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EX LIBRIS I
f J. MAYOR I
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ANIMALES
ARCHÉOLOGIQUES
p u B 1. 1 1: t s
PAR DIDRON AINE
SECBÉTAIRE DE l'aNCIEN COMITÉ HlSTORigiE DES AKTS ET MONUMENTS
UEUBBE DE LINSTITUT ROYAL DES ARCHITECTES B R 1 T A N N I Qt E S
tome; vingt -DEUXIEME
PARIS
LIBRAIHIK ARCIIKOLOGIQUE DU VICTOR DIDRON
RUE SAIIST-UOMIMQUE-SAINT-GERMAIN, 23
De Janvier à Décembre 1862
ANNALES
ARCHÉOLOGIQUES
P\p,is. — niPP.nii.niF. nr. j. clwk
RDE SAINT-BEXOIT, 7.
ANNALES
ARCHÉOLOGIOUES
PAR
DIDIION xVI^E
SEcnETAïKE m; l ancien comité iiistouioue des akts et MDNIîMENTS
M EMBUE DE l" 1 N S 1 El T T II U ï A L DES A II C II I T E C I E S B II II A N N 1 Q L E S
TOME VINGT-DEl MHMI-
PARIS
LIBRAIRIR Ar.(:ilÉOLO(;inL E DE VICTOR DIURON
BIK S VINT-DO.M IMOL K-SAI -NT-G i;il.MA IX, 23
18G2
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A>>AL1ÎS
AUCIIÉOLOCIOIES
LA GRANDE CHASSE
l lie œuvre de haut pi'ix. .s"il en fut. soupçonnée de loin par l'a'il clair-
voyant de la science, désirée de|)uis longtemps. |)uis découverte et enfin
acquise au poids de l'or par un étranger liabitant de la France, le prince
.Soltykoll", appréciateur de tact et de goût cjui, dans une vie de retraite prescpie
cachée, n'en tient, pas moins ouvertes aux besoins de l'étude ses riches gale-
ries et ses magnifiques collections; cette même œuvre, recherchée», convoitée,
prisée à l'égal d'im trésor pour les gravures de ses « Amiales » par celui (jin'.
à force de zèle, de persévérance et de sacrifices, a su donner dans notre pays
une existence publique, une influence incontestée à notre archéologie chré-
tienne et nationale ; cette œuvre, pour comble de bonheur, échéant au burin
1. La cliàsso dont va parler M. le docteur Gallois n'a (Hie oO centimi'lros do larixeur sur 30 cen-
timètres de hauteur. Ce nesl donc pas à cause de ses dimensions, si on la compare surtout à
la cliàsse des rois mages, dont la cathédrale de Cologne esl si lière el à bon droit, qu'elle reçoit
ici le litre de « Grande Châsse » ; mais bien à cause de sii forme complète el monumentale d'un
dôme assis sur une croix à branches égales, à cause de ses émaux (jui [)euvent passer [wur les
plus beaux de l'école du Rhin, à cause de son iconographie d'ivoire (|ui résume, jiar les princi-
paux personnages et les scène-; essentielles, l'.^ncien et le Nouveau Testament, à cause enfin de sa
destination qui devait être de contenir des reli(pies du Sauveur. Pour ces raisons diverses, cette
chàs.se est \ raiment grande, et nous n'en verrions p;is, mémi; celle des « Grandes Reliques »
6 ANNALES A RCll KOLOC I or KS.
si vif et si piir cFun jeune artiste qui a pu lui communi(iuer une autre impé-
rissable vie en reproduisant, sous l'iiahileté de sa main, pour les nuilliplier,
tous les traits, toutes les nuances de sa perfection, voilà la fortune singulière
qui nous revient d'êti-c appelé à parler d'elle, non comme nous le devrions et
le voudrions, mais comme nous oserons le tenter après les refus de l'iiistoiien
de droit de cette merveille, M. Darcel. (|ui aurait certes bien mieux que nous
pi-o|ioi'fi(imié ses jugements à sa tâche. Pçrte jioui" les lecteurs, échec pour
l'objet qu'il s'agit de dé'ci'ii'e. crainte pour nous de ne rien apporter en com-
pensation de tant de détriment, telle est la triple impression que nous ressen-
tons en commençant ce travail : ou en retrouvera trop la trace dans les déve-
loppements qui vont suivre , mais l'indulgence que nous attendons et
obtiendrons nous soutiendra.
Ce que nous entreprenons de faire connaître ici offre ce degré d'intérêt (jui
devait fixer bien d'autres sollicitudes que la nôtre. Lin savant, (jui a conquis
un rang mérité parmi les plus estimés des archéologues, après s'être dévoué
à sa poursuite, je dirais presque à sa conciuête, pendant plusieurs années,
s'est attaché à sa conservation avec une égale ardeur. M. Carrand, mettant
sa profonde érudition d'anli(|uaii'e à la discrétion de celui qui le secondait de
son immense fortune, se faisait honneur de satisfaire ainsi l'une des plus
nobles passions de l'esprit. C'est lui en efl'et qui a préparé et conclu avec
mille peines l'acquisition de ce bien, venu de loin, de cette richesse certaine-
ment d'origine étrangère. 11 a joint cet acquêt précieux enti-e tous à beaucoup
d'autres de moindre valeur, mais toujours importante par leur choix exquis.
De telle sorte qu'il en a fait conmie le couronnement d'une série non inter-
rompue de merveilles du même genre en possession du même maître : car
M. le prince Soltikoff ne sait retrancher de ses affections rien de ce qui
peut relever à ses yeux les arts de notre civilisation. Qu'il est heureux de
voir ainsi le culte du beau réunir dans une même admiration, dans les mêmes
aspirations les intelligences d'élite; et cjuc n'avait-on point à attendre de ces
rl'Aix-la-CliapelIe, qui pût lui ôU-e comparée. Lo tiU-e donnOiiarM. le docteur Caltois nous semble
donc suflisamment justifié.
Déjà nous avons publié plusieurs gravures de ce véritalile clief-d'anivre, nolainnient,
volume XX, page 307, une vue d'ensemble; puis, volume XXI, pages lOo, 107, 148 et loO, des
détails des colonnes, du toit et du dôme. Aujourd'hui, nous donnons un autre ensemble pris d'un
point de vue différent et une coupe du petit édifice. Avec les autres articles de M. Cattois paraî-
tront le plan par terre, le plan à la naissance du dôme, puis deux des proiihètes et deux des
apôtres qui gardent le premier étage de la châsse et le tambour de son dôme. On aura ainsi la
monographie complète d'un monument qui vaut, dans son genre, le chandelier de Milan, et qui
lui est antérieur de cent à cent cinquante ans. [Xofc du Directeur. }
L\ CliANDK CIIVSSK. 7
ra|)proclioin(Mits([uo raiiiDur de la science seul sait faire malgré les distances,
malgré les ditlV-rences ap|)arentes dos situations! 0 Rome! ù France! 0 Paris!
vous seules connaissez les voies de celle union facile des aptitudes élevées et
des talents, parce ([ue seides vous êtes les centres incontestés d'un culte coni-
jilet et réel, celui du vrai, du bien et du beau !
C'est pourtant une simple châsse ([ui nous arrache cette exclamation ; niais
cette châsse est un émail des plus considérables qui se soient jamais vus, et
;i ce titre notre cri dadmiralion est justilii', nous l'espérons, non moins ])ar
le mérite de cette chose si oubliée, si dédaignée aujourd'hui du commun (pie
par l'accord sympathique des loisirs généreux et intelligents de ropuleiice
avec le savoir modeste et vrai comme celui (pie nous venons de louer. Avant
d'aller plus loin, achevons d'être justes. 11 n'est pas jus([u'à ces nombreux
intermédiaires du travail de restauration et de réparation ([ui n'eussent à
s'exercer, par rimpulsion reçue des deux côté's (pie nous disons, pour atteindre
un degré de perfection dans leur délicate main-d'u'uvi-e. dont tous, tant tpie
nous sommes, acquéreurs, détenteurs, simples contenqilateiirs à l'occasion,
mais tous zélateurs passionnés, nous n'ayons tii'é bon profit. Que d'habile et
ingénieuse patience, par exemple, n'ai-je pas vu déployer à lun de ces rares
ouvriers de la science, M. Yitel. pijur répondre aux désirs incjuiets, à ratteiit(>
pleine de sollicitude et d'angoisse de ceux qui se conllaieut à lui pour r(>mi)!ir
leurs vues conservatrices! Le souvenir de ses soins pieux jus(|u'au scruimle,
de ses hésitations consciencieuses, de ses regrets amers dans Toppositioii ou
la contrariété nous reste, et nous tenions à le constater.
Hélas ! voilà ce que nous pensions et écrivions en nous occupant une pre-
mière fois de ce travail; nous avons eu le inalhem- d'en trop ajoui-ner la i-eprise
pour ne pas changer d'opinion. Nous ne retranchons rien aiijoui-d'hiii de ce
qui regarde l'antiquaire fram^ais dont les rechei-cheset découvertes laborieuses
auront été stériles pour nous. Mais pouniuoi avons-nous à retirer tout ce que
nous vouions de sincère admiration et d'éloge senti au Mécène exotique qui
nous a si durement trompés? Son nom se trouvait jadis sous notre plume avec
une elVusion de joie et de reconnaissance; il ne |)eut ])lus être par nous (pie
repoussé et maudit. Ce goût cultiv('' de prince en qui nous avions foi n'était
que feinte, impression fugitive, fantaisie, caprice, bizarrerie d'humeur, (pie
dis-je , chssimulation peut-être, compression d'une nature irrésistiblement
entraînée au néant intellectuel. On l'a dit, et il n'est (jue trop vrai : en grattant
un peu le Russe, on trouve toujours dessous le Tartare. Le caractère barbare
du Nord n'a pu r(>ster longtemps à l'état caché : il a reparu tout à cou]) dans
cette âme un moment saisie i)ar nos mouirs. l/inslinct sombre des foivts. des
8 ANNALES AnCHEOLOGIQUES.
steppes incultes, des rivages désolés et glacés a repris tout son empire sur cet
esprit qu'un éclair de civilisation avait traversé : tant il y a cju'au réveil de ce
penchant fantasque et farouche qui nous avait toujours un peu apparu tel
qu'il se cachait quelquefois sous les peaux de bétcs de rikraine, il ne nous
reste qu'à nous écrier avec notre poëte :
Ciiassez le naturel, il revient au galop.
Le maître de domaines égaux en étendue à plus d'un royaume, le seigneur
disposant de revenus supérieurs à la liste civile de plus d'un souverain, a
pris tout à coup dégoût du noble usage qu'il faisait de tant de puissants
moyens ([ue la Providence avait (l('posés en ses mains. Serait-ce regret de
son or qu'il atu'ait voulu rec()n(|ué'rir? Aon ; l'avarice est un vice de la civilisa-
tion rafTmée. Mais c'est bien l'àprcté primitive ([ui a repi-is le dessus dans le
gentilhomme ; c'est la rudesse natale qui est rentrée victorieuse dans ce
cœur ébauché. Le tact en germe que l'on avait vu poindre, le sens à peine
éveillé, le goût à peine dégrossi qui apparaissaient comme les bourgeons
d'une greffe nouvelle, ont défailli subitement, et la belle collection SoltykofT,
fruit de tant de savantes scrutations dans tous les recoins de notre hémi-
sphère, a été mise en venle là prérisémont où elle avait iHé formée avec tant
d'efforts, au point même où elle venait de s'épanouir dans toute sa splendeur.
Que la foule n'ait point d'yeux pour voir de pareils désastres, qu'elle n'ait
p(jint d'oreilles pour en entendre le récit, grâces en soient rendues au ciel.
Elle n'est pas comme les bêtes de somme, « sicut equus et mulus cjuibus non
est intellectus »; si elle voyait et entendait ses jterles, elle rugirait comme une
bête fauve.
Enfin le barbare a tout à coup changé d'allures; il a rencontré sur son
chemin pire que lui, le sauvage qu'il cherchait; abjurant l'élévation d'un
moment qui lui pesait, il a su découvrir par son flair le bourgeois arrogant et
bas, le richard gorgé qui n'en convoite que mieux toute proie de gain. Le
prince a heurté à la porte du liaïKjuier : ces deux extrêmes des situations
sociales se touchent dans nos centres intellectuels. D'un mot, d'tm bond, le
marché a été fait entre eux. Dans le passage, il pouvait y avoir encore une
planche de salut pour le musée ainsi aliéné : c'est qu'il restât à la France,
en devenant la propriété d'un de ses plus opulents financiers. Il n'en a point
été selon notre espoir et notre désir. L'amour de l'argent, une ignoble cupi-
dité a dispersé aux quatre vents de la terre ce que deux empires auraient dû
sauvera l'envi, ]niis(|u'ils le pouvaient si bien. C'est aux gouvernements de
prévenir les disséminations des titres de leur gloire; et quand ils faillissent à
LA CI!AM)[-: CHASSE. 9
cedn'oir. que pcul-on aUciidre de leur cxeniplo pour ceux qui n'ont souvent
(fu un vil intéi-ùl. une incessante avidité ;i siih.-tiluer à leur action? Nous ver-
rons |)lus tard combien la Russie a plus encore manqué' à sa grande mission,
en ne s'emparant pas. n'importe à (luelle enciière, de la châsse qui nous fait
exprimer de si légitimes doléances sur s;i prrte. Deux seuls objets comme elle
existent dans le monde : jusqu'à présent on n'en a pas pu découvrir un plus
grand nombi'c. .le ne sais si celui (jui ap|)artient au roi de IhuKjvre. — car
c'est bien un morceau de roi, — est le premier en valeur, l/aulre, (|ui était
encore naguère à nous, fùt-il dépassé par le précédent. (|u'il n'en serait pas
moins à jamais regrettable. Ce bien qu'on dr-vait se disputer, s'arracher à
belles dents, est passé en Angleterre ; il est perdu sans retour pour nous. Le
goufrc de l'Europe où tout s'engloutit n'a rien rendu jusqu'à ce jour.
Quand donc les dévastateurs des trésors de nos cathédrales, de nos cha-
pitres, de nos abbayes, de nos prieui'és cesseront-ils leiu's l'avages? Dans un
temps où toute propriété est contestée, comment se fait-il ([uc l'ordre ecclé-
siastique ne sauvegarde pas la sienne par son caracti''i'e sacré ? C'était le cas
ou jamais de montrer quelque chose d'inviolable aux atta(|ues de la vanité
môme savante et de la cupidité. Un rien, en son lieu et place, peut avoir un
prix infini. Supposons notre émail demeuré à sa di'stinalion première, admet-
tons que celui de Hanovre ait toujours ap[)arti'nu à la chapelle palatine de ce
royaume ; ne voit-on pas de suite tous les avantages qui seraient résulté-s de
ce respect commandé d'ailleiu's par la conscience. Le premier, confié en
dépôt et par là même inaliénal^le, reinis à la garde d'une pauvre paroisse de
village, aurait reçu de sa permanence, entre les mains de son humble et
fidèle gardien, une valeur d'imagination qui aiu'ait doublé sa valeur réelle.
Mais non; il a fallu que le vol. c'est le mot. vint lutter avec toutes les pres-
criptions du droit pour jeter le plus profond discrédit sur la plus légitime des
possessions. 11 n'est pas de marchand ambulant qui ne fasse brèche tous les
jours à ce rempart que la plus pauvre cure de nos campagnes comme la plus
riche de nos villes devrait défendre contre toute agression. Plaignons-nous
donc maintenant (jue ce qui se nonnne parmi nous le tien et le mien soit si
atl'aibli sur sa base, quand on voit le domaine propre de IJieu envahi lui-même,
tantôt par l'amour du lucre, tantôt et avec bien plus de danger par les rui-
neuses envies d'un peu d'or, courant à sa perte dans de miséi'ables emplettes.
Si, au moyen âge, d'où nous viennent tous ces aliments de nos convoitises,
de pareilles aliénations avaient été faites, savez-vous ce qui serait advenu de
cette mesure sacrilège? L'excommunication aurait atteint immédiatcmi'nt
l'auteur d'une telle profanation. Les " quérénijnie- » auraient été lancées
xxii. 2
10 ANNALES ARClIKOLOiilOUES.
contre lui, et ce vieux mot. expression do vieilles pratiques qui se confor-
maient aux vieilles croyances, aurait soulevé une telle réprobation contre les
violateurs ou contempteurs de la loi religieuse sur le droit de posséder, qu'il
eût fallu briser jusqu'à trois fois le cierge pascal sur le seuil du baptistère,
éteindre les flambeaux de l'autel et sonner les glas de la cloche en signe d'in-
dignation et de deuil. Aussi quoi que ce soit ne quittait sa place dans le lieu
saint : quand quelque statue tombait de vétusté, quelque ustensile ne pou-
vait plus sei'vir à son emploi, quelque linge s'altérait jusqu'à ne remplir plus
son usage, tout n'en restait pas moins à Dieu, et sous son œil on déposait en
terre, dessous le pavé du sanctuaire ou dans le cimetière attenant, les restes,
les dépouilles, les débris que, pour quelques sous d'achat, nous voyons figurer
dans leur vétusté aux portes de nos échoppes, ou sur les rayons de nos cabi-
nets d'amateurs en attendant une vente publique à l'encan. C'est bien de la
sorte d'abord par un détournement impie et profanateur, puis par des vicis-
situdes qui nous conduisent au Musée Britannique, pour déplorer notre perte,
que la plus belle ac(iuisitioii du prince SoltykolT a été enlevée du siège de sa
destination première, pour passer en dernier lieu d'une main indigne d'être
française à une autre main qui ne lâchera plus sa prise.
Tout sentiment du devoir est donc éteint parmi nous à l'endroit de ce qui
fait le domaine de Dieu. Le petit sénat de la paroisse, s'il se sent surtout
appuyé par l'accord du magistrat civil, l'humble pasteur qui manque trop sou-
vent de tout pour son ministère auguste, l'évèque qui, de l'élévation oti il se perd
comme dans un nuage, n'a plus ni voix ni force pour défendre ce qu'il a fait
serment de conserver contre toute attaque du dedans et du dehors, tout semble
conspirer aujourd'hui la destruction des plus imprescriptibles droits. Et com-
ment voudrait-on que toutes les notions de devoir ne s'aflaiblissent pas pour
le soutien d'intérêts purement temporels, quand on voit cet oubli des obliga-
tions les plus saintes s'étendre à ceux mêmes qui sont préposés à leur garde ?
Deux faits nous reviennent en mémoire et trouvent leur place en ce point à
cause de leur toute spéciale signification. Une statue de marbre, une autre en
bois sont passées, de Saint-Denis en France, comme il se disait autrefois, et
de Saint-Sulpice à Paris, dans le commerce des antiquités. Deux prêtres,
étrangers au point de départ de ces deux excellentes choses, les ont acquises
non pour eux, mais pour l'ornement de leur église et l'édification de leur
troupeau. Les ayants droit réels ont élevé la voix pour revendiquer leur bien,
en accordant sans regret la somme consacrée à la délivrance première qu'on
on avait tentée. Leurs justes réclamations ne furent point écoutées, et les
derniers acheteurs sont restés nantis de dépouilles qu'ils auraicit dà s'em-
I,A GKANnr, CIIAS^K. 11
presser de restituer au lieu d'où on les avait arracliées. Je dis f|iril est piMi
de faits plus dr'uini'aiisat(Mn's (|ue cet acte accuuipli |>ai' ciMix-là iih'mh's qui
tlevraieut le coiidanuicr dans toute la ri^inMU' i\r^ |iiiii(ipi'-i de la saiuc
morale. Huoi ([u"on dise ri ([uoi (iiTon l'assi'. Ir scandale (|ue nous sii^nalons
ne sera point ré|)ai'i''; il subsistera inalgiv'^ nous el malij;r('' toutes les |)i'ii|i'sta-
lions de la conscienee et de rarelu'olo^ie outi'asées. Nous d'Mionrons Saiut-
Gerniain-tles-l'rés et Saint-('ienuain-rAu\eiTois couniie les ])i-euiiers pi-ouu)-
leurs de la prati(|ue du socialisme en pleine ca|)itale de la l''i-ance -. l'im recèle
effrontément, en l'olTrant au culte public, une Vierj^e eu niarbredii \i\' siècle,
et l'autre un très-beau Christ en bois, dû au ciseau de Ciirai'don. Dieu et sa
mère sont des gages restés sous nos yeux aux doigts crispés de la n'VDlutiou
qui s'attaque ainsi, sous le voile de saintes et pi'écieuses images, à ce qu'il y a
de plus sacré dans la propriété.
J'entends d'ici qu'on trouve nos lamentations exagérées, qu'on taxe nos
revendications d'injustice, et surtout qu'on repousse nos accusations comme
étant empreintes de trop d'amertume. Ne voit-on pas que le pi'ix donné avec
tant d'empressement et de joie, par un dangereux rival, justifie pleinement
notre cri de douleur. Oli ! ce que nous avons perdu était un ti-iple In'sor de
toutes sortes de richesses ; et puisqu'il lui l'tait n'servé de ne plus appartenir
qu'à qui le payait, pourquoi ne s'est-il pas détaché de tant de millions, dis-
persés autour de nous, le peu qu'il fallait pour le garder à notre T.oiivre?
C'était un devoir pour la France d'acquérir et de conserver à jamais l'un des
deux seuls types de ce genre qui existent dans le monde. Ce prodige, disons-
nous, recelait à la fois trois fortunes : c'était une châsse; c'était un émail des
plus considérables et parfaits qui soient ; c'était enfin un modèle, un arché'lype
de monument, rêvé par Bramante, Michel-Ange et Raphaël. Aces trois tiln's,
la science et l'art le revendiquaient pour nos musées n'importe à ([iiel taux.
ou moins prosaiYpiement à quel sacrifice. La foi qui s'était déshéritée elle-
même de ce chef-d'o'uvre n'avait plus qu'à gémir de s'en être séparée. L'a|i-
préciation de ce qu'elle a volontairement pei'du est néanmoins la première face
à considérer qui va se présenter à nous pour entrer dans le développement de
notre sujet. Il fallait que le dépôt confié à ce récipient, si précieux en tout ce
qu'il est, fût lui-même d'une grande valeur aux yeux de la piété des fidèles
pour cju'il ait inspiré tant de perfection à l'esprit qui a préparé ce délicieux abri.
On ne travaille avec tant de soin que pour un objet qui domine puissamment
la pensée : chercher à reconnaître quel il fut dans sa destination est un des
principaux buts que doit se proposer l'archéologie.
12 ANNALES AnCllÉOLOGiniTS.
Il
La châsse est au reliquaire ce que la basilique ou l'église est à la simple
chapelle ou oratoire. Après les vases sacrés, la châsse est l'ustensile le plus
précieux qui soit destiné au cuUe. C'était un contenant dont l'iniportance sous
tous les aspects était relative à la valeur sainte de son contenu : et c'est poui-
cela que ce qu'elle renfej'iuait était le plus souvent d'un tout en grande véné-
ration ou l'ensemble à peu près intact, ou au moins une partie telle qu'elle pût
être prise pour le principal de la chose ou de l'être conser\(' à la piété des chré-
tiens. Le moyen âge ne manqua point d'appoi'ter à cet ornement des temples
et des autels toutes les recherches et les délicatesses de l'art ([u'il sut créer.
La matière, la forme, le travail achevé, rien ne paiviissait èlre de trop pour ces
réceptacles qui appelaient plus encore les pieux dons pour leur conrection que
leurs dérivés de moindre voluiue ou étendue. A une châsse . en elTet, s'atta-
chait quelquefois l'honneur, la gloire d'une province, et nous avons vu dans
notre temps même une création de ce genre concentrer assez l'attention
du public, pour que les esprits les plus distraits se soient trouvés repor-
tés connne malgré eux vers une de ces munificences de notre pays, faites
en souvenir du saint de nos jours le plus aimé des riches et des pauvres.
La châsse de saint Vincent de Paul est venue nous prouver, au milieu de
la plus déplorable révolution, que, quel que fût son prix iuacquitté, jamais
elle n'aurait fait banquei'oute à ses auteurs qui étaient restés ses créanciers.
La châsse est par excellence demeurée l'œuvre cnllective des peuples.
Eh bien, celle qui nous occupe était une de ces raretés qui devaient attirer
sur les contrées qui les possédaient les regards et les vœux de tous. Le toit
était admiré autant que ce qu'il recouvrait était adoré : c'était comme le corps
d'une âme, d'un esprit céleste ; mais le corps paré de tous les charmes de l'art
et de toutes les séductions de la matière. Rien n'était épargné pour revêtir cet
organisme créé parla foi des peuples de toute la valeiu'. l'ik-lat. la splendeur
les plus propres à révéler l'influx di\in qui l'aiiimaif. (Juand nous trouvons
sur le chemin rJe nos recherches un de ces admii'ables fruits de l'instinct de
la piété publique et de l'imagination d'un artiste, souvent simple ouvrier,
caché dans l'obscurité de son atelier et les replis de ses méditations profondes;
alors, nous nous demandons ce qu'une intelligence appliquée à obtenir un
succès si pai'fait pouvait penser de l'être ou de la partie de l'être qu'elle vou-
lait orner et honorer ain>i par son labeur, en lui préparant un revêtement digne
■ LA GRANDE CHASSF.. 13
de sa mystérieuse influence ici-bas. Ce (|u"elle en pouvail concevoir, comniciit
le saurions-nous maintenant , puisque nous ignorons jus(|u'au nom même de
ce qui fit engendrer tant de magniliques expressions de l'idée chrétienne aux
temps de sa plus grande fécondité. I^'inspiration s'est retirée . le souille vivi-
ficateur s'est éteint ; une forme seule est restée, et elle sulTit pour tendre tous
les ressorts de Tadmiralion.
L'archéologie a certainement à cœur de sonder les décombres d'opinions
du passé qui ont enseveli bien des souvenii's. non moins ([ue les ruines qui
nous rappellent figures oubliées, styles perdus, symboles anéantis. Des
créances, des sentiments ont eu cours, qu'il n'est point sans intérêt de cher-
cher à connaître, pour mieux comprendre tout ce ([ui s'est mêlé do génie
chrétien à riiulustrie humaine dans le genre de travaux soumis à nos pré-
sentes appréciations. C'est surtout à la science de notre prédilection qu'il
appartient de scruter les flots d'idées qui circulaient autrefois dans la société,
comme les eaux dans les entrailles de la terre, pour découvrir les alluvions, les
couches, les formations opérées dans le courant des doctrines, dans le flux et
le reflux de préjugés qui ont régné sur le monde. Il n'y a que le néant qui ne
puisse s'exprimer, puisqu'il ne s'aflirme ni ne se nie. Mais, à l'opposé, tout
être, tout acte, tout fait est l'expression d'une puissance quelconque qui res-
sort de l'ordre intellectuel, et plus la manifestation extérieure s'en montre
entourée de qualités exquises, plus le mobile qui l'a fait naître appartient à
une sphère élevée de la pensée. En appliquant celte donnée, ce principe à
notre sujet, nous jugeons de suite qu'il ne peut venir (juc d'un sentiment de
vénération profonde pour ce je ne sais (|uoi ([iii l'a fait surgir dans toute
l'expansion idéale et réelle d'un temple du \rai Uieu. C'est vraiment ([iielque
chose de la Divinité chrétienne qui a suscité ce corps, cette forme, cette image
admirable qui rend si bien son caractère de beauté à tout œil attentif et
charmé. Dieu a vraiment passé par là.
Donc, avant tout, nous devons cherchera pi'cssoiilir iircln'elogiquement ce
qu'une enveloppe de tant de prix ombrageait de ses paiviis et sous ses voûtes.
Pour nous, ce n'était rien moins qu'une portion détachée de l'IIomme-Dieu.
Par exemple, le saint corporal d'Orviéto, qui a reçu seulement quehiues gouttes
de sang sacré, taches à peine sensibles du sacrifice du Calvaire, renouvelé
quotidiennement, est gardé au public dans un tégument d'une splendeur sans
égale. 11 en est de même de beaucoup d'autres traces de lui. que le Christ a
laissées sur celle terre. Hélas! nous sourions aujourd'hui, dans notre igno-
rance des mœurs cil'acécs, des soins pieux qui conservaient aux naïves aspi-
rations de la foi les débris d'organes qui tombent de plus en plus dans notre
H ANNALKS ARCIIKOLOCIOUES.
indiiïérence et nos mépris. Comme si la science la plus rapprochée de toute
bonne philosophie no nous apprenait pas que des os mêmes de notre char-
pente humaine ont été appelés sacrés, ainsi que tout ce qu'ils protégeaient de
leur présence; puis, que tout cet échafaudage de parties a reçu dans nos
langues modernes des noms de réprobation et d'ignominie. Les portioncules
auxquelles nous voulons faire allusion ne sont point parvenues à ce degré de
honteux discrédit ; mais elles ont inspiré un dédain si voisin du rire sardo-
nique, qu'à présent leur dénomination seule cause un réel embarras à celui
qui veut entreprendre de parler gravement d'elles. Afin de sauver la difficulté
en ce point délicat, nous placerons notre témérité sous le voile protecteur d'un
de ces vieux usages dont l'historique n'intéresse pas moins par le fond du
sujet que par les rites religieux et les coutumes populaires qu'il retrace dans
leur naturelle simplicité.
Ce que pouvait renfermer ce petit temple à qui rien ne manquait de toutes
les conditions d'un entier développement, on se le demande avec raison. L'his-
toire, la tradition, les annales locales se taisent là-dessus. Cependant la
saine archéologie nous doit quelques explications à cet égard; c'est le complé-
ment obligé qu'elle doit apporter à d'autres efforts, en interrogeant les temps,
les lois, les pratiques qui ne sont plus pour en tirer un enseignement digne
d'elle et de ses sectateurs. A nous, il ne nous paraît ni surprenant ni douteux
qu'il diit contenir quelques vestiges de l'enfant divin, au moins dans son étage
inférieur tout entouré des prophètes qui ont annoncé la naissance du fils d'une
vierge, seule venue au monde de cette nature : « ecce virgo concipiet et
pariet filium », comme le dit une des banderoles ou phylactères que tiennent
les statuettes d'ivoire des saints personnages de l'ancienne loi qui sont là
comme la base ou le fondement de la nouvelle; car il a été écrit aussi : « non
veni solvere legem, sed adimplere ». C'était l'habitude universelle chez nos
pères, comme ce l'est encore jusqu'à ce jour parmi les Juifs, de conserver
pieusement certains titres de naissance détachés du fruit même du sein
maternel. Dans ces temps reculés, où ce que nous appelons <c état civil »
et statistiques administratives n'existait pas, n'était-il pas naturel que
chaque famille gardât devers elle quelques faciles témoignages de l'arrivée
de ses nouveau-nés? En Israël, la circoncision offrait ce moyen de consta-
tation des postérités mâles , les seules qui comptassent jusque dans les
tribus privilégiées du peuple de Dieu. Mais sous la loi chrétienne, qui
rendait également inviolable et sacrée la vie des deux sexes, un autre
lambeau de la vie naissante vint s'ajouter à l'anneau que la postérité d'Abra-
ham a maintenu de réserver dans ses rites judaïques. J'ai vu , de mes yeux
LA GliA.NDE CHASSE. 15
vil. ru?at;(' (|iic ji^ ne |iuis (iirin(li(|uer cii passant se conserver intact au
foyin- douiesti([ue des Iminhles et pauvres liahilaiits de nos campagnes, et
je l'ai retrouvé jus(iu'au fond de lAlleniagne avec tous les ])lus singuliers
caractères ([ui le distinguent en notre pays. Les cordons ombilicaux, liens
de deux existences unies naguère et maintenant séparées, sont scrupuleu-
sement recueillis et desséchés, pour être préservés avec soin contre toute
atteinte destructive, entn; les feuillets de (pieUiue l)on livre, telle (|u'une
histoire ou vie des saints, aux pages mêmes des patrons invoqués au bap-
tême ; ou bien encore on les attache à queUpies pieuses images. Ce (juc
l'utilité avait prescjue exigé autrefois de ceux ([ui voulaient garder, comme un
mémorial fidèle, cette sorte d'extraordinaire registre de leur descendance, un
sentiment comme superstitieux l'empêche encore de s'elTacer des us de nos
provinces, et le fait au besoin servir de mnémonique quand il s'agit de retrou-
ver les longues suites des filiations et leurs rangs marqués par un (jrdrc rigou-
reux des dates dans les fêtes très -souvent en même temps natales et patro-
nales. Que de poésie patriarcale dans ces supputations faites sous la
sauvegarde du calendrier de l'hagiographie, chacun de cette manière ayant à
volonté, sous les yeux, et le quantième du mois de la fécondité maternelle, et
la férié de l'Église qui le consacre dans ses prières, et l'auspice personnifié
qui fut choisi au ciel pour le rejeton isolé de ses racines, comme appui spiri-
tuel, connue aide invisible et guide constant de la marche de l'homme ici-bas!
Quand on pense que les constatations régulières et administratives ont com-
mencé à s'établir à peine au xv* siècle en France, et que Gallardon , près
Chartres, dans la Beauce, a été la première de nos communes ([ui ait donné
cet exemple de progrès, on est autorisé à se demander comment et par quoi
on pouvait suppléer aux vérifications authentiques sous le chaume , ou à ces
feux par qui l'on comptait les familles et recensait les habitants des villes et
des champs : la civilisation était alors moins concentrée dans l'Ile-de-France
et dans sa capitale qu'elle ne l'est relativement aujourd'hui dans l'enceinte
même de Paris.
A ce trait de mœurs encore subsistantes sur divers points du globe, il nous
revient à l'esprit une anecdote dont nous garantissons l'authenticité par l'in-
térêt spécial que nous avions à ne point la laisser périr ou s'effacer dans le
cercle de quatre frères, survivants à un bien plus grand nombre moissonnés
par la mort. Un jour, deux de ces filets desséchés vinrent à manquer à l'appel
de la sollicitude d'une mère; à l'heure même, tous les parents diminuèrent
d'autant la série des héritiers (]ue la Providence lui avait dévolus, puis enlevés
l'un après l'autre, jusqu'à quinze inciusivemeiit. 1/inquiélude prit à l'un de
16 ANNALES ARCHÉOLOGIQUES.
ceux qui étaient restés debout, au milieu de cette nécropole, d'être en quel-
que façon supprimé lui-même par ces disparitions successives; mais la mairie
du lieu, i)lus exacte que la collection des petites cordes à boyau visitée par
des rongeurs peu discrets. \iut rétablir ré(iuilibre que des prénoms perdus
dans l'oubli avaient insensiblement rompu. Dans la maison des grands, ces
méprises étaient sans doute moins à craindre, et pourtant, encore là l'orgueil,
la vanité de race ne pouvait prévenir ni suppléer tous les inconvénients de
destruction. Que de joies étaient réservées aux plus humbles demeures qui
gardaient avec zèle ces mémoriaux de la iiatui'e. comme des parchemins de
noblesse distribués d'une main i)rodigue et providentielle ! Y aurait-il donc rien
d'étonnant en ce qu'une coutume hébraïque et un usage des premiers temps
chrétiens eussent transmis jusqu'à l'un de nos siècles avancés une ou plu-
sieurs de ces reliques du l'romis des prophètes, du Désiré des nations, dont
l'apparition devait être préconisée par toutes les voies reconnues de la renom-
mée et de la publicité, par tous les traits de l'histoire et de la véracité des
témoignages? Le Christ devait résumer en lui tous les caractères de l'huma-
nité, pour refléter mieux à tous les regards ceux de sa divinité, l^our se sou-
mettre tout, le Christ s'est soumis à tout. Comme à un grand politique, rien
ne lui a paru petit ])our assurer son règne universel, et nous voyons bien qu'il
a réussi dans sa divine et infaillible diplomatie.
Qu'on nous le laisse donc répéter encore une fois : l'archéologie a pour
mission de recueillir non-seulement les vieux monuments eux-mêmes, mais
encore et avec autant d'application les vieilles observances qui ont pu les
enfanter. Dans toute évolution d'une doctrine religieuse, les faits initiaux, les
actes primordiaux de son origine ont une telle puissance de fécondité et de
transmission, qu'ils ne disparaissent jamais entièrement du cercle d'influence
oïl ils se sont produits : bon gré mal gré leur manifestation alTaiblic, leur
expression altérée, détournée de son sens, traverse les siècles et retentit jus-
qu'au bout quelque part. A l'appui de cette assertion, je me contenterai de
citer une scène de l'Évangile, la seule et unique de son genre dans l'histoire
du christianisme, le Cénacle. Singulier pouvoir de l'imitation ! L'image s'en
trouve visiblement dans la disposition des Églises de l'Allemagne et de
l'Espagne, retraçant les refuges des premiers fidèles au plus haut des maisons
qui s'ouvraient aux sacrés mystères. Un chœur élevé au-dessus des nefs,
comme le lieu oii l'Esprit saint visita les apôtres était situé au dernier étage
de la demeure qui les réunit avant leur dispersion, rappelle dans ces contrées
le théâtre où s'accomplit la grande vocation du sacerdoce. Les Églises doubles
ou multiples, c'est-à-dire à deux ou plusieurs transepts et autant de chœurs.
I.\ C.IIVM)!' r.H \ssi:. 17
(■(immo il y m cul l)(Miii'i)ii[) en l''r;uici> et paiioul. u'ikiI pn'iil cetli' siiinilica-
liiiu (le tant (l'abhayi's et iiaMiic do <'atlu''tlral('s i^(!riiiaiiii|iii's : ci'lli's-ci oui nu
cùti'' s[)i''cial . iiu aspect pai'liculii'i' (|u'rllrs ollVcut à cunsidi'i'er. Nous K;
lerous h part et plus lani. si le lei>ii- nous eu est deiun''. dans uu [larallèle
cuire des édifices divers de lui'ines et d'ai^euceuieuts, aulaul (juc ditTère le
génie et la laugue des iiatious ([iii li's eut ('levés.
\<)(rs iii\i>(|ueriius eucere, p:iar mitre llièse siu' la ferce \ilal(!(lela ti'adition.
celte lié'rédité iuiprcseriplihle tk'^ biens de l'esprit ; imus eilei'ous la creix f[u';i
présent on appelle precessioiiuclle, les llainbeaux (|ui raccunipagnent. et le
bougeoir qui précède les évccines dans les soleuuili''s de la lilui'gie. (Ju'im y
songe l)ien : ce sont là (les reteulisseini'nis leinlains d'iuie ini|)iiisiiin [iiiniitive
([ui fut donnée à Tappareil de^ premières riinctiens (h; la foi ; ce sent i\r^ endu-
lations encore sensibles du cérémonial (jui 1V,I admis à l'iiulialiiiu nai---;iiile
des mystères de l'autel. Kt puisipie nous voyons (|u';l sou sunnnel la société
chrt'tieinie a gardé des dépôts sacri''s dont l'origim' s'cxpliqiKi h peine aujour-
d'hui. connnent n'admettrions-nous pas cpie la. t'oiile, elle aussi, a ses pri-
vilèges et ses vues de conservation. parc(.' (ju'elie est disposée toujours et
partout ù tout maintenir en religion au même degri'; oii elle l'est à tout
détruire en révolution? Ce (lu'ellc croit lenii-de Dieu, elle met sa force et son
honneur à ne l'abandonner jamais, malgré' les lentaleui-s ciui veulent l'entraîner
dans leurs erreurs sacrilèges. I''ùl-c(; même, au sons actuel, ini fonds de super-
stition qui reuti'aine. elle y tient parmi lieu indissoluble. (!t s'y attache comme
à une ancre de salut, (leci arrivera surtout pour ces |)articules d('lachi'es de
corps sanctifiés, d'êtres divins ou divinisi's. non plus dans nos \illes et cam-
pagnes envahies par une philosophie i)ourgeoise, mais dans nos hameaux
les plus retirés et les plus pauvres, là où règne encore la plus inviolable !idé-
lité aux leçons des ancêtres.
Notre châsse donc, par son développement et sf)n impoi'tance. par la nature
de ses éléments constitutifs, par les divers composés ([tii entrent dan> sa struc-
ture comme dans sa dé'coration, cl jus(|ue par la superposition des ileux étages
de son centre, une large base et une haute coU|)ole, était manifestement destinée
à protéger de son ombre et orner de son éclat (luehiiie précieuse réserve.
J'abandonnerai, si l'on \eut, tout ce qui pouvait venir du côté na'if et simple,
de l'enfant Messie, d'à il lîambiuo ", comme diraient les Italiens; et cepen-
dant, en bas de ce réceptacle, les dé^pouilles de la naissance jadis recueillies
avec tant de zèle en titres ou témoignages d'entrée dans la vie, au fond de
ce vase conservateur à ({uatro compartiments, ces membranes déchiciuotécs
de l'origine humaine avaient bien leur place fixée sur leur sol de métal :
xxii. <5
18 ANNALES AliCHÉOLOC lOU KS.
d'aulrcs ni;i]'([ucs moins relevées des premiers jours do rcxistence y pouvaient
reposer aussi. Ce que nos délicatesses ou mieux nos prétentions taxent de vul-
garil(' n"a point ce caractère aux yeux des masses entraînées par la foi ; et les
I)rinces eux-mêmes, ([ui devancent toujours par leurs inlinies susceptibilités
les goùls [inpulaires. sont demeurés des siècles sans crainte d'abaisser ou
d'avilii' leurs ciioix. en s'attacliaiit à des vestiges aujourd'hui délaissés, tom-
bés en discrédit et répulsion, après avoir é'Ié' la soui'ce d'inspirations aussi
arti.-li(iues (|(i(' poé'tiques. Soit vue sincère, faiblesse ou arrière-pensée de leur
part, (les r(.)is. des empereurs ont sin'vi. à notre su, des masses entières clans
leurs attraits pour ce genre de culte public.
Sous le ciel du ])etit temple, sous la calotte, sous la voûte de son dôme, au
|ilu> haut de son couronnement auraient pu être a|)pendus d'autres restes,
d'autres traces plus vénérées encore des chrétiens : ainsi des linges impré-
gnés du sang jailli des j)ieds, des mains, du liane du Crucifié; des tissus
imbibés des sueurs de son front, parlies inlinilé'siniales du grand holocauste
du Golgotha. Peut-être y avait-il encore, au milieu de ce cercle formé parla
couronne de statuettes des douze apôtres en ivoire, avec tout ce que nous
venons d"indi([uer, la garde des pains de \ie jujur les mourants, des hosties
consacré'cs. Longtemps les tabernacles reçurent ce mélange ([ui fut ensuite
prohibé' pal' les règles canoniques. Toujours est-il (|ue notre tente d'or, domi-
née de son pavilli.iii. a\ait une ap|iropriati(>ii de rordre le plus élevé, puis-
qu'elle atteignit un si gi'and degré de perfection. Sous quelque face qu'on
envisage sa su|)erbe fabriiiue, on ne saurait ne pas la trouver digne de la plus
sublime destination. Dès lors, ({u'elle ait été appelée à receler dans son sein
jusf[u'au moindre fragment, juscpéà la moindre émanation de la Divinité réa-
lisée parmi nous, rien ne pourrait plus nous surprendre dans cette conception
magnifi(iue de l'artiste, non plus (pie dans le dessein pieux et généreux du
donateur; deux âmes qui se sont si bien entendues pour l'accomplissement
d'un vœu fait à Dieu et pour lui. C'était le propre de ces temps de mettre à
l'unisson rintelligence et la puissance oii ({u'elles fussent, par un échange
mutuel de nobles sentiments.
Après ces réflexions, le sarcasme, nous l'espérons, ne pourrait guère s'en
prendre sans regrets à ces représentations réfugiées maintenant dans les
musées, les collections particulières et les ventes publi([ucs ; à ces images, à
ces reliefs, à ces figures qui ne blessaient ni la gravité, ni la modestie, ni
l'innocence de nos vieux âges. Le saint ombilic ou nombril, ([u'on n'ose presque
à présent appeler |iar son nom. ni surtout regarder mên)e d'un œil pieux en
son lieu naturel d'élection au ventre d'une figurine, par un clfort de la science,
l.\ GU.WDF. r.iiAssr. 19
o!)li:Midr;i-t-il poiil-êiro à r;i\oiiii' un |)oi do i^ràro aux veux do tmis : rar,
avec ton?, nous ivM'diinaissuii.-; saiH di'loiir qui' do [oWo^ dt'vnlioiis ou adora-
lions no. ])('iivpiil ni ronaiiro où. elles se sont étcinles. ni siii)sislor longlemps
sans doute, si elks .-c montrent encoi'o dans quel(|ue r(H'oin. Mais n'oui)lions
point que tant de reliijnivs perdues, méconnues, négligées par nous, nous ont
pourtant valu les admirables créations di^ l'art (|ui s'ingéniait à leur doinicr
un \ètemenl jugé' digne d'idles. Souvent. (|uand Tàuie s'est retii'i'(> ou eiivoh'e,
ren\eioppe nous ou est resti''e; gardons au moins ci'lle-ci pour d'autres besoins
de plus d'importance. L'archéologue qui atteindi'ait ce (Ioid)!e but du res[)ecl
du passé et de transformations di''sirécs, serait bien n'Comp<Mis('. lui ce ([ui
concerne le sujet de cet article, le succès ([ihî nous d(''sirions est atteint.
Nous dirons comment et parcpii : reconnaissance oblige en arclié'ologio [ira-
tiqne. comme noblesse en guerre.
Et, voy(>z ])lutèt ce f|ui se jiasse pi-ès do nous : u'èles-Mius pas l'rappé de
l'intérêt (|ui s'attache à nouveau à deux tombes pi'olanées. il n'y a pas encore
trois quarts de siècle? La dalle f(ui porta, la dernière couche, h; cercueil de
sainte Gene\iève. ressuscite, elh; seule, raiiticpie pèlerinage de la |)alronnc do
Paris. Elle a fait jilus; elle a ins|)iré ime grande composition h (|ui l'art savant
a moins fait défaut (>ncore (|ue le s(Mis. le tact et le goùl. r)uoi (pi'il eu soit de
ce don. il n'eu esl pas moins l'oirrande magnilique du monde li' plus ri'cher-
ché, le plus élevé, le plus cultiM' de la capitale. Marbi'cs , bronzes, pierres,
bois, sans distinction \isible (\o matières, s'accumulent pcle-mèlo à Saint-
Étienne-(lu-"Mont dans la chapclh; de riiumblo bei-gèrc de Nanteri'e, en témoi-
gnage de renthousiasme commun . des p(>tits comme des grands. A cette
heure même, saint ^L1rtill. ce preuiier thaumaturge desCiaule-. so l'ési'illi; de
son « repos ». de sonca\eau fimi'raire. ainsi (|ue nous disons moins religieuse-
ment, de son sépidcre mal enseveli par nos révolutions. Son nom l'elenlit par-
tout, à la voix de son successeur sur le vieux siège de Tours; et bientôt, il sera
écrit en ti'aits inelTaçables siu" li^ sol (jui en reçut les prenn'ères empreintes;
car, on l'assure, les murs h'S plus aïK/ii'uue u(^i.t aullienti(|ues ([ui abritèrent sa
« confession » se relèveront avec leur intégral caractère, comme un hom-
mage dû à la vé'ué'rable an1i(]uité'. Comment en sei'ait-II autrement de la
part d'une église immuablement tidèlc à son Dieu iunnuable . d'un prélat
si digne d'elle, et des esprits d'élite qui forment le grand conseil de cette
réparation? Entre tous mes espoirs. je dé|inse pai- avance, dans le vaste monu-
ment de la Tonraine. le monument en ('■mail de même date peut-être, du m' ou
\\f siècle, que nous voudrions de tout uoti-e cirur faire revivre avec toute
l'ardeur qui présida à sa naissance, à son érection. Comme il conviendrait au
20 ANNALES AIICII KdLOr.Ior r.S.
Il inarlyriiiiii » i^'i^diUi' de saini Martin '. ot roiiiiiu^ il serait à ?a plare sous
les simples et imbles voûtes de ces autres murailles de .lérusaleui ! Celui qui
l'a fait graver, et nous Ta gardé de la sorte pour des applications bien enten-
dues, le reproduirait avec le zèle de la science et de la conscience pour son
nouvel usage, pour son nouveau poste d'imimeur et de gloire : car il n'est
travail d'Iioinnie qui crie avec plus d'i'clal : « (iloria in excelsis Deo ! »
\y C AT TOI s.
i. Va oxrcllent op\iscuIp. plein tic vues et do vituk d'iino liaiilc portcn. a été publié réccm-
nionl pour ohipnir l'ércdioii d'une rliapelle sur remplanomeni du cliœur de la première abbave
des (iauleri. Ce rapport ollicimx porte piour titre : « Notice sur le louibeau de saint Jlai'lin et
sur la découverte (]ui en a été faite le li décembre 18(10, publiée |iar la Oummission de l'ceuxre
de Saint-Martin avec l'approbation de Mgr l'arclcviViue de Tours, 'r lin présence d'un liistorique
si bien présenté et des plans détailles et soignés (pii l'accompagnent, les di'sirs se sont bien vile
accrus, et l'on a demande nrai ])lu> un simple oraloire. mais une trés-imporlanle paroisse, ]icut-
ôtre plus, pour la \ille de Tnui?. Les éli'menis de tous genres recueillis en grand nombre len-
dent imiiossible la moindre hesilalinn sur le meilleur parli de reconstiaictiou de l'édilice détruit.
La giavité de ce sh le roman, qui reprit laeine el se perpélua longtemps après les épouvantes des
Millénaires rassurés, convient d'ailleurs on ne peut mieux au talent de l'arelulecte, elioisi, suivant
notre attente tant de fois exprimée do vive voix el |>ar écrit, jiour mener à bien cette vaste entre-
prise. M. Gnérin sait trop ce (pi'il doit à la religion, à la science et à .son art pour s'écarter
d'une seule ligne de la fin ipi'il devra se proposer d'atteindre. I! sait aussi que, pour tout (''carl à
tels endroits, sa respon.sabilité ne serait couverte par personne. Son originalité sera de s'etfacer
devant la nécessité, le devoir de suivre la tradition la plus complète et la plus reculée sur k»
monument (]u H e^t (piestiMn de relever. Toute autie tendance, à nnirc avis, soidit à repous^i-r
avec 'ncrgio.
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TUÉSOll l)i: SAINT-MAIIC
\ \1-MSI<
VASF.S n\ \ F.niîF. COI.OIIK.
lO.V Coii'i-. — Kn niatiiTf ti-ansliicido. de cmiloar vort pàlo. (Vuut^ jolie
miaiico, ressonil)lant ii celle de la porcelaine (•éhuio:!. CiiKi lièvres, coulés
dans la masse, conrent antonr de ce vase, à rextérieur. Uiclie iiiontm-e en
or gravé, pierreries, émaux; la gravure et les émaux figurent de simples
ornements. Dans le dessous, il y a une inscription qui. selon Montlaucon
( « Diarium italicum » ). serait arabe et signilierait : « Dieu l'a l'ait ». Ce
vase, publié par un voyageur du siècle dernier 'K a longtemps passé pour
être taillé- dans un seul morceau de turquoise. La tradition rapi)ortant (juil
a été donné par un roi de Perse à la Républi(iuc de Venise, eu U7(), a pu
donner lieu à cette croyance, parce que la turcpioise se trouve principalement
en Perse. In autre vase célè!)re, le « -Sacro Catino ■> de (:,(:\v'>. (pu; j ai vu à
la cathédrale de cette ville et qui .'st de couleur veit foncé, passait pour être
d'une seule émeraude -^ Si la science a fait évanouir ces diverses pré'tentions,
■^. Voir les a Annales ArdiroloL-iiiues », vol. xx, |K..^M■s IGi. 208, ■>;\ cl :î07; vol. xsi,
pages 94 et 336.
2. Di: La .Mutrave, « Vov..gos«, I.a Haye. 1727. I. i. p. 72, pi. vu et vn l.i.. Il est poss.l.le
que le vase y soK donné de grandeur naturelle: il aurait alors 10 cenliinétres de haut sur
20 centimètres de large.
3. Cf. Bossi. «Observations sur le Sacro Catino », Turin, ISOT. Bos.i cite le vase de Venise
el d"autres analogues, qui se trouvent ii .Mayence, Cologne, Monza et ailleurs.
22 ANNALF.S A RC 11 KOLOG I QU F.S.
il n'rii l'st pas inniiis \rai que ces vases sont des prodiiils rares et pn'cieiix
de riiidiistrie asiatique.
lOG" Vasp. e\ FoiniF, de srav. — La rdiiliiii' m'a [laru en être d'un violel
li-,Nc;_f()iiré. Des np,-ures. tailli''es ou niulées dans la niasse, en font le' Jour;
elles représenteiil une bacehanale. Le fond manque. Une anse niol)ile, m
argent, est attaclu'e ;i son orifice. Cet objet, qui parait être « antique », a l'Ié
grossièrement re|ii'nduit dans les o Voyages» du sieur de La Motraye. f)ù il
est aiir<i drsigin'' : «Tas antiqiium mira? magnitudiiiis. solide ex liyacintlio
granato ». .l'ai ])lacé ce vase dans la catégorie des objets en veri-e. mais je
di''clare (|ue je suis tout à fait inconqv'tenl poui- en di'signer la matière ; peut-
èli'c est-il en cristal de couleiu' violette, pareille ;i celle de raméthyste. et
a-i-il été exécuté en vue des idées qui s'attachaient à la. propriété de certaines
pierres dures de cette couleur, ce qui les avait fait surnommer «améthystes»,
c'est-à-dire qui préserve de l'ivresse '.
107" Pktit v\se. — De forme semi-sph('roïde, avec col évasi'. Un anneau
en argent, qui tourne autour de son col et deux anses en spirales de même
matière forment toute sa monture. Il est de couleur violet foncé, et couvert en
grande partie de peintures pâteuses qui forment relief. Ces peintures consistent
en un fond semé de fleurs et autres ornements, sur lequel se détachent sept
ronds bordés eux-mêmes de petites fleurs et renfermant des figures nues en
pied. Une de ces figures est un homme tenant une draperie et un thyrse.
Ces ronds sont intercalé's enirc deux rangées d'autres ronds plus petits,
contenant chacun une tète humaine. Le tout est d'(m travail délicat, simple,
élégant, bien dessiné, et cjui rappelle « l'antique >. Je trouve quelque rapport
pour les procédés d'exécution entre ce vase et un fragment d'antiquité trouvé
à i^imes et plai-é' au musé'e du Louvi'e avec cette étiquette : « Figures de
pâte de verre appli(iuées sur un Iniid translucide ». Cependant si ce vase est
(I antic[ue » il a dû être orné dans le Bas-Empire, car ses anses sont pareilles
à celles d'objets byzantins qui smit près de \h. et deux inscriptions en carac-
tères cufic[ues sont peintes l'une h rext('rieur. autdiir de la partie inférieure,
et rautre en dedans, autour du col. Voilà un ol)ji't (lui doit certainement inté-
resser les anli([uaires.
Il n'était pas rare autrefois de rencontrer des monuments païens dans les
trésors de nos églises, et c'est à cette circonstance qu'on doit la conservation
de plusieurs objets d'art très-importants. Tout le monde connaît le beau
1. Cf. Pi.iNK. 1. wwiii, n" 40. — Il existe sur fc vnsp ot sur le |uécéilent deux dissertations
qui se trnuveniient dans le volumineux ouvraire. « Yenezia e le sue lai;une n, publié ii Venise en
I8i7. à la suite d'un congrès, et dont je n'ai pu avoir communication.
■IIIKSOII |)F. S \1\ r-\l \K(;, A VKMSK. 23
caiiu''e (le la Saiiilr-('Jia|ii'll(' cl le inaL;iiili(|m,' vase di' Saiiil-Dcnis. appclc
(•(iii|)(' (les IMohMiiiM'--. l)i'anrMii|i liauli'i's iiiorci'aiix iiili''i'i>ssanls . (|ni l'uni
l'onieiiiriil et la ricliesM' (hscullcclinns |)ubli([iics, dul la iiièiiu; oi-ii;iii(\
.Vujdurd'liiii ciu'Di'c. Il' liv'siirdc rabbaxr ili' Saiiil-Maïu'ici', en Suisse, possède
eiilre aulres objets |)i'érieii\ un superbe vase en sardonvx. aiiloiu' d.ii(|uel se
déroule une seène seuljtti'e ([ui esl [)eut-èlre un épisodi.; tle la gueiTe de
Troie.
IVOIRKS.
Les objets eu ivoire sont l'aros dans le trésor de .Saint-Mare, je u'i'ii ai
apcreu (]u'un seul dont voiei l'indlealiou :
108° l'irirn-; noiiK uondk. — Elli' est ^-ravéïi au Irait, dessus et auloiu- :
des paons et dr> |]o(n's ornout le des.-us ; autour. r'o>l uni' casaleadi' de rhas-
seurs l'oiseau au |)oing ; puis inie inscription (|ui. pai- la l'orini' de ses earac-
tères. indi(|ue p(>siti\eiueut un ti'a\ail a.-iatiqiie. (Ictlc iu>criplion eonticnt
peul-èti'c ÛQ^ V(i'u\ et souhaits ou di-s s<'nti.'ni-es morales, eouiuiu rinsri-iption
d'un eoHVe d'ivoiiv appartenant à la ealliédralo de Sens.
J.es i\oii'es n'axant pas la nièmi' \aieur intrinsr(|ne (juc les pircrs d'oi'té-
vrerie. il n'est pas ('■toiniant (|ue (iuel(|ui's-uiis aii'ul |iu éeliap|>i'r à la ruine de'
nos trésors; les « .-Vnnale's .U'ehéologi(]ues « ont publié' pln.-iours Ix'aux mor-
ceaux {[ui snl)sist(Mit encore, entre auti'es un Crueilie;i:eut et, le (llirisl couron-
naiU rem|)ereur liomaiu-Dio.gène, ouvi'a.n'es i;-recs conservés à la Bibliollié(|Ui'
impériale. Deux collVets ivn:ai-(|uables, de travail byzantin. exi>teiil encore
aujourd'luii dans les eatln'drales de Sens et de' Ti'oys. Siu- celui île Si'iis on
voit, en petits bas-i'eliel's. toide Thistoire de Joseph. Des insciiptiijus ti,rec-
ques on lettres d'or .s'y lisaient antrel'ois; mais ellaeées, en partie par le
temps, en partie [)ar des ignorants, elles ont dis|)ai'u. (le luoiunnent. pi-(''cieux
par sa rai'elé et son travail, a été impart'ailemenl [lublii'' par Miliin dans son
« Voyage en France » ; il a éti' moulé avec soin |)ar la Sociéli' d'Ai-iuidel de
Londres. Le coll're de Troyes, i)ul)li(; aussi et moulé' par la même Société.
rcpré.sente des grands .seigneurs achevai, .soilant d'une ville, et mie chasse ù
la grosse bète. Ces objets figuraient autivl'ois au milieu de beaucoup d'autres.
qui ont disparu et (jui avaient une même origine (jue ceux du trésor de Saint-
Marc. C'est ce (|ue racontait un voyageur (!u dernier siècle -eu ces termes;
« Outre ces anti(iuités des meilleurs temps. Venise en possède d'autres du
Bas-Empire et du moyen âge. Le trésor de l'église de Sainl-^larc, tiès-riche
en ce gc.ire, est formé de la pail (jui échut aux Vénitiens dans le pillage du
24 ANNALKS AllCII |':ULU(J1QL'L:S.
palais des empereurs de Constantiuople, lorsque cette \illi; fui pi'ise et sar-
cayée par leurs forces couibiuées avec celles des Français. La pari (jui ('■i-hul
à ces derniers est aujourd'hui ri''paiiduo dans diverses églises de France. La
calhi'di-ale de Tnues. en Champagne, la cnlir'giale de hi même ville, ralihayc
de Çlairvaux, etc., piissèdent plu>ieui's pièces ti'ès-précieuses tii'éi's di' la
même source et qui leur ont été données soit |)ar les comtes de Champagne
qui. ayant confribui' pour beaucoup à cette expédiliou. eurent bomic part au
butin, suit par ré\è(iue de Troyes d'alors qui. étant le |)remier aumônier de
l'arniiV française, s'iHait loti ou partagé pai' ses propres mains ^. »
109° et 1J()° Di:l\ coumis di' licouM';. — Je mentionc dans la catégorie
des ivoires ces deux objels appelés autrefois cornes de licorne et aujourd'hui
dents ou dé'fenses de nai'val ; ils sont droits et longs de plus d'mi mètre -.
Le ])i'emier. (pii aurait été donné à un doge en liSS, est garni, h clia(|ue
cxirémifé, de métal sur lecpiel sont gravées des inscriptions à la pointe; ce
sont deux lignes d"arabe ou d'une autre langue d'Asie. A l'autre bout, on
dislingue deux lignes en caractères grecs. Une chaîne y est attachée, (jui ser-
vait sans doute à le sirspondre daiis le clio.'ur les joui's de fête. Au milieu de
cette cliaine est un m(''daillon représenlanl. dit-on. Saint-3hu'c entouré d'une
inscripfi(Hi latine. — J'ai tenu le second objet dans mes mains et je puis en
])arler a\ec plus de détails. Six anneaux d'argeni, gravés d'inscri[)tioiis, l'en-
tourent h dilférents intei'valles. .Sur l'anneau le [)lus rap[)roché de la pointe,
on lit le co:miienccme:it de la Salutation angéli([ue :
+ KAIPH KE\AP1T.0A1E[M1]
(( Je vous salue. |)leine de grâce. »
1. Il Observations sur rit.ilic, doniu''?.-; son-; le nom ilo dcn\ gentilshommes snédois », par
M. G , Londres et Tari», 1771, t. u. |i. 7ii. — M. l'abbé Coflinet, chanoine de Troyes, donne
des rensei.LMienients détaillés sur le trésor de la cathédrale de Troyes au sujet d'un reliquaire de
la vraie eroix oi-rié d'émaux, qui s'y trouvait jadis et qui portait une inscri|ition ijreeqne eonsU»-
lant. je pense i|u il avait été exécuté |>ai' le-; soins d'un j;rand dignitaire ; llpwTc-ici'îfc;' du nom
de Constantin. On y voxail repré-enloes la Crucifixion et la Itésurreeliun. Voir les « .'\Iém. de la
Soc. arch. de l'Aube ». t. xix.
2. Le trésor de Saint-Denis en possédait une de plus de six pieds de loni:; on prétendait
qu'elle avait été cn\o\éc à Cliarleniairue par un roi de l'erse. Le trésor de la cathédrale de
Slrasbouri; en possédait aussi une de la même lon.;;uenr, cl l'on vovail appendu à l'un des piliers
de cette é.ulise un objet de mêmes nature et dimension, mais dont la pointe était recourbée.
Cf. ^lii.LKT, « Trésor sacré de l'abbaye de Saint-Denis u, 1040, [). lio, et « Description de la
cathédrale de Stra.sbour.!.' », 1SI7, p. 117. On peut voir , à Paris, au (Conservatoire des arts et
métiers, deux défenses de narval : l'une a 2 mètres .30 centimètres, l'autre I nietre oO. M. Le Car-
pentier 'de Paii.s) en |)ossède deux entièrement .sculptées. 11 en existe ii Venis\ au musée Correr;
on dit (pi'aulrefois, dans cette ville, on en voyait ii la parle des apothicaires.
TRKSOn DF. S'JNT-MAP.C, A VI'. M S!". 25
Sur Irs (liHi\ niiiiranx >iiivant>. on lit :
-J- ATio^ o or.os I
-p :i\rP()^ Al'IOÏ ARAXATOS.
Ci'Ito phrase est lin'(> du « Trisanion ». pi-iri-o f|iii est l'écili'o penilanl la
lilnrgio ou messe dos Grecs, et que ri\i;lise romaine eiiaiili' ou laliii et ou
grec à roffice du \eudredi saint : « Sanclus Dons, sanctiis lurtis. sanrlus
immorlalis. etc. ^ • — Los doux anneaux qui suivent portent ces mots :
-f- F.VAOri.lMKNO:^ o FI'XO
-f- MENOC OCAIS'A TO lO AACIO (sic).
On reconnaît facilement l'acclamation des Juifs lors do rontréc de .]i''sus-
Christ à Jérusalem, et qui est répétôe à peu près dans los mèirios Ici-inos à la
messe des Crocs et des Latins. .Te suppose que l'insci-iplion gi-axi'o sur !(»
dernier anneau est ('gaiement chrôtionnc ; mais ollo est on arabe, syi'ia(|ui' nu
auti'o langue d"Asio. et je n"a\ais pas le temps dossaycr di' la ooiiicr. Tmi-
tefois. nous en savons assez ])our èti'o coiiain c[ue ce monuuu'nt a éti', orm''.
par des mains clin'tionnos, et pour être autorisé à croire ([u'il était poi-t(' |iar
quek[ue dignifaii'C dans certaines cérémonies religieuses à Constant ino|)lo,
Antioclic ou tout autre lieu de l'empire d'Orient, car, en Sicile, on trouve dos
inscriptions bilingues en grec et arabe, l'oiil-ètre encore cet objet était-il
appendu aux murs d'une église, près d'une imago de la sainte Vioi'gc. par
suite de ri(lé(> altacli(''(; à sa provenance d'im animal consich'i-é'. par los cliré-
tiens du Bas-Empire et du moyen âge, et peut-être pai- les païens do l'anti-
quité, comme un symbole de la virginité. Pour compléter autant que possible
la description de ce curieux monument, je dois faire observer ((ue les inscrip-
tions gravées sur los trois premiers anneaux sont on beaux caractères
anciens, tels ((u'on n'en voit ])as souvent dans les inscriptions chrétiennes,
surtout pour la l'oi'me des oméga el des sigma; quant aux inscriptions (l(\s
quatrième et cin([uième anneaux, nous y retrouvons les cai-arlèros habituels
du Bas-Empire avec des fautes d'orthographe.
Une des armoires de la salle du Ti'é'seï' contient plusieurs objets d'mio
grande richesse, do travail vénitien des quinzième siècle et sm'vants : croix,
crosses, calices, paix, cendélabres, etc. Je n'ai |)aseii le temps do m'y arirtei-.
Je note aussi sommairement un devant d'hôtel ( « paliotto ou parapetto »),
donné par un pape vénitien à l'église Saint-Pieri'o. aloi's cathédrale, et ti'ans-
porté depuis à Sainl-'NLarc, devenue basili(]uc patriarcale. C'est un magni-
fique travail d"orfévi-eric du quinzième siècle. On y voit, sm- deux rangs
xxii. 4
20 ANNALES AnCIIl'OLOG I Ql! KS.
siip('i'|)ii<(''s. J('sns-Clirist assis entre les douze apôtres en pied, et saint Pierre
assis entre d<)ii7.(^ saints aussi en pied. Toutes ces figures sont exécutées au
repoussé, d'un fort relief. Les jours de fête, on place ce paliotto devant le
maître-autel.
J'ignore si l'église Saint-Marc ne possède pas encore d'autres objets anciens
et remarquables, qui seraient renfermés dans la sacristie ou dans des maga-
sins; je ne m'en suis pas informé- faute de temps.
Pour ne rien négliger, il faudrait parler des guipures et des tapis de Perse;
j'en ai vu l;i. comme dans beaucoup d'autres endroits de "Venise. Ce sont des
objets (|ui éM',ha|ipent à toute descrijition, et cependant il faut se hàtei' de les
cxaniiiier. et d'en dessiner, si l'on jieut. f|nel([nes fragments, car ils dispa-
raissent de jour en join-; il ai'rivi^i'a un temps nù Ton ne ]iom'ra avoir une idée
des tapisseries d'Orient, dnnt les motifs d'ornement sont si simples, si bien
entendus, et dont les couleurs sont aussi harmonieuses (lae sur quelques
tableaux flamands disséminés dans les musées. Mais j'en ai dit assez pour
donner une idée de l'importance des objets conservés dans l'ancienne cha-
pelle des doges, plus heureuse en cela, si je puis m'exprinier ainsi, ([ue
l'ancienne chapelle du palais de nos rois, qui possédait autrefois un trésor
encore plus riche et qui est aujourd'hui presque entièrement détruit.
Parmi les émaux qui composent la « Pala d'oro », j'ai mentionné, sous le
numéi-o 58, une figure du Christ accompagnée de cette inscription : ic xc O
AATI't'O^'iiTHC. Cette figure ainsi nommée doit probalilement se rapporter à
une li'gende pubiié-i^ par Combefis sous ce titre : « llistoria imaginis Salvatoris
« quam kv-:ov''r''f.; dieunt i. » En deux mots, voici cette légende. Sous l'em-
pereur lléraclius. un marchand grec, appelé Théodore, s'embarque avec une
cargaison. Il fait nauh-age et perd tout ce qu'il possédait. Cependant il par-
vient à emprunter une somme d'argent ;i un Juif nomme Abraliam, qui
accepte pour caution une image de Notre-Seigneur vénérée sur une des |)laces
pnbliques de Constantinople. Le marchand pei'd tout une seconde fois. Le
Juif consent encore à prêter, mettant toujours son espoir dans sa caution.
Théodore se rembarque donc et rexienl avec une fortune considérable; il
rembourse alors Abi'aham. et celui-ci, frappé des circonstances miraculeuses
qui ont accompagné le sort du marchand, se convertit au christianisme et est
baptisé avec toute sa famille.
Ji:i.ii;n DURAND.
1. « Aiif 'imrium nivum », Paris, ICls. t. xi, p. fill. — «Bibl. Pair. ». t. xix.
AHimLlË 5 ARCZ^E'OL'O GlgUJE û
PAR DIDRÛN A PARIS
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MAK'jr.CRlT OU ;(V;"^ SiKCl.F. , A liA BiiiîJOTHF.guE :MPÉS1i\1.E, N° li6
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LA yikk(;k
ET LES PALKNODS DL MOYEN A(.E
II y aurait de l'iiilérèl à passer en revue tous les chants du l'uy d'Amiens
avec les mini;dures correspondantes, ils fni-incnt autnur de la reine des anges
comme un concert dont cluujue note a son agrément, et ce nest pas dédain,
il s'en faut, si nous retranchons du cadre de cette étude la plupart des com-
positions que contient le manuscrit de la Bibliolhètiue impériale. C'est avec
une extrême souplesse el une prodigieuse diversité (\ne les rhéforiciens et les
coloristes de ce temps ont traité- le triple aspect (|ui résume la Vierge tout
entière : sa conception, sa virginité et sa maternité divine. Elle sort d'entre
leurs mains, on peut le dire, avec ce vêtement de variété dont parle le psaimie,
« circumdata varietatc ». et elle ofl're un argument de plus de l'inépuisable
fécondité des sujets religieux, du vaste champ qu'ils ouvrent devant l'imagi-
nation artisti([uc.
11 y a des préjugés singuliers et cpii ont cours même pai'mi les gens de
profession. Par exemple, on répèle cpiil est connue impossible de parler ou
d'écrire dignement sur la Vierge; que, ])ar le fait, la poésie et l'élociuence ne
lui doivent point leurs cliefs-d'œuvre. Des prédicateurs eux-mêmes se désolent
d'avoir k célébrer les louanges de cette créature auguste et jjrescjue di\ine,
qui apparaît sur les confins de la nature et de la grâce, connue à une égale
di.stancc de la ferre et du ciel. Sans doute un bon sermon, un bon poème sur
la Vierge sont dilTiciles et rares, mais c'est la loi commune de tout ce qui est
bon et beau. Les merveilles ne foisonnent dans aucun genre, el ce n'est pas,
1. Voir les j Annales .Vrchéologiqucs », vol. xxi. p. 3io-3o7.
28 ANNALES AliCllEULOGKjLES.
pour rordiiiaire. le sujet ([ui manque au génie, niais le génie (jui inaniiue au
t^ujet. Rien de plus commun, à coufi sur, (jue dcntendœ discourir faiblement
t-ur la sainle Vierge : on dirait ([u'elle a le privilège d"ètre maltraitée des
orateurs sacrés. Us trouvent commode de s'en prendre au sujet, mais, en
réalité, ils ne doivent accuser que leur ignorance ou leur faiblesse. 11 n'est ni
])lus ni moins malaisé de chanter la vierge Marie que de la peindre ou de la
sculpter. Oi', combien de poèmes splcndides éci'its à sa louange avec le pin-
ceau ou a\ec le ciseau! C'est une magnifique épopée en son honneur cpie celle
qui se déroule à travers les siècles sur le bois, sur la toile, sur la pierre, dans
les vitraux ou sur le marbre. Aucun sujet n'a été davantage et plus heureu-
sement essayé, et l'éloquence elle-même lui doit ses plus belles inspirations.
Les Pères de l'Eglise en ont tiré d'immortelles pages, et Bossuet, le dernier
d'entre eux, ses meilleurs discoui's. Dante, au moyen iige, a semé sur la
Vierge de glorieuses strophes. >"ous prions ([u'on relise celles qui ouvrent le
wxiu" chant du Paradis. C'est le type de la hauteur à laquelle peut attehidre
l'enthousiasme poéti(]uc sous le souffle de la foi et de la piété.
Nos chantres de Palinods sont d'un lyrisme beaucoup plus humble assuré-
ment, mais on reconnaît çà et là dans leurs œuvres une inspiration supérieure
à leur talent. Le sujet a soutenu leur muse, et conune d'ailleurs ils ne visent
point à l'ellèt , ils se font pardonner de n'être pas sublimes en restant
simples.
Reprenons, pour terminer avec le recueil d'Amiens, quelcjucs-unes de
leurs allégories.
Marie est célébrée connne l'aube du jour qui éclaire le monde. Dans le sens
de l'auteur, l'aube est cette clarté qui tient le milieu entre les ténèbres qui
se retirent et la lumière qui s'avance. La A ierge est donc une créature à part,
médiatrice entre Dieu et l'honnne, sorte de trait d'union de ces deux incon-
cevables extrêmes, retlet vivant et substantiel du soleil de justice, messagère
de grâce et de salut, espoir et consolation des races assises dans l'ombre de
la mort, argument du Christ à venir et sa présence anticipée. C'est la Vierge
des prophètes, la Vierge chantée ainsi aux Cantiques : « (Juclle est celle-ci
qui s'avance, pareille ù une aurore naissante, belle comme la lune», dont elle
possède le doux éclat, » pure comme le soleil », dont les rayons la pénè-
trent ? (Quœ est ista qux progreditur cjuasi aurora consLU'gens, pulchra ut
luna, electa ut sol K)
On la voit debout sur une montagne, au-dessus des palais et des maisons
I . « Gant. 0 VI, '.^.
LA VIEIKJK 1:ï L1:S l'ALI.NODS DU M(J\i:.N \GE. 20
do la cité, nimbée, ciicveiix lloltants, eiiviroiiiiée de nuages qui se retirent de
part et d'autre et font place à une lumière chaude et transparente sur lacjuelle
elle se détache. 1-a pose est noble, et les visages de la mère et de Tenfant ont
une expression sei'ciiie.
Maintenant, voici la Vici-gc sous remblème d'ini calice, le calice du sacri-
fice eucharistique. 11 y a un autel et dessus un calice dans letiuel plonge à
demi l' Enfant-Dieu (juc la Vierge elle-même soutient. Et ce calice, dit le
poëme,
apport lu élection
De Dieu faicte |)ai'ce(Hiau testameiil
Vieil est eseript ([uavaiil crealiun
Des siècles fut si'mpitenielleineiU
Celte Vierire pre\eiie dii,'neiuciit
i£t disposée en sainteté immense
.V recepvoir Uioste de linnocence.
La figure que voici a du rapport avec la précédente :
Au genre humain consolable funlainc.
Telle est la devise qui sert de thème au peintre et au poëte. Le premier
nous montre la Vierge tenant l'enfant sur le bord d'inie fontaine en forme de
baptistère. Des deux côtés coule une eau pure où des gens de toute condition
viennent j)uiser. Le poêle assimile cette fontaine à celle de Siloé. parce (ju'en
môme temps qu'elle abreuve les humains, elle les purifie de leurs souillures.
Cette fontaine, dit-il,
que en preelection
Dieu ordonne ccst Marie sacrée
Liiquclle fut par loperation
Du Sainct Esprit emplie et décorée
Deaue de jrraee en telle providence
Oue ^'enre humain (jui en avoit carence
Par cette eaue eut force aj;ilite
De parvenir à la gloire haultainc.
Une des miniatures les plus achevées est celie (jui fait pendant au poëme
où Marie est appelée :
Au Pélican forost solacieusc.
La Vierge est debout devant une forêt peuplée d'oiseaux charmants. Rien
n'égale la richesse et la variété de leur plumage, si ce n'est celles de leurs
chants fine l'on croit entendre, tellement ils ont des attitudes vives et animées.
La panihère, le lioa, la licorne errent en paix sous les grands arbres, et tous
30 ANNALES AliCIl KOl^OG lOLES.
CCS animaux rcprc^^eiilcnt les vertus de Marie. Ail\ i)icds de celle-ci repose
un nid vers lequel s'abat un pélican. Les petits allongent leur tète et tendent
a\idenient leur bec à la nourriture. Le pélican se frappe et se déchire :
Le sang coule ;i longs flots de sa poitiiiic ouvorle.
En vain il a des mers fouillé lu profondeur:
L'océan élait vide et la plage déserte,
Tour toute nourriture il apporte son cœur.
Le polMe a-t-il besoin de dire :
Cette forest en sa beaulte plainicre
Est Marie
Qui sur la terre en haultesse souimiere
Toucha les cieulx.
A-t-il besoin davantage d'explicpicr que le pélican es! le Christ qui vint par
l'incarnation habiter cette forêt vierge et ([ui nourrit de son sang « les pau-
vres pélicans huniains abandonnés » ?
j\Jarie est cliantée après cela et figurée coinnu' la fronde dont le vrai David
se servit pour terrasser le géant orgueilleux. David, c'est Dieu le Père ; la
fronde, c'est Marie; la pierre de la fronde, c'est Jésus-Christ; Goliath à la
tète des Philistins, c'est le démon à la tète de ses anges.
In autre s\m!)ole tiré de l'I^critiire est ap|ili(iué à ^Larie dans cette devise :
l'iaisant Iloster du roy des cieuK eslute.
Assuérus, c'est Dieu; Vasilii. l'humanité qtie Dieu a répudiée à cause ([u'elle
(1 s'abatidonnait à tmo infmiti'' d'adtiltères par une insatiable prostitution »,
comme dirait Bussuet ; Eslher, c'est Marie, « de beatilte refulgente »,
Qui grâce obtint par manière absolule
et qui en usa pour sauver l'humanité au détrimetit de son antique et mortel
ennemi.
La Vierge tienf l'enfant qui lui met sur la tête une couronne. A un plan
inférieur. Assuérus fait la même chose pour Esther.
iNIais. puisque nous en sommes aux figtires de la Bible, nous ne devons pas
omettre une des plus heureusement employées. La Vierge est appelée
dans le refrain :
Au souverain Moïse Immblc fiscello.
La mise en scène est ornée. On voit le palais de Pharaon sur les bords du
Nil. Devant le palais, la Vierge Marie debout. A ses pieds, sur l'eau, flotte une
corbeille où git un enfant eimnaillotté. A droite, la fille du roi d'Egypte dési-
I,A VIF.RGF. 1:T I.F.S PALINODS DU MOYEN AGK. 31
suant (lu (loi^t à .«os coinpaiïnos la <> flscello 'i qui surnag-o; à p,-auclic. MafiV.
S(i!ur (le Miiïsc. (jui s*^ lient là. ('piaiit le sccMurs |)iini' ce clici' tr(''sor (|uo balan-
cent les eaux capricieuse? du ITeuve. L'auteur du chant n(^ uiau(|ue pas de se
■ livrer, selon l(> goût malheureux ih cette ('poque. à des explications menues
siu- la longueur. ri''tn)itesse. la ci)ncavit(' de la coi-heiile. Il n'est ni atlravaiit
ni utile de s'y anx'ter. Constatons seulement le but du \)in:\r. ([ui est d'ex-
primer
Oiie Miuii' p.ir ifuvn^ ni-irupic
0(^mniira ViiM'i;(^ »\oc maleinilo
Kt oiillrp plus l;i plaiiii('n> liiiboiulani'O
QucIIp oust (lo irràce
La prc-orva de >n conri^|)tion
Do |'psanl(>iir ot irraxt? infci-tioii
De \ il pc^i'lic
Tout ainsi cpie la « fiscelle » gardienne des (lesliM('es du peuple ln'breu
flottait sur l'eau par sa l('g("'ret(' propre, grâce à l'air (|ui la remplissait, et (|ue
rosier dont on l'avait lress(''e en (''tait si compact et sern'' que la vase ni le
limon n'y pouvaient entrer, ainsi la grâce, rpii fut avec pli'nilude en Marie.
la rendait à la t'ois imp(>n(Mràble et « insulmiersible » aux Ilots de la cornqition
connnuue. Dieu la lit si « legiere du vice 'i ([uc
Oncqups (lo co iioiist pondornsilo.
C'est une tn''s-gracieuse et tr(''s-juste figm'c de cette Vierge iuniiacult''e flot-
tant sur la d('ch(!'ance universelle, ainsi que l'ai'clie ancienne sur le déluge des
grandes eaux; poi-taut, comme la « flscelle » de Mo'ise, les destins du monde,
et échappant comme elle à la loi (l(> mori (|ui pesait sui' la l'ace humaine; se
dérobant à ce fleuve aux sources inconnue» comme le \il. — car la natur(>
précise de la faute oi'iginellc est ignorée. — mais f|ui part de l'hjleu et. dans
sa course h travers l'iiumanité. entraîne et submerge la trisl(; descendance du
premier homme.
11 faut qucl([Ucfois. nous l'avouons. comph'Ier la |)cnsée ou l'image de nos
auteurs; mais cette pensée est toujours indi(|ui''e et assez explicite, dans l'obs-
curité du langage et l'embarras des foi'muies. pi>tu'(|ue l'on puiss(> sans excès
et sans erreur en achever l'expression.
Ce besoin d'interprétation est smlout n(''cessaire poiu' les deux figures qui
suivent.
Marie est célébrée comme la forge d'oii sort Jésus-Christ, le souverain
chef-d'œuvre. La peinture pn'seute une salle; au milieu de la salle, mie
enclume; à l'entour de l'enclume, des femmes arnK'es chacune d'un marteau
32 ANNALES AnCIlEOLOGlQLES.
ciirellos lèvriil. prrlcs ;i frapper. Les marfoaux soiil au nnmlirr do sept, lis
signifiout :
Foy Toinpnrancc E>pfranco et Prudence
Forée Jii?tieo ensemble cl Clinrite.
C'est pous reiïort de ces verliis. qui figurent les sept dons de l'F.spi-il-Sainl,
et que l'Esprit-Saint répandit sur ^larie au jour de rinearnalion du Veii)e,
que Notre-Seigncur se forme dans relte forge sacrôe qui est la Vierge. T^e
sein de IMarie est la fournaise, et. comme rien n'est plus pur c[ue le feu qui
purifie tout, ainsi est chaste et « monde » le lieu sacré où celui qui fit tout est.
fait en quelque sorte lui-même : << Verbum caro factum ».
La figure suivante est très-quintessenciée. mais elle n'en est pas moins d'un
bel etl'et chez le coloriste. Une lampe tombe d'en liaut et pend par une cliaîne
(hi bec d'une coloml^e, qui est l'Esprit-Saint. et au-dessus de laquelle apparaît
le Père éternel. Cette lampe est Marie. Au centre apparaît la Vierge elle-
même, représentée au naturel et tenant ime autre lampe plus petite vers
laquelle l'enfant Jésus qu'elle poi'te sur le bi'as gauche étend la main comme
pour désigner qu'il est ])ar excellence la fiamme ai'dente et luisante. On a ainsi
une gradation admirable : Dieu le Pore en haut; au-dessous l'Esprit-Saint,
colombe aux ailes éployées qui féconde le grand mystère d'amour, « sacra-
mentum pictatis » ; puis le Verbe fait chair; puis la Vierge mère qui le porte,
(( ayant de grâce plénitude », dit le texte. 11 ne se pouvait guère mieux exprimer
cette plénitude de grâce en ^lai'ie, vei's laquelle tout descend et sur laquelle
tout repose, tandis f[u'elle-nième. séparée de la terre et comme suspendue
entre l'humanité et la divinité', monte par la foi, l'espérance et l'amour, ([ui
sont les trois chaînes de la lampe, jusque " ains les haults cieux ». « Excel-
lente altitude », dit le poète.
La dernière pièce du recueil d'Amiens nous offre ALarie comme le reflet
vivant de la Divinité, le centre du christianisme, le confluent de toute grâce et
de toute gloire. le
Miroir (le fov diimour et de^perance.
L'artiste a fait mieux que traduire le poète, il l'a inlcrpn'lé. Il nous peint
un miroir en forme d'ostensoir. Le champ <li^ l'hostie est occupé' par la Vierge.
On la voit agenouillée tenant étendu sur elle l'Enfanl-Dieu qu'elle contemple
avec amour et où elle semble inu'scr l'éclat qui rejaillit de sa propre personne.
Mai-ie en elTct est un reflet de Dieu, « un Ji'sus-Christ commencé », dit Bos-
suet; on pourrait dire un Jésus-Christ renéti''. et c'est en ce sens que l'Eglise
chante : « Spéculum justitiœ ».
LA \IF.11(;K F.T l.KS PAl.INODS hC MO-iKN ACF.. S3
La ViiM-,2;n npparaîl les rln'veiix llollaiils et 1rs di'iix mains (■lo\('cs. par un
senliinrnl di.; pii'li' adniirafiicc. an-cUv-sus (li> son ili\in lils. Sa n>l)o csl d'un
\iijlcl Icndri}. snii nianlran hli'n de cirl. l/onlanl csl ini.
Or, riiniiiii' un niimir. donl Ir l'nyi'i' rasscnihlc li's rayons de luniici'i' cl de
chaleur t']iai-s dans ralinos[)lH''rc, les n'ijand ensnile avec pins t\i' foi'ce et
d'unité, ainsi Marii'. di'vcnne. pai- le ri'lL'cliisscnirnl de Dieu en elli'. un lover
de grâce, doil rayonnci' snr l'onsoinhle de la loi nouvelle |)oin' r('claii-er,
réchauller cl la IV'conder. C'esl ])onr(|iioi anlniu' du niiroii- l'arlislc a disposé
les pi'incipales fi,u,'ures de la l'cligion eliréliemie : J(''sns-('.hrisl d"ahoi-d. au
sommet ; puis, à sa droil(^ et à sa ^-aiielic, Jean, fils de Zacharic, cl Jean, lils
de Zébédée, le précui'seur et le disciple, le i)i-op]ièlc cl r('van;j;é'lisl(\ le pins
estimé avec le plus ainn; du Sauveur, les deux disciples viei',ij,'es. le pieniicr
chrétien et le dernier apôtre. Jésus-CJn-isI poile la hoiili; du monde; .lean-
Bapliste, l'agneau de Dieu; l'autre Jean, li^ calice ([ue surmonte le serpent aih'.
Au-dessous d'eux s'cclielomicnl saint Mallliieu avec sa |)i(|nc et le livre (!(_■ son
évangile; puis saint Jac(|ues niajeni-, en costume de pèlerin; [iiiis saint iiar-
thélcmy, avec le couteau qui 1<' di''|)ouilla ; un évang(''lislc sans douti' avec im
livre, mais sans attribut caract('risli([uc; saint .lac(|ues mineur avec sa massue,
et saint Matthias avec sa hache. Le choix de ces ai)ùtr(>s est l'ait im piMi a.u
hasard, et, pnis{ju(_' la ])lace inaii(|uait poiu' les (|uatoi7.i; en comptant saint
Paul et saint Jean-Bajiliste, on aurait pu du moins ('cailer sain! lîarllu'leniv et
saint Jaccjues mineur, (lu'aïu'aicnt plus honorabliMucnt encore remplaci's saint
Pierre et saint Paul.
Le miroir est eu or ciselé, d'un slvle ('([uiv()(|ue. mais richement incrnsié
de perles, d'émeraudes, de i-ubis et de saphirs. f,e pied, de t'oi'mc liexa^o-
iiale. reiiose sui" ([ualre animaux symboli(|ucs, le lion. \r. boMif. la licorne
et le grilTon, (jui sont comme les attributs spé'ciaux (!(■ la Vierge et de
sou l-'ils. Siu' un pavé' carrch; (hi mai'bi'cs allernalivcmeiit veris, l'ouges
et de couleur graniti(|ue. le maître du Puy est à genoux, mains j(, iules,
portant sa devise sur une banderole (|ui s'élève viîrs !\larie. Il est vêtu
d'une robe fourrée. Une aumônière ])end à sa ceinture. Trois anges lui
font vis-à-vis et persoimiliciit ])robablemenl la l''oi , la C.iiarilii et l'Lspé-
raacc de sa devise. Le premier tien! mi livre ouvei-l où il chante les
louanges de Marie; le second cl le ti-oi.-ièmc chantent égali'ment et sem-
blent marquer la mesure avec leurs mains. Tous li'ois ont des ailes légèi-e-
mcnt éployées et sont vêtus de longues robes recouvertes de riches chapes.
Près d'eux est une loin- qui doit rappeler (jue Marie est nommée tour
d'ivoire ou toui' de David.
XXII. 5
3i ANNALF.-^ ARCHÉOLOGIOU F.S.
Du reste, il ne faut qu'un coup d'œil sur la gravure jointe à cet article
pour en saisir les détails.
Toute la pensée de l'écrivain et toute celle de l'artiste se résument dans ce
vers qui termine le chant et célèbre Marie comme le miroir
Liiysant en gloire en grâce cf en nature.
<i En gloire», c'est sa maternité divine; «en grâce», c'est sa virginité;
(c en nature », c'est sa conception immaculée.
Les compositions que nous venons de parcourir ne sont qu'un fragment du
manuscrit d'Amiens, et ce manuscrit lui-même n'est qu'un débris de cette
institution vraiment populaire, qui traversa près de quatre siècles et marf[ue
un des mouvements les plus curieux du moyen âge français. Il en est un
autre: ce sont fiuelcpes tableaux échappés à la dévastation olTicielIe qui eut
lieu vers 1670 et que l'on trouve aujourd'hui dans un des corridors de
révêché d'Amiens. Nous venons de visiter ces tableaux, et voici brièvement
comme nous nous les rappelons.
Ils sont au nombre de sept seulement et sans cadres, ce qui. avec les deux
du musée de Cluny. forme un total de neuf, sur près de trois cents qui durent
exister. Le premier, en commençant par le fond de la galerie, représente un
tournoi. La lutte est engagée, les chevaux soulèvent la poussière du champ
clos, les cavaliers se désarçonnent avec de longues bendes; un public nom-
breux et varié domine le spectacle d'un balcon élevé. Au-dessus du balcon,
dans une tribune couverte d'écussons. la fanfare éclate et. dans une loge en
face, François I" et sa cour se tiennent attentifs. 11 y a une grande richesse
de costumes. Or, à la place d'honneur, sous un dais dont deux anges relèvent
les pans de velours, la vierge ^larie, la reine du tournoi, est assise et tient sur
ses genoux son enfant royalement vêtu, sceptre, couronné et portant la boule
du monde. De chaque côté, des anges jouent de la harpe, de la viole, de la
flûte et chantent aussi. Aux pieds de ^Larie deux chevaliers à genoux lui pré-
sentent un pli. La scène se passe au milieu d'un riche paysage, et le sens
en est marqué dans ce vers qui se lit sur une banderole :
Pour nostre foy militanlo eontessc.
Les types du premier plan, où se voient le donateur et sa famille, sont vul-
gaires et assez mal peints.
L'exécution du tableau qui suit vaut mieux. On lit :
Du ju>te pois veritalilc balance.
La Vierge- est assise devant une table oii .s'appuient les deux plateaux d'une
I.\ VIKUCK KT l,KS l'ALI\OI)> DC MO\K\ AGK. 35
'''■'''""•'• 'l"i l"-'ii<i <!'■ 1^1 main du I'/tc .■Icnicl. Klle tient l'enfant (|ni ^e penclic
et saisit le cordon d"nn des bassins. Sni- la table, recouverte d'ini tapis ù
Iranges i] w, on voit des bijoux, des couronnes, de l'ar-ent mounayi'. Deux
ienimes prennent ces objets et lo.s disfribneul : l'inie an pape, aux cardinaux,
aux évè(|ues el à dos i-eliii,ieu\-; l'anti-e au roi. aux j)rinces et aux seig-neurs de
la cour, ([in' li-nrenl dans tout féclat de leur faste. Des enfants sont groujM's
eu avant el tienneni une ci-oix, lU^:^ eliandeliei-s. un bi'nilier. le tout riclienient
ciselé et d'un li-a\ail ex([iiis. Ou d'oii-ait (lue le pinceau de Cérard Dow a
passé là. Il y a loul au travers de ce tableau de très-eliai-inanls di'iails el
une touche fine. \ous le ei'oyons iiotablenieut plus moderne (pie \r preiniej'.
Acili triini]]ihal |]i'iiiil (lhi,-liii[cs ika \('lk'>.
telle est la devise du panneau sui\ant. On \oil ini an- de triomphe (mi mai-
brc polychrome, en stylo de la Renaissance. ^larie est debout au milieu, dans
. l'attitude et le costume des «vierges» de Louis \IV. I,e Sainl-l'"spril en
forme de colombe plane sur sa tête, et Dieu le l'(''i-e se tient en haut. Il |)ro-
iionce ces mots écrits sur im cartel : « Ecce nova facio omnia >j. |,cs tvmpans
antérieurs de l'arc sont creusés de deux uiches ([ui abritent deirx statues,
celles de Salomon et de Jérémie. On lil au-dcvsir'^ de la pivuiière : <( Mhil
sub sole novum > ; au-dessus de la seconde: u i'ei'it Dus no\u super teri'am
ecce millier circumdabit virum >■. Dans la corniche il y a trois sujets [x.'inis
que nous n'avons [xi bii-n distinguer.
Ce tableau, d'ime composition beaucoui) plus simple' et moins archaï(|ue
([uc les précédents, di'iiote une nuu'n habilf et foruH'e à bonne ('■rôle. !'i-es(|ue
toutes les figures du premier jjlan, tiers de nature, sont magisti'alemenl
peintes. Deux ou trois sont remar(|nables.
Poursuivons. Yoici maintenant la Vierge assise au sein d'im riche pay>age
arrosé d'eau et semé de perdrix, de paons, de cygnes, de liéroiL<. et d'inie
(juautité' de personnages (pii cueillent i\i'^ Heurs. Marie i.'st \èlue selon la.
manière llamande et elle allaite son enfant. La devise poi-!e :
l{('IlliMi^tIvml piisture ?;ilutaiR'.
David et un antre pro|>hètc sont debout de cha(|ue C(jlé. étendant les mains
vers celle ([ui devait rendie aux hounnes raliment de leur vie >pirituelle. On
reconnaît dans ce tableau des trac(>s é\identes de l'école de Jean \an K\ck.
11 est regrettable à plus d'mi titre (pie le i)anneau suivant s(mI si endom-
magé. Presque aucune ligure n'est intacte, la peinture s'est écaill(''e et laisse
à nu le tiers du bois. M-avic est debout, avec l'enfant dans ses bras, sous un
36 A.XNALKS AliCII KOLOC 1 0 L' ES.
édifirc cil style du wT .siècle. De part et d'aiiti'e des personiiases di' ton!
rang et de tuiite condition semblent rinvo(|uer comme
Le vniy «uiiport do tnulo crenturc.
En continuant nous trouvons cette sentence :
Vierge (|ui vini la uiort lier au inonde.
C'est le sujet d'une peinture oii Marie se voit assise sur une espèce de socle
d'un style grossier. Elle soutient son enfant (|iii. debout, arme de sa croix,
terrasse la Mort, hideux s({iielette cnchaîn(' par le cou. Vnc orillanime atta-
chée au croisillon porte ces mots du p.sauinecxvii'': « Non moriar, .sed vivam».
— Deu.x traits allégoriques de l'Ancien Testament sont rappelés : ici Holo-
pherne, dont Judith coupe la tète; là Assuérus qu'Esther a su dompter par
sa grâce .souveraine. Dans la partie supérieure du tableau. Uieu le l'ère se
penche vers Marie, et ces paroles adressées à la Mort soilent de sa liouche :
(c Ipsa conterct caput tuuin ». Le donateur est au premier plan ; sou écusson
indéchilTrable porte cette devise: u Yel fui va virons sum ».
Le septième et dernier tableau célèbre Marie sous le titre de :
Rojc • du • Ciel • de\aiit • Dieu • toute • bidle •
On voit un rosier avec cette sentence: « Ro.sa. sine . spinis ». Au centre est
debout la Vierge avec l'Enfant qui lui oflVe des fleurs. Deux branches cou-
vertes de roses forment autour d'eux un entrelacement plein de fraîcheur.
Dans la cam|)agne s'élève un monticule avec un cyprès; on y lit: « Cypres-
sus in monte .Sion ». Parallèlement, c'est un oli\ier avec ce verset du Can-
ti(|ue: « Oliva speciosa in canipis ». Ce tableau est peint sèchement; les
ombres sont noires et froides, et la composition est sans goût.
La cathédrale d'Amiens fut longtemps dépo.sitaire de ces peintures. Dans
le principe elles n'y i-cstaient pas, mais chaque aimée, le jour de Noël, on y
intronisait le tableau du dernier concours « pour y demeurer l'année ensié-
vaiit en prenant et emportant le tabel de l'année préc(''dente estant au dict
lieu par demandant congié et licence là où il appartient». Cela dura ainsi
jusqu'en H93. Alors, il fut décidé ([ue les tableaux demeureraient dans la
cathédrale « à les mettre es lieux à la devocion de ceulx qui les auront faict
faire et du congié de messieurs du chapitre, sans les faire plus grands que
ceslui (|ui y est à présent et de l'histoire })lus honeste que sera possible ».
Cela n'empêcha pas le dernier tableau de ngiirer en un lieu d'honneur depuis
-\iirl ju-iiii à l'à(|ues. jour au(|ur| on raccrochait à son rang dans la nef.
C'était a[)rès (jue l'on avait ex[)osé le tableau le jour de Xoël que le maître
IHa'3iiiEIL
DU GRAM)
\ N !>F I >
Dessiné par KDLiUAHD Diuko.n
(iravé par L. Chapi)N
si'tiiRj; M uimi riiKM, '^mi -dimn-^'Eimn
l'ulilié par l>ii>r.>)\, rue St-liomuiimiL-, ii. » Par,
InipritiiLi par J. Ci.A»e, ruL- St-Bciu>ït,
I.\ VIKl'.CE KT I.KS l'Al.lNODS 1)1' MOVKN AGK. 37
du l'iiy faisait h incUro la lahli! pimr a-sniililcr li's iiii;t(iriciens et l'aire ra-
corder les balades faicles sur le refrain baillié pac le diel iiiaislre pour la
révérence du jour et donner pris en la manière aec(>uslunit''e ».
L'auteur d(; la ballade qui avait rcmpertt; le ])ri\ recevait une couronne
d'argent et les confrères le l'ocondnisaient honorablenienl à son logis.
niiant il la dépense des tableaux, elle devait être lourde et. pour la snp|ior-
ler. il fallait non-seulement un pieux zèle, mais encore un \(''rital)le amoiu' de
Fart. Il est présumable (]ue la l'icai'di(^, limilroplK; de la Idaiidrc uii l(_\s frèri\s
Van l'iyek a\ aient jeti': tant d'r'clat durant la prrmière mnili('' du xv" sièi-li>.
avait i-eliré de ce voisinage ini goût particulier pour la |)eintui'e, et cela
seul, croyons-nous, peut ex|)li(iucr une dépense aussi considérable soutenue
durant tant d'années, (juand on songe que la nef d'Amiens était litléralement
encombrée de ces panneaux, au peint ([n'en 1G70 les volets peints ([iii li's
recouvraient en furent enlevés et placés à part, au point f[ue lin.'drMnent les
chanoines s'en lassèrent et commencèrent une njuvre de vandalisme connue
la Révolution elle-même en connut peu. Par leurs ordres les (ouvriers se
mirent un jour à détacher ces tableaux, ou plutôt à les arracher. On crai-
gnait, non sans cause, la résistance des associés, et il fallait la prévenir.
Trois jours suffirent à dépouiller l'église de ces chcfs-d'o_'uvrc qui furent
aliénés ou dispersés dans des conmumes rurales du diocèse. Cinq des plus
précieux furent relégués dans une chapelle de la cathédrale, oii la poussière
el l'oubli les recouvrirent pendant un siècle. Au bout de ce temps, monsei-
gneur de Bombelles, évèquc d'Amiens, s'en ressouvint et les proposa à un
peintre en l)àtiments pour prix du badigeonnage de la chapelle. Ce fut M. du
Sonniierard (|ui dissuada révè([ue de ce honteux marché. Les tableaux res-
tèrent jns([u"iMi 1825. Alors M"" la duchesse de Berry se trouvant de passage
à Amiens, monseigneur de Chabons s'empressa de les lui oiTrir. )die prit les
cadres et laissa les peintures. Celles-ci allèrent à la bibliothèque de la
grande salle communale d'où elles furent réintégrées à l'évèché par les soins
de monseigneur Mioland. La jjluparf des riches sculi)turc3 qui environnaient
les tableaux du Puy avaient ])i'ri dans le sac ordonné par le chapitre. La
populace s'en était [)artagi') les débris et avait reçu de la sorte la première
leçon de brigandage qm devait si bien fructifier (juatre- vingts ans plus
tard 1.
1. Cinq raciros s^ciilcmoiit ont ~urvt'cu, rjont trois Pnrichissont aujourd'luii lo nuisOo do U
Sociéli- (les antiquaires do Picardie. Ce sont ceux que rendit M""' lu ducliesse do Berry en \HiH.
La lettre de la princesse, en réponse à lu di'inande (jni lui était adressée par le président do la
Société des antiquaires, est datée du iG novembre 18 i7, et conçue en C3S termes obligeants :
38 AN.NALi:S AUCU ÉULOGl QL HS.
Par boiilicur la imiiiicii)alitL' (rAniien^ a\ait fait cxéculer le inamiscrit (pie
possède notre I>iblJoUiè([ue impériale. Les miniatures, d'aljurd peintes en
grisaille par un Amiénois nommé Jacques l'iastcl. furent mises eu coideur
par uu enlumineur de Paris appelé Jean Pinclion. On a le relevé par le menu
de ce ([ue coûta ce volume « lye et couvert de beau velours pers ». Cela se
monte à 370 livres tournois 18 sols, environ 1.9!20 l'r. GO c. de notre monnaie
actuelle. Le dessinateur ne copia ])as toujours exactement et omit beaucoup
de détails; de son côté renlumineur étant à Paris, loin des modèles, dut
forcément colorier ses grisailles d'une façon uniforme. ^lalgré cela nous esti-
mons précieux ce recueil que les deux éche\ins alors en charge , Adrien de
Monsures et Pierre de Louvel, portèrent au château d'Amboise à M"" Louise
de Savoie. On s'attache à ce qui reste d'une chose que le temps ou les
honnnes ont détruite, avec un sentiment d'autant plus vif, cjn'il se compli(iue
de respect et de crainte, de respect pmn- li' passi'' ([u'il rajipelle. de crainte
pour l'avenir cpii [leut faire disparaître jus(ju"à la dernière trace et au dernier
déiM'is.
A. hli{i;l.
t'iiapelaiii de Saiiite-Gciicviùvc.
a Monsieur. j':iv;iis f;iit pn'ii^iror dans mon palais de Venise vin eniplaeeuienl |ioar- y recevoir les
cadres dont vous nie parlez. J'y tenais non-seulement eonime nionumcnls d'art, mais surtout parce
que c'était un don fait par des Français et (pie [larlout où se portent mes regard.s, cliez moi, je
suis heureuse d'y retrouver la Fnmcc. Cependant je ne puis résister à la prière ipie vous m'adres-
sez... Je parta.uerai avec vous : si les cadres sont au nomlire de cinq, je vous donnerai la grosse
part...; s'il n'y en a que quatre, nous pai-taj.'erons. Les cadres sont tout pièls ii être placés. Je les
avais fait restaurer avec beaucoup de soin. Que le sacrifice que je fais prouve bien à Amiens que
je ne l'.ii [las ouljliée... »
J'i
Awmïhi.
PAR DIDRON
A PARIS
// 'it/'iM une /rjin/f'/fti/'/t"
PEINTURE A FRESQUE D'UNE COUPOLE AU MONT -ATHOS
ftn/ritiir- pur A.fieiiUf, JS. faut *î- i T-
LA AIFSSE DANS LE CILL
Nous pouvons onfin mottro sous |o> yoii\ de nos Icrlciirs la p;raviiro (l'un
sujet que les Byzantins alToctionnent et dont nous avons (l('jà parli' plusieurs
fois dans les « Annales Archéologiques ». Celle composition, c'est la Divim-:
LiTiRciE. comme l'appelle le « Ciuido de la Pcinlure ». r, 'a'.-/. If-'/jz-iu.^. Ce
nom. nous l'avons conservé dans un article sp<''cial qui ouvre le dixicme
volume de notre publication-. Aujourd'hui, poui- ne pas inti-odin're de confu-
sion entre l'ariicle actuel et l'article ancien, nous donnons à ce même sujci le
titre de la « Messe dans le ciel ». puisqu'il s'agit en elTet de cet oiïice célébré
dans le paradis, en i)résence du Père éternel et du Saint-Ksprit. par Ji'sus-
Christ assisté des anges.
Pour rappeler bi'iévement cette composition à nos lecteurs, voici la courlc
description qu'en donne le « Guide de la Peinture^ » :
(1 Lv Divi.XK LinnoïK. — Coupole, an bas de laquelle est la table''. Sur
la table, le saint K\angile. Au-dessus, le Saint-Ksprit. Le Père élernel au|)rés.
assis sur le trône; il bénit avec ses mains saintes, disant sur nu cartel : « De
Il mon sein je t'ai engendré- avant Lucifer ». Au C(Mé droit de la table, le (Ihrisl.
habillé en grand pivlre. debout et lii'nissant. Devant lui tous les ordres drs
anges, avec crainte, en habits sacerdotaux, formaul un cercle jusqu'au côlé
gauche de la table. Le Christ prend la patène sur la tète d'un ange vêtu en
diacre. Auprès, quatre anges dont deux encensent le Christ et deux porlent
1. « Maniiol (i'iconot;rapliie cliivlicnnc '>. prisn 229 o\ note do- [lacns 230-233.
2. « Annale? .•VrchéoJDj.'iquo-; ». vohinic x. \a'^c> 1-13.
3. f.zu.vv.t Tr; Zo)-;;7.-j'./.f;. Nous on rofai.'ions la Irafliiclion d apros lo nianiisnil momo quo
nous avons rocu du mont .\tlios, parce que la première traduction (jui a paru dans notre « Manue
d'iconorrrapiiie chrétienne », paires 229-230, nous paraît fautive. Le texte que nous traduisons
est aux paies 237-23S de noire manuscrit <j;roc..
4. Cette t;iblc, c"est l'autel, table sacrée. Pour les Grecs comme pour les anciens Latins, lauiel
n'était (|u'une table, image de celle où le Sauveur institua l'Lucliaristie.
ÙO ANNALKS A lIC 11 i:() I.OC. ! 0 L l-.S.
des vasos sacri's ' . l)ciTii''i'o eux, les auli'(\s aii,ii'es [joi'li'iil . rtiii la ciiilli'Te.
l'auli'e la, lance el le clialuiueau- a\('e répoiige. un auii'e la croix cl d'aulres
des cierges ».
M. de SévasIianolT. qui avait couipi'is. par la leclure de notre u Manuel
d'iconographie ». l'iuiportanee inéi'il(''(; (|ue nous attachions à cette belle ima-
gination des Byzantins, s'est elïore(''. ])en(lant sa fructueuse mission au mont
Athos, défaire reproduire par le dessin vr sujet. (|ui est peint notamment dans les
coupoles des principales églises convi^ilui'llcs de Yatopédi et de C,hilandari de
l'Athos. Par ses ordres et sous sa dii't'ction. un arcliitecte de la mission russe
releva en grand la iieintiu'e athonitc; puis, au nioNcii di' la ])hotograplhe. ce
dessin fut réduit tel cpie nous le donnons ici. J.oi's de son retour de l'Athos, à
son dernier passage à Paris, M. de Sé'vastianolT nous olTrit généreusement
pour les (i Annales » cette photographie ipie nous avoirs acceptée avec recon-
naissance et dont nous publions aujourd'hui une gra\ure parfaitement lldéle.
Maiheureusi'uienl l'arcliitei'te russe, en faisant son dessin, semble avoir voulu
abréger el svmétriser la peinture cpie lui olïiail l'une des deux coupoles de
A'alopédi ou de Clîilaiidari. Kn comparant notre gravure avec la description
déjà publiée de la divine Liturgie de Yatopédi '^ on verra que bien des sujets
manquent dans le dessin russe. Ainsi nous n'y trouvons ni l'ange qui porte la
petite lance destinée à percer et couper le pain consaci-('' ou l'hostie, ni l'ange
qui tient la cuillère de la communion, ni les six anges qui portent le corps
inanimé- de Jé'sns-Chrisl, ni le (IhrisI lui-mèine habillé en grand prêtre. 11 y a
deux autels dans le dessin russe, mais sur aucun d'eux n'est ])lacé le livre des
Évangiles; puis, du ciborium ne descend aucune des deux lampes qui brûlent
dans la peinture de Yatopédi.
Le dessin russe parait reproduire [)lus tidèlement la divine Liturgie ou
(( Mystagogie ». connue on l'appelle encore'', du couMMit di' (Ihilandari. Cepen-
dant C.hilandai-i l'sl plus complet, comme va eu témoigner la courte descrip-
tion suivante (|ui' jo |)i-ends dans mes notes de voyage :
« Le dôme de la, grande église de Chilandari se compose d'un tambour
1. Mi>.-r/i7Xix . olijots niumii't^, u>lcnsilps. Ce mot liiliii ,L;m'is(' iip pont s'appliquof ici aux
cippi^es, puisqiip plus bas il est (pipstion de lanipps, p'pst-ii-dirp dp cior^'ps proprpnipnt dits, et
qup dans uiip diviiiP Lituri,'ip, même compliqupp. il n'y a [las de piorijps h deux places différentes.
D'aillpui-s il l'.ml Inniver des vases sacrés, calice el ciboiie, dans celte coinposilion, et ils ne
peuvent être conquis que dans ces u.avwc.).!!.
2. KâAau.r,v, le chahnneau. q\ii symbolise le roseau, sceptre déiasuire de la Passion. C'est avec
1p clialunieau (pic les coniumniaiits aspiicnt le san^- du Christ.
:). u Annales ArclieoIuLiiiines ». \oIume v. pa,i,'es lo4-l.J-j.
4. M'joTipj-jd, office de l'initiation.
i,.\ MKSsi: DANS m: CIKI,. lil
cyliiidi-iquc n?>07. v\m'- sur li'(|iiri s'assied la roupalc. Le lainhoiir cl la cou-
pole poni eulionMiioiil peints.
« Au i-entn^ de la coupol(\ loul eu haut, se diMaclio sur un foud vert le
Toul-l'uissaiit. O IIxvto/.:-/tm:. ([iii Ix'-nit de la luaiu droite, et lient de la main
gauche le livre sacn''. Sui- les trnis lirauehes de sou uiuibe crucil'ère on lit,
suivant l'usage byzantin, o (iv. rKini:.
« Ce Pantocrator. ce Tout-PuissanI, n'est donc |ias le Père éternel, connue
on poui'i'ail le rroii-i\ mais bien .lésus-Christ. comme l'attesIcMit les mono-
grammes inscrits dans des petits mi'dailloir< à droite et à gauclie de sa tèl(>.
l^ x:^. Il es! envirouni'- d'im cercle d'anges à six ailes et de deux Ti'tra-
morphcs. Os anges, de l'onh-e des Séraphins. Cln'rnbinsel Trènes. lii'uuenl
des éventails circulaires, des étendards cai'rés el des glaives flamboyants.
« Au-dessous, dans le cercle f]ui touche à la circonfi'rence de la coupole,
se dévelo|i|ient les anges de la divine l.iliu'gie. oir/,(> à droite, onze à gaueiie.
Tous parlent d'mi autel, ('levi'' à l'occidenf el siu'uiduIi'' d'iui ciboriuiii. pnui" se
rendre vers un second autel, également surmonté' d'un ciboiium. (pii est dressé
à rorient.
« Dans le faml^our du dôme, cpie couvi'c la coupole pro|)rement dite, sont
peints en haut. ]ilus près des anges, les douze ai)ôtrcs; en bas se voient les
douze prinripaux prnpliètes.
« Enfin, dans h^s quatre pendentifs qui portent tout le dôme, tambour cl
coupole, est peinte la ligure des quatre (''vangélisles ».
Le dessinateur russe u'avail probablemenl pas pour but de donner l'eu-
.semble de cette représentation. qaoi([ue prophètes, apôtres et évangi'listes ne
soient pas inutiles, au moins comme assistants, si ce n'est comme acteurs, dans
ccl office qui s'accomplit dans le ciel; uiais ce ([u'il y a de fâcheux dans son
arrangement, c'est que, comme on va le voir, il ait éliminé' plusieurs anges et
plusieurs sujets do la Liturgie même. En elTel. voici connnent s'oi-domie à
Chilandari le cercle des anges lilurgistcs qui pré|)arenl le saci-ifice divin.
La zone de la coupole qu'ils occupent est divisé'c en di'ux parties égales ;
l'une à gauche, qui fait face au nord; l'autre à droite, qui regardi' le sud. Ces
deux sections se i'(''unissent et viennent aboutir, à l'occident l'I h I orient, à un
autel surmonté d'un ciborium. Cette dis|iosilion est exaclemeni cell(> de notre
gravure. Seulemenl. dans la gravure, les anges parlent de l'autel oriental
placé derrière le Pantocrator el s'avancent vers Paulel de l'occident, (jui
devient ainsi l'autel destiné au sacrifice. A Chilandari. c'est le contraire :
l'autel de l'orient va servir au sacrifice, el c'est vers lui que se dirigi'ul. de
droite et de gauche, tous les anges de la Litu!-gie.
xxii. *j
h -2
ANNALES AUCHEOLOGIOLKS.
Vuici la marche de ce? anges
dhoitk.
Occidoiit. I A I i
3 i -J li
II) 4 1
H OlMMll.
H.
10.
ij.
Aulel (le roccident d'où partent les anges.
Autel de l'orient où se rendent les anges.
Ange en sous-diacre, tenant un plateau et une aiguière. Au lieu d'élole,
cet ange porte une serviette sur l'épaule gauche.
Ange en diacre, tenant un hexaptérige ou éventail.
Ange en prêtre, tenant un calice en or que recouvre une ctofi'e rouge.
Ange en prèlre. tenant un \ase eu argent, de la forme de nos ciboires,
recouvert d'une étoffe rouge.
Ange en diacre, tenant sur sa tète le pain destiné au sacrilice et qui est
couvert d'un voile rouge.
Ange en diacre, tenant un iiexaptérige ou flabellum.
Ange entièrement pareil au précédent et tenant de même un flabellum.
Ange tenant un vêlement rouge, la chasuble sans doute ou le <;-/-/.x.o;
dont Jésus-t^hrisl, le grand liturgiste, va s'habiller pour célébrer
l'oilice.
Ange tenant à deux mains un long cierge sans chandelier.
Ange semblal)le au précédent et tenant de même un long cierge-
Ange tenant une navette et un encensoir dont il encense l'autel B.
ol)jets
auche les mêmes anges se ivpètent symétriquement, portant les mêmes
, sauf les différences qui vont être signalées.
OccideiU.
A 1 2 .3
4
o
6
7
8
9
10 II
15
Orient.
A el B. Les mêmes autels de l'occident et de l'orient déjà notés dans la
partie droite.
1. Ange, serviette sur l'épaule, tenant un plateau et une aiguière.
'2. Ange tenant un flabellum.
o. Ange en prêtre tenant un grand vase dont l'ouverture a la forme d'un
qaatre-feuilles. Ce vase doit servir à l'eau bénite.
I.A M!:SSE DAX^ I.E Cl Kl.. /jô
!l. \]vj;o en |)rL'tir. leiiaiil im y,ran!l va>c |Ciil-(.Hrc tli»;!]:)'' à ci.ilcnir
l'eau du baplrun-.
5. Auge portant sur sa lèle u:i vêtement liturgi(|ue. aube nu chasuble.
G. Auge tenant ini tlabelluin.
7. Ange tenant ('galeincnt un llaix'lluui.
8. Ange tenant le livre des Kvangiles sur une !iap])e rouge.
9. Ange teiiaul un long cierge sans chandelii'r.
10. Ange tenant de inènie un long ciergo sans chandcliei-.
il. Ange tenant de la gauche une navette et de la droite un cnccnsoii- ilo il
il encense l'autel oi-ienlal.
Tous ces anges, sauf le troisième cl le <[i!alri(''me de gaurlie et de drnite.
sont habillés en sous-diacres ou en diacres, aube recouverl(> d'une dalma-
tique longue qu'assujettit une large étole passée en sautoii- sous les liras et
retombant sui' le tlovaiit du eor|)s. Les anges ik'< umné'i'os .") el 'i ont de plus
une chasuble qui i-ecouvre l'élole. Tous les anges, sous-tliacres, diacres ou
prêtres, sont jeunes, ornés de beaux che\eu\ noirs, longs et (léploy(''s sur le'
cou et les épaules. Dans leurs cheveux, sur le Iront, brille un diadème blanc
qui se rattache à des bandelettes blanches retombant, eonune des fanons.
derrière leurs oi-eilles. Les vêtements, tiuiiques et chasubles, sont roses et
blancs, semés de tleurs; les étoles sont riciiement brodées, ornées de perles
et de pierreries.
En regardant maintenant notre gravui'c. on peut voir que. sauf ([lichines
suppressions et la marche en sens inverse . les anges que nous venons de
décrire ressemblent beaucoup à ceux du dessin. Les anges sn|)pi-iniés par le
dessin sont, deux sur (|iuitre, ceux qui portent de longs cierges; imis les
anges au llabellum, el enfin, par malheur, les deux anges (jui tiennonl les
vases d'eau bénite. Le dessin y a ajouté un ange qui tient une |)etit',> croix
recroisetée. Les anges du dessin onl tous les cheveirx noiis. mais pas a-sez
touffus ni assez longs; quant au diadème et aux fanons, on n'en voit jias trace
dans la photographie qui a servi à noire gravin-e; évidemment c'est un grave
oubli du dessinateur russe, car on |)eul dire (|u'il n'y a pas d'anges byzan-
tins sans cette partie du costume honorifique ([ui est presciue un attribut.
"Voyez, en preuve, les anges en émail du reli([uairc byzantin de Limbom-g,
que nous avons publié dans le tome wii, i)age 337, des « Annales Ai-chéo-
logicjues I).
Malgré son imperfection, ou plutôt malgré ses suppressions et ses oublis, ce
dessin est vraiment précieux, et nous remercions de nouv.'au très-vivement
/,/, ANNALES ARCIIKOLOGIOUES.
M. (Il' .S('vaslian()ir do nous cii avoir fait cadeau pour les « Annales ». D'après
iiii aulre dessin colorié ([uc M. de SévastianolT avait également mis à notre
(lis[josilion, voici ([uel([ues notes que nous avons prises sur les inscriptions et
la couleur.
].es inscriptions, sans compter celles du Panlocrafor, sont au nombre de
li'ois. Kilos se dévelopj)ent en cercle et partent de l'autel occidenlal pour se
dérouler à droite et l'evenir à gauche à leur point de départ.
La première domine le cercle des Séraphins, des Chérubins, des Trônes et
des Tétramorphes. cjui la coupent en plusieurs tronçons.
+ TON EMIXIRION VMNO.N AAONTA BO.QNTA KEKPArOTA KAI AETONTA'.
En sous-enlendant Ay-'Aot et en mettant les cpiatre verbes ù la troisième
personne du pluriel de l'indicatif, on peut traduire :
+ Il\ mue lrium|ili;il (]ue 1rs un;;(.'j cluuitent avec des mugissemenls et des cris de joie.
Cet hymne, c'est celui du « Sanctus », rjui éclate dans le « Te Deinn » et
surtout à la fin de la préface de la messe.
Ario:i knon. afio^ kvpios ^iabao.s nAHPii;^
o ovPANo:;: kai h m aoeii » i;ov d^ana en to v>iiaos'^.
Saint, saint, saint le Seigneur Dieu des armées; le ciol et la terre sont pleins de ta gloire.
Ilosanna dans les liauteurs des cieux.
(Jette seconde iiiscri[)tion plane sur la tète des anges liturgistes. (Juant à la
troisième, qui ourle tout le cercle de la circonférence, j'avoue humblement
(|ue je ne la comprends pas assez pour la repi'oduire ici et la traduire. Comme
elle est parfaitement visible sur la gravure et qtie je l'ai collationnée à plu-
sieurs reprises sur la photograi)liie et le grand dessin de M. de Scvastianoif, je
puis en toute conscience en abandonner la lecture, la traduction et l'interprc-
talion à la science et à la sagacité des lecteurs. Je recevrai avec satisfaction
et reconnaissance toute communicalinn (jui me serait faite à ce stijet.
1. Évidemment c'est du verbe latin u Letari » (se rejuuir, que provient ce singulier mot
grée, comme nous avons vu plus liaut que de m manuale u les Grecs modernes avaient fait
u.avfja>.;a. Les Latins, après avoir tout pris aux Grecs, ont Uni, ii leur tour, par leur faire (juelques
petits dons.
2. La pronunciatiou moderne de l'èta on iota a changé le r, en i.
3. Il faudrait AOHliï. (Jui, du i)eintre agliiorile ou du dessinateur russe, a oublié lo sigma final?
Je ne s.iurais le dire.
4. On ieniar(iuera sur la gravure (jue les sigma soni écrits lanlot en S. lanlùt en c. 11 en est
presque loujuurs ainsi dans les inscriptions modernes du mont Athos. C'est un mélange de toutes
les civilis-itions et du tous les siècles.
LA MKSSF. DANS l.F, CIF.L. h'j
Celte tmisirme inscription, ciiinnie les denx invci-dcntcs. doit être prise
d'un te\te liturj;i(iiic . du u Tr Druni » M'aisenihlahleinciil. On i-eniari|U('i-a
([lie de [)areils textes sont parfaitement a[)propriés à la fonction (jue les anges
remplissent en ce moment dans le dôme, à celle messe dans le ciel, suivant
le nom ([ue nous lui avons donné.
(Juant à la coloralion de cette IVcsque. voici (iuc!(|ues indications : le champ
où est inscrit le l'anlocralor e.^l bleu uni. I.cs petits dis(|ues, oii soiil inscrits
les monogrammes li; Xi:, sont d'or, les letli't's noires. Le nimbe du l'anlo-
cralor est d'or croisé de noir; la baii)e et les cheveux sont roux. I,a robe est
rouge glacée de blanc, ombrée de galons d'or que n'hausM'ul des pierres
rouges et bleues; le manteau, bleu clair avec jours blancs; le livre, rouge
aux tranches, d'or au plat, (|ui est incrusté! de pierres rougi^s et bleues.
Le cercle qui circonscrit le Pantocrator est |)oui'pre et rouge en dedans,
jiuis jaune, puis vert, puis bordé d'un filet jaune ([uc double un autre filet
noir. C'est éclatant et fiamboyaiit comme un arc-en-ciel.
Le fond, où volent les Séraphins, Chérubins, Trônes et Tétramorphcs, est
bleu constellé d'étoiles d'or.
Les nimbes des Tétramorphcs sont d'or, leurs tètes cl leurs ailes rouges
et rougeàtrcs.
Les Trônes son! rouges, ocellés de noir.
Les llexaplériges à flabellums circulaires sont verdàtrcs et blancs.
Les llcxaptériges à étendards carrés sont jaunes.
Les llexaplériges à glaives flamboyants sont rouges.
Les deux Ilexapti';riges ipii n'ont pas d'attribut sont l'un rouge, l'autre
blanc.
l'our toutes ces créatures ignées ou solaires, c'est l'or, la tlanimc rouge et
le feu poussé jusqu'au blanc.
Les anges en pied, les vrais anges liturgistes. sont debout sui' un teri-ain
jaunâtre. Leurs ailes sont jamies ou blanches, leui' nimbe e.vt d'or cerné d'un
filet blanc ; leurs cheveux sont bi-uu-roux; leurs v<"'lcments, rouges ou roses,
blancs ou bleus à la tmn(]ue ou à la chasuble; blancs, rouges ou bleus à
l'aubc; mais la luni(iue ou la chasuble est toujours d'une couleur dillérente
de l'aube; l'orarion (ou ctole) est toujours jaune ; il est semé de i)ien'es rouges
ou bleues, et bordé de perles blanches.
Le ciborium des autels est d'un beau jaune d'or.
La draperie du devant d'autel est blanche, à tleui's rouges, bleues et jaunes.
Le dessus de l'autel est jaunâtre à l'un avec cnjix et cercles rouges; à
l'autre, c'est rouge avec croix et cercles blancs.
/,6 ANNALES AliCHÉOLOGlOUKS.
Le voile que deux des auges porleut sur leur lèle est blauc avec Heurs
rouges.
Eufiu. le cercle extérieur où est pointe la grande inscription esl blanc avec
lellres noires.
Après tous ces détails t(M:'luii([ues, il faudrait sans doute faire valoir la
beauté de cette composition et montrer le |)arti que nos artistes, peintres et
même sculpteurs, ])ourraient en tirer dans leurs travaux religieux; mais ce
serait revenir sur ce ([ui a déjà été dit avec d'assez longs développements
dans le dixième volume des u Annales Archéologiques », pages 1-13, et il
est inutile de nous répéter ici.
DIDRON.
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KNCENSOIRS nu XIll'- SIKCLF..
^'oici doux iKiiivpaux oncensnii's à joiiulro à la rollcctiDii. dc'Jà ri'>|)i>clal)|i;,
de ceux que nous avons publii's dans tlivers voluinos des "Annales». Tous
deux on! sensiblement la même forme, celle île la boule surmoiili'e d'ime
com'te cheminée à deux étages. I,a clienn'née est percée (Tun féiiestragc con-
tiiui, dont les ouvertures ressenii)lent ;i nos enti'ées de seiTurc. L'encensoir
aux lézards est en outre troué dans la dcmi-splièrc supérieure, on sorte que
la fumée de reiicens peut s'en échapper par tlocons nombreux sans y rester
em[)i'isomiée le moindi'e instant.
Ces lé/.ai'ds ou dragons sans ailes, (jui. au xiii" siècle, se reproduisent si
fréquennnent sur la bobèche des chandeliers, en haut de la hampe des
crosses, sur la calotte des encensoirs, sin- les parois des châsses, sin- 1<> pied
do certains reliquaires. oITrenI aux arch(''ologues une énigme (nii n'a pas
encore clé expli(iuée. On est tenté- d'y voir un ])ur ornement . uiio arabcs(ine
dont le sens ne serait pas à chercher; ce serait tout au.-si insigniliant (|iie
ces lions étranges, ces cygnes ou ces oies bizarres qui décorent, par exemple.
l'encensoir de Lille. X'y aurait-il donc là que de la fantaisie? Par 'iislinct et
par rétlexion, j'inclinerais \olontiers vers cette opinion; cependant ce lézard,
qui se répète avec obstination et dans la mcinc attitude sur tant do monu-
ments du moyen cige, me paraît vouloir exprimer (lueUino |)ensée précise dont
on aimerait à connaître la signification. Il semble (|ue cette pelile béto d(; nos
encensoirs, chandeliers, crosses et reli(|uaires du xiii" siècle aiu'ait de l'ana-
logie avec les gargouilles de nos églises de la même épo([ue. Les gargouilles
jouent un rôle pénible : elles dégorgent sans relâche l'eau qui tombe du ciel
et descend des toits. On y a vu des démons ou des impies condamnés à ce
supplice continuel et perpétuel. I.e dragon, qui est une bête diaboli(iue
(" conculcabis leonem et draconem»). serait également condamjic, connue
Z|8 ANXALKS AnClIKOLOGIOUKS.
dans les oiiroiisnir.-;, à, se bi'ùler le ventre sur la calotte iiicandesccnle on à
s'aspliyxicr à ri''paisse fnniée de l'encens, à s"a\eugler h la lumière des
cierges que portent les chandeliers, à se sauver devant la l)énédi("finn des
cvèques qui tierniont les crosses où ces dragons, aili's ou sans ailes, abondent
surtout an xiii" siècle. L'inscription importante, gravée sur le fameux clian-
deliei' roman de Cdoccster. paraît bien confirmer C(Mte opinion, (le chande-
lier en argent, dont nous avons donm'' une petite gravure sur bois dans le
iome dix-neuvième des « Annales », page Gl , est tout couvert . au pied, à la
tige et à la cuvette, de quarante-deux bêtes et de neuf hommes qui hurlent,
mordent et rongent. Or. sur la lèvre de la bobèche, on lit une inscription
d'une clarté douteuse, mais où l'on voit bien distinctement que l'homme ne
doit pas se laisser aveugler par le mal. Ce mal, c'est la foule de ces bête , de
ces irionstres, de ces dragons qui emportent, caressent ou d(''chirent les neuf
vicieux tout nus, enchevêtrés dans cette œuvre de métal. Les lézards et sans
doute les tigres ou lions de nos deux encensoirs nous semblent de la même
famille que les monstres du chandelier de Glocester, et nous y verrions volon-
tiers le même symbolisme.
Quoi qu'il en soit de ces présomptions, nous offrons ces deux nouvelles
pièces aux oriV'vres et bronziers de nos jours, qui ont déjà reproduit ou imité
des encensoirs du moyen âge, et nous pensons qu'ils y trouveront des détails
intéressants à étudier et copier.
Nous ignorons la provenance de ces deux encensoirs et le lieu où peuvent
être les originaux; c'est d'après des moulages (jui nous appartiennent et dont
il existe un certain nombre d'exemplaires, que M. Gaucherel a dessiné et
gravé la planche que nous iniblions aujoui'd'hui.
DIDRON.
VOYAGE AP.CHEOLOGIOUE AU XV^ SIECLE.
Les lecteurs des <i Annales Archéologiques » connaissent déjà ces pieux
pèlerins, Georges Lenguerant et Jean de Toui'uay, qin' nous ont fourni, il y a
peu de temps, une curieuse description de .Saint-Marc de Venise i. Aujour-
d'hui, nous allons visiter avec eux des monuments célèbres de la France, puis
de l'Allemagne, de l'Italie et de la Terre Sainte. Ils visitent d'abord Reims
en i/i85. C'est Georges Lenguerant ([ui parle :
t . Voyez, le; « A lin lie; Arc'ié: I ).:;iil\:e; », 'o ::0 \X', p'gc; 1 :0 et suivantes.
MKl.WCr.S. 40
III IMS. — Il l-",ii la \illr (11' Raiiiis se voient |iliisi(iirs anlii|iiile/. . cl. ciitri'
les aullfç.s, 1111^; ai'C triuinpliai hicii iiia,i;itirK(ii(' et aiicliii'ii. (''rii^i'l de ij;rossi's
pierres et uuissivcs. axer (■(ildiiiu's. du lriii|)s de r>i'iiius. firrr de r»(iiiuilii<,
premier fabricalcm- dud. Ilaiins; rt se void s(ir le cliciiiin pour lynT à l'ah-
l)aye de S'-Rimii\ '. Aiipi'rs de la casse- ddd. S' rcpuse la S'"- Viiipniili'.
laciuelle coiilient rduclinii dmil son! sacrelz les rni\ de l'Yaiiee. A la(inrlle
siilemiiilé. l'aiclc eu ri''j^lise Noire'- Daiiu; aud. lîaiins. puni- alli''.<;n'sse. on
eni|)lil lie \iii un;;' i;raiid eerl'de' l)i'on/.i'. |)lanli'' di'\aiil lad. ('';j;lise. en la eini(>-
lière . sur ung lliéàlre galanlissiine. Leipiel \in eoulaul esl. ced. joiu'. coni-
nnui à tout le peuple : estant ced. cerf jadis l'ondu au coinniaiideuienl d'inçj;
arclieves([/. dud. Rainis, api)elé Gervais, aui)ara\anl é\esi[ue du Mans, avec
elles vers :
Diim cenoniann. 5;i!liis liisli'.in^ >ok'l).il ('i('i'va?iu-;
(^ei'vos tiiîU' suHU-icnlcr lialii'lial, clr.
et le nom de l'ouvrier. gra\é allenloni' du collier, esloil Ici : ()s\ii m s mi:
I-KCIT ^. "
I. Lengurraiit no s't'sl pas >oiiv('iui ilo la iiiulc. I.'aïc ih' Uii]iii|ilii\ ilii l'dili'-.Mars. (sl au
nord (le la ville cl l'abbaye flo Saiiil-licrni an sud. l'iciidrc par lare poiii' aller à S.iinl-liriiii
t'Cliiivandrait il ?c rendre à la barric're du Trnne par la barrière de l'I^lDile.
"2. t:liàs>e de saint l$cnii (|ui renfernie, aujuurd'luii encore, les derniers restes de la Sainle-
Ampoide.
3. Folio 1 v". 2 r". — Il esl inU'ressaiil de cnnnaiti-e le nom du fondeur de re cerf qui n'e\i«le
plus, mais dont la ei'îélirilé est toujours .i;rande;i Heinis. I.a première cour (pu pri'cède rarclie\é-
clu', sur le latéral sud do la calliedrale. s'appelle toujours la cour du C.ciT. parce ipje c'el.iil lii. au
milieu, (pi'était monté sur un piédestal le cerf de broa/.e fondu au xr' siècle. |iar Osnuiiiil. pour
I archcvèiiue (îervais. mort en lOliS. Dans le « lîemensiana » de .M. I-ouis l'aris. in-3:', Heims,
ISlo, on lit sur le " cer\iis remensis » les rensei^iiemenls rpii suivent au\ (ia.L;es lil-GS :
« A eiimpler du \l' siècle, on trouve fréipiemment sur les sceaux des oUieiers de rarclievèipie
(de Hcimsi un cerf avec celle léiiende : Cfri'in! fruiciisis. Il y a évidemment ici double sens.
Orvus et Semis, Ci-rf el Serf. Gervais, ancien évi'iiue du .Mans, ipii' Henri I" fil arriver au
siège arcliiépiscopal de Reims et ipii dota noire ville du droit di! sacicr les lois de l''rance: (jer-
vais, à cpii l'on doit la fondation de re.;;lise et de l'abbaye de Saint-Denis 'de lleimsl el les
commencements de la basili(pie de Sainl-.Nicaise ipi'aclieva Lil)erj;ipr; (iervais. dis-je. était irrand
amntriir de chasse. Le souvenir des forêts du .Mans, rpi'il avait si souvent parcourues, le suivit
jusque dans le pays peu boisé des campagnes de Reims, l'our se rappeler sa patrie et l(^s plaisirs
de sa jeunesse, il fit placer dans la cour du palais areliic'pi.-copal un énorme cerf d'airain avec
celte inscription :
Dum CcDom.lcirum s.illus lustrare SDJebat
Gcrvasius, corvos tune sufiinenter habeliat.
Hunr, momor ul palria- sil .sompor, coritlulit -Trc^.
Quand Cerrnif! pnveournil iKibitiieUeiiieiil les forets du Mans , il y Iroiivail des ecrfs en
nombre suffisant. H a fait poser en bronze celui-ci pour se rappeler sans cesse le soutenir
de sa pairie.
u Gervais, dit liidel, avait le l'oùI si décide [)our le ceif qu'il le nul dans ses armes particu-
w.i 7
50 ANWl.F.S AUr.HKOLOGKH l.S.
'rr.ovics'. — " Imi la(|ii(_'llc ville y ;i (lcu\ clnrlies an hi'IIVdy, dunl l'iiiio a
(li'll\ (Irsircs l'Il iToisio (■( l\ pii';l/. cl (IcillV (le cluirrr, iiii ('ll\ il'ull, (.'I, IMI liaill-
((':ir. i\ |>ic;l/, l'I plus, et sainble (|ii"elle soil aiissy liaiillc (|iie lai',i;'e ; el y eul
à le fuiKlre. (|iie d'eslainj; (|iie de iiuMal. eoiiime nu diel. \\\ mil lilnri'S,
(|iiaiil lui |iieiiiié|-eini.Mil Iniidiie; iii:ii.<. à |iri''seiil. lie puise que \xil mil, el le
halaiil d'i<-el|e puise iiii'' et Ml liliM'i's de \'f\\ el esl leudue uiig pclil :
0 iirn's. Son si'i'iii. i|iii so Iroini^ en cnliiT ii la cluiiti' iIp fniulalion ili^ S:iinl-l),Miis, ro|ii(''.^('nlc
« d'iiii (■ lie riiiiaL:(' lic la \ iia'i^o {mi liii^li' a\i'C crljc li'i;rii(k' : l-^i/ii (ii'irtisii/s ('/)isri)/iiis : ri au
« ri'Vi^i's. iiii ci'il a\('i' cps iimls: (j'rriis l'i'iiiciisia. O'csl sans (loiilr, ajinilp Jîiilcl. ce (|iii a
« oni;ai,'t' ilrpiiis l('~ aii'lii'\i^i|iii's ilc Hi'ini> à |aciiilir uiic Irli' de coii' |ii)iir li' scci de leur ulll-
« fialil('' Il
c( n.illicr, aiilcar d une lii--l:iii'c maaii^iaili' de la mIIoiIc lii'iiiis, inius diiniii' sur co cerf cclto
iiilci'css inti' )iiilici' : » (li'i'Vais. dil-il. le Mcrcnas de son l('ni|is, it'l.dilil les écoles de Ueiins ot
o en donna l.i conduile a liianio. nalifde Coloi^rie. (à'I arelievèque lil l'aiii' le ceii'iine nous avons
u \ii -ur la |iorl:' dn ji dais ari'liii''|iisco|ial. AvanI i|ne l'arelinèiin' i.eiinore d'IO,un|ies l'enl fait
u élever sni' celle p nie en Miil '. (|n'il a\ail fail li.'iiii-, il l'iail ij.ins la [n'enneii' ciini' sur un
0 iiied-d'e^t.d. Au su le des rois, on le Ir.ni-i'erail il.ui^ le |iai'\is el on 1 eui|jlissait. di^ xinijui
11 eiinlail a leurenli-ee. C.li.ii les-.Manriee l.e 'l'ollier aiani l'ail aliatire celle |)urty (on l(iS7;, lors
ir de la coii-lrnclion de >on palais, ce ceil' lui \endu a son prollt. »
u Ce qu'il \- a de plu> >iiiL;idi('r, i''esl que ce cerl'ipii, il l'r'poque du sacre, recevait, une desti-
niliiin si populaire, servail en leinps oïdinairi^ d'iiruoniinieux ecli.ifaud sur lequel élaicnl exposés
les conilainnés par la juslico arcliiépi.scopale
Il On sait que 1(> pi^'iion de la croisée ineridinnale de la callii' haie, reeddié \ers la lin du
xn' siècle, e,~l couiiinni' d'nii sai;illaiie qui liaiide son arc el va di'cocher une floche sur un cer-
lain point de la cour de l'arclievéclié; c'était dans celle direction (lu'élait posé sur son piédestal
le cerf de bion/.e de l'arclievèipie (iei'vais. L'idée du sculpteur du sa.u'illaire était toute iléinocra-
lapie.. .. — Ou coiMprend que le cerf de (iervais, qui av.iil la ilonlile desliiialion de jeter tour à
tour au peuple les fatales anyois.ses de l'iiifaniie et les folles gaietés de l'ivresse, était un monu-
ment niilalile d,ins l'esprit des Rémois. On retrouvait naijuéi'e, à ce sujet, une dernière trace des
impression-i populaires dans le nom de lriii> de nos rues. Xons axions la rue du l'cUt-Orf. la
rue du Craiid-Cerf, la rue Conif-i/c-Cerf, dont certainement l'idée première loueliuit ii cellu du
cerf de l'arclievéclié. La commission créée pour la révision des noms de rues a fait, l'année der-
nière (IS'ii), main b.isse sur Ions ces souvenirs serviles; on n'a pas daigné en conserver l'omlji-e.
La raison, qui la diia? Je ne sais. Aujourd'lmi, il no reste du cerf de rarclie\èi|ue (iervais que
les sceaux ipielque peu frustes dos anciennes archives du chapitre, et un cachet du xviii'' siècle
placé suns le vit l'ail d'une des montres du musée, lequel cachot provient du dernier bailli do
M. de Talle;rand !arclievè()uo do Reims), ol représente le cerf sur ses pieds avec cclto légende :
Cfri'iis rciiiciisis. »
1. Ce n'e^l pas Troyes, mais Sens, qu'il faudrait placer on tète do ce paragra|ihe. Kn effet,
c'est il Sens et non ii Troyes qu'étaient et que sont encore les deux grosses cloches dont il est ici
question ol qu'on noimne Sa\ inienne et Potentionne, du nom des deux saints martyrs Suvinion et
l'otentien, |)atrons de la ville de Sens. Ces erreurs prouvent que le pèlerin Lenguerant n'écrivit
pas ses nntes sur place, mais après son passage dans les villes dont il parle, el peut-être mémo
aprôi son retour de voyage. Ces inexactitudeâ, ces défauts de mémoire doivent jeter une certaine
deliance sur tout ce récit.
Mil. v\(;i:s.
51
et, par di-s^iis clk. y m a une aiilln' (\\i\n\ sniiin-. l):'aiirm|) m 'iidiv '. »
Dijon. — Parlant de Truiisi' i\i's ('.liaitrciix-li'/.-Diinii. il dil {|mi' Irs Idiii-
hraii\ des ducs di' lîmiri^d^Mic sou! \\i\{ ri<'li('S, «.cl soiil les \ isai^-cs im faces
di's deux l'liili|)])i's paiiicis après |r vif en cette éji;lise . Ia(iiielle est paiii(t(>
bien liciieiiieiit d'ur et d'a/iir sur la l)aii(|iierio on laiiil)roiissaii;e de Ixiis. Kii
la capiieile lez le t;i-and autel csj rm-aloire des diir< de lîdiir^'uii^iie. hupielle
est fort riche, et y a une table d'ai'i^cnt dun'' de l'Iiistoii-e du trespas Ndsti'e-
Daiiie. et les aposlles eutoiu- liiy. et Dieu rece|nant son àuie. (piv II- cdiMniie.
et les ange!/ à l'eiitlidur : fort riche et menu ouM'a.ge. Kl le tahei nacie. ou
Cduvei-ture d'icelle tal)le est l'icheuient painct et bien ouvi'i'-. Sur icelje rap|)elle
est une aullre cappelli^ fort i)elle. di' 1" Aiiiiouciation Nostre-Daïue : ri
disent les Chartreux (|ne ils mit entre leiu-s reli(|n;iirrs du bi-as Ndstre-Dainc.
desti" maison lit faire h' duc Philippe h' llard). — \ii milieu du |.;raiHl
cloistro y a une l^elle fontaine close alentour de mni'ailles basses, en lai|uelle.
sans rimaij^e du Crucifix, y a aulti'es t;randes imaii^cs -. «
liMKiN \)V. I.A FO.NS-.Mi:i.I(;(lO.
1. Fol. 2. V c y.
2. ll)i(i., fol. 3, r" el v". — 11 s'ii.u'il ici du fameux |)uit> iIp Moïso. I.o Ciiirifix on a fli.-;|wrii.
mais les pri.pliùles sculptes par Claux Stuter, on I4()i, existeut toujours et ce sont, des cliefs-
d œuvre.
niBTJOGRAlifTE
D'ART F.T D'ÂUCHÉOLOGIE
1. AxNM.i'.s lie lu Sni'icti' (rii.L:riciillure. scioii-
(■('■i. ails cl. c-dinmoici' ilu l'iiy. T(iiii(^ wii.
I.S.'i^l. In-.S" lie -i-U paires. — R<i|)|iiii'ts cl
niciiKiircs : (iucrres civile? et rcligiiHiscs ihi
\>hi\. par !.. iiK VlN(il.s. — iMiiiilalinri rlii
piicinc lie Saiiit-Picrrc-E\ iiac. — Lc(!li;'i-
Icau de (iriïïiian. par .M. m; I'avan-Di Moii-
LIN. — Des l'olii;iiac dans la lij,'ue du bien
piililir, fragmeiil. de 1' •■ Ilisloire des bara-
iiies du \cla\ «. par. M. m Mni.iN. pi'c>iilciil
do chailibre à la Cour iuipcrude de Hnueii.
— Hssai sur l'hisluire iininieipale du l'u\.
par li. Vis>vr;l'ET, a\oeat, — l^e lleaiil du
rocher de (lorueille, par A. A\.mauii.
2. Ai'i'LicvTioN du droil coiniiuin ii la pro-
priété lillérairc et artistii|iie. l'ublieation
du comité de l'Assoeialion pour la défense
de la propriété littéraire. Iii-N" de .'^2 [la^es.
30 e.
:!. AliltANÏ. — l'oii.i.iivi:, éniailleiir- liiiuiu-
sins. l'ùuaux de la collection de .M"" de la
Sayette [de Poitiers), par ^Iairice Ahiia.nt,
archiviste de la llaule-Vienne. In -S" de
S pages. (iil c.
4. AKDANT. — Liste chronologique et nu-
mismatique des vicomtes de IJmoi^es, par
JUiliicK AniivNT, archiviste de la llaule-
Vienne. Iii-S" de .S paL'cs. (jo c.
'■'}. ARKNDT. — 7.\vi:i mitti i,Ai.Ti:itLu:i]i:
n M cinAssicR (<i Deux encensiiirs du moyen
ài:e " \ par K. Aiiii.viir, archilecle du .gou-
vernement du 1,'rand-diiche de Luveinbourj:.
Iii-X" de i pages avec une planche où smit
ligures ces encensoirs qui datent du \V siè-
cle. '1 fr. ol) c.
11. ArVl':[iiiXH. — Doc,rMi:\Ts ini'dits relalifs
an Daupliiné. l'reiniére livraison : C.artulairo
de saint linherl, édité par les soins de M. le
chanoine .Vivkugne. In-S° de 81 pag^s. l'a-
pier fort. ") t'r. ; papier ordinaire. 3 l'r.
7. lil-:iillll^li. — Ivn iii;s lilnrgiqu'S, pir
l'abbé J.-l". Ueiu.ier. In-S" de -JlStt pages.
Première |)artie : Étude préliminaire. Du
droit liturgique et de ses ra]iports avec les
]ilns importantes ipiestions ecclésiastiques.
Oiiestions concernant les sacrements et se
rattachant à la constitution de l'Église. De
quelques lois ecclésiastiques. Princi|)es théo-
logiques. — Deuxième partie : Histoire de la
controverse et d.' la réforme liturgiipie en
France au xix'' siècle. Premier essai de con-
tro\erse liturgique en isli. Nouvelle édi-
tion du Parisien sous la Kestauration. Kdi-
tions de livres liturgiques faites en France
sous la Kcslaiiralion. Nou\elles controverses
lilurgiipies en I.S30 et en 1840. Actes litur-
giques des églises do Carcassonne, de Lyon
cl de Xevers en 1742 et années suivantes.
Liturgie romaine à Troves. l'erpignan, .Mon-
i?iiîLioi;i!\i'iiiF. n'Aiii
ii'MiciiKni.ocii-:
liuihan Pt Ri'iiii>. lli'nstM^iiiMiicnts sur Ifs ;m-
cienots provincos tH-flésiastiquos. CoiisO-
qiionce imporliinti' du concnrrhil ilc ISOI.
Échaniro do paroisso.* outre ran"lji'vi,''(]iip do
Bosanron et l'cvi^que <]e li.'ilo. ii la fin du der-
nier siéele. — Ces d(Hi\ ])arties : 7 fr.
S. m.ANi;AlU). — IcoNOGii vi'iiiE des sc"aii\
et Inilles conservés dans la i)arlie aniérioure
il 179U des Arcliives departenienlak's des
15ouclies-du-Rhono. par Loris Ui.aniviiii.
arcliiviste du département. In-i» <le :i2i p.
do texte et d'un atlas in— l" de ~i planclies.
— Description dos sceaux. l'arlio ci\ile :
empereurs d'AIIomairne, rois d'Arles, su/.o-
niins, manpiis. ducs et comtes de Provence;
comtes do Força Iquior. vicomtes do Marseille,
seiiinours des Baux; barons, seiiineurs ot
nobles do Provence; villes de Provence et
des pays voisins: lieutenants des comtes de
Provence: cours et sénécliaussées de Pro-
vence et des pays voisins: rois, princes et
princesses do France; sceaux étrans^ers à la
France. — l'artie occlésiastiquo : arclio\é-
cliés. clia[)itros métropolitains, évéchés et
chapitres épiscopaux de Provence: archevé-
cliés, évi^cliés et cliapiires étrangers ii la Pro-
vence: abbayes et prieurés provençaux:
ordre du Temple, de Sainl-Jean de Jérusa-
lem et de Saint-Antoine de Vienne: papes
de Uome et d Av iiinon : cardinaux, auditeurs.
reféreiulaires cl autres dignitaires de la cour
apostolique, etc. — Ti'xlo et atlas. tJO fr.
9. ItON'.NIEI{. — AuKi.Aita ol .saint liornard. la
philosophie et l'Fglise au xir siècle, par
FuoiAiii) BoNMER. docteur en dr<iil. I11-I2
de xiv-l.'j» pages. — Introduction, ^elitable
caractère d'.Vbélard. .\belard dialecticien,
moine et théologien. Condamnation d'.Vbé-
lard il Soissons. F'onda'iondu Parad-t. Cor-
respondance d'Uéloïso et d'.Vbelaril. Saint
liernaid au Paraclet. Concile de Sens. Doc-
trines et disciples d'Abélard. Vol(;iirianisine
de Bérenger. Doctrines démagogiques d'.Vr-
nauld de Brescia. Fin religieuse d'.Vbélard.
Ktude littéraire sur .Vbélard. Héloï.so ot saint
Bernard. Histoire des restes mortels d'IIé-
lofsp ol d'.Vbélard.
lu. C.AHDI'.V.VCtjrr: (de . — l.Ainnii; du
.Monl-Sainl-Kloi IOIiS-l7'.>2 . par Adoi.I'HK
m: lj\Bi)i:v,u.giE. In-i" do 2il pages ot d'un
atlas <le \.j planches, dont uiu> coloriée, des-
sinées d'après natuie. — Chapitre préliuii-
iiaii'O : Le .Mont-Blaiu' avant rétablissement
du monastère, lOtl-IO;iS. Me,' gi-néiale du
pavs. FiKKpie gauloise. Domination romaine.
Invasion des Francs. .'îaint-Kloi établit son
oraliiire sur le .Monl-Klaiic (i.'i'j . Invasion
des .Normands. Destruction de l'oratoire.
Fiilliort, évèque d'.Vrras. fonde une église au
.Mont-Saint-Kloi. .Vbus en IDlXi. Heformes en
I0()8. Histoire de ral)ba_\e sous la prelaturo
de chacun de ses abbes. Intérieur du mo-
nastère. Ktal des biens et revenus eci'lésias-
tiipies de rabba\e, histoire littéraire et des-
cription du monastère du Mont-Saint-F^loi.
Notes et pièces jusiilicatives.
11. t:Milii:VA(;(jri-: de). — Notici: sur le
prieure <le Ndlre-Dauie du Penny (près lie-
Ihune). ilépendant derabb.iye du Mont-Saint-
Kloi. par .\iioi.i'MK m: CAunr.VACyii:. mem-
bre de la Société des antiquaires de la Mori-
iiie. Iii-l" de 12 pages et d'une planche.
12. CAUDLV.VCOL'L (de). — Xotici- sur le
prieuré de tiiUi\-<'n-'rei'nois, déiiendanl de
labbave du .Mont-Sainl-Kloi. par .Viioi.i'iii:
lue Caiiiii:\ Acoii;. lu-S" de l p.iges.
l-i. CAliDKV.VCUL'F (de;. — Kcùiviiics et son
prieuré (ancieimedi'pendance de l'.ilibaye du
Monl-Saint-Kioi . par .\. m: Cahiii:\ vctji-i:.
(ir.uid in-S° de 29 pages et de 2 planches.
II. (^vTAi.ociE des livres rares et précieux,
dessins ol vignelles, com|insant la biblio-
tlièi|ue de feu .M. le conite m: ].\ IiLi)o\i;i(ic,
ancien olhcier supérieur des g.u'des du coi'i)S
des rois Louis WIII et i;liarles .\. et moni-
bre do la Société des biblio|ihiles français.
In-S" de xvi-lOO pages. — Théologie, juris-
prudence. Sciences et arts. Belles -lettres.
Histoire, géographie, voyages, etc , distri-
bués dans 28 'kG articles. .■! fr.
i:;. c.VTTt)!?
l>svi sur deux édifices de
:)U
AXNALKS AliCllKOLOGIOlKS.
r:>;iai<-i:ic(' riir.'licnn v p.if ic iliuMi'iii- l',\;-
TDls. r.'lil iii-:i)li(i il,' .S'J \M'^'i v\ (!■■ il |il.
miiM'c'-i |i,ii- S\r\ A(.Kiir. — C.liiiiii'lli' (IrTdii-
MMil (Ml Bcrry ;:irchil('rli\ M. Vi;iiiiii:i\) : los
cli.u\ i(MinissiiilCf> (W et \l\" si('clc,. nri-
i;iiic lie lii (■hiipi'llc lie Tiiinriil ; iihiii cl
(irioilUilioii, les ailcieiini'S tr;i(lilio;i> île l'i--
i:li>e sur ce iioinl: le raiiipnnile. am-ieiins
liMiiiliiiiis il ce siijel ; ileseii|il ioil lie l'iiili'-
linir lie la eliapi^lle el île la sarrislie; peiii-
liiies iiiuiali'S et xiliaiix. — C.iuixent iL'
rA~si)nipliiia nu niena-lèie des A-^soiiip-
tiades. à Auleuil-I'.iris 'airliiteete. M. Vi:ii-
DlKli) : rréémiiieiiee lies si-ieiii-es siirlesaiis
à iioire épnipie, rallie île eelle >iiperiiiiile:
lonilalioii lies Assmiipliailes, leiii-s el.ililisse-
ineiils sueeessifs à Paris; ilillieiillis e( (](•-
i;iirils pour laiiisle ilans le inonde; deserip-
tiiiii du i-oinenl d'Auleuil. ses divisions
iiiti'rieures, elieiiiiiu'i'-. lioiseries, eompaiai-
sou (le deux iiiaisoiis réeenles. l'une grecque
et, l'autre i;otliiipie; l'art, l'arehitietuie sur-
tout, est un lan-ai-'e pour le piiMie; pii\i-
léire lie l'arelulecle; niotil':- du choix de l'ail
du uio\en àï;e (xiir' siérle) [iinir le eomeiil
d'Auleuil. succès de sou appliealioii dans eel
édifice, fautes ipii s'y remanpieal; resuiin'
des Mies énoncée.-, dans cette belle publie, i-
Imn.
ir>. l'.()i:ilFT. — NoTi: sur une si'piilliire eliri'-
lieiine du moyen àue. trouvée ii Ktaples
Pas-de-Calais), en ISGl, par l'abbe C.ociii.T,
inspeet;nir des uionunienN liisloriipie- el le-
ligicux de hi Seine-liiferieure. In-S" de Ki p.
et de 5 j,M'avures sur bois. — Sé|iulliireirun
clievaliei- eliii'lien inliuuii'' a\ee .ses armes,
au Mil'' ou au xiV siècle.
17. COI'.IIKT. — Notice historique et archéo-
lo;^ique sur la ville, l'abbaye et re.i;lise du
Treport, par l'aiilie (ioriiKT, inspecteur des
monuments liistoriquesde la Seine-Inferieure
et des monuments relij;ieux du diocèse de
lioiien. In-S" de 11 r [Ki^es. — Esquisse his-
torique sur la ville. Ancienrto abbaye de
Saint-Michel. Éu'fise paroissiale de Saint-
.lacqiu'S. lie>lauialion de ri'';_dise p;iroissiale.
I fr. .'iO c.
l;-!. CiJU.SSIi.MAKI'R. — Mkssic du \iii- siècle,
tr.idiiile en notation moderne et précedi'.'
d'une inlrodiiclion, par M. Di; ('.ocssi;ii \Ki;ii.
correspondant de l'Institut. ln-'i-° de !S iia.ues,
i rac-similc el .'il paj;es de musique. (!elte
me.sse. qui e,-l ii trois parlies, est le monu-
ment le plus coiuph't el le p'iis inqiorlanl
de 1 liarinonie au mo\ en àire. I^e maïuiscril
orii:inal appartient ii M. l'abbé N'oisin. \i-
caire L:i'iii''ral de 'roiirnai. !i fr. "lO c.
l'.l. D-WClllSN'h;. — Xc.MisMATiciciî niiriii-
Miisi;. Recui'il hisloi-ique de monnaies, mé-
r.aux, médailles et jetons de la \ille el de
rarroiiilissiMuent de Hi'lliuue. p:ir L. ll.\N-
coisM-:, meiiibre de plusieurs sociétés sa-
vantes. In-S" ilexv-2.)i paL;es et de 11 plan-
ches. — liilroiluclion historique, l'remièro
]iar(ie. lii'thune : monnaies meroviiiijiennes
el sei.L;neuriales; méreaux communaux, mé-
reaux de secours, de corporalions el de
coniiiieiçanls. de conlrèi'ies, d'églises, d'ab-
bavcs et de sociétés ; médailles de siège, de
sacre et des journées de juin 18i8; jetons
divers. — Deuxième partie : arrondissement,
de Betlnine : médailles des représentants de
1 arrondissement ii l'.Vsseniblèe constituante,
médailles de pèlerinages et do dévotions jio-
pulaires, seigneuriales, religieuses, mérovin-
giennes, earlovingiennes, de la bataille de
I.ens; monnaies de Saint- Venant, etc. 10 fr.
20. DKLÉC.l.UZE. — r.ii.vucEn. Le pèlerinage
deCanlerbury ; ;i228-rj00:, par E.-J. Di;!.];-
ci.izi;. ln-8" de il pages. — Traduclimi du
prologue des contes de Canterbury. Ob.ser-
valions sur le caractère et le talent de Chau-
cer. Etude sur sou temps et ses ouvrages.
Liste de ses piiucipaux poi'uies et contes.
21. DRIOU. — Uo.Mi; et ses impérissables
grandeurs. Scénographie des sept collines
et du Tibre; reliefs de rAgi'O-Homano ; ré-
surrection des ruines; Capitole, Eorum, pri-
son Jlauiertine, roche Tarpéienne, Panthéon,
temples, Colysée, cirques, tlièidres, thermes,
palais des Césars, arcs de triomphe, ]iorti-
(pies, colonnes, statues, etc. Exhil)ition des
calacondies, cry|it,es, basiliques, églises.
Examen des musées du Capitole. du Vatican,
)iii;i.i(>t;i! \riiii: 1)'ai;i i.r ii'Aiiciiiioi.ocii:
(li's j,Mli'ri<'> lie iliviTs [liiliiis. l'holou'r.iphi's
(le foMi lini's, [ilarc-, \ill,is, Ioiii1)Mii\. l'I.ins
dos vdirs ApiiiriKU', l.iiliiic. Fiiiiniiiiciiiu',
|Xir les Maniis l'urilin-;, Ir inniil («is^iii, l'Ic.
lixciii'sioiis |iill0['fs(|iir> iui\ cilcV-; laliiics.
vi)lsi|iii'S. (''Inis(iiii's ili' (iiiiHiiR', (i.ii'li'. Miii-
lui'iios, Arpiiuiiii, Vi'lli'îii. AiiMir (Tctim-
l'iiu' . Ai'irii' ((ieiis;iMii . 'ru-culmii ,l"r.is-
rnli . Albc-l.i-LuTiu'iii'. l,;iviniiiin. Aiiliuin.
Ar(k"[>, O.slio, l'alcrics, Vi'iV-;, Ti\iili, de. ;
visilc iui\ \i\c> llci^illo. |-"iii'iiio, AIIkiik), Nciui,
par Ai.riii:i) Dhiol'. (jiaiiil iii-S° de -i't't [>.
et de l pliinclu's.
■>i. Dt I.Ariilldi. — l'/n m: Mil ror-anisiUioii
poiitiipic ri'li.L'iinisi' cl iidiiuni?lr,ili\(> du
nnaumo do la IVlilo Annciiio. à l'i'piKpu'
dos croisades, par ICdou uiD Dli, vi iui;ii.
I11-8" do l.iO paiios et de oini| talileaiix dos
souverains do la polil.' AriiK-iiio. — .Nule
prcliiiiiiiairo. La rovaiili' el rari>t u'ialii'. le
palriairat et le olor^o. Tableau des sièges
épiscopaux. des couveiils el du cler.L;é 011
.^'éiionil ipii cUiionl sous la juridiclioii |ia-
ti'iai'cale. Ollioes de cour el diu'iiilés civiles
ou poliliipios : conuolaliies et assi'ssmirs du
connétable, cliatubollaiis et caiiiorii'rs, cliaii-
colieiset baïlesdu ro_\auiiie. clianceliers pac-
ticuliers el employés de la chancollorie, se-
nécliaux, ca|iitaiiies de la coui' du roi. de la
douane. Coiihikmco. tarif des douanes el
condition civile des olraiij.'ers dans la l'elilo
Arménie. Du droit d'aubaine, des contesta-
tions el [irocès. ttal des [lor.sonnes. .\|ip;'n-
dice.
i.i. I)rTllll,l,(H;L'l.. — IlisKiiiii: ecclesi,isli(pie
(Hinoriasliipiodol)ouai. depuis relablis-eiiieiil
du cliristiaiiisnie. i)ar ll.-li. Diriiii, 1,01:1 1..
In-8" do I.S4 p.— i)u clirislianisiiio dans les
contrées du nord do la l'"raiK-e. ColloLdalos et
clia()itres do Saint-Aîné el do Sainl-l'iorre.
A!)bayes do .Marcliieniies . d'.Vncliin el de
Klines. Paroisses de Douai ; Notre-Dame,
Saint-Albin, Saint-Xicolas et Saiiit-Jac(pios.
.Maisons roi igiousos : tenipliei's. dominicains,
Irinitaires, jésuilos, capucins, carmes, récol-
lets el bénédictins an.i;lais. claris.ses. etc.
Uefuires des maisons roli^'iousos avant exislo
a Doii.ii. Cliap 'Iles. l'eloriiia;.'es d.iiis les en-
virons de Douai. (!(iMrri'ries. Xoms dos p!'r-
suiiiii's, Oi'closia-liipies el auln'-. née~ ii
Douai el dans si conlii'O. i|ui ont iTiil sur
des matières ri'li.i,'i"iis:'s. Séminaires. Arch;'-
\è([iies el i''Voipi"s. (!uii'~ d-s paroisses do
Doii.ii. .\ppeii.lice.
l'i. IIANCliil'l-; D'AlKlS do . — Vii;el nii-
racl"S do saint Iti'iiiand, avec uni' n ilice
lli>l nique sur 1,1 Mlle et lo- i'\èi|U's di'
(lommiiiu'os. hi le;.;onil' des saints du p.i\sel
l.i desrriplion do l'eudise calliedral'-. p,ir
l.oiis m: FiANciCTTi: n'Ai. os. Iii-li de iv-
:î.S2 pa^'os. i:ial do l'K-lis;- au M- siècle.
\ais~auce (le > iini l!'i'l:,uid '\l'-iècle). Son
liisloire, collo do si)n pa_\ s et d.^ son l'poiiu:'.
Invasions di-s Vandales, d ^s (lollis ol des
Sarrasins. !."< sainis I lairliMis. .\\riiliii. Ca-
lisl'i'l .Morciirial. Saint lii'iiiMiiil. evè(pe> ilo
0 imniin;.;/--. Se- iiur.icl ■-;. lûcMiomenls pos-
li'iieur-: il saint I! airaiid. l'oies el usa.;,'es
parliculiors ii l'ejli-e il" (;oiniiiiil.:i's. D''srii|i-
linii (le la c.ilhodrjlo. ori;4iiios, (inonlalnin,
liois'Tios lin clin'ur. Julie, s.mrlu.iiro, pavé,
roliipies el Ire-or. Cl.iilro. Hial du diocèse on
ITM'.t. (lliapiire ciilli'.u'ial. alilia\cs. pri 'lires,
chapelles. Dates lii-lnii, pies. Coulunie, d' la
eile lie C.oniminL'os. î fr.
r;. l'I, ACHAT, (le DIO.N el l.ASVll.M S. —
C vrinlouAia: m: Bu i;ix. Uepnsi' vi\ smis-
(i'U\i(^ delà tour cenliMle. par li. I'i.m 11 m.
Des.'iiplion de> travaux, par H. m: Dio.n ol
I.. I.v^\iom;s. iiii:éniours, anciens elè\cs de
riOcole cenlrale. (Jr.uid in- 1" de lOî pa.u'oset
i\{' :''i planches. — Inlroiliiction. Ilisloriipn'
de la con^ti uclion. iCcraseinont dos piliers,
l'reniiei's travaux. 'l'r.ivaiix de' soutenemo.il :
sondages, étresillonneinoni et blinda.L'o des
li.iies avoisiiKint les piliers. i'i'iiitura,i;e do la
tour, tirants dos naissances, l'or.dalions, re-
prise on sous-œu\ ri'. Déiiens^'S. .ill l'r.
:'(i. I,\ l''iiVMa: Kci:i,i';si.\STH,>ri:. — .Minanaeh
du cler.!.'!' pour ISIii>, contenant la cour île
lioino; lesarchevéïpios et évèipi ■sdo France,
leurs vicaires L'énor.iux. leurs olliriiiux: les
di,^'iiitaires et chanoines des églises catlii'-
5f)
A _N N \ 1 . 1', S A P. C 1 1 K 0 L 0 G I O T !■: S .
(Inili's; li'S siiprrirurs des j^iHiiiiKincs; lo^
CUITS cl les niris ; les siu'cursiilns cl vica-
li.iN; les cnnu'ivj.iliiHi-i r'clii^icuscs ; suivi de
l;i li'iiisliilioii conc-ci'iiiiiit les cultes et ce (]ui
csl leliilil'ii la gi'iuide iuiinôiiei ie el nu cli:i-
pilie de S.iiiil-Denis. In-i't de T.iM piezes.
4 fr.
27. (lAILHAliAUl».— I. AiiT dans ses diverses
hranelies, chez Imis I:s pciples et ii toutes
les epiMpie; ju-iipi'eli I 7S',I. p;ii' .hl.ics ( i MLH \-
liAil), d'npiès les travaux des principaux
aili>les el repniiluils par les plus lialiiles i;ra-
\eurs et clirouiolitlio^raphes. l'reuiiére par-
lie : arcliileclui'e. s<'ulplnre. [leinlure, funle,
ferronneiie. etc. l.i\'iaisiins 2i el :i'i. Iliand
in-'i" de i- planches. — Clùlure d'urie cha-
pelle, dans re,i,di.>e de \"illeneu\ e— -ur Vimne.
l'nils udtii\en de ileu\ haliilatiiins. situées
LUC du Musée. iiTnnliiusc. Élaircs supérieurs
d'un liulel du (\\\iù ili's Grands-Auguslins, à
l'aris. Chaque li\ raison, 1 f]'. 7'j
iH. Tiii; (icNrum \n's M\gazi.\1'; and hislo-
rical li(>vie\v. Isiil, Deux vohniies in-<S" de
7UU |iai;es chacun, axcc nondjreuses plan-
(•h:'s sui' uielal, sur huis et eu couleur. —
I'riiici[iaux articles archéoloi,'i(pies ronleiius
d.uis ces xdluiues : Peintures murales du
xn'' siècle dans l'ei^lise d'Islip. .\rcliitecture
militaire. Costumes anciens en An.t;letorre.
Aipuiére du xiv siéidc. Pavages émaillés
du mo\en ài-'c. Anciennes liahilalions la-
custres d'Irlande. Outils et instruments an-
ciens. Calhédialc de Lincoln. Pierres funé-
raires des XIV". xv cl xvr siècles. Maisons
du moyen àj;e. Poteries de Malle. .Vhhaxc
de Westminster. Murs el forlifications d'Ox-
lord. !\hi>a'iques. Testaments et inventaires
du xvr siècle. .Vrchéologic en Irlande. Ar-
chitecture ancienne en Éco.sse. Inscri|)tions
cunéiformes. Recherches archéologiques en
France. L'.\mérique avant Colomb. Anti-
quités suisses. Récentes adjonctions de sculp-
tures au lîrilish Muséum. L'abhaxc de
Wcsludnster considérée comme musée de
scnli)lure. Toinlieau du moyen âge à Ktaples.
Sociétés archeologi(pies cl historiques de
Londres, de .Middlesex, d'Oxford, de Cam-
bridge, des comtés de Kent, de Leicestcr. etc.
— Ces deux volumes. 4"> fr.
2'.l. CIliAlilHII'. — .\i,RrM poI\ne-ien de
M. le capitaine de vaissfau C. Nm uv, par
]\L le baron m; (iiiiViiDoT. Petit in-folio de
\'t ]il,inches et d'une lalile indicative. — ('es
phuiches. qui sont lilhographi(''es, représen-
tent di\i'rs instrmnents de chirurgie et de
ilefi'nse, des liijinix. sculptures et orne-
menls. des ciiiqies, colliers et couronnes, en
or et en corne sculptés, etc. \î fr.
30. CIRAliDOT. — Histoire et inventaire
du tresoE' de la cathédrale de Bourges, par
le liaron m: (jinAunor. secrétaire général
de la préfecture de la Loire-Inférieure. In-8°
de SO |iages.- Texte |ires(pie entier de l'in-
\enlaire de l.'j.'i7, et extraits <l("s autres qui
furent faits en 1o(12, '1567, 1596 et dans In
courant du x\ m' siècle. i fr. oO
a\. CIliAlilHrr. — Mr:i,ANr;i;s. recueillis et
|inblies par le baron A. du (imAiinoT. ln-12
de I i4 pages. — Détails relatifs aux lettres
de recommandation, à la rareté des bois de
construction aux xvi'' et xviii' siècles, il la
deslruclion des leuvrcs d'art dans tous les
temps et chez, tous les peuples, el ii la révo-
lution de 1789. 2 fr.
3:'. (IlliAUDOT. — L\ .^AiNTi;-Cir\Pi:Li.E de
liourges, sa fondation, sa destruction, par
le baron .\. he (iiKAnooT. In-8"dc 33 pages.
— l'onilation de la Sainte-t'.hapelle (xv siè-
cle) , services el charges imposés au clia-
|iilre, revenus, droit de justice, privilèges
du chapitre, pillage de la Sainte-(;hapelle
par les protestants, en 1562; incendie en
1693, cl snp[)ression de la Sainte-Chapelle
en 1757. Pièces justificatives. 1 fr. '25
33. GIR.^HDOT. — Cartes cÉouii.iPiiiQLES
de l'ancien I!err\-. par le baron A. DE GlBAR-
DoT. In-S" de 27 pages. — Projet de des-
cri|ilion des paroisses, observations |)articu-
licK'S sur les rivières, description de la
paiiii^se de ViMiieud - sous - Dun - Leroy
pour servir de modèle a l'exécnlion du pro-
jet, etc. -1 fr.
RiBi.i(i(;u\iMii i; i)'\i;r ki DAiiciiKoi.Oi.ii:
:)7
J4. (jlVOUAN. — HisriiiKK ili-s iliisscs pri-
vilégiées (liins les temps ;iiieieiis, piir I.iîon
DK GlvoiiAN. (liiecteui- ilii ciilleye héraldi-
t)ue. Deuwiiliiiiies in-l iih-'.i \:i cl i:i6 pa;;es.
— Ilel)i'eiix, Clialiieeiis et Assyriens. Castes
de IK^ypte. Kiiipire îles l'eises. Oriijines
de l'aristocr.ilie dans les Klats de la Cirece.
Révoliitiuiis de la (ireie. .\laet'(li)iiic:is et
empire d'Alexandie. I)roit d()iiiesti(iiie ;i
Rome. Orj.'aiiisatiuu de la [luissam^e ro-
maine. Sénat et elievaliers. lU'volulioii> et
décadence de la république. Ilierarcliie de
l'empire romain. Peuples harliares. .Marcpies
symboliques de la nobles-se el noms de fa-
mille dans I antiquité.
3.>. liri.l.MI. — Tm: lli-ronv ul' modem
music. « Histoire de la musique moderne .,
st>rie de lectures faites à rinstilution royale
de la (jrande-Bre(ai;ne. par John lli i.i.mi.
profe.s.seur de musique \ocale aux collèges
du Roi et de la lîeine à Londres, el orjra-
niste de l'.harlerliouse. hi-12 de \li-2;>8
pages. — Introduction. Ouatre périodes de
l'histoire de la musicpie. de :i70 jusqu'à nos
jours. Music|ue moderne. Nations (|ui ont le
plus contribue au progrès de la musiipie.
Musique chréticMne ancienne, saint Am-
broise. .<;iinl (irégoire. Isidore de Sé\ille.
Musique du moyen âge. séculière et reli-
gieuse. Inllueiice de la musique séculière
sur la musique religieuse. Étal de la musique
à Rome au xvi' siècle, et de la musique re-
ligieuse avant Palestrina. Kcole belge. Étude
répandue delà musiqueà la (in du \vrsièc-le.
Vieux maîtres et leurs œuvres. Tonalité el
modes ecclésiasli(iues. Harmonies ancieiiiK!
el moderne conq)arées. Renaissanci'. Son in-
fluence sur la musique générale. l'reEnicrs
essais d'opéras. .Vcadémie florentine. Dniuie
musical à Rome. Instruments et orclieslie-.
École française moderne. Musi(|ue en.Vngle-
lerre au xvii' siècle. Kcole .diemande.
.»i. J.VN\ RAIN. — l,i:s C.h.^tk.m x de l'arron-
dissement du Havre. Description liisloricpu».
archéologi(|ue et piltoresqu;-. Cbàleau d Har-
fleur, le Camp-ltolenl, Bévilliers, le château
du Mont-lJeon. Reauté. Kpremesnil. La
xxu.
l'aMMiniere, lecliàleau d'I-isrures. laisiint suile
aux « Promenades dans (pialre châteaux his-
loriipies aux environs du llivre «. |)ar L.-
.\. .Ianvivvin. nieml)re de plusieurs sociétés
s;i\antes. (irand in-S" <|(' lO.'l |)ages, texte
encadre. 'i fi-.
'■i'>. .l.\N\li\IN — ■ l'no\ii:\ \iii:s dan-i quatre
{■liàte.iux historiquesaux environs du Havre :
llolmoulins. Le Bi'C. Le Toi. (ionfreville-
Idrclii'r. par L.-.\. Jxwiuin. iiiMobic de
plusieurs société-: sivantes. (iratid in-S" de
71 pages, texte encadré. .'l lY.
is. .I()l.l.l\ i:t. — 1)1. I. M'iiNTi lu; iiici.iGiiasK
il rext(''rieur des églises, à propos de l'enlè-
vement de la décoration extérieure du poiclie
de Saint-Vincent-ilc-Paul . par J. .Iolluki.
peintre d'histoire. la-S' de ]i\ pages H,> la
peinture religieu.-;e ; opinions des l'ère.- di-
l'Égli-e sur l'iitilitédes p:':nlures religieuse-:
anciiMinete de l'usage des peintures dans les
lieux consacrc'S au culle; ilaiig<'rs des ima-
ges; origine d(> la secte des i<-onoclastes;
introduction de l'allégorie dans les sujets re-
ligieux; le c iMcile Quinisexte interdit l'em-
ploi dr l'allegor-ie; abus de l'allégorie; nou-
velle expre--ion de l'art dans les uiosaii]ues
du iiioven âge; admission de la |)einlure
dans les églises de nos jours; son exclusion
il l'extérieur; motifs de cette exclusion. Pein-
ture religieuse ii l'extérieur des églises : ori-
gine de la peinture en email sur lave; essai
de son emploi dans la peinture historique;
adoption par l'administration de la Ville du
principe de la décoration extérieure sur la
comnii-sion des lieaiix-.Vrts; du stvie dans
l'art religieux; origine du styli^ monumental
el religieux, etc. Kntravcs il l'exercice de la
pi'inliire religieuse ; inflexibilité des convic-
tions personnelles; peinture murale exclusi-
vement reli'giiée dans l'intérii'ur des églises;
origine probable do la peint .re extérieure;
obstacle.- (pie ia pi-iiituie sur lave a rencon-
tres il son début; conclusion.
i'.t. JOLTRlOI--. — Les «:i)ui's dk iued dk
i.'ank. par .ViorsTi; Jolthois. In- IS de
xii-27;) pages. — Livre plein d'esprit et de
recherches historiipies. L'archéologie an-
58
ANNAI.KS \liCHl-:(»L()(il()l KS.
liqui- PI du iiiini'ii Ai;c ()ccii[k' plll^ d'iiii
rlw(iilrc iliiiiri c'i't diivnir'i' (Hii rpli:il)ilite ccl
iiniiiKil. comme M. l-"clix ('.li'iiicnt l'nvait déjà
ri'liidiililé (liiiis les " Aniiali's Airlicologi-
i|ii(s !.. .! fr.
•io. JorHNAi. dp la Sncipte d'arrlii'olo^'ip pI du
coniilp du iiiUM'c lorrain. Dixiémp aiinpp.
181)1. In-N" dp î'ii |)a^es Pt d'une iilaiiclie. —
.Mémoires 1 1 communications : Orcueils en
picn'p il Sorhcy .Meuse , par M. di: Wi-
[iRVMiics: manuscrit (ii's .-Vrcliivps inipé-
lialps, par .M. ni: St\uli;r; projet de recti-
fication du quartier Saint-Epvre. ii Nanc\.
par .M. .Moi:gi;not ; sépultures ^a'Io-romaines
d'Einville, par .M. .Ioi.y: découverte xylogra-
phique il .Metz. |:iar M. Me.m.mk ; armoiries
de la ville de l.unévijlp. p.u- \. .lor.\ ; Lor-
raine allemande, Weisand de Lutzelbouri,'.
par Artiui! RK-N'oir: lipu dp naissance du
poêle .'■'aint-Lamberl. par L. I. u.rr.MU.NT ;
bénitier de Lindre-Haute, par .M. A\'i:i;u)T ;
tente de Charles le Téméraire au musée lor-
rain: œuvre des sépulture.» des évéqucs de
Toul, jiar l'abbé Di-;bl,\yk ; notes archéologi-
ques Pl historiques sur le village d'Allain-
aux-Bœuls. pai- M Olkv. Chronique. Musée
lorrain. .i fr.
41. JULLIOT. — .\iiMoiiiAi. des Arclunèques
de Sens, par Glstave .Ii'i.i.iot. secrétaire
de la Société arcliéologiqu.''. professeur de
plijsique au lycée impérial de Sen<. ln-4"
de 25 pages et de 7 plani-ln's en couleur. —
Série des archexéques de Sens. Titres dar-
ehevèque et de primat des Gaules et de Ger-
manie. .Mpnse archiépiscopale. .\rmoii-lps pt
dignités particulières. Évécliés sulTragants.
Particularités lout'hant les prérogatives atta-
cliées au siège des archevêques de Sens. 8 fr.
4:'. KELLERHOVEN. — L\ Lkgenuk de
SAINTE Ursule, princesse britannique, et
de ses onze mille vierges, d'ap'ès les anciens
tableaux de l'église Sainte-Ursule, à Cologne,
reproduits en chromolithographie, publiée
par E. Keli.eiiiioven, texte par J.-B. Du-
TRoN. Planches et texte inédits. — Parait
par livraisons grand in-l° de vingt pages et
de deux chromolithographies. — Six livrai-
sons sont PII vente, au prix de lu Ir. clia-
cune. L'ouvrage complet. llflfr.
H. LEFEBVRE. — Traité élémentaire de
numismatique générale, par .1. Lekèbvre.
Deuxième édition, revue et corrigée, ln-1'2
de vi-4.il pages. — La numismatiqne, son
objet, .son utilité et son importance. Origine
des monnaies. Monnaies chez les anciens.
.Matières et fabrication des monnaies chez
les anciens et chez les peuples modernes.
Dimensions dps monnaies diverses. Langues
employées sur les médailles anciennes et
modernes. Forme des caractères grecs et la-
tins. DilTérents noms de la monnaie. Termes
dp 1.1 uumismaliqup, tprmes su|)plémentaires
et, PU [larticulier, de la numismatique fran-
çaise. Légendes, inscriptions, types et s\ m-
! oies des médailles. Ères et époques sur les
médailles. Rareté des médailles antiques.
Médailles fausses dans les temps anciens.
Monnaies et médailles antiques fausses des
temps modernes. Poids et valeur des mon-
naies anciennes. Divisions de la numisma-
tique. Composition des cabinets de mé-
dailles. Jetons pt talismans. i fr. T-'i
44. LENORMANT. — Mémoire sur les re-
présentations qui avaipnt lieu dans les mys-
tères d'Eleusis, |iar Charles Lexormant.
In-H" de lO.i pages. — Ce mémoire, dernier
ouvrage du savantetsi regrettable .M. Lcnor-
niant, est d'une très-grande importance pour
ceux qui s'occupent des drames liturgiques;
les « représentations » d'Eleusis ont une sin-
gulière affînilé avec celles du moyen âge.
î.'). LLN.\S. — La BEUvRii;Ri: Pas-de-Calais),
par Charles de Linas, membre du comité
impérial des travaux historiques et des si>-
ciptés savantes, ln-4" de 16 pages et de
'2 planches représentant l'église et la pré-
vôté de la Beuvrière, et la dalle funéraire
de Georges de l'eaulincourt. seigneur de la
Beuvrière. — Histoire, fondation (xi* siècle);
notice sur le prieuré et la i)révôté. Descrip-
tion des restes actuels. 3 fr.
46. M.\HUL. — Cartulmre et archives des
communps de l'ancien diocèse et de l'arron-
dissement administratif de Carcassonne, par
HIHI.lOCnAl'IllI. irviiT
D'MlC.IlKOl.Oii
59
M. Maiii r.. iiiiriiMi il('|)Uli' (lo riinondissi'- i
tneiil i|(" ('.aii-iissiHuii'. 'rroi-iiMiic miIuiiip. i
lii-l° (li> l;i-') |iai.'i's cl criiric (Mi:lo. — r.aii-
lons (lu .Ma~-(l:il)ai'(l(''#. ili' Moiitival cl ilo
Monllioumet : villes, villai;os. é s: lise.-, ah-
ba\es, prieures, rliàleuux. selirneiirirs, (iel^.
•reiiéalo^'ies. blasons, mélairies, lieiiv hàlis. j
ijuarliers ruraux, iioles slalisliiiues. — <'.o
Iroisièine volume. 1-i l'r.
47. .M.VKTIN. — .N'oTici; sur lo ^.-rauil lalileau
ilu " JupMUciil universel ». cliet'-d'ii'uvri' de :
TraiHois l'aelieco. p'iiilre espajinol île I école
(le Séville. par l'abhe i'.. .Mvktin. cliaiioine.
membre de plusieurs sori(''li's savanl(^s. I
tini d iti-S° de 28 pages. — Hiojjraphii^ de j
Paclieeo. .Notice sur son lableau du •■ .luL:e- ,
nient universel ». Description de celte toile
d'aprt's Paclieco lui-mt^me 'e\lrail de son
livre : « .\rle de la Pintura »1. Innovations
heureuses: morceaux d'art de premier ordre;
particularités de ce talileau. .\|K)lo;;ies (pn
en ont él(> faites. .\ullieidicité de la siiina-
lure de Paclieco.
'»N. .M.X-^S.Md). — l.v l.rriii(;iK expliipiee.
par l'abbe K. .\lv— -uu). licencié es lettres
et en théologie, vicaire à Saint-Menis-du-
Saint-Sacremeiil. In-'M de x-l.iO pages. —
Première partie, liturgie générale : dcliuilinii
de la liturgie, histoire des liturgies orien-
tales et occidentales, des livres liturgi(pies.
langue liturgicpie. des églises, de l'aulel el
de ses ornements, des cloches. Iiabit.s sicer-
dotaux, vases s;icrés. jours et heures de la
liturgie. — Deuxième partie, liturgie du
dimanche ; messe aux [iremicrs siècles de
l'église, cérémonies (pii précédent la messe
solennelle du dimanche, prières et cérémo-
nies de la messe, vêpres. coni[)lies et salut:
élymologies. 2 fr.
49. .Miî.MoiiiKS de la Société d'archéologie lor-
raine. Seconde série. Troisième volume.
1861 . In-S" de Xll-31 > pages el de 1 1 plan-
ches, dont une carte du département de la
Meurthe, au x"^ siècle, d'après les chartes et
les historiens, par M. Henbi Lepack, ar-
chiviste. — Discret impérial portant recon-
naissance de la Société d'archéologie comme
établissement d'ulilile [)ubiiipie. Staluts ei
rèjlemeni intérieur de h Sorieli'. Pierre
loniliale de Matliias kdburgei'. par M. l.oris
bi.Norr. Niilice sur (pieli|iiis graveurs nan-
ceiens du wiii' siècle, par M. ItiiACPiu:. l.e
\\'eslrich, (lar .M. BicNoir. La chapelle ci—
traie de Fenélrange, par le Mi:Mi;. Mereaux
du chapitre de Toiil. [lar M. .\. Du. or. l'ii -
tionnaire géographiipie de la MeurUie, pai'
.M. 11. Li:i'.\(;i\ I.i-le des membres de la
Société, '■'< Ir.
.'JO. MiMoiiii;s de la Sociele d'agriculture,
commerce, sciences el aris du di''pai'lemenl
de la Marne, .\niiei' 1.SHI. In-S" de î'M pages
et de 2 planches. — C.omple rendu di>s ira-
vaux de la S icielé pendant 1 Stid-ISCI . |iai'
l'.ii. liii.i.F:r. Chaire de l'église de Nolre-
Dame-de-.luvigny. |iai- l'abbé. \viii;kt. finide
de M. le docteur Hi;.\n sur la caverne conle-
nant des ossements humains et des armes en
<ilex. dérouverte il Misv. La science du ln'au
el la iiietaplivsicpie. étude philosophiipa^ par
.\l. Lk lioFK. etc. — Ce volume, comme les
précédents, -i t'r.
• >l. .Mkmiokks de la Sociele d'arclieologie et
d'histoire de la Mo-elle. .Vnnce \xm. fn-S"
de ^l'i p:iges. — Notice sur une lettre de
Ilenii IV. par M. Cmi.lv; sur Louvign\ et
Cheminol. par 11 M\(iriN. Traité île l'olli-
cialité de Toul de Jean I)u[ias(piier , par
.M. DiPRKSNE. Notice sur la naumachie de
Metz, par M. .\uEr.. Note sur des monnaies
austrasiennes ini''dites, par Cii. Rohickt. No-
lice sur la clia|)elle Sainte- Reinette, par
.M. AiiEL .Note sur un vnvage ii .Melz, au
xvi' siècle, par .V. m: lioi tkei.i.er. Notice
historiipie sur le roi Théodore, p:ir .\ii.
L\N(;. Histoire de l'artillerie messine, par
l.oiu:iisx-I..\H( rii:v. 4 fr.
î)2. MOULS. — Notice histori(|ue surlîelmonl
(Avevion), par l'abbi'" X. Mori.s, curé iVXv-
caclion, chevalier de la Légion d'honneur.
In-S" do ;j i pages. — Beliiiont, son monas-
tère et son chapitre (de "JV2 à liilo). Église
cl clocher de lielmont. Dégradations de
l'église à diverses époipies. Ké()arations exé-
cutées en 181Î). Restaurations profiosées.
()ll
A N\ W.V.s MlCHKoLOdlOlM'.S.
l'rlil --l'iiiiiiiuio <li' lii'liuoiil. — r.li,i|i('lli' (le
N'dtrc-niiiiiP (le SiM ij.'111'l (iii ^irii:ucl. I,i'-
pTidc ri |icli'iiiuii;i'. 1 IV.
.■;.;. MC.OLAS. — ÉnuK sur les Ictlics de
S('i\al-lj>ii|i. mIiIil' iI(> l'crnrn'S. Tliési' pré-
S(Mité(> à hi Faculté lie PiU'is, parlî. Nii;ol\s.
iiMciiMi ('li'vc di' i' École:' nurinnli', |)i'ufi'ss(_uir'
d'iusloii'c iui Im'ci' iiii|ii'ri:il di' (lloiinoiit-
Kerraiid. In— S" de 1 .'iO pai;es. — llisloiro de
Sci'x<il-I.iiu]i i\' siècle i cl de son (''pi)((Uc.
I.iillc iic> >ci^'iu'iiis coiilic r.iiiloiiti' iii\idc
cl celle des cviViucs. Tciilalivcs des cvcqiios
pour s'euiparci' de la juridiclion Iciiiporelle
d"- uiniiaslcrcs. Fco{|alili' .--'iMli'oduisanl dans
rl'^iilise comme dans ifclal. Dissensions in-
Icstines du cler.i,'e. Kavai;es des .Normands.
Désordre-, de Tel, il soi'i.d arièlani le niouvc-
itienl iniclicctucl. Savanis ri'ciieillani l'heri-
lai,'e lilleiaire de lcur> di'\aiiciers. Influence
de Si'rval-Liiii|i. jlilic de l'errières, >ur les
letlre-,
■ l'i. l'KLKiO'l".— Doi zi; I KçoNs sur I ,nl delà
\erreiie, par H. I'icmgot, mend)re de ihi-
slilul. prolesseiir au Oon-ervatoire impérial
(h'sails cl mi'l.iers. ln-8" de 112 pa,;;esavec
des i;ra\ lires sur bois daii,~ le texie. — Sili-
cali'S simples, \erres soluhles. .\clioii de la
chaleur sur les serrivs. di'vilrilicalioii. .Vction
de leau sur les verres. (ira\iii'c siu' xeri'c.
Maliei-es |irciiuéres eniplo\ 'es dan- la laliii-
calhiii du M'rre. l-'.diricilmn de l.i pulerie :
|)(ils ou creusi'ls. liriipies pour la conslruc-
lioii des fours, l'aliricahoii di' dillerenlcs
sorli's de verres, \ erres ii \ilivs. ^daces,
verre de Biliéme, a bouteilles, cristal, \erres
et ci'isl.uix de ciiuleur. Sirass, imitation du
diauianl et d(>s pierres [irecieiises.
.Vi. l'ilili.M: de). — DiiciiuvionTH du tom-
lieau mi'rovinL:ien de saint .\y. ancien \i-
comle (J'Orléans, par A. Duf.vlk, comte ni-;
l'initAc, membre de l'.Vcailcuiie des sciences
d'Orléans et de plusieurs sociétés savantes.
In-S» de 21 pages et de :' planches. — \ie
de saint .\y. Tombe de saint .\y profanée.
Tomlii' de s.iinl .\\ icndui- an culte, l'iece
de monnaie et amiean triiuve- dan- le l(im-
beau de saiiit .\y.
ili. l'or^. — lvm)i> histonipn's l't lilleraires
sur les anciennes sociétés académiipies de
la ville d'Amiens, par Fi:ni)iN\Ni) l'orv.
In-S" de i\i pa^'cs. —Cabinet des lettres,
origine (1702). Société littéraire et fondation
de l'.Vcadémie '1716). Présidence de l'Aca-
démie d'.Vmiens. Société Conrart ii Paris,
t'oncliision. l'iéces jnslincalives.
o7. La PiiopRiiirB littéiaire et artistique. Pu-
blication du comité de l'Association pour la
di'fi'use de la proprieti' littéraire. In-8" lie
32 liages. 30 c.
'iS. Uicvri; de l'année religieuse, philo.sophique
et littéraire, lal/leau annuel des princi[iales
productions de la llieof ii^ie, de la pllilosopliie,
de l'histuire et de la littérature, l'remiére
année. ISlil. In-Mi de 'MO pages. — Intro-
duction. Les manifestations catholiques en
liStiO. jiar .M. l'abbé L\(;haxgk, vicaire gé-
néral d'Orléans; protestations, lettres pasto-
rales, travaux apologétiques, etc. La [ihilo-
sophie catholique en ISlil), par M. DuiLiiii
m; SviNT-Piio.iirr; i'>coles [)hiloso|)hii|ues
mnileriii's. école tiaditionalisle, ra!ionalisine
chielien. Ilisinire : histoire de l'Lglise de
France, de la Kestauration. Travaux de
M.M. de Montalemliei I. Laeordaire. Thiers,
Ainedee (iabourd. Nettement, etc. Archéo-
logie, re\ ue de plusieurs publications archéo-
logiques, |iar l'abbé (;.vniui:uE, membre de
la Société archéologique du midi delà France.
Les loinans en ISlil), |iar \ icroit L'ni iiskl.
Le droit en ISlil). par M. Uoiutîrh. profes-
seur à la Faculté de droit de Toulouse: con-
siih'ra lions générales sur la scienci.' ilu droit,
ouvrages publies en iStJO. Sciences ; la mé-
decine et la philosophie, par le docteur
Ac.iiiLMj Janot. Les Beaux-.Vrts en ISliO,
par V. FoLiiNKL : ex|)Ositions étrangères et
provinciales. .Musi(|iie sacrée. liecueils pério-
diques, journaux, par l'alibe P. I.a.mazou.
— Ce volume. .'i fv. -iO
r'AI! MDRON, A PARIS
<r
, . 1^
/'•/•{/{i/.nr ,/,• / i'//i///i,//
(tfuén- /lar t. {'ttif/r'r/
PF.INT'JfîE DU XIVE 3:KC;,t. .rjR 'JNK ÉTOFFE ;;?: SOIE .-l: ;,.rj\';;r.
A,v„,v„, 7Av2(i-
ICONOCHAPHIi: IIISTOHIOIIR
LK UUl CHAULKS V KT I.A RKINK JKANNE DK lU)UUIiON
Au Louvre, dans la seconde salle du Musée des souverains, don! les boise-
ries et l'alcôve richement sculptées oui lait partie de la cliaiuhre à, coucliei-
du roi Henri IV, on remarque, au-dessus de la cheminée, un piécieux monu-
ment de l'art du \i\' siècle. C'est une «grande pièce de soie blamlie qui a pris
une teinte grise en vieillissant, et sur laquelle sont tracées jilusieurs scènes de
la Passion avec une matière colorante qui a l'aspect et les propriétés de
l'encre de Chine. 1/autour ignoré de celte œuvre était un arlisic habile : il a
su mettre de la noblesse et du palhi''ti([ue dans la composition des sujets; le
dessin est exécuté d'une main ferme ; les tètes et les nus sont modelés avec
beaucoup de (inesse. Sept arcades en ogive trilobée encadrent un pai'eil
nombre de scènes : d'un côté, la Trahison de Judas, la l'iagcllation. le Por-
tement de Croix; au milieu, le Sacrihce du Calvaire; de l'autre côté, la Mise
au Tombeau, la Descente aux Knl'ers, l'Apparilion à Madeleine. Le sujet
central, plus développé que les autres, est accom])agné de IKglise et de la
Synagogue, désignées par leurs attributs ordinaires; d'isaïe. ((ui montre à
l'Eglise l'accomplissement des prophéties, et de David, (|ui adjui'c la Syna-
gogue de reconnaître le Christ; enlin, d'un Roi et d'une Reine, pieus(!nient
agenouilles, qui occupent ici la place constamment n'sei'vée aux donateurs
dans toutes les compositions de ce genre. Pour si peu qu'on ail étudié l'icono-
graphie historique de notre pays, on n'éprouve aucune hésitation à nommer
ces deux augustes personnages par leurs vrais noms de Charles V et de
Jeanne de Rourbon, sa femme. Les portraits de ce roi cl de celte reine sont
encore aujourd'hui assez nombreux pour (|u'il ne puisse s'élever aucun doute
sur la parfaite identité de ceux que les « Annales Archéologiques » ont déta-
chés de la composition pour les mettre dès à présent sous les yeux de leurs
x\ii. 9
62 ANNALF.S ARCHKOLOGIQUES.
lecteurs, en attendant f|ue le tableau tout entier soit publié à son tour. S'il
était besoin d'un supplément de pi'euve, on le trouverait dans Ui boi'dure de
l'encadrement, nîi pai-aît plusieurs fois répétée la première lettre du mot
Karolvs*.
Ce voile de soie si intéressant et si bien conservé a dû servii-, nous le
croyons du moins, de parement d'autel. Nous pensions d'abord qu'il avait pu
être destiné à recevoii' une décoration complémentaire en couleur ou en bro-
derie. Un examen plus attentif a modifié notre première opinion. Le dessina-
teur aurait-il pris la peine de terminer son travail avec autant de soin et de
délicatesse , jusque dans les moindres détails, s'il avait supposé qu'une opé-
ration nouvelle viendrait ensuite recouvrir l'œuvre à l'exécution de laquelle il
avait mis tout son talent ? Nous voudrions pouvoir donner ici l'histoire de ce
parement; mais nous n'en savons malheureusement que bien peu de chose.
Un peintre de mérite, M. Jules Boilly, le découvrit à Narbonne, chez un mar-
chand de curiosités, et s'empressa de l'acquérir pour le placer au nombre des
plus précieux objets de la collection qu'il possédait alors. Pour en mieux assu-
rer la conservation, il consentit un peu plus tard à le céder à l'adminislration
des Musées. De quelle manière ce jiarement était -il ai'rivé à Narbonne?
Avait-il appartenu à la cathédrale de cette ville? Était-ce un présent royal à
quelqu'un des archevêques narbonais? Son emploi fut-il de garnir les parois
de l'autel , pendant la célébration de quelque anniversaire fondé en mémoire
des personnages qui s'y trouvent représentés? Chacune de ces questions
demanderait une l'éponse ; n'ayant aucun goût pour les hypothèses hasardées,
nous nous trouvons réduit à un silence qui ne peut d'ailleurs compromettre
({uc notre sagacité personnelle. Dès l'ouverture du Musée des souverains, le
parement de Narbonne y a trouvé sa place. Ce sont sans doute ses portraits
historiques qui lui auront valu cet honneur; car rien ne prouve qu'il ait jamais
appartenu à une chapelle royale. Espérons qu'un jour il se rencontrera, dans
les archives de la cité de Narbonne, ou dans les inventaires du trésor de son
ancienne cathédrale, un titre ou une mention qui en déterminera exactement
l'origine et l'usage. La découverte serait complète, si le vieux parchemin
remis en lumière nous apportait aussi le nom de l'artiste.
Le roi Charles fut bien tel que notre gravure le représente. Sa physionomie
était pleine de douceur et de bonté. A la vue de cette honnête figure, on se
rappelle le mot d'un ancien : « Bonum virum facile crederes, magnum
1. D. ISi'innrd i\c Mùnlfaiicon ;i j)iil)lii' un Cluirits V enfant, et deux autres portraits du même
priiicr, dont un attribué à Jean de Bruges. !\rais on sait que les gravures des « Monuments de la
Monarchie françoisen no reproduisent les originaux que d'une manière peu satisfaisante.
AMI-lMiE s -K-ri Zsi'Â 01 D'C'l Q'U:i
■/^AT.r//:/ p.ir A',/ /h./r.t/,
l.,.m,/rm' ./,- /'.-/u/n,-,/
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/-y.,/^./, /-// ./ /;. /.^; / ;■-* /'-«- ^ /«' i^/"'//- /:"-
ICONOriliM'Il IF. II1ST01;I(.)LK. r,3
liboiiter ». Le poison do (lliaiics le Mauvais avail alléi-é la santé du roi
de France, el ses traits en p;ardi''rent une expression n)aladive (jui n'a pas
échap|)é au peintre de notre parement.
Charles V^ naquit à Vinceinies le :21 janvier :l.'>o7. Il était le fils aîné du roi
Jean et de Bonne de Luxembourg, fille du roi do Bohème. Son père lui donna
puin- précepteui- Nicolas Orcsme qui, de simple villaj^eois envoyé de Norman-
die pour conduire m) lévrier an roi. était devenu l'un des plus savants et des
plus illustres personnages de riniversité de Paris. D'abord dauphin de Vien-
nois et duc de Normandie, puis régent du royaume |)endant la captivité du roi
Jean, Charles parvint à la couronne le 8 août l;iO/i, et mourut au château de
Beauté-sur-Marne le 10 septembre 1380. dans la quarante-f[ualrième année
de son âge et la dix-septième de son règne. Nous possédons di' ce |)riiice la
biographie la plus charmante et la plus intime; elle l'ut écrite par Ciiristiue
de Pisan, fille de Thomas, son astronome, sous le titre de » Livre des laits
et bonnes meurs du sage roy Charles le Quint ^ » .
Ce fut aussi au château du bois de Vincennes ([ue na(iuit. en loo8, de
Pierre I""', duc de Bourbon, et d'Isabelle de Valois, la princesse Jeanne,
mariée, en 1350. au dauphin Charles. Les deux époux n'étaient encore que
des enfants, (|uand les cérémonies de leurs noces furent célébrées à Tain en
Viennois. Les biographes, les historiens, les généalogistes sont d'accord pour
attester que Jeanne de Bourbon était une des femmes les plus distinguées de
son temps par la dignité de sa personne, par sa vertu, par la droiture de son
caractère el par l'excellence de son jugement, » reine pleine de moult bonnes
meurs », comme l'écrivait Froissart. Le roi . ([ui l'aima d'un constant amour,
disait qu'elle était le soleil de son royaume, et ne manquait pas de la con-
sulter ([uand il avait à statuer sur quehiue affaire considérable. Ce ménage
royal pouvait être proposé comme un modèle, bien rare dans tous les rangs
de la société, mais plus encore dans les régions du luxe et de la puissance. La
fidélité conjugale n'a jamais été une vertu à la mode chez les gens de haut
parage, comme le proclamait en latin je ne sais quel moraliste chagrin du
xiii"" siècle, quand il fit graver ceci sur le bi'oiiy.e funéraii'e de l'épousi^ délais-
sée du roi Philippe-Auguste :
Noliilis luijus crat, quod iii ortis sanguine c-laro
liivcnies raro, nions pia, casta caro.
La reine Jeanne fut mère de trois fils et de six filles. Tous moururent en leur
I. Une liisloire de Charles V a clé puljliée par falibe de Clioisy, en 1689. L'Académie fran-
çaise proposa, eu 1706. l'éloge de ee prince pour sujet de concours, et Laliarpe remporta le prix.
64 ANNALES ARCHKOLOGIQU liS.
enfaiice. à l'exce|iliiin de Cliai-les. dont le règne a été si désastreux |)(iur la
l'"rance, et de Louis, duc d'Orléans, célèbre par l'élégance de ses manières,
par son amour poiu- les arts, ]iar la magnificence de ses châteaux. Jeanne de
Bourbon s'occupait avant tout du soin de sa famille. Dans ses moments de
loisii'. elle se plaisait à de graves entretiens ou à de sérieuses lectures.
Il Durant le repas, par ancienne et l'aisonnable coutume, pour obvier à
vagues paroles et pensées, elle avoit un prudhomme au bout de la table,
([ui sans cesse disoit gestes et meurs d'aucun bon trespassé ». Cette digne
petite-fille de saint Louis mourut à Paris, en 1378, au mois de février, à
peine âgée de quarante ans. Son corps fut inhumé à Saint-Denis. On déposa
son cœur dans la grande église des Jacobins de Paris, auprès du sépulcre de
son père qui était mort en combattant pour la France, à la fatale journée de
Poitiers. Ses entrailles furent portées de riiôlol de Saint-Paul en l'église des
Célestins. où les religieux qu'elle avait ])rotégés leiu" donnèrent une place
d'honneur dans le sanctuaire. Nous dirons i)lus loin quels monuments lui
furent consacrés, en les associant à ceux où le l'oi , son époux, était aussi
représenté.
Les contemporains de Chaiies V lui ont rendu le plus beau témoignage
(lu'ini prince puisse recevoir, quand ils lui ont attribué le surnom de Sage;
l'histoire l'a ratifié. Au milieu des calamités sans nombre et des rébellions
sanglantes qui suivirent la captivité du roi Jean, le dauphin Charles s'était
promis de ne jamais livrer la personne royale aux hasards des combats. Il
tint parole, ce qui n'était pas facile dans ce siècle batailleur. Peu s'en était
fallu que son aïeul et son père, toujours l'épée au poing, ne perdissent leur
couronne h Crécy et à Poitiers. De son cabinet du Louvre ou de Saint-Paul,
Charles V reprenait pied à pied les provinces perdues par ses deux prédéces-
seurs, et, chose bien digne de remarcjue, le respect que ce roi pacifique
inspirait aux gens de guerre ne se démentit jamais. « Il n'y eut oncques roi
qui si peu s'arma », disait le roi d'Angleterre Edouard 111. « et qui donna
tant d'alTaires à ses ennemis ». Jamais le roi Charles, comme le rapporte
Dutillet, ne vêtit armure ni autre habillement de guerre. Mais ce n'est ni le
politique habile ni l'administrateur plein de prudence et de modération que
nous devons étudier ici; notre tâche n'est-elle pas plutôt de montrer à nos
lecteurs le prince qui protégeait les lettres, qui aimait les arts de la paix, qui
élevait des châteaux, des collèges, des églises, « en bon deviseur qu'il estoit
de beaux maçonnages ». C'est d'ailleurs faire son iconographie que d'énumé-
rer des édifices où son image rappelait presque toujours la part qu'il avait
prise h leur construction.
ICONOCn M'ilIK IIISTORIQI'K.
65
Le chàfcaii du l)i»is de Viiiceiiiics. tuiiili'' |)ar IMiilippe-Aiigustc et par saint
Louis, fut ircoiistniit au xiv" siècle par les princes de la branche de Valois.
Philippe VI conuneuça les nouveaux (klificcs. Le roi Jean ijoiu'suivit l'univre
de son père, et eoiuhiisit jus([u'au troisième étage la grosse tour du donjon.
Charles V acheva ce grand nionmnent (|U(' noti'c siècle a diMigui-i'' pour le con-
vertir en une place de guerre ;i la moderne. A rentrée du pont de l'enceinte
|)articulièrc du donjon, il y avait une table de marbre noir, élevée contre le
mur et environnée d'un châssis de fer. sur la(|uelle était gi'avi'e une longue et
curieuse inscription. Le texte en est aujourd'hui |)eii conini; nous l'emprun-
tons au V. Jacques du Breul. (|ui le co|)ia vers l'an KiOO :
Qui bien considère cet euvre
Si comme ï^e montre et descueinTe
Il peut (lire (|iie (mciiues a tour
Ne vit avoir plus nol)le aloiir.
La tour du liois de Vinciennos
Sur tours noufvc-; et anciennes
A le pris. Or scaurez en ra
Qui la parfist ou commença.
Premit'renienl Plielippes roys
Fils Cliarles comte de Valoy.s
Qui de grand prouesse iialionda
Jusqucs sur terre la fonda
Pour scn soulacier et esbatre
Lan mil trois cents trente trois quatre.
Apres vinat et quatre ans passe/.
El qui! estoit ja trespassez
Le roy Je;in son fil cest ouvrage
Fist lever jus(juau tiers estage.
Dcdens tiois ans [lai- mort cessa
Mais Charles roy son fil lessa
Qui |iarfist en liiieves maisons
Tour pons braies l'ossez maisons.
Nez fut en ce lieu delitahle
Pour ce lavoit plus agréable
Do la fille au rin de Daliaigno
Et ot a espouse el coinpaigne
Jeanne fille an duc de lîourbon
Pierres en toute \alour bon.
De luy il a noijie lignie
Cliarles le delpbin et .Marie.
Mestre l'li('lip|ii' Ogier lesmoigne
Tout le fait de ceste besongne.
Acliesverons. Cbascun supplie
Quen ce niond leur bien multiplie
Et que les nobles Heurs de liz
Es sains cieux aient leur deliz.
L'auteur de l'inscription. Philippe Ogier, exerçait auprès dt; Charles V les
fonctions de secrétaire. Le marbre a disparu depuis la révolution. (Quelques
recherches ont été faites de nos jours dans le but de le retrouver ; on croyait
qu'il avait été jeté dans le fossé, mais non détruit. \ous devons penser
aujourd'hui qu'il est perdu pour toujours. Des ligm-es royales, placées dans
des niches qui existent encore au-dessus de la porte septentrionale du château
et sur quelques autres restes des anciennes constructions, représentaient les
princes dont les rimes de Philippe Ogier rappelaient les tioms.
Le château de Saint-Germain avait été iticeudjc'; par les Anglais. Charles V
le fit rebâtir, mais en conservant la belle chaiielle dti temps de saint Louis.
que ses successeurs ont respectée à son exemple, et (iiii nous reste comme
un des pkis charmants modèles de l'art du xiiT siècle. L'habile architecte du
château, M. Millet, a retrouvé, au milieu des maçonneries du xvii' siècle, le
(36 ANNALES A l!C HEOLOG 10 U HS.
doiijoii (lu i-oi Charlos, qui l'eparaîtra liiciilùl débarrassf" de cette enveloppe
grossière. Ou travaillai! à la ibis, en l.'i70, aux liabilations royales de Saint-
Germain et de Montargis. « Moult fist le sage roy rediiier notablement de nou-
vel le chastel de .Montargis où fist faire moult notable salle ». Ce château, qui
pouvait contenir six mille hommes d'armes, a été détruit en 1810. A peine en
ai-je retrouvé ([uekiues pans de murailles, il y a deux ans. La grand'salle
était placée au premier étage. M. Viollet-Le-Duc pense qu'elle datait de la
seconde moitié du xiii*-' siècle. Mais Charles V en fit au moins exécuter une
restauration com])lète. Cette immense nef avait dans œuvre vingt-huit toises et
quatre pieds de long, sur une largeur de huit toises trois pieds huit pouces.
Elle contenait six cheminées larges de deux toises, dont les manteaux étaient
enrichis de peintures représentant des personnages historiques. Dix-sept
grandes croisées l'éclairaient ; les armoiries et les devises brillaient sur les
vitraux. La voûte, appareillée en menuiserie, était toute peinte d'écussons
aux ai-nies de la maison royale et de ses alliances. L'escalier à triple entrée,
qui montait à la salle, avait été fait par Tordre de Charles V, et c'était aussi
un des artistes employés par ce prince, Jean Jouvente, qui avait exécuté,
en loSU. l'horloge de la |)lus haute tour.
Les travaux de Charles V dans les résidences royales présentent à l'étude
un intéièt tout particulier ; on peut dire avec certitude qu'ils ont inauguré
une période nouvelle pour une des parties les plus importantes de l'architec-
ture civile. Là se trouve, en eiîet, le point de départ de la transformation du
donjon féodal en palais, de l'appropriation de la vieille forteresse bâtie pour
la guerre à des habitudes plus délicates et plus pacifiques. Le Louvre de Phi-
lippe-Auguste était à la fois une citadelle redoutable, un chef-lieu politique et
un lieu d'expiation pour les grands vassaux qui avaient oublié leurs devoirs
envers leur souverain seigneur. Charles V en lit une résidence somptueuse,
parée de toutes les ressources de Fart, où les collections de livres et d'objets
précieux furent plus en honneur que les arsenaux. Rien ne surpassait en ma-
gnificence l'escalier principal, chef-d'œuvre de Raymond du Temple, que le
roi se plaisait à nommer son bien-aimé sergent d'armes et maçon. Sauvai
nous a laissé , dans le tome second de ses « Histoire et Recherches sur les
antiquités de la ville de Paris », une description détaillée de ce merveilleux
monument, et le crayon de M. Viollet-Le-Uuc l'a reconstruit sur une des pages
du ciiKiuième volume du « Dictionnaire raisonné de l'architecture française »,
avec une habileté que le vieux maître du xiV siècle ne désavouerait pas.
Charles V était à pehie monté sur le trùne que les travaux du Louvre se trou-
vaient en pleine activité. Le 27 septembre lo(J5. Raymond du Temple ache-
ICONOGHArillK lllSTOiUOLi:. 67
tait de Tliibault de l.a Nasse, niargiiillior de l'églisp des Saints-Innocents,
vingt tombes à quatorze sous parisis l'une, pour l(>s marches de sa grande
vis. De l'iches sculptures Couvraient au dedans et au dehors les murs de
l'escalier royal. Div grandes ligures, abritées ciiacunc par un dais, repré-
sentaient le roi, sa femme, ses deux fils, ses frères, et des sergents d'armes.
Il est permis do croii'c qu'une de ces dernières figures reproduisait l(>s traits
de Raimond du Temple ^. l n autre roi. Louis Mil. et un auti'e ai-chilecle,
Antoine Lemercier. mirent à néant l'œuvre de leurs devanciers, (piaiid on
reprit les travaux commencés par François I"etpai' Henri il.
La demeure favorite de Charles V à Paris n'était (•(>peiidanl pas le Louvre.
mais l'hôtel de Sainf-l'aul , dont il avait commencé la conslniclinn pendant
sa régence, et qu'il atreclionnait comme on aime une création toute person-
nelle, une maison (|u'on a édifiée de ses deniers de])uis les fondements, un
jardin (ju'on a |)lanté. Dans la déclaration par laquelle il le réunit à la eou-
ronne, en 1364, il le désigne avec une certaine complaisance paternelle sous
le titre de « hostel solemnci des grands esbatemens )>. Ce serait encore dans
Sauvai (lu'il faudrait aller chercher la description de cette résidence, oîi les
blasons généalogiques ne faisaient faute dans les galeries fleurdelisées, non
plus que les effigies royales.
Charles V ne pouvait oublier dans ses largesses le vieux palais de la (]ité.
encore tout rempli des souvenirs de saint Louis. Ce qu'il y fit de plus considé-
rable, ce fut l'établissement de la célèbre horloge de la tour fjui forme encore
aujourd'hui l'angle de rcnceinfe du palais et du (|uai se|itenlrional. Ilemi de
Vie vint tout exprès d'Allemagne pour en rontectionner la machine; .l(>an
.louvente. que nous avons déjà nommé, en fondit la grosse cloche. L'effigie du
roi Charles avait sa place en la grande salle, dans la longue série des rois de
France, parmi les princes valeureux et vertueux figurés les mains hautes.
comme le dit le P. du lîreul. parce qu'ils ont eu toujours les mains et âmes
tendues au ciel. tan(hs que les infortunés et fainéants tenaient leiu's mains
basses et pendantes. Le bon religieux, pour n'être prolixe, a omis les inscrip-
tions gravées sur les socles des statues; regrettons ce scrupule cpii ne lui était
pas habituel, et qui nous a certainement privés de plus d'un détail intéressant.
Quelques années plus tard, en -1618, le feu réduisait en cendres la salle, les
I. Le roi et la reine furent #oulpté>i par Jean de I.iéire; les antres personnaijes |)iir Jean tie
Launay, Jean de Saint-fJomain, Jacques de Chartres et Guy de Dampinarlin. Os statues furent
payées à raison de 20 francs d'or ou 1G livres parisis cfiacune. Jean (fe Saint-Romain fit aussi au
Louvre un autre Charles V. de quatre [lieds seulement de hauteur, pour lequel on lui alloua
6 livres 8 sous parisis.
68 ANNALKS AIICII KOI.OGIOUES.
statues, une partie notable des grell'es et des archives, la grande et célèbre
table de niarbn'. tour à lonr illustrée par les festins royaux et par les farces
de la basoche.
La défense. Tassainissemeuf . l'einbellisseinent de la ca|iita!e étaient aussi
l'objet de la sollicitude du rni. Dans cette catégorie d'utiles travaux, le prince
avait ])(>ur auxiliaire un lidinine plein d'intelligence et d'activité, Hugues
Aubriot. prévôt des marchands et capitaine de la bonne ville de Paris. L'en-
ceinte de la ville fut complètement restaurée. <( Les murs neufs, et belles,
grosses et hautes tours qui entour Paris sont, en baillant la charge à Hugues
Aubriot, lors prévosf de Paris, le roy fist édifier... La Bastille de Sainct-
Anthoine. combien (|ue puis ou y ait ouvré, et sus plusieurs portes de Paris,
fist édifier fort et bel ». Aubriot posa, au nom du roi, la première piei're de la
Bastille, le 22 avril 1369. A l'issue du petit Pont, il éleva le petit Châtelet
pour protéger le passage di' la Seine et pour contenir au besoin la turbulence
des écoliers. Pliisieiu's ponts lurent reconstruits , notamment le pont Saint-
Michel. Un vaste système d'i'gouts et d'aqueducs fut étudié pour la première
fois. En lisant la vie de Hugues Aubriot, qui savait si bien s'associer aux
nol)les pensées de son prince, on ci-oii-ait lire une page d'histoire contempo-
raine. ]>e zéli' capitaine ne dis])osait pas d'un budget municipal de soixante
millions; il a fait d'ailleurs tout ce que lui permettaient les habitudes de son
temps et le chiffre de ses ressources.
^'icolas Oresme avait instruit son royal élève en lettres <i moult suffisam-
ment ». Le bon roi disait : « Les lettres ne peut-on trop honorer, et tant que
sapience sera honorée en ce royaume, il continuei'a en prospérité; mais,
quand déboutlée y sei'a, il decherra. » Charles V recherchait les traductions
des écrivains les plus illustres de l'antiquité. Aussi le voit-on, au frontispice de
plus d'un manuscrit, repi-ésenté en costume royal et recevant le livre des
mains de l'aulcur. A sa demande, son ancien préce])teur mit en français plu-
sieurs ti'aités d'Aristote et le livre de Pétrarciue, « Des remèdes do. l'une et de
l'autre fortune ». Le roi témoigna aussi de son amour pour les lettres en favo-
risant les fondations de bourses et de collèges. H posa la première pierre de
la chapelle du collège de Beauvais, dont l'existence, un moment menacée,
semble aujoui'd'hui moins compromise; il contribua généreusement à la con-
struction du collège que fonda, en la rue du Foin-Saint-Jaci[ues, maître Ger-
vais Chrestien, chanoine de Paris, son souverain « physicien » et astrologue ;
il se fit même inscrii'e au tableau de la confréi'ie des chirui'giens de Saint-
Côme. Au-dessus de la porte du collège de Daimville, à Paris, un bas-
relief de pierre le montrait avec le roi Jean, son père, présentant à la 'Vierge
ICONOf.liAI'IIIK MISTolilori:. 69
le priiici|)al et les boursiers de cette maison dont il était le bienfaiteur.
Charles V ne se contentai! pas de posséder des livres, des ciiartes, des
joyaux et des curiosités : \\ voulait que l'ordi'c ((u'ii avait rétabli dans le
royaume ne fût pas moins observé dans ses collections ; il avait la passion de
l'inventaire et du catalo,i;ue. persuadé qu'il in' sert à l'icn dacciniiuler des
ricliesses (juand on i.i;nore soi-même de (|uels éléments elles se composent.
\près une visite au Trésor des chartes, en lo7l, |)Cu satisfait de l'état de ce
[)récieu\ (li''pôt. il prescrivit à son notaire et secrétaire, (lérard de Monta<^u,
auquel il en avait confié la garde l'année précédente, de le mettre en meil-
leur oi'dre et d'en ch"esser un inventaire. Deux ans plus tard, en J.'iTo, le valet
de chambre du mi. ("lilles Malet, dont l'efTigie gravie' siu' une dalli' s'est
retrouvée tout récemment dans l'église de Soisy-sous-Ktiolles. près l*ari~.
enregistrait, en un catalogue parvenu jus(|u'à nous, les 9J() volumes (jue
Charles Y avait i-éunis au Louvre, dans la tour de la lj'braii-ie , où ils occu-
paient trois chambres l'ime sm- l'autre. Dès l'année l.'Uio. Charles, alors dau-
phin et duc de Normandie, avait fait dresser l'inventaire de ses meubles et
joyaux qui fiirmai(Mit un total de 9()'i articles, l'.n l.')79. on commença un
nouvel inventaire du même geiu'e. I,a rédaction. (|ui en est conservé(> au cabi-
net des manuscrits de la Bibliothè([ue imp(''riale, sous le n" 8."i70, ne comprend
pas moins de oOTO objets, camées anti(]ues . pierres gravées, ivoires, bois
sculptés, garnitures d'autels, ameublements de chapelles, ('maux, peintures,
vases, tentures et tapisseries. Nous n'avons pas besoin d'in>istei- auprès de
nos li'cteurs sur l'importance d'un par-eii document. D'après la proposition du
Comité des travaux historiques, le ministre de l'instruction ])ublique a décidé
que l'inventaire de 1363 serait inséré' dans un dos volumes de Mélanges pi(>-
parés par le Comité, et que celui de lo79 deviendrait l'objet d'une publication
spéciale avec un grand nombre de planches et un glossaire. Cette double
publication, d'un inlé-rèt incontestai)le, a été confn'e à M. le comte de l.aborde,
qui se trouvait tout désigné au choix da ministre |)ar ses excellents travaux sur
les émaux et les bijoux des collections du Louvre. Notre collaboratem- ,
M. Darcel . le dessinateur " du Trésoi' de Conques » et de tant d'autres
monuments du inoyen âge, a déjà préparé, avec le talent (jne nous lui con-
naissons tous, un certain nombre de figures destinées à illustrer et à interpré-
ter l'inventaire royal de Charles V.
A l'époque de l'avènement de Charles V à la coiu'onne, le temps des grandes
fondations religieuses était passé ; il ne se construisait plus guère que des
églises conventuelles de médiocre importance ou des chapelles. Le roi en fit
édifier ou restaurer un grand nombre. Il montrait constamment en toute sa
XXII. 10
70 AN.NALKS AliCHEOLOGIQUIiS.
conduite une douce el iiidiilt^'cnte piété. Chaque année, au rap|)ort de Philippe
de Maizières, il lisait, nu-têle et à genoux, l'Ancien et le Nouveau Testaments
tout entiers, en une su|)erbe bible écrite sur vélin, que les Célestins de Paris
conservaient encore au siècle dernier. 11 alTectionnait pour les églises et cha-
pelles cfii'il faisait construire le vocable de la sainte Trinité, et c'était en 1" hon-
neur de ce mystère fondamental de notre religion qu'il avait réduit à trois les
Heurs de lis d'or sans nombre du blason royal de France. « L'église de
Sainct-Paul emprès son hostel moult fist amender et accroistre d.II commença
le bel édifice de la Sainte-Chapelle de Vincennes, où, à défaut de son portrait,
nous trouvons encore son écusson avec celui de la reine Jeanne de Bourbon,
et il y fonda pour le service divin un collège de chanoines sur le modèle de
celui ([ue saint Louis avait institué à la Sainte-Chapelle de Paris. Le roi
Charles fit bâtir |)our des religieux hospitaliers l'église du Petit -Saint-
Antoine. Celle des (irands - Augustins fut en majeure partie reconstruite à
ses dépens. Aussi sa statue en pierre était-elle érigée au grand portail exté-
rieur du monastère de ces religieux, en face de celle de saint Augustin,
avec les insignes et le titre de fondateur. Au-dessus d'une autre p;irte du
même couvent, on le voyait, en un bas-relief peint et doré, offrant à la
'Vierge le modèle de l'église. (Quelle que fût sa générosité habituelle envers
les gens d'église, aucun ordre ne trouva autant de crédit auprès de lui
que celui des Célestins. Le principal mérite de ces pères de création toute
récente était, nous le pensons, d'arriver les derniers et d'apporter ainsi un peu
de nouveauté. Le roi en ht ses chapelains intimes, et les établit entre la Seine
el les jardins de l'hôtel de Saint-Paul. Il jiosa la première pierre de leur église,
connue le constatent ces trois lignes gravées en gothique minuscule sur un cube
qui a été extrait, en i8i5 , des fondations de cet édifice pour aller prendre
place au musée de Cluny :
la 11 • .M • c(X ■ Lxv • le • xxiV
lour de may massist
Charles Roy de france.
Le 15 septembre 1370, pendant la consécration de cette même église par
Guillaume de Melun, archevêque de Sens, au moment de roff"ertoire, le roi
présenta une grande croix d'orfèvrerie, la reine une statue de la Vierge, le dau-
phin un vase richement ciselé. Ces trois objets étaient en argent doré. Le roi
donna aussi un retable en cuivre jaune, historié de plusieurs sujets pieux et bla-
sonné de ses armes ^. Son portrait et celui de son père furent placés, l'un en
1. Charles V enrichissait volontiers les trésors des églises. On conserve à la Bibliothèque im-
(lérialo une cou\erture d'évangéliaire qu'il donna aux chanoines de la Sainte-Chapelle de Paris,
ICONOC. KAIMIIF. Fil STOli 11 M' K. 71
face de l'autre, aux verrières du cliirur. Le> deux rois priaient à genoux et les
mains jointes. Recueillis au niouient de la révolution par Alexandre Lenoir. ces
intéressants |)ainieau\ existaient encore, en 181."). au Musée des monuments
français ; nous ij^mirons ce (|u"il en sera advenu depuis, l n autre |)iirtrail sur
veri'e de Charh^s \ se lrou\ait dans la célèbre cliapelliMrOrli'ans. consiruile par
le second fils de ce prince sur le côt('' méridional de l'église des (Jélestins. Cette
figure, refaite du temps de François l". remplaçait im portrait original di)nt
la destruclion avait été causée, en 'J5o8. par l'explosion du magasin h poudre
de la tour de Billy.
Les Célestins devaient aux bontés di> (Iharles V mi autre munaslère, construit
en un site admirable, sm- mie liante colline de la rive droite dr la Seine, à côté
du bourg de I.imay et en face de la ville de Manies. Le roi el la icine voulurent
présider eux-mêmes à l'installation des religieux, le 15 février i'Ml. I,'('glise
portait le titre de la Sainte-Trinité, et le premiei' |)ersonnage dont elle abrita
la dépouille mortelle fut un ancien cliambcll.in du dauphin. Jean Martel, tué
vingt ans plus tôt à la bataille de l'oiliers. Le dépôt des archives du d('|)arle-
ment de Seine-et-Oise. à V^'rsailles. jiossède l'original de la cliai-le de Ibndalion
des Célestins de Limay. Dans l(>s contoui's de la premièi'c l(>ltr(>. on ndII la
Trinité, l'écusson de l'rance . et le roi Chai'les à genoux tenant mie pancai'le
({ue reçoit de sa main un groupe de religieux également agenouill(''s. Le tome IV
du ■•■ Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France »
contient à ce sujet une notice de \]. Moutii'. un rap|ioi-l de M. Desnoxcrs.
le texte complet de la charte, el un fac-sinn'le de la lellre initiale d'après une
photographie communi(|uée par M. le duc fie Luynes.
La pi'incipale porte de l'église des Célestins de Paris était accom|)agnée
de deux grandes statues de pierre représentant Charles V el .JeamK> de
Bourbon, placées dans des niches, à la base des(|uelles se lisaii^nl les noms
et les litres des deux fondateurs, ceux du roi eu laliii et ceux de la reine
pl à la conti'clion de liniuclli' l'iirriit cni|ilovt's luiil marcs d'or. Le (^lirnt sur la ciuix \ fijinrc on
relief, au iiiiliou d'un Ibiul lleurdelisé. dan.s un encadrcMiont rcliaussc de picries el de ealio-
ctions. I,e cabinet des antii]ues du même élablissemeiil possède aussi le lameiix eaniee de la
Sainte-Chapelle représeiilanl l'apothéose d'Auiruste. que (Charles V a\ad, lail, ene.hàsser dans une
splendide bordure disparue depuis le vol de 1SI0. et un Jupiter porte sur son aiu'le, dont la riche
monlurc ()résente le nom du même prince avec la date de I.'i(i7. I.e Jupiter passait autrefois pour
un saint Jean l'Évangélisle, et l'apothense d'Aui,'uste pour le triomphe de Joseph en Egypte, f.es
hommes instruits du xiV siècle savaient sans doute, aussi bien que nous, ii (pioi s'en tenir sur
l'origine profane de ces monuments. Mais ne fallait-il pas justilior leur présence dans les In'sors
des églises, au milieu d'objets sacrés? Nous nous souv(hio[is d'avoir vu à Rome un frère qui, par
un procédé analogue, d'un cou[) de pinceau, métamorphosait en saints de l'ordre des jésuites tous
les bienheureux qu'il se pouvait procurer, bénédictins, cordeliers, jacobins, carmes ou capucins.
72 ANNAI.KS ARCIIKOLOGIQUES.
en français. I.a i-esscinhhuice de ces figures avec les |)()rlraits publiés par
les 11 Annales Arcliéologi(]ues » est tVa])paiite : on y trouve le même r(''a-
lisme. un peu vulgaire peut-être. Bien singulière a été leui' fortune. An-a-
cliées (le leurs |)laces primitives, et portées avec une foule d'autres sculp-
tures au dé'pùt national des Petits-Augusiins. elles y l'urcnl inscrites comme
un saint Louis o\ une Marguerite de Provence pi'ovenaiit des Ouiuze-Vingts.
IVansfi'iiM^s à Saiul-Denis. dans les premièri'S années du règne de Louis Wlll,
elles y consei'vèrent longtemps cette fausse altrilnition. L'erreur se propa-
gea en [ilus d'une église, au Musée iiistori(|ue de Versailles, au Palais de
justice de l*aris, aux Archives de l'Eiripire et ailleurs. Converti en saint
Louis, Cliarifs \' a été ])an'' de Heurs. eni\ ré d'encens. accal)lé de demandes
indiscrètes; pourquoi même n'aurait-il pas opéré (|uol(|ue miracle?
Ce n'est qu'après de longs olVorts (|ue nous sounnes parvenu à faire recon-
naître l'identité des deux persormages. Les catalogues de Versailles ont été
rectifiés, grâce au hou vouloir du conservateur. M. Soulié. Mais les con-
séquences de la première erreur n'onl pas dispai'u partout. Ainsi, à la cha-
[)elk rmH''raire de Tunis, ('"levé-c sur la plage où le saint roi rendit son ànie
à Dieu, c'est un Chailcs V. taillé' eu marbre d'après la statue des Céles-
tins. (|ui occupe sur l'autel la place de saint Louis. (Jùand on a démoli
les ruines des Célestins de Paris, les niches du portail sont allées rejoindre
à Saint-Denis les figures ([u'elles avaient contenues |iendant |>lus de quatre
siècles.
Le cardinal de La Crange, évè(|ue d'Anu'ens, ministre de Charles V, surin-
tendant des finances, précepteur des enfants de France, voulut témoigner
par un monument |)ublic sa reconnaissance envers le roi (|ui l'avait comblé
de bienfaits. loi-s(|u'il Ht construire les deux chapelles du cêjté septentrio-
nal de sa cathé(h"ale qui se trouvent le plus rapprochées de la grande façade.
Des statues en pierre, d'un bon travail, demeurées debout sur leurs socles,
à l'extérieur de ces chapelles, re|)résentent Charles V, le dauphin, le duc
d'Orléans, le prélat fondateur, la Vierge, saint Jean-Baptiste, saint Lirmin
le martyr et deux autres personnages dont les noms me sont inconnus.
IjCs chanoines de l'insigne église cathédrale et primatiale de Lyon avaient
reçu de riches présents du roi Charles et de ses deux frères Jean , duc de
Berry. et Philippe, duc de Bourgogne; ils firent sculpter en pierre les effigies
des trois princes poui' le portail de leur église de Saint-Jean. Dans la célèbre
église de Saint-Antoine, en Dauphiné, un maître-autel monumental était envi-
ronné de quatre statues en piei're de Seyssel représentant le roi, la reine, le
dauphin et le duc d'Orléans. Les religieux érigèrent ces monuments pour
ICDNOCli AI'IIIi: IIISïOlîiOCK. 73
rappeler (m'en loG5 le lui avait largement contribué à la décoration de leur
sanctuaire. Kntiii. au milieu des ruines du château du Vivier (Seine-et-Marne),
on montre les débris d'une statue royale en pierre peinte, ([ui passe |)our avoir
été un Charles V.
Nous croyons avoir à peu pi'ès épuisé la s(''rie di'- niniiunitMits ('le\(''s au roi
Charles de son vivant ; il nous reste à parler de ses monuments fmiéraires et de
ceux de sa famille.
Au \i\' siècle, on prali(|uait l'usage (jui s'est conservé dans (|nel(|ues pays.
jus(iu il nos jours, de faire trois lots du corps de cluKinc pi'ince décéd(''. et, la
plupart du temps, on lui érigeait aussi trois tombeaux dont la possession, tou-
jours suivie de riches fondations, était tort rei-lK^i'clii'c par les commimaulés
religieuses. Nous avons indiqué déjà la tri|)le sépultinc de la i-eiiie Jeanne de
Bourbon. A Saint-Denis, elle partageait le tombeau (\^l roi son époux. Nous
n'avons trouvé aucime mention de monument pour le lieu oii reposait son co'ur.
Quant au tombeau qui renfermait ses entrailles, dans l'église lU^^ Ciélestins.
d'abord placé devant les degrés de laiilel m.ijeui-. il l'ut reporté dans une
niche cinti-ée. du cMé de l'épîlre, à l'époque du reniiu\ellement de la décoi-a-
tion de cet autel, sous le règne de Henri IV. M. Albert l-ennir en a piibli('' ime
belle planche coloriée dans son grand ouvrage de la « Statisti([ue monumen-
tale de Paris ». La niche oITrait un bizarre assemblage d'arcatures golliitiues
et d'ornements dans le style du wiT siècle. \ai voûte et les fonds étaient
peints en azur avec un semis de fleurs de lis d'or. La statue de la leine en
marbre blanc gisait sur une dalle de marbre noir, bordée duni; épilaphe en
caractères gothicpies. Cette (igm-e a seule survécu à la ruine du monument,
et se trouve aujourd'hui provisoirement déposée dans une des chapelles de la
crypte de l'église de Saint-Denis. La princesse est en costume royal, cou-
ronnée d'un grand diadème à (leurs de lis; sa main droite tient un reste de
sceptre, et sa main gauche une espèce de sachet en étoile qui tlésigne l'eine-
loppe des entrailles; deux petits chiens jouent sous ses pieds.
<Juand le roi Charles fut près de sa fin. il lit apporter devant lui la cou-
ronne royale de France et la couronne d'é|)ines de .lésus-Christ, louchant et
sublime spectacle en vérité. Les hommes de ce temps savaient mourir, sans
y mettre d'ostentation, avec une solennité tnute clir('tienne. Au moment
suprême, ce prince simple et bon se souvint aussi de sa jeunesse et de tout ce
qu'il avait le nn'eux aimé : il ordonna que son C(rin- fût porté à Notre-Dame
de Rouen, pour ra[)peler qu'avant de devenir l'oi il avait été duc de Nor-
mandie; son corps à Saint-Denis, auprès de la fidèle compagne de toute sa
vie ; ses entrailles à l'abbaye de Maubuisson. dans le tombeau de sa mère.
7Z| A^l\AI.I•;s All(:ilK()L()(;i(jUKS.
Le corps l'ut Pinbaiiiiir' par iiiaîli'c FumikiikI du Noclc cliiriirgieii du roi. à c|ui
l'ioiTC l'auiuicr. (''piciei' cl valot d(> chanibi'e du l'eu soii^ui'ur. délivra des
Hi'oniates, onguents et autres substances pour une valeur totale de 51 livres
2 sous parisis, soit environ 3.6(S0 francs de notr(> monnaie '.
Le tombeau de marbre de MaubuJsson. surmonté de la statue de Bonne de
Luxemiioui'g et de celle de son fils, a eu le sort de la plupart des monuments
funérailles (jue renferinail lillustre abbaye. Kniassés dans des chariots, les rois
et reines furent li'ansportés à l'ontoise en 179o, et brisés publiquement. On a
perdu aussi toute es|)érance de retrouver le monument ([ue Charles V s'était
fait préparer, dès l'amiée l.')()8, au milieu duclueurde la cathédrale de Rouen.
Henne(iuin de IJége . imagier, loucha mille francs d"or pour la sculpture en
niarbi'c ou albàli-e , et Jean Périer. maitre de l'œuvre de l'église, deux cents
francs pour la maçonnerie inlérieure en |)ierre. Lu siècle environ après, en
l^lGi. maître (iuitfroy Hichicr. maître maçon de la, même église, reçut trois
sous neuf deniers pour avoir vaf[ué une demi-joiu'uée et plus à rasseoir et
mettre en leur lieu plusiein-s petites images d'autour la sépulture dudit roi-.
Ia> prince, couché sui' une grande dalle, tenait d'une main le sceptre et de
l'autre son co'ur. (îe monument gênait les évolutions des chanoines; il l'ut
d(''plac('' en JT.'î^. On croyait du moins, il y a ([uel(|ues années, fiue la figure
principale était plutôt égarée que détruite; mais on n'a rien pu en découvrir
jusqu'à présent.
(I Le tombeau érigé à >Saint-i)enis », dit le bénédictin (jermain Millet, « est
magnifique et des plus beaux qui se faisoient de ce temps-là : il est de marbre
noir, les elTigies du roy et de la revue sa femirie de très-beau marbre blanc.
Dans le même tombeau, il y a aussi deux de leurs filles, Jeanne et Ysabel ».
Les épitaphes se lisaient en lettres d'or derrière les dais qui abritaient les
grandes figures couchées, (^es dais avaient pour supports des pilastres tout
couverts de figurines. Le monument s'élevait au milieu de la chapelle de Saint-
Jean-Baptiste, la première de l'abside, au midi. « Leroy », c'est encore Ger-
main Millet ([ui nous l'apprend, « dota richement la chapelle en laquelle il gît,
l'orna de calice, croix et autres précieux ornements en grande quantité. Il y
fonda une lampe à perpétuité qu'on voit brûler aux pieds de Bertrand Dugues-
clin. 11 fit faire aussi l'une des grosses cloches de Saint-Denis. » La lampe
pei'pétuelle ne brûlait pas, comme on l'a dit, en l'honneur du connétable,
1. Voir lo détail Pt |p prix des fournitures dans !'« Annuaire liistori(]ue |)our l'année 1845 »,
publié par la Société de l'histoire de France.
'2. Deville, u Tombeaux de la cattiédrale de Rouen «, ouvrage excellent, rempli de détails du
plus grand intéfôt.
icoNOon Ai'iiiK iiisToiiiniii:. 75
mais en révérence des sainles i-eli(|ii('s. l'crsoiinc ii'ipinorc (railleurs (|ue
Charles V avait décerné à ce héros les liDuiienrs de la sf'pulliin' roxalc cl
lui avait consacré un monument de mari)rc. toul à cùt(' d<; la place qu'il
se réservait à lui-même.
Les i-eliu,ieii\ (le Sailli-Denis cons(>i'\ aieiil encore, au \\ii' siècle, les \èle-
meiils r<i\aii\ de CJiarles V, en xeloiirs ddiihic'' de salin rou,tJ,'e . s(mii<'' de
fleurs de lis, d'initiales en bi'oderie et de [lerles; c'étaient ses chaussc^s, son
siu'cot , sa tuni(|ue. sa (lalin;iti(iue et son inanlcaii. \ii lr(''soi-de l'abluive. le
roi. la reine .leanne et le dauphin Charles, leur lils. repri''seiil('s par hois
figures d'argent doré, priaient au pied d'une image dans la([uelle avait ('(é
enciiùssé. en 1.">()H, \o menlon de la Madeleine.
I.e mercredi :1G octobre 179o. le jour même oii la i-eiiK^ Marie- Vnloinelte
venait de mourir sur un échafaud. le tombeau de Charles \' fui oincil par
les fossoyeurs de la Convention, vers les trois heures api^s midi. I.es corps
du roi et de la reine furent retii-és de leurs cercueils do |)|omb. e| poihV-^ hors
de l'église, dans la fosse dv^ Boni-bons. Isabelle el .leanne de l''raiice repo-
saient, nous l'axons dit, à et")!!'' de leui's parenis; un ne Iroiua (|iie leurs os
sans cercueils de plomb, mais avec (piel(|ues (h'bris de planches vermoulues.
Le cercueil de Charles V conlenail une couronne do vermeil bien conservée,
une main de justice d'argenl. e| mi sce[)lre de ciii(| pieds de long, surmonté
de feuill(\s d'acanihe d'argenl. dont la dorure avait encore (nul son éclal. Du
cercueil di> .leanne de Pxiurbon les on\ riers relirèreiit un r(>sl(î de couronne, un
anneau d'or, do^ morceaux de bracelcis ou chaînons, un hrscaii de bois duvr.
des souliers brodés d'or el d'argent. Le procès-verbal des (>\hmnalions.
auquel nous empruntons les détails (|ui précèdent, ne nous a|)|irend pas ce
qu'on fit de c(?s précieux objets.
La statue de Charles V (|iiilla son si'jonr de Saint-Denis pour celui du
Musée do> l'elils-AugusIins. Celle de la r(>ine paraît avoir suivi le inèine sort.
On la trouve class(''e dans les |)remiers catalogues; les derniers n'en font plus
mention, sans ([u'on puisse savoir si elle aura été' supprimée on vendue comme
une ré|)étition inutile de la statue des CiMestins. L(\s ornemenis accessoires (pii
entouraient les figures n'ont pas échappé à la deslruclioii; il n'en reste que des
fragments tr(":'s-mulilés. L'elligie du roi reprendra prochaiiKMiienl sa pi'emièrc
place dans la chapelle de Saint-Jean, don! la restaiiralion s'accom|>lil en ce
moment |)ar les soins de M. Viollet-Le-Duc. C'est, à notre avis, le meilleur
portrait de Ciiarles V qu'on puisse consulter : sans allérer le caractèi'e de
bonhomie naturelle de la tète, l'artiste lui a donné tme finesse, une distinc-
tion (jui ne se rencontrent pas au même degré dans les autres représentations.
76 AWAl.KS AHCIIKOLOC.IOI KS.
De Ions le- entants de Charles V. morts en l)as âge, deux filles seulement
eiu'ent leur sépulture décorée d'un monument. Décédées en 1300. à quelques
jouis d'intervalle, elles reposaient dans l'église abbatiale de Saint-Antoine-
des-Ciiamps. à Paris, oii leurs efTigies étaient sculptées en marbre blanc. Ce
tombeau n'existe plu>.
Nous ne croyons pas avoir à nous occuper des figures de Charles V et de
.Jeanne de Bourbon, (jui ont été faites de nos jours pour l'église de Saint-
Denis, poiu' les galeries historiques de Versailles, ou pour d'autre? monu-
ments. Ce ne sont que des œuvres modernes, sans importance au point de vue
de l'iconograpliie. ou des copies de figures dont nous avons décrit les origi-
naux. F^es bustes sculptés en marbre d'après les deux statues des Célestlns,
par MM. Iliisson et Diiseigneur. méritent cependant une mention; ils appar-
tiennent aux collections d(> Versailles *.
F. OE gi"ilhf:rmv
1 . Voir les riR'iiiocros gravures des * Mominu'iils de lu Moiiarcliie framboise «, par Monlfaucon ;
les planclies un peu meilleures des « Antiquités nationales » de Millin ; la collection historique de
Gaignières. à l.i Bibliotlièque im|)ériale. et surtout les dessins tout récemment exécutés pour le
gouvernement par M. Frappaz, d'après la partie de cette collection passée en Angleterre, à la
Bibliotlièque Bodléienne. a Oxl'ord.
MANUSCRITS BYZANTINS
A VENISE
Après avoir parle des objets que j'ai vus dans le trésor de Saint-Marc, je
vais donner (jue!(|ues renseigncmenls sur quatre manuscrits conservés près de
là. dans la bibliothèciue du palais ducal, et exposés sous des vitrines oii je
les ai examinés pendant les courts instants accordés aux étrangers qui visitent
le palais. Ln mot sur ces manuscrits ne sera point déplacé ici, puisqu'ils
étaient autrefois dans le trésor, à côté d'objets avec lesquels ils avaient, je
pense, une conununaulé d'origine, car ces produits de l'industrie artisti(|ue
de Constantinople ont dû faire partie du butin ramassé dans celle ville par les
Vénitiens.
1° Premier maimscrit, de la grandeur d'un in-folio. Sur la partie antérieure
est représenté, au milieu, le Crucifiemcnl : le Sauveur est sur la croix entre sa
mère cl saint Jean l'évangéliste, il a la tète penchée, les yeux fermés, les
pieds placés l'un à côté de l'autre et non superposés. On lit en haut :
O BAClAEVC Tlii; AOEIIC , « le Roi de la gloire »; près de la saiiilc Vierge,
MHP = ëï' : — rvNE lAE o Vioc CDT; près de saint Jean : lAOV il MIITHP
COï, écrit avec des abréviations ainsi que son nom (saintJean le théologos).
Autour de ce sujet principal, six autres, de petite dimension, représentent :
l'Annonciation, la Nativité, la Présentation, le Baptême, la Transliguration
de Jésus-Christ et la Résurrection de Lazare. Chacun de ces sujets est désigné
par une inscription en grec. Le tout est en relief ciselé et doré d'un bon tra-
vail; les inscriptions sont en creux. Il y a de plus, en haut, entre l'Annoncia-
tion et la Nativité, l'archange Michel; en bas, entre la Transfiguration et
Lazare, le prophète Moïse; puis, entre les autres bas-reliefs rangés sur les
côtés : le prophète Daniel, saint Basile , saint Jean Chrysoslome et saint
ixu, li
78 ANNALES ARCHÉOLOOIOL'KS.
Nicolas. Ces six figures sont en buste, en émail un peu grossier, dans des
médaillons circulaires et accompagnés de leur nom incrusté en émail blanc.
[,es deux prophètes tiennent chacun une courte légende {[ui doit être le com-
mencement d'une phrase tirée de leurs prophéties. Les inscriptions des émaux,
comme celles des ciselures^ sont toutes en grec. L'ornementation de la partie
linstéi'ieure est disposée de même : au milieu est Jésus-Christ délivrant les
âmes des justes, ii \n\ct\cic; autour, l'Entrée à Jérusalem . la Descente
de croix, l'Ascension, la Pentecôte, la Présentation de la Vierge, le Sommeil
(la mort) de la Mère de Dieu; le tout ciselé en relief avec inscriptions gravées,
qui désignent chaque fête, et entremêlé de médaillons émaillés figurant, en
haut : la Préj^aration du Trône, n etoimacia, sujet symbolique expliqué
déjà dans la description de la Pala d'oro; sur les côtés et en buste : Salo-
mon qui dit : anacthto; Gédéon, Da\id. saint Grégoire le théologos (de
Nazianze) ; en bas. saint Démétrius.
2° Second manuscrit, également in-folio. Sur la partie antérieure de la cou-
verture, on voit au centre le Crucifiement. H CTATPnCK",. Jésus a la tête
penchée et le corps incliné; ses pieds sont fixés l'un à côté de l'autre. Sur le
titre de la croix on lit : o BAGIAEVC THC AOEHC La Alère de Dieu, saint Jean
et autres se tiennent près de la croix; deux anges, à mi-corps, sont au-dessus;
plus haut est figurée la Préparation du Trône : h ethmacha (sic) ; en bas, il
y a saint Athanase et un autre saint évêque. Sui" les côtés, dix ou douze autres
saints complètent la bordure. Toutes ces figures sont en buste et séparées par
des entrelacs. Sur la partie postérieure le centre est occupé par la Délivrance
des justes : n an \ctacic. La composition de ce sujet est un peu différente de
celle du manuscrit précédent, mais c'est toujours Notre-Seigneur triomphant
qui tire Adam et Eve de l'enfer. L'entourage est formé, en haut, par la Pré-
paration du trône, n etiimaci\ (sic); en bas et sur les côtés, entre deux anges,
par une douzaine de saints en buste. Cette couverture est entièrement ciselée
en relief et dorée sur ses deux faces, qui sont reliées par un dos formé d'un
solide treillis de chaînes en métal . dans lequel sont insérées des petites croix
émaillées.
Une particularité qui n'échappera à aucun de ceux qui sont familiers avec
l'iconographie chrétienne, c'est l'humiliation et la gloire du Christ rédempteur
mises en opposition sur les deux manuscrits que je viens de décrire; cet usage
est pratiqué dans le bas empire et le moyen âge, chez les Grecs comme chez
les Latins, sur des monuments de toute sorte. Souvent même l'abaissement
du Sauveur est figuré simplement ]iar la représentation de Jésus enfant sur
les genoux de sa mère, comme on h voit siu- une des feuilles d'un diptyque
MAMSCIUTS BYZANTINS, \ VKMSK. 79
d'ivoire où ce sujet est en rej^ard de rAsceiision placée sur l'autre feuille, (^e
monument. (|ui oITre, en outre, parmi d'autres sujets plus petits, la Transli-
guration en pendant avec le Cruciliement, est entouré d'une inscription com-
mençant ainsi :
Xepouêixcij , TvavToOpys àêCTîOTa, ypaipco '.
Il 0 Seigneur, créateur de toutes choses, je te représente sur le sein de ta
mère, comme sur le trône des Chérubins. »
Il ne faut pas oublier que les Grecs, connue les I.atins, jusqu'au xii" siècle.
représentent dans l'A-scension Notre-Seigneur enlevé par les Anges.
3" Troisième maimscrit. d'un format un peu moins grand (pie les précé-
dents. Sur la partie antérieure de la couverture, on voit .lésus-Christ en pi(!d,
la tête mince et allongée, les cheveux et la barbe d im Inuii luncé'. vêtu d'une
robe et d'un manteau bleu foncé; sur la robe une l'aie blanche jiasse sur
l'épaule et reparaît en bas. Le Sauveur tient un li\rc et bénit; il a le regaid
sévère et dit : Èyw liiu tô çôj; toù x.o'^avj , " .le suis la lumière du monde <> .
Dix saints en buste sont autour. La partie postérieui'e présente la Mère de
Dieu, en pied, les mains déployées devant la poitrine ; des dix saints en buste
qui l'entouraient . il n'en reste que six. Toutes les figures de cette couverture
sont en émaux grecs cloisonnés.
li° Quatrième manuscrit, de format in-quarto. La partie antéi'ieure de la
couverture contient une plaque ornée d'émaux cloisoimés, (|ui représentent le
Sauveur sur la croix, vêtu d'une longue robe sans manches, les yeux entr'ou-
verts, la tète légèrement inclinée, les bras étendus horizontalement. Dix mé-
daillons sont rangés alentour : neuf contiennent des figin-es de saints et d'anges
en buste; une fleur occupe le dixième. Parmi les figures, j'ai noté' saint
Pierre et saint André, tenant chacun une croix sur l'épaule; saint Matthieu,
chevelure et barbe noires, et deux anges. Ces émaux, très-fms, sont de pe-
tite dimension; le crucifix est de la grandeur d'une croix pectorale. Une bor-
dure de même travail encadre le tableau ; son motif est une (>spèce de grille
dont les cloisons, qui se croisent, forment des carrés contenant l'éinail. Cette
bordure est en mauvais état, l'émail y maii(|ue en beaucoup d'endroits.
Je n'ai vu aucun de ces manuscrits à l'intérieur. On dit (]ue les grands sont
des livres d'ofricc; il serait possible (pie le dernier fût un psautier grec qui a
été apporté à Paris, comme les chevaux de bronze , et dont d'Agincourt a
1. Mf' Bii.LiKT, u Description d'un diptyque i:rei: trouvcj en Savoie ». dans les « Mém de l.i
Soc. Acadi'ni. de Savoie » . I. xn, 1846.
80 ANNALES ARC.HÉO LOC IQliES.
|)ublié une peinture intéressante. On y voit Jésus- Christ accompagné des
archanges Michel et Gabriel, couronnant un empereur Basile (peut-être
Basile le Macédonien), entouré de six saints guerriers et de personnages de
sa cour.
J'ai ceiicndant vu en même temps (|ue le public, à qui on le montrait, l'in-
térieur d'un bel évangéliaire grec du x' siècle, et j'ai eu le temps d'admirer
et de noter quatre superbes peintures ([u'il renferme. Ces peintures oIVrent
les figures entières et assises des quatre évangélistes, surmontées chacune
d'un sujet traité dans de jietites proportions, et ([ui représente : au-dessus
de saint Matthieu, la Nativité; au-dessus de saint Marc, le Baptême; au-
dessus de sailli T.uc, l'Annonciation (la sainte Vierge est occupée à filer);
au-dessus de saint Jean, accompagné de son disciple saint Prochore. l'Ana-
stasis. Je crois me rappeler qu'une de ces peintures a été publiée avec un
fragment du texte par M. Sylvestre, dans son splendide ouvrage sur la Paléo-
graphie.
Je puis citer deux autres évangéliaires grecs contenant les mêmes pein-
tui'es : l'un est dans la Bibliothèciuc de Genève; M. Blavignac en adonné la
description (<> Histoire de l'architecture sacrée en Suisse », Paris 1853),
mais il n'a pas compris le sujet qui accompagne saint Jean ; cependant,
d'après ses propres indications, on voit bien qu'il s'agit de l'Anastasis, sujet
si fréquemment reproduit par les Grecs pour rappeler la fête de Pâques.
L'autre évangéliaire était autrefois dans la bibliothèciue Ebnérienne, à Nu-
remberg; ses pointures ont été pul)liées par C. T. de Murr (<i Memorabilia
publicarum Norimbergensium »). Ouest devenu ce manuscrit, qui devait être
très-précieux? Je l'ignore. 11 contenait, indépendamment des évangélistes,
d'autres peintures également publiées par de Murr ainsi qu'une belle figure
de Christ en ivoire qui ornait la couverture et qui était accompagnée de cette
inscription : AecTroxa £u>,oyr,'70v tov ^culcv cou ikayiGiw lepovojiov Iou7iisX[j.ov xaî
TT.v rjiîceiav auTou : — « Domine, benedic servo tuo miiiimo. Hieronymo Gulielmo,
et doinui ejus. » Or, je retrouve cette figure avec son inscription, mais muti-
lée , parmi les moulages exécutés par la Société d'Arundel, de Londres, et le
catalogue de cette Société m'apprend que l'original de ce moulage est dans
la collection Bodiéienne, à Oxford.
On peut encore trouver, dans d'autres endroits de Venise, des objets
byzantins ou orientaux à étudier ; mais je ne pourrais en indiquer qui aient
une importance historique et artistique pareille à celle de la plupart des objets
que je viens de décrire. Ainsi, parmi les nombreux reliquaires qui rem|)lissent
une des chapelles de l'église Saint-Thomas, je n'ai aperçu qu'un reliquaire
\IANI SCRiTS lîYZANTINS, \ VKMSE. 81
grec; il porte cetto inscription : -f- arpi^anon tik: ai'Iac MF.rAAOMAPTVP.
MAPINAC II est d'aillcnrs insignifiant sous le rapport de l'art. J'ai iiol('' aussi
trois croix de hois sculpté avec inscriptions iïreçques; elles provioinient sans
(joute du mont Athos cl sont assez remarcjuables. Dans la collection Correr,
(|ui appartient à la ville, j'ai \ii jtlusieni's objets byzantins, tels (|iie di's
ci'oix el des petits bas-i'c^litM's en bois et autres matières; (\o> camées, in-
tailles, etc. Je me suis arrêté aussi devant des vases arabes en laiton, d'au-
tant plus intéressants à examiner, qu'on i)cut les comparer là avec d'autres
ouvi'ages analogues exécutés par les Vénitiens, imitateurs et rivaux des Sar-
rasins ' ; mais je nie contente de donner ces indications et je renvoie, pour
plus de détails, à rexcollcnl calalogue de celle collcclien. jiublii' à Vem'se,
en lcS59. par M. Vinccnzo l.azari. Toutefois, je ne puis m'cmpêclier de l'aire
observer que, dans cette riche colleciion, (|ui renfernu^ plus de (juinze cent
cin(juante objets, on ne voit qu'un seul émail du moyen âge : c'est une
plaque ayant dû servir de couverture ;\ un maïuiscrit, el sur la((uelle est re-
présenté le Crucifiement avec des émaux champlevés. Le style loul h lai! ita-
lien de cet objet, qui peut remonter au xin'' siècle, dénote sans doute nn
ouvrage vénitien ; mais ([uelle différence avec les émaux cloisonnés des Grecs!
Il est môme inférieur à plusieurs analogues et contemporains sortis des ate-
liers de Limoges et que nous voyons dans nos musées.
Jl'lii:\ DIRAND
I. M. H. Lavoix il inséré dans le « Moniteur universel " du 4 janvier 1858 un article instructif,
intitulé 11 Les Artistes arabes en Italie). (|ui doit intéresser ceux qui ont visité le musée Correr.
ÉMAIL DU XH -XIII SIÈCLE
Il a dû nous arriver parfois de mal parler des figures exprimées en émail
chamiilevé. C'est qu'en effet le mode de fabrication, par lequel les émailleurs
sur cuivre voulurent imiter les émaux cloisonnés byzantins, manque de sou-
plesse et se prête dilTicilemcnt à toutes les nécessités du dessin. Les artistes
du moyen âge le reconnurent assez promptement et, renonçant à émailler leurs
figures, ils gravèrent bientôt celles-ci dans le métal réservé sur un fond que
l'on couvrit seul de travaux émaillés. S'allranchissant de l'imitation des œuvres
byzantines, les émailleurs l'hénans et limousins firent ainsi j)reuve d'originalité
et s'a|:)proprièrent un art qui devint occidental parles procédés et par l'aspect.
Mais, parmi les émaux de la période d'imitation, il est certaines pièces qui,
sortant du commun, se l'ont rcmar(|uer par le grand goût d'im dessin cjui
emprunte à la rigiditi? des lignes ime imposante majesté. Telle est la placjue
que nous publions aujourd'hui et qui forme un des joyaux de la collection de
M. Germeau, si liche en émaux limousins du xif au xv'" siècle^. A ce travail
français nous joindrons un jour, comme pendant, une œuvre allemande, l'ar-
change Michel de la châsse de saint Maur, dans l'église de Sainte-Marie-in-
Snurgasse, à Cologne, et nnns montrerons ainsi jusqu'oîi ont pu s'élever, dans
un certain mode d'expression, les arts du dessin du xii" au \iii'' siècle en
France et en Allemagne.
Cet archange saint Michel et la Vierge de M. Germeau nous semblent , en
effet, les deux plus beaux spécimens que nous connaissions de l'émaillerie
champlevée. Mais la gravure, avec ses simples oppositions de noir et de blanc,
est impuissante à exprimei' l'éclat velouté des couleurs vitrifiées et polies, si
elle traduit avec une scrupuleuse fidélité tous les contours du dessin calqués
1. Nous comptons bien faire d'autres emprunts à la coliection de M. Germeau, la seule de
Paris qui soit riche aujourd'hui en œuvres du moyen âge, remarquables soit par leurs dimen-
sions, soit par leur exécution, t'ormée dans le Limousin, pendant la carrière préfectorale de
M. Germeau, elle est surtout remarquable par l'émaillerie et par l'orfèvrerie de cuivre qui en
forme l'annexe; mais elle renferme aussi des ivoires et des nielles d'une grande importance.
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KMAIL 1)1 \II'-XIII'' SIKCLE. 83
avec le plus grand soin sur la pièce originale, l'rivée de couleurs, la gravure
semble infidèle, en ce sens ((u'elle donne la lelfi'e. pour ainsi dire, sans laisser
deviner l'esprit de l'iMiiail ; car elle met la rudesse en place de la grandeur.
F.lle montre cependant, par la sobi'iétc des lignes (|ui exprimoni les grands
linéaments du dessin, la sereine majesté de la reine qin' trône au\ cieux pour
l'éternité. Dans l'émail, cette majesté est tempérée par riiarmonieux accoi'd des
couleurs.
Les ligures de cet émail ont été champlevées dans une phuiuo de cuivre <iui
en forme le champ. Tous leurs linéaments, connue les traits des visages, les
doigts et les orteils, comme les plis des vêtements, etc., sont exprimés pai'
une étroite bande de cuivre réservée sur ce fond. LU grènelis. siu'lc de points
obtenus au ciselet, couvre celles de ces bandes ([ui dessinent et modèlent le
costume de la Vierge, ajoutant un certain piciuant à l'cU'el du métal.
C'est l'épaisseur qu'il faut laisser à ces bandes pour ([u'ellcs résistent au
travail du cliamplevage et aux accidents de la cuisson, c'est l'incertitude de
l'outil employé pour creuser les alvéoles destinés àrecevojr l'émail, ([ui d'iniicnt
à ce procédé ce heurté, cette sauvagerie et en même temps cette simplicité
de lignes qui approchent de la grandeur et du caractère dans l'anivre ([ui
nous occupe, tandis que. dans tant d'auti'es, c'est la barbarie (|iie l'on trouve
seule.
Oans les canaux (pie l'ouvrier a creusés, en réservant ces traits du
dessin, l'émailleur a déposé et parfondu des émaux de ciuileurs différentes,
en laissant dominer le bleu, connue dans la plupart des ti'avaux de Limoges.
Nous n'avons pas besoin d'ajoutci' que toute la pièce a été polie ensuite, puis
dorée.
Les chairs sont exprimées par un émail rosé dont la pratique est de
tradition byzantine, ("-et émail, dont le blanc forme la base, n'est point
opa(|ue comme ceux (|ue l'on essaye aujourd'hui, mais légèrement nuageux et
translucide; de plus il s'est cracjuelé. Môme observation pour le voile blanc de
la Vierge, rehaussé de quelques points rouges. C'est le même rouge qui
creuse l'orbite de l'o'il sous l'ai'cade du sourcil exprimé par du bleu lapis
([ui. à distance, se dessine en une teinte fonc(''e sans (|ue Vow se rende exacte-
ment compte de la couleur. Ouaiit au rouge, un sait ciuelle transparence
il donne aux ombres et quel em|)loi en ont fait les coloi-istes, Rubens entre
autres, pour réchauffer celles de leurs tableaux. Il n'est donc pas étonnant
que des hommes aussi habitués que les émailleurs à chercher le contraste
harmonieux des couleurs, en restant dans une gamme éclatante, aient banni
le noir de leur palette et l'aient remplacé par le bleu foncé pour les tons les
Sli A.\.NALES AlU;Hi:ULU(iK)L l.S.
plus sourds, comme celui qui figure les sourcils, et par le rouge dans l'ombre
des chairs.
C'est également de rouge (jue sont remplis les sillons cjui dessinent des
pierres précieuses sur la couromie, ileuronnée et brillantée d'un léger grcnetis,
qui ceint le front de la Vierge.
Son nimbe est rempli par quatre zones concentriques qui sont les suivantes,
à partir du centre : bleu lapis ponctué de rouge, vert foncé, vert clair, jaune.
C'est la gamme décroissante du bleu altéré par le jaune. La Vierge est vêtue
de deux robes de couleur bleu céleste, dégradé de blanc à toutes deux; l'une
est à manches justes descendant au poignet^ l'autre à manches larges descen-
dant jusqu'au milieu de l'avant-bras ofi elle s'arrête bordée d'un galon vert
éclairé de jaune, orné de perles rouges et de perles d'or alternées. Cette robe
descend juscju'aux pieds de la Vierge et recouvre entièrement la première. Un
ample manteau bleu lapis, attaché sur l'épaule droite par un nœud rouge,
recouvre le buste et l'une des jambes de la Vierge.
Les chaussures, bleu lapis jioiictué de rouge, portent un galon longitudinal
gravé d'une série de petits traits obli([ues ]iai'allèles. Est-ce un simple orne-
ment? Est-ce la figuration du lacet d'un bi'odequin, chaussure usitée au
xir siècle ?
La Vierge porte de la main droite un scc|)lre ileuronné. La tige verte est
interromi)uo par luie boule rouge au-dessous du lleuron terminal dont les trois
grandes feuilles sont nuancées de bleu lapis ponctué de rouge, passant au bleu
clair, puis au blanc, tandis que les deux petites sont rouges. L'autre main est
appuyée sur l'épaule gauche de l'enfant Jésus, assis sur le genou gauche de
la Mère.
Le Christ, vêtu, h rordiiiaire, dune robe bleue nuancée de blanc, et drapé
dans un manteau vert éclairé de jaune, bénit à la latine de la droite et
porte un livre rouge de la gauche. Il est pieds nus; sa tête, ceinte d'une
couronne à ti-ois lleiu'ons chargée de gravures simulant des pierres pi'écieuses,
est ornée du nimbe crucifère. Le champ du nimbe est formé des mêmes
émaux que celui de la Vierge, et les bras de la croix sont mi-partis blanc
et rouge.
Les mêmes remarques, que nous avons faites au sujet des émaux employés
pour le visage de la Vierge, s'appliquent à ceux du visage de l'enfant Jésus,
qui est décidément fort laid, n'ayant aucun des charmes de l'enfance, grâce à
son grand nez trop long et trop aquilin. Notons que l'enfant divin porte les
cheveux presque longs; ces cheveux sont émaillés de rouge dans les traits
qui en expriment le dessin.
KMAII. 1)1' Xll-^-XIIl" SIFCLE. «5
La Vierge est assise sur un coussin vert luiancé de blanc à glands rouges,
qui porte sui' un arc-en-ciel passant du bleu au blanc boi'dé de luji'-es rouges,
vertes et jaunes. Ses pieds portent sur une bande dont le centre, interrompu
par trois losanges en in/'lal. réservé et gravé de points, est bleu lapis chargé
de rouge se dégradant de cluKine côté en vert el en jaune. Knlin la phuiue
étant une ellipse, à pointes aiguës, l'orme une auréole bordée d'un tijel d'émail
bleu et blanc interrompu de [)lace en place |)ar des réserves percées de trous.
Lue série de petits traits contournés, imitant une torsade, est gravée au delà
de l'émail, sur le bord en biseau de la plaque.
Il est assez peu ordinaire de voir la Vierge, même glorieuse, assise sur
l'arc-en-ciel et entourée de l'ain-éole. Deux motifs, cependant. |)euv(Mit expli-
quer cette dérogation aux usages les plus constants dont \I. Didron cite plu-
sieurs exemples dans son « Histoire de Dieu ». 11 se peut (jue ce soit le ImIs
qui domine ici, et que ce soit pour lui que l'arc-en-ciel et l'auréole aient été
figurés. II se peut encore que cette image soit un conimenlaire de ce passage
de l'Apocalypse : « Il parut encore un grand prodige dans le ciel : c'élait une
femme revêtue du soleil, qui avait la lime sous ses pieds et une ouronne de
douze étoiles sur la tète ». Cette femme, qui « enfante un enfant mâle (|ui doit
gouverner tous les hommes avec une verge de fer ». et que menace le dragon,
c'est la Vierge pour tous les commentateurs. Intermédiaire humain de la
seconde alliance de Dieu avec les hommes, rien n'cm|ièchc qu'elle ne repose
sur l'arc-en-ciel, signe de la première alliance. Le soleil ([ui la revêt, suivant
l'Apocalypse, c'est l'auréole elliptique; et l'on peut reconnaître un souvenir
des douze étoiles qui couronnent sa tête dans les sept points d'émail rouge
qui chargent son nimbe. Ouant à la lune qui lui sert d'escabeau, elle est ici
remplacée par la bande étroite d'un second arc-en-ciel ou d'un tapis.
Cette plaque, où nous croyons reconnaître une certaine influence grecque
en considérant le volume de la tète de la Vierge, et la gravité des atti-
tudes, était destinée sans doute à décorer la couverture d'un (''vangéliaire, ou le
pignon d'une chiisse. Quatre autres plaques, qui probablement représen-
taient des anges, devaient l'accompagner et garnir les écoinçons, comme cela
se voit aux reliures où le (Christ est représenté entre les cjuatre symboles
évangéliques.
(Juant à la date de la fabrication de ce bel émail, nous la plaçons vers la fin
du xir siècle.
Ai.KRKi) DAKCEL.
xxii. 12
VOYAGF: ARGHÉOLOGIOUE AU XF SIÈCLE
ALLEMAGNE ET ITALIE'
Cologne. — En 1/|87, .leaii de Toiu'nay est à Coingno. Il dit : « ,1e vins
coucher en la ville et archévescé de Couloignc el l'iiz en réfi;lise que on dist
le Doni (la cathédrale), quy est l'église principallc de la ville, où je vidz les
trois Roix (les trois Mages) , les corps desquclz reposent en une cappelle en
allant anthour du cœur, droict derièi'e le grand autel; et là je vidz les trois
chiefzau nnd et à tout leurs coroinies sur leurs cliiefz. Laquelle église est l'ort
grande. De là je lus à l'église des XI'" Vierges (église Sainte-Ursule), en
laquelle église sont nonnes renformées et touttes gentilfemmes; et fus en la
trésorerie . laciuclle se nominc la « Guide Caincre » (la Chambre d'or) ; là où
me furent monstrez plusieurs reliquiaires. entre lesquelz je vidz le chief de
madame sainte Ursule; le chief du lilz du roy d'Angleterre, lequel debvoit avoir
ladite sainte en mariage; le cliief d'un pape, lequel laissa le saint siège apo-
stolicque pour deniorer en la compaignie de ladite sainte-; le chief de la fille
du roy de Cyppre, lecjuel est encoirs aiant ses cheveulx. Pareillement le chief
d'une vierge, laquelle est encoire toutte ensanglantée, tout ainsy que sy elle
fuist décapitée depuis deux ou trois jours, et plusieurs jeunes enlîantz, lesquelz
estoient allectant les mammclles d'aulcunes femmes, quy estoient servitresses
ausd. sainctes vierges, dont les susd . mères furent pareillement descellées. Aussy
en lad. église sont plusieurs sépultures, qui sont touttes plaines de reliquiaires:
et troys desd. sépultures, auprès du grand huys de lad. église, là endroici
1. Voir les « Annales Arch(^ologiqiies », vol. xxn, page -48.
î. Voyez la « Châsse de sainte Ursule », pliotos^raphiée par Fierlants, et la « Légende de sainte
Ursule», eliromolitlio^raphiée par Kellerhovcn. Plusieurs tableaux présentent le pape, le fils du
roi d'Anj^leterro cl la fille du roi di! Chypre accompairnant sainte Ursule dans se? excursions à
Cologne, Bâie el Rome.
VOVACK ARCUKUI.OCIOI !■; AL' XV« SiKCLE. 87
sont trois desd. siiiiictps vierges, l('sf|uellos fiiroiil données par grandes
roquestes à nng abi)(''. et promis! ([n'yl les lemit inelire en fiertre. cl. snr ceste
paction. Iiiy lurent données; mais (puind y! les (miII en son église, led. abbé
le iTiist en oubly el ne lit rien de toiil elie (pril avuit pni:nis. Kl nng peu de
tainpz aprez. environ à l'heure de niinuil. cpie 1<mI. abbé- et ses religieux chan-
toienl leurs matines, lesd. troys vierges firent la révérence au Coums Domini,
et puis elles vindreiit pareillement à l'abbé faire lad. révérence, et puiss'éva-
nouirenl. el ne sieut led. abbé, ne ses religieux, que lesd. vierges devindrent.
Kt adonc led. abbé s'en revint à Couloignc et compta à l'abbesse de lad. église
tout ce ((ue luy el ses religieux avoieni veti et se pria ;i rarciievcscpie dud.
Conloigne et pareillement à lad. abbesse que on ouvresisse leurs sarcus pour
adviser se lesd. vierges estoienl là revenues. Kl lors. lesd. lombes turent
ouvertes, el trouva-on à cliascune une desd. vierges. Adonc led. abbé pria
mercliy à Dieu, à madame sainte Ursule et ausd. trois vierges, et cognut son
péchet. et pria de rechief qu'il les |)euist avoir; mais, pourtanl. on luvi-efiisa,
et sont, de présent, ausd. trois lombes. — Assez près desd. sarcus yl \ a
quattre petitz pilliers de cuivre, sur lescpielz on vnit iuk; plalte pière de cuivre
et ung petit enlTant dessus, en mémoire du fils d'ung my. Ie([uel, par grand
requesles et prières, obtint de faire mettre eji terre dans ciilte église ung sien
filz; mais lendemain, au inatyn, on trouva led. enflant à tout le luyssel, dessus
la terre, et fut forcé le mettre en terre en une aiiltre église' ».
Maye.nce. — « La ville de Mayence est fort grande, en bon pays el peuplée,
et l'église catliédrallc fort belle et grande, et y a tant à l'ung des corrons de
ladite église, comme à l'aultre. à ccscun ung autel, cl ce samble que ce soient
deux cœurs; et. au milieu de lad. église, ung autel, lecjuel est fondé sur sainct
Martin. Aussy, à mon advis, loutles les églises dud. pays liciuienl ])our patron
led. sainct. La susd. église se nomme l'église de \ostre-IJame- >i.
Notre pèlerin parle aussi d'une ville sur le Rhin, à une demi-lieue de
laquelle, sur la bonne main, est le siège, où, quand « on crée ung empereur,
ou ung roy des Rommains, yl convient (ju'il s'asieclie, cl là endroict yl est
coronné d'une coronne d'achier, emmy les champs sur trois pilliers, les-
quelz sont de bricque, et pareillement pavés de lad. bi'icque, et là-dessus on
y porte une chaicre, où yl s'assiel-' ».
.Spire. — « Kn l'église cathédralle de Spire, fort grande el magnifique,
I. Mamiscrit (io la bibliolhfique de Valencienni's. n" i'^i , fol. 5-6 r" ot \". — u Annales Ar-
ctiéoloi^iques n, vol. xxi, page 1t2, note a.
ï. Ibid., fol. 10 r».
3. Ibid., fol. 9 V.
88 ANNALES AHCHKOLOGIOLIES.
dfnaiit lo granrl autel y a xiiii lampes pendantes. — Auprès, on void inig
ti'ès-beaii cloistre, auquel y a une très-belle cappelle, où repose ung très-
noble reliquiaire , par-devant lequel est tousiours une lampe allumée. Aud.
cloistre, en deux places, sont ii ymaiges, devant lesquelz y a , tousdis . à
chescune une lampe ardante. » — Les maisons y sont de pierre à la mode
de Tournayi.
Ulm. — « Nous vinsmes disner en la ville d'Ourmes, en laquelle estoient le
duc Christofi'e de Bavière et son frère, à grandz gens, pour aller au pays de
Flandres. Lad. ville est fort grande et assès belle, et y a université, dont les
poures clercz. allantz à rescolle, à l'heure de disner. s'en vont chantant par
les rues chansons d'église et, par ainssy, aulcuns y font leurs aulmosnes : et
telle est la constume par tout le ]iays. L'église cathédralle de lad. ville est fort
triumphante et magnilicque; les formes (les stalles) d'icelle très-belles. Au
milieu de lad. église y a ung autel, où on dict messe. Du costé à la main
dextre. sont les fons. Ies([uelz sont très-beau à veoir et de pierre assez de la
forme et fachon de la fontaine estant sur le marchiet en la ville de Bruxelles,
pays de Brabant-. — A Oulme (dit Languerant). la maison de ville est belle
et riche, et sy sont les empereurs en grands personnaiges. La principalle
église, à ma semblance, s'cllc estoit parfaicte (la tour n'est pas terminée),
seroit une bien belle église^ ».
Boi.or;\E. — 'I La ville est fort grande et belle, et est le marchiet enclos,
comme inie bonne ville, de murailles autour, et y sont plusieurs cambges. Sy
y a une foi-f belle église, et est la première où je vidz le prebestres chanter la
messe, ayant le visaige toui'nc aux gens, liaqnelle église est fort riche et les
formes pareillement; et. aux cappelles, tant sur l'ung des costez comme sur
l'aultre. on y monte à im dégrés, et sont les dégrés tout du long de lad.
église. En lad. ville, quand les heures doibvent sonner, il y a aulcune choze,
laquelle sonne comme ferait une orgue. Au plus près de lad. église, sur ung
costé, là sont les tastebaux, et les filles, et la rulTiennerie, dont c'est grand
pitié '^ ».
Florence. — « Je m'en allay à la grande église, en laquelle le service
estoit ung petit commencé , et cliantoient la Passion Nosti'e Seigneur deux
prebstres toutz ensamble, dont l'ung chantoit le contre et l'aultre le dessus,
1. Manuscrit do la bibliotlièque de Valenciennes, n" 4.'j:!, fol. 12 r" et V.
2. Ibid., fol. 15 r» et V.
;i. Ibid., fol. 124 V».
4. Ibid., fol. 19 v".— Notez celte particularité litiir!,'ique, spéciale à l'Italie, du prêtre officiant
à l'autel , regardant les lidèles au lieu de leur tourner le dos. C'est encore ainsi que le pape officie.
V()V\(iF. AliCllKOLOdKjl K Al' W^^ SIKCLE. 80
ef la chantoiciit vu la chayùrc du pi'osclKMir. Par Iciiiltc lad. ville c'esl le
coustiime ainssy chanter la Passion, et niesnies toiil led. si^i'vin\ tout ainssy
ooninie l'oflice se t'airl. yl se eliante à manièi'e cdinMie muis diriès ;i tinis \oix.
K.t aux lettrins des églises flud. pais il y a. tan! d'un costi'' connue d'aultre.
comme on diroit et à la fachon d'inie cliayèi'e d(> |ir(>sclieur. eu la(|uelle le
diacre et sonhdiacre chantent Tépistre ei l'évaugille. à la manière counni" on
chante en nostre pais, eu la sepmaine peneu/.e. les li-ois premières leclious lou-
chant à tiMièhres*. Aud. joui', comme à Bonloifi'ne. I(> |ir(M)>ti'(> chanloit levisaige
aux gens, et partout led. pais v\. par esp/'cial . à tous les grand/, aiilelz des
églises, et estoient les |)rehsli'es vestus d(> i-ob(>s de (lue escarlatte \crmeille. et
aulcuns de fin violet : et mesmes les robes et cha|ipes des chanoiui's sont
tant de lad. escarlatte. comme dud. violet; ossy il y en a des noii-es. mais
c'est bien peu -.
« A ced. jour-là sont plusi(nu's bous boui'gois . et uiaichautz et autres.
lesquelz sont en su cloistre de lad. l'glise. et diiMil (|ue ce sont les escolles.
en leur langaige. comme on diroit. en Vallenchieunes. les coni'rairies : les([iielz
se tiennent aud. cloistre jusques à ce ([ue le ser\ ice es! chanté jus(iues à la
palenostre. et n'ont les aulcims sur leiu's chenn'ses riens veslii, l'ors cpie une
robe longue jusques au cras de la jambe; la(|uelle est de cauevach chirct et
est laicte tout d'une venue visaige . m'Z. teste, tout jus(|ues au cras de lad.
jambe, et ont uug petit deveni par deux irons l'aicl/. alleuconlre >]<• leiu'syeulx.
et par nng aultre trou devant leur nez. poui- avoir air. VA. (|uand led. prcbstrc
commence à chanter palenosli-(^ adonc les confrèivs allument leui's torses et
viennent en lad. église, et là sont tant que l'adoration de la croiv est toutte
chantée. Après tout che accomply, on preni le « corpus Domiui ».et le porle-
011 en fort grande révérence par-dedans lad. église, et porte-on pai-dessus
ung |)alle. comme on taict en Vallenchieunes. le jour du Saciemeut. et ce
chantent les prcbstres, en le portant. « Pange lingua gloriosi ». et vont |iar-
devant toutz ceulx (|ue je vous ay dessus escript. revestus desd. robes de toille,
à tout gros signetz d'oi' eu leurs doigtz. et lesd. torses allumées en leur.s
mains, devant led. « cor|)us Douiini ». à procession. I''.l. incontinent ce faict,
cescun s'en rêva en son lioslel » '■^.
1. Voilà les ambons, si fréquent? onroro iti Italie, nolamiiienl ii Saint-Cli-nient de Rome et à la
calhédrale de Milan, parfaitement indiqués.
2. Manuscrit cite, folio 20 v°.
'i. Folio 20 v°, 21 r". — Ces confrères de la Passion, vêtus de, chemises d'une seule venue,
s'appellent les « sacconi ». les habillés do sac. Cette confrérie des .' sacconi » est. aujourd'hui
encore, trés-célcbre à Kome.
9n ANNALES AI'.CHKOl.Or.IOl ES.
ViTiiiiBE. — " A Viterioe, gist le corpz de la glorieuse s" Rose, laquelle est
en clKiir et os. En laquelle église sont daines ren formées , ausqueiles on
aclia|ite des chaintui-es, qui sont touchiés à lad. s'% pour les rapnrter et
donner aux femmes enchaintes* ».
ROMK. — " Après avoir baisé les piedz du pape, je le sievy (il alloit dire
sa messe), et passay pai-my deux grandes salles, touttes tendues de tap|)is-
series : l'une de l'histoire de la s'" el très-dolnreuse Passion de Jésucrist. et
l'aultrc de la conqueste de la saincte croix ^ ».
S'-Je\n-de-Latra\. — (1 On y voit, dans une vielle cappelle, l'autel, sur
letpiel monseigneur .S'-,lehan-Ba|)tiste, luy estant au désert, faisoit sa prière et
oroisoii; la table, sur ([uoy Xoslre-Seigneur Jésucrist fit la cène le jour du
blanc jeudy. avecq ses disciples; deux tablettes de Moyse, là où est escript le
viel Testament, la verge dud. Moyse et de Aaron. Et touttes ches choses ont
apporté Titus et Vespasien de la s'^ cité de Hiérusalem : avec ce iiii colonnes
touttes creuses, plaines de la tei'i'e s'"' de lad. cité. On y voit aussi une partye
de la Porte dorée. Sur lesd. un colnnnes y a ung autel, sur quoy sont repo-
sant/- les chiefs de s' Pierre et s' Pol. et. ung peu devant ce ([u"(in les doibt
monstrei-. on sonne une grosse cloche, et. en les montrant, on sonne des
petittes clochettes. Et. (juand l'évesque et ceulx quy les doibvent monstrer
sont montez à mont, on tire l'eschele et le pend-on en l'air l'espace qu'on les
monstre^. En lad. église y a deux ampollcs, plaines d'eaue et de sang, yssus
du costé de nostre Sauveur, le saint-suaire, la blance cotte, en laquelle Hérode
le renvoia à Pilate ; le linceux. de ([uoy il ressua aux aposteles les piedz. en
faisant la cène; des v pains d'orge, de quoy yl réfectionna V" hommes; de
la circoncision de Jésucrist; ung coeuvrechief de la Vierge Marie, le chief de
s' Zacharie , des cheveulx et du sang de s' Jehan-Baptiste, la robe laquelle
estoit faicte de poilles de chameaux; de la manne, laquelle cheit, quand on
trouva la sépulture s' Jehan l'évangeliste; la robe dud. s', en laquelle furent
affublées deux créatures mortes, lesquelles résuscitèrent; le vaisseau, auquel
yl but le venin, le chief de s' Paneras^.
1. Miimiscrit cite, fol. io r".
i. Iljid., fol. 28 r\
■i. Ibid., loi. 30 V.
1. Ibid., folio 31 r. — La plupart des reliques insignes, dont il est ici (juestiun. existent encore
aujourd hui n Saint-Jean-de-Latran. On y montre principalement la table de la Cène. Voyez !'« An-
née lituii.'iquo à Rome », par M. l'abbé X. Barbier de Monlault, pages 181 et "201 de la seconde
édition publiée à Rome tout récemment. — A propos de S.iint-Jean-de-Latran, qui est la cathé-
drale de Rome, voici une tradition relative à la fondation de cette église, mère et maîtresse de
toutes les églises du monde. Le texte ci-dessous est au chapitre ^96 du manuscrit n» 6909 de la
VOYAUK AKCIlflOI.OdlQUr, Al W^^ SIKCLE. 91
« Pour sortir hors de lad. (''<;;lise ol (lu iiicismc poiirpris, ;\ la main gaulclie.
y a uns ''^"^ '"' '" "i' mi degrés, et puis une salle, en la(|uelle y a ung grand
marbre, sur un coloinies. ([uy sont dud. inari)r(!. et sanihie assez estre ung'
autel; mais on dici que c'est la liaiilti'iir de Xostre-Seigneiir Jésucrist. et va-
on dessoubz, en allant à procession. Kt , on issant hors dt; lad. salle y! va
III issues, et dict-on (jue \oslre-Seigneiu' passa panny lune (ie<, m. Kt. pour
ce qu'on ik^ seurt par la(|uell(> des m. en allant à procession, on passe |)ariny
touttes les m. VA ung petit oniti'e vous trouvères une pierre ronde et oun\e de
la grandeur de une aulne, et y a hault e.i jiouitraicturc ung s' Jacciues. pour
che qu'on dict ([ue. (juand s' Pieriv estoit pappe de llonnne, yl alloit en ceste
place, et de là. yl veoit s' ,lac(iu(>s cliaiiter la messe eu la ville de (inuipostelle,
au pais de Gallice*.
» On y voit aussy une chaière de pierre de |iurpliyre. trouée, sui' la(|U(;lle,
quand on a esleu ung pappe, ou Tassiet sui- lad. chaière. cl le taste-on par-
dessoubz. pour scavoir sMI est homme ou l'eiiinie. puui- ce (|u il \ eulf une
femme (|uy fut papesse - ».
Il parle ensuite des deux coloimes a[)porlées de .Jérusalem, et il ajoute :
" Lng petit oultre, vous trouverez la ca|)])elle, (|u'on dict » Saiicta Sancto-
rum », en Uuiuelle les femmes ne pevent entrci' jauiais : et là, est l'ymage de
Jhu.s. en l'caige de \ii ans. et en l'orme de paiulure. et lepaindil mous s' Luc.
— A fort grand crainte y chante ung pape mie messe» en loulte sa v\e. j)oui' la
grande saincteté quy est en cette cappelle-\
Ribtiotlièc|iiP de la riio RicliiMipu. que nous ;ivons cominilsc <'ii 1x41. L'autour fintirulo : « Coni-
meiil to saint siège apo>toliot| fu prcmièicnnMit cstp\o cl cxauclio -. — « Aiionc. disl l'oiupcreur
Constantin, ((ue le saint siège saint l'iene dovoit estre plu-: liaidlement esle\é cpje le trosne de
l'empire terrien, et qu'il lui devoit dor\ner l'onneur et le pnvoir impérial. Si fist l'empereur son
décret, qu(! le siège de Homme servit à tousiours souverain do toutes tes églises de la rondeur du
monde, et que cil qui en seroit pape euisl povoir d'ordonner tout ce qu'à saint église apparten-
droit. Car bien se dévoient toutes manières de gens humilier à celui qui tennit rol!lc(' du roi cè-
lestre, quant tous oljéissoient à ung empereur terrien. .\vec tout ce édifia-il ungne esglise au
palais do Latran, et il nioismes y porta du fondement d'icelle. sur si>s espaulles. \n tuittèes ou
nom des xii apostles. Kt. après ee, list-il édifier l'église Sainl-l'ierro et Saiiit-I^)l, et lui donna
grandes revenues. .Vussi donna-il au pape .Silveslre le diadème de son cliief, et le frigepale d'en-
lour son ('Ou, et le manteau de pourpre, et le rouge tourniquiel et tous attoiirs impériauls. Si
commanda que tout ainsi comme le palais imi)érial estoit aorné do divers oflices, que pareille-
ment le fust la court de l'apostole et du pape, tenant son lieu. .\près ce lui vault donner la cou-
ronne d'or; mais le pape dist qu'il ne asserroit pas sur ta couroimo de ctergie. dont lui mist
l'empereur Constantin, sur le cliief, une fri.ge de l)lane,c couleur, en signifiance de la résurrection
Nostre-Seigneur Jèsus-Crist. Puis le fist monter sur ung cheval tout blanc et mener par le frain ».
t. Manuscrit cité, fol. 31 r" (!t v.
i. Ibid., ibid. v".
3. Ibid., fol. 31 V», 32 r«.
92 ANNALES A IICII ÉOLUG IQl) KS.
Cl Au plus près de cestc d. |ilace sont les dégrés, lesquelz esloieiil en liie-
rusalcm. h la maison do Hérodc, sur lesquelz Nostre-Seigneur fut sy rudement
bouté (ju'il cheisi , dont yl respandit son précieux sang, comme on le void
siu' l'iuig desd. dégrez, et. par-dessus led. sang, yl y a, comme vous
dii'iez, une candestrepe sans pointe deseure. Et touche-on de son doigt le
précieux sang, dont led. dégrés en lad. place est comme ung l'osselet, mais,
pourtant, le sang ne se mue point ^.
Il On y voit aussy deux pilliers aus([uelz, ([uand Nostre-Seigneur fut con-
damné à mort, en la maison de Pilate, on mit à chascun ung cstandart. et les
baise-on en très-grande révérence-.
<i l^à tenant et tout du pourpiis de lad. église, là y a une cappelle en
lacjuelle est une grande cuve de poiphire, là où on debvoit fayre morir plu-
sieurs ynnocentz et mettre le sang dedans lad. cuve, pour baigner l'empereur
Conslantin, et disoient les médecins qu'il debvoit estre regary de sa lèpre* ».
S'-l'iEiiub). — Il parle d'une « painture en ung anglet. entrant dedens lad.
église, devant la([uelle ymage aulcuns cocquins jeuantz aux dés, la malgréoient
et despitoient; et. adonc. clic monslraiil (|u'elle estoit mère de Dieu, elle jecta
laid de ses nianiellcs en lad. place, où on a mis des treilles de fer. en chas-
cune place où led. laict fut respandu. Kn ladite église souloitavoir c et ix auteiz,
lesquelz la pluspart sont destruitz^. Kn lad. i^glise. à la bonne main, va
ung autel, à mon advis de pierre de porphyre, sur lef[uel les corpz de s' Pierre
et s' l'ol furent divisez par nions, s' Sylvestre, en Tan in' et xix, quand ceste
église fui faicte. D'aultre part, le co'ur à la main gaulée, là endroict est la
chaièro de s' Pieric. mise en ung tabernacle enfermé, lacjuelle luy fut faicte
quand yl tint le siège de pappalité, en la cité d'Antioce; et ne le met-on point
deliors, .sinon le joiu' de la Chaière S'-Pierre. En lad. église sont su colonnes
de marbi'e fort belles, entre lesquelles en y a une quy est enclose de fer. tout
alenthour, de la(|uelle la vertu est fort grande : c'est la coulonne à laquelle
Nostre Saulveur .Ihésus s'appoioit de son d(js, quand, luy estant en Hierusa-
lem, yl preschoit au peuple dedens le temple de Salomon. Pour le mieux
cognoystre yl y a pai- deseure, comme vous diriés ung chapeau, comme on
fait aux empereurs, à trois coronnes ^ » .
S'-Paul. — H parle des diverses reliques qu'il y a vues.
1. Manuscrit cité, fol. 32 r".
.;. Il)i(l. , ibid. V".
:i. Ibid., loi. .33 r.
1. Ibid., fol. 33 v» et 34 r".
•ï. Ibid., fol. 30 1" el V".
VOVAOK ARCHKOI.OC.KJI K \l' W" SIKCLK. 93
S"-("'i[ioi\. — 11 Dedans riuilcl \ a deux ainpolles, l'une plaine du sang
\ostre-Seigneur. ol l'aultiv du laie! de la Vierge Marii;; Tesponge qny fut
mise à la bouche de Xoslre-Saulveur. (|uanl yl diet . en i'abre de la croix :
<c Sitio 1). Ia(|iielle estoit plaine d(> \enin; mi des doux de N'osire-Seigncur cl
une grande pai-li(^ du vestcuieul s' .Irlian-Baplish». Aussy y a une gi'aiide |)ar'lii'
de la croix Noslre-Seigueiu' cl deux espincs de sa saincle coromie ^ ».
\oTiîi;-l)\MK i\ l'oiiTic.i \:\ liii'i;. — •( Kn lad. église y a une pierre de
zaphyr. ([uy est tort pn'cieuse. (>n hupuîHe est l'yuiage de Nostre-Saulveur
Jhésus et de la vierge Marie, gravée du tanipz du pape .lelian, premier de elle
nom. et de .Justin, lils de .lustinien. empereur- <(.
XoïUE-Damk li.N LA wviUK. — " V.u Uujuelle (''glisc il y a ime navire, plaine
de cailloux, signe des miracles qny se l'ont tous les jours eu l;id. église ».
\OTiti->l)\Mi:-i.'EMi'KiUvSSK. — » OÙ yl y a une yinage de la glorieuse viei'ge
Marie. Ia([uelle |)ai'la as' Ceisus (Sixte), pape-" ».
Notre-Damk-lwNei \e. — lùi huiuelle y a luie yinage de la \iei-ge, la(|uelle
s' Luc paindit de ses propres mains. Imi lad. église y a des remanaul/ (|uy
demorèrent des cincq pains ddr (sic), (juand \oslre-Seigueui' Jli(''sus rasasia
les V"' hommes en la monlaigne. comme tesmoigne rKvangille le jour du
miquaresme. — Assez près du cœur yl y a une tort belle sépulture, en la(|uelle
est une noble dame, nommée Franelioise. et la tiennent pour s'% mais elle
n'est pas canonizié "^ » .
S"'-M \r,[K-l\vi()i.\TA. — i> En l;u[uelle esluil l'oratoire de s' Luc. où yl
paindit (|uattre ymaiges de la vierge Marie et. principallement. l'une à sa dévo-
tion, la([uelle est encoire à présent en lad. place : laquelle ymaige faict . tous
les jours, de beaux miracles, et l'appelle-on l'oratoire S'-Pol-ef-S'-Luc^ ».
S'-Ai:<usri\ E.N i.A lîÉGiON ni C\m> dk \L\us. — » Où yl y a une yuiaige
de la glorieuse vierge Mari(>. Ia(|uelle s' Luc paiudil . et e-t la plus belle de
figure, et l'appelle-on saiucte Marie, vierge des vierges el mèi'e de chascuii.
et. en latyn, Sdncla M<iri(i, rii(/ii viri/innui el uuilcr (tniniiun ^ ».
S'-ViTAi, qu'on dit ad maucellos. — » Eu lauuelle yl y a une pierre de
marbre, emprès le cœur, laquelle est taicte de fer entour. emprès la(|uelle
pierre yl y eult jadis v'" corps martirisés^ ».
1. Manuscrit citi', fol. iO v".
î. Ibid., fol. i.1 r°.
:i. Ibid., fol. io v.
V. Ibid., fol. 46 v°, 47 r*.
5. Ibid., fol. 48 r°.
6. Ibid., fol. 48 v».
7. Ibid., fol. 50 V».
XXII. 13
9/, ANNALKS AliCll KOLOC.l OI KS.
S"-l'n\xfeD]i. — " Où yl y a une colonne, à la(|uelle .lésucrist l'ut lyi' à la
passion, ef desenre lad. colonne yl y a les corpz des s" et martirs s' Valentin
et s' Zenon : et. droict en la moienne. yl y a une pierre ronde, dessoubz la(|uelle
yl y a enscpvelis xl martirs. Et dict-on ([ue, dessoubz lad. pierre y a ung
puicli, où le sang des xr, martirs est. et le rassambla la saincte vierge Praxède
à tout inie éponge ^ ».
S'^-PoTENTivNE. — " Eu ycclle église, vers uiidy, en une plus grande
capclle y a ung puicli, au([uel est le sang de m'" martirs. et se nomme la
capjjelle S'-Pasteur- ».
AiiA cELi. — Il En l'église qu'on appelle Auv geli est une montée de grès
(de degrés) pour y entrer, grande et haulte. et les dégrés beaux et larges.
Laquelle église est joindant la place de (^aii de l'Ieur (Champ de l'Iorc) et le
palaixdes sénateurs, dont à l'entrée et sur la porte d'icellui palaix des sénateurs
est de cuivre la l'orme d'une loupve, pour ce qu'elle allaicta Romulus et Remus.
Aussy y est la forme du plus grand jayant (géant) que je vidz. tenant en l'une
de ses mains une ponnne de cuivre*. — En l'église y a un tablet que s' Luc
paindit de l'ymage de la vierge Marie, en la disposition comme elle estoit
devant la ci'oix, à la passion de Nostre-Seigneur Jhésus. Laquelle faict. tous
les jours, de grandz miracles : et est l'ymage laquelle s' Grégoire, pape,
portoit le jour S'-.Marc, quant le jeusne et procession furent ordonnés pour
la mort subite dont quant led. s' vint au pont Sainct-Angèle, pour aller à
S'-Pierre. yl vidt ung angele en l'air, tenant une espée en sa main toutte ensan-
glantée, et le torchoit et le meltoit dedens le foureau. monstrant que l'yre de
Nostre-Seigneur estoit apaisié. et chantoit lieylna cdi h'tare, alléluia .'etc. '' ».
S'-SAiVEun. — « Yl y a une y mage de Jhuscrist fort piteuze^ ».
\oti\e-Dame l'vssANT i,E PONT. — i OÙ sout Ics deux colonnes, où furent
liez et battus s' Pierre et s' Pol : lesquelles colonnes une chascune personne
peult toucher par dévotion. En l'année des' Grégoire, viii^de ce nom (1187).
la rivière du Tybre crut jusques à ung signe, lequel est faict d'une croix en
l'uni^ des colonnes ^ ».
S'-.Ivr.QiEs. — « On dit qu'y! y a la pierre, laquelle estoit en Ilierusalem,
(|uanl \(jslre-Seigneur fut oITert au Temple sur l'autel, quand s' Symeon
1. Miimi.^crit cilc, fol. 5i r" et v".
i. Ibid., fol. 52 r.
:i. lliid.. fnl. il r" et v".
t. Il)iii,, fol. !)S r" et V».
5. Ibid.. fol. !J4 r°.
a. Ibid., fol. .'iij r.
VOUC.i: MiClIKOl.OGli.il K \l W" SIKCLK. 95
k' l'ccupl entre ses bras, chantant .\unr rh'mi/lis serviim Itniui, Domine
S""-C\Tiii:niNE. — « Oïl est de riiiiillc précieux de lad. s'", pareillement dti
laid ([u'elle jecta au lieu de san^'. à l'Iieiu'e (|u'elle l'nl desrapitée ' ".
S'-P\Nc.ii \s. — • ' IJors de la pi>rt(> don'-e. uulfre la rivière du Tyhre et hors
des mars de lad. cili' de liomuic. m la([uelle yl \ a, au lelli'in. jilusieurs l'oi-j
belles |)ierrcs de pi)r|)liires. et. (|uand vous n\i;'arderés lesd. pieri'es. \ous voirés
les personnes pai" derrière vous venir, d'unj;- traict d'an- darbahîstre. voires
encoire de beaucop plus loin^. soit à pied, ou à cheval, en (|u<'l(iue estât qu'il/.
soient, comme se vous resardie/. en unp; miroir -.
» Devant les d('ji,'rés de r(';j,lise S'-.Ii'han-dc-Lalran yl \ a nwj; linnnnc ;i
cheval, et pour mémoire. I'".n tampz |)assé Ronime l'ut assii'^éc et l'ul par sy
très-tbi't oppressés, qu'il esloil force de (miK rendre. Lesd. l'ionimains lin-
drent ung conseil. Ccd. Iioiumi'. (|uy esloil porchier, ou au nmin.-. gardoil les
bestes. s'en vint au con.seil et dict. ou lit dire, (pie se on lu\ vouloil donner
ung don. (pi> ne seroil <:;aires grand et le inelire sur ung clie\al. ri aiiin'- à
son désir, ([u'il se l'eroit fort de les ([('livrer de cesie guerre. On hi;^ did (lu'il
(lemandast et ([ue. s'il estoit |)ossible. on luy olteroi( roi(. Adonc si demanda :
C'est que, [lour mémoire de moy. en cas ipie je vous (|(''livi-c de cc||(> guerre.
vous fcré's l'aire ung homme, ai'uié de toutes pi(''ces sur ung clieval, en telle
forme et manii're cpie je seray, (piaiid je me |)artira\ de vous. Sa rcquesie luy
tut accoi'di'-e. Yl se |)arlit ung pelil a|)rcs el s'en alla. et. faisant le lourd, le
ro\ (|uy a\oil assi(''gé lad. cité s'(;n alloil à resi)al . craindaiil personne el
aussy cuydant cpie ce fuist l'uiig de .^es serviteui's. j'il . (piaiid \l perciipt son
advaiitaige. luy cpiy (\stoit grand, gros et puissant, s'en vint coiiranl sur son
cheval et s'abaissa, et prini led. roy entre ses bras el W rua par-devant lin
sur son cheval, et accourut vers Homme. Alors les geiisdarmes coururent apr(''s
lu\ la voie, où alloil led. homme. (pi\ l'sloienl tons croull\s •*; el hi\. adcaiise
qu'il a\"oit toiisiours gardi' les bestes. scavoit furl bien le clieniin. el s'en vint,
en despit d'eux, aud. Roinme. V.[ les ungz ^'vw crouloient I ung de ça. laultre
de là, adcause de che (ju'ilz ne scavoient |)oiiil le chemin. VA. pour la vail-
lance qu'il fit, yl e.st mis en mémoire perpétuelle ^ >i.
CoLYSiÎE. — « Au(juel lieu, en lem|)z passi'. yl y a voit de tous oslieux de
tout stil. et. cpiand les enfl'antz de Homme estoieni en poiiil d'apprendre ung
mestier. on les metoit demorer là-dedens. el à l'ostieu au(pi(^l yl s'ap|)li(|uoit
\. iManiiscril citc", fol. o-i r.
i. Ibid., loi. Jif) r.
3. Groliz, cmulicro, fondrière, ornière, marais. ( HoyiEcroiir, « (_iloss. », t. i, p. :î2.i).
4. Manuscrit cil(;, fol. o9 v, GO r".
06 ANNALKS AKCHÉOLOGIQL I^S.
le plus, "Il iiiy faisoit apprendre le mestier. — En cested. place, l'an li87,
lut apporté , .sur ung hourt , le corps d'une josne fille , laquelle avoit esté
trouvée en Roinme, en ung sarcu.s, aornée de perles et pierreries , et cstoit
aussy blance qu'il estoit possible, les cheveulx blancz et longz, et ne scavoit-
on aultre choze que ce ne fut une s" : et, aud. sarcus y avoit fort grande
escripture; mais personne ne le scavoit lire. Et, adonc on assambla toutz les
Grecz et les Juidz dud. Roinme, et trouva-on que bien iiii'^ ans devant l'Incar-
nation de Jésucrist. elle avoit esté mise aud. sarcus, et que c'estoit la fille d'ung
empereur de Romme. et fut en dedens le disner toutte noire, et che ad cause
([u'elle avoit sentu l'air ^ ».
Baron de la FONS- MÉLICOQ.
t. Manuscrit cité, fol, 6i i".
«:œi/\;(K!i;:; AfiCBAOïsù qj'QX/ s.
?-\?.- '>:d?.o:: A ?t\?:.:
z;*/-//^ //.„ /y,,//-,./, ,j, ,/^ .f /?^n,.,„yMr /:,„j
/M^.vi'f f<^ f/irt/A-/ ^i.çetf/Jf /f Irttn-l'- -■"
ï.A Yii:i{(ii:
ET IJ:S PAI.INODS bV MOYEN AGE
MI 1 T K * .
Nous arrivons tnaintcnaiit au l'uy de Rouen. La Normandie a cette gloire
entre toutes d'avoir compris de bonne heure et poursuivi avec zèle l'alliance de
la religion et des lettres. En HSCi, trois ans après la mort de Louis XL une
confrérie célèbre, instituée depuis quatre siècles à Rouen, devint Académie sans
rien perdre de son caractère religieux. Elle proposa les louanges de la Vierge,
mère de Dieu, considérée dans son mystère le plus idéal, celui de l'immacu-
lation originelle. Nous lisons en tète d'un recueil imprimé en 1710 cet aver-
tissement : <i On ne recevra aucune pièce poui' èlre lue sur le l'uy (jui ne soit
sur \(\ sujet de la conception ». Sans floute alors (juelques poêles voulaient
sortir de ce cadre. L'esprit du wui' siècle soufflait déjà. La piété' chancelait
dans les âmes, et la verve des concurrents se trouvait à l'étroit dans des
limites où leurs devanciers s'étaient sentis à l'aise. La confrérie tenait bon.
mais les candidats qui. pour s'être écartés des traditions, avaient manqué le
succès, ne s'en livraient pas moins aux invectives et à toute la rancune des
défaites littéraires. L'avertissement de 1710 en fait foi: " On ne répondra'
point, dit-il, aux injures verbales ou par éci-it de ceux ffui aiu-ont mancfué le
prix. C'est bien assez qu'on ait eu la fatigue de lire leurs mauvais vers ».
A ce propos, un président de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts
de Rouen, dans un discours d'ouvertun; prononcé en 18/|î), s'exclame ainsi :
<i Oh! sans doute, elle devait être grande, cette fatigue, si nous en jugeons
par la lecture des poésies elles-mêmes qui ont été trouvées dignes des palmes
^. Voir les « Annales Arctiéologiqucs u. vol. xxi. p. 345 et vol. xxii, p. 27.
1)8 AWAi.Ks Aii(:iii:()i,()(;i(,)i ks.
accidéiiiiques ». Cette rcllexion part d'un bon naturel, et nous ne pouvons faire
un eriiiie à l'Iionorable présidnt de son peu de goût pour les vers de nos lau-
réats; mais sa critique va trop loin et dépasse le but, lorsqu'elle atTu-me d'une
iiiaiiién' i;'('Mérale (|ue dans ces poésies <> la Vierge est représentée sous une
inlinilr' d'allégories toutes plus iiizai'res les unes ([ue les autres. Les exemples
(lu'il en cile sont eux-imines |)eu concluants. 11 n y a rien de si étrange en
etl'et à ce ([uc la Vierge soit comparée « au laui'iei' toujours vert, au luth har-
monieux, à la Heur que ne touche point l'insecte » ; ou même, eu puisant dans
la mythologie des imagi's profanes. <i à Hercule, victorieux d'Anlée; à Ulysse,
vain(|uem' des sirènes ».
Au reste, nous soirnnes ici l)eaucou|) moins soticioux de la convenance littc-
raiiv (jue de la convenance iconographicjue. et nous nous tenons satisfait sous
le premier i-apport, si nos recueils dans leui' ensemble n'olTrenl pas ])lus de
pauvretés ni de singularités que les recueils des Puys d'amour de Cambrai, de
Lille, de Valenciennes ou autres, leurs contemporains.
\oli-e (jibliothèque nalidiiale jiossède sur le Pny de lloueii un manuscrit dit
« le manusci'it du roy ". ])nur le dislinguer d'un autre qui a|)partient à la
cathédrale de Uouen. Tous deux l'ontiennent dix années de pièces couronnées,
et vont de 1519 à 15^29. Nous nous bornerons à ce laps de temps et nous sui-
vrons, comme précédennnent pour « les Heures de la Vierge ", l'ordre chro-
nologique.
Les compositions sont au nombre de cinquante, l'allés sont rangées cinq |)ar
cinti- La première seule de chaque série eut la palme, et ce n'est pas toujours la
meilleure. 11 arrivait dans ces concours ce ([ui se produit infailliblement dans
des tournois de ce genre. La poussière du champ clos aveugle un peu les juges
et |)uis le mauvais goût du temps, ou l'encens de la flatterie, ou le verre gros-
sissant de l'amitié, ou enfin le prestige d'une réputation établie peuvent avoir
troublé le jury au point de faire pencher la commune du côté qu'il ne fallait
pas.
INous glanerons encore çà et là, à travers ce recueil, rassemblant en une
gerbe , qui ne sera pas sans agrément et sans utilité , les symboles les plus
exjM'essifs de la fin du moyen âge envers le dogme de la conception. Les pièces
du Palinod rouennais sont datées et signées; parmi les lauréats figurent des
noms diversement chers aux lettres : Jean et Clément Marot, Jacques Lelieur,
Jean Dehommets, Claude Groulard, Jacqueline Pascal, Thomas Corneille. On
ne regrette qu'une chose, l'absence de monuments antérieurs au xvr' siècle et
contemporains de l'érection de la confrérie en société mixte, c'est-à-dire à la
lois religieuse et littéraire. Au point de vue qui nous occupe, ce qui précède
LA VlKliCF, KT l,KS l'\l,l\()|is lH MOVKN VCK. 09
notre recueil ikkis eût [ilus iiiléiv>si' (|U(' ce ([iii le siiil. Ce (|ui le suit dégé-
nère peu il peu cl hieiilTii |;i (li'cudeiice se pi'écipite. On en est. en 1770. à
chanter les phares de la llrve. La Vici'ge n'y li,<;in-c que pour ceitiî (■piii;ra|ilic :
Il Ave. maris Siella. 'i. l-'.n :l77iS. un prix esl pr^posi'- puui' ini ni('ini)ii-e « sur
les moyens les |>lus conlornies à la n^lii^ion. à l'Iunnanilé et à la p()lili(|n(! pour
taire cesser la mendicité dans la province de Normandie <>. L'Académie, on
le voit, était devenue loléranle. el la mesure de 1710 avait sinp;uhèrement
perdu de sa ri,;;'ueui'. Il es! \rai (|u'nn Iduchail a.u\ piii'' mauvaises ainn'cs du
plus méchant siècle de noire hisldii'c . et la Viert;'e |>nn\;ul-elle se plaindre
d'être abandonnée d(î ses ])oétes. voyant de ((uelle l'acen les philosophes
avaient traité Dieu?
Consolons-nous des d(''dains du w m'' siècle avec la rer\eiu'. naï\e encoi'e et
sincère, du premier qiiaii du \\i'.
J>e premier en date de nos poètes lauréats est messire Pierre dryguon (|ni.
dans une conce[)tion très-alanibicpiée. se propose de chanter celle di' la vierge
Marie. La miniature nous aidera à expliquer le texte. Elle est bipartie. Dans
le plan inférieur on voit une femme \ètue en religieuse, fuseau et (|uenouille
en main. Deux servantes pi'éparenl la laine blanche qu'elle file. A ses côtés se
tiennent Adam et Kve représentant l'humanité. Ils son! nus el allendent l'achè-
vement du tissu qui doit les couvrir. La partie su[)érieuri' du tableau oUVe sui'
im même plan .lésus-Chi'ist et le diable. Tous deux retirent d'une cuve, cjui
est sur le feu, des teintures diflerentes : celle de Jésus-(]hrist est pourpre,
celle de Satan est noire. Ici une religieuse, là un diablotin attisent la llamme.
— Cela s'entend : l'i'tolTe di> part et d'autre est identique. La même toison l'a
foui'iiie et les mêmes mains l'ont fdée. Ces mains sont sans doute celles de la
sagesse éternelle, llgmve pai' cette feuune qu'assistent deux servantes, c'est-à-
dire la puissance et la bonté (|ui furent, dans la création et l'ordonnance de ce
monde, comme les deux bras de Dieu. Mais voilà que cette étolTe tombe au
|)Ouvoir de Satan, qui la souille et la noircit. Il en fait, dans la personne
d'Adam et Eve. un vêtement de ténèbres pour l'humanité. Alors .lésus-Chi'ist
vient, il arrache à l'esprit im[)ur le divin (issu, le plonge dans son sang, l'en
fait sortir resplendissant et sans tache, et en revêt l'hinnanilé dans sa |)ropre
personne. C'est donc la nature humaine créée pure par Dieu, souillée par le
démon, rendue par Jésus-Christ à sa ])rimitive innocence. Le vêtement est
rouge, car c'est dans le sang divin qu'il a éh'' purifié, el la nature réparée doit
porter le signe de sa réparation; sa |)urelt' recouvrée, quoique la même au
fond, doit se distinguer de sa |)ui'elé originelle. — Maintenant, quelle est cette
pourpre qui servit » h veslir le grand roy ». selon l'expression du poëme? On
100 A^^/M,1'.S AliClIKOLOClOIiKS.
le devine ais(''iiient : c'est. Marie. Marie, en elFet, tut le vêtement du Sauveur,
on. si l'on veut, l'étoffe dans laquelle le Verbe se tailla à lui-même un vète-
nuMil (le chair. VA comme c'est la vertu future du sang de la croix qui pré-
serva Marie, dès sa conception, de la souillure du mal, il convenait que cette
robe immaculée du l''ils de Dieu portât la trace du mystèi'C sanglant dont la
grâce anti<-i|)ée l'avait prévenue. El puis, autre sens plausible, c'est dans la
même chair |)rise au sein de Marie que Jésus ressuscité remonta vers le ciel.
Or. n'esl-ce i)as à ce vainqueur de la mort, au jour de son ascension glo-
rieuse, que le Prophète adresse ces magnifiques paroles : » Quis est iste qui
venit de Edom, tinclis vestibus de Bosra..? (Juare ergo rubrum est indumen-
tum tuuin et vestimenta tua siciil calcantiuin in torculari " ? Et le Crucifié
répond : « Torcular calcavi soins... et asjiersus est sanguis... super vesti-
menta mea. .. » '.
Tel est, d'après l'examen du texte et l'inspection du tableau, le commentaire
naturel de la pensée de nos artistes. On regrette qu'il faille tant de mots pour
la dégager, mais elle se comprend plus vite qu'elle ne se rend. « Il appert clai-
rement », avec un peu d'attention, que la vierge Marie est cette étolfe dans
la<|uelle
Bucqui" ou laclic vainc
Bourre ne gresse ou aucune fracture
Ne fut trouvée,
celte étolTe que le « divin teincturier » trempe dans son sang et qui en sort
I^ourpre exempt de taciie obscure
Que srace avait composi^ par ^rand cure.
Il y a au fond de tout cela une idée substantielle et vraiment théologique. Et
(jui ne sait combien les plus belles choses peuvent être gâtées par l'expression !
Voici maintenant » le chant royal des vignes faillies ». C'est le titre un peu
solennel que prend notre auteur.
Un gros ange joultlu souille avec furie, du tnilieu d'une forêt, sur un champ
de vignes. Tous les ceps se dessèchent et meurent; un seul ré.siste et oppose
à l'haleine dévastatrice une grappe magnifique et vermeille. Il est vrai que.
conjointement avec le souffle glacial . un chaud rayon de soleil tombe sur la
grappe. Ce rayon semble venir de l'infini et comme des profondeurs de l'éter-
niti" : M ab itineribus œternitatis ». 11 rappelle cette paioh^ du livre des Pro-
verbes appliquée à Marie : « Dominus pos,sedit me in initio viarum suariim...
ab aMerno ordinata sum » -.
I. ISAIK, cil. LXni, V. 1, i, ■).
i. « Prov. », VIII, 22, 23.
I,.\ VIF.Ii(;K KT l,i;> l'\LI\()!)S 1)1 NtOM",» AOK. 101
Il est reinarciiiable que sur le passuf^e du rayon sacré les arbres de la forèl
qu'il traverse jaunissent et se dépouillent. Cela, à notre sens, exprime bien
l'antagonisme de la grâce et du péché. Ce (jue vivifie l'une, l'autre le lue ou
s'elTorce de le ])erdre, et la grâce à son lnur ravage, on |)ent le dire, le domaine
du péché. Nulle conception autr(> (|ii'' celle <le Marie ne ré\(''la cette ojjposition.
Celle de Jésus-Christ est essentiellement exemple de péché, la nôtre; en est
infailliblement souillée. Or. Marie, (jui est comme ni>us infectée |)ar nature de
la tache originelle, en sa qualité de tille d'Kve. en est exemptée par grâce en
sa qualité de mère de Dieu Donc la nature et la grâce se livrent dans sa con-
ception une lutte à outrance. I.e péché suit sa loi : il ne cnniiaîl pas d'excei)-
tion et son souille va tucM' dans son geiMue ('elle llcur d'où doit sortir le fruit de
vie; mais la grâce résiste, elle accourt en même temps (jue le péché, son rayon
devance le souille ennemi et l'empêche d'atteindre la grappe d'où jaillira le
vin qui fait les vierges, » \inum germinans virgines » '.
Le poiTiie affirme que le cep verdoyant qui sup|)orte la grai)p(> ligure sainte
Aime, mère de la vierge Marie, ([ue la grappe est Marie elle-même
ou son com'i'pl n'iidiip,
La belle grappe apportant nomcm inoiist,
Qu'enfin le vendangeur qui. le ser|)illon en main. s'a|)prète à couper le fruit,
c'est Dieu le père. L iie blanche corbeille suspendue au-dessous s'apprête à
recevoir le raisin sacré. C'est sans doute le symbole du corps saint de Marie
qui, en recevant son âme immaculée, participe de sa |)ureté et. venu de la terre
par la génération humaine, s'en détache en (pielque façon à cause de l'invio-
lable innocence (|ue lui cominuni(|ue l'âme dont il est le vase; précieux et pur.
Le poète chante la surj)rise et le bonhein- de riiumanilé lorsque, pleurant sur
la ruine de ses vendanges, elle découvre tout à coup parmi les ceps dépouillés
et brûlés la tige verdoyante (|ui porte la grappe féconde; puis son allégresse
lorsque, ayant goûté de sa li(iueur. elle proclame qu'en nulle région on ne
saurait trouver un vin meilleur et plus généreux.
Au bas du champ, où se déploient parallèlement la foi'êt d Hù « sourdit ung
tourbillon » et la miraculeuse vigne, une inscription en prose, émanée proba-
blement du coloriste, fait lire ces mots ainsi groupés dans un cartel :
Erreur ny peut mettre son
serpillon. Serpens liépars ours ne
lyons n'eu peuvent approclier.
Cette pièce porte la signature de Nicolle du l'uy et la date de 1519.
1. Z.VCIIAR.. u, 27
XXII. i;,
102 ANNALES AIlCHKOLlXlK.ll KS.
Le chant (lui suit est de Nicolle Lescarre. On voit Adam plongé jusqu'à mi-
corps dans une fosse près dn laquelle s'élève un arbre sec. Une main sort d'un
nuage et bénit; le père de la race humaine, grande et belle tête h barbe et
cheveux blancs, lève vers elle des mains suppliantes et un regard ravi. Le
poëte lui fait dire :
Par cette iiiiiiii...
Je suis beny et le serpent iiuiuldicl
Auquel jadys Pieu prominea et iliet
Quil ne iiourroit sur la main entreprendre
Laquelle lut en eelte mer sans prendre
Le i;ousl amer (jue genre humain y sent
Combien ipiel soit de imui siiul; descenilue.
En même temps que la tète du vieil Atlatii s'illumine sous la bénédiction de
<( cette main de grâce », emblème de la vierge Marie, celle du serpent enroulé
autour de l'arbre tombe et semble expirer.
Puis l'auteur énumère les pierres précieuses dont sotit ornés les cinq doigts
de la main. Elles expriment, à son sens, les cinq fêtes jadis instituées en l'hon-
neur de la Vierge. Au pouce brille le saphir, symbole de la pureté ; à l'index,
le rubis, emblème de la charité; le diamant, au doigt du milieu, figure la
lumière de la vérité rendue aux hommes ; l'émeraude du doigt suivant, l'espé-
rance; la perle, qui est au petit doigt, signifie :
Quen exeellence oII<î obtient et eonqjriMid
Toutes vertus par quoy i^ist eonl'onduo
La langue cl voix qui do tache reprend
La main de gracn aux pescheuis étendue.
A ce sujet se rapporte évidemment le verset du psaume 1^3% inscrit au bas
de la figure précédente : » Emitte maïuim tuam de alto ».
Après cela nous voyons Marie sous les traits d'une vierge richement vêtue,
couverte de ses longs cheveux et levant ses mains vers le ciel. La Mort, hideux
squelette, la saisit par derrière à la ceinture et s'elforce de l'entraîner. Notre-
Seigneur la considère d'en haut et, séduit de sa beauté, lui perce le cœur d'une
javeline. C'est le Irait de l'amotif dont saitit Grégoire de Nazianze a dit « qu'il
tire après lui le divin archer ». VA le Sauveur apparaît dans l'altitude de l'amant
des Cantiques qui dit à son aiuanle immaculée : u Ecce tu pulchra es, amica
mea; ecce tu pulchra es, oculi tui columbarum... Vulnerasti cor meum, soror
mea, sponsa... Aperi mihi soror mea, amica mea, columba mea, immaculata
mea » ^. Contre un tel adversaire la Mort est faible. La Vierge en triomphe avec
1. « Cant. I. 1, 14; iv, <l; v, 2.
\.\ VIKK(.K KT l.l> l',\l.l\()li> L)l \1()\KN AGE. 1U3
celte majesté calme (iiie donne l'assurance de la victoire et le roi des cieux
l'ennuène
hors lie cl'IIi' Viilloi'
l'jl <nu |i,il,ii- t'iii(\ (If (Ifili'.
La voici maintenant c/'léhrée telle (|n'nn jardin de délices, nii lùlen. Ancenlrc
jaillit une source; ([ualre lleuves s'en détaclumt cl arrosent le paradis. Sur
leurs bords croissent des arbres verdoyants et chargés de fruits, parmi lesquels
un plus élevé porte des fruits d'or. On voit que l'auteur s'est souvenu de la
descri|)liou j^énésiaque du paradis terrestre; mais sa fantaisie s'est évertuée.
et. au mépris de l'ordre chronologique, il place dans ce lieu l'échelle de Jacob,
non pour en faire le symbole de Marie ((ui est |)(iurtant . en un sens vrai,
l'échelle mystérieuse par huiuelle Dieu descend vers nous et nous montons
vers lui, mais uniquement pour établir entre Dieu le père et le saint patriarche
un dialogue où ce dernier s'écrie :
Vous avez iiiys hms bioiis dclifitmx
En ce beau lieu...
Grâces vertus plaisirs solarieu\
Kt tous trésors lui servent doriuituro
Humilité et la t'orto armature
De charité i|ui les \ertus prccelle
Y sont avec l.i |Kii\ iiiiivei-si'lli'
et où Dieu répond :
Jacob, Jacol). ce beau lieu..
Figure bien selon saincte Escri|)ture
l.e pur concept tressainci et ;,'racieu\
Dr IhuMihle vieij.'e oullre lo} de nature
Belle tousiours sur toute créature
Que jexem[)tois tle tache orii;inelle.
Nous ne voyons pas au juste à (luel passage de l'Écriture Dieu fait allusion,
si ce n'est peut-être à cet endroit du livre des Cantiques : « llortus conclusus
soror mea sponsa, hortus conclusus, fons signalas ». Il est fàcheu.x ([ue le
poêle n'ait pas songé à développer le gracieux symbole de la Vierge immaculée
dans cette échelle que nul pied terrestre n'a foulée, vierge de toute trace
humaine, de tout vestige mortel, et où seul le pied des anges se pose lorsqu'ils
portent vers Dieu nos hommages et qu'ils rapportent vers nous ses grâces.
Marie en elTet est la médiatrice de notre salut. Kchelle mystérieuse, une de ses
extrémités s'apptiie sur l'humanité, tandis (}ue l'autre repose sur le .sein de
Dieu; et c'est par elle que les esprits messagers, ayysAot, doivent descendie
10/i A\N \l,i:S AliCIlKOLOCigl KS.
ou iiKinter lorsqu'ils exécutent vis-à-vis de nous les ordres de la puissance
souveraine et de la souveraine miséricorde.
Notre auteur forme en terminant un vœu touchant, celui de voir
Clninin flocilli»
Tenir p:ir foy, comme iirrest de ronrille.
(jue la vierge Marie fût. « par pouvoir disficipie », ce paradis « tousiours
saincf. tousiiKH's pur et mande » el (pu' i micfiues tache ne fust en son concept ».
Ciuiliaume Crétin — le nom est déplorable — va « jilus oultre » ; son
poème ainsi cpie la peinture qui l'orne sont comme une anticipation de la
grande et solennelle assemblée où l'ut décrétée la définition du dogme. Dix
docteurs sont là en robes rouges, violettes et noires, cardinaux, évéques et
prêtres. Quelqu'un les préside, le pape, et chacun a devant soi un livre ouvert,
le livre des Ecritures et de la tradition. Tous ensemble, dans ce livre qui
résume sans doute les preuves de la croyance publique, contemplent, ainsi
({ue dans un miroir, la vierge Marie « en la plénitude de grâce » qu'il plut
à Dieu de lui départir, et " maint philosophe, élégant orateur » reconnaît
qu'elle est
La simple rolumbelle
Que le drai^on pliitonique del)ollo
Celle en concepl de vice préservée
. . . Queslut la sair}cle Trinité.
La miniature qui suit est une des plus soignées. On y voit un atelier de
typographie avec tout son matériel et son personnel. Un prote en robe rouge
corrige les épreuves d'un livre. Ce livre est Marie, « nouveau doctrinal » qu'im-
prime le Créateiu",
Sans le noir brouillon infernal.
Le correcteur (|ui se nomme Erreur-Folle, malgré sa finesse et sa malignité,
n'y peut i-ien découvrir d'impiu" et. lorsqu'il pensait vendre cet ouvrage aux
hérétiques, sa cupidité est déçue. <ju'en ferait l'hérésie? Elle n'y saurait
mordre. 11 n'oflVe pas la moindre pri.se. D'ailleurs elle s'y bri.serait les dents;
car, une fois achevé, on le couvre en bois de cyprès, ce bois incorruptible et
parfumé qui croît à la montagne de Sion. selon qu'il est dit : " Quasi cypressus
in monte Sion )>. Ainsi |)réparé, le divin imprimeur le remet au genre humain
qui le reçoit avec joie et retrouve dans ses pages la justice et la vérité long-
temps oubliées.
A présent voici une aire où le Seigneur entasse et garde le pur froment.
Celte aire est Marie, le froment Jésus-Christ, suivant cette parole : « Gratiâ
I.\ VIKUr.F. KT I.KS l'Al.INDDS l>l MOUA .\C,\:. 105
pleiia ». ou celte autre : i. Dominus Iccuui -; . SaUui est désii^né coiiiuie un usu-
rier accapareur, qui est allé de ville eu ville ramassant tout le blé.
\',iv i|U()y il i\ù<[ ,111 iiKinili' la r.iiiiiiir.
Mais Dieu crée Marie, el en clic, ciunnie dans une ,L;raii,ti,e inviolable el |)Ui-e. il
recueille la moisson ([ui (UiW nourrir l(^ j;enre humain, si bien que le diable
Il perd ses bleds, ses sues et sa faucille ". et que l'Iiuinanili'' all;nni''e \ ieni puiser
sans relâche à cette aire di\ine où Ton ne vojl « pouldre on pourriinre ". Nous
regrettons ([ue le poëte ne se soit pas souvenu de celle juste et gracieuse
ligure de l'aire de (iédéon. appliqué'c à la Vierge par les pères et les docteurs.
Cette aire est eu plein champ. « (i(''di''oii dit à Dieu : Si, selon votr(; |)i'iMnesse,
vnus voulez sauver Israël, je le connaîtrai ;i ce signe : .le placerai au nn'Iieu de
l'aire cette toison d'agneau; (|iie la rosc'-e du riel la pi'nèlre il que la leiTe à
l'entour reste sèche... i".l il fut fait ainsi, (lédéon se leva dans la nuit, vint
preuch'e la toison, la pressa dans ses mains et remplil de sa i-usée loule une
conque » '. Assurément rien ne saurait mieux expi'imer la plénilude excep-
tionnelle, divine de grâces, distillée d'en haut sur Marie ou milieu de l'aridité
universelle des âmes, et, en même tem])s que fidèle, celle ligure est poétique.
Elle offrait une ressource facile à nos auteui's.
Le spectacle change. Klysée voyant monter au ciel dans un iliai' de feu Klie,
son maître, lui crie : « Pater mi, pater mi, currus Israël el auriga ejus ». II
l'appelle n le char d'Israël ». (l'est une expression noble et belle, une image
hardie qui n'a point échappé à l'attention d'un ])oële (|ue nous avons déjà
rencontre, Nicolle Lescarre. Il ti-anspoi1e celle figure à Marie et la re|)ri'sente
comme le char de Dieu. Char arnu'' en guei-re et ([ni s'avance C(jntre le char
destructeur que Satan pousse à travers le monfl(>. à la manière de ces chariots
anciens tout hérissés de faux. f[ui semaient dans les rangs ennemis le car-
nage et la mort.
Le char est d'or pur et » mené en arroy magnilique » par une panthère,
une licorne et un éléphant, trois animaux symbo!i([nes ([ui- les anciens alTec-
tionneut et qu'ils expliquent diversemenl. mais loujonrs d'iuie façon appro-
priée à la Vierge. La Victoire et le Triomphe |)ersonniliés mènent le cortège,
l'une palmes en main, l'autre enseignes déployées. A la suite du chariot
marche Josué. sans doute en sa (|ualité de général des armées de Dieu, et
comme introducteur d'Israël dans la terre de |)romission. Marie n'est-elle pas
le Josué qui nous introduisit aussi dans la terre des promesses spirituelles?
Sur le devant du char. David, assis, le dirige. Sa gauche porte le sceptre, sa
i. « Jiul. .) VI, 36, 37. 38.
106 A^^,\LI■:S AliClIKOl.OdKM KS.
droite est, année d'une lance, et le laurier couronne sa tête. Or, voici qu'à
l'encontre de ce char resplendissant s'avance un autre char monté par Satan.
Il est attelé de chevaux bruns et suivi de cohortes infernales en phalanges
serrées. Il vient. Au moment oii il s'appi-ète à tondre sur le char vii'giiial pnur
le renverser, David porte au noir conducteur un coup (jui U- terrasse. Ce rôle
convenait à David. Il est l'anctMre de Marie et. à ce titre, symbolise la con-
ception de Marie. Le char, victorieux dans sa lutte contre les puissances de
l'abîme, figui'e exactement celte conception qui triomphe des assauts multi-
pliés de l'enfer et se dégage pui-e des fanges de la corruption naturelle. De-
bout et intact an milieu des légions de Satan écrasées, il rappelle avec force
le texte magnifique appliqué à Marie par l'hlglise, lorsqu'elle lui chante avec
l'Apocalypse : Vous êtes terrible, ainsi ([u'une armée rangée. « Terribilis ut
castrorum acies ordinata ».
Je disais bien que notre poi'te s'était ressouvenu du char de feu d'Klie. I! le
mentionne à la fin de son chant. Mais |)()urqui)i l'aut-il fju'il se soit cru obligé
de recourir k la mythologie pour expliquer le char de Satan? Il le compare h
celui de Phaélon, ce qui a le léger inconvénient d'assimiler David ^ Jupiter
foudroyant l'étourdi cocher d'Apollon.
Ici le ton baisse et la Vierge est louée comme étant « la robe inconsutile »
qui enveloppa le Verbe fait chair. A la rigueur et au premier aspect, cela
pourrait et devrait peut-être s'entendre de son intégrité virginale dans la ma-
ternité; mais Joachim et Anne, qui dévident les écheveaux de soie blanche
d'où sort la robe sans couture, signifient assez expressément le mystère de la
conception. Leur rôle distinctif est assigné de la sorte :
Anne dressa la Irayme sans couppeuro
\'A Joachim par humble affection
Fournist de soye et matière si pure
Quel neust jamais tache dinfection.
Le ver, ajoute le texte, ce ver qui ronge et brise les (ils dont est tissée notre
pauvre humanité, n'a aucune prise sur ce vêtement et ne peut ni le trouer, ni
le souiller, lui qui
Tous habits dluimanitc diffame
Par le venin que sur eux il distille.
Kt la raison de ce privilège est concluante : c'est ({ue cette robe est le vête-
ment futur du verbe incarné.
U paraît bien qu'à Rouen comme ailleurs, alors comme depuis, il ne man-
quait pas de beaux esprits et d'esprits forts qui exerçaient leur critique à l'en-
tour (lu privilège de la sainte conception de Marie. Auber de Carentan ne
LA VIKRGF, KT LKS l'A 1.1 NOUS DU -\l(nEN ACK. 107
plaisante pas avec eux. Il les attaiiue vaillamineiit et les exécute de la bonne
façon. Il faut voir se succéder sous sa plume les épithètes indignées :
<( Hommes barbariens », dit-il. " liault emplumes rébarbatifs comme Cana-
riens, plus obstines que le grand i-'ierabras... »
La Vierge est représentée assaillie par plusieurs u quantons -. de ces ad-
versaires. I- de ces faulx soudars. (|ui diligent contre elle leurs hallebardes »
Pour linvader cl pour la ineUre es lags
Ords et infocN îles; parcnls anciens.
Mais elle, calme et tranquille, lais.se faire et. tandis (|n'ils n ne s'entendent
pas en leur parler, la danie liardie passe dessus ». Cette expression est éner-
gique et rappelle volontiers la stroi)lie si connue de Lefranc de Pomiiignan
sur la mort de J.-B. Uou.«.«eau : « Le \il a vu sur ses rivages, etc. <'
Après avoir tancé vertement les adversaires de la croyance à l'immaculée
conception, le pocte dans « l'envoy » de sa pièce s'adresse à ses compa-
triotes et, en apôtre fervent, cherche à les affermir dans l«>ur foi.
Sus Roupnnays. que chacun cstudie
l'alinodes cl que partout on die
Os faulx soudars avoir parollc vaini'
En soutenant que Nosire Dame oull paine
De vil pèche... .
Nous sommes en 1521. et voici Jean Marot. Laissons de côté la miniature,
presque inintelligible, et tenons-nous au texte. Il traite d'un débat où il s'agit
de réconcilier Dieu avec la nature iiumaine :
Darne .lustice esmeue par poincture
De Charité vuuUit vuyder ce l'aict
Vérité vint qui narra le uieflaict
Nature pleure et le serpent accuse
.Miséricorde en depriani lexcuse
Dieu prononcfl quil viendroit de la race
D'Adam un;; corps tout plaiii de dignité
Quel porteroil par le moyen de i;race
Lhuiiianile joincte a divinité.
La Nature entendant cela se propose de faire un chef-d'œuvre ; mais Dieu
lui rappelle son impuissance et, sans refuser son concours, lui fait comprendre
que cette pureté souveraine doit être le fruit de la grâce, .\lors le poëte chante
le concours de la terre et du ciel, de l'air, de la lumière, de tous les éléments
pour la formation de ce corps très-saint. On sent déjà dans cette composition
les approches, et comme les premières atteintes de l'esprit païen de la Renais-
108 ANNALKS A IIC IIK( » I.OC. I i,)i: KS.
sauce. Marol y parle de Vénu.s, qui tuf exclue de cette conception sainte, et
donne le nom de Jupiter à l)i 'u le père qui envoie sa grâce.
(le ^raiid (euvre de pureti' immaculée une fois achevé, la réconciliation
entre Dieu et riiomme sacliéve. et le poète l'exprime dans une gracieuse
métaphore :
Cninino an iii\ iMunr ciili'p ilmiiiain poiirlniict
Sans IVactiûii avec ijracc (lill'iHP
Enira .Ir-sns f flans le sein île Marie).
(llénient Marot, frère du préci'dent. notre poète, vient à son tour, il faut
(ju'il ait d'autres titres de gloire que cette pièce, qui est médiocre. Elle célèbre
Marie connue la couche innnaculi''e du roi des cieiix. Celui-ci ayant résolu de
vaincre les ennemis. (|ni retenaient ca|)tive <' et sotunise à grands tourments »
la nature humaine, envoie devant lui ses fourriers en Judée pour lui dresser
une tente où lui-même prendra son repos. On voit sous un baldaquin d'or
doublé de vert (la ('-harit('' avec l'Espérance) trois femmes (la Miséricorde, la
Paix et l'Innocence) tcndi-e de leurs mains une couche très-pure et à l'entour.
à distance, une armée (jui veille sur ce lit d'électimi. Il y a une descrij)tion
minutieuse et puérile de tout le délail de ce lit. Le plus clair sont les quatre
vers de » l'envoy d .
Princt! je piens en mon sens puorille
I.r pavillon pour sainclo Anne storillo
1-e rny ponr Dieu qui aux ciculx reposa
Kt -Marie est vray comme levanjîile
La digne couclie nu le roy reposa.
Si cette composition n'eût été signée de ce nom. nous aurions omis d'en
parler.
En voici maintenant deux qu'avant de nous interi'ompre nous placerons sous
les yeux de nos lecteurs. L'une est convenable; l'autre est tout simplement
affreuse et presque ignoble. Nous ne l'avons fuit dessiner et graver qu'avec
répugnance, et nous hésitons encore à l'inlliger aux « -Annales Archéolo-
giques ", peu accoutumées à un réalisme si grossier. Tout considéré, nous
l'insérons à nos risques et périls, et nous faisons excuse aux regards un peu
délicats. Lorsqu'on montre une époque, il est bon qu'elle paraisse sous toutes
ses faces, et ses monuments les plus dégénérés ont encore leur intérêt et leur
curiosité. Au reste, puisque nous cherchons dans nos pieuses académies du
moyen âge les symboles et figures relatifs à l'immaculation originelle de la
mère de Dieu, on nous ])ardonnera de ne pas reculer même devant l'expres-
sion brutale de ce mystère, pourvu qu'elle soit fidèle. Voici donc, sur un lit
LA VIKKCE ET \.V.S FALINODS IJi: MOMi.N ACK.
109
à l)al(l;i(|iiin iVaiigé, dmil los l'iileaux ?e rcli"'V('iil de part et d'autre, une grosse
lemiiie dilToriiie. vêtue seulement de ses clieveux ([ui lui couvrent les épaules.
Klle est assise sur le bord inférieur de la couche, les pieds posés sur le sol et
é'cartés. Sui' sou sein ^"appuie une ci'éalure vêtue, ciievux flultants. cou-
mnnée. déjà reine, les \eu\ i)aissi''s. les mains élevées i>t jointes devant la poi-
ti'ine. pensive et recueillie, aussi noi)le, aussi l)elle et aussi religieuse quêtait
capable de la |)ro(hiiiv un art déj.'i trés-abaissé. la vierge Marii^ enfin, (''est
l'instant de sa conception matérielle historique. Celte ligure, mal ébauchée et
repoussante, c'est la nature humaine déchue telle que le péché l'a faite, viciée
même physiquement, enlaidie, devenue triste à voir, rejetée de Dieu et sem-
blant dire: - Nolile me considerare (|uod fusca sim. ([uia decolora\it me
sol... . '; ajoutant, ce semble, avec Noc'mi : '■ Ne vocetis me Noenii (id est
pulchram) . sed vocate me Mara (id est amai-am). quia amariludine valde
(.ani. n I,
XMI.
15
110 A.NNALKS MiClIKOLOClOLn'-S.
ivpli'vil inc Omiiipotens '> ''. — Kl voilà que dans le sein de cette nature gros-
sière et l'rnppiM' de malédiction, il germe un fruit bcni. une créature |)leine de.
grâce. pudi(|iic. sainte, innnaculée. Le poiime e.-~t explicite dans ce sens :
Or isl il \ray qw' liumnine infoclicin
Du poro ;ui fils descend par voyc infecte
lit nous crovons danionte alTcctioii
Femme parfaite en nature imparfaite.
11 est iniilile de suivre l'auteur passant en revue les trois règnes : assiinihuit
la Vierge a l'or qui reste pur au milieu des scories, au parfum qui embaume
le corps des rois et demeure incorruptible, à la salamandre enfin (|ue le feu
laisse intacte. Si nous faisions un procès, ce serait seulemetit ait coloriste dotil
rimagination un peu triviale s'est attachée au fonil sans tenir assez comjjle de
la forme.
Reposons vite nos yeux sur une expression moins matérielle du mystère (jui
nous occitpe. ].a gravure placée en tète de cet article nous représente Marie
debout ait sein d'une double auréole dont le centre rayonne de toutes parts.
La Vierge, enveloppée de cette gloire et comme vêtue de soleil, suivant l'ex-
pression de l'Apocalypse. « mulier amicta sole ». est en outre vêtue d'une rolie
dont les plis lluttent sur ses pieds chaussés. Ses longs cheveux tombent sur
ses épaules, et sa tête, doublement couroimée, porte un dittdème que sur-
monte une couronne royale. Elh' ramène ses bras devant elle, le droit sur le
gauche, et tient une palme. Son attitude est droite sans roideur. calme sans
lierli'. modeste et assurée. Sous ses pieds sont deux figures synil)iili(|ites : la
Mort, cadavre à moitié s(|uelette. et Satan, dragon aili''. dont la gueuK^ veni-
meuse, mais impuissante, se tourne vers celle dont il l'ut dit i^ qu elle lui bri-
serait la tête ». Une troisième auréole, formée des vertus théologales et ctu-di-
nales. borde en quehiue façon les rayons qui s'échappent de toute la personne
de Marie. La première à droite est la Foi. vêtue en religieuse, une église en
main; au-dessous, rEspérance portant un vaissetiu appareil^'; puis la Charité,
vêtue aussi comme la reine de toutes les vertus, pressant d'ttne main un cœur
sur sa poitrine, de l'autre tenant un soleil rayonnant. Parallèlement à ces trois
figures on a : en haut, la Justice armée du glaive et de la balance traditionnelle;
au-dessous, la Prudence avec le crible et le miroir; puis, en descendant tou-
j(jurs. la Force (jui étreint un serpent dans ses mains puissantes; enliii. tout
en bas et au centre, la Tempérance avec les attributs de la régularité et de la
modération, une horloge et un frein, ou ])eut-être des besicles. Ces sept
1. Rutli " 1. 20.
LA VIKKCK KT LKS l'A 1.1 NO l)S 1)11 MOYKN ACK. 111
■igurcs .<e dL'Iaclii^nl sur de Irgors iiua;;rs qui interceptent le rayonnement de
la Vierg(! iniinaruh'e. Ia' plan inférieur de la coniposilion es! Dccupé par un
paysage oii l'on voit im jardin verdoyant t'ernu'' de liantes lum'ailli-s avec une
porti' à tours cn'nelées où conduit ini clieniin citiix borih' d'arbres. C,e clie-
nn'n cùtoie inie rivicre (|ui alimente un moulin cl parait |iren(lre sa source à
des iiionlagncs lointaines ([ui hoi-dent riiori/.nn. \)c^ maisonnettes sont semces
cà cl là. à travers des massifs de verdure. Nous ne trouvons pas (pie l'artiste
ait si mal senti la nature. Cette scène est vai'ii''e et d'une disposition Ircs-con-
venable. Il y a de la perspective, de la fuite, une graiialion soutenue Nous
souliaiteiions que plusietu's de nos modernes paysagistes no fussent pas plus
maladroits.
Il faut nous arrêter. Nous reprendrons volontiers notre course à travers nos
compositions littéraires et artistiques. l*cut-ètre en jiassons nous des meil-
leures, peut-être en montrons-nous des pires. Il sei'ait besoin d'une investiga-
tion trop patiente et troj) niinulieuse poui' discerner au juste le fort et le faible.
Nous préférons glaner im peu au hasard. Dans une gerbe il y a toujours.
quoi que l'on fasse, des épis vides, et les épis |)loins. qui restent siu' le sillon.
sont destinés par Dii'u à la pâture des petits oiseaux du ciel.
A. lie lu: t.,
BIBLIOGRAPHIE
D'ART ET D'AHCHEOLOGIE
o9. AiiTR en l'spiniii i l'Art on Hspagne), revue
(ie la quinzaine des Arts du dessin. — Pa-
rait doux fuis par mois, par livraisons i;r,inil
in-1" d(" 1() paires de texte et de deux plan-
ches cbaeuno. Pid)licatiun cxtrèuiomenl w-
marquahle coninir texte, dessins . papier et
impression. L'un des principaux collabora-
teurs à co;te revue, qui annonce le ré\eil de
l'Kspagne, est M. ^'alenlin Carileioi,!, peintre
lionurairo do la reine d'I-'spagne. — Abonne-
ment d'un an, 88 fr. ; chaque numéro ii
part. 4 fr. o()
t)0. AUBKR. — Saint Bicrnahd el Partbenay-
le-Vieux. Dis.sertation sur le lieu oii s'opeia
la conversion miraculeuse île Guillaume X,
duc d'Aquitaine et comte de Poitnu, en 1 l.'io.
par l'abbé Auber, chanoine de Poitiers, liis-
toriograijhe du diocèse. In-8" de 'M pages.
(il. AZ.VIS. — Lks Iliîs dk I.kiuns, |iai l'abbo
.\z\is. ln-8" de l.'J pages. — DesiTi|ilion des
moimnients ou restes de monuments enc'oro
existants dans ce célèbre coin de terre. (!oiq)
d'œil lapide sur les hom:nes saints oa illus-
tres qui ont fondé Lériiis ou qui l'ont liabite
a l'origine. Appréciation des doctrines reli-
gieuses, philosopliiques et littéraires (|ui, de
Lérins, se sont répandues dans tout le midi
de la France, au v« siècle do notre ère. — .\u
lieu d'une brochure, il faudrait nous donner
un ouvrage considérable sur ce beau suj^t
que .M. l'abbe Aza'i's aime et connaît ;i mer-
veille, et qu > nul nii:nix (pie lui ne pourrait
traitera fond.
li:'. li.VIililKU i.i; MOMAULT. — L'ANNiiic
lilur^'ique ii Home. Renseignements sur les
saint-, les l'oliques, les fêtes, les églises, les
dévotions populaires, les traditions pieuses
de 1,1 \ iile olernello. et les fonctions de la .se-
maine sainte, parle chanoine .\. liARiiiKii m:
iMoNTALLT. t' édition revue et considerablo-
menl augmonlei'. lione. 1802. ln-12 di' Xii
pages.
03. JIASTARD-D'ESTANG. — I'Ragme.nt pom-
servira l'Histoire du clergé de l'ancien dio-
cèse de Lectoure, pendant la révolution.
L'abbé de Uastaid-d'Estang, par le vicomte
de Bastard-u'Estang, ancien procureur gé-
néral, conseiller il la C.uur iuqiciialo de Paris.
In-S" do 1 1 page- et d un portrait.
(i4. BERTV et LACUUR. — Annuaiue de l'ar-
chéologue, du numismate et de l'antiquaire,
pair l'année 1862, [)ublie par A. Bi;iiTY el
L. Lacour. Première année. In-18 de VIII-
180 jiages. — Preinièie partie : commissions
et bureaux archéologiques, voyages et mis-
sions ; enseignement de l'archéologie, cours
divers, école française d'Athènes: académies
el sociétés archéologiques ii Paris, comité dos
travaux historiques, sociétés diverses; mu-
IilliLI(;r,li\lMllK D'ART ET D'AliCIlKOl.OCI K.
113
séesarchcologiqiiP5ii|)|i;iiti'nanl :i l'I'^t.it. mu-
sées du Louvre, des Tliormes, de Chniy, de
l'École dos Beaux-Arts, cabinet de- me iailles
et aiili(iues. collections pailieulières. —
Deuxième partie: iniscellanées. mo}('ri de ju-
ger de l'âge des monuments gothiques, faits
arcliéoli)gi(iues de 1861. éludes, missions et
fouilles archéologiques entreprises aux frais
et sous les auS[)ices de l'Étal, Musée Gam-
pana. recherches, découvertes, ventes remar-
quables; nécrologie. Livres et presse archéo-
logiques. 3 Ir.
(Ji>. BiBLiuGH.\i>iiiK catholique. Revue critiqu"
de tous les ouvrages nouveaux de religion,
philosophie, histoire, littérature, éducation.
dirigée par .M. le chanoine Duplessy. — l'arait
chaque mois par numéro in-S", de 90 à 9o
pages. .Abonnement d'un an. pour Paris et
pour la province. I '> fr.
(iO. BOUV. — (IvMiNLLLV 1'»ovi;n(.;\le du
xi« siècle en l'honneur d(> la .Madeleine, chan-
tée annuellement à Marseille le jour de
Pâques, jusques en MI)I>(;,\I1. par J. T. Biuiv.
In-S" d'une planche et <le 04 pages. — Dou-
ble vue de l'oratoire de la .Madeleine (|il. .
Introduction. C^antinella. texte, traduction el
commentaire. Recherches historiipies : l'ora-
toire de la " Petra Vmaginis » au nriyen âge,
historique de la Cantinclla ju.squ'en Hil'j.
reconstruction de l'oratoire ii la même épo-
que, suppression de la C.antinella en 1712.
motet latin, démolition de l'oratoire en I7SI.
réaction en faveur de l'ancienne Irailition.
importance de la (^antinella. 4 fr.
Ii7. BOL'CllKR ui; PERTULS.— Les M.v,sqii>.
biographies sans nom. Portraits de mes con-
naissances, dédiés à mes amis, par Boic:iii;u
DU Pertues. Tome deuxième. In-12 de 'iOi
pages. — Ce volume, :i fr. iio c. ; l'ouvrage
complet. 7 fr.
68. Blli.kti.ns de la Société des Anticpiaires
de l'Ouest. Neuvième série. .Vnnées I8o0,
1860 et 1861. L'n fort \olume de oll'i [)ages
el de |)lusieurs planches. — Études et ra|)-
ports sur des abbayes et monastères , aque-
ducs, camps el champs de bataille, châteaux.
cimetières anciens . doi^hes datées, cryptes,
cuves baptismales el bénitiers, églises remar-
(juables, cgii-es fortinéos. inscriptions et
éj)ila|)hes, lanterne des morts, litres seigneu-
riales, monuments et restes celtiques, monu-
ments civils du moyen âge, moules anciens
à hosties, |)eintures murales, lieux di; pèle-
rinage, salles capilulaires et cloîtres, souter-
rains, tableaux. 10 fr.
09. iiiLLETixs (le la Société historique el lit-
téraire de Tournai. Tome VM. Année 1861.
In-8° de 300 |)ages. — Relations du siège de
Tournai, en 174o, documents fournis par
M. le vicaire général Voisin. — Les Brigit-
tinsde Peruwel/.et plan de leur couvent, par
.M. Hachez. — Seigneuries du chapitre de
Tournai dans le llainaut. — Droits seigneu'
riaux de l'ahliaye de Sainl-.Martin de Tour-
nai, à Buissenal. comiiuinications faites par
M. le vicaire général Voisin. — Conq)les de
1 4t 2. ce que coulait au moyen âge une exé-
cution capitale, par .M. Bozière. — Descrip-
tion du sceau en ivoire du chapitre de la l'a-
thédrale de Tournai, son ancienneté, par
M. le vicaire général Voisin. — (^o vo-
lume. 8 fr.
70. CASTELNAU-DLSSRNAl LT. - Oiel>
eitOGRÈs onl faits les études archéologiques
dans la Gironde, depuis quinze ans environ ?
Le goût de ces éludes teii'1-il ii se répandre
et à s'accroître dans le deiiailemeni :' Ré-
ponse il la première question du progiamiiie
de la 4' section du congres scientifique de
Bordeaux, parle inaripiis do Castelnau-d'l'^s-
senault. ln-8" de II pages.
71. C\T,M.O(.ri-; des livres rares et curieux,
manuscrits et imprimi's, la plupart ornés de
belles reliures françaises el italiennes des
XVI' et xvir' siècles, provenant du cabinet de
M. F.ugéne P. In-S" de iv-llo pages. —
Théologie, jurisprudence, sciences et arts,
bclles-leities, histoire et géographie.
72. Cat.\lo(;ii; des livres anciens et modernes
composant la bibliollieque de feu .M. Émnric
David, membre de l'Institut, ave.- une notice
bibliographique par P. L. J\coiî, bibliophile.
1l/l
ANNALES ARCHÉOLOGIOL'ES.
In-S° (le x\-od3 p:igcs. — Théologie. Juris-
prudence. Sciences et arts. Belles-Lettres.
Histoire. — Ce volume. 5 fr.
7.3. C,\TALoGi:i-: (les tableaux, des sculptures de
la renaissance et des niajoli(|ues du .Mus(_V
Napoléon III. ln-li> de 248 pages. 1 fr. 23
7i. C.ATvi.oGiE (les bijoux du .Musée Xajio-
leon III. I11-I2 de 228 pages et de deux
planclies. — Diadèmes et couronnes, épin-
gles ;i clicNenx. pendants d'oreilles, colliers,
fibules, bracelets, bagues, pièces détiichées,
fragment.s divers de bijoux et d'autres orne-
ments, objets de culte, terres cuites do-
rées pour la |)lupart. scaralées, ambres et
ivoires. t fr. ■}'.'>
''■>. Cataiiigik des objet-; pro\ criant de la
mission de l'hi'nicie. dirigée par Krnest lîe-
nan, membre de l'Institnl. In- Mi de .'io pages.
— Pierres ayant fait partie de monuments,
bas-reliefs, ('pilaiilies. tries et coill'ures. cip-
pes funéraires, linteaux de portes de temples,
autels, sarcopliages trouvés dans la nécropole
de Saïda. lions ou S|ihinx. inscriptions giec-
(pies et phéniciennes, chapiteaux et palmettes
grecs, fragments divers d'architecture, de
sarcophages, d'autels et de statues, colon-
nettes et globes, pierres votives, bas-reliefs
égyptiens, plâtres et |)oids , toiles, poteries,
divinités, bijoux, monnaies, amulettes, ver-
reries, ustensiles do toilette en ivoire, osse-
ments, instruments en fer et chaîne; mosaï-
que trouvée près de Sour (pavé d'une église
dédiée à Saint-Christophe . et représentant,
dans ses bas cotés, les douze mois, les ([uatrc
saisons et les quatre vents. .'iO c.
Tf). (^AL'.MONT de.— .Vbkcédmre, ou Rudi-
ment d'archéologie ère gallo-romaine) , par
M. de Cai'mont, directeur de l'Institut des
provinces et de la Société française d'archéo-
logie pour la conservation des monuments
historiques. In-.S" de \ii-l'.(8 pages et de
nombreuses gravures .sur bois. — Conquête
de la Gaule par les Romains. Géographie de
la Gaule après la concpiète. auteurs anciens.
Notice destJaules. des dignités de l'empire.
Voies romaines, leur construction. Pyramides
monumentales. Pavés , air(\s , mosaïques.
Principes de l'architecture romaine, ordres
di\ers. Klude des monuments ]iulilics: bains,
accpieducs, ponts en bois et en pierre, murs
de quais, places, forums, basili(|ues. arcs de
triomphe, temples, autel.s, édifices consacrés
aux jeux publics, obélisques, cir(|ues, théâ-
tres, amphithéâtres, palais. Édifices privés
de la ville et de la campagne. Inhumations,
urnes cinéraires, mausolées, stèles ou tom-
beaux ordinaires, sarcophages en pierre et
en plomb. Lpigraphie tuniulaire. Objets et
statues en métal et en terre cuite. Organisa-
tion des troupes romaines. Camps et consi-
dérations sur les camps. Ce volume, comme
chacun des deux premiers. 7 fr. .jO
77. (!l'Mii'. — llisTiiiiîE et description de Notre-
Dame de Reims, par l'abbé Cn. ('eiif, cha-
noine honoraire, avec la collaboration de
P.C. IL, professeur de rhétoricpie ; dédiée
à Son Èminence le cardinal Gousset, arclie-
vèipie de Reims. Tome II et dernier. Descrip-
tion. In-S" de 620 pages avec gravures sur
métal et sur bois. — Généralités : aspect gé-
néral de la cathédrale, dimensions, orien-
lalinii, niateri.iux de construction. Extérieur
de l'édifice : architecture et iconographie.
Intérieur : vue d'ensemble et proportions,
iconographie et statuaire, détails d'ornemen-
tation. .Mobilier : vandalisme du xvtii'" siècle;
description des autels, fonts baptismaux,
pierres tumulain^s. grilles, orgues, portes,
stalles, confessionnaux, tapisseries, tableaux
et vitraux. Trésor de la cathédrale : reli-
i|uairi's. vases en or. en argent et en cuivre,
ornements sacrés, dentelles, dais et tentures.
Pièces justificatives. .Vddition au l'"' vohnne :
lettre de Guillaume Briçonnet. archevêque
de Reims , I.j02j demandant des secours
pour la restauration do la cathédrale. — Ce
deuxième volume. 6 fr. .'JO c. ; l'ouvrage
complet. 1 .3 fr.
78. Cn.\LON. — Plaqie sépulcrale de Jacob
Cavalli i 1384), par R. Chalox. In-S" de 2
pages et d'une planche.
79. CII.VPPL'IS. Étude archéologique et géo-
graphiciue sur la vallée de Barcclonnetle, ii
r.ll'.l.l()(;il\l'lllK D'ART KT D'AllClIKOLOdl K.
115
l'époque celtique, jiar Ciiarlks C.ii vrpii>,
professeur de pliilosopliie à la r.iculié de-;
lettres do Besançon. In-8" de 92 paires et de
6 planches. — Description des pays qui
composent la \allee de liarcelonnctte et des
objets celliques et romains découverts sur ce
territoire. .! fr.
.SO. (lOCIŒT. — G vm;iui-: dieppoise. Notices
biograplii(iues sur les hommes célèbres ou
utiles de Dieppe et de larrondiss 'ment. Col-
lection formée par M. l'alilté (^ociikt, inspec-
teur des momiineiits historiques et reli^jieux
de la S 'ine-lnférieure. Seconde édition. I Sfii,
In-S" de 121 pages et du portrait de l'au-
teur, i fr. .'i(l
■SI. COUIÎLI"!'. — I.K MON \:r i.i: uokif ,=cul|i-
lés aux portails des églises. par l'abbé .1. (!oii-
BLET. mendire de la ."Société impériale de-
antiquaires de France. In-S" de 2 ! pages el
d'une planche représentant une sculpture du
porche principal de Saint-Vulfran d'.Vbbe-
ville. I fr.
82. Le CoitRiîspoNDVNT. Nouvelle série. Tome
dix-neuvième. I,V<- de la collection, 1S02.—
Recueil périodique, paraissant le 2'j de cha-
que mois, par livraison de 200 pa.ses. et
formant, ii la fin de l'année, trois volumes de
700 pages cliacmi. — .\bonnemetit d'un an.
pour Paris et les départements, 2-3 fr. CluKpie
livrais(m séparée. 3 fr. : par la p.>ste. .i f. 'M)
S.i. D.VUCKl..— Kxc.i nsioN arlisti(pie en Alle-
magne, par .\. D\nci:i.. attaché ii la conser- '
vation des .Musées impériaux, tjraiid in-8"ile
218 pages. — Vienne: ville et <-allié(hale.
détails de nururs, collections diverses, tré-
sor impérial, belvédère, abbaye de Klo.-iter-
neuburg. Prague : ville, pont sur la Moldau.
cathédrale, cimetière juif, musée histori(|ue.
Dresde : galerie de tableaux, musée liistori-
(pie. trésor royal, palais japon. nm-;ee des
antiques. Bamberg : cathédrale, son archi-
tecture. inDuence française, la statuaire. Nu-
remberg: ville, église Sainl-St-bald. église
Saint-Laurent, portrait |)ar .VIbort Dtiror. ci-
metière. Katisbonne : ville, Saint-Jacques-
des-Éccssais, Sainl-Emmerand, la catliéilrale.
l'hôtel de ville, coutume des paysans. .Mu-
nich : ville moderne, glyptothè(iuo, école,
musée el collections, bibliothèque. .\ug<-
bourg : cathédrale, les deux llolbein. Ulm :
cathédrale, chemins de fer allemands, château
d'Ileiilelber.L'. cabinet d'antiquités de Darm-
stadt. Francfort : vieille ville, cathédrale,
efligies lunudaires. museo. Cologne : ses
égli.seset .sa c.ithédrale, I résors .-;acrés. émaux
rhénans, anciennes écoles allemandes et lla-
mandes, peintres de l'.Mleiuagne méridionale,
la Renaissance. Fsspn : église el trésor. .\ix-
la-(;iia|ielle : dôme et trésor, lluy fHelgi-
que) : église el châsses. 4 fr.
84. DEL.^NGF. — Rkcueii. de toules les pièces
connues jus(|u'à ce jour de la faïence fran-
çaise, dite faïence de lleni-i 11 et Diane de
Poitiers, dessinées par Cmu.i: Dki.wok, et
publiée^ par Hemu el Caiu.i: Dei.ancji:. In-
fol. de 27 pages de texte et de 48 planches
coloriées: publication sjilenilide. — 1,'ou-
\ra.ge complet. 144 fi-.
8o. DELGADO. — Mi;moiiia historiée critica
sobre el gran di.sco de Tlieodosio.encontrado
iMi Almendralejo, li'id.i a l.i l'cal academia de
la historia . por su aniiciiario dun .\\tonio
Delgado . en la juiil.i ordinana (li> '.( de' se-
tiembre de 18'i8. ln-4" de .s.î pages, — Des-
cription du disque di> Théodose. inlerpré-
laliori di' lïn-criplinn qui se di\ise en ti'ois
pallies. ili'S ligures el des emblèmes.
S(i. DEMMIN. — Ri;ciii:ncin;s sur la priorité
de la renaissance de l'a ri allemand. — Faïences
du xiii'' siècle, terres cuites emaillées du
v siècle, par .Vicisti-, De.mmix. Iu-IS de '.Ui
pages. Suivant .M. Demmiri. la renais.sance
de l'art serait soi'lie de l'.MIeniagni-' p mr se
répandre ensuite en Italie el dans le reste de
l'Europe : Ihi'M'. in-oulenable. ipie démen-
tent toutes les dates el toutes lis œuvres, et
(pi'un Allemand seul, par amour exagéré de
la pairie, pouvait défendi'e. :î fr.
87. DEScHierioN raisoniu'e d'une collection
choisie d'anciens manuscrits de documents
iiistori(pies et decharics réunis par les soins
de J. Techeneb. et avec les prix de chacun
116
ANNALES ARCIIÉOLOGIOUES.
il'rii\. l'reniif'io partio. lu - S" ilo vi-320
[|.|i_.|.s. — C.luiix varii' il(^ bibles, livres
iriiciircs. psaulicrs. Ic^'cnilos sacrées, poêles
el pmsal.eiirs latins, pointes français, romans
(le chevalerie, chroni(]iios, L!enéaloj,'ios el
maïuiscrils ornes (le iiiiiiiaUires exécutées, à
(iillerentes époques, par des artistes de di-
verses écoles. Notices descriptives de clia-
(■(jii (11' ces inaruiscrits. pai- MM. I'. l'.vuis.
r. Lackoix. I.k l{or\ m: I.incv el A. lii.i-
(jri;T. — ''.(' vokiriii'. ■> b'.
xs. DHS VKHCiIiKS. — I. Iùiurik et r.i>
Ktiiisuits. nii (li\ ans de louilles dans les
Mareinines toscanes. |iar Noi-;i. l>Es Vkii-
(iERS, correspondant de l'InstiUit, membre
(le la Société des .Vntii]Maires de France et de
|iliisienrs sociétés élraiii:éres. l'remiére par-
lie. Un volume in-S" de l'Oi pages de teste,
el d'nn atlas d;' 40 phindies. dont 20 colo-
ri(''es. représentant des peintures murales,
des amphores et d autres objets el frairments
lroii\e< dans les touilles. — Cette [ircniiere
|iartir. le\le el allas, .'.O l'r. — La deuxième
parlie p iraitra en juillet pincliain. et coulera
l'-i ff. — l.'ouvrau'e conipicl. T'j \'r.
HO. DlidlV.N — La liiiivNM. Mii.rrAiRi:. Ilis-
loire el (l(>scriplion des villes rortillées, for-
teresses et châteaux, construits dans le pays
(pii con^li^ue act\H>llemeiit le deiiartenieiil de
la (iironde, (lendanl la domination anglaise,
par LÉO DiioivN. membre de l'.Vcadémie de
liordeanx et de plusieurs sociétés savantes.
Livraisons :»l à :':i. (Iraiid in- ("de 3 planches
cluicime et d'une ou deux leiidies de texte.
i;h,ir|iie livraison.
.i fr.
'M). Dl" MI'.tiK. — Anc.ui:(u.o(.ii; pirknéennk ;
anliipntes religieuses, histori(iues. militaires.
arlislii|nes. domestirpies et sépulcrales d'une
portion (le la Narboiuiais' el de l'.Vipntaine.
nommée plus tard No\('mpopul,(nie. nu Mo-
nimients authentiques de Ihistoire du Siid-
Onc-I de la ["rance. (Ie|uus les plus anciennes
e|iO(|nes jus(pn's au conunencement du xiii*
siècle, |(ar Ai.icx \NnitK ni" Mkge. Texte.
Tome m. Première |iarlie. Suite des monu-
ment,- nu tholoj;iques. ln-8" de 238 pages,
avec atlas in-fol. (livraison')') de (i planches.
— Texte el atlas. \i fr.
01. L)L' .MLHIL. — l'^Ti iii> sur qnelipies |i(iint>
d'archéologie et d'histoire lillrraire, par lÎDÉ-
i.ESTAND Du Méuii.. In-8" de 'ilO pages et
d'une planche. — De? formes du mariage et
des usages populaires (pii s'v rallachaient,
surtout en l'rance. pendant le moyen âge.
De l'iisaL-e. non interrom[)u ius(prà nos
io\n--. des tablettes en cire. Du développe-
ment de la tragédie en l'rance. La vie elles
ouvrages de Wace. La h'-gende de Hobert
li> Diable. Les romances es|ia^'iioles. La tapis-
serie de Baveux elson importance historique.
Les contes de bonnes femmes. .\p|iendice.
.\dditions el corrections. 8 fr.
02. ({xi'osnioN nni\erselle de |.s(i2à Londres.
Seclion l'ran(;aise. C.ATAi.odi i-; olliciel (lublié
par ordre de la commission inqiéri.ile. Grand
in-8" de olO pai:es, de 't plans du |)alais de
rex()Osition et de grav(H-es sur bois. — In-
troduction : J'Aplicatioii des abréviations et
des signes eniploM's dans le catalogue, do-
cuments otliciels, persoiuiel de la commission
impériale, tableau des (piarante classcsadop-
lées, d'après le règlement ariL'lais, pour le
groupement des produits industriels el des
(euvres d'art. Première partie (classes I à 36) ,
produits agricoles el industriels : plan suivi
pour- le cla.ssemenl de ces produits et pour la
rcdaclmn du catalogue; catalogue des pro-
duits agricoles el industriels répartis dans
les trente-six classes du règlement anglais,
et ranges dans chacune d'elles selon la situa-
tion (pri leur est attribuée dans le palais: in-
dex alphabéti(pie des exposants et des pro-
duits exposes, .\ppeiidice : i-enseignemenls
annexés au calalogue. Deux, parlie : classes
37 il 40), (iMivres d'art : documents officiels,
obser\alions piéliminaiies, catalogue des
œuvres d'art repartiesdans les quatre classes
du réi;lement anglais et rangés dans chacune
d'elles, selon la situation (pii leur- est attri-
buée dans le palais, index alphabeti(Hie de-
exposants. - '''■
'J3. FILLON el le RÛCIIEBRL'NK,
PoiTor
BinLiorrUArMiir. d'aiît i:t DAiiciiKoLOdiE.
117
el Vkndiîe. Éliulc* liisinriqucs pi ;irlislii|ius,
par B. Fii.i.oN cl 0. de Rocheuiu ni:. I'ic-
mièro et dcuxitMiiP livraison?. Iii-l" de 112
pages, de IS plamlics .«iir métal cl do plu-
sieurs gravures sur bois dans le le\te. —
Fonlenav-le4;omle : Histoire, origine, trans-
formât ions successives, naissance de la liour-
geoisie. services rendus aux sciences el au
pavs par les grands hommes de Kunlcnay.
résultais do la décadem-e du commerce ;
tombeau do la femme artiste du iir" siècle,
qui décora la villa romaine de Sainl-.Médard-
des-I'rés: de.scription do Terre-Neuve, de-
meure de Nicolas Hapin: ronai.<sance lit-
téraire et arlisli<pie en Bas-Poitou; nomen-
clature des Fonicnaisions illustres; numis-
matique et sigillographie. L'ouvrage complet,
qui aura I îo planches et environ .SOO pages
de texte. 80 fr.
'.II. FRANÇOIS.— l.i: CiiASSEin bibi.io(.iiai>iii;.
Revue l)ibliogra|)liique. littéraire, critique et
anecdotique, publiée par M. Fbvnçois. rédi-
gée par une Société de bibliogra[>lios et de
bibliophiles, suivie d'une notice de livres
rares el curieux, la plupart non cités, à prix
marqués. Parait, chaque mois, par livrai-
sons in-8" do 3G pages chacune. .Vbonne-
ment d'un an pour Paris ut les départe-
ments. 6 fr.
'Yo. FRACCJ.V. — Egest.v ci suoi nionumenti,
lavoro storico-arclieologico (Ségeste et ses
monuments, travail historique et archéolo-
gique;, parGiovANM Fhacç.ia. Giand in-S"
de 160 pages.
96. FR.VCCI.V. — PuEvicNTivv Si'osizione di
taluni monumenti Segeslani inediti e di ta-
lune nuove ricerche archeologiclic (Exposi-
tion préalable de quel(|ues monuments iné-
dits de Ségeste, el de quelques nouvelles
recherches archéologiques), par Giovanni
Fraccia. Grand in-8" de 4i pages avec
2 planches de numismali(jue.
97. GOD.\RD. — Sv.MBOLiSME de la nouvelle
église ?aint-.\ndré, à Rayonne, au triple
point de vue de rarchileclure, delà peinture
et de la musique. Esquisse de monographie
x.vii.
cliretienne. par l'abbé C.-F. Godard, curé
de Saiiit-filienne do Rayonne. In-.S° de 72
piges. — Prologue. .Vrchiteclure. Pointure.
.Musiquo. l'.pilogue. I fr. 'iO
98. IIAN.M'FR. — Lies Annales et la chro-
nique dos Dominicains do Golmar, publiées
par. MM. lii;nMU) et Lini.iN. Ktiue criliiiue.
par l'abbé IIanaiicu. professeur au (jymnase
calholii|ue do Golaiar. In-S" de oO pages. —
Première partie : examen des (piestions gé-
nérales auxquelles M.M. Géumiu et Libi.in
ont consiicré leur [iréfaco. — Deuxième par-
ti(> : l'tud.' du corps même do l'ouvrage, de
la réiuqires-ioii et traduction du manuscrit
do Stuttgard. 1 fr. iJO
99. IIFFNIR-ALTENECK. — lùsENWEiiKE
oder Ornamentilk der Schmiedokunst des
Mitlelaltors und der Renaissance {« Ouvrages
et ornements en fer forgé exécutés au moyen
âge et à la renaissance >;';, représentés et dé-
crits ])ar H. (le IIefneb-.Vlteneck. con.ser-
vateur des collections réunies du roi de
Bavière. Livraisons .3 et 4. Grand in-i» de
12 [ilanches. — Chaque livraison. 4 fr.
100. IIEFNER-ALTENECK. — Ki \-tvverke
und Gorathschaflon (]o:i Jlitlol.dtors und der
Renaissance '« Objets d'art et meubles du
moyen âge el de la renaissance ■ . publiés
par .MM. G. Becker et J. Hefner-.Vlteneck.
Livniisons I à Xj. Grand in- 4° de 6 i)lanches
chacune et d'une fouille de texte. Reste à
paraître la livraison .'ÎG", qui complétera cette
importante publication. — Chaque livraison,
12 fr. ; l'ouviage complot, en .'i vol. 4:ï2 ir.
101. Histoire du doyenné de Doudeville, d'a-
près l'inventaire des Archives, par le fioven.
Seconde partie. In-S" de 601 pages. — No-
tice étymologi([uo, lopographiquo. commer-
ciale, agricole et administrative de Doude-
ville. Doyenné et doyens. Chapelles do Saint-
Léonard et de Saint-Éloi. Ruines de Vau-
tuit. Prieuré de Collemont. Maladrerie de
Sainte-Madeleine. Anciens revenus et reve-
nus actuels de l'église. Droits de sépulture.
.Vnciennes familles. Fondateurs et bienfai-
teurs. Culte des saints. Confréries diverses.
16
118
ANNALES ARGIIEOLOGIOUES.
Visites (1 Hudi's |{i.!,'ault cl, dos ai'clipvt^ques
de lioiien. l")osci'i|)tioii inloriouro do l'cii'isc-
— Môme slrtlisliijuc |iour Canville-lps-deux-
É.i;lis(\s, rKMivilli", Vii|iiriii:in', Boiiosville,
Gonzcvilld, ImiIIdI, n^iiTiiiivilIc, Ihuitcil-Sainl-
Siil|ii<'i\ Diiiidovillc. — Appendice : Droit de
prcseiilation ii la ciiie de Doude\ille; dona-
tions il ralilia\e du N'alniont; emplacement
(i(^ la cliaijelle Saint-I.éonard; cotisation des
pain re> en 1093. — Cette secnnd(^ partie,
4 IV.; les d;'ii\ parties. (j iV. 'iO
102. IlisroiiiK des Quatre lils Aynion. Deux
volumes ii;-IS de 101 et lOS pa.ïes. Curieuse
et céiéliro é|iopéo. 00 c.
103. I.NVi:xTAUii!M omnium et singuloriini pri-
vilej^iorum, litt.erarum, diplomatum, scri|)-
turarum et monumciilorum, quacciinque in
ar( lii\ii re^îiii in arce Cracoviensi conlinen-
tur, \H'v couunissarios a sacra rei;ia niajcs-
tale et republica ad revidendum et conno-
tanduni omnos seripturas in eodeni arcliivo
cxislenles deijulalos, conlectum anrio Doniini
.MiicLxxxii , cura Inbliothiica' l'olonic;c edi-
tum. !n-8" do xv-4S3 page?. 10 fr.
104. .I.VCQUEMIN. — IcoNocR.M'im: métho-
diipio du costume, du iv au xix^ siècle
(31.'j-KSI-'j) , collection gravée à l'eau-forlo
d'après do.s documents authentiques et iné-
dits, par llvi'iiAEL J.vc.QrEMiN, peintre. —
Cet ouvrai;;' se publie par livraisons men-
suelles, in-fol., contenant eliacunc 4 plan-
ches. Le |ii'ix do chaque li\raison est de
3 fr., mais aucune ne se vend sé[)arémenl.
I0'>. .lUBINAL. — .Ynciiînxks T.vnssEniEs
liisliiri(pies do France. La lapissorio de
Bajeux représentant la conquête de l'Angle-
terre en 101)0, publiée par Achille Jubinal,
député au Corps législatif. Troisième édition.
In-folio oblong do 29 pages do texte et de
2 4 iilanchos dont une en couleur. — (Car-
tonné. 70 fr.
lOG. JEBIXAL. — Une Lettre inédite de
Montaigne, accompagnée d'un fac-similé;
publiée, pour la première fois, par .Vcuillu
JcBiNVL, (lé[iuto au Corps législatif. Troi-
sième édition. In-S" do 32 pages. 3 fr.
107. LABAT. — Esthétique des huit modes
du plain-chant. Elude sur le caractère par-
ticulier de chaque mode, sous 1(> rapport de
l'expression et do l'ell'et religieux, spéciale-
ment destinée aux ecclésiastiques, profes-
seurs do chant liturgiipie, élèves des sémi-
naires, etc., par .l.-B. Labat, organiste de
la cathédrale do Montauban, nuMnbre de
plusieurs sociétés sa\anles. ln-8" de 24 pa-
ges. — lîxposition sommaire des principes
du |ilain-chant. Esthétique du plain-cliant.
opinions des saints Bernard, Ambroise et
Thomas d'Aquiii. 1 fr.
108. LABOUR.— La Peinture et les peintres
italiens, traduit de l'anglais do madame Ja-
raeson, par Eernand Laboiiî. In-I2devi-
414 pages. — Vies des peintres Giovanni
Cimabue, Giotto, Lorenzo (ihiborti, Masac-
cio, l'iiilippo Lijipi ol Angelico da Eiesole.
Benozzo Gozzoli, Andréa (lastagno et Luca
Signorelli, Domenico Ghirlandajo, Andréa
Mantegna, des Bollini , l'iolro Perugino,
Erancia, EraBartolommeo, Leonardoda Vinci,
Michel Angiolo, .Vndrea del Sarto, liafîaello
Sanzio, dos élèves de Raphaël, du Cor-
rége , etc. — lÀ'tte histoire do la pointure et
des peintres italiens se termine il Giacomo
Bassano, né en KJIO, mort en l'VJ2. 3 fr. 50
109. LACROIX. — Annuaire des Artistes et
des amateurs, publié [)ar Paul Lacroix,
conservateur de la bibliothèque do l'Arsenal,
membre du Comité d'archéologie , avec la
collaboration de M.M. de la Ciiavignerie,
BuRGER, G. Brunet, A. Couder, P. CnÉ-
rox, 11. DÉON, Dauban, J. Duseigneur,
Y. FOURNEL, A. MlCUIELS, JMUNULER, II.
Vernet. 3" année. 1862. Grand in- 8° de
404 pages. — Renseignements olBciels.
Adresses des artistes et des amateurs do-
micilies il Paris, dos marchands do tableaux,
experts, restaurateurs do tableaux, édi-
teurs, etc. Notices sur les beaux-arts, do-
cumonts et mélanges historiques, procédés,
inventions, découvertes, nécrologie artisti-
que do l'année 1801. École française. Écoles
étrangères. — Ce volume, comme chacun
des deux premiers. 'i fr-
Bini.iocnAr'iiiF. n'Ani i;t d'arciikolocii:.
19
110. I.A FEHRIRRE-I'KUCV.— Um: I-miuiqif.
(le fiiï(>nc(> . à Lvon . sons le n'i;ru' de
lloiiii 11. par 1(> co:nle do l-v Fi;iiiiii;nF,-
Pkrcy. In-H" de Iti paire.-:. — l'ahiiqno fon-
dée par des artiste,-; venus d'Italie; charte
de Henri II. autoris;inl l'étalilis-enient de
celte fabriiiue par Julien (iainlnri et I)o-
inenjje Tardesier Bililiotliécpie impériale ;
délibération consulaire du î'S lévrier l-i-'io-'iti
j'.Vrcliives de Lyon . accordant à Sebastien
GrilTo, marcband ïi-nois. l'autorisiilioii d'é-
tablir ii Lyon une raliri(iue de laïence. I (r.
III. l.AINXKL. — Dis iiioi B\noi us ai\
FÉi.iuRK.s. Kludes sur la poésie provençale,
par le marquis Louis de Lmncei.. ln-12 de
ill panes. — Paris et la l'ro\ince. Coup
d'œil sur la poésie provençale depuis son
origine jus(|u'à nos jours. Les Félibres,
troubadoui-s modernes. — Iranien au point
de vue philologique. Fxanien au ]ioint di^ ;
vue moral, .\pologne l)istori(|ue. Espagne et
Provence. Troubadours provençaux. Litté-
rature actuelle en province. Notes et appen-
dices. Influence de la langue romane du midi
de la France. Poëmes épiques provençaux.
De l'imitation en provençal. De la littérature
espagnole et de l'esprit chevaleresque. Ta-
bleau historique de la langue parlée dans le
midi de la France, par M. Mary-Lafon.
Épitaphes de Bellol. Bibliographie |)roven-
çale. — Ce volume. 3 fr. 'iO
112. L.VINÉ. — .Vlbim de blasons des .ar-
chives généalogiques el liLstoriques de la
noblesse de France, augmentés d'une table
alphabétique de chaque famille, par Laink.
Un volume in-8° de 'JO pages. 8 fr.
113. LEFEUVE.— Lks .\n(.iennes M.visons.
Notice faisant partie de l'ouvrage intitulé :
« Les anciennes maisons de Paris sous Na-
poléon III ». par Lkfkive. .Monographies
publiées par livraisons séparées, avec talile
de concordance à la fin du recueil. Ouvra.ge
complet. 90 fr. ; chaque livraison vendus
séparément. I fr. (iO
lli. LE PIU;\0.sT. — MÉMOIRES ET .N0TE> ,
de .M. .\uguste Le Prévost, pour servir a
l'histoire du département de l'Eure, recueil-
lis et puliliés sous les auspic's du Conseil
gcnéral et de la Société libre d'agriculture,
.-iciences. arts et lielles-leltres de l'F.ure. par
.MM. Li:oi>oi.n Dei.isi.'. et Lons Pvssv.
Tome I■^— l'''' partie, ln-8" de x\v-2()i pa-
;;,.<. —Xoiicp jur .\uguste Le-Pievosl. par
A. Pas-v. Catalogue des ouvrages île .M. Le
Prévost : histoire, archéologie, littérature,
sciences et agriculture. Notice historique et
archéologique sur le départemeni de l'Eure,
époques gauloise et romaine. Notes pour
servir à la lipographie el à l'hisloire des
communes du département de l'Eure au
nioven âge. par ordre alphabétique. —Cette
première partie. ■') fr.
II'). LINAS (Cil. de). — An<:iens \'i';temi;nts
SACERDoTAi \ et anciens tissus conservés en
l'Vance. par Charles m: Linas. Deu\iènie
série, (jrand in-S" de iHi pages et de
10 planches en noir ou en couleur. — Au-
mônières et poches chez les anciens. .Mou-
choirs de poche en usage chez les Perses,
les lioniains et les Byzantins ; bi)ur,ses
grecques et romaines: poches et boui-,ses
dans l'enqnre d'Orient : Vêtement de Man\iel
el do Jean Paléologue: ornement des man-
teaux Irtzmtin-;; poches et bourse- g.iuloises
du moyen âge. tas.ses et tassettes. de l'au-
moniére en gi'néral. — ( Ponlificalia » de
S. Loui.s. evèipie de Toulouse, conservés à
Brignoles : saint Louis d'Anjou et ses mo-
numents; sa f.imille. sa vie el sa mort:
sa canonisation, ses po'-lraits. ses reliques
et leurs reliquaires: dalmitiquo de saint
Louis, origine des tissus (]ui la compo-
sent; lunicelles épiscopalcs, antiquité et
usage de la luni<|ue el de la ilalmatiq ie.
consiilérées comme vêtements épiscopaux :
rubriipies particulières aux lunii-clles, leurs
rangs divers, leur forme, couleur et matière;
leur svndjolisme. .Mitre de .viint Louis;
mitre chez les anciens, mitre sacerdotale des
juifs; origine et formes primitives de la
mitre épiscopale, formes de la mitre à partir
du .\t' siècle; matière, forme, couleur el
120
ANNAL KS ARClIKOLOOIOrKS.
oiMcmi-nliilidii cil' 1,1 mille; iismi;os litiiri;!-
qucs ri s\ iiiljolisMU' (le lii niilri". — CaHU'
scccinili' si'i'ic, planclips iioiros. Kl IV.; plan-
clic'scoldrJiHS. 1() fr.
110. l.OlilOUKT. — Lx Mi.s.UQiE des prouie-
iiades et autres trouvées à Reims. Élude sur
les mosaï(]ues et sur les jeux deramphilliéà-
tre. par Chaules Loriquet, bibliothécaire
et aivliiviste de la ville do Reims, secrétaire
général de l'Académie, l'ii fort volume in-8°
de \\-4i7 pa.ees et de IS planches, dont
plusieurs coloriées, avec une photoj;rapliie.
— Première partie : Découvertes faites dans
les promenades do Reims, indications topo-
graphiipies fournies |iar les fouilles. é|iO([UC
présumée à laipielie remonte la destruction
de cette partie de l'ancienne ville. —
Deuxième partie : Des nio.sa'iques en général
et de la consiruclion des pavés, parliculière-
ment dans les thermes; mo.saïques trouvées
il Reims, descri|ition de chacune d'elles. —
Troisième |iarUe : État, dimensions et orne-
mentation de la mo.saïque des promenades:
e\()lication du sujet qu'elle représente: jeux
du cii<pie et de l'amphithéâtre, gladiateurs
et bestiaires: dilTérentes classes de gladia-
teurs; description de chacun des talileaux
de la mosa'iqiie; stjle et âge de la mosa'ùpie:
destination indiquée par le choix du sujet et
par l'état des lieux, etc. 20 fr.
117. IIAGMX. — Histoire des marionnette>
en lùiro]je, de|)uis l'antiquité ju.squ'ii nos
jours, par Charles .Mag.xi.n, membre de
l'Institut. Deuxième édition, revue et corri-
gée. In- 18 Jésus de .'^^)2 pages. — Livre
premier : Les marionnettes dans l'antiquité,
la sculpture mobile, marionnettes hiératiques
chez les Égyptiens, chez les Grecs, chez les
Romains, statuettes convivales, jouets d'en-
fants, personnel, matériel et réjjertoire des
marionnettes aristocratiipies et po|uilairesen
Grèce et à Rome, forme et disposition des
théâtres, caractères, costumes et répertoire
des marionnettes. — Livre deuxième : Ma-
rionnettes au moyen âge. l'art nouveau, Dé-
dale et saint Luc, symbolisme chrétien pen-
dant les premiers siècles, crucifix et madones
mus par des ressorts, sculpleurs-mécanicien-
accusés de magie, grandes marionnettes,
canticiues explicatifs. — Livre troisième :
Marionnettes en Italie, automates hydrauli-
ques, noms des marionnettes, leur Ihéàlre ii
Rome, il Milan, ii Venise, ii Turin, masques
anciens et nouveaux. — Livre (luatrièinc el
suivants : Marionnettes en Espagne, en
France, en .\ngleterre. en Allemagne, et dans
les contrées du Nord, chez les princes et dans
le monde élégant. 3 fr.
1 18. MÉ.MOIRES de la Société archéologique du
dé[)artemeiit d'Ille-et-Yilaine. Année 1861.
Grand in-8" de 294 pages et de 4 planches
dont deux doubles. — Répertoire archéolo-
gique du dé|)artement, par l'abbé Rrl.ne.
Monuments celtitjues de la province d'Alger,
par André. Klat des forces romaines en
Bretagne, vers le v siècle, d'après la « Xo-
tice des dignités do l'empire », parE. Morin.
Servage en Bretagne avant et depuis le
x' siècle, par A. de Lv Bordf.rie. Observa-
tions sur une particularité de construction
delà cathédrale de Dol (llle-et-Vilaine), par
l'abbé Rrcm:. Droit d'asile en Bretagne au
moyen âge. par V. ue La Bigne-Ville-
nel've. Notice sur un manuscrit de la
bibliothèque publique de Rennes, « Voyage
il la Terre-Sainte, au mont Sinaï et au cou-
vent de Sainte-Catherine », par E. Morin.
Étude sur le bas-relief d'Eleusis, par La-
PAU.ME. Xotice sur le sculpteur Jean Girouard,
par André. — Liste des membres de la
Société archéologique du dép:irlemcnt d'Ille-
et-Vilaine.
119. MÉ.M0IUES (le la Société d'agriculture,
commerce, sciences et arts du département
de la Marne. Année ISGL ■t partie. Diction-
naire géographique, historique et archéolo-
gique du département de la SKirne. Il com-
prend quatre arrondissements : Chàlons,
Épernay. Sainlo-.Menehould et Vilry-Ie-
l'rani.ais. In-S" de 381 pages. — Cette
deuxième |>ai'lie. 3 fr.
120. MÉMOIRES de la Société historique et lit-
téraire de Tournav. Tome vu. Année 1861.
BIBLIOCKM'Illi: D'AliT KT D' AIlCIlKOl.Oi; I K.
12t
In -8" lie x-3i)0 pages. — lixlrails aiialy-
liiiuos dos anciens registres îles (!onsau\ île
la ville de Tournai, i:J8o-l i22. sni\isdiine
anaivse des documents concei-n.iiil le magis-
trat, de 1211 il lioi), imlilies 11,11- H. Van-
denlirock. membre titulaire d(! la SociiHi'
lusloriiiue et lilliTaire de Touriiay. 8 fi-,
121. .M(;)rTlK. — C.AUTli.Miii: de laliliaye cle
Notre-Danie-de-la-Uoclie, de l'ordre de
Sainl-.Vugustin. au diocèse de Paris, d'a|irés
le manuscrit original de la Bilili()tlièi|ue im-
périale, enrichi de notes, d'index, et d'un
dirlioiuiaire géogniphique, sui\ i d'un précis
liistoriiiue et de la description de l'ancienne
abbaye, d'une notice sur la paroisse et la sei-
gneurie de Lévis, et do notes historitpies el
généalogiques sur le- seigneurs de Lévis, pai'
.\uguste Moutié, secrétaire di^ la Société ai-
cfiéologique de Kambouillet, membre de plu-
sieurs Sociétés savantes; sous les auspices cl
aux dépens de M. H.d'.S.Iber(, duc de I.nynes,
membre de l'Enstitut. In-l" de \\Mi-l7() pa-
ges de texte, avec un allas in-folio, carloiiné,
de 40 planches. — Texte et atlas. (iO fr.
122. ORFiivnEniE {!') religieuse lyonnaise de
1.SG2. Exposition de M. Ami vnd-I^ai.i.iat.
ln-8" de 19 pages. — Des origines de l'orfè-
vrerie à I.von. I.'orfévrerie de Lyon en I8(;2,
exposition do M. .Vi'iiiand (^alliât. Descrip-
tion de deux osteiusoirs riches, l'un sans
rayons et l'autre à dards, pour les églises de
rimmaeulée-Conception et Sainl-lî.maven-
ture de Lyon.
123. ORTIGUE (d') et CLÉMENT. — Jounwr.
DES MaîtuiSics. Revui! du chant liturgique
el de la musique religieuse, l'arail chaque
mois par numéro grand in-l" de une feuille
do texte et de morceaux de chant ou d'or-
gue empruntés aux chefs-d'œuvre classi-
ques ou composés expressément par des
maîtres contemporains. — Directeurs, .MM. i.
d'Ortiglic et F. CLÉMKNf. — .VbonneinenI
d'un an. pour Paris el la pr.jvince. \"> h.
124. P.VUIS. — Le Cabinet iiistoriqle. lîe-
vue mensuelle, contenant, avec un texte et
des pièces inédites, intéressantes ou peu
connues, le catalogue gênerai des manusciits
que renferment les liibiiolhèqui'S [lubliques
de Paris et des dep.irtemenls. touchant
l'histoire de l'ancienne l'iance. de ses di\ er-
ses localités cl des illii-lraliiins ln'ialdiques,
par Loi is Paius, ancien bibliollu'cairo do
lieiins. 8'- année. 18(12. Prix de l'abonnc-
niiMil. I 2 b-. pour Paris: I i l'i'. |iour les ilé-
parlenienls. — Les siqil ])reniiéres années
sont en \enle, ,'i 12 fr. chacune.
I 2'). PI'd.SI^L. — NoTici; liisloriqiie et ai'cliéo-
logique sur l'ancienne eha|ielle de Notre-
Dame-du-C.hemin, ,'i Sei'rigny. près Beaune
(Cole-d'Oi), par Josici'ii pKi.sri., secrétaire
de la Société des .Vniis des .Vrts de Beaune.
ln-8" de .'jo pages et de .i |ilanches dessinées
et lilliograpliiéi's pai' .Nesle, et représentant
l'absiih^ de .\ijli-e-l)anie-du-(.:heniin ;\i'' siè-
cle), des statues, di\ei's détails de la chapelle
et la coupe liansversale. 1 fr.
12ii. PlPl-^li. — Du: KM,i:NriAiiii:x und Marty-
rologicn lier Angelsacbsen. — Les Calendriers
et les .Martyi-ologes des Anglo-Saxons, lo
martyrologe et le cou 1 put dellerrad de Lands-
berg, et les annales di! is:,'.) et ISGO, par
F. PlcEH, docteur e! pi'ofe-seiir de Ihéologie
à l'L'niversilé de liei'lin. In-8" de 180 pages.
127. Pli.VHOXD. — IliSTOiiiEilecimi villes et
de ti'oiscents villages, hameaux ou fermes. —
Première partie : .Vbbex ill(> 'commune- rurales
des deux c,inb:)ns et ILillencourl, par EisxEsr
PitvuoNU. In-l 2 de r.\\xxvii-'i2:i p. — -Vgri-
cullure, aspect agricole. .\nlii|iiili'S. .\i'mes
romaines el gauloises. Bailliages. Cauq)s ro-
mains, châteaux normands. Chaussées anti-
ques et romaines. Objets d'art et peintures des
églises. Oiutumes locales. Cryptes. (lulto des
druides. Légendes. Églises romanes. Fnven-
tair(> lU'^ objelsqui décoreni les i''glis:'S. Fiefs
du \'imeu. Pi-emiers habitants du pays; leur
caractèi'e. Buines d'habilalioiis lomaines ou
gallo-romaines. Iinenlion des os de saint
.\,i7.are. .bislice, juridictions diverses. .Mé-
dailles romaines. Origine et i''tymologie des
noms. Pèlerinages. Tombes antiques. Usages,
croyances, traditions et superstitions. — luette
première iiartie. .i fr. '60
122
A\N \LKS AnClIKOl.OGIOUES.
128. I.\ l'ROPRIliTli MTTKKAIRK Cl lo doiiwino
dp I rihil. Mi'iiioiro ndrossé il hi Commission
spéciiili' de 1,1 pi-o|iii('l('' lillérairc. In-S» de
10 pngi'S. :il) c.
I l'I). PuiiLicATioNs de la Soriélc pour la re-
cluM'clio cl la conscrvalioii des moniimciits
liisloiiipios, dans le grand-dnclié de Lii\om-
boiir.i.', eonslitiice sous le palronago du roi
prand-duc. Année ISno. Tome xvi. In-'t"
de XMV-20S pages et de 4 ]ilanclies, re|irL'-
sontant des objets découxeris dans des sé-
pultures gallo-frani]ues du grand-duché, la
(■iy|ile de NicderUorn, et des signes lapi-
daires.— Abbaye d'Rchternacli, par Wurtii-
Paquet, ])résident de la cour supérieure de
justice. Taille clironologiquo des cliai'tcs et
diplomi^s rclalils ii l'histoire de l'ancien pays
de Luxembourg, règne de Henri IK : 1282-
1288), par le même. I)escri|)tion do la
crypte de Niederkorn. par M. AiU':.\1)t, ar-
chitecte de Pfttat. Notice sur les sépultures
gallo-fran(pies. par le dodcur .\. Namlr.
etc. — Ce volume. i fr.
130. Ri:XOlVn:U — .Iicnw df. rV\iiis, var-
let de chambre et peintre ordinaire des rois
Charles VIII cl Louis XII, par .1. Iîiîxoivier.
précédé d'une notice biographii|ue sur la vie
et les ouvrages de Renouvier, avec la biblio-
graphiecomplete doses œu\ res. par(jiîoiu;ES
Dupi-Essis. In-S» sur papier vergé, de 3G pa-
ges et d'une planche. o fr.
131. Hevce de l'année religieuse, politique,
philosoplii(pio et littéraire. Tableau annuel
des [irincipalcs ]iroduclions de la Ihéologic,
de la philo.sophie, de l'histoire, do la littéra-
ture, etc., par une société d'écrivains ecclé-
siastiques et la'iques sous la diicction di'
M. 1". DiiLiiÉ DE Saint-I'uojet. — Deuxième
année. 1862. 1 vol. in-12 de !J28 pages. —
Comme en 1861, ci^tle revue groupe et ana-
lyse enseml)lc les ouvrages les plus impor-
tants publiés dans le courant de l'année.
Politique et Relic.io>% par .MM. Duilhé de
Sainl-Projet, F. Ijiiutan, le frère Fretté,
l'ablu'' Laui.i7.ou. le prince Galitzin, 1 abbé
Roipies, et l'abbé Meignan; I'iiilosopiiir,
par.M.rab'ieBarbo; Histoire, par MM. labbé
Latou. l'abbé Rarba, l'abbé Goux. 0. De-
peyre; Archéologie, [lar .M. R. Carrière ;
LiTTÉHATlKE, par MM. l'alibé A. LézaI,
V. Fouriiel, II. de Roruier, l'abbé Delacroix,
et M""' d(^ Marcey; Droit, |iar M. (1. Rres-
solles; Scii;nces, parle D'' A..lanot; Ricaix-
Arts, ])ar V. Fouru-l. File se termine par
un coup d'ceil sur les journaux et les revues
périodiques et contient une table des noms
des auteurs mentionnés dans ses diverses
divisions. Cha(|ue année. 3 fr. ">(i
132. Revii; conlemporaine iRevuc européenne
et Alheiueiini français), 1862. xr année. —
deuxième série. Tome xxvi', lxi'' de la
collection. Parait le i-j et le 30 de chaque
mois, par livraisons de I4à 1o feuilles d'im-
pression, contenant la matière d'un volume
de 000 pages: elle forme, tous les deux
mois, un volume de 1,000 pages environ, six
volumes [lar an: plus un supplément d^
« bulletin bibliographique », formant à part
un 7'' volume. — Prix <le l'abonnement :
l'aris, un an, iiO fr. ; départements. 'JG fr.
133. Revue du mouvement calholique. Philo-
sophie, histoire, littératun-, bibliographie.
Premiéi'c année. 1862. Parait le 10 de chaque
mois, par numéro in-8" de 48 pages. Abon-
nement d'un an, pour Paris et les dépar-
tements. 8 fr.
13i-. RIVIFRE. — Les Miracles de saint Mar-
tin, le grand thaumaturge des Gaules, dexant
le conseil municipal de Tours, jiar A. Ri-
vière, avocat. Grand in-8'' de 64 pages. —
Lettre à .M. Marchant, ingénieur, membre
du conseil municipal de Tours. Le conseil
municijial et le mandement de U"' l'arche-
vèipie de Tours. Saint Martin devant l'his-
toire. Les liagiographes. Ingénieuse critique
d''hagiographe appliquée il l'histoire des mi-
racles. Discrétion des liagiographes de saint
Martin. Le saint niarleau et le marteau ré-
volutionnaire, etc. Conclusion. — Mémoire
voltairicn et dont le but est d'empêcher la
reconsiruction si di'sirée de l'ancienne église
de Saint-Martin de Tours.
n.i. RORILLARD de BEAUREPAIRE.- Re-
Bll!I,l()i;iiVl'llli: D'.Vr.T F.T D'AliC.lIKOLOOIi:.
123
criEnciiES sur los aiu'ii'iiiios |irisons do lioiu'ii,
par Cil. m: lloiiii.i.Aui) m: liicvi RiiPAini:, ai-
chivislo du (l('()arloiui'iil de lu Soiuo-InlV'-
rieurc. Iii-S" do <Jl |ki.l'os. — lV>.slirisoiis eu
général. I'ri>()ii> eeclésiasliiiue-; à lîiiuen.
Prisons de la justice séeuliere. ()lùi\ res de
miséricorde il l'éiiard des prisonniers; cha-
pelles, chapelains; iiràces accordées ii I occa-
sion des fêtes reli.ïieuses. l'risons de Uouen
pendant la Ucvolution. — Xolicesur les mai-
sons de force de la généralité de liouen avant
nyo.
130. UOl'.IT.Ml.Lli. — Vu: de saint l'aul Ser-e,
suivii! d'une dissertation où l'on prouve
qu'il est le fondateur d(' l'é.ulise de Narhoiine,
par l'abhé Robitailli: , chaiioiue titulaire
d'Arras. In-18 de 180 pages. I l'r.
137. ROlilT.VII.LE. — Vu: de sainte l'rsule.
suivie d'une courte notice des maisons
d'L'rsulines du diocèse, et d'une étude ar-
chéolo.i:i(|ue sur la légende de la .sainte, par
l'abbé lioHiTAii.LE. chanoine titulaire t\c la
cathédrale d'.Vrras. In-lS de 41 pages.
]U. ROlilTAll.Li:. — Coip d'oi-ii. sur l'épo-
que de la prédication de l'Kvangile dans la
Gaule-Beli;iipie et la Giande-Bretagne, suivi
d'une réponse auK objections des adver-
saires, par l'abbé Roiiitaili-E. chanoine
titulaire de la cathédrale d'.Vrras. In-IS de
75 pages.
139. UOSCII.VCII. — Saint->'eiimn-. Éludes
d'art et d'histoire, par liiiNicsT Ro.scriAcii.
In-S" de 48 pages. — Souvenirs rétrospec-
tifs. Description intérieure de Saint-.Sernin.
Tableau de la Sainle-rauiille, du Oori'égc
Procession des chasses, le 17 mai.
140. ROSICXZW'EKi. — Statistiqi'e archéolo-
gique de l'arrondissomenl de .Xapoléonville,
par RosKNZWiciG. In-8°de 330 pages.— .Mo-
numents religieux d'architecture en partie
romane, en partie golhicpie; monuments re-
ligieux d'architecture gothi<pie, de la renais-
sance, etc.; liste des étalilissements de Tem-
pliers; dos divers ouvriers charpentiers,
sculpteurs, maçons, verriers, peintres cités
dans cet ouvrage; relevé des objets d'art, et
de mobilier monlionnés dans la slatisliipii^;
dos lochs et des inonumenls militaires du
moMMi à:,'c dont les ruines sont encore im-
[lorlanles. .Maisons anciennes des \v, xvi'' et
wic siècles. î fi'.
l'rl. HO.^TAX. — (!ai\ti,'I,aiiuc municipal de
Sainl-Maxiinin, sui\i de documents |iuisi''S
dans les archives de cette \ille; piibli('' par
f.. RosTAN, correspondant du miiiistèi'o de
rinslriiction publique pour les travaux his-
lori(pies. sous les auspices el aux iii''|iens de
M. 11. ii'.Vi.iii:irr, duc ni: I.L'ïXiiS. membre de
l'Iiistilut. In-i" de xv-lS'i ikiv'os. (lartul.iire
de la tin du xiv siècle ou du commencement
du x\' ; l'écriture des diverses chartes dont
il est composé porte li>s caractères de ces
deux épo(pies. 11 renferine l'Iiisloire |)oli-
tique. ailministralive, judiciaire île Saint-
Maxiiniii. depuis la tin du xiii'' siècle jus-
qu'au commencemeiU du xv. sous les comtes
des deux maisons d'.Vnjou. — .\ la publica-
tion de ce Curliilaire, .AI. Rostan a joint des
notes historiques pour servii' d'cvplicalion
au texli' dos diveises charles, i^t plusieurs
dnciiments appartonanl aux arcliives de
.'^aint-.Maximin. 10 fr.
141 ROL'til'iT. — .\oTici: sur.Vbel de Pujol.
peintre d'histoire, membi-e de l'Institut, né
à \'aloncionnes (Xonl). le iO jan\ ier I78.'>.
mori il l'.iris le 2.S septembi-e Lsiil, par
Gi:oiic,i;s Roi'gi;t, poinire d'lii>toiie. Iii-S"
de il pages.
143. ROV. — l,'oriciiEST!iiN'o-(jLi;.Mi NT. Solu-
tion du problème di^s sons conliiius sur le
piano. Mémoire lu dans la séance du i jan-
vier lS(i2, de la Société d'agriculture, com-
merce, sciiMices et ait-; du di''parlemont de
la Marne, par .1. Rov, ollicior eu reiraite,
mombiv de la Société d'agriciillure di- la
Marne, bi-8" de 22 pages. I fr.
14i. SAINT-.VNDI'OI, (de). —Notice sur les
églises d(^ l'énol et du .Mollior. Lecture l'aile
à r.Vcadémio delpliinale, dans la séanci" ilu
27 a\ril IHIU), par .M. ue Sai.\t-.\\i)i';oi,.
In-S" do I.') pa.L'os et de 2 planches. — Tiré
il (piarante exemplaires. :i fr.
12i
ANNALKS Ar.CHEOLOGinUES.
1 1:;. SAINT-AXDKOL :(lo).— ÀPicnçi: j;(>ogra-
|ilii(iuc' siif le pays dis Ilolvieiis. (lp[)\ii> la
i'i)Mi|urto roinaiiio jusqu'au viii'' sii'clc. Lpc-
luro faite à l'Académio delpliinalc, dans la
séance du î'i niai I.StiO. par M. i>i-: Saint-
An[)K()L. Iii-N" de il pa;,'i'S el d'une earte. —
\'(iies ruuiaines, ponts, ehàteaux et camps
loniains; noms supposés des châteaux et des
camps; montagnes, vallées, territoires, ri-
\iéres. ruisseaux, villes et villages, temples,
égli-ies, maisons de campagnes, u villop ».
bains rom.iins, toml)eau\. pierres sacrifica-
toires et monuments celtiques. o fr.
116. SAINT-LAURENT [dei. — Bouqufts de
Heurs de la vie des saints. Les .Vmmaux mo-
i>èij:s il l'école des saints, par PL GiuMotAnn
DE Saint-Lai iiExr. auteur des « Fleurs de
Sainte-Enfance «. In-1 î de XL-2.Si pages. —
Les animaux au temps des patriarches, des
prophètes, du Sauveur, des apôtres, des
martyrs, des pères du désert, des premiers
moines d'Occident, des barbares convertis,
des missions et des chrétientés nouvelles.
L'iconograpliii" aurait plus d'un fait à re-
cueillir dans ce livre écrit pour des enfants
chrétiens.
117. SC.nAEPKENS. — L'Église di' Sainl-
l'ierre. ;l Saint-Trond, par Arnaud Sciiaei'-
kens. In-S" de 2 p;iges et d'une planclie re-
pré.sentant l'intéressante église romane que
M. Schaepkens décrit.
lis. SCHAEPKENS. — L'Éi;lise d'Eyck ,
dans le Lindjourg. par Aunaih Sciiaei'KENS.
In-S" de 5 pages et d'une planche représen-
tant cette église (style roman , et quelques-
uns des détails de son ornementation. C'est
d'Eyck, il ce que l'on croit, que sont sortis
les fameux peintres Hubert et JeanVanEyck.
I i9. SEVER.VC. — Notice sur la vraie croix
de saint Guilhera-du-Désert, par l'abbé G.
SÉvÉRAc. ln-8" de 31 pages. — Origine du
monastère de Gellone (801), fondé par Guil-
heni. et du culte du bois delà vraie croix ii
Saint-Guilhem.
loO. Société impériale des sciences, de l'agri-
culture et des arts de Lille. Séance solen-
nelle du 22 décembre 1801. In-S" de 02 p.
M. de Coussemakcr, président de cette .so-
ciété, a prononcé dans cette séance solennelle
un discours sur le mouvement archéologi(iue
en France.
l'jl. Société du progrès de l'art industriel,
fondée, en l8o8, au Conservatoire des arts
et mélier.s, séant à l'Hôtel de Ville de Paris.
Statuts et règlements, composition du bu-
reau et du conseil d'administration, liste des
membres. In-8" de 1 3 pages.
|.j2. SPACH. — L'Adbaïe de Marmoutier et
le couvent de Sindeisberg. par LolisSpach,
archiviste du Bas-Uliin. In-S" de 28 pages et
d'une grande planche coloriée. — Histoire,
fondation de l'abbaye par .siint Léobard, au
vir siècle, et du couvent de Sindeisberg, au
xir', par Ricininus, dignitaire de l'abbaye de
Marmoutier. Description de- la charte qui
contient la création et la dotation de ce cou-
xent. Traduction de la charte. Liste des abbés
de .Marmoutier.
I'i3. TÉCHENER. — Billetin du biblio-
phile et du bibliothécaire. Revue mensuelle,
publiée par J. Téciieneu, avec le concours
de -M^L C. Asselineac, J.Andrieux. L.B.AR-
BIER. p. Beaune. g. BniiNET, J. Carn.\ndet,
J Chenc, V. Cousin, Comte Cl. de Ris,
V. Denis, Marquis de Gaillox, Le Rou.k
DE Lincv, Cuvillier-Fleurv, Piiilarète
Ciiasles, Vallet de Viriville, etc.; con-
tenant des Notices bibliographiques, philo-
logiques, historiques, littéraires, et le cata-
logue raisonné de livres rares et curieux.
Abonnement d'un an. 12 fr.
I.j4. T0UL0ESE-L.U'TREC (de;.— Souvenirs
archéologiques du comté de Fezensac, par le
comte de Toulouse-L \utrec. In-8° de 2o p.
— Puycasquier. Notre-Dame de Gaillan.
Saint-Sauvy, description de son église, de
sa chapelle et de sarcophages en pierre et
en marbre.
s. w .(^ A :l ii ">
ÀECÏÏEOLO'WD^UIËÏÏ
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Aa MUSÉE D ANVERS FIN Dii XV? SIÈCLE
.f. /Jttmtiiiattr^ /'itriA .
I /;ril^. Jw, éiiÊ>ti i/f /m ïiwmeil*
LA vii:iî(ii:
UAAS INK FJiLISK
I^es réflexions (|ue ikkis avons faites à propos du lableau de Iîo;j,er \aii der
VVeydeii, un i> Intérieur d'église » i. trouvent ici une nouvelle» application. Le
maître flamand incoiniu. auquel on doit ce dijjlyque du iiuisée d'Anvers dont
nous donnons aujourd'hui l'un des côtés, a peint tiaiis l'intihieui' d'un monu-
ment le groupe vivant de la Vierge qui tient l'enfant Jésus. Ln Français moins
frileux, mais surtout un Italien, l'aurait placé au beau milieu des champs,
comme Léonard de Vinci l'a fait pour la d Vierge aux Rochers » et Raphaël
pour la 11 Belle Jardinière ».
L'église du mailre inconnu est gothi(ine, connue celle de Van der Weyden,
mais d'un gothique, surtout aux transse|)t. chœur et sanctuaire, qui sent la fin
du xiv" siècle et annonce déjà le xV ou le flamboyant. Si donc, comme nous
l'avons supposé, le style de l'église est un indice chronologique; si Jean Van
Lyck, le plus ancien de ces t'iamands, affectionne le roman; si Van der Wey-
den et Hemling, deux des plus modernes, aiment, surtout lleniling. le x\"et
le flamboyant, nous poui'rons dire (|ue notre peintre d'aujourd'hui se place
exactement entre J. Van Eyck et Van der Weyden. Van K\ck est mort en
mi -, Van der Weyden en l/|G/i; le nouveau maître vivait donc enli'c ces
deux dates, c'est-à-dire vers 1450.
I. « Annalos Arctiéoiogiques », xxi, p. 2i1 Pt suivantos.
î. M. James Wealc, un jeune et savant critique d'art qui (li'iiunirc à Iîru,i,'i's, a fait de sérieuses
reclierclies et des découvertes importantes dans les arctiives de I 'év(''clic et d(^ la ville de Bruges.
Il croit, en conséquence, pouvoir assigner la mort de Jean Van liyck au 9 juillet 1440 et celle
do Hemling ;i l'aiMiée 149j. En outre, lia trouvé la preuve ([ue Jean ou llans Hemling doit
désormais s'apjieler Menilinc. M. James Weale mérite certainement qu'on lui donne acte de ces
découvertes étal)lies sur des textes qui paraissent positifs, et nous le fai-ons avec empressement;
mais comme, depuis cinquante ans, le nom d'Hemling a déjà changé quntre ou cinq fois d'ortlio-
xxii. 17
1:2() ANNALKS A I.C II K(_)1,0(1 1 OU F,S.
(le iiiaîlre incDiimi a cependant livré l(>s iiiiliales de snii nniii à la postérité.
Sur le volet de gauche, au revers. (|ui représente un ahbi'' di's Dunes, uni;
console du plafond de la chambre, où j)rie l'abbé, porte ces deux lettres enla-
cées. C ÎI. Ce même monogramme est reproduit une seconde fois sur le revers
du volel (le droite, dans le |)li d'une draperie qui couvre un prie-Dieu où est
agenouilli'' un autre abbi' de i'oi-dre de Cîteaux.
M. l'abbé Carlon. de liiiiges. (|ui a l'ail des recherches assidues et sonvent
couroniK'cs de succès sui' les anciens peintres llaniands, est d'avis (|ue ce mo-
nogramme désigne Corneille Ilerreboul. peintre brugeois. (pii vivait à la fin
du \v'' siècle et peut-être même au conmiencement du xvi''. l'dur le nom de
Corneille IJerrebout. nous n'avons rien à en dire, surtout si des recherches
nouvelles viennent remettre en lumière ce peintre trop ell'aeé. Quant à la date,
jusqu'à |)lus ample iiil'nrmi''. ikuis nous tenons à la seconde moitié du xv*" siècle
et nous ne pensons pas que cet Jlerreboul ait pu voii' même l'aurore du
XYi*' siècle. Comme on le constate. Heri'ebout. si Ilerreboul il y a, est le suc-
cesseur immédiat de A'an Fyck : il i-ajennit son architecture et il hérite direc-
tement du réalisme un |)eu \ulgaire qu'avait pratiqué le grand maître. En
d'auliY's lei'mes et pour nous i-ép(''ler. le maîlre C U vient se poser enti'e Van
Kyck. mort en iliki, el Van der Weyden qui cessa de \ivre en \l\Gll-
Son église est fx'aucoup moins belle et surtout moins ré'gulière que celle de
Roger Van der Weyden. La nef est plus ancienne et plus basse que le reste de
l'édifice; elle date de la fin du mu" siècle, tanchs que le transsept, le chœur
et le sanctuaire appartiennent au xiv". Cette église, que réclament deux épo-
(|ues bien caractérisées, doit êiro la ivprésentatioii d'un l'difice réel ; auli-emcnt
il fau(li-ail dire (|ue le maiire (j 11 élait arcliéijlogue plulùl (|u'ai1iste el f|u'il a
sacrifié la beauté d'un monument homogène au plaisir de peindre un édifice
hybride. Comparez la construction harmonieuse, élancée, d'une même venue,
que nous a donnée Van dei- Weyden. à celle du maître C II, qui est coupée en
deux et dont la galerie simple et sévère de la nef tranche avec la galerie étran-
gnip!ip, cl comme la dale de la mort ou do la naissance des grands peintres flamands de lage
golhiqup a souvent varié, nous atlendrons que le temps et les critiques aient dérinitivemeut con-
trôle cl confirmé les preuves données par M. "W'eale pour les adopter. Un allcnidaul, un lii'a avec
le plus grand inlérèt les « Notes sur Jean Van Eyck », pul>liées en I8(il |iar M. .lames Wealo, et
son « Catalogue du musée de Bruges », également imhlié en ISCrl, ii Bruines et à Londres. Notre
.-ympalliie est acquise au futur liislorien de l'art flamand, et nous ne saurions l'encourager trop
\ivement dans ses intelligentes et savantes invcstigalions.
1. « Catalogue du musée d'Anvers», par M.M. le chevalier Léon de Biirbure, Tlieodore Van
Lcrius et Pierre Genard, membres du con.seil d'aïUnniisIralion de l'Académie royale (]e^ beaux-
arts. Deu\iénie.i'.(Jilion, Anvers 1857, page 39.
LA ViKHCK DANS ( NK KCI.ISK. 127
glée. trapue et cliargée de cliicorres qui ivi;ne dans le Iraiissepl et 1(> chœur.
fl \i>us serez persuadé (jue si le maîlre C II n'a pas reproduit lui l'ilifice exis-
tant, c'était un archéoloi^ue bien exclusif poui' siuij,er ainsi tU's styles assez
discordants.
.le cmis (loue à la repi'i'senlatinn d'une éi;iise i-('e||c; mais j'iu,-n()re où elle
est et si elle existe encore, et je recouunande à niessiiMu-s les ar(li('>(}|ogues
et architectes de la Belgique et d(> la Hollande d'en l'aiiv la i-eclu!i-che. Ce
n'est pas l'église de la Chapelle à lîruxelles. ni Saiule-Cudule; car. àSaintc-
(Indiile el à la (Ihapelle. c'est le contraire : le cho'ur et l'abside v sont préci-
séuient plus anciens que la nef. A la calhédi-ale de Tournai la nef est plus âgée
([ue le reste; mais la nef est l'omane et le ch(enr es! gol!ii(|iii>. On Irouvei'a
cet é(hlice du maitrc C JI dans ([uelfiue (''glisc de grand pèlei'inage à la sainte
Vierge, comme à Notrc-Dairic de llall(>. par exemple. Dans iiotr(; tableau, la
Vierge est honorée d'un cull(> exclusif : elle est vivante à l'enln'e de rcnlilice;
elle est en statuette de mai-|)i'(.' blanc sur l'autel gauche du jul»'; elle reçoit
l'annonciation et la couronne de l'assomption sur les lynipans des arcades de
ce même jubé; elle assiste au crucifiement à l'arciide triomphale; elle est
célébrée dans le chœur par deux anges revêtus de chape; peut-être même,
mais la photographie est trop conbise. est-elle sculptée sur le tymj)an inti>-
rieur de la porte latérale gauche. Aujourd'hui eiicoi'c, Notre-Dame de Halle
s'abandonne à ces dévotions excessives; mais son archileclure est li'op dilfi'-
rente de celle du maître C H pour f|u'on ne cherche pas encore ailleurs.
Au sin-plus. les églises dont la nef est plus basse el plus ancienne (|ne le
reste du monument ne sont pas rare- -i Paris. .Saint-dennain-des-Prés el Sainl-
Séverin surtout nous en olbvnt un double exemple ,1e dis Saint-S(''veriii sur-
tout, parce que la nef y est. dans s;i partie inf(''rieure. du xm' siècle, tandis
que le chœur et l'abside y appartiennent à la lin du xv''. (l'esl un ('difice de ce
genre, ou à peu près, ([ue le maîlre C. Il aura copié en Ijelgi(|uc.
Dans cette nef. nous ne voyons (|ue deux travées et la lin de la troisième;
mais deux ou trois autres travées devaient précéder celles-là. et c'est pour ne
pas donner trop de profondeur à son tableau que le mailic C. H lc> am-a sup-
primées. Cette architectui'e à faisceaux de colonnes est assez, fiançaise. du
nord de la l'rancc surtout, philôl (|iie belge encore, d la galerie dont six
arcades ogivales surmontent chaque grande archc' rap|)elle la caliiédrale de
Reims d'une manière assez frappante. Dans les hautes fenèli-es (jni surmontent
celte galerie, on voit des vitraux colorés sur un fond de losanges blancs. Ces
grands personnages debout, chacun sous un dais, touchent à la fin du xv' siècle
el annoncent même la renaissance.
128 A\NALi:S ARCHKOLOGIOrKS.
I'i)ur nous, le grand intérêt de cet intérieur d'église est dans le jubé et le
.sanctuaire.
Ce jubé n'est plus celui de 1\. A'aii der Weyden, fermé dans Vhxd et ouverl
sur les côtés; c'est le jubé normal, comme ceux des églises de l'I'^piiie et de
Brou, ouvert dans l'axe et aveugle sur les côtés contre lesquels est adossé un
autel. J/autel de gauche, le seul que la perspective nous permette de voir, est
surmonté d'un petit groupe en marbre ou albâtre de la Vierge dei)nul et tenant
Jésus. Deux petits chandeliers en cuivre, sur lesquels l)rùle un cierge de cire
jaune, accompagnent le groupe à droite et à gauche. C'est une des plus sim-
ples dispositions d'un petit autel ancien. Dans le tableau du maître C H les
cliandeliei's sont si fmemenl exéculés. ([u'il serait i)nssible aujourd'hui de les
copier i-igoureusement. Il n'est pas juscpiaux ii'ois |ietils lions de cuivre sur
lesquels repose la base de chaque chandelier, ([u'on ne distingue parfaitement.
Après la base monte la tige, qu'un no'ud coupe en deux; puis la bobèche, qui
est crénelée.
Toute l'iconographie de ce jubé rap])^;ile la sainte Vierge, comme nous
l'avons déjà dit. Au tympan qui couronne l'arcade oii est assis le ])etit autel
que nous venons de décrire, l'ange annonce à Marie, en présence du l'ère éter-
nel, en pape et dans les nuages, qu'elle sera mère du Fils de Dieu. Au tympan
correspondant, que nous ne voyons pas, devait être figurée la nativité de Jésus.
Au tympan de la porte. Jésus-Christ couronne sa mère en présence des anges.
Deux apôtres, saint Jean probablement et peut-èti-e saint Jacques Majeur, amis
et parents de la Vierge, sont debout sur les colonnettes qui s'iMancent du fais-
ceau oîi reposent les arcades. Au-dessus des clochetons qui abritent ces deux
apôtres, la Vierge à droite et saint Jean l'Evangéliste à gauche, assistent au
crucifiement. Cette Vierge, ce saint Jean et ce Crucifix sont en cuivre jaune.
C'est en cuivre jaune également qu'est fondu cet aigle qui sert de pupitre et
qui déborde le couronnement du jul)é. A cette époque, dans les églises cathé-
drales, collégiales et conventuelles, une clôture assez élevée enveloppait le
chœur et le sanctuaire. Cette clôture était, comme ici. arrêtée par un jubé qui
s('parait le chœur du transsept. C'est au milieu de cette église intérieure,
inscrite dans l'église proprement dite comme un noyau dans le fruit. (|ue s'ac-
complissaient les olFices. Lorsque ces ofTices étaient exclusivement réservés
au clergé des chanoines ou des moines renfermés dans leur chœur, nul besoin
de connnunicpier avec la nef; mais, quand les cérémonies devenaient parois-
siales et que des fidèles laïques venus du dehors y assistaient, on ouvrait toutes
grandes les portes du jubé et l'on chantait les leçons, les épîtres et les évan-
giles, du haut du jubé même, sur ce petit aigle de cuivre dont nous voyons ici
LA \ii:r;(;F, dans u.nf. kglisI':. i-2',»
un si cui"itMi\ oxomplo. Ailleurs. I(> |mpiti'i\ coiniiu' ;ui jubé do réalise di' lînni.
était Cil pieiTc rt avait la l'oniic (riiii livre sur le(|uel on plaçait le lectionnaire.
l'épistolier ou révanséiiaii'C Mais ce pu|)ilre de pierre avait rinconvénicnl
d'être fixe et de ne |)ou\oir se tnurner, suivant les |irescriptions lilin'gi(]ucs.
vers le niii'd pour clianter ri'\an,L;ile. \ers l'orient pour chanter l'é'pilre. Ici.
notre pu|)itre en métal tourne sur un |)ivot. aux (]uatre points cardinaux, et il
est précisément disposé, en ce moment, pour le chant de l'évangile. C-el aigle a
les ailes ai)aissées et assujetties par un rebord tivs-saillant jiour retenir h'
livre (|ue l'on posait sui' le dos même du sul)liu:e oiseau de saint .lean. "n
devait mouler h la |)late-l'oi-me de ce jubé |>ar un double escaliei'cn limacen.
placé à chaque extr('miti'' dans rinté'rieur du chu-ur '.
Cet intérieur de chœur. (|uoi<|uc nous n'en apercevions qu'une jiartie |>ar
la porte du jubé, est fort intéressant. Il confirme les nombreux exemples (|ue
nous avons déjà publiés dans les n Annales Archéologiques n. siu'tout ;i pi-opus
du chn'ur d'An'asct d'une miniature tk'crite et dessinée par M. Ml'red Darcel.
L'autel, habillé d'un pariMiient de cmileur et couvert d'inie nappe blanche, est
enveloppé, à droite et à gauche, d'une com-tine (pii glisse sur des li-ingles.
Derrière est le retable, qui doit être en métal et au milieu duquel s'ai-rondit et
s'élève assez haut le tabernacle en même matière. Nous ne voyons sur cel au-
tel et dans ce chu'ur ni chandelier, ni cduronne de lumière, ni slalles. J,a cou-
ronne et surtout les stalles sont cachées par le jubé. M;iis li's chandeliers
auraient pu se \'oir part'aitenieiit. et il est à croire cpie c'est pai- un oubli du
peintre s'il n'(>n existe pas au moins deux sur cet autel majeur comme siu' le
petit autel du jubé. L'erreur est d'autant plus probable qu'en ce momeul même
se fait un petit oITice. Les deux anges en aube parée, en dalmali([ue et en
chape, que nous voyons dans le chœur, chantent ;i deux voix, dans un grand
livre ouvert, un motet à la Vierge. Ce motet doit être le « Salve regina mise-
1. Ce cliarmant jubc", avec tous ses accessoires, est curieux à étudier non-seulement pour un
ardiéologue, mais pour un architecte. Dans les églises nouvelles qui se construisent en ce mo-
ment en style ogival, on pourrait le reproduire comme un des plus purs modèles qui existent.
Nous savons bien qu'une certaine école de musiciens repousse les jubés dans le présent, dans
l'avenir cl même dans le passé, puis([u'plle demande qu'on les délrui.<e où ils existent; mais les
musiciens, [leu instruits de leur naturel, fort exclusifs et d'un goût fort douteux, ont demandé
bien dos choses qu'on s'est empressé do leur refuser. Les jubés, quoi (|u'ils en disent, ne nuisent
pas il la musique même moderne, car la Belgique, l'une des contrées où l'on fait le |)lus de mu-
sique dans les églises, est précisément un pays à jubés Du haut du jubé de Saint-Uavon, cathé-
drale actuelle de Gand, j'ai bien des fois entendu descendre la meilleure musique religieuse mo-
derne; celte musique, je l'entendais Ircs-dislinclemcnl, et mémo bien |)lus nettement que (piand
on l'exécutait dans le chœur, « in piano ». Dans la Relgique. plus musicale que la France, les
jubés, loin de nuire à la musique, en sont le Ihéàlre le plus sonore et le plus beau.
i;;il AN.WLKS A nClIKOLOin (j L'ES.
c
ricordia' ". rdui-Hi iiiènio que nous voyons écrit sur le galon pci'l(' (jui ourle
hord inférieur de la robe de la Viei'ge. Je dis « Salve regina niiserieordia^ »
et non pas « iSalve regina mater misericordiaj », car il paraît que le mot
« mater » est une addition assez récente. En tout cas, on ne voit le « mater »
ni au bas de la robe de la Vierge, ni au bas du cadre qui entoure li' tableau,
cadre (|ue. faute de place, nous n'avons pu faire graver sur notre planche.
On y lit. en beaux caractères g(jthiques du xv" siècle :
SA1.VI-; • hf:i,in\ • Mi-^iaiiCDiuiiic •
Il n'est pas besoin de faire ressorti)' la richrsse et la beauté des vêtements
de la Vierge. La robe est d'un luxe ((ui en fait une œuvre d'orfèvrerie. Le
manteau lui-même, dont l'ampleur est si reniai'(iuable. est l)i'od(' de perles tout
à l'enlour. Ouant à la courdime. elle est d'ime richesse incomparable : c'est
un buisson d'or, de perles et de pierreries. Marie est véritablement reine. La
simplicité de l'enfant Jésus ti'anche sur cette richesse : un lange ou « drapel »
blanc enveloppe incomplètement son petit corps dont le buste est nu. L'enfant
n'est plus ici le Fils de Dieu, comme on aimait à le représenter jusqu'au xii' et
et même jusqu'au mu" siècle; c'est avant tout le fils de l'homme. Il ne bénit
pas; il ne porte ni le livre des évangiles comme le docteur par excellence, ni
la boule du monde coirime le roi des rois. Simple enfant soumis aux condi-
tions vulgaires de l'humanité, il paraît vouloir écarter les beaux vêtements qui
couvrent la poitrine de sa mère pour y chercher le sein qui doit le nourrir. —
On est à la fin de l'art eln'i'lien.
Marie, qui tient l'enfant Jésus, marche sur un carrelage en terre cuite où.
entre autres ligures, on voit le symbole du Sauveur, l'agneau de Dieu qui tient
avec son pied droit de devant la croix ornée de l'étendard de la résurrection.
Ce carrelage est intéressant et il mériterait d'être étudié. On ne s'y rend pas
bien compte de la symi'trie. qui doit exister cependant, avec laquelle on a dis-
posé les carreaux noirs, qui sont rares et les autres qui sont bien plus nom-
breux.
Sur le premier pilier, à la droite de Marie, est accroché ini tableau de bois
<[ui porte une pancarte à deux colonnes où doit se lire une longue prière à la
Vierge. Ce tableau n'est pas celui des offices, comme le tal)leau de l'intérieur
d'église de Roger Van der Weyden : on n'y voit pas les petits trous destinés
à recevoir la. ehevillette à l'endroit du semainier où de l'officiant de chaque
jour; c'est évidemment un tableau de prière, comme celui ((ue l'on ti'ouve
dans plusieurs églises d'Italie, notamment à la chapelle de Sainte-Catherine
de Sienne, dans l'église des Dominicains, à Sienne, et que l'on peut prendre
I.V VIKKOr, DANS L NK KCLISK. 131
à la main pour y lire une prièir spi'ciale pour tel saint ou t(>Iie sainte. Ici,
avec le maître C H, nous soinuies dans une t'glise de pèlerinage à la \'ierge.
une église |)robablement miraculeuse, et nous y rencontrons une prière par-
ticulière pour la patronne de céans.
Du cùté opposé à ce tableau . dans im très-grand et très-beau vase de
cuivre jaune, en batterie de Dinant, est planté uu gros boucpiet de lleurs de
lis et d'autres fleurs blanches, ombellifères ou campanulées. en l'honneur de
Marie imniaciilé'e. O vase est exécuté avec ime rare ]iei'i'ection. comme par
le dinandier lui-mcMue. Il rst porté' par un l;u\ge pied ;i godroiis en spirale
et sa |ianse a la forme d'une (|uatn'-feuilles gothicpn'. Les fleiu-s (|ui le rem-
|)lissent sont peintes avec l'exactitude qu'y metti-ait un ualin-aliste.
Voilà donc un autre tableau, de lécole gothicpie flaniande. qui nou-
révèle une foule de détails sur l'arcliitecture , la peintiu-e sur verre, la céra-
mique, la dinanderie. la sculpture, rameublement et les usages liturgiques
de la lin du moyen âge. Kn l'étudiant avec soin, on peut y trouver une rare
et abondante instruction arcliéol()gi(|ue. Ce qui nous ])laît dans les tal)leau\
de ce genre, c'est ([ue les détails abondent et (jue les renseignements y foison-
nent. Le centre du tableau de Van der Weyden a 2 mèti-es de haut sui-
97 de large ; celui du maître C H n'a <|ue 31 centin)ètres de haut sui- 15 cen-
timètres de large. On voit (|ue c'est un monde encore plus petit (|ue celui de
Van der Weyden.
.l'ai toujours porté le plus grand inléivt à celte peinlm'e, et un double
attrait m'y a toujours attiré' cha(|ue fois (|ue je suis allé à Anvers : l'allrai!
ai'chéologique d'un côté, et l'intérêt artisti{[ue de l'autre, cai- il n'est peut-être
([u'une copie dont l'original serait entre les mains de M. Nau, architecte dio-
césain de Nantes et mon ami.
Lu elTet. M. Xau possède un petit tableau sui- bois absolument pareil à
celui du maître C II. Même composition, même ensemble, mêmes iminis
détails ; tous deux se ressemblent connne deux gouttes d'eati. M. Xau croit (jue
son tableau est supérieur, comme peinture, à celui d'Anvers; je suis volon-
tiers de cet avis, et ce serait sans douli' une raison excellente ])our croire que
le tableau de Xantes est l'original dont celui d'Anvers serait la copie, ou tout
au moins une ré'pélition. Je n'ai constaté entre eux ([ue deux dilTérencos, et
ces différences mêmes pouri'aicnt prouver (|ue ^L .\au est le possesseur du
véritable original .
La tablette de la prière à la Vierge , à deux colonnes , comme au tableau
d'Anvers, est accrochée dans le tableau de Nantes sur le second et non sur le
premier pilier : la Vierge vient en avant . et la prière est placée derrière le
yyi AiNiNALES AHCHÉOLOC ! 011 KS.
;j,niiipc. Le vase si Irioniphant de fleurs blanches n'existe pas dans le I,i1)1(mu
de Nantes. Si le laljleaii d'Anvers est une copie ou une répétition, le niailii'
C H se sera aperçu (luc la prière ainsi reculée derrière la Vierge dans l'uri-
giiiai, était mal placée, puisque les prières se disent devant cl lum dciiièie
les images des saints; on aime en ellèt à voir les patrons aux((uels on adresse
des vœux.
(}uand on copie, (|uand on traduit, on ajoute ordinairement plnlùl (|u'on ne
retranche; les poètes. (|ni ont copié ou traduit en français plus ivceut nos
anciens poèmes épiciues écrits en latin du moyen âge ou en vieux français,
au lieu de faire des suppressions, ont délayé la vieille poésie dans mi courant
de vers nombreux ou dans une prose plus verbeuse encore. L'addition du
jjouqni't dans le tableau d'Anvers paraît donc l'indice assex notable (|ue c'est
une copie ou tout au moins une répétition.
Quoi qu'il en soit, original ou cimtemporain du tableau du maître C H, le
tableau de M. Nau n'en est pas moins un bijou des plus précieux, et nous
aimerions à le voii' cju'ichir notre si riclie musée du Louvre.
DIDRON.
VOYAGE ARCHKOLOGIOUE
AU XV^ SIECLR
M i T i; HE L ' 1 T M. 1 i; '
Si'OLETTE. — u Eli l'église des frères pi'escheurs repose le corpz de s'" Cris-
line, laquelle fut sanctyée environ Tan H58 ; laquelle s" est en char et en os,
et là. on y prent, à cuy yl plaist. des chaiiitures, connue on faict à Viterbe, à
l'église de S"'-Roze - ».
Notue-Dame-de-Lokette. — 'i Je touchay à l'ymage de Nostre-Danie,
dont l'église, toutte de pierre, est aussy grande ou environ comme la caj)-
pelle de Noslre-Uanie de Hal en Vallenchiennes, touttes mes baghettes et
patenostres que j'avois •'' -i .
Plus loin il parle d'un liunime " ([uy jouoit d'une harpe et d'ung clavier
cymbolon ^ ».
Rave.\iN'e. — Là est « l'ung des potz esquelz Nostre-Seigneur mua l'eaue
en vin •• » .
1. Voir les « Annales Arcticologiques », vol. xxii, pages 48 et 8G.
2. Manuscrit de la bibliollièque de Valenciennes, n" 4'J3, folio 07 r".
3. Ibid., fol. 69 V.
4. 11)1(1., f.il. 70 r".
o. Ibid., fol. 72 r". — Kn vérité, il y a autre chose il Ravcnne, même pour un pèlerin dévot,
qu'une des urnes de Cana. iMais notre voyageur aimait, à ce qu'il paraît, ;i recueillir tout ce qui
concerne ces urnes dont les « Annales Arcliéolo;^iques » ont tant do fois parlé. Il dit ailleurs,
folio 49 r" : « Kn l'église Saint-Nicolay, ordn^ de saint lienoisl, en une isle, a^sis pré.s des deux
chasteaux (Venise), et entre diverses reliques que vei.-mes, nous lut niotislré une kane où Jlnicrist.
aux noepces, mua l'eaue en vin, pour son premier miracle; et est de Iri's-belle faelion, de cou-
leur sur l'allebaslre enbrant sur le jaulne, comme cire; et, quand on metloit de la lumière pai'
dedans, on voioit la clarté par dehors ».
NXII. 18
134 ANNALES ARCUKOLOGIQUES.
Padoie. — " A. S'-Antliomie de Pade les funiies du C(v\\v sont foi'l l)elles ;
car yl sainble à les vcoir (m'elles sont faictes d'une pièce de laiton et de une
piere. comme vous diriés de jaspre ; mais c'est tout bois, lequel est crut telle.
— i.ad. église est toutte vauisce et va-on autour du cœur, comme on faict
en l'église de Nostre-Dame-la-Grande , en la ville de Valencliiennes ^ ».
« Devant lad. église, sur une t'url liaullc culonne, y a ung homme tout à
cheval, cmiime yl y a à Romme devant les dégrez S'-Jehan-de-l.atran, (ont
de cuivre. Lequel, en son tampz, fut porchier, et, pour la vaillance de luy,
les Vénitiens le firent capitaine de Venize et de toutte la seigneurie , et fut en
l'an iiir. XL 2».
Vknise. — « Au clocher de la plarhe S'-Marc yl y a plusieurs cloches
dont, cnii'e les aullirs, yl y en a une (juy est couverte d'une natte. la(|uelle
on sonne quand on va pnur l'aii-e justice , et est lad. cloche bien petitte. Sur le
portai de l'église S'-Marc . \1 y a iiii chevaulx de cuivi'c, toutz dorez, toutz
de une grosseui- et de une haulteur, et sont de diverses fâchons les imgz aux
aiiltres; car l'ung i-egai'de de ung costé et l'aultre de l'aultrc ; l'inig lieve le
pied de devant et l'aultre de derière : lesi]uelz chevaulx estoient en Constan-
tinoble.
Il Dessoubz le portai d'icelle église y a une ymage de Nostre-Dame, laquelle
est faicte et taillié de la pierre où Moyse frappa de sa verge au désert, dont
miraculeusement eaue en yssit. dont les enffanls d'Israël en furent rasasiés, et
yssoit lailicfe eaue par iiii limix : et se void-on à présent, en lad. ymage les
iiii tnnis par (ùi lad. eaue issit, et est lad. image dessoubz led. jxirlal. à la
bonne main, et se y a ung aulel autjuel on dict messe. En l'église dud.
S'-Marc, sur la main gaulce, là y a ung autel de Nostre-Dame. où y a
mi piliers qu'on tient en très-grand révérence, et derrière lad. ymage de
Nosti'e-Dame y a ung crucifix sur ung tablef, faict de painture . lequel fut
apporté de Constant inoble : lequel crucifix les Sarrazins, quant ylz eulrent
gaigné lad. ville, ylz le crucifièrent au despit de Nostre-Seigneur Jhésucrist,
et encoires oultre ylz luy donnèrent v copz de coulteaux, tant au visaige comme
en la poitrine, desquelles plaies led. crucifix donna sang^ ».
1. Folio 71 v".^ En Italie, en ellot, il est fort rare que l'abside ait des bas côtés tournants. Jean
de Tournai est frappé de ceux qu'il rencontre dans Saint-Anloine de Padoue, cette église bizarre
où le bvzantin et le latin, l'orienlal et l'occidental se pénèti'cnt si intimement pour produire un
des plus curieux et des plus importants monuments qui soiejit.
2. 1440. Ibid , fol. 74 v°, 75 r". — C'est la statue équestre de Gattamelata, œuvre de Dona-
tello. (Voy. Vasari, édition Jeanron et Leclanciié, t. ii, p. 218.)
.3. Ibid., fol. 82 roet v°.
vo^ \(;k AiiciiKOLOc.iori-: ai w siiici.i;. 135
Il (lil (|ue " la pDiirlraicliiri'. rcinéiiioraiil la vicloirr rompoi'téc contre
rempcnnii' ;i la lîai-he-I'xmssc ( l''r(''(U'M'ic I". dit lîaiboniiisse), ï^c Iroiive en
nue salli' au palaix ' » .
H Yl est (le coustumo, (luaud iiiig patriarco va par les canii)/.. nu paniiy une
ville, se porte-ou leusiours une cinuble ci-oix di-vaut luy, et. au lieu de une
croclie. \l y aviiil ung bastoii d'argent. le(iui'l a\i>il par desseure counne une
gi'oss(> ponuue et sans dorure nullr. A\oil nssy Icd. patriai'cc eliaiilaul la
nies.se . par deseui'e sa caseble. une estolle sur ses espauilrs allant depuis
sesd. espaulles jus([ues eni bas. tant devant eunnne dci-rièii' et saniblnit (|ue
ce fuist ung gorel -.
» A la procession solennelle, le (loiu'is Do.mim cstoit assis, comme vous
diriez, sur une civière h porter fuM'tres par deçà, et . sur lad. civièri' yl y avoil
ung fort gi'and calice, et à la moieime d'icelluy à faclion de une gi'ande
brance, aiisquclles brances yl y a /| assez gros cordons de soyc . les(|uelz
viennent desd. brances respondre à lad. civière, et. au plu-^ liaull desd.
brances. là est niys le Couri^s Domim-'^. — Prennent iiii [n-i^bstrcs lad. civièi-c.
dont le calice est par dessus, et le (loiiris Uomim au plus hauU en une
brance, connue dit est. et aussy ten. à k cordeaux de noire soie. Après
portent vi lionnnes, les plus nobles de la ville, le pasle par dessus le Coiu'ls
DOMIM ''.
(i Kn l'église de S' Marc ■'' y a une croix de mii'aclcs, à huiuclle les Vénitiens
ont fort grande dévotion, et aussy yl y a |)lusieurs belles tomlies, et aussy les
formes (stalles) sont fort belles''. »
De son côté. Georges Lengueraut parle ainsi du palais de S'-Marc : « Ou
voit au|)rès de l'église S'-Marc deux gros pilliei-s fort ariiusti-i''s de fleurs faiclz
de la pierre mesme. et est lad. pierre fort belle et riche, et sont di' \ii à xiii
piedz loing l'uug de l'aullre. et lun'ul pi'ins. comme ou dict , m la, \ille de
i. Ibid.. fol. 84 V".
2. Lrs Vénitiens sont clos liyzaiitins; i-ctto iHol(^ que le patrinrciio di' W-nisc porte sur sa clia-
suble, n'est autre i]iie l'étoii! byzantino, I' « Orarion « , qui fait coiistaiiinuTil [laitio du co-luiiic
ecclésiastique des otriciants de l'Égtisc grecque.
3. Ibid., fol. 93 v°.
4. Ibid., fol. 96 v°. — Il semble, d'après cette (lescri()tion, que ce « Corpus Domini » était la
représentation du corps même de Jésus-Christ morl. En Grèce, au mont .Vlhos, on voit dans les
représentations de la « Divine liturgie » cette figuration du cailavre du Sauveur ainsi porté sur
les épaules des anges. Si nous comprenons bien le texte du pèlerin do Tournai, Venise aurait
exécuté une cérémonie d'origine peut-être exclusivement byzantine.
3. Voy. le.s « Annales Archéologiques », t. xxi. p. 110 et suivantes.
6. Ibid., fol. 97 r".
130 ANNALES ARCllI' OLOGIQL'ES.
Acre, à la conqucste faicte par les Vénitiens. D'iuig aullre costé, vers la nier
(siii' la Piazelta), yl y a deux grandz piliiers rondz et gros à merveilles,
cliascun d'iceulx de inie seulle pieri-e et de grande haulteur, nierveilleiisenient.
VA n'eusse jamais cuidé que on sceiust-on recouvrer de sy grande liaulteur
d'une seulle pierre. Sur l'ung d'iceulx est S' Marc (elle a vu aulnes de gros-
seur), et sur l'aultre S' Théodore (elle a vi aulnes de grosseur), aiant ung
grand et gros serpent soubz ses ])iedz. Entre iceulx piliiers, comme on dict,
l'on l'aict niorir les personnes non nobles, quand ylz dései'vent. Regardant tout
de long de ceste place est assis le palaix, quy est une chose ([ue je ne scaurois
mettre par escript, pour cha cpie je ne scaurois comprendre la richesse et
grande magnillcence d'icelluy. Touttesfois, ])our en dire quelque chose, yl est
([ue du costé de ceste place il y a par le dessoubz xix grosses colonnes, quy
l)ort('nt la gallerie de dessus, cpii font xviii ai-cures : et, entre icelles grosses
cnlomies. par le dessoubz, et les édifTices et vaulsures d'embas d'icelluy
palaix, y a allées grandes, pavées richement. Sur lad. gallerie de deseure,
portée des grosses colonnes d'embas, y a xxxvii aultres colonnes mendres
que celles de desoubz (juasy à inoictié, quy font xxxvi vaulsures. Entre les-
quelles colonnes en y a deux, quy samblent estre rouges comme jaspre, entre
lesquelles on faii-t niorir les gentilz hommes, quand le desservent. Quy soit
en nioy d'escripre la richesse des personnaiges et ouvraiges, ne de quoy les
colonnes, pierres ne pavement sont , certes non, sy m'en déporte. Se il est
riche à ce costé sy est-il à tous aultres costez, saulf k l'ung qui regarde sur
une rue. où la mer va au loing d'icelle. La cour d'icelluy palaix n'est pas
grande, mais toutz édiffices somptueux quy sont de tous costez; et encoires,
à ceste heure, l'on en abbattoit aulcuns, pour che qu'ilz n'cstoient faictz
richement assez à leur gré, et pleut à Dieu qu'il en y eult ung tel en nostre
pais, affin qu'il ne fuist besoing de venir sy loing pour veoir choses quy bien
le valent. Et, entre aultres personnaiges, y sont Adam et Eve. les mieux faictz,
selon le cas, que je veiz oncques'. — Et nous fut affermé par nostre hoste
que aud. Venise y avoit lxxii paroisches et lxiiii églises de monastères, tant
d'hommes que de femmes -. »
Jean de Tournai dit à son tour : « Après, nous fumes par les maisons et
fours où on faict les plus beaux ouvraiges de voire que jamais je vidz, si comme
reliquiaires, patenostrcs, potz, platz, bouchatz, petis et grandz voires, fort de
1. Folio 19 v", 20 T" et v". — Voyez dans les « Annales Archéologiques », vol. xvtt, p. 6!)
et suivantes, la description de ces colonnes et chapiteaux du palais ducal de Venise, par MM. Bur-
ges et Didron.
2. Ibid., fol. 21 r".
V0VA(;K AIîCIIKOLOOIOUK ai W- SIKCI-K. 137
belle fachoii, de une [X'titte pièce aussy grosse ([ue une poch au bout d'une
verge et buze de ter. Ia([uelle est dedeu.s le i'our, et n'est rien tant chault.
L'ouvrier le tire dehors, et puis y tourne deu\ ou trois tours son i)ras pour
donner air. et api-ès vous voyi-i'-s cheia ront el enllel . coninic se vous soullliés
dedens une vessie, et rela toui-ne-oii el le t'aict-on de telle grosseur ou gran-
deur (]ue on vcult ^. »
Maintenant deorges Lenguerant va nous parler de Vérone, de Padoue et
de Rrescia.
VÉ«o^E. — » Assez près de la place oii les seigneurs de la ville ou de la
justice tiennent leur police, y a une piMilte place, et ni(> sanibluit à ve(jir ([ue
c'estoit terre sainte, en laquelle y a deux sépultures liaultes eslevécs sur |ihi-
sieurs pilliers riciiement atourncz d'allebastre, de niarbi'c, ou d'aultres riches
pierres, où estoicnt plusieurs i)crsonnaiges entretailliez, pour la di'coration de
grande magnificence, d'angelz et aultres S'* alenthour des tombeaux, et,
sur plusieurs pilliers aultres personnaiges : et nous tut dict ([ue c'estoient
sépultures d'aulcuns ijuy avoient esté seigneurs d'icelles terres le tanipz
passé -. 1)
Padoik. — Il Le pallaix est fort grand et fort beau; gallcries tout autour,
et les appuis d'icelles gallcries sont de pierres de telle couleur, comme de
jaspre,cassidoine ou allebastre ou aullre samblable pierre. Et nous fut dict que
les bouticlcs dessoubz et alentour d'icelluy pallaix vallent par an. en domaine
h la seignourie de l^adua, vi mil ducatz.
« Le cœur de l'église (^S'-Antoine) de Padua est fort beau et le mioulx clos
el de plus belles pierres (]ue jus(|ues à cesie heure ay veu, et les plus belles
fourmes aussy : tout le pavement de lad. église est fort beau et riche. Toutte
l'église est pardessus en v ijonnnes, vaulsures rondes, couvertes de plomb
bien richement , et croisiées, et y a tant de pierres de couleur de jaspre, cassi-
doine ou allebastre, que chc me samble riche chose.
(( La fiertre de Mons. 8' Anthoine est d'argent doret, bien faicte.
« Au partir d'icelle église, hault sur ung pillier, il y a ung grand cheval de
ceuevre et ung homme tout armé dessus nommé Anihenor, cpti fut S' du tampz
passé dud. Padua, aiant ung gros baston en la main ^. "
1. Folio 98 r". — Cette fabrication «lu verre, encore usitée aujourd'Imi, mérite qu'on y fasse
attention.
2. Folio 1G v". — Georges Lenguerant parle de colle petite place où se voient les fameux
tombeaux des Scaliger, notamment celui du grand Can, mort en 13 i8.
3. Plus haut, Jean de Tournai, qui a raison, dit que ceUe slatue équestre en bronze est celle
de Gattamelata, exécutée par Donatello, sur la commande des Vénitiens.
138 ANNALES ARCIl KOLOGIOT F.S.
Brescia. — Il Sur une place d'icelle ville, comme on diroit 8ur ung mai-
chiet. il y a édiiïices où les S'' et notables gens se vont pourmener. garnis de
paintures de touttes coulleurs, tort riches, et y a grand commencement pour
faire par la ville aultres somptueux édiffices. — Sur le marchiet on voit ung
magnifique cadrant aiaul plusieurs personnaiges. — Yl y a aussy beaucop
d'églises, et les plusieurs sont fouîtes rondes, et vaussées et couvertes par-
dessus de pierres, tellement f[ue che samblent tours ^
" Au|M'ès de Bresse, il y a pronniers, pescpiiers, cerisiers et aultres, et y en
ces metes grand planté d'oliviers, desquelz on prent l'huille d'olive, et sont
vertz en tout tampz. aiantz les fueélles comme sauz salengues, ung peu plus
espesses -. »
Naples. — " Les églises de Xaples sont les plus belles et les mieulx aour-
nées. et en espécial de tapisserie, que jamais je vidz.
(I En l'église des frères mineurs de l'Observance yl y a une ymage de la
Vierge Marie, laquelle faict journellement miracles.
» De aultre part de lad. église, h la main gaulce, régiise <[ui s'appelle
(lu mont d'Olivet, en laquelle yl y a des religieux de S' Augustin, à manière
de cliartroux. en lac[uelle on monte premier par ung degré, lequel est fort
large, et puis par v fois v dégrés : ce sont \xv degrés, et, en après, au plus
hault, VI dégrés: ce sont enssamble xwii dégrés, lesquelz on monte tout
estant à cheval; la([uelle église est fort belle.
(i L'église de S' Jehan Carbonnière est la plus somptueuse église qu'il est
possible de jamais voir; car elle est faicte après et sur la fachon du temple
de Salomon. lequel est en Hiérusalem ; laquelle église n'est pas grande, mais
elle est comme toute ronde ; en hKjuelle église y a une cappelle derrière le
cœur toutte ronde et couverte de plomb. Lad. cappelle est toutte painte d'or
et d'azur, depuis la Nativité de la Vierge Maryo jusques à l'Assomption
d'icelle. — En lad. église y a plusieurs sépultures de roix et princes. En lad.
cappelle yl y a trois hommes d'armes, dont l'ung tient une hace de armes,
laquelle est rompue, et les deux aultres tiennent chacun ung baston, et plus
hault yl y a comme ung duc. tenant ses armes en ses mains. Au cœur, deseure
le grand autel, y a comme une royne ou une duchesse, laquelle est entailliée
et couchiée ensepvelye, et comme trespassée ; dont, au plus près, est la coro-
nalion de la Vierge Marie dessus et au plus hault dud. grand autel. Au plus
haut de lad. sépultui'e, là y a une Bome coronnée, assizc sur ung cheval,
1. Folio 13 r" et v"
2. Ibid., V".
\0\\r,V. MîClIKOLOClOLE M W SlKCLi:. 139
portant les armes dud. pais. — Sur la bonne main lind. s'"ftn<l ft"tel , on des-
cendant de environ de vi à viii degrés, là y a une trrs-belle eappelle, eu
laquelle y a une très-belle sépulture. Sur le costé, enniu lad. église, à la main
gaulce, là y a une cappelle di' la \ativit(' de Nostre-Seigneur Jésucrisl,
laquelle es! l'aicle et enlailliée en une vive roche et est f'ori bicMi iaictc .le fuis
au cloistre et au\ gardins de lad. l'glisc : c'est ung très-beau lieu. Pour
monter en ycelle égli.se yl y a lm dégr(''s de pierres et. par dessoubz lad.
montée, yl y a une Nativité, en hujuelle la Vierge Marie est ens son lict . le
beuf d'ung costé dud. lict et l'asne de l'aultre, et deux femmes connue fai-
sant la buée, et .loseph quy est assis sur le bas de l'asin'. On mo a dict (|ue
ung nommé le roy Ansselot * lit faiie et fondei' la(J. église, et n'y a que i.xx à
iiiixx ans ([u'elle est faicte. Lad. église est fondée sur S" Augustin, comme
au mont d'Olivet, réformés, et n'y pevent entrer nulles femmes. Lad. église
est fort pétille ; mais, comme dict est . elle est fort i)elle, et est toutte la nef
de lad. église paincte d'oi- et d'azur, et. au bancquaige, yl y a ung fort beau
S' Jehan Ba|)tiste entaillé. Pour toutte résolution, je ne vidz jamais pour une
ville sculle tant de sy très-belles églises et sy bien aournées. comme j'ay faict
en lad. ville de Naples,
« A l'entrée du chasteau de Naples yl y a deux grosses tours, lesquelles
vont sur lad. ville. Après y a ung grand pont levis, et puis encoires une tour;
el, en entrant dedens led. chasteau, là sont plusieurs ymaiges quy sont fort
bien tailliés. — Dans les fossés du chasteau yl y a plusieurs fossés à poissons.
et oignes nageans. hérons, butoi's, anneltes, canartz et plusieurs aultres
oyseaux. — En lad. ville yl y a plusieurs fort grandes maisons, desquelles les
murailles, tant j)ar dedens comme par dehors, sont tailliés à pointe de dea-
mant; etaussy par touttes les maisons ou la plusparl, yl y a ii ou m fontaines
courant(;s, fort bonnes à boire et pour ti'emi)er son vin : c'est ung grand plai-
sir à les veoir^. »
B,\ni. — « L'église de S' Nicolas de Bar est fort somptueuse, dont à l'en-
trée de lad. église, au portail, yl y a la figure d'ung beuf taillé en pierre.
Dedens lad. église, à la bonne main, sur le costé du cœur, yl y a ung s' Ni-
colas en paincture, lequel est sur toille, et est la figure dud. saint morienne ■*,
car ycelluy s', en son vivant, estoit tel. Et, quand led. s' fut, là endroit, ame-
net par deux beufz, comme l'histoire le porte, on dit que lad. paincture fut
amenée sur le char avec led. corpz s' et le pilier. — C'est une fort belle église,
<. Louis 1"', roi de Hongrie, surnomme Lanceiot, mort en 1382.
2. Folio 260 il 262.
3. Voyez les » Annales Arclléologiques », l. xxi, p. 112, noie a.
UO ANNALES ARCni':OLOGI0UES.
car ellp est assis sur la faclinn et iiiaiiicrc de Téglise de S' Jeliau. on la ville
de Gand; car, sur cescun costé du cœur yl y a deux montées de pierres,
lesquelles sont fort somptueuses et larges, pour descendre bien aise iiii per-
sonnes de front à chalcune, et sont de marbre blanc, et sont apoiés aussy de
lad. pierre, et y a xxi dégrés pour descendre jus(|ues à l'iiuis dud. cœur,
lequel est desoubz le principal cœur, et puis cm en descend environ v : adonc
on est en la propre place où repoze le corpz dud. s' Nicolas, le glorieux con-
tes; dont yl appert qu'yl y a enssamble par cescune montée xxvt dégrés. Led.
cœur est fort beau et grand, et assès sur la fachon du cœur de bas, comme
dict est, de l'église S' .lehan, en la ville de Gand, voire sans avoir yssue sur
rue; car le cœur de l'église dud. Gand a yssue sur rue, et ced. cœur n'a
yssue sinon en lad. église. Nous venus embas, on nous monstra ung pilier,
lequel est rouge, lecjuel je tiengz estre de paincture, et, dict-on, qu'il fut
amené, comme dict est, avec led. corpz et drap, lequel est en paincture, par
les beufz miraculeusement en lad. église. Lequel pillier est enclos de fer, et
y a ung huis pour entrer dedens. Et dict-on que ime personne quy seroit en
pechet mortel n'y polvoit entrer; mais je n'y entray pas. Lequel pillier est
emmy lad. place sur la bonne main. Emmy lad. place, là est l'autel dud.
S' Nycolas eus, auquel autel le corpz du glorieux s' est, et est led. autel enclos
de fer, comme en l'église S'-Géry, en Vallencliiennes, l'autel S'-Roch : et.
entre le fer et led. autel, sur la main gaulce. yl y a ainssy comme des basses
formes et pardevant ung bas estapleau, pour y asseoir m ou un prebstres :
aucjuel lieu on y chante vespres et grand messe. Led. autel est garny d'argent
tout authour, et. par devant, y a comme deux feuillelz. lesquelz ne ferment à
le clef. Et, (|uand les deux feuilletz sont ouvertz, on oeuvre encoire par terre
comme une grande sallière dont le couvercle est de layton, auquel y a ung
crucifix; et, par led. trou, ou pertuis, lequel est environ aussy grand connue
ma paulme. je regarday comme pour cuidier voir led. corpz du glorieux s' Ni-
colas; mais on n'y percoi|)t riens, sy non quand on a de la chandelle. Alors
on percoipt tout embas ainsy comme une lampe rendant grand clareté, laquelle
est plaine d'huylle, et, là dessoubz est le corpz dud. s' Nicolas, lequel rend
lad. huyile. laquelle s'appelle manne, de laquelle on en donne à cescun pèle-
rin une ampoullette. dont, pour ma part, je trouvay la manière d'en avoir
trois. Et après, mons. de Reul empret et moy allasmes par devers l'évesque,
ad cause de ce que led. S'' ne scavoit pas ung mot de latin, et Ils tant auprès
dud. évesque que led. S' de Reubempret en eult xji ampoullettes, pour sa
part, de lad. manne. On m'en donna tant sur mes jeulx comme sur mes
l)agues, lesquelles j'avoys rapporté de Ilierusalem et aussy aux aultres, comme
VOYACr. Ar.ClIKOl.OGIOrK AI" W'^ SIKC.I.K. l'il
est la cousfumc. La table daiitel , là où repose le coi'|)/. diid. s' Nicolas, est
toulte d'arf^ent '. >
Biu.NDKS. — u A liraiidis il y a ii colonnes de pierre, sur lesquelles y sou-
loit avoir des ydoles que Virgile adoroit -. En lad. ville, en la grande église,
là repose le corpz de s' Théodore. F.n ycelle ville y a ung lieu quy se nonnne
lysolle. lequel lieu s'appelle aussy la croix s' Andrieu. Nous disons en ce pais-cy
que Xostre-Seigneur .Jésucrist fut porté par s' Cristofre oultre la mer. Mais,
(juand on leur demande s'il est vray. il/, n'en savent riens et ne disent ne ouy
ne nenyl ^. >
liAHoN m; I.A lO.NS-MKI.ICOU.
I. Folio î.'i't r à 2oo r. — « Annales Archéologiques », (. xxi, p. 1 12, imte ti.
i. Il n'v a rien détonnaiil que lirindos, où est mort Yir^'ilo. ait conservé très-\ if le somenir
(lu irrand pol'le; mais ell(^ aurait pu l'Iionoi-er autrcnicnt qu'en mondant des sculptures que Vir-
gile, qui n'était pas sans doute un très-fervent païen, n'avait eerlaineineni pas adorées.
3. Folio 2o2 V.
xxu. 10
ORFÈVRES ET ORFEVRERIE
DU MOYEN AGE
Arlos, 10 iioùl, IS47.
Mon cher Monsieur Didruii.
L'appel ([ue vous l'ailes au zèle et à la coopération de vos correspondants de
la province, pour la publication des documents recueillis sur les anciens
artistes de la France, nous est jiarvenu par la vnie de vos excellentes
<( Annales 11. Nous avons tous applaudi, ici, lanl au projet en lui-niênie qu'à
la décision ministérielle cjui vous donne la direction de ce travail. Selon moi
et selon mes amis de la Commission archéologi(|ue qui sont aussi les vôtres,
c'est un acte de justice, en même temps qu'un service rendu aux sciences
archéologiques, d'avoir tiré de l'oubli, où ils étaient tombés, tant d'ouvriers
intelligents, architectes, maçons, peintres, mosaïstes, orfèvres, sculpteurs
qui ont été si longtemps la gloire du pays et dont les chefs-d'œuvre, quoiciue
dispersés par le temps, dépréciés par l'esprit de système, détruits par les révo-
lutions, par l'avarice, l'ignorance, le mauvais goût des moines et des prêtres,
n'ont pas tellement péri, (ju'il ne nous en reste de quoi faire, pendant de
longues années encore, notre bonheur et notre joie^.
1 . La lettre de M. L. Jacquemin est fort ancienne; clic date du 10 août 1847. Par une suite de
circonstances inutiles à mentionner ici, nous n'avions pu jusqu'alors publier ce travail si intéres-
sant. C'est donc une bien vieille histoire que raconte SI. Jacquemin, lorsqu'il parle d'un recueil
de documents sur les anciens artistes de la l'rance dont le ministère de l'instruction publique
nous avait confié la publication. Depuis 1S47, deux révolutions se sont abattues sur la France :
le Comité historique des arts et monuments, dont nous avons été le secrétaire pendant dix-sept
ans, n'existe plus; les mairnifiqucs publications que ce Comité avait entreprises, comme la « Mo-
nographie de la cathédrale de Chartres » et la « Statistique monumentale de Paris », ont été
AHI^ALTi^S. .iiECBaOLÛ'&ïp'UIKÛ
:-'-r:R Z}:-:>nor. a :=a:'
/*rjiir.f /ir:i- ,i_I/cciff/
iiMP'û"[JiE ;q):e csis-^isl — :ij©TJjziEB:[:e siècle
AU MUSEE DES WlTIQUAU'ir.S A Cr-EX
/iàA /mr JKJnia. !j. riu Sf ff^-i.,ir.i^n< j' /FTir
r^.j:i»^ ,-^.i.r.'.L>ri
Ê
9
np,Fi':vii[;s f.t oiiFi'vr.F.niK r>F M()\fn a cf. 1:'i3
En l'clat des reclicrclies que j"ai t'aitcs. et du peu de succès dont elles ont
été suivies, je regrette de n'avoir à vous eoniinuni(|U('r. jiour cette Ibis, que des
renseignements peu iuiportairts. el d'entrei- pour une si faible part dans une
entreprise à la réussite de la(|uelle chacun devrait s"empresser dn concourir.
Arles, dont Thistoii'e embrasse tant d'é'poques diverses; Arles, ([ui a vu passer
tant de civilisations (>l cpii i'ul auli-einis le i'ou'r auf|uel venaient se réchaulVer
toutes les gloires artisticpics de la (iaul<\ m'avait pai'u. d'abord, devoii' fournir
d'immenses matériaux à votre livre. — C'était une en-eur. Kn le croyant ainsi,
j'oubliais que notre cité n'a pas élé moins fameuse [)ar ses malin 'urs (|ue par
l'éclat dont elle vint à jouir aux plus beaux jours de sa longue existence; (pi'à
côté d'immenses prospérités, elle avait eu d'inuuenses inlorlunes. et (|ue. de
toutes ses magnificences passées, il ne lui i-eslait plus ([ue celle de son nom et
de ses sou\enirs.
arrêtées au milieu de leur carrière. Quant au « Recueil de documents sur les artistes », il ne verra
jamais le jour, au moins sous sa forme oHicielle; mais les « Annales Archéologiques <> ont hérité
de cette tâche qu'un ministre bienveillant nous avait confiée. Déjii, à plusieurs reprises, nous
avons publié des textes, des dessins et des réflexions sur ces artistes; aujourd'hui même, M. Jac-
quemin nous révèle, dans un travail plein d'intérêt, un certain nombre d'orlévres d'Arles et du
midi de la France. Puis, nous continuons à recueillir les eliiL;ies et les iusciiplioiis qui mon-
trent ou nomment les architectes, les sculpteurs, les peintres du moyen àue; avec la photogra-
phie, cette tâche, à peu près impossible en 1817, est liicile aujourd'hui, et, (luand notre collection
aura acquis une certaine importance, nous en donnerons communication à nos lecteurs. L'ancien
appel, dont M. L. Jaccpiemin parle en tète do sa lettic, est donc toujoiu'S de saison, et nous prions
tous nos amis et souscripteurs de nous donner connaissance de tous les renseignements écrits ou
graphiques qu'ils sauraient exister sur les anciens artistes. Ces renseignements, nous les [lublic-
rons en texte et en gravure dans les « Annales .archéologiques » avec le nom des personnes qui
nous les auront communiqués. Il inqiortc de préparer sérieusement les matériaux d'une histoire
des artistes fr;mçais du moyen âge et ih- la nviaissance.
Les objets d'orfèvrerie, dont .M. L. Jac(|uemin nous donne la description et l'histoire, n'existent
plus par malheur; la ciqtiditè, le mépris et le mauvais goût se sont réunis pour les détruire.
Toutefois, après la publication des nombreuses pièces d'orfèvrerie que nous avons faite dans les
« Annales », nos lecteurs pourront facilement se faire une idée de celles qui enrichissaient le trésor
de Saint-Trophime d'Arles. Nous saisissons cette occasion pour offrir ici un petit objet de cristal
monté d'un couvercle d'orfèvrerie, dont h^s analogues sont fort rares, et qui appartient aujourd'hui
au musée archéologique; de la ville de Caen. Cet objet, qui doit dater du xir siècle, était sans doute
une ampoule destinée à conserver un parfum [jrécieux, un liaume sacré. Cette forme devait être
celle de l'ancienne sainte Ampoule (pie gardait le trésor de Saint-Remi de Reims et qui conte-
nait le saint chrême destiné au sacre des rois de France. Les saintes huiles, dont les anciens
réceptacles sont si rares, devaient se renfermer dans des fioles pareilles à celle de Caen. Le nœud
de feuillages où s'implante l'anneau qui ser\ait à suspendre cette ampoule, est d'une rare élé-
gance. Si, comme on l'a dit, nos orfèvres peuvent trouver des modèles d'imitation dans l'orfè-
vrerie étrusque, plus ou moins authenliipie, du musée (lampana. nous pouvons allirmer qu'ils
n'en trouveraient pas de moins beaux, de moins originaux et de moins nombreux dans l'orfè-
vrerie du moyen âge. {.\'o(e de M. Didron.)
l/i4 A.\NALES AP.CHÉOLOGinUES.
Oue ceci, du reste, ne vous alarme pas trop. — Poui' n'avoir ])as clé des
plus heureuses, mes investigations n'ont été ni perdues, ni stériles conipléle-
nienl. Peu de villes, vous le savez, ont eu dans les siècles pieux du moyen âge
une aussi grande célébiité que la nôtre. Il est sur. tout au moins, qu'aucune
n'a possédé autant de reliques pi'écieuses. — L'antiffuité de notre église, la
sainteté et le l'enom de nos prélats, le haut crédit dont la plupart d'entre eux
fui'cnt en possession auprès des papes et des princes chrétiens^ dont ils furent
les familiers et les amis. expli(|iient rabondance et le haut |)ri\ de ces
richesses.
Objets de la vénération des hdèles venus de tous pays à Arles, pour visiter
les Aliscamps et assister au célèbre pardon de Mont-Majour. ces reliques, au
premier rang desquelles brillaient celles de saint Trophiinc. de saint l'Etienne,
de saint Césaire, de saint Antoine et de saint Iloch. étaient conservées dans
de riches pyxides. dans des châsses en or et en ai-gent, ornées de pierres pré-
cieuses et de bas-reliefs merveilleux représentant ordinairement les traits
principaux de la vie du saint, dont l'image, relevée en bosse, renfermait
les restes.
Or. après ce que j'avais entendu dire de la beauté et de l'importance,
comme ti'avail d'art, de la plupart de ces pièces d'orfévi'crie, aux personnes
âgées qui avaient pu les voir et les toucher; après les descriptions souvent si
minutieuses qui s'en sont conservées, soit dans les annales de la ville, soit dans
les manuscrits, mais principalement dans les vieux registres des notaires, où
se trouvent consignés tant d'autres faits intéressants pour notre histoire, il
m'avait toujours sembh'' impossible qu'aucun des détails relatifs à la fabrica-
tion de ces châsses, aux dévots opulents qui en faisaient les frais, ainsi qu'aux
ouvi'iers chargés de les confectionner, n'eussent été écrits en quelque endroit
de nos archives, et que dès lors il ne fût facile de les y découvrir.
C'est dans cette espérance, et afin de vous prouver un peu mieux que par
des paroles de quelles sympathies nous accompagnons ici vos entreprises
scientificjues, que j'ai commencé sur les artistes du midi, dont les œuvres
remplissaient autrefois le trésor de nos églises, une série de recherches, sur
les bons résultats desquelles je n'ose pas encore trop compter, mais que
je crois pourtant ne pas devoir être sans intérêt pour vous. Plus tard , je vous
enverrai certains inventaires très-curieux du mobilier de nos églises, tirés
d'anciens procès-verbaux rédigés pour les visites pastorales des années 1616,
1627 et 1628.
ORFKVRF.S F.T OKFi;\ RKUIE DU MOVFX ACE. H5
I. — CHASSE POl r. LE CHEF DE SAIM' ETIENNE
Pi'ix fait pour la clià^so du fliof de saiiil l-llicniie. dniini'' h niaîtro Roni.N
Niella, orfèvre d"Avi,!;noii . par Artaud. ar(he\c(|ue d'Aiies. et par les
consul?, le 8 juillet 1/iOi).
« Revercudissimus iuXcopaler. Dûs A. Ar(>latensis archiepiscopus. nobiles
Antonius Luciani. Joliaunes Iloniei et Trophiuius (iavarroui, sindici uiiiversi-
tatis Arelatis. absente Francesqueto Benigni altcro consindico, et alii dani
prefachium capitis S" Stepliani maiçistro Rohiuo Niella, aurifabro de Avi-
nione. pacto quod crit ponderis 80 ad centum marchas ai'genti ponderi,-
Arelatis, de argento fnio et deaurato. ([uod fiet Arel. pi-elio xiii floreiioruni
et diuiid. pro qualibet marcha operata et deaurata . et liiiiln dicto opère pro
jocalibus x\ florcnos auri * ».
A-compte de vingt-cinq florins d'or, reçu le 23 juin 1/jlO, ])ar maître
Robin JNieila, sur la somme (]ue la ville lui doit poui' la fabrication du chef
de saint Etienne.
« 1410. xxiii Junii. — AIagi>lei- ilobiiuis de \iella. opifex operis capitis
S' Stephani, recejjit xxv florcnos auri in diminutioncm sui operis. a nobili
Rostagno Isnardi, et Jacobo Royci burgensi, consindicis Ai'clat - ».
Déclaration du 24 septembre IHO, par laciuelle maître Robin Xieila
reconnaît avoir reçu de noble EIzéard de Reinaud cl d'Antoine Olivar\ , col-
lectionneurs des dons faits à l'œuvre du chef de saint Kliennc , deux écuclles
d'argent, du poids de trois marcs, deux onces et deux deniers.
(i 1410... 2h ~^'"' — Idem aui'ifaber et opifex capitis argentei, quod (it et
construitur in civitate Arelatensi ad honorem B. Stephani. recognoscit se récé-
pissé a nobili .\lziassio Raynaudi consindico et Antonio Olivary notario, leva-
toribus elemosynai'um gracia ipsius operis, et pro eo construcndo datarum .
duas scutellas argenti fini, ad pondus Avinionis très marchas, très uncias cl
quatuor denarios, et ad pondus Arelatis très marchas, duas uncias et duos
denarios ' » .
Décision du conseil de la ville d'Arles, ])ortant que le legs de trois cents
francs, destiné par le sénéchal de Toulouse à indemni.ser les habitants de la
i. Extrait des registres de Pierre Bcrtrandi, notaire d'.\rles. (Année 1409.)
2. Registres de Pierre Bertrand!. (1410.)
3. Registres de Pierre Bcrtrandi. (1410.)
1/,G ANNALES ARCHEOLOGIQUES.
(lamarsiic (rime |)nrli(iii du dommage fiu'il leur a\ail fait pendant la guerre,
serait employé à la coiifeelioii <lu i-i'li(inaire de saint Ktienne.
« Aiant lloger d'Kspaigne. seneschal de Toulouse, faict conférence de ce
(|u'il avnict desrohi'' en Camargues, au temps de la guerre contre le duc
d'Anidu, auroict par son testament légué 300 livres pour estre payées à ceulx
à (jui il avoict faiel le doimnage, et le conseille, ayant vu ((u'un ne pouvoict
faii-e le dict reinboui-semcnt . ordonna c|u'ils seroienct employés à relever
sainct l'islienne ' » .
Commencée en JiiOl), sous l'épiscopat d'Artaud, la châsse de saint Etienne
ne fut terminée qu'en j/il2, sous celui du cardinal archevêque d'Arles, Jean
de Brogni. (|ui la bénit le \\i mai de cette année "'. Le buste dans leciuel était
enfermé le ci-àne du saint martyr était orné d'un riche collier de pierreries,
présent du cardinal. Sur les quatre faces de sa « sousbasse » ou piédestal qui
le portail, il y avait encadrés, dans un double enroulement de feuillages et de
fleurs, (piatre tableaux, dont trois étaient remplis par des bas-reliefs offrant
des sujets empruntés à la vie du saint, premier patron de notre cathédrale,
et le quatrième par cette inscription, au-dessus de lacfuelle étaient gravés les
écussons de la ville et du chapitre :
non cAPVT si;i stepiivm fvit piiiiFiXTVM
DE ANNO ll.M M • CCCC. XII • PER CIVES
ARELATIS. IN QVO FVKRVNT REPOSITI CCC
FRANCHI EXSOLVTI PFR EXEOVVTORES
ÏÏnT ROGERII de YSPANIA MILITIS
DE QVIBVS IN TESTAMENTO SVO FECIT
OSTIAM DE ABI.ATIS TE.MPORE GVERRIÎ
ÎÎni DVC'.S ANDEGAVENSIS.
ISTVn CAPVT PONDERAT CXX MARCHAS
AHGENTI FVNI.
IL — CHASSE DU COUPS ET DU CHEF DE SAINT ANTOINE
On sait les longs débals qui eurent lieu entre les hospitaliers de S'-Antoine
de Viennois et les religieux bénédictins de Mont-Majour, au sujet des reliques
du bienheureux anachorète, à la possession desquelles chacune des deu,x
communautés prétendait également ■*.
1. Nolaire Guillaume Olivary, Reg. F, fol. 107. (Année 141 L)
2. 1412. — «La châsse do saint Estienno qui avoict été commencée en 1409, fust achevée ceste
année et bénie le xxi may, veille de la Pentecosle. — Elle a cousté 1087 livres 16 s. ».
(Extrait du protocole de Guillaume Olivary, not. d'Arles.)
.3. Ces disputes,. dont le bruit a rempli le monde pendant prés de trois siècles, déjà jugées une
onrÉVREs i:t oi-.fkvkerie dl muvf.n âge. 1^7
Le fait est que les moines de Mitiit-Majour, expulsés violemment en 1290 du
prieuré de La Motte-Saiut-Didicr. (|u"ils desservaient . emportèrent avec eux le
corps du saint; que ce trésor. ol)ji>l des secrètes jalousies de ceux de Vienne,
resta dans leui' abl)aye jus(|u"cn l'i!H). époque à hupielle la bulle d In-
nocent VIIL qui les ])larait sous l'autorité de leurs ri\au\. ayant élé connue,
la crainte où ils furent ([ue ces derniers ne missent à profit (-ette occasion
pour s'emparer de leurs reli(]ues fut cause (juils résolurent de les porter à
Arles , et. pour plus ,u;rande sûreté, de les placer sous la sauvegarde des habi-
tants de cette ville.
Cette translation . dont les clironi(iues du temps nous ont gardé tous les
détails, eut lieu avec la plus grande solennité, au milieu d'un innnense con-
cours de peuple, accouru de tous les environs, le dimanche 9 janvier 1490.
— Voici comment un témoin oculaire. Philippe Mandoni. notaire d'Arles,
nous raconte cette cérémonie, dans une note écrite le jour même de l'évé-
nement, au folio 127 de .son protocole de l'année :
« Anno predicto (1^90 ab Inc.) et die ix jannai'ii que fuit dominica et ad
horam de Ave Maria, pei' Dnos religiosos Monti.--Majoris el nobiles consules
hujus civitatis Ai'elatensis, fuit translatum cajîut et corpus gloriosissimi con-
fessoris B. Antonii, de Monte-Majori ad dictam civitatem Arelatensem et fuit
positum in ecclesia S'-Juliani. ubi erant relata plurimorum, plus quam duo
millia tam hominum quam mulierum, cum intorticiis accensis, et ego Philip.
Mandoni hoc vidi et fui presens. associando dictuin corpus a cruce lapidea
que est extra portale Ca\ allarie usque ad dictam ecclesiam S"-Juliani. »
Ainsi mis à l'abri dans l'église Saint-Julien, les restes de saint Antoine devin-
rent l'objet d'une sévère surveillance. Les Arlésiens, qui savaient tout le prix
de ce dépôt, prirent pour sa conservation des mesures qu'on pourrait croire
exagérées, si on ne savait tout ce qui fut tenté pour les en déposséder. — Vne
niche profonde, défendue par un treillis en fer à mailles solides et serrées,
fut creusée^ exprès pour les recevoir, dans un des piliers de l'arcade triom-
phale, à la droite du chœur ^. Au treillis il y avait trois serrures, el. comme
on avait tout prévu, le mécanisme en était combiné de façon que, i)0ur les
ouvrir, il fallait le concours des consuls, de l'archevêque et de l'abbé de Mont-
première fois en faveur d'Arles par la l)ulle d'Alexandre VI, du 31 dt'cemtire 1495, puis une
seconde, par la demande que fit le pape Léon X, aux consul? de notre ville, d'un fragment de
ces reliques, viennent de l'être de nouveau et définitivement par l'excellente notice qu'a publiée
mon ami, M. L. Bosc, en réponse aux assertions de M. l'abbé Dassv.
1. Délibération du conseil du 6 février I4'JI. — « Archives de l'iiotel de ville », registres des
délibérations.
ir,8 ANNALES ARCHEOLOO IQUES.
Majour. (|ni avaient chacun la clef do l'une d'elles. Le conseil décida en
outre qu'il serait nommé un capitaine chargé de veiller jour et imit sur les
relifiues. et que chaque ibis c[u'elles seraient portées dans les rues, soit à la
procession instituée en leur honneur, soit en toute autre occasion, cet officier,
suivi de ses archers , marcherait l'épée au poing à côt('' d'elles ; que les portes
de la ville seraient fermées, les postes renforcés et les herses abattues.
A cette épo([ue, les ossements de saint Antoine, entourés des attestations les
moins équivoques, accompagnés d'une foule de témoignages d'évêques et de
princes . confirmant tous leur vérité, étaient gardés dans une caisse en bois,
toute noire de vétusté et du contact des personnes pieuses qui y posaient dévo-
tement leurs lèvres et leurs mains. — Dans la première ferveur de leur zèle,
les Arlésiens délibérèrent de leur faire construire une châsse « moult hono-
rable >) qui fût. par le tra\ail et la matière, digne d'un si rare trésor. Aus-
sitôt les dons aflluèrent. Grands et petits, tous vouUn'ent contribuer à son
exécution; chacun a[)portait son offrande. Outre le produit des quêtes, qui
fut considérable ^. il fut donné quantité de bijeux, de pièces d'argenterie et de
monnaie, lùifin une partie des testaments d'alors renferment des 1-egs pieux en
faveur de la fabricatiim du précieux reliquaire.
(Juand on eut assez d'argent pour fournir aux premiers frais, les consuls et
l'archevêque, celui-ci. en sa cpialité d'abbé de Mont-Majour. reconnaissant
([ue le sieur Antoine Fet. argentier de la ville d'Arles, était fort expert dans
son art . l'appelèrent auprès d'eux , désirant entendre les propositions qu'il
avait h leur faire touchant la fabrication du buste projeté. Sans doute que ses
conditions furent raisonnables, puisqu'on les accepta et que, le prix fait du
travail lui ayant été délivré, il fut autorisé, sur sa demande, à s'associer
maître (Uiillaume Aulin. comme le prouve le passage suivant, tiré de l'acte
lui-même, passé le 22 novembre l/i91, notaire Philippe Mandoni :
(i Amio 1491 et die vigesima secunda mensis novembris, noverint universi
(juod cum magister Anthonius Fet, aurifaber civitatis Arelatensis receperit
seu de proximo recepturus est, ut dixit. a certis nobilibus et burgensibus pre-
sentis civitatis Arelatis ad fabricandum. construendum et conficiendum caput
argenti gloriosissimi confessons amici Dei S" Anthonii dictœ civitatis Arela-
tensis , et illud perficiendum ad honorem Dei et dicti Sancti, huic est , quod
I. J'ai sous les yeus la copie d'un acte du 26 juin 1492 (iiot. Pliilippc Mandoni). par lequel le
vicaire de Nicolas Cibo, archevêque d'.\rles et abbé de Monl-Majour, autorise Jacques Rousselet,
religieux de ce monastère, « de faire sa queste et recepvoir les aumônes des fidèles pour le bust
de monseigneur saint Anthoiiie dans les diocèses de Digne, do Glandèves, de Vence et de
Grasse. »
OHKKVRKS ET ORFKVHFR 1 1" DU MOYPA' AOK. l/,9
aniio et die predietis diclus ina.nisler AiiIlKniiiis hVl assuciaxit et secum
recepit ad dictuiii caput l'abi-ieaiulmn. coiilicinidiiin et perncimiduiii \idellcct
mafîistrum ('luillenmim Auliii. aiirifabnim. etc.. <
Remar(|uable par sa grandeur, par rabondanec du métal, mais plus encore
par la beauté des bas-reiiel's (|ui décoraient sa base, le buste tie saini Antoine,
commencé en 1/|91, ne l'ut liiii (|u'('ii iô'lC). I^e maïuiuc (k numi''iaire l'ut
souvent l'unique cause do l'inlorruplion do co ti'a\ail. Kn 15"2(). cependant,
les exhortations du clergé, les promesses d'indul^'ences raniment un monieiif
le zèle un peu attiédi des donateurs. Les leg-s commencent à reparaître dans
les testaments; mais les sommes f|ue laissent les mourants sont si minimes *,
qu'il n'est jxis besoin de chercher aillein's les causes de la lenicnr avec la(|uclle
les deux ouvriers travaillent à lem- cliel'-d'u'uvre. — Les moines do \Ioiit-
Majour, les plus intéressés dans cette alTaire. se donnèrent beaucouj) de mou-
vement pour la mener à bonne fin. Plusieurs t'ois ils s'adressèrent aux Liats
de Provence, demandant que les villes les plus riches s'imp(jsassent volontai-
rement un tribut à ce sujet. Pendant plusieurs années, leurs messagers ne
cessèrent de parcourir les campagnes, visitant les châteaux, s'ari'ètant dans
les villages, ramassant l'obole du pauvi'e et les nobles à la rose du riche.
Entre autres traités conclus par eux à cette occasion, je trouve dans les
papiers d'Honoré Maimberl. notaire d'Arles, une procuration à la date du
30 août lûO/i, par laf[uelle ils donnent plein pouvoir à un religieux de leur
ordre, pour retirer les aumônes et les dons des personnes cliaritables, tant
pour la reconstruction de l'église et de l'hôpital de Saint-Antoine d'Ai-les, que
pour le reliquaire du saint, en or et en argent, aucpiel on travaille en ce
moment :
(I Ad e.xigendum et recuperandum oblationes, elemosynas, conl'ratrias,
vota, legata, et quecumque caritativa subsidia in honoi-em Dei. glorioseque
virginis Marie, ac beati Anthonii de Lgypto abbatis , cujus corpus in ecclesia
S" Juliani Arelatis a dicto monasterio dependente requiescit, tam pro construc-
tione et edificatione ecclesie et hospitalis ac tabernaculi am-ey et argentey
fiendi in dicta civilate Arelatis ad laudem et honorem S'' Anthonii. etc.. >
La châsse de saint Antoine, après avoir été pendant trois cents ans l'objet des
respects et de la vénération du peuple d'Arles, fut jetée en 179!2 , avec une
foule d'autres, dans l'innnense creuset oii la n'-volution a consommé' la ruine de
tant de raretés. Heureusement que les reliques purent être conservées et que,
1. Par testament du 22 mars Io20 (notaire Honore (^andelery), Jean de Saint-Martin, tils de
feu Refosciat do Saint-Martin. lègue à tœuvre du tlief de <aint Antoine un écu au soleil : «Le"0
fabricac capitissancli Anthonii unum scutum solis infra diem niei obitus sojvendutn ».
XXII. 20
ir>() ANNALES ARCIIÉOLOGIOUES.
iiKili!,!''' l'i '"11'' slii|iidit('' du l'ocleur de Saint-Julieii, ([ui. an m(''pi-is des |)Uis
saintes traditions de son église, s'avisa de les tenir pour fausses , et, conime
telles, les enfouit dans un caveau oii elles pourrissaient quand elles en ont été
tirées, elles existent encore avec tous les caractères de l'authenticité la plus
parfaite.
Aujourd'hui . qu'il ne nous reste du célèbre reliquaire ([u'une image gros-
sièi'C. incapable de nous donner de ses détails une idée même approximative,
j'ai cru devoir rapporter ici ce (|u'en disent les chroniques contemporaines :
(. Cette châsse est aujourd'hui grandement \énérable. grosse et esminente,
toute d'argent, esmaillée et surdorée de lin or de ducat, avec mille figures
en plein relief, de demi-pied de haut, tout autour de la sousbasse . représen-
tant les actions les plus mémorables de ce saint. Mlji' est assise sur huit figures
de pourceaux, de demi-pied de long '. de mesme estolTe que le reste, et repré-
sente l'image d'un hermite revestu de son habit, puis la ceinture en hault.
sans bras néanmoins , mais le corps de beaucoup plus gros que celui de quel-
que homme vivant que ce soit , la teste à l'advenant et le visage peint comme
bruslé du haie des déserts et solitudes de l'Egypte, où il s'estoit relancé. »
Siu' le devant du piédestal il y avait l'écusson des armes de Mont-Majour,
deux clefs et une crosse, et au-dessous :
S\M:TE ANTON! ORA l'IiO NOBIS.
111. — CHASSE DE SAINT liOCll.
Cinquante ou soixante pestes, toutes très-meurtrières, essuyées depuis celle
de 13/i8, qui dévasta le monde, jusqu'à celle de 1720 et 1721. ([ui fut la
dei'uière en nos contrées, nous donnent l'explication du profond respect de
nos pères pour les rcli(iues de saint Roch.
Déposées en 1399 dans l'église des Trinitaires d'Arles, de l'ordre de la
rédemption des captifs, avec celles de sainte Julitte et saint Cyr, des saints
l'orlunal, Achillée et Polycarpe, par Geolïroi de JMeingre. maréchal de Bou-
ricaul. ,"i qui la ville de Valence en avait fait présent, ce n'est qu'à l'époque
de la révolution qu'elles ont cessé d'attirer à cette illustre maison, aujourd'hui
détruite, les pieuses ofTrandes de tous ceux que leur foi en la puissante inter-
vention du saint amenait dans nos murailles.
1. 1! est assez ingénieux d'avoir fail porter la eliàsse de saint Antoine par l'animal qui lui est
consacié.
oni'KVPiF.s KT or,Fi:\ iiKiiii-: ni; moyen agi:. 1j1
Voici en (|uels termes le bréviaire de Téglise d'Arles, iiiiiirinn'! en 1016,
parie de ces reli(|(i('s. dont la pins t^rand(> |)arti(^ snl)sist(> encore dans l(> trésor
de Saint-Trophinie :
<i Una^ sunl Arelata' lioruni sanclornni ( l'ortnnat. Vchillée el Polycarpc)
niartirum reliqnia?. ilkisiris conies \ iiall'ridns Mcnj^rins, niarescallns l''rancia%
a clero V'alentino in («allia acceptas. Jeanni arrliii'|)isco|ii Arelatensis ante
diicenlos annos in axle sanctissiina; Trinilatis. ordinis redemplionis captivo-
rnm. obtniit collocandas.
«Arelata:" illorum reli([nia' sacra' (saint rioch . sainte .lulitte e( saint
Qnirice ou saint Cyr ) |)er illnslreni coniiteni VnaltVidiini Mcn^iinni . snh
('arolo Sexto. Francoruni rege. in ecclesia sanctissim.i' Trinitatis. ordinis
redeniptionis captivornm. re|)osita'. magna populi tVe([ii(>ulia ac venerationc
coluntur. »
La ciiàsse de saint liocli , sur kujnelle nous avons eu le bonheur de trouver
les détails curieux que l'on va lire, l'ut faite en deux fois; plusieurs mains y
travaillèrent. — l.e colTrc en vermeil, dans le(|ue| l'taient enfermés les osse-
ments, fut commandé en 1G20 à Jii\.\ Pu:. « maistre orphèvre d'Arles ), par
Charles III Lmmaïuiel. duc de Savoie, el donné par ce prince aux Trinitaires
de cette ville, en reconnaissance du don (jue ceux-ci lui avaient fait d'un
frag'menl de ces relicjues.
« Les desputez du duc et |)rince de Savoye, arrivés en la ville d'Arles, firent
l'ère ouverture de la chasse où reposent les reli(|ues du bienlieureuv saint
Uoeh, en vertu des ietlres patentes de S. M. 'i'rès Chrcstienne. adressantes à
M'" les Revercndissime arclievesque et consuls d'Arles, pour leur en estre des-
party au nom du dict sereuissime prince (luelcjuc petite parcelle. Les dictes
sainctes relicjues resposans dans une hardie, avec plusieurs autres d'autres
bienheureux saincts, dans l'esglise el couvent des révérends pères .Malluuins
de la dicte ville et |)ar iceux curieusement conservées. Le dict seigneur arclie-
vesque Gaspard Laurens, s' estant posté au dii-l couvent avec le siem- Honoré
d'Aiguières, sieur de Mejanes, premier consul, et aucuns de ses familiers en
petit nombre, ensemble avec les sieurs desputez de son Altesse de Savoye, le
13 du mois d'avril de l'année présente 1020, et ayant fait fere l'ouverture de
la dicte chasse jiar ministre du dict couvent, il fust par eux despart y aux
dicts ambassadeurs l'un des ossemens de l'une des jambes; en recognoissance
de quoy ils donnèrent pour présent, à l'œuvre du dict saint Ilocli, une chasse
en quarré long toute couverte de lames d'argent fin. la quelle du des|)uys la
confraternité l'a grandement enrichie de dorures vermeillies el figures à dei7iy
relief, et faict servir de piédestal et scabeau à la figure en plein relief qu'elle
152 ANNALES ARCHEOLOGIQL'ES.
a laid foro du corps do saint Roch. de son chien et de l'ange, le tout reslévé
en argent doi-(' '. «
Les rlioses n\stèront. ainsi que le duc les avait faites, jusqu'en 1028. que
la peste couvant sourdement dans tous les alentours et menaçant la ville, les
Arlésiens. émus jiar le danger, songèrent à se ménager la protection du saint
en faisant composer le grou|X' dont il viont d'être parlé. L'exécution en fut
confiée à Coi!MUli.e Adamis. orfèvre d'origine allemande, mais depuis long-
temps lixé dans le pays, où il exerçait avec talent son industrie. Artiste émi-
nent. mais d'un caractère querelleur et brouillon, quittant volontiers le travail
pour le plaisir et la débauche. Adamus. estimé comme ouvrier, n'avait du
reste (jue de faibles droits à Festimc |)ul)lique. Le récit de sa mort, arrivée
pendant la peste de 1G20, et regardée en ce temps-là comme la punition de
certains propos plutôt légers qu'impurs tenus par lui dans un cabaret où il
s'était enivré avec des camarades, mérite d'autant mieux de trouver place ici
qu'il n'est pas étranger au sujet que nous traitons. Voici comment nous la
raconte un manuscrit de IGZiO. du père Barnabe Mure, intitulé : « La Vie et
les œuvres admirables du glorieux confesseur saint Roch, propice contre la
peste » :
« Tous ceux de la ville d'Arles sont temoings de ce qui arriva au maistre
orfèvre, à qui on avoict donné de pris faict de relever en bosse l'imaige du
glorieux saint Roch, pour avoir voulu profaner, avec deux autres personages.
le dict imaige, quoiqu'il ne fust encore achevé ni béni.
« Ce pei'sonage. nommé Corneille Adanuis. Allemand de nation, et peust
être à demy catholique, ayant déjà commencé à esbancher la dicte figure,
s'en alla au logis où pend pour enseigne l'imaige de saint Sébastien, prosche
de l'esglise paroissielle de Saint-Lucien, et y porta avec soy le chef du dict
saint Roch, jà relevé en argent avec le chapeau séparé. Là, faisant sa
desbauche avec trois ou quatre bons compaignons de la ville d'Arles, il com-
mence à boire comme pour mespi'is dans le dict chapeau d'argent . invitant
les austres à en fere de mc^me. — Puisque saint Roch, disoit-il, guérit du
mal de peste, il nous en préservera, veu que je suis son père, que luy ay déjà
donné commancement. — A ceste diabolique et détestable semonce, deux de
ceste compaignie en firent tout de mesme , beuvant dans le dict chapeau par
diverses fois; mais le troisième, plus chrétien, n'y voulust jamais boire, disant
que cesia n'estoit pas destiné [lour cet usage, ains pour l'honneur et gloire du
grand saint Roch. — Le Bon Dieu, qui ne vouloit pas laisser impuni le mes-
1. Arcliives de l'iiôtel de ville. — « Annales manuscrites de la ville d'Arles », année 1G20.
ORFÉVUKS Eï OliFKVRElîIt: DU MOVF.N AGE. 153
pris que l'on faisoit de son serviteur Rocii . pormil qu'à deux jours de là
maistre Corneille et ses deux conipiices furent tVa|ip(''s de peste, dont ils mou-
rurent, et celui qui avoict eu plus de respect ([ue les autres fust miraculeuse-
ment préservé sans avoir aucun mal. »
Cette belle châsse, comijosée, ainsi (pic nous venons de le voir, du groupe
ou était la figure du saint, et de la boîte ( <> capsa » ) en foi'me de piédestal qui
contenait les ossements, pesait à peu près trente-huit marcs : vingt-neuf moins
six deniers pour le groujie dont les habitants tirent les frais '. et neuf et (piatrc
onces pour la soubase, ([u'on se rappelle avoir été donnée par le duc de
Savoie. Celle-ci. décorée sur ses (lualre côtés de bas-reliefs d'une grande
richesse de travail, portait cette inscription surmonlée des armes de la maison
de Savoie et de celles de la ville :
INCKl'TVM UVCIS VOTO, VOTVM (;l\ITATI>
MK EiiKxiT. c. vi:iii)n;i\ i.t i-\\i.(1ian
DELOSTIC TVTi:LAmi • AN • ll.M
M° D"C"X\IX".
Peu de reliques ont eu autant de dévots que celles de saint Roch. Des rois.
des princes, les villes que la peste allligeait en demandaient avec instance et
en obtinrent souvent, malgré les sévères défenses fulminées à ce sujet par les
supérieurs de l'ordre.
11 existe un bref d'Alexandre VI, donné à Saint -Pierre de Rome, le
k février 1501, par lequel il est permis à Gonzalve de Xérès de prendre
dans le trésor de l'église de la Sainte-Trinité d'Arles un fragment des reli-
ques de saint Roch, pour être exposé dans la cathédrale de Grenadt; -.
Un décret du pape Adrien Vl, rendu en 1522 à la sollicitation de Tempe--
rcur Charles-Quint, accorde à la ville de Valladolid une partie du crâne de
saint Roch. Nous avons la preuve qu'une autre partie en fut cédée en 1557
aux religieux de la rédemption des captifs de Marseille, et que Grégoire \ill.
fort dévot aux reliques, comme on sait, en demanda pour sa chapelle. Déjà, en
15o3. François 1", étant à Marseille, avait ratnié l'autorisation d'en prendre
quelques parcelles, donnée par le pape Clément VII à Guillaume Le Vavas-
1 . « Ctiascun ( dit le père Barnabe ) désira y contril)uor selon ses moyens. Los uns bailloient
des cliaines d'argent, les autres des claviers; les uns des bagues d'or, des colliers d'or, et les
autres des réalles et ducatons , tant par une franche volonté et pure dévotion qu'à cause des
vœux qu'ils avoient faicts au sainct ».
2. Le procès-verbal de la cession, faite ii Gonzalve de Xérès, d'un os appelé « nuca dorsi »,
par les commissaires délégués, existe dans les écritures de Barberi, notaire d'.VrIes, à la date du
2 juin 1501.
15/, ANNALES ARCIIKOLOGIQUES.
scnr. son cliirurgicii, en t'crivant au gardien de l'église de la Sainte-Trinité
(!' \rl(>s. cetlo Icttiv dont l'original est aux archives :
« A nostre clier et bien amé le gardien et ministre de la Sainte-Trinilé
d'Arles.
« De par le Roy.
Il Cher et bien amé . nostre cher et bien amé chirurgien Le Vavasseur
niius a t'ait renionti-or <|uc, pai' la dévotion qu'il a à saint Roch, à saint Cier
et à sainte Julitte. il a obtenu de nostre saint Père le pape permission de
]i()iivoir lirei' de vostre monastère de nostre ville d'Arles des reliccjues des
dicts saincts pour les transporter à autre église do nostre royaume, à sa
di'-votion, nous requérant sur ce luy donner de nostre part nostre consen-
tement et permission, et pour ce que nous subvenir à sa dévotion en faveur
des bons et aggréables services qu'il nous faict chascun jour, lui avons per-
mis et octroie qu'il puisse ti'ansportei' les dictes relicques en austres églises de
nosli-e royaume (jue sa devotinu luy persuadera, tout ainsi (jue |)ar nostre
sailli l'ère le pape luy a esté |)ermis et octroie. Par quoy nous vous prions
en ce de vostre part luy satisfaire et grattilier. Donné à Marseille le sixième
jour de novembre mil cinq cens trente trois.
(> FRANCO YS ».
Nous avons déjà dit comment un morceau de fémur fut délivré , le
lo avril 1620, à messire .Irhan-Louis Lambert, prêtre, député par son Altesse
le duc de Savoie et l'archevêque de Turin. Je trouve aussi qu'en 1(310 il en
est donné aux Trinitaires de Douai; et {{uc, dans la même année, Louis Petit,
général de l'ordre, étant venu en Provence visiter les couvents de sa dépen-
dance, fil retirer de la châsse une côte qui fut remise aux Mathurins de Mont-
pellier *. Enfin, Marie de Médicis, à qui Horace Montane. archevêque d'Arles,
en avait envoyé, ayant fait don à la duchesse d'Hahin, épouse du maréchal
de Scliomberg, d'une portion de ce qu'elle avait reçu , celle-ci fit présent à
l'église de la Sainte-Trinité d'Arles d'une belle lampe d'argent, toute couverte
de riches ciselures, et « de quoy la ferc luire durant une année ».
Ce que la révolution a détruit dans Arles d'objets d'art de toute espèce,
1. Ces reliques avant été détruites pendant la révolution, la ville de Montpellier en a de nou-
veau demandé et obtenu en 1S:3S. Il s'agit, depuis plusieurs années, de construire une grande
église sous le vocable de saint Rncli, à Montpellier, où est né et mort le grand patron des pesti-
férés. Celte église importante doit élre confiée au talent de M. H. Révoil, arcliitccle diocésain de
!\rontpellier.
OllFKVRES ET OIîn-iVI'.ERI K IM MOVKN AGE. 155
tableaux, livres, meuble?, cloche?, statues. i)annières. boiseries sculptées,
vases sacrés, lichcs tapisseries, vêtements sacerdotaux, tombeaux d'évêques
brisés pour avoir le plomb do leurs cercueils, est impossible à croire. Pour ne
parler que des pièces d'orfèvrerie les plus remarciuables, enlevées aux églises
et aux maisons religieuses supprimées, il y avait, outre la Sainte-Arche, vaste
reliquaire de vei'ineil du poids de cent soixante-six marcs. rc])réseulant imc
église gothique, avec des niches tout auloiu" remplies par des statues de
saints ^. et le tabernacle du maître-autel de .Saint-Trophime avec sa couronne
pesant ensemble cent dix marcs -. il y avait, disons- nous, dans le trésor de
nos diverses paroisses, quarante et un bustes et statues de saintes et saints
qui furent envoyés à la Monnaie, et ([ui donnèrent un produit de matière brute
de l,7/i2 marcs, quatre onces et quatre gros.
L. JACOUEMIN.
Curit-spoudaiit du ministcrt.
■I. La sainte arciic fut faite, en 1341, «ux frais de Guasijerl de Laval, arciicvèque d'Aile , i|iii
en fit présent à son église. Il y avait cette inscription ;
HOC OPVS FACTV.M FVIT TKMl'OUt: VENEBABILIS
POSIIM GASBERTI AnCIllEPlSCOPI ABEI.ATENSIS ET
DOMIM NOSTBl VW.V. CAMICRAIUI SVB ANMl IIOMIM
M ■ CGC • XLI.
2. Le tabernacle du niaître-autel de Saint-Trophime, donné par la ville en looC, fui refait en
1649 par maître Fkançois Agard, orfèvre d'Arles.
ENCENSOIR DE LA RENAISSANCE
L'encensoir, duiit nous donnons ici la gravure, est un objet de discussion
entre les archéologues. Les uns le croient roman et du xi" siècle, si ce n'est
même romain el du iv' ou v' siècle; les autres, dont nous sonnncs. l'attri-
buent à la renaissance. Il en existe un certain noml)ro d'exemplaires en
Allemagne, en France et en llalie; en cherchant bien, on en trouverait en
Belgique et en Espagne. Nous en possédons un moulage qui vient d'Alle-
magne, et d'après lec[uel M. Gaucherel a exécuté sa gravure. !\L H. Révoil,
architecte des monuments historiques et diocésains, en a trouvé un couvercle
de bronze tians les environs d'Arles, si ce n'est à Arles même. M. Charles de
Linas en a rapporté d' llalie un dessin d'après un original qu'il avait rencon-
tré à Naplos ou à Palerme. Comme on le voit, ce n'est point par sa rareté
que cet objet a de l'intéi'èt.
Sa forme sjihérique ou en boule est le seul caractère qui pourrait lui
donner une apparence ancienne; mais cette forme, empruntée aux xi^ et
xii" siècles, a persisté en Italie ])resque jusqu'à nos jours. Les médaillons
accouplés, qui séparent les côtes sur la cuvette et le couvercle, et qui offrent
l'Agneau de Dieu, des oiseaux et des palmettes, n'ont certainement pas une
tournure ancienne : l'Agneau, qui est percé de sa croix de résurrection et dont
le nimbe n'a plus qu'une vague indication de croisure, appartient tout au plus
au xvi" siècle ; on ne me iirierait pas beaucoup pour que j'en lisse cadeau au
xvir. 11 en est de même des grosses et lourdes palmettes du pied et de la
calotte; je ne puis m'empêcher de les attribuer au style Louis XIII.
Quoi qu'il en soit, cet encensoir, précisément à cause de cette divergence
d'opinions, et à cause de son ornementation originale, offre un véritable intérêt.
11 trouvera parfaitement sa place dans les séries diverses des nombreux
encensoirs que nous avons déjà publiés.
Du reste, et ce serait encore, à vrai dire, un caractère d'ancienneté, il est
de petite dimension : notre gravure est de la grandeur même de l'original,
16 centimètres de hauteur, en comptant l'ainieau du couvercle, et 11 centi-
mètres de diamètre.
/'r.'.r'iK- i-f fô-Hi'. /'•!!• / /'iltl.-/"TI-/.
- i i .^-~
r.mJiUr .tr l .'iittiHtt<
ErïCEIîSOIH DE LA iiEILOSSÀi'ïCE
i^.n,Jn:, =.' «.- .r'n.:,„w" .<•'::— .1:,
1^^,,^ l^r lll-M,r ,1.1. ,■.,. .i «. T.,„~jr,. /^.n
LWRT DU MOYEN AGE
KT LES CAUSES DE SA DÉCADENCE
l»'Al'Ri:S M. E. lîE.NAN
I
L'archéologie clirétieiine vient de Irouver un nouveau défenseur très-
inattendu, mais très-puissant néaniiiuins. dans M. Krnest Renan, membre
de r Institut et professeur au collège de France. Sans égard pour .M. Beuié,
sou collègue et son frère d'armes, f[ui nous jetait naguère ce superbe défi :
<i L'arcliitccture gothique est-elle uni(iuement l'architecture de notre nation
pour ([ue vous l'appeliez nationale? Kst-ce donc (pie la France l'aurait inven-
tée? Vous ne sauriez le prouver et les étrangers le nient... ». M. Renan admet
pleinement l'origine française de l'architecture ogivale : il la lient \)nm- prou-
vée, même aux yeux des nations étrangères. — M. Darcel. on s'en souvient,
avait déjà répondu très-énergiciuement et, à noti'c avis, très-victorieusement
à M. Beulé. Il avait convaincu son adversaire, sinon d'igiiorance, — le mot
serait trop dur pour un liounne si savant en toute autre maliè|-e. — du muins
d'impardonnable légèreté. Mais M. Darcel est un des nôtres; on peut se
défier de ses appréciations, et d'ailleurs il n'a guère été lu que par les abon-
nés de la « Revue française ^ » . Combien donc n'a pas de prix pour nous
l'aveu si franc, si complet, fait en pleine « Revue des deux Mondes ^ » par un
académicien aussi compétent en archéologie générale et aussi libre de pré-
1. .'Vvril I8;;7.
2. 1"juillot 18G2, pages 203-228.
xxii. 21
158 ANNALES ARCIIÉOLOGIOIES.
jugi'?. aussi peu clérical, pour tout dire, que l'est assurément M. E. Renan.
Eu clïct M. Renan ne se contente pas de proclamer, à propos de « TAlbuni
de Villard de lïomiecourt », que rarchitecture ogivale ou gothique est née
dans le nord de la Trance et s'est répandue de là dans toute l'Europe; il
tient celle architecture nationale en très-haute estime, au moins telle qu'elle
lui au Mir siècle. Il lui reconnaît, jusque dans ses sources romanes, une
originalité })rofonde. sans mélange d'éléments étrangers. Il restreint, par
e\em|)le. les influences liyzantines aux édifices à coupoles, bien plus rigou-
reusement que ne le voudrait M. Yitet et que je ne le demanderais moi-
même. 11 adnn're. avec M. David d'Angers. « l'expression sereine et calme,
pleine de confiance et de foi. des saints sculptés ]iar les gothiques * ». Enfin
il en est presque h regi'etter la renaissance, lorsi^i'il dit avec une véritable
élo([uence : — » Ce n'est jamais impunément qu'on renonce à ses pères. Pour
l'uir la vulgarité, on fomjjait dans le factice. Un idéal artificiel, une sta-
tuaire forcée d'opter entre le convenu et le laid, une architecture mensongère;
\(iil;i les dures lois que trouvèrent devant eux les transfuges qui, tournant le
dos au moyen âge, se mirent ;i copier l'antitjue- ».
Il ne faut pas croire cependant que M. Renan ne commette aucune erreur
et ronde une justice complète à l'arl chrétien du moyen âge. Avec ses anté-
cédoiits et ses tendances, ce serait trop d'études et de vertu pour une fois.
Ainsi il nous dit, page 207 : « ([ue les parties de Saint-Denis bâties par
Suger (1137-lliO) sont encore plus romanes que gothiques » ; ce qui est
inexact, même pour la façade occidentale, seule ])arlie du monument qui ait
été bâtie de 1137 à 1140, et entièrement faux ]iour la basse œuvre du
chœur, élevée aussi par Suger, de lliO à ïikh, dans un style bien plus
gothique que roman, s'il n'est pas tout à fait gothique. Les bras de la croix,
dont il ne reste qu'une belle porte ornée de statues, n'ont été commencés par
Suger qu'après lihh. et la nef. dont il ne subsiste rien, plus tard encore, de
sorte qu'il n'est nullement certain que l'église ait été complétée avant llôl.
date de la mort de Suger.
Mais l'histoire de la construction de Saint-Denis qui devrait être si claire,
]niisque Suger a pris la peine de l'écrire lui-même, est encore assez mal
comprise, faute d'un peu d'attention. — Quant au style de cet édifice, le plus
iin|iorlant de tous pour l'archéologie française, il n'est pas permis de s'y
troinper. car il ne comporte dans le chœur que des ogives, que des voûtes
d'arêles sur nervures. 11 a déjà beaucoup d'élégance, de légèreté, d'harmo-
1. <■ Revue des Deux Mondes», 1'' juillet I8G2, page 204.
2. Id., piig» 228.
i;aut i)L movf.n agi-;. IjO
nie, et il réunit, iiièinc en t'ait d'orncinciitatioii, tous les caractèrcs essentiels
(le l'art gotliique.
Le style oi^ival, (jui appai'aît pour la preiniéie fois dans le chœur do Sainl-
Deiu's. oii il seinl)l(> s'ôtro constitué avec les cléuienls préparés de|niis lonii,-
tenips par les architectes du nord de la France, se trouvi; plus ancien de
quelques aimées que ne le croyait AI. Uenan. Mais il y a cependant beaucoup
d'exagération à |)rétendre (pie « ce style reste cent ans au moins la pri)|)rii''t(;
exclusive de la l'rance ' ». Sans doute, c'est par un l'rançais, (iiiillaume
de Sens. (|ue la cathédrale de Caiitorbcry a été commencée en llT'i. Mais
rarchitecte ([ui en termina les travaux, à partir do 1 17!). el ((ui éleva, depuis
les fondements, la a couronne » de Thomas Becket, avant IJS.'i, était Anglais
de naissance, ce qui ne rempèche pas de bàlir dans le même style que son
prédécesseur, sauf de légères modilications dans la forme de f|uel([ues chapi-
teaux et de (|uciques i)as(>s ([ui annoncent (li'jà le goût et le style anglais.
Rien n'indique que cet ai'tiste et ses nombreux coopérateui's aient (|uill(''
l'Angleterre après rachèvemenl de la cathédrale de (^antorbery, qui demanda
seulement cinq années, ni ([u'ils aient cessé de bâtir, encore moins qu'ils
soient revenus au style roman. Il non fallait pas davantage pour naturaliser
définitivement l'art ogival dans un pays étroitement uni à la France du nord,
dont il est, après tout, si voisin. Aussi y a-t-il eu eu Angleterre assez de
constructions gothiques du xii" siècle poui' (jue. dès les premières années du
siècle suivant, le style ogival alïecle pi'es(iue partout une physionomie parti-
culière et très-originale. Il y a dès lors un style ogival anglais ( « early Erjg-
lish »), et il suflit d'en avoir analyse un seul spécimen pour le reconnaître
partout à première vue.
L'Allemagne, l'Fspagnc et l'Ilalie elle-même n'ont pas tardé beaucoup,
malgré la distance, malgré leur attachement au sfxie roman, à s'appropi'ie.-
un progrès de l'art de bâtir aussi considérable et aussi évident pour tous les
prélats que leurs études théologiques attiraient en grand nombre à Paris.
Magdebourg, grand édifice gothi([ue à plan français, date de 121:1. Déjà la
transition était commencée dans les dernières années du xir siècle, comme
M. le baron de lloisin l'a établi dans son « Histoire de la cathédrale de
Trêves ». Elle était si bien finie en l'228, non pas partout, mais pour ([uel([ues
grandes cités, que l'on bâtissait alors Notre-Uame de Trêves sur le modèle de
Saint-Yved de Braisne"-, et que deux ans après .lacques de Lapo. surnommé
I. « Revue dos Deux Mondes », I"' juillet lsr,2, pa^e 200.
i. Le fait a été démontré par .M. Selinaase dans son « Histoire générale de l'art ».
160 ANNALES ARCllKOLOGIOL'KS.
ie Tudcsquc, transportait d'Allemagne en Italie cette architecture française
si reconnaissable à Saint-François d'Assise.
Laissons ces quesiions de dates ]iour de plus graves dissentiments. — Selon
M. Renan. » rarcliilccturc giitlii([ue renfermait en elle-même un principe
■de mort, car les constructions gothicjues soulTrent toutes de deux maladies
mortelles, l'imperfection des fondements et la poussée des voûtes '. L'art du
moyen âge manquait des conditions nécessaii-cs pour arriver à la |)leine réa-
lisation du beau -...; il était mort avant ([ue la renaissance commençât à
poindre ^... » Renaissance purement italienne, bien entendu, qui ne lui doit
rien et emprunte tout à rantiipiité romaine. — Voilà qui rachète un peu les
compliments faits à l'art gothique. Voilà ce que M. Beulé doit aj)plaudir et
ce que nous essayerons de contredire.
Et d'abord où donc M. Renan a-t-i! vu que « toutes » les églises gothiques
avaient de mauvais fondements? — Il aura lu, dans le « Dictionnaire d'architec-
ture » de M. Viollet-Le-Duc. f|uc quehfues églises, notanmient celles de Saint-
Denis, de Troyes et de Séez avaient été mal fondées; mais il a pu lire en même
temps que la plupart de nos cathédrales, dont quelques-unes sont confiées
à ce savant architecte, celles de Paris, de Chartres, de Reims, d'Amiens, etc.,
avaient au contraire des fondations excellentes, construites avec « un luxe
extraordinaire ^ » et qui descendent à 6 ou 8 mètres au-dessous du sol. Par
quelle étrange préoccupation M. Renan a-t-il oublié la règle pour ne se sou-
venir que de l'exception ? — Et encore, que signifient ces exemples de Saint-
Denis, de Séez et de Troyes? — Les fondations y sont insuffisantes : soit, on
ne saurait douter d'un fait constaté par M. Viollet-Le-Duc; et ces fondements
imparfaits auront compromis, après six siècles, la solidité de quelques par-
ties du monument. Mais le désir de faire des économies « sur ce qui ne
se voit pas » est-il bien la cause de ces mauvaises fondations? N'a-t-on
pas pu se tromper sur la résistance du sous-sol et sur la force des matériaux
employés? Cela se fait encore de nos jours. D'ailleurs, quelles économies que
celles qu'on peut faire sur les substructions, en comparaison des dépenses
prodiguées dans toutes les parties apparentes d'un échfice tel que Saint-Denis
ou que la cathédrale de Troyes !
M. Viollet-Le-Duc explique aussi que. dans les premières églises gothiques,
la poussée des voûtes était quelque fois assez mal neutralisée. Il est certain
1. B Revup des Deux Mondes », l'"' juillet 1862, i)age 217.
2. Id., page 227.
3. Id., page 228.
4. « Dictionnaire d'arcliitecture », tome v, page 325.
L'ART DU MOVKN AGI-:. 101
que la haute nef do Saiiil-D(^iiis a dû èli-(> recoiistrdile en entier, moins (riiii
siècle après son aclièvemenl. par di's i-aisons que l'Iiisloire n'e\pli(|ue ijoint.
I.a cathédrale de C.hailres a subi phis iironipti'iiient encore une restauration
radicale imparlaitemeni motivée par rincendie ùv \Ï9!\. Mais les voûtes des
cathédrales, presque conlemiioraines. (rAnii;ers, du Mans, de Sentis, de
Paris, etc. ; celles de l'abbaye de Saial-Germain-des-l'ivs sont encoi'e en
place, et au \iii'' siècle aucun nioiuniicnt gothicjue n'a man{|ué de solidité, si
ce n'est la cathédrale de Beauvais, dnut la hauteur est vraiment démesurée
et la hardiesse excessive.
Est-il permis d'en conclure que toutes les églises gothiciues portent dans
l'équilibre compliqué de leurs voûtes un germe de ruine et de mort? Mais le
viaduc de Barentin s'est bien écroulé subitement il y a ([uelques années. Cela
veut-il dire (]uc nos ingénieurs ne savent pas construir(> li>s ponts?
« Le Parthénon ». dit M. Renan. « les temples de l'a'stum, ceux de Baal-
bek, n'aspirant qu'au solide, seraient intacts aujom-d'hui. si l'espèce humaine
eût disparu le lendemain de la construction. Dans ces conditions-là, une église
gothique n'eût jias vécu cent ans'. » Intacts, je le veux bien, moins la
charpente et le toit; car au Parthénon. |)our obtenir deux pauvres chambres
éclairées par la porte, il avait fallu rccoiu'ir à une char|)ente. A cela près, les
colonnades doriques sont éternelles dans les pays où il ne gèle poinl. pourvu
qu'un tremblement de terre ne les couche pas sur le sol, connue celles do
Sélinonte.
Sans doute nos églises gothiques ne peuvent se passer aussi bien d'entre-
tien que les ruines grecques. Il faut remettre les ardoises qu'emporte; l(> v(Mit
et souder de nouveau les feuilles de plomb qui se gercent au suleil. il faut
remplacer les pierres que l'action des gelées parvient à elTeuiller. li faut eiiliii
surveiller attentivement l'écoulement des eaux, et prendre garde (ju'aucun
conduit ne s'engorge de manière à produire des infiltrations. Quand ces pré-
cautions, si faciles à prendre et si peu dispendieuses, font défaut, ce qui n'est
pas rare de nos jours, l'édifice gothiciue se dégrade, mais lentement, et s'il
est construit en lave, comme la cathédrale de Clermont, ou en granit, comme
celle de Limoges, il reste encoïc en très-bon état après des siècles de négli-
gence et d'abandon.
Les arcs-boutants. « cette forêt de bétiuilles^ », sont pour peu de chose
dans les accidents qu'éprouvent les monuments du moyen âge. A Paris,
où ils étaient primitivement à double volée, leur portée est trop grande
1. « Revue des Deux Mondes », page 218.
2. Id., paye 212.
162 ANNALES AliCIlKOLOGIOUF.S.
aujourd'hui, et c'est à cette imiovaliou malheureuse du xi\° siècle que l'on
songe toujours lorsque l'on compare tous les arcs-boutants à des « étais »,
à des « béquilles ». Mais à Chartres, à Reims, à Amiens même, ils n'ont
nullement cet aspect et leur solidité est aussi apparente que réelle.
D'ailleurs, M. Picnan croirait-il qu'il n'y a pas d'église gothique sans
arcs-boulants? 11 n'en est rien. En Angleterre ils sont déjà bien moins déve-
loppés, bien moins inquiétants que dans la France royale, parce que l'on
reniince aux vaisseaux élevés et aux bas côtés doubles. A la cathédrale
d'Voi-k, la, plus grande des églises gothiques et l'une des plus magnifiques,
comme les voûtes sont et ont toujours dû être en bois, il n'y a pas du tout
d'arcs-boutants. — En Flandre . on les remplace par de profondes vous-
sures (|in cli;irgenl laléralement les conlro-l'orfs ; en Italie, par des entraits en
fer (|ni lr,i\erseiit les nefs à la hauteur des chapileaux; mais alors le remède
est pire ((ue le mal. Dans l'ouest de la France et dans la Westphalie, quel-
quefois en Angleterre, les trois nefs sont de même hauteur et se contre-bufent
mutuellement sans le secours d'arcs-boutants. Dans le bassin de la Garonne,
une nombreuse famille d'églises gothiques présente une seule nef, large de
'20 mèlres, dont la voûte est maintenue par de simples contre-forts, que l'on
met. si l'on veut, à l'intérieur de l'édince. au moyen d'un double étage de
chapelles. — Toules ces modifications du type gothique ordinaire sont moti-
vées par des raisons d'économie. Les architectes qui les adoptent savent bien,
et ils le montrent parfois pour les édifices de premier ordre , que des « étais
extérieurs » vaudraient incomparablement mieux, s'ils n'entraînaient pas
de si énormes dépenses. Sans cela . ils consentiraient aisément à mettre
dehors ce qu'il serait gênant ou impossible de loger à l'intérieur, dussent-ils
<i tromper l'œil sur la direction réelle des effets de la pesanteur ^ »; car, pour
réaliser dans toute sa magnificence l'idéal de l'architecture gothique, il faut
des ai-cs-boutans et des contre-forts extérieurs, quels que soient leurs inconvé-
nients réels. — Les églises qui n'ont pas d'arcs-boutants n'en appartiennent
pas moins à l'art ogival où elles tiennent une grande place par leur nombre,
|)ar la pureté de leur style, enfin par leur beauté.
Ces derniers monuments, comme ceux ([ui avaient inspiré les critiques de
M. Renan, ont besoin d'entretien, et je conviens que, si on vend le bois et
le plomb de leurs charpentes, les voûtes ne tardent pas à tomber. Cela ne
prend pas même un siècle. Les murs et les clochers résistent davantage,
mais non pas aussi bien que les colonnades du Parthénon, car plus la struc-
I. I Rpviic des Deux Mondes ». page 213.
L'ART 1)1 M0V1:N agi:. 163
liiro d'un édifice est simple, moins il oiTrc de prise aux outrages du temps ;
et ceux qui sont l)ùtis sur le principe des dolmcus, sans ciment, sans arcades
et sans voûtes, sont à coup sûr les plus solides. Néanmoins les temples égyp-
tiens, quand ils n'ont ni charpente, ni toiture, et surtout ceux qui sont creu-
sés dans le roc. rem|)()rtent à cet égard sur \c Parihénon lui-même.
Mais les monunienis sont l'ails pour vivre à l'état d'entretien. On ne se
préoccupe guère de ménager à l'avenir des ruines jilus ou innins duiahlcs.
Il n'y a donc pas là une cause sérieuse de discrédit jiour le style gollii(|ue,
d'autant mieux que la renaissance ne s'est jamais ])i(|uée de bâtir à la façon
du Parthénon, et que ses œuvres sont tout aussi fragiles que celles du
xiir siècle, sinon davantage.
l'aut-il maintenant défendre contre M. Ilciian le système d'architecture
du Parthénon? Je n'aime pas cette expression de « médiiuiiti'' sansdé'faut ' ».
appliquée au chef-d'œuvre de l'art grec. S'il n'est pas sans défauts, du moins
il n'a pour moi rien de médiocre. Je comprends mieux le mot de i^ sublime
défectueux- », à propos des cathédrales gotlii([ues. car le sublime est tou-
jours'défeclueux par ([uelque côté, aussi bien à Amiens ou à Cologne {|u';i
Athènes.
Un autre grief de M. Renan contre le moyen Age. c'est (jue « l'architecture
gothi([ue. étant tout l'art à elle seule, rendait le progrès impossible pour la
peinture et la sculpture '. » — Singulier aveuglement de nos adversaires ! —
Nous voudrions qu'un lionnne de sens, un homme du peuple, étranger à tous
nos préjugés d'école, fût mis successivemenl en pivsence des chapiteaux de
Saint-Germain-des-Prés déposés à l'hôtel de Cluiiy. puis de la façade de
Notre-Dame, puis, enlin. des nombreux spécimens de l'art grec et romain
recueillis dans nos musées de Paris. Des figures grotesques et des feuillages
barbares de la sculptin-e du \i' siècle, où l'on retrouve à jieine une trace f[uel-
con(|ue de l'art anticjue. aux chapiteaux du clio'iu- de Notre-Dame et à la
porte de Saint -Marcel ■''. le [H'ogrès lui pai-aîti'ait graml di'j;i; et, sans soi'tir
de la cathécU'ale de Paris, il le veri'ait se développer de la manièi'e la plus
rapide et la plus soutenue dans la nef et la façade occidentale. — De nouveaux
progrès étaient-ils impossibles à l'avenir, sinon pour l'harmonieux accord,
pour la fusion intime de l'architecture et de la sculpture, pour la large exé-
cution et la variété de l'ornementation , pour l'expression grave et religieuse
1. « Revue des Deux Mondes », page 218.
2. Page 218.
3. Page 218.
4. Porle droite du grand portai! de Notre-Dame de Paris, sculptée au xii* siècle.
1C4 ANNALES AliCIlÉOLOGIOUKS.
de la statuaire, qui ne laissent désormais l'ien à désii'er. du moins i)Our la
finesse, la correction et Télégance ? Les portails latéraux et la clôture du
chœur, sans parler de la Sainte-Chapelle et de la cathédrale de Reims, mun-
treraient aisément le contraire; et cependant on est bien près de répoque où,
à en croire M. Renan, l'architecture est tout l'art à elle seule. Même à Cologne,
même à Saint-Ouen, il y a. ou il devait y avoir des centaines de grandes sta-
tues, et lien no rendait inévitable la décadence de la sculpture gothique.
Les impressions du juge impai'tial que nous in\oquons ne seraient pas
moins concluantes (juand il en \iendrait à comparer bien franchement la
sculpture de Notre-Dame à celle du musée du Louvre. En fait d'ornementa-
tion proprement dite, la question serait bientôt tranchée. Il y a à Paris un
chapiteau du Parthénon : à moins de savoir d'avance son illustre origine, à
moins d'être convaincu (juc tout était parlait au temps de Pcriclès, on trouvera
([u'il se rappoi'te presque à l'enfance de rarchitccturc. et que le plus mauvais
des mille chapiteaux de Xotre-Dame lui est infiniment supérieur. En effet, il y
a plus d'invention, plus de dessin dans un seul portail de cathédrale que dans
tous les temples de la Grèce. Rien de pauvre, de sec et de monotone comme
l'ornementation végétale de ces monuments si vantés. Ce ([ue les Grecs ont
fait une fois p(jur racanllie, les sculpteurs gothiques l'ont accompli pour toutes
les feuilles de nos arbres, pour toutes les plantes de nos prairies et les fleurs
de nos jardins. — Il n'y a pas. dites-vous avec dédain, « deux chapiteaux
gothiques qui soient semblables ^ ». Mais c'est précisément ce cjui fait leur
mérite, car ils n'en sont pas moins parfaitement symétriques quand il le faut,
et la variété dans l'unité, c'est le comlile de l'art.
Pour la sculptui-e de sujet, pour les l)as-reliefs et les statues, la question
est différente. Les Grecs, qui se montraient nus en public et divinisaient la
beauté i)hysiquc, ont eu de bonne heure l'instinct de la statuaire. Phidias fut,
d'ailleurs, un artiste exceptionnel, et rien n'a égalé depuis la justesse de pro-
portions, la noblesse d'attitudes, le calme, la force et la majesté qui distin-
guent ses créations. Cependant elles ne sont pas à l'abri de la criticjue. Il
admet simultanément, comme les gothiques, de grandes et de petites figures,
et, dans sa frise des Panathénées, les piétons élèvent leur tête au même niveau
que les cavaliers auxquels ils sont mêlés. Il a eu de bonnes raisons, je n'en
doute pas, pour se permettre ces incorrections volontaires; mais on peut en
dire autant à propos des gothiques. De plus, les têtes de Phichas, quand elles
ne sont pas cassées, ont peu d'expression, ou du moins elles ne me disent
I. « Revue des Deux Mondes », page 216.
L'ART Dr MOVF.X AGE. 165
pas grand'chosc. A Notre-Dame de l'aris. au contraire, toutes les figures
enseignent et prient.
Los sculpteurs gotlii([iies . .(|ui vivaient dans un milieu plus décent et |)lus
chaste, réussissaient mieux les tètes que les corps, et les di-aperies que les
mis. Cependant, s'ils w nous monin'iit pas. comme Phidias, riiommo tel
f[u"il devrait être. il< nous le montrcnl lia!)itui'llem(Mit tel (|u"il est. cl le corps
lui-même n'est pas dillorme sous ses habits. Les épaules sont moins larges,
les jambes moins longues, les tètes moins petites et le front moins bas; mais
la véi'ité n'en soulfre pas, car le paradis coin|)te plus de penseurs (pie d'athlètes.
S'il y a de bonnes statues du xiii" siècle, il y en a aussi de médiocres et do
mauvaises, même à Pu'ims. Mais il en est aiir-i à toutes les é-pocjucs et ])our
tous les styles. Ce qu'il faut constater, c'est ([ue. si telle figure adosM''e à une
colonne et telle autre abritée par une voussure sont, l'une trop lont;ue. l'aulce
trop courte, ces incorrections ne sont pas nécessairement im]iosées par l'ar-
chitecture et résultent de la maladresse ou de riuexpérionce des sculpteurs.
On n'est nullement forcé de sacrifier « labeaut('' à l'expression », et de ne pas
reculer « devant la dilVornn'té '. » — Jamais, au contraire, rarcliifeclure n'a
ouvert un champ plus vaste et plus commode à la sculptui'c ; jamais les deux
arts n'ont ou i)lus besoin l'un de l'autre, et ne se sont unis d'une manière plus
étroite pour se faire valoir mutuellement.
A cet égard, l'avantage n'est pas aux (irecs, mais aux gothi(|ues. « Qu'au-
rait dit i'hidias ». s'écrie M. Renan. « s'il eût été soumis aux ordres d'arclii-
tectes qui lui eussent commandé' une statue de.-tinée à être placée à deux cents
pieds de haut -') x
Lt le sculpteur de la colonne Trajane, que l'on n'interroge point, se serait-
il aussi permis de se plaindre? Apollodore, son architecte, lui a fait faire une
immense bas-relief à petits personnages, (pii se développe en spirale autour
d'une colonne colossale. Selon la po('ti(iuc expression de ^K C. Daly. c'est un
« volumen » enroulé autour d'un bâton, comnn' ils l'iMaieni tous dans les
bibli(jthè(iues romaines. D'accord; mais pour lire courannuent dans ce volume
antique, il faut que les chapitres en aient été' coulé's en plaire et recueillis par
un musée. Quant à la statue de rempei'eur. elle était, non pas à deux cents
pieds, mais à quarante mètres de hauteur, et c'est déjc'i (piek[ue chose.
Pour en revenir à Phidias, s'il s'était trouvé. ]iar miracle, au service d'un
architecte gothique, sans doute il se serait dit (|ue. pour une statue destinée
à couronner une llèche ou un pignon, il en aurait vingt groupées de la façon
1. ce Hevuc des Deux Mondes «, page 22S.
2. l'iigc 218.
xxn. 22
IGG ANNALES AnCHÉOLOGIOUES.
la, plus imposanle, |ii'cs(iue au niveau dos spectateurs, tandis qu'Ietinus plaçait
iiiiliHeivinnienl ses statues colossales et ses bas-reliefs les j)lus diMicats tout à
l'ait au sommet du l'ai'llu'non.
Moi aussi, j'ai \u le i'arlhénon avec l'émolion et le respect que commande
tant de gloire. Mais, tout en déplorant f[uo Inrd Mlgin eût d(''pnuillé la (îrèce
de ses plus précieux trésors précisément à l'époque où elle allait se régi'né-
l'ci'. je me disais qu'on voyait bien mieux les marluTs de IMiidias, au inusé'e
biilaniii(|ue . (|u'on ne voit à Athènes ce qui en est resté en place. Je me rap-
]ic|le l'oi-t bien (jue. pour examiner la cavalcade sculptée sui' la frise extérieure
de la cella, si je me plaçais sur les degrés du péristyle latéral, j'avais abso-
lument sur la tôle, avec les raccourcis les plus violents, cette partie si impor-
(anle de l'o'uvre de Phidias; cpie si je prenais un peu de reculée, cette frise
était aussitôt coupée par les colonnes en petits tronçons iri'i'guliers. Assuré-
ment une pareille composition où tout se tient, où tout se lie, a plus gagné
([ue perdu à être transportée en majeure partie à Londres, où elle est admi-
rée dans ses plus petits détails par l'univers enlicr. et où elle se trouve désor-
mais h l'abri de ces lentes dégradations que les intempéries des saisons
n'épargnent pas au marbre de l'Attique.
Pour faire un art complet, il ne suffit pas de l'architecture et de la sculp-
ture; il faut encore que la peinture concoure fraternellement au même but.
Est-il vrai que la France du moyen âge. sans lui donner l'importance, excessive
peut-éire. qu'elle acquit plus tard en Italie, ne lui ait pas fait sa juste part?
C'est ce qu'il convient à présent d'apprécier.
Disons d'abord que la sculplni-e et la peinture marchent ordinairement
d'un pas égal, et que Phidias fait foi jiour Apclle et Zeuxis. Tous les arts
du dessin se tiennenl, et il est impossible que la sculpture fasse de grands
progrès sans que la peinture s'en ressente aussitôt. 11 faut reconnaître néan-
moins que des églises comme Saint-Ouen et la cathédrale de Cologne ont trop
peu de murs lisses pour offrir un champ suffisant aux fresques à l'italienne.
La peinture sur verre, qui n'a jamais été dédaignée, même en Italie, et l'eu-
luminage des colonnettes et des nervures en tiennent lieu. Il reste pour la
peinture proprement dite les écoinçons des grandes arcades, les fausses fenê-
tres figurées sur les flancs des contre-forts intérieurs, et, ni à Cologne ni à
Saint-Ouen, on n'a négligé de les orner de cette façon. Il resterait aussi les
voûtes ([ue Giotto peignait si volontiers à Padoue, à Assise et h Naples, et qui
ne sont nullement trop élevées, au moins dans les bas côtés et les chapelles;
mais comme les travaux d'architecture n'ont pu être complétés, les peintures
ont dû à plus forte raison demeurer inachevées,,
i;.\i;t itu moytn ace. • iot
Ce serait pou f|iio cel;i ; mais tmis jos moniimonts p;othiquos no sont pas
conçus sur le nuMuo niDdole. Il en est (jui ])n''s(Mit('nt. an conlraire, de grandes
sni'faces lisses; et celle éi:;lise llorenline de Saiila-Maiia-Noveila. si éiniiieni-
nient favoral)le à la iieinture. se'on Al. Renan, a ses pareilles en l'raiice, à la
Couronne, près (rAniioulèine. el dans une foule d'a!)!)ayes cistercieinies.
Au sm'plus . les tVesfiues les plus célèbres de Raphaël et de Lèouai-d de
Vinci ne se tniu\ent [)as dans les églises, mais bien dans les al)bayes et les
palais. Or. tous nos cloîtres ressemblent an (iauipo-Sanlo, et (liotto n'aurait
l'icn souhaité de mieux pour ses peintures ([u'un réfectoire couune celui de
.Saint-Alarlin-des-Champs. à Paris.
Mais (lu'avons-nous consei'\('' de nos abbayes et sui'tout de nos |ialais ? Tout
ce qui n'a |ias i'\v d(''moli a été maintes fois badigeomu'' el grath''. Ce n'est pas
nous (|ui jirendritius la p(>ine do raviver pieusement des peintures du \i\'' nu
\v'' siècle (|uand elles s'ell'aceut ; il est bien plus court de les passer au lait de
chaux. Cependant . quand on se donne la peine de clierchei- des fresques du
xiir siècle, on en trouve et de foi't bonnes. C'est ])articulièrement dans les
campagnes, et je m'étomie de tout ce que M. le comte de Cialembert a d('ciiu-
vert en ce genre et accumulé' dans ses cartons i-ieii (|u"au\ environs de Tours.
On peut citer au l'evers du portail de l'abbaye de Cunaiit. bâti et peint au
wu" siècle, les figures de saint Martin et (|(> saint Maïu'ice à cheval, de gran-
deur naturelle, celles de saint V(''nérand et de saint i'hiliberf. etc.
La collection Caignièros est redeveiuie française depuis ({ue M. rra])paz l'a
copié'C. et bientôt sans doute elle sera |)ub!iée par les soins du ministè|-e de
l'instruction pul)li(|ue; car nous n'avons rien de plus int(''ressant pour l'iiistoire
de l'art national. M. Renan y trouvera une vingtaine de feuilles qui repr(\-en-
tent la lé'gende di' saint Martial et proviennent de l'église de ce nom à i'aris.
Ce sont autant de tableaux de la seconde mnitié' du xiii' siècle, tivs-savanfs et
très-avancés comme composition.
Hors de Trance. j'ai admin'' à Soëst . ii Melhler dans la Westplialie. et à
Saint-Michel d'Ilildeslieim. d'excellentes peintiu'es do la première moitié du
xiii" siècle. f[ui ne doivent rien aux Ryzanlins. et n'en égalent pas moins celles
de Cimabue. si elles ne les surpassent pas. Les unes ont été ravivées avec beau-
coup de soin et de succès sous la direction de M. le baron de Quast, inspec-
teur général des monuments historiques de Prusse; les auti-es attendent une
prochaine restaui-ation. Toutes font honneur aux peintres allemands des pre-
miers siècles du moyen âge.
Je citerai encore à Londres, dans le cho-ur de Westminster, deux gi-andes
figures de rois (jui se consei'vent sur les hauts dossiers de quelques stalles.
1G8 ANNALES AnCIll'lOLOGIOUES.
Elles sont (l'un lieaii dossiii ]nireniont anglais el en très-lKm (Hat, quoifju'i'llos
roiiiiuilent aux dcrnièros années du mu'' siècle. Elles ollVenl même l'éclat el
la \igiieur d'une vi'aie |teinture à l'huili'.
Ainsi, sans cdiinaîfre exartenicnt le rôle que le xtii' siècle reservait à la
peinture, et tout en supposant Nolontiers que ce l'ôle était secondaire dans les
églises, — parce qu'on ne peut développer indéfiniment toutes les brandies de
l'art sans être amené à faire un choix et à se restreindre sur certains points,
— nous savons cependant que le luxe des peintures, et des bonnes peintures,
le plus écononii([ue de tous, était permis à nos monuments gothicfues.
II
Maintenant . comment cet art du xiii" siècle , si pur et si élevé, si complet
dans toutes ses branches, s'esl-il abaissé chez nous? Pourquoi cette supréma-
tie ([ue possédait la France a-t-elle été transportée à d'autres nations? Je vais
essayer de le dire.
Je ne sais pas si au xiv' siècle » la foi trouvait dans les esprits moins de
doutes et d'objections 1 », connue l'assure M. Renan, et tournait seulement « k
la rnuliiie - " ; mais l'aisance générale, (jui est nécessaire aussi aux jn'ogrès de
l'art, avait incontestablement diminué. Cette royauté « administrative et sécu-
larisée ' » , qui a toutes les sympathies de notre savant adversaire, ne commence
pas avec Charles V. Elle pesait sur la l'rance depuis Philippe le Bel, et elle
abusait déjà du préfet et du jmiste, du percepteur et du gendarme, nouvelle-
ment réinventés. A en juger [lar ses résultats, il faut croire que ce régime
était prématuré pour la France, car tout y décline au xiv' siècle. En ce qui
concerne les grands monuments religieux, ils s'étaient élevés jusque-là avec
les libéralités du haut clergé autant que des fidèles. Mais comme on altérait
sans cesse les monnaies pour subvenir aux besoins de l'Etat, tous les revenus
fixés en argent étaient atteints et diminuaient rapidement. Les évètjues et les
chapitres étaient donc trop appauvris pour donner l'impulsion, et le peuple
qui, de son côté, était loin de s'enrichir, n'y suppléait pas. D'ailleurs, toutes
les cathédrales du nord de la France venaient d'éti'e rebâties magnifiquement.
On n'avait plus ni le besoin ni reiuie d'entreprendre à nouveau ces grandes
1. « Revue des Deux Mondes », page 217.
2. Page 224.
3. l'a-e 203
L'Airr Dr moyen Ac.r. 169
construclion? qui liaient ou (l('teruiinent lo? progrès de rarcliitecture. Kii
général, on poursuivait mollonuMit des travaux accessoires sur des plans arrêtés
depuis longtenijjs. sans rien eommcncer à neuf, et Saint-Ouen est peut-être
la seule exception mi peu notable à cette règle dans la région oîi s'était formé
l'art ogival.
La guerre contre les Anglais a aussi ])uissamment contrihui' à FalTaissenient
de l'art national. Klle n'était pas » en permanence ' » comme en Italie; elle
ne se faisait pas de ville à ville et d'homme à homme, mais elle était bien
autrement sérieuse, l'roissard prenait gaiement sou parti de nos désastres, et
il applaudissait volontiers aux prouesses de tous les bons chevaliers; mais
M. Renan ne prend pas garde que le Ilainaut, pays natal du chroniqueur,
n'appartenait encore à la France que par la langue. C'était la Belgique de
nos jours. La guerre, la grande guerre, quand elle est nationale et constam-
ment malheureuse, détruit les forces vives d'un pays : elle l'épuisé matériel-
lement et le décourage; elle lui enlève cette énergie, cette noble confiance
sans lesquelles on ne saurait faire de grandes choses.
En conséquence, l'initiative, en fait d'art, passe à l'Angleterre, à l'Alle-
magne, à l'Italie.
L'Angleterre aussi avait été presque stérile sous le règne do .lean san.^^
Terre. A l'époque du mouvement national qui aboutit à la grande charte,
elle élève à Wels. à Salisbury. à Lincoln, à Lly de vastes monuments du
gothique primitif, non pas supéi-jeurs aux nôtres, mais peu inférieurs par le
goût et déjà complètement différents. Le style secondaire, qui domine à York.
ressemble peut-être davantage à ce ([u'il fut en Fi'ance. mais il dure peu. Il
se distingue par de grands progrès en sculpture. A l'exception de Wels. la
statuaire avait été négligée par les principaux monuments du style anglais
primitif, où la sculpture d'ornement est parfois excellente. On trouve alors,
notamment h Ely. dans la chapelle de la Vierge, quantité de figures pleines
de finesse et de goiit. Entre toutes les statues modernes ou de la renaissance
qui se sont accumulées à Westminster, celle de la l'eine Éléonore, coulée en
bronze d'un seul jet dans les dernières années du xiii"' siècle, est certainement
la meilleure. A la même date, il serait difficile de montrer nulle part, en Ita-
lie aussi bien qu'à Saint-Denis, rien de plus suave, de plus pur, de plus élé-
gant, sans aucune trace de « manière » . De même nos princes et nos cheva-
liers du XIV' siècle n'ont point de tombes comparables à celles des Beauchamp,
à Warwick.
1 . n Revue dos Doux Moiuies », page 220.
170 ANNALES ÂP.C[IÉ0LOG10UES.
Di"'s la fin du xin' siècle, le style perpendiculaire, qui sera l'équivalent de
notre style flamboyant, s'annonce çà et là par la suppression des chapiteaux,
])ai- la multiplication des nervures, par l'emploi des contre-courlies et jiar
d'autres innovations de détail. Dès le milieu du siècle suivant, il apparaît à
Warwick, et bientôt après à Winchester, avec tous ses caractères essentiels. Il
ne semble pas que ce style perpendiculaire ait donné naissance au style flam-
boyant . puisque la France n'a pas reproduit une seule fois ses plus brillantes
ciMNilions : la voûte en éventail, si riche et si solide, ni la cliarpenle en ogive
trilobée, avecblochets sculptés, dont Westminster-IIall olïre un si bel exemple.
Des deux côtés du détroit l'art ogival a suivi la voie où il était engagé; il a
donné ses conséquences logiques et naturelles, et il est arrivé, sans nouvelles
relations entre les deux pays, à des résultats analogues; mais, dans tous les
cas, ce n'est plus la France qui devance l'Angleterre.
Il en est do même pour FAllemagne. Les colliédi'ales de Strasbourg et
de CiOlogne. bâties sur des modèles français par des architectes allemands,
résument le style ogival secondaire mieux que nous n'avions pu le faire
nous-mêmes. Sans corrige)' ses exagérations et ses raffinements, elles lui
impriment une rare grandeur. Fe gothi(|ue teitiaire, (jue l'on peut appeler
flamboyant connne en France, bien qu'il ne soit pas tout à fait le même, s'an-
nonce dejnn's le xiii'" siècle, par exemple, à \aumbourg, et il se complète
avant la tin du mv"" siècle.
Pour l'Italie, elle n'a qu'un style et s'en tient, avec raison peut-être, à
notre ogival primitif, modifié à son usage par l'imitation de quelques grands
monuments romains ou byzantins, et par l'emploi des marbres de couleur.
Le style secondaire ne s'y naturalise pas et le style flamboyant y est inconnu.
Toujours. jus([u'à la renaissance, l'arcliitecture y conserve la vigueur, et la
sculpture d'oi'uement le feuillage gras et largement interprété de nos maîtres
du XIII'' siècle.
^lais l'Italie se distingue surtout par la peinture. Elle y prend son essor.
en (luekjue sorte, sous l'influence d'un artiste de premier ordre, dont les
fresques, aussi nombreuses que parfaites, n'ont jamais cessé d'être admirées
depuis le xiv" siècle, et sont encore dignes d'être imitées par les peintres qui
ne se contentent pas de faii-e de la peinture de musée. Mais, il ne faut pas s'y
méprendre, Giotto comme Van Eyck. qui, à la fin du même siècle, a mis en
honneur la peinture à l'huile, Giotto. dis-je, est un artiste gothique. Les ama-
teurs italiens, dans leur patriotisme jaloux, se plaisent à croire que Giotto ne
devait rieu aux maîtres fi-ancais, et que Nicolas de Pise a seul déterminé le
jiremier épanouissement de l'art dans son pays, en copiant au Campo-Santo
L'ART DU MOYEN AOF. 171
quelques sarcophago? romains. Il «r-^l vrai qu'il y a ou (\r> iurs. cl \)\u< aii-
cionnoniont encnro. des essais de reiiaissancc. Mais, connue nous lavons dil
ailleurs '. s'ils ont eonduil Nicolas de j'ise à rccherchei- lo, « nu i> sans rai-
son et sans convenance, il iTtMi était jias nioiiis initie à l'art français du
xiir siècle, dont il s'c-t siu-toul inspiré. C'est ce que l'on peut dire, à plus
forte raison, des auli'es sculpteurs pisans; cai- on ne reniari|ue plu< dans Inn-s
compositions ces génies nus. ni ces (igui-es couiMcs d Irapucs ijui diMiolaienl
aussi parfois une influence romaine. Ils se livrent sans pailage ;i C(;s inspira-
tions gothiques, qui. selon Vasari. « avaient empoisonné le monde ... et cpii
ne pouvaient deniciu'er restreintes à l'architecture. Les charmants bas-reliefs
modelés par André de Pise. pour les portes lalé'i-ales du l)a|)lislère di' l''l(irence.
sont aussi parement gothiques que les qualr(>-l'euilles ei les j)inacl(\s (pii les
encadrent. Ouant à Giotto. les personnages soi-tis |iar niilljei-s de son pinceau
ont tous un air de famille évident avec nus bonnes >talues de la lin du
XHi' siècle, dont ils reproduisent l'i'lé'gance un peu grêle el |'e\pi-essioii émi-
nemment religieuse. C'est d'ailleui's un artiste excellent qui sait siu'passer ses
modèles. Il les épure, il les agrandi!; mais, je le ré|)èle. il n'est pas moins
gothique comme peintre qu'il ne l'a été comme archilecit; au campanile de
Sainte-Marie-des-Fleurs.
On se console, comme catholitjiie. de voir ainsi ('"chapper à nuire jiays
cette suprématie artistique (jue nous avions possédée, en songeant ([ue c'est
toujours l'art chrétien (|ui contiiuie sa glorieuse destinée, en se ti'ansl'ormant.
en se déplaçant selon des lois jii'ovidenlielles. Mai- M. Heiian ne s(> ré'sign(>
pas si facilement à ce fait si conforme à la marche ordinaire dc^ choses
de ce monde, où rien n'est stable et dé'jlnilif. Il cherche donc ii l'expli-
quer par la condition inférieure (jue la l'rance du moyeu âge faisait à s(>s
artistes. 11 leur manque « un mobile moral élevé, une noble conception de la
nature humaine- ». C-e sont « des ouvriers obscurs, anonymes au\ yeux
de l'histoire^ ». tandis (|ue « chaque moninnent de l'Italie ra|)|)elle un nom
illustre, une gloire municipale, un grand ai'tisle honoiv'' durani sa vie comme
un personnage politique, objet de légendes après sa mori '' ». — '< Avant tout
autre pays en Europe, l'Italie attache un sens au mot do gloire et travaille
pour la postérité^ ». Au contraire, « les artistes français du moyen âge ont
1. " Annales Arcliéoloiriques », t. xxi, page 76.
2. a Revue (les Deux .Mondes «, page 228.
:). 1(1. , page 223.
i. M., page 223.
5. Id., page 227.
172 ANNALES ARCIl KOLOrUQUES.
peu (le iiorsnnnaliti' ; dan;* cette foule silencieuse de figures sans nom, l'homme
(le génie et l'ouvrier médiocre se coudoient, à peine dilTérents l'un de l'autre ;
il faut des l'eclierches minutieuses pour prendre sur le fait le travail obscur,
cl, comme nous disons aujourd'hui, inconscient, d'où sont sorties tant d'œu-
vres étranges'. Les génies créateurs de la Fi'ance ne sont guère connus ([ue
de nom ou par li's cli(''ti\es images ([ui nous les monfi'ent sur le pavé de leurs
églises, revêtus de l'humble manteau de l'ouvrier- ».
En Anglefen-e. un architecte du xiv' siècle, fiui passe avec quelque fonde-
ment pour le principal créateur du style perpendiculaii'e, Guillaume de Wike-
ham. devint évéque de Winchester et chancelier du royaume. Depuis saint
Hloi. aucun arlisie h-ançais. il faut en convenir, n'est parvenu à cette haute
foi'luin' (|ui snpjiosr tant d'ajililudê.s diffé-i'cnles . et dont les artistes italiens
les plus ambitieux sont demeurés loin. Mais de pareils encouragements ne
sont pas nécessaires auK progrès de l'art, et Rubens n'en serait pas moins
grand peinti'e quand même il n'aurait pas rempli les fonctions ^'ambassadeur.
Nos architectes fivmçais du moyen âge étaient aussi rap|)rochés des simples
ouvriers f|ue les otTiciers de nos armées modernes le sont de leurs soldats. Ils
se recrutaient sans difllculté dans le peuple et n'en valaient pas moins pour
cela. Alais, dans un grand royaume profondément aristocratic[ue, ils ne mon-
taient pas, aussi facilement {|ue dans les petites républiques italiennes, à ce
niveau où l'histoire, d'ailleurs si incomplète et faite de si loin, commence à
distinguer les iudividualilé'S Iji'illantes. L'état ecclésiastique aurait eu seul le
pouvoir de les y porter; mais alors ils étaient tous laïques, sauf des excep-
tions inliiilmeiit rares.
Cependant, et Al. Renan l'a reconnu pour Villard de Ilonnecourt, « dont
l'éducation fut évidemment celle des esprits les plus cultivés de son temps ^ »,
ils avaient toute l'instruction désirable. Ils avaient aussi, sinon la richesse,
du moins cette honnête aisance qui permet d'étudier et d'apprendre. Leur
appi'cnlissage était même organisé plus régulièrement, i)lus paternellement
que de nos jours, et se complétait facilement par des voyages. Les concours
étaient fi'équeiits au début des gi'andes constructions ; mais quand l'architecte
avait été choisi, il avait des appointements fixes très -suffisants pour ses
besoins, et passait paisiblement sa vie dans sa maison de l'œuvre, comme on
le voit encore à Strasbourg, entouré de ses élèves et de ses fils, qui souvent
héritaient de son talent et de ses fonctions. La formule de l'inscription, gra-
1 . « Revue des Deux Mondes », page iO.'J.
i. II!., page 227.
3. 1(1., [i.ige 20(1.
L'A HT nr \\()\\:\ ack, iTj
vée au soiibassoinont du |inriail iiiLTidinii.il dr Ndlre-Daiiic <lo Paris, con-
state bien cette li\iti' de pusilion : .> \i\cnte .lolianne niasisti'o ».
I) Mil antre cùli'. M. llciian admet ([ne « ce (jui faisait dct'aul. ce n'était ni
le iiiouMMiuMit ni l'c>])i-il. l/acliNili' qui réi^iia parmi les arcliilectcs de celle
épiiqui' a (|nel(|n(' clinsc de pnidiiiicnx. Lein' genre tie vie. r(Mitermée dans une
sorte (1(^ ciillége on de siici('l('' à pari. enli'i'Ienail chez eir\ une ardente émn-
latioii. l'om' (|ue de tels liomnics se soient peu i^ouciés de la l'enonnnée. il faut
([u'ils aient trou\('' dans rintiM-ienr de leur confrérie im niol)il(> snllisant qui les
HMidait inditïérents ;i toute autre chose (ju'à Festinie de leurs pairs ' ».
Il ne lem- manquait donc rien, car peu importe le mobile en |>ai-eil cas.
s'il protluit une acli\it('' d"espril prodigieuse et une ardente émiilalioii.
Au reste, connnent M. Ilenan sail-il (|Ui;' li>s ar(;hilecles du moyen à<;'e
étaient insensibles à tout(> autre chose (|u'à l'estime de leiu's confrères? Le
mol de gloire existait pour eux air<si bien (]ue la gloiir elle-iuème, car on
parle sans ces.«e du glorieux chienr. de la gloi'ieuse façade de telle ou telle
cathédi'ale. Comme les ai'tisles italiens, ils joignaient au sull'rage de leurs
pairs la haute consi(l(''ralion des pi-iiices ou des pi^Mats (|ui les cm|ilii\aienl et
l'admiration de leui's concitoyens. I.orsciue l'on a senti le besoin d'élever arli-
ficiellemenf les bourgeois l(\'^ jjIus notal»les au rang (|ui s'attachait moins à la
naissance qu'à inie fonction déterminée, celle de faire le service mililaii'e à ses
frais, les |)renn'ères lettres de noblesse ont i''lé' (lonn(''es à un artiste parisien
du Mil' siècle.
Quand les architectes du moyen âge moui'aient. ils étaient sùi-s d'oljtenii-
une tombe honoi'able, ce (|ui n'arrive pas toujoin-s à notre épo(|ue. où les
artistes, |)lus adulés de letii' \i\'ant, sont aussi bien vile oubli('s. I.es belles
dalles (|ai recouvraient le corps de Hue i.ibergier el des archilecies de
Saint-Ouen n'ont rien de (( chélif ». V.Wv^ ressemblent à celles i\v!^ riches
bourgeois, des chevaliers, des chanoines, l't |)arfois des pr(''lats eu\-mèmes.
Ces artistes n'y sont pas repré'senl('s a\('c u l'hiniible manlean de l'oinrier »,
qui alors, pas i)lus ([u'aujoui-d'hui. ne poilait point de manteau, mais avec
l'habit civil de leur temps et les attributs de leur j)rofession. Le siècle était
modeste, et leurs é|)ilaphes le sont aussi; mais elles conservent . dans le der-
nier monument ([ii'iis avaient embi'lli. le souvenir de leurs chefs-d'o-uviv.
Celle de rarchitecte de la cha|)elle de Saint-Cei-main-des-l'n's. au(|iiel ime
vieille tradition attribue aussi la Sainte-Chapelle, l'ienv de Montreuil. — ([ue
l'on s'obstine à appeler Pierre deMonlei'oau -, — le (|ualilie de n fli'ur pleine
1. « Ucviif" dos Dinix Mijniic> h, pa.uo î\'>.
2. Dans le nom de MuiiUtcuI. quo l'épitaplio d'Agiios, l'emnio do l'arcliitoclo , doniio on toiilos
xxii. 23
17/) ANNALES ARCHÉOLOGIQUES.
(le mœurs » et de « docteur des architectes^ ». Certes, si l'éloge est court,
du moins il est complet. A Caen , les moines de Saint-Etienne donnent des
louanges moins méritées à leur architecte Guillaume : « Petrarum summus
in arte ». On a tant d'égards pour les architectes, que leurs petits enfants,
quand ils meurent pendant la durée des travaux, obtiennent eux-mêmes des
ô|»itai)hes élogieuses. A l'abbaye de Guitres, près Libourne. j'ai eu le plaisir
de déchilTrcr le premier, il y a quelques mois, cette inscription, touchante dans
;son mauvais lalin. qui venait de sortir de terre :
nU\ • K • IVLII OBUT ARNALDVS PVKR BONE IMIOLE
ru,ivs mvgistui iivivs operis.
Ce n'est pas tout. \)c leiu' vivant, les architectes comme les sculpteurs, les
peintres, les verriers. les orfèvres signent volontiers leurs œuvres. A Amiens,
au centre du labyrinthe ou chemin de Jérusalem, un monument particulier
conserve l'image et le nom de tous les architectes qui ont successivement
dirigé les travaux. Il en est de même à Reims; et de plus l'inscription fait à
chacun sa part de gloire en disant en détail ([uelle partie de l'église il a élevée.
On n'a l'ait ni mieux ni aussi bien en Italie. On a eu seulement un Vasari
f[ui s'est chargé de recueillir les traditions artistiques de son pays, comme il
était si facile encore de le faire chez nous vers le commencement ou le milieu
du xv!*" siècle. Cette fois, je suis d'accord avec M. Renan; oui, « l'Italie a eu
deux bonnes foi'tunes refusées à la France, et dont il importe de tenir grand
compte : celle d'avoir conservé intactes toutes les œuvres de ses anciens maî-
tres, et celle d'avoir eu, grâce à Vasari, sa légende dorée de l'art -. a Si elle eût
eu nos architectes du xii" et du xiii" siècle, elle eût égalé leur gloire à celle
des Bramante et des Michel-Ange ^ ». Oui. nous avons eu tort n de faire table
rase du jiassé » et de nous elïorcer de l'oublier tout à fait. Mais à qui la faute?
A la renaissance, qui a faussé le sens artistique de la France, et l'a rendue si
dédaigneuse et si ingrate. L'ancienne France, celle du moyen âge, n'a rien à
se reprocher.
Jamais, M. Renan en convient ailleurs, le talent n'a manqué aux artistes
français, mais seulement l'occasion de faire de grandes œuvres et la l:)onne
chance qu'on ne les détruisît point dans la suite. En elî'et, les portails laté-
raux de la cathédrale de Rouen, qui datent des premières années du xiv'^ siècle,
lettres et en français, qui ne reconnaîtrait le Montreuil de Paris plutùt que le Monlereau de Cham-
pagne?
1. Y. Piganiol de La Force, t. vu, p. 74.
2. .. Revue des Deux Mondes », page 22C.
3. Id., p. 227.
L'A UT DU MOYEN XCE. 175
sont, dan? le stylo trop raniiir auquel ils ap|Kirlieiineul. (l(>s modèles do Rràoe.
de richesse et âv bdii piùt. A la même é]K)que, un architecte français, maître
Hardouin. dirige les li-a vaux de Saint- Pélronne de lîolugiie. Plus tard.
Alathicu d'Arras construit la cathédrale de Pra.gue. Plus tni'd encoi'o, des
artistes de Rouen et de Paris commencent la cathôdrale de Milan, la troisième,
après Bolog'ue et Florence, de ces ('\i;-|isos italiennes qui. selon M. l'ienan.
<i rospii-enl im scnlimcnl de lail j)lus dc'licat (|uo nos cathédrales do la même
époque '. »
Lorsque le rèp;nc trop court de Charles Y répare en partie les malheurs
de la I-'i-ance, lors(|ue dcî^ princes du sanii'. « tous hommes de goùl ». dit
M. Renan, et « les pr(Miiiers f!;i'auds amateui's laïques (|u'aient eus les sociétés
modernes», font ajjpel aux aiTliilectes. aux peintres et aux scul|tteurs. on
embellit pour le l'oi le Louvre et le palais des Tournelles. on crée Pierre-
fonds pour Louis d'Orléans, la Sainte-Chapelle de Bouri^es pour le duc
de Berry, et la Chartreuse de Dijon pour les ducs de Bourgogne. On donne
ainsi « la mesure de ce que ])out une dynastie amie des arts en un siècle
dénué de génie -». ^lais. oii la trouver maintenant, cette mesun'? Ancinie
période de Tari français n'a été [ilns malti'aitée par le vandalisme. Il irste au
palais de Poitiers quelques belles statues sculptées pour le (Uic de Beri'y. f^n'
représentent, je crois, les sept sages de ranti([uité; il reste aussi les ligures
plus remarquables encore du fameux puits de Moïse. Mais que sont devenus,
sinon le Louvre de Charles V. qui a fait place à d"auti-es chefs-d'o-uvre. du
moins le palais des Tournelles. et la Sainte-Chapelle d(; Bourges, et les pal-
lies les plus délicates de Pierrefouds, patiemment reconstituées par M. Yiollet-
Le-Duc. et faut d'autres monuments célèbres'.' (Juaiid de vastes constructions
sont ainsi rasées jusqu'au sol, de fragiles tableaux peuvent-ils se conserver?
Ils sont détruits ou dispersés, et alors ils vont grossir le contingent des écoles
étrangères. Lorsqu'on rencontre une ])onne peinture dans le nord de la iM'ance,
elle est aussitôt attribuée à Van Eyck, ([ui, du moins, appartenait :i la l''rance
féodale et se trouve Français à demi, selon l'heureuse expression de M. le
baron de Guilhermy ^. Dans le midi, on eu fait honneur à l'école de Giotto.
Pourtant on n'a pas encore dénationalisé les excellentes fresques du xiv'' siècle
qui décorent le couvent des Jacobins de Toulouse''; on se contente de les
abandonner au vandalisme des ofTiciers du génie.
o'-
1. u Rovuedes Deux Jlonde? », page 225.
2. Id., page 2i2.
3. « .Vnnales Archéologiques ». t. v, p. 2o-'5.
4. Id., l. VI, page 3.31.
17G AWALES ARCHEOLOGIQUES.
La première moitié du xv*" siècle, époque de nos plus «grands malheurs, est
presque stérile eu belles choses. Cependant il s'établit partout un style nou-
veau fondé sur l'emploi des contre-courbes dans tous les tenestrages et tous
les panneaux d'ornementation. Ce style flamboyant, qui suppose certainement
plus de science qu'aucune autre variété de l'architecture gothique, et qui sur-
monte, peut-être inutilement, plus de difficultés, se montre très-fécond sous
Louis XL et surtout sous Charles VIII et Louis \I 1. Séduisant au premier abord
et fait pour plaire à la foule, il pèche par excès de richesse et de recherche,
— au moins dans les églises; car, pour les constructions civiles, il est géné-
ralement plus sobre, — et donne vraiment prise à quel([ues-unes des critiques
qui ont été adressées à l'art ogival tout entier. Il est. d'ailleurs, très-étudié,
très-logique, très-harmonieux dans toutes ses parties, et résout en se jouant
les problèmes les plus compli<[ués de dessin linéaire et de coupe des pierres.
Pour les grandes combinaisons architecturales, le style llamboyant dilTère
beaucoup moins que par l'ornementation des styles antérieurs.
Il n'est ]ias besoin d'énumérer les principaux chefs-d'œuvre de notre archi-
tecture flamboyante; ils sont présents à toutes les pensées. Il faut dire seule-
ment que si la statuaire de cette époque parait si commune, si triviale » et
si bourgeoise » . pour |)arler comme M. Renan, c'est qu'on la juge trop souvent
par ces rétables de pacotille ramassés pour nos musées dans les églises de
village. Quant à la peinture, sans recourir aux chefs-d'œuvre d'IIemling,
les fresques de l'hôtel de Jacques Cœur, les neuf tableaux de la confrérie
d'Amiens, qui en avait fait faire trois cents, les tapisseries d'Arras, dont les
cartons étaient aussi des tableaux, les miniatures de Fouquet, enfin, suffisent
à montrer qu'il y avait encore de bons artistes gothiques au moment de la
renaissance.
La manière dont se recruta le personnel de la renaissance en est une
preuve nouvelle. Les Italiens, appelés en grand nombre, n'ont presque rien
fait ou rien laissé, notamment les plus illustres, Léonard de Vinci et Benve-
nuto Collini. Ils ont trouvé immédiatement, non pas des élèves, c'est-à-dire
des hommes nouveaux, mais des imitateurs tout formés et très-habiles, dont
les œuvres ont seules survécu. Colomb, qui sculpta le tombeau des ducs de
Bretagne, avait soixante ans au moins quand il se rallia à la renaissance.
Cambiche, le digne successeur de Pierre Lescot au Louvre, sortait des ateliers
gothiques de Beauvais, encore ouverts en 1550. Si les antécédents de Pierre
Lescot ou de Jean Goujon étaient mieux connus, nous verrions probablement
qu'ils sont les mêmes.
Il faudrait encore tenir compte à l'art du xv' siècle de son universalité et
i/Airr nr movkn agi:. 177
de son unirormitc. Jamais, d'imo province à raulre. il ii'v a eu moins de dif-
férences et d'inéf^alités. La moyenne du talent a pu s'abaisser, mais jamais il
n'y a eu autant d'artistes. Ce- n'est pas dans la capitale ni dans les grandes
villes que se rassemblent les arcliitcvtes. les sculpteurs el les peintres vrai-
ment dit;iies de ce nom; on eu irouvi; partout, au fond des campagnes, dans
les lieux les plus déshérités aujourd'hui de toute ciiltin-e arlisti(|ui\
On ne peut pas <hiv d'un art pan>il. doni la base est si large et si populaire,
qu'il t'tait mort avant la renaissance. Il y aurait autant de vraisemblance à
soutenir ([ue la civilisation tout entière allait périr sans la renaissance, ou tout
au moins demeurer stationnaire. précisément à répo([ui' oii des nations
dénuées de « génie » viemient de lui doimei- l'impiimerie. les armes à feu, la
grande navigation, et tant d'autres insirumenis de progrès!
Sans doute, l'influence artistique de ritalie devait se fairi>, sentir en l'rance
et dans toute l'Europe. Les points de contact étaient trop grands, la supériiirité
des peintres et des sculpteurs ultramontains trop évidente, pom- (|iie ce f|ui avait
eu lieu une première fois au xiii" siècle ne se repi-oduisît pas en sens inverse.
— Mais la renaissance pouvait se faire autrement. — lin demandanl à ritalie,
ou directement à l'art antitiue, l'éléxalion du style el la correction du tlessiu,
on aui'ait dû respecter davantage la tradition gotliiciue el l'esprit chiv'tieu.
Améliorer sans détruire, c'est ordinairement le meilleur système. Il fallait
recourir à (liotto, à Orcagna, à Fra Angelico, plutôt ([u'à Masaccio i;t à Man-
tegna. Il fallait s'arrêter à la première manière de llapliaël et admirer Michel-
Ange sans l'imiter en rien.
Les peintures sur verre de la Chapelle du l'oi. à Cambridge, donnent assez
bien idée des résultats auxquels on pouvait arriver dans cette voie. (^)u"elles
aient été dessinées par llolbein, à qui on attribue tout en Angleterre, ou par
Van Orley, ou par quelque autre maître moins comui. une insjjiration italiemic
les emioblit; et néanmoins elles ne sont nullemenl en désaccord avec l'arclii-
tecture purement gothique de l'iMlilice. D'ailleurs, elles suflisent parfaitement.
sans le secours de la peinture murale et de la statuaire. ;i dé;c(jrer de la façon
la plus splendide cette chapelle du roi. longue de trois cents pieds, comme
une cathédrale. C'est peut-être, il est vrai, la plus belle série de vitraux cjui
existe.
" Il importait avant tout de prendre pour base du rajeum'ssement de l'art
français notre ancienne architecture gothique, qui, malgré ses défauts, valait
encore mieux que le nouveau style italien, parce que. faite par nous et pour
nous, elle convenait merveilleusement à notre génie national, à nos mœurs, à
notre climat. Elle avait besoin de se corriger et se corrigeait déjà, en revenant
178 ANNALES ARCHEOLOGIQUES.
ù des profils plus formes, à des partis plus simples. Ces pinacles de la tour
Saint-Jacques, cjui projettent des ombres vigoureuses, sont un commencement
de réaction contre un système où tout s'était atténué et rapetisse par la multi-
plication indéfinie des membres arcliitectoni([ues. L'arcliitccture nationale
pouvait d'ailleurs se retremper avantageusement en étudiant le passé, non pas
celui des Cirées et des Piomains. mais des Français du mu*" siècle, archéologie
qui en valait bien une autre. Loin d'être morte, elle était pleine de sève et de
vie. Aussi a-t-il fallu plusieurs siècles pour la déraciner tout à fait de ce sol
où elle était née. Les architectes de la cathédrale de Beauvais, au lieu de
s'avouer vaincus par la renaissance qui débordait de toutes parts, se croyaient
de taille à lutter contre la coupole de Saint-Pierre de Rome, et ils y seraient
])arvenus pcul-élrc si le besoin de se hâter, pour frapper un grand coup, ne les
avait pas conduits à l)àtir la tour centrale avant d'avoir achevé la nef qui
devait la contre-buter à roccident.
Quoi qu'il en soit, on s'est borné longtemps à mélanger dans des propor-
tions très-diverses le style français et le style italien. Mais ce mélange, préfé-
rable cependant à l'adoption pure et simple de l'architecture italienne, était
mauvais, à le juger par ses fruits, l'armi tous ces châteaux des bords de la
Loire, (jue ^L Victor Petit s'est appliqué à dessiner, les œuvres du dernier
gothique, qui l'emportent par le nombre sur celles de la renaissance propre-
ment dite, l'emportent aussi par la beauté, de l'aveu de l'artiste qui les a
re])roduites avec le même amour. A Rouen, à Lisieux, dans toutes nos vieilles
cités, les dei'nières maisons gothiques valent pour le moins les premières mai-
sons de la renaissance, qui en imitent le dessin général et la richesse, en
changeant seulement la natui'e de l'ornementation. L'église de Saint-Eustache,
église gothique au fond, qu'a-t-elle gagné à entasser des colonnes corin-
thiennes pour atteindre à la hauteur de s?s piliers et h se hérisser de petites
corniches? Les églises contemporaines de Saint-Wulfran d'Abbeville et de
Saint-Maclou de Rouen, ([ui ont su résister cala mode, ne sont-elles pas à la
fois plus logifiues, plus harmonieuses et plus élégantes?
Les motifs de conserver le style gothique étaient si puissants, que les archi-
tectes étrangers eux-mêmes les appréciaient. A voir les pavillons, le beffroi,
les grands toits à lucarnes de pierre et les hautes cheminées de l'hôtel de ville
de Paris, on ne se douterait point qu'il a été bâti i)ar un Italien, si une inscrip-
tion authentique ne l'apprenait pas. A plus forte raison, nos artistes nationaux
n'ont-ils jamais manqué de faire sa bonne part au style français ; et. ce c{ui
constitue la supériorité du Louvre de Lescot sur celui du Bernin, ce qui domie
jusqu'au xv!!' et au wiii'' siècle plus de mouvement, plus de silhouette à nos
i;\p,T nr moyen âge. 179
palais et à nos châteaux, c'est eiicon; uii reste vivacc de nés aiiciciiues tra-
ditions.
ilieux valait même, pour les résidences royales, s'en tenir au stvle i^othique
tout pur. Il est dillicile de concevoir ([uelque cliose de plus splendide et de
plus beau que le Louvre, de plus ,<i;raiidiose (|ue Versailles. Mais on ne sait
pas ce que le style ogival, aidé' de tous les |m),<;r('s de la science et des
immenses ressources de la centralisation, serait capable di; l'aire. Il n'avait
jamais eu à élever de palais; mais un hôtel comme celui de l>a Trémouille
permet d'entrevoir à (piel degré de magniticeuce il pouvait atteindre; et
Windsor, qui n'est gothique (juc de seconde main, t'ait, à l'extérieur, plus
d'elTet que Fontainebleau.
Le style gothique n'eùt-il rien jiroduit d'é-gal au Louvre et à Versailles, le
mal serait plus que compensé par la ])crpéluation de l'art national. On ne
l'aurait pas vu, comme il l'a fait depuis (ju'il est fondé sur une archéologie
étrangère, se retirer des campagnes, où il était univer.selleinent répandu, et
bientôt de toutes les villes de province, pour se concentrer dans la ca|Mtale. On
ne le verrait pas. même à Paris, vivre d'imitations incohérentes et maladroites.
Nous n'en serions pas réduits, en un mot. à n'avoir plus d'arclHte<iin-e. Ainsi
que l'a très-bien dit M. Picnan, » ce n'est jamais impimément (|u'on renonce
à ses pères ! »
III
Il ne s'agit pas seulement de constater et de dé'plorer le mal ; il faudrait
aussi le réparer si c'est possible. Mais quand nous voulons avec « celte
complète maturité de jugement » qui fit défaut, dil-ou. au mo\en âge et
notamment au xiii'" siècle, mais qui devrait appartenir au xix"; (|uand nous
voulons, dis-je, « recueillir la tradition, la régler et- la pré.servcr de toute
exagération * » ; quand nous nous tlattons d'entreprendre on cola une ujuvre
longue et difTicile, sans doute, mais éminemment utile au double point de
vue de l'histoire et de la pratique de l'art, M. Ileiiau nous oppose durement
cette maxime : « les systèmes d'esthétique, toujours vrais en un sens quand
ils sont conçus par des esprits élevés, ne doivent jamais chercher à se réa-
liser... * 1).
Il semble que M. Renan condamne ici du même coup tout l'art conlcmpo-
1. « Revue des Deux Mondes », page 213.
2. Id., page 203.
180 AMNALKS ARCHÉOLOGIOrES.
rain ; car, dans ses manifestations si diverses, il est toujours fondé sur un
système d'estliétique et sur une arcliéologie quelconque. Mais il y a une
excejition sous-entendue en faveur du style grec ([ui est, nous dit-on ailleurs,
« la raison même, la logique appliquée à l'art de bâtir ^ ». — Soit, mais pour
des besoins très-dill'éix'nts des nôtres et avec des moyens infiniment moins
|)uissanls (|ue ceux dont on a disposé depuis. — .M. Viollet-Le-Duc dit aussi,
et de plus il le prouve, que le style gothique du Mil" siècle est la raison
même, la logiiiue a|)pli(iuée à l'art de bâtir. — Kst-il plus logique, dans un
pays où il jilcut souvent, de couronner une corniche par une surface horizon-
tale ou par un plan incliné? Uoit-on mettre le larmier, destiné à rejeter l'eau
([ui ruisselle, au milieu ou au sommet d'un entablement? Ces entablements
doivent-ils avoir le même profil à l'intérieur et à l'extérieur des édifices? voilà
comment la question se pose sans cesse entre le style grec et le style go-
thique.
11 y a une infinité d'églises du moyen âge qui servent encore, sans aucun
changement, aux cultes chrétiens. Il y a quantité de maisons et de châteaux du
xiv" et surtout du xv' siècle, qui sont encore habités. Au contraire, le Parthé-
non, s'il était intact, ne serait d'aucune utilité aux Athéniens modernes, et
ne pourrait pas même leur tenir lieu de musée, à moins qu'on ne l'éclairàt
autrement, comme on l'a fait pour le temple de Thésée. Un Napolitain ne
saurait pas davantage se loger dans les maisons de Pompéi, fussent-elles
parfaitement restaurées, à moins de couvrir l'alrium d'un toit de verre, de
mettre des portes aux chambres et d"y percer des fenêtres.
Lors([u'on est obligé de choisir entre l'art du moyen âge et l'art grec, et de
s'approprier l'un ou l'autre, de quel côté y a-t-il plus de chemin à faire, plus
de difficultés à vaincre?
Du reste, est-ce bien l'art grec que l'on imite? list-ce bien l'ordre dorique
du Parthénon que l'on reproduit? Cela peut être à Munich; mais il me
semble ([u'en France on le préfère traduit, adouci et altéré par les Romains;
apparemment parce (ju'on trouve que ses colonnes , admirables de tous
points quand elles ont l'Acropole pour piédestal, sont partout ailleurs trop
grosses pour leur longueur, trop larges en bas, trop minces en haut, et ter-
minées par un chapiteau trop simple, pour ne pas dire trop laid.
Malgré ces altérations, les ordres grecs sont devenus, dites vous, (( une
sorte de loi éternelle », dans laquelle ranli(iuité et plus tard la renaissance ont
pu u se reposer durant des siècles 2 )>. Mais le style gothique français, de 1270
1. (I Revue des Deux Mondes », page 217.
2. Id., page 217.
i.'MiT m \i()\ r.\ \r,K. I8i
à 1400. ([uand viHis tminiv. (|iril >. s'altanle » et (lu'il est « statii)iiiiairc u,
so repose aussi dans (1rs rnriimli's pour le iiiuiiis aussi iiivariai)l('s que celios
({ui avaient été donm'i-s par les (liées.
Nos arcliitectes |)eu\eiil s'y repnser eiu-ure. car il y a pour les UKuleriies
une aiialdfïie évidenlc entre les tmis styles f;nllii(|iies et les truis ordres <;rces.
Les uns et les autres sent des l'ornies siieci'ssi\i'> du niènie art qur l'un |)eut
aujourd'hui enipluyei' siniullani'nient.
I,a seule dilléi-eiiee, c'est (|u il est ini|)ossihle de su|)erposer l(> style flam-
boyant au style rayoïuiant connue l'ordre coi'iutln'en ;l l'ordre ionicpie; mais,
selon les pays, selon les circonstances, on peut les ])rendi-e h tour de rôle, et
c'est ce ([ue l'on l'ait, malgré les théories.
Nous ne mettons pas toutes les \arii't('s du style ^■othi([ue siu' la menu-
ligne. Nous croyons avec M. Henan (|ue, « comme tous les <i;iands styles, le
gothique fut parfait en naissant * », ou du moins peu après sa naissance.
Nous préfé'rous donc l'art du Mil" siècle, comme d'autres choi-isscnl l'ordre
dorique, parce qu'il nous |)arait le plus voisin de cette perfection rclali\c (|ui
seule est permise aux (eu\res de l'homme. Aussi, tout pai-l'ail (|n'il mous
paraisse, nous admettons très-bien (pi'on le |ierfectionne eiicon». Nous recom-
mandons seulement de comineiicer par faire aus>i bien. \ous i-econnnandons
de plus de ne pas brouiller volontairement ou involontairement les divers
.styles gothiques, de même ([non ne met pas des triglyphes au-dessus de
colonnes corinthiennes. Mais nous n'avons ni la foj-ce ni le courage de
proscrire des styles <pii ont d(jnni' des édifices tels (jiie la calhinlrale di-
Cologne et ([ue la Chapelle du roi à Cainbi'idge.
C'est ce (ju'il importait d'établir avant d'examiner cuntradictoiremeiit avec
M. Renan ce qu'a produit l'école néo-gothi(iue. « Ses seuls chefs-d'crnvre ».
dit-il, <i sont de très-bons livres d'archéologie. L'impuissance des iih'rs
théoriques à rien créer en fait d'ai'l. le rang secondaii'e falali'ment assigné à
tout ce qui est pastiche et imitation furent |)rouvés par un exem|)le de jikis;
mais la meilleure série de travaux que la l'rance ail pioduile en notre
siècle sortit de cette direction, ou. si l'on veut, de cette mode '- ».
X'eùt-elle produit (jue de bons livres d'archéologie, c(jnnne le croit
M. Renan, l'école néo-gotliique. |)uisqiie c'est ainsi (|ue ra|)nellenl les
néo-grecs, n'aurait pas perdu son tem|)s. V.n n'^habilitant li/s monuments du
moyen âge; en obtenant, après d(»s siècles de dédain, {[ue la masse du pid)lic
les regardât, les conipi'it, les admirât, elle a créé pai- le fait une foule de
1. « Revu!" (les Deux .Moiuie- «. 1" juillet IHtli>. p;i-i! 211.
i. 1(1., page 20').
XXII. 2/1
182 ANNALKS AliCII KOl.OC.IOr FS.
fiKinimicnls iioiixcaiix. l)ieii su|M''ri('iirs pour réti'angor iinparlial h nos iiicil-
Iciii's inoiHiiiKMits niddcnies ; et c'est ce (|iii la (lisliiii;;ue essenliclli'iiienl i\ç>
aufi'cs ('cdli's (l'arcli(''iil()p;ii\ ((iii ul' font ]ias ilc i'i''piitaliiins pii[iiilain>s et prn-
(itahles à la l'iMlire.
M. Ileiiaii liera, pas oiihhV'. (|uan(l la ii'iiie \ icteria eut à faii-e ciiiinais-
saiice avec l'ai'is. sa pi-eiiiière \isite fut |iiiiir la Sainti'-Cliapi'lle. l'ailre tant
(le iiinimiiieuls plus \asfes. jtliis liclies. plus (■('■lèbres. ail iiiiiins parmi nous,
c'est là (|iie l'aiiiiMia (l'almid sen j^-oùt et sa ciirii)sit(''. l'itait-i'jle attirée par
le iKiin et le souvenir de saint Louis, par le clier-tr(eu\ri_' de Pierre de
Moiitreuil . par l'éclatante restaiiraJioii ([ue poursuivait alors M. Lassas?
u\\ peu ])ar tout cela, sans doute. Ce (|iii est ceiiaiii. c'est (|ue. dans ces der-
niers siècles. Ii>s souvei-aius i'tran,L;'ei-s (|ui \isilaient l';iris en touristes pro-
c(''iiaieiit tout autrement. .Ii' crois menu.' (|u'ils ne smi^'eaient jias du tout h
\iiir la Saiiite-C.liapelle. L'.lle n'existait pas poiii' eux.
Mais, iiialgn'' la renommée dont jouissent maintenant à Paris la Sainte-
('Jiap;'lle. Notre-IJam;'. le réfectoire do Saint-Martin-des-Cliamps. et plusieurs
antres cnnstructions moins excellentes du moyen àpje. les monuments de la
l'enaissance et des temps modernes y tiennent encore la premièi-e placi\ (les
(euvres tle la royauti'' et de la centralisation rem|)ortent incontestahiement .
.sinon par le ini'rite artisti([iie. du moins par le nombre, par l'étendue, par la
richesse. — Kn province il en est tout autrement, même dans nos villes de
.second et de troisième ordre. On y a multiplié les larges rues et les grandes
maisons en pierre de taille. On y a bâti aussi beaucoup d'éditices publics,
très-commodes et très-coin enables. Mais en gé'iii''ral toutes ces constructions
ont [leu de valeur, ou tout au moins de renommi'e, au point de vue de l'art.
Y a-t-il. je ne dis pas à Bordeaux, où le théâtre est certainement une grande
et belle chose très-appréciée du pnblic et des artistes ; ni à Mîmes, où plus
récemment encon^ une munici|)alité généreuse a su se procurer de vi'rilable.s
uHivres d'art; mais à. Nantes, à Iloiien. à Toulouse, à Strasbourg, à Reims,
à Amiens, à Dijon, à Tours, à Angers, à Caen . à Troyes. à Poitiers, à
Limoges, à Metz, à Lyon môme, des monuments nouvi^aiix qui rivalisi^nt
avec ceux du moyen âge? 11 n'est ])as de préfecture, de |)alais de justice,
de musée ou de prison cellulaire (|ui puissent compter pour quehjue chose
à côté d'une cathédrale comme celle de Chartres ou seulement du Mans et de
Clermont.
Tous ces vrais ornements de nos cités, c'est l'école néo- gothique qui les
a remis en lionneur. Quchpies grandes cathédrales, comme celles de Reims.
d'Amiens, de .Strasbourg et de Chartres, avaient conservé un reste de repu-
lalidii. et i'"('st |)iiii|- cria (|n'r||r-. n'oiil pas l'Ii' (li'j^r'adi'es pnidaiil la i'i''\iilii-
lioii. Mais la plupail des autres ('laicnl aussi mi''pris(''(>s (ju rllcs smit ('stiiii(''Os
aujourd'hui; elles s('Ull)lai^ll^ di'sliiinorer les \illes (ju"elles illuslreut à pr/'seul.
L'n i'e\ireiueul aussi ei)ni|)lel de l'opiulDn. (|ui imus douiie peudanl liois
sièeles le premier lan^' daus riii>l()ire de i'arl et inel la l-'ranee au ui\cau de
I Italie, dinrait èIrT le plus beau litre de l'iuole M<''o-;^iitlu{|ue au luuins paiini
les l'rancais. D'ailleiu's . cette ri'NdlutidU du i;(iùt s'i'teud ii toutes les nations,
et. connue elle est roud(''e sur une t'^s ideute jusiici'. elle es| cl sera de plus en
plus ratiliée par l'Alleuiagno et l'Anf^lelerre dont elle est l'yUMC eu grande
|)artie. ■■ La t'atalilé (|ui a privé la l'i'ance de la i^ioire de ses chansons de
,u;este se retrousc ici ». diles-\ous. Le style ^othi(nie s"e>t appehj eu Alle-
mague ■. style français, opirs t'rancii;enuui. et c'est l;i le uoiu (|u'il aiu'ait
(lu f^arder * ». IV.'ut-ètre, si l'on ui' sonj^eait (|u'à rori.iJ,ine ; mai- le nialhi'ur
n'est pas grand; car ce nom de style français aurait nui à l'aiihilccture
gothicjue l'u Angleterre et en Allemagne, sans lui ser\ir beaucoup en l'raiice.
Or, on s'en doute i)ien. noirs n'apjirouvoiis cpi'à denn cette opinion de
M. llenau . (pie (( l'architecture du \ii' et du \i\\' siècle doit ("'tre classi'c
parmi les (euvres oi-iginales (|u'il est gloi-ieu\ d'axoir produites et sage de ne
pas imiter - )>. Nous aimons mii'iix (|u'elle passe pour nationali' en \ugle|eri-e.
en Allemagne, en Kspagne et en Italie comme en i'rauce.
Du reste, l'architeelure ogivale mérite vraiment ce titre de nationale dan.';
loulo i'Kurope occidentale. C'est coinuic une famille doul le chef serait l''rau-
çais, mais qu'un long séjour et de brillants services auraient nationalisi'e dans
dilTérents pays.
L'école néo-gotlii(|ue est ai'rivi''e ii d'autres ri'sultats plu- inali'i'ii'ls. el ipie
M. Henan ne devrait pas contester davantage. Ses travaux collectifs ont per-
mis à M. Lassiis et à M. ■Viol!et-L(^-l3uc. à M. Bu'swilwald et à M. \audoyer
de restituer leur ancienne sj)lendeur aux monuments parisiens (\\v je citais
tout à l'heure. Ils oui rendu possible- sur loirs li>s points du territoii-e des res-
taurations, faites parfois a\cc tro]) de zèle et de dispense, mais g'-m'ialement
'conformos au style primitif. La peintmv sur \erre a l'ti'' retrou\i''e <■{ iiratiipK'-e
avec la même |)crfecliou (|u'au moyiMi âge. il s'e-l foi-mi''. particulièreiiieul à
Notre-Dame, d'excellents sculpteurs au.ssi passionnés pour le style gollii([ue
que d'autres peuvent l'être pour le style grec et romain.
Les mêmes eiïorts ont permis (!■ comjjléter convenablement N'otie-Dame de
Paris. (|ui manquait de sacristie; Saint-Oii'ii. de jlnue;!, (pii n'avait pas de
1. <( R 'viic (les Deux MonJis ■. pau'e iil'.i.
i. 1(1. , pii;p 21!).
'iHlf AN'NALKS AIICIIKOLOCKM KS.
r.-icadi'. et. h ["(''trangei'. la faiiictiso (•allii''clrali' rie Cnlogiip. F.nfiii . c'ost à
l'iM-ole ii(''(i-s"tluque que Tdii doil cos milliers d'églises neuves en style ogival
(|iii cdiivrenl la Franco entière, comme autrefois au xV siècle, d'un blanc
manicau de pierre. M. Renan les connaît peu et n'en fait aucun cas. Cepen-
dant elles plaisent plus aux fidèles et ri'|iondcnt mieux aux besoins du culte,
ain.-i f|u'au\ exigences de notre climat et de nos matériaux, que les rares
construclidiis n/ligieuses élevées sous la Reslauralinn et dui'ant les pi'emiè|-(^s
amii'(^s d(^ la monarchie dc.luill(>l.
On a essayé, concurrenunent avec le style gotln'([ue de toutes nuances, du
style roman et du style by/.antin. sans oublier celui de la renaissance fran-
çaise. Ce dei'uier a pour le moment les faveui's de rédilit('' parisienne. Alais, en
g(''ni'Tal, le style jun" et sévère de la pi'emière muitié du xiii" siècle est pré-
fé'ré ; et, h Paris même, je n(; ci-ois pas f[ii(^ r(''glise de Bellevilli' . d(_^i'nière
leuvre d(_^ M. Lassus. suit l'rlipsi'e par le nouveau temple c[ui s'é'lève au bout
du boulevard Malesherbes.
En province, l'église de Bon-Secours à Rouen, celle de Saint-ÎNicolas à
Nantes, la chapelle des jésuites à Toulouse, le couvent d'Auteuil, le collège ec-
(•|(''siastique de l'oiliers. et bien d'aiilres coiisfriiclinns dti même genre auraient
peut-être (|ue|ques droits à, l'atliMifinn de M. Renan. Mais il veut dire sans
diiule. en |iarlanl de la stérililé' de l'é'colo néo-gothique, qu'elle n'a pas su in-
(luencer les constructions civiles, les seules qui aient de la valeur et de l'avenir.
Sous ce rappoi't, je l'avoue, on en est encore aux tentatives, au moins
dans notre pays; cai' l'Angleterre, (jui est demeui'ée fidèle en tout aux tradi-
tions du moyen âge. et ijui n'a pas eu à s'en re|ieii(ir; l'Angleterre, qui n'avait
jamais ccss(' com|)l(''lement de faire du style gothique, ni au wT. ni au x\ir,
ni au x\in" siècle'; l'Anglefei-i-e, dis-je. est revenue sans effort à l'art de
Henri YIII pour les immenses constructions du Parlement et jiour une mul-
litiide d'écoles, d'hôpitaux, de châteaux et de maisons, en ini mol. poui'
l'ensemble de son architecture civile.
Ce style Tudor a. ses défauts, comu.e ses beauti''s; inais. à Westminster, il
offrait le double avantage d'être (''minemmeni nafioual. c'est-à-dire exclusive-
ment anglais, et de s'harmoniser avec l'ahside de l'église abbatiale, ainsi
(lu'avec la magnificiue salle du vi<'ux palais, point de dé[)art des nouvelles
constructions. H n'a pas em|)êchi'' la chaiiil)re des lords d'être une heureuse
et imposante cr('ation. infiniment suiȎrii:'ni-e h notre pauvre salle des l-ltats.
A Oxfurd. à Cambridge, villes savantes, mais villes gothiques, et qui ne
veulent pas |)erdre ce dernier caractère, si on a fait vers la fin du wiii'' siècle
(|iiel(|iics édifices en style néo-grec, on n'en fait plus. Toutes les construc-
i;\i;T m \\<)\ i:\ \(;i:. i85
lions neuves sont ogivales, ('."est aussi le style Tudor. imposé souvent par
(les convenances locales, qui domine, mais non pas exclusivement. On y voit
en outre du style golliiquo italien. — -fantaisie qui n'est pas rare en Angle-
terre. — et siu'lout du slyl(> ogisal pi'imilif. Au collège d'I-'Aeli'i'. M. Scott a
l)àti une hibliothèfjue nKinumentale dans le style anglais du \in' siècli^ et.
pom- d'autres constructions du même collège, il n'a pas craint de s"in<pirer de
ia ^ainte-(",hap(dle de i'aiis. pensant a\ec raisim (|ue (-'(''tait puiser au com-
mun patrimoine de la chrétienté tout entière.
[-e nouveau muséum d'histoire naturelle, vaste et èlègani èdilice ([u'achèNe
iMi ce miiment runi\ersil('' d'OvI'drd. sens la directien de MM. Deaiie e| WikkI-
ward. se rapporte à la même pèi-iode de Tari golhicjue. Seulenieul le stsl.-
en est moins pur et il t'ait peul-èti"e une [lart li'op giande à di's iiuioxations
trè.<-acceplables en pi'incipe. mais qui ne sont |)as toujours henreuses.
il faut louer cependant une cour intérieure comparable, pnur retendue, aune
gare de chemin de fer. eu l'on s'est efforcé d'utiliser li^s ressources nouvelles
(jue les progrès de la mè'lallurgie olfrent au style ogival cctmme h tous les
systèmes d'architectun'. \ous citerons encoi'e avec éloge un laboratoiri' de
chimie qui imite ouvertement les grandes cuisines abbatiales de l'ontevrault
et de Durham. Cela peut sembler puéril à M. Pvcnan; mais qu'importe si cet
appendice du nouveau muséum est gracieux dans sa forme et parfaitement
adapté à sa destination, ainsi (ju'on s'accorde à le reconnaître?
l.es applications du style ogi\al à rarchitecture civile n(> se bornent pas à
l'Angleterre. A la suite d'un concours, la ville de Hambourg a bâti, dans le
.style de la fin du xm" siècle, un splendide hôtel de ville, au moins comparable,
s'il ne leur est j)as supérieur, à ceux de la Belgique. 11 est vrai que les dessins
en ont été donnés par un artiste anglais, ce même M. Scott dont les œuvres
se font remarquer à Oxford. ^lais. en Allemagne comme en Angleterre, beau-
coup d'architectes connais.sent ;i fond l'art ogival et savent rappli([ner à tous
les besoins de la .société moderne.
Nous avons perdu en France, il y a quinze ans, une excellente occasion de
rivaliser avec Westminster. 11 s'agissait, en restaurant et en agrandissant le
palais de justice de Paris, de le mettre en harmonie avec lui-même, avec sa
glorieuse histoire, avec ses vieilles tours, avec cette merveilleuse .Sainte-Cha-
pelle (jui le dominera toujours; il s'agissait, en il'auti'es termes, d'y employer
l'art ogival. On l'a fait, mais incomplètement et impai-failement. C'était trop
tôt sans doute pour obtenir une entière satisfaction.
Mais depuis il s'est fait chez nous, dans ce sens, d'importantes tentatives
couronnées de succès. Par exemple, à Angoulême. Ce n'est pas. il s'en faut.
180 ANNALKS A UCIl K()I.()(i I QU 1-:S.
(iiic villr (le n'ai-linii ; ccpciidaiit M. Al)adie a pu y bàtiV. au gré de tous
les Inibilaiils (_■! de.- aiil iquaircs rlrangers les plus diUu-ilcs '. un grand liùlel
de \ille. m style du miT' siècle, surmonté d'ini belïroi (|ui dépasse tous les
clorhcrs de la rili''. Il faut cunvenir (jui' l'arcliileele de\ail ni''cessairenienl ci>n-
ser\erdeu'v lours de j'aurieu rliàleaii. l'une du \iv'. l'autre ilu \\'' siècle, ([ui
coniinanilaieiil . jus(|u';i lui certain puini. le sl\le général des nouvelles con-
structions. Mais ces tours, très-intéressantes par elles-mêmes, malgré la
si)briél('' de leur ornementation extérieure, n'existeraient point, c|ue l'iiùtel de
\ille n'en vaudi'ail pas moins. 11 resterait complet, homogène, très-riche ef
très-piu' de style. lrès-imj)Osant et très-agréable d'aspect, ]iarraitenieiit com-
mode enlin. Le seul lï^pj-oclie ([u'on pourrail lui adrosc-r, je crois, c'est de
(MÙIer hop cluN' poui- une ville comme celle d'Angoulème. Mais je suis indul-
gent, je l'avoue, poiu' les folies de ce genre. (|ni attestent un certain réveil de
l'esprit municipal.
Si jamais M. lienan tra\c'i'sait Angoulème. je le prierais de vouloir bien
examiner atlentivement r(eu\re de M. Abadie. et de se demander, de bonne
l'oi, si elle clio(|ue en rien, malgré son style r('trograde, les l'ègles du goût et
de la raison ; bien plus. si. avec la même dépense, on aurait pu faire mieux
dans tout auti'e sl\le. A mon axis, l'hôtel de ville d'Angoulème résisterait à
cette épreuve et convaincrait M. Renan (jue la » continuation » du style
gollii(lue tient à clés causes plus sérieuses cjue ce « goùt(|ui porte notre siècle
à copier tour à tour les dilTérents styles cUi passé -. »
Quand on ne revient pas franchement à l'art gothique, on s'en rapproche
néanmoins, et l'on peut certainement considérer comme une transition, comme
un acheminement à un retour plus complet . cette préférence ordinairement
accordée parmi nous à la renaissance française, à demi gothique, sur la renais-
sance italienne ; cette substitution générale des toits aigus, si convenables
d'ailleurs sous notre ciel, aux toits plats et aux terrasses.
Où s'arrêtera cette tendance? Conduira-t-elle à multiplier les essais tels que
celui de M. Abadie? Y aura-t-il deux styles, l'un pour les églises et pour
tous les édilices dont une certaine antiquité, môme apparente, augmente
la valeur et le prestige; l'autre p;)ur les théâtres et les constructions mou-
daines où un air de jeunesse, renouvelé des Cirecs, peut sembler de rigueur?
I . M. iIl' C.iiiii.onl et M. Riniiioiid Bordeaux entre autres. I.o lémoign;ige i)ublic de ces arcliéo-
li...,'Ui'S est d'autant plus ediicluaut qa'Wi ne nionlrent aucune prédilection pour l'arcliitecture
nco-L:ollu(pie. Hinlleuis ils ne connais.-ei.t nullement .M. AUadie et lilàineiit, aussi viveuieni
que p.'rsonne. les •< excès de zèle " qui c.u'aclérisent ses re^lauraliuis.
1. ■' llevue des Deux Mondes «, pai^e '219.
i;\r,T 1)1 \io^ K\ \(;k. 1P7
— L'avciiii" et le talent (\v< aicliilcclrs iK-o-untliiciiies en (li''(ifl<'riiiit. Mais lniii
(le perdre du terrain, nous on gagnons. Otioi (|u'il arrive, un n'aura pas à nous
reproclior d'avoir prèclii' l'aiiarcliie et Iti'isé l'unité de l'art; car. di'pnis la tin
du xviir' siècle, il n'y a plus de rèi;le ni même d'habitude pom- nos archi-
tectes. Chacun, à sa guise. cliercli(> dans le passé ses inspirations, et. je
le ri''pète. on ol)i''it aussi bien ;i un système abstrait d'esthi'ii(|ue en faisant
du l'ompadour. du Mc'dicis ou du grec ([u'en s'atlacliant an gol|ii([ni'.
En résu'ué. on se presse trop d'enterrer l'archéologie du moyen âge et de
prononcer son oraison funèbre. Klle est à peine au milieu, nidiement au déclin
de sa carrière. Le mouvement ([ui l'avait produiti'. et (|in' date di'-jà de trente
années, se ralentit un p"u. (|uoi(in'i! y ail encdre tant à faiiv. i'ai-mi les hommes
éminents iini avaient mis au ser\ict! de rarcliéologie nin'ssante nne haute [insi-
lion et un grand talent d'i''cri\ain . mais (pii ne pouvaient gnère deniein'er
toujours les pivmiers pour les fortes et j)alientes recherches, pour la netteté'
et la solidité des idées. (|uel(|ues-uns s'attardent ou s'arrêtent. D'un autre côt('.
le nombre des personnes influentes qui se croient inf(''ressées à dém'grer le
passé de la France a peut-être augmenté. Nous rencontrernus donc tantôt dr
la lassitude et tantôt de la maheillaiice pins ou nmitr^ biiMi dt'gnisée. sans [lar-
ler de nos obstacles ordinaii-es. la moquerie banale et rindifl'érence absolue.
Nous pouvons même craindre une réaction de la mode, qui d'abord noirs
était assez favor'a!)le. Admirer longtemps la nuMiie chose, cela est bon pour
des Italiens ou des Bretons! "M. Renan compte bien qu'on va se passionner
pour les meubles [,ouis \\ I et pour les bijoux étrus(|ues. comme on l'avait fait
pour l'art gotlnipie.
Nous n'en resterons pas moins assez nombreux, assez convaincus, assez
indépendants pour marcher du même pas à la poursuite du but que nous nous
étions mar(|ué. Si. contre tout patriotisme national, nous étions tentés de
déserter la noble cause ([ue nous avons embrassée, l'exemple persé'vérant de
l'Angleterre et de l'Allemagne nous soutiendrait et nr)us rassurerait. Mais. non.
nous ne nous découragerons point un seul instant devant les caprices de la
mode, suivît-elle docilement les inspirations de M. Renan. — On ne nous
persuadera pas ([ue l'archéologie du moyen âge, dans ses rappoi-ts avec la
pratique de l'architecture, a produit ses dernières conséquences. On ne nous
persuadera pas davantage (|ue nous savons tout ce (|u'il fallait saxoir en fait
d'antiquités nationales, et (|u'il n'y a plus ([u'à s'occuper (h'^ monuments plié'-
niciens. s'il en existe.
F. DE VKHXEILII.
<
, 4
YITUAIJ. DE LA CHAPELLE
DE SAIINT-GERMER
Le siijrt (le \itrail |)oiiit. rn;iii-('' par iintiv gTavurc sui' bdis, couronne l'une
(les trois verrières de l'abside de la chapelle de LSaint-Germer.
11 représente Tabbé Pierre de Wuessencourt discutant et réglant avec le
maître de l'u'uvre le piix des travaux de construction de la chapelle. Les
personnaf;i's principaux siint placés sous un arc trilubé dont l'intérieur est
occupé par riiiscri|iti(>n suivante :
CKITE ■ CHAI>i;iLK ; IC ■ VV.UfL '; AC TKNS l.ABE PIERlili
La figure tic l'abbé domine le sujet. A sa main droite sont suspendues les
clefs de la chapelle, au nombre de deux. Derrière l'abbé, se trouve placé un
jeiuie homme portant une bourse pleine, dont le contenu doit solder le compte
des travaux. Le maitie des œuvres, dont le nom n'est pas indiqué, tient la
règle d'une main; près de lui. par derrière, est ti'acée récjuerre. attribut dis-
tinctif de son arl.
Dans les panneaux intéi-ieurs, un sculpteui- est occupé à ornei' un chapiteau
de colonnetle; plus bas, un tailleui' de pierre é([uai-rit un bloc.
Ce vitrail et son inscri])tion donnent la date certaine de la consli-uctiun de la
chapelle de Saint-Germer.
L'abbé Pierre, nommé l'ierre-Guiliaume . piil possession, en 12.")9, du
terrain destiné à la construction de la chapelle. Celle-ci l'ut commencée la même
amiéc, et dédiée à la vierge Marie par Guillaume de Grès, évêque de Beauvais.
Pierre l'ut enterré le !20 avril 127'2. On a lu longtemps sur sa tombe les
vers sui\ants :
ppti'vm petra tegit al)l)alem qvi bene rei;il
Clavslrviii Germensi' : (ivciii C.lifistvs spr\i'l ali on5;e.
J\?]j'] JilE-S AHSHSC IL©@fl3!JSo
Dessiné par E. B:,ts»-iLWALD "^irSiihiL SU li
Publié pdr Uii>aos, rue SAîut-Domiuiiiue, 23, â Pans
Iin[.rimi.- [jar J. Claiu, rue S.ïi:,t-Byiicit,
\lili\ll, l)K L\ CHAl'KI.LK DK S \ I .\T-(;KU M HH. 1H',)
Dtnuli" vile S(~iii|)Oi' Ivil l'I sine lite,
Elo^il colliim (jv;!!!! condidit ipso rapi'lkmi
Virj;iiii> iii liivilo. coli vt roqvicseat in i>(le. '
Hvii- sil [)mpitiii via ct'li virgo Maria.
Plus loin. "Il lisait :
Gvillpliiivs (le WvcsspiicdvrI prr (l\ii(li'i'im
Aiiiios capollam béate Marie in...
. . . rairifice pdificavit.
Il est à rogrotlor (|in; l'inscription ne dunni' pas. à, côtr du nom di' I abl)i'',
ordonnateur d«> la construction, le nom du niailrc de l'ouivrc (|ui a itrésidé à
ce travail. Mais le vitrail dcmontre, une fois de plus. (|uau xiii*' siècle les
constructions des églises étaient |)rojctces et dirigées par des laïques.
K. BŒSWILW.VLI).
Cette verrière, plus intéressante que belle assurément ^. appartient donc à
la seconde moitié du xiii'" siècle. On n'est déjà plus au xii' . ni même à la pre-
mière moitié du xiii'". où chaque verrière est encadrée dans une riche et large
bordure à feuillages. Ici. la bordure est étroite et des plus simples : un filet
rouge sans ornement. interrom|)u par un simple quintefeuille blanc. Cepen-
dant, nous sommes encore dans une époque assez bonne relativement à celle
qui suivra. Le fond du vitrail est bleu; le vert de la robe de rarcliitecte, du
sarrau du sculpteur et des chausses de Tabbé Pierre fait valoir le rouge du
surtout de l'architecte et du sarrau du tailleur de pierre. La robe de l'abbé
est d'un pourpre violet fort intense. l>e petit domestique de l'abbé a le sarrau
jaune et les chausses rouges; il tient à la gauche la bourse pleine el. à la
droite, une sorte de mouchoir vert dont l'usage ne nous est pas connu-, l/in-
scription est jaune comme le terrain sur le([uel marche l'abbé Pierre. I^archi-
tecture est blanche, hors aux bases el chapiteaux qui sont jaunes. Les clo-
I. L'aljljé Pierre est notamment d'une longueur par trop exagérée. La composition du vilrail.
qu'il s'agissait d'occufier et de remplir, exigeait eelte liaiileiii- du principal personnage; mais le
dessinateur aurait pu. e'elail facile, composer autrement son dessin.
î. C'est peut-être une bourse dont le contenu aurait dejii pa-se entre les mains de l'arcliitecte
et de ses ouvriers.
wii. "25
ion ANNAI,KS AliClIKOl.OdKH KS.
chctmis sont l)laiics. ajourés de rouge et colIFés de jaune, i^e toit est bleu, ce
qui a rinconvénient de le confondre avec le fond; mais il se termine par une
crête rouge d'abord, verte ensuite. Comme coloration, le vrai xm' siècle aurait
mieux fait, mais le xiv*' ne s'en serait pas aussi bien tiré.
On remar(|uera le béguin Ijlanc. |)i(|ué de brun, que porte non-seulement
rarcliitecte, mais le tailleur de pierre. Ce béguin est une coiffure caractéris-
tique de cette époque et même du xii'' siècle; nous le verrons prochainement
sui' la tète d'un architecte roman. Qu'on se reporte au deuxième volume des
" Annales Airliéologiques ", page 229, on le verra coiffant les sculpteurs de
xiir' siècle à la cathédrale de Chartres.
Je pense, comme ;\I. B(es\\il\\ald, (|ue les architectes du xiiT siècle étaient
piesque toujours des laïques et non des ecclésiastiques; je crois même ([u'il
en a été ainsi pendant le moyen âge tout entier. Lorscju'on lit (|u'un évêque,
qu'un abbé, qu'un prêtre, qu'un moine a fait une église, « fecit » et même
« a'dificavit ». ou « construxit ecclesiam », cela signifie, en laiin du moyen
âge : « fecit Heri ". a fait faire; ou " fecit a'dificari », a l'ait élever; ou enfin
a fecit construere » ou n construi », a fait bâtir. Il y a cent preuves à l'appui
de cette lecture ou de cette interprétation. L'architecture l'cligieuse, même à
l'é'poque romane, est sortie certainement des mains laïques. Cependant je ne
vois pas que l'on puisse conclui'e du vitrail de Saint-Cermer que l'architecte
soif le r(''dacteur du plan et le véritable constructeur. L'architecte, ici, et tel
que le vitrail même l'indique, pourrait bien n'être qu'un simple conducteur de
travaux. Ilien ne s'op|iose àceque l'abbé Pierre, tout en le payant, ne lui donne
les ordres qu'im archilecte en chef donne à ses employés et ouvriers. Je le
répète, je crois que l'église et la chapelle de Saint-Germer ont été bâties par
un architecte laïque, mais on ne peut, d'après le seul examen du vitrail, tirer
cette conclusion.
L'écliL'Ile du dessin est au cinquième de la grandeur de l'original. 20 centi-
mètres \mv mètre. Nous remercions notre ami \L Bœswilwald de nous avoir fait
cette intéressante communication qui continue les renseignements, déjà publiés
par nous et que nous allons reprendre incessamment, sur les architectes et
artistes divers du moyen âge.
A. D.
LXSCaiITIONS DE LA iUYINE SJTUIÎGIE
Au directeur des « Annales Archéologiques n.
J'ai lu avec intérêt votre article sur la " Di\ine l.ituri;ii^ ' i et j'ai examiné
avec attention la gravure qui l'eproduit ce sujet tel (|u'il est i)eint dans la
cou|)ole d'une église au nnuit \tlios. Il est regrettable (|u'on ne v(»us ait pas
donné un dessin plus exact, ce (|ui vous a empêché d'en l'aire une description
plus complète; |"es])ère cependant qu'après les observatiojis que je vous
adresse, votre travail laissera peu à désirer.
Ces observations portent sur deux points. D'aboid. |)our les inscriptions
qui sont placées au-dessus des anges, et ((ui sont en rapport avec le sujet
peint dans la coupole, elles sont tirées de la liturgie même. En eU'et, dans la
liturgie ou messe du rit grec, le prêtre récite une piière analogue à celle
qui, dans la messe latine, est appelée préface. Le prètn; dit secrètement : —
« Il est juste et raisonnable de te célébrer, de te bénir, de te louer, de te i-endre
(i grâces, de t'adorer en tout lieu de ta donu'nation, car tu es un Dieu inef-
« table Nous te rendons grâces encore pour ce sacn' mini>tère ([ue
(I lu as daigné recevoir de nos mains. (|uoi([ue tu sois assisté ])ar des milliers
<i d'archanges, des myriades d'anges, de chérubins et de séraphins à six ailes
(I tout couverts d'yeux, sublimes et élevés; — {à haute ro/.r) : — (jui chan-
« tcnt l'hymne de victoire, qui crient, vocifèrent et disent — (le chunir) : —
(1 Saint, saint, saint est le Seigneur des armées; le ciel et la tern? sont l'em-
(I plis de sa gloire, hosauna au plus haut des cieux "-. » Or ce
ce sont les dernières ])aroles du prêtre dites à haute voix, et le commence-
ment de celles chantées ensuite par le chœur. (|ui forment les in>cri|)tions en
((uestion. Il faut donc les lirt; ainsi : Tov i-vnv.wi ■j'j.-iw a'Jov-a. powvTz. -/.i/.a-j.'i'j-y.
1. " Annalos ArcliPolo,:iiquRS », vol. wii. |i,i;.^i'-; .'ÎO-Ki.
i. Cf. la tra(iu('ti()ii lio la liturjrip dp .-iainl Jpaii Cliiyso^loino à la lin du (;in(|iiipiiip vnliniie
de la traduction du « liationai « dp G. Durand par M. i^liarlps liartlioleiiiy.
192 ANNALES ARCHÉOLOGlOLiES.
xa.1 /a'yovTa* — Ayto; , aytoç, ayioç Kupi'jç ïaêawG . T:\-r,^-r,i; ô oùpavô; y.al 'h yvi Tr,;
^fjç/;; cou. Ûcavvà cv toîç {nj^îcTOiç *.
Quant à l'inscription qui borde la coupole, elle ne s'applique pas à la divine
liturgie, mais bien à l'édilice religieux (]u'elle domine, et à l'J'lglise spi-
rituelle du Christ. Elle se divise en deux ])arties. ainsi que l'indiquent d'ail-
leurs les croix reproduites sur la gravure, et (|ui les séparent; la première doit
se lire ainsi : O'jpavô; Tïo'XûtpcoTO; -r, Eî'.x.'Xr,<jta aveS eiy fir, aTravTaç çuTaytoyoïjca to'jç
zkjto'j;" £v (;) scTwTsç xpauyaï^o[/.£V toùtov t6v oîxov cteoécocov, K'jpts. — Littérale-
ment : " Ciel éclatant. l'I'lglise ouverte à tous les fidèles ([u'elle éclaire, dans
" laquelle étant, nous nous écrions : Seigneur, alïcrmis ta maison. » — Voici
la seconde ; Tô t;xiûuo[J.y. twv é-l aol tte-oiÔovtwv, crspicoGOv. Kûpis, Try K/xlriCav
■/iv iy.Tn(no T(o Tti^iw mu ataaTt. — LitléralemenI : " Fondement de ceux f|ui ont
(i confiance en toi. alTermis. ô Seigneur, ton l'iglise (|ue tu as acquise pai- ton
" sang précieux. »
Je pense (|ue ces deux dci-nières prières, dont je dois la traduction à l'obli-
geance d'un ami. sont tii'ées de l'oflice de la Dédicace des églises; mais,
n'ayant pas à ma. disposition cet office complet, je ne puis m'en assurer pour
le momiMil. J'ai trouvé la |)iemière dans rùpoVJyiov (i-éya, à un endroit où
l'on fait mémoire de la dédicace de l'église de la Résurrection à Jérusalem,
et j'ai copié la seconde dans le recueil d'hymnes intulé Eîpij.o>,ôyiov.
Vous voyez (|uel parti on peut tirer des livres d'offices à l'usage des
Crées, pour ex])li(|uer les peintures religieuses de ceux-ci. J'avais déjà eu plu-
sieurs fois l'occasion de m'en convaincre en lisant le <■■ Cuide de la peinture»;
les observations que je viens de vous présenter établissent ce fait suffisamment
et sans qu'il soit besoin de plus amples commentaires.
.IuLiEN DURAND.
1. Texte (le la liUii:<ie de saint Jean Olirysostome.
♦ •
PAR 'JIDr(OM A. PARIS
[(V* ?rT''F''''^^^T*lP^^'^^'?î'^'
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Lm^ a .JkiSr^A^l* i4^*JA^:3^-^îi-
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loipa'XQ'UE :oE iiviilam
A\"rErîIKVR AU Xl^- SIECI.K
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/ ,/-v/,/' //</-■■ J'r.mn/tfii.
.f /Mfffi .1' j""" '* *!» 7âor/if^ Al'*/
LA UËSIRRECTION AYANT LE XI SIÈCLE
Voici l;i seconde t'i'iiilli' du ili|)t\([iie de Milan doiil nous avons pnlilii'; la
première dans le vin;j,'l et unième volume des u Ainialt>s ». paj^e IS. La pre-
mière feuille contenail la l'assioii en quatre sujets : le hivement i\v^ pii'ds, la
condanuiation de .li'sus . la murt de Judas, le si-pulcre. J.a sceonde feuille
renferme la Résurrection en quatre sujets également : les Maries au lnmhean,
l'apparition de .lé'sus aux saintes fennnes. ra|)parili(in aux onze l'aiiparilinn à
saint Thomas.
En parlant du premier feuillet, nous avons émis des doutes sui- son authen-
ticité, et cependant cet objet d'ivoire appartient de]iuis longtemps à la cathé-
drale de Milan ; mais il y a longtem|)s aussi que Fou contrefait les ivoires en
Italie. Je dois dire cependant (|u'après un peu plus de ivllexiou une partie de
mes doutes s'est évanouie. La scène des Maries au sépulcre est rigoureuse-
ment conforme à Evangile :
« Il se fit tout à coup un grand ti'emblement de terre. Car un ange du
Seigneur descendit du ciel et. s'approchant. il renversa la piei're (du tom-
beau) et s'assit dessus. Il avait le visage comme un éclair, et son vêtement
était comme la neige. Les gardes en furent li'llemenl saisis de frayeur ([u'ils
devinrent connue morts. » — Saint Matthieu, .xxviii.2. o. Ii!\-
La seconde scène devrait être l'apparition à Marie Madeleine seulement,
comme on l'a tant de fois représentée dans notre art du moyen âge ; mais
l'ivoire de Milan, (|ui est antérieur au xi' siècle, a préféré l'apparition aux
saintes femmes , parce ([ue plusieurs témoins valent toujours mieux qu'un
témoin unique :
« Voici que Jésus se présente à elles et leur dit : Je vous salue. Elles s'ap-
prochèrent et. lui embrassant les pieds, elles l'adorèrent. » - Saint Matthieu,
xxviii, 9.
La troisième scène, l'apparition aux onze, est moins exacte. Dans la pre-
mière apparition, les disciples sont à tal)le et les portes de la maison fermées
19i ANNALES AllCIIi;» Jl.OC, 1 OTES.
(saint Marc, xvi, l/i). Ici, pas de taille el la porte est ouverte, puisque l'un
des onze est presqueen dehors. A la seconde apparition, les portes sont encore
l'ennées : « januis clausis ». — Saint Jean, xx, 26.
La ([ualrième sctnie est plus infidèle encore à l'iivangile. C'est à la suite
de la seconde ap[)ai-ilion. dans la chambre dont les portes sont fermées, (pie
Jésus dit à saint Thomas :
<i Mettez ici votre doigt et i-egardez mes mains. Approchez votre main et
mettez-la dans mon côté; ne soyez pas incrédule, mais fidèle. » — Saint Jean,
XX. 27.
Le diptyque de Milan place cette scène dans la campagne, parmi les ai'hres.
hors de la maison où demeuraient les apôti'es et par la porte de laquelle sort
un disciple. Cette infidélité au texte évangélique nous étonne un peu; mais ce-
pendant, il y a tant d'exemples d'infidélités analogues, que nous ne voudrions
pas, aujourd'hui, alllrmer la fausseté de ce diptyque.
Tenons donc cet ivoire pour vraiment authentique et regardons-le comme
un (les |)his vieux spécimens de la sculptui'e chn'tienne. Le Christ y est con-
stamment jeune et imberbe, et ce caractère seul i'ap|)rocherait l'ivoire de
Milan des époques primitives où furent sculptés les plus anciens sarcophages
chrétiens. Les colonnes en spii'ale, qui soutiennent l'arcade du prétoire où
Pilate se lave les mains ; les ornements de l'archivolte de la porte, à la scène
où Jésus apparaît aux onze; la forme de la maison d'où .sort l'apôtre qui suit
saint Thomas; la forme en ruche du sé|)ulcre ouvert et du sépulcre fermé;
d'autres caractères encore, que nos lecteurs feront bien de reconnaître, peuvent
faire attribuer cet ivoire à l'époque des diptyques consulaires des iv"" et
v*-" siècles. Le nimbe crucifère du Christ pourrait seul ramener cette époque
au x" siècle. Assurément, la Société d'Arundel, en le déclarant antérieur au
XI' siècle, ne s'est pas trompée.
CŒLU \)V [\i)\ CHAI{Li:S V
Tandis (|iniii [)ri''|)arait rimpressiiin dos reclicrclics sur les iininmiiiMils du
Cdi Cliark's V fl rie la ivini' .Icaimc di' l'xnirhnn. (|iii t'ont pciilic dr la diTnii''i'(_'
livraison des " Annales Arcliéologiques » (volume \mi. |)aj;i's (il-TC'). luic
(•oiiiniission spéciale l'etrouvail, sons les dalles de la catluMlrale de lîdiu'n. le
petit caveau où le co'in- du roi Charles avait été déposé en 1580. Les ci]-
constances de cette ([('couvei'te sont décrites avec le plus tïrand soin dans un
procès-verbal l'édij^-é par M. l'abbi" Cochet, dont rc\p(''rienci' consonniKM.' l'ail
autorité en pareille matière. Mieuv vaut, à coup sùi'. mettre ce docmncnt dans
son entier sous les yeux de nos lecteurs (|ue d'en |)réseiiter (m extrait plus ou
moins incomplet.
IMU)Ci:S-Vi:ilBAL
DIC I.A DI'C.OliVEItTE KT Kl: r. \ ElEcONNAl-SANCi: HC (XIELR IIU lior CIIAKLIS V. HIT EK SAGE,
lAITES m?iS LE IIKIELH IIIC L\ CATIlKDliAI.E HE liuUICN, I.E 21) MAI I8G2.
Le Imidi -2('} mai 18(i!2, il a été procédé à une fouille arciiéolooi(|uc au mi-
lieu du clid'ur de la cathédrale de Rouen, dans le but de s'assurer si Ton
possédait ent'ore le cœur de Charles V, roi de l'i'ance, (|uc l'on savait avoir
été déposé dans la métropole au mois de septembre 1380.
Les personnes qui dirigeaient cette opération étaient MM. Barthélémy,
architecte diocésain, et l'abbé Cochet, inspecteur des monuments religieux du
diocèse de Rouen, assistés de MM. Roi)crt, chanoine, et l'abbé Colas, cha-
noine, membre de la connnission di's anli(|uil('s. tons autorisés et agréc'S. poiu"
cet ell'et. par Monseignem- l'archevéciui' de lîoncn.
Vers trois heures de l'après-midi, la tranchée a été ouverte devant l'aigle
placé au milieu du chœur, et en face du trùne pontifical, à l'endroit oîi une
cavité remplie de plâtre marquait la place d'une inscription disparue. Suivant
196 ANNALKS AIICHK()I,()<;iQrES.
I;i li'.KliliiMi. et (1 apivs les aiil.'urs (|iii ont écrit sui' la c;ithi''(lrale et sur ses
t(inii)raii\. cette cavité provenait d'iiiie inscription snrciiivre |ilacée vers 1 73(1
(Déiibéi'alion capitiilaire d\\ 2'i levriei- 17.37), et enlevée h la révolnlion,
insci'iption qui indiquait le lien où i-ej)0sait le cœur d'un roi de France.
La première ciiose (jui s'olTrit à nous, ce fut une couche de plfitre qui avait
l'épaisseur du pavi'' actuel, c'est-à-dire envir(jii si\ centimètres; [)nis, se pré-
senta inic picrr(^ carrée, épaisse de 20 centinièti'es, lonj;iic de !)U et large de
70 environ, (iette pierre possédait un trou circulaire (pii la traversait de part
(Ml i^art en s'enf'oncani sous le sol ii plus de kO ceutimètix's. Le diamètre de ce
trou était d'environ ô centimètres. La pierre était noyée dans un bain de
mortier de couleur grise et d'une dureté considérable.
V^-rs ([uatre heures et demi(>. c»>tte piei're était soulevée; il a été reconnu
qu'elle avait autrefois fait partie de l'église : des trèdes incrustés du \in^ siècle
en faisaient foi.
Une seconde pierre apparut alors aussi grande et encoi'e plus épaisse que
la première. Comme elle, elle était également noyée dans son pourtour par un
bain de mortiei'. De même (|ue la précédente, cette pierre avait aussi appar-
tenu il des portions de l'église du xiiT siècle.
A six heures, cette seconde pierre ayant été légèrement déplacée, nous avons
aperçu un vide que nous supposâmes innnédiatement être un caveau sépulcral.
Toutefois, nous n'apercevions encore que des branches de fer sur lesquelles
reposait une plaque en plomb. Cette plaque, en effet, ne recouvrait pas tota-
lement l'ouverture. La pierre étant entièi-ement soulevée, nous avons reconnu
aisément (|u'elle fermait un caveau sépulci'al protégé par une grille de fer et
une lame di' plomb. Cette feuille, épaisse de o millimètres et large de 18 cen-
timètres dans tous les sens, se comj)Osait de deux pièces soudées ensemble.
Enlevée avec la plus grande précaution, elle nous a laissé voir, à 75 cen-
timètres du |)avage actuel, un caveau de forme à peu près carrée, et formé
avec deux assises de pierre. La longueur du caveau était de (54 centimètres,
sa largeur de /i7. et sa profondeur de 56. Ce petit sé|Hilcre était fermé au
fond par une auti'e plaque de plomb de la même natiu'e et de la même dimen-
sion ([ne la première. Comme la précédente, cette plaque reposait aussi sur
une grille d(> fer absolument semblable à celle du haut. Cette grille était fixée
dans les murs du caveau à 8 centimètres du fond.
Sur cette gi-ille. el siu' la ])laqne du fond ([u'elle supportait, se voyait un
dép(M noirâtre couvrant un espace d'environ '20 centimètres en longueur et en
largeur, et imitant la forme d'une bourse ou d'un coeur humain.
Enlevé avec le jilus grand soin sur la plaque de plomb qui le soutenait, ce
CfF.ll! Dr nOI CIIAllLKS V. 197
dépôt a été soigncusciiuMit examiné par ikmis. — Xotis y avons n^ronnii d'abord,
cacliaiil une partie du di'pôl. une phupn^ d'étain ou d'alliage oxydée en dehors,
mais très-brillante en dedans.
Cette plafiue. épaisse de .") à /| millimètres, paraissait avoir alTecté autrefois
la forme d'un (-«'ur.
Mais cette l)oîte. (|ai avait eonteiui le ea'ur humain, était en grande partie
consumée; l(> mi''tal (|ni louchait à la leuille de plomb s'(;tait di'eonijirisi' et
corrodé au point (|u"il ne restait plus, au ijourlour du d(''pôl. (|n"un oxyde noir
et déjà pulvérulent.
Malgré cette altération du métal , on reconnaissait aisément f[ue la lioîte
d'étain ou d'alliage avait été faite de deu\ ]iarli(\s soiid('es l'une sur l'autre.
Dans l'étendue totale du dépôt pulvérulent (pii était sous nos yeux, il nous a
été facile de rcconnaîtr(? clairemenl un n'sidu ili^ deux espèces commi^ de deux
couleurs différentes. Au pourtour, la poussière était noire, (''toilée et nuMal-
liquc ; au centre, au conti-aire, et spécialement sous la placpie de mêlai, se
voyaient de petites masses rousses, semblables à du tan de rorroyenr. broyé
et agglutiné. Cette couleui' tannée était-elle le résultat d'un embaumement ou
de la décomposition du viscère lui-même? C'est ce que nous ne saurions dire
en ce moment.
Nous avons détaché fjuelques parcelles de la poussièi'c noire et de la matière
tannée, afin de les soumettre à une analyse chimique.
Le précieux dépôt (jue nous venons de décrire ne saurait èlre attribué à autre
chose qu'au cœur du roi Charles \, déposé ici en septembre 1380. La
tradition et l'histoire concourent à démontrer cette asseilion ipie ne démen-
tent ni la forme du caveau, ni la place honorable fpi'il occupe, ni le soin
avec lequel a été dresse le lit funèbre. Des documents histoi'iipies nous
apprennent en effet ([ne, dès 13G7 et 13(38, le bon roi Charles avait préparé
lui-même le lieu de la sépulture de son cœur.
Ce dépôt, vénérable à tant de titres, a été précieusenuMit porté à la
sacristie et placé sous clef jusqu'à l'arrivée de Mgr rarchcvêque, (jui a
désiré voir le résultat des rechen-hes (ju'il avait bien voulu auloiiser.
En foi de quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal pour être trans-
mis à Mgr l'archevêque et au chapitre métropolitain.
Fait k Rouen, lo 20 mai 1802.
Pour copie confunne à ruriginal, lo réilacloiir ilii piDrcs-vciljul, ;
I.'Aiiiiii COCllI'T.
Transcrit à Paris, le 28 juin 1S02.
F. DE GUILIIEUMV.
XXII. 26
198 ANNALES ARCHEOLOGIQUES.
Le vendredi G juin, avant-veille de la Pentecôte, rarchevèque de Rouen,
assisté des membres de la cominission. a procédé dans raprès-niidi h la
réintégration des restes du roi Charles dans leur caveau. Les débris de la
]30Îte du xiv" siècle et la poussière du cœur royal avaient été scrupuleusement
l'ccueillis dans une boîte nouvelle en étain et en forme de cœur. Cette enve-
loppe était elle-même renfermée dans une caisse de plomb, à peu près car-
l'ée, remplie de charbon finemi'nt broyé, et revêtue d'une courte inscription
latine qui rappelle que la reconnaissance de ce dépôt a eu lieu en 1802.
Toutes les parties du caveau ont été rétablies exactement comme on les avait
trouvées le 20 mai. Il ne reste plus d'espoir aujourd'hui de découvrir l'effi-
gie d'albâtre que le roi Charles s'était lui-même préparée. Une inscription
sur marbre blanc sera du moins pi'ochainement posée sur la sépulture.
Pui>se-t-clle avoir à subir moins de vicissitudes que les monuments qu'elle
est destinée h remplacer !
F. DE G.
XICOLAS DE VERDUN
ÉMAILLEUR DU DOUZIEME SIECLE
Il existe près de Vienne, en Autriche, dans l'abbaye de KIosterneubourg.
un i-etai)le d'oi-févrerie émaillée, presque comparable à la pala de Saint-Am-
broise de Milan et même à la pala-d'oro de Venise. Cette œuvre, magnifuiue
comme travail de métal, n'est pas moins remai-(jual)le comme conception de
lliéologie ou d'iconographie religieuse. Cinquante et un tableaux d'émail et de
cuivre doré, complétés par vingt-deux anges, \ingt-deux prophètes et qua-
torze Vertus, sont répartis en trois séries qui s'expliciuent l'une par l'autre,
depuis la naissance du Sauveur jusqu'à son dernier avènement. La première
série comprend les sujets antérieurs à la loi de Moïse; la seconde série, les
sujets contemporains de la loi ; la troisième série, les sujets contemporains de
la loi de grâce ou de l'Evangile. Ainsi, le premier sujet évangélique est l'annon-
ciation de l'archange Cabriel à la vierge Marie; il est préparé et commenté
par l'annonciation au prophète Abraham de la naissance d'fsaac, avant la loi
de Moïse, et par l'annonciation de la nativité de Samson sous la loi. Il en est
ainsi de tous les autres sujets; je dirai, en passant, que ce parallélisme se
rencontre, mais plus abondant et plus complet, au porche nord de la cathé-
drale de Chartres.
Cette œuvre capitale, que les archéologues de l'Autriche et notamment
M. le docteur Gustav Heider et M. Albert Camesina viennent de révéler,
commence à faire du bruit en Europe et surtout en France. Notre ami et colla-
borateur. M. Alfred Darcel, est allé l'étudier sur place, à KIosterneubourg. 11
a rapporté de Vienne les belles publications illustrées que MM. Heider et
Camesina ont faites sur ce retable. Avec les dessins de M. Darcel et à l'aide des
publications autrichiennes, nous avons l'intention de donner dans les u Annales
200 ANNALES ARCIIEOLOGIOUKS.
Arcliéologiques » une notice détaillée sur cette œuvre qui intéresse particuliè-
rement la Fraiice.
En eflet, le retable de KIosterneubourg est signé et daté : il est signé d'un
éniailleur français, Nicolas de Verdun, et daté de l'an 1181. Sur les lilets qui
encadrent et séparent les trois séries de talileaux dont nous venons de parler,
on lit en émail, sur iViiid de métal, mic longue inscription dont nous ne rap-
poilerons aujnui-d'liui (pie les quatre vers suivants, puiscpie l'inscription
entière et tous les sujets seront ultérieurement r(jbjet d'un travail spécial dans
les « Annales » :
ANNO MILLENO CKNTENO ■ Si;i'T\ VGENO •
KEC • NON ■ VNllICUENO • (JWKUMlEliVS • CORDE SERENd '. • '.
SICXTVS l'IlEPOSllVS • Tllll ■ VIULill • MARIV • DICAVIT-
yvoi) • .Mi;iiL,\vs • opvs vnunNENsis • fabru.vvit '. .
Ainsi, c'est en U81 que Garnier ou Werner, sixième prévôt de l'abbaye de
KIosterneubourg, dédia à la vierge Marie cette anivre que faliriqua Nicolas de
Verdun.
C'est beaucoup, assurément, que d'avoir le nom de l'ai'tiste et une date;
mais, par malheur, nous ne savons rien de plus sur Nicolas de Verdun. Ce-
pendant, le hasard vient, tout récenuncnt, de nous apporter un premier élé-
ment, et des plus notables, pour la \ie de Nicolas de Verdun. En parcourant
un livre que M. B. Du Mortier fUs vient de publier sous le titre d'« Etude sur
les principaux monuments de Tournai », je lus, page 88, le passage suivant :
<( Cousin, Uixtoire de Tournai, vol. iv, ]). lo, dit:
(i En l'année :1'2U5 l'ut achevé la fierté de Nostre-Dame de l'église de Tour-
u nay, tesmuing l'escril cpii est à l'un des costés de ceste fierté en ces termes :
K Anuo ah incanialiune Domini 1:205 consummalum est hoc opus aurifabrum;
(1 et, à l'autre costé : Hoc ujtus fecil matjister Nicolaus de Verduiti, continens
« arcjenli uiarcas 109, auri se.v inarcas, »
« Nicolas de Verdun », dit à ce propos M. B. Du Mortier fils, « dut être
Tournaisien, car, dans les reliefs de bourgeoisie de la ville de Tournai, on lit que
Colars (Nicolas) de Verdun, voirier, fut reçu bourgeois le trois novembre 1217
et (lu'il ne paya que 25 sols, ce qui était le taux des fils de bourgeois. » —
Cette châsse de Notre-Dame, à laquelle M. Du ^lortier père a restitué son
nom primitif, serait celle qu'on appelle abusivement, à Tournai, châsse de
sainte Ursule. Bien inférieure comme art à celle de saint Élcuthère, que
nous avons publiée dans les « Annales Archéologiques », volumes xiii et xiv,
elle est cependant fort intéressante pour les souvenirs qui s'y rattachent.
Nos lecteurs voient déjà que Nicolas n'était pas de Tournai, comme pou-
MCOI. \S l)i: VKIIDUN. 201
vaient le croire MM. Du Moi-lii'r priv et (i|>. mais de Vei-diui; et ilu texte con-
signé dans Cousin, l'iiislorien de 'l'ournai, mi peut l(''t;,-itiiiieiii('iit dinluire ceci :
Nicolas de Verdini était, au \ii' siècle, célèbre comme ortévre émailieur.
ainsi que lurent célèbres, comme architectes, (uiillaume de .Sens et Villard de
Ilonnccourt. Les moines de KIosterneubourg, ou plutôt Ciwernherus ((îamier),
leur pn''vôt. Noulait l'aire e.\t''culer une gi'antle o'uvre d"oii'é\rerie et d'émail;
mais ifayanl pas sous sa main, en Autriche, un artiste suflisammciil habile, il
fit venir de Verdmi Mcolas, dont la réputation était h)rt répandue. Du reste,
ce Nicolas ne devait ]Kis être le seul orfèvre émailieur de renom ([ue possédât
Verdun, car. en ll/i/i, (juelques années avant l'époque oii il partait pour
Vienne et l'abbaye de KIosterneubourg, .Suger faisait venir de la Lorraine, à
l'abbayc de Saint-Denis, plusieui's artistes pour exécuter la fameirse croix en
or émaillé. dont il parle avec pn'dilection dans son Mémoii'e " de Administra-
tione sua » : «J'employai à ce travail des orfèvres de la Lotharingie, au
nombre tantôt de cinq. tant(M de sept, et c'est à peine si j'ai pu l'achever en
deux années » .
11 y avait donc à Verdun et dans toute la Lorraine, sur les bords de la
Meuse, une école d'émailleurs (jui doit se rattacher à l'école des émailleurs
du Rhin. On est déjà sur la trace de ces écoles contemporaines ou successives,
qui ont laissé des œuvres importantes et assez nombreuses encore pour ([u'on
puisse déjà en ébaucher l'histoire.
Après avoir achevé sa grande œuvre de KIosterneubourg. Nicolas de Ver-
dun grandit encore en renommée. La ville de Tournai, ([iii songeait à terminer
son immense cathédrale et à l'enrichir de châsses précieuses, fit des olTres à
Nicolas de Verdun et l'appela chez elle pour y exécuter la châsse de Notre-
Dame. Si l'abbé Suger mettait deux années pour une croix, il en fallait bien
dix pour une grande châsse. De 1181, époque où fut terminé le retable de KIos-
terneubourg, à 1200, où fut achevée la châsse de Notre-Dame, il y a vingt-
(juatreans, dont dix, douze ou quinze furent employés par Nicolas à d'autres
œuvres, soit en Autriche, soit en Lorraine, et le reste consacré à la châsse de
Tournai. Ce dut être là le dernier et suprême ti'avail de Nicolas de Verdun.
En effet, lorsqu'il fut appelé en Autriche, il devait avoii' une grande renom-
mée et, par conséquent, un âge déjà respectable. Supposons trente-cinq ans.
Pour exécuter le retable de KIosterneubourg, il lui fallut au moins dix ans, ce
qui nous donne quarante-cinq ans, pour ue |)as dire cincpianle. En 1181,
quand il eut fini son retable, il avait donc, disons-nous, au moins quarante-
cinq ans ; en 1205, époque où fut terminée la châsse de Tournai, il en avait
soixante-neuf. A cet âge, (juandon n'est pas mort, on aime à se reposer.
1^02 ANNALES ARCH KOLOGIQUES.
Si donc, en 1217. Tournai ofiVit le titre de bourgeois à Colars de Verdun,
ce Colars n'était pas celui du retable ni de la châsse, car il aurait eu au moins
quatre-vingt-un ans; c'était probai)Iement son fils. Rien n'est plus commun
que de voir un fils s'appeler du prénom et du surnom de son père. D'ailleurs,
dans le texte impoi-taiit. relaté plus haut, ce Colars est qualifié de « voirier »,
ou peintre sur verre, et ce n'eût pas été par cette qualification, mais bien
certainement par celle d'orfèvre, qu'on aurait nommé l'auteur fameux du
retable de Klosterneubourg et de la châsse de Tournai. Toutefois ce texte n'en
est pas moins très-précieux : il nous apprend qu'un peintre sur verre du
xui" siècle est le fils d'un orfèvre duxir, et que ce peintre est assez renommé
pour qu'on lui donne, à prix réduit, le titre de bourgeois d'une ville illustre
et riche.
Qu'un peintre verrier sorte d'un émailleur. rien n'est plus naturel : car
l'émail est du verre et l'émail lerie est de la peinture sur verre non transpa-
rente. Ce nom de verrier est à enregistrer dans la liste de nos artistes du
moyen âge comme celui de l'orfèvre son père. Malheureusement il ne reste
absolument rien du verrier bourgeois de Tournai, ni dans les environs, ni
dans la Belgique entière, tandis que de l'orfèvre nous avons intact le retable
de Klosterneubourg et, mais assez incomplète, la châsse de Notre-Dame. Qui
sait même si, en cherchant avec zèle et intelligence, on ne découvrira pas
d'autres œuvres d'orfèvrerie de Nicolas de Verdun, soit en Autriche, soit
en Lorraine, soit en Flandre. Si je retournais à Maestricht, sur cette Meuse
d"où Nicolas est parti pour se rendre à Vienne, j'examinerais avec plus d'at-
tention que je ne l'ai fait . lors d'un premier voyage , si Nicolas de Verdun
ne se retrouverait pas dans les trésors, malheureusement fort appauvris, de
cette ville autrefois fort riche en œuvres d'émail et d'orfèvrerie.
DIDRO-X.
a-PïH.ALlC A:R€ï[ÉC):LO'G!r:['Q)in":f!ls
f
riA:..S ;.F. CLOÎTRE Uz. Lk CK'.Hrl-JP-a.-E. DE PAMPKLUNE .
A-yràiir y^r li. /Ir./fn. .'.'. .fn-"
GRILLE DE PAMPELUNE
En sortant de la catliédrale de l'ampelune par la porte du croisillon méri-
dional, on entre dans le cloître, (lui est une petite merveille de la lin du
xiv" siècle et du commencement du xv% Sensiblement carré, ce cloître me-
sure il mètres de côté. — La chapelle de Santa-Crux est à l'angle sud-ouest
et en saillie dans rintérieur du pi'éau ; elle sert à l'exposition des morts. Les
cjuatre lancettes de cette chapelle, ciui donnent sur la galerie, sont entourées
par une grille du xiir siècle en fer forgé et remarquablement belle. Un sou-
venir d'une haute portée historique vient encore en augmenter la valeur. On
prétend que cette grille fut faite avec la chaîne que Sanche Vlll. roi de Na-
varre, enleva à la tente de Miramolin, lors de la célèbre bataille de Las Navas
de Tolosa, en 1212. C'est ce brillant fait d'armes qui lit surnommer le For!
le roi Sanche VIII. Des espèces de croix, des tlcurs de lis ne permettent
pas de supposer que ce soit la chaîne elle-même qui fut prise au roi maure.
Deux fragments de cette chaîne, religieusement conservés à Tudèlc et dans
les archives de la dé})utation de l'ampelune. ne lèvent pas toute espèce de
doute à cet égard. Ce qui paraîtrait pi'ésumable, c'est que la chaîne du Mira-
molin aura i)u fournir le fer dont la grille est faite, à pcn [irès comme la
fameuse statue en bronze de saint Pierre, à Rome, aura pu èli'c fondue avec
l'airain antique d'une statue de Jupiter, comme on le prétend.
Laportionla plus importante de cette grille est celle de la porte de lacha-
pellc dont nous donnons la gravure. Les montants sont assemblés dans les tra-
verses supérieures et inférieures à tenon et mortaise avec un i-ivet; ils ont
3 centimètres de large sur 3 d'épaisseur. Les bâtis ont les mêmes dimensions.
Le fer des enroulements a de large 0,07, d'épaisseur 0,03, de sorte que les
montants elles enroulements affleurent de deux côtés. — Les liens ou attaches
des enroulements sont méplats. Les trois autres grilles de cette chapelle sont
204 ANNALES ARCHEOLOniOU ES.
divisées chacune en sept panneaux, qui contiennent chacun onze enroulements.
Les couronnements des montants sont formes d'espèces de fleurs de lis qui
alternent avec des piques. — Les mêmes motifs se répètent horizontalement*.
Charles SARVY,
Architecte.
1. Les locli'urs des " Annales » ne remarqueront pas sans étonnement que les grilles de l'ani-
pelune ressenililent . presque à s'y méprendre, à eclles de Conques, dessinées et décrites par
M. Alfred Darcel et publiées dans notre volume xi% pages 1 et 238. C'est à croire que le même
ouvrier, je dirais volonliers le même artiste, a forgé les grilles do Conques et celles de Pampe-
lune. Du Ronergue ii la Navarre il y a loin, et les communications entre les deux provinces ne
devaient être ni facili^s ni fréquentes, pas |)lus au xii'' qu'au xiir' siècle. Mais, difEcultés ou faci-
lili's de relaliims. le fait n'en est pas moins certain : les grilles de Cimques et de Pampehuie doi-
vent venir, sinon de la même forge, du moins du même forgeron. A (lonques, les grilles sont attri-
buées au xir siècle, et nous les croyons volontiers de la lîn de cette époque; à Pampelune, on les
attribue à l'an 'l'212; si le fait est exact, c'est de Comptes évidemment (pie |irocéderaient les grilles
de Pami«'lime. — Quant à penser (]ue ce sont les cliaines du .Miramolin vaincu à la fameuse ba-
laillQ de las Navas de Tolosa, nous n'en croyons pas un mot, et c'est tout au plus si, à court de
fer, le forgeron de Pampelune aura emplnyï', jiour lui ilonner une forme entièrement différente,
la ferraille des iMaures. Au retable du grand autel de la catliédrale de Tudele, on voit des chaînes,
qui ressemblent assez à des tibias à jour réunis par des anneaux. Ces fragments, au nombre de
huit barres doubles, forment un grand cercle, c'est-ii-dire un écusson circulaire oit se lit l'in-
scriplinn suivante :
+
CAOENSS Q.
DIO A ESTA IGl.» EL S.
REV J>. SANrilO EL FlIEttTE
V VIII DE NAVAURA DE LAS.
t>. KOMI'IO DE LA TIENDA DIÎL
MIRAMAMOLIX EN LA BA
TALLA DE LAS NAVAS DE
TOLOSA • AXO 1212.
4- Cliaines que donna à cette (église le soigneur roi Don Sanche le Fort , et Vllf de Navarre , de celles qu'il rompit de
la tente de Miramamolin , à la batadle de las Navas de Tolosa, l'an 1-212.
La forme des éléments qui composent ces ferrures est bien celle des chaînes destinées à défendre
une lente ou un camp; mais il y a loin de lit à la forme de la grille actuelle de Pampelune. Quoi
qu'il en soit, il fallait répéter la tradition, puisqu'elle est inscrite au-dessus même de la porte de
la cliapelle Sainte-Croix, dans le cloître de la cathédrale de Pamiielune, ainsi que le montre la
gravure dont nous devons le dessin à l'obligeance de M Charles Sarvy.
Près de la serrure, au panneau central de la porte, dans la grille de Pampelune, il y a une bri-
sure, comme une effr.iction de quelque voleur, qui aurait voulu passera travers le panneau pour
entrer dans la chapelle et y dérober des objets do grand |)ri\. L'effraction est encore très-visi-
ble et, h une époque assez récente, on a cherché it reinplactu- le vide du panneau par deux feuilles
de tôle découpées à jour. Celle restauration est incomplète et ne produit pas le meilleur effet.
Noire gravure donne le grille de Pampelune ii 7 centimètres pour 1 mètre.
{.\ote lie M. Didron.)
r>ir>i.iof;i{AnïiE
D'Airr KT D'AKCHKOLOGIE
l'jo. .\4:tks di' l'Acailcmit» iiiijirriiiU> des scirm-i-s, IjoHcs-IcIIios et urts di> liiirdeau\. TiDisiL'iiie
série. i'V' année. Istjl. 3'' el ■'*• trimestres. I11-8" de 360 pages. — Mémoire sur li's urigines
municipales de Bordeaux, |iar .M. Sansas. Notice liistorique sur le marquis de Verteuil de
Maleret. par M. (jiiagno.n-Lai:osti;. Discours et rapports. Com|)le rendu dos séances de l'Aca-
démie pendant l'année ISIJI.
136. Albu.m de blasons des archives généalogiipies et liistori(|ues de la noblesse do France,
accompagné de la tablo al[iliabétique des IGO blasons contenus dans l'Aibniii. In-S" de 160 des-
sins 8 fr.
157. .VNDKEOLI et L.VMBHKT. — .Monogiui'Iiik de l'église calliédrale Saint-Sillrein di'(:ar|ien-
Iras, renfermant une description du cloitro el de l'ancienne église, des détails liistori([ues, des
notes biographiques, par E. .\Niitii;()Li. professenr d'histoire, et B. I.amiikkt, architecte de la
ville de Carpentras. Grand in-H" de 2.')1 pages, de 1.3 planches et du plan geni'ral du cloître, de
l'ancienne égli.se, du palais épiscopal et de la cathédrale actuelle. — Origine du pouvoir reli-
gieux à Carpentras. Fondation de l'église Saint-Antoine par saint Sifl'rein. Dotations de (Charles
de Provence, cathédrale dédiée ii la Vierge. Cathédrale Saint-Pierre, fondai ion du chapitre de
Carpentras. Tombe et crosse do l'évéque Ayrard, inscription. Cloître, description. Ép'taphes.
Église de GeolTroy de Garosse. Résidence des papes a Avignon, construction de l'église Saint-
SifTrein [lar Benoit .\III, consécration par k^ cardinal Sadolet. Description intérieuii' el exté-
rieure de Saint-SillVein. Sépultures, lombes d'enfants morts sans baptême. Décoration de l'église,
chapelles, autels, font», cliairo, sculptures curieuses, verrières. .Vncien trésor. Reli(|ues. Liste
générale des évéïjues de Carpentras 5 fr.
138. An.niairk de l'In-titut des iirovinces. des .sociétés savantes et des congrès scientifKiues.
Seconde .série. 4'' volume, xiv volume de la collection. '181)2. In-.S"de xxv-622 pages et de |)lu-
sieurs gravures sur bois. — Séances, comptes rendus et rapports; notices biographiipies sur
divers membres de l'Institut des provinces. — Ce volume, comme les précédents .'j fr.
159. AUD.VNT. — Émvii.i.elrs limousins. Les lîi'vmoiid, pur .'\L\i'nicic Akdant, archiviste du
département de la Hante-Vienne. In-8" d(> 42 pages. — Pierre 1" et i'iene H, Martial, Jean,
Jose()li et Gabriel Reymund (1 :j7.'i- 1 670; I fr. H'i c.
xxn. 27
206 ANNALES ARCH KOLOdlOl' F.S.
KiO. lîARRIER DE MONTAULT. — Anciens inventaires inédits des élablissomonls iialiiiiiiuix
(le Siiiiil-Loiiis-dps-Franrnis et de Saint-Saineiir « in Tliemiis », ;i Rome, par le cliaiioine
X. Bariiier i>e Montault. Iii-8° de 32 pages. — Inventaire du mobilier de l'église et lio|iilaI
de Saint-Lonis-des-Français, \'6î'j. Pérrel île la visite aposloliipie au sujet de Sainl-Lnuis, ICiiiJ.
Inventaire de la sacristie de Saint-Sauveur, KiiO 1 li-.
Kil. liAKBIER de MONTAULT. — Description de lu décoration de Sainl-l'ierre de Home el
des cérémonies de la canouLsation des vingt-si\ martyrs du Japon, par le chanoine X. Bau-
RiER m; MiiNTAiiLT. ln-33 de 58 pages.
H,:». HOITLL. — ILstoire de JIorUmirail-en-Drie, faisant suite ii 1' " Histoire du luenlienieux
Jean n, depuis l'année 1311 jusqu'il nos jours, par l'abbé Boitei,, ancien cnré-do\en de Monl-
niirail, chanoine titulaire de C.hàlons. In-12 de 431 pages el d'ime [ilanche. — Seigneurs do
.^lonluiirad, origine de leurs maisons diverses. Faits politiques, civils et religieux. Fondations,
étalilis.sements, etc. — Le premier volume, a Histoire du bieidieureux Jean ", b fr.; le second
volume, « Histoire de Monlmiiail », 3 fr.: les deux voliuiies S fr.
I<i3. B()\FJ{. — FoLiLLics de Xeuvy-sur-Uaranjou. Réponse ;i .M. Léon Renier, par H. Rover.
ln-8" de 1 0 |iages I fr.
16'i. RiLLETiN de la Sociélé polvmalii|ue du Moriiilian. Année LsiSI . In-8" de I Is pages. — Ilis-
Inire el archéologie : Lettres [latentes de François U, duc de Bretagne, |iar l'abbé Piéder-
Rii;iiE; F^ludesur l'ancienne al.ibaye de Prières (diocèse de Vannes), parle mèm.'; La pharma-
cie il Vannes avant la révolution, par le docteur de Closmadei'c; Promenade archéologique sur
la lande do Lanvaux, par M. Foi:quet; Ordres religieux-militaires du Temple et de l'Hôpital,
leurs élablissemeuls et leurs églises dans le Morbihan, par .M. Rosenzweig; L'n mot sur la lonr
d'I'.lven, par ,M. .Vruondeai; ; Statistique archéologicpie de Parrondissement de Vannes, par
M. Rosenzweig. Rapporîs divers.
163. Bui-LETiNS de la Société archéologi(iue de l'Orléanais, vohmie m, coni|iienant les années
ISoO il '1801. 1 \ol. in-8" de 484 pages et une planche. Ce volume renferme des comptes ren-
dus d'excursions archéologiques ;i Jlontbuy. Neuvy-en-Sullias, la Cour-Dieu, dans les com-
munes de l'arrondissement de Montargis; des notes sur les restaurations des églises d'Orléans,
et sur les églises de Beaugency; sur Chàteau-Landon, Château-Renard, Châtillon-sur-Loing;
sur la ville et le château de Malesherbes; des études de droit féodal dans le Gatinais, et de
])rocédure canonique au xvin'' siècle; des notes sur les objets d'art, tapisseries, peintures, gra-
vures, statues, du musée d'Orléans, etc 9 fr.
1G6. BURBURlï (de). — Aperçu sur l'ancienne corporation des musiciens instrumentistes d'An-
vers, dite de Saint-Job et de Sainte-.Ma;ic-Madeleine, par le chevalier Léon de Blrui:re,
membre de l'Académie royale de Belgiipie. In-8" de 10 pages. — Origine (xvi'' siècle), usages
et règlements de cette confrérie, suppression en novemlire I70'i.
167. CANÉTO. — Questions d'archéologie pratique, ou étude comparée de quelques monu-
ments religieux du diocèse d'Auch, par l'abbé Canéto, vicaire général d'Auch. In-8" de
70 pages, avec le portrait de Mgr de La Croix d'Azolette, ancien archevêque d'Auch. — Fglises
et chapelles. Église paroissiale d'Fistang. Ouelle peut-être l'origine de celte église? Indices de
dégradations opérées sur l'œuvre primitive de l'église d'Esfang. A quelle époque doivent se
rapporter les diverses transformations de Notre-Dame d'Estang? Appréciation de ces change-
ments. Ressources des fabriques en général, et spécialement dans la province ecclésiastique
RIliLlOC.HAI'Illl-: DAirr KT DMiCllKOl.Or.lK. 207
li'Aucli. il iï'poqui' lie la loslauralion de li'iîlise paroissiale li'Kstang. Élal aclu;'! de Njtr,--
Dame d'Estani;- — Si)uve;iiis arcliéologiiiues du comté de Fe/.ensac.
168. CAl'MONT ([)k;. — Statist.ujik inoiiiiinenlale du Calvados, par A. dk Caimont, direrlcur
de l'Institut des provinces. Tonie iv. .\rioiHli.<Si'meiit de Pont-lKvL^que. In-S" de i70 pages,
avec de nombreuses gravures sur bois. — Slatislique des cantons de Do/.ulé, Cambremer,
l'ont-lRvècpie. llonfleur et de Hlang) . — O volume, 10 fr.; les (piatre 40 fr.
IGy. CLKKt'.. — Ktide comi'i ètk slk .Vlmsk. Alaise n'est pas !'" Alosia » de (A-sar, par .M. le
président Cr.EUC. Ouvrage renfermant des notions utiles pour lintelligencc de l'Iiisloire des
montagnes du Doubs. avec une carte e\plicativc. Iii-S" de I3t) pages et î [ilanclies. î fr. 50 c.
170. C.OKKINET. — Description d'un ancien instrument de s;uivetage conservé au trésor de la
catliéJrale de ïroyes, et documents historiques sur divers accidents arrivés, par lo feu du ciel,
à la flèche de ladite église, de 1j26 ii 1700. par l'abbé I>oefim:t. i-lianoine titulaire, membre
résiliant de la Socié'é académiciue de l'.Xube. In-S" de o'i pages et d'une planche. — (^et
instrument, en bronze ci.selé, d'une longueur de 72 centimètres sur une circonférence de
24 centimètres, est appelé, par .M. l'abbe Ijollinet, » seringue il incendie ». Les armes du cha-
pitre de la cathédrale de Troyes y sont figurées. .Vprès la description de cet instrument,
.M. l'abbé CofTinet, recherchant dans quelles circonstances il a pu en être fait usage, a été
amené ii donner l'histoire de tous les accidents arrivés parle feu du ciel a la flèche de la cathé-
drale dans le xvi" et le xvir siècle; point tout nou.eau en archéologie et travail rem|)li de
recherches curieuses.
171. CtlRRARO i>K liRF.BAX. — Lus .Vbhesses du Paraclet présentées dans l'ordre chronolo-
gique, avec des notes relatives à l'hisloire de cette célèbre abbaye, extraites de documents
authentiques. parCoRRARU de Breban. président de la Société académique de l'.Vube. corres-
p indanl du ministère pour les travaux historiques. In-8° de .32 pages et de i planches repré-
sentant l'ancienne abbaye du Paraclet et l'ancien tombeau d'Hélo'ise et d'Abélard au Paraclet.
— Vingt-neuf abbesses (ll30-l790),d'Héloi'se ii Charlotte de La Rochefoucaull de Uoucy. morte
il Reims, le 6 juillet 1829, âgée de quatre-vingt-sept ans. En 1792, vente du Paraclet. Destruc-
tion complète de la fondation du xic siècle. — Derniers vestiges de cette abbaye célèbre dont
les ruines mêmes ont péri.
172. COUTURIER. — Décade.sce et restairation de la musique religieuse, par M.M. Colti-
RiER, de la uiaîtrise de la cathédrale de Langres. In-8" de 14ii pages. — Réorganisation des
maîtrises d'après les idées de Choron; enseignement tel qu'il a existé pendant plusieurs siècles
dans les grandes écoles d'Il;ilie, d'Espagne, de France et d'Allemagne; compléter cet ensei-
gnement dans les petits et les grands séminaires, dans les lycées et collèges 2 fr.
173. D.VLEMAGNE. — Notice sur les matériaux silicatisés, par Liîon Iulemagne, au moyen
du Wasserglas inventé par Fuchs, de .Munich. In-1 8 de 47 pages .30 c.
174. DALE.M.VGNE. — La silicatisatiox, d'après Fuch-, de Munich, aiipliijuée ii la conserva-
tion des monuments, par LÉo.x Dalemagne, membre de r.Xcadémie nationale, agricole, ma-
nufacturière el commerciale. Grand-in-S" de 13 pages.
17-j. DEsJ.VIiUl.NS. — Vie de Jeanne d'.\rc. par .Vbel Desjaiuh.ns, doyen de la Faculté di's
lettres de Douai, d'après les documents nouvellement publiés. Seconde édition. In-12 de
403 pages et d'une carie. — Doairemy-Vaucouleurs ; Situation de la France en 1429, enfance
de Jeanne d'.Vrc, ses visions, voyages et pèlerinages, son départ. Chinon- Poitiers : arrivée
203 ANNALKS ARCIl KOI.OCIOU ES.
(lo .Irannp. Jeanno devant les Hocleiirs île l'nilieis. Toiir> et Blois-Orléuns ; e(]in|ieiii('nt île
Jeanne d'Are, sa maison militaire, réformes dans l'armée franraise, entrée dans Orléans. (Cam-
pagne de la Loire. Gien-Troyes-Reims : Renommée de Jeanne, Jean Gerson. Expédition du
saere, reddition de Troyes, Ueinis ouvre ?es portes, lettre de Jeanne au dnc de Bourgogne.
Paris : lo roi ii Compiégne, plan do eanipagne de Jeanne, examen de la conduite de Jeanne
(levant Paris. La Charité-sur-Loirc : anoblissement de la famille d'Are, Jeanne livrée aux
Anglais. Rouen : instruction <]u procès, interrogatoires, consultations, second procès, supplice.
Procès de condamnation et de réliabilitalion. Histoire et légende. Ce que la poésie et les arts
ont fait et devraient faire pour Jeanne d'.Vre 3 fr.
17G. HliS .MOULINS. — Ce que vii;nt f.mre lecoxc.rès .\ Boiiim:.u:x. Discours d ouverture de
1,1 \ ingl-hnitienie session du congrès scientifique [septembre 18GI), par Charles des Mou-
lins, secri'taiie général, sous-directenr de l'Institut des provinces. In-8" de 18 pages.
177. DESPIXL. — S^NXTiAiRE et abymes do Myans, près d'.Vix-les-I!ains (Savoie). Notice his-
torique et arcliéologiqui», |iai- le baion C. Despine, niemlire de la Société des antiquaires de
France. In-S" de 4i pages. — Les abymes, examen de la chute du mont Grenier, se liant à
l'histoire du sanctuaire et des abymes do Myans; statuelte, cloclie, ostensoir et autres objets
découverts dans lo lac des Marches. Le sanctuaire, église et couvent fondés par Jacques de
Montmaveur, en li.38; description, restauratinn de l'église en 'I8.'j4. Extrait des pièces rela-
tives il divers pèlerinages, ainsi qu'aux dépenses de la ville do Cliambéry el de celles d'.Vnnecy,
pour les processions faites ii .Mvans 1 fr. 25 c.
178. ItROC^'N. — La Giienm;. Histoire et de-cripliori des villes forliPées. forlere-ses et châ-
teaux construits dans la Gironde, pendant la domination anglaise, par Léo Drolyx, membre
de r.Vcadémie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Livraisons 24 et 2S.
In-i° de 24 (lages de texte historique et descriptif, avec 0 gravures à l'eau-forte, donnant des
vues, ]ilans et détails des cluiteaux de Roquefort et Rlampiefort. Chaque livraison .3 fr.
179. DLIîOIS. — L'ŒtvRE de Blasset ou plutôt Blassel, célèbre sculpteur amiénois (1600-1659),
par A. Dinois, chef de bureau 'a la mairie d'.Xmiens, membre de la Société d'éinulaiion d'Ab-
beville. In-S" de 112 pages et de 2 planches. — Vie et travaux de Blassel, géné.dogie de sa
famille, notice biograiihique sur son père, pièces justilicatives, noms des sculpteurs qui ont
vécu à .Vmiens pendant les xv et xvi'' siècles. Notice importante pour l'histoire des artistes. 2 fr.
180. DU MORTIER. — Étlde sui- les principaux monuments de Tournai, [lar R. Df Mortier
fils. In-8" de 245 pages, avec de nombreuses planches et 2 plans de Tournai aux xvr' et
XVII' siècles. — Introduction. — Première partie : monuments religieux, naissance liu chris-
tianisme il Tournai, église cathédrale, son ancienneté et son aspect, description de l'intérieur
et du mobilier, re.-tauration; églises des SS. Piat, Jacques, Quentin, Brice, Nicolas, Jean, Mar-
guerite et la Magdeleine. — Deuxième partie : monuments civils, betfroi, crypte de l'Hôtel de
Ville et maisons anciennes 1 2 fr.
181. EST.VINTOT :i>'). — Recherches historiques, archéologiques et féodales sur les sires et
le duché d'Estouteville, par lo vicomte Robert d'Estaintot, membre de la Société des anti-
([uaires de Normandie. In-4" de 68 pages, avec plusieurs gravures sur bois. — Première
partie : recherches historiques sur les maisons d'Estouteville, de Bourbon Saint-Pol, d'Or-
léans-Longueville, de Matignon et de Grimaldi-Monaco. — Dcuxii'iue partie : recherches
archéologiques sur le château du xv' siècle, celui de la renaissance et leurs dépendances. —
Troisième partie ; recherches féodales ?ur 1rs droits el privilèges des sires et du duché d'E.-lou-
tpville. — Pièces justificatives 4 fr.
Bir.l.lOCRAIMllK li'AIlT KT D' A lîCIlKOLOG I T.. 2(10
182. FILLON Pt m: liOClIRIiHlNi:. — l'oiTot kt Vkndkk. Kludes liirilorif|iiCji et arliïilifim-s
|);ir B. FiLi.ox pt (). di: Rochkbrixk. Troi^ii-me et quatrième livnii<onri. In-i" de 14 feuilles
et (le 18 piarielie.-; dont deux double.-;. — Villa et sépulture d"une feniuio artiste du iir siècle,
découvertes ii Saint -.Médard ; étude et description des objets trouvés dans la villa. Les verriers
du Poitou. liioi^rapliies. S.iint-(!yr-en-Talnion(lais ot les communes environnantes, traditions
et légendes, hi tour de lîessiiy. bi ropellinière de S;iinle-Ciemnie. Sainte-Hermine. Ki;lise do
Nieuil-sur-r.\utise. Ch itrede Luçon (\vi' siècle". — Sau^cription ii l'ouvra^'e complet. SO fr.
Is.3. G.MI.HAIi.M'D. — I.'.VtiT dans ses diverses liranclies chez tous les peuples, il toutes les
époipies. jus(pren 17*',). par J. (jAILii vbai». Livraisons îi a i~. (irand in-i" de chacune
2 planches gravées sur inélal. — l'orte de l'ÉrechlIiéion ii .Vthènes: chain'llcs alisidales de
réi;li.-e Saint-Laurent de Noi:ent-sur-Seine; porte d'une mai.-on et imposte de la porte (l'un
liotel à Paris. — (;iia(|ue livraison 1 fr. 7"> c.
Ibi. GliS.Vri». — .N'oiVEi.LES HECUEHCIIKS topoi;ra[)hi(pies. Iiistoriipies et archéolofriques sur
« Tauroentum ». et description de médailles trouvées dans les ruines et dans la cam|ia_'ne de
celle ville, par j'alihé MMiioiRE (îiiiAin. chr.noine honoraire de Frejus et de Toulon, niendre
de plusieurs sociétés s;ivanles. In-s" de 72 pages et d.-' i planches i fr.
185. (iH.T.KSKLIIi. — C.HUisTis-.XriCii koi.ocmi:. Das Piucli \iin Jésus llliri^liis urid S!'iri'^m wali-
ren Ebenbilde, von D' Legi-; Gi.irKSELir,. .Vrchéolojrie du Christ. Le Livre de Jésus-Chii-t
et de sa véritable image . Deux livraisons, ln-4" de KiS pages avec ries gravures sur bois. La
première livraison, qui contient la partie liistori<]ue et theologi(iue du livre, est composée lU':^
cliapitres suivants précédés d'une introduclon : L Jésus-Christ et l'f'^glise. II. Chronologie.
III. Type de la figure humaine du Christ. IV. Rapport du christianisme ;i l'art. V. Témoignage
de l'Orient et de l'Occident. VI. Trace des portraits primitifs et surnaturels de Notre-Seigneur.
VII. De l'image du Christ de s;unt Luc. VIII. L'image merveilleuse d'Édesse. — La deuxième
ot dernière livraison contient la partie arlisli(|ue et archéologique, une planche en couleur
représentant le Christ d'Édesse en la posse.ssion de Sa .Sainteté le [lape. et 'i images du Christ
du moven âge. gravi'es sur liois. — L'ouvrage complet en deux livraisons l'i fr.
IKO. CiROS. — Vu; m: sainte .\nne. mère de la sainte \ierge, d'après Marie de Jésus d'.Vgréda
et d'autres documents authentiques, par l'abbé A. Giios, missionnaire apostolique. Nouvelle
édition, augmentée de notices sur les pèlerinages d'.\pt, de Sainte-Anne d'.Vuray et de Poey-
laiin. In-24 de loi pages .'30 c.
187. HERBERT. — L'Inscription de l'arc de triomphe d'Orange, par P. Herbert, membre de
la Société des lettres, sciences et arts de l'.Vveyron, professeur de rhétoricpie. Iii-.S" de 103 pa-
ges et d'une carte. — Inscriptions en lettres de bronze doré chez les Roinains. Inscription de
l'arc de triomphe d'Orange, ses lettres examinées isolément. Groupes de caractères formant un
mot. Commentaire grammatical et philologique. lnscrij)tion d'Orange conqiarée à d'autres
inscriptions antiques, au point de vue de la période. .Même inscription expli(pii'e par les sculp-
tures el par l'histoire. Pour ([uels motifs l'arc d'Orange a-t-il été érige"? :i fr.
188. JACtJUEMART et LE BLAXT. — Histoire artistique, industrielle et commerciale de la
porcelaine, par .Vlbert Jacqiemart et Eumond Le Blant. Troisième et dernière livraison de
ce magnifique ouvrage, actuellement com|)let, qui forme un fort volume grand in-i" de C'.IO pa-
ges de texte imprimé en caractères antiques sur [ia[)ier vergé teinté, et de 28 planches gravées
à l'eau-forte par Jules Jac(juemart. Recherches sur les sujets et emblèmes (pii décorent la por-
celaine. Reproduction des marques el inscriptions qui font reconnaître les fabriques d'où elle
sort. Indication des différents prix des principaux objets dans ks ventes, el des collections
210 ANNALES AnCIIKOLOGI OUES.
qui ks poist'iicnl itctiiollomjnt. Ot ouvrage, outre sa vak'ur historique et graphique, e-1 un
vi'iilable manuel (k' ramat;nir de poroelaines (iil fr.
\H\K LA BitliDERlL (de . — Anmaike historique et archéologique de Bretagne, par A. dk L\
liiiiii)i;niE. Année I8G2. Iii-12 de x\viii-252 pages. — Précis des origines de l'iiistoire (k^
Bretagne deuxième partie, du V au i\'' sièele. Anciennes divisions ecck'siastiques de la Bre-
tagne, archidiaconnés et doyennés, diocèse de Dol. Blhliographie iiistorique de la Bretagne
en ISiil i fr.
r.)iL I.AKLirr.\.V. — EssM historique sur l'antii|uile de la k)i, dans le diocèse de Baveux, et le
culte de quelques saints récemment introduits dans le calendrier liturgique de ce diocèse, par
l'abbé J. Laffetav, chanoine de la cathédrale. In-12 de Lj6 pages. — Considérations géné-
rales. Mission de saint Exupére. Saint Patrice. Tombeaux de Saint-Esupèr;?. Les saints Fram-
bold. Hugues. Sulpice. Fkixel, Ursin, Bertivin Martin de Vertou, Evroult, Space, Orlaire el
sainte Ide. Délivrance delà Normandie [I4.')0i. Découverte en l8o.3 d'ossements et de tom-
beaux dans l'église de Saint-Exupè'-e. Noies 2 fr.
lyi. LEBEL'RIEIÎ. — Xotici; historique sur la commune d'.Vcquigny avant 1790, contenant,
outre les faits historiques, la topographie féoilale, la description des monuments, la suite des
barons issus des familles de Tosny. Roye. Montmorency, Laval, Léon, Rohan. Silly et de Gondy,
et un grand nombre de documents inédits, par l'alibé P. F. Lebeiurier, chanoine honoraire
d'Évreux et archiviste de l'Eure. In-8" de \H\ pages et de o [ilanches 3 fr.
■i;)2. LECOMTE. — XoTicK sur la grosse tour du Havre, dite de François I•■^ par l'abbé Lecomtk,
vicaire de Saint-François-du-Havre. In-S» de 'ii pages et d'une planche représentant la tour
de François !•'. édifiée en l'jlG par (îuyon Leroy, capitaine de Honlleur el vice-amiral de
France, et démolie en I SC) j I fr. 2u c.
'193. LECO.MTE. — Mks-iuk J.-B. de (Iliel, curé du Havre 1629-1719). Le ca|>itainD de Ciieu
ou le premier pied de café aux Antilles ; IG.S7-I774 , par l'abbé Lecomte, vicaire de Saint-Fran-
çois-du-Havre. In-8° de 23 pages. — Biogra|ihies.
194. LUrZO\\' , iiE . — Die Mei?teu\verke der Kirciienbaiklnst (Les chefs-il'œuvre de l'ar-
chitecture religieuse), par le D' C. de Lvtzow, professeur de l'histoire de l'art à l'Université
royale de Munich. ln-8° de vin-421 pages, avec des gravures sur bois dans le texte et 26 grandes
gravures hors du texte. C'est, en description et dessin, l'histoire de l'architecture cliré-
tienne par les |)lus beaux monuments de l'Europe. Les monuinents dessinés el décrits, au
nombre de 2G, sont : la basilii|ue de Saint-Paul de Rome, Sainte-Sophie de Constantinople,
Saint-.Marc de Venise, les cathédrales de Pise, de Sienne, d'Orviéto. de Florence, de Milan, de
Cordoue, de Burgos, de Mayence, de Spire, de Bamberg, de Paris, de Chartres, de Reims,
d'.Vmiens, de Rouen, de Strasbourg, de Lincoln, d'Vork, l'abbaye de Westuunster, les cathé-
drales do Fribourg en Brisgau, de Cologne, de Vienne en .\utriche, d'.\nvers, enfin Saint-
Pierre de Rome. La France n'est pas mal [)art,igée, mais on aurait pu s'abstenir de glisser
parmi s;^s églises, vraiment capitales, le pauvre édifice de Saint-Pierre de Caen; l'Abbaye aux
hommes, de la même ville, eût mieux fait l'affaire de tous. Ce livre n'en sera pas moins utile
pour prendre la jilus imposante idée de l'architecture chrétienne en Europe 16 fr.
l9o. .MA\|{ \\ E1U.'\ . — Essai sur la numismatique rémoise, par L. .Maxe Werlï, membre
honoraire de l'-Xcademie imperi.de de Reims. In-S" de 82 pages et de II planches. — Époques
gauloise, mérovingienne et carlo\ ingienne; tableau clironologique des rois de France et des
lillU.IOC.r.MMIlK D'AUT KT DA IICIl K* ) I.OC 1 K. 211
archcviiques (lo Ucinis: nuTcntix et jetons. Mono^miiliic tl'uiic \ill(' c|iii l'ut tdiijoiiis iiii|i ir-
lante •i Ir.
IIK). MKMoiiiKS et ilonimeiils piililies par In Société savoisieiiiirie d'iiisloiic <>t (rareliiMiloi^ii'. 'l'ciine
cinquième. Iii-S" de 'Mi', pai,'e.< et de .i planriies accompai;iiées d'un plan de la ville de l'.liain-
béry vn I77.i, et de ses forlifiealioiis eu Kioti. — .Mélanps. Noiiee liistori(pie sur l'abliavc de
Talluires, |wr Ji i.i:s l'iiii.ii'i'K. liioi-'rapliie de .Mieliel Sainl-.Marliii. professeur de |ili\-ii]ue.
par F. HiCMKiiT. Iineriliiii'e historique et ehroiiolo,L;ique de.s cliarles des archives de l'alili.ne de
Talloires. di-esse en ITiil par .\uié doni Kraurois Seriasiii. alilii' claustral de i-e ui(iiia>tere.
Docuuieiils illedits relatifs ,'i l,i Savoie, extraits de di\rrses archives de Turin, V' décade, his-
toire féodale de (^haniherv', piihlié:- par .V. Diroiit. liulletiii liiMioj;ra|ilii(pie de la Savoie,
y année , iStitt), reciu'illi par V. K.vniT. — Ce \iilunie. couuiie les <|ualre preiiiiers.. . . 'i Ir.
Iy7. MITllOI-T. — .Vucniv i>i:u Nii;in.ns kciisisciiicn Ki.NSTiiivSc.Hicini: (.\rchivespinir l'histoire de
l'art dans la liasse .Saxe), par W'ii.il. .Mrnioi-F. In- folio de texte ii deux colonnes et de plaiiches.
Publie en 9 livraisons. Cet ouvraire de M. larcliitecte Miflioll f.iit connaître lo nioniinienls
les plu.s ini|iortaiits et les œuvres d'art j,'othi(pie du royaume de Hanovre, tU- hi ville de Ha-
novre et do celle de Goslar particulièrement. Le sii'^L'e impérial en [lierre de la i'atli(''dr,ile de
(ioslar est une ii'uvre romane, -sculptée a jour au dossier et aux accoudoirs, il'un tres-L'raiid
iiilérèt. Dans le inème edilice se voient deux médaillons représentant la .Nativité de Jésus et
.Marie tenant l'Hiilaut, qui proviennent, .u;rande rareté en .\lleiiiai;ne, d'une verrière en sl\le
roman. La ta|iisserie de Tristan et d Neult. de l,i lin du xur >iccle. qui a ilù èlre faite par îles
religieuses, celle des chasses ipii doit venir des mêmes mains, sont des iiionuments ipii révè-
lent les mœurs reliiiieuses et féodales du mo\cn âge. Lnfin, la généalogie de sainte .Viine et de
la Vierge, qui sert de retable dans l'église de la Croix, à llanuvie. oUre un beau spécimen
d'un sujet tort curieux. — Les neuf livraisons ',)() Ir .
lOH. l'.MîlS T'.VUI.LN). — (iviiix i.i: LoilKUAi.N. Chanson de geste composce au xii'' siècle par
par Ji:a\ di-: Ft-viiv: mise en nouveau laiigai:e par .\. I'ailin I'aris, membre de l'Institut.
i vol. in-12 de 400 pages, avec une table des noms de lieux et de pcisonncs. et des mots
vieillis ou dont le sens a changé 3 ir.
l'J'J. PELLT. — RiiciiiiRCHES sur la scène antique jiisliliees par l'étude du théâtre d'Orange, par
Al'gi'ste I'elkt. ln-8" de y-i pages, d'un plan du théâtre romain et d une planche des détails
des diverses parties qui composent le [ilan.
200. PEXGL'ILLV L'H.VRIDON. — Catalogue des collections composant le musée d'artillrric,
par 0. I'englillv l Huudon, ollicier suiiérieur d'artillerie, conservateur du musée. I gros
volume in-12 de KlKi pages. .Vprès une notice sur les origines du musée d'artillerie, l'auteur
divise son catalogue, qui contient '■i.ii'Xi numéros, en quatre sections : armes antiipies. armes
du moyen âge et modernes, artillerie, machines et instruments. Chacune de ces sections est à
son tour subdivisée en séries réunissant toutes les armes de même sorte, et |irécédées de
notices historiques résumant l'étal actuel de la science t fr. oO c.
201. PlÉKAIîT. — (JciiiR COMPLET iir toihlstë et de l'archéologue sur le chemin de fer de
Saint-Ouentin à .Maubeuge, [lar Z. .1. Pilraht. Ouvrage cnmpi'enaiil la description des champs
de bataille de Wattii:nies et de .Malplaqiiet, aux lieux oii .Iules César et Ouiiitus Ciceron com-
battirent les Nerviens, avec le réi-it détaillé do ces événenieiits; diverses autres excursions
dans l'arrondissement d'Avesncs. l'histoire des villes d'.\vesnes. de Maubeuge, de Bavai, du
Ouesnoy, de Landiecies. du Cateau. etc., des abbaves d'ilaiitiiioiit et de Liessies, et un aperçu
des inu'urs. coutumes, fêtes, jeux et patois de l'ariondissemcnt d .\vesnes. I vol. ïn-f>" de
212 ANNALES ARCIIEOLOGIQUES.
386 pages, ;ivoc une carte de larrondissement d'Avesnes contenant, en onlre, le plan do Mau-
l)eM;,'e en 1300, le camp romain d,^ Rouveroy, et le jilan du Ihéàlre de l,i liataille li\rée par le-;
Ner\ iens à César fi fi'.
2i>i. l'OTTlIîR. — DiiScnii'Tiox d'ink VEitisiLRi; de l'église Sainl-Viricent de Rouen, nouvelle-
ment restaurée, re|)résentant une allégorie mystique, par M. AxiiRii PoTriiiii, conservateur de
la liil)liotliéque publique et du musée departemenlal d'antiquités de Rouen. In-S" de îi pages.
"20 i. P()TT1I;R. — Ri;sT,xuRATioN dr la fontaink de Jeanne d'.Vrc, sur la place de la l'ucelle, ii
Rouen, par. M. .Vndré Pottier. In-8" de \o jiages.
'ÎOi. POUSSIN. — M\NCi".i. classique darclieilogie clirelienne ilepuis Jesus-Ohrist jui(prii nos
jours, p.ir l'aljhé Poussi.N, professeur d'archéologie au séminaire do Reims. — Ouvrage com-
prenant des notions sur l'arcliitecture de chaque époipie, une étude sur le mobilier des églises,
un appendice sur la peinlure sur verre et suivi d'un petit diclionnaiie e\|ili(iuant chaque
expression technique euiplovée dans le « Manuel ». I vol. iu-S" de 02 |iages et de 10 planches,
conq)renaiit 1 30 objets dilTerents î fr.
20'j. RICKM.\N. — (ioTuic ARcniricc.TiRE. Les différents styles d'architecture gothi(]ue en .Vn-
gleterre, depuis la (àiiiquète jusqu'il la Réforme, avec un essai sur les ordres grecs el romains,
par feu Thomas Ric.k.man. Sixième édition, a\ec des additions considérables, par J. H. Parker.
1 vol. in-8" relie eu toile el doré en tète, contenant iOO pages, 3') planches, et plus de 000 gra-
vures sur bois dans le texte, .Vprès une iutinducliiui et un traiti' sur l'architecture grecque,
l'auteur aborde l'archilocture gothique anglai.se et, avant tout, l'architecture anglosaxonne
com|)renant les monuments ele\és avant la conquête normande. Puis il établit quatre divisions :
la prennère. ou style normand. ,i la(|uelle il assigne une di rée de cent vingt-quatre années
environ, de 106G ii 1 189; la douxiènu", ou [)romier style anglais, durant environ cent-dix-sepl
ans, de 1189 ii 1307; la tioisièuie, ou slyle décoré, de L307 il 1399; la quatrième, ou style
perpendiculaire, occupant tout le x\'' et la moiiié du wi'- siècle. Des exemples étrangers, pris
principalement en France, en Allemagne et en Italie, servent de comparaison aux diflérentes
époqu(^s. Une table générale et un index topographique terminent ce bel et instructif ouvrage.
'20(). ROSSIGNOL. — Trois dissertations. Sur l'inscription de Delphes citée par Pline. A ce
suji't : Histoire de l'alphabet grec. Recherches sur les dîmes sacrées. Restitution d'une inscrip-
tion en vers anapesliipies. — Sur l'ouvrage d'Anaximènes de Lampsaque, intitulé : « Des
|ieinlures antiipies ». A ce sujet : de l'influence do la religion et de la poésie sur les œuvres
d'art, et de l'influence dos œuvres d'art sur la religion et la poésie. Ouvrages des anciens qui
avaient [lour litre : " Des peintres et des statuaires ». — Sur la signature des œuvres d'art
chez les anciens. A ce sujet : de la valeur des temps du verbe grec. Les artistes se préoccu-
pérenl-ils de l'idée de niodeslio ou de \anilé, dans la forme de leurs inscriptions? Fut-il inter-
dit aux artistes de l'antiquité de signer leurs œuvres? par J.-P. Rossionoi,, membre de l'In-
stiluf. ln-8° de x-182 [)ages et d'une planche 3 fr.
207. SAINT-ANDÉOL Joe). — U-NR égiise cATiiÉnnALE du v siècle et son baplisièro. Saint-
Étii'nne-do-Mélas (Ardéche), par le vicomte F. »e Saixt-.Vx»: oe. In-8" de 23 pages et de
2 planches représentant le plan, l'église et le baptistère de Saint-Étienne 1 fr.
208. SMNT-L.VUliKNT ^de). — Du réalisue el du symbolisme dans l'art chrétien, par IL (ini-
M0UARD DE Saint-Laurent. In-S" de 29 pages 1 fr.
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ÉTUDE SLR LES CLOCHES
LETTHE Vf niRtCTELR DES (' ANNALES A RCll KO LOG 1 0 L E S )/ .
Monsieur,
Je ne sais trop si les documents que je vous adresse aujourd'hui, au sujet
des cloches, seront d'un bien grand intérêt pour les lecteurs des « Annales ».
Je crains fort, au contraire, que cette longue série d'inscriptions, peu variées
quoique curieuses, recueillies sur des objets de même nature et souvent d'une
même époque, ne paraisse monotone et fastidieuse. Pour animer quelque peu
un sujet comme celui-ci; pour lui donner quelque atlrait, en faire jaillir des
remarques et des considérations intéressantes, il faudrait de la science et du
style. Je n'ai malheureusement à ma disposition ni l'une ni l'autre, et je dois
vous avouer que j'hésile fort à vous adi'esser des notes qui n'ont d'autre mé-
rite peut-être que d'avoir été recueillies au milieu de dangers assez sérieux,
en riscjuant souvent de me casser bras ou jambes. Cependant, puisque vous
désirez ces documents, je vous les livre, mais à peu près tels qu'ils ont été
conquis, c'est-à-dire privés de toute considération, de tout développement
scientifique. Libre à vous, cher monsieur, d'y répandre la lumière par quel-
ques notes, si vous le jugez utile. Toutefois, pour suppléer à mon insutri-
sance scientifique, et même la faire oublier, s'il se peut, permettez-moi de
joindre à cette notice, aux descriptions peu variées des cloches, aux im])res-
sions éprouvées en face de ces instruments sonores pom- lesquels j'ai une
sorte de prédilection, permettez-moi, dis-je. de joindre un certain nombre
de petits croquis sur bois représentant des fragments d'inscriptions, des
lettres isolées, des profils, des sceaux, des personnages modelés en relief
sur les vieux monuments de bronze dont il ma été possible de constater làge
et le mérite.
N'avez-vous pas dit autrefois (j'ai oublié dans quel volume des <( An-
Xiii. 28
21'i ANN\LES ARClIKOLOfilOUES.
nali's " ) que si l'iiidirrérence c\ la pai'csse iravairiit jusqu'ici euipiM-lK' les
arrliédlogues de nionlei- dans les eloclicrs. on secait étenné du si'and nombre
de \ieilles rlociics (ju'ils renfernienl encore? Vous avez dit vrai : il e\isle
cncon^. en dlel. ini f^-rand nonibro do clorhes anciennes. Celles doni jo vais
vous entretenir en seraient une jjreuve au bes(jin ; mais il nie scmi)le. je dois
vous l'avouer, que vous ave/, été bien sévère pour les pauvres archéologues
<[ui. mal2,'ré leur zèle, ont t'ait acte de prudence et se sont abstenus. Vous
n'ignorez pas combien il est |)(''nible. souvent dangereux, de monter dans de
\iru\ cliicliors dont l'oscalicr délaliré. obscur, est en général d'un aspect peu
rassurant. Vous n'ignorez |)as non plus (|ue les clochers sont parfois privés
même d'escalici'. et (|u'il n'ost pos>ii)l(." d'arriver aupi'ès des cloches qu'à
l'aide d'échelles rusti(iues dont la solidité est fort contestable. Convenez donc
aujourd'hui avec moi que vous fûtes jadis trop sévère envers les archéologues
assez prudents pour hi'silei' devant inio mission pénible et souvent dangereuse.
Convenez qui- la poussière, l'huile ou la graisse que l'on recui^'lle en ces hauts
lieux doivent l'cndre l'i'tude des ancii'nncs cloches chose peu attrayante et
assez négligée. — Ceci dit. peut-être pour relever le peu de UK-rite cjue j'ai
eu à gravii' l'escalier tortueux des clochers et des belTrois. je passe aux inscrip-
tions cam|)anaires (|ue j'ai pu recueilli)'; avec celles que vous avez déjà pu-
liliées. elles combleront un peu la lacune (|ue maintes fois je vous ai entendu
regretter à pro|)OS de cet instrument poéti((ue et vraiment chrétien, pour
lequel nous éprouvons, vous et moi, une sorte de vénération.
Si l'abbé Thiers. le savant liturgiste. existait encore, je risquerais fort d'en-
courir, par cet aveu où je vous mets de moitié sans y être autorisé, je risquerais
fort. <lis-je. d'enc(jurir les plus amers reproches, les malédictions les plus
graves. Kn elTet. je lis dans le « Ti'aité' des supi'rstitions » le |)assage suivant,
([ui est loin de témoigner une grande admii-alion pour notre instrument préféré,
et pour ceux qui aiment à l'entendre; vous pouvez en juger : « Le petit peuple
et la canaille accourent en foule de toutes parts à l'église, non pour prier, mais
pour sonner. Car il faut remarquer, en passant, que les gens les plus gros-
siers sont ceux (|ui aiment davantage les cloches et le son des cloches. »
Voilà qui est dit sans détours et en termes précis. 11 ajoute encore un peu
plus loin : <i Les paysans, les gens de basses conditions, les enfants, les sourds
et muets aiment beaucoup à sonner les cloches ou à les entendre sonner. Les
personnes spirituelles n'ont pas de penchant pour cela. Le son des cloches les
importune, les incommode, leur fait mal à la tète, les étourdit. » N'est-il pas
vraiment héroïque d'avouer, après la lecture de ce passage, qu'on aime les
cloches et le son des cloclies? .Tointe à la difficulté vraiment sérieuse d'appro-
KTIDK Sri! l.i:S CLOCIIKS. 21 j
cluM- de ces iMsIi-iniirnls . cclli" \ ii^niirciisc boutade ifesl-elle pdiiil l'aile, en
vérité, pour ilé-coura^-er même les plus ardciils? C.ommeiil voulez.- vous (|ue
l'on (''ludi(H'arl l'aiiipauniro.' poiu' peu ([u'oii croii' a\oir <'s|)iil ou naissance?
M;df;ré ce superl)e di'-dain (|iie Thiers. du ivsl(\ n'a pas été le seul à e\|)i'iniei'.
il ncn l'aiil pas moins persisler à aimer ce <j;\-a\e cl mélodieux inslriimenl; cl
les i!;ens du moyen ài;e, (|ui ne le d(''leslaieul jias non ])lus. diu'ent (_mi fondre
une (luanlilé vraiment prodiu;ieuse |)our (ju'il eu reste encore, malgré les acci-
dents et les |-i''Volutions. mi nombre si considé'rable.
Mais ce n'est pa-; tout. .Fai encore à co'ur de prou\çi' f|u'en di'pil de Topi-
nion du savant litiirg'iste ou peut être lionnue d'esprit, voire mènK^ de ;j;(''nic.
et montrer quel(|ue <;-(h'iI poui' riiisliMuiient qui nous eccni)(.\ -^"■'^•'^i vous de-
manderai-je la permission d"(;n citei' ici im e\einpk' (|ui. à lui seul, on \;uit
plusi(Mn's eu l'aison do rimportaiice du persomia.ie. I/empereur Napoléon V
aimait beaucoup le son des cloches, et di\ei'schroni(|uem's rap|)orlenl t\U(\ lors-
([u'il était consul et habitait le château de la Malmaison, il aimait à entendre
sonner la petite cloche de Rueil. sa paroisse. (^Jiaque t'ois ([ue, dans ses pro-
menadi's. le son de ce modeste insli-ument \euail frapper son oreille, il s'arrê-
tait ému. recueilli, et ne repi"enail souvent sa marche (|ue loni;1(.'mps après
([lie le son de l'airain avait cessé de retenlii-. i'Ius tai'd. à Sainte-Hélène.
riionmie de g"i''uie regrettait encore l(^ son touchant delà cloche de liiu'il. (pTil
ne devaif plus entendre. Après cet exemple, il ne faut pas dout(>i- qu'il nous
soit peiMiiis d'aimer en toute sé'curit<''. sans l'eciouler d'être assimilé's à la ca-
naille, nos belli's et ctn-ieuses cloches anciennes. |)i-écicuses à tant de titres '.
Maintenant, une chose m'emliarrasse ! Dois- je classer par ordre d'ancicn-
iielé toutes ces diverses inscri|)ti<ins recueillies dans des |)ro\iuces souvent foi'l
éloignées les unes des autres, ou dois-je l(>s pn'senter un peu au hn-ard. sans
tenir compte de leui- importance et de ieiu' mi'i-ile respectif '.' .le crois que la
classiticalion pai' oi-ch'e d'ancienneté permetti'a d'établir dans ces lignes plus
d'ordre et de clart('.
Dans toutes mes excursions, je n'ai pu. à mou grand regret, rencontrer
1. Niipolcon T'. I';ulmir;it(nir cxagoit! d'Ossian, n'otait |>as iii.spiisiljlo au <oullli' do la poi-sip
du XIX'' siècle. Si le liturgiste Thiers el ses conlemporaius de uiis('"ral)le i;oiU n'aiinaient pas le
son (les cloches, [)as plus ([u'ils n'aimaient et ne conipreuaienl les monuments cin-étieus eu géné-
ral et ceux du moyeu àiie en particulier, Chateautiriand. Lnmarline. Vic'or IIulto, [)()ur ne citer
que les trois géants, ont cliangé à tout jamais l'estlieti([ue du uKnide. Désormais on ose comparer
la cathédrale de Reims au parlliénon d'-Vlliènes ; désormais Itiarinouie de nos volées de cloclies
et la tempO'te aérienne de nos bourdons élèvent dans nos âmes des sentuueiits doux et forts
comme riiannonie des l'orèls ou les orages (1(; la uier. Nous sommes donc redeverius la "canaille»
de Tliiers, et, sous ce rapport, nous espérons rester toujours canaille. [Xole de M. Diilroii.)
210
ANNALES ARCHKOLOGIOUES.
qu'une seuk^ cloche du xiir siècle. Il faut conclure de ce fait que les cloches
de cette époque sont assez rares. Le plus ancien monument campanaire ([U il
m'a été donné de contempler date de l'an 1202; c'est la cloche de la petite
paroisse de Fontenailles. aujonrd'lmi déposée dans une salle du musée de
Baveux. Tous la connaissez déjà, je suppose, par la notice de M. G. Villers.
publiée dans le » Bulletin Monumental » de U. de Caumont. Je me sens,
malgré cela, entraîné à vous parler encore de cette intéressante cloche, la
plus ancienne qui ait été signalée en France; d'abord, parce que le dessin
publié dans le « Bulletin » laisse fort à désirer au point de vue de l'exacti-
CLOr.lIE DE FONTENAILLES, DE LAN 120;
Au musi'e de Biiveus.
es M
tude , et ensuite parce ([ue la description d'ailleurs fort remarcjuaJjIe con-
tient, il m'a semblé aussi, une erreur assez grave au sujet des caractères de
l'inscription. Ce vénérable monument était suspendu dans la tour de l'église,
ou plutôt de la chapelle de Fontenailles, à 8 kilomètres de Baveux. Par suite
du mauvais état de son bell'roi, cette cloche est tombée il y a quel([ues années,
et sa chute a déterminé au milieu du vase une fêlure horizontale qui nous
privera à jamais d'en entendre le véritable son. Grâce à M. G. Villers et à
d'autres archéologues normands, ce précieux monument du xiii° siècle n'a
Kn'DK sri! I.KS CLOr.llKS. 217
plus à redouter d"è(i-e fondu comme il en était ciuestioii; il est déposé, je Ta!
dit. au musée de la ville de Baveux, tout près de la <'élèl)re et précieuse tapis-
serie historique représentant la con(iuète d'Angleterre.
J'ai vu, posée sur son trépied de bois, la cloche fêlée de Fontenailles.
Je l'ai longuement contemplée, étudiée, |)renant force notes. Je ne comptais
pas la reproduire par la gravure ; mais, en regardant le dessin si inexact du
<i Bulletin », j'ai cru utilo de me mi'tlr(,' ;i ra'uvr(; et de dessiner de nouveau
l'instrument métalli([ue. Vous pouvez voir, en comparani les deux dessins.
qu'il était à peu près impossible de ne pas restituer à la i)lus ancienne cloche
de France sa véritable forme et ses exactes dimensions.
M. G. Villers nous dit. dans son intéressante notice, que la cloche en cpies-
tion peut être évaluée au poids de 2.")() kilog. Je ne sais si cette évaluation est
exacte; dans tous les cas, il serait bien facile de s'en assurer, maiiilenant
qu'elle est descendue de son belTroi. Ce qui est certain, c'est qu'elle était la
plus petite des trois cloches, composant la sonnerie de Fontenailles avant la
révolution de 1789; et c'est grâce à sa petite dimension qu'elle put échap-
per à la destruction. Fondue d'un seul jet. comme cela a dû se faire en tout
temps pour ces sortes de vases, la cloche de Fontenailles mesure en hauteur
67 cent., depuis sa base jusqu'au sommet du cerveau. Son diamètre à la
base, ou extrémité de la patte, est de 65 cent. La coupe, que je mets en
regard de l'élévation, donne l'épaisseur des diverses parties. On voit, à l'exa-
men du dessin, que depuis le commencement du xiii'" siècle la forme géné-
rale des cloches n'a pas considérablement varié. Ce qui pourrait distinguer
celle-ci des autres pièces sonores dont je vais vous entretenir, c'est la foi'me
ronde du cerveau, assez semblable à une calotte, ainsi que le vaste anneau
de suspension auquel sont fixées quatre anses doubles. Il faut bien l'avouer,
la forme générale de notre cloche n'est ni belle, ni sévère : la courbure du
vase est trop roide, et la patte a bien de l'importance. Quant à l'inscription
placée à la base du cerveau, elle est certainement des plus curieuses; et,
chose singulière, je l'ai retrouvée modelée, en d'autres caractères bien en-
tendu, sur une cloche bourguignonne du xv!!"" siècle. La voici au (juart d'exé-
cution avec ses nombreuses abréviations. On ne peut lui donner une autre
interprétation que celle-ci : cuuistls vi.xcrr. curistls régnât, chuistis
IMPEKAT. MiLLESiMO DLCE.NTESiMO SECUNDO. Ccs lettres, clout je crois avoir
scrupuleusement reproduit la forme, sont, malgré leur iri-égularité, des ma-
juscules romaines : le T du mot « imperat » prend déjà cependant la forme
qu'il conservera pendant le xin' et le xiV siècle. « Un caractère tout parti-
culier (dit y\. Villers) rend celte inscription curieuse : c'est la singulière
218
ANNALES Ali Cil KO LOfi 10 11 ES.
DriK'ineiit.iliiHi (|iii pirside à son ensenil)l(\ l.;i roniic de cliacun dos inciiilires
des caractèl-es semble avoir été inspirée par relie d'osseiiieiils hiiiiiaiiis.
de léinui's contournés suivant le tracé' des lettres et dont les condyles créent
un ornement aux exirémilés. In simple caprice inspira- t-il cette liizarre
décoi'alion à la main du fondeur, ou bien la cloche, oniée de ces carac-
tères lugubrement Heuris. avait-elle une anéclation spécialement funèbre? »
M. Villers me paraît être ici dans rei'j-eui'. Ja^s caractères de la cloche de
l''onfenailles sont façonnés, comme ceux qui exislaienl sur la cloche de Mois-
sac, avec deux (Ilots de cire appli([ués sur le modèle et terminés à leur extré-
1. — INSClIll'TKl N llE L\ CI.CHMll.; |i IC F O \ T i: N A I L I. E S.
(■ur.i.t;'rcN lie l'.in li.fi, ,iu qiKirl Jb l'exérutiuii.
a=)
iiinl|i^T7C>''iHril|IHIIiiM.i'll.'
Q^
mité par une petite spirale ou volute. — Mais de là à des ossements humains,
il y a loin assurémiMit. Il est vrai ({ue des cloches ont eu pour mission de son-
ner spécialement pour les morts : la cIocIk' de Bayeux. (|ui portait le nom de
niortitaire, y'iewi en témoigner; mais si celle de Fontenailles avait une aussi
lugubre destination, ce ne sont |)oint les caractères de son inscription qui
viendraient le révéler. — (^)uant à la (lualité du métal, il est dillicilo de l'ap-
précier, l'instrument cnlier étant hirtement oxydé.
A propos de l'inscription de la cloche de Fontenailles, je viens de citer
plus haut la cloche de l'abbaye de Moissac, que les « Annales Archéolo-
gi(iues n ont fait connaître par un dessin de M. Viollet-le-Duc ^. Ce remar-
quable instrument, qui. vous le savez, n'existe ])lus. était plus précieux encore
que la cloche normande. Son inscription, par exemple, pouvait passer pour
une merveilleuse page d'épigraphie campanaire; et il m'a toujours paru
1. Voir le-; « Annale.-; Archéologiques », vol. xvi. p. 325.
KTCDK sn; I.KS CLOniKS. 219
regrettable, je dois vous l'avouer, (jue '■M. Viollel-le-Duc n'ai! pas pensé à
développer cette belle inscription dans une seconde planclie. l/ensenil)le de
ce monument de bronze. ;j;rav(' à nno échelle assez i^rande quant à la l'orme
générale iH au\' prolils. deviciil insull'isanl . cependant . pmn' doniK^r une idée
exacte tie la ricliesse et de r(Hi'<;'ance di's lettres d(> l'inscriplinn. NOus n'igno-
rez pas (|ne M. \ iolli'l-lc-Duc a l'ail don an miisé(; de (^luny d'un csiani-
page en plâtre, parl'ailemcnt réussi, de la précieuse inscription de Moissac.
En examinant dernièrement encore ce beau monlagi'. y', pensais à compléter
d'une seconde planche l'illustration de la cKw-he du xiir' siècle commencée
|iar les <i Annales Archéologic|ues »..rai donc, sans plus de t'ormalit(''s. disposé
sur le nîétal ces i)elles lettres lleuronm-es si iim'es et si i''léganles ; et j'ose
espérer (pie ni vous, ni les lecteurs des « Annales ». ne me saurez mauvais
gré d'avoir osé compléter un travail commencé par M. Viollet-le-l)uc.
L'inscription supérieure, composée des trois mots -j- s\i,vk iii;(;in\ aiisk-
lUCORDiP.. a été tracée an moyen de petits likîts de ciie applicpi/'s sur le
modèle de la cloche ; et l'on ]ieut voir comment, avec ce proci'dé, le l'ondi'ur,
ou |)luiôl l'artiste du xiii'' siècle, sut varier à l'inthii chacune (h's jolies jellres
de la pieuse invocation. M. Viollet-le-IJuc. (jui montre aussi dans sou ': Dic-
tionnaire d'architecture )> une de ces lettres de grandeui- même d'exécution,
ajoute que « la fonte de celte cloche était tellement pui-e. que tous les lins
linéaments de ces letln^s iMaienl |iarl'ail(Mnenl \enns. et les sceanv aussi nets
([u'une empreinte de cire d'Espagne' ». Kn ell'et. l'estampage exécnli' sm-
la cloche de Moissac est lui-même d'une grande finesse, et vient conlirnu^r le
dire de l'énn'nenl architecte. La seconde ligne <le rinscri|)tion . tout l'ii n'of-
frant pas le même intérêt artistique (|ue la première, est cependant drr^ pins
remarquables : elle montre des lettres d'une forme ti'ès-élégante; ell(> indicpie.
de plus, l'âge di; la cloclu; (M nomme l'aiiisle (jui fondit en même temps li's
autres instruments de bronze, compagnons de celui-ci ; insirumenis (|in j)or-
taient, selon toute probabilité, le nom des apôtres du Christ. La clo('he de
l'église abbatiale de Moissac était la seule, paraît-il, des douze vases fondus
par Godefroid, qui ait pu parvenir jnstprà nous. L'année 1<S'|5 vit sa lin : elh-
fut fêlée |)ar des sonneurs tro|) ai'dents et refondue peu de temps a|)rès ;
« mais on se garda bien, » dit encore M. Viollet-le-Duc. « de lui doini(>r son
ancienne forme » .
L'inscription en lettres lleuries, l'invocation à Marie, reine de la miséri-
corde 2. est [)récédée d'mie croix et d'un médaillon à deux [)ointcs, au milieu
1. « Dictionnaire d'arcliilcclurc », vol. m, p. i8l.
î. Voir la [ilanciio mise en tùlc de cet article.
220
ANNALES ARCllKOLOGIOUES.
duquel j'ai cm voir, sous un dais porté par deux colonneltes, l'apùtre saint
Paul ou peut-être même saint Pierre, car le personnage en question me paraît
tenir en main des clefs et non une épce. — Cependant, si on en croit l'inscrip-
liiui. c'est saint Paul que nous devrions voii- ici : malheureusement, la légende
modelée sur la hurdure de ce sceau, légende qui aurai! pu nous renseigner à
ce sujet, est complètement illisible. Vient ensuite, entre les mots salve et
liF.ciNA . un second médaillon, circulaire cette fois, entoui'é d'une inscription
également illisible, mais au centre de kupielle on voit très-distinctement une
petite clochette, entourée d'un cordon quadrilobé. Ce doit être la marque et
comme le sceau du fondeur, ([u'on l'etrouve encore à la fin même de l'invoca-
tion à. la vierge Marie. Un autre médaillon à deux |)ointes, placé après le
mot UEGiNA, m'a paru contenir une tète humaine entourée d'ailes enlacées et
accompagnée, peut-être, de l'aigle, du lion et du bœuf, attributs des évangé-
listes ; ce serait, dans ce cas. un véi'itable tétramorphe comme les Byzantins
aiment à le figurer. Il est impossible de rien affirmera ce sujet, car l'estam-
page, malgré sa parfaite réussite, ne donne, quant à ces médaillons, qu'un
modelé vague et assez infumie. Enfin, on remarque, après le mot miseri-
CORDIE, une jolie petite vierge assise que je reproduis ici de grandeur même
• î. — SCEAU DE LA VIElUiE, S i: U I. \ l'.LOCIlE DE MOISSAC.
(irandeiir iruxt-nitioti.
de l'exécution. Entourée d'ini oi'le à deux pointes. 'elle tient en main un
sceptre terminé par une Heur de lis. 1/enfant Dieu est assis sur les genoux de
sa mère et paraît tenir quelque jouet de la main gauche; la droite doit être
bénissante. — Il est nimbé, ainsi que la Vierge. Quant à la légende, il est
absolument impossible de la déchiffrer; mais je ne sais pourquoi je me figure
qu'elle l'épètc les trois mots : sm.ve i\k(;l\a misericoudie.
Kiinr. SI i{ LES ci.ociii'.s. 221
J>a ?ccoii(!e li.niic de riiiscriplidii i^ûiiéralo se lit ainsi :
ANNO noMIM MII.LESIMC) (( |,\\ Ti:i;i lo f. UFRIIIVS MK rrclT ICT SOrlns MKCIS l'WI.VS VOCCU
Elle est iiKidcl/'c (^n cai-aclri'es l)eaiic«iii]» plus prlils ([in' ceux de la ligne
snpérieuri'. l'Ile est égaliMiieiil s(>m(''e de pctils sceaux eoiiliiuinl une église
avec son elociier el une llnn- de lis. Il est à l'enianiiiei-. en onti'c. (jne les I
sont barrés on pliilùt jion('s en loin' milieu cimiine la l)i'anclie renlrale des M ;
les T v\ \r> \ aireelent nne l'orme assez particulière, rarement usitée dans
les inscriptiiins de cetlc i'p(i(|ue.
Si de ce l'egrettahle iiislrinm'iil du xjii'' siècle, dont il ne reste nuiintenaiit
(|ue (les gra\urcs. nous voulons passer à un di' ceux qu'il m a l'U- (l(inn(' do
voir, il nous l'anl aller dans rancienne et curieuse Nillcdc Si-ns. Là. dans une
des tours de la cathédrale, nous retrouverons encore une cloche très-digne
d'intérêt, bien ([u'elle soit postérieui'e de |)hrs d'un siècle à la cloche de
Moissar. l'"ort i'emar(|uaL)le |)ar ses Ix^lles |)ro|ioi'tions , elle me piu'ail cepen-
dant loin d'atteindre à la sévérité', à la [lurelé de l'orme de celte dei'nière. (jui
pouvait ccriainement passeï' pour ini ly|)e. mi modèle de cloche gothique. La
cloche en (jnestion. servant de limbre. rem|)lit encore régulièrement ses fonc-
tions; elle se voit dans une riche lanterne ou beil'roi ajouté, vers 15!20. à la tour
proprement dite. Cette lanterne rem])lace elle-même une guérite en l'orme de
toin-elle. servant jadis de guette à la ville. Je lis en outre, dans les « \\r-
moires (li> littérature » . (|ue (Iharles V paya la moitié' d'une lantei'iie de bois
faite pour contenir une horloge placée au sommet de la cathédrale. Th. Tarbé.
dans ses recherches historicjues sur la ville de Sens, nous apprend ([ue « cette
horloge fut faite par Pieire Mellin. horlogeui' du Roy. et mise avec sa cloche
nouvelle au-dessus dt; la tour de pieri'e. en déceml)re l.'>77 ". Charles V
voulut donner, à cette occasion, ajoute-t-il. une sonnno de ."iOO iV. d'or. Dans
un compte di.' la ville de l'an J^TÔ. on voit aussi (|ue le droit de maille sur le
pain, accordé l'aimée précédente par une chai'te de Louis \l. é'tail destiné à
l'entretien de cette même lioi'loge. L'inscription du limbre de la cathédrale de
.Sens vient effectivement confirmer l'exactitude de tous ces faits, et nous
apprendre que le roi Charles V lui-même fui parrain de l'instrumenl. On y
voit en oidre ([ue le timbi-e, fondu aux fi'ais des boui'geois de Sens, pèse plus
de sept mille livres. Voici cette inscripition remaiiiuable, ji.' l'ai déjà dit. par
la beauté de ses caractères :
+ r.iiARi-KS AV NOM l'ouii r.i: ri(iv nr: riiAMi; vm-.m i:t rus l'oisn i:x bai. \mi; li:s uniR-
GEOIS DE SENS ll'oNT FAIT lAlUi: LAN MllCLWV I IN CE^T OKLOGE Ji; SUS MISE DE LEVll
CHATEL A I.EVH DEMSIC + NO.MEN MIU.IM.l.M DlCd MAIUA
xMi. 29
2-2-2 ANNALKS ARCII KOLOr, IQL'KS.
Les (liiiioiisidiis de cette clorlie sont (l(''j;i ,t;-i'aiKles, et sa largeur. (]ue j'ai pu
luesiircr à la hase, est de 1 iuMi'<' Ô2 cenlinirti-es.
Tout aiipi'i''s de ee "m'os et gi'ave iiistruiiii.'i]t . nous en voyons deux autres
plus jjetils. f|iii ont (Mi'' fondus pi'esfpie en même temps. I.eiu' insci'iptiou.
rédigée également en langue française, fait mention cette fois du fondeur.
Voici seuk'ment une des inscriptions, car il es! dangereux de chercher h
li's lii'e : ces clocholtes sont l'une et l'autre suspendues en partie iioi's du
hellViii.
-{- LAN MCCC.I.wn IMll 11 M'.NS Mi; FIST JKIUN J|>IV|;NT1C IMlt 11 C.IIANTKR DIEC. AV NOM FIUN-
i.;ois M (i: i.i\iti;s l'oisi; oi i:N\ntoN. i;rA>.r dm.
Ce petit limhre mesure ôO centimèii-e,s si.'ulement à sa base.
Les trois timhi'es précit(''s sont, après la cloche de Fontenailies, les plus
anciens (pi'il m'ait ét('' donm'' de voir. Ils existent précisément dans cette
curieuse \ilie de Sens, jadis ci''lè!)re par sa l'cmarcjuable sonnerie, cjui passait
non-seulement pour la plus aiicieuni' de toute la France, mais encore pour la
plus complète et la plus harmouieiis(.'. l'eut-i'-lre n'est-il pas imitile de rap-
portii' ici une lé'gendi' du \ ii' siècle, au sujet d'inie des cloches primitives de
la vieille cité sénonaise. (]<_•[ instrument d'airain, si l'on en croit la tradition
fort r('|)andue même aujourd'hui, se mit un jour à sonner seul et de lui-même.
\'oici l'événenicnf (|ui donna lieu à cette espèce de prodige', que les légen-
daires l)ourguignons ont placé au nomljre des miracles de saint Loup, évêque
de Sens :
« En GJo, 1) dit M. Th. Tari)(''. u Clotaire II. l'oi de Soissons, voulant s'em-
parer des étals de Thierry IL l'oi de Bourgogne, qui vi.iiait de décéder, envoya
une armée pour atta([uer Sens. Alors saint Loup, craignaut pour son peuple
les désordres qui suivent ordinairement la guerre civile, entra dans son église,
et fit sonner la cloche nommée Marie, pour a|)peler les lidèles qui vinrent se
mettre en pi'ière avec lui. Dieu les exauça : les ennemis, dont les oreilles n'é-
taient pas encore faites au bruit d'une cloche aussi grosse, fui-ent saisis d'une
terreiu- subite et se retirèrent aussitôt. Mais, (lueUpie temps après, Clotaire
s'étant rendu maître de Sens, lit enlever la cloche qui précédennnent avait épou-
vanté ses troupes, et la fit transporter clans son palais de l'aris. J^a chronique
rapporte ([n'en sortant de Sens la cloche perdit entièrement sa voix. Devenue
alors iiuitile à Clotaire, ce pi'ince la renvoya ; mais, une fois arrivée à Pont-
sur-Yoïuie, elle recou\ra la paroli_^ et elle résonna plus liarmoiiii'usement que
jamais. » — Les siècles qui voyaient ces faits merveilleux sont déjàbien loin de
nous : à l'épotiue où nous vivons, les cloches interviennent rai'ement dans les
KiroK sri! i.Ks ci.oc.iir.s. 22.5
guerres des peuples, si o' iTe^t. loiilcrnis. pour ct'k'bn'r la victoire d lui Irioin-
pliateur ou l'aire eiileiidro dans les émeutes civiles le son terrible du tocsin.
La cloche miraculeuse de Sens était aussi connue, parait-il. sous le nom de
cloche de saint l.oup. Plu-ieurs l'ois refondue depuis l'année 013. elle 1 ain'ait
été ime dernière fois eu \'r2'\. awc un insli-umenl de méine ualure noiium''
-Saviniennc. l'.lie fui fêlée, dit-on. imi septembre 17'.)-2. en sonnant l'assemiili-e
électorale cpii se tint à Sens à celle é|)oque. Descendue peu de lem|)s après
de la tour de plomb qui la contenait, elle fut transporté(> à i'ai'is avec sept
autres cloches séiionaises (|ui. (rinsirumeiits |iacirK|ues et reli,i;iiMi\. (le\iiH'eiit.
comme tant d'autres, des enjoins de destruction. Plus loin. ;i l'occasion dos
deux gros bmu-dons de la caihédrale. j'aurai de nouveau à vous entretenir de
la sonuerie de .Sens, eneorc fort remai-(|uable à cette heure. La méthode ([iie
j'ai ado])tée de décrii'e par ordre d'ancienneté; les \ieilles clociies ([ue j'ai des-
sinées, nous oblige doue de lais-er mi instant la curieuse cité de Sens, pour
aller plus près de Paris, dans un i)ays également fort intéi'essanl. Je \cu\
parler de la ville d'I'ltampes. (|ue vous avez visitée, je crois, et où vous avez
vu sans nul doute lacui'ieuse. l'étrange basiliifue de Nolri'-Dame. au plan si
irrégulier, à l'aspect si bi/.ari'e. mais toulel'ois fort remarqu;il)le et digne d être
étudiée. Peut-èli-e n'aure/.-vous pas eu le temps de i lier dans cette gracieuse
flèche, élevée à l'avanl de la façade principale, et qui peut passer hardiment
pour un des plus élé'gants. dr> plus beaux clochers encore debout dans notre
pays. I>à. vous auriez pu voir ime cloche datant de l'année 1400, remar-
quable non-seulement ])ar ses dimensions et par sa forme, mais encore par
une inscription singulière, qui doune à la fois le nom et le surnom de l'iustm-
ment. Les caractères ne sont déjà plus ceux du \iv" siècle : ce sont des lettres
dites gothiques, peu dilTérentes de celles emi)lo\ées au siècle suivant. J'avoue
avoir eu assez de mal à d'H-hillVer cette inscription, fort salie par le temps, et
dont les mots n'oll'rent aucune séparation ; mais j'ai dit (jue la mission de
rechercher les anciennes cloches oiVrait bien des ennuis, sans compter de nom-
breuses déceptions. Le jiarrain de cett(> cloche, des plus illustres, n'est rien
moins que le duc de Berry, frère du roi Charles V et comte d'Etampes. L'in-
scription, (jue voici dans toute sa gauloise naïveté, est placée, comme toujoui's,
à la base du cerveau.
illiuir lU) nom cl nommcc la iircuiséc riuiriiii'i'if'' V'ii' 3ii)an ïutc ïif
Gfivu ^'^l:!llm^)rii lu nallcr — foiitr ni l'an ilUU — (ÊUf est mi en fouUe
pour Difu 3c5Uii lorv rt ini mlnr Ijonincr
Le nom du fondeur n'apparaît nulle part; maison voit, sous un dais en
226
ANNA l> i:S A l!C II KO L(jr, I O 11 ES.
l'eliof, la soiiilc Yicrse (l(.'l)iiiil . Ii'iiaiit rF.iifaiil divin, et. an càir ii|)|)(isi''. un
F.cci'; IIoMO (l"iui dessin iiniiossililc. tanl il est décliai'ni'. Fa » Grosse Eni;'rais-
séc » est très-longne de tnrnu' : clic niesin'e i nictre o."> de haut sans les
anses, qui sont tress(''es. 1| est inipi>ssil)le actuelji'nienl de la sonnera grande
voli'e.
II ne fiait |)as trop s'i''tonner de voir ee snrnoni grotesf[ue donné an moment
même de sa fonte à la grosse cloclie d'hllauipcs ; ci^t usage était assez fré-
c|nenl an\ xiv" et \v' siècles; et je vois dans dum lîasilo Fleurean ', qu'en
lo^tJ on |)laca dans la tour de Saint-l'ierre-Kmpont . à, Ftampes, une cluciio
désignée sous le nom de (arvssic-Rir.Ari). File avait mission d'avertir les habi-
tants avinés, ou en l'èle dans les cabarets du faubourg, de rentrer en ville,
parce que les |)(}|-tes allaient se fermer.
Un siècle pins lard, l'u lù^o., Benoist Bessière. abbé de Morigiiy. fit faire
une clochi' d(_' grandes dimensions appelé'e le (jkos-Ski>'(; -. comme le portait
son insci'iplion. Je me suis assnn''. en visitant dernièrement les restes de l'église
abbatiale de Morigny, que cette cloche n'existait plus depuis longtemps.
Puisque je snis à celte heure transporté en imagination au milieu de cette belle
vallée d'F^tampes. qu'on ne saïu'ait trop admirer, permettez-moi de vous citer
trois cloches, également de Morigny et de|)uis longtemps refondues, mais dont
les inscriptions nous ont été conservées par dom Basile F'ieureau. On lisait sur
l'une d'elles :
iîlciitrm saitiiam spoiittuu-um l)oiiovfm "Oco rt jjalrini-
libcratioiu'iu — fusmctifaictfô tinitcs ti'oiepurfihT 3rl)aii luiinrv l'un 1-413
Je lis maintenant, dans mes notes, l'inscription d'une cloche que j'ai vue.
il y a déjà longtemps, dans la remar(iiiable église de Villeneuvc-le-Uoi,
4. — CLOCHE TE VI I.I.KMCtlVK-SUfl-VONN E.
Lettre nrnê-; , xrv'-w^ siètK^.
< . - Histoire d'fttampes ».
1. Du mot latin « siyiiuni <\ qui si.u'uifio cloche ou instrument propre ù iloiiner un siijnal.
m'iuv. sn; lf.s (-.loches. 22.')
aujoui'il'luii VilliMii_Ni\('-siii-Vniiiii'. l'I (|iu (loil r^li-c f.oalt^iiipDraiiio fl^ la ,;j;ro.-ise
cloche d'Etampcs. pinil-èire iiuMiie plus anriciine. si l'on s'en i"ap|)oi1e à la
foriiio des caractères de l'inscription. Celle-ci, préi;édi';e d'une croix lleurdc-
li.-^ée. ne forme (|u'uiie seule li,L;-ne : toutes les lettres .<ont oi-néos v\ rentei-
ment. en outre, dans Iciu' iiiti'rieur. d'autres lettres plus petites et des clo-
cliett(>s micro>copi([ues. .Vu lieu de letti'es. ce sont aussi p.ai't'ois des rinc(;an\
ricliement variés. Voyez, plirs haut, luie tles lettres dp la cloche de Villeneuve.
J'ai pu lire as.sez tacilenient l'inscription pro])renient dite. qui. par exception.
ne contient aucune date, mais où ciuuiue mot est .séparé par trois points ran-
gés verticalement.
+ MicssuiKS ; jKiiw ; i)i; [ cMiMiaiV ; Clin-; ; DE \ cKSTK ■ EGLisi: : i:v :
Il est à présumer (|ue Tinscriplion intihâcure vient compléter la première et
peut-être nommer le fondeur; mais, je dois vous l'avouer, pressé' par le
temps et abasourdi |)ar les cloi-hes voisines sonnées à toute volée pendant ([ue
j'étais là, je n'ai pu. à mon gi'and regret, parvenir à dé'chitrrer cette dDiihii;
inscri|)ti(jn. Je laisse à d'autres le soin d'aiîhever la lecture interrompue, .l'.d-
lais oublier devons parler du .s(_'eau du fondeur, dont la forme est circulaire
avec une inscription illisible à l'œil nu, mais où l'un voit |iarfaitemenf , au
centre du médaillon, une clochette en relief semblable à celles des letties de
l'inscription. La cloche de Villeneuve-sur- Yonne est de dimeirsions très-;jrdi-
naires, mais d'une forme as.se/, élégante.
• ). — ci.of.riK [)i: sANciii: VI LLi:.
Fraj^mi'iit déposé .m musi*e lie Chartres.
Voici maintenant, non pas une cloche entière, mais un simple fragment.
dessiné en pa.s.sant au mu.-ée de Chartres, où il est déposé, et qui pourrait
■22() ANNALES ARCIlEOl.Or.KU: F.S.
datei'. si l'on s'en rapporte ;i la tournure des personnages, de la première moi-
tié du xV siocle. Ce dobris provient de la cloche paroissiale de Sanelieville
(Kiu'c-et-Loir), fondue par un nommé Fluas. On voit en relief, sur ce frag-
ment, au commencement ou à la fin de l'inscription, deux élégantes figures,
dont l'une est assurément la sainte Vierge, tandis que l'autre personnage,
muni dailes. poui'rait èti'e l'ange (iabrid. Dans ce cas. il faudrait voii' ici une
Aiinonciation. Les deux tli;ui'cs sont très-bien venui's à la fonte, et d'une
grande llnesse de modelé ; mais j'ignore si la cloche de Sancheville contenait
d'autres persomiages ou em])lèmes, et (juelles étaient ses dimensions.
Ja cloche ((ui vient ensuite est celle de l'église Saint-Jean, à Joigny. curieux
et remaniuable édifice de la renaissance. Elle date de ililo et, de])uis cette
épo(|ue. elle sonne les heures aux habitants de Joigny. Ses dimensions sont
déjà grandes : elles donnent 1 mètre [\0 de largeur poiu- la base, et J mètre 20
de hauteur sans les anses. Voici son inscription, que j'ai eu beaucoup de mal
à lire. I)ien que j'aie été obligeanmient aidé dans ce travail par le vicaire de
Saint-Jean :
31)6 — in + iîl(C(E€((I.Yj3J — Gi luosôf iUul)r ^c la jucllr a ht f" rt
nom' par i!V diurne rt trinu par lioiinnir niu-c ^cmoi6rllf Oavbr ôacrr.
JDirii U'ô ail en sa cjarïic — CiUô br iîlot.' n^l•if^ cotr ^c 3iiiivio tfiiirn
ri CIjailottf fotresc ^r gvûiiîi rnum — la cUuljc poiêiC par arrcct trois
mil CCCQI
Voici, de plus, un ('<-usson soutenu par deux anges munis de j)almes, qui
doit être celui de maître Aymé et de demoiselle Barbe Sacer, parrain et mar-
6. — (.LOCHE DE JOIGNY.
Écusson (lu parrain Pt iK- la marraine.
raine de la cloche et peut-être mari et feunne. En outre, je donne ici, comme
un petit monument intéressant d'iconographie, un médaillon que je reproduis
aux deux tiers d'exécution et qui offre la vierge Marie debout, entourée de quatre
anges ; deux de ces anges soutiennent une couronne au-dessus de la tète de
KTL'DR SIT, LKS CI.OCIIKS.
2'27
la reine du cid. tandis (|iic les deux autres sont agenouillés et munis chacun
d'un nami)eau. l'articularili' curii'iisi'. l'inscriiilion tracée autour de cette espèce
— CLDCii i: I)f: joii. m.
Ivussiui tic la vier^o Nïari«'.
de sceau est moitié latine, moitié IVançaise ; elle se compose de ces cjuatre mots :
vluf illrtvitt — notre Dame
Des fleurs de lis si''|)arent ces mots et l'écusson di' France couronne an
sommet cet écusson de la Viei'ge.
Le son de ce timbre de Joigny est à la l'ois mâle et pirin.
Il faut maintenant, cher monsieur, vous laisser conduire dans un anli(|ue
village de la haute Bourgogne, à Saint-l'Jniland. diocèse d'Vuluii. I''eu .lo.-eph
Bard m'avait signalé dans h' temps l'église de cette parois>'' connue exlrémc-
ment remarcjuable, et je m'étais assez considérablement éloigné de ma route
pour la voir et l'étudier au besoin. Cette petite église, datant en partie du xu"
siècle, est en effet assez remarc[uable. L'abside et la l'acade |)rincipale présen-
tent surtout un grand intiMvt. J';ii n'mar(|ué' aussi, à rinlé-ricur. une charmante
piscine du \v' siècle et une armoire en pierre de la même é'poque , contenani
le chef de saint Émiland, dont le toml)eau se voit encore, tout pivs di' Hi.
au milieu du rusti(|ue cimetière du village. Après avoir suOisannuent exann'né
toutes ces choses d'un intérêt plus ou moins grand, je voulus monter dans la
vieille tour romane percée d'étroites baies cintrées. Cette tour, je l'aNuis vue
228 ANNALES AliCIIKOLOGlOUES.
ûc liiin. dans lavalitk'. di)ininaiil les maisons du pays. Malgré d'activés
rechei-ches, il ine fut impossible de découvrir la porte du clocher ; et je i-eiujii-
çais déjà à la chercher davantage, quand le sacristain vint me prévenir
qu'elle n'existait point. On est obligé, me dit-il, de monter au clocher par
une échelle extérieure appli(|uée à l'une des nuverlui-es d'en bas. Conduit au
pied de l'échelle, je me disposai cà suivre mon guide, malgré le peu de sécurité
ollV'il par ce modo d'ascension. — Après avoir traxersé tl'obscurs passages,
marché sui' des planchei's d'une solidité douteuse, accroché un certain
nombre de toiles d'araignées et m'ètre à diverses reprises rudement cogné la
tôle, je me trouvai enlin en présence de trois vénérables cloches, véritables
monuments de Iji'onze, diU'érents d'âge, de forme et de dimensions. N'étais-
je pas payé de mes petites peines?
J.a moins grosse de ces trois pièces de bronze est la plus ancieinie et peut-
être la plus remarquable. Très-longue de forme, étroite au cerveau et cerclée
de moulures à peines saillantes, elle n'olïre pas la l'orme généralement adoptée
par les anciens fondeurs. Elle date de illoli et mesure en hauteur comme en
largeur GO centimètres, identité de mesures ([ui donne une idée de son
manque é\ideiit de propoi-tion ^. Je n'ai pu entendre si le son en est beau ou
laid, grave ou aigu; cet instrument, fêlé depuis longtemps, m'a-t-on dit,
est condamné au silence. Il a vécu. Il est placé sous le patronage de saint
Pierre, et son inscription, des plus laconiques, ne contient, avec la date,
qu'une invocation à ce saint apùti'e.
+ 3tj5.i iîlavta — lîanctf prlvr ma ;no iiobiô
l'nii mil CCCfAMA'jaJi
Les caractères sont encore gothiques, sans ornementation ; les mots séparés
et d'une lectm-e facile. L'inscription, en une seule ligne, se montre dénuée de
tout lleuron, de tout ornement. J.es sujets iconographi(iues |)lacés au som-
met du vase, sous rinscri|)tion, sont en revanche assez caractéristi([ues : c'est
d'abord le Christ en croix et saint Pierre, patron de cette curieuse cloche ;
puis saint Michel, l'archange guerrier, le roi des airs, le protecteur de toute
chose élevée, qui combat et terrasse l'esprit du mal. Le guerrier céleste, d'un
beau dessin . tl'un mouvement juste et vrai , est armé d'une croix et non
d'une lance. Entln, un quatrième sujet rc})résente un saint dé'uué de tout
attribut et dont il devient dilhcile. jiai' consé(|uent, de trouvei- le nom.
1. GiMU'i^ilciiicnl les cloclies ancicnnos, niènic Ins inoderiies, sont plus kirgos que longues : il
est f;u-ile de s'en eon\uinerc en veiiluint toutes les climi'nsions que j'ai déjà rii|i|ioi'tees, ou que
je \;\is donner encore.
KITIiF. srr, I.KS CI.OCIIF.S.
229
Je 110 veux pas f|iiitt(>r le vieu\ cloclioi' roiuau de .Saiiil-lMnilaiid sans vous
décrire les deux autres cluclies ([u"il coulieul encore. Ce sera, je le sais, inlcr-
roinpre un peu l'ordre chron(.ilngi(|ue adopté; mais veuillez vous rappeler, je
vous pi-ii'. (jue s'il est difTicile de mouler dans cetle rusti(iue lour romane, il
n'est i;;ui''re plus facile d'i'ii descendre, l'.n consi'qui>nce. jo vous demaudi' la
permission d'y donicni-cr jus(|u'à la lui de ma (lrscri[)linn.
La seconde pièce de Sainl-l'Jnilaiid, la j)lus grosse des trois, mcsui-e 72
centimètres en hauteur et 9'2 à la hase. Vous le voyez, c'est là une dimension
assez ordinaire et qui ne doit être remarquée que comparativement, l'oudia^ en
1/|91 , cette cloche est de plus de cinquante ans moins àgi''e cpu! la cloche
précédente. La l'orme en est gracieuse et belle, K; son vibrant, mais elle est
veuve de pers(junages ou suji.'ls iconogra|)hi(|urs. 'l'oulo sa, riclii.'ssi! est con-
centrée sur l'inscription où l'on remar(|ue un nombre considérable de lleiu'ons
cl d'arabesques. Les moului'cs du cerveau, comme ('elle de la pansi-, sont fuie-
ment et vigoureusement accusées ; les anses très-courbées, mais sans décora-
tion. Quant à riuscri|)lion , composée d'une seule ligne et placée comme
toujours à la base du cei'veau , elle est [U'écédée de la petite croix ornée cpie
voici :
s. — ci.or.iii: 1)1-: .'^a i.nt-i':m i i.am). 1191.
Animes .liioratcuis île la rroiï.
L'inscription comprend los premiers mots de la Salutation angéliquc, suivis
y. — CLOCHE m: saint-i:mii.and
Monogrammes de Jébus-Chnst.
à leur tour de deux monogrammes du Christ. Ces derniers sont entourés d'un
quadrilobc.
XXII.
230
ANNALKS AliClIKOLOGlOUES.
Voici riiisrriplion :
+ 3iu- illiuia gvalin plriui Dus Irai aniui fui iî\€C€Q"Q'.\'.H3
('lia(]iii' mol so liMiive si'pan'' par le pcîlil lliHiron suivant :
\{) — (,l(m:iii; de s.\int-i';mii. \n d.
l'imiroii (h: si'iiaraln'ii.
La cloche moyenne de Saint-Kmiland est moins ancienne encore que les
précédentes; elle remonte presqu'au milieu du xvi" siècle : 1540. C'est donc
une pièce fondue à la renaissance, mais riche cependant de décorations ico-
nographifiucs et, de plus, parfaitement venue à la fonte. Le métal brillant et
fin est presciue blanc , le son à la fois éclatanl et harmonieux. Quant aux
dimensions de ce corps sonore, elles soni de (JS crnlimètres sur !^0. Les anses,
en forme de cordes tressées, sont trop inipnrtanles pour le vase. Ce dernier
m'a aussi paru trop étroit par le bas. Malgré tout, cette petite cloche est
vraiment belle, bien réussie et parfaitement conservée. En voici l'inscription :
+ 3. fulgmr rt trmprtilatf libfra nos Duc
Cette inscription se trouve précédée d'une petite plaque rectangulaire, sur
laquelle on a représenté le chilTre ou monogramme du Christ, suivi de celui
de sa mère. L'M de la sainte Vierge conserve encore la forme ancienne, et le
11. — CLOCHE DE SAINT-ÉMILAND.
Monogrammo de Jésus.
jambage du milieu est formé d'une petite croix i. Chaque mol de celte iiivo-
r 11 me semble que le uionoiiramiiie de Jésus, uis, e.t superposé non pas au monograuin.e Me
KTCDE SCR LKS CLOCHES.
2:m
cation csl séparé par un i)uslo de soldat casqué et par une sainte Barl)e en
pied, près de sa tour. Ce i)etit soldat. (|ue voici, porte un casque à i)ointe
niétailif[ue comme en |iort(Mit les soldats prussiens d'aujourd'liui :
12. — ir.onii: m: - m n r-ini i r. \M)
(juant à sainte Haibe. elle tient de la _i;auelie la palme du maris re et touche.
de la droite, la tour syml)oli(|ue d'où procède sa force et (|ui eu a l'ait la
patronne de ceux (|ui démolissent les châteaux et les tom's. Saint Michel est
13. — CLOCHE I)K .SAINT-EMILAND.
Saint»^ B.iiti'- lirvant um- tuiir i:rénel.>?.
absent cette fois; mais sainte Barbe, la i)atronnc des artillein-s. (|ui com-
mande au.x éclairs, à la foudre et aux tempêtes, peut bien en tenir lieu. Les
deux seuls sujets modelés en dehoi-s de riuscription sont : le C-hrist sur la
croix, entre la .sainte Vierge et saint Jean, et une assez grande croix ornée de
rinceaux compli(iués et de masques grimaçants.
Je crois avoir tout dit au sujet de ces trois voix d'airain, dont une; .seule est
muette à cette heure. Mais ne faut-il pas avouer (|u'il est vraiment surprenant
de rencontrer encore . dans un \illage des moins impoitauts, trois aucieiuies
la sainte Viorge, iiiaisà un alpha. A, et à un oniL>ga, n, boucle', dont le milieu .ocrait rempli par une
petite croix. S'il en est ainsi, le t^lirist serait dit le commencement et la lin dc^ tout, « Principiuin
et Finis », comme on le répète si fréquemment. Je soumets cette observation ii M. Sauvageot.
'Vote de M. liidron.]
232 ANXAI.KS AliClŒOLOGIOrKS.
cloclios romar((ual)l(\s ;i plus d'un titre ? \e serait-il pas curieux de savoir
coinmeiil elles ont \m traxerser l(.'s n'\(]]ulions et arriver <-i peu près intactes
jusqu'à nous? Je ne sais rien, hélas ! de l'histoire de ces trois cloches. 11 est à
présumer, cependant, qu'elles n'étaient point là avant 1793. Comment sup-
poser qu'elles aient pu écha]ipei' au décret de la Convention proscrivant toute
cioclu' superilue ? Devraient-elles cetlc favcui'à la itrotcclion de saint Hmiland.
dont les reliques sont conservées dans l'église ? En descendant du clocher
rusliciue, je ne demandais pas mieux que de le croire et je flairais déjà quel-
que précieuse légende jetant un peu de lumière sur cette singulière conser-
vation. Dans ces idées, j'essayai de (|uestionner mon cicérone ; mais celui-ci,
en vérital)le ignorant, me reçut fort mal et crut (|ue je voulais me moc[uer
de lui : les bonnes intentions ne sont pas toujours comprises.
Chagny, département de Saône-et-[.oire. nous oITre aussi, dans l'imposante
tour romane de son église, une cloche ou timbre ancien, datant de l/|/i9.
Comme la cloche de Gallardon, que vous avez publiée il y a (|uelques années
dans les « Annales ». elle a été fondue par les habitants du pays, roiR so.\-
i\EP. LKS uEi P.ES. ainsi que le constate l'inscription suivante, composée de deux
lignes placées à la naissance du cerveau.
C'aii mil ciTiUll rt }.V î>r 2X crus pour cnnna- les Ijurr nuit cl joui- tu
failli- piulre; Ijul'itaihi ^l' Cl!)ai)ny rncamblfs — iJUinsinu- îic Cat'if rt ^ûnu•
3cl)!U' île Uuf nu- fit (faire'?)
Cette inscription, par malheur, mancjue de clarté : les mots « de IX cens »,
placés immédiatement après les derniers chiffres du millésime, indiquent-ils le
poids de la cloche, qui serait alors de neuf cents livres ? Cela peut être, car les
dimensions de l'instrument répondent assez à ce poids. Je puis vous assurer,
toutefois, que l'inscription ci-contre est exacte. Elle a été fidèlement copiée
lettre par lettre et collationnée à plusieurs reprises. La date est d'ailleurs
assez clairement indiquée : il est facile de voir que les quatre L qui suivent les
quatre C expriment des dizaines et occupent la place des X à qui ce rôle est
ordinairement réservé. Quelques mots seulement sont abrégés, et tous les S sont
remplacés par des C. Ainsi, « conner » pour « sonner ». puis » encamble »
pour « ensemble » et « Cafré » pour « Safré ». La petite croix qui, selon la
règle générale, précède l'inscription, est décorée avec goût et ornée d'une
élégante fleur de lis à l'extrémité de cliacune de ses branches. La voici
à moitié d'exécution. Voici également à la même échelle le petit fleu-
ron qui termine l'inscription. Tous les caractères de cette obscure inscription
KTUnE SIT. LES CLOCHES. 233
sont fleuronnés, historié?, iiuiis en général mal venus à la fonlo ; c'est pour-
quoi je ne me hasarde point à en montrer ici un échantillon, l-a hauteur
I V. — CLOCHE DE CIIACNV.
Çroil qui précède l'inscription et fleurûii qui la ternntie.
■éh:
totale du timbre est de 71 centimètres, et sa largeur à la l)ase de 91 centi-
mèlres. On remarque aussi, sous l'inscription, ces petits médaillons décorés
de figures qui sont en ([uelque sorte traditionnels; on lis rencontre très-sou-
vent et presque toujours fixés à la même place. — Ici je n'en vois ([ue trois :
la sainte Vierge d'abord, avec Tentant Jésus dans les bias; le Christ en croix.
ayant saint Jean à sa gauche et sa mère à sa droite; puis, enlin. le chef de la
milice céleste, saint ^lichel, monté sur un vigoureux coursier et combattant
l'esprit du mal, figuré par un formidable dragon. Ces trois sujets, inscrits
dans de petites plaques rectangulaires, sont placés sous tro's dais ornés,
légèrement saillants. Quant à la croix, placée tout aupiès dos rsonnages en
question, elle attire l'attention par rabondance et la Onessc ues rinceaux dont
elle est décorée. Le temps m'a manqué pour en faire le dessin, qui serait fm-t
à sa place au milieu de ces lignes; mais en voyage, vous le savez, il faut trop
souvent compter avec le temps, et bien des désirs restent inaccomplis.
J'allais oublier de vous dire que cette cloche bourguignonne est ceinte, à
la hauteur du vase, d'une espèce de courroie ou plutôt de ceinture, ornée, de
distance en distance, de jolies petites fleurs à cinq lobes. Cette idée n'est-elle
pas vraiment ingénieuse? et la ceinture ornée, dont la boucle n'est point ou-
bliée, ne vient-elle pas remplacer avantageusement toute espèce de moulure?
Autre particularité : le marteau qui frappe les heures est une énorme boule,
un véritable boulet, fixé à l'extrémité d'une longue tige de fer. Tout porte à
croire que ce marteau est le même qui fut fixé là lors de la pose du timbre.
Je dois ajouter, enfin, que la cloche de Chagny possède un son clair et per-
çant, qui s'entend de fort loin, et produit un singulier contraste avec un lugubre
bourdon moderne fondu en 183/i.
La cloche de Santenay, département de la Cùte-d'Oi-. est celle de mon
23k ANNALKS ARCIIKOLOGIOUP^S.
pays n;ilal. C'est elle dont le son harmonieux m'a souvent porte à la rêverie
dans niiin cnfaore. lorsque j'hal)itais ce jjeau pays. Combien de fois, après
avilir qnillé rantiqiie village bourguignon, n'ai-je pas cru entendre boui-don-
ner à mes oreilles ce cher et doux instrument, doni la vibration se mêlait si
({('•licieusemcnt au souille de la l)rise. au iVissonnemeiit des arbres d(! la \ allée !
Ou est presque heureux: à ces souvenirs. (^ha(|ae fois f|u'iiu l'prouvi' ce |)lié-
noniène. c'est un gai rappel de la jeunesse, une journée entière de l'insou-
cianle et JDxcuse enfance fjui se déroule vaguement devant les yeux.
La cloche de Santenay date de l'année 1^75. Elle se V(jit dans l'énorme
lour carrée qui s'élève au centre de l'église, curieux moiunnent du xii" siècle.
Kn l'ciivant rcs mois. « dans la lour ", je ne suis pas toul à l'ait dans l'exac-
tilude : il serait ])lus juste de dire sur la tour, car l'instriuneut sonore esl sus-
pendu au milieu d'ime lucarne faite pour le contenir, il est donc fort difficile
de l'alteindre. encnre plus (lilTn-ile de le dessiner; et ce n'est pas sans peine,
ni même sans danger, (jue j'ai pu mesurer cette cloche et recueillir complète-
ment son inscription. Ses dimensions sont de GO cent, de hauteur et 70 cent,
de largeur à la l)ase. Sa forme, très-heureuse. Irès-éludiée, dillère peu de
celle du timbre de Gallardon publiée dans les « Annales »; toutefois, elle m'a
paru plus élégante encore. Le métal est fin et coloi'é : je ne serais pas surpris
que le cuivre entrât pour une très-forte partie dans sa composition. Le son
de celte pièce de bronze est , (hi reste, parfaitement harmonieux, et la vibra-
tion s'en prolonge iudiMiniment. .l'ai remartiué au>si ([ue la cloche en question,
foi-t épaisse à sa base, là où h-a|)[)e le ballant, devenait extrêmement mince à
la liauteur du cerveau : celte épaisseur, très-sensiblement inégale entre la
base et le sommet du vase (diU'érence qui existe avec plus ou moins d'évi-
dence dans toutes les cloches dont je vous entretiens), doit contribuer à
donner à celle-ci cette prodigieuse vibration que je n'ai entendu nulle part
aussi accusé'e.
L'inscription de la cloche bourguignonne, placée sur la circonférence du
l'erveau, est composée d'une seule ligne de caractères gothiques et ileuronnés,
ayant G cent, de haut. Les mots ne sont point séparés entre eux et sont vrai-
ment dilUciles à déchifirer. 'Voici cette inscription, dont les abréviations sont
nombreuses :
+ Jus auf ma 91a plca Elus trcii CiHCCiECLOt)
l'our doinier une idée de la richesse et de l'élégance de cette inscription,
voici encore, à moitié d'exécution, deux lettres prises au hasard, E et P.
ÉTUDE SUR LES CLOCHES.
235
sANTKNAV.
I.ellres de Pins* ri|ttioi).
J'ajoute à ces dessins la jolie petite croix qui précède, coiniiu- toujours, l'in-
scription. On sent, aux fins rinceaux qui acconi|)agnent et décorent cette croix
à branches égales, que la renaissance n'est pas bien loin.
16.
— CLOCIIi; DE SANTKNVV.
<roix qui prôCL-tle rinsi'ri|>liLin.
Je regrette beaucoup do n'avoir pu di'ssiuer trois lin^s jiclitcs tiu,in-çs pla-
cées autour de la cloche, et abritées par un dais en accolade onii' de l'i'uil-
lages. Ces figures représentent le Christ ks mains liées, le corps prescpie nu;
la sainte Vierge tenant l'Enfant divin; puis un saint évècpie dont j'ignore le
nom. On voit également cinq tleurs de lis isolées, et autant de sceaux dissem-
blables cjui, assez mal venus à la fonte et couverts d'une poussière faisant
corps avec le métal, sont à cette heure com[)létemenl illisibles.
Telle est la petite cloche de l'église de Santenay : la grosse, qui était foil
ancienne aussi, vient d'être refondue après avoir été fêlée par des s(inncur>
trop zélés.
Voici maintenant une cloche du cominoiicement du wi" siècli>. que je
signale seulement en passant, car il m'a ét('' impossible de la uiesurci' el
d'en lire complètement l'inscription. J'ai pu t()utefi)i> recueillir la date
IH€€€€€3.ï, et ces deux noms populaires : 3râiiâ iHiifia. Celte cloche.
qui se voit dans l'église Notre-Dame de Tonnerre, sert actuellement de
timbre ; ses dimensions sont fort ordinaires.
236
ANNALKS ARCHKOLOGIOLES.
Tintry est. un louf pdit villap;c du département de Saôno-et-Loirc, dont
l'église, presque niudonie. n'otTre aucun intérêt. Cependant j'ai découvert,
dans sa i'ustiqu(> tdin-. une cloche fondue en 1515 et vraiment digne de
remarque. Sa Iiauteur est de 70 cent, et sa largeur de 85. En voici l'inscrip-
tion disposée sur deux lignes :
31)6. Clin iUU.VU fut comi-rc iinblf ^aml• 3sllr 3ol)nnnft ^c Untrc Danu
S <!3fnu(Jiic ô l^rbasliauf 5 CUniM mate p u
Des figmx'S en reliof. sni-monti'es de dais, se viiient autour du vase. Ces
ligures représentent la sainte Vierge, un " Ecce Homo » d'une maigreur étique,
et enfin l'archange Michel terrassant l'esprit du mal. Voici un dessin de la
croix connncnçani l'inscription, et de la petite plaque di''corée de fleurs de lis
qui la termine. Cette croix grec(|ue. inscrite dans un cercle, comme un nimbe
crucifiirme, et portée par nu pied (|ui pose sur des marches, connue sur un
perron. e>t livs-IVé(|(iente sur les cloches. Nous l'avons déjà vue. ici même,
dans le cours de cet article, et nous la retrouverions encore ailleurs. 11 en est
de même de celle ileur de lis. fleui'ie et entourée de fines arabesques. Tout
cela semble dénoter que les fondeurs de cloches avaient des traditions aux-
(juelles ils obéissaient d'un pays à un autre, et même d'un siècle à un autre
siècle.
17. — CLOCHE DK TINTRY.
Cruix r(»nmirnriint ut llcur de lis (înissatil l'inst nittion.
A la date de 15*20. je trouve dans mes notes le timln-e ou tocsin de la
cathédrale de Chartres, suspendu dans le merveilleux clocher de Jean de
Beauce. — Vous n'avez certainement pas été sans remarquer ce bourdon ,
car nul ne connaît aussi l)ien que vous la splendide métropole chartraine. Cet
instrument, au son grave et triste, mesure 0 mètres 15 cent, de circonférence
et pèse environ 10,000 livres. — Il présente, sur deux lignes circulaires,
l'inscription suivante tracée en caractères gothiques :
KTI ni-: Sliî I.F.S CI.OC.IIKS. 237
J'i.\(U\ a^ C'illnan^l15 soliïi luiiniiir lulunr^
<J:rrl)in" aî> taiitr nilmina cd-ja Dimuu'ô
vliiniii; fiiit (Cljiii'ili inillriMimis a^^^• prioii
O,niiu\i'nliio mraunci bis iiuoquc jiiiuic ÎTi'nu
3llo iiiiippr amui qiio fraiicu-s ciniuniil aiuiUim
IJfrprlua que simitl Meciilnicrc d'iic
Puis (111 lit. cnli-c l;i sjiiiilc C.liiMiiisc (lu cliapiliv rliard'aiii ri un ('■cussoii
Irappé (I un dauphin, ces mois :
jjfliuô iiiaiiurt me tViil.
l>'énorme marteau ([ui t'ra|)pr les heures est lixi'' par une armature des phis
singuh'ères et des j)his romphcim'es.
La gracieuse et pitforesc|ue lour de l'i'';-!,h'se di' Muret, jii'ès l'unlaiiiehlcaii.
possède aussi um.' rleclie de la r<'naissanee ; mais. d('nu('' de toute diM-i irai ion
iconograi)hi(iue. cet instrument iTollVe d'inle'rr't (|ue pai' son insci'iplion. roi'mi'e
(le caractè-res assez c-légants et Ijien venus à la fonte.
C'an mil U.V.YU tut fuictr p.u" Cfmhc p' la falniiiuc ^l• Unjlic-tliimf ^r
ilUni't ni d^uistiiuiiti ft fuct iiommi'r iUiuic
11 est à présuniei' ([iic la cloche ^larie n'a jamais «[nitti''. depuis (|u'clle
(existe, la vieille et remar(|ual)le ('-glise de Moret. (|ui tombe en laiine (M (jii'il
est, paraît-il. im|)ossil)le de restaurer.
Ainsi (|ue je vous l'avais annoncé au commencement de cette lettre, nons
voici obligé's de revenir dans la vieille cité sénonaisc. pour nous occupei- im
peu des célèbi'es bourdons de la cathédrale. Ces deux clnches de' Sens sont
remarquables par leur dimen>i()n , leurs belles propoitions et smtout leur
accord merveilleux. La ])liis gi'osse. nonnni'e (t Savinienne ». passe même, à
tort ou à raison, poui' la |)lns parfaite (|ui ait jamais été foiuliie. La seconde,
appelée « Potentienne » ^. laite h la même épofiue par le même artiste, a
cependant des proportions un peu moins correctes. I,e diainèli-e de Savinienne
est de 3"'y0 à la base, et sa hauteur intérieiu-e de 2"'0cS. I,e jMiids du battant
est de 572 livres. Les dimensions de l'otentieime sont un jieu moindi-es : elle
mesure en largeur ^'"/lO seulement; sa haulem' inli''riein-e e>t de J"'!)(). et le
battant pèse hll livres i.
4. Os cloclies s^ont ainsi iioinnii'es l'ii souvenir (le siiiiil Siivinicn et île sa:n( l'uti'iiliiMi, pre-
miers évoques de Sens et patrons du didcèscî.
2. Vov. « Heclierelics liistoriques sur l;i vlll(! de Si'iis », par Tir. Tmuiic.
,\.\n. 31
2r,8 ANNAI.KS AllCllKOLOOIOUr.S.
Il est bien diflicilc de (l\er i.\'[[\\r façon cerlaine le poids des bourdons do
Sens : les inscriptions ([u'ils portent n'iMi l'ont aucune mention, et les niénioires
du temps où ils furent fondus se taisent é.^■alenlent à ce sujet. Cependant
on (''Value le poids de Savinieniu» à 29 milliers, et celui de Potentienne à 27.
Si l'on s'en rapportait à la tradition conservéi! par les sonneurs, le plus ^ros
(le ces bouixlons pèserait même ^'2 milliers; mais ce chilTre est certainement
exagéré.
Ces deux colossales pièces de bronze furent fondues toutes deux en 15G0,
sous Jean Bertrand, archevêque de Sens. Savinienne, faite la première, fut
bajjliséc! le 17 octobre par le doyen de la cathédrale. On lit sur cette cloche
rinsci'iption suivante, (pii fait coiniaître le nom de l'habile artiste (|ui l'a fon-
due ainsi ([ue sa compagne. Cette inscription a été composée par Cuillaumc
Fauvelet. chanoine de Sens.
ANNO MILLKNO QUINGEXTO TKRQI K VU'.ENO
FACTA SONANS SE.NOMS SVM.MANA ICI
0B5CII1K MBIS TOMTBU VENTOSyiK IlEPELLO
IM.ORO UEFlN<TOS Al) SACRA QLOSQUE VOCO ARC.IIIEPISCOI'ATI. M ROME TENENTE l'IO
1,>IVRT0 REGNANTE FRANCISCO SECINDO
-f GASI'ARU MONGIN VlAllD MA FAICTE
Ces (juatre vers latins oll'rent une certaine analogie avec ceux ([u'on lit en
français sur la cloche de Cas (Eure-et-Loir), publiée par les « Annales ». —
Il n'est peut-être pas inutile de reproduire ici rinscri|)ti(in de la modeste cloche
beauceronne contemporaine, à ({ualre ans près, des bourdons de Sens :
+ l5o() nu lin ^l• jUiuii- If pniplr fiiie iieôfinblcr
Ifo i-hni3 cil incloîiif a tlicii ii'jiniir rt Imicr
par miHiiîiifiir iiccoiô \c îii'forr Ifij fcôtra
\c plriirr Ifj lunrâ i*t i"l)iU'i>i' Ira trprolfô ^
l"n poète sénonais du wi' siècle, et dont on ignore le nom, a essayé de
traduire à sa manière les vers du chanoine de Sens modelés sur Savinienne.
Voici cette traduction curieuse à plus d'un titre ;
JE FIS FONDEE A SENS LAN MIL CINQ CENT SOIWNTE
PAR MON SON ET LE NOM DE PREMIER SAINT PRIMAT
LA TEMPÊTE ET LES VENTS NOFFENSENT CE CLIMAT
JE SEMONDE A LOFFICE ET LES MORTS JE LAMENTE
Potentienne fut fondue en novembre 15G0, mais elle ne fut baptisée que le
3 janvier suivant, par le même archevêque. Voici son inscription :
1. Vov. li'S ■< AiiiuiU's Ai'cli('ol(>i;i(nios », vol. xvii, pagos35-> et suivanles.
KTLDK Sir, I.F.S C.I.OCII KS. -2:5'.)
l'OTENTI ANV KCO l'ttOMXU SWIMANI COMICS IT.S.l MKNJi: NOVIIMIIRIS .\NNO CIIHIST1 I -itiO
l'IO Ql'AllTO IIOMWO l'ONTII'Ili: l\l:c.\\\li; lUWClCSCO SI.ClMlO JOVNNK l!i;HrllAM)l) UOMAN.K
i:c<;li;*u; c.aiîihwi.i micii. si:n(i\. -f- cvsi'aiih mii\(;in viaui» ma iak.tic
Le l 'i mai liSoT. le jniir (li> la l'eiilccôle . la cloclio Savinieniie se lela au
inomont où l'un comiiiencait à sonner |>our annoncer la grand'niesse. Cet ac-
ciileiit lut allribiié au relàclienienl du baudrier supiiorlant \f ballaiil. Ii'(|uel.
au lieu de frapper ii sa place ordinaii-c. atteignit le bord intérieur de la cloche.
La fèlin-e ('prouvée par le bourdon étant très- légère. Savinieniic a continué,
connue i)ar le passé, à jeter dans les airs sa puissante et mélodieuse vibra-
tion '.
Après avoir décrit et admiré les iuniu'nses voix do bronze de la callié'drale
de Sens, il faut revenir forcément à des inslnniients moins coinius et plus
modestes. Nous voici donc en présence d'ime cloche très-ordinaire et de
laquelle j'hésite à vous parler, à cause de la mauvaise renonnnée ((u'elle
possède. Je dois me hâter de dire que je n'ai |)oint vu l'inslrumont en ([ues-
lion, comiu dans toute la lîeance sous le nom de cloche des l-'lambards.
On s'est ]ilu à dire, à éci'ii'e même, je crois, ([uc la frise modelée aiiloin' de
cette cloche était une révoltante obscénité, .l'ai \ ii au musée di' C.harlres le
1. J'iii oiilcndu ilire qu'on ;ivait, il y a i]iK'li]iios iinnéc>, i('|iiiiv IdiiI à failci'l. acciilcnl en (•oii-
lanl. dan* la fonte, du niélal niiuvcau (|ui av.iil lait corp-: avec le nielal ancien. I.e lnun/e bouil-
lant se serait incrusté dans le bronze ancien comme de la cire cliaude dans de la l'ire IVoide qui
se serait amollie au contact. Kn .se rofniidissiuil. le nielal n<Md'el le \ieu\ métal seseraieiil iii:,i;lu-
tinés de manière il ne Taire (|u'une sid)Staiice pailaitemeiil lioun-vcnc. Au>si, mainlenanl. non-
seulement on ne verrait plus la fente; mais, quand on sonne le liourdon, on no saisirait en
aucune façon qu'il y a eu fêlure, l'ne parlicidarilé r-elative à Savinienne, la pins irrosiO des deux
cloclios do .'^ens. c'est qu'elle était (U'y.t fèlee en 1 iSo. En ell'el, tjeor.^es l.en^niei'anl, le peleiin
dont M. le baron de L:i l'oas-.Melicoq nous a donné les notes de voyage que nous avons publiées,
noiamment volume x\n d:'s « Annales .Vicliéologiques », page oO, dit : « Kn la<iuelle ville y a
deux cloches au liolîroy, dont l'une a deux désires en croisie et ix pieds et demi de i-loièic. ou
environ; et. en haulteiir. ix pieds et plus, et semble (|u'elle soit aussy liaulle que large. l-:i y eut
à le fondre, (|ue d'eslaingque de métal, comme on dict, x\x mil lil.'\res (p.ianl lut premiei-omenl
fondue; mais, à présent, ne poise que xxn mil; le balant dicelle poise hm" et xii hbvres île
fer, et est fendue ung pitit. lit. |iar dessus elle, y en a une aultre qu'on S'Uine. biMUcoup men-
drc ». — Manuscrit d(! la bibliothèque <le Valencieniies, n" -103, f" 2, i" et v". — I.eugueranl, il
est vrai, dit que ces deux bourdons sont à Troyes et non ii Sens. Mais je suis persuadé (pi'il se
trompe de ville : Sens a possédé et possède encoro ces deux bourdons célèbres dans toute Ki
Trance, et je ne sache pas que Troyes en ait jamais eu de pareils. Dépendant .M. Sauvageot nous
annonce, d'après des inscriptions |)ositives. que les deux grosses cloches actuelles do Sens datent
de l-oGO, du |iontilicat de l'ie IV et du règne de l'rançois II. l''aul-il cioire que hsileijx liourdons
qu'a eate.'idus Lcnguerant on I is.a, et dont le plus gros était fêle, ont été refondus en loliO pour
que le plus gros se fèlàt encore en 18.37? Tout cela est infiniuK-nt probable, mais me.-sieurs les
archéologues de Sens et de Troyes devraient bien nous éclairer sur ces (luestions do dat's et de
fêlures. i\olc de M. Didnni.)
2^0 A.NNAI.F.S .M;ciiKOLOGiori:s.
inuulage i>n plâtre d'iiii l'r;i,i;iiient de relte prucession des Flambai'ds; mais je
n'ai pu y voir les jiriapées <m'eii m'avait signalées. Les personnages de cet
l'Iraiige bas-relief sont nus. il est vrai; mais, je le n'-pMe. en cela sotile-
ment consiste leur indécence, leur imimiralilé. Toutes les figui'cs de cette
Irise portent un ciei'ge. L'inscription est du reste des plus convenables, et l'on
ne doit voir dans cette repi'i''sentatinn de personnages nus qu'une fantaisie
d'ai-tisfe assez fréquente à cette époque où l'art eu géiiéTal était devenu mi
peu païen dans la forme. Tout le monde sait (|ue le gi'and Michel-Ange lui-
même ne sut pas ou ne voulut pas. dans son immoilrl Jugement dernier, s'af-
franchir de ce mauvais goût, et ([ue le |)lus grand nombre des figures de celte
immense page sont nues. Voici l'inscriplion de la cloche des Flambards qui
existe encore, ni'a-l-on dit, dans les greniers de l' hôtel de ville de Dreux :
l'an I"><)I i.r i'i\i:Mn:ii ne iu;iiM; m; c|[mili> iv 1'\ii i.\ (wtAci; m; iiii:u mu m; i-iUNci-;
HT ciiMij; rue iii\i:i\ iv. vvs KoMiir; imu ii i.'ikjn.m:. ii m: luia i.i; sianici; du nui i;t i.v
CU.MMiNAlTi; 1>1" liriUl K. MKS.-^IRi; ItOTItOU KTAM l'dl li l.dli^ Lli;iTi;NANT (ilCM-ai U, , .1 Myl 1,S
i:iiAn,i.oi; .mamii; tT 1'I1U,u'1'E l'irrir i'kdcliuclr svm ii:.
C'est encore dans un obscui- village de la haute Bourgogne, à Decize
(d('partement de Saône-et-Loire) que j'ai renconlri; la cloche suivante, por-
tant la date de 1G18. D'une grosseur déjà remar([uable, cette pièce sonore
mesure i""-2() h sa base, et l"'0o de hauteiu' sans les anses. On remai'([ue à
la base de l'inscription la sainte Vierge et saint Martin, sous la protection
du([uel e>t placé'c celte cloche. Lu écusson succédant au millésime contient
une petite clochette. Ce sont pi'obablement les armes du fondeur, qui n'a
pas autrement signé son œuvre. Voici l'inscription dont les caractères ne sont
plus gothiques, mais romains :
\Ts \1NC1T XÏ^S llEt;NAT \I'S IMI'ERAT M'S \1!0MM MAI.O NOS IIEFFENDAT
SA.NCTE JIAIITINE OllA l'RO NUUIS
La cloche ou timbre de Dourdan est presque célèbi-e à cause de son
inscription; elle date de 1599, et n'a absolument de curieuK que les six mau-
vais vers (fu'on peut lire à la base du cerveau. Les voici tels que j'ai pu les
copier. Je n'ose répondre de leur parfaite exactitude, car il m'a été fort dilFi-
cile d'arriver jusqu'à l'instiument en ([uestion, suspendu dans une étroite
petite llèche. oii il est impossible de circuler :
XV VEMU DES liUL'RBO.NS AU FINUl DES VALOIS
GBANDE COMBLSTION ENFLAMMA LES FRANÇOYS
LA VILLE MISE A SAC LE FEL EN CE SAINT LIEU
KTIDi: Sli; LF.S CI.OCIIKS. i.'il
M MM' IU)LIU;i:i)lS lUM.ONNi:. O DDIIUIAN l'Illi:/. DIKU
T\M Ji: VOIS S()\N\i i.ciiis in; >i \i.in:uii:i -i:s iii;liii.s
gi'v T(H 1 JVMMs ji: i.i.s sonm; ,mi:ii.i,i.l iu> '.
J'ai pu Voir, sur le \asc de celle eK)clie . une croix orin'e de Heurs de lis
avec la sainte ^ ieru;e assise à la |)iaee du di\iu ('.iHieifn''.
Me voici lout au l'nnd de la terlile lîeauce, de\aul luie ciecliu exIrcMuenieiit
curieuse, bien (ju'elie soil pres([ui; moderne. Klle dale de l/'iD et se voit dans
l'église de lluuvray-Sainl-Denis. dc'parleuieiit d'Kure-el-l.nii-. Henianiuahle à
|)lus d'un litre, elle est en outi'e allemande d'origine. Hn eU'el. sou iiiscri|ilion
dit clairement (|a'elle fut fondue à llernlau^la(lt [lour la chapelle du comte de
.Stain\ille. I.a l'orme di' cette cloche est lourde, el les mouhuvs dont elle est
décoi'ée sont d'un goût contestable. Mlle est de peliles (limeu>ions et condam-
née depuis longtemps au silence par une hMure considérable. C-ouimeiil se
fail-il que cet instrument allemand ait été trans[)orlé eu l'raiice, au ci'ulre du
pays beauceron'.' Il sei'aii assui'(;]iienl curieux de le savoir; mais, pai' mal-
heur, personne n'a pu nn' donner tk's renseignements à cel égai'd, pas même
le vénéi'able curé de ilouvray. ([ui dessert depuis près de (|uaranle ans celle
paroisse. Voici la longue el curieuse inscriplion latine (|u'ou lil autour du
vase de la cloche de Uouvray :
TtBA DEl SONLM Sl'AllGENS Al> i:AI'i:i.HM Ari.'.i:\M EXCEI.LMI UNI STIl'llVM (DM \ STMN-
VILLK se I;T lti:(i CATIIOLKNÏIS IMIMI AC C.OXSII.II ALl.l; BKLLl CONSILI iun Ui;.MU.l> llANi; IC
m CtllAVIT i:UilMI Sia HinOIANSTADl ANM) MIlClAX.
(ioss. MiciiAia, wiMiDi-Kiai in iiiaiM \nstmit.
La cloche de Rouvray-Saint-Denis n'aurail-eili; de particuliei" (|ue son ori-
gine étrangère el sa curieuse inscription, (ju'elle serait d('j;L digne de remar-
que; mais elle olî're en outre, chose extrêmement rare, un mouton en i)ois
richement décoré el e\(''culé, selon toute apparence, au counneic-ement du
XVI' siècle. C'est un assemblage de deux pièces de bois découp/'cs à leur
1. M. Augujlo Mouliù, correspondant des Coinilés liisiuri([iR's, cinoya i.mi lisii, au (loniilc
historique des arts et monunienis dont j'étais alors secrétaire, et dont je rédii^eais le « Hulletin
archéologique », l'inscription si curieuse de cette cloche de Dourdan. Le vers, « Tant ie vous soa-
nay lors de malheureuses heures », que .M. Sauvageol place le cinquième, .M. >hjuiié le met le
troisième. L'ortliograplm de MM. Sauvageot el Moutié n'est pas la même, lînlin, .M. .Moutié donne
les deux lignes suivantes qui mentionnent les magistrats de Dourdan, la date de la fonte et le
nom du fondeur dont .M. Sauvageot n'a |)as parlé.
MATUCRIN IMIOVSTKAC I I.VAUD E LASNE (iAICiEHS
E.N LAN lo'J'J TUOAnS MOVSET .MA FAICT
Voyez le « Bulletin arcliéologi<iuc du Comité historique des arts et monuments », années 1842-
1843, vol. II, page 467. (.\ole de M. Uidron.)
2liî
AN N ALKS A RC.ll KOLOC I OU ES.
i'\lr('iiiili_' scion le [irolll (I(^ la liaso alliqiie, et rovêUies sur leurs deux entés
(l'une ainialia-e di' 1er déeoupée et modelée. L'ensemble est peul-èlre un peu
lourd de l'oruie; mais, en revanche, les détails sont d'une fi;rande finesse et
ti-ès- adroileiiient contuui-nés. C'est donc un mouton plus ancien de deux
siècles, auquel on aurait accroché une cloche de J720. 11 fallait, on le conçoit
à son élégance et à Inuies ses délicatesses, qu'on y tînt beaucoup jioui" le
coiiservei' aussi pi'('cieusenient. Au reste, je' ne saui'ais mieux l'aire, il me
semble, (|iie de montrer ici une tigiu'e de ce mouton l)ardé de fer : un cro-
(|uis. aussi imparfait (|u'il puisse être, eu dit souvent |ilus que les descrip-
tions les plus minutieuses el les plus complètes.
IS. — MOUTON Dli LA CLOCHE DE R O C V li A Y- S V 1 N T - H i; N I S.
Dvp.ulrnifnt d'ElirL-t-t-Luir.
Mais je m'aperçois enfin (]u'il esl temps de m'arrèlei'. Aller plus avant
serait tomber dans l'ère moderne de l'ait campanaire. et. conséquemment,
devenir fastidieux. Vous avez dû remar(|uer. du reste, qu'à mesure que nous
nous éloignons du moyen ùge. les inscriptions el l'iconographie des cloches
n'offrent plus le même intérêt. Les cloches, aux xiii' et \\\' siècles, ne pré-
sentent en gé'uéral que de courtes sentences latines, de pieuses invocations
à la reine du ciel ou au saint patron du pays, tandis ([u'aux xv' et xvi' siè-
cles on rencontre déj;i de longues et dilïïises inscriptions frisant parfois le
grotesque, connue à la cloche d'J'.tampcs. Le poids de l'instrument est aussi
inriM-; siu i.f.s ci.ociies. 2fi3
très-soiivenl ineiilioiinô. el le l'omlcui' u'ouhliu |)ivs(|iio jamais de signer
son œuvre. Des inarguilliers . peu niDilesles. ne négligeul pas nnn [ilus de
saisir cette occasion de se t'aiiv conuailre à la |)()st(''rih''. lîi'ef, un esl d<''j;i. il
faut bien en cninmir. loin des ixinnes. df^ saines traditions, (lependaiil, il
était réservé aux deux siècles suivants de di'passer toute mesure à cet égard,
et de nous montrer iU'!^ inscrijitions de cloches souvent inconNciianti.'s. en ce
sens (ju'elles ne contiennent aucune iiuoculion |)ieuse, cl ne sont |)laci'i's très-
souvent sous la protection d'aurani saint. Je ne i-i''sisti.' pas au dt'sir de citer
ici. coiiune preu\e de ce (|ue j"a\ance, riir<cription de la cloche de la cha-
pelle de Boigne\ille. dans les environs de (iallardon. (rcst la nomenclature
tivs- exacte des villes, villages et hameaux dont M""' de Maintenon était en
possession :
l'an IG'JO. j'av lirii faitiï paii l'ordhe i>k thés mactic et tiiks puissantiî dam^ ma-
DAIIK Hl\M.;olSi; DAllilCNli MAIHJl ISE DE MMMICNON, LiA.ME lil l'Alii:, PIEHRES, TENiasE,
LE BOIS lUc.lliaX. SAlNT-l'IAT, (illOGMCUL, (IPANC.i;. Cil VRTA'.N V! LLIMIS , BOIGNEVILLE, YER.ME-
.NONMLLE ET AL'THES LIEIX. — UEXVS MUl SSET M. F.
Huelle ditré'i'ence entre cette longue éiiumératioii, .-i peu à sa place, des
titres et (|ualili's d'une ciMèhri.' et jiuissantc dame, il est \rai, et cette sim|ile
et toucliante iinocation ;i la sainte Vierge, ([ii on \ oyait sur la cloche dé-
truite de .Moissac : svlvi-; r.K(.ix v ,Aiisi:r.icoi!Dii'; !
Quant airx cloches qui se fondent de nos jours, sous nos yeux, l'alnis est
encore plus llagrant. On a souvent allcint dans ces circonstances au comble
de l'absiude et du mauvais goût. Aussi, est-ce à qui sera nommé sur la nou-
velle cloche du pays; on y voit des inscriptions, d'une longueur soporili([ue,
contenir successivement, avec leurs titres et ([ualités, les noms du cun''. du
maire, de l'adjoint, du maître d'école, des |)ai'rains et marraines, des mai-
guilliers, etc., etc. Dans peu n'y verrons-nous pas des bedeaux aussi el des
gardes cliampètres ' ?
1. Il y a deux ans, ciniroii, on est. \Tim me consuller sur le-; inscri|ilions à .mnxcr sur iisi-lu-
clies de la nouvelle église Saintc-Clotilde à Paris. On m'apporta une inscripliou d'une longueur
à occuper une partie de la robe des cloches. On se plaignait de celte longueur et on me demanda
le moyen d'ôtre plus bref. Mgr le cardinal .Morlot, arclievi^ipie de l'aris, dc\,iit faire le baptême
de ces clociies, et, dans tous les cas, en sa qualité de chef du diocèse, on \iiulail l'Iionorer en
gravant sur toutes ces cloclios .lion nom, ses qualités, ses dignités, je n'irai pas jusiju'ii dire son
lieu de naissance, son âge et ses trailemcnts. Il me sembla ipie, sur un instrumenl religieux, les
qualités ecclésiastiques du vénéral)le pri'lat étaient parfaitement sullisantes. .le conseillai, en con-
séquence, de déclarer que Mgr Morlot était cardinal de la sainte Kglise romaine et arcliovL'(iue du
diocèse de l'aris; mais je trouvai inulile de faire graver qu'il était sénateur de l'empire français
el membre du conseil impérial privé. Ces qualités de sénateur et de conseiller me paraissaient
0',/, AXNAI.KS ARCIlEOLOnilU'l^^.
!)(■ tniit ceci, il ivsulle (|ue roii s"(''|i)ii^ne souvent trop, en ce ([iii concerne
l'ecclésidlogie. de la (lisci|iline liturgique et des convenances observées aux
\ii'. Mil' et xiv' siècles; et c|ue. de plus, il est ])i-esc]ue toujours nécessaire
de létrograder . de retourner dans le passé pour trouver les ol)jets et instru-
ments du culte à leur véritable place et destination.
Veuillez agréer, cher monsieur, mes salutations empressées.
C. SAUVAGi:OT.
n'avoir l'ii'ii à l'.ui'e liaiis la ciivoiislaiice; en los <u|)|iiiinaiil, on ijauNiail une place précieuse el
ilont on avait grand besoin, dit-on. pour nommer le curé de la paroisse, son premier vicaire,
les donateurs des cloches et entin les parrains et marraines. J'ignore si l'on aura goûté mon
conseil et je n'ai pas encore songé ii ilemander aux soimeurs de Sainle-Clotilde comnieiil les
inscriptions étaient composi'es. {.Xule de M. I>ii/r(j/i.^
VOYAGE ARClIKOLOGIOUi:
AU XV SIKCLI-
Ti:iiliE SAINTE ET HETOIM! l'Ali E'ESl'AciNE ET LA I TiANCE
TERRK SAINTE
jÉuiSM.KM. — <i Sur le mont de Calvaire et en la cappellc de Nostre-
Dame. tout y cstoit tendu de tapisserie, laquelle le bon duc Plilipe de Bour-
gongne y avoil doniié. en son tainpz-. »
Nous voyons ailleurs que le duc <; Phle de Bourgongne y envoia une foys
une cappelle de bois touttc l'aicte. pour asseoir sui- le lieu où les apostres
receurent le Sainct Esperit ; mais les Mores ne veurent oncques souflVir qu'elle
y fust mise ^. »
« Ung petit oultrc. tousiours allant vers le muni de Syon. et t(Jusiours tout
droit sur la scnestrc main, là y a ung cloistre des Yndois, lesquelz sont mo-
riaines crestiens, du pais du prestre lan. Autjud (;loislre je fus fout seul,
avec des chandeilles ardantes; et y a aud. lieu une grande caverne et ])ro-
fonde et fort dangereuse à descendre, et est le lieu où David fit sa pénitancc
pour la mort de L'i'yc, et y faict fort froid. Auquel lieu David y comjiosa les
sept psaulmes par la révélation divine : et sy a là dedens des fors beaux pom-
miers de grenade, et sont lesd. religieux fort poures^. »
1. Voir les (' Annales Arcliéologiquos », volume xxii. pagos 48. 86 cl 133.
2. Manuscrit de la bibliothèque de Valencionnes, n" il>3. fui \~i v.
3. Fol. 79 v°.
4. Fol. 173 V".
x.xii. 32
2/,Û ANNALKS ARCII KOLOGIQI ES.
tt Toulcs les foiinnes (stalles) el la pluspart do l'église du innnl do Syoïi
osloit londiio do tapisserie, pour rainnur de nous, laquelle le bon duc, l'iiilipe,
due de noni'giiigne, avoil doiniô. on son lampz : et nous diol-on que tous les
ans yl donnoit tant on ornements d'oglise, que on or ou en argent, |)Our lu
suslenlalloii dos frèi-es, la valleur de mil ducas d'or par an. »
« Le co'Ui' dud. duc t'nt |)orli'' api'ès sa mort. |)ar uug nouimot Jaccpiemin
TciTot, on llierusalem, ol enterré au mont do Syon^ : el a fondé aud. lieu, à
ung autel à la main gaulée, une messe pour cliascun jom- jiorpétuellement.
Dieu luy face mercliy- ! »
« Tenant à la porte, pour veuir au mont do Calvaire, est la maison de s"
Véi-oni(|no. dont Aostro-Si'igueur imprima sa s'" l'ace; et y a à- lad. maison des
chovilies d(> l'rr. A le sallui'r. yl y a Vil ans et \11 M."" de pardons. IMus avant
dedons la ville, yl y a uug chemin de trois rues où Notre-Soigncur Jhs se re-
tourna sur les femmes de Hierusalem. en disant : « Femmes de llierusalem!
» ne ])lorés point pour moy; mais ploni'és sur vous et sur voz enfl'ans. » —
A saluei' ced. lieu on y a VI i' ans et Yll MV'" do pardons.
(I Assis près de là est lo lieu où les faulx juid/. elioi'gorout la, croix à Symon
Cyréneus. lo(|uol estoit ung homme venant du viliaige. A saluer ced. lieu on
y acquiert WV ans et VII \L"" de pardons. Ung bien peu oullro, tousiours
ou allant sur la bonne main, au plus bas de une grande rue, yl y soulloil avoir
une église on l'honneur de Dieu et de la vierge Marie, hupielle s'appelloit
l'église Xoslre-Dame-I'asmr'o, et clie ad cause (jiie la glorieuse vierge Marie,
mère do .Ihesus. quand elle rencontra son cher enlTaut jiortant la croix, fort
travailii' et lassé', tout desréant do son jiréciouk sang; et. (|uand elle le per-
ceupl. (^Ilo clii'it toutle |)asmée. Dieu. (|uelle doleur ! Au(juel lieu on n'y
poult rioii édifller. et si' n'y peult personne demoi'or. l'A. ([uand aultres l'oys
on y a voulu faire quchpie édifice, lendemain on trouvoit tout rompeu et
clieut par terre. Au(iuol lieu, a le saluer, yl y a plaine rémission de tous
péchetz. »
L'Ar.c nK i.'ucce iiomo. — » Ung peu plus avant, sur l'arcure de une
porte haull, sont deux pierre de marbre blanc, et sont quarreez, sur l'une
dosiiuellos \ostre-Seignein- estoit assis, et sur l'aultre estoit assis l'ilale, à
l'heure qu'il condanma Jésucrist. A saluer ced. lieu on y acquiert VI U
ans et \\\ \ L"" de pardons. Uug polit oultrc est la maison de Pylate, sur la
main gaulco; auquel lieu Nostre-Seigneur fut battu et llagollé, son cliief co-
1 . Le cœur Ai' lMiili|i|)e le Bon fut enleiré aux Cétcslins (te Paris, (" Arl de vérifier les riules »,
t. XI, |i. '.U.)
î. Manusnil (le Valcncieiiiies, fui. ISl r°.
voYAci: AiîCiiKOLOCiorr: \[ \v= sikclk. 2.'i7
ronnc. Aussy aiid. lien \ I fui mène devant le prétoire. Aii(|uel lieu iiulz des pèle-
rins n'y pe\eut entrer, svnoii secrèlenieut cl par l'oire d'argent. Aussy la porte
de lad. inaisiin. par où Xoslre-Seigneiu' viiida (b'puis ([uil l'ut ju'j;i'' h luort,
est eniuiKrrée, et. dicl-on. (|ue j.uiiais pei'SDiuie n'y |)assa depuis ([lu.' Xostre-
Scigueur .Ihesus y passa |)orlant sa ci'oix, allant niorir pour nostre rédeinplion
au mont de Cahaire. Au([uel lieu y a plaine rémissiim de tous p(''eliiety. '. »
De sou côti'-, Lenguerant nous dit : « A deu\: jectz de- pierr(! de la grosse
pierre où la glorieuse vii'rge Marie se pasma. quand elle' \id son lll/. |)orlant
la croi\. \ a une an; ou arcui'c de pierre. (|uy traverse la rue. Ie(|uel lit l'aire
s'"' llélaine. où au haut il y a di'UK grosses pierres l)lances : sur une cstijit
.lésuerist séant, quand il fut jugie'l e!. sur l'aiilire, esloil l'ilate. (|ua,nd il le
jugeoit à mort.
Il Assez près de là, est l'escolle oii la vierge .Marie apprint ses limires en
josnesse; mais je ne la vidz point.
(I Près de là, au bout d'une l'uelle. à main senestre, est la maison Ué^rodo (|uy
est réparée de neut"; et, au bout de ceste ruelle, sur le chemin oii nous pas-
sions, à mesme main, est la maison de Pylale oii Xostre-Seigiieur l'ut batii
et flagellé, et eondamné à mort. Pour lors n'y entrassmes point, mais, depuis,
trouvay manière de y entrer, et vidz la jM'ison, aussy le lieu où l'ut Jug(^l.
« Puis passâmes par devant une ruelle, à main dextre. où, au bout d'ieelle
est le temple de Salomon. où f)n n'oseroit plus avant aller sur la \ie; mais, en
le saluant, y a indulgence plainière-.
ic On entre en ung petit lieu, tout devant le S' Sépulcre, ouquel lieu y a cincq
petittesfenestres barrées, et au millieu d'icelluy est la, pierre sur la([uelle cstoit
l'angele quy parla aux Maries. le jour de la ré'surreclion. Et d'icelluy petit
lieu, (|uy samble vauls(''. ou entre par ung bien [n'Iit luiys et bien bas. au
lieu du S' St''|)ulciv, et esloil ce ]ietit huis estoupez de ceste granc'e pierre,
quy est en l'église S' Salvateui'. où estoit la maison Cayphe •^.
H La saincte cité de Ilierusalem est située en fort bon pais et, d'ung des
ccstcs, vers la marine, elle est fort haultc et, d'aultre part, fort basse, assès
sur la fachon et forme, aussy de gi-andeiu'. comme' on diroit au pays de Ilay-
nault la ville d'Avesnes. Au plus près de l'église du S' Sépulcre yl y a deux
tours, esquelles y a des garittes de bois, selon mon advis ''. »
BKTiir.i':i-nr. — « L'église est fort triomi)liante, et fort longue, et sy a les
I. Fol. 183 à I8i r".
î. Il)i(l., fol. 72 \« à 73 r".
3. Il)i(l., fol. 81 V.
i. I"ol. 2IC) V».
2hS ANNAl.KS ARClIKOLOCinUF.S.
plus l)(';iii\ |)illJor.s el long/, et aiissy de plus belle pierri^ que jam;iis je vidz.
Les Cii'ocz tiennent le cœur de lad. église, comme ylz rnui eu llierusalem '. »
Parlant d(> l'église S'-l'ierre de Rome, aux fol. oO v". '|0 v", Lenguerant
avail dil : >i Kn icelle> église a \ll ]iilli'rs, tous d'une faclioii. et grosses co-
lonnes lortilliés. et beaucop de personnaiges et de llorettes taillées alenthour,
et vindrent de Jliérusalem. floiit les \ sont alenthour de la cap|)elle S'
Pierre. »
Puis il ajoute : » (Juand on vient liault en lallre. oii la l'onlaine sourt de-
vant ré'glise, on voit l'imaige de Nostre-Seigneur Jésucrist. séant au juge-
ment doseur le portai, et, entre ses deux piedz, l'ung des deniers de quoy y
l'ut vendu. Et, autant de l'ois que la personne le regarde par dévotion, elle a
Mil' jours de |)ardons. »
Rhodes. — u A l'église de S' .lohau, à Rhodes^ yl y a une croix, laquelle
est de laylon, et le void-on tous les vendredy. Laquelle croix est faicte du
bacliyn au(|uel Nostre-Seigneur .lé'sus lava les piedz et mains aux apostres et
disciples, au jour du lumidy-Absolul. On m'y monslra une espine, laquelle pro-
cède du capeau d'es|)ine quy l'ut posé à Nostre-Seigneur Jésucrist par les
juidz, le jour du vendrcdy-sainct . et laquelle espine florit aud. vendredy-
.sainct toute blance. et aussy aud. jour après elle devient aussy rouge, comme
sang : et l'ouys a certil'lier par mous, de la Morce et aullres chevaliers dud.
Rhodes aux chevaliei's de |)ardecà.
(( La grande nave de Rhodes estoit ornée de très-belle tapisserie portant
les armes dud. Rhodes : si comme s' Jehan Raptiste et la blance croix droicte,
à i'ourquette sur les IIII deboutz, et comme portent les frères dud. s' Jehan,
qui demeurent par deçà'-. »
S'-Jacoies de Com poste lek. — << .Je montay à une eschelle de bois, der-
rière le grand autel, et là endroit j'accolay une ymage, ([iiy est taillié en
bois, quy est faicte à l'honneur de s' Jacques; et à lad. ymaige sur son chief
une coronne, laquelle je prins en mes mains, et le mis sur mon chief. Eu
après, je descendis embas, et vins devant le grand autel et regarday lad.
ymaige, tenant en ses mains ung rollet, auquel y a escript en lettres rom-
maines et, avec ce, yl ensaigne de son doigt et dict : nie jacet corpis sancti
j\com, Fir.[i Zebedee. C'est-à-dire, translaté de latyn en franchois : cv repose
i.E cor.pz DE s' .iACQi!ES, FILS DE Zeiîédée. Après, on ne monstra le bourdon
dud. s', lequel est en la moienne de lad. église sur la bonne main. En après.
I. Fol. \<M V».
•2. I"ul. '2:10 il 238 r'.
VOYACK AlîClIKOLOflini 1-: AL W^ SIKC.Li:. S/i'J
j'ois sonner uno clocliellc. ot puis nous allasinos au I'kuiI de hul. l'gliso. au
coste sur la boiu)i' niaiu. au(|ui'l lion est lad. s'"' cappi'lle. et uioiitasinos à
mont, et là nous t'ul uiousinj le chief de s' .)ar((ues. le <j^Vd\u\ apostrc et eousin
de Jésucrist. et avec |)lusieiu's aultres nobles reli((uiaies : don! en la cappelle
y avoit deuv torsses et plusieurs cyrous allumés. C'est uiip; fort noble et dévot
joyau à regarder. Yl y avoit dedens lad. cappelle ung des olllciers de lad.
église, lequel avuil une robe, nioilié blanc(M't l'aullre nioicli('' vrrnieille,
lecjuel dici en trois langaiges : c'est assavoii- en lalyn . en alleuiant et en
IVanchois, et le dict tout liaull. C/esloil (juc (|uicon(iues ne (l'uiitil rci-nienieul
que le corpz s' Jacques ne soit encassé. ou luaclioinu' dcdrns le grand auti'l de
lad. église, et aussy comme il app(>rt par lad. Idln' au rolli'l, la([uelle
ensaigne l'ymaige quy est deseure le grand autel. au(|uel. ciunnie diel est. est
escript en lettre i-ninuiaine : nie. .r\c.i:T. ctr. ; \l dict (|u'il fairl snu pMrriiiaige
en vain. l*our moy. je l'ay veu à Thoulou/.c : et se niainlieinieni (|u"il/. l'ont
aussy, cl mcsme le corpz des 11 s' Jac(iues. .l'ay veu k-s deu\ lieux; mais,
pour moy, je croidz que le corpz est aud. Thoulouze el le chief est aud.
S'-Jacqucs. Pour conclusion je n'en vculx point faire débat : \1 est eu pa-
radis, et à ce je me couclnd et accorde'.
« D'emmy les rues, pour venir à lad. ('glise. on \ descend à. Il nu III
appas, et enunv lad. |ilace. yl y a connne uiig fous à baptiser enIVans, et,
droict devant lad. église, est riii)s]iilal d(^ S"-.Iac(|ues ; mai> je n'y cniray
point. A|)rès avoir touchié tout les mes baguettes, je m'en relournay à mon
hostel. à l'escu de France 2. i>
M.\KSEii.Lii. — " Il y a ung très-beau poi-l. cl. au plus pivs diid. porl. \1 y
aune église, laquelle s'appelle de S'-Victor\ Latiuelli' église est merveilleu-
sement forte et bien cntourrée, en huiuelle y a plusieins reliquiaires. dont,
entre les aultres, yl y a la croix de s' Andrieii, aposlle. Assès près de lad.
1. Ces pèlerins, malgré leur dévolioii, sont des sens d'esprit et. de sens. liekiUveini-nt aux reli-
ques douilles, triples et décuples, au\ nomlircux exemplaires du même corps, aux tètes vingt
fois répétées de saint .lean-Baptiste et autres, le meilleur moyen de s'en tirer, sans éveiller les
redoutables susceptiijilités de l'inquisition en Espagne et les colères dangereuses de tous les
pays, c'est de déclarer, comme fait Georges LengueranI dans Sainl-.lacipies ih' Composlelle, ii
propos du corps de saint Jacques dont il avait déjà vu un exemplaire à Toulouse, '< (pi'on n'eu
veut point faire débat et que, pour conclusion, on s'accorde à croire qu'il est en paradis. »
IXole (In M. Didron.)
2. Fol. 290 à 291 V.
3. Le carlulaire de Saint-Victor de Marseille (éd. Guérard, t. i, p. io9) mentionne JIOGl-Ttt)
« Arbertus, aurifex et monaclius massiliensis »; en 1069 : « Furcones Andrcs, aurificis (ihid.,
p. 188).
*t
250 ANiNALKS ARCIIKOLOG lOUES.
église y a une* fort gfosi?e tour, laquelle est sur la dicque de la moi', el on
ycelle on faict lousiours le guet. Je fus en la grande église où nie fut nionslré le
chief de s' Lazare, frère à la glorieuse Magdelaine, lequel est moult l'iclie-
ment aoi-né : et est lad. église sur le debout de la ville droict sur la rive de la
mer^. »
Tau\sco\. — i( Je fusa l'église de S"'-Marlhe, sœur à lad. Magdelaine et
au l^azare. Larfuelle église est fort belle et, pour descendre à la sé})ulture où
lad. s'" iMarlhe fut enterrée, on y descend par deux montées, dont à chascune y
a XVIII degrés, Ies(|uelz sont de pierre. Et dient que X'ostre-Seigneur Jésu-
crist ensepvelit lad. s"' Marthe de ses propres mains, et est lad. tombe fort
belle et toufte enclose d'une treille de fei'. i.'t est lad. tombe sur la main gaulée.
Ung petit oullre yl y a une cldistm'e de fer, et puis, en la moicnne de lail.
place, ung ti'ès-bel autel et, d(M-|-i(''i'e Icd. autel, une aullre tombe en laquelle
fut ti-anslatéc lad. s" Marthe. la(|U(.'lli' tunibe est toulte enclose de fer fort
triumphamment. Devant led. liostcl là sont 1111 lampes d'argent, nuictetjour
ardantes et. en la moienne desd. lampes, là est à deux genoulx le feu roy
Loys, lecpiel a fondé perjiéluellemenl li'sd. lampes. Derrière lesd. lill lampes
y a encoires deu\ lampes, sont enss;iml)lc \ 1 lam])es. Après, nous fui monstrée
la trésorie. en laquelle est le chief de s''' Marihe. ung annel d'or, de laquelle
(sic) Nostre-Seigneur Jésus l'espousa; ung tablet d'argent, auquel Nostre-
Seigneur Jésus avoit escript de sa projjre main, en disant : « C'est le corpz
« do s" Marihe. » — Ll fut led. tablet trouvé au tombeau où le corpz de lad.
s'° esloit ensepvely. »
liviiuN UE LA FONS-MÉLICOQ.
i . Fui. iî.j V.
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icoNO(;uAPiiii:
DU CHKMIX Di: LA CHOIX
l'KKMIKKi: STATION
(SI- m: ').
J'ai (létenniaé dune manière l'igourciiso cl absolu'', à l'aide des textes
(juc Piome a fournis, le sujet de la prcuiicre slatiuii ilu C.henn'n de la croix,
qui est la Co> damnation a moût ni; .Iksi s iv\ii Ponck I'ii.atk.
Pour être complet et surtout ari'iver h une solution prati(|ue. Iiois ques-
tions me restent encore à traiter, à savoii- : quelles i-eprésenlalions il faut
éliminer. (|uels motièles il importe de consulter, et enlin (\w\ tvjie ieono^ra-
pliique il convient d'adupter.
La <i Condamnation à mort de Jésus-Christ » se compli(|iie de trois phases
distinctes: l'arrêt prononcé, le lavement des mains, et la mise à exécution de
la .sentence.
Rome n'autorise (pie la première; les deux autres. s(''pai'ées ou unies dans
le même tableau, sont fort ri'pandues en f'rauce el en Allemagne, sans |)our
cela qu'il soit loisible de s'y arrêter cl d'en faire choix di' prétéi'ence à celle
qui a été spécialement désignée.
Or, voici d'où provient l'erreur. Nos CheuMiis de ci-oix en géuéi-al ont été
calqués, autant que possible, sur l'Évangile (|ui se tait sur l'acte même de
la condamnation, pour parler exclusivement de ses consétiucnccs. IJome, au
contraire, laisse ici l'I'lvangile de côté et ne s'appuie ([ue sur la tradition.
Que Pilatc se lave les mains pour cherchei- à s'innocenter et dégager sa
I. Voir les « Annales Archéologiques», vol. xx, [Kiges 191 et 310; vol. xxi. pages 1'.) el i'il.
252 A\,\ALIiS AUCllKOLOCilOUES.
i-L'sj)()ns;il)ilili'' pei'soiiiiiîllr ; (jn'd!) .scr\ ilciir \i(Miiii' à lui a\i'i- |';iit;iiircr cl le
bassin, ix' ([iii iiii|.)li(|iiL' (]ucl(]ue chuse de inuiiis ({ue dans la scrne |)récé-
(lenle; Iriiit cela, (jnelqne aniorisé (|n'il senilile êlrc par la cdutninc locale ou
ini Iniii;- usage, lonl ce corolla,ii-e n'est pas le l'ail lui-mènie le! (Hie nous le
(li''siroi]s. C'est-à-(iii'e (|iie, sur trois cirennslances saccessi\('s qui composent
liisloi-i(|ucuicul [i\\ seul et mènie l'ait, nous partageons jiour choisii' la pre-
mière selon Tordre clironolo,!i;i([ue el ivjcl(.'i' sévèi'cineiil . iuipitoxablemeut les
deux autres.
L'allemand Fuerich. dans son pi-emier tableau, a. eu le toi't .urave d'an-
niliilci- sa composilion. rcmai'(inable d'aillmu's au poini de \ue artislicpie. pai'
la mise en scène de l'ilale se lavant les mains el de Jc'sus emmené par les
soldats. Poui' me sei'vii' d'une expi'ession i^m'cment gi'amiriaticale (|ui l'ait
mieux ressortir ma pens(''e, \o peintre a inlerverli la (|ucstion de « temps », en
employant le ^ passé» au lieu du " pn^scul <• . 11 a j-eprc'senlé .lé-sus « con-
damné » et non pas « subissani la condainnation », l'ilate » se disculpant»
el iiiiu |ias 11 portant sa scnlence ».
Celle dislinclion est ime nuance, je le sais; mais je suis d'autant plus
Iiareli h la soulenii'. f|ue la, sacrée Congrégalion des Indulgences l'a consacrée
])ar un décret ofliciel et obligatoire.
l^es monuments, qui sont pour la plupart l'i'clio des saints livres, nous
oH'renl peu de l'essources poiu' réiucidalion de la première» station de la. voie
douloureuse, l'ilale les occupe beaucoup el . di' nos jours, on ])araît encore
trop se compiaii'e à ce singulier pei'sonnage. Celte obserxaliou est si juste et
si bien i'ond('e que. des trois gravures destinées à illustrer cet article, deux
sont fautives et une s(>ule a ]iour nous une certaine valeur archéologique.
Sur le sarcophage de Latrau. l'ilate va se laver les mains; sur l'ivoire de
Milan, il se les lave; seul l'ivoire du Louvre s'attache à figurei' la condam-
nation. Cl' que raiiliijuiti'' et le moyen âge naissant laissaient à désirer, le
MU" siècle nous le donne en s])écimen que nous nous empressons d'accueillir.
Donc ici, ])our ne pas multiplier les exemples qui augmenteraient encore
peut-être un chilTre constatant trop notre ])énurie, la projiortion est déjà d'un
à trois. Deux de ces gravures diront à l'artiste ce qu'il aura soin d'éviter,
comme la troisième lui apprendra ce qu'il est indispensable de consulter.
La confusion existe dans l'iconographie grecque, comme elle est sensible
ilans l'iconographie latine. Je n'en veux d'autre preuve que le texte suivant
<|ue j'emprunte au « Manuel d'iconographie chrétienne » de M. Didron,
K Cuide de la Peinture », p. 193. C'est même pis encore que chez nous; car
nous n'avons pas, que je sache, interverti l'ordre de deux scènes qui ne
icoNOGiiAi'Hii: m ciir.MiN nr-; i,\ ciioix. 253
|)euven( môme pas être sinmltaïu'es. quoi(nraii \\\' siArle un peintre verrier
de la cathédrale de Chàloiis-sur-Marne les ait confondues dans un tableau
dont la léi^ende est celle-ci :
<:()mi:nt l'inrr: i:iim)vnv ■ jnscs ■ en ■ lwam • ses ■ mains-
Ainsi s'exprime le peintre j^rec :
'( PII.VTE SE LAVi; LES MAINS ET PRONONCE 1,A SENTENCE.
» Lu palais. Pilate assis sur un Irùne, les yeu\ tournés vers les Juifs. Un
homme devant lui. portant un bassin et une aiguière, verse de l'eau et lui
lave les mains. Derrière lui. un ji'une homme lui parie à rorcillo. Au|)rès du
trône, un jeune iiommc écrit sui' un papier ces nKJts : « Kinmemv. au lieu
<i public du supplice et attachez à une croix, entre deux voleurs, Jésus de
« Nazareth, qui a corrompu le peuple, insulté César, et ([ui. d'après le
« témoignage des anciens du peu|)le, s'est proclamé faussemcnl le Messie!».
— « Devant lin', le Christ; des soldats s'en saisissent. Anne. Caïphe et
d'autres Juifs, avec des enfants devant eux el sur la lète des(|uels ils posent
les mains, regardent Pilate et montrent sa sentence. »
J'ai parlé de modèles à consulter et non à copier servilement . car c'est
surtout l'idée que nous cherchons. Peut-être, des quehiues représentations qui
vont être décrites, sera-t-il possible de dégager certains traits i)articuliers
qui, groupés ensemble et débarrassés d'un entourage inutile ou fautif, forme-
ront le type de la première station. Piome y est pour la grande pari, car le
Chemin de la croix est son onivre. et. si elle ne l'a pas ci'éé, elle l'a du moins
développé, encouragé et propagé.
11 est regrettable que la crypte de la basiliciuc de Sainl-l'iene, plus connue
sous le nom de « Grottes vaticanes », renferme tant d'objets d'art cachés à la
lumière et dérobés aux études. Là gît en elïet tout le |)assé de cette basilique
qui, de Constantin, son fondateur, à Nicolas V, son de>(rucloin'. y avait accu-
mulé , siècle par siècle, des trésors artisticjues et archéologiciues. Kspérons
qu'un jour viendra où ce vaste sépulcre de l'antiquité sacrée sera ouvert, ou
tout au moins rendu plus accessible, je ne dis |)as aux curieux, (|ui y vont
quand ils veuleni , mais aux véritables savants, qui ont besoin de temps pour
ne pas étudier su[)erliciellement , et (|ui doivent surtout prendre des notes
pour ne pas oublier ni confondre les monuments si divers (jui ont pu frapper
leur attention.
Or, parmi ces monuments qui mériteraient les honneurs de la photogra-
phie, je distingue et mets au premier rang les sarcophages de marbre blanc
XMi. 33
25li ANNAMOS ARCII KOLOGIOIJES.
où reposent les ossements de .limiiis Bassiis et dn pape Pie 11. l/iiii est daté
de l'an .'^59. l'autre n'est pas postérieur au iv° siècle.
Sur le premier sareophage, la scène de la condamnation se détache en fort
relier, je (lirais ])resf|ue en ronde bosse, tellement les personnages ont de
saillie l'elalivw^ment à la surface plane du bloc, dans lequel ils ont été taillés
pal' inic main habile et sûre d'elle-iui~'uie. Pilate est assis, dans raltiUi(l(> de
la i'(''lle\i(m. car di'jà la eoiidaïunalion est prononcée, et le serviteur qu'il a
demandi' lui apporte l'eau avec huiuelle il espère efl'acer une souillure indé-
lébile. I.a tèle appuy(''(> sur sa main, il ne s'occupe même plus de Jésus, qui
se lient drhout devant lui, les mains liées derrière le dos, et assisté d'un
soldat {|ui le gard(>.
I.'air d'embarras et d'ennui cpii se lit sur le visage de Ponce Pilale. est plus
sensible encore au tombeau de Pie il. Le juge étend les mains connne pour
repousser une solidarilé qu'il aime mieux rejeter sur le peuple, tandis que son
condanmé. deboul et immobile, montre un calme et une patience divines. Le
Christ est jeune et imberbe, suivant l'usage des premiers siècles. Séronx
d'Agincourt, au tome IV, planche V, de son « Histoire de l'art par les moini-
meuls 11, repi'oduit en gravure peu fidèle, comme toutes celles de son volu-
mineux ouvrage, une scène de la même époque à peu près (|ue les deux
précédentes, mais mieux accusée et plus explicite de détails. Jésus ne varie
pas d'attitude; mais Pilate, également assis sur une espèce de siège en forme
de piédestal, tient à la main droite le rouleau replié dont il vient de faire lire
à haute voix le jugement, et de la main gauche fait un geste pour confirmer
solennellement la sentence ou doimer l'ordre aux soldats d'emmener leur
victime.
Mis en place au xiii" ou xiv" siècle, les panneaux sculptés sur bois de la
porte principale de l'église de Sainte-Sabine, au mont Avenlin, sont pour moi,
tant en i-aison du dessin que du faire artistique, antérieurs au xi'' siècle. Je
dirais presque, tellement la similitude me paraît évidente, que l'artiste vivait
au tf'inps où les types des sarcophages primitifs persévéraient encore dans la
sculpture, quoique déjà « romanisée », ou bien que, revenant en arrière sur
des modèles qu'il aimait et trouvait tout faits, il les copia assez exactement
pour permettre aux archéologues une méprise sur l'âge présumable des pan-
neaux. Pilate est assis sur un pliant et prononce par un geste la condamnation
du ('hi'ist, (|ui , escorté |)ar les soldats, répond ou semble i'(''pondre par un
gesie plus humble, mais non moins significatif de l'index. Ce n'est plus
l'agneau patient de l'I-wangile, qui se tait quand on le tond^; c'est l'accusé
1. (I Doniiiius latiiquain ovis ad viclimam dui-Lus esl. ot non aperuit os su u m ». (Antien. de
ICONOOIIAPIIIK l)i: CIIKMIN DK L\ CHOIX. 255
qui prend liii-mrini! s;i (lélciisi' et cIutcIio à convaincre ou à {Confondre son
juge.
Le colossal et si curieux candi'labre (lascal de la l)asiii(|ue de Sainl-l'aul-
liors-les-Mui's, sij2;né des noms de Nicolas d'Angilo et l'ierre Tassa', nous
amène au xii'' siècle.
.lésus-Christ. vin;iiureusemenl saisi et retenu par des soldats armés de
lances, comparait devant son juge. Pilate assis, connue il convient à l'auto-
rité supérieure ([u'il repi'ésente, et coille d'un turban à la façon oi'ientale, tient
et montre au peuple, de la main gauclie, le livre de la loi, le cotle (jui édicté
des peines contre le roi des .luil's; et. de la droite levée, signitie et prononce
l'application de la jieine de mort.
On compte par centaines les Chemins de croix à Rome, mais leur (lualifé
;u-tistique est loin d'égaler leur nombre. Pres(iue Ions datent du siècU; dernier
ou sont des œuvres contemporaines. A frescpie ou sur toile, tous, sans excep-
tion, reproduisent un seul et même t'ait . la <■ (loudannialidu ". et mille ]iart je
n'ai rencontré le «Lavement des mains». Lrs monuments icoiiographi(|ues sont
donc d'accord avec les textes, et c'est à ce litre ([ue je citerai la première
station des Chemins de croix peints à frescjuc dans le cimetière de Saint-.lean-
de-Latran et le long de l'escalier (|ui précède Saint-l*icn'e-in-Montorio.
Le Chemin de la croix ([u'établirent les Tranciscains. sur le Janicule.
remonte à l'année '17ol. On y voit l'ilate assis et ordonnant à un scribe de
lire la sentence de mort . (|ue .lésns écoute, les yeirx baissés : les mains du
Sauveur sont liées et ramenées en avant; des soldats l'escoitent.
Au cimetière de l'arclii-hôpital de Latran. un seul soldat l'accompagne; les
mains du Christ sont également liées, et sa tète est couronnée d'épines, il
prête l'oreille, ainsi que Pilate, qui trône sur un tribunal élevé, à la sentence
que lit le scribe sur un volumen déployé.
Voilà les modèles, tant anciens que modernes. (|iii devaient attirer et fixer
Laudes, au Jeudi saint). — « Olilatus est quia ipso vnluit, et non ap'Miiit os suum : sicut ovis ad
occisionem ducetur, et quasi agnus coram tondenle se olimutcscot. et non aperiet os suum ».
(ISAïAS, cap. Mil, V. 7.)
I. L'inscription, gravée sur niai'l)re, se lit ainsi :
EGO . .Nir.OLAVS • nE . ANGILO • C.VM • PIlTnO . TASSA • I>i: • TlTli ■ HOC OI'VS • r.OMI'l.KVI
Le môme artiste se retrouve en 1 170 au maUre-autel de la catlicdrale de Sulri el, eu I \H(), [i la
confession de Saint-Barlliélemy en l'ile. — I'giiki.i.i , « Italia sacra ». t. i, p. lil7o, reproduit sa
signature de cette manière :
HOC OPVS Ki:CIT MCOLAVS et FILIVS KIVS ANNO INCAB. m • CI,XX • — rACTV.M HST HOC opvs
A VEN • Vino AIIAI.BEHTO El'ISCOl'O.
256 ANNALES ÂUCUKOLOGIOIES.
notre attention. 11 importe d'en grouper maintenant les traits principaux
pour en former un type unique que compléteront encore les données évan-
géliques.
1/aui'ore éclaire le ciel de ses premiers l'eux. Les ciuatre évangélistes sont
unanimes à ]iré'ciser le moment où commence le grand drame de la cruci-
fixion, (l'est le matin, alors qu'il l'ait déjà jour: » Mane autem i'aclo »
(S. M.VTTU., XXVII, 1). — • « Et conl'eslim mane » (S. Marc, xv, 1). — « Et nt
fcictus est dies » (S. Etc.. xxii. GG). — « Erat autem mane » (S. Jo.vnn..
XVIII. 28).
La scène (|ui nous occupe va se passer au prétoii-e : « Tune milites pnesidis
suscipienlcs .lesum in pnclorium » (S. "Mattii.. xx\ii. 27). — « Milites autem
duxerunt cinii in atriiun praetorii » (S. Marc, xv. 16). — « Adducunt ergo
Jesum a Caipha in |)ra'lorium » (S. .ToANN'., xviii, 28). — Saint Jean alln-me
donc qu'au sortir du palais de Caïphe Jésus est conduit au prétoire; non
moins explicites, saint Matthieu et saint Marc racontent que c'est au prétoire
que le prennent les soldats, qui, après sa condamnation, le conduisent dans
r ' atrium » ou cour iiiti'rieure du prétoire. ])oiu' le livrer à. la curiosité, au
mépris et aux insultes de la populace.
J(^ n'ai point visité les saints lieux; mais, d'après le contexte de l'Évangile,
il est facile de se figurer la disposition intérieure du prétoire. Le premier inter-
rogatoii-e se fait dans la salle du pi-étoire; mais, comme la foule augmente gra-
duellement et que l'espace devient insuirisant pour contenir ce flot sans cesse
grossissant, Pilate sort dehors, c'est-à-dire (|u'il va siéger en avant de cette
même salle, sur une terrasse ou portique ouvert, à laquelle mène un large
escalier qui part de 1' <. atrium ».
(i Pilalus autem. (juiun audisset hos sermones, adduxit foras Jesum ; et sedit
pro ti-il)uiiali . in loco qui dicitiu' Lithostrotos. hebraice autem Gabbalha »
(S. JOANX.. XIX. 13).
L'aire de ce porli(iue est pavée, à la manière romaine, de morceaux de
marbre de différentes couleurs, coupés symétriquement et combinés selon les
figures les plus gracieuses de la géométrie. Tels sont encore à Rome les
dallages découverts au Forum et sur la voie Nomentane, à cet oratoire qu'on
a si pompeusement nommé « basili([ue de Saint-Alexandre ». Le lithostrotos,
ou <i pavé de pierre ». a précédé 1' « opus alexandrinum ». qui, connne lui.
est formé de pièces de rapport, plus petites toutefois, mais que l'on confond
à tort, à Rome même, avec la mosaïque du moyen âge.
L'existence de l'escalier est incontestable, car elle est attestée par un texte
et par un monument. Saint Marc dit positivement que la foule « monte »
ICONOGRAr'IIIK Di: CHEMIN DE 1,A CROIX. 257
au palais pour y pork-r ses ivclainalioiis d'usage : u Kl ([iiuni ascendissel
turba, cœpit mgaie, sicut seniper faciebat illis » (S. Mvr.c... \v. 8). L'escalier
est à Rome, depuis des sièrles. Tobjet de la véiiéralion et du eulle. Par res-
pect ])our Jésus. (|ui li> l'iuila de ses pieds el l'arcosa de son sang, les fidèles
ne le montent ([u'ii genoux el en priant. Cet escalier se com|)ose de vingt-huit
marches de niarbri; blanc ciue. poui' en empèclier l'usure, le pa|)c Clémeul \ll
a fait recouvi'ii' do bois '. Placé en avant du " Saiiil des Saints >. près di' la
basilique de Lalran, il est couronné à son sommet par deux poiles |)ro\euanl
du pr(''toii'e; |)orles carrées et en mai'bre blanc, dont les linteaux seuls sont
moulurés et sculptés.
Une partie de ces circonstances se trouve exprimée siu' l'ivoiiv de Milan -.
Kn elVet le prétoire e.st un palais, dont la salle jirincipale. bâtie (>ii l'orme de
donjon, est coiflee d'un toit coni(iue. Kn avant, sous une arcade ([ui n'cM pas
la jjorte. mais un portique ou\ei't. comme le Liilioslrotds. Pilate assis, les
pieds sur un escabeau ou une (''|)aisse mai'clie d'escalier, se lave les mains
dans le bassin concave que tieni son serviteur.
Pilate a la tigure soucieuse ; le rêve de sa femme le préoccupe, sa conscience
lui l'epi'ochc un acte ([ue rien ne justifie ■*; sa main même est portée à sa tête
pour la soutenir, car elle penche inclinée par femiui ([ui l'oppresse. Néan-
moins il prend son parti. (iuoi(|ue limidemi'ul . el le geste. au(|uel il se décide
de la main droil<'. trahit son émotion et son embarras.
Sou front, comme sm- le diplyciue de Milan. |)eut être ceint d'un bandeau
perlé; et. sur r(''paule di'oite. s'agrafera la clilamyde cpii cou\re eu parlie sa
tuni([ue.
Il est assis sur im pliant solidement ajtjtuyé sur des grilles de lion dont les
têtes rugissent aux accoudoirs^. Sa dignité de pré-ident et ses fonctions de
juge exigent cette posture, (|ue d'ailleurs réclame expressémeni la traduction
littérale du texte sacré : " .Sedenle autem illo |)ro li'il)unali « (S. Mvttu.,
1. V. mon n Année liluriiiqiic à Rome », i' édition, p. '289. — Mazzicom, « Meniorie stori-
ctie délia Scaia sanla ». Rome, 1S40, in-8". Au xvr siècle, cet escalier portait encore 1(! nom
d'« Escalier de l'ilale », désignation dont se sert dans son « Diario » Paris de Crassis, évt^que de
Pesaro el maître des cérémonies du pape : « Ipse (Papa) apud Lateranum perno((avii cuni suis;
non tamen nunc ingressus est eccicsiam, sed per scalas sacras, qu.T vulgo Pilati dicunlur. ingros-
sus est palatium ».
2. Voir la planche dans les « Annales Arcliéologiques », vol. xxr. page 18.
3. « Ail aulem l'ilatus ad principes saccrdotum et turbas : Niliil invenio causa; in hoc Lomine t.
(S. JOANN.. xxni, l.)
4. <i Et duo leones statjanl juxia manus singulas ». « IJb. Reg. », x, 18-19.) — Voir sur les
chaises curules, « sella plicalilis, suggeslus, faldislorium, trône consulaire», lo tome i des « Mé-
langes d'archéologie », p. 167 et suiv.
258 ANNALKS AliCllÉULUUlglES.
XXVII, 19). — Il Pilatus auteni. qiumi audisset hos sermoiies, adduxit loras
Jesuin et sedit pro ti'ihiiiiali » (S. Jown.. \ix, 13).
Le Iribunal est constitué en delinrs de la salle des jugements ordinaires,
l'ilate domine rassembli'e qu'il |)i-éside : « Tradiderunt Pontio Pilato pne-
sidi » (S. M.VTTU., xxvii, 2); sa garde l'entoure et lui fait une escorte d'hon-
neur; les licteurs se placent en arrière, portant au bras les verges qui dénotent
la puissance souveraine au nom de laquelle la justice est rendue et mise à
exécution. Plus près de Pilate et à ses côtés se groupent ses familiers et les
scribes chargés de rédiger l'interrogatoire et la sentence, puis du la promul-
guer à haute voix en présence du peuple assemblé. La condamnation à mort
vient d'être |ii'(inoncée; le scribe, sui' l'ordre donné par Pilate. déroule le
parchemin sur lequel est enregistrée la sentence qui sera conservée dans les
archives du palais, puis il en donne lecture au patient.
Jésus se tient debout: « Jésus aulem stetit ante prsesidem » (S. Mattii.,
XXVII, 11); il est silencieux, car il n'a rien à objecter contre l'injuste arrêt
(|ui le IVap|)e : « Kt non respondit ei ad ullum verbum. ila ut mirarelur
prœses vehementer » (S. Mattu., xwii. xli); — « .Jésus autem amplius nihil
respondit, ita ul miraretur Pilatus » (S. \L\uc., xv. 5). Il est habillé déri-
soirement d'une robe de pourpre, en remplacement de la robe blanche dont
Hérode l'avait revêtu : « Sprevit autem illum llerodes cum exercitu suo, et
illusit indulum veste alba, et remisit ad l*ilatum. » (S. Luc, xxiii, 11). —
Il Exivit ei'go Jésus poi'tans coronam spineam et purpureum vcstimentum »
(S. Jo.VNN., XIX, 5). Son front ensanglanté est déchiré par une couronne
d'épines : « Et milites, plectentes coronam de spinis, imposuerunt capiti ejus,
et veste purpurea circumdederunt eum » (S. Joann., xix, 2); ses mains,
liées de cordes, sont attachées derrière le dos : » Et vinctum adduxerunt
eum 1) (S. MvTxn., xxvii. 2). — « Vincientes Jesum, duxerunt et tradide-
runt Pilato » (S. Mauc, XV, 1).
Les mains du Sauveur furent-elles liées en avant ou en arrière? L'ivoire du
Louvre adopte la première opinion ; je me range à la seconde, car il me
revient à la mémoire ces vers du deuxième chant de 1' « Enéide », qui impli-
quent, ce me semble, la constatation d'un usage romain :
Ecce manus juvencm interea post terga rcviiicliim
Paslores raagno ad regein tlaraore traliebanl
Dardunida:'.
Les soldats, qui ont amené violemment le Christ à Pilate, restent autour de
lui, prêts à jeter de nouveau les mains sur sa personne sacrée pour le
;ar i!iyKo.\. A r-v\i-i!.>
^^VANT PÎLftTK.
/:,,„„/,,„ .A-
'-¥.:; THois ma:-::es
:vc:p.e du louvre x:;;>; siècle
■/w z»*^ Jfii/ivn . sJ. /r»-
A/-,,/v- /-,, / />//*/ ;; ,„,.„ .,t /, /;.„,. /; /;,
ICONOIIIUPIIIK DU CHEMIN 1)K LA CHOIX. 2.')'.>
conduire au supplice : <■ Mililrs autciu diixennit ciun in airium pra'torii. l'I
convocaut tolarn coliortoin " (S. M vue. \v. Ui). — » Tuiic mililes pra'sidis.
suscipienU's Jcsiun in piM'Inriuin. conj^rcgaNcrunt ad (Muii univorsain coIkii'-
teui i> (S. MvTTu.. \\vii.:27j.
I.c palais de l'ilali' est envahi par la l'iuile (|ui s'y presse. e(>ni|iart(' el hale-
tante, uiuetle maintenant, mais le ('(eur encure |)li'in de \()cil'i'rali()ns. Il
semble ((ue h' cri de inert protVTé |iar tontes ces iionches bi'aiites. conniK^
satisfaction de la solution (ju'elles ont provoquée, plane sur cette assemblée
coupable, oîi l'on distingue des vieillards mêlés aux soldats, el où l'on voit
des prêtres et des scribes confondus dans une même haine c(Mitrc celui (|ne
tous accusent de s'être proclamé' Fini des Juifs : u Summi sacerdoles <-um
senioribus el scrihis et universo concilio » (S. M\nc.. \v. 1). — n Pontillces
autem concitavcrunt tnrbam » (li)., xv. 11). — « Ounies principes sacer-
dotuui et seniores populi <> (S. Mattu.. wvii. J ). — • Principes autem sacer-
dotuui et seniores persnasei'unt populis ut pelèrent lîarabbam. .letiuii vero
perderent )) (Id., xxvu. 20). — « Convenerunt senioi'es plebis el princi|)es
sacerdolum et scriba' » (S. Lvc... xxii. G(i). — <> VA surgens omnis mnililudo
illorum Kvclamavil autem simnl universa tm-ba » (in.. x\ii, 1.18). —
» Ouuui ergo vidissent mun |)iintilices et ministri. claniabatit dicenles : Cruci-
fige » (S. JoANX., XIX. G I.
La sentence réclamée par le peuple, rédigée et lue par le sciibe sur l'oi-drc
de Pilatc, tel est le point principal <iue le tal)leau de la première slation dnii
mettre en évidence, (l'est ainsi ([iic li'ouvera sa ré'alisalioii ce verset du cha-
pitre xxiii de l'Kvangile de saint Luc : " Lt Pilatus adjudicavit fieri petitionem
eorum», qui poui'rait servir d'épigraphe à cet article, dont il est le meilleur
et le plus substantiel résumé.
X. Chanoine BARBIER DE MONTAULT.
LES VITRAUX
DU GRAKD-ANDELY
A MO.NSllilli \LriIONSE DLKAND.
Architecte du (iuiiveriieiiieiit , i-li;ii'i;é de la reslaunilion de l'Église du Grand-Andely (Eure).
MoiisIl'HI',
Afin de satisfaite à tin désii- que vous avez bien voulu m'exprimer à
plusioufs reprises, j'ai riioiincur de vous adresser un petit travail concernant
les verrières dti seizième siècle qui décoretit l'église du Grand-Andely.
Pendant les dillerents voyages que j'ai laits aux Andelys, depuis 1860,
j'ai dessiné une grande partie de ces intéressantes verrières, et j'ai pris des
notes détaillées sur ce qu'il n)'a été impossible de reproduire par le dessin.
C'est le résumé de ces éludes, faites surtout dans l'intérêt d'une restauration
devenue urgente, (pie je viens. Monsieur, soinnettre à votre appréciation.
11 y aurait certainement un gros et bien curieux livre à faire sur les
vitraux de l'église du drand-Audely : leur histoire et leiu' iconographie ne
sont pas moius intéressantes cjne leur fabrication ; mais, à défaut d'une
monogra|)hie complète, je veux au moins vous en donner une courte descrip-
tion; et, pour me renfermer dans le cadre qui doit limiter ce travail, je vous
parlerai spécialement de l'état déplorable dans lequel se trouvent aujourd'hui
ces magnifiques spécimens de l'art des peintres verriers de la Renaissance.
I
Au commencement du moyen âge, le vitrail était une véritable mosaïque de
verre, où la peinture ne remplissait qu'un r»Me accessoire tandis (jue la fabri-
LES VITKAUX DL' GRAN U-,\M)KLV. 2(31
cation tiKitériolIe on était la chose importante. Dès lors le vitrail .s'exécutait
constainnicnl dans des coiulitiniis de solidité d'une perfection ai)siihie. (ïonune
réditice qn'il ornait, il senii)lait destiné à une existence indélinie. \m verre le
cédait à peine à la pierre comme durée, et la meilleure preuve (|ue j en
puisse donner est la conservation à |)eu près égale des deux matières, dans
les monuments des \ii'\ mu'' et xiv° siècles. Mais au w"" siècle, av6c ce qu'on
appelle communénuMit les proférés de la peinture sur verre, progivs ([ui. au
point de vue de l'art décoratif, sont une décadence, est survenue une trans-
formation radicale du système. La mosaujue est deveiuie un tableau, et. (M1
cela, le vitrail ne faisait qut; suivre l'exemple un peu antérieur de la frcs([ue
détrônant dénnitivement. avec l-'ra Angelico, la mosaique en émail qui couvrit
les voûtes et les parois des édilices religieux jusqu'au xiv" sièch;. J)e même
que les niosa'iques, comme celles qui existent encore en si grand mimbrc à
Rome, à Havcnne, à Venise, à Montréale. ont pioduit les verrièies du moyen
âge, de même les vitraux du xvi' siècle sont un reflet, mie traduction sur
verre des fresques de Ghirlaudaio à Florence, de Signorelli à Orvieto, de
Michel-Ange. Raphaël, Masaccio et Pinturicchio. à Rome.
Cette transformation dans l'art du vitrail aurait dû aineuer avec elle une
perfection de j)lus en plus grande dans la fal)ricalion, en raison même des
difficultés inhérentes à l'exécution de grandes scènes sur verre. Mais le
contraire arriva, et toutes les préoccu|ialions des artistes de la renaissance se
concentrèrent sur la peinture |)ropi-ement dite, laquelle prit un immense
développement et ht d'incontestables progrès. Les plus grandes liardiesses
dans la composition, le dessin et la pers|)ective furent appliquées à l'exécution
des vitraux dès le connnencement du xvi' siècle ; le modelé des tigures fut
poussé aussi loin qu'il lui était possible d'aller, et les émaux colorants datent
de cette épotpie, à l'exception cependant du jaune produit par le chlorure ou
le sulfure d'argent, et dont on a des exemples dès le xiv siècle.
Mais si la peinture sur verre ne laissa plus rien à désirer, la partie maté-
rielle du vitrail l'ut complètement négligée : le verre neul plus celle épaisseur
de h h 5 millimètres qu'il avait constamment au moyen âge, et bien ([u'il ne
possédât au xvi'' siècle ([u'mic épaisseur tout à fail insuflisaule de 2 milli-
mètres en moyenne, à de très-rares exceptions |)iès, il ne l'ut divisé qu'en
morceaux d'une assez grande étendue, ce qui devait amener bien vite sa
destruction. Le plomb perdit aussi les qualités de résisfance ([u'il avait anté-
rieurement, et, en conséquence de sa forme et de sa faiblesse, ne retint pas
solidement le verre. Knlln la com|)(jsitioii des sujets et ragencemenl des
figures forcèrent les peintres à choisir entre deux systèmes, ou de couper
xxii. 3i
2G2 ANNALES AHCHKO LOOIQIKS.
maladroitement leurs œuvres par le nombre de barres de fer nécessaires pour
relier des panneaux de grandeur ordinaire, ou de donner à ces panneaux des
dimensions exagérées en diminuant le nombre des barres. Le premier parti
prévalut forcément; aussi, tout en tenant compte des cas assez frcc[uents de
restauration moderne, il est facile de constater la brutalité avec laquelle les
sujets sont traversés par le fer. En résumé, tandis que les verrières des
xiT cl xm" siècles sont restées dans un état de conservation à peu près
parfait, colles du xvi" siècle sont toujours fort incomplètes : des panneaux
entiers ont été détruits et les autres approchent de la destruction. L'effet
des l)oiilevi'rsements sociaux et des intempéries a |)rol)ablement été le même
]iour les uns et les autres, et, en tous cas. les 03uvi-es qui ont eu l'existence la
plus longue auraient dû souffrir en proportion de leur âge. Donc, si les
verrières du xvi"" siècle sont g('>néralement en mauvais état, les causes en sont
incontestablement celles que je viens d'indiquer.
Les vitraux de l'église du Grand-Andely n'ont pas échappé aux déplo-
rables conditions de la fabrication de ce temps. Tous, ceux des fenêtres
basses comme ceux qui garnissent le « clerestory ». sont mutilés et boule-
versés également; ce qui permet de croire que le vandalisme des révolutions
n'est pour rien dans cet état de choses, les fenêtres supérieures n'étant guère
à la ])ortée des iconoclastes modernes.
La destruction rapide des vitraux de la renaissance, en général, nécessita
à plusieurs (''poriues des restaurations toujours extrêmement maladroites, ou
phiiôl faites avec insouciance et sans goût, ce qui s'explique aisément, du
reste, par la désuétude dans laquelle était tombée la peinture sur verre dès la
seconde moitié du xvii^ siècle. Au Grand-Andely, en particulier, les vitraux
ont été l'objet de réparations de ce genre, exécutées appareinment par des
maçons, car. en dilTérents endroits, les cassures du verre ne sont pas réparées
avec (lu plomb, mais avec du mortier. Ouels qu'aient été les restaurateurs,
ils paraissent au moins avoir tenu à remettre en place les pièces de verre qui
s'étaient détachées des vitraux; seulement, qu'elles fussent le haut en bas ou
le bas en haut, cela leur était égal, et, quant aux morceaux à remplacer, la
couleur leur importait peu et le dessin était rarement continué. Souvent aussi,
des débris d'autres vitraux servaient à ces restaurations inintelligentes, en
sorte (|u'une tète dissimulait l'accroc d'une draperie, et un motif d'ornement
remplaçait une tète. C'est ainsi que les deux verrières les plus intéressantes au
point de vue historique, représentant la vie de sainte Clotilde. sont aujour-
d'hui de véritables kaléidoscopes, où il est difficile de lire les sujets.
LES VITRAIX DU GRAND-ANDI'I.V. 263
II
Les vitraux de l'éi^lise du Grand-Andely décorent les deux étages du
coté sud de rédifice. dont les haies sont en gotliiciue llainboyant. sauf des
niodifications postérieures. nuel(|ues vestiges de vitraux existent au côté
nord, le(juel est en belle architecture de la renaissance. Ces fragments, assez
insignifiants du r(\Nte. sont, les uns de la un du xiv'' siècle, et représenliMit
une <i Vierge portant rivnfant .lésus », un « donateur » et une « doiialrice ».
ainsi que des morceaux d'archilecture; les autres, remontant au wii" siècle
seulement, représentent « Jésus crucifié entre la Vierge^ iM saint Jean ■>.
Ouelques panneaux conservés dans la sacristie, et (jui sont, je crois, du
xvir siècle, ont appartenu, dil-on. à cette partie du monumeni ; ces
fragments, d'une exécution remai-quable. mais d'un ell'ct doiitoïK. sont
d'ailleurs peu importants et Irès-détériorés : le verre en est mince jus(|u'à.
l'invraisemblance, la coloration est produite exclusivement par des émaux, et
les figures sont d'une dimension tellement exiguë que, malgré mon respect
pour la tradition, je pense ([u'on doit leur assigner une provenaiice étrangère
à l'église du Grand-Andely. (^e sont des panneaux d'aiiparlemcnt ou de
chapelle particulière, plutôt que des parties de verrières destinées à garnir
les fenêtres d'un grand monument religieux.
J'ai vu trois de ces panneaux, les seuls qui soient encore complets ; chacun
d'eux a 0 m. 60 sur 0 m. 50. Le premier représente une «i Nativité » ; le
second, la « Vierge et les .\.pôtres réunis dans le Cénacle » ; le troisième,
un « Crucifiement ».
III
La première chapelle du bas côté sud renferme deux verrières représen-
tant des sujets de la vie de sainte Clotilde, patronne de l'église et de la
contrée, où elle est en grand honneur. Le 3 juin, jour de sa fête, un pèleri-
nage célèbre attire au Grand-Andely une foule immense, en grande partie
composée de malades qui ont l'espoir de guérir par l'intercession de cette
sainte, à laquelle on doit l'établissement définitif du catholicisme en France.
Ces deux verrières ont été fort maltraitées ; elles doivent, probablement,
une partie de leurs mutilations à la reconstruction des fenêtres dans lesquelles
elles sont placées. Des meneaux droits, allant de la base juscju'à 1 extrémité
264 ANNALES AHCHÉOLOGIQU KS.
de l'ogive, partagent chaque vitrail en quatre baies et ont été substitués au
système tlainbnyant. qui est resté intact dans d'autres fenêtres. Vn grand
nombre de panneaux sont entièrement bouleversés et n'olTrent plus qu'un
assemblage informe de morceaux de verre de couleur. Les figures sont d'assez
petite dimension, des fonds d'architecture et de paysage occupant une
grande |)arti(> de la superficie. Ces fonds sont d'ailleurs extrêmement jolis et
d'une belle exécution; sous ce rapport, les peintres verriers de la renaissance
avaient un talent remarquable, et les vitraux d'Andely ne le cèdent pas aux
plus beaux de cette époque.
PRi!:Mii':[iE verriei;e.
LKGENDE DE SAINTE CLOTILDE.
Les sujets f[ue repiv'-sente une des deux verrières consacrées à sainte
Clotilde se rapportent à l'épisode de son mariage avec Clovis. L'artiste s'est
servi, pour sa composition, d'une version fournie par une ancienne chronique,
dans laquelle la légende se mêle à l'histoire et dont, par conséquent, tous les
détails ne sont pas d'une exactitude rigoureuse. La voici en substance : —
Sainte (llotilde était fille de Chilpéric. qui régnait sur Genève, la Savoie et
une pai'tie de la Provence, et qui fut massacré, avec sa femme et plusieurs
de ses enfants, par son frère (londebaud, roi de Bourgogne. Les deux filles
de Chilpéric fiu'ent épargnées.. L'une entra dans un couvent; la sainte,
enfermée dans un château, fut instruite dans la religion catholicjue, bien que
Gondebaud fût arien. Clovis. ayant entendu vanter sa beauté et ses vertus
par des amliassadeurs (ju'il avait envoyés à Gondebaud, songea à l'épouser
et se pn'-para à la demander au roi des Bum'guiguons. Mais, avant d'entamer
cette négociation d^'hcate. il voulut s'assui'er de l'assentimeiil de Clotilde, et,
en conséquence, il envoya près d'elle un de ses serviteurs les plus dévoués,
Romain d'origine et nommé Aurélianus. Celui-ci. ayant accepté cette mission,
emporta un anneau c[ue son maître lui avait confié pour le donner à la jeune
princesse, dans le cas où elle accepterait le roi franc pour l'poux. Aui'i'lianus,
déguisé en mendiant, fut bien accueilli |)ar Clotilde (jui voulut, pai' humilité
et au nom de l'hospitalité, lui laver les pieds. Après avoir écouté avec une
profonde surprise les pro[)ositions que lui lit l'envoyé de Clovis, elle accepta
l'anneau, à la condition qu'elle resterait catholique. Aurélianus revint aussitôt
près de son maître pour l'informer du succès de sa mission, et le roi le
LF.S Vrrr.ArX du GliAXD-ANDF.LY. 265
chargea de doniander, nllicicllcinciil cl sans délai, à ('loiidchaud. I;i main de
sa nièce. L'anii)assadein' (li)liMt l'aciliMni'iil le consenteiiicul du roi de l'xmr-
g'ogne. parce (|iie celle alliance scinblail assui'cr à ce dernier ra.niilii' dn roi
des h'rancs. Ain'('lianns (''ponsa C.lolildc par [u'ocnralion, en lui donnant un
sou et un denier, selon la conlunie du lenips. Il conduisil la jein:e reine à
Soissons. où ('.lo\is lil ciMiMirer son niaria,i;'i' solennellenienl. en hdo.
Voici mainlenant la \(M'rièr(^ :
Parlie (•arr(''e. — \a' premier sujet repri'senle (',|o\ is assis sur son Irône <>t
remeltant à Auréliaiuis. agenonilli'' (hnaiit lin', l'aum'aii (|ne ce dernier doil
doiuier à CJolilde. I,<> roi esl coillV' <ruii liu'han. ainsi <|ni' deux personnages
c|ui se tiennent debout |irès de lui. La scène se passe dans une salle
magMifit|uenienl ornée, dont l'ouNertun' dn fond laisse a|)ei-ievoir un
cheval probablement destiné au messagei". bien (pie celni-ci. d'après l;i
légende, ail l'ail son voyage à piiul. Un dais fort riche (_'sl placi'' an-dessus
du trône. Tonte la pai-lie supé'i-iein'c dn suj(.'t est l)i(^n conserv(''(i; mais, le
panneau infér-ieur é'tani comph'temeni iiouli'vei'si'. les ligures n'existent plus
qu'en buste. Une partie de la composition, di-lrnite mainlenanl. a dn èli-e
occupée par d'autres personnages, l ne in>cri|ilion. plact'e dans le l)as de
la baie, a disparu presque entièriMuent ; le seul nom de ci-ovis se lit encoi'e.
Nous Noyons ensuite Aui'(''liaiuis baisant la irjain de la princesse; un
homnu' agenonilh' esl |irès de lui. Au-dessus di's personnages sont deux
porti(jucs ; à l'intérieur de l'iui d'eux. C.lolilde donne à l'ambassadeur une
promesse écrite d'épouser le loi; c'est du moins la seule explication |)lausible
de ce sujet. L'entrevue de la nièce de (iondebaud et d'Aurélianus serait ainsi
scindée en deux épisodes. J^es ligui'es qui comiiosent celle dernière scène
sont d'ailleurs fort petites en cons('(|uence de la perspeclise. et elles ne me
paraissent avoir él('' placées là ([ue pour gaïaiir cl animer celle partie du
vitrail, où il y a beaucoup d'aichilectniv. L n paysage renqilit le \ide entre
les deux |)oi'tiques. Connue dans la première baie, les figures ont soulTerl.
et la partie inférieure est très-boulevcrséc. (Juant à rinscrii)liun, elle n'existe
plus, on l'a i'em|)lac(V' par du verre blanc.
Dans la troisième tra,vé(% Aur(''lianus é|)Ouse Clotilde an nom fie Clovis.
Le roi de Bourgogne, vu de face, est entre eux. Sur le second plan, deux
évè(|ues assistent à la cérémonie, sans paraître y rem|)lir un rôle actif. Près
d'eux, plusieurs personnages com|)lèlent la com|)osilion. Toutes les ligtu'es de
cette scène, ainsi que civiles de la précédente, sont habillées à la mode du
XV!*^ siècle. Dans la partie su|)é'i'ieure. une tour à trois étages et à colonnes
prend les deux tiers de la largeur de la baie, et le reste est occupé [lar un
2G0 ANNALES ARCilEOLOGIOUES.
paysage. Plusieurs personnages sont placés aux dillerents étages et examinent
ce qui se passe au-dessous d'eux ; à l'étage supérieur, le peintre a mis un
grand cadran solaire. Ce sujet est bien conservé, relativement aux autres, du
moins. L'inscription de la base est à moitié d(''triiite ; on lit encore : clotildis
Fir DÉLiviuÎE. En elVi>t. la fille du malheureux Chilpéric considéra son
maiiage avec Clovis comme ime véritable délivrance ; la cour du meurtrier
de sa famille ne i)ouvant être pour elle qu'une prison.
La f[uati'ième baie est divisée en deux parties égales : la partie supérieure
représente la nouvelle reine en costume de voyage, la tète couverte d'un
chapeau plat, à grandes ailes, et garni de gourmettes, faisant ses adieux
à riondebaiid cDillV' d'uu liirban. L" palais du un s'élève à droite et l'entrée
en est érlain''i> par uni' lampe sus|)endue à la. voûte. Dans le fond, des
houmies el des chevaux attendent Clotilde pour l'amener à son mari. Les
figures sont de petite dimension et d'une bonne conservation, ainsi que le
palais. ].a partie infi'rieure est occu|:)ée par le donateur de la verrière, prêtre
d'Andely peut-être, et dont la tonsure est bien apparente; derrière lui sont
une femme et des enfants qui ont jirobablement coopéré à la donation du
vitrail. Ces jiersonnages n'existent plus qu'en buste; le panneau du bas,
comme toujoui-s. est bouleversé, et du verre blanc rem|)lacc l'inscription qui
nous aurait fait connaître leurs noms.
Tym]mn de l'ogive. — Ainsi que je l'ai dit, les meneaux droits de la partie
carrée de la fenêtre se continuent dans la partie ogivale, qui est divisée
également en quatre ouvertures. 11 y a peu de chose à en dire. Une inscrip-
tion courait I(! long des deux baies du milieu, mais une moitié en est détruite
et l'autre est illisible ; ([uant à ces deux panneaux, ils sont indéchifl'rables, vu
leur bouleversement complet.
Dans la première baie, on distingue encore un homme en turban, armé
d'un cimeterre; autour de lui est un chaos de morceaux ra|)portés.
Dans la (juatrième baie, au-dessus du sujet représentant les adieux de
Clotilde à Gondebaud. la sainte, une couronne sur la tête et accompagnée
d'un honmie d'armes, s'embarque sur un vaisseau de guerre; ce qui
s'explique difficilement, car la chronique affirme que Clotilde fit le voyage
de Bourgogne à Villars, près Troyes. où l'attendait Clovis, d'abord en bas-
terne traînée par des bieufs. puis achevai, lorsqu'elle fut poursuivie par son
oncle (|ui se repentait de l'avoir laissée partir. Ce sujet est, du reste,
incomplet el en mauvais état.
LES VITUALX DU GHAND-AN DELV. 267
DF.rXIKMK VElillIKIiE.
SriTE IIK 1. V I.Kc.lCNDE DE SAINIE Cl.OTILDE.
La deuxièiiie rciièlre consacrée à CIdtildc, disposée en quatre travées,
comme la |)rcmière. représente surtout la conversion de Clovis. L'étude de
ce vitrail doit forcément commencer par les panneaux supérieurs, si on veut
suivi'e les sujets d'après iinu' oi'dre chronoloi;i(|ue. Au moyen âge. les sujets
s'ordonnent pres(|ue toujours de bas en liant; à la renaissance, on aime à les
disposer de haut en bas. comme les li<;nes d'un livre.
Tympan de l'ogive. — Sainte (Motilde, entourée de ses femmes, est age-
nouillée devant un prie-dieu, surmonté d'un triptyque représentant « Jésus
crucifié ». Elle demande à Uieu de toucher le cn'iu' de son mari, encore
idolâtre, et ([u'elle veut rendre chrétien. On sait (|ue Clovis lésista longtemps
aux instances de la reine. Il tenait, et cela se conçoit aisément, à ne |)oint
mécontenter les l'rancs, qui exécraient le christianisme d'autant plus ([ue la
plupart des habitants du reste de la Gaule, avec lesquels ils étaient con-
stamment en guerre, l'avaient déjà adopté, mais, en général, sous la forme
de l'arianisme. Kt puis, le premier tils de Clovis et de Clotilde. nommé
Ingomer, étant moi1 peu de temps après sa naissance, le monar(|ue franc
n'avait pas manqué d'attiibuer cet événement aux consé([uences du baptême
que l'enfant avait reçu. Knfm. un second fils, appelé Clodomir. ayant encore
été baptisé, tomba malade; le chef salien devint furieux et. malgré l'ascen-
dant que Clotilde avait su prendn' sur lui. n'aurait jamais consenti à devenir
chrétien sans la guérison providentielle du jeune prince et. surtout, sans la
victoire inattendue (ju'il i'em|)orla à Tolbiac, près de Cologne, sur les
Allemands, victoire qu'il n'obtint, dit la légende, ([u'aprè^ avoir fait le vœu
solennel d'embrasser la religion catholique.
Cette partie du tympan, représentant sainte Clotilde en prières, est bien
conservée; mais le sujet suivant, qui occupe le second compartiment, l'est
moins : — La reine cherche à persuader Clovis d'abandonner ses idoles.
Clotilde, vêtue en dame du xvi^ siècle, lève le bras vers le ciel. Le roi
barbare, qui ressemblé singulièrement à Henri IL porte, comme les Valois,
une médaille d'or attachée à une chaîne de même métal. Les deux figures
sont mutilées, surtout celle du roi. Le panneau supérieur est composé
de pièces et de morceaux, et l'inscription du bas est illisible.
268 ANNALES AHCHÉOLOGIOLES.
La troisième baie e^[ coin|)lélemcnl bouleversée et la quatrième est en
verre blaui'.
l'arlie carrée. — Le premier sujet de la partie droite de la l'enètre nous
montre (îlovis l'ecevant le l)aptème des mains de saint Rémi, évèque de
Reims. (iCtte (cérémonie, triomphe éclalanl |ioursaiute Glotilde, eut lieu l(> jour
de No I di.' l'a-umn' /il)(). fjnv is se lit baptiser avec sa sœur Alboflède et trois
mille de ses guerriers. — Au v" siècle, et même beaucoup plus tard, le
baptême avait encore lieu par immersion, et les artistes ont eu soin, ordinai-
rement, de représenter Clovis nu et plongé jusqu'à la ceinture dans la cuve
contenant l'eau régénératrice. Mais les peintres de la renaissance se préoccu-
paient assez |)(Mi (le la vériti', histoi-ique. et. de même qu'ils habillaient des
persomiages de l'antiquité avei; des pourjioints. des haut-de-chausses, des
fraises et des toques eniplumées. de même ils n'ont pas craint, comme dans
le vitrail d'Andely, de figurer Clo\is en costume royal, agenouillé, recevant
sur la tète l'eau sainte (|ue lui vei'se saint Rémi. — L'illustre évèque de Reims,
mitre en tète et crosse en main, tient élevé le vase plein d'eau. Ouatre clercs,
dont l'un poile un cierge, sont derrièi'e le roi. Dans le tond, on aperçoit les
grands de la nation, costumés connue il est dit plus haut. Au centre de la
composition, et sur le second |)lan, est l'autel supportant les vases sacrés.
La partie su|)éi'ieure est occujiée |)ar une architecture qui ne présente aucun
intérêt. Au-dessus de l'autel, le Saint-Ksprit, en colombe, enveloppé dans
une gi'ande auréole, tient rampuule avec son bec; l'écu tleurdelisé de
France est près de lui. .Saint Rémi est la figure qui a le plus souffert; la
tête et les mains sont les seules parties complètes. Le bas du manteau de
Clovis se distingue à peine au milieu d'une grande quantité de morceaux
rapportés. Une .portion de l'architecture est également fort endommagée.
Au-dessous existe encore une inscription effacée, dont je n'ai pu lire que la
première ligne : p\r s\i\t v,tau clovis fut baptisé.
La deuxième baie, divisée en deux compartiments, représente, dans la
partie supérieure, im portique sous lequel nous voyons Clovis et sainte
Clotilde présidant à une distribution d'aumônes. L'artiste a donné toute
l'importance à Clovis, ([ui est simplement assisté par la reine. Il a supposé
probablement ([ue sou mariage avec saint(î Clotilde et sa conversion avaient
doué le farouche roi mérovingien de cette vertu essentiellement chrétienne,
la charité. — Clovis, portant le sceptre d'une main, étendant l'autre en
signe de commandement, est vêtu d'une tunique et d'un manteau en forme
de chasuble ; autom- de son cou est passé le collier royal. Derrière lui se
tiennent plusieurs personnages, au milieu desquels on remarque la reine.
LES VlTllM \ Dl r,KAM)-.\M)i:i.V. 260
dont on ne voit ijue la Icli' couroniii'i'. Sur les inarclii's du palais, des
mendiants et des maladies à geii^)ii\ reroivcnt. leurs aiiiiiôiii's divs mains
d'un officiel'. — • Cumnie tmijenrs. la |)ailie arcliilcrlurale est la mieux
conservée ; le paysage est dcirTioiv'". (Juaul aux li,<.;-ures, à rexception de celle
de Clovis qui est en bon (Mat. les auli'es, surtout celles des meiidiaiils, sont
presque détruites. Au-dessous de celle scèn(\ un doiialeiu- et sa femme
sont agenouillés, mais ils n'exisienl jjIiis (ju'fu buste;. I.e panneau intérieur
est bouleversé.
La troisième baie est divisée, comme la précédente. en deux pai-|ii's. Dans le
haut, sainte Clolilde surv(>ille la construction de ré'giise colh'giaie d'Audi'ly. \ai
sainte étend les bras vers l'édilice inachevé. — l/architecle ol près (Felli' et
tient un compas. Ce sujet est fort i)ouleversé, mais il ollVe encore des diMails
intéressants. Dans le bas. un donateur noble est aii,i'nouilli' devaul un |ii-ie-dieu;
derrière lui se tient sa lennne. également à genoux, l n l'cussun |ilaci'' sur le prie-
dieu porte ■- de sable à trois gerbes de blé d'or et trois croix d ai'gent alternées.
La quatrième baie est la plus maltraitée de la fenêtre. La disposition est
la même que celle des deux baies précédentes. I^a partie supérieure est
occupée pai' deux tigui'es (|ui sont bien certainement étrangères à la veri'ière.
Elles représentent un homme en turban, le bras levé, et une lennne; tous
deux à mi-corps et d'une dimension i)lu.s considérable (|ue celle de tous
les autres personnages des deux vitraux consacrés à sainte (jlotilde.
Au-dessous, un sujet qui a dû représenter un miracle célèln'c aux Andelys,
et dont le souvenir est cher aux habitants de la contrée, est à |)eu près entiè-
rement détruit. Quelques tètes seules sont restées et les di'ux tiers de ce
double panneau sont maintenant en vei-re blanc. Voici riiistoire de ce miracle,
qui a certainement contribué à établir le culte de la sainte ivine de France
dans le pays :
L'épouse de Clovis érigea au Gi'and-Andely une abbaye de hlles. et elle
encouragea par tons les moyens possibles le zèle di'^ ouvriei's. lu jour (jue
la chaleur était grande, les ouvriers, épuisc's par la fatigue et all(''ré;s par
l'ardeur extraordinaire du soleil, niclamèreul iusiauniieiil une boisson suscep-
tible de les réconforter, en déclarant cpTils ne pourraient se conlenter de
boire de l'eau. I^a sainte, touchée de leurs su|)plicatii)ns. obtint du ciel cpie
l'eau d'une fontaine voisine aurait pour ces hommes le goût et la force du
vin. Le miracle de Cana fut ainsi l'enouvelé en faveur des ouvriers de
l'église. — Comme je l'ai dit, il ne reste guère de cette curieuse scène que les
tètes, au nombre de cinq ; la plus visible est celle d'un abbé ([ui a sa crosse
près de lui. Un homme porte à sa bouche une écuelle pleine de l'eau mira-
XXII. 35
270 ANNALKS AHCIIÉOLOGIQUES.
culense. Au milieu des deux panneaux qui composent le sujet, est placé
récusson de France. Au bas des trois dernières baies existaient des inscrij)-
tions; mais elles sont aujourd'hui entirrement détruites.
TROISIEMK \ [^lilUEilE.
I.KGENDE IIE SAINT LKGER, ÉVKQUE d'aL'TUN.
C-etle verrière, placée dans la seconde chapelle, est divisée en cinq baies
séparées par quatre meneaux droits allant de la base à l'extrémité de la
fenêtre, f.es pamieaux se terminent en oisive au-dessus de la partie carrée.
I^(^ vitrail est assez complet, bien (|u'en mauvais état. Un seul panneau
seiail à remplacer entièrement, et encore ne devrait-il être occupé que par
de rarchilecture.
La vie du saint évè(|ue d'Aulim est liée d'une manière essentielle à l'histoire
de la monarchie française au vu'' siècle. Né d'une famille illustre, vers l'an
(316. ses parents le conduisirent fort jrimc à la cour du roi Clotaire II, fils de
la fameuse Frédégonde. iJn peu jjIus tard, il fui envoyé à Didon, évêque de
Poitiei's. son oncle maternel, qui le lit élever avec un grand soin. Promu au
diaconat, bien qu'il n'eut que vingt ans, grâce à son mérite exceptionnel, le
saint ne tarda pas à devenir archidiacre et à être chargé par son oncle du
gouvernement de son diocèse. Il devint ensuite abbé du monastère de Saint-
Maixent à Poitiers, et garda cette charge pendant six ans. Clovis II. roi de
Neustrie et de Bourgogne, mort en 056. ayant eu pour successeur son fils,
Clotaire III, encore enfant, sainte Bathilde, mère du jeune prince, fut pro-
clamée régente et eut pour conseillers saint Éloi. évêque de Noyon, saint
Ouen, do Rouen, et saint Léger (|ui peut-être a joué le rôle le plus considé-
rable des trois. Ici connnence la vie piilili(|ue de l'évèque d'Autun. largement
re|irésentée dans la verrière.
Nommé' à cet évèché en65î). il revint dix ans après à la cour lorsqu'il apprit
la mort de Clotaire III et les troubles qui suivirent cet événement. Les deux
fi'ères du roi défunt se disputaient le trône. Thierry eut quelque temps le
pouvoir, grâce à Fbroïn, maire du palais; mais la mauvaise administration de
celui-ri fui cause de sa chute et de l'avènement de Childéric, qui se plaça sous
la direction de saint Léger et accorda la vie àÉbroïn sur la prière de l'évèque.
Plus lard, le saint devait avoir pour bourreau celui dont il avait été le bien-
LLiS VITRALX DU GT. \N D-AM)KL\ . 271
faitetir I Ciiildéric s'étant abandoiiiK; à la dr-baiicho. Léger le réprimanda
publiquciiieiit. ce ([ui le lit exiler au monastère de Luxeuil. oii il retrouva
Kbroïn devenu son ronipa<:;rion de captivité, dépendant, le roi ayant été
assassiné et reni|)lacé sim' le trône par Dagobert. fils de Sigebert II. l'évèque
d'Autun put rentrer dans son diocèse, et le maire du palais reprit l)ientùt
le pouvoir en taisant roconnaiire pour roi un pn''len(lu (ils de Clolaire III.
nommé Clovis. Mbroïn envo\a une ai'iiiée en lîoui'gogne, (|ui connncnra par
assiéger Autun. Saint Léger, soutenant les droits de Dagobert. voulut n'sister
avec le concours des habitants ; mais la ville tut prise par A'ainier. duc de
Champagne, commandant de l'armée ennemie, ou |)lulùl révè(jue contribua
à la reddition de la ville en se livrant. Saint L(''g('r eut les yeux crevés.
Pendant tout le temps (jue dura son supplice, il clianta des psaumes et ne
souffrit point qu'on le liât. Il lui conduit ensuitr^ en CHiampagiie par Vainier,
lequel ne voulut pas obéir aux ordres dKbroïn. Celui-ci avait ordomu' (|ue
l'évèque fût mené dans un bois pour y mourir de l'aim. Plus tard, saint Léger
eut les lèvres et une partie de la langue coupées, et fut mis sous la garde du
comte Vaneng. Ce derniei' le ti-aita bien et l'envoya au monastère de Fécamp.
oii il guérit complètement, à ce point même de recouvrer miraculeusement
l'usage de la parole. Kbroïn, le poursuivant toujours de sa haine, l'accusa, ainsi
que son frère Guérin, d'avoir contribué à la mort de Childéric. Les |)rétendus
coupables comparurent devant le roi et les seigneurs du royaume : Guérin
fut attaché à un poteau et lapidé; quant à l'évèque d'Autun. on hésita et on
voulut d'abord le faire déposer dans un synode. Enfin quelipies évè(iues ayant
été gagnés par le maire du palais s'assemblèrent et s'érigèrent en juges, bien
qu'ils n'eussent pas été convoqués par le jirimat ou un mi''tropolitain. Sommé
de s'avouer coupable, le saint ne cessa de protester de son innocence. 11 fut
dépouillé de ses vêtements, on lui déchira sa tunique de haut en bas, comme
marque de dégradation et de déposition, et on le li\ra aux mains de Chrodo-
bert, comte du palais, chargé de le faii'i; mettre àmorl. L'exiMuilion eut lieu
en 678, dans la forêt d'Ivelin. ap|)elée ])lus tard foièt de Sainl-Léger. au
diocèse d'Arras. Un seul des quatre soldats commis à cet elfet eut le cou-
rage de couper la tète du saint évètjue; les trois auli^es, s'étant jetés à ses
pieds, lui demandèrent leur pardon et sa bénédiction.
L'ordre dans lequel les sujets sont placés est .semblable à celui (jui a été
suivi dans le vitrail précédent, représentant la conversion et le baptême de
Clovis ; c'est-à-dire (jue ceux de la partie ogivah" précèdent ceux de la |)artie
carrée, chronologiquement; et cependant, une scène de celte dernière partie,
la première à gauche du spectateur, semble aussi être la première de la vie
272 ANNALES ARCHEOLOGIOU ES.
du saint. Il faut donc adopter cette marche, quelque irréguliôre qu'elle soit,
pour la description de la verrière.
l'reniier sujet de la pai'lie cai'rée. — Cette scène montre saint Léger avant
son élévation à l'épiscopat. lors([ue la reine Bathilde voulut s'aider de ses
conseils ])endant la régence. Si celte explication n'est pas exacte, elle est au
moins très-vraisemblable; malheureusement, l'inscription qui aurait donné
tous les renseignements désirables est détruite et remplacée par du verre
blanc. D'aiili'ui's. le costume du saint \ient à l'appui de mon explication :
il n'est pas encore évêque, et il est simplement velu d'un surplis à larges
manches. ])assé au-dessus d'une tunique rouge ; un nimbe en perspective
entoure sa tète mie. Le saint a près de lui un moine couvert d'une robe
violette et n'ayant (|u"ime couronne de cheveux autour de la tète. Un seigneur
riclifuient velu pai-le à saint Léger. Ce personnage est magnillquement
habillé : un pourpoint rouge à crevés, une pèlerine d'hermine et une fraise.
— Celte scène re|)résente évidemment l'éjiisode de la vie de saint Léger qui
précède directement sa nomination h l'évêché d'Autun. Ce seigneur prie
l'abbé de Saint-Maixent de se rendre à la cour de la régente, qui l'a choisi
pour conseiller. — J.es tètes sont hues, d'une certaine beauté, comme dans
tout le vitrail, du resie ; mais un grand nombre de morceaux manquent. La
figure de sain! Lé-ger est la plus complète; les bras du seigneur manquent
entièrement. Au-dessus des personnages, on voit encore la partie supérieure
d'un britimcnl percé d'une petite rosace; le toit, fort élevé, est surmonté
d'une cheminée. La partie inférieure, entièrement bouleversée, forme un
panneau complet; elle est occupée par des débris d'architecture.
Partie ogivale. — Dans chacun des deux coins de l'ogive, c'est-à-dire
dans la prenn'ère et la cincjuième baie, on voit un enfant nu, portant, à
l'aide d'un cordon passé sur l'éjiaule, une inscription. Celle de la cinquième
baie donne l'explication du sujet (|ui l'avoisine; elle est en forme de quatrain :
AVEC i.E noi
Il, FAIST LA PASQUlî ASSIS AUPIliîS DE LUV
SKS ENNEMIS EN EtKLNT GHA.NU E.NNL'Y
MAIS SAI.NCT LliuEll
Si je n'ai pas déchiffré entièrement celle inscription, je n'ai pu lire un seul
mot de l'antre, placée dans la pi-emière baie.
Le sujet de la deuxième travée est remarquable de dessin; il représente le
sacre du saint. Deux évè([ues tieiment une mitre au-dessus de la tète du nou-
veau prélat, vêtu d'une chape rouge, ayant aux mains des ganis bleus cl
assis sur un siège aux pieds contournés. Les deux éxêques consécrateurs sont
LES VITHAIX Dr GH.\N D- AN DF.LY. 273
coiffés de la mitre et couverts, riiii (i'mu; clia])c vrrU^ cl i'aiili'c (rmio cliapc
bleue. Derrièi-e eux. l'oiih- (Tas-istaiils cl de clci-cs dnnl l'un |t(irlc une
crosse. Au-dessus (\çs li,ii;iu'i.'s cl ài' la dcruicre li'iii.^lcllc soni des niorccaux
de verre d(^ toute cspcc(>. ra|i|)ini(''s. Saiul Li''!^cr a uuc Iclc cxlrèiuciueiit
jeune, bien ([u'il eût di'jà (|uai-aulc-ln)is ans lors(iiril devint cvè(|uc d'Anlun.
Celle de l'un des autres pn^als nian(|ue; elle csl remplacée' pai' du \errc
blanc.
J.e sujet de la troisième l)aie représente saint L(',L;-cr coin-onnani C.liil-
déric 11. Le nii. \cMu en empereur romain, les jambes cl les hi-as nus. le
sceptre en main cl jiortaiit un manteau al lâché sur ré|)aulc. csl assis sur un
trône (lu'oii esl obligé de sn|)poser. car il csl dé'Iruil. SainI Li''i;ei-. sur ini
plan plus élevé (|ue Childé-iic . pose la couninne sur la tète du prince; la
mitre, la main (|ui lient la comcinic cl une ]ioi'li(in de la chape niui^'c sont
encore apparentes; mais mi ne distingue plus la parlie iiilV^ieurc du coi-ps cl
la tête a disparu. Au-dessous du roi se tieiu une soric de hé'iaul un de sol-
dat, coiffé d'un bonnet pl)ry,2;ieii et portant une pclilc hamiièrc sur laquelle
sont les trois llcurs de lis. lue aUlic batniière. semblahlc à l'auli-c. est Icniie
par un personnage absenl. l n moini' esl plac('' à côh'' du Irùnc. Il existe
encore une inscription dans le bas du panneau, mais elle csl illisible. —
En somme, celte scène est de touli>s celles du \ilrail la plus di^h'-riorée ; une
parlie notable en serait à refaire.
Dans la f|uatrième baie esl repr('scnlé' un Icslin . cin-icn\ par les acces-
soires. Saint J.égiM' et un roi. prubablemcnl encore ('.hildi''i'ic il . soiil assis
devant une table cliargi''e de mets. L'évèque esl en chape et |)oiii' la mitre.
Childéi'ic est sur le i)reinier plan; il lient un sceptre et il est hahillé comme
dans la scène précédente; il est assis sur nu siège ayant des grillons pour
supports; un chien esl coucIk: à ses pieds. Lu valet . près de la table, a les
manches de sa tuniciue rclrcussi''es jus(iu'aux épaules cl lienl un broc. I)ans
le fond, un seigneur et un pelil page; puis, occupanl la pai'lic sup('riem-c du
tableau, un grand dais à rideaux. SainI b('gci-. le bras ('tendu, pai'lc au roi
dont la tète est légèi-emcnt iucliné'e, et (jui semble l'cDulcr avec ennui ce (|ue
lui dit son sage conseiller. 11 me paraît cci-lain ciuc lailisle a voulu rappeler
les remontrances de l'évcque à Childéric II , au sujet de sa vie di'n'gléc et de
son mariage avec sa |)ropr(; nièce; remoniranccs (|ui valurent au saint son
exil à Luxeuil. Celle scène est bien conscrvi'e; vue de près, elle serait
excessivement intéressante, en raison ih:^ nombreux détails d'anicublcincnl
qui y sont figurés.
Partie carrée. — Comme j'ai parlé plus haut du premier sujet de la
21l\ ANNALES AFUlHEOLOGigUES.
pai'lio carréi\ ji; passoi'ai <lo suite à la douxième travée, représentant le
liremicr supplice de saint Légei'. — L'évèque d'Autun s'étant rendu volon-
tairement à ses eiuienn's. afin d'i''pargner aux liabitants de la ville les horreurs
du siège. I(\s soldats d'I-lbroïn lui crevèrent les yeux. Saint Léger est assis,
toujoui-s eu chape ; sur sa tète, la mitre qu'un homme maintient, tandis qu'un
autre, ayant les manches relevées, lui crève les yeux avec un très-gros
instrument (|ui ressemble assez à un l'oret auquel est attachée une corde. Un
personnage, ((ni doit être le duc de Champagne, est assis siu' un Irène; il
étend son bras nn vers le saint et paraît suivre avec beaucoup d'attention la
marche du supplice, l'i'ès de lui et debout, mi homme couvre sa bouche avec
sa main. Line autre tigui-(\ mais dont on ne distingue ([ue la tète, complète la
scène. Dans l(> fond, ou voit luie pai'tie de la \ille assiégée. Au bas de la
baie, une inscription existe; (pielques mots se lismit facilement, mais
l'ensemble ue pr/'sente aucun s(^ns.
La troisième baie nous montre le synode assemblé pour juger saint Léger
relativement à l'accusation porti''e contre lui par Ébro'ïn, pour complicité dans
le meurtre de rihildéric. Les juges, an nombre de trois, dont l'un semble
a\()ir la pré('Mninence. paraissent être plutôt laï([ues (|u'ecclésiastiques. Il y a
eu. évidemment, erreur de la pai-t du peiulr(\ qui a confondu la comparution
du saint évéque devant le tribunal com|)osé des seigneurs du royaume, lesquels
n'osèrent ])oint h juger, avec l'arrêt de di'posilion prononcé par un synode
formé de plusieurs évêques complaisants. Kn ctret, les juges n'ont absolument
rien du costume ecclésiastique, et saint Léger vient d'être dépouillé de ses
vêtements, prêt à. être emmené par deux soldats (|ui le tiennent. Le saint est
en chenn'se. les jambes et les pieds mis. les mains attachées derrière le dos
et la tête coilTée de la miti-e. Au-dessous, une inscription effacée ne laisse lire
que ces mots: ni; dublic i'Ossûdé. Une grande tenture abrite les juges et
se continue jusque dans la baie précédente, où elle sert de fond au trône
du duc de Champagne. \J\\ paysage garnit l'arrière-plan du tableau, à droite
du spectateur. Dans le panneau supérieiu', (|ni est en ogive, on voit un arbre
an([uel est attachée une pancarte avec une inscription, dont je n'ai pu lire
qu'une date incomplète : mil cinq cent... — Ce sujet est assez bien
conservé ; il est complet, sauf nn certain nombre de morceaux à remplacer,
connue toujours.
La quatrième baie représente saint Léger en prison. Une tour élevée,
occupant toute la hauteur de la travée, est percée d'un grand nombre
d'ouvertures au travers desquelles on aperçoit des prisonniers. Une fenêtre
à cintre surbaissé montre, dans son embrasure, l'évèque vêtu de son costume
LES VITRAUX Dl CR AND-ANDKLY. '275
habituel; mais il est encliaîiié ri il iiaric à deux liomiiics debout. Des rayons
entourent sa tète iniirée ; d'auUvs lui sont envoyés par le Saiut-Kspril
planant dans le haut, l ne feinnie lient nn petit enfant et est acrnnipie sin- le
premier plan; elle a un rhien près d'elle. Celle partie du vitrail est encore
très-coinplèle.
La cintjuièine et dernièrt^ baie l(M"inine riiisti.ii'e du saiul. l'ille reiïn'sente sa
décollation par les soldais du conile (Ihrodobert. L"r'vè(|ue (rVutini. dont il
ne reste plus (pie (|uel(pies parties du vêtement el nn bras, est agenouillé. L'n
soldat, le casque en tète, vient d'accomplir rexéculion; il lè\e la tète et voit
l'àme de saint Légei- emportée par les anges dans le sein du l'ère Eternel. (|ui
apparaît au milieu des nuages. Trois persomiages. probablement les soldats
dont parle la légende, assislenl à celte scène. Le fonti du tableau a dû être
garni darchiteclure , car un fragment existe encore. I^'ànie du saint est sous
la forme d'un enfant nu. du sexe masculin ; (juatre anges l'emporlenl. Au-
dessus, Dieu le Père, coillë de la liare. l'tend les bras, l/inscriptinn du bas.
comme celle de la baie précédente, a dis|)aru; toutes deux sont remplacées par
du verre blanc. Cette travée est assez incomplète, comme nous l'avons vu; la
figure principale serait à refaire entièrement et le soldat boiureau ne vaut
guère mieux. En résLum''. rensemble de la verrièie est en bon élat.
ni ATl;lK\ir. Vi'.iililKllE.
SUITE DE LA 1. KlilNhi: l> E S Al N T F-: CI.OTlt. DE.
La quatrième fenêtre, divisée en cinq baies, est en style flamboyant de la
fin du XV' siècle. La partie carrée est entièrement détruite et garnie de vitre-
rie blanche; les panneaux supérieurs contiemieiit encore des débris d'arclii-
tccturc et de paysage. Quant à la parlie ogivale, elle ollVe une scène intéres-
sante et presque complète, peut-être une translation des reliques de sainte
Clotilde, en supposant, ce que l'Iiisloire n(! dit pas. (lu'une donation de re-
liques de la sainte ait eu lieu en faveur de l'église du ("ii-aiid-Andely . anté-
rieurement à l'exécution du vitrail, et, par consécpieiit . à la donation faite
au xvir siècle par Jacques Delmay. vicaire généial de Rouen, et l'abbé de
Sainte-Geneviève, à l'aris. Le prenn'er lit don d'im morceau du crâne de la
sainte en 1G17, el le second accorda une côte en 1G55. Il est possible encore
que le peintre-verrier ail voulu représenter la cérémonie anniversaire du
276 ANiNALES AliCHÉOLUGlQUES.
iiiiraclo doni j"ai parlé plus liant. Le 3 juin, une procession, telle qu'elle est
figurée dans lf> \i(i'ail. porte la châsse renfei'inant les i-eli(]ues de sainte Clo-
tilde à la (■(■lèl)re fontaine Ou plonge dans l'eau la statue de la sainte, ainsi
que ses i'cli(|ui's, et on y verse du \iu. Cette céi'éniouie est assez fameuse
depuis plusieiu's siècles pour (|u'au \\i"ou ait tenu à lui donner les honneurs
d'une reproduction peinte. I.a procession est répartie entre quatre panneaux :
dans le premier, le plus détérioré de tous, on voit des enfants de chœur por-
tant des chandeliers, plusieurs clercs, puis un chantre en surplis, ayant des
lunettes éuorm(\s siu' h; nez. Les deu\ panneaux suivants fui'inent le centre
de la. composition, el contiennent la, châsse et ses porteurs. Un prêtre en
aube. r('tole croisi'e sur sa poili'iiie et tenant im livre (juvert. précède direc-
tement le ]iremier porteiu-. La châsse, coupée par un meneau, est très-
allongée et enlouré'e de petites arcades trilobées ; les bâtons de support l'epo-
sent sur les é|)aules de di'ux porteurs, tète nue. et revêtus de longs manteaux,
l'un ronge, l'autre bleu. Deux hommes suivent dont l'un n'a ]ilus que la
tète. Le dernier |)ainieau est oi-cupé par ([ualre boui'geois ou gentilshommes.
— Dans le fond de la procession, on distingue un peu de paysage et
d'architecture. Presque toutes les ligures sont entières, mais quelques-unes
ont beaucouji soulfert.
11 est à peu près certain, comme quelques personnes instruites des Andelys
le pensent, ((lie cette verrière ('lait consacn'e à sainte C.lotilde. Dans ce cas,
elle aurait peut-èti-e changé de place avec celle de saint Léger. Je crois queles
sujets occupant la partie carrée de cette quatrième fenêtre ont dû repré-
senter, à partir de la mort de Clovis, la fin de la vie de cette grande reine,
(jui fut troublée par le mauvais accord de ses fils et le massacre de ses petits-
tils. Enfin sa mort, ariivée vers 5/|5, à Tours, a probablement été repré-
sentée dans le viti'ail, formant ainsi le compli'ment de la curieuse série des
sujets relatifs à sainte Clotilde, figiu'ds dans les verrières précédentes.
Des trois panneaux supérieurs de l'ogive, le premier contient un ange ayant
les mains jointes; le second est en verre blanc; le troisième, entièrement
bouleversé, devait être la répétition du premier.
ciNQLiÈMi-: vi':Rr,iii;in':.
LÉGENDE DE THÉOPHILE.
.le suis arrivé maintenant au plus beau spécimen des vitraux du Grand-An-
dely, à l'une des pages les plus remarcpiables de l'art de la renaissance. On
LKS VlïUAUX Di; GHAND-ANDKI.V. 277
raconte, dans la palrii' du l>ou.-;.siii. (lue ce j^raïul peintre s'était enthousiasmé
pour les vitraux (le !^i)n é<;lise; qu'étant petit enfant, il les étudiait curieuse-
ment; et (|u'(>iiliii il jura, dans son admiration naïve, que lui aussi serait
peintre. Ou sait commeul il a tenu parole, et combien les Andelys ont le droit
détre iiers de lui a\oir donné naissance. Kn voyant la helk verrién^ dont je
vais l'aire la description, j'ai facilement cru à cette Iradiliou. car une iinas^ina-
lion comme celle du Poussin a dû être frappée d'abord de l'étrangeté de la
scène où Théophile est enchaîné par un diable plus ail'reux (|u'un enfant n'ose
le rêver, et, ensuite, par la beauté de (jucltiues lij;ures. surtout de la tète d'une
vierge apparaissant au coupable. Celte tète est d'mi caractère sublime, comme
plusieurs autres, d'ailleurs, appartenant au même vitrail.
C.elle fenêtre, plus que celles qui la précèdent et la suivent, jtrouvi' loule
l'habileté du dessin des peintres du \vr siècle. Klle parait, précisément en
raison de sa perfection, avoir été exécutée par une main dilVérente de celles
(|ui ont produit les autres verrières du monument. — Placée dans la quatrième
chapelle, la cinquième fenêtre est divisée en cinq baies séparées par (|uatre
meneaux droits, allant de la base à l'extrémité de l'ogive. La partie supé-
rieure des travées de la partie carrée all'ecte une foi'nie ogivale ainsi que le
bas des panneaux du tympan.
Partie cai'rée. — Les figures de la partie carrée sou! à peu piès grandes
connue nature.
I,a première et la deuxième baie représentent « l'Amiouciation ». Dans la
première, la A'ierge Marie est agenouillée siu' mi coussin ; une de ses mains
indique sur un livre le passage qu'elle lisait lorsque l'archange Gabriel est
entré; l'aub'e main est posée sur sa poitrine; la tète manque complètement. La
robe rouge est recouverte d'une tiun'(|ue jaune, damassé(> et comme doublée
d'un jaune plus vif. à l'aide de l'oxyde d'argent ; un grand manteau l'entoure
capricieusemenl. I.e Saint-Lsprit en colombe, dans ime auréole, descend sur
la Vierge. A gauche du spectateur, on aperçoit l'extiV-mité d'im meuble; tout
le fond du tableau est occupé par un lit recouvert d'un dais garni de glands.
Dans l'ogive de la baie, deux solives, en croix. mas(|uent le mur de la salle,
percé de plusieurs fenêtres à pleiu-cinire. L'inscription du bas est détruite et
remplacée par du verre blanc. — Dans la deuxième travée, l'archange, debout,
annonce à la Vierge qu'elle sera mère du Uédempteur. 11 est vêtu d'une
longue tunique blanche par-dessus latiuelle est une tuni(|ue plus courte, éga-
lement blanche, mais damassée eu jaune d'argent et serrée par une ceinture;
il est ailé, nimbé, et armé d'une sorte de sceptre autour duquel s'enroule
une banderole qui pénètre dans la première baie , et qui porte écrite la
xxii. 36
278 ANNALES AIICII KOLOGIOUES.
salutatidii atigélinue : .vve mari\. (;i!Ati\ i-Lii.w, oomims tecim. Eiilie les
deux figures est le vase contenant la tige de lis symbolique et traditionnelle.
Le fond est analogue à celui de la baie précédente ; deux colonnes supportent
une chai-pente apparente. Au-dessus des chapiteaux, on lit: [!\i]issis icsi'
cuîuiKi,. line grande partie de cette travée est composée de morceaux cassés,
surloul le bas. (|ui est t'ormi'' de débris d'architecture rapportés.
La troisième baie représente « l'Assomiition ». La Vierge, figure d'un mou-
vement ini peu toui-menté. est emi)ortée au ciel par quatre anges. Son ci'àne
est remplaci'' par un morceau de verre blanc; le mas(|ue. foi't bien peint, est
brisé et les morceaux en sont rémiis par deu\ ou trois plombs. Le nimbe
rouge est gravé d'un dessin blanc en forme di' rose. Des rayons entourent la
tête et ont dû envelopper entièrement le pei'sonnage. La mère do Dieu repose
sur des nuages qui se l'épètc^nt au-dessus d'elle et (|ui laissent voii' des tètes
d'anges. Lafigui'e principale est complèlc. sauf les cassures ordinaires; mais
les anges sont en partie détruits. Dans le panneau inférieur sont agenouillés
trois donateurs, dont une femme.
La (|ualricme et la cin(|iu'ènie baie l'enferment le principal épisode de la
légende de Thi'ophile, légende si célèlire et si souvent représentée au moyen
âge. Ce sujet, comme je l'ai dit. est ce (|ue les vitraux du Grand-Andely
oflVent (le plus remarquable au |)oint de vue de l'art. — Théophile avait fait
un pacte avec le diable, par le(iuel il lui^donnait son àme, à la conchtion que
celui-ci lui livrerait, en échange, de grosses sommes d'argent et tous les
secrets de la, science. Mais, bientùt. ses remords hirent tels, son repentir
devint si grand, iju'il implnra le secours de la Vierge jiour rompre l'engage-
ment qui le liait au démon. La Vierge, ne voulant pas laisser consommer la
perte de son serviteur, repi'it à l'éternel ennemi du genre humain le pacte qui
mettait Théophile au pouvoir de l'enfer.
La cinquième baie montre le coupable à genoux, le torse et les membres nus.
et n'ayant (|u'une espèce de pagne pour vêtement; les cheveux, assez longs,
sont llottants; la barbe est épaisse. Le diable, véritable monstruosité, est
entièrement rouge; d'une main, il tient une corde à laquelle Théophile est
attaché; de l'autre, il présente à la Vierge une grande pancarte où est con-
signé le traité, comme pour lui en faire constater l'authenticité. De gros
arbres garnissent le fond.
Dans la travée précédente, la Vierge, debout, reçoit le repentir de Théophile.
Marie porte Jésus, petit être nu qui se précipite avec avidité sur le sein de sa
mère. Cette figure de la Vierge est dessinée avec un sentiment exquis; elle est
très-élancée. Les drajjeries qui l'entourent, bien qu'elles soient détruites en
LES VITRAIX Dl' GH WD- W OELY. 2/9
grande partie, sont de la Ixiiiiic •■colc du \vi' siècle. La tète, parfaitement
modelée, est d'un beau caraclèrc; les cheveux, ondulés excessivement, tombent
en boucles épaisses sur ies épaules; bien conservée, du reste, um- petite cou-
ronne à tleurons est placée sur son sommet. Les mains et les jiieds n'existent
plus. Cette Vierge est absolument vêtue connue celle de « rAimonciation » du
même vitrail: uw tunique jaune damassée, venant jusqu'aux genoux et rec(ni-
vrant ime longue robe rouge; enfin, un manteau llottant. Le fond do la baie est
occupé par une construction en arcature. sur latiuelle on lit la d;ite de lexécu-
tion du vitrail : 1540. Le panneau inférieur, dans le(iuel étaient les pied-; de
la figure, est garni de morceaux d'architecture rapportés. La ^ ierge et Théo-
phile sont en fort mauvais état ; les chairs de ce dernier sont horriblement cas-
sées, et une jambe, ainsi qu'une main, manquent totalement. Le démon est
a.ssez complet. Le corps et surtout la tête sont d'une couleur superbe, pro-
duite par du verre ronge dégradé, d'un grand elfet. et eiiipinyé avec intel-
ligence.
Partie ogivale. — Dans la ]ii'emière et la deuxième baie, des anges tien-
nent une banderole; sur toutes deux on lit : vssimpta r.sr mm!i\.
La deuxième travée représente la « Visitation >. — Sainte Elisabeth et la
Vierge s'embrassent. La mère de saint Jean-Baptiste est entière ; mais la
mère de Jésus a la tète remplacée par du verie blanc. Toutes deux sont sans
nimbe. Le fond est en verre bleu uni.
La ti-i)isième baie représente la « .Sainte Trinité ■. — .lésus porte sa croix;
un linge entoure ses reins; au-dessus de sa tète repose un nimbe en pors|)ec-
tive; une seule des deux jambes existe encore; le bras droit, qui tient la croix,
est entier ; l'avant-bras gauche est entièrement détruit. Près de lui. Dieu le
Père bénit de la main droite, tandis (pie sa gauche tient un sceptre. Il est vêtu
d'une tunique et d'un manteau; sa tète, sans nimbe, a dû être conriMinée de la
tiare, si l'on en juge d'après la forme du morceau de verre qui la remplace.
Au-dessus des deux figures, des nuages s'évident dans le centre, de façon à
indicjuer la place du Saint-Lsprit, en colombe, c[ui a disparu. Dans le bas du
panneau est une inscription portant : avk r.iiGiNA coelouim. Avii.
La (|uatrième baie contient la « Fuite en Egypte >. — La Vierge, assise sur
un àne et tenant l'enfant Jésus, est recouverte d'un manteau bleu d'un ton
superbe et d'un modelé vraiment remarcjuable. Saint Joseph nianlie en avant,
un bâton sur l'épaule; sa tète est coilîée d'un chapeau plat, à ailes étroites. Le
fond du paysage est extrêmement joli. — Ce panneau est assez bien conservé.
En terminant la description de cette belle verrière, je répéterai ce que j'ai
dit lorsque je l'ai commencée, c'est-à-dire que ce vitrail est admirable d'elïet
280 ANNALES ARCHEOLOCIQUES.
et profondément intéressant comme exécution. Il égale et surpasse peut-être,
dans de certaines parties, les plus beaux vitraux de la même éj^ique (|ui
sont en Normandie, et je n'en excepte pas ceux de Conches et de Gisors, ni
ceux de Saint-Vincent de Rouen, si magnifiques pourtant. Sa restauration
serait une bonne fortune pour un peiiiti-e verrier amoureux de son art. Cette
restauration est tout à l'ait urgente maintenant, ef chaque jour de retard dans
son accomplissement ajoutera à la dillicullé (pie l'artiste éprouvera quand il
sera chargé de rendre au vitrail sa splendeur passée ^.
SIXIEME VKRKIEUE.
IPIVEBS SAINTS KT SAINTES.
La sixième fenêtre est du pur style tlamboyanl. Les cinq baies de la partie
carrée sont terminées en trèlles du xv* siècle, et le tympan de l'ogive est
divisé en écoincons nombreux formant de petits panneaux.
Cette partie ogivale, pour n'y plus revenir, n'est occupée que par des
anges d'une assez bonne conservation.
Partie carrée. — Les cinq travées renferment chacune un personnage
encadré d'une ornementation architecturale, en beau style de la renaissance,
et sont partagées en cinq panneaux de grandeur inégale.
Dans la première baie. le petit panneau du bas. (jui a dû contenir une
inscription, est détruit et remplacé par du verre blanc. Le second panneau
renferme un donateur agenouillé devant un prie-Uieu, portant son missel,
et dont la draperie est brodée de ses armoiries. Derrière lui, ses trois fils
sont également agenouillés. Us sont tous les quatre uniformément revêtus
d'une sorte de pelisse rougi-, à larges manches. — Le fond est pourpre;
cette partie est en bon état. — Au-dessus est représenté dans deux
panneaux un saint .Sébastien nu, les leins entourés d'un linge blanc et percé
de cinq flèches. Les bras et les jambes sont liés, à l'aide de cordes, à un
arbre dont on ne voit que les branches supérieures se détachant sur un fond
blanc ; le tronc est caché par une draperie violette. La bouche du saint est
1. I.a bcaulf' de celle fenôtre m'eng.igo à en donner iri une giaviire. Si la légende de Théo-
pliile esl Iréqueminenl figurée au xiii' siècle, comme on la voil sur un \ilrail, au clievet de la
caihédrale do L;ion, ol sur le tympan du portail nord do Notre-Dame de Paris, rien n'est plus
rare que d'en trouver la re|/resentation au xvi" siècle. ITest donc une bonne fortune pour l'his-
toire et l'arcliéologie que d'en rencontrer le sujet principal sur celte fenêtre du Giand-Andely.
Li:S VITliAlX Di: GH.\M)-\M)F.L\. 281
fermée par iiii l)âill()ii d'une turnie vague ; un niinl)e bleu domine sa tète, qui
est bien dessinée. Toute la ligure est passablement conservée, sauf une partie
du torse remplacée [lar un morceau de verre blanc. De cliatiue côté de la
baie, un griind pilastre forme boi'dure.
Le panneau supérieur en trèlle contient un élégant couronnement sur
fond roug(>. d'un elfet brillant. Cette ornementation est en veri'e blanc
rehaussé de jamie dargent.
La deuxième travée représcMite saint .I<^an-I5aptiste. Celle ligure, ainsi (|ue
les deux suivantes, sont à peu près grandes comme natme, tandis (pie la
première et la dernière son! plus petites, d'un tiers en\ iion. Le petit paimeau
inférieur est. comme dans la baie précédente, en verre blanc. Saint .leaii-
Baptiste occupe les trois autres panneaux carrés. Les bras et les jambes
découverts, il est habillé d'abord avec la peau de bêle traditionnelle, serrée
à la ceinture i)ar une corde, et ensuite d'un riche manteau rouge doublé et
bordé de jaune. Il tient de la main gauche un long bâton surmonté d'une
croix à iM'anches égales, très-ornées et s'élargissant aux extrémités. Deux
pilastres encadrent la baie, et le fond est garni d'ime niche dont la coquille est
blanche. Du bleu et du violet pour|ire animent tout ce fond d'ornementation.
qui se continue dans le pamieau supérieur, en partie détiiiil. — La figure est
presque complète ; (juelques morceaux manquent cependant, ou sont brisés.
Même observation à faire pour le. fond.
La troisième travée représente la sainte Viei-ge portant l'enfant .lé'sus nu
et tenant un globe. La Vierge est i-evètue d'une robe rouge et d'im man-
teau jaune damassé, à revers bleus. Sa tète est couromiée (>t nimbée. La
conservation des deux figures est bonne. Quant au fond, il y aurait à
répéter ce (|ue j'ai dit relativement à celui de saint .lean-Baptisle. — Le
petit panneau du bas est l'empli de débris d'arcliitecture.
Les mêmes remarciucs s >nt à faire pour le fond et le paninvui inférieu'' de
la quatrième baie, représentant un évèque sans attribut particulier qui puisse
le faire reconnaître, il est revêtu d'une tunique blanche et d'une chape rouge,
bordée d'un galon jaune el doublée de vert. De ses mains gantées, l'une,
paraissant bénir, est remplacée par du vci're blanc, et l'autre tient la croix
archiépiscopale. Ce prélat, (pii doit être saint Homain ou saint Oiieii, arche-
vêque de Rouen, est nimbé et mitre. La chape est en bon état, mais la
tunique est brisée et rem])lacée par des morceaux de verre de toute sorte sur
la poitrine.
La cinquième travée est d'une disposition idcntic|ue à celle de la première.
Le panneau inférieur est occupé par des débris; celui qui est placé au-dessus
282 A\.\ALi:S AliCUKOLOC.IQl ES.
iiioiilie une donatrice accompagnée de ses deux filles; son prie-Dieu supporte
un livi'c et offre sur le côté un écusson. Ces trois femmes sont habillées de
i-ouge, comme les donateurs de la première baie. En regard de saint Sébas-
tien est sainte Madeleine, richement vêtue d'une robe ronge, avec manches à
crevés, et duo manteau blanc bordé de jaune ; grande hardiesse en peinture
sur verre ! Klle tient un vase cerclé de l'inscriptidii : mvdalena. La tête,
l'or! jolie, est suriiiDutée d'un nimbe pourpre. Cette figure est en bon état,
sauf une partie du manteau cpii est détruite.
Avec cette fenêtre se termine la série des six verrières éclairant le bas
côté sud jusqu'au transept.
Au delà du croisillon, avant d'arriver au chevet de l'édifice, trois vitraux
consacrés à saint Pierre sont les doi-niers de cette partie du rez-de-chaussée.
Ils sont d'une facture très-dilTércnte de celle des six premiers; le style
des figures est plus lourd : il n'a pas la distinction, l'élégance, ni même
l'habileté d'exécution qu'on remarque dans la cinquième et la sixième fenê-
tre; les fonds de paysage sont bien traités cependant. Du reste, ces trois
verrières me paraissent incontestablement exécutées par une autre main et à
une épo(iue un peu postr-rieure . c'est-à-dire au ctimniencement de la seconde
moitié du xvi" siècle. Extrêmement curieuses au point de vue de l'iconogra-
phie, elles accusent pourtant un talent assez réaliste; caractère habituel,
d'ailleurs, des œuvres j^eintes sur verre pendant la renaissance.
Ces fenêtres sont placées dans la chapelle de la Vierge, autrefois dédiée
à saint Pierre. Leui- forme est exactement celle de la fenêtre que j'ai décrite
en dernier lieu.
SEPTIEME VERRIERE.
I.KGENPE 1>E SAINT PIERRE.
Les écoinçons de la partie ogivale sont occupés par des anges portant
les insignes de la « Passion ». Toute cette portion du vitrail est bien
conservée, infiniment mieux que la partie carrée. Cela se comprend quand
on considère la petite dimension des panneaux, énorme garantie de solidité,
et. enfin, la hauteur considérable à laquelle ils sont placés.
Partie carrée. — La partie carrée est divisée en quatre travées, termi-
nées en trèfle dans le haut. Les figures sont presque grandes comme
nature.
i.Fs vnnMx nr (;in\D-\MiFi.v. 283
La première baie repri'seiite la (■oiis(''cratioii syniholiquc de saint Pierre,
comme prince des apôtres et premier pape. Cette représentation alir'i;()i-i(]ue
est excessivement intéressante, très-iare et pent-étre uaiqne * : — Saint
Pierre, assis sur un trône magrnTiqne. vètn dinie chape d'or damassée, tient
de la main tlroite une clef simple tie ççrandc dinicnsion. et. de la ganciie. la
croix pontillcale à tmi^ traverses; il est coitTi'' de la tiare à ti'iplo ciuironn»'
que vient de lui poser sur la tète le (Ihrist lui-même. Saint Pii ne ol nimbé;
la tète du Christ l'est éjiialcment d'un nimbe sans croix placé derriéi'c elle. et.
de |)lus. d'mi second nitiibe en persiiectiNc posé au-dessus, mais crucifère.
Est-ce une fantaisie do l'arlisle ou mie restauration (|ui a ivuni ainsi ces
deux nimbes sur la tète de .lésus-Christ ? — Si cr n'est le fait d'un rema-
niement maladroit, le résultat est au moins étrange. I.e saint l'ieire est de
grande taille, mais le Christ est beaucoup plus |K'1it. ain-i qu'un autre
personnage placé en spectateur de l'autre côté du trène. \u-dessous de ces
ligures, deux petits anges ailés, en pied, habillés d<' 1uni(iues fendues sur
le côté, servent de clercs dans la consécration; l'ini d'eux lient nu livre
ouvert, i.e trône de saint Pierie a un dossier fort élevé et très-orné; il est
surmonté d'un dais frangé (|ui occupe le trèlle do la baie. Le fond est occupé
par une architecture circulaire à arcatures. et percé de chaijue côté d'une
ouverture en plein cintre, laissant apercevoir un paysage. — Dans le bas.
une inscription n'a plus conservé que ces mois : comf. s\i\c.t riKUKK
— Le Christ est la ligure la im'eux conservée. qiini(|ue assez endommagée.
(Juant aux autres, rénuméralion des cassui'cs et {U'< morceaux remplacés par
du verre blanc est trop longue pour (|ue je l'entrepremic ; la tiare et la tète
de saint Pierre, par exemple, sont layé-es de sept à huit plombs, et. du
masque, il ne reste plus qu'un o'il et un jieu de barbe. Le siège est incom-
plet, ainsi que le fond.
La deuxième baie montre l'ange délivrant l'apôtre : c'est le sujet de saint
Pierre-ès-liens. — Le fond occupe une surface considéra])le. A gauche.
une très-haute tour, à plusieurs étages, percée d'un grand nombie de
fenêtres, est terminée par une sorte de belvédère; <à droite, s-mt des arbres
et des maisons. L'ange, qui vient de faire sortir le chef des apôtres de la
prison, enlève les cordes qui lui lient les mains. Suivant la tradition et les
relifiues conservées, ces liens auraient été des chaînes de fer. — Du saint
il ne reste plus que les mains, un pied, le nimbe et une partie da^ dra-
1. C'est pour ce motif qu'elle e«t reproduite ici par une gravure sur ljoi<. Dans une iconogra-
ptiie spéciale de saint l'ierre. ce serait un sujet des plus curieux.
28/t ANNALES ARCHÉOLOGIQUES.
peries; la tiHe a eiilièrenieiit disparu et presque tout le corps est détruit.
L'ange a le buste complet; mais une partie du bras gauche n'existe plus,
et toute la partie intérieure du corps se distingue difficilement. Le fond est
généralement bien conservé.
Cet épisode de la délivrance de saint Pierre, par un ange, eut lieu à
Jérusalem et ne doit pas èlre confondu avec celui de la réclusion des deux
apôtres Pieri-e et Paul dans la i)rison Alamertine, à Piome, réclusion qui
arriva longtemps après. Hérode Agri|)pa, lorsqu'il fut nommé roi de .Judée
par Caligula, neveu et successeur de Tibère, persécuta les chrétiens et mit
en piison saint Pierre, qui fut délivré de la manière représentée dans le
vitrail. — Sans aucune transitinn. le peintre nous transptule à Rome, au
moment du supplice de Pierre; ce ([ui est au moins singulier, puisque
plusieurs faits représentés dans la verrière suivante auraient dû précéder, et
non suivre la scène que je viens de décrire. Tous ces sujets de la vie de
l'apôtre sont mêlés sans aucun ordre, ordre facile à rétablir, en substituant
à cette même scène celle qui représente la chute de Simon le Magicien,
placée dans la huitième verrière, et en remplaçant ce dernier par l'autre. Il
me parait pr()bal)l('. du reste, cjue le verrier a fait confusion : il a supposé
peut-être cjue l'apparition de l'ange h saint Pierre eut lieu à Piome ; il est
au contraire bien certain (|ue ce sont les deux soldats chargés de le garder
qui, convertis à la foi, le délivrèrent. — Ces deux soldats, nommés Processus
et Martinien, furent martyrisés pour ce fait.
La t[uatrième baie rei)réscnte une scène pour laquelle le peintre s'est vrai-
semblablement inspiré d'un passage de la légende de saint Pierre, recueillie
au xiii' siècle par Jacques de Voragine, archevêque de Gènes. Voici ce frag-
ment, (jui donnera l'explication du sujet : « ... Les frères priaient Pierre de
s'éloigner de Rome, et il s'y refusa longtemps; mais, enfin, il céda à leurs
instances. Et quand il fut venu à la porte de l'endroit où est maintenant
l'église de Sainte-Marie ad Passus, il vit Jésus qui venait vers lui et il lui dit :
« Seigneur, où allez-vous ') » — Lt le Sauveur répondit : « Je vais à Rome
pour y être crucifié derechef. » — Et Pierre répliqua : » Seigneur, est-ce
que vous serez crucifié une seconde fois? " — Et Jésus répondit : —
» Oui. 1) — Et Pierre dit: — « Seigneur, je reviendrai avec vous, afin d'être
crucifié avec vous. « — Et le Seigneur remonta alors au ciel, tandis que
Pierre versait des larmes. Et, comme il comprit que son martyre lui était ainsi
prescrit, il rentra à Rome. Et, après qu'il eut raconté cela aux frères, il fut
saisi par les satellites de Néron, et envoyé au gouverneur Agrippa ; et sa
figure devint resplendissante comme le soleil, ainsi que l'atteste Lin. »
LKS VITliMX DP (111 \\l>-\M>i;i.V 285
Il est à remarquor ([uc cotte reiicoiilrt; de l'apôtre et du Christ est placée,
dans la <> i.égt'iule doriîe ». iniiiiédiateiiieiil avant le martyre de saint l*ieri-e,
et (lue. dans le vitrail, cet cpi.sode uecnpe exactement la même place.
Mais |)oar revenir à la troisicnn' baie de la septième verricre, Jésus-Christ,
sa croix sm- répanle. parle à saint l'icri'e. De j^rands ai'brcs Dccniicnl le fond.
Dans le lointain, on aperi'oil une \illc lorliliéc lîomc prol)al)lcmciil. La croix
que porte Jésus est Irès-i^rande. cl ruiic d(î ses branches se perd dairs le
meneau. La tète du Sauveur, dont le nimbe est. sans croix (oubli InViucnl à la
renaissance), est en bon état et assez belle. Une seule main (îst visible. Tout
le buste est bien conservé, ainsi que les pieds; mais la plus i;i'ande partie de
la robe violette est l)risée ou man(|ue. (JuanI au saini Pierre, il esl entier. Sa
robe, garnie d'un large collet, est en étoll'e jaune brochée, serrée |)ar une
ceinture. I.e manteau, jeté sur une é|)aule, est rouge. La télé a bien le carac-
tère traditionnel : massive, le nez coui-t et carré, le crâne chauve avec des
cheveux bouclés. Une petite portion du tond a été détruite. Tout le reste est
en bon état.
Dans la (luatrième etdei-nière baie, nous assistons au marlyn; du grand
apôtre, qui, condamné à être crucilié. demanda |iar hnmilih'' à être la tète en
bas, en disant : « 11 a été juste (|ue mon Dieu, qui est descuMidu du ciel sur la
terre, ait été élevé sur lacroix; mais moi. ma tète doit intli(|uei- la terre et mes
pieds montrer le ciel. »
Saint Pierre, vêtu de la tuni(iuej:uuie((uil porte di'jà dans la baie pi'éc.i'dimte.
est étendu sur la croix, la tète en bas. comme il le désirait. Ses membres
vSont attachés à la croix avec des cordes ([ue seri'ent trois bourreaux, aussi
laids que l'emploi puisse l'exigei'. — \a' saint est en Irés-mauvais i^lat : la
tète et le nimbe sont brisés, et les moi'ceaux réunis |)ar douze plombs. La
plus grande partie du bras droit, ainsi (jiie la main. man(|Ue; le bras
gauche est complet et les pieds sont bien conservés; mais inie moitié, au
moins, de la lu4iique a ('té l'emplaci'c pai- du verre jaune sans indications de
plis. Les deux bourreaux (|ui lient les mains de saint Pierre ont, l'un une
espèce de tunique laissant voir la poili-Jne et les bi'as nus, cl TauM'c une
casaque et des chausses k crevés; ils sont ;i pi.ui près entiers. Le ti'oisième,
serrant les pieds du martyr, a un bonnet sur la téli;; son vêtement e>l informe.
Dn personnage, richement vêtu il'une lunii|ue br(tchi'e et h' bâton de com-
mandement à la main, doit être l'aulin, ollicier de iNéron, (]ui a,\ail la garde
de saint Pierre et de saint Paul depuis leur incarcération à la prison Mamer-
tine, et qui était chargé de procéder à leur sujjplice. Un homme paiaissant
prendre les ordres de Paulin complète la scène. Celle dernière ligure est en
xxu. 37
2«() ANNALt:S ARCHÉOLOGIQUES.
bon état. Le personnage de Paulin est d'une bonne conservation, sauf la tête
qui a disparu. 11 ne manque que très-peu de morceaux au fond, entièrement
couvert d'arcliitecture et d'arbres.
[II itii-;mk vkrrikre.
SUITE Di: LA LÉGENDE DE SAINl' PIERRE.
Je suis obligé de faire une description fort incomplète et sommaire de cette
verrière, que je n'ai pas eu le temps de dessiner, à l'exception cependant du
troisième sujet qui m'a i^emblé le plus intéressant et le mieux conservé. Je ne
puis donc qu'indiquer les scènes qu'elle l'eprésente et qui font partie, toutes, de
la vie de saint Pierre. Du reste, ce vitrail est en fort mauvais état, et il serait
fastidieux d'en compter les parties cassées ou manquantes. La disposition de
cette fenêtre est analogue à celle de la précédente, .sauf qu'elle est divisée en
cinq baies. Comme celle-ci. la partie ogivale contient des anges; mais, celte
fois, ce sont des anges musiciens d'une conservation presque parfaite.
Partie carrée. — La première baie représente saint Pierre obtenant de Dieu
la chute et la mort du fameux Simon le Magicien, son adversaire à Rome et à
la cour de Néron. On sait combien la faveur du ])euple romain fut partagée
entre l'apôtre du diable et ra|)ôtre de Dieu. On sait aus.si les caprices de ce
même peuple, qui, tour à tour, doimait sa confiance à l'un pour la reporter
ensuite sur l'autre. Simon, qui se vantait d'être dénature divine et qui espé-
rait le prouver, voulut faire ci' )ire aux Piomains et surtout à iNéron qu'il allait
quitter la terre pour monter au ciel. Avec l'aide du démon, il s'éleva, en elVet,
aune très-grande hauteur; il triomphait. (|uand saint Pierre, après avoir prié
Dieu, lit lomber le magicien, qui se brisa la tête. — Personnage de petite
dimension en conséquence de la per.-pective, Simdu. richement vêtu et coiffé
d'un turban, est précipité à terre, d'une grande hauteur. Au-dessus de lui,
on voit trois démons qui s'enfuient après avoir lâché leur serviteur. Saint
Pierre, le bras levé, est suivi d'une grande foule. Son costume est le même
que dans la fenêtre précédente et la fenêtre suivante : une tunique jaune, à
collet, et un manteau rouge.
La deuxième baie montre saint Pieri"e debout dans une chaire et prêchant;
il tient un livre. Un grand nombre d'auditeurs, hommes et femmes, sont assis
autour de lui.
LES VrriiAIX DU CI! \M)-.\M>E1.V. 28/
La Iroisièine baie, plus amvlc [ki hase de la l'eiiètre étant irrégiilière),
reprcseiile le saint guérissant des malades; il lient un livre.
La quatrième baie repirsente Jésus-Clirist doiniant ;i son apôtre le pouvoir
de lier et de délier, sous la figure d'une clef double. La pai'tie supéi'ieure de
la tète du Christ est remplacée par du verre bhuic; son nimbe est sans
croix. 11 est velu d'une longue tuni([ue violette. Toute cette ligure, moins la
tète, est fort l)i(Mi conservée. Saint Pierre a une luni(|ue jaune rich<niient
damassée, et un manteau rouge bien drapé et en bon état. Lue portion de la
tuni([ue manque. La tète et les mains sont entières. Dans le fond, au centre,
s'élève un temple en forme de tour, à toit aigu et concave, surmonte d'une
galerie circulaire, à jour, fort élégante ; de chaciue côté, des arbres garnis-
sent le fond. Ce sujet est bien composé et d'un dessin supéi'ieur à celui du
reste du vitrail.
La dernière scène, occupant la cinquième baie, représente Jésus apparais-
sant à Pierre qui pleure sa faute, son reniement. Le Christ n'est couvert ([ue
d'un manteau rouge; il porte l'étendard de la résurrection. .Saint Pierre est
agenouille à l'entrée de la grotte où il t'ai! pénitence. Les deux ligures
n'existent plus qu'en buste.
En somme, ce vitrail, extrêmement mutilé, est en général moins bien exé-
cuté que les autres. Il est certainement, d'ailleurs, de la mèmi' main que celui
qui le précède et que celui qui le suit.
NEl Vir.ME \ KllRIt;Rl'.
SUITE 1>E LA LKGK.M)!-: DE SAINT P I E R It E.
Cette dernière fenêtre du rez-de-chaussée est à l'extrémité de la nef latérale
sud. et en retour. Elle est divisée en trois baies seulement.
La première baie représente la « Pèche miracnileuse '>. — .lésus-Clirist.
debout dans la barcjuc, étend le bras vers les filets que deux apôtres, dont
saint Pierre, retirent avec elTorl et li'ouvent remplis de poissons. L'arrière-
plan est occupé |)ar un paysage.
Dans la deuxième baie, Jésus ordonne à saint Piei're de marcher sur les
eaux de la mer. — Les trois ligures formant la composition sont exactement
les mêmes que celles du sujet précédent.
Enfin, la troisième travée représente saint Pierre guérissant le boiteux de
288 ANNAI.KS AliCIIKOLOCilOUES.
naissance, ((lie Ton portail cliaqno jonr à la porte dn temple. appeli''e la
H l>(>l!e l*orte >. . pnnr (|n'il y denKindàl l'ainnône. Lo fond {U\ lahleaii est
onlièrenicnt occupé par celte belle porte dont parlent les « Actes des Apô-
tres ». I/artiste adonné JDeauconp d'importance à ce fond d'architecture, afin
pi-obableineni (|iie le sujet fût facilement compris. — Le boiteux est assis à
lerre. r;ip(Mre lui oi-(lonne di^ se lever et de mai'ciicr. Derrièi'e saint Pierre.
on \iiil uni' u,rande fouli' assistant au miracle.
La pallie ogivale est (livis(''i- en cii)(| panneaux. Le panneau central repré-
sente « saint Pierre reprochant aux deux époux Ananie et Saphire de ne pas
avoir intégi'alement apporté le prix de la vente de leurs biens à la commu-
nauté chrétienne ». Ce sujet est (>n foi-t mauvais état; il n'en reste plus f[ue le
saint et la moitié' d'une autn^ fit^ure. In d(''hris d'inscription subsiste encore
et peut seul faire deviner la composition: saint l'iurati'; i,i;i;r mort A
SAi'uiUE ET A ANAiVii';. Oaiis l'uu des deux panneaux en losanges, placés
plus bas. on voit l'apôtre ressuscitant une femme; un fi'agmeiit d'inscription
dit:s\i,\T l'ii'.r.r.K r.ia.i.i': iuîssiiscita. — Dans l'autre panneau, saint
Pierre lient entre ses mains mi très-gros poisson et des balances. Les deux
|)lus petits paimeanx renfei'ment chacun un ange.
Cette xeri'ière est g(''néra,lement assez i)ien conservée, sauf, pourtant, les
deux panneaux de l'ogive qui représentent « la mort d'Annm'e vl de Saphire »
et " la r(''surrection d'une femme par saint Pierre ».
Avant de ([uitter le rez-de-chaussée de l'édifice, je signalerai (luelques
fragments de vitiMux plac(''s au-dessus du portail latéral, et qui représentent
|ilusieurs petites ligin"es : » l(> Christ portant l;i iioule du monde », « sainte
Hélène », « un roi ». " un (''N'êfiue ». (( sainte Clolilde » et « sainte
Madeleine ». Dans les écoinçons supé'i'ieurs, on remarque des anges musi-
ciens, deux autres anges supportant un écusson. enfin un écusson sans
tenants.
IV
\ l'étage supérieur de l'abside, il existe également des fragments, mais
de la fin du xv" siècle.
Dans le ci'oisillon sucL ji' citiM'ai pour m(''moire une n Annonciation »,
une « IVativité », une « Adoration des Mages » et un 'i Crucifiement ».
Ces morceaux, en belle i-enaissanre, sont intéressants; aussi, je regrette de
n'avoir pu les étudier d'une façon sérieuse, à cause d(> la hauteur considé-
rable à la(iiveile ils sont placés.
l,i;S \lTli.\r\ 1)1 (il'.AND-AMM.LV. 289
Il me reste ;i parler des dix grandes verriènv qui garnissent les leiièfres
supérieures de la grande nef, loujoui-s au sud.
Les trois [)reniières en deçà du transept. — m counneneaul pai' l'abside.
— représenlent les << douze apôtres » de grandeur naturelle. Ces fen(Mres.
connue les suivantes, sont divisées en (piatre baies. I.a prcnn'èri' contient
saint Pierre tenant les elefs, un livi'e et un earld sur lecpiel est écrit : <> Credo
in Deuni Patreni omnipotenteni >; saint André avec sa croix en \. un livre
et un cartel: un apôtre barbu, (jui n'a pas les attributs ordinaires, mais qui.
à cause de la place qu'il occupe, doit èli'e saint .lacfjucs Majciii-; il tient .-ini-
plenient un livre l*uis saint Jean avec son calic<^ renfermant le dragon, et un
cartel. — • Ces quatre personnages sont en mauvais état et Irès-boulevei-si's. Du
reste, ils n'existent plus (|ue jus(|u'à mi-jambes ; la partie inférieure étant rem-
placée par des panneaux d'ornementation architecturale du counncncemiMit du
xv'" siècle. La banderole (|ue chacun des quatre apôtres de celte verrière, ei
des quatre autres de la fenèlre suivante, tient à la main, domie un \erset
du I Credo* ». Les figures en couleur se détachcut sur un fond blanc; une
bordure jaune les encadre. — Le tympan de l'ogive est en \ilrerie blanche.
Dans la deuxième fenêtre, on voit saint Thomas, dont la tète man(jue et qui
tient un compas et mi cai'tel; saint .facques Mineur ayant une plume, une mas-
sue et lui carl(>l; un apôtre dont la pai'li(^ intérieure seule est bien conservée,
le panneau su|)érieiu' étant rdourné. la lète enlmée et le paimcau dn milieu
remplacé pardi' l'oiMiemcntation ; enlin. saint P)aith(''lemi. ciirnpliM. lenaiil un
coutelas. — Os (igures sont entourées crarchiiccture. La pai'lie ogivale est
en verre blanc, émaillé de (]uel(|ues fragments d'ornementation jaune.
Les apôtres f[ui occupent la troisième fenêtre sont de plus pelile dimension.
i. Suiviiiil la l(''i.'oii(l(>, ■i\.iMt (lo ?e ?c'"|)aroi' pour aller [nvchcr dans le momie fiilipi- la loi nou-
velle, le? apoiro? convinrent (l"airè;er el de préciser le? articles de cette foi. (jui devait èlre une
comme Dieu est im. C'est de ce premier concile, vraiment (i'(unu''nii|ue el le plus au;;u-te de
tous, qu'est sorti le « Credo ». (^Iiaipic ajiotre , à commencer (ar saitU Pierre, le chef des douze
donna une des douze propositions du « Oedo •>. Saint l'ierre [irocl.iiiia donc le premier doirme
et dit : « Credo in Deum Patrem, omnipolenlem , creatorem cœli et terra' -. A i|uoi saint André
ajouta: «VA in Jesnm Clirislum, filium ejus unieum. doininum noshum i. Puis saint .laeques
Majeur; « Qui conce[)tusest de.'*()irilu Sancto, nalus ex Al.iria Viririne >•. Ainsi de suite. jusi|u'au
dernier, saint Mathias. qui termina le «Credo « par « Kt vilim ;rlernam ». Ce sujet de la pro-
clamation des dou/.e articl' s du « Credo » est très-fri'(]uiMnnieat lii;Mré au xvc ,-ièi le sur le.s
vitraux, les tableaux sur Ijjis, les stalles, les lapi,<series. les einaux, les manuscrits à miniatures.
C'est mémo un moyen assez commode pmr dislinu'uer les apôtres entre eux. Quand un a[>ôtre n'a
pas ou n'a plus d'atlrilmt, s'il porte une banderole où est écrilo une proposition du «Credo»,
immédiatement après la lecture de celte proposition, on |)eut allirmer le nom de l'apolre qui la
proclame.
290 ANNALES AliCHKOLOGl QUES.
Ils Diit ccilaincinent rcin|)lacé, h la fin du xyT' siècle ou au commencemenl du
xvii''. les ligures priinilives. à moins que la série des douze apôtres n'ait été
complétée ([ue |)lus tard. Ce qui est bien évident, c'est la diflérence de style
existant entre les quatre dernières figures et les huit premières, sans compter
la dill'érence sensible dans les dimensions. Kiilin. ces (|ua.tre personnages ne
tiennent point de cartels. Ils représentent : saint Matthieu avec une pique et
un livre; saint Simon avec une scie et un livre; un autre apôtre dont je n'ai
pu voir l'alfribut. et ([ui a la partie supérieure du corps enlevée et remplacée
par de rornementation architecturale en couleur d'un bon elTet. Le deuxième
et le (|uatrième se détachent sur un fond de paysage; le tond des deux autres
est bouleversé. Dans le tympan de l'ogive sont représentés : Uieu le Père; le
Christ ayant sous les pieds la boule du monde; entre eux, un peu au-dessous,
la Vierge. Les écoinçons renferment des anges. Toutes ces petites figures sont
en grisaille, rehaussée de jaune, et s'enlèvent sur un fond bleu.
La (|ualriènie fenêtre n^présente saint Romain tenant enchaîné un dragon;
le Christ portant un ciboire; sainte Catherine d'Alexandrie avec une épée et
un livre, et saint Nicolas ressuscitant les jeunes écoliers (ju'un aubergiste
avait coupés en morceaux et mis dans un ba([uel. — TiC panneau inférieur de
la figui-e de sainte Cathei'ine est détruit et remplacé par de rornementation du
XV'' siècle. Les quatre personnages sont sur un fond blanc uni. Une riche
architecture de l'époque des figures, blanclie et jaune, les encadre. Dans le
panneau su|)érieur de la partie ogivale sont représentés les insignes de la
Passion; les autres pamieaux contiennent des armoiries, au milieu desquelles
on remarque l'écu de l'i'ance fieurdelisé.
Au delà du transe|)t. en allant vers le grand portail, commence une série
de sujets com|)osés de grandes figures, d'un beau caractère, et qu'il serait
bien curieux d'étudier de près. Ces six verrières, divisées en quatre baies,
sont évidemment de la même main et d'inie exécution postérieure de vingt
années à celle des vitraux du rez-de-chaussée, ainsi (jue l'indique une date
placée dans une fenêtre.
r.a première \errièi-e représente « Dieu créant d'aboi'd les animaux ». puis
<i Adam et Eve ». Un [lanneau manque entièrement. Au-dessous, une inscrip-
tion, dont je n'ai pu lire (pie peu de mots, porte : " toit fit ciséiî, le soleil,
l'hommi-; ». Dans le bas du vitrail, une longue procession d'hommes,
uniformément velus de noir et (-oiffés d'une soi'te de bonnet doctoral, est suivie
d'une autre composée de femmes. Ce sont, Irès-jirobablement, les donateurs
de la verrière. La partie ogivale montre « Dieu créant le soleil et les oiseaux » .
La fenêtre suivante représente, dans le tympan de l'ogive, « Adam près
LES VlTliAlX nr CliWn-WDKLV. 291
de l'arl)!'!' (I(^ l;i science du liieii el du mal n (pdininier purlaiit des fruits
rouges}, auliiur du(iuel s'enroule le serpent. Celle scène est la seule (|ui existe
encore dans le lynipan de la t'euèlre. La parlii; carrée re|>résenle : 1" n Adam
et Eve chassés du paradis tei'reslre » ; — !2" » Eve lilant (^i ayant un enfant.
près d'elh^ ». « Adam tenant un couteau ». accompagné égalenienl d'un enfant,
et. de |)!us. ;i\anl à ses [lieds ini animal dnnl je n'ai pu recomiailre l'espèce;
3" " le (loul)le sacrifice (pie (laïn el Ahel olTrirenl à Dieu ..; /|" (, |e nieurlre
d'Abel par (iain », consommé à l'aidi' d'une mâchoire de In'ie. (les sujets se
détachent sui- un fond de paysage. Au-dessous, une inscriplion brisée est loul
h fait illisilile maintenant.
La troisième \errière représente " l'Ai-che de \o('' ». Olli^ fenêtre est
excessivement l)ouli>\(M'sée : un de ses ])amieau\ est retourné', un aulre maii(|ue
tolalemenl. Le tympan de l'ogive, en foi'l mau\ais l'Ial. ne pr('senle plus que
plusieurs petites ligures sans aucun sens.
La(juatrième fenêtre est encore déiruile en parlieel le i-esie est l)(iulevers(''.
— La première baie représente : » Abraham adorant les li-ois anges (|ui lui
soiil envoyi'S par Dieu ». La partie inférieure de ce sujet est remplacée par
de rornemeiilalion de la lin du \v'' siècle. La deuxième baie représenle le
« Sacrifice d'Abraham » : — Le ])alriarche lève son glaive sur son fils, un
ange l'arrête; une inscription brisée permet de lire ces mois : — » iuiîAUAM
DE... DK SON Ei\F,VM iSAAc sAcr.iFici-: ». — Isaac est pres(|ue eiilièi'ement
détruit. La. troisième baie représenle nu (''pisode de la\ie de ,li)se|)h , n le
Songe ([ni le perdil dans l'esprit de ses frères » : — l'n \ ieillard, Jacob. (>st
Couché; sur un plan incliné', un ji'Uiie homme (.loseph) est dans la même
posture; une femme est debout près d'eux. — Il enlrail dans la composition
un autre personnage, mais qu'on distingue à peine maintenant et ([u'on ne
peut reconnaître. Vna insci'iption dé'lruile porte ceci, encore visiblement :
<i l'kM'ANT .losKiMi... sox(;k... j5()0 ». — Dans la (pialrième baie, ou voit les
enfants de .lacob descendani leur frère .loseph dans une cilerne. à l'aide d'ime
corde. Le fond est tui paysage. La parlie ogivale ne conserve plus que des
débris de ligures.
La cinquième fenêtre montre « Josué' ariV'IanI la, marche du soleil ». On
aperçoit le camp des Philistins et une foule de soldais. Au ceiiire. il manque
deux panneaux. Dans le tympan de l'ogive, deux i)auneaii\ maii((uenf égale-
ment; les aulres sont bouleversés.
La sixième fenêtre, la dernière, d'après l'ordre (|ue j'ai ('labli pour les
vitraux du premier étage, représente encore une scène de guerre. Le fond est
occupe par une masse compacte de soldats ([ui se batlent; un grand nombre
292 ANNALKS A i;(:iIE(.) LOG lOU KS.
soni reiivd'sés; des tenles soiil livn''es aii\ naiiinies. — Cette coiiipositiDii,
(|ui ,1 une certaine grandeur, est exécutée avec une sauvage énergie. Sur le
priMiiier plan, un personnage (Moïse peut-être) invoque le secours de Dieu
qui ap|KU'.iît au milieu des nuagi's. — L'inscription placée au bas est devenue
illisible. Le tympan de Togive. divisé en meneaux droits de construction
modei-ne, est occu|)é par plusieiu's scènes (|n"il m'a été impossible de recon-
naitri'. vu leur bouleversement. On voit, d'ailleui's, (|ue j'ai dû me contenter de
lair(^ une desci'iption assez |ieu détaillée des verrières placées au » clerestory ».
\j'W é'Iévation et rimp((ssibilité d'y accéder en sont les principales causes.
La description de~ vitranv du (Irand-Andely étant achevi'e maintenant, je
terminerai ma tâche en souhaitant ardennnent leur restauration, et cela, parce
que ces belles et intéressantes pages de l'art du xvi" siècle sont menacées d'une
destruction rai)ide et complète. Puissent ces vœux être entendus des personnes
([ui s'inléresseni à l'iulirice et aux inagnili(|ues veri'ières qui le décorent, et
dont la ])iisition on la l'orlinie leui' ]iei'mel de les réaliser!
Des li-.ivaux importants ayant été entrepris dans le monument, l'enlèvement
des vitraux en est une conséquence forcée, pour un certain nombre au moins.
Leur restauration est donc devenue tout à fait urgente, vu l'impossibilité de
les remettre en place plus tard, sans les l'éparer d'une manière quelconque.
D.-insce cas, mieux vaut une réparation complète, intelligente et prudente, qui
rendi-a aux vitraux du Cirand-Andely leur splendeur primitive.
L'artiste chargé de ce travail doit apporter dans sa mission mi profond
respect {)our les œuvres du passé; par conséquent, il doit se garder de sub-
stituer sa pensée jiropre à celle du |)eintre dont il aura l'onivre à régénéi'er.
Kliminei' les |»arlies entièrement brisées, (|ui n'ont plus aucun inlé'rèt et qu'il
est impossible de réparer, cela est évidemment nécessaire; mais, aussi, il ne
fanl point reniphuuM' celles ([ni peuvent être conservées en réunissant les frag-
ments à l'aide de plombs. Quelques têtes cependant, (luoique belles, doivent
être refaites; car si, dans une draperie, les plombs peuvent être multipliés
sa,ns iiiconvénienl. il n'en est pas de même dans une tète.
\on-s;'ulemont le peintre-verrier doil déployer tout son talent dans une
restauration do cette nalui-e, mais il faut encore qnW montre une connaissance
liai'faile du style de l'époque à la(|uelle appartiennent les vitraux. Rien n'est
pins (l(''|)lorable ([ue de voir un vitrail ancien restaui'é par un ignorant, qui
LES VITRAI \ D! 0 lî AM)-AN Di:i.\ . 293
met des têtes accommodées un i^oùt moderne sur des corps dont les draperies
ont im caraclère spécial. Il faut ([iie le restaurateur commence son travail |)ar
une étude approfondie des verrières qui lui sont confiées; qu'il s'empare, pour
ainsi dire, de la pensée de l'ai'tiste sur la trace (hHjuel il va marcher; qu'il
s'identilie avec lui. afin qu'il uy ait point de notes discordantes dans leur
o'uvre collective; il est indispensable, au contraire, qu'une grande harmonie
règne. Il faut encore, et cela est très-important, (pie les procédés matériels
soient, autant cpie possible, les mêmes, de façon (|u'oii ne puisse pas consta-
tei- de difTérence entre un moi'ceau ancien et un morceau moderne, en faisant
la part, bien entendu, de l'aspect neuf que ce dernier aura forcément. Enfin,
des connaissances assez étendues, en histoire et en iconographie, ik; laissent
pas que d'être très-essentielles dans un pareil travail, quand une eireur d(>
l'une ou de l'autre espèce peut devenir une énoi'mité.
J.es peintres verriers inconnus, je pourrais aussi dire méconnus, qui ont
décoré les fenêtres de l'église du Grand-Andely. sont arrivés (iuel([uefois à
une telle perfection dans l'exécution, qu'il est. sinon impossible, du moins
très-difficile de les continuer dignement. 11 est donc nécessaire, pour mener
à bien cette restauration, d'y apporter un soin extrême, beaucoup de
patience, et de réunir enfin les qualités qui font le véritabli" artiste.
l^i)oiMvi> DIDIiON.
XXII. 38
ACOUSTIOUE DES MONUMENTS
Kn avril l(S,'i!2. on lit. dans une (''glise de la ville d'Ailes, une découverte
qui intéresse l'acoustique monumentale et (|ui e\pli(|ue un texte de Vitruve
au(|uel on ajoute encore assez peu de loi. Le ComitT' historique des arts et
monuments, qui é'tiiit alors en pleine sève et dont j'avais l'honneur d'être le
secrétaire . reçut sur cette découverte une communication dont j'ai donné
l'analyse suivante dans le « Bulletin archéologique», volume ii, page /liO.
sous la date (hi 15 janvier iSl\o :
K M. lliiai'd. directeur du musée d'Arles, correspondant . annonce (|u'au
mois d'avril di'rnicr on a découvert, dans l'intérieur du mur de l'église Saint-
Biaise, des cornets en terre cuite, à la hauteur de (i à 7 mètres. Ces cornets
sont disposés, de distance en distance, dans une excavation d'environ 21 cen-
timètres au carré; chacune de ces excavations renfermait deux cornets. Il
parail. d'après la manière dont ces cornets étaient placés dans ces espèces de
caissons, (|ue le pavillon ('lait en saillie sur le nnu'; aucun de ces cornets n'a
conservé son pavillon. Il est à ci'oii'e (|ue les ouvriers, en étendant sur le mur
le mortier qu'on vient d'enlever, ont fait sauter tous les pavillons. Près des
trous oii sont les cornets, on trouve des pots d'environ 22 centimètres de dia-
mètre ; ils sont placés dans l'épaisseur du mur. La forme de ces pots en terre
cuite est celle d'une marmite à col i-iHirci. C'est dans la pi'emière travée de
l'église ([ui l'ut bâtie en avant de l'église primitive, en 1280, par un Porcellet.
([u'on trouve cett(> particularité.
" Ces cornets et pots en terre cuite devaient servir à répercuter les sons,
et faire pailie d'un système d'acoustique. Il paraît que, dans certaines églises,
on composait les voûtes avec des terres cuites ayant la forme de pots ou de
cornets, mais qui étaient destinées adonner de la h'-gèreté à cette partie des
monuments. M\L les correspondants doi\'ent diriger leurs recherches sur ce
point intéressant de notre ai'cliéologie . cl éludier les murs et voûtes des mo-
ACfX'STKU:!-; DKS MOMMKNTS. 295
luimcnts religieux. M. Iluard envoie le dessin (11111 de ees cornets, qui a
M) centimètres de hm'j; <uv :) de diamètre à remhoucliui'e, (>t 5 h la nais-
sance du pavillon. Dimix petits trous, percés sur la lonfj,ueur, dans un rcnOe-
menl do la terre cin'te. s(>rvaient à attacher une priite corde pour suspendre
le cornet. Cel instrument est tout à l'ail semblahlc du reste, à celui dont se
servent encore les gardi'urs diî troupeairx dans |)lusiem\s de nos pro\iiices et
à ceux ([u'on entend relenlir. dans les rues de l'aris, h r('>po(|ne du car-
naval. 1)
Malgré son pressant appel à ses nombreux roi respondanis. le (Comité n'a
pas reçu, depuis vingt ans |iassés, le moindre nouveau rensingnemeut sur
cette question qui ne maïuiue pom-lanl pas d'impoi-tance ; aucune découverte
nouvelle de cornets ou de pots acousticpies n'a él('' signalée.
F,n 18(51, Al. Mandelgren. savant suédois, qui vient d'achever à Paris une
grande et belle publication in-1'olio ayant |)oin- titre : ^ Monuments scandi-
nave.s du moyen âge » . vint me demander si l'on avait décou\ert en France,
dans les édifices anciens, et iiolammenl dans les églises du moyen âge, des
terres cuites, pots ou cornets, encastrées dans les mui's ou les \oùles. et (jui
avaient pu servir à augmenter ou modilicr racousticpie de ces monuments. Je
lui donnai connaissance de la (^onmunu'calion laite par M. Ihiard, et je lui dis
que, depuis lors, les architeciles cpii restaurent les monmnents et les archéolo-
gues qui les étudient n'avaient rien signalé- de nouveau. M. Mandelgi'en, cpii
est presque architecte et Irès-arché'ologue. m'appi'il (|u'il avait trouvé, en
Suède et en Danemark, im assez grand nombi'e d'é'glises ainsi pi(|uées. aux
mui's et cians les voûtes, de cornets et pots en leri-e cuile dont l'ouverture,
tournée vers l'intérieur du monmnent . avait cei-tainenieni ini bul acousli([ue.
M. Mandelgren ajouta qu'il avait l'intenlion. el je l'y encourageai de mon
mieux, d'écrire un inémoii'(! suHisammenl (l('tailié siu' celle (|iiestion.
Je ne doutai nullement de la rc'alité' du l'ail, à savoir. (|ue beaucoup d'i'glises
suédoises et danoises |jossédaienl des poteries de ce genre; mais, ce moyen
d'acoustique me paraissant assez |)uéril. je di- à M. Mandelgren (|ue j'atten-
drais son mémoire pour me l'aire une opinion sin- celle (lueslioii. l'orl curieuse
en tout cas.
Cette année, au mois de se|)tcml)re dernier. M. W ladimir .Stassoll', rédac-
teui' du journal arcliéologi(]ue (jlTiciel de- Sainl-IVlersboiU'g. el M. (loinostaeir.
membre de l'Académie im[)ériale des l)eaux-ails de Saint-l'élersbourg et
professeur de l'art dans cette Académie, me posèrent, entre autres questions
archéologiques, celle des poteries acouslicpies dans les monuments. Je signa-
lai à ces messieurs la communication de M. IJuaid et les découvertes de
296 ANNALES ARCHEOLOGIOUKS.
M. Mandelgren . mais je leur dis que je ne croyais nullement à celte acous-
tic[ue monumentale et puérile. Là-dessus M. Stassofi" m'annonça qu'il avait
trouvé, dans un très-grand nombre d'églises byzantines anciennes, ou églises
gréco-russes de son immense patrie . de ces cornets et de ces poteries.
M. StassolV m'annonçait (lu'il allait rédiger lui ti'avail sur cette question, et
(|ue. si je le di''sirais. il me donnerait h le pul)lier dans les « Annales Archéo-
logiques ». .le l'emcrciai beaucoup M. Stassotr et l'engageai à écrire à Arles
pour avoir des renseignements sur les cornets acoustiques de Saint-Biaise et
à se mettre en rapport avec M. Mandelgren.
Mon scepticisme à l'endroit de cette question d'acoustique était déjà forte-
ment ébranlé, lorsque me tomba sous les yeux le texte suivant que vient de
pul)lier M. K. de Bouteiller. membre de l'Académie impériale de Metz, dans
sa très-curieuse et très- savante n Notice sur le couvent des Célestins de
Metz )ii. L'église de ce couvent, dont la fondation date du xiv" siècle, a été
démolie dans les derniers mois de 1861 par le génie militaire, qui n'en fait
jamais d'autres, par suite d'un arrangement survenu entre lui et la gendar-
merie de Metz. M. de Bouteiller a pensi'\ avec grande raison, que c'était une
occasion pour l'aii'e l'histoire de ce couvent des Célestins et pour en conserver
au moins la mémoire. A la lin de sa notice, et comme preuves justificatives,
\\. de Bouteiller donne des exti-aits d'une chronique du monastère des Céles-
tins de Meiz. de 1371 à lùGO, (|ui existe en manuscrit à la bibliothèque de la
ville de Melz et dont l'écrilure date de la fin du xv" siècle.
A raiini''e lho2. |)age ioo du manuscrit, on lit :
« En cest aimée dessus dit , ou mois daoust le vigile de l'assumption
Nostre Dame, aprez ceu que frère Ode le Roy, pi'iour de scans, fuit retournez
du chajMtre gral de dessus dit, il fit et ordonnoit de mettre les pots au cuer
de leglise de seans. portant qu'il avoit vu altepart en aucune église et pensant
(\u il y fesoit milleur chanter et que il ly rcsonneroil plusfort. Et y furet mis
luis en ung jo(U' on ]ioint tant douvricr ([uil soultisoit. Mais ie ne seay si on
chante miez ([ue on ne fasoit. Et cest une chose à croire que lez murs en furet
grandement crolley et deshochiet et becop de gens qui viennent seans sont
bien merveillez que y soie fait. Et dixent aucune foix qui valeoit mieux quil
furet aprésen dehors, portant que bon ])ensoyt il seroit là mis pour en prendre
et jouyr à plaisir aux foulx. »
( 11 y a en mai-ge du manuscrit : /i'crc ri.su (lii/iiu.)
Ainsi, il n'y a plus aucun doute à conserver maintenant; tout scepticisme
1. <( Notiresur le couvent des Célestins de Metz », par M. E. de Bouteiller, Metz , -1862.
ln-8" de 60 pages, avec 6 plans dont 4 anciens publiés en fac-similé.
vcoi STKM I-; 1)1 s \i()M \ii:nts. 207
serait hors de saison. Le lc\le est précis : il y avait dos pots et des cornets
en tei're ciiilc plac(''s dans les iiiin's de certaines églises, et ces poteries
avaient positi\enicnl pour bul de donner de la sonorité aux monuments. L'Iiis-
toi'ieii de la i> (lhroni([ue des (lélestins de Metz » se moque asi;réal)lement du
pi'ieur Ode Le U<i\ (|m' lit placer de ces engins acousti(|ues dans les murs de son
église de Metz pmn- la grande lete de l'Assomption de Tamiée l'io'i; mais le
prieur n'en a\ait ])as moins \ii. é'Iudié- et admii"i'' ailleiu's (•<• mod(; d'acous-
tique, et. (Ml revenant du ciia|)ili-e génital de sim oi'dre. il a\ail voulu en
doter léglise de son piieuré de Metz. Si nous savions où s'est tenu ce chapitre
général, nous connaîtrions ()ar là même où ce prieur avait \u ces poteries
acousti(iues; c'est probablement en Italie, où les Célestins étaient bien |)lus
nombreux et |)his puissants (]u"à l'aiis. S'il en est ainsi, nous savons mainte-
nant qu'en Italie, en France, en Suède, en Danemark, en Uiissie. on se sei-
vait de poteries creuses pom' donner de la sonoiili' aux ('(lilices; nous pouvons
donc aflirmer, à peu près à coup siu'. qu'il en était de même en Angleteire.
en Allemagne, en Espagne et en (li'èce. c'est-à-dire dans l'Europe entière. Et
cependant, pour ce qui concerne la France, sauf les poteries de Saint-Biaise
d'Arles et celles des Célestins dr' Metz, on n'a rirn trouv('' de |)ai'i'il dans
nos églises du moyen âge. pas mr'iin; dans nos innnenses callii''drales du
Mir' siècle, oîi c'était bien le cas. assurément, de leur donner toute la sonorité
possible. Lors([u'oii sait ce (|ue le moyen âge a l'ait pour les cloches et pour
les orgues, on a le droit de s'étonner ([u'il ail négligi' les potei-ii's ariiusti(|ues,
si c'était réellement un bon moyen de donner de la sonoi'iti'' aux moinmients.
Mais j'ai dit plus haut (|ue ce mode nv semblait aussi puiM'il (ju'inrHicace, et
c'est probablement la raison ([ui l'aura l'ait iiégligei-. Les .Messins s'en sont
nK)(|ués et ont déclaré que c'élail bon pour anuiser les fous; de là vraisembla-
blement son abandon par les gens sensés du moyen âge. Cependant le grave
Vitruve dit qu'on s'en servait dans les théàti'cs anti([ues; on l'a emjtloyé
comme système, au moins en Suède, en Dancmai-k et en Hiissie; il y a donc
lieu, pour les acousticiens. tl'é'tudiiT la (|uestion. et. poui' les ai'ché'iilogues et
les architectes, de recherchei' si l'on ne ti-ouvei-ait pas de ces pots et cornets
dans les murs et les voûtes de nos églises anciennes.
L'attention est éveillée maintenant sur ce jioint curieux; M\L Mandelgren
et Stassolî vont l'étudier à loisir, et nous ne doutons |)as que prochainement
nous ne sachions à (juoi nous en tenir siu' cette (|uestion aussi nouvelle ([n'in-
téressante.
DIDRON MNK.
BIBLIOGRAPHIE
D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE
211'.). A.NNAi.KS du Cuiiiit.' lUun.iiul do l'"rance. Tome vi. lN(ll-IS(i2. ln-8" de 471 pages et de
18 planelies. — Notice liistorique sur les iu-aioiries, scels et baMiiièrcs de la ville de Cassel, de
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Carnki « fr. 50 c.
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noine X. Baubier ue JIontault. meml)rc d(^ |)lusieurs sociétés savantes. In-12 de 288 pages.
— Bulles, brefs et avertissements des souverains pontifes; décrets de la congrégation des
indulgences, croix des stations, déterminations des stations, modifications diverses apportées à
la disposition première des stations, tableaux, distance entre les stations, pouvoir d'ériger le
chemin de la croix, aulmisalion requise pour l'érection , placement des croix et des tableaux,
lieu de l'érection, nielhodi' |iour l'érection du cl)emin de la croix dans les chapelles et les
églises. publi(pies ou privées; procès-verbal d'érection, validité et nullité d'érection, indul-
gences, interruption et di\ision du chemin de la croix, du mouvement, exercice du chemin
lie la croix, prières el méditalions, premier exercice du chemin de la croix, autre exercice du
chemin de la croix, crucilix bénits à l'effet de communiquer les indulgences du chemin de la
croix, livre indulgencié, ouvrages ii consulter.
212. RARBIFR UE MONTAFLT. — Oi ricir.M pr.i|irium tran.^^lationis S. Florentii, presbyteri
et confessoris. par M. X. Rariiier de Montallt. ch.moine de la cathédrale d'Anagni. In-16
de 12 pages. — Oftice rimé du xiti" siècle.
UIIÎLIOC.IIM'IIIK D'AliT KT D'A liC. Il KOl.OC, I 11. 299
SI 3. BARDFT. — L'Églisi: colU'-iiilc do N.-D. lUi cliiiUMii de l.oclics, iiiiiiiitoïKinl (•frlisc p^irois-
slale de Siiint-Otirs. >i)n liisloirc (>1 son culte, ses trésors cl ses priviléircs s|)iritiiols, par l'abbo
A. BABriET. curé do la Croix-do-Itloro. lii-IS do 140 pai.'os. — llistoiro do la collo-iale, fon-
dation, restauration, siège de Loches, visites princioros. [iroccssions d(>s coi-[)s siiiiits, pillase
pondant la dévolution, description de l'éizlise du cliàleaii. inscriptions tuinnlaires. reliques et
patrons do la colle-i.de. autlienticite de la ceinture do la Vier,i:e, .Notre-Dame de lieautortro.
vie (\o saint Ours, patiun iU' Loclies I f,. ;;(| ,,
214. BIÎSSOX. — .MtMoiiii; liisloriciue sur laliliaye de liauine-los- D.unes, par l'abbe !.. Bicsson.
Ouvrai;c couronne par l'.Vcadéniie do Besançon. In-S" de KI.S pa-es. — Kondation de
Baume [763), coutumes anciennes i\e l'abliavo, sainte Odile élevée dans ce monastère, lole et
importance do l'abbaye, domaines et rèiilos du monastère, sires de Noufchàtel iiardiens do
l'abbaye, gueires et désastres des xiv et \v siècles, administration des abbossos. él.it do
raœui-s, nécessité d'une réforme, orii;ine et |)rogros dos lois munici|ialos. établissement des
capucins, traité entre la ville et l'abbaye, d(>scri(ition de r('j;lise abbatiale, arr-èts du l'arli>-
menl, faits se rattacliant ii la révolution do I7S9. dernières abbossos île liarnno. Liste clrr'ono-
logiquc des abbossos 1 034- 1 T'.M ) I iv. ;;() c.
2|.'j. BESSON. — .MicMoiiir: liistoriqiro sur l'abbaye de C.lierlieu. [lai- l'abbe L. Bi:sso.\. aumônier-
et professeur au collège do (.!r-ay. Ouvrage cour'onnc'' |i,u' l'Académie de Bosaiiodii. In-S" de
xxxvi-l l(j pages et d'un plan. — Fondation do (Ihorlieu (I I 27,. ses abbés, maisons do la lilia-
tion do Clierlieu, les r-apporis de sairrt Bernard avec l'abbaye, donatiorrs des é\éqrics et des
princes contemporains au morraster-o, description de l'église île C.lierlieu, deca<leiice do la dis-
cipline, l'éflexions sur les caractères de cette époipre et dos âges sui\arrts, sepullui-es dans les
monastèr-es, bulles des pa|)es on favoirr de ral)b,i\o, désastr-os du .\iv siècle, l'abbaye tomlie
en coinmonde, réforme protestante, démolition de l'églisi- à la gr-anile lievoluliun. Liste clirono-
logiquc des abbés do (^Irorlieu. égli.sos do sa collation, état des l'ovenus (h^ l'abbe de i:iiei-
lieu en 1 780 ■> | ,-.
216. BES.SON. — .MiJMoiliK Iristoriqiro sur l'abbaye et la ville do l.iir'o. sirivi dune notice ^llr■ le
prieuré de Saint-.Vnloirie et les seigneuries de l.ur'o et do l'a.-:sa\arit . par l'abbe !.. Bksson.
Ouvrage couronné par l'.Vcademie de Besançon. In-N" de i'M) pages. — Origine de Luii". fon-
dation de l'abbaye ivi' siècle, par saint l)i>lle, disciple île t'.olomban: donations diver-os.
grandeur et ricliosse du monastère: fortifrcatiorrs de l.irr-e: administralion de l'abbavo sa
décadence: Révolution fr-ançaise, démolitions; Lirre actuel, ses principaux moruiments, r-oli-
([ues des saints Dollo et Colomlian. Notices divor-sos. Liste dos abbés et des cirrr's de Lur-e.
Églises de la collation do l'abliaxc Pièces jirstilicativos 2 fr.
217. BOWAKLET. — I'ùmc.rapiiiiî des Elaniands d> l-'rM",ce. |)ar .\. BoNVArii.r;r. Premier fa.s-
cicule. In-8" do ts(j pages et do li planches. — Travail divi.sé en catégories sur- lesquelles sont
données successivement dos explications : inscriptions firuér-air-es. inscri|itioris votives,
légendes des cloches et autri-s textes (pri ne sont pas appelés il (igui'er dans les tr'ois pr-omiôi'os
catégories.
218. BOUCIIEV. — REiaii;iiCiii:s historiijues sur la \ille, la priiicipauti- et la r-opubliipro do
Mandeure (o Epomanduodurum ).;. Origines et histoire abr-i'gi'o do l'anciiMi comté do ^lontbé-
liard, par l'abbé Boiciikv. Ouvr-ago cour'onni- par' l'.Xcademie de Besançon. Derrx volumes in-8",
xxxvi-l)72 pages et une carie topogr-aphiquo du vill.ige et dos envir-ons do .'^Ia^deur■e, avec
indication des ruines romaines. — Première partie : histoire de .Mandeure jusqu'en 93.') : suc-
cessivement ville celtique, romaine, bourguignonne, frainpie. et capitale, peirdant mille ans,
300 ANNALES ARCH KOLOriIOU ES.
de la conlioiA qui a |)orté le nom de Montbeliaril. — Seconde partie (93o-1790) : histoire du
\ illii.i,'e lie Mandeure qui de\int, au xiir' siècle, une prévôté, puis une principauté ecclésias-
liipie dé|K'nilaiile do l'église de Besançon. — Troisième et dernière partie (1 680-181)0) ; his-
toire des l'ails de la repulilique et de la commune de Mandeure, sa constitution et ses actes. —
Les deux volumes 10 Ir.
2IVt. liOUTEILLER (de). — Notice sur le cuuNcnt des (lelestins de AFetz, par E. de Dolteii.-
LKR, secrétaire perpétuel de la Société archéologique de la Moselle. In-8° de 117 pages, avec
7 planches, parmi lescpielles sont les plans de l'arsenal du génie et de la gendarmerie en 1861,
de la maison ci-devant des Célestins et des parties adjacentes en 178o. — Histoire et descrip-
tion de l'église et du couvent des Célestins. aujourd'hui disparus; origine (1370); lettres de
fondation par Bertrand Le Hungre, bourgeois de Metz; pros|)érité du monastère jusqu'au
XVI'' siècle; spoliations; privilèges conférés au couvent par le roi Charles IX; lettres patentes
d(>livrées par Henri IV; ruine et suppression de la maison des Célestins le 9 décembre 1774.
Becherches sur le monument depuis cette époque jusqu'il nos jours. Extraits des plus curieux,
pour l'histoire des arts, de la « Chronique ilu monastère », de 1.371 à 1469.
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fondateur; construction de l'église d'Einsiedeln. par saint Éberhard : dédicace miraculeuse;
dévastations, ruines, réparations, pèlerinage.
221. BOVS (du). — SÉiiASTiuN de planta ,177(1-1839;, par ÀMtEiiT de Bovs, ancien magis-
trat. In-8" de 2.i4 pages. — Biographie conq>lète de l'Ianta, successivement inspecteur de
l'Académie de (jrenoble. grand pré\ot, secrétaire général de l'administratiim des prisons,
CDUHiiandant de piaci' à Briançon. lieutenant du mi i) Lille 10 fr.
222. BRIMONT (de). — L\ Pape au mo\en âge. Urbain H, par Auhien de Bhe\d>xt. hi-8° de
430 pages et d'vni portrait d'Urbain H, tiré de la collection des cardinaux français de Duchesne.
— Introduction : caractère de la guerre entreprise par la presse contre la papauté, alliance de
l'Église et de l'enqjire sous Charlemagne , asservissement de l'Église et de l'Italie par les
césars allemands, regénération partant des cloîtres, les papes civilLsateurs, similitudes entre le
moyen âge et les temps modernes. — Livre premier, le moine de Cluny : utilité des ordres
religieux, appréciation de la règle de saint Benoit au moyen âge, fondation de l'abbaye de
Cluny, Cluny école des papes, vie conventuelle, incertitude des historiens sur l'origine d'Ur-
bain H, lutte entre l'empire et le sacerdoce. — Deuxième livre, Urbain au pouvoir : concile de
Bénévent, état du clergé en Lombardie et à Milan, réformes dans l'épiscopat, nouveau concile
de Bénévent, etc. — Troisième, quatrième et cinquième livres : luttes et réformes, voyage en
France, triomphe de la papauté. — .Vppendice ; chartes, privilèges, généalogie des Normands
de Sicile 6 fr.
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sur la demande du ministre de l'instruction publique, par Ad. Bruvelle, membre de la
Commission historique du de|)ai1einent du Nord et bililiothécaire-arcliiviste de la Société
d'éniulaliiin de Cambrai. lii-S" de xx-370 pag(>s. — Géologie, archéologie, histoire.... (3 fr.
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sur la princesse d'Épinoy, par .M. Gachaud. — lienseigncments historiques sur le beffroi de
Tournai, par M. RoziiiRE. — Recherches sur les petits clercs, les enfants de chœur et les
RIIÎI.KX.Ii M'Ilii: l>'AliT Kf DMiClIKOl.Odli;. 301
musiciens de |y r;illi('{iniii' de Tdiiiiiai. |),ir .M. Ii> \iL';iiri' m'iicral Voisin. — Di'sciipliun duii
missel du xiir' siècle, p.ir le inèiiie. — Messe du xiir' siècle, traduite en notation moderne et
précédée d'une introduction, par li. i>i: C.oi ssi:.m\ki:h. — Heclierclies sni- les principaux
moiuimenls de 'rouniai, (lar 1)1 >loirni:n lils 8 fr.
'ii'i. BUSSKROLLK (dk . — lii:c.iii:i\('.iii:s liistoritines sur l.i vicomte de I.a (iiierclie, en l'ou-
raine. et sur les (iefs ipii >'n relevaient : A\ailles, liarrou, La Itoutelaye. Iiu\euil, .Mère, etc.,
par J.-X. C.viiuii i>k BissKUoi.Lt:, membre de la Société arcliéoloijiipie de Tonraine. ln-8" de
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dailles grecques. bas-eni|)ire romain, monnaies rovales de Franco. b\/anlines; seiie gallo-
grec(|ue, monnaies de cuivre et d'argent; monnaies des empereurs romains en Pro\ence,
mérovingiennes dans la même contrée et carluvingiennes: royaume et comte de l'rovence,
monnaies ccclésias'iqnes: atelier monélaire ii Marseille auv xv. we et xvii'' siècle.
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C.iiAi'iA . curé de Yittel. membre de plusieurs sociétés savantes. Troisième édition. Deuv
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Naissance de P. Fourier (M) novembre l-'iO-i j. .son éducation et son cnlree en religion,
prise de possession de .Mattaincourt , soins spiriluels et temporels de l'oinier poni' sa paroisse,
œuvres et congrégations, la Réforme, misères de la Lorraine, notes et pièces justificatives.
— Deuxième volume ; généralat de P. Fourier (1632!, retraite on Bourgogne, mort de !'. Fou-
rier (1640), translation de ses restes JIGlIi. constitutions de la congrégation de Notre-Dame,
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vier 1862, par le vicomte Ghiki.et. Grand in-8" de 40 pages et de 2 <'arles pour servir à la
recherche de la position d'.Mésia et ii la solution de celle question ; « .\laise est-elle l'.Mesia
de César ?» I l'r-. 'ie c.
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cathédrale de Rouen, en mai et juin IS62, par l'abbé Cocirirr, inspecteur des inonnnients his-
toriques et religieux de la Seine-Inférieure, ln-8" de 2'! pages, d'une [)lanche et 2 gravures
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231. (;0L"SSi'31.VKER i)i; . — .Xorici; sur labbayc di; Ravensberg, par E. iik (^orssKJiAKKii.
correspondant d<^ l'Institut. In-8" de 71 pages. — Esqui.sse historique. List(i des abbcsses.
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cette maison.
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térieur de Sainte-Cécile, sculptures et statues, peintures ii fri'sque des murs el de la voûte,
XXII. 39
302 ANNALKS AKCII KO l.( )('.!() i KS.
parlic ardiitoclnniqiie, oiinntation de Tri^lisc, iiiulilations, roslauralioii?, (Icjiacomi'nt et isolc-
iiieiit de la calliédrale ; syiitlièso cl talili'a\i syii()ptii]iie des époques de la l'ondaliDii cl con-
stniclion t\v, la ealliédrale d'Albi, des évoques qui y ont concouru et. des dimensions des
diverses pariies de l'édilice.
2.i3. CrtllIMiAT, — Li; I!. lli!i;i:ics de Puiliers, le prienri', l'ésli'*'^ 'l le* peiiilures murales
d'Anzy-Ie-Duc% par l'ablié F. (:u:'.iikuat , aumônier de l'Iiospice de Paray-!e-Monial. In-S" de
Ifio pages. — l'remière partie, histoire : Vie du B. Hugues ( x'-xi" siècle), ses miracles,
translation de son corps par \altéi-i\ évècpie ilAutun. assisté de llildeiirin, alibé de Saint-
.Mailin ; relii|iies du U. Hugues dans les conrili>s. — Deuxième partie, archéologie : Anzy avant
la Ibiid.iliou du |)rieuré, fondation f9l3; et preniiers temps du prieuré d'Anzy, droit de patro-
nage du prieuré sur huit églises ; église d'Anzy ;'st\le roman), description, conservation et
restauration de cette église; peintures murales, histoire de saint Jean-I>apti>te, mystère de
l'Ascension, etc.; culle du li. Hugues, reliques d'Anzy, des SS. Abdon et Sennen, consécra-
tion de l'autel principal de l'église d'Anzy.
Ti's. DEBOMBOUliii. — IIisToiiiic conimuiiale delà Dombes. précédée de celle du Franc-Lyon-
nais, par G. DEiio.MBoimc . membre de pliisu^iiis sociétés savantes. Tome premier. In-S" de
4.32 pages. — Première partie, histoire du Franc-Lyonnais : avant- jjropos , existence jus-
qii'en 1702 d'uni' |iriii(ipauté ind(''pendante avant souverain : monnaieel parlement en deliorsdu
roi, de la monnaie; et de la justice de France ; privilèges des villages du Franc-Lycimuiis; Genay
et charte de ses fianchises; faits loc'aux de Genay. Civrieux, Sainl-Jean-de-Turigneux, Saint-
Bernard. S,iinl-I)iilier-de-Forin;ins et Jassans; religieuses du mona-lère de La Bruvère; chaite
de Vim . a|)ologu(! de .lean de Rochelaillée, pillage el incendie de Neuville, analyse des titres
adminisiratils du l'i'anc-Lyonnais. — Meuxième pailie. Dombes : précis de .son hi-toire, statis-
ti(iue d'Aniarcins, chrono'ogJe des capitaines châtelains d'.\mbèrieux, des seigneurs d'Ars, de
BeauregartI, de Baneins, dii Tavernes, de Chalamont, de Briandas, de Chaneins, de La Bâtie;
histoire et statistique de ces divers pays o fr.
53ij. ni:XI?. — Oi:'i;st-(;k i.uk Gavant"? Toutes les réponses pins une. Notice sur les manne-
quins de la fête c nmiun.de de Douai, [lar TiiiôoeiiiLK Di;ms. l'elil in-4" d(> G* pages.
23G. DEVAI.S. — IIistoiiuc de la ville de Négrepelisse. par Di:v\l< aine, archiviste du de[iar-
tement de Tajn-el-Gaiomie, et membre de plusieurs sociétés savantes. In-S" de 47 pages. —
Origine (xi'' siècle), abbés et seigneurs, droits el privilèges; droit lie h:iute, moyeime el basse
justice; droit de siéger an\ élals de la |)roviiire; organisation du consulat et allributions des
consuls; charte commun, de de Nègrepeliss ■ . articles delaillés de celle chaite; Négrepelisse
sous la duniinaliiin anglaise ( 'I3i;2;, sous les guerres religieuses; Tuiemie. comte de Négre-
pelis.e {Ki.i'J) ; étal actuel de cette ville 2 fr.
Î37. D;a:xiÈME. EXPOSITION des arts indusiricis pour l'année I8è3. au Palais de l'Iridustrie. Son
caractère, sa portée cl son but. In-S" de 20 pages.
238. DUlîAXD. — Ti;i:so« de l'église Saint-Marc, il Venise, par Jilien DunANi). In-4" de
67 pag s e; d'un tableau. Descriplioii détaillée de la Pala-d'Oro et des pièces nombreuses qui
composent le riche trésor d(> Sainl-.Marc l fr. -'iO c.
239. (iAILIL\B.\l"D. — L'Aht dans ses diverses [iranches, ou l'architecture, la sculpture, la
peinture, la fonle. la feironnci ie, etc., chez tous les peuples et à toutes les ép0i]ues, jus-
qu'en 17.S'.), par Jli.es Gau.iiabai'd, d'après les travaux des principaux arti-tes reproduits par
les plus habiles graveurs et chromohlhographes. 2S' et 2'.l' livraisons. Grand 10-4° do 4 plan-
15ir.l.l()(ill\l'llli; h'Aliï Kl HAlîClIKOI.OCIK. 305
chos. — P,iiin?,ni\. on fer. (k>> v.inl:iu\ il'ii'ii' |i)rte ii l'éijliso do S^iinl-Nicolas-dcs-Cliamps, à
l'iiris. — l'orte et vaiilaux . eu li()i>. d'un liolcl situé rue du l'iùtrc, ;i Taris. — Temple, dil
dTIereule. ;i Oira ; l'aradc. — (diil-de-bd'ul' dune maison située rue S.uiit-tiuillauuie. ii Paris.
— (Jiacjue li\raiM)n I l'r. 7o c.
îlO. (j.M,l(;ilON. — I)i;s i)i>nM;i:s du musée .\a|)()lé(jn III. l'uinljlioii d un musée d'art indus-
triel, par Kiiir.i; (i\i.i(iio\. Iii-.S" de ii pajes.
211. (i.VLV. — CiTM.ixiiE du musée arclu'()lo.L.'ii]ue du département de la Ddrdojjne. par le doc-
leur E. (iM.Y. In-S° de wi-l.tu pa^es et de i planelies dont un plan des Tliennes de \ésone,
farade sud déeouverte en \H'.,><. — .Vnlii]uili'< éi.') ptiennes e( de la daule. Armes et instru-
ments usuels des peuplades dites eeltiques. .Moiuimenls iiallo-romains. Statuettes (>n I fonze.
linipreiiiles siudlaires. noms de potiers. Inscriptions sallo-romaines. Pierres L'ravées, ba.LHies et
cachet*. Kpoque franque. Inscriptions du moven àae et des temps modernes. .Vnnes d liast et
de tr.iil. houches à feu. Numismatique : monnaies sirecques, gauloises, jiallo-roniaires el
lomaines; monnaies royales de France: de la Hévolution; méilaillcsdu (limsnlat, de rHni|iire el
de la Ueslauraiion. Monnaies féodales de l'rance. Numismatique périL'ourdine : Périodes gau-
loise, niérovin-'ienne et carlovinu-icnne. Atelier royal de Dôme (arrondissement de Sarlat:.
-Sceaux de la cil;', de la ville de PerigueuN, des églises, des abbayes el < es comle~. Blasons des
principales villes du département.
242. GIHEliT. — C.vT.vi.oGii; du musée d'.Vix l)oucbes-du-Rhone), dresse sons la direction du
conservateur, par HoNonii Giukiit. In-I 2 de xiv-l'i.S page-. — lntrodu<'!ion. l'einlure : tableaux
d'auteurs connus, d.monvmes. copie-, dessins, clialcograpliie. Sculpture iruvres d'auteurs
modernes, d'anonymes, morceaux antiques. .Vrcliitecture ; antiquité, moyen âge et renai.ssance,
reproductions de moimments. Kpigrapliie : monuments l'unér.iires égyptiens, in.-criptions
diverses, votives, lionoriiiques, sépulcrales. .Mélanges : ouvrages flgulin-. art céramique, ico-
nologie, tableaux d'auteurs divers, dessins, objets divers. .Vppendice.
243. GO.\T.\Hr). — NoTicKs historiques, par N. Goxtari'. In-S" de -il pages. — Translation
des cendres d'll('l,)fse et d'.\bélard. .Vnciemies ahbaves de rarrondUsenieiil de Nogent-sur-
Seine : Nesle-la-Rcjioste (oOI); Scelliére.s orflre de (liteaux IKiT); abbaje royale de Vaiilui-
sanl fl 127'. Récit historique des combats de Xogent-sur-Seine. en IslV; rapputs divers,
extraits de lettres particulières t fr.
Î44. (jOl ItX.W i)i: . — NoTicic sur le <:ouvenl de S.iinle-Marie-d'en-llaul, par le chevalier
UAiirt.i'H i)i; (joi liwv. membre de la (Commission scicntitiipie de .Morée. In-S" de KiO pages "t
de 1 1 |)!anches.
245. CiR.VVOT. — Èrtiii-; sur l'.Vlesia de C('.sar. .Vli.se-Izernore .\in . par .V. Cr.Avor. In-S" de
107 pages. — Démonstration de rexi.stcnce d'une ville. I/.ernore. sur le plateau de l'ossard.
avant l'invasion romaine: de i'enipre-sement de (lé.-ar ;i regagner sa province lorsque Vercin-
gétorix .se présenta pour lui barrer le chemin; de la b:itaille (|tii eut lieu dans les plaines de
Bâgé, au norJ-est du .Màcon; du reiuge de l'arméo gauloise d.ms les environs de Nantua.
S46. IIAC.llH'rTF.. — Li:s [iiBMOTiii:Qi:i;s S(:ol\iri;s prescrites [)ar arrélé du mini-tn; de l'in-
struction pulili ]'je, en dat- du !"■ juin K-s()2. par L. llAcnirni;. In-8' do 4.S pages. . . . .'iO c.
Î47. H.VMON. — Notre-Dame do France, ou Histoire du culte de la sainte Vierge en France,
depuis l'origine du christianisme jusqu'il nos jours, par M. l'abbé IIamov, curé de S.rint-Sul-
pice. Deux volumes in-S» de xvi-ilOet o»2 pages, avec de nombreu-es planches dans le texte
et hors du texte. — Pr-emier \olume. province ecclésiastique de Paris, comprenant les diocèses
3n'( ANNALES AliCHKOLOGIOLES.
dp l'iirLs. (le Iflois, do Chartres, de Meaiix, d'Orléans el de Versailles : étude du culte de la
Viergt? dans ces diocèses par l'Iiistoire détaillée des églises, monastères, abbayes, couvents,
liopitiiux, collèges, confréries, séminaires élevés en son honneur; piété des rois el des peuples,
ordres militaires, pèlerins de Notre-Dame; espiit général des diocèses. Proses, hvnuies et
chants divers, processions. — Deuxièmi! vcjlume. ])rovinces ecclésiastiques de Bourges et de
Cambrai, comprenant les diocèses de Bourges. Clermont, Le Puv, Limoges. Saint-Flour et
Tulle : même étude que pour le premier volume. — Cluupie volume 6 l'r.
24s jLH-VX. — C.\iiN.\c (en Bretagne), fouilles et nouvelles découvertes dans la butte Saint-
Michel. Controverse sur l'origine et la destination des Carns chez les anciens peuples de l'Occi-
dent, véritable èlymologie du mot Carnac, par L. F. Jéh.vn (de Saint-Clavien), membre de plu-
sieurs sociétés sa\autes. ln-8" de 1 (i pages 1 fr.
2iU. .)I)URU.\IX. — L"nf, i.ettue autographe di- Ouipie.-ue, par ti.i\t;i.M Joirdain. In-8" de
7 pages. — Lettre achetée en I8'j4. dans une vente, au prix de 120 fr.; elle est aujourd'hui la
propriété de la ville de Dieppe.
2.'i0. .II'LIKN. — N'oTicK liistorique et crilicpie sui' l'ancienne église Saint-Laurent, par Eugènk
Ji:lii:n. ornée d'une vignette, par E. Nic.ollk. ln-I8 de 51 pages et d'une planche représentant
l'église Saint-Laurent. — Origine ,x'' siècle) et histoire de Saint-Laurent, de5cri[)lion inté-
rieure et extérieure: documents puisés dans Farin sur les épitapiies et sépultures principales
de l'église Saint-Laurent ; conclusion : ce que l'on devrait faire de ce monument. Supplé-
monl ofl c.
'i-jl. L.VMBFRT. — C.\T\LOGUE descriptif et raisonné des nianu.scnts de la Bibliothèque de Car-
pentras. |i:ir .V. L\.mbert. bibliothécaire de la ville. Ouvrage publié sous l'administration de
M. le marquis d(> Jocas, maire de Carpentras, et par les soins de 31M. les membres du Comité
d'inspection de la bibliothèque. Trois volumes in-S°, de xix-500 pages environ chacun. —
Notic(! historiipic sur la bibliothèque de Carpentras. Divisions diverses : théologie, jurispru-
dence, sciences et arts, belles-lettres, histoire, mélanges: collection des manuscrits de Peiresc,
notice sur ce dernier, additions aux manuscrits de Peiresc; collection de Tissot (Avignon et
Conitat Venaissin). Supplément : manuscrits ([ui sont entrés dans la bibliothèque de Carpentras
postérieurement à l'inNcntaire géiu''ral commencé le 8 août I8ii>, et terminé le 23 janvier 184:i.
— Catalogue remarquable et qui devrait servir de modèle ii tous les bibliothécaires de la
France. — Les trois volumes 24 fr.
2o2. LASTEYKIE ue). — Des oiiigines de l'emaillerie limousine. .Alemoire en réponse i» quel-
ques récentes attacpies contre l'ancienneté de cette industrie dans le Limousin, ]iar Feiuiinam)
de Lasteviue, membre de l'Institut. In-S" de Ifj pages 73 c.
i'S'.i. LFUIUDAN. — Histoire des seigneurs et de la seigneurie de Kouliaix. par Tti. Leuridan,
con.servateur de la bibliothèque, des archives et du mu?ee industriel de Roubaix. Ouvrage cou-
ronné par la Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. ln-8° de
384 pages et d'une planche. — Origines : la ville, la paroisse, la seigneurie. Première partie,
les seigneurs : seigneurs de Roubaix sous les comtes de Flandre. Jean de Roubaix el les ducs
de Bourgogne, seigneurs de Roubaix des maisons de Luxembourg, de Werchin, de .Melun, de
Ligne et de Rohan-Soubise. — E)euxième partie, la seigneurie : de la hiérarchie féodale des
personnes et des terres, de leui- condition et de leurs rapports entre elles, lief dominant, fiefs
servants, droits dits féodaux', droits singuliers, juridiction seigneuriale, baillis et lieutenants
de Roubaix. Pièces justilicatives o fr.
lURLIOdllM'IllK ICABT KT 1)' A IICII KOl.OC, I F.. oOô
S54. MACf!. — XoTKs iiH'ditos de Villars sur (niol(|iios l)iil;misl(S (lnll|ll^Ilûi^. l.crluri' l.iite ii
l'Acadoinii' <ii"l|)liiuali\ [y.w Antoim; .Mvck. Iii-I2 de 14 pai-'os.
255. .M.VlGMi:.N. — (Iale^winthi;, •draine en cinq aeles et en vois, par C.-N. .MviciMK.v. doyen
do la Faculté des lettre-; do (jrennlilo. Iii-s° de llf) pai;es. — Vii)i.'l-d(Mi\ e\emplaires seule-
ment sont en vente lit fr.
■25(i. M.VRIÎV.VI'. — l'oTTiin ANii I'ohoici.mn. Histoire de la piiterie et de la |ioicelaine au
moyen àgo et dans les temps modernes, par .1. Mviiin at.) l)eii\iome édition, vc\uf el auginon-
lée. Fn \oliimo in-8" de 4!l(i pages, a\ee 210 gravures sur bois dans le t'xie ol 6 planehes en
couleur. — l'oterios espagnoles, italiennes, françaises, allemande-. Ilamaiides, liollandaises.
anglaises. l'orcelairn^s orientales, ouidpeennes, anglaises et françaises. Manufactun-s il'lt^die et
d'Kspagno. .\ppendiro contenant un glossaire des termes usités dans la de^cri|ltion de la poterie
el de la porcelaine; une table des marques et monogrammes dos peintres, décorateurs et do-
reurs, employés dans la manufacture royale di' Sevrés do I".'j3 ii ISttO, ou trouvés sur les pot(>-
ries et les porcelaines: une liste des collections p:;rliculiéres dans la (irande-Iirelagne. 4') fr.
2o7. .MÉ.M0iHi-:s de la Société impériale il'agriculture, sciences et arts dWngers (ancienne .\cadc-
mie d'Angers). Nouvelle période. IStil. Tome cpiatrieme. In-S" do i'Vî pages el de ls plan-
ches. — Résumé des travaux de la Sucii'lé pendant l'année ls(JO. |)ar .M. Soiun. prisiilonl. I.e
drainage el son a[)plication dans le département do Maine-el-Loire. par -M. TwiiuNiicH. Noli'
sur un [)rocès criminel jugé ;i Sauinnr en 1714, par .M. C.oi utili.ikr. Considérai ions sur l'im-
position des noms et leur inihionce, par M. Ticxtohis. — Antiquités celtiques : numismatique
angevine, par M. GoiiArui-F'Ari,Ti\ii:n. — I.eltres relatives à la restauration d(> Saint-Maurice,
adressées il ,M. le mini-tro de l'instruction publique. |iar >I. l'abbi' \. Iiviuui:ii m: Moxtmi.t.
258. MÉ.MOiiiES do la Société des antiquaires do l'Ouest. .Vnnees ISfiil-iil. In-S" de xvi-560 pages
et de 8 planclies. — Ha|>porls et discours divers. Roclierclios arcliéolugicpios dans les environs
do Saint-Iîcnoît-du-Saull Indre), sur les cliàtoaux, abbayes, églises et tondjoanv, par .M. le
docteur K. hk Bkalfort. Notes archéologiques d'un voyage à Saint-l'ierie-ih'-.Maillé N'ienne,,
par l'abbé Ai'BKit, historiograiihe du dioci'.se do l'oiliors. — Histoire et biographie judiciaire :
Nolice sur le piésidial de l'oiliors, par .M. m-; IJennks, conseiller a la cour impériale, listes
alphabéli(|ues des princi|)ales localités et familles sur lesipiolles d.'s détails sont donnes dans ce
volume Ht fr.
259. .MINZI.OFF. — Soivi.Mii de la liibliotliéqiie impériale |iubli(|ue de Saint-lVMersbourg, con-
tenant dos gravures et autres feuilles volantes du xv siècle, trouvées ol publiées par C. H. Mixz-
LOFF, conservateur en chef de la Bibliothèipie. — (iraïul in-4" de 24 [lagos et de H planches
presque toutes coloriées. Les principales de ces planches représentent ; une ima.i^e de sidnl
Jérôme, gravée sur bois vers 1400; un Jugement dernier, gravé également sur bois ol à la même
époque; un feuillet d'un missel de Broslau on 148:Jot un fouillel du missel de Cracovio imprimé
en 1484: Jésus-t^.hrist sur la croix, gravure on taille-douce, do ri.(i(i, du maître F. S. 10 fr.
260. Notice hisUn-ique, archéologiiiue et géologique sur la \ illo et rarrondisseinont do Roanne,
présentée au Congrès .scient ifiquo, dans sa xxix'' session, à Saint-Ktionno (Loire). In-18 de
III pages. — Notion» générales : origines historiciuos du département de la Loire, do la ville
et de l'arrondissement de Roanne. Arrondissemenl de lioanne, régioti do l'ouest ; Roi/.}, Saint-
Haon-le-Chalel . .Ambierlo, Sainl-Andro-d'Apchon , Saint-.Mailin-d'Fstreaux , Lapacaudière,
Crozet. Saint-Gcrinain-rFspinasso. Région du nord : La-l!cnissons-l)ieu , Charlieu, Montre-
gnard. Région de l'est ; l'erreux, Sainl--Marcel-de-Felines, Piiiay, Saiut-1'riest-la-Roche. Ré-
306 ANNALES A liCH KOLOG 1 O l ES.
gion (lu sud : Saint-Germain-I.aviil, Saiiit-.lu^l-en-Clievali'l , Bully, Saint-Maurice-sur-Loire,
Vill rel. Notice géologique I Ir. 30 r.
2t)l. ORDINAIRE. — Deux époqi es miliUiiros à Besancon et en Franche-Comté (1674-1814;,
l>ar Li;o\ Oiinix.viui;, capitaine d'artillerie. Ouvrage couronné par rAcadémie de Besançon.
n>'iix volumes in-8"; ensemble, de viii-927 pages, avec un plan du siège de Besanvon, par les
Français, en 1674. — Histoire des six années qui séparent la conquête de 1668 de celle de
1674 : occupation française, gouvernement des chefs militaires imposés par l'Espagne, événe-
mi'nts antérieurs aux travaux du siège, organisation des armées, journal du siège et récit des
otiératioiis elTectuées par les corps d'observation. Journal de la marche des armées alliées et
(lu blocus (If la ville pendant les derniers jours de 1813 et les quatre [)remiers de 1814. Histoire
(les constructions militaiios de Besançon, de 1674 il 181 i. — Les deux volumes. ..... 2 fr.
262. PROT.\T. — Les Gbafkiti de Neuvy-sur-Baranjon (Cher , par 11. I'rotat, membre rési-
dant de la commission di'partemeiitale des antî([uilés de la Cote-dOr. In-i" de 7 pages. Rien
de plus concluant et de plus curieux [)onr montrer que ces inscriptions ou « gralEti » sont
l'uîuvrc d lin faussaire et d'un mystificateur.
263. Ol'.VST (di: et VERNFILH : de . — Les É.maux d'.Mlemagne et les émaux limousins. Com-
munications (le .M.M. les barons de Quast et F. de Verneilh, membres de l'Institut des pro-
vinces de France, au Congrès scientifique de Limoges. In-S" de 18 pages.
'264. R. . . . — Notice liistoriipie sur le saint .Mors de l'empereur Constantin,, conservé dans
l'église (le Saiiit-SillVein, à Caipentras, par l'abbé R. . . . In-18 de 262 pages et d'une plan-
che. — Authenticité du saint Mors. Invention des reliques de la vraie Croix. Transformation
de l'un des clous du Sauveur en mors de cheval. Vénération dont cette relique était l'objet à
Constanlinople. Sa translation à Carpenlias. au xiii" siècle. Sa forme. Sa conservation dans
l'église de Saint-Silirein. Culte dont le saint Mors est l'objet. Miracles.
26';. RAMBOUX. — Kvtvloo ilor Geiniilde aller italienischer .Meister (1221-1640) in der Samm-
lung des Conservator J. A. Rambolx 't^aialogue des tableaux des anciens maîtres italiens de la
colleclion de M. le conservaleur Bamboiix!. In-16 de 66 pages.
266. UIClI.VIiD. — MoNO(ii,Ai'MiE du bourg et de la terre de Maiche. suivie de notices histori-
ques sur les anciennes .seigneuries de la Franche-Montagne, Trévillers, Franquemont, Saint-
.Iiilien, Ri-aumont, \ennes. Chàtelneu!'-en-Vennes et Chàtillon-sous-Maiche, par l'abbé Richard,
curé de Dambelin. membre de plusieurs sociétés savantes. In-8" de 74 pages... . I fr. 50 c.
267. UOSENZWEIG. — Statistiqie archéologique des arrondissements de Lorient et de
Vannes, par M. Rosenzweig. M mumenls du moyen âge. Deux brochures in-S°, de 68 pages
chacune. Beaucoup de renseignements sur les anciens artistes.
268. ROST.VN. — Mom.mems iconogr.iphiqiies de l'église de Saint-Maximiii (Var). Monuments
et sarcophages de la crypte. Texte, par .M. L. Rosïax, correspondant des ministères d'État et de
l'inslruciion |)ublique, pour les monuments et les travaux historiques; dessins, par M. Tu. Ros-
TAN. oflicier de marine, ancien élève de l'École polytechnique. Petit in-folio de ii-24 pages et
8 planches. — Sarcophages de la crypte 'art chré'ien |>rimilif!; chape de saint Louis d'Anjou
(\iii' siècle;: peinlures du retable de l'autel de « Corpus Domini » (xvr siècle); sculptures
du chœur (wir sièclei . Étude des sarcophages et des pierres funéraires de la crypte; leur des-
criplim; tombeaux de .sainte .Madeleine, .les .-aints Maximin et Sidoine, des saints Innocents;
frise d'un cinquième tombeau, superposée a celui de saint Sidoine. — Savante étude sur lo
plus ancien art chrétien 6 fr
RlIll.KXii; \I'II1K D'Miï Kl li'MiClIKOl.OClK. ;i07
Î6i). UOLUEli. — L'Aiii Auciinra ri itM. imi l-iiinco <l<>|)ui-; l"i\in(;oi> I'"' jusqu'à Louis XIV. —
Motifs de ilcronilion itili-ninirc ot cxli-riinirp. dcssinos d'iiini's tU'^i nioilclcs e\éculés et inédits
dos princi|iali'sii|)(K|Ut'sdi> hi liciKjissiiiici', par lÙHiicM': Hu,m;ii. iiiiiiilccto. l.ivniis.ms i(i ii iS,
contpiiiinl ("i L:ra\iin'> iii-'r'. donnant dos plans, coupas. olo\alions ot di'lails do l'oi^diso Sainto-
(;iotildo. au\ Andc'lys. (^IwKpio livraison do l'ouvraizo qui on conliondia cimpianli'. I IV. GO c.
270. S.\INT-I.\l"l!i;N'r (m: . — I,\ piiiîmi-: t)i; AImiii; ot lo licm l'aslour. Kindo sur un saioo-
pliairo d'Aiios. par II. (iiiiMoi\n» di: SMNT-I.Anii \r. In-S" d ■ li) pa^'os I IV.
571. SAI.\.VN. — llisiomi: j.'onor,do d(! l'i'uliso do Toulouso. dopuis los loinps los plus roonlos
jusipi'à nos jours, par l'abbi' Sai.vax. rlianoino honoraiio di; Toulouso. niondiro do plu-iours
soolotos sav.inlos. Tonio <pialriorni'. Troi.-ionio partio. louips niodernos. ln-8" do iisl paj;os. —
llisloiro dopuis l'opisropat de Joan d'Orloans, on 1 50:', jusipi 'au concordat onlro Pio VII oL
Bonaparte on isill. Souveraineté tomporolle de Toulouse. S uvoraiiiolo spiiiluollo do Tonlou»''.
ses arohovoquos. concdes et autres assemliloe-; o!al)lis-(>nionts i-olii;iou\ du Tiuliiusain. Ii'ni>
noms et fon<l,itions; personnages celèlires ou illusli-os par leur saiuloto. — Ce i'' \olnnio. (i fi-.
L'ou\rage coinpio! 21 fr.
Î7'2. S('.HAIil'KI-;NS. — Zii.M'ii)i>i.i«. par .\iinai'i> ScirMcoKiiNs. ln-<S° do '■> ("liîos <•! de i plan-
ches repré.-entatit la partie lalorale du clui'ur do l'oLiliso do Susioroii (t-IvIo roman), sceau l'I
monnaie du roi Zuontibold et tondio do la reine t'Ioiirude.
573. Sl'.II.VEPKliNS. — ()[(m::\ii:\t~ d'arolnlorluii'. p;ir .VnNArn Scmm:okins. Iii-S" do i pai;os
et d'une |)lanclio ropros"nlanl un -cran en usa^o au W' siècle,
571, SKMIOIION. — llr-^Toirii: (\f la ville d'.Vumale 'Soino-Inl'erieure ol de so~ institutions,
depuis les temps anciens jus([u'ii nos jours, par 1ùim>t Sr;.MiciioN. avocat, conseiller jro-
noral de la ?pino-Inforioure. Doux volumes in-S", do (;i,\-'i27 ot 4S7 pML'os. ot du plan (U^ la
ville d'.Vumalo et do son ;incion Imu^aLC ou hanliouo. av(-c l'indication dos liuutes de la com-
mune actuelle. — Introduction ; Uno ville du mo\on àu'O et de 1 ancien réi^imo. sa vie. ses
institutions. — l'iondore partio : llisloiro d'.Vnmalo. la ^ilnation. les Iradilions ot los selirnours
de cette ville; titres anciens, institutions administratives et civiles. ori.L-ino des IVanidiises com-
munales, édifices municipaux, conunerco d'.Vumalo; le cliàtoau, murailles, jjlaoes, rues et che-
mins. — Seconde partie, établissements religieux et de cliarit('' : (lollé.-ialo. al)ba\o ju.-qu'à la
fin du XII* siècle, p 'tidanl le xiic siècle; é.^lisos Saint ■-.M.iryuerito. Sainl-l'iorre ot Saint-Paul;
hôpital, léproserie, |)énitonls. confréries. — Troisième parlie, étidilissements d'insiruction
publique : Écoles et colle.ïe. — Ou.itriémc partie; ; Histoire dos événements d^.iit .Vumalc lui
le tliéàtre, époque ci'ntonq)!)raino. .Appendice. Tabf^s alplialiéli(pie et cl>ronoli>i^i<pie de^ noms
do personnes ol de lieux, des chirlos et des pièces cileos dans cet ouvrai;e. l,oxi<)ue de (juel-
ques termes de l'ancien langage franrais. Les deux volun'.os I.'i tr.
Î7.'j. SÉNr:.\LVl'n. — l.v [fi'n.ioTuioQn: d(> (lliaiies d'Oileans, CMnite d'.VngouIcmo. au cliàtoau do
Cognac en l'i!)l), publieo pour l.i |in>miore lois p r L;i. Si:.\i;.mai;i), prol'ossi'ur au lycée impé-
rial d'.Vngoulôme, archiviste adjoint, ln-^" de ',):! pages. — IiiMiot!ié(in(> Inventoriée, en
novendjre 1 l'Jf), par l''ninçois t^orlieu. lieulonanl gi'Miéral du séiioclial d'.\ngoumiii-, et dont le
catalogue comprend [ilus de IsO volumes en 7'J articles, tant nianusciits (pi'inq)rimés. . .•> l'r.
576. SEVrZ. — NoTicK sur la bijoiilori(; ol l'icono.Taphie ndigieuses des campagnes de la
Savoie, jiar LAi'nr.Nr Si.vicz. In-S" de iH pa.es ot de :{ planc'hes, représentant los [irincipales
formes de croix (forme grecque) usitées on Savoie,
577. Sl'.\(;n, — L Ai»:iii:oi.ooii': Jérémie-Jacqucs Obei lin, piar Lotis Spacii, archiviste du dé-
308 ANNALKS A lîCH F.OLOG lOU ES.
piirii'iiKMit (lu lias-Kliin. (iiurid iii-H" tle lo paires. — Naissance d'Oberlin i8 aoûl IT.S.'l), ses
éluiles et ses travaux, sa mort '8 octobre 1806); publications d'Oberlin.
278. SPACH. — L'Abbaye de Neubourg au moyen âge et la na\ libation du Tiliin, par Lovis
Spacii. Grand in-8° de lîl pages. — Notice sur l'abbaye de Neubourg, de l'ordre de Citeaux.
fondée en 1128 par Rcinliold. comte de Liitzelbouri;, et par Frédéric, duc de Souabe; détails
sur les privilèges impériaux, roxaux, épiscopaux, accordés au couvent de N'eubourg, pour user
du droit de commerce sur le Rhin; pièces justilîcatives: liste des abbés de l'abbaye de
Neubourg.
î''.K SPAGll. — CoMiAn do Bussnang, évèque de Strasbourg, ;i Itoutlach. par Louis Spach.
archiviste du Bas-Rhin. In-8" de -56 |)agcs. — Biographie de Conrad de Bussnang, élu évêque
de Strasbourg en octobre 1439; charte do Henri de Hasenbourg, évéque de Strasbourg, con-
cernant la fondation du prieuré de Saint-Valentin, h RoutTach, en 1183.
280. SP.vr.ll. — Érnus sur quelques poi-tes alsaciens du moxen âge. du xvi'' et du xvii« siècle,
[lai' L. Si'ACM. ln-18 de 169 pages. — Recherches sur Godefroid de Strasbourg, Sébastien
Bianl. Fiscliait. Moschorosch; analyse rapide et intéressante de leurs œuvres.
281. SPliLNGER. — Ui;.^iiTiFi(.iBLS .MONAcnis et laicis medii .Tvi. par Antoine-Henri Srai.N-
<ii:B. In-i° de 44 [lages. Dissertation importante sur les arli>les des différentes é|)oques du
moyen âge 3 fr. •50 c.
282. THIB.VLD. — GiiDE en .Unergnc. Itinéraires historiques et des(;riptif'saux eaux thermales,
illustrés de 100 gravures sur bois, par I'I.mile Tiiibaud, membre de l'Académie de Clermont
et de plusieurs sociétés savantes, ln-12 de 391 pages, avec la carte de la vallée de Royat et
du Pu\-de-Dome, et le plan de (;iermont-Kerrand. — (Jéographie : géologie, totanique, cli-
mat, paysages, montagnes du Gantai. Habitants : coutumes, u.sages, état moral. Histoire : ères
gauloise, .gallo-romaine, féodalité, administration. Statistique : agriculture, industrie, commu-
nications. Eaux thermales et minérales. Itinéraire des excursions. Recherches archéologiques.
Glermonl : Histoire, monuments civils et religieux. Vallée de Royat : eaux thermales, grottes
méiihitiques, bains, histoire et légendes. Pontgibaud, Riom, le ilont-Dore, Vichy, Thiers et
ses environs, Issoire, Billom, Ambert, le Cantal, le Bourbonnais. Dictionnaire topogra-
phique, etc. On sent ipi'un artiste archéologue est l'auteur de ce livre, car l'art et l'archéologie
du moyen à.i.'e y occupc^nt une [ilace considi'rable. — Ce volume cartonné o fr.
283. TEISSONMER. —Notice historique sur saint Gilcs. avant et après sa mort, ou saint
Giles, son monastère et son culte, par l'abbé Teissonnier, prêtre. In-lS de 222 pages et d'une
planche. — Naissance de saint Giles. en Grèce, au vw siècle: .«^a retraite dans la Gaule méri-
dionale, son monastère dans la vallée Flaviemie et sa mort vers l'année 720. — Culte de saint
Giles a Sainl-Giles et aux environs, dans l'oue-t de la France, à Luçon et dans la Grande-Bre-
tagne, en .\llemagne, en Bavière, en Hongrie, en Pologne, etc. — Histoin^ des reliques de
«lint Giles. leur di'pot il Toulouse, recoiivreEuent de ces reliques. — .Xddition ii la notice.
284. TOCRNEUR. — (l\THi;nBALE de Reims, par l'abbé Toiknelr, curé-archiprètre de Sedan.
In-S" de 28 pages. — Extrait de la « Statistique historicpie du département de la Jlarne n, par
.\t>0LPHi; GuKRARD. nviiibrc de la Société des gens île lettres.
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PAR :!i:iT>X-!i  PAiliS
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J,<,f>,,mi fd/'.i-/!.-//Ut SS.^wn y< /■• '/:wr.r//f. /
LA lM)RTi: DES MARTYRS
A iXOTRE-DA^Ji: l)i: PARIS
l.a i^raviire placée en tète de cet article représente sans contredit un des
plus beaux exemples de sçul|>ture de la seconde moitié du xiif siècle, l.a
cathédrali^ de Paris nous montre cette nnivre vraiment liors ligne au tymi)an
du portail méridional, connu sous le nom de <> Porte Saint-Marcel», ou
plutôt « Porte des Martyrs », en raison d'un certain nombre de martyrs
sculptés à la voussure du portail *. Celte porte, ouverte sui- une des cours du
palais épiscopal, était jadis réservée à rÉvèciue,
Voici bien des années déjà (juc le public n"est jioint admis à contempler ce
portail et les nombreuses sculptures dont il est décoré; quelcjues artistes ou
archéologues seuls ont eu le privilège de les étudier, de les dessiner. Tout
dernièrement encore, le croisillon méridional tout entier était en réparation et
revêtu, de la base au sonnnet, d'un innnense échafaudage qui le voilait com-
plètement aux regards. Cependant, c'est grâce à cette forêt de charjientes,
chef-d'œuvre du genre, que nous avons pu. aidé par la photographie.
recueillir non-seulement le bas-relief du tympan reproduit aujourd'hui par la
gravure, mais encore les trois rangées de personnages placés dans la voussure
du portail. A cette heure le croisillon méridional est h peu près restauré, à
l'exception, toutefois, de la porte môme, où nous voyons encore douze niches
1. L'arcliitccte de Notry-Danie, M. Viollet-io-Duc, nous disiiit réccmmonUiue le vériialilo nom
de celte baie était celui de « Porte Saint-Étieniio ». — La « l'urte Saint-Marcel » serait, parait-il,
celle qui, placée au pied de la tour méridionale. >e dcsi.une aujourd'hui sous le nom de « Porte
Sainle-.\nne ». et qui montre, adossée au trumeau central, la figure de saint Marcel, neuvième
évéque de Paris. Par quelle suite de circonstances cette perturbation dans la désignation des
portes de la cathédrale s' est-elle produite? C'est ce que nous ne saurions dire, mais il nous parait
hors de doute que le savant architecte do la métropole parisienne doit avoir raison.
XMI. kd
310 ANNALES ARCH KOLOGIOU ES.
vides; sans compter le trumeau central, veuf de sa statue. Malgré ce qui
reste encore à faire, on peut di'jà juger de rellet ([ue produira d('sormais
l'œuvre di; Jean de Chelles. dont l'habile restauration t'ait, dès aujourd'hui,
le i)lus grand horuieur à la science de M. Viollet-le-Duc.
11 faudrait, à coup sur, un long travail pour décrire complètement la façade
du croisillon méridional de Notre-Dame. — Ce travail. M. Didron l'a fait en
partie dans une série d'articles publiés par la « Uevue de Paris ", en 1835,
sur rici)nogra|)hie de Notre-Dame de Paris; puis !M. le baron de Guilhermy
l'a dévelojipé. avec le talent (jui lui est propre, dans son u Itinéraire archéo-
logique de Paris ». publié en 1855. vingt ans après. — Peut-être un jour
essayerons-nous à notre tour de retracer, à l'aide de gravures, les beautés
innombrables de cette merveille architecturale. Mais nous devons, pour aujour-
d'hui, nous borner à l'examen du })ortail seul, et surtout de son tympan, où
se trouve, tracé en six épisodes bien distincts, le mailyre de saint Etienne.
11 est de certaines œuvres, sculptées ou peintes, gravées ou écrites, devant
lesquelles tout sentiment de critique se tait; devant lesquelles on n'a réelle-
ment de volonté que pour adurirer sans réserve et louer avec émotion, avec
bonhetu'. Si nous ne faisons erreur, le tympan de la Porte des martyrs est
une de ces œuvres. — Nulle ]iart, en ctl'et. nous n'avons pu voir la statuaire
gothi([ue aussi bien comprise, aussi l)icn traiti'e. — Jamais, nous semble-t-il,
l'architecture et la sculpture n'ont été si bien d'accord, n'ont vécu en si bonne
harmonie, n'ont mieux réussi à se faire mutuellement valoii". — Piationalisme,
heureuses proportions, beauté des lignes, caractère imposant, tout s'y trouve,
et l'exécution y monte à la hauteur de la conception. Jean de Chelles, cela
est incontestable, était un maitre d'un immense talent, d'une science profonde ;
cette partie de la cal ln'drale de Paris en témoigne hautement. Mais il faut avouer
aussi (jue, pour arriver dans son travail à cette perfection qui nous étonne
aujourd'hui, l'architecte a été parfaitement compris, puissamment secondé
par les sculpteurs, imagiers ou ornemanistes, qui travaillaient sous ses ordres.
Le maitre du xiii" siècle fut en cela plus heureux que les nouveaux architectes
de Notre-Dame (jui, au début de la restauration de cet édifice, eurent à former
toute une phalange de sculpteui-s et de peintres auxquels il fallait le plus
souvent ti'acer des dessins, figures ou ornements, de la grandeur même de
l'exécution. 11 est à présumer cjue les architectes des xiii'^ et xiv" siècles
n'étaient point réduits à une semblable nécessité, et qu'il était laissé aux
peiiili'es et aux sculpteurs, parfaitement stylés du reste, une vaste latitude.
Les siècles, malheureusement, se succèdent sans se ressembler. Il est permis
de croire cependant que les arts du moyen âge, mis de nouveau à l'étude,
LA PORTE DF.S MMiïVUS A NOTUF.-D AM F, DF PAniS. 311
depuis plus de Ireiile ans. ni' simmuI pnini di' siF'it di'il;ui;iii's. cl (|irinii' nou-
velle école d'artistes, propres à, rcslaurcr les ancii'ii.-- inonuniLMns de noire
pays, ne sera plus à créer oiicoro. Les d/'li-aeleui-s do Tari i;-ollii(|ue, on doit
en convenir, deviennent n'ellenienl du plus en plus l'ares; el s'il esl encore
un certain nonilire de persoinies. croyant séricusemenl à l'inipossiljiiili'' d'a[)-
pliquer rarclut(>cl(n-e de saini Louis à, nolro siôele iiidusiriel. il en esl peu.
en revanche, ([ui ne lonihenl d'acconl poiu' louer sou imposante beauli!', sa
richesse féconde et sa lari;-e poésie. A ceux (pii pcrsisleni (|nand même à, nier la
beauté des œuvres du moyen âge, nous conseillerons d'allei- contempler, mainte-
nant cpie la restauration en est achevée, la sjileiidide façade de .lean de Chelles.
S'ils sont de bonne foi. ils reviondi'ont convertis, nous en sommes convaincu.
Les deux façades du ti'ansept de la calliiMlrak' de l'aris oH'reiil la |)lus
grande analogie, une identih'' presijue complète. Il est pi'rmis de les dater
l'une et l'autre de la même épo(|ue et de les aftril)uer. sans la moindre hi'>ila-
tion, au même artiste. IMus heureux que le portail du nord, le portail du midi,
dont nous nous occuperons seulement ici, montre sr)n acte de naissance taillé
dans la pierre. En elTel. au soubassement de la façade, de chaque côté du
portail, on lit la précieuse inscription suivante, com|)()sé'e do magniri(|ues
caractères sculptés en relief dans la pierre; inscription (jui, non-seulement
donne la date de la construction, mais encore vient nonniier le directeur des
travaux, le maître de l'œuvre :
+ ANNo • DM • M • ci: • Lvii ■ MivNSK • i-iinRVAiuo • in\s ■ si:i;vM)0 ■ iiiii: • ivit •
INCKPTVM • CRISTI ■ GUNITCIS • llONdlU: j KALLKNSl ■ LVTIIDMO ■ VIVIONTi; • lollANNH ■
MAlilSTUO :
Voilà qui est bien positif : c'est en J!2r)7. sous Tépiscopat de l«egnault de
Corbeil, par conséquent, f|ue cette importante partie de la cathédrale pari-
sienne fut élevée. Jean de Chelles est ici désigné sous l'humlile litre de tailleur
de pierre : cette modestie, celle hmniliti' laisseraient |)res(iuc supposer (pie la
rédaction de l'inscription lui a|)parlient. (Uioiqu'il en soit do celle supposition,
la désignation de tailleur de pierre, appli(|iiée >à l'auteur d'une (euvi'e de ce
mérite, doit paraître de nos jours au moins singulière. L'inscriplion du croi-
sillon méridional de notre cathédrale nomme donc l'ai-chiloct(>. ce (pii esl foii
bien vu et d'une grande' ulilih; aux historiens ujoderiies (!(_' nos vieux monu-
ments; mais pour(|uoi ne voyons-nous jias aussi, à la, suite di.' son nom. ou
sur un emplacement ([uelconque, en caractères plus modestes si l'on vent, les
noms des imagiers (|ui ont fouillé avec tant de verve l'admirable l)as-relief du
tympan, et sculpté les troi.- rangées de délicates figui'es (|ui l'cntoui'ent, les
312 ANNALKS ARCIIKOLOGIOUES.
nombreuses statues qui décoraient la façade tout eulirre? Pourquoi ces noms,
qui méritaient assurément de parvenir jusqu'à nous, manquent-ils à noti-e
appel? On aimerait cependant à les connaître et à les proclamer. L'artiste de
notre temps, qui produirait une œuvre comparable au seul bas-reiief du
tympan, s'empresserait de la signer des deux mains, en gros et visibles
caractères; trop visibles, peut-être, mais en somme la postérité serait ren-
seignée sur le nom de son auteur. Malheureusement (disons-le tout bas, par
exemple, de peur d'entendre crier à l'anathème), il serait à craindre qu'en
l'an de grâce 1802, on trouvât peu de sculjjteurs capables de produii'e un
travail de ce mérite. Malgré cette réclamation que provoque naturellement
l'absence du nom des sculpteurs, empressons-nous de dire que l'inscription
saillante de la l'orle Saint-I'^tienne est des plus précieuses; sans elle on igno-
rerait peut-êtro jusqu'au nom de Jean de Clielles. L'histoire se tait, ou dit
peu de choses sur cet habile artiste et sur les monuments ([u'il a pu construire.
De plus, le soin avec lequel est gravée cette inscriplion vient témoigner, il
nous semble, de l'iinportance qu'on attachait, pendant le xiii" siècle, au choix
d'un artiste de mérite et de la bonne opinion que ses contemporains voulaient
conser\ei' de son œuvre.
L'ancienne Porte des ALartyrs est composée d'une triple voussure inscrite
dans un immense fronton, ou pignon, qui se termine par un élégant fleuron.
L'ouverture du portail est divisée en deux par un trumeau, où se dressait sous
un dais fort saillant la statue du premier martyr chrétien dont l'histoire est
retracée plus haut. A la hauteur de celte statue, il existe de chaque côté de
l'ouverture trois niches dans les embrasures; vides à celte heure, elles conte-
naient, entres autre saints, dit l'abbé Lebeuf, les statues de saint Denis et de
ses deux compagnons Puistique et Éleuthère. Au lieu de les représenter leur
tète à la main, comme il était d'usage pour les martyrs décapités, le sculpteur,
par respect sans doute pour la symétrie et pour éviter l'aspect disgracieux de
figures sans tètes, avnil transigé avec la vérité et laissé les tètes à leur place;
il s'(^lait contr'nl(', pai-aîl-il, de i)lacer dans les mains des trois martyrs la
partie supérieure de leiu' crâne. « A l'époque où l'on brisa les statues de
Notre-Dame », dit M. de Guilhermy i, u quelques fragments de ces figures,
employés comme de la pierre brute, allèrent servir de bornes dans la rue de la
Santé, vers le haut du faubourg Saint-Jacques, où ils sont demeurés près de
cinipiante ans. Sur la demande du Comité historique des arts et monuments.
ils furent enfin transportés en 1839 dans la grande salle des Thermes, au
I. •! ItiMorairoarchéologiquo de Paris », page 80.
I.\ r'OUTK DKS \I\HTM!S \ \ OTIl K-li \M K DK p\|;|s. SB
musée (ic riinicl (lo Cliiiiy. l'ariui ces di'lji'is, ou ;i rccui'illi uni' [iurlion coii-
sidéral)le du S.-iint-Doni.s citi' |);ir l'ai)!)!'' Lelxnif; il \)in-\t\ en cH'cl. enire ses
mains la partie supérieure dr son ri'ànc. »
Nous aviins dil ([ue la, voussure du poiiail l'tail li'iplc. Au premier vnwj;.
séparés du Kuipan jiar une mouliu'e eouverle (1(> feuillages, nous voyons
douze ang-e.s légvivment agenouillés, six d'un e(Mé, six de l'autre, et dont
qucl(iues-uns tiennent drs couroinies destinées sans doute au\ martsrs du
rang interméMliaire. In tivizième ange. plae(' au sommet d(! l'arc, entre
deux dais, en présente une de elia(|ue main, (les statuettes sont pour la plu-
part vraiment belles de style et d'exén-uliou; malliein'euscmenl à. pres(|ue foutes
les mains sont brisées, et avec elles les attributs poi-|i's pai- rliarun (U'^ per-
sonnages. Nous ne connaissons guère, comme ligures de celte dimi'usion el de
cette épocjue, que les anges scul|)t('s à la voussure du petit portail lal('M-al de
la catli(''(lrale de Sens, (|ui puissent leur être compan's, et avec les(|uels ils
ont. du reste, une certaine analogie. Au second rang, ([uatorzc martyrs sont
placés dans la gorge ogivale : les deux premiers, à partir de la naissance de
la courbe, sont saint Laurent, portant le gril inslrumejit de son supplice, el
saint Vincent tenant un livre fermé; tous deux diacres et habillés di' la longue
dalmatique. Il n'est pas facile, au moins pour nous, i\r nommer toutes les
statuettes de la rangée intermédiaire : cependant nous avons pu reconnaître
sans trop d(î difneult(''s saint Denis, d'abord, sa tète en mains celle fois; puis
deux guerri<'rs. saint Main-ice et saint Georges. Viennent ensuite saint C.h'ment
avec la meule qui lui fut attachée au cou et saint Kuslache à ([ui le Cihrisl
apparaît entre les bois d'un cerf. Parmi les saints qu'il nous est impossible de
désigner, nous remaniuons deux évoques, puis deux personnages tenant des
hampes de croix et deux autres enfin, qui n'ont plus d'attributs.
Des docteurs ou confesseurs, au nombre de seize, occupent le troisième rang
de la voussure; ils sont, de cette manière, placés hiérarchiquement au-d(-ssous
des martyrs. La plupart des statuettes de ce dernier cordon représentaient
des prêtres, des abbés et des moines. Le premier persoimage de gauche, vêtu
d'un habit de religieux, tient une crosse : plusieurs autres sont numis de livres
ouverts ou fermés. Tous ces confesseurs, ainsi fine les martyrs du second
rang, sont assis sur dos sièges ou banquettes dont ([ue|(|ues-mis sont ornés.
Au sommet extrême de l'ogive, on remanpie une tète htnnaine sculptée entre
deux dais. Quelle peut être cette figure qui nous paraît avoir bien pou d'im-
portance pour représenter le Père Éternel? La place dominanle ([u'eile occupe
ne permet guère, toutefois, de lui donner une autre qualification.
On ne saurait vraiment Iroj) le répéter, toutes les statuettes de cette porte.
3U A^;^^ALES arciikologioues.
anges, martyrs ou docteurs, sont parfaites et d'un fini achevé; quelques-unes
même, nous ne craignons pas de le dire, peuvent passer pour de véritables
petits chefs-d'œuvre. — Une seule de ces figures, prise au hasard, signée
d'un noni moderne et exposée à l'un de nos salons bisannuels, suffirait cer-
faiiiemcnt à établir une sorte de réputation à son auteur, à lui donner une
célébrité momentanée. En faisant cette remarque nous sommes certain de ne
point tomber dans l'exagération. Hé l)ien ! on compte dans la voussure du
portail de Jean de Chelles quarante-deux statues qui nous paraissent toutes
avoir été exécutées par le même artiste, par la môme main, tant le travail est
identique, tant le môme soin également réparti, les draperies également étu-
diées et savantes; et cependant le trop modeste aufein- de ce beau travail n'a
pas même signé son onivre ! On ignore absolument son nom! Combien on
serait heureux de découvrir, à la base d'une de ces statuettes ou au dossier de
l'un des sièges, à une place quelconque enfin, la plus chétive. la plus laco-
nique inscription, la plus microscopique signattu'e; et comme on proclamerait
haut le nom de l'obscur imagier de génie, auteur de ces c{uarante-deux chefs-
d'ii'uvre ! Mais le xiiT siècle, par malheur, ne met pas assez souvent en
lumière le nom des artistes qu'il a vu naître; et il faut nous borner le plus
souvent à admirer la merveilleuse fécondité de cette époque, la puissance
immortelle de ses œuvres, sans qu'il nous soit possible de faire rejaillir sur
des individus connus la plus petite parcelle de notre admiration. Nous avons,
pour notre compte, souvent déploré cette regrettable modestie des artistes du
moyen âge; nous avons même regretté plus d'une fois qu'ils n'aient point été
quelque peu glorieux et vantards comme la plupart des artistes italiens de la
renaissance. Mais nos lamentations s'exhalent ici à peu près en pure perte et
ne peuvent apporter, dans tous les cas, aucun remède aux lacunes que nous
déplorons.
Nous voici maintenant en présence du bas-relief du tympan, le point
attractif, le point culminant du portail, et où l'artiste gothique s'est peut-être
surpassé. Quelle que soit la finesse de notre gravure*, elle est impuissante
cependant à rendre complètement les délicatesses de la pierre, à modeler
toutes ces physionomies si expressives, si étudiées et vivantes. La photogra-
phie, plus fidèle peut-être, mais plus brutale, plus implacable que le burin,
serait sans nul doute insuffisante aussi : elle noie trop souvent dans une ombre
1. yi. Cl. Sduvagoot peut se vantur en efTet d"avoir exécuté une gravure d'une finesse vraiment
mcr\eilleuse. Il est proljabie que plusieurs de nos lecteurs seront forcés de s'armer d'une loupe
pour découvrir et voir ce que l'artiste a dessiné de sa pointe incomparable.
{Xole de M. Didroii.)
LA l'OliïK DKS MAI;TV1!S A N OTH F.-DAM K l)F. l'AHlS. 315
opaque d'iiiiportaiit.s détails; elle exagère les saletés déposées par le temps cl
grossit toujours. (|uoi ([u'oii eu dise, ciiaque premier plan. Toutes ces imper-
fections, inhérentes à rinstrumenl. no laissent pas que d'être assez souvent
uuisibli's à l'étude. I.a plinto,i;ra|)liie est une admirable iineiitinn ([ui rend de
très-grands services à l'archéolugie surtout, et de latiuelle il ne faut |)as trop
médire; toutet"(.)is. elle doit tonjoiu's èti'o ('(nitrôh-e par l'u'il humain, loi's-
qu'eile s'appli(|ue à la re|)rockictioM des décorations monumentales. Si l'on
aime à voir, dans l'ensemble d'un monument, un aspect lidèle de la couleur
qui lui est léguée par le tcm])s. une image du jiittoresque de la nature, on l'ait
en revanche bon marché de ces (pialilés si;duisantes. Ioi-s(|u'on élinlii' un
édilice au jioint de vue scientiti([ue : ce cjue l'on veut aioi-s, a\ant tout, ce sont
des formes et des formes pures et nettes, autant cpie possible. An>si, pour
exécuter la petite gravm-e olferte aujourd'hui aux lecteurs des » Ainiaies »,
nous nous sommes servi de la photographie, mais après avoir eu soin, par
exemple, de corriger sur place la Iroj) graud(; tidi'liti; de l'insti-umenl ; c'est-
à-dire que nous avons dû éclairer des di'lails trop obscui-s, moditiei' un mo-
delé trop uniforme, et supprimer surtout les nijmbreuses taches du bas-relief.
De tout ceci il ne résulte pas que la gravure en question soit pai'faile; mal-
heureusement, nous le savons trop, elle laisse encore beaucoup à désirei' : de
plus, à l'échelle microscopique où elle se trouve exécutée», elle ne pouvait
guère donner cpruiie idée généi'ale de cette puissante page de scul|)tuiv; mais
pour obvier à cet inconvénient inévitable nous allons, avec le consentement
du directeur des d Annales », di''velop|ier dans de nouvelles planches et à une
grande échelle, chaque groupe de cet important bas-relief. On ne saui-ait trop
essayer de populariser une si belle œuvre.
Le tympan qui nous occupe, on peut le voir, est divis('; en trois zones : la
première bande est séparée de la seconde par une série de dais acconpIiVs,
véritable arcature dont cluupie ogive décorée de trilobés est insci-ile dans un
fronton. Entre chacun de ces fi'ontons, de ces pignons plutôl, se dressent
d'élégantes petites tours ornées de fenestrages. In simph; lilet saillant séjiare
la seconde rangée de la troisième cph occupe la pointe; de l'ogive.
Au premier groupe de la zone inférieure, nous voyons le saint diacre, vêtu
de la longue dalmati<iue du xiii'' siècle, discuter avec les docteui's de la loi,
les pharisiens. Les uns paraissent écouler sa parole, tandis (pie les auti-es
crient au blasphème. J^'un deux, celui cpii est en face du jeune diacre, paraît
faire de sérieuses objections qu'il énumèin; sur ses doigts. Lu autre docteur,
debout derrière lui, s'arrache la barbe et les cheveux en signe de protestation
et comme si le jeune saint avait blasphémé. Ln troisième, debout aussi, à
316 ANNALES ARCllÉOLOdlOU F.S.
rextréniilc du si'""I'e, déroule un exemplaire de la loi et va y puiser des
arguments contre la doctrine de saint Etienne. Tous ces personnages, à l'ex-
ception du diacre et du jeune disciple placé derrière lui, sont coitTés du bonnet
pointu imposé aux juifs du moyen âge. Tout ce groupe, premier épisode de la
terrilile tragédie développée sur le tympan, est admirablement traité. Cepen-
dant, les trois personnages assis au premier plan se font remarquer surtout
par l'empreinte d'une vérité scrupuleuse. — Tout est vrai en eux : la pose, le
geste et l'expression des tètes, sont marqués du sceau de l'observation et de
la conscience artistique. Les draperies sont traitées avec une rare perfection.
On peut dire, en employant luie expression moderne, que c'est là du réalisme;
mais du réalisme de bon aloi. réalisme intelligent et lin. qui élève la pensée
au lieu de l'abaisser, et ipii n'a rien de conniuin avec celui que nous avons
entendu prêcher et vu peindre dans ces temps derniers. Les sept statues de ce
groupe vivent réellement : elles pensent, elles s'agitent, elles discutent. On
oublie volontiers qu'elles sont de pierre; elles vont se lever de leur siège et se
mettre en mouvement. Cependant, malgré toute la vie jetée dans ce bloc de
pierre, v()\ez connue ces ligures sont bien à leur place et ne contrarient en
rien les lignes de rarchiteclure.
Le deuxième groupe se voit au milieu du tympan, dans l'axe du trumeau.
Saint Etienne est debout, un livre dans la main gauche; il parle, il annonce
l'évangile au peuple. Cette fois le diacre est compris. — Il devait en être
ainsi, car il s'adresse à des gens humbles et de bonne foi, et non à d'hypo-
crites pharisiens; il est donc religieusement écouté. Que de bonne volonté,
que de confiance on lit sur la face des six auditeurs. Us sont déjà convaincus
et à moitié convertis : la parole du jeune diacre aura porté son fruit. Us
seront chrétiens. Cependant, l'un des assistants paraît prendre quelques notes
sur ses tablettes; mais sa figure bienveillante et convaincue nous rassure bien
vite, et nous dit clairement qu'il ne transformera pas ces notes en armes
d'opiniâtre discussion. Parmi les trois personnages assis, on remarque surtout
la femme qui donne le sein à son enfant, sans cesser pour cela d'écouter le
discours de l'apôtre chrétien. Peut-être nous abusons-nous, mais il nous
paraît sérieusement impossible de produire une figure plus vraie que celle de
cette jeune mère. C'est la nature prise sur le fait et daguerrcotypée par le
ciseau du sculpteur. Quant aux deux autres personnages, ses voisins, d'une
vérité presque égale, et d'un travail non moins beau, ils soutiennent de la
main leur tête pensive dans laquelle la lumière semble se produire. Ces labo-
rieux travailleurs, malgré les fatigues d'une rude journée, viennent écouter
avec joie la prédication de l'évangile. Les qualités sculpturales de ce second
LA PORTK DKS \l\KTHtS A NUTUE-DAML; UE l'AUlS. 317
épisode sont les mêmes ([u'au groupe précédent : mt'ine vérité dans l'obser-
vation, même finesse, même soin dans le travail, et surtout même entente de la
composition. Ajoutons enfin ([ue le diacre se t'ait aussi remarquer par sa puis-
sante simplicité et par le grand air de conviction répandu dans toute sa persoinie.
Une particularité reste à signaler encore : le dais saillant (jui abrite la statue
du trumeau, absente à cette heure, cache en partie le bas de ce groupe cen-
tral. Malgré cela cependant, les persoimag<'s uni été complètement achevés
comme s'ils eussent dû rester toujours à découvert. Le dais se suspend,
s'accroche dans une entaille praticpiée dans le mur dès l'origine de la con-
struction : dans la pensée du statuaire, ce dais devait peut-être se placer
moins haut, à la base seulement des figures et sans empiéter sur elles. Tou-
jours est-il que nous avons vu dernièrement le dais en (|ui'stion déposé à
terre et. à sa place, les jambes les niimix modelées, les plus soignées d'exé-
cution, les plus parfaites, en un mol, et telles que les laissa le ciseau de
l'habile imagier du xiii" siècle.
Au troisième groupe, composé de cinc] personnages seulement, nous voyons
l'arrestation du jeune diacre. Le martyr est entiaîné violemment par des
gardes devant un juge qui l'interroge avec dureté. L'un de ces gardes est un
nègre africain, vêtu du costume antique, du corselet orné d'écaillés et coilTc,
nous ne savons pourquoi, de deux ailes posées sur sa tête crépue^. Le cos-
tume de ce prétorien est parfaitement rendu; chaque détail en est exécuté
avec le plus grand soin et rien n'y est omis. Ce soldat peut assuriMuenl passer
pour un type de brutalité et de stu|)idité, poin- la ])crsoiniificalinn (k 1 iib(''is-
.sance passive. On lui a oi'donné d'arrêter le jeune prédicateur, et il exécute
avec résolution, sans remords, les ordres ([u'il a reçus. D'un geste vigoureux
il entraîne le martyr par les cheveux, tandis qu'un autre garde, un simple
ofiicieux peut-être, car il n'est point armé ni cuirassé, le maintient par le
vêtement. Le diacre est triste et résigné; le juge est dm- et implacable. On
ne peut guère en douter, il prononcera la condamnation du disciple du (;iii-i>t;
le diacre sera lapidé. Ajoutons enfin cjue cette figure déjuge se trouve souvent
répétée dans nos cathédrales françaises des xiir et xiv' siècles. Nous avons vu
ce type à Reims, à Rouen et, sans nul doute, dans d'autres édifices ([ue nous ne
1 . Les liourreaux et les CM'futPurs ries ordres rigoureux des tyrans et des ju^'es, tels (|ue les
figure le moyen âge, portent ordinairement ainsi deux [)etit«s ailes sur leur tùte. L'aile est le
svmbole tle la promptitude, et le Mercure païen en a non-seulement à la tète, mais aux pieds,
pour signifier qu'il accomplit avec la plus grande rapidité les messaL'c^ que lui confient les
dieux. Il est probable que ces ailes, données aux exécuteurs des hautes œuvres que commandent
les juges et les tyrans du moyen âge, sont un souvenir de l'antiquité païenne et le symbole de la
vitesse. {Xute ilc M. Uulron.)
XXII. h'i
318 ANNALES ARGUÉ OLOGIOL ES.
saurions préciser en ce moment. Au surplus, cette statuette très-caracté-
ristique méritait cette fréquente imitation.
Nous voici en présence du quatrième épisode, le plus tragi((ue de fous,
celui de la lapidation. Cette fois, c'est la composition surtout qu'il faut admirer.
11 est facile au premier examen de se rendre compte des sérieuses difficultés
qui se présentaient ici pour mettre en action le martyre du jeune diacre. — Cette
scène exigeait des postures varices et presque exceptionnelles qu'il était fort
difTicile de montrer dans un cadre aussi étroit et de forme si ingrate. Mais.
qu'on se rassure : l'imagier est un maître qui ne bronchera pas pour si peu et
ne reculera pas devant les difficultés. Elles devront lui servii', au contraire,
à montrer sa science de la mise en scène, son talent inépuisable de la compo-
sition. Les lapidateurs, au nombre de quatre, dont un enfant, lancent avec
fureur de grosses pierres sur le martyr à demi renversé et qui, par un instinct
de conservation bien naturel, semble faire un dernier effort pour se garantir.
C'est en ce moment que le martyr déclare apercevoir le Fils de Dieu dans
le ciel. Si rinicnlioii de l'artiste a été de montrer ici cet épisode de la lapida-
tion, nous devons dii'c qu'il n'a pas complètement réussi : le geste du saint
semble bien indiiiuer qu'une vision lui apparaît; mais, dans la position où il
se trouve, il lui est impossible de voir le Christ placé au sommet du tympan.
Les choses les plus parfaites ne sont pas toujours exemptes de défauts.
Saul, qui plus lard sera saint Paul, assis dans l'angle du tableau, garde les
vêtements des lapidateurs, tout en les excitant du geste et de la parole. Le
docte apôtre ne prévoyait guère alors qu'il serait un des premiers convertis,
et plus tard la grande lumière du catholicisme naissant. Remarquons avec
quelle adresse le sculpteur a su placer le personnage en question dans l'angle
de l'ogive; il a fait en sorte que sa silhouette remplît juste la courbe donnée
par les moulures. — Un des quatre lapidateurs est un enfant, avons-nous déjà
dit, et il occupe aussi une partie de l'angle de l'ogive. C'est là sans doute
l'unique motif qui a pu porter notre statuaire à placer parmi les bourreaux
juifs ce tout jeune homme, un des plus acharnés après la victime. — Il est
de toute évidence qu'un personnage de grandeur ordinaire, un homme enfin,
quels que pussent être sa position et son mouvement, dépasserait le cadre du
tympan, empiéterait sur l'archileclui-e à hufuelle la sculplui-e doit demeurer
constamment subordonnée. — Un statuaire du xiii'" siècle ne pouvait à coup
sûr se permettre cette licence pleine d'hérésie '.
1. Comme le dit plus liant M. Saiivai;cot, notri^ inlpnlioii est de publier en détail, au septième
d'exécution, les scènes diverses ([ui cumpusent ce beau tym|)an, ce rare exemple d'une sculpture
extrêmement remaniuablo. Vuici donc déjii l'une des six scènes de cette compusition, ut cette
v .
^v^
LA PORTE DF.S MMITMIS A NOTIIK-DAM F. 1>K l'AIllS. 310
Nous touchons oiifui ii la jilus belle scène de toute celle drameiticiuc his-
toire, sculptée eu cin([ i'|)iso(les, ;uec apoihéose. coinuie pourrait dire un
feuilletoniste moderne. — Il nous |)arait à i)eu près impossible de rien voir
de plus touchant que cette mise au tombeau du pauvre martyr. Le statuaire
s'est ici vraiment sin-passé : il a pu atteindre, par la simi)licité même et |iar
l'unique vérité, à la hautcm- de cet aelc imposanl. et lui ùter néanmoins tout
aspect repoussant, tout senlinienl reiloulable. Deux fidèles déposent avec le
plus grand respect, dans un cercueil, le corps du saint enveloppé d'un suaire;
tandis qu'un prêtre, revêtu d'une chasuble, lit l'otïice des morts. Près de là.
un jeune clerc porte la croix d'une main et de l'anti-e un bénitier avec un
goupillon. Une femme, accablée de douleur, une pareille du marl\r sans
doute, sa mère peut-être, esl là aussi (lui verse des larmes sih'iKieuses. C'est
tout : voilà les éléments qui ont ser\i à produire cette adiiiirabli' coiiiposilion,
cette scène à la fois si émouvante et religieuse. Avec ces six ri,i;ures l'artiste
chrétien a su vivement frapper le spectateur, et lui montrer le dernier acte
de la vie paré de toute la sérénité et de toutes les consolations de la religion
chrétienne.
Nous voyions, fout dernièrement encore et pour la li-oisième ou ([ualrième
fois peut-être, dans la cathédrale de Rouen, le t<iinbeau du mari de Diane de
Poitiers, Louis de Brézé. Ce tombeau de la renaissance n'est pas sans mérite,
il faut bien en convenir; mais il oiTre à sa base, étendu sur un sarcophage
cannelé, un personnage pres([ue nu et privé de vie : l'image du sénéchal
Louis de Brézé. — Cette statue maigre, décharnée, mais d'une grande vi'rité
cependant, nous a tdUJDUis paru hideuse malgré sa perfection. Jamais la
mort ne nous a semblé aussi lerrihle. aussi glaciale et i'e|)Oussaiile qu'en
présence de ce hideux vieillard de marbre, attribué pourtant à Jean Cnujdii.
A sa vue. nous reportions comme malgré nous noire pensée sur la ninrl con-
solante et calme de la Porte des Martyrs, oi^i le sculpleur du xiu" siècle laisse
bien loin derrière lui, comme si'iitimenl et comme convenance, le sciilpleiii-
scène, la lapidation du saint, n'osl pas tune di's moins inlLTCSSanlcs. D.nis la |>lanclu; (ronspinblo,
il était ditTicile, pour ne pas dire impossible, do lire lo jeu des [)liysioiiomies; ici, dans ce grand
détail, rien ne nous est plus caché, cl chacun de nous pourra, comnie dans une scène réelle et
vivante, distinguer les passions diverses cpn animeni les quatre houneaux. I.'eleg.mte ligure du
jeune Saul, si ditTérento de la figure épatée el hrulale du plus petit des bouri-eaiix, son voisin,
laisse pressentir une passion intelligente, uni^ passion doctrinale, si l'on peut dire ainsi, tandis
que celle des bourreaux, nol.unmenl de celui ipii [insc une grosse pierri! sur sa tète, est la passion
de la bêle brute. La douce el noble figure du jeune martyr esl un ch('f-d'(ruvre de placidité
et de conviction, presque de bonheur. .Si le statuaire du \ui' siècle a fait une (l'uvre (pie nous
proclamons incomparable, le graveur du xix', M. Sauvagcot, s'en est inspiré pour doter les
« Annales .\rchéologiques ■> d'une belle planche de plus. [Xote de M. Didron.)
320 ANNALF.S AnCIlKOLOGIQUES.
(lu \vi". Il y a entre ces œuvres toulc la distance qui sépare, coiiinie idées
philosophiques et religieuses, le niDveii âge de la renaissance.
A Tétage le plus élevé du tympan, à la poinle de l'ogive, deux anges, les
mains jointes, adorent le Christ qui, sortant à mi-corps d'une nuée, bénit le
combat et le triomphe de son premier martyr. — Le Sauveur du monde,
malgré de graves mutilations, se distingue des autres statues, qu'il domine,
par une dignité grave répandue sur toute sa personne, par une figure pleine
de douceur et de fermeti'. il est vêtu de la tunique et couvert du manteau
traditionnel; seul, parmi tous les saints du portail, il est couronné du nimbe,
et ce nimbe est crucifère. I^e sculpteur, avec la souplesse de son talent exercé,
a su lui donner une physionomie vi-aiment au-dessus de l'humanité. Toutes
les figures du portail montrent des profils humains, des types du moyen âge;
le Sauveur seul vient faire excejition et continuer en quelque sorte les christs
hii'ratiques du xu' et du commencement du xiii"^ siècle.
Ajoutons maintenant, pour achever notre description, que les (rente-cinq
figures, sculptées au tympan de la Porte des Martyrs, sont séparées du premier
rang de statuettes par un cordon de feuillages fouillé avec une extrême finesse,
feuillages où l'imitatio]! presque servile de la nature se fait déjà remarciuer,
bien que nous soyons encore en plein xiiT siècle. Disons aussi que. par un rare
bonheur, toutes les figures du bas-relief sont assez bien conservées; il n'y a
guère que des mains, dont la saillie était trop forte, ([ui ont soulTert. Ainsi.
celles du Christ et des deux anges qui l'accompagnent dans la pointe du
tympan, la main droite de l'un des docteurs assis dans le premier groupe,
les mains droites du soldat et du personnage civil qui arrêtent le martyr, sont
cassées. Malheureusement, mutilation plus regrettable encore, la main gauche
de saint Ktienne. dans le groupe de la lapidation, a disparu'. Quant aux
mains, encore existantes, nous devons faire une remar(jue. — Il faut bien le
dire, ces mains laissent à désirer comme perfection : rondes et molles, elles
manquent généralement de finesse comme dans toute la statuaire, sans excep-
tion, de Notre-Dame de Paris. Du reste, dans noire précieux bas-relief, c'est
la seule chose peut-être où la crititpie ait à s'exercer sans crainte.
M. CicolTroy-Dechaume, habile statuaire archéologue, est désigné par
M. Viollet-le-Duc pour exécuter la statue adossée au trumeau de la porte et
disparue depuis longtemps. Inutile de dire que le jeune martyr sera digne-
I. Fiilèlo observateur de la vérité, nous avons respecté dans notre gravure ces mutilations
diverses. On a donc sous les yeux le tympan de Saint-Étienne, absolument tel que les liommos
et les siècles nous l'ont fait el légué jusqu'à ce jour.
I.A POIMK DKS \I\1;T1I!S \ NO II! K-D A M K D K l'AlilS. 321
meut re|)n''sentL' '. — M. (ii'ollVoy passe avec raison |)oiir le sculi)leur con-
sciencieux par excellence : de l'aveu de tous ses contVères. nul ne comprend
mieux que lui la statuaire du moyen à^e, nul n'accuse conum' lui le beau
caractère de crtie étonnante é|)0(iue. M. (ieoirroy marciie en tète de cette
brillante |)lialan,<;e artisli(|ue formée |)ar les soins d(î l'arcliitecte de N'otre-
Dame, et où nous voyons fif^urer avec honneur, après lui, les noms d(î
MM. Pascal, i-'i'omaui^i'i'. Chi'nillon. Perrey. Toussaint '-, etc. Tous ces sta-
tuaires, d'un nuM'ite inconteslable. auront t;-randement travaillé à la décoration
cie Notrc-Uame de Paris, et laissé une lar^e trace de leur passage dans cet
immense édifice : pres(|ue toutes les nouvelles statues, les bas-rcliel's nouveaux,
seront signés de ces six noms devenus, du moins chez les nôtres, justement
populaires. Il est donc à pi-é'sumer (|ne ce sont eu\ ('galenirnl (|iii auront à
meubler les niches vides de la l*orte des Martyrs, et (jue proiliainenicnl nous
pourrons voir cette splendide pai'tie de rédillce métropolitain comphHenient
rétablie. Espérons aussi, espérons même surtout, que toutes ces slatues, tous
ces bas-reliefs , anciens et nouveaux, pourront désormais traverser intacts les
siècles à venir, les révolutions même s'il devait par malheur en surgir. Placée
au centre d'une populati(jn intelligente et deveime. grâce à Dieu, assez con-
servatrice, la cathédrale parisiemie, une des plus belles (|ui existent, ne doit
plus rien avoir à redouter. A l'exemple des peuples de ranti(|uiti'". nous com-
mençons à rendre justice au mérite, à apprécier les grands elVorls de l'intel-
ligence humaine, qu'ils se traduisent à nos yeux par des monuments de pierre
ou par des monuments littéraires.
C. SAUVAOl'OT.
I. Il e'iislc iiu [lortail priiiciiwl de la catliiMlralo cie Sens une ma^iiilique statue de saint
l-;tienne, un véritaljle clief-d'u'uvre du xin' siéele. Si notre [larole a\ail (luelijue autorité, nous
donnerions à M. Geollroy-Decliaume, lorsqu'il en sera lii, le conseil de s'ins|)irer de la statue de
Sens, bien qu'elle date d'une époque antérieure à la l^^rle des Martyrs de Notrr-Daine de Paris.
i. M. Toussaint est mort tout récemment. Nous avons [)u voir, il \ a ipichiue temps, à Notre-
Dame, sa dernière œuvre, la mieux réussie peut-ôlre di; toutes ses productions. t;'elait le chant
du cygne de cet artiste de talent, dont la mort laisse un vide dans la statuaire archéologique.
MUSÉE DE COLMAR
Le musée est placé dans les bâtiments de rancicn cniveiit des dominicaines,
nommé « Inteiiinden ». L'ensemi3le, comprenant la chapelle conventuelle et
un cloître fort remarciuable, remonte au xiv' siècle. Depuis 1772 jusqu'en
1849 cet élégant spécimen de l'architecture monastique en Alsace était alTecté
à une foule d'usages plus barbares et plus destructeurs les uns que les autres.
En 1SÙ9 un des premiers soins de la » Société Martin Schôen », qui venait
de se fonder, fut de le sauver d'une destruction imminente, de le restaurer et
d'assurer sa conservation. « Elle fit décider ». dit M. Ilugot dans la préface
du livret du musée de Colmar, « qu'à l'avenir l'ancien couvent serait exclusi-
vement consacré à recevoir les collections publicjues de science et d'art que
possède la ville. Puis la concession de l'église et du cloître fut faite à la
Société par délibération du 20 juin 18^9, à charge par elle d'approprier ces
parties de l'édifice et de les transformer en musée. La Société a tenu ses
engagements. Le cloître et l'église ont été restaurés. Aujourd'hui les travaux
exécutés s'élèvent à plus de ^0.000 francs soldés par le produit d'une cotisa-
tion annuelle de deux francs, de subventions extraordinaires fournies par un
certain nombre de ses membres, et. dans une large proportion, par les libé-
ralités de M. Hartmann-Metzger, ancien pair de France, membre de la
Société. »
Les tableaux, dessins, gravures sont placés dans la nef et dans le chœur
de l'église. Au centre du cloître se dresse une charmante fontaine à quatre
faces surmontée de la statue de Martin Schœngauer, exécutée par M. Bar-
tholdi, et qui fut exposée au salon de 1H61. Sous les voûtes sont rangés les
statues, pierres tumulaires, débris de sculpture et d'architecture recueillis
dans le département du Haut-Rhin. Les restaurations, dirigées avec un goût
et un soin remarquables, ont amené la découverte de l'habitation première
des deux fondatrices du couvent au xii" siècle. Lorsqu'elles seront terminées,
mlsi';k dk col m. m;. 323
peu de villes en Fraiiee piuirruiit se vanter dr poss(''(ler un plus pilt()r(^s([ue
et plus poéti([ae local pour y exposer leurs collections d'art.
Le musée ne contient pas plus de 230 numéros (peintures, — gravures, —
moulages) . L'intérêt se concentre sur une douzaine de tableaux du xv' siècle :
il est vrai que ce sont des œuvres aussi im|)ortantes comme histoire que
connue art. Mais, pour ])eu ([ue l'on ait le goût de l'archéologie, leur étude
l'ait paraître trop couil un séjour de \ingl-(iuati-(' heures à Colmar. (Juaul
aux aulix's. il faut les regarder; mais le meilleur est de n'en lien dire.
La grande gloire de Colmar est Martin Schoen ou Schœngauer, peintre
d'un grand talent, graveur plus reniar(pia])le encore, regardé en Allemagne
comme l'initiateur de ces deux arts. Martin Schœngauer est-il réellement né
ù Colmar, comme on l'admettait g('néraleinent il y a peu de lein])s encoi-e. et
comme le dit rinscri|)tion de son portrait de Miuiich? J^es opinions sont pai-
tagées. Heinecken (» Idée générale d'une collection d'estampes », |). 218).
le fait naître à kuimbach en Franconie. Les annotateurs de la nouvelle édition
de Vasari penchent pour Colmar. M. Passavant, dans sa nouvelle édition du
Il Peintre Graveur » (t. l. p. î^O'J), adopte l'opinion de M.Hugot, archiviste de
Colmar, très-versé dans l'étude des origines de la ville. 11 croit, » d'après des
données sulTisaniment |)ositives », qu'il na(iuit à Augsbourg. Les archéologues
et les biographes allemands se rangent aujourd'hui à cette dernière opinion.
et fixent la date de sa naissance vers 1Z|20. Lutin. "SI. Pialph Woi'uum, le
rédacteur du « Catalogue de la .National Gallery » de Londres, dédouble
Schœngauer en deux frères : Martin serait né à Llm; Piarthel à Augsbourg. Il
fixe la naissance de Martin à J/|!20, et sa mort à 1/|88.
Ce que l'on connaît de sa vie est tout aussi obscur que ce que l'on sait
de son origine. De ce que sa m;uiière otl're des points de ressemblance avec
celle de Uogier van der Weydcn, on en a conclu qu'il alla étudier à Bruxelles
dans l'atelier de ce maître, vers lli!\0. C'est possible. Il serait arrivé en 1/|50
à Colmar où l'on a la certitude (|u'il mourut postérieui'ement à 1488. Son
portrait par son élève, Hans Largkmaii- (l'iiiacolhèque de Munich. Cabinet vu,
n° ïhG) donne la date positive de J/j99. Mais la mcîution suivante, décou-
verte par M. Jlugot sur les registres de; la ])aroisse de Saint-Mai'tin, me
paraît plus décisive (|ue l'inscription du portrait : « Martinus Scho-ngauer
pictorum gloria legavit V solides pro anniucrsario suo et addidit XL\ solides
I denarium ad anniuersarium paternum a ([uo habiu't minus anniuersarium.
Obiit in die Purificalionis Marie (!2 février) Anno Domiui lAXXVIlP ».
Cette date est d'ailleurs confirmée par un passage d'une lettre d'Albert
Durer où il dit que « son père était prêt à l'envoyer à Colmar à l'atelier de
324 ANNALES ARCHEOLOGIQUES.
M.iiliii S('liœnsaiir'r. (|n;iii(l la ndiivollc de la mort de Taiiisle ie fit cliangcr
d'avis et choisir Miclici Wolgeiuutli ». Or. les premiers voyages d'Albert
Diirer. ceux faits après son apprentissage, datent de 1690. Il avait à cette
époque dix-neuf ans, étant ne en 1671. En 16S8 il en avait dix-sept, précisé-
ment làge oii Ton entre en apprentissage et où son père aura cherché un
atelier pour lui. Trouvant celui de Martin Scliu:'ngauer l'ermé par la mort, il
se sera adressé à Wolgemutli. et c'est chez lui (|u"All)crt Durer a passé les
deux aimées de 1688 à 1/|90.
Mai'tin Sclioengauer est plus connu comme graveur que connue peintre :
son u'uvre gravé authentique se monte à 117 pièces ^ ; ses peintures sont
beaucoup plus rares. A parler consciencieusement, on n'en connaît pas d'une
incontestable authenticité. Le retable à trois compartiments du musée de
Madrid, » Le Sauveur. Notre-Dame et saint Jean » (427), est de toute
beauté et de premier ordre; ce n'est pas une des moindres merveilles de ce
salon d'Isabelle II (|ui ou contient tant. Il ressemble, tout en lui étant supé-
rie(U'. au tableau à volets du musée du Belvédère à Vienne; mais il a peu
d'analogie avec la » mort de la Vierge » (058) de la National Gallery de
Ijundres. joli 1al)leau. mais ([ui ne jieut être comparé aux deux précédents.
La délicieuse « Vierge aux Roses » de Colmar se rapproche des polyptyf[ues
de Madrid et de Vienne; mais elle s'éloigne de la « Mort de la AHei'ge » de
Londres, et du « David vainqueur » (li5),qui. dans la Pinacothèque de Munich
est également attribué à Martin Schœngauer. Enfin, dans le musée de Colmar,
deux v(jlets enregistrés sous les numéros 201, 202. 203. 20/i. tout en étant
inférieurs à la » Vierge aux Roses ». me paraissent cependant porter l'em-
preinte, sinon de la main même de Martin Schœngauer, au moins de son
influence très-directe et très-rapprochée. Toutes ces compositions ne sont
qu' « attribuées » à Martin Schœngauer. Aucun document n'est venu jusqu'à
ce jour prouver que telle œuvre fût positivement de lui. et put servir en
quelque sorte d'étalon pour comparer les autres œuvres. I,e seul fait certain,
c'est que le tableau de Madrid, celui de Vienne, celui de Saint-Martin de
Colmar et les deux du musée, sont de la même main. Si l'on avait une preuve
matérielle que l'uu d'eux fût de Martin Schœngauer, les quatre autres lui
api>artiendraient indubitablement. Au milieu de tant de difficultés et d'hésita-
tions, je ne veux rien affirmer. Je sais de quelle manière se propagent les
erreurs, et la déplorable notoriété que peut ac([uérir une parole dite en l'air.
La seule supériorité de la science moderne, c'est de ne jamais hésiter à
1. Celui de la Bibliothèque impériale [lasse |iour le plus coaiplel et le plus beau.
¥
Mi:SÉE DE COLMAIi. 325
avouer son ignorance. Cotte sincérité constitue un ininiense })rogrès. Je ne
veux que dé'crire ce (|U(! j'ai vu, et que raconter mes impressions.
La « Vierge aux Roses » est placée dans la sacristie de l'église Saint-
Martin. — Marie, de grandeur naturelle, est vue de face, assise sur un
banc à hauteur d'appui. Klle porte une robe rouge doublée et bordée de petit
gris, et recouverte d'un manteau également rouge, du même ton que la robe.
Sur son bras gauche, elle lient l'enfant .Jésus nu. vu de face, ([ui lui passe le
bras autour du cou. Autour de la tète de la Vierge, un nimbe doré, chargé de
mots que l'usure et l'éloignement ne permettent pas de lire : quelque invocation
pieuse. Au-dessus, deux angelots voltigeants, vêtus de robes bleues, ailes vert
foncé, soutiennent une couronne d'orfèvrerie délicate et compliquée, où sont
enchâssées des pierres précieuses. Derrière la Viei'ge, sur des palissades,
courent des branches de rosiers, chargées de feuilles et de fleurs, et animées
par une quantité de rouges-gorges, de roitelets, de mésanges et de fauvettes.
A ses pieds un gazon piqueté de fleurettes et de fraises. Fond d'or gaufTré.
Les mains sont longues, cassées aux phalanges, les doigts posés d'une
façon assez prétentieuse. La tète, assez large aux tempes et aux mâchoires,
s'amincit au menton, et présente une ressemblance marquée avec la forme des
têtes de Vierge des gravures de Martin Schœngauer. l^a couleur, belle et vi-
goureuse, n'atteint cependant ni à l'intensité, ni à la douceur de celle de l'école
flamande du même temps. 11 en est de même du dessin. Au premier abord
on est disposé cà regarder cette belle figure comme une œuvre flamande de la
seconde moitié du xv' siècle; mais, en l'examinant attentivement, à certaines
crudités de ton, à une pureté de dessin moins rigoureuse, à des lignes exubé-
rantes, à des contours moins simples, on songe à l'école de Cologiie. C'est
ce mélange, cette hésitation entre deux manières bien tranchées qui, rappro-
chées du souvenir du triptyque de Madrid, fait admettre cette œuvre comme
un Martin Schœngauer. Il est tout simple que le style de cet artiste. Allemand
d'origine et ayant étudié chez un l''lamand. ait gai'dé trace de ces doux
influences. La date de iklS inscrite, m'a-t-on dit. derrière le tableau, se
rapporterait aux années du plein épanouissement de son talent. M. Waagen
(« Ilandbook of painting Flemish and Cerman », t. I, p. 132,) décrit ce
tableau et en fait un éloge mérité*.
I. Les « Annales Arcliéologiques » avaient l'intention de re()rotluire par la gravure ce beau
tableau « gothique » de Saint-Martin de Coliiwr, et de le publier avec cet article. Pour ce but,
M. le comte Clément de Ris s'est mis en relation avec M. le curé de Saint-.Martin et M. l'archi-
viste Hugot; mais il a été reconnu qu'on ne pouvait pliotograpliier ce tableau sur place, et
326 ANNALCS ARCHEOLOGIQUES.
Le musée, où nous voici enfin, est presque uniquement consacré à la gloire
de Martin Schœngauer. Voici d'abord une « Copie du portrait » (ii'i) de
Jean Largkmair, qui passe pour être celui de Schœngauer. Elle a été exécutée
par M. Joseph Mosl, en 18i6, et n'est pas faite pour éclairer la question des
dates. Elle n'en porte pas moins de quatre. Je les copie d'après le catalogue
de la Pinacothèque. Deux sur la l'ace : « Bau Martin Schongauer, peintre.
l/|8o <>; puis ce monogramme : » 15 L 04 ». Deux sur le revers, comprises
dans l'inscription suivante en allemand :
(( Maître Martin Schœngauer, peintre, dit Martin le Beau, à cause de son
art, né h Colmar. Mais à cause de ses parents il fut reçu bourgeois d'Augs-
bourg et reconnu noble. — Xé Mort à Colmar en 1499... le 2 février.
Dieu lui fasse grâce. Et je fus son élève : Hans Jjargkmair, l'an 1488 ».
D'après cette inscription, Martin Schœngauer serait positivement mort en
1499. Mais est-elle bien authentique? et, si elle l'est, a-t-on bien lu la date?
Ne serait-ce pas 1488? et alors ne confirmerait-elle pas la pièce retrouvée par
M. Hugot, que j'ai transcrite plus haut? Tels sont les seuls documents connus
sur l'existence et la mort du peintre de Colmar. Je me borne à les rapporter.
En prenant pour point de comparaison la « Vierge aux Roses », le musée
ne possède que quatre panneaux que l'on puisse attribuer à Martin Schœn-
gauer. Ce sont deux volets d'un triptyque dont le centre a disparu. Ces volets,
hauts de l'-SS, et larges de 0"58, sont peints sur les deux faces. Fermés, ils
représentent la « Vierge adorant l'enfant Jésus » (201) et « saint Antoine »
(203). Ouverts, 1' « Ange Gabriel » (202) h gauche; la « Vierge de l'Annon-
ciation » (204) à droite. Par la simplicité du dessin, la beauté des tètes, la
sévérité des plis, l'éclat harmonieux de la couleur, ce sont les meilleurs
tableaux du musée et ceux qui se rapprochent le plus de la « Vierge aux
Roses » . Sont-ils de Martin Schœngauer? Je n'en sais rien ; mais certainement
ils" ont été faits dans son école et sous son influence directe. Je suis donc heu-
reux de me rapprocher de l'opinion de M. Passavant, qui n'hésitait pas à les
attribuer à Martin Schœngauer.
Voici une autre paire de volets dont le panneau central a également disparu.
Ils ont l'"70 de hauteur sur 0"'55 de largeur. Fermés, ils représentent :
celui de gauche « sainte Catherine d'Alexandrie » ; celui de droite « saint
Laurent ». Ouverts, ils offrent chacun deux sujets superposés. Sur le volet de
gauche, en haut : « sainte Catherine refusant de sacrifier aux idoles » (205);
en bas, le « martyre de sainte Catherine » (206). Sur le volet de droite : en
comme il Olait impossible do le déplacer, au moins alors, il a fallu renoncer à ce projet qui aurait
mis sous les ycux.de nos lecteurs une Vierge et une belle Vierge de plus. [Xote de .)/. Didron.)
Ml SKK \)V. COI.MAIi. 327
haut, « saint Laurent dislril)uant ses trésors aux pauvres de Home » (207) ;
en bas. le « martyre de saint Laïu'cnt » ("208). [.es |)ainicaux proviennent du
couvent (risseniieiin. (jui a i-onteiui. jus(|n"à la i-i'volulion. de .n-i-andcs ricliesses
artisti(iU(>s. Au bas d'un pilasti'f. dans le tableau 2(17. une inscription aii:si
restituée doinierail la date de la composition : » l'osl parlum 15. Marie Vir-
ginis, anno Domini miilesimo ([uingentesimo 11 III. 150.") ».
Ces tableaux ne sont pas de Martin Seliœngauer; la date de ITiOT) n'y
fùt-elle pas inscrite, il serait impossible de les lui attribuer. Tout, dans leur
exécution. indi([ue une é|io(|ne [josli'rii'nrc. une ère nouvelle l.a tradition
religieuse s'all'aiblit. la naïveté dispai'aît. l'exécution dcvienl plus sûre d'elle-
même et glisse dans la prati(iue. la fantaisie de la lii;'ne et rincori-cclion du
contour se donnent libre carrière. Nous sonnnes loin du soin scrupuleux (|ui a
exécuté la « Vierge aux Ros(>s ». Le livi'et les enregistre à un " niaîti'e inconnu
de 1505 ». ef je doute ([uo jamais personne songe à soulever cet incognito.
J'ai dit qu'ils provenaient du couvent d'Issenheiin. Ce monastère, placé
sous la discipline des Aniom'stes. fut au moyen âge ef jus((u'à la l'évolution
française un des plus riches établissements monastiques de l'Alsace. Il devait
surtout sa réputation, en France et en Allemagne, à la somptuosité du retable
de son maître autel, l.'on conserve encore aujourd'liui, à Issenheim. le sou-
venir de voyageiu's venus exprès de Lyon pour le voir dans ji.'s dei'Mières
années du siècle passé. « Les débris que possède le musée de Colmar »
(146, 155. 17'|. 181). dit le livret, «ne formcnl malheureusemciil (pTune
bien faible pai-tie de toutes ces richesses. On tient, de l'une des personnes
mêmes qui concoururent à leur enlèvement, que deux chai-iols de sculptures
peintes et dorées furent, à une époque déjà éloignée, transportés dans une
province voisine pour y être vendus. »
Ce monument devait, ce me semiile, cti'c composé de la manière suivante ;
Au centre (hi chœur se dressait le retable même, véritable monument en bois
sculpté à plein relief, à nombreux personnages de grandeur naturelle, à deux
faces. Ce retable était enveloppé par une immense armoire en bois également
k deux faces, dont chaque face était ])einte (\q> deux côtés, avec prédelle.
Cette armoire s'ouvrait et ])ermettait de laisser voir les bas-ivliefs. Les retables
du musée de Dijon, attribués à Jac(|ues de la Daerze. ]ieuvent donnei- une
idée de ce système d'ornementation et de clôture. 11 existe encore à lilœu-
bcurcn, on Saxe, je crois, un autre retable dont l'ornementation compliquée et
la sculpture se rapprochent beaucoup de celui d' Issenheim. Lue gravure
exposée reproduit ce deinier retable.
Toute cette composition n'est pas ari'ivée au musée de Colmar. Les deux
328
ANNALES AliCHKOLOGinUES.
clian'ols de sculplures peintes et dorées ont sans doute emporte toute une
face du retaille sculpté, la prédelle d'une des faces de l'armoire, et beaucou|)
de parties accessoires. Ce qui en reste cependant est encore suffisant pour
justifier l'intérêt qui s'y attache.
Le retable est divisé en deux zones dans sa longueur horizontale. En haut,
au centre, « saint Antoine » (1/|7) assis, tenant le « Tau » dans la main
droite et accompagné de son cochon; à sa droite, « saint Augustin » (l/iG),
debout, présentant le donateur agenouillé; à sa gauche, " saint Jérôme »
(148), debout, tenant un livre dans la main gauche, la main droite à demi
élevée vers le ciel. En bas, sous ce groupe, une frise formant prédelle et
représentant : au centre, le Christ en buste, accomiiagné. à gauche et à droite,
des douze apôtres également en buste. Ces sculptures ont un mouvement, un
modelé, une liberté qui indique un artiste exercé. Je les crois des dernières
années du quinzième siècle. « Au dus de saint Tliadée », dit le livret, " on
trouve écrit au pinceau, en noir pâle, sur une pièce blanche, les mots, Dics
Bkycuel, qui donnent vraisemblablement le nom du sculpteur; le génitif étant
employé comme conséquence du mol œuvre, « wcrk », sous-entendu. »
Arrivons aux peintures qui ornaient les quatre faces de l'armoire. Les
figures suivantes en abrégeront la description.
FACE ANTERIEURE.
Volets
MISE EN CROIX
(173)
MISE AU TOMDEAU
( IT.I I
Volels ouverts
KÉSl'RRErTTON
( 180 1
ANNONCIATIO
(181)
MISE AU T'-MBRAU
FACE POSTERIEURE.
I.A NA
(1
TIVITIC
La pnVielle raanrjue.
TBNTATiON
IIE SAINT ANTOINK
( 172 ]
La préilello manqn
vrsiTK
DE SAINT ANTOINE
A SAINT PAUL
(ns)
MrSKT. DR COLMAH. 329
Deux panneaux en liauleui-, représentant « saint Sébastien » flo7) et
« saint Antoine » (lo8), servaient sans doute de clôture aux deux coins de
l'armoire, dans le sens de- son épaisseur. C'est donc en tout neuf tableaux
dont trois (la u Mise en croix », la « Mise au tombeau ». et la ^ .Nativité »)
sont de véritables compositions. Ceux qui m'ont le plus frappé sont les deux
fij^m'es de » saint Sébastien » et de « saint Antoine ». d'un dessin simple et
grand, d'un modelé ferme, surtout dans les |ilans du visage, et d'une couleur
vigoureuse, (juoique sans éclat. La tète de la Vierge, dans la » Nativité ». est
délicieuse d'expression et de douceur.
Toute cette décoration n'est certainement pas du même artiste. 11 est facile
de comprendre que, pour un travail d'une pareille importance, lentrepreneur
de peintures, au(]uel il aura été commandé ou qui en aura pris l'adjudication
à forfait, se soit fait aider par de nombreux auxiliaires. Les caractères domi-
nants sont ceux-ci : petits plis cassés comme du parchemin et en très-grande
quantité; barbes et chevelures ressemblant à de l'étoupe; coloris plat comme
de l'aquarelle; teinte d'un blanc sale et comme verdi. Cependant les portions
déjà indiquées (« Nativité », « saiut Sébastien». <■ saint Antoine ») sont
traitées dilTéremment, par une main plus habile et qui se rapproche de la
correction délicate de Martin Schœngauer.
Le rédacteur du livret pense que toute cette décoration a été composée
entre 1Û98 et lôlU. L'examen confirme cette opinion. Il l'attribue à Mathias
Grùnewald, d'AschalTenbourg, mort en 1510. Ici le doute est permis. Je ne
connais d'onivre authentiijuc de Mathias (liùnewald que les cinq tableaux de
la Pinacothèque de Munich, et j'avoue que le souvenir que j'en ai gardé n'est
pas favorable à l'attribution de M. Ilugot. Dans le vestibule du musée de
Belle on voit, enregistré sous le n° 29. un » Christ en croix », évidemment
de la même main que les tableaux de Colmar. L'auteur de ces œuvres était
fort inférieur à l'auteur des tableaux de Munich : c'est tout ce que je puis dire.
Je crois l'attribution du livret erronée, quand il attribue à un « Maître
inconnu » de l'école de Cologne, antérieur à H20, le « Christ en croix »
(105). C'est une œuvre de l'école Colonaise; mais, loin d'y voir cette naïveté,
cette maladresse qui dénotent la naissance de l'art, j'y trouve au contraire
un maniérisme qui accuse un degré d'avancement assez prononcé. Tous les
tableaux dits gothiques ne sont pas naïfs par cela seul ([u'ils sont gothiques.
L'art gothique a eu ses commencements, son apogée et sa décadence comme
tous les arts. Je crois donc que l'on peut reculer la composition de ce tableau
jusqu'à la seconde moitié du xv"' siècle, et y voir l'œuvre de quelque élève de
Stephan Lolhener, vers H70 ou 1480.
330 ANNALES ARCIIÉOLOGI QUES.
La (I Pieta » (131) est ég-alement aifrilnice à un Maître inconnu. M. Waa-
gcn. du nuiséi;' di^ IVrlin. a ou raison do ne pas y reconnaître Martin Schœn-
gauer. Ce tableau m'a paru flamand, de quekjue condisciple ou élève de Rogier
Van der Veyden et de Dirck Stuerbout. Le livret assure que M. de Quandt,
directeur de l'Académie de Dresde, a été saisi d'un véritable enthousiasme
devant les beautés de cette peinture. M. de Quandt me paraît avoir l'enthou-
siasme facile.
Je ne connaissais pas le nom do Gaspar Lsonmann. auquel sont vaguement
attribués sept tableaux provenant d'un polyptyque et représentant : 1' « Entrée
de Jésus-Christ à Jéricho » (HO), la » Cène » (141), le « Jardin des Oli-
viers » (l/jS), le <i Couronnement d'épines » (163), le « Christ à la colonne »
(ihh)- r " Ensevelissement » (1^5), la « Résurrection » (139). Ils sont peints
à riuiile, sur fond d'or, et porlont, dit le livi'ct, la date de l/iG5 inscrite au
revers de 1' « Entrée à Jéricho ». Or, on a retrouvé siu' les registres de Saint-
Martin de Colniar la minute d'un marché passé entre la fabi-i(jue et un artiste
nommé Gaspard Isenmann. pour l'exécution de peintures destinées au maître
autel de l'église. 'Malheureusement ce marchi- ne spécifie aucun des sujets qui
devront être exécutés; et, de l'aveu inèmo du rédacteur du livret, l'attribu-
liun |»roposée devient par conséquent pui'ement conjecturale. 11 eût été préfé-
rable alors de ne pas la hasarder, et d'enregistrer ces sept panneaux à l'école
avec laquelle ils présentent le plus d'affinité : l'école flamande de la seconde
moitié du xv" siècle. Le n" 139 est celui qui en oflre les caractères les plus
marqués et les plus sensibles.
Peut-on inx'londro, d'après les quelques spécimens que nous venons de
passer en revue, qu'il existe une école de Colmar. ainsi que quelques histo-
riographes l'ont dit? A mon sens. non. Los tableaux du musée présentent, il
est vrai, un mélange assez original de l'école de Cologne et de l'école fla-
mande ; mais ce mélange n'est pas assez tranché, il n'est pas répandu sur un
nombre d'œuvres assez considérable, il est trop délicat à saisir, pour que l'on
soit en droit de former un groupe isolé : ce que l'on appelle une écolo. C'est
une nuance légère ; ce n'est pas une dilïérence. L'école existe, c'est l'école
de Cologne, qui serait plus justement appelée l'École du Rhin, et dont Cologne
serait la tête. Dans chaque ville du cours du Rhin, de Cologne à Râle, les
caractères généraux se sont empreints du génie particulier à chaque associa-
tion d'iiilérèts. à, chaque groupe do populations, à chaque ville, l ne longue
habitude amènerait sans doute à reconnaili'o les artistes qui ont travaillé à
Cologne ou à Francfort, à Strasbourg ou à Colmar; mais, je le répète, ce
sont des nuances : l'onsomblo reste le même. Si l'on voulait faire une école
MUSKl': DE COI.MM!. 331
particulière do Colmar. il luudrait .'saleiiienl eu créer une pour cha<i,ic ville
de l'Italie, de Gènes à Naplcs. Ces subdivisions infinies deviendraient de la
confusion.
Je ferai un aveu en terminant. Colmar n'est une ville française que doi)uis
Louis \IV. Jusqu'en lOS/i elle a fait partie intégrante de l'empire d'Alle-
magne dont elle a subi toutes les vicissitudes. Les œuvres des artistes qui y
ont travaillé s'en l'cssenfent. Le génie français n'est empreint dans aucune
d'elles; le génie allemand l'est dans toutes. Je ne i)ense pas être taxé de patrio-
tisme exagéré en disant que je le regi-etfe.
CO.MTI- L. CLÉMI'XT IJE RIS.
LA VIERGE
ET LES PALINODS DU MOYEN AGE
Nous avons signalé déjà un Ijon nombre de figui'es. symboles et allégories
par les(|uels nos poètes et artistes de palinods célèbrent la Vierge immaculée.
A travers les défaillances du goût, les hésitations de la langue, les tâtonne-
ments du rhythme et le vague de la prosodie, il est plein d'intérêt de suivre
leurs ébats, d'étudier leurs elTorts pour se soustraire à la monotonie du sujet,
d'assister à leurs luttes rivales dans ce champ clos du concours, et de con-
stater çà et là les succès, ou d'enregistrer les revers de leur lyre ou de leur
pinceau. Nous nous étonnons, (juant à nous, de la fécondité de leurs images,
de la variété et souvent de la justesse de leurs applications. Ils tirent leurs
matériaux de toutes parts. Ils fouillent à pleines mains le ciel et la terre,
l'ordre naturel et l'ordre surnaturel, le monde chrétien et le monde païen.
L'Kcriturc leur est familière, la tradition aussi, voire la fable; et ils les amal-
1. Voyez les « Annales Arcliéologiques », vol. xxi, page .343; vol. xxn. pages 27 et 97. —
Pour nous reposer un peu de ces vilaines Vierges du w siècle et de la renaissance qui ont
accompagné jusqu'il présent les articles de M. Hurel sur la « Vierge et les Palinods », voici une
Vierge tenant Jésus, prise d'une peinture murale du xm' siècle, qui tapisse l'intérieur du mur
occidental ou du portail de Saint-Laurent hors les murs, à Rome. Nous la disons du xiii'' siècle,
parce que le mur qui la porte est de cette date; mais on y sent une influence plus ancienne. Ce
type rappelle, par sa douceur et sa mélancolie, celui des Vierges byzantines des xr et xii' siècles.
Le voile qui couvre la tête, le coussin et le siège qui reçoivent Marie n'infirment pas, au con-
traire, celte opinion. Malheureusement cette peinture est dégradée, et l'enfant Jésus a particuliè-
rement souffert à la tète, à la chevelure. La dégradation ou mutilation est si bizarre, qu'elle donne
à la chevelure de Jésus l'apparence d'une de ces longues et laides perruques dont s'affublent cer-
tains magistrats ou hommes politiques, membres des lords et des communes, en Angleterre. De
a droite, l'Enfant bénit à la latine; de la gauche, il tient un large parchemin déroulé où se lit :
EGO svM Lvx. Tous- les caractères iconographiques du moyen âge sont parfaitement accusés dans
iiïïïïiii:!;^ i\iiii;fi:sDiDfi3D*n:Sii
l'AU DinUdN Al\r. . \ l'M'.IS
Gravi' par Moi ard
Dessiné par ÉDorABD DtnRoN
|.BNTlKli NXliALi: DU Ml" S:icl.K, A SUNT-LAOHKM', llOIiS LKS MIKS, X I:()M1
lllli.iClH'- Il
■iljlii; pjr Dioiio^, me Saint-Domii.iquc-, 53, i Taris
LA VIEUGK r,T l.KS PALINOUS \)l MOYEN AGE. 333
f^aiiieiit (ruiie lacon peu scrLiimlinisc. il est \rai. mais avei' siin|)licik'' cl sin-
cérité. Que leur iuiporle, pourvu (|Ui' de ce niélaii;4'e un peu Inrcc' du di\iii et
(le riunnain. du profane et. du sacré, sorte resplendissante la ligure de la
Vierge sans tache? Le statuaire jette au feu pèle-nièle l'or, rargenl. le cuivre,
l'élain; |)uis. le iiionient venu, il làclie avec confiance dans le moule pré|)aré
l'écluse bouillonnante (pii se tige et se dresse (>n tm miMal eniprcinl di's formes
(|u"i! a rè\t''es. Nos artistes l'ont (h' mi"'inc. Au reste, nous le i'ép(''tons. nous
avons beaucoup moins de souci d'élalei' com|)laisammcnt leur nn'ritc souvent
contestable que d'exposer, pour le profit de ceu\ au\(|uels il appartient, le parti
(|u'ils surent tirer des choses dans la représentation d'un nnsière deslini'' plus
que jamais à être présent aux yeux, k l'esprit et au c(eiu' des chn'liens.
(le n'est pas ici le lieu de faire de la thcMilogic. cl de prouver (|iie la di'lini-
tion callioli([ue du dogme de l'innuaciilation oi-igine||e de la \ ieige a eu lieu.
sauf les accessoires, dans les mêmes conditions de validité cl de ir^gilimité que
celle de tous les dogmes antérieurement |)romulgués; mais (|uoi cpie l'on pense
à cet égard, il est du moins un fait indubitable : c'est que la croyance à ce
dogme, s'imposant ;i la, conscience de millions de lidèlcs. lui assure désormais
dans l'iconographie une ])art spéciale et comnv.- |)ri'pon(li''ranle. Libi-e. on
pouvait ;i la rigueur se disi)enser de l'evprimci'. de \o populai'iscr par tous h^s
moyens (jui retrempent chez les lidèles le sens, la m(''moire et l'amour des
mystères saints; luais. à présent, le silence serait une prévarication, et le
mutisme du ciseau ou du |)inceau une sorte d'apostasie. Ce serait île |)lus une
aberration. puisi|ue jamais les u'uvres ins|)irt'>es par ce dogme n'ont dû ren-
contrer auprès du public ini accueil |)lus fianc. |)lus sympathi(|uc et plus
universel.
Dans le fait, la dévotion populaire a été saturée, dans ce temps-ci. d'une
inexprimable quantité de représentations : statues de toute grandeur et de
collo ppiniliro : Mario a lo niiiil)c uni, l'Enfant a le nimlic rruciféro; on ne voit plus le-; piinis do
la Vier.so, mais ils étaient cliaussés assurément, comme ceux de l'Fii''ant sont nus. Prés du nimlie,
à droite do la Vierge, on voit une .M majuscule, liarrée; c'est le monou'ramnie de .matku ou M-cItt? ;
de l'autre côté, mais c'est ofTacé, il y avait un L) ou un (->, égaleiuent barré, [lour i)i:i ou 0£oO,
comme on lo voit dans les images l)yzantines (|ui aiment toutes à proclamer le titre do la " Mère
de Dieu ». Ce qui nous a frappé, h Rome, dans cette peinture, c'est la physionomie de la Vierge
qui est douce, mais triste et résignée. Ce n'est [)as la Vierge triomplianle, orguoillouse mémo,
comme nos sculpteurs du xiu'' siècle l'ont faite à Paris et ii Hoims; ce n'est pas la Vierge douce-
reuse, mignarde, afToctte, comme l'ont peinte nos verriers do la renaissance h Rouen, aux .\n-
delys, à Troyos. Aujourd'hui môme, un peu |)lus loin, nous publions le vitrail du Grand-.\ndely,
de l'an ibiO, qui passe pour un chef-d'œuvre; comparez la Vierge de l'.Vssomption et celle de
Théophile a la Vierge de Saint-Laurent, el dites qu'entre les deux arts il y a tout un abîme.
[Xote de M. Didron.)
zxii. /|3
33;, ANiSALES AUCIl KULOGlOliES.
toute pùte, images de tout dessin et de toute fal)ri((iie. oi)uscules de tout style
et de toute inspiration. La piété, la spéculation ont pi-ofité avec une égale
promptitude, sinon avec un succès égal, de la nouvelle phase où vient d'en-
trer l'avenir de la croyance qui nous occupe; mais, il faut le dire, les conve-
nances de l'art et de l'iconographie pnuiTaient ju>tement reprochera la piété
de s'être montrée si indulgente à tant de produits capables de ravaler son
dogme, bien plus que de lui faire honneur. (JucI spectacle curieux et triste on
aurait, si l'on rapi)rocliait tous les spécimens, tous les modèles de Vierge imma-
culée sortis, depuis dix ans, des ateliers de plus en jjIus nombreux où le sen-
timent chrétien subit une si outrageuse expliiitalion ! Il n'y a point de contrôle.
Chacun présente S(.)n type, et le pii'e ne rencontre i)as toujours auprès du
|)ublic ignorant l'accueil le moins empressé. On conçoit à peine que l'autorité
ecclésiastique ne se préoccupe pas de cela, et laisse au mercantilisme toute
aisance pour achever de corrompre le goût et la saine piété.
Nous ne disons point h ce sujet toute notiv pensée et, si nous n'indiquons
pas les moyens propres à remédiei- aux incon\énients que nous signalons,
c'est (pi'ils sont de plus d'un genre et d'ailleurs faciles à découvrir. Ils seraient
en outre d'une application simple et ne feraient gémir que ce commerce qui
tratH|ue bassement de tout ce cju'ij faut respecter.
Repi'cnons, pour en finir avec le palinod rouemiais. la suite de ses com-
positions.
Voici une mer azurée. Des bai-ques de pécheurs la sillonnent. Les poissons
se jouent à la surface de l'eau et se prennent dans les filets. Ceux-ci se rom-
pent sous le poids. In dauphin apparaît. Tout s'agite pour le saisir; mais il
échappe aux rets, il défie les harpons. «Un fin pescheur » (le démon) épuise en
vain tous ses artifices; sa science est aux abois. Ses appâts sont impuissants.
Le merveilleux poisson se promène invulnérable et tranquille. De dépit « Sa-
than. qui })crd ses pas, ses reths et darts, » se retii-e. Il va se consoler de son
échec en compagnie de gens auxquels le poète n'épargne pas l'invective :
Gen-; contunias
Faulx oniiuveux plains de niaulvais esprits
Oui vont jjlamant, maigre roys et primats,
le privilège de ce dauphin, figure de la Vierge. L'invention et l'exécution de
ce petit poème et de sa miniature sont assez vulgaires, mais le sens en est
précis. C'est pourquoi nous le mentionnons ici.
Suit une allégorie dont l'auteur est Jacques Leiyeur, poète médiocre, mais
imaginatif. H montre un papillon aux ailes diaprées, qui prend ses ébats au
LA VIF.RC.K KT I.KS PALINOOS \)V MOVF.N ACK. 335
travers d'un verger en lleiii-. I.i' iii(il)ili> insecte, « en plaisir et liesse », vol-
lige (l'arbre en arl>ri\ se |)i)se siu' Imis et s'enivre de paii'unis. Mallieureusc-
ment il se trouve dans le nombre un » pommier V('néneux <i . Le papillon on
goûte et s'ein|)oisonne. Alors, au lieu d'êtres ail{''s. brillants comme lui, il ne
tire de sa substance que de misérables vers, ([ui se Iraînenl avec peine. Mais
un jour voilà (lue. sous le doigl de Dieu, il sui-l de cette chenille rampanle un
lissu précieux. « une triomphante \eslure . , don! le Vei'be i''ternel lui-même
daigne se couvrir. Le papillon (>sl Adam, le \er l'humanili'' (h'-chue f[ui se
trahie douloureuse et impuissante dans la l'oute du bien et. semblable au
serpent du Tasse, « se lire après soi » ; la « vesture » est Maiii; dont la chair
immaculée l'ut le tissu où le Verbe incarne tailla la robe de son humanih'. La
nn'niature représente lui jardin avec un arbre an milieu. [)es |)apillons volti-
gent ;i l'entour. A ses pieds est une tente ([ui' domim.^ Dieu le Pérr d ddut
l'intérieur laisse voir une femme assise. Cette femme est sainte Anne. Dans
son sein entr'ouvert ap[)araît un enfant connue un embryon ou tel (|n'une
chrysalide lumineuse. Kn arrière. Adam et Lve se tiennent debout et nus. A
droite une fenunc dévide des cocons, à gauche une autre femme s'occupe à
vêtir un enfant. On sent mieux rintention de l'arlisle qu'on ne l'explique et
cela est commun à beaucou]) d'autivs compositions du recueil.
La pièce suivante, (|ui compare Alarie à un point de ce globe frappé d'un
rayon de soleil, tandis que le reste demeure dans l'obscurité, olTre quelques
vers assez poéticpies et une exi)licalion ingénieuse du privilège de la Mèi'e de
Dieu.
Il ' faicl le jour fontn' la niiycr fcniipe;
C'est notre Dieu selon le sens moral.
Il luyet sur mer ou sa force enfermée
Forme la [)erle et prniluiet le coural.
Il tend ses rays sur faniio et sus ordure;
(;e neanlmoins (ousiours pur comme or dure.
Par luy le ciel est a nous dePfermé,
Par le mydi en clarli^ confermé
Ou la beaultc de l'Orient se fonde...
L'œuvre est de (Juillautne Thibault et porte la date de iô''2'2.
Nicolle Lescarre, dans le même concom's, a voulu appliquer à Marie le
prennier verset du prcMiiier psaume : « In cathedra pestilentia; non sedil ».
On voit un siège noir, triste, « faict de mort boys prins en lieu espineux ».
Derrière se tient un squelette décharné, la faux en main; dessous, en gui.se
de support, quatre dragons, la gueule ouverte. Une femme nue est au-devant
1. Le soleil.
336 ANNALES ARCHÉOLOGIQUES.
el r(''sisle an (li'moii qui la saisit par le bras et veut la faire asseoir sur la
chaire de pestilence. Au second plan, adossés à un bois, une foule de créa-
liu'es. hommes et femmes, regardent et sont saisis de frayeur. Us considèrent
celle lulte et. tremblants de voir Satan triompher, ils s'arrachent les cheveux.
Cepcndanl. au-dessus de cette scène de violence, apparaît calme et rayon-
nante la Vierge Marie debout, cheveux llollants et mains jointes, sur le crois-
sant de la lune dont les cornes renversées inondent la ici-re de clarté.
L'auteur se fâche contre quehpics prédicateurs de son temps qui faisaient,
dit-il. roffice du diable, en combattant du haut de leurs chaires, véritables
chaires de pestilence, le privilège de Marie. 11 traite, sans respect, leurs ser-
mons d'ennuyeux el eux-mêmes de pharisiens et de scribes, de docteurs
« plains de faulce apparence », détestables à Dien qui « les contemne » et
répi'ouve leur doctrine. On voit quelle sympathie ardente et passionnée ren-
contrait dès lors le dogme récemment défini, et en même temps quelles contra-
dictions il soulevait chez ceux même à qui revenait naturellement la mission
de le défendi-e. Ce n'est pas un siècle plus tard que l'on aurait transformé la
chaire de véi-ilé en arène théologicpie, pour ébranler dans les esprits une
croyance qui (''lait pour le moins de foi ecclésiastique'; mais celte faculté que
s'accordaient les prédicateurs du xvi" siècle prouve au moins où en était alors
la libre discussion et marque notre temps, sous ce rapport, d'un cachet parti-
culier d'intolérance. Aujourd'hui bien des choses sont des dogmes avant d'être
définies, et l'on encourrait en les discutant publiciuement d'autres rigueurs que
la colère dun poète.
En i52;>. le poème couronné est une églogue. Le poète introduit un berger
et une bergère qui s'entretiennent de la conception de la Vierge. La matière
est délicate pour deux pareils interlocuteurs, mais ils s'en tirent sans reproche.
Ce prologue de l'auteur précède leur entretien :
Pour ce que de ma congnoissance
Ne sont Virgile ni Omero,
Phtolomee Oviilc ou Liictiuice.
Ni ne scay qui fut leur grammaire.
Jay prins matière i lus légère
Oui sent un peu sa bergerie
IJ'ung Ijcrger et d'une bergère
Disputans du concept Marie.
Cela n'est point trop mal tourné. Le dialogue est du même ton. La bergère
y appelle proprement Marie
Immaculée en son inceplion,
LA VIERHE RT LF.S PAI.INOnS DF MOVF.N Ar.K. 337
et. comme une vrai(^ théologienin^ disliiii^iic entre l;i conception de Jésus-
Christ, exempte de taclic par nainre » et verlii propre », et celle de Marie,
exempte >> par ung don gracieux ».
Le roi David est sur son trône. Salomon. son tlls. lui jjrésente diverses filles
d'Israël. 11 en est une plus belle cpie les autres. David la désigne pour rece-
voir le sceptre et le diadème de la royauté, et pourtant ses rivales sont livc,
Rachel, Judilli. F.sther. Déhora. ces héroïnes célèbres.
Ce nonobsUml lou.s
Conclurenl lors que sans desloyaullé
Marie esloil seule dessoubs lesciculx
La souvcr.iine on parfailc beaulté.
Choisie ainsi par avance, Dieu « transmet vers elle »
Le chancellier d'amour el de clémence
Pour assister en sa conceplion;
Pour la garder ([ue coulpe originelle
Ne maculai scm concept glorieux.
C'est comme la traduction de ce verset du psaume appli([ué à Marie : « Multa^
filiae congregaverunt divitias, lu supergressa es universas ».
Une composition analogue et imitée du livre d'Esther est celle-ci. Lu roi
voulant célébrer les noces de son fils invite à se présenter à sa cour toutes
celles c[ui briguent l'honneur (.l'une telle alliance. Elles ne se font puint prier.
Par grand joyo et lyesse,
Fiiles de roy ont tosl faicl comparenee.
On devine aisément les intrigues,
les cabales
Que formoil en ces lieux ce peuple de rivales.
Chacune axoit sa brigue et de puissants sutiragcs;
L'une d'un rang fameux vanloit les avantages,
L'autre pour se parer, etc.
Le roi fut plus sensible aux avantages de la naissance qu'à ceux de la
beauté. Pour éprouver le sang, il choisit un moyen qui aurait sans doute
elTrayé plus d'une rivale, et aurait éclairci leurs rangs, si elles l'eussent préa-
lablement connu : cela consistait à faire jeter pêle-mêle, dans une fosse pleine
de lions affamés, toutes « ces filles de l'Egypte, du Parthe ou du Scythe
indompté. » La chose eut lieu et le résultat fut tragitpie. Toutes furent
mangées.
Fors seullement une qui fut trouvée
Sans lésion...
338 ANNALES ARCHÉOLOG lAUES.
I.e poi'tc ne veut pas ({u'on se iin'preiiiic. Il ajoute :
l'ar celle dame en toute révérence
\ueil denoler la |iii<'elle .Marie.
La miniature oUVe l'aspect d'une véritable boucherie.
Un liorrilile mélange
D'os el (le chairs meurtris et traînés flans la fango
One des " lions » dévorants se disputent entre eux.
Sur le bord de la fosse un roi prend la main d'une jeune vierge vêtue de
blanc et la pn'-sente à son llls qui l'épouse.
Voilà pour l'oil. Voici maintenant pour roreillc : le poëme est de Pierre
Avril et daté de l.V2/|.
I' HO I. (h; u li
Ce cliunt royal descrit troys u courts »
Dont les deux ont perdu li-ur « cours »
Par erreur trop vitnperalile;
Mais la tierce « court » honorable
A mys tout erreur en « decours ».
Tout le reste est de ce style. 1' " envoy » particulièrement :
Prince du Puy l'elTect du mortel « mors »,
Dont les enfaiis il'Adam ont été o mords »,
Na peu avoir de Marie notice
Que je descris pour donner vie aux « morts n
La noble court rendant à tous justice.
Alceste se serait écrié :
Ce n'est que jeux de mots, afTeetalion jMire,
Et ce n'est point ainsi r|ue parle la natun-.
"Mais le jury apparemment n'était pas aussi difficile. La pièce semble même
avoir eu quelques succès. On lui a fait les honneurs d'une miniature .soignée.
Elle représente trois juges en robes rouges, sur un tribunal tendu d'étoffe
bleue fleurdelisée. Dans la partie inférieure du tableau, se tiennent le greffier,
les avocats, les huissiers. Le poète énumère le personnel de celte Cour royale
([ui représente, on ne sait trop comment, la Vierge Marie. Il y a sept Vertus,
et chacune a .son emploi. La Vérité est conseillère, la Pureté huissière, la
Virginité grefTière, rilumilité concierge, la Piété » procure à vuyder les
discords », l'Amour est avocat, comme étant le plus bavard. . , -
De geôlier vacque le seul office
De ceste court Grâce est grand-chancelièrc.
L\ VIF.UGK F.T 1>F.S i>.\ l.l NODS 1)1 MOVF.N ACK. 339
Nous ne nous: chargeons pas (rinlcrpn'ti'r rrllo conipositioii bizarre. C'est
bien assez pour nous de l'avoir d(k'lunVé(> cl |)oui' les lecteurs de l'avoir en-
trevue. Après cela Marie est ciMébréc s:)us la ligiu'i'
D'uni; iiiiiciilis cnrdU;;!' licui de gnico.
On voit l'Eden. Au milieu jaillit une source d'où coulenl les (|u;itre gi'ands
neuves de la Genèse, l/auteur les dote à sa façon.
l'Inson V (Idiinc (MU iIdiiIcc cl \ivirn|uc,
Annio (l'or cl |i()is<(in ('(inliiil
Gyori \- rend clcr d\;un:uit royal
Do T\ j;ris prend cornaline et lopace,
r;t d lùiplu'ale blanc cl roiii^e couvai.
.Suit la description des avantages et l)eaiil(''s du Paradis où
Le douK zeplivr aspin» sur l'espace.
Le préservant de venin no\ial.
Un cliérubin. armé du glaive de tVu, le garde et nul n'y p(''iiètre
Que Dieu (pii vient de son liaull trilmnal.
Pour y cueillir le beau lys vir,i,'irud.
Sous lauriers verds que la fouldre ne rasse.
L' « Fnvoy » exprime une idi'^e de la théologie mysticiue souvent rej)rise
par les pères et les docteurs, à savoir c|ue Marie est la trésorière, le canal des
grâces divines cjui nous sont dé'|)atties. Ji''sus,
Distribuant sa yrace en i;eneral.
Veut que i)remier par lluunble Vierw [lassc,
Que je deseris se'on le sens moral
Le; paradis enrouse deau de ijraee.
Le jugement dernier. — Dans utie double gloire d'argent et d'or, assis sur un
arc-en-ciel et enviroinié des phalanges célestes, apparaît le Christ. Son attitude
est à peu près celle du Christ d'Orcagna imitée par Michel-Ange. A sa droite se
tiennent Adam et Eve suppliants. Marie, nitnbée et couronnée, se place entre
eux deux et joint ses prières aux leurs. Jésus a le visage tourné vers sa mère
« qu'il regarde doulcement ». Le poëme est une invocation à IMarie. 11 la
compare à Abiga'i'l qui apaise David eu faveur de Nabal. Le refraiti la |iro-
clatne « noble advocate en concept ])ure et sainte », et 1' « Envoi » reiifeniie
cet humble vœu :
Noble advocate, or te plaise tourner
Tes yeulx vers nous et nous faire donner
Grdce et pardon. Cil ayt la gorge ostraincte
3/,0 ANNALES ARCHÉOLOGIQUES.
Qui (a boiiiilte onlroprcnd bla-^oniior
Car SMilo es tu que Dieu veult ordonner,
Nuljle advueale, etc.
Le second nianuscrit âo Roui'ii, cir iinlro Bil)liothèqnc impériale en pos-
sède deux, conlient une miniature ([iii représente un jardin. Au milieu se
tiennent les deux mères de la race humaine, Eve et Marie : la première, nue
et couverte seulement de ses cheveux; celle-ci. vêtue. Elles se font vis à vis.
A l'entour d'Eve on voit une foule comiiacte qui jtleure et se lamente; du côté
de Marie, au contraire, une foule l'adieuse et |)leine d'allégresse. Le pi'ologue
expli(|ue d'abord le sens de cette composition :
Clianl royal d'une voix estrange
Causant en lair toute douleur
Dont voix qui sensuit le son clianiie
lin rendant ]ionr iloiileui' doulcour.
Viii\ cliasi^ant tristesse et niallieui'
Aux cliani|)S de pleurs reverljerce.
Eve est la voix qui lliomme griesve
Marie est la voix qui le relevé.
La voix d'Eve, persuadant le ])reniier homme de pécher, avait changé en
deuil toute joie et converti ce monde en une \all(''e de larmes. La voix de
"Marie. ré|)on(lant au messager divin « je sms la servante du Seigneur, qu'il
me soit ftiit selon votre parole », avait à son tour changé en un cantique de
félicité cette funèbre harmonie des créatures qui gémissent, dit saint Paul,
ainsi que des femmes en travail, jusqu'à ce qtie soit venue l'entière révélation
des enfants de Dieu : « Omnis creatura ingemiscit et parftirit usque adhuc... ».
Aux accents de Marie les profotideurs dti monde spirittiel s'émurent et tres-
saillirent de joie. La face extérieure des choses resta la même, mais les anges
du ciel virent poindre sur l'humanité l'aurore d'une allégresse immense et,
quelques mois après, on les entendit dans les airs qui chantaient résoliàment :
'( Evangelizo vobis gaudium magnmii »; et encore : » Fax hominibus bonee
voluntatis ».
Qtiatre anges dans le ciel ferment avec leurs mains la bouche des quatre
vents. En bas, est un parterre orné de fleurs et de verdure. Ce parterre est
la Vierge.
Quatre anges sont quatre vertus eelestes
Ce sainct concept gardant d'estre empesclie
Des quatre vents doriginelles pestes.
Le premier ange est en habit de Charité, le second en habit de Pureté, le
troisième en habit de Vérité, le quatrième en habit d'Humilité. Us maîtrisent et
l-\ VIERCK HT l.r.S l'AI.INODS \)V MOMIN ACE. 3/it
(loiiiptcnt il roric-iil II' M'iit (1 iIKiisyc ". au midi lo veut « d'Infection », uu
coLicliaiit le \ciit " de Langue iiifàine el détestable ». vers raciuiloii eiilin le
vent (1 d'Orgueil ». I.i's vertus et les vices sont ainsi en opposition exacte,
et c'est grâce à la [)uissance divine de celles-lii (|u'est préservé de tont(;
attiMiite
Le 1)0,111 |)iiiir|iri,s de ti'iri' vii.L'iiKilc.
Nous (leniandnns gi'àce au lec((;ur poiu' ce (|ui \a. suivre maintenant. C'est
du plus mauvais t;(iùl ; mais nous croNons dexnjr ddiiiicr un é'clianlilldii di'
tous les genres. |-".| puis les di't'ants (ml lonjnnrs im avantagi? : c'est ([u'ils se
(ié'ci'ient eu\-mèmes et (]u'on apprend à les t'nir autant en les r(^gardant (|u'en
considérant les qualités opposées.
I.a Vierge est figurée comme une terre nonxcllc et lértile, que <h'< na\iga-
leurs, dans leurs coiu'ses aventm'euses au sein d(! r(.)ci"an, rencdntn'ut t'urtuiti»-
meut et à la(|uelle ils ahiu'dent. Sans doule le puéle avait |)ralii|ui'' |;i hht. Il
faut l'entendre s'adresser à ré((ui|iage :
Osliaro liMii. An (|ikiiI, iiii i|Uiiil. au i|iiai'l !
Di'lioiit, (loniicuis...
Voicy le l('iii|i- i|U il ~c' l'aiill à iiniiu-l inclhe.
Or, i|Lie cliarun viniilli> cloiu' se (Mihriiii'Urc
lui sa inamiMivn' a Uirihml cl balinrt.
I'(iiii'i]iini itI.i. I.a lerri' pst bnil a limt :
l'aiv/ \gln' ancre et y [irciic/. biliirc
De renne e>|)c)lr |iar iriivre veiliieusc.
Car lest verrez par jnNciise ailvenliire
I.a terre iii'inc imi Ioii> liien> tViicliiciise.
Mais voici bien autre chose. L'o'uvre est de .lac(|nes le l'cN'. Il prend pour
texte le verset du cantique : <i oleum ell'usum nomen tnum ». et prétend en
faire l'applicafioii à Marie. (",lia(|ue strophe a pour refrain :
Nom subslanlif rendant sii|i[jost au vcilje.
Et le coloriste traduit ainsi cette sentence éuigmati(|ue. On voit un maître
d'école instruisant ses élèves. A sa di-oite. Eve nue, le cou enroulé d'un .ser-
pent; <x sa gauche, Marie, les mains jointes et les regards baissés. Un petit
être (le Verbe divin) descend vers elle. Elle en est ainsi le « sup|iost », confor-
mément i\ l'étymologie, « subter positum ».
La pièce est ridicule. On y voit partout l'athos et le pathos. Elle ne rime
qu'avec des positif, substantif, superlatif, comparatif, impératif, admiralif,
airirmatif, passif, infleclif. Et puis tout le personnel de cet étrange pen.sionnat
est décrit et nommé, et cela en latin et de la façon la plus burlesque. Le prin-
XXII. lili
3/12 ANNALES AliCIIÉOLOGlQU ES.
cipal est « Deus pater »; la grammaire. « status innocentia"^ » ; l'erreur.
<c peccatum originale » ; le verbe. « Christus » ; le donnait •, « Heata Virgo » ;
le nom, « Maria » ; l'élégance parfaite. « piilchritudo cnnceptionis » ; les
écoliers, « genus Iminanum » ; l'antécédent mi pmposilion. « gratia preve-
niens » ; le relatif. » bona fama ».
Certainement l'auteur a dû se creuser la cervelle pour trouver ces belles
choses; mais ce ne serait rien s'il y eût été pour sa peine. Le malheur est cjue
le jury trouva cela beau et couronna maître Jacques le Pelé. S'il eût paru
dans l'assemblée des animaux malades de la pcsle. ceux-ci n'auraient pas
man(|ué de s'écrier : » ce pelé, ce galeux, elc... », et ils auraient, en cela,
monfn' pins de goût et d'é([uité que les juges du Puy de Rouen.
Une autre élucubralion. d'un genre moins détestable, célèbre Marie comme
la cloche qui a sonné le salut du monde.
Dessus etoit pour superscription.
L'an du mondo pour approbation
('.iiii| mil ol l'Ont iiii ^- ^- X. six moins
Falote jo fus pour la l'odomption
Cloolie sonnant lo salut des humains.
Xotis ne voulons point onieltre. potir en lliiir avec le palinod rouennais.
deux compositions d'un même poète. Jacques Leiyciir. Dans Tune, il se repré-
sente endormi au bord d'un lleiivo ol il a un songe. Ce songe lui montre « la
fille Adam » partant d'Asie sur un navire et se rendant îi Saint-Jacciues de
Compostelle. Le diable la poursuit, et elle aborde aux côtes de Normandie.
Là ne finissent point ses tribulations. Les Norinands, cela ne leur fait pas
honneur, la veulent enfermer comme lépreuse; mais on ne tarde pas à recon-
tiaîtrc que. loin d'être atteinte de ce mal, elle jouit d'une santé parfaite. En
conséquence, on la relâche et elle achève son pèlerinage. Mais pourquoi ce
pèlerinage? et que vient faire la Vierge ;iu tombeau de saint Jacques, qui n'est
pas encore né? C'est ce que l'auteur n'explique pas.
Les n Arts somptuaires », qui ont relaté ce canticpie avec la miniature cor-
respondante, ne s'en sont probablement pas rendu non plus un compte bien
exact. A preuve, ils prennent pour son épigraphe ce qui est proprement
l'envoi dtt chant pri'cédent. L'usage de notre manuscrit, qui est d'enchâsser
1 . Avant de se jeter dans cotte cnuinoration, l'autour place dans la bouclio du pédagogue cette
injonction aux élè\es :
Mettez tous la maia au bonnet,
Et vous orrez de Cotenlin
Pour apprendre a parler latin ■
Piesent l3Te ung nouveau « donnait »,
LA VIKRGF. F.T LKS PALINODS DU MOM-.N .\nK. SZiS
dans le cadre de la iniiiiaUire la fin du caiiliciue (iiii pn'erdi'. h^s aura trompés.
Heureusement cette erreur est sans coiiséciiieiice.
L'autre poëme de Leiyeur pourrait s'intituler la « Vierge au .lardin ». Il
est emprunté, strophe par strophe, à (luchpie verset du livre des cantiques.
Le prologue en fait foi :
Cluint ni\\il Icqiii'l lies canliciucr;
PlusitHirs (iicts ii';uiiour iinicule
Prouviins par soiiloticcs mystiques
I,ii \ icrgp en coiicepl sans maciiie.
Au reste chaciue couplet a son é|)israphe. Ainsi le premier : « Amore
langueo » ; le second : » Decoloravit me sol ».
Si lirune suis (Iel)ve7. considérer
Que le soleil ma faict décolorer.
Le troisième : n Vulnerasli cor iiieuni. soror mea sponsa » ; le quati'ième :
u Osculeris me osculo oris tui » ; le cinquième : " La'va ejus siib cai)ite mco ».
— Le refrain porte :
Sans vice aucun toute helle conceui'.
La miniature est des plus soignées et stipi'rieure de beaucoui) à lniiles celles
que contient le volume. Kllc! représente un beau jardin, plein de vignes et de
treillis, où des femmes (les tilles de .liu-usalem) se diNcrIissenl. — M. l'atiliu
Paris croit y retrouver le cachet de l'école de Léonard de \'infi. et s'il est
impossil)le d'en assigner priH-isiMuent l'auteur, elle nous parait du moins
exécutée par tin artiste ilalii'ii d'un \rai mérite.
En achevant cette revue, et comme le liouquet de celte gerbe composée de
tant d'épis, que nous avons glanée à travers les deux recueils (|iie possède la
Bibliothètiue impériale, mentionnons un citant des plus modestes et oit la Vierge
est présentée sous un de ses aspects les plus ordinaires, mais aussi les plus
touchants et les plus majestueux, l'aspect maternel. Marie est représentée
avec le divin enfant qui l'embrasse.
Jectant de liouclie en liouclie doulce allaine,
dit le poète, et chaque refrain ramène ce vers charmant :
Il n'est amour (|ue il'eiifant et de mère.
Les dernières pages du manuscrit 'm-k° qui renferme, nous l'avons dit.
seulement dix années de pièces couronnées et dont notis avons çà et là mêlé
les traits à ceux du manuscrit in-folio, sont remplies de ballades et de ron-
3Z,4 ANNALKS ARCIl KOLOGIOUES.
deaiix sur hi Viorgo. On y ciMc-bre tour à loiir sa conccplioii, sa nativité, sa
présentation, sa mort, son assomption glorieuse. Connue ces compositions,
dépourvues d'ailleurs d'images, n'ont rien de plus original, ni de meilleur,
tant s'en faut, (|ue les » chants royaux », nous omettons de les retracer ici.
Ou'il nous soit permis seulement d'indiquer, comme complément aux pages
qui ]>récèdent et comme se rattachant à la même époque et au même ordre
d'idées, un petit tableau sur bois du \vi" siècle que possède l'église Saint-
Élienne de Beauvais. l'Ji voici la description aussi lidèle que nous la permet
notre mémoire après une rapide inspection de l'univre.
Sainte Anne est agenouillée. De son sein sort à demi, enveloppée d'une
auréole d'or à rayons solaires, la petite Vierge Marie, nue et joignant les
mains. Près do la bouche de la Vierge on lit sur une banderole cette inscrip-
tion fort elfacée :
Oui ekiciilaiil me vilain tolornain lialji.'liuiit '.
Sainte Anne, les mains jointes aussi, regarde vers le ciel et prononce cette
parole de l'Ecclésiasticiue :
Fniclus nifi lionoris et lioiiostatis '^.
A la droite de sainte Anne, Salomon agi.'nouillé salue de ces mots l'avéne-
ment de la Vierge immaculée :
l'rogicdiUir (|uasi aurora consurgens '.
Le texte poiie : » qua' est ista qu;e progreditur... » ; mais le prophète se
dispense maintenant de l'interrogation. Le mystère qu'il entrevoyait dans
l'avenir est présent, et il n'y a plus lieu de demander quel il est. La foi
devient vision et l'oracle histoire. En ce sens, il est vrai de dire avec saint
Paul : « propheliœ evacuabuntur'' ».
Lu regard de Salomon, à la gauche de la mère de Dieu, David, royalement
vêtu et à genoux, prononce de son côté cette sentence qu'il porte à la main :
(juaM'eliir pcccaliini illius, et non invenietur ".
Lnfm, dans le haut, dominant cette scène, apparaît Dieu le Père, la tiare
t . Kccl. xxiv, 31. ••
i. liccl. XXIV, iZ.
3. Gant. VI, 0.
4. I Cor. xiii, 8.
5. l's. X, la.
LA VlKliCK KT LKS l'A LIN ODS DU MOVK.N AGL. 3^5
en tèle, le front nimbé. le globe en la main ganeiie. et île la droite bénissant
avec CCS paroles :
'l'ola piilciir'a es, aiiiica iikm. ot macula non pst in li' '.
Ci'cst là tout nn monument cl di's ]ilus o\|)licili's de la croyance de cette
cpo(iuo à rimmacnli'C conce|)tion. l.'arlisle. qui concni ridé'e d'im(> telle com-
position et (|ni en dicta rordonnance, étail assun''menl Irès-versé' dans l'étude
des saints livres, dans la connaissance de la tradition, non moins ([ue dans
l'interprétation des syml)oles alTectés de tout temps à Marie. Il était dilTicile
de mieux choisir ses textes, d'introduire plus licurensement ses personnages;
de faire mieux converger enfin lontes choses, le ciel l'I la leri'e. le passé el
l'avenir, vers cette enfani miraculeus(\ dans le moment précis où elle assure
racconiplissement des promesses de Dieu et des espérances de l'humanité. Ces
inscriptions, ces personnages forment autour d'elle, à sa ])rcmière entré'e en
ce monde, comme une auréole merveilleuse et toute divine ((ui allirme -i la lois
son privilège d'immaculalion et proclame par avance les hautes destinées qui
l'attendent en qualité de mère de Dieu. Et puis, les paroles ([u'eile prononce
elle-même sont connue un doux encouragement à recherche!' ses divines pré-
rogatives, et elles assurent à ceux qui le font d'un esprit sincère et d'ini cœur
tendre une rémunération glorieuse à jamais.
Nous estimons, quant à nous, (ju'une pieuse investigation des gloires et des
perfections de la mère de Dieu porte déjà en elle-même son salaire, et ce
salaire nous l'avons reçu dans la faible mesure du travail ([ue nous ache\ons.
Mais nous avouons pourtant (|u'il nous plait de déposer la plume et di' clore
le livre parfois difficile de nos recherches sur le mot qui termine cette bien-
heureuse promesse :
Ouï chiciciant me vitam rclornam liabebiinl.
A. HLIUiL.
1 . C!ant. II. 7
LES SACREMENTS
La vie humaine, de la naissance à la mort, est une chaîne de soixante ou
soixante-dix années qui se succèdent sans interruption et sans aucune solu-
tion de continuité. Chaque individu marche, depuis le jour où il arrive au
monde jusqu'au jour où il en sort, sans s'arrétei- un seul instant. La vie enfin
est. pour chacun de nous, bien plus dij'ectc et bien plus rapide que le fleuve
le plus impétueux dont les circuits ou les barrages peuvent ralentir le cours.
L'homme, le voulùt-il, ne saurait s'arrêter une minute, et il entend constam-
ment à ses oreilles retentir le teri-ible " marche, marche » du tragique
Bossuet.
Cependant les philosophes et même les physiologues ont tracé, non pas des
points d'arrêt, non pas des stations dans cette course haletante, mais des
divisions qui distinguent l'espace déjà parcouru de l'espace qu'on doit par-
courir encore. Dans cette chaîne continue, ils ont. de distance en distance,
attaché de plus grands anneaux pour martiuer des divisions égales qui par-
tagent la vie en plusieurs sections. Ainsi l'année solaire est une et sans solu-
tion du premier janvier au trente et un décembre, et cependant les astro-
nomes ont pu trouver dans cette masse compacte quatre divisions ])rincipales,
égales entre elles, qu'ils ont appelées le printemps, l'été, l'automne et
l'hiver.
La vie de l'homme, elle aussi, a des saisons, saisons plus nombreuses et
aussi bien tranchées que celles de l'année. Le moyen âge en a compté sept et
l'on s'en tient ordinairement à ce nombre. A supposer qu'une existence un
peu complète ait besoin de soixante-dix ans pour se développer du début à la
fin, chaque saison humaine se composerait de dix années comme chaque sai-
son annuelle se compose de trois mois.
Les dix premières années, ci partir de la naissance, s'appellent I'E^nfakce;
de dix à vingt ans. c'est la Piéritii: ; de vingt à trente, I'Adolescence ; de
trente à quarante, la Jeunesse; de quarante à cinquante, la Virilité; de cin-
m
^
LES SACREMENTS. 3!|7
quantc à soixante, la Vieii.i.f.ssi: ; de soixante à soi\antc-(li\. la T)i;cRi:pmDi:.
Sauf quelques variantes, ces divisions et ces dénominations eurent cours pen-
dant tout le moyen âge et la renaissance dans rKumpe entière. Ce qu'à
Venise on appelait « Senectus ». de quarante à cinciuante ans, on lui donnait
le nom de « Yiriiitas » à Sienne et de « Gravitas » à Parme. Parme rejetait
ainsi la \ieillesse, « Senectus », clans la péi'iodo de cinquante à soixante ans.
Mais ces dilTérences. tout importantes (|u'ell(\s sont, ne doivent pas cire expli-
quées ici; elles trouveront leur place bien plus naturellement dans la publi-
cation que nous ferons |)rocliainement des sept Ages gravés sur le pavé de
la cathédrale de Sienne. Pour aujourd'hui, nous devons nous en tenir à la
classification et à la terminologie adoptées le plus généralement.
L'existence de l'homme se partage donc en sept di\isions ([ue nous pouvons
appeler les saisons de la vie humain(\ Sur cette longue roule îi parcourii'
cUu'ant soixante-dix ans, de la naissance à la mort, ce sont comme les slations
qui coupent un chemin de fer de dislance en distance.
A l'entrée de chacune de ces saisons de la vie. la religion chrétienne à
placé un sacrement spécial pour sanctifier cette saison et aider l'honimo à la
parcourir utilement et plus facilement.
Le Sacrement qui ouvre la saison de l'Enfance, ou plutôt qui ouvre la vie
même à son début, c'est le Baptkme. La Confirmvtiox, préside à la Puéritie;
la Pjîmtence, à l'Adolescence, cet âge des passions (|ui court de vingt ans à
trente; I'Eiciiaristie. à la Jeunesse; le MAïuvca;, à la A'irilili'-; I'Ordue, à
la Vieillesse, et enfin rExrriÈME-Oxcrio.v. à la Décrépitude. ;i la mort.
L'antiquité avait bien des cérémonies particulières pour recevoir l'enfant
dans la vie; pour faire au « puer», à l'éphèbe ou à l'adolescent sa place
dans la société ; mais les autres âges étaient à peu près abandonnés à eux-
mêmes, et nulle cérémonie religieuse bien définie n'assistait le jeune homme
ou le vieillard. C'est donc, entre bien d'autres, une gloire pour la religion
chrétienne, que rinstilution d'un sacrement spécial qui |M'otége et fortifie
l'homme pendant toutes les périodes de son existence.
Puisqu'il y a sept âges, il existe sept Sacrements, et ces Sacrements doivent
se disposer chronologiquement comme les âges eux-mêmes. Dans l'ordre que
les théologiens leur ont assigné, il ne devrait pas y avoir de dilTérence ou d'er-
reur pas plus que dans l'ordre attribué aux sept âges. Partout et dans tous les
temps, le Baptême devrait être le premier Sacrement, la Confirmation le se-
cond, la Pénitence le troisième, l'Eucharistie le quatrième, le Mariage le cin-
quième. l'Ordre le sixième, l' Extrême-Onction le septième et dernier. Cepen-
dant, depuis le Concile de Trente, les Rituels et les Catéchismes se sont écartés
3/|8 AN.WLF.S ARCH KOLOGIOUES.
(le celte classification cliromilcigique, expression crun symbolisme aussi élevé
([lie rationnel et c|u'il n'aurait pas fallu troubler. Le Rituel de Paris, publié
par Mgr de Quélen en 1839 et qui fait toujours autorité, déclare qu'il y a l)ien
sept Sacrements, ni plus ni moins, mais dans cet ordre :
Le Baptême, la Confirmation, rEucharistie, la Pénitence, l'Extrème-Onc-
lion. l'Ordre et le Mariage.
11 aJDute : » Le premier est le Sacrement de ceux qui entrent au com-
bat ; le second est établi pour la bataille, le troisième pour la reprise des
forces, le quatrième pour se relever après la chute, le cinquième pour sortir
de la vie. le sixième pour ceux mêmes qui administrent les sacrements, le
septième pour procurer de nouveaux soldats <> i.
Ainsi, d'après le " Piituel de Paris », on meurt avant de se marier et même
avant d'enti'cr dans l'état ecclésiastique. One la Pénitence soit |)lacée après
riùicliaristie. comme le veut le Rituel, ou bien avant, comme la logiijue
paraît le demander, c'est assez peu important, puis(|ue l'on fait pénitence et
que l'on cimimunie toute sa vie; mais que l'Extrème-Onction précède l'Ordre
et le Mai'iage. et qu'on entfrredes gens ([u'on ressuscite ensuite jiourles ordon-
ner prêtres et les marier, c'est assez incompi'i'hensible. 11 faut espérer que
IVlgi' Darboy, le nouvel archevêque de Paris, aura assez d'influence pour faii'e
rectifier cet ordre dans une nouvelle édition du Rituel de son diocèse.
Roger Van der Weyden, dont nous avons déjà publié la partie centrale du
célèbre ti-iptyque, nommé "Tableau des sept Sacrements» '-, a disposé comme
il suif, dans les bas côtés de son église, la série dos Sacrements. Dans le
collali'ral de gauche, celui qui est placé en tête de cet article, c'est d'abord le
Baptême, puis la Confirmation, puis la Pénitence. L'Eucharistie occupe le
fond de la grande nef. c'est-à-dire la partie centrale du tableau, celle que
nous avons publiée. Enfin, dans le collatéral de droite, qui sera donné plus
tard. l'Ordre, le Mariage et enfin l' Extrême-Onction. Nous aimerions mieux
1. « Primiim est inlianliiim ; «eciiiiduiii, puj;nantiiim ; Icrtium, vires resuiiienliuiii ; quartum,
resurgentium; quinliim, cxeuntiiini ; sexium miiuslrantium; soptimum , noxos milites inlrodu-
l'enlium. » — Ritmile parisienne, iii-4", Paris, 1839, page 2. Le Rituel cite à ce |)rMpos le « Li-
gnum vilae » de S. Laurent Juslinien, tr. 8, de Spe, cap. 5, n. 4. S. Laurent Ju^linien, patriarche
de Venise, est mort en 1433. Ainsi, au xv siècle, en [talie, on adopte pour les sacrements un
ordre défectueux; on en a déjà perdu le sens symbolique, ou plutôt le S5mbolisme mélaplioriquo
et littéraire, que l'on préconise, détruit sans profit et sans intelligence l'ordre chronologique de la
vie humaine. Koger Van der Weyden, le pauvre peintre de Bruxelles, quoique contemporain de
S. Laurent Justinien, est, comme nous allons le voir, plus fort que le patriarche de Venise, parce
qu'il est plus fidèle à la tradition du moyen âge.
2. u Annales Archéologiques », volume xxi, page 241.
I.i:s SACHKMKMS. :>'|0
qiiii le Mariage, dont la saismi (■lir(iii(iloL;i(|Ui' dans la \i<' Iminaiiie csl la viri-
liti!, précédât l'Ordre. (|ui n'^pond à la vieill(>sse el qui l'ail ces prêtres dont le
nom ii;rec signifie pn^-isiMuenl vieillards. Mais, à rexceplion de cell(^ ivserve,
nous adoptons entièrement l'oi-dn^ sin'vi par \an der\\e\den. parce (|n'il est
logi(iiie et hasi'' sin' la succession des périodes diverses (pie |iarcoin-l I exis-
tence de riiomme.
Ce sujet des Sa<-ivments. si inti''ri'ssanl à e\i''<'ntei- en peinture ou en sculp-
tin'e. se \iiif cependant très-rarement dairs les r'diliecs du moyen âge. On
raporçoil. mais \agnement et à une grande hauteur. sculpt('' sur le campanile
de Saiita-Maria-del-l''iore. à h'Iorence. Là il sert de pendant au\ sept Artslihe'-
raux. aux .sept Ages de rhomnie. aux sept IMaiièles. aux sept Nortus théolo-
gales et cardinales. Mais je n'ai pu. connue je l'aurais d(''siré. faire une T'Iudo
un peu sérieuse de ces charmantes ligures allrihuées à Andréa l'isano. et j ai
seulement constati'- ime cei'taini' perturbation dans l'oi-di-e (•hi'onologi(|no des
Sacrements, prescpie aussi grande cpie ci'lle rpi'a (''lablie h- eoni-ile de rrente.
lin Relgique. derrière le maîlre-aulel de r(''glise de liai, se dresse un grand
retable en albâtre, avivé de dorures, et qui date du xvT sièele. On y a sculplé'
les sept Sacrements dans ect orch'c ([ui n'est guèiv ([ue le désordre, comme la
Renaissance en a si bien l'habitude :
liAPTKMi; laiaiARisTn: ouimi;
COM MIMATIDN l'KMTKNCI-; MARlAtiK KXTIilhli: -UNCTIIIN
Mais ici. du moins, le lîaptème et rExIrème-Onction sont à lein- [ilace.
l'un au connnencement et l'autre a la tin. ce qui \aut eneoiv mieux (pie la
(lisposition régléiî par le coneili.' de 'l'rente.
M. le baron de la l"ons-M('.|iro([ a signali'' uno elia])!' do drap d or (|ue pos-
sédait, en :l().")'.>. la cath(''drale (le Xoyoïi et >ur laqui'lli' l'-taient brodé'S les sept
Sacrements; mais on ne dit pas dans (|iiel ordre ils i''taient représent('s '.
Giutto aurait peint, dit-on. les Sacrements à 1' \iniim/iata de Naple>; niai>
je ne les ai ni étudiés ni \u-.
C'est à cela ([ue se bornent. jus(pi';i pré'sent, les renseignements (pie j'ai pu
recueillir sur la représentation des sept Sacrements, et l'on voit (|ui' mon con-
tingent est l)ien pauvre, .le ne i>arle pas des Sacrements peints par l'oussin .
parce (|iie c'est d'une ép(Kpie beaucoup trop r(''cente pour nous, el paire que
cette manière de tigurer les Sacrements par des scènes historiques ou des
I. « Artistes et ouvriers chi nord de la l"niiK-e et (iu midi do la Bel,^i(iuc . Iii-S", liellume.
1848, page 94. Renseigncnienl tire des arcliives do la |>icl'ei:lure do l'Oise.
.\xii. /i5
■^jO .\^^Al,l■:s Aiiciii.oi.ofiiouKS.
('S|u''rrs (ralli\L;'i)|-ii^^ iiisiiifiM'.- du |),i;j;;iiiisiiic ii'a|)|);ii1ii'iil i'(''('llcin('iil p;is à
rii'onoL^rapliir clin'lii'iuio.
Il faiil iliinr iKiiH cil li'iiir à Roi^-cr Vaii (1er Wcyden. (|iii a li.' plus cniiipli''-
k'iiM.'ut cl lo mieux i'cpi'(''scnt('' la sr'ric des Sacrements.
1. l.i: l'.AI'TKMl'.
Tout 11.' miiiiili> (■(luiiail à peu pi'c> les ri'T(''miinies du i)aplèuic; uiais il ne
sera pa> illlllile à linlre l)lll de li'S rappeler somuiaii'euienl iei.
l II [larraiii et une niarraiiie m' priV-enleiil à I enlri''e de r(''i;li.-c iiu du i)ap-
tislère avec un eiil'aiil. (|iii ii'esl pas |i' li'iir. pour lui l'aire ciiiil'i'rer par un
prtMre le saei-emeill du liapN^ne.
I.e pr(Mre. plaei' linr> de r/'^iise iiii du hapli-tère. cl re\iMu d'un surplis et
d'une /•Iule \i(i|ellc. demande au parrain cl à la mari'aiiic ci' qu'ils vculciit et
(|uci umii ils enlcndriil dnimer ;i 1 eiilant.
Après leurs ivpdiises. le |)r(Mrc s(jurile lr^i^ l'iii> sur la rac(> df rcuraiil piiui'
l'ii chasser II' di'iiinii et fairi' |)lace au Sainl-lv-pril . (|ni est le seuflle di\iii.
Puis il tait le siL;uc de la croix -iir le linnl et la puiliinc de I (nifaiil (|u'il
iiniiime pour la première tni^. l'iiis il adresse ries ])iaères ;i Dieu peur ((ue
l'ciiraiil mi'iili' sa régi>ii(''raliiin. que Salan s'en ('■lniL;ne au pi'iilil de la sagesse
cl de la pu'Ar.
Le prèti'c inlrcduit dans la lionclic de reiitaiit une ]HiiC(''e de sel. I)i''iiit spé-
cialement pniir le hapliMiie. C',ettc substance. (|ui est le piaiicipe cssenlicl et
c-iiiisliliilii' de la terre, est (lomiée à reiit'aiit leul à la fois coiinue iiuiirritui'e el
comme symbole de la sagesse.
Au nom de la Triniti'. le prèlre exorcise Satan, le chasse du corps de ren-
iant >ur le front duquel, a\ec le pouce de la main droite, il trace le signe de
la croix. I.e priMrc jn-ie Dieu de donner à reniant la lumière de la vérité,
rinlelligeiice. la science, la, doctrine, respi'rance et la (lroitun\
Le prêtre, le pan'aiii et la marraine (■t(_'ndcnl leur main droite sur la tète de
renfanl. et l'olliciant adresse de nouveau des objiu'gations à Satan pour le
contraindre à s'éloigner du jeune néopli\te.
Avec le pouce de sa main droite, le |)rétre |iicihI un peu de salive et en
touchi' les deux oreilles et les narines de renfanl en disant : ■' ouvrez-vous )>.
Il enjoint de nouveau à Satan l'ordre de s'en aller, puis il prend l'enfant par
ses vètemeiils et le fait entrer dans l'église ou dans le baptistère, car, jusqu'à
pré>ent, ces jcén'monics ont dû s'accomplir en dehors de l'enceinte sacrée
I.KS S \C II i:\IKNTS. 351
l'.ntri' dans I l'iicrinli' du lia|i(islri'(\ cliaciiii \ (iccii|m' la place siiivaiile ; lo
prêtre en a\aiil du l'ciil haplisnial el hii l'aisanl face; di' l'aiilre cAli'. à droile.
le parrain; à L;aii('he. la marraine; l'enlanl an niilii'n (\i\ parrain el de la mar-
raine.
I.e pr(Mre. le parrain el la marraine n'Tilenl ensemble le •< (j-imId n e| lo
<' l'ater ...
l/enlani esl di''piinii|i' i\r s(\s |an,u,-es el lenn an-de--u< de la en\e haplis-
niale |)ar le |)ari-ain e| la mari'aine.
l/enlanl. par son ])ari'aiii el sa marraine el à la demande dn pr^'lre. i-enonce
à Satan, à ses punipes et ;i ses (rnvfes.
Le |)r(Mre ti'empe l'e\tr('mil('' (finie bai;nelle dans riiiiije des (•aP'cliinnènes
(M en uini la pnitriin' et les i''paii!es de renfaiil pour lui di'lier Idds M's mem-
bres.
I. f'tnie \i(i|e||e. rellleiir de Irislesse. est remplaci'e par lllie ('-lole blanehe.
(Ml signe (l(_> jdie et de pnreli'. car renfanl esl d(''liiiili\ l'meiil d(''li\n'' de Salan
et va (J(_nGnir à l'inslaiil le tlls de Dieu.
I.e |)r("'tre adr(^sse à renfanl i\r> ([iiestions ^■[ir la crdyaiice catiii)!ii|iie el lui
(ieman(l(> s'il Nciit iMre bapli-i'. l'ai censiMineiice des réponses arrirniali\es du
parrain et de la marraine, le pr(''tr(? Ncrsc l'eau sainte sur la liMe de renfanl
el le baptise au nom ^\c:^ trdis persemies di\ini\s. l'uis. a\ec une baunetle
trempiîe dans le cluV-me. il lui fait une onction sur la tète.
Le prêtre fait revêtir à renfanl des vêtements blancs; il lui met eniro les
mains, ou |)lul(M entre celles du parrain, un ciiM',i;e alliimi''; il T'Iend sur la liMe
du jeune baptisi'' son (''Iule sons la forme d'une croix; il n'cite le commence-
iiieiit de l'inangile de Saint-Jean oii il l'st dil (|ue le Wrbi' de Dieu. Dieu lui-
même, a en''!' toutes chose.-, ([u'il e>l la \ie l't la lumière du monde i_'l f|u'il
.s'est fait homme.
Le prêtre donne son i''foli' à baiser, aih'osse des conseils au parrain et à la
marraine, et entin l'on ré(li,i;-e et l'on signe l'acte du bapli'^me.
En jetant les yeux sur la gravure, on Miil à ([uel point de la ci'i-i'monie on
se trouve. Toutes les cércMnonies |)réparatoires .sont accomplies. On est autour
du font baptismal où tous les act(>ui"s sont pIac(''S dans l'ordre voulu par le
rituel : le prêtre en avaiil; renfanl en ai-rière. tenu par la sagofenmie. assisti''
du parrain là droite, de la marraine à gauclie. Le père, chaperon sur la. tête,
esl présent h la cé'ri''iiiiniie. mais au second plan. Le baptiMiie proprement dit
est teiMuiné, cai' le jii'être a di'jà \ers('' l'eau sur la tiMe de reniant el. en ce
momeiil. il lui fait sur le front, avec le chrêiiK^ l'onclioii (|ui suit immédiale-
ment l(> baptême. j,e |)r(''lre lient ;i la main gauche le pelil (dirisinatoire ;i
r,.-,o ANNALF.S AIICIIKOLOCIOUI^S.
deux compartiments; dans l'un est riiuilc des catécliumènes qui a servi dans
les C('rémonies préparatoires; dans l'auln' est le ehrème qni sert maintenant
comme complément du ha|)tème.
Le prêtre, dont la tii^-ure est l;u'p,c el ]ileine de i;-|-a\it(''. est i-cvêtu du long
sur|)lis ;l grandes inanrlics du W siècle et de létole ('troile encore en usage
aujourd'hui dans les l''laiidres. Le Uiluel parisii'ii vondiait (lue le ]ii-èln> eût
la tète d(''couverle. car il adresse une prière à Dieu el il ne doit avoir la tête
couverte ([iie (|uand il l'ait les exorcismes et parle ;'i Satan; mais alors celte
prescription du Rituel n'(''tail |ias sans doule observée, car rofliciant est coill'é
d'un bonnet (|ui lui couvre loul le crâne et une partie des oreilles.
Le l'onl bapli>mal est en cuivi'e jaime, de celle dinauderio si commune en-
core darrs toule la ljclgi(|ue. el supporti'' jiar de pelils lions de même métal.
l,a cuve est rem|)lie d'eau, et il ne serait pas étonnant que le baptême se fît
alors, non par infusion comme aujourd'hui, ma.is par immersion, de cette im-
mersion encore usilée dans le Milanais el (|ui consiste à plonger la tête de
reiifanf plus ou moins prorondè'nienl dans l'eau.
La mai-raine n'est pas àg(''c, mais le parrain semble ]ilus jeime encore, 18
ou '20 ans comme riiidi(|uenl ses moustaches naissantes. La mine de ce jeune
garçon est pleine d'intelligence, et sa prestance annonce de la llerl(''. Il doit
ap|iarlenir ;l une ramille de race. Tont son costume est à noter, depuis ses
palins en bois, doni l'u-age devait cli-e l'oil incommode, jus((u"à son chapei'on
lai-gement ('lorri' et raballu sin- l'i^paulc droite. La coithn-e à deux cornes ou
cornets de la marraine cl sa robe à courte taille, serrée sur sa poiti'ine. sont
exactement la coilïure el la robe (sauf la forme des manches) que porte la
n^mme di> Jean Van L^yck dans le porti'ait fait |)ar Van Lyck lui-même, qui
dal(.' de l'an ihlV.) cl (|ue possède l'Académie de Bruges i. Cependant entre
celte mai'raine et la fennne de Van Kvck il y a bien t20 ans de distance; mais,
aujourd'hui encore, dans la l'"i'ise et la ll(.)lland(.' mé'ridioiiali,'. les jeunes filles
portent en coiH'mv les coi-nes de la, marraine de Van der Weyden. Alors et
dans ce pays les modes ne changeaient |)as tous les airs comme elles changent
clie7. nous.
1. M Eilo (li) fenimp de Viiii l'^ck) porlo une liouppelaaile de drap écarlate garnie de fourrure
pi'lil-gris, et avant de larges et longues manches. La ceinture, posée par dessus, immédiatement
sous les seins, consiste en une large bande de soie verte tissée en clievrons. Pour coiffure, elle a
une crépine à deux cornets avec couvre-clief blanc en toile épaisse, liordée d'une ruche de même
étolîe n. — Jami;s Weale, « Catalogue du musée de l'Académie de Bruges ». Bruges, ISlil. page 17.
— Voyez la pholographie fpie M. E. loerlantsa tirée de la femme de Van E\i'k d'après le tableau
même de Bruges.
I.F.S SAr.RKMFNTS. 353
Sauf les ronios. (jiii disliii^uaiciil pciit-rln; les elassi^s (Hevées de la soriélé.
la sage-femme es! eesluiiu'e comme la maiTaiiii\ Nous avons di'jà si;j;iialé le
père de reiil'aiit. (|ui poi1e k cliapri-on sur la lèle el non i-ahallii sur l'T'paule.
Ce serait aujourd'hui uiif iiifrartiou au\ loi- de la politcssi' et dos conxe-
iiaiices, puisqu'on (\st dans une r'j;lise el en plein .-arremcnl de hai^tème.
Mais alors se d(''coin'er n"(''tait sans doule pas une loi de eixilili' aussi i-i,i;()ureuse
qu'à |)n''senl el l'homme âgé. le père, jonissaii [lenl-èire du pri\iléj^-e dont
use le ]M'è(re olTiciaiil.
Je voudrais dire un mol sur le sens profond (|ne i-('Tè|ciit tonles les céi't'mo-
nies. ac-cessoires e( prineipali's, du l)a|)liMne. sens (|ue los chriMieiis de nos
jours lie pénètrent peut-être pas sul'tisannneni ; mais J'ai peur d"i''ln' trop lonij,-.
et je réserve cette (|uestion pour la prochaine livraison des - Vinialis ... C.ctti'
livraison, cpii sera la pivniière do ISd;'), conliendra eu !j,iand le di'tail du
Baptême de Hugei- \ an der WCyden.
lUItliON viNK.
MÉLANGES ET NOUVELLES
poTRiiii-s A(:orsTiorRs.
Munsiciii' le Directeur.
Daii^ \(ilro dernier miniéro lU'^ » Annales " ( septembre-orlnhi-e 1HG2).
\()iis \i)iis iiciii|ie/. ( ]_)ai;'e i^9/i - ^!)7 ) il un diMail (rarchitectiire religieuse
qui viiiis |iarail a\(iii' l'Ii' jiisi|ii'ici ni\u,'li,i;i'' par les archéologues. Depuis une
\in;;laine (i'anni''es \fins ne cilez même (pi'nne seule (il)servati(in adressée sur
ce sujet à l'ancien ('.oniité iiisliiri(|ni.' di's arts el niuninnents.
.le l'egi'etle pour ma ]iai't d'asdir |ir'rdu de \iie celle ré'\(Mati()ii faite ]iai' un
anti(|uairi^ du Midi et de n'a\iiir pas connu rinli''i-(~'l ([ue vous portiez aux
agents de ré'percnssion dans nos ('glises. Depuis trente ans que je m'occupe
(ri''tu(les ai'cliéMi|ogi(|nes en Nurniandie. jai eu roccasion d'oliserNer cint| ou
si\ l'ois la parlicidaril('' (|ui ti\e anjoiu'dlini \oti'(_' attention et sur laquelle
NOUS appelez ci'lle de \(is lecteurs.
Kn isr)-i. lors(|ui' je publiai les « Églises de rai-rondissenient d'Yvetot ».
je glissai ces (|uel(|ui_'s lignes à. propos de r(''glise dAlviuiare. canton de
Fauville :
» .l'ai reniai'(|ui''. au milieu des ])risnies (|ui tapissent les piliers (du cIkpui').
huit li-ous circulaires qui sont l'embouchure de \ases en tei're placés dans le
nnu" connue nuivens acou>tiques et agents de répercussion, .l'en ai vu de
s(>mbla,bles dans le ne!' du Monl-aux-Malades près r«ouen. dans le chœur de
l'éruel. près Perriei-s-sur-Audolle (Eure), dans l'église de Conb-emoulins, près
l'écamp, et a.illeurs^. »
Depuis dix ans f|ue ceci est écrit, j'ai encore rencontré' une doir/.aine de
trous acousti(|ues placé'S sous le clochei' de l'abbaye de Monlivilliers. Ce sont
■1. <' L(>s i'i;Iisos ili' riirrdiiilisscmenl <l'[velol, ». I" fitilioti, T. I. [lage °27.'i : 2"' éilit.. page 289.
M Fil, AN fi F. s r.T NOrVFI.LES. 355
autant de vases logés dans la voûte (|ni fui élablio. eu IG'iS. par les dames
de rilospital. abbesses de ce réièbre lUDUastèn-. I ii de ces vases a été tiétaelié;
depuis quel(|ues années, il se trou\(; niaintenaut à la bibliolliiniue publique
de Montivilliers. ,1e vous en envoie le dessin, ("."est une jarre en ,tz;rès, de
conlem- gris-eendi'é. (|ui a 0'".:^'i de liauteui' -lu- iiin' circoul'i'ieiice de 0.18
dans la partie intérieure, di' O.'id au milieu, de O.ô'i à la partie la plus
renllée. L'embmichurc a ().() di; diainéti'e.
J'ai aussi entendu dire ([ue l'aimée dernière, eu d(''molissant Téglisc» de
Saint-Laurent-en-Cau\. on avait reneonln'- dans le clucher des pots destinés
à répercuter le son. J'ignore à quelle épo(]ue cette praliciue s"esf introduite
dans nos églises de Normandie; mais, pour mon compte, je ne me souviens
pas de lavoir observée avant li' wi" et le wii' siècle. Les vases de Mouti-
\illiers, par exemple, sont assurément de celte dernièi'e époque.
En attendant le complément de renquéle que vous avez ouverte sin- cette
intéressante matière, \euillez agn'cr ces quelques faits que je suis heureux
de vous offrir et (jue je regrette de n'avoir pas adressés au Comité.
Veuillez me croire en même temps votre très-dévoué servileui'.
i;aiiiii; eue m: t.
Dieppe, lo li janvier Islii.
DON DE M. L1-: UlC DE LL'^NES.
On lisait dans le « Moniteur » du mois de décembre 1S()2 :
» La Bibliothèque impériale a é'té" autorisée, par un décret rendu sur la
propo-sition du ministre d'l:tat. le 30 novembre J8G'2. à accepter le don (|ue
M. le duc de Luynes lui a l'ait de ses magnifiques collections.
« Les collections de M. le duc de Luynes se composent de (j.89o médailles.
373 camées, pierres gravées et cylindres. 188 bijoux eu or. 39 statuettes de
bronze, ko armures et armes antiques, 85 vases étrusques et grecs; d'un
grand nombre de monuments de diverse natui'e; d'une sujx'rbe tète de statue
romaine en bronze; enfm d'un admirable torse de Vénus en marbre grec.
I. Le monde savant appréciera la haute importance de cette patriotique
donation. Formée par M. le duc de Luynes avec ce goût éclairé fjui n'admet
que des monuments de choix, exceptionnels par leur beauté ou par leur
intérêt scientifique, cette collection est depuis longtem|}s célèbre. Le membre
35(3 A\.\ALES AliCUKOl.OO KJLKS.
émineiit de rAcadi'iiiie des insciiplioiis cl helles-lettros. dniit les tra\.iii\ nul
ouvert des xoies iKnivelles à la |)llil(ll^^ie (irii'iilale. aiujiiel on doit la leclure
de rinseription du sarenphag'e du l'oi de Sidon l'isuiunnazar. la elassilii-atioii
des séries moiiélaircs de la Pliéiiicic et des Satrapies, jus(iu'alors incertaine,
la découverte d'une numismatique de l'île de Chypre entièrement ignorée,
pouvait seul réunir cet ensemble uni([ue de médailles à légendes phéniciennes
et c;(pri()tes. de cylindres, de cônes et de pierres gravées de l'Asie. C'est au
savani ([ui. poursuivant ses ri'condes recherches sui- les aris de la Grèce, a le
premier l'ait connaih-e les noms des grands arlistes graveurs des médaillons
do Syracuse, que la Bibliothèque sera redevable de ces séries sans rivales de
monnaies des rois grecs, des villes helli''niques. ûo la Sicile et de l'Italie.
l>e cabinet des médailles s'enrichira en même temps de ces vases d'élite, de
ces camées inestimables, de ces l'ares et pn'cieux bronzes (jui domieiit à la
collection de Luynes le premier rang après les gi-andes collections publi(iues
(1(^ l'Iùu'ope.
«1 Tant d'ieuvres d'art, tant de travaux archéologiques et historiques ont
i'ti'> entrepris et achevés sous les gé'iiéreux auspices de M. le duc de Luynes,
(ju'mie telle libéralité ne surprendra jiersonne. Bientôt, selon le désir du
donateur, et dès (|ue les grands travaux enirepj'is à la l>ibliuthè(jue le
permettront . le puljlic entrera en possession de ce nouveau musée . ((ui
vi(Midra se placei'. dans le dé|)artemeid des médailles et anti(|(ies. à côté
des trésors qu'un autre savant illustre, le comte de Caylus, donnait, il y a
un siècle, à ce grand établissement par un de ses actes dont la munificence
devait être encore dépassée. »
l)ECOU\t;RTE Dt: PF.INÏLIiES ET DE SCL LI'TL: HES.
On lisait, dans u l'Alsacien » du mois de novembi'e 1802. la lettre suivante
([ue lui adressait M. l'abbé Cuerl)er :
(1 Monsieur le rédacteur.
« Permettez -moi de recourir à l'obligeance de \os colonnes poiu' porter
aux amateurs d'antiquités une nouvelle (jui ne peut man(|uer de les intéresser
vivement.
" Des travaux de débadigeonnage et de restauration sont exécutés en ce
\iK i.A\i;i;s i;r \<»i vkli,i:s. ?,:û
moment dans la nia,i;in'lii|iii:; l'i^'lisc S.iint-l'ii'ri'<' cl Sainl-l'aul. ;i \\ issiMulKHii'g'.
A la suite d'ini rap|i(ii't l'ait à la commission arcliénlii^iiiin' (r\lsaci'. dans sa
séance du k novembre ilci'nirr. jiar M. le cui'i' de Sainl-Cii'ui'gi's de ILigiieiiau.
sur les peintures mui'alcs (ir'riHiV(Mies ii roeeasion de ces li'avaiiv dans les
deux chapelles ahsid.dcs di' celle éj;lise. une counnissiDU. coinpo^i'c de
MM. de Schauenbur.n'. de Morlcl . <liieii)er. Moi-in. Klol/. ci Slrauh, l'nl
nommée pour aller vérifier sur place la natui'e, ["('lai de conservaliDii et le
véritable mérite arcliéolon;ique de ces peintiu'es murales. Ces messieurs se
rendirent à Wissembuiu'i;' le IS novemlire dei'nicr. et cxamiiièreul avec le
plus grand (K'tail ces inlé'ressanis restes de peintures, dnnl piusicui's
paraissent remonter au \iii" siècle.
Il Ils V(int rendre com|)te à MM. leurs (•ollègues d(> ce (|u'ils oui \u.
» A cette première découvci'le il Tant en ajouter inie secmide. ipii cducerue
la statuaire, et que les amateui's d'archéologie ira|)preiidront pas a\ec moin>
de plaisir.
» Une lettre que j'ai recui'. le 22 courant, de M. le cuii' de \\ i->eiii|)oin'g.
la donne en ces termes :
(1 Hier, en travaillant dans noire église, nous avons liïiuvé' quatre belles
<i statues, formant la maçonnci'ie de l'autel de la Vierge, placé ;i droite de la
<i porte d'entrée, du côté du presbytère. Ces slalues l'cpri'senleiil l'inie la
<( saJnte Vierge ; la deuxième, saini Picri-e; la Iroisièine, le rui Dagobert,
« tenant, en sa ([ualité de l'iindaleur de rabl)aye, l'église abl)aliale dans ses
« mains et ayant appendue à sa ceinture ime bourse gonlli'e ; la (lualriènie
« statue représente un chevalier portant sur sou habit et sui- son (''cusmiu
« la croix du croisé.
« Ces statues appartiennent ('\ ideniment à une époque où i'arl gotihcpie é'tait
i< à son apogée, et ra|)pellent par leiu' gracieuselé' cl lein- agencement les
Il deux statues placées au portail siul de la calinVIrale de Sli'asboiu'g . el
<i créées par le ciseau de la lille d'Krwin.
Il Je dois pourtant ajouter, à mon Irès-graud regrel. (pie le marteau de !).">
Il les a décapitées.
Il Veuillez en faire pari à MM. les archéologues de Slrasboiu'g.
Il Toute la population de Wissembourg, sans distinction de culte, prend le
« plus touchant intérêt à la reslauralion de noire église, n
Il J'ai pensé. Monsieur le Rédacteur. (|u'au moment où M. le professeur
Straub vient d'appeler l'altention du public sur les peiuliues murales décou-
vertes dans la belle église de Wissembourg, pai' lui arlicle du plus grand
intérêt (|u'il vient de publier dans la « l\evue catholicpie de l'Alsace » . la
xxii. liH
358 ANNALES MlCIl EOLUCKjL'ES.
iiniivelle (riiiie seconde di''Couverte faite dans la même é.2,'lise serait accueillie
avec empressement, et par MM. les membres de la Soci(Mé archéologique
d'Alsace, qui s'occupent avec une si vive sollicitude de nos monuments , et
suiiout par le clergé de notre pays.
<i Veuillez recevoir. Monsieur le I^'dacteur, l'assurance des sentiments
respectueux de votre dévoué servilenr.
« GUERBER.
AunKJiuer des prisons tivile-s
Slra>ljour.;. 2.") nuvemlire ISG! .,.
VITRAUX DU GRAND-ANDELY.
V(.)ici les deux planclies (|ui n'ont pu être prêtes pour la j.irécédente
livraison.
La première nous dlTre. en six sujets, la <i Gloi'itlcation de la sainte Vierge:
Annonciation. Visitation, l-'uite en Mgypte, Assomption. Bénédictii.ui par les
personnes divines, Miracle de Théophile.»
Au moyen âge. les divers sujets qui composent un vit)-ail s'ordonnent de bas
en haut et de gauche à droite. La renaissance, qui se se: ait cru déshonorée si
elle avait accepté un l'ait ou une idée du moyen âge, dispose oi'dinairement les
sujets en sens contraire, de haut en bas. mais de gauche adroite cependant,
comme les lignes d'un livre, hiconséquente avec elle-même, comme il lui
arrive fréquemiiient, on la voit quelcpiefois n'adopter aucun ordre et briser la
régie qu'elle semblait s'être tracée. Ainsi le vitrail du Grand-Andely offre
l'Annoncialinn (Ml bas et à gauche, comme l'aurait fait le xiiT siècle. Mais,
immédiatement, il monte en haut, à gauche, pour y placer la Visitation; de
là à droite, en haut, pour la Fuite; puis, il redescend en bas, au centre, pour
oll'rir l'Assomption, qui se continue en haut et au centre par la présence des
personnes divines. Enhn, en bas, adroite, la légende de Théophile. C'est un
véritable désordre. On ne voit que deux personnes divines, le Père et le Fils,
au lieu de trois. Le Saint-Esprit est absent : peut-être a-t-il été cassé, peut-être
aussi (la renaissance et même le moyen âge malheureusement en olTrent
de nombreux exemples) le peintre verrier l'a-t-il supprimi'^ comme inutile.
A l'Annonciation, la vierge Marie est agenouillé^.' sm- un coussin, pour la
prière, et se retourne pom' regarder l'archange (iabriel (jui la salue. On est
dans la chanibre à coucher de la sainte Vierge et non dans son oratoire pro-
■G:!:.Lœi:B':îc^.^nûn :de JjA Yii^jm^a ;wfâ:a:ra;
■ ■ " >'Jùf.-iuinfJJÙ/no.
^-,/r, ,;ii-. (,.Wi..'i.- iânif
■MÏ-KAJJL 1)1: :L^im J'cî4'0)
AU GIIAXli - ANDKl.Y ( E'Ji^r: )
t /•iir-Jhi/mii ^ 2ii nn- ^'"7 Pt-tiii/ii'/fii- -if ('"'"/'•i'
. -^«//ïw^ /'..'- //.'.///./ X.: .'-«// ./, /•■ /;v//7>A-
MKi.\N(ii;s Kl Noi:vKi,ij;s. 3.)y
proiiioiit (lit. ni sous iiii porliquo coiuiiio l'Italie aiiiir ;i lij;-iirer cette scène, ni à
la porte de riiabitation comme les liy/.antins se plais(>nl ;i la l'cpn'senler. Sur
un petit meuble, une commoile, une arnioii'e ha-sc. à rani;li' droit. I(> |)eintre
(r.\n(lelya placé un jietit encrier. A r.\nnoncia(ion. la \icrge, chez les lîyzan-
lins. file au fuseau ; chez les anciens Italiens, elle |)rie mentaleinent ; ici. dans
le vitrail dWndely, elle prie dans un livre d'Heures tout f;rand ouxert. On est
dans le siècle de la lecture cl de rim|)rimei-ie : un livre, ([ui n'est peut-être
plus ini manuscrit, et mi enci'ier [lour li\er les d/'penses du ménage. Au-des-
sus do la tète de Marie, le .Saint-Esprit, en colombe, insciat dans uni' auré'olo
nvale (Hii ressemble beaucoup trop h un |)lal di' cuisine. L'archange (laliriel
est debout, conmio l'ont l'ait les Byzantins; il est légin-ement incliiK'. mais non
agenouillé comme les Italiens des xV et wi" siècles aiuKînt à le représi'uli'r.
Son nimbe est en pei'spective, en l'orme df coitRu-i' plati' et ovale.
A la Visitation, aucun niniLie. soit à la \ierge, soit à sainte j'iiisabeth. Ces
deux bonnes fenniies so tiennent à bras le corps avec assez peu de noblos-^e.
A la l'uite en Kgypte, nimbe ni à .loscph. ni à la Viorge. ni même à Trufant
Jésus. La renaissance parait protester conti-i' cet allribut t\uc le moven agi'
alTectionnait et que les archéologues li'ou\enl hvs-commode puui' baptiseï' mi
certain nombi'e de personnages.
A l'Assomption, la Vierge est enleM'e pai' (|ualri' petits anges |)lus ou moins
habilli's et qui sont tro]) jeunes pour cette fonction. Les anges n'ont pas de
nimbe, bien entendu, mais la Viei'ge a gardé le sien qui i-esseml:)le à mi
plateau gravé d'ornements. Marie est appuyée contre le soleil dont les rayons,
alternativement di'oits et flamboyants, paraissent s'échapper de ses épaules.
La lune, aujom'd'hui dis|)arue . devait briller sous ses |)ieds. La ligure de
Marie, cassée en |)liisieurs morceauN. ne manf|ue pas de grâce, grâce airectée
et fort diiïérente de la noblesse de la Vierge peinte sur le mm- occidental de
Saint-Laurent hors les murs, publii'e plus haul. mais grâce délicate, attrayante
et jeune.
La Trinité des dcu.r personnes. (|iii domine cette Assomplion, esl bien
mutilée; mais les tètes sont intactes et bien dessijié'es.
La légende ou le Miracle de Théophile, comme on ra]ipelle. est iMdeni-
ment le sujet le plus important du vitrail. C'est déjà un fait consiili''ral)le (|ui'
d'avoir, en 15i0, figuré une scène qu'on ne représentait plus aloi-s; mais il e>l
plus étonnant encore qu'on lui ait attribué une place double connue à l'An-
nonciation. Il semble que cette légende aurait eu un dévelo|)pement sulïisant
dans l'un des lobi>s (|m' contient la \ isilation ou la l''uite. Lu noirs servant du
langage modei-iie. nous dirion- i|ue ce sujet méi-itail un tableau de geiu'e.
c
:56n A^NALF.S MiClIKOl.OOlOlKS.
niai< nnii p.m un lahlcaii d'hisldii'o. Du pourrait supposor. sans so ti'onippi
pi^ul-iMi-c. que les Auddys de celte ('p()(|ue avaient un ainoui' excessif de 1 ar-
gi'nt l't (jue leui's habitants n'auraient pas hésité à vendre leur àme au (lial)l
piiur eu avoir à soidiait. C'est pour les détourner de ce crime qu'on aurait
r('|in'>enlé ici la li'giMulr de Théophile. A Rouen, grande ville de commerce
el d'industrie, déjà au wT' siècle, celle légende aurait Irouvéson application
plus justifiée; mais les Andelys avaient peut-être alors une importance indus-
trirllo et commerciale (|u'ils ont perdin' depuis.
Théophile était le grand-vicaire, le vidame d'un évêcpie qui le destitua
injustement. S'il a vendu son âme pour avoir de l'argent, c'était pour que cet
argent lui servît à. l'ccouquérir ses places, ses dignité's. sa puissance et pour
confondi'e ses ennemis. Tliéophile était un ambitieux, mais non pas une àme
vile et chei'chaut à se |)rocurer de l'argent pour satisfaire des passions hon-
teuses, la gourmandise ou la luxui'e. .le regi'elte alors qu'on ait figuré sous la
l'oi'uie d un pourceau ou sangliei' femelle le diable auquel il vend son àme. La
renaissance elle-même s'y est quel(|uefois mieux entendue que cela. Sui- mie
la|)issei'ie de la Chaise-Dieu, qui (hite également du xvi" siècle, le diable qui
apparaît à Notrc-Seigneur. pour le tenter par Tambilion et même par la faim,
a la l'orme d'im docleiu' en Sorbonne. à figure humaine d'une grande finesse.
C'est un ergoteur i|iu' cherche à mettre Jésus-Clu'ist (t (/iiia. Et cependant il
échoue en olTrant au Sauveur les royaumes de la terre, après avoir irrité sa
faim de quarante jours eu lui disant de changer en pain les pierres du désert,
lei. |)our Théopliile. il n'est pas même question de faim ; l'ambition seule est
enjeu. A la place du peintre d'Andely, j'aurais figuré un diable sous la forme
d'un [H'ince riche, puissant, luxueusement habillé et non sous celle d'un pour-
ceau à mamelle pendante, à groin de la plus forte saillie. Il est vrai que cet
arliste a voulu faiiv le diable laid et. il a si bien réussi, (pie l'enfant Jésus lui-
mi''me en a |)eur. se détourne avec etfroi et se jette sur le sein de sa mère
ciiinme pour s'y réfugier. Du moins, pour l'ambitieux Théophile. Marie est en
ri'ine, coilïé'c d'une couronne et velue de riches habits. Le vidame de l'évêque
d' \daiia voit donc (|iie, s'il perd la protection intéressée et redoutable d'un
pourceau femelle, il va regagner celle d'une souveraine toute puissante.
Marie passe, à bon droit, pour un chef-d'œuvre de la renaissance: sa
figure, fort bien modelée, est pleine d'intelligence et de douceur; elle regarde
Théophile en souriant et en lui déclarant qu'elle a forcé le diable à lui rendre
le contrat où le vindicatif et ambitieux vidame avait écrit et signé la vente de
son àme. En elfet, Satan tient avec les grilles de sa patte droite la tablette à
sommet arrondi oii le contrat est libi'lh'' tout au long et. cette tablette, il la
MKLANCKS KT NOTVF.LI.KS. ofil
présente à Marie qui la rocL-inaiidi-. Dii'ii iiu' i;anl(' (>l l'art aussi di' dire aunui
mal de cetle figure de \ ierge. uiais j(,' pr('t'èr(,' euc<)r(> eellc di' Saint-[.aurenl
hors les murs et toutes C('ll(>s (\[U' le vi'ai moyiMi âge U(his a laites.
l^a secoude planche, qui est gravée siu' bois. ollVi! uu sujet airssi rare (jne
curieux. Saint Pierre, assis sur un Irône. sous un dais de l'orme eoni(|ur. ]>ort('
de la main droite la grande ciel' ([ui lunii' ot l'ermo le ciel; de la gauch(\ il
lient la croix à triples branches. (|ui iiidi(|U(\ connue sa tiare à trois cou-
ronnes, sa triple |)uissance. Il est rev(Mu d'une chape fort riche, à large fer-
moir historié; sa lète, outre la tiare pontihcale. est ornéi' du nimbe' de la sain-
teté. Saint Pierre est dans tout l'éclat de sa puissance. C'est (|u'eu ell'et le
peintre a figuré son sacre cl ce sacre, c'est le Sauveur en perMiime (|ui le
confère à son premier vicaire. On semble arri\é à ci'tti' partie de la ci''réinonie
ou le consécrateur divin pose lui-même la tiare sui' la tète de son re])iv-
sentant. Dans son travail d'ensemble sur les \itrau\ du (irand-AiideK . nuiu
neveu a remarqué avec raison ([uele Sauveui' avait deux nimbes: l'un vertical
et dentelé sur le bord; l'autre hurizontal en perspective et oi'ué' d un (|ualre-
feuille au centre, affectant la forme d'une croix. Cette su|)erposition de deux
nimbes est bien étrange et. si Fou ne peut l'attribuer à une maladroite restau-
ration, c'est un exemple unique et d'un symbolisme des plus i)izarres. Mal-
heiu'eusement ce vitrail est bien bouleversé : de la figure de saint Pierre, on
ne voit plus que l'o^-il droit et une partie de la joue gauche ; un gland ange
qui assiste à la cérémonie n'a plus d'intact (pie la tète et les mains; fini des
petits anges enfants-de-ca;'ur. rpii porte le rituel des céré-monies de la con-
sécration, a les mains séparées du corps. Malgré cet état malheureux d(> mu-
tilation, nous tenons ce fragment di' verrière pnur l'un des plus inli'ressants
du (iraml-Andely dont tous les vitraux sont extrêmement curieux.
jiIlitiON \ iNi:.
SOCIKTE tr.VUL.NDliL.
En 18G1, cette Société a donné à ses souscripteurs les chromolithographies
suivantes :
1° I>v cnriE d'Adam, peinte ii fres(pie dans la chapelle Brancacci du i, (lar-
mine ». à l-"lorence. probablement par l''ilip|)ino Lippi. L'arbre de la chute est
362 ANNALES VRCIIÉOLOG lOUES.
un rirant;'or cl le sei'pent de la lentalioii un serpent réel, mais dont la tète est
celle (ï'wnc ji'niic llllc.
"2° L'iAi'i i.sn)\ nu par vdis terrestre, pai- Masaccio . dans la même cha-
pelle. J.'angc ([ni chasse Adam et Eve est rouge d'aile et de robe, manière
d'exprimer le Hamboiement. mais son épée est en acier et toute droite.
■">" L'm'.gent du truut, par >hisaccio, dans la même chapelle. (Irande
planche d(> 70 centimètres de long, contenant dix-sept personnages en pied.
Le nimbe de .lésus-Christ est sans croi.v et en lornie de large coilTni'c plate,
ciinniie ci'lni des apôtres.
/l° et ô" Tûtes, gi'andeur de la peinture originale, de l''^ Argent du Tri-
but »: tète d'mi apnti-e, de saint \ndrè probablement, et lète d'un collecteur
d'impôts.
O'ctT" S\iNT Pierre donnant le baptême et S\int Pierre prêchant, pai-
Masolino, peintm-eà fresque de la même cha|)elle Brancacci du Carminé. Au
baptême, il n'y a que des hommes; à la ])rèdication. assistent une religieuse
et deux moines dont un dominicain qui doit être un portrait.
En ISC^, la Société donne à ses sousci-ipleurs :
1° S\i\T IvriENNE. en diacre, distribuant des aumônes. Suiti' de la s(''rie
des l'res(|nes peint(\s. ])ar l'ra Angelico. dans la chapelle de Nicolas Van Vati-
can. La lY'producliDii est en gravure sur métal, non en chomolithographie
comme toutes le< planches précédentes. Ces figures d'hommes et de femmes
pauvres, aux(juels le premier martyr fait l'auinônc. sont de la plus rare élé-
gance et d'une expression pleine d'intelligence et de distinction.
•2" S VINT Pierre et saint .Tevn guérissant le paralytique et saint Pierre res-
suscitant l'i'Irdnille. par Masnlino. fresque de la chapelle Brancacci du Car-
mine de l'iorence. Grande chomolithographie de 70 centimèti'es de longueur.
On est dans la rue d'une ville italienne, de l'iorence sans doute. Les maisons
ne sont perci'es (jue d'étroites et rares ouvertures au rez-de-chaussée; mais
au second et au troisième étages les ouvertui-es sont larges, nombreuses et cin-
trées; des draperies de ménage y pendent, el sur les traverses en bois ou les
corniches se promènent de petits animaux domesti([ue.- . mais enchaînés, im
singe entre autres. On y surprend une |)artie des mo'urs llorentines (hi
XV" siècle.
3° Tète de saint Pierre, grandeur de l'original, dans la résurrection de
Pétronille. La figure est ronde, la barbe et les cheveux abondants, courts
et presque blancs.
k° et 5° Saint Pale visitant saint Pierre en prison. Saint Pierre délivré
de prison. i)ar l'ilippino Lippi. dans la chapelle Brancacci. Saint Pierre est
.\IK1.\\(.KS Ki .\()I \ Kl.LKS. 363
blanc, à tisurp ronde; siiiiil l'anl rst l)run. à lii;-iiro lonn-nc. l/;nige ([ui dé-
livre saint l'ierre c>t iiii'' de ces hrlks - ciVMturcs .. coiiinir Daiilc les appelle.
(|iii sDiil Imiles blanclies de viMcnifiils et jileiiK^s d'iinr iiilelli};-ence céleste.
G" TiVn; I1I-: saint P.m i. visilanl saint l'ierre. (iraiidrni- de r()ri,ij;iiial.
Kii dehors d<^ ces planchi's qui appartiennent à ses sonseriplenrs. la Sd-
ciélé a publii' à prix, réduit ponr cn\ d à prix fui-t pour ks antres:
■1" La Madonk 01 sac. peinte par Vndi-i'del Sarld.dans \r cl, titre di' ri'"Tlise
de r.Vnnunziatci, à l''lorence. Krescine dunl la ei'h'bi'iti' est inmicnsc ri. ;i notre
avis. snp(''rienre à son mérite. Ce n'est xéritablenient plus de l'art chrétien.
Elle est datée de 1525.
'2" I.'i;\sk\ki.is.semi;nt ni- svixir: C.kcu.I':, peinlc à IVes(|ne par l'"rancesci)
l-'rancia. dans l'église Sainte-(',('cile <le Bologne. Une des belles pages de ce
peintre il peine connu en Krance et (|ne l'on a pn. en maintes circonstances,
confondre avec Raphai'l. Cette chronidiithograpliie, large de 5.") l'enliniétres et
liante de 51. cumjirend douze personnages en pied et nn ange qm' cnipoi-te
an ciel la petite âme de la jeune sainte. Cet ensevelissement. pi'i''>idi' |)ai- un
pape, à l'entrée d'un paysage si'vére. produit une impres.-ion pnil'und..'. i-'i-ancia
est un bien plus grand peintre que Masolino. l'ilippino l,ippi e| Masaccio.
Même ici on est très-près du grand Raphaël.
o° Ai.PiiAïu-rr de lettres capitales et historiées, tirées (\c^ li\ res de- chœur
italiens des \v"el wi" siècles. Ces letli'cs. gravées sni- métal, sont précédées
d'une lettre coloriée et dorée. Ce riche alphabet de vingt-(]uali-i' grandes plan-
ches est tiré des manuscrits des bililiothè([ues coninuniales. eccl(''siasli(nies
ou conventuelles de Sienne et de Florence. Rien di' plus niile |)onr l'é^inde de
l'ornementation et de plus attrayant pour l'iconographie, car clia(|ue lettre
contient un sujet quelquefois fort développé, connue la lelliv |). pai- l'xemple.
oii est inscrite l'entrée triomphale de Ji5sus-Christ à Ji'i-usalem.
Ci'est avec ces belles |)lauches que la société d' Vrundel a di'jà gagni' en-
\irou (|uinze cents sonsci'ipteurs et que nons-mé'me . aux sonscri|itein's déjà
inscrits dans les « Annales », nous pouvons encore ajonlei- les sui\ants :
-M. le comte L. Clément de Ris. attaché aux musi'es du Louvre;
M. L. Curmer. éditeur à Paris;
M. llangard-'NLuigé. imprimeur de chi'omolithograpiiies ;i l*ari>;
\L h'.mile Thibaud. peintre-veri-i(.'i' à Clennont-r'errand ;
M. l'abbé Barnouin. ù Nîmes;
.M. A. de Cabrières. à Nîmes ;
^L Riggenbach, architecte de la cathédrale à R;\le (Suisse) ;
M. I'. Cuypers, architecte à Ruremonde (Hollande).
56/, Ai\NALES AHCllEOLUGigiJES.
COSTUMES UU XVIII'^ SIECLE.
Sous ce titre. Douze c.ostl mes d'Italie, d'ai'iîès les peintlues faites
l'AK BvKBALLT, A RoME. E.N 1750, M. Léoii Gaucherel, notre ami et colla-
borateur, vient de publier douze petites eaux-fortes pleines de transparence,
(le fraîcheur et de finesse. C'est de 1750 et. par consé(|uent , d'une époque
((ui n'est pas la nuire. Mais, ce qui nous appartient et ce que les souscripteurs
des " Annales Archéologiciues » savent apiirécier hautement, c'est l'élégance,
la, vie. la variété qui caractérisent la pointe et le burin de notre ami.
Ces costumes divers sont portés par six hommes et six fennncs.
I>es hommes représentent un gentilhomme de la chambre du Pa|)e. un
chevau-léger de la garde du Pape, un cent-suissc de la môme garde, le co-
cher du Pape, un chasseur romain et le Pi)lichinelle napolitain. — Les femmes
nous olIVentune dame romaine dans son liabil h la dra.n'onnc. une fille romaine
dotée, une dame vénitienne, une Xettunoiso allant au inarché, une paysanne
des environs de Piome. une paysanne de Prascati. — Un frontispice gravé,
que dominent Saint-Pierre de Piome et les rives du Til)re, relie par des guir-
landes de roses ces douze charmantes gravures.
Assurément nous aimerions mieux (juc M. fiaucherel employât son temps,
même son loisir, à graver les |)lanclies s('vères des «Annales»; mais, en pré-
sence de ces jolies fut il il é'S(|ui exercent la verve et qui eiiliviieiment la main, il ne
faut pas tenir rigueur pas plus qu'on in' dnil bouder devant un dessert poétique
après un succulent et solide repas. Bonne chance donc à ce charmant album
composé de treize planches sur chine, qui seront un jour extrêmement recher-
chées et si^ vendront le prix élevé (|u'atleignent aujom-d'hui les gimures de
choix. Kn ce moment, cet album de treize gravures, renfermées daire un carton,
est de :20 tVancs seulenient.
MOZAKT A SAINT-EUSTACHE DE 1\VI\1S.
I.e 'J mars 18G3. on exécutait, dans l'église de Saint-Eustache, le « Re-
quiem » de IMozart. sous la direction de M. Pasdeloup et à l'intention de
Wilhem, fondateur de l'enseignement du chant dans les écoles de la ville
de Paris. Un auditoire nombreux, dont je faisais partie, assistait à cette ce-
\ii:i. \\(.i> 1,1 \()i \ i;i,i.i;s. mo
n'iiiDiiii'. Tiiiil ("11 ('■(■iiiilaiil r(i'ii\r(i siihlinn' du i;r;iiiil iiiailic. ma |)cii-i''(' so
repdiiait sur ci'liii-ci d je hk; disais: (|iii sait si Mu/.arl n'csl pas vimui m pcr-
sôiiiii'. dans ci'lli' i'i;iis('. assisici' à une (■r'ri''iniuiii' aiiai(i,^iii'. mais (|iii pdiir lui
irt'lail (iiii' trop n'i'llcmcnl Irisle et arilii;("aiil('. je \cii\ paiii'i' de rriilcrri'iiinil
de sa mère.' \ oici à ce siijel (|ur|qu('s i-oiiscii;iiemi'nls (jiii ih> peiivcnl maii-
C|ii('r (TiDli'ivl ciimme lnnl ce (pii (■(incei'in' ce f^-raiid ^•éiiic. An mois de jiiiilcl
di' I aimi'e I 77(S. Md/.aii sf Iroiivait à l'ai'is avec sa mère; tous deux liahi-
lai(Mil l'hôtel des nuali-e-lils- Aymon. rue du (Irns-dlieiiet. vis-;i-\is celle du
Croissant. CiCttc^ adresse est donni'c par Mo/arl hn-mi''me. an ha- d'mii; Idlre
où il apprend à un ami. dans des termes louclianl^. la mort de sa mère. La
lettre est bien comme; mais voici une pièce (|ni Test moins et (|ne je crois
inédite: c'est l'acte de {h''{:('.s de la mère de Mozai'l . tel (pie je l'ai in dans mi
re.içistre des actes d(> décès do la pai'oisse Saint-Kustaclie, consei'\é aux ai-
cliives ÛQ^ actes de l'état civil :
" Ledit jour ('i jniili'l I77S). Mai-ie- \nne l'erll. ài;i''e de ."iS ans. fenii le
Li'opold Mozart. mailri> de chapelle di' Salshom'i; en IJavière. di'C('d('e Ihei'
rue du (iros-Cilieiiel. a été' ininnnée au cimetière, en pré'sence de \\ oli'^and-
Amadé Mozart, son (ils. el de |-'rancois lleina.. trompette di':^ ciie\au\-li'',L;,ers
de la garde du Roi, ami.
" MozAr.r. \\\a\ \. Ir.issox. »
Oii était ce cimetière dont il e-l ici (|nesliiin'.' .le ri,i;noi'i'. A celle' (■•po(|ni\
les paroissiens de .Saint-I'lustache (|ni n'i'laient pas descendus dans k'scaveanx
de l'église étaient, dit-on. enlern's airx Lmocenis ou ;i Saint-.iosepii on dans
im cimetière hors la porle Monlmarli'e. Le cimelièi'e iJi' Sainl-.l(.>sepii . au-
trement dit. de .Saint-Lustachi.'. aliénant à une petite é'L^iise (|ni sei'\ail d(_î
.succursale, était situé tout près de la demeure de _\L)zart. 11 est alors probable
que c'est là que l'ut enterrée sa mère, et (|ue le service bien modeste sans
doute, car la l'amille avait pi.'U (le ressoui'ci's. eut lieu dans l'église de Saiiil-
.loseph ; mais ce n'est de ma paii (ju'nne coiijeclin'c. L'i'glise de Sainl-.losepli
a été détruite ; son emplacement, ainsi (pie celui du cim(_'fi(''re. est occnpi' de-
|)uis longtem])s |)ar un marché (jui porte le mi''me nom. Lne grande illu-lralion
i'rançaise. Moli(''re. axait (''t('' inhumé dans ce cimeli(''re où sans doiih.' reposa.
plus tard et pour (in('l([ues années seulement, la iiK're du grand .Mozart.
Ji;i.(i:n IU liA.Mi.
xm:. kl
BIBLIOGRAPHIE
D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE
2Xij. AIJJEZ. — llisTomu (lu nioïKisIèri' de Lrrin>, par l'ablii' Ali.ii;z, cliiinoinc honoraire do
Tréjus. Deux vohuiies i^raud in-!S", de i'.Ki et, 'M'.l page?. — l'reuiier volume : Histoii-e du uio-
nastère de Lérins, depuis sa Ibiidation (375; jus(pi'au vin'- siéele; étude des leltres à Lériiis;
éelairci-semeiUs et détails sur les docleurs, Ihéoldgiens et les saints qui ont illustré Lérins;
leurs reli{|ues et leurs létes. — Deuxième \i)luaie : Suile île l'iiisloire du monasté'nî de Lérins
(771-I78>;; Cluu'lenia.mie et la civilisation, ordres reli:^ieu\, aU'aiblisseinent de l'autorité impé-
riale, malheurs de la l'rovence, Lérins restauré, donations nombreuses faites ii Lérins, les papes
à Avignon, souverains de la Provence, abbés eonnuemlataires de Lérins, k" monastère engage
dans les luttes civiles, union de Lérins à la congrégation di' Clunv, désastres, sécularisation et
suppression de l'abbaye en 1788. — L'ouvrage complet I.'i fr.
280. Archives historiques du département de la (iii'onde. 11 s'est formé en 185',!, à Bordeaux,
une Société des archives historiques du déjiartement de la Gironde, pour publier le plus grand
nombre possible de documents inédits relatifs à l'histoire des anciennes pro\inces qui ont con-
tribué il former le dép.ii'teuient actuel. Trois volumes in-4", de plus de .'JOO pages chacun, ont
déjà été publiés; ils contiennent des docmiients (]ui remontent au delii du x'' siècle, et arrivent
jusqu'il repo(|iH> actuelle. Il serait tro|i long de donner même un aperçu des innombrables
pièces ipii remplissent ces trois volumes, et (pu. pour le prenner, s'élèvent au nombre de '202.
Nous dii'ons seuh.Muent (pi'elles sont de toute ruiture, qu'elles louchent il l'archéologie et il l'his-
toire, et oll'rent presque toutes un grand int('rèt. Quand il en est besoin, des planches et des
gravures sur bois les accompagnent. A la fin de cha(|ue \olume un bulletin bibliographique
lrès-coin|)lel donne le litre ( t l'iiiiportance (h^ tous les ouvrages et de tontes les gravures pu-
bliés sur le département, dans le dépai'tement, ou par (kw auteurs né'S dans le département.
Enfin deux tables, l'une chronologique des documents, l'autre par ordre aliihahétique de noms
et de matières, peiiiiettenl de trouver immédiatem''nt l'objet recherché. Nous souhaitons (]ue
le succès r('cinnpense les eiku'ts de la Société des archives historiques du département de la
(iironde, et la melte il même de continuer sa belk> et utile publication. Chacun de ces volumes
imprime sur lieau papier \ergi'' 12 fr.
287. BAt:ill-:Lin' et DLZUlUiV. — DicTioNNAiiii- général des lettres, des beaux-aris et d(>s
sciences morales et politiques, comprenant : I" pour les lettres, la linguisti(]ue, la rhétoriipK^,
la poétique et la versification, la critique, la théorie et l'histoire des ditlérents genres de litlé-
i!ii!i,i()(;ii \iMiii; D'AiiT i;t d'miciu'oi.ocik. i'wû
raliuTS. 1 liisliiiro des lillcr.ilurcs iuicicnnor; et niiiilrnios, îles îinlict's iiiKiIylii|UOs tiiir l(S irraiidcs
œllv^p^ litli'niiro>, h piili-o^'rnpliio et In (liploiiiati(|ii('; 2" pour li's l)('au\-ai-l~. les con-ilniclidiis
('ivilos. n>lii;ieiiS(S. li\(hMuli(|U('s. iiiililai]-o> cl iiavali's: l.i ^ciiliiliin», la poiiiluir. I.i niu<iqui-.
In gravure avec Jour liisloifi'; In miniismaliqui", le (li':;>ln, la litliop;rapliii\ la plii)loj.'rnpliii'. la
(li'sci-ip(i(m (les nioiiiniii'iiis fatiicux, les divers aru eljoiix: .'i" pnur les sciences morales et
polili(]iies. la pliilosDpIiie, la p-ycli(iIo.ï;ie, la loyiqiu-, la iiinrale. In iiiélnpliysiiiue. In Ihéddicée,
I liisloii-e des systèmes pliil(is(i|)!ii(pies; l(>s religions, les ciilli>sel In lilmgiede Ions les pcniple-^:
In jurispnideiice, etc.: par MM. Tu. Ii\ciii;i.i;T. n^'rc.i;e de rL"iii\ersilé. profe.^ciir ii l'école îles
sciences et des lettres de Hinieii, et Cir. Dk/.ouuv, aiileiir de » Home nu siècle (r.\u^u>te ». et
une société de litléraleurs. Deux volumes urnml iii-8", de viii-.S(;0 et il'tS pni;es. — Ces deux
volumes brochés 25 IV.; relies. .'îl IV. 2;i c.
2.SS. 1!()LT(JX. — N()i;vi;ac trnit(' de l)!a.son, ou science des armoiries, mise ii l,i porlee des i;ens
du monde et des artistes, d'après le P. Ménèhier. d'ilozier, Sejjnins:, l'nlliol. etc., pnr Vic.Toii
lioiTO.N. peintre liéi-aldiipie cl paléographe. Iii-I2 d(> 4S2 [Wgi-s et de 'itid blasons. — .\\nnl-
]iropos. Livre premier : des métaux-, couleurs et foun-ures des nrmoii'ies, de la lijure et de l.i
division de l'écu. — Livre deuxième : des pièces honorables ordinaires, chef. fa.sc<'. pal.
bande, etc., de leurs ditlercnces, ûr^ moindres )iièces honorables. — l.i\re Iroisienu- : des
meubles des armoiries et des ornements extérieurs de l'ecn. — .\ppendice ; les support, lim-
bn-, couronnement, cimier, lambrequins, ilevi.ses et cris de guei'ie. orniMuents des dignilés,
origine des livrées, règles gé'ni'rnles di| blason. Table de- niai-ons et personnages inililes dont
les armoiries sont blasomu'>es dans cet ouvrage.
2S<). CARnERLR-V. — lioNociiiuiv esp.^nol.v Iconographie espagnole). Collpclioii do [lortrails,
statues, tombeaux et autres monuments inédils des rois, reines, capitaines, écrivains el pinson-
nages célèbres d'Kspagne du xr au Wii'- siècle, publici>, d'après les originaux, pardon \'m.i;\-
TIN C,\niii;r>i-;itA, peintre honoiaiic de la reine d'I'lspagne. et membre de l'.Vcadeniie rovale
de Saint-Ferdinand, avec un texte biographique et deseri|ilif par le même, en espagnol et en
français. — Livraisons J.S ,'i IS, composées cluun ne de 'i feiiillodi' texte cl de i planches in-hjlio.
Cet important ouvrage, exécuté avec le plus grami soin, coniiirendra deux volumes publiés on
2o livraisons ipii renfermeront, en une centaine de planches, de 110 à 130 personnages, avec
les plus intéressants monunienis de l'Kspagiie. l'iix de clrapie livraison 22 fr.
290. CÉN.\C-JIONC.VUT. — Dictionn viiu; gascon-français, dialecte du département <lu Gers,
suivi d'un abrégé de gi-amiuinre gasconne, par lacNAc.-.MoMiM t. correspondant du ministère
de l'instruction publiipie. In-S" de viii-l 44 pages :i fr. 50 e.
291. (;il.\.MPFLEUIÎ^ . — l»i: l,\ i.r rTiiiiAitr.i; |)opuhMi'e en l'rnnre. lieclierclies sur les origines
et les variations de la légende du '< lionhomme Misci-e ••, pnr (ni \Mi'i'i.i-.i iiv. In^" de -ii pages
sur papier verge 2 ir.
2Î12. ClLVMPl'LKUHV. — Li:.s Pkintui.s do la réalité sous Louis MIL Xouvelles recherches sur
la \ ie et l'onivre des frères Le Nain, par C.HA.Mi'i'i.ia'ltv. In-8" de n-l!ll pages. — l'rel'ace. De
l'idée fixe. Biographie. Manuscrit de dom Loleu relatif aux Le Xain. Jùitrée des frères Le Nain
à l'Académie. De quelques tableaux caractéristiipies. Portraits. Tableaux d'églises. Dessins. Le
Nain vis-à-vis do ses confrères et de ses (•ontemporains. .Musées nationaux et de iirovince,
contenant des œuvres de Le Xain. Le Nain a l'élrnnger. Ofiinions diverses sui- Le Nnin. (irn-
vures d'après Le Nnin. (Conclusion. — Notes : (Catalogue de l'anivre des Le Nain, tableaux
des Le Nain passés en ventes (lubliques. de I7'J3 à ISo.'î, tableaux religieux, [lorlraits, dessins,
catalogue des estaïufies d'a|irès Le Nain. — ^b)nograpllie com)ilèteet fort curieuse... . 10 fr.
:\M ANNAI.ES AIlCHKOl.OflIOLiKS.
i".i;t. illIAItïON'. — l.i^s ^■osGl;s pillorcsquos et historiques, par Cii. Ciiaiito\, aulour ilc l'uAii-
miiiirc stali^lii|ii(' des Vosires ).. In-I i de 40i |wi;es. — As|)ect généial des Vosaes, climat,
popiilalion. Épiiial. fondalioii do la ville, rorlificalions, édifiées publies, églises, anciennes
piisons, bililiulhéipie, musée, ]iersonna[;es célèbres, vieux usages et vieilles enseignes d'Épinal.
Al)liaye de (^liauniousey. Bruyères, ancien château, antiquités de Champ, Templiers de lirou-
\elieures. lianibervillers, clucliers et cloches, abbaye d'.Vutrey, Girniont, siège de Chàtel en
Ki'jl, église et coutuuies de (jigtiev, anliipiilés de llailhun illo, anciens usages. Église, pont et
Ibiitaine de (Charmes, ancien château de Savigny. Notre-Daine-de-la-Brosse, ancienne cliarte de
l'iinlenoy-lo-Cliàleau. Plombières, prieuré d'ilérival. Abbaye do Remiremont, entrée solennelle
des abbesses. le Saint-Jlont et ses monastères, etc.
291. r.OLLIX iiK PLANCV. — DicTioNNAinr: infernal, réperinire uiii\ersel des êtres, personnages,
livres, faits et choses qui tiennent aux esprits, aux démons, aux .sorciers, au commerce de
l'enfer, aux divinations, aux maléfices, ;i la cabale et aux autres sciences occultes, aux prodiges,
impostures, superslilions diverses et pronostics, aux faits actuels du spiritisme, et générale-
ment à toutes les fausses croyances merveilleuses, surprenanles, mystérieuses et surnaturelles,
l)ar J. CoLLiN DE I'lancy. Sixième édition, augmentée do 800 articles nouveaux, et illustrée
de 5;3() gravures. Un volume grand in-8", de vim-7 23 pages.
20o. GOSSELIX. — XoTicE descriptive et hisloriq\ie sur l'église Saint-Nicolas de Bray-sur-
Somme, [lar l'abbé J. Gosselin, cuié de Marquivillers, ancien vicaire de Saint-Nicolas de Bray.
In-H" de 08 pages. — Caractères généraux de l'architecture de l'église Saint-Nicolas, ameuble-
ment, sépultun's et (lierres tombales, chapelle du Saint-Sépulcre, tour et clochers, fondations
diverses, cure et liste dos curés de Sniut-Niculas.
2'1(). ÉMF.RIC-D.WID. — Histoike de la peinture au moyen âge. suivie de l'histoire de la gra-
vure, du disciiurs sur riulluiMice des arts du de.ssin, et du musée olympique, par T. B. Éme-
mc-l»Avii), nirmbro de r.Vcadcmiedes inscriptions et lielles-lollros, avec une notice sur l'aulour,
par l'ALi, Laciioix. In- 12, de xxx-.'il9 pages 3 fr, 50 c.
297, l"LI']L'HV. — Les manlsc.rits à miniatures de la bibliothèque do Laon, étudiés au point de
vue de leur illustration, par Edouard Feecry, corres|)ondant du ministère de l'instruction
]iulili(pie. Première partie, du vir au xii' siècle inclusivomonl. Publication importante pour
l'ornomeiitalion et riconogra|)hie. La deuxième partie, qui est en préparation, comprendra les
xiir, xiV, xv et xvr siècles. In-4", de 11-I2O pages, de 23 planches et de gravures dans le
tcvie 20 fr.
298. (jARNlLU. — Notice sur les silex taillés dos temps antéhistoiiques, par J. Garmer, con-
servateur de la Bibliothèque d'Amiens, membre de plusieurs sociétés savantes. Résumé con-
sciencieux et savant de tout ce qui a été écrit sur celte grave question. In-S» de 77 pages. 2 fr.
'299. TOL'RNHUR. — Distribition intéiionre de la cathédrale de Reims. Mémoire présenté au
congrès archéologique de Reims, par l'abbé V. Tourneur, archiprèlre, curé de Sedan. In-8°
do 22 ]iagcs. — M. Tourneur y prouve que la (lis|)Osilion actuelle de la cathédrale de Reims a
toujours existé et qu'il serait f.'iclieux d'y rien changer.
300. TOURNEUR.— Allocution prononcée à l'occasion du service solennel de Mf J. Nanquette,
évèque du Mans, dans l'église de Sedan, le 3 décembre '1861, par l'abbé V. Tourneur, archi-
pièlre, curé de Sedan. In-8'' do 10 pages. — M«'' Nanquette, nous le savons personnellement,
l'Iail fiiil syuqiathique aux éludes archéologiques; sa mort prématurée est une perte pour
mitre cause.
niBI.IOCliAl'IlIE D'AHl l'.T 0' VlIClIKOLOd I F.. 36'.»
301. UL.\USS. — NdTicK sur les siivs de Coucy, ;icrompa.L:iu''o d'iiUL' dcscripliim ilii cliàloaii de
cette ville et dune élude >ur la féodalité, par Jkrome L'i.mss. Iii-li de \i'i |)ages. de i |)lan-
clies et de gravures sur bois dans le texte. — Ktuile sur la féodalité : origine, progrés, carae-
tére politi(|ue, droits et devoirs respectifs des possesseurs de fiefs, chevalerie, blason, déclin
de la féodalité. Preniiére partie, les sires de Coucy '10.37-1408). Seconde partie, le cliàleaii de
Coucv. histoire, légendes, description i fr.
30i. V.Vl'BLANi; (i>i:). — l's coip d'oeil dans Paris, ou obser\ations sur <les objets dail et de
goût, par le vicomte ni-: V.m lu. vnc. In-S" de 88 pages. — .\vant-propos. Villages français, leur
asp3ct; luibit\ides d'éducation populaire. Nouvelles rues de l'aris, as|)pcl, [u.nKpie de variété;
anciennes demeures françaises, origine des hôtels fi-ançais. pittoresque dos maisons. Cour du
vieux Louvre. Le nouveau Louvre, constructions récentes. Églises modernes. Saint-Vincent-
de-I'aul. peintures de Saint-Vincent-de-Paul, basilique de Munich. Peinture et nio.iaùiue.
fresques de Spire, ateliers de mosaïque, peinture sur lave, dorure extérieure, types religieux.
Vitraux d'églises, vitraux modernes, vitraux de Munich, elTel des vitraux. Casernes et
ponts, caserne du Prince-Eugène, niini.-itéres, palais des Beaux-.\rts. Projet d'Opéra, projets
de concours. Costumes et uniformes, costumes de la rue, costumes militaires. Conclusion :
vœux pour l'art parisien, vunix jiour lart populaiie. la peinture et l'architecture... 2 fr. .')0
303. V.\YS. — De l'exclisivis.me en archéologie et de ses con.séquences. par Cii. \',\is. In-S"
de a pages.
304. VERXEILH (de . — L'.Vut du moyen âge et les causes de sa décadence d'après M. Ue.nan,
par FÉLIX DK Verseilh. Réfutation des nombreuses erreurs d'histoire et d archéologie com-
mises par M. Renan, membre de l'Inslilut. In-'t" de :i I pages 3 fr.
30.3. Vie des saints de Franche-Comté, par les professeurs du collège Saint-François- .Xavier de
Besançon. Quatre volumes in-8". de xli-jo8 et G90 pages. — Introduction : De la mi.--
sion et de l'intluence des saints en Franche-Comté. — Saints évéques de Besançon, evèques
appartenant à la Franche-Comté par leur naissance ou par leur culte, abbes et moines des célè-
bres abbaves de Saint-Claude, de Baume-les-.\lessieurs et de Luxouil ; [lalrons et reliques de la
Franche-Comté, notices sur plusieurs de ces patrons, notes et additiuns: pièces justificatives.
— Les (jualre volumes 2i fr.
30G. ViK de saint Guilliem, duc d'.Vquitaine, comte <le Toulouse, premier prince d'Orange, fon-
dateur et moine de l'abbave de Sainl-Guilhem-le-Désert. Notes historiijues et légendaires sur
le village, les monuments et le château Don Juan du \'al de Gélonne. par un solitaire nionla-
snard. In-S° de 174 pages. — Histoire de Guilhem. ses guerres contre les Sariasins el ses
tra\aux dans r.\quitaine. construction de l'abbaye de Gélonne et entrée de Guilhem dans le
monastère en 80(i; ses veitus, sa mort el ses miracles; culte de saint Guilhem, translations
diverses de ses reliques, pèlerinages el itinéraire historique dans la vallée de Saint-(_luilliem-
le-Désert ; château et légende de Don Juan. Notes hisioriques supplémentaires 2 fr.
307. VINET.— Peintlues .MiHAi.ES de Sainl-tjermain-des-l'ies. de .AL liippolyte Flandrin, par
Ernest Vinet. In-S" de II pages. — Examen de l'ieuvre do restauration de Saint- (jermain-
des-Prés. el de.scri|ilion de ses nouvelles [leinlures.
308. VIOLLET-LE-DLC. — Dictionn.mrk rai.-onné de l'arciiitecture française du xi'au xvi' siè-
cle, par VioLLET-LE-Dic, architecte du gouvernement, inspecteur général des édifices dio-
cés;iins. Tome vT. In-8° de 4-38 paires illuslrées de 299 gravures sur bois. — Ce volume, 24 fr.;
les six volumes 1 1-2 Ir.
:i7() ANNALES AliCHKOLOGIOl l':s.
.îllî). \(tlSI\. — Cil M'iTHi; ilo hi Toiîion-d'Or île l-'i.'il. I.'hunm' ilc I','iqiio>, ,i ïi)iini;ii. Li lidiuic
niaisdii Di'lviil. Commuiiicatidii l'ailo par M. le vicaire i;eji('ral N'oisin a la Sucii-le lii>lori(|iie cl
lilt('raii'e de Tournai, ln-8" do 40 paires.
3111. ^()l~l^'. — Dks FiiînTES de Nnlrc-Daiiie de la ealliédialo do Touiiuii. |wr le chanoine \(ii-
siN, xicaire-géneral du diucè.-;o de Tournai, ln-8" de 2't pages. — Fierté on cliàsse des damoi-
seaux, faite en 1280, en bois et revêtue d'une l'iclie couverinro, disparue dans le sac de Toui-
nai, en l'IliO; description de celle que Tournai possède actuelleinenl. et qui est postérieure ii la
pieiniére. l)escri|ition de la lioisiéme chasse (pi'on appelail propremenl la Fierle de Notre-
Dame, aujourd'hui chà.vse dite de Sainle-l'rsule, et qui a eli' ONécutée par li> célèbre orfèvre
èmailleur Nicolas de Verdun.
.111. \\'I{.M.K. — NoTiJS sur .lean van h'vck. lièfnlation des erreurs coiit(>ni|ioraiiies sur ce
grand peintre. sui\ie de nouveaux doeumeiils dècou\erls dans les archives de firui^'es. ])ar
AV. -11. Ja.mks Wi;ali:, meiiibre correspondant de la conimission royale des inonuments.
312. WE.VLF. — C.\TALor.ii3 du musée de l'Académie de Bruges. Notices et descriptions
avec monogrammes, etc., par W.-ll. J.\mi:s Wiî.vle, membre correspondant de la commissron
rovale des nionuiuents. Iii-IG de I2(i ]iages et de 4 planches d'e|iii;rapliie cl d'armoiries. —
Notice iiistorique sur l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture de la ville de
Bruws. Dates précises, trouvées dans les archives, de la naissance, des tra\aux et de la mort
de Van l^yck. d'IIemlin;.' que M. AVeale, suivant les documents ilecoiiveris par lui. a|pp(-lle
.Memlinc; renseignements sur d'autres peintres anciens.
31.3. 'V\'ERLY. — Ess.vi sur la numismatique rémoise, par Lkon Max 'Werly, membre honoraire
de r.Vcadéinie impériale de Reims. In-S" de 82 pages et de 1 1 |)lanches. — F|)oi]ues gauloise,
mérovingienne et carlovingienne; tableau chronologiipie lU--, rois de France et des archevêques
de Reims ; mèieaiix et jetons, leur description .... •') fr.
314. WIDKANGFS. — Des anneaux et des rouelles, antii]ue monnaie des Gaulois, par le
comte II. HE AVinuAN(u;s, membre de plusieurs sociétés savantes. In-S" de IG pages et de
3 |i|. — Rouelles à jours, anneaux-monnaie, anneaux en fer, plomb el bronze, a sections
cvlindriipie et lenticulaire; rouelles en or. argent el bion/e. il plusieurs rayons; leur descrip-
tion et leur usa'.'c.
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME VlN(iT-DKU\IEME
JANVIER-FKVUIEH.
Pages
TEXTE. — 1. Lu ijraïKk' Cliàsso, par M. le D' Cattois 5
II. 1. Tr&or de Saint- .Marc d« Venise, par M. Jii.ie\ Di n\M) -I
III. La Vierge et les Palinods du moyen âge, par M. .\. Ilini :r "-'"
\\. ].A Messe dans le cirl, par M. DinnoN aine :)'.'
\. Encensoirs du \iir' siècle, par M. Dinr.oN aiiu' '*'
VI. Voyage arciiéologiqne au xv siècle, par M. le baron de i.v l'oNs-MtLicoo iS
VII. Bibliographie dan et dar -Iiéologie •>-
DESSINS. — I. Ensemble de la grande Châsse, par M. Ci.. Saivaoeot .'i
II. Coupe et détails de la grande Cliâsse, par M. Cl. S vu agfot -0
III. Le Miroir de la Vierge, dessin de M. Éd. Didron, giavme de M. (Jaichekei -7
IV. La divine Liturgie, par M. Jiles Jacqiem \p.t '■'<'->
\. Deux Encensoirs du xin' siècle, par M. GAtciiKr.Ei il
M.\RS-.\VRIL.
TEXTE. — 1. Iconographie historique, par M. le baron de Giiiiiei.mï CI
II. Manuscrits byzantins de Venise, par M. Jii.it\ Dirvm) "7
m. Émail du xif-xiii'' siècle, par .M. .Alfred Darcei X2
IV. Voyage archéologique au x\' siècle, par M. le baron de la Fons-.Méliloô Sij
V. La Vierge et les Palinods du moyen âge suite , par M. A. Hi i-.ei 'M
\ I. liibliograpliie d'art et d"archéologic II-
DESSINS.— L Portrait du roi Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon, )iar MM. Lu. 1)il>i;on
et L. Gaicuebel. lil
IL \ ierge en émail du \u'-mii' siècle, par ALM. Darch. et .M \r.TEi S'i
III. La Vierge au\ Vertus, par MM. Éd. Didron et L. GAiciitREi 'M
IV. La Vierge et la Nature, par .VLM. Ed. Didron et L. (jiapon 109
\IAI-.1II\.
T EXT E. — L La Vierge dans une église, par M. Diduon aine |-.'5
IL \ oyage archéologique en Italie au \\« siècle, par M. le baron de i.\ Kon— Mri.icon l:t:j
III. Orfèvres et Orfèvrerie du moyen âge à .Vries, par .M. L. J vcytrMiN I li
l\. Encensoir de la renaissance, par M. Didron aine •. L'itj
V. L .Vrt du moyen âge et les causes de sa décadence d'après .M. Henan, par .M. Félix de \ erneilii. 1.")7
DESSINS. — I. Vierge de Miséricorde, par le iiiaitrc C. IL, par M. G\rciiERU Li.'j
IL .Viiipoule de cristal, \ii'' siècle, par .MM. Dakcel et .\. Gtu.i.Ai «or I i-J
IIJ. Encensoir de la renaissance, par M. Gaichebki 150
372 TABLE DES MATIERES.
JUIELET-AOl T.
TEXTE. — I. Vilrail de la chapelle de Saiiit-Germer, par M. E. B(jts\vii,wAi,D 188
II. Inscriptions grecques de la divine Liturgie, par M. Julien Dcbani» 101
III. La Résurrection avant le xi" siècle, par M. Didron ai né KKi
r\'. Cœur du roi Cliarles V, par MM. Cochet et ce Giilherw 1 0;>
V. Nicolas de Verdun, émailleur du xii' siècle, par M. Didrov aine 19!)
VI. Grille du xiu*' siècle, à Pampclunp, par M. Charles Sarvï W.i
\II. Bibliographie d'art et d'archéologie '205
DESSINS. — I. Vitrail de Saint-Germer, par ,MM. Bofswu.wald et A. Kcosse 18S
II. Diptyque de .Vlilan, feuillet de la Résurrection, par M. Gaicherei l'.l.'f
III. Grille de Pampelune, par MM. Sarvy et M \rtel 'JOH
SEPTEMBRE-OCTOBRE.
TEXTE. — 1. i;tudo sur les cloches, par M. Cl. S.uvageot '21.'!
II. Voyage archéologique au xv' siècle (fin), par M. le baron de la Fons-Mklicoq 245
III. Iconographie du Chemin de la Croix. Fin de la première station, par M. .\. Barbier be Montallt. 251
IV. Les Vitraux du Grand-Andely, par M. Eu. Didron 2fi0
V. Acoustique monumentale, par M. Didron aine 294
VI. Bibliographie d'art et d'archéologie 298
DESSINS. — I. Inscription de la cloche de Moissac, par M. Cl. Sm \a(;eot 213
11. Cloche de Fontenailles et diverses gravures sur bois, par MM. Cl. Svi v.ai^eot ei L. (jiapov 210
III. Tombeau chrétien du V siècle, à Rome, par M. Cl. Salvaceot 251
IV. Détails de la Vierge ouvrante du Louvre, par Mil. Eu. Didron et A. Giillaiviot 258
.NOVEMBRE-DÉCEMBRE.
TEXTE. — I. La Porte des .Martyrs, h Notre-Dame de Paris, par M. Cl. Salvaceot 309
IL Musée de Colmar, par M. le comte L. Clé.mext de Ris 322
m. La Vier-e et les Palinods du moyen âge (lin), par .M. A. IIi rel 332
IV. Les Sacrements et iconographie du baptême, par M. Didron aine 346
V. Poteries acoustiques, par M. l'abbé Cochet '354
VI. Deux Vitraux du Grand-.Vndely, par M. Didron aine 358
VIL Mozart à Saint-Eustache de Paris, par M. Jilien Dlrand 364
Vlll. Bibliographie d'art et d'archéologie •'66
DESSINS. — I.Tympan de la porte des Martyrs, à Notre-Dame de Paris, par M. Ci.. Sauv.ageot. 309
li. Lapidation de saint Etienne, il Notre-Dame de Paris, par M. Cl. Saivageot 310
m. La Vierge et l'Enfant à Saint-Laurent-hors-les-murs, h Rome, par MM. Éd. Didron et .Molard. . . 332
IV. Les trois premiers Sacrements par Roger van der Weyden, gravure de M. Gaicherei 350
V. Glorification de la Vierge, vitrail du Grand-Andely, par MM. Éd. Didron et Ad. Varin 358
VI. Sacre de saint Pierre par Jésus-Christ, vitrail de la renaissance, par MM. Éd. Didron et L.
Cil M'ON ^01
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Rose de la divine liturgie 12
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Vitraux romans incolores (2 planches). 4
Vitrail de Notre-Dame-dc-Ia-Couture. . . 8
Vitrail de la Vierge 5
Vitrail de la Passion 3
Vitrail des .4pôtres 4
Vitrail de .Saint-Martin 4
Vitrail de Da\ id musicien 4
Vitrail double des artistes 4
Vitrail des Jlaçons 3
Vitrail de la Dédicace 3
Armoire de Noyon (ensemble' 6
Armoire de Noyon (détails )
La Leçon de musique (miniature . ,
La Leçon d'astronomie (miniature .... li
Ensemble du carrelage d'? Breteuil 10
Détails du même carielage ( 2 planches ; . 6
Carreaux de Saint-Nicolas de .Merles.. , . 3
Carrelage de Saint-Pierre-sur-Di\ e 3
Carrelage de Saint-Denis s
Carrelage de Saint-Omer 4 planches,.. 8
Dalle de Sainl-Omer .j
Dalle tumulairc de Cliàlons 3
Mitre de Marigny ( face antérieure^ 4
Mitre de .Marigny ( face postérieure ; , . . . 4
Aubes, Amicts, Parements «
Étoles et Manipules du xiu^ siècle S
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Maitre-.\utel d'Arras. avec parements. . 6 fr.
.\utel des reliques 6
Ostensoir allemand 3
Reliquaire byzantin 4
Reliquaire de la Sainte-Épine, avec or. . 5
Reliquaire de Saint-Junien, avec or 5
Reliquaire de tous les saints 5
Châsse de Sainte-Julie (grand côté) 8
Châsse de Sainte-Julie (petit côté; 5
Châsse de Saint-Thibaut o
Châsse de Saint-Éleuthèrè.\ .--^. 12
Orfév rerie russe. 4
Plaque symbolique éraaillée \i
Vase de Soissons, à couleurs d'émaux . . 4
Fonts baptismaux de Liège 4
I Galice de Saint-Remi 4
Calices allemand et français (deux ' o
Croix de Namur (j
.Médaillons de la Croix de Namur 3
Étui de la vraie Croix 3
Reliquaire de la croix 4
Crucifix du \ir siècle 4
Chandelier de Dijon, avec émail en or, . 5
Chandelier allemand, avec or 4
Chandeliers de l'hôtel Cluny ( deux ,.... b
Chandelier à sept branches 4
Lampe de Dijon (xir siècle; 4
Encensoir de Théophile, 'avec or lo
Encensoir de Lille, avec or 6
Encensoir de Trêves, avec or 4
Encensoir de Moscou, avec or 6
L'Office religieux r miniature ' .3
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CLAYE, RUE S AI N T- 3EN 0 1 T , 7
N
7810
t. 22
Annales archéologiques
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