif de Mortehan et de résidence à Liège en janvier 1757 -,
oncle de Jean Bertrand, le père de Henri (6). Enfin trois enfants du village
l'avaient précédé au cloître : Dom J.-B. Delobbe, bénédictin, prieui- de l'abbaye
de Saint-Vanne, à Verdun, né en 1742 (7) ; Dom Bruno Gamus, cistercien à
Orval, né en 1744 (8), et Dom Gaspard Gourtois, né en 1748 et aussi bernardin
à Orval (9). Ses aines d'âge et de profession, ils aidèrent peut-être à la vocation
de Henri.
(1) Agence des Domaines à Neufchâteau — (2) Almanaoh administratif de la pro-
vince de Luxembourg, 1911. — (3) Com. Luxemb., I, 171. — (4) Gugnon. Records,
p. 25. — (5) Ibid. et feuille volante. — (6) Ibid. p. 134. — (7) D. J.-B Delobbe de Morte-
han, fut, dit-on, asserjnenté et devint curé de Gugnon en 1809. On lit sur une pierre
funéraire fixée au mur extérieur du chœur de l'église : <i Ici reposent les cendres
«du corps de sire Dom J.-B. Delobbe, ci-devant procureur de St-Vaune, à Verdun,
(i décédé curé de cette paroisse le 16 mars 182-.?, âgé de 80 ans. R. I. P. — (8) Dom
Camus, profès du 24 juin 1766. ex-prieur de l'abbaye et confesseur à Clairefontaine,
obtint la valeur de 7 1/3 premières voix, lors de l'élection du dernier abbé. Venu au
Rpfuge de Luxembourg avec ses confrères, le 8 décembre 1792, il demanda le pre-
mier la permission de rentrer dans sa famille. Il re^-ut 90 florins pour viatique et
partit le 19 décembre suivant. Il n'est donc pas étonnant de le trouver à table à
Mortehan avec M. Sandkoui, au cours de 1793. Puis il revint à Luxembourg. Après
la dernière secousse, il demeura quelque temps au village et signa diflférents actps
paroissiaux comme k administi-ateur do Ste-Gécile. » — (9) D. Courtois, profès
du 25 août 1766. entendant que les Français venaient de Montmédy pour piller Orval,
demanda un peu d'argent et, le 6 octobre 1792, quitta l'ahbaye avec une dizaine
d'autres. Mais il rejoignit ses confrères à Luxembourg et même, à la faveur d'une
— 423
§ II. - LE CLOITRE.
Vers la tin de 1780, à l'âge de vingt-quatre ans, après de brillantes études à
Liège, le robuste jeune homme vint demander la paix à Orval et y (ut admis
comme novice. Il reçut à la fois le saint habit et le nom de P'i'éi-e Malachie, sous
lequel il sera plus connu. Après une année d'épreuve, le 6 janvier 1782, il fil sa
profession religieuse entre les mains de Dom Scholtus, abbé, avec un seul de ses
confrères, D Adam Bergman, du même âge que lui, originaire du Grand-Duché
actuel.
D'octobre 1783 au 5 juillet 1785, il fut envoyé à l'Université de Lou-
vain (1) avec Dom Adrien Schinit, d'Altzingen (G.-D ) (2). L'année scolaire
coîitait pour chacun 1285 livres. Les docteurs de la Faculté les avaient sans
doute en grande estime puisqu'ils venaient passer quelques jours de vacances à
Orval et faire avec eux des excursions à Conques et dans le voisinage (3).
Rentré de Louvain, D Malachie connut à peine la sérénité du cloître, et fit
bientôt le rude apprentissage de la vie. On construisait la nouvelle abbaye, et
plus d'une fois le défaut d'argent fit stater les ti'avaux ; le projet de Joseph II
de supprimer 139 couvents, pour en retirei- les revenus, était une menace pour
Orval ; le 2 décembre 1789, le gouvernement fi'ançais sécular-isa les biens ecclé-
siastiques et déjà la persécution grc>ndait de toute pari. D. Malachie était trop
perspicace pour ne pas s'alarmer des angoisses générales.
11 sortait souvent en mission de confiance. Au mois de mai 1788, la veille de
l'élection de Dom Lucas, à laquelle il pi-it part, accompagnant D. Hubert La-
mock, il alla chercher l'abbé de Boneflfe en carrosse à six chevaux On le ren-
contre aussi tantôt sur le chemin de Ghassepierre, tantôt sur' la r'oute de Con-
ques, pour aller traiter les intér-èts de la maison.
Il remplaça D. Siegnitz comme cur'é de S*'^ Mar-guer'ile, comrrre archiviste
et bibliothécaire. Curé, il s'occupait des domestiques, des ouvriers et des
accalmie, il revint à Orval au mois d'avril 1793. L'un des pi'emiei's, le 9 novemhi'e
1796, il accepta un bon de retraite de 15,000 livi-es, et le 4 février* suivant, il
acheta pour- 10,200 livrées irn moulin au Grand, le Brcitenweg, pi'ovenant de l'abbaye
(le .Munstef. —Cf. Lefort Alfr-ed, Ftistoire du Dépar-tcnient des For'êts (1795-1814),
t. I, 281, 333 — Tillièr'e. Histoir-e de l'abbaye d'Orvai, 1897, passim.
(1) Cf. Bibliothèque natioirale. Bruxelles. Mati-icul« de riJuiversité de Louvain,
1776-1780, sectioir des Mss., n" 13702. — (2) D. A Schmit, licencié en théologie, ex-
l)r*ieur et pr-ofesseur, obtint la valeur de 16 1/3 voix loi"s de l'élfction de Dom Siegnitz.
Curé primaire d'Etalle en 1805, il tomba mort sur le chorniii de Habay-la-VieilIe à
p]talle, en r'etournaiit le jour des \L Fleures, le 28 février 1810. — Soir fr'ère, I).
Norbert Schmit, futcirré d^ Ste Mai-ie. puis de Ilabav-la-Neuve, or'r il mourut du 23 au
24 juin 1807. — (3) Livre dfS Comptes, passirn. — Voir eu Appendice les fêtes de sa
Licence.
4-24
étrangei's oi-dinaircs, pouf les oiîices, les sacrements et les sépultures : il
avait son église paroissiale et son cimetièi'e. Archiviste, dès les pt'e-
iiiiéivs alarmes, le 17 Juillet 1791, il transporta sur un chariot les archives
d'Orval au Refuge de Luxembourg, sage précaution, qui sauva tant de docu-
ments précieux (1). A ce titre encore, il signa la clôture de plusieurs comptes,
désormais confiés à sa garde. Bibliothécaire, chaque année, au printemps, il fai-
sait nettoyer et cirer avec soin sa bibliothèque. lien disait lui-même : « Etablie
» à côté de la tour du ti-ésor, dans une salle i)ercée de six fenêtres sur la cour
" et d'autant sur les jardins, elle consistait en plus de 15,000 volumes, parmi
" lescjuels beaucoup de livres rares et de manuscrits précieux (2). Mais plusieurs
" abbés d'Orval, ignoi'ant le mérite de ces ouvrages, les avaient prèles et même
" donnés à des sociétés sa van tes, telles que les Bollandisteset la Congrégation de
« St-Maur. Souvent aussi, en cas de danger, on en avait envoyé à Saint-Hubert,
" comme le raconte Ghapeaville, après sa visite en 1599. Toutefois, malgré ces
" pertes répétées, la bibliothèque d'Orval était riche encore et l'on ne cessait de
" l'enrichir. «
Le 7 janvier 1792, mourut l'abbé Lucas et commença ce douloureux veuvage
de l'abbaye qui dura presque deux ans. La situation s'empirait et le danger de-
venait plus pressant. Le 8 décembre 1792, après mûre délibéiation, les religieux
d'Orval se retirèrent à Luxembourg, laissant à tous les hasards et les murs sécu-
laires et les tombeaux sacrés et la cendre à peine refroidie du dernier abbé.
Loin d'Orval, ils se sentaient à l'étroit au Refuge de Luxembourg. C'est là qu'ils
appi'irent la catastrophe du 23 juin 1/93 et le sac de l'abbaye. Durant ces tristes
jours, I). Malachie aui'ait rempli un rôle héi'oïque dans l'abbaye et les envii'ons,
si l'on en croit M. Jeantin, malheureusement trop suspect et trop souvent
surpris en flagrant délit d'exagération et d'er-i-eur. Toutefois, si l'on observe que
l'auteur préparait la première édition de son ouvrage en 1848, cinquante ans
après la mort du saint religieux, on conviendra que cette exagération même
était l'écho de la tradition populaire (3).
Le 9 novembre 1793, il j»rit pai't à lelection de I). Siegnitz, où il obtint lui-
même une première voix et quelques autres (4). Le 2 juin 1794, jour de l'instal-
lation solennelle, il lui lit acte de soumission et d'obéissance. Ce jour-là, D.
(1) Livre des Comptes, 17 juillet 1791. — (2) Entre auti'cs un manuscrit de Pline
le jeune, retrouvé dans la bibliothèque de Mg"" de Neunheuseï-, provicaire apostolique
du Luxembourg, et payé dix florins par M. le chanoine Claesen ; — et le livre
d'Heures du duc Wenceslas I. orné de lines miniatures, offert au roi de Hollande par
l'abhé Welter, alors curé d'Etlie. Cf. Tillièi-e, op. cil. 589, note. — (3) Cf. Jeantin.
Ruines et Chroniques do l'abhaye d'Orval, 2« édition, 1857, pages 205. 240. 377. 3S4!
408. — Paris, ci.ez .Iules Taidieu. rue deTouriion, 13. — (4) fMhliothèque nationale.
Bruxelles. Conseil privé. Carton 898.
— 425 —
Norbert Schmit lut à l'Abbé une ode qui ne manque pas de souffle, écrite en
strophes émues (1). Après cette élection, D Malachie fut désigné connue pro-
cureur en remplacement du nouvel abbé. Cet officier- de la maison veillait aux
intérêts de la communauté. Délégué par l'abbé et les religieux, il passait en leur
nom les actes d'achat, de vente et d'échange ; il poursuivait le recouvrement des
créances, acceptait les remboursements et en donnait quittance C'était donc à
la fuis l'intendant et le caissier de l'abbaye. La nature même de ses fondions
l'obligeait à de plus fréquents contacts avec le monde : aussi devait-il être d'une
haute intelligence et d'une grande vertu pour allier toujours la prudence de
rhomme d'afTaires à la piété du religieux (2).
Tel fut bien D. Malachie, et son dévouement jioui-ses confrères i-edonblait son
coui'age. Aussi, dans la séance du 20 germinal an III (15 avril 1795), l'adminis-
tration d'arrondissement ordonne des poursuites •> Conti'e Henri Malachie Ber-
" trand, religieux de l'abbaye d'Orval, coupable d'avoir, depuis l'entrée des
" Français dans le Luxembourg, touché diflérentes sommes sur les revenus do
« l'abbaye et de les avoir envoyées à Luxembourg, où la plupart des religieux
" s'étaient réfugiés avec leur abbé. « De plus, on lui réclamait ses comptes, en
lui imposant une caution de 3000 livres en monnaie r'épublicaine (3).
Le 12 juin 1795, après un long siège, la garnison autrichienne évacua la for-
teresse de Luxembourg et la dernière colonne républicaine entra dans la ville.
Aussitôt l'administration d'arrondissement, ti-ansféree de St-Hubert à Luxem-
bourg fixa la contribution de guerre à 1,500,000 livres et cotisa l'abbaye d'Orval
à 36,623^' 11^ 6d (4). Le rôle du procureur était rude en ces conjonctures.
Le 13 juillet, l'administration estima que la capitulation avait accordé
aux religieux d'Orval « la liberté de rentrer dans leurs propriétés, droits, pro-
fessions et états ". Le même jour, un arrêté de Joubert maintenait la réintégra-
tion dans leurs biens (5). Mais dix jours après, dès le 23 juillet, prétextant que
les rehgieux allaient rentrer dans leur abbaye et quitter le Refuge, l'administra-
tion le mit à la disposition du receveur et de l'inspecteur des Domaines natio-
naux (6).
L'abbé sortit en pleurant de cet asile, téujoin de son élection et de son instal-
lation, confident muet de tant de douleurs et d'angoisses. Ne pouvant rentrer
dans Orval détruit, il ramena au prieuré de Conques la conmiunauté, les archi-
ves et une partie du mobilier. Orval, Luxembourg, Conques, puis la dispersion,
l'exil et la mort, quelles étapes !
(1) MemorialeF. Gabrielis Sieguitz. .. 1794. M^ in 12, 62 pages écrites. Bibliothè-
que de l'Institut Archéologique d'Ai'iou. 56-68. — (2) Cf. Tilhère, op. cit., 55. —
(3) Lofort, op. oit , 52 — f4) il). 1U5. - (5)il)id. 128. - (6j ibid. 129.
— 426 —
Cependant la persécution allait sévir davantage encore. Le 26 octobre 1795,
in Convention expirante rappela les lois de 1792 et 1793 contre les émigrés et les
prêtres et les rendit obligatoires dans les départements réunis (1). Ces lois sacri-
lèges « décrétaient des mesures pour écarter du territoire français les ecclésias-
« tiques insermentés ou aj'ant rétracté leur serment, à l'exception des infirmes
« et des sexagénaires, qui doivent être réunis au chef-lieu de leurs déparlements
«' respectifs dans une maison d'arrêt commune » (2). Au mois de décembre, le
ministre de l'Intérieur rappelle que ces lois contre les prêtres, soumis à la dépor-
tation ou à la réclusion, sont applicables dans les 24 heures et les fonctionnaires
négligents passibles de deux ans de détention. Il ordonne en outre de dresser
d'urgence le tableau des ecclésiastiques insermentés du département (3).
Le V'^ septembie 1796, le Directoire supprima les abbayes, couvents et prieu-
rés, et ordonna de dresser imméiiiatement l'état nominatif de religieux et reli-
gieuses, ainsi que l'inventaire de leurs biens, mobiliers et immobiliers, dont
l'administration était transférée à la direction des domaines nationaux de chaque
département. En même temps, sous le nom de Bons de retraite, il offrait une
pension de 15,000 livres aux profès du chœur et 5000 aux convers, de 10,000
aux professes et 3,334 aux converses, mais en assignats {i). Cette générosité
était plus apparente que réelle ; en effet, à cette même date, à la Bourse de
Paris, un louis d'or valait 5300 livres d'assignats (5).
Le 19 février 1798, deux agents officiels furent " commis à l'effet de constater
d'une manière authentique la situation du dépôt des bons de retraite «, destinés
aux religieux supprimés. ,
Ils dressèrent donc la liste de ces religie\ix au l^"" vendémiaire an V, 22 sep-
tembre 1796, jour de la suppression définitive. On y lisait pour chacun le nom,
l'âge, la date de profession, et éventuellement la date de la délivrance du bon ;
mais bien souvent cette dernière date est remplacée par le mot Refusé. Quatre
carnets, deux pour les religieux, deux pour les sœurs, avec la quantité de Bons
nécessaires, avaient été remis à la direction des Domaines. On en conserve deux
aux Archives de l'Etat à Arlon ; maltieureusement on n'a pas celui où l'on trou-
verait le nom de Dom Malachie avec le motif de son refus : «■ Le susnommé a
" dit ne pouvoir accepter le bon, dont le talon est ci-dessus, parce que sa con-
" science le lui défend -. Muiatis mutundis, on reconstituerait facilement la
légende de chacun. Ce bon est " admissible en paiement (i(î DoDiaines natio-
naux situés dans la ci-devant Belgique. " Or, il était défendu d'acheter des
biens d'église, sous peine d'excommunication C'était donc l'apostasie ou la
(1) Lefoi-t, ibid. 235. — (2) ibi'l. 249. — (3) ihid. 25U. — (4i ibid. 332. — (5) Mont-
gaillard. Histoire de France, IV, 419.
- 427 —
faim (1). Toutefois, le 4 février 1797, la Cour de Rome permit aux Religieux
d'accepter ou d'employer ces bons, à condition de se considérer comme déten-
teurs provisoires, obligés à futui'e restitution (2).
Malgré son dénuement, malgré la concession du Saint-Siège, malgré les be-
soins de ses confrères, Dom Malachie refusa le bon qu'on lui offrait. C'était à
la fois renoncer à tout secours officiel et encourir lé dangereux reproche d'inci-
visme, " en manifestant son aversion pour le régime républicain et en dédai-
« gnant les indemnités accordées aux religieux supprimés par la loi du T''
9*^ptembre 1796. » Tels sont en effet les attendus d'un arrêté du 18 décembi'e
1797, qui condamne à la déportation le R. P. Durieux, récollet d'Ath (3).
Durant ces années de deuil, le rôle du Procureur d'Orval fut bien difficile. Que
de démarches il entreprit dans l'intérêt de ses confrères ! Nous avons dit que, le
15 avril 1795, l'administration l'accusait d'avoir envoyé des sommes d'argent à
Luxembourg C'est qu'en effet il ne résidait pas toujours dans cette ville, mais il
avait un pied à terre à Etalle, d'où il rayonnait pour recueillir quelques débris de
loyers et de rentes arriérés. Le prieur de Conques l'aidait dans cette tâche in-
grate (4). Il fallait entretenir une communauté aux abois, subvenir à différents
frais, donner l'aumône aux églises et aux pauvres, et les revenus ne rentraient
pas ! Le peu qu'il recueillait disparaissait comme la neige au soleil. Les Livt^es des
Comptes fourmillent de détails navrants. Les chiffres, minutieusement inscrits,
froidement alignés il y a plus d'un siècle, sont pleins de révélations mystérieuses.
On croirait assister aux suprêmes convulsions de l'abbaye, dont les membres se
débattent sous l'étreinte de la pauvreté et de la misère (5). Durant de longs mois,
la charité de D. Malachie dut faire des prodiges.
Après la suppression définitive, les suènes douloureuses se succédaient à Con-
ques : la visite des agents républicains, qui vinrent signifier l'arrêt de mort,
l'inventaire des archives, leur transfert à la préfecture (6), les incertitudes de
(1) Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon. XVI, 193-204.
(2) Lefort. p. cit. 254. - (3) Victor Pierre. La déportation ecclésiastique, 99.
(4) Dom (Jahriel Siegnitz. Manusr.rit cité, p. 61. Note additionnelle de D Arsène
Freymuth. — (5) Cf. Tillière, op. cit. 572-597. —(6) Les migrations des Arcliives
d'Orval sont donc bien connues. Le 17 juillet 1791, D. Malachie les transporta au
Refuge de Luxembourg ; a la fin de juillet 1795, l'abbé Siegnitz les ramena à Con-
ques ; en novembre 1796, Gazé et Gringoire, agents républicains de Florenville, les
envoyèrent à la Préfecture ;i Luxembourg, après inventaire; enfin, en vertu de
l'article 13, § 5, du traité du 19 avril 1839 portant « que l'on procédera à l'extradi-
tion des archives, cartes, plans et documents quelconques appartenant à la Belgi-
que ou concernant leur admininislration », on en fit le partage entre Arlon et Luxem-
bourg. — Cf. Noblom. Rapport adressé à M. Smits, gouverneur de la province de
Luxembourg. Bruxelles. Wouters frères, 1847.
— 428 —
l'nvenir, etc., tfonhlniont les plus forts. Le 20 décembre 1796, l'abbé fut chassé
lie Conques et les i'elif;ieux dispersés. P.ientot ils durent, déposer la bui'e et i"e-
vôlir des habits laïques. P-.w une amère ironie, le 19, veille de ce jour fatal,
l'administration avait fixé au 1*" janvier suivant la vente du refuge de Luxem-
bourg. Dom iMalachie, toujours charitable et zélé, se proposait de reprendre, le
22, les meubles que la communauté y avait laissés l'année précédente, au départ
pour Conques. Mais, dans la séance du 21, l'administration le lui défendit sévè-
rement et prit des mesures en conséquence (1). Les proscrits étaient complète-
ment dépouillés et le rôle du procureur entièrement fini !
§ III - LE CALVAIRE.
1. DE LUXEMBOURCt a ROCHEFORT.
La persécution touche au paroxysme. Sans doute, en nos pays, elle ne fut
jamais légalement sanglante, mais que de morts innocentes ! Par décret du
5 septembre 1797(19 fructidor an VI), le Directoire exécutif ordonna de con-
damner à la déportation tous les prêtres insermentés ou réfractaires. Au début,
on dirait que les .victimes étaient désignées et rabattues d'avance. Dans les trois
premiers mois, du 22 septembre au 22 décembre 1797, le nombre des arrêtés va
toujours croissant et atteint en décembre le plus haut maximum. Arbitrairement
individuels ou collectifs, durant ce premier trimestre, 298 arrêtés atteignent 465
condamnés, dont 423 français et 42 belges (2).
D. Malachie .s'était trop signalé à l'attention des révolutionnaires pour ne pas
être parmi les premières victimes. Aussi le 19 octobre 1797 (28 vendémiaire an
VI), moins d'un mois après l'application du décret (22 septembre), il fut con-
damné à la déportation. Le même jour, Kœnig, Henri, en religion P. Justus,
capucin à Luxembourg, Brosius, Jean, en religion P. Ildephonse, prieui- des
Carmes à Arlon, et MuUer Nicolas, aumônier de l'hôpital et professeur à Luxem-
bourg, furent frappés de lamême condamnation. Les arrêtés sont distincts, mais
les termes identiques, sauf les noms. Voici le texte :
Le Directoire exécutif,
« Après avoir entendu le rapport du ministre de la police générale et vu une
» lettre de son Commissaire près l'administration Centrale des Forêts;
« Cous'idérânl que Bertrand, dit Dom Malachie, ancien religieux île l'ab-
(1) Lelort. op. cit. 281. — (2) Victor Pierre, op. cit. Introduction, p XIII.
— 429 —
« baye d'Orval, souffle actuellement le feu de la discorde dans la commune de
« Luxembourg, que c'est par ses insinuations perfides que la majeure partie
•' des prêtres du département des Forêts n'ont pas prêté le serment prescrit par
« la loi du 19 fructidor;
« Considérant qu'il abuse de sa dangereuse influence sur les âmes faibles, pour
" les empêcher de recevoir les prêtres soumis; qu'il est même soupçonné d'aller
•' de maison en maison pour répandi-e sa doctrine pernicieuse et augmenter le
« nombre de ses crédules sectaires ;
« Arr'éte :
« Le nommé Bertrand, dit Doyn Malachie, sera sans délai saisi et arrêté
« pour être déporté dans le lieu qui sera désigné par le Directoire exécutif.
« Le ministre de la police générale est chargé de l'exécution du présent arrêté,
«' qui ne sera pas imprimé.
« Pour expédition conforme :
« Le Président du pouvoir exécutif,
« L. M. RÉVELLIÈRE-LÉPEAUX.
« Pour le Directoire exécutif :
" Le Secrétaire généi'nl,
« Lagarde. '• (1)
Le jour même du jugement, D. Malachie, le Père Justus et Muller furent en-
fermés dans une chambre étroite à l'étage de la maison de ville, confiés à la garde
de l'excellent concierge Schneider et de sa famille. Wagner, Jean-Michel, curé
de Wincheringen sur la Moselle, condamné le 2 frimaire an VT (22 novembre
1797), arrêté chez lui le dimanche 3 décembre suivant, rejoignit les trois prison-
niers le mardi 5 ; et, le lendemain, Schatel, Joseph, bénéficiera Remich, con-
damné le 13 brumaire (4 novembre), leur arriva sous la conduite d'un gendarme.
Désœuvrés, incertains sur leur destination, comme ils devaient prier et s'encoura-
ger mutuellement !
(1) Victor Pierre, op. cit. 17-18. — (2) Ce Wagner, né le 17 juillet 1768 à Nieder-
donweti (G.-D.), était flls d'un père aveugle que, dans son enfance, il conduisait
par la main de porte en porte, pour mendier le pain du jour. Il fut le compagnon
de Dom Malactiie du 5 décembre 1797 au 12 août 1798. Evadé de Gayeiine, le 19 juin
1800, il fut nommé curé à la Basse-Pointe (Martinique), et y mourut le 28 novembre
1828, avec le titre de Préfet apostolique. Il a laissé son autobiographie en un ma-
nuscrit de 216 pages in-f", dans la collection des Mss. à la biblioLhèque de l'Institut
historique, à Luxembourg. M. Freymann en publia l'abrège en allemand.
— 430 —
Le 6 janvier 1798, à 4 heures du matin, un gendarme vint leur annoncer le
départimmédiat pour Metz. A seize ans de là, c'était l'anniversaire de la profes-
sion religieuse de Dom Malachie ! Un fort piquet de chasseurs à cheval et de
gendarmes escorta les cinq prisonniers jusqu'à la Porte Neuve, où les attendait
une charrette. Leur douloureux pèlerinage commençait. Voyant tout secours
humain leur échapper, les malheureux tournèrent leurs regards vers le ciel et
se résignèrent chrétiennement à la volonté de Dieu. Ce voyage de deux cents
lieues fut très pénible ; on les conduisait de brigade en brigade, de prison en
prison, sur de méchantes charrettes, par des routes déchirées et raboteuses, aui
leur faisaient éprouver de rudes secousses, exposés depuis le matin jusqu'au soir
aux intempéries de l'air, et passant les nuits sur la paille. Les dépenses du
voyage étaient énormes et trop souvent les prisonniers furent exploités sans
pudeur.
Parfois à l'étape on leur ajoutait des condamnés, pour compléter un de ces
tristes convois que la France a vus si nombreux. M. Havelange, le dernier rec-
teur magnifique de l'ancienne Université de Louvain, décrit ainsi leurs souf-
frances dans des lettres à ses amis. « ïmagineZ-vous que nous ne logions pas
« dans des palais pendant notre route, mais dans des prisons. En connait-on
" beaucoup de bonnes et d'agréables ? Nous ne nous plaignons cependant pas ni
« des concierges ni des gendarmes, qui nous conduisent de brigade en brigade ;
« mais malgré toutes les honnêtetés qu'on nous fasse, les prisons sont des pri-
« sons, et les charrettes qui nous traînent avec nos pacotilles sont des char-
«■ rettes. Il pleut, il neige en France comme dans la Belgique .... Le chemin du
" ciel ne fut jamais parsemé de fleurs (1) ".
Les malheureux prisonniers de Luxembourg, partis le 6 janvier tout au matin,
passèrent par Pétange, oil ils furent bien traités. Le soir, à Thionville, ils furent
internés dans une salle de la prison, sans siège, sans feu, sans Ut. A force de
prières, ils obtinrent du concierge deux méchantes couvertures, louées chacune
un franc pour \:\ nuit, et une vieille chaudière avec un peu de bois pour réchauf-
fer leurs membres engour-dis.
Le lendemain 7, ils arrivèrent à Metz, où on leur adjoignit trois prisonniers
Logés d'abord au rez-de-chaussée de la prison, ils y trouvèrent une douce cha-
leur ; mais, obligés bientôt de monter à l'étage, ils furent plus mal qu'à Thion-
ville. On les y tenait enfermés de huit heures du soir à huit heures du matin.
Cependant des Messieurs compatissants leur apportèrent du bois, des vêtements
et même de l'argent. Ils passèrent à Metz deux longues semaines, se croyant
(1) Biographie de Jean-Joseph Havelangf . dans les Analectes pour servir à l'His-
toire (le Belgique. T. XXV de la GoUeotioii. 211-245. I). Malachie et ses compagnons,
suivant une autre voie, le rejoignirent à Rochefort.
— 431 —
parfois au terme de l'exil. Mais on attendait d'autres condamnés. Enfin le 22
janvier, à neuf heures du soir, le gardien en faisant sa ronde leur annonça que
le lendemain, à quatre heures du matin, ils seraient dirigés sur Rochefort ! Ce
leur fut un rude coup et tout espoir de délivrance s'évanouit. Au départ,
ils eurent avec eux quatre nouveaux prêtres : les R. P. dominicains Caret Jean
Charles et Gérin Jean-Nicolas ; le curé de Saarable, Bouché Jean ; Custer Nico-
las, en religion P. Albertin, franciscain de Namur, — et un laïque. Loyal
Charles, pharmacien à Bitche. — Sous une pluie glacée ils arrivèrent le soir
à Etain et y passèrent la nuit sur une poignée de paille.
A Verdun, on les enferma dans la chapelle de la prison, avec défense absolue
d'y allumer du feu. Là Wagner perdit son bréviaire, qu'il ne put remplacer en
cours de route, tant la liturgie différait d'un diocèse à l'autre. Il dut donc réciter
son ofllce de Trêves après ses confrères, très exacts à le dire ensemble à la même
heure.
De Verdun on les dirigea sur Clermont, où ils passèrent la nuit à l'hôtel de
ville. Le lendemain au départ il faisait si froid qu'on leur permit de marcher à
pied. Traversant d'épaisses forêts à de grandes distances les uns des autres, il
leur eût été facile de s'évader, tant les braves chasseurs qui les escortaient fer-
maient les yeux. Il ne le firent pas.
A Sainte-Ménéhould, où ils entrèrent le 27 un peu après midi, ils furent heu-
reux d'acheter d'excellents bonnets de nuit, pour se garantir la tête du froid.
Le 28, à Châlons-sur-Marne, quoique en prison, ils dormirent dans un lit, et
l'on fit pour eux une collecte en ville. A celte station deux prêtres les rejoigni-
rent. Ils étaient le 30 à Troyes sur Aube : toute une population sympathique les
acclamait ; mais le concierge, inhumain comme la plupart de ses pareils, pré-
texta qu'il fallait d'abord l'ordre du commissaire du pouvoir exécutif et du juge
de paix. Ces deux fonctionnaires vinrent à la prison, s'entretinrent avec eux jus-
qu'à dix heures du soir et leur souhaitèrent bon courage dans leur triste situa-
tion. On les suivit hors de la ville avec des aliments que le brutal geôlier, mal-
gré toutes les instances, avait refusé de leur porter.
Autant l'accueil avait été chaleureux à Troyes, autant le séjour à Villeneuve
surtout et à Montargis fut pénible. A Villeneuve, ils se trouvèrent à l'entrée du
bourg devant une haute tour, dans laquelle on ne pouvait se glisser qu'en rampant
par une porte basse. On les poussa dans un obscur caveau, où ne pénétrait
jamais ni le soleil ni la lune, et la pièce était si étroite qu'à douze ils devaient
se tenir debout. Ils suppliaient de leur donner, ne fût-ce qu'une demi-heure, une
chambre chaude pour réchauffer leurs membre?; ; mais ce fut en vain. Serrés les
uns contre les autres durant la nuit, ils sentirent leurs vêtements se dégeler et
la vermine leur courir sur le corps. On leur avait pourtant jeté par la petite
28
— 432 —
porte un morceau de pain moisi et deux bouteilles de vin, à deux francs cha-
cune. Après une nuit atroce, ils sortirent de cet antre infernal, mais ils furent
accueillis par les clameurs de la populace, jusqu'au départ de la charrette pour
Sens. On les logea au second étage de la prison, dans une grande place, au mi-
lieu de 50 détenus, parmi lesipiels ils passèrent un jour et deux nuits, mourant
de faim et de soif.
Partis le dimanche 4 février, ils allèrent de Gourtenay à Montargis. Ils se
félicitaient d'avoir de bons gendarmes pour les conduire, quand sur le chemin
de la prison ils trouvèrent une bande d'énergumènes qui hurlaient : « A la lan-
terne avec les aristocrates ! Enlevez les des charrettes ! Jetez les à terre ! En
bas avec les chiens ! « Devant cette tourbe les gendarmes se sentirent impuis-
sants. La réception de Bellegarde les consola de ces brutalités. Arrivés le 6
février vers midi, par un temps clair, ils furent laissés jusqu'au soir sans sur-
veillance dans le parc d'un comte émigré Jamais plus belle occasion de fuir ne
s'était présentée. Us passèrent la nuit sur la paille avec plusieurs jeunes gens
requis pour les surveiller.
Ils sont à Orléans le 8 février vers deux heures de l'après-midi et on les met
pour deux jours dans le couvent des Carmes. Le geôlier les traita avec une
bienveillance inouie, laissant venir auprès d'eux quiconque le désirait. Dès le
premier jour, on fit en ville une collecte fructueuse. Le second jour, un excel-
lent chrétien leur amena son fils âgé de sept ans et lui tint un discours émouvant
sur le sort, le caractère, le courage et la vertu de ces prisonniers,, auxquels l'en-
fant remit ses petites économies,
A leur départ d'Orléans, il février, le R. P. Caret tomba malade et dut s'a-
liter. Par un temps serein ils vinrent au-delà de Beaugency jusqu'à Blois. Ils s'y
arrêtèrent un jour et la municipahté leur fit donner à chacun une livre de pain
et une demi-livre de viande, et les fit interner dans l'église des Carmes. Cette
bienveillance était un piège : les officiers municipaux voulaient les amener à
prêter le serment prescrit, afin d'échapper à leur triste sort. Les martyrs ne s'y
laissèrent pas prendre et forcèrent ainsi l'admiration de leurs adversaires.
De là ils marchèrent sur Amboise et Tours, où ils' joignirent trois autres pri-
sonniers, deux prêtres, Garnier et Doru, et un représentant du peuple, Aymé
Jean-Jacques ou plus souvent Job. Le froid était si intense que les gendarmes,
pris de pitié, leur permirent de faire à pied la plus grande partie de la route. A
Sainte-Maure, entrés dans une auberge, ils avaient déjà débattu et convenu du
prix de 12 francs par homme pour la nourriture et le lit ; mais le geôlier pré-
texta ses droits et rompit le marché. Ils durent ainsi échanger une chambre
chaude et un lit contre un réduit glacé et la paille.
— 433 —
Si les prisons en général étaient mauvaises, celle de Ghatelleraiilt a pourtant
la palme. Les laïques en murmuraient avec raison ; mais les prêtres, patients et
résignés, entraient tout tranquillement dans ce trou infect.
A Poitiers, les attendait une agréable surprise. La municipalité les reçut et
dit au geôlier de leur donner du feu et le meilleur gite possible. La sœur du
grand-vicaire, M. le chanoine Bruneval, déjà détenu à Rochefort (1), leur servit un
excellent souper de mardi gras. Le lendemain, jour du mercredi des Gendres, à
trois heures après midi, fidèles à la loi de l'Eglise, ils arrivèrent à jeun à Lusi-
gnan. Une petite vieille, la mère ou la femme du gardien, malpropre, couverte
de haillons dégoûtants, leur demanda ce qu'elle pourrait bien leur préparer. Dom
Malachie, scrupuleux observateur de l'abstinence, répondit que c'était le mer-
credi des Gendres et qu'ils se contenteraient d'une soupe maigre. Se défiant de la
mémoire de la vieille, il lui renouvela sa recommandation. Elle avait au contraire
une mémoire excellente. Une heure après, elle apporta la soupe dans un grand
chaudron en fer, sans assiettes ni cuillers. Mais pour en réunir une quantité
suffisante, elle devait faire le tour de la bourgade, et, malgré son zèle, elle ne put
trouver d'assiettes. Il ne restait à ces ventres affamés que de manger la soupe
au chaudron. La cuisinière en brave chrétienne n'avait pas oublié le mercredi
des Gendres, et beaucoup moins la recommandation de Dom Malachie ; aussi la
soupe était faite d'eau claire et d'un peu de pain. Mais au fond de la marmite,
MuUer rencontra tout à coup un os maigre. La bonne vieille avait voulu, sans
violer la loi, faire goftter à ces Messieurs quelque chose de son mardi gras.
A Saint-Maixent, ils rencontrèrent plusieurs Anglais relégués à l'intérieur de
la France. « On veut vous conduire à Gayenne, dirent-ils aux déportés, mais
« bon courage : il y a sur mer un navire anglais pour vous délivrer des mains
« des Français ! »
Enfin, après avoir passé par Niort et Sugères, ils arrivèrent à Rochefort, le
27 février 1798. Le voyage durait depuis le 6 janvier précédent,
2. — DE ROCHEFORT A GAYENNE.
Rochefort (2), sur la rive droite de la Gharente, à deux lieues de l'embou-
chure, dans le département de la Gharente-Inférieure, l'un des trois grands
(1) Cf. Victor Pierre, op. cit. p. 94.
(2) Il est vraisemblable que Tinant, François-Xavier, né en 1774 à Romponcelle,
lez-Jamoigne, était alors fonctionnaire dans la rade de Rochefort. Il était (ils de
Tinant, François-Joseph, ancien notaire. A l'Etat Civil de Jamoigne, sous la date du
2 février 1871, on lit l'acte de décès de Tinant GaroUne, née en 1801, à Rochefort
(Char.-Inf.), de Tinant F.-X., Cojyimissaire ordonnateur de marine, et de Berthon
Marie-Yvonne-Simonne. La famille l'appelle Amiral. — A-t-il-vu les déportés !...
— 434 —
ports militaires de France, a vu dans ses murs la plupart des victimes que la
République française envoyait à Gayenne, et combien ont péri sur ses pontons
meurtriers ! A l'arrivée du groupe Luxembourgeois, fort grossi en route, la mu-
nicipalité prit le signalement de chacun. Ils rencontrèrent le digne et vertueux
vicaire-général de Poitiers, M. le chanoine Bruneval, qui, dans un langage apos-
tolique, releva leur courage et leur confiance Les prêtresse groupèrent autour
de trois ecclésiastiques que Mgr de Goucy, évêque de La Rochelle, avait pré-
posés aux déportés. Ils menaient sous cette direction une vie régulière de piété.
Ils rencontrèrent aussi M. Havelange, le recteur de Louvain, arrivé avec son
convoi depuis le 5 janvier. Ancien professeur au séminaire de Luxembourg, il
eut bientôt fait la connaissance des Luxembourgeois, dont l'histoire est désor-
mais mêlée à la sienne. D'ailleurs parmi les 193 passagers, dont 150 prêtres, il
n'y avait que 12 belges des neuf départements.
Entassés dans les prisons, quelques prêtres avaient demandé au conseil muni-
cipal de Rochefort un local plus spacieux. « Le Commissaire du Directoire
« Boischot leur répondit par cette amère ironie : " Je vais les mettre au large».
" En effet, le 12 mars, à 6 heures du matin, on avertit les prisonniers qu'ils
» allaient partir dans deux heures. Les préparatifs se firent en hâte ; la plupart
« se confessèrent et s'adressèrent leurs adieux, ignorant s'ils devaient encore se
" revoir en ce monde.
« Bientôt les déportés de la prison St-Maurice arrivaient entre les tambours'
« qui battaient le Çà ira et les voitures chargées de leur léger jaagage ; les pri-
« sonniers de l'hôpital s'adjoignirent à eux, et tous ensemble ils s'embarquèrent
'• sur le navire La Charente, où ils furent logés dans l'entrepont, local
" étroit et malsain. Le vent défavorable retint, pendant neuf jours, le navire
•' dans la rade d'Aix, à quatre lieues de Rochefort. Le 21 mars, la Charente
« leva l'ancre. A peine eut-elle franchi les passes, qu'elle se trouva en pi ésence
« d'une fi'égate et de deux vaisseaux de ligne anglais, et fut contrainte de battre
« en retraite vers la côte. Après avoir subi une canonnade d'environ quatre
« heures et couru le danger d'être caplujée, elle gagna la rade de Bordeaux.
« Heui-eusement les passagers étaient sains et saufs, mais le navire n'était plus
« en état de faire le voyage d'Amérique. Les déportés attendirent un mois entier
« sur le vaisseau démantibulé, continuant à être nourris sur le même pied que
" l'équipage, qui se montrait honnête à leur égard, depuis le brave capitaine
« Breuillac jusqu'au dernier matelot. La ration de chaque homme consistait en
« une demi-bouteille de vin, une demi-livre de viande, une livre et demie de pain
" et un peu d'eau-de-vie. »
La plainte du bon Recteur Havelange est peut-être un peu douce et résignée.
— 435 —
Wagner et Barbé-Marbois (1) ont des accents plus rudes. » Chargés de fer,
«♦ dit ce dernier, on les (les déportés) faisait passer pour des brigands ou des as-
" sassins. Ils furent entassés dans deux prisons de Rochefort. Ils demandèrent
«♦ à être détenus moins étroitement, la municipalité leur répondit que sous peu
« de jours ils seraient mis plus au large. Ils ne comprirent pas d'abord le sens
« de cette ironie barbare ; mais, le 11 mars, la garde fut augmentée, et lorsque,
« sur le soir ils ouvrirent leurs fenêtres pour renouveler l'air, une sentinelle
« leur cria : « Fermez ! ou je fais feu ! « Ils répondirent : « L'infection nous
" tue ! » Le soldat renouvela sa menace et tira au moment où on lui obéissait.
" Le jour de l'embarquement, une troupe armée et nombreuse conduisit les pri-
« sonniers au port... Les chambres n'étaient pas assez spacieuses, pour y recevoir
« tant de monde : il fallut y placer deux plans ou étages de hamacs. Ils étaient
«' trop courts, et ils se touchaient. On peut juger de l'infection qui en résultait
« et de la difficulté de se mouvoir dans un tel encombrement. Dés la première
" nuit, des hamacs supérieurs furent arrachés par le poids de ceux qui s'y cou-
« chèrent. Les habits, les sacs, les valises étaient épars de tous côtés. Le jour
« parut, mais sans pénétr'er dans ce cachot et la confusion ne fut pas diminuée.
« Quelques-uns perdirent plusieurs fois connaissance. »
Le 22 avril, La Décade venait d'arriver d'Aix pour le transport à la Guyane.
C'était un vieux navire que l'Etat avait prêté au commerce et qu'il venait de lui
reprendre. Au moment de (pjitter la Charente, le capitaine Breuillac remit
à Wagner une lettre de sa famille, puis réunissant dans sa chambre Wagner,
Muller et Dom Malachie, il leur partagea une somme d'argent que des person-
nes compatissantes de Luxembourg avaient envoyée pour eux (2).
La Décade ne pouvait contenir plus de 150 passagers. On y transborda, le 24
avril, tous ceux de la Charente et le lendemain le navire gagna la haute mer.
La consigne devint moins sévère, l'accès du pont fut permis aux malheureux
déportés, et on fit disparaître les baquets qui infectaient leur local. Toutefois la
propreté était difficile à obtenir sur ce vieux bâtiment (3) et les chambres étaient
des lournaises. Quelques-uns s'en échappaient la nuit et allaient respirer un air
pur sur le pont ; on les faisait descendre sans pitié, en leur chantant ce refrain :
« Descendez, tyrans, au tombeau ". Le nouveau commandant Villeneau, jacobin
farouche, ne songeait pas à réprimer ces violences. Au contraire il encourageait
toutes les grossièretés. Sur la Charente on disait : « Les passagers à dîner !
(1) Le mémpiis de Rarbc-Marbois (1745-tlS06), ne a Metz, avait servi l'ancien ré-
gime sous des titres divers. Rentré en France, il parvint aux |iius hautes fonctions.
Il laissa Lejonrnal d'un déparié non jugé. — 11 avait peu de relif,âoa.
(2) Freyman, op. cit. p. 32.— (3) Victor Pierre, La Terreur sous le Directoire, p. 283*
— 436 —
à souper ! " Sur la — Décade on criait : « Les déportés au dîner, etc. ! » Le voisi-
nage des forçais était aussi fort pénible aux prêtres ; la faim, la soif, le froid,
riiuinidité, le défaut d'air, l'infection des baquets, etc., faisaient d'horribles
ravages. Mais, comme le dit Barbé-Marbois, « il faut s'arrêter et supprimer
ces répugnants détails, car des déportés ont souâert ce qu'on ne lirait pas sans
un affreux dégoût. »
Mgr de Beauregard donne les détails suivants sur les derniers moments des
proscrits et l'immersion des cadavres durant la traversée :
«' Dans cette situation désolante, où la maladie, la mort et l'esclavage étaient
notre pensée continuelle, nous avions recours aux consolations de la religion
pour nous, et nous donnions à nos frères mourants tous les secours qu'elle peut
offrir. La miséricorde de Dieu bénissait leurs derniers moments ; tous sont morts
dans une paix profonde. Mgr l'évêque de La Rochelle, M. de Goucy, avait dé-
cidé que si les pouvoirs qu'il nous avait donnés dans son diocèse cessaient en
touchant l'Amérique, ils duraient pendant la navigation et jusqu'au lieu
du débarquement effectif. Je confessai donc pubUquement mes pauvres confrères;
je leur administrai le sacrement de l'extrême-onction, et, quand ils étaient dé-
cédés, nous célébrions leurs obsèques et nous récitions près du corps les offices
de l'Eglise. L'état-major toléra et respecta même cette pratique, au point qu'un
contremaître vint un jour me demander l'heure des obsèques, pour commander
pour cette heure-là les matelots chargés de la sépulture maritime. Quand l'office
et les prières étaient terminés, je suivais le corps, cousu dans son hamac avec
un boulet aux pieds ; il était précédé d'un contremaître, qui n'ajamais manqué
de donner l'ordre d'attendre la fin des prières, auxquelles il répondait lui-même.
Alors le corps était placé sur une planche destinée à cet effet, en bas de laquelle
il glissait jusque dans la mer, par le sabord de la cuisine, le plus près du beau-
pré. Notre respect pour nos confrères décédés nous mérita celui de l'équipage,
qui nous l'a témoigné d'une manière éclatante. Il n'eût manqué que le coup de
canon pour que ce fîit parfait ; mais on ne devait pas faire cet honneur à des
proscrits » (1).
3. — A CAYENNE.
Gayenne est la capitale de l'île de ce nom dans la Guyane française, au Nord-est
de l'Amérique du Sud, à quelques degrés au-dessus de l'Equateur. On en connaît
le chmat meurtrier. L'agent du Directoire, Jeannet Dudin, digne élève du geôlier
(l)Le!^deux ooinpagiions d'infortune. Grammont. (Euvrude St-l'harles.— Souvenirs
de Mgr de Heauregard, p. 30. — A peu de choses près, le môme cérémonial s'ac-
complissait sur les autres navires.
— 437 —
d'Arcis sur Aube, son lieu natal, cousin du sanguinaire Danton, l'homme le plus
immoral et le plus irréligieux, y faisait sentir aux déportés son fanatisme et sa
haine. N'ayant pas été prévenu de l'arrivée de la Décade, il n'avait pu prendre
aucune disposition pour l'établissement des bannis, qui, sur une simple déclara-
tion verbale, furent tous traités en criminels. Ils avaient espéré de jouir de
quelque liberté ; ils furent déçus. En débarquant, ils furent mis sous la garde de
la force armée; parqués sur la place publique, ils ne pouvaient dépasser un
rayon déterminé. Le gouvernement leur donnait des rations insuffisantes et
malsaines ; la population compatissante leur en apportait de plus abondantes et
de meilleures, et leur procura même du linge et des habits. Ces attentions adou-
cissaient les rigueurs du séjour.
Lorsque, au mois d'août, l'administration eut préparé les logements que la
l'apidité des événements n'avait pas permis d'approprier, la dispersion commença
et les déportés connurent le rude climat de la Guyane avec ses chaleurs tropi-
cales, ses exhalaisons paludéennes. Jeannet n'ignorait pas combien Gonanama
était malsain. 11 disait lui-même qu'on n'y pouvait séjourner sans danger de mort.
11 y fit cependant construire à la hâte des cases pour les prêtres de la Décade
et d'autres déportés. Des indiens furent chargés de ce travail ; mais on les paya
mal, et, avant qu'il fût terminé, ils s'enfuirent sur le territoire hollandais. Enfin,
on avait bâti de misérables cabanes, fermées par de simples treillis et n'ayant pour
toiture que du feuillage. C'est là que l'on voulait installer de prétendus Colons,
inhabitués au travail des mains ou ravagés par la maladie : on leur assignait
environ 60 centiares à cultiver.
Donc, aux premiers jours du mois d'août, les nouveaux déportés de la Décade
furent entassés dans un petit navire, et débarquèrent à Gonanama avant que
l'hôpital fût entièrement construit. Cependant dix d'entre eux obtinrent de ne
point aller à Gonanama, mais à Sinnamari. Dom Malachie refusa toute faveur
et demeura dans le séjour le plus meurtrier. Là, harcelés jour et nuit par des
myriades d'insectes, ils n'avaient qu'une nourriture détestable, le plus souvent
gâtée et tout à fait insuffisante. Le biscuit et les salaisons en faisaient le fond.
Eux-mêmes devaient la préparer en plein air. C'était le plus mauvais régime
pour des vieillards et des valitudinaires. Les médecins tombèrent malades ; il en
mourut un. La privation de secours augmenta la malignité des maladies, et bien-
tôt Gonanama, dont le ministre des colonies parlait comme d'un lieu de paix
et de bonheur, ne fut qu'un cimetière. Les infirmiers, impatients de partager
les dépouilles de ces infortunés, négligèrent de leur administrer les secours né-
cessaires. On ne pouvait les empêcher de tester, mais on leur imposait la pré-
sence d'agents militaires. Pour se soustraire à cette contrainte, les mourants se
contentaient de dispositions verbales et remettaient l'argent de la main à la
— 438 —
main, pour le rendre à leurs lamilles, en cas de retour ; sinon, pour faire dire
des messes.
On avait à peine le temps de creuser les fosses à une prolondeur suffisante. On
[)retend que les tigres déterrèrent un cadavre. Les nuits sui-tout étaient sinis-
tres et désespérantes. On ne pouvait se garantir des insectes qu'en produisant
une é|)aisse fumée ; des crapauds rôdaient tout autour, des fourmis de toute espèce
envahissaient les habits, les chaussures et les aliments. Il s'agissait bien d'entre-
prendre une œuvre de colonisation, et il n'est pas étonnant que plusieurs de ces
infortunés aient perdu la raison et mis fin à leur vie. Il y avait là beaucoup de
prèti'es allemands et les soldats alsaciens, qui les gardaient, causaient volontiers
avec eux. On le leur défendit, mais en vain. C'était pour eux la patrie re-
trouvée.
« Les prêtres subissaient avec résignation leur affreuse destinée, disait le
« Vollairien Barbé-Marbois. Les dix déportés de Sinnamari furent tous dange-
« reusement malades. Je n'étais lié qu'avec l'ancien recteur de l'Université de
«' Louvain, Havelange. C'était un homme de mœurs simples et douces, et d'une
" conduite austère. Avare à l'excès lorsqu'il s'agissait de dépenses que son âge et
« sa maladie demandaient, il utilisait ses économies à soulager les infortunes
« qui l'entouraient, à procurer quelques douceurs aux moribonds. Je ne dis
« qu'un mot des circonstances de sa mort; elle fut celle de tant d'autres infur-
« tunés de sa profession, qui périrent dans cet affreux séjour. Jamais on ne vit
« plus de résignation, de fermeté et de véritable piété. J'en ai entendu qui, à
« l'article de -la mort, mentionnaient dans leurs prières le fanatique persécuteur
« Le Révellière et invoquaient le Dieu des chrétiens pour lui. . . Je vois mourir
« et mes compagnons et les forçats, avec lesquels le Directoire voudrait nous
« associer. Quelle différence entre les uns et les autres ! Non, je ne croirai ja-
« mais que le néant nous attend à la mort. A moins d'une autre vie, il n'y a
« rien de complet, et nous n'avons fait que commencer à exister (1). » Monsieur
Havelange mourut à Sinnamari le 6 septembre 1798, à 3 heures après-midi (2).
La Religion consolait l'exil de ces prêtres. Ils dressèrent un autel, pauvre,
mais bien tenu ; Monseig"" de Beauregard en consacra la prière et dans l'humble
cabane on offrit le Saint Sacrifice. Ils devançaient le soleil pour ne pas éveiller
l'attention des nègres. Ils récitaient leur office en commun et à des heures réglées.
On se figure aisément la pauvreté du sanctuaire et le bonheur surnaturel du
célébrant (3).
(1) Barbé-Marbois. Journal d'un dcporlè non jugé, II, 24, et passim.— (2) Monsieur
Havelange avait avec lui sept prêtres: Muller, de Luxemboui'g ; Bouche, de Saa-
ralile; Maui-y ; Deprés; Garnier, de Loir et Cher; P. Cuslor et Wagner. — (3) cf.
Chateaubriand. Génie du Christianisme. Livre II, chap. IV.
— 439 —
Cependant Jeannet, qui avait envoyé au ministre son plan de colonisation,
s'obstinait à maintenir le poste de Gonanama, où, dans le courant d'un mois, près
de la moitié des déportés mourut de misère. Bientôt personne ne fut à l'abri de
la contagion. Alors il s'éleva parmi les colons un cri d'indignation, auquel cet
agent ne put résister. Il envoya donc sur les lieux trois commissaires, dont nous
devons transcrire le rapport.
«« Nous, Commandant en chef, en compagnie de Chapelle, capitaine du génie,
et de Boucher, sous-intendant, nous sommes transportés à Conanama, où étant,
nous nous sommes rendus à l'hospice et avons vérifié que sur quatre vingt deux
déportés au poste à la fin de thermidor (mi-aoûtl, il y en avait vingt six de
morts de maladies putrides, 50 à l'hospice, dont plusieurs en danger, et aucun
des autres bien portant. »
" Cette mortalité est causée 1° par l'eau, qui est très bourbeuse et même
" vilriolique ; 2'^' par les miasmes putrides qu'exhalent les marécages qui envi-
« ronnent le poste à plus d'une demi-lieue ; 3" par les vidanges de l'hospice,
« séjournant dans les marais qui ne peuvent être desséchés. Ces causes ne
«' peuvent être détruites, et ce poste, dans l'hiver ou saison des pluies, qui dure
«' ici huit mois, deviendra un marais. Le niveau des carbets est plus bas que le
« terre-plein du poste. Ils sont mal fails et les faîtages prêts à tomber. La coni-
« munication est très difficile dans toutes les saisons. Dans l'été, il y a trop peu
« d'eau pour les bâtiments à l'entrée de la rivière ; dans l'hiver, la côte est
« impraticable par la grosse mer et de fréquents raz de marée. La communication
«' par terre ne peut se faire que par des piétons sans bagage. Le poste court donc
" risque de manquer souvent de vivres, dont le canton inhabité est dépourvu.
" Les Indiens même l'ont évacué à cause du mauvais air. L'officier, les soldats,
«' les délégués de l'administration, les officiers de santé sont aussi dans le plus
" triste état. 11 n'y a que de la viande salée, aucun fruit, pas même un citron pour
« corriger la mauvaise qualité de l'eau.
" Ces raisons impérieuses nous font penser que le poste doit être transféré à
" Sinnamari, éloigné de quatre à cinq lieues.
« Cayenne, 1 brumaire an VII (22 octobre 1798).
« (S.) Desvieux, Boucher, Chapelle « (i).
Cette mesure, d'ailleurs lente à réaliser, ne profita pas à Dom Malachie. Sa
santé, brillante encore à son arrivée à Cayenne, s'y altéra bientôt. » La bonne
« foi et la résignation, dit un de ses compagnons d'exil, étaient peintes sur son
(1) Freyman. Leben und Wirken .l.-M. Wagner, p. 52. Ce volume est le résume
allemand de l'Autobiographie tle Wagiiei', compagnon inséparable de D. Malachie, du
5 décembre au mois d'août 1798.
— 440 —
« visage, et il avait autant de vertus que de talents. » Atteint de consomption et
d'élisie, à force d'avoir enduré la misère et la faim, il rendit sa belle âme à Dieu
le 25 septembre i798, et son corps repose dans 1 île meurtrière. Resté sans res-
sources pécuniaires, jusque dans la moi't fidèle à son vœu de pauvreté, il ne
laissa absolument rien aux spoliateurs des prêtres à Gonanama(l). En cas
pareil, les nègres, chargés d'inhumer le corps, refusaient leurs services et les
religieux amis du défunt y suppléaient de leurs mains (2). Durant ces tristes
mois, les décès se multiplièrent sans relâche : la peste, la vermine, la dyssen-
terie, etc., etc., couchaient dans la tombe d'innombrables et saintes victimes.
L'heure de la gloire a-t-elle sonné? L'Evêché de La Rochelle se propose d'in-
troduire la cause de béatification des prêtres, réguliers ou séculiers, morts pour
la foi sur les pontons de Rochefort, dans les îles d'Oléron et de Ré, sous les feux
de Cayenne. Il a pour cela écrit aux Ordinaires et Chefs d'Ordre intéressés
A son tour. Monseigneur l'Evèque de Namur ma fait l'honneur de m'associer à
de pieuses recherches. C'est ce travail qui paraît aujourd'hui pour la gloire de
Dieu, la glorification d'un saint religieux, l'honneur du Luxembourg et
d'Orval.
N. TILLIÈRE.
(1) Guillon. Les martyrs de la Foi pendant la Révolution française. T. II, p. 264.
-T Cet ouvrapre, 4 volumes in-12 de 600 pages chacun, est un livre de chevet. —
(2) 11)1(1. 267, 566, etc.
N. li. 11 faut lire aussi la lUograpliic du Recteur Havelanse, compagnon de
l). Malachie à [.artir de Kochcforl, et les notes de Mgr. de Beaui-egard, mort évoque
d'Orléan.s, et de M. Barbé-Marbois, ({ui partagèrent la même vie à Cayenne.
(1)
Reyerendo admodum
ac eruditissimo domino
DOMINO
MALACHITE (alias) HENRIGO
BERTRAND
EX MORTEHAN, LUXEMBURGENSI,
CELEBERRIMI MONASTERIl B. M. VIRGINIS DE AUREA VALLE CISTERCIENSIS
ORDINIS IN PAÏRIA AG DUGATU LUXEMBURGENSI
RELIGIOSO PROFESSO
IN ALMA UNIVERSITATE LOVANIENSI
SAGR/E THEOLOGIE LAUREAM
ADIPISGENTI
DIE V JULII MDGGLXXXV.
CARMEN,
Auspiciis celebrare viri praeconia digna
Fas ratioque jubent sacris, cum sacra sit ipsa
Materies ; procul ergo Helicon, procul este profanum
Pierium vulgus, Musarum etpraeses Apolio.
Sanctius auxilium speramus : suscipe vota,
Adsis, 0 placidusque adsis, Deus aime, meisque
Ausibus adspira, iioti celebramus honores
(l) Au moment oii nos dernières pages étaient s.jus presse, nous avons reçu les deux pièces suivantes
de Doni Fruylier, religieux cistercien de Bornlieni. Qu'il daif^ne agréer l'expression d'une respectueuse
et profonde reconnaissance. Nos lecteurs trouveront dans ce documunl beaucoup de détails inédits
sur Dom :\lalachle.
— 442 —
Doctrina et pietate viri, quem Vallis ad oras
Aurea Luvanides dilectum provida misit,
O felix, laies quae patria gignit alumnos,
Kelices aedes, juvenis quas ipse petivit
Doctrinae studio et vitae melioi-is amore !
Quanta stetit solida, pie vir, constantia mente,
Quantum in pectoribus robur, cum (Idus agebas
Septcm, nil animo trépidante, novitius annos.
Hue ades, egi'egiùm nutrix generosa virorum,
Aurea vailis, honorque soli non ime palerni,
Virtutestu pande viri, tu dicito laudes,
Tu vitae seriem enarra, patriamque doceto.
Est urbs armigerae nequaquam incognita pubi,
Dixerunt Luxembiu^giim ; vicinior haec est
Mortehano, nostro primum qui luminis usuin
Praebuit, hic teneros degit Bertrandius annos,
Ex ore hic primum didicit genetricis amatae
Virtutis servare vias, et pectore amorem
Numinis exhaurire, dein dum accreverat aetas,
Et jamjam molli posset mandare cerebro
Ausonias voces, latiaeque elementa loquelae,
Legiacas classes tyro petit, hicque sagacem
Ac ardentem animum studia in non cognita Agit ;
Nec iabor incassum. Socios certamine pulchro
Saepius anteiens victricia praemia victor
Rettulit, ingenii dans omnia certa futuri.
Hanc ubi percurrit summa cuni laude palaestram
Ardet Aristotetis famosa revolvere scripta,
Stellarumque vices, et quae sit rébus origo,
Impulsus varias an corpus acervet in unum
Particulas, societne potens Attractio^ quaerit,
Et numeris totum et radiis describere niundum
Discere amat ; mérita hi gaudent mercede labores ;
Nam sophiae impleto cursu, certamen inivit
Haud parva sophicum cum laude, stupente magistro.
Et sociis una ingenium mirantibus acre :
Ergo artes doctus, quarum studiosa juventus
Assolet institui cultu et juvenilia vixduni
I.imina transgressus (sed non minus inde vigebat
Mascula pectoribus virtus) fallacia mundi
— 443 —
Dona fugit, quamvisque impelleret undique mundus,
Quamvis ipsa caro, formidatissimus hoslis,
Injiceret stimulos, Erebi impugnante tyranno,
Et genus et patrias aedes, et cuncta relinquit,
Quae soleant miseras agitare negotia mentes :
0 fortunatus minium ! sua cum bona norit,
Nec strepitus nec dicta sequatur inania vulgi ;
Namque relinquendo gaudens secedere mundo,
Gonsciusesse alias, petimus queis sydera, curas,
Tuta petit, simul lioc animo penetralia vestra,
Aurea Vallis, adit, quem fratrum amplissimus Abbas
SchoUus (oportet enim magnorum nosse virorum
Nomina, virtutemque piae proponere menti)
Adscribit numéro. Exemple Bertrandius ardet
Volvere sanctarum reverenda volumina legum,
Neve suis votis hic défait, ardua panda
Nutrix aima viri studia assiduosque labores,
Pande viri placidam virtutem et caetera dotum,
Quae vestras aedes pulchro ornavere décore ;
Hinc socios inter tôt dignos hand minor ipse
Mittitur ad Grudiorum urbem, comitante sodalem
Huberto (1) pariter nostras adeunte palaestras,
Papalesque aedes, regalia lumina, structas
Auspiciis, Adriane, tuis intravit alumnus ;
Ghenneds his praeerat, cujus tutela superbam
Protegit usque domum, caput haud ignobile turbae
Purpureae, luci quem quot superesse viderem
Per lustra, annuerint nostris modo sydera votis.
Num tacitos te hic, Menna (2) -duiie Nicolae (3) reUnquam?
Burgeriique (4) Liicaeque ("ô) quis nomina nescit
Aurea, quique tuum toUent super aethera nomen ?
Quis regenerare viris encomia débita posset
Egregiis, tecumque via gradientibus una
Gaelestem ad patriam superorum et fulgida régna
(1> Hubertus Schmit, alias Adrianus. qui una cum viro nostro Erudilissimo S. T. Lauream adeptus
est.
(2) Mennas Nagel Luxemburgus, vacantiarum prior, et Licentise gradu decoratus de 25 August.i 1767.
(3) Nicolaus Haas ex BetsdorfT, vacantiarUnri piMor, Lic«nline gradum ototinuit die 25 Augnsti 1767.
(4) Damianus Burgers .Iuliacensis, nunc Lector in abbatia Aurea Valle.
(5) Bartholomaeus Lucas Trevireneis, pariter ejusdem abbatiœ Lector.
Omnes hi Lovanii sacrae theologiae studuerunt in Collegio Adriani VI.
— 444 —
Inclyte Bertrandi, queis te pietate minorem
Nec studio credam, tua dum molimina cerno
Hic quibus ingenium coluisti, grandibus nptum.
Kt jamjain inerces, quod laetor, magna labori
Parta luo est ; sunt et tibi parla trophaea merenti.
Ecce nitent solidae festum signantibus Hallae
Aulaeis, fit ovans strepitus, stat civica circum
Turba et purpurei te cingunt undique patres.
Nec solum hoc socios en festiva atria fronde
Ornantes, entecta nitent, nitet area laura.
Quare âge. nobiscum solemnem transige lucem,
Bertrandi, ac aurem nostris appone benignam
Gantibus, impositum quamvis ad munus ineptis ;
Non etenim vestras hic digne extollere laudes
Mens angusta sinit, sola est narrare voluntas,
Sola admirari, stimulisque impellere amicis.
Pergito sic ergo virtute accrescere, et usque
Virtutes alias virtutibus addere partis,
Pergito sic pietate, domûs insignis alumne.
Et sanctam vitam et penetralia sancta probare.
Illam exultantem et repetentem cernimus, inter
Vestra trophaea, alacri laudes, quas dicimus, ore;
Mox etiam nobis, nil taie volentibus, illam
Gara reposcentem cernemus pignora matrem :
Lugebuntsocii, laetaberis, Aurea ValHs,
Tantorum ingenio ac probitale superba virorum.
GANTILENA.
I.
Nunc, socii, estexultandum,
Nunc est favendum cantibus,
Nunc pectus est evacuandum
Gunctis omnino luctibus ;
Aulaeis est limen orandum
Redibit dum Bertrandius ;
Nam quis non diceret laetandum
Festis in tam solemnibus ? bis
— 445 —
IL
lo jam tibi geminandum
0 felix Vallis saepius !
FIoc festum tibi celebrandum
Gum repetitis plausibus.
Explica frontem, nostris blandum
Ostende vultum cantibus ;
Nam quis non diceret laetandum
Festis in tam solemnibus ? Ms
' m.
Obtinuisti, quod notandum,
Laurum binis laboribus,
Ingenium certis mirandum
Id monstrat rationibus.
Te dabis alibi amandum ;
Te hic amatum perdimus,
Quis dicet ideo laetandum
Festis licet solemnibus ? bis
IV.
Sic perge Victor, sic cessandum,
Finire sic quantum decus !
Quantum mercedis expectandum,
Tuis manet virtutibus !
Qui te sequetur imitandum
Non occidet inglorius.
Qui neget hodie laetandum
Festis in tam solemnibus ? Ms
Ita graTULans VoVet GoLLeglUM ADrIanI seXtI.
LOVANII,
TypiS JOANNIS FRANCISCI VAN OVERBEKE,
Sub signo Lampadis Aureae.
l<,e %wom ûmm Fé@«
Le Tt'oii des Fées de Croix-Rouge est très connu dans la partie méridionale
de notre province. Il préoccupe une grande partie de la population par son côté
légendaire et mystérieux. Au cours des siècles, il donna lieu à des superstitions
et à des frousses puériles.
A un kilomètre de la halte de Croix-Rouge, à côté du croisement des routes
d'Etalle à Virton et de Bellefontaine à Ethe, entre le Bois dArdenne et celui
de Bon Lieu, s'étend une clairière où pousse une bruyère drue et, deci delà,
quelques jeunes sapins.
Au milieu de la clairière s'élève une petite colline (cote 345 m.) couverte elle
aussi d'une opulente bruyère. Ce monticule est formé d'une roche sablonneuse
très friable. C'est dans ses flancs qu'est creusée la caverne mystérieuse appelée
dans la contrée " Bord des Fées " ou « Irou des Fées ". L'endroit est pro-
priété de la ville de Virton.
L'entrée de la grotte, tournée vers le sud, est presque monumentale. Deux
ouvertures, séparées par un pilier rocheux, .conduisent dans un vestibule éclairé
par la lumière du jour. Celui-ci est continué par un couloir qui mène immédia-
tement dans une première chambrette plus sombre. A gauche, un renfoncement
de 2 mètres 40 centimètres en forme d'alcôve.
Beaucoup de personnes sans doute ont pénétré jusqu'ici. Les enfants gardant
le bétail et les ouvriers travaillant aux environs au cours des siècles s'abritèrent
à l'entrée en cas de mauvais temps.
Plus loin un couloir étroit mène à une autre chambrette. Celle-ci était à peu
près obstruée par du sable fin amené par le vent et l'on n'y pouvait pénétrer.
Une lucarne destinée à éclairer cette partie était entièrement obstruée par le
sable amené par les agents d'érosion. D'autres couloirs circulant dans plusieurs
sens étaient ou sont encore entièrement ensablés. Autrefois — il y a 30 ou 40
ans — le mamelon était presque entièrement dénudé et l'ensablement se faisait
facilement.
— 447 —
Le 6 août dernier, nous avons déblayé et l'ouillé ces couloirs en partie. Ce tra-
vail était pénible à cause de l'étroitesse de certains passages. Heureusement
nous étions nombreux et munis d'un outillage spécial. M. l'abbé Gh. Dubois et
quatre amateurs nous ont apporté leur précieux concours. Nous les en remer-
cions vivement.
Précédemment la terrasse à l'entrée a été fouillée par MM. le professeur
Dubois et l'architecte Haverland. Ils n'y ont rien trouvé.
^^
ecHELLB
xôb COUPE HORnONJAU
/// TRO&I DES FEE5^, j.j?
Les galeries déblayées actuellement mises bout à bout ont environ 23 mètres.
La longueur de la galerie principale est exactement de 15 mètres.
Maintenant que la caverne est en partie déblayée, il convient de dire ce qu'il
faut en penser. Nous croyons que c'est une grotte artificielle. Les hommes ont
creusé ce monument curieux, cela n'est pas douteux. Mais quand ? Ici les opi-
nions diffèrent. Faut-il remonter à l'époque préhistorique ? La plupart des con-
•>9
— 448 —
naisseurs ne sont pas de cet avis. Aussi n'avons-nons pas, jusque maintenant,
découvert de silex dans la grotte même. Poui' être sAr pourtant qu'il n'y en a
pas, il faudrait balayer tout le sable des cavités et le tamiser. Le temps cette fois
nous a manqué pour terminer ce travail.
Un ouvrier de Virton, en creusant un fossé près d'une source au pied du ma-
melon, a trouvé une hache polie néolithique. Elle est déposée au Musée du Cin-
quantenaire. D'autres morceaux de silex ont été trouvés dans les environs. Gela
prouverait que les abords tout au moins ont été habités à l'âge de la pierre.
Dans la grotte même nous avons découvert des débris de poterie noirâtre du
haut moyen âge.
Pourquoi cette excavation a-t-elle été faite par la main de l'homme ? Est-ce
pour l'habiter ou simplement pour s'y réfugier? Si la grotte n'a pas été habitée
d'une façon continue et pendant une longue période comme d'autres cavernes
plus spacieuses, elle a certainement servi à diôérentes repi-ises de refuge et de
cachette. La tradition le dit. Et les creux en forme d'alcôve auront pu servir de
couchettes.
Le 7 août, MM. les membres de l'Institut archéologique ont fait une excursion
au Trou des Fées et au « Château Renaud » où l'on ne remarque aucune trace
de château, mais qui à cause de son élévation et de sa position naturellement
forte aura pu servir de camp de refuge aux populations préhistoriques. Les
pentes qui l'entourent sont fort raides. Il était très facile d'isoler le coin sud par
un retranchement passant par la mare d'eau où les sangliers encore se vautrent
et qui se trouve à un point où les deux versants se rapprochent grâce à une forte
entaille naturelle dans le penchant est de la colline. En haut du versant opposé
on remarque un trou l'essemblant parfaitement à un fond de cabane ou à une
petite mardelle. Cette colline est entièrement boisée. Certaines traces de nivelle-
ment pourraient faire croire que le plateau a été cultivé, il y a des siècles. Les
versants en tous cas n'ont pas subi de transformation.
La visite était instructive (it intéressante. M. le bourgmestre de Virton est
venu saluer les visiteurs.
Le lendemain nous avons fouillé une cavité de près, de trois mètres de profon-
deur sur autant de diamètre, dont la destination nous échappe, au sommet du
monticule du Trou des Fées. Nous pensions y voir une communication avec la
caverne intérieure dont un couloir inexploré encore semble prendre celte direc-
tion. Nous avons également fait une tranchée sur une plate-forme à l'entrée
d'une petite caverne bouchée par un cône d'éboulis au côté opposé du Trou des
Fées. Sans résultat.
Au flanc nord-est du Château Renaud existe une cavité naturelle. Primiti-
— 449 —
vement la butte était en forme de falaise de ce côté. L'eau aux âges géologiques
ayant miné la base, à un moment donné un gros quartier de roc s'est détaché
de la crête et est venu, par glissement, s'arcbouter contre la falaise. C'est ce qui
a causé la caverne. Certains pensent qu'elle a pu servir de refuge à l'homme.
Nous y avons pratiqué des fouilles. Elles ont donné un résultat négatif.
Divers lieux dits des environs, le Château Montauban, le Pas Bayard, etc.
rappellent la légende des Quatre fils Ai/mond, tout comme dans les environs
de Dinant, de Monthermé et ailleurs où ces souvenirs sont également conservés
par des lieux dits.
M. Jacob, notre érudit collègue, nous a raconté naguère à ce propos mainte
intéressante chose. Il voudra peut-être un jour les écrire pour les conserver aux
générations à venir.
Jos. REMISCH.
VARIA.
Monnaie d'argent du Pape S' Pie V.
Trouvée sur le plateau de Majerou (Vieux-Virton). A l'avers : les têtes de
s. Pierre et des. Paul, avec, en exergue : roma • gloriosi • principes • terre.
Au revers: les armes du Pape : un écu ovale à 3 bandes, timbré de la tiare et
lies clefs, avec l'inscription : pivs • v • pont • m • — Don de M"" Nefontaine,
instituteur honoraire de Torgny, résidant à Vieux-Virton.
S. Fie V (Michel Ghislieri), le dernier des papes canonisés, naquit à Bosco
près Milan, 'd'une famille honorable, mais pauvre. Il gouverna l'Eglise de 1566
à 1572 et fit appliquer dans l'univers catholique les décisions du Concile de
Trente, qui venait de finir ses assises.
Par la bulle : « Ex omnibus afflictionibus », 1367, il condamna la doctrine
antischolastique de Baïus (Michel de Bay), docteur de l'Université de Louvain.—
Par une autre bulle célèbre (1570) " Regnans in excelsis », il excommunia
Elisabeth d'Angleterre, la déclarant hérétique, dépourvue de tout droit au trône
et déliant ses sujets du serment de fidélité. — Ce fut lui aussi qui organisa la
croisade contre les Turcs qui venaient de s'emparer de Chypre, de la Crête et des
îles Ioniennes. La victoire navale de Lépante (1571), remportée par don Juan
d'Autriche, mit fin à la prépondérance ottomane sur mer. En action de grâces
pour ce triomphe, Pie V inséra aux litanies de la Vierge l'invocation : Auxi-
lium Christionorum, ora pro nobis, et son successeur institua la fête du
Rosaire (i^"" dimanche d'octobi-e).
Pendant tout son pontificat. Pie V fut l'ami et le soutien de Philippe II, roi
d'Espagne et des Pays-Bas.
Il n'est donc pas étonnant que les monnaies frappées à son nom aient circulé
— 451 —
dans nos pays, d'autant plus que le vainqueur de Lépante devint gouverneur des
Pays-Bas et mourut au camp de Bouge, près Namur.
G. Dubois.
Vase romain piriforme à anse.
Don de M. l'abbé Weyrich, curé de Thiaumont. Ces vases font leur apparition
pour la première fois à l'époque de Trajan. On les trouve encore, sous cet
empereur, associés à des vases de forme similaire, mais beaucoup plus pansus
et que, dans la suite, ils ont complètement supplantés. Leur usage a duré jus-
qu'à la chute de l'emidre romain et on les trouve même dans les nécropoles
franques de la 1'^ époque. Le spécimen donné au Musée par M. l'abbé Weyrich,
a été découvert en 1911 lors des travaux de la wateringue du Heidebour, à
Thiaumont. Il existait là une somptueuse villa, en partie retrouvée et détruite
il y a quelque 40 ans. G. D.
Le Pilori de Virton.
Le pilori ou plus communément « le carcan « se trouvait à l'angle de la mai-
son du père Goëtz, tout proche des halles ou marché couvert. Il consistait en un
socle de pierre rectangulaire sur lequel on plaçait le condamné ; un long fer à
entaille carrée et encastré dans le mur servait à attacher la chaîne qui mainte-
nait le patient pendant tout le temps que durait son exposition publique. Le
fe)
socle fut supprimé, il y a quelque vingt ans par le propriétaire d'alors. M'' Bau-
ler. L'année dernière, le fer a disparu, par suite de la reconstruction de l'im-
meuble.
Une pièce seule en fait mention.
En 1780, les mayeurs et échevins de la ville de Virton soumirent à l'approba-
tion du conseil provincial du Luxembourg un projet de règlement on ne peut
mieux conçu dans ses 45 longs articles. Il ne fut pas approuvé par lettres de 8a
Majesté en date du 17 mai 1781, attendu que les ordonnances de Police générale
étaient suffisantes pour réprimer les abus.
— 452 —
r/arlicle 35 était ainsi conçu :
« Tous ceux qui seront trouvés dans des jardins appartenant à autrui et y
" pillant, convaincus par témoins, ou par le rapport d'un garde qui sera établi
« à cette fin, auquel sera ajouté foi, d'y avoir pillé et fait du dégât seront, pour
" la première fois amendés suivant les circonstances, outre les dommages à ré-
« parer, pour la seconde fois, au cas que le garde rapporteur soit secondé d'un
« témoin, mis en prison au pain et à l'eau pendant quinze jours, et pour la troi-
" sième exi)osés au •• carcan " un jour de marché entier ; et, en cas de réci-
" dive à peine plus griève ". (Archives de l'Etat-Arlon.)
E. MOUTARDE.
Antiquités ro)naines des comniuves de Flamierge et de Bertogne
signalées par M. Cabbé Braffort, curé.
\) Chaussée romaine
Le territoire de la commune de Flamierge renferme de nombreux vestiges de
l'occupation romaine La chaussée romaine venant d'Isle-la-Hesse et se diri-
geant vers le Nord-Ouest, est restée bien visible sur un très long parcours ; elle
descend dans la' campagne de Flamisoul, marquée par un ruban de bruyères et
de genêts au milieu des champs labourés ; elle longe les bois de " Gaimont et
Al' Caure ", descend vers le village de Givroulle, puis remonte vers le bois de
" Viersin " passant au " Grestai des pires " (Crête des pierres). Là se trouve un
magnifique emplacement pour un observatoire romain : à 520 inètres d'altitude,
d'où l'on découvre un magnifique panorama qui s'étend à 15 et 20 kilomètres à
la ronde. M. Hauzeui', de Giney, y a fait des fouilles vers 1903 et a découvert
des pièces de monnaie.
Le chemin de Givroulle à Berhin, construit du moins en partie sur l'ancienne
chaussée romaine, s'appelle encore aujourd'hui ■• la Chaussée ". A travers les
« Haies de la Béguine " et le Bois d'Herbaimont, il existe encore une ancienne
voie romaine, appelée " la Vieille pavée » se dirigeant vers Roumont et Baconfoy.
2) Le Cimetière romain Al' Caure (ait. 480).
Dans la campagne de Flamierge il est un lieu dit.» la Tombe ». Non loin de
là, dans le bois « Al' Caure ", se trouvent une douzaine de tumuli, qui ont été
fouillés par M"" Hauzeui', et dans lesquels il a trouvé diverses antiquités ro-
maines. Peut-être en restent-ils qui sont intactes et qu'il serait intéressant de
visiter. Au village de Flamierge, W Hauzeur a aussi trouvé des pièces de mon-
naie au » champ des morts », derrière l'église.
3) Villas romaines à Frenet.
Le village de Frenet, situé à 1 kilomètre des tumuli d' " Al' Caure », est par-
— 453 —
ticulièrement intéressant. Sur le versant exposé au midi, se trouve l'emplace-
ment d'une ou peut-être de plusif»urs villas romaines. Une grande quantité de
débris de briques et de tuiles sont répandues sur le sol. En creusant à peu de
profondeur, on retrouve des amas de pierres, des restes de murailles qui s'entre-
croisent, de grandes et fortes dalles, etc.
4) Un aqueduc souterrain,
qui existe encore et qui sert à la distribution d'eau, amenait l'eau à quelque dis-
tance de la villa A l'extrémité, prés de la route, il mesure environ i^SO de haut
et 40 centim. de large. Un homme peut y passer sans trop de difficulté, et de
fait lorsqu'on a aménagé la distribution d'eau, un ouvrier est entré muni d'une
lumière : mais celle-ci s'est éteinte à une certaine distance (40 mètres ?) et l'ex-
plorateur a dû abandonner son excursion souterraine Une surélévation de ter-
rain dans les champs et à l'entrée du bois indique la direction de l'aqueduc. La
source doit se trouver dans un petit fond, à 400 mètres dans le bois, vers le
midi, au lieu dit « Gaimont v, mais on ne connaît pas la place exacte.
5) Sépultures belgo=romaines à Frenet.
A l'est de la villa, à 200 mètres, au point le plus élevé de la campagne, se
trouvaient les sépultures. La place en est marquée par un petit enfoncement du
sol. Les loculi ont été ouverts et dépouillés de tout ce qu'ils renfermaient par
M. Hauzeur, qui en a retiré bon nombre d'urnes et autres objets. A la surface
du sol, on trouve encore de nombreux débris de poterie ; entre autres des mor-
ceaux de poterie Samienne.
Plus bas, en allant vers (xivry, on a trouvé, m'a-t-on dit, une urne : mais les
renseignements me font défaut sur ce point II est donc probable que la villa de
Frenet n'était pas isolée. Il n'est pas étonnant du reste que les Romains se soient
plu à habiter ce coin d'Ardennes, d'où l'on jouit d'un des plus beaux et des plus
vastes sites du pays. De Frenet, en effet, on aperçoit toute la campagne de
Givry, Gives, Bertogne, Longchamps et au-delà ; veisle Nord la vue s'étend
jusque la forêt qui couronne les hauteurs de " Bois St-Jean », par delà les col-
lines pittoresques de l'Ourthe.
6) Tombes romaines à Gives. (Voir tome 46, p 387.)
7) Tumuit à Bettomont.
Au lieu dit » les Tombelaines ", il existe plusieurs tumili, qui ont été visités :
par qui ? avec quel résultat ? je n'ai pu le savoir. Tout près se trouve le lieu
dit " Champ de bataille ».
8) Sépultures à incinération à Bertogne.
Entre Bertogne et Gompogne, route de Houffalize, on a fait autrefois des
— 454 —
fouilles, et on a trouvé des urnes funéraires : les détails manquent. J'ai vu une
de ces urnes chez M. Kaizer, ancien curé de Gompogne.
'.») Substructions romaines à Salles.
A égale distance des deux voies romaines dont j'ai parlé, se trouve le très an-
cien village de Salles, bien exposé au midi, protégé contre les vents du Nord par
les montagnes de l'Ourthe, et sous l'œil du « Grestai des pires ". En face de la
maison Galay, presque à fleur de sol, en donnant quelques coups de pioche
on trouve des débris de maçonneries en briques. Lorsqu'on a construit cette
maison on a découvert des restes de murailles, et un lieu de sépulture composé
d'une dalle de fond, de quatre grosses pierres aux angles et d'une dalle supportée
par ces pierres. Ce loculus est détruit, mais la dalle existe encore. A l'intérieur
se trouvait un trousseau de clefs en fer qui sont tombées en menus morceaux,
dès qu'on les a touchées. On a trouvé aussi une longue tige de fer, l"i50 de
long environ. Il en reste un morceau, c'est une poignée doublement coudée à
angle droit de cette forme | . La pointe qui est égarée était un peu
courbée. Etait-ce une épée??
10) Villa romaine à Givroulle.
Il y avait aussi une villa romaine à Givroulle. Des restes de scories de forge,
légères, semblent indiquer la présence d'une usine. Il y a encore des substruc-
tions. Le tout se trouve sur le promontoire à la rencontre du ruisseau deTrois-
mont avec celui de Gros-bouchi venant du N.-O.
li) Grande villa près de la ferme Berhin.
Au dessus de la ferme de Berhin,. à gauche de la route de Salle- Wigny, il y a
une grande villa qui mériterait d'être fouillée.
B. Braffort, curé.
La Société d'Archéologie de Bruxelles a fait fouiller dans notre province :
A Tontelange, au bois de Gunkoll, deux mardelles voisines. A Jamoigne,
dans le bois communal des Aisances, au lieu dit «* Ghamp du Loup » un cime-
tière belgo-romain. Annales de 1911 pp. 263-373.
Un four à chaux romain entre la Semois et le Hohgericht.
Au courant de l'hiver passé, je fus appelé par M. le directeur des travaux
de la ville d'Arlon pour examiner une trouvaille faite dans une carrière située à
environ 200 m. du chemin de Sesselich à droite, à 100 de la Semois et à 50 du
cimetière du Hohgericht. On croyait y avoir découvert un ustrinum. La proxi-
mité du cimetière rendait cette hypothèse plausible. Mais ce qu'on prenait pour
une grosse pierre calcaire, n'était que de la chaux coagulée restée au fond du
four et y abandonnée depuis des siècles. Les briques et différents débris qui se
trouvaient à l'entour, dataient de la période romaine. Il mesurait environ l'"40
— 455 —
en diamètre et avait encore l^SO en élévation. Les parois se composaient de
pierres entassées. L'ouverture ainsi que le chemin d'accès se trouvaient à l'ouest,
le côté le plus favorable pour activer le foyer.
On rencontre souvent de ces fours à chaux abandonnés de la période romaine
dans nos contrées, lis doivent se rapporter à l'époque des trésors abandonnés où
la population dut s'enfuir en cachant les épargnes et ce qu'elle avait de plus
précieux sans pouvoir venir les reprendre. Or aucune des nombreuses pièces de
ces trésors n'est postérieure à 271. F. L.
Un foyer romain près de la voie militaire d'Arlon-Trèves, à Birel.
En déblayant le terrain pour élargir la voie ferrée au-delà de la route d'Arlon-
Longwy, on trouva à droite, juste en face du point où le chemin des Espagnols
débouche sur la route actuelle de Luxembourg, des restes d'un ancien foyer assez
grand, à 70 ctm. sous le sol. Il était marqué par une couche de débris de briques
de terre calcinée, de charbons, de tessons comme on en trouva près du four à
chaux au Hohgericht. Des pierres en rangées semblaient indiquer un chemin
d'accès. La route militaire passait à côté. En continuant d'enlever les terres, on
remarqua bientôt qu'on n'était en présence que d'un simple foyer, recouvert
probablement d'un toit; car il y avait de nombreuses tuiles (tegulae). On y
trouva aussi des tessons d'une poterie noire de la même époque, ainsi qu'un de
ces petits fers à cheval, si nombreux sur les routes romaines. F. L
Encore le cimetière romain du Hohgericht.
Les officiers du lO** régiment de ligne à Arlon qui ont fait de si belles décou-
vertes les années précédentes au cimetière à incinération du Hohgericht, au-
delà de la Semois, ont encore cette année enrichi leurs collections de nouvelles
trouvailles fort intéressantes. La richesse et la variété du mobilier de ces sépul-
tures est parfaitement en rapport avec la grandeur et la beauté des monuments
découverts dans les fondations des remparts de la ville romaine. Elles sont une
preuve manifeste de la richesse et de l'importance du vicus romain avant son
embastillement. Puisse au moins un exemplaire de chacun de ces monuments
sacrés de nos ancêtres rester à la ville et au coin du pays auxquels ils appar-
tiennent et dont ils sont un témoignage éclatant de la piété envers leurs défunts
et de l'aisance de la population au H^ et au HP s. F. L.
Découverte d'un trésor du XIV« s. à iVlessancy.
Ce trésor fut découvert, il y a une cinquantaine d'années, par M. Hurt-
Wagner de Messancy, en face de sa maison paternelle, qui fait coin à droite
entre la roule de Longwy et le chemin qui monte directement de la station du
chemin de fer vers l'église. En déblayant le terrain de l'autre côté de la route,
au pied du versant qui monte vers l'éghse, pour y élever une construction, sa
— 456 —
pioche toucha un grand pot de terre rempli de pièces d'argent toutes à peu près
identiques. Il en conserva une des plus belles qu'il me lit montrer. C'était un
Josse de Moravie, engagiste du Luxembourg, 1''' émission (1388-1397). Les
autres furent partagées avec son frère (jui l'aidait dans sa besogne, disti-ibuées
au hasard aux curieux et vendues en grande partie au poids à un orfèvre
d'Arlon. F. L.
Fouilles d'une mardelle à Ruiles.
La question des mardelles fut traitée une première fois à Arlon au Congrès
archéologique en 1899 et ensuite aux conférences du Deutsche Verein où l'on
tint compte des nouvelles découvertes (V, Jahrbuch, 1907 p. 65). Les nombreuses
fouilles faites méthodiquement et à grands frais par la Société d'histoire et d'ar-
chéologie loi-raine ne permettent plus d'élever des doutes sur leur destination.
Les traces du séjour de l'homme y sont trop manifestes. La surface assez éten-
due de ces mares mesurant de 20 à 30 m. de diamètre et les troncs d'arbres
dressés au centre, ainsi qu'on le remarque dans un certain nombre au Luxem-
bourg belge et grand-ducal, firent croire d'abord à des habitations sur pilotis.
Mais les foyers découverts au fond même et une observation plus attentive de
la disposition et de la longueur des arbres firent reconnaître que ces excavations
rondes ou ovales étaient recouvertes d'un immense toit sous forme de cône.
Il en est d'autres certes ti'op grnndes pour être recouvertes d'une toiture sem-
blable. Mais l'occasion s'était offerte à Ruiles de fouiller une de ces mardelles
avec toit renfermant encore un grand nombre de gros arbres, l'In-
stitut la saisit avec empressement et chargea MM. les abbés Dubois et Loes d'en
diriger et surveiller les fouilles. Des fossés furent ouverts jusqu'au fond en lon-
gueur et en largeur en dififér-enls sens pour explorer tout l'intérieur. On les
laissera ouverts encore quelque temps pour permettre à ceux que la question
intéresse de l'étudier à fond sur les faits. Pour les creuser, il fallait bien couper
et enlever les arbres qui se trouvaient sur leur passage, mais il en i-este assez
pour reconnaîtra leur nombi'e et leur disposition. Un coup de bêche suffira aussi
pour mettre à nu de nouveau les différentes assises et en faire l'étude. Un ter-
reau noir couvre le fond. Viennent ensuite les couches de terre glaise, de
mousses et de feuilles avec les arbi-es provenant de la toiture. Au-dessus se forma
dans la suite des siècles une couche de tourbe recouverte de gazon. Mais
n'anticipons pas ; un rapport détaillé paraîtra au prochain volume.
F. LOES.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DV 1 AOUT 1912.
Le mercredi, 7 août 1912, l'Institut archéologique du Luxembourg s'est réuni
en assemblée générale dans la grande salle du Musée archéologique.
La séance est ouverte à 10 1/4 heures, sous la présidence de M. Sibenaler,
consei'vateur du Musée, assisté de M. Loes, secrétaire-trésorier.
Etaient présents :
MM. Wilmart, J.-B. Sibenaler, Knepper, Rommès, F. Macédone, Habran,
L. Lelain, P. Gengler, Jeanty, Tillière, Gofflot, L. Sibenaler, Vath, J. Alexan-
dre, Dubois, Famenne, Remisch, Jacob-Duchesne, E. Goliez, J. Hubert, Godin,
E. Malget, Balter, Grob, Laurent, Lambinet, Loes.
Excusés :
MM. le Gouverneur, baron A. Orban de Xivry, ch"« de Leuze, Vannérus,
Gh. Déome, J. Deome, F. Jacques, Gupper, Blum, Roger, Cornu, Haverland,
Beco, Claude.
Le compte-rendu de la dernière séance fut admis sans observation.
Le secrétaire donne ensuite lecture du compte suivant :
Compte de l'année 1911.
RECETTES.
Excédent de l'exercice précédent
Subside de l'Etat pour le retable de Fisenne
Subside ordinaire de l'Etat à l'Institut
Subside de la province ....
Cotisations et vente de volumes
Intérêt de banque . . . . •
Total- - . . 3820.58
•289.61
1100 »
500 »
500 »
1415.27
15.70
1450
5>
203,
,27
588,
,60
1114,
,80
— 458 —
I)ÈPP]NSES.
Payé à M. Brùck pour les Annales et autres imprimés
Salaire des employés, ports et correspondance
Service de la bibliothèque
Service du musée, y compris 1000 frs pour le retable de Fisenne
Total . 3356.67
Il y a un excédant en recettes de 463,91 provenant de crédits non employés
pour la reliure et les fouilles à faire au vieux cimetière d'Arlon.
Ce compte est admis ?ans observation.
Après les explications fournies sur le volume en cours de publication, on pro-
cède à l'élection de nouveaux membres.
Effectifs :
MM. de Warion, commissaire-voyer à Vielsalm.
Hubert, Joseph, curé à Thibessart.
Jacques, Frédéric, industriel à Salmchàteau.
Braflfort, curé à Baillonville.
Van der Beke, armateur à Anvers, rue Pépinière 24 (château de
Mirwart).
Theisén, curé à Wisembach (Martelange).
Flamion, inspecteur diocésain à Arlon.
Colette, notaire à Erezée.
Moureaux, instituteur à Hotton.
(jénin J.-C, curé à Mirwart (Grupont).
Huart, curé à Vaux-Ghavanne (Manliay).
Dufort G., médecin, 288, boulevard Bockstael, Bruxelles.
Dufort J , intendant, 14, rue Herreyns, Malines.
Famenne G., juge de paix à HoufTalize.
Valh, cure à Nobressart.
Alexandre, J., curé à Musson.
de Pitteurs, baron Herman, Liège, avenue Rogier, 17.
Correspondants :
Moreau, Léon, professeur à l'Athénée royal d'Arlon.
Duleau, libraire, 37, Soho Square, London, W.
Admis à l'unanimité.
— 459 —
On aborda ensuite la question <lu recueil des inscriptions pour le Corpus
inscriptionum belgicaruin.
Au courant de la discussion, Monsieur Wilmart entra en séance, s'excusa de
venir trop tard pour avoir manqué la correspondance à Marloie et prit posses-
sion du fauteuil de la présidence.
Après un échange de vues au sujet des inscriptions auquel prirent part princi-
palement le conservateur, le secrétaire l'abbé Dubois, l'abbé Grob et M. Wilmart,
il Alt décidé, 1" de partager la besogne en chargeant dans chaque canton un ou
plusieurs membres de recueillir les inscriptions d'après le programme adopté
par la commission nommée par la fédération archéologique de Belgique; 2" de
faire remettre les inscriptions recueillies au secrétaire de l'Institut qui les trans-
mettra à la prédite commission et 3° de demander un subside pour couvrir les
frais et dépenses nécessités par le déplacement des membres et par la copie, pho-
tographie et autre reproduction des inscriptions et monuments.
Monsieur le Président remercia l'assemblée et leva la séance à 1 1 heures 30.
Dans l'après-midi une vingtaine de membres firent une excursion à la Croix
Rouge pour visiter le Trou des Fées et le Château-Renaud, dont la description
se trouve page 446.
F. L.
DONS DE 1911-1912.
Ministère des Sciences et des Arts.
— Les Arts anciens du Hainaut. Recueil de quinze conférences faites à
l'exposition de Gharleroi 19H, publié sous la direction de M.Jules
Destrée. Bruxelles, Van Oest, i911, in-18.
Laurent Marcel. — L'art chrétien primitif. Bruxelles, Vromant,
2 vol. cart., in-18.
— Godefroid Kurth. — L'église aux tournants de l'histoire. Bruxelles,
1910, Albert Dewit, 4« éd., in-12.
— Henri Jos., Maurice Duvivier, Thomas Braun, F'rédéric Ninauve,
LÉON Hennebicq, Charles Claude. — De vitibus illustribus nos-
tris. Bruxelles, Ferdinand Larcier, 1911, in-8°.
— Lemaire R., professeur à l'université de Louvain. — L'origine delà
Basilique latine. Bruxelles, Vromant, 1911, in-8°, cart. (Ext. des
An. de la société d'archéologie de Bruxelles).
Bibrmé, Maria. — Les artistes de la pensée et du sentiment. Editions
de la Belgique artistique et littéraire. Bruxelles, rue des Minimes,
1911, in-8°.
— Paul Lafond. — Roger van der Weyden. Bruxelles, Van Oest, 1912,
in-12.
— Fierens-Gevaert, - La peinture en Belgique, Musées, Eglises,
Collections, etc. — Les primitifs flamands, fasc. XIL Bruxelles
Van Oest, 1912.
— Comtesse M. de Villermont, gouvernante des Pays-Bas. — Préface
par Godefroid Kurth. Tamines, Duculot-Reulin, 1912, 2 vol. in-8°.
— LÉON Leclère. — Les églises romanes du centre et du sud de la
France. Bruxelles, Weissenbruch , 1911, in-8°.
— Chibert p. et Colin E. — L'Indicateur Généalogique, Héraldique et
Biographique. Revue mensuelle, F^ année et n»^ 1 et 2 de la 2^
année.
— 461 —
Ministère de la Justice.
— Une médaille commémorative frappée à l'occasion de l'inauguration
delà nouvelle prison cellulaire de Forest.
— Coutumes du Pays et Comté de Flandre, quartier d'Ypres. Coutume
de la Salle de Ghatellenie d'Ypres par L. Gilliodts-Van Severen,
T. II.
— Bulletin de la Commission royale pour la publication des anciennes
Lois et Ordonnances de Belgique, vol. II, fasc. 6 et 7.
Académie royale de Belgique. Commission royale d'Histoire.
— Edouard Poncelet. Inventaire archéologique des chartes de la
collégiale de S'e Croix à Liège. Bruxelles, Kiessling T. 1*^, in-l2.
Conseil provincial de Namur.
— Brouwer, D.-D , censés et rentes du comté de Namur au XIIP s.,
2 vol. Namur, Wesmael-Charlier 1911 in-12.
Le comte Michel de Pierredon
— Généalogie de la maison de Briey par P.-L. Laine. Nouvelle édition,
revue et continuée jusqu'à nos jours par le comte Michel de Pier-
redon. Paris, Firmin-Didot, 1911, in-8°.
M. l'abbé Ch. Dubois, professeur au collège St-Joseph à Virton.
— Photographie du retable de l'église de Chairière-sur-Semois (XVP s.),
— Philologie wallonne. Monographie des patois du Luxembourg méri-
dional par P.-L.-V. Dubois, avec une préface de Tito Zanardelli.
Bruxelles, Lefèvre, 1888, in-8°, br.
— Auguste Hock. Liège au XIX*' siècle. Les transformations. Liège,
Vaillant Carmann 18«5 1 v. in-8. Id. La vie 1886, l vol. in-8".
— Deux photographies in-4". Les amphithéâtres de Capoue et de Poz-
zuoli.
— Quatre photographies in-4" de sujets de la colonne Trajane à Rome.
— Une monnaie d'argent du Pape St Pie V trouvée à Majerou (Virton).
— Une photographie de la pierre tombale de Jehane femme de feu Jehan
Guillaume de Mais, t 1727, au cimetière de Virton et provenant de
l'église de l'Hôtel-Dieu des Croisiers.
— La photographie in-32 de la Croix des Récollets au cimetière de
Virton.
Weyrich, curé a Thiaumont : un vase trouvé au Heidenbour, r-eslauré par
M. l'abbé Dubois.
Conseil provincial de Namur.
— Brouwër, D.-D. — Censés et rentes du comté de Namur au XIII s.,
2 vol. Namur, Wesmael-Charlier, 1911, in-12.
— 462 —
M. i/arbÉ Nickers, curé-doyen à Saint-Hubert.
— Deux vases antiques trouvés en (îrèce (7oo av. J.-Gh ).
— Une hache polie trouvée à Izel.
— Une petite urne trouvée à la Croix Monct, entre Fontenoille et
Ste-Cécile.
Louis Bossu, procureur de la République à Reims.
— Une taque de foyer ardennaise en Morson, br.
Hubert, Lucien. — La harouille au prieuré de Gons. Paris, Ghapelot, 1912.
— Baillage de Longwy. — Procédure criminelle, Longwy, Lanternier,
1911.
— Les sépultures de l'église de Saiut-Dagobert. Longwy, Marin, 1910.
Jacob Duchesne. — Un grand sceau en cire verte de Louis XVHL
NÉCROLOGIE.
Depuis l'impression du volume précédent de l'Institut, la mort ne nous a
enlevé, à nôtre connaissance, qu'un seul membre : M. Jacques Qustave, vice-prési-
dent de la Société agricole, décédé fin octobre à Goronne.
— 463 —
Les Eneilles à travers les âges.
— Errata et Addenda. —
D'après le manuscrit que me communique M. Bodart, docteur en droit à
Bruxelles, il y a lieu de modifier comme suit la généalogie des Brialmont,
page 25 :
De Jean de Brialmont et Marie de Blier sont nés :
1 . Anne-Josèphe de Brialmont 1632-1636.
2. Andrianne-Charlotte, baptisée le 22 décembre 1633.
3. Nicolas de Brialmont, baptisé à Eneille le 28 mars 1635, ayant pour parrain
Nicolas de Prez de Barchon, et pour marraine Marie de Brialmont de Mor-
ville. Il mourut sans enfants le 16 octobre 1675 et fut inhumé dans le chœur
de l'église d'Eneille, à côté de ses parents. Il avait épousé sa cousine Margue-
rite de Prez de Barchon, fille de Nicolas et de Marguerite de Brialmont.
Etant veuve, elle se remaria à Jean de Serai ng de Fraipont, seigneur à
Tilflf, fils d'Everard de Seraing de Fraipont, écuyer, seigneur de Deignée et
de Catherine de Velroux, dame à Tilff. Elle mourut le 8 avril 1707, et fut
inhumée dans le chœur de l'église d'Eneille.
4. Everard de Brialmont, 1637-1715.
5. Henri de Brialmont, baptisé à Eneille en 1639
6. Jean-Philippe de Brialmont, baptisé à Eneille le 24 février 1639, ayant pour
parrain le baron de Waha de Fronville et pour marraine Anne de Brialmont
7. Ignace de Brialmont, seigneur des Eneilles après Nicolas et Everard de
Brialmont, naquit à Eneille le 23 septembre 1645 et il mourut d'apoplexie le
20 mars 1727.
D'après le Livre des Fiefs de la Prévôté de Poilvache (Lahaye) :
1671. 9 mars. Partage des biens de Jean de Brialmont entre ses eafants. Nico-
las, l'aîné, obtient les seigneuries des Eneilles et de Wallay, à charge
d'entretenir son père et de servir à sa sœur une rente de 150 florins.
1676 . 4 janvier. Marguerite de Prez relève l'usufruit de la seigneurie de Wallay,
lui dévolu par la mort de son mari, Nicolas de Brialmont.
*
* *
Page 71. Lire comme suit le blason du curé Grofay : un chevron accompagné
de trois roses.
*
* *
Page 165. La route de Petithan à Petite Somme fut construite en 1859-60, celle
de Petithan à Baillonville, en 1866-68. E. G.
30
Liste des Membres de la Société.
1912.
s. M. le Roi Albert, membre protecteur.
S. A. R Madame la Comtesse de Flandre, membre effectif .
M. le Comte de Briey, gouverneur, président d'honneur.
Bureau.
MM. Wilmart, vice-président de la Commission provinciale des monuments,
président.
Beco F., procureur du Roi à Arlon, vice-président.
J.-B. Sibenaler, conservateur du Musée.
Loes, curé, secrétaire-trésorier et bibliothécaire.
Comité permanent.
MM. Wilmart, Beco, Loes, J.-B. Sibenaler, J. Vannérus, Haveriand et Jacob-
Duchesne.
Membres effectifs.
Arlon (Administration communale).
Arlon (Bibliothèque de l'Athénée).
MM. Adam, bourgmestre à Harnoncourt(Virton).
Alexandre Jules, curé à Musson.
Antoine, chef de bureau au gouvernement provincial à Arlon.
Arend, juge de paix à Arlon.
Arend, curé à Smuid (Poix).
Balter, curé à Heinstert.
Barbanson Adrien, château du bois d'Arlon.
Barthel, curé à Marcour (Laroche).
i
— 466 —
MM. van der Becke, à Anvers, rue de la Pépinière 24, ou au château de Mirwart.
Becker, abbé, aumônier des F. F. Maristes à Arlon.
Beco F., procureur du Roi à Arlon, vice-président de l'Institut.
Bergh L., notaire à Neufchâteau.
Bernays, avocat, Avenue Van Eyck, 33, à Anvers.
Bosseler, notaire et bourgmestre à Messancy.
Bouché Henri, instituteur communal à Les Bulles.
BradferCh., de Frenoy-lez-Jamoigne, professeur à l'école industrielle de
Quaregnon.
Braffort B -M.-J., curé à Baillonville (Heure).
Bribosia, commissaire d'arrondissement à Bastogne.
Bourguignon, notaire à Marche.
Briick F., imprimeur à Arlon.
Les Bulles (Administration communale),
du Busde Warnaflfe, L., me/nbre de la Chambre des Représentants, rue de
la Loi 54, Bruxelles, ou au château de Roumont (Flamierge) par
Baconfoy.
du Bus de Warnaflfe, juge au tribunal de Tournai.
Galay 0., agréé à l'Univ^^de Liège, rue de Berghes 7, Liège.
Garly, juge de paix à Florenville.
Casier J., artiste peintre-verrier, conseiller communal, rue des Deux Ponts 3,
Gand.
Claude, curé à Warnach (Martelange).
Clément, notaire à Neufchâteau.
CoUez, père, docteur en médecine à Longwy-Bas.
Colard G. -Th., curé à Noville (Bourcy).
Colette, notaire à Erézée.
Conrotte, dr. ph., curé aux Eneilles (Durbuy).
Cornu, ingénieur en chef-directeur des ponts-et-chaussées à Arlon.
van den Corput (Pernand), rentier à Assenois (Neufchâteau) ou rue Ducale
21 à Bruxelles.
Couturiaux, chan., inspecteur diocésain des œuvres sociales à Marche.
Cupper, architecte provincial honoraire à Bastogne.
Dauby, docteur en philologie romane à Tintigny .
Delvaux de Fenfe (H.) gouverneur delà province, Liège.
Démal (R. P.), Recteur des Jésuites à Arlon.
Déome J., avocat et bourgmestre à Neufchâteau.
DéomeCh.,chefde bureau au Ministère des finances, rue des Atrébates, 103,
à Bruxelles.
Déome Jules, lieutenant au 9* de Ligne, rue St-Bernard 85, St-Gilles-Bru-
xelles.
— 467 —
MM. Devolder, sénateur, rue de Trêves 53, Bruxelles.
Dewez-Decat, ingénieur à Fontaine-l'Evêque.
Dewez Joseph, industriel à Mellier.
Didier P., curé retraité à Robelmonl (Meix-devant-Virton).
Dordu (Madame), rentière à Ethe.
Dordu Fabien, docteur en médecine à Bruxelles, rue du Trône, 20.
Dubois A., chef de bureau au gouvernement provincial à Arlon.
Dubois Gh., abbé, professeur au collège Sl-Joseph à Virton, secret -adj*.
Dufort G , docteur en médecine, 288, boulevard de Bockstael, Laeken.
Dufort J., s^- intendant m»'- de 1'"*' classe, 14 rue Herreyns, Malines.
Eischen, docteur en médecine à Arlon.
Ensch-Tesch, avocat et bourgmestre à Arlon .
Ensch Fritz, notaire à Arlon.
Ensch, curé à Turpange (Messancy).
Ernould, instituteur communal à Jamoigne.
Etienne L.-A., abbé, professeur au collège St-Joseph à Virton.
Famenne, docteur à Florenville.
Pamenne George, juge de paix à Houffalize.
de Favereau, conseiller provincial à Grandhan (Durbuy).
Flamion J., inspecteur diocésain à Arlon.
Florenville (Administration communale).
Forget J., chan., professeur à l'Université, rue Marie-Thérèse 110, Loiivain.
François, inspecteur provincial des contributions à Arlon
Fréson J. , conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue Ste-Marie, 24, Liège.
Fribourg Paul, négociant à Arlon.
Gaupin Georges, rentier à St-Léger.
Genin J.-C, curé à Mirwart.
Gengler, R. P. supérieur à l'école apostolique de Clairefontainet
de Gerlache, abbé, aumônier à l'Institut St-Amand, Vieux Quai au Bois 9,
à Gand
de Gerlache Léon, juge de paix à Durbuy.
Godin, curé à Signeulx.
Gofflnet Jules, boulevard du Régent 28, Bruxelles.
Goffinet Auguste (baron), à Freux ou à Bruxelles, rue de la Sciences.
GofflaetGonst. (baron), à Freux ou à Bruxelles, rue de la Science 3.
Gofflot, juge au tribunal à Arlon.
Gonze de Loneux, docteur en médecine à Léglise.
Gourdet, conseiller à la cour d'appel de Liège.
Gratia, docteur en médecine à Virton.
Guerlot, instituteur communal à Virton.
Guillaume René, aumônier à Walcourt.
— 468 —
MM. Guiot, secrétaire communal à Jamoigne.
Habran Victor, curé à Krneuville (Champion).
Hallet, curé-doyen à Vielsalm.
Hanzez, père, négociant à Bastogne.
Haverland, architecte à Virton.
d'Herbémont (comte), rentier, château de Golonster par Tilfîf (Liège), ou
avenue Louise 89, Bruxelles.
Heynen, membre de la Chambre des Représentants à Bertrix.
d'HolTschinidt. A., rentier- au château de Recogne lez-Bastogne.
Houba, curé à Habay-la-Neuve
Huart A.-J., curé à Vaux-Chavanne (Manhay).
Hubert Charles, notaire à Arlon.
Hubert Joseph, curé à Thibessart (Neufchâteau).
Hubert Lucien, rentier à Longwy-haut.
Husson F., percepteur des postes à Marche.
Jacob-Duchesne, ancien secrétaire communal à Arlon.
Jacques, chanoine titulaire à Namur.
Jacques Frédéric, industriel à Salm-Château (Viel-Salm).
Jacques, ancien notaire à Vielsalm.
Jamoigne (Administration communale).
Jaumin D., inspecteur de la voirie vicinale à Mons.
Kaisin, pharmacien à Virton.
Karadja (le prince), au château des Concessions à Bovigny.
Kinsberçen, capitaine au 10^ de ligne à Arlon.
Kirsch, curé primaire à Arlon.
Knepper, curé-doyen deSt-Donatà Arlon.
Kuborn (A.), ingénieur à Martelange,
Kuborn (A., docteur en médecine à Arlon.
Lambin Alfred, château de Bourcy (Bastogne).
Lambin Armand, à Houffalize.
Lambinet A., juge au tribunal de f® instance à Neufchâteau.
Lamy, architecte à Arlon.
Laroche (Administration communale).
Larocheblin (de) Victor, Avenue des Germains 36, Bruxelles.
Laurent, géomètre du cadastre à Arlon.
Lecler, chanoine, professeur au séminaire à Namur.
Lecler, chanoine, inspecteur diocésain en retraite à Arlon.
Lecomte E.-J., curé à Latour.
Lefévre Camille, avocat à Arlon.
— 469 —
MM. Lejeune E., chef de bureau au gouvernement, secrétaire de la commission
provinciale des monuments à Arlon.
Lejeune J., juge au tribunal d'Arlon.
Lenoir P -J,, curé à Ruette (Signeulx).
Letain E -J.-B , curé à St-Médard (Neufchâteau).
Letain J.-B.-E., curé à Villers-sur-Semois.
de Leuze, chanoine, rue de l'indépendance 10, Namur.
Liégeois E., instituteur communal à Hollogne-aux-Pierres.
de Limburg-Stirum (comte), représentant d'Arlon, rue du Trône 72, Bru-
xelles ou au château St-Jean, par Bihain.
Loes, curé à Hondelange, secrétaire-trésorier et bibliothécaire de l'Institut.
Lomry, docteur en médecine à Gourtil TBovigny)
Macédone (frère), archiviste des FF. des écoles chrétiennes de Belgique, à
Malonne.
Magnette Eugène, chef de bureau au Ministère des Finances, rue Vonck67,
Bruxelles.
Maire E., curé à Vellereux (Houflfalize).
Malget, docteur en médecine à Martelange.
Malget René, à Martelange.
Masson, directeur des contributions à Arlon.
Massonnet, pharmacien à Arlon.
Mathelin (de) A., château de Messancy.
Mathieu H., vicaire à Arlon.
Maus Gaston, château de RoUey, Bastogne.
Mertesse J., contrôleur du cadastre à Namur.
Michaëlis, archiviste de l'Etat à Arlon.
Mofïarts (de) baron, conseiller provincial à Botassart (Bouillon).
Moureaux, instituteur à Hotton
Moutarde Paul, bijoutier à Virton
MuUer-Tesch (Madame), au château de Messancy.
Namur, greffier honoraire à Neufchâteau.
Nickers, curé-doyen à St-Hubert.
Noël, curé à Marbehan.
Orban de Xivry A. (baron), sénateur, château des Agelires (Laroche).
Orban de Xivry (Fernand), avenue de la Toison d'Or 52, Bruxelles.
Orban de Xivry (Henri), conseiller provincial, château de Ghession
(Laroche).
Origer, conseiller provincial à Autelbas.
van Overstraten René, industriel, membre du comité du Musée de Lille,
à Lambersart-Canteleu, près Lille.
Ozeray G., membre de la Chambre des Représentants à Arlon.
— 470 -
MM. Petit, major au 1-2 d'artillerie à Louvain.
Pely de Thozée. ancien secrétaire de la Chambi-e des Représentants,
consul honoraire de Belgique, l'ue Henri Maus 75, Bruxelles.
Pierrard, ancien professeur, rue Gray 137, Ixelles-Bruxelles.
Poncelet J., avocat et conseiller prov. à Neufchàteau.
de Preinorel G., rentier au château de Bleid.
Raraaix (de) comte, château de Grune (Bande) ou rue des Nerviens i,
Anvers.
Remisch, chef-garde, rue Ermesinde 6, Arlon.
Reuler Paul, avocat et échevin de la ville d'Arlon.
Robert Eudore, notaire à Virton.
Rodange, curé à Vecmont (Beausaint)
Rogier Oscai', avocat à Jamoigiie.
Rommes, curé à Schockville (Attert).
St-Mard (Administration communale).
Schaack, contr-ôleur principal des accises, l'ue Glaessens, 43, Laeken.
Schaudel, receveur principal des douanes à Nancy, rue Jeanne d'Aïc 43
Schiltz, curé-doyen à Dinant.
Schmitz, chanoine, secrétaire de l'Evêché et de la société d'Art chrét
à Namur.
Schréder, abbé à Saint-Jean (Samrée).
Schweisthal, bibliothécaire de S A R. M""^ la Comtesse de Flandre, rue
d'Edimbourg 9, Pxelles.
Schwirtz, d' en phil germ., professeur au séminaire de Bas'togne,
Sibenaler, conservateur du Musée, rue Potagère 163c, Bruxelles.
Sibenaler Lucien, conserva teur-secrét. -adjoint à Arlon.
Simon Henri, curé à Beho (Gouvy).
Simon Jules, notaire à Arlon.
Smet, lieutenant au 10® de ligne à Arlon.
Tandel (Madame), boulevard du Prince il, à Luxembourg.
Tesch Albert, ancien notaire à Arlon.
Theisen M.-P.-A , curé à Wisembach (Martelange).
Theissen, curé-doyen à Bouillon.
Themehn, instituteur à Lamorteau.
Thonon J -J.-G., greffier provincial à Arlon.
Tihon, docteur en médecine à Theux.
Tillière, aumônier pensionné à Jamoigne.
Vannérus Jules, archiviste. Avenue Ernestine 3, Ixelles ou Le Fawetay, Spa.
Vaucleroy (de), docteur en médecine, avenue Louise 306, Bruxelles.
Walin, commissaire voyer à Arlon.
— 471 —
de Warion, commissaire-voyer à Vielsalm.
Wavreil, curé à St-Léger.
Weyrich, curé à Thiaumonl.
Wilmart Gh.-J.-J., Président de l'InsUtut, bourgmestre à Blier (Erezée)
ou à Liège, rue St-Remy 1 .
Wyk.erslooth (de), Madame la baronne, château de Guirsch.
Membres correspondants eu Belgique.
MM. d'Arschot Schoonhoven (comte), chef du cabinet de S. M le Roi, rue
Bréderode 30, Bruxelles.
Becquet, conservateur du Musée, Namur.
Bertrang, professeur à l'athénée royal d'Arlon.
Boreux, ancien insp. cant. de l'enseignement primaire, Bertrix.
Chevalier de Borman, député, Hasselt.
Bormans, administrateur de l'Université, Liège.
Ghariieux, commissaire-voyer, Barvaux.
Gumont Georges, avocat, rue de l'Aqueduc 19, Bruxelles (St-Gilles).
Delvenne, inspecteur caut. de l'enseignement ])iimaire, Bastogne.
Dendal, inspecteur' général au ministère des chemins de fer, postes et télé-
graphes, Bruxelles.
Dubois J., Secrétaire général au Ministère du Travail, Chaussée de
Vleurgat 94, Bruxelles.
Dupont, professeur à l'Athénée royal de Bruxelles,
Frédéric, professeur à l'Université de Gand.
Henriquet, commissaire voyer, Izel.
Massonnet, instituteur honoraire, Ghassepierre.
Muller G.-J., curé à Sugny.
Nicolas, curé à St-Remy (Ruette).
Nicolas J., curé à Robelmont.
Favoux, ingénieur, Bruxelles.
Pety de Thozée, avocat, Gharleroi.
Van den Steen de Jehay (comte Fr ), château des Bassines, par Les
Avins-Gondroz ou au château de Losange (Bastogne).
Tinant Oscar, attache au Ministère des Finances à Ixelles,
rue Goffart 25.
Tock, professeur à l'Institut polyglotte à Salzinnes (Namur j.
Warker N., professeur à l'Athénée royal d'Arlon.
— 472 —
A l'étranger.
MM. Alardo R. P , .T. -G., bibliothécaire à l'abbaye St-Maurice, Clervaux
(G.-D. de Luxembourg).
Bartels, Dr K , professeur d'académie à Aschaflfenbourg (Bavière).
Blum, curé pensionné, rued'Esch, HoUerich (Luxembourg).
Bossu Louis, procureur de la République, 8 rue d'Anjou, Reims (Marne).
M"*^ Bourgeois, rentière, Montuiédy.
MM. Diderrich Ein., Grand Hôtel de l'Europe, Mondorf-les-Bains.
Dulaii, éditeur, 37, Soho Square, London, W. Angleterre.
Germain de Maidy Léon, archéologue, rue Héré 26, Nancy.
Grob, curé, Bivingen-Berchem.
Comte d'Harnoncourt, chambellan de S. M. l'Empereur d'Autriche, à Baden
près Vienne, Antonsgasse 19.
D"" José de Amaral B. de Toro, président de l'Institut de Vizen (Portugal).
Lebrun Arsène, ingénieur honoraire des mines, ingénieur en chef de la
C'e minière française de Routchenko, à Routchenkofskail, grand duché
d'Ekaterinoslaw (Russie).
Fierredon Marie-Henry-Thierry (comte de), rue Copernic 9, Paris.
Reiners, abbé, rue des Petits-Champs, Luxembourg-gare.
Rivière (baron de), secrétaire de la Société archéologique du Midi de la
France, Toulouse.
Roger Lucien, Rue S*' Odette 60, Hayange (Lorraine).
Ruppert,. archiviste à Luxembourg.
Schaak G., juge au tribunal de Diekirch.
Schliep, ancien fonctionnaire de l'Etat néerlandais aux Indes, Luxembourg.
Sève, consul général de Belgique, Liverpool.
de Thiridez, chanoine, aumônier militaire général à Reims.
Van Werveke, professeur à l'athénée de Luxembourg.
Welter Gabriel, étudiant à Rodemack (Lorraine).
Zieser Jean, curé à Garnich (G.-D. de Luxembourg).
Table des Matières.
PAGES
E. Conrotte. — Les Eneilles à travers les âges là 178
E. Liégeois. — Tintigny pendant la période révolutionnaire et sous
la domination française 179 à 295
L. Roger. — Essai d'un Glossaire toponymique de Houflalize et des
environs 296 à 331
V. Habran. — Le Comté de Laroche. — Henri I, premier comte
de La Roche 332 à 366
de Leuze. — Notice sur la Seigneurie de Grune. 367 à 382
Jacob^Duchesne. — Miettes historiques :
1) Le Droit de Haute Justice 383
2) Dîmes et Redevances féodales . . . . 386
3) Florenville et Orval 390
Ch. Dubois — A propos de quelques Vases du Musée d'Arlon . 398 à 407
Paul Moutarde. — Le Gitnetière Franc-Mérovingien de Velosnes . 408 à 410
Malget — Le " Lararium « du Hohdoor 41 1 à 420
N. Tillière. — Dom Malachie Bertrand, Moine et Procureur
d'Orval 421 à 445
J. Remisch. — Le Trou des Fées 446 à 449
Varia.— Ch. Dubois.— Monnaie d'argent du Pape St Pie V . . 450
" '• Vase romain piriforme à anse ... 451
» E. Moutarde. — Le Pilori de Virton 451
B. Braffort. — Antiquités romaines des communes de Fla-
mierge et de Bertogne 452 à 454
F. Loes. — Un four à chaux romain entre la Semois et le
Hohgericht . 454
— 47-î —
PAGES
Varia. - F. Loes. — Un foyer romain près de la voie militaire
d'Arlon-Trèves, à Birel Encore le cimetière
romain du Hohgericht. Découverte d'un
Trésor du XIV® siècle à Messancy. Fouilles
d'une mardelle à Rulles 455 à 456
F. Loes. — Assemblée générale du 7 août 1912. — Procès- verbal . 457 à 459
F. Loes. — Liste des dons. . . 460 à 462
F. Loes. — Nécrologe . . ' 462
E. Conrotte, Les Eneilles. - Addenda 463
Liste des Membres de la Société 465 à 472
— 475 —
PLANCHES.
Les Eneilles à travers les âges.
Vallée de l'Ourthe devant Eneille
L'Ourthe à Eneille
Trois silex de la station néolitiqiie du thier de Base
Le Dolmen de Wéris
Le Pont et le Gué du Moulin ....
La ville de Durbuy
Petite Eneille. — Le château ...
Armes des Fabri
« Capitaine
Tombe de Henri de Brialmont et d'Anne d'Ochain
Le Bois d'Eneille
Grande Eneille. — Vieille maison de style liégeois
Tombeau de Pierre l'Hermite ....
Le château de Neufmoustier ....
Le presbytère actuel de Grande-Eneille
Grande-Eneille. — Le presbytère, l'église Ste-Marguerite
et l'école ....
Le Porche de l'église de Grande Eneille
Ancienne croix du cimetière encastrée dans la tour de l'église
L'expositorium ouvert et les anges adorateurs
L'intérieur de l'église de Grande Eneille .
» vue prise du jubé
» « La Ste-Vierge
Burettes et Plateau du XVIIP siècle
La Grédence ....
La Cuve baptismale .
Tête d'angle de la cuve baptismale
Le Baptistère . . '
Ange adorateur du Tabernacle .
M » » .
Les Fonts baptismaux
Groupe de cultivateurs
Grande Eneille. — Le Centre .
Rentrée du bois d'affouage.
Les Rogations ....
y
PAGES
1 '
4
12
12
14
20
32
33
33
35
38
56
60
62
86
87 -
92 —
96 -
97 ~
98 -
99 -
100 "
101 -
101 —
102 -
103 '
104 -
106 -
107 _
m —
132 —
133 -
135 ^
143 —
— 476
Le château de Grune
Armoiries de Gilles de Hemricourt de Mozet
Vases du Musée d'Arlon
2* Tombe du Cimetière franc-mérovingien de Velosnes
Le Lararium du Hohdoor
L'i Villa-ferme romaine " In Lavend ".
Le Trou des Fées
Le Pilori de Virton .....
PAGES
367
373
399
409
411
416
447
451
y
IST
rr
t. i V^ J
m
i
Jj
1
DU
LUXEMBOURG.
ANNALES.
N. B L'Institut n'est responsable d'aucune des idées et des opinions émises par ses membres
il se borne à les publier, lorsque les documents lui paraissent dignes de voir le jour.
ANNÉE 1913
Prix : 7.50.
Arlon.
1913.
Imprimerie & LiTHOGRAPfflE P. Bruck.
En dépôt à l'Institut.
s. A. R. Madame la Comtesse de Flandre
MliMBRK EFFECTIF DE l'InSTITUT ARCHÉOLOGIQUE DU LUXEMBOURG
née à Sigmaringen le 17 Novembre 1845
décédée à Bruxelles le 26 Novembre 191 2
DU
LUXEMBOURG.
m
m
m
-{
LU
l
li
l
DU
LUXEMBOURG.
ANNALES.
N.B. L'Institut n'est responsable d'aucune des idées et des opinions émises par ses membres,
il se borne à les publier, lorsque les documents lui paraissent dignes de voir le jour.
nmi
ANNÉE 1913.
Prix : 7.50.
9 -.MmiêMàJ..
•^->=^^%(^XC5)W^
Arlon. — Imprimerie & Lithographik F. Bruck.
1913.
L. ROGER
ADDITIONS
AUX
COMMUNES LUXEMBOURGEOISES
OU Mélanges Historiques, Topoiiymiques et Folldoriques
PRINCIPALES SOURCES :
Archives de la Présidence à Metz (ci-devant départementales). . AM
Beyer, Urkundenbuch zur Geschichte der mittelrheinischen
Territorien BU
D, Calmet, Histoire de Lorraine CL
Dorvaux, Les Anciens Fouillés du diocèse de Metz DP
Heydinger, Archidiaconus ... Longuiono ... descriptio ... 1570 . HL
Kirsch, Die pàpstlichen Kollektorien in Deutschland wâhrend
des XIV^ Jahrhunderts KK
Lorenzi, Beitrâge zur Geschichte sàmtlicher Pfarreien der Diocèse
Trier LT
Sauer, Inventaire des aveux et dénombrements déposés aux archi-
ves de Metz SI
Vannérus, Les biens et revenus du clergé luxembourgeois au
XVP siècle . . . VB
Van Werweke, Cartulaire de Marienthal WM
Roland et Halkin, Cartulaire de Stavelot-Malmédy RS
- '2 -
Amberloup
Etymologie. — Orreux, qui reste tel en wallon. Comme il se trouve
dans une région où Yoi français a pour correspondant dialectal et (cf. Fos-
set, Tillet, Frenet, etc.), l'étymologie la plus vraisemblable est celle du
lat. oratormm. — Voir en Houzé, Etude sur la signif. des noms de lieux,
de nombreux Ourdoueix, Lourdoueix, Auroir, Auroux, Ouradour, Loroux,
Louzouer, Oroir, Orrouy, Ozoir, etc., dont plusieurs sont documentés :
Orrouy (Oise), par ex., est anciennement Oratorium super altumnam.
Cartulaire. — 1682, 31 août. Aveu et dénombrement donné au Roi de
France, à cause de son comté de Chiny, par dame Madeleine Isabelle, com-
tesse de Schomberg, née comtesse de Cronberg, dame de Montigny, etc.,
pour la terre et seigneurie de Rollé, le fief d' Amberloup, le moulin de
Rouette, la maison franche de Longchamps, les terres et seigneuries de
Juseret, Bercheux, Lescheret, Messancy, Differt, Buvange, Torgny et
Longeau (AM, SI).
Aulier
1353. Henri, curé d'Anlier (KK).
Toponyinie. — Arlune (1'). Affluent de la Rulle (Riira), dont il est
peut-être le diminutif * Ruline.
Behême. Sans formes archaïques; en patois Berne. Uh de la forme
officielle semble rappeler un ancien d (ou /), comme dans Mohon (pron.
Mon), de * Modotiis (graphiq. Modeimis), Behaine (Aisne) de * Betana
{= Betanià). Ce qui nous ramène à l'un des primitifs * Bedemia et
Bedemna, empruntés peut-être au nom du ruisseau, dit quelquefois encore
« le Behême ». Je rapproche aussi : Wademiae Weismes (Prusse rh.),
Suminaray " Sumna la Somme belge, Lomna la Lomme, Behonne
(Meuse).
Anloy
893. Le polyptique de Prùm, à cette date, mentionne à Ansli les
manses de Domninus, Sebuldus, Wilhelmus, Godramnus, Bernoldus,
Wilardus, Witardus, Framengerus, Martinus, Otgerus, Gotiolus, Frame-
ricus, Ratfridus, Flodulfus, Fronulfus, Rothardus, Thetfridus, Thetgerus,
Godoldus, Theodoldus, Feregrinus, Erkengaudus (BU).
3 —
Arlon
Prêtres originaires d' Arlon : Avant 1282, Conon d' Arlon, curé de
Temmels (WM) (1).
1544. Jean Hirzich d' Arlon, curé de Dillingen (LT).
1570. Jacques Balthazar d' Arlon, curé d'Ospern (HL).
Cartîdaire. — Entre 1335 et 1348. Henry Hugues de Morfontaine et
d'autres chevaliers se reconnaissent débiteurs de 50 sous, envers Arnold
d' Arlon, ex-sénéchal de Luxembourg (AM, d'après l' Invent. -Som.).
Assenois
1681, 31 décembre. Aveu et dénombrement donné au Roi Louis XIV
par Nicolas d'Assenoy, pour un fief à Petit-Fleury, qu'il tient du marquis
de Lambertye (SI).
Aubange
1681, 2 juin. Aveu et dénombrement de Marguerite d'Argenteau
d'Allamont pour totalité ou partie de diverses terres et seigneuries, la
maison forte de Clémarais, une maison à Aubange (SI).
Autelbas
1681. Charlotte d'Autel, religieuse à l'abbaye Ste-Marie de Metz (SI).
Etymologie. — Autel : 1256. E Itère (thiois) et Ateil (rom.), 1257,
Autei, etc. On dit que les deux villages d' Autel-haut et d' Autel-bas doivent
leur nom à un autel (1. altare) ancien, probablement romain. Dans ce cas,
il est curieux qu'une appellation si vieille ne se soit pas altérée davantage
en allemand, par ex. en Eller, conformément à ce qui s'est passé dans
schoeller pour Schulter, Alenhuowen pour l'officiel Altenhofen ou Viville,
biller pour Bilder (plur.), hâlen pour halten, mâler pour Malter ou malder,
Rollingen pour Roldingen (771), Gerlingen pour Gerldingen (1257),
Hollerich pour Hilderchingen (1255). Il me semble qu'on peut supposer :
1° ou un primitif * Atlar, converti de bonne heure en Atler ^^ Etler>,
Elter; 2° ou un nom gallo-romain en -diirum dont la première partie n'est
(1) Lorenzi, O. C. I , se trompe donc p. 540, en plaçant à cette cure Sarisius « von
Aflo » en 1282.
plus reconnaissable : je rapproche cependant Elchert (Nobressart, de
* Albricsart) altération de * Elbrichroth, Alhiodiirum identifié avec
Aut::ers (Seine-et-M.), et Tudderen anc* Theodiirum ; 3° ou un hydrony-
mique A/a?itara.
La traduction romane ne serait qu'une étymologie populaire, sans doute
ancienne, basée sur la signification que les thiois donnaient de la dite
dénomination. Rappelons à ce sujet Mons médius pour Montmédy
(Madiacus), Canutum caput lliO pour Chéneché (Chinipiacum), Data
pour Denée (Digniaca), Montjoie pour Munschau, et je crois Viville ou
Altenhofen qui, s'il renfermait réellement /w/ (ferme), ne se rendrait pas
par Alenhuôwen en patois allemand, mais par Alenhaf (cf. Geloven Guelf
pour Gélhaf).
Barnich : 1388 et 1420 Birnich, 1434 Barnich. M. Kurth (Front.
Ling., I, 482) le rattache à Brinnacus. Je ne suis pas convaincu, car les
exemples cités par le savant auteur pour la métathèse de \'r sont emprun-
tés à la toponymie romane et ne vois pas, non plus, pourquoi on ne pour-
rait pas rattacher notre Barnich (Bârnech) à l'un des primitifs suivants :
a) * Barniaciis = Berniacus ; b) * Bartiniactis ; c) * Barantiniacus (cf. Can-
tenach > Canach ou Cânech, Cuminciacum> Kûntzig); à) * Barginiacus
(cf. Bargos fluvius, le cogn. Bergulla, le n, de fam. Berchoux, Bercheux)
e) * Barmiaciis (cf. Barrigny, Barigny, Barry).
Bande
Etymologie. — En 1184, Bandres (chartes de St-Hubert). Pourrait être
un nom hydronymique, le village étant baigné par un affluent de la
Wamme. Rappr. pour mémoire Kurth, Frontière Ling., I, p. 441.
Bastogne
1353. Gerald de Bastogne, curé de Schleidweiler, permute avec Henri
Evrard, chanoine de St-Paulin, à Trêves (KK).
1371. Permutation entre Jean de Louesonge et Martin dit Murselholtz,
des églises St-Pierre de Bastogne et St-Laurent d'Aix-la-Chapelle (KK).
1570. Henri de Bastogne, curé de Contern, Alzingen et Sandweiler;
en 1581, de Hermeskeil (HL, LT).
1570. Jean de Bastogne, frère au prieuré de Cons-la-Grandville (HL).
1681 : voir Longchamps,
- 5
Beho
Toponymie. — Beho, en pat. ail. B iickel s, zXtér. de Buchholz. C'est,
ainsi qu'on l'a écrit avec justesse, le bois de hêtres, le Hestroit ou le Fays,
comme auraient dit les anciens Wallons. L'endroit se trouvait probable-
ment à une distance assez considérable de la terre romane : ce qui explique
qu'il n'a pas été traduit par les Welches, mais simplement altéré et cela,
à une époque toutefois assez reculée.
Ol Luxiboux, lieu-dit. A été traduit : a) par le lat. Iticus altéré en
liixi (!) + al. busch (bois) ; b) par Luchs (lynx ; !) -j- busch. La tradition
en fait un lieu de rendez-vous des sorcières, c'est-à-dire un *Hexenbusck.
Peut-être n'est-ce là qu'une étymologie populaire. Dans ce cas, on peut
recourir à l'hypothèse de Liltzelbusch (le petit bois), qui a dû se romaniser
à la façon de Luxembourg {Liitzelboiirg).
CoMMANSTER, en ail. Gonunels. Cette dernière forme est, je pense,
une altération de *Gomînenholz, à la façon de Sôsem, Fruôsem, Attert,
Beekerich, Bèthem, — lesquels sont respectivement pour Sassenheim,
Frassenem, Attenrode, Bettenkirch et Bettenheim (= Bettenhofen), —
pour la première partie, et de Buckels = Bochholz, Dunkels = Doncols
quant à la seconde (1). *Gommen = Gommon > Gomman est, sans doute,
un nom d'homme, dont je rapprocherai Gomery, Gotîienceias > Gomezée
(Yves-Gomezée), Gummersheim. Le traitement de on > an se retrouve
ailleurs qu'en pays gaumet, par ex. dans : Attonis c?/r//5 > Tancourt
(Aisne), Berthoyiis curtis > Bertancourt (Somme), Bosonis curtis > Bossan-
court (Aube). Le suffixe ster, dans la forme wallonne, viendrait du germ.
stad > sted. Ce dernier a dû pénétrer en pays roman, étant déjà altéré en
stert et à une époque apparemment moins reculée que les suffixes - court, -
ville, — mont, — champ, etc. J'ai dit: déjà altéré en stert. En effet, le
changement de rf = / en r est excessivement rare en roman : la forme
Polleur actuelle de l'ancien Poleda (pour *Poledum) n'est qu'une franci-
sation moderne, puisqu'à proximité de l'endroit se trouve un lieu-dit
Polleûheid ; dans Loir (Ledus), il n'est pas impossible que l'r final ne soit
un vestige de la désinence hydronymique — àra>- èra, qui s'ajoutait ou se
retranchait à volonté primitivement, à preuve *Somarus le Sombre de
Sombreffe =^ *Somus le Son, Isara = Hysa l'Oise (2) ; Tilleur (817 Teule-
dum) n'est prononcé avec r sonore qu'en français et reste en wallon
(1) Je ne crois pas, en présence des exemples luxembourgeois qui vont suivre, que
Gomels provienne de '-'Gomelstat en passant par * Gomeht, lequel occasionnerait une
prononciation <; Gomelscht > Gomescht ou Gomlescht » (cf. « bîsch pour Bùrst »).
(2) Cf. me?, Recherches, p. 42-43^ en notes. Quand Loir viendrait directement de Ledus,
ce traitement Orléanais ne prouverait pas grand'chose pour le wallon.
— 6 —
Tileû(l). Au contraire, tel d, dans t[uantité de mots, s'amuirent en ter-
minaison masculine, et au féminin disparurent vers le XI" siècle pour faire
place souvent à un yod : frigidum > froid = freù et fret, setam > soie =
sôye, Marliday Marloie =r Môrlôye (2). Que l'une ou l'autre de ces con-
sonnes se soit métamorphosée en r dans un petit nombre de vocables
d'une région restreinte, je l'admettrais encore aisément. Mais que stad,
ou sted entrés comme tels en Wallonnie — avec a ow e longs, puis
que \'e de ster l'est généralement aussi — se soient altérés en ster
d'Aubel à Bastogne et de Stavelot à Mozet par francisation ou autre-
ment, je crois la chose presque impossible. Il n'en est pas de même en
pays germanique : Everbode est devenu *Everbor > * Everber > Everberg ;
le flam. boekweit se prononce par endroits boekert ) dans des chartes,
Fastradus est souvent rendu par Fastrardus au moyen-âge ; Ledi (871)
s'est converti en Lier (Lierre) (3) ; Heynsteide ou Heinstede (1309) est
aujourd'hui Heinscktert ou Heischtert ; l'ancien Hovesteden se prononce
maintenant Huo&chtert, officiellem. Hostert sous Nieder-Anwen ; un
autre Huoschtert, Hostert sous Folschette, est encore écrit Hossteden en
1080, Hockstede7i en 1489(4); Hagelsdorf et Mensdorf sont en patois
luxemb. respectivement Hâschtert, pour *Hagelstadt, ^\.Mengschtert, pour
*Meinstadt. Ces altérations dialectales sont plus anciennes qu'on ne le
croirait généralement par les documents. Souvent, en effet, les formes
antérieures sont encore connues ou du moins transparentes, jusqu'à une
époque assez rapprochée de nous. On a cependant quelques exemples de
changements anciens acceptés par les chartes : de ce nombre sont les
-pelt pour -feld et -port pour -furth après .s chuintée, qu'on trouve dès le
IX^ siècle. Enfin, le sens de ce stad> ster ne serait pas celui de l'actuel
Stadt, mais plutôt place, lot de terraiyi, ferme.
Telle est l'une des interprétations données par M. Kurth et reprise
(1) Des graphies comme Gembloum 1131, Semoir 1244, Astenoir 1306, Bodnur XV®
siècle, etc., doivent être prises, si je puis m'exprimer ainsi, pour des essais individuels
de francisation : certains scribes sachant que tels mots du langage usuel et même des
noms de lieux dont l'étymologie était encore bien transparente, avaient anciennement un
r final devenu muet, en ont conclu que pour parler ou écrire correctement, il fallait dire
ou orthographier Gemblours, Semoir, Astenoir, Bodeur, Eblier, Chainoir, Lierneur,
Flosteur, ou Flostoir, Halloir, Husour, etc. Et cependant on écrivait Gemelaus et Gem-
blaus en 946, Geviblues en 987 et en 1155, Gemhlodium en 1185, Sctmoys en 1104, Symois en
1173, Sevimots vers 1218, Symoy en 1327, Hastenoit en 1154, Astefioit en 1260, Asteneuz en
1380, Boldau en 946, Bodeux au XII® siècle, etc. 11 en a été de même pour /adventice : le
Biul àe 1213 était en 935 Biurtus, Saint Coweit est orthographié Saint-gue/ en 1230, contre
Séquê en 1242, Bucenou du XIII® siècle est aujourd'hui officiellement Buzetiol.
(2) Remarquer aussi le traitement ardennais de -etum : Tîleû, Polleû, Oneux, Esneux,
Coreu, Heuseux.
(3) Feller, Les noms de lieux en -ster, 245-246. Cf. aussi Arnold, Ansiedel. und
Wander. deutscher Stamme, p. 633.
(4) Formes archaïques empruntées à De Lafontaine.
7 —
récemment par M. Feller (1); mes explications, j'espère, n'en ont pas
diminué la vraisemblance. En voici toutefois une nouvelle.
On a vu plus haut que les deux peuples avaient chacun leur dénomina-
tion pour notre localité, et l'on a dû remarquer que l'une et l'autre ont
une partie commune, c'est-à-dire Gom(men)- et * Gommon- > Comman-.
Pourquoi -ster ne serait-il pas l'équivalent de -* holzy -elsf Depuis les
environs de Dieuze jusqu'à Commanster, je note les doublets topony-
miques suivants :
Juvelize
Arraincourt
Thicourt
Hemy
Vaumont
Aoury
Faulquemont
Bionville
Raville
Plappecourt
Bannay
Landonville
Varize (* Wâlglise)
Burtoncourt
Dragny
Aboncourt
Bettlainville
Richiemonty Richemont
Theodonis villa Thionville
Neufchef
Bassompierre
Le Tiercelet
Hussigny
Mont-St-Martin
Halanzy
Battincourt
Habergy
Juviliancourt
Fours > Fouches
Thiaumont
Aubrissarty Nobressart
= Geiskirch (* Gùvskirch),
= Arnsdorf,
= Diedersdorf,
= Herlingen,
= Wallersberg,
= autrefois Ougerange,
= Falkenberg,
= Baingen > Bingen,
= Roldingen > Rollingen,
= Peplingen,
= Bissingen,
= Landendorf,
= Waibelskirch,
= Brittendorf,
= Drechingen,
= Ebendorfy * Evendorfy Endorf,
= Bettsdorf,
= Reichersberg,
= Diedenhofen,
= Neunhâuser,
= Bettstein ("Betzstein pour Betsstein),
= Laar,
= Husingen,
= Mertzberg,
= Holdang,
= Betthem,
= Hewerdang,
= Geloven y Guelf,
= Offen,
^ Dedeberg,
= Elchert (*Elbrichrot),
(1) M. Feller, p. 340-341 de son art. cité, voit aussi le même radical dans : Statte-Wny
(XIV« siècle le Statte), la Sitate, n. de plusieurs lieux-dits, et croit même cette forme
plus vieille que -ster. J'en doute : ces statte ont presque tous l'article encore et ne sont
employés que comme mots simples.
— 8 -
Serinchamp > Strainchamps = Sauerfeld,
Honville = Hanf (* Honhaf),
Livarchamps = Lieschpelt (* Libàrtsfeld),
Bigonville = Bungref ou Bondorf,
Hamiville = Heisdorf (* Hemersdorf),
Benonchamps = Bindelt,
Hachiville = Helzingen,
et ce relevé, établi sans beaucoup de recherches, ne doit pas être complet.
Qu'il le soit ou non, il suffit k montrer que bien souvent les doublets de
la frontière linguistique se traduisent mutuellement. De plus, si j'analyse
la liste des noms présentant le suffixe -ster proprement dit dans l'étude
de M. Feller, soit plus de 120 vocables — nombre évidemment inférieur
à la réalité — , je n'en relève que 37 s'appliquant à des endroits habités,
parmi lesquels 5 seulement sont chefs-lieux de communes: or, d'ordinaire
« \me dépendance de commune est un établissement postérieur à la tête
de cette commune »; dans les lieux-dits de cette liste, 19 sont désignés
comme étant des bois (1), et dans le reste, il doit y en avoir d'autres
encore, dissimulés sous l'appellation vague de « l.-d. ». M. Feller fait
remarquer que « nulle part, l'emplacement de ces -ster n'est enviable »,
qu'ils furent fondés en terres ingrates et que « pour la même raison, ils
ne se sont guère développés. » D'autre part, aucune forme en -ster —
hormis le steria de 961 et Rernianster Remience (2), dont l'étymologie
paraît trop douteuse — n'est mentionnée dans les documents avant le
XIP siècle.
Il me semble que le seul moyen de concilier ces diverses constatations
est de donner à notre suffixe la signification de hois, forêt, ou au moins
une signification plus compatible avez -holz que « place, lot de terrain »,
que ce suffixe provienne de statt ou d'un autre radical à rechercher.
Cet autre radical serait-il strnthf M. Kurth (Front. Ling., I, 377 et
II, 106) y ramène : « le bos à'Estrieus », le « Bois de YEstrie » et la
« Forêt del Estreit », empruntés à l'onomastique romane. Si la chose est
fondée, les deux dernières formes viennent d'un thème * strit ou *stret, et
non de struth directement. * Strit, * stret se seraient-ils altérés en * stert >
*-ster? Je ne connais pas d'exemples de changements semblables dans
des monosyllabiques ni à la fin des mots romans, et je n'ai pas vu pareilles
formes chez les auteurs allemands.
Il ne faut pas penser à Struc > Strauch, qui se retrouve sans altération
à peu de distance de la frontière.
Serait-ce alors steiger (montagne) qui se rencontre une demi-douzaine
de fois dans la région étudiée par Arnold (Ansiedelungen und Wander.
(1) Je trouve encore un bois dit « en Agueuster » dans Jacquemotte et Lejeune, Gloss.
topo7i. de Jiipillc.
(2) La plus ancienne connue est Berncricsier (Bernister lez Malmédy) de 1188 (RS).
deutscher Stâmme, zumeist nach Hessischen Ortsnameii), sans compter
le Steigerwald franconien et Estaires (Nord), en flam. Stegers (pluriel;
lat. Stagrae)? On sait que les zones sylvestres coïncident souvent avec
celles des hautes altitudes : c'est le cas pour notre Ardenne, pour les
Vosges, pour la Forêt Noire ou Schwarzwald, pour les Monts de Bohême
ou Bœhmer Wald. Steger pouvait fournir stair, mais aussi stetir.
Mais pourquoi se confiner dans les dialectes germaniques? Certains
archaïsmes romans ne se sont-ils pas conservés dans les régions qui
avoisinent la limite des langues? « Nombre de vieux termes qui, ailleurs,
ont été supplantés par des néologismes », dit M. Bastin dans l'introduc-
tion de son Vocahxilaire de Faymonville (Wallonie prussienne), « y
subsistent aussi vivaces que jamais ». Pourquoi n'en aurait-il pas été de
même à une époque plus reculée? Le sufïïxe -sart n'est-il pas restreint à
la Wallonie et aux départements français contigus? On ne dira jamais
cependant qu'il est d'origine germanique, pas plus que les mots
« butante, atwer, awan, cwestré, doèloèdjiner, ènôli, éripe, montîre,
spousroù », etc. mentionnés dans l'omTage de M. Bastin ou dans le
Dictionnaire de Grandgagnage (1).
Qu'on veuille bien aussi remarquer que les dénominations revêtues du
suffixe -sart sont rares dans la zone des -ster, qu'aucun nom géographique
même terminé en -sart ne peut y être relevé. Et cependant cette contrée
n'avait pas moins de raison d'être défrichée anciennement que le pays
gaumet et que l'Ardenne méridionale, où l'on constate des désignations
géographiques comme Péronsart > Paransau, Watrinsart, Walansart,
Savinsart, Nobressart ou Elcheroth, Lottert, Lischert, Attert, Thibes-
sart, Botassart, Rossart, Hérissart; ou que la région germanique contiguë,
où je relève notamment Atzeradt, Meyerode, Wehreth, Wllwerath,
Xhoffraix, Hallerath, Wolfert, Rodt, Rocheradt, Simmerath, Bickerath,
(1) Je pourrais ajouter : pas plus que les locutions ens enl > è =^ o, ens es > èzè = ozè,
que le français a laissé se perdre, et qui sont particulièrement bien représentées en
toponymie nord-ardennaise : o Bersoû, o Cothê, o Dabreufa, Ol Bodzeu, Ezè Prés (Fran-
corchamps), Ol Ramée, Ozè Courts Champs, Ozè Roteux, Ozè Vevîs (Tavigny), Ozè Fas,
Ozè Vis Prés, Ozè Cawettes, Ozè Fontenais (Bovigny), Ol Va de Taverneux (Houflalize),
Ozè Breyîres (Robertville) Inzègotte (Filot), Inzeboquai (Halleux), Ensival, etc. ; pas plus
que le vieux mot fav > fa = fôy (hêtre), disparu ailleurs bien plus tôt qu'en Ardenne, où
l'on constate notamment les toponymiques Le Fa (Malmédy), Dabreufa (Francorchamps),
Refa (Stavelot), Herboufa (Soy), Ozè Fas (Bovigny), Ovifat, etc. ; pas plus que (reït
(trajectus) — dans St-Nicolas-au-Treit près de la Meuse, — très rare et qui a dû cepen-
dant être d'un grand emploi dans la zone frontière, puisqu'il a servi à former un nombre
respectable de dénominations flamandes en drecht ou tricht ; pas plus que aivdu (aqua-
ductus), plus rare encore et qui pourtant survit en pays germanique dans des Adicht,
Edicht, Adjicht. La présence d'un vocable à proximité de la limite des deux langues, en
Wallonie, n'est donc pas toujours une preuve péremptoire de l'origine germanique de ce
vocable. « Les langues abandonnées savent trouver dans les coins les plus reculés des
refuges oîi leur agonie s'achève dans la paix et dans l'oubli ». (Kurth. Front. Ling. I, 170).
- 10 —
Witzerath, Rôtijen, Friesenrath, Rabotrad, Welkenraedt, Hero^enradt,
Ekkelrad, Kerkrade, Herzogeniath, Winandsrade, également tous noms
géographiques.
Ce qui revient à dire donc que -ster est l'équivalent de sart. J'en trouve
la preuve dans Ducange (Glossarium, édit. de Niort, 1886, tome VII,
p. 62t>) :
« Styrpus = Silva exstirpata, idem quod Exartus. Vide in hac voce
Codex censualis ms. Immonis Abbat. Sangerm. fol. 108 :
Habet ibi styrpos II quod dominus Irmino styrpavit, quae possunt
seminari de modiis frumenti LX. . . »
Je tombe par hasard sur un passage d'Arnold (ouv. cité, p. 261), où
je lis :
« ... in Xaraheim locum ad vineam faciendam in fluvio Nauua et
portionem meam de stirpo » (771).
Ducange mentionne encore les dérivés stirpare, stirpaticum et stirpes
(stirpetum) (1).
Exstirpiis > stirpus pouvait donner en wallon ster : aucun phonétiste
n'en disconviendra. L' r était encore susceptible du même traitement
que dans « -saù » ou « -sa » de sartnm, Taviet de Tahernis, Amas de
Amarn.
Enfin, le sens de « défrichement » pour -ster se concilie bien avec
celui de « bois » dans -holz de *Gommenholz > Gommels. Les dénomina-
tions suivantes en -sart et en -roth ne s'appliquent-elles pas à des bois :
Watinsart à Izel, Hammebressart à Bellefontaine, Warinsart près de
Séviscourt, Harbansart à Lamorteau, les Dansaux près de Herbeumont.
Harmansart à Sugny, Benert à Tœrnich, etc.? (2)
Il est possible que les bois de ces noms n'auront été défrichés qu'en
partie, ou que les défrichements obtenus auront été replantés à une
époque ultérieure.
J'explique de même le fameux stier de 1314, cité par M. Feller :
« 1 bonuarium terre entre Dormale et le stier condist au chaîne. »
Bertrix
1570. Nicolas bertrensis, prêtre (HL).
(1) Strivcal Strivay sous Seraing ne serait-il pas le diminutif.' Cf. wal. sprivî pour
épervier.
(2) Cf. aussi Arnold aut. cité, pp. 446 et 568.
- 11
Bleid
Cartulaire. — 1345. Albert de Sapogne résigne la cure de Signeulx
et est remplacé de ce fait par Dominique d'Arrancy (KK).
1491. Acensement d'nn « copel » de pré fait par noble écuyer Gérard
d'Espinal, seigneur en partie de Cons, aux habitants de St-Remy, prévôté
de Longwy (AM).
1570. Frédéric « bladensis » curé de Ville-Houdlémont (HL). ^>
1681, 22 mai. Aveu et dénombrement de Jean-Baptiste de Fossez pour
les terres et seigneuries de Signeulx, St-Remy, Gomery, la censé et le
faubourg de Virton, le bois dit Lefebvre à Mussy et le franc cortil de
Baranzy (SI).
Etytnologie. — Signeulx (Sinù). J'ai supposé précédemment * Sinaus
et * Siniolum, ce dernier dérivé d'un * Signy voisin. Peut être aussi le
diminutif : ou d'une * Sinia, qui serait le nom ou de la Vire, ou d'un
ruisseau des environs (1) venant de Romain (cf. Si7ma le Shannon
vilandais, le Sinn allemand, la Chinelle namuroise, Senna la Senne belge,
la Senne de Colmar, la Seigneulle du département de la Meuse) ; ou
encore d'un * Sinus, radical paraissant se retrouver dans Sbiide ou Suiithe
appellation d'une forêt citée en deux diplômes d'Othon III, dans le Bois
de « Schneux » ou de « Schnet » lieu dit à Vonêche (Nam.), et dans
Xenois (Vosges).
Borlon
1682, 20 février. Aveu et dénombrement de Julienne de Bois, veuve de
Gérard de Veron, chevalier de son vivant, pour un quart des seigneuries
et terres de Houmart, Vervoz, une censé à Borlon, etc (SI).
Bovigny
Etymologies. — CiERREUX : N'aurait-on pas dans ce vocable le même
suffixe que dans Ledernaus Lierneux, * Ortau > Ortao Ortho ? Pour la
première partie, il est permis de rapprocher : Sera la Serre du départ, de
l'Oise, Sara = Saravns la Sarre allemande, Sero?i le ruisseau du village
homonyme (Namur), la Gère du Cantal, la Sarine suisse, ainsi que :
Sidrona la Sitter suisse, Sede?ia > * Seni?i le Serein français. Un ruisseau
(1) Rapprocher le passage d'une charte d'Orval de 1266 : « lo pailcis qui est en Germeival
(Gisenval ?) près de la rivière de Simiel», Goflf., Cart. d'Orval, p. 422.
— 12 —
venant de la frontière allemande contîue avec la Salm sur le territoire de
CieiTeux.
HoNVELEZ : On (y compris moi-même) a pensé au germ. lar ; mais
que serait Honve- f Je doute très fort que ce soit liof. Honvelez n'appar-
tiendrait-il pas plutôt à la famille des villaris f Longiinviler , ou en
ail. actuel Lôngsweiler, a été altéré, par les Wallons, en « Lonvli » au
lieu de « Lonvyet ». Rien d'impossible non plus que ce soit une ancienne
dénomination en -iacum (comme Ottré, Dinez, Lomré, Régné), c'est-à-
dire un * Huntîviliacimi, issu d'un nom d'homme germanique * Huntwilo.
Halconreux : J'y ai reconnu récemment roth > reux =- défrichement.
Je ne crois pas que la première partie soit le prénom * Halco, parce que
ce dernier se fût altéré en Hâcon = Haucon ; je propose * Hakkelo, dimi-
nutif de Hacco (constaté). Hakkelon pouvait parfaitement donner Halcon
par métathèse à une époque postérieure à la vocalisation des -al-.
Lamerly a été considéré comme l'équivalent de Lomerslair > Lam-
schler Lamscher ou Limerlé. La chose ne me paraît pas si sûre que cela,
en raison de la distance relativement courte entre les deux endroits. Je
croirais plus aisément à un primitif * Lar?niliacum, d'où successivement
* Larmely et, par méthathèse aussi, Lamerly. J'ai noté en France un
Larmigny et un Lermigny.
Bras
1575. Remacle de Froy (Foy?) curé de Bras-lez-St-Hubert (VB),
Bulles (Les)
Cartulaire. — 1566, 18 décembre. Lettres patentes du roi d'Espagne,
autorisant l'érection d'un moulin banal sur la Semois.
Le village avait eu cependant bien avant cette date un moulin banal :
le Compte de la recette de Chiny de 1378-79 (Voir Aîitiales de 1909,
p. 125) mentionne à plusieurs reprises « le molin de Bures ». Ce dernier
devait se trouver au lieu dit « Au Vieux Moulin », près de la Vierre.
1575. Les chanoines de la collégiale d'Ivoix avaient part dans les dîmes
des Bulles (VB).
Liste des membres connus de l'ancieiuie justice foncière.
1660. Jacquemin la Pierret, maire ; Alexandre Henry, lieutenant-maire ;
Nicolas Henrion et Jean Hussant, échevins
1661. Vincent Petit, m.; Jean Hussant, lient. -m.; Nicolas Henrion et
Henr}' Hingo, éch.
- 43 -
1662. Henry ïhiry, m.; Jean Hussant, lient. -m.; Jacquemin la Pier-
rette et Henri on Petit, éch.
1663. Jacquemin la Pierrette, m.; Henrion Petit, lient. -m.; Henry
ïhiry et Jean Martin, éch.
1664. Chenot Collignon, m.; Jacquemin la Pierrette, lieut.-m.; Henry
Martin, éch.
1689. Jacquemin Henry, m. ; Chenot Collignon, lieut.-m. ; Henry
Trodoux et Chenot Hussant, éch.; Andrien de Laixe, sergent; Jean
Mahillon, greffier.
1695. Andrien Délaisse, m.; Gilles Louis, éch.
1697. Henry Mahillon, m.; Jacquemin Henry, lieut.-m.; Gilles Louis
et Mathieu Hussant, éch.; Vernel Harbuval, serg.
1701. Jean Rogier, m.; Henry Mahillon, lieut.-m.; Andrien Délaisse et
Arnould Martin, éch.; Jean Poleberg, serg.
1702. Gilles Louis, m.; Jean Rogier, lieut.-m. ; Jacquemin Martin et
Gérard Thiry, éch.
1711. Nicolas Délaisse, m.; Gilles Louis, lient.; Jean Potelberg, éch.;
Gérard Thiry, serg.; Claude Mahillon, gr.
1712. Jacquemin Martin, m.; Henry Trodoux, lient.; Gilles Louis et
Jacob Goffinet, éch.
1713. Gilles Louis, m.; Jean Rogier, lieut.; Arnould Martin, éch.
1717. J. Mahillon, m.; Jacquemin Henry^ lient.; Gilles Louis et Jacob
Goffinet, éch.; Jean Potelbergue, serg.
1720. Nicolas Délaisse, m.
1733. Vernel Collignon, m.; Andrien Martin, éch.
1735. Henry Trodoux, m.; L. Mahillon, lient.; J. Goffinet et Pierre
Dumon, éch.; Arnould Délaisse, gr.
1737. J. Huart, m.; Jacob Thiry, éch.; V. Goffinet, gr.
1739. Andrian Martin, m.; J. Huart, lient.; Vernel Collignon et Jean
Rogier, éch.
1741. Arnould Martin, m.; Henry Rogier et Jacob Thiry, éch.
1742. Jean Rogier, m.; Gilles Délaisse, éch.
1744. Henry Rogier, m.; G. Délaisse, lient.; Nicolas Délaisse, éch.
1747. Jean Rogier, m.; Englebert Pierret, éch.
1752. Arnould Martin, m.; P. Richard et Jean Gobin, éch.
1766. Jean Rogier, lient.; V. Collignon, éch.; Ad. Goffinet, g.
1767. Jean Foret, m.; N. Goffinet, Heut.; Jean Henry Claudot et Jean
François Mahillon, éch.
1770. Jean Rogier, m.; V. Collignon, lieut.; Nicolas Jos. Lallemand et
Lambert Martin, éch.
1772. Lambert * Martin, m.; J. Rogier, lieut.; N. Goffinet et Ignace
Martin, éch.
1773. J. Rogier, m.; Lambert Martin, lient.; Nicolas Sempel, éch.
1782. Henrv Mahillon, m.
— 14
Chanly
Etymologie. — Cansleum (pour Cansleium) 925. De * Cansiliacum =
fonds de * Cansilius. Cf. un Cansano italien, des Chancy, Chanzy,
Chansac, Chançay, Champsac et Chancenay français. * Cansiliacum n'a
pas donné ici « Chansilly > chansiyi », par suite de la chute précoce de 1'/
qui précédait -Uaciim.
Chantemelle
1682, 1" mars. Aveu et dénombrement donnés par Marguerite de Berg,
veuve de mre Jacques de St-Baussant, en son vivant chevalier, pour
Vance, Chantemelle, Villers-devant-Vance, Tortrue, Habay-la- Neuve,
Meix-devant-Virton, Meix-le-Tiche, Châtillon (SI).
Chassepierre
Fin du XVP siècle. Par lettre datée de « Wallansay », le doyen rural
d'Ivoix, Jean le Bon demande à l'abbé St-Arnould de Metz qu'il soit
pourvu à la réparation de l'église de Chassepierre (AM, d'après l'Inv.).
Châtillon
1681 : voir Chantemelle.
1774. D'après une lettre du curé Moreaux, adressée aux chanoines du
Collège St-Louis, patrons de l'église aux droits de l'abbaye de St-Pierre-
mont, le feu aurait détruit cette année soixante-dix maisons à Châtillon
(AM).
Cherain
1681. 6 juin. Aveu et dénombrement d'Ernest Gérardin, écuyer, pour
une maison à Sterpigny et des dîmes à Mont (SI).
Chiny
Cartulaire. — 1116. L'empereur Henri V confirme les possessions de
l'abbaye de St-Arnould de Metz, y compris la « cella quae vocatur
chisniacum » (AM).
1178. Guillaume, avoué de Chisney, donne à l'abbaye de Villers-
— 15 -
Bettnach une partie de ses biens sis à Brehem, Tressenges, Bonnenges,
Autrenges, Aroville, Leers et Thil (AM).
1192. Confirmation, par le pape Célestin III, des biens de l'abbaye de
St-Arnould, y compris la « cella de Chisniaco, cum ecclesiis ad eam
pertinentibus, cum ecclesiis (probablement -decimis) Florenvillei, Orgeio,
Tintiniaco, Casapetra, Sta Caecilia » (AM).
1200. Confirmation^ par le pape Innocent, des mêmes possessions, y
compris celles qu'a l'abbaye « in Castro chinei » (AM).
1257 : voir Orgeo. — 1265 : voir Tintigny.
Avant 1382 (?) Accord entre Ourriz de Billey, seigneur de Florenville
et de Martinwey, et Jehan Grougeret, prieur de Chiny, relativement à
divers droits sur le moulin de Martué (AM, d'après Inv.).
1681, 29 mai. Aveu et dénombrement d'Otto Wittimont, pour son fief
de Chiny (SI).
Etymologie. — J'ai peut-être eu tort de mettre en doute, précédem-
ment, l'étymologie de * Cassiniacum avancée par M. Kurth, sous le pré-
texte que le double 5 s'amuït rarement. Le nom « la Crènire » donné à
une fontaine de la région et qui se traduirait, je pense, par Cressonnière
en français, la confirmerait au contraire.
On pourrait penser aussi à un * Gist?iiacus > * Gisnei > Chisnei :
cf Gisinga plusieurs Geisingen, Giesing, etc.
Dampicourt
1681, 5 juillet. Aveu et dénombrement donnés par Ernest Ferdinand,
chevalier, baron de Puys, pour ses fiefs de Montquintin, Couvreux, Rou-
vroy, Escouviers, etc. (SI).
Même année, 22 d°. Aveu et dénombrement de J. -Baptiste Baillet,
écuyer, pour les terres et seigneuries de Latour, Dampicourt (SI).
1759, 12 janvier. Dénombrement de Christophe, baron de Reumont,
chevalier de l'ancienne chevalerie du Saint Empire romain, pour les terres
et seigneuries de Torgny, Montquintin, Dampicourt, Couvreux, etc. (SI).
Dochamps
1682, 5 décembre. Aveu et dénombrement donnés par Poncelet du
Pont, au nom d'Emmanuel Huard, licencié es droits, pour un fief à
Fresneux, dit Colin (SI). — S'agirait-il réellement de Freyeneux ?
Durbuy
1686, 2 décembre. Aveu et dénombrement fournis par Charles Hubert
de Grobbendoncq, pour la prévôté de Durbuy (SI).
IH
Ebly
Etymologie. — 1251 Ebliers, ilQO Erbly, 1288 Erbli, Herblees, etc.
De *Erbiliacns, ou de *Herbiliacus, ou même de "Hermiliaciis. La
présence de l'une des consonnes r Qt l pouvait, en eft'et, empêcher le
changement de b en v, dans les deux premiers étymons. Rappr. :
Erbenheim, Erbersdorf, Erpolzheim, Herbinghem, Herblingen, Helm-
lingen, Helmstedt, sans oublier les prénoms Wilhelm (rom. Willaimes,
Willeaume, Guillaume), Adelhelm (rom. Alaime, Aleaume). J'écarte les
hypothèses de *Erblar, *Hermelar, parce que dans l'un de ces derniers
cas, le nom de l'endroit serait devenu en patois « Ebliet », au lieu de
« Ebli » : à preuve « Longliet » de Longolare.
Erneuville
1136. L'évèque de Bâle, en donnant des biens à l'abbaye de Prùm, lui
confirme ceux qu'elle avait déjà, notamment Widu?imufit (donné par
Fredelo de Ore) et Vileîite (BU).
Ethe
1570. Gauthier d'Ethe, curé de Viviers-sur-Chiers (HL).
1681, 19 juin. Aveu et dénombrement de François Christophe de
Custinne, chevalier, pour les terres et seigneuries d'Ethe, Belmont
Meix, Verton, etc. (SI).
Même année, 24 novembre. Aveu et dénombrement de Jean Mar-
chand, maître de forges à Buzenol, pour le fief de Mahoué (Hamawé ou
mieux Mahâwé) près Virton (SI).
Même année, mai : Voir Halanzy.
Flamierge, FlamizouUe
Etymologie. — Formes anciennes : Flamerges, Flamyrges, Fia-
mesul, Flamesuele ; en wallon : « Flamîdje, Flam'joul ».
Le premier doit provenir de quelque chose comme *Flarnerca, *Flanie-
rica, ainsi que le permet le rapprochement de : a) pour -rche ou -rge,
« lârdje, vedje = verdjè, tchérdje, foutche », du lat. largus, virgam,
carricam, furcam, b) pour e > ie, « fîr, pi ce, mî, èrî », de ferum, petiam,
— 17 —
mellem, ad rétro, et les plus récents (1) « ivier, Lierneux, bierdjî » de
hibernuin, Ledernaus (> Lernou), berbicarium. Holder, Altceltischer
Sprachsch., mentionne un suffixe -erc dans : Aulerci, Userca, Darerca,
Lupercus, Luonercus, ainsi que Ercavia.
Flamizoulle est le diminutif féminin de Flamierge.
Florenville
1192 : Voir Chiny.
1353. Permutation entre Gauthier Raincesseum, chapelain de sire
Jean de Florenville (diocèse de Trêves), et Ponsard dit Jaber, de l'église
de Vrigne-au-Bois (Vrigina in nemore) (KK).
Avant 1382 : Voir Chiny.
1681, 17 octobre. Aveu et dénombrement fournis par Georges Laurent
du Faing, écuyer, pour partie des seigneuries de Termes-Frénois, du
Ménil, pour des fiefs à Florenville, Pin et Torgny (SI).
Fraiture
1682, décembre. Aveu et dénombrement donnés par Jacques Eustache
Coudenhove, baron de Fraiture, pour sa baronnie de Fraiture (SI).
Xe s'agirait-il pas ici du Fraiture liégeois ?
Grandhan
1683, juin. Aveux et dénombrements de Jean Poncelet Ponsard, Pierre
Pierrard, Ferdinand Rodaux, Thomas Laval, Henry Roseaux, pour un
fief dit fief Rondeau à Enneilles (SI).
Grapfontaine
1681, 3 juin. Aveux et dénombrements de Salomon de Hosseuse et de
Nicolas Roberty pour le fief de Linay (SI).
(1) Cf. 1286 Liernut Liernu {encore Lernuth en 1188), 1280 le lier à Boirs, contre :
ca. 1195 Maslir (7(33 Maslario, 1060 Maliers), 1148 Felchlres ('■•'filicarias) Flesquières,
ii'M Silva... Cherbonires{\N^ siècle Ccirbonaria sylvaj, 1191 Franires Franière Fraxinerias).
La diphtongaison de e en ie qui a abouti à î se rencontre au moins dès le X^ siècle;
cf. 943 Moriermont Morimont,
I^ -
Grune
Etvniologie. — Je pense que ce nom appartient à l'hydronymie : le
village est situé sur un afiiuent de la Wamme. A rapprocher : Crtina la
Crusnes et le village de Crusnes (Meurthe-et-Mos.), Graona le Grosne
petit allluent du Rhône.
Habay
1570. Thierry de Habay, chanoine d'Ivoix (HL).
1682. Voir Chantemelle .
Même année, 14 janvier. Aveu et dénombrement de Jacques de Raggy,
marquis de Pont-d'Oie, pour le marquisat du Pont-d'Oie et pour la
seigneurie de Thiaumont (SI).
Halanzy
Toponymie. — La Wève. Voilà un nom germanique naturalisé en pays
roman, savoir waber, qui apparait encore dans :
Le Pagus Wabrensis des Francs, lequel tire probablement sa dénomi-
nation de la Wabria forestis, en fr. Woëvre, vaste forêt qui englobait
notamment les territoires de Ville-en-Woëvre, Fresnes-en-W., Marche-
ville -en -W'., Savonnières-en-W., Mesnil-en-W., Saulx-en-W., Wadon-
ville-en-W., Rupt-en-W., Lamarche-en-W., St-Benoit-en-W., Latour-
en-W., Brainville-en-W., St-Benoît-en-W. et Wavrille, et dont il ne reste
plus aujourd'hui que des bois dits la Culée de la Wocvre, près de Juvigny
(Meuse) et la Wocvre, entre Haudiomont, Watronville, Herméville,
Gussainville,- Braquis et Ville-en-W. (Meuse);
Wavrille (près de Damvillers), diminutif ;
La Voivre et les Voivres (Vosges) ;
La Vaivre et la Basse-Vaivre (Hte-Saône) ;
La Woivre, bois près de Vaux-les-Rosières ;
Wavreille, également diminutif, dans la prov. de Xamur;
Derrière le Waibe et la Franche Waibe, à Bagimont ;
La Plate Wébe, à Poupehan ;
La Waibe aux Renards, la Wèbe de Gernel, la Wèbe de quarante à
Sugny.
Cartulaire. — 1090. Le pape Urbain II confirme les possessions de
l'abbaye S*<^-Scholastique de Juvigny, y compris celles de « Asc juxta
Mansenceyum » (CL).
1681, l^"^ juillet Aveu et dénombrement de Charles de St-Baussant,
chevalier et de son beau-frère Philippe-Ernest de Reiffenberg, à cause
- lÔ -
d'Eléonore de St-Baussant sa femme, pour les seigneuries d'Aix, Battin-
court, etc. (SI).
Même année, octobre. Aveu et dénombrement de Charles de Lenon-
court, chevalier, marquis de Blainville, pour les terres et seigneuries
d'Aix, etc. (SI, qui en sa table, place le n° de cet acte en regard d'Aix-
sur Cl oie).
Même année, 22 mai. Aveu et dénombrement donnés par Louise de
Borville, veuve d'Evrard de Prouvi, en son vivant écuyer, seigneur
à'Esch et Belmont en partie, pour les fiefs de Prouvy, La Ferté et la
Maison Blanche à Belchepin (entre Sarrebourg et Dieuze) (SI, qui doit
avoir fait une erreur de lecture).
Harnoncourt
1681, juillet. Aveu et dénombrement de Philippe François pour la
terre et seigneurie de Harnoncourt (SI).
Hautfays
1681, 12 novembre. Aveu et dénombrement de Jean de Woestenraedt
pour tout ou partie des terres et seigneuries de Sclassin, Rechany,
(Sechery ?), etc. (SI).
Heinsch
Brasse. — C'est à tort que les Comm. Luxemb., Additions, ont repro-
duit l'assertion de Delafontaine relativement à la prétendue disparition
du hameau de Brusse. Il existe toujours, reconnaissable sous la forme peu
altérée de «Bresse». La métamorphose (si l'on peut appeler cela une
métamorphose) est établie par les exemples suivants :
Patois lux. fesi = haut allem. Fûsschen,
sèss = sùss,
repsen = rùlpsen,
breck = Brùck
Herbeumont
Toponymie. — HerbeumONT. J'ai dit, en mes Recherches sur la top.
du pays gauni., ce que je pense de l'étymologie hybride « herbe + mons ».
Je n'admets pas non plus « mont herbeux », qui supposerait une anti-
- 20 -
phrase populaire. Herbeumont et son voisin Herbeuvanne, pour moi,
sont respectivement le mont et la vanne de Harbod. Cf. Herbeuville,
souvent écrit Ilarbodis villa, notamment en 95^2 et en lOHO.
Antrogne, ruisseau affluent de la Semois ; en 11 73 je crois : A?itrtine.
Nom apparemment celtique. Cf. Andes/a l'Andelle affl. de la Seine,
Ouoranda la Cure, Anda l'Ande du Cantal, Anta l'Ante calvadocienne,
* AndyoVXxiàron gardois, etc.
Il y avait au XVII' siècle une forge et quelques habitations à côté de
ce ruisseau, près du l.-d. le Paquis d' Antrogne (le Paqui d'Antroune).
Les registres paroissiaux de cette paroisse mentionnent notamment sous
l'année 1()34 le baptême de Gaspar fds à Etienne « forgeron demeurant à
Antrogne ».
Champion; vers l!200 Campilon (Cartul. d'Orval), forme archaïque qui
ne signifie pas qu'on prononçait alors autrement qu'aujourd'hui, car on
trouve à la même époque Bidon pour Bulhon ou Bouillon, Tornei pour
Tornhei, Torgnei ou ïorgny; au XVIP siècle Champillon. Dérivé de
champ. Le hameau a disparu depuis, mais son nom est rappelé par
l'endroit dit « le Paquis de Champion », ainsi que par le patronymique
herbeumontois « Champion ».
FoRTELLE (la). V onr forestelle, petite forêt.
Pancès (les), où passait très anciennement la Semois. Vieille forme
de poncel > ponceau, qui prouve, de même que les Dansaus — en 1173
Dunsart — ,'que Herbeumont peut être rattaché au pays gaumet quant à
la langue.
Hompré
Eiymologie. — Remoivilee ; en wallon « R' mwavèy' », ce qui, si je
compare « twar, cwasse, Moircy et wajîres », issus de tortus, costam,
*Morciaca (Morceias) et osariam, me porte à supposer un primitif comme
*Ramordis villani ou *Romordis villam, si ce n'est un *Ramivaris villam.
Peut-être a-t-il un rapport avec Remianster et Remichampagne ; dans ce
cas, il équivaudrait à *Remy -f Warville : cf. pour ce dernier Foerste-
mann, 1552 : Warenrode, Warenghem, Weroldeswilare.
Hondelange
Etymologie. — SesselICH : 1280 Seselich, 1314 Sesselich. Peut venir
d'un primitif *Sextiliactts, formé du gentilice Sextilins, altéré de bonne
heure en Sestilius La diphtongue -st- aboutit souvent à 55- en luxem-
bourgeois : cf. Bassendorf -poMT Bastendorf, Kassel (l.-d.) pour Kastel,
— 21 —
Asselborn autref. Aste?i7iebru?i7w, Essingen de *Estingen (dans le dérivé
Estingeromarkim X*^ siècle).
Cartulaire. — 1130-31. Dénombrement des églises à la collation de
l'abbé de Stavelot : « ... de Keren (Cherain), ..de Welin, ... de Monte
Sancti Martini (Mont-St-Martin, sous Bovigny), de Ysers (Izier\ de
Jupille (Jup. sous Hodister), ... de Marcha, ... de Otreis (Ottré), ... de
Oldanies (Odeigne), de Olfait (Hautfays); ... de Tohonges, ... de Hun-
deliiigas, de Alchisvilla (Hachiville ou Helzingen) » (RS).
1131 env. Relevé des églises et des terres qui payent des redevances à
l'église de Stavelot : « ... Ecclesia de ... Œfait, Wellin, Marcha, Jupilia,
Karanco, .. Wirices, ... Heis, ... Fonteneles, ... Monte Sti Martini,
... ecclesia de Hondilenge ceram débet, presbyter IIII d. accipit,
... parrochi de LongHers ..; de terris ... Horto, ... Heis, ... Homart, ...
Olpane, ... etc. » (Ibid.)
Je pense que ce Hondelingen, deux fois cité, désigne non Hundelingen
en Hesbaye, mais le Hondelange ou Hondelingen luxembourgeois, vu
que l'église de cette dernière localité est dédiée à St-Remacle, comme
celles de Opont, Poupehan, Verlaine, Jupille, Grimbiémont, Marche,
Wellin, Chanly, Halma, Purnode, Schaltin, Winenne, Bourdon et Haut-
fays, où la même abbaye avait des biens.
Houffalize
1681, 6 novembre. Aveu et dénombrement donnés par Jean de Rési-
mont, écuyer, pour une maison à Houffalize et une rente à Brizy (SI).
Houmont
Etymologies. — Magery; en wall. Madjeri. C'est à tort que, suivant
en cela M. Kurth, j'ai rangé naguère ce vocable dans la famille de
Maceria, * Maceritium devait donner « Mâjret » ou « Majri », de même
que macerietum a formé nos « ^Nlâjeroi, Mâjroi, Mâjreu, Mâjrou, Maujret»,
que maceriam est devenu « Maisière, Mâchière, Mâgîre, Maugîre,
Maihîre » et Maceriolam « Maizerolles, Mâgerolle, Mârieulles », etc.
On peut supposer un ancien * Marcaritmm, susceptible lui de fournir
« Madjri »; cf. Porcaritia « Poitchresse ». On saura peut-être un jour le
sens du radical, que je n'ose identifier ni avec le lat. niergum ni avec le
germ. marcam, encore moins avec le gaulois marcos (= jument).
Magerotte est le diminutif.
Dans Mageret, on a le même radical, mais avec le suffixe -etiuji (fr. oi,
ay) (1).
22
Izel
1667, 21 novembre. Aveu et dénombrement donné par Jean de Reii-
mont, chevalier, seigneur de Nanireux et de Blagny, pour son fief de
Fresnoy-lez-Montmédy (SI).
1681, 17 octobre. Aveu et dénombrement de Philippe-François du
Mont, écuyer, pour le fief dit du Mont lez Izel et pour le four banal de
Pin (SI).
1759 : voir Dampicoiirt.
Izier
1683, 9 juillet. Aveu et dénombrement de Henry de Bechaimont pour
la seigneurie de Fermine (SI).
Jamoigne
Inscription. — L'inscription suivante se lit à la pierre d'une des fenêtres
de la maison Roger-Albert (ci-devant Egon-Goffinet) à Prouvy :
SIR. LAMBERT DE ASSENOID... AM ., (?)
MARCHIN CHEVALIER DU PETIT SIVRIE
SEIGNEUR DE PRELLE DU MENIL EN
ET (?) HAUTOYE PARTIE... DEL FOSSE, 1725.
Cartulaire. — 1681, 22 mai : voir Halanzy (AM).
J'en extrais ce qui suit concernant Prouvy :
«... Le dit fief dudit Prouvi consiste en une maison, grange, estables,
jardins, chennevières, faisant le tout environ quatre jours, vingt neuf
jours de terres labourables, dix huit fauchies de prey ou environ, trois
estangs contenant environ sept jours...»
Membres connus de l'ancienne justice foncière.
1600. E. Bastin, maire; Colle Protin, lieutenant-maire ; Henry Prothin,
Jean Thomas, Adam Collin, Henry Pierre, Alexandre le grand Henry,
échevins ; Nie. Séviscourt, greffier ; Jean Lemaire, sergent.
1631. J. Rézette, m. ; N. Guiot, lient. -m. ; Louis Cordier et Adrien
Louis, éch.
(1) Cf. Kurth, Cartul. de St-Hubert, index, p. 719 : Margerey.
1654. Jean Poiret, m. ; Henri Thomas, lient. -m. ; Jean Gilles et Jean
Alexandre, éch. ; Henry Gilles, gr.
1681. Jean Henry, lient. -m. ; J. Guiot, Adrien Carpenty et Adr. Ri-
chard, éch. ; Jean Louppe, gr.
1682. Gillet, maire ; J. Alexandre, éch.
1683. Louis Maissin, maire.
1685. Jean Guiot, maire; L. Maissin, lient. -m. ; Ad. Richard, J. Ale-
xandre, Evrard Vaillant et J. Lemaire, éch.
1687. Nicolas Guiot, lieut.-m. ; J. Louis, Evr. Henrion, L. Maissin et
J. Lemaire, éch.
1688. J. Louppe, m. ; Florent Tailfer, lieut.-m. ; Henry Alexandre,
Jean Lambotte, Nie. Lemaire et Jacques Henrion, éch.
1697. Lambert Collignon, m. ; Henri Xillis, lieut. m. ; J. Louppe, J.
Guiot et J. Lambotte, éch. ; J. Gilles, sergent.
1701. Jean Richard, m. ; Jacques Hingue, N. Lemaire, Englebert Tho-
mas et Jacques Ricaille, éch.
1710. Henry Alexandre, m. ; Henry Dupuis, lieut.-m. ; J. Hingue, gr.
1717. J. Flagonthier, m. ; Salomon Lejeune et Nie. Guiot, éch. ; J.
Rézette, gr.
1725. N. Guiot, m. ; Jean Foret et N. Maissin, éch.
1727. J. Guiot, m. ; Adr. Louis, lieut.-m. ; J. L. Clébant et Th. Lejeune,
éch.
1729. N. Guiot, m. ; J. Flagonthier, lieut.-m. ; N. Lemaire, éch.
1731. J. Richard, m. ; Nie. Bertrand, Gilles Vaillant et N. Gérard, éch.
1732. J. Flagonthier, m. ; J. Richard, lieut.-m. ; N. Gérard, gr.
173i. De Laval, m. ; Evrard Rogier et J. Gillet, éch.
1735. Gér. Tailfer, m. ; G. Vaillant, lieut.-m.
1743. J. Flagonthier, m. ; Evr. Prignon, éch.
1749. J. Denis, m. ; J. Guiot, lieut.-m.
1754. Gilles Trodoux, m. ; J. N. Bertrand, J. Guiot et J. Lemaire, éch.
1760. Henri Lemaire, m. ; M. Mottet, lieut.-m. ; J. F. Guiot, gr.
1764. G. Trodoux, m. ; H. Ricaille et M. Mottet, éch.
1765. M. Collard, m.
1767. G. Trodoux, m. ; M. Collard, lieut.-m.
1770. M. Collard, m.
Jehonville
Question d'identification. — On sait qu'une charte de 1139, reproduite
notamment dans Kurth, Cartul. de St-Hubert, mentionne dans l'ancien
doyenné de Graide une paroisse de Vusceye. M. Roland la place aux en-
virons de Maissin, peut-être parce que son nom vient après celui de
Maissin et de Redu. Mais il est facile de voir que l'ordre adopté par
— 24 —
l'écrivain n'est pas toujours l'ordre topographique : ainsi, de Jehonville,
il va à Ochamps. puis à Paliseul et à Offagne, de Louette à Bourseigne,
puis revient à Rienne, de Hargnies à Hautfays et ensuite à Oisy pour
revenir à Gembres, et de Bièvres à Givet. La forme Viisceve ne serait-elle
pas une mauvaise lecture pour * Lusceye, qui pourrait représenter Luchy,
localité abandonnée de temps immémorial et qui se trouvait dans le bois
dit de Luchy, en l'endroit dénommé La Fange du château, suivant Tan-
del, Les Comm. Luxenib., VP p. 928. Luchy ne devait plus exister en
13r)0, car une charte de St-Hubert de cette année (voir Kurth, ouvr. cité,
p. 571 et suiv.) relative au « bois que on dit de Luxi » ne mentionne que
les localités de Jehonville, Offagne, Assenois, Chevigny (St-Pierre),
Bertrix, Ochamps et Anloy, aux environs, et rapporte, en outre, que les
habitants des trois premiers villages y ont des droits usagers.
Juseret
Etymologies. — JuSERET, en 1331 et au XV*= siècle Jiiserain, Jiiseren.
J'avais supposé ailleurs un primitif * Gusharing, la terminaison -ing pou-
vant s'altérer en -et dans le pays. Mais comme le g précédant o et u se
change rarement chez nous en dj (cf. Gosselies, Gomezée, Gommegnies,
Gomery, Goschenée, Gonrieux, Gozée, Gobsée, Gouvy, Cobréville) et
que les dju et tchu wallons peuvent provenir d'anciens ge, ga et ca
(ex. : djunièse, tchumin, Djumeppe, tchuvèye, de genistam, caminum,
Gamappa, * caviculam pour claviculam), peut-être a-t-on le droit de recou-
rir plutôt à un primitif comme * Gasharhig , * Gisheri?ig, * Geshering.
La même remarque semblerait s'appliquer à Juzaine, Jehonville
(Jusxinvilla ; wall. Tchonviye) et Gennevaux (Gisenval). Je n'appuie pas
trop cependant, à cause de Jodainville, qui pourrait venir de * Gordink
villam.
Bercheux : 1297 Berchou, aussi écrit quelquefois Berchoy. Est, je
crois, une dénomination d'origine gallo-romaine, c'est-à-dire un ancien
* Barcaiis, * Bercaiis. Outre le patronymique français Berchoux, je rap-
proche Bargos nom de deux petits fleuves, l'un d'Hibernie, l'autre
d'Illyrie, cité dans Holder, Altc. Sprachsch., ainsi que le cognomen
Bergîdla.
Cartulaire. — 1682 : voir Amberloup.
Lacuisine
1682, janvier. Aveu et dénombrement donnés par les habitants et com-
munauté de Lacuisine, pour les droits et usages dont ils jouissent (SI).
1681 : voir Dampicourt.
— 25 —
Latour
Libin
893. Liihin, dépendait alors de la terre de Villance, possession de
l'abbaye de Prùm, comme Ulsi, Fagi, Anloy, Lesse, Transinne, Muczi,
Fins et Hogemunt. Dans le document, il est parlé des manses « libinoises »
de Amubricus, Rainfridus, Folcricus, Helpricus, Hairlandus, Rainardus,
Angliramnus, Ostroldus, Hilduardus, Gainfridus, Hildiaudus, Helfridus,
Waltberthus, Alimarus, Adelgisus, Anxiander, Eliardus, Adelfridus,
Anglemariis, Wadelmarus, Wiilmericus, Florbertus, Germanus, Hariber-
tus, Andelinus, Wicardus, Fulcardus, Bernoldus, Flotaldus, Laingrimnus,
Wulframniis, Dominicus, Remigius, Tancradus et Frediiardus, ainsi que
d'un forestarius Gammo et d'un cellarius Gamulherius (BU).
Limerlé
Toponymie. -- GouVY, anciennement écrit Govich; en allem. Gellich,
Gesslich, pour Gùslich; en wall. Goûvi. De * Guselo-zcik, ou de * Gicself-
iacuni. La présence de \'l avant ?£' ou /dans la forme thioise a fait tomber
ces lettres (cf. Fatler pour Fâtweller = Fauvillers).
Le Heulse, l.-d. Pour Holz, je crois, réduit à -els dans Bukels = Bo-
cheltz, Dunkels Doncols. Si le nom n'a pas été converti en hou, c'est que
la romanisation de Limerlé n'est pas bien ancienne.
Elle a eu lieu, cependant, avant que les noms en -berg ne fussent
altérés en -birech, à preuve :
Casseberre, La Québerre
Sur Talbert, Couquelberre (rapp. flam. Koekelberg).
Gwasberre,
Hausté : A cause du voisinage de Commanster et du l.-d. Deronster,
dont la prononciation régionale fait entendre distinctement \'r final,
j'estime que Hausté n'appartient pas à la même famille et qu'il corres-
pond plutôt à Hohen-Steg = le haut sentier, la montée.
Limerlé, en allem. Lammerscher, Lammscher pour Lammerschler.
Sur la foi du médiocre Hardt (1), on a lancé une forme isolée et non
datée, Lofnmerslair, et on a prétendu y voir le nom d'homme Lommer,
même Lommers! De la forme vallonné, on n'en tient point compte. Je
pense que c'est à tort : * Limmerslar peut donner en ail. luxembourgeois
(1) Cf. son Bericht uber die Zweckmàssigkeit der Feststellung einer officiellen Schrei-
bung der Ortsnamen des Grossherzogthums Luxemburg.
— 26 — .
Lammersler ;^ Lammerschler >, etc., à preuve schioammen pour schwim-
men (napper), klammen pour klimmen (monter), zammer pour Zimmer
(appartement). Pour moi donc, * Linuners est le génitif du nom d'homme
Lindmer;^ Limmer.
Le Sàceii. Que de fois n'a-t-on pas vu et entendu répéter que Sâceu
dans les noms de lieux vient du lat. sacellum (temple)? Je suis loin d'être
convaincu ! Voici pourquoi :
a) Sacellum, loin de donner une terminaison Qn-eu, devait aboutir à
une forme en-«/; ce qui appert de « vai pourçai, bai », issus de vitellum,
porcellum, belhim. Pour avoir -en, il faudrait recourir à un équivalent
* sacioïum, formé par analogie ;
b) c libre devant les voyelles / et e se chuinte (ch, j) ou s'aspire (h)
dans ce pays; ex. : nucejn « neuje » ou « neuhe », aucelhun « oujai » ou
« ouhai », vicinum « vèjin » ou « vèhin », * dicia7iteîn (= dicentem)
« d'jant » ou « d'hant ».
c) Comme s'il y avait conspiration contre l'étymologie précitée, le
cadastre de Limerlé accuse la présence de :
Le Chaineu, qui correspond aux Tchenois, Thanou gaumets, aux Tchènets
famennois et ardennais (par ex. à Bourseigne), aux Quènoy
picards, etc.;
Le Côreii, équivalent aux Côrroy gaumets, aux Côrets ardennais (par ex.
à Louette) et famennois, aux Cauroy, Couray, Coudray français ;
Le Betileii, auquel répondent les Boùlois gaumets, les Bolets famennais;
Feschereu, synonyme des Fougeroy, Fougeray français et des Fouschery
gaumets :
La Tornée bordjeiise, c'est-à-dire la couture bourgeoise, des bourgeois,
comme Sitr Bordjeii à Houffalize.
A noter encore aux environs, sans s'écarter de la largeur d'une
commune :
Rovreux, équivalent du Rouvrou ou Rouvroy gaumet, du Rouvroy
hennuyer, des Rouvray français ;
Le Baileu et le Grohailen, dont je rapproche des Bailoy, Baileu et
Bailet namurois (Roland, Topon. Nam.).
Pour moi, Sâceu n'est que le lat. salicetum (saussaie), comme le Sâcet
de Bihain, le Saussoi ou Sausswè des environs d'Ittre, Saulçois et Saussoy
en Jura, Saulchois CNord), Saulchois (Somme), Sosoye (Namur), Saulzais
(Cher), Saussey (Côte d'Or), Saulcet (Allier), etc.
Longchamps
1681, 21 octobre. Aveu et dénombrement de Jean Charles Mathelin,
écuyer, pour les terres et seigneuries d'Ile-la-Hesse, Mande-S-^-Marie,
— 27 —
Mande-S'-Etienne, Chenogne et Longchamps (SIj.
1682 : Noix Amber loup ^
Longlier
Etyinologie. — Respelt, en 1468 Respeau. Apparemment diminutif
de raspe >respe, fr. rasple.
Cartulaire. — 970. Suivant une copie du XV<^ siècle, faisant partie du
fonds de l'abbaye de Gorze, aux Archives de la Présidence à Metz,
l'empereur Othon aurait donné, cette année, à la dite abbaye des biens
à Amel, Eddulfivilla au pagus de Hiœbre, à Morlange, Lozchi au pagus
de Moselgowe, à Loglar au pagus de Gning (lire Osning) et au comté de
Trozilo, à Velme au pagus de Haspingawe, etc.
Mabompré
893. Biens du monastère de Prùm à Malbiinpreit : « Juxta Urtos^
Waldopecias, Mannonis fontana, Curtil, Vallis, Noville, Longunpreit,
Haistros, Bernerfontana, Godelarpradum, Amulrico ladricio, Ultra
Wambais, Maceria, Suguzin, Bedeleid et Broil », trois moulins. Une
trentaine de manses sont dénommées d'après leurs détenteurs (BU).
Marcour
1346. Gobelin préposé à la cure de Markow. Il avait eu pour compé-
titeur un chanoine de Hougaerde. Le litige avait été porté jusqu'en
Curie romaine (KK., qui hésite entre notre Marcour et Merkhof, localité
ne figurant pas aux pouillés de l'ancien diocèse de Liège).
Etymologie. — J'en ai fait naguère un *Merciirms. Affirmation trop
confiante, puisqu'il faudrait supposer d'abord que la syllabe -eu eût eu
l'accent tonique, comme dans la forme primitive de Mercœur (Corrèze;
Puy-de-Dôme; Haute-Loire), Marcoux (Loire), Mauguis, etc. (I) En
outre, ur-àe-iirujii , -iiram, 'Urium, -uriam reste régulièrement en wallon
ur, eùr, eûr. -Our wall. peut provenir de -icr entravé; ex. : turnum
>tour, curtum > court, bursam > boùse, Silvestri curtem > Séviscourt. Je
crois donc à une curtis (ferme) de Maro ou de Marco.
(1) Rappr.au contraire : mercurii diem > vaevcreài, Mons Mercorii> Montmar/y^?
(IX" siècle seulem. Mons Martyrum).
28 —
Meix-devant-Virton
Cartulaire. ~ 1681 et 1682 : Voir Ethe et Chajitemelle.
Toponymie. — Meix : P. 264/72 de mes Recherches, j'écrivais^ à la
suite de M. Kurth, que ce vocable était le gerin. mar = étang. Ne serait-
il pas plutôt d'origine celtique et n'appartiendrait-il pas à l'hydronymie ?
Meix est arrosé par le ruisseau de la Chavratte. Cf. dans Roland, Top.
Nam. p. 167 : deux Maris, un Mar us et un Maro?ia.
Menton : 1298 « un preit... qui siet à Mers lonc le missel de Menton »
(Cart. d'Orval). Menton est aussi la forme ancienne de Matton lez Clé-
mency, village arrosé par un sous-affluent de la Chiers. L'un et l'autre
diminutifs de * Me?itus ou de * Mérita.
Meix-le-Tige
Cartulaire. — 1682 : Voir Chantemelle.
Etvmologie. — Voir mes Recherches, p. 72, ainsi que l'art. Meix-devant-
Virton ci-dessus. Meix-le-Tige est situé à la source du ruisseau de
Lagland, affluent (ou sous-affl.) de la Semois.
Malempré
Toponvmie. — L'AvE, ruisseau affl. de la Lienne. Probablerhent un
ancien *^5yd:ra comme l'Yèvre française, et je crois, comme l'Ave namu-
roise (XIP siècle Ave). Cf. aussi Eva Eve (Evelette), Avantia dans
Holder, Altcelt. Sprachschatz.
Melreux
1()82, juin. Aveu et dénombrement de Jean Herla de Warpin, curé du
Grandmesnil pour moitié de la seigneurie foncière appelée la Basse-Cour
de Melreux (SI).
1682 : Voir Amberloup.
Etvmologie : Voir Musson.
Messancy
Mirw^arl
1682, 23 février. Aveu et dénombrement donnés par Jean Henri
Jamotton, Ghislain Jehenneaux, Antoine Ollivier, etc. pour des fiefs à
Minvart, Han, etc. (SI).
- 29 -
Mont
1681 : Voir Cherain et Houffalize.
Morhet
Toponymie. — Remience : X-^ siècle Rernianster. M. Kurth (Front., II,
p. 106), suivi par M. Feller (Les n. de lieux en -ster, p. 255), range cette
appellation dans la famille des noms en -ster. C'est montrer trop de
confiance (1). Pour moi, l'orthographe Remianster doit se lire * Remians-
tre, de même que Stavelz et Stavels sont pour * Stavles Etalle; \'r de la
dernière syllabe s'est amuï comme dans le wal. figniesse (fenêtre), vosse
(vôtre). Je pense qu'il faut décomposer notre vocable en deux parties, la
première * Remy — de * Remiaciim, ou même de * Rumiacum : cf. 1096
Remonis villa Remoiville (Meuse), X^ siècle Romonia Remagne — , la
seconde * Enstera, qui pourrait être l'ancienne dénomination du ruisseau
local, affluent du Laval : cf. Ernster (G.-D. de Lux.) sur la Schwarze Ernz
(* Aranster?, puis Ernz par analogie avec l'Ernz d'Ernzen).
A noter qu'à côté de Remience se trouvent le hameau de Remicham-
pagne, qui est peut-êt^e un ancien * Remy -\- * scampagne, et celui de
Remoiville (voir art. Hompré).
Muno
Toponymie. — WatrinsART : Feu Prat écrivait que ce nom signifie
« sart de Watrin ».
Watrin est une des formes romanes de Walter (= Gauthier) et pour
Waltrin, lequel aurait donné ici Wautrin-, Aulritisarl ou peut-être même
Aiirinsaut, au lieu de Watrinsaid ; de même * Wairinis sartum eût
abouti probablement à Warinsaut : cf. carrey de quadratum, neurè de
nutrire, durî de de rétro, araire de aratro. Pour la conservation du t, il a
fallu : ou bien un en avant cette consonne (* Wentregin ou * Wentlin-),
(1) Le second auteur renchérit même beaucoup sur le premier. Encore un peu son
lexique final comprendrait-il tous les noms de lieux renfermant st. Pour donner un
nouvel exemple, je ne vois pas pourquoi le Resti (sor le voie de Resti...) de la p. 335,
situé « à Flos, commune de Réty » ne doit pas être identifié avec Réty (1129 Retseqne,
qu'il faut lire Resteque).
L'hypothèse qui voit dans notre Remience — un composé fugace dont le suffixe a
disparu, n'est pas moins crédule. Il faudrait nous apprendre ce que représente le terme
conservé — et produire un cas analogue.
- 30 -
ou bien un r (* Wartrin ou * Wartlin-); cf. mes Recherches, p. 11/203,
note 1.
Musson
Cartulaire. — 1681, mai : Voir Bleid.
1681, 25 d°. Aveu et dénombrement de Jean de Pouilly, écuyer,
et de Charles François Hue de St-Remy, aussi écuyer, seigneur de Gras,
de Volkrange-Metzange, pour ce qu'ils possèdent à Baranzy et autres
lieux (SI).
1681, 1" juillet. Aveu et dénombrement de Charles de St-Baussant
pour la terre et seigneurie de Musson, divers terrains et prés, dix arpents
de bois, une maison-fief à Longwy-haut, etc. (SI).
1683, 23 février. Aveu et dénombrement de Marie Claire Félicitas de
Laittres, veuve de Jacques Claude de Longueville, pour le fief de
Goudincourt, au ban de Musson, et pour une censé à Torgny (SI).
Etymologie. — MussoN : 1175 Mezun, 1181 Meziins, 1199 Meceo7is,
1293 Messons, etc.; patois « M' son ».
Diminutif du vocable Mussy, qui suit, dira-t-on. Mais alors comment
expliquer l'absence de 1';^ dans le dérivé, alors qu'il subsiste dans Mussy?
X'est-ce pas plutôt par suite d'une vague ressemblance fortuite des deux
vocables qu'on a écrit Musson, et ne peut-on pas supposer que cette
dénomination est empruntée à celle du ruisseau, l'une des sources de la
Vire, dite '«Batte», c'est-à-dire à * Messantio, à.\rmTmt\i àe* Messaiitia, le
ruisseau de Messancy, affluent de la Chiers? Sans doute, c'est là une
hypothèse même très hardie, puisqu'elle repose sur une autre. Mais
quand je vois des petits affluents de ce dernier cours d'eau porter des
noms d'origine celtique (le ruisseau des Charages, Crnna, la Crusnes,
Hogregia l'Iré, la Thonne, etc.), je me demande pourquoi celui de
Messancy n'aurait pas eu le sien aussi (1); de plus, il arrive assez souvent
que les noms de deux cours d'eau voisins ont une même origine et que
pour les distinguer, l'un revêt un suffixe diminutif : c'est le cas pour
l'Orne brabançonne et l'Orneau namurois, la Meuse, le Mouzon et la
Moselle, l'Amblève ou Amel et le Nèblon (anc. Eviblon).
Baranzy, au XIIF siècle Barranzey et en gaum. Barazy, semble
provenir d'un primitif * Barentiacus. Cf. Barentin (Seine-Inf.), Barenton
(Aisne) et Barenton-le-Teilleul (Manche).
WiLLANCOURT, en 1234 Viloncurl — fomie qui ne m'inspire pas plus
(1) Pour ce "^ Messafifta, Tappr. la Messe affl.de l'Alzette ; et pour ^■' Messaniiac2iin
Messancy; Ligny sur la Ligne, Tilly sur le Thil, Mouzay sur la Meuse, ainsi que
Altzingen sur l'Alzette.
- 31 ^
de confiance que Tholuncourt pour Tellancourt (gm. Tlacou), Donpin-
curt Dampîcourt — et en gaum. « Viyancou ». Je ne crois pas que le
vocable provienne de * Willandi curtis, ou de * Wiclandi curtis, ou de
* Wilioni curtis, qui tous trois auraient donné une forme dialectale avec
la même initiale qu'en « Wivère » Willière, la Woèvre de Halanzy,
Warnîvaux de Châtillon ; mais plutôt d'un primitif comme * Abilioni
curtis > * Avilioncourt : cf. le prén. germ. Ablebert, les n. de lieux
Avelghem, Afiflighem, Eblinghem, Evelinghem, Avelin, Ablain, Avling,
Ebly, Eppilinwillare (Foerstem., II, 503).
Mussy-la-Ville
Etymologie. — Vers 1185 Muscei, plus tard Micssei, Mnssi, Mtissy ;
pat. Mussi ou Mussî.
M. Kurth (Front. Ling., I) a proposé * Musciaciim et * Militiacimi, tout
en faisant observer que Mussy est « un des noms les plus obscurs » de sa
liste, « à cause des divers radicaux auxquels on peut rattacher les
nombreux noms de cette catégorie ..., Mussy, Moussy, Moussey, sans
compter les Musset, Mousset, Moissac, Moissat, Moissay, Moissieu,
etc. » (l). Je crois que * Militiacum aurait donné plutôt ici Mécy, en
passant par Meltiac et Melsy. La prononciation traditionnelle peut
provenir, certes, de * Musciacum; mais aussi, et avec autant de présomp-
tion, de * Miiciacum ; même de * Mmisiacum. Pour le changement de
-w«5- (= -ons-) en -us- ou -ans-, rappr. Moniio7ie Mousson (Pont-à-M.),
monasteritim « moutî », constare « coutèy », glomiiscelhim y glomscellum
« luché » (= wall. lonchai, lonhai, loncha).
En allem. Missig pour Mùssig, suivant le phénomène qui convertit
Dùdelingen en « Dideleng », Burel en « Birel ». Cette forme même de
Missich n'exclut pas l'étymon de * Munsiacuvi, à preuve Asler n. ail. de
iVnlier (Anslariuin) « Aaschweller » corruption de Ansheres villare (926)
= * Ansersweiler, officiellement Arsweiler (Lorr. ail.) en fr. Angevillers,
Esslingen autref. Ensilinge ou Enslinge, Urmitz en 866 Hormiinze.
My
Cartiilaire. — 1683, juin. Aveu et dénombrement de Jean Evrard,
chevalier, vicomte de Lafontaine et d'Harnoncourt, pour la terre et
seigneurie de Ville (SI).
Toponymie. — M Y : 873 Médis ; situé sur le ruisseau qu'un document
(1) Cf. aussi Musiigny Mousny sous Ortho.
— 32 —
de 1159 appelle Miez (« fontem que vocatur Miez »). Médis My est donc
bien un vocable hydronymique comme Medtiana, Medana, Meane la
Mayenne française, comme la Mehaigne, comme Medonia la Mène
brabançonne, comme le ruisseau de My-Fontaine entre Petit-Fays et
Oizy (près duquel devait se trouver le Medolum de 770).
Missoui.. — Diminutif du précédent comme Lomnesuele Lampsoul et
Stavlecellis Stapsoul le sont de Lomme et Stave.
Ville, qui pourrait s'appeler le Neuf Ville par opposition à Vieux-
Ville. Ce dernier est probablement le Villa (« locum qui appellatur
Villa... in pago condruscio ») de 862, nom également hydronymique, car
deux chartes de 1159 parlent comme suit de son ruisseau : « aquam que
vocatur Welua » et « l'iawe que on appelle Welleua ». A rapplrocher de :
Wiluzva la Woluwe, Wilippa la Wôlpe.
Nassogne
XIV'^ siècle. Martin d'Ivrée (de Iporegia), Jean de Wihogne, Gérard
Pullinbreche, Jean Scalet, chanoines de la collégiale (KK).
Nives
Etymologies. — NiVES : 1139 Nirves, 1237 Nieuves, 1239 Nievres, etc.;
wall. Xîve. L'étymologie de * Nervia supposerait une diphtongaison
lointaine de -e- en -ié-, pour aboutir à ni-. Xe faut-il pas l'abandonner?
Nié ne se serait-il pas altéré de bonne heure en gnéf Les exemples de
« gnieu * pour « nieu » (novum) et « gnièr » pour « nier » (nervem) le
prouvent, semble-t-il. Un primitif comme * Nivara ou * Nibara est plus
admissible. Serait-ce le nom antique du ruisseau de Cobreville? Rappr. :
N'ava la Xahe allemande, le ruisseau dit Xaive à Fronville^ Niuverleit
Xivelet sur le ruisseau de Mellier, Xeffe, la Xièvre de Xevers (Niver-
mim), la Xive riv. française.
Cobreville : 1464 Cobreville, 1481-99 Cobrainville, Cobr avilie, plus
tard Cobraiville , etc. Il existe encore un nom de famille Cobraiville.
Peut-être la villa de Godbrand (-= Godbrend ?), ou de Gondebrand ; ces
deux prénoms sont apparentés à Hildebrand, Herbrand, Luitprand. On
aura prononcé « Gobranvèye » puis Gobrâvè3'e, Cobrâvèye », etc.
Volenville — si l'on peut indaguer sur une forme romane assez récente —
et Molinfaing sont altérés respectivement en « Vlaivèye » et « Molîfet ».
Cartidaire. — 1682, 9 janvier. Aveu et dénombrement donnés par Jean
Philippe de Caluwart, baron de Fraipont, pour la baronnie de Frai pont
et les terres et seigneuries de Baneux, Lizen et Sure (SI).
33 —
Noville
893. Possession de l'abbaye de Prùm. La chapelle est citée dans le
document (BU).
1575. Pierre de Longvillier, curé de Noville et doyen rural de Bas-
togne (VB).
Ortho
1575. Nicolas Francquin, curé d'Ortho fVB).
Orgeo
1257. Jean, doyen rural d'Ivoix, fait connaître que Wathier « c'on dist
Tabarie », d'Orgeo et tous ses « parcheniers » ont vendu au prieur de
Chiny, Aubert, la moitié du bief du moulin « d'Oiir.ffoi{ » (AM).
XIV"^ siècle : voir ChÏJiv.
1563.' Claude de Sussy, curé d'Orgeo, s'excuse auprès du prieur de
Chin}^ de ne pouvoir payer cette année le canon des dîmes de Herbeu-
mont, à cause de la présence, dans sa paroisse, de gens de guerre indisci-
plinés (AM).
Rachecourt
Etvmologies. — Rachecourt. Formes romanes : 1275 Reegccourt,
1322 Ravgecourt, gaum. Ratchcou ; formes allemandes : 1287 ReisJiove,
1317 Reshoven, auj. Ressig. Je suppose que les graphies thioises de 1287
et de 1317 ne sont que des traductions de la dénomination romane. Pour
que le g ou le ch se soit maintenu dans cette dernière, il a fallu originai-
rement que l'une de ces lettres soit précédée d'une autre consonne, par
ex. de /. Rachecourt pourrait donc être, me semble-t-il, la ciirtis d'un
nommé ^ Raigis (Rado -f Giso : cf. Radulf> Raoul, Anségise, Bérégise),
* Ratgisconrt paraissant susceptible, après l'amuïssement de 5 précédant
le suffixe, de perdre aussi 1'/, ce qui s'est produit pour Sigisbert, devenu
Sigebert et même Soybert, Sebert. La Ratgisiciirtis faisait partie du
domaine de * Ratgisiacus, et ce nom-ci doit être le radical de l'ail. Ressig.
ÏRABLOU (Le). Identique aux Trembloy, Tremblay. Me paraît anté-
rieur, je le répète ici, au XIIL siècle et je doute avec beaucoup de
violence que « une nouvelle plantation de trembles » puisse « encore
aujourd'hui recevoir ce nom en pays gaumais ! »
:r4
Redu
LesSE : S9:> Lizze, possession du monastère de Prùm. Le relevé des
biens y mentionne quatorze détenteurs de manses appartenant à ce
couvent (BU).
Rossignol
i;>53. Henri de Philoména, chanoine de St-Paulin à Trêves (KK).
Ruette
1570. Guillaume Zonet de Ruette, curé de Puilly (HL).
Toponvmie. Dans mes Notes toponymiques, j'ai rattaché le vocable
Ruette au german. rot:? = défrichement. Je n'ai pas la preuve que ce
radical a fait souche en toponymie virtonaise, soit simple, soit sous une
form.e dérivée.
Peut-être le nom est-il le diminutif de * Rue = * Roue, lequel se serait
appliqué k une localité voisine aujourd'hui disparue : on connaît Houyet,
Evelette, Falmignoul, Missoul, Thonnelle, comme diminutif de Huy-les-
Auneaux ou Hulsonniaux, Eve, Falmagne, My et Thonne.
* R7ie, — de * Ruga ou de * Ruda — serait-il le nom ancien du ruisseau
dit de Grandcourt ? A rapprocher : Rodena Roanne et son cours d'eau le
Roannay, la Rotter hollandaise, et le Rouillon, rivière du bassin de la
Seine et dont j'ignore la forme archaïque.
Sélange
1575. Henri (ou Jean) Feutkin, curé de Sélange (VB).
Sibret
Etynnologies. — Chenogne, dont on ne connaît que des formes
relativement récentes, est en wall. « Tch'nogne ». Peut donc provenir
. d'un * Canonia (= * Canoniacum), issu d'un cognomen gaulois * Cano,
révélé par Canaus (cf. Roland, Top. Nam., 466) ; ou encore d'un
* Casnoniay * Canonia, non documenté.
JODENVILT.E. Si ce n'est la villa de Gordo, ce doit être la villa de
Ge/do. I^app. : Geldiomey Jouldion Jodion fNam.), Geldonia ou * Gel-
— 35 —
dotiac u m iodoigne ou Geldenaeken, Geldma> Juddi7ies Gedinne (wal.
Djèdenne). Je préfère la seconde étymologie, parce que, je le répète,
chez nous le g précédant o et ?^ devient rarement dj.
Mande-Sainte-Marie. Sans formes archaïques dignes d'être notées.
Est situé sur le ruisseau de Laval. Comme Mande-St-Etienne est aussi
baigné par un cours d'eau, je suis d'avis que l'un et l'autre appartiennent
au vocabulaire hydronymique. Le radical est-il * Mandra ou * Meduan-
/?/;«.? J'opine pour le premier, à raison de Mandra, forme ancienne du
Mandel flamand (Kurth, Front., I, p. 453; IX'^ siècle); j'ai noté en outre :
Petite-Mandre (Meuse) sur un petit affluent de la Meuse, Mandre (même
départ.) sur un affluent du ruisseau de l'Eix, Mandres au même départe-
ment et à la source d'un ru tributaire de l'Ornain, Mandres-aux-4-Tours
(Meurthe-et-Mos.) à l'une des sources de l'Ache, Mandern (Prov. rhénane)
à l'une des sources du Rùwer. Meduantum eût abouti à Méan ou à
Moyan : cf. les mots wallons « moyou, béole, moyin, Floyon », de
medullus, betulus, mediamis, * Fledo. * Mada7ita aurait pu fournir cepen-
dant Mante = Mande; cf. Médis My et son ruisseau, Mattis le Rupt
de Mad (Meurthe et-Mos.), Quoranda la Cure, Carantona la Charente.
Cartnlaire. — XIV- siècle. Jean de Sebres, chanoine de Ste-Marie à
Huy, de la cathédrale de Liège, de la collégiale de Nivelles et, à la
mort de Robert de Tuitio, archidiacre d'Ardenne (KK).
Sohier
1683, 2H juin. Aveu et dénombrement donnés par Anne Isabelle de
Notten, veuve de Nicolas Gougeon, et Jean François « Grundart », pour
la terre et seigneurie de Sohier (SI).
Sommethonne
1681, 10 décembre. Aveu et dénombrement de Nicolas Habbot et Jean
Habbot de Wicourt, écuyer, pour des fiefs à Sommethonne (SI).
1682, 17 août. Id. de Jean Rouyer, Jean le vigneron, Jean Clesse,
Pontian Collet, Henry Philippe, Jean Istaze^ François le Febvre,
Jean Mangin, Jean Gérard, Jacques Rouyer, Henry Aubry, la fabrique
de Sommethonne, François Desrodelles, pour des fiefs au même lieu (SI).
Même date. Aveu et dénombrement donnés par les mayeur et habi-
tants de Sommethonne pour les droits, privilèges, aisances, etc., dont ils
jouissent (SI).
Même année, 8 septembre. Id. par François Chauvancy, dit d'Aix, tant
au nom de sa femme, Françoise Rémond, qu'au nom des enfants mineurs
— 36 —
nés du premier mariage de celle-ci avec Jean Niclot, pour des prés à
Berchiwez, des tîefs à Sonimethonne, etc. (SI).
Saint-Hubert
XVIII'' siècle. L'abbaye possédait le droit de patronage de l'église
de Xeunh;iuser (fr. Neufchef), aujourd'hui Lorraine allemande. En
mars 17 45, cette dernière cure étant devenue vacante, le « concours » la
revendiqua, si bien que le pourvu de l'abbé ne put recevoir d'institutions
ni à Metz, ni à Trêves, chef-lieu de la province ecclésiastique. L'abbé
s'adressa en Cour de Rome et en obtint un bref appellatoire de la
sentence du Consistoire métropolitain, en 1754. Le prêtre nommé par le
concours dut ainsi résigner la cure, en faveur du pourvu de Saint-Hubert,
lequel fut déclaré institué « salvo jure concursus » (DP).
Saint-Mard
1681, août. Aveu et dénombrement de Marie Elisabeth de Nassau,
veuve de Philippe Edmond de Laistre, pour partie des seigneuries de
Saint-Mard, Allondrel, etc (SI).
Sainte-Marie-en-Nochet
Etymologies. — Fratin : 1270 et 1303 Fraitis. L'une des deux
interprétations données dans mes Recherches doit sans doute être
écartée : * Frid-in aurait pu aboutir à * Frevin> Froyin. S'il }• a réelle-
ment suffixe -in, il est préférable de supposer un ancien * Frastin, ou
encore * Frattin. Dans un des derniers numéros du Bulletin du Diction-
naire Wallon, quelqu'un a proposé le rapprochement du gaum. frâtin,
mot auquel on substitue aujourd'hui partout celui de « harotches ». A
défaut d'exemples semblables, je ne me sens pas convaincu : tout chanvre
(je tiens le renseignement de ma mère !) roui par un temps favorable
peut donner à la fois « sèran, ètoupe et harotches »; il est donc diflicile
de croire qu'on ait désigné un terrain par « frâtin » ou encore par
« harotches » pour le motif que le chanvre qu'on y récoltait était de
qualité médiocre. A moins que « frâtin » n'ait signifié primitivement
mauvais chanvre : ce qui n'est pas moins malaisé à démontrer.
Sainte-Marie : 1167 Sancta Maria, 1211 Rista, 1214 Rista sive
Sancta Maria, Ris te, 1226 et 1230 Sancta Maria, l;>27 Sai)icte Marie à
Xo.xet, 1402 Sainte- Marie en Noyset, 1462 Sainte-Marie en Or cet, 1570
— 37 —
Sta Maria in Urceto. Depuis la rédaction de mes Recherches, etc., je
m'étais demandé si au lieu de Rista, il ne fallait pas lire * Nuscet,
* Nusset ou * Nosset ; mais puisqu'il existe réellement encore à présent
un bois dit Rasta à une lieue du village, j'abandonne ce terrain. Qu'il me
soit permis de revenir cependant sur Nochet et Orcet. Je le répète,
nitcetiim aurait donné Nôsoy ou plutôt Nôjoy, Noùjoy : Trembloy
(à Fratin), le Chénois, le Rôsoy (à Poncel), le Halloy, l'Aunoy et le
Tombois, que je note tous aux environs, le prouvent abondamment, ainsi
que « noùjette » ou « neùjette » pour noisette. La diphtongue sch, en
gaumet, après une voyelle brève, peut provenir de :
a) ss, comme en « oché (ossellum), bachi (* bassiare), agrachi (incras-
siare) ».
d) X, comme dans « cuché (cox-ellum), machelle (maxillam), achi
(axiculum),
c) se, de même qu'en « boschet (boscum -f rom. -et), luché (glomus-
cellum), mouschran (muscam -j- rom. -ron), rouché (*rivuscellum),
paschan (pascionem), faschi (* fasciare) »,
d) si, par ex. dans « uche » (ostium),
e) c et s suivant immédiatement x : « pouché » (porcellum),
/) même r lorsque le radical était monosyllabique, par ex. dans
« couchot » dérivé de « couche » (curtus).
On voit que l'interprétation est assez épineuse. Aurions-nous ici le
suffixe germanique -i^ig? Toujours est-il que dans cette partie du territoire
gaumet, on rend par è bref les sons français en, in et an provenant des
-i?i, -en, -im et -ej?i latins suivis d'une consonne. Exemples : « tè
(tempum), froumè (frumentum), comèci (*cumin'tiare)^ dîmèlche »
(domin'cum).'
Folklore. — Ste-Marie avait aussi son Trou des Fées (tro des fâves).
Des anciens m'ont conté les deux faits suivants.
Deux jeunes hommes avaient joué un tour aux fées, en leur absence.
Celles-ci leur avaient envoyé dire qu'elles les rattraperaient. Cela ne
manqua pas : en chargeant du fumier peu de temps après, l'un piqua par
inadvertance sa fourche dans l'œil de l'autre.
Trois autres jeunes gens, passant près du Trou des fées, eurent l'idée
d'y pénétrer Mais comme l'ouverture était fort étroite, ils tirèrent à la
courte paille pour savoir qui des trois y entrerait. On attacha donc une
corde à l'entour du corps, à celui que le sort avait désigné. Quand on l'en
retira, il n'avait plus de tête.
St-Pierre
1575. Henri Magerotte, curé de St-Pierre, en Chevigny (VB).
Etymologie. — Sberchamps : Le champ de Sigisbert, en rom. Sebert,
Soibert.
St- Vincent
ll'ti. Adalbéron, évèque de Verdun, donne à l'abbaye messine de
St-Arnould sa part des dîmes de Saivinsart (AM).
Tavigny
893. L'état des biens de Prûm, transcrit par le molpe Césaire, men-
tionne à Tevenihe les lieux dits « Ad Curtil, in Monte juxta forestem,
in Carnido, in Gundinegias, ad Wispoldiso, ad Muci, et Aliumpas », deux
moulins, les noms de vingt-neuf détenteurs de manses appartenant à
l'abbaye, et une église (BU).
92S. Précaire du duc Giselbert avec l'abbaye St-Pierre de Trêves,
relatif au monastère de St-Servais, à Maestricht, et les villes de « Burtz
in pago et comitatu Ardunensi » (Bœur), Giils, etc (BU).
Termes
1570. Louis de « Termino », prêtre (HL).
1681, 7 juin. Aveu et dénombrement d'Albert de Pouilly, chevalier,
pour partie des terres et seigneuries de Pourru, Termes-Frénois, Villers-d*-
Orval, etc. (AM).
1682, 6 février. Les habitants et communauté de Termes-Frénois
donnent procuration à Henry Pierret, pour rendre leurs foi et hommages
au Roi de France, à cause de la dépendance du comté de Chiny (AM).
Thiaumont
Etymologie : La forme romane ancienne a dû être * Theodonmont,
puis * Tidonmont et * Tionmont, vu les formes thioises Diedemberg,
Diedemburg et Dedebrech (-burg). — On- avant la lettre m s'est déna-
salisé en -au -; phénomène qui semble se retrouver dans : a) Huônau,
voisin de Huompré et de Huombois, b) Libramont, ancienn. Librandi-
— 39 —
monte, en wall. Libraumont, c) Framont, w. Frômont, d) Blanmont
Blâmont (Lorraine), en ail. Blankenberg.
Carhdaire . — 1575. Henri Bourfeldt, curé (VB).
1682 : Voir Habay,
Tillet
TiLLET. — A cause du voisinage de Frenet et de Fosset, je crois que
Tillet est pour Tillois (tilietum). Je sais qu'on l'a traduit autrefois par
Tiliacum ; mais cette forme médiévale est sujette à réserves, autant que
les suivantes : Tulpetnm, Stabuletian, Piniacus, Taniaciis, etc., qui sont
pour Tidpiacum (= Tolbiactim Zùlpich)^ Stahiilaaim (= Stabulaiis
Stavelot), Pinetiim (Piney), Tannetum (Tannay), etc.
RouMONT = la hauteur sur laquelle s'élevait la forteresse de Rodulfus,
d'après ce qui va suivre.
Cartiilaire. — 1147. L'empereur Conrad III réconcilie l'archevêque
Adalbéron de Trêves et le comte Henri de Namur, qui étaient en guerre
au sujet de la charge d'avoué de l'abbaye de St-Maximin. Le comte livre
son château de Roiihuont, pour le recevoir ensuite comme fief de l'église
de Trêves (BU).
115'2. Confirmation, par le pape, des biens et droits de l'église de
Trêves. Il y est parlé du château-fort de Rodolfisberg, que le comte de
Namur s'était engagé à ne pas relever (BU).
Tintigny
■icj'H . 1912 : voir Chinv.
1227. L'archevêque Thierry, de Trêves, donne au couvent de Saint-
Arnould l'église de Tintigny, avec ses dépendances et le droit de patro-
nage (AM).
Othon, cardinal-diacre et légat du St-Siêge, confirme cette donation
(AM).
1263. J., princier de la cathédrale, Lambert, sire de Tintigny, et
Jacques d'Etalle, chevalier, donnent aussi leur part du patronage de la
dite église (AM).
1265. Th., archidiacre, incorpore l'église au prieuré de Chinv (AM).
1576. Pierre Guillaume résigne la cure entre les mains de Jacquemin
Bridon (AM).
1578. Requête de Jean Fabri, prêtre, pour la prise de possession de
la dite cure (AM).
1680, 18 mai. Aveu et dénombrement donnés par les maire, justice et
communauté de Tintigny pour leurs droits et privilèges (SI).
40
Torgny
Cartulaire. — 1681, 4 juillet. Aveu et dénombrement de Pierre
Delîjrouffé, pour le fief dit Cour Lossu (^Sossu?) à Torgny (SI).
168:> : Voir Miisson.
175!» : Voir Dampicouri.
Même année, 27 janvier. Aveu et dénombrement donnés à l'Impéra-
trice-Reine par Anne Béatrix de Heiden, veuve de Jean Michel de
Wobersnow, chevalier, Barbe-Louise de Wobersnow, femme de Charles
Louis du Han, comte de Martigny, et Marie Julienne de Wobersnow,
pour les terres et seigneuries de ïorgny, Bazeilles, etc. (SI).
Transinne
893. Suivant le polyptique de Priim, il y avait alors à Trancin trente-
quatre manses à l'abbaye (BU).
Vance
Question d'identilîcation. — Sous la date de 893, les Communes
Luxemb. ont identifié cette localité avec le Vi/ans cité en même temps
que Holonzi (alias Holonzeias) dans l'état des biens de Priim.
Je pense que c'est là une erreur. Vuans et Holonzi sont mentionnés
après Rivât (= Rivata), Monti?ii (= Montiniaca), Nivenru, Bovelicurt ;
ensuite viennent Wikc in salninse, Fagit juxta Pozol, Elemciirt, Mor-
villa, Puzol, Cavellion et Oron. Or le copiste Césaire dit dans ses com-
mentaires qu'il croit que tous ces endroits, dont les noms n'ont pas de
traductions thioises, se trouvent dans le diocèse de Metz; il l'affirme en
particulier pour Montini, sis à trois milles de Metz, dit-il, et qui serait
donc Montigny-devant-Metz ; ainsi que pour Wihc in salninse, très
probablement Vic-sur-Seille ou -en-Saulnois, pour Ptizol, aujourd'hui
Puzieux-lez-Delme, où il se serait renseigné.
De plus, Elemcurt, Morvilla, Cavellion et Oron désignent assurément
Alaincourt, Morville-sur-Nied, Chevillon et Oron, situés également dans
la région de Delme.
Il y a, ce me semble, assez de raisons pour admettre que Vuans
désigne aussi une localité du pays messin, soit un des deux Coin, soit
Goin. Quant au changement de w (vu) en cw ou gw, il n'est pas anormal
du tout : vespam ne devient-il pas gouape en lorrain ?
41
Vecmont
1682, mars. Aveu et dénombrement donnés par Madeleine de Mont-
morency, baronne de Brandenbourg, vicomtesse d'Eclaye, etc., pour la
seigneurie de Hubinne, avec une cour féodale de laquelle relèvent les
arrière-fiefs de Sinsin, Chéoux et Vecmont, et la censé d'Elloye (SI),
Villance
893. Extrait du polyptique de Prùm, document cité ici à plusieurs
reprises :
« XLV. De Vilantia. Est in vilantia mansus indominicatus, aspiciunt ad ipsum
culture VII. Prima est in rotunda hasila, ubi potest seminari avena modios... 2° est que
dicitur inerilonis crtice ad seminanda avena modios... 3° ad hulsiz ubi potest seminare
modios CCCC 4° est in loco qui vocatur cz/^^/^o^ (alias albiegias) ad seminandos modios CCCC.
ô** est in loco qui vocatur reiinainbarbu, ubi potest seminari modii CCL. 6° est secus
fontem qui vocatur scaitla, ad modios LX. 7° est in loco qui vocatur rricheiigas, ad
modios XXX, pratum ad carradas C. Sunt ibi molendini II qui solvunt annona mixta,
modios XL. Bratsinas III que reddunt avena, modios CGC. Silva ad porcos saginandos
M. sunt ibi alia mansa ingenuales XLVII ex quibus sunt vestite XLIIII et très partes
mansi et subjacent in bis locis (l).
De mansis servilibus. Mansus servilis quem tenet harierus. solvit hostilicium pro
denariis V. Dabrastobos XV facit araturam, ut alii reliquum tempus facit omne servi-
tium. quicquid ei jubetur. Mansus amandi facit similiter. Mansus witiechero similiter.
Mansus martini similiter. Mansus ivinithero similiter. Mansus item martini similiter.
Mansus theodorici , ivirannus habet terra jornales II.
De feodis ministerialium. Avmlhertus habet in beneficium mansos II, et jornales VIII.
Seihardus mansum I et dimidium. Harthertus presbiter mansos III, et capellani I in
trancin .
De hominibus qui attinent curie. Absi homines ex nostra familia, qui infra potestatem
nostram sunt sine mansis, solvit unusquisque annuatim friskingam I, vervecinam pro
hostilicio denarios V, coruadam I. per denarios IIII, facit araturam, jornalem dimidium.
Omni ebdomada diem I. Si foris potestate nostra sunt, solvit unusquisque denarios XV.
Abse femine ex nostra familia, sive infra potestate nostra sint, sive extranea, solvit
unaquaque linum, fusa XXX. Homines extranei qui infra nostra potestate résident solvit
unusquisque de avena, modium I. pullum I. ova V. facit in aratura, coruadam I. et vadit
unum diem cum falce in prato secare. Ancille autem que ibi sunt, débet unaquaque
ex dominico lino facere camsilem L aut sarcilem I. in longitudine cubitos XII. in latitu-
dine II. quod si hoc non fecerint, solvit unaquaque de lino fusa XXX... » (KU)
1370. Egidius, curé de Nilhans, se démet pour le canonicat de Saint-
Denis, à Liège (KK).
(1) « Nobilis vir de ctcnhs, qui ibidem est advocatus, apud vilanciam, tenet ab ecclesia
villam bonam infra terminos ejusdem curie, quod oschanp appellatur, et allodium illud
habet ejus patronatus ecclesie ejusdem ville que terminos habet satis amplos. »
— 42 —
Villers-devant Orval
1681, juin. Aveu et dénombrement de Simon de Herbémont, chevalier,
seigneur de Charmois, pour partie de la terre et seigneurie de Villers-
devant-Orval (SI).
Villers-la-bonne-eau
Etvmologie et identifications. — Chiversoux : wall. « Tchîversou ».
Diminutif de * Cavriciacus > * Chivercy : cf. plusieurs Givercy français ;
ou de * Capraritium, composé de la même façon que Porcaritias Por-
cheresse, Vaccariciavi Vacheresse, Castricium Chastrès. Rappr. aussi le
wall. « tchîfe » chèvre (rom. chièvre), de capram.
Losange : XV'^ siècle Lossan^e, Louesenge ; wall. Lozindje, pat. ail.
Losig, Losich (cf. Zittig de Ziittinga, Rippig de Rilppingen, Bàdig
Bôdingen ou Bodange). Les auteurs du Cartulaire de Stavelot-Malmédy,
MM. Halkin et Roland, identifient notre Losange avec le Lnkesengias,
Lnxengias, Lnzxengias, Lnchezengias , Lughensengeis, Liikesengcs des
chartes de 1046, 1049, 1089, 1143,- etc. des dits monastères. Un passage
du n<^ 125 dû Cartul. cité milite fortement, au contraire, en faveur de
Luxem, autrefois Lukesinga, Lukesingias (1023, 1026, 1182, etc.), qui
figure aussi parmi les possessions de l'abbaye Saint-Maximin de Trêves à
ces dates (1). Dans ce titre, le moine écrivain, parlant de l'abbé Thierry,
qui gouverna Stavelot et Saint-Maximin à la fois, dit que cet abbé
favorisait le parti de Trêves et rapportait fréquemment les controverses
des partis convoitant cet endroit, en ajoutant que Lukesenges appartenait
ajuste titre à Saint-Maximin plus qu'à Stavelot. En outre, phonétique-
ment parlant, * Luksinga ni * Lukensinga ne donneraient en wall.
Lozindje et en ail. Losig, mais plutôt des formes comme Lochindje,
Loyinsindje, Luksig; ce qui ne serait pas malaisé à démontrer.
Bettlange. — Une charte de Stavelot, datée de 968, cite une localité
du nom de Dottinga, située sur la rivière de Sura et dans le comté de
Bastogne. Ne faut-il pas lire Betlinga, qui serait Bettlange, arrosé par
l'eau de Surré ou Sirbach?
(I) Pour ceux qui .s'étonneraient en voyant qu'une localité figure dans les possessions
de deux monastères à la fois, je dirai que Crôv et son église auraient appartenu vers
741-752, en 895, en 915 et vers 1125 (Beyer, Urk., I. page 14, 205, II. p. 3, 16, 25) à
Rchternach, et en 862 (Roi. et H., Cart. de Stav., 81) à Stavelot, suivant les documents
43 —
Villers-la-Loue
Etymologies. — Vili,ers-la-Loue ; en pat. « Ville laloû, Ville lolù
(cf. gaum. « olâye = alèye » allée), ou simplement « Villèy ». Est
anciennement écrit Villers Valuet, qu'il ne faut pas lire «... l'alu-et »,
mais «... lu » ou « -loù » ; à la même époque Rehisiiel, Briiels sont pour
Rebisù[l], Brù[l] ou Rebisoù[l], etc. Aloi'i est le franc, alleud.
HoUDRiGNY. — Voici une étymologie préférable à celles émises en
mes Recherches : * Holdreginiaciis, fonds de Holdregino.
Villers-sur-Semois
Etymologie. — MORTINSART. — On a si souvent répété que Mortinsart
est pour * Martinsart, que la plupart ont fini par le croire. On ne peut
cependant se baser que sur une graphie unique du XIIP siècle, à laquelle
il faut préférer la forme traditionnelle, qui mérite au moins autant de
confiance. Pourquoi ne serait-ce pas le sari de Morto (Mortinis sartvmi)?
Rappr. : Mortagne, Mortain, Mortsel, Morting, et peut-être Morcelas
Moircv (* Mort-iacas ?) et Mormont.
Virton
1.380. Simonins Porcher de Verton et sa femme Marguerite, fille à
Collart d'Ottange, chevalier, avec Thomas d'Ottange de Bure, donnent
aux sujets de l'abbé de Saint-Pierremont décharge, pour le passé, d'une
rente de 25 quartels d'avoine non encore acquittée (AM).
1570. Jean de Virton, curé à Etalle (HI).
1680, 24 octobre. Arrêt rendu par la Chambre de Réunion, au profit de
l'évêché de Verdun, contre le seigneur de Virton (Recueil des arrêts de
la Chambre Royalle, Paris, Léonard, 1681).
1681, juillet. Aveu et dénombrement donnés par Catherine de Chau-
mont, comme héritière d'Alexis de Chaumont, écuyer, Marie Anne de
Chaumont, Elisabeth de Chaumont et demoiselle Catherine de Jumel,
leur nièce, pour l'étalage de Virton, des droits à Bouillon, etc (SI).
Même année, 22 mai : Voir Bleid.
44
Vielsalm
1249. Le comte de Salm en Ardenne, qui tenait en fief et hommage
de rêvèché de Metz, le patronage de l'église de Hussange (Lorr.) et la
moitié des dîmes et redevances attachées à celle-ci, en fait remise entre
les mains de l'évéque Jacques (DP).
Waha
1681, 4 novembre. xA.veu et dénombrement de Humbert de Waha de
Fronville, chevalier, pour les terres et seigneuries de Hauvezin et
Verenne (SI).
16<S:>, juin. Aveu et dénombrement de Denis Théodore de Waha pour
les terres et seigneuries de Buisson ville et Montfrent (SI).
Wardin
893. On lit notamment dans l'état des biens de Prùm que l'église de
Wardanc a été détruite par les Normands (paganis).
Witry
Etvmologie. — M. Kurth (Front. Ling., I) a proposé * Victor iacu m, par
analogie aux multiples Victor iacitm > Vitry français. J'estime que *VictO'
riacum ne se serait pas altéré en Witry, prononcé « Ouitri », et qu'on
peut supposer plutôt * Witthariacum = fonds de Witthar, équivalent des
Wittringen germaniques et de la même famille que Wlttîmont (« Wittiè-
mont»), Witînowe (l.-d.) ; ou encore * Wildhariacum : cf. Wiltinga
Wiltingen.
— 45
VARIA
I. — Vieilles chansons
1. — L'AMOUREUX DUPE. Dans le numéro de février 1905 de la
revue Wallonia, j'ai donné, avec la musique, le texte de cette chanson
tel que je l'avais entendu de deux vieillards, dont l'un est mon père.
Depuis lors, j'ai eu l'heur d'entendre et une des versions éditées par
de Puymaigre en ses Chansons Populaires et un fragment chanté par un
ancien de Mussy-la- Ville, qui m'ont fait reconnaître comme incomplète et
pas toujours fidèle la variante de Prouvy. Je la rétablis ainsi :
Dj'avou' n' maîtresse à Dampîcou (1);
Djè l'alous war presque tous les djous.
Djè n'atous mi in grand dèpensou,
Ca djè n'avous jamâ wâ d'sous (2);
Avu la mîtan d'eune fourboulâye
Dj'an' avous pou passé ma djournâye (3).
Quand c'est v'nu 1' lundi 't au matin (4),
Dj'â rencontrey el gros Martin,
I m'è dit coum' ça : « Où-c'què t' t'a vas »?
Prends tes soleys et s' les met d'zous t' bras,
Ça c'est' n' chose bin assurâye
Que ta maîtresse es' va mariâye !
D'après mon interlocuteur de Mussy, il y avait entre ces deux-ci un
autre couplet, dont il n'a pu se rappeler le texte et qui serait, parait-il,
assez ressemblant avec le début de la variante de Serrouville (voir Puy-
maigre, o. c.) :
(1) A Malavillers, on chante par erreur « à Tapicou ».
(2) De Puymaigre omet ce vers.
(3) Le même auteur estropie ce vers.
(4) Var. : Djè m'y an' allous de grand matin.
... Je mettou ein bé chape
Je mettou eiii bé mante
Je montou su not' gros ch'fau
Qui s'apelout le Mouriau.
3^ (ou 4-^)
Quand dj'â v'nu (l) su l'Haut des Possons (2),
D'jâ, dj'â (3) oyi dôs violons
Qui fayint des ringningnins.
I m'avant dit : « Bondjou cousin !
Atré ci-d'da not' mâjon,
V are 'n' boun' trantche dî djambon ! »
4'' (ou 5*^)
I m'avant fâ assir on culot
Et s'è n' m'an aporté qu' don magot (4).
Dj'avous r gordjon si dèbraulâye
Que djè n' savous rin avolâye,
Si ç' n'avou ètu la mariâye
Qui m' bayout quequ's boun's goulâyes.
5^ (ou 6-^)
Air m' erwâtout, djè la r'wâtous,
Air soupirout, djè soupirons.
Dj'â dit qu' ç'atout la faute don kerâye
Que ma maîtresse atout mariâye,
Ça si ç' n'avout m'ètu 1' kerâye
Dj'arous co pu la rachapâye.
6^ (ou 7^)
I m'avaut fâ n'allé dansi.
Ma dj' n'avons pont d' sous pou payi,
Avu mes gros et lourds solèys
Qui m' colint aux pis coume des colèys.
I m'avant fâ bin des hipâyes;
Dj'â bin vu qu' ç'atout pou s' moquâye !
(1) Var. : An' arivant...
(2) Lieu-dit. La variante de Serrou ville dit : Quand j'crivou duus Lariniont.
(3) Var. : Dj'ouyous djâ...
(4) Estomac de ruminant préparé.
- 47 —
7<= (ou 8^)
I m'avant mins coûtchi su 1' fon ;
Pou don soumèy djè 'n' n'avous pont.
I s'avant v'nus coùtchi d'ié mi,
I n'aA^ant rin fâ qu' de s' dèmargouNÙ (1).
Dj'â, dj'â bin oyi a lou dijâye
Que ma maitresse atout mariâye !
Il est curieux de constater que cette chanson se trouvait transplantée à
Malavillers et à Trieux (Meurthe-et-M.) : telle qu'on la chantait là :
J'avos 'n' matrosse à Tapîcout,
à part la forme matrosse, elle est bien de provenance virtonaise ; elle a
dû y être implantée par des bûcherons et des charbonniers de notre
région. Je suis loin de croire toutefois que le thème est gaumet d'origine.
On en chantait une autre variante à Sen-ouville, même département, et
dont voici un fragment :
Quand j'èriveu dans Larimont,
J'oyeu dèjè 1' cariyon,
J'oyeu les mèn'tres jouèy,
J'oyeu les gâchons tèrèy,
J'o3^eu bin à laou ramège
Qu'i s'agissent d'in mariège.
Je m'en alleu dans laou moutî,
Ma ç 'n'oteut m' pou z'y priyi,
Ç'oteut pou woer la mariâye
Si elle oteû maou bin parâye...
En entrant dans laou mouti,
La mariâye m'è r'wâti, je l'a r'wâti.
Ma le cœur de la mariâye
Savent maou bin ma pensâye...
En sortant de laou mouti
Le marièy m'è r'wâti;
Le marièy et la mariâye
M'ont invité à laou dînâye.
I m'ont mins au pu haut bout,
D'où qu' j'oteus le pu hontaou 1
(1) S'embrasser, probablement. A Prouvv, on chantait aussi « dègugiii t>.
48 —
J'aveus r cœur si tafoiich'tây
Que je n' pèlou rin avolâye!...
Je m'en alleu dans note maujon;
Je m'a mins au lit d' bonne façon :
J'en â avu la repousâye
De chinq ou chiche maou bonnes jornâyes.
Mè mare n' fayeut rin qu' triôlây
Et m' pare jeureut des gross's mouchâyes.
Ah ! que maudite sot la jornâye
Que t'es ètu woer la mariâye !...
Jouve (Chansons Vosgiennes) en connaît plusieurs autres versions plus
ou moins anciennes, et il en donne une, après sans doute l'avoir châ-
tiée (1 ), celle de Gérardmer, qui se rapproche beaucoup de la précédente.
Toutes se rattachent au fragment inséré dans Y Essai sjir le patois lorrain
du Ban de Laroche, de Oberlin, paru vers 1775. Un auteur messin,
Jaclot de Saulny, en a même arrangé et publié une dans ses œuvres.
Il y a aussi une chanson française qui débute semblablement :
Quand j'ai sorti de mon pays,
Du château de mon père,
Les nouvelles me sont arrivées
Que ma maîtresse était fiancée
J'ai sellé mon cheval grison,
Je lui ai mis la bride
Un coup d'éperon lui ai donné
Pour aller voir ma fiancée.
Aussitôt qu'elle m'aperçut.
Son petit cœur a soupiré . . .
La suite diffère trop de la nôtre pour que je continue.
(1) 11 a trouvé nutaniment que les deux versions données par Puymaigre ne pouvaient
être chantées, les couplets de celles-ci n'ayant pas le même nombre de vers, et ceux-ci
pas le même nombre de pieds. Les anciens paraissent cependant s'être accommodés de
cette particularité; que leur importait, à eux, s'il fallait répéter le vers deux fois ou
dilater les temps.
2. — LES PLAISIRS DE LA BERGERE
1" COUPLET
Il n'y a rien de plus charmant
Que la bergère aux champs;
Quand elle voit la pluie,
Elle désire le beau temps.
Voilà comme la bergère
Aime à passer son temps !
Le matin et le soir,
Son berger vient la voir.
— Ah ! levez-vous, bergère,
Bergère, car il est jour !
Lâchez vos moutons paître,
Le soleil luit partout !
Quand la maîtresse entend
La voix de son amant,
Elle met sa jupe verte
Et son joli bouffant,
S'en va ouvrir la porte
A son berger mignon.
— Oh ! dis-moi, mon berger,
Oii irons-nous déjeuner?
— Là-haut sur la montagne.
Un oranger il y a.
Allons-y, ma compagne.
Nous déjeunerons là !
-- Oh! dis-moi, mon berger.
Où irons-nous reposer ?
— Là-bas dans ces vallons,
Une prairie il y a.
Allons-y, ma compagne,
Nous reposerons là !
— 5Ô -
Chamfleiirv et Weckerlin (Chans. popiil. des provinces de France) en
connaissaient le premier couplet, auquel ils assignaient une origine ange-
vine. Depuis, on l'a retrouvée à Condé en Lorraine, dans l'Ouest, en
Berry. J'en trouve par hasard deux nouvelles variantes dans VAlmanach
de la Bonne Chanson de 1912, intitulées la Bergère aux champs et la
Chanson des Tranziaux. On dirait une pastourelle du moyen âge.
3. — LA FILLE DU GARDE
l^"^ COUPLET
Au fond de ce grand bois,
Y a une joli' fille ;
On dit qu'elle est moult belle,
Belle comme le jour.
Trois nobles capitaines
Voudraient lui fair' la cour.
Le plus jeune des trois
La prit par la main blanche.
— Montez, montez, la belle,
Sur mon cheval e gris !
Dans Paris il l'emmène
Au fond de son logis.
Arrivant à Paris
« Grand Dieu ! quel' joli' tille !
Dites-nous, la belle,
Dites-nous sans mentir :
Etes-vous ici par force
Ou bien pour vos plaisirs? •
La belle qui répond
Comme elle peut le dire :
« Je suis ici par force
Et non pour mes plaisirs.
De la maison d' mon père
Ces francs lurons m'ont pris.
- 51
On fit faire un souper
Chacun se mit à table.
« Buvez, mangez la belle
Suivant votre appétit.
Avec trois capitaines
Vous passerez la nuit ! »
6^
Au milieu du souper,
La belle a tombé morte.
« Sonnez, sonnez les cloches,
Trois dolents cavaliers
Ont trouvé la bell' morte
Sans lui avoir parlé ! »
« De nuit l'enterrerons
Au bois de chez son père ;
Nous mettrons sur sa tombe
Trois jolies fleurs de lis;
Nous prîrons Dieu pour elle
Qu'elle aille en paradis ! »
8«
Après trois jours passés,
Son père qui se promène
« Déterrez-moi, mon père,
Mon père si vous m'aimez !
J'ai fait trois jours la morte
Pour mon honneur tarder ! »
Qui ne connaît et n'a entendu cette chanson, qui est populaire partout,
en Wallonie comme en France, en Provence comme en pays basque !
Marcoaldi, Canti popolari, nous la donne même en italien (La fuga e il
pentimento;.
- 5'i -
4. — LE MAL MARIÉ (fragment)
1" COUPLET
Vinez, maman; choùtez bin, ô
Qui d' j'vos dîie... Dj'ai bin mau !
Dj'ai pris one fème, qui Y bon Dieu vos bénisse !
Elle mi feret bin passet tot's les crises !
Quand dji gangnrais par djoù vingt patars,
Tot-a-fait passe pa 1' bètche do coqumoar !
Do chocolat, do riquiqui !
Faut qui dji m' continte do 1' waiti mougni !
Dji vôrais bin mougni do djambon,
Mais jamais on n' m'è fricasse pont ;
On n' mi fait pu mougni qui dol grogne,
Dji sus li pus malheureux des hommes!...
Il existe aussi une chanson française sur le même thème ; en voici le
troisièmiC couplet :
— Rentre gros lourdaud, rentre
Et va-t-en te chauffer, voyez.
Les os sont sous la table
Et va-t-en les ronger, voyez.
Y a du fumier dans l'étable
Et va-t-en t'y coucher, voyez !
Ainsi qu'une chanson allemande (Der geplagte Ehemann), dont je
donnerai les deux premiers couplets :
Ich bin ein armer Ehemann^
Hab'wenig zum verzehren.
Die Frau die hat die Hosen an
Und ich muss Stube kehren .
Un i wichs die Stiewel
Un i schmâr' die Schuh'
Un i krie' a noch
E Paar Schlâ' dazu 1
O jerum, o jerum !
Des Xachtes, wenn ich in's Wirtshaus geh'n
Kommt's Hauskreuz nachgelaufen :
Du Schlingel ! sollst nach Hause geh'n,
Und du musst Wasser saufen.
Wenn i dann so vor
Minem Fenster steh
Un mit trocknem Maul
Nach dem Wirtshaus seh.
O jerum, o jerum !
5. — UNE BALLADE DE JÉSUS. Je l'ai souvent entendue dans
mon enfance; je la donne d'après mes souvenirs :
1" COUPLET
Jésus-Christ s'habille en pauvre : « Faites-moi la charité ! (bis)
Des miettes de votre table je ferai bien mon dîner!
— Les miettes de notre table, les chiens les mangeront bien :
Ils nous rapportent des lièvres, et toi tu n'nous apportes rien !
— Madame qui êtes en fenêtre, faites-moi la charité !
— Ah! montez, bon pauvre ! Un bon souper vous trouverez. »
Après qu'ils eurent soupe, il demande à se coucher.
« Ah! montez, bon pauvre : un bon lit frais vous trouverez. »
Comme ils montaient les degrés, trois beaux anges les éclairaient.
« Ah! ne craignez rien, madame : c'est la lune qui paraît.
Madame, dans trois jours vous mourrez : en paradis vous irez ;
Mais votre mari, madame, en enfer ira brûler! »
Etant à Herbeumont, on m'a parlé aussi de cette vieille complainte,
dont la version, là, est un peu plus longue.
54 —
6. - CHANTS DE MAI DITS DE LA MARIEE
Le prologue le plus connu est le suivant :
Mai, joli mai
Joli mois de mai,
Aux trimazots !
ou encore :
Voici le joli mois de mai
Oui se présente à votre porte :
Si peu de chose lui donnerez,
Nous le recevrons de bon cœur.
Les enfants chantent ensuite l'une des deux cantilènes qui vont suivre,
ou plus souvent aujourd'hui des cantiques à la Vierge :
A) Làrbas, là-haut sur le vert pré,
Le petit Jésus j'ai rencontré ;
A ses genoux me suis jeté.
Mon cœur vole, vole, vole.
Mon cœur vole vers les cieux.
A ses genoux me suis jeté :
« Ma fille, qu'est-ce que vous m' demandez ?
— La sagesse et l'humilité !
Mon cœur, etc.
« La sagesse et l'humilité !
— En paradis, quand vous y serez,
Avec les anges vous chanterez.
Mon cœur, etc.
Avec les anges vous chanterez :
. « Te Deum et Laudate ».
Ce sera pour l'éternité!
Mon cœur, etc.
B) Jésus s'en va parmi les champs (bis);
Sa mère le suit tout en pleurant.
— Sainte Marie, mère de Dieu, Jésus !
— ôô —
« Où allez-vous, mon bel enfant?
— A Jérusalem, bonne maman.
— Sainte Marie, etc.
— N'y allez pas, mon cher enfant!
Les Juifs y sont trop méchants.
— Sainte Marie, ...
— Au visage, vous cracheront.
Couronne d'épines ils vous mettront !
— Sainte Marie, ...
— A une croix vous attacheront,
Les pieds, les mains ils vous cloueront!
— Sainte Marie, ...
On termine par :
Madame, nous vous remercions
De vos bienfaits et de vos dons.
C n'est pas pour nous qu' nous demandons (1),
C'est pour la Vierge et son enfant.
Marie priera son Fils
Qu'il vous r rende en paradis !
ou à un jeune homme
Monsieur, nous vous, etc.
Marie priera son Fils
Ou'Il vous donne un' bonne amie !
Il est évident que le prologue et la fin ne sont pas de la même compo-
sition que le reste. Voici comment je recompose la pièce d'où ils pro-
viennent, telle qu'elle paraît avoir été chantée chez moi; lorsque mes
souvenirs me feront défaut, je me permettrai de faire quelque emprunt
aux variantes lorraines les plus rapprochées :
(1) Ou : c n'est pas pour nous ce beau présent.
— 56 —
Voici le mois de mai, avril passé :
Je ne puis tenir mon cœur de joie aller,
Tant aller, tant danser,
Vous aller, moi chanter.
O Trimazots !
C'est le mois, mois de mai,
C'est le joli mois de mai !
Nous avons passé parmi les champs,
Nous avons trouvé les blés si grands,
Les avoines vont en amendant.
Les aubépines en fleurissant
O Trimazots !
C'est le mois, etc.
Catherine, la belle femme.
Lorsque vous couchez votre enfant,
Mettez-lui les pieds devant,
La tète auprès de St-Jean !
Jeunes garçons à marier,
Faites-nous la charité ;
Nous prîrons la bonne Sainte Vierge
•Qu'elle vous envoie une belle maîtresse !
Jeunes lilles à marier.
Faites-nous la charité ;
Nous prierons Notre Seigneur
Qu'il vous envoie un bon serviteur!
Madame (ou Monsieur), nous vous remercions, etc.
Elle priera son Fils
Qu'il vous mène au paradis,
Au paradis, encore mieux
Qu'il vous mène dans les cieux !
Enfin, dans le cas où l'on ne recevait rien :
Dju v' souhâtans autant d'afants
Qu'i gn'è d' pierrettes avau les tchamps.
Ni pé ni pâte pou les neûret,
Ni tch'mije ni toile pou les couvret !
— 57 —
C'est également le thème champenois, à peu de chose près : voy. Tarbé,
Romancero do Champagne.
Ces chants n'étaient donc pas localisés au pays gaumet. On en retrouve
chez d'autres peuples.
Ainsi, en Espagne, les fillettes, parées, élèvent encore de petits autels
au milieu de la rue, appelés mava. En Provence, subsiste un usage
semblable ; le nom de mave s'applique de plus à la fille habillée en
déesse, chargée de collecter. Boccace, dans la Vie du Dante, nous a parlé
aussi des chansons populaires dites maggi et des fêtes pendant lesquelles
chaque jeune homme plantait un maggio devant la porte de son aimée.
11 est à croire que cette dernière coutume existait également en certaines
régions de la France, comme le prouvent les deux couplets suivants :
Voici le mois de mai,
Lonlonla tirelire :
Que donnerai -je à ma mie,
Lonla?
Nous lui planterons un mai,
Lonlonla tirelire,
Devant sa porte jolie,
Lonla !
Aujourd'hui, le mot gaumet ma, maiy désigne l'arbre élevé aux candi-
dats élus par le scrutin. Le sens est un peu détourné, ainsi que l'usage.
IL — Jean de Médy
Chaque contrée, peut-on dire, a son personnage légendaire. La région
du Rhin a l'Eulenspiegel, le pays messin Chan Heurlin, la vallée de la
Meuse Gribouille. Les gaumets ont le « Djan d' Mâdî ».
Il est regrettable que les Communes Luxembourg., assez riches cepen-
dant en détails folkloriques sur ma région, aient négligé d'en parler.
Toute la bibliographie que je connnais sur ce sujet — et encore, bien
vaguement — consiste en deux articles parus il y a un certain temps, l'un
dans l'Avenir du Luxembourg, l'autre dans le Petit Bleu.
Les anecdotes débitées sur notre héros sont assez nombreuses. Malheu-
reusement, celles que je me suis fait conter sont pour la plupart gros-
sières, et je n'en ai retenu à vrai dire qu'une paire. En voici une :
Durant une nuit d'hiver, je crois, des voleurs firent une razzia dans le
pays. Ils enlevèrent à Orval notamment une génisse qu'ils attachèrent à
un arbre de la forêt, auprès duquel ils avaient déjà entassé divers objets,
entre autres un grand tonneau dit « tonneau à buée ». Pendant qu'ils
— 58 —
continuaient leurs perquisitions, Jean de Mcdy passa en cet endroit et
fut assez aise de trouver le tonneau pour s'y réfugier. Il y vint aussi une
« barbe grise », c'est-à-dire un loup. Pendant que celui-ci se jetait sur le
ruminant, Jean saisit la béte féroce par la queue, si bien qu'elle fut prise
de peur et s'enfuit au grand galop, ... mais traînant derrière elle le
tonneau et le facétieux Jean ! Tous deux arrivèrent ainsi au village du
Faing, et là, dit-on, le tonneau fut brisé et la queue du loup arrachée
simultanément. Et les bonnes femmes de l'endroit, — le matin avait déjà
paru — en voyant soudain notre héros se relever, s'écrièrent : « Oh !
regardez donc ! un loup qui ch... un homme ! »
Cet épisode ressemble à celui de la ruche d'Eulenspiegel. Aussi — peut-
être n'est-ce qu'une illusion — je suis d'avis que les deux légendes, à part
certains détails qui diffèrent forcément, sont identiques. Il y a là une
étude comparative à entreprendre, qui ne manque pas d'intérêt.
III. — A propos de Tranchîre
Dans mon étude sur la frontière linguistique, je n'avais pas jugé
nécessaire, tant je la considérais comme puérile, de parler de la légende
du Landgraben. Mais comme on l'a remise récemment sur le tapis, je me
permets, en guise de réponse, de lui consacrer ici quelques lignes.
On s'en va donc répétant qu'en plusieurs endroits de la dite frontière,
on retrouve des restes d'un immense fossé et que celui-ci, connu notam-
ment sous l'appellation de Tranchîre, — du moins aux environs de
Sampont — servait anciennement à séparer les deux populations thioise
et romane ! L'auteur de la tranchée ne serait ni plus ni moins que
Charlemagne !
On ne nous dit pas si le fossé est encore partiellement visible ailleurs
qu'en notre province, par exemple dans les plaines de la Hesbaye, du
Brabant, du Nord de la France, ou de la Lorraine, où la question de la
Sprachgrenze a été tant débattue déjà. Car il serait bien étrange que
notre Bas-Luxembourg en conservât seul des vestiges.
La dénomination de Tranchîre, ainsi que le faisait remarquer M. Kurth
dans un mémoire bien connu, est significative et suffirait, à elle seule, à
renverser l'hypothèse de fond en comble. Evidemment, Tranchîre est
emprunté au français moderne, non au roman, encore moins au latin.
* Triincaria, en effet, eût abouti à Tronker ou à Trenker, avec l'accent
tonique sur la première svllable, et nullement à une forme en -chîre. Le
mot tranchée est lui-même rendu en wallon sans altération, preuve qu'il
n'est pas de création populaire, qu'il est tiré, au contraire, du vocabulaire
industriel moderne.
Chose non moins curieuse : alors que le pays est plein de souvenirs de
Charlemagne et de ses preux, qu'on connaît des arbres, des chaussées.
— 59 —
des « Lits », des landes, des enclos, des Tours Charlemagne, des villages
même attribués à l'empereur « à la barbe fleurie », etc., la tradition n'a
pas accompagné la désignation du fossé, du nom de son célèbre auteur.
Sans doute, ces enclos, ces arbres, ces chaussées, etc., dits de Charle-
magne, n'ont rien eu de commun avec le grand monarque, mais ils
attestent jusqu'à quel point sa mémoire était familière à l'admiration de
nos ancêtres.
Il y a lieu de se demander aussi quelles auraient pu être les raisons de
l'établissement de ce fossé séparateur.
Dans la région, on savait parfaitement que tels villages étaient thiois,
tels autres romans.
Aurait-on eu quelque intention hostile à l'égard de l'une des deux
races? Aurait-on voulu interdire à l'une ou à l'autre de posséder des
biens au-delà de son territoire, de s'y rendre et d'y résider? C'est on ne
peut plus inadmissible.
Jamais, dirai-je avec M. Kurth, dans les nombreux partages des terri-
toires francs, on ne s'est préoccupé de grouper les populations d'après
les langues qu'elles parlaient, même quand ce groupement semblait tout
indiqué.
A la mort du grand Clovis, son fils Thierry n'eut-il pas avec l'Aquitaine
et la Champagne romanes, l'Austrasie bilingue; Clotaire, la Neustrie avec
Laon et Soissons? Sigebert, fils de Clotaire, ne règna-t-il pas à la fois sur
l'Austrasie, la Tourraine et le Poitou?
Passons sous silence les autres partages conclus sous la première
dynastie, pour arriver à ceux des Carolingiens.
Pépin le Bref, avant sa mort, décide que Charles aura l'Austrasie et
une portion de l'Aquitaine, et Carloman le reste de cette province avec
la Bourgogne, la Provence, le Languedoc et l'Alémanie. Le partage qui
se fait en 763, après sa mort, laisse encore à chacun des deux frères des
royaumes bilingues. Celui de 806, entre les trois fils de Charlemagne,
« entre encore bien plus dans le vif des unités linguistiques : la part du
fils aîné va du Danemark jusqu'aux Alpes et de la Bretagne jusqu'à la
Thuringe, celle de Pépin comprend la Bavière et l'Italie ; on coupe en
morceaux la Bourgogne, l'Alémanie et la Bavière ». Quand Louis le Pieux
associe son puîné Charles au trône, il lui donne l'Austrasie transrhénane,
la Rhétie et la Bourgogne transjurane, laquelle comprend une partie
romane. Le partage de 842 et celui, plus connu, de 843 n'innovent en
rien : la Flandre suit désormais les destinées de la France, le royaume
de Lothaire est établi sur deux nationalités. Même indifférence linguis-
tique dans celui de 870, qui ne fut qu'une répartition d'abbayes : chacun
sait qu'Arlon, la ville germanique, était laissée à Charles le Chauve; et
cependant « rien n'aurait été plus facile ici que de sui^Te en tout la fron-
tière des races, de laisser tous les éléments germaniques d'un côté et
tous les romans de l'autre, il eut suffi de modifier légèrement le tracé de
— 60 —
la ligne de démarcation pour obtenir ce résultat, mais les commissaires
des deux rois n'y pensaient pas même », leur intention étant d'arriver à
une égalité matérielle.
Jamais non plus, les pagi francs ne groupèrent les populations d'après
la langue. Nul n'ignore que le Haspingozve (Hesbaye), l'Ardenne ou
Osling, le Wabrensis (Woivre), le Methingowe, le Moselgoive ou Mosel-
lane, étaient bilingues.
En outre, ce qui compliquait la question, il devait y avoir même
au VIIP siècle, plus peut-être que de nos jours, des localités mixtes le
long de la frontière, où le contact des deux races était continuel.
Il n'est pas même nécessaire de soulever une dernière question sur la
possibilité d'un autre moyen de séparation plus simple et, partant, plus
rapide et moins dispendieux.
Tout lecteur séiieux conclura avec moi que les fossés encore visibles
dans la région de la Semois et de la forêt d'Anlier ont été tracés à une
époque assez récente; même quand il ignorerait la note suivante du curé
Welter, prêtre du XVIIP siècle, concernant le général Piccolomini :
«... Les tranchées qu'il lit faire dans le bois d'Etalle et sur les plaines de
la Semois, depuis Vance jusque près de Heinstert, portent encore son
nom ».
Après cela, ai-je besoin de réfuter également l'historien luxembourgeois
Lagarde, qui prétend que Charlemagne transplanta des milliers de familles
saxonnes dans la partie depuis allemande et les sépara de la population
romane par une muraille? Construire celle-ci du côté de l'occident, était-
ce le vrai moyen de les empêcher de retourner dans leur patrie? La
frontière remonte bien plus haut.
Profitant du bouleversement causé dans l'Empire par l'irruption des
Vandales, et, à l'instar d'autres peuples, les Francs s'établirent peu à peu
de ce côté du Rhin, à l'emplacement des villas romaines abandonnées
ou ruinées. Ils y rencontrèrent certainement des compatriotes qu'avaient
dû y fixer les empereurs aux siècles précédents. Les Gallo-Romains,
décimés, ne tardèrent pas à être absorbés là où ils se trouvèrent en
nombre inférieur aux nouveaux venus (1), de même que le furent ceux-ci
en deçà de ce qui fut la limite des idiomes. Le point où chacun des deux
éléments cessait de dominer, devait être infailliblement et naturellement
cette frontière.
L'invasion et la colonisation des Francs peuvent être comparées à une
mer qui aurait occupé d'abord la rive droite du Rhin et qui, par suite de
la rupture complète des digues, aurait inondé les pays de la rive gauche,
(l) Vers 472, Sidoine dans son Episf. XVIP, 1. 4, adressée au comte Arbogaste à Trè^-es,
le félicite encore d'avoir conservé la pureté de la langue latine, bien que Rome ait perdu
ses droits sur la contrée frontière. Il n'y eut bientôt plus que les /loiiiinrs ccclcsiastici qui
ne fussent pas Franci{zi. Beyer, Urkund., II, p. CXXIX).
— 61 —
gardant partout le même niveau et déployant de toutes parts la même
force, jusqu'à sa rencontre avec une force au moins égale qui l'aurait
arrêtée.
On a toujours, me semble-t-il, étudié cette question dans un sens trop
restreint. Cependant, l'examen attentif d'une carte de l'Europe occiden-
tale confirme mon hypothèse. Le tracé de la frontière linguistique n'y
apparaît-il pas presque parallèle au cours du Rhin, formant des coudes à
une certaine distance de Bâle, de Mayence et de Wesel?
Sans doute, le tracé comporte encore beaucoup de sinuosités ; mais aux
débuts du V'^ siècle, la contrée n'avait pas partout la même densité de
population latine et la zone dépeuplée à la suite des diverses invasions
ne devait pas toujours être limitée parallèlement au fleuve; il y a, de
plus, à tenir compte des causes qui ont déterminé depuis les fluctuations
de la frontière.
Inutile donc de supposer pour obstacle à la colonisation germanique,
tantôt les grands bois, tantôt l'influence d'une chaussée impériale bien
fortifiée.
A rencontre de l'hypothèse de la forêt séparatrice, j'ai démontré
ailleurs notamment :
1° Que cette forêt — vaste, suivant plusieurs auteurs, au point de per-
mettre d'une part aux Gallo-Romains d'y tendre des embuscades aux
envahisseurs (!), de l'autre aux colonies de chaque race de s'y développer
à leur aise sans être exposées à se rencontrer pendant longtemps — était,
bien au contraire, relativement peuplée dans ses clairières, à proximité
des voies naturelles et autres, ainsi que l'établissent tour à tour l'archéo-
logie (romaine ou franque) et la toponymie ;
2° Que la zone des grandes étendues sylvestres de l'Ardenne en parti-
culier coïncide généralement avec celle des hauts plateaux, laquelle court
dans les directions SO-NE ou O-E, tandis que le tracé de la limite des
langues est orienté du N. au S. dans la région orientale belge ;
3° Qu'il existe ailleurs que dans le voisinage de cette limite, tant en
deçà qu'au delà, des restes de forêts et des noms de lieux rappelant des
défrichements anciens et que les bois n'ont pas empêché la colonisation
germanique en Flandre, dans l'Eifel, dans la partie allemande des
Vosges, etc.
Concernant la seconde hypothèse, proposée au Congrès anthropolo-
gique de Metz en 1901, je me permets de faire observer :
1° Que si l'argument tiré de l'archéologie — savoir que les mêmes
antiquités franques se retrouvent de chaque côté de la frontière — est
décisif contre celle de la forêt, il ne l'est pas moins contre l'autre;
2° Que l'influence d'une chaussée protégée par des ouvrages de défense
nombreux et solides devait se faire sentir sur un rayon assez étendu ; en
d'autres termes, une invasion armée devait s'arrêter à une certaine
distance de cette voie, et, à plus forte raison, une colonisation. Ce n'a
- 62 —
pas été le cas, semble-t-il, pour celle de Metz-Arlon-Mande-Bellain, qui
se trouve enclavée en partie dans la zone allemande.
Mais peut-être faut-il croire qu'après le départ d'Aetius, lequel avait su
les tenir en bride, ces Ripuaires, — qui connaissaient, pour l'avoir tant
de fois parcouru, le chemin de Trêves et n'avaient pas borné, sans doute,
leurs exploits aux sièges si fréquents de cette cité, déchue de son rang
de])uis il8 — ne s'arrêtèrent dans leur élan quasi irrésistible que lorsque
chacun d'eux se fut pourvu d'un lot de terre qui suffit à le faire vivre.
Supposera- 1- on la conclusion d'un compromis entre le successeur
d'Aetius et les envahisseurs ripuaires, assurant à ces derniers la paisible
possession des territoires conquis? Soit. Encore faut-il admettre dans ce
cas que ceux-ci s'y établirent en bandes assez nombreuses, puisque leur
langue n'a pas subi le même sort que celle des Burgundes, par exemple.
Quelle aurait été la limite déterminée dans le traité? On ne le saura
probablement jamais. Il y a lieu toutefois, ce me semble, d'établir encore
la distinction entre le territoire conquis et celui qui fut colonisé. Comme
preuve, je rappellerai que la contrée laissée à Clodion, était limitée
au S.-O. par la Somme, mais que la zone d'expansion salienne intense
paraît n'avoir jamais dépassé la Candie ni atteint même Tournai, la
première capitale des Saliens en Gaule.
Sans doute, le traité, s'il y en a eu un réellement, n'a pu avoir qu'une
existence relativement peu longue, tout au plus jusqu'à la chute de
Syagrius. Mais ce laps de temps pouvait être suffisant pour permettre au
gros de la nation ripuaire de se domicilier définitivement.
Ce 25 octobre 1912.
63 -
Franc-Alleu de Bérisménil
PAR
Am. DK LEUZE
Chanoine de la Cathédrale de Namiir
Bérisménil, situé dans la commune de Samrée, canton de Laroche,
était, sous la féodalité, un des seize francs-alleux du comté de Laroche.
Les possesseurs de ces francs-alleux étaient « francqs et exempts de
tailles et aydes accordées et à accorder dans le pays de Luxembourg,
mais obligés de tenir chevaulx et armes en bon esquipache, pour et à
toute réquisition se rendre à la guerre avec les princes ou ses lieutenants
et le prévost, de passer monstre par devant le dit prévost à tout le moins
une fois l'an, et aussi, d'estre prêts à la semonce et à la signification du
prévost au siège tant pour jugier les débats et procès y survenans pour
cause de fiefs, que estre présents aux reliefs qu'ils y font. »
Ces franchises dont jouissaient, de temps immémorial, les possesseurs
des francs-alleux, furent renouvelées par Philippe, roi d'Espagne, le
5 avril 1562.
Sur la fin du XIV'- siècle, était seigneur du franc-alleu du Bérisménil le
chevalier de Bérisménil; Lambert, son fils, vivait dans la première moitié
du XV'^ siècle. Les descendants de Lambert ajoutèrent le prénom de leur
père à leur nom patronymique et furo-it dits Lambert de Bérisménil;
au XVIL siècle, nous les voyons se dénommer Lambert de la Massa de
Bérisménil, sans connaître le motif de cette nouvelle qualification; sur la
fin du XVIIL siècle, ils ne sont plus connus que sous le nom de Lambert,
mais leur maison reste désignée mori l'niassa.
X'^ous donnons ci-joint la suite généalogique de Lambert de Bérisménil.
- 64 -
I. — Le chevalier du Bierimany vivait au commencement du XV'' siècle.
II. — Lambert, fils, le chevalier du Bierimany relève le droit de bour-
geoisie de Laroche à la St-Remy iV.VS; il vivait le 10 novembre 1444.
IIL — N.... eut Henri qui suit A,
Jehan Lambert qui suit B.
a) IV. — Henri Lambert de Berreimani vivait le 17 décembre 1555,
le 15 novembre 1557; le 5 avril 1562, une charte de Philippe, roi de
Castille, etc., le déclare « francq et exempt de tailles et aydes accordées
et à accorder dans le pays de Luxembourg, moyennant certains services ;
le 2:> juillet 1563, il donne le dénombrement de ses fiefs et du franc-alleu
qui fut Lambert le chevalier^ son grand -père. — Il épousa N. dont il eut,
entr'autres, Henri, qui suit.
V. — Henri Lambert du Beresmienel relève, le 7 mars 1571, différents
fiefs qu'il dénombre et entr'autres sa maison, assise etc., qui fut Lambert
le chevalier^ son tave.
Il épousa : 1° N., dont il eut Henri Lambert, qui suit;
2° Marguerite du Pont qui était morte en 1602, 2 mai, 30 octobre.
Il eut du 2° : Messire Pierre Lambert du Bérisménil qui vivait le
4 mai et le 30 octobre 1602 et qui fut curé de Lambusart (voir acte du
21 mai 1612).
Thiry Lambert du Bérisménil. Il en est fait mention dans un acte du
30 octobre 1602.
Marguerite, qui épousa Pirotte de Hebronval; l'un et l'autre vivaient le
4 mai et le 30 octobre 1602, le 21 mai 1612.
VI. — Henri Lambert de Bérisménil épousa Catherine, fille d'Oliviers
de Villez, seigneur de Villez; son contrat de mariage date du 5 juin 1601.
Catherine était veuve le 26 octobre 1607. A cette époque, elle avait
convolé en secondes noces avec Godefroid de Sechery.
Henri eut de Catherine :
Henri Lambert qui suit.
Guillaume, qui relève le 19 novembre 1658, au nom de sa mère, le franc
fief de Bérisménil ; il vivait le 3 décembre 1668.
Anne, qui épousa : 1° Jean du Fresnoy, du Buisson, dont elle était
veuve le 29 mai 16;U; 2' Jean Guillaume (16 avril 1676).
Marie Henri Lambert, qui épousa Pierre Hubert, de Lierneux, lequel
vivait le 3 décembre 1668, le 3 juillet 1679.
VII. — Henri Lambert de Bérisménil vivait le 29 avril et le 13 novem-
bre 1631; il est dit homme de fief de Laroche, échevin d'Engreux le
16 mai 1642; maire de la haute cour d'Engreux le 16 avril 1676. —
Le 22 novembre 1642, il avait été fait prisonnier au fort de Dochamps et
se trouvait à Maestrecht; pour obtenir son élargissement, sa femme
emprunta la somme nécessaire à Pierre Hubert, de Lierneux, somme
qu'elle remboursa le 3 juillet 1679. — Henri Lambert de Bérisménil avait
— 65 —
épousé Marie Enverard qui vivait le 22 novembre 1642, le 3 juillet 1679.
Ce dernier acte nous apprend qu'il eut de Marie trois enfants :
Henri, qui suit.
Catherine, qui épousa Alexandre Bastogne. Ces époux vivaient le
4 mai 1682, le 29 avril 1693, le 26 janvier 1696.
Marguerite, qui épousa Joseph Collignon, échevin de Bérisménil et
d'Engreux. L'un et l'autre vivaient le 20 juin 1690, le 29 avril 1693, le
11 février 1696, le 26 juin 1698, le 14 mars 1708.
VIII. — Henri Lambert, dit du Bérisménil, de la Massa (Maza), de la
Massa du Bérisménil, vivait le 31 janvier 1680, mourut le 4 avril 1705.
Il avait épousé :
1° Marguerite Charlotte de Villez, avec laquelle il vivait le 31 jan-
vier 1680. Marguerite Charlotte mourut le 1^"^ décembre 1687 ;
2° Anne Huet, veuve de Jean Thiry. Son contrat avec Anne est du
30 décembre 1692 ;
3° Anne Piron, qui était veuve en avril 1705.
Du premier mariage, il eut une fille, Marie Françoise de la Maza du
Bérisménil, baptisée le 14 août 1672, qui épousa Jean de Mohonval, de
Neuville. Contrat le 2 juin 1690.
Du second, point d'enfant.
Du troisième : Gérard Lambert, dit la Massa ;
Henri Lambert, qui suit;
Marie Henri Lambert, qui épousa Hubert Gallet, de
Ronchamps. Contrat du 8 mars 1734 passé par le curé
de Vecqmont.
IX. — Henri Lambert vivait le 8 mars 1734, le 17 mars et le 11 août
1744; il mourut le 16 avril 1746. Son épouse N. vivait le 6 octobre 1756.
Il laissa :
Jean qui vivait le 6 octobre 1756, le 21 janvier 1791.
Marie Joseph. Pierre, qui suit.
Henri Lambert, qui épousa Françoise Orban dont il laissa Marie et
Nicolas, qui vivait le 17 février 1794 et s'établit à Durnal.
X. — Pierre Lambert vivait le 6 octobre 1756; il épousa Marguerite de
Harre, de Bérisménil, autrement dite Marguerite Jacques. L'un et l'autre
étaient morts le 29 septembre 1790, laissant plusieurs enfants mineurs :
Pierre Lambert.
Gérard Lambert.
Jacques, qui suit.
Gilles, qui résidait à Natoye le 18 avril 1808.
Joseph, qui résidait à Durnal le 18 avril 1808.
Marguerite.
Marie-Elizabeth, qui épousa Jacques Sine.
XL — Jacques Lambert épousa à Melreux Marie Thérèse Blanchon et
eut plusieurs enfants de son mariage, entr'autres M. l'abbé Lambert qui
- m -
fut curé à Barvaux-sur-Ourthe pendant de nombreuses années et mourut
le "2 janvier ISDI, à l'âge de 88 ans.
b) IV. — Jehan Lambert vivait le 17 décembre innii, le 10 septembre
1558, le 24 novembre 156i, le 16 novembre 1571. Il avait épousé Cathe-
rine, tille de Jehan le Malza dont il laissa :
Thiry, qui suit.
Jehan, qui vivait le 5 avril 159(5 et le H juillet l(il7.
V. — Thiry, dit Thiry Lambert du Bérisménil, le 5 mars 1596, le
6 juillet et le 16 octobre 1617, le 2:> avril 1629; Thiry Jehan Lambert, le
5 avril 1596, était mort le 6 juillet 1617. Il avait épousé Catherine, laquelle
vivait en viduité le 6 juillet et le 16 octobre 1617, le 23 avril 1629. Il laissa
de son mariage :
Jehan, qui suit.
Henri, qui vivait le 6 juillet 1617, le 23 avril 1629, nommé Henri Thiry
du Bérisménil le 23 avril 1629.
Catherine et Anne, qui vivaient le 6 juillet et le 16 octobre 1617, le
2(i janvier 1619. Catherine épousa Henri Martin, dit Charlemont, qui
vivait le 9 novembre 1622; l'autre, Anne, épousa Oliviers de Blire, qui
vivait le 23 avril 1629.
VL — Jehan vivait le 6 juillet et le 16 octobre 1617, le 26 janvier 1619,
était mort le 19 octobre 1621. Il avait épousé Marie dont il laissa :
Catherine,, qui vivait le 19 octobre 1619 et épousa Her^ri Collignon
de Geuvry.
N. épousa Mathieu, lieutenant, mayeur d'Engreux (acte du 5 sep-
tembre 1671).
Robert, qui vivait le 19 octobre 1619, le (î octobre 1622, est appelé dans
cet acte Robert Jehan Thiry, de même le 11 décembre 1631, le 11 août
1634. Il avait épousé Marie dont il eut Anne qui épousa, par contrat du
7 juin 1643, Lambert Guerin de Beauleux, paroisse d'Erneuville.
Jehan, appelé dans un même acte Jehan Thiry Lambert et Jehan Thiry
(9 novembre 1()22), le 4 novembre 1631. Il fut sergeant d'Engreux, vivait
le 22 janvier 1687. A cette époque, il habitait Bérisménil, et comme il
était arrivé dans un âge avancé et n'avait pas d'enfant, lui et son épouse
font certaine donation à Henri Fagneray, de Nisramont, à charge de les
nourrir. Jean était mort en 1692. Il épousa Anne Huet.
Hubert, dit Hubert Jean Thiry, le 4 novembre 1631, le 11 août 1634, le
5 septembre 1(57L II résida à Hives et épousa Marguerite. Ce fut sans
doute la souche des Thiry de Hives dont une descendante épousa
Edouard Collin de Laroche, fils de l'ancien notaire de ce nom.
Pierre, qui suit.
VIL — Pierre, dit Pierre Jehan Thiry, du Mesnil, bougeois d'Houffa-
— 67 —
lize, avait épousé Marie Gertrude (actes du 17 février 1648-1671), dont
il eut :
Pierre Jehan Thir3^
Marie, qui épousa Claude Laurent Jacques, bourgeois d'Houffalize
(actes du 5 septembre 1671 et de 1671).
Note. Dans un registre de la Cour d'Engreux, on trouve cette note :
« Monsieur Manigart. Un allemand, parent soi disant de Robert Thiry, mort à Venise,
aimerait à faire une recherche à la haute cour d'Engreux depuis 1580 à 1680. Si vous
voulez aller chercher du coffre les registres de ces dates respectives et les porter chez
vous, je m'y rendrai dans une demi-heure. Vous pourrez prévenir Vanderveyen pour
vous accompagner en cas vous n'aiez chez vous les 3 clefs. Signé J. Jacquemin. — Il faut
prendre tous les extraits concernant les Thiry, c'est-à-dire les Thiry qui peuvent avoir
autorité. »
Il s'agissait ici de retrouver les ayants droit à une succession ouverte à Venise par la
mort de Jean Thiry, de Venise. Au sujet de cette succession, voici un extrait d'un
mémoire remis à une certaine Dame Cotton, je ne sais à quelle époque :
« Jean Thiry, né au château Thierry en 1579, fit son testament le 10 février 1654 ; il
appelle à sa succession les enfants de son père François Thierry et de sa mère Françoise
Brico ; à leur défaut, les enfants de Pierre et de Claude, ses oncles. Son grand père Robert
Thierry, fut gendarme du Roi de France. »
La généalogie des Thirv de Bérisménil que nous venons de donner, suffisent ample-
ment pour démontrer que cette famille n'a aucun lien de parenté avec la tamille du
testateur de Venise.
-^=»*ES^-
68
Pièces justificatives
1. — Laroche. Le Magistrat. Reg. 1429-1029. cf. 14:13. S» Remy.
Lambert, fils le chevalier de Bierimany, relève le droit de bourgeoisie.
2. — Id. 1444, 10 novembre. Henri Reupies de Bierimany vend à
Lambert le chevalier, son seroiige (beau-frère), la maison qui fut Gilotay,
son frère, à Laroche.
3. — Id. 1520. Jehan Henry de Bierymany relève le droit de bour-
geoisie.
4. — Id. 1555, 17 décembre. Partage entre les enfants de Jehan le
Malça, savoir, m'"*' Jean ayant pour mambourgs Henry Lambert du Béris-
ménil et Jacquement Collignon de Strument, Cloes, Henry, ayant comme
mambourg Jacob d'Arlon, son oncle, et Jehan Lambert, à titre de Cathe-
rine la Malza, son épouse.
5. — Archives de famille. Reg. 2, 1557, 15 novembre. Linart de Villez,
seigneur de la cour Henriette à Roy, relève certains biens et héritages
mouvant de la cour Henriette et les transporte à Henry Lambert de
Berreimani.
6. — Beausaint. Archives de M. Edouard Orban de Xivry. 1558.
10 septembre. Comparait Jehan Lambert du Beremaniel qui fait œuvre
de gagière à Englebert Ferrier, son cousin, de deux pièces de terre
arrable à luy appartenant de par Catherine de Maça, sa femme, l'une
derrière la ville de Harci, et l'autre es Eveux.
7. — Laroche. — Cour féodale. Reg. 1503-1590. 15(i2, 5 avril. Jehan et
Grégoire de Nisramont... et Henry Lambert de Beremanv, sont déclarés,
comme leurs prédécesseurs, « francqs et exempts de tailles et aydes accor-
dées et à accorder dans le pays de Luxembourg » moyennant les services
« seront tenus eulx acquitter et dont ils sont obligés en service, et tenir
chevaulx et armes en bon esquipache pour eulx trouver en nostre service,
toutes et quanttefois qu'ils en seront requis et mandés par nôtre dit pré-
vost de Laroche ; aussi de passer monstre par devant le dit prévost à tout
le moins une fois l'an et d'avantage... Charte de Philippe, roi de
Castille, etc.
8. — Laroche. C. F. Reg. 1563-1590. I56;î. 23 juillet. Page 11. R°
Henri Lambert du Berresmani déclare tenir en fief d'un comte de Laroche
1 3 en 1/8 de la cour de Maboge, la 1/2 d'un lieu dit le Mestyr au dessus
le Berresmeniel ; le fief de Crockson; en franc aleu il tient avec ses cohéri-
- 69 —
tiers environ deux bonniers de pré et sartage; seul aussi en franc aleu sa
maison, etc., qui fut Lambert le chevalier, son grand-père.
9. — Laroche. Le Magistrat Reg. 1529-1629. I56i, 24 novembre.
Jehan Lambert de Berresmaniel relève de sa mainplevie.
10. — Laroche. CF. Reg. 1563-1590. 1571, 7 mars. Page 59 R°. Henri
Lambert du Beresmieniel, fils de Henri Lambert, relève de 1/2 d'un lieu
dit le Mestier, situé au dessus de Bérisménil; le fief Crokson. Il déclare
en outre qu'il tient en franc aleu avec les dits fiefs pour le service d'armes
et de chevaux, sa maison, assise, etc., qui fut Lambert le chevalier, son
taye .
11. — Beausaint. Archives de M. Ed. Orban de Xivry. 1571, 16 no-
vembre. Comparaît Jehan Lambert du Bérémaniel en faveur d'Englebert
Ferrier.
12. — Bérisménil. Reg. 1. 1594, 4 mai. Reconnaissance de Henri
Henra d'Olomont en faveur de Henri Lambert du Bérisménil.
13. -- Id. 1596, 5 mars. Thiry Lambert du Bérisménil relève et trans-
porte à Henri Bastinet, bourgeois de Laroche. Catherine épouse de Thiry.
14. — Id. 1596, 5 mars. Le même au profit du dit Bastinet vend tout ce
qu'il possède au lieu de Bérisménil, maison, courtil, jardin, etc., excepté
ce qui lui vient de feue Marguerite, fille de feu Gérard Piron, sa cousine
germaine.
15. — Laroche. C. F. Reg. 1591-1626. 1596, 5 avril. Page 26 R°. Jehan
Lambert du Bérisménil transporte à Henri Bastinet, bourgeois de
Laroche, tout le bien qu'il avait mouvant de la haute cour d'Engreux et
situé au Bérisménil, excepté ce qui lui est de feue Marguerite, fille de feu
Gérard Pieron de Moirmont, sa cousine. Henri relève.
16. Id. Reg. 1595-1625. 1596, 5 avril. Vivait Thiry Jehan Lambert du
Bérisménil. Feue Marguerite, fille de Gérard Pieron de Moirmont, sa
cousine.
17. — Archives de famille. Reg. 2. 1601, 5 juin, N° 67. Contrat de
mariage entre Henri Lambert, fils de Henri Lambert de Bérisménil, et
demoiselle Catherine, fille d'Oliviers de Villez, seigneur de Villez.
18. — Ortho. Cour de Hez. 1602, 4 mai. Messire Pierre Lambert du
Bermanny et Pierret de Hebronval, son beau-frère, ayant épousé Margue-
rite Lambert, vendent au profit de Pierre, fils de leur oncle, Antoine du
Pont.
19. — Archives de famille. Acte de 1602, 30 octobre. Comme Pirotte
de Hebronval, mary et bail de Margaritte, fille feu le vieux Henry
Lambert de Bereménil, en secondes noces avec aussi feue Margaritte du
Pont, at vendu à Pierre du Pont, cousin germain d'icelle Marguaritte, sa
femme, toute telle action de biens que luy compète à filtre d'icelle en la
jurisdiction de la haute court d'Ortho et des autres basses courts y encla-
vées, et que le dit Pirotte et son beau-frère messire Pierre ont vendu par
ensemble l'action de Thiry, leur ^rère et beau-frère, qu'ils tiennent estre
— 70 —
décédé, de quov ils ne sont encoires du tout certiorez, at, partant le dit
Pirotte pour asseurance dudit Pierre, son cousin, advenant que le dit
Thirv retournast, obligé les biens qu'il at audit Beremenil à tiltre de sa
dite femme, pour ])ar icelluy Pierre y avoir regrès et recours pouraultant
que sera trouvé il aura receu des deniers procédants de l'action dudit
Thirv pardevant les susdites haultes et basses courts au ban d'Ortho.
Fait à la Roche, par devant la haulte court d'Engreux, assavoir, Henry
Bechu, Pierre de Mabouge et Aulbert Maschurey le pénultième d'octo.
bre 1602. Signé Favaige.
20. — Laroche. CF. Reg. 1591-1626. 1607, 26 octobre. Godefroid de
Sechery, mari en secondes noces de Catherine de Villez, relève des biens
féodaux ayant appartenu à feu Henry Lambert du Bérisménil, premier
mari de Catherine.
21. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1612, 21 mai, vivait sire Pierre
Henry Lambert du Bérisménil, curé de Lambusart, et Pirotte de Hebron-
val, son beau-frère.
22. — Ortho. Cour de Hez. 1617, 6 juillet. Catherine, femme de feu
Thiery Lambert du Bérisménil, Catherine et Anne, ses deux filles. Jehan
Thiery Lambert, leur feu frère et oncle. Jean et Henri, frères de Anne et
de Catherine.
23. — Cour de Bérisménil. 1617, 16 octobre. Catherine, veuve de Thiry
Lambert du Bérisménil ; Henri Piérar, son mambourg. Jehan et Cathe-
rine, deux de ses enfants.
24. — Id. 1619, 26 janvier. Jehan Thiry Lambert du Bérisménil, Marie,
sa femme; -Anne et Catherine, ses sœurs.
25. — Id. 1621, 19 octobre. Henri Collignon de Geuvry, époux de
Catherine, fille de feu Jehan Thiery du Bérisménil, relève et transporte à
Robert, son beau-frère.
26. — Id. 1622, 6 octobre. Godefroid de Sechery au profit de Robert
Jehan Thiry.
27. — Id. 1622, 9 novembre. Comparaissent Jehan Thiry Lambert et
Godefroid de Sechery, autorisé de Henri Martin, dit de Charlemont, beau-
frère de Jehan Thiry.
28. — Id. 1626, 19 mai. Godefroid de Sechery, représentant feu Henry
Lambert du Bérisménil (Henri Lambert, son beau-fils).
29. Id. 1629, 23 avril. Henr}- Thiry du Bérisménil, Catherine, sa mère,
veuve Thiery Lambert, au profit de Oliviers de Blire, son beau-frère.
30. — Arch. de fam. Reg. 2. 1631. 29 avril, n° 75. Henri Lambert de
Bérisménil, du consentement de demoiselle Catherine de Villez, sa mère,
vend au piofit d'Alexandre de Villez, son cousin, les 2/3 partes des droits
et actions échus à sa dite mère par le trépas de ses père et mère, des
biens situés à Villez.
31. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1631, 4 novembre. Hubert Jean
Thiry, résidant à Hives, vend tout ce qui lui appartient à Bérisménil,
— 71 —
venant de ses père et mère, à Jean Thirv, son frère, manant au Bérisménil.
32. — Laroche. C. F. Reg. 1(326-I66i2. 1631, l:> novembre. Page 109 v^
Henri Lambert du Bérisménil relève le fief Croqson, lui dévolu par la
mort de Henri Lambert, son père.
33. — Laroche. C. F. 16t26-16(i2. 1631, Il décembre. Page 111, R".
Jean Lambert de Warempage vend à Robert Jean Thiry du Bérisménil la
part ci-devant possédée ci-devant par Nicolas Pirotte du Bérisménil,
dépendante de la cour d'Engreux et de la cour tenable de S^ Hubert au
Bérisménil.
34. — Id. 1634, 29 mai. Page 139 r°. Anne, veuve de feu Jean de
Fresnoy de Buisson, assistée de Robert Georges de Rives, son cousin,
après avoir relevé, cède ses biens héritables lui appartenant par succes-
sion de ses père et mère dans la juridiction de Laroche, d'Engreux, de
Maboge, au profit de Henri Lambert, manant du Bérisménil, son frère, et
du consentement de Catherine de Villers (Villez), sa mère.
35.— Engreux. Reg. 1602-1642. 1634. 11 août. Robert Jean Thiry,
manant du Bérisménil, frère de Hubert Jean Thiry, résidant à Hives.
Marguerite femme de Hubert; Marie, femme de Robert.
36. — Id. 1642, 16 mai. Page 188 v°. Comparaît Henri Lambert du
Bérisménil, homme de fief de Laroche, échevin d'Engreux; après avoir
relevé, il transporte par forme d'arrentement perpétuel et irrédimible au
profit de Didier le Clerq et de Vincent David de Mabouge.
37. — Id. Page 189 v° 1642, 22 novembre. Comparaît Marie, femme de
Henri Lambert, échevin d'Engreux. Son mari avait été fait prisonnier
par les ennemis au fort de Dochamps le 10 août et il se trouvait à l'époque
de la comparution de Marie à Mastrecht.
38. — Laroche. C. F. Reg. 1626-1662. 1658, 19 décembre. Page 305 v°.
Guillaume, fils à feu Henri Lambert du Bérisménil, au nom de sa mère,
relève le franc-fief du Bérisménil.
39. — Laroche. Protocole des curés de Laroche. 1665, 17 janvier.
Messire Henri Lambert, dit Berimainny, curé d'Erneuville; Elizabeth,
sa sœur. Henri signe : Henricus du Bérisménil.
40. — Engreux. Reg. 1662. 1668, 3 décembre. Page 75 v°. Comme
procès estoit esmu par devant nous la haute cour et justice de Lierneux
d'entre Pierre Hubert dudit lieu au nom de son Altesse sérénissime pré-
tendant d'estre satisfait du mariage enthier de Marie Henry Lambert
comme espouse, d'une part, et Guillaume Henry Lambert du Bérisménil
d'autre part, par exhortation... accord... Marie Henry Lambert, sœur de
Guillaume.
41. — Id. 1671, 5 septembre Comparaît Pierre Jean Thiry, Claude
Laurent Jacques, bourgeois, résidant à Houffalize, lesquels vendent à
Mathieu, lieutenant mayeur d'Engreux, et à Hubert Jean Thiry, son
beau-frère, leurs partes du chef de Pierre Jean Thiry, leur père et beau-
père respectif.
— 72 —
il. — I()7!2, li août, Saniré. Etat-civil. Baptême de Marie Françoise
Lambert, fille de Henri Lambert, dit la Massa, et de Marguerite-Char-
lotte de Villers.
43. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1676, 16 avril. « Jean Guillaume,
si que marit d'Anne Lambert, dit Bérisménil ». Honorable Henri Lam-
bert, maire de la haute cour d'Engreux, frère de Anne.
44. — Protocole du notaire Nollomont. Laroche, 1679, o juillet.
Comparaît Marie Enverard, relicte de feu Henri Lambert du Bérisménil,
vivant homme de fief du comté de Laroche, laquelle a déclaré être avertie
que le nommé Pien^e Hubert, de Lierneux, auroit la sepmaine passée
faict an'esté, au lieu de Malmedie, le harna de Henri Lambert, son fils,
sous prétexte... Ses deux autres enfants, Marguerite et Catherine. —
Cet acte nous apprend que Marie avait emprunté au dit Pierre Hubert
une somme d'argent pour la délivrance de son mari fait prisonnier par
les Hollandais et renfermé à Maestrecht.
45. — Archives de famille. Reg. 2. 1680, 3 janvier. Le R. P. de Xove-
lino, supérieur de l'Oratoire à Malines, renonce aux droits qui lui sont
conférés sur la seigneurie de Villers par Alexandre de Villers en faveur
des demoiselles Marie et Marguerite Charlotte, demi-sœurs d'Alexandre.
Henri Lambert de la Maça, mari de Marguerite-Charlotte.
46. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1682, 4 mai. Alexandre Bastogne,
bourgeois de Laroche, et Catherine Lambert du Bérisménil, son épouse ;
Henri Lambert du Bérisménil, son frère.
47. — Saixiré. Etat civil. 1687, L^ décembre. Mort de Marguerite
Charlotte, épouse de Henri Lambert.
48. — Laroche. C. F. Reg. 1663-1696. 1688, 8 avril. Page 320 v°. Henri
Lambert du Bérisménil relève le fief Croqson et tout ce qui lui appartient
au finage de Bérisménil, mouvant en fief commun de la cour féodale.
49. — Archives de famille. 1690, 2 juin. Reg. 2. Contrat de mariage
entre Jean de Mohonval de la Neuville, au ban de Rondu, et Marie
Françoise de la Maza de Bérisménil, fille de Henri Lambert de la Ma/a.
50. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1690, 20 juin. Jean Guillaume de
Fraveneux, mari de Anne Lambert.
51. — Id. 1690, 20 juin. Henri Lambert du Bérisménil et Joseph Coli-
gnon, mari de Marguerite Lambert, sa sœur.
52. — Id. 1693, 23 juillet. Reg. 2. Comparaissent Henri Lambert et
Anne Hiiet, son épouse.
53. — Engreux. Reg. 1662. 1693, 6 avril. Page 215 v°. Comparaît Henri
Lambert de la Massa, demeurant au Bérisménil, et Jean de Mohonval,
son gendre. Henri Lambert était alors veuf de sa première femme.
54. — Id. 1693, Il août. Henri Lambert de la Massa du Bérisménil, et
Anne Huet, sa femme, veuve en premières noces de Jean Thiry. — Cet
acte renvoyé à un autre acte du 22 janvier 1687, réalisé le 7 février 1689.
Dans cet autre acte comparaissent Jean Thiry, sergeant d'Engreux, et
Anne Hiiet, conjoints habitants du Bérisménil, lesquels donnent à Henri
Fagneray de Nisranîont... aux charges de les nourrir, etc., « dans le haut
âge où ils se trouvent sans enfants, n'y apparence, selon le cours de la
nature, d'en pouvoir jamais avoir aucun ». — Dans un acte du 29 avril 1693,
réalisé le 17 octobre, Henri Lambert de la Massa du Bérisménil confesse
être redevable envers Alexandre Bastogne, bourgeois de Laroche, et
Catherine Lambert de la Massa, sa femme, ses beau-frère et sœur respec-
tivement d'une somme de... Anne Huet, femme en second lit de Henri
Lambert; Joseph CoUignon, son beau,-frère ; Jean de Mohonval, son
beau-fils; Marie de Villers. tante à Jean de Mohonval. — Page 232. 1696,
26 janvier. Henri Lambert engage à Alexandre Bastogne, son beau-
frère... En marche de l'acte : Le 5 du mois d'octobre 1716, « comparaît
Anne Piron, veuve de feu Henri Lambert de la Massa, engageur ». —
Page 234 r°, 1696, Il février. Personnellement présents Henri Lambert
du Bérisménil avec Joseph Collignon, échevin de cette courte et Margue-
rite Lambert, sa femme, lesquels ont déclaré que, par acte passé le
22 décembre 1610, feu Godefroid de Sechery et demoiselle Catherine de
Villers, son épouse, leurs prédécesseurs...
55. — Samré. Etat civil. 1694, 25 septembre. Mort de Anne Huet.
56. — Archives de famille. Ancien registre. Page 71 v". I(i98, 26 juin.
Par devant la cour d'Engreux, comparaît Joseph Collignon, échevin
d'Engreux, lequel, du consentement de Marguerite Henry Lambert, sa
femme, vend à Henry de Tillieu de Laroche le quart parte du bois de
haute futaye leur appartenant et gisant au Rys du Sart; dépendant de la
juridiction d'Engreux pour 10 écus de 48 sols bb. pièce.
57. — Cour de Bérisménil. Reg. 2. 1704, 29 janvier. Henri Lambert
et sa femme comparaissent et vendent au sieur de Tillieu.
58. — Samré. Etat civil. 1705, 4 avril. Mort de Henri Lambert.
59. — Cour de Bérisménil. 1705, 14 avril. .A,nne Piron, veuve de Henri
Lambert du Bérisménil. — Contrat de mariage du 30 décembre 1692
entre Henri Lambert de la Massa de Bérisménil et Anne Huet, veuve de
feu Jean Thiry du Bérisménil.
60. — Engreux. Reg. 1703, Page 24 v". 1708, 14 mars. Anne Piron,
veuve de feu Henry I^ambert de la Malza de Bérisménil et Joseph Colli-
gnon dudit Bérisménil, son beau-frère, du consentement de sa femme,
Marguerite de la Maça, cèdent au profit de M. de Tillieu, une rente qui
leur appartient par moitié; l'autre moitié appartenant à l'acquéreur.
61. — Id. 1707, 29 janvier. RéaHsarion d'un acte du 26 janvier 1707.
Comparaît Anne Piron de Bérisménil, veuve de feu Henri Lambert de la
Massa, laquelle vend une part de l'action qui lui appartient, du chef de son
feu mari, à une rente de trois stiers moitié seigle, moitié avoine, consistant
sa dite part en un quart, due par les héritiers de feu Jacques Batter du
Chemin, ma}'eur de la haute cour de Wybren.
62. — Engreux. 1706, 25 janvier. Page 11 v°. Comparaît Henry du
— 74 —
Tillieii, lequel déchire qu'au droit de Jean Mohonval, seif^neurde Villers,
et de demoiselle Marie-Françoise de la Massa, sa femme, fille, et repré-
sentante feu Henry Lambert de Bérisménil, lui appartient la l'2 de la
propriété d'une rente héritable de trois stiers seigle et avoine moitiable,
mesure de Bastogne, que devait Jean Batter, dit du Chemin de Nadren,
et engagée au dit Jean Batter par le sieur Godefroid de Sechery, second
mari de demoiselle Catherine de Villers, veuve en premières noces de feu
Henry Lambert dudit Bérisménil, par acte passé devant la haute cour
d'Engreux le 1" août 1614.
Ho. — Vecqmont. Protocole des curés. 17;>4, 8 mars. Contrat de
mariage entre Hubert Gallet de Ronchamps et Marie Henry Lambert de
Bérisménil, fait à Vecqmont, à l'intervention de Jean Gallet, frère audit
Hubert, et Henri Lambert et Gérard Lambert, tous deux frères de
Marie.
64. — Maboge, notaire. Protocole. 1735, '27 avril. Anne Piron, veuve
de Henri Lambert, dit la Massa, et mère de Gérard Lambert, dit la
Massa.
65. — Engreux. Reg. 1703. 1744, 18 mars. Page 296 v°. Gille Daris de
Bérisménil et Anne Lambert, sa femme, vendent ce qui leur est succédé
par la mort de Marguerite Lambert, épouse de Joseph Collignon, à Jean
Baltazar de Bérisménil, pour la somme de... que lui a remboursée, le
17 mars 1744, Henri Lambert de Bérisménil.
66. — Id. Reg. 1748. Acte du 11 août 1744, réalisé le 20 mai 1767, par
lequel Henry Lambert du Bérisménil et Henrv Lambert, son fils, donnent
à Jean Nicolas Baltazar de Bérisménil, acceptant par Jean Baltazar, son
père, les propriétés qu'ils ont aux hayes du bois du Sart et au pré de la
Pire, ce qui a été engagé par leurs prédécesseurs aux Ernold, savoir ce
qui leur appartient à titre de succession.
67. — Henry, notaire. Protocole. 1756, 6 octobre. Jean Orban, Henry
Lambert, se faisant fort pour Henry Gillet, Jean Collette, Jean Scius et
la veuve Arnould, tous de Bérisménil, au profit de la veuve Henry Lam-
bert dudit Bérisménil, laquelle donne à Jean, Pierre et Marie Joseph
Lambert, à l'exclusion de ses autres enfants.
68. — Engreux. Reg. 1785-1789. 1788, I'''' octobre. Création de tuteur
pour Marie Elizabeth Lambert de Bérisménil, qui désire se marier, fille
de feu Pierre Lambert et de Marguerite de Har de Bérisménil. A cette
époque, elle n'avait pas atteint sa majorité. Henry Lambert, son oncle
paternel. Déclaration des parents tant paternels que maternels de Marie
Elizabeth : 1° Jean Gille Daris de Bérisménil, et 2° Marie Elizabeth de
Har. Marie Elizabeth devait marier Jacques Sine.
69. ~ Engreux. Reg. 1789-1792. 1790, 23 décembre. Page 122 v°.
Création de tuteur aux enfants mineurs de feu Pierre Lambert du
Bérisménil; Marguerite Jacques, sa femme. Cinq enfants, Pierre Lam-
bert, Gérard, Jacques, Gilles, Joseph tous mineurs d'ans, et Marguerite
et Marie Elizabeth épouse Jacques Sine. Jean Henri Gillet, un de leurs
parents.
70. — Id. 1791, 24 janvier. Nouvelle création de tuteur. Hubert Michel
de Bérisménil ne peut accepter à cause de sa jeunesse. Est nommé Jean
Lambert, oncle paternel des enfants de Pierre.
71. — i\.rchives Dumont de Bérisménil. 1793, 17 juin. Nicolas Lambert,
du consentement de ses père et mère Henri Lambert et Françoise Orban,
vend certains héritages, sis à Bérisménil, à Henri Dumont de Bérisménil.
Nicolas Lambert résidait à Durnal.
72. — Id. 1794, 17 février. Opposition à la vente susdite faite par
François Thomas, résidant à Wy-lez-Soy, époux de Marie, fille de Henri
Lambert et de Françoise Orban.
73. — Engreux. Reg. 1793. 1794, 13 décembre. Réalisation d'un acte du
9 décembre. Antoine Urbin Arnold du Bérisménil, grand-oncle maternel
des enfants François Thomas de Wy et de feue Marie Lambert. Nicolas
Lambert, frère de Marie, résidant à Durnal.
74. — Naveaux. Protocole. An X, 4 ventôse. Jacques Lambert, habi-
tant du Bérisménil en faveur de Jean Henri, Marie Françoise et Marie
Joseph Dumont, frère et sœurs.
75. — Id. An X, 25 ventôse. Jacques Lambert du Bérisménil vend...
dans les sarts dit Henry Lambert, au profit de Jean Gilles et Gilles
Joseph les Lambert, ses deux frères, le second actuellement domicilié à
Durnal, canton de Ciney.
76. — Id. 1808, 18 avril. Jacques Lambert de Bérisménil vend au profit
de Gilles Joseph Lambert et Jean Gilles Lambert, frère du comparant,
domicilié le premier à Durnal, commune de Spontin, le second à Natoie,
même département. Gérard Lambert, frère de Jacques.
77. — Jacques Lambert épousa à Melreux Thérèse Blanchon. Enfants :
Samré. Etat civil. 1805, 18 février, baptême de Jacques Joseph; 1808,
iO décembre, baptême de Hubert Joseph; 1811, 12 juin, baptême de
François Joseph.
La Faille de WelcMausea
ET LES SEIGNEURIES
de Noviile-lez-Bastogne et de Laval-lez-Remagne
PAR
Jules VANNERUS
-^aB.-«><ih>»£i»xwv«iw.-
SUITE ET FIN d)
Additions aux premiers Chapitres
Avant de poursuivre l'examen du problème attachant des rapports des
Welchenhausen avec les seigneuries de Noville et de Laval, il nous faut
retourner en arrière pour compléter les données déjà acquises : l'interrup-
tion forcée qui a retardé d'un an l'apparition de la fin de mon travail aura
toujours eu un avantage : celui de me permettre de pousser plus avant
mes invcctigations, grâce, surtout, à quelques publications toutes récentes.
Reprenons donc, chapitre par chapitre, notre histoire des Welchen-
hausen, ainsi que celle de Noville et de Laval.
(1) Voir la première piirtie de ce travail dans le tome XLV (iOlO) des Ann::!cs, pp. 299
à 347 ; la deuxième dans le tome XLVI (1911), pp, 137 à 197,
78
Thierri I de Welchenhausen (1347-1374)
En dehors des actes analysés plus haut, Thierri apparait encore dans
différents documents.
Le 15 juin (in die beatorum Viti et Modesti înartirum) 1353, Godefroid,
chevalier, sire de Wiltz, et Lisa, sa femme, approuvent le rachat fait par
Henri de Beaufort, moine de Saint Willibrord, à Echternach, de leur dîme
à Olmcschaut qu'ils avaient engagée à Henri, fils d'Etienne, bourgeois de
Bastogne, pour 59 fl. d'or. Avec eux scelle Theodericus de Werge7ih2ise?i,
miles, prévôt à Bastogne (l).
Le 28 juin (le vigille sain Piere et sain Paulz appostles) 1356, Thieris
de Werkenhuessen, chevalier, prévoz de la Roiche en Ardenne, délivre
vidimus d'un acte du 30 janvier 1351 n. st., émanant de Bertoulz d'Okier,
prévôt de La Roche, et concernant l'abbaye de Hosingen. Le sceau dont
il usa à cette occasion subsiste en partie et montre un écu chargé en
cœur d'un écusson (12). D'autre part, Dyderich van Welchenhusen,
drossard du duché de Luxembourg, figure parmi les personnages en
présence desquels^ le 30 juin 1367, Hermann de Freisdorf, noble écuyer,
fils de sire Wirich, renonça aux biens qu'il avait hérités de sa mère, en
faveur des frères Frédéric et Hermann de Brandenbourg, chevaliers (3).
Le mariage de Thierri I de Welchenhausen avec Catherine de Grons-
veld, que nous n'avions rencontrée à ses côtés qu'à partir du 8 octobre
1371, doit se placer avant le 23 juin 1368, jour où sire Thierri van
Werkenhnise est mentionné comme ayant droit, au nom de la dame
d'Argenteau (Arkenteel), à des arrérages d'une rente féodale due sur la
recette du duché de Limbourg.
Un an après, le 12 juin 1369, Thierri de Welchenhausen, sénéchal du
Luxembourg, déclare que du chef de sa femme, il a reçu du receveur de
Dalhem, payant au nom de celui du duché de Limbourg, la somme
de 30 1. de noirs tournois, pour le terme annuel, échu au 25 décembre
précédent, de la rente qu'il, tient en fief des duc et duchesse de Luxem-
bourg et de Brabant, à charge de la terre de Dalhem. Il appose à sa
quittance un sceau portant un éac à un écusso?i en abîme ; ledit écu penché
et timbré d^ufi casque, orné d'un volet, et cime d'un chapeau de tournoi
(1) J. Krudewig, Ubersicht ûber den Inhalt der Kleincren Archh'e der Rheinprovinz,
t. IV, 1911, p. 88 (d'après l'orig. s. parch.), avec lu lecture Olmeschant.
(2) Arch. du Gouv' à Luxbg., Abb. de Hosingen, Chartes et titres div. (1349-1753).
(3) Arch. Sect. Hist. à Luxbg., C. 28; orig. s. parch.
- 79 -
garni de deux boules soutenant chacune un plumait (f) ; légende :
s' ... TERIC DE VERCHINHVS (1).
Cette rente féodale était due à Catherine de Gronsveld en sa qualité de
veuve de Jean d'Argenteau : le b avril I3(JI, elle avait été payée à l'écuyer
Conrard de Sorezey, mambour de Jean, sgr. d'Argenteau, chevalier (déjà
parti alors, sans doute, pour le voyage en Terre Sainte dont il ne devait
pas revenir) (2).
Un Wautier de Welchenhausen, que je suppose avoir été le fils de
Thierri I*^"^, se trouva mêlé, avec Philippe des Armoises, à des événements
qui se déroulèrent vers la même époque à la frontière du Luxembourg,
du côté de la France.
C'est certainemt le nom de ce Wàutier qui apparaît en mars 1387 dans
une enquête menée par le bailli de Vitry et deux autres fonctionnaires
français, à propos du château de Baleycourt-lez-Verdun, qui joua un cer-
tain rôle dans l'histoire politique de la région, à la fin du XIV'' siècle : il
s'agissait de prouver que cette forteresse, dont le bailli venait de prendre
possession et où des bandes luxembourgeoises avaient fréquemment
établi leur repaire, avait été, à juste titre, confisquée par le roi de France,
dont elle relevait comme fief ou arrière-fief.
Les témoins nous apprennent que le seigneur de Baleycourt ayant, un
demi-siècle avant, prêté hommage à Jean l'Aveugle, le roi de Bohême
restaura et compléta les fortifications du château ; par la suite, le comte
de Luxembourg y plaça plusieurs gens d'armes, « qui coururent et pillè-
» rent ou royaume et prindrent plusieurs personniers, les quieux ilz
» menèrent en la dicte forteresse . . .et firent guerre ouverte ou royaume ...»
Wautier de Welchenhausen fut l'un de ces gens d'armes, d'après les
dires de certains des témoins entendus au cours de l'enquête. Après la
mort de Roger de Baleycourt (vers 1355), dit le premier, « il vit estre en
garnison en la dicte maison Messire Waltier deWoalqueneheuze, Philippes
des Ermoises, pour lors escuier, et Drohier, qui pour Jors avoit espouzé
la femme du dict feu Rogier ; les quieux se disoient estre en la dicte
maison de par le duc de Brebant. Les quieux feirent plusieurs roberies et
pilleries ou pays. Et... pendant le dict temps, il y vit amener plusieurs
de leurs pilleries et auss}' plusieurs qui estoient de Passavant et de la
terre de Beaulieu ou royaume de France, et iceux détenus prisonniers au
dict Balicourt... »
Deux autres témoins rapportent les mêmes faits, si ce n'est cependant
(1) A. Verkooren, Inv. des chartes et cartul. de Brahant, t. IV, 1912, nos 2586 et 2603.
Le même recueil renseigne, sub n° 2601, le document du 28 septembre 1368 dont nous
avons parlé à propos de Thierri.
(2) Même inventaire, t. 111, 1912, n° 1907.
— 80 —
que ce fut « tant au temps du dict Rogier comme depuis » qu'ils ont vu
dans la forteresse « plusieurs gens qui se disoient au duc de Brebant
comme messires Philippes des Ermoises, messire Waltier de Walque-
neheuze et autres ». Un autre, encore, dépose avoir vu, depuis la mort
de Rogier, des gens du duc de Brabant tenir « grosse garnison » en la
maison de Baleycourt. Un dernier, enfin, nous apprend que la veuve de
Rogier se remaria avec un nommé Drohier,qui occupa dès lors le château,
« commis de par messire Waltier de Wolqueneheuse, gardien pour lors
de Verdun » (1).
A la fin de juin 1394, mourut dans la même région un Thierri de
Welchenhausen, qui pourrait bien être soit un frère, soit un fils de
Wautier : en effet, nous lisons dans le nécrologe de la cathédrale de
Verdun, à la date du 27 juin, qu'en cette année, dans l'octave de la nati-
vité de Saint Jean-Baptiste (24 juin), moururent Thierri de Welchenhausen
et Jean Xadot d'Ivoix, écuyers, pour lesquels, à la suite d'un traité conclu
entre noble homme Henri d'Orley, prévôt d'Ivoix, au nom des amis des
défunts, et les doyen et chapitre de la ca+'-^édrale susdite, ces derniers
s'engagèrent à célébrer annuellement l'anniversaire des deux écuyers,
pendant la dite octave (2). Il est à supposer que notre Thierri et Jean
Xadot périrent dans quelque mêlée, par le fait de gens dépendant du
chapitre.
La sœur de Thierri I, Agnès, est mentionnée dans plusieurs actes avec
son époux, Jean Kuninck; c'est ainsi que le 5 avril 1346 (des godes dages
imr Palmen dage, 1345), Conon, seigneur de Pirmont, et Lyse, son
épouse, vendent à sire Jean Coninc de Luderstorp, chevalier, et à Nese,
sa femme, une rente de blé sur leur bien (hove) de Stattfeld et sur leur
moulin. Hartard de Schônecken, suzerain de ce bien, scelle avec les
vendeurs (3).
Le 11 mars 1348 n. st., le même Hartard et sa femme nomment Jean
(1) Ch. Aimdnd, Z« relations de la France et du Verdnnois de i2yo à 1^52, Paris, 1910,
pp. 185, 18G et 454 à 4()3.
Philippe des Armoises occupait le château de Cumières, en 1369, à la tête d'une bande
(Aimond, ibid., p. 165, n" 4).
(2) « Anno Domini MCCCLXXXXIIIIo, infra octavas festi nativitatis beati Johannis
Baptiste, obierunt Therricus de Wannequenhouse (il faut sans doute lire, plutôt, Warne-
quenhouse) et Johannes Xadot de Yvodio, armigerii, pro quibus, mediante certo tractatu
inter nobilem Henricum d'Orley, prepositum Yvodiensem, nomine amicorum dictorum
defunctorum, ex parte una, et nos decanum et capitulum, ex alia, facto, ordinavimus
lieri anno quolibet, infra dictas octavas, anniversarium eorum » (Ch. Aimond. Le nécro-
loge de la cathédrale de Verdun, Strasbourg, 1910, p. 106).
(3) Arch. de Reinach. n° 323; de Raadt, Se. arm., III, p. 133.
— 81 —
Knnninch de Liidinstorf \ç\\t châtelain à Schônecken (Schonkin) (1);
le 25 février 1351 (lendemain de la Saint Mathias, 1350), les chevaliers
Godart de Rore et Koninck von Lilderstorp sont cités, comme ayant
habité Dreimolen, dans une charte de Jean de Blanckenheim, relative au
bois dit « Ludestorffer Busch » ('2); le 12 mai 1352, Jean Kuningh de
Ludersdorf Qt son épouse Nese fondent un anniversaire en l'église de
Niederehe, et assignent en garantie des vignobles à Ediger (3).
Le 2 février 1357 (ipso die piirificationis béate Marie Virginis, 1356),
Johan KiLuing van Lndistorp et Nese, sa femme, promettent à Henri,
maréchal, seigneur de Daun, à Henri, à Richard et à Jean, de recevoir
en payement 222 écus d'or, cours de Cologne, pour le rachat du bien de
Lamerstorf. Ils prient sire Jean Smeych de Leyssingen de sceller ; Jean
appose un scel portant un écu à 5 (2, l, 2), annelets ; cimier : un chapeau
de tournoi, garni de deux touffes de plumes de paon ; légende : s'ihan
VAN ..I..TORF (sans doute, Ludirstorf) (4).
Enfin, un acte du l*^"^ février (171 vigilia purificationis b. Marie Virginis)
1364 nous apprend que Henri et Jean, frères, fils de Slyrp de Kerpen^
vendirent à Nese, veuve de Jean Knni?igh de Lndersdorf çX. à Jean dem
Reyden^ de Kerpen, pour 266 marcs, leur ferme de Walsdorf (5).
Ponce I de Welchenhausen (1380-1412)
L'acte de 1380 que j'avais seulement signalé d'après une note très laco-
nique de von Eltester (6), vient d'être retrouvé, et je dois à l'extrême
(1) A. Kreglinger, Analyse de la collect .des diplômes.. .. de Renesse-Breidbach, Anvers, 1836,
n° 568 ; l'acte a été scellé par les dits époux et par le châtelain : l'analyse donne la lecture
erronée Kuimnidi.
(2) Bàrsch, Eifl. ill., I, 1'''' p., 1824, p. 264, avec la lecture Ladestorffcr Busch et la
traduction Cono, pour Koninck.
(3) Op. cit., III, 2« p., 2« L. 1855, p. 366. — J. Krudewig, op. cil., IV, 1912, p. 131,
d'après l'orig., s. parch., qui a été scellé par Jean et par Jean, sire de Kerpen.
(4) Arch. de Reinach, n° 447, avec la lecture erronée Lise, au lieu de Nese; de Raadt,
Sceau.v ami., III, 415, et IV, 501.
(5) J. Krudewig, op. cit., IV, p. 131 ; d'après l'orig., s. parch., scellé par Henri, Ricliard
Hurten de Schônecken, bailli à Daun, et Guill. de Heyer.
Dans l'analvse que j'ai donnée de l'acte du 25 avril 1363, une faute typographique s'est
glissée : dans le mot anchrauiven, une lettre est tombée et il faut lire : ajichvrauive7i
(ou anchfrauzven).
(6) Voir plus haut, t. XLV, p. 318.
— 82 —
obligeance de M. le Conseiller D"^ Reimer, archiviste de l'Etat à Coblence,
de pouvoir en donner ici le texte intégral (1). Il est, en effet, des plus im-
portants pour l'histoire de Welchenhausen : le 4 juillet 1.380, Jean, sire de
Gronsveld, et Henri de Gronsveld, son frère, chevaliers, attestent avoir
assisté à un partage fait entre leur beau-frère, Henri, sire de Pirmont, et
leur 7ieve Poncin de Welchenhausen, en présence de Nicolas Walt et de
Jean de Bracht comme parents et amis.
Les déclarants remercient le seigneur de Pirmont de ce qu'il a fait
pour leur dit neve, car il lui a rendu son bien et ses lettres d'engagère,
plus sa maison de Welchenhausen, sans retenir aucun héritage provenant
de son père, si ce n'est Flamisoul et Witry.
En considération de ce, Poncin renonce, pour lui et son frère Henri, à
tout ce qu'ils peuvent prétendre à charge du sire de Pirmont et de ses
biens ; il s'engage à obtenir cette renonciation de son frère Henri, dès
que celui-ci aura atteint sa majorité, et à entrer en tout temps en partage
avec lui.
Pour assurer l'entière observation de tous les points de cet accord, les
deux frères de Gronsveld promettent à Henri de Pirmont de conserver le
château de Welchenhausen et les autres maisons qu'il remettra en leurs
mains, aussi longtemps que la renonciation susdite ne sera pas absolu-
ment accomplie.
« Ich, Joha.n, her zu Gronsfelt, ind Heinrich van Gronsfelt, ghebruder, ritter,
bekennen dat wir gheveist syn over eyne scheydunge dae ghescheydt syn worden onse
gheminde swoigere, her Heinrich, der hère van Pirmont, ind Ponschijn van Welchen-
husen, onse lieve neve, dae by woren maighe ind vrunt, mit namen Clois Walt ind Johan
van Braicht, also dat wir ons ser bedanken van den vurs. Hère van Pirmont, dat he onsen
vurscr. neve guitlich ghedain haet, ind im sinen wille ser ghedain hait, want he yme sijn
guit ind sine brieve van sinre pantschaf aile samen weder gegeven haet ind gheift mit
sinen huse zu Welchenhusen, niet uizghescheyden erflich guit ind al dat sijn vader liet,
uizghescheiden Flamsule ind Wytery, dat onse swoiger der her van Pirmont behalden sal
zu sinen besten.
» Ind dair um so vertzie ich, Pontschin van Welchenhusen, vur mich ind minen
bruder Heinrich up aile die vorderie ind ansprake, die ich ind he ummerme haven
moichten up onsen gheminden her herren Heinrich, her zu Pirmont, ind up sine erven.
Ind gelove in guden truwen dat ich den vurscr. Heinrich, minen bruder, aise he zu sinen
mundigen daghen comen sal svn, dartzu halden sal, dat he in dieser selver maissen
vertzie e dan ich yme ummer bruder deylinge gheduen sal, ind allet sonder argelist.
» Ind dit duen wir herum dat ons der vurscr. onse her van Pirmont also guitlich onse
huis, onse erv^e ind onse guit weder gegeven hait ind bedanken ons allewege ser van yme
as vurscr. is.
(1) Conservé au dit dépôt de Coblence parmi les archives de la seigneurie de
Landskron ; original, sur parch., avec 2 sceaux.
- 83 —
» Ind um dat ich Johan, her zu Gronsfelt, ind Heinrich van Gronsfelt, ghebruder,
ritter viirscr., willen dat aile dis briefs punteii stede ind vast syn ind voUendain werden
so wie vurscr. steyt, so gheloven wir deme vurscr. her van Pirmont in guden truwen dat
wir dat slos Welchenhusen ind ander die huis, die ons der vurscr. her van Pirmont in
onse hant settzen sal, nummerme in egheN^nre wijs dar uiz zu settzen, dat vurscr.
vertzichenisse en sy also ghedain, dat yt deme her van Pirmont ind sinen erven stede ind
onverbruchlich ghehalden blive, sonder eyncherleye argelist.
» In urkunde onser siegele, die wir an diesen ofFenen brief haen duen hangen. In den
jore ons heren dusent driehondert ind achtzich^ des gudesdages nae sent Peters ind sent
Pauwels dach. »
Ponce II de Welchenhausen (1426-1477)
L'original du contrat de mariage de Ponce II, passé en 1456^ porte
Rompstevn et Welchenhusen ; de plus, l'un des scelleurs de l'acte s'appelle
J. de Byntzfeld (Binsfeld), et non pas Ryntzfeld ; enfin, il est à noter
qu'il y reste un fragment du sceau de Poncin, où l'on voit un écu plain,
chargé d'un écusson plain.
Catherine et Marguerite de Welchenhausen (1495-1520)
D'une obligeante communication de M. Ilgen, directeur des Archives
de l'Etat à Dusseldorf, il résulte que ce n'est pas Simon de Belven qui
éleva, en 15:20, des prétentions au château et à l'avouerie de Lontzen
(comme nous l'avions dit, d'après Quix), mais bien André von dem
Berghe. Quix a été induit en erreur par le fait que si Simon est bien cité
en tète de l'acte du 21 juillet l-ôtiO, c'est comme témoin seulement
(Reg. féodal n° 2, f. 102 v°); le 9 juillet 1521, la demande d'André fut
repoussée {ibid, f. 125).
La Seigneurie de Welchenhausen, de 1466 à 1791
Gaspard Scheiffart de Mérode est cité le 15 avril 1606 comme « noble
et honnoré Jaspar Scheiffart de Merode, seigneur de... Clermont et
Welkenhouss », dans une reconnaissance souscrite à son profit par Louis
de Wilverdenge, bourgeois de Houffalize (1).
(1) Arch. de l'Etat à Arlon, Reg. aux actes de vente de Houflfalize, 1602-1612.
- 84 —
La Maison de Welchenhausen à Noville
Un acte passé le 29 juin 1715, à Luxembourg, par devant le notaire
J. Taffler, mentionne le baron de Martial, seigneur à NouviUe, Moestorff
et Larochette, conseiller intime de S. A. Electorale de Palatinat, colonel
et grand bailli de Gimmern (1).
Les biens d'Arimont à Noville
Louis d'Arimont, époux de Catherine de Saurfeld, doit avoir été fils
d'un Hugues d'Arimont, puisqu'il était encore appelé Louis Hugues.
Son fils Jean apparaît au dénombrement de Noville, en 1541, sous le
nom de Jehan Loivve et comme prétendant franchise. Le 14 mars 1545
n. st., Jean d'Arimont le jeune était maire de St Lambert à Noville ; le
22 mars 1546 et du 10 juillet 1568 au 8 février 1572, il est mentionné en
qualité de lieutenant du seigneur des fiefs et dimes de Noville. Le 14
novembre 1551, il intervient, avec d"*' Marie, sa femme, dans un acte
passé par les héritiers de Jodenville ; au recensement de 1575, il figure à
Noville avec la qualification de gentilhomme ; les 27 juin 1569 et 8 février
1572, il usait d'un sceau montrant un écu à un anille on fer de monlin,
accompagné de 4 roses (on étoiles?), posées i, 5, 1; une enquête où il
déposa comme témoin, le 5 juillet 1571, nous apprend qu'il avait alors
56 ans, devant donc être né vers 1515.
Le 17 avril 1577, Jean et Ricalt d'Arimont sont mentionnés comme
mayeur et échevin de la cour St Remacle, à propos de biens sis à Bourcy.
Mayeur de Hoffelt, Jean fut remplacé dans ces fonctions, ainsi que
dans celles de maire héritable de St Lambert, par son fils Richard d'Ari-
mont (1587-1590) ; le 23 février 1590, Richard est cité comme homme de
la Salle de Bastogne, et le 9 mai suivant, il appose à un acte un scel aux
mêmes armoiries que celui de son père ; en décembre 1587, apparaît son
épouse, d"^ Catherine d'Awan.
(1) Arch. du Gouv. à Lux. ; Ch. et titres div., Esch.
85
En 1624, Jean (II) d'Arimont était encore officier de la haute cour et
mairie de Hotfelt, en même temps que « capitaine en chieffz pour le ser-
vice de S. M- » (1).
Les Biens de Stein à Noville
Les renseignements que j'ai donnés plus haut, d'après les Comnnaies
Luxei7ibonrgeoises (IV, 584), sur l'histoire du droit de patronage de
l'église de Noville proviennent d'un mémoire conservé au château de
Resteigne et dont M. le chanoine Roland m'a communiqué récemment
une copie.
Ce mémoire, intitulé Genealogia illorum qtii contuleritiit benefidum et
ecclesiam parochialem de N^ovilla ab anno ISW, a pour auteur, ainsi que
l'indique la signature, Petrus de Longovillari, curé de Xoville, qui l'a
rédigé d'après les sentences rendues à Rome et à Liège et d'après les
lettres d'institution des curés, ses prédécesseurs. Pierre de Longvilly,
que je n'avais signalé comme curé de Noville qu'en avril 1564, était déjà
investi de cette cure dès avant juin 15^26, époque oîi il apparaît comme
curé de Noveve et doyen rural du doyaume de Bastoigne; notre curé est
encore mentionné le 14 juillet 1537 (Pire de Lorvillier) (2) et le 7 avril
1570; il était né vers 1503 (3j, et fut remplacé par Richard du Pont, qui
était curé au 31 juillet 1580. Le Maitre Pierre, curé de Noville et doyen
du concile de Bastogne en octobre 1520, est donc certainement Pierre de
Longvilly, et non point Pierre de Cologne, présenté par ceux d'Ouren
35 ans, au moins, avant l'auteur du Mémoire. Cette rectification jointe
aux renseignements circonstanciés contenus dans le procès Cobréville-
Vaux dont nous aurons l'occasion de parler plus loin, va nous permettre
de serrer de plus près l'histoire des collateurs de l'église de Noville et,
par conséquent, celle de la famille de Stein.
(1) Voir Ch. des Comptes de Brabani, reg. 703 (f 229) et 718 (ff. 223 v» et 291) ; Grand
Conseil de Malines, appels de Luxbg., 1. 400 ; Arch. Sect. Hist. Luxbg., Chartes (9 mai
et 5 sept. 1590) ; Cart. de Rachamps, p. 183 ; le procès Cobréville-Vaux(1568-1572), relaté
plus loin ; les Connu. Lux., t. IV, 497 et 502 ; Arch. Gouv. Lux., Ch. et titres div., 1. 12.
(2) Cartul. de Rachamps, pp. 1 et 142.
(3) Dans une enquête tenue à Bastogne les 3 et 4 août 1538, à propos du procès de
Robert de Vaux et consorts contre Jean d'Ouren, dépose Messire Pierre, curé de
Noville, âgé de 36 ans (Appels de Luxembg., à Malines, 1. 9); dans une autre enquête,
Pierre de Lonvillir. doyen et curé, se déclara âgé de 66 ans (procès Cob ré ville- Vaulx).
— 86 —
Pierre de Longvilly commence sa liste des collateiirs par une dame
liégeoise nommée Nisa, épouse de Jean de Bastogne. Cette collatrice
vivait en Io50 : en effet, par une charte du Ki octobre (sabbato ante Luce
Eîvangeliste) 1350, Coiti, seigneur d'Ourren, reconnut n'avoir rien à
prétendre du droit de collation de l'église de Noville, héritage d'Agnès
de Liège et de Jean de Bastogne : dat 7vir nit en hain zu geven ain der
kirchen van Noville noch ain der kirch gaven, die dar erb ist Nesen van
Liitghe nnd Jehans van Bastenach. Il renonce à cette collation (gave),
pour lui et ses successeurs, sauf le fief de son château d'Ouren : beheltenis
uns biirch lehens van Onren. Cône appose son scel à l'acte, en présence
de sire Wautier, seigneur de Clervaux (Clerve) ; Thierri, son fils; Michel
van der Mecheren; Henkin, son fils; Henkin van der Mecheren et Henkin
der Wirt van Ourren . (1 )
Le mémoire du curé de Noville donne des collateurs de Noville, on se
le rappelle, la filiation suivante :
Nisa de Liège, épouse de Jean (I) de Bastogne
Jean (II) de Bastogne, mari de Jeanne d'Orphelt
Henri de Bastogne
Jean (III) de Bastogne ( Jeanne de Bastogne,
( femme de Jean de Stein.
J'ai supposé précédemment que Jean II et Jeanne à'Orphelt ont vécu
au commencement du XVL siècle : en présence des données recueillies
depuis, il nous faut placer leur existence environ un siècle plus tôt.
Jean III est appelé Domicellns Joannes de Bastonia, par le curé de
Xoville, qui ajoute qu'il mourut « sine prolibus et non maritatus », lais-
sant toute sa succession à sa sœur Jeanne, mariée à Jean de Lapide, « ex
cujus matrimonio jus presentandi ad ecclesiam de Novilla venit ad illos
de Lapide » ; ce Jean I de Stein est certainement celui qui reçoit en fief
d'Ouren des biens sis à Noville, en 1488.
(1) A. Deux copies simples, d'une copie faite par le notaire Léonard Stochem, sur une
autre, inscrite dans le martyrologe de l'église de Noville par le notaire Messire Jehan
Stolpart. — Le l^"" septembre 1491, Henri van Steinbbach (de Stcmbay, dit une traduction),
curé de Noville, déclare avoir eu la lettre principale de cette copie, écrite et signée par
le notaire J. Stolpart, grâce à laquelle il a obtenu la cure de Noville qu'il détient encore
(dardurch niyne kirch V(i7i Noville envonden und helialdcn und noch bchalden) ; il appose
son scel.
B. Traduction en français (avec les noms : Nese de Liège, Jehan de Bastoingne, Michael
de Mecheren, Henkin l'host d'Ourren). Copie d'une copie délivrée par Renier Naucleri,
notaire de la cour de Trêves (Procès Cobréville-Vaux).
— 87 —
J'ai fait allusion, à son propos, à un tableau de la famille de Stein repo-
sant aux Archives du Gouvernement à Luxembourg (Noblesse, Familles,
Me - Z) : or, il se trouve qu'il y a même deux généalogies des Stein dans
le fonds en question, toutes deux du XVIP siècle, et intéressantes à con-
fronter, car elles nous fournissent quelques renseignements complémen-
taires sur Jean I de Stein et les siens : c'est ainsi que l'une d'elles appelle
sa mère, l'épouse de Robert de Stein, Elisabeth de Ropach (ou Robach),
« fille de la maison de Bastoin ».
Sa femme, Jeanne de Bastogne, est la même, je crois, que celle appelée
Jeanne van Tulle dans l'une des généalogies de Luxembourg. En effet,
des rapports étroits ont existé, comme je l'ai déjà dit par hypothèse, entre
les de Thoil, Tlioel, Tiiell ou Tulle et la famille de Bastogne, propriétaire
du droit de collation à No ville ; j'en trouve encore la preuve dans les trois
actes suivants : le 25 juillet 1 i47, Diederich de Liessingen dit Hacke
scelle un acte de Jean Schorsteyn, de Sassel, reconnaissant tenir de
Gérard, seigneur de Wiltz, un bien avec dépendances, à Satssel, hérité
de ses ancêtres et appartenant pour moitié à Henri de Novill ; le 26 jan-
vier 1451 n. st., Henri Ramplin de Bastenach, dit de Neville, dénombre
les biens qu'il tient en fief du même seigneur, à Saesselen ; et le 13 jan-
vier 1462, Peter von Toile rend hommage à Gérard, sire de Wiltz, pour
les biens de Saessel, lui échus par la mort de Henri de Nejfel, son beau-
frère, et mouvant de Wiltz, et scelle l'acte de relief (1).
Puisque j'en suis à parler de la famille de Bastogne à laquelle s'allia
Jean I de Stein, je ferai remarquer que les données fournies par le dossier
du procès Cobréville-Vaux, au sujet des dimes de Noville, m'obligent à
rejeter l'hypothèse qu'il se serait agi là de la famille le Mignon; nous
devrions plutôt songer, pour identifier les de Bastogne, collateurs à
Noville, à la famille Ruffignon, encore appelée de Bastogne ou von der
Straessen, à laquelle je suis tenté de rattacher Jean de Bastogne (1368,
" 1384, 1386) et dont on connaît : Henri et Jean Ruffignon, frères (1398);
Jean, bourgeois de Bastogne, beau-frère d'Arnold de Deynsburg (1413),
Thierri et Henri van der Straessen dits Ruffugnon, frères (1446); Thierri
et Henri, hommes de la Salle (1464); Henri le jeune, homme de la Salle
(1468); etc.
Quoi qu'il en soit, Jean de Lapide eut, d'après le mémoire de Pierre de
(1) Arch. Sect. Hist. Lux., F. 32, orig.; Cart. de Wiltz, flf. 284 et 291 (d'après des analy-
ses de M. van Werveke).
Le 7 janvier 1447 n. st., Frédéric de Sterpenich et Françoise de Nufyll, conjoints,
déclarent avoir vendu à Colin, sgr. d'Ottange, les biens de Schomvyler, dits les biens
Henri de Stirpenich, et tenus en fief de Gérard, sire de Wiltz; ce dernier scelle l'acte
evec les vendeurs (Arch. Sect. Hist., F. 26, avec le sceau de Françoise de Noville;
anal, van W.)
— 88 -
Longvillv, deux enfants (au moins) : Jean II et Marguerite, mariée à
Trêves à This Muller, les mêmes qui présentèrent pour la cure de Noville
l'auteur du Mémoire. Ce Jean II ne peut être que le Jean de Steyne qui
avait en 1 400 un différend avec son beau-frère Thys (Muller) ; sa femme
Marguerite (1508) me parait être la même que Marguerite de Ham, une
des généalogies de Luxembourg ayant dès lors confondu en un seul Jean
le père et le fils.
Jean II est mentionné en 1508, dans un acte déjà analysé plus haut,
mais à propos duquel il est intéressant de donner plus de détails : le
25 janvier 1508 (1507), (uff' St-Paidus tagh), Wilhelm von Milboîirgh,
son?ie zîi Hame, et Jiinckfrairœe Trein von Malboiirgk, tous deux
seigneurs d'Ouren (Urren), déclarent avoir donné en fief à Johan voni
Stein, demeurant à Biedtbonr gh , la seigneurie, les biens et le droit de
collation de l'église en la paroisse de Xoville, et les dimes (belehent mit
cler herschaft iinnd giittern unnd kirchengiift inn der parren vonn
NoviV.e gelegen unnd mit den ziehenden...). Ils prient tous les hommes
tenant arrière-fief (die achter lehen nsser dieser leinschaft liant), dans la
dite paroisse ou en dehors, de lui prêter en — vertu des anciennes lettres
de fief de Jea.n — serment, hommage et obéissance, suivant le droit
féodal. Jean leur a prêté serment, en présence de Sire Valérien, receveur
et conseiller à Luxembourg, et de Maître Nicolas de Marvil, receveur à
Luxembourg; Guillaume scelle, (i)
Jean II, époux de Marguerite (de Ham), eut, à en croire les généalo-
gies de Luxembourg, quatre enfants, dont l'aîné, Jean (III), fut « allié à
Catherine de Hosingen. Il est mort sans hoirs de son corps, et Xoville
luy at appertenu ».
Le deuxième, Frédéric (I), époux d'une Vogel de Weiler-la-Tour, eut
cinq enfants, Frédéric (II), Robert, Bernard, Madeleine et Eve, dont le
premier seul laissa des héritiers.
Le troisième, Anne, se maria d'abord à Jean Schellart, puis à Léonard
de Helbringen (dont j'ai parlé comme ayant été le premier mari). De son
premier mariage, elle eut Jean Schellart, allié à N. Gintping (ou Gintxing);
du second, Odilia de Helbringen, mariée à Jean-Henri de Zolveren.
Le quatrième enfant, Eve de Stein, contracta deux alliances : d'abord
(1) A. Copie collationnée par Frédéric von Stain, d'après une copie sur l'original
délivrée par J. Haussman.
B. Copie d'une traduction d'allemand en français faite par le notaire Léonard Stochem,
d'après une copie du notaire Renier Naucleri. Cette traduction donne les variantes
Milhurch, Ilainnifi, Mailhourch, van Sleyne, Bithurch. Sa description du fief de Noville
diffère considérablement ; il y est dit que Jean de Stein reçut le ficff de Noville, à savoir
dicsme et collation de l'église et tout autre dépendicc duditfiefve. (Procès Cobréville-Vaux).
— 89 —
avec Jean Waldecker, dont elle eut trois filles, puis avec Ulrich Franck
de Heidehem, dont naquirent des enfants, morts par la suite sans descen-
dance.
Jean III eut de 1537 à 1540, par devant le justicier féodal et les hommes
de Reuland, un procès contre Thierri de Bulich, en matière de retrait
lignager : il s'agissait d'une maison sise à Reuland et que Thierri avait
acquise de Hantz Raben von Ponderich et de Marie van Hossigh ou
de Hosig, conjoints; la vente faite, Hantz Falck, d'Esch-sur-la-Sûre, et
Marguerite de Hossigh effectuèrent le retrait, comme prochai?is linaigiers
(nast blutz veriioautten), mais n'ayant à la main les deniers nécessaires au
retrait, ils laissèrent la maison en gagère à Thierri (jusqu'au rembourse-
ment du capital), après en avoir reçu 12 florins d'or. Intervint alors
Hantz ou Hentzlin voin (ou van dem) Stein ou de la Pierre, bourgeois de
Trêves, qui prétendit reprendre la maison, à titre de sa femme, Jung-
fratiw Tliryne von Hosich, plus proche parente; il obtint gain de cause,
mais Guillaume de Bollich ou Polich, officier de Reuland, interjeta appel
à Luxembourg, au nom de son père Thierri.
Hans vom Stein est cité du 27 juillet au 6 octobre 1540, mais mourut
avant le 1 1 août 1541 et le procès fut poursuivi par sa veuve.
Une enquête, faite à Reuland le 11 août 1541, nous apprend que Marie
de Hosich, épouse de Hanss Rabe von Punderich (ou Raiff van Ponde-
rich), était fille de Bernard, propriétaire de la maison en cause et frère de
Georges et de Marguerite de Hosich; parmi les témoins entendus, se
trouvait Friderich vom Slei?i ou Ferri de la Pierre, âgé de 41 ans, frère
germain de Hantz et officier de Créhange à Larochette (1).
Frédéric eut également, alors, un procès à Luxembourg, au sujet de
son fief de Noville. Le 9 septembre 1541, le conseil ordonne à Frédéric
de Giltlingen de recevoir Frédéric vom Stein, bailli de Créange à
Larochette, en qualité de vassal, à Ouren, le 23 du même mois. Ce relief
n'ayant pu s'effectuer par suite de l'absence du sire d'Ouren, le conseil
déclara par sentence du 7 octobre 1541 que Frédéric de Stein devait jouir
de son fief, comme s'il l'avait reçu du seigneur, et qu'il pourrait en exiger
l'investissement dans les deux mois.
Le différend dura longtemps, et le 28 février 1545 n. st. seulement la
cour de Luxembourg ordonna la mise à exécution de sa sentence
d'octobre 1541 ; le 13 mars suivant, Simon de Ransiers, huissier extraor-
dinaire, se rendit, à la requête de noble homme Fredrick von Steyn, à
Noville, où il convoqua la commune et donna lecture de la sentence et
des lettres exécutoriales. En présence de Jehan d'Arymont le jeune,
(1) Appels de Luxembourg au gr. conseil de Malines, 1. 7,
— 90 -
maire de Saint-Lambert, du curé, de J. Herman, Gérard Trahon et Gérard
le Gaudicheux, tous de Xoville, l'huissier maintint Fredrich en la jouis-
sance de tous les arrière-fiefs de Noville ; si Frédéric de Giltingen ne le
requérait pas dans les deux mois de reprendre de lui ces fiefs, à cause de
la seigneurie d'Oren, il n'avait qu'à les relever du roi.
Le même jour, la sentence fut encore insinuée, à Bastogne, à Joncker
Jehan et à la veuve de Pomper Jehan, ainsi qu'au facteur et mambour de
Monsieur de Revnesteyn, nommé iVielis de Nymerler, alors à Bastogne
])ar hasard.
Le procès ne se termina toutefois que le IH avril 1545 (ou 1546), par
une sentence donnant tort à Frédéric de Gildtingen et le condamnant à
l'amende et aux frais; il y est rappelé que de Stein et quelques-uns de ses
prédécesseurs avaient demandé en vain au seigneur d'Ouren et à plu-
sieurs de ses prédécesseurs d'être admis au relief de certains biens
féodaux (1).
Le 22 mars 1546, Frédéric de Stein reçoit en sa qualité de « fondateur
et sire des fiefs et dîme de Xoville », l'hommage de Robert de Vaux :
nous y reviendrons plus loin.
Le 5 février 1575 n. st., Hanss Schellardt vo7in Dieckirch, agissant au
nom de sa mère Anne vom Stein, veuve de Léonard de Hvlbringenn,
prêta foi et hommage au souverain, à raison des fiefs tenus de lui, avec
promesse d'en fournir endéans le mois les dénombrement et spécification
(2) : cette formalité s'effectua dès le 10 février, ainsi que nous l'avons vu.
Frédéric (I) de Stein conclut, le 6 juillet 1574, avec sa sœur Eve, un
arrangement attribuant à cette dernière une part des dîmes de Meisem-
bourg ; par la suite, Eve se plaignit du maigre produit de cette dîme et
réclama une compensation ; arbitrage fut décidé et le différend soumis à
leurs amis et cousins (gutte nachphar, freiindt und vetter) Thierri de
Buligh et Jean Vogel vofi Weiller zum Thuren, seigneur de Bettendorf.
Prenant en considération les lourdes charges de Frédéric (dont la maison
avait été détruite lors de l'incendie général de Larochette), les arbitres
déclarèrent, le 4 novembre 1578, à Larochette, qu'Eve devrait se conten-
ter d'une compensation de 130 thalers, une fois donnés. L'acte arbitral
porte, entre autres sceaux, celui de Frédéric, caractérisé par xxnécucoicpé:
a)plain ; b) fretté (o).
Le 26 janvier 1579 n. st., Frédéric vo)n Stein déclare tenir du souverain,
comme duc de Luxembourg, des biens féodaux dépendant de la seigneu-
(1) Procès Cobréville-Vaux.
(2) Arch. du Gouv. à Lux. ; Aveux, relevés et dén. de fiefs.
(3) Mêmes arch., Familles nobles, Me-Z.
— 91 —
rie à'Oiirhen et lui échus par la mort de Jean de Stein (dess erenvestenn
Johansen vom Stein), son père^ dans le duché : le droit de collation de
l'église paroissiale de Noville, avec les dîmes, fiefs et hommes, selon
l'ancienne lettre de fief (1). Il prête le serment requis entre les mains de
Joachim, comte de Alanderscheid, Blanckenheim, etc., lieutenant du
gouverneur du duché (2).
Il s'agit toujours ici de Frédéric I de Stein (et non de son fils Frédéric
II, comme je l'avais cru) ; il devait être fort âgé, alors, puisqu'il avait
relevé les biens d'Ouren dès le 2 août 1529. Il semble d'ailleurs être mort
peu de temps après, car il n'apparaît pas au contrat de mariage de son
fils, passé le 4 mai 1579.
Par ce contrat, ainsi que nous l'avons signalé, Frédéric II de Stein
apporta entre autres ses dîmes et revenus de Nouville, avec tout ce qui
constituait sa « part et portion héréditaire ». Par contre, Robert de
Recogne et sa femme donnent « en dotte et subside de mariaige » à leur
fille «toute telle parte et portion entièrement... en rentes et revenues
» de grains, vins de dismes, laines, frommaiges, chappons, menues dismes
» que les dicts S' Robert et dem""^ sa femme souloient ou pouvoient avoir
» par chacun an avant la confection de ceste en la parroisse de Nouville ;
» en plus, 650 florins de 20 patars de Brabant, une fois à payer. »
Après le décès de Robert et de sa femme, les deux futurs conjoints
« hériteront perpétuelment d'un g tiers de tous biens meubles trouvez en
» la maison de Recoingne, rentes héritables que gaigières es dismes de
» la ville et parroisse de Bastoingne que prévosté d'illecq soubz telles et
» quelles jurisdictions que ce soit, dehors les limites de la tourre, maison-
» naiges et teneur de Recoingne que boys sartables soub la conté de la
» Roche. » Les 650 fl. susdits devront être payés à la future, leur sœur,
par ses frères germains Georges et Jean.
Cette dot est estimée valoir la part que la future pourrait avoir après la
mort de ses père et mère « en la thour et maisonnaiges dudict Recoingne,
» jardins, viviers, haulx bois que menus, preis, terres arrables et sarta-
» blés, surséans iceulx maisonnaiges et héritaiges tant soub ung prévost
» de Bastoingne que bois et champs soub la conté de la Roche..., lesquels
» dictz maisonnaiges et héritaiges... lesdicts George et Jean et leurs hoirs
» hériteront, joyront et posséderont perpétuelement après la mort et
» trespas de leurs dictz père et mère... »
(1) Die kirchengifft in der pfiirrenn zu Noville, sainpt den zehendenn, lehen widt nuirinen
dasselhst, nichst nit davo7i7i noch abgesondert, ailes vermogh undt in nachfolgungh der altenn
lehenn briej/'.
(2) Arch. (jouv. Lux., Aveux, relevés et dén. de fiefs ; orig., sur parch., dont le sceau
est tombé.
92 —
A la prière des deux parties contractantes, signent et scellent le contrat
« Guillaume Rhuiss, prévost de Bicdburch et Echternach, Hanss
Schellert, aniptman de Dudeldorff, Adam Bentzerotte de Bourcy, » avec
Robert de Recoingne et Frederick de la Pierre. L'acte est signé :
Guilla(iim)e Riiiss, Robert de [Recoi/igne] Liverdugiie, Friederich de la
Pierre, Johan Schellertt, Adam vaiti Benizeroidt. Il est muni, entre
autres sceaux, de celui de Robert de Recogne, que je vais avoir l'occasion
de décrire. (1)
Le 1)0 novembre 1595, nous retrouvons notre Frédéric dans un acte en
vertu duquel, « pardevant Fredericq de la Pierre, s"^ féodaulx des lieffz et
dismes de la paroiche de Nouville, Jehan de Liverdun, de Recoigne,
lieutenant sire, Henry d'Offorni, Colla Gran Jean, Pier Herman, hommes
de tieiïz et sergeant », Martin Everard, de Besory, et Margueriite, sa
femme, vendent « toutes leurs [actions] parts entièrement au Bois
» Wathie, soit en boys, groz et menuz, terre sartable... », et ce « pour
» trois vingt escus, quarant patar chascun, les vins de droictz non com-
» prins », à Jehan Colla de Besory et à Béautry, sa femme.
Jean de Li\erdun, « lieutenant sire susdict », signe et append à l'acte
son « seau, armoié de ses armes » : ce scel présente un écu à un loup (ou
renard?) passant, accompagné en chef de 'J étoiles à 5 rais et en pointe
(1) ArcJi. du Gouv. à Luxbg., Familles nobles^ Me-Z, dt- la Pierre.
A propos du contrat de mariage de Wéry de Stein, fils de Georges et de Marguerite de
Wampach, en 1590, j'ai émis rh_vpothèse que le futur devait être proche parent de Fré-
déric de Stein de Noville et de Robert de Stein; je crois m'étre trompé, au moins en ce
qui concerne l'origine de cette proche parenté avec Frédéric : celle-ci devait venir du
côté des 'Vogel et non de celui des Stein, à ce que m'apprend un arbre généalogique du
XVI« siècle, en ma possession. Nous y voyons, en efî'et, la filiation suivante :
Marguertie de Basenheim
Epouse : 1° Henri de Nothum 2" Jean de Stein, Kuclienmelster
Jean de Nothum, Eydel Hanss von Siein
échevin à Arlon
François de Nothum Georges de Stein Catherine de Stein
Catherine Weyrich Claudia d'Anly
de Stein de Stein dite de Vesqueville
Un acte du 24 novembre 1089 mentionne les s" Wiry de Stein et François de Nothum,
à propos de Wilverwihz (Cart. Nothomb, n° 135). D'autre part, une acte de la Salle de
Ijastogne, du 22 octobre 1596, cite comme vendant leurs biens de Wihverwiltz et d'En-
schringen : A) Wirich de la Pierre, seigneur de Bettendorlï, mari d'Ermengarde Vogel ;
Catherine de Steyn, épouse de Henry de Baclain; Marie de Steyn, épouse de Thierri
Watmenger (Wortminger.'); Robert de Stein, tous frères et sœurs; Marie von der Ecken,
épouse de Jean de Schvveistel, et Martin von der Ecken. B) Frantz de Nothum, échevin
d' Arlon, et sa femme. CJ Catherine de Stein, femme de Mathis Walhor, voué de Bra
- Ô3 -
d'ttn besant) heaume; cimier : une tête et col de loup (ou renard?);
légende : s. robert de ver... dit- d recoingne. (1) Jean employait
donc bel et bien le sceau de son père.
Aux renseignements déjà fournis sur les enfants de Frédéric II de
Stein et de Marie de Liverdun, j'ajouterai qu'en 1625 et en 1626 Fré-
déric (III) de Stein, écuyer, seigneur de Noville, eut une affaire assez
désagréable avec les dames de S**^ Claire d'Echternach.
Sa sœur, Marie de Stein, professe au dit couvent, s'étant vu, vers le
carême 1625, enlever le voile et consigner en cellule, pour quelque acte
d'indiscipline, Frédéric pénétra dans le cloitre « avec une grande véhé-
mence et colère », le lundi après Invocavit, et protesta en termes plutôt
énergiques contre la mesure prise à charge de sa sœur; non content de
traiter de « gros villains moines, sans honneur et pudeur, » les Fran-
ciscains, visiteurs des Clarisses^ il accabla de sarcasmes et de menaces
les bonnes religieuses. Il renouvela la scène à diverses reprises, se faisant
même accompagner de son frère Paul et d'autres témoins, si bien que
le P. Franciscain Paul Metterich dut s'adresser au conseil de Luxem-
bourg pour que l'on mît fin aux troubles occasionnés par Frédéric, « au
cloistre de S*^ Claire, contre la tranquillité de la vie religieuse et
immunité du lieu. »
Le 16 septembre 1626, le conseil ordonna au substitut du procureur
général de faire enquête sur les faits incriminés ; elle eut lieu dès le
lendemain et il se trouva que les faits avaient été quelque peu exagérés;
toutefois, le conseil défendit à Frédéric, sous peine d'arrestation immé-
diate, de remettre les pieds dans le monastère sans l'autorisation de
l'abbesse.
Stein ne s'inclina pas, malgré l'intervention du procureur général lui
même, et en appela au Grand Conseil de Malines, où le procès durait
encore en mai 1627 (2).
Les des Stein semblent d'ailleurs tous avoir été passablement procé-
(1) Arch. Gvt. Lux., ch. et doc. divers, 1. 22, Noville.
(2) Arch. gén. du Royaume, Grand Conseil de Malines, Appels de Lux., 1. 317.
Quelques détails fournis par les pièces du procès sont à retenir : Frédéric, ridiculement
infatué de sa noblesse, déclare, entre autres, ne vouloir endurer qu'un « petit-filz de
paysan » (le P. Metterich) punisse sa sœur; à la cellerière du couvent, Marguerite de
Muegen, il dit « qu'elle comme une paysanne ne debvroit estre avec sa sœure noble et
» qu'elle ne méritoit pas d'estre près une personne de sy bonne noblesse » !
La grainetière du monastère, Marguerite de Dave (âgée de 50 ans), le traite de
« cousin ». Toute la semaine de la pentecôte 1626, Frédéric et sa mère ont circulé dans
le cloître ; vers 1620 ou 1621 la religieuse Marie de Stein a participé à une excursion faite
par sa mère, sa sœur défunte et son frère Frédéric, à Wolffyelt, pour visiter « leur
maison castrale illec, qu'ilz avoient hérité ».
— 94 -
duliers : c'est ainsi que le 19 juillet 1633 une sentence des markvogt et
échevins de Diekirch termina un différend entre Théodore de Stein, sgr.
à Xoville, et Catherine de Bentzerodt, veuve de Manderscheid, de Fol-
kendange, plaignants, et le mayeur de Reisdorf, ajourné (I).
D'autre part, Frédéric II de Stein et son fils Frédéric III eurent de longs
différends avec l'abbaye de St-Maximin de Trêves, à propos de voueries
sises à Heffingen et dépendant de la mairie de Medernach. Le procureur
du monastère s'étant plaint au conseil de Luxembourg des empiétements
de Frédéric (II), qui s'était emparé de biens appartenant aux voueries de
l'abbaye et y avait construit une maison appelée Stehi-Burg, Stein fut
condamné provisionnellement par sentence du 24 septembre 1601. Fré-
déric III poursuivit le procès, qui durait encore en janvier i63.j (2).
Les renseignements que j'ai eu l'occasion de donner sur les Stein
comme décimateurs à Xoville, se précisent par la confrontation des deux
documents suivants, extraits du cartulaire de Rachamps.
La dîme de Noville en 1665 et en 1669
1665. — « Dividement du tiers de la disme de Noville, réglée par le
S"" d'Awan .en qualité de clercq pour les hommes de fiefs. ,
» Premièrement, toutes les dismes estant en gros, on en prend hors
4 stiers moitables pour le curé de Noville, provenant de Cobraiville, dit
l'anniversaire Gerlache d'Isiers.
» 2'° Le clerc, savoir le S"^ d'Awan, en prend 4 muids pour son droict.
» Du rest, on en fait trois partes égalles, dont la première appartient à
Renesteyne, représenté par Keyffemberg.
» Des deux autres partes, on tire 12 muids, desquels vient au dit S''
d'Awan 8 muids et les autres 4 muids restans se partagent en deux partes :
sçavoir la moitié à Humain pour Cobraiville, et l'autre moitié aux Kaysers
dits Magettes, représentez par les Religieuses de Bastoigne, et les mam-
bours de Noville par moitié .
» Le surplus après déduction de tout ce que dessus, on en fait 3 tiers :
sçavoir le premier au S"^ d'Awan et le deuxième à Madame de Jupille, et
au S' Renesteyne, dont la parte de Madame de Jupille appartient audit
(1) Arch. Gvt. Lux., Ch. et doc. div., 1. 10, Folkendange.
(2) Même fonds, ]. 14 ( Larochette, ad. a. 1730).
— Ô5 —
d'Avan et Renesteyne égallement. Du troisième tiers, on en fait 5 partes,
dont 3 appartiennent au S"" d'Awan ; des deux autres partes restantes,
Gobrai ville en prend la moitié, et les Magettes avec les mambours dudit
Noville le rest, par moitié.
» Répartissement des vins, laines, argent, fromages^ chappons, lins,
appartenans aux hommes de fief :
» 1° On fait 3 tiers. Le S"^ de Renesteyne prend un des dits tiers. Et les
deux autres, en faut faire encore .') tiers, dont les héritiers d'Awan pren-
nent les 2 tiers. Et de l'autre tiers, on en fait encore 3 tiers, desquels
Messire Arion prend un tiers, qui est Mons"^ Renesteyne, et ceux de
Jupille par moitié égalle, la parte de Jupille mise avec celle d'Awan et
l'autre moitié avec celle de Renesteyne.
» Et des deux autres tiers on en fait 5 partes, dont d'Awan prend les 3,
et les 'I restantes Jean de Cobraiville et Theis Keyser prennent.
» Dividement de l'an 1665 de la parte des hommes de fief, laquelle
port 61 muids.
» Premièrement on prend 4 stiers pour le curé de Noville. Item 4
muids pour le clerc. Dont rest 56 muids 4 stiers, qu'il faut partager en
3 partes égalles et dont Reyffemberg, au nom de Renesteyne, en prend
un tiers, qui port 18 muids 6 stiers 5 quartes.
» Reste 37 m. 5 st. 2 qu., desquels on prend l'2 m., sçavoir 8 m. pour
d'Aw^an, 2 m. à Humain, les religieuses de Bastoigne 1 m. et les mam-
bours de Noville l m.
» Rest 25 m. 5 st. 2 qu. qu'il faut partager en 3 partes, dont d'Awan en
prend une, sçavoir 8 m. 4 st. 3 qu.
» La 2"'^ parte se partage égallement entre ledit d'Awan et Renesteyne,
sçavoir chacun 4 m. 2. st. et 1 1/2 qu.
» Du S'"'^ tiers restant, qui port 8 m. 4 st. et 3 qu., on en fait 5 partes,
desquelles d'Awan en prend 3, qui portent 5 m. et 7 qu., à sçavoir iceluy
d'Awan pour soy 1 m. 5 st. 5 qu., Humin, pour Cobraiville, autant, et les
Magettes avec les mambours autant, sçavoir chacun 6 st. 6 1/2 qu.
» Les 2 autres partes restantes, sçavoir 3 m. 3 st. 2 qu., on les partage
en 2, et Cobraiville en prend la moitié, sçavoir i m 5 st. 5 qu. et les
mambours avec les religieuses le rest, sçavoir chacun 7 st., y comprins
3 quartes, qui estoient de bon sur la généralitez.
» Donc ensuite de ce dividement, vient à Monsieur d'Awan pour soy
11 m. 2 st. 1 qu., et la moitié d'une demy, et encore 4 m. de clerc ;
» Groulart, 11 m. 2 st. 1 qu. et la moitié d'une demy ;
— 96 —
» Renesteyne, 23 m. 6 1/2 qu.
» Les mambours, 2 m. 5 st. 6 1/2 qu.
» Les religieuses, 2 m. 5 st. 6 1/2 qu.
» Humin, 5 m. 3 st. 2 qu.
» Somme : 61 muids.
» Répartition des vins, à rate de 60 florins
» Reytfemberg, 22 florins 4 sols 1 liard.
» d'Awan avec Groulart, 34 fl. 3 s. 3 1.
» Humin, 35 1/2 sols.
» Les mambours, 17 s. 3 1.
» Les religieuses, 17 s. 3 1.
» Dividement du tiers des Patrons.
{Ajoitté) : » Avant tout, on en prend 4 stiers pour le sergeant.
» Premièrement, il se partage en deux égallement, dont la moitié
appartient aux Bcdenges, maintenant représentez par le S'^ de Stein et
Pieret de Bastoigne.
» De l'autre moitié appartient un fixe de 14 muids, 12 au S"^ de Ballon-
feaux, de Luxembourg, et 2 à Mons"^ de Stein, qui luy est toujours dheu,
quoy que cette moitié ne porteroit point d'avantage desdits 14 muids. Le
surplus est appelle Beyfall, lequel se partage en 3 tiers, desquels un
appartient au S'^ de Stein, le 2'"^ à Ballonfeaux et l'autre aux RR. PP. Jé-
suittes de Luxembourg, représentans les Newmetzler dudit Luxembourg.
Ce tiers est notté et réparty par le S"^ de Stein. »
(Cart. de Rachamps, pp. 763-766).
15 novembre 1669, à Luxembourg. — Le conseil rend une sentence, au
sujet de la dîme de Noville, « entre George de Ballonfaux, sergeant
major réformé, au nom de sa femme Josine d'Alscheidt, suppliant, d'une
part; Philippe et Friederich de Stein, rescribents; Christophe de Reif-
femberg et la vefve et héritiers de feu Jean Pierpont^ intervenants,
d'aultre. »
Il déclare les suppliants non fondés « en leurs fins et conclusions
d'exclure les rescribents et intervenants (comme représentants les Dave
et Bodange) du tiers de la disme de Xouville^ dont les deux autres appar-
tiennent, l'un au curé, et l'autre aux représentans les d'Awan »; les
Répartition de la Dim
I. —
II. — •
(Après prélèvement des 4 stiers du s
Une moitié.
aux Davc et aux Bodange, .
reprcsentés « par le S'' de
Sti'in et Pieret de I5astoigne »
(KJC).")) ; par Philippe et Fré-
déric de Stein, rescribents,
Christophe de Reiffeinherg
et les veuve et héritiers de
Jeun Pierpont (IGGV»).
Une moitié, rc]
On prend d'abord par préciput, 14 muids fixes (as
par Jean de Stein à sa sœur Anne, pour portion i
12 muids
pour le S'' de Ballonfaux
(1G(35)
:2 muids
au S'' de Stein
(IG(35)
III.
Tier!
(Après prélèvement des -4 stiers du curé et des 4 muids di
Un tiers
pour
Reuesteyne,
représenté par
Reyffeiiherg
i) 8 muids
au S'' d'Axvaii.
a) 12 muids
2 muids
à II uni ni II pour
Cohréi'ille.
Les deux
2) i muids
2 muids
1 muid
aux Kcysers
dits Mdgettes,
représentés par
les religieuses
de Bastogne.
1 mi)
aux man
de No^
)ville en 1665 et 1669
Curé
Patrons
Jfan Je Stfi)i le vieux
Le surplus (Bcyjall) se divise en 3 tiers
Un tiers
,'• de. Stcin (1665); aux
ibents (Phil. et Frédéric
'cin), représentant Frc-
de Stein de 1597 (1669).
Un tiers
au S"" de Ballonfiutx (1665);
au S'' de Ballonfiiux et à
Josine d'A/sc/ieid, représen-
tant Anne de Stei?t (1669).
Un tiers
aux Jésuites de Luxembourg,
représentant les Newvietz/er,
(1665), aux représentants de
feu Eve de Sfehi (1669).
nmes de Fief
b) le surplus
n tiers
S'' d'Awan
Un tiers
à M^ie de Jupille
et au S""
Renesteyiie .
Un tiers
3/5
au S"" d'Awan
(1 pour lui, 1 à
Humain (pour
Cobtuiiville) ,
1 aux Magettes
et aux
mambours).
2/5
1/5 ^
Gobraiville
1/5
Les Magettes,
(représentés par
les religieuses)
et les mambours
de Noville.
— 97 —
suppliants devront donc « laisser suivre à iceux en la dite qualité la moitié
dudit tiers de disme ».
Ces suppliants sont également non fondés « de débattre de nullité
l'engagère faicte au proufit de feu Frederich de Stein en l'an 1597, par
feu Hans-Heinrich de Zolveren, au nom de sa femme, Odile Helbringen,
et Reinard Helbringen, enfans procréez en secondes nopces par Anne
de Stein avec Léonard Helbringen, de la part qu'ils avoient en la dite
disme ».
Les rescribents ne sont pas recevables dans leur prétention d'avoir par
préciput, comme représentant feu Robert de Recoigne, 9 muids 5 stiers
moitables sur la totalité dudit tiers de dîme.
La suite de la sentence parle de 14 muids assignés par Jean de Stein à
feu Anne de Stein, sa sœur, pour sa portion filiale, sur la dîme de
No ville.
Le dit tiers de dîme sera partagé en deux : une moitié appartiendra aux
représentants desdits Dave et Bodange; l'autre aux représentants de feu
Jean de Stein le vieux (après déduction des dits 14 muids pris par préci-
put, dont 12 appartiennent aux suppliants et 2 aux rescribents), subdivisée
en 3 parts, dont l'une appartiendra aux rescribents (comme représentant
le dit Friedrich de Stein), l'autre aux suppliants (comme représentant
Anne de Stein) et la troisième aux représentants de feu Eve de Stein.
(Cart. de Rachamps, pp. 892-894).
En tenant compte de ce que lors de l'enquête sur les revenus ecclésias-
tiques, en 1575, la dîme de Xoville est déclarée se diviser en trois parts^
le tiers du curé, le tiers des patrons et le tiers des s"^" de Renenstein, de
Cobreville et consorts, on peut représenter la répartition des tiers des
« patrons » et des « hommes de fief, » en 1665 et 1669, de la manière
indiquée sur le tableau ci-contre.
Ce tableau appelle quelques commentaires.
Au sujet des membres de la famille de Stein qui y sont cités et dont
l'intervention s'explique par les détails généalogiques donnés précédem-
ment^ il est à noter que le s'' de Ballonfaux avait épousé la fille de Nicolas
d'Alscheid et de Madeleine Schellart, celle-ci petite-fille d'Anne de Stein;
quant aux Newmetzler, ce ne peuvent être que les filles de Nicolas
Neumetzler, descendantes des Stein par Anne Waldecker.
- 98
Les Familles de Bodange et de Dave
A propos des Dave et des Bodange, remarquons que la famille de Dave
arriva à Bodange à la tin du XV*^ siècle.
En 13'29 et en 1855, les cens et rentes de Bodange et de Wiesenbach
étaient tenus en engagère du seigneur de Meysembourg par le sire de
Monclair. En 1408 vivait un Jean de Boidingen ; en 14'28, Jean de Wiltz
dit Rotart était l'époux d'une Agnès de Budingen, citée (A. de Boedin-
gen) comme veuve en 1452.
En août 1450, Jean de Habaru et Henri de Bodange ont un différend
avec un maitre mineur, pour l'exploitation de la mine de plomb de
Wiesenbach; le l'''^ avril 1451, sont mentionnés Wiricli et Henri de
Bliddingen, frères, et Jean de Haharuy, leur beau-frère, à propos de la
vente de la censé de Wiesenbach. En février 146 4, Henri de Bodenges
était homme de la Salle de Bastogne; en juillet 1469, le dénombrement
de la prévôté de Bastogne signale à Bodenge une « forte maison » servant
le duc d'armes et de cheval et habitée par « ung gentilhomme appelle
» Henri de Bodenge, quy est seigneur treffoncier de la dite ville, et prent
» cens et rentes et tout. »
Le 2 octobre 1487, un Philippe de Bodange (cité du 1" février 1487 au
28 juillet 1499) et D^'^*^ Marie, sa femme, achètent à Jean- de Bodange,
Jeannette, sa femme, Martin de Hotte et Jeannette, sa femme, deux
maisons à Bastogne, ayant appartenu à Jean de Habaru et « retombées »
aux vendeurs.
Le 2 octobre 1 i89, un arbitrage termine un différend entre Arnould de
Recogne, défendeur, et « Wilhem de Dasve, ayant cause des hoirs et
» successeurs de feu Henry de Bodaingne, frère non germaine de feu
» Marye, jadis femme à feu Jehan de Habaru, d'autre »; il s'agissait d'un
héritage acquis par Habaru et son épouse à Wéry, chanoine de Metz,
frère de Marie, et provenant des parents de Wéry et de Marie; ce bien
appartiendra pour une moitié aux « prosmes » de Habaru, pour l'autre à
ceux de Marie, « comme estoit le dit H. de Bodaingne ».
Ajoutons, à propos de Wéry de Bodange, que le dénombrement pré-
senté à Luxembourg, le 10 novembre 1534, par Clément d'Orley,
seigneur de Linster, mentionne parmi les fiefs relevant de Meysembourg,
la tour de Bodange, possédée par Wirich van Bnddingen : cette mention
doit provenir de quelque dénombrement antérieur, du XV'' siècle. (1)
(1) Arch. Gouv. Lux. : aveux et dén. de fiefs.
99
Guillaume de Dave s'établit sans doute à Bodange par suite de son
mariage avec la fille de Henri; sa famille y resta jusqu'au XVIIP siècle.
J'y trouve d'octobre 1524 (1) à novembre loo7 un Guillaume de Dave,
qui eut au moins deux enfants : Jean et Catherine (1524-1530, morte avant
septembre 1542), épouse de Pierre de Warck (1524-1542), fils de Jean,
auxquels il faut sans doute ajouter Marguerite de Bodange ou de Dazfoe
(1542-1551), qui fit en 1542, avec son mari Pierre le Duc, de Michamps
(noble écuyer en 1551, homme de la Salle en 1554), une donation à
Catherine, fille de Pierre de Warck.
Le fils de Guillaume, Jean de Dave, sgr. de Bodange (1537-1565,
nommé échevin de Bastogne le 7 avril 1540) (2), épousa Jeanne de
Jodenville, et fut sans doute le père de damoiseau Guillaume de Dave,
sire de Bodange de mars 1572 à mars 1588 (3). Celui-ci et D^"*' Adélaïde
van der Leyen, sa femme, firent le 11 octobre 1572 un échange avec
Gérard de Bodange et D'"*' Catherine de Joudenville, son épouse; l'acte
mentionne la tante de Gérard, Catherine, jadis femme de Pierre de
Warck, défunt. Le même jour, Jean à^OrxinJaing, demeurant ait Noef-
chaste 1-671- Ar demie, et D"'' Betelinne de Bodange, sa femme (4), vendent
à leur bon cousin Guillaume de Dave et à Adélaïde ce qui leur est échu à
Bodange par le décès de leur cousin feu Jean de Warck, de Bodange.
Le 11 octobre 1577, Wilhelm von Daejf, seigneur foncier de Bodingen,
(1) En I.tIS, à en croire les Communes luxembourgeoises (IV, p. 186, d'après Pierret),
vivait un Jean Stheling (?), frère de Philippe de Bodange.
(2) Le même ouvrage (loc. cit.) rapporte qu'en 1544, Jean de Daxele^ sgr. de Bodange,
était frère d'un Guillaume de Dave; celui-ci, qui habitait Remagne, acquiert tout ce que
Jean Stheling possédait à Bodange, Bastogne et Remagne.
(.3) Les Communes (III, p. 841 ; IV, 186; VI, 243, 244, 303) attribuent en tout cas aux
époux Dave-Jodenville une fille, Catherine, décédée en 1606, qui épousa en 1545 Bernard
d'Everlange, mort en 1595, veuf de Gillette de Vance.
D'autre part, le tableau de quartiers de Christophe de Reiffenberg lui donne pour
grand-mère paternelle une Dave, fille d'une Jodenville, née, donc, sans doute, du mariage
"de Jean de Dave et de Jeanne de Jodenville.
(4) Les Communes Luxemb. (VI, 153) donnent pour femmes à Jacques d'Orchinfaing,
cité en 1575, Anne de Cugnon et N. de Dave.
Au XVI"i« siècle, les Communes mentionnent encore :
A) Jean de Bodange (1566), dont le fils, Jean, écuyer, lieutenant des francs-hommes et
mayeur d'Anlier (1611-1620), épousa Catherine du Faing, fille de Claude et de Marie de
Mousay, et en eut quatre enfants, dont une fille : Catherine, femme d'Adam du Hauchar
d'Ansart (VI, 82; IV, 185).
B) Isabeau de Dave, épouse de Mathieu de Tellin, écuyer, et mère de Catherine de
Tellin, qui se maria en 1573 (VI, 1403).
— 100 —
et Adélaïde von der Leyen reconnaissent avoir reçu en prêt de Marie von
der Heiden, veuve de Paul Basem, 100 écus à 30 sols de Luxembourg ;
l'acte est scellé par Guillaume (de Dave, sur le sceau) et par son beau-
frère, Roprecht von der Recongh (1). Il s'agit ici de Robert de Liverdun,
époux de Marie de Dave; ces conjoints, on se le rappellera, donnèrent
en dot à leur fille, en 1579, une part de dime à Noville.
Un Guillaume (le même que celui de 1572-1588?) était peu après le
mari de Jehenne de Sûre : le 24 mars 1588^ la cour féodale de Mirwart
accorde à Guillaume de Dave, sgr. de Bodange, à cause de Jehenne, fille
de feu Jean de Sûre, ban et relief, en plein fief, de la maison et du fief de
Sûre. Le 26 juin 1592, Guillaume de Sûre, marié, demeurant à Valensart,
effectua par devant la même cour, le transport de sa part des biens de
Sûre vendus aux enfants de feu Jean de Sûre : Guilllaume de Dave, sgr.
de Bodange, mari de Jehenne; Jean et Michel de Sûre; Colignon de
Walren, mari d'une autre Jehenne ; Robert, Guillaume et Catherine de
Sûre.
Jehenne de Sûre se remaria avec Jean de Humin (fils de Henri et de
Catherine de Cobreville), qui apparaît avec elle à Bodange du 2 déc. 1602
au 11 janvier 1606; les 16 avril 1603 et 15 juin 1604, ils conclurent des
arrangements avec les frères de Guillaume, Robert et Nicolas de Dave.
En 1681, les deux tiers des seigneuries de Bodange et de Wisembach
appartenaient à Robert de Dave, écuyer, qui avait pour armoiries un écu
écartelé : mtx 1 et 4, 3 losanges; aux S et S, 3 cotices (= une bande,
côtoyée de i? bâtons) ; ce blason rappelle, par deux de ses quartiers, celui
des Dave de Namur : de gueules, à la bande d'argent, au lambel d'azur,
brochant en chef (2). A en croire la pierre tombale de Jean-Bernard
d'Everlange, arrière-petit-fils de Bernard et de Catherine de Dave, les
quartiers 1 et 4 étaient d'argent à 3 losa?iges de gueules ; les quartiers 2
et 3 d'argent à 3 bandes d'azur (3).
Nos renseignements sur les seigneurs de Bodange (qu'il est inutile de
poursuivre ici jusqu'à la fin de l'ancien régime) ne nous expliquent
malheureusement pas comment Philippe et Frédéric de Stein représen-
taient en 1669 les Dave et les Bodange : c'était peut-être simplement par
suite d'achat.
(1) Anal, van Werveke, d'après les Aich. de la Sect. Hist. à Luxembourg.
(2) Voir pour les Bodange et les Dave : les registres de la Salle et de la Justice de
Bastogne; le cart. Nothomb (n° 531); le cart. de Mirwart (pp. 41 et 70); mon Livre de la
Justice de Bastogne (passim); de Raadt, I, p. 372 ; les Comvmnes Li(.vemèoîirgeoises (passim)
les Archives de Clervaux, etc.
(3) Comm. Lux., VI, 255.
101 -^
Les Familles de Reinhardstehi et de Reiffenberg
Le s"^ de Revnestevn de 1545, le vieulx Mons'' de Revnenstien que nous
rencontrerons en 1570, le Renenstein (et non Revenstein) de 1575 et le
Renestevne de 1665 ne peuvent être rapportés qu'à Reinhardstein ou
Renarstein près Malméd}^, mais comment les seigneurs de ce château
arrivèrent-ils à posséder une part de la dîme de Noville et comment
d'eux passa-t-elle au s"^ de Reiffenberg?
A en croire Bàrsch (l), Reinhardstein fut construit au XIV'^ siècle sur le
territoire de Weismes par Renard, fils de Renard de Weismes; décédé
en 1354, le fondateur du château le laissa à son fils Winquin, qui le reçut
en fief de l'abbaye de Malmédy en 1358, mais mourut sans hoirs, remplacé
à Reinhardstein par son frère, Jean de Weismes; celui-ci, encore vivant
en 1388, eut de sa femme, Marie, fille de Henri de Bastogne, seigneur à
Vogelsang, un enfant, Marie, qui épousa Jean de Zievel, seigneur à
Reinhardstein par relief de l'année 1430.
Agnès de Zievel, née de ce mariage, héritière de Reinhardstein, épousa
en premières noces Jean de Brandscheid dit Gebùrgen, mort en 1470, et
en secondes Henri de Nesselrode. La fille aînée du premier mariage,
Catherine de Brandscheid, apporta Reinhardstein à son mari, Adrien,
bâtard de Nassau, chevalier, sire de Butgenbach (bailli de Vianden en
1477 et en 1481, cité comme seigneur à Reinartstein en septembre 1489),
qui laissa cette forteresse à son fils Henri (« fils et seigneur de Renart-
steyn » en juillet 1498, mort le 13 août 1535); le fils de Henri, Jean,
investi du fief le 30 septembre 1535, mourut sans hoirs, et Reinhardstein
passa à la sœur du défunt, Anne, dont la fille unique, Anne de Metter-
nich, n'eut elle-même pas de descendance.
Les Metternich, descendants d'Eve de Brandscheid, sœur de Catherine,
et ceux d'Adrien de Nesselrode, né du second mariage d'Agnès de Zievel,
élevèrent alors des prétentions sur Reinhardstein.
C'est probablement par Marie de Bastogne que les sires de Reinhard-
stein entrèrent en possession d'une partie de la dîme de Noville ; était-
elle de la famille des mayeurs héréditaires de Bastogne, ou se rattachait-
elle plutôt à la famille de ce nom qui transmit aux Stein leur bien de
Noville? Je ne saurais trancher la question, mais penche vers la seconde
hypothèse, d'autant plus que Marie ne pouvait être la fille d'un seigneur
(1) Eiflia ill., II, 2« p., 1844, pp. 228-229.
— 102 —
(.le Vogelsanck, terre entrée dans la famille de Bastogne au XV'^ siècle
seulement.
C'est par les Rolshausen, je crois, que notre part de la dîme de Noville
passa des Reinhardstein aux Reiffenberg : ce sont eux, en effet que nous
trouvons à Butgenbach après Adrien de Nassau : en 1513, Frédéric de
RoiltzeJiussen, bailli à Vianden, Dasbourg et Saint- Vith, reçut en fief
Butgenbach et Trimporten; en 1570, c'était Christophe de Rolshausen,
bailli de Montjoie; en 1606, le fils du précédent, également nommé
Christophe, qui relevèrent Butgenbach.
Or, les Reiffenberg s'allièrent au moins deux fois aux Rolshausen : en
1550, Jacques de Reiffenberg était le mari d'Anne de Rolshausen; en
1602, était écoutète de Butgenbach Jean-Guillaume de Reiffenberg, fils
de Christophe et de Marguerite de Rolshausen; d'autre part, Christophe
de Reiffenberg qui épousa en 1630 M. -S. de Lontzen dite Roben, avait
pour quartiers paternels Reijfenberg, Rolshausen, Dave, Jodainville, et
est sans doute le même que le co-partageant de la dîme de Noville en
1665. Bien plus, on a même dit, mais à tort, je pense, qu'un Jean de
Reiffenberg qui épousa Marie de Roben, dame de Hondelange, était
seigneur de Buiienback. (1)
Quoi qu'il en soit, remarquons ici que le 29 juillet 1692, Christophe de
Reiffenberg créa sur ses dîmes de Noville lez-Bastogne une rente de
12 reichsthaler au profit de ses sœurs Elisabeth et Ursule. (2)
La Famille d'Aïvan
Le S' d'Awan, l'un des principaux co-partageants du « tiers des hommes
de fief », appartenait à une famille en la possession de laquelle se trou-
vait, dès le commencement du XVP siècle, l'une des deux maisons de
Vaux-lez-Noville donnant droit à un siège dans la Salle de Bastogne : au
dénombrement de 1541, cette maison appartenait à Robert d'Aman,
gentilhomme; en 1575, elle avait pour propriétaire Jacques d'Awa?i (o).
(1) Les Comm. Lux., t. II, p. 243, 470, etc.
(2) Franquinet, hivetit. der oorkojiden... van de... Vromveiikloosters Marienthal en Siiuiich,
Maastricht, 1869, p. 231. Le 28 janvier 1698, Philippe-Christophe de Reiffenberg donna
au couvent noble de Marienthal (sur l'Aar) 500 reichsth., lorsque sa fille y entra comme
relicrieusc.
(.3) Grand Conseil, Appels de Luxembourg, 1. 7 et 9.
— 103 - -
Le premier personnage de cette famille que je rencontre à Vaux est un
Jehan d'Anmn, scellant un acte du l^*^ octobre 1514, en qualité de maire de
Rachamps; il pourrait être le même que le maire Jean Thiry, cité les
25 juin et 14 septembre 1526.
En 1538, Robert de Vaidx eut, avec les habitants de Vaux, un procès
contre Jean d'Ouren, écuyer, seigneur de Tavigny et de Mabompré, au
sujet du bois et des terres de Morreley, Moreley, Morlez ou Marelle, près
de Mabompré : commencé pardevant la justice de ce dernier lieu, il fut
porté en appel devant le conseil de Luxembourg, puis devant le grand
conseil de Malines, en 1540. Il s'agit de notre Robert d'Awan, car des
pièces de procédure de février et mars 1544, n. st., l'appellent Robert
d'Azvain alias de Vaiilx, d/Auwai?i ou d'Ajivain dit de Vaulx. (1)
Robert d'Awan dit de Vaulx, ou Robert de Vaulx dit d'Azvan, est
mentionné avec la qualification de maire de la cour de Rachamps du
31 décembre 1544 au 23 septembre 1553, du 24 avril 1559 au 18 septembre
1561; il usait d'un sceau armorié. Cité les 24 mai 1553 et 15 mai 1560
avec son épouse D"*^ Barbe, il apparaît le 13 juillet 1557, avec la même,
sous la désignation : « honnestes hommes Roubert d'Awain, demorant à
Vaulx rier Nouville et D"'' Barbe de Wellen. »
Le 26 juin 1550, un acte de la justice de Bastogne mentionne Jean
Rasquin, ou Jean, fils de Rasquin d'Arvaiu et de D"'" Marie de Joiden-
ville, et Eve, sa sœur; Louis d'Azvain, lieutenant-capitaine d'Ivoix, et
Robert d'Azvain, mambours d'Eve. Marie devait être fille de Henri de
Joiden ville, ou Joudenville, mort peu avant février 1547, qui possédait à
Bastogne, près de la Porte Haute, une maison dite « La Grand Maison. »
Déjà du vivant de Robert, apparaît comme maire de Rachamps un
Jacques d'Arvan, de Vaulx dit d'Azvan, ou d'Azt>an dit de Vaulx, qui
exerçait ces fonctions le 3 novembre 1558, le 15 février 1561 et du 17
juin 1562 au 15 février 15S0; son scel, armorié, portait la légende
JACQUES DAWAN DICT DE VAVLX ; il est qualifié d' « honnête hom-
me ^ en juin 1562 et d'écuyer à partir du 19 juin 1580; les 12 octobre
1577 et 4 novembre 1585, il était homme jugeable de la Salle de Basto-
gne; il vivait encore le 7 mai 1591.
Il avait épousé Anne de Vaulx, fille de Robert de Vaulx et de Margue-
rite Stolpert, citée avec lui le 19 juin 1580; il en eut plusieurs enfants,
dont je connais : Anne, épouse de Jean de la Tour, demeurant à Sohey,
en juillet 1598 ; Marguerite; Barbe et Louis, sur lesquels je vais revenir.
Il était contemporain de Catherine d'Awan, épouse de Richard d'Arimont
en 1587.
(1) Grand Conseil, Appels de Luxembourg, 1. 7 et 9.
— 104 —
A la même époque, sont é8;alement signalés : Raes d'Awafi, seigneur
d'A3^waille, mari de Marguerite de Presseux, et Catherine d'Azoayi dite
de Vaulx, qui épousa le frère de Marguerite, Godefroid de Presseux,
écuver, seigneur de Tohogne, échevin de Durbuy (deux des enfants de
Catherine meurent en 1603 et en 1605). Raes et Catherine se rattachent
évidemment, le premier par son prénom, la seconde par son surnom, à
Vaux-lez-Xoville. Il n'en est pas de même, je crois, pour Louis d'Awans,
créé chevalier par Charles-Quint, au retour du voyage d'Alger, capitaine
de cavalerie d'une compagnie de 500 wallons, puis lieutenant-gouverneur
d'Ivoix, qui épousa Jeanne Hugonel, dont il eut : Elisabeth d'Awans,
épouse en 1590, de Georges de Waha dit Baillonville, prévôt de
La Roche, créé chevalier en 1618 et qui testa avec sa femme en 1620.
Louis d'Awan, fils de Robert, est signalé en qualité d'homme jugeable
ou gentilhomme de la salle du 12 septembre 1607 au 13 oct. 1629. Il eut,
parait-il, une sœur, Barbe, qui épousa Lamoral du Mesnil; cette alliance,
donnée par V Annuaire de la Noblesse Belge (1891, p. 132j est admissible.
En fé\Tier 1604, Lamoral du Meny, homme de la Salle, était avec les
de Vaux, cohéritier de Jean Ghenardt ; de plus, une fille de Barbe
d'Awans, Catherine du Mesnil, épousa par contrat passé à Bastogne le
19 novembre 1629 Ferry Groulard, sgr. de Ceureux, etc., qui mourut en
16()1 : ainsi s'explique l'intervention, dans la répartition de la dîme de
Xoville en 1665, à côté du S-^ d'Awan, d'un S"^ Groulart (1).
A en croire les Communes Luxembourgeoises (t. III, p. 1019), un Louis
d'Awans, de Bièvre, épousa Claudine du Faing, fille dç Jean et de
Philippine de Habaru. Ce Louis appartenait à une autre branche de notre
famille : nous savons, en effet, que Catherine de Gobréville ou Cobréville,
fille d'un co-seigneur à Bièvre, était en 1613 l'épouse d'Everard d'xAwan,
seigneur de Bièvre en partie, et la mère de Nicolas d'Awan, cité de 1613
à 1622, écuyer, co-sgr. à Bièvre; de Louis d'Awan (1612-1614); et de
deux filles, épouses de Nicolas Hustinet et d'Adam Rogissart. En 1615,
Nicolas était l'oncle de Jean d'Awan, de Bohan; en août 1655, Jean
d'Awan, prêtre, vend sa part de la terre de Bohan, lui échue de son père
défunt, Jean d'Awan. En 1635, vivait Gérard de Taviet, veuf de Mar-
guerite d'Awan; en 1669, Anne d'Awan, épouse de Charles Dauff (2).
Ces d'Awan de la Semois devaient appartenir à la même famille que
ceux de Vaux-lez-Noville : cette consanguinité me paraît prouvée par
(1) Mes renseignements sur les d'Awan proviennent avant tout du Cartulaire de
Rachamps et des registres de la Salle et de la Justice de Bastogne ; cf. également Comm.
Lux., t. IV, p. 589, et t. V, p. 292.
(2) Voir Roland, Orchimont et ses Fiefs, passiin.
— 105 —
une identité de prénoms et une analogie d'armoiries, que nous allons
faire ressortir plus loin.
Je suis peu renseigné sur les d'Awan de Vaux au cours du XVn™«
siècle, et je dois descendre jusqu'en 1681, pour y trouver un Everard
d'Awan, signant le dénombrement dont voici l'analyse :
Everard Dawan, gentilhomme et homme jugeable en la salle de Sa Majesté à Bastoigne,
déclare, le 20 décembre 1681, tenir du roi de France, à cause de son comté de Chiny, les
biens suivants :
« Une maison, court, jardins, grainge, estableries et bergerie franche, bouvière franche
pour les chevaux, scituées au villaige de ]''aux\ prévosté de Bastoigne et diocesse de
Liège, et de plus après icelle maison 24 charée de foing, 30 journaux de terre à sartere
gozonnée, desquelz on n'en peut sartere 3 à 4 journaux de 18 ou 19 ans vieux.
» Encore 30 à 40 journaux des champs arables, desquels ilz s'en peuvent annuellement
labourere 9 à 10 journaux. Trois bois de haulte feuille, consistans en 15 journaux, m'ap-
partenante la haulte fleure, le droit de chasse, sy bien que de la poisse.
» Item consiste le dit bien en une portion de disme dans la paroisse de Notnnlle, pré-
vosté de Bastoigne, de 8 à 9 muidz de grains moictables, seigle et avoinne annuellement.
» Estant sire et coUateur de la cure de Donange en partie. »
11 signe E. Daivaii et appose un cachet (1).
Everard est encore mentionné le 22 janvier 1682, puis je perds sa trace.
Je ne saurais dire quelle parenté l'unissait à Catherine d'Awan, veuve en
mai 1711 de Guillaume d'Ortho, écuyer, sgr. de Wigny; à Jeanne
d'Awant, veuve en 1718 de Pierre de Vaulx, écuyer, gentilhomme de la
Salle de Bastogne ; à Catherine d'Awan, épouse de François de Chéoux,
écuyer, vivant en 1694, mort avant février 1718 (2).
Au XVIIP siècle, apparaissent non plus des « d'Awan », mais des
« de Celle (Celles) d'Awan ». Claude, mentionné à Noville de 1739 à 1766
(en 1747 : Cl. d'Awan, sgr. de la cour Saint-Lambert, résident à Noville;
en 1751 et 1766, gentilhomme de la Salle), eut de son épouse, Anne-Barbe
de Rousseau, un fils : P.-J.-C.-J. de Celles d'Awan, baptisé à Noville le
o mars 1739; assesseur à Bastogne, sgr. de Recogne, époux de Béatrixde
Hinderer, le 3 juillet 1774; le même, sans doute, qu'Ignace de C. d'A.,
sgr. de la cour de Recogne, dont la fille Marie-Françoise-Béatrice, épousa
à Noville, le 16 mars 1795, Jean-Pierre baron de Ferrant de Montigny,
de Dasbourg (3).
Comment ces de Celles se rattachent-ils à Everard d'Awan ? Je manque
de renseignements à cet égard. Il est à noter, toutefois, que le cachet
(1) Ch. des Comptes de Brabant, reg. 4.5713 c.
(2) Tandel, III, 834-835; IV, 202, 593; V, 431, 553; VI, 1501,
(3) Ibidem, \\, 184 ; IV, 587 et 599.
— 106 —
apposé par Everard à son dénombrement de 1681 montre un écu écartelé :
aux I" et A", une aigle ; aux lî'^ et S^, d'hermine, les mouchetures posées en
bande, et que l'armoriai de Kessel attribue aux d'Awan, comme
armoiries : écartelé : aux I et A, d'argent à la bande de 2 cotices de
gueules, les entre-deux parsemés d' hermine ; aux 2 et 3, d'or à l'aigle
éplovée de gueules. La famille namuroise de Celles portant d'hermine à la
bande de gueules, doublement coticée du même (ou d'hermine à ime
jumelle de gueules posée en bande), il est certain qu'Everard, déjà, s'y
rattachait ou, au moins, voulait s'y rattacher, à en juger d'après deux des
quartiers de son blason (l); de plus, il portait un prénom que l'on trouve
chez les Celles (en 1612, Everard de Celles était vicomte de Jehérenne).
Claude de Celles d'Awan peut donc fort bien être un fils ou un petit-fils
d'Everard, ayant simplement voulu, selon une mode qui avait pénétré
alors jusque dans les gentilhommières les plus reculées de l'Ardenne,
rendre son nom plus imposant.
Quoi qu'il en soit, les prénoms de Louis et d'Everard, portés à la fois à
Vaux et à Bièvre, et la composition des armoiries des d'Awan de Vaux
doivent nous faire conclure à la communauté d'origine des deux branches :
la chose est d'autant plus admissible qu'en janvier 1634 est citée Jeanne de
Selle dite Darban (lisez d'Awan), épouse défunte de Nicolas de Hauset,
sgr. de Bièvre en partie, lequel appelle « ses belles-filles » Anne et Mar-
guerite Darban, filles de Nicolas Darban (= d'Awan) (2).
Comment le s"^ d'Awan était-il, en 16(j5 et en 1669, le principal intéressé
dans la répartition du tiers revenant aux « hommes de fief » dans la dîme
de Noville? Un procès qui surgit en 1568 entre Jean dé Cobréville le
jeune et Robert de Vaux, va nous apprendre que c'est probablement
comme descendant d'Anne de Vaux, fille de Robert et épouse de Jacques
d'Awan en 1580; en même temps, il nous fournira quelques éclaircisse-
ments sur l'intervention de « Humain, pour Cobréville, » dans le partage
du tiers des hommes de fiefs.
La Famille de Cobréville
Dès le XV'' siècle, sans doute, les de Cobréville possédèrent une part
de la dîme de Noville. Le 5 juillet 1510, en effet, Piere de Bien, lieute-
nant Prévost de Bastoingne, Jehan Daverdisse, Hubert de Revongne,
Jehan d'Astetwy, Tibnan Bomaistre, Jehan de Revongne, tous hommes
(1) Les deux autres, à l'aigle, n'ont aucun rapport avec les armoiries des d'Awans
liégeois, caractérisées par du vair et un lion.
(2) Roland, Orchimont, p. 22D.
— 107 —
de la Salle diidict Bastoingne, Urbain, sergant, déclarent que pardevant
eux Jehan Aubert de Cobr avilie et Kathon, sa femme, fille de Jehan de
Wibren, engagent à Gieliette, femme de feu Henry le Mignon, 20 muvs
7noitable, soille et avoine, messure de Bastoingne, S7ir touttes leur part et
porcion qu'ilz ont et qu'ilz ont acqnesté à leur cousins Jehan de Lomsche-
viller et à sa fenune, dedens les diesmes de la paroche de Noville et
d' Erloncourt ou à l'entoure, et livré dedens la ville de Bastoingne, deulx
paire de degrés hault, ou une lieux à l' environ,... pour 280 fl. de 16 gros
monnaie courante, y compris les vins et droits. J. Aubert et son épouse
obligent en garantie toiit le résidu qu'ilz ont èsdictes diesmes de la dicte
paroche de ISoville... (1)
Ce n'est que le 31 janvier 1512 que le transport de cette part de la dîme
de Noville s'effectua au profit de Gilliette, veuve de Henri le Mignon, de
Bastogne, pardevant la justice d'Ouren et les seigneurs de ce lieu, Guil-
laume et Henri de Malberg et Philippe de Giltlingen. D'autre part, sept
ans après, le 5 mai (des nechsten donner stages nach S. Walpurgisj 1519,
Jehan Abert de Cobraiville et Ketlin, conjoints, de Bastogne, vendirent
à Jean de Wintgeren dit Pompertman, une part de leur dime de Noville,
pour 40 fl. ; l'acte de vente fut scellé par Schiltz van Lanscheit, Man-
richter à Oren, Jean de Lomerswiller, Philippe de Giltlingen et Henri de
Mailburg, seigneurs d'Ouren (2). C'est au même Jean, appelle cette fois
Pomper Johan (3) et à son épouse que nous avons vu, le 10 mars 1524,
Henri le Mignon et sa femme Jeanne engager à leur tour un quart de
leur dîme de Noville.
Une vingtaine d'années plus tard, la part engagée aux Mignon passa à
(1) Procès Cobréville-Vaux : A) — Copie, sur parch., non signée, d'après l'original
muni du sceau de la prévôté de Bastogne, appendu par P. de Bien à la requête des
hommes. BJ — Extrait sur papier, délivré par le clerc-juré Gouverneur, avec les
variantes : Hubert de Revogne, Jean, son frère,... Th. Bon Maistre ; jf. Aulbert de
Cohreville... acquesté à leurs cousins Giltz et à sa. femme.
Henri le Mignon, de Compogne, est cité à Bastogne à partir du 10 juillet 1481 ; il avait
épousé Giliette ou Julienne Hutfleisch (fille de Watlet), qui apparaît avec lui à partir du
30 mai 1482.
Le 15 mars 1502, les deux époux achètent deux rentes à Compogne; le 12 octobre 1544,
est cité Claus Stolpert, bourgeois de Bastogne, veuf de Gelet, fille Henry le Myngnon ;
le 16 juin 1565, un acte mentionne un engagement de la dîme de Wardin, fait autrefois
par Thilman Bonmaître à Henry le Mignon et à Jehennette, sa fille.
(J. Vannérus, Le Livre... de Bastogfie de 1481 à 1499, n°^ 32, 96, 138, 269, etc. — Car t.
Nothomb, n»» 531 et 580; Livre de la justice de Bastogne, ventes, 1544-1554).
(2) Arch. Sect. Hist. Lux., Fonds Neyen, Arch. d'Ouren, I, 68 et 74 (anal, van
Wer\'eke).
(3) Pomper Jehan apparaît déjà à Bastogne le 31 décembre 1499; il ne vivait plus le
25 mai 1547, jour où est citée sa veuve, Catheline le Duck (J. Vannérus, Le Livre...,
n" 942; Reg. de la Salle de Bastogne).
— 108 —
Robert de Vaux : le 21 mars 1546, Fredriche van Stayne, fondateurs et
sires des fiefz et disme de Noville, déclare qu'en présence de Pierre de
Lonvilly, curé de Xouville, Jehan d'Arimont, son lieutenant-sire des dits
fiefs, Robert d'Awan, Henry de Vaulx, tous hommes de fiefs, et de Henri
Bouvve, de Xouville, sergent, Robert de Vaulx, lieutenant-prévôt de
Bastogne, lui « a faict foys et hommaige, repris et relevez de moy, à
» causes de madicte sirrerye des fiefz que dessus, toute telz droict et
» action et porcions de diesme et rentes que fut Gellett, à son temps
» femme du viel Henry le Mignon, par eulx acheptez à ceulx de Coubra-
-> ville, que on nomme la part et diesme du Chauldrons, avec tous ses
» appendice, appertenances et émolumens, que le dict Robert ayt depuis
» ne guers achepteis des boires herrittier des dicts Mygnon. »
Frédéric s'engage, dans le cas où Robert achèterait par la suite la part
et portion de Henry Loren, de Vellereux, et de Colla le Curé en ces
dîmes, à le tenir quitte « de plus faires reliefz ne payer droicts seigno-
rables... »; de plus, ayant reçu de Robert '26 écus, il le tiendra, ainsi que
D""^ Marguerite Stolpert, sa femme, quittes de tous droits de relief. (1)
Cette cession de l'engagère de 1510 donna lieu, vingt-deux ans après,
à un long procès en matière de retrait lignager (2).
Le 23 juin 1568, pardevant le commis du prévôt-lieutenant de Bastogne
et les hommes de la Sale, Jean de Cobréville le jeune consigna « or et
» argent pour faire retraicte et rédemption d'une rente de grains en fief au
» lieu de Noville..., engaigée par feu Jean Aubert de Cobréville, son
» père-grand, et tenue à présent par Robert de Vaulx, lieutenant-prévost
» du dict Bastoingne, exhibant... certaines lettres... du V*^ jour de juillet
» 1510... et requérant que le dict de Vaulx eust à reprendre les deniers
» mencionez en la dicte lettre, et par après soy désister de la joyssance
» de la dite rente ».
Robert répondit « qu'il estoit en ses termes et soustenat qu'il debvoit
» estre traicté suyvant les coustumes du pays »; par contre, Cobréville
déniait à l'ajourné tout terme ou délai, « pour estre matière d'engaigeure
» seulement, mesmes qu'il estoit au service de S. M. et résident en court,
» par où il requéroit estre traicté comme estraingier et hasté de son
» retour vers icelle court... »
L'affaire fut remise au 25, mais l'ajourné fit défaut ; le 30 juin, allé-
guant que les grains en question « estoient de la dépendance et jurisdic-
(1) Copie délivrée par Des Mares, d'après l'original, signé FreJrich t&hi Stain et muni
des sceaux, armoriés, en cire verte, de Frédéric, de Jehan d'Arymont et de Robert
d'Awan.
(2) Le dossier s'en trouve dans la liasse 20 des dossiers d'appels de Luxembourg au
Grand Conseil de Malines (Arch. gén. du Royaume, Bruxelles).
— 109 —
» tion des S"^ et homes de fief de Noville », de Vaux demanda le renvoi
de la cause par devant eux, ce à quoi Cobréville consentit, sous réserve
que « ce renvoy ne pourrait préjudicier à ce que auroit esté encomencé
» pardevant lesdits prévost et homes, ou diminuer son bon droict. »
Le 7 juillet 1568, à Xoville, pardevant les sire et hommes des fiefs des
dîmes de la paroisse de Noville, le demandeur renouvelle son offre, avec
consignation d'espèces; comme il devait retourner de suite en cour, au
service de S. M., il obtient procédure plus rapide et assignation à de Vaux
de comparaître « de tiers jour à aultre ». Le 10 juillet, à Bastogne, par-
devant « Jehan d'Arimont, lieutenant s"^, Jehan de Cobréville le vieulx,
» Jehan d'Alsebor et Henry Collignon de Noville, tous hommes de fieff
» des dismes de Noville, Pier Herman de Noville, sergant et hommes
» desdictes dismes. Richarde d'Arymont, clerc-juré », le demandeur
obtient défaut et réajournement au 13 suivant ; en même temps, reconnu
» vray héritier en droict de matièr en question », il est reçu « à faire ban
» et relief » et « faict homaiges et obéissance », en payant les droits
accoutumés. Le 13 juillet, nouvelle remise au 17 suivant.
Le J5, Jean de Cobréville le jeune, secrétaire de Mons"^ d'Assonleville,
conseiller du roi, donne procuration^ pour poursuivre le procès, à son
père, Jean de Cobréville le vieux, et à Jean Herman, échevin de Bas-
togne, en présence de Jean de Montmédy, huissier, et de Clausse Coli-
gnon Claus.
Pour défendre ses droits, Robert de Vaux présenta un mémoire, qui
manque malheureusement au dossier, ainsi que les lettres de 1452 et de
1512 y annexées ; Cobréville y répondit par des « escriptures responsifif »,
où il s'inscrivit en faux contre les preuves littérales de son adversaire. La
lettre de 1452, dit-il, « faisant mention de certain apoinctement lors faict
» et passé par devant le seigneur d'Ouren, ses manrichter et hommes
» féodaulx », ne peut en rien préjudicier « pour la retraicte qu'il tend
» faire..., mesme parce que le seigneur d'Ouren et ses manrichter auroient
» passé telles lettres subreptissement et obreptissement par devant eulx
» et par usurpation faicte sur et contre les vray seigneurs héritiers du fief
» de Noville, quy sont ceulx van Stein... Car il apert bien clèrement par
» les lettres de recognoissance et renunciation faict par lesdits seigneurs
» d'Ouren n'avoir rien audict Noville, l'une en date de l'an 1350 et l'autre
» de l'an 1507, produicte par le demandeur (1), par oh l'usurpation est
» toute manifeste et nottoire... »
Quant à la copie de l'acte de la vente que feu Jehan Aubert de Cobré-
ville aurait faite, le 31 janvier 1512, « de telles droictures et action qu'il
(1) Voir plus haut le texte de ces actes de 1350 et de 1508 n. st., dans les additions aU
chapitre consacré aux biens des Slein à Noville.
— 110 —
•>> al es dismes de la paroisse de Noville... à feu lors vivante Geliett,
^^ vefve Henry le Mignon », des héritiers de laquelle l'ajourné aurait
acquis le droit, elle ne peut, ainsi que toutes autres lettres (d'obligation
ou autres) passées depuis à Ouren, lui porter aucun préjudice; ces lettres
« seront par droit déclarées nulles et de nulle valleur, comme ayant été
» passées subrepticement et obrepticement, par devant juges incompé-
•» tents, au déceu et en fraudant lesdits van Stein ». Cobréville demande
donc l'exhibition de l'original de l'acte, car la copie peut avoir été « faicte
» et forgiée à plaisir » ; il conclue, enfin, à ce que le défendeur soit déclaré
« mal fondé à sa prétendue possession et condamné à reprendre les
» deniers des 20 muyds gaigiers... ».
Sans se laisser démonter par l'accusation de faux, de Vaux se borna à
demander à la cour féodale d'Ouren un record attestant que les Mignon
avaient relevé devant elle, à diverses reprises, leur part des dîmes en
litige (1). Cet argument parut sans doute décisif aux féodaux de Noville,
car ils donnèrent tort à Cobréville.
Celui-ci en appela au conseil de Luxembourg, dont il obtint relief
d'appel le 25 mai 1569^ avec ajournement des sire et hommes féodaux de
Noville pour le vendredi après la Trinité.
Le 28 mai, J. Regnault, haut-sergent de Bastogne, se transporte à
Noville et donne lecture des lettres du conseil à Jehan d'Arymont,
« lieutenant sire des dismes d'illecq », qui déclara « que la matière et
cause ne le touchoit en riens »; le même jour, il en laisse copie à Robert
de Vaux.
La procédure d'appel fut entamée de suite, et le 10 juin 1569, en la
cause entre J. de Cobréville, le jeune, appelant, d'une part, les sire et
hommes féodaux de Noville, ajournés, le lieutenant-prévôt de Bastogne,
intimé, d'autre, parties renoncent hi?ic inde à la sentence dont appel, et
(1) Le 8 décembre I.'jGS, par devant « Baulduuin de Geltingen, S"" d'Ouren, Claude de
» Lantscheidt, manrichter du chasteau d'Ouren, Jehan de Oberhausen et Claude d'Orley,
» demorant à Rulandt, ambedeux hommes de fiefz du chasteau d'Ouren », R. de Vaulx,
lieutenant-prévôt de Bastogne, demande un record sur' le point suivant : dans leurs
registres secrets de justice et dans leurs mansbouch et reliefs, trouve-t-on que « Gillette
» le Mignon et depuis elle Henry Mignon et ses consortz, dict en allemans die Kesselers
» de Bastoigne, ayent par cy-devant ou aultre fois depuis 55 à 56 ans en çà reprins et
■» relevé à ung s' d'Ouren, pour lors s"" des dismes de Nouville, de ce qu'ilz avoient
f> èsdictes dismes de Nouville et s'ilz ne sont registre avec aultres hommes de tiefz de
» mesme qualité ayant relevé par cy-devant et de ce usé et usent encor journellement .''».
Ayant visité leurs « anchiens registres des hommes de fiefz de la maison d'Ouren et de
» relief », le seigneur d'Ouren et ses hommes attestent y avoir trouvé mention des reliefs
aux quels Robert fuit allusion (Copie par des Mares, d'après l'orig., avec le scel armorié,
en cire verte, de Claude de Lantrcheidt),
— m —
le conseil la « met à néant, ordonnant aux parties de fournir escriptures
» à toutes fins, vers la court, au 8^ des prochaines journées judi-
» ciaires » (l).
Dans ses escriptures, Cobréville « répète tout ce que en première
» instance a de sa part esté dict, allégué et produict à son prouffict ».
Il rappelle l'engagère de 1510, faite « par ses père et mère-grandz »;
certaines lettres de 1512, qui « auroient esté passées pardevant Guill. de
Milbourg, s"^ d'Ouren, et ses manrichter », contenant vente par les dits
époux de tous leurs droits et action sur les dîmes et fief de Noville ; les
renonciations de 1350 et 1507; la sentence de 1541, ayant condamné
Frédéric de Giltingen, sire d'Ouren, qui refusait de recevoir feu Frédéric
de Stein, fils de Jean (qui vivait en 1507), « en hommaige pour la totalité
du fief de Xouviile. »
« Sur les reffus et aultres oppositions ineptes dudit Ouren, » continue
Cobréville, « il a esté du tout déboutté et privé dudit fief de Nouville et
» en lieu que lesdicts von Stein reprenoient de luy pour la totallité dudict
» fief de Nouville, ont tousjours depuis reprins en hommaige de l'empe-
» reur Charles et du roy nostre sire, comme ducz de Luxembourg, et
» sont démenez paisibles et esté recognuz pour les vrays seigneurs et
» héritiers dudict fief, mesmement par l'inthimé, lequel a acquis le droict
» et action des héritiers de Mignon par devant ledict Fredrich von Stein
(1) Le 8 juin 1569, à Bastugne, par devant le clerc-juré Gouverneur et les bourgeois de
Bastogne, Guill. de Warck et François de la Fontaine, Jehan de Cobréville, homme de
la Sale, et Anne, sa femme, déclarent que l'action intentée par leur fils Jean contre
R. de Vaulx, pour le rachat des grains de Noville, engagés par leur père et grand-père
Jean Aubert de Cobréville, l'a été de leurs su, aveu, consentement et volonté ; ils
assignent pour ce tous leurs biens « pour caution, en mains du sire des dismes à
Noville ». Ils déclarent, de plus, n'avoir plus rien à prétendre es dîmes et rentes en
question, aux quelles ils renoncent à nouveau au profit de leur fils.
Cette cession fut encore confirmée par un autre acte du même mois : le 27 juin 1569,
« Jean d'Arimont, lieutenant sire des fiefz et dismes de la paroisse de Noville, sire Pierre
» de Longvilly, curé dudict Noville et doyen de Bastoigne, Robert van Stein, Henry de
» Vaulx et Henry Collignon de Noville, tous hommes féodalz,et Pierre Herman, sergent, »
déclarent que pardevant eux « honnest homme Jehan de Cobréville le vieulx, homme de
» la Salle à Bastoigne, et le dit P. Herman, constitué mambour de Anne Collignon Claes,
» sa femme », cèdent au « jeusne Jehan de Cobréville, leur fils et héritier, tout leur droit
« en toutes les dismes de grains, cens, rentes, revenues, proufit et émolumens y appar-
» tenantes... reposantes en la paroisse de Noville, soit tant des 20 muvdz engaigé par
» feuz Jehan Aulbert et Catherine, sa femme, leurs père et mère, à feu Gelliett, vefve
» Henry le Mignon, comme aussy sur la généralité d'icelle, maintenant mise en litige
» par leur dit filz, acteur... contre R. de Vaulx..., défendeur et adjournez ».
Jehan d'Arimont appose le « seel armoié de ses armes, en placcart » : ce sceau montre
un ècu à un anille de moulin, accompagné de 4 étoiles (ou roses), i , 2, i ; cimier : un vol ;
légende : indislincte (Orig., sur papier).
— 112 —
s- ou son lieutenant au lieu de Nouville, sans s'estre addressé à ung s'^
» d'Ouren ou ses nianrichter. »
L'usurpation du s*^ d'Ouren est donc évidente. D'ailleurs tous les titres
produits par l'intimé ne sont que lettres d'h3^pothèques, donations et
appointements, « lesquelz se peuvent passer pardevant tous juges et en
» tous lieux; et ne peult en ce faict que moins servir la lettre que dict
» que J. de Cobrcville et Catlin, sa femme, auroient vendu 2 muydz de
» grains à Jehan de Winckrenge, etc., laquelle lettre se retreuve cassée
» et taillée en pièce, comme l'inthimé l'a exhibée.... »
Il conclut de nouveau à ce que l'intimé soit « déclaré mal fondé à sa
» prétendue possession et condempné à reprendre les deniers des
» 20 muydz engaigez, et d'iceulx non seulement en laisser joyr et prouf-
» ficter l'appelant, mais aussy de la généralité de la dite rente et
» disme.... »
Le 10 juillet 1569, les parties déposèrent leurs écritures. Celles de
Robert n'ont pas été conservées, mais il résulte de la réponse de Cobré-
ville que l'intimé basait entre autres son opposition au retrait sur le fait
que celui-ci ne pouvait s'effectuer du vivant des père et mère du deman-
deur (ce qui explique la renonciation des 8 et 27 juin 1569).
Le procès traînant, ce n'est que le 20 janvier 1570 que les répliques
furent déposées ; le 19 avril 1570, après Pâques, la cause étant toujours
pendante à Luxembourg, Cobréville se fait donner un avis, à Malines,
par Le Cocq, A. Heems dit le Pipre, De Brigneme et un autre juris-
consulte.
Dans un « advertissement en forme de mémoire », sans date, présenté
peu après au conseil de Luxembourg, Cobréville dit :« Pour ce qu'il polroit
» sambler estrange qu'en lieu de 20 muidz engaigez seullement par feu
» J. Aulbert de C, son père-grand, le deffendeur joyt de la totalité des
» dismes en question, le demandeur supplie sur ce considérer que depuis
» ce temps les dites dismes sont tousjours d'an en an de beaucoup aug-
» mentées et que ce que le deffendeur en a ainsy joy ce a esté au plus
» grand deffraulde du père du demandeur, qui demeura lors jeusne enfant
» orphelin n'ayant dez longtemps après cognoissance de ce fait... »
Dans un autre mémoire, il rappelle « le contenu en l'enqueste du
» demandeur, où se trouve par tesmoing... que de l'engaigière des
» 20 muydz a esté donné billet et assignation par le grand-père du
» demandeur en son vivant aulcunes fois à Henry le Mignon, aulcunes
» fois à son frère le curé, et ce jusques au jour de son trespas, que lors
» demeurans ses enffans pupilz et en minorité d'eaige, voires en grande
» nécessité et povreté et sans assistence de personne, ceulx ayans la
» dicte gaigière ont usé du mesme droict de départir les dismes, mais
» non avec title ou enseignement... ».
— 113 —
En mars 1570, le lieutenant-prévôt de Bastogne s'adresse « à Mess''^ les
sire et hommes de Nouville », pour prouver par témoignages et record les
points suivants :
1) « Que R. de Vaulx, apprès ses autheurs, les hoirs et héritiers de feue
» Gillette, vefve du Mignon, ou ayans cause, comme Jehan de Jodenville,
» en leurs noms, ont depuis 10, 20, 30, 40, 50 ans et plus tenu, possédé et
» manié les dismes de Nouville présentement en question entre le dict
» Robert et J. de Cobreuville le jeune, demorant à Bruxelles...
2) » Ou'icelles dismes sont estez tenues et possédées par Gillette et ses
» successeurs comme vrays s'^'^ et maistres propriétaires, et point pour et
» au nom de gagière aulcunement, ains comme les aiant acquis et
» achapté.
3) » Que Gillet et ses aiant cause par le temps que depuis ont tousjours
» profficté les dismes susdictes entièrement, tant en grain, lins, chap-
» pons, argent et tout généralement, eulx-mesmes ou gens à leur nom,
» comme ledict Jodenville, sans en recepvoir 20 muidz libverez par les
» mains de ceulx de Cobreuville, ancestres dudict Jehan le jeusne, le tout
» suyvant la lettre d'achapt de Gillette.
4) » Que Gillette, ses hoirs et ayantz cause ont gouverné et administré
» eulx-mesmes ou gens à leur nom icelles dismes, les laisser à la chan-
» délie, les despartir entre les comparceniers en leur donnant leur billet
» signé, pour selon ce recepvoir leur part, sans que lesdicts de Cobreu-
» ville s'en aient meslé, comme propriétaires ny autrement.
5) ... « Que la totallité des dismes de Nouville se part en trois tiers,
» dont l'ung tiers appartient au curé d'illec, l'autre à ceulx de la Piere et
» leur comparceniers, et le troysiesme (dont la dicte question) au présent
» R. de Vaulx et ses comparceniers, ausquelz il départ son dict tiers,
» comme ceulx de la Pierre à leur comparceniers.
6) ... » Que feu Regnart Raille, demorant à Trêves, at esté beau-frère
» à feu Jehan de la Pierre, ayant espousé sa sœure, et pour tel estre tenus
» et réputés ayant sa part audit tiers de Nouville aussy avant que le dict
» Jehan, son beau-frère ».
Le 9 mars 1570 (st. de Liège), Jehan d'Arimont, lieutenant-sire, Pier le
Ducq, Robert de Recogne, messire Pier de Hoffelt, curé de Rachamps,
Pierre Herman de Nouville, tous hommes des fiefs de Nouville,
délivrent le record demandé, « par les rapports des vieux aux jeusnes » :
« Feu le jeusne Henry le Mignon, Joncker Jan dit de Jodenville pour
» au nom du dict Henry, ont tousjour... possédé et manié leurs droit des
» dismes de Nouville comme vrays s^^ et maistres propriétaires de leurs
» dict droit et qu'icelluy Henry, Joincker Jan pour au nom dudit Mignon,
» proffittoient èsdites dismes leurs dit droit...
- 114 —
« La totalité des dismes de Xouville se partent en 3 thier, réservé que
» les fondateurs ne ]-)rendent rien es dismes des villaiges de Michamps,
* Magereux et Oubourcy, assavoir le première thier au curé d'illecq,
» le seconde à ceulx de la Piere, le 3*^ le possède le dict R. de Vaulx pré-
« sentement, estant le thier de Robert de semblable qualité comme
» le thier des de la Piere. »
Le même jour, 9 mars 1570, information est faite et tenue par le sire
et les hommes de fief de la paroisse de Nouville.
D"«^ Magett du Maigny, veuve de Jehan Keiser, de Bastogne, âgée de
70 ans, dépose que feu Joncker Jan dit de Jodenville a gouverné, « au
nom des Mignons, quelque espace d'années », les dîmes de Noville, le
dit Joincker faisant le partage... Elle a bien connu feu Renard Réelle,
de Trièves, qui avait sa part en ces dîmes.
Grand Jehan de Recogne, âgé de 70 ans, sait que feu Henri le Mignon
» possédoit son droit des dîmes de Nouville, assavoir la généralité du
» tier des dites dismes, tant grains, lins, chapons, argent, fromaige,
» etc.... Feu Henr}^ le M. et feu Joncker Jan mettoient les dismes dudict
» tier à la chandelle, et après départoient les dites dismes... »
Lambert Hantz, de Noville (50 ans); Jehan le Prévost, de Recogne
(56 ans), Pier Herman de Nouville (45 ans); et Henry Jehan Thiry
de Cobru (56 ans), font des dépositions semblables : « feu H. le Mignon,
» feu Joincker Jan, après Robert de Vaulx.. ont tousjour possédé et manié
» la disme de Nouville, comme vrais s"^^ et maistres de leurs droict, non
» pas de 2o muydz seullement, ains de toute la généralité du tier en
» question... ».
Un mois après, le jeune Cobré ville demande à son tour une enquête,
désirant prouver :
« Que passé 50, 60 ans ençà, voirs de tout temps immémorial, feu
» Jehan van Stein, ses prédécesseurs et successeurs ont continuellement
» et jusques au présent possédé, joy et usé du droict de sire des fîefz et
» dismes de la paroisse de Noville, avec toutes les auctorité, droictz et
» prééminences en deppendans...
» Mesme que feu J. Aubert de Cobréville, père-grand dudict acteur,
» venoit en son temps par chascun an, comme hault homme de fief des
» dictes dismes, mectre la main à la mise avant et rehaulse d'icelles,
» comme chose aussy de droict et par succession de ses feuz prédéces-
» saurs àluy appartenans.
» Pardevant lequel de Cobréville, asscavoir passé environ 50 ou 60 ans
» ençà seroit comparue chascun anGelliet le Mignon et depuis elle Henry
» le Mignon, son filz, à laquelle le dict Cobréville avoit engagé 20 muyds
» de rente annuelle,... requérant chascune fois d'en avoir l'assignation et
— 115 —
» contingent pour en estre livré et furny à chascun terme, ensuyvant la
» dicte engaigier.
» Que depuis le trespas du dict Cobréville, ny aussy auparavant,
» n'auroit jamais esté oy dire que les dicts 20 m. ou autre partie du
» droict d'iceluy èsdictes dismes fuissent par les dicts Mignons ou autres
» leurs aians cause tenuz et proufîctez à autre tiltre que d'engaigière, ny
» que aucun vendaige en soit depuis esté faict.
Le 7 avril 1570, furent donc entendus Pier de Lonvillir, doyen de
Bastogne et curé de Noviile, âgé de 66 ans ; Grande Johan de Recoigne,
âgé de 70 ans; Pier de Hoeffelt, curé de Rachamps, âgé de 52 ans.
Seule, la déposition du premier donne quelques détails intéressants ; c'est
ainsi qu'il déclare avoir « veu venir Johan Aubert, père grande au jeusne
« Cobreu ville, mectre les diesmes de la parouche de Novil avant à la
» chandeil, avecque le \deulx Mons"^ de Reynenstien, et après les annuyc-
» tissement desdicte diesme, J. Aubert donnoit à ung chascun parchinirs
» son billett desdictes diesmes ». Il a vu, de plus, venir avec J. Aubert,
» aulcune fois Henri le Mygnon, aulcunne fois son frèr, le curé de Bas-
» toingne, auxquelles, après l'annuyctissement des diesmes, leurs don-
» noit leurs billett ». Ces 20 muids étaient engagés, ainsi que cela résulte
de propos tenus par Joncker Johan (qui mentionne son beau-frère de Bou-
deiige) et par le receveur Jean de Rochefort. Johan du Reu, qui avait
épousé Jehennet le Myngnon, ayant voulu rendre l'argent de la gagère
à Joncker Johan, celui-ci le refusa, alléguant que ce bien ne venait pas
d'elle, mais bien de son premier mari, feu Henri le Myngnon.
L'affaire resta indécise plus d'un an encore (1) et ce n'est que le 12 mai
1571 que le conseil de Luxembourg se prononça par dictum : donnant
raison à Cobréville, il déclara « le demandeur bien fondé en sa demande,
» et que le deffendeur sera tenu laisser suyvre au demandeur la généralité
» des rentes et dismes de Xoville en question, pariny rendant par icelluy
(1) Le 2 mai 1.571, les prévost et homes jugcables de la. Sale à Bastoingne, requis par J. de
Cobréville le vieux et J. Herman, procureurs de J. de Cobréville le jeune, délivrent
copie de l'acte de gagère du 5 juillet 1510, d'après un registre commençant le 31 juillet
1484, article 178, f. 194.
Ils ajoutent « que toutes œuvres de loix... passez par devant nous et noz prédécesseurs
» et quant cela se registre dedans nostre registre secret et que quelque partie en demande
» copie si ycelle est signée auctenticquement par le clerc juré de S. M. à Bastoingne, à la
» partie le requérant nous y adjoustons pleine et entière foy, signamment audict tiltre
» de gaigière commençant et déduisant comme cy dessus est inséré tout au loing et
» tenons le contenu de nostre dict registre et papier secret bon, ferme et croyable... »
Ils prient Lamoral de Boullant, s"" de Rollers, etc., et grand-prévôt d'Ardenne, d'ap-
pcndre ou faire appendre le sceau de la prévôté de Bastogne. (Orig., s. parch., muni
d'un grand sceau, fruste, avec fragment de légende ; ... preposi....)
— 116 —
s> au deffendeiir la somme de quatorse vingtz florins de 16 patars,
» monnove courante, desboiirsez par (lillette, femme de feu H. le Mignon. . .,
» réservant au deffendeur son action contre les héritiers de Ciillette, ses
» auteurs, sy aulcune avoir prétend; les despens compensez et pour
» cause. »
Le 19 mai, de Vaux se porta pour appelant de la sentence au grand
conseil de Malines.
Nous n'entrerons pas dans les détails de la seconde procédure d'appel.
Signalons simplement que dans des « Faicts nouveaux », produits peu
après le 5 juillet 1571, l'appelant repète qu'il a été et est, « tant par luy
» que par ses autheurs en la possession et jouyssance de la généralité du
» tiers des dismes en question doiz l'an 1512... Et ce non à tiltre de
» gaigière ou tel aultre qu}^ se pouroit lever ou rédimer, ains comme de
» son propre et incommutable bien, acquiz et achapté premièrement par
» Gillette Mignon, pour... 700 fl. une fois, et depuis par l'appelant des
» hoirs et ayans cause de Gillette, pour... 568 fl. de 20 patars Brabant
» pièce... ». C'est « la propriété de la dicte généralité du tiers des dismes
» en question » qui a été transportée « audict an 12 par feu Aubert de
» Cobréville l'anchien et Cathon, sa femme, grandz père et mère de
» l'anticipant (J. de C. le jeusne)... »
Gillette, ses hoirs et ayants cause ont anciennement relevé leurs dîmes
des seigneurs à'O/rre, « lors qu'ilz estoient s^" directs des trois tiers et
» totalité des dismes de Xouville en question... » (v. le record d'Oure du
8 décembre 1568).
Après la mort de Gillette, ses héritiers ont partagé la généralité de ces
dîmes, comme leur bien patrimonial, franc et libre, et pas seulement
20 muids moitables; ils en ont même engagé une partie à divers, « si
» comme à Pomper Jan, à Jehan de Joudenville et aultres de Bastoingne
» ou d'allentour. »
En 1545, ils ont vendu à l'appelant leur part et action es dites dîmes,
« non de 20 muydz .. tenu en gaigière..., mais le droict de propriété et
» en héritableté qu'ils tenoient comme héritiers des Mignons, tant en
» grains, argent, cire, chappons, pouilles, œufz, lains, fromaiges, que
» tous aultres droictz et émolumens ». Le 22 mars 1546, l'appelant a fait
le relief pertinent de ces dîmes « comme maistre et vray propriétaire
» d'icelles en général, au regard dudict tiers, et non d'aulcuns 20
» muydz... » Depuis, l'appelant a fait chaque année, « les parchons et
» distribution à ses compartioniers, comme estant succédé au droict et
» lieu des héritiers du dict Mignon, lesquels estoient les premiers et
» principaulx hommes de fiefz entre leurs aultres compartioniers oudict
» tiers, partissans les aultres... »
L'appelant exhiba, entre autres documents : le relief de 15 i6; le record
— 117 —
du 8 décembre 1568; un record et une enquête du 8 juin 1571; une
enquête du 5 juillet 1571. Ces trois derniers documents méritent d'être
analysés ici.
Le 8 juin 1571, R. de Vaulx demande aux « sire et hommes de fiefz des
» dismes de la paroiche de Nouville », un record, « assavoir S}^ les hoirs
» Gillette le Mignon (assavoir Henry le M. et consors) ne sont par la
» commune famé, bruyt et renommée, tousjours, sans estre mémoire du
» contraire, esté tenuz et réputés pour héritiers et propriétaires de la part
» des dismes de Nouville, tenue présentement par le dict Robert, sans
» qu'ilz les ayent tenus par gaigière, mais seullement ceulx quy les ont
» tenus d'eulx, comme Pomper Jehan, Joudenville et aultres, jusques à
» l'achapt fait par Robert desdicts héritiers de Gillette.
» Mesme se J. de Cobréville le vieux, père au présent acteur, n'est
» homme de fief du tiers des dismes de Nouville présent en question.
» Item la part qu'il en tient, se il ne l'at par achapt et acquest par lu}"
» faict à Mathieu de Louuette ; d'avantaige que de ladicte part se il n'en
» reçoit et a receu luy mesme annuellement les billetz et assignation pour
» prendre et lever sadicte part et quote en certains lieux des mains de
» Robert, comme premier et principal des comparceniers du tiers en
» question.
» Au surplus, si Cobréville le vieux n'at esté présent et adsisté que
» Robert, comme premier et partisseur dudict tiers, l'a mis à la chan-
» délie au plus offrant, quelquefois réparty, quelquefois beu les vins de
» la proclamation par ensamble. »
Les sire et hommes de fief attestent le tout dans leur record, qu'ils
font munir par Jehan d'Arimont, « s"^* des dismes de Nouville », de son
scel armorié (1).
Le même jour, 8 juin 1571, les sire et hommes de fief font encore une
enquête, à la requête de R. de Vaulx, écuyer, sur les points repris dans
leur record; de plus, s'il est vrai « que annuellement en départant ledit
» tiers est miz en avant ung papiere contenant la division, quotte et por-
» tion d'ung chacun ayant part audict tiers, et est faict lecture dudict
» papiere, lequel depuis que Robert l'at achapté des hoirs des Mignons
» est intitulé sur le nom du Prévost et de ses consors, et avant luy estoit
» intitulé sur le nom de Giellette, vefve de feu H. le Mignon, et à ses
» parceniers, combien que Pomper Jehan et Jodenville, les tenans des
» Mignons en gaigière et pour ce les représentans, laissoyent vendre
« lesdictes dismes et répartir ».
(1) Copie des lettres originales (signées Petrus Hoeffelt clcrcqiie jurcy des dismes, et
scellées d'un sceau de cire verte), par des Mares.
— 118 —
Les témoins entendus (1) déposent en ce sens. Le curé d'Erneuville a
« souventesfois ouy dire les anchiens de la paroiche de Nouville que
» H. le Mignon estoit ung des principaulx des fundateurs desdictes
» dismes, et at ouy dire le vieulx doyen de Nouville, M" Pierre de Long-
» villy, que Cobréville, grand-père du présent acteur, avoit vendu sa part
>■» des dismes de Nouville ». Un autre déclare avoir « veu seoir le vieux
» Cobreuville au siège des hommes à Nouville ».
Le 5 juillet 1571, nouvelle information, tenue par les mêmes sire et
hommes féodaux, « à la requeste de R. de Vaulx, lequel veult faire appa-
» roir les poinctz et articles suyvants : Que de toutte anchienneté... du
» moins depuis 56 à 58 ans ençà que les hoirs de feu Gillette le Mignon,
» assavoir Henry le Mignon, son filz, et consors, ont joy, manié, possédé
» et proufficté de la qualité et totalité de la part des dismes de Nouville
» présent en question et tenue présentement par R. de Vaulx, et en leurs
» noms Pomper Jean et J. de Jodenville, tenants ladicte part et gaigière
» desdicts Mignons, ayans esté à Nouville mettre avant et annuicter les-
» dictes dismes au plus offrant, et puis après répartir et donner à chascun
» leurs parciniers son billect, selon la quote et portion, et de ce en ont
» joy tant en grains, argent, cire, laine, lins, chappons, fromaiges et
» générallement tout ce et quant que dépend de ladicte part, paisible-
» ment... jusqiies au présent, au veu et sceu de tous ceulx quy l'ont
» voussu veoir et scavoir, en ensuyvant leurs lettres d'achapt du der-
» nier de janvier 1512, et ainsy proufficté le tout paisiblement
» jusques au jour de l'achapt de Robert, faict aux hoirs des Mignons.
» Et depuis lequel temps, Robert... at joy après les Mignons de la
» généralité et entier part des Mignons èsdictes dismes... paisiblement,
» sans nung contredict, bar ny différent, jusques à présent, et que de
» tout ce en sont tant les Mignons que après eux Robert... en bonne,
» juste et paisible possession pacifique tant que pour suffier. »
Ce que les témoins entendus (2) confirmèrent.
(1) C'étaient : Jehan Michiel de Benonchamps (60 ans): Catarine, vefve de Colla le
Mignon, petit-fils de ladite Gillette (60 ans); Grand-Jehan de Recoigne (70 ans); sire
Wathie de Foy, curé d'Ernuville (60 ans); Claes de Benonchamps (60 ans); Jehan Calozet
de Vaulx (69 ans); Henry Jehan Thiry, de Cobrou (60 ans) ; ^^lelchior de Bisory (53 ans) ;
Lambert Hanss de Nouville (50 ans); Margueritte, veuve de Jean Keyser (60 ans),
comparceniere au dit tiers de dîme.
(•?) Sire Pierre de Hoffelt, curé de Rachamps (.56 ans); Jehan d'Arymont, mayeur
S' Lambert (56 ans) ; Grand Jehan de Recoigne (70 ans); Jehan Calozer de Vaulx (69 ans):
Henry Jehan Thiry, de Cobru (60 ans); Clous de Benonchamps (00 ans), Jehan le Texon
d'Erloncourt, mayeur dudit lieu (66 ans); Jehan le Prévost, de Recoigne (42 ans).
Un passage curieux de la déposition de Clous de Benonchamps est à citer : il a « aul-
» cune fois ouy dire da'" Catherine de Soerfvelz (que Dieu absolve), sa belle-mère,
» laquelle disoit à son mary Louuys d'Arimont, aucune fois, jouant aux cartes : Bailli,
t> voilà nous ardons noz chandeilles à jouer ; demain ou après, il nous fauldra vendre noz
» cens et rentes pour achapter du sietix, comme Jehan Aubcrt de Cobréville at vendu ses dismes
» de Nouville » {sicux =: suif).
— 119 —
« Débatant les lettres de reqiieste civile, prétenduz faictz et tiltres
» nouveaulx de partie (adverse) », J. de Cobré ville revint bientôt à la
charge; retenons simplement de son argmnentation la manière dont il
explique le passage de l'entièreté de la part de dîme disputée entre les
mains des Mignon : quelque temps après l'engagère de 1510, dit-il, « en
» faulte d'avoir furni le dict paiement et aultres poinctz pourparlez, la
» dicte vefve (Gillette), en vertu de la dicte gagière et de l'obligation de
» l'ultérieur droict pour garantissement seroit entrée en possession et
» joyssance de la dicte entière part et portion des dictes dismes. »
Par contre, il lui « compète et apertient comme nepveu des dits
» engaigeurs, ses père et mère grandz, le droict de purge et retraicte. »
D'ailleurs, les autheurs de Robert « n'ont estez héritiers immédiatz de
» Gillette, mais ung Wathelet le Mignon, filz d'icelle, lequel laissa une
» fille, nommée Catherine, de laquelle est procédé ung Jehan de Ra-
» champs, dont les dicts autheurs se nomment héritiers, comme se voit
» par le tiltre de l'appellant... »
Pour prouver qu'il n'y eut jamais de vente faite par son grand-père,
Cobévrille s'adressa à la cour des dîmes de Noville : le 8 février 1572
(st. de Liège), à Noville, Jehan d'Arymont, lieutenant sire des fiejfz et
dismes de la paroche de N'avilie, sire Pierre de Longvilliers, curé de
Noville et doyen de Bastoingne, sire Pierre de Hojfelt, curé de Rachamps,
Philippe de Foyd, tous hommes des fieifz des dictes dismes, et Pierre
Herman, ser géant, certifient, à la requête de J. de Cobréville le jeune,
que la part de dîmes actuellement litigieuse avec de Vaulx a été engagée
par son grand-père à feu Gillette, veuve de H. le Mignon, ladite gagère
prouvée par actes et extraits authentiques.
Par contre, rien ne prouve que ces dîmes aient été vendues par son
grand-père à Gillette, ni à ses enfants. Depuis soixante ans, cette part n'a
été l'occasion que d'une vente : le transport de 1545, fait à R. de Vaulx,
« par aulcuns soy disans héritiers des hoirs et enfans de Gillette le
» Mignon. »
Les déclarants ont reçu « à ban et relieff le dict jeusne Cobréville au
commencement du procès et litige... et receu le droict et hommaige
accoustumé... » (1)
(1) Orig., sur parch., muni de 3 sceaux, ceux de J. d'Arymont, P. de Longvilliers et
Ph. de Foyd : a) écu au fer de moulin, ace. de 4 petits meubles indistincts (étoiles à
5 rais?); heaume ; cimier : un vol ; légende fruste. — b) une sainte, assise, tenant de la
dextre un estoc (?) et de la senestre un écu à 2 estocs, mis en pal, celui de dextre (plus
petit) sous un franc-quartier à une étoile de 6 rais; légende.... covr.... c) écu à une
bande, chargée en chef d'un petit meuble (étoile .') et accompagné de 2 cotices ; légende:...
LIPE-DE-FOI...
— 120 —
lui mars l.'.Ttî, ce procès passablement compliqué dure toujours, sans
([ue j'en connaisse l'issue. Toutefois, on peut supposer que la victoire
resta à Robert de Vaulx, puisqu'un siècle après, c'est un des descendants
de sa iille Anne, le S"^ d'Awan, qui a pris sa place de principal clécimateur,
parmi les hommes de fief de Xoville : il est vrai que le S*^ d'Awan pour-
rait également descendre de Catherine de Cobréville, fille de Jean et
épouse d'Everard d'Awan en 16lo, mais ce n'est pas d'elle qu'il a dû
hériter sa prééminence dans le partage des dîmes novilloises, car elle
appartenait à la branche des Cobréville de Bièvre.
Il reste acquis, en tout cas, qu'en 1510, Jean Aubert de Cobréville et
Catherine de Wibren, son épouse, possédaient une part des dîmes de
Xoville, en partie par héritage, et en partie par achat de leur cousin Jean
de Lommersweiler.
Jehan Abert de Cobr avilie mourut entre le 13 mars 1520 et le 29 avril
1522, laissant sa veuve Catheline dans une situation assez difficile, car
on alla même jusqu'à demander la vente de tous les biens de la veuve;
il se rattachait cependant à une famille notable de la région.
En 1464, étaient hommes de la Salle de Bastogne Collignon et Henri de
Cobraville ; ce. dernier est encore cité le 18 avril 1470, jour où il scelle un
acte (Henri de Cobravilli). En juillet 1469, il y avait à Cobréville une
maison de gentilhomme et une autre devant service d'armes et de cheval.
Le 14 mai 1471, Abier de Cobréville relève le fief de Sûre du château
de Mirwart.; le 24 décembre 1481, Aiibert de Co b rai nvi lie étciitle mari
d'une d"*^ Jehenne; le 27 juillet 1490, il est cité avec sa femme et son
frère défunt, M^ Jehan de Cobraville ; \e 15 avril 1510, Aubert de Co-
braville engage au monastère de St-Hubert une rente de 12 francs sur
tous ses biens de Cobréville, du consentement de Jeanne de Ayville, sa
femme; il mourut avant le 26 juin 1529, jour où est mentionnée Jehenne
des Avvelles, dame de Bièvre, et ses enfants Jeanne, Françoise et Jean
de Cobréville.
Vers 1516, vivait une Françoise de Bohan, épouse de Jean de Cobréville.
Les Cobréville figurent parmi les seigneurs de Bièvre lez-Orchimont
jusqu'en 1614 : un, ou plutôt deux, Jean de Cobréville (ou Cobréville)
(1542-1580); Françoise (1584); Marie (1612); Catherine, fille de feu Jean
et épouse d'Everard d'Awan (1613-1614) (I).
Des trois enfants de Jeanne des Avvelles, cités en 1529, Françoise
(i) Cf. Reg. de la justice de Bastogne, gagères, 1.522; Tandel, Connu. Lux., t. IV,
12, (53, V, 225, VI, 1171 ; J. Vannérus, Le Livre... de Baatogne,, n""^ 58, 59, 644 : Arch. Sect.
Hist. Lux., Fonds de Cobréville; Roland, Orchimont et ses Fiefs, pp. 222^ 223, 225, 283,
292, etc.
— 121 —
devint l'épouse de Mathieu de Louette-St-Denis, dit le Capitaine, qui
apparaît comme bas-seigneur à Bièvre en 154'2 et en 1551; le 25 juillet
1550, avec d"*^ Franchoise de Coubréville, il vend ce qu'ils ont à Lessereitz
appartenant au fief de Couhréville. Jeanne semble réapparaître le 13
mai 1546, comme « d"'' Jehenne, fille de d"'' de Coubraiville, veuve de
Rambaut fils le Clercq de la Cuysinne » (1). Quant à Jean, cité à Bièvre
à partir de 1542, il épousa Jeanne du Fay; il mourut avant le 27 juillet
1556, jour où Mathieu de Louette et Roland de Cobraiville, fondé de
pouvoir de sa mère Jehenne du Fay et de son frère Robert de Cobraiville,
vendent pour mille florins carolus la seigneurie de Cobréville à leur
cousin Jean et à son épouse Anne Collignon Clauss (2).
Mort le 11 juin 1579, Jean de Cobréville avait eu de sa femme Anne
quatre enfants, au moins, dont nous citerons seulement ici : Jean, né vers
1547, l'adversaire de Robert de Vaux en 1568, qui épousa en 1576 Marie
de Liefveld, et Catherine, qui devint la femme de Henri de Humyn ou
Humin, homme de la Salle, lieutenant prévôt de Bastogne, mort avant
1606. Des enfants issus de ce mariage, Claude (1581-1639) poursuivit la
descendance, par son fils Henri-Othon (mort en 1675, semble-t-il) et
son petit-fils Claude-François (1675-1735) : ainsi s'explique l'inscription
de « Humain, pour Cobréville » parmi les décimateurs de Noville en 1665
et 1669.
Les Kevsers dits Magettes cités parmi les mêmes décimateurs se rat-
tachent évidemment à Magett du Maigny, veuve de Jean Keiser, de
Bastogne, qui déposa dans le procès Cobréville-Vaux, le 9 mars 1570.
Quant à Madame de Jupillc, mentionnée en 1665 comme ayant droit
à une part de dîme à Noville, elle appartenait sans aucun doute à la
famille Rulfignon, que nous avons déjà rencontrée à diverses reprises.
La Seigneurie de Laval de 1387 à la Révolution française
Le l^"" mai 1422, Jehan de Dourlers, écuyer, mambour d'Everard de
Doiirlers, son fils, engendré en demoiselle Jehenne, » fille de messire
Gérard de Bastoingne, chevalier, relève le château et la seigneurie de
(1) Reg. de la Salle de Bastogne, 1546, 1547, 1.5.50.
(2) Comm. Lux., IV, p. 573 ; Mathieu y est appelé erroncment de Lohhettc, erreur qui se
retrouve dans la généalogie des Cobréville donnée dans le Liure d'or de la Noblesse
Luxembourgeoise , par de Kessel (1869). C'est par erreur également que ces deux ouvrages
appellent Jean Aubert le mari d'Anne Collignon Clauss : il n'a jamais porté le second
prénom.
— 122 —
Loverval (canton actuel de Châtelet), en vertu du testament de Messire
Engelbiert {\\) de la Marche; Englebert de la Marche, ou de Louver-
viaulx, chevalier, avait relevé cette terre, de l'évèque de Liège, en i;>90
et en 1 WO.
Le 9 janvier l WG, Everard, fils de Jehan de Donrlers, effectua lui-même
le relief, avant sans doute, alors, atteint sa majorité. Onze ans après,
Loverval appartenait à « Demoiselle Margrite d'Ourleys, fille de Jehan,
écuver », qui releva la seigneurie le 24 janvier 1437, après avoir purgé
une saisie opérée sur son frère Everard de Dourlers, saisie en suite de
laquelle le créancier avait transporté la terre entre les mains du prince
le 22 novembre 1436. Plus tard, Loverval passa aux de Marbais : le
30 mars 14(i<S, Gérard de ]\Iarbais (déjà cité le 4 mars 1460), sire de
Loverval, est désigné comme mambour par son neveu, Antoine, fils de
feu messire Jehan de Marbais, lors du relief de la terre de ce nom ; le
23 février 1501, Philippe de Merbaize, écuver, relève Loverval, par suite
du décès de son père Gérard (1). Les Marbais se rattachent-ils aux
d'Orle}^, et plus spécialement à Marguerite? Je ne saurais le dire. Quoi
qu'il en soit, Marguerite, l'une des filles de Jean II d'Orley signalées par
moi, sans que j'en connusse les prénoms, reparaît plus tard, avec son
frère Englebert, à propos d'un procès concernant une terre de la Vaselle.
Les 6 et 7 juin 1476, Gilles de Busleiden, conseiller du duc de Bour-
gogne et de Luxembourg, assisté de Jean Hussman, clerc-juré de la pré-
vôté d'Arlon, procéda à une enquête à Bastogne, en vertu de lettres-
patentes du 24 janvier 1476 (n. st.) et à la requête de Maître Henri
Hocklin (ou Hoecklin)^ secrétaire et greffier du duc à Luxembourg; il
s'agissait d'un procès alors pendant pardevant le parlement de Malines,
entre ledit Henri, impétrant, demandeur, et Messire Engelbert d'Ourley,
chevalier, défendeur, « touchant la place, terre et seignorie de la Vaselle,
prévosté de Bastoingne » (2).
(1) St. Bormans, Seigneuries féodales de Liège (Bull. Inst. arch. Liégeois, 1870, pp. 323
et 324); Les fiefs du Comté de Namur, 1876, pp. 317 et 324. Un Gérard de Marbais est cité
le 1.") mai 1423; le 4 avril 1443, Gérard de Marbais était père de l'épouse de Jean, bâtard
de Hiiverece ; le 12 juillet 1487 est mentionné (iérard de M., écuyer {Namur, pp. 247, 290
et 360).
D'après de Kessel, Gérard de Marbais, sgr. de Loverval, etc., mort le 10 janvier 1485,
épousa avant janvier 1440 Laurence de ï'Serclaes, décédée le 10 octobre 1473, fille
d'Everard et de Catherine Taye; il en eut, entre autres, un fils, Gérard, cité en 1492 et
père de trois enfants, dont Philippe, sire de Loverval à partir de 1501 (Hist. de la maison
de Marbais, dans Ann... de Namur, t. 12, 1873, pp. 273-276).
(2) Les témoins entendus furent : Jehan de Ronduy, âgé de 58 ans; Jehan de Haharuy,
écuyer (60 ans) ; Jehan Katelyne, bourgeois, demeurant à />'(25to>/o^«e (60 ans); Thiry de
HoflTert (62 ans), sergent du duc en la prévôté de Bastogne; Hanry, maire de La Vaselle
(54 ans) ; Jehan le Waille (50 ans), Jehan Beautris (65 ans), Gerlach de Rendu (56 ans),
ces trois échevins de Bastogne; Henry Maistre Piere (60 ans); Colin Pescheur, bourgeois,
demeurant à Bastogne (50 ans), précédemment clerc -jure du duc en cette ville.
— 123 —
Il résulte des témoignages produits qu'environ deux ans avant que
commençât la guerre de Liège, — vers 1465^ donc — Pierre, bâtard de
Weymes, transporta à un certain Jean de CAervaid, par devant les prévôt
et hommes de Bastogne, « tout le droit et action qu'il avoit et povoit
avoir sur la terre et s"'- de la Vaselle », en lui remettant toutes les lettres
qu'il avait concernant cette terre. Le transport effectué, Jean « ensuivant
» le contenu de ses lettres^ par deffaulte de rente annuelle contenues
» es dictes lettres, non payez^ se fist mettre et conduire par le dict prévost,
» selon la coustume du lieu, es dictes place, terre et s"-^ de la Vaselle^
» avec ses appartenances; à quoy feu Ulrich Dachs, prédécesseur dudict
» maistre Henry, s'opposa en vertu de certaines lettres qu'il avoit et qu'il
» prétendoit précéder celles dudict Pierre... et par lui transporté au dict
» Jehan de Clervaul ». Saisis du différend, les dits prévôt et hommes
féodaux jugèrent que « les lettres exhibez par Jehan de Clervaul
» dévoient précéder celles dudict Ulry, pour ce qu'ellez estoient d'ante
» datte ».
Ainsi débouté, Ulry en appela au conseil de Luxembourg, qui ne fit
que confirmer la sentence de Bastogne. Par la suite, Henry Hoecklin,
successeur de feu Ulry, conclut avec Jean de Clervaulx un accord aux
termes duquel celui-ci lui céda tous les droits qu'il avait sur la Vaselle,
en vertu de ladite sentence ; Henri fut donc « mis et conduit en la réelle
» et actuelle possession d'icelle terre et seignorie^ et luy firent les bonnes
» gens d'icelle terre l'obéissance en tel cas accoustumé ». Tout semblait
arrangé, donc : il n'en était rien, toutefois, et Ènglebert d'Orley rentra en
scène, « en vertu de certaines lettres patentes de don qu'il avoit obtenu
» de monseigneur le duc, de ce qu'il disoit et maintenoit le droit que
» Pierre bastard de Wymes avoit sur ladicte terre et seignorie de la
» Vaselle (qu'il avoit trasporté audict Jehan de Clervaulx), estoit con-
» fisqué à mon dict seigneur, pour ce que ledict Pierre de Wymes avoit
» tenu et tenoit partie contraire de mon seigneur le duc en la guerre de
» Liège ».
En conséquence, Englebert fut mis par le prévôt de Bastogne en la
possession et jouissance de la dite terre et seigneurie, mais Henri « alla à
» provision devers monseigneur le duc, duquel il obtint autres sez lettres,
» en vertu desquelles il fut depuis remis en sa dicte possession^ par le
» dict prévost comme exécuteur desdictes lettres. Ce non obstant, icelui
» messire Englebert a depuis aucune fois prins ou faict prendre, iceillier
» et lever les dictes rentes et revenues d'icelle terre, contre le gré et
» volunté du dict maistre Henry » (1).
(1) Un autre témoin dit qii'Englebert, ayant obtenu les patentes de révocation, « de
» son auctorité se boutta... en ladite terre... print et leva les prouffis venant d'icelle et
» dont le dict maistre Henry avoit esté en possession », ce qui obligea ce dernier à récla-
mer d'autres lettres du duc, qu'il obtint, mais auxquelles Englebert n'obtempéra; d'où
le procès devant le parlement.
— 124 —
En dehors de ces renseignements généraux, quelques détails sont à
relever dans les différentes dépositions. C'est ainsi que Jean de Habaru
déclara n'avoir « onques oy dire ne entendu que Piere de Weymes ait
^■^ tenu partie contraire de monseigneur le duc, en la guerre de Liège ne
» autrement »; de même, Thiry de Hotfert déposa n'avoir « oncques sceu
>-v ne entendu que Piere se soit meslée de la guerre de Liège, ne fait ou
» tenu partie contraire de monseigneur, en manière quelconque ».
Jean Katelvne rapporte qu'il avait été commis par Henri Hoecklin
« pour son maire et oriicier de la place, terre et s^" de la Vaselle, pour
» lever ses rentes et revenues, et pour ce que ledict Messire Engelbert
» d'Orley et damoiselle Marguerite, sa seure, en furent malcontent de la
» charge qu'icelui déposant avoit prins contre eulx, se désista et desporta
» de la dicte charge ».
Cette enquête (I) est malheureusement la seule pièce que j'aie trouvée
pour ce procès, dont j'ignore l'issue. Nous y retrouvons divers person-
nages déjà rencontrés précédemment : c'est ainsi qu'en 1449 nous avons
vu Jean II d'Orley, sa femme et leur fils Everard assigner à Pierre,
bâtard de Weismes, en garantie d'un prêt de 50 û., leurs cens et rentes
de Vaulx ; d'autre part, Englebert d'Orley prie, en 1493, Henri Hucke-
lin, successeur, et Sohier Dachs, fils de feu Ulrich, de se dessaisir de cer-
tains documents remis autrefois, par Englebert et ses consorts, à Ulrich
Dachs.
Evidemment, cette assignation de 1449 et cette demande d'Englebert
d'Orley en 1493 doivent se rapporter à la même affaire que l'enquête de
1476, seulement une chose frappe immédiatement : l'acte de 1449 parle
d'une assignation, faite au bâtard de Weismes, des cens et rentes des
Orley à Vaulx (Laval), alors qu'il n'est question, dans l'enquête de 1476,
que des droits du même bâtard sur les rentes et revenus des « place,
terre et seigneurie de la Vaselle, prévosté de Bastoingne. » Cependant,
l'intervention d'Englebert d'Orley prouve bien qu'il doit s'agir de la
même seigneurie.
Nous devrions en conclure que la terre de Laval tu été, momentanément
au moins, appelée « seigneurie de la Vaselle. » La constatation est faite
pour nous surprendre, car Lavaselle, au sud-est de Rechrival, actuellement
dépendance de Sibret, n'est pas renseignée comme ayant fait partie de la
seigneurie de Laval. Au dénombrement de juillet 1469, La Vazalle
figure, avec 4 maisons (dont 3 de bourgeois et 1 taillable), dans la mairie
de Loupv;lle (Loville); en lrt23, Vazalle est mentionnée dans la même
mairie; le 19 février 1672, le gouvernement éclisse de la prévôté de
(I) Elle est consignée dans un cahier conservé dans la première liasse des procès d'appel
de Lu.\i nibourg à Malines (Arch. gcn. du Royaume).
— 125 —
Bastogjie Magery, Magerotte, Houmont, Lavasselle et Pinsamont, pour
les céder avec haute, moyenne et basse justice, à Gilles de Mozet; les
successeurs de celui-ci citent désormais La Vase lie (1759) ou La Vazelle
(1761) dans leurs dénombrements de la seigneurie de Magery.
Faisant partie de la paroisse de Mande Sainte-Marie, Vacelle compre-
nait en 17(56, 8 maisons, 15 laboureurs, un meunier; en 1794, Lavaselle
est signalée avec 8 maisons et 5 laboureurs; en 1821, dépendant de la
commune de Mande Sainte-Marie, elle avait 42 habitants; en 1895,
11 maisons et 65 habitants (1). C'était là une localité de bien minime
importance et l'on s'étonne de la voir qualifier, dans l'enquête de 1476,
de « place, terre et seignorie », termes qui ne s'appliquaient guère qu'à
un château, siège d'une seigneurie.
Le doute n'est plus possible, cependant, si nous consultons les dénom-
brements de feux de la prévôté de Bastogne : alors qu'en 1495, La
Vasselle y figure dans la prévôté en général, en 1500, La Vazelle apparaît
à la fois dans la mairie de Loiiville et comme « seigneurie de la Wazelle »,
comprenant Rommaingne, Richerval et Chisonne ; en 1525, même
situation. En 1528, nous trouvons encore La Waselle sous la mairie de
Louzville, tandis que parmi les seigneuries dépendant du prévôt de
Bastogne, est citée « la singnorie de la Wazelle, asscavoir Rernagne,
Rechervalx et Chison »/ en 1541, La Vauselle est renseignée sous la
mairie de Louville, mais dans la liste des « seigneuries estans soubz la
prévosté » figure la seigneurie del Vaiilx, avec Rechrival, Chysonge et
Romain ge ; de même en 1561 et 1574 : Le Vazelle sous la mairie,
seigneurie del Vaiilx sous la prévôté (2).
La Vaselle a donc donné son nom à la seigneurie de Laval de 1476 à
1528. Nous aurions pu considérer La Vaselle comme étant la traduction
wallonne de die Vais, Terivaez, Vaes, Vaysse, Faesse, si nous n'avions
pas rencontré les formes romanes Vaux, la Vaulx et Vaulz, de 1446
à 1464 (3). Comment expliquer ce fait curieux? Je ne suis pas en mesure
d'apporter la solution de l'énigme : tout au plus, pourrait-on supposer que
pendant un temps les seigneurs de Laval auront abandonné leur manoir
ancestral, si éprouvé par le siège de 1413, pour aller habiter La Vaselle.
(1) Arch. de Clervaux, n° 1257, p. 267; Neyen, Hist. de Bastogne, p. 187; Tandel, I,
153, 160 ; IV, 19, 604, 605, 629, 671 ; VI, 1424, 1478, etc.
(2) Chambre des Comptes, Reg. 45743 et 15906; acquits, 3357 ; reg. 703, 712 et 718.
(3) Lavasselle, dit le bon Prat (Tandel, IV, p. 605), signifie « salle de la va, ou cella
vallis, petite habitation dans la vallée » ; l'explication est plausible, car deux abbayes de
Vaiicelles, sises, l'une près de Marcoing, sur l'Escaut, l'autre dans l'ancien diocèse d'Apt,
s'appelaient en latin Vallis cella. Nous avons en Belgique un Vaucelle sous Buvrinnes
(Hainaut) et un Fiz?i!c^//^5 dans le canton de Philippeville (in VacelUs en J214, Vacelle et
Vacelles en 1330).
0
— 126 —
Pour en finir avec Englebert d'Orley, ajoutons que d'une note fournie
par M. le chanoine Roland, il résulte que son épouse, Marie du Pont,
était fille unique de Jean du Pont, lieutenant-mayeur et échevin de
Namur (143I-14U), bailli de Bouvignes (1441-1459), et d'Agnès Maufroy,
et veuve en premières noces de Gilles Nyclaux (1441), lieutenant-mayeur
de Namur^ et en deuxièmes d'Etienne Lamistant; elle mourut vers 1468.
Le gendre d'Englebert, Michel de Berlaimont, sgr. de Floyon, lui
succéda comme bailli de Bouvignes, charge qu'il occupait en 1491 (1).
Je me suis étonné, précédemment, de voir en 1548 les Metzenhausen
posséder Remagne en indivision avec les successeurs de Clément d'Orley,
malgré le partage effectué en avril '1532, à Arlon, entre Clément et
Thierri de Metzenhausen. L'analyse que j'ai prise de cet acte semble
cependant formelle : Clément obtint les trois quarts du château et de la
seigneurie de Linster; le moulin de Richeval; des cens et rentes à
Feulen; des dîmes à Setrich, Helsing, Luehshxissen, etc.; de plus, les
biens « zur Vaes, Ramong, Burtzich, Alemont »; le Châtelet, etc.
D'autre part, ce n'est qu'un quart de dîmes et non un quart de seigneurie
que les Metzenhausen possédèrent à Remagne.
Dès le 3 novembre 1533, Thierri de Metzenhausen, sgr. à Waldeck et
à Linster, donnant le dénombrement de ses fiefs luxembourgeois, range
parmi les châteaux, seigneuries et biens de la famille {stamb) d'Orley,
possédés en indivis avec Clément d'Orley : le quart de la dîme de Hachi-
ville et de ses dépendances, le quart de la dîme de Remagne et de ses
dépendances (zu Ramonge in ivelschenn lanndenn, bv SaJicl Hupricht,
mit synem zudehoir zu Merchy wind Josterfelt), la collation de la cure
de Diekirch (2). Ces droits reparaissent dans le dénombrement de janvier
1548, ainsi que dans le relief effectué le 10 mai 1571, par Henri de
Metzenhausen, fils de Thierri (2).
Laval ne figure pas du tout dans ces dénombrements, et cependant en
1534 déjà, Clément d'Orley ne possédait que la moitié de cette terre : le
10 novembre 1534, il reconnut tenir du Souverain, à cause du duché de
Luxembourg, entre autres fiefs : les trois-quarts du château et de la
seigneurie de Linster... ; la moitié du château et de la seigneurie de Laval,
avec la haute-justice de Rechrival, le moulin et d'autres dépendances, la
(1) Ann. de la Soc, Arch. de Nmnur, t. 25 (1905), p. 75.
(2) Arch. du Gouv. Luxbg., aveux et dénombr. de fiefs.
— 127 —
haute-justice à Remagne, le moulin en ce lieu, etc. (1); à Diekirch, le
droit de collation et un tiers dans les dimes en ce lieu, à Bastendorf,
Michelau, Erpeldange et Gilsdorf, dépendant de Laval (« hurt zu der
Fais ») f2).
Cette même moitié du château et de la seigneurie de Laval, avec haute-
justice à Rechrival, moulin et autres dépendances, haute-justice et moulin
à Remagne, figurent encore, le 30 avril 1556, dans le dénombrement
présenté au gouverneur du duché par Bernard d'Orley et Oswald von
der Feltz (comme mari de Catherine d'Orley), tous deux seigneurs à
Linster et à Meysembourg (•"^).
C'est donc seulement après avril 1556 que Laval fut complètement
aliéné par les descendants de Julienne de Welchenhausen (4).
IV. — Les Rapports de Laval avec la Famille
de Welchenhausen
Les Origines de Laval
Si nous voulons tenter de reconstituer l'histoire de Laval avant 1387,
époque où cette terre appartenait à Julienne de Welchenhausen, nous
nous trouvons dès les premières recherches en présence d'une réelle
(1) « Dass halb schloss und halbe herschafft zu der Faiss, mit dem hup;ericht Ritscho-
» ressa, die mullen und anderen eyrrem zubeliure und das hogericht zu Romaingen, mit
» sinem zubehure und die mullen daselbst und etlich eyrlien ( = eyghen) mannen und
» andere lude, mit wiessenn, zienssen und andere gelt, frucht, cappen und hunner;
^> dhintt mir jars zu gelde geprufl't ain beyden eynden zu Faiss und Romaingen ain dey
» 19 gulden und ain frucht 9 mutthe korrenn und 7 1/2 mutthe hafFer, me ader mynner,
» nach dem jare ganck ; hev uss hait Johain vain Habarue jairss 5 gulden zu leyhenn ».
(2) Arch. Gouv. Lux., Av. et dén. de fiefs.
(3) Même collection.
(4) Le dénombrement fourni le 1<"" mai 1599 par François-Christophe de Gondersdorf,
seigneur de Linster, mari d'Anne-Catherine d'Orley, ne renseigne. plus rien à Laval et à
Remagne.
Il est à remarquer que Bernard d'Orley, vers 1493, ne mentionnait également (de même
que son fils Clément en 1.534 et ses petits-enfants en 1556) qu'««t' moitié de Laval; peut-
être n'y a-t-il là qu'une erreur semblable à celles que l'on rencontre assez souA^ent dans
les dénombrements, copiés les uns sur les autres par des scribes distraits; peut-être,
aussi, la chose peut-elle s'expliquer par l'cngagère de l'autre moitié.
— 128 — .
diflîculté : l'existence dans la région de Laval de plusieurs Lavaux ou
Vaux : Lavaux près d'Assenois (La Vaulx leez Habarii, en 1485);
Lavaux-lez-Hives (1); Vaux-lez-Houifalize, dépendant actuellement de
Cherain ; Vaux-lez-Rosières (La Vaulx lez Rosière, en 1659), dépendant
de Xives ; Vaux-lez-Chéne, dépendant d'Ebly ; et Vaux-lez-Bourcy,
dépendant de Noville (Vaux desoiibz Noville, en 1481).
La dîme de Vaux-lez-Houffalize a fait l'objet, sous les noms de Vauz,
Vans, Vaux juxta Cheren, de différentes chartes du cartulaire de
Houffalize, des XIir"<^ et XIV«^ siècles. Quant à Vaux-lez-Rosières, on la
rencontre à diverses reprises, parmi les possessions de la famille de
Cobréville.
En dehors de ces mentions, dont l'identification n'est pas difficile,
nous en rencontrons d'autres, au XIII™« et au XIV™^ siècle, toujours dans
la contrée de Bastogne, qu'il est assez malaisé de rapporter à telle ou
telle localité ; pour arriver à quelque certitude dans cette attribution, il
est nécessaire d'envisager l'ensemble de ces citations.
Notons-les donc, dans l'ordre chronologique.
Différents personnages apparaissant, dans la région,
aux XI II'^'^ et XI V'^" siècles, sous les noms de Vaux, de la Vaux, de la Val
Le 10 janvier 1238, dimanche après l'épiphanie 1237 (v. st.), Ermesinde,
comtesse de Luxembourg et de La Roche, fait savoir que sire Henri de
Vaux et son épouse, dame Elisabeth (dominus Heiiricus de Vaus et
domi7ia Elizabeth, uxor ejus), ont donné aux religieux de Houffalize le
sixième de la grande dîme et le tiers de la petite qu'ils avaient à Xives
(in villa de Nievres) (2).
En juin 1244, Robert, évêque de Liège, confirmant les acquisitions
faites par les religieux de la maison dite de Angulo Dei, juxta Huf alise,
mentionne en premier lieu la sixième partie des dîmes de Xives, acquise
de Henri chevalier de Vaux et de ses fils : ex empcione et collacione
Henrici viilitis de Wauz{y2X. : Waus) siiorumque filiorum sextam partent
décime majoris parrochie de Niervlez (var. : Nierves) et eam itidem por-
cionem quam percipiebat in minori décima parrochie ejusdem ex empcione
et collacione Johannis militis de Coponia, Godefridi, Alardi fratris ejus de
Velruel {\a.r. : Velleroit) suor unique cojnparticipum... (3).
(1) En février 1 400, Lambotet del Vaz était homme de fief de la cour de Hives (Goffinet,
Clairefontaine , 1877, p. 194).
(2) Cart. de Houffalize, fol. 34 %'».
(3) Cart. de Houflfalize, fol. 8 et 20.
— 129 —
Le 18 septembre 1289, ainsi que nous l'avons vu, Loirens de Vaus^
chevaliers, approuve, comme seigneur féodal, le don que Thomas de
Noville et sa femme avaient fait aux religieux de Houffalize de dîmes et
cens en la paroisse de Bœur et relève le monastère de tout hommage ou
service dû pour ce fief; quelques jours après, le 24 septembre (le samedi
après le feste sainte Mathieu l'apostle), Lorens de Vans, chevalier, fait
savoir que c'est de son assentiment que mes sires Frankes de Basto?ig?ie,
chevaliers, a donné aux frères de la maison Ste Catherine de Houffalize,
4 sols treversai?is de cens et 2 fnuis d'avaine à le demenge mesure et 3
gélines annuellement, revenus qu'il tenait de lui en fief; Laurent dispense
les religieux de l'hommage et du service que mes sires Frankes lui devait
de ce chef. A la requête de mon signenr Lorent, Lambert de Viler, prévôt
de la Roche-en-Ardenne^ scelle la charte ( l).
Laurent est inscrit dans l'obituaire de Houffalize, au mois de novembre,
avec la commémoration suivante : « Ann. domini Laurencii de Vauz,
» militis, pro quo habemus quartam decimamp artem in una parte tercia
» décime de Velreuz ».
En 1293, nous rencontrons les noms de La Val et de le Val dans l'in-
téressant relevé des feudataires de Mirwart. Cette liste renseigne, en
effet, deux, ou même trois personnages de ce nom : 1) « Ly fins
» mon signeur Jehan Wajjfîart de la Val est hom mon signeur de
» Mirewaut : s'en tient quankes il a la Val et cou k'il tient en la deime
» de Bollei... -1) Jehans de la F^/ est hom mon signeur de Mirewaut;
» s'en tient cou k'il a Masebourch de mon signeur et cou ke c'on tient
» de celui-ci en celé meismes ville de mon signeur »... 3) Thiebaus de le
Val, cité sans indication de fief (2).
Le 4 septembre 1303, Thiebaus k'on dist délie Vans, maire de Wellin,
fait connaître un accord qu'il a conclu avec l'abbaye de Stavelot au sujet
des amendes et de la nomination du doyen et du chairier à Wellin ; son
frère Jaket est cité parmi les témoins ; le sceau de Thibaut porte un écu
à deux léopards, rangés en pal (3).
Le 13 octobre 1311, à l'occasion d'une enquête, provoquée par les reli-
gieux de Stavelot, sur le droit de mortemain au ban de Wellin, les
témoins vinrent déclarer que la mortemain fut levée en ce ban par le
père de Thiebaus de le Vaus, pour lui et pour Stavelot, puis par le père
(1) Cart. de Houffalize, fol. 34 v°.
(2) Arch. génér. du Royaume, Cart. de Luxembourg n" 20, ïï. 17, 17 v» et 19. Cf. Devil-
1ers, Monuments pour servir ..., t. III, pp. 545-547.
(3) Halkin et Roland, Chartes de l'abbaye de Siavelot-Malviedy, II, p. 118, d'après l'orig.
à Dùsseldorf ; il reste de la légende du sceau... vt de vve.. in (suivant une aimable com-
munication de M. Roland). De Raadt se trompe lorsqu'il qualifie {Sccajix armoriés, t. IV,
p. 89) Thibaut de « maire de Vielsalm »,
— 130 -
du comte de Luxembourtj actuel. Le 17 juillet 1328, l'abbaye et Thibaus
délie Wïuz s'accordent avec le curé de Wellin, au sujet des dîmes de cette
localité ( l).
Le 2 juin 13i7, Wirote de Astenoy, Ueutenans, juessire Jehan de Sconou,
sire del Val, chevalier, en la prévosteit de Laroche, déclare que l'écuyer
Jean de Beaufort a engagé à Jean Machon, de Bastogne, 11 schilling de
ses revenus annuels en la cour de Boeur (Bnry). A cette déclaration
assistent, entre autres témoins : ...Godefrins de Recongne, Lambekins de
Vaulz, Jehan, fiz jadit messire Watier de Stembav, chevalier (2).
Le 12 juin 1359, lorsque le duc Wenceslas prêta, en sa qualité de sei-
gneur de Mirwart, foi et hommage à l'abbé de St-Hubert, pour la vouerie
du monastère et ses appartenances, Jea7i délie Vaulle, chevalier, est cité
parmi les témoins amenés par l'abbé (3).
Le Lambekin de Vaulz de 1347 eut, entre autres enfants, trois fils :
1) Arnould, que nous allons retrouver plus loin.
2) Henrion, encore connu sous le nom de Henrion de Recogne, localité
où il alla s'établir, sans doute.
Les 11 décembre 1362 et 24 avril 1367, nous avons rencontré Henrions
de Recoingne ou de Rocongne remplissant les fonctions de lieutenant du
prévôt d'Ardenne ; le 17 juin 1370, Henrion de Recoigne et Ernult de
Vaulx, son frère, sont hommes jugeables du duc (4); le 2 août 1370, dans
un acte passé à « Novilhe, en la mairie de Bourchy », c'est Henrion de
Vans qui est. mentionné comme lieutenant du prévôt; le 3Q avril 1373,
Ernoiil de Vauz et Henrion, se frère, interviennent en qualité d'hommes
de la Salle de Bastogne (5). Le 10 février 1382, nous allons le voir, appa-
raissent He?irion de Recongne, frère Arnold de Vanlx,et Malwatier , lour
frère.
Arnould de Recogne, figurant dans un acte du Cartulaire Nothomb, du
ô mars 1412, me paraît devoir être considéré comme étant le fils de
Henrion.
3) Malwatier, cité le 10 février 1382^ et que je crois retrouver dans ce
Mahvatier de Gyvry figurant comme homme jugeable de la prévôté
d'Ardenne dans un acte du 26 novembre 1387 (6).
(1) J. Halkin et Roland, op cil., II, pp. I.ô5 et 180 (communication de M. Roland).
(2) L. Korth, Das Grdfl. von Mirbach'schc Archiv zii Harjf, 1" vol., Cologne, 1892, n» 48,
p. 67.
(3) Goffinet, Notice sur Minvart (Annales d'Arlon, t. 17, 1885, p. 48).
(4) Cart. de Rachamps, p. 651.
(5) Cart. de Houflfalize, fF. 80 et 26.
(6) N. van Werveke, Archives de Schuthourg, n» 3 {Publ. de Ltix., t. 55, 1908).
— 131 -
Arnould de Vaux, fils de Lambekin, est cité le 24 avril 1367 {Eirnoul de
Vans) et le 30 avril 1373 (Ernoul de Vauz) en qualité d'homme jugeable
de la Salle de Bastogne; le 25 juin 1374 (Ermdde Vans) et le 9 juillet 1375
(Ernoiih de Vaus), comme homme de la prévôté de Bastogne ou
d'Ardenne (l).
Le 10 février 1382, Henri de Bastogne, écuyer, prévôt d'Ardenne,
déclare que pardevant lui et les hommes jugeables, saiges et honestes
personnes Arnotdd, fis Lamkin de Vaus, et Colard, son fis, ont déclaré
qu'Ar?iold de Vaus, jadis lours prédécessours de grand temps passeit,
avait laissé, aux religieux de Houffalize, pour le salut de son âme et pour
fonder son anniversaire annuel, un muid de blé moitable, mesure de
Bastogne, moitié seigle et moitié avoine, à prendre dans sa part des
dîmes de la paroisse de Velroy, part qui est échue, par succession de
Lamkin de Vaulx, audit Arnold, contre ses frères et serours. Avec son fils
Colignon, il agrée cette assignation.
Parmi les hommes jugeables sont mentionnés saiges et honestes per-
sonnes Koynekin de Salme, Henrion de Recongne frère Arnold de Vaulx,
Malivatier , lour frère, et d'autres bonnes gens (2).
La donation faite par le premier Arnould de Vaux est signalée comme
suit dans l'obituaire du monastère de Houffalize, au mois de mai : Anni-
versariuni Arnoldi de \auz, armigeri, pro quo habemus umim modixim
partim in décima parrochialis (sic) de Velrou.
Quant à Arnould H, il vivait encore, semble-t-il, le 18 avril 1393, date
à laquelle Fery de Brandeberch, escuier, donna à son cher et bon ami
Arnold de Vaulx et à ses hoirs, perpétuellement et héritablement, une
pièce de terre desour Blanchard Prev au Conte Molin deleis Baromey,
audessous, avec l'autorisation d'y mener de l'eau pour en faire un pré (3).
Le Comte-Moulin est certainement ce « molin de Vas » que le comte
de Luxembourg possédait en 1315 dans la mairie de Bourcy (4), et ce
Neuf-Moulin, marqué sur les cartes sous l'étang de Baromé, au nord de
Rachamps-lez-Noville et au nord-est de Vaux; l'étang du vivier de
Barosmé ou Baromé est mentionné, les 13 juin 15(30 et 19 juin 1580, dans
des actes passés devant la cour de Rachamps (5).
Outre Colard ou Colignon, que nous allons encore revoir en 1419,
Arnould H de Vaux paraît avoir eu un autre fils, Henselin ou Henzelin
del Vaulx, homme de la Salle de Bastogne le 8 avril 1399 (6).
(1) Cart. de Houffalize, ff. 53 v«, 26, 49 et 28.
(2) Cart. de Houffalize, fol. 82 v°.
(3) Cart. de Houffalize, f. 85.
(4) Urbar publié par M. van Werveke, p. 48.
(5) Cartul. de Rachamps, pp. 337 et 391.
(6) Cart. de Houffalize, ff, 44 et 45,
— 132 —
Le 10 août lilO, Henri (VOurley, seigneur de Beafort, déclare que ses
tnasuîvicrs, inanans et siirséans à Alhoiiniont, en nostre court de Buts,
avaient accensé une pièce de terre, transformée en pré, gisant deleis le
Conte Malin, appelée le Nueff Preit, pour 30 noirs tournois par an,accense
et pré que Colair de Vans détenait et possédait et dont il avait laissé une
moitié à Xotre-Dame à Corvant et l'autre à l'église Sainte Catherine de
Houffalize, pour fonder des anniversaires.
Henri approuve cette libéralité (1).
Pour en finir avec les de Vaux ou de La Vaux ardennais du XI V'^ siècle,
ajoutons qu'un Thibaud del Vanl prit part à la bataille de Bâsweiler, le
22 août 1371, dans la rotte du sire d'Agimont; il y fut même fait prison-
nier, et en 1374, Thibaud van der Vanl délivre au duc Wenceslas et à la
duchesse Jeanne une quittance relative à l'indemnité lui versée pour la
rançon qu'il avait dû fournir; le sceau qu'il apposa à cette pièce montre
un écu de vair, eji chevron renversé, an. chevron chargé de S étoiles, et la
légende + s thiebavt del vavl esc. Ecu^^er en 1374, il fut créé
chevalier peu après, car un compte de 1376-1377 l'appelle Heer Thiebaut
van der Vanl (2).
La Famille de Vaux-lez-Noville.
Des différentes mentions : de Vans, de Wauz, de la Val, délie Vaux,
del Val, de Vaiclz, etc., que nous avons relevées de 1244 à 1419, y en
a-t-il que nous puissions rapporter à notre Laval?
Tout d'abord, la plupart semblent devoir concerner la maison de Vaux-
lez-Noville et la famille qui en prit le nom. C'est le cas, je crois, pour le
chevalier Henri de Vatcs ou Wauz, le donateur de 1238; pour le chevalier
Laurent de Vaus, de 1289; pour Arnould I de Vaus et son descendant
Lambekin de Vanlz, cité en 1347 ; pour les trois fils de Lambekin :
Arnould II (1367-1393), Henrion de Recogne (1302-1373) et Malwatier
(1382); pour le fils d'Arnould II, Colignon ou Colard (1382-1419).
Pour les deux chevaliers de 1238 et 1289, mon opinion ou, plutôt, mon
(1) Cart. de Houffalize, f. 85 : voir au f. 85 v° un record de 1462, relatif à ce don
d'img appeillé Collart de Vaut. — L'original de l'acte e.st aux archives de l'Etat à Arlon ;
cf. dans nos Atinales, t. 31 (1896), p. 25, une analyse appelant le donateur « Collard de
Bans », avec la date : 19 août 1408.
(2) de Raadt, Sceaux arm., IV, p. 89, d'après les chartes de Brabant. Le même, La
Bataille de Bâsweiler {A7in. Soc. Archéol. Brux., t. XI, 1897, p. 282, et XVII, 1903, p. 273).
impression, se base sur des considérations d'ordre géographique, sur la
proximité relative de Vaux-Noville et de Compogne, Vellereux et Bœur,
mentionnés dans les chartes émanant de Henri et de Laurent. Pour
Arnould et ses successeurs, je crois pouvoir être plus affirmatif, aussi bien
parce qu'ils gravitent autour de la Salle de Bastogne (dont un siège était
réservé en 1575, comme nous allons le voir, à V aulx-lez-Bourcy) qu'eu
égard aux circonstances dans lesquelles apparaissent les premiers person-
nages se rattachant indubitablement à la maison de Vaux-Noville.
Après un Philippe van Vaalz, homme de fief et échevin à Arlon le 20
novembre 1413 (1), que son prénom, porté au siècle suivant dans la
famille de Vaux-lez-Noville, pourrait peut-être faire rattacher à cette
dernière (2), il nous faut descendre jusqu'au 13 novembre 1401, jour oi^i
Thona von Vau/x, Poncin de Coppoingne et Catherine de Vaulx, sa
femme, vendent à Gilles de Busleyden, conseiller du duc de Luxembourg,
la part leur échue par le décès de sire Lambert von Vaulx, curé à Wolwe-
lange (Wolfeldingen), dans les biens sis à Barrette et ailleurs en la pré-
vôté d' Arlon (3). Cet Antoine de Vaux est mentionné les 28 janvier 1494
et 5 juin 1495 (Thonna ou Thonnay de Vaulx) (4), et sa sœur Catherine
avait épousé un fils de Jean Ponssar ou Ponczar de Compogne, ordinai-
rement appelé Poncin de Vaulx (1482), dol Vaulx ou de Valz (5).
Quarante ans plus tard, apparaissent deux frères, Robert (1537) et
Henri de Vaux (1541), qui devaient être les fils d'un Philippe de Vaux,
sur lequel les données manquent (6).
C'est tout d'abord, Robert de Yaux, cité à partir du 1 i juillet 1537 ; non
marié au 14 février 1541, date à laquelle il est reçu échevin de Bastogne ;
lieutenant-prévôt de Bastogne (1542-1557), sgr de Wardain (1560).
Les 21 février 1542 et 22 mars 1546, il était le mari de d"'^ Marguerite
Stolpert, fille de d"'^' Jehenne Stolpert (sans doute la même que Jeanne de
(1) Goffinet, Ciirt. de Claire fontaine, p. 197.
(2) Il n'en est pas de même de Renar del Vaulz qui apparaît dans un acte du cartulaire
de Houftalize, du ii fenailmois 1437, avec la qualification de mayeur de Stavelot {Cart. de
Houffalize, f. 75 yo) : il s'agit évidemment, ici, d'un possesseur de La \'aulx-Renard, près
de La Gleize, sur l'Amblève.
(3) Wùrth-Paquet, Arch. de Marches de Guirsch, II, n^ 33 (Ann. de l'Inst. Arc/i. du
Lux., t. 12 (1880).
(4) J. Vannérus, Le livre de la justice de Bastogne, n°» 782 et 823.
(.5) Ibidem, n^« 125, 141, 164, 185, 258, etc.
(6) Les renseignements que je donne sur les de Vaux du 16" siècle sont tirés, principa-
lement, du Cartulaire de Rachamps et des registres de la Salle et des échevins de
Bastogne.
— 134 —
RoUé, veuve de Nicolas Stolpert en octobre 1524 et en juin 1525) (1).
Il se remaria a^■ec Marguerite d'Ochaiii dite de Jemeppe, avant le
10 mars 155G.
En 1570 et en 1575, Robert et son frère Henri de Vaux (de Vha,de Fhae
prope Bastoniam) étaient collateurs de l'église de Wolwelange, en leur
qualité de seigneurs de l'endroit ; en 1575, Robert possédait à Sibret une
partie de la maison seigneuriale, décrite comme étant « la maison que
» tient en partie Robert de Vaulx, ensemble les hoirs de Enscheringen
» et Clairvaulx, seigneurs fonciers dudit lieu» (2); en 1577, il est
« écuyer, sgr. de Sibret ».
Son frère, Henri de Yatix, était homme de la Salle au 6 juin 1545;
maveur de Bourchie et homme de la Salle au 5 juin 1546 ; encore cité
comme maveur de la haute cour de Bourc}' du 26 juin 1549 au 3 février
1567, qualifié d'écuyer le 1" avril 1550 et de seigneur de Wolwelange en
1570 et en 1575 (avec son frère Robert). Il habitait, en 1575, à Yaulx-lez
Bourcy l'une des deux maisons qui donnaient droit de siéger à la Salle de
Bastogne (3), (l'autre étant détenue par Jacques d' Awan) ; il usait, ainsi
que son frère Robert, d'un scel armorié.
(1) \J Annuaire de la Noblesse Belge, qui a consacré (1895, t. I) aux de Vaux une généalo-
gie non exempte d'erreurs et de lacunes dans ses premiers degrés, appelle la première
épouse de Robert : « ]\Iarguerie de Stolpert dite de Flaviisouh> . Il y a là une confusion,
car ce n'est que le frère de Marguerite qui habita Flamisoul, où il devint maître de la
poste, par suitç de son mariage avec Françoise Balon ou Balloin (dite, elle, c/^ Flainesoulle),
fille de Jean.
(2) A propos de cette communauté de biens avec les d'Enschringen et les Clervaux,
il faut noter que le 12 février 1604, le petit-fils de notre Robert, un autre Robert de
Vaulx, résidant à Sibret, et d"® Françoise du Hatoy, sa femme, vendent « ce qu'ils ont
» à Magerye, tant d'acquêt que par succession de leurs feus prédécesseurs, contrepartans
» moitablement avec les hoirs d'Enschringen et Clerval, appelé l'héritaige desRufïignons »,
et ce à d"" Claude de Bertignon, veuve de Jean de Mager)^e. Le 26 juillet 1605, les mêmes
Robert et Françoise du Hattoy vendent encore à la veuve de J. de Magerie, du consente-
ment de leur père et beau-père Jean de Vaulx, sgr. de Sibret, leurs droits aux bois de
Magerie, « procédant tant par acquêt des Ruffignons que de J. de la Vazelle et d'autres,
» contrepartant avec le s"" de Clervaulx » (Salle, reg. 1601 à 1612). Robert I de Vaux se
rattachait donc aux Rufïignon (de Jupille).
C^) Pour permettre de se rendre un compte exact des dépendances de cette maison, je
fais suivre le dénombrement présenté par le possesseur de 1682 (v. Chambre des Comptes
de Brabant, reg. 45713 c).
Le 15 janvier 1682, Pierre de Vau.x, « escuver, résident au villaige de Vaux, paroisse de
» Xoville et prévosté de Bastogne, dans la conté de Chiny », déclare tenir du roi de
France, « en qualité de noble et escuyer, les biens, rentes et revenus et terres qui s'en-
» suv'vent, scituez dans la diocèse de Liège, en la ditte conté...
» Lesquels biens et terres consistent premièrement en une thour avec usuaire, granges,
» estableries, jardins, appartenances et dépendances, le tout comme il se contient, scituez
» audit lieux de Vaux, tennant nature de bien allodiaux et franc, et pour quel on n'at
— 135 ~
Le 16 mai 1560 et le 3 février 1567, il est appelé Henry Philippe de
Yaulx, ce qui nous indique que son père devait s'appeler Philippe ; c'est
donc lui qui est mentionné à Vaux, au dénombrement de 1541, sous le
nom de « Hanry Flippo, gentilhomme ». Il épousa en premières noces
Catherine de Clervaux ; en secondes, Marie d'Arimont, dite de Noville.
Robert et Henri eurent, je crois, un frère et une sœur : Olivier de
Vaulx, homme de la Salle les 6 juin 1545, Yl juin 1556 et 31 juillet 1557 ;
et Marie de Vaulx, citée en 1545 comme l'épouse de Michel du Pont,
demeurant à Wicourt.
A en croire les quartiers indiqués sur la tombe d'une fille de Robert de
Vaux, Marie, épouse d'Everard Ghenart, morte à Sohier en 1587 ~ vaulx,
BOHAN, OCHAIN et VERVY —, le père de Robert avait épousé une
de Bohan ; toutefois, M. le chanoine Roland ne renseigne aucune alliance
de ce genre, dans la généalogie de la famille de Bohan, qu'il a donnée
dans son Orchiniont et ses Fiefs (1895). Cependant, les de Vaux d'Achy,
qui portaient dans leur écu deux bars, comme ceux de Bastogne, appa-
» jamais relevé de personne, scavoir : premier, en prairie, 25 charées de foing, plus ou
» moins selon le rapport de chacque année, et en 4 à 5 journaux de sartaiges chacque
» année, que l'on laisse reposer 15 à 20 ans, sains les pouvoir plus essarter, selon la nature
» du pays, et en 25 jours de terre labourables à arrer, desquels on en laboure chacque année,
» quelque une, pendant qu'on laisse reposer les autres, selon la costume du [pays] lieu,
» avec trois petits buis de haute fustaille, partageables avec le S"" d'Awans, son voisin, un
» de chaisne et deux de hesse ; et dans ludit village de Vaux, en quelques menus reve-
» nus, avec un muyd de rente à 2 parties.
» Item en qualité de possesseur noble du dit bien et par une dépendance essentiele,
» dist jouir comme ont fait ses prédicesseurs de tout temps immémorial de Testât de juge
» de la Sale à Bastogne, et ce héréditairement de père à hls et par élection d'icelle sale
» et siège assemblé, sains qu'il soit jamais esté nécessaire d'aucune permission ou rafres-
» chissement de Sa Majesté pour y estre admis.
» Jouyt auss}' du 20" denier des transports, ensemble de tous autres droicts et émolu-
» ments aiférants audit estât ; comme auss\' d'une franche bergerie et franche bovière,
» sains contredit de personne, outre son droict à la bovière du villaige.
» Item du droict de chasse et poisse.
» Item jouist de 2 sixième dans ung 18 et un 24<' de la s"® hautaine de Vance, consistant
» en quelques petits morceaux de terre et prêt, pour quels les cenciers rendent 3 bichets
» de seigle par an, et outre sa parte à tous autres droicts, rentes et revenus avec les
» autres s" en ladicte s"'', les dits héritaiges estants tout bien fielf.
» Item au villaige de Ligyiier, un certain bien, come aussy au vilaige de Chêmix, encore
» un autre bien, partagé tous deux avec leurs cohéritiers, provenants de leurs prédices-
» seurs, y compris le prêt de Haborquay, qui relève en fieff de Laroche.
» Finablement, jouist de toutte franchises et previlège compectants à la noblesse de la
conté de Chiny ».
11 signe P. de Vaux et scelle du sceau de ses armes.
— 136 —
raissent dans la loi^ion d'C^rchimont dès 1580, ce qui doit faire conclure à
la vraisemblance d'un mariage Vaux-Bohan.
La Famille de Lavaux-Sainte-Anne.
Un autre groupe, parmi les personnages du nom de la Vaux ou Val
rencontrés aux XI IL' et XI V*" siècles, appartient à l'histoire de Lavaux-
Sainte-Anne, seigneurie de l'ancienne prévôté de Revogne en la princi-
pauté de Liège, non loin de Wellin-en-Famenne, bien connue par son
beau château et désignée autrefois sous le nom de Laval ou Lavaux-en-
Famcnne.
Sur les anciens seigneurs de ce nom, dont les armoiries se caractéri-
saient de dexix léopards, l'un sur Vaictre, nous sommes surtout renseignés
par le consciencieux de Hemricourt (L).
Monssaingnor Jakemme délie Vaz e>i Famé fine, qui portait les armes
de Welie?i : d'azur à dois h/pares d'a?-ge/it, épousa la troisième fille de
Rasse I, seigneur de Warfusée (cité en 1209), et en eut un fils^ Jean.
Ce fils, que M. le chanoine Roland a rencontré en 1276 et en 1288, fut
le père de Thibaut délie Yauz, qui doit être le Thiebaiis de le Val, feuda-
taire de Mirwart en 1293; le maire de Wellin de 1303, dont l'écu portait
les deux léopards; ce Theobaldus de Y aile, témoin le 20 août 1319 à un
relief présenté à l'évèque de Liège pour un fief sis à Revogne (2) ; le
Thibaus délie Yatiz de 1328.
Il eut une fille, qui devint la femme de Jean Maxhereit, fils de Rasse
d'Uelpenich et petit-fils de Rasse de Schônau dit Maxhereit : c'est lui que
nous avons rencontré en 1347, exerçant, sous le nom de Messire Jehan
de Sconon, sire del Val, les fonctions de prévôt de Laroche.
Après la mort de Thibaut de Lavaux, sa veuve, nous raconte Hemri-
court, se remaria à « on de cheaz de Welien-en-Famenne, dont Thibau
» délie Vaz et ses freires et sereurs sont issus si que do secon mariage et
» en sont ly hoirs à présent » (1398). De sa première union, elle avait eu
un fils, connu sous le nom de Messires Johans délie Vaz, délie Vatilx ou
del Yalz, qui fut créé souverain mayeur de Liège en 1364, fut échevin à
partir de 1367 et mourut entre le 12 juillet 1370 et le 5 février 1373; et
une fille, Catherine, qui fut mariée à Jean d'Ochamps.
Jean laissa de son épouse, sœur de ce dernier et fille de Hugues de
Haneffe, sire d'Ochamps, un fils et une fille; le fils, Rasse délie Vaz, dclle
Yauls ou van der Vaid, chevalier, fut fait prisonnier à la bataille de
(1) Cf. l'édition de Borman, t. I, 1910, pp. 71, 85, 140, etc.
(2) Ed. Poncelet, Le livre des fiefs de Liège sous Ad. de la Marck, 1898, p. 38.
— 137 —
Bâsweiler, le 22 août 1371 ; en 1374., il employait un sceau aux armes des
Schônau (9 tourteaux ou besants), avec la légende : ... RA ... DE LE
VAV (1). Quant à la fille, Helewy, elle apporta ses droits sur Lavaux à
son mari Thierri de Berlo, écuyer, échevin de Liège de 1377 à 1386, mort
vers 1393, qui transmit cette terre à sa descendance.
Notre Jean délie Yaulle, chevalier, de 1359, semble bien être le grand
mayeur de Liège de 1364. Quant au Thibaut del Vaut de 1371-1374, il
ne doit faire qu'un avec le Thibaut issu du second mariage de la veuve
de Thibaut de Lavaux.
Par suite de ces éliminations successives, nous ne nous trouvons plus
en présence que du fils de Mgr. Jean Waflfiart de Laval, qui tenait en fief
de Mirwart, en 1293, ses droits sur Laval et sa part de la dîme de Bollei
ou Belei ; et de Jean de Laval, qui était à la même époque vassal de Mir-
wart pour des biens sis à Masbourg.
Sont-ce encore des Lavaux-S'-^-Anne, ou pouvons-nous les rattacher à
notre Laval ? La question est malaisée à résoudre, car les éléments de
certitude nous font défaut.
Les seigneurs de Remagne possédaient bien, en 1548 et en 1585, à
Moircy et à Jenneville, en la terre de Saint-Hubert, des droits qui pou-
vaient provenir de vassaux du sire de Mirwart^ avoué du monastère ;
seulement, il est à noter qu'au XV'^<= siècle les d'Orley, seigneurs de
Laval, ne figurent nullement parmi les feudataires de Mirwart.
Précisément, un Henri del Valz est mentionné à diverses .reprises, de
1461 à 1479, à l'occasion de reliefs de fiefs effectués à la cour de Mirwart :
c'est ainsi que le jour de St-Hubert 1461, un relief se fait en présence de
Messire de Rollé, somoneur, et des hommes : Jean de Tellin, Henri del
Valz le s.Jeir, le mayeur d'Awenne et Gerlache de Mirwart (2).
Le 10 décembre 1467, à St-Hubert, Henry del Vaulx figure au nombre
des hommes de fief en présence desquels Charles le Téméraire prêta le ser-
ment prescrit à l'avoué du monastère (3), et, le 1*^"^ novembre 1469, un relief
s'effectue pardevant le somoneur et les hommes : J. de Tellin, Henri del
Yalz, Gerl. de Mirwart et J. Colar de Smuid.
En 1471, Henri del Valz ou Vais releva la moitié de la vouerie de
(1) De Raadt, Se. arm., IV, p. 89.
(2) Goffinet, Sur le<. Fiefs et les Arrière-Fiefs de Mirivart (Annales, t. 7, 1871, p. 1.54).
(3) Goffinet, Notice sur ...Minvarf, dans le t. 17 des Annales d'Aiion (1885, p. 04).
— 138 —
Sevescourt (3) de main à bouche, d'Everard de la Marck, quand celui-ci
prit possession des terres de Mirwart, Lomprez et Villance. Le l'"^ mai de
la même année, Jehan de Wilre, sgr. de Granchamps, releva l'autre
moitié de cette vouerie, en présence du sire de Rollé et des hommes :
Jlenri del Valz, Jehan de Tellin et d'autres. En 1471, encore, Henri fit le
relief des voueries du ban de Chevigny, qu'il avait achetées à la fille
Dromait de Novilley.
Le 10 mai 1472, Jehan de Tellin, Henri del Valz et Jehan Bodin assis-
tèrent, entre autres hommes de fief, au relief du fief de Sûre, « emprès
Nife et Rosir », présenté par Albert de Cobré ville. La même année,
ainsi que le 1" novembre 1477, Henri del Valz ou del Vaux intervint en
qualité d' « homme » à trois autres reliefs.
A la même époque, dans une liste des fiefs mouvant d'un seigneur de
Wellin, sont mentionnés « messire Jehan del Valz » pour un petit fief,
valant environ 9 gros par an, qu'il a acheté à messire Jehan de Trina, et
« Henri del Valz de Saint-Hubert », possédant 3 muids tenus en fief à
Wellin; de plus, en tête des fiefs mouvant alors du château de Lomprez
figure la moitié du fief de Valz à Lesterny, détenu par Collignon de ce
dernier endroit (2).
Le 25 septembre 1479, enfin, Jean, sgr. de Daverdisse, Henri del
Vaulx, voué de Sevescourt, le mayeur de Wellin et d'autres « gens de
bien » siégeaient aux côtés de l'abbé Nicolas d'Eve, lorsqu'il reçut à
Saint-Hubert le serment d'Adolphe de la Marck, nommé châtelain de
Mirwart (3). '
Ce Henri del Val, on le constate de suite, ne peut avoir aucun rapport
avec Laval-Remagne (au moins avec ses seigneurs), pas plus que le che-
valier Jean del Valz (4) ou que le fief de Val à Lesterny ; les deux der-
nières mentions, spécialement, ne peuvent concerner que Lavaux-S*«-
Anne, possédée en 1408 par « messire Johan de Berloz », mort en 1482.
Les seigneurs de notre Laval n'étant pas cités au nombre des feuda-
taires de Mirwart au XV"« siècle, il devient très probable que ce n'est pas
au chevalier Jean Wafflart ou à Jean de Laval qu'appartenait en 1293 le
château de Laval-lez-Remagne.
(1) J'ignore en quelles mains se trouvait précédemment la vouerie de Sevescourt;
Saint-Hubert y possédait en tout cas depuis fort longtemps des biens, cardés le milieu du
XI'"» siècle l'nbbave reçut de Godefroid le Barbu une famille ?';/ Silvestri Curie ; X'ecclesia
de Sylvislri Curie figure parmi ses possessions en 112',», la viUa Silveslricurtis en 1184
(Kurth, Chartes de Si lluberl, \, pp. 28, 99 et 141).
(2) Goffinet, Sur les Fiefs..., pp. 154-158, 162, 163 et 165.
(3) Goffinet, Notice..., p. 66.
(4) 1,'obituaire de Houffalize contient, au mois de juillet, la mention : Anniversarium
domini Johannis de Va/z et coinmeuioracio fralrum ?iflstr<>ruif/..., que je ne suis pas en mesure
d'utiliser.
139
La consistance et les dépendances de Laval.
Puisque nous ne trouvons avant Julienne de Welchenhausen aucun
personnage portant indubitablement le nom de notre Laval, il nous faut
bien conclure que ce château a dû appartenir au Xllh et au XIV'' siècle
à quelque famille de la région, pour laquelle il ne constituait qu'une
possession accessoire et qui était ordinairement désignée sous le nom du
manoir dont elle faisait son habitation principale.
Pour tenter de retrouver le nom de ces propriétaires, force nous est, en
l'absence de tout renseignement concernant directement leur person-
nalité, de diriger nos recherches d'un autre côté : voyons quelle était la
consistance de la seigneurie de Laval; peut-être, en déterminant les
droits et possessions afférant à cette terre, en voyant quelles en étaient
les différentes dépendances et la mouvance de chacune de celles-ci,
pourrons-nous établir avec quelque précision ses rapports avec les
seigneuries et les familles de la région et arriver à un tel ensemble de
constatations qu'il nous sera permis d'en tirer des déductions plausibles.
Laval.
En 1400, avons-nous vu, le duc engagiste de Luxembourg, désirant
récompenser les services de Jean d'Orley, augmente les fiefs qu'il tient
du duché et lui accorde : 1° La part du souverain dans le village de
Remagne, dans le moulin et dans la haute-justice en ce lieu, avec toutes
les dépendances.
2° La haute-justice à Laval, en son château (dass hogericJite zu der
Vais, in syner burcJi, mvt allem Uirem begrijfe und ziibehortinge).
3° Ce que le duc avait à Rechrival, en sujets, revenus et cens.
Cet octroi fut confirmé à Jean, huit ans plus tard^ par le duc Wenceslas,
en 1408, année oîi ses fils, Jean et Guillaume, partagent le château; en
1413, alors qu'il était toujours indivis, le castel de Ter Waes ou castnim
dictum Ter Waez, fut rasé par Antoine de Bourgogne, et Jean, fait pri-
sonnier, dut vendre de ses biens pour fournir sa rançon, en 1416.
Le château fut reconstruit par la suite, faut-il croire, car en 14(i5 dat
slosse mid herschafft zo der Fase passèrent à Bernard d'Orley, avec le
village de Remagne et toutes leurs dépendances, au delà de la Sûre; un
relief de 1468 nous apprend que la maison (das hanss) de Laval, avec la
haute-justice et toutes appartenances, dépendait en fief de Luxembourg.
— 140 —
Dans l'inventaire de sa fortune, Bernard d'Orley nous donne, vers 1493,
d'intéressants détails sur Laval et ses dépendances :
«. ... Item die halbe herschafft van der Vaiss luid Romengen ist myn
» erbe, und hoert zu der Vaiss Wyller by Heltzingen gelegen unnd
»> ander zenden im kirspell van Besxelijick emd etliche lehen man, ouch
•>■> etliche burchhuss und foedigen bij Wiltz gelegen zu Widich, ist lehen
» zu Wiltze; ouch eyn deil ain dem zenden zu Bussleiden Johann van
» Swertzeni sellich inné hat zu pande vur 80 gulden, hoert zu Vaiss, is
» nit lenne zu Wiltz. Ouch was ich hain zu Dieckerichen, lenne man,
» kirch gaff und zenden, hoert zu der Vaiss und nit zu Lintzeren » (l).
Plus loin, nous lisons encore : « ... Item hoert Wvller by Heltzingen
» gelegen, mit den zenden, scheffen und hoegericht zu Heltzingen und
» den vodigen dar zu, hoert zu der Vaiss und ist eyn sonderliclie gelytte
» und lenne zu Wiltze, mit lenne mannen und schaff rentten, wie ich dat
» dan geloist hayn van Wilhelm van Zyvell und Johann van Porttzich,
» und ist halff myn erbe, dat ander haltscheit ist erbe zur Vaiss mynnen
» neben van Oirley und steit mir zu pande vur IIIP Rinsche gulden,
» nach inhalt der brieff.... (2)
»... Eyn gelytte zenden ist zu Bussleiden gelegen, hait Johann von
» Swertzhem zu pande vur 80 gl., ist halff myn erbe; das ander halbe
» hoert mynnen neben van Oirley zu, und hoert zur Vaiss, maiche man
» loessen. »
Les fiefs wiltzois de la famille d'Orley sont mentionnés daps le dénom-
brement présenté au roi de France, pour la terre de Wiltz, le 14 mars
1682 ; ils le sont en des termes qui se réfèrent à quelque dénombrement
du XV'"'' siècle, probablement celui de 1450, analysé plus haut. Nous
voyons, en effet, citer dans le document de 1682, parmi les nobles vas-
saux de la seigneurie de Wiltz, « le seig"^ d'Orlay, seig*^ de Wa3^sse, à
» raison de la seigneurie de Hacheville, avec la haulte, moyenne et basse
» justice, dixmes, rentes et revenus audict lieu ; item à raison de ce qu'il
» à Weiller et Weydingen ; item aux dixmes de Beslingen, avec tout ce
» qui est de fief à luy appartenant et arrier-fief comme d'ancienneté, fiefs
» dépendants de la seigneurie de Wiltz ; item ce qu'il at dans les villages
» de Hoffelt, Brachtenbach et Selcheidt, desquelles dites rentes la moitié
» at esté desgagée par Bernard de Sey (= d'Orley) » (3).
En 1497, les fiefs relevés de Gérard, sgr. de Wiltz, par son cher parent
(nebe) Claude d'Orle}^ sgr. de Linster, à raison de sa seigneurie de Wiltz,
(i) Ajouté à la fin du XVP siècle (par de Gondersdorf?) : « Hierin an Dieckircher zenen
» und kirchen giflft ist Metzenhausen ein viertteill vermoegh obg. vertrags zugedeilt. »
(2) Cf. à ce sujet la note 3 de la page 99.
(3) Chambre des Comptes de Brabant, reg. 45713 g.
— 141 —
comprennent : la part de Claude en gens, revenus et rentes, dîmes, etc.,
à Helczingen, Willer et Bes&elingen ; une borchplacze à Wiltz, deux
voueries à Widingeji ; ce qu'il possède à Iloinfelt ; la dîme de Beeler ;
une rouerie à Braichtenbach (1).
La cour de Hachiville, disons-le de suite, ne dépendait pas de Laval :
dans l'inventaire de sa fortune, Bernard d'Orley nous apprend en effet
que cette cour (hoeff van Heltzingen) dépendait du Châtelet (van dem
Schestleit), et que sa mère (Catherine d'Autelj avait apporté en dot
l'engagère de ces biens.
Remarquons, d'autre part, qu'en avril 1429, le seigneur de Laval et sa
femme engagent à Jean de Welchenhausen et à François de Steeff'elt,
tout ce qu'ils ont à Weiler, Bellain, Hoffelt, Hachiville, Brachtenbach,
Hiddange et Goedarige, en sujets, biens serviles, échevins, cens, baux,
rentes, dîmes, forêts, prairies, etc., ainsi qu'eux et leurs prédécesseurs en
ont joui jusqu'alors, tous ces biens et droits relevant du sire de Wiltz, leur
parent; qu'en juillet 1440, les mêmes époux engagent à Jean de
Swertzheim leur part de la dîme de Boulaide ; qu'en août 1450, Jean
d'Orley rend hommage au seigneur de Wiltz pour ses biens féodaux de
Hachiville, Weiler et Weidingen, ainsi que pour la dîme de Bellain ;
qu'en novembre 1464, l'engagère de 14i29 appartenait à Jean de Bourcy
et à Guillaume de Tzivel, en commun, et la moitié de la dette incombant
aux fils de Jean d'Orley est augmentée par ceux-ci de 100 fl.
Ces différents renseignements permettent de dire que Laval, fief de
Luxembourg, comprenait certainement les dépendances suivantes :
1) Weiler-lez-Hachiville, la dîme de Bellain ; des biens féodaux et
castraux, ainsi que des voueries, à Wiltz et à Weidingen : le tout, fief de
Wiltz.
2) La dîme de Boulaide, ne relevant pas de Wiltz.
3) Des hommes de fief, le droit de collation et des dîmes à Diekirch,
tenus en fief du Luxembourg (2).
Nous reviendrons plus loin, successivement, sur ces diverses dépen-
dances de la terre de Laval.
(1) N. van Werveke, Archives, de Schutbourg (Public. Lux., \. .55, 1908).
(2) Peut-être faut-il ajouter à ces dépendances de Laval : certains droits et revenus à
Hachiville, Hoffelt, Brachtenbach, Huldange et Goedange, que Jean d'Orley et son
épouse tenaient, dès 1429, en fief de Wiltz, ainsi qu'à Selscheid (v. dénombrement
de 1682).
Blagny-lez-Ivoix, où Jean d'Orley et Julienne de Welchenhausen avaient biens et
droits, n'appartenait ni aux Orley, ni aux Laval ou aux ^Vclchenhausen, mais dépendait
de la seigneurie du Chêne.
10
— 142 —
Quant à cette terre même, déterminons-en la consistance.
Nous avons vu qu'en 1500, 1525, 1528, 1541, la seigneurie de La Vasselle
ou de Vîiux, dépendant du prévôt de Bastogne, est renseignée comme
s étendant à Remagne, Rechrival et Chisogne.
Lors du dénombrement de 1541 (I), la seigneurie del Vaicl.x fut inscrite
parmi les « seigneuries estans soubz la prévosté de Bastoingne, » entre
celle de Thavenx et le ban de Witry.
Elle comprenait : 1. A. Rechrival, h feux contribuables (4 habitants;
2 veuves, comptées chacune pour un demi-feu; 1 pauvre, exempt). 2. A
Ch\'S07ige, 1 feu (l habitant; 1 veuve, pauvre). 3. K Romainge, 11 feux
(10 habitants; 2 veuves; 7 exempts : le maire, J. Milhomme, le jeune, et
le sergent Lamboru).
En 1561 (2), la seigneurie del Vaulx ne renseigne que Rechenval ou
Rechenvaulx (1 feux), et « au villaige de Chisojige, qu'est mairye de
Louville, en la prévosté de Bastoingne, ung bourgeois subject en la s'**
del Vaulx ».
En 1574 (3), Jean de Rollez, gentilhomme et mayeur, dénombre pour
la s"'' de la Vaulx, Recherival, avec 5 feux, et Chisoingne, avec 1 feu.
En 1659, une courte description du Luxembourg range sous la sei-
gneurie de la Val : Rechival, Remaigne et Cysongne (4).
En 1681, nous l'avons vu, Pierre Gallo Salamanca renseigne comme
formant sa seigneurie de La Valle : la maison seigneuriale, entourée de
fossés pleins d'eau, avec ses appendances, et trois bois : l'es Vallets (ou
Vallées, à l'est de Rechrival), le Chenet (entre Tillet et Jenneville) et le
Lambert Fays (entre Vesqueville et Bonnerue-lez-Moircy).
Au commencement du XVIIL siècle, Pierret dit dans son histoire du
Luxembourg (restée manuscrite), à propos de Laval, qu'il range parmi
les seigneuries enclavées ou adjacentes à la prévôté de Bastogne : « Cette
seigneurie, qui a un château du nom, est composée de Laval, maison
seigneuriale, Ramaigne, Rechival et Chisoigne. Elle est au s"" Otto de
Salamanca. » (5)
Vers 1766-1771, un catalogue des quartiers, hauts-commands, jus-
Ci) Arch. gén. du Royaume, Ch. des Comptes, reg. 703, f. 91.
(2) IbiJ., reg. 712. 11 faut évidemment lire ici Rrrherii'al ou Reclicrivaulx.
(3) Jhid., reg. 718.
(4) Arch. gén. du Royaume, Ch. des Comptes, reg. 729.
(5) E. Tandel, Lea Camm. Luxemh., IV, pp. 19 et G27. Il faut évidemment lire : Gallo
de Salamanca.
— 143 —
tices, etc., formant le cadastre général du Luxembourg (Ij renseigne sous
la seigneurie de Laval : Laval et Remagne, avec Scheuville (sic =
Jenneville) et Rechrival comme dépendances. (2)
Passons successivement en revue les différentes localités sur lesquelles
s'étendait la juridiction de Laval.
A Laval même, il n'y avait en somme que le château (;>), auquel n'était
pas attachée de haute-justice avant 1400.
Rej7iag7ie.
C'est dans ce village qr.e se trouvait la plus grande partie des sujets de
Laval, si bien que l'on a pu écrire que « Remagne était le siège de la
» haute cour et justice de la seigneurie de Laval et Remagne... ; elle était
» composée de l'officier ma3-eur, des échevins, de l'acteur d'office, du
» sergent et du greffier ». D'ailleurs, le château dépendait spirituellement
de Remagne : un règlement de 1752 porte que la paroisse de l'église de
Remagne comprenait Remagne, Jenneville, Moircy et Laval (4). De plus,
(1) Inséré en 1899 par M. Ruppert, dans le vol. 46 des Publ. de la Sect. Hist. de Luxbg.
(2) Mentionnons encore que dans l'ordonnance impériale du 20 avril 1787, érigeant les
tribunaux de première instance dans le Luxembourg, Laval est mentionné comme
ressortissant du tribunal de Bastogne (Taiidel, IV, 128).
« La maison de Lavalle » figure en 1826, entre Chenet (lez Rondu) et la censé de
Chisogne, au nombre des localités dont les droits d'usage dans le bois de Freyr ont été
reconnus par un règlement du 21 mai 162.3 et une ordonnance du 30 déc. 1754 (Tandel, VI,
p. 1424; cf. p. 1478, où l'on analyse le règlement de 1623, mentionnant <,^ la maison
seigneuriale de La Vaulx »).
(3) Notons, à propos du château de Laval, qu'il y a un Fond de Laval, en wallon Fond
dot Va, sous la commune de Longchamps (Tandel, Les Connu. Luxemb., IV, p. 511); il
est indiqué sur les cartes, à 1 kilomètre au nord de Mande Saint-Etienne.
Terminons, enfin, par deux citations empruntées aux CoDununcs Luxembourgeoises :
A. — On remarque à Flamisoule un vieux tronc de tilleul sur un tertre voisin du
château... « Il fut planté vers le il® siècle, dit-on, par un seigneur de Waha, de Flami-
soule et du château de La Valle.... Avant la révolution française,... il servait de carcan! »
(IV, p. 515).
B. — « Givry est arrosé par un affluent de l'Ourthe, venant de Mande-Saint-Etienne,
Flamisoul et-se dirigeant vers le moulin de Givroule, pour aller se réunir à l'Ourthe au-
dessous du petit hameau de Wigny. Ce ruisseau partage la localité en deux parties :
l'une, à droite, appelée « le Mont », parce qu'elle se trouve au pied d'une colline portant
ce nom, et l'autre « la Va », du nom de Laval, un château aujourd'hui en ruine » (IV,
p. 196). Ce château ne peut évidemment, en admettant qu'il ait jamais existé, être celui
qui nous occupe.
(4) Tandel, VI, p. 1152.
— 144 —
le baron de Laval, seigneur de Remagne, dénombra en 1760, nous l'avons
vu, à Remagne une vieille masure entourée de fossés, avec droit du vol
du chapon, création de la justice, collation de la cure, etc....
Le plus clair des droits de juridiction des seigneurs de Laval à Remagne
provenait évidemment de la donation faite à Jean d'Orley en 1400 : la
part du duc dans le village, dans le moulin et dans la haute-justice, avec
toutes dépendances. Ces droits étaient sans doute échus à la maison de
Luxembourg du chef de l'avouerie de Saint-Hubert; le jnolin de Reman-
g ne ou ReDiaÏJigne, en tout cas, est cité dans X Urbar de 1315, sous la
mairie de Rondu, comme faisant partie du domaine comtal.
Quoi qu'il en soit, les plus anciennes mentions de Remagne concernent
des biens qu'y possédèrent les monastères de la région.
Le 25 août 992, tout d'abord, un certain Guntbert déclare_, à Namur,
avoir reçu en précaire du comte Gislebert, abbé de Stavelot, et de ses
religieux des biens sis à Remagne et à Moircy, in pago et comitatu
Ardxœnna, in loco et villa que dicitiir Romonia et in alio loco et villa qne
dicitur Morceias, sitas super Jluvinm Urtam. Par ce contrat, le monastère
cédait à Guntbert, à son épouse Engile et à son fils Robert, trois manses
en terres, prés, pâturages, eaux et cours d'eau, meubles et immeubles,
revenus et charges (1).
L'abbaye de Saint-Hubert, également, eut des biens à Remagne : c'est
ainsi que Richilde de Remania lui donna une terre (quartarium terre)
payant 12 deniers, et un serf (2).
D'autre part, nous voyons en octobre 1225, Waleran, duc de Limbourg,
comte de Luxembourg et marquis d'Arlon, déclarer que d'une enquête à
laquelle ont pris part les co-propriétaires de Gérard, chevalier d'Arlon,
dans l'alleu de Remagne (Romania), il résulte que le dit Gérard est le
plus proche héritier de Wér}', fils d'Erfon (celui-ci) chevalier d'Arlon,
dont il descend en ligne directe. Si quelqu'un soulevait des difficultés à
l'abbaye de Saint-Hubert à l'occasion du rachat de l'alleu de Remagne,
rédimé dudit monastère par Gérard, le duc obtiendra de ce dernier,
garantie et défense pour l'abbaye (3).
Enfin, les religieux de Houffalize figurèrent fort peu après la fondation
de leur maison parmi les décimateurs et les collateurs de l'église : en
février 1259, nous l'avons dit, l'élu de Liège leur confirma, entre autres
droits, une part des dîmes et une petite portion du droit de patronage à
(1) Halkin et Roland, Recueil des chartes de Stavelot-Malmedy, I, 1909, pp. 132-133.
{^') Monuments pour servir..., t. VIII (1848), p. 54 (d'à
;ibbaye).
(3) (;. Kurth, Chartes de Saint- Hubert, \, 1903, p. 243.
{i) Monuments poicr servir..., t. VIII (1848), p. 54 (d'après le livre des bienfaiteurf:
l'abbaye).
— 145 -
Roynan^e 0) De plus, un relevé de leurs revenus, datant peut-être de la
fin du XIIi« siècle (d'avant 1289, même), mentionne : apiLd Remangne, in
majori décima partem domini Johannis villici de Bastonia etjiispatronatus
qiiod habebat ifi eadem ecclesia et decimam aijusdarn comunie et ejusdem
partem in IlIIt^i décima (2).
En dehors de Richilde, la bienfaitrice de Saint-Hubert, des person-
nages du nom de Remagne apparaissent dès la fin du XIP siècle : en
1 170, un Poncardus de Remania est mentionné, après Thierri de Latour
et ses fils et avant Renier de Bouillon et son frère, parmi les témoins
d'une charte de l'évèque de Liège, confirmant une donation en faveur du
prieuré de Bouillon (o).
Un Henri van Romaigne était curé de Bastogne le 3 février 1365, jour
où il scella pour certain Guillaume le Bohémien (die Bemere) une quit-
tance, rédigée en flamand et délivrée — à Bruxelles, sans doute — au
receveur de Brabant. Le sceau de notre prêtre montre, sous une niche
gothique, la Sainte Vierge, tenant l'enfant Jésus, et un homme en prière;
au-dessous de la niche, deux lions accroupis et adossés; légende : -\- s'
henr' de ROM* INVESTITI baston'. C'est certainement lui ce Her
Heinric, pastoir van Bastenake, qui est cité au nombre des conseillers du
duc et de la duchesse de Brabant, le 5 décembre 13(31, dans une charte
datée de Bruxelles (4).
Qualifié de chanoine de Metz à partir du 18 mai 1375, il ajouta bientôt
à ce titre celui de secrétaire du duc Wenceslas (1376J et devint même
receveur général du duché de Luxembourg (I" octobre 1378 — 1" octobre
1384); encore vivant en 1385-1386, semble-t-il, il dut mourir peu après :
en tout cas, la recette générale fut confiée à partir du 1" octobre 1384 à
Pierre de Saint-Vith, curé de Septfontaines et chanoine d'Ivoix.
Ce personnage d'importance, qui paraît avoir joui de toute la confiance
de Wenceslas, était appelé indifféremment Henri de Bastogne (Bastenach
1375, Bastenachen l.'n7, Bastongne 1379) ou de Remagne (Rommaingne
1376, Roumaigne Vois, Rommaigne 1379, Romaigne 1380-1384, Romain-
gne 1381-1384, Roman a ne 1380, Remengne 1379); son sceau de 1365 lui
donne le nom de Rom(anio] . Le 5 mars 1379, il use d'un second scel où
se voit encore, dans le champ, une/o/ (deux mains jointes en forme de
(1) La plus ancienne forme du nom est donc bien Romania ou Romonia, et non Remania.
Notons, à ce propos, qu'il y avait un Romagne près de Damvillers, appelé Rouinagnc
en 1353, Ratnaingyie deleis Danvilleirs en 1378.
(2) Cart. de Houffalize.
(3) G. Kurth, Chartes de Sahit-Hubert, I, 1903, p. 129.
(4) Verkooren, Chartes et cart. de Brabant, t. III (1912), n» 1924, et IV (1912), n» 2255.
— 146 —
demi-sautoir, cantonnée des lettres T à dextre, o à sénestre et i en pointe;
dans la légende, on distingue encore les lettres ...RO.. (1).
En même temps que Henri, vivait un Godefrin de Remagne, homme
iugeable de la Salle de Bastogne au 24 avril 1367, le même sans doute
que Godefrin de Remagne, cité comme sergent de Mirwart le 27 décem-
bre 1381, et que ce Godefrin de Romaingne qui recevait avec Henry de
Bastongnc (le secrétaire du duc, probablement), sur le ferrage d'Ecombre,
« pour leurs provendes d'Ivoix », 1 muid 6 stiers de wain, livrés par le
receveur d'Ivoix pour l'exercice 1" octobre 1385-1<^'^ octobre 1386 (2).
Un Johan de Remaingne était homme de la Salle de Bastogne le
8 a\Til 1399 (3); nous avons rencontré en mai 1446 une Aleyde de
Romangne, femme du bâtard d'xA.utel.
En 1544, nous l'avons dit, Guillaume de Dave, résidant à Remagne,
acquit, paraît-il, tout ce que Jean Stheling (?) — cité en 1518 comme frère
de Philippe de Bodange — possédait à Bodange, Bastogne et Remagne.
En 1576, les dîmes de Remaingne se partageaient entre le curé et les
seigneurs de Rollé et consorts; en 1602, les collateurs étaient l'abbé de
Saint-Hubert et les sieurs de Rollé et de Naves (4).
Du chef de ces dîmes et du droit de collation, les Everlange (qui les
tenaient peut-être des Dave, par suite du mariage de Bernard d'Everlange
avec Catherine de Dave) se considérèrent, par la suite, comme possédant
une partie de la seigneurie de Remagne (5).
Peu de temps avant la mort de son mari Jean d'Everlange, sgr. haut-
justicier de Witry (-{- vers 1665), Françoise d'Auxbrebis racheta à
Irmengarde d'Everlange, fille de Salomon (frère de Jean), la part dont
elle avait hérité dans la seigneurie de Witry, du Chesne et de Remagne,
(1) Cf. au sujet de Henri de Remagne : Goffinet, Clairefontaine, 1877, p. 179; de Raadt,
Sceaux arm., II, 216; les chartes de Luxembourg (n«^ 1077, 1078, 1112, 1114, etc.); Ch.
des Comptes, reg. 6116, 2628, 15905, etc.
(2) Cart. de HoufTalize, fol. 53 v°; Annales d'Arlon, t. 17, p. 53; Ch. des Comptes,
reg. 2657, fol. 77.
(3) Cart. de Houffalize, fol. 44 et 45.
(4) J. Vannérus, Biens et revenus du clergé luxembourgeois, enquête de 1575-1576, p. 123;
Doyentié de Bastogne en 1002.
(5) Pas encore en 1605, année où Nicolas d'Everlange déclara tenir des archiducs les
seigneuries de Witry, Arloncourt, Châtelet, Hollange, Tintange et Vaulx, le tiers de
la seigneurie de Bercheux et le quart de celle du Chesne ; il fournit le dénombrement de
ces biens le 28 février 1605, à Luxembourg (Tandel, Comin. Lux., VI, p. 245).
En 1589, Jean de Cobréville était seigneur de Remagne, à en croire Tandel (VI,
p. 1154) : ce titre peut s'expliquer par les cessions de septembre 1587 signalées dans
l'histoire de Laval.
— 147 —
dans le moulin de Witry et la dîme de Bercheux. D'autre part, par divers
actes passés du l'î mai 1(369 au '24 juillet 1676, le fils de Jean et de Fran-
çoise, Jean-Bernard d'Everlange, racheta à ses autres parents les parts
dont ils avaient hérité, lors d'un partage effectué le 19 juillet 1649, dans
les seigneuries de Witry, du Chesne, de Remagne et de Lullange, dans
la dîme de Bercheux et le moulin de Witry.
En 1677, Jean de Villers-Masbourg, qui avait épousé en 1655 Marie
d'Everlange, fît le retrait de la part de la seigneurie de Remagne engagée
par son oncle Joseph de Villers, curé de Bercheux, et de la propriété de
la moitié vendue par son beau-frère Robert au S"^ Hardy, prévôt de Neuf-
château. Aussi dans le dénombrement présenté à Metz, le 18 janvier 1682,
Jean de Villers reconnut-il tenir du roi de France, entre autres droits, la
collation de la cure de Remagne, prévôté de Bastogne, ainsi que quel-
ques autres revenus, conjointement avec le seigneur de Rollé.
Le fils puîné de Jean et de Marie d'Everlange, Philippe-Jacques de
Villers-Masbourg (né en 1662, mort en Espagne entre 1723 et 1735),
s'intitulait seigneur de Remagne; de sa femme, Marie-Jeanne de Harroy,
il ne laissa qu'un enfant, Marie-Claire-Joseph (née en 1699), qui épousa
Simon Watlet, de Martouzin, et testa en 1753 (1).
Rechrival
Les droits des seigneurs de Laval en cette localité remontent égale-
ment, sans doute, à la donation de 1400, qui annexa à Laval ce que le
duc avait à Rechrival, en sujets, revenus et cens.
Comme celui de Remagne, le moulin de Rechermal (lisez Recherival)
ou de Richierval faisait en 1315 partie du domaine du comte de Luxem-
bourg, sous la mairie de Loville ; or, le moulin de Richeval se trouvait
parmi les biens d'Orley de 1532 à 1556,
Chose curieuse, ce village était le siège de la mairie de Louville ou
Loiipville, dans la prévôté de Bastogne, et donna son nom à une église
qui portait précédemment le même nom que la mairie.
Loville (Lotvilla) faisait partie du domaine primitif de l'abbaye de
Saint-Hubert et est citée au nombre des possessions confirmées au
monastère en 817 par l-'évêque Walcaud. « Ce village », dit M. Kurth,
« aujourd'hui disparu, se trouvait près de Rechrival (Tillet); il constituait
» encore au XIV*^ et au XV*^ siècle une mairie dite de Louille... » (2).
(1) Tandel, Comm. Lux., VI, pp. 253, 1312, 1380.
(2) G. Kurth, Les premiers siècles de l'abbaye de Saint-LLubert, dans Bull. Coiinn. R.
d'Hist., 5" s., l. 8 (1898), p. 31. Plutôt que Louille, il faut lire Loville.
— 148 —
On dit cjuc ce vilhit^e fut détruit après 158!)^ mais sa disparition doit
être antérieure : si Loville apparaît encore au dénombrement des feux de
1 iî).") { I ) connue village, je ne trouve plus jamais son nom cité par la suite
qu'à propos de la mairie ou de l'église.
Le 7 septembre 1571, pardevant la Salle de Bastogne, Guillaume
Saultrey et Louise d'Aremberg, sa femme, vendent à Nie. Duchanoy et
Catherine de Joudainville, conjoints, entre autres biens « leur échus
après le tiépas de feu Arnold Bonmaître, leur oncle, et provenant de la
ligne et costé de Wal », leur part de la dîme et de la collation de
Recliival ; avec l'abbé de Saint-Hubert, Nicolas Duchanoy conféra
différentes fois, à cause du droit compétant à sa dite épouse, la cure de
Loupville dit Rechival (2).
En 157(_), la dîme de Loupy dict Recherival se partageait entre le curé,
l'abbé de Saint-Hubert et d'autres; en 1602, sont indiqués comme colla-
teurs de Loupville ou Rechrival l'abbé et le s'' d'Arville (du Chanoy ) (3).
Chisogne
Dès le commencement du XL siècle, l'abbaye de Saint-Hubert eut des
biens en cette localité : vers 1028, le comte Gozelon de Bastogne lui
donna diverses terres, entre autres in Chi&onia, dimidium mansiim et
tri gin ta familias (4).
En 1315, Chiesoingne est cité par VUrbar du comte de Luxembourg,
dans la mairie de Loville ; est mentionné dans la même mairie Chisonne
en 150") et en 1525; Chessonne en 1528, Chiesoinge en 1541, Chesongne
en 1561, Chisoingne en 1574.
Jtr\neville et Moircy
Jenneville (Scheuville = Schenville), rattaché à Laval par le catalogue
de 1766-1771, l'est également sous la forme méconnaissable Char ni lie,
par les Commîmes Luxembourgeoises (t. IV, pp. 625 et 626), d'après un
relevé de 1766.
(1) Ch. des Comptes, reg. 45743.
(2) Cartul. Nothumb, n'^s 593 et .524. En 1.593, Duchanoy relaisse pour neuf ans sa part
de la dîme de Rechival (ibid., n° 529).
Le 25 juin 1665, Ernest et Nicolas de Vaux engagent leur part des dîmes de Mande-
Sainte-Marie et de Rechrival, avec les menus cens en dépendant. (Ibid., n° 528).
(3) Voir les enquêtes sur les revenus du clergé luxembourgeois, publiées par moi.
(4) Kurth, Chartes de Sai?it-Hubert, I, p. 12.
— 149 —
On a fait de même pour une localité voisine de Jenneville, jMoircy :
« Sous la domination espagnole et longtemps après encore », lisons-nous
dans les mêmes Communes (VI, 1145), « Moircy faisait partie de la
» seigneurie de Laval (Tillet). On dit que c'est un des seigneurs de Laval
» qui a fait construire la chapelle de Lorette, située sur le Thier de ce
» nom, pour avoir en échange une partie des bois de Lambayfays, qui,
» aujourd'hui encore, est comprise dans le domaine de Laval » (l).
Jenneville et Moircy n'ont jamais, je crois, fait partie de la seigneurie
de Laval : tout au plus les propriétaires de ce château ont-ils possédé
certains droits et revenus dans ces deux localités, et on peut attribuer
l'en'eur à la circonstance que les Orley jouirent d'une part de dîme à
Remagne et dans ses dépendances, Meixhv et Josterfelt, c'est-à-dire
Moircy et Jenneville (2). Cette dernière localité était même autrefois le
siège d'une des six féautés ou mairies de Saint-Hubert, appelée aussi,
précédemment, mairie de Moircy.
Weiler
A Weiler, les seigneurs de Laval possédèrent un bien important, avec
dîmes, cour échevinale, hommes de fief, rentes dites schajf rentten, etc.,
s'étendant sur Bellain, Hoffelt et Hachiville. D'où leur provenait-il?
Il y avait à Weiler une famille noble (portant le titre d ecuyer dès 1329),
avec laquelle il semblerait au premier abord vraisemblable d'apparenter
les propriétaires de Laval. Les données que nous possédons sur la famille
de Weiler (3) corroborent-elles cette hypothèse ?
Frédéric ou Ferry I de Weiler (Wyeler) est mentionné à partir du
9 octobre 1317, jour oii il devient vassal du roi Jean de Bohême et en
(1) Le bois de Lambayfays (notre Lambiefay de 1681) a été indivis entre Remagne et
Moircy jusqu'en 1862. (Tandel, VI, p. 1144).
(2) L'identification de ce Josterfelt ou Jasterfclt m'avait précédemment laissé perplexe
(v. p. 100) : cette localité dépendant, au point de vue de Ip dîme, de Remagne, ne peut
être que Jenneville, sis en la paroisse de Remagne.
On connaît pour Jenneville les formes wallonnes Jusaineville (1291), Jusonville (1331),
Jiizainville (1334), Jehemnlle (1563), Jelmmeville (1625), Chenneville (XVIII« siècle); les
mentions de 1331 et 1334 ne doivent pas, comme le pense M. Kurth (Chartes de
St Hubert), se rapporter à Jehonville (dont les anciennes graphies Jusumnle [1139],
Gysunvi/e [1214], Gesenville [1330], Gcsonville et Gisoiiville [1350], se rapprochent singuliè-
rement de celles de Jenneville).
(3) D'une façon générale, pour les Weiler, voir : van Werveke, Documents..., dans
le t. 40 des Piàlic. de Lu.x., pp. 390, 392 et 422 ; Table de Wûrth-Paquet, mêmes Public,
passim; Arch. de S'« Ode, chartes, 1434; Bormans, Lesficfs de Namur, 1876. pp. 122, 167
et 268; Arch. de Clcrvau.x, n°^ 252, 959 et 1257; Tandel, Les Comm. Lu.x., t. IV, pp. 325,
465, 467, 470, 501, 505, et t. V, pp. 361, 398, 467, 469, 478, 491 ; Annuaire de la Nobl. belge,
1899, gén. de Waha ; etc.
— 150 —
reçoit en fief le moulin de Wye/er ; le 22 novembre ÏWli), (lualifié decuyer,
il s'accorde avec un ménage de Hoffelt, qu'il voulait astreindre à aller
moudre au moulin qu'il avait en ce dernier lieu.
En l'M'A, nous avons rencontré Ferry de Wiiier, homme de fief de
Houftalize; le 1" mars 1345, est cité Frédéric de Wilre, le 22 novembre
1384, Frédéric de Weiler. En 1418, 1441 et 1445, paraît-il, Fery de Vildre,
maveur de Laroche, et son fils Jean relèvent Vecquemont de l'abbaye de
Stavelot. J'ai, pour ma part, rencontré un Frédéric de Weiler à partir du
25 juillet 1433, alors qu'il relaisse un pré sis entre Ulvingeii (Trois- Vierges)
et Sassel, par un acte muni de son sceau; le 16 novembre 1434, sage et
honorable Ferv de Wilre était sire de Grantchamp ; Fery de Wilre ou de
Î7//6' était mayeur de Laroche les 8 août 1435, 19 février 1437, 28 sep-
tembre 1442 et 4 décembre 1447. Le 15 mars 1448, Ferri de Willre, sire
de Grandcajuf), prend en engagère la cour de Mormont; il est encore
mentionné le 3 mars 1454.
Le 16 septembre 1431, Ferri de Wilre relève de Namur un fief sis à
Fontenelle près Walcourt, par suite du décès du père de sa femme, Jean
de Cens; ce fief avait appartenu précédemment à ce dernier et à son père
Lambert de Cens (encore cité comme homme de fief de Namur le 21 jan-
vier 1391).
En juillet 1469, lors du dénombrement de la prévôté de Bastogne, on
inscrivit à Weicherdange « une maison quy donne cens aux hoirs de Weiz
et à fils Feris de Grandchamps ». Il s'agit évidemment ici de ce Jean de
Wilre, sire de Grainchamps, qui releva la moitié de la vouerie de Séves-
court le l*""^ mai 1471 et qui épousa, dit-on, Marie de Jamblinne, dont il
eut une fille : Jeanne de Wildre, dame de Grandchamps, Vecmont et
Godinne^ épouse de Jean de Waha de Fronville, chevalier, seigneur de
Baillonville par relief du 23 mai 1499, mort peu avant novembre 1514,
dont la descendance posséda Grainchamps, Erneuville, Vecmont. Il est
à noter que le prévôt de Poilvache était d'avril 1520 à mai 1532 un Henri
de Wildre, seigneur de Grainchamps, créé chevalier en 1501, et en 1607
Everard de Waha, sgr. de Vecquemont ; ce Henri doit avoir été un frère de
Jeanne, mort sans hoirs, puisque Grainchamps passa à la descendance de
Jeanne.
Quant à "^rarie de Jambline, je ne l'ai pas rencontrée, pour ma part, et
mes sources ne m'ont fait connaître, comme épouse de Jean de Weiler,
qu'Else de Brandenbourg, bâtarde de Clervaux, fille naturelle de Ferry
de Brandenbourg, seigneur de Clervaux; c'est ce qui résulte de nombreux
documents du cartulaire de Wiltz, dont je vais signaler ici les plus impor-
tantes (1).
(1) Arch. Sect. Hist. Lux., Cartul. de Wiltz, ff. 316, 359, 361, 363, 364, 367, 368, 370,
371, 372, 374, 376; chartes X 30, X 62; Legs Mûnchen, AA 33. (Anal, van Werveke.)
— 151 —
Le 22 juillet 1488, Jean de Wveler et Else, bâtarde de Clervaux,
vendent à Bernard d'Orley et à sa femme tous leurs biens de Heltzingen,
pour fournir la rançon de Jean; en garantie, ils assignent leur maison de
Wveler et leurs biens de Grantschan, dans la seigneurie de Laroche;
Gérard, sire de Wiltz, suzerain des biens de Helzmgen, scelle l'acte.
Le 24 février 1490, Jean de Wieler, écuyer, reconnaissant devoir encore
50 florins à Bernard d'Orley, promet de ne dégager les biens et rentes de
Heltzingen, précédemment vendus à Bernard, qu'après paiement des
50 florins (1).
Le 21 décembre 1497, Jean Ferry de Willer et Else de Brandenbourg,
fille naturelle de feu Ferry de Brandenbourg, sire de Clereval, conjoints,
empruntent de leur filiâtre Jean Ramel et de Françoise de Stambay, sa
femme, 60 florins à 32 bavières de Luxembourg pièce, pour lesquels ils
engagent les maisons et héritages de Jean de Dorsschet et de Jean le
Tiissan, de Someren. Gérard, sire de Welcz, scelle le document.
Les ventes se succèdent ensuite rapidement : le 20 mars 1499, nous
l'avons vu, Jean vend au seigneur de Wiltz, et à sa femme, tous ses biens
et rentes en la paroisse de Helzingen, à Hoefelt et à Wyler, engagés dans
le temps à Bernard d'Orley. I>e 6 juin 1500, il cède aux mêmes, pour
140 fl. à 24 Vûyspennick, par devant la cour féodale de Wiltz, un pré dit
die Nuewe Wies et un vivier y attenant dit Quarbert: le 12 février 1502,
pour 70 fl. semblables, un moulin à Weiler, un pré en ce lieu, vers
Hoffelt, et toutes ses corvées de charrues et autres à Helzingen et
Weiler.
Le 21 décembre 1502, il vend à Pierre de Weicherdange sa part du
bois i7i Biiefinger Hart, ainsi que deux voueries à Wieler, engagées à
Jean Rammé pour 60 fl. (2); le vendeur scelle, avec Gérard, sire de Wiltz,
de qui les biens meuvent en fief. Il vend encore à Gérard, en 1504, huit
arrière-fiefs sis à Hoffelt, pour 8 fl. du Rhin en or; le 3 février 1505, le
petit moulin dessous Weiler, deseure Gondebericht, pour 50 fl. à 21 gros
(1) Le 30 septembre 1494, Jean et Henri de... déclarent que leurs biens de Hoichfelt
sont fiefs de Wiltz et que leur père les avait engagés à Guillaume bâtard d'Orley pour
60 fl. du Rhin ; ils permettent à leur frère aîné Arnold de les vendre, et ce du consente-
ment de leur oncle Louis, alors au couvent de S* Antoine à Pont-à-Mousson ; Jean Ramy
scelle l'acte. (Cart, de Wiltz, f. .Sl(3). Cette analyse pourrait se rapporter à nos Weiler.
(2) Cette vente est mentionnée dans la liste des vassaux de Wiltz insérée dans le
dénombrement de la comtesse de Wiltz, le 14 mars 1682 :
« Le s'" de Wecherdingen, Nicolas Totteraid, greffier d'Arlon, tient en fief de noble
» seigr Gérard, comte de Wiltz, de l'an 1473, ô^ janvier, une parte à la dixme de Wei-
» cherdingen, rapportant environ 5 ou 6 malders ; item 2 voueries à Weiller, au lieu dit
» Thcilhusch im Beuver Hard, que Pier de Wecherdingen at achepté du s-^ de Weiller,
» que Jean Ramé avoit cy devant engagé pour 60 fl. au s'" de Steinbach... ».
— 152 —
i deniers de T.uxeinl)Ourf];. En l'M), Bartelmus d'Asselborn dit Luecke
permet à Gérard de racheter de lui, pour iS li., une créance de 54 11. lui
due par Jean de Willer.
Enfin, le '21 septembre 1507, Jean vend à Servais de Weiler, à grâce de
rachat, différentes terres à Weiler, pour 6 fl. à 32 beyer ; et le 5 février
150!) (jour de Sainte-Agathe), il déclare avoir remis à Gérard, sire de
Wiltz, une lettre émanant de Jean, roi de Bohème, et portant autorisation
pour son ancêtre Frédéric de Weiler de contraindre les habitants de
Hoffelt à faire moudre au petit moulin sis en-dessous de Weiler; Jean
ajoute que de son temps les habitants susdits ont moulu au moulin, et les
contrevenants ont été punis.
Else de Clervaux apparaît déjà avec un premier mari, Henri de Stein-
bach, le 15 novembre 1466; d'après Tandel, même, Henri de Stenbay
avait épousé D"'' Elze de Vilre ou Wilre dès 1451 et en eut un fils. Ramé
de Steinbach; quoi qu'il en soit, J. Ramel et Françoise de Steinbach, sa
femme, signent le 16 février 1532 n. st. une reconnaissance de dette
pour eux et leur mère, Else de Clervaux, fille naturelle de Ferry de
Brandenbourg (l'époux de Françoise d'Argenteau). On le voit, si Jean de
Weiler a réellement épousé une Marie de Jamblinne, nous devons
admettre qu'il s'est remarié, entre 1466 et 1488.
Vecquemont et Grainchamps (dépendance actuelle d'Erneuville) appar-
tenaient donc aux Weiler dès le commencement du XV*^ siècle; il est à
noter qu'en 1315, le sire de Beauraing était homme et pair du château de
Laroche, du "chef de son château de Beauraing et des cours de Grant-
champ et d' Erkoigfieiii/le{[): Erneuville, mentionné en 1354 sous la forme
Erlonguevilhe, était, en janvier 1 429, le siège d'une cour féodale appar-
tenant à D"'^ Jeanne de Wambay, à ce que nous apprend une charte
appelant cette localité Ernogville, Ernoigville, Erlongville (2). Comme
Erneuville apparaît plus tard dans les mains des de Waha, descendants
de Jeanne de Wildre, avec Grainchamps et Vecquemont, on peut supposer
que la localité appartint également aux Weiler, au moins au XV '^ siècle.
Dès lors, aucun indice ne me permet d'expliquer l'assertion de Geubel :
vers 1343, Jean de Jemeppe, sire de Noville, relève de Houffalize « les
châteaux de Walkenheusen et à' Eriioiiville »/ le renseignement me
semble d'autant plus être erroné que quatre ans après Welchenhausen
relevait du seigneur de Wiltz; cette erreur peut, je pense, s'expliquer de
la façon suivante : la source à laquelle Geubel a puisé faisait simplement
(1) Urbar publié par M. van Werveke, p. 50.
(2) Kurth, Chartes de Saint-Hubert, 1, p. "xST ; Archives de Sainte-Ode, chartes. Au
dénombrement de 1541, Arnoville Q?,i relevé, avec Grantchavipz, sous Laroche; en 1586,
l'église à'Artiiville est mentionnée comme église-mère de celle de Hives.
— 153 —
allusion au relief de 1343 : ce relief comprenant en effet la maison de
Noville et quatre maisons à Foy et Noville, Jean de Jemeppe relevait
par là-méme la maison qui devint plus tard, par suite de l'acquisition
qu'en fit Thierri I de Welchenhausen, la « maison de Welchenhausen »,
à Noville. Les termes « les châteaux de Walkeniieusen et d'Ernouville »
doivent donc se lire, je pense : « le château (appelé plus tard :) de
Walkenheusen à Nouville » (1).
Si les renseignements que nous avons réunis sur la famille de Weiler
ou Wildre nous ont permis de rectifier une erreur d'importance commise
au sujet du château de Welchenhausen, ils ne nous ont pas, par contre,
révélé de parenté entre les seigneurs de Laval et les Weiler, pas plus
qu'ils ne nous ont mis en situation d'expliquer les rapports de Weiler
même avec la terre de Laval. A un moment donné, cette famille aura-
t-elle cédé ses droits seigneuriaux sur Weiler aux Laval ? Nous ne saurions
le dire : en tout cas, les différents Frédéric de Weiler que nous avons
rencontrés au XIV*^ siècle ne possédaient pas, semble-t-il, la seigneurie
de Weiler, qui ne figurait pas parmi les fiefs que leurs successeurs tinrent
des seigneurs de Wiltz; ils n'y avaient, au XV*^ siècle, qu'un simple
manoir (2).
Les dîmes de Bellain constituaient un important fief wiltzois; en
dehors des Orley-Laval, nous en trouvons une part entre les mains de la
famille d'Autel, au XV'^ siècle : le 11 novembre 1475, Gilles d'Autel,
seigneur de Koerich, rend hommage à Gérard, sire de Wiltz, pour les
rentes de Kaundorf et la part des dimes de Beslinck qu'il a mouvant de
Wiltz; treize ans après, le 1" octobre 1488, Thierri Grveffenclaeghe de
Felretz prête hommage au même Gérard pour des rentes à Hachiville et
à Bellain, relevant de Wiltz et héritées de son oncle, feu Thierri, seigneur
de Hollenfeltz (3).
La dîme de Botdaide
En 1440, le seigneur de Laval et son épouse engagent à Jean de
Swertzheim leur part de la dîme de Boulaide.
(1) A propos des dépendances de la seigneurie de Noville à Foy, signalons qu'au
dénombrement de la prévôté de Bastogne en 1469 figure, à Faing, une maison « qui paie
» trécens à hoirs de ceulx de Werckenhouse » ; chose curieuse, le souvenir des Welchen-
hausen subsiste encore à Foy : Faysous, nous apprend une note de 1877, est un lieu-dit
de Foy désignant des « terrains ayant appartenu à un ancien seigneur de Noville appelé
Falquenouse (?) ». (Tandel, IV, p. 58.3).
(2) Le dénombrement de la comtesse de Wiltz, en 1682, mentionne parmi ses vassaux
le s'^ de Weiller, à raisoti de sa inazur e à Wiltz et ce qu'il at à Weiller, Hoffelt et Heltzingeii:
il s'agit ici du seigneur de Laval ; la masure de Wiltz est la borchplacze relevée par Claude
d'Orley en 1497 et où s'élevait sans doute précédemment une maison castrale (burghausj .
(3) Cart. de Wiltz, ff. 206 et 214 (anal, van Werveke).
— 154 —
Cette dîme, nous apprend Bernard d'Orley, ne relevait pas de Wiltz.
Elle devait dépendre de la cour féodale d'Arlon, car c'est devant le
prévôt, deux hommes féodaux et deux échevins de cette ville que Pierre
Fusgin et Else, sa femme, veuve en premières noces de Conrad de
Saurfeld, vendirent à Jean Husman, d'Arlon, et à son épouse, le 27 août
1461, leur part dans la dîme du ban de Bussleiden, à l'exception de ce
qu'ils ont donné à l'église de Strainchamps ; le 8 avril 1469, pardevant
deux échevins d'Arlon, Pierre Faussjen et sa femme reçoivent encore
20 florins de Houssman, en augmentation sur le prix de venté de leur
dîme de Boussleyden ; le 2 janvier 1472, la veuve de Pierre Fusgin déclare
encore, pardevant le sous-prévôt et un échevin d'Arlon, avoir de nouveau
reçu 11 florins sur la même dîme (1).
Le 28 décembre 1587^ devant les prévôts et hommes jugeables de
Houftalize, Catherine de Benonchamps, fille de Louis et d'Elise de Lucsy,
renonce au profit de son frère, Paul de Cottin, issu du premier mariage
d'Elise avec Henri de Cottin, à tous les droits pouvant lui appartenir en
les rente et dîmes de Busleyden et de Tintenge.
D'autre part, c'est sur la dîme de Boulaide que Marie Lamborel. veuve
de Nicolas d'Everlange, fonda par testament, en 1649, deux messes en
sa chapelle castrale de Witry et en l'église de Remoiville (2).
Quant à ce qui concerne le droit de collation de la cure, il est à noter
qu'en 1483, le curé avait été présenté par Gérard de Wampach (de Wam-
pasio), comme tuteur des enfants de feu Henri Ruffignon, et par Hue
d'Enscherange (3j; Gérard de (Nieder-) Wampach avait épousé une fille
de « feu le joesne H. Ruffignon » (I48i), tandis que Hugues d'Ensche-
range était l'époux de Marie d'Ober- Wampach, fille de Catherine
Ruffignon : le droit de collation provenait donc des Ruffignon, semble-t-il.
L'église de Boulaide (Bnilaidas) se trouvait, avec celles de Maissin et
de Martelange, au nombre des biens dont la possession fut confirmée à
l'abbaye de Saint-Hubert par l'évèque Walcaud en 817, mais les trois
églises ne figurent plus dans la bulle de confirmation de biens octroyée
par Innocent II, en llo9. Celle de Boulaide avait sans doute passé à
l'abbaye de Stavelot, car en 1088 nous voyons Macaire de Chimay et
Boson de Barse donner à ce monastère leurs alleux de Boulaide (Bnilai-
das) et de Berlé, avec la dîme de Bavigne (4).
(1) Arch. de Marches de Guirsch, \, n°' 73, 86, 92.
(2) Comvi. Lux., IV, 4'J7; VI, 285.
(3) Arch. de Reinach. n° 2097.
(4) G. Kurth, Chartes de Saint-IIuhert, I, p. 5; cf. c R H, t. 8 de la 5" s. (1898), p. 34.
K. Hanquet, La Chro7i. de Saint-Hubert, 1906, p. 12. Halkin et Roland, Chartes de
Stavelot-Malmedy , I, p 244.
155
Le bien de Die kir ch
Nous avons vu, dans notre introduction, qu'une moitié du droit de
collation de l'église de Diekirch appartenait en 1326, à Gérard de Wiltz
ou à Wautier de Wiltz dit de Bereldange; en 1385, à Waleran du Chêne,
comme mari de Julienne de Welchenhausen ou Laval; en 1402, à Jean I
d'Orley, second époux de Julienne. En 1489, Gérard, seigneur de Wiltz,
renonce à tout dioit de patronage au profit de Bernard d'Orley, petit-fils
de Julienne; celle-ci possédait ce droit en qualité d'héritière de la
seigneurie de Laval.
A toute évidence, c'est de la maison de Wiltz que cette moitié du droit
de collation de Diekirch échut à Julienne de Welchenhausen.
Notre longue enquête sur les origines de Laval, ainsi que sur la consis-
tance et les dépendances de cette terre ne nous a malheureusement pas
appris grand chose sur ses rapports avec la famille de Welchenhausen.
Elle ne nous a pas fait trouver le nom des propriétaires de Laval
antérieurs à 1385 et nous a, tout au plus, amené à la conclusion que ce
château, privé de l'exercice de la haute justice avant 1400, a dû appartenir
aux XIIL et XIV' siècles à quelque famille du pays, portant habituelle-
ment le nom d'une terre plus importante que le bien de Laval. Ce nom,
nos recherches ne sont pas parvenues à le déceler, jusqu'à présent.
Quelques indices, toutefois, sont à retenir dans les renseignements
réunis sur Laval et ses dépendances, car ils nous permettent de restreindre
le champ de nos investigations ultérieures.
En effet, si Laval constituait, avec son bien de Diekirch, un fief luxem-
bourgeois, si la dime de Boulaide ressortissait de la cour féodale d'Arlon,
par contre le bien de Weiler, dépendant également de Laval, relevait de
Wiltz. D'autre part, le bien de Diekirch, c'est-à-dire la moitié de la
collation de l'église, des dimes et des fiefs y attachés, avait, avant
d'arriver à Julienne de Welchenhausen, appartenu aux seigneurs de
Wiltz : on peut donc, fort légitimement, admettre qu'une parenté très-
proche unissait la dame de Laval à la famille de Wiltz, ce qui explique-
rait, par surcroît, les relations fort étroites que ses successeurs, les d'Orley,
entretinrent toujours avec les dynastes wiltzois; plus spécialement,
aurait-on ainsi l'explication du titre de nebe7i donné en 1429, par Jean II
d'Orley de Laval et sa femme, à Jean, seigneur de Wiltz.
Par contre, nous ne savons toujours nen de la parenté qui unissait
Julienne à Thierri I de Welchenhausen et aux siens. L'examen de ce
problème nous oblige à reprendre la question de plus loin.
— 156 —
L'origine de Thierri I de Welchenhausen
Les circonstances dans lesquelles le nom des Welchenhausen fait ses
premières apparitions ne laissent pas que d'exciter notre curiosité : alors
qu'avant 13 i7, nous n'avons pas rencontré une seule fois cette famille (1),
elle surgit tout d'un coup de l'obscurité, au milieu du XIV'' siècle, repré-
sentée par un personnage important, titré de chevalier (1347); investi
bientôt des fonctions de prévôt d'Ardenne (1353), puis de celles de
lieutenant et sénéchal (!2) du duché (i36!2); dont les armoiries s'apparen-
tent à celles des familles les plus illustres de la région; alliée, enfin, à de
riches et anciennes maisons.
Ces circonstances rendent des plus vraisemblables la supposition que
Thierri I de Welchenhausen était un cadet de famille, appartenant par
sa naissance à quelque race notable du pays. Pour tenter d'élucider cette
question, nous n'avons à notre disposition qu'un moyen d'investigation :
scruter de près, d'une part, l'histoire des biens et revenus possédés par
Thierri I ; d'autre part, celle des familles de la région ayant porté, à cette
époque, des armoiries caractérisées par un énissori plain, en abîme.
Les possessions de Thierri I
En 1347^ on s'en souviendra, les héritages de Thierri et de sa femme
comprenaient la dîme d'Enzen, le bien de Sellerich et de Winterspelt,
(1) Le 3 décembre 1327, le pape Jean XXII accorde à Thierri, fils de Henri de Mercen-
chusen, Merchenchusen ou Mercenhusen, deux canonicats, en l'église de Notre-Dame d'Aix
et en celle de Kerpen (H.-V. Sauerland, Urk. u. Reg. zur Gesch. der Rheinlande aies dem
Vatik. Archiv., II, Bonn, 1903, n^^ 1346 et 1347; avec l'identification erronée, Metzen-
hausen près Simmern. — A. Fayen, Lettres de Jeiin XXII, II, Rome, 1UU9, n» 2069).
Les prénoms Thierri et Henri, caractéristiques de nos premiers Welchenhausen ;
la mauvaise lecture Melckerliuyse rencontrée à propos de Henri de Welchenhausen; la
forme courante Werchenhusen ; ces diiférentes circonstances m'avaient d'abord amené à
supposer que le document de 1327 concernait des membres de la famille qui nous occupe.
11 n'en est rien, cependant, et Henri de Mercenhusen tirait son nom de Merzenhausen,
à une lieue de Juliers. Un personnage appelé habituellement Henri d'Overbach (localité
située à un kilomètre de Merzenhausen) usait, en novembre 1362 et en novembre 1363,
d'un sceau portant la légende : _j- s'. henrici-de-[m]ercenhvseN'MILIt'; les armoiries
nont rien de commun avec celles de nos Welchenhausen. (A. Verkooren, Inv. des Chartes
et Cnrt. de Brahant, III, n« 1987, et IV, n° 2107, etc.).
(2) Dapijer, sénéchal, drossart, truchsess, sont les noms que prirent les prédécesseurs
dts gouverjieurs du Luxembourg. Ce dernier titre ne prévalut qu'au XV® siècle. (Cf. van
Wtrveke, dans les Puf'/. de Luxembourg, t. 40, p. 259).
— 157 —
celui de Welchenhausen et celui de Vossin. D'autre part, ces époux ou
déjà leurs parents ou ancêtres, ont possédé des droits assez importants
sur Flamisoul et Witry, Hasborn, Recht.
Voyons successivement ce que nous connaissons de ces différentes
possessions.
La dîme d'Enzen
Pour l'identification à'Insin, il pourrait y avoir doute, et l'on pourrait
hésiter entre Entzen près de Zùlpich et Enzen près de Bitbourg. Cepen-
dant, il ne peut s'agir que de ce dernier, dans la charte de 1347 : la
première localité, en effet, oi^i l'abbaye de Prùm, puis celle de Siegburg,
possédait des biens considérables et dont le château relevait en fief de
JuHers (l), ne semble pas avoir eu de rapports avec Dasbourg et Vianden.
Par contre, Enzen appartenait à la mairie de Nosbaum, dans le comté
de Vianden, et le village voisin de Stockem appartenait à la fin du XIIP
et au commencement du XIV*^ siècle aux seigneurs de Neuerbourg (2).
De plus, le suzerain de la dîme d'Enzen en 1347, Thibaut de Bar,
seigneur à Pierrepont et à Dasbourg, était le deuxième époux de Marie
de Namur, veuve de Henri, comte de Vianden.
D'ailleurs, tout doute tombe en présence de la circonstance suivante :
le 18 octobre 1533, Jean vam Kruytze, le jeune, fils de Jean va7n Kruvtze,
relève devant la cour féodale de Vianden, un fief déjà relevé par Huart
de Crtitzi en 1477 : Eussenbach et Ajfolter, achetés de Jean van Rudlin-
gen ; une maison castrale à Dasbourg, etc. ; de plus, la dîme d'Enzen,
provenant des Welchenhausen : den Intzener tzheenden, der da kumpt
van den Welchenhusen (3).
J'ignore comment la dîme d'Enzen passa des Welchenhausen aux von
dem Kruytze; je ne suis malheureusement pas mieux renseigné sur ses
possesseurs d'avant 1347.
Sellerich et Winterspelt
Sellerich (paroisse de Brandscheid) formait avec Hontheim et Hers-
cheid une écoutèterie de l'abbaye de Prùm, encore appelée cour de
Sellerich.
Le record de Sellerich, publié par Grimm, désignait comme seigneur
(1) Barsch, E{fl. ill., 3" v., l-^^ p., 1852, p. 204.
(2) Ibidem, .3® v., 2® p., 1852, pp. 578-579; cet auteur met erronéinent Enzen dans la
mairie de Freilange.
(3) Arch. Gouv\ Luxbg., l""" reg. aux fiefs de Vianden.
11
— 158 —
foncier et féodal l'abbé de Priim et comme voué le seigneur de Schônberg
{we/c/ier Sc/iônbef\^ xchk'/isst 7i?id entsch/eussi); le voué de Cronenbourg
et l'écoutète d'Alf (Bleialf) y jouissaient également de certaines préro-
gatives.
Quant à Winterspelt, c'était aussi le chef-lieu d'une écoutèterie de
Priim, formée de la localité même, d'Eigelscheid^ Elcherath, Hemmeres,
Ihren et Walmerath; sa chapelle était une filiale de Bleialf (1).
Sellerich et Winterspelt, situés entre Reuland et Prùm, sont cités en
1222 dans les commentaires du polyptyque de Prùm : le noble Robert
d'Esch-sur-Sùre tenait en fîef du monastère, en la cour d'Alf (Bleialf), à
Winterspelt et à Sellerich, des prestations, de nombreux moutons et des
cens (2).
Au siècle suivant, nos deux localités sont mentionnées dans une charte
des plus intéressantes, qu'il convient d'analyser ici.
Le 2 février 1343 (1342, in die purificatio7iis Sa?icie Marie Virgiiiis), à
Prague, Jean de Valkensteyn, seigneur à Bettingen, déclare que Jean, roi
de Bohème et comte de Luxembourg, lui a donné en fief la montagne
dite « Castel », puis « Fridlant », sise entre Waxweiler et Greimelscheid
[inontem dictum Castel, nunc vero Fridlant wlgariter nuncupatiim , situm
intra Wahswlr et Gryfnilscheid), pour qu'il pût y édifier et construire un
château ou forteresse (castrum seu niimitiofieni) ; il s'engage à tenir ce
mont, avec le château y bâti, en fief du comté, en le laissant accessible
{apertum et patens ac reddihile) au comte et à ses successeurs. .
Il unit et incorpore à ce château, à perpétuité, tous les revenus et
rentes qu'il possède en Ardenne, dans les cours de Winterspelt, Orten,
Sellerich et Elcherath : omnes redditus et proventus qnos habeo in Ardenna
videlicet in ciiriis Winterspelt, Orten, Selrich et Elchenrod, cum universis
suis juribns et pertinenciis, necno?i vassallatibns, clientibus, nobilibus et
ignobilibus, qui quidem proventus ultra viginti librarum turonensium
parvortim redditus annuatim se extendu7it.... Il y annexe également son
village de Feilsdorf (Fulsdorf, prope Ham), déjà fief du roi.
S'il meurt sans héritier, le château, avec le mont et tous les droits y
afférant, passera à Hermann de Brandenberch et à ses héritiers; si
(1) Biirsch, Eiflia ilL, II, 2<> p., 1844, p. 223; III, 2« p., irM., 1854, pp. 305-306 et 433.
(2) « Puto nobilem virum Rubinum de Hays infeodatum esse de aliquibus villis istis,
» que site sunt in episcopatu Metensi. Preterea tenet ab ecclesia angaria et oves
» (muttones) multas et census apud curtem de Alve, sciendum est in Wynterspelt et in
» Selrich ». (Beyer, Mittelrh. Urkdh., I, 1860, p. 163). Cf. J. Vannérus, Les anciens
Dyndstes d' Esch-sur-la-Sùre, 1910, p. 92.
— 159 —
Hermann et ses enfants (pueri quos 7iunc habei) mouraient également
sans hoirs de leur corps, le castel ferait retour au roi et à ses héritiers.
Il scelle, avec nobles hommes, sire Thierri de HoncheringQt Hermann
de Brandenberch, témoins (1).
Hermann était, on le sait, le fils du frère du sire de Falkenstein, Fré-
déric de Brandenbourg; pas plus que ses enfants, il n'eut l'occasion
d'entrer en possession du château de Friedland, car de son union avec
une Veldentz, Jean de Falkenstein laissa une fille, Blanchefleur, qui eut
des descendants.
Je ne sais si ces descendants possédèrent la forteresse de Castel, car je
n'ai plus rencontré le nom de celle-ci après 1343; le souvenir s'en était
tellement perdu que Bârsch, ignorant quelle était exactement la montagne
qu'elle couronnait, en était réduit à supposer qu'elle se trouvait à Lam-
bertsberg, entre Waxweiler et Greimelscheid (2j; heureusement, un
article de J. Heydinger, publié en 1878 (3), nous fournit des renseigne-
ments précis : d'une enquête faite sur place, il résulte que le Castel de
Jean de Falkenstein est encore reconnaissable, au sud de Lambertsberg,
sur une hauteur dominant la Prùm et dite de nos jours Hihkaselt
(= Hoch-Kastel), où l'on a trouvé des monnaies et de nombreuses tuiles.
Quant à Winterspelt et Sellerich, nous les retrouvons à la fin du
XV-^ siècle : le 11 juin 1499, Robert, abbé de Primi, donne en fief à
Marguerite de Fénétrange, dame de Brandenbourg, les biens de Schweich,
Mehring, Mertze, Eigelscheid, Winterspelt et Sellerich, que les ancêtres
de cette dame avaient tenus en fief de l'abbaye de Prùm (4). Deux ans
après, le 19 juillet (veille de la Sainte-Marguerite) 1501, Jean de Féné-
trange, seigneur à Falkenstein et à Esch, engage son bien de Winterspelt
et de Sellerich, pour 335 fl., à Thierri de Sain et à Hélène de Virnebourg,
sa femme (5).
Marguerite et Jean de Fénétrange, cousins-germains, se rattachaient
(1) Chartes de Luxembourg, aux Arch. gén. du Royaume, h Bruxelles (n° 797); orig.,
s. parch., auquel ne reste appendu que le sceau de Th. de Huncherange.
(2) Eijî. ilL. II, l''" p., 1829, p. 127; III, 1" p., 1854, pp. 240 et 412; cf. Bertholet,
t. VII, p. 131, avec des erreurs de lecture.
(3) Luxembiirgisches iji der Eifel, d^x\?,\e?, Puhl. de Luxemb., t. 32 (1878), pp. 103-104.
Cf. Puhl. de Luxbg., t. 23 (18(58), p. 186, où Wùrth-Paquet cite notre burg parmi les
localités luxembourgeoises disparues par suite de guerres, d'épidémies, etc.
(4) Orig., sur parch., aux arch. de la Sect. Histor. de l'Institut de Lux. (X, 40), d'après
une analyse de M. van Werveke.
(5) Barsch, Eifluiill.. III, 2«p., 1<"^ livr., 1854, p. 433.
- 160 -
en lijj^ne directe à Je;in de Falkenstein, et par lui à Robert d'Esch,
coiiiine l'indique le crayon généalogique suivant :
Robert d'Esch-sur-Sûre (1220-12G2)
Ermengarde d'Esch (1266-1292)
Ep. vers 1250 Ferry de Neuerbourg (1258-1278).
Thierri de Neuerbourg, sgr. de Brandenbourg (1291-1317)
Jean de Brandenbourg, sgr. de Falkenstein (1316-1351)
Blanchefleur de Falkenstein, enfant unique (1351-1378)
Ep. en 2''<^^ noces Bouchard de Fénétrange (-j- vers 1372)
Jean de Fénétrange, sgr. à Falkenstein et Esch (1386-1442)
Simon de Fénétrange
Bouchard de Fénétrange \ (1429-1477)
(1439-1449) / Ep. en 1429
Anne de Brandenbourg
Jean de Fénétrange (1469-1501) Marguerite de Fénétrange
chanoine et archidiacre à Trêves. ^^^^^ ^^ Brandenbourg (1).
A en croire Bàrsch, les Welchenhausen possédèrent à Winterspelt et à
Sellerich la moitié de deux voueries, celles d'Erpeldange et de Féné-
trange, qu'ils tenaient en fief de l'abbaye de Prûm et qu'ils laissèrent par
héritage aux Ouad : le 12 octobre 153i, Guillaume Quad, échanson
héréditaire du pays de Berg, en fut investi par l'abbé Guillaume ; il les
vendit à Thierri de Boulich. L'autre moitié des deux voueries paraît avoir
été tenue en fief de l'abbaye par les Brant de Buseck.
L'appellation de voueries dŒrpeldayige et de Fénétrange doit être
postérieure à l'époque où ces voueries appartinrent aux Welchenhausen;
en tout cas, la qualification d'Erpeldange ne doit pas remonter au delà
du XVL siècle, qui vit l'arrivée des Boulich à la seigneurie d'Erpeldange
(lez-Diekirch) (2).
(1) Voir à ce sujet : J. Vannérus, Lesanc. Dynastes d'Esch, pp. 285 et 339 et passim.
(2) En 1585, Carsilius de Palland, de Reuland, et Jeanne de Mylendonck furent investis
des dîmes de Winterspelt et de Sellerich, fief de Prùm ; elles furent données plus tard
par Ottilie, fille de Balthasar de Palland, à Marie-Madel. de Sôtern.
— 161 —
Quoi qu'il en soit, les renseignements qui précèdent suffisent pour nous
faire admettre que l'histoire du bien tenu en fief, en 1347, de Frédéric,
sire de Xeuerbourg et de Cronenbourg (descendant direct de Robert
d'Esch), doit se rattacher de près à celle des seigneurs d'Esch et de leurs
descendants, les Neuerbourg et les Brandenbourg.
Le bien de Welchenhausen.
La charte du 10 avril 1347 nous apprend que Thierri I tenait le bien de
Werchinhusin en fief de Godevart, sire de Wiltz.
Qualifiée de maison et de château (hus^ slos) en 1380, la forteresse
(arx) ào, Welchenhausen fut. rasée en 1394(1), et il semble bien que si
elle fut rebâtie, ce ne fut plus avec son importance primitive. Sa mou-
vance de Wiltz nous est attestée par les actes de 1446 et de 1466 que nous
avons déjà eu l'occasion d'analyser; différents autres documents vont
encore nous montrer que Welchenhausen se rattachait à Wiltz par les
rapports les plus étroits.
Le 19 juillet 1497, in dem porteluùs zii Wiltz, fur der brucken, accord
est conclu entre Gérard, seigneur de Wiltz, et Thierri de Dasbourg^ reli-
gieux trinitaire, curé à Groscampen, au sujet de la chapelle de Welchen-
husen, que Thierri avait mal desservie ; sur les instantes prières du curé,
qui promet de bien remplir ses obligations, Gérard lui laisse le service de
la chapelle jusqu'à ses derniers jours (2).
Vers 1502, à en croire M. Peffer (3), les nobles vassaux du seigneur de
Wiltz comprenaient, entre autres, Ergasse de Boullant, Dyederich de
Bourscheid, Gérard, sire d'Ottange, Evrard d'Orley, Henri de Welche?i-
Jiausen, Gilles d'Autel, Gérard de Wiltz, sgr. de Hartelstein, Frédéric de
Brandenbourg, sgr. de Stolzembourg, et Simon de Fenestrange, sgr. de
Brandenbourg. Parmi les hommes castraux qui possédaient alors des
maisons relevant du château à Wiltz, le même auteur cite Arnold Hesse
de Hilbringen, Jean de Wiltz, dit Rottert... Michel du Schaart, Sebrecht
de Neuerbourg, Werner de Heinstorf, Frédéric d'Asselborn et Henri de
Welche7ihaiise7i .
(i) Dans son travail Bcitrag zur Gcschichte der Ardennen, publié en 1842, le curé
Bormann rapporte (II, p. 103) que seize ou dix-sept ans auparavant, vers 1S25 donc, on
avait trouvé à Welchenhausen (V(illis= Thalhausen) des restes d'habitation avec tuiles ;
quoi qu'en pensât Bormann, qui rejette cette hypothèse, il s'agit, sans doute, ici, du châ-
teau des sires de Welchenhausen.
(2) Assistent à l'arrangement .Tean van dem Berge, curé à Montzhuisen, Jean de Basen-
heim, curé à'Pintsch, Frédéric de Clervaux, vicaire à Bellain, Jean Thoschz de Helsin-
gen, chapelain à Wiltz, et Jean van dem Holtz, burgrave et manrichter à Wiltz (Cartul.
Wiltz, ff. 1.58 à 160, aux Arch. de la Sect. Hist. ; anal, van Werveke).
(3) N. PefFer, Le pays et la fraiichise de Wiltz sons le régime féodal, dans le Progr. de
l'école ijidustrielle... de Luxembourg, i'J06 (p. 13).
— 162 —
Ces deux listes se rapportent à des personnages ayant vécu vers 1440
et ont été insérées dans le dénombrement de ir)0l2 comme s'il s'agissait
de vassaux possédant à cette époque même des fiefs wiltzois : c'est un
procédé dont d'autres dénombrements de Wiltz offrent des exemples et
dont l'anachronisme peut donner lieu à des confusions pour les lecteurs
non avertis.
Vers 1580^ lisons-nous encore dans la monographie de M. Peffer, Jean,
sgr. de Wiltz, Stadbredimus, etc., reconnaît avoir reçu en fief direct du
souverain la terre de Wiltz, avec de nombreuses dépendances : parmi
celles-ci, figurent les rentes de schaift dans la landineyerei, dans les cours
de Kaundorf, Niederwampach, Oberwampach, Hachiville et Weyler,
Bous ; dans le village de Vaux (Welchenhausen), 23 fl.; à Lieler, Lellin-
gen et Roullingen (1).
Le l*^"^ janvier 1631, dans le dénombrement de fiefs qu'il présenta au
gouverneur du Luxembourg, représentant le souverain, le comte Jean de
Wiltz nous apprend qu'un comte de Wiltz est seigneur foncier et censier
à Welchenhausen, où il a le droit de créer et de démettre maire et justice;
il y possède un château-fort, ruiné depuis de longues années et ayant
dépendu du comté, dont la chapelle est à sa collation; la dîme lui revient;
cette dîme et les rentes en grain levés dans la localité sont menées à
Wiltz par le pont d'Asselborn (2).
(1) N. PefFer, p. 9. Il est inutile de dire que l'identification erronée Vi;iux est un nou-
veau méfait à inscrire à charge de Bertholet.
On conserve aux Archives de la Section historique, à Luxembourg (XIV, 43), un relevé
des redevances dues à Welclienlmsen, pour le maischaff, en date du 10 janvier 1546, more
Leodiensi.
(2) « Weitter ist ein graffzu Wiltz grundt- und schafftsherr zu Welchenhausen, in
welchem orth er auch meyer und gericht zu setzen und zu entsetzen hatt, welche aida
uber seine freyschafftsgutter zu urtheillen und zu erkennen haben.
» Item hatt er daselbst ein schlosz und burgh, so vor langen jaren verfallen und zu der
graffschaft Wiltz gehôrigh gewesen, daselbsten ein graff zu Wiltz zu bethienungh der
bourgcapellen daselbst einen capellan zu denominieren und zu setzen hat, welcher auch
geburlicher weisz belohnet wirdt...
» Weitters gebùrtt einem graffen zu Wiltz die collation der hieunden benenter cappe-
len, nemblich die capell im schlosz zu Wiltz, der capellen des hospitalsz zu Wiltz, der
capellen von Welchenhausen...
» Disz sein aile die zehenden, so zu der graffschafft Wiltz gelibert werden mùssen.
Erstlich : Wiltzer zehenden... Welchenhausen... ailes nach inhalt der registeren...
» Weitters sein die underthanen von Heuderscheitt und (leustorffverpflicht den weg...
zu underhalten... Wie in gleichem auch das dorff Asselborn wegen underhaltungh einer
brùcken iiber die daselbst flieszende bach, womit eines graften von Wiltz zehenden und
kornrenthen, so von Leller, Holler und Welchenhausen naher Wiltz gefùrt werden,
kein hindermall wegen groszen gewassers zustehen môgte, bei peen dasz sie allen scha-
den und interesse abtragen sollen, und sein auch des wegen uflFden drey jarmiircken des
tholsz befreyett » (N. Peffer, op. cit., pp. 26, 54 et 55 ; Hardt, Luxcmhurger Weisthûmer,
1870, pp. 740-743).
— 163 —
Les rapports de Welchenhausen avec Wiltz sont également spécifiés
dans le dénombrement de cette dernière terre dressé à Aufflance, le 14
mars 1682, par Marie-Marguerite, comtesse de Wiltz, baronne d'Aufflance
et de Buz3^ Ce relevé mentionne parmi les nobles vassaux de Wiltz,
« le seig' baron de Hofalize, à présent les seig"^" comtes de Merode et de
» Ognies, à raison de la maison franche et chasteau à Welchenhausen,
» avec la justice foncière, dixmes, rentes et revenus et aultres dépen-
» dances ».
Ce document nous apprend de plus qu' « un seig' comte de Wiltz est
» seig*^ foncier et de schafft de Welchenhausen, auquel lieu il a pouvoir
» d'establir aussi mair et justice et de les déposséder, lesquels ont à
» cognoistre et donner jugement sur les biens francs de schafft dudit
» lieu. Plus, il at audit lieu un chasteau qui est ruiné depuis long temps,
» qui luy appartenoit ; là il peut nosmer et pourveoir un chapelain pour
» deservir la chapelle dudit chasteau, qui sera salarié comme il s'appar-
» tiendra ».
« Un seig"^ comte de Wiltz », est-il encore dit plus loin, « est collateur
» des chapelles suivantes, scavoir de la chapelle du chasteau de Wiltz, la
» chapelle de l'hospital dudit Wiltz, celle de Welchenhausen, comme est
» dit C3'-devant... ».
« . . .Plus, appartient à un seig"^ comte de Wiltz les dixmes dudit Wiltz, . . .
» Heltzingen, Welchenhausen, Pintsch... ».
« Pareillement aussi le village d'Asselboren, à cause de l'entretient du
» pont sur le ruisseau qui coule par le dit lieu, affin qu'il ne cause aucun
» retardement par inondation ou débordement d'eau, lorsqu'on voudra
» mesner et conduire les dixmes et rentes en grains de Leller, Holler et
» Welchenhausen à Wiltz, à peine de supporter et payer tous les dom-
» mages et intérestz qui en pourroient survenir, et sont aussi à cause de
» cela francs de gabelles aux quattre foires » (1).
Trois ans après, le 26 février 1685, une sentence du Conseil de Luxem-
bourg, réglant les obligations des gens de condition servile du comté de
Wiltz envers leur comte, stipule que ces sujets devront continuer à ame-
ner au château de Wiltz les redevances en nature (die schaff iind zehen-
fruchten) de Welchenhausen, Bous, Hachiville, Weiler, Weicherdange
et Brachtenbach (2).
Ajoutons enfin, pour être aussi complet que possible, que le 1" décem-
bre 1695, le conseil de Metz manda au premier huissier ou sergent à ce
requis par Henri de la Haye, officier du comté de Wiltz, mambour de la
(1) Ch. des Comptes de Brabant, aux Arch. gén. du Royaume, à Bruxelles, reg. 4.5713 c.
(2) J. Vannérus, Doc. conccrji. lefiefdeNiederdiampach, n° 24 (0ns Hcinecht, 1904).
— 164 -
chapelle castrale de Welhaiisen, de contraindre à payer sans délai tous
les débiteurs de cette chapelle (l) ; qu'en IT)):^, les biens annexés à cette
chapelle furent érigés en bénéfice perpétuel ('!) ; et qu'en 1756, le comte
de Wiltz est encore mentionné comme seigneur foncier et censier (schaf-
ilierr) à Welchenhausen (o).
Ces différentes données permettent de conclure qu'il y avait plus qu'un
simple lien féodal entre Wiltz et Welchenhausen : le fait que les seigneurs
de Wiltz s'intitulaient seigneurs fonciers et censiers de Welchenhausen ;
que le château leur avait fait retour au XVIP siècle et même, semble-t-il,
dès avant 1497, — par suite, peut-être de l'extinction des Welchenhausen,
ou encore de la négligence des Mérode à remplir leurs obligations de
vassaux — ; qu'ils étaient collateurs de la chapelle castrale, en même
temps que décimateurs ; tout indique que la seigneurie de Welchenhausen
a dû pendant un temps appartenir aux sires de Wiltz, qui l'ont, sans
doute, à un moment donné, séparé de leur terre, au profit d'un de leurs
cadets, d'une de leurs filles ou simplement de quelque parent.
Le bien de Vossin.
Après la charte de 1347, renseignant le bien de Vosshi comme relevant
du sire d'Ouren, nous l'avons rencontré sous le nom de « cour de
Fosse n », dans un document de 1448, sous celui de Voyssheim en 1449,
sous celui de Fosse7i-\ç.7.-0\.\\:&u en 1466, toujours en possession des des-
cendants de Thierri I de Welchenhausen.
Je ne suis pas en mesure d'identifier cette localité ; n'était la mention
de 1466, plaçant Fossen près d'Ouren, on pourrait songer soit à Vussem,
près de Schleiden, dans l'ancien comté de Blankenheim, cité en 1222 sous
la forme Vusheym (4) ; soit à Fùsenich, près de Trêves, mentionné
comme « villa Vosene juxta Treverim » en 1254, lorsque Henri chevalier
de Hucsley et Yda, son épouse, donnèrent leurs biens en cette localité à
l'abbaye de Himmerode, en présence des comtes de Luxembourg et de
Vianden ; en juin 1259, ce fut au tour de Gobelon, chevalier, seigneur de
(1) Orig., s. parch., en ma possession.
(2) Voir, in fine, une note additionnelle.
(3) Bàrsch, op. cit., III. 2« p., 18.54, p. 268.
Mentionnons encore que le 8 octobre 1602, Glas Adam de Welchenhausen releva du
seigneur d'Ouren une pièce de terre arable sise « under Wasserdell, obent Welchen-
hausen » (Cart. d'Ouren, n» 191, f. 26 v° ; Arch. Sect. hist. Luxbg.)
Au sujet de la dépendance du village de Welchenhausen de la seigneurie de Dasbourg,
il est à noter que Welltetihausen est renseigné en 1621 comme faisant partie, de même que
Harspell, de la mairie de Leidenborn.
(4) En 1222, le seigneur de Schleiden tenait de l'abbaye de Prum 7'il/am unam que
Vusheym appellalur, que non lofige est ab ipso Castro (Beyer, Mittelrh. Urkdb., I, p. 175).
— 165 —
Brandenbourg, et de Mathilde, son épouse, de faire à ce monastère don
de leurs biens de Fusenich, donation qui fut approuvée en 1271 par leur
fils Jean (1).
Flamisoul et Witry
Le -4 juillet 1380^ Jean, sire de Gronsveld, et son frère Henri, remer-
cient Henri, seigneur de Pirmont, de ce qu'il a fait pour leur neve Poncin
de Welchenhausen, auquel il a rendu tout son héritage paternel, sauf
Flamisoul et Witry.
J'ignore tout à fait les circonstances dans lesquelles Thierri I de Wel-
chenhausen posséda des biens à Flamisoul. Il est bien dit, dans les
Communes luxembourgeoises de Tandel (IV, p. 516), qu'en 1310 Henri de
Rodemacher, petit-fils d'Arnould de Rodemacher, se qualifiait de seigneur
de Flamisoul, mais quoique l'on renvoie aux analyses Wùrth-Paquet, je
crois ce renseignement erroné, au moins en ce qui concerne le prénom
de Henri : il n'est pas publié dans la Table chronologique de cet auteur,
à l'année 1310, et je n'ai pas, pour ma part, rencontré de Henri de Rode-
macher à cette époque (2).
Lors du dénombrement de la prévôté de Bastogne, en juillet 1469, il y
avait' « en la ville de Flamesoulle cincq maisons, sur lesquelles Monsei-
» gneur (le duc) ait la haulteur, et en sont les hoirs de Pierremont
» seigneur treffoncier et y prendent toutes amendes, cens, rentes, réservé
» les cas quy appartenent à haulteur et crime, et l'une des dictes maisons
» est francque maison à treffoncier seigneur ; laquelle ville Baltasar
» d'Auté tient en gaige des dessus dis seigneurs et hoirs de Pierremont »
(3). Flamisoul n'a donc pas fait retour aux Welchenhausen et est resté
entre les mains des Pirmont, au moins quant à la propriété.
Balthasar d'Autel était, dit-on, fils de Gobel I" et de Jeanne de Basto-
gne, héritière de Vogelsang ; sous-prévôt de Bastogne en 1 463, il n'aurait
eu qu'une fille (4); d'après Neyen (5), il était parent de Gobel, était
prévôt en 1469, mourut en 1470 et avait épousé Jeanne de Montjardin.
Nous avons cependant rencontré à la date du 13 mai 1446, dans notre
histoire de Laval, un Balthasar, bâtard d'Autel, mari d'Aleyde de
Remagne, qui me semble fort être notre personnage ; si cette hypothèse
est la bonne, Jeanne de Montjardin n'aura été qu'une seconde épouse.
(1) Beyer, Mittelrh. Urhdb., III, pp. 908 et 1073 ; etc.
(2) Un Arnould de Rodemacher vivait en 126(3 et 1276.
(3) Arch. de Clervaux, 1883, n° 1257, p. 266.
(4) E. Tandel, II, p. 197, d'après VAnn. de la Noblesse belge.
(5) Hist. de Bastogne, pp. 89 et 108.
— 166 —
Quoi qu'il en soit, le 5 novembre 1463, Jean d'Autel, sire de Vogelsang,
fils de Gobel, et Eve de Kerpen, sa femme, s'engagent à payer à Balthasar
10 tl. du Rhin par an (1).
Il apparaît comme homme de la Salle de Bastogne du 5 mai I46i (jour
où il remplissait les fonctions de lieutenant-prévôt) au 12 mai 1470 ; il ne
vivait plus au 27 novembre 1471. Sa veuve, Jehennete de Montjardin, est
citée à Bastogne, le o juillet 1481 ; un fils non marié, Bernard, le 23 juin
1488 (2) ; une fille, Marguerite, devint l'épouse de Lambert Lardenoy de
Ville, homme de fief de Durbuy en 1454 (3).
Par la suite, Flamisoul arriva à Jacques d'Esbeeck : le 24 janvier 1530,
il déclare tenir en fief du duché de Luxembourg « la seigneurie treffon-
» cière de Flamsoul, avec la forte maison et sept (= geôle, de prison,
» maire, justice, amendes, etc., rien réservé, sinon le cas que appartient
» à haulteur et crismes ». Jacques, qui était maître de poste à Flamisoul
en janvier 1519, mourut le 4 avril 1541, alors qu'il était receveur et
échevin de Bastogne ; il avait épousé Marie Ballon, dont le frère, Jean
Balloin, demeurait à Flamessoiille en mars 1554. La fille de Jean, Fran-
çoise Ballon, dite de Flamisoul, épousa Guillaume Stolpert, qui devint
maître de la poste et releva neuf dixièmes de la seigneurie de Flamisoul
le 28 avril 1563 (4).
Il ne semble donc pas que ni les Welchenhausen, ni les Pirmont soient
jamais rentrés en possession de ce fief.
Quant à Witry, je ne suis pas mieux renseigné, au point de vue de ses
rapports avec Thierri I de Welchenhausen, que pour Flamisoul. On le
sait, les Pittange y furent seigneurs : le 26 février 1281, Henri, comte de
Luxembourg, donna en fief à Arnold, sire de Pittange, tout ce qu'il
avait à Witry, Winville, Volaiville et Traimont, plus ce qu'il possédait
à Hupperdange, le tout en échange contre la moitié de ce qu'Arnold
avait à Rachamps et tous ses biens de Wibrin ; le 25 mai 1311, Jean
de Bohème céda, de plus, à Arnold de Pittange la haute-justice sur
Witry, Pittange et autres localités, pour reconnaître les services qu'il
(1) Arch. de Reinach, 1877, n» 1841.
(2) Tandel, IV, pp. ().3, 64, 90, 114 et llô ; J. Vannérus, Le livre de la justice de Bastogne,
n»" 31 et 522.
(3) Tandel, VI, p. 623. — Thiry Baltazar, lieutenant-prévôt de Laroche le 15 mars 1502
(Cart. Nothomb, n° 580), le même sans doute que « Thirials Baltazar d'Autel, prévôt
forestier de Laroche », époux de Marie de Chéoux (fille de Bernard, qui testa en 1518, et
de Catherine d'Autel) (Tandel, V, p. 552), semble également avoir été un fils de Balthasar.
(4) Registres de la justice de Bastogne, passim ; Tandel, IV, pp. 516 et 517. Cf. pour
les d'Kesbeeck : J. Vannérus, Documents concernant Niedenvainpach, 1904.
(5) X. van Werveke, Doc. histor . , à:y.vi^ les Public, de Luxbg., t. 40 (1889), p. 386;
Tandel, VI, p. 239.
— 167 —
avait rendus à l'empereur Henri VII, son père; enfin, le 3 novembre 1339,
le roi de Bohème accorda à son amé chevalier Arnold de Pittange et à
ses hoirs l'autorisation de prendre leur bois de chauffage, de bâtiment
et de charronnage dans son bois d'Anlier (1).
A côté de la haute-justice, appartenant aux comtes de Luxembourg,
puis aux Pittange, d'autres droits, la basse justice, la dîme, étaient dé-
tenus depuis longtemps par l'abbaye de Saint-Hubert; dès avant 1184, le
monastère avait une part de l'église et du village, et il acquit aussi des
droits de décimation en 1215 et en 1247. Bientôt, les conflits surgirent de
cette juxtaposition de juridictions et les religieux eurent maintes fois à
lutter contre les Pittange : c'est ainsi qu'un accord dut intervenir entre
l'abbaye et le seigneur de Pittange le l*^'" août 1312, en présence de la
comtesse de Luxembourg, au sujet de leurs droits respectifs « en la court
et ou ban de Wytry » (2).
Les droits que Thierri I de Welchenhausen détint à Witry provenaient-
ils des religieux ou bien de leurs voués, les Pittange? C'est ce que le
manque de renseignements m'empêche d'élucider.
Hasborn.
Le 21 octobre 13il, l'archevêque Bauduin de Trêves acquiert de Jean
Koning de Ludenstorp et de sa femme Agnès (de Welchenhausen) le
village de Hasborn-lez-Wittlich; après la mort de son mari, Agnès reçut
de l'archevêque Bohémond II la jouissance viagère des biens féodaux du
défunt, ainsi que la demi-vouerie de Hasborn; quelques mois plus tard,
elle reçut même tous les biens de Hasborn (1359). Comme Thierri II
reçut en fief de l'archevêché, en 1419, la moitié de ce village, qui est
encore reprise en fief trévirois par son fils Ponce II, le 9 août 1459, il est
très possible que les parents d'Agnès aient déjà détenu cette vouerie : je
ne suis pas à même, malheureusement, d'élucider ce point.
Recht.
En 1382, ou peu avant, de duc de Luxembourg acquit Recht de Poncin
de Welchenhausen : comme le vendeur devait être encore bien jeune
alors, il est à supposer que cette localité appartint déjà à Thierri I;
malheureusement, je ne connais rien de son histoire.
En 1621, la mairie de Recht est signalée comme dépendant de Butgen-
bach et « prenant cour et judicature devant la justice illecques, tant en
(1) N. van Werveke, Doc. Hist., dans les Pubi. de Luxbg., t. 40 (1<^S9), p. 3SG : Table de
Wùrth-Paquet ; Tandel, VI, pp. 239 et 240.
(2) Kurth, Chartes de Saint-Hubert, I, i903, pp. 142, 224, 316, 463-465.
— 168 -
» civil que criminel ■>>. De cette mairie ressortissaient : Recht, avec en-
viron '28 mcnafjes; Briïken, en partie, avec 12 ménat^es; Engelstorf,
avec lo. Au dénombrement de 1626, les com's de Recht et de Bùtgenbach
figuraient ])armi les six cours dépendant de Saint- Vith, la première étant
comptée pour 8 12 feux (4 pour Recht, 1 1/2 pour Briicken, 3 pour
Engelsdorf). En 1771, la mairie de Recht, au quartier de Saint- Vith, est
renseignée comme comprenant « Brucken, Engelsdorf et le village de
Recht, comté de Salm ».
L'abbaye de Malmédy y possédait des dîmes ; les droits cédés au duc
par Poncin de Welcheuhausen pourraient provenir, primitivement, du
domaine du monastère.
Les armoiries des Welchenhaiisen.
Welckenhausen, dit Bertholet (t. VII, p. 490), « portoit de sable à
l'écusson d'argent ».
Les différentes descriptions de sceaux que nous avons données au cours
des régestes de cette famille prouvent que Bertholet ne se trompait pas.
Le scel employé par Thierri I en 1347, i:rvl, 1356, 1359, 1364 et 1369
montre un écu chargé en aenr d'un êcusson plain ; cimier : un chapeait de
tournoi garni de "2 boules soutenant, cha:nnc, un plumail ; légende :
s' TERIC DE VERCHINHVS.
L'écusson plain, en abîme, caractérise les armoiries des descendants de
Thierri ; plus spécialement, le blason de son fils Henri est représenté, au
XV*^ siècle, comme étant de sable à l'écusson d'argent ; volet : d'hermine ;
cimier : un chapeau d'hermine, retroussé de gueules, gar/ii de t? touifes de
plumes de paon.
Ce sont là des armoiries caractéristiques, bien familières, par leur élé-
ment principal, l'écuson plain en abîme, à tous ceux qui ont à consulter
les chartes du Luxembourg et de l'Eifel ; elles permettront peut-être, par
l'un ou l'autre rapprochement suggestif, de projeter quelque lumière sur
l'origine si obscure de Thierri de Welchenhausen. Jetons donc un coup
d'œil sur les familles qui, dans la région, portaient dans leur écu l'écusson
plain, seul ou accompagné de quelque brisure ; toutefois, pour ne pas
m'égarer dans des recherches trop hasardées, j'écarterai de prime abord
les familles où je n'ai pas rencontré le prénom de Thierri, à la fin du
XIIP siècle ou dans la première moitié du XIV^ : ce sont les Reiffer-
scheid, les Reifferscheid-Malberg , les Schônecken (1). Je n'envisagerai
pas d'avantage, ici, la famille de Vianden, d'autant plus qu'elle avait déjà,
(1) Les Colpach n'apparaissent pas, au moins d'après mes notes, avant la seconde moitié
du XIV" siècle.
— 169 —
à la fin du XIIP siècle, abandonné l'écusson plain en abîme, pour la fasce
des Perwez.
A //«;;z;;/(-lez-Biersdorf), où l'écusson plain se voyait, surmonté d'un
lambel à 5 pendants, nous rencontrons en février 1291, un chevalier
Thierri de Hamm, wardain de Bettingen, au sujet duquel je manque de
renseignements précis (1).
Wildenberg, près de Reifferscheid, avait pour seigneur, en 1316 et en
1333, un Thierri^ cité en cette dernière année avec son épouse Agnès et
ses fils Henri et Jean; il devait porter un écu à l'écusson plain, car d'après
Fahne (2), qui fait de sa famille une branche des Reifferscheid, il était
arrière-petit-fils de Philippe III de Wildenberg (1254-1277), portant
l'écusson en abime des Reifferscheid, et petit-fils de Gérard, dont le sceau
montrait, en 1277, le même écusson dans un champ d'hermine; semblables
armoiries caractérisaient en 1312 le scel de Philippe, seigneur de Wilden-
berg, cousin-germain de Thierri.
A Broich (Hackenbroich)-lez-Mùlheim, vivait de 1274 à 1297 un noble
chevalier, Thierri, sire de Bruka, Bntyche, Brugke ou Briike, person-
nage important, fils de Burchard et d'Agnès, sœur de Thierri^ comte de
Limbourg; je ne connais pas son sceau, mais Gelre nous apprend que
ces seigneurs van den Bruyc, vassaux du comté de Berg, portaient de
gueules à l'écusson d'or. Aussi est-ce un écu à l'écusson plain que nous
voyons sur le sceau de Burchard, sire de Bruke en 1346, et sur celui de
son fils aîné Thierri, en 1366 et 1369 (3).
Restent enfin les Brandenbourg, dont les armoiries sont décrites, on le
sait, comme étant de gueules à un écusso?i d'argent en abime et chez les-
quels le prénom de Thierri a été maintes fois porté : plus spécialement,
ce fut celui du seigneur de Brandenbourg de 1291 à 1317 et d'un de ses
fils cadets.
A partir du 26 janvier 1291 et jusqu'au 19 août 1317 apparaît à Bran-
denbourg, après Godefroid et son fils Jean, un Thierri de Neuerbourg,
fils de Ferry et d'Ermengarde d'Esch-sur-la-Sùre, qui est habituellement
qualifié de nobilis domicellus, armiger, damoisel, et qui devint probable-
ment seigneur de Brandenbourg par suite de son mariage, avec une sœur
ou une fille de Jean. Il portait dans son sceau, en 1306, en 1316 et en 1317,
un écu à V écusson plain et à la bande (ou cotice) d'hermine brochante.
(1) Cf. J. Vannérus, Les anc. Dynastes d'Esch, 1910, pp. 88 et 89, et Fahne, Gesch. der
Grafen... zu Salm-Reiffersclieid, II, 1866, p. 39.
(2) Geschichte der Grafen... zu Salm-Reifferscheid, I, V^^ p., 1866, pp. 34 à 38.
(3) Pour ces Broich — qu'il ne faut pas confondre avec les dynastes de Bruch-lez-Wittlich,
chez lesquels le prénon de Thierri était fréquent, mais dont l'ccu était bandé — cf. Lacom-
blet, Urlidb. des Niederrheins, II et III ; Fahne, op. cit. I, 2^ p., p. 125 ; de Raadt, Sceaux,
\, p. 328.
— 170 —
Il laissa au moins quatre fils et trois filles. Des fils, Frédéric, cité à
jiartir de i:>14, continua la lignée à Brandenbourg, par son fils aîné
Hermann; Jean devint seigneur à Falkenstein et à Bettingen; Godefroid,
le plus jeune, s'engagea dans les ordres et devint archevêque régionnaire
(chor-bischof) à Trêves; Thierri, le troisième, va nous occuper plus lon-
guement. Des filles, Ermengarde épousa Ernest PJttipas, bourgeois de
Trêves ; Aleyde devint la femme de Gilles de Milborch, écuyer ; Jutte
s'unit à Colin, écoutête à Wittlich.
Thierri, mentionné pour la première fois le 15 février 1320 (feria sexta
in capite jejunii, 1319), avec la qualité de clerc, semble être ce nobilis vir
Theodericiis de Brandi nber g, cité le 4 mars 1321 dans une charte d'Ernest
Pittipas relative à l'engagêre de Wiltingen, Canzem et Temmels (1). Il
figure, en tout cas, dans un arrangement conclu le 24 avril 1326 à propos
de la succession de Thierri, le damoiseau de Brandenbourg défunt, avec
ses frères Jean et Godefroid; Thierri et Godefroid étaient alors pourvus
de bénéfices ecclésiastiques; le premier scella l'acte, d'un sceau où se voit
un écu à un éciisson plain, à la bande de .'i losanges brochante.
Le 14 août de la même année, les trois frères, Jean, sire de Falken-
stein, chevalier, Thierri, clerc, et Godefroid, écuyer, ainsi que leur neveu,
le damoiseau Hermann (fils de feu Frédéric), assignent une rente à leur
sœur et tante Ermengarde, épouse d'Ernest Pittipas.
C'est la dernière mention que je connaisse de Thierri de Brandenbourg;
Neyen dit bien, dans son histoire de la maison de Brandenbourg (2), qu'il
était curé de Landscheid vers 1340 à 1343, mais il y a là une erreur et
même une contradiction (3), comme on n'en constate que trop dans les
monographies généalogiques de cet auteur, car Godefroid, le frère de
Thierri, était investi de cette cure en avril et en juillet 1330.
Thierri est-il mort peu après août 1326? Aucun document ne le dit, et
je me demande si ce n'est pas lui, que nous retrouvons, vingt-et-un ans
plus tard, sous le nom de Thierri de Welchenhausen.
Les rapports étroits que nous avons constatés plus haut entre Winter-
spelt et Sellerich et la famille d'Esch-sur-la-Sùre et ses descendants en
ligne féminine, les Neuerbourg et les Brandenbourg; la possession, en
1347, par Thierri de Welchenhausen, d'un bien à Sellerich et Winterspelt,
relevant du seigneur de Neuerbourg et de Cronenbourg ; l'analogie des
(1) Cette charte (Charles de Luxemb., n" 5()7, orig.), dont le texte n'est pas très clair,
devrait, semble-t-il, si hi mention se rapportait à Thierri de Neuerbourg, déjà mort à ce
moment-là, faire allusion à cette circonstance.
(2) Ihihlic. de Luxemb., t. 28 (1873), pp. 272-274, 278, 279.
(3) Il a, en effet, dit précédemment que Godefroid embrassa la cléricature vers 1330 et
succéda à son frère Thierri en qualité de curé de Landscheid.
— 171 —
armoiries du Thierri de 132G et du seigneur de Welchenhausen ; autant
de circonstances (1) qui rendent mon hypothèse très vraisemblable.
Ayant quitté la carrière ecclésiastique pour devenir chevalier et fonder
famille, on s'expliquerait très bien qu'il ait supprimé la brisure de son
écu, pour reprendre les armoiries de ses ancêtres, en n'y apportant qu'un
changement de couleur et d'émail.
D'autre part, les dates concorderaient, car Thierri, père en 1347 d'un
fils marié, a dû naître vers 1300; encore clerc en 1326, il a dû, si mon
hypothèse est la bonne, rentrer dans le monde bien peu de temps après
l'acte d'août 1326, car, quoique l'on se mariât très jeune, au moyen-âge,
il faut néanmoins admettre que le fils de Thierri, Wautier, marié en 1347,
a dû naître au plus tard vers 1327-1328.
Quant à se rendre compte des circonstances qui amenèrent Thierri I de
Welchenhausen à prendre le nom sous lequel il parcourut une si brillante
carrière, la question est malaisée à résoudre ; qu'il appartînt par la nais-
sance à la famille de Brandenbourg, ou qu'il se rattachât à quelque autre
race portant l'écusson plain en abîme, nous ne pouvons guère nous
expliquer le nom qu'il portait à partir de 1347 que par son premier
mariage : ce ne peut être par suite de sa seconde union, contractée seule-
ment entre 1362 et 1368.
Les Relations des Welchenhausen avec les Wiltz
Nous avons pu, précédemment, conclure à une étroite parenté entre
Julienne de Welchenhausen, dame de Laval, et la famille de Wiltz. Des
liens de proximité devaient également rattacher aux Wiltz la petite-fille
de Thierri I, Catherine de Welchenhausen, car en 1444 et en 1471 son
fils et elle appellent encore beau-frère (dans le sens de parent) le sire de
Wiltz, Gérard.
D'autre part, différents documents que nous avons eu l'occasion d'ana-
lyser au cours de notre notice sur la famille de Noville (à laquelle
Thierri I de Welchenhausen devait se rattacher de si près), nous l'ont
montrée possédant en indivision avec les Wiltz et les Wampach, des
droits sur les dîmes et la collation de la paroisse de Bœur. Il convient
donc que nous étudions de plus près l'histoire de ces droits de décimation
et de patronage.
(1) Auxquelles on pourrait encore ajouter, si l'on adoptait l'identification Vossin =
Fusenich, le fait que Gobelon de Brandenbourg et Jean, son fils, interviennent en 1259
et en 1271 dans des chartes relatives à cette dernière localité.
- 172 —
Les Dîmes et le J)nnl de Collation de F église de Boeur .
En l'281), nous l'avons vu, Thomas I de Noville et Hawide, sa femme,
donnèrent au monastère de Houtfalize le huitième de la dîme due dans
un tiers de la paroisse de Boeur, avec le droit de patronage y afférant,
ainsi que tout ce qui leur était échu dans la même paroisse, en dîme,
droit de jxitronage, cens ou rentes, par la mort de Jean de Xhignesse,
frère de Hawide. Le même jour, Laurent de Vans, seigneur féodal des
dîmes et cens donnés, approuve cette libéralité, et relève les religieux de
tout hommage ou service dû pour ce fief. En l.'>(>2, après avoir élevé des
prétentions sur les dîmes et sur le droit de patronage de Boeur ainsi
donnés par Thomas de Noville et par Hawide, le frère de celle-ci,
Philippe de Xhignesse, chevalier, reconnut l'avoir fait à tort et renonça
à tout droit sur l'objet de la donation (I).
Le 4 octobre (jeudi après la Saint-Remi) l!291, Henris, anneis fis à 7no?i
saingnour Wathier de Beafor, cev aller jadis, agissant du consentement
de sa mère, dame Ysabeal, de son frère Jean et de sa sœur Ponche, vend
aux religieux de Houffalize la quarte partie de le grosse dîme et la menue
aveke le droit de patronaige ki i apent en un lier de la parroche de Burs,
et ce pour 45 marcs (mairs de Ligois), qu'il a appliqués au paiement de
leurs dettes communes, laissées par son père défunt.
N'ayant pas de sceau, il prie le justicier des chevaliers de la comté de
Luxembourg et le prévôt de La Roche en Ardenne, de sceller, ce qu'ils
font.
Notons à' propos de cette vente, inscrite dans le cartulaire de Houffa-
lize, qu'à la fin de ce recueil est copiée une liste des cens, perçus à
Bauclen, que Messires Wautiers, sires de Beafort, donna aux religieux
de Houffalize, pour l'anniversaire de lui et de ma dame Ysabiau, se
femme (2). D'autre part, à la suite de cette libéralité, Wautier et son
épouse furent inscrits dans l'obituaire de Houft'alize, au mois de septem-
bre : « Anniversarium anno Domini M° ce L xx° nono, crastino exalta-
» cionis sancte crucis, obiit dominus Walterus de Beafort octavo decimo
» kalendas octobris et Elizabet, uxor ejus, pro quibus habent (sic) con-
» ventus de Huffalisia duodecim grossos veteres supra census de
» Baclen ».
(1) A propos de Philippe de Xhignesse, ajoutons que le 28 mars 1304 won signor
Philippe Je Sc/ienesse, chevalier, est cité au nombre des témoins de la sentence arbitrale
prononcée par Béatrice, veuve du comte de Luxembourg, entre son fils, le comte Henri,
et Gérard de Grandpré, sire de Houffalize (v. T^z^A' de Wurth-Paquet, Puhl. Lux., 1861,
n" 389; cf. le texte de ce jugement, ibidem, 1800, pp. 80-82). Wurth-Paquet remarque :
« de Schennesse, aussi qualifié de Biaufort. Biaufort ou Beaufort, serait-ce la traduction
de Schetmesse? •» !
(2) Cartulaire de Houffalize, ff. 84 v» et 10(5 \°.
— 173 —
Le 9 août (in vigilia festi heati Laiirencii martiris) 1319, l'official de la
cour de Liège mande à Wéry, investi de l'église de Bertogne, de, ad
pre&entiam Aiibretini dicti de Wanbav, armigeri, filii qunndam domini
Johannis dicti Maie Herbe, 7nilitis, et domicelle Aelidis,ejus uxoris^eten
celle des religieux de Houffalize, recevoir en son nom, lorsque ces parties
le demanderont, l'échange projeté entre elles : ces derniers désirent céder
leurs dîmes et cens de la paroisse de Btiers, auxquels les dits époux ont
également une part ; ceux-ci voudraient céder le patronage de l'église de
B lier s.
Le 1" avril (feria tercia post sanctam dieni Pasche) 1320, le curé de
Bertogne fait savoir à l'official (\Vi Abretinus (plus loin Albertus) de
Bastonia dit de Wambav, écuyer, et son épouse, ont procédé avec les
religieux de Houffalize à l'échange projeté entre eux (1).
Une autre charte du même l*^"^ avril 1320 nous donne à ce propos les
renseignements suivants : le mardit après le jour de la sainte Paske,
Aubretin's de Basioingne dis de Wambays, escuyers, fis jadit mon signeur
Jehan Maie Herbe, chevaliers, et damoiselle Aelis, sa femme, cèdent au
couvent de Houffalize leur droit sur le patronage et les menues dîmes en
l'église de Biiers, en échange contre les grosses dîmes en la paroisse
du dit Buers, les cens que les religieux avaient en la cour de ce lieu
et tous autres droits se partageant contre les dits époux, les dîmes,
grosses et menues, en la paroisse de Martelenge ; toutefois, les religieux
conservent ce qu'ils avaient dans le patronage et dans la menue dîme, à
Buers. Parmi les témoins, figurent Messires Gérars de Bastongne, che-
valiers,... Maistre Henris de Bastongne, Gérars, ils Monsigneur Gerart
deseur dit. Aubretin scelle, pour lui et son épouse, et prie le doyen du
concile de Bastogne d'en faire autant (2).
En 1334, Jean de Rachamps est présenté, pour remplir les fonctions
curiales à Boeur, par le monastère de Houffalize et par les patrons de
l'église : Thomas de Noville, chevalier, Godefroid, sire de AYiltz, et
Henri de Wampach.
Le 15 avril 1364, lorsqu'il s'agit de remplacer Jean de Rachamps,
décédé, Jean de Jemeppe présenta à l'archidiacre d'Ardenne Jean Dentin,
d'Estinnes-au-Val, et ce du chef de 1' « héritage » acquis par son beau-
père défunt^ Thomas de Noville, à Godefroid, sire de Wiltz, et à sa
femme (3).
Cette présentation provoqua un différend dont nous trouvons certaines
(1) Cartul. de Houffalize, fol. 23 v» et 24. Dans l'analyse précédant le texte le fils de
Jean Maie Herbe est appelé Alhrikinnsi.
(2) Cart. de Houfïiilize, f. 22 v°-23 v°.
(:3) Vuir plus haut, pour ces actes de 1334 et 1304, pp. 142 et 144 (58 et tJO).
12
- i7/i -
péripéties retracées dans une charte délivrée le 3 octobre 1365, au cloître
de l'église de S'*^ Croix, de Liège, par Gilles de Rochefort, archidiacre
d'Ardenne, en l'église de Liège : ce dignitaire y déclare que l'église de
lUters, de son archidiaconat, étant venue à vaquer par la mort du dernier
recteur, sire Jean dit de Rachamp, prêtre, Godefroid, sgr. de Wiltz, cheva-
lier, et Jean de Wampach, écuyer (ho)iorabiles et strenui viri videlicet
dominus Godefridus, donihnis temporalis territorii de Wolche, miles, et
Johannes de Wampach, armi^er), se disant en possession du droit de
patronage de cette église, ont présenté comme curé, au prédécesseur de
Gilles, sire Gobelin de Wolche, prêtre ; par contre, la maison de
Houffalize et sire Jean de Gemeppia (plus loin : Jemeppia), chevalier,
prétendant être les véritables patrons, présentaient au même prédéces-
seur Jean Dentini, d'Estinnes-au-Val {de Leslhiis in Valle), clerc du dio-
cèse de Cambrai.
Différentes pétitions ont été adressées à ce sujet au prédécesseur susdit
(l'une, de Jean de Wampach est datée du 23 avril). Godefroid de Wiltz et
Jean de Wampach ont été (d'après Gobelin de Wiltz), ainsi que leurs pré-
décesseurs, en la paisible possession du droit de présentation.
Dans une requête présentée contre J. dictiis de Wampaxh et sire
Gobelinus de Wolche, prêtre, J. Dentini déclare que ce sont, au contraire,
la maison de Houffalize et sire Jean de Jemeppe qui ont été, après leurs
prédécesseurs, paisibles possesseurs de ce droit, et que c'est à tort que
Jean de Wampach, se prétendant patron de l'église, l'a molesté.
Gobelinus répondit que le droit de patronat de l'église est absolument
séparé du droit de décimation dans l'étendue de la paroisse (1) et que
l'échange entre les religieux et Abertinus de Bastonia était de nulle
valeur, n'ayant pas été effectué selon les solemnités de droit requises.
Gobelinus, alors curé de Donnange {Diinitighe), fut toutefois débouté
de ses prétentions et la présentation de J. Dentini déclarée canonique :
l'archidiacre admit donc ce dernier à l'église de Bœur (2)
Le 30 avril 1373, Henris de Bastonge, esctivers, privas de la Roche en
Ardenne pour le temps, fait savoir que pardevant lui et les hommes
jugeables, honnerable et saige homme Jehans de Wambay, escuyers.
(1) « ... Quod jus piitronatus ecclesie memorate de Burs hactenus extitit et adhuc est
» penitus distinctum et separatum a jure percipiendi et levandi décimas infra metas
» dicte parrochialis ecclesie ».
(2) Cart. de Houffalize, ff. 29 v° — 32 \^. Parmi les témoins au prononcé du jugement
est cité Gerardus, hivestihis ecclesie de Novilia in Ardcnna.
Jean Dentin resta en la paisible jouissance de la cure si âprement disputée, car le
même canulaire (f. SQ \^) mentionne au 2 août 1370 « Jehans Dentins de Lestinnes, en le
dyocèse de Cambray, prebstres, viestis de Beure ens ou concile de Bastongne ».
— 175 —
ayant mis hors de sa mambournie sa femme, damoiselle Aelis, a donné au
monastère de Houffalize tout le droit qu'ils pouvaient avoir dans le patro-
nage de 1 église de Biiers, concile de Bastogne. Ladite Alice a corroboré
de son assentiment cette libéralité, selon le rapport du lieutenant-prévôt
et de deux hommes de la Salle, qui se sont rendus à cet effet à Wambay.
De son côté, Henri, fils légitime des dits époux, clere, pastoiir et vestis du
Graiit Wambay, a ratifié la donation (1). Celle-ci est consignée en ces
termes dans l'obituaire du couvent, au mois de mai : Afiniversarium
Johamiis de Wanbasio, sctitiferi, et domicelle Aelidis, uxoris sue, et
antecessorum eorum, gui legaverunt ?iobis omne jus quod habebant in
patronatu ecclesie parrochialis de Burs (2).
Enfin, nous l'avons également vu plus haut, en achetant à leurs cou-
sins, les enfants du seigneur de Jemeppe et de Catherine de Noville, la
maison de Noville et ses dépendances, Thierri I de Welchenhausen et
son épouse Catherine de Gronsveld avaient acquis les droits de cette
maison sur les dîmes et la collation de l'église de Bœur (avant le 2
février 1374).
Nos renseignements sur les dîmes et le droit de collation de Bœur de
1289 à 1374 nous les montrent aux mains de plusieurs groupes de pro-
priétaires séculiers :
1) Les Noville : Thomas I de Xoville et son épouse Hawide de
Xhignesse (1289) ; une partie de leurs droits provenaient des Xhignesse.
Leur fils Thomas II est au nombre des collateurs de 13;)4. Le gendre de
Thomas II, Jean de Jemeppe, présente en 1364, du chef d'une acquisition
faite par son beau-père (mort avant le 9 avril 1342) à Godefroid, sire de
VViltz, et à sa femme. Les enfants du seigneur de Jemeppe cèdent leurs
droits en la paroisse de Bœur à leurs cousins Thierri I de Welchenhausen
et Catherine de Gronsveld, lors de la vente qu'ils firent à ces époux de la
maison de Xoville.
2) Les Beanfort : Isabelle, veuve de Wautier de Beaufort, chevalier ;
ses enfants Henri, Jean et Ponche (1291).
3) Les Wampach : Aubertin de Bastogne dit de Wampach, écuyer, fils
du chevalier Jean Malherbe, de Bastogne, et Alice, sa femme (1319, 1320);
Henri de Wampach (1334); Jean de Wampach, écuyer, et Alice, sa
femme (1365, 1373).
4) Les Wiltz : Godefroid, seigneur de Wiltz (133i); avant le 9 avri^
1342, il cède une part au moins de ses droits à Thomas II de Noville. En
1365, lui, ou son fils Godefroid, prétend encore figurer parmi les collateurs.
(1) Cart. de Houffalize, f. 25-2G v°. lAicte est scellé par Jean de Wamhay et par le
prévôt.
(2) Ibidem, f. 102 v«.
— 176 —
De ces groupements, les trois derniers peuvent être confondus en un
seul, se rattachant à la famille de Wiltz.
Les Beau fort, en effet, on le sait, ne formaient qu'une race avec les Wiltz,
dont ils portaient les armoiries légèrement modifiées.
Quant aux WampacJi, ils devaient également descendre des dynastes
wiltzois. En 137 i et 1376, Jean de Wampach, certainement le même que
Jehans de Wambav, esaivers, qui donna en 1373 une part du patronage
de Boeur aux religieux de HoufFalize, portait sur son sceau un écu à un
chef, ail franc-quartier chargé de 3 feuilles de nénuphar, armoiries que
l'on décrit : d'or an chef de gueules (c'est-à-dire Wiltz) ; au franc-quartier
d'argent à trois cœurs ou feuilles de nénuphar de giœules (c'est-à-dire
Boîirscheid' (1).
Nos collateurs de Boeur appartenaient à la famille d'Ober- Wampach,
qu'il n'est pas toujours facile de distinguer des Nieder- Wampach (portant,
eux, de gueules, à 2 chevro?is d'or, accompagnés de S étoiles à 5 rais du
même, l'une en cœur, entre les S chevrojis, et l'autre en pointe). D'ailleurs,
Wampach-Haut et Wampach-Bas, encore appelés Grande-Wampach et
Petite-Wampach, eurent toujours, toutes deux, les relations les plus
étroites avec la terre de Wiltz.
Lors du dénombrement de la mairie de Hoffelt, en la prévôté de Bas-
togne, en juillet 1469, il y avait « en la ville Deseurtraine Wambay »
19 maisons, dont deux appartenant au seigneur de Clervaux et une habitée
par « ung gentilhome appelle Jehan de Wambay »; la hauteur appartenait
au duc de Bourgogne sur toutes les maisons. « En la ville Desoubztrain
Wambay », on comptait 15 maisons, dont une, d'un gentilhomme, tenue
en fief du sire de Wiltz ; onze taillables au sire de Rodemack et à Thierri
de Bastogne ; trois payant cens aux hoirs de Recogne ; le duc avait la
hauteur sur celles de ces maisons ne dépendant pas de la ville (2).
En 1631, Jean, comte de Wiltz, déclare être seigneur haut, moyen et
bas à Niederwampach, où il a maire et justice, et où tous les habitants
(1) De Raadt (Sceaux arin., IV, p. 198) décrit le sceau de Jean de Wampach : plain, au
chef parti : au l*'", ?, feuilles de tilleul saris tiges, renversées (nêrinphar) ; au 2^, plain ; il y a
là une petite erreur, fort explicable. Sur la belle pierre tombale de Jean-François de
Monflin, inhumé dans l'église de Hondelange en 1753, les armoiries du quartier Ovcr-
Wainbach montrent nettement les 3 feuilles de nénuphar dans un écusson, tiès en relief,
posé en franc-quartier (cf. J. Vannérus, Docum. concerna?it le fief de Niederwampach, pp.
24 et 27). Rietstap place l'écusson de Bourscheid sur le tout, mais je n'ai pas, pour ma
part, rencontré cette disposition.
(2) Arch. de Clervaux, n° 1257.
Nous avons déjà fait allusion à ce fief de Rodemacher à Wampach, qui avait donné lieu
à un différend réglé arbitralement, en 1378, entre (iilles, sire de Rodemacher, et Alix
de Noville.
— 177 —
sont ses sujets serviles, sauf trois hommes de fief, dont l'un est vassal
castrai (bourglehnman' et doit desservir son fîef avec cheval et équipe-
ment ; à Oberwampach, il est haut-voué, seigneur foncier et censier, et
tous les habitants y sont ses sujets serviles ; il a un moulin à Niederwam-
pach ; à Oberwampach, il a la justice haute et moyenne, acquise du
souverain par engagère (1).
Les seigneurs de Wiltz déléguèrent leurs droits de vouerie à Ober-
Wampach à la famille noble dite de Wampach (Ober-Wampach) : en
octobre 1448, Jean de Wampach s'y intitulait voué héréditaire; le 27 mai
1462, Jean de Wampag, fils du précédent, reprit en fîef de Gérard, sire de
Wiltz, entre autres droits et biens, le droit d'avoué à Wiltz et au pays de
Wiltz et tous ses biens de Wampag, sauf la dîme et la pèche. Des diffé-
rends naquirent quelquefois entre les sires de Wiltz et d'Ober- Wampach :
en 1628, le comte de Wiltz dut, en sa qualité de « seigneur haut-voué et
foncier de la Haulte Wampach », procéder contre Georges-Ferri de
Cicignon, d'Ober-Wampach, qui avait empiété sur ses droits en démolis-
sant l'ancienne maison et en la rebâtissant à une autre place (2).
C'est de Wiltz que relevaient, d'autre part, certains droits seigneuriaux
aux deux Wampach, consistant en différents biens, cens et rentes, et qui
étaient en décembre 1437 et en mars 1451 en la possession de Frédéric de
Brandenbourg, seigneur de Stolzembourg; à la mort de celui-ci, les biens
zîc den zzveyen Wampagen passèrent à son frère Jacques, qui les releva
du sire de Wiltz le 18 juin 1452 et les céda en engagère, le 24 octobre
1455, à Thierri de Bastogne (cité à Nieder- Wampach en 1469); les rentes
des villages de Wampach furent dégagées peu avant le 8 avril 1478 par
Gérard, seigneur de Wiltz (3).
Ces attaches wiltzoises de la famille d'Ober-Wampach, disons-le en
passant, viennent encore corroborer ce que j'ai dit précédemment de la
part des Orley dans les dîmes et dans le droit de collation de l'église de
Diekirch : cette part, ai-je dit, a dû leur provenir par Julienne de
Welchenhausen, de la famille de Wiltz. Or, les Ober-Wampach possé-
dèrent une portion des dîmes de Diekirch dès avant le XV*^ siècle : le
1" août 1455, Guillaume d'Orley, seigneur de Linster, déclare que Thierri
de Sauerfeld (Strainchamps) a reçu de lui en fîef, à titre de sa femme,
fîlle de feu Jean de Wampach (et de Sara de Septfontaines)^ les biens sis
à Diekirch, que les ancêtres dudit Jean détenaient déjà en fief ; lors du
(1) Hardt, Lux. Wcisthumcr, pp. 7.39, 740 et 744.
(2) Arch. de Clenuiux, n° 954; Cartul. de Wiltz, fol. 229 (arch. Sect. Hist. ; anal, van
Werveke) ; Fonds Neyen, ibidem, au 23 juin 1(528.
(3) Picbi. de Lux , t. 40 (1889), pp. 423-424; arch. Sect. Hist. Lux., Cart. de Wiltz,
ff. 210 et .351-354, et Chartes et titres div., IX, 9 (anal, van W.).
— 178 —
partage effectué, en janvier li'H n. st., eiiti-e Thierri, ses fils et le mari
de sa tille Marguerite de Sur/elt, celui-ci, Jean de Falkenhain dit Spiese,
obtint entre autres le bien (hoffj de Fcullen, tel qu'il avait appartenu à
feu Jean de Wanipach le vieux, et le bien de Diekirch avec dépendances :
lias guil zu Dickirchen, zii Gehtorff',zu Anoelstorff, zu Bastendorjj' und
zit Michelaiave, tnit aile syne ztibeheiire, iss sey in zenden, zinssen, renten,
guide, wasser, iveide, dune und grunne... ». En février 1562, Georges de
Waha dit Fronville, fils de Jeanne de Strainchamps (petite-fille de
Thierri et nièce de Jean de Falkenhain), tenait en fief de Bernard d'Orley
et d'Oswald von der Feltz, beaux-frères, et de Henri de Metzenhausen
une part de la dîme de Diekirch et dépendances; au XVIIP siècle, les
du Hautoy, descendants de Gilliot de Waha et de Jeanne de Strainchamps,
possédaient toujours la « part de Fronville » dans les dîmes de Diekirch.
On peut donc conclure que les dîmes et le droit de collation de la
paroisse de Boeur appartinrent à deux groupes de propriétaires séculiers:
les Xoville et les Wiltz. Les premiers en acquirent une partie par
l'alliance de Thomas 1 avec Hawide de Xhignesse^ une autre par un
achat fait à Godefroid de Wiltz et à sa femme (Lyse de Schœnecken) ;
quelle que soit la façon dont les Xhignesse arrivèrent à la possession de
droits sur l'église de Boeur, on doit considérer la famille de Wiltz
comme représentant avant toute autre les fondateurs primitifs de cette
paroisse. L'acquisition d'une portion de ces droits faite au seigneur de
Wiltz par Thomas II de Noville semble même indiquer une parenté entre
les familles, du vendeur et de l'acquéreur.
Rappelons-nous, d'autre part, que Thierri I" de Welchenhausen était
certainement allié aux Noville : c'est à leurs cousins les fils de Catherine
de Noville que Thierri et Catherine de Gronsveld achetèrent la maison
de Noville et ses dépendances. La parenté ne provenait certes pas du
côté de Catherine de Gronsveld, étrangère aux Ardennes, et doit s'expli-
quer, soit par la première union de Thierri, soit par l'alliance contractée
par son père.
De la première femme de Thierri, nous savons simplement qu'elle
s'appelait Aleyde; de sa mère, nous ignorons tout : si nous ne nous
sommes point trompé en le supposant fils de Thierri de Neuerbourg, il
devait avoir pour mère l'héritière des anciens seigneurs de Brandenbourg :
c'est donc Aleyde qui devrait se rattacher aux Noville ; d'après les dates,
on pourrait alors la considérer comme fille de Thomas I de Noville. Cette
hypothèse se corrobore de la circonstance que les deux fils aînés de
Thierri reçurent des noms familiers aux Noville : Wautier et Ponce (ou
Poncin).
- 179 -
En même temps que sa consanguinéité avec les Xoville, nous avons
été amenés à admettre entre Thierri I de Welchenhausen et les Wiltz une
parenté assez proche, qui s'accorde avec les rapports si étroits que nous
avons pu constater par ailleurs entre la seigneurie de Welchenhausen et
la terre de Wiltz, entre Julienne de Laval et les dynastes wiltzois.
Malheureusement, nous en sommes réduits aux pures conjectures pour
nous rendre compte de cette parenté. Si ïhierri I est bien, comme je l'ai
supposé, le fils de Thierri de Neuerbourg et d'une Brandenbourg, on
pourrait, pour l'expliquer, recourir à l'hypothèse suivante : c'est son union
avec Aleyde de Xoville, parente des Wiltz comme son frère Thomas II,
qui aura valu à Thiern la possession de Welchenhausen.
Si la mère de Thierri I n'était pas une Brandenbourg, on pourrait la
considérer comme ayant été une Wiltz : ainsi trouverait également son
explication cette parenté simultanée de nos Welchenhausen avec les
Wiltz et les Noville (1).
D'autre part, nos recherches ne nous ont pas permis, jusqu'à présent,
d'établir avec précision le lien qui existait entre Thierri I et Julienne de
Laval; cette parenté est évidente, mais sa nature nous échappe toujours,
grâce à la pauvreté des résultats de notre enquête : tout au plus pourrait-
on, avec quelque vraisemblance, faire de Julienne une fille de Thierri ou,
plutôt, de son fils Wautier. De nouveaux documents, seuls, nous tireront
de l'incertitude à cet égard.
Une ascendance légendaire des Welchenhausen
L'erreur consistant à faire de Welckcnhausen et de Vanlx (prévôté de Bastogne) une
seule et même localité remonte, nous l'avons dit au début de ce travail, à Bertholet, qui
en est, sinon l'inventeur, au moins l'éditeur responsable. En 1859, encore, elle se retrouve
dans une notice de De la Fontaine (2), auquel elle fait écrire : « Un Vaux, annexe de la
» commune de Noville, portait le nom allemand de Wclschenhauscn, communément écrit
» Welkcnhausen = demeure des Wallons; un tel nom ne pouvait avoir été en usage que
» chez les voisins allemands des habitants de Vaux ».
Un siècle avant, une dizaine d'années après l'appariticn de l'Histoire de Bertholet,
(1) La parenté avec les Wiltz de Catherine, fille de Henri de Welchenhausen, issu du
second mariage de Thierri 1" et non de l'union de celui-ci avec Ale3'de (de Noville),
s'expliquerait mieux par l'hypothèse rattachant Thierri I lui-même (et non Aleyde) à la
famille de Wiltz. Il est toutefois impossible, je pense, en présence des armoiries portées
par Thierri \, de le faire descendre des Wiltz en ligne masculine.
(2) Public, de Luxembourg, 1859, p. 43.
— 180 —
cette identification erronée donna à un généalogiste complaisant, (occupé à reconstituer,
en les embellissant, les fastes de la famille lorraine de La Vaulx-Vrécourt, l'idée et
l'occasion de corser son mémoire en y intercalant une branche formée par les « seigneurs
de Vuelkenhausen ».
Le résultat de ses recherches parut en 1758, en un Mémoire in quarto, et reçut l'année
suivante, dans le Grand Dictionnaire historique iXeMorcn {\.), les honneurs d'une large
publicité.
Je m'en voudrais de ne pas reproduire ici, de cet audacieux factum, les passages
concernant spécialement notre pays :
<. Lavaulx, maison de nom et d'armes, en la prévôté de Montmédy. Elle tire son
origine des ancieps comtes de Chiny et a pris le nom du fief qui s'appelloit Laruil, lequel
lui fut donné en partage dans le XII" siècle. Elle a porté indifféremment le nom de Laval
ou de Lavaulx.
Le premier connu est :
» L — Louis de Chiny, sire de Laval, fils d'Arnoul II, comte de Chiny, et d'Adélaïde,
sa femme. C'est ce Louis qui a formé la maison connue sous le nom de Laval et ensuite
de Lavaulx. Louis épousa Edme d'Elose, fille de Jean, sire de Corswaremme, et eut pour
fils Vernon, qui suit.
» II. ._ Vernon de Chiny, I du nom de Laval, sgr. de Marville et autres lieux, épousa
Edmonde de Limbourg de Fauquemont, dont il eut Oulry, qui suit.
» III. — Oulry, de Laval, se trouva à l'assemblée des pairs de Bastogne, tenue l'an
1233, pour aviser aux moyens de s'opposer à l'incursion des aventuriers. Il épousa
Mariette de Mauderchied, dont il eut : 1. Varnier de Laval, qui fut abbé de S. Erri de
Verdun; 2. Eric, qui suit; 3. Jean, qui fut auteur de la branche de Laval Bazeille ;
4. Enguérant, marié à Ermengarde de Conflans.
» IV. — Erie de Laval, fut marié deux fois : 1) à Elise de Sponche,n, dont il eut :
1 Jean- Ferry, qui suit; 2. Henriette de Laval, qui mourut jeune: 2) à Claudine de
Raville, dont il eut Théodore de Laval, qui a fait la branche de Vuelkenhausen, rapportée
ci-après.
» V. — Jean-Ferry de Lav^al, sire dudit lieu. Remagne et Marville, épousa en 1347
Emonde de Roden-Marcheren et en eut deux fils: 1. Guillaume, qui mourut sans être
marié; 2. Husson. qui suit... (2).
Seigneur de Vuelkenhausen, dans la prévôté de Bastogne.
» V. — Théodore de Laval, chevalier, sire de Vuelkenhausen, c'est-à-dire en françois,
Lavaulx, étoit fils pûné d'Eric de Laval, sire du dit lieu. Remagne, Marville, etc., et de
Claudine de Raville. II fut fait en 1359 prévôt des villes de Bastogne et de Marche. 11 eut
deux fils : Henri, qui suit, et Thierry, chevalier, sgr. de Vuelkenhausen, vicaire de la
vouerie de l'abbaye de S. Hubert en 1364, pour Venceslas, roi de Bohème, duc de
Luxembourg, qui le fit la même année gouverneur de ce duché.
(1) Ed. 1759, t. X, addit. et correct., pp. 20-21 et 24-25
(2) Dans la suite de la filiation, l'auteur ne tente plus d'intéresser le Luxembourg aux
faits et gestes de ses Lavaulx, si ce n'est qu'il fait d'un arrière-petit-fils de Husson, Erard
de Lavaulx, l'auteur d'une branche restée dans le Luxembourg, à laquelle il rattache :
Georges de Laval, chevalier, seigneur dudit lieu en partie, maître-échevin de la ville de
Luxembourg en 1594, époux de Marie Dellz, dont il n'eut point d'enfants.
— 181 —
» VI. — Henri de Laval, sire de Vuelkenhausen, fut sénéchal du duché de Luxem-
bourg. Il épousa Huguette d'Autel, dont il eut :
» VII. — Antoine de Laval, sire de Vuelkenhausen, qui épousa Lis de Gourey, dont
vint Marc de Laval, sire de Vuelkenhausen, lequel épousa Adelle de Houffalis ; il laissa
pour fils : Henri, qui lui succéda. »
On le voit de suite, tout ce récit n'est qu'un tissu d'assertions aussi fantaisistes qu'em-
brouillées, ne méritant même pas la discussion. Si j'ai tenu à le reproduire ici, c'est pour
montrer jusqu'à quel point d'audace et de bêtise certains généalogistes ont pu descendre.
Il est particulièrement regrettable de constater semblables pratiques à propos de l'his-
toire d'une famille dont on a pu dire : « La maison de La Vaulx, encore existante, compte
» parmi les plus distinguées de la Lotharingie. Incontestablement fort ancienne, elle est
» aussi très importante par les hautes situations qu'ont occupées plusieurs de ses mem-
» bres et très considérable par les branches nombreuses qu'elle a formées » (1).
Note additionnelle.
Le 18 novembre 1732, par devant le notaire J.-G. Bernard, Jean
Theodori, fils légitime de Henri Theodori et de Marguerite, conjoints,
de Niederwampach, se destinant à la prêtrise, déclare que le comte de
Wiltz, pour « seconder ses pieux desseins, l'auroit gratifié du bénéfice de
» sa chapelle castralle sise au village de Welchenhausen, ... raportante
» annuellement ... 26 écus 19 s., faisants en florins Carolus ... 109 fl. 5 s.
» Le dit raport ne suffisant pas pour la somme requise par les statuts
» émanés au fait des titres patrimoniaux, ... le W novembre, au village
» de Welchenhausen, ... les honorables Michel Henckels, commis
» mayeur, Servais Schroder, Pierre Closen et Jean Kaulmes, eschevins
» de la cour foncière de Welchenhausen, Jean Heinen, Jean-P. Guden et
» Jean-Adam Backes, leurs voisins, ... ont (par agréation du sgr. comte
» de Wiltz, leur sgr. foncier) cédez ... pour supplément au dit titre ... et
» abandonnent à l'aspirant ... les pièces de bois et terres à hayes ci-après
» dénommez, qui demeureront pour toujour et à jamais affectez à la
» susditte chapelle castralle : scavoir, un bois de haute fleure, appartenant
» aux habitants susnomés (à la réserve de P. Closen, qui n'a rien audit
» bois), nommé le Steinetz Dusch, aboutant au chemin qui conduit au
» village de Haschpelt, et leurs terres à hayes nommées Steinetz Hecken,
» contenant le bois 15 journaux et les ha3^es 14 journaux; P. Closen
» cède un de ses bois, situé au lieu nommé Hilgenborn, aboutissant au
(1) Léon Germain, Une légende. Les. Armoiries de la Maison de La Vaul.x, Saint-Dié, 1894.
C'est en 1752, sur un ex-libris, qu'apparaissent pour la première fois, au lieu de l'ancien
écu aux trois tours, de grandes armoiries, o\.\ s'annonce la fantaisie du Mémoire de 1758 : les
cléments en sont empruntés aux armes de Chiny et de Luxembourg, et elles figurent
encore telles quelles dans les armoriaux modernes !
— 182 —
•» susdit bois, contenant 2 journaux, dont, suivant l'évaluation faite ... à
» raison d'un écus par journal de bois et des haies 1/2 écu de raport annuel,
s> par an 2i écus, les quels, joints aux 26 écus 19 s. que dessus, font ... 201
» fl. Carolus et ô s., sur quoi l'aspirant est en droit de fonder son patri-
» moine; et a été ... investi du bénéfice prémis par le sgr. comte et mis en
» possession des bois et haies ... par les commis maïeur et échevins ... ».
Le comte si,çne (« De Wiltz ») et scelle, en son château de Wiltz; les
habitants de Welchenhausen apposent leurs marques, en ce lieu (aucun
ne sait écrire).
Le 12 décembre 17;)2, Fr. Simons, curé de Groscampen et de Welchen-
hausen, atteste la vérité de ce qui précède, à Groscampen.
Le 12 mai 1733, à Liège, le prince-évéque Georges-Louis érige en
bénéfice ecclésiastique perpétuel les biens précédemment (duduDiJ
annexés à la chapelle de Welchenhausen, en la paroisse de Groscampen,
et ceux ajoutés par l'acte du 18 novembre précédent; ce, sous l'invocation
de Sainte Lucie, en ladite chapelle. La collation, la provision et toute
disposition de ce bénéfice lui appartenant pour la première fois, il le
confère à J. Theodori; par la suite, le droit de collation appartiendra au
comte de Wiltz et à ses successeurs (1).
!»!=;-
(1) Orig., s. pap., avec sceau plaqué. Arch. Gouvt. Lux., Cli. et t. di\-., 1. 26 [Wiltz].
184
TABLEAU DE LA FAMILLE
N.
Thierri I de Welchenhausen (tils de Thierri de Xeuerbourg, sgr. de Brandenbniirg
[1291-1317] ?), petit-fils d'une Agnès.
Chevalier (1347), prévôt d'Ardenne (1353-1370), lieutenant, sénéchal ou drossard du
Luxembourg (13()2-1371), vicaire du duc en la terre de Mirwart et en l'avouerie de
Saint-Hubert (13(34), -f le 1" mars 1374 ou 1375.
Epousa : 1. Aleyde (1347) (se rattachant aux Wiltz et aux Noville ?).
2. Entre 1362 et juin 1868, Catherine de (ironsveld, veuve de Jean
d'Argenteau ( -\- en 1362), fille de Henri et de Mathilde von
der Heyden ; dame d'Argeanteau et de Veltjaeren, elle se
remaria, avant juillet 1375, avec Henri, sgr. de Pirmont
(1361-1400 + avant 1409).
11 laissa deux fils de son premier mariage, un du second.
Wautier I. chevalier (1347-1363);
vers 1360, au service du duc, comme
gardien de Verdun (semble-t-il).
Epouse vers 1347 Sara, fille de sire
Jean de Schœnecken.
Ponce ou Poncin I (13S0-14t2), +
peu avant août 1418.
Ep. avant janvier 1390 Catherine,
fille de Thomas de Hjiuset, chevalier,
voué héréditaire de Lontzen.
Thierri ,
ècuyer, tué
en 1394, à
ou près
Verdum.
Julienne,
dame de La-
val.
Epouse :
1) Waleran
du ('h éne
(1385);
2) Jean I
d'Orley
(1387-1408).
Jean, bâtard, dit
Kjiepgen (1429).
Ep. Catherine de
Birtrange (-f-
avant 1458).
Thierri de Wel-
chenhausen (1437-
1443), noble écuyer.
Thierri 11, écuyer,
(1410-1414), prévôt de
Bastogne (1412-1414),
voué héréditaire de
Lontzen, -\- en 1426,
sans enfants.
Ep. Agnès, fille de
Gilles de Sorizées ou
de Bombaye (encore
viv. 1429).
Thierri 111, investi de
Lontzen en déc. 1477.
-|- sans postérité entre
avril 1483 et le 2 avril
1487.
Ep. : .' Marie de (ilî-
mes.
Ponce 111(148.3), relève Lontzen le 2 avril 1487,
-f- en 1494 ou 1495, sans enfants.
Ep. Qithon de Corswarem (mars 1493-149,5),
veuve de Thilman Waldoreal, échevin de Liège,
mort le 14 mars 1488; elle se remarie avec Simon
de Soumagne (1495).
185
DE WELCHENHAUSEN
Agnès (1346-13G4);
Epouse le chevalier Jean Kt)ning de Leuder^dorf
(134G-1357).
Mathilde (1363).
Henri, mineur en 1380, ccu3-er, burggraf à Millen et Ganghelt (1404), prévôt de
Uurbuy (1412-1414), sgr. de Clermont (1411-1440), de Limbricht (1426-1428), etc. ;
-]- le 1<"' mars 1444 ou 1445.
Ep. Agnès de Herghe, fille d'Adam et de Jeanne de Lynden, citée 1428, -1-
un 29 juillet.
Ponce II, voué à
Lontzen (1427-146.3).
+ en 1477.
Ep. en 1456 Jeanne
de Malberg, fille de
Jean, sgr. d'Ourt n et
de Sainte-Marie.
Une fille.
Ep. un s"" de
Neufchàteau (lez
Uaelhem)
Catherine (1448-1449) +
avant 18 déc. 1469.
Ep. Jean Scheiffart de Me-
rode, sgr. de Hemersbach
(1448-1449), -[- avant le 13
mars 1451.
Catherine, religieuse à Burtscheid.
(Sept. 1495-sept. 1520).
Marguerite, religieuse à Burtscheid
(1495), prieure (1512), encore vivante au
13 sept. 1520.
I. — TABLE DES CHAPITRES
(Les nombres entre parenthèses renvoient aux pages du tiré-à-part] .
Introduction. La collation de
la cure de Diekirch ( 1326-1489) ï. XLV 209 (3)
/. La Fai7iil!e de Welchenhausen — 304 (8)
Thieni I (1347 1374) — 305 (9)
Additions T. XLVIII 78 (118)
Ponce I (1380 I4l2i T. XLV 318 (22)
Additions T. XLVIII 81 (121)
Thierri II (1410 1426) T. XLV 320 (24)
Ponce II (1426 1477) - 323 (27)
Addition T. XLVIII 83 (123)
Thierri III (1477 1483) T. XLV 324 (28)
Ponce III (1483 1494) — 326 (30)
Catherine et Marguerite . . (1495 1520) — 327 (31)
Addition ....... T. XLVIII 83 (123)
Henri (1380 14 ii) T. XLV 329 (33)
Catherine (1446-1449) — 338 (42)
La seigneurie de Welchenhau-
sen (1466-1791) — 340 (44)
Addition T. XLVIII 83 (123)
Branche bâtarde T. XLV 344 (48)
//. La seigneurie de N'ovule. . . T. XLVI 137 (53)
La famille de No ville. . . . (1250 1378) — 138 (54)
La maison de Welchenhausen,
à Xoville — 147 (63)
Addition T. XLVIII 84 (124)
Les seigneurs de X^oville, sous-
voués de Wibrin T. XLVI 150 (66)
Le Fief de Welchenhausen à
Donckols — 154 (70)
Les biens d'Arimont à Noville. — 155 (71)
Additions T. XLVIII 84 (124)
Les biens de Stein à Xoville . T. XLVI 162 (78)
Additions T. XLVIII 85 (125)
La dîme de Xoville en 1665 et
en 1669 • • • '- 94 (134)
— 188 —
Les familles de Bodanije et de
Dave
Les familles de Rcinhardstein
et de Reiff'enbei<^ ....
La famille d'Awan. . . . .
La famille de Cobréville. .
T.XLVTIT 08 (138)
— 101 (14!)
— 102 (142)
— 106 (146)
///. La Seigneurie de Laval de
1387 à la Révohitiun Fran-
çaise
Jean Id'Orley. (1387 1408)
Jean II et Gnillamne d'Orley . (U08-1452)
Additions
Everard et Englebert d'Orley . (1464)
Bernard d'Orley et ses enfants. (1465-1532)
Additions
La Famille de Rolland . . . (1564 1599)
Gérard et Emond de Schwart-
zenberg. . . ... (1610-1640)
Henri, comte de Rivière . . (1650)
Les Familles Daems et Gallo
de Salamanca (1650 1768)
Les Peintres Van Orley, des
cendants d'Everard d'Orley
de Laval
T.
XLVI
172
im
—
172
(«8)
—
173
(89)
T.
XLVIII
121
(161)
T.
XLVI
179
(95)
—
182
(98)
T.
XLVIII
126
(166)
T.
XLVI
186
(102)
—
188
(104)
—
190
(106)
190 (106)
194 (110)
/r. Les Rapports de LMval avec la
Famille de Welchenhaiisen .
Les origines de Laval . . .
Différents personnages appa-
raissant, dans la région, aux
XIIL et XIV*" siècles, sous
les noms de Vaux, de la
Vaux, de la Val. . . .
La famille de Vaux lez Noville
La famille de Lavaux-Saintc-
Anne
La consistance et les dépen-
dances de Laval
Laval
Remagne
Rechrival
Chisosfne
ï. XLVIII
127 (167)
127 (167)
128 (168)
132 (172)
136 (176)
139 (179)
139 (179)
143 (183)
147 (187)
148 (188)
— 189 —
Jenneville et Moircy 148 (188)
Weiler ....". 149 (189)
La dîme de Boulaide 153 (193)
Le bien de Diekirch 155 (195)
L'origine de Thierri I de Welchenhausen 156 (196)
Les possessions de Thierri I 156 (196)
La dîme d'Enzen 157 (197)
Sellerich et Winterspelt 157 (197)
Le bien de Welchenhausen 161 (201)
Addition / 181 (221)
Le bien de Vosshi 164 (204)
Flamisoul et Witry 165 (205)
Hasborn 167 (207)
Redit 167 (207)
Les armoiries des Welchenhausen 168 (208)
Les relations des Welchenhausen avec les Wiltz 171 (211)
Les dîmes et le droit de collation de l'église de Bœur . . . 172 (212)
Une ascendance légendaire des Welchenhausen 179 (219)
Tableau généalogique des Welchenhausen 183 (223)
II. - TABLE ONOMASTIQUE
Cette table — sommaire, bien que signalant tous les noms cités —
renvoie à la pagination des Annales.
Les trois parties de cette notice y ont paru comme suit :
La première dans le tome XLV (1910), pp. 299 à 347;
La deuxième dans le tome XLVI (1911), pp. 137 à 197;
La troisième dans le tome XLVIII (1913), pp. 77 à 183.
Ces trois parties sont désignées ici par les chiffres italiques /, 5 et 5;
i, 305 renverra donc à la p. 305 de la première partie (t. 45); 2, 160, à la
p. 160 de la deuxième partie (t. 46); 3, 160, à la p. 160 de la troisième
partie (t. 48).
13
190
d'Achy : 3, 135.
Afflévïlle : t>, 145, 146.
Affolter : 3, \:n.
d'Àgimont : "2, 142; 3, 132.
Ahin : t\ 103.
Aigrement : 1, 344.
d'Aix Ayz, de AqjiisJ / i, 301.
Aix-la-Chapelle : 1, 313, 318, 319,
32 4, 325, 327 9, 337; 2, 177;
3, 156.
Alemo)it : v. Alhoiimont.
Alf : 3, 158.
Alger : 3, 104.
Aliioimiont : ?, 138, 143; 3, 126,
132.
Allomont : i, 304.
d'Alpen : i, 340.
Alsace : i, 334; 2, 174.
d'Alscheid : ?, 166, 168; 3, 96, 97.
d'Alsebor : 3, 109; cf. Asselborn.
de Amlingen : i, 346.
Andréon : i, 307.
Andrimont (d') : 7, 321-3, 325.
Angelstorjf : v. Ingeldorf.
Anlier : i, 303; ^, 99, 167.
d'Anly : 3, 92.
Ans-et-Mollin : 7, 327.
Ansart : 3, 99.
Ansenbourg (d') : 5, 139, 175.
Anvers : 2, 190, 196.
d'Apremont : i, 309; 2, 186, 189.
de Aquis : v. Aix (d').
d'Arberg : 2, 191, 193.
Ardenne : i, 306-8, 311, 315, 316,
333; 2, 140, 144, 154, 155, 160,
166, 180, 186 8; 5, 78, 99, ll5,
129, 130, 131, 141, 156, 158, 172,
174. 183.
(d')Arenberg : i, 330; 3, 148.
Argenteau (d') : /, 313, 314, 316,
317, 335; 2, 147, 154, 182, 183,
185, 196; 3, 78, 79, 152, 183.
d'Arimont : t>, 147, 155-62, 170;
3, 84, 85, 89, 103, 108 11, 113,
117 9, 135.
Arion : 3, 95.
Arlon : 7, 301, 308, 332-4, 344;
2, 138, 157, 164, 184; 3, 92, 122,
126, 133, 144, 151, 154, 155.
Arloncourt : t>, 149; 3, 107, 118,
146.
des Armoises : ï, 305; !?, 144. 146;
3, 79, 80.
Arras : i, 337.
d'Arschot : 2, 153, 190.
d'Arville : 148.
(d') Asselborn : 2, 183; 3, 152,
161 3; cf. Alsebor.
d'Assenois : 2, 138.
d'Assonleville : 3, 109.
Astenet : 7, 336.
àlAstenov : 3, 106, 130.
Aubel : i, 332.
Aubert : 3, 107 (cf. Cobréville).
Aufflance : 3, 163.
(d') Autel : i, 308, 310, 312, 339-
41; 2, 145, 170, 173-8, 182, 185;
5, 141, 146, 153, 161, 165, 166,
181.
Autreppe : i, 342.
(d') Autriche : /, 343; 2, 197.
von Auwe ou Auwen : 2, 164, 183.
d'Auwenn ou Awenn : 2, 158.
d'Auxbrebis : 3, 146.
d'Awan : 2, 160; ;J, 84, 94-6, 102-6,
108, 120, 134, 135 (').
d'Awans : 3, 104, 106.
Awenne : 3, 137; cf. Auweime.
[}) C'est par erreur, je pense, que je n'ai pas considéré Louis d'Awans, époux de Jeanne
Hugonel, comme se rattachant aux d'Awan (.?, lOi); il ne doit faire qu'un avec Louis
d'Awan, lieutenant-capitaine d'Ivoix en 1550 (5, 103).
— 191
Aye : 1, 304.
de Ayville ou des Ayvelles : 3, 120.
Aywaille : 1, 312; e, 190; 3, 104.
d'Ayz : Y. Aix.
Backes : 5, 181.
(de) Baclain : 3, 92. 172.
Baelen: 7, 331.
Baesweiler : 7, 312 313, 319, 322;
3, 132, 137.
de Baexen : e, 148-50, 153, 154.
de Baillet : 7. :3i3.
Bailleul : 7, 327.
Baillonville : 3 104. 150
(de) Baleycourt : 3. 79, 80.
Ballon. Balloin ou Balon : 3, 134,
166.
de Ballonfaux : '2, 168; 3. 96, 97.
Balthasar : 3, 166.
de Bar : 1, 305, 306; 3. 157
de Barbençon : 7, 342; ^, 189.
Bareton : t?, 14i.
Baromé, Barosmé : 3, 131.
(de)Barse : 7, 316; 5, 154.
Bas-Bellain : 2, 148.
de Basem ou Basenheim : 3, 92,
100, 161.
Bastendorf : 3, 127, 178.
Bastogne : 7, 303. 306 307, 311,
314. 316. 320, 321, 331 5; t>, 138,
140, 147-50, 154, 155, 159, 160,
162, 163, 165-7, 169/170, 176 7,
186 8; 3, 78, 84, 85, 87, 90-2,
94-6, 98, 99, 101-11, 113 6, 119-
23, 125, 128, 130, 131, 133-5, 142,
145-8, 150, 165, 166, 173 6, 179,
180; add.
de Bastogne : 7, 315, 344; 2, 144,
162, 170, 176 9, 185 ; 5, 86, 87,
101, 102, 121, 129,131,145, 146,
148, 165, 17;^ 175-7.
Bauduin : 3, 167.
de Bautze : 1, 342.
de Bavière : 1, 312.
Bavigne : 3, 154.
Bazeille : 3, 180.
Béatrice : 3, 172
(de) Beaufort : 7, 345; 2, 144, 149;
:{, 78, 130, 132, 172, 175, 176.
Beaufort-sur-Meuse : 2, 193.
Beaulieu : 3, 79.
Beaumont : 7, 308.
Beauraing : 3, 152.
Beautris : 3, 122.
Beeler : 5, 141.
Belei : v. Bollei.
(de) Bellain : 1, 344; ?, 176, 178,
179, 183; 3, 140, 141, 149, 153,
161.
Bel Petit : 7, 310.
de Belva : 2, 155, 156.
de Belvaux : 2, 156.
de Belven : 7, 329; 3, 83.
die Berner e : .'?, 145.
(de) Benonchamps : 2, 158, 160;
3, 1 18, 154.
de Bentzerodt : 3, 92, 94.
Berbourg : 7, 346, 347 ; 2, 178.
de Berche : 1, 312.
Bercheux : 9, 177; 3, 1 i6, 147.
(de) Bereldange : 7, 300, 301 ; 3,
155.
(de) Berg : 7, 304, 320, 329, 336-8;
2, 164; 3, 160, 169.
Berge ou Berghe (von dem) : 7,
307, 340; i», 183, 193; 3, 83, 161,
183.
de Berlaimont : 2, 181, 185; 3, 126.
Berlé : 3, 154.
de Berlo : 3, 137, 138.
Bernabrùck : 7, 343.
Bernard : 3, 181.
Bernardfagne : "2, 141.
Bersés : ^,189.
Bertholet : 7, 303; 3, 179.
de Bertignon : 3, 134.
192
Bertolff: /, ::>2i, 325
Bertogne : t>, 142; :i, 17:î.
(de) Benvard : J, :U)5; t>, 144, 146.
Besorv : v. Bisory.
Bes/i/ige/i, Bcssclinck, Besselin-
gen : v. Bellain.
de Bette : /, 34;}.
Bettembourg : "-2, 173.
Bettendoif :'t?, 165; .'^, 90, 92.
Bettingen (Sterpenich) : 2, 145.
Bettingen (Prùm) : î*, 165, 171; 3,
158, 169, 170.
Beuver Hard : v. Biiefmger H.
Beyssel de Gymnich : i*, 150.
de Beyvels : '■2, 15(i.
de Bien : S, 106.
de Bierbach : 2, 156.
de Biernaw : i, 322.
Bièvre : 3, 104, 106, 120, 121.
de Bihain : 2, 158.
de Bilhain : 2, 158.
Bilstel : l, 332.
de Binsfeld : 1, 324; S, 83.
de Bioiirge : 7, 310.
de Birgel : i,.313, 337.
(de) Birtrange : l, 345-7.
(de) Bisory : 3, 92, 118.
Bitbourg (de): 2, 156, 163, 171;
S, 88, 92.
Blagny-lez-Ivoix : /, 303; '2, 177;
3, 141.
Blamont : i, 311.
Blanchard Prey : 3, 131.
Blanchart : 7, 303.
Blankenheim (de) : /, 306; 3, 81,
91, 164.
Bleialf : 3, 158.
Blitterswyck : 7, 341.
Bock : 5, 164.
Bodange (de) : 3, 96-100, 115, 146.
Bodin : 5, 138.
Bœur : 7, 314, 315; 2, 137, 140-2,
144, 145; 3, 129, 130, 13)2, 133,
171-8.
Boferding : 2, 1^7.
(de) Bohan : 3, 104, 120, 135, 13.6.
Bohême (de) : 7, 306-9, 312, 313,
333; 2, 142, 143, 145, 173, 174;
.'}, 79, 149, 158, 166, 167, 180.
(le) Bohémien : 3, 145.
Bohémond : 2, 167.
de Boisleau : 2, 190, 192.
(de) Boland ou BoUand : 7, 311,
325, 330,334; 2,mi, 169, 171,
173, 184, 186-9; 3, 115, 161.
Bollei : 3, 129, 137.
Bollich : v. Bulich.
Bologne : 2, 168.
de Bombaye : 7, 322, 323.
Bonmaître : 3, 106, 107, 148.
Bonnerue : 3, 142.
Boppart : 7, 309.
Bor Johan : add.
de Borman : 7, 326, 327.
de Born : 2, 183.
Bornheim : 7, 337.
Bornival : ?, 178.
Bottenbroich : 7, 339.
délie Bouchinne : 2, 170.
(de) Bouillon : 3, 145.'
Boulaide : 2, ill; 3, 140, 141, 153-5.
de Boulay : 2, ill, 178.
de Boulich : v. Bulich.
Bonl/afil : v. Boland
(de) Bourcy : 7, 304, 345; 2, 143,
147, 158, 179; 3, 84, 92, 126, 130,
131, 134, 140, 141.
de Bourdon : 2, 156.
(de) Bourgogne : 7, 320,321,331-5,
337; t>, 174,175, 178, 179; 3, 122,
139, 176.
Bourgois : 7, 302.
Bourot : 5, 167.
(de) Bourscheid : 7, 301, 317, 334,
335, 340, 341; 2, 173, 183; 3, 161,
176.
Bous, : 3, 162, 163.
Bouvignes : 2, 180, 181, 185; 3, 126.
— 193
Boiivye : S, 108.
Bôvange : '2, 150.
Bra : 3, 92.
(de) Brabant : 1, 307, 308, 312,
oio, ol9 oJl, oZo, ool, ooZ, oo4,
337, 338, 341, 344, 346; 9, 174,
175, 193, 194, 196; S, 78-80, 91,
116, 146.
de Bracht : i, 312; 3, 82.
Brachtenbach : t>, 148, 150, 176 ;
3, 140, 141, 163.
Braine-le-Comte : 1, 322.
(de) Brandenbourg (Lux.) : 1, 306,
308, 321, 325, 334, 335 ; 2, 175 ;
3, 78, 131, 150, 152, 158-61, 164,
165, 169-71, 177, 178, 183; add.
de Brandenbourg (Prusse) : ?, 172,
173.
de Brandscheid : .'>, 101.
Brant de Buseck : 3, 160.
Brasberg : 2, 318, 328.
de Brede, Breide : ?, 162; add.
de Brederode : 1, 313, 336.
de Breitscheid : ?, 167.
de Breux : 1, 303.
Briedel : 7, 314.
de Briey : /, 342.
de Brignéme : 5, 112.
Brockardt : -2, 165.
van den Broecke : 7, 313, 314.
de Broich : 3, 169.
Bruch : 7, 313; 3, 169.
Brùcken : 3, 168.
de Briika, Bruke, Brugke : 3, 169.
de Bruenne ; 2, 190.
Bruxelles : 2, 194-7; 3, 113, 146.
va7i den Bnivc, de Bricvche : 3,
169.
de Buchet, Buchetz, Buvssette :
2, 187-188.
Buefinger H art : 3, 151.
de Bulich : 3, 89, 90, 160.
Bùvden : 7, 346.
Buret : 7. 345.
Burtscheid : 7, 327-9, 336; .S, 183.
Bury : v. Bœur.
de Busleyden : 2, 180; 3, 88, 122,
133. cf.'^Boulaide.
Butgenbach : 7, 312; .'>', 101, 102,
167, 168; add.
Butkens : 7, 325.
Buyssette : v. Buchet.
Buzv : 3. 163.
Calozer, Calozet : 3, 118.
Cambrai : i>, 144, 195 ; 3, 174.
Canzem : 3, 170.
le Capitaine : 3, 121.
van Cappenberghe : 2, 196.
de Carondelet : 2, 186, 188.
Castel : 3, 158, 159.
de Celles : 3, 106.
de Celles d'Awan : 2, 160; 3, 105,
106.
de Cens : 3, 150.
Ceureux : 3, 104.
de Chabot : 7, 304.
Champion : 2, 188, 189.
Chanoy : v. Duchanoy.
Chantemelle : 7, 344;^i^ 157.
Charles-Ouint : 3, 104, 111.
Charles-le-Téméraire : 3, 137.
Château-Thierri : 7, 325.
leChâtelet : .S, 126, 141, 146.
Chauldron : 3, 108.
le Chêne : 7, 303; 2, 177, 178; .3,
141, 146, 147.
du Chêne : 7, 300-3,, 317; 2, 172,
185; 3, 155.
le Chenet : i>, 192; .3, 142, 143.
(de) Chéoux : 3, 105, 135, 166.
Cherain : 3, 128.
Chesongne , Chessonnc : v. Chiso-
gne.
Chestrevin : 2, 181.
Chevigny : 3, 138.
— 194 —
de Chimay : .'>, loi.
(de) Chinerv : /, .'103; t\ 189.
Chiny : /, 310, Ml, 334; i>, 142,
159, 174, 175, 191; :i, 105, 134,
135, 180, 181.
Chisogne : r>, 125, 142, 143, 148.
de Cicignon : S, 177.
Cinev : l, 31(î.
Claes : 1, 'MO.
Clarisses : .'?, 93.
Clas : S, 164.
Clémency : 7, 344.
leClercq : S, 121.
Clermont : 1, 328, 3>32, 335, 337,
339-42; i>, 147; 3, 83, 183.
(de) Clervaux : i. 313. 334, 335;
t^ 148, 149, 156, 158. 162, 175,
-183; 3, 86, 123, 134, 135, 150-2/
161, 176.
Clever-Hamm : 1, 320.
de Clèves : 7, 320.
Clignet : 1, 332.
Closen : 3, 181.
(de) Cobréville : t^ 166, 188; 3, 94,
95. 97, 100, 104, 106-21, 128,
138, 146.
Cobru : '2, 160; 3, 114, 118.
Cogenbosch : 2, 194.
Cofar : 3, 137.
Colin : 3, 170.
Colla : 3, 92.
Collignon : .'>', 109, 111, 1.38.
Collignon Claus : 3, 109, 111, 121.
Colmar : i\ 164.
(de) Cologne : t^ 170; 3, 81, 85.
(de) Compogne : /, 311 ; t>, 138 ; 3,
107, 128, 133.
Comte-Moulin : 3, 131, 132.
. de Condé : /, .327.
Condroz : /, 327.
Conflans (de) : i>, 187, 188; 3, 180.
Conflans-en-Jarnisis : /,.309; t>,145.
(de) Corswarem : /, .316, 326, 327 ;
î?,181, 185;.'i, 180,183.
Cortenbach : t^ 193.
de Cet tin : .'>, 154.
Cowan : /. 314; 2, 138; .'>', i;î2.
de Crauwels : /, 340.
de Créange : 2, 156, 164; 3, 89.
(de) Cronenbourg : I, 305, 306 330,
331; .SM58, 161, 170.
de Crôv : I, 322.
Crummel : /.. 318.
de Crutzi : 3, 157.
Cr^itznachen : J, 331.
de Cugnon : 3, 99.
Cumières : 3, 80.
Curange : 7, 339.
le Curé : 3, 108.
D
Dachs : t^ 180: 3, 123.
Daems : i\ 190.
Dalhem: 7, 319, 322, 328; 3, 78.
Dalken : 7, 343
Dampicomt : 7, 3i4.
Damvillers : 1, .305, 3.32; 3, 145.
Darban : v. d'Awan.
(de) Dasbourg : 7, 304, 305, 307,
320, .329, 330; t?, 1.55; 3, 102,
105, 157, 161, 164.
Dauff : 3, 104.
(de) Daun : 7, 306, 313; 3, 81.
de Dave : 2, 165, 166, 168; 3, 93,
96-100, 102, 146.
Daverdisse : 3, 106, 138.
Dawan : v. Awan (d')
Dellz : 3, 180.
Dentin, Dentini : 2, 144; 3, 173,
174.
de Devnsburg : .'>, 87.
Dhame : i', 167.
Diekirch : 7, 299-303, 321; t>, 164,
165, 182; 3, 90, 94, 126, 127, 1 40,
141, 1.55, 177, 178.
de Dieranio : t?, 156.
Diest : 7. 333.
195
Dinant : 1^181.
Dion-le-Mont : ^2, 190-3.
Dodeiîbourg : 2, 175.
Dollart : v. Dullart.
Doncols : 2, 148, 149, J54, 155.
Donnange : -•, 139, 164; 3, 105,
' 174.
de Dorsschet : 5, 151.
Dourlers : v. Orley.
Dreimolen : o, 81.
Driessche : 7, 336.
Drinkler : 2, 148.
Drohier : 5, 79, 80.
Dromait : ,?, 138.
Drimckeler : v. Drinkler.
le Duc : 3, 99, 107, 113.
Duchanoy : .'>, 148.
Dudelange : 2, 177, 178.
(de) Dudeldorf : /, 306; t>, 164,
165; 3, 92.
Dullart : i, 346, 347.
Duplessien : 2, 167.
Durbuy : /, 307, 318, 320, 332-5 ;
e, 177; 3, 104, 166, 183.
de Dynter : 1, 333, 334; 2, il A.
Ebly : 3, 128.
Echternach : 2, 144, 159, 160, 163;
3, 78, 92, 93.
von der Ecken : 3, 92.
Ecombre : 3, 146.
Ediger : 3, 81.
Eifel : 7, 304, 330.
Eigelscheid : '>', 158, 159.
Eisenbach : cf. Eiissenhach.
d'Elberfeld : 7, 304.
Elcherath : 3, 158.
Elderen : 7, 337.
(d') EU : 2, 142, lii.
d'Elose : 3, 180.
Elpe : 7, 304.
Elsloo : 7, 317.
von Eltester : 7, 318.
van den Ende : i, 164.
d'Endelsdorf : 7, 335.
Engelsdorf : 3, 168.
d'Enghien : t?, 1.96.
Engiie : 3, 144.
(d'j Enschringen : 7, 337; 3, 92,
134, 154.
Entzen : 3, 157.
Enzen : 7, 305; ;>', 156, 157.
Erlebald : t\ 141.
Ermesinde : 3, 128.
d'Ermeton : e, 180.
Erneuville : 7, 304; t>, 137; .'>\ 118,
150, 152, 153.
Erpeldange : t>, 164 ; ;J, 127, 160.
d'Esbeeck : 3, 166.
(d') Esch-sur-Sûre : 7, 321 ; e, 139,
146; 3, 89, 158-61, 169,170.
d'Eschweiler : 7, 337, 346.
Escinache : v. Xhignesse.
Espagne : 3, 147.
Estinnes-au-Val : t?, 144; 3, 173,
174.
à'Estryller : i\ 170.
d'Etalîe : 1, 344; t>, 176, 183.
Etienne : 3, 78.
Ettelbrùck : 7, 345, 3-46.
Eupen : 7, 319.
Eussenbach : 3, 157.
d'Eve : ,î^, 138.
Everard : 5, 92.
(d') Everlange : t', 168, 169, 171,
175; 3, 99, 100, 146, 147, 154.
Eynatten : 7, 318.
Fahne : /, 320.
F'aing : v. Foy.
duFaing : 3, 99, 10 i.
Faick : 3, 89.
de Falkenhain dit Spiese : 3, 178.
196 -
(de) Falkenstein : I, 306, 330; t?,
168, 169; 3, 158-60, 170.
Famenne : :i, 136.
Fanzel : 7, 344.
(de) Fauqiiemont: 7, 310,311, 3'29,
336; 337, 341; :i, 180.
Faussjen : 3, 154.
Fauvillers : '■2, 141.
Favaige : t?, 189.
du FaV : .-J, 121.
Feilsdorf : :i 158.
Felretz : v. Volratz.
Feltz (von der) : 5, 127, 178.
(de) Fénétrange : 7, 312 ; S, 159-61;
add.
de Ferdinand : 7, 343.
de Ferrant de Montigny : S, 105.
Feulen : .S, 126, 178.
de Fexhe : 2, 189.
Fhae : v. Vaux (Noville).
Filly : 7,304; ?, 143.
de Filues : t^ 139.
Fischbach: t?, 175, 188,189.
(de) Flamisoul : 3, 82, 134, 143,
157, 165, 166.
de Flandre: 7, 319; t>, 138.
Fléville : 2, 186.
Flippo : 3, 135.
Florence : 7, 307.
de Floren ville : 7, 342.
Floyon : t>, 180-2, 185; 3, 126.
Folkendange : 5, 94.
Fond de Laval : 3, 143.
de la Fontaine : 3, 111.
Fontenelle (Walcourt) : 3, 150.
de Fontoy : 7, 312.
Forbach ■. 7, 309.
Fossen : v. Vossin.
(de) Foy : 7, 304; 2, 143; 3, 118,
119, 153.
Foyan : 2, 155, 156, 161.
France : 5, 145, 148, 162, 167, 191;
3, 79, 105, 134, 140, 147.
Franchimont : 7, 326.
Franciscains : 3, 93.
Franck : 3, 89.
Franckenberg : 7, 331; "2, 177.
Frankenberg : 7, 325, 335.
Freilange : 3, 157.
de Freisdorf : 3, 78.
de Frentz : 5, 163.
Freyr : 3. 143.
Friedland : 3, 158. 159.
de Fronville : 2, 157; 3, 150, 178.
Funck : 2, 188.
Fusgin, Faussjen : 3, 154.
Fûsenich : 3, 164, 165, 171.
G
Gaesbeek : 2, 185, 194 6.
Gallo de Salamanca : 2 190, 191;
.3, 142.
Ganghelt : 7, 331; 3, 183.
van Gappenberghe : 2, 196.
le Gaudicheux : 3, 90.
Gebùrgen : 3, 101.
de Gegen : 7, 320, 331
de Geltingen : v. Giltlingen.
Georges-Louis : 3, 182.
Geresme : v. Giresme.
Geubel : 7, 304; 3, 152.
Geustorf : v. Gœsdorf.
Ghenart : .S, 104, 135.
Gilot : 2, 193.
Gilsdorf : 2, 165; .'>', 127, 178.
de Giltlingen (ou Giltingen): ^^,163,
164; .3, 89, 90, 107, 110,111.
Gimmern : 5, 84.
Gintping ou Gintxing : 3, 88.
Giravillir : 2, 167.
de Giresme : 2, 187, 188.
Gislebert : 3, 144.
(de) Givry : 3, 130. 143.
(de) Glîmes : 7, 325; 3, 183.
Gobelinus : 2, 166
Godefroid-le-Barbu : 3, 138.
Godinne : 3, 150.
197 —
Gœdange : 2, 176; 3, 141.
deGœr : 1, 341.
de Gœrlitz : 7, 331, 334.
Gœsdorf : 3, 162.
GoJidehericht : 5, 151.
de Gondersdorf : 3, 127, 140.
de Gourey : 5, 181.
Gouverneur : 3, 107, 111.
Gozelon : 3, 148.
der Graeffe : i, 328.
(de) Grainchamps : t?, 183; 3, 138,
150-2.
Grancha7nps, Grandcamp : v.
Grainchamps.
Grand- Bigard : t^, 194.
Grand-Jean : 3, 92, 114, 115, 118.
de Grandpré : 3, 172.
Grantchaujp, Grantschaii : v.
Grainchamps.
Granl Wanibav '■ v. Ober-Wam-
pach.
Grave : v. Grès.
Greiffenclau : 3, 153.
Greimelscheid : 3, 158, 159.
de Grès ou Grave : /, 325.
de Gressenich • ?, 167-9, 171.
Grevenmacher : /, 343.
Greverath : i?, 175.
Gronais : l, 311.
de Gronsveld : l, 313-7, 320, 323,
327, 331, 332, 337, 338; S, 137;
3, 78, 79, 82, 83, 165, 175, 178,
183.
Groscampen : 1, 304; 3, 161, 182.
Groulard : 5, 95, 96, 104.
de Grumelscheid : !?, 183.
Gryejfendaeghe : v. Greiffenclau.
Grysegrubben : 1, 336.
Guden : /?, 181.
Gueldre : /, 312.
de Gùlpen : /, 328, 329.
Guntbert : 3, 144.
de Gymnich : /, 346; i?, 175.
Gyresme : v. Giresme.
H
(de) Habaru : 2, 158, 161; 3, 98,
104, 122, 124, 127, 128.
Habergy : 2, 158.
Haborqiiay : 3, 135.
de Haccourt : 1, 322.
(de) Hachiville (ou Heltzingen) :
i?, 176, 178-80, 183; 3, 126, 140,
141, 149, 151, 153, 161-3.
Hack, Hacke : 1, 340; 3, 87.
de Hackenbroich : 3, 169.
de Hagen : I, 300.
Hainaut : 1, 312.
Hal : t>, 195.
Haltfast : <2, 180.
(de) Ham, Hamm, Hamme : /,
304; t>, 163; 3, 88, 158, 159, 169.
de Hamal : /, 337; t?, 177.
Hamoir : i?, 142.
de Haneffe : 3, 136.
Hanss ou Hantz : 3, 114, 118.
Happaert : e, 185, 195, 197.
de Haracourt : add.
Hardy : 3, 147.
de Harff: t>, 149.
de Harroy : 3, 147.
d'Harscamp : 1, 329.
Harspelt : /, 304; 5, 164, 181.
vander Hart : t\ 155.
Hartelstein : 1, 339, 340; i\ 170;
.'>', 161.
Harvengt : i.\ 186.
Harvet : 3, 193.
Hasborn : /, 322. 324; 3, 157, 167.
du Hatoy ou Hautoy : 3, 13 i, 178.
Hasson ville : t>, 189^
du Hauchar : 5, 99.
Haultepenne : t?, 182.
(de) Hauset : 1, 318, 319, 325, 328;
3, 106, 183.
Hautoy : v. Hatoy.
Haverece : 3, 122.
Haversin : 7, 322.
198
de Haxhausen : t\ 149.
de la Haye : .'J, 163.
de Hayme : t', 154.
de Hébronval : t\ 158.
Heckenmûnster : t\ 175.
Heems : ,'>, 1 12.
Heere ou Heers : i\ 190.
Heerlen : /, :ri9.
la II ce W'athv : t^ 162.
Kelfingen : 't>, 167 9; .S, 94.
}leidehei)i : .'>, 89.
von der Heiden ou Heyden : 7,
3l:i, 31i, 338; .'J, 100, Ï83.
Heiderscheid : .'>, 162.
Heidweiler : t\ 175.
Heimbach : /, 340.
Heinen : S, 181.
Heinsberg : 7, 335.
de Heinstorf : S, 161.
de Helbringen : t>, 164; S, 88, 90,
97; cf. Hilbringen.
Helmont : t\ 193.
IJelshig et Heltzingen : v. Hachi-
ville.
îlemesborch : v. Hemmersbach.
Hemmeres : .'J, 158.
Hemmersbach : /, 332, 338-41 ; S,
183.
de Hemricourt : /, 316.
Henckels : .S, 181.
Hem-a : t.', 148.
Hem-i : .'?, 122.
Henri, empereurs. IV : 7, 318.
VIÎ : 167, 172.
Henri, élu de Liège : i\ 138.
d'Henron : /, 343.^
de Herckenrode : /, 327.
Herck-Saint-Lambert : /, 327; t>,
189.
Herent : t?, 181.
Herman : t^, 90, 92, 109, III, 113-5,
119.
de Hersdorf : /, 306.
Hersscheid : .'^, 157.
Hertogenwald : 7, 319.
Hervé : 7, 313, 314, 319, 332.
Herzogenrath : 1. 324.
Hesbaye : 7, 319.
Hesse de Hilbringen : .'>, 161.
Heyden : v. Heiden.
de Heyer : .'î, 81 .
Hilbringen : o, 161 ; cf. Helbrin-
gen.
Hilgenborn : 3, 181.
Himmerode : .:>, 164.
de Hinderer : 5, 105.
Hives : S, 128, 152.
Hobscheid : ?, 139.
Hoch-Kastel : S, 159.
Hocklin, Hoecklin, Huckelin : i?,
180; S, 122 4.
Hodiers : 7, 319.
de Hoemen : 7, 338.
van den Hoerick : 7, 324.
Hoesselt : 7, 327.
Ho f alizé : v. Houffalize.
(de) Hoffelt : 7, 335; t?, 150, 159,
161, 176, 183; S, 84, 85, 113, 115,
117 9, 140, 141, 149 53, 176.
de Hoffert : .'J, 122, 124.
de Hoffs : 7, 304.
d'Hotfschmidt : e, 169, 171.
Hohenlandsberg : t', 189.
Hoichfelt, Hoinfelt:\. Hoffelt.
Hoiiischiet : I, 331.
Hollande : /, 312.
Hollange : .'», 146.
Hollenfeltz : L>, 174; 3, 153.
Holler : .S, 162, 163.
Holset : v. Hauset.
vom ou van dem Holtz : i^, 183; 3,
161.
Hombourg : /, 316, 318, 328.
Hondelange : .'?, 102, 176.
Uonsotige : t?, 178.
Hontheim : 3, 157.
de Hoiitov : t^ 181.
de Horion : 7, 341, 342.
199
Hoscheid : '2, 158; cf. Hoinschiet.
(de) Hosingen : 3, 78, 88, 89.
l'Host : .9, 86.
de Hotte : S, 98.
(de) Hoiiffalize : /, 304, 314, 315,
329, 332, 335, 337; 2, 137 43,
145, 147 54, 188, 196; ,9, 83, 128,
129, 131-3, 138, 144, 150, 152,
154, 163, 172-6, 181.
Houmont : .9, 125.
Housman, Husman : .3, 122, 153.
Houthem-St-Gerlache : 7, 338.
Huart : t>, 155.
Huckelin : v. Hocklin.
de llucs/ev : S, 164.
HiigoneliS, 104.
Huidange : '2, 176; S, 141.
Humain : 2, 145, 146, 186-9.
de Hnmin ou Humyn : 3, 94 6,
100. 106, 121.
(de) Huncherange ; 7, 310; .3, 159.
de Hunolstein : 7, 312.
Hupperdange : .3, 166.
Hurth de Schœnecken : 7, 317;
5, 81.
Husman : v. Housman.
Hustinet : .3, 104.
Huy : 7, 323.
Hylbringen : v. Helbringen.
Jacobi : 2, 165.
de Jamblinne : .3, 150, 152.
de Jardin : 7, 343, 341
Jasterfelt : v. Jenneville.
Jean XXH, pape ; -3. 156.
Jean IV, duc de Brabant : t?, 194.
Jean l'Aveugle : .3, 79, 149, 152,
158, 166, 167.
Jeanne, duchesse : .3, 1.32.
de Jegen : v. Gegen.
Jehérenne : .3, 106.
Jehonville : .3, 149.
(de) Jemeppe : /, 304, 314, 315; t>,
137, 142-6, 149, 154; .3,134,152,
153, 173 5.
Jenneville (Josterfeld) : 2, 184; 5,
126, 137, 142, 143, 148, 149.
Jésuites : .3, 96.
de Jodenville : .3, 84, 99, 102, 103,
113, 1 14, 1 16-8, 1 i8 ; cf. Joncker.
Joncker : .3, 90, 113 5; cf. Joden-
ville.
Josterfelt : v. Jenneville.
Juifs : 7, 312.
Juliers : 7, 313, 340; .3, 156, 157.
(de) Jupille : 2, 159 61 ; .3, 9i, 95,
121, 134.
Jiisaineville : v. Jenneville.
Juseret : t?, 177.
d'Icourt : ?, 157.
Ihren : .3, 158.
Illingen : 2, 147.
Ingeldorf : .3, 178.
Innocent II : t>, 141 ; 3, 154.
Insin, Intzen : v. Enzen.
d'Isiers : .3. 94.
Ivoix : 7, 302, 303, 308, 312, 331 ;
5, 80, 103, 104, 1 45, 146.
K
Kamp : l, 339.
Katelyne : .3, 122, 124.
Kaulmes : .3, 181.
Kaundorf : .3, 153, 162.
Kayser, Keiser, Kevser : .3, 94, 95,
114, 118, 121.
Kermpt : t', 180 2, 185.
(de) Kerpen : 2, 147; .3, 81, 156,
166.
Kessel : t^ 183.
— 200 ~
Kessel er : /, 340; '»', 110.
Kevenich : /, oOl.
Keyser : v. Kayser.
Kleinwey : t\ 150.
Knepgin ou Knepgen : /j.'Jii, 345;
?, 176, 183.
(de) Kœrich : /, 301 ; .'J, 153.
Kolve : /, 309.
Koning : v. Kuninck.
de Krekelberg : /, 323.
Krickelman : /, 327.
vam Kruytze : 3, 157.
Kukelberg : 7, 327.
Kuninck (ou Koning) : 7, 309, 322 ;
S, 80, 81, 167, 183.
La Cuisine : S, 121.
La Ferté : /, 308.
de Laittres : 'J, 166.
de La Marck : /, 326, 330, 342; ^2,
177-9; 3, 122, 138.
Lambert-Fays : 2, 192; ;^, 142, 149.
Lambertsberg : 3, 159.
Lambiefav : v. Lambert-Fays.
Lamboref: t>, 187; 3, 154.
Lamboru : 3, 142.
Lamerstorf : 3, 81 .
Laminne : 7, 316.
Lamistant : 3, 126.
Lançon : '2, 192.
Lande] i es : 7, 327.
(de) Landres : 7, 310, 342.
(de) Landscheid : 2, 163; 3, 107,
110, 170.
de Lannoy : 7, 342; 3, 149.
de Lanser : /, 344.
Lantzenberg : /, .331.
Lantscheidt : v. Landscheid.
de Lapide : v. Stein.
Lardenoy : 3, 166.
La Roche : 7, .307, 308, 311, 312,
334; 2, 138, 142, 143, 145, 146,
150, 151, 155, 180, 183, 187-9;
3, 78, 91, 104, 128-30, 135, 136,
150 2,166,172,174.
de Larochette : /, 302; 2, 150,
162 5, 167, 169, 171, 173, 177,
188; 5, 84, 89, 90; add.
de Latour : 3, 145.
de Laiierdwig : v. Liverdun.
de Lavahe : 2, 156.
(de) Laval : 7, 302, 303, .321, 344;
172 94, 197; 3, 121 128, 137 55,
180, 181 ; add.
(de) Lavaselle : 3, 122 5, 134, 142.
Lavaux-lez-Assenois .• 3, 128.
(de)Lavaux-lez-Hives : 3, 128, 138.
(de) Lavaux-Sainte-Anne : 3, 129-
32, 136 8.
La Vaulx-Renard : 3, 133.
La Vaulx-Vrécourt : 7, 30;î; 3,
1801.
Laverdun : v. Liverdun.
Lecheret : 2, 177; 3, 121.
Le Cocq : 3, 112.
Leerbeek : !?, 195.
Leeuw-St- Pierre : 2, 196.
s' Leemvs : 2, 195.
de Lefebvre : 7, 343.
Lefort : 7. 322.
Legisteulle : 2, 162.
Leidenborn : 7, 304; 3, 164.
Le Jœune : 7, 344.
Le lier : v. Lieler.
Lellingen : 7, 308; 3, 162.
Lessereitz : v. Lecheret.
(de) Lestérny .• 3, 138.
Lestines : v. Estinnes.
Leudersdorf : 7, 309, 322; 3, 80,
81, 167,183.
von der Leyen \3, 99, 100.
Leyssitigen : 3, 81; cf. Liessingen.
deLiefveld : 3, 121.
(de) Liège : /, 307, 310, 314, 317 9,
321, 322, 326, 333, 342; 2, 138,
1 41, 142, 144, 156, 158, 162, 169,
201 —
179, 189, 191 ; S, 85, 86, 105, 106,
113, 122-4, 128, 134, 136, 137,
144, 145, 172-4, 182, 183.
Lieler : S, 162, 163.
(de) Liers : 1, 322, 323.
de Liessingen : l, 340; .'?, 87; cf.
Leyssingen.
Lignier : 3, 135.
de Lima : t', 191, 193.
(de) Limbourg : I, 318, 319, 331,
332; t>, 193; S, 78, 144, 169, 180.
Limbricht : 7, 336, 337, 339, 341;
3, 183.
(de) Limerlé : ?, 138, 152.
Limminghe : t^, 193.
Linster : 7, 300-3, 345, 346; ?, 173,
175 80, 182, 183, 185; 3, 98, 126,
127, 140, 177.
de Liverdun : ?, 165-7, 169, 171;
3,92,93; cf. Recogne,
de Lizen : t^, 141.
de Lobbette : v. Louette.
de Lœsenich : 1, 317.
de Loi?isw!/re : /, 330.
de Lommersweiler : J, 307 ; 3, 107,
120.
Lomprez : 7, 308; ^?, 143; 3, 138.
Lomscheviller : v. Lommersweiler.
de Loncin : 7, 319; v. Lontzen.
(de) Longchamps : 2, 182, 188; 3,
143.
Longuyon : ?, 144.
de Longvilly : 2, 157, 170; 3, 85,
86, ii^, 107,111,115,118, 119.
(de) Lontzen : 7, 318, 319. 322-9;
3, 83, 183.
de Lontzen dit Roben : 3, 102.
(de) Looz : 7, 310, 319, 335, 336,
339; 2, 142.
Loren : 3, 108.
Lorraine : t^, 188.
Lotvilla : v. Louville.
de Louette-S'-Denis : 3, 117, 121.
Loupville : v. Louville.
Loiivain : 7, 307, 310, 317.
Louville (Louwille, Loitfyville, Lot-
villa) : 3, 125, 142,147, 148.
Louvrange : ?, 192, 193.
Lover val : t>, 177, 179; 3, 122.
de le Loye : t^, 186.
de Lucsy : 3, 154.
de Lucy : i?, 187, 188.
Liidenberch : 7, 304.
Ludenstorp, Liiderstorp : v. Leu-
dersdorf.
Luecke : 3, 152.
Lullange : 3, 147.
Lulshausen : 3, 126.
Liunzwilre : v. Lommersweiler.
Luxembourg : 7, 301 3, 305 13,
316, 318, 321, 331-4, 342, 343,
345; t>, 138, 142, 143, 145, 147,
148, 150, 152, 156, 157, 159 68,
172, 173, 178, 180, 182 4, 186 9,
192, 196, 197; 3, 78, 79, 84, 89,
90, 93, 94, 96, 98, 100, 103, 110 2,
115, 122, 123, 126, 128, 130-3,
139, 141-5, 146-8, 151, 152, 156'
158, 162-7, 172, 180, 181, 183.
de Lynden : 7, 336, 338, 341 ; 3, 183.
M
Maastricht : 7,311, 312; e, 190
Mabompré : '•2, 165; 3, 103.
de Mâcher : 7, 312.
Machon : 3, 130.
Magereux : 2, 160; 3, 114.
Magerotte : 3, 125.
(de) Magery : 3, 125, 134.
Magette : 3, 94, 95, 121.
du Maigny : 3, 114, 121.
Maissin : 3, 154.
Maistre Piere : 3, 122.
de Maizières : 2, 159.
de Maiberg : 7, 322, 324, 330, 337,
340; t>, 163, 164; 3, 107, 168; cf.
Milbourg.
— 202
Maie Herbe : :i, 173, 175.
Malines : 7, 343, 344; t>, 1G8; .S\ IKÎ,
103, 112, 11(), 122.
Malmedy : /, 325; e, 141; .'>'. 101,
108.
Malwatier : '>', 130 2.
(de) Manderscheid : 7,343; t',91,
94, 180.
Mande S'- Etienne : S, 143.
Mande S" -Marie: 1, 308, 311; 3,
125, 148.
Manternach : t\ 173.
de ]\Iaibais : 3, 122.
Marche : J, 306, 307, 318, 335; t?,
189; 5, 180.
de la Marche : 1, 311.
de la Marck : v. La Marck.
Marelle :\. Morreley.
Marenne : "J, 189.
des Mares : 5, 108, 110, 117.
Marienthal(Lux.) \i, 139, U[,iU.
Marienthal (s.-l'Aar) : 3, 102.
Marmagen : 1, 309.
Marre lé : v. Morreley.
Martelange : 3, 154, 173.
de Martial : ^2, 149, 150; 3, 84.
Martouzin : 3, 147.
(de) Marville : 7, 308; î, 144; 3, 88,
180.
Masbourg : 7, 335; 5, 129, 137.
Masschereil : 7, 329.
Massilgoitz : 7, 307.
Mathelin : -2, 190.
Mathieu : 2, 157.
Mathilde : 3, 164.
Mathon : 7, 344.
Maufroy : 3, 126.
Maxhereit : 3, 136.
vander Mecheren -.3, 86.
Meckell : 2, 163.
Medernach : 3, 94.
Mehring : 3, 159.
(de) Meisembourg : 7, 313; 2, 180,
183; .'^, 90, 98, 127.
Mercv-lez- Verdun : 2, 175.
de Merode : /, 321, 325, 328, 335,
337 42; 2, 147, 170; 3, 83, 163.
164 183; add.
Mersch : l, 311; 2. 139.
Mertze : 3, 159.
de Merwede : /, 336.
de Merzenhausen : ,^, 156.
du Mesnil : 3, 104.
de Messin : ï?, 155.
Metterich : 3, 93.
de Metternich : i, 344; 5, 101.
Metz : /, 310. 311, 323; 2, 153,
191; 3, 98, 145, 147, 158. 163.
de Metzenhausen : 7, 300; 2, 184,
185; 3, 126, 140. 178.
Meuschemen : 7, 331, 341.
de Meygin : 7, 306.
Michamps : 5, 99. 114.
Mevnvelder : 1, 307.
Michelaù : 5, 127, 178.
Michiel : 3, 118.
de Mignon : 7, 343, 344.
le Mignon: 2, 163, 170; 3, 87,107,
108, 110 9.
de Milbourg : 2, 163; 3. 88, 111,
170; cf. Malberg.
Milhomme : 3, 142.
Milieu : i», 331, 339; 3 183.
(de) Mirwart : 7. 308. 309. 316; 2,
188; 3, 100, 120, 129, 130, 136 8,
146, 183.
Moer von dem Walde : 7, 328.
de Moers : 7, 331.
Moestroff : t', 150, 169; 3, 84.
Mohimont : 2, 169.
Mohr : v. Moer.
Moircy : 2, 184; 3, 126, 137, 143,
144, 148, 149.
Moirsele : v. Moorsel.
Monclair : 3, 98.
de Monflin : 3, 176.
Monsieur (les Hommes) : 2, 155.
(le) Mont : t^l39; 3, 143.
20^
de Montigny : 3, 105.
(de) Montjardin : t?, 190, 192; 3,
J65, 166.
Montjoie : 1, 335; .5,102.
(de) Montmédy : 1, 332; 3, 109,
180.
(de) Moorsel : 5, 185, 194-6.
Moravie : ^, 172.
Morialmé : 7, 327; e, 196.
Mormont : 3, 150.
Morreley, Moreley, M or lez, Mar-
relé : 3, 103.
Morse le, Mortsel, Moiirselle :
V. Moorsel.
de Mousay : 3, 99.
de Mozet : 3, 125.
de Muegen : 3, 93.
Mùllenarck : i, 344.
Mùller : t>, 163; 3, ^^.
Mùlstrohe : 1, 327.
de Munichausen : 5, 188.
Mùnsbach : 1, 346; t?, 176.
Mutzhagen : 7, 318, 319.
My : 2, 141.
Mylburg : v. Milbourg.
de Mylendonck : 3, 160.
N
(de) Namur : 7, 308, 322; 2, 193;
5, 100, 126, 144, 150, 157.
de Nassau : 7, 323; ^, 156; 3, 101,
102 ; add.
Naucleri : 5, 86, 88.
de Naves : 3, 146.
iVe^el : v. Noville.
de Nesselrode : 3, 101.
Neuchapelle : 2, 193.
Neufchâteau : 3, 99, 147.
Neudorf : 2, 144.
Neuerbourg (Wittlich) : 7, 322,
324.
(de) Neuerbourg (Vianden) : 7,
305; 5, 157, 160, 161, 169, 170,
178, 179, 183.
(de) Neufchâteau (Dalhem) : 7,
328, 329 ; 5, 183.
de Neufchâtel : 7, 346.
Neuf-Moulin :3, 131.
Neumann : ■2, 150.
Neumetzler : t?, 167, 168; 5,96,97.
de Neunheuser : 7, 344.
Neyen : 7, 306; 3, 170.
Niedeggen : 2, 149.
Niederehe : 3, 81.
(de) Nieder-Wampach : 3, 162, 176,
177, 181; cf. Wampach.
Nisa : 2, 169, 170; 3, 86.
Nives :S, 187; 5,128, 138.
Nivelles : 2, 194-6.
de Nodlingen : 7, 300.
Noirmont : 2, 190-2.
Nommern : 2, 163.
Nosbaum : 3, 157.
de Nothomb : 3, 92.
(de) Noville : 1, 304, 314, 315, 337,
341; 5, 137-71, 187; .5, 84-97,
100-21, 129, 130, 134, 135, 152,
153, 171-3, 175, 176, 178, 179,
183 ; add.
Novilley : 3, 138.
NiiejfPreit'. 3, 132.
Nuewe Wies : 3, 151.
Nii/yll: V. Noville.
Nut'h : 7, 336, 337.
Nyclaux : 5, 126.
Nyder-Rodeschiet : 7, 331.
de N y mer 1er : 5, 90.
Nyt : 7, 337.
Obbendorf : 7, 329.
d'Oberhausen : 7, 324; 2, 162; 5,
110.
(d') Ober-Wampach: 3,162, 175-7;
V. Wampach.
204
(d')Ochain : /, ;V27; .'.\ i:U, 135.
d'Ochainps : .'>, 11)0.
d'Ocquier : 'J, 14:>; .'>, 78.
Oesling : t^ 144.
7'0>i Ofs/>e/t -J, lOi.
d'Ofl'ofni : .'>', 92.
d'dgnies : 3, 163.
Oleye : /, 316.
Olniescliaut : o, 78.
d'Olmùss : 7, 327.
Ongeleede Hof : \>, 181 .
d'dostfrize : i?, 152.
Opprebais : i, 325.
Opvelp : /, 325.
Orchimont : 7, 308, 332; .S, 135.
d'Orchinfaing : S, 99.
(d') Ordange : /, 308, 323.
d'Orjo : 7, 316.
d'Orley : l, 300-3, 317, 344-6; S»,
172-85, 194-7; S, 80, 98, 110,
121-7, 132, 137, 139-41, 144,147,
149, 151, 153-5, 161, 177.
Ornez: v. Ouren.
d'Orphelt: t?, 170; .'>', 86.
Orspelt : t>,.183.
Orten : 3, 158.
(d')Ortho;^, 155; 3, 105.
Osogne : /, 322.
d'Ottange : S, 87, 161.
Oubourcy : 3, 114.
d'Oupeye : 7, 337.
(d'j Ouren : 7, 305, 307, 324, 330,
340, 346; '2, 162, 163, 165, 170,
171; .3, 85, 86, 88-90, 103, 107,
109-12, 116, 164; add.
l'Ourthe : 3, 143, 144.
d'Overbach : 3, 156.
Outre-Meuse : 'J, 193.
d'Outscheid : /. 300. 301.
Palatinat : 3, 84.
de Pallant ; 7, 338; 3, 160.
Parrette : 3, 13.'}.
Passavant : 3, 79.
de Pastrana : i?, 190-2.
Pays-Bas : ^, 191.
van Pee ou Pede : t^, 181.
de Perwez : 3, 169.
Pescheur : 3, 122.
de Pfoitzheim : ^, 168.
Philippe : 3, 135.
Philippe II : 2, Ul.
Pieret : 3, 96.
Pierpont : 5, 96.
de la Pierre : v. Stein.
Pierremont : v. Pirmont.
Pierrepont : 7, 305, 306; 3, 157.
Pinsamont : 3, 125.
Pintsch : 3, 161, 163.
le Pipre : 5, 112.
(de) Pirmont : 7, 316, 317; 3, 80,
82, 83, 165, 166, 183.
Piroult : 7, 308.
(de) Pittange: 7,311; '2, 156; 3,
166, 167.
Pittipas : 3, 170.
Poilvache : 3, 150. -
Polich : V. Bulig.
Pomper : t^ 163; 3, 90,107, 116-8;
cf. Pompertman.
Pompertman : 3, 107.
Poncin : 7, 325.
Ponde rie h : v. Rabe.
Ponssar ou Ponczar : 3, 133.
du Pont : 2, 179, 180, 185; 3, 85,
126, 135.
Ponthoz : 7, 327. .
Pont-à-Mousson : 5, 151.
Porttzich : v. Bourcy.
Portzem : v. Pfortzheim.
de Pouilly : 2, 156.
Prague : 2, 172; 3, 158.
le Preit :2, 187.
de Presseux : 3, 104.
le Prévost : 3, 114, 118.
205
Priiitscheil : P, 156.
Prùm : 1, 304, 307 ; 3, 157, 158,
160, 164; add.
la Prùm : 3, 159.
de Puffelyngen : 7, 346.
Pimderich : v. Rabe.
(de) Puttlange: 7, 303; e, 173,178.
van Pynbroeck : 9, 196.
Q
Quabeeck : 7, 310.
Ouad : 3, 160.
Quaetbeke : 9, 195.
Ouartbert : 3, 151.
Ouastchiquis : 7, 327.
Quix : 3, 83.
R
Raal ou Rael : t^, 163, 164 ; 3, 113,
114.
Rabe de Pimderich : 3, 89.
(de) Rachamps : 7, 312; t', 142,
144; 3, 103, 113, 115, 118, 119,
131, 166, 173, 174.
Rade : 1, 329.
Rael : v. Raal.
Raijf : v. Rabe.
Raille : v. Raal.
Raimbaiit : /, 331.
Ramé, Ramel, Rammé, Ramy : i*,
183 ; 3, 151 2.
de Ramelot : t', 142.
Rameru : i', 196.
Ramplin : 3, 87.
Ramy : v. Ramé,
de Ransiers : 3, 89.
Rasquin : 3, 103.
de Raville : 3, 180.
Rechrival : i>, 173, 184, 193; 3,
125 7, 139, 142, 147-8.
Recht : 7, 318 ; 3, 157, 167 8.
(de) Recogne : 7, 308, 309, 311 ;
2, 155, 156, 158 62, 165, 166,168,
171 ; 3, 91-3, 97, 98, 100, 105,
113 5, 118, 130-2, 176.
de Redange : s?, 142.
Réelle : v. Raal.
Refail : 7, 304.
Regnault : 3, 110.
de Reiffenberg : 3, 94 6, 99, 101-2.
(de) Reifferscheid : 3, 168-9.
(de) Reinhardstein : t', 166 ; 3, 90,
94 7, 101, 102, 115.
Reisdorf : 3, 94.
(de) Remagne : 7, 302, 316; 2,
138, 156, 172, 177, 179, 180, 182,
184-93; 3, 99, 125-7, 137, 139,
140, 142-7, 165, 180.
Remersdael : 7, 336, 337, 342.
Remich : t^ 188.
Remoi ville : 3, 154.
Remouchamps : 7, 312.
Renarstein, Renenstein^ Renes-
teyne : v. Reinhardstein.
de Rendu : 3, 122.
Resteigne : ?, 169, 170 ; 3, 85.
Rethel : 7, 305.
Rethelois : /, 305.
de Rettigny : t?, 170.
du Reu : 3, 115.
(de) Reuland : 7, 304, 305, 335 ; 3,
89, 110, 158, 160.
de Reuldange : 7, 306.
de Reuschenberg : 1, 325.
Revenstein : v. Reinhardstein.
(de) Revogne : 3, 106, 107, 136.
der Reyde : 3, 81.
Reynenstein : v. Reinhardstein.
Reynsberg : i, 320.
Rhin : 7, 321, 323, 324, 327, 331,
344; i>, 175-7, 183; 3, 140, 151.
R/miss : v. Ruiss.
Richardson : 7, 339.
de Rivière : '2, 153, 190.
de Robach ou Ropach : ^,163; 3,
87.
Roben : 3, 102; cf. Lontzen.
14
206
Robert : .'î, 128, \U.
de Rochefort : l/MS; :i, il5, 174.
Rochette : t\ 17:î.
(de) Rodemacher : /, ."M 1 ; t^ 145 ;
.'.',1^5,176,180.
Rogissart : :>, 104.
Roignon-le Franc : /, '>42.
Rolduc : y, :Ml>.
(de) Rollé : 1, Ml, :VM; S, 149,
173, 186-90; :i, 115, 134, 137,
138, 142, 146, li7.
RoUinger: t>, 164, 165,167.
de Rolshausen : 3, 102.
Romagne : S, 145. cf. Remagne.
Romain : 3, 173
Romains (rois des) : /, 333, 335 ;
t>, 173, 174, 193
Rome : 5, 85.
Rompsteyn : i, 324; 3, 83.
(de)Rondu: 3, 122,144.
Ropach : v. Robach.
àQ Rore \3,U.
Rosières : 3, 138.
von der Rossmûhle : 7, 328, 329.
Rotart ou Rpttert : 3, 98, 161.
Roullingen : 3, 162.
de Rousseau : 2, 160; 3, 105.
van Rudlingen : .'?, 157.
Ruette : i, 342.
Ruffignon : e, 159, 161 ; 3, 87, 121,
134, 154.
Ruiss : 3, 92.
Rnlandt : v. Reuland.
deRummen : 7, 310, 311.
Ruremonde : 2, 193.
Ruve : i, 318.
de Rvntzfeld : v. Binsfeld.
de Saarwerden : 7, 331, 332.
de Sain : 3, 159.
Saint-Gerlache : /, 338.
Saint-Hubert : 7, :507, 309, 310,
316; ?, 149-54, 192; 3, 120, 126,
130, 137, 138, 144-9, 154, 167,
180, 183.
S» Lambert : 3, 156-8, 160, 161.
S' Léonard : 3, 193.
S'Pol : 7,311.
S* Remacle : 2, 157.
S' Roch : t^l41.
(de) S' Vith : 7, 312, 318, 332, 344;
3, 148, 155, 156, 176, 183; 3, 102.
145, 168.
Sainte Croix : i?, 139.
Sainte Marie : 7, 324, 340.
Saintes : ?, 196.
de Salleez : 3, 167.
(de) Salm : 7, 310, 311, 314; 3, 138,
195; 3, 131, 168.
Sassel : 3, 87, 150.
de Satzenem : 1, 308.
Satzfey : ?, 149.
Saultrey : t>, 148.
de Saurfeld : 3, 157, 158, 161, 170;
3, 84, 118,153.177, 178.
du Schaart : 5, 161.
Scharpillig : 3, 163.
de Schauwenbourg : 3, 147.
Scheiffart : v. Merode.
de Schell : 7, 342.
Schellart : 1, 329; 3, 164-6, 168,
171; 3, 88, 90, 92, 97.
Schengen : e, 163, 165.
Schen7iesse : v. Xhignesse.
Schestleit : v. Châtelet.
Schieren : 2, 164.
Schiervelt : 7, 327, 329.
Schleiden : t?, 142; 3, 164.
de Schœnau : 3, 130, 136, 137.
Schœnberg : 3, 158.
(de) Schœnecken : 7, 305, 306, 312;
3, 80, 81, 168, 178, 183.
de Schœnenbourg : e, 188, 189.
de Schoonvorst : 7, 313, 314, 317,
334, 335.
Schorsteyn : 3, SI.
- 207 —
Schouweiler : 5. 87.
Schroder : 3, 181.
Schryber : 7, 331.
Schuttrange : 1, 346 ; e, 176.
Schwannen : J, 343.
de Schwartrenberg ou Schwartzen-
bourg : 2. 188-CO.
Schweich : 3, 159.
de Schweisthal : 3, 92.
Sconou : v. Schœnau.
Sebrecht : 3, 161.
Semtsheim : t>, 189.
Sellerich : 1, 305; 3, 156-60, 1 70; add.
Selscheid : 3, 140, 141.
Seneffe : t?, 196.
de Senzeilles : "2, 181.
(de) Septfontaines : 3, 145, 177.
Seirich : 3, 126.
Sevescoiirt : 3, 138, 150.
Sibret : /, 311 ; 3, 134.
Siegbiirg : 3, 157.
Silly : 1, 342.
Simmern : i?, 149.
Simpelveld : /, 319.
Sindorf : /, 341.
Sittard : I. 336.
Sixte IV : 2, 153.
Sleeuws : 2, 195.
Slyrp : 3, 81.
Smeych : 3, 81.
Smiiid : 3, 137.
Soerfvelz : v. Saurfeld.
de Sœtern : 3, 160.
Sohey : 3, 103.
Sohier : 3, 135.
Soiron : /, :527.
(de) Soleiivre : J, 303 ; 2, 177, 178.
Solre-s.-Sambre : 2, 186-7.
de Sombreffe : I, 328, 329.
(de) Sommerain : J, 304 ; 3, 151.
Sonlez : '■J, 155.
de Sorezey, Sorisées, Sorizéez, Sor-
rizées, Sorozéez : 1, 321, 322,
325 ; 3, 79.
Sougnez : 2, 190.
de Soumagne : l, 327.
Soye : /, 334.
de Spanheim : l, 306, 307, 312,
313, 331 ; 2, 177.
Spiese : 3, 178.
de Sponheim : 3, 180.
Sprimont : l, 319.
Stadtbredimus : 1, 343, 344 ; 3, 162.
Stambay, Stanbais : v. Steinbach.
Stattfeld : 3, 80.
Stavelot : /, 308, 325 ; 2, 141, 142;
3, 129, 130, 133, 144, 150, 154.
de Steefe/t ou Steefelt : 1, 344 ; 2,
176;'>î, 141.
van Steenbergen : i, 313.
de Stein : 9, 155, 162-71 ; 3, 85-94,
101, 107, 109-11, 113, 114.
(de) Steinbach : e, 138, 152, 170,
183; 3, 86, 130, 151, 152.
Steinetz Biisch et Hecken : 3, 181.
Steinfeld : /, 309.
Ste?nbav, Stenbav : v. Steinbach.
(de) Sterpenich : 7, 343 ; 9, 144-5,
175; 3, 87.
(de) Steyn : /, 336.
Stheling : 3, 99, 146.
Stochem : 3, 86, 88.
Stockera : e, 149, 158 ; 3, 157.
Stolpart : 3, 86.
Stolpert : 3, 103, 108,133, 134, 166.
Stolzembourg : 1^ lîiîO; 5, 161, 177
de Stoultgen : J, 343.
von der Straessen : 3, 81 .
(de) Strainchamps : 3, 153; v.
Saurfeld.
de Streithagen : 1, 341.
Suis : 9, 185, 195.
la Sûre : t>, 182 ; 3, 139.
(de) Sûre : 3, 100, 120, 138.
de Swertzheim : 9, 177; 3, 140,
141, 153.
Syfret : 1, 307.
Syrie : J, 316.
208 —
Taffler : 3, 84.
de Taviet : .'>, 104.
Tavigny : l>, 165; :i, 103, 142.
Tave :'t>, 179, 185, 194, 196; 3,
122.
de Tellin : S, 99, 137, 138.
Temmels : .'?, 170.
Tencourt : l^, 188.
Te?igys : 1, 313.
Ternath : t>, 194.
Terre Sainte : 7, 316; 3, 79.
le Texon : 3, 118.
Theodori : 3, 181-2.
Thesch : cf. Thoschz.
de Theux : i?, 192.
de Thiery : i, 343, 344.
Thionvilie : 7, 310.
Thiry : 3, 103, 114, 118.
Thisnes : ?, 142.
Thohogne : 5, 104.
von Thoil, Thoel, Tulle, Tiœll,
Toile : ?, 162, 163, 170; 3, 87 ; add.
Thorembisôul : I, 325.
Thoschz : 3, 161.
le Tiissaji : 3, 151.
Tillet : l?, 148, 149 ; 3, 142, 147, 149.
Tintange ; 3, 146, 154.
de Toile ; v. Thoil.
Tottelart : add.
Totteraid : 3, 151.
de Toul : cf. Thoil.
de la Tour : 3, 103.
Tragenis : i, 337.
Trahon : 5, 90.
Traimont : 3, 166.
de Trazegnies : i, 342.
Trembleur : l, 342.
Trêves : i, 300, 307, 312, 314,322,
324, 330; 9, 142, 163-4, 171, 175,
195; 3, 86, 88, 89, 94, 11:5 4, 160,
164, 170.
de Triceres : i', 193.
Trimporten : 3, 102.
de Trina : 3, 138.
Trois-Vierges : v. Ulflingen.
Trouwelet : 1, 311.
T'Serclaes : 3, 122.
Tubize : 9, 196.
Tuell, Tulle : v. Thoil.
Tzievel : v. Zievel.
U
d'Uelpenich : 3, 136.
Ugny : t', 167.
Ulflingen, Ulvingen (Trois-Vier-
ges) : t>, 148-9; .S, 150.
Urbain : 3, 107.
Urbin : 9, 149.
V
la Va : 3, 143.
Vais s, Fasse, Vayss :v. Laval.
(de) la Val : 3, 129; cf. Laval.
de Valangin^ Valengin ou Valen-
gien: ?, 191, 193."
Val-Benoît : 1, 319.
Valensart : 3, 100.
Valérien : v. Busleyden.
les Vallées ou Vallets, bois : 2,
192; 3, 142.
delVals, Valz, Vaulx; délie Vaulle,
Vanz, Vans; de le Vans; de
Vaulz : 3, 129, 130, 137-8.
(de) Vance : 1, 344; t?, 157-8; 3,
99, 135.
Vaucelle : 3, 125.
Vaucelles : 3, 125.
Vaulle, Vaulx, Vaulz, Vans : "2,
187; cf. Vais.
Vaux : 7,302; 3,146, 179.
de Vaux : 7, 303, 316-7; 2, 140,
157-8, 187-8; 3, 85, 90, 103-5,
108-21, 129, 130, 148, 172.
Vaux-lez-Chêne : 3, 128.
— 209
V.-lez-Houffalize : 2, 139; 3, 128.
(de) V.-lez-Noville : 2, 187; 3,
102-6, 118, 128, 131-6, 179.
V.-lez-Rosières : 3, 128.
Vecqiiemont : 3, 150, 152.
Veinau : t?, 149, 150.
de Veldentz : 3, 159.
(de) Vellereiix : 1, 308; t>, 138;
3, 108, 128-9, 131, 133.
de Velletro : 2, 142.
Veltjaeren : i, 314, 316; 3, 183.
de Veltmuhlen : i, 341.
van der Vemeyl : 1, 329.
Verdenne : t?, 189.
Verdun : 3, 80, 180, 183; cf. Li Ver-
dun.
Verviers : i, 323.
Vervm(?): 7,305.
de Vervy : 3, 135.
(de) Vesque ville : 3, 92, 142.
Vha : V. Vaux (Noville).
(de) Vianden : 1, 304, 306, 313,
331, 346; 2, 155-6, 167, 177;
3, 101-2, 157, 164, 168; add.
Vielsalm : 3, 129.
(de) Vileir, Viler, 2, 138, 140; .^, 129.
(de) Villaimont, Villaymont, Ville-
mont : 7, 310, 342. ^
Villance : 7, 308; 3, 138.
Ville : 3, 166.
Villemont : v. Villaimont.
(de) Villers : 7, 318; cf. Vileir.
de Villers-Masbourg : 3, 147.
Villers-le-Bouillet : t>, 141.
de Virnebourg : 7,321,334; 3, 159-
(de) Virton : 7, 308, 310, 332.
de Visscher : 2, 159, 161.
Vitry : 5, 79.
Vogel : e, 163-5; 3, 88,90, 92.
Vogelsanck : 7, 340; ?, 170, 176-7;
3, 101-2, 166.
Volaiville : 3, 166.
Volratz : 3, 153.
Voseiie : 3, 164.
Vossi7i : 7, 305, 339-40; 3, 157,
164-5, 171.
Voyssheim : cf. Vossiji.
Vroenhove : 2, 190.
Vusheym : 3, 164.
Vîissem : 3, 164,
\A/
de Wachtendonck : 7, 341.
Waesmont : 2, 181.
Wafflart : 3, 129, 137-8.
de Waha : 2, 157; 3, 104, 143, 150,
152, 178; cf. Fronville.
le Waille : 3, 122.
Waisme : v. Weismes.
de Wal : 3, 148.
Walcaud : 3, Ul, 154.
Walckhoiisen ou Walkenhousen,
près Heerlen : 7, 329.
Walcourt : 5, 150.
Walde : v. Mohr.
Waldeck : 3, 126.
Waldecker : e, 164, 167; .S, 89,97.
Waldoreal : 7, 326, 327; .3, 183.
Waleran : 3, 144.
Walhor : 3, 92.
Walhorn : 7, 314.
Walmerath : 3, 158.
de Walren : 5, 100.
(de) Walsdorf : e, 179; .3, 81.
Walt : 3, 82.
Waltpott de Bassenheim : t?, 184.
(de)Wampach : t^ 142, 145, 164-5;
3, 92, 152, 154, 171, 173-7.
de Warck : 3, 99, 111.
Wardin : 3, 107, 133.
de Warfusée : 3, 136.
Warizy : 2, 157.
Wasserdell : 3, 164.
Wathie ou Wathy (Haie) : 2, 162 ;
3, 92.
Watlet : 3, 147.
Watmeiiger : 3, 92.
— 210
Watrenge : 'J, 155.
Waiiquelin : '■J, {74.
Wiuiters : t', 194-7.
Waxweiler : /, 304; 3, 158-9.
de Wecels ou Wesele : 1, 310-1.
(de) Weicherdange : 3, 150-1, 163.
Weidingen : e, 178; 3, 140-1.
von dem Weier : 1, 324.
(de) ^Yeiler : 1, 304, 344; 9, 176,
178-80, 183; 3, 138, 140-1, 149-
53, 155, 162-3.
Weiler-la-Toiir : e, 164-5; ^î, 88,90.
Weinau : v. Veinau.
Weinz : /, 309.
(de) Weismes : t?, 155, 177 ; 3, 101,
123-4 ; add.
Weisspfenning : '2, 166.
Weiz : V. Wiltz.
Welchenhausen : 1, 304-5, 312 3,
319, 329-30,, 338-44 ; e, 137,
147 8,150-1, 154, 162; 3, 82-4,
157, 161-4, 179-83.
de Welchenhausen :
Agnès : 7, 309, 322; 3, 80-1, 167.
Catherine (fille de Henri) : 1,
338-40, 342; 5, 171, 179, 183.
Catherine (fille de Ponce II) :
1, 324, 327-9 ; 3, 83, 183.
Henri : 7, 317-8, 320-2, 329-38,
341-2; 2, 137, 147; 3, 82, 161,
168, 179, 183.
Jean : 7, 344-5; 2, 176, \SÎ\ ; 3,
141, 183.
Julienne : 7, 301-3, 317, 345 ; 2,
172, 182, 184-5 ; 3, 127, 139, 141,
155, 171, 177, 179, 183.
Marguerite : 1, 324, 327-9; 3,
83, 183.
Mathilde : 7, 309.
Pierre (?) : 7, 325.
Ponce 1:7, 317-22, 331-3 ; 3,
81-3, 165, 167-8, 183.
Ponce II : 7, 320, 323-4, 328,
331 ; 3, 83, 167, 183.
Ponce III : 7, 324-7, 329; 5, 183.
Thierri 1:7, 305-17, 337 ; i», 137,
145, 148, 178-81 ; 3, 78 81, 153,
155 71, 175, 178-9, 183.
Thierri II : 7, 320-4, 331-5 ; 3,
167, 183.
Thierri III : 7, 324-5 ; 3, 183.
Thierri : 7, 345-7 ; 5, 80, 183.
Wautier : 7, 305, 309, 317 ; 3,
79, 80, 171, 179, 183.
Welchenhausen à Lontzen : 7, 319,
329.
Welchenhausen sous Heerlen : 7,
329.
(de) Wellin : 3, 103, 129, 136, 138.
Wemmel : t>, 181, 194.
Wenceslas : v. Luxembourg,
de Wereckenhusen : 7, 304.
Wéry : 3, 173.
Wesele : v. Wecels.
de Wesemael : 7, 321, 323.
Westerioo : 7, 342.
Weveler : 7, 304.
Wevmes : v. Weismes.
Wibald : e, 141.
(de) Wibrin : 7, 304; \>, 137, 143,
148-54; 3, 107, 120, 166.
Wickrade : 7, 329.
Wicourt : 3, 135.
Widingen : v. Weidingen.
Wiesenbach : 3, 98, 100.
Wigny : 3, 105, 143.
(de) Wildenberg : 7, 335 ; 3, 169.
Wilier : v. Weiler.
de Willemoit : 7, 304.
Wi/re : v. Weiler.
Wiltingen : 3, 170.
de Wiîtz : 7, 300, 301, 305, 332,
338-40; i?, 142, 144, 150, 176,
178 9, 183 ; 3, 78, 87, 140-1, 150-5,
161-4, 171, 173-9, 181-3; add.
de Wiltz dit Rotart ou Rottert : 3,
98, 161.
de Wilverdenge : 3, 83.
211 —
Wilverwiltz : 5, 92.
Winandsrade : i, 329.
de Winckrenge : 3, 112.
de Winningen : ?, 144.
Winterspeit : 1, 305; 3, 156-60,
170; add.
de Wintgeren : 3, 107.
Win ville : 3, 166.
der Wirt : 3, 86.
Wisbecq : t^ 196.
Wiskirchen : 2, 149.
de Withem .• 1, 340.
Witry : 1, 311 ; t?, 166 ; 3, 82, 142,
146-7, 154, 157, 165, 167.
de Witte : t^ 190.
Wittlich : 7, 322; ?, 167; 3, 170.
Wolc/ie : V. Wiltz.
Wolfsfeld : 3, 93.
Wolkringen : t^, 139.
Wolwelange : 3, 133-4.
Wortminger : 3, 9'2.
de Wosch : 1, 341.
van den Wouwere : ^, 195.
Xadot : 3, 80.
de Xheuveidmont : 1, 327.
(de) Xhignesse : t>, 140-2, 146; 3,
172, 175, 178.
Xhoris : 2, 141.
de Zeel : 1, 328-9.
Zélande : i, 312.
Zetrud : i, 317.
de Zievel : 1, 337; 9, 179; 3, 101,
140-1.
Zittig : 5, 176.
Zonhoven : e, 170, 177.
Erratum
T. 45, p. 299 (p. 3 du tiré à part), 13'^ ligne à partir du bas. — Lire : à ma
connaissance
P. 316 (p. 20), 5'' ligne. — Lire : fours, au lieu àt fours.
P. 320 (p. 24), titre. — Lire : Thierri II de Welchenhausen.
P. 325 (p. 29), 1. 26. — Lire : Thierri //de Welchenhausen.
P. 338 (p. 42), titre. — Lire : ([U6-1449J.
T. 46, p. 139 (p. 55), 1. 32. — Lire : ... dîme à Mo7is et à Vauz.
P. 149 (p. 65), n. 4. — Lire : de Baexen.
— 212 —
ADDENDA
Welchenhmisen.
Le 2 mars 1485 n. st., Frédéric de Wiltz déclare que son père Gérard,
sgr. de Wiltz, et lui pouvaient réclamer 200 fl. du seigneur de Nassau ou
de leur oncle, sire Schœffnrt (Scheiffart); son frère lui a assigné les
revenus de sa part, se montant à 100 fl. et 9 fl. d'intérêts sur Welchen-
husen, à condition que s'il mourait sans enfants ces 100 fl. reviendront à
son frère Gérard. — TWP, n° 1(55, d'après l'orig. (pap., scel; coll. Sect.
Hist. Luxbg).
Noville.
Un an après la vente du 24 juin 1492 déjà signalée {i, 162), le 24 mai
1493, Jean de Thoille vendit encore à Godart, sire de Larochette, un tiers
de ses rentes et revenus ain buschen, velt nnd iviesseii, etc., un hojf vofi
Novelle, prévôté de Bastogne; ces biens sont fiefs de la seigneurie
d'Ouren, dont la dame, Irmegarde de Breide, scelle l'acte de vente avec
son manrichier et un homme féodal. — TWP, n° 689, d'après l'orig.
(parch., sceaux tombés, AGL).
Laval.
Le 7 mars 1490 (1489, iif den sondag Reminiscere), Henri de Wevinpts
dit von der Vasse reçoit en fief castrai du comte de Vianden den burg
seess zu Botgenbach ,?i\QQ, dépendances, oi^i Johan Bor Johan dit Totteïart
et son épouse Grete habitaient, à la Porte de Butgenbach (Reg. aux fiefs
de Vianden, sur parch., f° 85). Il s'agit certainement ici d'un proche
parent de Pierre, bâtard de Weismes, que nous avons rencontré à Laval,
de 1449 à 1465.
Winterspelt.
J'ai signalé (t. 48, p. 159 ; tiré-à-part, p. 199) que Marguerite de Féné-
trange, dame de Brandenbourg, reçut en fief en 1499, de l'abbé de Prùm,
entre autres biens, ceux de Winterspelt et Sellerich ; ajoutons que le 25
janvier 1465 n. st., André de Haracourt et Marguerite de Fénétrange,
conjoints, sgr. et dame de Brandenbourg, vendirent à l'abbaye de Prùm
leur vouerie et mairie de Winterspelt avec dépendances. — TWP, n" 50.
MATERIAUX
POUR LA BIBLIOGRAPHIE
DU LUXEMBOURG (I)
1. — De l'Abbaye d'Orval.
Dans Les Vies des SS. Pères des Déserts d'Occident. Avec des Figures qui représentent
austérité de leur vie, & leurs principales occupations. — A Paris,
Desaint et Saillant, rue S. Jean de Beauvais.
Durand, rue du Foin,
chez { Le Mercier, 1
J. Th. Hérissant, , rue S. Jacques.
Le Prieur, !
— M. DCC. LVII. Avec Approbation & Privilège du Roi, in-12, t. II, pp. 416-422.
2. — L'Abbaye d'Orval.
Dans L' Illustration Européenne. Bruxelles, 1870-1871, p. 160.
3. — L'Abba3^e d'Orval. (Texte.) — Ruines de l'Abbaye d'Orval.
(Gravure.)
Dans Le Magasin pittoresque. Paris, 1848, t XVI, p. 404.
(1) Voy. les Annales de l' Institut archéologique du Lu.xembourg, t. III (1854) pp. 253-272,
et t. XII (1880), pp. 209-216 ( Documents pour l'histoire d'Arlon.);— t. VIII (1874), pp. 175-
181 (Document pour l'histoire de la ville de Luxembourg) ; — t. X (1878), pp. 89-90 (Des-
cription du Lu.\embourg en vers latins) ; — t. XIII (1881), pp. 211-238, et t. XVIII (1886),
pp. 241-264 (Recherches bibliographiques sur les journaux luxembourgeois) ; — t. XV (1883),
pp. 3-18 et 221-281 {Documents relatifs à l'histoire des duchés de Luxembourg et de Bouillon. —
Vieux Almanachs) ; — t. XVI (1884) pp. 181-192 et 231-248 (Documents relatifs ii l'histoire
du duché de Luxembourg. — Doctcments relatifs aux seigneuries de St-Htibert et de Mirwart) ;
— t. XXI (1889), pp. 593-609, et t. XXVIII (1893) ; pp. 1439-1442 (La Presse luxembour-
geoise); t. XXV (1891), pp. 694-695 {Description en vers latins, des villes d'Arlon, Bastogne,
Damvillers, Luxembourg et Thioriville) ; — t. XXVIII (1893), pp. 1417-1427 (Les Forêts
du Luxembourg. Catalogues de bois domaniau.v vendus dans le Ltcxembourg en 1825, 1826 et
1828). Voyez aussi le journal La Semois, Bouillon, 1'^'^ avril-16 septembre 1877 {Bibliothè-
que bouillonnaise, ou Xotice des our'rages imprimés, concernant la ville et le duché de Bouillon.
Par J.-B. Douret).
15
— 214 —
4. — L'Abbaye de Saint-Hubert (Texte et gravure.)
Dans le Magasin belge, universel et pittoresque. Bruxelles, 1838, pp. 150-1.''>1.
5. — Abrégé de la vie et miracles de Saint-Hubert, patron des Arden-
nes, par un religieux de l'Abbaye de Saint-Hubert. Luxembourg, chez
Jean-Baptiste Ferry, 1734, pet. in-8°.
G. — Abrégé des Prières et Catéchisme, à l'usage des Pensionnaires
des Religieuses de Sainte-Claire, dites du St-Esprit, à Luxembourg. —
A Luxembourg, chez la Veuve de J.-B. Kleber Imprimeur de Sa Majesté
Impériale Je Royale Apostolique. — MDCCLXXXL
In-12, de 113 pp.
7. — Les Accusations contre la Grande Compagnie du Luxembourg.
— Réponse. — Arlon, M. Poncin, Imprimeur-éditeur . — 1871.
ln-80, de 35 pp.
8. — L'Administration forestière. — Le Luxembourg.
Dans le Courrier belge. Bruxelles, 11 septembre 1837.
9. — Adresse des volontaires de l'armée belgique aux habitans de la
ville et province de Luxembourg. (1790). In-8°.
10. — Affaire de M. Pescatore.
Dans le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, 29 octobre et 3-4 novembre 1832, pp. 1309,
1328-1330.
11. - Affaire de M. Thorn.
IbiJ. 3 septembre 1832, pp. 1083-1084.
12. — Affaire des Tornaco. — Acte d'accusation et plaidoiries de MM.
Lemaire, procureur du roi, Lelievre, Buydens, Braas, Gillain, Michaux,
Thirion, F. Fallon, Grooters, Walter^ Wynant et Marchot, défenseurs ;
de M. Ernst, substitut du procureur du roi, et répliques. — Namur,
imprimerie de J. H. J. Misson et Lesire. — 1832.
In-8°, de 168 pp.
13. — Affaire Thorn et Pescatore.
Dans le Mémorial belge . Bruxelles, H. Remy, 28 novembre 1832, p. 1428
14. — Affaire Tornaco.
Ibid., 20 août 1832, p. 1029.
15. — Affaire Tornaco. — Acte d'accusation.
Ibid., 3 septembre 1832, pp. 1084-1085.
— 215 —
16. — Sur l'Age des grès liasiques du Luxembourg, avec une carte
des environs d'Arlon ; par G. Dewalque.
Dans les Bulletins de l' Académie royale des sciences, etc., de Belgique, 1857, 2« série,
t. II, n°6.
17. — Almanach agricole, horticole et d'économie domestique, de la
province de Luxembourg, par F. G. (François Gerardi). Arlon, C.-A.
Bourgeois, 1850, in-16.
— Almanach agricole, horticole et d'économie domestique de la pro-
vince de Luxembourg, par F. G. (François Gerardi). — Deuxième année.
— 1851. — Arlon, imprimerie C.-A. Bourgeois, 1851.
In-i6, de 160 pp.
— Almanach agricole, horticole et d'économie domestique de la pro-
vince de Luxembourg, pour l'année 1852, par F. Gerardi, Président du
comice agricole du canton de Virton ; membre du comité directeur de la
province du Luxembourg ; de l'association pour l'encouragement de la
société agricole des bons ouvriers; de la société royale Linnéenne, et
de plusieurs sociétés d'agriculture belges et étrangères ; membre de l'aca-
démie agricole de France. — Tournai, typographie de J. Casier man et
ûls, libraires-éditeurs. — 1852.
In-18, de 170 pp. ; vignettes et figures.
— Almanach agricole, horticole et d'économie domestique de la Pro-
vince de Luxembourg et de la Belgique, pour 1853, par F. Gerardi,
Président du comice agricole du canton de Virton ; membre du comité
directeur de la province ; de l'Académie agricole, manufacturière de
France, de la Société rovale Linnéenne de Belgique; de l'association
pour la propagation des bons ouvriers agricoles ; de la Société d'agri-
culture de la Moselle et de plusieurs autres Sociétés belges et étrangères.
— Arlon, impri?nerie et lithographie de J. Bourger.
In-16, de 160 pp. et 2 planches.
18. — Almanach de la campagne, pour l'an 1781, à l'usage du duché
de Luxembourg. Luxembourg, Chevalier, in-32, fig.
19. — Almanach de poche pour l'an de grâce M.DCC.LXXVII, à
l'usage du Duché de Luxembourg, avec une Table du Lever et Coucher
du Soleil pour tous les lieux qui sont au 50. degré de Latitude et qui en
approchent. — A Luxembourg, chez les Héritiers d'André Chevalier, à
l'Enseigne de la grande Bibliothèque, vf" 419. — Avec Permission des
Supérieurs .
In-32, figures de monnaies; texte encadré.
— 216 —
— Alnianach de poche pour l'an de grâce M.DCC.LXXVIIl, à l'usage
du Duché de Luxembourg, avec une Table du Lever et Coucher du Soleil
jiour tous les lieux qui sont au 50. degré de Latitude et qui en appro-
chent. — A Luxembourg^ chez les Héritiers d'André Chevalier, à
l'Enstigne de la grande Bibliothc'qiie, w'' 419. — Avec Permission des
Supérieurs.
ln-32, de 82 IV., figures de inonniiies; texte encadré.
20. — Almanach du Luxembourg pour 1857. Arlon, J. Bourger.
In-32, de 178 pp. — 1" année.
— Almanach du Luxembourg pour 1862. — Sixième année. — Arlon,
typographie et lithographie de J. Bourger.
In-32, de 215 pp.
— Almanach du Luxembourg pour l'année bissextile 1876. ~ Vingtième
année. — Arloti, imprimerie et lithographie J. Bourger. — 20 août 1875.
In-32, de 224 pp.
— Almanach du Luxembourg pour l'an de grâce 1882. — Vingt-sixième
année. — Arlon, imprimerie et lithographie J. Bourger.
In-32, de 256 "pp.
— Almanach du Luxembourg, pour l'an de grâce 1894, 38*^ année.
Arlon, Imprim. et Lith. J. Bourger, 22 juillet 189:3.
21. — Almanach portatif pour l'an bissextil 1812. Imprimerie de Schmit-
Briick, à Luxembourg (1811).
« In-18 de 5 feuilles 3 quarts, tiré à 2000 exempl. »
{Bibliographie de l'Empire français. Paris, 1813 (1812), t. I, p. 141.
— Almanach portatif pour l'année bissextile 1828, de l'ère Grégorienne,
à l'usage des Habitans du Grand Duché de Luxembourg. — 62"=^ Année. —
Luxeinbourg, chez Schmit-Brilck, rue du Curé.
In-IB, de 210 pp. et 3 ff., figures de monnaies : texte encadré.
22. — Almanach pour l'an de grâce 1833, à l'usage des habitants de la
province de Luxembourg. Arlon, P. -A. Bruck.
In-32, de 179 pp. — !''« année.
— Almanach pour l'année 1850, à l'usage des habitants de la province
de Luxembourg. Arlo7i. — Chez P.-A. Bruck, imp.
ln-32, de 192 pp. ; figures de monnaies.
— 217 —
— Almanach pour l'année 1855, à l'usage des habitants de la province
de Luxembourg. Arlon, Imp. et Lith. de P.- A. Briick.
In-32, de 220 pp. et 2 if.
23. — Alphabetische Anseige der vorzùglichsten Ouellen zur Kenntnis
der Rechte und Gewohnheiten des Herzogthums Luxemburg und Graf-
schaft Chiny, von deren Vereinigung mit der Franken-Republik, von Fr.
Mùller. Trier, Rodt, 1825, in-8°.
(Catalogue des livres... de J.-B. Th. de JoJighe. Bruxelles, 1860, t. I, n" 1156.)
Le Moniteur belge, du 30 décembre 1846, donne ainsi le titre de cet ouvrage :
Alphabatische Anseige der vorzùglichsten Ouellen ziir Kentniss der Rechten und geivolin-
heiten des Herzogthums Lu.veniburg und der grafschaft Chiny, vor deren vereifiigtcng mit
francken Rcpublick, 9 vendcmiar, jahr IV, von Michael-Franz-Joseph Muller. Trier, 1825,
in-12.
24. - Amherd. Die Andacht zur Trôsterin der Betrùbten im Grozher-
zogthum Luxemburg. Lii.xemburg, Rril:k, 1857, in-12.
25. — Annales civiles et religieuses d'Yvois-Carignan et de Mouzon,
par Ch.-Jos. Delahaut, publiées avec augmentations et corrections, par
l'abbé L'Ecuy. Paris, Desoer, 1822.
In-S", de XV et 495 pp., fig.
26. — Annales de la Société pour la conservation des monuments
historiques et des œuvres d'art dans la province de Luxembourg.
— - Institut archéologique du Luxembourg. Annales. Arlon, 1851-1894,
29 vol. gr. in-8°, avec planches et cartes.
1851-1887: P. -A. Briick.
1887-1894 (1" semestre) : F. Briick.
1894 (2« semestre) : V. Poncin.
La Société a fonctionné dès 1847, bien que sa première publication ne date que de
1851 . En 1867, elle prend le nom à' Institut archéologique du Luxembozirg.
27. — Antidote contre les réticences et les erreurs historiques de
Monsieur de Gerlache, Président de la Commission royale d'histoire, etc.,
à Bruxelles; par (Beeckman), prêtre catholique belge, auteur du
Livre noir 1838, de la Réponse à Mgr. C. Van Bommel, évèque de
Liège 1836. Bruxelles, Librairie encyclopédique de Périchon, rue de la
Montagne, n° 26. — 1840. (Imprimerie de G. Cttelens, à Lonvain.)
2 vol. in-18, de 3 ff. — 202 pp., et 2 fF. — XXVIII — 198 pp.
28. — Antiquités découvertes dans le Luxembourg. Par M. Jeantin.
Dans le Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beau.x-arts de Belgique,
t. XXI, n" 9, 1854.
29. — Antiquitez de la Gaule Belgique, royaulme de France, Austrasie
et Lorraine, avec l'origine des duchez et comtez de l'ancienne et moderne
- 218 —
Brabaut, Tongre, Ardenne, Havnau, Mozelane, Lotreich, Flandres,
Lorraine, Barrois, Luxembourg, Louvain, Waudemont, lainville, Namur,
Chigny et aultres principautez, extraictes soubz les vies des evesques de
Verdun, ancienne cité d'icelle Gaule, par M. Richard de Wassebourg,
archidiacre en l'église de Verdun... Ofi les ve7id à Paris... par Vincetit
Sertenas... et aussi ce (sic) vendent e7i la cité de Verdun, 15 i5, 2 vol.
in-fol., fig. sur bois, lettres rondes.
(Archives du Bibliophile. Paris, A Claudin, 1860, t. III, p. 214.)
— Premier (et second) volume des Antiquitez de la Gaule Belgique,
royaulme de France, Austrasie et Lorraine, avec l'origine des duchez et
des comtez de l'ancienne et moderne Brabant, Tongre, Ardenne, Haynau,
IMoselane, Lotreich, Flandres, Lorraine, Barrois, Luxembourg. Louvain,
Vaudemont, Joinville, Namur, Chiny et autres principaultez. Extraictes
soubs les vies des evesques de Verdun, ancienne cité d'icelle Gaule...
Avec plusieurs epithomes et sommaires ès-vies des Papes, empereurs,
roys et princes des susdicts, depuis Jules César jusques à présent, 1549,
par R. de Wassebourg. Achevé d'imprimer le 13 de novembre. On le vend
à Paris, par Vincetit Serte?ias... et aussi se ve?ide?it en la cité de Verdiui,
1549. (Impr. par Fr. Girault), 2 vol. in-fol.
30. — xA.ntropologise psychologias prima initia ad usum scholarum
Athenaei Luxemburgensis. Lu.xemburgi, J. Lamort, 1819.
In-8° de .ô7 pp. — Par Valentin Trausch.
31. — Aperçu général de la constitution géologique et de la richesse
minérale du Luxembourg; étendue, nature, composition et usage des
gîtes ferrifères de la partie méridionale de cette contrée, avec la descrip-
tion, la distinction et la détermination de la teneur et de la composition
de tous les minerais de fer employés dans l'industrie. Par Ch. Clément.
Arlon, Briick, 1864.
In-S", de V — 151 pp. et 7 pi. coloriées.
— Aperçu de la constitution du sol du Luxembourg, avec une indication
sommaire des produits minéralogiques qu'il renferme, par M. Ch. Clé-
ment, ingénieur au corps des mines.
Dans les Annales des travaux publics de Belgique. Bruxelles, 1864, t. XXII, pp. 121-
179.
Extraits des chapitres IV et V du volume précédent.
32. — Apologie contre certain discours émis soubs le nom des Etats-
Généraux des Pays-Bas. Par laquelle sont rembarrées les cavillations et
impostures dudict discours. Avec un récit véritable de ce que c'est passé
des l'aiTivée de Son Altesse esdicts Pays. S. l. n. d.
Pet. in-8°, de 80 ff.
« Livre fort rare, écrit en faveur de don Juan d'Autriche, en réponse au petit livre
— 219 —
Sommier Discours, etc., publié par les Etats-Généraux des Pays-Bas contre ce prince.
« La dédicace est datée des Roche (La Roche en Ardenne, nov. 1577), et signée Phi-
lippe le Franc. C'est probablement au secrétaire ou à un des partisans intimes du prince
qu'on doit cette apologie. »
(Catalogue des livres... de J. B. Th. de Jonghe. Bruxelles, 18'il, t. II, n° 1)224).
33. — Apologie pour les Chartreux que la persécution excitée contr'eux
au sujet de la constitution Unigenitiis a obligez de sortir de leurs monas-
tères ; avec la protestation des Religieux de l'Abbaye d'Orval, opposans
à la bulle Unigenitiis, qui ont pris le parti de la fuite; en date du
29 septembre 1725 (par Jean-Baptiste Cadry). Amsterdam, Nie. Potgieter,
1725, in-4°.
(Dictionnaire de Bibliographie française — par Fleischer — , n'' 3183.)
34. — Appendix zur Geschichte der Klœpels-Armee, nebst einer Notiz
ueber des Verfassers Leben u. Wirken, so wie auch einer Leichenrede
auf dessen Tod, von Herrn Kleyr.
Par Jacques Klein,
Dans le Lu.vemhnrger- Wortjur Wahrheit und Recht, février 1849.
35. — Les Ardennaises ; poésies légères. Paris, 1826, in-8°.
Par Jean- Ferdinand Poncin de Casaquy.
36. — En Ardenne, par quatre Bohémiens (Félix Delhasse, Théophile
Thoré, Paul Dommartin et Henri Macette). — Namur — Dinant — Han
— Saint-Hubert — Houffalize — La Roche — Durbuy — Nandrin —
Comblain — Esneux — Tilf — Spa. — Bruxelles, Ch. Vanderauwera,
éditeur, Mojitag7ie-aux- Herbes-Potagères, 25. — 1856.
2 vol. in-24, de 228 et 200 pp.
Voy. la Reime trimestrielle. Bruxelles, i85tî, t. XII, pp. 382-384.
37. — En Ardenne. La saison des travaux sérieux recommence pour
les jeunes peintres.
Lithographie, par Félicien Rops.
38. — En Ardenne. Li sotte Marie qui pinse à s' néfant qu'on a interré.
Lithographie, par Félicien Rops.
39. — En Ardenne. Où l'artiste se repent vivement d'avoir été peindre
des effets de neige.
Lithographie, par F. Rops.
40. — En Ardenne. Sur le chemin de St-Hubert.
Lithographie^ par F. Rops.
— 220 —
il. — L'Ardenne sous le rapport de la végétation, par François Crépin,
professeur de botanique à l'école d'horticulture de l'Etat, à Gendbrugge.
Bnixtiles, librairie de Giist. Mayolez, 1863.
In-8», de (H> pp.
42. — Les Ardennes.
Dans les Mémoires d'outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Bruxelles, 1848, in-18, t. IV,
pp. 69-74.
43. — Les Ardennes (Texte). — Les Ardennes. Une Goffe. Dessin de
Lancelot.
Dans Le Magasin pittoresque. Paris, 1874, t. XLII, pp. 267 et 340.
Extrait des Ardennes illustrées, par D. Lancelot.
4i. — Ardennes. Documents pour servir à l'histoire de ce département.
Principauté de Sedan, Mouzon, etc.
Dans Le Cabinet historique. Revue mensuelle. Paris, 1875, juillet à septembre, pp. 209-224.
Parmi les manuscrits mentionnés dans ce cahier nous citerons :
N" 6107. — Documents relatifs au domaine de la Couronne à Sedan, Bouillon, Cari-
gnan, Raucourt. — Arch. nat. 2^ 36, 38.
N» 6125. — Acte par lequel Charles Robert, comte de la Marck et de Braine, cède à
Henri de la Tour, maréchal de France, les terres de Sedan et Raucourt et le duché de
Bouillon. — 1601, 25 août : original. — Arch. nat. K 107, no It!.
N° 6130. — Lettres patentes du Roy Louis XIII, par lesquelles il prend sous sa protec-
tion les souverainetez de Frédéric-Maurice de la Tour, duc de Bouillon. — 26 août 1641.
— Decamps, 80, n" 25, f» 144. 6« preuve. Conrart, t. 6, p. 535.
N°6137. — Brevet par lequel le Roi attribue au duc de Bouillon et au vicomte de
Turenne les rangs et préséance qui leur appartiennent, à cause du duché de Bouillon et
des principautés souveraines de Sedan et de Raucourt. — Saint-Germain-en-Laye, 2 avril
1649. Orig. — K. 118, n° 9^.
N» 6197. — Copie des lettres de Louis, comte de Chiny, par lesquelles il avoue tenir à
foy et hommage de l'archevesque de Reims, Pourru-lès-Lebsois, Pourru-en-l'Aisne,
F.scombre, Lagrange, le Bon et le bois de Outre-Onne, la ville de Messaucourt, la moitié
de la ville de Sachy ; item ce qu'il a en la ville de Retainges, à Crolly et à Aroulx, entre
Mouzon et Jouy. — Mouzon 1294. — Très, des ch. Champ. Mouzon, n" 2.
N» 6219. — Arnould, comte de Chini. — Lettres concernant l'abbé de Mouzon. Manusc.
fr. du XVII» siècle. — Bibl. de Bourg, n° 6734.
45. — Les Ardennes. France-Belgique. Par Elizé de Montagnac.
Paris, Rothschild, 1873, 5Î vol. gr. in-fol., figures.
46. — Les Ardennes. Tournée Pittoresque, Artistique et Historique;
Paysages, Traditions, Chroniques et Légendes. Par Victor Joly. Bruxelles,
J. Vajibiiggenhoiidt, 1854-1857.
2 vol. gr. in-fol., avec 30 gravures à l'eau-forte, sur acier, par Mart. Kuytenbrouwer,
et des figures sur bois.
Voy. la Revue Trimestrielle. Bruxelles, octobre 1858, t. XX. pp. 333-335.
— 'i21 —
47. — Ardennes- Villégiatures. — Meuse. — Lesse. — Hoyoux. —
Ourthe. — Amblève. — Vesdre. Bruxelles, rue des Paroissiens.
In-folio piano. — Carte.
48. — Arlon. Etablissement géographique de Bruxelles, fondé par
Ph. Va?ider Mae le n.
In-folio piano. — Carte.
49. — A Arlon. — Conférence de M. Nothomb. — Exercices de tir. —
Soirée chez M. le Gouverneur. — La procession d'Echternach. —
L' « Emulation ».
Dans le Journal de Bruxelles, 2 juin 1893.
50. — A Arlon. — Les exercices du tir. — Notre-Dame de Luxembourg.
La revision. — La campagne. - Un nouveau journal. — La distribution
d'eau.
Ihid., 6 mai 1893.
5L — Arlon à travers les âges. Par Aug. Henckels.
Dans L Indépendant d' Arlon et du Luxembourg. Arlon 1889-1890.
52. — Arlon et ses environs. Par M. D. Keiffer.
Dans La Belgique illustrée, ses inonumejits, ses œuvres d'art, publiée sous la direction de
M. Eugène Van Bcmmel. Bruxelles, Bruylant-Christophe et Compagnie, t. II, p. 497.
53. — Arlon. — Bastogne. — Houffalize. — Vielsalm. — Marche. —
Durbuy. — La Roche. — Neufchâteau. — Bouillon. — St Hubert. —
Virton. — Chiny.
Ddns La Belgique pittoresque. Bruxelles, F. Claassen, in 18, pp. 258-266.
54. — Arlon. — Bastogne. — Marche en Famene. — La Roche. —
Chiny. — Saint-Hubert. — Echternach. — Virton. — Vianden. — Bouil-
lon. -- Dickrich. — Durbuy. — Neufchatel. — Hoffalize. — Grave-
Macheren.
Dans l'ouvrage intitulé : Description des places qui sont aujourd'hui le théâtre de la guerre
dans les Pays-Bas,... Seconde Edition, considérablement augmentée, et ornée des plans des
principales Villes fortifiées. A Mons, chez les Libraires associés. — 1794, in 8°, pp. 6, 8, 9,
lOetU.
55. — Arlon. — Bitbourg. — Chiny. — Damvillers. — Echternach. —
Luxembourg. — Marche. — Montmédy. — Thionville.
Dans V Atlas des villes de Belgique au AT/" siècle. — Cent plans du géographe Jacques de
Devcrter, exécutés sur les ordres de Charles-Qîiint et de Philippe II, reproduits en fac-similé
chromographique par l'Institut 7iatio7!al de géographie, à Bruxelles. Bruxelles, in-fol., avec
texte descriptif.
- 222 —
La notice sur Arlon est de M. E. Tandel, commissaire d'arrondissement.
Voy. Le Bibliophile Belp^e. Bruxelles, Fr.-.T. Olivier, 18(57, t. II, pp. 280-290. (Plan^topo-
graphiques des villes des Pays-Bas au XVl' siècle).
56. — Arlon. — Liège (et une partie de la province de Luxembourg.)
Etablissement géographique de Bruxelles, J onde par Ph. Vander Maelen.
2 cartes in-folio piano.
Dans l'atlas intitulé : Belgique. — Ministère des Travaux publics. — Nivellement général
du Royaume. — 1848.
57. — Arlon. — Marche.
Dans l'ouvrage a\ant pour titre : Recherches historiques sur les villes et villages célèbres de
Pancienne Belgique, qtii faisaient partie des Pays-Bas autrichiens. Par M. Gustave De Patoul-
Fieuru. — Dédié à la Nation Belge. — Première partie. — Mons, imprimerie de la veuve
Piérart, rue d'Havre, 36. — 1860, in-80, pp. 15-16 et 43.
58. - Armoiries des anciens Etats féodaux de la Belgique.... — Luxem-
bourg. — Comté de Luxembourg. — Comté de Chiny.
Dans Patria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe & 0% 1775, t. III, pp. 744-747.
(Art héraldique, par M. Eugène Gens.)
59. — Arrestation de M. Pescatore.
Dans le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, 24 octobre 1832, p. 1268.
60. — Arrêt du Conseil d'Etat du roi de France, du 7 octobre 1742, qui
remet le prince de Lowestein-Wertheim en possession des terres de
Chassepierre, Cugnon, Mortehan, Auby, Ste Cécile, d'une partie de
Bertrix, et autres lieux en dépendant, après avoir cassé deux arrêts du
parlement de Metz. — 1742,
Placard.
61. — Arrêt du Conseil provincial du Luxembourg, ayant pour objet
de dresser une déclaration pertinente du nombre de tous les habitants
des villes, prévôtés, seigneuries et offices, qui sont dans l'étendue de
leurs juridictions, et une autre déclaration du produit de toutes les terres,
dans le but de prendre des mesures pour prévenir la disette. 1741.
62. — Arrêt du parlement de Metz, du 2 juillet 17;57, qui fait défense
aux Seigneurs et habitants de Chassepierre et Cugnon de reconnaitre la
juridiction du Conseil de Luxembourg. — 1737.
Placard.
6.3. — Arrêt du parlement de Metz, qui casse et annule une ordonnance
du conseil des finances de Bruxelles, établissant un bureau de péage au
profit de la reine de Hongrie dans le village de Recogne. — 1743.
Placard.
— 223 —
64. — Arrêt du parlement de Metz, qui casse la procédure faite au
bureau du domaine, à Luxembourg, contre le nommé Jean de Greid, de
Chassepierre,et qui ordonne qu'il sera procédé contre plusieurs personnes.
— 1743.
Placard.
65. — L'Artisan chrétien, ou la vie du bon Henry^ Maistre Cordonnier
à Paris, par M. J. Antoine Vachet. Paris, 1670, in-S».
Henri-Michel Busch était né à Arlon, en 1608. Il mourut à Paris, le 9 juin 1666.
66. — Der Aufrichtige Republikaner an die Freunde der Wahrheit,
oder : Bemerkungen ùber das Betragen des trierschen General-Vikariats
gegen die eidscheuen Geistlichen im ehemaligen Herzogthum Luxem-
burg. Aschaffenburgy in-8°
67. — Auguste Clavareau. Par A. Alvin.
Dans y Annuaire de la Société d' Emulation de Liège, pour l'année 1865. Liège, J.-G.
Carmanne, 1865, in-12, pp. 117-1.35.
68. — Un Auto-da-fé à Luxembourg, en 1749. Par A. Galesloot.
Dans la RcTue Trimestrielle. Bru.xelles, juillet 1865, t. 47, pp. 288-295.
69. -^ Avec le Club alpin. Par Félix de Breux(P.-C.-A. de Haulleville).
Dans le Journal de Bruxelles. Supplément illustré, 11 et 18 juin 1893.
Cet article renferme des détails sur Houffal'ze et ses environs.
70. — Avis aux RR. PP. Jésuites, sur leur procession de Luxembourg,
du 20 mai 1685. S. l. n. d., in-12.
Voy. sur cette procession le Mercure, de Paris, juin 1685.
71. — Banquet offert à MM. les professeurs Dumont et Glaesener, à
l'occasion de la distinction qui leur a été accordée à l'exposition de Paris.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 12 décembre 1855, pp. 4008-4009.
72. — Le Baron de Gerlache, ancien président du Congrès national,
etc., par Théodore Juste. — 1785-1870. — Bruxelles, 1870, in-8°.
73. — Le Baron Nothomb. Par Th. Juste. (Texte et portrait).
Dans IJIllustration nationale. Bruxelles, 11 juillet 1880, pp. 7-8.
74. — Barvaux. — Durbuy.
Dans La Chronique, gazette quotidientie. Bruxelles, 13 octobre 1874. (La Chronique en
voyage, par Jean d'Ardenne).
— 224 —
75. — Beitrag zur Geschichte der Ardennen, von Borman. Trier,
1841-1842, 2 vol. in-8°, planches.
76. — Belsjie, waaronder het Luxemburgsche, het land van Liiijk, en
de aangrenzende fransche vestingen en andere bezittingen : volledig
beschreven door G. Bruining. 'S Gravenhage, 1825, in-8°.
77. — ^ Le Berger des Ardennes.
Dans L Illustration Européenne. Bruxelles, 1870-1S71, pp. 372 374.
78. — Bibliothèque héraldique. — Armoriai luxembourgeois, ou Des-
cription des armoiries des familles nobles du Luxembourg ancien et
moderne, province et Grand-Duché de Luxembourg, comté de Chiny,
Duché de Bouillon, etc., précédé de la liste des Membres de l'Etat-Noble
de ce pays aux assemblées générales de 1616^ 1770, 1816, etc.. par le
chevalier P.-N. de Kessel, Membre de plusieurs Sociétés d'Histoire et
d'Archéologie. — Arlon, J. Everling, libraire. — 1868. {Bruxelles, Imp.
de Toint-Scohier , rue de la Commune , 11).
In-S'', de 104 pp.
79. — Bibliothèque héraldique. — Livre d'or de la noblesse luxem-
bourgeoise, ou Recueil historique, chronologique, généalogique et biogra-
phique des familles nobles du Luxembourg ancien et moderne, province
et Grand-Duché de Luxembourg, Comté de Chiny, Duché de Bouillon,
etc.. etc.. par le chevalier P.-N.-C.-C.-A. de Kessel, Membre collabora-
teur de la Revue Internationale d'Histoire et d'Archéologie héraldique :
Le Héraut d'Armes; Membre correspondant de \ Annuaire de la No-
blesse et des familles patriciennes des Pays-Bas ; de la Société paléonto-
logique et archéologique de Charlero}^; etc., etc. — Arlon, J. Everling,
libraire. — La Hâve, Martinus Nijhoif. — Bruxelles, Imprimerie de
Toint-Scohier, rue de la Commune, 11. — 1869.
In-S", de XV et 227 pp.
80. — Biographie de Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg, marquis
d'Arlon et roi de Bohème; en forme de discours prononcé à la fin de
l'année scolaire 1835, par P.-D. Joachim. Luxembourg...
81. Biographie du lieutenant-général Petithan, commandant de la
garde civique de Bruxelles. — Bruxelles, B.-J. Van Dooren, imprimeur,
Chaussée de Wavre, 25. — 1857.
In-8o, de 1 f. et 14 pp.
82. — Biographie luxembourgeoise, histoire des hommes distingués de
ce pays considéré à l'époque de sa plus grande étendue, ou qui se sont
— 225 —
rendus remarquables pendant le séjour qu'ils y ont fait, par le docteur
Aug. Neyen, Chevalier de l'ordre de la Couronne de chêne, l'un des
fondateurs et membre effectif de la Société Royale grand-ducale pour la
recherche et la conservation des monuments historiques dans le pays de
Luxembourg, de l'Académie impériale de Metz, de l'Académie d'archéo-
logie d'Anvers; de l'Institut historique de France (l'^* classe), de l'institut,
archéologique de Liège et de celui de Hesse-Darmstat ; de la Société
historique d'Arlon, de celle pour les recherches utiles de Trêves, de celle
pour la conservation et la description des monuments historiques de
France, de celles de médecine de Liège et de Bruges ; de celle des
sciences naturelles de Liège ; de celle des sciences physiques, chimiques
et des arts industriels et agricoles de Paris, etc. — La vertu la plus
humble comme la grandeur dans tout son éclat doit trouver place dans
une Biographie nationale. — Luxembourg, Pierre Briick, libraire-
éditeur, rue du Curé. 1851-1860-1862.
2 vol. in-i», de VI — 480 et 340. — 152 pp.
— Tome IIL Supplément, Luxembourg, Jean Joris, 1876.
In-40, de III, 490 p., XXXI-XII, plus table générale, 24 p., et fautes typographiques,
24 p.
83. — De Bittgang no Conter, — Gudde Noicht; vum J. Diedenhoven,
1830.
Vo}'. V Essai sur ia poésie luxembourgeoise, par Félix Thyes. Bruxelles, Henri Samuel,
1854, pp. 36 et 50.
84. — Le Bois de La Roche (Luxembourg).
Dans L Illustration Européenne. Bruxelles, 1870-1871, p. 390.
85. — Aux Bords de la Semois. — Excursion pédestre en Ardenne,
par M. Hector Van Doorslaer. — Imprimerie rue Dupont, 13, à Bru-
xelles, 1880, in-8°.
Ce livre renferme une Lettre-préface, par M. Coomans, membre de la Chambre des
représentants.
Voy. le journal Je Bruxelles, du 29 janvier 1880. (Chronique littéraire).
86. — Les Bords de la Semoy en Ardenne, par George Podesta. Bric-
xelles. Imprimerie de G. S tapir aux, Rue de la Montagne, 51. — 1850.
In-12. de 140 pp. et 1 f.
Voy. le Bulletin de la Société des gens de lettres belges. Bruxelles, 1850, pp. 83-84.
87. — Nos Bruyères et nos Fonctionnaires s'en vont en guerre ! Par
J.-A. Henry, curé de Limes. Arlon, imprimerie et lithographie de J.
Bourger (1854).
Pet. in-8°, de 107 pp.
— 226 —
88. — Caisse de ])révoyance en faveur des ouvriers mineurs de la
province de Luxembourg. Rapport de la commission administrative
pour 1840.
Dans Le Mouiteur hclgc, Bruxelles, 13 août 18'i7, pp, 2181-2182.
89. — Cajus Igula, ou l'Empereur Cajus César Caligula, né à Igel le
31 août de l'an 764 de Rome ou 11'^^ de J. C. Ere commune. Essai par
forme de Dissertation sur le sujet et l'Epoque du fameux Monument,
appelé communément la Tour d'Igel, situé à l'extrémité du Luxembourg,
au bord de la Moselle, entre les Confluens de la Saare & de la Sûre, avec
les dessins de ses quatre faces en détail (par Théodore Lorent,de Rémich).
A Luxembourg, de V Imprimerie des Héritiers d'André Chevalier.
M.DCC.LXIX.
In-4", de 148 pp , front, et 9 pi.
90. — Calendrier luxembourgeois postal et commercial. — 1878. —
Florenville, E. Sauté.
91. — Carolys. IV, Rom. Imp. Boh. Rex. Pater. Patriae. jf. Kleinhardt
del. 1772. J. Baltzcr se. Praga.
Portrait de Charles IV, roi de Bohême et comte de Luxembourg. ,
92. — Carte de la Hollande, comprenant le Limbourg Hollandais et le
G^ Duché de Luxembourg. Bruxelles, 1830.
93. — Carte de la province de Luxembourg. Etablissement Géogra-
phique de Bruxelles. S. O.
In-folio piano.
94. — Carte du département des Forêts, par P. G. Chanlaire.
95. — Carte h3'drographique, routière et administrative de la province
1
de Luxembourg, ? l'échelle de , comprenant toutes les routes
^ 100,000
avec leurs longueurs, les Chemins de Grande Communication, les Che-
mins de Fer, les Canaux, les Rivières et Cours d'Eau, et un grand nombre
de Points de nivellement. Bruxelles, Ph. Vander Maele?i.
1 feuille coloriée de l'"84 cent.
96. — Carte topographique de la province de Luxembourg, par Heus-
chling, ingénieur du cadastre.
4 feuilles.
97. — Carte topographique et militaire de la Belgique et du grand-
— 227 —
duché de Luxembourg, dressée d'après celle de Ferraris, par L. Capitaine.
Paris, 1836.
In-fol. obi., en 65 feuilles.
98. — Cartulaire de Clairefontaine, par le père Hippolyte Goffinet.
Arlo?i, P.-A. Briick, 1887.
In-S*", de XXVII-284 pp., plus une photolithographie.
99. — Cartulaire de l'abbaye d'Orval, depuis l'origine de ce monastère
jusqu'en l'année 1865, époque de la réunion du comté d& Chiny au duché
de Luxembourg, par le père Hippolyte Goffinet. Bruxelles, F. Hayez,
1879.
In-40, de XXVII — 800 pp.
100. — Catalogue de la bibliothèque communale de la ville d'Arlon.
— Arlon, Poncin, im primeur -édite ur , 4-6, Marché-aux-Pom^nes-de-Terre,
4-6. — 1875.
In-80, de 159 et II pp.
lOL — Catalogue de la Bibliothèque de l'Athénée Royal Grand-Ducal
de Luxembourg, précédé d'une Notice historique sur cet établissement,
parle professeur A. Namur, docteur en philosophie, conserv. secret, et
l'un des membres fondât, de la soc. p. la rech. et la conserv. des mon.
hist. et membre effect. de la soc. des sciences nat. du G. D. de Luxem-
bourg ; correspondant des soc. arch., hist., litt. et scient. d'Arlon, de
Béziers, de Bonn, de Douai, de Gand, de Leide, de Liège, de Maestricht,
de Middelbourg, de Nancy, du Puy, de Tongres, de Tournai, de Trêves,
de Verdun; de l'acad. d'arch. de Belgique, d'Anvers; de l'acad. imp. de
Metz; des soc. numismat. de Bruxelles et de Berlin; de la soc. libre
d'émulation de Liège ; de la société des antiquaires de la Normandie ;
de la soc. pour la cons. des mon. de France, de celle des antiquaires de
France et de l'institut des provinces de France, bibliothécaire à l'Athé-
née. Luxembourg. Imprimerie-Librairie de V. Biick, 1855.
In-8°, de 835 pp.
102. — Catalogue des livres des bibliothèques des ci-devant Jésuites
de Luxembourg. 1778, in-8°.
103. — Catalogus Abbatum Cœnobii Munsteriensis. Treviris, 1664.
Par Alexandre de Wiltheim.
104. — Des Causes de la détresse agricole, forestière et industrielle des
Ardennes luxembourgeoises, des droits affouagers, du sartage, de la
vaine pâture et des conséquences du défaut de voies promptes et écono-
— 228 —
miques de transport, par Bonnardeaii-Henkart, membre de la chambre de
commerce d'Arlon. - Ar/on, imprimerie de J. Bourger, 18H9.
In-S", de ol pp.
105. -- Ce que veut le Luxembourg, par M. G. Morel. Bruxelles, 1858,
in 8».
lOG. — Chambre de commerce d'Arlon. — Rapport général à Monsieur
le Ministre des Affaires étrangères sur la situation du commerce et de
l'industrie pendant l'année 1860. Arlo?i, — Typographie de C.-A. Bour-
geois.
()0 pages et tableaux.
— pendant l'année 1861. Ibid., 1862.
118 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1862. Ibid., 1863.
197 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1863. Ibid., 1864.
162 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1864. Ibid., 1865.
211 pp. et tableaux.
— -pendant l'année 1865. Arlo7i, i?nprimerie de M. Poncin^ 1866.
132 pp. et tableaux.
— Chambre de commerce d'Arlon. Rapport général sur la situation de
l'agriculture, du commerce et de l'industrie, dans la province de Luxem-
bourg, pendant l'année I8G6. Arlon^ Imprimerie et lithographie J. Boiir-
ger, 1867.
201 pages et tableaux.
— pendant l'année 1867. Ibid., 1868.
116 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1868. /Z'/rt'., 1869.
168 pp.
— pendant l'année 1869. Ibid., 1870.
171 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1870. Ibid., 1871
218 pp. et tableaux.
— 229 —
— ...... pendant l'année 1871. Ibid., 1872.
156 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1872. Ibid., 1873.
143 pp. et tableaux.
— pendant l'année 1873. Ibid., 1874.
127 pp. et tableaux.
— Chambre de commerce et des fabriques d'Arlon. Rapport général
sur la situation de l'agriculture, du commerce et de l'industrie dans la
province de Luxembourg, pendant les années 1877 et 1878. Ibid., 1879.
232 pp. et tableaux.
— Chambre de commerce et des fabriques d'Arlon. — Compte-rendu
des Travaux et de la situation pendant l'année 1879. Ibid., 18S0.
53 pp.
79 pp.
en 1880. Ibid., 1881.
en 1881. Ibid., 1882.
74 pp.
107. — Charles par la grâce de Dieu Empereur des Romains... Duc...,
de Luxembourg... (A la fin :) Siir l'Imprimé à Bruxelles. A Ljc.xemboicrg,
chez André Chevalier, Imprimeur de Sa M. I. & Cath. s. d.
Pet. in-40, de 7 pp.; armoiries en tête de la f® page.
Ordonnance relative aux Mendians, VaguhoiiJs & Ge/is sa/!s iveu, datées de Bru.xelles le
12 Jam'ier l'an de grâce 1734.
108. — Charles-Alexandre, Duc de Lorraine et de Bar, Chevalier de
l'Ordre de la Toison d'oi. Maréchal des Armées du Saint Empire
Romain & de celles de Sa Majesté l'Impératrice-Reine de Hongrie & de
Bohême etc. Son Lieutenant Gouverneur & Capitaine Général des Pays-
Bas, etc., etc. (A la fin :) A Lu.xemboiirg, chez l'héritier d' André Cheva-
lier, vivant Imprimeur de Sa Majesté l' Impératrice-Reine (1752).
Pet. in-4°, de 3 pp.; armoiries en tête de la i^^ page.
Ordre d'adjuger, dans tous les procès qui sont encore indécis, les intérêts de la demeure judi-
ciaire au denier vingt argent courant, en réduisant le pri.x &" l'estimation du principal en
argent de change.
109. — La chasse au coq de bruyère. Récit de chasse dans les Ardennes,
histoire naturelle de diverses espèces de tétras, leurs mœurs, les lieux
16
— 230 —
qu'ils habitent, l'art de les chercher, de les tirer, de les élever en volière.
Lit'ixf, Renard, 18()0.
In-l-J, df VUl — 158 pp.
1 10. — Château d' Ansembourg, Gr^ Duché de Luxembourg.
Lithographie.
m. — Le Château de Bouillon (Texte et gravure).
Dans le Magasin belge, universel et pittore?,que... Bruxelles, 1838, pp. 117-118.
1 12. — Le Château de Rosister, ballade. — A Monsieur Rasse.
Dans les Préludes poétiques, par Léon Wocquier... Bruxelles et Louvain, 1842, in-18,
pp. 45-54.
113. — Le Château de Rosister, légende ardennaise, par Léon Woc-
quier, secrétaire de la Société littéraire de l'université de Louvain. —
Liège, Félix Oitdart, éditeur de la Revue de Liège. — 1845. {Typogra-
phie de Félix Oudart.)
In-8o, de 2 ff. et 43 pp. — Extrait de la Revue de Liège.
114. — Chemin de fer central des Ardennes belges. — Notes pour faire
suite au mémoire publié à l'appui du projet, le 21 mars 1859. — Bruxelles,
Imprimerie de Th. Le&igjie, faubourg de Louvain. — 1860.
In-8° de 44 pp. avec une carte.
115. — Chemin de fer de Givet à Athus (par Brassine). — Bruxelles,
Office de publicité. Imprimerie de A.-N. Lebègue et Compagnie, rue
Terrarcken, 6. — 1870.
In-12de36 pp.
116. — Chemin de fer de la Grande Compagnie du Luxembourg.
Dans Y AnJiuaire spécial des chemins de fer belges, par Fêli.x Loisel. Bruxelles et Paris,
1867, in-8°, pp 480-499.
117. — Chemin de fer du Luxembourg. Concession. Document. Bru-
xelles, 1846.
118. — Chemin de fer du Luxembourg. — Rapport de la Députation
permanente du Conseil provincial. — Arlon, Imprimerie de P.- A. Briick,
(1850), in-4°.
119. — Chemin de fer du Luxembourg reliant la Meuse belge à la
Moselle française et allemande, à Metz et à Trêves. — Premier mémoire
— 231 —
à l'appui du projet. Demandeur en concession : John Piddington et O^.
Brîcxelles, Imprimerie de Deltombe, rue N.-D.-aux-Neiges, 36. — 1845.
In-40, de 2 fF. et 28 pp., carte.
120. — Chronique luxembourgeoise. — Othfried le Saxon. Par Léon
Wocquier.
VidiVi% La Revue de Liège. Liège, Félix Oudart, 1845, in-S», t. III, pp. 173-197, 251-268,
481-514, 567-595.
121. — Les Chroniques de l'abbaye d'Orval, par M. Jeantin. Nancy,
1850, in-8°, figures.
122. — Les Chroniques de l'Ardenne et des Woëpvres, ou revue et
examen des traditions locales antérieures au onzième siècle, pour servir
à l'histoire de l'ancien comté de Chiny, par M. Jeantin, Président du
Tribunal civil de Montmédy, Chevalier de la Légion d'Honneur, Membre
de la Société Royale Grand-Ducale pour la recherche et la conservation
des Monuments historiques du Luxembourg, correspondant du Comité
du Musée historique Lorrain, et de la société Philomatique de Verdun.
Paris, L. Maison, libraire, me Christine, 3. — Nancv, Grimblot et V^
Ravbois, imprimeurs-libraires. Place du Peuple,! , et rue Saint- D izier , 125.
185 L (Nancy, imprimerie de veuve Ravbois et comp.).
2 vol. in-8o, de 10 — XXIX — 594 et XIII — 623 pp., figures lithographiées.
123. — Chroniques historiques et traditions populaires du Luxembourg.
— Indutiomar. (54-52 av. J. C). Par Léon Wocquier.
Dans la Revue de Bruxelles. Nouvelle série. Bruxelles et Louvain, 1842, in-8, t. I,
pp. 195, 286 et 366
124. — Chronologie historique des comtes de Salm, en Ardennes.
Dans les Nouvelles Archives historiques des Pays-Bas, publiées par le baron de Reiffenberg.
Bruxelles, C.-J. de Mat, 1332, t. VI, p. 40.
125. — Chronologische Uebersicht der Geschichte der Stadt und des
Groszherzogthums Luxemburg. Lu.xemburg, 1827, in-12.
Par Pierre-Dominique Joachim.
126. — Chronologische Uebersicht der Stadt und des Groszherzog-
thums Luxemburg, von Maeysz 1819, in- 18
127. -- Circulaire du Ministre des Finances, sur la Contribution fon-
cière. Circular des Ministers ûber die Grund-Steur. — A Ltixembourg, de
l'Imprimerie du Département, rue du. Curé, w" 422, in-4°.
Cette circulaire, adressée aic.x Admitiistrateurs du Départemejit des Forêts, est datée de
Pari^, le 19 Fructidor, an k, de la République une et indivisible.
— 2^2 —
128. - La Clef de Saint Hubert.
Dans Le Mag,isin pittoresque, Paris, 1871, t. XXXIX, p. 52.
Extrait du Traite des superstitions, par l'abbé Thiers.
129. — Club des Sangliers réunis. Règlement voté en séance obliga-
toire du 1^^ décembre 1872. (Bruxelles, 1872).
Autographie, de 2 pp. in-4". — Au-dessous du titre se trouve un dessin représentant
une tète de sanglier.
Voici le début de ce règlement :
Art. 1. II existe à Bruxelles une société sous le nom de Club des Sangliers réunis.
But. Art. 2. Son but est de réunir à certains jours les frères luxembourgeois exilés à
Bruxelles, afin qu'ils puissent se connaître, s'amuser entre eux et s'entretenir du pays
absent.
Membres. Art. 3. Les fils des forêts luxembourgeoises peuvent seuls faire partie du club.
130. — Commission royale pour la publication des anciennes lois et
ordonnances. — Annexes au procès-verbal de la séance du 9 février 1847.
— Annexe n° 1 .
Premier rapport de M. Gachard (sur les anciens titres de la ville de
Virton* à partir de l'année 1270).
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 17 mars 1847, pp. 689-690.
131 . — Des Comtes de Durbuy et de La Roche aux XP et XIP siècles,,
par S. P. Ernst, publié par Ed. Lavalleye. Liège, 1836, in-8°.
132. — Les Comtes de Vianden, ou de Vienne, ancêtres du roi des
Pays-Bas. Par M. Nothomb.
Dans la Revue belge, 1830.
133. — La Confrérie des vivants et des morts, érigée d'autorité aposto-
lique en l'église de N. Dame de Foy, à Thonelle, diocèse de Trêves, et
pays de Luxembourg, par fr. Gilles de Montmédy. Bruxelles, Godefr.
Schovaerls, 1638, in-8°.
134. — Conseil provincial du Luxembourg. — Question : Y a-t-il lieu
de rendre les assurances contre les risques d'incendie obligatoires pour
tous les habitants et d'en confier le monopole au Gouvernement ? —
Arlon, iviprimerie de P.- A. Briick (1845).
In-80, de 30 pp.
135. — Conseils provinciaux. Luxembourg. Séance du 7 juillet 1846.
Dans Z« Moniteur belge. Bruxelles, 13 juillet 1846, pp. 133-135.
— Séance du 9 juillet 1846.
Ibid., 16 juillet 1846, p. 174.
— Séance du 10 juillet 1846.
/iid., 18 juillet 1846, pp. 197-198.
— Séance du 11 juillet 1846.
Ibid., 28 juillet 1846, pp. 295-297.
— Séance du 6 juillet (1847).
Ibid., 10 juillet 1847, p. 1719.
— Séances des 8 et 9 juillet (1847).
Ibid., 14 juillet 1847, p. 1800.
— Séance du 10 juillet (1847).
Ibid., 16 juillet 1847, p. 1834.
— ....... Séances des 12 et 13 juillet (1847).
Ibid., pp. 1847-1851.
— Séance du 18 juillet 1848.
Ibid., 22 juillet 1849, p. 1961.
— Séances des 19, 20, 21, 22 et 24 juillet 1848.
Ibid., 28 juillet 1848, pp. 2038-2042.
— Séance du 25 juillet 1848.
Ibid., 29 juillet 1848, pp. 2055-2056.
— Séance du 26 juillet 1848.
Ibid., 11 août 1848, p. 2246.
136. — Considérations au sujet de la découverte de tombeaux anti-
ques, à Holsthum, dans le Luxembourg. Par F. J. F. Marchai.
Dans les Bulletins de l'Acad. de Belgique, t. VI, 1839.
-137. _ Quelques Considérations sur les cimetières de la province de
Luxembourg, en 1872. Par Antoine Valérius.
Dans le Joicrnal de médecine, de Bruxelles, octobre 1872.
138. — Conspectus Florae cryptogamicae magni ducatus Luxembur-
gensis.
Par Louis Marchand.
l;}9. _ Contestations territoriales avec la France. Provinces de Lu-
xembourg & de Namur. — Contestations entre les Pays-Bas & l'état de
— 234 —
Liège. Contestations territoriales. Terre et abbaye de Saint-Hubert. Nas-
sogne. Souveraineté de la rivière d'Ourte. — Du conseil de Luxem-
bourg. — Des états de Luxembourg.
Dans les Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas autrichiens f^par le comte de
Nénv). — Nouvelle Edition, rej'ue, corrigée & considérablement augmejitée . A Bruxelles. —
M. UCC. LXXXV, in-8«, pp. 179-182, 220-222, 2(57 268, 294-297.
140. — Conversion du général d'Alton aux Ardennes. 1789.
141. — Correspondance sur la situation économique et industrielle de
la province de Luxembourg. Par Emile Tandel, commissaire de l'arron-
dissement d'Arlon-Virton.
Dans VEconoiniste belge, 1859-18(50.
142. — Les Courans des riviers (sic) de Meuse, de Mozel & de la Sar
où se trouvent le Luxembourg & l'archevêché de Trêves, partie de Lim-
bourg, du Palatinat, du Duché des Deux-Ponts, de la Lorraine, & du
Pays-Maissain, etc. Dressé par L B. Nolin, Geografe ord : du Roy. A
Paris, chez l'Auteur, rue Saint- lacqties à l'enseigne de la place des Vic-
toires. Avec Privilège du Roy. Et presentein^ chez Moudhard & Jean, rue
St-Jeaji de Beauvais. 1787.
In-folio piano.
143. — Cour d'appel de Bruxelles. — Mémoire en réplique pour la
Société du Luxembourg, appelante, sur la partie principale de ses conclu-
sions, relative à la résiliation du contrat de concession, avec dommages-
intérêts ; en cause contre l'Etat-Belge. — Bruxelles. Imprimerie de P. -M.
De Vroom. 1843.
In-4'>, de 29 pp.
La couverture porte : Canal de Meuse et Moselle. Réplique pour la Société du Lu.xem-
bourg.
■ Ce Mémoire es,i signé : jf. Barbanson, avocat, et L.-J. Ramvct, avoué.
144. — Cour d'Appel de Liège. Mémoire pour Jean-Pierre Sampaix-
Collin, à Izel, contre Charles Printz & C'% banquiers à Arlon. Bruxelles,
Parent {ISU),^-^^.
145. — Cour d'Assises de Namur. Affaire de Tornaco.
Dans le Mémorial belge. Bruxelles H. Remy, 7, 8, 9, 12, 13 et 14 septembre 1832, pp.
1101, 1106, 1110, 1122, 1125, 1130.
146. — Les Coutumes de Luxembourg Z«.v^;;/i'c»//7-^, Pierre Reulandt,
1623, in-4°.
— Coutumes des pays, duché de Luxembourg et Comté de Chiny, par
M.-N.-J. Leclercq, procureur général près la cour de cassation, président
— 235 —
de la commission royale pour la publication des anciennes lois et ordon-
nances de la Belgique. — Bruxelles. Fr. Gobbaerts, imprimeur du Roi,
successeur d'Emm. Devroye, rue de Louvain, 40. — 1867-1869, 2 vol. in-4°.
De la collection intitulée : Recueil des anciennes coutumes de la Belgique.
— Coutumes générales des pays duché de Luxembourg et comté de
Chiny. A Luxembourg, chez André Chevalier, Imprimeur et Libraire or-
dinaire du Roy, & dit Conseil Provincial de Luxembourg. M. DC. XCII.
Par Ordre exprés dudit Conseil.
Petit in-12, de 115 pp., plus 3 pp. non chiffrées pour la Table.
On trouve à la suite de ces Coutumes :
Ordon?ia?ice et Edit perpetxiel des Archiducs Nos Princes Souverains. Pour meilleure direc-
tioti des affaires de la justice en leur Pays de par deçà. A Luxembourg, chez André Chevalier,
Imprimeur & Libraire ordinaire du Roi, & du Conseil Provincial de Luxembourg. —
M. DCXCII Par Ordre exprés dudit Conseil.
Pet. in-12, de 43 pp.
— Coutumes générales des pays duché de Luxembourg et comté de
Chiny. — A Lu.xembourg, chez André Chevalier, Imprimeur & Libraire
ordinaire du Rov & du Cofiseil Provincial de Luxembourg. M. DC. XCIL
Par Ordre exprc's dudit Conseil.
Pet. in-12, de 115 pp., plus 3 pp. non chiffrées pour la Table.
Cette édition, aussi datée de 1692, diffère de la précédente quant aux caractères du ti-
tre et aux fleurons. Elle est également suivie de l'Ordonnance ei Edit perpétuel des Archi-
ducs A^os Princes Souverains. Pour meilleure direction des affaires de la lustice, en leurs Pais
de par deçà.
— Coutumes générales des Pays Duché de Luxembourg et Comté de
Chinv. — A Luxembourg, chez André Chevalier, Imprimeur et Libraire
ordinaire du Roi et du Conseil provincial de Luxembourg. (Sans date.)
Pet. in- 80, de 118 pp.
147. — La Croix d'Orval. Paris, 1866, in-8°.
148. — Déclaration de Son Altesse Serenissime Electorale nôtre Souve-
rain. Réglant le Stile des Procédures concernant ses Domaines & autres
Droits du Duché de Luxembourg & Comté de Chiny, tant en première
instance, qu'en Cause d'Appel. Du dix-sept septembre \1\\.- A Luxem-
bourg, chez André Chevalier, Imprimeur de Son Altesse Electorale,
& Marchand-Libraire (171 1).
Pet. in-4'', de 9 pp. ; armoiries sur le titre.
149. — Décret qui dépose deux professeurs en théologie (Ouenon et
Havelange) dans le séminaire de Luxembourg. Bruxelles, 19 novembre
1787. in-8°.
— 236 —
150. — Déduction de droit pour JVIessire Frédéric comte d'Eynatten
Seigneur de Harcé, etc. Résument & Revident. Contre la Dame Comtesse
Douarière de Thun, Epouse en seconde Noces à Messire Robert Tappa-
rel Comte de Lagnasco, Inthimée. (Par E. Moncornet.) 5. /. n. d. (1727 ?)
Pet. in-fol., de 79 pp.
On lit à la page 37 : « ... La Belle-Mere du Rcvideut {com\e^?,e de Thun) a joui paisible-
ment de la Terre de Harcé & en même temt de celle de Kocrick, jusqu'au tems de la
confiscation de ces deux Terres au proffit du Roi de France l'an 169.5... »
Les seigneuries de Harzé et de Koerich faisaient partie du duché de Lu.xembourg.
151. — LaDeffaite de plusieurs troupes françoises en Lorraine, duché
de Luxembourg, comtez de Namur et de Flandres. Lille, Pierre de Rache,
1635, in-i°.
152. — Deffense des droicts du roy catholique Charles II, en qualité de
duc et prince souverain de Luxembourg. Wiirtzbourg, 1(372, in- 18.
153. — Défense du comté de Chiny, contre la France. 1683, in-16.
(Bibli»theca... Carolus Major, pars 11^ n° 7184.)
154. — Défrichement des bruyères dans la province de Luxembourg.
Arlon, in-4".
155. — Das Denkmal der Diana in Kanton Echternach, beschrieben
und beurtheilt von M. F. J. Mùller. Trier, s. d., in-4°.
156. -- Le Départ des volontaires pour Luxembourg. Prière adressée à
la Sainte Vierge, depuis le commencement de nos troubles (1790).
In-8o, de 4 pp.
157. — Le Dernier Jour de Clairefontaine (par Marcellin La Garde)
Bruxelles, Périchoii, 1850, in-8°.
Voy. le Bulletin d,: la Société des gens de lettres belges, 1850, p. 84.
— Le Dernier Jour de Clairefontaine, épisode de l'invasion française
dans le Luxembourg en 1794, par Marcellin La Garde. Digitus Dei est
hic. — Bruxelles, librairie de Philippe Hen, rue de l'Empereur, n° 22. —
1856. (Hasselt. Imprimerie de J. V. Finoulst.)
ln-8o, de 138 pp., avec une planche (lithographiée chez /. Bourger, à Arlon) représen-
tant les Ruiiies de Clairefontaine.
Ce roman a été publié également à Arlon dans V Echo du Luxembourg, numéros du
17 avril au 11 mai 1862 inclus.
158. — Les Derniers Bénédictins de Saint-Hubert. Par Van Eck.
Dans la Revue de Belgique. Bruxelles, Emile Lelong, 1846, t. I, p. 153-160.
— 237 —
159. — Description des fossiles des terrains secondaires de la province
de Luxembourg, par MM. F. Chapuis et G. Dewalque. Bruxelles, 1854,
in-4°, avec 38 pi.
Extrait des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, publiés par l' Académie
royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXV, 1854.
160. — Description du Jubilé de l'an 1781, Luxembourg, 1782, pet.
in-8°, fig.
161. — Description d'un monument connu sous le nom de Tron des
Fées, près de Virton. Par J. P. J. Dumont.
Dans les Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique. Anvers, 1844.
162. — Description géognostique du Grand-Duché de Luxembourg,
suivie de considérations économiques sur ses richesses minérales; par
M. A. Engelspach-Larivière. Bruxelles, Havez, 1828, in-4°.
Extrait des Mémoires couronnés par l' Académie royale des sciences et belles-lettres de
Bruxelles, t. VII, 1828.
163. — Description géologique de la partie septentrionale de la pro-
vince de Luxembourg, par M. Ch. Clément. Bruxelles, Van Dooren, 1849.
In-8°, de 30 pp., avec 1 pi.
Extrait des Annales des Travaux publics de Belgique, t. VIII.
16i. — Deux armées de France, l'une à Perpignan, & l'autre à Luxem-
bourg (1542). — L'Empereur (Charles V) prend Luxembourg (1544).
Dans V Histoire de l'Empereur Charles V. Par Don Jean Antoine de Ver a et Figueroa,
Comte de La Roca, etc. Traduite d'Espagnol en François par le Sieur Du Perron le Hayer, etc.
Reveïte & corrigée par A. F. D. M. & Ch. de Wal. A Bruxelles, chez François Foppens
Imprimeur & Libraire, au S. Esprit. M.DC.LXVII, pet. in-12, pp. 2.ô0 et 2.56.
165. — Dictionnaire avec des notices biographiques et bibliographiques
de tous les membres du corps médical luxembourgeois pendant le
XIX^ siècle, par N. Liez, pharmacien, membre de la Société Botanique
et des trois sections de l'Institut Royal Grand Ducal de Luxembourg. —
1886. — Avec une biographie du docteur Félix Schaan. Luxembourg,
Imprimerie Veuve Michel Bourger-Blum.
Pet. in-8°, de III et 167 pages.
166. — Dictionnaire géographique du Luxembourg ; par Ch. Vander-
maelen, chevalier de Pordre Léopold, membre de l'Académie royale des
sciences et belles-lettres de Bruxelles, de l'Académie royale des sciences
de Turin et de Lucques, des Sociétés de géographie de Paris et de
Londres, de la Société géologique de France, de la Société Française de
statistique universelle, de l'Académie de l'industrie agricole, manufactu-
rière et commerciale, de la Société des sciences physiques, chimiques et
arts industriels de France, de celle d'histoire naturelle de Vétéravie,
— 238 —
correspondant de la Société d'histoire naturelle de Liège, de la Société
impériale et royale arétine d'Aresso, des Sociétés de statistique de
Londres, de Marseille et du royaume de Saxe, de la Société des sciences,
lettres et arts d'Anvers, de celle des sciences naturelles et médicales de
Bruxelles, membre honoraire de la Société royale de Navigation de
Londres et de la Société royale des antiquaires du Nord et de Copenhague^
correspondant de la Société provinciale des sciences, des arts et des
lettres du Hainaut, et de la Société royale des sciences, de l'agriculture
et des arts de Lille, de la Société géologique de Londres, et du lycée
d'histoire naturelle de New-Yorck, membre honoraire du conseil de salu-
brité publique de Bruxelles, auteur de l'atlas universel en 400 feuilles, et
de l'atlas de l'Europe en 165 feuilles.
Le docteur Meisser, professeur de l'université de Bruxelles, secrétaire-
perpétuel de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles,
membre de la Société géographique de Paris, membre fondateur de la So-
ciété Cuviérienne, membre de l'académie des sciences de Madrid, membre
correspondant du cabinet provincial de minéralogie et produits industriels
du Hainaut, etc., est chargé de la rédaction et de la correspondance.
Bruxelles, à l'Etablissement géographique, faubourg de Flandre. —
1838. (Bruxelles. — imprimerie encyclographique , rue de Flandre, n" 155).
In-S", de 2 ff., 282 pp., 1 f., 210 pp., et 2 flf.
167. — Dictionnaire roman, valon, celtique et tudesque, pour servir à
l'intelligence, des anciennes Lois et Contrats, des Chartes,, Rescripts,
Titres, Actes, Diplômes et autres Monumens tant ecclésiastiques que
civils et historiques, écrits en langue Romance ou Langue Françoise
ancienne. Par un Religieux Bénédictin de la Congrégation de S. Vannes
(Dom Jean François), Membre de plusieurs Académies. A Bouillon, de
l'Imprimerie de la Société Typographique. M.DCC.LXXVIL
In-4'>, de XII et 346 pp.
168. — Dictionnaire wallon-français à l'usage des habitants de la pro-
vincede Luxembourg et des contrées voisines, par J.-B. Dasnoy, géomètre
du cadastre. Ncufchâteau, chez l'auteur , 1858.
In-18, de .509 pp.
169. — Diplôme de l'empereur et roi, donné à Luxembourg, le 6 juin
1789, in-8°.
470. — Discours de consolation pour M"'^ Agnès, née comtesse de
Mérode, au sujet de la mort de Jean d'Allamont, son fils, gouverneur de
Montmédy. In- 18.
(Bulletin du /iouquinistr. Paris, A Aubry, 18(38, t. XXIV, p. 389.)
Jean d'Allamont, seigneur de Malandry, baron de Buzy, fut tue sur les remparts de
Montmédy, le 4 août 1657.
- 239 —
171. — Discours de M. Barreau, après la distribution des prix faite à
/école normale de Luxembourg.
Dans la Bibliothèque des Instituteurs... Mons, H. J. Hoyois. 182(i, p. 404.
172. — Discours de M. Muller, lors de la distribution des prix aux
élèves de l'athénée de Luxembourg.
Ibid., 1826, p. .325.
173. — Discours de M. Trausch, avant la distribution des prix faite à
l'école normale de Luxembourg.
Ibid., 1826, p. 398.
174. — Discours en forme de dissertation sur l'établissement des bour-
ses attachées à l'Athénée de Luxembourg. Par P. D. Joachim.
Dans le Journal de Luxembourg, 31 août 1836.
175. — Discours et cantique à la L.-. la Réconciliation de Bouillon,
par L. Defrenne. 5841 (1841).
(Catalogue des livres... de jf. B. Th. de Jonghe. Bruxelles, 1861, t. II, n» 3986.)
176. — Discours... pour Mad. d'Allamont de Malendrie^ à la mort de
son fils, par de Demkercke de Villecle3^ Bruxelles, 1657, in-4".
177. — Discours prononcé sur la tombe du major Nothomb, par le
colonel du 1^"^ régiment de ligne.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 1" décembre 1848, p. 3546.
Ferdinand Nothomb était né à Esch-sur-l'Alzette, le 30 mai 1811.
178. — Discours prononcés aux distributions des prix des athénées
royaux. Athénée royal d'Arlon. Discours de M. le bourgmestre. — Dis-
cours de M. Manbour, préfet des études.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles 22 août 1852, pp. 2504-2505.
179. — Disposition du traité de Vienne du 31 mai 1815, concernant la
forteresse et le grand-duché de Luxembourg. — Adresse de félicitations
au roi (Guillaume I"), de la part de 35 curés du Luxembourg.
Dans V Histoire du royaume des Pays-Bas, depuis iSlA jusqu'en 1830,... /ar E. C. de Ger-
lache. Bruxelles, Hayez, 1839, in-8'', t. I. pp. 287-288, et t. II, pp. 58-60.
180. — Dissertation historique et critique sur la Maison royale des
comtes d'Ardennes, par S. P Ernst, chanoine régulier de l'abbaye de
Rolduc, publié par P. F. X de Ram, Membre de l'Académie royale de
— 240 —
Belgique et de la Commission royale d'histoire. Bruxelles, M. Hayez,
iviprimciir de l'Académie royale de Belgique. — 1858.
In-S'\ de 164 pp. — E.\trait du t. X, n°2, 2""' série, des Bulletins de la Commission royale
ifhisloirr.
ISl. - Dissertation raisonnée sur les meilleurs moyens de fertiliser les
landes de la Campine et des Ardennes, sous le triple point de vue de la
création de forêts, de prairies et de terres arables, en réponse à l'une des
questions du programme de 1846 de l'Académie royale des sciences, des
arts et des lettres de Bruxelles, classe des sciences; par J.-B. Bivort.
Bruxelles, Hayez, 1846.
In-4'>, de 60 pp. — Extrait des Mémoires couronnés Je l'Académie des sciences, etc., t. XXI.
182. — Dissertation sur les meilleurs moyens de fertiliser les landes de
la Campine et des Ardennes, sous le triple point de vue de la création de
forêts, de prairies et de terres arables; par M. Ch. Du Trieu de Terdonck.
Dans les Mémoires couronnes et Mémoires des savants étrangers, publiés par l' Académie
royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXI, 1847.
183. — Don d'une somme de 400 livres fait par les Etats de Bretagne à
un sieur de Saint-Hubert, qui prétendait avoir le pouvoir de guérir de la
rage.
Dans le Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France. Paris, im-
pritnerie impériale, 1854, t. II, pp. 71-72.
184. — D. Gonçales de Cordoua logé avec son armée dans Yuoy à vne
lieue de Mouzon (1622).
Dans Le hvictiesme tame dv Mercure français, ov, suit te de l'Histoire de nostre temps, sous
le reg?ie dît Tres-Chrestien Roy de France & de Nauar^e, Lovys XII L Contenant l' Adjonction
à l'Amiee M. DC. XXI. Ce qui s' est passé l'An M. DC. XXII. Et le commencement de l'Année
M. DC. XXIII. A Paris, chez lean & Estienne Richer, riie Sainct lean de Latran à
l'Arbre verdoyant : Et au Palais sur le Perron Royal. — M. DC. XXIII. Avec privilège
dv Roy, in-12,''pp. 735-736.
185. — Don Juan d'Autriche arrive à Luxembourg (4 novembre 1576).
Dans l'Histoire des troubles des Pays-Bas, sous Philippe II, par Vanderrynckt. Bruxelles,
Hublou, M. DCCC. XXII, t. Il, pp. 380-390.
186. — Droits de foires à Bertrix (1661 ?)
Tarif. — En placard.
187. — Ducatus Luceburgii, divisus in Regionem Germanicam &
Wallonicam, porro etiam in Ducatum Bulonium, Comitatus Salmiae. &
Viandîe; pneposituras Luceburgii, Arluni, & Bastonaci ; & Toparchias
Eschiae, Miremundiœ, & Orchemundiae Accuratissime expresserunt & in
lucem ediderunt Gerardus & Leonardus Vale, cum Priv. 5. /. n. d .
Carte in-folio piano.
-_ 241 —
188. — Ducatus Lutzenburgici tabula nvperrime in lucem édita per
Fredericum de Wit. /' Amslerdani by Fredrick de Wit bide Calverstraet
by den dajti inde Witte Pascaert. S. d.
Carte in-folio piano.
189. — Ducatus Luxemburg distinctis Limitibus Majorum & Minorum
Ditionum exacte designatus & in lucem editus a Mattœo Seutter, Sac.
Cces. Majest. Geogr. Augusta Vindel. — Renoviert A° 1780. Cujti Gratia
cfc Privil. S. R. I. Vicariato i?i partibo Rheni Sisevice A Jiiris Franco n. —
Zuff in Augsburg bey lohan. Michael Probst Kunsthander. G. Mattfi.
Seutter junior sculpsit.
Au bas de cette carte coloriée se trouve un plan de la ville de Luxembourg. (Tchnogra-
phia ijiunitissimœ Meiropolis Lnxemhurgi.)
190. — Ducatus Luxemburgi tam in Maiores quàm Minores ejusdem
Ditiones accurate distinctus et exhibitus à loh. Bapt. Homanno. Norim-
bergœ. Cum Privilegio Sac. (\i's. Majestatis. S. d.
Carte in-folio piano.
191. — Duché de Bouillon. — Duché de Luxembourg et comté de
Chiny.
Dans Patria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe et C'®, 1873, t. II, pp. 56-57 et
59-62. (Géographie historique, par Ch. Piot.)
192. — Duché de Luxembourg. 5. /. w. d.
Pet. in-folio piano (0.21 x 0.18.)
Carte coloriée.
193. — Le Duché de Luxembourg divisé en Quartier Walon et Alle-
mand, dans chacun desquels sont divisez les Seigneuries, Prevostés et
Comtés, le Duché de Bouillon, le Comté de Namur, etc. par le S"^ Sanson.
Paris, H. Jaillot, 1692.
Carte mentionnée dans la Bihtiotheca geographica Stefens. London, 1872, part. I, n"1716.
194. — Le Duché de Luxembourg divisé en Quartier Walon et Alle-
mand dans chacun desquels sont divisez les Seigneuries, Prevostés et
Comtés. Le Duché de Bouillon, le Comté de Namur et le Pays entre
Sambre et Meuse. Dédié au Roy par son tres-humble, tres-obeissant,
tres-fidel Sujet et Serviteur Hubert-Iaillot, Géographe du Roy. — Avec
privilège de Sa Majesté. 1781. — A Paris chez Dezauche Successeur des
Sieurs De l'Isle et Buache premiers Géographes du Roi, Rue des Noyers
près la Rue des Anglois. Avec Privilège du Roi en 1781.
Carte en 4 feuilles.
- 242 —
195. - Duché de Luxembourg. — Evesché de Liège. (Luxembourg,
Thionville,Montmédv.Neufchasteau, Bastoigne, Sainct-Hubert, Bouillon. j
Dans la Rei<ue Jr />'n(.vr//rs. Hruxelles, octobre 1841, pp. (17-74. fVoV'igi-' dans /fs Pays-
/>ast'sfii^>ii>/s et /'n<i'(-/it' Je Liège, par le colonel français Duplessis l'Escuyer, Ters l'année 1G50.)
190. — Le Duché de Luxembourg. — La ville de Luxembourg. — La
ville d'Arlon. La ville de Thionville. — La ville de Bastogne. — La
ville de Mont-Médi. - La ville de Rochefort. — La ville de Marche. —
La ville de La Roche. — La ville de Chiny. — La ville de Marville. —
La ville de St-Hubert. — La ville d'Ivoy. - La ville d'Echternach. — La
ville de Virton. — La ville de Vianden. — La ville de Damvilliers. — La
ville de St-Vit. — La ville de Dickrick. — La ville de Durbuy. — La ville
de Neuf-Chatel. — La ville de Bidbourg. — La ville d'Hoffalize. —La
ville de Grave-Macheren.
Dans les Délices des Pays-Bas, ou description géographique et historique des XVII provin-
ces belgiques. Septième Edition... A Paris, et se trouvent à Anvers ; chez C. M. Spanoghe,
Imprimeur-Libraire, sur la place de la Sucrerie. — M. DCC. LXXXV, t. IV, pp. 3-65.
^'ov. aussi les autres éditions des Délices des Pays-Bas.
197. — De l'Echange du Luxembourg contre le Danemarck et du rôle
politique de la Cour de Bruxelles dans le soulèvement de Smaland. 1540-
1545. Par J.J. Altme3'er,
Dans le Trésor national. Bruxelles, Wouters, Raspoet et O®, 1843, 2" série, t. II, pp.
230-247.
198. — Echange d'une partie du Luxembourg contre une partie du
Limbourg. — Question du Luxembourg : engagement pris par le cabinet
de La Haye de fournir le consentement de la Diète germanique et des
agnats de la maison de Nassau à la cession de la partie wallonne du Lu-
xembourg. — Arrangement militaire entre la forteresse fédérale de Lu-
xembourg et le gouvernement belge, du 20 mai 1831. Déclaration du gou-
verneur militaire de la forteresse de Luxembourg.
Dans V Essai historique et politique sur la Révolution belge, par Notho))ib... Troisième Edi-
tion... Bruxelles, J. P. Meline, 1834, in-S», pp. 207-212, 372-373 et 450-453.
199. — Edict perpétuel sur l'accord faict entre messire Jehan d'Austri-
ce... d'une part et les Estatz generaulx de ces pays par deçà d'aultre part,
pour l'appaisement des troubles suscitez esdictz pays par la gendarmerie
estrangiere, publié à Bruxelles le XVIL iour de Febvrier 1577. Bruxelles^
M. de Hamonty 1577.
In-4», de 8 ff.
Cet èdit fut publié ensuite de la paix arrêtée et conclue à Marche-en-Famenne, le 12
février 1577. Voy. l'Histoire des Troubles des Pays-Bas, sous Philippe II, par Vandervynckt.
Bruxelles, Hublou. 1822, t. II, p. 390.
- 243 —
— Eeuwich edict ende gebodt opt accoord gedaen, tusschen heere
Johan van Oistenrijck, in naera des catholijcxschen conincx van Spaen-
gnye.. ende de générale straten van dese lande van herwaertsovere, om
die troublen indeselve landen byde vu3^theemsche crijchsluyden gesusci-
teert nedertelegge ende appeyseren, gepubliceert te Bmessele den
XVIJ^" dach van Februario 1577. TAntwerpen, by Chr. Plantijti, 1577.
In 4°, de 8 ff. non chiffrés.
Traduction flamande de la pièce précédente.
200. — Edict van den keyzer, raekende de stigtinge van het Semina-
rie Generael in de iiniversiteyt van Loven, en van het Seminarie Filiael
in de Stad Luxembourg, voor de studenten in de Gods-geleertheyd. Van
den 16 october 1786. In-8'.
— Edit de l'empereur (Joseph II), concernant l'établissement du Sémi-
naire Général dans l'université de Louvain et du Séminaire Filial à Lu-
xembourg, pour les élèves en théologie. Du 16 octobre 1786.
In-folio, de 7 pp.
201. — Edit, Ordonnance et Règlement des Archiducs nos Princes
Souverains, sur le fait des bois. /^ Luxembourg, chez André Chevalier,
Imprimeur Si. Marchand- Libraire. — M. DC. XCVIII.
Pet. in-4'', de 32 pp. ; armoiries sur le titre.
Cet édit est daté de Terviieren le quatorzième jour de Septembre, l'an de grâce mille six
cens ^ dix-sept.
202. — Eiflia illustrata oder geographische und historische Beschreibung
der Eifel von J. F. Schannat, met Anmerkungen, nebst Abbildungen
von Sigillen und Wappen, herausgegeben von G. Barsch. lOJln am
Rhein, 1824-1854, 5 vol. in-8°.
203. — Electeurs Cultivateurs !... 5. /. 7i. d.
In-folio piano, à 2 colonnes.
Circulaire électorale, finissant par ces mots :
» Cultivateurs !
» Si vous voulez sauver l'agriculture, vous voterez tous pour
« M. Numa Ensch.»
204. — Electeurs Cultivateurs,... — Virlon. — I?np. J.-B. Raty, s. d.
In-folio piano, à 3 colonnes.
Cette circulaire électorale, publiée en faveur de M. Mernier, est une réponse à la pré-
cédente.
205. — Eloge funèbre de Madame Marguerite- Josèphe de la Fontaine,
abbesse de Clairefontaine, prononcé le jour de ses funérailles, 6 juillet
— 244 —
IT.'vi, parle R. P. Bonaventiire de I>iixembourg (Henri-Remy Mirchoiit),
capucin, définiteur & gardien aux Capucins à Luxembourg. Luxembourg,
ITiJi, in-'t°
206. — Elogium R. P. Philippi Schouville... a P. ProvincicC Reni Infé-
rions S. J. concinnatuin, in quo ejus virtates enumerantur. Conjlnentiœ,
lv/)is Theodori Biiigrajt, 17U3.
Pet. iu-4", de 3(3 pp.
207. — L'Empereur et Roy..... (A la fin:) A Luxembourg, cJiez André
Chevalier, Imprimeur de Sa Majesté Imp. & Catholique, & Marchand-
Libraire (\T33).
Pet. in-4°, de 4 pp. ; armoiries en tête de la l""* page.
Déclarations du 11 septembre 1733, interprétant les articles 1 et 9 de V Ordonnance du
10 juin 1732, sur le fait de la Chasse et de la Pêche dans le duché de Luxembourg...
208. — Emploi de la cendre de marne bitumineuse dans le Luxembourg.
Par Jacquelart.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 28 janvier 1852, pp. 255-256.
209. — Epistola theologi romano-catholici ad abbatem Aureaevallis.
Treviris, 1721.
210. — Epoque de l'introduction de l'imprimerie à Liège et à Luxem-
bourg. Par De Rg. (De Reiffenberg).
Dans Le Bibliophile belge. Bruxelles, 1847, t. IV, pp. 337-339.
211. — - Ein Ernstes Deutsch-Luxemburger Wort an den Sogennanten
Verfasser und ungcbetenen Uebersender des, am 7'*^" August 1815 mit
der Post von Namur aus einigen Notablen von Lùtzenburg Zugekom-
menen Flugblattes, wt Iches unter dem Titel : « Solution d'une question
très-importante, » erschienen ist. Lnxembttrg, 1815, in-8°.
Par Dominique-Constantin Munchen.
212. — Erbhilt. Echo oder Wiederhall auf das ernste deutsche Luxem-
burger Wort, von D. C. Munchen. 1810, in-8^
213. — Esch an der Alzette und schloss Berwart. — Esch-sur-l'Alzette
et le château de Berwart. — Par M. J.-B. Kolkach. Luxembourg, 1871,
in- 12, carte et blasons.
214. — Esquisse historique sur la ci-devant seigneurie-baronie de Lu-
xembourg et comté de Chiny. Par Aug. Neyen. Luxembourg, 1845, in-8°.
— 245 —
215. — Esquisse sur l'Ardenne, par M. le major Daufresne. Bruxelles,
Van Assche,- ISll, in-8^
216. — Essai d'un système de droit coutumier luxembourgeois, précédé
d'une introduction, par J. P. Ferron. Luxembourg, 1853, in-8".
217. ~ Essai d'une description géognostique du grand-duché de Luxem-
bourg, par M. F. Steininger. Bruxelles, Hayez, 1828, in-4% pi.
Extrait des Mémoires couronnes par l' Académie royale des sciences et belles-lettres de Bru
xelles, t. VII, 1828.
218. — Essai sur la poésie luxembourgeoise, par Félix Thyes. Bruxelles,
T\p. de Henri Samuel, et- O", rue des Secours, 7. — 1854.
In-12, de 72 pp. — Extrait de la Remce Trimestrielle, t. I.
219. — Sur les divers Etages qui constituent le lias moyen et le lias
supérieur dans le Luxembourg, par G. Dewalque.
Dans les Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique,
t. XXI, n° 8, 1854.
220. — Etats de Luxembourg.
D.ms Touvrage intitulé : Révolution brabançonne. — Essai historique, suivi de la joyeuse
Entrée de Josepli II, aniiotée par M. Le Grand, contrôleur au ministère des finances, membre
de l^ Académie d'archéologie de Belgique. Bruxelles, Wouters, Raspoet & C^, 1843, in-8°,
pp. 209-210.
221. — Etienne-Constantin, baron de Gerlache. (Portrait et texte.)
Dans L Illustration nationale. Bruxelles, 30 avril 1880, pp. 1-2.
222. — Etienne Heuschling et les derniers temps de l'enseignement de
l'hébreu au collège des Trois-Langues. Par M. Félix Xève.
Dans l'Annuaire de l' Université catholique de Louvain. Louvain, 1848, pp. 274-320.
223. — Etudes du droit coutumier luxembourgeois, par J. P. Ferron.
Luxembourg, 1857^ in-8°.
224. — Etudes histoi'iques sur les légendes Scandinaves du Luxembourg,
comparées à celles de tous les autres pays du monde, par Thil. Lorrain.
Arlon, J. Boitrger, 1856.
In-12, de 152 pp.
225. — Une excursion dans les Ardennes. — Chaudfontaine, Tilf,
Comblain-au-Pont, Remouchamps^ Durbuy, La Roche, Marche, Roche-
fort, la grotte de Han-sur-Lesse. Par Xavier Olin.
Dans la Revue Trimestrielle. Bruxelles, 185G, t. XI, pp. 244-268 ; t. XII. pp. 279-301.
17
— 246 —
226. - - Excursion dans les Ardennes par Namur et Liège. — De Namur
à Aye, Marche, Champion et La Roche. - La Roche, croix de Coremont,
Vallée de la Bronze. - La Roche, Cielle, Vallée de l'Ourte. — La Roche,
Vallée de la Bronze, Queue de vache, Jupille, l'Hermitage de Saint-
Thibaut, Hotton. — Hotton, Melreux.
Dans les Soiréex Je fiDiiillc, par Victor Lcfcvre,... — A'° 4. {i^ édition.)... Bruxelles,
Henri Manceaux, 1871, in-1-2, pp. 5-7, et 14-39.
227. — Quelques excursions dans le Grand-Duché de Luxembourg, par
Albin Body. — Spa, imprimerie J. Goffin. — 1871.
In- 12, de 59 pp.
228. -- Exposé de la situation administrative de la province de Luxem-
bourg. Arlon, 1836-1894, in-8».
1836-1864 : Bourgeois. — 1865-1882 : M. Poucin. — 1883-1892 : /. Bourger.— 1893-1894 :
V. Ponci7i.
229. — Exposé général de l'agriculture luxembourgeoise, ou dissertation
raisonnée sur les meilleurs moyens de fertiliser les landes des Ardennes,
sous le triple point de vue de la création de forêts, d'enclos, de rideaux
d'arbres, de prairies et de terres arables, ainsi que sous le rapport de
l'irrigation ; par Henri Le Docte, agronome-cultivateur. — Mémoire qui
a obtenu la médaille de vermeil, décernée par l'Académie royale des
sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. — Bru.velles, M.
Hayez, imprimeur de l'Académie royale. — 1849.
In-S», de 2 ff., II et 179 pp.
230. — Extrait du programme des leçons normales de Luxembourg en
1826.
Dans la Bibliothèque des Instituteurs. Mons, H. J. Hoyois, 1826, p. 172.
231. — Extrait du protocole de la 22'" séance de la diète de la confédé-
ration germanique, du 28 juin 1832, concernant l'arrestation de l'ancien
avocat Thorn, à Luxembourg.
Dans Le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, 26 juillet 1832, p. 943.
232. — Extrait du protocole particulier de la 38-^ séance de la diète de
la confédération germanique, du 11 octobre 1832. — Extrait du premier
protocole particulier de la 42^^ séance de la diète de la confédération ger-
manique, du 8 novembre 18:>2. — Déclaration du gouvernement belge
relative aux contumax. — Déclaration du colonel Prisse. (Affaire Thorn
et Pescatore).
Dans L'Indépendant. Bruxelles, H. Remy, 9 décembre 1832.
— 247
233. -- Extrait d'une lettre de Luxembourg.
Dans Le Nouvel Esprit des Journaux français et étrangers... Bruxelles, de l'Imprimerie
d'Emmanuel Flon, octobre 1803, pp. 271-272. •
234. — Familia augusta Luxemburgensis, ex monumentis fide demon-
strata in disputatione circulari, habita ab A. G. Fabro, Mecklenburgensi.
Altdorfii, 1722, in-4».
235. — De la Fertilisation des landes dans la Campine et les Ardennes,
considérée sous le triple point de vue de la création de forêts, de prairies
et de terres arables ; par M. Raingo.
Dans les Mémoires couronnées et Mémoires des savants étrangers, publiés par l' Académie
royale des sciences, des lettres et des beau.x-arts de Belgique, t. XXI, 1847.
236. — Le Fidèle et Vaillant Gouverneur, ou Tableau racourci de la
vie et de la mort de messire Jean d'Allamont, seigneur dudit lieu et de
Malandry, baron de Busy, etc., chevalier profès de Saint-Jacques, gentil-
homme de la bouche de Sa Majesté Catholique, lieutenant de ses gardes
allemandes, gouverneur, capitaine et prevost de Montmédy. Dédié à sa
mémoire par un fidèle Patriot Luxembourgeois (Guillaume de Waha.)
A Liège, de l'imprimerie de Banduin Bronckart, à Saint François Xavier,
1658.
In-4'', de 3 ff , 74 pp. et 1 t., avec un plan de Montmédy et le portrait de Jean d'Allamont.
— Le Fidelle et vaillant Governevr représenté dans l'Histoire de la
vie et de la mort de Messire laen d'Allamont Seignevr dvdit liev, et de
Malandry, Baron de Bvsy, etc. Chevalier Profès de S. lacques, Gentil-
homme de la Bouche de Sa Majesté Catholique, Lieutenant de ses Gardes
Allemandes, Gouverneur, Capitaine et Prévost de Montmédy. Dédié à
sa mémoire par un fidelle Patriot Luxembourgeois (Guillaume de Waha.)
Seconde édition (publiée par Thomas des Hayons). A Liège, chez Gvil.
Henry Streel Imprimeur de Son Altesse Serenissifue. 1668.
In-12, de 21 ff., 268 pp. et 4 fF., avec 2 portraits, 1 planche de blasons, et 1 plan.
237. — Flore luxembourgeoise, ou description des plantes phanéro-
games, recueillies et observées dans le Grand-Duché de Luxembourg,
classées d'après le système sexuel de Linnée. Par L. A. Tinant, corres-
pondant de la Commission de statistique du Grand-Duché de Luxem-
bourg, et membre de la Société de Botanique du bas et mo3^en Rhin. —
Lu.\embonrg,J. P. Kuborn, libraire-éditeitr . 1836. (Bruxelles . Imprimerie
de J. Stienon.)
Ir.-8o, de 512 pp.
— 248 —
238. — Les Fondateurs de la nationalité belge. — Le Baron Nothomb,
par Théodore Juste. Bruxelles, C. Miiquardt, \^1^, 2 vol. in-8°.
\'i)v. la Rt'vur Je Belgique. Bruxelles, 15 janvier 1875, p. 110.
2:59. — Forêt de Chiny. — Meussin et partie de Fays moyen, apparte-
nant à la Banque de l'Industrie, en liquidation, à Anvers. — Plan de
balivage. — Evaluation. — Bruxelles, imprimerie. et lithographie de A.
Mertens et fils, rue de l'Escalier, 22. — 1867.
ln-40, Je 64 pp.
Par M. Gustave Bagneris, inspecteur des forêts, professeur d'économie forestière à
l'Ecole impériale de Nancy.
240. — Franzenberg ou le travail et la vertu récompensés, par F. -A.
Mouzon, Directeur de l'école moyenne de l'Etat à Braine-le-Cointe,
ancien inspecteur cantonal, auteur du Précis de l'histoire chronique de
l'abbave de S^-Huhert, etc. Ouvrage approuvé par l'autorité ecclésiastique
et spécialement écrit pour être distribué en prix aux élèves de l'un et de
l'autre sexe. Le bonheur est une récompense, et non un droit ; c'est le
fruit du travail, et non un produit du hasard. (Anonyme.) Liège, H. Des-
sain, imprimeur-libraire, Place S^-Lombert, n° 9 - 28.
In-12, de XII et 228 pp. ; frontispice.
Le titre gravé porte la date de 1856.
C'est l'histoire d'un Luxembourgeois, nommé Pierre-André François.
Chapitre premier. Vallée de la Batte.
Chapitre II. Le Couvent des Récollets de Virton...
Chapitre III... . Luxembourg. — Grevenmacher. — Wasserbilig. — Les bords de la
Moselle. — Mausolée d'Igel. — Trêves....
Chapitre IV. Usages et coutumes populaires du Luxembourg.
24 1 . — Sur le Frère Abraham de l'abbaye d'Orval et les tableaux qui
lui ont été attribués; par A. Namur.
Dans les Annales dç l' Académie d'archéologie de Belgique. Anvers, 1859, t. XVI.
242. — Engling (J.). Geschichte des sogenannten Klôppelkrieges,
quellenmâszig dargestellt. Luxemburg, 1857, in-8°.
243. — Gouttes de rosée, suivies de Innocence et Repentir, Drame en
Trois Actes, et des Bords de l'Eisch, récits et traditions, par Amélie
Picard, auteur des Epanchements d'une jeune âme. — Arlon, Typogra-
phie et lithographie de J. Bourger. — 1859.
In-8<>, de 334 pp. et 1 f.
Pages 121-332 : Les Bords de l'Eisch. — Récits et Traditions. I. Kœrich. — Les sorcières
de Kœrich. II. Hobscheid. — Les violettes de Noël. III. Sept-Fontaines (Simmern). —
Les éperviers de Sept-Fontaines. IV. La Montagne de la Claus. — Le Ménestrel.
V. Greisch. — Minuit. VI. Simmern- Schmelz. — La Reine des eaux. VII. Roodt. — La
__ 249 —
jeune fille du hameau. VIII. Bour. — Les pièces d'or. IX. Dondelingen. — Le descendant
de Florus. X. Ansembourg. — La clef d'or. XI. Marienthal. — L'Exilée. XII. Hollen-
feltz. — Théofried.
On trouve dans les Gouttes de rosée une pièce de vers intitulée : Marienthal (^^-ç. 47-49).
'244. - Les Gouverneur, Président et Gens du Conseil Provincial de
Sa Majesté l'Impératrice-Reine de Hongrie & de Bohême, nôtre Souve-
raine, ordonnez es Pays Duché de Luxembourg & Comté de Chiny. (A la
fin :) Sur la Copie imprimée à Bruxelles. A Luxembourg chez l'Héritière
d'André Chevalier, vivant Imprimeur de Sa Majesté l' Impératrice- Reine
(1751).
Pet. in-4'', de 8 pp. ; armoiries en télé de la l''" page.
Ordonnance du 6 février 1720, concernant \q?, funérailles et le port de Deuil.
245. — Grâces et guérisons miraculeuses, que N. D. de Consolation at
eslargie à plusieurs affligez en sa chapelle lés Luxembourg, bastie et
dédiée en son nom, par les PP. de la Compagnie de Jésus, depuis l'an
1624 jusques à l'entrée du présent 1648. Trêves, Hubert Reulandt, 1648,
in-18.
Voy. Kujitgen, Histoire de N. D. de Luxembourg. Namur, 1866, p. 9.
246. ~ Grammaire française pratique spécialement destinée à l'usage
des écoles allemandes de la province de Luxembourg, par J.-B. Henckels.
6^ édition. Arlo?i, P.- A. Bruck, 1873, in-12.
247. — Grammaire théorique et pratique de la langue latine, à l'usage
de l'Athénée de Luxembourg, par P. Clomes, P. D. Joachim et J. B.
Wolff, régents audit Athénée. A Lu.xembourg, chez Schmit-Bruck, impri-
meur-libraire de l'Athénée, 1827.
In-8°, de 442 pp.
248. — Grand- Duché de Luxembourg. — Circulaire de la Députation
des Etats aux Bourgmestres des villes et des communes. — Instruction
sur quelques mesures d'ordre à établir dans les écoles primaires. —
Ouverture du neuvième cours normal. — Extrait de l'exposé de la situa-
tion de la province, en ce qui concerne l'état de l'instruction primaire en
1825. — Clôture du neuvième cours normal.
Dans la Bibliothèque des Instituteurs, journal de l'instruction moyenne et primaire dans les
provinces ivallones. Mons, H. J. Hoyois, 1826, pp. 45, 46, 117, 236, 376.
249. — Le Grand-Duché de Luxembourg et la Belgique, par Arthur
D'Hoffschmidt, Membre du Conseil provincial du Luxembourg belge. —
Arlon, imprimerie de Poncin (1867).
In-8o, de 128 pp.
— 250 —
250. — Le Grand-Duché de Luxembourg illustré. Précis historique et
descriptif. — Publié par le journal L'Illustration, 60, rue Richelieu. —
Paris. — Paris. — Imprimerie de l'Illustration, A. Marc, rue de Ver-
neuil, 22, s. d.
Gr. in-8», de 32 pp.
251. — Grande Compagnie du Luxembourg. — Notes détachées rela-
tives à la canalisation de l'Ourthe, dans sa partie comprise entre Laroche
et la Meuse, à Liège. — Liège, imprimerie de J. Desoer, libraire. — 1848.
In-8", de 71 pp., avec deux tableaux et une Carte indiquant /es principaux canaux
exécutes ou projetés en rapport ar^ec l'Ourthe canalisée et le Chemin de fer du Luxembourg .
La couverture porte : Canalisation de l'Ourthe.
252. — Grande Compagnie du Luxembourg. Procès-verbal de l'assem-
blée générale tenue à Bruxelles, le 20 octobre 1846.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 5 novembre 184(i, pp. 1197-1198.
253. — Grande Compagnie du Luxembourg. Résolutions prises en
assemblée générale des actionnaires, du 9 mars 18 4î). (Correspondances
qui les avaient précédées. — Actes de procédure notifiés à la suite.)
Bruxelles, in-8".
254. — Gubernatores Luxembourgenses ad Philippum Arembergium
Principem Chimacensum Luxemburgi Gubernatorem. Treviris 1653,
in-fol.
Par Alexandre de Wiltheim.
255. — Le Guide aux ruines d'Orval, par M. Jeantin, Président hono-
raire du tribunal de Montméd}', Chevalier de l'Ordre Impérial de la
Légion d'Honneur et de l'Ordre de Léopold, auteur des Chroniques d'Or-
val, etc. — Prix : Un franc. — Bru.xelles, Comptoir universel d'imprimerie
et de librairie V. Devaiix et C", rue Saint-Jean, 26. — 1868.
In-12, de 47 pp., avec 2 plans de l'abbaye d'Orval.
Sur la couverture se trouvent les armoiries du comte de Loen d'Enschéidê.
256. — Guide de l'excursionniste, par Eugène Van Bemmel. — De l'art
de voyager. — Waterloo. — L'abbaye de Villers — La Meuse de Xamur
à Givet. — La Meuse de Namur à Liège. — Spa et ses environs. —
L'Ourthe et l'Amblève. — Luxembourg méridional. — Le grand-duché.
— Trêves et la Moselle. — Nouvelle édition entièrement refondue et
accompagnée de dix cartes. — Prix : 2 francs. — Bruxelles, Office de
Publicité, 46, rue de la Madeleine. 1870. (Imp. de Veuve Nys, bl, rue
Potagère, Bru.xelles).
In-18, de 159 pp.
— 251 —
257. — Guide du Vo3'ageur en Ardenne, ou Excursions d'un touriste
belge en Belgique, par Jérôme Pimpurniaux (A. Borgnet), homme de
lettres, membre de nulle société savante et décoré d'aucun ordre. — Avec
une carte comprenant le sud-est de la Belgique. — Bruxelles, Delevingne
et Callezvaert, éditeurs, Chaussée d'Ixelles, 90. — 1856.
In-12, de VIII et 397 pp
Voy. la Revue Trimestrielle. Bruxelles, 1S5G, t. XII, p. 390.-391.
— Guide du voyageur en Ardenne, ou Excursions d'un touriste belge
en Belgique, par Jérôme Pimpurniaux (A. Borgnet), homme de lettres,
membre de toutes les sociétés savantes et décoré de tous les ordres. Avec
une carte comprenant le sud-est de la Belgique. Première partie : Les
Fagnes, la Warge, l'Amblève, la Salm, l'Ourte, l'Eau d'Heure, le
Viroin^ la Meuse, la Semois, la Chiers. Bruxelles, librairie polytechnique
d'Auo. Decq, 1857.
In-12, de 424 pp.
— .. Deuxième partie : L'Our, la Sure, la Lomme, la Lesse, la Meuse,
la Semois, la Vire, l'Alzette, les deux Erenz, le Mamer, l'Eischen, le
Hoyaux et la Méhaigne — Bruxelles, Aug. Decq, 1857.
In-12. de VI-46i pp.
— Guide du voyageur en Ardenne, ou Excursions d'un touriste belge
en Belgique, par Jérôme Pimpurniaux (A. Borgnet). Deuxième édition.
Bruxelles, Au g. Decq, 1858.
2 vol. in-12, de 424 et 4(iO pp., avec une carte.
25S — Guide sur le chemin de fer du Luxembourg, par Eugène Van
Bemmel. - Le chemin de fer du Luxembourg. De l'art de voyager.
Premières excursions par le chemin de fer du Luxembourg, Waterloo et
l'abbaye de Villers. Les bords de la Meuse. Luxembourg septentrional :
rOurthe et l'Amblève. Luxembourg méridional : la Semois. Le Luxem-
bourg hollandais. Les bords de la Moselle. Prix : 1 franc.
Bruxelles, Charles Lelono, ii)i primeur-éditeur, 138, rue Royale, 138. —
1859.
In-32, de 124 pp.
259. — Die Hauptthatsachen der Luxemburger Geschichte, zur Grund-
lage bei seinem Unterrichte, von D"^ J. Paquet. Luxeniburg, 1839, in-8°,
carte.
260. — Les Hauts-Plateaux de l'Ardenne. — Bastogne et Saint-Hubert.
Par Edmond Picard.
Dans la Revue Moderne, Bruxelles, Lvcien Hochsteyn, 1882, t. I, p. 19-34.
-■ 252 —
— Les Hauts plateaux de l'Ardenne. — Bastogne et Saint-Hubert, par
M. Edmond Picard.
D.ms La Uclgiquf i/lustrée, ses luoniimcnts, ses paysages, ses œuvres d'art, publiée sous la
direction de M. Eugène Van Bemmel. Bruxelles, Bruylant-Christophe et Compagnie, t. II,
p. 550.
2()l. - Henri, fils du comte Conrad î-^ a-t-il été comte régnant de
Luxembourg, et partant ce pays a-t-il eu cinq princes régnants de la mai-
son, portant le nom de Henri? Par Auguste Neyen. Luxembourg, 1846,
in-8°.
2()2. — Les Hépatiques de l'Ardenne, par Ch.-H. Delogne et F. Gra-
vet. Gatid, Annoot-Braeckman, 1868-1870
6 fascicules in-4<>, avec 60 espèces en nature.
263. — Herborisation dans un coin des Ardennes belges. Par D. van
Bastelaer.
Dans le Bulletin de la Société Royale de Botanique de Belgique, 1864.
264. — Histoire de Chiny et d'Orval. Faits historiques, jurisprudence,
esquisse morale, religieuse et chevaleresques (sic), légende et nnracles ;
agriculture dans les Ardennes et biens communaux ; conséquences qui
entraine (sic) l'homme de bonne foi, dans les opérations illusoires ou
apparentes, conduites telles que la liquidation de M"" le comte de Geloes
depuis 1840, etc. Enrichi de gravures. Par Eugène Van Damine.— Gand,
Imprimerie de F. Hage, rue de Bruxelles, 8. — 1871.
In-8«, de XIV et 166 (.') pp. (i).
265. — Histoire de l'ancien pays et du canton de Wiltz ; par M. le D^
Aug. Neyen. Luxembourg, V. Biick, 18.., 2 vol. in 8".
266. — Histoire de l'ancienne abbaye de Clairefontaine, près d'Arlon.
depuis sa fondation par Ermesinde, en 1214, jusqu'à sa destruction par
l'armée républicaine, en 1794, précédée d'un essai historique sur l'ancien
château de Bardenbourg, par Jean Baptiste Reicbling, curé de Schieren.
— Edition posthume, précédée d'une notice biographique sur l'auteur
(par le D^ A. Namur). — Liixembourg. Imprimerie de V. Biick, rue du
Curé. 1866.
In-8», de XXIX et 184 pp.
267. — Histoire de Marville, par P. A. B. (Bizot). Montmédy, impri-
merie-librairie de Henry, 1848, in-8°.
(') Notre exemplaire est probablement incomplet. Nous donnons le titre qui se trouve
sur la couverture.
— 253 —
268. — Histoire de Notre Dame de Luxembourg, honorée sous le titre
de Consolatrice des affligés, par L. Kuntgen, de la Compagnie de Jésus.
Je ferai observer en passant que je n'ai vu nulle part d'image miraculeuse
plus belle et plus digne de nos églises, nulle part plus de solide piété,
qu'à la chapelle de Notre-Dame de Luxembourg. Feller, voyages, t I,
p. 159. — Nanmr, F.-J. Doiixfils, rue de la Croix. - Luxembourg, P.
Brûck, rue du Curé. — Metz, M''"" Constant Loïez, 8^ rue Fournirue, 8. —
'1866. (Bruxelles. — /;;//». de Ch. l.elong, rue du Commerce, 25.)
In- 12, de 300 pp , figures.
269. — Histoire de Notre-Dame de Luxembourg, honorée sous le titre
de Consolatrice des affligés, dans la chapelle des PP. de la Compagnie de
Jésus. Nouvelle édition, corrigée par un Père de la même compagnie.
A Lu.xernbourg, chez la veuve de J. B. Kleber, 1769, pet. in-8% fig.
La première édition porte la date de 1724. Voyez Kuntgen, Histoire de Notre-Dame de
Lu.vembourg. Namur, 1866, p. 10.
270. ^ Histoire de Thionville, suivie de divers mémoires sur l'origine
et l'accroissement des fortifications..., de notices biographiques, etc., par
G. F. Teissier. Metz, Verronnais , 1828, in-8'', figure.
271. — Histoire de la maison de Luxembourg, par Nie. Vignier, nou-
vellement mise en lumière avec autres pièces sur le même sujet, par
André Du Chesne, Tourangeau Paris, Thiboust, 1617, in-8'', pi. généalo-
giques.
— Histoire de la Maison de Luxembourg, où sont plusieurs occurences
de guerres et affaires tant d'Afrique, d'Asie, que d'Europe, par Nicolas
Vignier, illustrée de notes, avec une continuation (par Nie. Geor. Pavil-
lon). Paris, Th. Biaise, 1619, in-4'', blas.
272. — Histoire de la seigneurie de Montjardin et de la Porallée mira-
culeuse, par le chevalier Joseph de Theux de Montjardin — Bruxelles,
Fr. Gobbaerts, imprimeur du Roi, rue de Louvain, 40, 1869.
Gr. in-4'', de 3 ff. et 102 pp., avec figures d'armoiries et planches en couleur.
273. — Histoire de la ville de Bastogne, depuis son origine celtique
jusqu'à nos jours, par le D^ Aug.Neyen, Membre de plusieurs Académies,
Instituts et Sociétés savantes ; Chevalier de plusieurs Ordres. — Non
plura reperi notanda. — Arlon, J. Everling, libraire-éditeur. — Luxe^n-
boî/rg, V. Bilck, impr .-libraire-éditeur . 1868. (Imp. et Lith. de P. -A.
Brûck, à Arloii.)
In-8o, de 5 ff., 491 pp. et 1 f., planches.
— 254 —
274. — Histoire de la ville de Vianden et de ses comtes, par Aug.
Xeyen. Lu.xcuibonrir, V. liitck, 1851, in-S", carte.
275. — Histoire de la ville, du comté et du marquisat d'Arlon, par
G. -F. Prat, chef de Division au Gouvernement provincial d'Arlon, Secré-
taire-Conservateur de l'Institut archéologique de la province de Luxem-
bourg, Membre de plusieurs sociétés savantes tant en Belgique qu'à
l'étranger. Arlo>i, l'.-A. Bruck, 1873-1874.
2 vol. gr. in-8", avec un atlas renfermant les figures des monuments romains et autres
gravures pour l'intelligence du texte.
Voy. la Revue de Belgique. Bruxelles, 15 mars 1875, p. 315, et Le Moniteur belge, du 13
juin 187(5, pp. 1714-1715.
276. — H'stoire des Seigneurs de Colpach et d'Ell, par N. Liez.
Luxembourg, 188(5.
277. — Histoire du collège de Luxembourg ; dédiée aux étudiants,
par P. K. 1843.
278. — Histoire du comte de Mansfeld, seigneur de Heldrungen,
Prince du Saint-Empire^ Chevalier de la Toison d'or, Maréchal des
armées du Roi, Gouverneur et Capitaine-général de la ville et province
de Luxembourg et comté de Chin}^ (par Jean-Frédéric Schannat). Liixejn-
bourg, André Chevalier, M.DCC.VH.
In- 18, de 99 pp.
279. — Histoire du comté de Chiny et des pays haut-wallons, par
M. Jeantin, chevalier de la Légion d'honneur. Président du Tribunal
civil de Montmédy (Meuse), correspondant du Ministère de l'Instruction
publique et Membre de plusieurs Sociétés savantes. Verborum rerumque
inquirere causas. Paris, Jules Tardieu, libraire, rue de Tournon, 13. —
Bruxelles, F. Heussner, libraire, Place Sainte-Oudule, 23. — Nancy,
Grimblot, veuve Raybois et Conip., inipriiueurs-libraires. Place Stanislas,
7, et rue Saint-Dizier, 125. 185S. (Nancy, imprimerie de veuve Raybois
et comp.)
2 vol. in-S", de XLVII-504 et XXVIII-570 pp. — 1 f., figures et cartes.
280. — Histoire du Duché de Luxembourg, par Marcellin Lagarde.
Bruxelles, A. Jamar, éditeur, s. d. (Imprimerie de Labroue et Compagnie,
Rue de la Fourche, 36).
2 vol. in-12, de 179 et 183 pp., figures.
De la liihliotheque nationale.
281. — Histoire du régiment de Latour, par le Colonel Guillaume,
Directeur du personnel au Ministère de la Guerre, Commandeur de
— 255 —
l'ordre de Léopold, etc., Correspondant de l'Académie royale de Belgi-
que, de la Société royale des Beaux-Arts et de Littérature de Gand, etc.
— Gajid, imprimerie et lithographie de De Biisscher frères, rue Sa-
vaen, 42. - 1862.
In-8°, de 2 ff. et 8.5 pp., avec une gravure en couleurs, représentant des dragons de
Latour : 1791-1806.
Extrait des Annales ds la Société royale des Beaux-Arts et de Littérature de Ga?id.
Tome IX. — 1862.
Cet ouvrage renferme des détails biographiques sur Philippe-Charles de Pfortzheim,
né à Colpach, et sur Maximilien de Baillet, comte de Latour, né au château de Latour,
près de Virton.
282. — Histoire du siège de Luxembourg. Paris, 1684, pet. in- 12, fig.
Extraordinaire du Mercure galant.
283. — Histoire ecclésiastique et civile du Duché de Luxembourg et
Comté de Chiny. Par le R. P. Jean Bertholet de la Compagnie de Jésus.
A Lu.xeinbourg, chez André Chevalier, Idi primeur de Sa Majesté la
Reine de Hongrie et de Bohème, et Marchand-Libraire. M.DCC.XLI-
M.DCC.XLUI, 8 vol. in-4", figures par P. A. Kilian.
Tome I : M.DCC.XLI. Ue XIV pp. i f., 4.58 et XIV pp. ; 6 fig. et 1 carte.
Tome II : M.DCC.XLII. De xij-5rt'i et cix pp.
Tome III : M.DCC.XLII. De LUI pp., 1 f., 432-LXXII pp. et 1 f. ; 1 fig.
Tome IV : M.DCC.XLII. De XLVIII pp., .3 ff., 460 et LXXXII pp.
Tome V : M.DCC.XI.III. De 4 ff., 458 et cxxij pp.
Tome VI : M.DCC.XLIII. De XXXV-388 et c pp.; 16 pi.
Tome VII : M.DCC.XLIII. De XVL492 et c pp.
Tome VIII : M.DCC.XLIII. De 2 fl"., 197-ccij et 99 pp.
Cette histoire renferme (t I, pp. 404-423) une Dissertation sjir les antiques d'Arlon, qui
a donné lieu à quelques écrits dont voici les titres :
— Lettre d'un Conseiller de Bru.xelles à un gentilhomme du duché de L^u-.vembourg . Bru-
xelles, 22 mai 1743, in-S».
— Lettre d'un Chanoine de Trêves à un ami. Trêves, 7 juillet 1743, in-S".
— Lettre du P. Bertholet à ]\L^^^^ chanoine à Trêves. Namur, 14 novembre 1743.
In 8«, de 8 pp.
— LAncie7ine Tradition d'Arlon, ijijustement attaquée par le R. P. Bertholet, jésuite,
mais justement défendue par la ville ^ magistrat d' Ar Ion, consistant 1° en un avant propos.
2° l' e.xposition du sentiment du père Bertholet. 3° la réfutation du même .sentiment. (Par
Henri-Remy Mirchout, dit le P. Bonaventure). A Luxembourg, chez les héritiers de
J. B. Ferry, imprimeur et marchand-libraire. 1744.
In-12, de 54 pp., avec une pi. représentant le monument trouvé à Arlon.
— 256 —
Zef/rr au Rh'crcnd Père Bonavcnture de Liixanbourg, capucin, auteur d'un ouvrage
intitulé : La Tradition d'Arlon, etc. S. 1. n. d.
In- 12, de 20 pp.
L,-ttr,' du P. Ihrtliolct, jésuite, au TrH-Révérend Père Bonavcnture de Luxembourg,
ca/^ucin, en Réponse ir son libelle intitulé l'Ancienne tradition d'Arlon, injustement atta-
quée, etc. Imprime à Liège, avec permission des supérieurs (5 février 1745).
Pet. in-8", de 30 pp. et 1 f.
— Remarques de la part du Magistrat de la ville d'Arlon, sur la lettre du Révérend Père
Bertholet, jésuite, au Révérend Père Bonavcnture de Luxembourg, capucin, en réponse à la
brochure intitulée, l'Ancienne Tradition injustement attaquée, etc. (A la fin :) Imprimées
avec les suivantes à Luxembourg, chez les héritiers de J. B. Ferry, Imprimeur et Mar-
chand Libraire, 1740. In-i2, de<)l pp.
— Suite des Remarques de la part du Magistrat d'Arlon, sur la lettre du R. P. Bertholet,
iésuite, en répoJise à la, etc.
In- 12, de 48 pp.
Ces Remarques sont du P. Bonaventure de Luxembourg.
— Réponse aux Remarques du P. Bonaventure de Luxembourg, capucin, sur son Arahmœ.
S. 1. n. d.
In-i2, de 24 pp.
— Lettres au R. P. Bonaventure de Luxembourg, auteur d'un oicvrage intitulé l'Ancienne
tradition, etc. Liège, E. Kints, 1746.
In-80, de 72 pp.
284. — Histoire en abrégé de la vie de S. Hubert, prince du sang de
France, duc d'Aquitaine, premier évéque et fondateur de la ville de
Liège et apôtre des Ardennes. Par Célestin, abbé de S. Hubert. Paris et
Liégey chez Everard Kints, 1737, in-8°.
285. — Histoire généalogique des Maisons de Dreux, de Bar le Duc, de
Luxembourg & de Limbourg, du Plessis de Richelieu, de Broyés & de
Chasteauvillain, avec les preuves, par A. du Chesne. Paris, 1631, in-folio.
286. — Histoire géographique et politique de la province de Luxem-
bourg, depuis les origines jusqu'à nos jours, par J.-B. Laforét. Namiir,
Doux fils, 1856.
In-S*», de 66 pp., avec une carte du Luxembourg à l'époque romaine.
287. — Historia Luxemburgensis adj. opusculum de gentilium Deorum
culta, vanisque sacrificiis, a Joanne Bertelio, concinnata. Coloniœ, Butge-
nius, MDCV, 2 vol. in-4°.
— Historia Luxemburgensis, seii Commentarius quo ducum Luxem-
— 257 —
burgensiiim ortus, progressus, ac res gestaî continuata série ab ipso
primario initiatore, usqiie ad pr^sentem illustrissimum Archiducem
Albertum accurate describuntur. Simul et totius provinciae Luxembur-
gensis Ducatiis, Marchionatus, Baronatus cœteraque Dominia succincte
perstringuntiir. Omnia summo studio atque admiranda jucundidate a
Reverendo Pâtre D. Joanne Bertelio, Epternacensis Monasterii Abbate
concinnata. Cum indice rerum copiosissimo. Editio recognita et summa-
rio vitae auctoris adaucta a J. P. Brimmeyr et Math. Michel, societati
historicae luxemburgensi, adscriptis. Luxemburgi, Vict. Biick, 1856.
Gr. in-8°, de 378 et XVIll pp.
288. — Historisch-Œconomische wie industrielle Handelstatistick der
Stadt Diekirch. Diekirch^ J. A i>chrœl, 1837.
In-8°, de 15 pp. — Par François-Julien Vannerus.
289. — L'Homme aux légendes. — Province de Luxembourg.
Chapitre VIIl des Récits historiques belges..., par Adolphe Siret. — Sixième édition. Paris,
P. M. Laroche; Leipzig, L. A. Kittler ; H. Casterman, Tournai, 1859, in-12, figures.
-^ L'Homme aux légendes. — Récits du Limbourg et du Luxembourg,
par Adolphe Siret. Troisième édition. Totunai, H. Casterman; Paris,
P. Lethielleux, 1859.
In-12, de 104 pp., avec sujet gravé.
29 \ — Hommes politiques de la Belgique. — M. de Gerlache. Par
Félix Delhasse.
Dans la Revue Trimestrielle. Bruxelles, 1857, t. XIV, pp. 5-65.
Cette biographie de M. de Gerlache se retrouve dans l'ouvrage intitulé : Ecrivains et
Hommes politiques de la Belgique, par Fêli.x Delhasse.'Kn vente : chez les principaux libraires
du rovaume. — 1857. (Bruxelles. — Impr. de Henri Samuel, rue des Secours, 7), in-12,
pp. 87-149.
29 L — Les Hommes remarquables qui ont appartenu au pays de
Luxembourg. — Traduction d'un manuscrit latin. Par Aug. Neyen.
Lii.xembotirg, 1862, in 4°.
292. — De l'Honneur national, à propos des vingt-quatre articles, par
un Luxembourgeois de la partie cédée. — Beati pacifici, quoniam filii
Dei vocabuntur. Evang. secundum Matth., v. 9. — Bruxelles, Muquardt,
libraire, rue de V Empereur . — Février 1839.
Pet. in-8o, de 15 pp.
L'auteur de cet écrit est le baron Fréd.-Aug.-Ferd.-Th. de Reitfenberg, né à Mons, le
14 nov^embre 1795.
— 258 —
'■2\y^. — Les Illustrations de Stavelot, et les vies des saints Remacle,
'rhé(Hlart, Hadelin, Lambert, Hubert, Poppo, et d'autres grands civilisa-
teurs des Ardcnnes; par Courtejoie. Liège, imprimerie de Lardinois 1848,
in-hJ.
294. — Lnprimeurs luxembourgeois à Cologne. Par J.-B. Douret. —
Bruxelles, Imprimerie de Toint-Scohier, rue de la Commune, Il (1870).
In-8", de 7 pp. — Extrait du Bibliophile Belge, Tome V.
295. — De l'Industrie agricole dans la province de Luxembourg et
renseignements divers sur le Grand-Duché de Luxembourg, par Emile
Reuter. officier aux carabiniers. Luxembourg, Imprimerie Pierre Briick,
libraire-éditeur . 1 875 .
In-8°de 131 pp.
296. — L'Innocence injustement opprimée Dans la personne du
S' Genty, Curé de S* Nicolas dans la Ville de Mons. Et Mademoiselle L. T.
son Epouse appellée vulgairement sa Sœur, Par le procédé violent du
Sieur de Beaurieu, Chanoine Officiai de Cambrai, à la sollicitation des...
de la Paroisse dudit St Nicolas, soutenus du S"^ de... 6\ n. l. d. (1693).
Pet. in- 12, de 83 pp.
Guillaume-Martin Genty était né à Bastogne. Vov. le Bibliophile Belge. Bruxelles,
Olivier, 186G, t. I, pp. 67-71.
297 — Instituts de droit, ou Sommaire de jurisprudence canonique,
civile, féodale & criminelle, pour les pa3's de Liège, de Luxembourg, de
Namur & autres. Par M. Sohet. Licencié es-Loix, Mayeur de Chooz.
A Bouillon, chez A. Foissv, Imprimeur de S. A. 8. Mrg. le Duc. Et se vend
à Liège, Luxembourg, Namur, Bruxelles, Malines, Louvain, Douav, etc.
M. DCC. LXXII. Avec Approbation des 'Supérieurs.
In-4° de XVI-207 et 144 pp.. — 1''= et 2" parties.
— Instituts, etc. A Namur, chez Guillaume-Joseph Lafontaine, Impri-
meur de Sa Majesté Impériale Royale Apostolique & du Conseil de
iVatnur. 1770.
in-40, de III-111-348 pp. — 3« partie.
— Instituts, etc. Ibid.. M. DCC. LXXXL
In-4'', de 128, 120 et cxij pp. — 4e et 5^ parties.
298. — Instruction à l'usage des brigadiers et des gardes forestiers de
l'Inspection de Luxembourg. — Instruktion zum Gebrauche der Forst-
Brigadiere imd der Forster der Inspektion Lùtzemburg. — Arlon, impri-
merie de C.-.l. Bourgeois. — 1836.
In-8", de 213 pp., plus 6 pp. non chift'rées pour la Table des matières.
Par F2rpclding, Inspecteur des eaux et forêts.
— 259 —
299. — Itinéraire du Luxembourg Germanique, ou Voyage historique
et pittoresque dans le Grand-Duché. — Dédié au Roi. Par le chevalier
L'Evèque de la Basse Moûturie, Membre de la Légion d'Honneur, de la
première classe, de l'Institut historique de France, etc., etc.
Vivite Luxburgi : fidos vos prisca per orbem
Fama vocat, fidos posteritasque leget :
Nescia gens verti, sociis regique Deoque
Servastis semper fœdera, jura, fidem.
Luxembourg. Librairie de V. Hojfman, Place d' Armes ^ «° 216. Impri-
merie de J. Lamort. — 1844.
In-8o, de 5 ff., XXIX et 5U0 pp.
300. — Itinéraires sur le chemin de fer du Luxembourg, avec indication
des correspondances que les Voyageurs trouveront sur cette ligne, tant
pour des excursions dans l'intérieur de la Belgique que pour des voyages
à l'extérieur. — Bruxelles. Imprimerie de Delevingne et Callewaert,
Chaussée d'Ixe'les, 90. — 186;).
In-32, de 26 pp., avec une carte.
oOI. — Jean-Baptiste Thorn, décédé gouverneur du Hainaut, par J. B.
Bivort. Mons, Em. iloyois (1843).
In-S», de 14 pp.
302. — Jean l'Aveugle, roi de Bohême, comte de Luxembourg, marquis
d'Arlon ; esquisse biographique, publiée par P. -A. Lenz, professeur à
l'Université de Gand. Ga?id, 1839.
In-8°, de 98 pp., avec une lithographie.
Tiré à part, à 50 exemplaires, des Notn'elles archives historiques, philosophiques et litté-
raires.
303. — Jean Rothe, chroniqueur et poète (luxembourgeois) du XV^
siècle.
Dans le Bibliophile belge. Bruxelles, t. XV.
304. — Schœtter (J ). Johann, Graf von Luxemburg, und Kœnig von
Bœhmen. Luxemburg, 1865, 2 vol. in-8°.
305. — Jong vum Schreek ob dé Lezeburger Parnassus, vum A. Meyer.
Loîtvaifi, Massar-Mever, 1832, in-12.
3)06. — Journal der belegering van Luxemburg, door het léger des
konings van Frankryk, gecommandeerd van de maarschalck de Crequi,...
benevens eene curieuse afbeelding der stad en 'tbeleg. (S. 1.) Aiino
1684, fig.
— 260 —
307. — Jounuil du voyage de Sa Majesté (Louis XIV) à Luxembourg,
jvin 1(387. S-" part. Paris, 1687, in- 12.
Par Donneau de Visé, rédacteur du Mercut-i- galant.
;îOS. — luan Austriaco camina à Flandes. Desconocido en el camino,
en Luxeniburgo se descubre. (4 novembre 1576).
D.uisla Primera Decada Je /as Guerras de Flandes, des de la Muerte del Eniperador
Carlos V. liasta el Priucipio del Gonierno de Alexandro Farnese, tercero Duque de Parina y
Placent ia, escrita eu Latin por el K. P. Famiano Estrada de la Campania de Jésus, y Tradu-
cida en Romance por el R. P. Melchor de Novar de la misma Compania. Tercera impression
de nnej'o enmendada, y corregida de muchas y grandes faltas. Amberes, por Henrico, y Cor-
nelio Verdussen, Aflo M.D.CCI. — Con Licencia de los Superiores, pet. in-8o, pp. 455-463.
Vov. aussi la traduction française de cet ouvrage de Strada, publiée par Du Rier, sous
le titre d'Histoire de la Gverre de F'iandre... Première Décade. Paris, Thomas lolly,
M.UC LXIV, in-12, pp. 321-334 (Don Juan d'Autriche à Luxembourg.)
309. — Jugement du 28 juillet 1849. En cause de la Compagnie du
Luxembourg, contre l'Etat belge. — {Bruxelles.) Imprimerie de V.
Manche^ me des Boîleii.x, 13. (1849).
In-folio piano, à 3 colonnes.
310 — Weiland, Karte der Niederlande, Belgien und Luxembourg.
Weimar, 1831.
311. — Kermesse dans les Ardennes. S. /. n. d.
Lithographie coloriée.
312. — Kleine vermischte Beitrâge zur Kenntniss der Schicksale
einheimischer und fremder Mùnzen im Luxemburg und in Chiny, von
M. F. J Mùller, Trier, 1829, in-4°.
313. -- Kurze Beschreibung der Weltberùhmten Prozession zu Echter-
nach.
(Dictionnaire géographique du Luxembourg, par Pli. Vandermaelen. — Bruxelles, 1838,
p. 45.)
314 — Kurze doch zuverlâsi ^e statistiche Uebersicht des Herzogthums
Luxemburg und der Grafschaft Chiny, von M. F. J Mùller. Trier, Schroll
(1814), in-4°.
315. — Gottschall. Lambertine von Mericourt, eine Tragôdie. Ham-
burg, 1850.
316 — La Roche.
— 261 —
Dans l'ouvrage intitulé : Ruines et paysages en Belgique, par Eug. Gens, Professeur
d'histoire à l'Athénée d'Anr'ers. Bruxelles, A. Jamar, éditeur, s. d., in-12, pp. 199-204.
317. — La Roche-sur-rOiirthe (Luxembourg belge). (Texte.) - Vue
des ruines de la Roche-sur-I'Ourthe. Dessin de Vanderhect de Bruxelles.
Dans le Magasin pittoresque. Paris, 1852, t. XX, pp. 129-130.
318. — Weber (^Hubert). Leben der gottseligen Schwester Margaretha,
des dritten Ordens des heiligen Franciscus. Klausnerin an dem heiligem
Geist-Kloster in Luxemburg. Luxemburg, 1835, in-8°.
319 — Leben der Gicefin Yolanda, von Vianden, beschrieben von
Alex. Wiltheim^ ùbersetz von P. Stheres. Luxemburg, Lamort, 1841,
in-8°, fig.
320. — Xoel (P. A O.). Leben der hl. Kunigunde von Luxemburg,
Kaiserin von Deutschland Luxemburg, 1856, in-8''.
321 . — Weber. Leben der Schwester Monika, geborne Margaretha von
Busbach, Witwe des H. Wiltheim. Luxemburg, Heinze, 1857.
322 — Simon Abbes Gabbema, Leevensbeschryvingen van St. Willi-
brord, St. Bonifaas en St Aalberyk. Gouda, 1703, figures sui cuivre.
323. — Lettre adressée par quelques notables de la province du
Luxembourg, à M. l'abbé Brosius En date du 8 mai 1790, contenant un
tableau intéressant des dispositions de la ville et du pays. A Louvain, chez
François Miche/, (1190), in S°.
324. — Lettre de l'abbé de Feller au conseil souverain du Luxembourg
(1788).
325. — Lettre de Marche. — A propos d'une forêt de 2,447 hectares. —
Une forêt à partager entre quatorze communes. — Pour éviter une trouée
dans le massif forestier de Freyr. — Achat par l'Etat de lîO hectares de
Bois.
Dans le Journal de Bruxelles, 2 juin 1893.
326. — Lettre de M. J. Havelange (datée de Luxembourg, le 3 dé-
cembre 1787 et adressée) aux Etats du duché de Luxembourg et comté
de Chiny (donnant des explications au sujet de sa démission). (1787), in 8°.
327. — Lettre de M. l'Abbé Havelange, adressée à tous les Archevêque
& Evéques, dont les diocèses s'étendent sur la province de Luxembourg.
(Datée de Luxembourg, le 10 Mai 1181). — Représentations du même à
18
— 262 —
leurs Altesses Rovales, Gouverneurs Généraux des Pays-Bas Autrichiens.
RepTiesentatio ab infras cripto exhibita Serenissimis Belgii Austriaci
Gubernatoribus (1). — Lettre de M. Havelange à S. A. R. & E. l'Arche-
vêque de Trêves, le 20 Mai 1787. — Copie d'une Lettre de M. Havelange
à ^L Mayence, Directeur du Séminaire Filial de Luxembourg, en réponse
à un Billet repris en entier dans la Lettre suivante. (Luxembourg, le
18 Mai 1787). - Discours de M. Mayence, Président du Séminaire de
Luxembourg, aux Séminaristes assemblés, le 19 Mai 1787. (En latin). —
Extrait d'une Lettre de Louvain. — Vers adressés à l'Empereur & à
L. A. R., le ol Mai 1787. — (Luxembourg, 1787).
In-8o, de 16 pp.
328. — Lettre de M. le commandant prussien (Dumoulin) de la forte-
resse de Luxembourg, à M. Reuter, procureur royal belge, à Luxem-
bourg. (3 juin 1817).
Dans r Ohserx'ateur politique , administratif et littéraire de la Belgique. Bruxelles, P. J. De
Mat, 1816, t. X, pp. 322-323.
329. — Lettre d'un Patriote Belgique (datée de Namur, le 20 de Mai
1790). — Relation des Victoires remportées par les Troupes Royales
Autrichiennes sur les Insurgens Brabançons, le 18, 23 & 24 Mai 1790.
Pet. in-8°, de 12 pp.
Voici quelques lignes de la Relation que nous venons de citer :
« Le 18 Mai. les Insurgens Brabançons poussèrent leur aveuglement jusqu'à tenter de
pénétrer dans la province de Luxembourg, restée fidèle à son légitilne Souverain. »
(Page 2).
« Spécification
« De P Attirail de guerre pris sur les /nsurgens le 23 Mai 1190 près de Bayonville àf le 24
près d'Y^MViTAWi, par l'Aile droite de l'Armée Autrichienne.
« Deux Canons de 6 livres de balle.
« Sept de 3
« Deux de 2
« Un de 1 1/2 Le Lion Belgique.
« Un Petite Pièce.
Oiize h deux chevaux.
« Chariots de Munitions , ...
Un a quatre
« Un chariot ordinaire à quatre chevaux.
« 73 Fusils & 22 Bajonnettes, avec de la grosse & menue Munition : 55 Caises, 22 che-
vaux, dont 11 seulement sont propres pour l'Artillerie; l'on a aussi fait 42 Prisonniers,
parmi lesquels se trouve un soi-disant Officier.
(1) Dans cette pièce, datée de Luxembourg, le 10 de Mai 1787, J. J. Havelange nous
apprend que « depuis 14 ans il fut envoyé de Louvain à Luxembourg, pour y être em-
ployé dans l'enseignement public au College-Royal. »
~ 263 —
« De r Attiraillc de guerre, pris par l'Aile gauche de la dite Armée, près de Mirwart, le
23 de Mai.
« Le grand & principal Etendart.
« Un canon de 8 livres de balle.
« Deux de 6
» Six Chârettes de Munitions, & trois Chariots chargés de vivres, ainsi que six Ton-
neaux emplis de cartouches & de balles.
« Tous ces Trophées entreront dans la Ville de Luxembourg le 29 de ce mois. »
(Page 11).
« Avis postérieur.
» Mr. le Lt. Colonel de Pfortzheim a sabré à l'affaire de Mirwart du 25 les Canonniers
ennemis, & leur enleva le canon.
« C'est Mr. le Premier-I-ieutenant de Mesemacker du Régiment de la Tour, qui a
enlevé lui-même le grand Etendard. » (Page 12).
330. — Lettre sur ce qui se passe actuellement dans la province de
Luxembourg. Bruxelles, ce 3 de l'an 1790. Pet. in-8\
331. — Lettre sur la qualité lithontriptique des eaux d'Ardenne. Par
dom Robert Hickmann.
Dans r Indicateur intéressant, ou l' Ami de l'humanité. (Malines, P. J. Hanicq). 1784.
Cette lettre avait déjà paru dans la Gazette salutaire, publiée à Bouillon.
332. — Het Leven ende Mirakelen vande H. Bisschoppen Eligius,
Willibrordus, Norbertus, Apostelen van dese Nederlanden. Ende princi-
paelijck derStadt Antwerpen. Door Laurentius Beyerlinck. f Antiverpeii.,
by Fransoys le Chien Inde Cainmerstraet (Inde twee Oyevaerts) 1651, in-4''
goth.
333. — Het Leven van den H. Donatus, doôr Mr. den Abt.... Rector
van Sorbonnen, overgezet doôr J. D. Verpoorten. f Antzverpen, by
Gerarchis Berbie, in de Israelitstraet, by de Borze. 1759, in-8^ Avec la
gravure de la statue du saint, à St-Jacques d'Anvers.
Publié par la Confrérie de St-Donat, à St-Jacques d'Anvers, dont l'auteur était cha-
noine.
334. — Lexicon der Luxemburger Umgangsprache (wie sie in und um
Luxemburg gesprochen wird) mit hochdeutscher und franzôsischer
Uebersetzung und Erklârung, von J. F. Gangler. Luxembourg, Hoffman,
1847.
335. — Le Lias inférieur de la Meurthe et de la Moselle, du grand-
duché de Luxembourg, de la Belgique, de la Meuse et des Ardennes;
par Terquem et Piette.
(Mém. de la Soc. géol. de Fra7ice, t. VIII, 1865-1868).
— 264 —
336. — Liste alphabétique des villes, villages et hameaux de la province
de Luxembourg. — Arlon, de l'Imprimerie de P. -A. Brilck, s. d.
In-40, de (32 pp.
3o7. — Liste chronologique des ordonnances des XIIP, XI V^ et XV"^
siècles, concernant la province de Luxembourg. (Par M. Laurent).
Dans les Procès-verbaux des séances de la Commission royale pour la publication des
anciennes lois et ordonnajices de la Belgique. Bruxelles, 1883, t. VI, pp. 377-391.
338. — Liste des bannis et des exécutés, pour cause des troubles, dans
les provinces de Brabant, de L imbourg et de Luxembourg : 15 février
-1569. (1570, n. st.).
Dans le Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou recueil de ses
bulletins. — Troisième série. — Tome septième. — l^^" bulletin. Bruxelles, M. Hayez, impri-
meur de l'Académie royale. — 1864, in-8'', pp. 34-65.
339. — Liste des députés pour Vienne... Députés de Luxembourg.
Dans le jfournal historique et littéraire. Luxembourg, l^'" septembre 1787, p. 61.
Par une dépêche du 3 juillet 1787, Joseph II ordonna aux états des différentes provinces
des Pays-Bas de lui envoyer, à Vienne, des députés, qui vinssent lui soumettre de vive
voix les griefs qui occasionnaient les troubles dont il se plaignait. (1)
Les députés de Luxembourg étaient : l'abbé d'Echternach, M'' de Pfortzheim, de l'Etat
Noble, M'' Didier, échevin d'Arlon, de la part du Tiers Etat, et M"" Rossignon, conseiller-
pensionnaire des Etats.
340. — Lucilibvrgensia sive Lvxembvrgvm roman vm. Hoc est
Arduennae veteris situs populi, loca prisca, ritus, sacra, lingua, viae con-
sulares, castra, castella, villae publicae, jam inde a Cassarum temporibus
Urbis adhaec Luxemburgensis incunabula et incrementum investigata
atque a Fabula vindicata. Monimentorum insuper, praeprimis Eglensis
secvndorum Cis-Alpinorum principis, inscriptionum, simulachrorum,
sigillorum epitrapeziorum, gemmarum, et aliarum antiquitatum quam-
plurimarum tam urbi Luxemburgensi importatarum quam per totam
passim provinciam sparsarum mythologica romana. Pleraque aut prorsus
nova, aut a nomine hactenus explanata, erudite non minus quam operose
eruderata et illustrata a R. P. Alexandro Wilthemio Lvxembvrgensi
Societatis Jesu sacerdote. Opus posthumum, a Med. Doctore Aug. Neyen,
Luxemburgo, pluribus societatibus scientificis adscripto, nunc primum in
lucem editum. Lu.xejubiirgi. ApiidJ. P. Kuboryi, bibliopola. (Uixembiirgi.
— Typis 7. Lamort]. MDCCCXLIL
In-40, de XVII pp., 1 f. et 336 pp. Avec 99 pi. tirées en bleu.
(1) M. Le Grand, Révolution brabançonjie. Bruxelles, 1843, p. 47.
265 —
341. — Lutzenbursfi Ducatus.
Dans l'ouvrage intitulé : Hœresis ac rehellio Hollandorvm Gvilicbno principi avriaco
asserta.Ab anno 1559, vsque ad obitum eius 158 4. Svbnectitvr regvm Hispaniarvm a Rvrginidis
et Avstriacis in singvlas Belgicœ provhicias plénum jus ùf doniiniuni. Auctore loanne de la
Fosse, lurisconsulto Belga. BrvxellcB, apud Godefredum Schovartium, 1644. — Cum gratiâ
& privilegio, pet. in-4°, pp. 3-4 (notes).
342. — Luxembergensis Ducatus, tam in minores quam Principales
Ditiones peraccurate distinctus perNicolaum Visscher. Amsterdam {ilOO ?)
(Bibliotheca geographica StcTens. London, 1872, part. I, n° 1717).
343. — Luxembourg (carte de la province de). lÀbrairie classique de
J.-B. Tarride, Editeur, rue du Peuplier, 9, Bruxelles. S. d.
Pet. in-folio piano.
344. — Le Luxembourg. Par Eug. Gens.
Dans la Belgique nuviumentale. Bruxelles, Jamar, 1845, 2 vol. in-S", lig.
345. — Le Luxembourg belge et son ethnographie sous la domination
romaine, par J. Felsenhart, docteur en philosophie et lettres, membre
correspondant de l'Académie d'archéologie de Belgique. — Bruxelles,
Félix Callewaert père, éditeur, 2(5, rue de l'Industrie, 26. — 1874.
In-S» de 334 pp.
346. — Luxembourg, Bouillon (Duchés de), etc. Par Jeanne C"^ Mail-
lart. S. /. n. d.
In-folio piano. — Carte coloriée.
347. — La Luxembourg-Limbourgeoise.
Dans la brochure ayant pour titre : Epitre au Roi des Belges, sur les 24 articles, par
A. -F. Guillerez, Professeur de l'jiniversité de Fraiice, auteur de la Vie du eh*'" de Pougens,
d'un Mémoire à la Chambre des Pairs sur l'amnistie, etc., ouvrages favorablement accueillis
par le Roi des Français. — Bruxelles, François, libraire-éditeur, rue aux Laines, n° 9. —
1838, in-80, pp. 13-15.
— La Luxembourg-Limbourgeoise.
Dans La Coulisse théâtrale et sportive. Bruxelles, (1891), n" 10, p. 14.
348. — Le Luxembourgeois. Almanach administratif, agricole, com-
mercial et industriel de la province de Luxembourg (par E. Tandel).
Arlon, Poncin, imprimeur-éditeur , 1866.
In- , de 92 pp. — 1" année.
- Ibid., 1867.
In- , de 104 pp. — 2« année.
— 266 —
— /^/</., 1868.
In- , de 90 pp. — ^^ année.
;:549. — La Luxembourgeoise. Paroles d'Edouard Smits, Musique de
F. Campenhout. Prix : 1. F'".
3 pages in-i".
Cette chanson patriotique, probablement oubliée depui.s longtemps, est entièrement
gravée (musique et paroles). Elle ne porte ni lieu d'impression, ni nom de graveur, ni
date : mais elle a sans doute été publiée à Bruxelles, pendant la période de 1830 à 1839.
Voici les 3 couplets de La Luxembourgeoise :
Des rois osaient, dans leur vaine arrogance.
Au Luxembourg, de loin montrer des fers;
Ils se fiaient au sommeil de la France...
Le Lion Belge avait les yeux ouverts.
Que tardent-ils ? qu'ils offrent à nos haines.
De leurs sujets les stupides troupeaux ;
Venez! bientôt les forêts des Ardennes.
Des fils du Nord, couvriront les tombeaux.
Luxembourgeois ! vous êtes fiers et braves!
S'ils sont nombreux, nous sommes vos amis ;
Que les Germains demandent aux Bataves
Si nous avons compté nos ennemis ?
Bravons la mort pour repousser leurs chaînes.
Plus ils sont forts, plus le triomphe est beau !
Tyrans unis, venez! et les Ardennes,
Vous recevront dans un vaste tombeau.
Quoi ! vous voulez morceler la Patrie !
N'avons-nous plus et du fer et des bras ?
Le Polonais prouve à la Moscovie,
« Qu'un peuple meurt ^ mais qu'il ne se rend pas! »
Du Polonais, l'ardeur brûle nos veines !
Osez toucher à nos jeunes drapeaux.
Et vous verrez les forêts des Ardennes,
Des fils du Nord, ombrager les tombeaux.
— La Luxembourgeoise. Paroles d'Edouard Smits, Musique de
F, Campenhout.
Dans La Coiilisse théâtrale et sportive. Bruxelles, (1891), n° 10, p. 14.
350. — Luxemburgische Gedichte und Fabeln. Von A. Meyer; nebst
einer grammatischen Einleitung und einer Wôrtererklârung der dem
Dialekt mehr oder weniger eigenartigen Ausdrùcke von Gloden. Brnssel.
Bei Delevingne tmd Callewaert (1845).
In-12, de XXXVIII et 199 pp.
Voy. Félix Thycs, Essai sur la poésie luxembourgeoise, p. 39 et suiv.
— 267 —
Soi . — La Maison dynastique et baronnale von der Feitz, issue du
Luxembourg, par Aug. Neyen. Luxembourg, 1866, in- 4°.
352. — Manuel de la Meuse. — Histoire de Montmédy et des localités
meusiennes de l'ancien comté de Chin}^ par M. Jeantin. Nancy, 1861-
1863, 3 vol. in-8°.
353. — Manuel des fondations de bourses d'étude, instituées en faveur
des Luxembourgeois, par J. P. Koltz, chef de bureau et membre secré-
taire du comité consultatif pour les affaires des fondations d'instruction
publique. Luxembourg, Imprimerie de V. Buck, rue du Curé. — 1858.
ln-8°, de 1 f., XVIIl et 551 pp.
354. — Manuel des fondations de bourses d'études (textes et législa-
tion), par Emile Tandel, secrétaire -receveur de la Commission provin-
ciale des bourses du Luxembourg. — Arloii, Typographie et Lithographie
de P.-A. Bruck, 1874.
In-80, de 182 pp.
355. — Map shewing the line & extensions of the Great Luxembourg
Company; the European Railroads, executed, or in course of exécution,
and the Luxembourg canal, designed to Connect the rivers Meuse and
Moselle. June 1846.
In-folio piano.
356. — Marc Bruno, profil d'artiste, par Félix Thyes, précédé d'une
notice sur l'auteur (l), par Eugène Van Bemmel, professeur ordinaire à
la faculté des lettres de l'université de Bruxelles. — Bruxelles, établisse-
ment typographique de Henri Sajuuel, rue des Secours, 7. — 1855.
In-i8, de XLIV et 194 pp.
357. — Marche. — Arlon. — Bastogne. — La Roche. — Luxembourg.
— S'-Hubert. — Nassogne. — Echternach.
Dans le Guide du Voyageur en Belgique et eu HolUuide, par Richard. ,
Paris, Maison, 1839, in-18, pp. 280-292.
358. — Les Marches de l'Ardenne et des Wôepvres, ou l'arène féodale
à la naissance des grandes suzerainetés lotharingiennes, par M. Jeantin,
Président du Tribunal civil de Montmédy, Chevalier de la Légion d'Hon-
neur, Membre de l'Académie de Metz et des sociétés archéologiques
d' Arlon, Luxembourg, Nancy et Verdun ; correspondant du Ministère de
(1) Né à Luxembourg, le 19 janvier 1830.
- 268 —
rinstruction publique pour les travaux historiques. Paris, L. Maison,
libraire, rue Christine, 3. — Nancy, Grimblotet V" Ray bois, imprimeurs-
libraires, P/ace Stanislas, 1, et rue Saisit- Dizier, 125. — 1853. (Nancy,
imprimerie de veuve Ray bois et comp .)
2 vol. in-S", de LXXV-549 et 632 pp. ; cartes.
Première partie : Marches Ardenno-Mosellaniqiies.
Seconde partie : Marches liarro-Woëpvriennes.
no9. — Maria, die Trôsterin der Betrùbten oder Geschichte der
Verehrung Maria's als der Schutzpatronin der Stadt und des Landes
Luxemburg, quellenmâssig dargestellt von P. Aloysius Amherd, Priester
und Missionàr aus der Versammelung des allerheiligsten Erlosers.
Luxemburg, \. Buck, 1855.
Voy. Kuntgen, Histoire de Notre-Dame de Luxembourg. Namur, 1866, p. 11.
360. — Maria Mutter Jesu, Trœsterin der Betruebten, Patronin des
Herzogthums Lutzemburg und der Grafschaft Chiny, in ihrer nœchst
Lutzemburg gelegenen Capell wunderthastige Xoth-Helferin allen
Betruebten und Noth-Leidenden zum Trost vergestellt. Lutzemburg,
1736, in-8°.
Par Pierre Wiltz.
361. — Le Mariage à la chaise. Mœurs ardennaises.
Dans la Lune- de miel, journal des Célibataires et des Fiancés. Bruxelles, Rossel, in-8°,
n» 2, du 1" février 1876, pp. 7-8.
362. — Marie-Thérèse à Luxembourg.
Dans le Magasin belge, universel et pittoresque. Bruxelles, 18.38, p. 133.
363. — Marie-Thérèse par la grâce de Dieu, Impératrice des Ro-
mains,... Duchesse... de Luxembourg... (A la fin :) 'Sur la Copie imprimée
à Bru.xelles. A Luxembourg, chez André Chevalier, Imprimeur de ^"«
Majesté Impériale & Royale (1746).
Pet. in-4°, de 10 pp.; armoiries en tète de la 1" page.
Ordonnance du 12 janvier 1746, relative à la vénalité des Offices.
364. — Marie-Thérèse par la grâce de Dieu, Impératrice des Ro-
mains,... Duchesse... de Luxembourg... (A la fin :) Se vend à Luxembourg,
chez l'héritière d'André Chevalier, viva?it Imprimeur de Sa Majesté
V Impératrice- Reine (1 752) .
Pet. in-4'', de 12 pp.; armoiries en tête de la 1" page.
Ordonnance du 22 juin 1752, concernant les Seigneuries, fiefs, etc.
365. — Martin de Rossem, gouverneur du Luxembourg.
— 269 —
Dans l'ouvrage intitulé : Marguerite d'Autriche ; sa vie, sa politique et sa cour, par J.-J.
Altmeyer. Liège, Jeunehomme frères, 1840, in-S"^, pp. 99-100.
366. — Mémoire adressé à M. le Ministre des Travaux publics, par la
députation du conseil provincial, sur les travaux publics qui restent à
exécuter dans la province de Luxembourg. Arlon, imprimerie de Hruck,
1847, in-4°.
367. -- Mémoire d'un prêtre luxembourgeois (J. X. Henry, curé de
Limes) au roi des Belges, au Sénat, à l'ancienne et à la nouvelle législa-
ture belge, relativement aux griefs du Luxembourg. — Marche, impri-
merie de C. Danloy-De Feigiiies, libraire. 1848.
In-8o, de 48 pp.
La couverture porte ce titre : Les Griefs du Luxembourg wallon, et les employés en curée.
368. — Mémoire en cause l'Administration de l'enregistrement et des
domaines, à Liège, contre Paul-Michel-Charles-Joseph de Favereau,
rentier, domicilié à Jenneret, commune de Bende, province de Luxem-
bourg. Liège, 1853, in-4°.
369. — Mémoire (lu à la séance de l'Académie de Bruxelles, du 22 jan-
vier 1784,), sur les obstacles qui s'opposent à une meilleure culture des
Ardennes, et sur les moyens d'y remédier. Par François de Marci.
Dans les Mémoires de l'Académie. Bruxelles, t. V (sciences), p. 139.
370. — Mémoire pour le Sieur Henri Barthélémy André, propriétaire
à Magery, Grand-Duché de Luxembourg. (Par Joseph-Pierre-François
Leclerc.) A Luxembourg^ chez J. Lamort, Place d'Armes (1819).
In-8o, de 71 pp.
371. — Mémoire pour les Religieux Bénédictins de l'abbaye de
St-Hubert, contre Dom N. Spirlet, leur abbé, à Messeigneurs les doyens
et chapitre de Liège. 1772, in-4°,
372. — Mémoire sur la dyssenterie qui a sévi en 1857 à Arlon et dans
les villages environnants. Par Antoine Valerius.
Dans le Journal de médecine, de Bruxelles, 1859, t. XXIX, p. 321.
373. — Mémoire sur l'histoire naturelle du Limbourg, Luxembourg,
Stavelot et Liégeois. Par Robert Limbourg.
Dans les Mémoires de l' Académie de Bru.xelles, t. L
374. - - Mémoire sur la situation politique du Grand-Duché de Luxem-
bourg au Congrès national, par le comité diplomatique (1831).
— 270 —
375. — Mémoire sur l'utilisation des terrains incultes de l'Ardenne, par
V. Bronn, docteur en philosophie, professeur d'économie rurale et fores-
tière à l'université de Liège, secrétaire de la commission d'agriculture de
la province de Liège, membre honoraire et correspondant de plusieurs
sociétés savantes. — « An diesen rauhen Waldwùsten, an diesen Felsen,
an diesen Gewassern sollen wir unsre Krâfte ùben, und die reichen
Gaben durch P^rfmdungs geist zu Tage fordern, die die Xatur dem Fleisse
7AIT Belohnung in unsre Berge gelegt hat. » Kasthofer. — Lié^e, imprime-
rie de J. Desoer, place iiaint-Lamhert. — X'"''. 1829.
In-S», de 38 pp.
.'î76. — Mémoire sur les sources minérales de rx\rdenne belge. Par
Ch. Clément. Bruxelles, Va?i Dooren, 186L
In-S», de 20pp , 1 pi.
Extrait des Ainui/rs des Iraruiux publics de Belgique, t. XIX.
377. — Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan de l'Ardenne, du
Rhin, du Brabant et du Condroz; par M. André Dumont. Bruxelles,
H ayez, 1848, in-i".
Extrait des Mémoires de l'Académie royale des siences, des lettres et des beaux-arts de
Belgique, t. XX (1847), et t. XXII (1848).
— Mémoire sur les terrains ardennais et rhénan de l'Ardenne, du Rhin,
du Brabant et du Condroz, par A. -H. Dumont, professeur de minéralogie
et de géologie à l'université de Liège, membre de l'Académie royale de
Belgique, etc. l'iége, Renard, 1857, in 4°.
378. — Mémoire sur les terrains triasiques et jurassiques de la province
de Luxembourg; par M. A. -H. Dumont.
Dans les Nouveaux Alémoires de l'Acadé)iiie royale des sciences et des belles lettres de
Bruxelles. Bruxelles, 1842, t. XV.
379. — Mémoires des contraventions faites par la France, au traité de
paix conclu à Nimègues entre Sa Majesté Catholique et le Roy très-chres-
tien, avec un renseing particulier des preuves du droit et possession de
Sa Majesté, en regard de tout ce que la France à occupé par voye de fait
es provinces de Luxembourg, Namur et Brabant, depuis la publication de
la dite paix jusques au 15 de janvier 1682. (^aus lieu d'impression.) 1682,
in-18.
380. — Mémoires inédits du maréchal de Vauban sur Landau, Luxem-
bourg, et divers sujets, extraits des papiers des ingénieurs Hue de Cali-
gny, et précédés d'une notice historique sur ces ingénieurs, siècles de
Louis XIV et de Louis XV, par M. Augoyat, lieutenant-colonel du génie.
Paris, J. Corréard, éditeur d'ouvrages militaires, rue de Tournon, 20.
— 271 —
Anselin et G. Laguionie, libraires, rue Dauphine, 36. Michelsen, libraire,
à Leipzig. — 1841. (Imp. de Moquet et Comp., rue de la Harpe, 90.)
In-80, dexiii-III-258 pp. et 1 f.; fac-similé.
Pages 33-5.5 : Propriétés des fortifications de Luxembourg quand elles seront mises en l'état
proposé par le projet de 1684 (époque de la prise de cette forteresse, par Vatiban). — Propriétés
particulières de la Ville- Basse et du Paffenthal. — Le Cornichon. — La demi-lune de Bonne-
voie en particulier. — La redoute de Thionville. — Rideau escarpé oit chemin cottvrrt.
381. — Metz et Thionville sous Charles-Quint, par Ch. Rahlenbeck
Bruxelles, Weissenbruch, 1880.
In-8o, de 3(i4 pp.
382. — La Meuse et les Ardennes, excursion pittoresque en Belgique,
par A. Tailleroche. — l^^ édition. — Bruxelles, Imprimerie de A. Fischlin,
Rue du Damier , 13. — 1859.
In-12, de 110 pp.
383. — Ministères des Affaires étrangères et des Travaux publics. —
Convention (du 20 septembre 1860) entre la Belgique et la France, pour
le raccordement du chemin de fer du Luxembourg avec le chemin de fer
des Ardennes. (Bruxelles, 1860).
3 pp. pet. in-folio.
384. — Miracles de Xostre Dame de Consolation, en sa Chapelle bastie
par les PP. de la Comp. de Jésus, à Luxembourg. 1640, in-8°.
(Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Monsieur Gaspar-Joseph De Servais, Malines^
(1808), n» 4520).
385. — Miracula et curationes admirandaî quae Maria Consolatrix
Afflictorum in Sacello suo juxta Luxemburgum operari dignita est. Tre-
viris, apud Hubertus Reulandt, 1640.
Par le P. Jacques Brocquardt.
386. — Mise en liberté de M. Thorn.
Dans le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, M novembre 1832, p. 1419.
387. — Mode de remboursement à mesure d'exécution de travaux au
canal du Luxembourg, de deux millions restant du cautionnement fourni
au Gouvernement par la Grande Compagnie du Luxembourg. — Liège,
Typographie de P.-J. Collardin, itnprimeîir de l'université. — 1848.
In-8o, de 1 f. et 42 pp.
388. — Monographie de la Seigneurie de Preisch (Luxembourg, Lor-
raine), son histoire, son château féodal, son ancienne chapelle gothi-
que, etc.; son château moderne, sa nouvelle chapelle, son parc; ses
— 272 -
transformations diverses, etc ; avec la liste chronologique de ses châtelains
depuis 1122; son armoriai particulier, etc. Par Aly-honse Bremond,
Auteur du Nobiliaire Toulousain, de l'Histoire généalogique de la maison
de Beauffort, d'Artois, etc. Metz, Imprimerie de Charles Thomas, rue
Jurne, 1. — 1870.
In-8», de 2 11"., 121 pp. et 1 f.; gravure et blasons.
389. — M. Alphonse Nothomb. (Texte et portrait).
Dans le Journal de Bruxelles. Supplément illustré, 13 août 1893.
390. — M. J. Lejeune, ministre de la Justice. (Texte et portrait).
DiLXï^ L'Illustration Européenne. Bruxelles, 1887-1888, pp. 113-114.
391. — Monsieur Louis, histoire luxembourgeoise, par D. Keiffer.
Arlo7i, 1875, in-12.
392. — M. Nothomb et son système.
Dans Les Furets, par Lefranc. Bruxelles, septembre 1842, pp. 52-.Ô4.
393. — M. Nothomb, ministre d'Etat, Membre de la Chambre des
Représentants (Belgique). (Portrait et texte).
Dans L Illustration Européenne. Bruxelles, 1887-1888, pp. 817-818.
394. — Extrait du Moniteur belge, du 30 avril 1858 (Révocation de J. J.
Mestrieau). — Lettre de M. Victor Tesch, Ministre de la Justice, à
Mestrieau. — Réponse de Mestrieau à M. Tesch. Bru.xelles. — Typ. de
Ch. Valider aiaver a, Montagyie-aux-Herbes-Potagères, 25, (1858),
In-12, de 12 pp.
Jean-.Ioseph Mestrieau était greffier delà Justice de Paix du 2» canton de Bruxelles.
— A Messieurs les Membres de la Chambre des Représentants et du
Sénat. (Par J. J. Mestrieau). Bruxelles. — Imp. et lith. de Ch. Vande-
rauzvera, Montagne-aiix- Herbes- Potager es, 25, (1858).
3 pp. in-4''.
Pétition dirigée contre M. V. Tesch.
— Mestrieau à AL le Procureur du Roi de l'arrondissement de Bru-
xelles. — V-- lettre. — Bruxelles. — 1858.
In-8°, de 16 pp.
— Deuxième pétition de Mestrieati à la Chambre des Représentants. —
Bruxelles. — 1858.
In-8», de 8 pp. — Contre M. V. Tesch.
— 273 —
— M. Victor Tesch n'est pas Belge. — Pétition à la Chambre des
Représentants, par Mestrieau. Bruxelles, typographie de Ch. Vatiderau-
ivera, Montagne-mix-Herbes-Potagères, '25. — 1859.
In-8o, de 13 pp.
395. — >3p Le Montaigu de S'. Thibaud Ermite Prêtre et Religieux
de l'ordre de Camaldule, par Ch. Jamotte, Curé de Marcour, Vice-
Archidiacre et Officiai de Condroz au Luxembourg^ alors évêché de
Liège. — Marche, de l'imprimerie de C. Danlov, Reli.-Lib. — 1843.
In- 18, de 122 pp.
Cet ouvrage renferme des détails historiques sur le comté de Montaigu, le village de
Marcourt, etc. La première édition parut à Liège, en 1669.
396. — Monimient d'Igel, près de Trêves.
Dans le Voyage pittoresque dans le royaume des Pays-Bas. Bruxelles, Jobard, 1825^ in-4°.
397. — Monument de Mansfeldt. Par P. D.
Dans le Mercure belge. Bruxelles, Weissenbruch, 1819, t. Vil, pp. 161-167.
Lettre datée du Grand-Duché de Luxembourg ^ le 20 août 1819.
398. — Monuments de la famille de Laittres, dans l'église de Saint-
Mard, près de Virton, par Eug. de Gerlache. Bruxelles, 1850, gr. in 4°,
titre, texte et 6 planches.
399. — Monuments pour servir à l'histoire des provinces de Xamur, de
Hainaut et de Luxembourg. Bruxelles, 1844-1874, 8 vol. in-4°.
Tomes IV- VI : Le Chevalier au Cygne et Godefroid de Bouillon.
Tome VII : Annales d'Epternach. — Nêcrologe de l'abbaye d'Epternach. Cantatoriuni
Sancti Huberti.
400. — La Mort de Redouté.
Dans le Mémorial de la Littérature et des Beaux-Arts dans les Deux Mondes. Année 1840.
Paris, 1841, in-S", pp. 223-22 i.
Extrait d'un article de J. Janin, publié dans l' Artiste.
401. — Le Mort vivant, légende luxembourgeoise, par Auguste de
Peellaert. A Bruxelles, chez Lelong, libraire, rue des Pierres, s. d.
(Imprimerie de N. J Slingeneyer, rue des Bateaux, à Bruxelles.).
In-18, de 80 pp.
402. — Motif van recht voor Heer Anthonis Baron van Grobbendoncq,
Wesemael, Heer van Durbuy, Hest, etc., Impétrant, teghen Heer Peeter
van Brantwijck, Heer van Blocklandt. Gedaeghde, Gedruckt int iaer ons
Heer en 1635, in-4°.
— 274 —
•iO:>. — Les Mousses de l'Ardenne, par Ch.-H. Delogne et F. Gravet.
Gaiid, Annoot-liraeckman, 1868-1873, 5 fascicules in 4°, avec 250 espèces
en nature.
404. — Mousses, Hépatiques et Lichens des environs de Neufchâteau,
par H. Verheggen.
Dans le Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique, 1871.
405. — Des Moyens de fertiliser les Ardennes, le Condroz, la Campine,
par L. J. Wodon, inspecteur de l'enregistrement et des domaines dans la
province de Liège, auteur du commentaire des lois sur l'enregistrement
et l'un des fondateurs de la Revue belge. — Liège. Imprimerie de
N. Redouté, Rue de la Régence, n" Tl. — 1843.
ln-8», de 25 pp.
40H. — Neue Gerichts und Process-Ordnung fur das Hertzogthum
Lutzemburg und die Graffschafft Chiny. Luxembiirg, Kleber, 1757, in-S".
407. — Neuer Luxemburger Handkalender. . . Luxembourg, Peter
Bruck, 1804-1805, in-32.
« Cet almanach a été commencé en 1764, par le libraire-inipnmeur André Chevalier.
i^a famille Perle succéda à Chevalier. En 1789, Pierre Bruck, directeur de l'imprimerie
de la famille Perle et associé à celle-ci, demanda un octroi pour la continuation de cet
almanach, ainsi que pour l'impression et le débit des almanachs de poche, de campagne
et de cabinet à l'usage du duché de Luxembourg, tant en allemand qu'en français, « en
» considération des pertes qu'il a essuyées du chef de l'impression du plan de l'institut
» des séminaires, des auteurs du Gazzaniga et Bertieri, demeurés impoursuivis et sans
» valeur, à cause des troubles (1). » L'autorisation a été accordée, malgré l'opposition de
la famille Perle qui réclamait la propriété de l'ouvrage. » {Recherches bibliographiques sur
les Almanachs Belges, par A. Warzée. Bruxelles, Heberlé, 1852, p. 145.)
— Neuer Luxemburger hand-Kalender, etc. (Nouveau Calendrier por-
tatif de Luxembourg.) Lnprimerie de Smitz, à Luxembourg (1812.)
ln-18, de 5 feuilles 2 quarts, tiré à 2000 exempl.
(Bibliographie de l' Empire français. Paris, 1813, t. I, p. 223.)
408. — Note sur la statistique mortuaire de la ville d'Arlon, depuis le
1" janvier 1855 jusqu'au 31 octobre 1874. Par Antoine Valerius.
Dans le Journal de médecine, de Bruxelles, mai 1874.
409. — Note sur l'emploi du charbon de terre maigre et sulfureux à
l'amendement du sol et surtout au défrichement de la Campine et des
Ardennes, par P. J. Moreau. Bruxelles, 1847, in-8°.
(1) Archives du Royaume.
— 275 —
410. — Note sur le grès de Luxembourg; par J.-B.-J. D'Omalius-
d'Halloy.
Dans les Bulletins de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de
Belgique, t. XI.
411. — Note sur les ordonnances qui existent dans les archives du
Grand-Duché de Luxembourg, sur la collection des mêmes ordonnances,
en vingt-deux volumes in-folio^ que possède M. de la Fontaine, gouver-
neur du Grand Duché, et sur le projet formé en différents temps de
réunir et de publier les ordonnances de cette province. Par L. P. Gachard.
Dans le Bulletin de la Commission pour la publication des anciennes lois et ordonnances,ï^k&.
412. — Note sur quelques antiquités romaines d'Arlon ; par J. E. Roulez.
Dans les Bulletins de l' Académie de Belgique, t. IX, 1842.
413. — Note sur quelques moyens à employer pour venir en aide à la
classe indigente, particulièrement dans les communes rurales du Luxem-
bourg ; par Gerardi, receveur pensionné à St-Léger, province de
Luxembourg.
Dans Le Moniteur Belge. Bruxelles, 4 mars 1847, n° 63.
414. — Notes d'un écolier en vacances. — Vianden. Par Godefroid
Kurth.
Dans la Rexnie Trimestrielle. Bruxelles, juillet 1865, t. XLVII, pp. 81-134.
415. — Notes sur la question du défrichement des bruyères dans le
Luxembourg. Par M. Zoude.
Dans le Moniteur belge. Bruxelles, 23 février 1847, p. 511.
416. - Nothomb (Portrait de J. B.). Lith. Royale P. Degobert. Publié
par Ch. He7i, à Bruxelles.
De la Galerie des contemporains illustres.
417. — Nothomb, Membre de la Chambre des Représentans, élu par
le District d'Arlon, né à Messancy (prov. de Luxembourg), le 3 juillet
1805.
Portrait par Baugniet. — Lithographie.
418. — Notice bibliographique de M. Michel Glcesener, membre de
l'Académie. Bruxelles, F. Hayez, imprimeur de l'Académie royale de
Belgique. — 1874.
In-18, de 8 pp. — Extrait de la Bibliographie académique , édition de 1874.
— 276 —
419. — Notice bio<;raphique sur Henii-Jean-Néponnicène baron de
Crantz, de Roodt (Grand Duché de Luxembourij). Par J. P.-J. Koltz.
Dans le Bulletin de la Société Royale de Botanique de lieluique. Bruxelles, 1875, t. XIV,
pp. 121-1-27.
420. — Notice biographique sur M. Glœsener, professeur à l'Université
de Liège, avec un aperçu de ses travaux, par Alphonse Le Roy. Extrait du
Compte-rendu des fêtes jubilaires de l'Université de Liège (3 novembre
1867). Liège, imprimerie de J. G. Carmanne, me St-Adalbert, 8. — 1869.
(ir. in-8°, de 24 pp.
42L — Notice de la Lorraine, qui comprend les duchés de Bar et de
Luxembourg, l'électorat de Trêves, et les trois évèchés, l'histoire des
villes de ce pays, des antiquités, etc.) par Dom Aug. Calmet. Lunéville,
George, 1840, 2 vol. in-8°.
422. — Notice historique, descriptive & pittoresque du Château-Fort
de Bouillon, depuis son origine jusqu'à nos jours, augmentée de deux
chapitres pour servir de guide aux touristes, par A. Leroux, Membre
correspondant de l'Institut archéologique de la province de Luxembourg.
— Deuxième édition revue, corrigée et ornée d'un dessin représentant le
fort actuel .
« L'histoire nationale est pour tous les hommes du même pays une
» sorte de propriété commune. C'est une portion du patrimoine moral
» que chaque génération qui disparaît lègue à celle qui la remplace;
» aucune ne doit la transmettre telle qu'elle l'a reçue, mais toutes ont
» pour devoir d'y ajouter quelque chose en certitude et en clarté. »
Augustin Thierry.
— E7i vente chez les libraires de la localité. Sedan, chez M. Ed. Sara-
sin. libraire, place de la Halle. A Bruxelles, Office de publicité, Montagne
de la Cour. A Arlon, chez M. Bourger, libraire imprimeur {Arlon. —
Typ. et lith. J. Bourger.) (1880).
In-12, de 150 pp.
423. — Notice historique et descriptive sur l'abbaye d'Orval, par
G. M. Rolland, à Orval, canton de Florenville. Liège, 1851, in-12.
424. — Notice historique et généalogique sur la famille d'Huart, titrée
comte de Teutwert, baron d'Huart et de Jamoigne, chevalier héréditaire
du Saint Empire, etc. Liixefubour g , imprimerie de V. Buck, Place
d'Armes, 1853.
In-S", de 70 pp. — Par EiiiiiianLul d'Huart.
— 277 —
425. — Notice historique et militaire sur la ville de Montmédy (par
Rago, sous -lieutenant au 66-^ régiment de ligne). Montmédy, Pétré,
libraire-éditeur , 1860.
In-8°, de 154 pp., 1 plan et'2 vues lith.
426. — Notice historique sur la famille de Wiltheim. Par Auguste
Neyen, Docteur en Médecine, en Chirurgie et en Accouchements, de
l'ancienne Faculté de Liège, ancien secrétaire de la Société de Médecine,
et Membre de celle des sciences naturelles de la même ville, correspon-
dant de celle des sciences physiques, chimiques et des Arts industriels et
agricoles de Paris, Membre honoraire de la société royale pour les
Recherches utiles de Trêves, etc. Luxembourg, chez J. P. Kuborn, niar-
ché-aux-herbes, ;i° 264. —1842.
In-40, de 32 pp., fig.
427. — Notice sur Edouard Morhange. Par Eugène Van Bemmel.
Dans la Revue Trimestrielle.
Bruxelles, 1856, t. X, pp. 309-332.
428. — Notice sur J. B. Brasseur, Membre de l'Académie royale des
sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, par J. Liagre. Bru-
xelles, M. Hayez, imprimeur de l'Académie royale. — 1869.
In-18, de 30 pp. — Extrait de \' Annuaire de l'Académie royale de Belgique, 3d<' année,
1869.
429. — Notice sur Joseph-Ernest Buschmann; par Ad. Siret.
Dans V Annuaire de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beau.x-arts de Belgique.
Bruxelles, Hayez, 1870, pp. 165-169.
430. — Notice sur la famille de Harbonnier et la seigneurie de Cobré-
ville, par M. A. Namur, professeur à l'Athénée de Luxembourg, conser-
vateur-secrétaire de la Société pour la recherche et la conservation des
monuments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, membre
correspondant de l'Académie d'Archéologie de Belgique, etc.
Dans les Annales de l' Académie d' Archéologie de Belgique. Anvers, Froment, 1852 ; t. IX,
pp. 164-193.
431. — Notice sur la vie et les travaux du baron Etienne Constantin de
Gerlache. Par J.-J. Thonissen.
Dans V Annuaire de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.
Bruxelles, F. Hayez, 1874, pp. 107-228.
On trouve également une Notice sur M. de Gerlache dans le recueil intitulé : La
Noblesse belge, par Poplimont. Bruxelles, 1851, in-4o.
19
— 278 —
4:>2. -- Notice sur la ville gauloise de Majerou, près de Virton. Par
F. J. F. Marchai.
Dans les liu/li-lins Je l' Académie royale Je Belgique, t. XI, 1844.
•i:>3. — Notice sur le défrichement des bruyères et sur la formation des
colonies agricoles dans les Ardennes, par G. B. J. Raingo. Mons, 1844,
in 8°.
434. — Notice sur le prévôt de Marci, et sur les docteurs Van Rossum
et Vonck. Par P.-F.-X. de Ram.
Dans V Annuaire Je l' AcaJémie royale Je Belgique. Bruxelles, 1845.
435. - - Notice sur les anciennes monnaies des comtes de Flandre, ducs
de Brabant, comtes de Hainaut, comtes de Namur et ducs de Luxem-
bourg, faisant partie de la collection de médailles de l'université de
Gand, par F. Den. Duyts. Garni, 1847, in-8°, avec 48 pi. de monnaies.
436. — Notice sur les archives des anciens états de Luxembourg. Par
M. Gachard.
Dans le Compte- r en Ju Jes séances Je la Commission royale J' histoire, ou recueil Je ses
bulletins. — Deuxième série. — Tome septième. — 11^ bulletin. — Bruxelles, M. Ha3-ez,
1855, in-8-, pp. 418-454.
437. — Notice sur les chartes de la ville de Virton, et sur la coutume
de Beaumont en Argonne, par F. J. F. Marchai.
Dans les Bulletins de l' AcaJémie royale Je Belgique, t. XII, 1845.
438. — Notice sur les Luxembourgeois célèbres, par M.-L.-G. (Mar-
cellin La Garde). Arlo7i, 1851, in-8°.
439. — Notice sur Mathias Schaar, membre de l'Académie, par
Ad. Quetelet.
Dans l'Annuaire Je l' AcaJémie royale Jes sciences, Jes lettres et Jes beaux-arts Je Belgique.
Bruxelles, Hayez, 1868, pp. 115-130.
440. — Notice sur Michel Glœsener, par M. Folie.
IbiJ., 1878, p. 277.
441. — Notice sur M. le baron Km. d'Huart, décédé au château de
Bétange, le 8 janvier 1856, par Namur. Luxembourg, 1856, in-8''.
442. — Notice sur M. Nicolas-Emile Tandel, par G. Lonay, professeur
de philosophie au petit séminaire de S'-Trond.
Dans lu Keinie catholique, novembre 1850.
— 279 —
443. — Notice sur quelques localités de l'ancien duché de Luxembourg;
par D. Marlin.
Dans la Revue belge. Liége^ Jeunehomme frères, 1839, t. XII, p. 299.
444. — Notice sur Remacle Mohy du Rondchamps, poète, historien et
littérateur, et sur deux autres poètes également inconnus. Par De Villen-
fagne d'Ingihoul.
Dans la Revue de Bruxelles. Bruxelles, mars 1839, pp. 84-105.
445. — Notice sur un dépôt de monnaies découvert à Grand-Halleux,
province de Luxembourg, en 1846, par G.-J.-C. Piot, docteur en droit,
employé aux archives générales du royaume, membre de plusieurs
sociétés savantes. Bruxelles, Hayez, 1847, in-4°, fig.
Extrait des Mémoires couro7inês et Mémoires des savants étrangers, publiés par l' Acadéviie
royale des sciences, des lettres et des beau.x-arts de Belgique, t. XXI, 1847.
446. — Notice sur Vianden, par François-Julien Vannerus.
Publiée en français dans le Courrier du Grand-Duché de Lu.ve)iibourg, et en allemand
dans le Wœchter an der Sauer.
447. — Notices biographiques sur les auteurs luxembourgeois, par
J. Neumann, Professeur de langue et de littérature françaises à l'Athénée
de Luxembourg. — Luxembourg, Imprimerie de Pierre Bruck. — 1856.
In -4", de 1 f. et 45 pp.
Voy. la Revue Trimestrielle. Bruxelles, 1857, t. XIV, pp. 401-403.
44S. — Notices sur les anciens Trévirois, suivies de recherches sur les
chemins romains qui ont traversé le pays des Trévirois, par Hertzrodt.
Trêves, 1809, in-8°.
449. -- Nouveau Stile pour l'instruction des procédures et l'administra-
tion de la justice dans le Duché de Luxembourg et Comté de Chiny,
décrété à Luxembourg, le 2 juin 1756. Luxembourg, ICleber, 1756, in-8°.
450. — Nouveau Style pour l'instruction des procédures et l'adminis-
tration de la justice pour le duché de Luxembourg et comté de Chiny.
Litxembourg, A. Chevalier, 1753, in-4".
En français et en allemand.
451 . — Une nouvelle espèce subalpine pour la flore des Ardennes ; par
M. Romain Beaujean, directeur de l'Ecole moyenne de Saint-Hubert
(juillet 1864).
l^àn^le?, Bulletins de la Société royale de Botanique de Belgique. Bruxelles, 1864, t. III,
pp. 22'>-228.
— 280 — .
452. — Nouvelles recherches sur les fossiles des terrains secondaires
de la province de Luxembourg, par F. Chapuis. l'^'" partie. 1858.
In-4°, de 150 pp. et 20 pi. — Extrait des mémoires de l'Académie royale de Belgique,
t. X.\.\I1I.
45o. — Nouvelles tirées de plusieurs lettres de Paris, de Luxembourg,
d'Anvers et de Cambray, où se voit Testât des affaires de France,
d'Allemagne et des Pays-Bas. 5. /., 1636.
Pet, in-i», de 8 pp.
Gazette du temps, très-rare.
454. — Observations botaniques à S'-Léger, en 1849. Par Fr. J. Gerardi.
Dans les Mémoires de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique,
t. XXV, p. 38.
455. — Oilzegt-Klâng, vum Antun Meyer. Liittich, gedriickt bei H.
Dessain, H. Lambertus-Plaiz. 1853.
In-i8, de 108 pp.
456. — Les Oiseaux luxembourgeois, ou histoire naturelle des oiseaux
qui habitent la province, moyen de les prendre, de les élever, la nomen-
clature des .maladies auxquelles ils sont sujets, avec les moyens de
guérison à y opposer. Par J.-M.-E. Mohimont. Ar/o7i, C. A. Bourgeois,
1847, in-8°.
457. — Oraison funèbre de Ch. H. de Bentreradt, XLIP abbé d'Orval.
S. /., 1707, in-8°.
(Catalogue des livres... de J. B. Th. de Jonghe. Bruxelles, 1861, t. Il, 11° 3613).
458. — Oraison funèbre de Dom Menues d'Effleur, Abbé d'Orval, par
Jean Maugré. 1769, in-4°.
(Ersch, France littéraire, t. II, p. 353).
459. — Oraison funèbre de Madame Marie Scholastique Bourquin,
abbesse de Bonnevoie. (Par le P. Anselme d'Esch-sur-la Sûre). Luxem-
bourg, 1752.
In-4°, de 8 pp.
460. — Oraison funèbre de Tres-Noble Madame Françoise de Gourcy,
Abbesse de l'Abbëe (sic) de Fontaine-Marie dite de Tifferdange, Ordre
de Cîteaux, Filiation de Clervaux, Pa3'& de Luxembourg, prononcé en
l'Eglise de la dite Abbaye le 28 janvier 1744. Parle R. P. Hilaire Bor-
— 281 —
thon, Chanoine Régulier, Professeur en Théologie à l'Abbaïe (sic) Royale
de Saint-Pierremont. — A Luxembourg, Chez André Chevalier, Impri-
meur de Sa Maj. Imp. & Cath. & Marchand Libraire. S. d.
In-4°, de 15 pp.
461. — Orchimont et la maison Equestre, Dynastique et Comtale du
nom à Orchimont même (Ursimons), à Bièvre (Bivera), enfin à Stockholm,
en Suède. Mémoire statistique, historique et généalogique, par le Docteur
Auguste Xeyen. — Liège, Léon de Thier, 1877.
In-8°, de 145 pp.
462. — Ordinantie Kai. Ma. omte vueren aile manieren van victalie
ende prouande te watere tôt Couelens, en te lande tôt Lutzenborch, om
van daer voirts inden léger zyner Ma. gesleten te worden, etc. Gheprint
i?ide Keyserlvcke Rycx-Stadt Nymeghen, bv Peter Van Elzen (1552).
Pet. in-S" goth., de 4 tt.; marque typographique au bas de la souscription.
463. — Ordonnance de Sa Majesté Impériale et Catholique, qui défend
la distilation des Eaux-de-Vie de Grain dans l'étendue de la Province de
Luxembourg & Comté de Chiny, etc. Du 16 Décembre 1733. A Luxem-
bourg, chez l'héritière d' A ndré Chevalier, vivant Imprimeur de Sa Majesté
l'Impératrice- Reine (1733).
Pet. in-4°, de 8 pp. ; armoiries sur le titre.
464. — Ordonnance et placard du Roy sur le fait du droit de Thonlieu,
appelé communément le droit de haut conduit qui se levé au pays et
duché de Luxembourg et Comte de Chiny. A Luxembourg, chez André
Chevalier, imprimeur et Marchand Libraire, 1698, in-4°.
465. — Ordonnance et Règlement de Sa Majesté Impériale et Catho-
lique. Sur le fait de la Chasse & de la Pèche dans le Duché de Luxem-
bourg & Comté de Chiny. Du 10 Juin 1732. A Luxembourg, chez André
Chevalier Imprimeur de Sa Majesté Imp. & Cath. <k Marchand Libraire
(1732).
Pet. in-4", de 17 pp. ; armoiries sur le titre.
466. — Ordonnance et Règlement provisionel du Roy nôtre Sire, sur
le fait du Ject et Collecte de l'Ayde accordée à Sa Majesté par les Trois
Etats du Pays de Luxembourg. A Luxembourg, chez André Chevalier,
Imprimeur & Marchand Libraire. — M.DC.XCVIII.
Pet. in-4°, de 17 pp. ; armoiries sur le titre.
Cette ordonnance est datée de Bruxelles, le vingt-huitième jour d'Août, l'an de grâce
mil SIX cens vingt-quatre.
~ 282 —
i67. — Deux Ordonnances de Sa Majesté etc. L'une qui défend aux Su-
jets de Sadite Majesté de s'enrôler dans les Troupes des Puissances étran
stères ; & enjoint de tenir la main à ce que leurs Emissaires ne viennent
dans les Provinces des Pays-Bas les y enrôler, du 31. Juillet 1738. L'autre
pour prévenir la désertion dans les Troupes de Sa Majesté, en observant
exactement & ponctuellement ce qui est porté, du 1. Août de la même
année. Snr la Copie unprijuée à Bruxelles. A Lîixembourg, chez André
Chevalier, Imprimeur de Sa Majesté, ô- Marchand Libraire (1742).
Pet. in-4o, de 14 pp. ; armoiries sur le titre.
468. — Ordonnances de Sa Majesté l'Imperatrice-Reine^ concernant les
Patrouilles, les Vagabonds, les Gens sans aveu, & pour prévenir la Déser-
tion de ses Troupes. Du 1'^ Août 1738 & 3«' Décembre 1749. A Luxem-
bourg, chez l'Héritière d'Afidré Chevalier, vivant Imprimeur de Sa
Majesté l' Lnpératrice-Reine (1751).
Pet. in-4"', de 13 pp. ; armoiries sur le titre.
469. — De l'Origine et du but véritable de la Procession dansante
d'Echternach, dans le grand-duché de Luxembourg. Simple note histo-
rique suivie de pièces probantes concernant cette cérémonie. Par le
Docteur Auguste Neyen. — Liège, Léon de Tliier, 1880.
Gr. in-S", de 77 pp.
470. — Ouvrage dédié aux Luxembourgeois. — Les Ardennes belges
au point de-vue militaire et agricole ; projet de création d'çtablissements
civils et militaires dans le Luxembourg et richesse minérale de cette
contrée, par Emile Reuter. — Bruxelles, C. Muquardt et C'% librairie de
la Cour, Place Royale. — 1874. (Bruxelles. — Imp. de J. H. Dehou,
Grande Ile, 6.)
In-8o, de 114 pp. et i f.
471. — Snellaert (F. A.) — Een Paer dagen in Luik en in de Arden-
nen. Gent, Bauivens, 1851.
In-8°, de 15 pp.
472. — Le Pas-d'armes de Villers-sur-Lesse (par Lacoste). Bruxelles,
Société typographique belge, Ad. Wahlen et Compag7iie. — MDCCCXL.
In-8o, de 2 ff. et 284 pp.
473. — Li Péchon d'avril, ou Vos l'auros, vos n' l'auros nin, comédée
es cinq acques, kimincée li premi d'avril, kwand on z''a ridmandet les
sodarts. Par A.-J. Alexandre. Accessit. — Médaille en vermeil. (Patois
de Marche-en-Famenne.) (Liège, 1858).
In-S», de 78 pp.
— 283 —
474. — Philosophice moralis prima lineamenta ad iisiim Athenaei
Luxemburgensis. Luxeînbîirgi, J. Lamort, 1819, in-8°.
Par V. Trausch.
475. — Pierre Ernest, Comte de Mansfeld, Gouverneur de Luxembourg.
Ph. J. Mailla rt Seul p.
Portrait.
476. — Pierre Ernest, Comte de Mansfeld, Gouverneur du Luxem-
bourg, etc.
Ce portrait se trouve dans l'Histoire de la Gverre de Flandre, escrite e?t latin par
Famianvs Strada, de la Compagnie de lesvs. Première décade. Mise en François par P. Dv-
Rier. Seconde partie de la première décade. Roven et Paris, Thomas lolly, M.DC.LXIV,
in-12, p. 181.
477. — P. J. Redouté. Par Jules Janin.
Dans le Journal de Bruges et de la province. Bruges Imprimerie de P.-C. Popp, Quai
au Miroir, n" 54, 26 juin 1840, n" 177.
478. — Pierre-Joseph Redouté; par R. de M.
Dans La Renaissance, chronique des arts et de la littérature. Bruxelles, 1851, t. XIII, p. 105.
470. — Amherd (Aloysius). — Die Pilgêrfahrt zu Maria der Trôsterin
der Betrùbten. Luxemburg, 1856, in-16.
480. — Plan de Luxembourg. A Paris, chez Jean, rue St-Jean de
Beauvais, X" \0. S. D.
In-folio piano.
481. — Plan figuratif du massif schisteux des Ardennes. Lith. de
Burggraaff, Bruxelles.
Dans les Bulletins de l' Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 1836, t. III.
Ce plan accompagne un Rapport de M. A H. Dumont, sur l'état des travaux de la carte
géologique de la Belgique.
482. — Le poète Ardennais. — La Source d'Ardenne. — L'Ardenne.
— La Veillée de la Saint- Valentin, légende luxembourgeoise. — Josine
de Florange. Légende des Ardennes. — La Montagne. — La Chapelle
dans la forêt.
Dans les Poésies et chajisotis nouvelles, par Auguste Daufresne de la Chevalerie. Mons,
Masquillier et Lamir, s. d., in-18, pp. 7-10, 81-82, 97-99, 110-113, 192-193, 213-214, 263-264.
483. — Pratique de la dévotion en faveur des fidèles visitant le sépulcre
ou monument érigé près de Marche en Famenne. Liège, 1678.
Ce livre est attribué à Philippe Scouville.
— 284 —
— Pratique de dévotion en faveur des fidèles visitant le sépulcre ou
monument érigé près de Marche en Famenne ; précédée d'une notice sur
rorigine de cet établissement et les miracles qui y ont lieu. Avec permis-
sion des supérieurs. S. l.
In-18, de 56 pp.
484. — Précis chronologique de l'histoire de la ville et du Grand-Duché
de Luxembourg. Luxembourg, Bruck, 1828, in-18.
485. — Précis historique et chronologique du pays de Luxembourg,
suivi d'une notice des principales villes du département des Forêts, par
M. F. H. Christiani. A Luxembourg, chez C. Lamort, hnp. de la Préfec-
ture. An XlII-Xm), in-12. i -, - ,; ,
486. _ Précis historique sur la vie de mademoiselle Théroigne de
Méricourt. (S. l.) 1790.
In-80, de 16 pp.
487. — Précis historiques sur Chiny et les comtes de ce nom, par
J. B. Goffinet-Salle. Gand. Imprimerie et Lithographie Van Melle, 1883.
In-8°, de 96 pp.
488. — Des Prisonniers de Namur. (La bande dite de Tornaco).
Dans le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, 2 septembre 1832, p. 1079.
Lettre datée à^ Arlon, le 25 août 1832.
489. — La Procession dansante, ou le Pèlerinage au tombeau de
St Willibrord, à Echternach. — Petit manuel à l'usage des pèlerins, par
l'abbé J. Bern. Krier, Professeur au Progymnase d'Echternach. —
Luxembourg. Imprimerie de Pierre Bruck. 1870.
In-12, de 79 pp., plus 1 p. non chitïiée pour la Table des matières. — Avec une gravure.
490. — La Procession dansante d'Echternach. Par G. L. (Gustave
Lemaire).
Dans L'Etoile belge. Bruxelles, 18 et 19 mai 1875
491. — La Procession sautante (à Echternach).
Dans Les Fêtes légendaires, par Amédêe de Ponthieu. Paris, E. Maillet, 1866, in-12, p. 177.
493. — Proclamation de M. Thorn. (Arlon, 30 novembre 1832.)
Dans le Mémorial belge. Bruxelles, H. Remy, 5 décembre 1832, p. 1459.
494. — Programme de l'Athénée de Luxembourg, publié à la clôture
de l'année scolaire 1837-1838. Luxembourg, in-4".
— 285 —
1838-1839. Luxembourg, in-4^
495. — Projet de distribution d'eau de l'Ourthe, dans les villes de
Bruxelles, Xamur, Charleroi, Malines, Lierre, Anvers, Alost, Gand,
Bruges, Ostende et Blankenberghe, par Edouard Dusart, capitaine en
premier du génie, commandant les pompiers de la ville de Bruxelles.
Bruxelles, 1872, in-4°
496. — Promenades d'un antiquaire dans les Ardennes ; par Eugène
Gens.
Dans les Annales de /' Académie d'Archéologie de Belgique. Anvers, Froment, 1852,
t. IX, p. 113.
497. — La Prophétie d'Orval, Paris, Maillet, 1840, 9 pp.
« Les uns, quoique sans preuve, datent cette prophétie de l'an 1344 et l'attribuent au
frère Abraham, religieux de l'abbaye d'Orval, d'oii l'on inférera qu'on en a rajeuni le
style qui, au surplus, trahit par une maladroite affectation d'archaïsme, une main inex-
périmentée ; d'autres invoquent des témoignages respectables et la mettant aussi sur le
compte d'un solitaire d'Orval, qu'on ne nomme pas, se contentent de dire qu'elle a été
imprimée à Luxembourg, en 1544^ époque où l'on n'imprimait pas dans cette ville ; aussi
s'est-on bien gardé de montrer le livre qui, au surplus, pourrait, à toute force, avoir été
imprimé ailleurs, mais avec l'indication de Luxembourg, ainsi que la chose est arrivée
plus d'une fois(l). »
— La Prophétie d'Orval d'après les copies prises sur le texte original
dans l'Abbaye d'Orval & à Luxembourg, avec les concordances histori-
ques et les événements à accomplir en 1883, 1893, 1908 et 1911, par un
converti .
« Ne méprisez pas les prophéties.
« Eprouvez tout ; retenez ce qui est bon. »
!''« Epître de S. Paul aux Thess.,
Ch. V, vers. 20 et 21.
Prix : fr. 0.50. — Bruxelles. Imprimerie de l'Office de Publicité Catho-
lique, Vè, coin des rues du Midi et du Lombard, 13. 187 L
In-16, de VIII et 24 pp.
— Prophéties dites d'Olivarius & d'Orval, interprétées par leur auteur
Nostradamus « le grand Prophète. » - Recherches & commentaire, par
H. Torné-Chavigny, curé de Saint-Denis-du-Pin (ancien curé de la
Glotte.) — Prix : 1 fr. 50 c. — Angoulême, veuve Girard, imprimeur-
éditeur, rue Tison d' Ar gence , 1872. — Tous droits réservés.
In-80, de 96 pp.
(1) Le Bibliophile belge, 1848, t. V, p. 92.
— 286 —
Outre le titre ci-dessus, la CDUverture porte :
<.< L'arbre qu'estoit par longtemps mort scchc, dans une nuict viendra à reverdir. —
Voir 111. 90-100. Nostradamus.
Le ciel même peut-il réparer les ruines
De cet arbre séché jusque dans ses racines ?...
Si du sang de nos rois une goutte échappée !
yoas, Athalic (Racine).
En vente chez le commentateur, à Saint-Denis-du-Pin. »
La Prophétie d'Orvals. été insérée dans différents ouvrages dont voici les titres :
— Journal des Villes et des Campagnes, 20 juin 18.39.
— Le Propagateur de la foi, t. IV, p. 332 ; t. V, p. 137.
— Tablettes du chrétien, p. 489.
— L'Invariable, de Fribourg, rédigé par M. le Comte O' Mahoni, t. XIII, 1839.
— L' Oracle pour 1840 et les années suivantes, ou recueil de prophéties anciennes et moder-
nes, concernant le passé, le présent et l'avenir, et annonçant particulièrement les destinées de la
France, de l'Europe et de l'Orient, avec les preuves de leur authenticité , et des explications
tirées de l'histoire. Seconde édition perfectionnée et augmentée d'un supplément, par Henri
Dujardin, Paris, Camus, 1840, in-12.
— Des Prédictions modernes, et en particulier de la Prophétie dite d' Orval, par M. R^^^^;
et Lettre d'un Chanoijie (M. Remusat) à un de ses amis sur la proximité de lafi?i du inonde. —
Des Prophéties attribuées à S. Malachie, avec le Texte Latin, la Traduction Française, et des
Remarques critiques, par le P. Menestrier. — Sur les Avefittires de Martin de Gallardon,
suivi de la Prophétie Turgotine ; par l'Abbé Wurtz. — Examen critique du magnétisme ani-
mal, par l' Abbé Wurtz. — De la Baguette divinatoire, par le P. MeJiestrier . — Instruction
sur la manière d'exorciser ceu.v qui sont possédés du Démon : tirée du Rituel Romain, et trad.
par de Peyronnet. — Avignon, chez Seguin aîné, imprimeur-libraire. MDCCCXXXX,
in-12, pp. 14-18.
— Prophétie authentique arrii'ée d'Amérique, et suivie de celle qui a été trouvée dans l'an-
ciejiJie abbave d' Orval. Paris, Dentu, 1840, in-8".
— Nostradamus, par Eug. Bareste. Paris, Maillet, 1840, in-12, portrait.
— 2" édition. Ibid., 1840. in-8°, portrait.
— Tf' édition. Ibid., 1840, in-12.
— Prophéties. La fin des temps, avec une notice par Eug. Bareste. Paris, Savigni, 1840,
in-lS.
— 2" édition. Ibid., 1840, in-18.
— 3^ édition. Ibid., 1840, in-18.
— 4^ édition. Ibid., 1S40, in-18.
— £^ édition. Ibid., 1842, in-18, pp. 43-55.
— Prophéties. La fin des teDifs, avec une nolice par Eugène Bareste. D'après la si.vième
édition française. Des oracles redoutables annoncent d^ ailleurs que les temps sont arrivés, (jf. de
Maistre, Soirées de S. Petersbojtrg). Bruxelles, J.-B.-J. De Mortier, éditeur. Rue Léopold,
84, faubourg de Namur. — 1848, in-i8, pp. 55-(j8.
— Le Bibliophile belge. — Tome V. — Bruxelles, Librairie ancienne et moderne, rue
des (barrières, n° 30. — 1848, in-8°, pp. 92-95. (De quelques ouvrages contenant des prédic
tions et, en particulier, de la prophétie d' Orval. Par M. de Reiffenberg.)
— 287 —
— La Fin des temps confirmée par des prophéties authentiques nouTellenient recueillies par
y. Collin de Plancy. Des oracles redoutables annoncent d'ailleurs que les temps sont arrivés
y. de Maistre, Soirées de S^-Pêtersbourg. Paris, Henri Pion, imprimeur-éditeur. Rue
Garancière, 10. — 1871, in-18, figures, pp. 83-89.
Voy. aussi la brochure intitulée :
Au il février le grand événement ! Prouvé par le commentaire de la Prophétie d'Orval. Par
F. Parisot. Paris, 1874.
On trouve un article sur cette brochure dans La Chronique, Gazette quotidienne. Bru-
xelles, 31 janvier 1874.
Citons encore un long article publié dans le Supplément du journal le Soir (Bruxelles),
du 12 août 1894, sous le titre de : La prophétie d'Orval.
498. — Propositions de M. Laurent concernant la publication d'un
nouveau Supplément aux Coutumes du Luxembourg.
Dans les Procès-verbau.x des séances de la Commissioti royale pour la publication des aricien-
nés lois et ordotuianccs de la Belgique. Bruxelles, 1883, t. VI, pp. 364-365.
499. — Province de Luxembourg.
Dans La Belgique pittoresque. Histoire. — Géographie. — Topographie. — Histoire natu-
relle. — Mœurs. — Coutumes. — Industrie. — Commerce. — Beaux-arts. — Biographies. —
Statistiques. — Ouvrage orné de trente-deux vues et monumefis, vigjiettes et gravures, d'une
carte générale de la Belgique et des cartes des neuf provinces. — Prix : i'b francs. — A Bruxel-
les, au bureau central d'abonnements, rue des Fripiers, n° 34. Et à la librairie moderne,
Montagne de la Cour, n° 2. — 1834. (Imprimerie de C.-J. de Mat.), in-4'', pp. 422-432.
500. — La Province de Luxembourg. Description géographique, histo-
rique, statistique et archéologique, par C.-J. Mathieu, professeur d'his-
toire, et Alexis M. G., professeur de géographie. Namur, Wesmael-
Charlier, 1880.
In-12, de 224 pp.
50L — La Province de Luxembourg. — Voyage à travers champs, par
E. van Bemmel et F. Gravrand. — Bruxelles, chez les principaux
libraires. Imprimerie de J. Stienon. — 1849.
In-12, de 230 pp. et 1 f.
N° 3 des Publications de la Société des gens de lettres belges.
502. — Publication de fac-similé en terre cuite d'une collection de
sceaux luxembourgeois.
Dans Le Bibliophile belge. Bruxelles, 1848, t. V, pp. 31-33.
503. — Publications de la Société pour la recherche et la conservation
des monuments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, cons-
tituée sous le patronage de Sa Majesté le roi Grand-Duc, par arrêté daté
de Walferdange, du 2 septembre 1845. Luxembourg, Lamort (puis F.
Buck, imprimeur -Libraire), 1846-1889... 39 vol.in-4° et in-S", grav.
._. 288 —
504. — D. Keiffer. - Le Quatuor de Vianden. — Arlori, imprimerie et
lithographie J. Bourger. — 1866.
In- 18", de XI et 173 pp.
505. — Race ardennaise (Chevaux de).
Dans Patria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe et C'«, 1873, t. I, pp. 537-538.
(Eiîve du bétail et animaux domestiques, par M. J. Leyder).
506. — Rapport adressé à M. le Gouverneur de la province de Luxem-
bourg, par H. Noblom, délégué auprès du Gouvernement du Grand-
Duché, pour le partage et la remise des archives. — Arlon. — Impri^nerie
de J. Laurent. 1847.
In-4°, de 86 pp.
507. — Rapport de la Députation permanente du Conseil provincial à
M. le Ministre de l'Intérieur, sur le défrichement des bruyères et terres
vagues dans la province de Luxembourg. Arlon, 1844, in-4°.
508. — Rapport fait à la Chambre des Représentants, par le Ministre
d'Etat, ayant ad intérim le Département des Affaires étrangères, dans la
séance du 19 février 1834, sur la situation politique du grand-duché de
Luxembourg, suivi de pièces diverses, d'un plan lithographie, et d'un
appendice contenant les adresses des deux Chambres et les réponses du
Roi. Bruxelles, chez Rémi, imprimeur, 1834, in-1'2.
509. —- Rapport présenté aux actionnaires de la Compagnie du Grand
Luxembourg. — Bureaux de la Compagnie, n° 1, Royal Exchange Buil-
dings. (Au verso du faux titre :) Imprimerie d'Ad. Wahlen et Compagnie
(à Bruxelles).
In-8«, de 47 pp.
510. — Rapport sur des recherches et des expériences faites dans le
but d'amender, au moyen de la chaux, une partie du sol de l'Ardenne,
par G. Lambert. Bruxelles, 1847, in-8°.
51 L — Recherches sur l'introduction de l'imprimerie dans quelques
villes de la Belgique. Par Alex. Pinchart.
Dans Le Bibliophile belge. Bruxelles, A. Vandale, 184(3, t. \\l. (Luxembourg, pp 310-312) -
512. — Recherches sur l'origine de la dénomination de Couper s, donnée
aux habitants d'une partie des Ardennes. Par Pierre-Joseph Duhaivurlin.
Paris, Bailleul, 18...
Tiré à 50 exemplaires.
— 289 —
513, — Rapport sur la situation administrative et industrielle de
l'arrondissement d'Arlon-Virton, par Emile Tandel. Arlon, Poncin, 1879.
In- , de 92 pp.
— Ibid., 1880.
In- , de 181 pp.
— Ibid., 1881.
In- , de 103 pp.
— Ibid., 1882.
In- , de 106 pp.
— Arlon, imprimerie jF. Bourger, 1883.
In- , de 178 pp.
— Rapport sur la situation administrative de l'arrondissement d'Arlon-
Virton, par Em. Tandel. Années 1883, 1884 et 1885. Arlon, J. Bourger,
1886.
51 pages.
— 1886. Ibid., 1887.
83 pages.
— 1887. Ibid., 1888.
46 pages.
— 1888. Ibid., 1889.
29 pages.
— 1889. Ibid., 1890.
19 pages.
— 1890. Ibid., 1891.
19 pages.
— 1891. Ibid., 1891.
98 pages.
— 1892. Arlon, V. Poncin, 1893
48 pages.
— 1893. Ibid., 1894.
83 pages.
514. — Rapport sur la situation commerciale et industrielle du Luxem-
bourg, adressé à M. le Ministre de l'Intérieur par la Députation provin-,
ciale. Arlon, iml>rimerie de C.-A. Bourgeois. — 1836.
In-8o, de 133 pp. et 1 f.
— 290 —
515. — Rapport sur les fouilles de Majeroux, par J. E. G. Roulez.
Dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. X, 1843.
516. — Rapport sur les inscriptions votives et les statuettes trouvées à
Geromont, près de Gérouville (Luxembourg belge), et sur les tombes
gallo-franques de Wecker, découvertes en 1848, par A. Namur, conser-
vateur-secrétaire de la Société archéologique de Luxembourg. Luxem-
bourg, in-4°.
517. — Rapport sur les mémoires qui ont concouru à la question relative
à la constitution géologique du grand-duché de Luxembourg, par
MM. d'Omalius et Cauchy..
Dans les Mémoires couronnés par l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles,
t. VII, 1828.
518. — Rapport sur un Mémoire relatif aux fossiles des ten'ains juras-
siques de la province de Luxembourg, par A. -H. Dumont.
Dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. X\'III, 1851.
519. — Récits de l'Ardenne. — Aubinette, ou l'Orpheline de Durbuy,
par le major Auguste Daufresne de la Chevalerie. — Quels que soient le
temps et le règne, aimons avec une piété filiale toutes les gloires de la
patrie (Général Petiet). Bj-uxelles, F. Hayez, imprimeur de l'Académie
royale. — ISll.
In-8°, de 4 ff. et 160 pp.
On lit au recto du 3® f. liminaire : Hommage respectueux li l'illustre famille d'Ursel dont
le 7'énérable aïeul descendant des co-mtes de Groobendoncq a été le dernier seigneur de Durbuy.
L'auteur dit, dans la préface :
« Aubinette ou l'orpheline de Durbicy, à laquelle, nous osons l'espérer, le lecteur voudra
bien s'intéresser, nous a fourni l'occasion de recueillir nos souvenirs, nos impressions au
sujet du beau pavs de l'Ardenne et de mettre en lumière certains faits de son histoire si
intéressante. »
520. — Recueil d'Edits, Ordonnances, Déclarations et Reglemens,
concernant; le Duché de Luxembourg & Comté de Chiny; A Luxem-
bourg, chés André Chevalier, Lmprimeur & Libraire ordinaire du Rov.
— M.DC.XCL
Pet. in-40, de 2 ff., 459 pp. et 4 ff.; armoiries sur le titre.
52L — Recueil d'édits, ordonnances, reglemens et déclarations décré-
tés dans les ci-devant Pays, Duché de Luxembourg et Comté de Chiny,
en matière de Bois et Forêts, publié par F. X. Wùrth-Paquet, substitut
du procureur du Roi Grand-Duc, à Luxembourg. — Primum nobis stu-
— 291 —
dium fuit a sacratissimis rétro principibus initium siimero et eonim con-
stitutiones viae dilucidae tradere. I. I. Cod. T. 17. L. I. — Prix :
1 fl. 75 cents. — Luxembourg, chez la V'' Hoffman, Libraire, 1835.
(A Luxembourg de L'imprimerie de Schmit-Bruck.)
In-8o, de VIII et 201 pp.
522. — Recueil d'ordonnances, placards, édits, etc., émanés pour le
pays, duché de Luxembourg et comté de Chiny, de 1531-1784. 3 vol.
in-fol.
« Recueil unique de documents manuscrits et imprimés, formé par M. J. B. Waeken,
avocat au Conseil de Luxembourg, plus tard président de Chambre à la Cour de Liège
jusqu'en 1830. Les tables sont rédigées et écrites par le même jurisconsulte. » (Catalogue
des livres... de J. B. Th. de Jonghe. Bruxelles, 1860, t. I, n° 518.)
523. — Recueil de la noblesse de Bourgogne, Limbourg, Luxembourg,
Gueldres^ Flandres, etc., etc.^ par J. Le Roux. Bruxelles, t'Serstevens,
s. d., in-4°.
— Recueil de la noblesse de Bourgogne, Limbourg, Luxembourg,
Gueldres, Flandres, Artois, Ha3mau..., et autres provinces de S. M., re-
présentant les titrés, noblesse^ etc., de 1424 jusqu'en 1714, par J. Le
Roux, Roy d'armes. A Lille, 1715, in-4°.
— Recueil de la Noblesse de Bourgogne, Limbourg, Luxembourg,
Gueldres, Flandres, Artois, Haynau, Namur, etc., représentant les noms
et surnoms des Titrés et Lettres-patentes de Chevalerie de 1424 à l'an
1714..., par J. Le Roux, Roi d'Armes de Flandre... à Douay, Derbaix,
1784, in-4°.
524. — Recueil de quelques guérisons miraculeuses et autres faveurs
octroyées par Notre Seigneur Jésus-Christ en son monument situé près
de Marche en Famenne. Liège, H. Hoyoux, 1678.
In-18, de 67 pp., avec une planche. — Attribué à Philippe Scouville.
525. — Recueil des Bulletins de la Commission royale d'histoire de
Belgique. Bru.xelles, M. Hayez, 1834-1850, 16 vol. in-8» (l-^^ série).
Outre un grand nombre de notes et d'indications relatives au Luxembourg (1), on a
inséré entièrement dans ce recueil, en ce qui concerne le même pays, quelques docu-
ments dont voici la liste :
— 1289, dominica qua cantatur jubilate. Charte de Wallerand, comte de Juliers. — Quit-
tance pour le comte de Luxembourg. (T. XVI, p. 66.)
— 1294, le vendredi après la S'-Laurent. Compromi'i d'Henri, comte de Lu.xemhourg et
d'Henri, comte de Bar. (T. XVI, p. 'o'^.)
(1) Voy. la Table générale, publiée en 1852.
— 292 —
— KiôS, post festuin anmintialionis beatae Virginis III feria. Ouittancc de certaines
lettres, dimnéc par Weticeslas, duc de Luxembourg et de Brabant. (T. V, p. 8ô.)
— l()3(), 2(3 martii. Lettre-circulaire tozichant la mort du père Cuil. Wiltheim. (T. VIII,
p. 328.)
— 1640, 11 janvier. Réponse du cardinal-infant aux états- du Luxembourg. (T. XIII,
p. 473.)
— 1640. Représentation des états du Luxembourg au cardinal-infant. (T. XIII, p. 468.)
— 1640, 29 septembre. Nouvelle remontrance des états du Luxembourg au cardinal-infant.
(T. XIII, p. 474.)
— Extrait du nécrologe de l'abbaye d'Epternach. (T. VII, p. 239.)
— Fragmentum Epternacense. (T. VII, p. 259.)
526. — Rede gehalten bei der Errichtung des Denkmahles fur Theodor
Lenz, auf dem Leichenhofe Robermont zu Lùttich, am 17 july 1824, von
Cari Eyschen, stiident auf der dortigen Universitaet. Gedruckt auf das
Begehren der Zuhœrer zum Besten eines dùrftigen Schùlers des
Athenœum zu Luxemburg. Luxemhurg, Lamort, 1824, in-8".
527. — Redouté (Pierre- Joseph).
Dans le Mémorial de la Littérature et des Beaux-Arts dans les Deux-Mondes. Année 1840.
Paris, 1841, in-8«, pp. 243-244.
528. — Réflexions d'un Patriote à deux de ses Amis, au Séminaire filial
à Luxembourg. En date du 22 juin 1787. - M.D.CC.LXXXVII.
Pet. in-8°, de 8 pp.
529. — Réflexions sur le libelle intitulé : Avis aux RR. PP. Jésuites
sur leur procession de Luxembourg .. Par un avocat de Luxembourg.
1686, in-12.
Voici ce que Baj'îe dit de cet ouvrage dans ses Nouvelles de la République des Lettres.
(Amsterdam, Henry Desbordes, mai 1686, pp. 592-593.) :
« On a parlé amplement de cet Avis dans les dernières Nouvelles d'Octobre, & on ne
s'étendroit pas moins sur la Réponse de cet Avocat, si on y trouvoit de la matière, mais
on ne sçait sur quoi donner fond. Cela diminue l'étonnement où l'on a été de voir que
l'Avocat d'une cause si favorisée n'ose ni dire son nom, ni marquer le lieu oîi il a fait
imprimer son livre. Il nous assure que les Jésuites n'ont pas seulement songé à répondre ;
il devoit suivre leur exemple, «& craindre le bon mot d'un Sicilien (1), quaso inquit,
Prœtor, adversario ineo da istum patronum, deinde mihi nemineDi. De grâce donnez cet
Avocat à mes parties, ^ puis ne m'en dominez aucun. Il attribue aux Jansénistes l'Avis qu'il
entreprend de réfuter, & il les menace d'une terrible Bombarderie quand le temps en sera
venu; Les Bombardiers, ajoûte-t-il, pourraient bien se ressouvenir que vous les avez insultez
dans votre libelle. Tout ce qu'on vient de dire n'empêche pas qu'on ne croie que cet
Ouvrage doit être lu. »
(1) Cicer. de Orat. 1. 2
— 293 —
530. — Réfutation des critiques adressées au projet de dérivation de
rOurthe, par Edouard Dusart, Capitaine en premier du Génie, comman-
dant des pompiers de la ville de Bruxelles. — Bruxelles. Br?ivla?it-
Christophe et Compagnie^ libraires-éditeurs, 33^ rue Blaes, 1873.
In-8o, de 1 f. et 71 pp.
531. — Regelbùchelcher vum Lezeburger orthoegraf, en ures al prov,
d^Fraechen aus dem ha, a versen vum A. Me3'er. Liège, H. Dessain, 1854.
In-18, de 34 pp.
532. — Région ardennaise. — Région jurassique.
Dans Piitria Belgica. Bruxelles, Bruyiant-Christophe et C'^ 1873, t. I, pp. 454-457.
(Géographie botanique, par M. François Crépin.)
533. — Région ardennaise. — Région luxembourgeoise ou jurassique.
Ibid., pp. 495-497 (Géographie agricole, par M. C. ^lalaise).
534. — Règlement de la maison pénitentiaire des jeunes délinquants à
Saint-Hubert.
Dans Le Moniteur belge. Bruxelles, 31 août 1847, pp. 2350-2359.
535. — Règlement gênerai pour la conduite de tous les Receveurs^
Controlleurs, Commis & Gardes des Droits d'Entrée, Sortie, Transit &
autres de Sa Majesté Impériale & Catholique dans les Pays-Bas. Du 15.
Février 1738. Sur ï Impritné à Bruxelles. A Luxembourg, chez l'Héritière
d'André Chevalier, vivant Imprimeur de Sa Majesté l' Impératrice-Reine.
Pet. in-4°, de 29 pp. ; armoiries sur le titre.
Pages 24-29 : Liste des Bureaux des Droits de Sa Majesté Impériale et Catholique au
Pays-Bas.
Départetiient du Bureau principal de Luxembourg. — Département du bureau principal
de Marche. — Département du Bureau principal de 5'. Vith.
536. — Règlement pour la Maréchaussée de la province de Luxem-
bourg. Du 9 Novembre 1736. A Luxembourg, chez André Chevalier,
Imprimeur de Sa Maj. Imp. & Catholique, & Marchand Libraire. 1736.
Pet. in-4f, de 15 pp. ; armoiries sur le titre.
537. — Règlement pour la ville d'Arlon. Luxembourg (il6i), pet. in 8°.
20
— 294 —
5:W. — Règlement provisoire de l'ordre d'Orval et Chiny. Arlon,
Imprimerie de C-A. Bourgeois (1861).
ln-4", de 71) pp.
Par M. N. lierger, président du tribunal de première insttuice d' Arlon, commissaire naminê
pour procéder à la distribution par voie d'ordre, entre les créanciers inscrits, du prix de la
forêt de Chiny, divisions dites Phays de Moyen et Phays de jlleussin, de la for,' t et du domaine
d'Orval, saisis à la requête de la dame Pauline-Marie Devos....
5;)9. — Règlement sm- l'organisation des gardes-champètres, avec
commentaires ou code rm-al à l'usage des gardes champêtres de la
province de Luxembourg (par M. G. F. Prat). Arlon, imprimerie de
P.-A. BritcÂ. — iS3i).
In-12, de XII et 269 pp
540. — Reis door het koningrijk der Nederlanden en het groot hertog-
dom Luxemburg, door A. B. van Meerten-Schilperoort. Amsterdam,
1828, 5 vol. in-8°.
541. — Relation de la Trahison tramée contre la ville de Luxembourg
en 1720. La Haye 1742, pet. in 12.
(Catalogue des livres, estampes, etc. de Monsieur V. S. Anvers, J. Grange (1773), n° 18(33.)
542. — Relation fidèle de ce qui s'est passé dans la province de
Luxembourg, entre les patriotes et les impériaux. (1790), in-8°.
543. — Le Relief et la structure de l'Ardenne, du Jura et des Alpes. —
Dénudations subies par la ride ardennaise.
Dans Patria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe & C'«, 1873, t. I, pp. 42-46.
(Urologie. Relief du sol, ses origines et ses causes, par M. E. Dupont.)
544. — Remacle Mohy du Rondchamps.
Dsins les. Fleurs des vieux poètes liégeois {\.^hO-\(S\iÙ). Avec une introduction historique par
N. Peetermans. recueil publié et accompagné de notices biographiques, par H. Helbig. Liège,
F. Renard, 1859, in-12, pp. 76-87.
545. — Remacle Mohy du Rondchamp et son Cabinet historial. Par
H. Helbig.
Dans V A^inuaire de la Société libre d'Emulation de Liège, pour l'année 1857. Liège, J.-(j.
Carmanne, 1857, in-12, pp. 204-223.
546. — Remarques d'un jurisconsulte sur la visite faite en 1725 dans
l'abbaye d'Orval, ordre de Cisteaux, par l'abbé de Grimbergue^ pré-
montré. 1727, in-4°.
547. Très-humbles Remontrances faites à Sa Majesté l'empereur et roi,
par les Etats du pays duché de Luxembourg et comté de Chiny, dans
leur assemblée générale, du 15 juin 1787. In-8°.
— 295 —
548. — Renseignemens sur la caverne à ossemens le trou de Hogheur,
dans le duché de Luxembourg, par Ph. C. Schmerling.
Danslt'S Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t II, 1835, pp. 271-275.
549. — Réponse de Mgr. l'abbé d'Orval à ses religieux fugitifs et
retirez en Hollande. S. l. n. d. (1726).
Pet. in-4'', de 4 pp.
550. — Requête de P. Wiltheim pour l'élection de Notre-Dame (1666).
Dans V Histoire de Noire-Dame de Luxembourg,... par L. Kuntgen .. Namur, 1866,
pp. 161-162 et 374-375.
551. — Réseau luxembourgeois. — Mémoire adressé à M. le Ministre
des Travaux publics par la Chambre de commerce d'Arlon. — Arlon,
Impriinerie et lithographie J. Boiirger. — 1880.
In-8", de 31 pp.
552. — Respublica Xamurcencis, Hannonias et Lutsenburgensis.
Amstelodami, per Joa. Janssoniiim, 1634, pet. in-12.
— Respublica Lutzenburgensis, Hanonias et Namurcensis. Amst.,
apiid Guilielmus Blaeu, 1635, in-24.
553. — Restes du Palais de Mansfeld, à Luxemb". Pelaert del. —
Madon. — Lith. de Jobard [à Bruxelles).
554. — Résumé de l'histoire civile et politique de la province de
Luxembourg, par Poncin Casaquy, avocat à la Cour de Bruxelles.
Bruxelles, M. Hayez, imprimeur de U Académie , 1834.
In-8°, de 47 pp. — l""" époque.
555. — Résumé de la statistique des décès de la ville d'Arlon pendant
les vingt-cinq dernières années. Par Antoine Valerius.
Dans le Journal de médecijie, de Bruxelles, février 1880.
556. — Résumé pour les communes de Soy, Mormont, Wéris, Heid,
Vaux-Chavanne, etc., contre le duc d'Ursel. Liège, in-4°.
557. — Retour à Durbuy. — L'Amazone des Ardennes. — L'Ardenne
et Ferdinand Nicolaï. — - L'Hiver à Durbuy. — Simple légende. A
Mademoiselle Gravez de Bomal. — Le Linot de Durbuy.
Dans l'ouvrage intitulé : Chansons, par Auguste Daufresne de la Chevalerie, lieictenant
au 2^^ régiment de chassetirs à cheval. Tournai, Typographie d'Adolphe Delmée. — 1855,
in-18, pp. 8-0, 41-43, 52-53, 117-118, 216-219,236-237.
296 —
558. — Romans historiques du Luxembourg. — La Dernière Marquise
du Pont d'Oye, par Léon Wocquier. Bruxelles, hnprbnerie de A. Labroiie
et Compagnie, me de la Fourche, .'36. — 1850.
2 vol. in-18, de299et 272 pp.
559. — La Ruine d'Orval.
Dans La Belgique. Supplé))ieiil illustré. Bru.\elles, 25 juin 1893.
560. — La Ruine de Vianden, dans le Grand-Duché de Luxembourg.
Par Baze.
Dans VAuimaire de la Société libre d'Emulation de Liège, pour l'année 1861. Liège, J.-G.
Carmanne, 1861, in-12, p. 386.
561. — Les Ruines de Villers et d'Orval.
Dans l'ouvrage intitulé : Ruines et Paysages en Belgique, par Eug. Gens, Professeur
d'histoire à l'Athénée d'Anvers. Bruxelles, A. Jamar, éditeur, s. d., in-i2, pp. 105-123.
562. — Ruines du château de Falkenstein (Duché de Luxembourg.)
B. Mary del. — Madou. - Lith. de Jobard (à Brn.xelles.j
563. — Jeantin. — Les Ruines et Chroniques de l'abbaye d'Orval.
Paris, Tardieu, 1867, in-8°^ portr. et plan.
564. — Saint-Hubert. Par D. M.
Dans la Minerve des Pays-Bas. Bruxelles, Laurent frères, 1828-1829, t. I, pp. 170-172.
565. — Saint-Hubert. — Igel. — Salm. — Hofalise. — Bastogne. —
Soleuvre. — Orval.
Dans V Itinéraire ou Voyages de J/'' l'abbé De Feller en diverses parties de l'Europe. Liège,
Lemarié, 1820, in-8o, t. I, p. 10 ; t. II, pp. 152-157, 510, - 291 - 292, - 294, - 297 - 298, - 300 -
304, 549.
566. — Saint-Hubert, évéque de Liège, etc.
Dans VIListoire de Liège, depuis César Jusqu'à la fin du XVII I^ siècle, par le Baroti de
Gerlache. Troisième édition. Bruxelles, H. Goem^ere, 1874, in-S», pp. 33-36.
567. — Les Saintes Montagnes et Collines d'Orval, et de Clairevaux^
vive représentation de la vie exemplaire & Religieux Trespas de Reue-
rend Père en Dieu Dom Bernard De Montgaillard Abbé de l'Abbaye
D'Orval de l'Ordre de Cisteaux : au pays de Luxembourg, Prédicateur
Ordinaire de leurs Altezes Serenissimes, sur le modèle de l'incomparable
Sainct Bernard Abbé de Claireuaux, & du grand Législateur Moyse. Av
iovr et célébrité de ses Exeques faictes solennellement trois jours durant.
— 297 —
en l'Eglise d'Orual les 10^ 1 1^ & 12. jours d'Octobre l'An M.DC.XXVIII.
Par Reuerend Père en Dieu Messire F. André Valladier Docteur en
Théologie, Conseiller, Aumosnier, & Prédicateur ordinaire du Roy tres-
chrestien, Abbé de l'Abbaye de Sainct Arnovld de Metz, de l'Ordre de
Sainct Benoist. - Imprimé à Luxembourg chez Hubert Reuland. 1629.
Pet. in-4«, de 121 pp., avec un portrait en tête duquel on lit :
Admodum R. D. Bernardvs de Montgaillard Aiireœuatlis Abbas Cisierciensh Ord. Doctor
Theologus, Regms Bruxellis Ecclesiastcs etc.
568. — Le Sanglier des Ardennes (Guillaume de La Marck.) Par
M. L. Polain.
Dan.s V Annuaire de la Société libre d' Emulation de Liège, pour l'année 1866. Liège, J.-G.
Carmanne, 1866, in-12, pp. 165-181.
569. — E' Schreek ob de' Lezeburger Parnassus, vum A. Meyer.
Luxembourg^ Lamort, Place d'Armes, 1829.
In-18, de 53 pp.
570. — Les Seigneurs de Schôneck, à propos d'une monnaie, par
R. Chalon, Membre correspondant de l'Académie royale, président de la
Société numismatique et de la Société des Bibliophiles belges, etc., etc.
— (Extrait de la Revue de la numismatiqîie belge, t. III, W" série.) —
Bruxelles, imprimerie d'Emm. Devrove, Rue de Louvain. — 1859.
10-8", de 22 pp.
571. — La Semo3^s, par D. Lancelot et Elizé de Montagnac. Paris,
1871, in-fol., planches.
572. — Le Serin ou Mémoire du S'. Boulanger, ancien chirurgien-
major, contre M. le Baron d'Huart, ancien capitaine d'Infanterie. Metz,
veuve Antoine, 1785, in-8''.
« Pièce de grand mérite et d'une excessive rareté. » (Bulletin du Bibliophile. Paris,
Techener, 1845, p. 29.)
573. — Session ordinaire des Conseils provinciaux. — Luxembourg.
Séance du 6 juillet (1852).
Dans le Moniteur belge. Bruxelles, 10 juillet 18.52, pp. 1952-1953.
— Séances des 8 et 9 juillet (1852).
Ibid., 13 juillet 1852, pp. 1989-1990.
- Séance du 10 juillet (1852).
Ibid., 14 juillet 1852, pp. 2004-2005.
— Séance du 12 juillet (1852).
Ibid., 16 juillet 1852, pp. 2033-2034.
— 298 —
— Séance du 13 juillet (1852).
Ibid., 17 juillet 1852, p. 2043.
— Séance du soir du 13 juillet (1852).
Ibid., 19-20 juillet 1852, pp. 20(59-2070.
— Séance du 14 juillet (1852).
Ibid., 21 juillet 1852, p. 2087.
574. — Société des Ardennes. Considérations sur différentes commu-
nications pour la province de Luxembourg, et principalement sur la route
de Stavelot à Diekirch, par M. R. de Puydt. Bruxelles, Stapleaux, 1837.
In-4'', de 83 pp.
575. — Société du Luxembourg. — Canal de Meuse et Moselle. —
Conditions générales de l'exécution. — S. l. n. d.
ln-8o, de 8 pp.
576. — Société du Luxembourg. — Canal de Meuse et Moselle. —
Conditions particulières et instructions à suivre dans l'exécution des
travaux. 5. /. n. d.
ln-8«, de 28 pp.
577. — Société du Luxembourg. — Canal de Meuse et, Moselle. —
Devis des matériaux. 5. /. n. d.
In-80, de 13 pp.
578. — Société du Luxembourg. — Canal de Meuse et Moselle. —
Rapport présenté à la Chambre des Représentants, par M. le Ministre
des Travaux Publics. — Bruxelles, Imprimerie de P. -M. De Vroom. —
1842.
In-80, de 80 pp.
579. — Société du Luxembourg. — Canal de Meuse et Moselle. —
Règlement de service pour les employés de l'agence générale et pour
ceux des routes et canaux, préposés à la direction ou à la surveillance
des travaux exécutés par entreprise on en régie. 5. /. n. d.
In-S", de 26 pp.
580. — Société du Luxembourg. Réponse à un article de \ Indépendayit,
du 6 octobre 1837, intitulé : Canal de Meuse et Moselle. Bruxelles, 1837,
in 8°.
581. — Sonderbare Gebet zu Maria, deren wunderthâtigen Bildnis
~ 299 —
unter dem Titel Trôsterin der Betrùbten, in der Capellen be}- Lùtzenburg
geehret wird. Trier, 1661, in-12.
582. — Souvenir de la bonne maman Dutreux. Luxembourg, 1856, in-8°.
583. — Souvenir de La Roche, à M"^ P... Par Louisa Stappaerts.
Dans V Annuaire de la Société libre d'Emulation de Liège, pour l'année 1863. Liège, J.-G.
Carmanne, 1863, in-12, pp. 199-200.
584. — Souvenirs et légendes des Ardennes et du pays de Liège, par
F. Yserentant. Bruxelles, Office de Publicité; Arlon, J. Doitrger, 1880.
In-18, de 227 pp.
585. — Een Speelreisje in de Ardennen, langs Namen en Luik, door
V. Lefèvre. Brussel, gebroeders Callewaert, 1880.
In-12, de 128 pp.
586. — Statistique mortuaire de la ville d'Arlon. Relevé des décès par
maladie depuis le L"^ janvier 1855 jusqu'au 31 décembre 1879. Par Antoine
Valerius.
Dans le Journal de la Société royale de médecine publique de Belgique, 1880.
587. — Status Monasterii S. Huberti in Ardenna Ordinis S. Benedicti...
A71110 Christi Dom., 1624, pet. in-8".
588. -- Statuts, Cahier des charges, etc. de la Grande Compagnie du
Luxembourg. — Statutes, Cahier des charges, etc. of the Great Luxem-
burg Company. — London : Printed by Bai/y Brothers^ Royal Exchange
Buildings, Cornhill. (1846).
In-S^", de 73 pp. — En français et en anglais.
589. — Statuten van de Maatschappij van Luxemburg, coedgekeurd by
koninglijk besluit van den 21 Januarij 1828, n° 125, met een kort overzigt
wegens de oprigting dier maatschappij, en een berigt ten aanzien van de
deelneming in de zelve; mitsgaders de daartoe betrekkelijke konninglijke
besluiten van den 15 october 1825, en 1 Julij 1827. — Statuts de la Société
du Luxembourg, autorisée par arrêté royal du 21 janvier 1828, n° 125,
avec un exposé de l'objet et de la formation de cette société, un avis sur
les demandes d'actions, et les arrêtés royaux des 15 octobre 1825 et
l'--" juillet 1827, relatifs à cette Société. ^ Brussel. Terdrukkerij van de
weduzve Picard, Berlaiinont straat, rvijk 6, n° \\o\. — MDCCCXXVIIL
In-8o, de .51 pp.
— 300 —
590. — La Surprise fâcheuse ou l'Avanture incroyable de Mr. l'Abbé
Karger, natif de la province de Luxembourg, Histoire étonnante & véri-
table, arrivée près de Mayence, par J. L. Krafft. — A Brusseles, chés
J. van Vlaenderen, Marchand Libraire èf Impriîneur. 173i. Se vend
chés la Veuve Bouhy, au marché de la Chapelle. — Avec Approbation &
Privilège de S. M. L & C.
Pet. in-8°, de 1 f. et 126 pp., avec les portraits de Jean Karger et de Maurice Arnet.
« Un certain Jean George Arnet, meunier à Eltwill, un bourg près de Mayence & sujet
de l'Electeur de ce nom qui ayant tu Monsieur l'Abbé Jean Karger, s'imagina que ce
prêtre étoit son fils, dont il n'avoit reçu pendant plusieurs années aucune nouvelle; il lui
en parla, mais cet abbé l'avant désabusé par des raisons solides, qu'il n'étoit pas celui
qu'il croyoit, en lui indiquant le lieu de sa naissance, ses parens & plusieurs autres choses
pour lui persuader qu'il erroit : non obstant cet homme indiscret demeura dans son opi-
nion, s'imagina que son fils (Maurice Arnet) le méconnoissoit, le fit prendre par des sol-
dats & le mettre dans une étroite prison l'espace de quatre mois. » (Krafft.)
Jean Karger était né à Rodt, près d'Arlon, le 9 juillet 1701. Sa grande ressemblance
avec Maurice Arnet fut cause que Jean-George Arnet le prit pour son fils.
59i. — Sybilla cumana, comédie Aristophanique dédiée à Monsgr.
Philippe Fr. de Croy duc d'Havre et de Croy, gouverneur du duché de
Luxembourg et pays de Chiny, pour sa bienvenue audit gouvernement
en may 1649, par la jeunesse du Collège de la Comp. de Jésus, Namur,
in-4".
592. — Table alphabétique des villes, bourgs, villages, hameaux,
châteaux, etc., du grand-duché de Luxembourg. Luxembourg^ in-4°.
En allemand et en français.
593. — Tables de conversion des poids et mesures anciens, usités dans
le département des Forêts, par J. B. Heuschling. — Luxembourg, 1809,
in-18.
594. — Tableau alphabétique et synoptique des villes, villages,
hameaux, châteaux, usines et maisons isolées de la province de Luxem-
bourg. (Par Bourdon). Arlon, Everling, 1850, in-8° oblong.
595. — Tableau analytique et chronologique des principaux faits de la
ville et du grand-duché de Luxembourg, par Ulveling. 1832, in-8°.
596. — Tarif pour la levée des droits d'entrée, sortie et transit, dans le
pais, duché de Luxembourg, et comté de Chiny, augmenté du transit par
la Moselle. Luxembourg, Kleber, 1767, in-4°.
597 . — Tavigny (Château de)
Dans l'ouvrage intitulé : Mélancolie. — Poésie iiitimc, par Hippolyte du Frénoy Bru
xelles, Géruzet, rue des Eperonniers, n» 6. — 1840, in-iS, pp. 105-110.
— 301 —
598. — Taxe sur les juifs, dans le Luxembourg.
Dans les Nouvelles Archives historiques des Pays-Bas, publiées par le baron de Reiffenberg.
Bruxelles, C.-J. De Mat, 1830, t. V.
599. — Terrain ardennais (cambrien ou silurien).
Dans Palria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe & C'", 1873, t. I, p. ill et suiv.
(Géologiej par M. Michel Mourlon).
600. — De Theavillà capta carmen Michaelis Hospitalii. Parisis,
F. More Uns, 1558.
Pet. mA" de 8 pp.
601. — Théroigne de Méricourt.
Dans la Galerie historique des contemporains. Mons, Leroux, 1827, in-S°, t. VIII, pp..
348-349.
602. — Théroigne de Méricourt.
Dans la Biographie universelle et historique des femmes célèbres, mortes ou invantes, qui se
sont fait remarquer dans toutes les 7iations, par leurs vertus, leur géjiie, leurs écrits, leurs
talens pour les sciences et les arts, par leur sensibilité, leur courage, leur héroïsme, letirs
malheurs, leurs erreurs, leurs galanteries, leurs vices, etc., depuis le commencement du monde
jusqu'à nos Jours. Par une Société de Gens de Lettres, auteurs du Dictionnaire universel....
Publiée par L, Prudhomme, Père, auteur des Révolutions de Paris, etc. Paris, Lebigre,
1830, in-S", t. IV, pp. 315-316.
603. — Théroigne de Méricourt.
Xy2LVi% La Belgique pittoresque... Bruxelles, 1834, in-4°, p. 432.
604. — Théroigne de Méricourt.
Dans l'ouvrage intitulé : Les Femmes célèbres de 1789 à 1795, et leur influence dans la
révolution, pour servir de suite et de complément à toutes les histoires de la révolution française ;
par E. Lairttdlier, avocat. A Paris, chez France, à la librairie politique, Place de l'Ora-
toire du Louvre, 6. — 1840, in-8o, t. I, pp. 56-103.
605. — Théroigne de Méricourt.
Dans l'ouvrage ayant pour titre : Les Déesses de la liberté. — Les Femmes de la Cojivention
et du Directoire, par M. Capefigue. Paris, Amyot, éditeur, rue de la Paix. — M. DCCCLII,
gr. in-18, pp. 43-45.
606. — Théroigne de Méricourt.
Dans le livre intitulé : Edmond et Jules de Goncourt. — Portraits intimes du XVILI^
siècle. Etudes nouvelles d'après les lettres autographes et les doctiments inédits. Paris, E. Dentu,
libraire-éditeur, Palais-Royal, Galerie d'Orléans, 13. — 1857, in-18, pp. 157-192.
Cette notice biographique curieuse renferme un Discours prononcé à la Société frater-
nelle des Minimes, le 25 Mars 1792, l'an quatriètne de la liberté, par M^° Théroigne, en
présejitant un drapeau au.v citoyennes du faubourg Saint-Germain, et le texte d'une affiche
signée Théroigne, et portant pour titre : Aux 48 sections.
— 302 -
607. — Théroigne de Méricoiirt.
Dans la Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne ,.. . Nouvelle édition... Paris,
madame C. Desplaces, et Leipzig, F. A. Brockhaus, s. d., in-B", t. XLI, pp. 316-317.
608. — Théroigne de Méricourt.
Dans le Nouveau Dictionnaire universel, par iSLiuricr Lachatre, t. II, p. 1419.
609. — Théroigne de Méricourt, dite la Belle Liégeoise, par Th. Fuss.
Liège, 1854, in-8°.
610. — Théroigne de Méricourt et les dames patriotiques.
« Caricature libre qui outrage leurs opinions et leurs charmes; in-4'' en largeur,
bistré. » (Description hist. etbihliogr. de la collection de feu M. le comte de la Bêdoy'ere, sur
la révol. franc.).
611. — Théroigne de Méricourt la jolie liégeoise; correspondance
publiée par le vicomte de V..., Y. (Lamothe-Langon). Les femmes sont
extrêmes; elles sont meilleures ou pires que les hommes. La Bruxère,
Cliap. IIL Des femmes. — Paris, Allardin, libraire, quai de UEor loge, 57.
— 1836.
2 vol. in-So, de 378 et 345 pp.
612. — Théroigne de Méricourt.
T)&n^\e'Dictionnaire biographique des Belges... Par J. Pauivels-de Vis. Bruxelles, 1843,
in-80, p. 226.
613. — Théroigne de Méricourt (89-93).
Dans l'ouvrage intitulé : Les Femmes de la Révolution, par J. Michelet. Bruxelles et
Leipzig, Kiessling, Schnée et O". 1854, in-32, t. I, pp. 125-134; — Paris, Adolphe
Delahays, 1854, in-12, pp. 110-118.
614. — Théroigne de Méricourt. Par Mario Proth.
Dans La jfeune France. Paris, 1878, t. I, pp. 47-57.
615. — Théroigne-de-Méricourt.
Dans la Biographie des hommes célèbres de la Belgique,... TournaN', imprimerie de L.-A.
Robert, Grand'Place, 65, s. d., in-18, pp. 146-148.
616. — Théroigne et Populus, ou le Triomphe de la démocratie, drame
national en vers civiques. Londo7i, 1790, in-S".
« Cette tragi-comédie est précédée d'un précis satyrique sur la vie de Théroigne de
Méricourt. » {Catalogue de la bibliothèque de feu M. le Vicomte H. -A. Du Bois de Beau-
chesne. Paris, 1874, n« 593).
- 303 —
617. — Théroigne (Lambertine). (Par x\dolphe Mathieu), Mous, impri-
merie de Piérart, libraire, me d'Havre, 36, s. cl.
In-8°, de 56-XII pp. et 1 f.
Les pages I-XII renferment une notice biographique sur Théroigne.
— Théroigne (Lambertine).
Dans les Œiivres en vers de Adolphe Mathieu. — Givre et Gelées. Bruxelles. Imprimerie
d'Emm. Devroye, rue de Louvain. — 1852, in-12, pp. 181-225.
Voy. sur Théroigne :
— Les Actes des Apôtres (par Peltier, Mirabeau jeune, Champcenetz, Suleau et autres.)
Paris (1789-1792), T. I, n° VI, pp. 6-1(3; n» VIII, p. 4 ; n° IX, pp. 7-8; n° XVI, p. 13;
n» XXIII, pp. 4-5 ; no XXIV, pp. 11-15 ; n» XXX, p. 8. — T. II, Introduction, pp. 2, 3 et 6 ;
n« XXXII, pp. 11-12 ; n« XXXVII, p. 15; n» XXXVIII, pp. 1-16 (Théroigne et Populus, ou
le Triomphe de la démocratie; drame national en vers civiques.) ; n" XLII, p. 13; n° XLVII,
pp. 2, 15 et 16; n° XLVIII, pp. 3-14 (Théroigne et Populus... — suite. — ); n° XLIX,
pp. 9-11 ; n» LVIII, p. 3; n« LX, pp. 3-9. T. III, p. 10 (introdtcction); n» 66, p. 8; n» 71,
pp. 3-9; n« 74, p. 12 : n° 81, p. 15 — T. IV, n» 91, p. 14; n» 94, p. 1; n" 95, pp. 3-5; n° 96,
p. 15; n° 98, pp. 3-9; n° 105, pp. 13-14 (Opposition de M. Populus, au mariage de M. le
marquis de Saint Hurtigc, avec demoiselle Têrouenne de Mere-y-court); n" 110, pp. 3-28
(Grand récit du mariage national, célébré au village de Sur enne, près Paris ; entre Mgr .
Populus &' Z)"® Têrouenne de Mere-y-Court, l'an deuxième de la constitution, &" relation
Hdèle des accide?its qui l'ont suivi) ; n° 119, p. 16 — T. V, n" 131, p. 9; n" 136, p. 10. —
T. VI, n» 169, pp. 3-11 ; n» 171, p. 16; n^^ 176-177, pp. 29-32. — T. VII, p. 22 (i?ttroduc-
tion) ; n» 209, p. 11. — T. IX, n» 249, p. 9; n° 257, pp. 15-16 (Complainte à l'endroit de la
demoiselle Théroigne, qui a eu, le malheur d'être pendue en Allemagne , en passatit) .
— Révohitions de France & de Brabant. Par Camille Desmoulins. — Otdd novi? —
A Paris, chez Garnery, Libraire, rue Serpente, n» 17. — D'une imprimerie nationale.
L'an premier de la liberté (1789-1792) — N° 12, p. 546; n» 14, pp. 21-22; n° 17, p. 149;
n" 63, p. 481.
— Journal général de la Cour et de la Ville (par Brune et Gautier). Paris, 15 septembre
1789 — 10 août 1792. — N"» des 15 décembre 1791 et 19 février 1792.
— Morceaux choisis des Actes des Apôtres... Londres, Robertson, 1790, m-12. — T. I,
pp. 211-225 (Théroigne et Populus, oti le Triomphe de la démocratie, drame national en vers
civiques) ; t. II, pp. 17-26 (Théroigne et Populus... — suite — ), et pp. 31-34 Bulletin de
Mademoiselle Théroigne.)
— Révolutions de Paris, dédiées à la Nation & au district des Petits-Augustins, par Louis
Prudhomme. Paris, 1790-1794, in-8o. — T. XVI, p. 358.
— De l' Insurrection parisienne et de la prise de la Bastille ; discours historique prononcé
par extrait dans l'Assemblée nationale. Par Dussaulx. Paris, Beaudoin, 1790, in-S", p 234 ;
— Paris, à la Librairie historique, rue Saint-Honoré, Hôtel d'Aligre, n" 123, et rue de
l'Arbre-Sec, n» 26. — 1821, in-18, p. 106.
— Procédure criminelle instruite au Chdtelri de Paris, sur la Dénonciation des faits arri-
vés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789. Imprimée par ordre de l'Assemblée Natio-
nale. — Prix des deux Parties, 4 liv. 16 sols. — A Paris, chez Baudouin, Imprimeur de
l'Assemblée Nationale, rue du Foin- Saint-Jacques. 1790, in-8o. — l^e partie, pp. 146, 187,
247, et 2e partie, pp. 32 et 50.
— 304 -.
— Histoire de la réTo/ution de 1789, et de l'établisseviejit d'une constitiitio7i en France ; par
deux amis de la Liberté. Paris, 1790, in-8°, t. VII, p. 78.
— Les Sahats jacohites (par Marchand.) Au Palais-Royal, 1791-1792, in-8". — N° 65
(I^e Houdoir de Mademoiselle Théroigne. Ititermède civique.)
— Le Rôdeur, réuni au Chroniqueur secret de la Révolution. Paris. — N° 39.
— Dernier Tableau de Paris, ou Récit historique de la Révolution du 10 Août 1792, des
causes qui l'ont produite, des Evénemens qui l'ont précédée, et des crimes qui l'ont suivie. —
Par y. Peliier, de Paris, Auteur des Actes des Apôtres, de la Correspondance politique, ou
Tableau de Paris, et de divers Ouvrages ptcbliés depuis trois ans. — A Londres, chez l'Au-
teur, Hôtel de la Sabloniere, Leicester-fields. Et se trouve à Bruxelles, chez B. Le
P'rancq, Imprimeur-Libraire, rue de la Magdelaine. — Septembre 1793, in-8°. — T. I,
pp 102-104.
Au bas de la page 103 du t. I se trouve la note suivante :
« Quoique cette Théroigne de Méricourt soit suffisamment connue, il n'est pas inutile
de répéter ici que c'était une fille de mauvaise vie, native de Luxembourg, âgée de
30 ans, petite, chétive, mal-saine, usée par la débauche, & n'avant plus qu'une révolution
pour ressource. Elle ne trouvait plus d'amans à corrompre, elle se rejetta sur des dépu-
tés. Elle admira d'abord Barnave, elle estima ensuite Pétion. Puis elle tint club, puis elle
voyagea, fut emprisonnée & relâchée par Léopold, & la voilà derechef dans l'arène quand
il s'agit de verser du sang. Son intrigue avec Populus était une fiction de l'Auteur des
Actes des Apôtres, & cette fiction était tirée du nom même de cet amour supposé. »
Anne-Josephe Théroigne, que le peuple de Paris nommait la belle liégeoise, naquit h
Marcour, près de La Roche, le 13 août 1762, et non à Luxembourg, comme le dit l'au-
teur de la note que nous venons de reproduire. Quoique petite de taille, elle était douée
d'une forte constitution. Tous ses biographes s'accordent à vanter sa beauté.
On sait que les écrivains royalistes déchiraient Théroigne dans leurs pamphlets et dans
leurs journaux. Gautier l'appelait Charogne ambulante (1), et Peltie'r, Suleau, etc.,
donnaient, dans les Actes des Apôtres, de nombreux articles dirigés contre elle.
Théroigne ne put pardonner ces injures, que la presse anti-révolutionnaire lui lançait
à chaque instant : elle s'en vengea le 10 août 1792 en faisant massacrer Suleau.
— Souvenirs d'un Déporté (Pierre Villiers), potir servir aux historiens, aux romanciers,
au.v compilateurs d'Ana, aux folliculaires, aux journalistes, aux faiseurs de tragédies, etc.
Paris, 1802, in-S°, p. 224.
— Esquis.$es historiques de la Révolution française, defuis la convocation des Etats-Généraux
jusqu'au rétablissement de la maison de Bourbo7i. Par Didaure, auteur de l'Histoire de Paris.
Paris. Baudouin frères, libraires. Rue de Vaugirard, n" 36. — 1823, in-8". — T. I,
pp. 330-331.
— Douze fournées de la Ré7<olution. par Barthélémy. Suivi de Ma justification. Bruxelles,
F^. Laurent, imprimeur-éditeur, Place de Louvain, n" 7. — 1832, in-32, pp. 36-37.
— ^er Prairial an III, scène historique de la ConvcntioJi nationale, notice sur cette époque
mémorable de la Révohitioji française , suivie des opinions de divers écrivains, du compte rendu
de la séance de la Conve^ition, et de notes historiques ; pour servir à l'intelligence de la gravure
ci-joijite, et faite par Réveil, d'après le Tableau de M. Court. Paris, au Palais-Royal, chez
les marchands de nouA^eautés, et chez Paulin, libraire-éditeur. Place de la Bourse. —
1833, in-8<>, pp. III, 3, 25, 26 et 29.
(1) Journal général de la Cour et de la Ville.
— 305 —
La Terwagne (Théroigne) figure sous le n" 51 dans la gra^■ure qui se trouve en tête de
cette notice.
— Le Constitutiojinel. Paris, 20 mai 1838.
— Histoire de la Révolution française, par M. Louis Blanc. Bruxelles. Meline, Cans et
Compagnie. Livourne. Même Maison. — Leipzig. J. P. Meline. — 1847-1852, in-12, t. III,
pp. 120, 177, 192-193.
— Mémoires d' Outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Bruxelles, Rozez et C'®, Rue de
la Madeleine, 87. — 1849, in-18, — T. III, p. 133.
— Les Chemises rouges, par Charles Monselet. Bruxelles. Meline, Cans et C'«, lib.-
éditeurs. Livourne. Même Maison. — Leipzig, J. P. Meline. — 1850, in-i8, — T. II,
pp. 173, 176, 177, 187; t. III, pp. 71-251 ; t. IV, pp. 5-92.
Le livre troisième de ce roman est intitulé : Théroigne de Âléricourt.
— Le Bibliophile belge. Bruxelles, in-S". — T. VII, 1850, p. 461 (Lettre autographe de
Théroigne de Méricourt) ; t. VIII, 1851, p. 164 (E.xtrait de naissance de Théroigne de Méri-
court).
— Histoire du Tribunal révolutionnaire, par Charles Monselet. — Première partie. —
D. Giraud et J. Dagneau, libraires-éditeurs, 7, rue Vivienne, au premier, 7. Maison du
Coq d'or. — 1852, in-12, pp. 34-35.
— Etudes littéraires sur la Révolution française, par Auguste Vitu. — François Suleau.
— Paris, France. — Grenoble, Baratier frères et fils, 1854, pet. in-12, pp. 104-109.
— Histoire de la Société française petidant la révolution, par Edmond et Jolies de Concourt.
Paris, E. Dentu, libraire, Palais-Royal, Galerie vitrée, 13. — M.DCCCLIV, in-8opp.281,
282 et 403.
— En Ardenne, par quatre Bohémiens. Bruxelles, 1856, t. II, pp. 36-42.
— Les Hébertistes. — Plainte contre une calovmie de l'histoire, par G. Tridon. — Paris
chez l'auteur, rue des Mathurins- Saint-Jacques, 11, et chez les libraires. — 1864, in-8°,
p. 30.
— Histoire des Girondins, par A. de Lamartine. — Edition illustrée, publiée par l'auteur.
Paris, Armand Le Chevalier, libraire-éditeur. Rue de Richelieu, 61, et chez tous les
libraires de la France et de l'étranger, 1865-1866, in-4o. — T. I, pp. 382-383.
— Guide de l'excur sioniste, par Eugè7ie Van Bemmel.... Bruxelles, 1870, in. 18, p. 97.
— L Illustration Européenne. — V>x\xxit\\it%, 1870-1871, t. I, pp. 294, 302,311,335,343,
351, 359 et 367 {L'Enfant du Carrefour maudit. (1) )
— Histoire des Martyrs de la Liberté suivie de l'Histoire des Montagtiards, par Alphonse
Esquiros.... Paris, 22, rue Visconti, s. d., in-4o, pp. 16, 22, 27, 59, 66 et 98 {Hist. des
Mon tagnards .)
61H. — Les Tournois de Chauvenci, donnés vers la lin du treizième
siècle, décrits par Jacques Brétex, 1285. Annotés par feu Philibert
(1) L'auteur de ce roman (Marcellin La Garde) prétend que Théroigne « n'est pas morte
à la Salpétrière en 1817, mais bien en Ardenne, sous un autre nom, il n'y a pas vingt ans. »
— 306 —
Delmotte, Bibliothécaire de la ville de Mons, et publiés par H. Delmotte,
son fils, bibliothécaire, conservateur des archives de l'Etat, à Mons. —
Imprimerie de A. Prignet, à Valencie?mes. I8o5.
ln-8°, de 165-28 pp. et 1 f . ; caractères gothiques. — Titre rouge, bleu et noir.
Poënie de 4500 vers, à la suite duquel se trouve les noms des chevalieyi qui ont rompu
des Lances dans les Tournois de Chuuvenci .
Voy. V Album de Valenciennes. Valenciennes, A. Prignet, 1835, pp. 91-94.
Voy. aussi le compte rendu publié sous ce titre, par le baron de Reitï'enberg : Les
tournois de Chauvenci, donnés vers la fin du XIII^ siècle, décrits par Jacques Bretex. 1285,
annotés par feu Philibert Delmotte, etc. S. 1. n. d. (1835), in-S», de 6 pp.
619. — Tractaet van aliantie ende eendragticheyt tusschen die drie
staten van den hertoghdoni van Brabant ende die van Middelborch,
Lutsenborch, Vlaenderen, enz. Ghedaen tôt Ghent den eersten dach in
mei 1488.
« Petit in-folio, de 6 feuillets, à longues lignes, au nombre de 38 la page pleine ; sans
nom d'imprimeur et sans date, mais très-probablement de 1488. » {Messager des sciences
historiques de Belgique. Gand, 1839, p. 42.)
620. — Traité des maladies les plus communes qui attaquent le cochon
dans le Grand-Duché de Luxembourg (par Arnould, Wirtgen et Lejeune).
Luxembourg, 1824.
In-8o, de 29 pp.
621. — Traité des vsvrpations des roys d'Espagne svr la covronne de
France, depuis le règne de Charles VIII jusques à présent, par Baltha-
zard. Paris. 1644, in-4°.
« Avec la prise de Thionville, la bataille de Rocroy, etc. » f Catalogue de livres aticiens et
modernes, rares et curieux, provenant de la librairie J.- Joseph Techener père. — Neuvième
partie. — Paris, 18(36, n« 10034.)
622. — Traité du 8 décembre 1868 entre la Grande Compagnie du
Luxembourg et la Société du chemin de fer de l'Est de la France. — Les
faits tels qu'ils ont été exposés et les faits tels qu'ils se sont passés. (Par
M. Victor Tesch). — Arlo7i, M. Poncin, imprimeur-éditeur, Marché-aux-
pommes-de-terre. 1870.
In-8", de 76 pp.
623. — Traité des 24 articles. — Du chef-lieu administratif et judiciaire
dans le Luxembourg. Mémoire de la régence d'Arlon à la Chambre des
Représentants et au Sénat. Bruxelles, 1839, in-8°.
624. — Translation des restes de Charles -le-Téméraire de Nancy à
Luxembourg, manuscrit d'Antoine de Beaulaincourt, Roi d'armes de la
Toison d'Or, publié pour la première fois avec notes et pièces justifica-
tives, et précédé d'une Introduction historique et d'une Dissertation sur le
— 307 —
tombeau du duc de Bourgogne dans la collégiale Saint-Georges, par
Ch. de Linas, Membre non résident du Comité de la Langue^ de l'His-
toire et des Arts de France, de l'Académie d'Arras, correspondant de
l'Académie d'Archéologie de Madrid, de la Société impériale des Sciences
de Lille, des Sociétés des Antiquaires de la Morinie et de la Picardie, des
Sociétés dunkerquoises, de Châlons sur-Marne, d'Archéologie Lorraine,
membre du conseil de la Société française pour la conservation des Monu-
ments, etc., etc. — Nancy, de l'imprimerie de A. Lepage. 1855.
Gr. in-8°, de 64 pp. avec une planche.
625. — La Traque au loup d'Ardenne, ou la Battue. Fragment d'un
poème, intitulé : Les Rives de l'Ourte. — Un Orage en Ardenne. Frag-
ment. Par F. Poncin.
Dans VAiniiidirc Jr la littérature et des beaux-arts ; dédié aux littérateurs et aux artistes du
royatcvie des Pays-Bas. Bruxelles, H. Tarlier, 1830 (Liège, imprimerie de J. De Sartorius-
Delaveux), in-ÎS,. pp. 108-109 et 132-133.
626. — A travel trough Belgium, the frontiers of France, Liège,
Luxembourg^ and ulong the Rhins, in 1814. Amsterdam, 1815, in-12.
627. — Le Trésor d'Orval.
Dans le Journal de Bruxelles. Supplément illustré, 16 juillet 1893, et dans La Belgique.
Supplément illustré. Bruxelles, 16 juillet 1893.
628. — Université de Liège. — Notices sur MM. les professeurs
V. A. G. Dupret et Em. Tandel, lues en séance du conseil académique
du 12 janvier 1852. — Liège, imprimerie de J. Desoer, libraire. — 1852.
In-8", de 66 pp.
Pages 25-26 : Notice sur la vie et les travaux de N'icolas-Emile Tandel, lue à la séance du
conseil académique de l'université de Liège, le V2 Janvier i^hi, par Ch. Loomans, professeur à
la faculté de philosophie et lettres. — Liège, imprimerie de J. Desoer, libraire. — 1852.
629. — Université de Liège. — Séance solennelle du 20 décembre 1876.
— Derniers honneurs rendus à M. Michel Glœsener, professeur èmérite
et ancien Recteur de l'Université de Liège, membre de l'Académie royale
de Belgique; Officier de l'Instruction publique en France; président
honoraire et membre de diverses Académies et Sociétés savantes, belges
et étrangères ; Officier de l'ordre Lèopold ; commandeur des ordres de la
Couronne de Chêne de Hollande, du Christ de Portugal et de S'-Stanislas
de Russie; décédé le 11 juillet 1876. — Liège, imprimerie de J. Desoer,
libraire. — 1877.
In-8o, de 35 pp.
— 308 —
630. — Un peu de tout à propos de la Semois, par M. de Prémorel.
Arlon, Laurent, 1851, in-8°, avec grav. et carte.
631. — Mes Vacances à La Roche. Par Eug. Gens.
Dans la Reime Je Belgique. Bruxelles, 15 juillet 1872, p. 220.
632. — Le Val de la Salm, histoires et légendes ardennaises, par Mar-
cellin La Garde. Bruxelles, 1866, in-Pi.
633. — 3'"'^ Vente. N° 2. — Syndicat d'amortissement. — Administra-
tion des Domaines. S"!"^ ressort. — Grand-Duché de Luxembourg. —
Agence des Domaines de Luxembourg, Neufchâteau, Diekirch et
Marche. — Vente de bois domaniaux, en exécution de la loi du 27 dé-
cembre 1822, et de l'arrêté de Sa Majesté du 16 octobre 1824, N° 90. —
A l-iege, chez Dauvrain, Imprimeur de l'Administration des Do77iaines,
rue sur Meuse, n" 360 (1829).
Affiche de 7 feuilles, en tête de laquelle se trouvent les armes de la Hollande.
La vente dont il s'agit a eu lieu le 9 mars 1829.
634. — Verhael van het leven van den H. Willibrordus, hertsbisschop
van Utrecht, apostel van Antwerpen, ende andere plaetsen in Brabandt,
item van Hollandt, Zeelandt, Vrieslandt, Overyssel, Gelderlandt, Lut-
zemburg, Gulick, Cleve, Denemarcken, ende andere omliggende landen,
met een cort verhael van het leven van S3^ne medegesellen by een verga-
dert door den eerw. heer. Aub. Le Mire, licentiaet in de H. Godtheyt,
canonick van Antwerpen Antzverpen, in de Planlynsche druckerye, 1613.
In-8», de 36 pp.
635. — Vers latins en l'honneur de Michel Schwab, de Luxembourg.
1769, in-fol. piano.
636. — Verslag van een plant — en landbouwkundig reisje gedaan in
julij 1826, langs de oevers der Maas van Luik naar Dinant, in de Arden-
nes en het groot hertogdom Luxemburg. 1827.
In-S», de 27 pp.
Extrait du Bijdrageii tôt de Jiatuurkuiidige xvetenschappen, de MM. Van Hall, W. Vrolik
et Mulder, t. II, 1827, pp 450-479. C'est une relation d'un voyage agricole et botanique,
entrepris dans le Luxembourg, par Richard Courtois et le professeur Bronn.
637. — V. Viglii ab Ayta Zuichemi Dissertationes historico-pragmaticœ
quinque ; de rébus Lotharingicis , Brabanticis , Luccemburgencibus ,
Namurcencibus et Burgundicis.
In-S», de 48 pp.
Voy. sur cet opuscule de Fr. C. de Nelis le Catalogue des livres... de y. B. Th. de Jonghe
Bruxelles, 1861, t. II, n° 5933.
- 309 —
638. — Vie de Philippe de Scouville, de la Compagnie de Jésus, par le
P. Alex. Pruvost. Luxembourg, 1866, in 8°, portr.
639. — La Vie de Sœur Monique de Busbach Veuve de Mr. Melchior
de Wiltheim, et Religieuse de la Congrégation de Notre-Dame à Luxem-
bourg. — A Naimir, chez Charles Gérard Albert, Imprimeur et Libraire.
1705.
« In-12, de 6 ff. lim., 174 pp., approbation et errata 2 iï.
« Epître dédicatoire à Madame Marguerite Sibile de Busbach, dame de Soleure, etc.,
veuve de Messire Jean d'Arnoult, chevalier, président du conseil provincial de Luxem-
bourg.
« L'approbation est signée de J. Pierre, èvêque d'Arbe, suffragant de Trêves, le
25 avril 1704, et de J. Fontaine, chanoine de la cathédrale de Namur et censeur des
livres, le 7 avril 1705.
« Cette vie fut écrite, vers l'an lti53, par le P. Christophe de Wiltheim, et en 1654, par
le P. Charles Malcuit, minime.
« Christophe de Wiltheim, né à Luxembourg au commencement du XV1I« siècle,
entra dans la Compagnie de Jésus le 26 septembre 1(328. Sa mère fonda, en 1627, le
monastère de Sainte-C'laire dit de la Congrégation de Notre-Dame, à Luxembourg. Elle s'v
retira, sous le nom de Sœur Monique, le 15 août 1634, et y mourut, le 10 septembre 1651,
en odeur de sainteté. Son tils Christophe ayant écrit sa vie en 1653, le manuscrit fut
retrouvé plus tard dans les papiers de sa sœur, qui était également religieuse à Sainte-
Claire et qui, par humilité, ne voulut pas le faire imprimer ; c'est ce qui explique pour-
quoi cet ouvrage n'a été pnblié qu'en 1705. Bulletin du Bihliuphile belge, 2« série, t. VI,
p. 405. — Bibl. des Sœurs de N.-D. à Namur. — Bibl. de la ville de Luxembourg. »
(F.-D. Doyen, Bibliographie namuroise, n° 559.)
640. — La Vie du grand Saint Hubert, Prince du sang de France,
Fondateur et premier Evéque de la noble cité de Liège. A Namur, chez
Nicolas Joseph D'Etienne, Imprimeur, à 5' Jérôme. 1745.
« In-12, de 36 pp. Réimprimé sous le titre de Vie du grand sai?it Hubert, Fondateur et
premier Evêque de la noble Cité de Liège. Nouvelle édition augmentée de la manière de faire
la Neuvaine Namur, 1827, in 12, de 24 pp. » (F.-D. Doyen, Bibliographie namuroise,
n° 737.)
641. — La Vierge d'Arduène, Traditions Gauloises, ou Esquisse des
Mœurs et des Usages de la Nation, avant l'Ere Chrétienne. Par Madame
Elise Voïart. — IL édition. Paris, chez A. Chasser iau Libraire, au
Dépôt Bibliographique Rue Neiive des Petits-Champs ?;' 5 ; — Audot
Libraire, Rue des Mucons ^orbonne, 7i° 11. 1822. Et chez l'Editeur, Rue
Chanoinesse, n° 14. (De l'imprimerie de Baudoin frères, rue de Vaugi-
rard, n° 36).
In-S'^, de l f., XVIIJ et 424 pp., front. : titre gravé.
642. — Villas romaines et autres monuments anciens dans la commune
de Limerlé, par M. le D-^ Boset.
Dans le livre intitulé : Société libre d'Emulation de Liège, Procès-verbal de la séance
publique, tenue le 29 décembre 1850. Liège, Desoer. 1851, in-8o.
21
— 310 —
643. — La ville de Luxembourg. (Texte). — Vue de Luxembourg, dans
le grand-duché de Luxembourg. Dessin de Vanderhecht.
Dans le Magasin pittoresque. Paris, 1853, t. XXI, p. 304.
644. — Des Vingt-quatre articles et du Luxembourg, par F. Dubois,
président du Conseil provincial du Luxembourg, Membre de la députa-
tion permanente. Persévérance et courage. — ArloJi, imprimerie de P. -A.
Briick. — 1839.
In-S», de 71 pp.
645. — Virgile à Mautche avons ses biergis. Vies pasquées da A.-J.
Alexandre. Séria ludo. — Marche, Meurqxdn-de Hild, ityiprimeur-
li braire, s. d.
In-8«, de 30 pp. et 1 f.
Ce livret renferme dix églogues en patois de Marche.
646. — Vita Sanct. Confessons et Pontificis Huberti (per P. Wille-
maers ?). Bnixellis, apud Eng. llenr. Fricx, 1730, in-4°, figures sur cuivre.
647. — Vita venerabilis Yolanda3 Priorissae ad Marise Vallem in Ducatu
Luciliburgensi cum appendice de Margarita Henrici VII, Imperatoris
Sorore, eiusdem loci Priorissa. Et genealogia historica veterum Comitum
Viennensium in Arduennâ. Authore Alexandro Wilthemio Luciliburg.
Soc. lesu Presbytero. Antuerpiœ, Typis Marcelli Parys, sub Turri Divœ
Yirginis in aureâ Clavi, 1673.
In-S», de 9 ff. et 248 pp., grav. sur bois.
648. — Le Vœu des Ardennes. — Fascicule de quelques considérations
d'économie sociale adressées à la législature belge et présentées à la
méditation des publicistes, par le comte d'Espiennes, sénateur de Belgi-
que, chevalier de Malte, bourgmestre de la commune de Soy, etc. « Illud
pro me majoribusque meis contendere ausim, quirites, nihil nos, neque
privatos, neque in magistratibus, quod incommodum populo esset scien-
tes fecisse : nec ullum factum dictumve nostrum contra utilitatem publi-
cam vere referri posse. » Bruxelles. Imprimerie de Deltombe, Rue de Lou-
vaiji, 7fm. —iS31.
In-8°, de 52 pp.
649. — Voyage dans le département des Forêts, par J. B. J. Breton.
Paris, 1802, in 8'.
Avec une carte et une vue de Luxembourg.
650. — Voyage dans les Ardennes, par P. L.
Dans le journal VOfficede Publicité. Bruxelles, 3 septembre 1876.
— 311 —
651. — Voyage minéralogiqiie et physique de Bruxelles à Lausanne,
par le Luxembourg, la Lorraine..., fait en 1782, par le comte Grégoire de
R. (Razoumov'ski). Lausanne, Moiirer, 1783, in-8°.
652. — Voyage pittoresque en Belgique, en Hollande et dans le Grand-
Duché de Luxembourg. Bruxelles, 1835, in-4° oblong, planches coloriées.
653. — Une vue de l'Aisne (Luxembourg) (Texte et gravure).
Dans L'Illustrcition Européenne. Bruxelles.
654. — Vue de Luxembourg, par de Beaulieu.
(Ajinales du Bibliophile belge et hollandais. Bruxelles, Fr.-J. Olivier, 1864, t. I, p, 177,
n» 432.)
655. — Wasserbilig.
On trouve les lignes suivantes dans La Clef du Cabinet des SouTerains. Paris, Courcier,
n° 2569, du Jeudi 26 Pluviôse an 12 de la République française (16 février 1804) :
« Luxembotcrg, \.'6 pluviôse. — Il existe sur le territoire de la commune de Wasserbilig,
arrondissement de Luxembourg, une montagne énorme dont la base vient de s'avancer
de 10 à 12 pieds dans la Moselle. Cette montagne offre diverses ouvertures ou crevasses
d'une profondeur extraordinaire. Des masses énormes se sont déjà détachées de la masse
principale. Si cette montagne venait à s'écrouler, comme on le craint, elle arrêterait par
son eboulement le cours de la Moselle, les eaux reflueraient et inonderaient les ■pillages
de Wasserbilig et d'Oberbilig. Elles prendraient ensuite un cours forcé dans la campagne,
et couvriraient la route de l'rèves entre Wasserbilig et Igel, intercepteraient toute com-
munication entre Trêves et Luxembourg ; elles entraîneraient enfin une grande perte
pour l'état. Le préfet vient d'envover un ingénieur sur les lieux, pour qu'on puisse lui
proposer les mesures qu'il convient de prendre à l'effet de prévenir ce désastre. »
656. — Wunderwerck und gnadenreiche Haillungen, so unsere Liebe
Frau die Trôsterin an vielen bedrângten Menschen mildliglicher zeiget.
Trier, 1648, in-8°.
657. — Zone ardennaise. — Zone luxembourgeoise ou jurassique.
Dans Patria Belgica. Bruxelles, Bruylant-Christophe & 0«, 1873, t. L PP- 522-525.
(Economie rurale, par M. Emile de Laveleye.)
658. — Balthazar Gérard à Luxembourg. (1582-1584).
Voy. les Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.
— A7i7iexe aux Bulleti7is. — 1853-1854.— Bruxelles, M. Hayez, 1854. (Recherches critiques
et historiques sur la Concession de Balthazar Gérard, par M. Arendt, professeur à l'université
de Louvain, correspondant de l'Académie, pp. 9-iO, 12-14, 17, 36-37, 43, 58).
Balthazar (lérard vint à Luxembourg au mois de mars 1582 et se mit, comme clerc, au
service de Jehan Duprel, secrétaire du comte Pierre-Ernest de Mansfeld. Il prit congé
de son maître au mois de mars 1584, puis quelque temps après, il partit pour Delft, où
il assassina le prince d'Orange (10 juillet 1584).
— 312 —
050. — Consulte du conseil d'Etat sur l'érection d'un évêché dans la
pro\ince de Luxembourg : 7 novembre 1701.
Dans le CoDipte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou Recueil de ses
bulletins. — Troisième série. — Tome troisième. Bruxelles, M. Hayez, 1862, pp. 4()1-471.
660. — Description du siège de Luxembourg par le maréchal Créqui^
de France, l'an 1684.
(Bibliothèque impériale, de Vienne, n° 5640).
« Cette description a 13 pages d'écriture, dit M. Ciachard (1) ; elle ne porte pas de nom
d'auteur, mais on voit qu'elle est l'ouvrage d'un Français qui était présent, ou qui a écrit
sur des documents officiels.
« On y lit que Luxembourg fut investi le 28 janvier 1684; que la tranchée s'ouvrit
dans la nuit du 8 au 9 mai ; que la chamade fut battue pour la première fois le l^"" juin,
pour la seconde fois le 3 juin, et que la garnison sortit de la place le 7 avec composition
honorable. On v trouve encore que les Français avaient 34 bataillons et 60 escadrons
faisant de 20 à 25,000 hommes de pied et 7,000 chevaux, 42 pièces de batterie, dont 9 de
33 livres et 33 de 24 livres de balle, 8 pièces de 8 et autant de 4, 15 mortiers à bombe,
6 pierriers, 1,400 chevaux d'artillerie, etc. ; que les assiégeants ont eu, en morts et
blessés, 6,000 hommes, parmi lesquels 80 officiers et personnes de marque ; que la
garnison se composait de 2,600 hommes d'infanterie en 5 régiments et 3 compagnies
franches, et 500 à 600 chevaux, avec 400 bourgeois armés; qu'il est sorti de la place de
1,800 à 1,900 hommes; que le reste a été tué.
« Le rédacteur rend hommage à la valeur des assiégés en ces termes :
« Quant à la défense, elle a été ferme, industrieuse et entreprenante. Ceux qui ont de
» mieux fait, entre eux, sont le prince de Chimay, gouverneur de la place et du pays : il
» a peu d'expérience, mais il s'est gouverné par le conseil des plus expérimentés ; le
» mestre de camp espagnol et le comte de Tilly, celui-ci homme de qualité, qui n'a rien
» de wallon que la naissance, et d'ailleurs du cœur, de l'esprit et de la politesse, et de
;> plus un fort honnête homme : c'est la troisième fois que nous le troiivons dans des
» places assiégées, et toujours dans des postes avancés et des plus dangereux. Il }' a eu
» d'autres officiers d'entre eux qui ont parfaitement bien fait leur devoir aux redoutes et
» à la corne; il n'en faut pas d'autre preuve que l'expérience que les nôtres en ont fait. »
« A la fin de son récit, l'auteur, examinant « ce que les ennemis ont fait de bien », dit
» encore « qu'ils ont témoigné beaucoup de fermeté à la défense de la contrescarpe, des
» redoutes et de la corne. »
661. — Entreveues de Charles IV, empereur, de son fils Wenceslaûs^
Roy des Romains, et de Charles V, Roy de France, à Paris, l'an 1378...
Discours sur l'origine des Roys de Portugal, yssus en ligne masculine de
la Maison de France, par T. Godefroy. Paris, 1613. 2 t. en 1 vol. in-4°.
(L'Ami des Livres. Paris, René MulTat, juin 1802, n^ 3380).
662. — Historia de cosas del Oriente, en dos partes : L Que contiene
una descripcion gênerai de los reynos de Asia, con las cosas mas notables
dellos; la historia de los Tartaros, y su origen y principio; las cosas del
(1) Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire... Bruxelles, Hayez, 1863,
3» série, t. V, p. 361.
— 313 -
V .
reyno de Egypto; traduzido y recopilado de diverses y graves histo-
riadores por Amato Centeno. II. En quai se contienen las jornadas que
■ los principes christianos hizieron a la recuperacion de la Tierra sancta,
desde Gudofre de Bullon hasta que se perdido el todo. Cordova, por
Diego Galvan, 1595, 2 part, en 1 vol., in 4° ( l).
f Catalogue de la bibliothcquc espagnole de don José Miro... Paris, A"" librairie Bachelin-
Deflorenne, 1878, n« 544).
663. — Instruction donnée par le duc d'Albe au prévôt Foncq, envoyé
vers l'archevêque de Trêves et l'évéque de Liège, afin d'obtenir leur
consentement à l'érection d'un évéché dans la province de Luxembourg :
22 janvier 1571 (1572, n. st.)
Dans le Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou recueil de ses
bulletins. Bruxelles, M. Hayez, 1866, 3= série, t. VIII, IV^^ bulletin, pp. 331-335.
664. — Lettre de Charles VI à l'état ecclésiastique des différentes pro-
vinces. Vienne, 5 septembre 1739.
lèid., 1851. 2« série, t. I, pp. 518-519.
Leur piété, leur zèle pour la religion et leur attachement à son service lui font espérer
que non-seulement ils consentiront au subside qu'il fait demander aux états, mais encore
qu'ils emploieront leur crédit auprès des autres membres, pour engager ceux-ci à les
imiter.
A l'état ecclésiastique de Luxembourg, l'Empereur disait :
« Considérant la petite portion par laquelle l'état ecclésiastique concourt d'ordinaire
aux subsides, tant ordinaires qu'extraordinaires, que mes fidèles états de Luxembourg
m'accordent, vous ferez réflexion qu'étant moins chargés, à proportion, que ne le sont
les laïques, il vous sera d'autant plus facile de faire un eflfort, dans cette occasion où la
religion n'est pas moins intéressée que la seureté de mes Etats héréditaires. Je m'attends
donc que vous ne bornerez pas votre zèle à consentir simplement au secours et subside
extraordinaire ou don gratuit que je demande aux fidèles états de ma province et duché
de Luxembourg et comté de Chiny, et de ceux de mes autres provinces des Pays-Bas,
mais que, pour me mettre d'autant mieux en état de résister à l'ennemi du nom chrétien,
vous étendrez votre zèle et piété jusqu'à m'aider d'un don gratuit de la part du clergé de
mondit duché et comté, par-dessus la quote-part que vous fournirez dans le subside ou
secours extraordinaire que j'espère du zèle et affection des dits états, dans lesquels vous
occupez la première place. Je suis persuadé que, etc. »
665. — Lettre de Charles VI aux députés ordinaires des différentes
provinces. Vienne, 5 septembre 1739.
lôid., 1851, 2e série, t. I, pp. 515-517.
Il les prie de seconder l'Archiduchesse gouvernante dans la pétition qu'elle fera aux
états de leur province respective.
Aux députés de Luxembourg, l'Empereur écrivit :
« Je ne doute pas non plus que vous y employerez d'autant plus efficacement, que
vous n'ignorez pas les dépenses immenses avec lesquelles j'ai toujours fait pourvoir à la
(1) Sur d'autres ouvrages relatifs à Godefroid de Bouillon voy. notre Bibliothèque
boîiillonnaise (dans le journal La Scmois, 22 et 29 juillet, 5 et 12 août 1877).
— 314 —
seureté particulière de votre province, en y employant des sommes immenses, soit pour
les fortifications de la ville de Luxembourg, soit pour y entretenir des nombreuses gar-
nisons, soit pour des corps de troupes y envoyez dans les tems plus critiques. Les
subsides de la province, et le produit des domaines et des droits d'entrée et de sortie en
votre province, n'y ont jamais pu suffire; il y faut suppléer annuellement par des envois
continuels de fort grandes sommes d'argent des autres provinces de mes Pays-Bas, et fort
souvent par la voie de mes finances d'Allemagne. Et ces circonstances vous doivent
d'autant plus faire sentir la nécessité, dont il est, que chaque province contribue de
toutes ses forces, et même au delà, dans les cas aussi pressants que celui-ci, à la conser-
vation et défense de l'universalité de mes Etats. »
G66. — Lettre de Charles VI aux états de Limbourg, Luxembourg,
Gueldre, Hainaut, Namur, Tournai, Tournaisis et Malines. Vienne,
14 février 1738.
Ibid., 1851, 2« série, t. I, pp. 488-490.
Il leur demande leur concours à une levée de quatre millions de florins.
667. — Lettre de Charles VI aux états de Limbourg, de Luxembourg,
de Gueldre, de Hainaut, de Namur, de Tournai, de Tournaisis et de
Malines. Vienne, 19 novembre 1738.
Ihid., 1851, 2« série, t. I, pp. 501-502.
Il leur témoigne sa gratitude des services considérables qu'ils lui ont rendus, par le
subside extraordinaire accordé en 1735, et le consentement donné à la levée de quatre
millions de florins, sous la garantie des états de Silésie ; les assure qu'il en conservera
constamment le souvenir, et qu'il s'eflForcera de leur procurer toute consolation et sou-
lagement.
668. — Lettre de Charles VI aux états de Luxembourg. Vienne,
9 mars 1715.
Ibid., 1851, 2» série, t. I, p. 463.
Il leur témoigne sa gratitude des expressions contenues dans leur lettre du 20 janvier;
les assure de l'amour et de la clémence qu'il conservera pour eux, et leur promet spécia-
lement de maintenir les privilèges qu'ils se sont acquis par les services signalés rendus à
sa maison.
669. — Lettre de Charles VI aux états des différentes provinces.
Vienne, 27 août 1735,
Ibid., 1851, 2« série, t. I, pp 475-479.
Il leur demande un subside extraordinaire, pour l'aider à soutenir la guerre en Italie
et dans l'Empire.
Aux états de Luxembourg l'P^mpereur disait :
« Et comme, principalement pour votre conservation, j'ai fait la dépense d'envoier,
pendant longtems, des sommes considérables pour l'entretien du corps extraordinaire
des troupes que j'ai tenues ci-devant chez vous pour la sûreté de la ville de Luxembourg
et de toute la province, et que, par là, ainsi que par les sommes immenses que du reste
des Païs-Ras on apporte, depuis si longtems chez vous, pour l'entretien d'une nombreuse
garnison, et pour mettre ma bonne ville de Luxembourg dans un entier état de sûreté et
de défense, votre province jouit, depuis tant d'années, du bénéfice des sommes si consi-
dérables qui se dépensent chez vous, j'ai non-seulement enjoint à madame ma très-chère
— 315 —
et très-aimée sœur la sérénissime Archiduchesse, gouvernante générale de mes Païs-Bas,
de vous faire demander votre quote-part en ce secours extraordinaire, mais encore au-
dessus de cette quote-part, une augmentation de secours proportionnée à la situation de
votre province, et aux grands bénéfices dont elle jouit depuis si longtems. Et je m'attens
que, non-seulement pour ce qui concerne votre quote-part en ce secours extraordinaire,
mais aussi en ce qui concerne ladite augmentation de secours, vous me donnerez, en cette
occasion, etc. »
670. — Lettre de Philippe II aux états de Luxembourg. Madrid,
18 février 1596.
Ibid., 1851, 2" série, t. I, pp. 350-351.
Il exprime ses regrets de la situation dans laquelle il a appris, par leur remontrance,
que se trouve leur province. — Il a remis leurs écrits à l'Archiduc. — Il ne juge pas à
propos qu'ils envoient des députés à Madrid.
671 . — Lettre de Philippe IV aux gouverneur et conseil de la province
de Luxembourg, sur les mesures à prendre dans cette province pour
résister à l'invasion des Français : 26 mai 1635.
Ihid., 1866, 3« série, t. VIII, pp. 442-445.
672. — Lettre de Racine à Boileau. Luxembourg, 24 mai 1687.
Dans les Œuvres de Roileau, avec un choix de notes des vieil leur s coininentateurs et précé-
dées d'une notice par M. Aviar. Paris, Firmin Didot, 1848, in-12, pp. 506-507.
Cette lettre renferme le passage suivant :
« Le voyage est prolongé de trois jours, et on demeurera ici (à Luxembourg) jusqu'à
lundi prochain. Le prétexte est la rougeole de M. le comte de Toulouse ; mais le vrai est
apparamment que le roi (Louis XIV) a pris goût à sa conquête, et qu'il n'est pas fâché de
l'examiner tout à loisir. Il a déjà considéré toutes les fortifications l'une après l'autre, est
entré jusque dans les contremines du chemin couvert, qui sont fort belles, et surtout a
été fort aise de voir ces fameuses redoutes entre les deux chemins couverts, lesquelles
ont tant donné de peine à M. de Vauban. Aujourd'hui le roi va examiner la circonvalla-
tion, c'est-à-dire faire un tour de sept ou huit lieues. Je ne vous fais point ici le détail de
tout ce qui m'a paru ici de merveilleux : qu'il vous suffise que je vous en rendrai compte
quand nous nous verrons, et que je vous ferai peut-être concevoir les choses comme si
vous y aviez été... »
673. — Lettre du prince de Chimay, gouverneur des duché de Luxem-
bourg et comté de Chiny, sur les usurpations et les violences commises
par les Français dans cette province depuis la paix de Ximègue :
12 avril 1682.
Dans le Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire^ ou recueil de ses
bulletins. — Troisième série. — Tome di.xicme. — F7"'« bulletin. Bruxelles, Hayez, 1869,
pp. 361-370.
674. — Lettres de Louis XIII, du cardinal de Richelieu et de M.
de Noyers, au marquis de Praslin. Juin 1639.
Dans le Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire. Paris, J. Techener, 1861, pp. 517-518.
Ces trois lettres sont relatives à la bataille de Thionville (1639), oi:i une division fran-
çaise prit la fuite devant l'ennemi.
— 316 —
675. — Liste des documents concernant le duché de Luxembourg, qui
existent dans la trésorerie des chartes de l'Empire, aux Archives de corn-
et d'Etat, à Vienne, et dans la trésorerie des chartes de la couronne de
Bohème, à Prague. Par M. Gachard.
Dans le Compte rendu des séances de la Cainmission royale d'histoire, ou recueil de ses
bulletins. — Troisième série. — Tome si.xieme. — i^^ bulletin. Bruxelles, M. Hayez, 1864,
pp. 223-228.
676. — M. le Baron de Gerlache, président du congrès de Malines et
l'orangisme. — Briuxelles. En vente chez tons les libraires. — 1864.
{Bru.xelles. — Typ. de E. Wittjuann, rue de Schaerbeek, 65.)
In-8°, de 8 pp.
Cette brochure est signée : Un ancien Orangiste.
677. — Relation des conférences tenues à Mayence entre les ambassa-
deurs de Philippe le Bon et ceux de Ladislas, roi de Hongrie et de
Bohême, sur les différends étant entre ces deux princes à l'occasion du
duché de Luxembourg : 10 25 mars 1453 (1454, n. st.)
Dans le Compte rendu des séances de la Commissioti royale d'histoire, ou recueil de ses
bulletins. — Deuxième série. — Tome douzième. — Bruxelles, M. Hayez, 1859, pp. 372-386.
678. — Déclaration de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, en forme
de lettre aux commis des ducs de Saxe, contenant un exposé des droits
d'Elisabeth de Gorlitz sur les duché de Luxembourg et comté de Chiny,
et des siens, comme mambour et gouverneur de ces duché et comté, au
nom d'Ehsabeth : 26 octobre 1443.
Ibid., 1858, 2« série, t. XI, pp. 167-216.
679. — Commission donnée par la reine Marie de Hongrie à Martin
de Cupere, concernant le transport des ossements du duc de Bourgogne,
Charles le Hardi, de Nancy à Luxembourg. Bintz, 4 août 1550.
Ibid., 2« série, t. IX, p. 143.
680. — Relation de l'évèque de Chalcédoine, abbé de Crespin, au sujet
de la translation des ossements de Charles le Hardi, duc de Bourgogne,
de Nancy à Luxembourg. 1550.
Ibid., 2« série, t. IX, p. 146.
681. ^ Déclaration des justicier et échevins d'Arlon, attestant l'exécu-
tion faite par le feu, de cinq personnes convaincues de sortilèges. Arlon,
le 20 novembre 1590.
Ibid., 2" série, t. V, p. 344.
682. — L'Impératrice Marie-Thérèse au procureur général de Luxem-
bourg. Bruxelles, 14 janvier 1771.
Ibid., 2» série, t. VII, p. 437.
- 317 —
683. — Abbaye de St- Hubert (Articles sur 1').
Dans L' Epilogucur politique, galant & critiqtie, pour servir de suite au Magazin, composé
par une Société d'Amis. Amsterdam, chez J. R3ckhofr, le Fils, près de la Bourse.
M.D.CC.XLIII, in-12, t. VII, pp. 3.3-37 et 11.3-114;\. VIII, pp. 146-148.
Nous allons reproduire ces articles, à cause des détails historiques qu'ils renferment.
(Tome VII. N° V. Du Lundi 6 mai 1743). « D.-vxs le tems que dans toutes les Cours, les
Ministres, & les Politiques sont uniquement occupés à chercher les moïens de rétablir la
Paix, en raprochant les intérêts des Puissances belligérantes, il n'a pas tenu à un Moine
d'allumer la guerre dans un coin, d'où elle auroit pu dans peu se communiquer de tous
cotez & devenir générale.
« Qui dit un Moine, entend un homme qui s'est retiré du Monde, pour se donner
entièrement à Dieu & vivre dans la solitude & la retraite. Tel devroit être le Moine &
c'est ce qu'il n'est absolument point. S'il sort du Monde pendant quelques tems, c'est pour
y rentrer plus hardi, plus intriguant, à l'abri des Privilèges de son Habit, qui lui donne
les petites & les grandes entrées par tout & l'autorise à se mêler de tout, excepté ce dont
il devroit se mêler uniquement, qui est l'humilité, le renoncement à toutes les vanités
du Siècle, la retraite & la Prière.
« Celui dont il s'agit ici, est un Bénédictin, c'est-à-dire un Moine d'un des premiers
Ordres de l'Eglise Romaine, à laquelle il a donné de Grands hommes & en grand nombre.
Mais depuis le pieux S. Betioit, son fondateur, on n'est que trop autorisé à apliquer à cet
Ordre le quantum mutatus ab illo, & sur tout à l'Abbaïe de St. Hubert, dont ce Moine est
Abbé.
« Ce Prélat, Souverain pour le temporel dans tous les districts qui composent ce qu'on
apelle les Terres de l'Abbaïe de 5. Hubert, prétend aujourd'hui avoir toujours été sous
la Protection des Rois de France, & venir secouer le joug de sa dépendance de l'Evèque
de Liège & celle de la jurisdiction du Duché de Luxembourg, pour plusieurs Villages,
Seigneuries, Fièfs, qu'il possède & qui relèvent de ce Duché, dont il y a aparence qu'ont
relevé autrefois toutes les Terres de cette Abbaïe fondée dans le 8"'«. Siècle par Pépin de
Heristel, Maire du Palais des Rois d'Austrasie, dont le Luxembourg faisoit partie ; Pour
comprendre de quelle manière les fondations pieuses de ces tems-là, jouissent de tant
d'exemptions qu'on ne trouve pas dans celles qui les ont précédées & les ont suivies, il
faut entendre Mezerai. « C'étoit, dit-il, à qui bàtiroit le plus d'Eglises, & d'Hôpitaux, & à
» qui fonderoit le plus de Monastères. Les Rois se piquoient d'exempter ceux qu'ils fon-
» doient, de toutes charges temporelles, & de leur assurer une libre & pleine possession
» de tout ce qu'on leur donnoit: Voilà pourquoi^ comme les Evêques avoient le pouvoir
» de mettre la main sur ces biens, parce qu'ils disposoient des donations & des offrandes
» qu'on faisoit à toutes les Eglises de leur Diocèse, & que d'ailleurs ils prenoient de cer-
» tains droits pour la bénédiction du Chrême, pour la consécration des Autels, pour
» leurs visites, & quelques fois pour les Ordinations; ils les obligèrent de les affranchir
» de tout cela, & même de n'entrer point au dedans du Monastère, mais de laisser la
» correction des Moines à l'Abbé, si non en cas qu'il ne fût pas assez fort pour se faire
■» obéir; & avec cela de donner les Ordres sacrez à ceux de ses Religieux qu'il leur pré-
» senteroit, sans en rien prendre. Les Princes de leur part accordèrent aussi libéralement
» de pareilles immunitez, qui les exemtoient tant des contributions pour leurs terres,
» & de tous impôts pour leurs denrées, que d'étrennes, de logemens, & du deffrai de
>■> leurs juges, auxquels on les devoit par tout où ils alloient tenir leurs séances (*).
(*) Abrégé Chronologique Tom. I, p. 190.
318
<v Tki.i-k est l'origine de l'indépendance & de la Souveraineté de l'Abbaïe de 5. Hubert,
qui ne fût dans le commencement qu'une Collégiale de Clercs fondée par Pépin dans la
Ville à'AtiJdinuDi, qu'il donna à cette Eglise & qui prit le nom de 5. Hubert lorsqu'on y
transporta de Liège le Corps de 5. Hubert, Evêque de cette ville, vers l'an 920. Vers
le XIl" Siècle les Clercs de cette Collégiale embrassèrent l'Ordre de 5. Benoit, & vécurent
en Communauté^ sous la discipline du prévôt de leur Collégiale, qui prit le titre d'Abbé.
« De tout cela on peut conclure que l'Abbaïe de S. Hubert a fait autrefois partie du
Roïaume di Austrasie dont la Couronne de France ne possedoit rien avant la cession de la
Lorraine. Ainsi cette Abbaïe ne pouvoit recourir qu'à la protection des Princes qui sont
restés Souverains des Provinces qui composoient cet ancien Roïaume & par conséquent
des Ducs de Luxembourg étant enclavé dans ce Duché. C'est ce qui donna lieu à Charles-
Quint d'entreprendre de faire valoir ses droits sur cette Abbaïe, qui a toujours comparue
par son Abbé, ou ses Députez à l'Assemblée des Etats du Duché de Luxembourg , des
charges duquel il païoit sa quote part ; ce qui continua jusques dans le seizième Siècle
que l'Abbé Remacle, voulant trancher du Souverain, refusa d'assister à ceux qui furent
tenus après l'inauguration de Philippe II. Le Procureur Général de la Province fit saisir
ses revenus. Que fit-il alors ? eut-il recours à la protection de la France ? non, il en apella
au Gr. Conseil de Malines, qu'il reconnut donc pour Juge Com pétant, tellement qu'aïant
été condamné, il ratifia ce qui avoit été réglé dans l'Assemblée des Etats & promit d'y
assister comme par le passé, ce que ses Successeurs ont exécuté; il obtint la main-levée
de la saisie de ses Revenus. Qu'on juge par ces circonstances, de qui dépend cet Abbé.
Autre remarque, s'il étoit sous la protection de la France, lorsqu'il s'agiroit de l'Election
d'un Abbé, le Roi y envoieroit un Commissaire pour y assister. Cela s'est-il jamais prati-
qué ? & lors de l'Election, n'y a-t-il pas deux Commissaires, un de l'Evêque de Liège, qui
prétend le droit de Patronat sur cette Eglise, aïant été fondée, selon lui, non par Pépin,
mais par Walcand, Evéque de Liège, & l'autre de la part de la Régence des Païs-Bas.
Après ces remarques tirées de l'Histoire de ces tems-là, qu'on juge quel droit ce Prélat,
Moine, a de réclamer la protection de la France : C'est néanmoins ce qu'il' vient de faire
hautement. Fier de l'arrêt du Parlement de ALetz, rendu en faveur de ses prétentions, il
s'est rendu à Paris, il a vu les Ministres, & il leur a proposé les moïens d'établir irréfra-
gablement la Protection de Sa Maj. sur son Abbaïe, en s'em parant de vive force de
divers Villages dépendans du Luxembourg, & pour cet effet ce Saint Eclésiastique, cet
humble Anachorète, demande seulement six mille hommes, à la tête desquels il offre de
se mettre, & de les conduire par des sentiers à lui connus, dans divers Territoires, qui se
sont soustraits, dit-il, à la dépendance de la France, sans qu'on y lit attention, pour
reconnoître la jurisdiction du Luxembotirg etc. L'Abbé guerrier fut renvoie au Maréchal
de Noailles, dont la prudence tempéra les ardeurs guerrières de ce Général mitre, en lui
faisant entendre que la situation présente des affaires ne permettoit pas de rien brusquer,
& obligeoit au contraire à de grands ménagemens dans la disposition des troupes du Ro\,
de peur de porter ombrage à des Voisins, qu'on a des raisons importantes de ménager
etc. L'Abbé partit peu content du succès de son voïage, remportant pourtant la gloire
de pouvoir aspirer à une place dans la liste des Prélats Guerriers & Brouillons. Après
cette levée de Bouclier, la Maison d'Autriche ne peut ignorer ce qu'elle a à attendre de
son Zèle, auquel il n'a pas tenu que la France n'entrât à main Armée dans les Pais-Bas,
car ces 6000 hom. auroient sans doute été l'Etincele, qui auroit allumé l'incendie. »
(Tome VIL N« XV. Du Jeudi 4 Juillet 1743). « Il nous est revenu indirectement que
Mr. l'Abbé de S. Hubert a témoigné du mécontentement de ce que nous avons dit dans
la feuille i\° V. de ce Tome-ci, au sujet de ses démêlés avec la Régence des Païs-Bas, &
de son recours à la protection de la Cour de France. En premier lieu nous pouvons
l'assurer que nous n'avons eu aucune intention de le choquer personnellement; ce que
nous avons dit du caractère des Moines ne peut passer que pour des généralités, qui ne
s'appliquent plus aux particuliers, dès qu'ils savent se soustraire aux vices qui y sont
— 319 —
blasonnés. Or nous savons, à n'en point douter, que ce Prélat possède tous les talens &
toutes les vertus qui font l'honnête homme ; ainsi, ce qui a été dit des vices ordinaires
aux Moines, ne le regarde pas. Le célèbre Burnet, Evêque de Salisbitry, disait que
« quand il voïoit un Bourgeois, un particulier, il etoit obligé charitablement de croire
» que c'étoit un honnête homme, jusqu'à ce que par sa conduite il lui ait fait voir le
» contraire; mais que quand il voïoit un homme revêtu de l'habit Ecclésiastique, il ne
» pouvoit en conscience le croire honnête homme qu'après qu'il l'en auroit convaincu
» par sa conduite & ses actions ». Les actions & la conduite chrétienne & charitable de
M"". l'Abbé, dans son Abbaïe & à l'égard de ses Sujets font preuve de sa vertu & de sa
probité.
« Quant à son démêlé avec la Régence des Païs-Bas, si nous avons dit quelque chose
par raport à ses droits & à ses prétentions, qui ne soit point dans son sistême & qui
favorise les Prétentions de la Reine de Hongrie, il peut-être persuadé que nous n'avons
pas inventé les preuves que nous avons aportées, & que nous les avons tirées des Histo-
riens des Païs-Bas & en particulier du Luxembourg ; ainsi c'est à ces Auteurs qu'il devroit
s'en prendre s'ils ont raporté quelques faits éloignés de la vérité.
« Par raport à ce que nous avons raporté de ses démarches à la Cour de France &
auprès des Ministres, nous n'avons fait que transcrire une Lettre de Paris du 16 d'Avril
de cette Année qui a été lu ici dans les CafFez, par plus de deux cent personnes, & dont
nous voulons bien lui procurer copie, s'il la souhaite pour le convaincre qu'il n'y a rien
en tout cela de notre invention, & que nous n'avons fait que la fonction d'Historien. Ce
peu de lignes convaincront les honnêtes gens & en particulier ce Prélat, que nous
n'avons eu aucune intention d'épiloguer sur son sujet, & que nous avons pour sa personne
tout le respect qui est dû à ses vertus & à sa probité ».
(Tome Vin. N" XIX. Du Lundi 18 Novembre 1743.) « L'affaire de l'Abbaïe de
S. //«^<'>-/ fait toujours du bruit & bien loin de s'accommoder devient plus criante. On
mande de Metz qu'on y a condamné à mort le Prévôt et les Archers qui avaient été
envoies dans cette Abbaïe pour y faire exécuter les ordres du Conseil, & aux Galères les
Soldats qui leur servoient d'Escorte. C'est aller vite en besoigne ; ces infortunés sont allé
à 5. Hubert, non comme un Parti bleu, mais munis d'une bonne commission, & par ordre
du Souverain, leur étoit-il possible de ne pas y obéir^ ont-ils fait quelque chose d'eux-
mêmes ? ce n'est donc pas à eux qu'on doit s'en prendre, mais à ceux qui les ont envoies.
Et que diroit-on si la Reine de Hongrie par représailles, faisoit pendre un des 6 Partisans
qu'elle tient prisonniers avec 10 ou 12 de leurs Dragons, sous prétexte qu'ils ont
été exécuter les ordres de leur Général dans la Riche Abbaïe de Môlk, d'oii ils ont
emporté des sommes immenses sous prétexte de la protéger. Tout ce qui s'est passé, par
raport à cette Abbaïe, de la part de la France, depuis quelques années, & tous les arrêts
du Parlement de Metz sont des excès d'autant plus crians, que c'est une infraction mani-
feste du Traité de Rvswick, où il est dit Art. X. « Tous les Lieux, ^'illes, Bourgs, Places
» & Villages que le Roi T. C. a occupés & réunis depuis le Traité de Nimegue, dans les
» Provinces de Luxembotirg, Namur, Brabant, Flandres, Hainaut & autres Provinces des
» Païs-Bas, selon la liste des dites réunions, produites de la part de S M. Cath. dans les
» Actes de cette négociation, & dont copie sera annexée au présent Traité, demeureront
» à S. M. Cath. â présent et à toujours, etc.. » Or on trouve dans cette Liste § 86.
La Terre àf Seigneurie de S. Hubert avec un Bourg et six Mayries; sans que la France y ait
contredit, dans sa Liste d'exception qui fait aussi partie du même Traité, qui a été confiimé
par le Traité de Rastadt & par le Traité définitif; ainsi voilà une brèche faite en même
tems à trois Traités, qui ont leurs garans. Peut-on accuser les Rois de ces manquemens
de Parole? Je ne puis me déclarer pour l'affirmative. C'est dans leur Cœur bien plutôt
que dans leur Cabinet, que doit se retrouver la bonne foy, si elle ètoit banie du reste de
l'Univers ; ce sont bien plutôt des fautes de leurs Ministres, fautes qu'il commettent ou
par ambition ou par ignorance, mais qui ne peut leur être imputée que jusqu'à ce que la
— 820 —
Puissance lésée en a porté des Plaintes directement à leur Maître, si celui-ci n'y remédie
pas d'abord en faisant exécuter les Traités, de l'observation desquels dépend son honneur
it la confiance des autres Potentats. Après tout qu'importe t'il à cette Abbaïe de qui elle
dépende, puisqu'il faut toujours qu'elle. relève ou d'une Puissance ou de l'autre; que ne
suit-elle la leçon très sensée de l'Ane :
Quid rrfcrt mea
Oui serviam, Clitelias duiii portent meas?
684. — Catalogue N° 27. — Syndicat d'amortissement. — Administra-
tion des Domaines, Eaux et Forêts du 5'^'^^ ressort. — Grand-Duché de
Luxembourg. — Inspection de Neufchâteau. — Catalogue des bois doma
niaux, à vendre, en exécution de la Loi du 27 Décembre 1822, et de
l'Arrêté de Sa Majesté du 16 Octobre 1824, N° 90. (A la fin :) A Liège, de
l'Imprimerie de Dauvrain, Imprimeur de V Administration des Domaines,
Eaux et Forets (1826).
In-8o, de 29 pp.
Vente du 23 octobre 1826, à Neufchâteau.
Voici quelques extraits de ce Catalogue :
«. DÉSIGNATION DES BOIS.
« Article premier.
« Le bois dit : Forét-de-Muno (commune de Muno)....
« Article deux.
« Une forêt dite : De S'i^-Cécile (commune de S'^-Cécile)....
« Les villages de Fontenoille, S'^-Cécile et Mortehan, y jouissent des droits d'usage
suivant :
« 1" Treize cordes deux dixièmes des Pays-Bas de bois de chauffage par ménage.
« 2° Les bois de construction et de charronage nécessaires.
« 3° Enfin les ramilles provenant de l'exploitation de ces bois et cordes : le tout à
prendre dans les deux tiers de la coupe qu'on ne peut dépasser, mais qui sont absorbés
presque chaque année.
« Lorsqu'il y a un excédent, il revient au propriétaire.
« Le produit des coupes des bois de ces communes doit être précompté sur les déli-
vrances ci-dessus, et on n'y ajoute que le complément, excepté lorsque les coupes
communales donnent plus que huit cordes huit dixièmes à chaque affouager ; dans ce cas,
il leur revient un minhnuin de quatre cordes quatre dixièmes (deux cordes d'Espagne)
bois de chauffage, dans celle du domaine.
« Les communes de S'^ Cécile jouissent en outre du droit de parcours et de glandée
dans les cantons défensables.
« Celle de Mortehan exerçoit ci-devant le même droit, qu'elle ne paroît pas avoir
réclamé.
« Ces droits sont fondés sur un arrêt du conseil provincial de Luxembourg, du dix
mars mil sept cent cinquante-un ; sur un arrêté de l'administration centrale du départe-
ment des Forêts, en date du quatorze germinal an huit, et sur une résolution de la
Commission permanente du Syndicat, du vingt-sept septembre mil huit cent vingt-cinq ;
— 321 —
cette dernière concernant le pâturage en faveur des communes de S'^-Cécile et de
Fontenoille.
« Onze bonniers dix aunes de prés, à des particuliers sont enclavés dans la forêt, lieu
dit Harbay.
« Les contributions foncières étoient supportées, pour un huitième, par les communes
usagères, avant le système français.
Article trois.
« Un bois nommé Grande et Petite Danseaux, et côtes de Gerniry, considéré
comme une dépendance de la forêt ci-dessus de S'«-Cécile, mais libre de charges en bois
d'usage,... situé sur la commune de Mortehan....
« Pbemier lot.
« La Petite-Danseau....
« La commune de Mortehan y jouit du pâturage dans les cantons défensables, sans
payer de redevance.
« Cet usage est fondé sur une ancienne jouissance, et sur l'exposé qu'en fait l'ancien
pied terrier, des biens du prince de Lœweinstein, ci-devant propriétaire.
« Deu.kième lot.
« Comprenant la Grande-D.\nseau et les côtes de Gernirv....
« La commune de Mortehan y exerce le pâturage aux mêmes titres que dans le pre-
mier lot.
« Article quatre.
« Un bois nommé de Conques,.... situé sur la commune de S*^-Cécile....
« Article cinq.
« Un bois dit : La S.^blonnière,.... situé sur la commune de Jamoigne....
« Il y a dans cette forêt une grande carrière de pierres de taille très-recherchées, non
exploitée depuis quelques années.
« Article six.
« Une forêt dite : Merlenve.\ux (commune de Villers-devant-Orval)....
« La forêt est grevée des charges suivantes :
« Les communes de Gérouville, Limes et Censés voisines, La Sove et Somptonne, du
Grand-Duché ;
« La ville de Montmédie et ses dépendances, les communes de Breux, (irand-Verneuil,
Petit-Verneuil, Avioth, Thonnelalong, Thonneletil, Thonnelle, Vigneul, Chauvency-le-
Château, Lamouilly, Olizy, Moiry, Margut, Margny, Herbeuval, Sapogne, Auflance,
Signy et Montlibert, Villy, Sailly, Froumy, Osne, Sachy, Blagny, Bievre et Laferté,
communes françaises, y prennent sur pied annuellement, cinquante-six arpens ancienne
mesure, (faisant vingt-huit bonniers soixante perches trois aunes) et en font le partage
entr'elles, sans avoir à rendre compte du produit.
« Le village de Limes et les fermes de Hatoi et Malveau, ont en sus, droit de parcours
dans les tailles défensables, et celui de paisson.
« Ces communes paient, de ce chef, le traitement d'un garde et une part des contribu-
butions foncières, équivalente à leurs droits.
« La forêt est donc plutôt indivise qu'usagère, ce qui présente moins d'inconvénient
pour le partage.
— 322 —
« La part du oonvi.MiKMiKMit se réduit donc à dix huit quarante sixièmes.
« Les droits des usagers ont été reconnus par arrêté de la chambre des comptes de
Sa Majesté à Bruxelles, du quinze juin mil six cent vingt-six ; par le traité passé à Thion-
ville, le douze mai mil sept cent un, et par arrêté de l'administration centrale du dépar-
tement des Forêts, sous la date du cinq fructidor an sept de la république.
« Article sept,
v; Un bois nommé Taille-Medy, ... situé sur la commune de Gérouville....
« Article huit.
« Un bois dit : Neulimoxt,.... situé sur la commune de Bellefontaine....
« Article neuf.
« Un bois nommé Watinsart, .. . situé sur la commune d'Izel ....
« Article dix.
« Une forêt dite : Forêt-d'Orval,.... située sur la commune de Villers-devant-Orval....
« Article onze.
« Une forêt dite : de Chinv, .... située sur les communes de Chiny, Lacuisine,
Rossignol et Suxy, section de Straimont ....
« Cette forêt est grevée des droits d'usage ci-après détaillés, qui emportent entre la
moite et les deux tiers des quatre coupes annuelles.
« 2" (s/c). Du pâturage dans les taillis défensables.
« 3" De la pais son.
« 4°. Et de l'enlèvement des feuilles mortes.
« Les communes usagères sont :
« 1° Partie de la section d'Assenois, bâtie sur la ci-devant terre de Chiny.
« 2°. Les communes de Rossignol.
« 3°. Termes.
« 4°. Les Bulles.
« 5°. Tintigny, pour les sections d'Ansart, Breuvanne et Ménil.
« 6° Chiny.
« 7°. Jamoigne.
« 8°. Izel.
« 90. Moyen.
« 10° Straimont, pour la section de Suxy.
« 11". Lacuisine et Martué.
« 120. £t Florenville.
« Renfermant ensemble, pour mil huit cent ving-six, mille huit cent quatre-vingt-dix-
huit usagers, qui ont droit, à chacun, treize cordes deux dixièmes des Pays-Bas, de
chauffage, par ménage, outre les bois de construction nécessaires à leur habitation, et le
bois de charronnage, avec les ramilles de l'exploitation.
« Le produit des coupes de bois de ces communes, doit être précompté sur les déli-
vrances ci-dessus ; celles-ci ne devant que completter les treize cordes deux dixièmes :
— 323 —
mais, dans tous les cas, on doit délivrer quatre cordes quatre dixièmes pour minimum, à
prendre dans les deux tiers des coupes seulement, avec les ramilles de l'exploitation.
« 13°. Les communes de Straimont, la section de Suxy exceptée.
« 14°. De S'-Médard.
« 15°. D'Orgeo, la section d'Orgeo exceptée, au nombre de deux cent vingt-un usagers,
pour mil huit cent vingt-six, jouissent de la moitié des droits ci-dessus, et aux mêmes
conditions.
« Ces quinze communes ont, de plus, le droit de parcours dans les taillis défensables,
et celui de paisson.
« Elles ont également l'usage d'enlever les feuilles mortes dans les cantons assignés.
« Ces jouissances sont fondées sur les anciens règlements des bois, de mil six cent dix-
sept, mil six cent vingt-trois et mil sept cent cinquante quatre, reconnus par les arrêtés
de l'administration centrale, et ceux du conseil de préfecture du département des Forêts,
en date des onze nivôse, quinze germinal et quinze floréal an huit ; huit et neuf floréal an
dix ; \-ingt-quatre brumaire et seize pluviôse an onze ; dix-huit mars, seize mai et quinze
juillet mil huit cent six, et ^àngt-cinq juillet mil huit cent huit.
« Décision du ministre des finances, du quatre mai mil huit cent huit.
« Chaque ménage usager des sections des communes de Florenville, Martué, Lacui-
sine, Jamoigne, Moyen, Chamois, les Bulles, Termes, Breuvanne et Ménil, doit payer
au domaine, cinquante-un cents trois dix millièmes, ce qui a produit, pour mil huit cent
vingt-cinq, cinq cent seize florins seize cents.
« Les sections de Martué, les Bulles, Termes, Moyen, Jamoigne, Florenville et Lacui-
sine, payoient aussi, sous le régime autrichien, pour chaque pied d'arbres de construction
délivré aux usagers, dix neuf cents.
« Suivant les dispositions de l'article deux de l'ordonnance de Marie-Thérèse, en date
du huit février mil sept cent soixante-douze, les usagers doivent le huitième des contri-
butions foncières, qu'ils ne paient plus.
« Article douze.
« Premier lot.
« Division nommée Phays-de-Movex (forêt de Chiny)...
« Sont enclavés dans ce lot un mauvais pré à Jean-Baptiste Xaviaux, de Chiny; conte-
nant soixante-dix perches soixante aunes, lieu dit : le Pré-Moré.
« Et le Moulin à fariae, nommé Vignol, appartenant à Lamain Clément, occupant avec
le jardin et ses alentours, une superficie de soixante-onze perches cinquante aunes.
« Ce moulin n'est qu'à trois cents aunes de la lisière.
« Deuxième lot.
« Division de Meussin (forêt de Chiny)...
« Sont enclavés dans ce lot et en un tenant, les forges, étangs et dépendances d'Epioux,
appartenantes à Mr. Devillers-Bodson, et contenant vingt-cinq bonniers huit perches
trente deux aunes.
« Article treize.
« Une forêt dite :d'Herbeumont, située sur les communes de Herbeumont et Straimont.
« Une grande carrière d'ardoises, très-estimées, recherchées dans le pays, et ci-devant
par les villes de France jusqu'à Metz et Nancy, occupe l'extrémité nord de la forêt,
district de Poursumont.
— 324 —
v^ La forc't entière tst j^môvcc tk's charges suivantes :
^^ La coninuine d'IIerbeumont y a droit à treize cordes deux dixièmes des Pays-Bas de
bois de chaulVage, par ménage, maintenant au nombre cent quatre-vingt-onze, à la glan-
dée pour les cochons, et au pâturage pour les bestiaux.
<v Les communes de Straimont, maintenant au nombre de cent onze ménages; de
S'-Médard, qui compte quatre-vingt onze ménages, et dix-neuf de celle d'Orgeo, ont droit
de six cordes soixante-six centièmes de bois de chauflaga ; à la moitié des bois de bâti-
ment et d'agriculture nécessaires; l'autre moitié leur revenant dans la forêt domaniale de
Chiny.
vv Plus le pâturage et la glandée.
« Le produit des coupes particulières à ces communes, doit-être précompté sur les
délivrances à faire dans celle de la forêt.
« Ces délivrances absorbent environ les deux cinciuièmes des coupes de la forêt, et ne
pourroient jamais dépasser les deux tiers : l'autre tiers étant réservé, par préciput, au
propriétaire.
La commune d'Ilerlieuniont paie une redevance annuelle de soixante-un florins qua-
rante-deux cents pour sa jouissance.
« Ces droits et charges reposent sur les titres suivants :
« 1° Arrêté de l'administration centrale du département des Forêts, du vingt-un ven-
démiaire an huit.
« 2° Arrêtés des vingt-sept fructidor an treize, trente avril mil huit cent six, et neuf
juillet mil huit cent huit. »
685. — Nos Ardennes.
Dans Le Soir, jourual gratuit quotidien. Bruxelles, 22 septembre 1894.
686. — Le Cheval ardennais.
Dans L'Ardenne, journal des touristes. Liège, imp. Demarteau, août 188(3, \\° 4.
687. — En radeau de Chiny à La Cuisine.
Dans Le Soir, journal gratuit quotidien. Bruxelles, 14 septembre 1894.
688. — Report to be presented to the shareholders in the Great Luxem-
bourg Company, at the sixth annual gênerai meeting, to be held in
Brussels the 30th April 1852. S. l.
3 pp. in-folio.
689. — Edmond Picard. — Scènes de la vie judiciaire. — La Forge
Roussel. — Bruxelles, Ferdinand Larder, 1880.
ln-8o, de 77 pp.
690. — Almanach administratif de la Province de Luxembourg, Publié
avec l'autorisation de la Députation du Conseil provincial, par J. Laurent,
— 325 --
Directeur au Gouvernement provincial, et E. Stienon, chef de bureau à
la même administration. Arlon, Imp. et Lith. F. Briïck.
1891, 1" année, 304 pp.
1892, 2e » , 304 »
1893, 3« » , 307 »
1894, 4« » ,315 »
1895, 5« » , 316 »
691. — A M. l'Editeur du Journal 1' « Ardennais », à Neufchâteau.
Bruxelles, J. Goemœre, imp. du Roi, rue de la Limite 21 (1894).
In-folio, à 2 colonnes.
Réponse du D'' VV. Heynen aux articles que VArdnn?iais avait publiés contre sa candi-
dature. Cette lettre est datée de Bcrtrix, le 24 octobre 1894.
692. — Aux bords de la Semois. — Notes d'un jeune touriste, par
E. Lamotte. Bruxelles, imprimerie de Calleivaert frères, éditeurs, 66, rue
St-Lazare, S. d. In-12.
693. — Bulletin des séances du conseil provincial du Luxembourg.
Arlon, 1836-1894, in-8°.
-.1840-1864 : P.- A. Bruck.
1865-1882 : Poncin.
188.3-1892 : J. Bourrer.
1893-1894 : V. Poncin.
694. — Carlsbourg, autrefois « Saussure », ancienne seigneurie et pairie
du Duché souverain de Bouillon, par Félix Hutin (Frère Macédone),
professeur à l'établissement de Carlsbourg, Membre de l'Institut archéo-
logique de la Province de Luxembourg. Liège, H. Dessairi, ijnprimeur ,
rue Trappe, 7. — Alost, Procure générale. Place hnpèriale, 24. — 1894.
Gr. in-S", de 436 pp. ; gravures.
Avec cette épigraphe :
Il est sous le ciel bleu, loin du bruit de la ville,
Une heureuse vallée au milieu des grands bois,
Il est une oasis radieuse et tranquille.
Un Eden merveilleux où la terre fertile
Fait éclore les fleurs et les fruits à la fois.
Gode froid Kûrth.
« La Jeunesse d'un poète ».
Le prospectus de ce livre porte le titre suivant :
Histoire de Carlsbourg, autrefois « Saussure », ancienne seigneurie et pairie du duché souTe-
raiti de Bouillon ; par le Frère Macédone, professeur à l'Etablissement de Carlsbourg. S. 1.
(1894), in-S", de 3 pp.
695. — Catalogue de la Bibliothèque communale de la ville d' Arlon.
Arlon. Imprimerie et Lithographie J. Bourger. 1893.
212 pp., sans la Table.
22
— 3-26 —
696. — Chemin de fer de Virton. — Mémoire à l'appui de la demande
en concession du tracé de Habay à Virton par Etalle, Chatillon, S' Léger
et Ethe, par Désiré Hanus, secrétaire de la Chambre de commerce
d'Arlon. Arlon, Imprimerie et Lithographie J. Bourger, 1867.
5S pp. et 1 carte.
697. — Chemin de fer projeté d'Athus à Givet. — Détails élémentaires
pour établir des termes de comparaison entre le projet détaillé dans la
demande en concession et un autie projet suivant un parcours beaucoup
plus rapproché de Floren ville et de Virton. Arlon, hnprimerie et Litho-
graphie J. Boiirger, 1871.
27 pp. et 1 carte.
698. — La Concession d'Athus-Charleroi et la reprise du Grand-Luxem-
bourg.— Lettres à M. Malou. Arlon, Imprimerie et lithographie J. Bour-
ger, 1872.
15 pp. et 1 carte.
699. — L'hiver en Ardenne. Par Boset.
Dans L'Echo J'Ainay, jour7ial hebdomadaire. Imprimerie Centrale des Communes, Epse
V^incent-Garot, à Amay, 22 janvier 1888, n<' 4.
700. — La légende de Saint Hubert.
Dans Le Soir, journal gratuit quotidien. Bruxelles, 4 novembre 1894.
70 L — Notre-Dame d'Arlon (Luxembourg.)
Dans la Revue populaire de l' Association de St-François de Sales. — Semaine religieuse du
diocèse de Namur, publiée sous le patronage de Mgr. l' Evèque de Namur. Namur, Imprime-
rie de Ad. Wesmael-Charlier, éditeur de l'Evèché, rue de Fer, 51, 1885-1886, t. XVIII,
in-8°, pp. 60-61 .
Extrait de l'ouvrage intitulé : Les Vierges miraculeuses de la Belgique, par A. D. R. (De
Reume).
702. — Ermitage de Saint-Thibaut (Hodister). Par A. L.
Ibid., pp. 4U7-41i, 42.".-427, 457-459.
703. — Province de Luxembourg. Histoire du Conseil provinciaL
Années 1836 à 1885. — Arlon. Imp. et Lith. F. Briick, 1894 (1).
322 et XVI pp.
Par un ancien conseiller provincial (M. Edouard Orban de Xivry, Gouverneur de la
province de Luxembourg.)
(1) Une note volante placée dans le volume porte que les années 1886 à 1894 paraîtront
très pnjchainement.
— 327 —
704. — La question des chemins de fer dans la province de Luxem-
bourg, par Désiré Hanus, secrétaire de la Chambre de Commerce
d'Arlon, Arlon. Imprimerie et lithographie J. Boiirger, 1870.
27 pages.
705. — Rapport des Commissaires d'arrondissement d'Arlon-Virton
(E. Tandel) et de Bastogne (E. Caprasse), concernant l'étude d'un che-
min de fer vicinal de Jemelle à Martelange. Ar/o?i, hfiprimerle et Litho-
graphie J. Bourger, 1892.
27 pages. — Extrait de l'Exposé de lu situation administrative.
706. — Das Staatsrecht des Grossherzogthums Luxemburg, von D""
Eyschen (Ministre d'Etat, Président du Gouvernement Grand Ducal). —
Aus Marquardsen's Handbuch des Oeffentlichen Rechts. Freiburg in B.,
1890. Akademische Verlag&bîichhandlung vo7i J. C. B. Mohr (Paul
Siebeck).
251 pages.
707. — Traits de dévouement et de civisme. — Département de la
Seine, commune de Choisy. — Département de la Seine-Inférieure, com-
mune de Fécamp. — Département des Forêts, canton de Remich.
Dans le Bulletin décadaire de la République française. A Paris, de l'imprimerie de la
République. — N° 19, l'"'^ décade de Germinal an VII, in-8°, pp. 23-24.
Voici l'article concernant le canton de Remich :
« Le Commissaire du Directoire près l'administration municipale de ce canton, écrit
au ministre de l'intérieur que le jour où les conscrits sont partis de la commune de
Remersesen, le C®" Jacoby, ministre du culte catholique, a offert à chacun d'eux, au nom
de la fraternité républicaine, une somme de quinze francs, et leur a recommandé de servir
la République avec courage et fidélité.
« Il serait à souhaiter, ajoute le commissaire, que de pareils traits fussent moins rares
dans les autres cantons de ce département, et parmi les autres ministres du même culte ;
je désire qu'il soit inséré dans le Bulletin décadaire, pour l'encouragement des patriotes
et la confusion des ennemis de la liberté. »
708. — Wintergrùn. Sagen, Geschichten, Legenden und Mârchen aus
der Provinz Luxemburg. — Gesammelt und herausgegeben von N. War
ker. Arlon, Buchdruckerei, Virtonerstrasse. H. Willems. 1889-1890.
Petit in-80, de 149 pp.
. — ... Zweite bedeutend vermehrte Auflage. Druck von G. Willems, 33,
Handelstrasse, Esch an der Alzette, 1892.
Petit in-8°, de 578 pp. — Preis, 4 mark.
Zu beziehen durch : G. Everling, Buchhandlung, Arlon. — E. Gofïinet, idem. —
Hofbuchhandlung V. Buck, 5, Pastorstrasse, Luxemburg
709. — L'Empire sous les Luxembourgeois (Henri VII). Par Ch. Rahlen-
beck.
Dans la Revue de Belgique. Bruxelles, 15 novembre 1894.
— 328 —
710. — Les Coniinunes luxembourgeoises, par E. Tandel, commissaire
de l'arrondissement d'Arlon-Virton. — Ouvrage dédié à Sa Majesté
Léopold II, Roi des Belges. — Arlon. — Imprimerie F. Briick, 1889-1894,
9 vol. gr. in-8°, avec 81 planches, des portraits, gravures, plans^ armoi-
ries, etc.
Tirage : 425 exemplaires.
Tcime 1 (2 vol.) — Partie générale. — Prix : 12 fr. — 1889. — 949 pages.
Collaborateurs :
MM. Hourt, directeur à l'administration provinciale, à Arlon. — Le Luxembourg. —
Zi'.s- instiiulions polUiques et administratives. — Routes et chemiiis vicinaux.
Charles Liiurent, avocat général à la cour d'appel de Bruxelles. — Le droit coutumier
Eni. Tandel, commissaire de l'arrondissement d'Arlon-Virton. — Annexes archéo
logiques. — Répartition des habitants sous le rapport des langues nationales. — Classement des
provinces belges sous le rapport de l'instruction. — L'épargne dans le pays. — L'épargne dans
les provinces. — Les fondations de bourses d'études. — Les imprimeries eti i88g. — Les chemiyis
de fer du Luxembourg. — Les chemins de fer vicinaux. — Postes et messageries. — Les
Lu.vembourgeois mijiistres.
A. d'HofFschmidt, membre du conseil des mines. — Géographie historique. — Les élus
du Lu.xembourg. — La séparation.
E. Bockholtz, ingénieur des mines. — Constitution géologique du Luxembourg.
II. Mousel, inspecteur des eaux et forêts. — Les forêts de la province du Luxembourg. —
Le droit d'usage. — La chasse et la pêche.
E. Charles, secrétaire de la société agricole du Luxembourg. — L'agriculture.
Leyder, sous-directeur de l'institut agricole de Gembloux. — L'élevage.
D. Hanus, secrétaire de la chambre de commerce d'Arlon. — Le Luxembourg belge,
industriel et commercial.
D' Jeant}'. — Topographie viédicale de la provi?ice de Luxembourg.
Prat. — L'instructiofi publique.
J.-B. Douret. — La presse lu.xembourgeoise, 1740-1889.
V. Birnbaum, professeur à l'athénée royal d'Arlon. — Les musées d'Arlon.
Sibenaler, conservateur du musée archéologique d'Arlon. — Carte archéologique du
Luxembourg.
Tome IL — L arrondissement d'Arlon. — Prix : 9 fr. — 1889. — 538 pages.
Canton d'Arlon, par Em. Tandel. — Canton de Messancy, par C. Laurent.
Tome III. — L'arrondissement de Virton. — Prix : 20 fr. — 1890. — 1313 pages.
Par Em. Tandel.
Tome IV. — L' arrondissement de Bastogne. — M. Emile Tandel, Commissaire de l'ar-
rondissement d'Arlon et M. André, commissaire de l'arrondissement de Bastogne. —
Prix : 12 francs. — 1891. — 744 pages.
Tome V. — L arrondisseinent de Marche. — M. l'abbé de Leuze. — Prix : 13 francs. —
1892. — 710 pages.
Tome VIa. — L'arrondissemefit de Neufchâtcau. — Canton de Netifchâteau, par M" A.
de Leuze et Em. Tandel. Canton de Bouillon, par le F-"» Macédone de Carlsbourg (Félix
Hutin). — Prix : 10 fr. 50. — 1893. — 762 pages.
Tome VIb. — LJ arrondissement de Neufchâteau. — Canton de Paliseul, par Em. Tandel.
Canton de S^-Hubert;Y>^T M" A. de Leuze et Em. Tandel. Canton de Wellin, par M'^ le
chanoine Doyen & cure Roland. — Prix : 10 fr. 50. — 1893. — Pages 703-151(3.
— 329 —
Tome VIL — Table o7iomas.tiquc.— Prix : 6 fr. — 1894. — CCCXL pages.
L'Histoire des Coiniimites hixcinhourgeoises a figuré à l'Exposition d'Anvers, de 1894,
classe VIII, Arts libéraux, Objets scie7ittfi.qit,es. Cartographie, etc. A cette occasion, le jury
a décerné un diplôme d'honneur à M. Emile Tandel.
Les 9 vol. dont cet ouvrage est composé, forment les tomes XXI-XXVIII des Annales
de ri7istitttt archéologique du Luxembourg.
711. — Le Corps de saint Hubert conservé jusqu'à nos jours. Docu-
ments et preuves recueillis par M. l'abbé Hallet, aumônier à la Maison
pénitentiaire et de Réforme, à Saint-Hubert; et publiés dans les Précis
Historiques (par Ed. l'erwecoren). Bruxelles, imprimerie de J. Vande-
reydt, libraire-éditeur, rue de Flandre, lOi. — 1871.
In-8o, de 32 pp.
On lit à la page 25 : « \J Observateur du Luxemhotirg a publié, dans son numéro du
25 février 1846, un article sur le Corps de saint Hubert, par M. Geoffroy, major des
cuirassiers en non-activité. »
Suit la reproduction d'une partie de l'article de M. Geoffroy.
712. — Translation du corps de saint Hubert au monastère d'Andaïn.
(825).
Dans la Revue populaire de l' Association de 5' François de Sales. — Semaine religieuse du
diocèse de Namur... Namur, Wesmael-Charlier, 1885-1886, t. XVIIL pp. 214-217.
713. — Pèlerinage à Echternach.
Ibid., pp. 681-683.
714. — Pèlerinage de Saint-Thibaut. Par A. D. L.
Ibid., pp. 810-811.
715. — Notre-Dame de Luxembourg.
Ibïd., 1886-1887, t. XIX, pp. 632-633.
716. — Histoire de la Dyssenterie épidémique qui a régné au péniten-
cier et dans le canton de St-Hubert, en 1863. Par le D^ Herpain.
Bruxelles, 1863.
717. — Notice sur les reboisements dans le Luxembourg. Par F. L.
Trouet, sous-inspecteur des eaux et forêts. Arlon . ImprimeriePoncin, 1877.
39 pp.
718. — Notice sur le projet d'un réseau de chemin de fer à voie
réduite, dans la partie orientale du Luxembourg. Bruxelles. Imp. Bour-
lard et Havaux, rue d'Assaut, 16, 1881.
48 pp., avec cartes.
719. — Sièges fameux de Bouillon, par Stephen Leroy, professeur au
— 330 —
collège Turenne, à Sedan. Sedan. Imprimerie de Jules Laroche, 22, rue
Gambetta, 181)2.
43 pages.
720. — Biographie de Pierre-Joseph Redouté, par André De Vos.
Gand, Annoot-Braeckman, 1873.
In-S", de 12 pp.. portr. — Extrait de la Belgique horticole.
721. — La Charte d'affranchissement de S'-Léger, 2 mars 1368, par
M. Godefroid Kùrth, Professeur à l'université de Liège. Brtixelles, Imp.
de F. H ayez.
ln-8o, de 16 pp. — Extrait des Bulletins de la Commission royale d'histoire de Belgique, t.
V, n° 1, 4« série.
722. — Chemin de fer du Luxembourg. Parcours géographique et his-
torique à course de locomotive. (Par Léon De Thier). Liège, Carmanne,
1858-1860.
2 broch. in-12, de 23 et 42 pp.
723. — Les Etats provinciaux du Grand-Duché de Luxembourg, de
1816 à 1830. Luxembourg. Imprimerie de la Cour V. Biick Léofi Biick,
successeur , 1890.
1307-XIV-200 pp.
Par P. Ruppert.
724. — Exercices sur les particularités géographiques et historiques de
la province de Luxembourg, par Théodore De Rive. Arlon, Briick, 1841.
In-18, de 35 pp.
725. — Glossaire toponymique de la commune de St Léger, avec quel-
ques indications sur la méthode à employer dans la confection des glos-
saires toponymiques, par Godefroid Kùrth, Professeur à l'université de
Liège. Namur, Libraire et Lithographe Lambert de Roisin, 22, rice de
l'Âuge, 1887.
98 pp.
726. — Le Grand-Duché de Luxembourg dans ses relations interna-
tionales. Recueil des traités, conventions, arrangements internationaux
et dispositions législatives diverses concernant les étrangers, par P. Rup-
pert, Conseiller Secrétaire Général du Gouvernement. — Lu.xemboitrg.
Imprimerie de la Cour V. Bûck. Léon Biick, successeur. Mai 1892.
886 et LV pp.
727. - Le Guide du Voyageur dans le Grand-Duthé de Luxembourg,
on I
OOl —
par M. Erasmy. Luxembourg. Imprimerie de V. Bilck, rue du Curé. —
1861.
In-18, de IV-191 pp , avec une carte du Grand-Duché et un plan de Luxembourg.
728. — Journal de l'Enregistrement et du Notariat, pour le Grand-
Duché de Luxembourg, ou Recueil des lois, ordonnances, arrêtés, déci-
sions judiciaires et administratives en matière d'enregistrement, de tim-
bre, de greffe, d'hypothèques, de notariat, de successions, de mutations
par décès, de domaines, etc., rédigé par M. Schon, Directeur de l'Enre-
gistrement et des Domaines, à Luxembourg. Luxembourg, 1847-1863, 17
vol. et tabl.
M. Schon, directeur de l'enregistrement, mourut en 1854. Après cette époque, le jour-
nal fut rédigé par son frère, Michel Schon, employé de l'enregistrement, avec le con-
cours de plusieurs magistrats et jurisconsultes.
729. — Les lois et règlements sur l'organisation politique, judiciaire et
administrative du Grand-Duché de Luxembourg, recueillis par P. Rup-
pert, Conseiller Secrétaire Général du Gouvernement, Greffier de la
Chambre des Députés et Secrétaire du Conseil d'Etat. 2'' édition, entière-
ment remaniée et complétée jusqu'au 31 Décembre 1885. Luxembourg,
imprimerie de la Cour, Y. Bilck, rue du Curé, 1885.
924 pp. — Le faux titre porte : Organisation politique, judiciaire et administrative du
Grand- Duché de Luxembourg.
730. — Mémoire sur le canal de jonction de la Meuse à la Moselle,
dans le Luxembourg, par un ingénieur (Remy De Puydt). Mons. Hoyois-
Derely, 1831.
In-4°, de 96 pp., tableau.
731. — Mœurs Luxembourgeoises, par Jules Guillain, professeur. Dé-
dié au Cercle Luxembourgeois de Charleroi. Mons, Hector Manceaux,
Imp.-Edit., 1887.
732. — A la frontière. Villers devant Orval. — Les ruines de l'Abbaye
d'Orval. — La prédiction du moine d'Orval.
Dans le Supplément au Soir (Bruxelles), du 23 décembre 1894.
733. — Amélioration de la Race Bovine dans le Luxembourg, par
L. Goebbels, Médecin-Vétérinaire à Nassogne. — Arlon, F. Poncin,
im primeur- éditeur , 1889.
Petit in-40, de 9 pp. à 2 colonnes.
734. — L'Association libérale luxembourgeoise aux libéraux de la
province. Manuel de l'électeur. Arlon, V. Po?icin, Impritneur-Editeur,
Marché aux Pommes de terre, 4-6. 1875.
87 pp. — Par Arthur d'Hoil'schmidt.
_. 332 —
735. — La Constitution de 1848, ses travaux préparatoires dans la
Commission des quinze, la section centrale et les séances des Etats, par
un des derniers survivants de l'Assemblée Constituante (M. Lucien
Richard, conseiller d'Etat.) JAixembourg. — Imprimerie de la Cour,
V. Biick. — /.. Bilck, successeur. 1894.
200 pp.
736. — Instruction pratique pour l'exécution de la loi électorale du
5 mars 1884, en ce qui concerne les opérations pour les élections légis-
latives. \AL\embourg. Imprimerie de la Cour, V. Biïck. 1884.
40 pp.
7.')7. — Pasicrisie luxembourgeoise. Recueil de la jurisprudence luxem-
bourgeoise en matière civile, commerciale^ criminelle, de droit public,
fiscal, administratif et notarial, publié par M. P. Ruppert^ Secrétaire gé-
néral du gouvernement, avec la collaboration de plusieurs magistrats et
jurisconsultes. — 'Luxembourg. 1881 1890, in-8°.
— Pasicrisie luxembourgeoise. — Recueil de la jurisprudence luxem-
bourgeoise, en matière civile, commerciale, criminelle, de droit public,
fiscal, administratif et notarial, publié par A. Liger, avocat. — J. ^Vùrth-
Weiler, Docteur en droit, ancien avocat, avec la collaboration de plu-
sieurs magistrats et jurisconsultes. Luxembourg. Imprimerie Th. Schroell,
1894. . ,
Prix de l'abonnement par année, 7 fr. 50. — Prix du n», 0.75
738. — Pasinomie Luxembourgeoise, ou Collection des lois, décrets,
arrêtés, règlements généraux et spéciaux, qui peuvent être invoqués dans
le Grand-Duché de Luxembourg, servant de continuation à la Pasinomie
belge, recueillis par M- Mùnchen, avocat à la Cour. — 2® série. Du 1^"^
janvier 1840 à la constitution du 9 juillet 1848. — lAixembourg, chez V.
Biick, successeur de J. P. Kuborn, Place Guillaume. 1852.
— Pasinomie Luxembourgeoise. -- Recueil des lois, décrets, arrêtés,
règlements généraux et spéciaux, etc., qui peuvent être invoqués dans le
(jrand-Duché de Luxembourg^ publié à partir de 1870, par P. Ruppert,
Conseiller Secrétaire Général du Gouvernement, Greffier de la Chambre
des Députés et Secrétaire du Conseil d'Etat. 188i) à 1891. Luxembourg,
Imprimerie-JÀbralrie de la Cour, V. Bilck. L. Biick, successeur^ Rue du
Curé. 1891.
739. — La Procession dansante d'Echternach. Par Godefroid Kurth.
Dans la Revue Géfiérak. Bruxelles, Haencn, août 187(3.
740. — Rapport général sur l'état de l'agriculture dans le Grand-Du-
ché, de 1839 à 1880, par Eug. Fischer, Président, et J. P. J. Koltz, secré-
taire de la Commission d'agriculture. (31 Décembre 1891.)
528 pp. — La couverture porte : Statistique historique du Grand Duché de Luxembourg.
Agriculture. Etat général de l'agriculture, de 18.39 <> 1889. — Service agricole de 1881 (i 1893.
(15 Janvier 1895.) Luxembourg. — Imprimerie de la Cour, V. Bùck. Léon Buck,
successeur.
741. — Recueil général en matière de Notariat et de Jurisprudence
pour le Grand-Duché de Luxembourg, rédigé par IVP' Schon, ContnMeur
garde-magasin du timbre, avec le concours de plusieurs magistrats et ju-
risconsultes. Luxembourg, 1867-1874, 3 vol.
742. — Remarques critiques sur l'histoire de Saint- Willibrord, arche-
vêque des Frisons. Traduit de l'allemand du docteur Binterim, par P.-F.-
X. De Ram. Louvain, 1831.
In-S", de 17 pp. — Extrait du Nouveaii Conservateur belge.
743. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. — Le
Gouvernement, le Conseil d'Etat et la Chambre législative du Grand-Du-
ché de Luxembourg, de 1881 à 1889, et la représentation de la province
de Luxembourg, de 1815 à 1839, d'après les documents officiels par P.
Ruppert, Conseiller Secrétaire Général du Gouvernement, Secrétaire du
Conseil d'Etat et Greffier de la Chambre des Députés. 15 septembre 1889.
Lu.xembourg. Imprimerie de la Cour, V. Biick, rue du Curé, 5.
239 et V pp.
744. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. — La
situation de l'industrie et du commerce, de 1839 à 1889, par Ed. Metz,
Président et Ch. Gemen, secrétaire de la chambre de commerce. 31 Dé-
cembre 1889. Luxembourg. Imprimerie de la Cour, Y. Biick, rue du
Curé, 5.
115 pp.
.745. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. —
L'administration des contributions directes, accises et cadastre, de 1839 à
1889, par M. Mullendorft, Directeur de l'administration, l^-- octobre 1889.
LAi.xembotirg. Imprimerie de la Cour, V. Biick, rtie du Curé, 5.
70 pp.
746. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. —
Hospice central d'Ettelbrûck. — Assistance des infirmes indigents. Ré-
gime hospitalier et légal des aliénés. 1815-1889. Par le D^ A. Buffet, Mé-
decin-Directeur de l'Hospice central. 15 Novembre 1889. Luxembourg.
Imprimerie de la Cour, V. Biick, rue du Curé, 5.
141 pp.
747. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. —
L'administration de l'Enregistrement et des Domaines, de 1839 à 1889,
par Em. Faber, Directeur de l'administration. (31 mars 1890). Luxem-
bourg. Imprimerie de la Cour, V. Biick, rue du Curé, 5.
88 pp.
748. — Statistique historique du Grand-Duché de Luxembourg. — Le
service de la recette générale et la comptabilité de l'Etat, de 1839 à 1889,
par X. Leclerc, Caissier de la Recette Générale. 1^"^ octobre 1891. Luxem-
bourg. Imprimerie de la Cour, V. Biick, rue du Curé, 5.
98 pp.
749. — Supplément au n° 43 du journal La Cote libre. — Rapports et
sentence du comité de justice de la presse dans l'affaire Mandel contre
Victor Tesch et Consorts, administrateurs de la Grande Compagnie du
Luxembourg. — Plainte. — Rapports. — Annexes. — Prix : 20 centi-
mes. Bruxelles, imprimerie spéciale de la Cote libre^ rue du Peuplier, 1. —
187'2.
Petit in-40, de 3(5 pp. à 2 colonnes.
750. — Le travail des ouvriers, femmes et enfants, dans le Grand-
Duché de Luxembourg, par Alexis Brasseur, Docteur en droit. Luxem-
bourg. Imprimerie de la Cour., V. Biick, Léon Biick, successeur. 1890.
16 pp.
751 . — Traité de droit public du Grand-Duché de Luxembourg, par
Isl. Eyschen. Observations publiées sur cet ouvrage dans la Liixemburger
Zeitutig. Luxembourg. Imprimerie Th. Schroell. 1890.
55 pp.
752. — La vie de Saint Hubert, écrite par un auteur contemporain ;
publiée d'après un manuscrit du grand séminaire de Namur, par Charles
De Smedt. Bruxelles, Hayez, 1878
In-80, de 45 pp. — Extrait du Compte-rendu de la Commission royale d'histoire.
753. — Les vingt-cinq codes de la Législation Luxembourgeoise, par
Gontier-Grigy, J^irecteur d'assurances.
Juger en équité et non en droit, c'est suivre sa conscience du moment, sauf appel tardif
à celle du lendemain. C'est la paresse qui prend ses aises.
— Troisième édition (sur le même plan que celles de 1842 et 1860,
mais entièrement refondues.) Luxembourg, J. Joris, Imprimeur -Editeur .
1872-1875.
— oàù —
754. — Engelhardt. — Geschichte der Stadt und Fesstung Luxemburg.
Luxenièurg, 1850_, in-12,
755. — Organ des Vereins fur christliche Kimst in der Diocèse Luxem-
burg. Luxemburg, 1861-1882 ...., in-8°, planches.
756. — Ons Hémecht. Organ des Vereines fur Luxemburger Geschichte,
Litteratur und Kunst. Luxemburg. Druck von P. Worré-Mertens,
Maria-Thercsicn-Sirasse . N° 1, 1 Januar 1895.
Die Vereinsschrift erscheint vorlaùfig am 1 jeden Monates, 16-24 Seiten stark. Dieselbe
wird allen Mitgliedern gratis zugestellt : fur Nichtrereinsangehôrige betriigt der jahrli-
che Abonnementspreis F. 7.50 (Mk B). — Aile Rechle vorbehalten.
757. — Règlement des cours normaux annexés à l'école primaire
supérieure du Gouvernement à Virton.
Dans le Rapport triennal sur la situation Je. l'instruction primaire en Belgique et sur l'exé-
cution de la loi organique du 23 septembre 1842, présenté aux Chambres législatives, par M. F.
Piercot, Ministre de l' Intérieur , le 8 mai 1854. — Troisième période trientiale. — 1849 — 1850
— 1851. — Bruxelles, Emm. Devroye, imprimeur du Roi, 40, rue de Louvain. (S. d.), in-
folio, pp. 126-128.
758. — Circulaire de l'inspecteur de la province de Luxembourg (Tan-
del) contenant le programme des matières à traiter dans les conférences
d'instituteurs. 30 juin 1847.
Ibid., pp. 153-160.
759. — Circulaire de l'inspecteur de la province de Luxembourg (Tan-
del) contenant un complément au programme des matières à traiter dans
les conférences d'instituteurs. 27 juin 1848.
Ibid., pp. 160-165.
760. — Circulaire de l'inspecteur de la province de Luxembourg (Tan-
del) contenant un deuxième complément au programme des matières à
traiter dans les conférences d'instituteurs. 28 octobre 1848.
Ibid., pp. 165-166.
761 . — Circulaire de l'inspecteur de la province de Luxembourg (Tan-
del) contenant un troisième complément au programme des matières à
traiter dans les conférences d'instituteurs. 31 mai 1850.
Ibid., pp. 166-169.
Dans cette circulaire, adressée par M. Tandel aux inspecteurs cantonaux, on remarque
le pass.ige suivant :
« Vous avez pu lire, Monsieur l'Inspecteur, dans le dernier rapport triennal, à la fin
du chapitre III, que le Luxembourg figure en tête des provinces qui se présentent le plus
— 336 —.
favorablement sous le rapport du degré d'instruction des élèves. Vous voudrez bien faire
connaître ce passage aux instituteurs et leur recommander de faire tous leurs efforts pour
que notre province conserve cette position distinguée. »
162. — Province de Luxembourg. — Modèle de délibération à prendre
par les conseils communaux dans le but de régulariser l'enseignement
religieux dans les écoles, ainsi que la fréquentation des offices divins
par les élèves.
/d/J., pp. 218-219.
763. — Godefroid Kurth, professeur à l'université de Liège, lauréat du
concours quinquennal d'histoire. (Portrait et texte).
Dans Le Patriote illustré. Bruxelles, 24 mai 1891, pp. 241 et 249-50.
764. — M. Orban de Xivry, gouverneur du Luxembourg. (Portrait et
texte.)
Ibid., 6 décembre 1891, pp. 589 et 597.
765. — L'Eglise de Saint-Hubert. (Gravures et texte.)
Ibid., 18 septembre 1892, pp. 456, 461 et 463.
766. — M. le baron de Gerlache, le premier président de la conférence
de Saint- Vincent-de-Paul, à Bruxelles. (Portrait.)
Ibid., 20 novembre 1892, pp. 568-569.
767. — Saint-Hubert chassant dans la forêt de Soignes. (Gravure). —
La Chasse de Saint-Hubert. (Texte.)
Ibid., 21 mai 1894, pp. 242 et 246.
768. - La théorie de N.-R. Brùck.
Dans La Chronique, Gazette quotidienne. Bruxelles, 13 décembre 1893.
Article signé : Karx.\c.
769. — De Liège à Verviers, Spa, Stavelot et Vielsalm... Viel-Sam. —
L'Ourthe et l'Amblève. De Liège à Trois-Ponts et de Comblain à
Laroche... Bomal. Barvaux, Durbuy. Melreux. Laroche. — De Jemelle
à Libramont, Longlier-Neufchâteau et Arlon. Libramont. Neufchâteau.
Arlon. — De Libramont à Bastogne et Houffalize. Bastogne. Bourcy.
Houffalize. — Les bords de la Semoys. Florenville. Ruine de rAbba3'e
d'Orval (gravure sur bois). Laiche. Chassepierre. Sainte-Cécile. Herbeu-
mont. Mortehan. Cugnon. Auby. Dohan. Bouillon. Vue du Château de
Bouillon (gravure sur bois). Corbion. Poupehan. Rochehaut. — Le Grand
Duché de Luxembourg. Luxembourg. Environs de Luxembourg. — De
— oo7
Luxembourg à Ettelbruck, Diekirch, Vianden, Echternach et Trêves
Ettelbruck. Diekirch. Vianden. Echternach.
J.-B. DOURET.
••H^r-4K"
TABLE ONOMASTIQUE
Aalberyk, S', 261.
Abraham, Frère, 248, 285.
Aisne, 311.
Albe, duc d', 313.
Albert, Archiduc, 257.
Alexandre, J., 282, 210.
Alexis, M. G., 287.
Allamont, Jean d', 238, 247.
Allamont, M^ d', 239.
Allemagne, 280.
Alost, 285.
Aîtmeyer, J. J. 242, 269.
Alton aux Ardennes, général d',
234.
Alvin, A, 223.
Alzette, 251.
Amblève, 221, 250, 251, 236.
Amherd, Aloysius, 217, 268, 283.
Andaïn, Andaïnum (S' Hubert),
329.
André, 328.
André, Henri Barth, 269.
Ansart, 322.
Anselme, le Père, 280.
Ansembourg, 230, 249.
Anvers, 225, 238, 248, 263, 280,
285.
Ardenne ou Ardennes, 214, 218,
219, 220, 225, 230, 231, 240, 245,
260, 263, 267, 270, 273, 278, 282,
290, 295, 299, 307, 324.
Ardenne, Jean d', 223.
Arenberg, prince d', 250.
Arendt, professeur, 311.
Aresso, d', 2;î8.
Arlon, 2^5, 221, 225, 227, 229, 240,
242, 267, 269, 274, 275, 294, 328,
336.
Arlon, Marquisat d', 254.
Arlon, N. D. d', 326.
Arnet, Maurice d', 300.
Arnould, 306.
Arnould, C"^ de Chiny, 220.
Arnoult, Jean d', 309.
Aroulx, 220.
Artois, Maison d', 272, 291.
Assenois, 322.
Athus, 230, 326.
Auby, 222, 336.
Auflance, 321.
Augoyat, lieutenant, 270.
Austrasie, 217, 259.
Autriche, Autrice, Jean d', 242.
Aveugle, Jean 1', 224, 259.
Avioth, 321 .
Aye, 246.
Bagneris, 248.
Baillet, Maximilien de, 255.
Balthazar, Gérard, 306, 311.
Bar, 276.
Bar le Duc, 229, 256.
Barbanson, J., 234.
Bardenbourg, 252.
Bar est, Eug., 286.
Barnave, 304.
Barreau, 239.
Barrois, 218
Bàrsch, G., 243.
Barthélémy, 304.
Barvaux, 223, 336.
Basse Moûturie, 259.
Bastogne, 221, 240, 242, 251, 253,
267, 296, 328, 336.
Batte, Vallée de la, 248.
Baugniet, 275.
Bayle, 292.
— oo9
Bayonville, 262.
Baze, 296.
Beauffort, Maison de, 272.
Beaujean, Romain, 279.
Beaulaincoiirt, 306.
Beaiilieu, de, oll.
Beaumont en Argonne, 278.
Beaurieu, chanoine, 258.
Bédoyère, O' de la, 302.
Beeckman, 217.
Bellefontaine, 322.
Bende, 269.
Bentzerardt, Ch. H. de, 288.
Berger, N., 294.
Berlin, 227.
Bertelio, 255.
Bertholet, S. J., 255, 256.
Bertieri, 274.
Bertrix, 222, 240.
Berwart^ château de, 244.
Bétange, 278.
Beyerlinck, Laurentius, 263.
Beziers, 227.
Bièvre, Bivera, 281, 321.
Binterim, 333.
Birnbaum, V., 328.
Bitbourg, Bidbourg, 221, 242.
Bivort, J.-B., 240, 259.
Bizot, P. A., 252.
Blagny, 321.
Blanc, Louis, 305.
Blankenberghe, 285.
Blocklandt, 273.
Bockholtz, 328.
Body, Albin, 246.
Bohême, 229.
Boileau, 315.
Bois du Beauchesne, vicomte de,
302.
Bornai, 336.
Bon et le Bois de Outre-Onne, 220.
Bonaventure, le Père ou Henri
Remy Mirchout, 244, 255, 256.
Bonn, 227.
Bonnardeau-Henkart, 228.
Bonnevoie, 280.
Borgniet, A., 251.
Bomian, 224.
Borthon, Hilaire, 280.
Boset, 309, 326.
Bouillon, 220, 221, 224, 230, 239,
24i, 242, 265, 276, 328, 329, 336.
Boulanger, 295.
Bour, V., 249.
Bourcy, 336.
Bourdon, 300.
Bourgogne, 290.
Bourguin Marie Scholastique, 280.
Braas, 214.
Brabant, 218, 264, 270, 278.
Braine, 220.
Braine-le Comte, 248.
Brantwyck, Peter van, 273.
Brasseur, D"", 334.
Brassine, 230.
Bremond, Alphonse, 272.
Bretagne, 240.
Brétex, Jacques, 305, 306.
Breton, 310.
Breux, 321.
Breu vanne, 322.
Brimeyer, J. P., 257.
Broquardt, Jacques, Père, 271.
Bronn, V., 270, 308.
Bronze, la Vallée, 246.
Brosius, abbé, 261.
Broyés, 256.
Bruck, N. R., 336.
Bruges, 225, 285.
Bruining, G., 224.
Brune, 303.
Bruno, Marc, 267.
Bruxelles, 217, 222, 227, 238, 285,
311.
Bruyère, de la, 302.
Buffet, Ds 333.
Busch, Michel, 223.
Busbach, Sœur Monique de, 309.
._ :}4o _
Busbarch, Marguerite, .'509.
Buschmann, J. Ern., '■211.
Buydens, 214.
Burnet, évèque de Salisbury, olO.
Bii;^v, t2:58, '2 il.
Cadry, J.-B., 219.
Cajiis Igiila, César Caligula, 226.
Caligny, Hue de, 270.
Calmet, dom Aug., 276.
Cambray, 280.
Campenhout, 266.
Campine, 240, 247, 274.
Capefigue, 301.
Capitaine, L., 227.
Caprasse^ E., 327.
Carignan, 220.
Carlsbourg, Saussure, 325.
Casagny, J. Ferd. Poncin de, 219.
Casaquy, Poncin, 219, 295.
Cauchy, 290. .
Célestin, abbé, 256.
Chalon, R., 297.
Champeenetz, 303.
Champion, 246.
Chanlair, P.'S., 226.
Chapuis, P., 237, 280.
Charleroy, 224, 285.
Charles, Alexandre duc, 229.
Charles, duc de Luxembourg, 229.
Charles, E., 328.
Charles II, 236.
Charles IV, 226, 312.
Charles V, 237, 260, 271, 312, 318.
Charles VI, 313.
Charles VIII, 306.
Charles-le-Hardi, 316.
Charles-le Téméraire, 306.
Chamois, 323).
Chassepierre, 222, 336.
Chasteauvillain, 256.
Chateaubriand, de, 220, 305.
Chatillon, 320.
Chaudfontaine, 245.
Chauvenci, tournoi de, 305.
Chauvency-le-Chateau, 321 .
Chiers, 251 .
Chimav, 312, 315.
Chiny,'213, 217, 220, 222, 223, 231,
234, 236, 241, 242, 248, 252, 254,
260, 267, 274, 279, 284, 290, 294,
324.
Chinv, Comté, 261, 284.
Chiny, forêt de, 322.
Choisy, 327.
Chooz, 258.
Christiani, 284.
Cielle, 246.
Clairefontaine, 227, 236, 243, 252.
Clairevaux, 296.
Clavareau, Aug., 223.
Clément, Charles, 218, 237, 270
Cl er vaux, 280.
Clomes, P., 249.
Clotte, 285.
Cobré ville, Seigneurie, 277.
Collm de Plancy, 287.
Colpach, 25 i, 255.
Comblain au Pont, 245.
Condroz au Luxembourg, 274.
Conques, 321.
Conrard. L, 252.
Conter, 225.
Coomans, 225.
Copenhague, 238.
Corbion, 336.
Coremont, croix de, 246.
Court, 304.
Courte] oie, 258.
Courtois, Richard, 308.
Crantz, baron de, 276.
Crépin, François, 220, 293.
Créqui, marquis de, 259, 312.
Crespin, abbé de, 318.
Crolly, 220.
Croy^ Philippe, 300.
Cugnon, 222, 236.
Cupere, Martin de, 316.
Cygne, Chevalier, 273.
— 341 —
Damvillers, 221, 242.
Danemarck, Danemarque, 242.
Danseau, G^^^ o-21.
Danseau, P^% 321 .
Dasnoy, 238.
Daufresne de la Chevalerie, 245,
285, 290, 295.
Defrenne, 239.
Delahaut, Ch. Jos., 217.
Delft, 31 1 .
Delhasse, Félix, 219, 257
Delmotte, Philibert, 306.
Delmotte, Henri, 306.
Delogne, Ch. H., 252, 274.
Demkerive de Villecley, 239.
Denis du Pin, S', 285.
Desmoulin, C, 303.
De Thier, Léon, 330.
Deux-Ponts, 234.
Deventer, Jacques de, 221.
Devillers-Bodson, 323.
De Vos, André, 330.
De Vos, Pauline, 294.
Dewalque, 215, 237, 245.
Diana, 236.
Diekirch, 221, 242, 257, 298, 308,
336.
Diedier, échevin, 264.
Diedenhoven, J., 225.
Dinant, 219.
Dohan, 336.
Dommartin, Paul, 219.
Donatus, 263.
Dondelinger, 249;
Donneau de Visé, 260.
Douai, 227.
Douret, J.-B., 258, 328.
Doyen, chanoine, 328.
Doyen, F., 309
Dreux, 256.
Du Bois de Beauchesne, 302.
Dubois, F. 310.
Duchesne, 253, 256.
Duhaivuriin, 288.
Dujardin, Henri, 28:3.
Dulaure, 304.
Dumont, 223, 270, 283, 290.
Dumont, J.-P., 237.
Dumoulin, 262.
Du Perron, 237.
Du Plessis-l'Escuyer, 242.
Dupont, E., 294.'
Duprel, 311.
Dupret, 307.
Durbuy, 219, 221, 223, 232, 242,
2 45, 290, 295, 336.
Du Rier, 260, 283.
Dusarr, Edouard, 285, 293.
Dussaulx, 303.
Dutreux, 299.
Duyst, Den., 278.
Echternach, Epternach, 221, 236,
242, 260, 2(37, 273, 282, 284, 292,
329, 336.
Echternach, abbé d', 264.
Ecuy, abbé 1', 217.
Eife'l, 24'..
Eisch, 248.
Eligius, SS 263.
Eli, seigneur, 254.
Eltwill, :}U0.
Engelspach-Larivière, 237.
Engelhardt, 335.
Enghng, J., 248.
Ensch, Xuma, 243.
Epioux, forges d', 323.
Erasmy, 331.
Erenz les deux, 251 .
Eniiesinde, 258.
Ernst, 214, 232.
Ernst, S. P., chanoine, 239.
Erpelding, 258.
Esch sur la Sûre, 280.
Eschiae, 230.
Escombre, 220.
Esneux, 219.
Espienne, c"" d', 310.
Esquiros, Alph., 305.
23
342 —
Etalle. :W6.
Ethe, 326.
Ettelbriick, 33G.
Evnaten, Ss' de Harcé, 236.
Eyschen, Cari., 292.
Eyschen, D^ 327, 3;U.
Faber, 334.
Fabro, A. G., 247.
Faj^nes, les, 251.
Falkenstein, 2{)().
Fallon, F., 214.
Famiano, R. P., 260.
Farnèse, Alexandre, 260.
Favereau, Michel, Ch. Jos., 269.
Fays, 248.
Fécamp, 327.
Feller, abbé de, 251, 261, 296.
Felsenhart, J , 265.
Feltz, 267.
F'erraris, 226.
Ferron, J.-P., 24Ô.
Fischer, 333.
Flandre, 218, 236, 278, 291.
Fleischer, 219.
Florange^ Josine, 283.
Florenville. 276, 322, 323, 326,
336.
Florus, 249.
Folie. M., 278.
Foncq, 313.
Fontaine, J, chanoine, 309.
Fontaine, Alarg. Joseph de la, 243.
Fontaine, gouverneur, 275.
Fontaine, Marie, 280.
Fontenoille, 320.
Fosse, Jean de la. 265.
Foy, N.-D. de, 232.
France, 217, 222, 225, 227, 233,
23«), 237, 270, 280.
François André, 248.
François, Dom. Jean, 238.
Franzenberg, 248.
Frédéric, 0% 236.
Frédéric, Maurice de la Tour, 226.
I^'renoy, du, 300.
Freyr, forêt de, 261 .
Froumy, 321.
Fuss, Th., 302.
Gachard, 232, 275, 278, ;îl2, 316.
Galesloot, 223.
Gallardon, Martin de, 286.
Gand, 227, 255, 285.
Gangler, J.-P., 263.
Gaule Belgique, 217.
Gautier. 303.
Gazzaniga, 274.
Geloes. C"^ de, 252.
Geniblous, 333.
Gendbrugge, 220.
Gens, E., 222, 265. 285, 296, 308.
Genty, curé, Mons, 258.
Geoffroy, 329.
Gerardi', 215, 275, 380.
Gerlache, baron de. 217, 223, 257,
296, 316, 336.
Gerlache, Etienne, Constant de,
217, 223, 239, 245, 277.
Gerlache, Eugène de, 273.
Germiry, 321 .
Geromont, 290.
Gerouville, 290, 321. 322.
Gillain, 214.
Gilles, de Montmédy, 232.
Givet, 230, 250, 326.
Glaesener, Michel. 275, 27(), 278,
307.
Gloden. 266.
Gloesener, 223.
Godefroid de Bouillon, 273, 313.
Godefroy, 312.
Gotbbels, L , 331 .
Goffinet-Salle. J. B., 284.
Goffinet, Hippolyte, 227.
Gonçales, D. de Cordua, 240.
Goncourt, Edm. et Jules. 301 , 305.
Gorlitz, Elizabeth de, 316.
Gottschall, 260.
Gourcv, 280.
34^
Grand-Halleux, 279.
Grave-Macheren, 221, 242.
Gravet, F., 232, 274.
Gravez, M"% 295.
Gravrand, F., 287.
Greid, Jean de, 223.
Greisch, 248.
Grevenmacher, 248.
Grigy, 334.
Grimbergue, 294.
Grobbendoncq, baron, 273, 290.
Grooters, 214.
Gueldres, 291, 314.
Guillaume d'Orange, 265.
Guillain, Jules, 321.
Guillaume I, 239.
Guillaume, Colonel, 254.
Guillerez, A.-F., 265.
Habay, 326.
Hadelin, 258.
Hainaut, Haynau, 218, 238, 273,
278, 291, 295, 314.
Hallet, abbé, 329.
Han, 219.
Han sur Lesse, 245.
Hanus, Désiré, 326, 327, 328.
Harbonnier, 277.
Harcé, Harzé, 236.
Hatois, 321 .
Haulleville, 223.
Havelange, 235.
Havelange, J., 261, 262.
Haynau, 218.
Hayons, Thomas des, 247.
Heid, 295.
Helbig, H., 294.
Heldringen, 254.
Henckels, Aug., 221, 249.
Henri, 252.
Henri, C"^ de Bar, 291.
Henri, C"^ de Luxembourg, 291 .
Henri de la Tour, 220.
Henri le Docte, 246.
Henry, Henri Michel Busch, 223.
Henry, J. A., curé, 225, 269.
Herbeumont, 323, 336.
Herbeuval, 321.
Hermitage, St-Thibaut, 246.
Herpain, D^, 329.
Hertzrodt, 279.
Hesse-Darmstadt, 225.
Hest, 273.
Heure, Eau d', 251.
Heuschling, 226.
Heuschling, Etienne, 245.
Heuschling, J. B., 300.
Heynen, D^ W., 325.
Hickmann, Robert, dom, 263.
Hobscheid, 248.
Hodister, 326.
Hotfschmidt, Arth. d', 249, 328,
331.
Hogheur, trou de, 295.
Hollande, 226.
Hollenfeltz, 249.
Holsthum, 232.
Hommanus, 241.
Hongrie, reine de, 222, 229.
Hospitalii, Michaelis, 301.
Hotton, 246.
Houffalize, Hofalize,219,22l, 223,
242, 296, 336.
Hourt, 328.
Hoyaux, le, 251.
Hoyoux, 221.
Huart, famille d', 276.
Huart, baron d', 297.
Huart, Em., 278.
Humain, 262.
Hutin, Frère Macedone, 225, 328
laillot Hubert. 241.
lainville, 218.
Igel, 226, 248, 273, 296, 311.
Ivoy, 242.
Izel, 234, 322.
Jacoby, 327.
Jacquelart, 244.
Jamoigne, 276, 322, 323.
Jamotle, 'iT.'».
Janin,27:î, t>S:î.
Joantin/217, 231, 250,254/207,296.
Jeanty, I>, :î28.
Jemelle, ;^27, ;î36.
Jenneret, 2(i9.
Joachini, Pierre, Dominique, 22i,
2;il), 2i!).
Joinville, Jainville, 218.
Jolv, V., 220.
Jonghe. J. B. de, 217, 219, 291, 308.
Joseph II, 245, 264.
Joiiy, 220.
Juan d'Autriche, don, 218, 240.
Jupille, 246.
Juste, Théodore, 223, 2 48.
Karger, abbé, 300.
Kasthofer, 270.
Keiffer, M. D., 221, 272.
Keiffer, 288. .
Kessel, chevaher P. N. de, 224.
Kihan, P. A., 255.
Klein, Jacques, 219.
Kleyr, 219.
Kloepels, gueiTe des paysans, 248.
Koerich, Koeurick, 236', 248.
Kolbach, 244.
Koltz, J. P. J., 267, 276, 333.
Krafft, J. L., 300.
Krier, J. Bern., 284.
Kunigunde, 261.
Kuntgen, 249. 253, 268, 295.
Kurth, Godefroid, 275, 330, 332,
336.
Kuystenbrouwer, 220.
Lachatre, 302.
Lacoste, 282.
Lacuisine, 322, 324.
Ladislas, 316.
Laferté, 32 1 .
Laforet, J. B., 256.
Lagarde, Marcellin, 236, 254, 278,
308.
Lagrange, 220.
La Haye, 242.
Laiche, 336.
Lairtullier, E., 301.
Laittres, de, 273.
Lamain, Clément, 3)23.
Lamartine, A. de, 305.
Lambert, G., 288.
Lambert, S', 258.
Lambertine de Mericourt, 260.
Lamotte^ E., 325.
Lamotte-Langon, 302.
Lamouilly, 3)21.
Lancelct," D., 220, 277.
Landau, 270.
Laroche, 219, 221, 225, 232, 242,
245, 250, 260, 267, 299, 308, 336.
Latour^ 254.
Laurent, 264, 287.
Laurent. J , 324.
Laurent, Ch., 328.
Lausanne, 311.
Lavalleye, Ed., 232.
Laveleye, 311.
Leclerc, C. N., 334.
Leclerc, Pierre François, 269.
Leclercq, N J., 234.
Lefèvre, Victor, 246, 299.
Le franc, 272.
Legrand, 245, 264.
Leide, 227.
Lejeune, J., ministre, 272, 306.
Lehèvre, 214.
Lemaire, 214
Lemaire, Gustave, 284.
Le Mire, 308.
Lentz, P. A., 259.
Lentz, Théodore, 292.
Leroux, A., 276, 291.
Leroy, Alphonse, 276.
Leroy, Stephen, 329.
Les Bulles, 322.
Lesse, la, 221, 251.
Leuze, abbé de, 328.
Leyder, 328.
Leyder, J., 288.
Liagre, 277.
Libramont, 336.
Liège, 2-17, 222, 223, 225, 227,
238, 246, 250, 258, 269, 282,
336.
Liège, évèché, 2-42.
Liège, université, 307.
Lierre, 285.
Liez, N., 237, 254.
Liger, A., 332.
Lille, 238.
Limbourg-Hollandais, 226.
Limbourg, 234, 242, 256, 264,
291, 314.
Limbourg, Robert, 269.
Limerlé, 283.
Limes, 321.
Linas, De, 307.
Linnée, 247.
Linnéenne, Société ro3^ale de,
Loen d'Enschéidé, 250.
Loevenstein, prince de, 320.
Loisel, Félix, 230.
Lomme, la, 251.
Lonay, G., 278.
Londres, 237, 238.
Longlier, 336.
Loomans, 307.
Lorent, Théodore, 226.
Lorrain, 231, 245.
Lorraine, 217, 218, 229, 234,
276, 311.
Lotreich, 218.
Louis, 272.
Louis c»-^ de Chiny, 220.
Louis XIII, 220, 240, 315.
Louis XIV, 270.
Louis XV, 270.
Louvain, 218, 260.
Lowenstein-Wertheim, 222.
Lucques, 237.
Luxembourg, athénée, 218,
239. 2i9. 254. 279.
234,
299.
269.
236.
90.-
Luxembourg, duché, 215, 216, 231
234, 236, 240, 241, 255, 261, 265
274.
Luxembourg, Grand Duché, 216
224, 226, 231, 237, 245, 247, 263
269, 276, 279, 284, 290, 295, 312
336.
Luxembourg, Comté, 218, 222.
» » province, 214, 217
222, 226, 232, 236, 249, 258, 263
269, 273, 287.
Luxemboijrg, 221, 223, 228, 231
234, 242, 248, 250, 254, 256, 258
260, 267, 269, 271, 291, 306, 308
311, 314.
Luxembourg, ville, 214, 218, 231
237, 239, 242, 255, 280, 283, 294
310.
Luxembourg, Séminaire, 235, 243
262.
Luxembourg, N. D., 221, 249, 253
329.
Luxembourg, G^^^C'^ 214, 230, 250
271, 299.
Luxembourg-Limbourgeoise, 265
Luxembourgeois, Almanach, 265
Luxembourgeoise, la, 266.
Macette, 21^.
Madrid, 238.
Maes, 336.
Maestricht, 227.
Mahoni, O" O', 286.
Maillart, Jeanne, O^''", 265
Maissain, 234.
Majeroux, 278, 290.
Malaise, C, 293.
Malandry, 238, 247.
Malcuit, :»9.
Malines, 285, 314, 316.
Malou, 326.
Malveau, 321.
Mamer, le, 251.
Manbour, 23>9.
Mandel, 334.
346
Mansfeld, 254, 273, 283, 295, SU.
Marchai, F. J. F., 233, 278.
Marchand, 304.
Marche, 221, 222, 242, 245, 246,
261, 267, 283>, 291, 308, 328.
Marchot, 214.
Marci, 278.
Marci, François de, 269,
Marck, la, 220.
Marck, Guillaume de la, 297.
Marcour, 273.
Margaretha von Busbach, 261 .
Marguerite d'Autriche, 269.
Margut, 321.
Margn}^ 321.
Maria trôsterin, 268, 283, 298.
:\Iarie-Thérèse, 268, 316.
Marienthal, 249.
Marlin, 279.
Martelange, 327
Martué, 322. '
Marville, 242, 252.
Marquardsen, 326.
Mathieu, Ad., 303.
Mathieu, C- J., 287.
Maugré, Jean, 280.
Mayence, M., 262.
Méhaigne, 251.
Meister, 238.
:Melchior, R. P. de Movar., 260.
Melreux, 246, 316.
Menestrier, 286.
Menil, 322.
Mennes d'Effleur, dom., 280.
Merlenvaux, 320.
Mernier, 243,
]Mérode, Agnès O"^ de, 238.
Mesemacker, 263.
Messancourt, 220.
Mestriau, J. J., 272.
Metz, Ed., 333.
Metz, 222, 225, 227, 230, 271, 318,
319.
Meurthe et Moselle, 263.
Meuse, 221, 230, 234, 250, 251,
263, 267, 271, 298.
Meussin, 248, 323.
Meyer, A., 259, 266, 280, 293, 297.
Michaud, 302.
Michaux, 214.
Michel, Mathias, 257.
Michelet, J., 302.
Mirchout, Henri Remy, 255.
Middelbourg, 227.
Mirabeau, 303.
Mireniundiae, 240.
Mirwart, 262.
Mohimont, 280.
Mohy de Rondechamp, Remacle,
279, 294.
Moirv, 321,
Môlk, 319.
Moncornet, E., 236,
Monselet, Charles, 305.
Montagnac, Elizée, 220, 297.
Montaigu de S» Thibaut, 273.
Montgaillard, abbé, 296.
Montjardin, 253.
Montlibert, 321, .
Montmédy, 221, 231, 238, 242, 247,
250, 254, 267, 277.
Moreau, P.-J., 274.
Morel, N.-G., 228.
Morhange, Eduard, 277.
Mormont, 295.
Mortehan, 222, 320, 336.
Moselle, 215, 230, 248, 250, 251,
263, 298,
Mourlon, Michel, 301.
Mousel, H., 328.
Mouzon, 217, 220, 240.
Mouzon, F.-A., 248.
Moyen, 322.
Mozel, 234.
Mozelane, 218.
Mulder, 308.
Muller, Fr., 217, 236, 239, 260,
Mullendorff, 333.
— 347 —
Munchen, Constantin, 244, 332.
Muno, 320.
Munsterensis, 227.
Namur, 218, 219, 233, 234, 236,
241, 246, 250, 258, 270, 273, 278,
284, 285, 295, 299, 314.
Namur, A., 227, 248, 252, 277,
278, 290.
Nancy, 227, 306.
Nandrin, 219.
Nassau, 242.
Nassogne, 234, 267.
Naviaux, J.-B., 323.
Nederland, Niederland, Pays-
Bas, 263.
Nelis, F.-C. de, 308.
Neny, O^ de, 234.
Nepomucène, Henri-Jean, baron
de Roodt, 276.
Neiifchateau, Neufchatel, 231 , 242,
274, 308, 320, 328, 3;]6.
Neumann, J., 279.
Neulimont, 322.
Nève, Félix, 245.
New- York, 238.
Neyen, 244.
Neyen, Aug., T)% 225, 252, 253,
257, 264, 267, 277. 281,282.
Nicolaï, Ferd., 295.
Nimègiie, 270, 315.
Noailles, de, 318.
Noblon, H., 288.
Noël, P. A. O., 261.
Nolin, B., 234.
Norbert, S*, 263.
Normandie, 227.
Nostradamus, 285.
Nothomb, baron, 221, 223, 232,
248.
Nothomb, Alph., 272, 275.
Nothomb, Major, 239.
Noyers, de, 315.
Oberbillig, 311.
Olim, Xavier, 245.
Olizy, 321.
Omalius d'Halloy, 275, 290.
Orange, d', 311.
Orban de Xivry, 326, 336.
Orchemundiae, 240.
Orchimont, Ursimons, 281.
Orgeo, 323.
Orval, 219, 227, 231, 244, 248, 250,
252, 276, 294, 296, 317, 336.
Orval, abbé, 295.
» chronique, 231.
» croix^ 235.
» forêt, 322.
» prophétie. 285.
Osne, 321.
Ostende, 285.
Otfried le Saxon, 231.
Our, 251.
Ourte, 234, 246, 251, 307.
Ourthe, 221, 250, 285, 293, 336.
Paffenthal, 271.
Palatinat, 234.
Paliseul, 328.
Paquet, J., D^, 251.
Paris, 225, 237, 280.
Pari sot. Fr., 287.
Patoul Fieuru, Gust. de, 222.
Pauwels, J., 302.
Pavillon, Nie. -Georges, 253.
Pays-Bas, 218, 224, 233, 262, 286.
Pallaert, Aug. de, 293.
Peetermans, N., 294.
Peltier, J., 303.
Perpignan, 237.
Pescatore, 214, 222, 246.
Petiet, 290.
Petithan, 224.
Perion, 304.
Pfortzheim, Phil.-Ch., 255, 263,
264.
Phays de Moyen, 294, 323.
» de Meuzin, 294.
Philippe II, 221, 315, 318.
Philippe IV, 315,
- :U8 —
Pliilippe de France, 219.
Philippe le Bon, .'316.
Picard, Amélie, 248.
Picard, Edmond, 251, 324.
Piddington, John, 231.
Piercot, F., oSo.
Pierre, 309.
Piette, 263.
Pimpurniaux, 251.
Pinchard, 288.
Piot, Ch., 241.
Plessis, Richelieu du, 256.
Podesta, George, 225.
Polain, L., 297.
Poncin Casaqu}^, 295.
Poncin, F., 307.
Pont d'Oye, 296.
Ponthieu, André de, 284.
Poplimont, P.-J., 277.
Poppo, 258.
Populus, 303.
Poraliée, 253.
Pougens, 265.
Poupehan, 336.
Pourru-en-l'Aisne, 220.
Pourru les Lebsois, 220.
Poursumont, 323.
Praslin, 315.
Prat, G. -F., 254, 294, 328.
Preisch, 271.
Pré, More, 323.
Prémorel, de, 308.
Printz, Charles, 234.
Prisse, colonel, 246.
Proth, 302.
Prud'homme, L., 303.
Pruvost, 309.
Pursomont, 391.
Puy, du, 227.
Puydt, Remy de, 298, 331.
Puydt, Joséphine, 331.
Guenon, 235.
Quetelet, Ad., 278.
Queu de Vache, 246.
Racine, 315.
Rago, 277.
Rahlenbeck, 27 1, 327.
Raingo, 247, 278.
Ram, P. F. X. de, 239, 278, 333.
Ranwet, L., 234.
Rasse, 230.
Rastadt, 319.
Rancourt, 220.
Razoumovski, 311.
Recogne. 222.
Redouté, 273, 283, 292, 330.
Reichling, J.-B., curé, 252.
Reiffenberg, 231, 244, 257, 286.
Reiffenberg, baron, 300, 306.
Reims, 220.
Remacle, abbé, 318.
Remich, Remerseren, 226, 327.
Remouchamp, 245.
Remusart, 286.
Retainges, 220.
Réunie'; A. de, 325.
Reuter, 258, 262.
Reuter, Emile, 282.
Richard, 267.
Richard, Lucien, 332.
Richelieu, card. de, 315.
Rier, P. du, 260, 283.
Rive, Théodore de, 330.
Robert, Ch., c", 220.
Rochefort, 242, 245.
Rochehaut, 336.
Rocroy, 306.
Roland, curé, 328.
Roland, G, M., 276.
Roodt, 248, 276.
Rops, Félicien, 219.
Rosister, 230.
Rossignol, 322.
Rossignon, 264.
Rossen, Martin de, 268.
Rothe, Jean, 259.
Roulez, P. J., 331.
Roulez, J. E., 275, 290.
549 —
Rousse], 1)24.
Ruppert, ;330, 331, 332, 333.
Rys^^^ck, 319.
Sablonnière, 32 1 .
Sachy, 220, 321.
Sailly, 321.
S' Bonifaas, 261.
S"' Cécile, 222, 320, 336.
» » forêt, 320.
S"^ Claire, abbaye, 214.
S* Denis du Pin, 285.
S' Germain en Laye, 220.
S' Hubert, évéque, 214, 256, 258,
309, 328, 335.
S« Hubert, abbaye, 214, 317.
» . » église, 336.
S' Hubert, 219, 221, 232, 234, 236,
240, 242, 251, 267, 269, 293, 296,
299, 326.
S* Huruge, marquis de, 303.
S' Léger, 275, 280, 326, 330.
S< Mard, 273.
S^ Médard, 323.
S' Pierremont, 281.
S' Remacle, 258.
S* Thibaut, 246, 273, 326, 329.
S' Trond, 278.
S« Wilibrord, 261, 308.
S' Vith, 242, 293.
Salm., 231, 240, 251, 296, 308.
Sampaix-Collin, J. P., 234.
Sanson, 241.
Sapogne, 321.
Sar, 234.
Saxe, 238, 316.
Schaan, Félix, 237.
Schaar, Mathias, 278.
Schannat, J. F., 243, 254.
Schieren, 252.
Schmerling, Ph. C, 295.
Schoetter, J., 257.
Schon, 331, 333.
Schon, Michel, 331.
Schônech, 297.
Schouville, Scouville, Ph. R. P.,
2ii, 283, 2<)1, 309.
Schwab, 308.
Sedan, 220.
Semois, 225, 251, 297, 303, 325,
336.
Servais, J. Gasp. de, 271.
Seutter, Math., 241.
Sibenaler, 328.
Signy, 321.
Simon, 261.
Siret, Ad., 257, 277.
Smaland, 242, 252.
Smedt. Charles de, 334.
Smits, Ed., 266.
Snellaert, F. A., 282.
Sohet, 258.
Soleure, 309.
Soleuvre, 296.
Somptonne, 321.
Soye, 295, 310, 321.
Spa, 219, 250, 336.
Spilett, dom N., 269.
Stappaerts, Louisa, 299.
Stavelot, 258, 269, 298, 336.
Steininger, 245.
Stevens, 265.
Stheres, P., 261.
Stiénon, E., 325.
Stockholm, 281.
Strada Flamanus, 283.
Straimont, 322.
Suède, 281.
Suleau, 303, 305.
Sûre, 251.
Surenne, 303.
Suxy, 322.
Taille Medy, 322.
Tailleroche, 271.
Tandel, E., 222, 234, 265, 267, 278,
289, 307, 327, 328, 335.
Tapparel, c'% 236.
Teissier, 25:5.
Termes, 322.
350 — .
Terquem, 263.
Tervuren, 243.
Terwecore, Ed., 329.
Tesch., V., 272, 306, 334.
Theavilla, 301.
Theodart, S*, 258.
Theofried, 249.
Théroigne de Mericourt, 284, 301.
Theux, 253.
Thier, de, 330.
Thierry, Aug., 276.
Thiers, abbé, 232.
Thionville, 221, 242, 253, 271, 306,
315, 322.
ïhirion, 214.
Thonissen, J. J., 277.
Thonnelalong, 321.
Thonneletil, 321.
Thomielle, 232,321.
Thoré, Théophile, 219.
Thorn, 214, 246,271.
Thorn, J.-B., 259, 284.
Thun, de, 236.
Thyes, Féli^;, 225, 245, 266, 267.
Tilf, 219, 245.
Tilly, c«% 312.
Tinant, L. A., 247.
Tintigny, 322.
Tongres, 218, 227.
Toparchias, 240.
Tornaco, 214, 234, 284.
Torné-Chavigny, H., 285.
Tournai, 227, 314.
Tournaisis, 314.
Trausch, Valentin, 218, 219, 239,
283.
Trêves, Trier, 225, 227, 230, 234,
248, 250, 262, 311, 336.
Trévirois, 279.
Tridon, G., 305.
Tri eu de Terdonck, 240.
Trois -Ponts, 336.
Trou des Fées, 237.
Trouet, F. L., 329.
Turenne, v^*% 220.
Turin, 237.
Ulveling, 300.
Ursel duc d', 290, 295.
Vachet, Ant., 223.
Vale, 240.
Valerius, Ant., 233, 269, 274, 295,
299.
Valladier, Ant.-F.,297.
Van Bastelaer, D., 252.
Van Bemmel. Eug., 221, 250, 251,
252, 267, 277, 287, 305.
Van Bommel, évéque de Liège,
217.
Van Damme. 252.
Vanderheck, 261.
Van der Maelen, Ch , 237, 260.
Van der Maelen, Ph., 221.
Vandervynckt, 240.
Van Doorslaer, Hector, 225.
Van Eck, 236.
Van Hall, 308.
Vannerus, 257, 279.
Van Rossum, 278.
Vauban, maréchal, 270; ;)15.
Vaux-Chavanne, 295.
Vera, 237.
Verdun, 218, 227, 231.
Verheggen, 274.
Verneuil, G^ 321.
Verneuil, F, 321.
Verpoten, J. D., 263.
Verviers, 336.
Vesdre, 221.
Vetéravie, 237.
Vianden, 221, 232, 240, 242, 254,
275, 279, 288, 296, 336.
Vielsalm, 221,336.
Vienne, 232, 239, 264.
Vigli, 308.
Vigneul, 321.
Vignier, Nie, 253.
Vignol, 323.
Ville-Basse, 271.
— 351
Villenfagne d'Ingihoul, 279.
Villers, 250, 251.
Villers devant OrvaL 296, 331.
Villers sur Lesse, 282.
Villiers. 304.
Villy, 321.
Vire 251.
Viroin, 251.
Virton, 215. 221, 237, 242, 248,
278, 326, 32S.
Visscher, N., 265.
Vitu, Aug., 305.
Voiart, 309.
Vrolik, 308.
Waeken. J.-B , 291.
Waha, Guillaume de, 247.
Wahl, Ch. de, 237.
Walcand, évêque de Liège, 318.
Walferdange, 287.
Walerand c'*^ de Juliers, 291.
Walter, 214.
Warge, 251.
Warker, :>27.
Warzée, 274.
Wassebourg, Richard de, 218.
Wasserbillig, 248, 311.
Waterloo, 250. 251.
Watinsart, 322.
Waudemont, Vaudemont, 218.
Wéber. Hubert, 26!.
Wecker, 290.
Weiland, 260.
Wellin, 328.
Wenceslaus, duc, 292, 312.
Wéris, 295.
Wesemael, 273.
Willemaers, 310.
Willibrord, S', 261, 263, 333.
Wiltheim, famille, 277.
» Alexandre, 227, 250,
261, 264, 310.
Wiltheim, Christophe, 309,
» Guil. P., 292, 295.
» Henri, 2(51.
» Melchior, 309.
Wiltz, 252.
Wiltz, Pierre, 268.
Wirtgen, 306.
Wocquier, Léon, 230, 231, 296.
Wodon, 274.
Woepwres, 231, 2()7.
Wolff, 249.
Wùrth-Paquet. 290.
Wùrth-(Weiler). 332.
Wurtz, abbé, 286.
Wynant, 214.
Yolanda von Vianden. 261, 310.
Yserentant, F., 299.
Yvois. Yvoy, 240.
Yvois-Carignan, 217.
Zoude, 275.
Inventaire analytique
quelques docurrients déposés aux archives du
château de 13ettembourê.
Les documents dont nous publions ci-dessous l'inventaire ana-
lytique se trouvent aux archives du château de Bettembourg
(canton d'Esch, Grand-Duché), quoiqu'ils ne s'attachent en rien
à l'histoire de cette seigneurie, ni à celle de ses seigneurs.
Ils semblent y avoir été déposés dans le courant du 19"ie siècle
seulement et provenir, pour la plupart, de la famille Résibois
d'Arlon.
La seigneurie-foncière de Bettembourg appartenait, à la chute
de l'ancien régime, aux princes de Hohenzollern-Hechingen-
Haigerloch.
Dépouillée des droits féodaux par la Révolution, cette illustre
famille est restée néanmoins en possession du château et de ses
importantes dépendances. Le 6 mai 1807, par devant le notaire
Godfrin, de Luxembourg, Maximilien-Henri-Laurent, comte de
Hoen et de Neufchàteau, époux de la comtesse Félicité-Thérèse
de Hohenzollern, et Godfroid Hermans de Maestricht, fondé
de pouvoirs de S. Exe. le prince Frcdéric-François-Xavier de
HohenzoUern-Hechingen, lieutenant-général de cavalerie et con-
24
— 354 —
seiller intime de S. M. d'Autriche, demeurant à Gracovie, ven-
diient les propriétés de Bettembourg à Cliarles-Joseph Collart,
mailre de forges à Dommeldange.
François-Auguste-Joseph Collart, propriétaire et maire à Bet-
tembourg, fils de feu Charles-Joseph Collart et de Marie-Thérèse-
Françoise de Donnéa(l) épousa, le 25 juillet 1820, Marie-Antoinette
Résibois, lille d'Antoine Résibois (2), propriétaire, directeur de la
poste aux lettres et bourgmestre-président à Arlon, et de Marie-
Joséphine Houstert. Madame CoUart-Résibois mourut au château
de Bettembourg, le 22 septembre 1870, et c'est son arrière-petit-
nis, M. Auguste Collart, qui a bien voulu mettre les archives à
notre disposition (3).
Mondorf-les-Bains, décembre 1912.
Emile DIDERRICH.
1. 1445 Jean Babbis et Jean vain der Nah, échevins d'Arlon, consta-
tent que Catherine vain Kersse, veuve de Nicolas de Monderchin, a cédé à
Jean Huseman, furman et bourgeois d'Arlon, une maison avec grange, sises
dans cette ville.— Original, parchemin, allemand ; un sceau en cire verte : écu
au lion (?) rampant, jofjûnn babbi §.
2. 1446, le premier dimanche avant la nativité de la Vierge. — Jean von der
Nah et Pierre de Torterait (4), échevins d'Arlon, constatent que jongher Jean,
seigneur de Mechtzich, Gilles, son fils, et Marguerite, sa fille, ont cédé hérédi-
tairement à dame Catherine de Kerschen, veuve de Nicolas de Monderchen,
bourgeois d'Arlon, une hofsiade, sise à Arlon. — Original, allemand, parche-
(\) de Bonnéa. ; d'argent au lion de s'moide armé et laixpas.sé de gw.eMies; concession du litre de
clievalier, 1763 ; famille liégeoise.
(2) Parmi les nombreux portraits à l'huile anciens qui se trouvent au château de Bettembourg,
signalons ceux de M. Antoine Résibois, maire d'Arlon et.de Mad. Collart-Résibois (Fresez 1847).
(3) Les archives de Hettembourg proprement dites seront publiées dans une notice historique sur la
seigneurie que nous préparons.
(4) ViUers-ïortru.
— 355 ~
min ; deux sceaux en cire verte : 1" écu à un pentalpha ; 2** écu à trois feuilles
de trèfle, 2-1 .
3. 1446, le premier dimanche après la nativité de la Vierge. — Thilman de
Biisleyden et Pierre de Totteraidt, échevins d'Arlon, constatent que Junvher
Jean de Messancy, Gilles, son fils, et Catherine sa fille, ont cédé à la dame
Kersi, veuve de Nicolas de Monderchin, bourgeois d'Arlon, une hosiert^ sise
dans la ville d'Arlon, à côté de Manbarsshaus. — Original, allemand, parche-
min ; trois sceaux : 1° écu à trois pals; 2° manque; 3" écu à trois feuilles de
trèfle, 2-1.
4. 1519, 19 février. Nicolas von Nothem, strœmeiger et mayeur à Aldenho-
ven, et Trynnen Jean, iliornhnecht et gericht à Aldenhoven constatent que
Printz Glaiss der pelizer, bourgeois d'Arlon, et Monbertz Elssgin, conjoints,
ont transporté à Jean Borck, boucher à Arlon, et à Marie, sa femme, plusieurs
prés sis au ban d'Aldenhoven. — Original, allemand, parchemin ; les sceaux
manquent.
5. 1583 (n. st.), mercredi avant le 30 mars. Par devant le notaire Nicolas
von Bastnach, échevin d'Arlon, Bartholomé Hausman, docteur en droit, substi-
tut du procureur général à Luxembourg, pour lui et au nom de son frère Diede-
rich Hausman, aussi au nom de Collin Raeckenlhal (?) et Hélène Hausman,
conjoints, et Georges Meuchin, échevin à Luxembourg, pour lui et au nom de sa
femme Jeanne Hausman, déclarent avoir relaissé héréditairement, en 1567, leur
hohsiadt, sise à Arlon, près du marché, à Henri Beschpach et Marie, conjoints,
à Jean d'Aldenhoven et Marguerite, conjoints, et à Nicolas Warck, marchand
de fer, et Catherine, conjoints, tous bourgeois d'Arlon, contre une rente annu-
elle de 12 florins d'or, par ménage, payable le jour de St. -Etienne. M. Freylia-
ger, échevin d'Arlon et bailli à Guirsch, témoin. — Copie du l. mai 1617,
notaire Pierre Borck.
6. Vers 1590 (Le copiste a oublié la date). — Nicolas Bastnach, justicier, et
Hans von Nothum, échevins d'Arlon, constatent, que Mathias Breisgin, receveur
et échevin à Luxembourg, à cause de Jeanne Haussman, sa femme, et Jacques-
François, fowman et bourgeois d'Arlon, comme fondé de pouvoirs de Made-
leine de Flavigny, épouse en secondes noces de Nicolas vom Pfaltz, échevin de
Thionville, et tutrice des enfants issus de son premier mariage avec Jean Haus-
mann, en son vivant secrétaire et greffier du Conseil de Luxembourg, ont
relaissé héréditairement leui' hobstadt in Hetzgassen, sise à Arlon, darufj
Bine behausung gestanden, sojamerlich durch den Frantzosen zu Bodem
verbrent und destruiert worden ist, à Clauss von Weiler et Trine, conjoints,
— 356 —
contre une rente annuelle de douze francs, le franc à 12 sols de Brabant. —
Copie du 17"* siècle,
7. 1594, juin 13 ; Arlon. — Michel Warck et Jean Schockweiller, steur-
yneyer, échevins d' Arlon, constatent le transport de quelques biens, sis au ban
d'Arlon, fait en faveur de Jean Greisch, par Jacques Borck, aussi échevin d'Ar-
lon, au nom de Thierry d'Arlon et de Jeanne, conjoints, ainsi que de Martin
Sondag et de Marie, conjoints, à cet effet muni d'une procuration datée de Mar-
sal, im Stifit Metz, 11 mai 1694, et reçue par Pierre Peltermann, tabellion.
Original, allemand, parchemin. Le premier sceau manque ; le second, celui
de Schockweiller, est en cire verte et représente un chevron accompagné de
trois feuilles de trèfle, 2 et 1.
8. 1629, 15 décembre ; Useldange. — Obligation d'une somme de 106 tha-
1ers et 25 stuber, le thaler à 30 stubers, cours de Luxembourg, constituée par
Thomas Neuwe et Marie, conjoints, d' à Useldange, au profit de la veuve de feu
Steinmetzers Frantzen. Acte reçu et signé par Adamy, grefiîer et échevin
d'Useldange. Témoin : Pierre Nœrdingen, mayeur à Schweich. Signature de
Hans-Gonrad de Berg '•^\ — Original, allemand, papier.
9. 1641, 15 avril ; château d'Useldange. — Herman-Fortunat, margrave de
Baden et Hochberg, comte à Sponheim et Roussy, seigneur à Rodemach, Unsel-
dingen et Fortbach, donne en fief à Sebastien Steinmetz plusieurs biens dans la
seigneurie d'Useldange.
Allemand, papier ; signature du margrave et cachet: écu écartelé ; aux 1 et 4,
échiqueté de 16 pièces ; au 2, parti : le premier coupé, à un sanglier en chef et à
la quintefeuille en pointe, le second à la bande brochant sur un champ burrelé ;
au 3, parti : le premier à la fasce, le second au lion rampant; l'écu de Bade, à la
bande, sur le tout. S - HERMAN - FORTVNA - D - G - MARC - BAD - E -
HOGH - GOM - I - SPON - E - RVT - D - I - ROD - VNS. (2).
10. 1661, 17 septembre. — Pièce concernant une créance que la dame Marie
Beffort, veuve de feu Jacoby, en son vivant justicier à Grevenmacher, réclame
(1) Hans-Com-ad de Berg, seigneur de Colpach, bailli à Useldange pour les margraves de Bade, fils de
Théodore, seigneur de Colpach, et d'Anne de Bettingen.
(ï) Le sceau (matrice) de la justice d'Useldange, datant de la même époque et ressemblant par sa
dimension et son exécution à celui dont usa le margrave en 1641, se trouve au Musée de Luxembourg.
Il représente un écu écartelé : aux 1 et 4 à la bande (Bade) ; aux 2 et 3 échiqueté de 16 pièces ; en cœur
un écusson à la bande brochant sur un champ burrelé.
— 357 —
à charge du village de Qœstingn ; il y est dit que l'abbé de St. Maximum est
seigneur foncier et voué au dit Gostingen. Signée : Zander.
11. 1664, 23 juillet; Arlon. — Henri Schueflf et Nicolas Schweitzer, éche-
vins d'Arlon, constatent le transport de quelques prés, sis à Arlon, fait par
Glauss Metzler, bourgeois d'Arlon, et Suzanne Bessling, conjoints, en faveur de
Pierre Wiltz, le jeune, aussi bourgeois de la ville, et deSusanne Bessling, con-
joints.
Original, allemand, parchemin. Signatures des échevins et de G. Mangin
greffier. Deux sceaux : le premier, sur cire verte, représente un écu à trois
fasces (?) ; le second manque.
12. 1675. Abbaye St-Maximin. Elocationes decimarum, anno i675. —
Dîmes et revenus de l'abbaye dans la paroisse d'Usselskirchen, dans les mairies
de Frisange et de Dalheim, à Waldbredimus, dans les mairies de Mudtfort, de
Munessbach, de Mammeren, de Kehlen, de Hunstorfî, de Lintgen, de Mersch
(Unterschriebener bekent contentiert zu sein wegen seiner competens de Aô
1675 von Ihrer hochwiird. von S. Maximin anbent Trier commitierter. Actum
Luxemburg, die S'*^ Junii 1673. Ita testor S. L. Lupus, pastor, Mersch), de
Remich, de Besch, dans les paroisses d'Osperen et de Feulen, dans la mairie et
cour d'Asselborn, dans les mairies de Gostingen, Olingen etHagelborn, à Meder-
nach, dans la Terra gallica (Besingen, Breux, Signy et Klein-Flassigny) ;
dans la cour de Mertert ; Friesinger Grundtzins, Dalheimer Zinss, Mudt-
forier Zins, Munsbacher Zins , p. 25. » de domo in Arluno quam habemus
hereditario juri a frê Jacoho Steftelt.... » p. 30. Les dîmes de Besingen ont
été relaissées « circa nativitatem 1668 D. Francisco Renardi, pasiori in
Rachecourt. »
— Cahier in-folio, de 80 pages, dont 68 écrites ; couvercle en parchemin
(feuille arrachée d'un ancien vespérale et contenant le chant du Magnificat).
13. 1682. 24 octobre ; Metz. Aveu et dénombrement de la seigneurie de Ster-
penich, fourni au roi de France par Jean-Adam Pellot, échevin d'Arlon et sei-
gneur haut-justicier de Sterpenich. — Copie.
14. 1706, 24 novembre. — François-Mathias Simonis, justicier, et Dominique
Notomb, échevins d'Arlon, assistés de Georges Gilsdorf, leur clerc-juré, consta-
tent que Jean-Claude Forron, échevin de la même ville, comme fondé de pouvoirs
de M"« Catherine-Jeanne Coquelet, a fait le transport des deux tiers de la maison
dite de Guirsch, sise à Arlon, avec écurie, coui-, jardin et dépendances, au profit
de Jean-Baptiste Henron, directeur des postes à Luxembourg, représenté par
Adam Pellot, aussi échevin d'Arlon. M"« Coquelet avait hérité d'un tiers de la
— 358 ^
maison do Guirsch de ses parents, et l'autre tiers lui était échu en vertu du tes-
tament (il juin 1692) de sa sœur M'i^ Marie-Marguerite Coquelet. La venderesse
habite \liostellerie ou pend pour Enseigne Vimage de Sainct Hubert au
dessus des escaUUers de chambre paroisse Saint Victor^ à Metz. La vente,
taite sans préjudice du droit de la confrérie de Ste-Gatherine en la ville d'Arlon,
a été passée à Metz, le 18 novembre 1706, par devant les notaires royaux Gui-
chardt et Damerville. — Original, français, parchemin ; deux sceaux en cire
verte : 1° écu à la barre chargée de trois quintefeuilles, accompagnée en chef
d'une étoile à six rayons et en pointe de 4 pals (Simonis) ; 2° écu au chevron
accompagné en chef de deux roses (ou étoiles) et en pointe d'un gland ; cimier,
une étoile à 5 rayons (Nothomb) (1).
15. 1708, 3 mars. Dominique Nothomb et Pierre Perle, échevins d'Arlon,
assistés de G. Gilsdorff, clerc-juré, constatent le transport d'un tiers de la maison
dite de Guirsch et sise à Arlon, fait par Marie-Madeleine Coquelet, veuve de feu
le Doux, au profit de M^ Jean-Mathias Pratz, avocat au Conseil de Luxem-
bourg et échevin d'Arlon. — Original, français, parchemin ; les sceaux
manquent.
16. 1708, 12 avril. — François-Mathias Simonis et Jean-Claude Forron,
échevins d'Arlon, assistés de G. Gilsdorf, clerc-juré, constatent le transport de
la propriété de deux tiers de la maison dite de Guirsch, sise à Arlon entre la
maison de la veuve Grosjean et celle de Jean Saucy, fait par Jean-Adam Pellot,
échevin d'Arlon, comme fondé de procuration de J.-B. Henron, directeur des
postes à Luxembourg, son gendre, au profit de Jean-Mathias Pratz, avocat au
Conseil de Luxembourg et échevin de la ville et prévôté d'Arlon. L'acte de vente
a été reçu le 21 novembre 1707, par le notaire Taffier, de Luxembourg. —
Original, français, parchemin ; deux sceaux sur cire verte ; 1° écu oval ;
2° Simonis (voir ci-dessus).
17. 1711, 11 mai ; par devant François Pierret, notaire royal à Luxem-
bourg. — Jean-Henri Eumeringen, maître de poste à Steinfort, a vendu à Jean-
Baptiste Henron, directeur des postes à Luxembourg, un onzième de la seigneu-
rie d'Autel, provenant de la dot de sa première femme, Catherine Dubois, pour
la somme de 1000 écus, argent fort d'Espagne. Cette part et la maison du ven-
deur, sise à Steinfort, sont hypothiquées pour une somme de 1600 écus envers
(1) Cf. au sujet des aiTnoiries de la famille Nothomb l'ouvrage sur les laques par M. J.-B. Sibenaler,
tome XLIII (1908) de nos annales, pp. 153-155.
— 359 —
Jean Perlé, maitre de la poste d'Arlon, lequel a cédé ses prétentions par acte du
25 août 1688 au s"" Pellot, demeurant à A.rlon ; celui-ci a recédé l'hypothèque à
Jean Beyer, échevin et banquier en cette ville par acte du notaire Gilstroff,
d'Arlon, d. d. 20 août 1699.
Arrangement à ce sujet. Témoins : Henri Henriquet, conseiller-receveur des
aydes et des domaines du Roy en cette province, et Jean Frisch, bourgeois en
cette ville.
Extrait authentique par P. Herman, notaire, 1751.
18. 1711, 3 octobre ; par devant le notaire Henn, de Luxembourg. —
Charles-Chrétien de Landas, comte de Louvigny, maréchal de camp des armées
de S. M. en cette ville, comme fondé de pouvoirs par procuration reçue par le
notaire François Walter Delahaye, dans la ville de Namur, 29 août dernier,
d'Alexandre-François d'Appelter, aussi maréchal des armées de S. M. vend, cède
et transporte à Guillaume Adami, substitut-greffier au Conseil provincial à
Luxembourg, et à Jeanne Jacquez, conjoints, la part aux château, terre et sei-
gneurie d'Autel, adjugée à Charles d'Appelterre, son oncle, par sentence du
Conseil provincial du 2 avril 1705 ; la vente est faite pour la somme de 280
patagons. Témoins : Math. Brassel, prêtre, altariste à St. Nicolas, et Willi-
brord Scheer, avocat au Conseil provincial.
Expédition authentique.
19. 1725. Allocations des dîmes et revenus de l'abbaye St.-Maximin dans le
pays de Luxembourg. — Cahier in 8°, 40 pages ; allemand.
20. 1730, 3 août. — Erection d'un nouveau signe patibulaire de la seigneurie
d'Autel, l'ancien ayant été abattu par un orage le 16 août 1729. Procès-verbal.
Copie par le notaire Martin.
21. 1734, 20 octobre. Bruxelles.— Lettres-patentes par Charles, empereur des
Romains, portant nomination de Jean-Ignace Feltz aux fonctions de Landmaire
et justicier de Sandweiler, en remplacement de Henri-François Feltz, son père,
lequel a résigné. — Original, parchemin ; le sceau manque.
Le 12 novembre 1734 Feltz prêta serment entre les mains de M. de Zievel,
prévôt de Luxembourg.
22. 1737, juin. — Pièces concernant le procès intenté devant le bailliage de
Thionville par l'abbaye de St.-Maximin contre Pierre et Jean Meyer, de Breis-
dorf, qui doivent un restant des dîmes de l'année 1731. - P. Alexandre, procu-
reur de l'Abbaye à Luxembourg.
— 36U —
23. 1738, 17 aoiU. — François-Louis-Guillaume, baron de Hinderer, lieute-
iianl-colonel de S. M. I. et G., seigneur d'Autel, Wourmeldange et a. 1., et
Marie-Charlotte de Ryaville, conjoints, relaissent à titre de bail et admodiation,
pour neuf années consécutives, à commencer à la St. -Georges 1740, à Jean
Richard, leur admodiateur moderne, plusieurs revenus seigneuriaux d'Autel, y
compris le logement au château. — Copie par le notaire Martin.
24. 1738, 13 décembre. Notaire Pierret, Arlon. — Fr. -Louis-Guillaume,
baron de Hinderer, seigneur d'Autel, vend au s' Adam Lapierre, admodiateur
des lorges de Lasauvage, y demeurant, « toutes les cordes du bois de Heckbous,
lesquelles le seigneur vendeur s'oblige à livrer au s'' acheteur toutes façonnées et
pour raison desquelles cordes le dit acheteur s'oblige à payer au seigneur ven-
deur 5 escallins de chaque corde, à raison de 7 sols l'escallin au cours de Luxem-
bourg, dont la livraison se fera au premier mars prochain et sera permis au
S"" acheteur de charbonner les dites cordes dans le bois ».
Copie authentique.
25. 1742, 13 juin ; Luxemburg. — W. Scheer, seigneur d'Autel en partie,
relaisse au S"" Richard, pour la présente année qui a commencé depuis la
St. -Georges dernier (23 avril) sa part à la seigneurie d'Autel avec le droit de
pèche et de chasse. — Original, signature.
26. 1742, 24 novembre. Willibrord, abbé de l'abbaye impériale de St.-Maxi-
min, relaisse à Schwiegers Peter le moulin banal de Lintgen, à titre de bail et
pour l'espace de 9 ans. Tous les ans, à la St. -Martin, le preneur fournira au
refuge de Luxembourg 2 maldres de froment, 5 maldres de seigle et un cochon
gras, vers noël il y fournira 4 chapons.
27. 1750, 24 septembre, Luxembourg; par devant Jean-Antoine Notomb,
notaire à Differdange, contrat de mariage entre François-Christian Gerden,
conseillei- au Conseil provincial, fils légitime de feu Jean-François Gerden, et
de dame Marie-Sydoine Haack, assisté de la dite dame, sa mère et des desmoi-
selles Mai-ie-Catherine et Mari«î Hack, ses tantes, — et demoiselle Ludovine
Scheer, fille légitime de Willibrord Scheer, avocat au dit Conseil et d'Erneste-
Marguerite Adamy, conjoints, seigneur et dame en partie d'Autel, Sterpenich,
Schiittringen, Munsbach, Obersiren et a. 1. Les parents cèdent à la future leur
seigneurie de Sterpenich et d'Autel.
Se trouvent mentionués dans l'acte : Guillaume Scheer, frère aîné de la
fiancée; une sœur du fiancé, mariée au s'" Schockweyller, grand-bailli de S. M.
au comté d'Ogimont. Témoins : Pierre Behm, protonotaire apostolique et curé
— 361 —
d'Allert ; François-Xavier Behm, curé à Soleuvre ; et les personnes susmention-
nées.
Copie authentique par J.-R. Bernard, notaire admis au Conseil provincial,
résidant actuellement au château de Sanem, 7 avril 1763.
28. Vers 1750. Note manuscrite portant que Philippe-Guillaume Hack de
Liessingen avait épousé Marie de Piesport, laquelle était issue d'une ancienne
famille des environs de Trêves et vivait vers 1610.
Que Guillaume Hack. a été bailli et officier pour les princes de Bade à Usel-
dange vers 1675, et qu'un Guillaume Hack avait épousé une demoiselle de
Berg, de la famille des seigneurs de Colpach — Anonyme.
29. S. d. Crayon généalogique.
('lUillaume Adami
substitut greffier
au Conseil provincial
X
Jeanne Jacques
Einest-Marguerite Adami
X
Hack
Willibrord S>;lieer Jean-Franc. GeideiDxMarie-Sydonie Hack, Marie-Cath. H., .Marie H.
avocat au Conseil provinc.
C.uill. Scheer Ludovine Scheer X l'^SO Franc. -Christian N. C.erden
Gerden, conseiller X
Schock-
François-VVillbrord de Gerden weyller
bailli
à
Ogimonl
30. 1751, 1 mars; par devant le notaire François Didier, d'Arlon. - Jeanne-
Françoise Emering, veuve sans enfants du s'" Wangen, clerc-juré de la seigneurie
d'Useldange, fille de feu Henri Emei-iiiger, en son vivant maître de poste à
Steinfort, et de Catherine Dubois, sa première femme, demeurant à Steinfort,
cède par donation entre vifs à François-Christian Gerden, conseiller de S. M. au
conseil provincial, la moitié du douzième aux château, terre et seigneurie
d'Autel. Témoins : Paul Wiltz, prêtre, directeur du rosaire de l'égUse paroissiale
d'Arlon, et Jean -Baptiste Kieller, notaire résidant à Luxembourg. Réalisation
au siège des nobles à Luxembourg, le 25 janvier 1752.
Copie de l'époque.
— 362 —
31. 1751, 1 mai. Sleinfort, notaire Didier.— Jeanne-Françoise Eumering, veuve
de feu Nie. Wangen, clerc d'Useldange, demeurant à Steinfort,donne procuration
à l'avocat de Mignon pour la représenter dans le procès au sujet de la seigneurie
d'Autel dont elle réclame la moitié d'un douzième qui lui a été laissée par
sa mère. — Paul Wiltz, prêtre, directeur du rosaire de l'église paroissiale
d'Arlon, témoin.
Copie certifiée.
32. 1751, 2 mai, Steinfort, notaire Didier. — La même cède, par donation
entre vifs, à François-Christian Gerden, conseiller de S. M. à Luxembourg, la
moitié d'un douzième dans la seigneurie d'Autel, dont elle a hérité de sa mère
Anne-Catherine Dubois, première femme de feu Henri Eumeringen, maître de
poste à Steinfort. L'autre moitié du douzième appartient à la sœur de la dona-
trice, mariée au s"" Masson, lequel demeure en Lorraine. — Réalisation au siège
des nobles, Luxembourg, le 25 janvier 1752.
Cachet, sur hostie rouge, du justicier des nobles, François-Ed. -Antoine, baron
de Heyden, à la fasce de sable accompagnée de 3 lions^ 2 en chef et un en
pointe.
33. Mémoire concernant un douzième dans la seigneurie d'Autel. — Extraits :
168... septembre 14. Disposition testamentaire de Marguerite Clefler, veuve
de Guillaume Dubois, maître de poste à Asselborn. La testatrice déclare qu'elle
a laissé le douzième dans la seigneurie d'Autel à Henri Eumering, son gendre,
pour remplacer une dote de 800 écus ; comme le douzième vaut cependant plus,
elle demande que ses fils puissent le retirer en remboursant les 800 écus à
Eumering.
Le 11 mai 1711, après le décès de sa première femme, Catherine Dubois,
Jean-Henri Emering vend le douzième au s"" Henron (Notaire Pierret). Celui-ci
le vend à M"e de Reichling, le 3 juin 1711.
Le 15 septembre 1727, Marie-Madeleine Eumering, fille de Jean-Henri, épouse
de J.-B. Masson, de Pont-à-Mousson, ratifie cette vente, en faveur de
Mi'« Charlotte de Ryaville de Puttelange, héritière de M"'' de Reichling. (Elle
avait droit sur une moitié du douzième).
Le 8 juillet 1746, Jeanne-Françoise Eumering, veuve de Nicolas Wangen, et
sœur de Marie-Madeleine, vend la moitié du douzième à son neveu Jean-Bap-
tiste Masson, chirurgien à Fraize-en-Lorraine pour la somme de 1000 francs
barrois et 15 sols.
— 363 —
Le 15 mai 1751, devant le notaire Molitor, J.-B. Masson cède, par donation
entre vifs, au baron de Hinderer, époux de M"e Ciiarlotte de Ryaville, toute pré-
tention qu'il pourrait avoir sur la propriété du douzième. Transport au siège des
nobles, le 30 janvier 1752.
34. 1752, 14 juin. Erection du nouveau signe patibulaire de la seigneurie
d'Autel au lieu dit underacht (Lauterbusch) (l'ancien signe ayant été abattu par
•' l'impétuosité des vents ») et en présence de Dominique Pals, mayeur haut-
justicier d'Autel et de Sterpenich, demeurant à Hagen, Nie. Tockert, d* à
Bettingen, Henri Joachim, d* à Sterpenich, Dominique Heintges, d' à Sterpe-
nich, Jean Kuntsch, d* à Hagen, et Jean Thilmany, d' à Sterpenich, touséche-
vins de la haute-justice. — Copie.
35. S. d. (Vers 1752). Crayon généalogique.
Frédéric Cleffer, maître de poste à Asselborn 1545, mayeur.
François Cleffer, maître de poste à Asselborn 1600.
Madeleine Wiltheim
Frédéric Cleffer,
Marie Prommeschenckel.
Jeanne Cleffer
Frédéric Weydert,
mayeur à Ettelbriick
1680
Baltassar Cleffer,
maître de poste à Asselborn
1648
Marguerite Cleffer
veuve en 168. . .
Guillaume Dubois
maître de poste à Asselborn
1680
Catherine Dubois.
Henri Emeringer
maître de poste à Steinfort.
Marie-Madeleine
Emering
J.-B. Masson
de Pont-à-Mousson
J.-B. Masson, leur
neveu, chirurgien à
Fraize-en-Lorraine
1746
Jean-François
Emering
veuve en 1751
Nicolas Wangen
clerc à Useldange
sans hoirs.
— 364 —
36. 1760, 28 mai. — Fr. -Louis-Guillaume, baron de Hinderer, seigneur
d'Autel, vend au baron d'Huart,maitre de forge à Lasauvage, seigneur de Sosne,
2000 cordes de bois à prendre à front de taille dans le bois de Grasse, seigneurie
d'Autel ; la corde de 6 pieds de long sur i pieds de haut, et la branche de 3 pieds
et demi de long entre les tailles, le tout pieds d'Espagne ou de St-Lambert, pour
la somme de 24 sols au cours de notre province pour chaque corde.
Copie simple.
37. 1764, 20 novembre, château d'Autel. — Transaction au sujet du dégage-
ment des trois dixièmes dans un sixième de la seigneurie d'Autel (vendus devant
le notaire Ordt, les 8 mai 1698 et 2 mars 1699, par Gérard-Mathieu baron
d'Huart et Jean-Baptiste de Maillj'^, ce dernier agissant au nom de Marie-Mar-
guerite baronne d'Huart, sa femme) entre Jean-François-Henri-Gérard baron
d'Huart, chevalier du S^ Empire, colonel d'infanterie et capitaine aux Gardes
wallones, maître-propriétaire des forges de Lasauvage et de Herserange, sei-
gneur de Sosne, d'une part, et François-Louis-Guillaume baron de Hinderer
lieutenant-colonel au service de S. M. l'Impératrice et Reine, seigneur d'Autel,
d'autre part.
— Copie authentique par P. Kinsch, notaire à Autel, 28 décembre 1764.
38. 1766, 31 juillet. — Déclaration du président François-Chrétien Gerden,
lequel prétend posséder « une juste quarantième part » dans les château, terre
et seigneurie d'Autel.
3U Vers 1770. — Mémoire pour servir au procès que soutient Antoine TouUy,
bourgeois et boulanger de la ville d'Arlon, appelant contre trois autres bour-
geois et boulangers de la même ville : Jean-Georges Brémond, Pierre Grendel et
Dominique Thill. Il s'agit de l'interprétation de l'art, premier des privilèges et
statuts accordés au métier de boulangers d'Arlon par S. M., le 27 mars 1764 et
du droit dit Brodfermeite. La question soumise à la décision du conseil provin-
cial est de savoir si la ferme du droit à\i Brodfermette soit payée à la baumai-
trie hors de la caisse de ce métier, ou si le droit doit se lever à charge seule-
ment de ceux des confrères qui exercent le métier et sur la proportion des
fournées qu'ils font par année, ainsi que de la qualité ou poids des pains qu'ils
cuisent et débitent.
40. 1771, 4 septembre ; Luxembourg. — Réparation de l'église de Mersch ;
quittance délivrée par J. -Frédéric Warcken pour une somme reçue de la part
de Dom Placide Kleiner.
— 365 —
41. 1775, 18 mai. Par devant J.-B. Didier, notaire à Arlon, Dominique Heitz,
possesseur de la maison Crompes à Hobscheidt, cède quelques biens situés près
du moulin de St- Pierre, à François Perle, maître de poste et échevin à Arlon.
Le 23 mai suivant, François-Laurent Forron, et Augustin Bochholtz, échevins
de la ville, prévôté et marquisat d'Arlon, assistés de J.-B. Kieller, greffier, con-
statent le transport ; le vendeur est représenté par Nicolas Simonis, sergent de
la ville d'Arlon. Le transport est inscrit sur les registres de Kellerey Wol-
chringen zu Arle.
— Expédition authentique.
42. Vers 1775.
Hinderer.
Rapport de la seigneurie d'Autel possédée par le baron de
Pachis, prairies, foin, etc.
Parties aliénées
Aisances
Terres arables
Chapons
Poules .
Argent .
( moitables.
Grains] seigle
f avoine
100 chariots.
56 écus, 28 5ols.
8 journaux.
144
32
132
164 écus, 28 sols.
U7 1/2 maldres.
4
15
43. 1776, 3 septembre. Luxembourg. — Réparation de la tour de Mersch ;
quittance, délivrée par J. -Frédéric Warken, concernant les fournitures et un
repas de dimanche.
44. 1785, 7 janvier ; Arlon. — Lettre de A. Pierson, déclarant que la sei-
gneurie d'Autel est divisée comme suit :
à Mad. de Lefebre .
à M. le baron de Hinderer
à M. le Président (de Gerden)
60/120
59/120
1/120
45. Vers 1789. Mémoire concernant la seigneurie d'Autel, par GoUard, à ce
commis par décret de la Cour du 20 avril 1782.
Extraits : Les 5/8 de la seigneurie d'Autel et de Sterpenich, mis en criée par
l'autorité du Grand Conseil de Malines, ont été adjugés le 10 novembre 1650 à
Jean de Reichling, colonel d'un régiment de Haut-Allemands, seigneur de
— 366 —
Mouzon. De son mariage avec Odile d'Huart, le colonel de Reichling n'a pas eu
d'enfants.
Une nioilié des 5/8 passa alors au frère du colonel, Thomas Reichling, rece-
veur des domaines à Arlon, et aux enfants de sa sœur, épouse d'un sieur Kleffer.
L'autre moitié échut à la famille d'Huart.
Les 5/8 ont donc été divisés en 12 parts, dont 6 aux d'Huart et 3 au receveur
Reichling. Celui-ci acquit un douzième (des 5/8) de sa nièce Odile Kleffer, épouse
de N. Seïer, d'Arlon, par acte du 11 avril 1670. Il avait donc 4/12 lorsqu'il est
venu à décéder, laissant deux filles : Anne-Marie et Marie-Glaire.
Anne-Claire, mariée au S'' d'Appelter, bailli à Vianden, acquit l'un des 6/12 de
la famille d'Huart, de Christophe-Albert d'Huart, par acte du 9 octobre 1697. La
même acheta encore un des 6'12 des d'Huart, que lui vendirent Odile d'Huart et
Charles de Soudonville, conjoints, le 28 avril 1698.
Les deux sœurs Reichling ensemble, par acte d'échange du 24 avril 1690,
avaient acquis encore deux autres parts aux 6/12 des d'Huart, du comte de
Jobert et de la comtesse de Letang, son épouse.
Elles acquirent aussi, par actes du 8 mai 1698 et du 2 mars 1699, la moitié des
5/8 appartenant aux d'Huart, que leur vendit Gérard-Mathias d'Huart, lieute-
nant de cavalerie au régiment de Manderscheidt, et J.-B. de Wailly, seigneur de
Fronville, époux de Marie-Marguerite d'Huart.
Anne-Claire de Reicheling est décédée sans hoirs, et eut pour héritière sa
sœur. •
Celle-ci acquit ensuite un douzième des 5/8 du s»" Henron, le 3 juin 1711.
L'héritière de M"« Anne-Marie de Reichling était M"« Charlotte de Ryaville,
épouse dubaron de Hinderer (1).
Comme le transport de la moitié des 5/8, vendue par MM. d'Huart et de Mailly
n'a pas été fait, le baron Henri-Gérard d'Huart, à qui la propriété en était restée,
craignant des difficultés, céda ses droits au baron de Hinderer.
46. 1759, 12 avril. Château de Pontd'oye. — L'abbé liages, prêtre, docteur
de la Sorbonne, prieur de S* Aubin, procureur du marquis du Pontdoye, laisse
la Peieschmûhlen en bail héréditaire à Pierre Schmit. Témoins : Sire
Henri Guillaume, prêtre demeurant à Pontdoye; Nicolas Siebenaler, marchand à
Arlon. Signatures. — Expédition authentique.
47. 1763, 11 avril, Arlon, Jean-Baptiste Papier, notaire. — Le duc de Cors-
warem-Looz, demeurant à son château de Ste-Marie, laisse en bail héréditaire
(1) Cl. Emile Diderrich. Notice historique sur la famille de Ryaville . Lu.xenibgurg, 1912
— 367 —
le moulin dit Petersmûhle avec dépendances, qu'il avait acquis du marquis du
Pontdoye, à François Perlé (1), échevin de la ville d'Arlon, et de Jeanne de la
Chapelle, conjoints. Témoins : Jean-François André, curé de Ste-Marie, et
Joseph Canon, demeurant à Lenclos. Réalisation, le 28 mai 1776. — Parche-
min ; expédition authentique.
48. 1790, 5 janvier. Arlon, Jean-Baptiste Richard, notaire. — Henri André,
meunier au moulin de St-Pierre à Frassem, et Barbe Theis, conjoints, vendent
à Emmanuel Gillet et à Jean-Baptiste Gillet, directeurs du fourneau de Luxe-
roth, le dit moulin, que les vendeurs avaient acquis de François-Hyacinthe
Dumont (époux d'Anne-Louise-Henriette Perlé), capitaine et prévôt d'Izel, par
acte du 22 juin 1784. Transport devant la justice d'Arlon, 8 janvier 1790. —
Expédition authentique.
49. An X, 12 germinal. Arlon. — Jean-Baptiste Gillet, propriétaire du moulin
de St. -Pierre près de Frassem, y demeurant, et Emmanuel Gillet, facteur à
Laclaireau, frères, vendent le bail héréditaire du dit moulin, qu'ils avaient acquis
des époux André Theis, aux citoyens Jacques et Pierre Kieffer, meuniers au
moulin de Clairefontaine. — Expédition authentique.
50. 1808, 12 janvier. Arlon, G. -M. Schmit, notaire. ~ Jacques Kieffer, meu-
nier au moulin de St. -Pierre à Heckbous, et Angélique Billig, conjoints, ainsi
que Pierre Kieffer, meunier à Clairefontaine, vendent le bail du dit moulin à
Willihrord Reding et Thérèse de Mallaise, de Bettembourg, — Expédition
authentique.
51. 1808, 14 mai. Arlon, notaire Jean-Nicolas Rossignon. — Jean-Baptiste
Goris, homme d'affaires, demeurant au château de Steen, commune d'Elhvyt,
vend, en sa quahté de fondé de pouvoirs de Mad. Auguste-Joseph Delapuente,
veuve Dehorman, rentière à Bruxelles, la propriété du moulin de St. -Pierre,
détenu actuellement par Willibrord Reding, ainsi que le Mûhlenbusch à Char-
les-Alexandre De Marches, rentier à Guirsch, représenté par Antoine Résibois,
maire d'Arlon. — Expédition authentique.
52. 1809, 12 février. Arlon, G. -M. Schmit, notaire. — Les époux Reding —
de Mallaise, de Petersmûhl vendent le bail du dit moulin à Antoine Résibois,
d'Arlon. — Expédition authentique.
(1) Était maître de poste à Arlon en 1775.
— 368 —
53. 1812, 3 mars. Arlon, notaire J.-N. Rossignon. — Charles-Juste de Bock,
chef du secrétariat de la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, demeu-
rant à Paris, vend à Antoine Résibois, maire et directeur des postes à Arlon, le
Pratzenbitsch, à Frassem.
Expédition authentique.
54. 1752, 18 septembre, Luxembourg.— Lettre de P. Galibert, arpenteur juré,
estimant la terre de Wintrange à une valeur totale de 1446 écus, 2 escalins, 5
sols, 8 deniers 13/75.
65, 1791, 92, 93, 94 et 97. Forges de Dommeldange. — Engagements des
voituriers de Schœafels, Rameldange, Gosseldange, Pretting, Bourglinster,
Ernster, Steinsel, Consdort, Hollenfels, Kœspelt, Meistert, Gomering, Hins_
torflf etc., pour transporter les charbons des bois environnants aux usines de
M. Collart à Dommeldange.
— 2 cahiers in-folio.
56. 1731-1766; 1798-1803. Deux dossiers contenant la correspondance des
familles de Hinderer et de Gerden au sujet d'Autel.
57. 1816, 1 juillet. — Guillaume, roi des Pays-Bas, nomme J. Résibois,
d'Arlon, directeur des postes en cette ville. — Diplôme original, hollandais.
(A suivre.)
N. B. L'impression de notre manuscrit était déjà commencée, lorsque
M. Auguste Collart nous annonça la découverte d'un second lot d'archives dans
lequel se trouvent de nombreux documents dont nous ferons suivre les analyses
prochainement. A cette occasion nous ajouterons une table alphabétique.
E. D.
Compte Seiê"2iJ'''a'
des Recettes et des $)2p2rises
RÉALISÉES EN
la terre et Seigneurie de jYeufcf]âteau et du Î3an de jYCellier
en l'an 176^,
publié par M. l'abbé E. LETAIN, curé à Saint-Médard.
INTRODUCTION.
Au commencement du iH^ siècle, la Terre et Seigneurie de
Neufchâteau et Meliier appartenait par indivis et à part égale,
aux nobles familles d'Arenberg et de Lœwenstein. Le droit de la
première famille ne fut jamais contesté ; mais il n'en fut pas de
même de la 2"ie. Depuis plus de 200 ans, les représentants de la
famille de Stolberg prétendaient avoir di'oit non seulement à la
moitié de la Terre de Neufchâteau, mais encore à la Seigneurie
de Bertrix, et à tout le Comté de Rochefort.
Le différend fut tranché le 9 juillet 1755, par les soins de l'Im-
pératrice Marie-Thérèse, qui en sa qualité de duchesse de Luxem-
bourg, excerçait son droit de Suzeraine sur les terres en litige.
Le droit des de Stolberg était établi [)oni' la Terre de Rerlrix et
le Comté de Rochefort. Quant à Neufchâteau, les de Lœwenstein
■25
— 370 —
ne conservaient plus que le 1/6, les 2 antres sixièmes étant dévo-
lus aux (Je Stolbeig. Celle décision fut acceptée par les parties en
présence ; et le 15 avril 1760, « le Prince-Régnant de Stolberg (l)
déclare tenir en fief de Sa M. l'Impératrice, le tiers de la Ville,
Terre et Seigneurie de Neufchàteau, et du ban de Mellier, par
indivis avec le Prince d'Aretiberg qui en a la moitié, et le Prince
de l.œwenstein-Wertheim qui en a le sixième (2).
C'est ce que déclare aussi le prévôt des Seigneurs princes de
Stolberg et de Lœwenstein, au nom de ses maîtres, dans les
tabelles de Marie-Thérèse imposées par ordonnance du l'2 mars
1766 11 y est dit que la Terre et Seigneurie de Neufchàteau ap-
partient pour la moitié au Seigneur d'Arenberg et pour l'autre
moitié aux nobles familles de Stolberg et de Lœwenstein, la pre-
mière pour deux tiers et la seconde pour l'autre tiers.
La même déclaration est faite par le délégué de la famille
d'Arenberg, avec les observations suivantes : « Il est à observer
« que le Seigneur Duc d'Aremberg possède la moitié de cette
« terre corn nie descendant de l'ancienne et illustre maison de la
« Marck, qui a possédé cette Seigneurie pendant plusieurs siècles,
« et qu'elle est directement mouvante et relevante de Sa Majesté
a comme duchesse de Luxembourg et comtesse de Chiny.
(c II est aussi à considérer que le nombre des usagei's s'aug-
« mente considérablenjent de jour à autre, ce qui diminue à pro-
« portion le produit des bois du déclarant ; surtout si l'on fait
« attention que pour 4 sols 8 deniers que paye chaque usager,
« on lui délivre 6 cordes de bois, outre le bois d'Agriculture ; et
<( que les cordes étant façonnées par le propre usager, il y fait
« entrer un quart plus de bois. De plus, l'on ne fait aucun profit
« des arbres chênes qui suffisent à peine pour bois du bâtiment
(( et d'agriculture, sous la rétribution très modique des pres-
<L talions.
(1) Cuni. Lux, Vf. A. pp. 19 et 37. Le différend s'était élevé à l'occasion de la succession des « de la
Marck » .
(2) Cfr. Com. Lux. VI, pp. l'J et 37 - 870. Pour l'origine du démêlé et la réalisation de l'accord inter-'
venu, Cfr. id. pp. -18 ; 868 et 869.
— 371 —
« î/on supplie aussi d'observer que les ferrages de cette terre
K et l3an de Mellier au eommencemeut du siècle passé, se mon-
« taient, année commune, à 200 muids, et que par la mauvaise
« foi des habitants de ces terres, qui recèlent ou dénient les
« adstrictions aux dits droits, prétendent qu'on doit leur en mon-
« trer les titres, ainsi que des autres prestations ; ce qui est ce-
ce pendant impossible, à cause de leur ancienneté qui va à plusieurs
« siècles, indépendant des incendies, guerres et autres ravages,
« et dont la manie et l'acharnement aux piocèssont montés à un
« tel point qu'ils contestent généralement tous les droits des Sei-
(c gneurs » (1).
Le compte que nous publions est dressé à la diligence de la
famille de Stolberg, par MM. de Rossius de Humain, et de Thierry :
ces deux signataires sont vraiseml)lablement M. de Thierry,
Prévôt de Neufchàteau pour le Prince de Stolberg et M. C. A. de
Rossius de Humain, officier principal et prévôt de Rochefort.
Ce compte renseigne les « Receptes et les Déboursements »
opérés sur la terre en question en 1704; il est dressé sur un
cahier in-folio de 75 pages. Ce document nous a été prêté, grâce
à l'obligeance des héritiers de la famille Grandjean-r.ambotte, de
St-Médard.
L'importance de ces Documents est incontestable. Elle a été
démontrée par M. le D' Van Werveke, cité par notre collègue
M. Liégeois. — Ann. de ITnst. 1909— p. 166. — Voir aussi les
observations de ce dernier dans les préliminaires du compte de
Chiny — ibid. p. 125 et ss. Ces comptes méritent d'être publiés
« à cause du grand nombre de renseignements topographiques,
historiques et économiques que fournissent toujours ces genres de
(1) Voir Tabelle de Marie Thérèse, aux archives de la province à Arlon. Nous y renverrons
sous les initiales T. de M. T.
Voir également les actes de ventes de biens nationaux-, aux mêmes archives: nous les dési-
gnerons sous les initiales V. de B. N.
— 372 —
duciiineiils. —Ces documents sont pins intùressants encore quand
il s'agit coninie dans l'espèce, d'un compte relatif à une terre
ayant appartenu, non au Souverain, mais à des Seigneurs parti-
cidiers, car il est toujours difficile de les consulter : pour les
f>remiers on n'a qu'à aller aux archives du royaume, ressource
que l'on n'a pas pour des comptes particuliers » (l).
St-Médard, le 15 avril 1913.
E. L.
Abréviations.
A. - Altesse.
Ant. = Antoine.
Aug. = Auguste.
Av. = Avoine.
An®"* = annuellement,
à pr. = à présent,
arg. c. — argent courant,
arg. f. = argent fort,
arp, = arpent,
ari-ent p — arrentement
perpétuel,
j^ois = Bourgeois
br. =- brabant
G. = corde
Cl. = Claude
c. = cire
ch. = chapon
Déb. = déboursé
d. = denier
Fr. = François
fl. = florin
fr. = franc
God. = Godefroid
Guill. = Guilleaume
gr. = gros
H. -= Henri
Hér. --= héritage
J. = Jean
jh = Joseph
j. = jour
V. de B. N.
L. A. = Leurs Altesses
1. c. = livre cire
m. = inuid.
Nas = Nicolas
ord. = ordinaire
P. =^ Pierre
p. = pied,
par. = parisis
q. == quartel
S"" = Seigneur
S'e = Seigneurie
s. b. = sol brabant
t. = terre
T. de M. T. = tabelles
de Marie-Thérèse
vente de biens nationaux.
Monnaies emploijées dans le présent compte (2).
N. B. La valeur intrinsèque du florin à cette époque est de
fr. 8136 de notie monnaie; le sol vaut donc 0 fr. 0906.
(1) M. Vannérus, lettre à l'auteur,
(2) Dans le présent compte, les iiioaaaies sont toutes réduites en (lorins, sois et deniers: le sol
valant il deniers et le tlorin 20 sols.
373
L'ECU = 56 sols, ou 2 fl. 16 s.-O d.
Le franc (ancien) = Ofl. 12 s.-O d.
Le franc fort = 1/4 de l'Ecii ou 0 fL '14 s.-O d.
L'Esqualin = 1/2 du fr. L ou 0 fl. 7 s.-O d.
6 parisis = 7 deniers.
Le liard == 1 3/4 denier.
Le soi fort = 14 deniers.
Mesures.
Le muid = 12 quarteis ou 144 mels.
Le quartel = le franchard.
Le quartel pel = 11 2/27 mels (1).
liste des localiiés citées dans le présent compte.
A. Aleumont, 30-39.
Assenois, 4.
B. Bernimont, 4-21-58-63.
Bertrix, 71.
G. Cousteumont, 43-47.
F. Fineuse, 19-35-71.
Florenville, 31
(les) Fossés, 54.
Fraiture, 59.
G. Gennevaux, 23-41-53-60.
Gérimont, 59.
Gohimont, 36.
Grand voir, 7-35,
M. Habaru, 39-45-55.
Hamipré, 6-7-19-21-24-55.
Humain, 71.
L. Lahérie, 17.
Lavaux, 55.
Léglise, 13-28-53-58.
Longlier, 3-4-7-9-10-14-18-19-
30-43-45-46-47-55-60-6 1-62.
M. iMartué, 31.
Massul, 4.
Mellier, 4-7-cS-9-l 0-12-13-16-
1 8-22-23-24-27-28-33-34-36-
38-4 1-45-46-49-5 1 -53-56-60-
61-62-66-67.
Molinfaing, 4-14-17-21.
M or i val, 42-45-55.
N. Namoussart, 21-61.
Narcimont, 13.
Neufchàleau, 3-6-7-10-11-
1 2-1 5-1 6-1 7-18-1 9-20-22-23-
24-25-26-27-29-32-38-44-46-
48-49-50-56-58-59-6 1-63-6 i-
69-71.
Neuville, 60.
P. Petitvoir, 14.
R. Respel, 21.
Rossart, 17.
Rossignol, 53, 54.
S. Sl-tlubert, 7-57.
(I) Voir p. 391 du pr. compte.
— 374 —
S. Seiiiel, 8-55.
S pin eu se, 53.
Straimont, 4-5-9-14-53.
Suxy, 4-5-IJ-OO.
T. Tliibessart, 8.
Tuiirnay, 21-21).
Tiunquuy, 1 4-55-(30-63.
V. Veaux, 60.
Verlaine, 21-60.
AV. Warmifon laine, 21.
Wiltimont, 58-60-61-63.
lisie des £ieux-dits.
A. Aux Bocquillons, 36.
A la Havanne, 5.
A la Fosse, 19,
A la Scivanne, 5i.
B. Bois de Bereanmont,5.
« des Glienos, 36.
« de Gohimont, 36.
« de la Haye, 26.
« d'Ospeau 26.
C. Cence de Motivai, 42-45
Chennin de Vert-Bois, 53.
Cher-Pré, 13.
Côte du Chenu, 19.
D. Deirière la forêt, 53-54.
F. Fagnes du Bisenil, 33.
» des Fourches des
eaux, 4.
« des Gros-Prés, 13.
» de Harmifagne, 34.
» Harsin, 34.
« Bassel, 54.
« Varichaud, 13.
(la) Fontaine à la Daine, 7.
Fosses du Lombard,6-17-18.
Fosses du Château, 6-18-19.
G. (la) Goutelle des Grands-
Prés, 4.
H. Hucqueny, 60.
L. (la) Lîambois, 14.
La Courvé, 58.
La Rosière, 17.
M. Mairie Godefroid, 28.
N. Neuf-pré, 7.
P. Petit-vivier d'Aleumont, 30.
Ploïe-Bioulle, 23.
Porte de Longlier, 7-18.
Pré Aidant (ou Nidant), 30.
<c Bucqueny (ou llurqiiPiiy), 53.
« Bailliol, 4.
« Bourguignon, 8.
« Bréda, 8.
(( Chardel, 60.
« d'Hallefontaine, 60-63.
« du Bru, 8.
« Henriette ('Ml Chevroux), 53.
« Hindelet, 8.
(.( (I« longlier (ou |irc Richard), 30.
c( Marquet, 30.
(( sous Semel, 8.
R. Ruis-icau dp U vis d'Aumoiil, 4.
ï. Teries Hendricques, 28.
V. Vivier de la Meule,
« d'en Haut de Mellier, 9.
« d'en Bas de Mellier, 9.
« de Straimont, 9.
Vieux-Moulin, 58.
— 375
^able des l^ecetks et des J)épenses.
I. Recettes a) EN ARGIùNT.
Prairies : 4-13-30.
Fagnes : 4.
Bois : 5-36-37.
Chassai et Maisons : 6-15.
Brassine : 6-7.
Jardin : 6.
Aisances : 7.
Prairies : 8.
Viviers : 9.
Graisse : 10.
Bourgeois : 11.
Moulins : 12.
Héritages et tei'ritoires : 14.
Fours Bannaux : 16-29.
Bans et territoires : 17.
Nouveaux Arrantenients : 18-19
Etaux : 20.
Balances et poids : 20.
Confrérie des Drapiers : 20.
Pavillions e Porcs : 21.
Ton lieu : 22.
Fief de Tonne : 22.
Travers-Passages : 23.
Tailles : 24.
Guets : 25.
Haute-Paisson : 26.
Pan nage : 27.
Mairie Godefroid : 28.
Terres Hendriques : 28.
Dimes : 31-3843-45.
Amendes de forfaitures et de
Gruerie : 32.
Forges : 33-34-35.
b) EN NATURE.
Avoines : 45-46-50.
1) de la Messerie : 46.
2) des Corvées : 46.
Farine d'avoine : 51-52.
Cire : 53 à 56.
Gabelle : 56.
Chapons : 58 à 62.
Poules : 63 à 65.
1) de la Messerie : 64.
2) des Corvées : 64.
Anguilles : 66 67.
II. DEPENSES.
a) En nature.
1) En seigle pour dime : 43.
Pour réduction de fermage : 43
2) En avoine pour dime : 47.
Pour réduction de fermage : 47
3) En cire pour chandelle : 57
A l'abbave de Sl-HuberL : 57.
bj En argent.
1) Frais de justice : 69.
2) Pour l'officier : 70.
3) Pour anniversaire: 70.
4) Pour gciges : 70.
5) Pour habillements : 71.
6) Pour ports de lettres : 71.
7) Pour frais de notaire: 71.
8) Travaux de réparations : 71
376
(Compte des Hceeitcs et des Dépenses de ïa T'evve et
Seigneurie de Neufeûkteau et du Ban de melîier.
(P. 3) (1) poui' toute la Terre de Neufchâteau droit aux
illégitimes qui meurent sans hoirs et à eux chut par droit accoutumé des lieux,
parmi païant les exseques et deptes, si aucunes il y a; et si les deptes excédent
l'échéance, les Seigneurs les peuvent quitter sy les laisser aux crédi-
teurs.
Item mes dits Seigneurs ont le droit de commettre un prévost, gruïer, deux
maïeurs et trois échevins en la Terre de Neufchâteau et au banc de Mellier.
Avec ce, ont droit de tout excès, pardon et rémission écheuttes es dites Terre'?.
(P. 4). Recepte en argent au jour St-Remi, des bancs de Long lier et de
Mellier^ sur prairies ordinaires {•^).
De Gérard Guilleaume, de Straimont, pour le pré lui accordé contenant 5 j.
de terre sur la goutelle des grands Prés (3), tirant bas vers l'eau de chacun jour
3 gr. à présent, Guilleaume Gillet de Suxy : 1 fr. 3 gr. faisant argent courant :
Ofl. 17 s6d.
D'Arnould de Nolinfaing pour le pré Bailliol, dessous le chemin qui vat de
Bernimont à Molinfaing, joignant les hoirs Collet ; à présent Henri Hardi de
liOnglier ; 3 g : . . . . . . 0-3-6.
De Remanant d'As.senois, pour les faignes des Fourches des Eaux, montant vers
le ruisseau de la Vis d'Aumont et aux forêts des seigneurs de Linché ; remis
1 fr. 6 gr. : . . . . . . . 1-1-0.
Page : 2 11 — 2 s. ; à Leurs Altesses 1 fl ~ 1 s.
(Page 5). Autre Recepte au dit Jour des bancs de Long lier et de
Meillier.
(>) La couverture pp. l et 2, manque.
(2) En marge, la note « oi'dinaire » i|iii se ic^piMe devant Ips dilTcients chapitres de recettes
jusqu'à la page 7 iiiclusiveiiient.
(3) l^rès de Léglise.
— 377 —
De Jean Devoir de Massiis, pour le bois de Bereaiimont (1), à présent Gode-
froid Goes de Massus : 2 gr . . . . . . 0-2-4.
Le 15 juillet 1672 a été remis à Jacques Bouchain, de Slraimont, 2 nouées à
la Hawane (2) dessous la piessente qui vat de Straimont à Suxy ; à présent P.
Bonchain ; 6 liards . ...... 0-0-1012.
Page : 0-3-2 1/2 : à Leurs Altesses .... 0-1-7 1/4.
(Page 6.) Recepie au dit jour sur chassai et maison.
De J. Bourdonchelle pour le chassai où est assise sa maison à Hamipré ; à
présent la V''' Vasbergem 4 gr. . . . 0-4-8.
Du dit Bourdonchelle, pour autre chassai, joignant sa maison, à présent, la
V^e Bougi : 4 gr . . ... . . . 0-4-8.
La place sur le four banal a été relaissé à Joseph Vasseaux par acte du 20
mars 1750, à 4 fr. . . . . . . . 2-16-0.
De J. Facille pour son jardin aux Fossés de Lombard, consistant en 40 pieds
en longueur et 30 en largeur ; 8 gr. a présent Sir Gofflnet. . . 0-9-4
De J. Gollian Alison, pour sa cave dessous la halle de Neufchâteau, que paie
la V^« Paul Daubi ; 4 gr 0-4-8
De N. Wauthier, pour sa brassine, jardin et écurie, aux Fossés du Château :
54 gr. à présent Jean Ghauveau 3-3-0
De J. Lagarmitte, pour un jardin à joignant la brassine ci-dessus à présent
Sir Gotfinet 6 gr. 0-7-0
Page : 7-9-4 ; à leurs Altesses ; 3-14-8.
(P. 7). Recepte au dit jour des Bancs de Longlier et de Mellier.
D'Englebert d'Aleumont, pour sa brassine dessous le moulin, par requeste
présenté par J. Jacob le 15 mars 1700, pour aggrandir et élargir la dite bras-
sine de 8 p. en longueur et 12 en largeur; comme aussi une petite place pour
un jardin de 40 p., parmi une rente de 12 g. à présent : Fr. Gofflot : 0-14-0
(1) Bois de Bereaumonl = environ 25 hect., à 000 m. de Juseiet. Le long de ce bois, se
trouvent diverses parcelles de bois sur la section de Massul, et appartenant à plusieurs proprié-
taires.
(2) La Havanne, lieu dit d'une fnrèt appartenant à .Mgr le Duc d'Arenberg. Elle est traversée
dans sa plus grande longueur pai' le chemin de fer du Lu.xembourg. Elle est située entre Mellier,
Les Fossés et Rossignol. Contenance : environ 2000 \\wX.
Parmi les lieux dits de cette forêt, il y a dans le présent cumpte, les l!,,cMuillons (page :î6),
à la Fosse (p. 19). à la Scervanne (p. 54) etc.
— 378 —
I»e François de St-lluberl, pour quelques places d'aisances, du costé de la
Fontaine à la Dame ; à présent Baptiste Conrotte y a sa tannerie . 0-1-2
De Godefroid le Brasseui', pour une petite place où il a érigé la muraille de sa
maison, devant la porte de Longlier, à présent la V^'® Lepauque, 1 gr. 0-1-2
De H. Genette de Hamipré, pour le Neuf-Pré (1), à présent Salomon
Gilon. ........ 0-3-6
De Malhelin Martin, pour une place d'aisance qui est le jardin Halbardier au
Neufchâteau, 4 gr. 6 par ...... 0-5-3
Page : 1-5-1 à leurs Altesses. .... 0-12-6 1/2
(P 8) Recepte des prairies haussées et adjugées le 4 octobre 1758
pour un terme de 6 années^ ici la dernière.
Le pré Hindelet (2), adjugé à Didier Reuller de Longlier (3) à 17 Ir. 1/2 : en
fl., 10 fl. 10 s.; moitié ...... 5-5-0
Le pré sous-Semel (4), après que le rendant y aura pris 6 charrées de foing
pour émolument d'office, le surplus aiant été exposé en hausse, est resté à
néant :........ 0-0-0.
Les prés Bourguignon et Bréda, ont été adjugés à Antoine Gope, de Grand-
voir, à 60 s. moitié ;...... 1-10-0.
Le pré Bréda se renseigne à l'article ci-dessus : . . . 0-0-0.
Le pré (5) de la Queu du Vivier (6), le rendant en jouit : . - 0-0-0
Le pré (7) du Bru (8), nu banc de Meillier, a été adjugé à Nicolas Lepère de
Thibessart, à 15 écus et 7 s. en fl. — 42 fl. 7 s ; moitié : 21-3-6.
Page : à leurs Altesses : 27-18-6.
(1) Neuf-pré : lieu dit dei riére la ferme de Mellier, anciennement au duc d'Aremberg.
(2) Prés de Mellier.
(3j En marge de ce poste et des trois suivants « B"" dernière année ».
(4) Vendu en -1807 pour 4500 frs. Contenance : 8 hect., 88 ares. L'acheteur est Josc|ih Collette de
Neufchâteau. (V. de B. N.).
(5) En marge de ce poste : « comme aux comptes précédents ».
(6) Pré de la Queue du Vivier : 55 ares de médiocre qualité, vendu 800 frs. à François-Joseph Rollaiid-
Burton de Neufchâteau. (V. de B. N.,'.
(7) En marge « 6% dernière année ».
(.8) Pré du BruI, près de Thibessart, vendu 12500 frs. — Cuntenance : 20 hect., 75 ares. (V. de B. N.).
Outre ces terrains, on a vendu aussi en 1807 : a) le pré des Sergents, 1150 frs. b) Le pré de la Cla-
vière (1 hect., 12 ares, 50 cent.) pour 3000 frs. c) Le pré de Hemroule (12 a. 50 c.) pour 600 frs, d) Le pré
de la Chuureveau (56 a.) pour 1800 frs. e) La Ferme de Neufchâteau (28 h., 84 a. de (ferres labourables, et
4 1/2 de Fanges) a été vendue en 1808 au sieur Colette et consorts, pour 33675 fis. Elle était située «sur
les communes de Neufchâteau, de Grandvoir et de Lahérie ». Elle était louée pour 3 ans au sieur De
Bertrix pour 66 frs. Tan (V. de B. N. N 55).
— 379 —
(P. 9). Receptes (î) au dit jour des Viviers des bancs de Longlier et de
M entier.
Du Vivier d'en haut de Meillier présentement réduit en prairie, que tient le
meunier avec le moulin rendant par an 6 fr. forts : . . 4-4-0.
Du vivier d'eu bas, lequel est détruit depuis les guerres, le meunier de Meillier
en profite paiant 1 fr. . . . . . 0-14-0
Du vivier de la Meule, accordé par décret de Son A. le 7 8*""e 17^3 à Jean
Tinret (?) au rendage de il) s. forts . . . O-ii-8.
Du vivier de Straimont, accordé à Gérard, meunier du dit-lieu, paiant 2 fr 1/2,
à présent, Alexandre A rnould .... 1-15-0.
Page : 7-4-8 ; à leurs Altesses. . . . 3-12-4.
(P. 10). Recepte de la Graisse de Longlier et de Meillier.
La Graisse (2) de la Terre et Seigneurie de Neufchâ'eau jette par les 4 jurés,
montent par année à 120 fr. forts, faisant arg. cour . . 84-0-0.
La graisse du Banc de Meillier monte par chacun an à 8 fr. forts --= 5-12-0
Page : 89-12-0 : à Leurs Altesses. . . . 44-16-0
(Page 11). Recepte des Bourgeois de Neuf château et des Francs-Bour-
geois de la terre., au jour St-Remi.
Les Bourgeois (3) de Neufchàteau et Francs-Bourgeois de la terre montent
cette année à 233 Bourgeois, comptant 2 veuves pour 1 bourgeois ; moitié
116 1/2, a 5 sols argent fort : . . 48 fr. 6 gr. 6 par.
en florins : . . . . 33-19-7
Page : A leurs Altesses : . . . 33-19-7
(P. 12.) Recepte des moulins (4) au jour St-Etienne, des bancs de Lon-
glier et de Meillier.
Du moulin de Neufchàteau (5) qui doit pai' an 7 fr. forts = , 4-18-0
(1) En marge de la page 0 et 10, la note « oïdinaiie ».
(2) Ce droit était à charge des habitants bannaux.
(3) En marge (par certificat N' 1).
(4) En marge, 'a note « ordinaire » i|ui se répèle devant les dillérents chapitres de rpcettes, jusqu'à
Ip page 19 inclusivement.
(5) Ce moulin fut vendu à Remacle-Joseph Colette fîis, le 2.5 avril 1807 au pri.\ de 4900 frs. \\ com-
prenait un moulin à grain à 2 tournants, une scierie à côté, un jardin de .1 ares, et un élang de 3 hect. ;
d'une rente annuelle de 865 litres de seigle ou 48 bichets, mesure de Virton. (V. de B. N. n- 1).
— 380 —
Iiu moulin do Mellier (1), qui doit par an 7 fr forts -- 4-18-0
De Paul Gofflot deNeufchàteau, pour un moulin à moudre écorce, où était la
foulerie érigé suivant l'octroie des 22 et 27 X'^'"« 1686 à présent J. Burton
1-12-8.
Du dit Burton pour avoir consti'uit une nouvelle roue au dit moulin pour fou-
lerie et pillcrie, lui octroie par décret du 2 S*"® 1753, 21 s. arg. cour. 1-1-0
De J. Tinret de Neufchàteau pour le moulin à moudre écorce, érigé sur son
fond, par octroie du 21 avril et 5 juillet 1698 ; à présent la V^^ j Tinret,
1 (r. 6 gr ; 1-1-0
Page : 13-10-8 : à L. A. . . . . 6-15-4
(Page 13.) Receptes des services et prairies ordinaires.
De Gollin Wautelet, pour service que soûlait paier Colas Milignant ; à présent
Antoine Troué de Léglise, 5 gros. . . . 0-5-10
De J. Lambourain de Belin, pour le pré de sa foulerie à présent le s"" de
Senocq de Léglise ; 6 gr. . .6 parisis : 0-7-7.
De Nemeris de Narcimont, pour le cher-pré, que paie Englebert Leclerc, un
1/2 gros . ... . . . . . . 0-0-7
De Jacques le Gaigneur, pour la faigne (2) des Gros-Prés, contenant 2 arpens
3 quarts, à 6 gros, à présent H. Mergeaie de Meillier, 1 f. 1 gr. 9 par. 0-16-1/2
De Piette de Suxy, pour autre faigne, proche Les Fossés, 5 j. 1 quart à 6
gr. : 2 fr. 2 gr. 3 par . . . . . 1-10-7 1/2
De Jacques Le Gardeur, pour la faigne Varichaud à Meillier, à présent Nicolas
Le Clerc, 2 fr. . . . . . l-8-O
Page : 4-8-8 ; à L. A. : 2-4-4.
(P. 14). Receptes au dit Jour sur héritage et territoire.
De Beatrix de Longlier, pour l'héritage Louis Le Franc que paie J. Didier
Reuller, 1 fr. . 0-14-0
De Godefroid Gillet de Tronquoy pour 4 j. de terre proche de la Bannibois (3),
1 fr. 8 gr., à présent la chapelle de Tronquoy . . 1-3-4
(1) Le moulin de MeUier tut vendu lii 25 avril 1807 poui' 7100. Il comprenait un moulin à giain, couvert
d'ardoises, en bon état; une scierie il côté et une écluse au-dessus ; les places ;i fentour contenant il
ares ou 22 perches ; enfin un enclos de 2 hect.. 30 cent., (4 arpents 60 perches) fermé de haies vives.
(V. deB. N. n"l). •
(2) Kagnes des gros-prés, sur le territoire de Thibessart.
(3) La Hanibois : bois seigneurial de 1026 arpents et 8 perches, à l;i recioissance de 30 ans, à l'usage
des usagers, ([uc payent chacun 4 Sols 8 den., et reçoivent en letdur 6 cordes de bois. I':n 1766 ils sont
au nombre de 463. Outre le bois de chaull'age, ils reçoivent aussi le bois d'agriculture et de bâtiment. Ce
bois est situé prés de Tronquoy. (T. de M. T.)
— 381 —
Des enfants Adam, pour l'héritage Gornel ou la Meule, que paie J. Le Reuthe
de Molinfaing: 2 Ir. 1 gr. .... 1-9-2
De Pierion de Straimont, pour certaine pièce d'aisance, situé au village de
Straimont, desous le courtil Gérard ; à présent Ant. Gillet : 1 gr. 0-1-2
De J. Evrard de Tronquoy, pour la faigne tenante à la Banibois, à présent
Nas Gobert : 10 gr. 6 par . . . . 0-12-3
D' Pierret, de Petitvoir, pour les relais bâtis sur la rivière d'entre les
deux Voies : 1 fr. . . . . . 0-140
Page: 4-13-11, à L. A. : .... 2-6-111/2
(P. 15). Receptes audit jour sur Maison et Chassiaux.
De Toussaint de Barbier, pour une place lui arrentée à la halle de Neufchâ-
teau ; à présent J. Javaux, 4 fr. 2 gr. . . . 2-18-4
De Louis Piei-quin, pour la place lui accordée, à présent la V^'« Pierre Guise,
5 fr. . . . . . . 3-10-0
De J. Gilson, pour la scierie au relais du moulin, à présent le meunier la
tient avec le moulin; 2 gr. ..... 0-2-4
De Thirion Le Masson, pour la maison GoUin Gillet, que paie J.-B. Pierron :
2gr. 6 par (1) . . . . . • • 0-3-1
Page : 6-13-9 ; à L. A. : 3-6-10 1/2.
(P. 16). Receptes des fours oannaux.
Du four banal de Neufchâteau (2) qui doit par an 3 fr. . 2-2-0.
Du four banal de Meillier, relaissé en arrentement perpétuel en suite des or-
dres de S. A. aux habitants du dit heu, par acte passé par devant la justice de
Meillier le 12 juillet 1742 ; parmi payant 12 fl. brabant. pour lesquels les habi-
tants se sont obligés solidairement cy = . . • 12-0-0.
m : 14-2-0 ; à L A : 7-1-0.
(P. 17). Recepte sur banc et territoire.
De J. Notte de Lahéric, pour un champ situé entre Molinfaing et Lahérie,
contenant un demi-jour à présent H. Desoie, de Lahérie, 3 gr = 0-3-6.
De J. Godefrind, pour une place lui accordée, proche le ruisseau du Moulin
pour une tannerie, 8 gr. à présent N^^ Ghenelon 0-9-4.
(1) "> o-r 6 par • 0-2-11. Le comptable a faii ici une légère eri'eur.
(2) 184 habitants sont tenus de cuire leur pain au four banal de Neufchâteau. Les Seigneurs doi^ont
fuui'nir 30 cordes de bois. (,T. de -M- T.).
— 382 —
I/nii Kifil, a ôlé acconlô à N"*^ Godefrind, une place pour une tannerie, paiant
10 gr. à présent Gilles Boulenger . . • 0-11-8.
De P. De Huile, de Neufchâteau, pour une place sous l'étang pour y ériger une
maison ; à présent Pierre Sir 5 g. . . 0-5-10.
De Pv. le Cuvilier, pour une place lui accordé pour construire un jardin aux
Fosses du Lombard, 6 gr . . . • 0-7-0.
De Thirion le Ruthe, de Rossarf, pour la permission de tendre 2 ou 3 nasses
en la rivière de Petitvoire, jusqu'au lieu appelé la rosière (1), 2 gr ; à pré-
sent le s''^ Jacques ..... 0-2-4.
Page : 1-19-8 à L. A. : 0-19-10.
(P. 18). Receptes aux dits bancs de Longlier et de Meillier des nou-
veaux arrentements.
A été accordé, l'an 1643 à Rémi Golignion, une place en la halle de Neufchâ-
teau, paiant 5 fr. à présent Collet. . . . 3-10-0.
It. lui a été accordé une autre place joignant paiant 2 fr. 2 gr. à présent la
yve Paul Daubi . . • • 1-10-4.
De J. Golignion pour une place dans les fossés du Château (2) proche le Lom-
bard, 4 gr. et pour le ragrandissement, 4 gr., à présent Sir Gofflnet, 0-9-4.
De J. Dernier, pour une place où était une petite forge joignant la Halle,
2 fr. et pour la cave 1 gr . . . . 1-9-2.
Du dit Bernier, pour une place dans les fossés du château 2 gr. — la V^«
Paul Daubi ...... 0-2-4.
Du dit Bernier pour un petit jardin au Fosses du château, 6 gr. ; à présent
Jacob ...... 0-7-0.
Le 3 avril 1676 a été accordé à Fr. Lembert, une place aux fosses du Lom-
bard pour une forge, 12 gr. et pour le ragrandissement 6 gr. à présent
P. Gaussin ...... 1-1-0.
De la maison J. Dassenois, proche la porte de Longlier, à présent Charles
Dassenois, 8 gr = . . . .. . 0-9-4.
De Hubert Laurent pour une place proche la porte Salomon, que paie Gilles
Rolland, 4 gr. ..... 0-4-8.
Page : 9-3-2 ; à L. A. 4-11-7.
(1) La « Rosière » près de Petitvoir.
(2) D'après les communes luxembourgeoises (Vf. A. p. 13), Neufchâteau, imposante forteresse jus-
qu'au XVI* siècle, a vu ses fortifications détruites par les Français en 1555, et son chateau-fort, rasé au
Traité des Pyrénées (1659). C'est ce 1(111 oxpli(iLie les nijuvf^aux arrentements accordés dans les fossés de
la ville et du château.
— 383 —
(F*. 19). Recopies des nouveaux arrenteinents qui se paient argent
courant.
De Henri Conrotte de Neufchàteau, pour une place aux fossés de celte ville,
entre la porte de Longlier et celle de Hamipré, 5 s., à présent Chenelon : 0-5-0
De Geor-ges Vauthier pour une place lui accordée aux fossés de cette ville, à
présent la V^'« Va uthier : ...... 0-5-0
De Fr. Rock pour sa maison, 10 s., à présent Bichot : . 0-10-0
De Claude Mahilion pour 2 morceaux de terre, l'un à la Fosse (1) et l'autre
à la coste du Chenu (2) ...... 0-14-0
D'Auguste Maison, pour un jardin aux fosses du château, 7 s., à présent la
Vv« Anson. . . . . . . . 0-7-0
De Gérard Baltazar, pour un jardin aux fosses du château, à présent Marquet
0-7-0
De la V^« Renauld Simard de Fineuse, pour ragrandissement de sa maison
sur l'aisance à Fineuse ...... 0-0-6
De J. La Croix, de Neufchàteau, pour un ravehn qui conduit l'eau sur son
enclos ........ 0-2-0
De J. Thirion, pour ragrandissement de sa maison sur l'aisance de Hamipré,
0 0-6
Page : 2-11-0 ; à L. A. : 1-5-6.
(P. 20). Recepte des Eteaux en la halle de Neufchàteau.
Les étaux (3) des Merciers, Cordonniers et autres en la halle de Neufchàteau
ont été haussés le 2 may 1763 pour un terme de 3 années, et adjugés à J.-B.-
Conrotte de Neufchàteau, 30 fr., moitié 15; ici la l^^e année : en fl. . 9-0-0
La Balance (4) et poids à peser qui étaient en la halle de Neufchàteau étant
déserte ........ 0-0-0
Par charte des Seigneurs a été accordé de dresser une confrérie de drapiers,
de chacun confrère une place 4 s. ; la dite confrérie étant déserte et n'y aïant
plus aucun confrère, cet article est à néant. . . . 00-0
Page, à L. A. : 9-0-0.
(1) Il y a un lieu dit « à la Fosse », à Massul, entre ce village et Lahérie.
(2) G" de Léglise au sud et à I kilum. environ de Thibes^arl.
(3) En marge « par hausse n- 2, 1", 3'"° année ».
(4) En marge « comme au.x. comptes précédents d.
— 384 —
('\ 21). Recepte des pavillons et porcs sur territoire (1).
Les leriniers des teri'ages de Molinl'aing, Namoussay, Marbay, Bei-nimont,
H('si)el, Verlaine, Warinilbnlaine, Haniipré et Tournay, doivent chacuns au
surplus de ieui's rendages en gi-ain, une renie de 2 l'r., 10 gr. 6 par. arg. 1'.,
faisant 28 l'r. 9 gr. : en II. 20 fl. 2 s. 6 d.; à L. A. moitié = 10-1-3.
Page : à L. A : 10-1-3.
(P. 22). Receptes de la ferme du Tonlieu (2) et soixantiesme (3) de la
Terre du Neufchàteau et du banc de Meillier (4).
Le Tonlieu de Neu (château et du banc de Meillier, haussé le 10 may 1763
pour 3 années, adjugé à J. Henri Sir. caution J. Henri Jacques, de Neufchàteau
à 311 fr. moitié 155 fr. 6 s. en fl. . . 93-6-0.
Le fief de Tonne, qui est une rente de 30 fr. f. que le fermier du Tonlieu paie
au surplus de son adjudication, faisant 21 fl. moitié à L. A. = 10-10-0.
Page : à L. A. -= 103-16-0 (5).
(P. 23). Receptes des travers passages {%) de la t>irre de Neufchàteau
et du banc de Meillier, haussés le iO may 1763 pour 3 années^ ici la
première.
Le travers passage de la terre de Neufchàteau adjugé à J. B. Gonrotte de
Neufchàteau à 21 fr. ; moitié 10 f. 6, en fl. = . . 6-6-0.
Le travers passage du banc de Meillier adjugé à H. Crochet de Gennevaux à
72 fr. moitié 36 en fl. =- . . \ . ' 21-12-0.
Le travers passage Ploie BiouUe (7), adjugé à J. B. Conrotte de Neufchàteau,
à un sol : moitié ..... 0-0-6.
Page . a L. A. 27-18-6.
(P. 24). Receptes des tailles de la terre de Neufchàteau et du banc de
Meillier.
Les Tailles de la terre et Seigneurie (8) de Neufchàteau avec les for-
(1) En marge « ordinaire ».
(2; Tonlieu : droit seigneurial dû par les vendeurs et les acheleuis pour les places qu'ils occupaient
au marché ou à la foire.
(3> « Quant aux bourgeois l'oi-ains, au cas où ils f'aisent quelque marchandise de bestiaux, quel qu'il
« soit, l'acheteur et le vendeur, doivent strictement le soixantième denier aux Seigneurs (coiii. L. \'l. A.
p. 28;. »
(4) En marge « par liausse w 2-^-'^ année ».
(5> En inai'ge du fief de Tonne, la note « ordinaire ».
(6> En mai'ge «par la hausse n- 2, l"-3"'! année ».
(7) Ploïe-BiouUe — non loin de Léglise, sur la route de Lavaux.
(8> En mai'ge : « connue aux comptes précédents : nihil ».
— 385 —
raines comptant 2 veuves pour un Bo'^, les Roi» ont supplie L. A. de patienter
jusqu'à une paix prochaine, pour lors de paier tous les arriérages, non obstant
tous les devoirs faits et assemblé les plus anciens de cette terre pour reconnaître
les dits droits, ont déclaré ne savoir comment ils se païaient, ensuite de l'attesta-
tion de justice exhibé aux comptes précédents.
La taille (1) du banc de Meillier que le Chapelain d'Hamipré prenait pour ses
gages montent cette année à 14 fl. 14 sols ; moitié . . 7-7-0
Page : à L. A. : 7-7-0.
(P. 25). Receptes des guets de la terre de Neufchâteau.
Les Ro'^ Baptistes (2) et taillables de la terre et seigneurie de Neufchâteau
qui doivent chacun à la St-Remi et Pasques à chacun des dits temps 5 s. b. et
l'on compte 2 V^«« pour 1 B^'^.
Les B^'s ont supplié L A. de patienter jusqu'à une paix prochaine, après
avoir fait assemblé les plus anciens de cette terre, ont déclaré ne savoir sur
quoy, ni comment ces droits se lèvent, suivant l'attestation de Justice, comme
aux comptes précédents. .... 0-0-0.
(P. 26). Receptes de la Paisson ou Haute Fleure (3) de la Forret de
Neuf château.
La Paisson ou Haute Fleure de la Forêt de Neufchâteau, tant des bois
Seigneuriaux que communaux aîant été exposée en hausse le 4 octobre 1763,
ainsi que la Glandée des Francs-Bois d'Ospeau (4) et de La Haye (5) ont resté au
bâton faute d'enchérisseur ; ensuite ont été relaissés à J. Marenne de Neufchâ-
teau au prix de 12 esqualins faisant 4 fl. et 4 s. moitié . 2-2-0
Page : à L. A. . . . • • • 2-2-0
(P. 27). Receptes des pannages {6) de la terre de Neufcliâteau et du
banc de Meillier.
Les pannages (7) de la terre de Neufchâteau se montent à 11 fl. 10 sols,
moitié .....••• 5-15-0
(1) En marge : « par certificat, rr 3 ».
(2) En marçe : « comme aux comptes précédents : nihil ».
(a)Fnmaroe- «par liausse N'4. ». -(Le droit de glandée ou Ifautc-deur, consiste à mettre dans
les bois une seule troupe de codions, tant dans les bois de terre que dans ceux du bois de .Mellier ».
(4) Le Bois d'Ospeau, d'une contenance de 86 hectares, appartient tout entier moins 2/15 ù M .Pierrard
de Mellier. Il est contigu au faubourg du Terme du Moulin de Neuf château.
(5) Ce bois touchait à la ville de Neufchâteau ; il est aujourd'hui défriché, moins 2 hectares environ .
L'abattoir est construit sur un coin de cette propriété de 12 hectares.
(6) Les Pannages sont dûs pour le droit de glandée.
(7) En marge : « par certilicat, N» Tj ».
26
- 386 —
Les iTconrs de la terre de Neufchâteau, il n'y en a pas cette année.
Les pannages (I) du banc de Meillier se montent à 5 fl. 10 s. moitié, 2-15-0
Les recours (2) du banc de Meillier se montent à 31 s. 2 d., moitié 0-15-7
Page : à L. A. . . . . . 9-5-7
(P. 28). Receptes des bancs de la mairie Qodefroid et des terres Hen-
dricques.
Les Bso's de la mairie (3) Godefroid (4) qui sont francs en leurs maisons doi-
vent 2 fr. f. moitié . . . . . 0-14-0
Les officiers ont remis sous l'agréation de L. A. les terres Hendricques (5)
situées au banc de Meillier en arr^°^ perpétuel à Antoine Troué de Léglise par
acte du 27 may 1755, au prix de 6 fl. moitié : . . 3-0-0
F^age : à L. A. . . . . . 3-14-0
(P. 29). Receptes du four banal de Neufchâteau, appartenant à L. A.
Le four banal (6) de Neutchâteau a été relaissé le 2 juillet 1762 pour 3 années
à Fr. Leppé, H. Lambinet de Neufchâteau et Philippe Rathie de Tournai, au
prix de 28 écus ..... 78-8-0
La maison (7) située sur le four Banal, étant rentrée aux domaines, on a été
obligé, pour la conservation du dit four de la rétablir. S. A. Mgr. le Duc d'Aren-
berg n'y aiant voulu concourir et s'étant désisté de la Rente, a été relaissé à
J'' Vasseaux, .par acte du 20 mars 1750, passé par devant la Justice de Neuf-
château pour 5 f. 6 gr. =: . . . . 3-17-0
Page : à L. A. : 82-5-0.
(P. 30). Receptes des Prairies appartenant à L. A. (8).
Le Pré Marquet et le Pré des aidant, l'officier en jouit . 0-0-0
Le pré de Longlier nommé le pré Richard est perdu depuis longtemps. 0-0-0.
Le petit Vivier d'Aleumont (9) est perdu depuis longtemps. 0-0-0.
Page : à L. A : 0-0-0.
(1) En marge : « par certificat, N' 6 »,
(2) En marge . par certificat N' 7 ». (3) En marge la note « ordinaire ».
(4> Elle consistait en quelques maisons d'enlrecour situées aux villages de Menugoutte, Nevrau-
mont et Rossart (C. L. VI A. p. 21).
. (S) Elles étaient situées sur le territoire de Léglise.
(6) En marge : 2'-3* année ».
(7) En marge : « ordinaire ».
(8) En marge : « comme aux comptes précédents : nihil ».
(9> Derrière Ranciniunt.
— 387 —
(P. 31). Reeeptes du neuvième de la dixme de Florenville et MayHué^
appartenant à L. A. (i).
Le 9*">e de la grosse et menue dixme de Florenville et Martué, a été adjugé le
22 juillet 1763 à Paul Tafîe, caution F'' J'' Taiïe du dit Florenville au prix de 36
écus, cy. en fl. = . . . . 100-16-0.
Page : à L. A. : 100-16-0.
(P. 32). Receptes des amendes de Fourfaiture et Qruerie de la terre de
Neuf château.
Les amendes de Fourfaiture (2) de la présente année se montent à la somme
de 29 fl. 8 s. moitié 14 fl. 14 ; tirant le 1/4 de l'officier, reste 11 fl. 6 d. = 11-0-6.
Les amendes de gruerie (3) de la présente année se montent à la somme de
815 fl. 1 sol 1/2 dont le 1/3 de leur Altesse porte 271 fl. 13 s. 10 d. ; auxquels
doit être adjointe 4 fl. 4 s. de la 1/2 de l'amende de Recours : faisant 275 fl. 17 s.
10 d. ; de laquelle somme déduisant 1 fl. 16 s. du 1/3 des amendes des insolva-
bles et 3 fl. 7 s. 9 d. pour moitié des frais faits, faisant 5 fl. 3 s. 9 d., reste
270-14-1 . Tirant le 1/4 de l'officier reste 203-0-6 3/4 ; à quoi, ajoutant 8 fl. et 8 s.
de la moitié monte en total 211-8-6-3/4 = . 211-8-6 3/4.
Page : à L. A. 222-9-3/4.
(P. 33.) Recepte de la forcée de Meillier-Haut (4).
De J. Hachette pour la retenue d'eau du Ruisseau et Etang. 41 fr. 8 gr. moi-
tié : 20 fr. 10 gr. faisant 14 fl. 11 s. 8 d., à présent le S'' Duc de Gorswarem-
Loos = 14-11-8.
Du dit s*" Duc p"" l'héritage de sa forge et ceux aux environs contenant 36 j .
de terre à 5 gr chacun. 15 fr. moitié 7 fr 6 gr. := 5-5-0
Du même, pour la faigne du Bisenil contenant 20 j. de terre à 5 gr; 8 fr 8 gr.
moitié 4 fr. 4 gr = . . . . . 3-0-8.
Du même pour la faigne arrentée comme dessus contenante 40 j ; 16 fr. 8 gr.
moitié 8 fr 4 gr = ..... 5-16-8.
Page : à L A = . . . . • 28-14-0.
(P. 34), Recepte de la forge de Mellier Bas.
De P. Monstier, pour le cours d'eau du ruisseau et étang d'icelui 41 fr 8 gr.
(1) En marge : « [lar hausse, N" 8 ».
02) En marge : « par certificat, N- 9 ».
(3) En marge : « par certificat N- 10 ».
(4) En marge, la note (f ordinaii'e », qui se répète aux pp. 34 et 35.
— 388 —
moitié 20 fr. 10 gr; faisant en (1. 14-11-8 ; à présent le Duc de Gorsvarem-
Loos : 14-11-8 ...... 14-11-8
Pour la faigne de sa forge et ceux aux environs contenante 40 j. à 5 gr. =
16 fr. 8 gr; moitié : 8 fr. 4 gr. faisant : . . . 5-16-8
Pour la faigne Harsin, contenant 10 j. comme dessus : 4 fr. 2 gr ; moitié 2 fr
1 gr = 1-9-2
Pour la faigne de Harmifaigne, contenante 41 j. comme dessus : 17 fr 1 gr ;
moitié 8 fr. 6 gr. 6 par. faisant . . . . . 5-19-7
Page : à L. A. : 27-17-1.
(P. 35). Recepte de la forge de Gra7idvoir.
Par bail des s''^, a été accordé au s"" de Valfleurie une forge à Fineuse, où était
le moulin du dit lieu, en païant ann^ 6 fr. moitié : 3 fr. = 2 fi. 2 s. à présent le
s"" Jacques . ...... 2-2-0
Il lui a été accordé la place où était la scierie à Fineuse, en païant 6 fr à L. A.
moitié 3 fr HZ . . . . . . . 2-2-0
Il a été accordé au s'^ Jacques par octroie du 29 X^*'*" 1754, réalisé en la Haute-
Gour de Neufchâteau le 14 mars 1755, de construire une demie forge au lieu et
place de la scierie et platinerie, en païant 1 écu de rente, moitié = 1-8-0
Page :àLA= . . . . . . 512-0
(P. 36). Vendition de Bois (1).
Par contrat du l*^"" octobre 1763 a été vendu au S'' Rossignon, facteur des
forges de Mellier, la coupe des bois : Francs-Bois de Gohimont (2) et des
Chenus (3); de plus 15 arp. en la forêt dit : Aux Bocquillions (4), joignant le
bout de la coupe de l'année antérieure, au prix de 24 s. la corde fixé par le
Règlement des Bois, dont les livremenls se sont faits sçavoir de la coupe des
francs bois de Gohimont et des Ghënus le 4 mars 1764, qui ont produit la quan-
tité de 4200 cordes; et celle des Bocquillions, le 28 du dit mois, 1498 cordes;
en total 5698 cordes, moitié 2849, au prix de 24 s. : 3418 fl. 16 s. : 3418-16-0
Page : à L. A. : 3418-16-0.
(P. 37j. Autres Bois.
(1) En marge : « par marché », n. 11 et procès-verbaux n. 12 et 13.
(2) Gohimont : ce bois d'une vingtaine d'hectares est aujourd'hui défriché en grande partie; il était
situé à mi-chemin entre Léglise et Gennevaux.
(3) Entre Léglise et Mellier.
(4) Sur la route de MeJlier à Suxy. à l'entrée de la Forêt et à 800 mètres environ de .Mellier.
— 389 —
Du tiers du bois d'aisance (1) des Communautés, ii n'y en a pas eu cette
année ........ 00-0
Des cordes surnuméraires (2), ainsi que des bùcties aïant été vendus aux usa-
gers dans les différents livrements leur faits pour leurs chaufages, ont produit
12 fl. et 14 s. moitié ...... 6-2-0
Page à L. A. : 6-20.
(P. 38). Recepte de Seigle.
Les terrages de la terre de Neufchâteau et du banc de Meillier (3) ont été
haussés le 7 août 1763, en présence de ceux de Justice et se montant suivant la
hausse 60 m. 3 q. 6 mels ; moitié : 30 m. 1 q. 9 m. dont le 1,3 en seigle : 10 m.
0 q 7 mels.
La dixuie (4) de Neufchâteau a toujours été accordée à l'officier pour ses
gages (5) . . . . . . . . 0-0-0
Page à L, A. : 10 m. 0 q. 7 mels.
(P. 39). Autres recepte de seigle.
Des enfants CoUin (6) Le Gendre de Habaru pour service en seigle : 3 IVan-
quards ; livrables moitié à L. A. . . . 0 m. 1 q. 6 mels
Page à L. A. : 0 m. 1 q. 6 mels.
(P. 40). Recepte de seigle du moulin de Neufchâteau.
Le moulin de Neufchâteau (7), haussé et adjugé le 21 juin 1759 à J. Jérosme
Rémi de Bougnimont pour 6 années, commençant le l*"' octobre 1759 et finis-
sant la veille du dit jour 1765, au rendage de 22 m., outre les rentes ordinaires
païables en 4 temps égaux, sçavoir Noël, Pasques, St-Jean-Baptiste et la veille
St-Remi, rétrocédé le 5 juillet suivante H. Amaui'i de Wacherocq; la moitié à
L. A., 11 m. se renseigne ici du dit bail les termes de Noël 1763, Pasques,
St-Jean-Baptiste et la veille de St-Remi, faisant . H m. 0 q. 0 mel.
Page : à Leurs Altesses = 11-0-0.
(1) En marge : « par certificat N* 14 ».
(2) En marge : « Item, N* 15 ».
(3) En marge : « par hausse N' 16 ».
(4) La 1/2 de la dîme de Neufchâteau rend année communo, en si-iglp. 40 quartelsà 5 e.scaUns, et en
avoine à 90 qu. à 15 sols (T. de M. T.)
(5) En marge : Comme aux comptes précédents ».
(6) En marge : « ordinaire ».
(7) En marge : 5'-6' année ».
— 390 —
(P. 41). Rendage du Seigle du Moulin de Mellicr.
Le Moulin de Mellier (1) a été relaissé le 12 7^^'^ 1757, à H. Thibessart de
Mellier, sous le cautionnement de Henri Thibessart de Gennevaux, pour un
terme de 8 années, commençant le i^^ 8'«"e 1757, au prix de 16 muids, 8 quar-
tels, p;iïables à 4 termes égaux, sçavoir Noël, Pasques, St. -Jean-Baptiste et la
veille St. -Rémi 1764 =-- à leurs Altesses, moitié = . 8 m. 4 q. 0 m.
Page : à Leurs Altesses : 8 m. 4 q. 0 m.
(P. 42). Recepie de seigle du gaigniage de Morival.
La censé (2) de Morival (3), aiant été brûlé le 9 X^^e 1713, S. A. l'a remis par
bail du 11 mars 1714 en arr^nt perp. à Evrard Grandjean, parmi rendant an«°'
16. q. de seigle et qu'il rétablira la ditte censé suivant la teneur de son bail, réa-
lisé en la Justice de Neufchâteau 1 m. 4.q. 0 m.
(P. 43). Rendage et délivrement en seigle (4).
Au Prieur de Longlier (5) pour sa dixme : 1 m. Oq.O m.
It. distribué aux pauvres le jour du vendredi-saint . 1 m. 0 q-0 m.
A J. Mathieu Gollard, greffier et contrôleur pour ses gages ordinaires, au
contingent de L. A. =0 m 8 q-0 mel. . . 0 m 89-0 mel.
François Déom (6) fermier du terrage de Gousteumont, aiant eu sa maison
incendiée le 25 8'^re nés, avec la moitié du dit terrage, portant la ditte moitié
suivant la p. 6 'de la Hausse, 2 m 1/2 dont il a obtenu décharge par* décret du 18
mars 1764. se répète ici 1 m. 3 q., pour la moitié de L. A. taisant tiers. Seigle
5 quartels =..... 0-5-0.
Pour la diminution (7) au 30'"'" de 30 m. 5 q. ann^-"L . . . 1-0-2.
Page 4 m 1 q. 2 mel.
Lesquels 4 m. — 1 q. - 2 mel soustraits des 30 m. 10 q. 1 m. de la page
précédente reste 26 m. 8 q. et 11 mels r= 26-8-11.
(P. 44). Vendition de seigle.
Le 21 mars 1764 (8) après que les billets d'affiches ont été mis que le dit jour,
(1) En marge : « 7- - 8- année ».
(2) En marge : « ordinaire ».
, (3) Morival - entre Longlier et Verlaine.
(4) Les Seigneurs devaient -12 quartels de Seigle aux religieux d'Orval (T. do ftL T).
(5) En marge : « ordinaire ».
(6) En marge : « décret de rémission ».
(7) En marge la note « il est ainsi ».
(8) En marge : « pai- hausse, n. 18 ».
— '391 —
il serait procédé à la Hausse publique des seigles de la Recepte de L A, le quart el
a été mis à prix à 30 s., a été adjugé à 36 s. à J. H. Jacques de Neufchâteau en
la quantité de 26 m. 8 q. 11 mels = 320 q. 11 m. au dit prix de 36 s ; 577 fl.
13 s = 577-13-0.
Page : L. A : 577-13-0.
(P. 45) Receptes d'avoine des bancs de Longlier et de Mellier.
Les terrages (1) de la T. et S'^ de Neufchâteau et du banc de Meillier montent
cette année à la part de L. A comme au texte des seigles, les 2/3, 20 m. 1 q —
2 mels = 20-1-2.
La dixme de Neufchâteau (2) a toujours été accordée à l'officier pour ses
gages = 0-0-0.
La rente (3) des enfants Gollin-Legendre, de Habaru pour service en avoine
- 0-1-6.
La censé de Morival, relaissé en arr^'t perp. à Evrard-Grandjean, un rendage
de 2-8-0.
Page à L. A. : 22 m. 10 q. 8 mels.
(P. 46). Autre Recepte d'avoine des bancs de Longlier et de Meillier.
La Messerie (41 de la terre de Neufchâteau qui est que chacun Ro's labourant
au mars doit 2 q. d'av. pels, et une poulie, a été haussée et adjugée le 10 mars
1763 pour un terme de 3 années à J. Henri Sir, caution J. H Jacques de Neuf-
château à 6 m 11 q; à L. A. moitié — 3-5-6.
La Messerie (5) du banc de Meillier haussée et adjugée pour 1763 — 34 q ;
moitié =- 1-5-0.
Les corvées (6) du banc de Meillier qui est que chacim B^'^ labourant en mars,
aiant pleine charue doit par an 8 q. d'av. ont monté cette année pour la part de
L. A. à 27 q. pels, faisant livrable 24 q. 11 m. = . . 2-0-11.
Page : à L. A. = 6-11-5 mel.
Total des avoines à L. A. ;^9 m. 10 q. 1 mel.
(1) « Par la même hausse, n. 16 ».
(2) En marge:» comme aux comptes précédents ». Cfr. p. 38.
(3) En marge : i ordinaire ».
(4) En marge : « par la uiénie hausse, ii. 2 : he-3iiR' année » .
(5) En marge : « par hausse, n. 19 ».
(6) En marge : « par certificat, n. 20 ».
— 392 —
(P. 47). Renàage et delivrcment en avoine.
Au prieur de Longlier (1) pour sa dixme au contingent de L. A. 2 m =z 2-0-0.
La moitié (2) du terrage de Cousteumont, aiant été brûlée, se répète comme
au texte des seigles, 10 q. =^ . . . . 0-10-0
Four la diminution (3) au SO^me de 29 m 1 m = . 0-11-7 1/4.
Page : 3 m. 9 q-7 1/4.
Lesquels 3 m. 9 q. 7 1/4 mels soustraits des 29 m. 10 q. 1 mel, rapportés à la
p. précédente = . . . . . 26-0-5 3/4.
(P. 48). Vendition d'avoines.
Le 21 mars 1764 (4), le quartel d'av. aïaut été mis à prix à 14 s. a clé adjugé
à 17 s. à J. H. Jacques de Neufchâteau ; vendu la quantité de 26 m. 5 3/4
mels, faisant 312 q. 5 mels 3/4 au dit prix de 17 s. = . 265-12-2.
Page : à L. A. = 265-12-2.
(P. 49). Recepies de Froment.
Du moulin (5) de Neufchâteau qui doit en froment 2 m. ; à L. A 1 m. ^^ 1-0-0.
Du moulin de Meillier qui doit par an 4 q. ; à L. A. 2 qu. cy = 0-2-0.
Page à L. A. = 1 m. 2 q. 0 mel.
(P. 50) Vendition de Froment.
Le 21 mars 1764 (6) ; le quartel aiant été mis à prix à 6 esqualins a été adju-
gé à 7 1/2 = 52 1/2 s. à J. Bouché de Neufchâteau, vendu 14 q. au dit
prix = . . . . . 36 fl. 15 s.
Page : à L. A. 36-15-0.
(P. 51). Recepte de farine d'avoine.
Du mouhn de Meillier (7) qui doit par an en farine d'av., 6 q. et qui montent
à la part de L. A. à 3 q. = . . . . Om. 3q. 0.
Page : à L. A. : 0 m. 3 q. 0 mel.
(1) En marge . « ordinaire ».
(2) En marge : « voir la rémission N 17 •.
(3) En marge : « il est ainsi ».
(4) En marge : « Par Hausse. N- 21.
(5) En marge : « oi'dinaire ».
(6) En marge : c par hausse, N- 22 ».
(7) En marge : «oi'dinaire ».
— 393 —
(P. 62). Vendition de farine (1).
Vendu 3 q. de farine d'av. à 34 s. le q. -- 5 fl. 2 s. == 5 fl. 2 s.
Page : à L. A. 5-2-0.
(P. 53). Recopie de cire au jour St-Etienne (2).
Des Hoirs Honlaid pour le pré Henriette ou Ghevreux à présent le s"' Jacques
1 1. de cire = . . . . , . 1.1.
Des Hoirs Riche-Homme de Spineuse pour le pré Bucqueni (3) que paie
Antoine Gillet de Straimont =. . .1 1/2.
De J. Gaier de Gennevaux que paient les héritiers Grandjean de Léglise = 1
De Jacques Rossel pour la Faigne lui accordée par décret du 2 juillet 1707,
consistant en 4 arp. de t. sur le derrière de la forêt, du costé du Rossignol et du
costé d'en bas au chemin venant de Meillierau dit Rossignol, nommé le chemin
du Verd-Bois (4), à présent Gérard Poncin de Rossignol ^ 4.
Page : 7 1/2 livres cires.
(P. 54). Autres recopies do cires sur héritages et territoires.
De Fr, Taupette (5) poui' l'hér. Brouard des Fossés à présent H. Gollard de
Meillier =. . . . . . 2 1. c
Le 18 juin 1750 les Officiers ont relaissé à J. PirnoUes du Rossignol, une faigne
contenante 5 j. de t. derrière la forêt, joignante du Midi au Ruisseau appelé La
Scivanne, d'en bas à la Faigne Rossel et de l'autre costé à la forêt pai- décret
enregistré au greffe le 30 août 1751, parmi païant = . . 2 1. c.
Page : 4 livres cires.
(P. 55). Autre recepte au dit jour St-Etienne.
Des Hoirs Folignant de Semel (6), pour hér. qui fut Cornet de Semel, à pré-
sent Godefroid Fierret de Longlier . . . . 3 I. c.
De J. Le Masson d'Hamipré pour l'hér. Birnon, à présent la V^ J. Régal 1
^ 1 1. c.
Des enfants Margueritte de Habaru pour l'hér. de Goupeumont, à présent J.
Déom de Laveaux = . . . • • . 6 1. c.
(1) En marge : « par aftinnaliuii ».
(2j En marge : « ordinaire ».
(3) Bucqueni ou boucqueni = lieu dit près de Straimont.
(4) A 500 mètres de Mellier, dénonmié le chemin de Rulles.
(5) En marge : « ordinaire ».
(6) En marge: « ordinaire ».
— 394 -
De Piorre de Morival pour l'hér. qui fut Renois, à présent J. Lamocq de
Tronquoy . . • • • • . 6 1, c.
Page : 16 1. c.
(P. 56). Auit^e recepic de cire.
La gabelle de Neufchâteau (1), haussée le 10 inay 1763 pour 3 années au prof-
fit de la Ville, pour réfection des Ponts et Chaussées, est deub par francs 2 1. c.
personne n'aïant haussé, est resté à néant = . . . 0.
La Messerie (2) de Neufchâteau (3) haussé le 10 may 1763 pour un terme de
3 années à J. Henri Sir, de Neufchâteau à 6 m. 11 q., il doit 3 livres de c.
par m. = . • • ■ • 20 3/4 1. c.
La Messerie (4) du banc de Meillier, haussée le 1 may 1763 et demeurée à
34q., ildoit 1 1. c. par m. = . . 2 3/4, 1/2 1. c.
Les terrages (5) ci-devant spécifiés aux Pavillons (6) doivent 2 livres de c. au
nombre de 10 == . • . • • 20 1. c.
Page : 43 1/2. 1/12 Le.
Total des cires ordinaires et extraordinaires : 71 1/12 à L. A. -= 35 1/2,
1/24 Le.
(P. 57). Rendaye et délivremeni en cire.
Livré à la Chandeleur pour chandelles ordinaires 4 1. c. ; pour L. A. moi-
tié = . . . . . . 2 1. c.
Id. à l'Abbaye de Saint-Flubert de rente ordinaire au contingent de
L. A. -- . . . . . . 40 le.
Page : == 42 1. c.
(P. 58). Recepte des chapons qui se paient au Jour St-Etienne.
Des enfants Henriquet pour l'hér. de la Gourvé, à présent H. Pailliot de
Léglise = . . . . . . 1 ch.
Des enfants Messire J. Naveaux pour l'hér. de Léglise, à présent P. Four-
nier = . . . . . • 1-
De J. Colignon, de Vitimont, à présent J. Charles = . 1.
(1) En marge : « comme aux coni|)te précédent : nihil ».
C2) Cfr. p. 'iC,
(3) Kn marge : « Par la hausse, .\- 2 : l"-S"" année ».
(4) En marge : « par la hausse, N- 19 ».
{5> En marge la note : • ordinaire » la(|uelle se répète jusi|u'à la page 61 inclusivement.
(6) Cfr. p. 21.
— 395 —
De J. Debli, pour lliér. dessous le Vieux-Moulin, excepté le dessous, à pré-
sent Goffiné la Garmilte de Neufchàteau = ... 2.
De J. Devoir et Henri pour l'hér. Beatrix de Bernimont, à présent J. Houde-
mont = . . . ,
Page : 6 ch.
(P. 59). Aidre recepte de chapons au dit jour sur maison ordinaire.
D'Englebert d'Aleumont, pour sa maison en la halle de Neufchâteau, à pré-
sent à J. Louis Mergeay -= . . ^ 2> oh
De J. de Fraiture, pour sa maison pour prix à l'entour et les Prés derrièr-e
Fraiture que paie la V^e j)g]gi^j,g ^g Q^,.ij^Q^|. _ _ ^ _ ^ ^^^
Do J. Vernier pour sa maison que paie la V^'« Dumont de Neufchâteau=l ch.
Page = 8ch.
(P. 60) Autre recepte de chapons au jour dit es banc de Longlier et de
Meillier.
De J. de Suxy pour le pré Ghardel, lui arrenté, à présent Jacques Bigon-
ville de Veaux -= , . . . . . . i ch.
De H. Bossart de Genneveaux pour le l'ossu-pré que paie Hingo Dehotte de
Vitimont = . . . . . . . 2 ch.
De Sir de Neuville pour la fauché de pré à Hucqueni (1), que paie J. Lher-
mitte de Neuville = . . . . . 4 ch.
De Thirion et les eniants Poncin de Verlaine, pour le pré de HalIei'ontaine(2)
que paie la chapelle de Tronquoy = . . . 6 ch.
Page = 13 ch.
(P. 61). Chapons sur grange.
De J. Hastier pour sa grange et maison que paie La Garmitte de Neufchâ-
teau = . . . . . . 1 ch.
Autres chapons sur jardins es banc de Longlier et de Mellier.
De J. Genvil de Vitimont pour l'hér. que paie Guillaume Le Père, de Na-
moussart =. . . . . . l ch.
(1) La forêt de ce nom se trouve PnLre la gare cleRossart et le village de Orandvoir. Elle appartient
en partie aux communes de Grandvoir-Tournai. et à l'Etat Belge i|ui Ta acheté au prince Ant. d'Ai'enberg
de Marche-les-Dames.
(2) Sous Verlaine.
— 396. —
r. des ch. 2 ; total desch. = . . . . 29
A L. A. == 14 1/2 ch.
(P. 62). Vendition de cJiapons.
Vendu (1) la quantité de 14 1/2 ch. au prix de 12 s. pièce aux différents parti-
culiers qui les doivent, suivant l'usage où ils sont de les païer au dit prix ^
8 fl. 14 s.
P àL. A. = 8-14-0.
(P. 63). Recepte des Poulies au jour S(-Eiic7wc des bancs de Lon-
glier et de Meillier sur territoires ordinaires.
De Stevens Beco (2) pour l'iiér. que paie J. Charles de Viltiniont -= 1 p.
De Jeanne-Marie Devoir, à présent J. Houdemont de Bernimont =^ l p.
Autres poulies sur prairies ordinaires.
Du flls Thirion p'" le pré de Hallelontaine, à présent la chapelle de Tronquoy
= 2 p.
Four le jardin qui fut le Fol, que J. Salomon a raproché, à présent Louis
Mergeay de Neufchâteau =^ . . . . . . 2 p.
Autres poulies sur four et mazure.
Du Four banal de Neufchâteau qui doit par an aux S'^ 1/2 p. = 1/2 p.
De la V^e Jodenville pour sa maison et jardin que paie J. Bourgeois = 1 p
P. 7 1/2 p. ; à L. A. =- . . . . . . 3 3/4 p.
(P. 64). Recepte de poulies de la Seigneurie de Neufchâteau.
De la messerie (3) de Neufchâteau le 10 may 1763 à J. H. Sir de Neufchâteau
qui doit 40 p., à L. A. -- . . . . . 20 p.
Des B'^o's Baptistes (3) et Tailiables qui doivent chacuns 3 p., s'en est trouvé
cette année 99 Bourgeois Tailiables : moitié 49 1/2 faisant 148 l/2p. =148 l/2p.
Page à L. A. = 168 1/2 p ; total des p. à L. A. 172 1/4.
(1) En marge : « comme au.\ comptes pi'écédents ».
(2; En marge : « ordinaire ».
(3) En marge : « ordinaiie ».
(4) En marge : « par certificat m. 23 ».
— 397 —
(P. 65). Venditîon de Poulies (l).
Vendu les 172 p 1/4 aux différents particuliers qui les doivent à 5 s, argent de
cette province = . . . . . . 43fl. Is. 3d.
Page à L. A. = . . . . . 43-1-3.
(P 66). Recepte d Anguilles.
Du moulin (2) de Mellier qui doit par an aux S's 12 anguilles ; à L. A. = 6-
Page : L. A. : 6 Anguilles.
(P. 67). Vendition d'anguilles.
Vendu les 6 ang. à 3 s. pièce au meunier de Meillier ainsi qu'il s'est pratiqué
de tout temps = . . . . . . . 0-18-0
Page à L. A. = 0-18-0.
La somme totale de la Recepte porte sauf erreur de calcul celle de 5147 fl.
18 s. 6 1/2 arg. cour, de la Province de Luxembourg.
(P. 68). Somme totale des Receptes.
Argent (p. 67) = 5147 fl. 18 s. 6 1/2 d.
Seigle (p. 42) = 30 m. 10 q. 1 mel.
Avoine (p. 46) = 29 m. 10 q. 1 mel.
Froment (p. 49) = 1 m. 2 q. 0 mel.
Farine d'avoine (p. 51) = 0 m. 3 q. 0 mel.
Cire (p. 56) = 35 1/2, 1/24.
Chapons (p. 61) = 14 1/2.
Poulies (p. 64) = 172 1/4.
Anguilles (p. 66) = 6.
(P. 69). Déboursement sur la recepte du présent compte.
Déboursé à la Justice de Neufchâteau pour avoir été présente à la recepte des
Gens ordinaires pour le jour St. -Etienne == . . 4-0-0.
Item, pour le jour St. -Rémi = . . . 4-0-0.
Item, pour 3 autres receptes, savoirdeseigle, d'avoines et de froment^ 3-0-0.
Page: 11-0-0.
(P. 70). Autres déboursements.
A l'officier, pour ses gages = ... 60-0-0.
(1> En marge : «par affirmation ».
(2) En maro-e la note : « ordinaire » laquelle se répèle devant les pp. fi7, 69 ef 70.
— 398 —
An curé pmir l'anniversaire de feu L. A. au contingent de L. A. = 3-12-0.
A H. PeiTcaux poni- ses gages de forestier, 5 écus = . 42-0-0.
It à J. Gérai'd, pour ses gages de forestier = . . 42-0-0.
It. à Antoine Cope, pour ses gages de forestier = . 42-0-0.
Au sergent pour ses gages = . . . . 4-16-0.
Au mesme pour sa de 1763 et 1764 = . . 12-0-0.
Au Procureur d'office pour ses gages au contingent de L. A = 28-0-0.
Au comptable pour les 2 cahiers du présent compte = . 2-0-0.
Page : 236-8-0.
(P. 71). Déboursé à Malhias Gastaigne (1), marchand drapier et maître-
tailleur à Neufchâteau pour l'habillement de 3 gardes de bois de L. A. Sérénis-
simes, suivant son état quittance de 20'""« 1764 = . 65 fï. .5-3
Déb. p' ports de lettres (2), envoïées et reçues p"" le service de L. A. depuis le
j. St Rémi 1763, jusqu'à la veille du dit jour : = . 9 fl. 18-0
Déb. au notaire Poncelet (3) p'" moitié des exploits faits à Jacques Le Roy,
Evrard Brahi et à Jean Nevraumont de Fineuse, à l'eflet de constituer nouvel
avocat au Procès de la Banalité et Graisse suivant la quittance cy = 1-8-0
Déb. à Fr. Boitelle (4), maitre-masson et Sébastien Moustier, maréchal au
Neufchâleau 10 fl. 18 s. p'' avoir raccommodé l'entré du gruUe du Four Banal et
y mis un cercle de fer, suivant quittance cy = . . 10-18-0
Déboursé (5) au dit Fr. Boitelle 11 fl. 12 s. pour pavé à neuf la cuisine du
château deL. A., fourni les pierres et pavement, acheau et graive, et avoir
fait un pilier pour soutenir la charpente de la Bucherie suivant sa
quittance -= . . . . . 11 fl. 12-0
Déb. à H. Saudemont (H), couvreur en ardoises, 2 fl. 12 s. 4 1/2 d. ; sçavoir
1 fl. 8 s. 4 1/2 d. pour avoir réparé le toit du château de L. A. (7) et 24 s. pour
moitié de l'ouvrage fait au toit du moulin de Neufchâteau y compris les
doux = . . . . . . 2-12-4 1/2
il) Km inarse : « par élal et iiuittance n° 24 ».
('2) Kn mai'ge : « par iiotulk^ ir '17i ».
Ci) En inai'gp : < par quittance n* 26 f.
(4) En marge : « par quittance n° 27 ».
(5) En marge : « par quittance n' 28 ».
(6) En marge : « par quittance n* 29 *.
(7) Le château seigneurial consistait en 6 places, une grange, deux écuries, bergerie, remise et four,
avec les masures de la forteresse en ruine. (T. de >I. T.;
— 399 —
Déb. à Paul de Bertrix (1), couvreur en faisiaux, 3 fl. 5 s. pour avoir réparé
le toit de la Bergerie y compris 600 de faisiaux fournis cy =- . 3-5-0
Déb. à H. Hollay (2), maitre-menuisier 3 fl. 15 1/2 s. pour avoir fait à neuf 1/3
du Haut Grenier du château de L. A. y compris les doux y emploiées suivant sa
quittance = , . . . . . 3-15-6
Le Total des Déboursements, du présent Compte monte à la somtne
de 356 fl. 2 s. 1 112 rf, argent au cours de Luxembourg .
356-2-1 1/2.
(P. 74). Complanation du présent Compte.
La recepte du présent compte (3), rapportée à la p. 67 et 68 porte la somme
5147 fl. 18 s. 6 d. 1/2 = . . . 5147-18-6 d. 1/2.
Hors quelle somme, distraiant celle des déboursements rapportés à la p. pré-
cédente (4) = . . . . . 356-2-1 1/2.
Reste plus reçu que déboursé ^ . . . 4791-16-5.
A quoy il faut ajouter 10 fl. d'abus que le comptable a fait à la page 72 du
compte précédent, y ayant rapporté en déboursement 33 fl. au lieu de 23, ce
qui fait finalement = . . . . 4801-16-5.
Dont les 2/3 appartenant à S'"» Maison de Stolberg porte 3201 fl. 4-4 et le
1/3 compétent à la S'"^ Maison de Louwenstein porte 1600-12-2 = 1600-12-2,
La recepte p. 42 (5) porte = . , 30 m. 10 q. 1 mel.
Vendu et livré p. 43 et 44 = . * . 30-10-1.
Partant recepte et rendage égal.
La recepte {6} p. 46 porte = . . . 29 m. 10-1
Vendu et livré pp. 47 et 48 -= . . . 29 m. 10-1
Partant recepte et rendage égal =
La recepte T^. 49 (7) porte =. . . . 1 m. 2-0
Vendu et livré p. 50 = . • . . 1 m. 2-0
Partant recepte et rendage égal ^
(1) En marge : « par quittance n* 3U ».
(2) En marge : « par quittance n° 31 ».
(3) En marge : « argent ».
(4) En faisant le calcul des sommes déboursées, on trouve 345 fl. 2 s. 1 1/2 tlenier au lieu de 3r)6. Le
comptable fait donc une erreur de 11 florins.
(5) En marge : « seigle ».
(6) En marge : « avoine ».
(7i En marge : " fiomenl ».
— 400 —
La rcceple \-). TA {l) povie = .... 0-3-0
Vendu et livré p. 52 --= . • • • 0-3-0
Partant recepte et rendage égal.
(P. 76). La recepte {•>) p. 56 porte -- . . . .35 1/2 1/24
Livré p. 57 =^ . . ... . .42
Ainsi plus livré que reçu 6 1.9 onces et 2/3 onces. A quoi ajoutant le plus
livi'é que reçu du compte précédent p. 74. 37 1. 12 onces 1/3, le comptable
trouve relit 44 1. 12 onces.
La recepte (3) p. 61 porte = . . . . . 14 1/2
Renseigné et vendu p. 62 = . . . . . 14 1/2
Ainsi rec. et rend égal =
La recepte (4) p. 64 porte = . . . . . 172 1/4
Vendu et renseigné p. 65 ^ . . . . . 172 1/4
Ainsi rec. et rendage égal.
La recepte (5) p. 66 porte = . . . . . .6
Renseigné et vendu p. 67 = . . . . . 6
Partant rec. et rendage égal.
Ainsi calculé et arrêté, sous les protestations ordinaires, et les pièces justifl-
calives sont restées es mains de l'officiei' principal de la Sérénissime Maison de
Stolbcrg, avec offres de donner vision des dittes pièces et d'en laisser prendre
coppie à rortîcier de la S'"^ Maison de Louveinstein, auquel son absence
attendu, il sera remi un double du présent compte.
Fait au château de Humain, ce 31 janvier 1767.
De Rossius, de Humain; de Thierry.
(1) Rn marge : t farine d'uvoiiie ».
(2) En marge : « cire »
(3) En marge : « chapons ».
f4) En marge : « poulies ».
(t'A En marge : « ans'iiille «.
Miettes historiques.
I.
»ART; LE MAITRE D*ÉCÛLE
BE FLÛREM VILLE (1793).
On lit dans la Biographie Luxembourgeoise, du Docteur Aug.
Neyen (Luxembourg, 1860) :
<c MASSAR.T, Gaspard (1) dit le maître d'école de Florenville^ est
ft un personnage qui se distingua à son époque par son patrio-
4 tisme. L'histoire n'a rien retenu de lui ; mais la tradition encore
«t très-vivace, surtout dans la contrée qu'il a habitée, exige pour
« lui une mention dans la biographie nationale de l'ancien pays
« de Luxembourg.
« Massart était maitre d'école du village chef-lieu du canton de
li Florenville, à l'époque des commencements de la révolution
M française de 1789. Il aimait sa patrie et abhorrait conséquem-
« ment les envahisseurs qui tentaient de s'en emparer pour y in-
« troduire le régime nouveau. Sous un extérieur pacifique, il ca-
« chait une âme fortement trempée — aussi se rendit-il bientôt
« célèbre dans la contrée par son entourage, non moins que par
« la hardiesse aventureuse avec laquelle il sut mettre à profit sa
« connaissance des lieux.
<t Nommé chef d'un des corps-francs au moyen desquels le
« Gouvernement de Bruxelles avait tenté de remédier au désavan-
(1) Charles, plus connu sous le prénom de Gaspard.
£7
— 402 —
« tage que procurait l'affaiblissement de l'armée autrichienne
<v dans le Luxembourg et les autres provinces, par i'éparpillement,
« devenu nécessaii'e, de ses régiments qui avaient dû être envoyés
^^ vers diirérents points menacés à la fois, Massart se montre digne
« de la mission qui le plaçait à la tête de ces défenseurs improvi-
(( ses du sol natal et dont les rangs se renforçaient comme par
« enchantement, parce que les populations, exaspérées par les dé-
« prédations des soldats de la Convention, s'enrôlaient avec em-
« pressement, afin de préserver le pays de l'invasion.
c( Les rares documents locaux de l'époque, conservés jusqu'à
« ce jour, de même que la voix publique, ne le dénomment pas
« autrement que le maître d'école de Florenville.
« Afin de mieux découvrir les projets de l'ennemi, il pénétrait
« déguisé au milieu des soldats, dans les bivouacs et les maisons
« des villages où ils campaient, écoutant leurs conversations tout
« en ayant l'air de n'y point faire attention et presque toujours, à
« la suite de ces espionnages exécutés d'un air niais et insou-
«. ciant, le succès couronnait son audace, poussée souvent jus-
« qu'à la témérité.
a On ne sait pas précisément quelle fut sa fin, mais il est vrai-
ce semblable qu'il perdit la vie pendant une escarmouche ».
Une note trouvée à un vieux registre paroissial de Florenville
fixe le moment et les circonstances de son décès : 1793 — Le 17
mai, à quatre heures du matin, a été tué à Florenville, par les
soldats français, Charles Massart, maitre d'école audit lieu, in-
humé le 18 dito.
Nous sommes à même de donner sur ce décès des renseigne-
ments détaillés, autrefois recueillis de vieillards de Florenville,
contemporains de l'événement :
Le chef d'un détachement républicain envoyé nuitamment de
France rencontre, à l'entrée du village, une campagnarde mati-
nale et la prie de lui indiquer où demeure le général Massart.
La brave femme de répondre bien honnêtement qu'elle ne con-
naît pas de général Massart et qu'il n'y a du nom de Massart que
le maitre d'école, chez qui elle accepte de conduire la troupe.
— 403 —
Massart entendant du bruit devant sa porte nnonte à l'étage
et, au moyen d'une chaise, se hisse à la force des poignets au
travers du plancher mobile du grenier, pour gagner sa cachette
habituelle, un réduit aménagé entre le mui- et la cheminée.
Mais un soldat dont l'attention avait été éveillée par quelque
brait, monte à son tour à l'étage, voit la chaise qui, pour lui, est
placée d'une façon insolite et, levant la tête, constate que les
planches du plafond, repoussées à la hâte, ne se joignent pas
exactement.
L'alarme est donnée dans toute la maison et Massart, serré de
près, saute par une fenêtre du pignon en vue de gagner
l'abri du mur du cimetière et de là, tout proche, le bois dit
Le Terme.
Les soldats tirent au plus vite par la fenêtre restée ouverte et
Massart reçoit dans le dos, à bout portant, trois balles qui le
clouent sur place.
Le petit bâtiment où ces événements se sont passés n'existe
plus ; il a été démoli pour faire place à l'église actuelle et à l'a-
ménagement de ses abords. Il se trouvait entre l'ancien cime-
tière, qui ceinturait la vieille église, et le chemin d'accès à
celle-ci, du côté de la caserne de Gendarmerie.
Après le drame et jusqu'en ces derniers temps, il a continué
à servir de logement à l'instituteur communal.
Encore aujourd'hui le souvenir du Maître d'école est demeuré
dans les traditions du pays, car ces audacieux exploits avaient
vivement frappé l'imagination du peuple. A la tête de quelques
partisans recrutés parmi de hardis braconniers et contrebandiers
de la contrée, il opérait sur la frontière française, au besoin en-
levant une sentinelle par ici, tuant quelques soldats par-là, fil-
trant par l'ouverture pour aboutir, à Sedan, à un bureau occulte
de renseignements.
Ses coups faits, il faisait enterrer les armes à des endroits con-
venus, licenciait ses quelques hommes, rentrait chez lui et re-
prenait ses classes, sauf à recommencer sur nouvel avis de ses
indicateurs.
Agent dévoué d'Orval, il épargna à l'Abbaye plusieurs visites
de pillards, révolutionnaires plus ou moins réguliers, — ou du
— 404 —
moins en atténua les conséquences, les moines, prévenus, ayant
eu le temps d'abriter les objets les plus précieux.
La destruction d'Orval eut lieu 5 semaines après, le 23 juin
•1793 ; celle de l'Abbaye de Glairefontaine, près Arlon, le 18 avril
de l'année suivante et l'annexion du Luxembourg à la France le
1er octobre 1795.
L'exécution de Massart, considérée comme un fait d'armes,
motiva le rapport officiel suivant du citoyen Milhaud du Cantal,
délégué par la convention nationale à l'armée des Ardennes.
« 28 mai 1793 Le fruit de cette expédition a été la
« destruction du célèbre maître d'école de Florenuille, Capitaine de
« brigands (1), fameux par ses crimes et par son talent pour
« l'espionnage Nous avons eu deux hommes blessés et
« nous n'avons perdu que deux chevaux, qui ont été remplacés
« par ceux que nous avons pris à Orval ».
L'épopée, si courte mais si marquante, du maître d'école de
Florenuille^ se trouve rappelée dans l'ouvrage de Jean tin : Les rui-
nes et chroniques d'Orval ; — dans les Communes Luxembourgeoi-
ses, chapitres Virton, p. 41 et Florenville, p. 106, ainsi que dans
V Histoire de V Abbaye d'Orval par l'abbé N. Tillière.
En fait Massart, jeune et hardi partisan, était le chef d'une de
ces bandes qui, d'impulsion, s'improvisaient ou se recrutaient
un peu partout sur la frontière à la suite de la brutalité des
réquisitions militaires.
La mort a brusquement coupé court à ses tentatives de résis-
tance et après sa disparition, ses compagnons se tinrent cois par
crainte des terribles représailles dont ils avaient été menacés.
Il serait intéressant de recueillir les menus faits de cette épo-
que qui se sont passés dans d'autres localités, parait-il : aux en-
virons de Virton, à Saint-Léger, à Heinstert (Nobressart), ensuite
dans le nord-est du Luxembourg lors de la guerre des gourdins
(Klœppelkriey).
(1) Les Français nommaient Briyan'^s les paysans révoltés : voir dans les rapports de l'époque les
brigands de la Vendée, les brigands de la Loire, etc.
- 405 -
II.
LES BÉQOISITIOMS FB
Les incursions et rapines des révolutionnaires français en 1793
et la brutalité de leurs soldats, allant jusqu'au meurtre des op-
posants, sont également restées célèbres dans les localités de la
frontière peu éloignées des garnisons de Longwy, Montmédy et
Sedan.
Citons-en quelques-unes : — Dans son intéressante monogra-
phie sur le village de Tintigny (Annales de l'Institut, 1912),
M. Ed. Liégeois nous donne les résultats de l'une d'elles, en
date du 31 mai 1794. Les victimes sont de tout âge et de tout
sexe et condition sociale :
Un manouvrier de Lahaye, tué entre Bellefontaine et le bois ;
Un autre ; — Un jeune garçon, trouvé sur la grand'roule ; —
Jean-François André ; — Le pâtre de Poncel ; — Un laboureur
de Bellefontaine, tué dans le bois; — Un autre du même village; —
Un manouvrier ; — Pierre Copin, Vhermite de la Petite Crardère,
trouvé dans le bois six jours après ; — Une jeune fille de Tintigny^
son corps ramassé neuf jours après à l'orée du bois.
Le mois précédent, semblables exploits avaient eu lieu entre
Florenville et Izel.
Les campagnards de Pin, violemment dépouillés, s'étaient réu-
nis à la sortie du village pour essayer de reprendre leuis bes-
tiaux et, munis de bâtons et de fourches, suivaient les ravisseurs
en les harcelant.
A un moment donné, ceux-ci, par une manœuvre d'enveloppe-
ment, massèrent les poursuivants dans le petit bois de la Haye,
complètement isolé dans la campagne et les y fusillèrent sans
merci. Puis les héros purent s'en aller sans obstacle avec leur
butin au complet.
Le registre paroissial d'Izel renseigne pour cette journée :
« Le 8 avril 1794, ont été tués par les Français au bois de la
« Haye,
<L Jean Vignol, âgé de 41 ans ; — la fille Henri Leroy, 24 ans; —
« Gilles Fineuse, 35 ans;-- Evrard Hinque, célibataire, 20 ans; —
— 406 —
« le lils Pierre-Micliel, id. 21 ans ; — Jacques Evrard, 25 ans ; — la
« fille Pierre- Louis, non mariée, 19 ans ; — Elisabeth Gilleray, id.,
a "21 ans ; — Joseph Limousin, — tous de Pin.
« Le 26 mai est décédée àlzel, Marie-Catherine Marchai, femme
(1 à Joseph Demassue, tuée par les Fi-ancais.
Puis — (( Le 25 juillet est décédée à Moyen, des suites d'un
« coup de fusil des Français, Marie Perin, femme à Nicolas
« Thibeau )>.
Le pays de Martué fut le théâtre d'un événement heureuse-
ment moins tragique.
A 500 mètres du hameau, en bordure de la Semois et bien à
l'écart de toute communication se trouve, dans la forêt, à lieu
dit La Rochette, une excavation recouverte par un banc de pierre
schisteuse.
Avertis de l'arrivée d'une bande de réquisitionnaires, les habi-
tants y avaient soigneusement caché leurs poules et autres vo-
lailles.
Mais ils avaient compté sans le chant matinal du coq, qui vint
révéler la cachette et amena la rafle complète de ces réserves.
Le gros bétail avait été conduit plus loin, jusqu'aux' forges des
Epioux où il fut également découvert par les chercheurs mis en
éveil et qui n'eurent qu'à suivre, sur le sol boisé, les traces fraî-
ches de piétinement.
L'endroit s'appelle encore aujourd'hui le Trou aux poules.
Les pillages et dévastations eurent également lieu dans les
localités voisines.
A Chassepierre, les habitants avaient installé, au clocher de
l'église, dominant la campagne sur un large rayon, un servic^e de
vedettes qui leur avait permis, plusieurs fois, de sauver leur bé-
tail en le chassant hâtivement, à travers un gué de la Semois,
jusqu'à la forêt.
Le 24 X*^'*" 1793, les soldats, après avoir incendié le presbytère,
mirent le feu au clocher pour se débarrasser d'une surveillance
aussi gênante.
— 407 —
Le 6 du même mois, fat tué, au village même, le laboureur
Louis RoUin, détenteur du taureau banal. D'après une tradition
de l'endroit, le taureau fut emmené hors de l'écurie par trois
pillards français. RoUin, doué d'une force peu commune, survint
à ce moment, sortit les fusils des pillards qu'il jeta dans le ruis-
seau, puis il maitrisa les bandits et reprit son taureau. Mais un
soldat, retrouvant un fusil intact, revint abattre RoUin sur place.
Les visites répétées des pillards répandaient dans ce village
une terreur dont le registre du presbytère révèle bien les traces :
les habitants, vieillards, femmes et enfants, fuyaient au plus vite
vers les bois.
Le registre porte entre autres :
1») Le 3 avril 1794, à 10 heures du soir, est né, dans les bois de
la forêt de Chiny, Jean Bastogne fils de Jean-Baptiste et de Marie
Poncin sa femme, retirée dans les bois à cause de la guerre et
insultes des Français. — Acte dressé et signé par sir Bernard,
curé de Lacuisine, le desservant de ce territoire.
2°) Le 14 avril est né aux forges des Epioux, Nicolas-Hubert
Renauld, flls de Hubert, platineur et de Marie-Catherine Hénon —
la mère ayant dû fuir et se rendre aux dites forges pour ses cou-
ches, à cause des invasions françaises.
S») Le 23 avril est née dans les bois de Chiny, Jeanne-Catherine
Poncin, fille, etc., — acte dressé par le curé de Lacuisine.
4°) Le 10 mai est né au lieu dit Hitay, sur le ban de Chiny^ oà
les paroissiens s'étaient rendus à cause de la guerre, Jean -Nicolas
Fondriaux.
Pour Muno, les Annales de l'Institut (année 1877) nous donnent
un relevé détaillé des rapines opérées dans les sections de Lam-
bermont et Watrinsart, très rapprochées de la garnison de Sedan.
A ce relevé on trouve : bétail, volailles, vêtements, linge, ar-
gent, denrées, outils et instruments aratoires, chevaux et voitu-
res, tout ce qui était transportable. Nicolas Sindic, de Lamber-
mont, libelle sa réclamation : (Les Français) lui ont pris dans sa
poche 192 livres, etc.
D'après le dire d'anciens habitants, des maraudeurs français
de la frontière, déguisés en soldats, avaient plusieurs fois suivi
les réquisitionnaires, en vue de profiter de la terreur que ceux-
— 408 —
ci inspiraient aux populations qui se trouvaient isolées et sans
appui militaire.
A Florenville, après nu acte de naissance du 21 X^»"® 1794, le
registre de la cure porte la note suivante :
<i Le soussigné déclare que les militaires ayant dévasté toute
« sa maison et en même temps déchiré le registre et éparpillé
« tous les papiers, il a (inscrit ?) le moins mal qu'il a pu, sur des
« feuilles volantes, les baptêmes, mariages et sépultures et les a
« inséré dans le présent Registre (s. P. f. Maboge, curé de
« Florenville »,
III.
GÉRÛPTILLE.
La revue Jadis de Soignies, n" de janvier i906, publie la requê-
te ci-après, intéressante pour notre histoire locale :
L'HERMITAGE DU BOÏS DE MERLANVAUX
« La pièce suivante expose les tentatives faites au début du
« '18e siècle dans le but d'ériger un ermitage dans le bois de Mer-
« lanvaux, dans la province actuelle de Luxembourg :
Messeigneurs les Président et gens de la chambre des comptes
de S. M. I et G. en Brabant.
Remontre très-humblement frère Gesselin Le Roy, native du
village de Lime, comté de Ghiny au Duché de Luxembourg que
depuis sa tendre jeunesse il a tousjour eu une inclination pour
la sollitude, que depuis quelques années il a été admis dans la
Gongrégation des Eremites, mais ne se trouvant pas d'hermitage
vacant pour s'y établir il souhaiteroit d'en faire bâtir une à ses
fraix sur une langue de terre stérile ne raportant aucun profit à
S. M. dans le bois de Merlanvaux, dépendant de la gruerie de
— 409 —
Ghiny, joindant le ruisseau des douze fontaines, laquelle place a
été ci-devant accordé aux nommés Jean-François Lejeune, Fran-
çois de Vorster et Jean-Baptiste Rips, bourgeois de cette ville de
Bruxelles, pour y faire construire un dans le dessein oii ils
étaient de se faire ermite, mais ayant commencé de bâtir ils ont
changé de sentiment et abandonné leur entreprise pour revenir
en cette ville de Bruxelles où ils sont établis, ce qui fait prendre
au remontrant la confiance de se retirer veis V.-S. illustre, les
suppliant très-humblement d'être servi de luy accorder la per-
mission de faire bâtir sur les ruines lesd. murailles commencez
led. hermitage .... avec ordre au haut forestier ou autre offi-
cier de la gruerie de Ghiny de luy désigner les bois nécessaires
pour la construction d'icelluy — Quoy faisant (signé) F. Lecol.
« L'avis du conseil des finances du 29 9'^"^ 1729 fut d'écon-
«^t duire le suppliant qui, ne sachant aucun métier, devrait s'en-
(c tretenir par aumône. (Archives de l'Etat à Bruxelles. — Gon-
« seil des finances, papiers sauvés de rin(;endie, farde 97). —
ft Cet avis fut adopté par le gouvernement ». (E.-M.).
JACOB-DUGHESNE.
fouilles et trouvailles
faites à y^rlon et dans '^ province.
Les Etablissements gallo-romains de la Haute Sûre
par R. et Eug. MALGET.
1. — La maison gallo-romaine « Im Bodem »
à Bigonville (Bongeref).
Le chemin rural, quittant la loute romaine près de la maison Get-ard, passe à
Grumelange, traverse la Sûre (gué) et, après avoir dépassé la côte, débouche,
sous forme de sentier, au lieu dit « Im Bodem », territoire de Bigonville.
A 25 m. de ce sentier, et faisant avec lui un angle de 45°, se trouvait une
maison gallo-romaine, simple, de forme quadrilatérale, ayant, entre les murs,
20 pieds romains (6 m.) de large, sur 24 pieds (7 m. 20) de long, dirigée du
N. au S.
Les murs, construits en pierres schisteuses du pays, avaient une épaisseur de
deux pieds (0 m. 60) et reposaient sur une couche de béton, en pierres concas-
sées, de 0 m. 30 de haut, sur 0 m 60 de large.
Un terril en signinum opus couvrait tout le sol du bâtiment et tout autour,
aux pieds des murs, courait une plinthe haute de 0 m. 10 en béton au sable
blanc, et présentant, à sa surface, un lustre en verre verdâtre.
Les murs déblayés et complètement enfouis, dans la terre, avaient encore une
hauteur d'un bon mètre, sans autre ouverture que la porte d'entrée, du coté
sud, à 0 m. 90 du coin sud-est. On entrait de plein pied par cette porte de
0 m. 90 de large.
— 411 —
Son linteau, consistant en une grande pierre, gisait à l'intérieur du bâtiment.
Les murs ne présentaient plus de crépissage net, ni à leur surface interne, ni à
la surface externe ; mais à en juger par quelques débris de plâtrage, la peinture
des parois intérieures était rouge.
Dans le coin sud-est de l'appartement gisait un gros tas de chaux, en poudre,
qui n'avait pu être utilisée, avant la destruction de la construction par le feu.
Beaucoup de gros clous épars, à moitié consumés par la rouille, dont un de
0 m. 12 de long et un autre, à tête plate, ressemblant à une ancienne clenche, à
loquet, de porte.
Un fond de pot rouge, de 0 m. 10 de diamètre, tapissé à l'intérieur d'une infi-
nité de petits morceaux de grès. Pot semblable à ceux, dont on se servait pour
conserver le lait.
Un bord large de 0 m. 07, ayant appartenu à un énorme vase de terre grise,
largement ouvert, en haut, et rétréci à sa base, pour recueillir le lait, le refroi-
dir et déposer la crème, en un mot l'écrémeuse du temps.
Le bord présente, comme particularité, une signature du pouce du potier
romain, avec ses empreintes, chères à M-^ Berlillon. A remarquer que souvent
les vases romains, avec sigle, sont contresignés d'une empreinte digitale.
Nous constatons simplement le fait, sans vouloir prouver si ces choses sont
intentionnelles ou un effet du hasard.
Gomme autre particularité, nous signalons encore la découverte de débris
— 412 —
dune mince feuille en bronze, avec des lignes, plus ou moins régulières, de
petits trous. Etait-ce un passe-thé ou un passe-lait, nous l'ignorons.
Le bâtiment était recouvert de briques rouges (imbrices et tegulae).
Ces rares débris prouvent, que cette maison était habitée par un client gallo-
romain, s'occupant de l'industrie du lait.
2. — La ferme-laiterie gallo-romaioe « Im Bodem ».
A environ 75 m. au sud, du même côté que la maison précédente, nous décou-
vrons un bâtiment plus considérable ; composé d'abord d'une grande place, pro-
fonde encore de 1 m. 50 après déblai, longue de 11 m. 80, sur 4 m. entre les
murs.
Le sol en était constitué par de la terre glaise battue et littéralement jonché
d'une quantité considérable de débris de poteries grises, noires, rouges, etc.,
jattes, vases, pots ayant servi à recueillir et à manipuler le lait.
Comme pièce curieuse nous y avons trouvé une pyramide tronquée, en grés,
ayant 7 cm. à la base et 5 cm. au sommet avec une hauteur totale de 5 cm.
Les angles et les milieux des faces de cette pierre présentent 8 rainures ver-
ticales destinées à loger les cordes pour la faire servir de contre-poids (aequi-
pondium) à l'objet à peser dans la balance romaine (statera).
Les murs de cette place, épais de 0 m. 90, reposaient sur un bloc de béton de
0 m. 90 sur 0 m. 60 de haut, en ciment et pierres concassées.
Au nord cette place communiquant librement avec l'extérieur, la clôture légère
aura disparu sans laisser de trace.
A trois mètres du coin nord-est, on arrivait, au moyen de deux marches en
pierres, larges de 0 m. 45, par une porte, large de 0 m. 90, dans un couloir
d'un mètre cinquante de large. Contre le mur de la place décrite, était adossé un
établi, haut et large de 0 m. 60, complètement noir et chargé de cendres, de
charbons, de débris de fer méconnaissables, nous donnant l'impression d'avoir
devant nous l'ancien foyer avec cheminée, où le lait subissait différentes trans-
formations, avant de passer aux mains des clients. Voilà pour la première partie
de cette intéressante maison.
Une 2« partie était constituée par une 1'*^ place de 1 m. 80 de large sur
3 m. 80 de long, séparée de la dernière place que nous venons de décrire, par
une mince cloison en briques, de 0. m. 30 d'épaisseur. Le plancher de cette place
était en terre glaise battue, recouvert par des débris d'imbrices et de tegulae.
- 415 —
dont une entière portant des empreintes de pieds de chèvre. Le reste du bâti-
ment semblait avoir été couvert en chaume.
Cette belle place communiquait, vers le nord, avec une vaste salle de 10 m.
de long, sur 5 m. 80 de large.
Le long du mur Est se trouvait une maçonnerie, ayant dû servir de crèche,
haute de 30 cm. et large de 80 cm. Tout le long, des morceaux de fer rouillé,
clous, culs de vases rouges, avec petits grès incrustés à l'intérieur, culs de
jattes etc.
Tout le long du mur ouest, un espace large de 2 m., sur 1 m. de profondeur,
rempli de terre noire, meuble, servant ou bien à absorber l'urine des bêtes, ou
à y accumuler le fumier pendant la mauvaise saison. Nous sommes plutôt tentés
y-i-i^"
n
U
^
B O.oO. Sa-JJc
4
Wm
In, tiO
5
^
050
oyo
^
es
//m ÔO
A
H
^
d'admettre la première hypothèse, connaissant, pai- expérience, le grand sens
pratique des gallo-romains, nos ancêtres.
Cette grande place, qui servait donc d'écurie aux vaches, communiquait hbre-
ment avec l'extérieur, du côté nord ; mais il est certain que ce côté qui servait
d'entrée et de sortie aux bêtes et au service, était fermé, dans le temps, par
des matériaux légers et facilement combustibles.
— 414 —
Au pied (iu mur Rst, et à l'extérieur, courait une rigole, large et profonde de
0 m. 30, servant à récoulenient des eaux de la toiture du bâtiment.
Nous n'avons pas poussé plus loin à l'Est de cette bâtise, mais nous supposons
qu'il existe encore, ci-dessus, une construction plus importante que celles décri-
tes. Nous avons en effet découvert, plus haut, dans un loculus, des débris d'un
vase, genre pot, de 10 cm. de haut, sur 10 cm. de diamètre au milieu, avec 4
rendements au col, larges de 1 cm. chacun, et portant sur la panse 4 roses à
20 pétales, tracées avec une couleur rouge brunâtre, et d'un diamètre de 0 m. 05.
Ce vase en terre cuite brune très dure, rappelle la facture franque et explique-
rait par là même le mot allemand au lieu dit « Im Bodem «.
Nous ne sachions pas qu'on ait déjà découvert et décrit une laiterie gallo-
romaine dans le pays, mais notre trouvaille nous montre que les esclaves qui
soignaient le lait, faisaient le beurre, le fromage et les vendaient, ne venaient
nullement en contact avec les esclaves qui devaient soigner les vaches, les nour-
nir, les nettoyer et les traire. Le dernier devoir incombait sans doute aux hom-
mes, tandis que le premier était du ressort de la femme.
3. — La villa gallo-romaine des Gisenvichterchen au lieu dit :
« In der Mecher », près de Boulaide.
Cette villa avait l'importance de celle décrite en 1910, au lieu dit « in Prebich ",
près de Bilsdorf et malheureusement les fondations en ont été arrachées pour
plus de moitié, dans le temps, par des fouilleurs ignorants.
Un peu plus bas, contre l'ancienne route romaine qui traverse la Sûre, au
lieu dit « Heidenkneppchen », existait une deuxième et importante villa romai-
ne, non encore fouillée, habitée par les Gavichterchen (nains gardiens).
Il serait très intéressant de fouiller cette villa, pour retrouver le mobilier, ou
les armes de ces gardiens des gués de la Sûre.
En s'approchant de la villa « In der Mecher ", à l'Ouest, on rencontre d'abord,
accolé au bâtiment principal, un édîcule de 4 m/ 4 m. dans lequel on pénètre,
au coin nord, par une porte de 0,90 m. de largeur et de 2 m. de hauteur.
Ce curieux édicule se trouve actuellement enfoui, dans le sol, à une profon-
deur de 2 mètres.
Les faces sud et ouest présentent chacune, vers le milieu, une fenêtre, large
— 415 —
à l'intérieur de 0,90"./ 0,90-, à l'extérieur de 0,30™/ 0,90-. Le mur sud seul
présente de chaque côté de la fenêtre, une armoire de 0,50."XO,50-xO,30.".
Tout autour de la place, 6 places à feu, du diamètre de 0,25 m. environ et
profondes de 0 10- ; vrais nids creusés dans le roc, et encore remplis de char-
Dons et de cendres.
Tout autour de ces foyers étaient placés, dans du sable blanc, des fonds et
debns de vases, de la poterie la plus fine, en terre cuite rouge, recouverts d'un
beau noir bn lant. Ces vases servaient, sans doute, à préparer les sauces fines
et mets succulents. D'autres vases plus grossiers en terre grise, noire etc ser-
E
^ â "7)ouÂ6de.,
PTï — : ^
^ - [
"^^oooooooo
^CÛZ.ôU>777
D
a
a
^ in . \
06
\0.9\
^-
0
'iV
valent à contenir le lait et à cuire les plats de viande et tout cela au bain de
sable chaud. Nous avons trouvé, en effet, dans cette place, des restes d'une
vraie cuisine de gourmet, des dents et ossements de différentes bêtes domes-
tiques et entre autres une tête de léporidé, ou lapin géant, que les romains au-
— 416 —
raient importé dans le pays, probablement d'Espagne et qui en a totalement
disparu. En mettant, bout à bout, les 2 incisives supérieures, qui sont d'un su-
perbe jaune orange à l'extérieur, on obtient un cercle complet de 0,06 m. de
diamètre, vrai anneau de serviette. Les incisives inférieures, de même teinte,
ont 0,09 m. de long, mais préominent seulement de 0,03 m. de la mâchoire in-
térieure, qui a une longueur de 10 cm. Cette mâchoire porte en outre 4 grosses
molaires et les condyles articulaires aux tempes, présentent un écartement de
0,07 m.
Vis-à-vis de la porte, dans le coin, au milieu d'ossements humains, un beau
contre de charrue (culter) de 0,02x0,025 m. d'épaisseur au manche, de 4 cm.
de largeur au milieu. Il est terminé en pointe recourbée et présente 0,45 cm.
de longueur totale. La place était dépourvue de cheminée, les émanations de la
cuisine devaient s'échapper par la toiture.
Tout près de la porte d'entrée de la cuisine, une autre porte, large de im20
nous mène dans l'Atrium. A cette place nous découvrons beaucoup de clous à
grosses têtes et comme pièce curieuse une chaîne romaine qui a encore 2 m. de
long et présente cette particularité que les mailles sont de grandeur et de gros-
seur différentes. Il y en a plusieurs de 6 à 8 cm. de long.
Les mailles sont fortement usées aux bouts, ce qui prouve que la chaîne a fait
un long usage.
Cette chaîne possède, à un bout, un crochet plat de 8 cm. de long, tandis que
les crochets de nos chaînes sont ronds.
Ce qui prouve que cette chaîne à servi à barricader la porte principale, devant
les envahisseurs, c'est qu'elle a été trouvée, encore munie de 2 crochets, qui
ont servi à la fixer au mur en travers de la porte.
Dans l'Atrium nous voyons disposés paralèllement au mur ouest, et distants
de lui de 1 m, 4 blocs de pierres ayant supporté évidemment 4 piliers de la
toiture de l'Atrium.
Dans le coin nord -ouest, nous avons découvert le doyen-d'âge des anciens
coquemars, qui eux ont disparu à leur tour pour faire place aux cafetières mo-
dernes : C^est un vase rond en fer battu, ayant 0,21 m. de diamètre à la base,
0,24 m. au sommet, et comme hauteur 0,07 m. Il porte, au-dessus et vers le
rebord, un ajoutage tubulaire de 0,02m. X0,03 m., réuni au moyen d'une
anse recourbée et rivée au milieu de l'appareil.
Ce vase servait à chauffer de l'eau, sur des braises, et on le retirait du feu au
moyen d'un crochet, en le saisissant par l'anse. De nombreuses places à feu mon-
— 417 —
trent que les esclaves préparaient chacun son repas, dans cet atrium. Outre
un marteau ordinaire, une petite bêche en fer avec manche, des clous, beaucoup
de fibules rondes, comme des boutons de manchettes, en bronze, à demi-consu-
mées, on n'a rien découvert dans cet atrium, à situation latérale. On pourrait
encore signaler la ferrure du bout d'un timon de chariot, longue de 0 m. 22 et
large de 0 m. 09 portant encore les deux clous d'attache au bois du limon. Au
bout de la ferrure se trouve un anneau rond de 0 m. 12 de diamètre, pour atte-
ler une bête, au devant de celles qui étaient de chaque côté du timon. Avant de
quitter l'Atrium, il faut mentionner encore une place se trouvant vers l'est, pro-
fonde de 2 m., large de 2 m. et longue de 4 m. avec une porte de sortie, vers le
nord, de 0 m. 90 de largeur, remplie d'ardoises dressées, comme nous les dres-
sons encore aujourd'hui sur les chantiers, mais complètement pourries.
Le propriétaire était-il marchand d'ardoises vu la quantité énorme, ou ser-
vaient-elles à couvrir un bâtiment ? Enigme !
Vers le milieu de l'atrium et du côté du sud on pénétrait, par une large porte
de 2 m., dans un superbe corridor, avec un beau terril, bien conservé. Ce terril
présentait ceci de particulier, qu'à 0 cm. 10 des murs, des moulures larges de
0 m. 06 et profondes de 0 m. 01 couraient tout autour, à la façon des
moulures de nos panneaux des portes actuelles. Tout en faisant bel effet, ces
moulures servaient à laisser s'écouler vers l'atrium les eaux de service ; car
nous sommes dans la partie occupée par le maître. Au fond du corridor se
dresse une vaste cuve (alveus) ovalaire haute de 0 m. 80, large de 1 m. 80, dont
les parois étaient constituées uniquement par des briques de cheminée carrées
et creuses (tubuli). Un fornax, étabh sous la cuve, avait son ouverture de 0m.40
sur 0 m. 50, au dehors au sud et servait à chauffer au moyen des tubuli l'eau
de ce réservoir. Le fornax chauffait, en même temps, tout le corridor. Celui-ci
reposait, en effet, sur un hypocauste, dont les piliers en briques avaient 0 m. 60
de haut.
Nous avons eu la chance de conserver un morceau de plâtrage coloré du lam-
bris du corridor nous permettant de reconstituer la peinture de tout le mur. En
bas était peint une ligne rouge-brun, de 1 ctm. de large, au dessus une ligne
Jaune-ocre de 0 m. 05 de large, puis une bande rouge-brun de 0 m. 08 de
large et une dernière vert-eau de 0 m. 08 de large. Au dessus de ce lambris le
reste de la muraille était peint en blanc. Disons tout de suite que ce corridor,
avec l'alveus, constituait le balneum ou bain particulier du propriétaire do la
villa.
A gauche du corridor, 2 portes, larges de 0 m. 90, conduisaient dans la partie
détruite de fond en comble par un précédent fouilleur.
28
— 418 —
A droite, tout, au commencement, une porte de 0 m. 90 conduisait dans une
belle salle, comme nous n'avions pas encore l'occasion d'en voir dans nos fouilles.
Elle avait 6 m. de long, sur 4 m. 50 de large. Le plancher était en signinum
opus. La première partie, large de 3 m. 50, reposait sur des piliers en briques
rondes, de 0 m. 60 de hauteur, sur 0 m. 16 de diamètre, que reliaient de gran-
des briques cari-ées de 0 m. 55 sur 0 m. 05 d'épaisseur. Le fornax de chauffe,
situé à peu près vers le milieu de la paroi nord, avait sa bouche de 0 m. 40
sur 0 m. 50, dans l'atrium décrit précédemment. Dans les 4 coins on voyait
encore à une hauteur de 0 m. 60, des tubuli carrés, placés transversalement,
pour arrondir les angles, vrais réceptacles des toiles d'araignées. Vers la toiture
les buses étaient rondes, vraies cheminées.
Au bout de l'hj'pocauste et des deux côtés, le long des murs, une conduite
de 0,oOm..xO,50 m. formée, au fond et des deux côtés, de briques strigillées et
recouverte de grandes briques de 0,55 m supportant le terril, conduisait la
chaleur aux buses montantes dans les coins du fond de la salle. A la naissance
des conduites, montait, de chaque côté, le long des murs, une colonne de tubuli,
sous forme de pilastres, divisant, pour ainsi dire, la place en deux parties, dont
la première sur l'hypocauste, bien chauffée et la seconde plus solide, où le terril
reposait sur le sol, pouvait mieux résister aux secousses imprimées au plancher
par les danses effrénées des bals payens.
Aux restes de peintures, nous avons pu reconnaître un lambris d'appui, rouge
sang de 0,95 m'., régnant tout autour de la salle.
Au-dessus, les murs blancs étaient ornés de rameaux de vignes, de coupes de
fruits et de gigots de mouton, tellement succulents que les gouttelettes de sang
en coulaient encore, toutes rouges, le long du mur.
Ce qui prouve que ces peintures n'étaient pas jetées au mur sans ordre, mais
reparties en champs réglés d'après les dispositions des solives du plafond, c'est
que nous avons trouvé un morceau de plâtrage blanc, représentant un fer de
lance, long de 0,05 m. et surmonté d'une boule (buUa). En dessous du fer de
lance, un bouclier rond (clipeus) de 0,08 m. de diamètre, ornementé de quatre
autres bulles décoratives de 0,025 m. de long sur 0,05 m. de large, le tout de
couleur rouge-brun. On voit donc qu'aux attributs de la bonne chère, les Ro-
mains savaient aUier ceux du dieu Mars.
Parmi les débris et objets trouvés dans cette place, il faut signaler les débris
de deux carafes à col long et étroit (ampulla), avec anse, pieds à rebord et rai-
nures au niveau de la panse, le tout en verre millefiori.
Quatre sonnettes en bronze, à patène verte, hautes de 0,04 m. anneaux com-
— 419 —
pris, rondes au sommet et carrées à la base de 0,025 m.x0,03in. Ces sonnettes,
à cause de leur petite dimension, servaient sans doute d'amulettes, et étaient
portées au cou, en signe distinctif de la fonction des militaires gardiens des
gués de la Sûre et des routes confiées à leurs porteurs. Poser la question, ce n'est
pas la résoudre, mais y rendre attentifs les chercheurs futurs. (Légende du
moyen- âge).
Cinq bronzes, dont un grand de la Diva Faustina, femme de Marc Aurèle, un
moyen, d'Annia Faustina sa fille, et 3 petits à inscriptions illisibles, mais à effi-
gies bien distinctes.
Des ornements (bulla) en bronze d'un ceinturon en cuir, ayant la forme de
boutons ronds, de torches, d'écaillés, de lances, de limaçons, de bouquets, de
travées, ainsi que la boucle du ceinturon sous forme de lance, surmonté d'une
boule avec traverse-agrafe en dessous pour fermer le tout.
Une lame en acier, de 0,55 m. avec le manche de 0,07 m., percé d'un trou
pour le fixer à une poignée en bois ou en os.
Cette lame pointue et à 4 facettes plates, prend insensiblement une forme
carrée, pour se transformer à 0,i2 cm. de la poignée en hexagone, devenant de
plus en plus épaisse. Le fourreau était sans doute en bois, muni d'une douille
pointue en fer, comme nos bâtons ferrés actuels. Car cette douille a été trouvée
à côté de la lame. Une penture de porte en deux parties, qui avait ceci de parti-
culier, qu'un des bouts de la bande en fer, de 0 m. 45 de long, se terminait en
crochet se mouvant dans un trou foré dans l'autre bande, pour constituer ainsi
une charnière primitive, mais très sohde.
Un débris de vase rouge, de l'Allier, où l'on voit encore la tête et le poitrail
d'un sanglier pourchassé par une meute de chiens, se réfugiant en toute vitesse
dans les buissons, où l'attend la lance du chasseur.
A en juger par l'épaisse couche de cendres, il faut admettre que le bois est in-
tervenu largement dans la confection du plafond de cette riche salle. Cette par-
tie du bâtiment était couverte de grandes tuiles plates et embriquées. A noter
encore que sur différentes briques du bâtiment, surtout sur celles de l'hypocauste,
nous avons remarqué des empreintes de pieds de chèvres, mais nulle part trace
d'une marque de fabricant.
Cette villa s'étendait jusque dans la superbe vallée qui remonte de la Sûre, vers
Boulaide. Son jardin était entouré d'un mur en pierres du pays, crépi de mortier
romain. Nous avons trouvé encore des traces de ce mur à 50 m. en dessous des
ruines, vers cette vallée.
On accédait à la villa vers l'ouest.
— 420 —
En descendant, dans le fond, on passait à côté des tombes du villarius qui
étaient superbes et qui ont été détruites, il y a quelques années, sans qu'on en
ait conservé le moindre objet.
Une auge en pierre de taille blanche de de 0,80 X 0,80 m., avec des urnes, a
été réduite en morceaux qui ont été utilisés comme pierres à bâtir, dans une
écurie du village de Boulaide.
C'est avec un sentiment de tristesse qu'on s'éloigne d'un tel endroit, où la vie
joyeuse a fait place au silence de la mort.
Ce frais wallon, abrité contre les vents du nord et de l'ouest, créé par la na-
ture pour vivre la vie de l'abeille, au milieu de champs fleuris et chargés de
riches moissons, a vu s'écrouler, en quelques heures, sous les coups des barbares,
ivres de sang et de carnage, tout ce que le travail et l'intelligence y avait pro-
duit de merveilleux, pendant plusieurs siècles.
Depuis quinze siècles un grand linceul couvre ces ruines, cette vie n'y revien-
dra plus jamais.
René et D»^ Eugène Malget.
Le „Château de Montragu" à Frahan.
Le 2 août 1913, M. le D"^ Delogne d'Alle-sur Semois envoya sur les intéressan-
tes ruines de ce château, à Monsieur le Président de la Société archéologique du
Luxembourg, la lettre suivante :
^f-
7^ti/ia/w c/.
:i-c^^â> cd^^czcc c^e^o'cète
J'ai l'honneur de vous signaler l'existence, sur le pic le plus élevé du promon
toire rocheux, dit Crêtes de Frahan, à l'altitude de 294 m., de ruines à peu
près totalement inconnues dans la contrée, dénommées « Château de Montragu «
et sises sur la roche du même nom : elles circonscrivent une superficie de plus^Ç|
600 m. carrés. Les tours sont construites en énormes moellons, chaux et ,^bj^„
— 422 —
ont encore plus de i m. 50 de hauteur, 7 m. de diamètre, et sont reliées par des
courtines. On y a trouvé des conglomérats de ciment, renfermant de nombreux
petits ci-istaux brillants de quartz, et des bricaillons à texture très-compacte, et
d'un poids très-lourd. Ce « Château " constitue une véritable énigme historique,
et son nom même est entouré du plus profond mystère. Aucun ouvrage n'en fait
mention ; le livre ei recueille de la Duché et Pays de Bouillon, ouvrage
manuscrit, in-f'\ 1576, conservé aux archives de cette ville, est muet à son
égard, alors qu'il renseigne les ruines du château de Liresse et du chàteau-le-
Duc (prés de Menuchenet) Il semble donc permis de conclure que le Château
de Montragu remonte à une très-haute antiquité, et que le souvenir en élait
déjà perdu à cette époque : c'est aussi l'opinion de M. Loes, révérend curé de
Hondelange et secrétaire de votre Société, qui a bien voulu visiter ces ruines
avec moi, le 30 juillet dernier.
Les moellons auront été pris sur place, et les filons de pierre calcaire existant
dans le voisinage (par ex. à Turbuliry) auront fourni la chaux.
Notons encore, qu'à 15 minutes du « Château » on trouve, au sommet de la
Roche de Bonru — près de l'embouchure du ruisseau de ce nom — les ruines
d'un poste qui commandait la vallée et la Semois. Il serait utile, je pense, d'ex-
plorer les côtes voisines, et de faire des recherches méthodiques dans les crêtes
le Frahan elles-mêmes. . . . Ci-joint un croquis des ruines, qui n'attendent plus
qu'un explorateur pour livrer leur secret.
Agréez, etc.*
D^ Th. DELOGNE.
Lors de notre visite j'avais engagé M. le D'' Delogne à faire des fouilles à l'in-
térieur des ruines, car ni la forme quadrangulaire avec tours aux coins enga-
gées au quart, ni la décomposition avancée du mortier, ni l'appareil de la maçon-
nerie en grosses pierres de l'endroit, ne permet de reconnaître si ces ruines sont
celles d'un castel romain où d'un donjon du haut moyen-âge. Des fouilles pour-
raient mettre à jour l'un ou l'autre objet, de la poterie, des armes ou du mobi-
lier, permettant de fixer la date ou l'origine de cette consti'uction.
Le 13 octobre, M. le D'' Delogne nous envoya les renseignements complémen-
taires suivants :
« Les murs des courtines ont 1 m. 40 d'épaisseur ; on ne trouve ni débris de
bois, ni de fer, ni de poterie, ni de charbon de bois dans ces ruines. L'architecte
Hucq de Bruxelles incline à penser que ce château n'a pas été achevé et le sup-
pose du Xll** siècle, mais il n'est pas sûr de ce qu'il avance. ... Je ne suis pas de
son avis ; je crois plutôt, comme je vous l'ai dit, que le souvenir de ce château
- 423 —
était déjà perdu en 1576, époque où l'on mentionnait dans le " Livre et Recueille»
les ruines de Liresse et du Château-le-Duc. Vous savez que ce livre, dressé par
les soins de Guillaunne d'Oyenbrughe de Duras, gouverneui- de Bouillon, est une
compilation des titres et privilèges des particuliers, tant vassaux et sujets que
des communes et villages du Duché, ainsi que des formes de justice, attestés par
un grand nombre de témoins, en présence du Gouverneur et des juges de la cour
souveraine de Bouillon, pour tenir lieu de chartes et de documents anciens,
détruits, dispersés ou brûlés pendant les dernières guerres.
« Gomme ce livre, conservé aux archives de Bouillon, mentionne une rubrique
pour Fraban, comment n'y est-il pas fait mention d'un château ? Il mentionne
bien Liresse et Château-le-Duc ! Si le château datait du XIP siècle, il sortirait
déjà joliment des ténèbres de l'histoire et le manque de notice serait d'autant plus
surprenant. Il avait certainement pour auteur un seigneur quelconque, tout au
moins, et il serait curieux qu'il ne fut pas fait mention de lui dans notre histoire
locale ! Pas plus alors qu'aujourd'hui, on ne construisait à l'aventure, ni autre
part que sur son fonds. Si la construction a cessé pour un motif ou l'autre, — et
si la chose n'est pas impossible, elle doit faire l'exception, — comment ce fait
anormal, avec ses causes, n'a-t-il pas été mentionné ?
« On ne trouve pas de débris, dira-t-on ; notez que nous sommes dans les fonda-
tions et que tout ce qui était au-dessus, a été enlevé. M. Hucq semble ne pas
avoir trouvé assez de débris sur place, pour que le castrum ait été bien im[tor-
tant : il perd de vue, je pense, qu'il est sur une formidable arête et que les maté-
riaux ont glissé jusqu'en bas, ont pu être utilisés pour routes, constructions, etc.
Et si ces ruines remontent à 1500 ans, par ex., ces matériaux n'ont-ils pu se
disséminer et s'enfouir en partie, lors de l'exploitation du bois, etc. ?
" Voilà les objection? et réponses que je vous soumets, pour ce qu'elles valent »
M. Delogne raconte ensuite qu'il a fait explorer le centre d'une tour, où l'on
n'a rien trouvé, par le fouilleur de la société archéologique de Namur et com-
ment il n'a pu continuer les fouilles. M. Rops, le vice-président de la société ar-
chéologique de Namur, envoyé sans doute par le Président à qui M. Delogne
avait renseigné sa découverte, était venu voir les ruines et avait envoyé le
fouilleur de la société. Pour tirer cette affaire au clair, il s'est adressé au docte
fureteur d'archives, M. le chanoine Roland, mais celui-ci a répondu n'avoir
jamais rencontré dans les documents anciens, le nom de Montragu.
Les fouilles et les recherches aux archives de Namur restant sans résultat, il
fallait naturellement consulter encore les archives de l'Etat à Arlon. Apiès
maintes recherches, il fallut retdre les armes et remettre provisoirement la
solution de cette question.
F. L.
La Mardelle de Rulles.
Fouilles d'une mardelle de grandes dimensions à Rulles.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES (1).
La question des mardelles se rattache à celle des fonds de cabane si intéres-
sante pour l'étude des populations préhistoriques. C'est par l'étude de l'habitation
humaine surtout qu'on connaîtra mieux leur genre de vie et leur degré de civili-
sation. Pour se protéger contre les températures extrêmes, les habitants de tous
les pays, de la zone tempérée comme des zones froides et chaudes, cherchaient
un abri sous terre. Les grottes, les abris sous roche leur servaient d'abord de
refuge. Quand ils ne trouvaient pas un arbre à la puissante ramure et à l'épais
feuillage pour les protéger contre les intempéries de l'air, ils étaient bien obligés
de se construire une hutte ; mais pour se soustraire aux morsures du froid et des
rayons du soleil, il fallait creuser la terre et s'y construire un abri. N'est-ce pas
ce que font encore de nos jours les esquimaux et ce qu'ont fait les soldats russes
pendant l'hiver dans la guerre russo-japonaise ?
Et même à une époque fort reculée où cependant on était parvenu à un degré
de civilisation fort avancé, les populations des Indes ne continuèrent-elles pas de
creuser leurs temples splendides sous terre dans la masse rocheuse ? Dans nos
pays à température modérée, où cependant il faut se protéger contre les intem-
péries, la chaleur de l'été et le froid de l'hiver, n'était-il pas logique, qu'à défaut
d'abri naturel, l'homme cherchât à se créer un refuge ? Et le moyen le pkis sim-
ple, n'était-ce pas de creuser une fosse suffisamment grande pour la famille et de
(-1) C'est à la demande de plusieurs membres que nous (iniiiions cet apeiru général. Les lecteurs
au courant de celte quesliua pourront le passer.
— 425 —
la recouvrir d'un loit sous forme de hutte. Les grottes ne leur avaient-ils pas
appris ailleurs que sous terre on est mieux protégé contre le chaud et le froid
excessifs. Ce genre d'habitations demi souterraines avait l'avantage d'être frais
en été et chaud en hiver.
Aussi des observateurs sagaces reconnurent bientôt dans les nombreuses exca-
vations arrondies ou allongées des dififérents pays de l'Europe, les derniers ves-
tiges d'habitations humaines des temps les plus reculés, f^es premières qu'on étu-
dia avec plus de soin, avaient quelques mètres de profondeur sur cinq de diamètre,
et sont connues sous le nom de fonds de cabanes. Plus tard on en découvrit
d'autres formes. Ainsi les cabanes néolithiques de la Hesbaye ont en général
1 m. 50 à 2 m. de largeur, 3 à 4 de longueur et 0 m. 60 de profondeur.
Mais que les nombreuses mares du Luxembourg et de la Lorraine soient les
vestiges d'anciennes habitations humaines, c'est ce qu'on se refusa longtemps
d'admettre. Les archéologues de chambre comme le vulgaire opposèrent une
foule d'objections, tout en cherchant une explication plausible de la présence de
ces nombreuses excavations de nos pays. Il n'y a pas jusqu'au nom qui donna
lieu à de longues controverses. Les uns trouvèrent qu'il n'est pas français et pro-
posèrent le mot « margelle « qui a une toute autre signification. D'autres le con-
sidèrent comme non diminutif de mare, comme le mot allemand meerchen est un
diminutif de meer ou moor. En Lorraine, on finit par adopter sur la proposition
de M. Vicheman, le mot « mare » pour les deux langues. Mais ailleurs, on conti-
nue encore à se servir du mot mardelle comme plus expressif et caractérisant
mieux ce système spécial d'habitations primitives.
On confondit même assez longtemps les mardelles avec d'autres dépressions
du sol soit naturelles, soit artificielles et l'auteur de ces lignes crut nécessaire au
congrès d'Arlon de 1899 d'en bien marquer la différence.
C'est la confusion entre ces différentes dépressions du sol ainsi qu'une observa-
tion insuffisante, qui retinrent assez longtemps des archéologues en erreur. Les
fouilles des mardelles sont fort coûteuses et produisent fort peu d'objets de
vitrine. Voilà pourquoi les uns ne voulurent pas et les autres ne purent pas les
entreprendre.
C'est ainsi que le rapport sur les mardelles de l'arrondissement d'Arlon, fait au
congrès de 1897, n'est basé que sur les fouilles faites pendant les 25 dernières
années par les cultivateurs pour transformer ces mares en prairies fertiles ou en
terres arables. En Lorraine, où la question était à l'étude depuis des années, le
gouvernement soutint énergiquement la société archéologique de Metz et les
fouilles méthodiques faites sous l'habile direction de M. l'abbé Golbus, curé d'Al-
trip, fournirent des preuves manifestes que les mares ne dépassant pas 20 à
30 mètres de diamètre, étaient couvertes d'un toit conique et servaient d'habila-
- 4 -20 —
lions huiiiaines. C'en élait fini pour toujours des anciennes thèses que les mar-
(ielles sont des dépressions naturelles, produites par érosion ou effondrement du
sous-sol, d'anciens abreuvoii's, des carrières, etc.
La légende qui partout dans le Luxembourg prétend que les mares marquent
l'emplacement d'anciens châteaux enfouis, était vengée. Elle avait raison en
somme. Ces immenses huttes dont la construction exigeait tant d'efforts à une
époque où l'on manquait d'outils et d'instruments, valaient bien alors des châ
teaux. Pourtant le souvenir de ce genre d'habitation était complètement perdu
dans l'imagination du peuple. Il ne savait s'expliquer la présence de ce grand
nombre de gros arbres et de branchages déposés au fond de ces tourbières. Pen-
dant la longue période de défrichements et de cherté du bois qui s'en suivit, on
ouvrit bien des mardelles et on tira môme le bois, surtout le chêne dans l'espoir
de l'utiliser pour meubles en bois noir, mais leur attente fut bien trompée. Le
bois se fendillait à l'air et n'avait plus de consistance. On se disait alors que les
ancêtres avaient sans doute conduit ces arbres et branchages dans la mare pour
empêcher les bestiaux de se noyer et que les arbres dressés au milieu, dont ou
voyait les bouts pourris à la baisse ou descente des eaux en été, marquaient sans
doute les places les plus dangereuses.
En effet on avait remarqué partout dans le Luxembourg la présence de ces
arbres dressés dans les mares. Les articles publiés par M. l'abbé Wies vers 1874
dans le « Luxemburger Wort » dont M. l'abbé Blum me donna connaissance à
la suite du congrès d'Arlon, en font également foi. On avait bien découvert des
cendres et des charbons au fond des mardelles, preuves manifestes de la présence
de l'homme, mais ces arbres dressés au milieu de la mare d'eau firent supposer
d'abord aux archéologues luxembcjurgeois la présence d'habitations sur palafit-
tes. On ne remarque nulle part en Lorraine la présence de troncs d'arbres de-
bouts dans les mares, comme il appert par une observation faite au sujet de la
toiture par M l'abbé Golbus dans son rapport sur ses fouilles publié aux Annales
de 1905, de la Société d'archéologie de Metz, p. -236. Ils nous exphquent
cependant comment ces immenses toitures très lourdes ont pu se soutenir. Ges
arbres leur servaient d'afipui.
La découverte de loyers au fond des mares fut la preuve évidente que le fond
même était habité à l'origine et que l'excavation ne fut convertie en mare que
plus tard. L'examen et la disposition des arbres firent reconnaître par leur nom-
bre, leur largeur, leur pose à travers la mare, le pied aux bords et la tête à
l'intérieur, qu'ils formaient une toiture sous forme de hutte conique au-dessus de
l'excavation. On en trouva même dont les par'ties supérieures taillées en fourche,
étaient engagées l'une dans l'autre, de sorte qu'en soulevant les pointes avec un
troisième arbre également à fourche on obtenait un trépied couvrant la
— 4-27 —
fosse. C'est évidetnnoent de cette manière qui était extrènienient simple et
n'exigeait ni outils ni instruments spéciaux, qu'on élevait la première charpente
de l'immense toiture. Il suffisait de coucher d'autres arbres contre ce trépied, de
les couvrir de branchages et ensuite de feuilles mortes maintenues par une
couche de terre glaise, et on obtenait une toiture protégeant suffisamment contre
les intempéries de l'air, les chaleurs de l'été et le froid de l'hiver. Or, on retrouve
tous ces matériaux au fond des mardelles.
Quoiqu'on n'en ait pas encore trouvé de traces dans les fouilles, il est plus que
probable que la couche de terre était protégée par de la paille, des herbes, de la
fougère, des genêts, etc., collées par un bout à la surface, ou même qu'elle était
couverte de gazons superposés comme on le voit encore aux huttes des charbon-
niers de nos bois.
Quand avec les progrès de la civilisation sous la période romaine, ces habita-
tions primitives furent abandonnées pour des contructions plus confortables en
maçonnerie, la couche protectrice en paille ou en genêts, etc., n'étant plus en-
tretenue, finit par disparaître ; les pluies lavèrent et détrenipèrent la terre qui
tomba au fond delà fosse convertie en étang par l'obstruction du canal d'écoule-
ment ; l'eau pénétra la couche des feuilles, les branchages finirent par pourrir et
tomber dans la fosse, en attendant que les arbres maintenant la toiture finissent
également par s'écrouler sur tous ces débris. C'est l'ordre dans lesquels on les
retrouve sous la couche de la tourbe, qui dans la suite des siècles s'est formée
au-dessus de ces ruines.
Les savants se demandèrent longtemps ce que devaient être et où l'on pourrait
retrouver ces cachettes souterraines, dans lesquelles, d'après les historiens de
Rome, nos ancêtres déposèrent leurs provisions à l'arrivée des Romains pour les
soustraire à leui's recherches. 11 faut évidemment les chercher dans ces habita-
tions souterraines dont le toit conique, peu élevé, couvert d'hei'bes, de terre ou
de gazons était peu visible parmi les broussailles et dans les bois couvrant alors
nos contrées.
C'est dans les anciens bois que les mardelles sont le mieux conservées. Quand
le taillis n'est pas trop touffu, elles sont faciles cà trouver. Dans les hautes fu-
taies, on les reconnaît de loin, parce qu'elles y forment clairière. Les chênes,
les hêtres, les frênes ne peuvent croître dans ces mares ; il n'y a que des arbus-
tes comme des saules, des aulnes qui peuvent y prendre racine. Cependant il y
a au^si des mardelles sèches, mais dans les bois elles sont, en Lorraine et aux
environs d'Arlon, assez rares. M. l'abbé Dubois a remarqué le contraire au pays
de Virton. Dans les campagnes cultivées, le plus grand nombre est complète-
ment détruit. On n'en voit plus d'onlinaire la moindre trace, et il n'y a guère
que le hazard qui peut les faire découvrir, comme il est arrivé pour celle de
— 428 —
Schouweiler mise à jour, en creusant la tranchée du chemin de fer de la ligne de
Luxembourg-Pétange (V. Hémecht 1889).
Il faut remarquer encore qu'on ne les trouve pas au fond des vallées, mais sur
les [)lateaux et au penchant des collines. Ce choix s'imposait par la nécessité de
préserver l'intérieur le plus possible de l'humidité et de creuser même un canal
pour l'écoulement des eaux.
Elles sont généralement reparties par groupes, sur une élévation, à l'entoui-
d'une colline ou sur des plateaux. Elles sont parfois assez nombreuses pour for-
mer des villes ou des villages (V. Congrès d'Arlon de 1889, ma carte au
T. XLIII. de nos Annales et l'Annuaire de la Soc. d'hist. et d'archéol. lorraine de
Metz 1903, p. 218).
On ne connaît pas encore les limites exactes de l'aire de dispersion des mar-
delles. On les retrouve partout dans le Luxembourg et la Lorraine, vers le Rhin
et jusqu'en Berry (France). L'expérience a prouvé que ce n'est pas dans la
nature des terrains qu'il faut chercher les limites ; la cause en est plutôt ethno-
logique. On devine dès lors toute l'importance de cette question pour l'étude de
nos populations préhistoriques. Ne trouverait-on peut-être dans cette étude la
solution de plusieurs questions qui se rapportent aux commentaires de César, la
migration des peuplades avant son arrivée, leur répartition, l'explication du mot
" civitates " qui vient toujours sous la plume.
On s'est demandé aussi si les mardelles dont les diamètres dépassent 20 et 30
mètres (en sens contraire) pouvaient encore être recouvertes d'un toit conique
abritant toute l'excavation. Une occasion favorable s'est présentée en automne
1912 d'en fouiller une dont les dimensions étaient sensiblement plus grandes,
22 X 33.
Un de nos membres les plus actifs et des plus dévoués M. l'abbé Dubois, pro-
fesseur à Virton, ayant profité de ses promenades pour expliquer à ses élèves
les antiquités des environs, M. Forêt, un de ses élèves, originaire de RuUes,
remarqua pendant les vacances de 1911 que sa description des mardelles s'appli-
quait parfaitement à une mare, dont on venait de tirer de dessous la tourbe dans
une couche de feuilles, de gros arbres noircis par le temps et il signala la décou-
verte à son professeur. Celui-ci s'y rendit avec le secrétaire de l'Institut. Ils
acceptèrent la mission de diriger et de surveiller les fouilles, qui par suite du
retard de l'autorisation du propriétaire, ne purent avoir lieu que pendant les
vacan(;es d'octobre 1912. Monsieur van denCorput, en apprenant que ces fouilles
promettaient d'être intéressantes, eut la générosité de se charger d'une grande
partie des frais, ce dont nous lui exprimons ici nos vifs remerciements.
Son régisseur qui est de Rulles et M. le curé de l'endroit qui s'intéressa si fort
à nos recherches, nous firent trouver d'excellents ouvriers qui sous l'habile di-
rection de M. Bodeux nous facilitèrent notre tâche. A tous nos sincères remer-
ciements.
— 429 —
IL
RÉSULTAT DES FOUILLES.
La mardelle se trouve en haut du versant septentrional du massif séparant la
rivière de la Semois de son affluent la RuUe, entre les villages de Rulles et de
Villers-sur-Semois, à 800 mètres du chemin de fer de Virton, à 1200 de celui
d'Arlon et à 200 environ de la Rulle, a 370 m. d'altitude. Sa situation a fait
dénommer cet endroit " Sur le Haut ". Un vaste horizon s'étend à l'Est, au
Nord et surtout à l'Ouest, limité au loin par les hauteurs d'Arlon, les forêts de
Rulles et de Ghiny. La vue est superbe sur les vallées de la Rulle et de la Semois,
et l'emplacement bien choisi sur une hauteur, à côté de rivières poissonneuses et
de forêts giboyeuses. Au midi seulement la vue est limitée de près par le bois de
Villers et la butte dite du « Gibet » appartenant à l'ancienne seigneurie de
Villers.
La mardelle se trouve sur le territoire de la commune de Rulles, dans un ter-
rain communal, ancien bois défriché, ce qui explique qu'elle était relativement
assez bien conservée. Une voie romaine passait à 40 mètres venant de Houde-
mont et suivait la hauteur sur toute sa longueur dans la direction de Breu-
vanne, où l'on trouve encore, dans les champs, des restes d'importantes sub-
structions romaines.
L'excavation est creusée en pleine marne de Jamoigne (Hettangien) entrecou-
pée de minces couches de pierres calcaires. C'est un lit en place de ces pierres
marneuses qui constitue le fond de la mardelle. Voilà bien une preuve manifeste
que l'excavation ne s'est pas produite par effondrement du sous-sol. Ce n'est pas
non plus pour l'extraction de la marne qu'elle fut creusée. On voit de ces carriè-
res, qui sont bien différentes et facilement reconnaissables, tout à coté et l'une
d'elles échancre même un côté de la mardelle.
Celle-ci se présente dans le penchant de la colline sous la forme d'un van allon-
gé, dirigé vers le N.-N.-O., dont le rebord par derrière a 5 mètres d'élévation,
par devant 90 centimètres, et dont le fond avec inclinaison de 50 ctm. vers la
vallée, mesure de haut en bas 33 mètres et en largeur 22 mètres. La forme de ce
cercle allongé est assez régulière.
Au rebord inférieur vers la vallée existait autrefois un canal pour l'écoulement
des eaux, dont on a encore retrouvé des vestiges d'abord à l'intérieur de la mar-
delle, en commençant les fouilles et plus tard à l'extérieur, quand la commune fit
creuser un fossé assez profond pour placer des tuyaux de drainage, et dévei'ser
dans la vallée le trop-plein des eaux de l'ancienne mare. Lors des fouilles, on
— 430 —
remarqua que l'entrée du canal était faite de pierres schisteuses posées de champ
et recouvertes par de grandes dalles de chiste mesurant 65 X 40 et 55 X 25
ctm. Or le chiste dont elles proviennent, ne commence qu'à trois kilomètres
plus au Nord, au delà du village de RuUes. L'ouverture du canal se trouvait à
i m. 80 sous le sol actuel à 40 ctm. sous le niveau de la mardelle.
C'est par suite de l'obstruction de ce canal que l'excavation se transforma en
mare, et que dans la suite des siècles une couche de tourbe se forma au dessus
des débris de l'ancienne habitation. Après le défrichement du bois, on tâcha de la
convertir en prairie et néanmoins, elle était toujours couverte d'eau en hiver.
Pour déverser ces eaux, le locataire creusa un petit canal et un fossé à l'inté-
rieur qui lui fit découvrir sous le gazon la tourbe, et sous celle-ci l'épaisse couche
des feuilles et des arbi'es. Il crut pouvoir utiliser la tourbe comme engi'ais, mais
elle ne produisit aucun eâet sur les récoltes. Quant aux arbres qu'il tiia d'un
fossé et d'une place de i X 5 m. de surface, défoncée jusqu'au roc, il les dressa
comme des perches en cône près de la mardelle sur la hauteur pour les sécher.
Quand l'eau se fut évaporée, il ne resta qu'un tissu spongieux ne donnant plus
même ni chaleur ni charbon au feu. Ce sont ces travaux qui attirèrent l'atten-
tion sur la mardelle.
Après avoir sondé le terrain, il fut donc décidé de faire des fouilles et d'en
demander l'autorisation à la commune. Celle-ci tardant de venir, on ne put les
commencer qu'aux vacances d'automne de l'année suivante 1912.
Vider entièrement cette immense excavation, il n'y avait pas à y songer, tant
à cause des frais élevés que ce travail exigeait, qu'à cause de l'impossibilité de
trouver des ouvriers pour le mener à bonne fin, avant la fin des vacances et la
saison des pluies. Il fut décidé d'épuiser la mare au moyen de la pompe et de
creuser jusqu'à la terre vierge, d'un talus à l'autre à ti'avers la mare, des fossés,
un dans le sens de la longueur et d'autres en largeur aux endroits les plus favo-
rables, à déterminer pendant les travaux. Ces tranchées permettront d'étudier
suffisamment les différentes couches, la position et la longueur- des arbres, les
bords sur lesquels ils s'appuient et les endroits, où il y a le plus de chance de
trouver le mobilier, s'il en existe.
La masse des matériaux remplissant l'excavation avait un développement d'un
mètre 30 ctm. dans la partie élevée et d'un mètre 80 ctm. dans la partie la plus
basse. Après l'épuisement, elle s'est affaissée au centre d'une dizaine de centimè-
tres. Elle se composait de six couches, la terre végétale, la tourbe, les feuilles
avec les arbres, la mousse, la terre coulée et le terreau noir tapissant le fond.
A l'exception de l'avant dernière qui disparaissait au centre, et ne se retrouvait
— 431 —
que par minces plaques clans la couche de feuilles, elles s'étendaient toutes uni-
formément sur toute l'étendue de l'excavation.
1 . La surface se composait de terre végétale étendue sur la tourbe pour per-
mettre au gazon de prendre i-acine et de se développer. Elle avait acquis un
développement de 30 ctm. à l'exception des abords où elle atteignait jusque 50 à
70 ctm. A certaines places le talus avait glissé, à d'autres, là où la pente était
trop haute et trop raide pour être gazonnée, et présentait du danger pour les
animaux en pacage, on l'avait abattu. Sous ces terres abattues ou glissées, nous
avons trouvé à plusieurs places, aux deux extrémités et à l'est, des foyers à 40
et 50 ctm. de profondeur. Ces foyers sont donc de date récente et avaient sans
doute été allumés par des bûcherons se mettant au pied du talus, à l'abri du
vent et de la tempête soufflant avec violence sur cette hauteur. Dans ces couches,
on trouva aussi un peu partout des restes de terre calcinée, provenant sans doute
d'un essartage ou d'un nettoyage par le feu, après le défrichement.
2. Sous la terre végétale se trouvait la tourbe, haute de 30 à 40 ctm. Cette
couche s'était formée pendant les longs siècles suivant l'effondrement de l'habita-
tion. L'obstruction du canal avait converti l'excavation en marais. Dans la
tourbe prirent naissance plus tard, des aulnes et des saules et d'autres essences
aimant une terre saturée d'eau. Leur présence était accusée par les souches qu'où
y trouva. Il y avait aussi quelques ossements de grands animaux, comme le che-
val, y jetés soit par hazard soit pour les enfouir, comme c'est l'usage à la
campagne.
A l'ouest, du coté du chemin romain, on trouva des débris de tuiles et quel-
ques briques romaines à dessin élémentaire. Plus loin, vers le centre, on trouva
un petit fer à cheval semblable à ceux qu'on rencontre si souvent sur les voies
romaines.
Un peu plus haut on trouva aussi deux écailles de molusque très friables.
3. Sous la tourbe se trouvait la couche la plus importante, celle des feuilles,
des arbres et des branchages. L'épaisseur de la couche de feuilles variait entre
20 et 40 ctm., mais avec les arbres dont plusieurs avaient presque 60 ctm. de
diamètre, elle atteignit parfois une hauteur de 70 ctm.
bq_
— 43:?
— 434 —
Ces feuilles fortement serrées avaient conservé la couleur rousse des feuilles
mortes; mais à l'air, elles prirent bientôt une teinte grisâtre. C'est le hêtre qui y
est le mieux représenté, puis vient le chêne et enfin le coudrier, mais en quan-
tité beaucoup plus petite.
On remarqua à plusieurs endroits que les branchages furent employés avec
leurs feuilles et leurs fruits, glands, faines, noisettes. M. l'instituteur Forêt de
Rulles trouva au printemps dernier dans les remblais deux de ces faînes nouvel-
lement germées, ayant des pousses de plus d'un centimètre. Les branches etper-
ches étaient éparpillées dans toute l'étendue de la mardelle sous les arbres.
Ceux-ci étaient d'essences et de dimensions différentes, ceux de 20, 30 et 40ctm.
étaient étendus dans toute l'excavation ; ceux de 50 et de 60 ctm. de diamètre
étaient plus rares et se trouvaient en haut de la mardelle contre le talus supérieur.
Tous ces bois, à l'exception des gros chênes et des hêtres de 60 ctm. de diamètre
étaient tellement saturés et décomposés par la vase, qu'ils se coupaient à la
bêche ou à la pioche comme la terre. Le chêne avait mieux résisté, il fallait
même employer la hache pour couper ceux de fortes dimensions. Dans les hêtres
les plus gros, il n'y avait guère que le cœur qui avait résisté.
Tous ces arbres avaient été coupés à la hache en les entaillant d'un côté, à
l'exception des plus gros dont on avait coupé les racines au lieu d'entailler le tronc.
Ils étaient tous ébranchés. On n'avait laissé subsister que la branche au som-
met formant fourche et de distance en distance des bouts de 20 à 25 ctm., desti-
nés sans doute à porter des traverses rendues nécessaires à cause de la longueur
de la toiture. Des arbres trouvés dans le fossé central à travers les montants rem-
plissaient sans doute cet office.
Les autres étaient couchés avec le gros bout au dehors et le sommet à l'inté-
rieur. Us s'appuyaient donc sur le bord de l'excavation. On a encore retrouvé
des cales servant à les fixer. Dépassant en général de quatre, cinq et six mètres
le fossé tracé au milieu de la mardelle, ils avaient une longueur suffisante pour
former la toiture à deux pans au dessus de l'excavation. La partie supérieure se
terminait en fourche, servant à les réunir deux à deux ou à trois comme mon-
tants, et à porter le faitage nécessité par la longueur du toit.
Ces grands arbres s'étaient cassés aux extrémités supérieures, toujours plus
faibles, en tombant dans la fosse. Les arbres les plus forts se trouvaient en haut
de la mardelle, où le talus est le plus élevé. L'un d'eux était même resté en place,
engagé et calé dans la marne au bas du talus, cassé à deux mètres de hauteur,
mais conservant encore la direction oblique primitive de la' toiture conique de
cette partie du toit. Le pied dont les racines avaient été coupées à la hache,
était poli par le frottement contre les cales et le talus. La partie supérieure
— 435 —
détachée par la violence du vent ou par le poids de la toiture, gisait à côté dans la
^lirection de l'inclinaison du pied. Au bout supérieur de la mardelle, dans le fossé
central, on trouva la moitié d'un frêne très proprement fendu de haut en bas,
large de 50 ctm. et long de 4 m. Quelle était sa destination ? Aura-t-il servi de
banc ? Le foyer était à côté.
Dans la partie inférieure, à l'est, on trouva en haut de la couche de feuilles un
quartier de hêtre long d'un mètre dont un bout était tellement uni et droit qu'il
semblait avoir été coupé à la scie.
On a trouvé aussi dans cette partie, à la surface des feuilles, un bois équarré
qui semble avoir été raboté d'un côté.
Au pied d'un des gros chênes, en haut de la mardelle, on a trouvé un objet
arrondi, évasé et mouluré transversalement, ressemblant presque à un chapi-
teau, recouvert d'une matière noire, très dure, enveloppant un tissu spongieux
et fibreux, comme le bois de chêne des petits arbres retrouvés dans la vase. Cette
trouvaille qui nous intrigua d'abord, n'était qu'un faux amadouvier, le polypo-
rias igniarius, mesui'ant 30 ctm de contour en haut, 68 à la base et ayant 13
en hauteur.
4. — Ce qu'il y a encore de particulier à notre mardelle, c'est l'épaisse couche
de mousse compacte s'étendant sous les feuilles qu'elle pénètre même un peu à
certains endroits. Elle avait en moyenne 15 ctm. de développement. Mais là, où
la mousse augmentait, les feuilles diminuaient. On s'était demandé d'abord si
cette couche ne provenait pas du fond et si elle ne tapissait pas l'aire de la mar-
delle. Un examen plus attentif nous convainquit du contraire. Il y avait encore
deux couches en dessous, parfaitement distinctes, et elle était complètement
exempte de terre, de détritus, de souillures qu'on aurait dû nécessairement y
remarquer, si elle avait été foulée aux pieds. Il faut donc admettre qu'elle rem-
plaçait en partie les feuilles et qu'elle servait à boucher les ouvertures laissées
par les branchages ou à tapisser l'intérieur du toit, comme on faisait naguère
encore dans certaines écuries des Ardennes, en rembourrant de mousse les claies
de séparation et du plafond pour protéger les animaux contre le froid.
D'ailleurs la mousse qu'au bas de la côte on pouvait avoir en abondance, était
préférable aux feuilles qui glissent si facilement les unes sur les autres sur une
pente aussi rapide que le toit. C'est précisément pour cela qu'il fallait recouvrir
les feuilles d'une couche de terre ou de limon pour les maintenir. La terre bat-
tue ou damée sert encore aujourd'hui de couverture aux pauvres cabanes des
indigènes de la Palestine, notamment en Samarie, comme je l'ai vu il y a quel-
ques années. Cependant il faut croire que sur les vastes toitures des mardelles
— 4'M\ —
elle était protégée par une couche de paille, de genêts ou de fougères. Si on
n'en trouve pas plus de traces dans les ruines, c'est qu'elle aura pourri sur le
toit avant l'effondrement. Quant au limon, 1! a coulé ensuite par suite des
pluies au fond de la fosse. Les gros arbres composant l'ossature n'étant tombés
qu'en dernier lieu, les couches du toit se trouvent en sens inverse dans l'exca-
vation.
5. — Tandis que dans d'autres mardelles on trouve au fond deux couches de
limon, l'une provenant de la toiture et l'autre tapissant le fond, on n'en trouve
ici qu'une seule, celle provenant de la toiture et encore était-elle extrêmement
mince, tellement même qu'on n'en trouve que des traces dans la couche des
feuilles au centre. Tout s'explique aisément. D'abord la couche inférieure tapis-
sant le fond de la mardelle pour retenir les eaux d'infiltration, n'était pas né-
cessaire ici, parceque la mardelle est creusée dans la marne. Elle n'était pas
nécessaire non plus pour consolider le fond, puisqu'il repose sur une mince
assise de pierres marneuses très serrées.
L'autre provenant "des terres du toit dissoutes et lavées par la pluie et entraî-
nées par son poids au fond de la nappe d'eau à travers les branchages et les
feuilles, se trouve ici dans une condition toute différente à cause de l'épaisse
couche de mousse. Celle-ci, par sa nature moins sujette à glisser et préservant
mieux du froid que la couche de terre, la rendait en grande partie inutile. Une
couche très mince suffisait pour maintenir les feuilles et retenir la garniture
extérieure de paille ou de genêts. Quand celle-ce eut disparu, les pluies firent
couler la couche de marne aux bords, d'où elle glissa vers l'intérieur avant que
les couches de mousse, de feuilles et de branchages ne tombèrent. Aussi aux
bords, elle est mêlée à la marne des talus qui ghssèrent et firent irruption à
l'intérieur après l'abandon de la mardelle. Ces glissements diffèrent de dévelop-
pement, ayant selon les places, 15, 20, 30 et parfois 70 ctm. en élévation. A un
ou deux mètres du bord, où ils cessent, il ne reste que la marne du toit qui a
généralement 5 ctm. d'épaisseur et s'en va ensuite en diminuant vers l'intérieur.
G est surtout en dessous des gros arbres qu'elle se trouve fine, sans mélange et
compacte. Après ce travail de désagrégation et de ghssement, ce qui restait de la
couche de marne sur les feuilles retenues par la mousse, n'était que de minces
plaques qui tombèrent avec elles dans l'intérieur de l'excavation, où on les re-
trouve partout encore attachées aux feuilles.
6.— La dernière couche, celle qui repose directement sur la terre vierge ou la
pierre marneuse, est une espèce de terreau noir-brun et gras, dégageant une
— 437 —
forte odeur d'hydrogène sulfuré. L'analyse que M. l'abbé Dubois en fit feire au
laboratoire du collège Saint-Joseph de Virton, démontra qu'elle était uniquement
composée de matières organiques. Soumise à l'action du feu, il ne resta ni char-
bon, ni terre, ni autre résidu que des cendres.
Cette terre renfermait des tas de brindilles dans la partie la plus basse et le
long du talus occidental. Servaient-elles de litière ou à recueillir l'humidité du
sol ? Les deux hypothèses sont possibles. En tout cas, la couche était ici beau-
coup plus forte (45 ctm.) que dans le reste de la mardelle, où elle atteignait géné-
ralement 20 ctm. Il faut cependant en excepter un point central plus élevé, où
elle n'avait que 10 ctm. De ce point la pente du terrain allait en augmentant
vers le midi, l'ouest et le nord où se trouvait l'entrée du canal, de sorte que les
eaux devaient suivre le talus occidental pour y arriver. La difiérence du niveau
du premier point au canal est de 50 ctm., suffisante donc pour l'écoulement des
eaux.
Cette épaisse couche de terreau ne s'explique que par une longue habitation.
Ce sont des détritus de toute sorte apportés par les pieds des hommes et des
animaux et piétines sur place, de manière à former une couche très dure qui, par
le séjour séculaire dans les eaux, a fini par se ramollir.
Les mardelles servaient originairement de refuge aux hommes et aux animaux
comme on le voit encore actuellement dans les pays primitifs ou dans les pays où
la civilisation a rétrogradé, comme en Syrie. Là, la famille reste d'ordinaire à
l'entrée, près de la porte par où entre l'air et la lumière, et les animaux sont
relégués au fond. Dans les mardelles, le foyer qui marque bien le séjour de
l'homme, se trouve vers le talus supérieur, donc en haut de l'habitation.
Il en est ainsi également de celle de Rulles. A six mètres du talus supérieur
et à 1 m. 60 de profondeur, se trouve un petit enfoncement, où l'on découvrit des
charbons et des tisons, restes du foyer. On trouve encore quelques tisons un peu
plus loin vers l'ouest et, à 1 m. 20 dans la même direction, deux écailles de
mollusques. Quant au mobilier des mardelles, il est fort rare. La raison en est
qu'elles ne furent pas abandonnées subitement, à la suite d'une guerre d'extermi-
nation ou d'une catastrophe quelconque, mais lentement par suite du progrés de
la civilisation, surtout dans l'art de bâtir introduit par les Romains, dont on re-
trouve d'ordinaire les constructions à peu de distance. Les occupants avaient donc
le temps d'en emporter tout ce qui pouvait leur être de quelque utilité.
Dans celle-ci, on a trouvé au fond à l'est une branche coudée, taillée en biseau
semblable aux charues primitives, dont on se sert encore dans quelques pays à
culture facile et négligée, comme en Palestine.
Au courant des travaux, on trouva aussi une planche rabotée et, à l'entrée du
canal, une pierre marneuse, qui semble avoir servi de polissoir.
— 438 —
En fait de mobilier et d'objets de vitrine, c'est bien maigre.
Si sous ce rapport, le résultat des fouilles est sans importance, comme il fallait
s'y attendre, d'un autre côté, le point principal, qui était de constater qu'une
toiture unique couvrait cette immense excavation, fut complètement atteint.
Malgré les doutes émis sur la possibilité, les fouilles ont fourni les preuves que
nonobstant toutes les difficultés à vaincre, le fait existe. Nous devons en con-
clure que pour un tel travail, il fallait le concours d'un nombre considérable
d'hommes et une certaine organisation qui témoigne de l'avancement de la civi-
lisation à cette époque lointaine.
Cette organisation existait avant l'arrivée des colons romains. Ceux-ci con-
struisaient en pierres. Ce que nous avons dit de la toiture peu apparente et de
la profondeur de l'excavation de nos mardelles, les fait ranger parmi les ha-
bitations décrites par César. Celle de Rulles ne peut remonter à l'époque de
bronze : les larges entailles faites aux arbres exigaient l'emploi de la lourde
hache de fer. C'est donc à la période de la Tène qu'il faut la rapporter.
Mais ce qui intéresse surtout, c'est la forme de ces grands fonds de cabane
de forme ovale qui doit être particulière à un peuple, comme encore de nos
jours, chaque nation a son architecture propre. Mais quel est ce peuple? En
étudiant l'aire de dispersion de ces cabanes, et en les étudiant partout, comme
l'on a fait en Lorraine, quelles données précieuses on pourra recueillir pour
l'histoire de nos populations préhistoriques. Voilà certes un objet d'étude très
intéressant pour toutes les sociétés archéologiques de nos coiltrées. Aussi,
comme nous l'avons déjà fait dans nos Annales et au congrès de Dinant, faisons-
nous de nouveau appel à leur concours pour l'étude de cette question.
F. LoES.
Fouilles au lieu dit « Vieille Eglise ^, près de Rulles.
Lors des fouilles à la mardelle de Rulles, nos ouvriers et de nombreux visi-
teurs de ce village nous parlèrent des ruines d'une ancienne église, située à un
quart de lieue au delà du village sur une butte élevée, qui porte encore le nom
de " vieille église » (1). Tout ce qu'on en savait en dehors de la tradition qui y
fixe le siège d'une ancienne paroisse régionale, c'est que le curé Kenler (1843-
( 1) Le plateau dont elle fait partie, porte aussi le nom Je. « Chaurnont *.
— 439 —
1862) y fit beaucoup de recherches, et que dans les ruines se trouvent de nom-
breuses briques. Mais on ignore complètement ce que M. le curé, qui fut arrêté
dans ses fouilles par les propriétaires, a trouvé et il n'a laissé aucune relation de
ses recherches, pas même la moindre mention dans les archives de la cure. Les
briques qu'un de nos ouvriers nous rapporta, étaient des briques et des débris de
tuiles romaines.
Les ruines proviennent donc d'une construction romaine ou postérieure élevée
avec les matériaux d'un bâtiment de cette époque. Mais cette vieille église, dont
on ne trouve aucune trace dans les archives, que la tradition s'obstine à regar-
der comme le centre d'une ancienne chrétienté, et qui se trouve parfaitement
dans les conditions de semblables églises, établies sur une butte élevée, à proxi-
mité de la grande forêt et d'une vallée aux nombreux villages, fort peuplée
sous les romains, ne serait-elle pas antérieure à nos archives ou peut-être une de
ces cellae romaines décrites par l'abbé Sulbout dans nos annales, ou une basilique
comme celle de Misbour dont j'ai encore vu les fouilles ? Certes la question méri-
tait d'être étudiée ; les fouilles furent décidées et le secrétaire de l'Institut se
chargea avec M. l'abbé Dubois de les diriger ensemble et de les surveiller alter-
nativement, ce qui fut fait pendant l'octave de Pâques 1913.
Nos deux fidèles fouilleurs de la mardelle, MM. Bodeux et Kolbach, entrepri-
rent le travail rendu assez diflîcile par les ronces et les épines qui avaient envahi
les ruines. Le champ où elles se trouvent, est un terrain vague de la forme
d'un triangle. La base, au midi, a 40 m., le côté ouest 65 et l'est 60 mètres. Le
point principal des ruines est au centre et à l'ouest. Un talus assez élevé longe
la base du triangle. Le dessus de ce talus fut d'abord exploré par une tranchée
qui ne révéla rien d'autre qu'une petite source vers l'est. On examina aussi plu-
sieurs tas de pierres qui se trouvaient en dehors de la partie principale des
ruines. On n'y trouva rien, ni aucun indice de substructions. II fallait aborder
alors l'immense tas de pierre occupant le centre et l'ouest, entièrement couvert
d'épines. Une tranchée fut ouverte, le traversant de l'est à l'ouest et allant
jusqu'à la terre vierge ; on en fit une seconde plus tard mais dans un autre
sens. Tout avait été saccagé et arraché jusque dans les fondations ; pas un pan
de mur n'était resté debout ; mais partout on trouva les vestiges de la cons-
truction romaine. Ce n'est qu'en attaquant un point plus élevé, contre le côté
ouest et à 12 m. 60 de la base, qu'on trouva de la maçonnerie. C'étaient les
restes d'un hypocauste romain.
La partie inférieure ou le sous-sol en était encore très bien conservée, elle
formait une place carrée mesurant 3 m. 80 de côté. Les piles de briques carrées
de 18 ctm. de côté se trouvaient presque toutes en place, mais ne conservaient
plus leur hauteur primitive qui devait être de 60 ctm., elles étaient disposées
~ 440 —
par rangées, 7 dans un sens et 8 dans l'autre, mais à des distances inégales les
unes des autres. Des tuiles dont on avait abattu les bords, couvraient le fond et
les murs autour de la place à 60 ctm. de hauteur. Le pavement qui reposait sur
les piles, était complètement détruit. Il ne restait plus qu'une seule brique entière
des grands carreaux reposant directement par leurs coins sur les piles ; elle
mesurait 55 x 48 x 6 ctm. et était percée aux quatre coins de petits trous
N,
1
^
3. -""S Or
QOoa ùo'^ an
a /^a a a a
Q Q a a Q
A
1
.0.16
0.16
J}^a2^£^^^ ^2
1 1 i ( ! ' I ' '^ ' . '
>N
servant sans doute à mieux la maintenir sur les piles. A côté gisait un gros
clou et un fer recourbé en œillet et sous forme de crochet. Elle fut trouvée près
du foyer et était encore noircie d'un côté.
Le foyer se trouvait à l'est entre deux murs de briques larges de 45 ctm., à 90
ctm. du coin sud et s'avancant à l'intérieur de 85 ctm. Leur longueur totale
était de 1 m. 70. L'entrée, sur environ un mètre de longueur, était dallée de
_ 44! —
briques mises sur tranche. Près du foyer, on trouva deux tuyaux de briques car-
rées, juxtaposées, reposant par leurs bords extérieurs sur deux piles, de manière
à former l'entrée d'une cheminée d'attirage.
Tout à côté, vers le nord, se trouvait une seconde place de même grandeur,
mais à un niveau supérieur de 70 ctm. Le mur qui bordait ces deux places à
l'ouest, était un mur extérieur se prolongeant des deux côtés au delà, à une dis-
tance qu'on n'a pu déterminer, parce que les fondations mêmes étaient détruites.
C'est tout ce qui reste de l'ancienne construction. Le curé Kenler avait tout
renversé pour retrouver les restes de l'ancienne église.
On trouva encore dans les ruines de nombreuses briques creuses, à trous le
communication latérale, pour la circulation de l'air chaud dans les murs autour
des chambres. Mais à l'exception des deux mentionnées plus haut, il n'en restait
que des débris.
Dans les places conservées, on trouva aussi a) de larges plaques de crépi
peintes en quatre tons (rouge, jaune, noir et vert-bleu) formant lignes d'en-
cadrement avec rinceaux de fleurs et de feuillage ; b) une moulure en mor-
tier peinte en rouge et c) de-ci, de-là des clous en forme de T.
Dans une tranchée à travers les épines, on trouva un col de jarre, un poids
de balance, un morceau de fonte, reste d'un outil de jardinage, du béton ro-
main et des tessons de poterie ordinaire.
Nous devons ajouter qu'au témoignage de plusieurs personnes parfaitement
au courant des traditions de l'endroit, on a détruit, il y a une dizaine d'an-
nées, plusieurs tombes pour inhumation, un cimetière disaient d'autres, qui se
trouvait à une centaine de mètres vers le sud-est, au penchant de la colline
vers la Semois. Seraient-ce peut être ces tombes découvertes dans un temps foj-t
reculé, qui auront fait donner à nos ruines le nom de " Vieille-Eghse ^ ? C'est
possible, mais il faut regretter que ces tombes sont détruites. On aurait pu peut-
être y trouver des indices. Dans les ruines on n'a rien trouvé qui puisse se rap-
porter au culte chrétien. P- L-
Trois Mardelles à Preylange et une à Viville.
En dressant la carte des vestiges romains et des mardelles de l'arrondissement
d'Arlon, j'ai dit qu'il n'est pas toujours facile de découvrir ces vestiges du passé,
ni dans les bois qui sont parfois trop touffus, ni dans les campagnes où tes . tra-
— 442 —
vaux de culture les ont recouverts et détruits, et j'ajoute, où parfois aussi parce
que certaines moissons trop grandes les cachent.
C'est ce que j'ai pu remarquer au dernier printemps en passant dans les
champs de Viville, où j'ai reconnu entre le sentier et le chemin de Freylange, au
sortir du village, les traces d'une ancienne mardelle.
Plus loin, sur le territoire de Freylange, un kilomètre au nord du village, à
cinq cents mètres d'une grande villa romaine et à l'origine d'un vallon qui des-
cend vers le HôU-fra-steen, ce souvenir intéressant de la mythologie franque,
j'ai trouvé trois autres mardelles transformées en prairies et déformées en partie
pour les besoins de la culture.
F. L.
Fouilles d'un cimetière franc à Godincourt près de Musson.
En novembre 1912, M. Steinbach, en voulant nettoyer un champ qu'il venait
d'acheter à Godincourt, eut son attention attirée par des pierres qui trop rap-
prochées de la couche arable, rendaient le labour difficile ; il remarqua qu'elles
ne provenaient pas d'une couche rocheuse, mais d'anciens murs entourant des
squelettes, dont plusieurs étaient accompagnés d'armes et de poteries. L'institu-
teur de Musson, M. Navet, signala le fait par l'intermédiaire du gouvernement
provincial à l'Institut archéologique, en émettant l'hypothèse que ces tombes
pourraient bien provenir du cimetière de l'ancien village de Musson, situé, d'a-
près la tradition, un kilomètre plus à l'est, près du hameau de Godincourt, à
l'emplacement des petits jardins qui s'étendent à l'ouest de cette localité. Il eut
de plus l'amabilité de nous accompagner dans nos premières visites et de nous
donner tous les renseignements relatifs à la topographie et aux fouilles déjà
faites. Il nous apprit aussi que le cantonnier M. G. Michel découvrit, il y a
quelques années, des tombeaux semblables dans un champ voisin, mais qu'ils
furent tous détruits. Toutes ces tombes, d'après la description qu'on nous fit et
les objets qu'on nous montra, étaient franques.
L'endroit, où se trouve ce cimetière, s'appelle « Au dessus la Chapelle «, d'un
petit oratoire construit en 1735 dans l'angle est des chemins de Rachecourt et
de Battincourt, par François Jaquet, ainsi que porte une inscription gravée sur
le linteau de la porte. Mais au cadastre, cette partie du ban de Musson porte le
nom de Grand-Faing, d'un bois de hêtres qui la couvrait. Un chemin de vidange
partant de la chapelle, monte dans la direction N.-E. et traverse en biais et vers
- 44:
le milieu le champ de M. Steinbach. Le cimetière se trouve à gauche, en haut
et au bout du champ, à environ 50 m. du chemin, 150 m. de la chapelle et
150 m. du chemin de Rachecourt. Il occupe la partie supérieure d'un promon-
toire regardant le soleil levant et donnant vue sur le beau vallon de la Batte
jusqu'au moulin de Halanzy. L'endroit était admirablement choisi poui- un cime-
tière franc. Toutes les tombes étaient orientées et alignées comme au plan ci-
dessous.
Les parois des fosses étaient revêtues d'une maçonnerie à sec, à un seul pare-
ment formant l'intérieur de la tombe. Dans ces murs n'entraient que des pierres
du bajocien de Longwy, abondantes sur les hauteurs boisées au sud de Musson,
In, ? 3 't
iï
i i
iH
et des pierres plates ramassées sur le terrain. Dans l'une des tombes, les deux
extrémités étaient fermées par une grosse pierre de taille provenant d'une cons-
truction antérieure et dans quelques autres par des pierres plates de macigno, po-
sées de champ, connues au pays sous le nom de " cladasses ". On trouva aussi au
fond de plusieurs tombes et dans des murs, adhérant encore aux pierres, des mor-
ceaux de béton romain. Mais ces pierres avec les restes de béton qui y adhé-
raient, étaient rapportés et provenaient d'une construction romaine en petit ap-
pareil. Beaucoup de ces pierres portaient aussi des traces de feu, comme on le
voit dans les ruines de nos villa romaines.
Aucune tombe n'était dallée, et on ne remarqua aucune trace de couvercle ni
en bois ni en pierres, alors qu'il aurait été si facile de les recouvrir de ces gran-
des pierres plates de l'endroit. Cependant dans quelques tombes on remarqua
de minces lames de pierres ferrugineuses recouvrant le fond et môme le corps.
— 444 ^
Les tombes mesuraient en général 1 m. 70 de longueur, 0 m. 60 de largeur et
Dm. 40 de hauteur du fond à la couche arable. Ce peu de profondeur explique
pourquoi les corps et les ossements étaient dans un état de décomposition telle-
ment avancée, que souvent il ne restait plus que le crâne et les fémurs.
Les tombes mises à jour sont au nombre de dix-huit. En voici la description
en suivant les numéros d'ordre du plan ci-devant.
\. Cette tombe, ainsi que les deux suivantes, se trouvait à la limite occiden-
tale du champ ; elle était de moyenne grandeur et ne renfermait aucune arme.
II. Celle-ci était des plus riches; elle renfermait un scramasaxe avec le cou-
teau ou poignard, une garniture en bronze d'un fourreau d'épée, une plaque de
ceinture en fer ornée de trois clous de bronze, et de cinq boutons à tenon, por-
tant en petit relief un entrelac de quatre bandes, formant au milieu un carré et
se terminant chacune sur le pourtour par une tête de serpent.
III. Celle-ci dépasse en importance toutes celles qu'on a mis à découvert dans
ce cimetière. Les deux extrémités étaient fermées chacune par une grande
pierre de taille provenant d'une construction antérieure. Les parois latérales
étaient construites en grande partie avec des pierres de petit appareil d'une
construction rumaine dont plusieurs étaient en pai'tie calcinées. Au fond et dans
les murs, on trouva des restes de béton romain, soit libres, soit adhérents en-
core aux pierres. A côté du corps se trouvait une pierre à aiguiser, ainsi qu'un
briquet avec silex ; un manche en cuivre long de 9 ctm. et large d'un et demi,
auquel était fixée par deux rivets une lame très fine, mais complètement oxydée ;
un scramasaxe et aux pieds, les débris d'une poterie noire.
IV. Complètement saccagée, sise à la limite du champ, oft quelques années
aupai'avant M. Michel avait trouvé des tombes analogues.
V. Cette tombe fut fouillée en présence de notre vice-président, M. Beco. On
y remarqua, à la place des pieds, des minimes restes de bronze ; à la ceinture, une
belle boucle en bronze très ornementée et, en fait d'ossements, seulement des
traces, comme les parties les plus dures des fémurs et des humérus et la partie
postérieure du crâne. La tête était inclinée à droite. C'était une tombe de
femme ,
VI. Cette tombe avait été violée. Il n'y restait plus ni corps ni mobilier.
VII. Celle-ci parait également une tombe de femme. Elle ne renfermait plus
qu'un bouton à tenon de bronze, à bord grenelé ; un objet en cuivre ressemblant
à une lame minuscule, longue de 3 ctm. 1/2, large d'un ctm, très mince, com-
plètement oxydée, portant encore le rivet par lequel elle était fixée au manche,
et une plaque de ceinturon en bronze assez grande, ajourée et ornée.
VIII. Cette tombe ainsi que la 3* et la 6*, renfermait dans les murs des pierres
— 445 —
d'une construction romaine antérieure. Le crâne dolichocéphale comme celui des
francs, était très bien conservé. A côté du corps se trouvaient un scramasaxe et
les restes d'une grande épée, tellement rouillée qu'elle cassa en plusieurs mor-
ceaux en la soulevant.
IX. Cette tombe fut fouillée en présence de M. l'abbé Alexandre, notre collè-
gue, curé à Musson. Elle mesurait à l'intérieur i m. 70 sur 0 m. 45 et 0 m. 60
de profondeur. Le fond était tapissé de minces feuilles d'une pierre ferrugineuse
de l'endroit ; on en avait recouvert aussi le corps Les ossements étaient relati-
vement assez bien conservés. Le fémur mesurait 0 m. 45 et l'humérus 0 m. 31.
La taille était de 1 m. 67. Les bras étaient couchés le long du corps, comme
dans les autres tombes. On n'y a trouvé que la boucle du ceinturon en bronze et
une urne placée aux pieds. C'était une tombe de femme.
X. Les fouilles ne produisirent rien.
XI. Tombe de guerrier. On y trouva le scramasaxe avec longue soie recou-
verte d'un manche en bois, une boucle en fer et des tessons d'une urne.
XII. Celle-ci renfermait également un scramasaxe avec manche en bois. La
boucle du ceinturon en fer était mangée en partie par la rouille.
XIII. Ossements presque totalement consumés. Urne bien conservée.
XIV. Cette tombe fut fouillée en présence de M. l'architecte Haverland. Il ne
restait plus guère des ossements que la base du crâne. A côté du corps se trou-
vait le scramasaxe avec les restes d'un couteau ou poignard et, aux pieds, une
urne ebréchee.
XV. On y trouva une boucle de ceinturon assez bien conservée et la pointe
d'une épée et d'un couteau.
XVI. Les fouilles ne donnèrent aucun résultat.
XVII. On y trouva les restes rouilles d'une pointe de couteau ou d'épée.
XVIII. On n'y trouva, à côté des ossements consumés, que les restes d'un cou-
teau et l'urne.
Beaucoup de tombes avaient été violées auparavant. On ne trouva aucune
médaille. Ce cimetière parait du V^ siècle.
F. L.
4 46
Le cimetière Tomain du Hohgericlit en face
de la Station d'Arlon.
C'est certainement un des plus beaux de la Belgique. Hélas, il est maintenant
entièrement saccagé et des curieuses trouvailles qu'on y a faites, le plus grand
nombre a quitté le Luxembourg sans probablement y revenir, à l'exception ce-
pendant des intéressantes collections d'un de nos membres les plus dévoués.
Déjà en 1906, M. J.-B. Sibenaler, notre conservateur et co-propriétaire alors
d'une partie de ce cimetière, en avait signalé l'importance et décrit une quaran-
taine d'objets y découverts (Voir Annales T. 41, p. 171-174-277-289 et T. 44,
p. 322-328).
Mais les propriétaires sont maîtres de leurs terrains et ce sont des archéolo-
gues amateurs qui obtinrent l'autorisation d'y faire des fouilles. Leurs travaux
sont terminés maintenant ; ils ont tous quitté Arlon. La partie la plus riche et
la plus intéressante se trouve au coin N.-E. du plateau, dans le pré de la veuve
Barnich, et seul le capitaine Dohet eut la permission de le fouiller et il l'a si
bien fait qu'il n'y a plus d'espoir d'y faire une découverte de valeur.
Les nombreuses pièces qu'il y trouva, comparées entre elles et ^vec les urnes
trouvées dans les environs, lui permirent de découvrir deux établissements de
potier dont l'un était tout près au midi du cimetière et l'autre plus haut, près du
bois de sapins qni va disparaître complètement.
Le plateau proprement dit comprend environ trois hectares, appartient
à M. Halbardier et fut principalement fouillé par M. le capitaine Kinsbergen.
Ici les tombes étaient beaucoup plus espacées et même assez rares aux limites
sud et ouest du terrain. Le lundi de Pâques de cette année, on défonça le terrain
à trente centimètres de profondeur. Le soc fouillant la terre vierge dix centi-
mètres plus profondément, mit à jour et fît reconnaître, à la couleur noire du
terrain, toutes les sépultures. Une nuée de curieux suivit la charrue pour enlever
les poteries non encore cassées. Averti trop tard, j'arrive juste à temps pour con-
stater le désastre avant que la herse n'ait nivelé et mêlé tout. Cependant j'eus
le bonheur d'obtenir, pour notre musée, du fils du propriétaire, M. Léopold
Halbardier, les trouvailles qu'il regardait comme les plus importantes et que
l'ardeur communicative des archéologues collecteurs lui avait fait ramasser.
Nous lui en exprimons ici nos vifs remerciements ainsi qu'à M. l'abbé Dubois
qui avec les débris a reconstitué les 12 pièces suivantes :
— 447 —
Deux bols (patina) en terre noire, deux plus petits en terre rouge au col arrondi
sans anse et de couleur grise; un autre en terre rouge de même forme, mais
dont la partie supérieure était concave avec un trou assez large à col rentrant
d'un quart de la hauteur de la pièce, de sorte qu'il était impossible de verser
tout le contenu ; un plat (catinum) noir; un autre plus petit rouge; deux patères
moyennes dont une rouge et une autre noire, une troisième, rouge et très grande
et une autre brisée en partie, enfin une cruche en terre rouge à grosse panse
et à une anse.
Outre les pièces reconstituées par M. l'abbé Dubois, M. Halbardier fils nous
remit le contenu d'un loculus ou d'une tombe romaine très curieuse ; elle était
formée comme presque toutes les autres de 4 briques romaines formant les
quatre parois recouvertes d'une cinquième qui s'était enfoncée sous le poids
des terres et avait écrasé l'urne qui se trourait à l'intérieur. Celle-ci formée
d'une terre noire renfermait au fond 5 pièces de monnaies, au-dessus un grain
de collier, un cachet, les débris d'un miroir en métal et par dessus tout, cinq
fibules. Le tout était recouvert d'un couteau de sacrificateur placé de biais
pointe et tranchant en bas. F. L.
Le cimetière l'oiiiain des Quatre-Bras à Arlon.
En creusant les citernes de deux maisons construites cette année à gauche de
la route de Luxembourg, à 75 mètres environ avant d'arriver à l'entrecroise-
ment des routes de Longwy et de Luxembourg, on a mis à jour une partie du
cimetière romain signalé jadis par M. Prat aux Annales et dans son Histoire
d'Arlon.
M. le directeur des travaux de la ville prit soin de surveiller les travaux de
déblaiement, obtint des ouvriers des restes de plusieurs tombes et les fit déposer
au musée provincial. On trouva d'abord des débris d'urnes sur une ligne lon-
geant la route à deux mètres de distance. Ces débris avaient moins d'importance.
Mais 10 mètres plus loin, longeant également la route dans l'encoignure nord de
l'encroisement, on trouva à deux mètres de profondeur, au fond des citernes des
deux maisons, distantes de 2 mètres l'une de l'autre et mesurent 2 = 4 m., une
seconde rangée d'urnes funéraires et de débris de poterie. Pas un seul objet n'é-
tait resté en entier, mais on pourra en reconstituer plusieurs. Les débris déposés
proviennent de deux urnes, de trois cruches dont 2 avec anse, d'une amphore,
d'une patère en fausse samienne et d'un vase en terre noire.
F. L. .
— us —
Le Tombei*0 et le Landgrof.
Ces deux importants ouvrages de terre que les Wallons désignent sous les
noms de moutte (motte) ou boudge (bauge) des renards et de Tranchée de
l^iccolome ont fait l'objet d'une étude signée par M. le D"" Raeymackers et publiée
sous le titre de « Le Tomberg et la Tranchée de Piccolomini à Vance (Luxem-
bourg) " dans la F'^ livraison des Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles
(T. XXVII, p. 101-106). Cette étude à laquelle l'auteur a ajouté des références
complètes, ce qui est excellent, bien qu'elle ne nous apprenne rien de nouveau,
demande cependant quelques rectifications et explications.
D'abord ce n'est pas sur le territoire de la commune de Vance, mais sur celui
de la commune de Hachy que se trouve la butte artificielle du Tomberg. La
Tranchée fait limite entre les deux.
Aussi ce n'est pas à la commune de Vance, mais à celle de Hachy, que l'auto-
risation de faire des fouilles au Tomberg fut demandée, et cette demande fut faite
en 1909, sur la proposition du secrétaire, par M. le Président de l'Institut archéo-
logique du Luxembourg uniquement en faveur de cette société. Examinons
d'abord la question du Tomberg.
I. Le Tomberg. — Les mesures que M. Raeymackers donne de cette butte
sont, faute d'explications suffisantes, de nature à embrouiller tout, comme ce fut
jadis le cas pour le fortin du Kasselknap (v. An. de l'Inst. T. XXI, p. 219-225).
Il faut remarquer d'abord que cette butte se trouve sur un terrain en pente et
qu'elle a la forme d'un cône tronqué, dont les différentes surfaces ou plans n'ont
pas la régularité d'une figure géométrique. Notamment le pied s'élargit par une
pente tellement douce qu'il est difficile d'en déterminer la limite. C'est ainsi que
M. R. donne pour périmètre 125 m., tandis que je n'en ai donné que 150. Il
aurait pu même en donner 200, en étendant davantage la limite de la base. Il
donne pour hauteur 6 m. 80, tandis que j'en ai donné 10. La première mesure
est évidemment piise en amont ; la seconde le fut approximativement en aval.
Il donne pour inclinaison des flans 45 °/o, ce qui est fort exagéré, et donnerait
avec le périmètre de 175 m. et la hauteur de 6 m. 80 (les trois seules mesures
qu'il donne de la butte), pour étendue de la plate forme, un chiffre plus que
double. Or celle-ci a pour diamètre moyen tout au plus 25 m. Elle est actuelle-
ment complètement déformée, surtout à l'ouest et au centre, par les fouilles fai-
tes pour découvrir le trésor caché, d'après la légende, au fond de la butte. La par-
tie opposée présente un rebord d'un mètre et demi d'élévation, et pourrait être
le reste d'un retranchement entourant le haut de la butte et la transformant en
cuvette, comme le petit camp de Heinstert,
— 449 —
En ce qui concerne l'origiDe et la destination de cette butte, je n'ai nullement
été aussi afflrmatif que paraît le dire M. R. J'en ai parlé une première fois dans
un article demandé pour le Congrès archéologique d'Arlon de 1899, où après
avoir sommairement donné quelques raisons en faveur d'une tombe aussi bien
qu'en faveur d'un ouvrage de défense, je dis formellement qu'il faudrait faire des
fouilles, pour avoir quelque chose de positif sur ces deux points. Ce fut ensuite
quelques années plus tard dans une conférence donnée au Deutsche Verein,
qui ne fut qu'une briève énùmération des antiquités romaines de l'arrondissement
d'Arlon. Je l'annonce, en deux mots, comme tumulus et comme castel selon la
tradition de la partie allemande. Il en fut de même pour la carte qui fut jointe
à la traduction française faite à mon insu et sur ce point pas tout à fait exacte.
C'est tout.
Il est évident d'après cela, que pour avoir mon opinion entière sur cette ques-
tion, il faut remonter au premier écrit. Or, là précisément, je fais appel à la
nécessité de faire des fouilles pour découvrir la vérité. M. R. se trompe donc
dans ses appréciations sur ce point. Il se trompe encore, s'il croit que les grands
tumulus furent si rares au sud de Tongres,ou dans nos parages dont il s'agit. Il
en existait un près de Waltzing qui fut certainement romain ; un autre près
d'Athus qui fut, à mon avis, insuffisamment fouillé ; un troisième dans les prai-
ries en dessous de Kolbach dont les terres furent conduites dans les prairies pour
les amender et qui, au niveau du sol, recelait des ossements, un quatrième plus
bas, à la jonction de ce ruisseau à l'Attert, qu'on prétend avoir eu la même im-
portance et dont les terres servirent également à assainir la prairie ; celui de
Miltombe (Bastogne) fut décrit dans nos Annales, et M. l'architecte Haverland
nous renseigna un autre plus au nord de la province. Il est probable qu'on en
trouverait encore d'autres en scrutant tous les recoins de la province.
M. R. dit que d'après les idées admises, les grands tumulus belges n'auraient
servi de postes d'observation que pour les commandants des corps de troupes qui
ont guerroyé dans notre pays au moyen-âge. Cela est loin d'être admis par
tout le monde, et que fait-il des tumulus romains deTongres qui étaient certaine-
ment romains et dont plusieurs furent des postes d'observation ? Il parle aussi
du grand respect des romains pour les tombeaux de leurs ancêtres, et oublie
qu'à partir de la fin du IIP siècle les romains utilisèrent même les plus beaux
monuments pour des travaux de défense. Plus de cent villes de la Gaule dont
les fondations sont bourrées de monuments romains en sont la preuve. Peu
importe qu'on explique ce fait par l'invasion des barbares, le déclin du paga-
nisme ou le progrès du christianisme, le fait est que les romains se servirent
même des monuments funéraires pour ces ouvrages de défense. Pourquoi dés
lors, dans ces tristes temps de guerre et d'invasions, ne se seraient-ils pas servi
30
— 450 —
dans le même but d'une butte qui peut-être n'était pas même d'origine romaine,
ou dont la destination primitive fut perdue de vue dans la suite des siècles?
Mais il n'est pas même démontré que le Tomberg fut un tumulus. Cependant
il y a des raisons en faveur de cette thèse : c'est d'abord la forme de la butte
qui, malgré ses dimensions extraordinaires, a cependant la configuration des
tertres funéraires et puis, c'est le nom même de Tomberg qui signifie monticule du
tumulus, à moins de le faire dériver du celte «tonn«, qui signifie montagne. Or,
dans tous les lieux-dits luxembourgeois en tum, on trouve d'anciennes sépul-
tures et des urnes funéraires. (Voir Frontière linguistique de M. Godefroid
Kurth et Congrès d'Arlon de 1899). Quant au tumulus d'Athus, les fouilles
n'ont suffi qu'à constater qu'il n'y a pas de grande sépulture.
D'autres raisons militent en faveur d'un poste d'observation, comme ceux que
les romains avaient l'habitude d'élever le long des voies et des vallées sur des
buttes élevées, isolées naturellement ou artificiellement, dominant monts et val-
lées, communiquant avec d'autres postes et à proximité d'une source d'eau ou
d'une rivière. Or le Tomberg se trouve dans ces conditions et à 200 pas, au midi,
commence une fange où se trouve une source. La protection de la voie mililairede
Trêves à Reims, ainsi que l'encerclement au moyen de fortins comme àTongres,
exigeaient aussi un poste d'observation à cet endroit. Dans un rayon très étendu,
on ne trouva pas un emplacement plus convenable. Seulement la diflSculté, c'est
que ce poste exigeait aussi une tour pour communiquer avec Arlon et sur cette
motte de sable, il n'y avait pas moyen d'en construire une en maçonnerie et on n'en
trouve aucune trace. Si une tour y fut élevée, il faut qu'elle ait été construite en
bois comme celles dont les armées romaines renforçaient leurs retranchements
(V. Pitiscus, Lexicon antiq. rom., v turris). C'est une conclusion qu'il faudrait
maintenant prouver par les faits. Mais comme dans une terre sablonneuse et
aussi remaniée que celle du Tomberg, le bois ne se conserve pas et que les traces
ont dû disparaître, il est facile de dire qu'on n'en fournira pas la preuve. Les
hypothèses ne sont qu'un moyen d'investigation et, comme telles, permises ; mais
ce qui ne l'est pas, c'est d'être inexact dans ses descriptions. La science repose
sur des faits et tout fait bien décrit est un acquis à la science.
Contre la thèse que le Tomberg serait peut-être d'origine assez récente, on
peut invoquer un document historique : l'acte d'affranchissement de Villers-
Tortru, du 8 décembre 1282, qui le mentionne déjà sous le nom de motte par le-
quel la population le désigne encore parfois de nos jours.
IL— «' La Tranchée ou le Landgrof ». — En examinant de près cet ouvrage, on
remarque qu'il consiste en une levée de terre qui n'a plus guère qu'un mètre
d'élévation et qui était bordée de chaque côté d'un fossé presque comblé aujour-
— 451 —
d'hui par les pierres et les mauvaises herbes enlevées des champs et par les ter-
res que la charrue y amène aux tournants.
Telle quelle, cette tranchée diffère complètement de celle qu'on appelle Land-
grof à Heinstert et à Nobressart. Celle-ci n'est qu'un fossé sans levée de terre
et, le plus souvent, il ne présente qu'une dépression du sol ressemblant parfaite-
ment à un vieux chemin abandonné, plus raviné aux penchants, moins «ur les
plateaux et presque sans trace dans les fonds.
La tranchée de Tombergne commence qu'à environ 150 m. de la butte, tra-
verse le plateau du midi au nord dans la direction de Villers-Tortru sur une
longueur de 450 m. On n'en remarque plus de traces à la descente vers la route
de Bouillon, Un sentier la continue ici et débouche, à la route, directement sur
un chemin de terre qui conduit au hameau de Villers-Tortru. D'ici à Heinstert
et au-delà, on ne retrouve aucune trace de ce fossé ni dans les champs ni dans
les bois, et j'ai eu beau faire appel au souvenir des villageois des endroits
intermédiaires, on n'en a jamais entendu parler ni remarqué des traces.
Ce qu'à Heinstert, ainsi qu'aux villages voisins, on appelle Landgrof, est un
fossé qui se trouve à quatre kilomètres environ au nord de ce village, en pleine
forêt. Il traverse de l'ouest à l'est le bois de la Passe du Cerf et descend en
biais vers la RuUe. C'est en haut de la descente qu'il est le plus profond et le
plus large. Les berges y ont, d'un côté deux, de l'autre trois mètres d'élévation
et le fond a environ cinq à six mètres de largeur. En compagnie de MM. les
abbés Balter et Ch. Dubois, nous l'avons suivi vers l'ouest jusqu'à la sortie du
bois vers Velessart, et cherché dans la direction opposée ses traces, à travers
bois et fanges, également jusqu'à la sortie du bois, au ru venant de la Folie. Or,
sur toute cette longueur d'une lieue, il ressemble complètement à un vieux che-
min raviné.
Remarquons que la direction que suit ce fossé, est diamétralement opposée à
celle de la frontière linguistique entre la population allemande et wallonne :
celle-ci va du nord au sud. Dans cette dernière direction, nous n'avons pu
retrouver aucune trace de fossé ni de délimitation quelconque.
L'abbé Welter en parlant du Landgrof, n'a fait que rapporter, sans examen
et sans contrôle, une tradition populaire basée sur le mot de Landgrof. Ce qui
prouve qu'il ne connaissait nullement les heux, c'est qu'il étend la vallée de la
Semois jusqu'à Heinstert, tandis que pour arriver à ce village en partant de
Vance, il faut traverser tout le haut delà vallée de l'Attert, ou faire le détour
par la ligne de séparation des eaux de l'Attert et de la RuUe.
L'abbé Welter nous dit aussi qu'à Vance, on attribue le Landgrof à Piccolomi-
ni. Sur quoi est basée cette tradition ? On ne le sait. Peut-être que les troupes de
— 452 —
ce général, qui ont laissé un si triste souvenir dans le pays, ont campé à cet
endroit, puisqu'elles avaient un camp à Vance qui en est si peu éloigné. Mais il
se peut aussi que nous soyons ici en présence d'un cas qui se présente souvent
dans le Luxembourg. C'est que les gens du peuple intrigués par ces anciennes
ruines dont l'origine leur est inconnue, les attribuent à un ancien événement
marquant du pays plus récent dont le souvenir est conservé. C'est ainsi qu'à
Arlon on attribue aux espagnols l'ancien chemin des lépreux, à Robelmont, aux
Sarrazins, une villa romaine, etc., etc. Les traditions contradictoires des deux
populations, allemande et wallonne, en semblent une preuve. Il faut donc cher-
cher la solution ailleurs, soit dans des fouilles, soit dans les anciens documents
historiques. Sous ce dernier rapport il ne semble pas inutile de rappeler ce que
nous l'apprend l'acte d'afîranchissement du 28 décembre 1282. Villers et Tortru
formaient auparavant deux villages distincts, ayant chacun ses terres propres,
qui furent probablement déjà délimitées par la Tranchée ou le Landgrof puis-
qu'il se dirige directement sur le village comme pour le partager en deux. Actu-
ellement il sert encore de limite entre les bans des communes de Vance et de
Hachy, et cependant pour former la ville neuve de Villers-Tortru, le comte
Thirion avait donné pour sa part la motte (le Tomberg) qui se trouve du côté
oriental de la Tranchée sur le ban de Hachy. Dans le même acte écrit en fran-
çais, Tortru est orthographié Torterut qui rappelle la forme allemande Torteraidt
et ferait croire que ce petit hameau fut allemand. En y passant dernièrement je
n'ai entendu parler que l'allemand ; une seule personne, m'a-t-on dit, fait excep-
tion. Cependant les enfants doivent se rendre à l'école à Vance où l'on n'enseigne
que le Irançais. Sous le rapport archéologique, observons encore que la tranchée
forme avec le chemin traversant Villers-Tortru une ligne directe et continue
reliant le Tomberg à la grande voie militaire des Romains de Trêves à Reims.
F. L.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DU 24 AOUT 1913.
La séance eut lieu dans.la grande salle du Musée archéologique à 10.30 et fut
présidée par M. Beco, procureur du Roi, vice-président de l'Institut.
Le président Wilmart, par suite d'un retard du train, n'arriva qu'à la fin de
la séance.
Sont présents : MM. Beco, Knepper, Gratia, J.-B. Letain, E. Letain,
Remisch, Blum, J. Hubert, Lefèvre, Lambinet, Haverland, Jacob-Duchesne,
Kinsbergen, L. Sibenaler, Loes, Wilmart.
Se sont fait excuser : MM. Goliez, L. Cornu, A. -P. Gengler, Oscar Rogier,
Dubois, Claude, Theisen, Habran, Dufort, J.-B. Sibenaler, Wavreil, Vannérus.
1. M. le Secrétaire résume le procès-verbal de la dernière séance. Il est
approuvé sans observation.
2. M. le secrétaire-trésorier donne ensuite lecture des recettes et des dépenses
de l'exercice 1912 avec quelques explications sur plusieurs chapitres, notam-
ment sur la bibliothèque. Ce compte dont le libellé suit, fut également approuvé
sans observation.
Compte de l'année 1912.
RECETTES.
Excédent de l'exercice précédent ....
463,91
Subside de l'Etat à l'Institut ....
500,00
Subside de la province
500,00
Cotisations et vente de volumes ....
1744,78
Intérêt de banque ,
1030
Total
3218,98
— 454 —
DÉPENSES.
Payé à M. Brûck pour les Annales et autres imprimés. . . 1889,07
Salaire des employés, ports et correspondances . . , . 224,50
Service de la bibliothèque 916,36
Service du Musée 176,30
Total 3206,23
Il reste donc un boni de 12,76,
M. van den Gorput en visitant les fouilles de la mardelle de RuUes a payé le
salaire des ouvriers dus en ce moment, soit 67,50, ce dont nous lui exprimons
nos plus vifs remerciements.
3. Furent ensuite nommés membres effectifs de l'Institut :
Sur la proposition de M. l'abbé Dubois :
1. M. l'abbé Arnould, curé à Ghenois (Virton).
2. M. l'abbé Weber, chapelain à Viville (Arlon).
De M. le docteur Lomry :
3. M. l'abbé A.-J. Robert, curé-doyen à Houâalize.
4. M. l'abbé T Doucet, curé à Ottré (Bihain).
De M. Wilmart :
5. M. l'abbé Hanin, chapelain à Biron (Barvaux).
De M. Lambin :
6. M. l'abbé Leyder, curé à Dinez (Houfîalize).
De M. J.-B. Sibenaler :
7. M. l'abbé J. Moreau, curé à Saint-Pierre (Libramont).
De M. Beco :
8. M. Lavallée, professeur à l'athénée royal d'Arlon.
De M. Remisch :
9. M. Edm. Strauss, bijoutier à Arlon.
De M. Gratia :
10. M. Bernauda, notaire à Saint-Léger.
De M. Loes :
11. M. Geubel, Joseph, piqueur provincial à Arlon.
12. M. Michaëlis, X., avocat à Arlon.
13. M''"'" Verhulst, Louise, professeur d'histoire à l'école normale, Arlon.
— 455 —
14. M. Délavai Paul, directeur de la banque arlonaise, Arlon.
15. M. Arend, A. -A., lie. phil., curé à Halanzy.
16. M. Legrain, d"" phil. et let., prof, de religion à l'athénée royal, Arlon.
17. M. Mathaei, Jean, commis des postes, Arlon.
18. M. Delogne Th., docteur en médecine à AUe-sur-Semois.
4. Contributions au <• Corpus inscriptionum belgicarum ».
M. le secrétaire rappelle les décisions prises à la séance précédente et informe
l'assemblée que jusqu'ici, il n'a encore reçu que 24 relevés d'inscriptions, dont 18
de M. l'abbé Dubois et 6 de M. l'abbé Letain, curé à Saint-Médard.
A la demande de M. Haverland, on fit circuler ces dernières dans l'assemblée,
ainsi que deux photographies dont l'une d'un ancien plan du château de Herbeu-
mont, et l'autre d'une copie authentique de l'acte appliquant la loi de Beaumont
à la terre d'Herbeumont (1).
Entre temps un des membres ayant fait la remarque qu'il n'a pas reçu les ins-
tructions ni des fiches, M. le secrétaire rappelle qu'il en reste un certain nombre
à la bibliothèque à la disposition des membres.
Le temps était trop limité pour examiner également les inscriptions relevées
avec tant de zèle et de patience par M. l'abbé Dubois et M. le Président remercia
nos deux zélés collaborateurs d'avoir, les premiers, mis la main à l'œuvre d'une
si intéressante collection.
5. Examen de l'avant-projet de loi sur la conservation des monuments an-
ciens.
M. Haverland fait l'historique de cet avant-projet et fait rapport sur les dis-
cussions préparatoires du projet à soumettre au Congrès de Gand.
L'assemblée, sur l'avis du comité, avait déjà rejeté les art. 19 et 20 de l'avant-
projet; elle se rallie maintenant à la nouvelle rédaction proposée au Congrès de
Gand d'après laquelle les découvertes doivent être annoncées à M, le Gouverneur
qui avisera ensuite.
6. Participation au Congrès de Gand.
Le choix de nos deux présidents, MM. Wilmart et Beco, comme délégués à
ces assisses scientifiques est ratifié par l'assemblée, avec faculté de se faire rem-
placer par le secrétaire en cas d'empêchement.
Le secrétaire avait offert au nom de l'Institut d'envoyer à l'exposition trois
gros arbres, deux chênes et un hêtre, de nos forêts préhistoriques, ainsi qu'un
polyporias igniarius plus que deux fois millénai''e, provenant des fouilles de la
(1) Quelques jours plus tard nous pai-vint, celle de la pierre tombale des de Rivière à l'église paroissiale
^e HqulTalize, relevée par M. LamLiu, clerc de notaire à Houllalize.
— 45*^ —
mardelle de Rulles, à condition cependant que le destinataire se charge des frais
(le transport à partir de Marbehan. M. le directeur trouve la découverte du plus
haut intérêt, mais exprima le regret de ne pouvoir accepter, faute de place.
7. Une conversation s'engagea au sujet des noms des lieux, à laquelle prirent
part MM. Gratis, Haverland, Remisch, Loes etc., et dont la conclusion fut
d'engager les membres à continuer ce travail déjà fait pour plusieurs localités et
parties du Luxembourg.
Conformément à la proposition faite par plusieurs membres déjà l'année pré-
cédente, lors de la visite au Trou des Fées et au Château Renaud, on fit dans
l'après-midi une excursion aux ruines de Montauban. Y prirent part Messieurs
Wilmart, Jacob- Duchesne, Remisch, Blum, Letain J.-B., Letain E., Haverland,
Hubert, Wavreil et Loes, sous la direction de ce dernier. Celui-ci en avait fait le
relevé à la fin de l'hiver, bien avant l'arrivée de la commission des fouilles du
Cinquantenaire de Bruxelles qui nous a prévenu, en commençant l'exploration
des ruines dès les premiers beaux jours de la nouvelle saison. Ces ruines étaient
déjà connues de Merjeai, qui en fait la description dans ses voyages. Originaire
d'Etalle où demeurait son père et renseigné par lui, il était mieux à même que
tout autre de nous renseigner.
Le comité a cru inutile de soumettre à l'assemblée les sottes attaques dont
l'Institut fut l'objet de la part d'une petite publication éclose (iepuis quelque
temps à Arlon. Pour apprécier sa conduite, il suffit de faire remarquer que dans
le n° où parut'la diatribe, elle fit usage d'un cliché appartenant à' l'Institut qui
ne lui avait été accordé que sous la condition expresse de l'accompagner du
nom du propriétaire. Elle ne l'a pas fait.
Sera-t-il nécessaire maintenant, pour répondre à ses malveillantes critiques, de
rappeler, ce qu'elle aurait pu apprendre si facilement en demandant le cliché,
ces faits patents : le catalogue de la bibhothèque est publié dans les Annales; les
comptes sont examinés et publiés tous les ans dans l'assemblée générale ; toutes
les fonctions sont absolument gratuites ; aucun collaborateur n'est rétribué ; les
cotisations sont depuis nombre d'années inférieures au prix du volume remis à
chaque membre ; l'Institut n'a nulle action sur les propriétaires, s'il leur plait
de faire fouiller leurs terrains par d'autres et de leur en céder les trouvailles
quelqu'importantes qu'elles soient.
Au lieu de débinei- la Société par des questions insidieuses sous le prétexte de
s'intéresser à la « vie arlonaise «, elle ferait mieux d'instruire et d'intéresser le
|)ublic en attirant l'attention sur les riches collections et les travaux de la So-
ciété, sur les services qu'elle rend à la science, par son musée comme moyen
d'attraction à la ville, et enfin sur les devoirs pour tout vrai luxembourgeois
aimant sa province, de lui conserver ses richesses archéologiques et les souve-
nirs de ses ancêtres. F. L.
Kécrolo|ie de 1912-1915.
Depuis la publication du deinier volume des Annales, notre société a éprouvé
une perte très sensible en la personne de Son Altesse Royale Madame
la Comtesse de Flandre, pieusement décédée au Palais de la rue de la
Régence à Bruxelles, le 27 novembre 1912.
La princesse Marie-Louise-Alexandrine-Caroline de Hohenzollern était née à
Sigmaringen, le 17 novembre 1845. Elle avait épousé, à Berlin, le 25 avril 1867,
Je Prince Philippe de Saxe-Gobourg Gotha, frère de Léopold II, Comte de Flan-
dre, petit fils du Roi Louis-Philippe.
Les quarante cinq années qu'elle passa dans notre pays, furent partagées entre
les soins qu'elle donnait à son auguste famille et l'intérêt et le dévouement qu'elle
témoigna à toutes les œuvres de bienfaisance et de charité établies sur le sol de
sa nouvelle patrie.
Il est pour ainsi dire impossible de faire l'historique d'une œuvre de charité en
Belgique pendant les 40 dernières années, sans y rencontrer le nom ou sans y
ressentir la générosité de l'Auguste Mère de notre Roi bien-aimé. Aussi bien elle
avait conquis les respectueuses sympathies et le sincère attachement de tous les
Belges.
Ces sentiments se donnèrent surtout libre cours à l'occasion des funérailles de
la bien-aimée Princesse.
Il n'y eut qu'une voix, en ces pénibles circonstances, pour célébrer sa grande
bonté et sa simplicité, son dévouement inaltérable à notre pays et à ses institu-
tions, sa charité inépuisable envers les pauvres et les malheureux.
En ce qui concerne plus spécialement l'œuvre dont s'occupe notre société, nous
sommes heureux de saluer en Son Altesse Royale une artiste de grand mérite et
une insigne bienfaitrice de l'Institut archéologique du Luxembourg.
Madame la Comtesse de Flandre avait une âme d'artiste, son talent était très
au-dessus de ce qu'on est convenu d'appeler un talent d'amateur. Elève de Por-
taëls, du vieux Van der Heoht, qui l'initia aux mystères de l'eau-forte, de Wyts-
man, de Blanc-Garin, puis d'Uytterschaut, avec lequel elle faisait de l'aquarelle,
— 458 —
elle ne craignait pas d'exposer ses œuvres aux flèches de la critique, refusant
cependant systématiquement les récompenses décernées par les jurys.
Elle s'adonnait avec goût et persévérance à la peinture, à Bruxelles, dans le
petit atelier de son palais tout tapissé des portraits, des paysages et des ébauches
qu'elle composait aux Amerois, où il n'était pas rare de la rencontrer, assise le
long d'un chemin ou au coin pittoresque du bois, occupée, en compagnie de son
maître et ami, M. Blanc-Garin, à peindre la belle et grandiose nature des bords
de la Semois. C'est pendant ses nombreux séjours aux Amerois qu'elle a fait cette
admirable collection des «' Vues de la Semois «, les plus belles eaux-fortes qu'on
possède de ce coin du pays, qui ont été si bien célébrées dans la préface par
M. Carton de Wiart, et dont l'auguste princesse a autorisé la vente au profit de
l'œuvre des « Habitations ouvrières «.
Plusieurs églises du pays de Bouillon et Florenville possèdent de la vénérée
défunte des minuscules tableaux religieux où son âme tout entière si profondé-
ment pieuse semble avoir voulu se traduire et par le choix du sujet et par la
vivacité des couleurs.
Son Altesse Royale s'intéressait tout particulièrement au mouvement artisti-
que dans le Luxembourg. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, lorsqu'en 1911, on
ouvrit à Bouillon une exposition de tableaux dûs au pinceau d'un jeune artiste
de la localité, M. Albert Raty, elle la visita plusieurs fois avec le personnel de sa
maison et fit retenir, par M. Blanc-Garin, les tableaux qui lui paraissaient les
meilleurs.
Ses préférences allaient à la peinture. Cependant elle aimait aussi les autres
productions artistiques.
Aux Amerois, ses principales promenades avaient pour but la visite des mo-
numents de toute la région : églises, châteaux forts, abbayes, ruines intéres-
santes. Son domaine s'enrichissait chaque année de quelque pièce de broderie,
d'orfèvrerie ou de sculpture, si bien que les vastes salles du château et les allées
du parc et la chapelle étaient devenues un véritable musée.
A Bruxelles, elle possédait une bibliothèque qui renfermait des richesses ines-
timables.
11 n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'elle ait témoigné tant de sympa-
thie à l'œuvre entreprise par l'Institut.
Le regretté comte de Flandre avait accepté le titre de protecteur de notre
Société. A sa mort, Son Altesse Royale Madame la comtesse de Flandre fit sa-
voir que rien n'était changé et qu'elle acceptait le titre de membre effectif de
notre Institut.
— 459 —
Cet encouragement est trop précieux pour qu'il ne mérite pas une mention
spéciale et un témoignage public de reconnaissance.
Aussi le souvenir de l'auguste princesse que la Belgique pleure, restera pro-
fondément gravé dans la mémoire de tous les membres de l'Institut. Ils se rap-
pelleront qu'elle fut tout à la fois une grande chrétienne, une princesse chari-
table, une artiste à l'âme idéalement belle et ils trouveront dans le souvenir de
tant de vertus et dans un exemple venu de si haut, un précieux encouragement à
redoubler de zèle en faveur de l'œuvre commune, et une énergie nouvelle pour
aider à ses progrès et à son développement. J. Th.
II. Le 13 octobre 1912, est décédé à Liège, M. Théodore Jules-Joseph
Pety de Thozée, veuf de Florentine, Baronne de Rosen de Delsen et du
St-Empire, né à Neufchâteau, le 25 mars 1828.
Le vénérable défunt occupa un grand nombre de fonctions publiques. Rappe-
lons seulement qu'il fut Membre de la Chambre des Représentants pour l'arron-
dissement de Marche de 1870 à 1884, Membre du Conseil Héraldique, Consul
général dans l'Inde Britannique, dans l'ile de Ceylan et dans les provinces fran-
çaises et portugaises de l'Indoustan, Chargé d'affaires de Belgique près de l'em-
pire du Brésil et de Perse et en Bulgarie, Agent diplomatique et plénipotentiaire
spécial de S. M. le Roi des Belges en Bulgarie.
Cette carrière si longue et si bien remplie fut récompensée par l'octroi de
hautes distinctions honorifiques. En effet, M. Petit de Thozée était Commandeur
de l'Ordre de Léopold, Décoré de la croix civique de 1"^ classe. Décoré de la croix
commémorative du règne de Léopold II, Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de
Jérusalem, Grand Croix de l'Ordre de Mérite civil de Bulgarie, Grand Officier de
l'Ordre de Saint-Alexandre de Bulgarie, Grand Cordon de l'Ordre du Lion et du
Soleil de Perse, Grand Officier de l'Ordre de l'Osmanié.
Au moment de son décès, différents organes de la presse quotidienne ont
rendu hommage à cet homme éminent par sa science, travailleur infatigable,
qui, après avoir consacré plusieurs années de sa vie à nos luttes politiques, entra
dans la carrière diplomatique et mit son talent et son dévouement au service du
Pays.
Dans les postes qui lui furent successivement confiés, M. Pety de Thozée fit
preuve d'un diplomate remarquable, d'un tact sûr, de connaissances aussi vastes
que précieuses. Sa carrière fut longue et brillante.
A l'époque où il prit sa retraite, il était Agent diplomatique à Sofia, où le Roi
Ferdinand de Bulgarie l'honorait de sa haute estime et de sa particulière con-
fiance, car il avait appris à apprécier, notamment dans les circonstances diffîci-
— 46U —
les, lorudition, la iirofonde expérience, les lumières de l'intelligence vive et
pénétrante de notre éminent compatriote.
C'est une belle et sympathique figure qui est disparue.
La dernière ligne qu'on vient de lire fut contirmée par les télégrammes en-
voyés à la famille Pety de Thozée. par le roi Ferdinand, quand il apprit la
mort de l'ancien représentant du gouvernement belge à la cour de Sofia. Ce
document, daté de Stara Zagora, où le roi Ferdinand se trouvait au milieu des
opérations de la guerre des Balkans, est ainsi conçu : « Douloureusement ému
du décès de votre estimé et regretté père, qui fut toujours pour moi et mon pays
un ami éclairé et fidèle, je vous exprime mes profondes et sincères condoléan-
ces. » Ferdinand roi.
M. Pety de Thozée était membre de notre Institut et de nombreuses sociétés
scientifiques de Belgique et de l'étranger. Il laisse, ainsi qu'on peut en juger
par la bibliographie ci-dessous de nombreux travaux de littérature, d'histoire,
d'archéologie, de numismatique et de récits de voyage dont quelques-uns datent
de l'époque où il terminait ses études au lycée Louis-le-Grand.
Retiré de la vie publique, il s'adonna uniquement à l'étude de ces questions et
peu de temps avant sa mort, il publia encore certaines notices historiques et
numismatiques.
Parmi les manuscrits, il laisse de nombreuses notes sur les comtes de Ghiny
dont il avait commencé l'étude il y a plus de trente ans. P. Th.
Voici d'après la « Bibliographie luxembourgeoise » de M. l'abbé M. Blum ses
publications parues sous son nom et sous ses différents pseudonymes :
1. Paul Noël, peintre de genre, né à Waulsort, 1789 par Jules Petit. Liège,
1845. — 30 p. in-S" avec 1 port.
2. Recherches sur l'histoire monétaire de l'ancien pays de Liège, par Jules
Petit. Bruxelles, 1847. — 43 p. in-8".
2 a. Recherches sur l'histoire monétaire du pays de Liège. Deuxième tirage
augmenté d'une lettre sur la classification des monnaies épiscopales lié-
geoises. Liège 1849. — VIII -f 54 p. in-8o.
3. Etudes de numismatique liégeoise :" Une trouvaille. Liège 1847. —9 p.
in- 12 avec 1 pi.
4. Le troubadour liégeois Henri Delloye, par Jules Petit. Gand 1849. — 12 p.
in-8°.
5. Souvenirs de voyages dans le pays rhénan, par Gh. de Sainte-Hélène, de
l'ordre du Collier d(» St-Goar. Liège 1849-1850. — 3 vol. de 214, 183 et
176 p. in-18".
— 4fii —
6. Notice sur l'église de Goninxheim, par Jules Petit de Rosen. Anvers 1850.
— 13 p. in-8° avec 1 pi.
7. Catalogue des inéraux, des médailles et des jetons des chapitres, des cor-
I)orations et des familles de l'ancien pays de Liège. Bruxelles 1860. — 26
p. in-8°.
8. Catalogue des médailles et des jetons historiques de l'ancien pays de Liège.
Bruxelles 1851. — 24 p. in-8°.
9. La bibhothèque de Bossuet, Gand 1851. ~ 3 p. in-8".
10. Le tombeau de la première reine des Belges. (Liège 1851). — 7 p. in-S".
1 1 . Fragments d'une description historique et archéologique de l'église Notre-
Dame de Tongres. Liège i852. — 20 p. in-8".
12. Numismatique liégeoise. Abbaye de Saint-Hubert. Liège 1852.— 7 p. in-8°.
13. Description d'un evangéliaire du trésor de Notre-Dame de Tongres. Liège
1852. — 10 p. in-8<'
14. Sur la restauration de l'église de Notre-Dame de Tongres. Gand 1853. —
14 p. in-8°.
15. De Paris à Meaux, par Ch. de Sainte-Hélène. Liège 1853. — 40 p. in-8°.
16. Courte notice sur Notre-Dame de Walcourt, par Ch. de Sainte-Hélène.
Namur 1854. — 27 p. in-8° avec une pi.
17. Quelques mots sur un florin d'or anonyme attribué à Englebertde la Mark,
évêque de Liège, par J. Petit de Rosen. Liège 1854. — 10 p. in-8°.
18. A propos de l'exposition universelle des beaux-arts MDGCCLV. Liège 1855.
— 67 p. in-8".
19-22. Société de Saint-Vincent de Paul. Conférence de Tongres. Rapports sur
les œuvres des années 1855 à 1858. Tongres. — 14, 8, 7 et 8 p. in-8°.
23. .^.ntiquités architecturales de la Normandie. Tongres 1856. — 15 p. in-S".
24. Mémoire de Barthèlemi de Vieillevoye, directeur de l'Académie des Beaux-
Arts de Liège. Tongres 1858. — 58 p. in-8^
25. Notice sur la seigneurie de Dilsen. Tongres 1864. — 34 p. in-8°.
26. Ulysse Capitaine, numismate liégeois. (Bruxelles 1871). — 6 p. in-8''.
27. Bibliothèque d'Ulysse Capitaine. Liège 1872. — 13 p. in-12.
Dans nos Annales :
28. Faits et gestes des comtes de Chiny par Jean d'Anly. — Tome XVI, année
1884, p. 205-224.
29. Archives conservées à Saint-Léger. — Ibd., p. 225-230,
— 4fi2 —
III.— M. de WariOD, né à Meix-devant-Virton le 16 mai 1852, décédé le 27
octobre 1912 à Vielsalm, où il s'était retiré chez ses sœurs, commissaire-voyer
honoraire, décoré de la croix civique de 1''' classe et de la médaille commémora-
tive du règne de Léopold II, descendait d'une ancienne famille noble de la Lor-
raine, ofi elle possédait la seigneurie de Villers-sous-Barcy. Il exerça d'abord les
fonctions d'instituteur successivement à Meix, à Tintigny et à Villers-dt-Orval
et ensuite celles de Commissaire-voyer à Arlon et à Houâalize. Ses penchants
pour le dessin et pour les mathématiques lui avaient ouvert et fait choisir cette
dernière carrière, mais à ses heures de loisir il s'occupait aussi d'antiquités et de
bibliognostie. M. le D'" Lomry et M. Morhet, pharmacien, célébrèrent en deux
discours les vertus de cet homme de bien à son enterrement qui eut lieu à
Vielsalm le 30 octobre 1912.
Les armes des de Warion, alias Vicarion, étaient « de gueules à fasce d'ar-
gent, accompagné de trois annelets, aussi d'argent, deux en chef et un en
pointe ".
IV. — Jean-Philippe-Jules Déome, dont l'Institut déplore la perte, fut
un homme admirablement doué sous tous les rapports etunedes personnalités les
plus marquantes du Luxembourg. Il était né à Nivelet (Assenois) le 13 décembre
1830, fit ses études au séminaire de Bastogne et aux universités de Louvain et
de Bruxelles et vint s'établir comme avocat à Neufchâteau, où il ^' unit ses desti-
nées à M^iie Clémence Hansez, originaire de Bastogne. Cette union resta sans
postérité.
Ce qui distingua cet homme doué d'un corps robuste, d'une santé de fer, d'une
intelligence, d'une force de travail et d'une mémoire extraordinaires, ce furent
ses talents d'avocat et de practicien particulièrement au courant des choses de la
procédure. C'est ce qui ressort de l'article nécrologique que lui consacra la
plume vigoureuse et alerte de Bast dans le journal « l'Action » et des nombreux
discours prononcés au tribunal avant la levée du corps et le transport à l'église,
à la mortuaire et devant la tombe. On y relève à l'envi son caractère charmant,
son affabilité, son langage élégant, son habilité d'avocat, ses goûts artistiques,
son dévouement et son abnégation, sans laquelle il aurait certes occupé un rang
bien supérieur dans l'échelle sociale.
La confiance de ses concitoyens le fit entrer au conseil communal le 27 octo-
bre 1863 et trois ans plus tard, il fut chargé des fonctions d'échevin. Il présida
le conseil comme Bourgmestre les dix dernières années de sa vie, à partir du 31
décembre 1903. Il fut également membre du Conseil provincial où il fut honoré
de la vice-présidence.
Le Roi reconnut ses services en le nommant Officier de l'Ordre de Léopold.
— 463 —
Le 20 novembre 1899, un autre arrêté le nomma membre correspondant de la
commission royale des monuments. Ce choix était heureux. Dans ce brillant
avocat se cachait une âme d'artiste. Il était fin connaisseur en œuvres d'art,
surtout en peinture. Lui même conduisait le pinceau avec amour et habileté.
Nous regrettons vivement de n'avoir pu nous procurer au moins la liste de ses
œuvres. Ses portraits surtout ont de la distinction. L'Institut possède de lui ceux
de Mathieu Lambert de Champion (copie), de Nestor Martin et de M. Tandei,
dont il lui fit cadeau. Il restaura encore pour la société, en vrai amateur désinté-
ressé, les portraits des abbés d'Orval, Montgaillard et Freymuth. Sa belle intelli-
gence prit l'essor vers l'autre monde le 20 septembre 1913.
L'inhumation eut lieu à Neufchâteau le 23 au milieu d'une affluence extraor-
dinaire de la population.
F. L.
Liste des Membres.
A la liste des membres pabliée à la tin du volume précédent (1912), il laut
ajouter les noms des trois membres nommés à l'assemblée générale de 1912,
bien involontairement omis :
M. le baron Herman de Pitteurs, avenue Rogier, 17, Liège.
M. l'abbé Aloys Vath, curé à Nobressart (Arlon).
M™^^ Victor Scheuer, rue Potagère, 55, Bruxelles.
Il faut ajouter encore les noms des 18 membres nommés à l'assemblée générale
de 1913, voir page 454 de ce volume.
Les changements d'adresse des noms suivants sont à noter :
Claude, curé à Nothomb (Attert).
Dauby, professeur, rue de Louvain, 7, Tirlemont.
Dordu (Madame), rentière, rue de Neufchâteau, 14, Arlon.
François, directeur des contributions à Namur.
de Gerlache de Gomei-y, abbé, à Nieuwkerke (Waes).
Jacques Gustave, industriel à Vielsalm.
Jaurain D , inspecteur de la voirie vicinale à Bernimont (Lavaux).
Kinsbergen, capitaine au 10"^ de ligne à Namur.
Lambin Armand, docteur en droit et candidat notaire à Houffalize.
Lecomte E.-.J., lie. en droit canon, curé à Samrée.
Mathieu H., curé à Laforèt (Vresse).
Schweisthal, bibliothécaire du Roi, chaussée St-Pierre, 183, Etterbeek-
Bruxelles.
Sont à rayer de la liste des membres :
1** Les noms des membres décédés, voir nécrologie, p. 457-463 de ce volume.
2" Les inembres démissionnaires :
Barthel, curé à Marcourt (Laroche).
Les Bulles (administration communale).
Origer, conseiller provincial à Autelbas.
Schaack, contrôleur des accises, maison communale, Laeken.
Smet, lieutenant au 10*^ de ligne à Arlon,
ainsi que
M. l'abbé Genin J.-C, curé à Mirwart.
DONS EN 1912-1913.
Ministère des Sciences et des Arts.
— H. Van der Linden et H. Obreen. — Album historique de la Belgi-
que, précédé d'une préface de H. Pirenne. Bruxelles, Van Oest,
1911, petit in 4», ill.
— BuFFiN, baron Camille. — Mémoires et documents inédits sur la
Révolution belge et la campagne des dix jours (1830-1831), recueil-
lis et annotés par le baron Gam. Buffin. Bruxelles, Kiesling, 1912,
2 vol. in 12.
— Mémoires du Comte de Bray, publiés par le colonel F. de Bray. —
Introduction d'Ernest Daudet. — La Révolution française et la
politique des puissances européennes, Brux. Goemare, 1911, in 8°.
— A. Verkoeren. — Inventaire des Archives de Belgique. — Chartes
et cartulaires des duchés de Brabant et de Limbourg et des Pays
d'Outre-Meuse. Bruxelles, Hayez.T. IV et V, 1912 et 1913.
— Gapart, Jean. — Une rue de tombeaux à Saqqarah. Bruxelles. Vro-
mant 1901, 1 v. in 4° de texte et 1 v. in 4° de pi., 2.
— René Dubreucq, membre du conseil colonial. — A travers le Congo
belge. Récit de voyage de Banana à Katanga. Brux. 1*^' juillet
1907, nomb. ill.
— Bautier, Pierre. — Juste Suttermans, peintre des Médicis. Brux.
Van Oest, 1912, in 18».
— Beets, N., attaché au cabinet des estampes d'Amsterdam. — Lucas
de Leyde. Bruxelles, Van Oest, 1913, in 18.
— Pierron Sanders. — Les Mostaerts ; Jean Mostaert dit Maire
d'Oultremont, Gilles et François Mostaert, Brux. Van Oest, in 18.
— Gloquet, L. — Les artistes wallons. Brux., Van Oest 1913, in 12.
31
— 466 —
— Comte d'ARSCHOT-ScHOONHOVEN. — Epitaphier de la famille
d'Arschot, avec une préface de M. de Ridder. — N" 163. — ArloD,
Brùck, 1913, in 4° ill.
Ministère db la Justice.
— Recueil des ordonnances des Pays-Bas. Règne d'Albert et d'Isabelle
1597-1621. — Tome II contenant les actes du 8 mai 1609 au 14
juillet 1621, p. 16, Victor Brants. Bruxelles, Goemaer, in-fol.
— Bulletin de la commission royale des anciennes lois et ordonnances
de Belgique, vol. IX, fasc. 8 et 0.
Conseil provincial de Namur.
— L'administration et les finances du comté de Namur du XIII« au XV*
siècle. Source IV. Chartes et règlements publiés par D.-D. Brou-
wers. Namur, Wesmael-Gharlier, 1813 — 12.
D"" G. Dufort.
— Rapport sur l'uniformisation des bases de la statistique de la mor-
talité enfantine. Bruxelles. Ext. du Moniteur belge 1913, 17 p.
Louis Bossu, Procureur de la République à Reims.
— 1) La maison d'Anneville de l'ancienne chevalerie Lorraine. Paris.
Alphonse Picard 1912, 12 p. in-12.
— 2) La famille des Marino, id. 52 pp.
— 3) La prophylaxie de la peste en Barrois vers l'an 1500. Paris, Alph.
Picard 1913, 10 pp. in-8°.
Lucien Roger, à Hayange, un volume renfermant :
— 1° Recherches sur la préparation que les Romains donnèrent à la
chaux, par M. delà Paye. Paris, Imp. royale 1777, 83 pp.
— 2" Recherches sur la pouzzolane, sur la théorie de la chaux et sur la
cause de la dureté du mortier, par M. Faujas de Saint-Fond.
Paris, Nyon 1778, 125 pp.
— 3'" Recherches sur l'art de voler depuis la plus haute antiquité jus-
qu'à ce jour par M. David Bourgeois. Paris, Cuchet 1784, 143 pp.
LoES François, curé à Hondelange.
— Pitiscus Samuel. — Lexicon antiquitatum romanarum. Hayae Comi-
tum, Petrus Goosse, 1737, 3 vol. in fol., rel.
— Dictionnaire universel français et latin dit de Trévoux. Paris, Veuve
Delaune, 1743, 6 vol. in fol. rel.
— 467 —
LÉOPOLD Halbardier à Schoppach.
— Trouvailles faites dans leur champ de Hohgericht :
Un fond d'urne provenant d'une tombe romaine et renfermant 5
médailles, 5 fibules, les débris d'un miroir, un cachet et un large
couteau.
Les débris de poteries dont 12 pièces habilement reconstituées [par
M. l'abbé Gh. Dubois.
MuscHANG Bosseler de Hondelange.
— Une ancienne balance romaine à fléau en bois.
M. l'abbé Claude, curé à Nothomb.
— Une pièce d'un demi franc de Napoléon I.
Que cette liste serve en même temps d'accusé de réception et de marque de
gratitude de la part de l'Institut aux généreux donateurs.
P. L.
Table des Matières.
PAGES
L. Roger. — Additions aux Communes luxembourgeoises ou Mé-
langes historiques, toponymiques et folklo-
riques 1 à 44
Id. Varia. — I) Vieilles Chansons 45 à 57
II) Jean de Médy 57 à 58
III) A propos de Tranchîre 58 à 62
Am. de Leuze. — Franc- Alleu de Bérisménil 63 à 76
Jules Vaonérus. — La Famille de Welchenhausen et les Seigneurs
de Noville-lez-Bastogne et de Laval-lez-Re-
magne (Suite et fin) 77 à 212
J.-B. Douret. — Matériaux pour la Bibliographie du Luxembourg . 213 à 351
Emile Diderrich. — Inventaire analytique de quelques documents
déposés aux archives du Château de Bettem-
bourg 353 à 368
E. Letain. — Compte seigneurial des Recettes et des Dépenses réa-
lisées en la Terre et Seigneurie de Neufchâ-
teauet duBandeMellier en l'an 1764. . . 369 à 400
Jacob-Duchesne. — Miettes historiques :
I) Massart, le maître d'école de Florenville
(1793) 401 à 404
II) Les Réquisitions françaises 405 à 408
III) Gérouville 408 à 409
Varia. — Fouilles et trouvailles faites à Arlon et dans la Pro-
vince :
1) R. et EuG. Mâlget. — Les Etablissements gallo-
romains de la Haute-Sûre 410 3 420
2) D*" Th. Delogne. — Le Château de Montragu à
Frahan 421 à 423
— 470 —
PAGES
3) F. Lobs. — I^ Mardelle de Rulles .... 424 à 438
4) » Fouilles au lieu-dit « Vieille Eglise »
près de Rulles 438 à 441
5) " Trois Mardelles à Freylange et une à
Viville • 441 à 442
6) " Fouilles d'un cimetière franc à Godin-
court près de Musson 442 à 445
7) « Le Cimetière Romain du Hohgericht
en face de la Station d'Arlon. . . 446 à 447
8) » Le Cimetière Romain des Quatre-Bras
à Arlon 447
9) " Le Tomberg et le Landgrof. . . . 448 à 452
F. Locs. — Assemblée générale du 24 août 1913 453 à 456
Nécrologie de 1912-1913 457 à 463
». Liste des Membres 464
». Liste des Dons 465
4H
PLANCHES
PAGE
i) Portrait de S. A. R. Madame la comtesse de Flandre ... l
2) La Maison gallo-Romaine « Im Bodem » à Bigonville (Bongeref) 411
3) La ferme-laiterie gallo-Romaine « Im Bodem ». . . 413
4) La villa gallo-Romaine des Gisenvichterchen au lieu-dit « In der
Mecher « près de Boulaide 415
5) Le Château de Montragu à Frahan 421
6) La Mardelle de Rulles 432-433
7) Substructions romaines lieu-dit « Vieille Eglise « (RuUe) . 440
8) Cimetière franc de Godincourt (Musson) dans le chemin de
M. Steinbach, lieu-dit « Au-dessus de la Chapelle » . 443
Wmbourg, Arlon, Belgium
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
- ' -'-x:nmwm