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Full text of "Annales archéologiques"

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EX  LIBRIS  I 

f     J.  MAYOR  I 

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ANIMALES 


ARCHÉOLOGIQUES 


p  u  B 1. 1 1:  t  s 

PAR   DIDRON   AINE 

SECBÉTAIRE     DE     l'aNCIEN     COMITÉ     HlSTORigiE     DES     AKTS     ET     MONUMENTS 
UEUBBE    DE    LINSTITUT     ROYAL     DES    ARCHITECTES     B  R  1  T  A  N  N  I  Qt  E  S 


tome;    vingt -DEUXIEME 


PARIS 


LIBRAIHIK  ARCIIKOLOGIQUE  DU  VICTOR   DIDRON 

RUE    SAIIST-UOMIMQUE-SAINT-GERMAIN,     23 

De  Janvier  à  Décembre  1862 


ANNALES 


ARCHÉOLOGIQUES 


P\p,is.  —  niPP.nii.niF.  nr.  j.  clwk 

RDE    SAINT-BEXOIT,     7. 


ANNALES 


ARCHÉOLOGIOUES 


PAR 


DIDIION   xVI^E 


SEcnETAïKE   m;   l  ancien  comité    iiistouioue    des   akts   et   MDNIîMENTS 

M  EMBUE     DE     l"  1  N  S  1  El  T  T    II  U  ï  A  L    DES    A  II  C  II I  T  E  C  I  E  S    B  II  II  A  N  N  1  Q  L  E  S 


TOME    VINGT-DEl MHMI- 


PARIS 

LIBRAIRIR   Ar.(:ilÉOLO(;inL  E   DE   VICTOR    DIURON 

BIK     S  VINT-DO.M  IMOL  K-SAI -NT-G  i;il.MA  IX,    23 

18G2 


M 

7510 

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?AR   DIDHON.    A    PARIS 


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..y.c-~:o\  ;ii:  iJHihcK   :-  sûltyk.o>-j 


A>>AL1ÎS 


AUCIIÉOLOCIOIES 


LA   GRANDE   CHASSE 


l  lie  œuvre  de  haut  pi'ix.  .s"il  en  fut.  soupçonnée  de  loin  par  l'a'il  clair- 
voyant de  la  science,  désirée  de|)uis  longtemps.  |)uis  découverte  et  enfin 
acquise  au  poids  de  l'or  par  un  étranger  liabitant  de  la  France,  le  prince 
.Soltykoll",  appréciateur  de  tact  et  de  goût  cjui,  dans  une  vie  de  retraite  prescpie 
cachée,  n'en  tient,  pas  moins  ouvertes  aux  besoins  de  l'étude  ses  riches  gale- 
ries et  ses  magnifiques  collections;  cette  même  œuvre,  recherchée»,  convoitée, 
prisée  à  l'égal  d'im  trésor  pour  les  gravures  de  ses  «  Amiales  »  par  celui  (jin'. 
à  force  de  zèle,  de  persévérance  et  de  sacrifices,  a  su  donner  dans  notre  pays 
une  existence  publique,  une  influence  incontestée  à  notre  archéologie  chré- 
tienne et  nationale  ;  cette  œuvre,  pour  comble  de  bonheur,  échéant  au  burin 

1.  La  cliàsso  dont  va  parler  M.  le  docteur  Gallois  n'a  (Hie  oO  centimi'lros  do  larixeur  sur  30  cen- 
timètres de  hauteur.  Ce  nesl  donc  pas  à  cause  de  ses  dimensions,  si  on  la  compare  surtout  à 
la  cliàsse  des  rois  mages,  dont  la  cathédrale  de  Cologne  esl  si  lière  el  à  bon  droit,  qu'elle  reçoit 
ici  le  litre  de  «  Grande  Châsse  »  ;  mais  bien  à  cause  de  sii  forme  complète  el  monumentale  d'un 
dôme  assis  sur  une  croix  à  branches  égales,  à  cause  de  ses  émaux  (jui  [)euvent  passer  [wur  les 
plus  beaux  de  l'école  du  Rhin,  à  cause  de  son  iconographie  d'ivoire  (|ui  résume,  jiar  les  princi- 
paux personnages  et  les  scène-;  essentielles,  l'.^ncien  et  le  Nouveau  Testament,  à  cause  enfin  de  sa 
destination  qui  devait  être  de  contenir  des  reli(pies  du  Sauveur.  Pour  ces  raisons  diverses,  cette 
chàs.se  est  \  raiment  grande,  et  nous  n'en  verrions  p;is,   mémi;  celle   des  «  Grandes  Reliques  » 


6  ANNALES   A  RCll  KOLOC  I  or  KS. 

si  vif  et  si  piir  cFun  jeune  artiste  qui  a  pu  lui  communi(iuer  une  autre  impé- 
rissable vie  en  reproduisant,  sous  l'iiahileté  de  sa  main,  pour  les  nuilliplier, 
tous  les  traits,  toutes  les  nuances  de  sa  perfection,  voilà  la  fortune  singulière 
qui  nous  revient  d'êti-c  appelé  à  parler  d'elle,  non  comme  nous  le  devrions  et 
le  voudrions,  mais  comme  nous  oserons  le  tenter  après  les  refus  de  l'iiistoiien 
de  droit  de  cette  merveille,  M.  Darcel.  (|ui  aurait  certes  bien  mieux  que  nous 
pi-o|ioi'fi(imié  ses  jugements  à  sa  tâche.  Pçrte  jioui"  les  lecteurs,  échec  pour 
l'objet  qu'il  s'agit  de  dé'ci'ii'e.  crainte  pour  nous  de  ne  rien  apporter  en  com- 
pensation de  tant  de  détriment,  telle  est  la  triple  impression  que  nous  ressen- 
tons en  commençant  ce  travail  :  ou  en  retrouvera  trop  la  trace  dans  les  déve- 
loppements qui  vont  suivre ,  mais  l'indulgence  que  nous  attendons  et 
obtiendrons  nous  soutiendra. 

Ce  que  nous  entreprenons  de  faire  connaître  ici  offre  ce  degré  d'intérêt  (jui 
devait  fixer  bien  d'autres  sollicitudes  que  la  nôtre.  Lin  savant,  (jui  a  conquis 
un  rang  mérité  parmi  les  plus  estimés  des  archéologues,  après  s'être  dévoué 
à  sa  poursuite,  je  dirais  presque  à  sa  conciuête,  pendant  plusieurs  années, 
s'est  attaché  à  sa  conservation  avec  une  égale  ardeur.  M.  Carrand,  mettant 
sa  profonde  érudition  d'anli(|uaii'e  à  la  discrétion  de  celui  qui  le  secondait  de 
son  immense  fortune,  se  faisait  honneur  de  satisfaire  ainsi  l'une  des  plus 
nobles  passions  de  l'esprit.  C'est  lui  en  efl'et  qui  a  préparé  et  conclu  avec 
mille  peines  l'acquisition  de  ce  bien,  venu  de  loin,  de  cette  richesse  certaine- 
ment d'origine  étrangère.  11  a  joint  cet  acquêt  précieux  enti-e  tous  à  beaucoup 
d'autres  de  moindre  valeur,  mais  toujours  importante  par  leur  choix  exquis. 
De  telle  sorte  qu'il  en  a  fait  conmie  le  couronnement  d'une  série  non  inter- 
rompue de  merveilles  du  même  genre  en  possession  du  même  maître  :  car 
M.  le  prince  Soltikoff  ne  sait  retrancher  de  ses  affections  rien  de  ce  qui 
peut  relever  à  ses  yeux  les  arts  de  notre  civilisation.  Qu'il  est  heureux  de 
voir  ainsi  le  culte  du  beau  réunir  dans  une  même  admiration,  dans  les  mêmes 
aspirations  les  intelligences  d'élite;  et  cjuc  n'avait-on  point  à  attendre  de  ces 

rl'Aix-la-CliapelIe,  qui  pût  lui  ôU-e  comparée.  Lo  tiU-e  donnOiiarM.  le  docteur  Caltois  nous  semble 
donc  suflisamment  justifié. 

Déjà  nous  avons  publié  plusieurs  gravures  de  ce  véritalile  clief-d'anivre,  nolainnient, 
volume  XX,  page  307,  une  vue  d'ensemble;  puis,  volume  XXI,  pages  lOo,  107,  148  et  loO,  des 
détails  des  colonnes,  du  toit  et  du  dôme.  Aujourd'hui,  nous  donnons  un  autre  ensemble  pris  d'un 
point  de  vue  différent  et  une  coupe  du  petit  édifice.  Avec  les  autres  articles  de  M.  Cattois  paraî- 
tront le  plan  par  terre,  le  plan  à  la  naissance  du  dôme,  puis  deux  des  proiihètes  et  deux  des 
apôtres  qui  gardent  le  premier  étage  de  la  châsse  et  le  tambour  de  son  dôme.  On  aura  ainsi  la 
monographie  complète  d'un  monument  qui  vaut,  dans  son  genre,  le  chandelier  de  Milan,  et  qui 
lui  est  antérieur  de  cent  à  cent  cinquante  ans.  [Xofc  du  Directeur. } 


L\    CliANDK    CIIVSSK.  7 

ra|)proclioin(Mits([uo  raiiiDur  de  la  science  seul  sait  faire  malgré  les  distances, 
malgré  les  ditlV-rences  ap|)arentes  dos  situations!  0  Rome!  ù  France!  0  Paris! 
vous  seules  connaissez  les  voies  de  celle  union  facile  des  aptitudes  élevées  et 
des  talents,  parce  ([ue  seides  vous  êtes  les  centres  incontestés  d'un  culte  coni- 
jilet  et  réel,  celui  du  vrai,  du  bien  et  du  beau  ! 

C'est  pourtant  une  simple  châsse  ([ui  nous  arrache  cette  exclamation  ;  niais 
cette  châsse  est  un  émail  des  plus  considérables  qui  se  soient  jamais  vus,  et 
;i  ce  titre  notre  cri  dadmiralion  est  justilii',  nous  l'espérons,  non  moins  ])ar 
le  mérite  de  cette  chose  si  oubliée,  si  dédaignée  aujourd'hui  du  commun  (pie 
par  l'accord  sympathique  des  loisirs  généreux  et  intelligents  de  ropuleiice 
avec  le  savoir  modeste  et  vrai  comme  celui  (pie  nous  venons  de  louer.  Avant 
d'aller  plus  loin,  achevons  d'être  justes.  11  n'est  pas  jus([u'à  ces  nombreux 
intermédiaires  du  travail  de  restauration  et  de  réparation  ([ui  n'eussent  à 
s'exercer,  par  rimpulsion  reçue  des  deux  côté's  (pie  nous  disons,  pour  atteindre 
un  degré  de  perfection  dans  leur  délicate  main-d'u'uvi-e.  dont  tous,  tant  tpie 
nous  sommes,  acquéreurs,  détenteurs,  simples  contenqilateiirs  à  l'occasion, 
mais  tous  zélateurs  passionnés,  nous  n'ayons  tii'é  bon  profit.  Que  d'habile  et 
ingénieuse  patience,  par  exemple,  n'ai-je  pas  vu  déployer  à  lun  de  ces  rares 
ouvriers  de  la  science,  M.  Yitel.  pijur  répondre  aux  désirs  incjuiets,  à  ratteiit(> 
pleine  de  sollicitude  et  d'angoisse  de  ceux  qui  se  conllaieut  à  lui  pour  r(>mi)!ir 
leurs  vues  conservatrices!  Le  souvenir  de  ses  soins  pieux  jus(|u'au  scruimle, 
de  ses  hésitations  consciencieuses,  de  ses  regrets  amers  dans  Toppositioii  ou 
la  contrariété  nous  reste,  et  nous  tenions  à  le  constater. 

Hélas  !  voilà  ce  que  nous  pensions  et  écrivions  en  nous  occupant  une  pre- 
mière fois  de  ce  travail;  nous  avons  eu  le  inalhem-  d'en  trop  ajoui-ner  la  i-eprise 
pour  ne  pas  changer  d'opinion.  Nous  ne  retranchons  rien  aiijoui-d'hiii  de  ce 
qui  regarde  l'antiquaire  fram^ais  dont  les  rechei-cheset  découvertes  laborieuses 
auront  été  stériles  pour  nous.  Mais  pouniuoi  avons-nous  à  retirer  tout  ce  que 
nous  vouions  de  sincère  admiration  et  d'éloge  senti  au  Mécène  exotique  qui 
nous  a  si  durement  trompés?  Son  nom  se  trouvait  jadis  sous  notre  plume  avec 
une  elVusion  de  joie  et  de  reconnaissance;  il  ne  |)eut  ])lus  être  par  nous  (pie 
repoussé  et  maudit.  Ce  goût  cultiv(''  de  prince  en  qui  nous  avions  foi  n'était 
que  feinte,  impression  fugitive,  fantaisie,  caprice,  bizarrerie  d'humeur,  (pie 
dis-je ,  chssimulation  peut-être,  compression  d'une  nature  irrésistiblement 
entraînée  au  néant  intellectuel.  On  l'a  dit,  et  il  n'est  (jue  trop  vrai  :  en  grattant 
un  peu  le  Russe,  on  trouve  toujours  dessous  le  Tartare.  Le  caractère  barbare 
du  Nord  n'a  pu  r(>ster  longtemps  à  l'état  caché  :  il  a  reparu  tout  à  cou])  dans 
cette  âme  un  moment  saisie  i)ar  nos  mouirs.  l/inslinct  sombre  des  foivts.  des 


8  ANNALES   AnCHEOLOGIQUES. 

steppes  incultes,  des  rivages  désolés  et  glacés  a  repris  tout  son  empire  sur  cet 
esprit  qu'un  éclair  de  civilisation  avait  traversé  :  tant  il  y  a  cju'au  réveil  de  ce 
penchant  fantasque  et  farouche  qui  nous  avait  toujours  un  peu  apparu  tel 
qu'il  se  cachait  quelquefois  sous  les  peaux  de  bétcs  de  rikraine,  il  ne  nous 
reste  qu'à  nous  écrier  avec  notre  poëte  : 

Ciiassez  le  naturel,  il  revient  au  galop. 

Le  maître  de  domaines  égaux  en  étendue  à  plus  d'un  royaume,  le  seigneur 
disposant  de  revenus  supérieurs  à  la  liste  civile  de  plus  d'un  souverain,  a 
pris  tout  à  coup  dégoût  du  noble  usage  qu'il  faisait  de  tant  de  puissants 
moyens  ([ue  la  Providence  avait  (l('posés  en  ses  mains.  Serait-ce  regret  de 
son  or  qu'il  atu'ait  voulu  rec()n(|ué'rir?  Aon  ;  l'avarice  est  un  vice  de  la  civilisa- 
tion rafTmée.  Mais  c'est  bien  l'àprcté  primitive  ([ui  a  repi-is  le  dessus  dans  le 
gentilhomme  ;  c'est  la  rudesse  natale  qui  est  rentrée  victorieuse  dans  ce 
cœur  ébauché.  Le  tact  en  germe  que  l'on  avait  vu  poindre,  le  sens  à  peine 
éveillé,  le  goût  à  peine  dégrossi  qui  apparaissaient  comme  les  bourgeons 
d'une  greffe  nouvelle,  ont  défailli  subitement,  et  la  belle  collection  SoltykofT, 
fruit  de  tant  de  savantes  scrutations  dans  tous  les  recoins  de  notre  hémi- 
sphère, a  été  mise  en  venle  là  prérisémont  où  elle  avait  iHé  formée  avec  tant 
d'efforts,  au  point  même  où  elle  venait  de  s'épanouir  dans  toute  sa  splendeur. 
Que  la  foule  n'ait  point  d'yeux  pour  voir  de  pareils  désastres,  qu'elle  n'ait 
p(jint  d'oreilles  pour  en  entendre  le  récit,  grâces  en  soient  rendues  au  ciel. 
Elle  n'est  pas  comme  les  bêtes  de  somme,  «  sicut  equus  et  mulus  cjuibus  non 
est  intellectus  »;  si  elle  voyait  et  entendait  ses  jterles,  elle  rugirait  comme  une 
bête  fauve. 

Enfin  le  barbare  a  tout  à  coup  changé  d'allures;  il  a  rencontré  sur  son 
chemin  pire  que  lui,  le  sauvage  qu'il  cherchait;  abjurant  l'élévation  d'un 
moment  qui  lui  pesait,  il  a  su  découvrir  par  son  flair  le  bourgeois  arrogant  et 
bas,  le  richard  gorgé  qui  n'en  convoite  que  mieux  toute  proie  de  gain.  Le 
prince  a  heurté  à  la  porte  du  liaïKjuier  :  ces  deux  extrêmes  des  situations 
sociales  se  touchent  dans  nos  centres  intellectuels.  D'un  mot,  d'tm  bond,  le 
marché  a  été  fait  entre  eux.  Dans  le  passage,  il  pouvait  y  avoir  encore  une 
planche  de  salut  pour  le  musée  ainsi  aliéné  :  c'est  qu'il  restât  à  la  France, 
en  devenant  la  propriété  d'un  de  ses  plus  opulents  financiers.  Il  n'en  a  point 
été  selon  notre  espoir  et  notre  désir.  L'amour  de  l'argent,  une  ignoble  cupi- 
dité a  dispersé  aux  quatre  vents  de  la  terre  ce  que  deux  empires  auraient  dû 
sauvera  l'envi,  ]niis(|u'ils  le  pouvaient  si  bien.  C'est  aux  gouvernements  de 
prévenir  les  disséminations  des  titres  de  leur  gloire;  et  quand  ils  faillissent  à 


LA    CI!AM)[-:   CHASSE.  9 

cedn'oir.  que  pcul-on  aUciidre  de  leur  cxeniplo  pour  ceux  qui  n'ont  souvent 
(fu  un  vil  intéi-ùl.  une  incessante  avidité  ;i  siih.-tiluer  à  leur  action?  Nous  ver- 
rons |)lus  tard  combien  la  Russie  a  plus  encore  manqué'  à  sa  grande  mission, 
en  ne  s'emparant  pas.  n'importe  à  (luelle  enciière,  de  la  châsse  qui  nous  fait 
exprimer  de  si  légitimes  doléances  sur  s;i  prrte.  Deux  seuls  objets  comme  elle 
existent  dans  le  monde  :  jusqu'à  présent  on  n'en  a  pas  pu  découvrir  un  plus 
grand  nombi'c.  .le  ne  sais  si  celui  (jui  ap|)artient  au  roi  de  IhuKjvre.  —  car 
c'est  bien  un  morceau  de  roi,  —  est  le  premier  en  valeur,  l/aulre,  (|ui  était 
encore  naguère  à  nous,  fùt-il  dépassé  par  le  précédent.  (|u'il  n'en  serait  pas 
moins  à  jamais  regrettable.  Ce  bien  qu'on  dr-vait  se  disputer,  s'arracher  à 
belles  dents,  est  passé  en  Angleterre  ;  il  est  perdu  sans  retour  pour  nous.  Le 
goufrc  de  l'Europe  où  tout  s'engloutit  n'a  rien  rendu  jusqu'à  ce  jour. 

Quand  donc  les  dévastateurs  des  trésors  de  nos  cathédrales,  de  nos  cha- 
pitres, de  nos  abbayes,  de  nos  prieui'és  cesseront-ils  leiu's  l'avages?  Dans  un 
temps  où  toute  propriété  est  contestée,  comment  se  fait-il  ([uc  l'ordre  ecclé- 
siastique ne  sauvegarde  pas  la  sienne  par  son  caracti''i'e  sacré  ?  C'était  le  cas 
ou  jamais  de  montrer  quelque  chose  d'inviolable  aux  atta(|ues  de  la  vanité 
môme  savante  et  de  la  cupidité.  Un  rien,  en  son  lieu  et  place,  peut  avoir  un 
prix  infini.  Supposons  notre  émail  demeuré  à  sa  di'stinalion  première,  admet- 
tons que  celui  de  Hanovre  ait  toujours  ap[)arti'nu  à  la  chapelle  palatine  de  ce 
royaume  ;  ne  voit-on  pas  de  suite  tous  les  avantages  qui  seraient  résulté-s  de 
ce  respect  commandé  d'ailleiu's  par  la  conscience.  Le  premier,  confié  en 
dépôt  et  par  là  même  inaliénal^le,  reinis  à  la  garde  d'une  pauvre  paroisse  de 
village,  aurait  reçu  de  sa  permanence,  entre  les  mains  de  son  humble  et 
fidèle  gardien,  une  valeur  d'imagination  qui  aiu'ait  doublé  sa  valeur  réelle. 
Mais  non;  il  a  fallu  que  le  vol.  c'est  le  mot.  vint  lutter  avec  toutes  les  pres- 
criptions du  droit  pour  jeter  le  plus  profond  discrédit  sur  la  plus  légitime  des 
possessions.  11  n'est  pas  de  marchand  ambulant  qui  ne  fasse  brèche  tous  les 
jours  à  ce  rempart  que  la  plus  pauvre  cure  de  nos  campagnes  comme  la  plus 
riche  de  nos  villes  devrait  défendre  contre  toute  agression.  Plaignons-nous 
donc  maintenant  (jue  ce  qui  se  nonnne  parmi  nous  le  tien  et  le  mien  soit  si 
atl'aibli  sur  sa  base,  quand  on  voit  le  domaine  propre  de  IJieu  envahi  lui-même, 
tantôt  par  l'amour  du  lucre,  tantôt  et  avec  bien  plus  de  danger  par  les  rui- 
neuses envies  d'un  peu  d'or,  courant  à  sa  perte  dans  de  miséi'ables  emplettes. 

Si,  au  moyen  âge,  d'où  nous  viennent  tous  ces  aliments  de  nos  convoitises, 

de  pareilles  aliénations  avaient  été  faites,  savez-vous  ce  qui  serait  advenu  de 

cette   mesure  sacrilège?    L'excommunication   aurait    atteint    immédiatcmi'nt 

l'auteur  d'une  telle  profanation.    Les   "  quérénijnie-  »  auraient   été  lancées 

xxii.  2 


10  ANNALES  ARClIKOLOiilOUES. 

contre  lui,  et  ce  vieux  mot.  expression  do  vieilles  pratiques  qui  se  confor- 
maient aux  vieilles  croyances,  aurait  soulevé  une  telle  réprobation  contre  les 
violateurs  ou  contempteurs  de  la  loi  religieuse  sur  le  droit  de  posséder,  qu'il 
eût  fallu  briser  jusqu'à  trois  fois  le  cierge  pascal  sur  le  seuil  du  baptistère, 
éteindre  les  flambeaux  de  l'autel  et  sonner  les  glas  de  la  cloche  en  signe  d'in- 
dignation et  de  deuil.  Aussi  quoi  que  ce  soit  ne  quittait  sa  place  dans  le  lieu 
saint  :  quand  quelque  statue  tombait  de  vétusté,  quelque  ustensile  ne  pou- 
vait plus  sei'vir  à  son  emploi,  quelque  linge  s'altérait  jusqu'à  ne  remplir  plus 
son  usage,  tout  n'en  restait  pas  moins  à  Dieu,  et  sous  son  œil  on  déposait  en 
terre,  dessous  le  pavé  du  sanctuaire  ou  dans  le  cimetière  attenant,  les  restes, 
les  dépouilles,  les  débris  que,  pour  quelques  sous  d'achat,  nous  voyons  figurer 
dans  leur  vétusté  aux  portes  de  nos  échoppes,  ou  sur  les  rayons  de  nos  cabi- 
nets d'amateurs  en  attendant  une  vente  publique  à  l'encan.  C'est  bien  de  la 
sorte  d'abord  par  un  détournement  impie  et  profanateur,  puis  par  des  vicis- 
situdes qui  nous  conduisent  au  Musée  Britannique,  pour  déplorer  notre  perte, 
que  la  plus  belle  ac(iuisitioii  du  prince  SoltykolT  a  été  enlevée  du  siège  de  sa 
destination  première,  pour  passer  en  dernier  lieu  d'une  main  indigne  d'être 
française  à  une  autre  main  qui  ne  lâchera  plus  sa  prise. 

Tout  sentiment  du  devoir  est  donc  éteint  parmi  nous  à  l'endroit  de  ce  qui 
fait  le  domaine  de  Dieu.  Le  petit  sénat  de  la  paroisse,  s'il  se  sent  surtout 
appuyé  par  l'accord  du  magistrat  civil,  l'humble  pasteur  qui  manque  trop  sou- 
vent de  tout  pour  son  ministère  auguste,  l'évèque  qui,  de  l'élévation  oti  il  se  perd 
comme  dans  un  nuage,  n'a  plus  ni  voix  ni  force  pour  défendre  ce  qu'il  a  fait 
serment  de  conserver  contre  toute  attaque  du  dedans  et  du  dehors,  tout  semble 
conspirer  aujourd'hui  la  destruction  des  plus  imprescriptibles  droits.  Et  com- 
ment voudrait-on  que  toutes  les  notions  de  devoir  ne  s'aflaiblissent  pas  pour 
le  soutien  d'intérêts  purement  temporels,  quand  on  voit  cet  oubli  des  obliga- 
tions les  plus  saintes  s'étendre  à  ceux  mêmes  qui  sont  préposés  à  leur  garde  ? 
Deux  faits  nous  reviennent  en  mémoire  et  trouvent  leur  place  en  ce  point  à 
cause  de  leur  toute  spéciale  signification.  Une  statue  de  marbre,  une  autre  en 
bois  sont  passées,  de  Saint-Denis  en  France,  comme  il  se  disait  autrefois,  et 
de  Saint-Sulpice  à  Paris,  dans  le  commerce  des  antiquités.  Deux  prêtres, 
étrangers  au  point  de  départ  de  ces  deux  excellentes  choses,  les  ont  acquises 
non  pour  eux,  mais  pour  l'ornement  de  leur  église  et  l'édification  de  leur 
troupeau.  Les  ayants  droit  réels  ont  élevé  la  voix  pour  revendiquer  leur  bien, 
en  accordant  sans  regret  la  somme  consacrée  à  la  délivrance  première  qu'on 
on  avait  tentée.  Leurs  justes  réclamations  ne  furent  point  écoutées,  et  les 
derniers  acheteurs  sont  restés  nantis  de  dépouilles  qu'ils  auraicit  dà  s'em- 


I,A    GKANnr,   CIIAS^K.  11 

presser  de  restituer  au  lieu  d'où  on  les  avait  arracliées.  Je  dis  f|iril  est  piMi 
de  faits  plus  dr'uini'aiisat(Mn's  (|ue  cet  acte  accuuipli  |>ai'  ciMix-là  iih'mh's  qui 
tlevraieut  le  coiidanuicr  dans  toute  la  ri^inMU'  i\r^  |iiiii(ipi'-i  de  la  saiuc 
morale.  Huoi  ([u"on  dise  ri  ([uoi  (iiTon  l'assi'.  Ir  scandale  (|ue  nous  sii^nalons 
ne  sera  point  ré|)ai'i'';  il  subsistera  inalgiv'^  nous  el  malij;r(''  toutes  les  |)i'ii|i'sta- 
lions  de  la  conscienee  et  de  rarelu'olo^ie  outi'asées.  Nous  d'Mionrons  Saiut- 
Gerniain-tles-l'rés  et  Saint-('ienuain-rAu\eiTois  couniie  les  ])i-euiiers  pi-ouu)- 
leurs  de  la  prati(|ue  du  socialisme  en  pleine  ca|)itale  de  la  l''i-ance  -.  l'im  recèle 
effrontément,  en  l'olTrant  au  culte  public,  une  Vierj^e  eu  niarbredii  \i\' siècle, 
et  l'autre  un  très-beau  Christ  en  bois,  dû  au  ciseau  de  Ciirai'don.  Dieu  et  sa 
mère  sont  des  gages  restés  sous  nos  yeux  aux  doigts  crispés  de  la  n'VDlutiou 
qui  s'attaque  ainsi,  sous  le  voile  de  saintes  et  pi'écieuses  images,  à  ce  qu'il  y  a 
de  plus  sacré  dans  la  propriété. 

J'entends  d'ici  qu'on  trouve  nos  lamentations  exagérées,  qu'on  taxe  nos 
revendications  d'injustice,  et  surtout  qu'on  repousse  nos  accusations  comme 
étant  empreintes  de  trop  d'amertume.  Ne  voit-on  pas  que  le  pi'ix  donné  avec 
tant  d'empressement  et  de  joie,  par  un  dangereux  rival,  justifie  pleinement 
notre  cri  de  douleur.  Oli  !  ce  que  nous  avons  perdu  était  un  ti-iple  In'sor  de 
toutes  sortes  de  richesses  ;  et  puisqu'il  lui  l'tait  n'servé  de  ne  plus  appartenir 
qu'à  qui  le  payait,  pourquoi  ne  s'est-il  pas  détaché  de  tant  de  millions,  dis- 
persés autour  de  nous,  le  peu  qu'il  fallait  pour  le  garder  à  notre  T.oiivre? 
C'était  un  devoir  pour  la  France  d'acquérir  et  de  conserver  à  jamais  l'un  des 
deux  seuls  types  de  ce  genre  qui  existent  dans  le  monde.  Ce  prodige,  disons- 
nous,  recelait  à  la  fois  trois  fortunes  :  c'était  une  châsse;  c'était  un  émail  des 
plus  considérables  et  parfaits  qui  soient  ;  c'était  enfin  un  modèle,  un  arché'lype 
de  monument,  rêvé  par  Bramante,  Michel-Ange  et  Raphaël.  Aces  trois  tiln's, 
la  science  et  l'art  le  revendiquaient  pour  nos  musées  n'importe  à  ([iiel  taux. 
ou  moins  prosaiYpiement  à  quel  sacrifice.  La  foi  qui  s'était  déshéritée  elle- 
même  de  ce  chef-d'o'uvre  n'avait  plus  qu'à  gémir  de  s'en  être  séparée.  L'a|i- 
préciation  de  ce  qu'elle  a  volontairement  pei'du  est  néanmoins  la  première  face 
à  considérer  qui  va  se  présenter  à  nous  pour  entrer  dans  le  développement  de 
notre  sujet.  Il  fallait  que  le  dépôt  confié  à  ce  récipient,  si  précieux  en  tout  ce 
qu'il  est,  fût  lui-même  d'une  grande  valeur  aux  yeux  de  la  piété  des  fidèles 
pour  cju'il  ait  inspiré  tant  de  perfection  à  l'esprit  qui  a  préparé  ce  délicieux  abri. 
On  ne  travaille  avec  tant  de  soin  que  pour  un  objet  qui  domine  puissamment 
la  pensée  :  chercher  à  reconnaître  quel  il  fut  dans  sa  destination  est  un  des 
principaux  buts  que  doit  se  proposer  l'archéologie. 


12  ANNALES   AnCllÉOLOGiniTS. 


Il 


La  châsse  est  au  reliquaire  ce  que  la  basilique  ou  l'église  est  à  la  simple 
chapelle  ou  oratoire.  Après  les  vases  sacrés,  la  châsse  est  l'ustensile  le  plus 
précieux  qui  soit  destiné  au  cuUe.  C'était  un  contenant  dont  l'iniportance  sous 
tous  les  aspects  était  relative  à  la  valeur  sainte  de  son  contenu  :  et  c'est  poui- 
cela  que  ce  qu'elle  renfej'iuait  était  le  plus  souvent  d'un  tout  en  grande  véné- 
ration ou  l'ensemble  à  peu  près  intact,  ou  au  moins  une  partie  telle  qu'elle  pût 
être  prise  pour  le  principal  de  la  chose  ou  de  l'être  conser\('  à  la  piété  des  chré- 
tiens. Le  moyen  âge  ne  manqua  point  d'appoi'ter  à  cet  ornement  des  temples 
et  des  autels  toutes  les  recherches  et  les  délicatesses  de  l'art  ([u'il  sut  créer. 
La  matière,  la  forme,  le  travail  achevé,  rien  ne  paiviissait  èlre  de  trop  pour  ces 
réceptacles  qui  appelaient  plus  encore  les  pieux  dons  pour  leur  conrection  que 
leurs  dérivés  de  moindre  voluiue  ou  étendue.  A  une  châsse .  en  elTet,  s'atta- 
chait quelquefois  l'honneur,  la  gloire  d'une  province,  et  nous  avons  vu  dans 
notre  temps  même  une  création  de  ce  genre  concentrer  assez  l'attention 
du  public,  pour  que  les  esprits  les  plus  distraits  se  soient  trouvés  repor- 
tés connne  malgré  eux  vers  une  de  ces  munificences  de  notre  pays,  faites 
en  souvenir  du  saint  de  nos  jours  le  plus  aimé  des  riches  et  des  pauvres. 
La  châsse  de  saint  Vincent  de  Paul  est  venue  nous  prouver,  au  milieu  de 
la  plus  déplorable  révolution,  que,  quel  que  fût  son  prix  iuacquitté,  jamais 
elle  n'aurait  fait  banquei'oute  à  ses  auteurs  qui  étaient  restés  ses  créanciers. 
La  châsse  est  par  excellence  demeurée  l'œuvre  cnllective  des  peuples. 

Eh  bien,  celle  qui  nous  occupe  était  une  de  ces  raretés  qui  devaient  attirer 
sur  les  contrées  qui  les  possédaient  les  regards  et  les  vœux  de  tous.  Le  toit 
était  admiré  autant  que  ce  qu'il  recouvrait  était  adoré  :  c'était  comme  le  corps 
d'une  âme,  d'un  esprit  céleste  ;  mais  le  corps  paré  de  tous  les  charmes  de  l'art 
et  de  toutes  les  séductions  de  la  matière.  Rien  n'était  épargné  pour  revêtir  cet 
organisme  créé  parla  foi  des  peuples  de  toute  la  valeiu'.  l'ik-lat.  la  splendeur 
les  plus  propres  à  révéler  l'influx  di\in  qui  l'aiiimaif.  (Juand  nous  trouvons 
sur  le  chemin  rJe  nos  recherches  un  de  ces  admii'ables  fruits  de  l'instinct  de 
la  piété  publique  et  de  l'imagination  d'un  artiste,  souvent  simple  ouvrier, 
caché  dans  l'obscurité  de  son  atelier  et  les  replis  de  ses  méditations  profondes; 
alors,  nous  nous  demandons  ce  qu'une  intelligence  appliquée  à  obtenir  un 
succès  si  pai'fait  pouvait  penser  de  l'être  ou  de  la  partie  de  l'être  qu'elle  vou- 
lait orner  et  honorer  ain>i  par  son  labeur,  en  lui  préparant  un  revêtement  digne 


■  LA   GRANDE    CHASSF..  13 

de  sa  mystérieuse  influence  ici-bas.  Ce  (|u"elle  en  pouvail  concevoir,  comniciit 
le  saurions-nous  maintenant ,  puisque  nous  ignorons  jus(|u'au  nom  même  de 
ce  qui  fit  engendrer  tant  de  magniliques  expressions  de  l'idée  chrétienne  aux 
temps  de  sa  plus  grande  fécondité.  I^'inspiration  s'est  retirée  .  le  souille  vivi- 
ficateur  s'est  éteint  ;  une  forme  seule  est  restée,  et  elle  sulTit  pour  tendre  tous 
les  ressorts  de  Tadmiralion. 

L'archéologie  a  certainement  à  cœur  de  sonder  les  décombres  d'opinions 
du  passé  qui  ont  enseveli  bien  des  souvenii's.  non  moins  ([ue  les  ruines  qui 
nous  rappellent  figures  oubliées,  styles  perdus,  symboles  anéantis.  Des 
créances,  des  sentiments  ont  eu  cours,  qu'il  n'est  point  sans  intérêt  de  cher- 
cher à  connaître,  pour  mieux  comprendre  tout  ce  ([ui  s'est  mêlé  do  génie 
chrétien  à  riiulustrie  humaine  dans  le  genre  de  travaux  soumis  à  nos  pré- 
sentes appréciations.  C'est  surtout  à  la  science  de  notre  prédilection  qu'il 
appartient  de  scruter  les  flots  d'idées  qui  circulaient  autrefois  dans  la  société, 
comme  les  eaux  dans  les  entrailles  de  la  terre,  pour  découvrir  les  alluvions,  les 
couches,  les  formations  opérées  dans  le  courant  des  doctrines,  dans  le  flux  et 
le  reflux  de  préjugés  qui  ont  régné  sur  le  monde.  Il  n'y  a  que  le  néant  qui  ne 
puisse  s'exprimer,  puisqu'il  ne  s'aflirme  ni  ne  se  nie.  Mais,  à  l'opposé,  tout 
être,  tout  acte,  tout  fait  est  l'expression  d'une  puissance  quelconque  qui  res- 
sort de  l'ordre  intellectuel,  et  plus  la  manifestation  extérieure  s'en  montre 
entourée  de  qualités  exquises,  plus  le  mobile  qui  l'a  fait  naître  appartient  à 
une  sphère  élevée  de  la  pensée.  En  appliquant  celte  donnée,  ce  principe  à 
notre  sujet,  nous  jugeons  de  suite  qu'il  ne  peut  venir  (juc  d'un  sentiment  de 
vénération  profonde  pour  ce  je  ne  sais  (|uoi  ([iii  l'a  fait  surgir  dans  toute 
l'expansion  idéale  et  réelle  d'un  temple  du  \rai  Uieu.  C'est  vraiment  ([iielque 
chose  de  la  Divinité  chrétienne  qui  a  suscité  ce  corps,  cette  forme,  cette  image 
admirable  qui  rend  si  bien  son  caractère  de  beauté  à  tout  œil  attentif  et 
charmé.  Dieu  a  vraiment  passé  par  là. 

Donc,  avant  tout,  nous  devons  cherchera  pi'cssoiilir  iircln'elogiquement  ce 
qu'une  enveloppe  de  tant  de  prix  ombrageait  de  ses  paiviis  et  sous  ses  voûtes. 
Pour  nous,  ce  n'était  rien  moins  qu'une  portion  détachée  de  l'IIomme-Dieu. 
Par  exemple,  le  saint  corporal  d'Orviéto,  qui  a  reçu  seulement  quehiues  gouttes 
de  sang  sacré,  taches  à  peine  sensibles  du  sacrifice  du  Calvaire,  renouvelé 
quotidiennement,  est  gardé  au  public  dans  un  tégument  d'une  splendeur  sans 
égale.  11  en  est  de  même  de  beaucoup  d'autres  traces  de  lui.  que  le  Christ  a 
laissées  sur  celle  terre.  Hélas!  nous  sourions  aujourd'hui,  dans  notre  igno- 
rance des  mœurs  cil'acécs,  des  soins  pieux  qui  conservaient  aux  naïves  aspi- 
rations de  la  foi  les  débris  d'organes  qui  tombent  de  plus  en  plus  dans  notre 


H  ANNALKS   ARCIIKOLOCIOUES. 

indiiïérence  et  nos  mépris.  Comme  si  la  science  la  plus  rapprochée  de  toute 
bonne  philosophie  no  nous  apprenait  pas  que  des  os  mêmes  de  notre  char- 
pente humaine  ont  été  appelés  sacrés,  ainsi  que  tout  ce  qu'ils  protégeaient  de 
leur  présence;  puis,  que  tout  cet  échafaudage  de  parties  a  reçu  dans  nos 
langues  modernes  des  noms  de  réprobation  et  d'ignominie.  Les  portioncules 
auxquelles  nous  voulons  faire  allusion  ne  sont  point  parvenues  à  ce  degré  de 
honteux  discrédit  ;  mais  elles  ont  inspiré  un  dédain  si  voisin  du  rire  sardo- 
nique,  qu'à  présent  leur  dénomination  seule  cause  un  réel  embarras  à  celui 
qui  veut  entreprendre  de  parler  gravement  d'elles.  Afin  de  sauver  la  difficulté 
en  ce  point  délicat,  nous  placerons  notre  témérité  sous  le  voile  protecteur  d'un 
de  ces  vieux  usages  dont  l'historique  n'intéresse  pas  moins  par  le  fond  du 
sujet  que  par  les  rites  religieux  et  les  coutumes  populaires  qu'il  retrace  dans 
leur  naturelle  simplicité. 

Ce  que  pouvait  renfermer  ce  petit  temple  à  qui  rien  ne  manquait  de  toutes 
les  conditions  d'un  entier  développement,  on  se  le  demande  avec  raison.  L'his- 
toire, la  tradition,  les  annales  locales  se  taisent  là-dessus.  Cependant  la 
saine  archéologie  nous  doit  quelques  explications  à  cet  égard;  c'est  le  complé- 
ment obligé  qu'elle  doit  apporter  à  d'autres  efforts,  en  interrogeant  les  temps, 
les  lois,  les  pratiques  qui  ne  sont  plus  pour  en  tirer  un  enseignement  digne 
d'elle  et  de  ses  sectateurs.  A  nous,  il  ne  nous  paraît  ni  surprenant  ni  douteux 
qu'il  diit  contenir  quelques  vestiges  de  l'enfant  divin,  au  moins  dans  son  étage 
inférieur  tout  entouré  des  prophètes  qui  ont  annoncé  la  naissance  du  fils  d'une 
vierge,  seule  venue  au  monde  de  cette  nature  :  «  ecce  virgo  concipiet  et 
pariet  filium  »,  comme  le  dit  une  des  banderoles  ou  phylactères  que  tiennent 
les  statuettes  d'ivoire  des  saints  personnages  de  l'ancienne  loi  qui  sont  là 
comme  la  base  ou  le  fondement  de  la  nouvelle;  car  il  a  été  écrit  aussi  :  «  non 
veni  solvere  legem,  sed  adimplere  ».  C'était  l'habitude  universelle  chez  nos 
pères,  comme  ce  l'est  encore  jusqu'à  ce  jour  parmi  les  Juifs,  de  conserver 
pieusement  certains  titres  de  naissance  détachés  du  fruit  même  du  sein 
maternel.  Dans  ces  temps  reculés,  où  ce  que  nous  appelons  <c  état  civil  » 
et  statistiques  administratives  n'existait  pas,  n'était-il  pas  naturel  que 
chaque  famille  gardât  devers  elle  quelques  faciles  témoignages  de  l'arrivée 
de  ses  nouveau-nés?  En  Israël,  la  circoncision  offrait  ce  moyen  de  consta- 
tation des  postérités  mâles ,  les  seules  qui  comptassent  jusque  dans  les 
tribus  privilégiées  du  peuple  de  Dieu.  Mais  sous  la  loi  chrétienne,  qui 
rendait  également  inviolable  et  sacrée  la  vie  des  deux  sexes,  un  autre 
lambeau  de  la  vie  naissante  vint  s'ajouter  à  l'anneau  que  la  postérité  d'Abra- 
ham a  maintenu  de  réserver  dans  ses  rites  judaïques.  J'ai  vu ,  de  mes  yeux 


LA    GliA.NDE   CHASSE.  15 

vil.  ru?at;('  (|iic  ji^  ne  |iuis  (iirin(li(|uer  cii  passant  se  conserver  intact  au 
foyin-  douiesti([ue  des  Iminhles  et  pauvres  liahilaiits  de  nos  campagnes,  et 
je  l'ai  retrouvé  jus(iu'au  fond  de  lAlleniagne  avec  tous  les  ])lus  singuliers 
caractères  ([ui  le  distinguent  en  notre  pays.  Les  cordons  ombilicaux,  liens 
de  deux  existences  unies  naguère  et  maintenant  séparées,  sont  scrupuleu- 
sement recueillis  et  desséchés,  pour  être  préservés  avec  soin  contre  toute 
atteinte  destructive,  entn;  les  feuillets  de  (pieUiue  l)on  livre,  telle  (|u'une 
histoire  ou  vie  des  saints,  aux  pages  mêmes  des  patrons  invoqués  au  bap- 
tême ;  ou  bien  encore  on  les  attache  à  queUpies  pieuses  images.  Ce  (juc 
l'utilité  avait  prescjue  exigé  autrefois  de  ceux  ([ui  voulaient  garder,  comme  un 
mémorial  fidèle,  cette  sorte  d'extraordinaire  registre  de  leur  descendance,  un 
sentiment  comme  superstitieux  l'empêche  encore  de  s'elTacer  des  us  de  nos 
provinces,  et  le  fait  au  besoin  servir  de  mnémonique  quand  il  s'agit  de  retrou- 
ver les  longues  suites  des  filiations  et  leurs  rangs  marqués  par  un  (jrdrc  rigou- 
reux des  dates  dans  les  fêtes  très -souvent  en  même  temps  natales  et  patro- 
nales. Que  de  poésie  patriarcale  dans  ces  supputations  faites  sous  la 
sauvegarde  du  calendrier  de  l'hagiographie,  chacun  de  cette  manière  ayant  à 
volonté,  sous  les  yeux,  et  le  quantième  du  mois  de  la  fécondité  maternelle,  et 
la  férié  de  l'Église  qui  le  consacre  dans  ses  prières,  et  l'auspice  personnifié 
qui  fut  choisi  au  ciel  pour  le  rejeton  isolé  de  ses  racines,  comme  appui  spiri- 
tuel, connue  aide  invisible  et  guide  constant  de  la  marche  de  l'homme  ici-bas! 
Quand  on  pense  que  les  constatations  régulières  et  administratives  ont  com- 
mencé à  s'établir  à  peine  au  xv*  siècle  en  France,  et  que  Gallardon ,  près 
Chartres,  dans  la  Beauce,  a  été  la  première  de  nos  communes  ([ui  ait  donné 
cet  exemple  de  progrès,  on  est  autorisé  à  se  demander  comment  et  par  quoi 
on  pouvait  suppléer  aux  vérifications  authentiques  sous  le  chaume ,  ou  à  ces 
feux  par  qui  l'on  comptait  les  familles  et  recensait  les  habitants  des  villes  et 
des  champs  :  la  civilisation  était  alors  moins  concentrée  dans  l'Ile-de-France 
et  dans  sa  capitale  qu'elle  ne  l'est  relativement  aujourd'hui  dans  l'enceinte 
même  de  Paris. 

A  ce  trait  de  mœurs  encore  subsistantes  sur  divers  points  du  globe,  il  nous 
revient  à  l'esprit  une  anecdote  dont  nous  garantissons  l'authenticité  par  l'in- 
térêt spécial  que  nous  avions  à  ne  point  la  laisser  périr  ou  s'effacer  dans  le 
cercle  de  quatre  frères,  survivants  à  un  bien  plus  grand  nombre  moissonnés 
par  la  mort.  Un  jour,  deux  de  ces  filets  desséchés  vinrent  à  manquer  à  l'appel 
de  la  sollicitude  d'une  mère;  à  l'heure  même,  tous  les  parents  diminuèrent 
d'autant  la  série  des  héritiers  (]ue  la  Providence  lui  avait  dévolus,  puis  enlevés 
l'un  après  l'autre,  jusqu'à  quinze  inciusivemeiit.  1/inquiélude  prit  à  l'un  de 


16  ANNALES    ARCHÉOLOGIQUES. 

ceux  qui  étaient  restés  debout,  au  milieu  de  cette  nécropole,  d'être  en  quel- 
que façon  supprimé  lui-même  par  ces  disparitions  successives;  mais  la  mairie 
du  lieu,  i)lus  exacte  que  la  collection  des  petites  cordes  à  boyau  visitée  par 
des  rongeurs  peu  discrets.  \iut  rétablir  ré(iuilibre  que  des  prénoms  perdus 
dans  l'oubli  avaient  insensiblement  rompu.  Dans  la  maison  des  grands,  ces 
méprises  étaient  sans  doute  moins  à  craindre,  et  pourtant,  encore  là  l'orgueil, 
la  vanité  de  race  ne  pouvait  prévenir  ni  suppléer  tous  les  inconvénients  de 
destruction.  Que  de  joies  étaient  réservées  aux  plus  humbles  demeures  qui 
gardaient  avec  zèle  ces  mémoriaux  de  la  iiatui'e.  comme  des  parchemins  de 
noblesse  distribués  d'une  main  i)rodigue  et  providentielle  !  Y  aurait-il  donc  rien 
d'étonnant  en  ce  qu'une  coutume  hébraïque  et  un  usage  des  premiers  temps 
chrétiens  eussent  transmis  jusqu'à  l'un  de  nos  siècles  avancés  une  ou  plu- 
sieurs de  ces  reliques  du  l'romis  des  prophètes,  du  Désiré  des  nations,  dont 
l'apparition  devait  être  préconisée  par  toutes  les  voies  reconnues  de  la  renom- 
mée et  de  la  publicité,  par  tous  les  traits  de  l'histoire  et  de  la  véracité  des 
témoignages?  Le  Christ  devait  résumer  en  lui  tous  les  caractères  de  l'huma- 
nité, pour  refléter  mieux  à  tous  les  regards  ceux  de  sa  divinité,  l^our  se  sou- 
mettre tout,  le  Christ  s'est  soumis  à  tout.  Comme  à  un  grand  politique,  rien 
ne  lui  a  paru  petit  ])our  assurer  son  règne  universel,  et  nous  voyons  bien  qu'il 
a  réussi  dans  sa  divine  et  infaillible  diplomatie. 

Qu'on  nous  le  laisse  donc  répéter  encore  une  fois  :  l'archéologie  a  pour 
mission  de  recueillir  non-seulement  les  vieux  monuments  eux-mêmes,  mais 
encore  et  avec  autant  d'application  les  vieilles  observances  qui  ont  pu  les 
enfanter.  Dans  toute  évolution  d'une  doctrine  religieuse,  les  faits  initiaux,  les 
actes  primordiaux  de  son  origine  ont  une  telle  puissance  de  fécondité  et  de 
transmission,  qu'ils  ne  disparaissent  jamais  entièrement  du  cercle  d'influence 
oïl  ils  se  sont  produits  :  bon  gré  mal  gré  leur  manifestation  alTaiblic,  leur 
expression  altérée,  détournée  de  son  sens,  traverse  les  siècles  et  retentit  jus- 
qu'au bout  quelque  part.  A  l'appui  de  cette  assertion,  je  me  contenterai  de 
citer  une  scène  de  l'Évangile,  la  seule  et  unique  de  son  genre  dans  l'histoire 
du  christianisme,  le  Cénacle.  Singulier  pouvoir  de  l'imitation  !  L'image  s'en 
trouve  visiblement  dans  la  disposition  des  Églises  de  l'Allemagne  et  de 
l'Espagne,  retraçant  les  refuges  des  premiers  fidèles  au  plus  haut  des  maisons 
qui  s'ouvraient  aux  sacrés  mystères.  Un  chœur  élevé  au-dessus  des  nefs, 
comme  le  lieu  oii  l'Esprit  saint  visita  les  apôtres  était  situé  au  dernier  étage 
de  la  demeure  qui  les  réunit  avant  leur  dispersion,  rappelle  dans  ces  contrées 
le  théâtre  où  s'accomplit  la  grande  vocation  du  sacerdoce.  Les  Églises  doubles 
ou  multiples,  c'est-à-dire  à  deux  ou  plusieurs  transepts  et  autant  de  chœurs. 


I.\  C.IIVM)!'    r.H  \ssi:.  17 

(■(immo  il  y  m  cul  l)(Miii'i)ii[)  en  l''r;uici>  et  paiioul.  u'ikiI  pn'iil  cetli'  siiinilica- 
liiiu  (le  tant  (l'abhayi's  et  iiaMiic  do  <'atlu''tlral('s  i^(!riiiaiiii|iii's  :  ci'lli's-ci  oui  nu 
cùti''  s[)i''cial .  iiu  aspect  pai'liculii'i'  (|u'rllrs  ollVcut  à  cunsidi'i'er.  Nous  K; 
lerous  h  part  et  plus  lani.  si  le  lei>ii-  nous  eu  est  deiun''.  dans  uu  [larallèle 
cuire  des  édifices  divers  de  lui'ines  et  d'ai^euceuieuts,  aulaul  (juc  ditTère  le 
génie  et  la  laugue  des  iiatious  ([iii  li's  eut  ('levés. 

\<)(rs  iii\i>(|ueriius  eucere,  p:iar  mitre  llièse  siu'  la  ferce  \ilal(!(lela  ti'adition. 
celte  lié'rédité  iuiprcseriplihle  tk'^  biens  de  l'esprit  ;  imus  eilei'ous  la  creix  f[u';i 
présent  on  appelle  precessioiiuclle,  les  llainbeaux  (|ui  raccunipagnent.  et  le 
bougeoir  qui  précède  les  évccines  dans  les  soleuuili''s  de  la  lilui'gie.  (Ju'im  y 
songe  l)ien  :  ce  sont  là  (les  reteulisseini'nis  leinlains  d'iuie  ini|)iiisiiin  [iiiniitive 
([ui  fut  donnée  à  Tappareil  de^  premières  riinctiens  (h;  la  foi  ;  ce  sent  i\r^  endu- 
lations  encore  sensibles  du  cérémonial  (jui  1V,I  admis  à  l'iiulialiiiu  nai---;iiile 
des  mystères  de  l'autel.  Kt  puisipie  nous  voyons  (|u';l  sou  sunnnel  la  société 
chrt'tieinie  a  gardé  des  dépôts  sacri''s  dont  l'origim'  s'cxpliqiKi  h  peine  aujour- 
d'hui.  connnent  n'admettrions-nous  pas  cpie  la.  t'oiile,  elle  aussi,  a  ses  pri- 
vilèges et  ses  vues  de  conservation.  parc(.'  (ju'elie  est  disposée  toujours  et 
partout  ù  tout  maintenir  en  religion  au  même  degri';  oii  elle  l'est  à  tout 
détruire  en  révolution?  Ce  (lu'ellc  croit  lenii-de  Dieu,  elle  met  sa  force  et  son 
honneur  à  ne  l'abandonner  jamais,  malgré'  les  lentaleui-s  ciui  veulent  l'entraîner 
dans  leurs  erreurs  sacrilèges.  I''ùl-c(;  même,  au  sons  actuel,  ini  fonds  de  super- 
stition qui  reuti'aine.  elle  y  tient  parmi  lieu  indissoluble.  (!t  s'y  attache  comme 
à  une  ancre  de  salut,  (leci  arrivera  surtout  pour  ces  |)articules  d('lachi'es  de 
corps  sanctifiés,  d'êtres  divins  ou  divinisi's.  non  plus  dans  nos  \illes  et  cam- 
pagnes envahies  par  une  philosophie  i)ourgeoise,  mais  dans  nos  hameaux 
les  plus  retirés  et  les  plus  pauvres,  là  où  règne  encore  la  plus  inviolable  !idé- 
lité  aux  leçons  des  ancêtres. 

Notre  châsse  donc,  par  son  développement  et  sf)n  impoi'tance.  par  la  nature 
de  ses  éléments  constitutifs,  par  les  divers  composés  ([tii  entrent  dan>  sa  struc- 
ture comme  dans  sa  dé'coration,  cl  jus(|ue  par  la  superposition  des  ileux  étages 
de  son  centre,  une  large  base  et  une  haute  coU|)ole,  était  manifestement  destinée 
à  protéger  de  son  ombre  et  orner  de  son  éclat  (luehiiie  précieuse  réserve. 
J'abandonnerai,  si  l'on  \eut,  tout  ce  qui  pouvait  venir  du  côté  na'if  et  simple, 
de  l'enfant  Messie,  d'à  il  lîambiuo  ",  comme  diraient  les  Italiens;  et  cepen- 
dant, en  bas  de  ce  réceptacle,  les  dé^pouilles  de  la  naissance  jadis  recueillies 
avec  tant  de  zèle  en  titres  ou  témoignages  d'entrée  dans  la  vie,  au  fond  de 
ce  vase  conservateur  à  ({uatro  compartiments,  ces  membranes  déchiciuotécs 
de  l'origine  humaine  avaient  bien  leur  place  fixée  sur  leur  sol  de  métal  : 
xxii.  <5 


18  ANNALES  AliCHÉOLOC  lOU  KS. 

d'aulrcs  ni;i]'([ucs  moins  relevées  des  premiers  jours  do  rcxistence  y  pouvaient 
reposer  aussi.  Ce  que  nos  délicatesses  ou  mieux  nos  prétentions  taxent  de  vul- 
garil('  n"a  point  ce  caractère  aux  yeux  des  masses  entraînées  par  la  foi  ;  et  les 
I)rinces  eux-mêmes,  ([ui  devancent  toujours  par  leurs  inlinies  susceptibilités 
les  goùls  [inpulaires.  sont  demeurés  des  siècles  sans  crainte  d'abaisser  ou 
d'avilii'  leurs  ciioix.  en  s'attacliaiit  à  des  vestiges  aujourd'hui  délaissés,  tom- 
bés en  discrédit  et  répulsion,  après  avoir  é'Ié'  la  soui'ce  d'inspirations  aussi 
arti.-li(iues  (|(i('  poé'tiques.  Soit  vue  sincère,  faiblesse  ou  arrière-pensée  de  leur 
part,  (les  r(.)is.  des  empereurs  ont  sin'vi.  à  notre  su,  des  masses  entières  clans 
leurs  attraits  pour  ce  genre  de  culte  public. 

Sous  le  ciel  du  ])etit  temple,  sous  la  calotte,  sous  la  voûte  de  son  dôme,  au 
|ilu>  haut  de  son  couronnement  auraient  pu  être  a|)pendus  d'autres  restes, 
d'autres  traces  plus  vénérées  encore  des  chrétiens  :  ainsi  des  linges  impré- 
gnés du  sang  jailli  des  j)ieds,  des  mains,  du  liane  du  Crucifié;  des  tissus 
imbibés  des  sueurs  de  son  front,  parlies  inlinilé'siniales  du  grand  holocauste 
du  Golgotha.  Peut-être  y  avait-il  encore,  au  milieu  de  ce  cercle  formé  parla 
couronne  de  statuettes  des  douze  apôtres  en  ivoire,  avec  tout  ce  que  nous 
venons  d"indi([uer,  la  garde  des  pains  de  \ie  jujur  les  mourants,  des  hosties 
consacré'cs.  Longtemps  les  tabernacles  reçurent  ce  mélange  ([ui  fut  ensuite 
prohibé'  pal'  les  règles  canoniques.  Toujours  est-il  (|ue  notre  tente  d'or,  domi- 
née de  son  pavilli.iii.  a\ait  une  ap|iropriati(>ii  de  rordre  le  plus  élevé,  puis- 
qu'elle atteignit  un  si  gi'and  degré  de  perfection.  Sous  quelque  face  qu'on 
envisage  sa  su|)erbe  fabriiiue,  on  ne  saurait  ne  pas  la  trouver  digne  de  la  plus 
sublime  destination.  Dès  lors,  ({u'elle  ait  été  appelée  à  receler  dans  son  sein 
jusf[u'au  moindre  fragment,  juscpéà  la  moindre  émanation  de  la  Divinité  réa- 
lisée parmi  nous,  rien  ne  pourrait  plus  nous  surprendre  dans  cette  conception 
magnifi(iue  de  l'artiste,  non  plus  (pie  dans  le  dessein  pieux  et  généreux  du 
donateur;  deux  âmes  qui  se  sont  si  bien  entendues  pour  l'accomplissement 
d'un  vœu  fait  à  Dieu  et  pour  lui.  C'était  le  propre  de  ces  temps  de  mettre  à 
l'unisson  rintelligence  et  la  puissance  oii  ({u'elles  fussent,  par  un  échange 
mutuel  de  nobles  sentiments. 

Après  ces  réflexions,  le  sarcasme,  nous  l'espérons,  ne  pourrait  guère  s'en 
prendre  sans  regrets  à  ces  représentations  réfugiées  maintenant  dans  les 
musées,  les  collections  particulières  et  les  ventes  publi([ucs  ;  à  ces  images,  à 
ces  reliefs,  à  ces  figures  qui  ne  blessaient  ni  la  gravité,  ni  la  modestie,  ni 
l'innocence  de  nos  vieux  âges.  Le  saint  ombilic  ou  nombril,  ([u'on  n'ose  presque 
à  présent  appeler  |iar  son  nom.  ni  surtout  regarder  mên)e  d'un  œil  pieux  en 
son  lieu  naturel  d'élection  au  ventre  d'une  figurine,  par  un  clfort  de  la  science, 


l.\   GU.WDF.  r.iiAssr.  19 

o!)li:Midr;i-t-il  poiil-êiro  à  r;i\oiiii'  un  |)oi  do  i^ràro  aux  veux  do  tmis  :  rar, 
avec  ton?,  nous  ivM'diinaissuii.-;  saiH  di'loiir  qui'  do  [oWo^  dt'vnlioiis  ou  adora- 
lions  no.  ])('iivpiil  ni  ronaiiro  où. elles  se  sont  étcinles.  ni  siii)sislor  longlemps 
sans  doute,  si  elks  .-c  montrent  encoi'o  dans  quel(|ue  r(H'oin.  Mais  n'oui)lions 
point  que  tant  de  reliijnivs  perdues,  méconnues,  négligées  par  nous,  nous  ont 
pourtant  valu  les  admirables  créations  di^  l'art  (|ui  s'ingéniait  à  leur  doinicr 
un  \ètemenl  jugé'  digne  d'idles.  Souvent.  (|uand  Tàuie  s'est  retii'i'(>  ou  eiivoh'e, 
ren\eioppe  nous  ou  est  resti''e;  gardons  au  moins  ci'lle-ci  pour  d'autres  besoins 
de  plus  d'importance.  L'archéologue  qui  atteindi'ait  ce  (Ioid)!e  but  du  res[)ecl 
du  passé  et  de  transformations  di''sirécs,  serait  bien  n'Comp<Mis('.  lui  ce  ([ui 
concerne  le  sujet  de  cet  article,  le  succès  ([ihî  nous  d(''sirions  est  atteint. 
Nous  dirons  comment  et  parcpii  :  reconnaissance  oblige  en  arclié'ologio  [ira- 
tiqne.  comme  noblesse  en  guerre. 

Et,  voy(>z  ])lutèt  ce  f|ui  se  jiasse  pi-ès  do  nous  :  u'èles-Mius  pas  l'rappé  de 
l'intérêt  (|ui  s'attache  à  nouveau  à  deux  tombes  pi'olanées.  il  n'y  a  pas  encore 
trois  quarts  de  siècle?  La  dalle  f(ui  porta,  la  dernière  couche,  h;  cercueil  de 
sainte  Gene\iève.  ressuscite,  elh;  seule,  raiiticpie  pèlerinage  de  la  |)alronnc  do 
Paris.  Elle  a  fait  jilus;  elle  a  ins|)iré  ime  grande  composition  h  (|ui  l'art  savant 
a  moins  fait  défaut  (>ncore  (|ue  le  s(Mis.  le  tact  et  le  goùl.  r)uoi  (pi'il  eu  soit  de 
ce  don.  il  n'eu  esl  pas  moins  l'oirrande  magnilique  du  monde  li'  plus  ri'cher- 
ché,  le  plus  élevé,  le  plus  cultiM'  de  la  capitale.  Marbi'cs  ,  bronzes,  pierres, 
bois,  sans  distinction  \isible  (\o  matières,  s'accumulent  pcle-mèlo  à  Saint- 
Étienne-(lu-"Mont  dans  la  chapclh;  de  riiumblo  bei-gèrc  de  Nanteri'e,  en  témoi- 
gnage de  renthousiasme  commun  .  des  p(>tits  comme  des  grands.  A  cette 
heure  même,  saint  ^L1rtill.  ce  preuiier  thaumaturge  desCiaule-.  so  l'ési'illi;  de 
son  «  repos  ».  de  sonca\eau  fimi'raire.  ainsi  (|ue  nous  disons  moins  religieuse- 
ment, de  son  sépidcre  mal  enseveli  par  nos  révolutions.  Son  nom  l'elenlit  par- 
tout, à  la  voix  de  son  successeur  sur  le  vieux  siège  de  Tours;  et  bientôt,  il  sera 
écrit  en  ti'aits  inelTaçables  siu"  li^  sol  (jui  en  reçut  les  prenn'ères  empreintes; 
car,  on  l'assure,  les  murs  h'S  plus  aïK/ii'uue  u(^i.t  aullienti(|ues  ([ui  abritèrent  sa 
«  confession  »  se  relèveront  avec  leur  intégral  caractère,  comme  un  hom- 
mage dû  à  la  vé'ué'rable  an1i(]uité'.  Comment  en  sei'ait-II  autrement  de  la 
part  d'une  église  immuablement  tidèlc  à  son  Dieu  iunnuable  .  d'un  prélat 
si  digne  d'elle,  et  des  esprits  d'élite  qui  forment  le  grand  conseil  de  cette 
réparation?  Entre  tous  mes  espoirs. je  dé|inse  pai-  avance,  dans  le  vaste  monu- 
ment de  la  Tonraine.  le  monument  en  ('■mail  de  même  date  peut-être,  du  m' ou 
\\f  siècle,  que  nous  voudrions  de  tout  uoti-e  cirur  faire  revivre  avec  toute 
l'ardeur  qui  présida  à  sa  naissance,  à  son  érection.  Comme  il  conviendrait  au 


20  ANNALES  AIICII  KdLOr.Ior  r.S. 

Il  inarlyriiiiii  »  i^'i^diUi'  de  saini  Martin  '.  ot  roiiiiiu^  il  serait  à  ?a  plare  sous 
les  simples  et  imbles  voûtes  de  ces  autres  murailles  de  .lérusaleui  !  Celui  qui 
l'a  fait  graver,  et  nous  Ta  gardé  de  la  sorte  pour  des  applications  bien  enten- 
dues, le  reproduirait  avec  le  zèle  de  la  science  et  de  la  conscience  pour  son 
nouvel  usage,  pour  son  nouveau  poste  d'imimeur  et  de  gloire  :  car  il  n'est 
travail  d'Iioinnie  qui  crie  avec  plus  d'i'clal  :  «  (iloria  in  excelsis  Deo  !   » 

\y  C  AT  TOI  s. 

i.  Va  oxrcllent  op\iscuIp.  plein  tic  vues  et  do  vituk  d'iino  liaiilc  portcn.  a  été  publié  réccm- 
nionl  pour  ohipnir  l'ércdioii  d'une  rliapelle  sur  remplanomeni  du  cliœur  de  la  première  abbave 
des  (iauleri.  Ce  rapport  ollicimx  porte  piour  titre  :  «  Notice  sur  le  louibeau  de  saint  Jlai'lin  et 
sur  la  découverte  (]ui  en  a  été  faite  le  li  décembre  18(10,  publiée  |iar  la  Oummission  de  l'ceuxre 
de  Saint-Martin  avec  l'approbation  de  Mgr  l'arclcviViue  de  Tours,  'r  lin  présence  d'un  liistorique 
si  bien  présenté  et  des  plans  détailles  et  soignés  (pii  l'accompagnent,  les  di'sirs  se  sont  bien  vile 
accrus,  et  l'on  a  demande  nrai  ])lu>  un  simple  oraloire.  mais  une  trés-imporlanle  paroisse,  ]icut- 
ôtre  plus,  pour  la  \ille  de  Tnui?.  Les  éli'menis  de  tous  genres  recueillis  en  grand  nombre  len- 
dent  imiiossible  la  moindre  hesilalinn  sur  le  meilleur  parli  de  reconstiaictiou  de  l'édilice  détruit. 
La  giavité  de  ce  sh  le  roman,  qui  reprit  laeine  el  se  perpélua  longtemps  après  les  épouvantes  des 
Millénaires  rassurés,  convient  d'ailleurs  on  ne  peut  mieux  au  talent  de  l'arelulecte,  elioisi,  suivant 
notre  attente  tant  de  fois  exprimée  do  vive  voix  el  |>ar  écrit,  jiour  mener  à  bien  cette  vaste  entre- 
prise. M.  Gnérin  sait  trop  ce  (pi'il  doit  à  la  religion,  à  la  science  et  à  .son  art  pour  s'écarter 
d'une  seule  ligne  de  la  fin  ipi'il  devra  se  proposer  d'atteindre.  I!  sait  aussi  que,  pour  tout  (''carl  à 
tels  endroits,  sa  respon.sabilité  ne  serait  couverte  par  personne.  Son  originalité  sera  de  s'etfacer 
devant  la  nécessité,  le  devoir  de  suivre  la  tradition  la  plus  complète  et  la  plus  reculée  sur  k» 
monument  (]u  H  e^t  (piestiMn  de  relever.  Toute  autie  tendance,  à  nnirc  avis,  soidit  à  repous^i-r 
avec  'ncrgio. 


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TUÉSOll  l)i:  SAINT-MAIIC 


\   \1-MSI< 


VASF.S   n\    \  F.niîF.  COI.OIIK. 

lO.V  Coii'i-.  —  Kn  niatiiTf  ti-ansliicido.  de  cmiloar  vort  pàlo.  (Vuut^  jolie 
miaiico,  ressonil)lant  ii  celle  de  la  porcelaine  (•éhuio:!.  CiiKi  lièvres,  coulés 
dans  la  masse,  conrent  antonr  de  ce  vase,  à  rextérieur.  Uiclie  iiiontm-e  en 
or  gravé,  pierreries,  émaux;  la  gravure  et  les  émaux  figurent  de  simples 
ornements.  Dans  le  dessous,  il  y  a  une  inscription  qui.  selon  Montlaucon 
(  «  Diarium  italicum  »  ).  serait  arabe  et  signilierait  :  «  Dieu  l'a  l'ait  ».  Ce 
vase,  publié  par  un  voyageur  du  siècle  dernier  'K  a  longtemps  passé  pour 
être  taillé-  dans  un  seul  morceau  de  turquoise.  La  tradition  rapi)ortant  (juil 
a  été  donné  par  un  roi  de  Perse  à  la  Républi(iuc  de  Venise,  eu  U7(),  a  pu 
donner  lieu  à  cette  croyance,  parce  que  la  turcpioise  se  trouve  principalement 
en  Perse.  In  autre  vase  célè!)re,  le  «  -Sacro  Catino  ■>  de  (:,(:\v'>.  (pu;  j  ai  vu  à 
la  cathédrale  de  cette  ville  et  qui  .'st  de  couleur  veit  foncé,  passait  pour  être 
d'une  seule  émeraude  -^  Si  la  science  a  fait  évanouir  ces  diverses  pré'tentions, 

■^.  Voir  les   a  Annales  ArdiroloL-iiiues  »,  vol.  xx,   |K..^M■s  IGi.  208,  ■>;\   cl  :î07;  vol.  xsi, 

pages  94  et  336. 

2.  Di:  La  .Mutrave,  «  Vov..gos«,  I.a  Haye.  1727.  I.  i.  p.  72,  pi.  vu  et  vn  l.i..  Il  est  poss.l.le 
que  le  vase  y  soK  donné  de  grandeur  naturelle:  il  aurait  alors  10  cenliinétres  de  haut  sur 
20  centimètres  de  large. 

3.  Cf.  Bossi.  «Observations  sur  le  Sacro  Catino  »,  Turin,  ISOT.  Bos.i  cite  le  vase  de  Venise 
el  d"autres  analogues,  qui  se  trouvent  ii  .Mayence,  Cologne,  Monza  et  ailleurs. 


22  ANNALF.S   A  RC  11  KOLOG  I  QU  F.S. 

il  n'rii  l'st  pas  inniiis  \rai  que  ces  vases  sont  des  prodiiils  rares  et  pn'cieiix 
de  riiidiistrie  asiatique. 

lOG"  Vasp.  e\  FoiniF,  de  srav.  —  La  rdiiliiii'  m'a  [laru  en  être  d'un  violel 
li-,Nc;_f()iiré.  Des  np,-ures.  tailli''es  ou  niulées  dans  la  niasse,  en  font  le'  Jour; 
elles  représenteiil  une  bacehanale.  Le  fond  manque.  Une  anse  niol)ile,  m 
argent,  est  attaclu'e  ;i  son  orifice.  Cet  objet,  qui  parait  être  «  antique  »,  a  l'Ié 
grossièrement  re|ii'nduit  dans  les  o  Voyages»  du  sieur  de  La  Motraye.  f)ù  il 
est  aiir<i  drsigin'' :  «Tas  antiqiium  mira?  magnitudiiiis.  solide  ex  liyacintlio 
granato  ».  .l'ai  ])lacé  ce  vase  dans  la  catégorie  des  objets  en  veri-e.  mais  je 
di''clare  (|ue  je  suis  tout  à  fait  inconqv'tenl  poui-  en  di'signer  la  matière  ;  peut- 
èli'c  est-il  en  cristal  de  couleiu'  violette,  pareille  ;i  celle  de  raméthyste.  et 
a-i-il  été  exécuté  en  vue  des  idées  qui  s'attachaient  à  la.  propriété  de  certaines 
pierres  dures  de  cette  couleur,  ce  qui  les  avait  fait  surnommer  «améthystes», 
c'est-à-dire  qui  préserve  de  l'ivresse  '. 

107"  Pktit  v\se. — De  forme  semi-sph('roïde,  avec  col  évasi'.  Un  anneau 
en  argent,  qui  tourne  autour  de  son  col  et  deux  anses  en  spirales  de  même 
matière  forment  toute  sa  monture.  Il  est  de  couleur  violet  foncé,  et  couvert  en 
grande  partie  de  peintures  pâteuses  qui  forment  relief.  Ces  peintures  consistent 
en  un  fond  semé  de  fleurs  et  autres  ornements,  sur  lequel  se  détachent  sept 
ronds  bordés  eux-mêmes  de  petites  fleurs  et  renfermant  des  figures  nues  en 
pied.  Une  de  ces  figures  est  un  homme  tenant  une  draperie  et  un  thyrse. 
Ces  ronds  sont  intercalé's  enirc  deux  rangées  d'autres  ronds  plus  petits, 
contenant  chacun  une  tète  humaine.  Le  tout  est  d'(m  travail  délicat,  simple, 
élégant,  bien  dessiné,  et  cjui  rappelle  «  l'antique  >.  Je  trouve  quelque  rapport 
pour  les  procédés  d'exécution  entre  ce  vase  et  un  fragment  d'antiquité  trouvé 
à  i^imes  et  plai-é'  au  musé'e  du  Louvi'e  avec  cette  étiquette  :  «  Figures  de 
pâte  de  verre  appli(iuées  sur  un  Iniid  translucide  ».  Cependant  si  ce  vase  est 
(I  antic[ue  »  il  a  dû  être  orné  dans  le  Bas-Empire,  car  ses  anses  sont  pareilles 
à  celles  d'objets  byzantins  qui  smit  près  de  \h.  et  deux  inscriptions  en  carac- 
tères cufic[ues  sont  peintes  l'une  h  rext('rieur.  autdiir  de  la  partie  inférieure, 
et  rautre  en  dedans,  autour  du  col.  Voilà  un  ol)ji't  (lui  doit  certainement  inté- 
resser les  anli([uaires. 

Il  n'était  pas  rare  autrefois  de  rencontrer  des  monuments  païens  dans  les 
trésors  de  nos  églises,  et  c'est  à  cette  circonstance  qu'on  doit  la  conservation 
de  plusieurs  objets  d'art  très-importants.   Tout  le  monde  connaît  le  beau 

1.  Cf.  Pi.iNK.  1.  wwiii,  n"  40.  —  Il  existe  sur  fc  vnsp  ot  sur  le  |uécéilent  deux  dissertations 
qui  se  trnuveniient  dans  le  volumineux  ouvraire.  «  Yenezia  e  le  sue  lai;une  n,  publié  ii  Venise  en 
I8i7.  à  la  suite  d'un  congrès,  et  dont  je  n'ai  pu  avoir  communication. 


■IIIKSOII    |)F.  S  \1\  r-\l  \K(;,    A   VKMSK.  23 

caiiu''e  (le  la  Saiiilr-('Jia|ii'll('  cl  le  inaL;iiili(|m,'  vase  di'  Saiiil-Dcnis.  appclc 
(•(iii|)('  (les  IMohMiiiM'--.  l)i'anrMii|i  liauli'i's  iiiorci'aiix  iiili''i'i>ssanls .  (|ni  l'uni 
l'onieiiiriil  et  la  ricliesM'  (hscullcclinns  |)ubli([iics,  dul  la  iiièiiu;  oi-ii;iii(\ 
.Vujdurd'liiii  ciu'Di'c.  Il'  liv'siirdc  rabbaxr  ili'  Saiiil-Maïu'ici',  en  Suisse,  possède 
eiilre  aulres  objets  |)i'érieii\  un  superbe  vase  en  sardonvx.  aiiloiu'  d.ii(|uel  se 
déroule  une  seène  seuljtti'e  ([ui  esl  [)eut-èlre  un  épisodi.;  tle  la  gueiTe  de 
Troie. 

IVOIRKS. 

Les  objets  eu  ivoire  sont  l'aros  dans  le  trésor  de  .Saint-Mare,  je  u'i'ii  ai 
apcreu  (]u'un  seul  dont  voiei  l'indlealiou  : 

108°  l'irirn-;  noiiK  uondk.  —  Elli'  est  ^-ravéïi  au  Irait,  dessus  et  auloiu- : 
des  paons  et  dr>  |]o(n's  ornout  le  des.-us  ;  autour.  r'o>l  uni'  casaleadi'  de  rhas- 
seurs  l'oiseau  au  |)oing  ;  puis  inie  inscription  (|ui.  pai-  la  l'orini'  de  ses  earac- 
tères.  indi(|ue  p(>siti\eiueut  un  ti'a\ail  a.-iatiqiie.  (Ictlc  iu>criplion  eonticnt 
peul-èti'c  ÛQ^  V(i'u\  et  souhaits  ou  di-s  s<'nti.'ni-es  morales,  eouiuiu  rinsri-iption 
d'un  eoHVe  d'ivoiiv  appartenant  à  la  ealliédralo  de  Sens. 

J.es  i\oii'es  n'axant  pas  la  nièmi'  \aieur  intrinsr(|ne  (juc  les  pircrs  d'oi'té- 
vrerie.  il  n'est  pas  ('■toiniant  (|ue  (iuel(|ui's-uiis  aii'ul  |iu  éeliap|>i'r  à  la  ruine  de' 
nos  trésors;  les  «  .-Vnnale's  .U'ehéologi(]ues  «  ont  publié'  pln.-iours  Ix'aux  mor- 
ceaux {[ui  snl)sist(Mit  encore,  entre  auti'es  un  Crueilie;i:eut  et,  le  (llirisl  couron- 
naiU  rem|)ereur  liomaiu-Dio.gène,  ouvi'a.n'es  i;-recs  conservés  à  la  Bibliollié(|Ui' 
impériale.  Deux  collVets  ivn:ai-(|uables,  de  travail  byzantin.  exi>teiil  encore 
aujourd'luii  dans  les  eatln'drales  de  Sens  et  de'  Ti'oys.  Siu-  celui  île  Si'iis  on 
voit,  en  petits  bas-i'eliel's.  toide  Thistoire  de  Joseph.  Des  insciiptiijus  ti,rec- 
ques  on  lettres  d'or  .s'y  lisaient  antrel'ois;  mais  ellaeées,  en  partie  par  le 
temps,  en  partie  [)ar  des  ignorants,  elles  ont  dis|)ai'u.  (le  luoiunnent.  pi-(''cieux 
par  sa  rai'elé  et  son  travail,  a  été  impart'ailemenl  [lublii''  par  Miliin  dans  son 
«  Voyage  en  France  »  ;  il  a  éti'  moulé  avec  soin  |)ar  la  Sociéli'  d'Ai-iuidel  de 
Londres.  Le  coll're  de  Troyes,  i)ul)li(;  aussi  et  moulé'  par  la  même  Société. 
rcpré.sente  des  grands  .seigneurs  achevai,  .soilant  d'une  ville,  et  mie  chasse  ù 
la  grosse  bète.  Ces  objets  figuraient  autivl'ois  au  milieu  de  beaucoup  d'autres. 
qui  ont  disparu  et  (jui  avaient  une  même  origine  (jue  ceux  du  trésor  de  Saint- 
Marc.  C'est  ce  (|ue  racontait  un  voyageur  (!u  dernier  siècle -eu  ces  termes; 
«  Outre  ces  anti(iuités  des  meilleurs  temps.  Venise  en  possède  d'autres  du 
Bas-Empire  et  du  moyen  âge.  Le  trésor  de  l'église  de  Sainl-^larc,  tiès-riche 
en  ce  gc.ire,  est  formé  de  la  pail  (jui  échut  aux  Vénitiens  dans  le  pillage  du 


24  ANNALKS   AllCII  |':ULU(J1QL'L:S. 

palais  des  empereurs  de  Constantiuople,  lorsque  cette  \illi;  fui  pi'ise  et  sar- 
cayée  par  leurs  forces  couibiuées  avec  celles  des  Français.  La  pari  (jui  ('■i-hul 
à  ces  derniers  est  aujourd'hui  ri''paiiduo  dans  diverses  églises  de  France.  La 
calhi'di-ale  de  Tnues.  en  Champagne,  la  cnlir'giale  de  hi  même  ville,  ralihayc 
de  Çlairvaux,  etc.,  piissèdent  plu>ieui's  pièces  ti'ès-précieuses  tii'éi's  di'  la 
même  source  et  qui  leur  ont  été  données  soit  |)ar  les  comtes  de  Champagne 
qui.  ayant  confribui'  pour  beaucoup  à  cette  expédiliou.  eurent  bomic  part  au 
butin,  suit  par  ré\è(iue  de  Troyes  d'alors  qui.  étant  le  |)remier  aumônier  de 
l'arniiV  française,  s'iHait  loti  ou  partagé  pai'  ses  propres  mains  ^.  » 

109°  et  1J()°  Di:l\  coumis  di'  licouM';. — Je  mentionc  dans  la  catégorie 
des  ivoires  ces  deux  objels  appelés  autrefois  cornes  de  licorne  et  aujourd'hui 
dents  ou  dé'fenses  de  nai'val  ;  ils  sont  droits  et  longs  de  plus  d'mi  mètre  -. 
Le  ])i'emier.  (pii  aurait  été  donné  à  un  doge  en  liSS,  est  garni,  h  clia(|ue 
cxirémifé,  de  métal  sur  lecpiel  sont  gravées  des  inscriptions  à  la  pointe;  ce 
sont  deux  lignes  d"arabe  ou  d'une  autre  langue  d'Asie.  A  l'autre  bout,  on 
dislingue  deux  lignes  en  caractères  grecs.  Une  chaîne  y  est  attachée,  (jui  ser- 
vait sans  doute  à  le  sirspondre  daiis  le  clio.'ur  les  joui's  de  fête.  Au  milieu  de 
cette  cliaine  est  un  m(''daillon  représenlanl.  dit-on.  Saint-3hu'c  entouré  d'une 
inscripfi(Hi  latine.  —  J'ai  tenu  le  second  objet  dans  mes  mains  et  je  puis  en 
])arler  a\ec  plus  de  détails.  Six  anneaux  d'argeni,  gravés  d'inscri[)tioiis,  l'en- 
tourent h  dilférents  intei'valles.  .Sur  l'anneau  le  [)lus  rap[)roché  de  la  pointe, 
on  lit  le  co:miienccme:it  de  la  Salutation  angéli([ue  : 

+     KAIPH     KE\AP1T.0A1E[M1] 

((  Je  vous  salue.  |)leine  de  grâce.  » 

1.  Il  Observations  sur  rit.ilic,   doniu''?.-;  son-;  le  nom  ilo  dcn\   gentilshommes  snédois  »,   par 

M.  G ,  Londres  et   Tari»,  1771,  t.  u.  |i.  7ii.  —  M.  l'abbé  Coflinet,  chanoine  de  Troyes,  donne 

des  rensei.LMienients  détaillés  sur  le  trésor  de  la  cathédrale  de  Troyes  au  sujet  d'un  reliquaire  de 
la  vraie  eroix  oi-rié  d'émaux,  qui  s'y  trouvait  jadis  et  qui  portait  une  inscri|ition  ijreeqne  eonsU»- 
lant.  je  pense  i|u  il  avait  été  exécuté  |>ai'  le-;  soins  d'un  j;rand  dignitaire  ;  llpwTc-ici'îfc;'  du  nom 
de  Constantin.  On  y  voxail  repré-enloes  la  Crucifixion  et  la  Itésurreeliun.  Voir  les  «  .'\Iém.  de  la 
Soc.  arch.  de  l'Aube  ».  t.  xix. 

2.  Le  trésor  de  Saint-Denis  en  possédait  une  de  plus  de  six  pieds  de  loni:;  on  prétendait 
qu'elle  avait  été  cn\o\éc  à  Cliarleniairue  par  un  roi  de  l'erse.  Le  trésor  de  la  cathédrale  de 
Slrasbouri;  en  possédait  aussi  une  de  la  même  lon.;;uenr,  cl  l'on  vovail  appendu  à  l'un  des  piliers 
de  cette  é.ulise  un  objet  de  mêmes  nature  et  dimension,  mais  dont  la  pointe  était  recourbée. 
Cf.  ^lii.LKT,  «  Trésor  sacré  de  l'abbaye  de  Saint-Denis  u,  1040,  [).  lio,  et  «  Description  de  la 
cathédrale  de  Stra.sbour.!.' »,  1SI7,  p.  117.  On  peut  voir  , à  Paris,  au  (Conservatoire  des  arts  et 
métiers,  deux  défenses  de  narval  :  l'une  a  2  mètres  .30  centimètres,  l'autre  I  nietre  oO.  M.  Le  Car- 
pentier  'de  Paii.s)  en  |)ossède  deux  entièrement  .sculptées.  11  en  existe ii  Venis\  au  musée  Correr; 
on  dit  (pi'aulrefois,  dans  cette  ville,  on  en  voyait  ii  la  parle  des  apothicaires. 


TRKSOn    DF.  S'JNT-MAP.C,    A   VI'. M  S!".  25 

Sur  Irs  (liHi\  niiiiranx  >iiivant>.  on  lit  : 

-J-    ATio^    o    or.os    I 

-p     :i\rP()^     Al'IOÏ     ARAXATOS. 

Ci'Ito  phrase  est  lin'(>  du  «  Trisanion  ».  pi-iri-o  f|iii  est  l'écili'o  penilanl  la 
lilnrgio  ou  messe  dos  Grecs,  et  que  ri\i;lise  romaine  eiiaiili'  ou  laliii  et  ou 
grec  à  roffice  du  \eudredi  saint  :  «  Sanclus  Dons,  sanctiis  lurtis.  sanrlus 
immorlalis.  etc.  ^  • —  Los  doux  anneaux  qui  suivent  portent  ces  mots  : 

-f-     F.VAOri.lMKNO:^     o     FI'XO 

-f-     MENOC     OCAIS'A     TO     lO     AACIO     (sic). 

On  reconnaît  facilement  l'acclamation  des  Juifs  lors  do  rontréc  de  .]i''sus- 
Christ  à  Jérusalem,  et  qui  est  répétôe  à  peu  près  dans  los  mèirios  Ici-inos  à  la 
messe  des  Crocs  et  des  Latins.  .Te  suppose  que  l'insci-iplion  gi-axi'o  sur  !(» 
dernier  anneau  est  ('gaiement  chrôtionnc  ;  mais  ollo  est  on  arabe,  syi'ia(|ui'  nu 
auti'o  langue  d"Asio.  et  je  n"a\ais  pas  le  temps  dossaycr  di'  la  ooiiicr.  Tmi- 
tefois.  nous  en  savons  assez  ])our  èti'o  coiiain  c[ue  ce  monuuu'nt  a  éti',  orm''. 
par  des  mains  clin'tionnos,  et  pour  être  autorisé  à  croire  ([u'il  était  poi-t('  |iar 
quek[ue  dignifaii'C  dans  certaines  cérémonies  religieuses  à  Constant ino|)lo, 
Antioclic  ou  tout  autre  lieu  de  l'empire  d'Orient,  car,  en  Sicile,  on  trouve  dos 
inscriptions  bilingues  en  grec  et  arabe,  l'oiil-ètre  encore  cet  objet  était-il 
appendu  aux  murs  d'une  église,  près  d'une  imago  de  la  sainte  Vioi'gc.  par 
suite  de  ri(lé(>  altacli(''(;  à  sa  provenance  d'im  animal  consich'i-é'.  par  los  cliré- 
tiens  du  Bas-Empire  et  du  moyen  âge,  et  peut-être  pai-  les  païens  do  l'anti- 
quité, comme  un  symbole  de  la  virginité.  Pour  compléter  autant  que  possible 
la  description  de  ce  curieux  monument,  je  dois  faire  observer  ((ue  les  inscrip- 
tions gravées  sur  los  trois  premiers  anneaux  sont  on  beaux  caractères 
anciens,  tels  ((u'on  n'en  voit  ])as  souvent  dans  les  inscriptions  chrétiennes, 
surtout  pour  la  l'oi'me  des  oméga  el  des  sigma;  quant  aux  inscriptions  (l(\s 
quatrième  et  cin([uième  anneaux,  nous  y  retrouvons  les  cai-arlèros  habituels 
du  Bas-Empire  avec  des  fautes  d'orthographe. 

Une  des  armoires  de  la  salle  du  Ti'é'seï'  contient  plusieurs  objets  d'mio 
grande  richesse,  do  travail  vénitien  des  quinzième  siècle  et  sm'vants  :  croix, 
crosses,  calices,  paix,  cendélabres,  etc.  Je  n'ai  |)aseii  le  temps  do  m'y  arirtei-. 
Je  note  aussi  sommairement  un  devant  d'hôtel  (  «  paliotto  ou  parapetto  »), 
donné  par  un  pape  vénitien  à  l'église  Saint-Pieri'o.  aloi's  cathédrale,  et  ti'ans- 
porté  depuis  à  Sainl-'NLarc,  devenue  basili(]uc  patriarcale.  C'est  un  magni- 
fique travail  d"orfévi-eric  du  quinzième  siècle.  On  y  voit,  sm-  deux  rangs 
xxii.  4 


20  ANNALES    AnCIIl'OLOG  I  Ql!  KS. 

siip('i'|)ii<(''s.  J('sns-Clirist  assis  entre  les  douze  apôtres  en  pied,  et  saint  Pierre 
assis  entre  d<)ii7.(^  saints  aussi  en  pied.  Toutes  ces  figures  sont  exécutées  au 
repoussé,  d'un  fort  relief.  Les  jours  de  fête,  on  place  ce  paliotto  devant  le 
maître-autel. 

J'ignore  si  l'église  Saint-Marc  ne  possède  pas  encore  d'autres  objets  anciens 
et  remarquables,  qui  seraient  renfermés  dans  la  sacristie  ou  dans  des  maga- 
sins; je  ne  m'en  suis  pas  informé-  faute  de  temps. 

Pour  ne  rien  négliger,  il  faudrait  parler  des  guipures  et  des  tapis  de  Perse; 
j'en  ai  vu  l;i.  comme  dans  beaucoup  d'autres  endroits  de  "Venise.  Ce  sont  des 
objets  (|ui  éM',ha|ipent  à  toute  descrijition,  et  cependant  il  faut  se  hàtei'  de  les 
cxaniiiier.  et  d'en  dessiner,  si  l'on  jieut.  f|nel([nes  fragments,  car  ils  dispa- 
raissent de  jour  en  join-;  il  ai'rivi^i'a  un  temps  nù  Ton  ne  ]iom'ra  avoir  une  idée 
des  tapisseries  d'Orient,  dnnt  les  motifs  d'ornement  sont  si  simples,  si  bien 
entendus,  et  dont  les  couleurs  sont  aussi  harmonieuses  (lae  sur  quelques 
tableaux  flamands  disséminés  dans  les  musées.  Mais  j'en  ai  dit  assez  pour 
donner  une  idée  de  l'importance  des  objets  conservés  dans  l'ancienne  cha- 
pelle des  doges,  plus  heureuse  en  cela,  si  je  puis  m'exprinier  ainsi,  ([ue 
l'ancienne  chapelle  du  palais  de  nos  rois,  qui  possédait  autrefois  un  trésor 
encore  plus  riche  et  qui  est  aujourd'hui  presque  entièrement  détruit. 

Parmi  les  émaux  qui  composent  la  «  Pala  d'oro  »,  j'ai  mentionné,  sous  le 
numéi-o  58,  une  figure  du  Christ  accompagnée  de  cette  inscription  :  ic  xc  O 
AATI't'O^'iiTHC.  Cette  figure  ainsi  nommée  doit  probalilement  se  rapporter  à 
une  li'gende  pubiié-i^  par  Combefis  sous  ce  titre  :  «  llistoria  imaginis  Salvatoris 
«  quam  kv-:ov''r''f.;  dieunt  i.  »  En  deux  mots,  voici  cette  légende.  Sous  l'em- 
pereur lléraclius.  un  marchand  grec,  appelé  Théodore,  s'embarque  avec  une 
cargaison.  Il  fait  nauh-age  et  perd  tout  ce  qu'il  possédait.  Cependant  il  par- 
vient à  emprunter  une  somme  d'argent  ;i  un  Juif  nomme  Abraliam,  qui 
accepte  pour  caution  une  image  de  Notre-Seigneur  vénérée  sur  une  des  |)laces 
pnbliques  de  Constantinople.  Le  marchand  pei'd  tout  une  seconde  fois.  Le 
Juif  consent  encore  à  prêter,  mettant  toujours  son  espoir  dans  sa  caution. 
Théodore  se  rembarque  donc  et  rexienl  avec  une  fortune  considérable;  il 
rembourse  alors  Abi'aham.  et  celui-ci,  frappé  des  circonstances  miraculeuses 
qui  ont  accompagné  le  sort  du  marchand,  se  convertit  au  christianisme  et  est 
baptisé  avec  toute  sa  famille. 

Ji:i.ii;n   DURAND. 
1.   «  Aiif 'imrium  nivum  »,  Paris,  ICls.  t.  xi,  p.  fill.  —  «Bibl.  Pair.  ».  t.  xix. 


AHimLlË 5    ARCZ^E'OL'O GlgUJE û 


PAR    DIDRÛN     A    PARIS 


./   //..'///-     </.     .//-///./-/- 


/.  amr/i,n-/. 


MAK'jr.CRlT  OU  ;(V;"^  SiKCl.F. ,  A  liA  BiiiîJOTHF.guE  :MPÉS1i\1.E,  N°  li6 


/M/;  ,...,/.  .O/J,-,, 


//i'/rr'f/H-  />»!'  ^1  /Ir/fff/.  .Î-:  j«*:  «f   ^'    /-wiw/ï 


LA  yikk(;k 


ET    LES    PALKNODS    DL    MOYEN    A(.E 


II  y  aurait  de  l'iiilérèl  à  passer  en  revue  tous  les  chants  du  l'uy  d'Amiens 
avec  les  mini;dures  correspondantes,  ils  fni-incnt  autnur  de  la  reine  des  anges 
comme  un  concert  dont  cluujue  note  a  son  agrément,  et  ce  nest  pas  dédain, 
il  s'en  faut,  si  nous  retranchons  du  cadre  de  cette  étude  la  plupart  des  com- 
positions que  contient  le  manuscrit  de  la  Bibliolhètiue  impériale.  C'est  avec 
une  extrême  souplesse  el  une  prodigieuse  diversité  (\ne  les  rhéforiciens  et  les 
coloristes  de  ce  temps  ont  traité-  le  triple  aspect  (|ui  résume  la  Vierge  tout 
entière  :  sa  conception,  sa  virginité  et  sa  maternité  divine.  Elle  sort  d'entre 
leurs  mains,  on  peut  le  dire,  avec  ce  vêtement  de  variété  dont  parle  le  psaimie, 
«  circumdata  varietatc  ».  et  elle  ofl're  un  argument  de  plus  de  l'inépuisable 
fécondité  des  sujets  religieux,  du  vaste  champ  qu'ils  ouvrent  devant  l'imagi- 
nation artisti([uc. 

11  y  a  des  préjugés  singuliers  et  cpii  ont  cours  même  pai'mi  les  gens  de 
profession.  Par  exemple,  on  répèle  cpiil  est  connue  impossible  de  parler  ou 
d'écrire  dignement  sur  la  Vierge;  que,  ])ar  le  fait,  la  poésie  et  l'élociuence  ne 
lui  doivent  point  leurs  cliefs-d'œuvre.  Des  prédicateurs  eux-mêmes  se  désolent 
d'avoir  k  célébrer  les  louanges  de  cette  créature  auguste  et  jjrescjue  di\ine, 
qui  apparaît  sur  les  confins  de  la  nature  et  de  la  grâce,  connue  à  une  égale 
di.stancc  de  la  ferre  et  du  ciel.  Sans  doute  un  bon  sermon,  un  bon  poème  sur 
la  Vierge  sont  dilTiciles  et  rares,  mais  c'est  la  loi  commune  de  tout  ce  qui  est 
bon  et  beau.  Les  merveilles  ne  foisonnent  dans  aucun  genre,  el  ce  n'est  pas, 

1.  Voir  les  j  Annales  .Vrchéologiqucs  »,  vol.  xxi.  p.  3io-3o7. 


28  ANNALES  AliCllEULOGKjLES. 

pour  rordiiiaire.  le  sujet  ([ui  manque  au  génie,  niais  le  génie  (jui  inaniiue  au 
t^ujet.  Rien  de  plus  commun,  à  coufi  sur,  (jue  dcntendœ  discourir  faiblement 
t-ur  la  sainle  Vierge  :  on  dirait  ([u'elle  a  le  privilège  d"ètre  maltraitée  des 
orateurs  sacrés.  Us  trouvent  commode  de  s'en  prendre  au  sujet,  mais,  en 
réalité,  ils  ne  doivent  accuser  que  leur  ignorance  ou  leur  faiblesse.  11  n'est  ni 
])lus  ni  moins  malaisé  de  chanter  la  vierge  Marie  que  de  la  peindre  ou  de  la 
sculpter.  Oi',  combien  de  poèmes  splcndides  éci'its  à  sa  louange  avec  le  pin- 
ceau ou  a\ec  le  ciseau!  C'est  une  magnifique  épopée  en  son  honneur  cpie  celle 
qui  se  déroule  à  travers  les  siècles  sur  le  bois,  sur  la  toile,  sur  la  pierre,  dans 
les  vitraux  ou  sur  le  marbre.  Aucun  sujet  n'a  été  davantage  et  plus  heureu- 
sement essayé,  et  l'éloquence  elle-même  lui  doit  ses  plus  belles  inspirations. 
Les  Pères  de  l'Eglise  en  ont  tiré  d'immortelles  pages,  et  Bossuet,  le  dernier 
d'entre  eux,  ses  meilleurs  discoui's.  Dante,  au  moyen  iige,  a  semé  sur  la 
Vierge  de  glorieuses  strophes.  >"ous  prions  ([u'on  relise  celles  qui  ouvrent  le 
wxiu"  chant  du  Paradis.  C'est  le  type  de  la  hauteur  à  laquelle  peut  attehidre 
l'enthousiasme  poéti(]uc  sous  le  souffle  de  la  foi  et  de  la  piété. 

Nos  chantres  de  Palinods  sont  d'un  lyrisme  beaucoup  plus  humble  assuré- 
ment, mais  on  reconnaît  çà  et  là  dans  leurs  œuvres  une  inspiration  supérieure 
à  leur  talent.  Le  sujet  a  soutenu  leur  muse,  et  conune  d'ailleurs  ils  ne  visent 
point  à  l'ellèt ,  ils  se  font  pardonner  de  n'être  pas  sublimes  en  restant 
simples. 

Reprenons,  pour  terminer  avec  le  recueil  d'Amiens,  quelcjucs-unes  de 
leurs  allégories. 

Marie  est  célébrée  connne  l'aube  du  jour  qui  éclaire  le  monde.  Dans  le  sens 
de  l'auteur,  l'aube  est  cette  clarté  qui  tient  le  milieu  entre  les  ténèbres  qui 
se  retirent  et  la  lumière  qui  s'avance.  La  A  ierge  est  donc  une  créature  à  part, 
médiatrice  entre  Dieu  et  l'honnne,  sorte  de  trait  d'union  de  ces  deux  incon- 
cevables extrêmes,  retlet  vivant  et  substantiel  du  soleil  de  justice,  messagère 
de  grâce  et  de  salut,  espoir  et  consolation  des  races  assises  dans  l'ombre  de 
la  mort,  argument  du  Christ  à  venir  et  sa  présence  anticipée.  C'est  la  Vierge 
des  prophètes,  la  Vierge  chantée  ainsi  aux  Cantiques  :  «  (Juclle  est  celle-ci 
qui  s'avance,  pareille  ù  une  aurore  naissante,  belle  comme  la  lune»,  dont  elle 
possède  le  doux  éclat,  »  pure  comme  le  soleil  »,  dont  les  rayons  la  pénè- 
trent ?  (Quœ  est  ista  qux  progreditur  cjuasi  aurora  consLU'gens,  pulchra  ut 
luna,  electa  ut  sol  K) 

On  la  voit  debout  sur  une  montagne,  au-dessus  des  palais  et  des  maisons 

I .  «  Gant.  0    VI,  '.^. 


LA    VIEIKJK   1:ï  L1:S   l'ALI.NODS   DU    M(J\i:.N    \GE.  20 

do  la  cité,  nimbée,  ciicveiix  lloltants,  eiiviroiiiiée  de  nuages  qui  se  retirent  de 
part  et  d'autre  et  font  place  à  une  lumière  chaude  et  transparente  sur  lacjuelle 
elle  se  détache.  1-a  pose  est  noble,  et  les  visages  de  la  mère  et  de  Tenfant  ont 
une  expression  sei'ciiie. 

Maintenant,  voici  la  Vici-gc  sous  remblème  d'ini  calice,  le  calice  du  sacri- 
fice eucharistique.  11  y  a  un  autel  et  dessus  un  calice  dans  letiuel  plonge  à 
demi  l' Enfant-Dieu  (juc  la  Vierge  elle-même  soutient.  Et  ce  calice,  dit  le 
poëme, 

apport  lu  élection 

De  Dieu  faicte  |)ai'ce(Hiau  testameiil 

Vieil  est  eseript  ([uavaiil  crealiun 

Des  siècles  fut  si'mpitenielleineiU 

Celte  Vierire  pre\eiie  dii,'neiuciit 

i£t  disposée  en  sainteté  immense 

.V  recepvoir  Uioste  de  linnocence. 

La  figure  que  voici  a  du  rapport  avec  la  précédente  : 

Au  genre  humain  consolable  funlainc. 

Telle  est  la  devise  qui  sert  de  thème  au  peintre  et  au  poëte.  Le  premier 
nous  montre  la  Vierge  tenant  l'enfant  sur  le  bord  d'inie  fontaine  en  forme  de 
baptistère.  Des  deux  côtés  coule  une  eau  pure  où  des  gens  de  toute  condition 
viennent  j)uiser.  Le  poêle  assimile  cette  fontaine  à  celle  de  Siloé.  parce  (ju'en 
môme  temps  qu'elle  abreuve  les  humains,  elle  les  purifie  de  leurs  souillures. 
Cette  fontaine,  dit-il, 

que  en  preelection 

Dieu  ordonne  ccst  Marie  sacrée 

Liiquclle  fut  par  loperation 

Du  Sainct  Esprit  emplie  et  décorée 

Deaue  de  jrraee  en  telle  providence 

Oue  ^'enre  humain  (jui  en  avoit  carence 

Par  cette  eaue  eut  force  aj;ilite 

De  parvenir  à  la  gloire  haultainc. 

Une  des  miniatures  les  plus  achevées  est  celie  (jui  fait  pendant  au  poëme 
où  Marie  est  appelée  : 

Au  Pélican  forost  solacieusc. 

La  Vierge  est  debout  devant  une  forêt  peuplée  d'oiseaux  charmants.  Rien 
n'égale  la  richesse  et  la  variété  de  leur  plumage,  si  ce  n'est  celles  de  leurs 
chants  fine  l'on  croit  entendre,  tellement  ils  ont  des  attitudes  vives  et  animées. 
La  panihère,  le  lioa,  la  licorne  errent  en  paix  sous  les  grands  arbres,  et  tous 


30  ANNALES   AliCIl  KOl^OG  lOLES. 

CCS  animaux  rcprc^^eiilcnt  les  vertus  de  Marie.  Ail\  i)icds  de  celle-ci  repose 
un  nid  vers  lequel  s'abat  un  pélican.  Les  petits  allongent  leur  tète  et  tendent 
a\idenient  leur  bec  à  la  nourriture.  Le  pélican  se  frappe  et  se  déchire  : 

Le  sang  coule  ;i  longs  flots  de  sa  poitiiiic  ouvorle. 
En  vain  il  a  des  mers  fouillé  lu  profondeur: 
L'océan  élait  vide  et  la  plage  déserte, 
Tour  toute  nourriture  il  apporte  son  cœur. 

Le  polMe  a-t-il  besoin  de  dire  : 

Cette  forest  en  sa  beaulte  plainicre 

Est  Marie 

Qui  sur  la  terre  en  haultesse  souimiere 
Toucha  les  cieulx. 

A-t-il  besoin  davantage  d'explicpicr  que  le  pélican  es!  le  Christ  qui  vint  par 
l'incarnation  habiter  cette  forêt  vierge  et  ([ui  nourrit  de  son  sang  «  les  pau- 
vres pélicans  huniains  abandonnés  »  ? 

j\Jarie  est  cliantée  après  cela  et  figurée  coinnu'  la  fronde  dont  le  vrai  David 
se  servit  pour  terrasser  le  géant  orgueilleux.  David,  c'est  Dieu  le  Père  ;  la 
fronde,  c'est  Marie;  la  pierre  de  la  fronde,  c'est  Jésus-Christ;  Goliath  à  la 
tète  des  Philistins,  c'est  le  démon  à  la  tète  de  ses  anges. 

In  autre  s\m!)ole  tiré  de  l'I^critiire  est  ap|ili(iué  à  ^Larie  dans  cette  devise  : 

l'iaisant  Iloster  du  roy  des  cieuK  eslute. 

Assuérus,  c'est  Dieu;  Vasilii.  l'humanité  qtie  Dieu  a  répudiée  à  cause  ([u'elle 
(1  s'abatidonnait  à  tmo  infmiti''  d'adtiltères  par  une  insatiable  prostitution  », 
comme  dirait  Bussuet  ;  Eslher,  c'est  Marie,  «  de  beatilte  refulgente  », 

Qui  grâce  obtint  par  manière  absolule 

et  qui  en  usa  pour  sauver  l'humanité  au  détrimetit  de  son  antique  et  mortel 
ennemi. 

La  Vierge  tienf  l'enfant  qui  lui  met  sur  la  tête  une  couronne.  A  un  plan 
inférieur.  Assuérus  fait  la  même  chose  pour  Esther. 

iNIais.  puisque  nous  en  sommes  aux  figtires  de  la  Bible,  nous  ne  devons  pas 
omettre  une  des  plus  heureusement  employées.  La  Vierge  est  appelée 
dans  le  refrain  : 

Au  souverain  Moïse  Immblc  fiscello. 

La  mise  en  scène  est  ornée.  On  voit  le  palais  de  Pharaon  sur  les  bords  du 
Nil.  Devant  le  palais,  la  Vierge  Marie  debout.  A  ses  pieds,  sur  l'eau,  flotte  une 
corbeille  où  git  un  enfant  eimnaillotté.  A  droite,  la  fille  du  roi  d'Egypte  dési- 


I,A    VIF.RGF.   1:T   I.F.S   PALINODS   DU   MOYEN   AGK.  31 

suant  (lu  (loi^t  à  .«os  coinpaiïnos  la  <>  flscello  'i  qui  surnag-o;  à  p,-auclic.  MafiV. 
S(i!ur  (le  Miiïsc.  (jui  s*^  lient  là.  ('piaiit  le  sccMurs  |)iini'  ce  clici'  tr(''sor  (|uo  balan- 
cent les  eaux  capricieuse?  du  ITeuve.  L'auteur  du  chant  n(^  uiau(|ue  pas  de  se 
■  livrer,  selon  l(>  goût  malheureux  ih  cette  ('poque.  à  des  explications  menues 
siu- la  longueur.  ri''tn)itesse.  la  ci)ncavit('  de  la  coi-heiile.  Il  n'est  ni  atlravaiit 
ni  utile  de  s'y  anx'ter.  Constatons  seulement  le  but  du  \)in:\r.  ([ui  est  d'ex- 
primer 

Oiie  Miuii'  p.ir  ifuvn^  ni-irupic 

0(^mniira  ViiM'i;(^  »\oc  maleinilo 

Kt  oiillrp  plus  l;i  plaiiii('n>  liiiboiulani'O 

QucIIp  oust  (lo  irràce 

La  prc-orva  de  >n  conri^|)tion 

Do  |'psanl(>iir  ot  irraxt?  infci-tioii 

De  \  il  pc^i'lic 

Tout  ainsi  cpie  la  «  fiscelle  »  gardienne  des  (lesliM('es  du  peuple  ln'breu 
flottait  sur  l'eau  par  sa  l('g("'ret('  propre,  grâce  à  l'air  (|ui  la  remplissait,  et  (|ue 
rosier  dont  on  l'avait  lress(''e  en  (''tait  si  compact  et  sern''  que  la  vase  ni  le 
limon  n'y  pouvaient  entrer,  ainsi  la  grâce,  rpii  fut  avec  pli'nilude  en  Marie. 
la  rendait  à  la  t'ois  imp(>n(Mràble  et  «  insulmiersible  »  aux  Ilots  de  la  cornqition 
connnuue.  Dieu  la  lit  si  «  legiere  du  vice  'i  ([uc 

Oncqups  (lo  co  iioiist  pondornsilo. 

C'est  une  tn''s-gracieuse  et  tr(''s-juste  figm'c  de  cette  Vierge  iuniiacult''e  flot- 
tant sur  la  d('ch(!'ance  universelle,  ainsi  que  l'ai'clie  ancienne  sur  le  déluge  des 
grandes  eaux;  poi-taut,  comme  la  «  flscelle  »  de  Mo'ise,  les  destins  du  monde, 
et  échappant  comme  elle  à  la  loi  (l(>  mori  (|ui  pesait  sui'  la  l'ace  humaine;  se 
dérobant  à  ce  fleuve  aux  sources  inconnue»  comme  le  \il.  — car  la  natur(> 
précise  de  la  faute  oi'iginellc  est  ignorée.  —  mais  f|ui  part  de  l'hjleu  et.  dans 
sa  course  h  travers  l'iiumanité.  entraîne  et  submerge  la  trisl(;  descendance  du 
premier  homme. 

11  faut  qucl([Ucfois.  nous  l'avouons.  comph'Ier  la  |)cnsée  ou  l'image  de  nos 
auteurs;  mais  cette  pensée  est  toujours  indi(|ui''e  et  assez  explicite,  dans  l'obs- 
curité du  langage  et  l'embarras  des  foi'muies.  pi>tu'(|ue  l'on  puiss(>  sans  excès 
et  sans  erreur  en  achever  l'expression. 

Ce  besoin  d'interprétation  est  smlout  n(''cessaire  poiu'  les  deux  figures  qui 
suivent. 

Marie  est  célébrée  comme  la  forge  d'oii  sort  Jésus-Christ,  le  souverain 
chef-d'œuvre.  La  peinture  pn'seute  une  salle;  au  milieu  de  la  salle,  mie 
enclume;  à  l'entour  de  l'enclume,  des  femmes  arnK'es  chacune  d'un  marteau 


32  ANNALES  AnCIlEOLOGlQLES. 

ciirellos  lèvriil.  prrlcs  ;i  frapper.  Les  marfoaux  soiil  au  nnmlirr  do  sept,  lis 

signifiout  : 

Foy  Toinpnrancc  E>pfranco  et  Prudence 
Forée  Jii?tieo  ensemble  cl  Clinrite. 

C'est  pous  reiïort  de  ces  verliis.  qui  figurent  les  sept  dons  de  l'F.spi-il-Sainl, 
et  que  l'Esprit-Saint  répandit  sur  ^larie  au  jour  de  rinearnalion  du  Veii)e, 
que  Notre-Seigncur  se  forme  dans  relte  forge  sacrôe  qui  est  la  Vierge.  T^e 
sein  de  IMarie  est  la  fournaise,  et.  comme  rien  n'est  plus  pur  c[ue  le  feu  qui 
purifie  tout,  ainsi  est  chaste  et  «  monde  »  le  lieu  sacré  où  celui  qui  fit  tout  est. 
fait  en  quelque  sorte  lui-même  :  <<  Verbum  caro  factum  ». 

La  figure  suivante  est  très-quintessenciée.  mais  elle  n'en  est  pas  moins  d'un 
bel  etl'et  chez  le  coloriste.  Une  lampe  tombe  d'en  liaut  et  pend  par  une  cliaîne 
(hi  bec  d'une  coloml^e,  qui  est  l'Esprit-Saint.  et  au-dessus  de  laquelle  apparaît 
le  Père  éternel.  Cette  lampe  est  Marie.  Au  centre  apparaît  la  Vierge  elle- 
même,  représentée  au  naturel  et  tenant  ime  autre  lampe  plus  petite  vers 
laquelle  l'enfant  Jésus  qu'elle  poi'te  sur  le  bi'as  gauche  étend  la  main  comme 
pour  désigner  qu'il  est  ])ar  excellence  la  fiamme  ai'dente  et  luisante.  On  a  ainsi 
une  gradation  admirable  :  Dieu  le  Pore  en  haut;  au-dessous  l'Esprit-Saint, 
colombe  aux  ailes  éployées  qui  féconde  le  grand  mystère  d'amour,  «  sacra- 
mentum  pictatis  »  ;  puis  le  Verbe  fait  chair;  puis  la  Vierge  mère  qui  le  porte, 
((  ayant  de  grâce  plénitude  »,  dit  le  texte.  11  ne  se  pouvait  guère  mieux  exprimer 
cette  plénitude  de  grâce  en  ^lai'ie,  vei's  laquelle  tout  descend  et  sur  laquelle 
tout  repose,  tandis  f[u'elle-nième.  séparée  de  la  terre  et  comme  suspendue 
entre  l'humanité  et  la  divinité',  monte  par  la  foi,  l'espérance  et  l'amour,  ([ui 
sont  les  trois  chaînes  de  la  lampe,  jusque  "  ains  les  haults  cieux  ».  «  Excel- 
lente altitude  »,  dit  le  poète. 

La  dernière  pièce  du  recueil  d'Amiens  nous  offre  ALarie  comme  le  reflet 
vivant  de  la  Divinité,  le  centre  du  christianisme,  le  confluent  de  toute  grâce  et 
de  toute  gloire.  le 

Miroir  (le  fov  diimour  et  de^perance. 

L'artiste  a  fait  mieux  que  traduire  le  poète,  il  l'a  inlcrpn'lé.  Il  nous  peint 
un  miroir  en  forme  d'ostensoir.  Le  champ  <li^  l'hostie  est  occupé'  par  la  Vierge. 
On  la  voit  agenouillée  tenant  étendu  sur  elle  l'Enfanl-Dieu  qu'elle  contemple 
avec  amour  et  où  elle  semble  inu'scr  l'éclat  qui  rejaillit  de  sa  propre  personne. 
Mai-ie  en  elTct  est  un  reflet  de  Dieu,  «  un  Ji'sus-Christ  commencé  »,  dit  Bos- 
suet;  on  pourrait  dire  un  Jésus-Christ  renéti''.  et  c'est  en  ce  sens  que  l'Eglise 
chante  :  «  Spéculum  justitiœ  ». 


LA    \IF.11(;K   F.T   l.KS   PAl.INODS    hC    MO-iKN    ACF..  S3 

La  ViiM-,2;n  npparaîl  les  rln'veiix  llollaiils  et  1rs  di'iix  mains  (■lo\('cs.  par  un 
senliinrnl  di.;  pii'li'  adniirafiicc.  an-cUv-sus  (li>  son  ili\in  lils.  Sa  n>l)o  csl  d'un 
\iijlcl  Icndri}.  snii  nianlran  hli'n  de  cirl.  l/onlanl  csl  ini. 

Or,  riiniiiii'  un  niimir.  donl  Ir  l'nyi'i'  rasscnihlc  li's  rayons  de  luniici'i'  cl  de 
chaleur  t']iai-s  dans  ralinos[)lH''rc,  les  n'ijand  ensnile  avec  pins  t\i'  foi'ce  et 
d'unité,  ainsi  Marii'.  di'vcnne.  pai-  le  ri'lL'cliisscnirnl  de  Dieu  en  elli'.  un  lover 
de  grâce,  doil  rayonnci'  snr  l'onsoinhle  de  la  loi  nouvelle  |)oin'  r('claii-er, 
réchauller  cl  la  IV'conder.  C'esl  ])onr(|iioi  anlniu'  du  niiroii-  l'arlislc  a  disposé 
les  pi'incipales  fi,u,'ures  de  la  l'cligion  eliréliemie  :  J(''sns-('.hrisl  d"ahoi-d.  au 
sommet  ;  puis,  à  sa  droil(^  et  à  sa  ^-aiielic,  Jean,  fils  de  Zacharic,  cl  Jean,  lils 
de  Zébédée,  le  précui'seur  et  le  disciple,  le  i)i-op]ièlc  cl  r('van;j;é'lisl(\  le  pins 
estimé  avec  le  plus  ainn;  du  Sauveur,  les  deux  disciples  viei',ij,'es.  le  pieniicr 
chrétien  et  le  dernier  apôtre.  Jésus-CJn-isI  poile  la  hoiili;  du  monde;  .lean- 
Bapliste,  l'agneau  de  Dieu;  l'autre  Jean,  li^  calice  ([ue  surmonte  le  serpent  aih'. 
Au-dessous  d'eux  s'cclielomicnl  saint  Mallliieu  avec  sa  |)i(|nc  et  le  livre  (!(_■  son 
évangile;  puis  saint  Jac(|ues  niajeni-,  en  costume  de  pèlerin;  [iiiis  saint  iiar- 
thélcmy,  avec  le  couteau  qui  1<'  di''|)ouilla  ;  un  évang(''lislc  sans  douti'  avec  im 
livre,  mais  sans  attribut  caract('risli([uc;  saint  .lac(|ues  mineur  avec  sa  massue, 
et  saint  Matthias  avec  sa  hache.  Le  choix  de  ces  ai)ùtr(>s  est  l'ait  im  piMi  a.u 
hasard,  et,  pnis{ju(_'  la  ])lace  inaii(|uait  poiu'  les  (|uatoi7.i;  en  comptant  saint 
Paul  et  saint  Jean-Bajiliste,  on  aurait  pu  du  moins  ('cailer  sain!  lîarllu'leniv  et 
saint  Jaccjues  mineur,  (lu'aïu'aicnt  plus  honorabliMucnt  encore  remplaci's  saint 
Pierre  et  saint  Paul. 

Le  miroir  est  eu  or  ciselé,  d'un  slvle  ('([uiv()(|ue.  mais  richement  incrnsié 
de  perles,  d'émeraudes,  de  i-ubis  et  de  saphirs.  f,e  pied,  de  t'oi'mc  liexa^o- 
iiale.  reiiose  sui"  ([ualre  animaux  symboli(|ucs,  le  lion.  \r.  boMif.  la  licorne 
et  le  grilTon,  (jui  sont  comme  les  attributs  spé'ciaux  (!(■  la  Vierge  et  de 
sou  l-'ils.  Siu'  un  pavé'  carrch;  (hi  mai'bi'cs  allernalivcmeiit  veris,  l'ouges 
et  de  couleur  graniti(|ue.  le  maître  du  Puy  est  à  genoux,  mains  j(, iules, 
portant  sa  devise  sur  une  banderole  (|ui  s'élève  viîrs  !\larie.  Il  est  vêtu 
d'une  robe  fourrée.  Une  aumônière  ])end  à  sa  ceinture.  Trois  anges  lui 
font  vis-à-vis  et  persoimiliciit  ])robablemenl  la  l''oi ,  la  C.iiarilii  et  l'Lspé- 
raacc  de  sa  devise.  Le  premier  tien!  mi  livre  ouvei-l  où  il  chante  les 
louanges  de  Marie;  le  second  cl  le  ti-oi.-ièmc  chantent  égali'ment  et  sem- 
blent marquer  la  mesure  avec  leurs  mains.  Tous  li'ois  ont  des  ailes  légèi-e- 
mcnt  éployées  et  sont  vêtus  de  longues  robes  recouvertes  de  riches  chapes. 
Près  d'eux  est  une  loin-  qui  doit  rappeler  (jue  Marie  est  nommée  tour 
d'ivoire  ou  toui'  de  David. 

XXII.  5 


3i  ANNALF.-^  ARCHÉOLOGIOU  F.S. 

Du  reste,  il  ne  faut  qu'un  coup  d'œil  sur  la  gravure  jointe  à  cet  article 
pour  en  saisir  les  détails. 

Toute  la  pensée  de  l'écrivain  et  toute  celle  de  l'artiste  se  résument  dans  ce 
vers  qui  termine  le  chant  et  célèbre  Marie  comme  le  miroir 

Liiysant  en  gloire  en  grâce  cf  en  nature. 

<i  En  gloire»,  c'est  sa  maternité  divine;  «en  grâce»,  c'est  sa  virginité; 
(c  en  nature  »,  c'est  sa  conception  immaculée. 

Les  compositions  que  nous  venons  de  parcourir  ne  sont  qu'un  fragment  du 
manuscrit  d'Amiens,  et  ce  manuscrit  lui-même  n'est  qu'un  débris  de  cette 
institution  vraiment  populaire,  qui  traversa  près  de  quatre  siècles  et  marf[ue 
un  des  mouvements  les  plus  curieux  du  moyen  âge  français.  Il  en  est  un 
autre:  ce  sont  fiuelcpes  tableaux  échappés  à  la  dévastation  olTicielIe  qui  eut 
lieu  vers  1670  et  que  l'on  trouve  aujourd'hui  dans  un  des  corridors  de 
révêché  d'Amiens.  Nous  venons  de  visiter  ces  tableaux,  et  voici  brièvement 
comme  nous  nous  les  rappelons. 

Ils  sont  au  nombre  de  sept  seulement  et  sans  cadres,  ce  qui.  avec  les  deux 
du  musée  de  Cluny.  forme  un  total  de  neuf,  sur  près  de  trois  cents  qui  durent 
exister.  Le  premier,  en  commençant  par  le  fond  de  la  galerie,  représente  un 
tournoi.  La  lutte  est  engagée,  les  chevaux  soulèvent  la  poussière  du  champ 
clos,  les  cavaliers  se  désarçonnent  avec  de  longues  bendes;  un  public  nom- 
breux et  varié  domine  le  spectacle  d'un  balcon  élevé.  Au-dessus  du  balcon, 
dans  une  tribune  couverte  d'écussons.  la  fanfare  éclate  et.  dans  une  loge  en 
face,  François  I"  et  sa  cour  se  tiennent  attentifs.  11  y  a  une  grande  richesse 
de  costumes.  Or,  à  la  place  d'honneur,  sous  un  dais  dont  deux  anges  relèvent 
les  pans  de  velours,  la  vierge  ^larie,  la  reine  du  tournoi,  est  assise  et  tient  sur 
ses  genoux  son  enfant  royalement  vêtu,  sceptre,  couronné  et  portant  la  boule 
du  monde.  De  chaque  côté,  des  anges  jouent  de  la  harpe,  de  la  viole,  de  la 
flûte  et  chantent  aussi.  Aux  pieds  de  ^Larie  deux  chevaliers  à  genoux  lui  pré- 
sentent un  pli.  La  scène  se  passe  au  milieu  d'un  riche  paysage,  et  le  sens 
en  est  marqué  dans  ce  vers  qui  se  lit  sur  une  banderole  : 

Pour  nostre  foy  militanlo  eontessc. 

Les  types  du  premier  plan,  où  se  voient  le  donateur  et  sa  famille,  sont  vul- 
gaires et  assez  mal  peints. 

L'exécution  du  tableau  qui  suit  vaut  mieux.  On  lit  : 

Du  ju>te  pois  veritalilc  balance. 

La  Vierge- est  assise  devant  une  table  oii  .s'appuient  les  deux  plateaux  d'une 


I.\    VIKUCK   KT   l,KS   l'ALI\OI)>   DC    MO\K\    AGK.  35 

'''■'''""•'•  'l"i  l"-'ii<i  <!'■  1^1  main  du  I'/tc  .■Icnicl.  Klle  tient  l'enfant  (|ni  ^e  penclic 
et  saisit  le  cordon  d"nn  des  bassins.  Sni-  la  table,  recouverte  d'ini  tapis  ù 
Iranges  i]  w,  on  voit  des  bijoux,  des  couronnes,  de  l'ar-ent  mounayi'.  Deux 
ienimes  prennent  ces  objets  et  lo.s  disfribneul  :  l'inie  an  pape,  aux  cardinaux, 
aux  évè(|ues  el  à  dos  i-eliii,ieu\-;  l'anti-e  au  roi.  aux  j)rinces  et  aux  seig-neurs  de 
la  cour,  ([in'  li-nrenl  dans  tout  féclat  de  leur  faste.  Des  enfants  sont  groujM's 
eu  avant  el  tienneni  une  ci-oix,  lU^:^  eliandeliei-s.  un  bi'nilier.  le  tout  riclienient 
ciselé  et  d'un  li-a\ail  ex([iiis.  Ou  d'oii-ait  (lue  le  pinceau  de  Cérard  Dow  a 
passé  là.  Il  y  a  loul  au  travers  de  ce  tableau  de  très-eliai-inanls  di'iails  el 
une  touche  fine.  \ous  le  ei'oyons  iiotablenieut  plus  moderne  (pie  \r  preiniej'. 
Acili  triini]]ihal  |]i'iiiil  (lhi,-liii[cs  ika  \('lk'>. 

telle  est  la  devise  du   panneau   sui\ant.  On  \oil  ini  an-  de  triomphe  (mi  mai- 
brc  polychrome,  en  stylo  de  la  Renaissance.  ^larie  est  debout  au  milieu,  dans 

.  l'attitude  et  le  costume  des  «vierges»  de  Louis  \IV.  I,e  Sainl-l'"spril  en 
forme  de  colombe  plane  sur  sa  tête,  et  Dieu  le  l'(''i-e  se  tient  en  haut.  Il  |)ro- 
iionce  ces  mots  écrits  sur  im  cartel  :  «  Ecce  nova  facio  omnia  >j.  |,cs  tvmpans 
antérieurs  de  l'arc  sont  creusés  de  deux  uiches  ([ui  abritent  deirx  statues, 
celles  de  Salomon  et  de  Jérémie.  On  lil  au-dcvsir'^  de  la  pivuiière  :  <(  Mhil 
sub  sole  novum  >  ;  au-dessus  de  la  seconde:  u  i'ei'it  Dus  no\u  super  teri'am 
ecce  millier  circumdabit  virum  >■.  Dans  la  corniche  il  y  a  trois  sujets  [x.'inis 
que  nous  n'avons  [xi  bii-n  distinguer. 

Ce  tableau,  d'ime  composition  beaucoui)  plus  simple'  et  moins  archaï(|ue 
([uc  les  précédents,  di'iiote  une  nuu'n  habilf  et  foruH'e  à  bonne  ('■rôle.  !'i-es(|ue 
toutes  les  figures  du  premier  jjlan,  tiers  de  nature,  sont  magisti'alemenl 
peintes.  Deux  ou  trois  sont  remar(|nables. 

Poursuivons.  Yoici  maintenant  la  Vierge  assise  au  sein  d'im  riche  pay>age 
arrosé  d'eau  et  semé  de  perdrix,  de  paons,  de  cygnes,  de  liéroiL<.  et  d'inie 
(juautité'   de   personnages   (pii  cueillent  i\i'^   Heurs.    Marie  i.'st   \èlue  selon  la. 

manière  llamande  et  elle  allaite  son  enfant.  La  devise  poi-!e  : 

l{('IlliMi^tIvml  piisture  ?;ilutaiR'. 

David  et  un  antre  pro|>hètc  sont  debout  de  cha(|ue  C(jlé.  étendant  les  mains 
vers  celle  ([ui  devait  rendie  aux  hounnes  raliment  de  leur  vie  >pirituelle.  On 
reconnaît  dans  ce  tableau  des  trac(>s  é\identes  de  l'école  de  Jean  \an  K\ck. 
11  est  regrettable  à  plus  d'mi  titre  (pie  le  i)anneau  suivant  s(mI  si  endom- 
magé. Presque  aucune  ligure  n'est  intacte,  la  peinture  s'est  écaill(''e  et  laisse 
à  nu  le  tiers  du  bois.   M-avic  est  debout,  avec  l'enfant  dans  ses  bras,  sous  un 


36  A.XNALKS   AliCII KOLOC 1 0 L' ES. 

édifirc  cil  style  du  wT  .siècle.  De  part  et  d'aiiti'e  des  personiiases  di'  ton! 
rang  et  de  tuiite  condition  semblent  rinvo(|uer  comme 

Le  vniy  «uiiport  do  tnulo  crenturc. 

En  continuant  nous  trouvons  cette  sentence  : 

Vierge  (|ui  vini  la  uiort  lier  au  inonde. 

C'est  le  sujet  d'une  peinture  oii  Marie  se  voit  assise  sur  une  espèce  de  socle 
d'un  style  grossier.  Elle  soutient  son  enfant  (|iii.  debout,  arme  de  sa  croix, 
terrasse  la  Mort,  hideux  s({iielette  cnchaîn('  par  le  cou.  Vnc  orillanime  atta- 
chée au  croisillon  porte  ces  mots  du  p.sauinecxvii'':  «  Non  moriar,  .sed  vivam». 
—  Deu.x  traits  allégoriques  de  l'Ancien  Testament  sont  rappelés  :  ici  Holo- 
pherne,  dont  Judith  coupe  la  tète;  là  Assuérus  qu'Esther  a  su  dompter  par 
sa  grâce  .souveraine.  Dans  la  partie  supérieure  du  tableau.  Uieu  le  l'ère  se 
penche  vers  Marie,  et  ces  paroles  adressées  à  la  Mort  soilent  de  sa  liouche  : 
(c  Ipsa  conterct  caput  tuuin  ».  Le  donateur  est  au  premier  plan  ;  sou  écusson 
indéchilTrable  porte  cette  devise:  u  Yel  fui  va  virons  sum  ». 
Le  septième  et  dernier  tableau  célèbre  Marie  sous  le  titre  de  : 

Rojc  •  du  •  Ciel   •   de\aiit  •  Dieu  •   toute  •  bidle  • 

On  voit  un  rosier  avec  cette  sentence:  «  Ro.sa.  sine  .  spinis  ».  Au  centre  est 
debout  la  Vierge  avec  l'Enfant  qui  lui  oflVe  des  fleurs.  Deux  branches  cou- 
vertes de  roses  forment  autour  d'eux  un  entrelacement  plein  de  fraîcheur. 
Dans  la  cam|)agne  s'élève  un  monticule  avec  un  cyprès;  on  y  lit:  «  Cypres- 
sus  in  monte  .Sion  ».  Parallèlement,  c'est  un  oli\ier  avec  ce  verset  du  Can- 
ti(|ue:  «  Oliva  speciosa  in  canipis  ».  Ce  tableau  est  peint  sèchement;  les 
ombres  sont  noires  et  froides,  et  la  composition  est  sans  goût. 

La  cathédrale  d'Amiens  fut  longtemps  dépo.sitaire  de  ces  peintures.  Dans 
le  principe  elles  n'y  i-cstaient  pas,  mais  chaque  aimée,  le  jour  de  Noël,  on  y 
intronisait  le  tableau  du  dernier  concours  «  pour  y  demeurer  l'année  ensié- 
vaiit  en  prenant  et  emportant  le  tabel  de  l'année  préc(''dente  estant  au  dict 
lieu  par  demandant  congié  et  licence  là  où  il  appartient».  Cela  dura  ainsi 
jusqu'en  H93.  Alors,  il  fut  décidé  ([ue  les  tableaux  demeureraient  dans  la 
cathédrale  «  à  les  mettre  es  lieux  à  la  devocion  de  ceulx  qui  les  auront  faict 
faire  et  du  congié  de  messieurs  du  chapitre,  sans  les  faire  plus  grands  que 
ceslui  (|ui  y  est  à  présent  et  de  l'histoire  })lus  honeste  que  sera  possible  ». 
Cela  n'empêcha  pas  le  dernier  tableau  de  ngiirer  en  un  lieu  d'honneur  depuis 
-\iirl  ju-iiii  à  l'à(|ues.  jour  au(|ur|  on  raccrochait  à  son  rang  dans  la  nef. 

C'était  a[)rès  (jue  l'on  avait   ex[)osé  le  tableau  le  jour  de  Xoël  que  le  maître 


IHa'3iiiEIL 


DU     GRAM) 


\  N  !>F  I  > 


Dessiné  par  KDLiUAHD  Diuko.n 


(iravé  par  L.  Chapi)N 


si'tiiRj;  M  uimi  riiKM,  '^mi  -dimn-^'Eimn 


l'ulilié  par  l>ii>r.>)\,  rue  St-liomuiimiL-,  ii.   »  Par, 


InipritiiLi  par  J.  Ci.A»e,  ruL-  St-Bciu>ït, 


I.\    VIKl'.CE   KT    I.KS   l'Al.lNODS   1)1'    MOVKN    AGK.  37 

du  l'iiy  faisait  h  incUro  la  lahli!  pimr  a-sniililcr  li's  iiii;t(iriciens  et  l'aire  ra- 
corder  les  balades  faicles  sur  le  refrain  baillié  pac  le  diel  iiiaislre  pour  la 
révérence  du  jour  et  donner  pris  en  la  manière  aec(>uslunit''e  ». 

L'auteur  d(;  la  ballade  qui  avait  rcmpertt;  le  ])ri\  recevait  une  couronne 
d'argent  et  les  confrères  le  l'ocondnisaient  honorablenienl  à  son  logis. 

niiant  il  la  dépense  des  tableaux,  elle  devait  être  lourde  et.  pour  la  snp|ior- 
ler.  il  fallait  non-seulement  un  pieux  zèle,  mais  encore  un  \(''rital)le  amoiu'  de 
Fart.  Il  est  présumable  (]ue  la  l'icai'di(^,  limilroplK;  de  la  Idaiidrc  uii  l(_\s  frèri\s 
Van  l'iyek  a\ aient  jeti':  tant  d'r'clat  durant  la  prrmière  mnili(''  du  xv"  sièi-li>. 
avait  i-eliré  de  ce  voisinage  ini  goût  particulier  pour  la  |)eintui'e,  et  cela 
seul,  croyons-nous,  peut  ex|)li(iucr  une  dépense  aussi  considérable  soutenue 
durant  tant  d'années,  (juand  on  songe  que  la  nef  d'Amiens  était  litléralement 
encombrée  de  ces  panneaux,  au  peint  ([n'en  1G70  les  volets  peints  ([iii  li's 
recouvraient  en  furent  enlevés  et  placés  à  part,  au  point  f[ue  lin.'drMnent  les 
chanoines  s'en  lassèrent  et  commencèrent  une  njuvre  de  vandalisme  connue 
la  Révolution  elle-même  en  connut  peu.  Par  leurs  ordres  les  (ouvriers  se 
mirent  un  jour  à  détacher  ces  tableaux,  ou  plutôt  à  les  arracher.  On  crai- 
gnait, non  sans  cause,  la  résistance  des  associés,  et  il  fallait  la  prévenir. 
Trois  jours  suffirent  à  dépouiller  l'église  de  ces  chcfs-d'o_'uvrc  qui  furent 
aliénés  ou  dispersés  dans  des  conmumes  rurales  du  diocèse.  Cinq  des  plus 
précieux  furent  relégués  dans  une  chapelle  de  la  cathédrale,  oii  la  poussière 
el  l'oubli  les  recouvrirent  pendant  un  siècle.  Au  bout  de  ce  temps,  monsei- 
gneur de  Bombelles,  évèquc  d'Amiens,  s'en  ressouvint  et  les  proposa  à  un 
peintre  en  l)àtiments  pour  prix  du  badigeonnage  de  la  chapelle.  Ce  fut  M.  du 
Sonniierard  (|ui  dissuada  révè([ue  de  ce  honteux  marché.  Les  tableaux  res- 
tèrent jns([u"iMi  1825.  Alors  M""  la  duchesse  de  Berry  se  trouvant  de  passage 
à  Amiens,  monseigneur  de  Chabons  s'empressa  de  les  lui  oiTrir.  )die  prit  les 
cadres  et  laissa  les  peintures.  Celles-ci  allèrent  à  la  bibliothèque  de  la 
grande  salle  communale  d'où  elles  furent  réintégrées  à  l'évèché  par  les  soins 
de  monseigneur  Mioland.  La  jjluparf  des  riches  sculi)turc3  qui  environnaient 
les  tableaux  du  Puy  avaient  ])i'ri  dans  le  sac  ordonné  par  le  chapitre.  La 
populace  s'en  était  [)artagi')  les  débris  et  avait  reçu  de  la  sorte  la  première 
leçon  de  brigandage  qm  devait  si  bien  fructifier  (juatre- vingts  ans  plus 
tard  1. 

1.  Cinq  raciros  s^ciilcmoiit  ont  ~urvt'cu,  rjont  trois  Pnrichissont  aujourd'luii  lo  nuisOo  do  U 
Sociéli-  (les  antiquaires  do  Picardie.  Ce  sont  ceux  que  rendit  M""'  lu  ducliesse  do  Berry  en  \HiH. 
La  lettre  de  la  princesse,  en  réponse  à  lu  di'inande  (jni  lui  était  adressée  par  le  président  do  la 
Société  des  antiquaires,   est   datée   du   iG  novembre  18 i7,  et  conçue  en  C3S  termes  obligeants  : 


38  AN.NALi:S   AUCU  ÉULOGl  QL  HS. 

Par  boiilicur  la  imiiiicii)alitL'  (rAniien^  a\ait  fait  cxéculer  le  inamiscrit  (pie 
possède  notre  I>iblJoUiè([ue  impériale.  Les  miniatures,  d'aljurd  peintes  en 
grisaille  par  un  Amiénois  nommé  Jacques  l'iastcl.  furent  mises  eu  coideur 
par  uu  enlumineur  de  Paris  appelé  Jean  Pinclion.  On  a  le  relevé  par  le  menu 
de  ce  ([ue  coûta  ce  volume  «  lye  et  couvert  de  beau  velours  pers  ».  Cela  se 
monte  à  370  livres  tournois  18  sols,  environ  1.9!20  l'r.  GO  c.  de  notre  monnaie 
actuelle.  Le  dessinateur  ne  copia  ])as  toujours  exactement  et  omit  beaucoup 
de  détails;  de  son  côté  renlumineur  étant  à  Paris,  loin  des  modèles,  dut 
forcément  colorier  ses  grisailles  d'une  façon  uniforme.  ^lalgré  cela  nous  esti- 
mons précieux  ce  recueil  que  les  deux  éche\ins  alors  en  charge  ,  Adrien  de 
Monsures  et  Pierre  de  Louvel,  portèrent  au  château  d'Amboise  à  M""  Louise 
de  Savoie.  On  s'attache  à  ce  qui  reste  d'une  chose  que  le  temps  ou  les 
honnnes  ont  détruite,  avec  un  sentiment  d'autant  plus  vif,  cjn'il  se  compli(iue 
de  respect  et  de  crainte,  de  respect  pmn-  li'  passi''  ([u'il  rajipelle.  de  crainte 
pour  l'avenir  cpii  [leut  faire  disparaître  jus(ju"à  la  dernière  trace  et  au  dernier 

déiM'is. 

A.  hli{i;l. 

t'iiapelaiii  de  Saiiite-Gciicviùvc. 

a  Monsieur.  j':iv;iis  f;iit  pn'ii^iror  dans  mon  palais  de  Venise  vin  eniplaeeuienl  |ioar-  y  recevoir  les 
cadres  dont  vous  nie  parlez.  J'y  tenais  non-seulement  eonime  nionumcnls  d'art,  mais  surtout  parce 
que  c'était  un  don  fait  par  des  Français  et  (pie  [larlout  où  se  portent  mes  regard.s,  cliez  moi,  je 
suis  heureuse  d'y  retrouver  la  Fnmcc.  Cependant  je  ne  puis  résister  à  la  prière  ipie  vous  m'adres- 
sez... Je  parta.uerai  avec  vous  :  si  les  cadres  sont  au  nomlire  de  cinq,  je  vous  donnerai  la  grosse 
part...;  s'il  n'y  en  a  que  quatre,  nous  pai-taj.'erons.  Les  cadres  sont  tout  pièls  ii  être  placés.  Je  les 
avais  fait  restaurer  avec  beaucoup  de  soin.  Que  le  sacrifice  que  je  fais  prouve  bien  à  Amiens  que 
je  ne  l'.ii  [las  ouljliée...  » 


J'i 


Awmïhi. 


PAR    DIDRON 


A    PARIS 


//  'it/'iM  une  /rjin/f'/fti/'/t" 


PEINTURE    A   FRESQUE   D'UNE    COUPOLE    AU  MONT -ATHOS 


ftn/ritiir-  pur  A.fieiiUf,  JS.  faut  *î-  i  T- 


LA  AIFSSE   DANS  LE  CILL 


Nous  pouvons  onfin  mottro  sous  |o>  yoii\  de  nos  Icrlciirs  la  p;raviiro  (l'un 
sujet  que  les  Byzantins  alToctionnent  et  dont  nous  avons  (l('jà  parli'  plusieurs 
fois  dans  les  «  Annales  Archéologiques  ».  Celle  composition,  c'est  la  Divim-: 
LiTiRciE.  comme  l'appelle  le  «  Ciuido  de  la  Pcinlure  ».  r,  'a'.-/.  If-'/jz-iu.^.  Ce 
nom.  nous  l'avons  conservé  dans  un  article  sp<''cial  qui  ouvre  le  dixicme 
volume  de  notre  publication-.  Aujourd'hui,  poui-  ne  pas  inti-odin're  de  confu- 
sion entre  l'ariicle  actuel  et  l'article  ancien,  nous  donnons  à  ce  même  sujci  le 
titre  de  la  «  Messe  dans  le  ciel  ».  puisqu'il  s'agit  en  elTet  de  cet  oiïice  célébré 
dans  le  paradis,  en  i)résence  du  Père  éternel  et  du  Saint-Ksprit.  par  Ji'sus- 
Christ  assisté  des  anges. 

Pour  rappeler  bi'iévement  cette  composition  à  nos  lecteurs,  voici  la  courlc 
description  qu'en  donne  le  «  Guide  de  la  Peinture^  »  : 

(1  Lv  Divi.XK  LinnoïK.  —  Coupole,  an  bas  de  laquelle  est  la  table''.  Sur 
la  table,  le  saint  K\angile.  Au-dessus,  le  Saint-Ksprit.  Le  Père  élernel  au|)rés. 
assis  sur  le  trône;  il  bénit  avec  ses  mains  saintes,  disant  sur  nu  cartel  :  «  De 
Il  mon  sein  je  t'ai  engendré-  avant  Lucifer  ».  Au  C(Mé  droit  de  la  table,  le  (Ihrisl. 
habillé  en  grand  pivlre.  debout  et  lii'nissant.  Devant  lui  tous  les  ordres  drs 
anges,  avec  crainte,  en  habits  sacerdotaux,  formaul  un  cercle  jusqu'au  côlé 
gauche  de  la  table.  Le  Christ  prend  la  patène  sur  la  tète  d'un  ange  vêtu  en 
diacre.  Auprès,  quatre  anges  dont  deux  encensent  le  Christ  et  deux  porlent 

1.  «  Maniiol  (i'iconot;rapliie  cliivlicnnc  '>.  prisn  229  o\  note  do-  [lacns  230-233. 

2.  «  Annale?  .•VrchéoJDj.'iquo-;  ».  vohinic  x.  \a'^c>  1-13. 

3.  f.zu.vv.t  Tr;  Zo)-;;7.-j'./.f;.  Nous  on  rofai.'ions  la  Irafliiclion  d  apros  lo  nianiisnil  momo  quo 
nous  avons  rocu  du  mont  .\tlios,  parce  que  la  première  traduction  (jui  a  paru  dans  notre  «  Manue 
d'iconorrrapiiie  chrétienne  »,  paires  229-230,  nous  paraît  fautive.  Le  texte  que  nous  traduisons 
est  aux  paies  237-23S  de  noire  manuscrit  <j;roc.. 

4.  Cette  t;iblc,  c"est  l'autel,  table  sacrée.  Pour  les  Grecs  comme  pour  les  anciens  Latins,  lauiel 
n'était  (|u'une  table,  image  de  celle  où  le  Sauveur  institua  l'Lucliaristie. 


ÙO  ANNALKS   A  lIC  11  i:()  I.OC.  !  0  L  l-.S. 

des  vasos  sacri's  ' .  l)ciTii''i'o  eux,  les  auli'(\s  aii,ii'es  [joi'li'iil  .  rtiii  la  ciiilli'Te. 
l'auli'e  la,  lance  el  le  clialuiueau-  a\('e  répoiige.  un  auii'e  la  croix  cl  d'aulres 
des  cierges  ». 

M.  de  SévasIianolT.   qui   avait  couipi'is.   par  la  leclure  de  notre    u  Manuel 
d'iconographie  ».  l'iuiportanee  inéi'il(''(;  (|ue  nous  attachions  à  cette  belle  ima- 
gination des  Byzantins,  s'est  elïore(''.  ])en(lant  sa  fructueuse  mission  au  mont 
Athos,  défaire  reproduire  par  le  dessin  vr  sujet.  (|ui  est  peint  notamment  dans  les 
coupoles  des  principales  églises  convi^ilui'llcs  de  Yatopédi  et  de  C,hilandari  de 
l'Athos.  Par  ses  ordres  et  sous  sa  dii't'ction.  un  arcliitecte  de  la  mission  russe 
releva  en  grand  la  iieintiu'e  athonitc;  puis,  au  nioNcii  di'   la  ])hotograplhe.  ce 
dessin  fut  réduit  tel  cpie  nous  le  donnons  ici.  J.oi's  de  son  retour  de  l'Athos,  à 
son  dernier  passage  à  Paris,  M.   de  Sé'vastianolT  nous  olTrit   généreusement 
pour  les  (i  Annales  »  cette  photographie  ipie  nous  avoirs  acceptée  avec  recon- 
naissance et  dont  nous  publions  aujourd'hui  une  gra\ure  parfaitement  lldéle. 
Maiheureusi'uienl  l'arcliitei'te  russe,  en  faisant  son  dessin,  semble  avoir  voulu 
abréger  el  svmétriser  la  peinture  cpie  lui  olïiail   l'une  des  deux  coupoles  de 
A'alopédi  ou  de  Clîilaiidari.  Kn  comparant  notre  gravure  avec  la  description 
déjà  publiée  de  la  divine  Liturgie  de  Yatopédi '^  on  verra  que  bien  des  sujets 
manquent  dans  le  dessin  russe.  Ainsi  nous  n'y  trouvons  ni  l'ange  qui  porte  la 
petite  lance  destinée  à  percer  et  couper  le  pain  consaci-(''  ou  l'hostie,  ni  l'ange 
qui  tient  la  cuillère  de  la  communion,  ni  les  six  anges  qui  portent  le  corps 
inanimé- de  Jé'sns-Chrisl,  ni  le  (IhrisI  lui-mèine  habillé  en  grand  prêtre.  11  y  a 
deux  autels  dans  le  dessin  russe,  mais  sur  aucun  d'eux  n'est  ])lacé  le  livre  des 
Évangiles;  puis,  du  ciborium  ne  descend  aucune  des  deux  lampes  qui  brûlent 
dans  la  peinture  de  Yatopédi. 

Le  dessin  russe  parait  reproduire  [)lus  tidèlement  la  divine  Liturgie  ou 
((  Mystagogie  ».  connue  on  l'appelle  encore'',  du  couMMit  di'  (Ihilandari.  Cepen- 
dant C.hilandai-i  l'sl  plus  complet,  comme  va  eu  témoigner  la  courte  descrip- 
tion suivante  (|ui' jo  |)i-ends  dans  mes  notes  de  voyage  : 

«  Le  dôme  de   la,  grande  église  de  Chilandari  se  compose  d'un  tambour 

1.  Mi>.-r/i7Xix .  olijots  niumii't^,  u>lcnsilps.  Ce  mot  liiliii  ,L;m'is('  iip  pont  s'appliquof  ici  aux 
cippi^es,  puisqiip  plus  bas  il  est  (pipstion  de  lanipps,  p'pst-ii-dirp  dp  cior^'ps  proprpnipnt  dits,  et 
qup  dans  uiip  diviiiP  Lituri,'ip,  même  compliqupp.  il  n'y  a  [las  de  piorijps  h  deux  places  différentes. 
D'aillpui-s  il  l'.ml  Inniver  des  vases  sacrés,  calice  el  ciboiie,  dans  celte  coinposilion,  et  ils  ne 
peuvent  être  conquis  que  dans  ces  u.avwc.).!!. 

2.  KâAau.r,v,  le  chahnneau.  q\ii  symbolise  le  roseau,  sceptre  déiasuire  de  la  Passion.  C'est  avec 
1p  clialunieau  (pic  les  coniumniaiits  aspiicnt  le  san^-  du  Christ. 

:).   u  Annales  ArclieoIuLiiiines  ».  \oIume  v.  pa,i,'es  lo4-l.J-j. 
4.  M'joTipj-jd,  office  de  l'initiation. 


i,.\  MKSsi:  DANS  m:  CIKI,.  lil 

cyliiidi-iquc  n?>07.  v\m'-  sur  li'(|iiri  s'assied  la  roupalc.  Le  lainhoiir  cl  la  cou- 
pole poni  eulionMiioiil  peints. 

«  Au  i-entn^  de  la  coupol(\  loul  eu  haut,  se  diMaclio  sur  un  foud  vert  le 
Toul-l'uissaiit.  O  IIxvto/.:-/tm:.  ([iii  Ix'-nit  de  la  luaiu  droite,  et  lient  de  la  main 
gauche  le  livre  sacn''.  Sui-  les  trnis  lirauehes  de  sou  uiuibe  crucil'ère  on  lit, 
suivant  l'usage  byzantin,  o  (iv.  rKini:. 

«  Ce  Pantocrator.  ce  Tout-PuissanI,  n'est  donc  |ias  le  Père  éternel,  connue 
on  poui'i'ail  le  rroii-i\  mais  bien  .lésus-Christ.  comme  l'attesIcMit  les  mono- 
grammes inscrits  dans  des  petits  mi'dailloir<  à  droite  et  à  gauclie  de  sa  tèl(>. 
l^  x:^.  Il  es!  envirouni'-  d'im  cercle  d'anges  à  six  ailes  et  de  deux  Ti'tra- 
morphcs.  Os  anges,  de  l'onh-e  des  Séraphins.  Cln'rnbinsel  Trènes.  lii'uuenl 
des  éventails  circulaires,  des  étendards  cai'rés  el  des  glaives  flamboyants. 

«  Au-dessous,  dans  le  cercle  f]ui  touche  à  la  circonfi'rence  de  la  coupole, 
se  dévelo|i|ient  les  anges  de  la  divine  l.iliu'gie.  oir/,(>  à  droite,  onze  à  gaueiie. 
Tous  parlent  d'mi  autel,  ('levi''  à  l'occidenf  el  siu'uiduIi''  d'iui  ciboriuiii.  pnui"  se 
rendre  vers  un  second  autel,  également  surmonté'  d'un  ciboiium.  (pii  est  dressé 
à  rorient. 

«  Dans  le  faml^our  du  dôme,  cpie  couvi'c  la  coupole  pro|)rement  dite,  sont 
peints  en  haut.  ]ilus  près  des  anges,  les  douze  ai)ôtrcs;  en  bas  se  voient  les 
douze  prinripaux  prnpliètes. 

«  Enfin,  dans  h^s  quatre  pendentifs  qui  portent  tout  le  dôme,  tambour  cl 
coupole,  est  peinte  la  ligure  des  quatre  (''vangélisles  ». 

Le  dessinateur  russe  u'avail  probablemenl  pas  pour  but  de  donner  l'eu- 
.semble  de  cette  représentation.  qaoi([ue  prophètes,  apôtres  et  évangi'listes  ne 
soient  pas  inutiles,  au  moins  comme  assistants,  si  ce  n'est  comme  acteurs,  dans 
ccl  office  qui  s'accomplit  dans  le  ciel;  uiais  ce  ([u'il  y  a  de  fâcheux  dans  son 
arrangement,  c'est  que,  comme  on  va  le  voir,  il  ait  éliminé'  plusieurs  anges  et 
plusieurs  sujets  do  la  Liturgie  même.  En  elTel.  voici  connnent  s'oi-domie  à 
Chilandari  le  cercle  des  anges  lilurgistcs  qui  pré|)arenl  le  saci-ifice  divin. 

La  zone  de  la  coupole  qu'ils  occupent  est  divisé'c  en  di'ux  parties  égales  ; 
l'une  à  gauche,  qui  fait  face  au  nord;  l'autre  à  droite,  qui  regardi'  le  sud.  Ces 
deux  sections  se  i'(''unissent  et  viennent  aboutir,  à  l'occident  l'I  h  I  orient,  à  un 
autel  surmonté  d'un  ciborium.  Cette  dis|iosilion  est  exaclemeni  cell(>  de  notre 
gravure.  Seulemenl.  dans  la  gravure,  les  anges  parlent  de  l'autel  oriental 
placé  derrière  le  Pantocrator  el  s'avancent  vers  Paulel  de  l'occident,  (jui 
devient  ainsi  l'autel  destiné  au  sacrifice.  A  Chilandari.  c'est  le  contraire  : 
l'autel  de  l'orient  va  servir  au  sacrifice,  el  c'est  vers  lui  que  se  dirigi'ul.  de 
droite  et  de  gauche,  tous  les  anges  de  la  Litu!-gie. 

xxii.  *j 


h -2 


ANNALES   AUCHEOLOGIOLKS. 


Vuici  la  marche  de  ce?  anges 


dhoitk. 


Occidoiit.      I   A        I         i 


3         i        -J         li 


II)       4  1 


H  OlMMll. 


H. 

10. 

ij. 


Aulel  (le  roccident  d'où  partent  les  anges. 
Autel  de  l'orient  où  se  rendent  les  anges. 
Ange  en  sous-diacre,  tenant  un  plateau  et  une  aiguière.  Au  lieu  d'élole, 

cet  ange  porte  une  serviette  sur  l'épaule  gauche. 
Ange  en  diacre,  tenant  un  hexaptérige  ou  éventail. 
Ange  en  prêtre,  tenant  un  calice  en  or  que  recouvre  une  ctofi'e  rouge. 
Ange  en  prèlre.  tenant  un  \ase  eu  argent,  de  la  forme  de  nos  ciboires, 

recouvert  d'une  étoffe  rouge. 
Ange  en  diacre,  tenant  sur  sa  tète  le  pain  destiné  au  sacrilice  et  qui  est 

couvert  d'un  voile  rouge. 
Ange  en  diacre,  tenant  un  iiexaptérige  ou  flabellum. 
Ange  entièrement  pareil  au  précédent  et  tenant  de  même  un  flabellum. 
Ange  tenant  un  vêlement  rouge,  la  chasuble  sans  doute  ou  le  <;-/-/.x.o; 

dont  Jésus-t^hrisl,  le  grand  liturgiste,  va  s'habiller  pour  célébrer 

l'oilice. 
Ange  tenant  à  deux  mains  un  long  cierge  sans  chandelier. 
Ange  semblal)le  au  précédent  et  tenant  de  même  un  long  cierge- 
Ange  tenant  une  navette  et  un  encensoir  dont  il  encense  l'autel  B. 


ol)jets 


auche  les  mêmes  anges  se  ivpètent  symétriquement,  portant  les  mêmes 
,  sauf  les  différences  qui  vont  être  signalées. 


OccideiU. 


A        1         2        .3 

4 

o 

6 

7 

8 

9 

10       II 

15 

Orient. 


A  el  B.   Les  mêmes  autels  de  l'occident  et  de  l'orient  déjà  notés  dans  la 
partie  droite. 

1.  Ange,  serviette  sur  l'épaule,  tenant  un  plateau  et  une  aiguière. 
'2.  Ange  tenant  un  flabellum. 

o.   Ange  en  prêtre  tenant  un  grand  vase  dont  l'ouverture  a  la  forme  d'un 
qaatre-feuilles.  Ce  vase  doit  servir  à  l'eau  bénite. 


I.A   M!:SSE   DAX^    I.E   Cl  Kl..  /jô 

!l.  \]vj;o  en  |)rL'tir.  leiiaiil   im  y,ran!l  va>c   |Ciil-(.Hrc  tli»;!]:)''  à   ci.ilcnir 

l'eau  du  baplrun-. 

5.  Auge  portant  sur  sa  lèle  u:i  vêtement  liturgi(|ue.  aube  nu  chasuble. 

G.  Auge  tenant  ini  tlabelluin. 

7.  Ange  tenant  ('galeincnt  un  llaix'lluui. 

8.  Ange  tenant  le  livre  des  Kvangiles  sur  une  !iap])e  rouge. 

9.  Ange  teiiaul  un  long  cierge  sans  chandelii'r. 

10.  Ange  tenant  de  inènie  un  long  ciergo  sans  chandcliei-. 
il.   Ange  tenant  de  la  gauche  une  navette  et  de  la  droite  un  cnccnsoii-  ilo  il 
il  encense  l'autel  oi-ienlal. 

Tous  ces  anges,  sauf  le  troisième  cl  le  <[i!alri(''me  de  gaurlie  et  de  drnite. 
sont  habillés  en  sous-diacres  ou  en  diacres,  aube  recouverl(>  d'une  dalma- 
tique  longue  qu'assujettit  une  large  étole  passée  en  sautoii-  sous  les  liras  et 
retombant  sui'  le  tlovaiit  du  eor|)s.  Les  anges  ik'<  umné'i'os  .")  el  'i  ont  de  plus 
une  chasuble  qui  i-ecouvre  l'élole.  Tous  les  anges,  sous-tliacres,  diacres  ou 
prêtres,  sont  jeunes,  ornés  de  beaux  che\eu\  noirs,  longs  et  (léploy(''s  sur  le' 
cou  et  les  épaules.  Dans  leurs  cheveux,  sur  le  Iront,  brille  un  diadème  blanc 
qui  se  rattache  à  des  bandelettes  blanches  retombant,  eonune  des  fanons. 
derrière  leurs  oi-eilles.  Les  vêtements,  tiuiiques  et  chasubles,  sont  roses  et 
blancs,  semés  de  tleurs;  les  étoles  sont  riciiement  brodées,  ornées  de  perles 
et  de  pierreries. 

En  regardant  maintenant  notre  gravui'c.  on  peut  voir  que.  sauf  ([lichines 
suppressions  et  la  marche  en  sens  inverse .  les  anges  que  nous  venons  de 
décrire  ressemblent  beaucoup  à  ceux  du  dessin.  Les  anges  sn|)pi-iniés  par  le 
dessin  sont,  deux  sur  (|iuitre,  ceux  qui  portent  de  longs  cierges;  imis  les 
anges  au  llabellum,  el  enfin,  par  malheur,  les  deux  anges  (jui  tiennonl  les 
vases  d'eau  bénite.  Le  dessin  y  a  ajouté  un  ange  qui  tient  une  |)etit',>  croix 
recroisetée.  Les  anges  du  dessin  onl  tous  les  cheveirx  noiis.  mais  pas  a-sez 
touffus  ni  assez  longs;  quant  au  diadème  et  aux  fanons,  on  n'en  voit  jias  trace 
dans  la  photographie  qui  a  servi  à  noire  gravin-e;  évidemment  c'est  un  grave 
oubli  du  dessinateur  russe,  car  on  |)eul  dire  (|u'il  n'y  a  pas  d'anges  byzan- 
tins sans  cette  partie  du  costume  honorifique  ([ui  est  presciue  un  attribut. 
"Voyez,  en  preuve,  les  anges  en  émail  du  reli([uairc  byzantin  de  Limbom-g, 
que  nous  avons  publié  dans  le  tome  wii,  i)age  337,  des  «  Annales  Ai-chéo- 
logicjues  I). 

Malgré  son  imperfection,  ou  plutôt  malgré  ses  suppressions  et  ses  oublis,  ce 
dessin  est  vraiment  précieux,  et  nous  remercions  de  nouv.'au  très-vivement 


/,/,  ANNALES  ARCIIKOLOGIOUES. 

M.  (Il'  .S('vaslian()ir  do  nous  cii  avoir  fait  cadeau  pour  les  «  Annales  ».  D'après 
iiii  aulre  dessin  colorié  ([uc  M.  de  SévastianolT  avait  également  mis  à  notre 
(lis[josilion,  voici  ([uel([ues  notes  que  nous  avons  prises  sur  les  inscriptions  et 
la  couleur. 

].es  inscriptions,  sans  compter  celles  du  Panlocrafor,  sont  au  nombre  de 
li'ois.  Kilos  se  dévelopj)ent  en  cercle  et  partent  de  l'autel  occidenlal  pour  se 
dérouler  à  droite  et  l'evenir  à  gauche  à  leur  point  de  départ. 

La  première  domine  le  cercle  des  Séraphins,  des  Chérubins,  des  Trônes  et 
des  Tétramorphes.  cjui  la  coupent  en  plusieurs  tronçons. 

+  TON  EMIXIRION  VMNO.N  AAONTA  BO.QNTA  KEKPArOTA  KAI  AETONTA'. 

En  sous-enlendant  Ay-'Aot  et  en  mettant  les  cpiatre  verbes  ù  la  troisième 
personne  du  pluriel  de  l'indicatif,  on  peut  traduire  : 

+  Il\  mue  lrium|ili;il  (]ue  1rs  un;;(.'j  cluuitent  avec  des  mugissemenls  et  des  cris  de  joie. 

Cet  hymne,  c'est  celui  du  «  Sanctus  »,  rjui  éclate  dans  le  «  Te  Deinn  »  et 
surtout  à  la  fin  de  la  préface  de  la  messe. 

Ario:i  knon.  afio^  kvpios  ^iabao.s  nAHPii;^ 
o  ovPANo:;:  kai  h  m  aoeii  »  i;ov  d^ana  en  to  v>iiaos'^. 

Saint,  saint,  saint  le  Seigneur  Dieu  des  armées;  le  ciol  et  la  terre  sont  pleins  de  ta  gloire. 
Ilosanna  dans  les  liauteurs  des  cieux. 

(Jette  seconde  iiiscri[)tion  plane  sur  la  tète  des  anges  liturgistes.  (Juant  à  la 
troisième,  qui  ourle  tout  le  cercle  de  la  circonférence,  j'avoue  humblement 
(|ue  je  ne  la  comprends  pas  assez  pour  la  repi'oduire  ici  et  la  traduire.  Comme 
elle  est  parfaitement  visible  sur  la  gravure  et  qtie  je  l'ai  collationnée  à  plu- 
sieurs reprises  sur  la  photograi)liie  et  le  grand  dessin  de  M.  de  Scvastianoif,  je 
puis  en  toute  conscience  en  abandonner  la  lecture,  la  traduction  et  l'interprc- 
talion  à  la  science  et  à  la  sagacité  des  lecteurs.  Je  recevrai  avec  satisfaction 
et  reconnaissance  toute  communicalinn  (jui  me  serait  faite  à  ce  stijet. 

1.  Évidemment  c'est  du  verbe  latin  u  Letari  »  (se  rejuuir,  que  provient  ce  singulier  mot 
grée,  comme  nous  avons  vu  plus  liaut  que  de  m  manuale  u  les  Grecs  modernes  avaient  fait 
u.avfja>.;a.  Les  Latins,  après  avoir  tout  pris  aux  Grecs,  ont  Uni,  ii  leur  tour,  par  leur  faire  (juelques 
petits  dons. 

2.  La  pronunciatiou  moderne  de  l'èta  on  iota  a  changé  le  r,  en  i. 

3.  Il  faudrait  AOHliï.  (Jui,  du  i)eintre  agliiorile  ou  du  dessinateur  russe,  a  oublié  lo  sigma  final? 
Je  ne  s.iurais  le  dire. 

4.  On  ieniar(iuera  sur  la  gravure  (jue  les  sigma  soni  écrits  lanlot  en  S.  lanlùt  en  c.  11  en  est 
presque  loujuurs  ainsi  dans  les  inscriptions  modernes  du  mont  Athos.  C'est  un  mélange  de  toutes 
les  civilis-itions  et  du  tous  les  siècles. 


LA   MKSSF.   DANS   l.F,  CIF.L.  h'j 

Celte  tmisirme  inscription,  ciiinnie  les  denx  invci-dcntcs.  doit  être  prise 
d'un  te\te  liturj;i(iiic .  du  u  Tr  Druni  »  M'aisenihlahleinciil.  On  i-eniari|U('i-a 
([lie  de  [)areils  textes  sont  parfaitement  a[)propriés  à  la  fonction  (jue  les  anges 
remplissent  en  ce  moment  dans  le  dôme,  à  celle  messe  dans  le  ciel,  suivant 
le  nom  ([ue  nous  lui  avons  donné. 

(Juant  à  la  coloralion  de  cette  IVcsque.  voici  (iuc!(|ues  indications  :  le  champ 
où  est  inscrit  le  l'anlocralor  e.^l  bleu  uni.  I.cs  petits  dis(|ues,  oii  soiil  inscrits 
les  monogrammes  li;  Xi:,  sont  d'or,  les  letli't's  noires.  Le  nimbe  du  l'anlo- 
cralor est  d'or  croisé  de  noir;  la  baii)e  et  les  cheveux  sont  roux.  I,a  robe  est 
rouge  glacée  de  blanc,  ombrée  de  galons  d'or  que  n'hausM'ul  des  pierres 
rouges  et  bleues;  le  manteau,  bleu  clair  avec  jours  blancs;  le  livre,  rouge 
aux  tranches,  d'or  au  plat,  (|ui  est  incrusté!  de  pierres  rougi^s  et  bleues. 

Le  cercle  qui  circonscrit  le  Pantocrator  est  |)oui'pre  et  rouge  en  dedans, 
jiuis  jaune,  puis  vert,  puis  bordé  d'un  filet  jaune  ([uc  double  un  autre  filet 
noir.  C'est  éclatant  et  fiamboyaiit  comme  un  arc-en-ciel. 

Le  fond,  où  volent  les  Séraphins,  Chérubins,  Trônes  et  Tétramorphcs,  est 
bleu  constellé  d'étoiles  d'or. 

Les  nimbes  des  Tétramorphcs  sont  d'or,  leurs  tètes  cl  leurs  ailes  rouges 
et  rougeàtrcs. 

Les  Trônes  son!  rouges,  ocellés  de  noir. 

Les  llexaplériges  à  flabellums  circulaires  sont  verdàtrcs  et  blancs. 

Les  llcxaptériges  à  étendards  carrés  sont  jaunes. 

Les  llexaplériges  à  glaives  flamboyants  sont  rouges. 

Les  deux  Ilexapti';riges  ipii  n'ont  pas  d'attribut  sont  l'un  rouge,  l'autre 
blanc. 

l'our  toutes  ces  créatures  ignées  ou  solaires,  c'est  l'or,  la  tlanimc  rouge  et 
le  feu  poussé  jusqu'au  blanc. 

Les  anges  en  pied,  les  vrais  anges  liturgistes.  sont  debout  sui'  un  teri-ain 
jaunâtre.  Leurs  ailes  sont  jamies  ou  blanches,  leui'  nimbe  e.vt  d'or  cerné  d'un 
filet  blanc  ;  leurs  cheveux  sont  bi-uu-roux;  leurs  v<"'lcments,  rouges  ou  roses, 
blancs  ou  bleus  à  la  tmn(]ue  ou  à  la  chasuble;  blancs,  rouges  ou  bleus  à 
l'aubc;  mais  la  luni(iue  ou  la  chasuble  est  toujours  d'une  couleur  dillérente 
de  l'aube;  l'orarion  (ou  ctole)  est  toujours  jaune  ;  il  est  semé  de  i)ien'es  rouges 
ou  bleues,  et  bordé  de  perles  blanches. 

Le  ciborium  des  autels  est  d'un  beau  jaune  d'or. 

La  draperie  du  devant  d'autel  est  blanche,  à  tleui's  rouges,  bleues  et  jaunes. 

Le  dessus  de  l'autel  est  jaunâtre  à  l'un  avec  cnjix  et  cercles  rouges;  à 
l'autre,  c'est  rouge  avec  croix  et  cercles  blancs. 


/,6  ANNALES   AliCHÉOLOGlOUKS. 

Le  voile  que  deux  des  auges  porleut  sur  leur  lèle  est  blauc  avec  Heurs 
rouges. 

Eufiu.  le  cercle  extérieur  où  est  pointe  la  grande  inscription  esl  blanc  avec 
lellres  noires. 

Après  tous  ces  détails  t(M:'luii([ues,  il  faudrait  sans  doute  faire  valoir  la 
beauté  de  cette  composition  et  montrer  le  |)arti  que  nos  artistes,  peintres  et 
même  sculpteurs,  ])ourraient  en  tirer  dans  leurs  travaux  religieux;  mais  ce 
serait  revenir  sur  ce  ([ui  a  déjà  été  dit  avec  d'assez  longs  développements 
dans  le  dixième  volume  des  u  Annales  Archéologiques  »,  pages  1-13,  et  il 
est  inutile  de  nous  répéter  ici. 

DIDRON. 


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MKLANCIKS 


KNCENSOIRS   nu    XIll'-  SIKCLF.. 

^'oici  doux  iKiiivpaux  oncensnii's  à  joiiulro  à  la  rollcctiDii.  dc'Jà  ri'>|)i>clal)|i;, 
de  ceux  que  nous  avons  publii's  dans  tlivers  voluinos  des  "Annales».  Tous 
deux  on!  sensiblement  la  même  forme,  celle  île  la  boule  surmoiili'e  d'ime 
com'te  cheminée  à  deux  étages.  I,a  clienn'née  est  percée  (Tun  féiiestragc  con- 
tiiui,  dont  les  ouvertures  ressenii)lent  ;i  nos  enti'ées  de  seiTurc.  L'encensoir 
aux  lézards  est  en  outre  troué  dans  la  dcmi-splièrc  supérieure,  on  sorte  que 
la  fumée  de  reiicens  peut  s'en  échapper  par  tlocons  nombreux  sans  y  rester 
em[)i'isomiée  le  moindi'e  instant. 

Ces  lé/.ai'ds  ou  dragons  sans  ailes,  (jui.  au  xiii"  siècle,  se  reproduisent  si 
fréquennnent  sur  la  bobèche  des  chandeliers,  en  haut  de  la  hampe  des 
crosses,  sur  la  calotte  des  encensoirs,  sin-  les  parois  des  châsses,  sin-  1<>  pied 
do  certains  reliquaires.  oITrenI  aux  arch(''ologues  une  énigme  (nii  n'a  pas 
encore  clé  expli(iuée.  On  est  tenté-  d'y  voir  un  ])ur  ornement .  uiio  arabcs(ine 
dont  le  sens  ne  serait  pas  à  chercher;  ce  serait  tout  au.-si  insigniliant  (|iie 
ces  lions  étranges,  ces  cygnes  ou  ces  oies  bizarres  qui  décorent,  par  exemple. 
l'encensoir  de  Lille.  X'y  aurait-il  donc  là  que  de  la  fantaisie?  Par  'iislinct  et 
par  rétlexion,  j'inclinerais  \olontiers  vers  cette  opinion;  cependant  ce  lézard, 
qui  se  répète  avec  obstination  et  dans  la  mcinc  attitude  sur  tant  do  monu- 
ments du  moyen  cige,  me  paraît  vouloir  exprimer  (lueUino  |)ensée  précise  dont 
on  aimerait  à  connaître  la  signification.  Il  semble  (|ue  cette  pelile  béto  d(;  nos 
encensoirs,  chandeliers,  crosses  et  reli(|uaires  du  xiii"  siècle  aiu'ait  de  l'ana- 
logie avec  les  gargouilles  de  nos  églises  de  la  même  épo([ue.  Les  gargouilles 
jouent  un  rôle  pénible  :  elles  dégorgent  sans  relâche  l'eau  qui  tombe  du  ciel 
et  descend  des  toits.  On  y  a  vu  des  démons  ou  des  impies  condamnés  à  ce 
supplice  continuel  et  perpétuel.  I.e  dragon,  qui  est  une  bête  diaboli(iue 
("  conculcabis  leonem  et  draconem»).  serait  également  condamjic,   connue 


Z|8  ANXALKS    AnClIKOLOGIOUKS. 

dans  les  oiiroiisnir.-;,  à,  se  bi'ùler  le  ventre  sur  la  calotte  iiicandesccnle  on  à 
s'aspliyxicr  à  ri''paisse  fnniée  de  l'encens,  à  s"a\eugler  h  la  lumière  des 
cierges  que  portent  les  chandeliers,  à  se  sauver  devant  la  l)énédi("finn  des 
cvèques  qui  tierniont  les  crosses  où  ces  dragons,  aili's  ou  sans  ailes,  abondent 
surtout  an  xiii"  siècle.  L'inscription  importante,  gravée  sur  le  fameux  clian- 
deliei'  roman  de  Cdoccster.  paraît  bien  confirmer  C(Mte  opinion,  (le  chande- 
lier en  argent,  dont  nous  avons  donm''  une  petite  gravure  sur  bois  dans  le 
iome  dix-neuvième  des  «  Annales  »,  page  Gl ,  est  tout  couvert .  au  pied,  à  la 
tige  et  à  la  cuvette,  de  quarante-deux  bêtes  et  de  neuf  hommes  qui  hurlent, 
mordent  et  rongent.  Or.  sur  la  lèvre  de  la  bobèche,  on  lit  une  inscription 
d'une  clarté  douteuse,  mais  où  l'on  voit  bien  distinctement  que  l'homme  ne 
doit  pas  se  laisser  aveugler  par  le  mal.  Ce  mal,  c'est  la  foule  de  ces  bête  ,  de 
ces  irionstres,  de  ces  dragons  qui  emportent,  caressent  ou  d(''chirent  les  neuf 
vicieux  tout  nus,  enchevêtrés  dans  cette  œuvre  de  métal.  Les  lézards  et  sans 
doute  les  tigres  ou  lions  de  nos  deux  encensoirs  nous  semblent  de  la  même 
famille  que  les  monstres  du  chandelier  de  Glocester,  et  nous  y  verrions  volon- 
tiers le  même  symbolisme. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  présomptions,  nous  offrons  ces  deux  nouvelles 
pièces  aux  oriV'vres  et  bronziers  de  nos  jours,  qui  ont  déjà  reproduit  ou  imité 
des  encensoirs  du  moyen  âge,  et  nous  pensons  qu'ils  y  trouveront  des  détails 
intéressants  à  étudier  et  copier. 

Nous  ignorons  la  provenance  de  ces  deux  encensoirs  et  le  lieu  où  peuvent 
être  les  originaux;  c'est  d'après  des  moulages  (jui  nous  appartiennent  et  dont 
il  existe  un  certain  nombre  d'exemplaires,  que  M.  Gaucherel  a  dessiné  et 
gravé  la  planche  que  nous  iniblions  aujoui'd'hui. 

DIDRON. 


VOYAGE  AP.CHEOLOGIOUE  AU   XV^   SIECLE. 

Les  lecteurs  des  <i  Annales  Archéologiques  »  connaissent  déjà  ces  pieux 
pèlerins,  Georges  Lenguerant  et  Jean  de  Toui'uay,  qin'  nous  ont  fourni,  il  y  a 
peu  de  temps,  une  curieuse  description  de  .Saint-Marc  de  Venise i.  Aujour- 
d'hui, nous  allons  visiter  avec  eux  des  monuments  célèbres  de  la  France,  puis 
de  l'Allemagne,  de  l'Italie  et  de  la  Terre  Sainte.  Ils  visitent  d'abord  Reims 
en  i/i85.  C'est  Georges  Lenguerant  ([ui  parle  : 

t .   Voyez,  le;  «  A  lin  lie;  Arc'ié:  I  ).:;iil\:e;  »,  'o  ::0  \X',  p'gc;  1  :0  et  suivantes. 


MKl.WCr.S.  40 

III  IMS.  —  Il  l-",ii  la  \illr  (11'  Raiiiis  se  voient  |iliisi(iirs  anlii|iiile/. .  cl.  ciitri' 
les  aullfç.s,  1111^;  ai'C  triuinpliai  hicii  iiia,i;itirK(ii('  et  aiicliii'ii.  (''rii^i'l  de  ij;rossi's 
pierres  et  uuissivcs.  axer  (■(ildiiiu's.  du  lriii|)s  de  r>i'iiius.  firrr  de  r»(iiiuilii<, 
premier  fabricalcm-  dud.  Ilaiins;  rt  se  void  s(ir  le  cliciiiin  pour  lynT  à  l'ah- 
l)aye  de  S'-Rimii\  '.  Aiipi'rs  de  la  casse-  ddd.  S'  rcpuse  la  S'"- Viiipniili'. 
laciuelle  coiilient  rduclinii  dmil  son!  sacrelz  les  rni\  de  l'Yaiiee.  A  la(inrlle 
siilemiiilé.  l'aiclc  eu  ri''j^lise  Noire'- Daiiu;  aud.  lîaiins.  puni-  alli''.<;n'sse.  on 
eni|)lil  lie  \iii  un;;'  i;raiid  eerl'de'  l)i'on/.i'.  |)lanli''  di'\aiil  lad.  ('';j;lise.  en  la  eini(>- 
lière  .  sur  ung  lliéàlre  galanlissiine.  Leipiel  \in  eoulaul  esl.  ced.  joiu'.  coni- 
nnui  à  tout  le  peuple  :  estant  ced.  cerf  jadis  l'ondu  au  coinniaiideuienl  d'inçj; 
arclieves([/.  dud.  Rainis,  api)elé  Gervais,  aui)ara\anl  é\esi[ue  du  Mans,  avec 

elles  vers  : 

Diim  cenoniann.  5;i!liis  liisli'.in^  >ok'l).il  ('i('i'va?iu-; 
(^ei'vos  tiiîU'  suHU-icnlcr  lialii'lial,  clr. 

et  le  nom   de  l'ouvrier.  gra\é  allenloni'  du  collier,   esloil  Ici  :   ()s\ii  m  s  mi: 
I-KCIT  ^.  " 

I.  Lengurraiit  no  s't'sl  pas  >oiiv('iui  ilo  la  iiiulc.  I.'aïc  ih'  Uii]iii|ilii\  ilii  l'dili'-.Mars.  (sl  au 
nord  (le  la  ville  cl  l'abbaye  flo  Saiiil-licrni  an  sud.  l'iciidrc  par  lare  poiii'  aller  à  S.iinl-liriiii 
t'Cliiivandrait  il  ?c  rendre  à  la  barric're  du  Trnne  par  la  barrière  de  l'I^lDile. 

"2.  t:liàs>e  de  saint  l$cnii  (|ui  renfernie,  aujuurd'luii  encore,  les  derniers  restes  de  la  Sainle- 
Ampoide. 

3.  Folio  1  v".  2  r".  —  Il  esl  inU'ressaiil  de  cnnnaiti-e  le  nom  du  fondeur  de  re  cerf  qui  n'e\i«le 
plus,  mais  dont  la  ei'îélirilé  est  toujours  .i;rande;i  Heinis.  I.a  première  cour  (pu  pri'cède  rarclie\é- 
clu',  sur  le  latéral  sud  do  la  calliedrale.  s'appelle  toujours  la  cour  du  C.ciT.  parce  ipje  c'el.iil  lii.  au 
milieu,  (pi'était  monté  sur  un  piédestal  le  cerf  de  broa/.e  fondu  au  xr'  siècle.  |iar  Osnuiiiil.  pour 
I  archcvèiiue  (îervais.  mort  en  lOliS.  Dans  le  «  lîemensiana  »  de  .M.  I-ouis  l'aris.  in-3:',  Heims, 
ISlo,  on  lit  sur  le  "  cer\iis  remensis  »  les  rensei^iiemenls  rpii  suivent  au\  (ia.L;es  lil-GS  : 

«  A  eiimpler  du  \l'  siècle,  on  trouve  fréipiemment  sur  les  sceaux  des  oUieiers  de  rarclievèipie 
(de  Hcimsi  un  cerf  avec  celle  léiiende  :  Cfri'in!  fruiciisis.  Il  y  a  évidemment  ici  double  sens. 
Orvus  et  Semis,  Ci-rf  el  Serf.  Gervais,  ancien  évi'iiue  du  .Mans,  ipii'  Henri  I"  fil  arriver  au 
siège  arcliiépiscopal  de  Reims  et  ipii  dota  noire  ville  du  droit  di!  sacicr  les  lois  de  l''rance:  (jer- 
vais,  à  cpii  l'on  doit  la  fondation  de  re.;;lise  et  de  l'abbaye  de  Saint-Denis  'de  lleimsl  el  les 
commencements  de  la  basili(pie  de  Sainl-.Nicaise  ipi'aclieva  Lil)erj;ipr;  (iervais.  dis-je.  était  irrand 
amntriir  de  chasse.  Le  souvenir  des  forêts  du  .Mans,  rpi'il  avait  si  souvent  parcourues,  le  suivit 
jusque  dans  le  pays  peu  boisé  des  campagnes  de  Reims,  l'our  se  rappeler  sa  patrie  et  l(^s  plaisirs 
de  sa  jeunesse,  il  fit  placer  dans  la  cour  du  palais  areliic'pi.-copal  un  énorme  cerf  d'airain  avec 
celte  inscription  : 

Dum  CcDom.lcirum  s.illus  lustrare  SDJebat 
Gcrvasius,  corvos  tune  sufiinenter  habeliat. 
Hunr,  momor  ul  palria- sil  .sompor,  coritlulit  -Trc^. 

Quand  Cerrnif!  pnveournil  iKibitiieUeiiieiil  les  forets  du  Mans  ,  il  y  Iroiivail  des  ecrfs  en 
nombre  suffisant.  H  a  fait  poser  en  bronze  celui-ci  pour  se  rappeler  sans  cesse  le  soutenir 
de  sa  pairie. 

u  Gervais,  dit  liidel,  avait  le  l'oùI  si  décide  [)our  le  ceif  qu'il  le  nul  dans  ses  armes  particu- 
w.i  7 


50  ANWl.F.S  AUr.HKOLOGKH  l.S. 

'rr.ovics'.  —  "  Imi  la(|ii(_'llc  ville  y  ;i  (lcu\  clnrlies  an  hi'IIVdy,  dunl  l'iiiio  a 

(li'll\  (Irsircs  l'Il   iToisio  (■(  l\  pii';l/.  cl  (IcillV  (le  cluirrr,  iiii   ('ll\  il'ull,   (.'I,  IMI  liaill- 

((':ir.  i\  |>ic;l/,  l'I  plus,  et  sainble  (|ii"elle  soil  aiissy  liaiillc  (|iie  lai',i;'e  ;  el  y  eul 
à  le  fuiKlre.  (|iie  d'eslainj;  (|iie  de  iiuMal.  eoiiime  nu  diel.  \\\  mil  lilnri'S, 
(|iiaiil  lui  |iieiiiié|-eini.Mil  Iniidiie;  iii:ii.<.  à  |iri''seiil.  lie  puise  que  \xil  mil,  el  le 
halaiil    d'i<-el|e    puise    iiii''    et    Ml    liliM'i's   de    \'f\\    el    esl    leudue    uiig   pclil  : 


0  iirn's.  Son  si'i'iii.  i|iii  so  Iroini^  en  cnliiT  ii  la  cluiiti'  iIp  fniulalion  ili^  S:iinl-l),Miis,  ro|ii(''.^('nlc 
«  d'iiii  (■  lie  riiiiaL:('  lic  la  \  iia'i^o  {mi  liii^li' a\i'C  crljc  li'i;rii(k'  :  l-^i/ii  (ii'irtisii/s  ('/)isri)/iiis  :  ri  au 
«  ri'Vi^i's.  iiii  ci'il  a\('i'  cps  iimls:  (j'rriis  l'i'iiiciisia.  O'csl  sans  (loiilr,  ajinilp  Jîiilcl.  ce  (|iii  a 
«  oni;ai,'t'  ilrpiiis  l('~  aii'lii'\i^i|iii's  ilc  Hi'ini>  à  |aciiilir  uiic  Irli'  de  coii'  |ii)iir  li'  scci  de  leur  ulll- 

«   fialil('' Il 

c(  n.illicr,  aiilcar  d  une  lii--l:iii'c  maaii^iaili' de  la  mIIoiIc  lii'iiiis,  inius  diiniii'  sur  co  cerf  cclto 
iiilci'css  inti'  )iiilici'  :  »  (li'i'Vais.  dil-il.  le  Mcrcnas  de  son  l('ni|is,  it'l.dilil  les  écoles  de  Ueiins  ot 
o  en  donna  l.i  conduile  a  liianio.  nalifde  Coloi^rie.  (à'I  arelievèque  lil  l'aiii'  le  ceii'iine  nous  avons 
u  \ii  -ur  la  |iorl:'  dn  ji  dais  ari'liii''|iisco|ial.  AvanI  i|ne  l'arelinèiin'  i.eiinore  d'IO,un|ies  l'enl  fait 
u  élever  sni'  celle  p  nie  en  Miil  '.  (|n'il  a\ail  fail  li.'iiii-,  il  l'iail  ij.ins  la  [n'enneii'  ciini'  sur  un 
0  iiied-d'e^t.d.  Au  su  le  des  rois,  on  le  Ir.ni-i'erail  il.ui^  le  |iai'\is  el  on  1  eui|jlissait.  di^  xinijui 
11  eiinlail  a  leurenli-ee.  C.li.ii  les-.Manriee  l.e  'l'ollier  aiani  l'ail  aliatire  celle  |)urty  (on  l(iS7;,  lors 
ir   de  la  coii-lrnclion  de  >on  palais,  ce  ceil'  lui  \endu  a  son  prollt.  » 

u  Ce  qu'il  \-  a  de  plu>  >iiiL;idi('r,  i''esl  que  ce  cerl'ipii,  il  l'r'poque  du  sacre,  recevait,  une  desti- 
niliiin  si  populaire,  servail  en  leinps  oïdinairi^  d'iiruoniinieux  ecli.ifaud  sur  lequel  élaicnl  exposés 

les  conilainnés  par  la  juslico  arcliiépi.scopale 

Il  On  sait  que  1(>  pi^'iion  de  la  croisée  ineridinnale  de  la  callii' haie,  reeddié  \ers  la  lin  du 
xn'  siècle,  e,~l  couiiinni'  d'nii  sai;illaiie  qui  liaiide  son  arc  el  va  di'cocher  une  floche  sur  un  cer- 
lain  point  de  la  cour  de  l'arclievéclié;  c'était  dans  celle  direction  (lu'élait  posé  sur  son  piédestal 
le  cerf  de  bion/.e  de  l'arclievèipie  (iei'vais.  L'idée  du  sculpteur  du  sa.u'illaire  était  toute  iléinocra- 
lapie..  ..  —  Ou  coiMprend  que  le  cerf  de  (iervais,  qui  av.iil  la  ilonlile  desliiialion  de  jeter  tour  à 
tour  au  peuple  les  fatales  anyois.ses  de  l'iiifaniie  et  les  folles  gaietés  de  l'ivresse,  était  un  monu- 
ment niilalile  d,ins  l'esprit  des  Rémois.  On  retrouvait  naijuéi'e,  à  ce  sujet,  une  dernière  trace  des 
impression-i  populaires  dans  le  nom  de  lriii>  de  nos  rues.  Xons  axions  la  rue  du  l'cUt-Orf.  la 
rue  du  Craiid-Cerf,  la  rue  Conif-i/c-Cerf,  dont  certainement  l'idée  première  loueliuit  ii  cellu  du 
cerf  de  l'arclievéclié.  La  commission  créée  pour  la  révision  des  noms  de  rues  a  fait,  l'année  der- 
nière (IS'ii),  main  b.isse  sur  Ions  ces  souvenirs  serviles;  on  n'a  pas  daigné  en  conserver  l'omlji-e. 
La  raison,  qui  la  diia?  Je  ne  sais.  Aujourd'lmi,  il  no  reste  du  cerf  de  rarclie\èi|ue  (iervais  que 
les  sceaux  ipielque  peu  frustes  dos  anciennes  archives  du  chapitre,  et  un  cachet  du  xviii''  siècle 
placé  suns  le  vit  l'ail  d'une  des  montres  du  musée,  lequel  cachot  provient  du  dernier  bailli  do 
M.  de  Talle;rand  !arclievè()uo  do  Reims),  ol  représente  le  cerf  sur  ses  pieds  avec  cclto  légende  : 
Cfri'iis  rciiiciisis.  » 

1.  Ce  n'e^l  pas  Troyes,  mais  Sens,  qu'il  faudrait  placer  on  tète  do  ce  paragra|ihe.  Kn  effet, 
c'est  il  Sens  et  non  ii  Troyes  qu'étaient  et  que  sont  encore  les  deux  grosses  cloches  dont  il  est  ici 
question  ol  qu'on  noimne  Sa\  inienne  et  Potentionne,  du  nom  des  deux  saints  martyrs  Suvinion  et 
l'otentien,  |)atrons  de  la  ville  de  Sens.  Ces  erreurs  prouvent  que  le  pèlerin  Lenguerant  n'écrivit 
pas  ses  nntes  sur  place,  mais  après  son  passage  dans  les  villes  dont  il  parle,  el  peut-être  mémo 
aprôi  son  retour  de  voyage.  Ces  inexactitudeâ,  ces  défauts  de  mémoire  doivent  jeter  une  certaine 
deliance  sur  tout  ce  récit. 


Mil.  v\(;i:s. 


51 


et,  par  di-s^iis  clk.  y  m  a  une  aiilln'  (\\i\n\  sniiin-.  l):'aiirm|)  m 'iidiv '.  » 
Dijon.  —  Parlant  de  Truiisi'  i\i's  ('.liaitrciix-li'/.-Diinii.  il  dil  {|mi'  Irs  Idiii- 
hraii\  des  ducs  di'  lîmiri^d^Mic  sou!  \\i\{  ri<'li('S,  «.cl  soiil  les  \  isai^-cs  im  faces 
di's  deux  l'liili|)])i's  paiiicis  après  |r  vif  en  cette  éji;lise  .  Ia(iiielle  est  paiii(t(> 
bien  liciieiiieiit  d'ur  et  d'a/iir  sur  la  l)aii(|iierio  on  laiiil)roiissaii;e  de  Ixiis.  Kii 
la  capiieile  lez  le  t;i-and  autel  csj  rm-aloire  des  diir<  de  lîdiir^'uii^iie.  hupielle 
est  fort  riche,  et  y  a  une  table  d'ai'i^cnt  dun''  de  l'Iiistoii-e  du  trespas  Ndsti'e- 
Daiiie.  et  les  aposlles  eutoiu-  liiy.  et  Dieu  rece|nant  son  àuie.  (piv  II-  cdiMniie. 
et  les  ange!/  à  l'eiitlidur  :  fort  riche  et  menu  ouM'a.ge.  Kl  le  tahei  nacie.  ou 
Cduvei-ture  d'icelle  tal)le  est  l'icheuient  painct  et  bien  ouvi'i'-.  Sur  icelje  rap|)elle 
est  une  aullre  cappelli^  fort  i)elle.  di'  1" Aiiiiouciation  Nostre-Daïue  :  ri 
disent  les  Chartreux  (|ne  ils  mit  entre  leiu-s  reli(|n;iirrs  du  bi-as  Ndstre-Dainc. 
desti"  maison  lit  faire  h'  duc  Philippe  h'  llard).  —  \ii  milieu  du  |.;raiHl 
cloistro  y  a  une  l^elle  fontaine  close  alentour  de  mni'ailles  basses,  en  lai|uelle. 
sans  rimaij^e  du  Crucifix,  y  a  aulti'es  t;randes  imaii^cs  -.  « 

liMKiN    \)V.   I.A    FO.NS-.Mi:i.I(;(lO. 


1.  Fol.  2.  V  c  y. 

2.  ll)i(i.,  fol.  3,  r"  el  v".  —  11  s'ii.u'il  ici  du  fameux  |)uit>  iIp  Moïso.  I.o  Ciiirifix  on  a  fli.-;|wrii. 
mais  les  pri.pliùles  sculptes  par  Claux  Stuter,  on  I4()i,  existeut  toujours  et  ce  sont,  des  cliefs- 
d  œuvre. 


niBTJOGRAlifTE 


D'ART   F.T   D'ÂUCHÉOLOGIE 


1.  AxNM.i'.s  lie  lu  Sni'icti'  (rii.L:riciillure.  scioii- 
(■('■i.  ails  cl.  c-dinmoici'  ilu  l'iiy.  T(iiii(^  wii. 
I.S.'i^l.  In-.S"  lie  -i-U  paires.  —  R<i|)|iiii'ts  cl 
niciiKiircs  :  (iucrres  civile?  et  rcligiiHiscs  ihi 
\>hi\.  par  !..  iiK  VlN(il.s.  —  iMiiiilalinri  rlii 
piicinc  lie  Saiiit-Picrrc-E\  iiac.  —  Lc(!li;'i- 
Icau  de  (iriïïiian.  par  .M.  m;  I'avan-Di  Moii- 
LIN.  —  Des  l'olii;iiac  dans  la  lij,'ue  du  bien 
piililir,  fragmeiil.  de  1'  •■  Ilisloire  des  bara- 
iiies  du  \cla\  «.  par. M.  m  Mni.iN.  pi'c>iilciil 
do  chailibre  à  la  Cour  iuipcrude  de  Hnueii. 
—  Hssai  sur  l'hisluire  iininieipale  du  l'u\. 
par  li.  Vis>vr;l'ET,  a\oeat,  —  l^e  lleaiil  du 
rocher  de  (lorueille,  par  A.  A\.mauii. 

2.  Ai'i'LicvTioN  du  droil  coiniiuin  ii  la  pro- 
priété lillérairc  et  artistii|iie.  l'ublieation 
du  comité  de  l'Assoeialion  pour  la  défense 
de  la  propriété  littéraire.  Iii-N"  de  .'^2  [la^es. 

30  e. 

:!.  AliltANÏ.  —  l'oii.i.iivi:,  éniailleiir-  liiiuiu- 
sins.  l'ùuaux  de  la  collection  de  .M""  de  la 
Sayette  [de  Poitiers),  par  ^Iairice  Ahiia.nt, 
archiviste  de  la  llaule-Vienne.  In -S"  de 
S  pages.  (iil  c. 

4.  AKDANT.  —  Liste  chronologique  et  nu- 
mismatique des  vicomtes  de  IJmoi^es,  par 
JUiliicK  AniivNT,  archiviste  de  la  llaule- 
Vienne.  Iii-S"  de  .S  paL'cs.  (jo  c. 

'■'}.  ARKNDT.     —     7.\vi:i     mitti  i,Ai.Ti:itLu:i]i: 


n  M  cinAssicR  (<i  Deux  encensiiirs  du  moyen 
ài:e  "  \  par  K.  Aiiii.viir,  archilecle  du  .gou- 
vernement du  1,'rand-diiche  de  Luveinbourj:. 
Iii-X"  de  i  pages  avec  une  planche  où  smit 
ligures  ces  encensoirs  qui  datent  du  \V  siè- 
cle. '1  fr.  ol)  c. 

11.  ArVl':[iiiXH.  —  Doc,rMi:\Ts  ini'dits  relalifs 
an  Daupliiné.  l'reiniére  livraison  :  C.artulairo 
de  saint  linherl,  édité  par  les  soins  de  M.  le 
chanoine  .Vivkugne.  In-S°  de  81  pag^s.  l'a- 
pier  fort.  ")  t'r.  ;  papier  ordinaire.  3  l'r. 

7.  lil-:iillll^li.  —  Ivn  iii;s  lilnrgiqu'S,  pir 
l'abbé  J.-l".  Ueiu.ier.  In-S"  de  -JlStt  pages. 
Première  |)artie  :  Étude  préliminaire.  Du 
droit  liturgique  et  de  ses  ra]iports  avec  les 
]ilns  importantes  ipiestions  ecclésiastiques. 
Oiiestions  concernant  les  sacrements  et  se 
rattachant  à  la  constitution  de  l'Église.  De 
quelques  lois  ecclésiastiques.  Princi|)es  théo- 
logiques.  —  Deuxième  partie  :  Histoire  de  la 
controverse  et  d.'  la  réforme  liturgiipie  en 
France  au  xix''  siècle.  Premier  essai  de  con- 
tro\erse  liturgique  en  isli.  Nouvelle  édi- 
tion du  Parisien  sous  la  Kestauration.  Kdi- 
tions  de  livres  liturgiques  faites  en  France 
sous  la  Kcslaiiralion.  Nou\elles  controverses 
lilurgiipies  en  I.S30  et  en  1840.  Actes  litur- 
giques des  églises  do  Carcassonne,  de  Lyon 
cl  de  Xevers  en  1742  et  années  suivantes. 
Liturgie  romaine  à  Troves.  l'erpignan,  .Mon- 


i?iiîLioi;i!\i'iiiF.  n'Aiii 


ii'MiciiKni.ocii-: 


liuihan  Pt  Ri'iiii>.  lli'nstM^iiiMiicnts  sur  Ifs  ;m- 
cienots  provincos  tH-flésiastiquos.  CoiisO- 
qiionce  imporliinti'  du  concnrrhil  ilc  ISOI. 
Échaniro  do  paroisso.*  outre  ran"lji'vi,''(]iip  do 
Bosanron  et  l'cvi^que  <]e  li.'ilo.  ii  la  fin  du  der- 
nier siéele.  —  Ces  d(Hi\  ])arties  :  7  fr. 

S.  m.ANi;AlU).  —  IcoNOGii  vi'iiiE  des  sc"aii\ 
et  Inilles  conservés  dans  la  i)arlie  aniérioure 
il  179U  des  Arcliives  departenienlak's  des 
15ouclies-du-Rhono.  par  Loris  Ui.aniviiii. 
arcliiviste  du  département.  In-i»  <le  :i2i  p. 
do  texte  et  d'un  atlas  in— l"  de  ~i  planclies. 
—  Description  dos  sceaux.  l'arlio  ci\ile  : 
empereurs  d'AIIomairne,  rois  d'Arles,  su/.o- 
niins,  manpiis.  ducs  et  comtes  de  Provence; 
comtes  do  Força Iquior.  vicomtes  do  Marseille, 
seiiinours  des  Baux;  barons,  seiiineurs  ot 
nobles  do  Provence;  villes  de  Provence  et 
des  pays  voisins:  lieutenants  des  comtes  de 
Provence:  cours  et  sénécliaussées  de  Pro- 
vence et  des  pays  voisins:  rois,  princes  et 
princesses  do  France;  sceaux  étrans^ers  à  la 
France.  —  l'artie  occlésiastiquo  :  arclio\é- 
cliés.  clia[)itros  métropolitains,  évéchés  et 
chapitres  épiscopaux  de  Provence:  archevé- 
cliés,  évi^cliés  et  cliapiires  étrangers  ii  la  Pro- 
vence: abbayes  et  prieurés  provençaux: 
ordre  du  Temple,  de  Sainl-Jean  de  Jérusa- 
lem et  de  Saint-Antoine  de  Vienne:  papes 
de  Uome  et  d  Av  iiinon  :  cardinaux,  auditeurs. 
reféreiulaires  cl  autres  dignitaires  de  la  cour 
apostolique,  etc.  —  Ti'xlo  et  atlas.        tJO  fr. 

9.  ItON'.NIEI{.  —  AuKi.Aita  ol  .saint  liornard.  la 
philosophie  et  l'Fglise  au  xir  siècle,  par 
FuoiAiii)  BoNMER.  docteur  en  dr<iil.  I11-I2 
de  xiv-l.'j»  pages.  —  Introduction,  ^elitable 
caractère  d'.Vbélard.  .\belard  dialecticien, 
moine  et  théologien.  Condamnation  d'.Vbé- 
lard  il  Soissons.  F'onda'iondu  Parad-t.  Cor- 
respondance d'Uéloïso  et  d'.Vbelaril.  Saint 
liernaid  au  Paraclet.  Concile  de  Sens.  Doc- 
trines et  disciples  d'Abélard.  Vol(;iirianisine 
de  Bérenger.  Doctrines  démagogiques  d'.Vr- 
nauld  de  Brescia.  Fin  religieuse  d'.Vbélard. 
Ktude  littéraire  sur  .Vbélard.  Héloï.so  ot  saint 
Bernard.  Histoire  des  restes  mortels  d'IIé- 
lofsp  ol  d'.Vbélard. 


lu.  C.AHDI'.V.VCtjrr:  (de  .  —  l.Ainnii;  du 
.Monl-Sainl-Kloi  IOIiS-l7'.>2  .  par  Adoi.I'HK 
m:  lj\Bi)i:v,u.giE.  In-i"  do  2il  pages  ot  d'un 
atlas  <le  \.j  planches,  dont  uiu>  coloriée,  des- 
sinées d'après  natuie.  —  Chapitre  préliuii- 
iiaii'O  :  Le  .Mont-Blaiu'  avant  rétablissement 
du  monastère,  lOtl-IO;iS.  Me,'  gi-néiale  du 
pavs.  FiKKpie  gauloise.  Domination  romaine. 
Invasion  des  Francs.  .'îaint-Kloi  établit  son 
oraliiire  sur  le  .Monl-Klaiic  (i.'i'j  .  Invasion 
des  .Normands.  Destruction  de  l'oratoire. 
Fiilliort,  évèque  d'.Vrras.  fonde  une  église  au 
.Mont-Saint-Kloi.  .Vbus  en  IDlXi.  Heformes  en 
I0()8.  Histoire  de  ral)ba_\e  sous  la  prelaturo 
de  chacun  de  ses  abbes.  Intérieur  du  mo- 
nastère. Ktal  des  biens  et  revenus  eci'lésias- 
tiipies  de  rabba\e,  histoire  littéraire  et  des- 
cription du  monastère  du  Mont-Saint-F^loi. 
Notes  et  pièces  jusiilicatives. 

11.  t:Milii:VA(;(jri-:  de).  —  Notici:  sur  le 
prieure  <le  Ndlre-Dauie  du  Penny  (près  lie- 
Ihune).  ilépendant  derabb.iye  du  Mont-Saint- 
Kloi.  par  .\iioi.i'MK  m:  CAunr.VACyii:.  mem- 
bre de  la  Société  des  antiquaires  de  la  Mori- 
iiie.  Iii-l"  de  12  pages  et  d'une  planche. 

12.  CAUDLV.VCOL'L  (de).  —  Xotici-  sur  le 
prieuré  de  tiiUi\-<'n-'rei'nois,  déiiendanl  de 
labbave  du  .Mont-Sainl-Kloi.  par  .Viioi.i'iii: 
lue  Caiiiii:\ Acoii;.  lu-S"  de  l  p.iges. 

l-i.  CAliDKV.VCUL'F  (de;.  —  Kcùiviiics  et  son 
prieuré  (ancieimedi'pendance  de  l'.ilibaye  du 
Monl-Saint-Kioi  .  par  .\.  m:  Cahiii:\  vctji-i:. 
(ir.uid  in-S°  de  29  pages  et  de  2  planches. 

II.  (^vTAi.ociE  des  livres  rares  et  précieux, 
dessins  ol  vignelles,  com|insant  la  biblio- 
tlièi|ue  de  feu  .M.  le  conite  m:  ].\  IiLi)o\i;i(ic, 
ancien  olhcier  supérieur  des  g.u'des  du  coi'i)S 
des  rois  Louis  WIII  et  i;liarles  .\.  et  moni- 
bre  do  la  Société  des  biblio|ihiles  français. 
In-S"  de  xvi-lOO  pages.  —  Théologie,  juris- 
prudence. Sciences  et  arts.  Belles -lettres. 
Histoire,  géographie,  voyages,  etc  ,  distri- 
bués dans  28 'kG  articles.  .■!  fr. 


i:;.  c.VTTt)!? 


l>svi  sur  deux  édifices  de 


:)U 


AXNALKS    AliCllKOLOGIOlKS. 


r:>;iai<-i:ic('  riir.'licnn  v  p.if  ic  iliuMi'iii-  l',\;- 
TDls.  r.'lil  iii-:i)li(i  il,'  .S'J  \M'^'i  v\  (!■■  il  |il. 
miiM'c'-i  |i,ii-  S\r\  A(.Kiir.  —  C.liiiiii'lli'  (IrTdii- 
MMil  (Ml  Bcrry  ;:irchil('rli\  M.  Vi;iiiiii:i\)  :  los 
cli.u\  i(MinissiiilCf>  (W  et  \l\"  si('clc,.  nri- 
i;iiic  lie  lii  (■hiipi'llc  lie  Tiiinriil  ;  iihiii  cl 
(irioilUilioii,  les  ailcieiini'S  tr;i(lilio;i>  île  l'i-- 
i:li>e  sur  ce  iioinl:  le  raiiipnnile.  am-ieiins 
liMiiiliiiiis  il  ce  siijel  ;  ileseii|il ioil  lie  l'iiili'- 
linir  lie  la  eliapi^lle  el  île  la  sarrislie;  peiii- 
liiies  iiiuiali'S  et  xiliaiix.  —  C.iuixent  iL' 
rA~si)nipliiia  nu  niena-lèie  des  A-^soiiip- 
tiades.  à  Auleuil-I'.iris  'airliiteete.  M.  Vi:ii- 
DlKli)  :  rréémiiieiiee  lies  si-ieiii-es  siirlesaiis 
à  iioire  épnipie,  rallie  île  eelle  >iiperiiiiile: 
lonilalioii  lies  Assmiipliailes,  leiii-s  el.ililisse- 
ineiils  sueeessifs  à  Paris;  ilillieiillis  e(  (](•- 
i;iirils  pour  laiiisle  ilans  le  inonde;  deserip- 
tiiiii  du  i-oinenl  d'Auleuil.  ses  divisions 
iiiti'rieures,  elieiiiiiu'i'-.  lioiseries,  eompaiai- 
sou  (le  deux  iiiaisoiis  réeenles.  l'une  grecque 
et,  l'autre  i;otliiipie;  l'art,  l'arehitietuie  sur- 
tout, est  un  lan-ai-'e  pour  le  piiMie;  pii\i- 
léire  lie  l'arelulecle;  niotil':-  du  choix  de  l'ail 
du  uio\en  àï;e  (xiir'  siérle)  [iinir  le  eomeiil 
d'Auleuil.  succès  de  sou  appliealioii  dans  eel 
édifice,  fautes  ipii  s'y  remanpieal;  resuiin' 
des  Mies  énoncée.-,  dans  cette  belle  publie, i- 
Imn. 

ir>.  l'.()i:ilFT.  —  NoTi:  sur  une  si'piilliire  eliri'- 
lieiine  du  moyen  àue.  trouvée  ii  Ktaples 
Pas-de-Calais),  en  ISGl,  par  l'abbe  C.ociii.T, 
inspeet;nir  des  uionunienN  liisloriipie- el  le- 
ligicux  de  hi  Seine-liiferieure.  In-S"  de  Ki  p. 
et  de  5  j,M'avures  sur  bois.  —  Sé|iulliireirun 
clievaliei-  eliii'lien  inliuuii''  a\ee  .ses  armes, 
au  Mil''  ou  au  xiV  siècle. 

17.  COI'.IIKT.  —  Notice  historique  et  archéo- 
lo;^ique  sur  la  ville,  l'abbaye  et  re.i;lise  du 
Treport,  par  l'aiilie  (ioriiKT,  inspecteur  des 
monuments  liistoriquesde  la  Seine-Inferieure 
et  des  monuments  relij;ieux  du  diocèse  de 
lioiien.  In-S"  de  11  r  [Ki^es.  —  Esquisse  his- 
torique sur  la  ville.  Ancienrto  abbaye  de 
Saint-Michel.  Éu'fise  paroissiale  de  Saint- 
.lacqiu'S.  lie>lauialion  de  ri'';_dise  p;iroissiale. 

I   fr.  .'iO  c. 


l;-!.  CiJU.SSIi.MAKI'R.  —  Mkssic  du  \iii- siècle, 
tr.idiiile  en  notation  moderne  et  précedi'.' 
d'une  inlrodiiclion,  par  M.  Di;  ('.ocssi;ii  \Ki;ii. 
correspondant  de  l'Institut.  ln-'i-°  de  !S  iia.ues, 
i  rac-similc  el  .'il  paj;es  de  musique.  (!elte 
me.sse.  qui  e,-l  ii  trois  parlies,  est  le  monu- 
ment le  plus  coiuph't  el  le  p'iis  inqiorlanl 
de  1  liarinonie  au  mo\  en  àire.  I^e  maïuiscril 
orii:inal  appartient  ii  M.  l'abbé  N'oisin.  \i- 
caire  L:i'iii''ral  de  'roiirnai.  !i  fr.  "lO  c. 

l'.l.  D-WClllSN'h;.  —  Xc.MisMATiciciî  niiriii- 
Miisi;.  Recui'il  hisloi-ique  de  monnaies,  mé- 
r.aux,  médailles  et  jetons  de  la  \ille  el  de 
rarroiiilissiMuent  de  Hi'lliuue.  p:ir  L.  ll.\N- 
coisM-:,  meiiibre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes. In-S"  ilexv-2.)i  paL;es  et  de  11  plan- 
ches. —  liilroiluclion  historique,  l'remièro 
]iar(ie.  lii'thune  :  monnaies  meroviiiijiennes 
el  sei.L;neuriales;  méreaux  communaux,  mé- 
reaux  de  secours,  de  corporalions  el  de 
coniiiieiçanls.  de  conlrèi'ies,  d'églises,  d'ab- 
bavcs  et  de  sociétés  ;  médailles  de  siège,  de 
sacre  et  des  journées  de  juin  18i8;  jetons 
divers.  —  Deuxième  partie  :  arrondissement, 
de  Betlnine  :  médailles  des  représentants  de 
1  arrondissement  ii  l'.Vsseniblèe  constituante, 
médailles  de  pèlerinages  et  do  dévotions  jio- 
pulaires,  seigneuriales,  religieuses,  mérovin- 
giennes, earlovingiennes,  de  la  bataille  de 
I.ens;  monnaies  de  Saint- Venant,  etc.  10  fr. 

20.  DKLÉC.l.UZE.  —  r.ii.vucEn.  Le  pèlerinage 
deCanlerbury  ; ;i228-rj00:,  par  E.-J.  Di;!.];- 
ci.izi;.  ln-8"  de  il  pages.  — Traduclimi  du 
prologue  des  contes  de  Canterbury.  Ob.ser- 
valions  sur  le  caractère  et  le  talent  de  Chau- 
cer.  Etude  sur  sou  temps  et  ses  ouvrages. 
Liste  de  ses  piiucipaux  poi'uies  et  contes. 

21.  DRIOU.  —  Uo.Mi;  et  ses  impérissables 
grandeurs.  Scénographie  des  sept  collines 
et  du  Tibre;  reliefs  de  rAgi'O-Homano ;  ré- 
surrection des  ruines;  Capitole,  Eorum,  pri- 
son Jlauiertine,  roche  Tarpéienne,  Panthéon, 
temples,  Colysée,  cirques,  tlièidres,  thermes, 
palais  des  Césars,  arcs  de  triomphe,  ]iorti- 
(pies,  colonnes,  statues,  etc.  Exhil)ition  des 
calacondies,  cry|it,es,  basiliques,  églises. 
Examen  des  musées  du  Capitole.  du  Vatican, 


)iii;i.i(>t;i!  \riiii:  1)'ai;i   i.r  ii'Aiiciiiioi.ocii: 


(li's  j,Mli'ri<'>  lie  iliviTs  [liiliiis.  l'holou'r.iphi's 
(le  foMi  lini's,  [ilarc-,  \ill,is,  Ioiii1)Mii\.  l'I.ins 
dos  vdirs  ApiiiriKU',  l.iiliiic.  Fiiiiniiiiciiiu', 
|Xir  les  Maniis  l'urilin-;,  Ir  inniil  («is^iii,  l'Ic. 
lixciii'sioiis  |iill0['fs(|iir>  iui\  cilcV-;  laliiics. 
vi)lsi|iii'S.  (''Inis(iiii's  ili'  (iiiiHiiR',  (i.ii'li'.  Miii- 
lui'iios,  Arpiiuiiii,  Vi'lli'îii.  AiiMir  (Tctim- 
l'iiu'  .  Ai'irii'  ((ieiis;iMii  .  'ru-culmii  ,l"r.is- 
rnli  .  Albc-l.i-LuTiu'iii'.  l,;iviniiiin.  Aiiliuin. 
Ar(k"[>,  O.slio,  l'alcrics,  Vi'iV-;,  Ti\iili,  de.  ; 
visilc  iui\  \i\c>  llci^illo.  |-"iii'iiio,  AIIkiik),  Nciui, 
par  Ai.riii:i)  Dhiol'.  (jiaiiil  iii-S°  de  -i't't  [>. 
et  de  l  pliinclu's. 

■>i.  Dt  I.Ariilldi.  —  l'/n m:  Mil  ror-anisiUioii 
poiitiipic  ri'li.L'iinisi'  cl  iidiiuni?lr,ili\(>  du 
nnaumo  do  la  IVlilo  Annciiio.  à  l'i'piKpu' 
dos  croisades,  par  ICdou  uiD  Dli,  vi  iui;ii. 
I11-8"  do  l.iO  paiios  et  de  oini|  talileaiix  dos 
souverains  do  la  polil.'  AriiK-iiio.  —  .Nule 
prcliiiiiiiairo.  La  rovaiili'  el  rari>t  u'ialii'.  le 
palriairat  et  le  olor^o.  Tableau  des  sièges 
épiscopaux.  des  couveiils  el  du  cler.L;é  011 
.^'éiionil  ipii  cUiionl  sous  la  juridiclioii  |ia- 
ti'iai'cale.  Ollioes  de  cour  el  diu'iiilés  civiles 
ou  poliliipios  :  conuolaliies  et  assi'ssmirs  du 
connétable,  cliatubollaiis  et  caiiiorii'rs,  cliaii- 
colieiset  baïlesdu  ro_\auiiie.  clianceliers  pac- 
ticuliers  el  employés  de  la  chancollorie,  se- 
nécliaux,  ca|iitaiiies  de  la  coui'  du  roi.  de  la 
douane.  Coiihikmco.  tarif  des  douanes  el 
condition  civile  des  olraiij.'ers  dans  la  l'elilo 
Arménie.  Du  droit  d'aubaine,  des  contesta- 
tions el  [irocès.  ttal  des  [lor.sonnes.  .\|ip;'n- 
dice. 

i.i.  I)rTllll,l,(H;L'l..  — IlisKiiiii:  ecclesi,isli(pie 
(Hinoriasliipiodol)ouai.  depuis relablis-eiiieiil 
du  cliristiaiiisnie.  i)ar  ll.-li.  Diriiii, 1,01:1 1.. 
In-8"  do  I.S4  p.— i)u  clirislianisiiio  dans  les 
contrées  du  nord  do  la  l'"raiK-e.  ColloLdalos  et 
clia()itres  do  Saint-Aîné  el  do  Sainl-l'iorre. 
A!)bayes  do  .Marcliieniies .  d'.Vncliin  el  de 
Klines.  Paroisses  de  Douai  ;  Notre-Dame, 
Saint-Albin,  Saint-Xicolas  et  Saiiit-Jac(pios. 
.Maisons  roi igiousos  :  tenipliei's.  dominicains, 
Irinitaires,  jésuilos,  capucins,  carmes,  récol- 
lets el  bénédictins  an.i;lais.  claris.ses.  etc. 
Uefuires  des  maisons  roli^'iousos  avant  exislo 


a  Doii.ii.  Cliap 'Iles.  l'eloriiia;.'es  d.iiis  les  en- 
virons de  Douai.  (!(iMrri'ries.  Xoms  dos  p!'r- 
suiiiii's,  Oi'closia-liipies  el  auln'-.  née~  ii 
Douai  el  dans  si  conlii'O.  i|ui  ont  iTiil  sur 
des  matières  ri'li.i,'i"iis:'s.  Séminaires.  Arch;'- 
\è([iies  el  i''Voipi"s.  (!uii'~  d-s  paroisses  do 
Doii.ii.  .\ppeii.lice. 

l'i.  IIANCliil'l-;  D'AlKlS  do  .  —  Vii;el  nii- 
racl"S  do  saint  Iti'iiiand,  avec  uni'  n  ilice 
lli>l nique  sur  1,1  Mlle  et  lo-  i'\èi|U's  di' 
(lommiiiu'os.  hi  le;.;onil' des  saints  du  p.i\sel 
l.i  desrriplion  do  l'eudise  calliedral'-.  p,ir 
l.oiis  m:  FiANciCTTi:  n'Ai. os.  Iii-li  de  iv- 
:î.S2  pa^'os.  i:ial  do  l'K-lis;-  au  M-  siècle. 
\ais~auce  (le  >  iini  l!'i'l:,uid  '\l'-iècle).  Son 
liisloire,  collo  do  si)n  pa_\  s  et  d.^  son  l'poiiu:'. 
Invasions  di-s  Vandales,  d  ^s  (lollis  ol  des 
Sarrasins.  !."<  sainis  I  lairliMis.  .\\riiliii.  Ca- 
lisl'i'l  .Morciirial.  Saint  lii'iiiMiiil.  evè(pe>  ilo 
0  imniin;.;/--.  Se-  iiur.icl  ■-;.  lûcMiomenls  pos- 
li'iieur-:  il  saint  I!  airaiid.  l'oies  el  usa.;,'es 
parliculiors  ii  l'ejli-e  il"  (;oiniiiiil.:i's.  D''srii|i- 
linii  (le  la  c.ilhodrjlo.  ori;4iiios,  (inonlalnin, 
liois'Tios  lin  clin'ur.  Julie,  s.mrlu.iiro,  pavé, 
roliipies  el  Ire-or.  Cl.iilro.  Hial  du  diocèse  on 
ITM'.t.  (lliapiire  ciilli'.u'ial.  alilia\cs.  pri 'lires, 
chapelles.  Dates  lii-lnii, pies.  Coulunie,  d'  la 
eile  lie  C.oniminL'os.  î  fr. 

r;.  l'I, ACHAT,  (le  DIO.N  el  l.ASVll.M  S.  — 
C  vrinlouAia:  m:  Bu  i;ix.  Uepnsi'  vi\  smis- 
(i'U\i(^  delà  tour  cenliMle.  par  li.  I'i.m  11  m. 
Des.'iiplion  de>  travaux,  par  H.  m:  Dio.n  ol 
I..  I.v^\iom;s.  iiii:éniours,  anciens  elè\cs  de 
riOcole  cenlrale.  (Jr.uid  in-  1"  de  lOî  pa.u'oset 
i\{'  :''i  planches.  —  Inlroiliiction.  Ilisloriipn' 
de  la  con^ti  uclion.  iCcraseinont  dos  piliers, 
l'reniiei's  travaux.  'l'r.ivaiix  de'  soutenemo.il  : 
sondages,  étresillonneinoni  et  blinda.L'o  des 
li.iies  avoisiiKint  les  piliers.  i'i'iiitura,i;e  do  la 
tour,  tirants  dos  naissances,  l'or.dalions,  re- 
prise on  sous-œu\  ri'.  Déiiens^'S.  .ill  l'r. 

:'(i.  I,\  l''iiVMa:  Kci:i,i';si.\STH,>ri:.  —  .Minanaeh 
du  cler.!.'!'  pour  ISIii>,  contenant  la  cour  île 
lioino;  lesarchevéïpios  et  évèipi  ■sdo  France, 
leurs  vicaires  L'énor.iux.  leurs  olliriiiux:  les 
di,^'iiitaires  et  chanoines  des  églises  catlii'- 


5f) 


A  _N  N  \  1 . 1',  S    A  P.  C 1 1  K  0  L  0  G  I O  T  !■:  S . 


(Inili's;  li'S  siiprrirurs  des  j^iHiiiiKincs;  lo^ 
CUITS  cl  les  niris  ;  les  siu'cursiilns  cl  vica- 
li.iN;  les  cnnu'ivj.iliiHi-i  r'clii^icuscs  ;  suivi  de 
l;i  li'iiisliilioii  conc-ci'iiiiiit  les  cultes  et  ce  (]ui 
csl  leliilil'ii  la  gi'iuide  iuiinôiiei  ie  el  nu  cli:i- 
pilie   de  S.iiiil-Denis.    In-i't  de  T.iM  piezes. 

4  fr. 

27.  (lAILHAliAUl».— I.  AiiT  dans  ses  diverses 
hranelies,  chez  Imis  I:s  pciples  et  ii  toutes 
les  epiMpie;  ju-iipi'eli  I  7S',I.  p;ii' .hl.ics  (  i  MLH  \- 
liAil),  d'npiès  les  travaux  des  principaux 
aili>les  el  repniiluils  par  les  plus  lialiiles  i;ra- 
\eurs  et  clirouiolitlio^raphes.  l'reuiiére  par- 
lie  :  arcliileclui'e.  s<'ulplnre.  [leinlure,  funle, 
ferronneiie.  etc.  l.i\'iaisiins  2i  el  :i'i.  Iliand 
in-'i"  de  i-  planches.  —  Clùlure  d'urie  cha- 
pelle, dans  re,i,di.>e  de  \"illeneu\  e— -ur  Vimne. 
l'nils  udtii\en  de  ileu\  haliilatiiins.  situées 
LUC  du  Musée.  iiTnnliiusc.  Élaircs  supérieurs 
d'un  liulel  du  (\\\iù  ili's  Grands-Auguslins,  à 
l'aris.  Chaque  li\  raison,  1  f]'.  7'j 

iH.  Tiii;  (icNrum  \n's  M\gazi.\1';  and  hislo- 
rical  li(>vie\v.  Isiil,  Deux  vohniies  in-<S"  de 
7UU  |iai;es  chacun,  axcc  nondjreuses  plan- 
(•h:'s  sui'  uielal,  sur  huis  et  eu  couleur.  — 
I'riiici[iaux  articles  archéoloi,'i(pies  ronleiius 
d.uis  ces  xdluiues  :  Peintures  murales  du 
xn''  siècle  dans  l'ei^lise  d'Islip.  .\rcliitecture 
militaire.  Costumes  anciens  en  An.t;letorre. 
Aipuiére  du  xiv  siéidc.  Pavages  émaillés 
du  mo\en  ài-'c.  Anciennes  liahilalions  la- 
custres d'Irlande.  Outils  et  instruments  an- 
ciens. Calhédialc  de  Lincoln.  Pierres  funé- 
raires des  XIV".  xv  cl  xvr  siècles.  Maisons 
du  moyen  àj;e.  Poteries  de  Malle.  .Vhhaxc 
de  Westminster.  Murs  el  forlifications  d'Ox- 
lord.  !\hi>a'iques.  Testaments  et  inventaires 
du  xvr  siècle.  .Vrchéologic  en  Irlande.  Ar- 
chitecture ancienne  en  Éco.sse.  Inscri|)tions 
cunéiformes.  Recherches  archéologiques  en 
France.  L'.\mérique  avant  Colomb.  Anti- 
quités suisses.  Récentes  adjonctions  de  sculp- 
tures au  lîrilish  Muséum.  L'abhaxc  de 
Wcsludnster  considérée  comme  musée  de 
scnli)lure.  Toinlieau  du  moyen  âge  à  Ktaples. 
Sociétés  archeologi(pies  cl  historiques  de 
Londres,  de  .Middlesex,  d'Oxford,  de  Cam- 


bridge, des  comtés  de  Kent,  de  Leicestcr.  etc. 
—  Ces  deux  volumes.  4">  fr. 

2'.l.  CIliAlilHII'.  —  .\i,RrM  poI\ne-ien  de 
M.  le  capitaine  de  vaissfau  C.  Nm  uv,  par 
]\L  le  baron  m;  (iiiiViiDoT.  Petit  in-folio  de 
\'t  ]il,inches  et  d'une  lalile  indicative.  —  ('es 
phuiches.  qui  sont  lilhographi(''es,  représen- 
tent di\i'rs  instrmnents  de  chirurgie  et  de 
ilefi'nse,  des  liijinix.  sculptures  et  orne- 
menls.  des  ciiiqies,  colliers  et  couronnes,  en 
or  et  en  corne  sculptés,  etc.  \î  fr. 

30.  CIRAliDOT.  —  Histoire  et  inventaire 
du  tresoE'  de  la  cathédrale  de  Bourges,  par 
le  liaron  m:  (jinAunor.  secrétaire  général 
de  la  préfecture  de  la  Loire-Inférieure.  In-8° 
de  SO  |iages.-  Texte  |ires(pie  entier  de  l'in- 
\enlaire  de  l.'j.'i7,  et  extraits  <l("s  autres  qui 
furent  faits  en  1o(12,  '1567,  1596  et  dans  In 
courant  du  x\  m'  siècle.  i  fr.  oO 

a\.  CIliAlilHrr.  —  Mr:i,ANr;i;s.  recueillis  et 
|inblies  par  le  baron  A.  du  (imAiinoT.  ln-12 
de  I  i4  pages.  —  Détails  relatifs  aux  lettres 
de  recommandation,  à  la  rareté  des  bois  de 
construction  aux  xvi''  et  xviii'  siècles,  il  la 
deslruclion  des  leuvrcs  d'art  dans  tous  les 
temps  et  chez,  tous  les  peuples,  el  ii  la  révo- 
lution de  1789.  2  fr. 

3:'.  (IlliAUDOT.  —  L\  .^AiNTi;-Cir\Pi:Li.E  de 

liourges,  sa  fondation,  sa  destruction,  par 
le  baron  .\.  he  (iiKAnooT.  In-8"dc  33  pages. 
—  l'onilation  de  la  Sainte-t'.hapelle  (xv  siè- 
cle) ,  services  el  charges  imposés  au  clia- 
|iilre,  revenus,  droit  de  justice,  privilèges 
du  chapitre,  pillage  de  la  Sainte-(;hapelle 
par  les  protestants,  en  1562;  incendie  en 
1693,  cl  snp[)ression  de  la  Sainte-Chapelle 
en  1757.  Pièces  justificatives.  1  fr.  '25 

33.  GIR.^HDOT.  —  Cartes  cÉouii.iPiiiQLES 
de  l'ancien  I!err\-.  par  le  baron  A.  DE  GlBAR- 
DoT.  In-S"  de  27  pages.  —  Projet  de  des- 
cri|ilion  des  paroisses,  observations  |)articu- 
licK'S  sur  les  rivières,  description  de  la 
paiiii^se  de  ViMiieud  -  sous  -  Dun  -  Leroy 
pour  servir  de  modèle  a  l'exécnlion  du  pro- 
jet, etc.  -1  fr. 


RiBi.i(i(;u\iMii  i;  i)'\i;r  ki   DAiiciiKoi.Oi.ii: 


:)7 


J4.  (jlVOUAN.  —  HisriiiKK  ili-s  iliisscs  pri- 
vilégiées (liins  les  temps  ;iiieieiis,  piir  I.iîon 
DK  GlvoiiAN.  (liiecteui-  ilii  ciilleye  héraldi- 
t)ue.  Deuwiiliiiiies  in-l  iih-'.i  \:i  cl  i:i6  pa;;es. 
—  Ilel)i'eiix,  Clialiieeiis  et  Assyriens.  Castes 
de  IK^ypte.  Kiiipire  îles  l'eises.  Oriijines 
de  l'aristocr.ilie  dans  les  Klats  de  la  Cirece. 
Révoliitiuiis  de  la  (ireie.  .\laet'(li)iiic:is  et 
empire  d'Alexandie.  I)roit  d()iiiesti(iiie  ;i 
Rome.  Orj.'aiiisatiuu  de  la  [luissam^e  ro- 
maine. Sénat  et  elievaliers.  lU'volulioii>  et 
décadence  de  la  république.  Ilierarcliie  de 
l'empire  romain.  Peuples  harliares.  .Marcpies 
symboliques  de  la  nobles-se  el  noms  de  fa- 
mille dans  I  antiquité. 

3.>.  liri.l.MI.  —  Tm:  lli-ronv  ul'  modem 
music.  «  Histoire  de  la  musique  moderne  ., 
st>rie  de  lectures  faites  à  rinstilution  royale 
de  la  (jrande-Bre(ai;ne.  par  John  lli  i.i.mi. 
profe.s.seur  de  musique  \ocale  aux  collèges 
du  Roi  et  de  la  lîeine  à  Londres,  el  orjra- 
niste  de  l'.harlerliouse.  hi-12  de  \li-2;>8 
pages.  —  Introduction.  Ouatre  périodes  de 
l'histoire  de  la  musicpie.  de  :i70  jusqu'à  nos 
jours.  Music|ue  moderne.  Nations  (|ui  ont  le 
plus  contribue  au  progrès  de  la  musiipie. 
Musique  chréticMne  ancienne,  saint  Am- 
broise.  .<;iinl  (irégoire.  Isidore  de  Sé\ille. 
Musique  du  moyen  âge.  séculière  et  reli- 
gieuse. Inllueiice  de  la  musique  séculière 
sur  la  musique  religieuse.  Étal  de  la  musique 
à  Rome  au  xvi'  siècle,  et  de  la  musique  re- 
ligieuse avant  Palestrina.  Kcole  belge.  Étude 
répandue  delà  musiqueà  la  (in  du  \vrsièc-le. 
Vieux  maîtres  et  leurs  œuvres.  Tonalité  el 
modes  ecclésiasli(iues.  Harmonies  ancieiiiK! 
el  moderne  conq)arées.  Renaissanci'.  Son  in- 
fluence sur  la  musique  générale.  l'reEnicrs 
essais  d'opéras.  .Vcadémie  florentine.  Dniuie 
musical  à  Rome.  Instruments  et  orclieslie-. 
École  française  moderne.  Musi(|ue  en.Vngle- 
lerre  au  xvii'  siècle.  Kcole  .diemande. 

.»i.  J.VN\  RAIN.  —  l,i:s  C.h.^tk.m  x  de  l'arron- 
dissement du  Havre.  Description  liisloricpu». 
archéologi(|ue  et  piltoresqu;-.  Cbàleau  d  Har- 
fleur,  le  Camp-ltolenl,  Bévilliers,  le  château 
du  Mont-lJeon.  Reauté.  Kpremesnil.  La 
xxu. 


l'aMMiniere,  lecliàleau  d'I-isrures.  laisiint  suile 
aux  «  Promenades  dans  (pialre  châteaux  his- 
loriipies  aux  environs  du  llivre  «.  |)ar  L.- 
.\.  .Ianvivvin.  nieml)re  de  plusieurs  sociétés 
s;i\antes.  (irand  in-S"  <|('  lO.'l  |)ages,  texte 
encadre.  'i  fi-. 

'■i'>.  .l.\N\li\IN  — ■  l'no\ii:\  \iii:s  dan-i  quatre 
{■liàte.iux  historiquesaux  environs  du  Havre  : 
llolmoulins.  Le  Bi'C.  Le  Toi.  (ionfreville- 
Idrclii'r.  par  L.-.\.  Jxwiuin.  iiiMobic  de 
plusieurs  société-:  sivantes.  (iratid  in-S"  de 
71   pages,  texte  encadré.  .'l  lY. 

is.  .I()l.l.l\  i:t.  —  1)1.  I.  M'iiNTi  lu;  iiici.iGiiasK 
il  rext(''rieur  des  églises,  à  propos  de  l'enlè- 
vement de  la  décoration  extérieure  du  poiclie 
de  Saint-Vincent-ilc-Paul .  par  J.  .Iolluki. 
peintre  d'histoire.  la-S'  de  ]i\  pages  H,>  la 
peinture  religieu.-;e  ;  opinions  des  l'ère.-  di- 
l'Égli-e  sur  l'iitilitédes  p:':nlures  religieuse-: 
anciiMinete  de  l'usage  des  peintures  dans  les 
lieux  consacrc'S  au  culle;  ilaiig<'rs  des  ima- 
ges; origine  d(>  la  secte  des  i<-onoclastes; 
introduction  de  l'allégorie  dans  les  sujets  re- 
ligieux; le  c  iMcile  Quinisexte  interdit  l'em- 
ploi dr  l'allegor-ie;  abus  de  l'allégorie;  nou- 
velle expre--ion  de  l'art  dans  les  uiosaii]ues 
du  iiioven  âge;  admission  de  la  |)einlure 
dans  les  églises  de  nos  jours;  son  exclusion 
il  l'extérieur;  motifs  de  cette  exclusion.  Pein- 
ture religieuse  ii  l'extérieur  des  églises  :  ori- 
gine de  la  peinture  en  email  sur  lave;  essai 
de  son  emploi  dans  la  peinture  historique; 
adoption  par  l'administration  de  la  Ville  du 
principe  de  la  décoration  extérieure  sur  la 
comnii-sion  des  lieaiix-.Vrts;  du  stvie  dans 
l'art  religieux;  origine  du  styli^  monumental 
el  religieux,  etc.  Kntravcs  il  l'exercice  de  la 
pi'inliire  religieuse  ;  inflexibilité  des  convic- 
tions personnelles;  peinture  murale  exclusi- 
vement reli'giiée  dans  l'intérii'ur  des  églises; 
origine  probable  do  la  peint  .re  extérieure; 
obstacle.-  (pie  ia  pi-iiituie  sur  lave  a  rencon- 
tres il  son  début;  conclusion. 

i'.t.  JOLTRlOI--.  —  Les  «:i)ui's  dk  iued  dk 
i.'ank.  par  .ViorsTi;  Jolthois.  In-  IS  de 
xii-27;)  pages.  —  Livre  plein  d'esprit  et  de 
recherches    historiipies.    L'archéologie    an- 


58 


ANNAI.KS    \liCHl-:(»L()(il()l  KS. 


liqui-  PI  du  iiiini'ii  Ai;c  ()ccii[k'  plll^  d'iiii 
rlw(iilrc  iliiiiri  c'i't  diivnir'i'  (Hii  rpli:il)ilite  ccl 
iiniiiKil.  comme  M.  l-"clix  ('.li'iiicnt  l'nvait  déjà 
ri'liidiililé  (liiiis  les  "  Aniiali's  Airlicologi- 
i|ii(s  !..  .!  fr. 

•io.  JorHNAi.  dp  la  Sncipte  d'arrlii'olo^'ip  pI  du 
coniilp  du  iiiUM'c  lorrain.  Dixiémp  aiinpp. 
181)1.  In-N"  dp  î'ii  |)a^es  Pt  d'une  iilaiiclie. — 
.Mémoires  1 1  communications  :  Orcueils  en 
picn'p  il  Sorhcy  .Meuse  ,  par  M.  di:  Wi- 
[iRVMiics:  manuscrit  (ii's  .-Vrcliivps  inipé- 
lialps,  par  .M.  ni:  St\uli;r;  projet  de  recti- 
fication du  quartier  Saint-Epvre.  ii  Nanc\. 
par  .M.  .Moi:gi;not  ;  sépultures  ^a'Io-romaines 
d'Einville,  par  .M.  .Ioi.y:  découverte  xylogra- 
phique il  .Metz.  |:iar  M.  Me.m.mk  ;  armoiries 
de  la  ville  de  l.unévijlp.  p.u-  \.  .lor.\  ;  Lor- 
raine allemande,  Weisand  de  Lutzelbouri,'. 
par  Artiui!  RK-N'oir:  lipu  dp  naissance  du 
poêle  .'■'aint-Lamberl.  par  L.  I.  u.rr.MU.NT  ; 
bénitier  de  Lindre-Haute,  par  .M.  A\'i:i;u)T  ; 
tente  de  Charles  le  Téméraire  au  musée  lor- 
rain: œuvre  des  sépulture.»  des  évéqucs  de 
Toul,  jiar  l'abbé  Di-;bl,\yk  ;  notes  archéologi- 
ques Pl  historiques  sur  le  village  d'Allain- 
aux-Bœuls.  pai-  M  Olkv.  Chronique.  Musée 
lorrain.  .i  fr. 

41.  JULLIOT.  —  .\iiMoiiiAi.  des  Arclunèques 
de  Sens,  par  Glstave  .Ii'i.i.iot.  secrétaire 
de  la  Société  arcliéologiqu.''.  professeur  de 
plijsique  au  lycée  impérial  de  Sen<.  ln-4" 
de  25  pages  et  de  7  plani-ln's  en  couleur.  — 
Série  des  archexéques  de  Sens.  Titres  dar- 
ehevèque  et  de  primat  des  Gaules  et  de  Ger- 
manie. .Mpnse  archiépiscopale.  .\rmoii-lps  pt 
dignités  particulières.  Évécliés  sulTragants. 
Particularités  lout'hant  les  prérogatives  atta- 
cliées  au  siège  des  archevêques  de  Sens.  8  fr. 

4:'.  KELLERHOVEN.  —  L\  Lkgenuk  de 
SAINTE  Ursule,  princesse  britannique,  et 
de  ses  onze  mille  vierges,  d'ap'ès  les  anciens 
tableaux  de  l'église  Sainte-Ursule,  à  Cologne, 
reproduits  en  chromolithographie,  publiée 
par  E.  Keli.eiiiioven,  texte  par  J.-B.  Du- 
TRoN.  Planches  et  texte  inédits.  —  Parait 
par  livraisons  grand  in-l°  de  vingt  pages  et 
de  deux  chromolithographies.  —  Six  livrai- 


sons  sont   PII  vente,  au  prix  de    lu   Ir.  clia- 
cune.  L'ouvrage  complet.  llflfr. 

H.  LEFEBVRE.  —  Traité  élémentaire  de 
numismatique  générale,  par  .1.  Lekèbvre. 
Deuxième  édition,  revue  et  corrigée,  ln-1'2 
de  vi-4.il  pages.  —  La  numismatiqne,  son 
objet,  .son  utilité  et  son  importance.  Origine 
des  monnaies.  Monnaies  chez  les  anciens. 
.Matières  et  fabrication  des  monnaies  chez 
les  anciens  et  chez  les  peuples  modernes. 
Dimensions  dps  monnaies  diverses.  Langues 
employées  sur  les  médailles  anciennes  et 
modernes.  Forme  des  caractères  grecs  et  la- 
tins. DilTérents  noms  de  la  monnaie.  Termes 
dp  1.1  uumismaliqup,  tprmes  su|)plémentaires 
et,  PU  [larticulier,  de  la  numismatique  fran- 
çaise. Légendes,  inscriptions,  types  et  s\  m- 
!  oies  des  médailles.  Ères  et  époques  sur  les 
médailles.  Rareté  des  médailles  antiques. 
Médailles  fausses  dans  les  temps  anciens. 
Monnaies  et  médailles  antiques  fausses  des 
temps  modernes.  Poids  et  valeur  des  mon- 
naies anciennes.  Divisions  de  la  numisma- 
tique. Composition  des  cabinets  de  mé- 
dailles. Jetons  pt  talismans.  i  fr.  T-'i 

44.  LENORMANT.  —  Mémoire  sur  les  re- 
présentations qui  avaipnt  lieu  dans  les  mys- 
tères d'Eleusis,  |iar  Charles  Lexormant. 
In-H"  de  lO.i  pages.  —  Ce  mémoire,  dernier 
ouvrage  du  savantetsi  regrettable  .M.  Lcnor- 
niant,  est  d'une  très-grande  importance  pour 
ceux  qui  s'occupent  des  drames  liturgiques; 
les  «  représentations  »  d'Eleusis  ont  une  sin- 
gulière affînilé  avec  celles  du  moyen  âge. 

î.').  LLN.\S.  —  La  BEUvRii;Ri:  Pas-de-Calais), 
par  Charles  de  Linas,  membre  du  comité 
impérial  des  travaux  historiques  et  des  si>- 
ciptés  savantes,  ln-4"  de  16  pages  et  de 
'2  planches  représentant  l'église  et  la  pré- 
vôté de  la  Beuvrière,  et  la  dalle  funéraire 
de  Georges  de  l'eaulincourt.  seigneur  de  la 
Beuvrière.  —  Histoire,  fondation  (xi*  siècle); 
notice  sur  le  prieuré  et  la  i)révôté.  Descrip- 
tion des  restes  actuels.  3  fr. 

46.  M.\HUL.  —  Cartulmre  et  archives  des 
communps  de  l'ancien  diocèse  et  de  l'arron- 
dissement administratif  de  Carcassonne,  par 


HIHI.lOCnAl'IllI.    irviiT 


D'MlC.IlKOl.Oii 


59 


M.    Maiii  r..  iiiiriiMi  il('|)Uli'  (lo   riinondissi'-    i 
tneiil    i|("  ('.aii-iissiHuii'.    'rroi-iiMiic    miIuiiip.    i 
lii-l°  (li>  l;i-')  |iai.'i's  cl   criiric  (Mi:lo.  —  r.aii- 
lons  (lu    .Ma~-(l:il)ai'(l(''#.    ili'  Moiitival  cl  ilo 
Monllioumet  :   villes,    villai;os.  é s: lise.-,   ah- 
ba\es,  prieures,  rliàleuux.  selirneiirirs,  (iel^. 
•reiiéalo^'ies.  blasons,   mélairies,  lieiiv  hàlis.    j 
ijuarliers   ruraux,   iioles  slalisliiiues.  —  <'.o 
Iroisièine  volume.  1-i  l'r. 

47.   .M.VKTIN.  —  .N'oTici;  sur  lo  ^.-rauil  lalileau 
ilu  "  JupMUciil  universel  ».  cliet'-d'ii'uvri'  de    : 
TraiHois  l'aelieco.  p'iiilre  espajinol  île  I  école 
(le  Séville.  par  l'abhe  i'..  .Mvktin.  cliaiioine. 
membre    de    plusieurs    sori(''li's    savanl(^s.    I 
tini  d  iti-S°  de  28  pages.  —  Hiojjraphii^  de    j 
Paclieeo.    .Notice  sur  son  lableau  du  •■  .luL:e-    , 
nient  universel  ».  Description  de  celte  toile 
d'aprt's  Paclieco  lui-mt^me    'e\lrail  de  son 
livre  :  «  .\rle  de  la  Pintura  »1.  Innovations 
heureuses:  morceaux  d'art  de  premier  ordre; 
particularités  de  ce  talileau.  .\|K)lo;;ies  (pn 
en  ont  él(>  faites.  .\ullieidicité  de  la  siiina- 
lure  de  Paclieco. 

'»N.  .M.X-^S.Md).  —  l.v  l.rriii(;iK  expliipiee. 
par  l'abbe  K.  .\lv— -uu).  licencié  es  lettres 
et  en  théologie,  vicaire  à  Saint-Menis-du- 
Saint-Sacremeiil.  In-'M  de  x-l.iO  pages.  — 
Première  partie,  liturgie  générale  :  dcliuilinii 
de  la  liturgie,  histoire  des  liturgies  orien- 
tales et  occidentales,  des  livres  liturgi(pies. 
langue  liturgicpie.  des  églises,  de  l'aulel  el 
de  ses  ornements,  des  cloches.  Iiabit.s  sicer- 
dotaux,  vases  s;icrés.  jours  et  heures  de  la 
liturgie.  —  Deuxième  partie,  liturgie  du 
dimanche  ;  messe  aux  [iremicrs  siècles  de 
l'église,  cérémonies  (pii  précédent  la  messe 
solennelle  du  dimanche,  prières  et  cérémo- 
nies de  la  messe,  vêpres.  coni[)lies  et  salut: 
élymologies.  2  fr. 

49.  .Miî.MoiiiKS  de  la  Société  d'archéologie  lor- 
raine. Seconde  série.  Troisième  volume. 
1861 .  In-S"  de  Xll-31  >  pages  el  de  1 1  plan- 
ches, dont  une  carte  du  département  de  la 
Meurthe,  au  x"^  siècle,  d'après  les  chartes  et 
les  historiens,  par  M.  Henbi  Lepack,  ar- 
chiviste. —  Discret  impérial  portant  recon- 
naissance de  la  Société  d'archéologie  comme 


établissement  d'ulilile  [)ubiiipie.  Staluts  ei 
rèjlemeni  intérieur  de  h  Sorieli'.  Pierre 
loniliale  de  Matliias  kdburgei'.  par  M.  l.oris 
bi.Norr.  Niilice  sur  (pieli|iiis  graveurs  nan- 
ceiens  du  wiii'  siècle,  par  M.  ItiiACPiu:.  l.e 
\\'eslrich,  (lar  .M.  BicNoir.  La  chapelle  ci— 
traie  de  Fenélrange,  par  le  Mi:Mi;.  Mereaux 
du  chapitre  de  Toiil.  [lar  M.  .\.  Du. or.  l'ii  - 
tionnaire  géographiipie  de  la  MeurUie,  pai' 
.M.  11.  Li:i'.\(;i\  I.i-le  des  membres  de  la 
Société,  '■'<  Ir. 

.'JO.  MiMoiiii;s  de  la  Sociele  d'agriculture, 
commerce,  sciences  el  aris  du  di''pai'lemenl 
de  la  Marne,  .\niiei'  1.SHI.  In-S"  de  î'M  pages 
et  de  2  planches.  —  C.omple  rendu  di>s  ira- 
vaux  de  la  S  icielé  pendant  1  Stid-ISCI .  |iai' 
l'.ii.  liii.i.F:r.  Chaire  de  l'église  de  Nolre- 
Dame-de-.luvigny.  |iai-  l'abbé. \viii;kt.  finide 
de  M.  le  docteur  Hi;.\n  sur  la  caverne  conle- 
nant  des  ossements  humains  et  des  armes  en 
<ilex.  dérouverte  il  Misv.  La  science  du  ln'au 
el  la  iiietaplivsicpie.  étude  philosophiipa^  par 
.\l.  Lk  lioFK.  etc.  —  Ce  volume,  comme  les 
précédents,  -i   t'r. 

•  >l.  .Mkmiokks  de  la  Sociele  d'arclieologie  et 
d'histoire  de  la  Mo-elle.  .Vnnce  \xm.  fn-S" 
de  ^l'i  p:iges.  —  Notice  sur  une  lettre  de 
Ilenii  IV.  par  M.  Cmi.lv;  sur  Louvign\  et 
Cheminol.  par  11  M\(iriN.  Traité  île  l'olli- 
cialité  de  Toul  de  Jean  I)u[ias(piier ,  par 
.M.  DiPRKSNE.  Notice  sur  la  naumachie  de 
Metz,  par  M.  .\uEr..  Note  sur  des  monnaies 
austrasiennes  ini''dites,  par  Cii.  Rohickt.  No- 
lice  sur  la  clia|)elle  Sainte- Reinette,  par 
.M.  AiiEL  .Note  sur  un  vnvage  ii  .Melz,  au 
xvi'  siècle,  par  .V.  m:  lioi  tkei.i.er.  Notice 
historiipie  sur  le  roi  Théodore,  p:ir  .\ii. 
L\N(;.  Histoire  de  l'artillerie  messine,  par 
l.oiu:iisx-I..\H(  rii:v.  4  fr. 

î)2.  MOULS.  — Notice  histori(|ue  surlîelmonl 
(Avevion),  par  l'abbi'"  X.  Mori.s,  curé  iVXv- 
caclion,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 
In-S"  do  ;j  i  pages.  —  Beliiiont,  son  monas- 
tère et  son  chapitre  (de  "JV2  à  liilo).  Église 
cl  clocher  de  lielmont.  Dégradations  de 
l'église  à  diverses  époipies.  Ké()arations  exé- 
cutées  en    181Î).    Restaurations   profiosées. 


()ll 


A  N\  W.V.s    MlCHKoLOdlOlM'.S. 


l'rlil  --l'iiiiiiiuio  <li'  lii'liuoiil.  —  r.li,i|i('lli'  (le 
N'dtrc-niiiiiP  (le  SiM  ij.'111'l  (iii  ^irii:ucl.  I,i'- 
pTidc  ri   |icli'iiiuii;i'.  1   IV. 

.■;.;.  MC.OLAS.  —  ÉnuK  sur  les  Ictlics  de 
S('i\al-lj>ii|i.  mIiIil'  iI(>  l'crnrn'S.  Tliési'  pré- 
S(Mité(>  à  hi  Faculté  lie  PiU'is,  parlî.  Nii;ol\s. 
iiMciiMi  ('li'vc  di'  i' École:'  nurinnli',  |)i'ufi'ss(_uir' 
d'iusloii'c  iui  Im'ci'  iiii|ii'ri:il  di'  (lloiinoiit- 
Kerraiid.  In— S"  de  1  .'iO  pai;es.  —  llisloiro  de 
Sci'x<il-I.iiu]i  i\'  siècle i  cl  de  son  (''pi)((Uc. 
I.iillc  iic>  >ci^'iu'iiis  coiilic  r.iiiloiiti'  iii\idc 
cl  celle  des  cviViucs.  Tciilalivcs  des  cvcqiios 
pour  s'euiparci'  de  la  juridiclion  Iciiiporelle 
d"-  uiniiaslcrcs.  Fco{|alili'  .--'iMli'oduisanl  dans 
rl'^iilise  comme  dans  ifclal.  Dissensions  in- 
Icstines  du  cler.i,'e.  Kavai;es  des  .Normands. 
Désordre-,  de  Tel, il  soi'i.d  arièlani  le  niouvc- 
itienl  iniclicctucl.  Savanis  ri'ciieillani  l'heri- 
lai,'e  lilleiaire  de  lcur>  di'\aiiciers.  Influence 
de  Si'rval-Liiii|i.  jlilic  de  l'errières,  >ur  les 
letlre-, 

■  l'i.  l'KLKiO'l".—  Doi  zi;  I  KçoNs  sur  I  ,nl  delà 
\erreiie,  par  H.  I'icmgot,  mend)re  de  ihi- 
slilul.  prolesseiir  au  Oon-ervatoire  impérial 
(h'sails  cl  mi'l.iers.  ln-8"  de  112  pa,;;esavec 
des  i;ra\  lires  sur  bois  daii,~  le  texie.  —  Sili- 
cali'S  simples,  \erres  soluhles.  .\clioii  de  la 
chaleur  sur  les  serrivs.  di'vilrilicalioii.  .Vction 
de  leau  sur  les  verres.  (ira\iii'c  siu'  xeri'c. 
Maliei-es  |irciiuéres  eniplo\  'es  dan-  la  laliii- 
calhiii  du  M'rre.  l-'.diricilmn  de  l.i  pulerie  : 
|)(ils  ou  creusi'ls.  liriipies  pour  la  conslruc- 
lioii  des  fours,  l'aliricahoii  di'  dillerenlcs 
sorli's  de  verres,  \ erres  ii  \ilivs.  ^daces, 
verre  de  Biliéme,  a  bouteilles,  cristal,  \erres 
et  ci'isl.uix  de  ciiuleur.  Sirass,  imitation  du 
diauianl  et  d(>s  pierres  [irecieiises. 

.Vi.  l'ilili.M:  de).  —  DiiciiuvionTH  du  tom- 
lieau  mi'rovinL:ien  de  saint  .\y.  ancien  \i- 
comle  (J'Orléans,  par  A.  Duf.vlk,  comte  ni-; 
l'initAc,  membre  de  l'.Vcailcuiie  des  sciences 
d'Orléans  et  de  plusieurs  sociétés  savantes. 
In-S»  de  21  pages  et  de  :'  planches.  —  \ie 
de  saint  .\y.  Tombe  de  saint  .\y  profanée. 
Tomlii'  de  s.iinl    .\\    icndui-  an   culte,  l'iece 


de  monnaie  et   amiean  triiuve-  dan-  le  l(im- 
beau  de  saiiit  .\y. 

ili.  l'or^.  —  lvm)i>  histonipn's  l't  lilleraires 
sur  les  anciennes  sociétés  académiipies  de 
la  ville  d'Amiens,  par  Fi:ni)iN\Ni)  l'orv. 
In-S"  de  i\i  pa^'cs.  —Cabinet  des  lettres, 
origine  (1702).  Société  littéraire  et  fondation 
de  l'.Vcadémie  '1716).  Présidence  de  l'Aca- 
démie d'.Vmiens.  Société  Conrart  ii  Paris, 
t'oncliision.  l'iéces  jnslincalives. 

o7.  La  PiiopRiiirB  littéiaire  et  artistique.  Pu- 
blication du  comité  de  l'Association  pour  la 
di'fi'use  de  la  proprieti'  littéraire.  In-8"  lie 
32  liages.  30  c. 

'iS.  Uicvri; de  l'année  religieuse,  philo.sophique 
et  littéraire,  lal/leau  annuel  des  princi[iales 
productions  de  la  llieof  ii^ie,  de  la  pllilosopliie, 
de  l'histuire  et  de  la  littérature,  l'remiére 
année.  ISlil.  In-Mi  de  'MO  pages.  —  Intro- 
duction. Les  manifestations  catholiques  en 
liStiO.  jiar  .M.  l'abbé  L\(;haxgk,  vicaire  gé- 
néral d'Orléans;  protestations,  lettres  pasto- 
rales, travaux  apologétiques,  etc.  La  [ihilo- 
sophie  catholique  en  ISlil),  par  M.  DuiLiiii 
m;  SviNT-Piio.iirr;  i'>coles  [)hiloso|)hii|ues 
mnileriii's.  école  tiaditionalisle,  ra!ionalisine 
chielien.  Ilisinire  :  histoire  de  l'Lglise  de 
France,  de  la  Kestauration.  Travaux  de 
M.M.  de  Montalemliei  I.  Laeordaire.  Thiers, 
Ainedee  (iabourd.  Nettement,  etc.  Archéo- 
logie, re\  ue  de  plusieurs  publications  archéo- 
logiques, |iar  l'abbé  (;.vniui:uE,  membre  de 
la  Société  archéologique  du  midi  delà  France. 
Les  loinans  en  ISlil),  |iar  \  icroit  L'ni  iiskl. 
Le  droit  en  ISlil).  par  M.  Uoiutîrh.  profes- 
seur à  la  Faculté  de  droit  de  Toulouse:  con- 
siih'ra lions  générales  sur  la  scienci.'  ilu  droit, 
ouvrages  publies  en  iStJO.  Sciences  ;  la  mé- 
decine et  la  philosophie,  par  le  docteur 
Ac.iiiLMj  Janot.  Les  Beaux-.Vrts  en  ISliO, 
par  V.  FoLiiNKL  :  ex|)Ositions  étrangères  et 
provinciales.  .Musi(|iie  sacrée.  liecueils pério- 
diques, journaux,  par  l'alibe  P.  I.a.mazou. 
—  Ce  volume.  .'i  fv.   -iO 


r'AI!    MDRON,  A    PARIS 


<r 


,     .  1^ 


/'•/•{/{i/.nr  ,/,•    / i'//i///i,// 


(tfuén-  /lar  t.  {'ttif/r'r/ 


PF.INT'JfîE   DU  XIVE  3:KC;,t.  .rjR  'JNK   ÉTOFFE    ;;?:  SOIE   .-l:  ;,.rj\';;r. 


A,v„,v„,    7Av2(i- 


ICONOCHAPHIi:   IIISTOHIOIIR 


LK    UUl    CHAULKS   V   KT   I.A    RKINK   JKANNE    DK    lU)UUIiON 


Au  Louvre,  dans  la  seconde  salle  du  Musée  des  souverains,  don!  les  boise- 
ries et  l'alcôve  richement  sculptées  oui  lait  partie  de  la  cliaiuhre  à,  coucliei- 
du  roi  Henri  IV,  on  remarque,  au-dessus  de  la  cheminée,  un  piécieux  monu- 
ment de  l'art  du  \i\'  siècle.  C'est  une  «grande  pièce  de  soie  blamlie  qui  a  pris 
une  teinte  grise  en  vieillissant,  et  sur  laquelle  sont  tracées  jilusieurs  scènes  de 
la  Passion  avec  une  matière  colorante  qui  a  l'aspect  et  les  propriétés  de 
l'encre  de  Chine.  1/autour  ignoré  de  celte  œuvre  était  un  arlisic  habile  :  il  a 
su  mettre  de  la  noblesse  et  du  palhi''ti([ue  dans  la  composition  des  sujets;  le 
dessin  est  exécuté  d'une  main  ferme  ;  les  tètes  et  les  nus  sont  modelés  avec 
beaucoup  de  (inesse.  Sept  arcades  en  ogive  trilobée  encadrent  un  pai'eil 
nombre  de  scènes  :  d'un  côté,  la  Trahison  de  Judas,  la  l'iagcllation.  le  Por- 
tement de  Croix;  au  milieu,  le  Sacrihce  du  Calvaire;  de  l'autre  côté,  la  Mise 
au  Tombeau,  la  Descente  aux  Knl'ers,  l'Apparilion  à  Madeleine.  Le  sujet 
central,  plus  développé  que  les  autres,  est  accom])agné  de  IKglise  et  de  la 
Synagogue,  désignées  par  leurs  attributs  ordinaires;  d'isaïe.  ((ui  montre  à 
l'Eglise  l'accomplissement  des  prophéties,  et  de  David,  (|ui  adjui'c  la  Syna- 
gogue de  reconnaître  le  Christ;  enlin,  d'un  Roi  et  d'une  Reine,  pieus(!nient 
agenouilles,  qui  occupent  ici  la  place  constamment  n'sei'vée  aux  donateurs 
dans  toutes  les  compositions  de  ce  genre.  Pour  si  peu  qu'on  ail  étudié  l'icono- 
graphie historique  de  notre  pays,  on  n'éprouve  aucune  hésitation  à  nommer 
ces  deux  augustes  personnages  par  leurs  vrais  noms  de  Charles  V  et  de 
Jeanne  de  Rourbon,  sa  femme.  Les  portraits  de  ce  roi  cl  de  celte  reine  sont 
encore  aujourd'hui  assez  nombreux  pour  (|u'il  ne  puisse  s'élever  aucun  doute 
sur  la  parfaite  identité  de  ceux  que  les  «  Annales  Archéologiques  »  ont  déta- 
chés de  la  composition  pour  les  mettre  dès  à  présent  sous  les  yeux  de  leurs 
x\ii.  9 


62  ANNALF.S   ARCHKOLOGIQUES. 

lecteurs,  en  attendant  f|ue  le  tableau  tout  entier  soit  publié  à  son  tour.  S'il 
était  besoin  d'un  supplément  de  pi'euve,  on  le  trouverait  dans  Ui  boi'dure  de 
l'encadrement,  nîi  pai-aît  plusieurs  fois  répétée  la  première  lettre  du  mot 
Karolvs*. 

Ce  voile  de  soie  si  intéressant  et  si  bien  conservé  a  dû  servii-,  nous  le 
croyons  du  moins,  de  parement  d'autel.  Nous  pensions  d'abord  qu'il  avait  pu 
être  destiné  à  recevoii'  une  décoration  complémentaire  en  couleur  ou  en  bro- 
derie. Un  examen  plus  attentif  a  modifié  notre  première  opinion.  Le  dessina- 
teur aurait-il  pris  la  peine  de  terminer  son  travail  avec  autant  de  soin  et  de 
délicatesse ,  jusque  dans  les  moindres  détails,  s'il  avait  supposé  qu'une  opé- 
ration nouvelle  viendrait  ensuite  recouvrir  l'œuvre  à  l'exécution  de  laquelle  il 
avait  mis  tout  son  talent  ?  Nous  voudrions  pouvoir  donner  ici  l'histoire  de  ce 
parement;  mais  nous  n'en  savons  malheureusement  que  bien  peu  de  chose. 
Un  peintre  de  mérite,  M.  Jules  Boilly,  le  découvrit  à  Narbonne,  chez  un  mar- 
chand de  curiosités,  et  s'empressa  de  l'acquérir  pour  le  placer  au  nombre  des 
plus  précieux  objets  de  la  collection  qu'il  possédait  alors.  Pour  en  mieux  assu- 
rer la  conservation,  il  consentit  un  peu  plus  tard  à  le  céder  à  l'adminislration 
des  Musées.   De  quelle  manière  ce   jiarement  était -il  ai'rivé  à  Narbonne? 
Avait-il  appartenu  à  la  cathédrale  de  cette  ville?  Était-ce  un  présent  royal  à 
quelqu'un  des  archevêques  narbonais?  Son  emploi  fut-il  de  garnir  les  parois 
de  l'autel ,  pendant  la  célébration  de  quelque  anniversaire  fondé  en  mémoire 
des  personnages  qui  s'y  trouvent  représentés?  Chacune  de  ces  questions 
demanderait  une  l'éponse  ;  n'ayant  aucun  goût  pour  les  hypothèses  hasardées, 
nous  nous  trouvons  réduit  à  un  silence  qui  ne  peut  d'ailleurs  compromettre 
({uc  notre  sagacité  personnelle.  Dès  l'ouverture  du  Musée  des  souverains,  le 
parement  de  Narbonne  y  a  trouvé  sa  place.  Ce  sont  sans  doute  ses  portraits 
historiques  qui  lui  auront  valu  cet  honneur;  car  rien  ne  prouve  qu'il  ait  jamais 
appartenu  à  une  chapelle  royale.  Espérons  qu'un  jour  il  se  rencontrera,  dans 
les  archives  de  la  cité  de  Narbonne,  ou  dans  les  inventaires  du  trésor  de  son 
ancienne  cathédrale,  un  titre  ou  une  mention  qui  en  déterminera  exactement 
l'origine  et  l'usage.  La  découverte  serait  complète,  si  le  vieux   parchemin 
remis  en  lumière  nous  apportait  aussi  le  nom  de  l'artiste. 

Le  roi  Charles  fut  bien  tel  que  notre  gravure  le  représente.  Sa  physionomie 
était  pleine  de  douceur  et  de  bonté.  A  la  vue  de  cette  honnête  figure,  on  se 
rappelle  le  mot  d'un   ancien  :    «  Bonum  virum   facile  crederes,    magnum 

1.  D.  ISi'innrd  i\c  Mùnlfaiicon  ;i  j)iil)lii'  un  Cluirits  V  enfant,  et  deux  autres  portraits  du  même 
priiicr,  dont  un  attribué  à  Jean  de  Bruges.  !\rais  on  sait  que  les  gravures  des  «  Monuments  de  la 
Monarchie  françoisen  no  reproduisent  les  originaux  que  d'une  manière  peu  satisfaisante. 


AMI-lMiE s    -K-ri Zsi'Â 01  D'C'l Q'U:i 


■/^AT.r//:/  p.ir  A',/  /h./r.t/, 


l.,.m,/rm'   ./,-  /'.-/u/n,-,/ 


OfiHu-  /'//.■■  /  f-,iif</rfrf/ 


/U//^    /.,//■/*■./«'"     .-.'    ^"^     ./'//.•,///«;///.    /-V. 


/-y.,/^./,  /-//  ./  /;.  /.^;  /  ;■-*  /'-«-  ^  /«'  i^/"'//-  /:"- 


ICONOriliM'Il  IF.   II1ST01;I(.)LK.  r,3 

liboiiter  ».  Le  poison  do  (lliaiics  le  Mauvais  avail  alléi-é  la  santé  du  roi 
de  France,  el  ses  traits  en  p;ardi''rent  une  expression  n)aladive  (jui  n'a  pas 
échap|)é  au  peintre  de  notre  parement. 

Charles  V^  naquit  à  Vinceinies  le  :21  janvier  :l.'>o7.  Il  était  le  fils  aîné  du  roi 
Jean  et  de  Bonne  de  Luxembourg,  fille  du  roi  do  Bohème.  Son  père  lui  donna 
puin-  précepteui-  Nicolas  Orcsme  qui,  de  simple  villaj^eois  envoyé  de  Norman- 
die pour  conduire  m)  lévrier  an  roi.  était  devenu  l'un  des  plus  savants  et  des 
plus  illustres  personnages  de  riniversité  de  Paris.  D'abord  dauphin  de  Vien- 
nois et  duc  de  Normandie,  puis  régent  du  royaume  |)endant  la  captivité  du  roi 
Jean,  Charles  parvint  à  la  couronne  le  8  août  l;iO/i,  et  mourut  au  château  de 
Beauté-sur-Marne  le  10  septembre  1380.  dans  la  quarante-f[ualrième  année 
de  son  âge  et  la  dix-septième  de  son  règne.  Nous  possédons  di'  ce  |)riiice  la 
biographie  la  plus  charmante  et  la  plus  intime;  elle  l'ut  écrite  par  Ciiristiue 
de  Pisan,  fille  de  Thomas,  son  astronome,  sous  le  titre  de  »  Livre  des  laits 
et  bonnes  meurs  du  sage  roy  Charles  le  Quint  ^  » . 

Ce  fut  aussi  au  château  du  bois  de  Vincennes  ([ue  na(iuit.  en  loo8,  de 
Pierre  I""',  duc  de  Bourbon,  et  d'Isabelle  de  Valois,  la  princesse  Jeanne, 
mariée,  en  1350.  au  dauphin  Charles.  Les  deux  époux  n'étaient  encore  que 
des  enfants,  (|uand  les  cérémonies  de  leurs  noces  furent  célébrées  à  Tain  en 
Viennois.  Les  biographes,  les  historiens,  les  généalogistes  sont  d'accord  pour 
attester  que  Jeanne  de  Bourbon  était  une  des  femmes  les  plus  distinguées  de 
son  temps  par  la  dignité  de  sa  personne,  par  sa  vertu,  par  la  droiture  de  son 
caractère  el  par  l'excellence  de  son  jugement,  »  reine  pleine  de  moult  bonnes 
meurs  »,  comme  l'écrivait  Froissart.  Le  roi .  ([ui  l'aima  d'un  constant  amour, 
disait  qu'elle  était  le  soleil  de  son  royaume,  et  ne  manquait  pas  de  la  con- 
sulter ([uand  il  avait  à  statuer  sur  quehiue  affaire  considérable.  Ce  ménage 
royal  pouvait  être  proposé  comme  un  modèle,  bien  rare  dans  tous  les  rangs 
de  la  société,  mais  plus  encore  dans  les  régions  du  luxe  et  de  la  puissance.  La 
fidélité  conjugale  n'a  jamais  été  une  vertu  à  la  mode  chez  les  gens  de  haut 
parage,  comme  le  proclamait  en  latin  je  ne  sais  quel  moraliste  chagrin  du 
xiii""  siècle,  quand  il  fit  graver  ceci  sur  le  bi'oiiy.e  funéraii'e  de  l'épousi^  délais- 
sée du  roi  Philippe-Auguste  : 

Noliilis  luijus  crat,  quod  iii  ortis  sanguine  c-laro 
liivcnies  raro,  nions  pia,  casta  caro. 

La  reine  Jeanne  fut  mère  de  trois  fils  et  de  six  filles.  Tous  moururent  en  leur 


I.  Une  liisloire  de  Charles  V  a  clé  puljliée  par  falibe  de  Clioisy,  en   1689.  L'Académie  fran- 
çaise proposa,  eu  1706.  l'éloge  de  ee  prince  pour  sujet  de  concours,  et  Laliarpe  remporta  le  prix. 


64  ANNALES  ARCHKOLOGIQU  liS. 

enfaiice.  à  l'exce|iliiin  de  Cliai-les.  dont  le  règne  a  été  si  désastreux  |)(iur  la 
l'"rance,  et  de  Louis,  duc  d'Orléans,  célèbre  par  l'élégance  de  ses  manières, 
par  son  amour  poiu-  les  arts,  ]iar  la  magnificence  de  ses  châteaux.  Jeanne  de 
Bourbon  s'occupait  avant  tout  du  soin  de  sa  famille.  Dans  ses  moments  de 
loisii'.  elle  se  plaisait  à  de  graves  entretiens  ou  à  de  sérieuses  lectures. 
Il  Durant  le  repas,  par  ancienne  et  l'aisonnable  coutume,  pour  obvier  à 
vagues  paroles  et  pensées,  elle  avoit  un  prudhomme  au  bout  de  la  table, 
([ui  sans  cesse  disoit  gestes  et  meurs  d'aucun  bon  trespassé  ».  Cette  digne 
petite-fille  de  saint  Louis  mourut  à  Paris,  en  1378,  au  mois  de  février,  à 
peine  âgée  de  quarante  ans.  Son  corps  fut  inhumé  à  Saint-Denis.  On  déposa 
son  cœur  dans  la  grande  église  des  Jacobins  de  Paris,  auprès  du  sépulcre  de 
son  père  qui  était  mort  en  combattant  pour  la  France,  à  la  fatale  journée  de 
Poitiers.  Ses  entrailles  furent  portées  de  riiôlol  de  Saint-Paul  en  l'église  des 
Célestins.  où  les  religieux  qu'elle  avait  ])rotégés  leiu"  donnèrent  une  place 
d'honneur  dans  le  sanctuaire.  Nous  dirons  i)lus  loin  quels  monuments  lui 
furent  consacrés,  en  les  associant  à  ceux  où  le  l'oi ,  son  époux,  était  aussi 
représenté. 

Les  contemporains  de  Chaiies  V  lui  ont  rendu  le  plus  beau  témoignage 
(lu'ini  prince  puisse  recevoir,  quand  ils  lui  ont  attribué  le  surnom  de  Sage; 
l'histoire  l'a  ratifié.  Au  milieu  des  calamités  sans  nombre  et  des  rébellions 
sanglantes  qui  suivirent  la  captivité  du  roi  Jean,  le  dauphin  Charles  s'était 
promis  de  ne  jamais  livrer  la  personne  royale  aux  hasards  des  combats.  Il 
tint  parole,  ce  qui  n'était  pas  facile  dans  ce  siècle  batailleur.  Peu  s'en  était 
fallu  que  son  aïeul  et  son  père,  toujours  l'épée  au  poing,  ne  perdissent  leur 
couronne  h  Crécy  et  à  Poitiers.  De  son  cabinet  du  Louvre  ou  de  Saint-Paul, 
Charles  V  reprenait  pied  à  pied  les  provinces  perdues  par  ses  deux  prédéces- 
seurs, et,  chose  bien  digne  de  remarcjue,  le  respect  que  ce  roi  pacifique 
inspirait  aux  gens  de  guerre  ne  se  démentit  jamais.  «  Il  n'y  eut  oncques  roi 
qui  si  peu  s'arma  »,  disait  le  roi  d'Angleterre  Edouard  111.  «  et  qui  donna 
tant  d'alTaires  à  ses  ennemis  ».  Jamais  le  roi  Charles,  comme  le  rapporte 
Dutillet,  ne  vêtit  armure  ni  autre  habillement  de  guerre.  Mais  ce  n'est  ni  le 
politique  habile  ni  l'administrateur  plein  de  prudence  et  de  modération  que 
nous  devons  étudier  ici;  notre  tâche  n'est-elle  pas  plutôt  de  montrer  à  nos 
lecteurs  le  prince  qui  protégeait  les  lettres,  qui  aimait  les  arts  de  la  paix,  qui 
élevait  des  châteaux,  des  collèges,  des  églises,  «  en  bon  deviseur  qu'il  estoit 
de  beaux  maçonnages  ».  C'est  d'ailleurs  faire  son  iconographie  que  d'énumé- 
rer  des  édifices  où  son  image  rappelait  presque  toujours  la  part  qu'il  avait 
prise  h  leur  construction. 


ICONOCn  M'ilIK    IIISTORIQI'K. 


65 


Le  chàfcaii  du  l)i»is  de  Viiiceiiiics.  tuiiili''  |)ar  IMiilippe-Aiigustc  et  par  saint 
Louis,  fut  ircoiistniit  au  xiv"  siècle  par  les  princes  de  la  branche  de  Valois. 
Philippe  VI  conuneuça  les  nouveaux  (klificcs.  Le  roi  Jean  ijoiu'suivit  l'univre 
de  son  père,  et  eoiuhiisit  jus([u'au  troisième  étage  la  grosse  tour  du  donjon. 
Charles  V  acheva  ce  grand  nionmnent  (|U('  noti'c  siècle  a  diMigui-i''  pour  le  con- 
vertir en  une  place  de  guerre  ;i  la  moderne.  A  rentrée  du  pont  de  l'enceinte 
|)articulièrc  du  donjon,  il  y  avait  une  table  de  marbre  noir,  élevée  contre  le 
mur  et  environnée  d'un  châssis  de  fer.  sur  la(|uelle  était  gi'avi'e  une  longue  et 
curieuse  inscription.  Le  texte  en  est  aujourd'hui  |)eii  conini;  nous  l'emprun- 
tons au  V.  Jacques  du  Breul.  (|ui  le  co|)ia  vers  l'an  KiOO  : 


Qui  bien  considère  cet  euvre 

Si  comme  ï^e  montre  et  descueinTe 

Il  peut  (lire  (|iie  (mciiues  a  tour 

Ne  vit  avoir  plus  nol)le  aloiir. 

La  tour  du  liois  de  Vinciennos 

Sur  tours  noufvc-;  et  anciennes 

A  le  pris.  Or  scaurez  en  ra 

Qui  la  parfist  ou  commença. 

Premit'renienl  Plielippes  roys 

Fils  Cliarles  comte  de  Valoy.s 

Qui  de  grand  prouesse  iialionda 

Jusqucs  sur  terre  la  fonda 

Pour  scn  soulacier  et  esbatre 

Lan  mil  trois  cents  trente  trois  quatre. 

Apres  vinat  et  quatre  ans  passe/. 

El  qui!  estoit  ja  trespassez 

Le  roy  Je;in  son  fil  cest  ouvrage 

Fist  lever  jus(juau  tiers  estage. 


Dcdens  tiois  ans  [lai-  mort  cessa 
Mais  Charles  roy  son  fil  lessa 
Qui  |iarfist  en  liiieves  maisons 
Tour  pons  braies  l'ossez  maisons. 
Nez  fut  en  ce  lieu  delitahle 
Pour  ce  lavoit  plus  agréable 
Do  la  fille  au  rin  de  Daliaigno 
Et  ot  a  espouse  el  coinpaigne 
Jeanne  fille  an  duc  de  lîourbon 
Pierres  en  toute  \alour  bon. 
De  luy  il  a  noijie  lignie 
Cliarles  le  delpbin  et  .Marie. 
Mestre  l'li('lip|ii'  Ogier  lesmoigne 
Tout  le  fait  de  ceste  besongne. 
Acliesverons.  Cbascun  supplie 
Quen  ce  niond  leur  bien  multiplie 
Et  que  les  nobles  Heurs  de  liz 
Es  sains  cieux  aient  leur  deliz. 


L'auteur  de  l'inscription.  Philippe  Ogier,  exerçait  auprès  dt;  Charles  V  les 
fonctions  de  secrétaire.  Le  marbre  a  disparu  depuis  la  révolution.  (Quelques 
recherches  ont  été  faites  de  nos  jours  dans  le  but  de  le  retrouver  ;  on  croyait 
qu'il  avait  été  jeté  dans  le  fossé,  mais  non  détruit.  \ous  devons  penser 
aujourd'hui  qu'il  est  perdu  pour  toujours.  Des  ligm-es  royales,  placées  dans 
des  niches  qui  existent  encore  au-dessus  de  la  porte  septentrionale  du  château 
et  sur  quelques  autres  restes  des  anciennes  constructions,  représentaient  les 
princes  dont  les  rimes  de  Philippe  Ogier  rappelaient  les  tioms. 

Le  château  de  Saint-Germain  avait  été  iticeudjc';  par  les  Anglais.  Charles  V 
le  fit  rebâtir,  mais  en  conservant  la  belle  chaiielle  dti  temps  de  saint  Louis. 
que  ses  successeurs  ont  respectée  à  son  exemple,  et  (iiii  nous  reste  comme 
un  des  pkis  charmants  modèles  de  l'art  du  xiiT  siècle.  L'habile  architecte  du 
château,  M.  Millet,  a  retrouvé,  au  milieu  des  maçonneries  du  xvii'  siècle,  le 


(36  ANNALES   A  l!C  HEOLOG  10  U  HS. 

doiijoii  (lu  i-oi  Charlos,  qui  l'eparaîtra  liiciilùl  débarrassf"  de  cette  enveloppe 
grossière.  Ou  travaillai!  à  la  ibis,  en  l.'i70,  aux  liabilations  royales  de  Saint- 
Germain  et  de  Montargis.  «  Moult  fist  le  sage  roy  rediiier  notablement  de  nou- 
vel le  chastel  de  .Montargis  où  fist  faire  moult  notable  salle  ».  Ce  château,  qui 
pouvait  contenir  six  mille  hommes  d'armes,  a  été  détruit  en  1810.  A  peine  en 
ai-je  retrouvé  ([uekiues  pans  de  murailles,  il  y  a  deux  ans.  La  grand'salle 
était  placée  au  premier  étage.  M.  Viollet-Le-Duc  pense  qu'elle  datait  de  la 
seconde  moitié  du  xiii*-'  siècle.  Mais  Charles  V  en  fit  au  moins  exécuter  une 
restauration  com])lète.  Cette  immense  nef  avait  dans  œuvre  vingt-huit  toises  et 
quatre  pieds  de  long,  sur  une  largeur  de  huit  toises  trois  pieds  huit  pouces. 
Elle  contenait  six  cheminées  larges  de  deux  toises,  dont  les  manteaux  étaient 
enrichis  de  peintures  représentant  des  personnages  historiques.  Dix-sept 
grandes  croisées  l'éclairaient  ;  les  armoiries  et  les  devises  brillaient  sur  les 
vitraux.  La  voûte,  appareillée  en  menuiserie,  était  toute  peinte  d'écussons 
aux  ai-nies  de  la  maison  royale  et  de  ses  alliances.  L'escalier  à  triple  entrée, 
qui  montait  à  la  salle,  avait  été  fait  par  Tordre  de  Charles  V,  et  c'était  aussi 
un  des  artistes  employés  par  ce  prince,  Jean  Jouvente,  qui  avait  exécuté, 
en  loSU.  l'horloge  de  la  |)lus  haute  tour. 

Les  travaux  de  Charles  V  dans  les  résidences  royales  présentent  à  l'étude 
un  intéièt  tout  particulier  ;  on  peut  dire  avec  certitude  qu'ils  ont  inauguré 
une  période  nouvelle  pour  une  des  parties  les  plus  importantes  de  l'architec- 
ture civile.  Là  se  trouve,  en  eiîet,  le  point  de  départ  de  la  transformation  du 
donjon  féodal  en  palais,  de  l'appropriation  de  la  vieille  forteresse  bâtie  pour 
la  guerre  à  des  habitudes  plus  délicates  et  plus  pacifiques.  Le  Louvre  de  Phi- 
lippe-Auguste était  à  la  fois  une  citadelle  redoutable,  un  chef-lieu  politique  et 
un  lieu  d'expiation  pour  les  grands  vassaux  qui  avaient  oublié  leurs  devoirs 
envers  leur  souverain  seigneur.  Charles  V  en  lit  une  résidence  somptueuse, 
parée  de  toutes  les  ressources  de  Fart,  où  les  collections  de  livres  et  d'objets 
précieux  furent  plus  en  honneur  que  les  arsenaux.  Rien  ne  surpassait  en  ma- 
gnificence l'escalier  principal,  chef-d'œuvre  de  Raymond  du  Temple,  que  le 
roi  se  plaisait  à  nommer  son  bien-aimé  sergent  d'armes  et  maçon.  Sauvai 
nous  a  laissé ,  dans  le  tome  second  de  ses  «  Histoire  et  Recherches  sur  les 
antiquités  de  la  ville  de  Paris  »,  une  description  détaillée  de  ce  merveilleux 
monument,  et  le  crayon  de  M.  Viollet-Le-Uuc  l'a  reconstruit  sur  une  des  pages 
du  ciiKiuième  volume  du  «  Dictionnaire  raisonné  de  l'architecture  française  », 
avec  une  habileté  que  le  vieux  maître  du  xiV  siècle  ne  désavouerait  pas. 
Charles  V  était  à  pehie  monté  sur  le  trùne  que  les  travaux  du  Louvre  se  trou- 
vaient en  pleine  activité.  Le  27  septembre  lo(J5.  Raymond  du  Temple  ache- 


ICONOGHArillK   lllSTOiUOLi:.  67 

tait  de  Tliibault  de  l.a  Nasse,  niargiiillior  de  l'églisp  des  Saints-Innocents, 
vingt  tombes  à  quatorze  sous  parisis  l'une,  pour  l(>s  marches  de  sa  grande 
vis.  De  l'iches  sculptures  Couvraient  au  dedans  et  au  dehors  les  murs  de 
l'escalier  royal.  Div  grandes  ligures,  abritées  ciiacunc  par  un  dais,  repré- 
sentaient le  roi,  sa  femme,  ses  deux  fils,  ses  frères,  et  des  sergents  d'armes. 
Il  est  permis  do  croii'c  qu'une  de  ces  dernières  figures  reproduisait  l(>s  traits 
de  Raimond  du  Temple  ^.  l  n  autre  roi.  Louis  Mil.  et  un  auti'e  ai-chilecle, 
Antoine  Lemercier.  mirent  à  néant  l'œuvre  de  leurs  devanciers,  (piaiid  on 
reprit  les  travaux  commencés  par  François  I"etpai'  Henri  il. 

La  demeure  favorite  de  Charles  V  à  Paris  n'était  (•(>peiidanl  pas  le  Louvre. 
mais  l'hôtel  de  Sainf-l'aul  ,  dont  il  avait  commencé  la  conslniclinn  pendant 
sa  régence,  et  qu'il  atreclionnait  comme  on  aime  une  création  toute  person- 
nelle, une  maison  (|u'on  a  édifiée  de  ses  deniers  de])uis  les  fondements,  un 
jardin  (ju'on  a  |)lanté.  Dans  la  déclaration  par  laquelle  il  le  réunit  à  la  eou- 
ronne,  en  1364,  il  le  désigne  avec  une  certaine  complaisance  paternelle  sous 
le  titre  de  «  hostel  solemnci  des  grands  esbatemens  )>.  Ce  serait  encore  dans 
Sauvai  (lu'il  faudrait  aller  chercher  la  description  de  cette  résidence,  oîi  les 
blasons  généalogiques  ne  faisaient  faute  dans  les  galeries  fleurdelisées,  non 
plus  que  les  effigies  royales. 

Charles  V  ne  pouvait  oublier  dans  ses  largesses  le  vieux  palais  de  la  (]ité. 
encore  tout  rempli  des  souvenirs  de  saint  Louis.  Ce  qu'il  y  fit  de  plus  considé- 
rable, ce  fut  l'établissement  de  la  célèbre  horloge  de  la  tour  fjui  forme  encore 
aujourd'hui  l'angle  de  rcnceinfe  du  palais  et  du  (|uai  se|itenlrional.  Ilemi  de 
Vie  vint  tout  exprès  d'Allemagne  pour  en  rontectionner  la  machine;  .l(>an 
.louvente.  que  nous  avons  déjà  nommé,  en  fondit  la  grosse  cloche.  L'effigie  du 
roi  Charles  avait  sa  place  en  la  grande  salle,  dans  la  longue  série  des  rois  de 
France,  parmi  les  princes  valeureux  et  vertueux  figurés  les  mains  hautes. 
comme  le  dit  le  P.  du  lîreul.  parce  qu'ils  ont  eu  toujours  les  mains  et  âmes 
tendues  au  ciel.  tan(hs  que  les  infortunés  et  fainéants  tenaient  leiu's  mains 
basses  et  pendantes.  Le  bon  religieux,  pour  n'être  prolixe,  a  omis  les  inscrip- 
tions gravées  sur  les  socles  des  statues;  regrettons  ce  scrupule  cpii  ne  lui  était 
pas  habituel,  et  qui  nous  a  certainement  privés  de  plus  d'un  détail  intéressant. 
Quelques  années  plus  tard,  en -1618,  le  feu  réduisait  en  cendres  la  salle,  les 

I.  Le  roi  et  la  reine  furent  #oulpté>i  par  Jean  de  I.iéire;  les  antres  personnaijes  |)iir  Jean  tie 
Launay,  Jean  de  Saint-fJomain,  Jacques  de  Chartres  et  Guy  de  Dampinarlin.  Os  statues  furent 
payées  à  raison  de  20  francs  d'or  ou  1G  livres  parisis  cfiacune.  Jean  (fe  Saint-Romain  fit  aussi  au 
Louvre  un  autre  Charles  V.  de  quatre  [lieds  seulement  de  hauteur,  pour  lequel  on  lui  alloua 
6  livres  8  sous  parisis. 


68  ANNALKS   AIICII  KOI.OGIOUES. 

statues,  une  partie  notable  des  grell'es  et  des  archives,  la  grande  et  célèbre 
table  de  niarbn'.  tour  à  lonr  illustrée  par  les  festins  royaux  et  par  les  farces 
de  la  basoche. 

La  défense.  Tassainissemeuf .  l'einbellisseinent  de  la  ca|iita!e  étaient  aussi 
l'objet  de  la  sollicitude  du  rni.  Dans  cette  catégorie  d'utiles  travaux,  le  prince 
avait  ])(>ur  auxiliaire  un  lidinine  plein  d'intelligence  et  d'activité,  Hugues 
Aubriot.  prévôt  des  marchands  et  capitaine  de  la  bonne  ville  de  Paris.  L'en- 
ceinte de  la  ville  fut  complètement  restaurée.  <(  Les  murs  neufs,  et  belles, 
grosses  et  hautes  tours  qui  entour  Paris  sont,  en  baillant  la  charge  à  Hugues 
Aubriot,  lors  prévosf  de  Paris,  le  roy  fist  édifier...  La  Bastille  de  Sainct- 
Anthoine.  combien  (|ue  puis  ou  y  ait  ouvré,  et  sus  plusieurs  portes  de  Paris, 
fist  édifier  fort  et  bel  ».  Aubriot  posa,  au  nom  du  roi,  la  première  piei're  de  la 
Bastille,  le  22  avril  1369.  A  l'issue  du  petit  Pont,  il  éleva  le  petit  Châtelet 
pour  protéger  le  passage  di'  la  Seine  et  pour  contenir  au  besoin  la  turbulence 
des  écoliers.  Pliisieiu's  ponts  lurent  reconstruits  ,  notamment  le  pont  Saint- 
Michel.  Un  vaste  système  d'i'gouts  et  d'aqueducs  fut  étudié  pour  la  première 
fois.  En  lisant  la  vie  de  Hugues  Aubriot,  qui  savait  si  bien  s'associer  aux 
nol)les  pensées  de  son  prince,  on  ci-oii-ait  lire  une  page  d'histoire  contempo- 
raine. ]>e  zéli'  capitaine  ne  dis])osait  pas  d'un  budget  municipal  de  soixante 
millions;  il  a  fait  d'ailleurs  tout  ce  que  lui  permettaient  les  habitudes  de  son 
temps  et  le  chiffre  de  ses  ressources. 

^'icolas  Oresme  avait  instruit  son  royal  élève  en  lettres  <i  moult  suffisam- 
ment ».  Le  bon  roi  disait  :  «  Les  lettres  ne  peut-on  trop  honorer,  et  tant  que 
sapience  sera  honorée  en  ce  royaume,  il  continuei'a  en  prospérité;  mais, 
quand  déboutlée  y  sei'a,  il  decherra.  »  Charles  V  recherchait  les  traductions 
des  écrivains  les  plus  illustres  de  l'antiquité.  Aussi  le  voit-on,  au  frontispice  de 
plus  d'un  manuscrit,  repi-ésenté  en  costume  royal  et  recevant  le  livre  des 
mains  de  l'aulcur.  A  sa  demande,  son  ancien  préce])teur  mit  en  français  plu- 
sieurs ti'aités  d'Aristote  et  le  livre  de  Pétrarciue,  «  Des  remèdes  do.  l'une  et  de 
l'autre  fortune  ».  Le  roi  témoigna  aussi  de  son  amour  pour  les  lettres  en  favo- 
risant les  fondations  de  bourses  et  de  collèges.  H  posa  la  première  pierre  de 
la  chapelle  du  collège  de  Beauvais,  dont  l'existence,  un  moment  menacée, 
semble  aujoui'd'hui  moins  compromise;  il  contribua  généreusement  à  la  con- 
struction du  collège  que  fonda,  en  la  rue  du  Foin-Saint-Jaci[ues,  maître  Ger- 
vais  Chrestien,  chanoine  de  Paris,  son  souverain  «  physicien  »  et  astrologue  ; 
il  se  fit  même  inscrii'e  au  tableau  de  la  confréi'ie  des  chirui'giens  de  Saint- 
Côme.  Au-dessus  de  la  porte  du  collège  de  Daimville,  à  Paris,  un  bas- 
relief  de  pierre  le  montrait  avec  le  roi  Jean,  son  père,  présentant  à  la  'Vierge 


ICONOf.liAI'IIIK   MISTolilori:.  69 

le  priiici|)al    et   les   boursiers  de  cette   maison  dont   il  était  le   bienfaiteur. 

Charles  V  ne  se  contentai!  pas  de  posséder  des  livres,  des  ciiartes,  des 
joyaux  et  des  curiosités  :  \\  voulait  que  l'ordi'c  ((u'ii  avait  rétabli  dans  le 
royaume  ne  fût  pas  moins  observé  dans  ses  collections  ;  il  avait  la  passion  de 
l'inventaire  et  du  catalo,i;ue.  persuadé  qu'il  in'  sert  à  l'icn  dacciniiuler  des 
ricliesses  (juand  on  i.i;nore  soi-même  de  (|uels  éléments  elles  se  composent. 
\près  une  visite  au  Trésor  des  chartes,  en  lo7l,  |)Cu  satisfait  de  l'état  de  ce 
[)récieu\  (li''pôt.  il  prescrivit  à  son  notaire  et  secrétaire,  (lérard  de  Monta<^u, 
auquel  il  en  avait  confié  la  garde  l'année  précédente,  de  le  mettre  en  meil- 
leur oi'dre  et  d'en  ch"esser  un  inventaire.  Deux  ans  plus  tard,  en  J.'iTo,  le  valet 
de  chambre  du  mi.  ("lilles  Malet,  dont  l'efTigie  gravie'  siu'  une  dalli'  s'est 
retrouvée  tout  récemment  dans  l'église  de  Soisy-sous-Ktiolles.  près  l*ari~. 
enregistrait,  en  un  catalogue  parvenu  jus(|u'à  nous,  les  9J()  volumes  (jue 
Charles  Y  avait  i-éunis  au  Louvre,  dans  la  tour  de  la  lj'braii-ie ,  où  ils  occu- 
paient trois  chambres  l'ime  sm-  l'autre.  Dès  l'année  l.'Uio.  Charles,  alors  dau- 
phin et  duc  de  Normandie,  avait  fait  dresser  l'inventaire  de  ses  meubles  et 
joyaux  qui  fiirmai(Mit  un  total  de  9()'i  articles,  l'.n  l.')79.  on  commença  un 
nouvel  inventaire  du  même  geiu'e.  I,a  rédaction.  (|ui  en  est  conservé(>  au  cabi- 
net des  manuscrits  de  la  Bibliothè([ue  imp(''riale,  sous  le  n"  8."i70,  ne  comprend 
pas  moins  de  oOTO  objets,  camées  anti(]ues  .  pierres  gravées,  ivoires,  bois 
sculptés,  garnitures  d'autels,  ameublements  de  chapelles,  ('maux,  peintures, 
vases,  tentures  et  tapisseries.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'in>istei-  auprès  de 
nos  li'cteurs  sur  l'importance  d'un  par-eii  document.  D'après  la  proposition  du 
Comité  des  travaux  historiques,  le  ministre  de  l'instruction  ])ublique  a  décidé 
que  l'inventaire  de  1363  serait  inséré' dans  un  dos  volumes  de  Mélanges  pi(>- 
parés  par  le  Comité,  et  que  celui  de  lo79  deviendrait  l'objet  d'une  publication 
spéciale  avec  un  grand  nombre  de  planches  et  un  glossaire.  Cette  double 
publication,  d'un  inlé-rèt  incontestai)le,  a  été  confn'e  à  M.  le  comte  de  l.aborde, 
qui  se  trouvait  tout  désigné  au  choix  da  ministre  |)ar  ses  excellents  travaux  sur 
les  émaux  et  les  bijoux  des  collections  du  Louvre.  Notre  collaboratem- , 
M.  Darcel .  le  dessinateur  "  du  Trésoi' de  Conques  »  et  de  tant  d'autres 
monuments  du  inoyen  âge,  a  déjà  préparé,  avec  le  talent  (jne  nous  lui  con- 
naissons tous,  un  certain  nombre  de  figures  destinées  à  illustrer  et  à  interpré- 
ter l'inventaire  royal  de  Charles  V. 

A  l'époque  de  l'avènement  de  Charles  V  à  la  coiu'onne,  le  temps  des  grandes 

fondations  religieuses  était  passé  ;  il  ne  se  construisait  plus  guère  que  des 

églises  conventuelles  de  médiocre  importance  ou  des  chapelles.  Le  roi  en  fit 

édifier  ou  restaurer  un  grand  nombre.  Il  montrait  constamment  en  toute  sa 

XXII.  10 


70  AN.NALKS   AliCHEOLOGIQUIiS. 

conduite  une  douce  el  iiidiilt^'cnte  piété.  Chaque  année,  au  rap|)ort  de  Philippe 
de  Maizières,  il  lisait,  nu-têle  et  à  genoux,  l'Ancien  et  le  Nouveau  Testaments 
tout  entiers,  en  une  su|)erbe  bible  écrite  sur  vélin,  que  les  Célestins  de  Paris 
conservaient  encore  au  siècle  dernier.  11  alTectionnait  pour  les  églises  et  cha- 
pelles cfii'il  faisait  construire  le  vocable  de  la  sainte  Trinité,  et  c'était  en  1"  hon- 
neur de  ce  mystère  fondamental  de  notre  religion  qu'il  avait  réduit  à  trois  les 
Heurs  de  lis  d'or  sans  nombre  du  blason  royal  de  France.  «  L'église  de 
Sainct-Paul  emprès  son  hostel  moult  fist  amender  et  accroistre  d.II  commença 
le  bel  édifice  de  la  Sainte-Chapelle  de  Vincennes,  où,  à  défaut  de  son  portrait, 
nous  trouvons  encore  son  écusson  avec  celui  de  la  reine  Jeanne  de  Bourbon, 
et  il  y  fonda  pour  le  service  divin  un  collège  de  chanoines  sur  le  modèle  de 
celui  ([ue  saint  Louis  avait  institué  à  la  Sainte-Chapelle  de  Paris.  Le  roi 
Charles  fit  bâtir  |)our  des  religieux  hospitaliers  l'église  du  Petit -Saint- 
Antoine.  Celle  des  (irands  -  Augustins  fut  en  majeure  partie  reconstruite  à 
ses  dépens.  Aussi  sa  statue  en  pierre  était-elle  érigée  au  grand  portail  exté- 
rieur du  monastère  de  ces  religieux,  en  face  de  celle  de  saint  Augustin, 
avec  les  insignes  et  le  titre  de  fondateur.  Au-dessus  d'une  autre  p;irte  du 
même  couvent,  on  le  voyait,  en  un  bas-relief  peint  et  doré,  offrant  à  la 
'Vierge  le  modèle  de  l'église.  (Quelle  que  fût  sa  générosité  habituelle  envers 
les  gens  d'église,  aucun  ordre  ne  trouva  autant  de  crédit  auprès  de  lui 
que  celui  des  Célestins.  Le  principal  mérite  de  ces  pères  de  création  toute 
récente  était,  nous  le  pensons,  d'arriver  les  derniers  et  d'apporter  ainsi  un  peu 
de  nouveauté.  Le  roi  en  ht  ses  chapelains  intimes,  et  les  établit  entre  la  Seine 
el  les  jardins  de  l'hôtel  de  Saint-Paul.  Il  jiosa  la  première  pierre  de  leur  église, 
connue  le  constatent  ces  trois  lignes  gravées  en  gothique  minuscule  sur  un  cube 
qui  a  été  extrait,  en  i8i5 ,  des  fondations  de  cet  édifice  pour  aller  prendre 
place  au  musée  de  Cluny  : 

la  11  •    .M  •   c(X  ■    Lxv  •    le  •  xxiV 
lour  de  may  massist 
Charles  Roy  de  france. 

Le  15  septembre  1370,  pendant  la  consécration  de  cette  même  église  par 
Guillaume  de  Melun,  archevêque  de  Sens,  au  moment  de  roff"ertoire,  le  roi 
présenta  une  grande  croix  d'orfèvrerie,  la  reine  une  statue  de  la  Vierge,  le  dau- 
phin un  vase  richement  ciselé.  Ces  trois  objets  étaient  en  argent  doré.  Le  roi 
donna  aussi  un  retable  en  cuivre  jaune,  historié  de  plusieurs  sujets  pieux  et  bla- 
sonné  de  ses  armes  ^.  Son  portrait  et  celui  de  son  père  furent  placés,  l'un  en 

1.  Charles  V  enrichissait  volontiers  les  trésors  des  églises.  On  conserve  à  la  Bibliothèque  im- 
(lérialo  une  cou\erture  d'évangéliaire  qu'il  donna  aux  chanoines  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris, 


ICONOC.  KAIMIIF.   Fil  STOli  11  M' K.  71 

face  de  l'autre,  aux  verrières  du  cliirur.  Le>  deux  rois  priaient  à  genoux  et  les 
mains  jointes.  Recueillis  au  niouient  de  la  révolution  par  Alexandre  Lenoir.  ces 
intéressants  |)ainieau\  existaient  encore,  en  181.").  au  Musée  des  monuments 
français  ;  nous  ij^mirons  ce  (|u"il  en  sera  advenu  depuis,  l  n  autre  |)iirtrail  sur 
veri'e  de  Charh^s  \  se  lrou\ait  dans  la  célèbre  cliapelliMrOrli'ans.  consiruile  par 
le  second  fils  de  ce  prince  sur  le  côt(''  méridional  de  l'église  des  (Jélestins.  Cette 
figure,  refaite  du  temps  de  François  l".  remplaçait  im  portrait  original  di)nt 
la  destruclion  avait  été  causée,  en  'J5o8.  par  l'explosion  du  magasin  h  poudre 
de  la  tour  de  Billy. 

Les  Célestins  devaient  aux  bontés  di>  (Iharles  V  mi  autre  munaslère,  construit 
en  un  site  admirable,  sm-  mie  liante  colline  de  la  rive  droite  dr  la  Seine,  à  côté 
du  bourg  de  I.imay  et  en  face  de  la  ville  de  Manies.  Le  roi  el  la  icine  voulurent 
présider  eux-mêmes  à  l'installation  des  religieux,  le  15  février  i'Ml.  I,'('glise 
portait  le  titre  de  la  Sainte-Trinité,  et  le  premiei'  |)ersonnage  dont  elle  abrita 
la  dépouille  mortelle  fut  un  ancien  cliambcll.in  du  dauphin.  Jean  Martel,  tué 
vingt  ans  plus  tôt  à  la  bataille  de  l'oiliers.  Le  dépôt  des  archives  du  d('|)arle- 
ment  de  Seine-et-Oise.  à  V^'rsailles.  jiossède  l'original  de  la cliai-le  de  Ibndalion 
des  Célestins  de  Limay.  Dans  l(>s  contoui's  de  la  premièi'c  l(>ltr(>.  on  ndII  la 
Trinité,  l'écusson  de  l'rance .  et  le  roi  Chai'les  à  genoux  tenant  mie  pancai'le 
({ue  reçoit  de  sa  main  un  groupe  de  religieux  également  agenouill(''s.  Le  tome  IV 
du  ■•■  Bulletin  du  Comité  de  la  langue,  de  l'histoire  et  des  arts  de  la  France  » 
contient  à  ce  sujet  une  notice  de  \].  Moutii'.  un  rap|ioi-l  de  M.  Desnoxcrs. 
le  texte  complet  de  la  charte,  el  un  fac-sinn'le  de  la  lellre  initiale  d'après  une 
photographie  communi(|uée  par  M.    le  duc  fie  Luynes. 

La  pi'incipale  porte  de  l'église  des  Célestins  de  Paris  était  accom|)agnée 
de  deux  grandes  statues  de  pierre  représentant  Charles  V  el  .JeamK>  de 
Bourbon,  placées  dans  des  niches,  à  la  base  des(|uelles  se  lisaii^nl  les  noms 
et   les  litres  des  deux  fondateurs,  ceux  du  roi  eu  laliii  et  ceux  de  la   reine 

pl  à  la  conti'clion  de  liniuclli'  l'iirriit  cni|ilovt's  luiil  marcs  d'or.  Le  (^lirnt  sur  la  ciuix  \  fijinrc  on 
relief,  au  iiiiliou  d'un  Ibiul  lleurdelisé.  dan.s  un  encadrcMiont  rcliaussc  de  picries  el  de  ealio- 
ctions.  I,e  cabinet  des  antii]ues  du  même  élablissemeiil  possède  aussi  le  lameiix  eaniee  de  la 
Sainte-Chapelle  représeiilanl  l'apothéose  d'Auiruste.  que  (Charles  V  a\ad,  lail,  ene.hàsser  dans  une 
splendide  bordure  disparue  depuis  le  vol  de  1SI0.  et  un  Jupiter  porte  sur  son  aiu'le,  dont  la  riche 
monlurc  ()résente  le  nom  du  même  prince  avec  la  date  de  I.'i(i7.  I.e  Jupiter  passait  autrefois  pour 
un  saint  Jean  l'Évangélisle,  et  l'apothense  d'Aui,'uste  pour  le  triomphe  de  Joseph  en  Egypte,  f.es 
hommes  instruits  du  xiV  siècle  savaient  sans  doute,  aussi  bien  que  nous,  ii  (pioi  s'en  tenir  sur 
l'origine  profane  de  ces  monuments.  Mais  ne  fallait-il  pas  justilior  leur  présence  dans  les  In'sors 
des  églises,  au  milieu  d'objets  sacrés?  Nous  nous  souv(hio[is  d'avoir  vu  à  Rome  un  frère  qui,  par 
un  procédé  analogue,  d'un  cou[)  de  pinceau,  métamorphosait  en  saints  de  l'ordre  des  jésuites  tous 
les  bienheureux  qu'il  se  pouvait  procurer,  bénédictins,  cordeliers,  jacobins,  carmes  ou  capucins. 


72  ANNAI.KS   ARCIIKOLOGIQUES. 

en  français.  I.a  i-esscinhhuice  de  ces  figures  avec  les  |)()rlraits  publiés  par 
les  11  Annales  Arcliéologi(]ues  »  est  tVa])paiite  :  on  y  trouve  le  même  r(''a- 
lisme.  un  peu  vulgaire  peut-être.  Bien  singulière  a  été  leui'  fortune.  An-a- 
cliées  (le  leurs  |)laces  primitives,  et  portées  avec  une  foule  d'autres  sculp- 
tures au  dé'pùt  national  des  Petits-Augusiins.  elles  y  l'urcnl  inscrites  comme 
un  saint  Louis  o\  une  Marguerite  de  Provence  pi'ovenaiit  des  Ouiuze-Vingts. 
IVansfi'iiM^s  à  Saiul-Denis.  dans  les  premièri'S  années  du  règne  de  Louis  Wlll, 
elles  y  consei'vèrent  longtemps  cette  fausse  altrilnition.  L'erreur  se  propa- 
gea en  [ilus  d'une  église,  au  Musée  iiistori(|ue  de  Versailles,  au  Palais  de 
justice  de  l*aris,  aux  Archives  de  l'Eiripire  et  ailleurs.  Converti  en  saint 
Louis,  Cliarifs  \'  a  été  ])an''  de  Heurs.  eni\  ré  d'encens.  accal)lé  de  demandes 
indiscrètes;    pourquoi   même   n'aurait-il   pas  opéré  (|uol(|ue  miracle? 

Ce  n'est  qu'après  de  longs  olVorts  (|ue  nous  sounnes  parvenu  à  faire  recon- 
naître l'identité  des  deux  persormages.  Les  catalogues  de  Versailles  ont  été 
rectifiés,  grâce  au  hou  vouloir  du  conservateur.  M.  Soulié.  Mais  les  con- 
séquences de  la  première  erreur  n'onl  pas  dispai'u  partout.  Ainsi,  à  la  cha- 
[)elk  rmH''raire  de  Tunis,  ('"levé-c  sur  la  plage  où  le  saint  roi  rendit  son  ànie 
à  Dieu,  c'est  un  Chailcs  V.  taillé'  eu  marbre  d'après  la  statue  des  Céles- 
tins.  (|ui  occupe  sur  l'autel  la  place  de  saint  Louis.  (Jùand  on  a  démoli 
les  ruines  des  Célestins  de  Paris,  les  niches  du  portail  sont  allées  rejoindre 
à  Saint-Denis  les  figures  ([u'elles  avaient  contenues  |iendant  |>lus  de  quatre 
siècles. 

Le  cardinal  de  La  Crange,  évè(|ue  d'Anu'ens,  ministre  de  Charles  V,  surin- 
tendant des  finances,  précepteur  des  enfants  de  France,  voulut  témoigner 
par  un  monument  |)ublic  sa  reconnaissance  envers  le  roi  (|ui  l'avait  comblé 
de  bienfaits.  loi-s(|u'il  Ht  construire  les  deux  chapelles  du  cêjté  septentrio- 
nal de  sa  cathé(h"ale  qui  se  trouvent  le  plus  rapprochées  de  la  grande  façade. 
Des  statues  en  pierre,  d'un  bon  travail,  demeurées  debout  sur  leurs  socles, 
à  l'extérieur  de  ces  chapelles,  re|)résentent  Charles  V,  le  dauphin,  le  duc 
d'Orléans,  le  prélat  fondateur,  la  Vierge,  saint  Jean-Baptiste,  saint  Lirmin 
le   martyr  et  deux  autres  personnages  dont  les  noms  me  sont  inconnus. 

IjCs  chanoines  de  l'insigne  église  cathédrale  et  primatiale  de  Lyon  avaient 
reçu  de  riches  présents  du  roi  Charles  et  de  ses  deux  frères  Jean  ,  duc  de 
Berry.  et  Philippe,  duc  de  Bourgogne;  ils  firent  sculpter  en  pierre  les  effigies 
des  trois  princes  poui'  le  portail  de  leur  église  de  Saint-Jean.  Dans  la  célèbre 
église  de  Saint-Antoine,  en  Dauphiné,  un  maître-autel  monumental  était  envi- 
ronné de  quatre  statues  en  piei're  de  Seyssel  représentant  le  roi,  la  reine,  le 
dauphin  et  le  duc  d'Orléans.   Les  religieux  érigèrent  ces  monuments  pour 


ICDNOCli  AI'IIIi:   IIISïOlîiOCK.  73 

rappeler  (m'en  loG5  le  lui  avait  largement  contribué  à  la  décoration  de  leur 
sanctuaire.  Kntiii.  au  milieu  des  ruines  du  château  du  Vivier  (Seine-et-Marne), 
on  montre  les  débris  d'une  statue  royale  en  pierre  peinte,  ([ui  passe  |)our  avoir 
été  un  Charles  V. 

Nous  croyons  avoir  à  peu  pi'ès  épuisé  la  s(''rie  di'-  niniiunitMits  ('le\(''s  au  roi 
Charles  de  son  vivant  ;  il  nous  reste  à  parler  de  ses  monuments  fmiéraires  et  de 
ceux  de  sa  famille. 

Au  \i\'  siècle,  on  prali(|uait  l'usage  (jui  s'est  conservé  dans  (|nel(|ues  pays. 
jus(iu  il  nos  jours,  de  faire  trois  lots  du  corps  de cluKinc  pi'ince  décéd(''.  et,  la 
plupart  du  temps,  on  lui  érigeait  aussi  trois  tombeaux  dont  la  possession,  tou- 
jours suivie  de  riches  fondations,  était  tort  rei-lK^i'clii'c  par  les  commimaulés 
religieuses.  Nous  avons  indiqué  déjà  la  tri|)le  sépultinc  de  la  i-eiiie  Jeanne  de 
Bourbon.  A  Saint-Denis,  elle  partageait  le  tombeau  (\^l  roi  son  époux.  Nous 
n'avons  trouvé  aucime  mention  de  monument  pour  le  lieu  oii  reposait  son  co'ur. 
Quant  au  tombeau  qui  renfermait  ses  entrailles,  dans  l'église  lU^^  Ciélestins. 
d'abord  placé  devant  les  degrés  de  laiilel  m.ijeui-.  il  l'ut  reporté  dans  une 
niche  cinti-ée.  du  cMé  de  l'épîlre,  à  l'époque  du  reniiu\ellement  de  la  décoi-a- 
tion  de  cet  autel,  sous  le  règne  de  Henri  IV.  M.  Albert  l-ennir  en  a  piibli('' ime 
belle  planche  coloriée  dans  son  grand  ouvrage  de  la  «  Statisti([ue  monumen- 
tale de  Paris  ».  La  niche  oITrait  un  bizarre  assemblage  d'arcatures  golliitiues 
et  d'ornements  dans  le  style  du  wiT  siècle.  \ai  voûte  et  les  fonds  étaient 
peints  en  azur  avec  un  semis  de  fleurs  de  lis  d'or.  La  statue  de  la  leine  en 
marbre  blanc  gisait  sur  une  dalle  de  marbre  noir,  bordée  duni;  épilaphe  en 
caractères  gothicpies.  Cette  (igm-e  a  seule  survécu  à  la  ruine  du  monument, 
et  se  trouve  aujourd'hui  provisoirement  déposée  dans  une  des  chapelles  de  la 
crypte  de  l'église  de  Saint-Denis.  La  princesse  est  en  costume  royal,  cou- 
ronnée d'un  grand  diadème  à  (leurs  de  lis;  sa  main  droite  tient  un  reste  de 
sceptre,  et  sa  main  gauche  une  espèce  de  sachet  en  étoile  qui  tlésigne  l'eine- 
loppe  des  entrailles;  deux  petits  chiens  jouent  sous  ses  pieds. 

<Juand  le  roi  Charles  fut  près  de  sa  fin.  il  lit  apporter  devant  lui  la  cou- 
ronne royale  de  France  et  la  couronne  d'é|)ines  de  .lésus-Christ,  louchant  et 
sublime  spectacle  en  vérité.  Les  hommes  de  ce  temps  savaient  mourir,  sans 
y  mettre  d'ostentation,  avec  une  solennité  tnute  clir('tienne.  Au  moment 
suprême,  ce  prince  simple  et  bon  se  souvint  aussi  de  sa  jeunesse  et  de  tout  ce 
qu'il  avait  le  nn'eux  aimé  :  il  ordonna  que  son  C(rin-  fût  porté  à  Notre-Dame 
de  Rouen,  pour  ra[)peler  qu'avant  de  devenir  l'oi  il  avait  été  duc  de  Nor- 
mandie; son  corps  à  Saint-Denis,  auprès  de  la  fidèle  compagne  de  toute  sa 
vie  ;  ses  entrailles  à  l'abbaye  de  Maubuisson.  dans  le  tombeau  de  sa  mère. 


7Z|  A^l\AI.I•;s   All(:ilK()L()(;i(jUKS. 

Le  corps  l'ut  Pinbaiiiiir'  par  iiiaîli'c  FumikiikI  du  Noclc  cliiriirgieii  du  roi.  à  c|ui 
l'ioiTC  l'auiuicr.  (''piciei'  cl  valot  d(>  chanibi'e  du  l'eu  soii^ui'ur.  délivra  des 
Hi'oniates,  onguents  et  autres  substances  pour  une  valeur  totale  de  51  livres 
2  sous  parisis,  soit  environ  3.6(S0  francs  de  notr(>  monnaie  '. 

Le  tombeau  de  marbre  de  MaubuJsson.  surmonté  de  la  statue  de  Bonne  de 
Luxemiioui'g  et  de  celle  de  son  fils,  a  eu  le  sort  de  la  plupart  des  monuments 
funérailles  (jue  renferinail  lillustre  abbaye.  Kniassés  dans  des  chariots,  les  rois 
et  reines  furent  li'ansportés  à  l'ontoise  en  179o,  et  brisés  publiquement.  On  a 
perdu  aussi  toute  es|)érance  de  retrouver  le  monument  ([ue  Charles  V  s'était 
fait  préparer,  dès  l'amiée  l.')()8,  au  milieu  duclueurde  la  cathédrale  de  Rouen. 
Henne(iuin  de  IJége .  imagier,  loucha  mille  francs  d"or  pour  la  sculpture  en 
niarbi'c  ou  albàli-e  ,  et  Jean  Périer.  maitre  de  l'œuvre  de  l'église,  deux  cents 
francs  pour  la  maçonnerie  inlérieure  en  |)ierre.  Lu  siècle  environ  après,  en 
l^lGi.  maître  (iuitfroy  Hichicr.  maître  maçon  de  la,  même  église,  reçut  trois 
sous  neuf  deniers  pour  avoir  vaf[ué  une  demi-joiu'uée  et  plus  à  rasseoir  et 
mettre  en  leur  lieu  plusiein-s  petites  images  d'autour  la  sépulture  dudit  roi-. 
Ia>  prince,  couché  sui'  une  grande  dalle,  tenait  d'une  main  le  sceptre  et  de 
l'autre  son  co'ur.  (îe  monument  gênait  les  évolutions  des  chanoines;  il  l'ut 
d(''plac(''  en  JT.'î^.  On  croyait  du  moins,  il  y  a  ([uel(|ues  années,  fiue  la  figure 
principale  était  plutôt  égarée  que  détruite;  mais  on  n'a  rien  pu  en  découvrir 
jusqu'à  présent. 

(I  Le  tombeau  érigé  à  >Saint-i)enis  »,  dit  le  bénédictin  (jermain  Millet,  «  est 
magnifique  et  des  plus  beaux  qui  se  faisoient  de  ce  temps-là  :  il  est  de  marbre 
noir,  les  elTigies  du  roy  et  de  la  revue  sa  femirie  de  très-beau  marbre  blanc. 
Dans  le  même  tombeau,  il  y  a  aussi  deux  de  leurs  filles,  Jeanne  et  Ysabel  ». 
Les  épitaphes  se  lisaient  en  lettres  d'or  derrière  les  dais  qui  abritaient  les 
grandes  figures  couchées,  (^es  dais  avaient  pour  supports  des  pilastres  tout 
couverts  de  figurines.  Le  monument  s'élevait  au  milieu  de  la  chapelle  de  Saint- 
Jean-Baptiste,  la  première  de  l'abside,  au  midi.  «  Leroy  »,  c'est  encore  Ger- 
main Millet  ([ui  nous  l'apprend,  «  dota  richement  la  chapelle  en  laquelle  il  gît, 
l'orna  de  calice,  croix  et  autres  précieux  ornements  en  grande  quantité.  Il  y 
fonda  une  lampe  à  perpétuité  qu'on  voit  brûler  aux  pieds  de  Bertrand  Dugues- 
clin.  11  fit  faire  aussi  l'une  des  grosses  cloches  de  Saint-Denis.  »  La  lampe 
pei'pétuelle  ne  brûlait  pas,  comme  on  l'a  dit,  en  l'honneur  du  connétable, 

1.  Voir  lo  détail  Pt  |p  prix  des  fournitures  dans  !'«  Annuaire  liistori(]ue  |)our  l'année  1845  », 
publié  par  la  Société  de  l'histoire  de  France. 

'2.  Deville,  u  Tombeaux  de  la  cattiédrale  de  Rouen  «,  ouvrage  excellent,  rempli  de  détails  du 
plus  grand  intéfôt. 


icoNOon Ai'iiiK  iiisToiiiniii:.  75 

mais  en  révérence  des  sainles  i-eli(|ii('s.  l'crsoiinc  ii'ipinorc  (railleurs  (|ue 
Charles  V  avait  décerné  à  ce  héros  les  liDuiienrs  de  la  sf'pulliin'  roxalc  cl 
lui  avait  consacré  un  monument  de  mari)rc.  toul  à  cùt('  d<;  la  place  qu'il 
se  réservait  à  lui-même. 

Les  i-eliu,ieii\  (le  Sailli-Denis  cons(>i'\  aieiil  encore,  au  \\ii'  siècle,  les  \èle- 
meiils  r<i\aii\  de  CJiarles  V,  en  xeloiirs  ddiihic''  de  salin  rou,tJ,'e .  s(mii<''  de 
fleurs  de  lis,  d'initiales  en  bi'oderie  et  de  [lerles;  c'étaient  ses  chaussc^s,  son 
siu'cot ,  sa  tuni(|ue.  sa  (lalin;iti(iue  et  son  inanlcaii.  \ii  lr(''soi-de  l'abluive.  le 
roi.  la  reine  .leanne  et  le  dauphin  Charles,  leur  lils.  repri''seiil('s  par  hois 
figures  d'argent  doré,  priaient  au  pied  d'une  image  dans  la([uelle  avait  ('(é 
enciiùssé.  en  1.">()H,  \o  menlon  de  la  Madeleine. 

I.e  mercredi  :1G  octobre  179o.  le  jour  même  oii  la  i-eiiK^  Marie- Vnloinelte 
venait  de  mourir  sur  un  échafaud.  le  tombeau  de  Charles  \'  fui  oincil  par 
les  fossoyeurs  de  la  Convention,  vers  les  trois  heures  api^s  midi.  I.es  corps 
du  roi  et  de  la  reine  furent  retii-és  de  leurs  cercueils  do  |)|omb.  e|  poihV-^  hors 
de  l'église,  dans  la  fosse  dv^  Boni-bons.  Isabelle  el  .leanne  de  l''raiice  repo- 
saient, nous  l'axons  dit,  à  et")!!'' de  leui's  parenis;  un  ne  Iroiua  (|iie  leurs  os 
sans  cercueils  de  plomb,  mais  avec  (piel(|ues  (h'bris  de  planches  vermoulues. 
Le  cercueil  de  Charles  V  conlenail  une  couronne  do  vermeil  bien  conservée, 
une  main  de  justice  d'argenl.  e|  mi  sce[)lre  de  ciii(|  pieds  de  long,  surmonté 
de  feuill(\s  d'acanihe  d'argenl.  dont  la  dorure  avait  encore  (nul  son  éclal.  Du 
cercueil  di>  .leanne  de  Pxiurbon  les  on\  riers  relirèreiit  un  r(>sl(î  de  couronne,  un 
anneau  d'or,  do^  morceaux  de  bracelcis  ou  chaînons,  un  hrscaii  de  bois  duvr. 
des  souliers  brodés  d'or  el  d'argent.  Le  procès-verbal  des  (>\hmnalions. 
auquel  nous  empruntons  les  détails  (|ui  précèdent,  ne  nous  a|)|irend  pas  ce 
qu'on  fit  de  c(?s  précieux  objets. 

La  statue  de  Charles  V  (|iiilla  son  si'jonr  de  Saint-Denis  pour  celui  du 
Musée  do>  l'elils-AugusIins.  Celle  de  la  r(>ine  paraît  avoir  suivi  le  inèine  sort. 
On  la  trouve  class(''e  dans  les  |)remiers  catalogues;  les  derniers  n'en  font  plus 
mention,  sans  ([u'on  puisse  savoir  si  elle  aura  été'  supprimée  on  vendue  comme 
une  ré|)étition  inutile  de  la  statue  des  CiMestins.  L(\s  ornemenis  accessoires  (pii 
entouraient  les  figures  n'ont  pas  échappé  à  la  deslruclioii;  il  n'en  reste  que  des 
fragments  tr(":'s-mulilés.  L'elligie  du  roi  reprendra  prochaiiKMiienl  sa  pi'emièrc 
place  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean,  don!  la  restaiiralion  s'accom|>lil  en  ce 
moment  |)ar  les  soins  de  M.  Viollet-Le-Duc.  C'est,  à  notre  avis,  le  meilleur 
portrait  de  Ciiarles  V  qu'on  puisse  consulter  :  sans  allérer  le  caractèi'e  de 
bonhomie  naturelle  de  la  tète,  l'artiste  lui  a  donné  tme  finesse,  une  distinc- 
tion (jui  ne  se  rencontrent  pas  au  même  degré  dans  les  autres  représentations. 


76  AWAl.KS   AHCIIKOLOC.IOI  KS. 

De  Ions  le-  entants  de  Charles  V.  morts  en  l)as  âge,  deux  filles  seulement 
eiu'ent  leur  sépulture  décorée  d'un  monument.  Décédées  en  1300.  à  quelques 
jouis  d'intervalle,  elles  reposaient  dans  l'église  abbatiale  de  Saint-Antoine- 
des-Ciiamps.  à  Paris,  oii  leurs  efTigies  étaient  sculptées  en  marbre  blanc.  Ce 
tombeau  n'existe  plu>. 

Nous  ne  croyons  pas  avoir  à  nous  occuper  des  figures  de  Charles  V  et  de 
.Jeanne  de  Bourbon,  (jui  ont  été  faites  de  nos  jours  pour  l'église  de  Saint- 
Denis,  poiu'  les  galeries  historiques  de  Versailles,  ou  pour  d'autre?  monu- 
ments. Ce  ne  sont  que  des  œuvres  modernes,  sans  importance  au  point  de  vue 
de  l'iconograpliie.  ou  des  copies  de  figures  dont  nous  avons  décrit  les  origi- 
naux. F^es  bustes  sculptés  en  marbre  d'après  les  deux  statues  des  Célestlns, 
par  MM.  Iliisson  et  Diiseigneur.  méritent  cependant  une  mention;  ils  appar- 
tiennent aux  collections  d(>  Versailles  *. 

F.  OE  gi"ilhf:rmv 

1 .  Voir  les  riR'iiiocros  gravures  des  *  Mominu'iils  de  lu  Moiiarcliie  framboise  «,  par  Monlfaucon  ; 
les  planclies  un  peu  meilleures  des  «  Antiquités  nationales  »  de  Millin  ;  la  collection  historique  de 
Gaignières.  à  l.i  Bibliotlièque  im|)ériale.  et  surtout  les  dessins  tout  récemment  exécutés  pour  le 
gouvernement  par  M.  Frappaz,  d'après  la  partie  de  cette  collection  passée  en  Angleterre,  à  la 
Bibliotlièque  Bodléienne.  a  Oxl'ord. 


MANUSCRITS   BYZANTINS 


A   VENISE 


Après  avoir  parle  des  objets  que  j'ai  vus  dans  le  trésor  de  Saint-Marc,  je 
vais  donner  (jue!(|ues  renseigncmenls  sur  quatre  manuscrits  conservés  près  de 
là.  dans  la  bibliothèciue  du  palais  ducal,  et  exposés  sous  des  vitrines  oii  je 
les  ai  examinés  pendant  les  courts  instants  accordés  aux  étrangers  qui  visitent 
le  palais.  Ln  mot  sur  ces  manuscrits  ne  sera  point  déplacé  ici,  puisqu'ils 
étaient  autrefois  dans  le  trésor,  à  côté  d'objets  avec  lesquels  ils  avaient,  je 
pense,  une  conununaulé  d'origine,  car  ces  produits  de  l'industrie  artisti(|ue 
de  Constantinople  ont  dû  faire  partie  du  butin  ramassé  dans  celle  ville  par  les 
Vénitiens. 

1°  Premier  maimscrit,  de  la  grandeur  d'un  in-folio.  Sur  la  partie  antérieure 
est  représenté,  au  milieu,  le  Crucifiemcnl  :  le  Sauveur  est  sur  la  croix  entre  sa 
mère  cl  saint  Jean  l'évangéliste,  il  a  la  tète  penchée,  les  yeux  fermés,  les 
pieds  placés  l'un  à  côté  de  l'autre  et  non  superposés.  On  lit  en  haut  : 
O  BAClAEVC  Tlii;  AOEIIC ,  «  le  Roi  de  la  gloire  »;  près  de  la  saiiilc  Vierge, 
MHP  =  ëï'  :  —  rvNE  lAE  o  Vioc  CDT;  près  de  saint  Jean  :  lAOV  il  MIITHP 
COï,  écrit  avec  des  abréviations  ainsi  que  son  nom  (saintJean  le  théologos). 
Autour  de  ce  sujet  principal,  six  autres,  de  petite  dimension,  représentent  : 
l'Annonciation,  la  Nativité,  la  Présentation,  le  Baptême,  la  Transliguration 
de  Jésus-Christ  et  la  Résurrection  de  Lazare.  Chacun  de  ces  sujets  est  désigné 
par  une  inscription  en  grec.  Le  tout  est  en  relief  ciselé  et  doré  d'un  bon  tra- 
vail; les  inscriptions  sont  en  creux.  Il  y  a  de  plus,  en  haut,  entre  l'Annoncia- 
tion et  la  Nativité,  l'archange  Michel;  en  bas,  entre  la  Transfiguration  et 
Lazare,  le  prophète  Moïse;  puis,  entre  les  autres  bas-reliefs  rangés  sur  les 
côtés  :  le  prophète  Daniel,  saint  Basile ,  saint  Jean  Chrysoslome  et  saint 
ixu,  li 


78  ANNALES  ARCHÉOLOOIOL'KS. 

Nicolas.  Ces  six  figures  sont  en  buste,  en  émail  un  peu  grossier,  dans  des 
médaillons  circulaires  et  accompagnés  de  leur  nom  incrusté  en  émail  blanc. 
[,es  deux  prophètes  tiennent  chacun  une  courte  légende  {[ui  doit  être  le  com- 
mencement d'une  phrase  tirée  de  leurs  prophéties.  Les  inscriptions  des  émaux, 
comme  celles  des  ciselures^  sont  toutes  en  grec.  L'ornementation  de  la  partie 
linstéi'ieure  est  disposée  de  même  :  au  milieu  est  Jésus-Christ  délivrant  les 
âmes  des  justes,  ii  \n\ct\cic;  autour,  l'Entrée  à  Jérusalem .  la  Descente 
de  croix,  l'Ascension,  la  Pentecôte,  la  Présentation  de  la  Vierge,  le  Sommeil 
(la  mort)  de  la  Mère  de  Dieu;  le  tout  ciselé  en  relief  avec  inscriptions  gravées, 
qui  désignent  chaque  fête,  et  entremêlé  de  médaillons  émaillés  figurant,  en 
haut  :  la  Préj^aration  du  Trône,  n  etoimacia,  sujet  symbolique  expliqué 
déjà  dans  la  description  de  la  Pala  d'oro;  sur  les  côtés  et  en  buste  :  Salo- 
mon  qui  dit  :  anacthto;  Gédéon,  Da\id.  saint  Grégoire  le  théologos  (de 
Nazianze)  ;  en  bas.  saint  Démétrius. 

2°  Second  manuscrit,  également  in-folio.  Sur  la  partie  antérieure  de  la  cou- 
verture, on  voit  au  centre  le  Crucifiement.  H  CTATPnCK",.  Jésus  a  la  tête 
penchée  et  le  corps  incliné;  ses  pieds  sont  fixés  l'un  à  côté  de  l'autre.  Sur  le 
titre  de  la  croix  on  lit  :  o  BAGIAEVC  THC  AOEHC  La  Alère  de  Dieu,  saint  Jean 
et  autres  se  tiennent  près  de  la  croix;  deux  anges,  à  mi-corps,  sont  au-dessus; 
plus  haut  est  figurée  la  Préparation  du  Trône  :  h  ethmacha  (sic)  ;  en  bas,  il 
y  a  saint  Athanase  et  un  autre  saint  évêque.  Sui"  les  côtés,  dix  ou  douze  autres 
saints  complètent  la  bordure.  Toutes  ces  figures  sont  en  buste  et  séparées  par 
des  entrelacs.  Sur  la  partie  postérieure  le  centre  est  occupé  par  la  Délivrance 
des  justes  :  n  an \ctacic.  La  composition  de  ce  sujet  est  un  peu  différente  de 
celle  du  manuscrit  précédent,  mais  c'est  toujours  Notre-Seigneur  triomphant 
qui  tire  Adam  et  Eve  de  l'enfer.  L'entourage  est  formé,  en  haut,  par  la  Pré- 
paration du  trône,  n  etiimaci\  (sic);  en  bas  et  sur  les  côtés,  entre  deux  anges, 
par  une  douzaine  de  saints  en  buste.  Cette  couverture  est  entièrement  ciselée 
en  relief  et  dorée  sur  ses  deux  faces,  qui  sont  reliées  par  un  dos  formé  d'un 
solide  treillis  de  chaînes  en  métal .  dans  lequel  sont  insérées  des  petites  croix 
émaillées. 

Une  particularité  qui  n'échappera  à  aucun  de  ceux  qui  sont  familiers  avec 
l'iconographie  chrétienne,  c'est  l'humiliation  et  la  gloire  du  Christ  rédempteur 
mises  en  opposition  sur  les  deux  manuscrits  que  je  viens  de  décrire;  cet  usage 
est  pratiqué  dans  le  bas  empire  et  le  moyen  âge,  chez  les  Grecs  comme  chez 
les  Latins,  sur  des  monuments  de  toute  sorte.  Souvent  même  l'abaissement 
du  Sauveur  est  figuré  simplement  ]iar  la  représentation  de  Jésus  enfant  sur 
les  genoux  de  sa  mère,  comme  on  h  voit  siu-  une  des  feuilles  d'un  diptyque 


MAMSCIUTS   BYZANTINS,    \   VKMSK.  79 

d'ivoire  où  ce  sujet  est  en  rej^ard  de  rAsceiision  placée  sur  l'autre  feuille,  (^e 
monument.  (|ui  oITre,  en  outre,  parmi  d'autres  sujets  plus  petits,  la  Transli- 
guration  en  pendant  avec  le  Cruciliement,  est  entouré  d'une  inscription  com- 
mençant ainsi  : 

Xepouêixcij ,  TvavToOpys  àêCTîOTa,  ypaipco  '. 

Il  0  Seigneur,  créateur  de  toutes  choses,  je  te  représente  sur  le  sein  de  ta 
mère,  comme  sur  le  trône  des  Chérubins.  » 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  les  Grecs,  connue  les  I.atins,  jusqu'au  xii"  siècle. 
représentent  dans  l'A-scension  Notre-Seigneur  enlevé  par  les  Anges. 

3"  Troisième  maimscrit.  d'un  format  un  peu  moins  grand  (pie  les  précé- 
dents. Sur  la  partie  antérieure  de  la  couverture,  on  voit  .lésus-Christ  en  pi(!d, 
la  tête  mince  et  allongée,  les  cheveux  et  la  barbe  d  im  Inuii  luncé'.  vêtu  d'une 
robe  et  d'un  manteau  bleu  foncé;  sur  la  robe  une  l'aie  blanche  jiasse  sur 
l'épaule  et  reparaît  en  bas.  Le  Sauveur  tient  un  li\rc  et  bénit;  il  a  le  regaid 
sévère  et  dit  :  Èyw  liiu  tô  çôj;  toù  x.o'^avj ,  "  .le  suis  la  lumière  du  monde  <> . 
Dix  saints  en  buste  sont  autour.  La  partie  postérieui'e  présente  la  Mère  de 
Dieu,  en  pied,  les  mains  déployées  devant  la  poitrine  ;  des  dix  saints  en  buste 
qui  l'entouraient .  il  n'en  reste  que  six.  Toutes  les  figures  de  cette  couverture 
sont  en  émaux  grecs  cloisonnés. 

li°  Quatrième  manuscrit,  de  format  in-quarto.  La  partie  antéi'ieure  de  la 
couverture  contient  une  plaque  ornée  d'émaux  cloisoimés,  (|ui  représentent  le 
Sauveur  sur  la  croix,  vêtu  d'une  longue  robe  sans  manches,  les  yeux  entr'ou- 
verts,  la  tète  légèrement  inclinée,  les  bras  étendus  horizontalement.  Dix  mé- 
daillons sont  rangés  alentour  :  neuf  contiennent  des  figin-es  de  saints  et  d'anges 
en  buste;  une  fleur  occupe  le  dixième.  Parmi  les  figures,  j'ai  noté'  saint 
Pierre  et  saint  André,  tenant  chacun  une  croix  sur  l'épaule;  saint  Matthieu, 
chevelure  et  barbe  noires,  et  deux  anges.  Ces  émaux,  très-fms,  sont  de  pe- 
tite dimension;  le  crucifix  est  de  la  grandeur  d'une  croix  pectorale.  Une  bor- 
dure de  même  travail  encadre  le  tableau  ;  son  motif  est  une  (>spèce  de  grille 
dont  les  cloisons,  qui  se  croisent,  forment  des  carrés  contenant  l'éinail.  Cette 
bordure  est  en  mauvais  état,  l'émail  y  maii(|ue  en  beaucoup  d'endroits. 

Je  n'ai  vu  aucun  de  ces  manuscrits  à  l'intérieur.  On  dit  (]ue  les  grands  sont 
des  livres  d'ofricc;  il  serait  possible  (pie  le  dernier  fût  un  psautier  grec  qui  a 
été  apporté  à  Paris,  comme  les  chevaux  de  bronze ,  et  dont  d'Agincourt  a 

1.  Mf'  Bii.LiKT,  u  Description  d'un  diptyque  i:rei:  trouvcj  en  Savoie  ».  dans  les  «  Mém  de  l.i 
Soc.  Acadi'ni.  de  Savoie  » .  I.  xn,  1846. 


80  ANNALES   ARC.HÉO  LOC  IQliES. 

|)ublié  une  peinture  intéressante.  On  y  voit  Jésus- Christ  accompagné  des 
archanges  Michel  et  Gabriel,  couronnant  un  empereur  Basile  (peut-être 
Basile  le  Macédonien),  entouré  de  six  saints  guerriers  et  de  personnages  de 
sa  cour. 

J'ai  ceiicndant  vu  en  même  temps  (|ue  le  public,  à  qui  on  le  montrait,  l'in- 
térieur d'un  bel  évangéliaire  grec  du  x'  siècle,  et  j'ai  eu  le  temps  d'admirer 
et  de  noter  quatre  superbes  peintures  ([u'il  renferme.  Ces  peintures  oIVrent 
les  figures  entières  et  assises  des  quatre  évangélistes,  surmontées  chacune 
d'un  sujet  traité  dans  de  jietites  proportions,  et  ([ui  représente  :  au-dessus 
de  saint  Matthieu,  la  Nativité;  au-dessus  de  saint  Marc,  le  Baptême;  au- 
dessus  de  sailli  T.uc,  l'Annonciation  (la  sainte  Vierge  est  occupée  à  filer); 
au-dessus  de  saint  Jean,  accompagné  de  son  disciple  saint  Prochore.  l'Ana- 
stasis.  Je  crois  me  rappeler  qu'une  de  ces  peintures  a  été  publiée  avec  un 
fragment  du  texte  par  M.  Sylvestre,  dans  son  splendide  ouvrage  sur  la  Paléo- 
graphie. 

Je  puis  citer  deux  autres  évangéliaires  grecs  contenant  les  mêmes  pein- 
tui'es  :  l'un  est  dans  la  Bibliothèciuc  de  Genève;  M.  Blavignac  en  adonné  la 
description  (<>  Histoire  de  l'architecture  sacrée  en  Suisse  »,  Paris  1853), 
mais  il  n'a  pas  compris  le  sujet  qui  accompagne  saint  Jean  ;  cependant, 
d'après  ses  propres  indications,  on  voit  bien  qu'il  s'agit  de  l'Anastasis,  sujet 
si  fréquemment  reproduit  par  les  Grecs  pour  rappeler  la  fête  de  Pâques. 
L'autre  évangéliaire  était  autrefois  dans  la  bibliothèciue  Ebnérienne,  à  Nu- 
remberg; ses  pointures  ont  été  pul)liées  par  C.  T.  de  Murr  (<i  Memorabilia 
publicarum  Norimbergensium  »).  Ouest  devenu  ce  manuscrit,  qui  devait  être 
très-précieux?  Je  l'ignore.  11  contenait,  indépendamment  des  évangélistes, 
d'autres  peintures  également  publiées  par  de  Murr  ainsi  qu'une  belle  figure 
de  Christ  en  ivoire  qui  ornait  la  couverture  et  qui  était  accompagnée  de  cette 
inscription  :  AecTroxa    £u>,oyr,'70v    tov  ^culcv   cou    ikayiGiw    lepovojiov  Iou7iisX[j.ov  xaî 

TT.v  rjiîceiav  auTou  : —  «  Domine,  benedic  servo  tuo  miiiimo.  Hieronymo  Gulielmo, 
et  doinui  ejus.  »  Or,  je  retrouve  cette  figure  avec  son  inscription,  mais  muti- 
lée ,  parmi  les  moulages  exécutés  par  la  Société  d'Arundel,  de  Londres,  et  le 
catalogue  de  cette  Société  m'apprend  que  l'original  de  ce  moulage  est  dans 
la  collection  Bodiéienne,  à  Oxford. 

On  peut  encore  trouver,  dans  d'autres  endroits  de  Venise,  des  objets 
byzantins  ou  orientaux  à  étudier  ;  mais  je  ne  pourrais  en  indiquer  qui  aient 
une  importance  historique  et  artistique  pareille  à  celle  de  la  plupart  des  objets 
que  je  viens  de  décrire.  Ainsi,  parmi  les  nombreux  reliquaires  qui  rem|)lissent 
une  des  chapelles  de  l'église  Saint-Thomas,  je  n'ai  aperçu  qu'un  reliquaire 


\IANI  SCRiTS   lîYZANTINS,    \    VKMSE.  81 

grec;  il  porte  cetto  inscription  :  -f-  arpi^anon  tik:  ai'Iac  MF.rAAOMAPTVP. 
MAPINAC  II  est  d'aillcnrs  insignifiant  sous  le  rapport  de  l'art.  J'ai  iiol(''  aussi 
trois  croix  de  hois  sculpté  avec  inscriptions  iïreçques;  elles  provioinient  sans 
(joute  du  mont  Athos  cl  sont  assez  remarcjuables.  Dans  la  collection  Correr, 
(|ui  appartient  à  la  ville,  j'ai  \ii  jtlusieni's  objets  byzantins,  tels  (|iie  di's 
ci'oix  el  des  petits  bas-i'c^litM's  en  bois  et  autres  matières;  (\o>  camées,  in- 
tailles, etc.  Je  me  suis  arrêté  aussi  devant  des  vases  arabes  en  laiton,  d'au- 
tant plus  intéressants  à  examiner,  qu'on  i)cut  les  comparer  là  avec  d'autres 
ouvi'ages  analogues  exécutés  par  les  Vénitiens,  imitateurs  et  rivaux  des  Sar- 
rasins '  ;  mais  je  nie  contente  de  donner  ces  indications  et  je  renvoie,  pour 
plus  de  détails,  à  rexcollcnl  calalogue  de  celle  collcclien.  jiublii'  à  Vem'se, 
en  lcS59.  par  M.  Vinccnzo  l.azari.  Toutefois,  je  ne  puis  m'cmpêclier  de  l'aire 
observer  que,  dans  cette  riche  colleciion,  (|ui  renfernu^  plus  de  (juinze  cent 
cin(juante  objets,  on  ne  voit  qu'un  seul  émail  du  moyen  âge  :  c'est  une 
plaque  ayant  dû  servir  de  couverture  ;\  un  maïuiscrit,  el  sur  la((uelle  est  re- 
présenté le  Crucifiement  avec  des  émaux  champlevés.  Le  style  loul  h  lai!  ita- 
lien de  cet  objet,  qui  peut  remonter  au  xin''  siècle,  dénote  sans  doute  nn 
ouvrage  vénitien  ;  mais  ([uelle  différence  avec  les  émaux  cloisonnés  des  Grecs! 
Il  est  môme  inférieur  à  plusieurs  analogues  et  contemporains  sortis  des  ate- 
liers de  Limoges  et  que  nous  voyons  dans  nos  musées. 

Jl'lii:\    DIRAND 

I.  M.  H.  Lavoix  il  inséré  dans  le  «  Moniteur  universel  "  du  4  janvier  1858  un  article  instructif, 
intitulé  11  Les  Artistes  arabes  en  Italie).  (|ui  doit  intéresser  ceux  qui  ont  visité  le  musée  Correr. 


ÉMAIL  DU  XH  -XIII    SIÈCLE 


Il  a  dû  nous  arriver  parfois  de  mal  parler  des  figures  exprimées  en  émail 
chamiilevé.  C'est  qu'en  effet  le  mode  de  fabrication,  par  lequel  les  émailleurs 
sur  cuivre  voulurent  imiter  les  émaux  cloisonnés  byzantins,  manque  de  sou- 
plesse et  se  prête  dilTicilemcnt  à  toutes  les  nécessités  du  dessin.  Les  artistes 
du  moyen  âge  le  reconnurent  assez  promptement  et,  renonçant  à  émailler  leurs 
figures,  ils  gravèrent  bientôt  celles-ci  dans  le  métal  réservé  sur  un  fond  que 
l'on  couvrit  seul  de  travaux  émaillés.  S'allranchissant  de  l'imitation  des  œuvres 
byzantines,  les  émailleurs  l'hénans  et  limousins  firent  ainsi  j)reuve  d'originalité 
et  s'a|:)proprièrent  un  art  qui  devint  occidental  parles  procédés  et  par  l'aspect. 

Mais,  parmi  les  émaux  de  la  période  d'imitation,  il  est  certaines  pièces  qui, 
sortant  du  commun,  se  l'ont  rcmar(|uer  par  le  grand  goût  d'im  dessin  cjui 
emprunte  à  la  rigiditi?  des  lignes  ime  imposante  majesté.  Telle  est  la  placjue 
que  nous  publions  aujourd'hui  et  qui  forme  un  des  joyaux  de  la  collection  de 
M.  Germeau,  si  liche  en  émaux  limousins  du  xif  au  xv'"  siècle^.  A  ce  travail 
français  nous  joindrons  un  jour,  comme  pendant,  une  œuvre  allemande,  l'ar- 
change Michel  de  la  châsse  de  saint  Maur,  dans  l'église  de  Sainte-Marie-in- 
Snurgasse,  à  Cologne,  et  nnns  montrerons  ainsi  jusqu'oîi  ont  pu  s'élever,  dans 
un  certain  mode  d'expression,  les  arts  du  dessin  du  xii"  au  \iii''  siècle  en 
France  et  en  Allemagne. 

Cet  archange  saint  Michel  et  la  Vierge  de  M.  Germeau  nous  semblent ,  en 
effet,  les  deux  plus  beaux  spécimens  que  nous  connaissions  de  l'émaillerie 
champlevée.  Mais  la  gravure,  avec  ses  simples  oppositions  de  noir  et  de  blanc, 
est  impuissante  à  exprimei'  l'éclat  velouté  des  couleurs  vitrifiées  et  polies,  si 
elle  traduit  avec  une  scrupuleuse  fidélité  tous  les  contours  du  dessin  calqués 

1.  Nous  comptons  bien  faire  d'autres  emprunts  à  la  coliection  de  M.  Germeau,  la  seule  de 
Paris  qui  soit  riche  aujourd'hui  en  œuvres  du  moyen  âge,  remarquables  soit  par  leurs  dimen- 
sions, soit  par  leur  exécution,  t'ormée  dans  le  Limousin,  pendant  la  carrière  préfectorale  de 
M.  Germeau,  elle  est  surtout  remarquable  par  l'émaillerie  et  par  l'orfèvrerie  de  cuivre  qui  en 
forme  l'annexe;  mais  elle  renferme  aussi  des  ivoires  et  des  nielles  d'une  grande  importance. 


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COU.F.CT'.ON   DE  M"   OFRKEA'J 


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KMAIL    1)1    \II'-XIII''    SIKCLE.  83 

avec  le  plus  grand  soin  sur  la  pièce  originale,  l'rivée  de  couleurs,  la  gravure 
semble  infidèle,  en  ce  sens  ((u'elle  donne  la  lelfi'e.  pour  ainsi  dire,  sans  laisser 
deviner  l'esprit  de  l'iMiiail  ;  car  elle  met  la  rudesse  en  place  de  la  grandeur. 
F.lle  montre  cependant,  par  la  sobi'iétc  des  lignes  (|ui  exprimoni  les  grands 
linéaments  du  dessin,  la  sereine  majesté  de  la  reine  qin'  trône  au\  cieux  pour 
l'éternité.  Dans  l'émail,  cette  majesté  est  tempérée  par  riiarmonieux  accoi'd  des 
couleurs. 

Les  ligures  de  cet  émail  ont  été  champlevées  dans  une  phuiuo  de  cuivre  <iui 
en  forme  le  champ.  Tous  leurs  linéaments,  connue  les  traits  des  visages,  les 
doigts  et  les  orteils,  comme  les  plis  des  vêtements,  etc.,  sont  exprimés  pai' 
une  étroite  bande  de  cuivre  réservée  sur  ce  fond.  LU  grènelis.  siu'lc  de  points 
obtenus  au  ciselet,  couvre  celles  de  ces  bandes  ([ui  dessinent  et  modèlent  le 
costume  de  la  Vierge,  ajoutant  un  certain  piciuant  à  l'cU'el  du  métal. 

C'est  l'épaisseur  qu'il  faut  laisser  à  ces  bandes  pour  ([u'ellcs  résistent  au 
travail  du  cliamplevage  et  aux  accidents  de  la  cuisson,  c'est  l'incertitude  de 
l'outil  employé  pour  creuser  les  alvéoles  destinés  àrecevojr  l'émail,  ([ui  d'iniicnt 
à  ce  procédé  ce  heurté,  cette  sauvagerie  et  en  même  temps  cette  simplicité 
de  lignes  qui  approchent  de  la  grandeur  et  du  caractère  dans  l'anivre  ([ui 
nous  occupe,  tandis  que.  dans  tant  d'auti'es,  c'est  la  barbarie  (|iie  l'on  trouve 
seule. 

Oans  les  canaux  (pie  l'ouvrier  a  creusés,  en  réservant  ces  traits  du 
dessin,  l'émailleur  a  déposé  et  parfondu  des  émaux  de  ciuileurs  différentes, 
en  laissant  dominer  le  bleu,  connue  dans  la  plupart  des  ti'avaux  de  Limoges. 
Nous  n'avons  pas  besoin  d'ajoutci'  que  toute  la  pièce  a  été  polie  ensuite,  puis 
dorée. 

Les  chairs  sont  exprimées  par  un  émail  rosé  dont  la  pratique  est  de 
tradition  byzantine,  ("-et  émail,  dont  le  blanc  forme  la  base,  n'est  point 
opa(|ue  comme  ceux  (|ue  l'on  essaye  aujourd'hui,  mais  légèrement  nuageux  et 
translucide;  de  plus  il  s'est  cracjuelé.  Môme  observation  pour  le  voile  blanc  de 
la  Vierge,  rehaussé  de  quelques  points  rouges.  C'est  le  même  rouge  qui 
creuse  l'orbite  de  l'o'il  sous  l'ai'cade  du  sourcil  exprimé  par  du  bleu  lapis 
([ui.  à  distance,  se  dessine  en  une  teinte  fonc(''e  sans  (|ue  Vow  se  rende  exacte- 
ment compte  de  la  couleur.  Ouaiit  au  rouge,  un  sait  ciuelle  transparence 
il  donne  aux  ombres  et  quel  em|)loi  en  ont  fait  les  coloi-istes,  Rubens  entre 
autres,  pour  réchauffer  celles  de  leurs  tableaux.  Il  n'est  donc  pas  étonnant 
que  des  hommes  aussi  habitués  que  les  émailleurs  à  chercher  le  contraste 
harmonieux  des  couleurs,  en  restant  dans  une  gamme  éclatante,  aient  banni 
le  noir  de  leur  palette  et  l'aient  remplacé  par  le  bleu  foncé  pour  les  tons  les 


Sli  A.\.NALES   AlU;Hi:ULU(iK)L  l.S. 

plus  sourds,  comme  celui  qui  figure  les  sourcils,  et  par  le  rouge  dans  l'ombre 
des  chairs. 

C'est  également  de  rouge  (jue  sont  remplis  les  sillons  cjui  dessinent  des 
pierres  précieuses  sur  la  couromie,  ileuronnée  et  brillantée  d'un  léger  grcnetis, 
qui  ceint  le  front  de  la  Vierge. 

Son  nimbe  est  rempli  par  quatre  zones  concentriques  qui  sont  les  suivantes, 
à  partir  du  centre  :  bleu  lapis  ponctué  de  rouge,  vert  foncé,  vert  clair,  jaune. 
C'est  la  gamme  décroissante  du  bleu  altéré  par  le  jaune.  La  Vierge  est  vêtue 
de  deux  robes  de  couleur  bleu  céleste,  dégradé  de  blanc  à  toutes  deux;  l'une 
est  à  manches  justes  descendant  au  poignet^  l'autre  à  manches  larges  descen- 
dant jusqu'au  milieu  de  l'avant-bras  ofi  elle  s'arrête  bordée  d'un  galon  vert 
éclairé  de  jaune,  orné  de  perles  rouges  et  de  perles  d'or  alternées.  Cette  robe 
descend  juscju'aux  pieds  de  la  Vierge  et  recouvre  entièrement  la  première.  Un 
ample  manteau  bleu  lapis,  attaché  sur  l'épaule  droite  par  un  nœud  rouge, 
recouvre  le  buste  et  l'une  des  jambes  de  la  Vierge. 

Les  chaussures,  bleu  lapis  jioiictué  de  rouge,  portent  un  galon  longitudinal 
gravé  d'une  série  de  petits  traits  obli([ues  ]iai'allèles.  Est-ce  un  simple  orne- 
ment? Est-ce  la  figuration  du  lacet  d'un  bi'odequin,  chaussure  usitée  au 
xir  siècle  ? 

La  Vierge  porte  de  la  main  droite  un  scc|)lre  ileuronné.  La  tige  verte  est 
interromi)uo  par  luie  boule  rouge  au-dessous  du  lleuron  terminal  dont  les  trois 
grandes  feuilles  sont  nuancées  de  bleu  lapis  ponctué  de  rouge,  passant  au  bleu 
clair,  puis  au  blanc,  tandis  que  les  deux  petites  sont  rouges.  L'autre  main  est 
appuyée  sur  l'épaule  gauche  de  l'enfant  Jésus,  assis  sur  le  genou  gauche  de 
la  Mère. 

Le  Christ,  vêtu,  h  rordiiiaire,  dune  robe  bleue  nuancée  de  blanc,  et  drapé 
dans  un  manteau  vert  éclairé  de  jaune,  bénit  à  la  latine  de  la  droite  et 
porte  un  livre  rouge  de  la  gauche.  Il  est  pieds  nus;  sa  tête,  ceinte  d'une 
couronne  à  ti-ois  lleiu'ons  chargée  de  gravures  simulant  des  pierres  pi'écieuses, 
est  ornée  du  nimbe  crucifère.  Le  champ  du  nimbe  est  formé  des  mêmes 
émaux  que  celui  de  la  Vierge,  et  les  bras  de  la  croix  sont  mi-partis  blanc 
et  rouge. 

Les  mêmes  remarques,  que  nous  avons  faites  au  sujet  des  émaux  employés 
pour  le  visage  de  la  Vierge,  s'appliquent  à  ceux  du  visage  de  l'enfant  Jésus, 
qui  est  décidément  fort  laid,  n'ayant  aucun  des  charmes  de  l'enfance,  grâce  à 
son  grand  nez  trop  long  et  trop  aquilin.  Notons  que  l'enfant  divin  porte  les 
cheveux  presque  longs;  ces  cheveux  sont  émaillés  de  rouge  dans  les  traits 
qui  en  expriment  le  dessin. 


KMAII.    1)1'    Xll-^-XIIl"    SIFCLE.  «5 

La  Vierge  est  assise  sur  un  coussin  vert  luiancé  de  blanc  à  glands  rouges, 
qui  porte  sui'  un  arc-en-ciel  passant  du  bleu  au  blanc  boi'dé  de  luji'-es  rouges, 
vertes  et  jaunes.  Ses  pieds  portent  sur  une  bande  dont  le  centre,  interrompu 
par  trois  losanges  en  in/'lal.  réservé  et  gravé  de  points,  est  bleu  lapis  chargé 
de  rouge  se  dégradant  de  cluKine  côté  en  vert  el  en  jaune.  Knlin  la  phuiue 
étant  une  ellipse,  à  pointes  aiguës,  l'orme  une  auréole  bordée  d'un  tijel  d'émail 
bleu  et  blanc  interrompu  de  [)lace  en  place  |)ar  des  réserves  percées  de  trous. 
Lue  série  de  petits  traits  contournés,  imitant  une  torsade,  est  gravée  au  delà 
de  l'émail,  sur  le  bord  en  biseau  de  la  plaque. 

Il  est  assez  peu  ordinaire  de  voir  la  Vierge,  même  glorieuse,  assise  sur 
l'arc-en-ciel  et  entourée  de  l'ain-éole.  Deux  motifs,  cependant.  |)euv(Mit  expli- 
quer cette  dérogation  aux  usages  les  plus  constants  dont  \I.  Didron  cite  plu- 
sieurs exemples  dans  son  «  Histoire  de  Dieu  ».  11  se  peut  (jue  ce  soit  le  ImIs 
qui  domine  ici,  et  que  ce  soit  pour  lui  que  l'arc-en-ciel  et  l'auréole  aient  été 
figurés.  II  se  peut  encore  que  cette  image  soit  un  conimenlaire  de  ce  passage 
de  l'Apocalypse  :  «  Il  parut  encore  un  grand  prodige  dans  le  ciel  :  c'élait  une 
femme  revêtue  du  soleil,  qui  avait  la  lime  sous  ses  pieds  et  une  ouronne  de 
douze  étoiles  sur  la  tète  ».  Cette  femme,  qui  «  enfante  un  enfant  mâle  (|ui  doit 
gouverner  tous  les  hommes  avec  une  verge  de  fer  ».  et  que  menace  le  dragon, 
c'est  la  Vierge  pour  tous  les  commentateurs.  Intermédiaire  humain  de  la 
seconde  alliance  de  Dieu  avec  les  hommes,  rien  n'cm|ièchc  qu'elle  ne  repose 
sur  l'arc-en-ciel,  signe  de  la  première  alliance.  Le  soleil  ([ui  la  revêt,  suivant 
l'Apocalypse,  c'est  l'auréole  elliptique;  et  l'on  peut  reconnaître  un  souvenir 
des  douze  étoiles  qui  couronnent  sa  tête  dans  les  sept  points  d'émail  rouge 
qui  chargent  son  nimbe.  Ouant  à  la  lune  qui  lui  sert  d'escabeau,  elle  est  ici 
remplacée  par  la  bande  étroite  d'un  second  arc-en-ciel  ou  d'un  tapis. 

Cette  plaque,  où  nous  croyons  reconnaître  une  certaine  influence  grecque 
en  considérant  le  volume  de  la  tète  de  la  Vierge,  et  la  gravité  des  atti- 
tudes, était  destinée  sans  doute  à  décorer  la  couverture  d'un  (''vangéliaire,  ou  le 
pignon  d'une  chiisse.  Quatre  autres  plaques,  qui  probablement  représen- 
taient des  anges,  devaient  l'accompagner  et  garnir  les  écoinçons,  comme  cela 
se  voit  aux  reliures  où  le  (Christ  est  représenté  entre  les  cjuatre  symboles 
évangéliques. 

(Juant  à  la  date  de  la  fabrication  de  ce  bel  émail,  nous  la  plaçons  vers  la  fin 
du  xir  siècle. 

Ai.KRKi)  DAKCEL. 


xxii.  12 


VOYAGF:  ARGHÉOLOGIOUE  AU  XF  SIÈCLE 

ALLEMAGNE  ET   ITALIE' 


Cologne.  —  En  1/|87,  .leaii  de  Toiu'nay  est  à  Coingno.  Il  dit  :  «  ,1e  vins 
coucher  en  la  ville  et  archévescé  de  Couloignc  el  l'iiz  en  réfi;lise  que  on  dist 
le  Doni  (la  cathédrale),  quy  est  l'église  principallc  de  la  ville,  où  je  vidz  les 
trois  Roix  (les  trois  Mages) ,  les  corps  desquclz  reposent  en  une  cappelle  en 
allant  anthour  du  cœur,  droict  derièi'e  le  grand  autel;  et  là  je  vidz  les  trois 
chiefzau  nnd  et  à  tout  leurs  coroinies  sur  leurs  cliiefz.  Laquelle  église  est  l'ort 
grande.  De  là  je  lus  à  l'église  des  XI'"  Vierges  (église  Sainte-Ursule),  en 
laquelle  église  sont  nonnes  renformées  et  touttes  gentilfemmes;  et  fus  en  la 
trésorerie .  laciuclle  se  nominc  la  «  Guide  Caincre  »  (la  Chambre  d'or)  ;  là  où 
me  furent  monstrez  plusieurs  reliquiaires.  entre  lesquelz  je  vidz  le  chief  de 
madame  sainte  Ursule;  le  chief  du  lilz  du  roy  d'Angleterre,  lequel  debvoit  avoir 
ladite  sainte  en  mariage;  le  cliief  d'un  pape,  lequel  laissa  le  saint  siège  apo- 
stolicque  pour  deniorer  en  la  compaignie  de  ladite  sainte-;  le  chief  de  la  fille 
du  roy  de  Cyppre,  lecjuel  est  encoirs  aiant  ses  cheveulx.  Pareillement  le  chief 
d'une  vierge,  laquelle  est  encoire  toutte  ensanglantée,  tout  ainsy  que  sy  elle 
fuist  décapitée  depuis  deux  ou  trois  jours,  et  plusieurs  jeunes  enlîantz,  lesquelz 
estoient  allectant  les  mammclles  d'aulcunes  femmes,  quy  estoient  servitresses 
ausd.  sainctes  vierges,  dont  les  susd .  mères  furent  pareillement  descellées.  Aussy 
en  lad.  église  sont  plusieurs  sépultures,  qui  sont  touttes  plaines  de  reliquiaires: 
et  troys  desd.  sépultures,  auprès  du  grand  huys  de  lad.  église,  là  endroici 

1.  Voir  les  «  Annales  Arch(^ologiqiies  »,  vol.  xxn,  page  -48. 

î.  Voyez  la  «  Châsse  de  sainte  Ursule  »,  pliotos^raphiée  par  Fierlants,  et  la  «  Légende  de  sainte 
Ursule»,  eliromolitlio^raphiée  par  Kellerhovcn.  Plusieurs  tableaux  présentent  le  pape,  le  fils  du 
roi  d'Anj^leterro  cl  la  fille  du  roi  di!  Chypre  accompairnant  sainte  Ursule  dans  se?  excursions  à 
Cologne,  Bâie  el  Rome. 


VOVACK   ARCUKUI.OCIOI  !■;  AL'   XV«  SiKCLE.  87 

sont  trois  desd.  siiiiictps  vierges,  l('sf|uellos  fiiroiil  données  par  grandes 
roquestes  à  nng  abi)(''.  et  promis!  ([n'yl  les  lemit  inelire  en  fiertre.  cl.  snr  ceste 
paction.  Iiiy  lurent  données;  mais  (puind  y!  les  (miII  en  son  église,  led.  abbé 
le  iTiist  en  oubly  el  ne  lit  rien  de  toiil  elie  (pril  avuit  pni:nis.  Kl  nng  peu  de 
tainpz  aprez.  environ  à  l'heure  de  niinuil.  cpie  1<mI.  abbé-  et  ses  religieux  chan- 
toienl  leurs  matines,  lesd.  troys  vierges  firent  la  révérence  au  Coums  Domini, 
et  puis  elles  vindreiit  pareillement  à  l'abbé  faire  lad.  révérence,  et  puiss'éva- 
nouirenl.  el  ne  sieut  led.  abbé,  ne  ses  religieux,  que  lesd.  vierges  devindrent. 
Kt  adonc  led.  abbé  s'en  revint  à  Couloignc  et  compta  à  l'abbesse  de  lad.  église 
tout  ce  ((ue  luy  el  ses  religieux  avoieni  veti  et  se  pria  ;i  rarciievcscpie  dud. 
Conloigne  et  pareillement  à  lad.  abbesse  que  on  ouvresisse  leurs  sarcus  pour 
adviser  se  lesd.  vierges  estoienl  là  revenues.  Kl  lors.  lesd.  lombes  turent 
ouvertes,  el  trouva-on  à  cliascune  une  desd.  vierges.  Adonc  led.  abbé  pria 
mercliy  à  Dieu,  à  madame  sainte  Ursule  et  ausd.  trois  vierges,  et  cognut  son 
péchet.  et  pria  de  rechief  qu'il  les  |)euist  avoir;  mais,  pourtanl.  on  luvi-efiisa, 
et  sont,  de  présent,  ausd.  trois  lombes.  —  Assez  près  desd.  sarcus  yl  \  a 
quattre  petitz  pilliers  de  cuivre,  sur  lescpielz  on  vnit  iuk;  plalte  pière  de  cuivre 
et  ung  petit  enlTant  dessus,  en  mémoire  du  fils  d'ung  my.  Ie([uel,  par  grand 
requesles  et  prières,  obtint  de  faire  mettre  eji  terre  dans  ciilte  église  ung  sien 
filz;  mais  lendemain,  au  inatyn,  on  trouva  led.  enflant  à  tout  le  luyssel,  dessus 
la  terre,  et  fut  forcé  le  mettre  en  terre  en  une  aiiltre  église'  ». 

Maye.nce.  —  «  La  ville  de  Mayence  est  fort  grande,  en  bon  pays  el  peuplée, 
et  l'église  catliédrallc  fort  belle  et  grande,  et  y  a  tant  à  l'ung  des  corrons  de 
ladite  église,  comme  à  l'aultre.  à  ccscun  ung  autel,  cl  ce  samble  que  ce  soient 
deux  cœurs;  et.  au  milieu  de  lad.  église,  ung  autel,  lecjuel  est  fondé  sur  sainct 
Martin.  Aussy,  à  mon  advis,  loutles  les  églises  dud.  pays  liciuienl  ])our  patron 
led.  sainct.  La  susd.  église  se  nomme  l'église  de  \ostre-IJame-  >i. 

Notre  pèlerin  parle  aussi  d'une  ville  sur  le  Rhin,  à  une  demi-lieue  de 
laquelle,  sur  la  bonne  main,  est  le  siège,  où,  quand  «  on  crée  ung  empereur, 
ou  ung  roy  des  Rommains,  yl  convient  (ju'il  s'asieclie,  cl  là  endroict  yl  est 
coronné  d'une  coronne  d'achier,  emmy  les  champs  sur  trois  pilliers,  les- 
quelz  sont  de  bricque,  et  pareillement  pavés  de  lad.  bi'icque,  et  là-dessus  on 
y  porte  une  chaicre,  où  yl  s'assiel-'  ». 

.Spire.  —  «   Kn  l'église  cathédralle  de  Spire,  fort  grande  el  magnifique, 

I.   Mamiscrit  (io  la  bibliolhfique  de  Valencienni's.   n"  i'^i ,   fol.  5-6  r"  ot  \".  —  u  Annales  Ar- 
ctiéoloi^iques  n,  vol.  xxi,  page  1t2,  note  a. 
ï.  Ibid.,  fol.  10  r». 
3.  Ibid.,  fol.  9  V. 


88  ANNALES   AHCHKOLOGIOLIES. 

dfnaiit  lo  granrl  autel  y  a  xiiii  lampes  pendantes.  —  Auprès,  on  void  inig 
ti'ès-beaii  cloistre,  auquel  y  a  une  très-belle  cappelle,  où  repose  ung  très- 
noble  reliquiaire  ,  par-devant  lequel  est  tousiours  une  lampe  allumée.  Aud. 
cloistre,  en  deux  places,  sont  ii  ymaiges,  devant  lesquelz  y  a ,  tousdis .  à 
chescune  une  lampe  ardante.  »  —  Les  maisons  y  sont  de  pierre  à  la  mode 
de  Tournayi. 

Ulm.  —  «  Nous  vinsmes  disner  en  la  ville  d'Ourmes,  en  laquelle  estoient  le 
duc  Christofi'e  de  Bavière  et  son  frère,  à  grandz  gens,  pour  aller  au  pays  de 
Flandres.  Lad.  ville  est  fort  grande  et  assès  belle,  et  y  a  université,  dont  les 
poures  clercz.  allantz  à  rescolle,  à  l'heure  de  disner.  s'en  vont  chantant  par 
les  rues  chansons  d'église  et,  par  ainssy,  aulcuns  y  font  leurs  aulmosnes  :  et 
telle  est  la  constume  par  tout  le  ]iays.  L'église  cathédralle  de  lad.  ville  est  fort 
triumphante  et  magnilicque;  les  formes  (les  stalles)  d'icelle  très-belles.  Au 
milieu  de  lad.  église  y  a  ung  autel,  où  on  dict  messe.  Du  costé  à  la  main 
dextre.  sont  les  fons.  Ies([uelz  sont  très-beau  à  veoir  et  de  pierre  assez  de  la 
forme  et  fachon  de  la  fontaine  estant  sur  le  marchiet  en  la  ville  de  Bruxelles, 
pays  de  Brabant-.  —  A  Oulme  (dit  Languerant).  la  maison  de  ville  est  belle 
et  riche,  et  sy  sont  les  empereurs  en  grands  personnaiges.  La  principalle 
église,  à  ma  semblance,  s'cllc  estoit  parfaicte  (la  tour  n'est  pas  terminée), 
seroit  une  bien  belle  église^  ». 

Boi.or;\E.  —  'I  La  ville  est  fort  grande  et  belle,  et  est  le  marchiet  enclos, 
comme  inie  bonne  ville,  de  murailles  autour,  et  y  sont  plusieurs  cambges.  Sy 
y  a  une  foi-f  belle  église,  et  est  la  première  où  je  vidz  le  prebestres  chanter  la 
messe,  ayant  le  visaige  toui'nc  aux  gens,  liaqnelle  église  est  fort  riche  et  les 
formes  pareillement;  et.  aux  cappelles,  tant  sur  l'ung  des  costez  comme  sur 
l'aultre.  on  y  monte  à  im  dégrés,  et  sont  les  dégrés  tout  du  long  de  lad. 
église.  En  lad.  ville,  quand  les  heures  doibvent  sonner,  il  y  a  aulcune  choze, 
laquelle  sonne  comme  ferait  une  orgue.  Au  plus  près  de  lad.  église,  sur  ung 
costé,  là  sont  les  tastebaux,  et  les  filles,  et  la  rulTiennerie,  dont  c'est  grand 
pitié '^  ». 

Florence.  —  «  Je  m'en  allay  à  la  grande  église,  en  laquelle  le  service 
estoit  ung  petit  commencé ,  et  cliantoient  la  Passion  Nosti'e  Seigneur  deux 
prebstres  toutz  ensamble,  dont  l'ung  chantoit  le  contre  et  l'aultre  le  dessus, 

1.  Manuscrit  do  la  bibliotlièque  de  Valenciennes,  n"  4.'j:!,  fol.  12  r"  et  V. 

2.  Ibid.,  fol.  15  r»  et  V. 
;i.  Ibid.,  fol.  124  V». 

4.  Ibid.,  fol.  19  v".—  Notez  celte  particularité  litiir!,'ique,  spéciale  à  l'Italie,  du  prêtre  officiant 
à  l'autel ,  regardant  les  lidèles  au  lieu  de  leur  tourner  le  dos.  C'est  encore  ainsi  que  le  pape  officie. 


V()V\(iF.   AliCllKOLOdKjl  K   Al'    W^^   SIKCLE.  80 

ef  la  chantoiciit  vu  la  chayùrc  du  pi'osclKMir.  Par  Iciiiltc  lad.  ville  c'esl  le 
coustiime  ainssy  chanter  la  Passion,  et  niesnies  toiil  led.  si^i'vin\  tout  ainssy 
ooninie  l'oflice  se  t'airl.  yl  se  eliante  à  manièi'e  cdinMie  muis  diriès  ;i  tinis  \oix. 
K.t  aux  lettrins  des  églises  flud.  pais  il  y  a.  tan!  d'un  costi''  connue  d'aultre. 
comme  on  diroit  et  à  la  fachon  d'inie  cliayèi'e  d(>  |ir(>sclieur.  eu  la(|uelle  le 
diacre  et  sonhdiacre  chantent  Tépistre  ei  l'évaugille.  à  la  manière  counni"  on 
chante  en  nostre  pais,  eu  la  sepmaine  peneu/.e.  les  li-ois  premières  leclious  lou- 
chant à  tiMièhres*.  Aud.  joui',  comme  à  Bonloifi'ne.  I(>  |ir(M)>ti'(>  chanloit  levisaige 
aux  gens,  et  partout  led.  pais  v\.  par  esp/'cial  .  à  tous  les  grand/,  aiilelz  des 
églises,  et  estoient  les  |)rehsli'es  vestus  d(>  i-ob(>s  de  (lue  escarlatte  \crmeille.  et 
aulcuns  de  fin  violet  :  et  mesmes  les  robes  et  cha|ipes  des  chanoiui's  sont 
tant  de  lad.  escarlatte.  comme  dud.  violet;  ossy  il  y  en  a  des  noii-es.  mais 
c'est  bien  peu  -. 

«  A  ced.  jour-là  sont  plusi(nu's  bous  boui'gois  .  et  uiaichautz  et  autres. 
lesquelz  sont  en  su  cloistre  de  lad.  l'glise.  et  diiMil  (|ue  ce  sont  les  escolles. 
en  leur  langaige.  comme  on  diroit.  en  Vallenchieunes.  les  coni'rairies  :  les([iielz 
se  tiennent  aud.  cloistre  jusques  à  ce  ([ue  le  ser\  ice  es!  chanté  jus(iues  à  la 
palenostre.  et  n'ont  les  aulcims  sur  leiu's  chenn'ses  riens  veslii,  l'ors  cpie  une 
robe  longue  jusques  au  cras  de  la  jambe;  la(|uelle  est  de  cauevach  chirct  et 
est  laicte  tout  d'une  venue  visaige .  m'Z.  teste,  tout  jus(|ues  au  cras  de  lad. 
jambe,  et  ont  uug  petit  deveni  par  deux  irons  l'aicl/.  alleuconlre  >]<•  leiu'syeulx. 
et  par  nng  aultre  trou  devant  leur  nez.  poui-  avoir  air.  VA.  (|uand  led.  prcbstrc 
commence  à  chanter  palenosli-(^  adonc  les  confrèivs  allument  leui's  torses  et 
viennent  en  lad.  église,  et  là  sont  tant  que  l'adoration  de  la  croiv  est  toutte 
chantée.  Après  tout  che  accomply,  on  preni  le  «  corpus  Domiui  ».et  le  porle- 
011  en  fort  grande  révérence  par-dedans  lad.  église,  et  porte-on  pai-dessus 
ung  |)alle.  comme  on  taict  en  Vallenchieunes.  le  jour  du  Saciemeut.  et  ce 
chantent  les  prcbstres,  en  le  portant.  «  Pange  lingua  gloriosi  ».  et  vont  |iar- 
devant  toutz  ceulx  (|ue  je  vous  ay  dessus  escript.  revestus  desd.  robes  de  toille, 
à  tout  gros  signetz  d'oi'  eu  leurs  doigtz.  et  lesd.  torses  allumées  en  leur.s 
mains,  devant  led.  «  cor|)us  Douiini  ».  à  procession.  I''.l.  incontinent  ce  faict, 
cescun  s'en  rêva  en  son  lioslel  »  '■^. 


1.  Voilà  les  ambons,  si  fréquent?  onroro  iti  Italie,  nolamiiienl  ii  Saint-Cli-nient  de  Rome  et  à  la 
calhédrale  de  Milan,  parfaitement  indiqués. 

2.  Manuscrit  cite,  folio  20  v°. 

'i.  Folio  20  v°,  21  r".  —  Ces  confrères  de  la  Passion,  vêtus  de,  chemises  d'une  seule  venue, 
s'appellent  les  «  sacconi  ».  les  habillés  do  sac.  Cette  confrérie  des  .'  sacconi  »  est.  aujourd'hui 
encore,  trés-célcbre  à  Kome. 


9n  ANNALES    AI'.CHKOl.Or.IOl  ES. 

ViTiiiiBE.  —  "  A  Viterioe,  gist  le  corpz  de  la  glorieuse  s"  Rose,  laquelle  est 
en  clKiir  et  os.  En  laquelle  église  sont  daines  ren formées ,  ausqueiles  on 
aclia|ite  des  chaintui-es,  qui  sont  touchiés  à  lad.  s'%  pour  les  rapnrter  et 
donner  aux  femmes  enchaintes*  ». 

ROMK.  —  "  Après  avoir  baisé  les  piedz  du  pape,  je  le  sievy  (il  alloit  dire 
sa  messe),  et  passay  pai-my  deux  grandes  salles,  touttes  tendues  de  tap|)is- 
series  :  l'une  de  l'histoire  de  la  s'"  el  très-dolnreuse  Passion  de  Jésucrist.  et 
l'aultrc  de  la  conqueste  de  la  saincte  croix ^  ». 

S'-Je\n-de-Latra\.  —  (1  On  y  voit,  dans  une  vielle  cappelle,  l'autel,  sur 
letpiel  monseigneur  .S'-,lehan-Ba|)tiste,  luy  estant  au  désert,  faisoit  sa  prière  et 
oroisoii;  la  table,  sur  ([uoy  Xoslre-Seigneur  Jésucrist  fit  la  cène  le  jour  du 
blanc  jeudy.  avecq  ses  disciples;  deux  tablettes  de  Moyse,  là  où  est  escript  le 
viel  Testament,  la  verge  dud.  Moyse  et  de  Aaron.  Et  touttes  ches  choses  ont 
apporté  Titus  et  Vespasien  de  la  s'^  cité  de  Hiérusalem  :  avec  ce  iiii  colonnes 
touttes  creuses,  plaines  de  la  tei'i'e  s'"'  de  lad.  cité.  On  y  voit  aussi  une  partye 
de  la  Porte  dorée.  Sur  lesd.  un  colnnnes  y  a  ung  autel,  sur  quoy  sont  repo- 
sant/- les  chiefs  de  s'  Pierre  et  s'  Pol.  et.  ung  peu  devant  ce  ([u"(in  les  doibt 
monstrei-.  on  sonne  une  grosse  cloche,  et.  en  les  montrant,  on  sonne  des 
petittes  clochettes.  Et.  (juand  l'évesque  et  ceulx  quy  les  doibvent  monstrer 
sont  montez  à  mont,  on  tire  l'eschele  et  le  pend-on  en  l'air  l'espace  qu'on  les 
monstre^.  En  lad.  église  y  a  deux  ampollcs,  plaines  d'eaue  et  de  sang,  yssus 
du  costé  de  nostre  Sauveur,  le  saint-suaire,  la  blance  cotte,  en  laquelle  Hérode 
le  renvoia  à  Pilate  ;  le  linceux.  de  ([uoy  il  ressua  aux  aposteles  les  piedz.  en 
faisant  la  cène;  des  v  pains  d'orge,  de  quoy  yl  réfectionna  V"  hommes;  de 
la  circoncision  de  Jésucrist;  ung  coeuvrechief  de  la  Vierge  Marie,  le  chief  de 
s'  Zacharie ,  des  cheveulx  et  du  sang  de  s'  Jehan-Baptiste,  la  robe  laquelle 
estoit  faicte  de  poilles  de  chameaux;  de  la  manne,  laquelle  cheit,  quand  on 
trouva  la  sépulture  s'  Jehan  l'évangeliste;  la  robe  dud.  s',  en  laquelle  furent 
affublées  deux  créatures  mortes,  lesquelles  résuscitèrent;  le  vaisseau,  auquel 
yl  but  le  venin,  le  chief  de  s'  Paneras^. 

1.  Miimiscrit  cite,  fol.  io  r". 

i.  Iljid.,  fol.  28  r\ 

■i.  Ibid.,  loi.  30  V. 

1.  Ibid.,  folio  31  r.  — La  plupart  des  reliques  insignes,  dont  il  est  ici  (juestiun.  existent  encore 
aujourd  hui  n  Saint-Jean-de-Latran.  On  y  montre  principalement  la  table  de  la  Cène.  Voyez  !'«  An- 
née lituii.'iquo  à  Rome  »,  par  M.  l'abbé  X.  Barbier  de  Monlault,  pages  181  et  "201  de  la  seconde 
édition  publiée  à  Rome  tout  récemment.  —  A  propos  de  S.iint-Jean-de-Latran,  qui  est  la  cathé- 
drale de  Rome,  voici  une  tradition  relative  à  la  fondation  de  cette  église,  mère  et  maîtresse  de 
toutes  les  églises  du  monde.  Le  texte  ci-dessous  est  au  chapitre  ^96  du  manuscrit  n»  6909  de  la 


VOYAUK   AKCIlflOI.OdlQUr,   Al     W^^   SIKCLE.  91 

«  Pour  sortir  hors  de  lad.  (''<;;lise  ol  (lu  iiicismc  poiirpris,  ;\  la  main  gaulclie. 
y  a  uns  ''^"^  '"'  '"  "i'  mi  degrés,  et  puis  une  salle,  en  la(|uelle  y  a  ung  grand 
marbre,  sur  un  coloinies.  ([uy  sont  dud.  inari)r(!.  et  sanihie  assez  estre  ung' 
autel;  mais  on  dici  que  c'est  la  liaiilti'iir  de  Xostre-Seigneiir  Jésucrist.  et  va- 
on  dessoubz,  en  allant  à  procession.  Kt ,  on  issant  hors  dt;  lad.  salle  y!  va 
III  issues,  et  dict-on  (jue  \oslre-Seigneiu'  passa  panny  lune  (ie<,  m.  Kt.  pour 
ce  qu'on  ik^  seurt  par  la(|uell(>  des  m.  en  allant  à  procession,  on  passe  |)ariny 
touttes  les  m.  VA  ung  petit  oniti'e  vous  trouvères  une  pierre  ronde  et  oun\e  de 
la  grandeur  de  une  aulne,  et  y  a  hault  e.i  jiouitraicturc  ung  s'  Jacciues.  pour 
che  qu'on  dict  ([ue.  (juand  s'  Pieriv  estoit  pappe  de  llonnne,  yl  alloit  en  ceste 
place,  et  de  là.  yl  veoit  s'  ,lac(iu(>s  cliaiiter  la  messe  eu  la  ville  de  (inuipostelle, 
au  pais  de  Gallice*. 

»  On  y  voit  aussy  une  chaière  de  pierre  de  |iurpliyre.  trouée,  sui'  la(|U(;lle, 
quand  on  a  esleu  ung  pappe,  ou  Tassiet  sui-  lad.  chaière.  cl  le  taste-on  par- 
dessoubz.  pour  scavoir  sMI  est  homme  ou  l'eiiinie.  puui-  ce  (|u  il  \  eulf  une 
femme  (|uy  fut  papesse  -  ». 

Il  parle  ensuite  des  deux  coloimes  a[)porlées  de  .Jérusalem,  et  il  ajoute  : 

"  Lng  petit  oultre,  vous  trouverez  la  ca|)])elle,  (|u'on  dict  »  Saiicta  Sancto- 
rum  »,  en  Uuiuelle  les  femmes  ne  pevent  entrci'  jauiais  :  et  là,  est  l'ymage  de 
Jhu.s.  en  l'caige  de  \ii  ans.  et  en  l'orme  de  paiulure.  et  lepaindil  mous  s'  Luc. 
—  A  fort  grand  crainte  y  chante  ung  pape  mie  messe»  en  loulte  sa  v\e.  j)oui' la 
grande  saincteté  quy  est  en  cette  cappelle-\ 

Ribtiotlièc|iiP  de  la  riio  RicliiMipu.  que  nous  ;ivons  cominilsc  <'ii  1x41.  L'autour  fintirulo  :  «  Coni- 
meiil  to  saint  siège  apo>toliot|  fu  prcmièicnnMit  cstp\o  cl  cxauclio  -.  —  «  Aiionc.  disl  l'oiupcreur 
Constantin,  ((ue  le  saint  siège  saint  l'iene  dovoit  estre  plu-:  liaidlement  esle\é  cpje  le  trosne  de 
l'empire  terrien,  et  qu'il  lui  devoit  dor\ner  l'onneur  et  le  pnvoir  impérial.  Si  fist  l'empereur  son 
décret,  qu(!  le  siège  de  Homme  servit  à  tousiours  souverain  do  toutes  tes  églises  de  la  rondeur  du 
monde,  et  que  cil  qui  en  seroit  pape  euisl  povoir  d'ordonner  tout  ce  qu'à  saint  église  apparten- 
droit.  Car  bien  se  dévoient  toutes  manières  de  gens  humilier  à  celui  qui  tennit  rol!lc('  du  roi  cè- 
lestre,  quant  tous  oljéissoient  à  ung  empereur  terrien.  .\vec  tout  ce  édifia-il  ungne  esglise  au 
palais  do  Latran,  et  il  nioismes  y  porta  du  fondement  d'icelle.  sur  si>s  espaulles.  \n  tuittèes  ou 
nom  des  xii  apostles.  Kt.  après  ee,  list-il  édifier  l'église  Sainl-l'ierro  et  Saiiit-I^)l,  et  lui  donna 
grandes  revenues.  .Vussi  donna-il  au  pape  .Silveslre  le  diadème  de  son  cliief,  et  le  frigepale  d'en- 
lour  son  ('Ou,  et  le  manteau  de  pourpre,  et  le  rouge  tourniquiel  et  tous  attoiirs  impériauls.  Si 
commanda  que  tout  ainsi  comme  le  palais  imi)érial  estoit  aorné  do  divers  oflices,  que  pareille- 
ment le  fust  la  court  de  l'apostole  et  du  pape,  tenant  son  lieu.  .\près  ce  lui  vault  donner  la  cou- 
ronne d'or;  mais  le  pape  dist  qu'il  ne  asserroit  pas  sur  ta  couroimo  de  ctergie.  dont  lui  mist 
l'empereur  Constantin,  sur  le  cliief,  une  fri.ge  de  l)lane,c  couleur,  en  signifiance  de  la  résurrection 
Nostre-Seigneur  Jèsus-Crist.  Puis  le  fist  monter  sur  ung  cheval  tout  blanc  et  mener  par  le  frain  ». 

t.  Manuscrit  cité,  fol.  31  r"  (!t  v. 

i.  Ibid.,  ibid.  v". 

3.  Ibid.,  fol.  31  V»,  32  r«. 


92  ANNALES    A  IICII  ÉOLUG  IQl)  KS. 

Cl  Au  plus  près  de  cestc  d.  |ilace  sont  les  dégrés,  lesquelz  esloieiil  en  liie- 
rusalcm.  h  la  maison  do  Hérodc,  sur  lesquelz  Nostre-Seigneur  fut  sy  rudement 
bouté  (ju'il  cheisi ,  dont  yl  respandit  son  précieux  sang,  comme  on  le  void 
siu'  l'iuig  desd.  dégrez,  et.  par-dessus  led.  sang,  yl  y  a,  comme  vous 
dii'iez,  une  candestrepe  sans  pointe  deseure.  Et  touche-on  de  son  doigt  le 
précieux  sang,  dont  led.  dégrés  en  lad.  place  est  comme  ung  l'osselet,  mais, 
pourtant,  le  sang  ne  se  mue  point  ^. 

Il  On  y  voit  aussy  deux  pilliers  aus([uelz,  ([uand  Nostre-Seigneur  fut  con- 
damné à  mort,  en  la  maison  de  Pilate,  on  mit  à  chascun  ung  cstandart.  et  les 
baise-on  en  très-grande  révérence-. 

<i  l^à  tenant  et  tout  du  pourpiis  de  lad.  église,  là  y  a  une  cappelle  en 
lacjuelle  est  une  grande  cuve  de  poiphire,  là  où  on  debvoit  fayre  morir  plu- 
sieurs ynnocentz  et  mettre  le  sang  dedans  lad.  cuve,  pour  baigner  l'empereur 
Conslantin,  et  disoient  les  médecins  qu'il  debvoit  estre  regary  de  sa  lèpre*  ». 

S'-l'iEiiub).  —  Il  parle  d'une  «  painture  en  ung  anglet.  entrant  dedens  lad. 
église,  devant  la([uelle  ymage  aulcuns  cocquins  jeuantz  aux  dés,  la  malgréoient 
et  despitoient;  et.  adonc.  clic  monslraiil  (|u'elle  estoit  mère  de  Dieu,  elle  jecta 
laid  de  ses  nianiellcs  en  lad.  place,  où  on  a  mis  des  treilles  de  fer.  en  chas- 
cune  place  où  led.  laict  fut  respandu.  Kn  ladite  église  souloitavoir  c  et  ix  auteiz, 
lesquelz  la  pluspart  sont  destruitz^.  Kn  lad.  i^glise.  à  la  bonne  main,  va 
ung  autel,  à  mon  advis  de  pierre  de  porphyre,  sur  lef[uel  les  corpz  de  s'  Pierre 
et  s'  l'ol  furent  divisez  par  nions,  s'  Sylvestre,  en  Tan  in'  et  xix,  quand  ceste 
église  fui  faicte.  D'aultre  part,  le  co'ur  à  la  main  gaulée,  là  endroict  est  la 
chaièro  de  s'  Pieric.  mise  en  ung  tabernacle  enfermé,  lacjuelle  luy  fut  faicte 
quand  yl  tint  le  siège  de  pappalité,  en  la  cité  d'Antioce;  et  ne  le  met-on  point 
deliors,  .sinon  le  joiu'  de  la  Chaière  S'-Pierre.  En  lad.  église  sont  su  colonnes 
de  marbi'e  fort  belles,  entre  lesquelles  en  y  a  une  quy  est  enclose  de  fer.  tout 
alenthour,  de  la(|uelle  la  vertu  est  fort  grande  :  c'est  la  coulonne  à  laquelle 
Nostre  Saulveur  .Ihésus  s'appoioit  de  son  d(js,  quand,  luy  estant  en  Hierusa- 
lem,  yl  preschoit  au  peuple  dedens  le  temple  de  Salomon.  Pour  le  mieux 
cognoystre  yl  y  a  pai-  deseure,  comme  vous  diriés  ung  chapeau,  comme  on 
fait  aux  empereurs,  à  trois  coronnes  ^  » . 

S'-Paul.  —  H  parle  des  diverses  reliques  qu'il  y  a  vues. 

1.  Manuscrit  cité,  fol.  32  r". 

.;.  Il)i(l. ,  ibid.  V". 

:i.   Ibid.,  loi.  .33  r. 

1.  Ibid.,  fol.  33  v»  et  34  r". 

•ï.   Ibid.,  fol.  30  1"  el  V". 


VOVAOK   ARCHKOI.OC.KJI  K    \l'    W"   SIKCLK.  93 

S"-("'i[ioi\.  —  11  Dedans  riuilcl  \  a  deux  ainpolles,  l'une  plaine  du  sang 
\ostre-Seigneur.  ol  l'aultiv  du  laie!  de  la  Vierge  Marii;;  Tesponge  qny  fut 
mise  à  la  bouche  de  Xoslre-Saulveur.  (|uanl  yl  diet .  en  i'abre  de  la  croix  : 
<c  Sitio  1).  Ia(|iielle  estoit  plaine  d(>  \enin;  mi  des  doux  de  N'osire-Seigncur  cl 
une  grande  pai-li(^  du  vestcuieul  s'  .Irlian-Baplish».  Aussy  y  a  une  gi'aiide  |)ar'lii' 
de  la  croix  Noslre-Seigueiu'  cl  deux  espincs  de  sa  saincle  coromie  ^  ». 

\oTiîi;-l)\MK  i\  l'oiiTic.i  \:\  liii'i;.  —  •(  Kn  lad.  église  y  a  une  pierre  de 
zaphyr.  ([uy  est  tort  pn'cieuse.  (>n  hupuîHe  est  l'yuiage  de  Nostre-Saulveur 
Jhésus  et  de  la  vierge  Marie,  gravée  du  tanipz  du  pape  .lelian,  premier  de  elle 
nom.  et  de  .Justin,  lils  de  .lustinien.  empereur-  <(. 

XoïUE-Damk  li.N  LA  wviUK.  —  "  V.u  Uujuelle  (''glisc  il  y  a  ime  navire,  plaine 
de  cailloux,  signe  des  miracles  qny  se  l'ont  tous  les  jours  eu  l;id.  église  ». 

\OTiti->l)\Mi:-i.'EMi'KiUvSSK.  —  »  OÙ  yl  y  a  une  yinage  de  la  glorieuse  viei'ge 
Marie.  Ia([uelle  |)ai'la  as'  Ceisus  (Sixte),  pape-"  ». 

Notre-Damk-lwNei  \e.  —  lùi  huiuelle  y  a  luie  yinage  de  la  \iei-ge,  la(|uelle 
s'  Luc  paindit  de  ses  propres  mains.  Imi  lad.  église  y  a  des  remanaul/  (|uy 
demorèrent  des  cincq  pains  ddr  (sic),  (juand  \oslre-Seigueui' Jli(''sus  rasasia 
les  V"'  hommes  en  la  monlaigne.  comme  tesmoigne  rKvangille  le  jour  du 
miquaresme.  —  Assez  près  du  cœur  yl  y  a  une  tort  belle  sépulture,  en  la(|uelle 
est  une  noble  dame,  nommée  Franelioise.  et  la  tiennent  pour  s'%  mais  elle 
n'est  pas  canonizié  "^  » . 

S"'-M  \r,[K-l\vi()i.\TA.  —  i>  En  l;u[uelle  esluil  l'oratoire  de  s'  Luc.  où  yl 
paindit  (|uattre  ymaiges  de  la  vierge  Marie  et.  principallement.  l'une  à  sa  dévo- 
tion, la([uelle  est  encoire  à  présent  en  lad.  place  :  laquelle  ymaige  faict .  tous 
les  jours,  de  beaux  miracles,  et  l'appelle-on  l'oratoire  S'-Pol-ef-S'-Luc^  ». 

S'-Ai:<usri\  E.N  i.A  lîÉGiON  ni  C\m>  dk  \L\us.  —  »  Où  yl  y  a  une  yuiaige 
de  la  glorieuse  vierge  Mari(>.  Ia(|uelle  s'  Luc  paiudil  .  et  e-t  la  plus  belle  de 
figure,  et  l'appelle-on  saiucte  Marie,  vierge  des  vierges  el  mèi'e  de  chascuii. 
et.  en  latyn,  Sdncla  M<iri(i,  rii(/ii  viri/innui  el  uuilcr  (tniniiun  ^  ». 

S'-ViTAi,  qu'on  dit  ad  maucellos.  —  »  Eu  lauuelle  yl  y  a  une  pierre  de 
marbre,  emprès  le  cœur,  laquelle  est  taicte  de  fer  entour.  emprès  la(|uelle 
pierre  yl  y  eult  jadis  v'"  corps  martirisés^  ». 

1.  Manuscrit  citi',  fol.  iO  v". 

î.  Ibid.,  fol.  i.1  r°. 

:i.  Ibid.,  fol.  io  v. 

V.  Ibid.,  fol.  46  v°,  47  r*. 

5.  Ibid.,  fol.  48  r°. 

6.  Ibid.,  fol.  48  v». 

7.  Ibid.,  fol.  50  V». 

XXII.  13 


9/,  ANNALKS    AliCll  KOLOC.l  OI  KS. 

S"-l'n\xfeD]i.  —  "  Où  yl  y  a  une  colonne,  à  la(|uelle  .lésucrist  l'ut  lyi'  à  la 
passion,  ef  desenre  lad.  colonne  yl  y  a  les  corpz  des  s"  et  martirs  s'  Valentin 
et  s'  Zenon  :  et.  droict  en  la  moienne.  yl  y  a  une  pierre  ronde,  dessoubz  la(|uelle 
yl  y  a  enscpvelis  xl  martirs.  Et  dict-on  ([ue,  dessoubz  lad.  pierre  y  a  ung 
puicli,  où  le  sang  des  xr,  martirs  est.  et  le  rassambla  la  saincte  vierge  Praxède 
à  tout  inie  éponge  ^  ». 

S'^-PoTENTivNE.  —  "  Eu  ycclle  église,  vers  uiidy,  en  une  plus  grande 
capclle  y  a  ung  puicli,  au([uel  est  le  sang  de  m'"  martirs.  et  se  nomme  la 
capjjelle  S'-Pasteur-  ». 

AiiA  cELi.  —  Il  En  l'église  qu'on  appelle  Auv  geli  est  une  montée  de  grès 
(de  degrés)  pour  y  entrer,  grande  et  haulte.  et  les  dégrés  beaux  et  larges. 
Laquelle  église  est  joindant  la  place  de  (^aii  de  l'Ieur  (Champ  de  l'Iorc)  et  le 
palaixdes  sénateurs,  dont  à  l'entrée  et  sur  la  porte  d'icellui  palaix  des  sénateurs 
est  de  cuivre  la  l'orme  d'une  loupve,  pour  ce  qu'elle  allaicta  Romulus  et  Remus. 
Aussy  y  est  la  forme  du  plus  grand  jayant  (géant)  que  je  vidz.  tenant  en  l'une 
de  ses  mains  une  ponnne  de  cuivre*.  —  En  l'église  y  a  un  tablet  que  s'  Luc 
paindit  de  l'ymage  de  la  vierge  Marie,  en  la  disposition  comme  elle  estoit 
devant   la  ci'oix,  à  la  passion  de  Nostre-Seigneur  Jhésus.  Laquelle  faict.  tous 
les  jours,  de  grandz  miracles  :  et  est  l'ymage  laquelle  s'  Grégoire,  pape, 
portoit  le  jour  S'-.Marc,  quant  le  jeusne  et  procession  furent  ordonnés  pour 
la  mort  subite  dont  quant  led.  s'  vint  au  pont  Sainct-Angèle,  pour  aller  à 
S'-Pierre.  yl  vidt  ung  angele  en  l'air,  tenant  une  espée  en  sa  main  toutte  ensan- 
glantée, et  le  torchoit  et  le  meltoit  dedens  le  foureau.  monstrant  que  l'yre  de 
Nostre-Seigneur  estoit  apaisié.  et  chantoit  lieylna  cdi  h'tare,  alléluia  .'etc.  ''  ». 
S'-SAiVEun.  —  «  Yl  y  a  une  y  mage  de  Jhuscrist  fort  piteuze^  ». 
\oti\e-Dame  l'vssANT  i,E  PONT.  —  i  OÙ  sout  Ics  deux  colonnes,  où  furent 
liez  et  battus  s'  Pierre  et  s'  Pol  :  lesquelles  colonnes  une  chascune  personne 
peult  toucher  par  dévotion.  En  l'année  des'  Grégoire,  viii^de  ce  nom  (1187). 
la  rivière  du  Tybre  crut  jusques  à  ung  signe,  lequel  est  faict  d'une  croix  en 
l'uni^  des  colonnes ^  ». 

S'-.Ivr.QiEs.  —  «  On  dit  qu'y!  y  a  la  pierre,  laquelle  estoit  en  Ilierusalem, 
(|uanl   \(jslre-Seigneur  fut  oITert  au  Temple  sur  l'autel,    quand    s'  Symeon 


1.  Miimi.^crit  cilc,  fol.  5i  r"  et  v". 

i.  Ibid.,  fol.  52  r. 

:i.  lliid..  fnl.  il  r"  et  v". 

t.  Il)iii,,  fol.  !)S  r"  et  V». 

5.  Ibid..  fol.  !J4  r°. 

a.  Ibid.,  fol.  .'iij  r. 


VOUC.i:    MiClIKOl.OGli.il  K    \l     W"   SIKCLK.  95 

k'    l'ccupl    entre    ses  bras,   chantant    .\unr    rh'mi/lis  serviim  Itniui,  Domine 

S""-C\Tiii:niNE.  —  «  Oïl  est  de  riiiiillc  précieux  de  lad.  s'",  pareillement  dti 
laid  ([u'elle  jecta  au  lieu  de  san^'.  à  l'Iieiu'e  (|u'elle  l'nl  desrapitée  '  ". 

S'-P\Nc.ii  \s.  — •  '  IJors  de  la  pi>rt(>  don'-e.  uulfre  la  rivière  du  Tyhre  et  hors 
des  mars  de  lad.  cili'  de  liomuic.  m  la([uelle  yl  \  a,  au  lelli'in.  jilusieurs  l'oi-j 
belles  |)ierrcs  de  pi)r|)liires.  et.  (|uand  vous  n\i;'arderés  lesd.  pieri'es.  \ous  voirés 
les  personnes  pai"  derrière  vous  venir,  d'unj;-  traict  d'an-  darbahîstre.  voires 
encoire  de  beaucop  plus  loin^.  soit  à  pied,  ou  à  cheval,  en  (|u<'l(iue  estât  qu'il/. 
soient,  comme  se  vous  resardie/.  en  unp;  miroir  -. 

»  Devant  les  d('ji,'rés  de  r(';j,lise  S'-.Ii'han-dc-Lalran  yl  \  a  nwj;  linnnnc  ;i 
cheval,  et  pour  mémoire.  I'".n  tampz  |)assé  Ronime  l'ut  assii'^éc  et  l'ul  par  sy 
très-tbi't  oppressés,  qu'il  esloil  force  de  (miK  rendre.  Lesd.  l'ionimains  lin- 
drent  ung  conseil.  Ccd.  Iioiumi'.  (|uy  esloil  porchier,  ou  au  nmin.-.  gardoil  les 
bestes.  s'en  vint  au  con.seil  et  dict.  ou  lit  dire,  (pie  se  on  lu\  vouloil  donner 
ung  don.  (pi>  ne  seroil  <:;aires  grand  et  le  inelire  sur  ung  clie\al.  ri  aiiin'-  à 
son  désir,  ([u'il  se  l'eroit  fort  de  les  ([('livrer  de  cesie  guerre.  On  hi;^  did  (lu'il 
(lemandast  et  ([ue.  s'il  estoit  |)ossible.  on  luy  olteroi(  roi(.  Adonc  si  demanda  : 
C'est  que,  [lour  mémoire  de  moy.  en  cas  ipie  je  vous  (|(''livi-c  de  cc||(>  guerre. 
vous  fcré's  l'aire  ung  homme,  ai'uié  de  toutes  pi(''ces  sur  ung  clieval,  en  telle 
forme  et  manii're  cpie  je  seray,  (piaiid  je  me  |)artira\  de  vous.  Sa  rcquesie  luy 
tut  accoi'di'-e.  Yl  se  |)arlit  ung  pelil  a|)rcs  el  s'en  alla.  et.  faisant  le  lourd,  le 
ro\  (|uy  a\oil  assi(''gé  lad.  cité  s'(;n  alloil  à  resi)al  .  craindaiil  personne  el 
aussy  cuydant  cpie  ce  fuist  l'uiig  de  .^es  serviteui's.  j'il  .  (piaiid  \l  perciipt  son 
advaiitaige.  luy  cpiy  (\stoit  grand,  gros  et  puissant,  s'en  vint  coiiranl  sur  son 
cheval  et  s'abaissa,  et  prini  led.  roy  entre  ses  bras  el  W  rua  par-devant  lin 
sur  son  cheval,  et  accourut  vers  Homme.  Alors  les  geiisdarmes  coururent  apr(''s 
lu\  la  voie,  où  alloil  led.  homme.  (pi\  l'sloienl  tons  croull\s  •*;  el  hi\.  adcaiise 
qu'il  a\"oit  toiisiours  gardi'  les  bestes.  scavoit  furl  bien  le  clieniin.  el  s'en  vint, 
en  despit  d'eux,  aud.  Roinme.  V.[  les  ungz  ^'vw  crouloient  I  ung  de  ça.  laultre 
de  là,  adcause  de  che  (ju'ilz  ne  scavoient  |)oiiil  le  chemin.  VA.  pour  la  vail- 
lance qu'il  fit,  yl  e.st  mis  en  mémoire  perpétuelle  ^  >i. 

CoLYSiÎE.  —  «  Au(juel  lieu,  en  lem|)z  passi'.  yl  y  a  voit  de  tous  oslieux  de 
tout  stil.  et.  cpiand  les  enfl'antz  de  Homme  estoieni  en  poiiil  d'apprendre  ung 
mestier.  on  les  metoit  demorer  là-dedens.  el  à  l'ostieu  au(pi(^l  yl  s'ap|)li(|uoit 

\.  iManiiscril  citc",  fol.  o-i  r. 

i.  Ibid.,  loi.  Jif)  r. 

3.  Groliz,  cmulicro,  fondrière,  ornière,  marais.  (  HoyiEcroiir,  «  (_iloss.  »,  t.  i,  p.  :î2.i). 

4.  Manuscrit  cil(;,  fol.  o9  v,  GO  r". 


06  ANNALKS  AKCHÉOLOGIQL  I^S. 

le  plus,  "Il  iiiy  faisoit  apprendre  le  mestier.  —  En  cested.  place,  l'an  li87, 
lut  apporté ,  .sur  ung  hourt ,  le  corps  d'une  josne  fille ,  laquelle  avoit  esté 
trouvée  en  Roinme,  en  ung  sarcu.s,  aornée  de  perles  et  pierreries ,  et  cstoit 
aussy  blance  qu'il  estoit  possible,  les  cheveulx  blancz  et  longz,  et  ne  scavoit- 
on  aultre  choze  que  ce  ne  fut  une  s"  :  et,  aud.  sarcus  y  avoit  fort  grande 
escripture;  mais  personne  ne  le  scavoit  lire.  Et,  adonc  on  assambla  toutz  les 
Grecz  et  les  Juidz  dud.  Roinme,  et  trouva-on  que  bien  iiii'^  ans  devant  l'Incar- 
nation de  Jésucrist.  elle  avoit  esté  mise  aud.  sarcus,  et  que  c'estoit  la  fille  d'ung 
empereur  de  Romme.  et  fut  en  dedens  le  disner  toutte  noire,  et  che  ad  cause 
([u'elle  avoit  sentu  l'air  ^  ». 

Baron    de   la    FONS- MÉLICOQ. 

t.  Manuscrit  cité,  fol,  6i  i". 


«:œi/\;(K!i;:;    AfiCBAOïsù  qj'QX/ s. 


?-\?.-  '>:d?.o::  A  ?t\?:.: 


z;*/-//^  //.„  /y,,//-,./,  ,j,  ,/^  .f  /?^n,.,„yMr  /:,„j 


/M^.vi'f  f<^     f/irt/A-/  ^i.çetf/Jf   /f  Irttn-l'-       -■" 


ï.A  Yii:i{(ii: 


ET    IJ:S    PAI.INODS    bV    MOYEN    AGE 


MI  1  T  K    * . 


Nous  arrivons  tnaintcnaiit  au  l'uy  de  Rouen.  La  Normandie  a  cette  gloire 
entre  toutes  d'avoir  compris  de  bonne  heure  et  poursuivi  avec  zèle  l'alliance  de 
la  religion  et  des  lettres.  En  HSCi,  trois  ans  après  la  mort  de  Louis  XL  une 
confrérie  célèbre,  instituée  depuis  quatre  siècles  à  Rouen,  devint  Académie  sans 
rien  perdre  de  son  caractère  religieux.  Elle  proposa  les  louanges  de  la  Vierge, 
mère  de  Dieu,  considérée  dans  son  mystère  le  plus  idéal,  celui  de  l'immacu- 
lation  originelle.  Nous  lisons  en  tète  d'un  recueil  imprimé  en  1710  cet  aver- 
tissement :  <i  On  ne  recevra  aucune  pièce  poui'  èlre  lue  sur  le  l'uy  (jui  ne  soit 
sur  \(\  sujet  de  la  conception  ».  Sans  floute  alors  (juelques  poêles  voulaient 
sortir  de  ce  cadre.  L'esprit  du  wui'  siècle  soufflait  déjà.  La  piété'  chancelait 
dans  les  âmes,  et  la  verve  des  concurrents  se  trouvait  à  l'étroit  dans  des 
limites  où  leurs  devanciers  s'étaient  sentis  à  l'aise.  La  confrérie  tenait  bon. 
mais  les  candidats  qui.  pour  s'être  écartés  des  traditions,  avaient  manqué  le 
succès,  ne  s'en  livraient  pas  moins  aux  invectives  et  à  toute  la  rancune  des 
défaites  littéraires.  L'avertissement  de  1710  en  fait  foi:  "  On  ne  répondra' 
point,  dit-il,  aux  injures  verbales  ou  par  éci-it  de  ceux  ffui  aiu-ont  mancfué  le 
prix.  C'est  bien  assez  qu'on  ait  eu  la  fatigue  de  lire  leurs  mauvais  vers  ». 

A  ce  propos,  un  président  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts 
de  Rouen,  dans  un  discours  d'ouvertun;  prononcé  en  18/|î),  s'exclame  ainsi  : 
<i  Oh!  sans  doute,  elle  devait  être  grande,  cette  fatigue,  si  nous  en  jugeons 
par  la  lecture  des  poésies  elles-mêmes  qui  ont  été  trouvées  dignes  des  palmes 

^.  Voir  les  «  Annales  Arctiéologiqucs  u.  vol.  xxi.  p.  345  et  vol.  xxii,  p.  27. 


1)8  AWAi.Ks  Aii(:iii:()i,()(;i(,)i  ks. 

accidéiiiiques  ».  Cette  rcllexion  part  d'un  bon  naturel,  et  nous  ne  pouvons  faire 
un  eriiiie  à  l'Iionorable  présidnt  de  son  peu  de  goût  pour  les  vers  de  nos  lau- 
réats; mais  sa  critique  va  trop  loin  et  dépasse  le  but,  lorsqu'elle  atTu-me  d'une 
iiiaiiién'  i;'('Mérale  (|ue  dans  ces  poésies  <>  la  Vierge  est  représentée  sous  une 
inlinilr'  d'allégories  toutes  plus  iiizai'res  les  unes  ([ue  les  autres.  Les  exemples 
(lu'il  en  cile  sont  eux-imines  |)eu  concluants.  11  n  y  a  rien  de  si  étrange  en 
etl'et  à  ce  ([uc  la  Vierge  soit  comparée  «  au  laui'iei' toujours  vert,  au  luth  har- 
monieux, à  la  Heur  que  ne  touche  point  l'insecte  »  ;  ou  même,  eu  puisant  dans 
la  mythologie  des  imagi's  profanes.  <i  à  Hercule,  victorieux  d'Anlée;  à  Ulysse, 
vain(|uem' des  sirènes  ». 

Au  reste,  nous  soirnnes  ici  l)eaucou|)  moins  soticioux  de  la  convenance  littc- 
raiiv  (jue  de  la  convenance  iconographicjue.  et  nous  nous  tenons  satisfait  sous 
le  premier  i-apport,  si  nos  recueils  dans  leui'  ensemble  n'olTrenl  pas  ])lus  de 
pauvretés  ni  de  singularités  que  les  recueils  des  Puys  d'amour  de  Cambrai,  de 
Lille,  de  Valenciennes  ou  autres,  leurs  contemporains. 

\oli-e  (jibliothèque  nalidiiale  jiossède  sur  le  Pny  de  lloueii  un  manuscrit  dit 
«  le  manusci'it  du  roy  ".  ])nur  le  dislinguer  d'un  autre  qui  a|)partient  à  la 
cathédrale  de  Uouen.  Tous  deux  l'ontiennent  dix  années  de  pièces  couronnées, 
et  vont  de  1519  à  15^29.  Nous  nous  bornerons  à  ce  laps  de  temps  et  nous  sui- 
vrons, comme  précédennnent  pour  «  les  Heures  de  la  Vierge  ",  l'ordre  chro- 
nologique. 

Les  compositions  sont  au  nombre  de  cinquante,  l'allés  sont  rangées  cinq  |)ar 
cinti-  La  première  seule  de  chaque  série  eut  la  palme,  et  ce  n'est  pas  toujours  la 
meilleure.  11  arrivait  dans  ces  concours  ce  ([ui  se  produit  infailliblement  dans 
des  tournois  de  ce  genre.  La  poussière  du  champ  clos  aveugle  un  peu  les  juges 
et  |)uis  le  mauvais  goût  du  temps,  ou  l'encens  de  la  flatterie,  ou  le  verre  gros- 
sissant de  l'amitié,  ou  enfin  le  prestige  d'une  réputation  établie  peuvent  avoir 
troublé  le  jury  au  point  de  faire  pencher  la  commune  du  côté  qu'il  ne  fallait 
pas. 

INous  glanerons  encore  çà  et  là,  à  travers  ce  recueil,  rassemblant  en  une 
gerbe ,  qui  ne  sera  pas  sans  agrément  et  sans  utilité ,  les  symboles  les  plus 
exjM'essifs  de  la  fin  du  moyen  âge  envers  le  dogme  de  la  conception.  Les  pièces 
du  Palinod  rouennais  sont  datées  et  signées;  parmi  les  lauréats  figurent  des 
noms  diversement  chers  aux  lettres  :  Jean  et  Clément  Marot,  Jacques  Lelieur, 
Jean  Dehommets,  Claude  Groulard,  Jacqueline  Pascal,  Thomas  Corneille.  On 
ne  regrette  qu'une  chose,  l'absence  de  monuments  antérieurs  au  xvr'  siècle  et 
contemporains  de  l'érection  de  la  confrérie  en  société  mixte,  c'est-à-dire  à  la 
lois  religieuse  et  littéraire.  Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  ce  qui  précède 


LA    VlKliCF,    KT  l,KS    l'\l,l\()|is    lH      MOVKN    VCK.  09 

notre  recueil  ikkis  eût  [ilus  iiiléiv>si'  (|U('  ce  ([iii  le  siiil.  Ce  (|ui  le  suit  dégé- 
nère peu  il  peu  cl  hieiilTii  |;i  (li'cudeiice  se  pi'écipite.  On  en  est.  en  1770.  à 
chanter  les  phares  de  la  llrve.  La  Vici'ge  n'y  li,<;in-c  que  pour  ceitiî  (■piii;ra|ilic  : 
Il  Ave.  maris  Siella.  'i.  l-'.n  :l77iS.  un  prix  esl  pr^posi'-  puui'  ini  ni('ini)ii-e  «  sur 
les  moyens  les  |>lus  conlornies  à  la  n^lii^ion.  à  l'Iunnanilé  et  à  la  p()lili(|n(!  pour 
taire  cesser  la  mendicité  dans  la  province  de  Normandie  <>.  L'Académie,  on 
le  voit,  était  devenue  loléranle.  el  la  mesure  de  1710  avait  sinp;uhèrement 
perdu  de  sa  ri,;;'ueui'.  Il  es!  \rai  (|u'nn  Iduchail  a.u\  piii''  mauvaises  ainn'cs  du 
plus  méchant  siècle  de  noire  hisldii'c  .  et  la  Viert;'e  |>nn\;ul-elle  se  plaindre 
d'être  abandonnée  d(î  ses  ])oétes.  voyant  de  ((uelle  l'acen  les  philosophes 
avaient  traité  Dieu? 

Consolons-nous  des  d(''dains  du  w  m'' siècle  avec  la  rer\eiu'.  naï\e  encoi'e  et 
sincère,  du  premier  qiiaii  du  \\i'. 

J>e  premier  en  date  de  nos  poètes  lauréats  est  messire  Pierre  dryguon  (|ni. 
dans  une  conce[)tion  très-alanibicpiée.  se  propose  de  chanter  celle  di'  la  vierge 
Marie.  La  miniature  nous  aidera  à  expliquer  le  texte.  Elle  est  bipartie.  Dans 
le  plan  inférieur  on  voit  une  femme  \ètue  en  religieuse,  fuseau  et  (|uenouille 
en  main.  Deux  servantes  pi'éparenl  la  laine  blanche  qu'elle  file.  A  ses  côtés  se 
tiennent  Adam  et  Kve  représentant  l'humanité.  Ils  son!  nus  el  allendent  l'achè- 
vement du  tissu  qui  doit  les  couvrir.  La  partie  su[)érieuri'  du  tableau  oUVe  sui' 
im  même  plan  .lésus-Chi'ist  et  le  diable.  Tous  deux  retirent  d'une  cuve,  cjui 
est  sur  le  feu,  des  teintures  diflerentes  :  celle  de  Jésus-(]hrist  est  pourpre, 
celle  de  Satan  est  noire.  Ici  une  religieuse,  là  un  diablotin  attisent  la  llamme. 
—  Cela  s'entend  :  l'i'tolTe  di>  part  et  d'autre  est  identique.  La  même  toison  l'a 
foui'iiie  et  les  mêmes  mains  l'ont  fdée.  Ces  mains  sont  sans  doute  celles  de  la 
sagesse  éternelle,  llgmve  pai'  cette  feuune  qu'assistent  deux  servantes,  c'est-à- 
dire  la  puissance  et  la  bonté  (|ui  furent,  dans  la  création  et  l'ordonnance  de  ce 
monde,  comme  les  deux  bras  de  Dieu.  Mais  voilà  que  cette  étolTe  tombe  au 
|)Ouvoir  de  Satan,  qui  la  souille  et  la  noircit.  Il  en  fait,  dans  la  personne 
d'Adam  et  Eve.  un  vêtement  de  ténèbres  pour  l'humanité.  Alors  .lésus-Chi'ist 
vient,  il  arrache  à  l'esprit  im[)ur  le  divin  (issu,  le  plonge  dans  son  sang,  l'en 
fait  sortir  resplendissant  et  sans  tache,  et  en  revêt  l'hinnanilé  dans  sa  |)ropre 
personne.  C'est  donc  la  nature  humaine  créée  pure  par  Dieu,  souillée  par  le 
démon,  rendue  par  Jésus-Christ  à  sa  ])rimitive  innocence.  Le  vêtement  est 
rouge,  car  c'est  dans  le  sang  divin  qu'il  a  éh''  purifié,  el  la  nature  réparée  doit 
porter  le  signe  de  sa  réparation;  sa  |)urelt'  recouvrée,  quoique  la  même  au 
fond,  doit  se  distinguer  de  sa  |)ui'elé  originelle.  —  Maintenant,  quelle  est  cette 
pourpre  qui  servit  »  h  veslir  le  grand  roy  ».  selon  l'expression  du  poëme?  On 


100  A^^/M,1'.S   AliClIKOLOClOIiKS. 

le  devine  ais(''iiient  :  c'est.  Marie.  Marie,  en  elFet,  tut  le  vêtement  du  Sauveur, 
on.  si  l'on  veut,  l'étoffe  dans  laquelle  le  Verbe  se  tailla  à  lui-même  un  vète- 
nuMil  (le  chair.  VA  comme  c'est  la  vertu  future  du  sang  de  la  croix  qui  pré- 
serva Marie,  dès  sa  conception,  de  la  souillure  du  mal,  il  convenait  que  cette 
robe  immaculée  du  l''ils  de  Dieu  portât  la  trace  du  mystèi'C  sanglant  dont  la 
grâce  anti<-i|)ée  l'avait  prévenue.  El  puis,  autre  sens  plausible,  c'est  dans  la 
même  chair  |)rise  au  sein  de  Marie  que  Jésus  ressuscité  remonta  vers  le  ciel. 
Or.  n'esl-ce  i)as  à  ce  vainqueur  de  la  mort,  au  jour  de  son  ascension  glo- 
rieuse, que  le  Prophète  adresse  ces  magnifiques  paroles  :  »  Quis  est  iste  qui 
venit  de  Edom,  tinclis  vestibus  de  Bosra..?  (Juare  ergo  rubrum  est  indumen- 
tum  tuuin  et  vestimenta  tua  siciil  calcantiuin  in  torculari  "  ?  Et  le  Crucifié 
répond  :  «  Torcular  calcavi  soins...  et  asjiersus  est  sanguis...  super  vesti- 
menta mea. ..  »  '. 

Tel  est,  d'après  l'examen  du  texte  et  l'inspection  du  tableau,  le  commentaire 
naturel  de  la  pensée  de  nos  artistes.  On  regrette  qu'il  faille  tant  de  mots  pour 
la  dégager,  mais  elle  se  comprend  plus  vite  qu'elle  ne  se  rend.  «  Il  appert  clai- 
rement »,  avec  un  peu  d'attention,  que  la  vierge  Marie  est  cette  étolfe  dans 

la<|uelle 

Bucqui"  ou  laclic  vainc 

Bourre  ne  gresse  ou  aucune  fracture 

Ne  fut  trouvée, 

celte  étolTe  que  le  «  divin  teincturier  »  trempe  dans  son  sang  et  qui  en  sort 

I^ourpre  exempt  de  taciie  obscure 

Que  srace  avait  composi^  par  ^rand  cure. 

Il  y  a  au  fond  de  tout  cela  une  idée  substantielle  et  vraiment  théologique.  Et 
(jui  ne  sait  combien  les  plus  belles  choses  peuvent  être  gâtées  par  l'expression  ! 

Voici  maintenant  »  le  chant  royal  des  vignes  faillies  ».  C'est  le  titre  un  peu 
solennel  que  prend  notre  auteur. 

Un  gros  ange  joultlu  souille  avec  furie,  du  tnilieu  d'une  forêt,  sur  un  champ 
de  vignes.  Tous  les  ceps  se  dessèchent  et  meurent;  un  seul  ré.siste  et  oppose 
à  l'haleine  dévastatrice  une  grappe  magnifique  et  vermeille.  Il  est  vrai  que. 
conjointement  avec  le  souffle  glacial .  un  chaud  rayon  de  soleil  tombe  sur  la 
grappe.  Ce  rayon  semble  venir  de  l'infini  et  comme  des  profondeurs  de  l'éter- 
niti"  :  M  ab  itineribus  œternitatis  ».  11  rappelle  cette  paioh^  du  livre  des  Pro- 
verbes appliquée  à  Marie  :  «  Dominus  pos,sedit  me  in  initio  viarum  suariim... 
ab  aMerno  ordinata  sum  »  -. 

I.    ISAIK,  cil.  LXni,  V.  1,  i,  ■). 

i.  «  Prov.  »,  VIII,  22,  23. 


I,.\    VIF.Ii(;K   KT   l,i;>   l'\LI\()!)S   1)1     NtOM",»   AOK.  101 

Il  est  reinarciiiable  que  sur  le  passuf^e  du  rayon  sacré  les  arbres  de  la  forèl 
qu'il  traverse  jaunissent  et  se  dépouillent.  Cela,  à  notre  sens,  exprime  bien 
l'antagonisme  de  la  grâce  et  du  péché.  Ce  (jue  vivifie  l'une,  l'autre  le  lue  ou 
s'elTorce  de  le  ])erdre,  et  la  grâce  à  son  lnur  ravage,  on  |)ent  le  dire,  le  domaine 
du  péché.  Nulle  conception  autr(>  (|ii''  celle  <le  Marie  ne  ré\(''la  cette  ojjposition. 
Celle  de  Jésus-Christ  est  essentiellement  exemple  de  péché,  la  nôtre;  en  est 
infailliblement  souillée.  Or.  Marie,  (jui  est  comme  ni>us  infectée  |)ar  nature  de 
la  tache  originelle,  en  sa  qualité  de  tille  d'Kve.  en  est  exemptée  par  grâce  en 
sa  qualité  de  mère  de  Dieu  Donc  la  nature  et  la  grâce  se  livrent  dans  sa  con- 
ception une  lutte  à  outrance.  I.e  péché  suit  sa  loi  :  il  ne  cnniiaîl  pas  d'excei)- 
tion  et  son  souille  va  tucM'  dans  son  geiMue  ('elle  llcur  d'où  doit  sortir  le  fruit  de 
vie;  mais  la  grâce  résiste,  elle  accourt  en  même  temps  (jue  le  péché,  son  rayon 
devance  le  souille  ennemi  et  l'empêche  d'atteindre  la  grappe  d'où  jaillira  le 
vin  qui  fait  les  vierges,  »  \inum  germinans  virgines  »  '. 

Le  poiTiie  affirme  que  le  cep  verdoyant  qui  sup|)orte  la  grai)p(>  ligure  sainte 
Aime,  mère  de  la  vierge  Marie,  ([ue  la  grappe  est  Marie  elle-même 

ou  son  com'i'pl  n'iidiip, 

La  belle  grappe  apportant  nomcm  inoiist, 

Qu'enfin  le  vendangeur  qui.  le  ser|)illon  en  main.  s'a|)prète  à  couper  le  fruit, 
c'est  Dieu  le  père.  L  iie  blanche  corbeille  suspendue  au-dessous  s'apprête  à 
recevoir  le  raisin  sacré.  C'est  sans  doute  le  symbole  du  corps  saint  de  Marie 
qui,  en  recevant  son  âme  immaculée,  participe  de  sa  |)ureté  et.  venu  de  la  terre 
par  la  génération  humaine,  s'en  détache  en  (pielque  façon  à  cause  de  l'invio- 
lable innocence  (|ue  lui  cominuni(|ue  l'âme  dont  il  est  le  vase;  précieux  et  pur. 

Le  poète  chante  la  surj)rise  et  le  bonhein-  de  riiumanilé  lorsque,  pleurant  sur 
la  ruine  de  ses  vendanges,  elle  découvre  tout  à  coup  parmi  les  ceps  dépouillés 
et  brûlés  la  tige  verdoyante  (|ui  porte  la  grappe  féconde;  puis  son  allégresse 
lorsque,  ayant  goûté  de  sa  li(iueur.  elle  proclame  qu'en  nulle  région  on  ne 
saurait  trouver  un  vin  meilleur  et  plus  généreux. 

Au  bas  du  champ,  où  se  déploient  parallèlement  la  foi'êt  d Hù  «  sourdit  ung 
tourbillon  »  et  la  miraculeuse  vigne,  une  inscription  en  prose,  émanée  proba- 
blement du  coloriste,  fait  lire  ces  mots  ainsi  groupés  dans  un  cartel  : 

Erreur  ny  peut  mettre  son 
serpillon.  Serpens  liépars  ours  ne 
lyons  n'eu  peuvent  approclier. 

Cette  pièce  porte  la  signature  de  Nicolle  du  l'uy  et  la  date  de  1519. 

1.    Z.VCIIAR..    u,   27 

XXII.  i;, 


102  ANNALES   AIlCHKOLlXlK.ll  KS. 

Le  chant  (lui  suit  est  de  Nicolle  Lescarre.  On  voit  Adam  plongé  jusqu'à  mi- 
corps  dans  une  fosse  près  dn  laquelle  s'élève  un  arbre  sec.  Une  main  sort  d'un 
nuage  et  bénit;  le  père  de  la  race  humaine,  grande  et  belle  tête  h  barbe  et 
cheveux  blancs,  lève  vers  elle  des  mains  suppliantes  et  un  regard  ravi.  Le 
poëte  lui  fait  dire  : 

Par  cette  iiiiiiii... 

Je  suis  beny  et  le  serpent  iiuiuldicl 
Auquel  jadys  Pieu  prominea  et  iliet 
Quil  ne  iiourroit  sur  la  main  entreprendre 
Laquelle  lut  en  eelte  mer  sans  prendre 
Le  i;ousl  amer  (jue  genre  humain  y  sent 
Combien  ipiel  soit  de  imui  siiul;  descenilue. 

En  même  temps  que  la  tète  du  vieil  Atlatii  s'illumine  sous  la  bénédiction  de 
<(  cette  main  de  grâce  »,  emblème  de  la  vierge  Marie,  celle  du  serpent  enroulé 
autour  de  l'arbre  tombe  et  semble  expirer. 

Puis  l'auteur  énumère  les  pierres  précieuses  dont  sotit  ornés  les  cinq  doigts 
de  la  main.  Elles  expriment,  à  son  sens,  les  cinq  fêtes  jadis  instituées  en  l'hon- 
neur de  la  Vierge.  Au  pouce  brille  le  saphir,  symbole  de  la  pureté  ;  à  l'index, 
le  rubis,  emblème  de  la  charité;  le  diamant,  au  doigt  du  milieu,  figure  la 
lumière  de  la  vérité  rendue  aux  hommes  ;  l'émeraude  du  doigt  suivant,  l'espé- 
rance; la  perle,  qui  est  au  petit  doigt,  signifie  : 

Quen  exeellence  oII<î  obtient  et  eonqjriMid 
Toutes  vertus  par  quoy  i^ist  eonl'onduo 
La  langue  cl  voix  qui  do  tache  reprend 
La  main  de  gracn  aux  pescheuis  étendue. 

A  ce  sujet  se  rapporte  évidemment  le  verset  du  psaume  1^3%  inscrit  au  bas 
de  la  figure  précédente  :  »  Emitte  maïuim  tuam  de  alto  ». 

Après  cela  nous  voyons  Marie  sous  les  traits  d'une  vierge  richement  vêtue, 
couverte  de  ses  longs  cheveux  et  levant  ses  mains  vers  le  ciel.  La  Mort,  hideux 
squelette,  la  saisit  par  derrière  à  la  ceinture  et  s'elforce  de  l'entraîner.  Notre- 
Seigneur  la  considère  d'en  haut  et,  séduit  de  sa  beauté,  lui  perce  le  cœur  d'une 
javeline.  C'est  le  Irait  de  l'amotif  dont  saitit  Grégoire  de  Nazianze  a  dit  «  qu'il 
tire  après  lui  le  divin  archer  ».  VA  le  Sauveur  apparaît  dans  l'altitude  de  l'amant 
des  Cantiques  qui  dit  à  son  aiuanle  immaculée  :  u  Ecce  tu  pulchra  es,  amica 
mea;  ecce  tu  pulchra  es,  oculi  tui  columbarum...  Vulnerasti  cor  meum,  soror 
mea,  sponsa...  Aperi  mihi  soror  mea,  amica  mea,  columba  mea,  immaculata 
mea  »  ^.  Contre  un  tel  adversaire  la  Mort  est  faible.  La  Vierge  en  triomphe  avec 

1.   «  Cant.  I.  1,  14;  iv,  <l;  v,  2. 


\.\    VIKK(.K   KT    l.l>    l',\l.l\()li>    L)l     \1()\KN    AGE.  1U3 

celte  majesté  calme  (iiie  donne  l'assurance  de  la  victoire  et  le  roi  des  cieux 
l'ennuène 

hors  lie  cl'IIi'  Viilloi' 

l'jl  <nu  |i,il,ii-  t'iii(\  (If  (Ifili'. 

La  voici  maintenant c/'léhrée  telle  (|n'nn  jardin  de  délices,  nii  lùlen.  Ancenlrc 
jaillit  une  source;  ([ualre  lleuves  s'en  détaclumt  cl  arrosent  le  paradis.  Sur 
leurs  bords  croissent  des  arbres  verdoyants  et  chargés  de  fruits,  parmi  lesquels 
un  plus  élevé  porte  des  fruits  d'or.  On  voit  que  l'auteur  s'est  souvenu  de  la 
descri|)liou  j^énésiaque  du  paradis  terrestre;  mais  sa  fantaisie  s'est  évertuée. 
et.  au  mépris  de  l'ordre  chronologique,  il  place  dans  ce  lieu  l'échelle  de  Jacob, 
non  pour  en  faire  le  symbole  de  Marie  ((ui  est  |)(iurtant  .  en  un  sens  vrai, 
l'échelle  mystérieuse  par  huiuelle  Dieu  descend  vers  nous  et  nous  montons 
vers  lui,  mais  uniquement  pour  établir  entre  Dieu  le  père  et  le  saint  patriarche 
un  dialogue  où  ce  dernier  s'écrie  : 

Vous  avez  iiiys  hms  bioiis  dclifitmx 

En  ce  beau  lieu... 

Grâces  vertus  plaisirs  solarieu\ 

Kt  tous  trésors  lui  servent  doriuituro 

Humilité  et  la  t'orto  armature 

De  charité  i|ui  les  \ertus  prccelle 

Y  sont  avec  l.i  |Kii\  iiiiivei-si'lli' 

et  où  Dieu  répond  : 

Jacob,  Jacol).  ce  beau  lieu.. 
Figure  bien  selon  saincte  Escri|)ture 
l.e  pur  concept  tressainci  et  ;,'racieu\ 
Dr  IhuMihle  vieij.'e  oullre  lo}  de  nature 
Belle  tousiours  sur  toute  créature 
Que  jexem[)tois  tle  tache  orii;inelle. 

Nous  ne  voyons  pas  au  juste  à  (luel  passage  de  l'Écriture  Dieu  fait  allusion, 
si  ce  n'est  peut-être  à  cet  endroit  du  livre  des  Cantiques  :  «  llortus  conclusus 
soror  mea  sponsa,  hortus  conclusus,  fons  signalas  ».  Il  est  fàcheu.x  ([ue  le 
poêle  n'ait  pas  songé  à  développer  le  gracieux  symbole  de  la  Vierge  immaculée 
dans  cette  échelle  que  nul  pied  terrestre  n'a  foulée,  vierge  de  toute  trace 
humaine,  de  tout  vestige  mortel,  et  où  seul  le  pied  des  anges  se  pose  lorsqu'ils 
portent  vers  Dieu  nos  hommages  et  qu'ils  rapportent  vers  nous  ses  grâces. 
Marie  en  elTet  est  la  médiatrice  de  notre  salut.  Kchelle  mystérieuse,  une  de  ses 
extrémités  s'apptiie  sur  l'humanité,  tandis  (}ue  l'autre  repose  sur  le  .sein  de 
Dieu;  et  c'est  par  elle  que  les  esprits  messagers,  ayysAot,  doivent  descendie 


10/i  A\N  \l,i:S    AliCIlKOLOCigl  KS. 

ou  iiKinter  lorsqu'ils  exécutent  vis-à-vis  de  nous  les  ordres  de  la  puissance 
souveraine  et  de  la  souveraine  miséricorde. 

Notre  auteur  forme  en  terminant  un  vœu  touchant,  celui  de  voir 

Clninin  flocilli» 

Tenir  p:ir  foy,  comme  iirrest  de  ronrille. 

(jue  la  vierge  Marie  fût.  «  par  pouvoir  disficipie  »,  ce  paradis  «  tousiours 
saincf.  tousiiKH's  pur  et  mande  »  el  (pu'  i  micfiues  tache  ne  fust  en  son  concept  ». 
Ciuiliaume  Crétin  —  le  nom  est  déplorable  —  va  «  jilus  oultre  »  ;  son 
poème  ainsi  cpie  la  peinture  qui  l'orne  sont  comme  une  anticipation  de  la 
grande  et  solennelle  assemblée  où  l'ut  décrétée  la  définition  du  dogme.  Dix 
docteurs  sont  là  en  robes  rouges,  violettes  et  noires,  cardinaux,  évéques  et 
prêtres.  Quelqu'un  les  préside,  le  pape,  et  chacun  a  devant  soi  un  livre  ouvert, 
le  livre  des  Ecritures  et  de  la  tradition.  Tous  ensemble,  dans  ce  livre  qui 
résume  sans  doute  les  preuves  de  la  croyance  publique,  contemplent,  ainsi 
({ue  dans  un  miroir,  la  vierge  Marie  «  en  la  plénitude  de  grâce  »  qu'il  plut 
à  Dieu  de  lui  départir,  et  "  maint  philosophe,  élégant  orateur  »  reconnaît 
qu'elle  est 

La  simple  rolumbelle 

Que  le  drai^on  pliitonique  del)ollo 
Celle  en  concepl  de  vice  préservée 
.   .   .   Queslut  la  sair}cle  Trinité. 

La  miniature  qui  suit  est  une  des  plus  soignées.  On  y  voit  un  atelier  de 
typographie  avec  tout  son  matériel  et  son  personnel.  Un  prote  en  robe  rouge 
corrige  les  épreuves  d'un  livre.  Ce  livre  est  Marie, «  nouveau  doctrinal  »  qu'im- 
prime le  Créateiu", 

Sans  le  noir  brouillon  infernal. 

Le  correcteur  (|ui  se  nomme  Erreur-Folle,  malgré  sa  finesse  et  sa  malignité, 
n'y  peut  i-ien  découvrir  d'impiu"  et.  lorsqu'il  pensait  vendre  cet  ouvrage  aux 
hérétiques,  sa  cupidité  est  déçue.  <ju'en  ferait  l'hérésie?  Elle  n'y  saurait 
mordre.  11  n'oflVe  pas  la  moindre  pri.se.  D'ailleurs  elle  s'y  bri.serait  les  dents; 
car,  une  fois  achevé,  on  le  couvre  en  bois  de  cyprès,  ce  bois  incorruptible  et 
parfumé  qui  croît  à  la  montagne  de  Sion.  selon  qu'il  est  dit  :  "  Quasi  cypressus 
in  monte  Sion  )>.  Ainsi  |)réparé,  le  divin  imprimeur  le  remet  au  genre  humain 
qui  le  reçoit  avec  joie  et  retrouve  dans  ses  pages  la  justice  et  la  vérité  long- 
temps oubliées. 

A  présent  voici  une  aire  où  le  Seigneur  entasse  et  garde  le  pur  froment. 
Celte  aire  est  Marie,  le  froment  Jésus-Christ,  suivant  cette  parole  :  «  Gratiâ 


I.\    VIKUr.F.    KT   I.KS   l'Al.INDDS    l>l     MOUA    .\C,\:.  105 

pleiia  ».  ou  celte  autre  :  i.  Dominus  Iccuui  -; .  SaUui  est  désii^né  coiiiuie  un  usu- 
rier accapareur,  qui  est  allé  de  ville  eu  ville  ramassant  tout  le  blé. 

\',iv  i|U()y  il  i\ù<[  ,111  iiKinili'  la  r.iiiiiiir. 

Mais  Dieu  crée  Marie,  el  en  clic,  ciunnie  dans  une  ,L;raii,ti,e  inviolable  el  |)Ui-e.  il 
recueille  la  moisson  ([ui  (UiW  nourrir  l(^  j;enre  humain,  si  bien  que  le  diable 
Il  perd  ses  bleds,  ses  sues  et  sa  faucille  ".  et  que  l'Iiuinanili'' all;nni''e  \  ieni  puiser 
sans  relâche  à  cette  aire  di\ine  où  Ton  ne  vojl  «  pouldre  on  pourriinre  ".  Nous 
regrettons  ([ue  le  poëte  ne  se  soit  pas  souvenu  de  celle  juste  et  gracieuse 
ligure  de  l'aire  de  (iédéon.  appliqué'c  à  la  Vierge  par  les  pères  et  les  docteurs. 
Cette  aire  est  eu  plein  champ.  «  (i(''di''oii  dit  à  Dieu  :  Si,  selon  votr(;  |)i'iMnesse, 
vnus  voulez  sauver  Israël,  je  le  connaîtrai  ;i  ce  signe  :  .le  placerai  au  nn'Iieu  de 
l'aire  cette  toison  d'agneau;  (|iie  la  rosc'-e  du  riel  la  pi'nèlre  il  que  la  leiTe  à 
l'entour  reste  sèche...  i".l  il  fut  fait  ainsi,  (lédéon  se  leva  dans  la  nuit,  vint 
preuch'e  la  toison,  la  pressa  dans  ses  mains  et  remplil  de  sa  i-usée  loule  une 
conque  »  '.  Assurément  rien  ne  saurait  mieux  expi'imer  la  plénilude  excep- 
tionnelle, divine  de  grâces,  distillée  d'en  haut  sur  Marie  ou  milieu  de  l'aridité 
universelle  des  âmes,  et,  en  même  tem])s  que  fidèle,  celle  ligure  est  poétique. 
Elle  offrait  une  ressource  facile  à  nos  auteui's. 

Le  spectacle  change.  Klysée  voyant  monter  au  ciel  dans  un  iliai'  de  feu  Klie, 
son  maître,  lui  crie  :  «  Pater  mi,  pater  mi,  currus  Israël  el  auriga  ejus  ».  II 
l'appelle  n  le  char  d'Israël  ».  (l'est  une  expression  noble  et  belle,  une  image 
hardie  qui  n'a  point  échappé  à  l'attention  d'un  ])oële  (|ue  nous  avons  déjà 
rencontre,  Nicolle  Lescarre.  Il  ti-anspoi1e  celle  figure  à  Marie  et  la  re|)ri'sente 
comme  le  char  de  Dieu.  Char  arnu''  en  guei-re  et  ([ni  s'avance  C(jntre  le  char 
destructeur  que  Satan  pousse  à  travers  le  monfl(>.  à  la  manière  de  ces  chariots 
anciens  tout  hérissés  de  faux.  f[ui  semaient  dans  les  rangs  ennemis  le  car- 
nage et  la  mort. 

Le  char  est  d'or  pur  et  »  mené  en  arroy  magnilique  »  par  une  panthère, 
une  licorne  et  un  éléphant,  trois  animaux  symbo!i([nes  ([ui-  les  anciens  alTec- 
tionneut  et  qu'ils  expliquent  diversemenl.  mais  loujonrs  d'iuie  façon  appro- 
priée à  la  Vierge.  La  Victoire  et  le  Triomphe  |)ersonniliés  mènent  le  cortège, 
l'une  palmes  en  main,  l'autre  enseignes  déployées.  A  la  suite  du  chariot 
marche  Josué.  sans  doute  en  sa  (|ualité  de  général  des  armées  de  Dieu,  et 
comme  introducteur  d'Israël  dans  la  terre  de  |)romission.  Marie  n'est-elle  pas 
le  Josué  qui  nous  introduisit  aussi  dans  la  terre  des  promesses  spirituelles? 
Sur  le  devant  du  char.  David,  assis,  le  dirige.  Sa  gauche  porte  le  sceptre,  sa 

i.   «  Jiul.  .)  VI,  36,  37.  38. 


106  A^^,\LI■:S   AliClIKOl.OdKM  KS. 

droite  est,  année  d'une  lance,  et  le  laurier  couronne  sa  tête.  Or,  voici  qu'à 
l'encontre  de  ce  char  resplendissant  s'avance  un  autre  char  monté  par  Satan. 
Il  est  attelé  de  chevaux  bruns  et  suivi  de  cohortes  infernales  en  phalanges 
serrées.  Il  vient.  Au  moment  oii  il  s'appi-ète  à  tondre  sur  le  char  vii'giiial  pnur 
le  renverser,  David  porte  au  noir  conducteur  un  coup  (jui  U-  terrasse.  Ce  rôle 
convenait  à  David.  Il  est  l'anctMre  de  Marie  et.  à  ce  titre,  symbolise  la  con- 
ception de  Marie.  Le  char,  victorieux  dans  sa  lutte  contre  les  puissances  de 
l'abîme,  figui'e  exactement  celte  conception  qui  triomphe  des  assauts  multi- 
pliés de  l'enfer  et  se  dégage  pui-e  des  fanges  de  la  corruption  naturelle.  De- 
bout et  intact  an  milieu  des  légions  de  Satan  écrasées,  il  rappelle  avec  force 
le  texte  magnifique  appliqué  à  Marie  par  l'hlglise,  lorsqu'elle  lui  chante  avec 
l'Apocalypse  :  Vous  êtes  terrible,  ainsi  ([u'une  armée  rangée.  «  Terribilis  ut 
castrorum  acies  ordinata  ». 

Je  disais  bien  que  notre  poi'te  s'était  ressouvenu  du  char  de  feu  d'Klie.  I!  le 
mentionne  à  la  fin  de  son  chant.  Mais  |)()urqui)i  l'aut-il  fju'il  se  soit  cru  obligé 
de  recourir  k  la  mythologie  pour  expliquer  le  char  de  Satan?  Il  le  compare  h 
celui  de  Phaélon,  ce  qui  a  le  léger  inconvénient  d'assimiler  David  ^  Jupiter 
foudroyant  l'étourdi  cocher  d'Apollon. 

Ici  le  ton  baisse  et  la  Vierge  est  louée  comme  étant  «  la  robe  inconsutile  » 
qui  enveloppa  le  Verbe  fait  chair.  A  la  rigueur  et  au  premier  aspect,  cela 
pourrait  et  devrait  peut-être  s'entendre  de  son  intégrité  virginale  dans  la  ma- 
ternité; mais  Joachim  et  Anne,  qui  dévident  les  écheveaux  de  soie  blanche 
d'où  sort  la  robe  sans  couture,  signifient  assez  expressément  le  mystère  de  la 
conception.  Leur  rôle  distinctif  est  assigné  de  la  sorte  : 

Anne  dressa  la  Irayme  sans  couppeuro 
\'A  Joachim  par  humble  affection 
Fournist  de  soye  et  matière  si  pure 
Quel  neust  jamais  tache  dinfection. 

Le  ver,  ajoute  le  texte,  ce  ver  qui  ronge  et  brise  les  (ils  dont  est  tissée  notre 

pauvre  humanité,  n'a  aucune  prise  sur  ce  vêtement  et  ne  peut  ni  le  trouer,  ni 

le  souiller,  lui  qui 

Tous  habits  dluimanitc  diffame 
Par  le  venin  que  sur  eux  il  distille. 

Kt  la  raison  de  ce  privilège  est  concluante  :  c'est  ({ue  cette  robe  est  le  vête- 
ment futur  du  verbe  incarné. 

U  paraît  bien  qu'à  Rouen  comme  ailleurs,  alors  comme  depuis,  il  ne  man- 
quait pas  de  beaux  esprits  et  d'esprits  forts  qui  exerçaient  leur  critique  à  l'en- 
tour  (lu  privilège  de  la  sainte  conception  de  Marie.  Auber  de  Carentan  ne 


LA   VIKRGF,   KT   LKS   l'A  1.1  NOUS   DU   -\l(nEN   ACK.  107 

plaisante  pas  avec  eux.  Il  les  attaiiue  vaillamineiit  et  les  exécute  de  la  bonne 
façon.  Il  faut  voir  se  succéder  sous  sa  plume  les  épithètes  indignées  : 
<(  Hommes  barbariens  »,  dit-il.  "  liault  emplumes  rébarbatifs  comme  Cana- 
riens, plus  obstines  que  le  grand  i-'ierabras...  » 

La  Vierge  est  représentée  assaillie  par  plusieurs  u  quantons  -.  de  ces  ad- 
versaires. I-  de  ces  faulx  soudars.  (|ui  diligent  contre  elle  leurs  hallebardes  » 

Pour  linvader  cl  pour  la  ineUre  es  lags 
Ords  et  infocN  îles;  parcnls  anciens. 

Mais  elle,  calme  et  tranquille,  lais.se  faire  et.  tandis  (|n'ils  n  ne  s'entendent 
pas  en  leur  parler,  la  danie  liardie  passe  dessus  ».  Cette  expression  est  éner- 
gique et  rappelle  volontiers  la  stroi)lie  si  connue  de  Lefranc  de  Pomiiignan 
sur  la  mort  de  J.-B.  Uou.«.«eau  :  «  Le  \il  a  vu  sur  ses  rivages,  etc.  <' 

Après  avoir  tancé  vertement  les  adversaires  de  la  croyance  à  l'immaculée 
conception,  le  pocte  dans  «  l'envoy  »  de  sa  pièce  s'adresse  à  ses  compa- 
triotes et,  en  apôtre  fervent,  cherche  à  les  affermir  dans  l«>ur  foi. 

Sus  Roupnnays.  que  chacun  cstudie 

l'alinodes  cl  que  partout  on  die 

Os  faulx  soudars  avoir  parollc  vaini' 

En  soutenant  que  Nosire  Dame  oull  paine 

De  vil  pèche...       . 

Nous  sommes  en  1521.  et  voici  Jean  Marot.  Laissons  de  côté  la  miniature, 
presque  inintelligible,  et  tenons-nous  au  texte.  Il  traite  d'un  débat  où  il  s'agit 
de  réconcilier  Dieu  avec  la  nature  iiumaine  : 

Darne  .lustice  esmeue  par  poincture 
De  Charité  vuuUit  vuyder  ce  l'aict 
Vérité  vint  qui  narra  le  uieflaict 
Nature  pleure  et  le  serpent  accuse 
.Miséricorde  en  depriani  lexcuse 
Dieu  prononcfl  quil  viendroit  de  la  race 
D'Adam  un;;  corps  tout  plaiii  de  dignité 
Quel  porteroil  par  le  moyen  de  i;race 
Lhuiiianile  joincte  a  divinité. 

La  Nature  entendant  cela  se  propose  de  faire  un  chef-d'œuvre  ;  mais  Dieu 
lui  rappelle  son  impuissance  et,  sans  refuser  son  concours,  lui  fait  comprendre 
que  cette  pureté  souveraine  doit  être  le  fruit  de  la  grâce,  .\lors  le  poëte  chante 
le  concours  de  la  terre  et  du  ciel,  de  l'air,  de  la  lumière,  de  tous  les  éléments 
pour  la  formation  de  ce  corps  très-saint.  On  sent  déjà  dans  cette  composition 
les  approches,  et  comme  les  premières  atteintes  de  l'esprit  païen  de  la  Renais- 


108  ANNALKS   A  IIC  IIK(  »  I.OC.  I  i,)i:  KS. 

sauce.   Marol  y  parle  de  Vénu.s,  qui  tuf  exclue  de  cette  conception  sainte,  et 
donne  le  nom  de  Jupiter  à  l)i  'u  le  père  qui  envoie  sa  grâce. 

(le  ^raiid  (euvre  de  pureti'  immaculée  une  fois  achevé,  la  réconciliation 
entre  Dieu  et  riiomme  sacliéve.  et  le  poète  l'exprime  dans  une  gracieuse 
métaphore  : 

Cninino  an  iii\  iMunr  ciili'p  ilmiiiain  poiirlniict 
Sans  IVactiûii  avec  ijracc  (lill'iHP 
Enira  .Ir-sns  f  flans  le  sein  île  Marie). 

(llénient  Marot,  frère  du  préci'dent.  notre  poète,  vient  à  son  tour,  il  faut 
(ju'il  ait  d'autres  titres  de  gloire  que  cette  pièce,  qui  est  médiocre.  Elle  célèbre 
Marie  connue  la  couche  innnaculi''e  du  roi  des  cieiix.  Celui-ci  ayant  résolu  de 
vaincre  les  ennemis.  (|ni  retenaient  ca|)tive  <'  et  sotunise  à  grands  tourments  » 
la  nature  humaine,  envoie  devant  lui  ses  fourriers  en  Judée  pour  lui  dresser 
une  tente  où  lui-même  prendra  son  repos.  On  voit  sous  un  baldaquin  d'or 
doublé  de  vert  (la  ('-harit(''  avec  l'Espérance)  trois  femmes  (la  Miséricorde,  la 
Paix  et  l'Innocence)  tcndi-e  de  leurs  mains  une  couche  très-pure  et  à  l'entour. 
à  distance,  une  armée  (jui  veille  sur  ce  lit  d'électimi.  Il  y  a  une  descrij)tion 
minutieuse  et  puérile  de  tout  le  délail  de  ce  lit.  Le  plus  clair  sont  les  quatre 
vers  de  »  l'envoy  d  . 

Princt!  je  piens  en  mon  sens  puorille 
I.r  pavillon  pour  sainclo  Anne  storillo 
1-e  rny  ponr  Dieu  qui  aux  ciculx  reposa 
Kt  -Marie  est  vray  comme  levanjîile 
La  digne  couclie  nu  le  roy  reposa. 

Si  cette  composition  n'eût  été  signée  de  ce  nom.  nous  aurions  omis  d'en 
parler. 

En  voici  maintenant  deux  qu'avant  de  nous  interi'ompre  nous  placerons  sous 
les  yeux  de  nos  lecteurs.  L'une  est  convenable;  l'autre  est  tout  simplement 
affreuse  et  presque  ignoble.  Nous  ne  l'avons  fuit  dessiner  et  graver  qu'avec 
répugnance,  et  nous  hésitons  encore  à  l'inlliger  aux  «  -Annales  Archéolo- 
giques ",  peu  accoutumées  à  un  réalisme  si  grossier.  Tout  considéré,  nous 
l'insérons  à  nos  risques  et  périls,  et  nous  faisons  excuse  aux  regards  un  peu 
délicats.  Lorsqu'on  montre  une  époque,  il  est  bon  qu'elle  paraisse  sous  toutes 
ses  faces,  et  ses  monuments  les  plus  dégénérés  ont  encore  leur  intérêt  et  leur 
curiosité.  Au  reste,  puisque  nous  cherchons  dans  nos  pieuses  académies  du 
moyen  âge  les  symboles  et  figures  relatifs  à  l'immaculation  originelle  de  la 
mère  de  Dieu,  on  nous  ])ardonnera  de  ne  pas  reculer  même  devant  l'expres- 
sion brutale  de  ce  mystère,  pourvu  qu'elle  soit  fidèle.  Voici  donc,  sur  un  lit 


LA    VIKKCE   ET   \.V.S   FALINODS    IJi:    MOMi.N    ACK. 


109 


à  l)al(l;i(|iiin  iVaiigé,  dmil  los  l'iileaux  ?e  rcli"'V('iil  de  part  et  d'autre,  une  grosse 
lemiiie  dilToriiie.  vêtue  seulement  de  ses  clieveux  ([ui  lui  couvrent  les  épaules. 
Klle  est  assise  sur  le  bord  inférieur  de  la  couche,  les  pieds  posés  sur  le  sol  et 
é'cartés.  Sui' sou  sein  ^"appuie  une  ci'éalure  vêtue,  ciievux  flultants.  cou- 
mnnée.  déjà  reine,  les  \eu\  i)aissi''s.  les  mains  élevées  i>t  jointes  devant  la  poi- 
ti'ine.  pensive  et  recueillie,  aussi  noi)le,  aussi  l)elle  et  aussi  religieuse  quêtait 
capable  de  la  |)ro(hiiiv  un  art  déj.'i  trés-abaissé.  la  vierge  Marii^  enfin,  (''est 


l'instant  de  sa  conception  matérielle  historique.  Celte  ligure,  mal  ébauchée  et 
repoussante,  c'est  la  nature  humaine  déchue  telle  que  le  péché  l'a  faite,  viciée 
même  physiquement,  enlaidie,  devenue  triste  à  voir,  rejetée  de  Dieu  et  sem- 
blant dire:  -  Nolile  me  considerare  (|uod  fusca  sim.  ([uia  decolora\it  me 
sol...  .  ';  ajoutant,  ce  semble,  avec  Noc'mi  :  '■  Ne  vocetis  me  Noenii  (id  est 
pulchram) .   sed   vocate  me  Mara  (id  est   amai-am).   quia  amariludine  valde 


(.ani.  n  I, 

XMI. 


15 


110  A.NNALKS   MiClIKOLOClOLn'-S. 

ivpli'vil  inc  Omiiipotens  '>  ''.  —  Kl  voilà  que  dans  le  sein  de  cette  nature  gros- 
sière et  l'rnppiM'  de  malédiction,  il  germe  un  fruit  bcni.  une  créature  |)leine  de. 
grâce.  pudi(|iic.  sainte,  innnaculée.  Le  poiime  e.-~t  explicite  dans  ce  sens  : 

Or  isl  il  \ray  qw'  liumnine  infoclicin 
Du  poro  ;ui  fils  descend  par  voyc  infecte 
lit  nous  crovons  danionte  alTcctioii 
Femme  parfaite  en  nature  imparfaite. 

11  est  iniilile  de  suivre  l'auteur  passant  en  revue  les  trois  règnes  :  assiinihuit 
la  Vierge  a  l'or  qui  reste  pur  au  milieu  des  scories,  au  parfum  qui  embaume 
le  corps  des  rois  et  demeure  incorruptible,  à  la  salamandre  enfin  (|ue  le  feu 
laisse  intacte.  Si  nous  faisions  un  procès,  ce  serait  seulemetit  ait  coloriste  dotil 
rimagination  un  peu  triviale  s'est  attachée  au  fonil  sans  tenir  assez  comjjle  de 
la  forme. 

Reposons  vite  nos  yeux  sur  une  expression  moins  matérielle  du  mystère  (jui 
nous  occitpe.  ].a  gravure  placée  en  tète  de  cet  article  nous  représente  Marie 
debout  ait  sein  d'une  double  auréole  dont  le  centre  rayonne  de  toutes  parts. 
La  Vierge,  enveloppée  de  cette  gloire  et  comme  vêtue  de  soleil,  suivant  l'ex- 
pression de  l'Apocalypse.  «  mulier  amicta  sole  ».  est  en  outre  vêtue  d'une  rolie 
dont  les  plis  lluttent  sur  ses  pieds  chaussés.  Ses  longs  cheveux  tombent  sur 
ses  épaules,  et  sa  tête,  doublement  couroimée,  porte  un  dittdème  que  sur- 
monte une  couronne  royale.  Elh'  ramène  ses  bras  devant  elle,  le  droit  sur  le 
gauche,  et  tient  une  palme.  Son  attitude  est  droite  sans  roideur.  calme  sans 
lierli'.  modeste  et  assurée.  Sous  ses  pieds  sont  deux  figures  synil)iili(|ites  :  la 
Mort,  cadavre  à  moitié  s(|uelette.  et  Satan,  dragon  aili''.  dont  la  gueuK^  veni- 
meuse, mais  impuissante,  se  tourne  vers  celle  dont  il  l'ut  dit  i^  qu  elle  lui  bri- 
serait la  tête  ».  Une  troisième  auréole,  formée  des  vertus  théologales  et  ctu-di- 
nales.  borde  en  quehiue  façon  les  rayons  qui  s'échappent  de  toute  la  personne 
de  Marie.  La  première  à  droite  est  la  Foi.  vêtue  en  religieuse,  une  église  en 
main;  au-dessous,  rEspérance  portant  un  vaissetiu  appareil^';  puis  la  Charité, 
vêtue  aussi  comme  la  reine  de  toutes  les  vertus,  pressant  d'ttne  main  un  cœur 
sur  sa  poitrine,  de  l'autre  tenant  un  soleil  rayonnant.  Parallèlement  à  ces  trois 
figures  on  a  :  en  haut,  la  Justice  armée  du  glaive  et  de  la  balance  traditionnelle; 
au-dessous,  la  Prudence  avec  le  crible  et  le  miroir;  puis,  en  descendant  tou- 
j(jurs.  la  Force  (jui  étreint  un  serpent  dans  ses  mains  puissantes;  enliii.  tout 
en  bas  et  au  centre,  la  Tempérance  avec  les  attributs  de  la  régularité  et  de  la 
modération,  une  horloge  et  un   frein,   ou  ])eut-être  des  besicles.   Ces  sept 

1.      Rutli  "  1.  20. 


LA    VIKKCK    KT   LKS    l'A  1.1  NO  l)S    1)11    MOYKN    ACK.  111 

■igurcs  .<e  dL'Iaclii^nl  sur  de  Irgors  iiua;;rs  qui  interceptent  le  rayonnement  de 
la  Vierg(!  iniinaruh'e.  Ia'  plan  inférieur  de  la  coniposilion  es!  Dccupé  par  un 
paysage  oii  l'on  voit  im  jardin  verdoyant  t'ernu''  de  liantes  lum'ailli-s  avec  une 
porti'  à  tours  cn'nelées  où  conduit  ini  clieniin  citiix  borih'  d'arbres.  C,e  clie- 
nn'n  cùtoie  inie  rivicre  (|ui  alimente  un  moulin  cl  parait  |iren(lre  sa  source  à 
des  iiionlagncs  lointaines  ([ui  hoi-dent  riiori/.nn.  \)c^  maisonnettes  sont  semces 
cà  cl  là.  à  travers  des  massifs  de  verdure.  Nous  ne  trouvons  pas  (pie  l'artiste 
ait  si  mal  senti  la  nature.  Cette  scène  est  vai'ii''e  et  d'une  disposition  Ircs-con- 
venable.  Il  y  a  de  la  perspective,  de  la  fuite,  une  graiialion  soutenue  Nous 
souliaiteiions  que  plusietu's  de  nos  modernes  paysagistes  no  fussent  pas  plus 
maladroits. 

Il  faut  nous  arrêter.  Nous  reprendrons  volontiers  notre  course  à  travers  nos 
compositions  littéraires  et  artistiques.  l*cut-ètre  en  jiassons  nous  des  meil- 
leures, peut-être  en  montrons-nous  des  pires.  Il  sei'ait  besoin  d'une  investiga- 
tion trop  patiente  et  troj)  niinulieuse  poui'  discerner  au  juste  le  fort  et  le  faible. 
Nous  préférons  glaner  im  peu  au  hasard.  Dans  une  gerbe  il  y  a  toujours. 
quoi  que  l'on  fasse,  des  épis  vides,  et  les  épis  |)loins.  qui  restent  siu'  le  sillon. 
sont  destinés  par  Dii'u  à  la  pâture  des  petits  oiseaux  du  ciel. 

A.  lie  lu:  t., 


BIBLIOGRAPHIE 


D'ART   ET   D'AHCHEOLOGIE 


o9.  AiiTR  en  l'spiniii  i  l'Art  on  Hspagne),  revue 
(ie  la  quinzaine  des  Arts  du  dessin.  —  Pa- 
rait doux  fuis  par  mois,  par  livraisons  i;r,inil 
in-1"  d("  1()  paires  de  texte  et  de  deux  plan- 
ches cbaeuno.  Pid)licatiun  cxtrèuiomenl  w- 
marquahle  coninir  texte,  dessins  .  papier  et 
impression.  L'un  des  principaux  collabora- 
teurs à  co;te  revue,  qui  annonce  le  ré\eil  de 
l'Kspagne,  est  M.  ^'alenlin  Carileioi,!,  peintre 
lionurairo  do  la  reine  d'I-'spagne.  —  Abonne- 
ment d'un  an,  88  fr.  ;  chaque  numéro  ii 
part.  4  fr.  o() 

t)0.  AUBKR.  —  Saint  Bicrnahd  el  Partbenay- 
le-Vieux.  Dis.sertation  sur  le  lieu  oii  s'opeia 
la  conversion  miraculeuse  île  Guillaume  X, 
duc  d'Aquitaine  et  comte  de  Poitnu,  en  1  l.'io. 
par  l'abbé  Auber,  chanoine  de  Poitiers,  liis- 
toriograijhe  du   diocèse.   In-8"  de  'M  pages. 

(il.  AZ.VIS.  —  Lks  Iliîs  dk  I.kiuns,  |iai  l'abbo 
.\z\is.  ln-8"  de  l.'J  pages.  —  DesiTi|ilion  des 
moimnients  ou  restes  de  monuments  enc'oro 
existants  dans  ce  célèbre  coin  de  terre.  (!oiq) 
d'œil  lapide  sur  les  hom:nes  saints  oa  illus- 
tres qui  ont  fondé  Lériiis  ou  qui  l'ont  liabite 
a  l'origine.  Appréciation  des  doctrines  reli- 
gieuses, philosopliiques  et  littéraires  (|ui,  de 
Lérins,  se  sont  répandues  dans  tout  le  midi 
de  la  France,  au  v«  siècle  do  notre  ère. — .\u 
lieu  d'une  brochure,  il  faudrait  nous  donner 
un  ouvrage  considérable  sur  ce  beau  suj^t 


que  .M.  l'abbe  Aza'i's  aime  et  connaît  ;i  mer- 
veille, et  qu  >  nul  nii:nix  (pie  lui  ne  pourrait 
traitera  fond. 

li:'.  li.VIililKU   i.i;    MOMAULT.   —   L'ANNiiic 

lilur^'ique  ii  Home.  Renseignements  sur  les 
saint-,  les  l'oliques,  les  fêtes,  les  églises,  les 
dévotions  populaires,  les  traditions  pieuses 
de  1,1  \  iile  olernello.  et  les  fonctions  de  la  .se- 
maine sainte,  parle  chanoine  .\.  liARiiiKii  m: 
iMoNTALLT.  t'  édition  revue  et  considerablo- 
menl  augmonlei'.  lione.  1802.  ln-12  di'  Xii 
pages. 

03.  JIASTARD-D'ESTANG.  — I'Ragme.nt  pom- 
servira  l'Histoire  du  clergé  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Lectoure,  pendant  la  révolution. 
L'abbé  de  Uastaid-d'Estang,  par  le  vicomte 
de  Bastard-u'Estang,  ancien  procureur  gé- 
néral, conseiller  il  la  C.uur  iuqiciialo  de  Paris. 
In-S"  do  1 1  page-  et  d  un  portrait. 

(i4.  BERTV  et  LACUUR.  —  Annuaiue  de  l'ar- 
chéologue, du  numismate  et  de  l'antiquaire, 
pair  l'année  1862,  [)ublie  par  A.  Bi;iiTY  el 
L.  Lacour.  Première  année.  In-18  de  VIII- 
180  jiages.  —  Preinièie  partie  :  commissions 
et  bureaux  archéologiques,  voyages  et  mis- 
sions ;  enseignement  de  l'archéologie,  cours 
divers,  école  française  d'Athènes:  académies 
el  sociétés  archéologiques  ii  Paris,  comité  dos 
travaux  historiques,  sociétés  diverses;  mu- 


IilliLI(;r,li\lMllK   D'ART   ET   D'AliCIlKOl.OCI  K. 


113 


séesarchcologiqiiP5ii|)|i;iiti'nanl  :i  l'I'^t.it.  mu- 
sées du  Louvre,  des  Tliormes,  de  Chniy,  de 
l'École  dos  Beaux-Arts,  cabinet  de-  me  iailles 
et  aiili(iues.  collections  pailieulières.  — 
Deuxième  partie:  iniscellanées.  mo}('ri  de  ju- 
ger de  l'âge  des  monuments  gothiques,  faits 
arcliéoli)gi(iues  de  1861.  éludes,  missions  et 
fouilles  archéologiques  entreprises  aux  frais 
et  sous  les  auS[)ices  de  l'Étal,  Musée  Gam- 
pana.  recherches,  découvertes,  ventes  remar- 
quables; nécrologie.  Livres  et  presse  archéo- 
logiques. 3  Ir. 

(Ji>.  BiBLiuGH.\i>iiiK  catholique.  Revue  critiqu" 
de  tous  les  ouvrages  nouveaux  de  religion, 
philosophie,  histoire,  littérature,  éducation. 
dirigée  par  .M.  le  chanoine  Duplessy. — l'arait 
chaque  mois  par  numéro  in-S",  de  90  à  9o 
pages.  .Abonnement  d'un  an.  pour  Paris  et 
pour  la  province.  I  '>  fr. 

(iO.  BOUV.  —  (IvMiNLLLV  1'»ovi;n(.;\le  du 
xi«  siècle  en  l'honneur  d(>  la  .Madeleine,  chan- 
tée annuellement  à  Marseille  le  jour  de 
Pâques,  jusques  en  MI)I>(;,\I1.  par  J.  T.  Biuiv. 
In-S"  d'une  planche  et  <le  04  pages.  —  Dou- 
ble vue  de  l'oratoire  de  la  .Madeleine  (|il.  . 
Introduction.  C^antinella.  texte,  traduction  el 
commentaire.  Recherches  historiipies  :  l'ora- 
toire de  la  "  Petra  Vmaginis  »  au  nriyen  âge, 
historique  de  la  Cantinclla  ju.squ'en  Hil'j. 
reconstruction  de  l'oratoire  ii  la  même  épo- 
que, suppression  de  la  C.antinella  en  1712. 
motet  latin,  démolition  de  l'oratoire  en  I7SI. 
réaction  en  faveur  de  l'ancienne  Irailition. 
importance  de  la  (^antinella.  4  fr. 

Ii7.  BOL'CllKR  ui;  PERTULS.— Les  M.v,sqii>. 

biographies  sans  nom.  Portraits  de  mes  con- 
naissances, dédiés  à  mes  amis,  par  Boic:iii;u 
DU  Pertues.  Tome  deuxième.  In-12  de  'iOi 
pages.  —  Ce  volume,  :i  fr.  iio  c.  ;  l'ouvrage 
complet.  7  fr. 

68.  Blli.kti.ns  de  la  Société  des  Anticpiaires 
de  l'Ouest.  Neuvième  série.  .Vnnées  I8o0, 
1860  et  1861.  L'n  fort  \olume  de  oll'i  [)ages 
el  de  |)lusieurs  planches.  —  Études  et  ra|)- 
ports  sur  des  abbayes  et  monastères ,  aque- 
ducs, camps  el  champs  de  bataille,  châteaux. 


cimetières  anciens .  doi^hes  datées,  cryptes, 
cuves  baptismales  el  bénitiers,  églises  remar- 
(juables,  cgii-es  fortinéos.  inscriptions  et 
éj)ila|)hes,  lanterne  des  morts,  litres  seigneu- 
riales, monuments  et  restes  celtiques,  monu- 
ments civils  du  moyen  âge,  moules  anciens 
à  hosties,  |)eintures  murales,  lieux  di;  pèle- 
rinage, salles  capilulaires  et  cloîtres,  souter- 
rains, tableaux.  10  fr. 

09.  iiiLLETixs  (le  la  Société  historique  el  lit- 
téraire de  Tournai.  Tome  VM.  Année  1861. 
In-8°  de  300  |)ages.  —  Relations  du  siège  de 
Tournai,  en  174o,  documents  fournis  par 
M.  le  vicaire  général  Voisin.  —  Les  Brigit- 
tinsde  Peruwel/.et  plan  de  leur  couvent,  par 
.M.  Hachez.  —  Seigneuries  du  chapitre  de 
Tournai  dans  le  llainaut.  —  Droits  seigneu' 
riaux  de  l'ahliaye  de  Sainl-.Martin  de  Tour- 
nai, à  Buissenal.  comiiuinications  faites  par 
M.  le  vicaire  général  Voisin.  —  Conq)les  de 
1  4t  2.  ce  que  coulait  au  moyen  âge  une  exé- 
cution capitale,  par  .M.  Bozière.  —  Descrip- 
tion du  sceau  en  ivoire  du  chapitre  de  la  l'a- 
thédrale  de  Tournai,  son  ancienneté,  par 
M.  le  vicaire  général  Voisin.  —  (^o  vo- 
lume. 8  fr. 

70.  CASTELNAU-DLSSRNAl  LT.  -  Oiel> 
eitOGRÈs  onl  faits  les  études  archéologiques 
dans  la  Gironde,  depuis  quinze  ans  environ  ? 
Le  goût  de  ces  éludes  teii'1-il  ii  se  répandre 
et  à  s'accroître  dans  le  deiiailemeni  :'  Ré- 
ponse il  la  première  question  du  progiamiiie 
de  la  4'  section  du  congres  scientifique  de 
Bordeaux,  parle  inaripiis  do  Castelnau-d'l'^s- 
senault.  ln-8"  de  II  pages. 

71.  C\T,M.O(.ri-;  des  livres  rares  et  curieux, 
manuscrits  et  imprimi's,  la  plupart  ornés  de 
belles  reliures  françaises  el  italiennes  des 
XVI' et  xvir' siècles,  provenant  du  cabinet  de 
M.  F.ugéne  P.  In-S"  de  iv-llo  pages.  — 
Théologie,  jurisprudence,  sciences  et  arts, 
bclles-leities,  histoire  et  géographie. 

72.  Cat.\lo(;ii;  des  livres  anciens  et  modernes 
composant  la  bibliollieque  de  feu  .M.  Émnric 
David,  membre  de  l'Institut, ave.-  une  notice 
bibliographique  par  P.  L.  J\coiî,  bibliophile. 


1l/l 


ANNALES  ARCHÉOLOGIOL'ES. 


In-S°  (le  x\-od3  p:igcs.  —  Théologie.  Juris- 
prudence. Sciences  et  arts.  Belles-Lettres. 
Histoire.  —  Ce  volume.  5  fr. 

7.3.  C,\TALoGi:i-:  (les  tableaux,  des  sculptures  de 
la  renaissance  et  des  niajoli(|ues  du  .Mus(_V 
Napoléon  III.  ln-li>  de  248  pages.      1  fr.  23 

7i.  C.ATvi.oGiE  (les  bijoux  du  .Musée  Xajio- 
leon  III.  I11-I2  de  228  pages  et  de  deux 
planclies.  —  Diadèmes  et  couronnes,  épin- 
gles ;i  clicNenx.  pendants  d'oreilles,  colliers, 
fibules,  bracelets,  bagues,  pièces  détiichées, 
fragment.s  divers  de  bijoux  et  d'autres  orne- 
ments, objets  de  culte,  terres  cuites  do- 
rées pour  la  |)lupart.  scaralées,  ambres  et 
ivoires.  t   fr.    ■}'.'> 

''■>.  Cataiiigik  des  objet-;  pro\ criant  de  la 
mission  de  l'hi'nicie.  dirigée  par  Krnest  lîe- 
nan,  membre  de  l'Institnl.  In- Mi  de  .'io  pages. 
—  Pierres  ayant  fait  partie  de  monuments, 
bas-reliefs,  ('pilaiilies.  tries  et  coill'ures.  cip- 
pes  funéraires,  linteaux  de  portes  de  temples, 
autels,  sarcopliages  trouvés  dans  la  nécropole 
de  Saïda.  lions  ou  S|ihinx.  inscriptions  giec- 
(pies  et  phéniciennes,  chapiteaux  et  palmettes 
grecs,  fragments  divers  d'architecture,  de 
sarcophages,  d'autels  et  de  statues,  colon- 
nettes  et  globes,  pierres  votives,  bas-reliefs 
égyptiens,  plâtres  et  |)oids  ,  toiles,  poteries, 
divinités,  bijoux,  monnaies,  amulettes,  ver- 
reries, ustensiles  do  toilette  en  ivoire,  osse- 
ments, instruments  en  fer  et  chaîne;  mosaï- 
que trouvée  près  de  Sour  (pavé  d'une  église 
dédiée  à  Saint-Christophe  .  et  représentant, 
dans  ses  bas  cotés,  les  douze  mois,  les  ([uatrc 
saisons  et  les  quatre  vents.  .'iO  c. 

Tf).  (^AL'.MONT  de.— .Vbkcédmre,  ou  Rudi- 
ment d'archéologie  ère  gallo-romaine)  ,  par 
M.  de  Cai'mont,  directeur  de  l'Institut  des 
provinces  et  de  la  Société  française  d'archéo- 
logie pour  la  conservation  des  monuments 
historiques.  In-.S"  de  \ii-l'.(8  pages  et  de 
nombreuses  gravures  .sur  bois.  —  Conquête 
de  la  Gaule  par  les  Romains.  Géographie  de 
la  Gaule  après  la  concpiète.  auteurs  anciens. 
Notice  destJaules.  des  dignités  de  l'empire. 
Voies  romaines,  leur  construction.  Pyramides 


monumentales.  Pavés  ,  air(\s  ,  mosaïques. 
Principes  de  l'architecture  romaine,  ordres 
di\ers.  Klude  des  monuments  ]iulilics:  bains, 
accpieducs,  ponts  en  bois  et  en  pierre,  murs 
de  quais,  places,  forums,  basili(|ues.  arcs  de 
triomphe,  temples,  autel.s,  édifices  consacrés 
aux  jeux  publics,  obélisques,  cir(|ues,  théâ- 
tres, amphithéâtres,  palais.  Édifices  privés 
de  la  ville  et  de  la  campagne.  Inhumations, 
urnes  cinéraires,  mausolées,  stèles  ou  tom- 
beaux ordinaires,  sarcophages  en  pierre  et 
en  plomb.  Lpigraphie  tuniulaire.  Objets  et 
statues  en  métal  et  en  terre  cuite.  Organisa- 
tion des  troupes  romaines.  Camps  et  consi- 
dérations sur  les  camps.  Ce  volume,  comme 
chacun  des  deux  premiers.  7  fr.  .jO 

77.  (!l'Mii'.  —  llisTiiiiîE  et  description  de  Notre- 
Dame  de  Reims,  par  l'abbé  Cn.  ('eiif,  cha- 
noine honoraire,  avec  la  collaboration  de 
P.C.  IL,  professeur  de  rhétoricpie  ;  dédiée 
à  Son  Èminence  le  cardinal  Gousset,  arclie- 
vèipie  de  Reims.  Tome  II  et  dernier.  Descrip- 
tion. In-S"  de  620  pages  avec  gravures  sur 
métal  et  sur  bois.  —  Généralités  :  aspect  gé- 
néral de  la  cathédrale,  dimensions,  orien- 
lalinii,  niateri.iux  de  construction.  Extérieur 
de  l'édifice  :  architecture  et  iconographie. 
Intérieur  :  vue  d'ensemble  et  proportions, 
iconographie  et  statuaire,  détails  d'ornemen- 
tation. .Mobilier  :  vandalisme  du  xvtii'"  siècle; 
description  des  autels,  fonts  baptismaux, 
pierres  tumulain^s.  grilles,  orgues,  portes, 
stalles,  confessionnaux,  tapisseries,  tableaux 
et  vitraux.  Trésor  de  la  cathédrale  :  reli- 
i|uairi's.  vases  en  or.  en  argent  et  en  cuivre, 
ornements  sacrés,  dentelles,  dais  et  tentures. 
Pièces  justificatives.  .Vddition  au  l'"'  vohnne  : 
lettre  de  Guillaume  Briçonnet.  archevêque 
de  Reims  ,  I.j02j  demandant  des  secours 
pour  la  restauration  do  la  cathédrale.  —  Ce 
deuxième  volume.  6  fr.  .'JO  c.  ;  l'ouvrage 
complet.  1 .3  fr. 

78.  Cn.\LON.  —  Plaqie  sépulcrale  de  Jacob 
Cavalli  i  1384),  par  R.  Chalox.  In-S"  de  2 
pages  et  d'une  planche. 

79.  CII.VPPL'IS.  Étude  archéologique  et  géo- 
graphiciue  sur  la  vallée  de  Barcclonnetle,  ii 


r.ll'.l.l()(;il\l'lllK    D'ART   KT   D'AllClIKOLOdl  K. 


115 


l'époque  celtique,  jiar  Ciiarlks  C.ii vrpii>, 
professeur  de  pliilosopliie  à  la  r.iculié  de-; 
lettres  do  Besançon.  In-8"  de  92  paires  et  de 
6  planches.  —  Description  des  pays  qui 
composent  la  \allee  de  liarcelonnctte  et  des 
objets  celliques  et  romains  découverts  sur  ce 
territoire.  .!  fr. 

.SO.  (lOCIŒT.  —  G  vm;iui-:  dieppoise.  Notices 
biograplii(iues  sur  les  hommes  célèbres  ou 
utiles  de  Dieppe  et  de  larrondiss 'ment.  Col- 
lection formée  par  M.  l'alilté  (^ociikt,  inspec- 
teur des  momiineiits  historiques  et  reli^jieux 
de  la  S 'ine-lnférieure.  Seconde  édition.  I  Sfii, 
In-S"  de  121  pages  et  du  portrait  de  l'au- 
teur, i  fr.  .'i(l 

■SI.  COUIÎLI"!'.  — I.K  MON  \:r  i.i:  uokif  ,=cul|i- 
lés  aux  portails  des  églises. par  l'abbé  .1.  (!oii- 
BLET.  mendire  de  la  ."Société  impériale  de- 
antiquaires  de  France.  In-S"  de  2  !  pages  el 
d'une  planche  représentant  une  sculpture  du 
porche  principal  de  Saint-Vulfran  d'.Vbbe- 
ville.  I   fr. 

82.  Le  CoitRiîspoNDVNT.  Nouvelle  série.  Tome 
dix-neuvième.  I,V<-  de  la  collection,  1S02.— 
Recueil  périodique,  paraissant  le  2'j  de  cha- 
que mois,  par  livraison  de  200  pa.ses.  et 
formant,  ii  la  fin  de  l'année,  trois  volumes  de 
700  pages  cliacmi.  —  .\bonnemetit  d'un  an. 
pour  Paris  et  les  départements,  2-3  fr.  CluKpie 
livrais(m  séparée.  3  fr.  :  par  la  p.>ste.  .i  f.  'M) 

S.i.  D.VUCKl..— Kxc.i  nsioN  arlisti(pie  en  Alle- 
magne, par  .\.  D\nci:i..  attaché  ii  la  conser-  ' 
vation  des  .Musées  impériaux,  tjraiid  in-8"ile 
218  pages.  —  Vienne:  ville  et  <-allié(hale. 
détails  de  nururs,  collections  diverses,  tré- 
sor impérial,  belvédère,  abbaye  de  Klo.-iter- 
neuburg.  Prague  :  ville,  pont  sur  la  Moldau. 
cathédrale,  cimetière  juif,  musée  histori(|ue. 
Dresde  :  galerie  de  tableaux,  musée  liistori- 
(pie.  trésor  royal,  palais  japon.  nm-;ee  des 
antiques.  Bamberg  :  cathédrale,  son  archi- 
tecture. inDuence  française,  la  statuaire.  Nu- 
remberg: ville,  église  Sainl-St-bald.  église 
Saint-Laurent,  portrait  |)ar  .VIbort  Dtiror.  ci- 
metière. Katisbonne  :  ville,  Saint-Jacques- 
des-Éccssais,  Sainl-Emmerand,  la  catliéilrale. 


l'hôtel  de  ville,  coutume  des  paysans.  .Mu- 
nich :  ville  moderne,  glyptothè(iuo,  école, 
musée  el  collections,  bibliothèque.  .\ug<- 
bourg  :  cathédrale,  les  deux  llolbein.  Ulm  : 
cathédrale,  chemins  de  fer  allemands,  château 
d'Ileiilelber.L'.  cabinet  d'antiquités  de  Darm- 
stadt.  Francfort  :  vieille  ville,  cathédrale, 
efligies  lunudaires.  museo.  Cologne  :  ses 
égli.seset  .sa  c.ithédrale,  I résors  .-;acrés.  émaux 
rhénans,  anciennes  écoles  allemandes  et  lla- 
mandes,  peintres  de  l'.Mleiuagne  méridionale, 
la  Renaissance.  Fsspn  :  église  el  trésor.  .\ix- 
la-(;iia|ielle  :  dôme  et  trésor,  lluy  fHelgi- 
que)  :  église  el  châsses.  4  fr. 

84.  DEL.^NGF. — Rkcueii.  de  toules  les  pièces 
connues  jus(|u'à  ce  jour  de  la  faïence  fran- 
çaise, dite  faïence  de  lleni-i  11  et  Diane  de 
Poitiers,  dessinées  par  Cmu.i:  Dki.wok,  et 
publiée^  par  Hemu  el  Caiu.i:  Dei.ancji:.  In- 
fol.  de  27  pages  de  texte  et  de  48  planches 
coloriées:  publication  sjilenilide.  —  1,'ou- 
\ra.ge  complet.  144  fi-. 

8o.  DELGADO.  —  Mi;moiiia  historiée  critica 
sobre  el  gran  di.sco  de  Tlieodosio.encontrado 
iMi  Almendralejo,  li'id.i  a  l.i  l'cal  academia  de 
la  historia  .  por  su  aniiciiario  dun  .\\tonio 
Delgado  .  en  la  juiil.i  ordinana  (li>  '.(  de'  se- 
tiembre  de  18'i8.  ln-4"  de  .s.î  pages, —  Des- 
cription du  disque  di>  Théodose.  inlerpré- 
laliori  di'  lïn-criplinn  qui  se  di\ise  en  ti'ois 
pallies.  ili'S  ligures  el  des  emblèmes. 

S(i.  DEMMIN.  —  Ri;ciii:ncin;s  sur  la  priorité 
de  la  renaissance  de  l'a  ri  allemand. — Faïences 
du  xiii''  siècle,  terres  cuites  emaillées  du 
v  siècle,  par  .Vicisti-,  De.mmix.  Iu-IS  de '.Ui 
pages.  Suivant  .M.  Demmiri.  la  renais.sance 
de  l'art  serait  soi'lie  de  l'.MIeniagni-'  p  mr  se 
répandre  ensuite  en  Italie  el  dans  le  reste  de 
l'Europe  :  Ihi'M'.  in-oulenable.  ipie  démen- 
tent toutes  les  dates  el  toutes  lis  œuvres,  et 
(pi'un  Allemand  seul,  par  amour  exagéré  de 
la  pairie,  pouvait  défendi'e.  :î  fr. 

87.  DEScHierioN  raisoniu'e  d'une  collection 
choisie  d'anciens  manuscrits  de  documents 
iiistori(pies  et  decharics  réunis  par  les  soins 
de  J.  Techeneb.  et  avec  les  prix  de  chacun 


116 


ANNALES   ARCIIÉOLOGIOUES. 


il'rii\.  l'reniif'io  partio.  lu  -  S"  ilo  vi-320 
[|.|i_.|.s.  —  C.luiix  varii'  il(^  bibles,  livres 
iriiciircs.  psaulicrs.  Ic^'cnilos  sacrées,  poêles 
el  pmsal.eiirs  latins,  pointes  français,  romans 
(le  chevalerie,  chroni(]iios,  L!enéaloj,'ios  el 
maïuiscrils  ornes  (le  iiiiiiiaUires  exécutées,  à 
(iillerentes  époques,  par  des  artistes  de  di- 
verses écoles.  Notices  descriptives  de  clia- 
(■(jii  (11'  ces  inaruiscrits.  pai-  MM.  I'.  l'.vuis. 
r.  Lackoix.  I.k  l{or\  m:  I.incv  el  A.  lii.i- 
(jri;T.  —  ''.('  vokiriii'.  ■>  b'. 

xs.  DHS  VKHCiIiKS.  —  I.  Iùiurik  et  r.i> 
Ktiiisuits.  nii  (li\  ans  de  louilles  dans  les 
Mareinines  toscanes.  |iar  Noi-;i.  l>Es  Vkii- 
(iERS,  correspondant  de  l'InstiUit,  membre 
(le  la  Société  des  .Vntii]Maires  de  France  et  de 
|iliisienrs  sociétés  élraiii:éres.  l'remiére  par- 
lie.  Un  volume  in-S"  de  l'Oi  pages  de  teste, 
el  d'nn  atlas  d;'  40  phindies.  dont  20  colo- 
ri(''es.  représentant  des  peintures  murales, 
des  amphores  et  d  autres  objets  el  frairments 
lroii\e<  dans  les  touilles.  —  Cette  [ircniiere 
|iartir.  le\le  el  allas,  .'.O  l'r.  —  La  deuxième 
parlie  p  iraitra  en  juillet  pincliain.  et  coulera 
l'-i  ff.  —  l.'ouvrau'e  conipicl.  T'j  \'r. 

HO.  DlidlV.N  — La  liiiivNM.  Mii.rrAiRi:.  Ilis- 
loire  el  (l(>scriplion  des  villes  rortillées,  for- 
teresses et  châteaux,  construits  dans  le  pays 
(pii  con^li^ue  act\H>llemeiit  le  deiiartenieiil  de 
la  (iironde,  (lendanl  la  domination  anglaise, 
par  LÉO  DiioivN.  membre  de  l'.Vcadémie  de 
liordeanx  et  de  plusieurs  sociétés  savantes. 
Livraisons  :»l  à  :':i.  (Iraiid  in- ("de  3  planches 
cluicime  et  d'une  ou  deux   leiidies  de  texte. 


i;h,ir|iie  livraison. 


.i  fr. 


'M).  Dl"  MI'.tiK.  — Anc.ui:(u.o(.ii;  pirknéennk  ; 
anliipntes  religieuses,  histori(iues.  militaires. 
arlislii|nes.  domestirpies  et  sépulcrales  d'une 
portion  (le  la  Narboiuiais'  el  de  l'.Vipntaine. 
nommée  plus  tard  No\('mpopul,(nie.  nu  Mo- 
nimients  authentiques  de  Ihistoire  du  Siid- 
Onc-I  de  la  ["rance.  (Ie|uus  les  plus  anciennes 
e|iO(|nes  jus(pn's  au  conunencement  du  xiii* 
siècle,  |(ar  Ai.icx  \NnitK  ni"  Mkge.  Texte. 
Tome  m.  Première  |iarlie.  Suite  des  monu- 
ment,- nu  tholoj;iques.  ln-8"  de  238  pages, 


avec  atlas  in-fol.  (livraison')')  de  (i  planches. 
—  Texte  el  atlas.  \i  fr. 

01.  L)L'  .MLHIL.  —  l'^Ti  iii>  sur  qnelipies  |i(iint> 
d'archéologie  et  d'histoire  lillrraire,  par  lÎDÉ- 
i.ESTAND  Du  Méuii..  In-8"  de  'ilO  pages  et 
d'une  planche.  —  De?  formes  du  mariage  et 
des  usages  populaires  (pii  s'v  rallachaient, 
surtout  en  l'rance.  pendant  le  moyen  âge. 
De  l'iisaL-e.  non  interrom[)u  ius(prà  nos 
io\n--.  des  tablettes  en  cire.  Du  développe- 
ment de  la  tragédie  en  l'rance.  La  vie  elles 
ouvrages  de  Wace.  La  h'-gende  de  Hobert 
li>  Diable.  Les  romances  es|ia^'iioles.  La  tapis- 
serie de  Baveux  elson  importance  historique. 
Les  contes  de  bonnes  femmes.  .\p|iendice. 
.\dditions  el  corrections.  8  fr. 

02.  ({xi'osnioN  nni\erselle  de  |.s(i2à  Londres. 
Seclion  l'ran(;aise.  C.ATAi.odi  i-;  olliciel  (lublié 
par  ordre  de  la  commission  inqiéri.ile.  Grand 
in-8"  de  olO  pai:es,  de  't  plans  du  |)alais  de 
rex()Osition  et  de  grav(H-es  sur  bois.  —  In- 
troduction :  J'Aplicatioii  des  abréviations  et 
des  signes  eniploM's  dans  le  catalogue,  do- 
cuments otliciels,  persoiuiel  de  la  commission 
impériale,  tableau  des  (piarante  classcsadop- 
lées,  d'après  le  règlement  ariL'lais,  pour  le 
groupement  des  produits  industriels  el  des 
(euvres  d'art.  Première  partie  (classes  I  à  36) , 
produits  agricoles  el  industriels  :  plan  suivi 
pour-  le  cla.ssemenl  de  ces  produits  et  pour  la 
rcdaclmn  du  catalogue;  catalogue  des  pro- 
duits agricoles  el  industriels  répartis  dans 
les  trente-six  classes  du  règlement  anglais, 
et  ranges  dans  chacune  d'elles  selon  la  situa- 
tion (pri  leur  est  attribuée  dans  le  palais:  in- 
dex alphabéti(pie  des  exposants  et  des  pro- 
duits exposes,  .\ppeiidice  :  i-enseignemenls 
annexés  au  calalogue.  Deux,  parlie  :  classes 
37  il  40),  (iMivres  d'art  :  documents  officiels, 
obser\alions  piéliminaiies,  catalogue  des 
œuvres  d'art  repartiesdans  les  quatre  classes 
du  réi;lement  anglais  et  rangés  dans  chacune 
d'elles,  selon  la  situation  (pii  leur-  est  attri- 
buée dans  le  palais,  index  alphabeti(Hie  de- 
exposants.  -  '''■ 


'J3.  FILLON  el  le  RÛCIIEBRL'NK, 


PoiTor 


BinLiorrUArMiir.  d'aiît  i:t  DAiiciiKoLOdiE. 


117 


el  Vkndiîe.  Éliulc*  liisinriqucs  pi  ;irlislii|ius, 
par  B.  Fii.i.oN  cl  0.  de  Rocheuiu  ni:.  I'ic- 
mièro  et  dcuxitMiiP  livraison?.  Iii-l"  de  112 
pages,  de  IS  plamlics  .«iir  métal  cl  do  plu- 
sieurs gravures  sur  bois  dans  le  le\te.  — 
Fonlenav-le4;omle  :  Histoire,  origine,  trans- 
formât ions  successives,  naissance  de  la  liour- 
geoisie.  services  rendus  aux  sciences  el  au 
pavs  par  les  grands  hommes  de  Kunlcnay. 
résultais  do  la  décadem-e  du  commerce  ; 
tombeau  do  la  femme  artiste  du  iir"  siècle, 
qui  décora  la  villa  romaine  de  Sainl-.Médard- 
des-I'rés:  de.scription  do  Terre-Neuve,  de- 
meure de  Nicolas  Hapin:  ronai.<sance  lit- 
téraire et  arlisli<pie  en  Bas-Poitou;  nomen- 
clature des  Fonicnaisions  illustres;  numis- 
matique et  sigillographie.  L'ouvrage  complet, 
qui  aura  I  îo  planches  et  environ  .SOO  pages 
de  texte.  80  fr. 

'.II.  FRANÇOIS.— l.i:  CiiASSEin  bibi.io(.iiai>iii;. 
Revue  l)ibliogra|)liique.  littéraire,  critique  et 
anecdotique,  publiée  par  M.  Fbvnçois.  rédi- 
gée par  une  Société  de  bibliogra[>lios  et  de 
bibliophiles,  suivie  d'une  notice  de  livres 
rares  el  curieux,  la  plupart  non  cités,  à  prix 
marqués.  Parait,  chaque  mois,  par  livrai- 
sons in-8"  do  3G  pages  chacune.  .Vbonne- 
ment  d'un  an  pour  Paris  ut  les  départe- 
ments. 6  fr. 

'Yo.  FRACCJ.V.  —  Egest.v  ci  suoi  nionumenti, 
lavoro  storico-arclieologico  (Ségeste  et  ses 
monuments,  travail  historique  et  archéolo- 
gique;, parGiovANM  Fhacç.ia.  Giand  in-S" 
de  160  pages. 

96.  FR.VCCI.V.  —  PuEvicNTivv  Si'osizione  di 
taluni  monumenti  Segeslani  inediti  e  di  ta- 
lune  nuove  ricerche  archeologiclic  (Exposi- 
tion préalable  de  quel(|ues  monuments  iné- 
dits de  Ségeste,  el  de  quelques  nouvelles 
recherches  archéologiques),  par  Giovanni 
Fraccia.  Grand  in-8"  de  4i  pages  avec 
2  planches  de  numismali(jue. 

97.  GOD.\RD.  —  Sv.MBOLiSME  de  la  nouvelle 
église  ?aint-.\ndré,  à  Rayonne,  au  triple 
point  de  vue  de  rarchileclure,  delà  peinture 
et  de  la  musique.  Esquisse  de  monographie 

x.vii. 


cliretienne.  par  l'abbé  C.-F.  Godard,  curé 
de  Saiiit-filienne  do  Rayonne.  In-.S°  de  72 
piges.  —  Prologue.  .Vrchiteclure.  Pointure. 
.Musiquo.  l'.pilogue.  I   fr.  'iO 

98.  IIAN.M'FR.  —  Lies  Annales  et  la  chro- 
nique dos  Dominicains  do  Golmar,  publiées 
par. MM.  lii;nMU)  et  Lini.iN.  Ktiue  criliiiue. 
par  l'abbé  IIanaiicu.  professeur  au  (jymnase 
calholii|ue  do  Golaiar.  In-S"  de  oO  pages.  — 
Première  partie  :  examen  des  (piestions  gé- 
nérales auxquelles  M.M.  Géumiu  et  Libi.in 
ont  consiicré  leur  [iréfaco.  —  Deuxième  par- 
ti(>  :  l'tud.'  du  corps  même  do  l'ouvrage,  de 
la  réiuqires-ioii  et  traduction  du  manuscrit 
do  Stuttgard.  1   fr.  iJO 

99.  IIFFNIR-ALTENECK.  —  lùsENWEiiKE 
oder  Ornamentilk  der  Schmiedokunst  des 
Mitlelaltors  und  der  Renaissance  {«  Ouvrages 
et  ornements  en  fer  forgé  exécutés  au  moyen 
âge  et  à  la  renaissance  >;';,  représentés  et  dé- 
crits ])ar  H.  (le  IIefneb-.Vlteneck.  con.ser- 
vateur  des  collections  réunies  du  roi  de 
Bavière.  Livraisons  .3  et  4.  Grand  in-i»  de 
12  [ilanches.  —  Chaque  livraison.  4  fr. 

100.  IIEFNER-ALTENECK.  —  Ki  \-tvverke 
und  Gorathschaflon  (]o:i  Jlitlol.dtors  und  der 
Renaissance  '«  Objets  d'art  et  meubles  du 
moyen  âge  el  de  la  renaissance  ■  .  publiés 
par  .MM.  G.  Becker  et  J.  Hefner-.Vlteneck. 
Livniisons  I  à  Xj.  Grand  in- 4°  de  6  i)lanches 
chacune  et  d'une  fouille  de  texte.  Reste  à 
paraître  la  livraison  .'ÎG",  qui  complétera  cette 
importante  publication.  —  Chaque  livraison, 
12  fr.  ;  l'ouviage  complot,  en  .'i  vol.  4:ï2  ir. 

101.  Histoire  du  doyenné  de  Doudeville,  d'a- 
près l'inventaire  des  Archives,  par  le  fioven. 
Seconde  partie.  In-S"  de  601  pages.  —  No- 
tice étymologi([uo,  lopographiquo.  commer- 
ciale, agricole  et  administrative  de  Doude- 
ville. Doyenné  et  doyens.  Chapelles  do  Saint- 
Léonard  et  de  Saint-Éloi.  Ruines  de  Vau- 
tuit.  Prieuré  de  Collemont.  Maladrerie  de 
Sainte-Madeleine.  Anciens  revenus  et  reve- 
nus actuels  de  l'église.  Droits  de  sépulture. 
.Vnciennes  familles.  Fondateurs  et  bienfai- 
teurs. Culte  des  saints.  Confréries  diverses. 

16 


118 


ANNALES   ARGIIEOLOGIOUES. 


Visites  (1  Hudi's  |{i.!,'ault  cl,  dos  ai'clipvt^ques 
de  lioiien.  l")osci'i|)tioii  inloriouro  do  l'cii'isc- 
—  Môme  slrtlisliijuc  |iour  Canville-lps-deux- 
É.i;lis(\s,  rKMivilli",  Vii|iiriii:in',  Boiiosville, 
Gonzcvilld,  ImiIIdI, n^iiTiiiivilIc, Ihuitcil-Sainl- 
Siil|ii<'i\  Diiiidovillc.  —  Appendice  :  Droit  de 
prcseiilation  ii  la  ciiie  de  Doude\ille;  dona- 
tions il  ralilia\e  du  N'alniont;  emplacement 
(i(^  la  cliaijelle  Saint-I.éonard;  cotisation  des 
pain  re>  en  1093.  —  Cette  secnnd(^  partie, 
4  IV.;  les  d;'ii\  parties.  (j  iV.   'iO 

102.  IlisroiiiK  des  Quatre  lils  Aynion.  Deux 
volumes  ii;-IS  de  101  et  lOS  pa.ïes.  Curieuse 
et  céiéliro  é|iopéo.  00  c. 

103.  I.NVi:xTAUii!M  omnium  et  singuloriini  pri- 
vilej^iorum,  litt.erarum,  diplomatum,  scri|)- 
turarum  et  monumciilorum,  quacciinque  in 
ar(  lii\ii  re^îiii  in  arce  Cracoviensi  conlinen- 
tur,  \H'v  couunissarios  a  sacra  rei;ia  niajcs- 
tale  et  republica  ad  revidendum  et  conno- 
tanduni  omnos  seripturas  in  eodeni  arcliivo 
cxislenles  deijulalos,  conlectum  anrio  Doniini 
.MiicLxxxii ,  cura  Inbliothiica'  l'olonic;c  edi- 
tum.  !n-8"  do  xv-4S3  page?.  10  fr. 

104.  .I.VCQUEMIN.  —  IcoNocR.M'im:  métho- 
diipio  du  costume,  du  iv  au  xix^  siècle 
(31.'j-KSI-'j)  ,  collection  gravée  à  l'eau-forlo 
d'après  do.s  documents  authentiques  et  iné- 
dits, par  llvi'iiAEL  J.vc.QrEMiN,  peintre.  — 
Cet  ouvrai;;'  se  publie  par  livraisons  men- 
suelles, in-fol.,  contenant  eliacunc  4  plan- 
ches. Le  |ii'ix  do  chaque  li\raison  est  de 
3  fr.,  mais  aucune  ne  se  vend  sé[)arémenl. 

I0'>.  .lUBINAL.   —   .Ynciiînxks   T.vnssEniEs 

liisliiri(pies  do  France.  La  lapissorio  de 
Bajeux  représentant  la  conquête  de  l'Angle- 
terre en  101)0,  publiée  par  Achille  Jubinal, 
député  au  Corps  législatif.  Troisième  édition. 
In-folio  oblong  do  29  pages  do  texte  et  de 
2  4  iilanchos  dont  une  en  couleur.  —  (Car- 
tonné. 70  fr. 

lOG.  JEBIXAL.  —  Une  Lettre  inédite  de 
Montaigne,  accompagnée  d'un  fac-similé; 
publiée,  pour  la  première  fois,  par  .Vcuillu 
JcBiNVL,  (lé[iuto  au  Corps  législatif.  Troi- 
sième édition.  In-S"  do  32  pages.  3  fr. 


107.  LABAT.  —  Esthétique  des  huit  modes 
du  plain-chant.  Elude  sur  le  caractère  par- 
ticulier de  chaque  mode,  sous  1(>  rapport  de 
l'expression  et  do  l'ell'et  religieux,  spéciale- 
ment destinée  aux  ecclésiastiques,  profes- 
seurs do  chant  liturgiipie,  élèves  des  sémi- 
naires, etc.,  par  .l.-B.  Labat,  organiste  de 
la  cathédrale  do  Montauban,  nuMnbre  de 
plusieurs  sociétés  sa\anles.  ln-8"  de  24  pa- 
ges. —  lîxposition  sommaire  des  principes 
du  |ilain-chant.  Esthétique  du  plain-cliant. 
opinions  des  saints  Bernard,  Ambroise  et 
Thomas  d'Aquiii.  1  fr. 

108.  LABOUR.— La  Peinture  et  les  peintres 
italiens,  traduit  de  l'anglais  do  madame  Ja- 
raeson,  par  Eernand  Laboiiî.  In-I2devi- 
414  pages.  —  Vies  des  peintres  Giovanni 
Cimabue,  Giotto,  Lorenzo  (ihiborti,  Masac- 
cio,  l'iiilippo  Lijipi  ol  Angelico  da  Eiesole. 
Benozzo  Gozzoli,  Andréa  (lastagno  et  Luca 
Signorelli,  Domenico  Ghirlandajo,  Andréa 
Mantegna,  des  Bollini ,  l'iolro  Perugino, 
Erancia,  EraBartolommeo,  Leonardoda  Vinci, 
Michel  Angiolo,  .Vndrea  del  Sarto,  liafîaello 
Sanzio,  dos  élèves  de  Raphaël,  du  Cor- 
rége ,  etc.  —  lÀ'tte  histoire  do  la  pointure  et 
des  peintres  italiens  se  termine  il  Giacomo 
Bassano,  né  en  KJIO,  mort  en  l'VJ2.  3  fr.  50 

109.  LACROIX.  —  Annuaire  des  Artistes  et 
des  amateurs,  publié  [)ar  Paul  Lacroix, 
conservateur  de  la  bibliothèque  do  l'Arsenal, 
membre  du  Comité  d'archéologie  ,  avec  la 
collaboration  de  M.M.  de  la  Ciiavignerie, 
BuRGER,  G.  Brunet,  A.  Couder,  P.  CnÉ- 
rox,   11.   DÉON,   Dauban,  J.   Duseigneur, 

Y.    FOURNEL,     A.     MlCUIELS,     JMUNULER,    II. 

Vernet.  3"  année.  1862.  Grand  in- 8°  de 
404  pages.  —  Renseignements  olBciels. 
Adresses  des  artistes  et  des  amateurs  do- 
micilies il  Paris,  dos  marchands  do  tableaux, 
experts,  restaurateurs  do  tableaux,  édi- 
teurs, etc.  Notices  sur  les  beaux-arts,  do- 
cumonts  et  mélanges  historiques,  procédés, 
inventions,  découvertes,  nécrologie  artisti- 
que do  l'année  1801.  École  française.  Écoles 
étrangères.  —  Ce  volume,  comme  chacun 
des  deux  premiers.  'i  fr- 


Bini.iocnAr'iiiF.  n'Ani  i;t  d'arciikolocii:. 


19 


110.  I.A  FEHRIRRE-I'KUCV.— Um:  I-miuiqif. 
(le  fiiï(>nc(> .  à  Lvon  .  sons  le  n'i;ru'  de 
lloiiii  11.  par  1(>  co:nle  do  l-v  Fi;iiiiii;nF,- 
Pkrcy.  In-H"  de  Iti  paire.-:.  —  l'ahiiqno  fon- 
dée par  des  artiste,-;  venus  d'Italie;  charte 
de  Henri  II.  autoris;inl  l'étalilis-enient  de 
celte  fabriiiue  par  Julien  (iainlnri  et  I)o- 
inenjje  Tardesier  Bililiotliécpie  impériale  ; 
délibération  consulaire  du  î'S  lévrier  l-i-'io-'iti 
j'.Vrcliives  de  Lyon  .  accordant  à  Sebastien 
GrilTo,  marcband  ïi-nois.  l'autorisiilioii  d'é- 
tablir ii  Lyon  une  raliri(iue  de  laïence.     I  (r. 

III.  l.AINXKL.    —    Dis    iiioi  B\noi  us    ai\ 
FÉi.iuRK.s.  Kludes  sur  la  poésie  provençale, 
par  le  marquis  Louis  de  Lmncei..  ln-12  de 
ill  panes.  —  Paris  et    la  l'ro\ince.  Coup 
d'œil  sur  la   poésie   provençale  depuis  son 
origine    jus(|u'à    nos  jours.    Les    Félibres, 
troubadoui-s  modernes.  —  Iranien  au  point 
de  vue  philologique.   Fxanien  au   ]ioint  di^    ; 
vue  moral,  .\pologne  l)istori(|ue.  Espagne  et 
Provence.  Troubadours  provençaux.  Litté- 
rature actuelle  en  province.  Notes  et  appen- 
dices. Influence  de  la  langue  romane  du  midi 
de  la  France.    Poëmes  épiques  provençaux. 
De  l'imitation  en  provençal.  De  la  littérature 
espagnole  et  de  l'esprit  chevaleresque.  Ta- 
bleau historique  de  la  langue  parlée  dans  le 
midi    de    la   France,    par    M.    Mary-Lafon. 
Épitaphes  de  Bellol.  Bibliographie  |)roven- 
çale.  —  Ce  volume.  3  fr.  'iO 

112.  L.VINÉ.  —  .Vlbim  de  blasons  des  .ar- 
chives généalogiques  el  liLstoriques  de  la 
noblesse  de  France,  augmentés  d'une  table 
alphabétique  de  chaque  famille,  par  Laink. 
Un  volume  in-8°  de  'JO  pages.  8  fr. 

113.  LEFEUVE.— Lks  .\n(.iennes  M.visons. 
Notice  faisant  partie  de  l'ouvrage  intitulé  : 
«  Les  anciennes  maisons  de  Paris  sous  Na- 
poléon III  ».  par  Lkfkive.  .Monographies 
publiées  par  livraisons  séparées,  avec  talile 
de  concordance  à  la  fin  du  recueil.  Ouvra.ge 
complet.  90  fr.  ;  chaque  livraison  vendus 
séparément.  I  fr.  (iO 


lli.    LE    PIU;\0.sT.   —    MÉMOIRES    ET    .N0TE>     , 


de  .M.  .\uguste  Le  Prévost,  pour  servir  a 
l'histoire  du  département  de  l'Eure,  recueil- 
lis et  puliliés  sous  les  auspic's  du  Conseil 
gcnéral  et  de  la  Société  libre  d'agriculture, 
.-iciences.  arts  et  lielles-leltres  de  l'F.ure.  par 
.MM.  Li:oi>oi.n  Dei.isi.'.  et  Lons  Pvssv. 
Tome  I■^—  l'''' partie,  ln-8"  de  x\v-2()i  pa- 
;;,.<.  —Xoiicp  jur  .\uguste  Le-Pievosl.  par 
A.  Pas-v.  Catalogue  des  ouvrages  île  .M.  Le 
Prévost  :  histoire,  archéologie,  littérature, 
sciences  et  agriculture.  Notice  historique  et 
archéologique  sur  le  départemeni  de  l'Eure, 
époques  gauloise  et  romaine.  Notes  pour 
servir  à  la  lipographie  el  à  l'hisloire  des 
communes  du  département  de  l'Eure  au 
nioven  âge.  par  ordre  alphabétique. —Cette 
première  partie.  ■')  fr. 

II').  LINAS  (Cil.  de).  —  An<:iens  \'i';temi;nts 
SACERDoTAi  \  et  anciens  tissus  conservés  en 
l'Vance.  par  Charles  m:  Linas.  Deu\iènie 
série,    (jrand    in-S"  de    iHi    pages    et   de 
10  planches  en   noir  ou  en  couleur.  — Au- 
mônières  et  poches  chez  les  anciens.  .Mou- 
choirs  de   poche  en  usage  chez  les  Perses, 
les    lioniains    et    les    Byzantins  ;    bi)ur,ses 
grecques   et    romaines:    poches   et   boui-,ses 
dans  l'enqnre  d'Orient  :  Vêtement  de  Man\iel 
el  do  Jean   Paléologue:  ornement  des  man- 
teaux Irtzmtin-;;  poches  et  bourse-  g.iuloises 
du  moyen  âge.  tas.ses   et  tassettes.  de  l'au- 
moniére   en   gi'néral.  —    (  Ponlificalia  »  de 
S.  Loui.s.  evèipie  de  Toulouse,  conservés  à 
Brignoles  :  saint  Louis  d'Anjou  et  ses  mo- 
numents;   sa   f.imille.  sa    vie    el   sa    mort: 
sa   canonisation,  ses  po'-lraits.  ses   reliques 
et   leurs   reliquaires:    dalmitiquo   de  saint 
Louis,   origine    des    tissus    (]ui    la    compo- 
sent;   lunicelles   épiscopalcs,    antiquité    et 
usage  de   la   luni<|ue   el  de   la  ilalmatiq  ie. 
consiilérées  comme  vêtements  épiscopaux  : 
rubriipies  particulières  aux  lunii-clles,  leurs 
rangs  divers,  leur  forme,  couleur  et  matière; 
leur   svndjolisme.    .Mitre    de   .viint    Louis; 
mitre  chez  les  anciens,  mitre  sacerdotale  des 
juifs;   origine  et    formes    primitives   de    la 
mitre  épiscopale,  formes  de  la  mitre  à  partir 
du  .\t'  siècle;   matière,    forme,  couleur  el 


120 


ANNAL KS  ARClIKOLOOIOrKS. 


oiMcmi-nliilidii  cil'  1,1  mille;  iismi;os  litiiri;!- 
qucs  ri  s\  iiiljolisMU'  (le  lii  niilri".  —  CaHU' 
scccinili'  si'i'ic,  planclips  iioiros.  Kl  IV.;  plan- 
clic'scoldrJiHS.  1()  fr. 

110.  l.OlilOUKT.  —  Lx  Mi.s.UQiE  des  prouie- 
iiades  et  autres  trouvées  à  Reims.  Élude  sur 
les  mosaï(]ues  et  sur  les  jeux  deramphilliéà- 
tre.  par  Chaules  Loriquet,  bibliothécaire 
et  aivliiviste  de  la  ville  do  Reims,  secrétaire 
général  de  l'Académie,  l'ii  fort  volume  in-8° 
de  \\-4i7  pa.ees  et  de  IS  planches,  dont 
plusieurs  coloriées,  avec  une  photoj;rapliie. 
—  Première  partie  :  Découvertes  faites  dans 
les  promenades  do  Reims,  indications  topo- 
graphiipies  fournies  |iar  les  fouilles.  é|iO([UC 
présumée  à  laipielie  remonte  la  destruction 
de  cette  partie  de  l'ancienne  ville.  — 
Deuxième  partie  :  Des  nio.sa'iques  en  général 
et  de  la  consiruclion  des  pavés,  parliculière- 
ment  dans  les  thermes;  mo.saïques  trouvées 
il  Reims,  descri|ition  de  chacune  d'elles.  — 
Troisième  |iarUe  :  État,  dimensions  et  orne- 
mentation de  la  mo.saïque  des  promenades: 
e\()lication  du  sujet  qu'elle  représente:  jeux 
du  cii<pie  et  de  l'amphithéâtre,  gladiateurs 
et  bestiaires:  dilTérentes  classes  de  gladia- 
teurs; description  de  chacun  des  talileaux 
de  la  mosa'iqiie;  stjle  et  âge  de  la  mosa'ùpie: 
destination  indiquée  par  le  choix  du  sujet  et 
par  l'état  des  lieux,  etc.  20  fr. 

117.  IIAGMX.  —  Histoire  des  marionnette> 
en  lùiro]je,  de|)uis  l'antiquité  ju.squ'ii  nos 
jours,  par  Charles  .Mag.xi.n,  membre  de 
l'Institut.  Deuxième  édition,  revue  et  corri- 
gée. In- 18  Jésus  de  .'^^)2  pages.  —  Livre 
premier  :  Les  marionnettes  dans  l'antiquité, 
la  sculpture  mobile,  marionnettes  hiératiques 
chez  les  Égyptiens,  chez  les  Grecs,  chez  les 
Romains,  statuettes  convivales,  jouets  d'en- 
fants, personnel,  matériel  et  réjjertoire  des 
marionnettes  aristocratiipies  et  po|uilairesen 
Grèce  et  à  Rome,  forme  et  disposition  des 
théâtres,  caractères,  costumes  et  répertoire 
des  marionnettes.  —  Livre  deuxième  :  Ma- 
rionnettes au  moyen  âge.  l'art  nouveau,  Dé- 
dale et  saint  Luc,  symbolisme  chrétien  pen- 
dant les  premiers  siècles,  crucifix  et  madones 


mus  par  des  ressorts,  sculpleurs-mécanicien- 
accusés  de  magie,  grandes  marionnettes, 
canticiues  explicatifs.  —  Livre  troisième  : 
Marionnettes  en  Italie,  automates  hydrauli- 
ques, noms  des  marionnettes,  leur  Ihéàlre  ii 
Rome,  il  Milan,  ii  Venise,  ii  Turin,  masques 
anciens  et  nouveaux.  —  Livre  (luatrièinc  el 
suivants  :  Marionnettes  en  Espagne,  en 
France,  en  .\ngleterre.  en  Allemagne, et  dans 
les  contrées  du  Nord,  chez  les  princes  et  dans 
le  monde  élégant.  3  fr. 

1 18.  MÉ.MOIRES  de  la  Société  archéologique  du 
dé[)artemeiit  d'Ille-et-Yilaine.  Année  1861. 
Grand  in-8"  de  294  pages  et  de  4  planches 
dont  deux  doubles.  —  Répertoire  archéolo- 
gique du  dé|)artement,  par  l'abbé  Rrl.ne. 
Monuments  celtitjues  de  la  province  d'Alger, 
par  André.  Klat  des  forces  romaines  en 
Bretagne,  vers  le  v  siècle,  d'après  la  «  Xo- 
tice  des  dignités  do  l'empire  »,  parE.  Morin. 
Servage  en  Bretagne  avant  et  depuis  le 
x'  siècle,  par  A.  de  Lv  Bordf.rie.  Observa- 
tions sur  une  particularité  de  construction 
delà  cathédrale  de  Dol  (llle-et-Vilaine),  par 
l'abbé  Rrcm:.  Droit  d'asile  en  Bretagne  au 
moyen  âge.  par  V.  ue  La  Bigne-Ville- 
nel've.  Notice  sur  un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  publique  de  Rennes,  «  Voyage 
il  la  Terre-Sainte,  au  mont  Sinaï  et  au  cou- 
vent de  Sainte-Catherine  »,  par  E.  Morin. 
Étude  sur  le  bas-relief  d'Eleusis,  par  La- 
PAU.ME.  Xotice  sur  le  sculpteur  Jean  Girouard, 
par  André.  —  Liste  des  membres  de  la 
Société  archéologique  du  dép:irlemcnt  d'Ille- 
et-Vilaine. 

119.  MÉ.M0IUES  (le  la  Société  d'agriculture, 
commerce,  sciences  et  arts  du  département 
de  la  Marne.  Année  ISGL  ■t  partie.  Diction- 
naire géographique,  historique  et  archéolo- 
gique du  département  de  la  SKirne.  Il  com- 
prend quatre  arrondissements  :  Chàlons, 
Épernay.  Sainlo-.Menehould  et  Vilry-Ie- 
l'rani.ais.  In-S"  de  381  pages.  —  Cette 
deuxième  |>ai'lie.  3  fr. 

120.  MÉMOIRES  de  la  Société  historique  et  lit- 
téraire de  Tournav.  Tome  vu.  Année  1861. 


BIBLIOCKM'Illi:    D'AliT   KT    D' AIlCIlKOl.Oi;  I  K. 


12t 


In -8"  lie  x-3i)0  pages.  —  lixlrails  aiialy- 
liiiuos  dos  anciens  registres  îles  (!onsau\  île 
la  ville  de  Tournai,  i:J8o-l  i22.  sni\isdiine 
anaivse  des  documents  concei-n.iiil  le  magis- 
trat, de  1211  il  lioi),  imlilies  11,11-  H.  Van- 
denlirock.  membre  titulaire  d(!  la  SociiHi' 
lusloriiiue  et  lilliTaire  de  Touriiay.         8  fi-, 

121.  .M(;)rTlK.  —  C.AUTli.Miii:  de  laliliaye  cle 
Notre-Danie-de-la-Uoclie,  de  l'ordre  de 
Sainl-.Vugustin.  au  diocèse  de  Paris,  d'a|irés 
le  manuscrit  original  de  la  Bilili()tlièi|ue  im- 
périale, enrichi  de  notes,  d'index,  et  d'un 
dirlioiuiaire  géogniphique,  sui\  i  d'un  précis 
liistoriiiue  et  de  la  description  de  l'ancienne 
abbaye,  d'une  notice  sur  la  paroisse  et  la  sei- 
gneurie de  Lévis,  et  do  notes  historitpies  el 
généalogiques  sur  le- seigneurs  de  Lévis,  pai' 
.\uguste  Moutié,  secrétaire  di^  la  Société  ai- 
cfiéologique  de  Kambouillet,  membre  de  plu- 
sieurs Sociétés  savantes;  sous  les  auspices  cl 
aux  dépens  de  M.  H.d'.S.Iber(,  duc  de  I.nynes, 
membre  de  l'Enstitut.  In-l"  de  \\Mi-l7() pa- 
ges de  texte,  avec  un  allas  in-folio,  carloiiné, 
de  40  planches.  —  Texte  et  atlas.  (iO  fr. 

122.  ORFiivnEniE  {!')  religieuse  lyonnaise  de 
1.SG2.  Exposition  de  M.  Ami vnd-I^ai.i.iat. 
ln-8"  de  19  pages.  —  Des  origines  de  l'orfè- 
vrerie à  I.von.  I.'orfévrerie  de  Lyon  en  I8(;2, 
exposition  do  M.  .Vi'iiiand  (^alliât.  Descrip- 
tion de  deux  osteiusoirs  riches,  l'un  sans 
rayons  et  l'autre  à  dards,  pour  les  églises  de 
rimmaeulée-Conception  et  Sainl-lî.maven- 
ture  de  Lyon. 

123.  ORTIGUE  (d')  et  CLÉMENT. —  Jounwr. 
DES  MaîtuiSics.  Revui!  du  chant  liturgique 
el  de  la  musique  religieuse,  l'arail  chaque 
mois  par  numéro  grand  in-l"  de  une  feuille 
do  texte  et  de  morceaux  de  chant  ou  d'or- 
gue empruntés  aux  chefs-d'œuvre  classi- 
ques ou  composés  expressément  par  des 
maîtres  contemporains. —  Directeurs,  .MM.  i. 
d'Ortiglic  et  F.  CLÉMKNf.  —  .VbonneinenI 
d'un  an.  pour  Paris  el  la  pr.jvince.       \">  h. 

124.  P.VUIS.  —  Le  Cabinet  iiistoriqle.  lîe- 
vue  mensuelle,  contenant,  avec  un  texte  et 
des  pièces    inédites,    intéressantes   ou    peu 


connues,  le  catalogue  gênerai  des  manusciits 
que  renferment  les  liibiiolhèqui'S  [lubliques 
de  Paris  et  des  dep.irtemenls.  touchant 
l'histoire  de  l'ancienne  l'iance.  de  ses  di\ er- 
ses localités  cl  des  illii-lraliiins  ln'ialdiques, 
par  Loi  is  Paius,  ancien  bibliollu'cairo  do 
lieiins.  8'-  année.  18(12.  Prix  de  l'abonnc- 
niiMil.  I  2  b-.  pour  Paris:  I  i  l'i'.  |iour  les  ilé- 
parlenienls.  —  Les  siqil  ])reniiéres  années 
sont  en  \enle,  ,'i  12  fr.  chacune. 

I  2').  PI'd.SI^L. —  NoTici;  liisloriqiie  et  ai'cliéo- 
logique  sur  l'ancienne  eha|ielle  de  Notre- 
Dame-du-C.hemin,  ,'i  Sei'rigny.  près  Beaune 
(Cole-d'Oi),  par  Josici'ii  pKi.sri.,  secrétaire 
de  la  Société  des  .Vniis  des  .Vrts  de  Beaune. 
ln-8"  de  .'jo  pages  et  de  .i  |ilanches  dessinées 
et  lilliograpliiéi's  pai'  .Nesle,  et  représentant 
l'absiih^  de  .\ijli-e-l)anie-du-(.:heniin  ;\i''  siè- 
cle), des  statues,  di\ei's  détails  de  la  chapelle 
et  la  coupe liansversale.  1  fr. 

12ii.  PlPl-^li.  —  Du:  KM,i:NriAiiii:x  und  Marty- 
rologicn  lier  Angelsacbsen. — Les  Calendriers 
et  les  .Martyi-ologes  des  Anglo-Saxons,  lo 
martyrologe  et  le  cou  1  put  dellerrad  de  Lands- 
berg,  et  les  annales  di!  is:,'.)  et  ISGO,  par 
F.  PlcEH,  docteur  e!  pi'ofe-seiir  de  Ihéologie 
à  l'L'niversilé  de  liei'lin.  In-8"  de  180  pages. 

127.  Pli.VHOXD.  —  IliSTOiiiEilecimi  villes  et 
de  ti'oiscents  villages,  hameaux  ou  fermes. — 
Première  partie  :  .Vbbex  ill(>  'commune-  rurales 
des  deux  c,inb:)ns  et  ILillencourl,  par  EisxEsr 
PitvuoNU.  In-l  2  de  r.\\xxvii-'i2:i  p.  —  -Vgri- 
cullure,  aspect  agricole.  .\nlii|iiili'S.  .\i'mes 
romaines  el  gauloises.  Bailliages.  Cauq)s  ro- 
mains, châteaux  normands.  Chaussées  anti- 
ques et  romaines.  Objets  d'art  et  peintures  des 
églises.  Oiutumes  locales.  Cryptes.  (lulto  des 
druides.  Légendes.  Églises  romanes.  Fnven- 
tair(>  lU'^  objelsqui  décoreni  les  i''glis:'S.  Fiefs 
du  \'imeu.  Pi-emiers  habitants  du  pays;  leur 
caractèi'e.  Buines  d'habilalioiis  lomaines  ou 
gallo-romaines.  Iinenlion  des  os  de  saint 
.\,i7.are.  .bislice,  juridictions  diverses.  .Mé- 
dailles romaines.  Origine  et  i''tymologie  des 
noms.  Pèlerinages.  Tombes  antiques.  Usages, 
croyances,  traditions  et  superstitions. — luette 
première  iiartie.  .i  fr.  '60 


122 


A\N  \LKS   AnClIKOl.OGIOUES. 


128.    I.\    l'ROPRIliTli   MTTKKAIRK    Cl  lo  doiiwino 

dp  I  rihil.  Mi'iiioiro  ndrossé  il  hi  Commission 
spéciiili'  de  1,1  pi-o|iii('l(''  lillérairc.  In-S»  de 
10  pngi'S.  :il)  c. 

I  l'I).  PuiiLicATioNs  de  la  Soriélc  pour  la  re- 
cluM'clio  cl  la  conscrvalioii  des  moniimciits 
liisloiiipios,  dans  le  grand-dnclié  de  Lii\om- 
boiir.i.',  eonslitiice  sous  le  palronago  du  roi 
prand-duc.  Année  ISno.  Tome  xvi.  In-'t" 
de  XMV-20S  pages  et  de  4  ]ilanclies,  re|irL'- 
sontant  des  objets  découxeris  dans  des  sé- 
pultures gallo-frani]ues  du  grand-duché,  la 
(■iy|ile  de  NicderUorn,  et  des  signes  lapi- 
daires.—  Abbaye  d'Rchternacli,  par  Wurtii- 
Paquet,  ])résident  de  la  cour  supérieure  de 
justice.  Taille  clironologiquo  des  cliai'tcs  et 
diplomi^s  rclalils  ii  l'histoire  de  l'ancien  pays 
de  Luxembourg,  règne  de  Henri  IK  :  1282- 
1288),  par  le  même.  I)escri|)tion  do  la 
crypte  de  Niederkorn.  par  M.  AiU':.\1)t,  ar- 
chitecte de  Pfttat.  Notice  sur  les  sépultures 
gallo-fran(pies.  par  le  dodcur  .\.  Namlr. 
etc.  —  Ce  volume.  i  fr. 

130.  Ri:XOlVn:U  —  .Iicnw  df.  rV\iiis,  var- 
let  de  chambre  et  peintre  ordinaire  des  rois 
Charles  VIII  cl  Louis  XII,  par  .1.  Iîiîxoivier. 
précédé  d'une  notice  biographii|ue  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  Renouvier,  avec  la  biblio- 
graphiecomplete  doses  œu\  res.  par(jiîoiu;ES 
Dupi-Essis.  In-S»  sur  papier  vergé,  de  3G  pa- 
ges et  d'une  planche.  o  fr. 

131.  Hevce  de  l'année  religieuse,  politique, 
philosoplii(pio  et  littéraire.  Tableau  annuel 
des  [irincipalcs  ]iroduclions  de  la  Ihéologic, 
de  la  philo.sophie,  de  l'histoire,  do  la  littéra- 
ture, etc.,  par  une  société  d'écrivains  ecclé- 
siastiques et  la'iques  sous  la  diicction  di' 
M.  1".  DiiLiiÉ  DE  Saint-I'uojet. — Deuxième 
année.  1862.  1  vol.  in-12  de  !J28  pages.  — 
Comme  en  1861,  ci^tle  revue  groupe  et  ana- 
lyse enseml)lc  les  ouvrages  les  plus  impor- 
tants publiés  dans  le  courant  de  l'année. 
Politique  et  Relic.io>%  par  .MM.  Duilhé  de 
Sainl-Projet,  F.  Ijiiutan,  le  frère  Fretté, 
l'ablu''  Laui.i7.ou.  le  prince  Galitzin,  1  abbé 
Roipies,  et  l'abbé  Meignan;  I'iiilosopiiir, 
par.M.rab'ieBarbo;  Histoire,  par  MM.  labbé 


Latou.  l'abbé  Rarba,  l'abbé  Goux.  0.  De- 
peyre;  Archéologie,  [lar  .M.  R.  Carrière  ; 
LiTTÉHATlKE,  par  MM.  l'alibé  A.  LézaI, 
V.  Fouriiel,  II.  de  Roruier,  l'abbé  Delacroix, 
et  M""'  d(^  Marcey;  Droit,  |iar  M.  (1.  Rres- 
solles;  Scii;nces,  parle  D''  A..lanot;  Ricaix- 
Arts,  ])ar  V.  Fouru-l.  File  se  termine  par 
un  coup  d'ceil  sur  les  journaux  et  les  revues 
périodiques  et  contient  une  table  des  noms 
des  auteurs  mentionnés  dans  ses  diverses 
divisions.  Cha(|ue  année.  3  fr.  ">(i 

132.  Revii;  conlemporaine  iRevuc  européenne 
et  Alheiueiini  français),  1862.  xr  année.  — 
deuxième  série.  Tome  xxvi',  lxi''  de  la 
collection.  Parait  le  i-j  et  le  30  de  chaque 
mois,  par  livraisons  de  I4à  1o  feuilles  d'im- 
pression, contenant  la  matière  d'un  volume 
de  000  pages:  elle  forme,  tous  les  deux 
mois,  un  volume  de  1,000  pages  environ,  six 
volumes  [lar  an:  plus  un  supplément  d^ 
«  bulletin  bibliographique  »,  formant  à  part 
un  7''  volume.  —  Prix  <le  l'abonnement  : 
l'aris,  un  an,  iiO  fr.  ;  départements.      'JG  fr. 

133.  Revue  du  mouvement  calholique.  Philo- 
sophie, histoire,  littératun-,  bibliographie. 
Premiéi'c  année.  1862.  Parait  le  10  de  chaque 
mois,  par  numéro  in-8"  de  48  pages.  Abon- 
nement d'un  an,  pour  Paris  et  les  dépar- 
tements. 8  fr. 

13i-.  RIVIFRE.  —  Les  Miracles  de  saint  Mar- 
tin, le  grand  thaumaturge  des  Gaules,  dexant 
le  conseil  municipal  de  Tours,  jiar  A.  Ri- 
vière, avocat.  Grand  in-8''  de  64  pages.  — 
Lettre  à  .M.  Marchant,  ingénieur,  membre 
du  conseil  municipal  de  Tours.  Le  conseil 
municijial  et  le  mandement  de  U"'  l'arche- 
vèipie  de  Tours.  Saint  Martin  devant  l'his- 
toire. Les  liagiographes.  Ingénieuse  critique 
d''hagiographe  appliquée  il  l'histoire  des  mi- 
racles. Discrétion  des  liagiographes  de  saint 
Martin.  Le  saint  niarleau  et  le  marteau  ré- 
volutionnaire, etc.  Conclusion.  —  Mémoire 
voltairicn  et  dont  le  but  est  d'empêcher  la 
reconsiruction  si  di'sirée  de  l'ancienne  église 
de  Saint-Martin  de  Tours. 

n.i.  RORILLARD  de  BEAUREPAIRE.- Re- 


Bll!I,l()i;iiVl'llli:   D'.Vr.T   F.T   D'AliC.lIKOLOOIi:. 


123 


criEnciiES  sur  los  aiu'ii'iiiios |irisons  do  lioiu'ii, 
par  Cil.  m:  lloiiii.i.Aui)  m:  liicvi  RiiPAini:,  ai- 
chivislo  du  (l('()arloiui'iil  de  lu  Soiuo-InlV'- 
rieurc.  Iii-S"  do  <Jl  |ki.l'os.  —  lV>.slirisoiis  eu 
général.  I'ri>()ii>  eeclésiasliiiue-;  à  lîiiuen. 
Prisons  de  la  justice  séeuliere.  ()lùi\  res  de 
miséricorde  il  l'éiiard  des  prisonniers;  cha- 
pelles, chapelains;  iiràces  accordées  ii  I  occa- 
sion des  fêtes  reli.ïieuses.  l'risons  de  Uouen 
pendant  la  Ucvolution.  —  Xolicesur  les  mai- 
sons de  force  de  la  généralité  de  liouen  avant 

nyo. 

130.  UOl'.IT.Ml.Lli.  —  Vu:  de  saint  l'aul  Ser-e, 
suivii!  d'une  dissertation  où  l'on  prouve 
qu'il  est  le  fondateur  d('  l'é.ulise  de  Narhoiine, 
par  l'abhé  Robitailli: ,  chaiioiue  titulaire 
d'Arras.  In-18  de  180  pages.  I  l'r. 

137.  ROlilT.VII.LE.  —  Vu:  de  sainte  l'rsule. 
suivie  d'une  courte  notice  des  maisons 
d'L'rsulines  du  diocèse,  et  d'une  étude  ar- 
chéolo.i:i(|ue  sur  la  légende  de  la  .sainte,  par 
l'abbé  lioHiTAii.LE.  chanoine  titulaire  t\c  la 
cathédrale  d'.Vrras.  In-lS  de  41  pages. 

]U.  ROlilTAll.Li:.  —  Coip  d'oi-ii.  sur  l'épo- 
que de  la  prédication  de  l'Kvangile  dans  la 
Gaule-Beli;iipie  et  la  Giande-Bretagne,  suivi 
d'une  réponse  auK  objections  des  adver- 
saires, par  l'abbé  Roiiitaili-E.  chanoine 
titulaire  de  la  cathédrale  d'.Vrras.  In-IS  de 
75  pages. 

139.  UOSCII.VCII.  —  Saint->'eiimn-.  Éludes 
d'art  et  d'histoire,  par  liiiNicsT  Ro.scriAcii. 
In-S"  de  48  pages.  —  Souvenirs  rétrospec- 
tifs. Description  intérieure  de  Saint-.Sernin. 
Tableau  de  la  Sainle-rauiille,  du  Oori'égc 
Procession  des  chasses,  le  17  mai. 

140.  ROSICXZW'EKi.  — Statistiqi'e  archéolo- 
gique de  l'arrondissomenl  de  .Xapoléonville, 
par  RosKNZWiciG.  In-8°de  330  pages.—  .Mo- 
numents religieux  d'architecture  en  partie 
romane,  en  partie  golhicpie;  monuments  re- 
ligieux d'architecture  gothi<pie,  de  la  renais- 
sance, etc.;  liste  des  étalilissements  de  Tem- 
pliers; dos  divers  ouvriers  charpentiers, 
sculpteurs,  maçons,  verriers,  peintres  cités 
dans  cet  ouvrage;  relevé  des  objets  d'art,  et 


de  mobilier  monlionnés dans  la  slatisliipii^; 
dos  lochs  et  des  inonumenls  militaires  du 
moMMi  à:,'c  dont  les  ruines  sont  encore  im- 
[lorlanles.  .Maisons  anciennes  des  \v,  xvi''  et 
wic  siècles.  î  fi'. 

l'rl.  HO.^TAX.  —  (!ai\ti,'I,aiiuc  municipal  de 
Sainl-Maxiinin,  sui\i  de  documents  |iuisi''S 
dans  les  archives  de  cette  \ille;  piibli(''  par 
f..  RosTAN,  correspondant  du  miiiistèi'o  de 
rinslriiction  publique  pour  les  travaux  his- 
lori(pies.  sous  les  auspices  el  aux  iii''|iens  de 
M.  11.  ii'.Vi.iii:irr,  duc  ni:  I.L'ïXiiS.  membre  de 
l'Iiistilut.  In-i"  de  xv-lS'i  ikiv'os.  (lartul.iire 
de  la  tin  du  xiv  siècle  ou  du  commencement 
du  x\' ;  l'écriture  des  diverses  chartes  dont 
il  est  composé  porte  li>s  caractères  de  ces 
deux  épo(pies.  11  renferine  l'Iiisloire  |)oli- 
tique.  ailministralive,  judiciaire  île  Saint- 
Maxiiniii.  depuis  la  tin  du  xiii'' siècle  jus- 
qu'au commencemeiU  du  xv.  sous  les  comtes 
des  deux  maisons  d'.Vnjou.  —  .\  la  publica- 
tion de  ce  Curliilaire,  .AI.  Rostan  a  joint  des 
notes  historiques  pour  servii' d'cvplicalion 
au  texli'  dos  diveises  charles,  i^t  plusieurs 
dnciiments  appartonanl  aux  arcliives  de 
.'^aint-.Maximin.  10  fr. 

141  ROL'til'iT.  —  .\oTici:  sur.Vbel  de  Pujol. 
peintre  d'histoire,  membi-e  de  l'Institut,  né 
à  \'aloncionnes  (Xonl).  le  iO  jan\  ier  I78.'>. 
mori  il  l'.iris  le  2.S  septembi-e  Lsiil,  par 
Gi:oiic,i;s  Roi'gi;t,  poinire  d'lii>toiie.  Iii-S" 
de  il  pages. 

143.  ROV.  —  l,'oriciiEST!iiN'o-(jLi;.Mi  NT.  Solu- 
tion du  problème  di^s  sons  conliiius  sur  le 
piano.  Mémoire  lu  dans  la  séance  du  i  jan- 
vier lS(i2,  de  la  Société  d'agriculture,  com- 
merce, sciiMices  et  ait-;  du  di''parlemont  de 
la  Marne,  par  .1.  Rov,  ollicior  eu  reiraite, 
mombiv  de  la  Société  d'agriciillure  di-  la 
Marne,  bi-8"  de  22  pages.  I  fr. 

14i.  SAINT-.VNDI'OI,  (de).  —Notice  sur  les 
églises  d(^  l'énol  et  du  .Mollior.  Lecture  l'aile 
à  r.Vcadémio  delpliinale,  dans  la  séanci"  ilu 
27  a\ril  IHIU),  par  .M.  ue  Sai.\t-.\\i)i';oi,. 
In-S"  do  I.')  pa.L'os  et  de  2  planches.  —  Tiré 
il  (piarante  exemplaires.  :i  fr. 


12i 


ANNALKS  Ar.CHEOLOGinUES. 


1 1:;.  SAINT-AXDKOL  :(lo).— ÀPicnçi:  j;(>ogra- 
|ilii(iuc'  siif  le  pays  dis  Ilolvieiis.  (lp[)\ii>  la 
i'i)Mi|urto  roinaiiio  jusqu'au  viii''  sii'clc.  Lpc- 
luro  faite  à  l'Académio  delpliinalc,  dans  la 
séance  du  î'i  niai  I.StiO.  par  M.  i>i-:  Saint- 
An[)K()L.  Iii-N"  de  il  pa;,'i'S  el  d'une  earte. — 
\'(iies  ruuiaines,  ponts,  ehàteaux  et  camps 
loniains;  noms  supposés  des  châteaux  et  des 
camps;  montagnes,  vallées,  territoires,  ri- 
\iéres.  ruisseaux,  villes  et  villages,  temples, 
égli-ies,  maisons  de  campagnes,  u  villop  ». 
bains  rom.iins,  toml)eau\.  pierres  sacrifica- 
toires  et  monuments  celtiques.  o  fr. 

116.  SAINT-LAURENT  [dei.  —  Bouqufts  de 
Heurs  de  la  vie  des  saints.  Les  .Vmmaux  mo- 
i>èij:s  il  l'école  des  saints,  par  PL  GiuMotAnn 
DE  Saint-Lai  iiExr.  auteur  des  «  Fleurs  de 
Sainte-Enfance  «.  In-1  î  de  XL-2.Si  pages. — 
Les  animaux  au  temps  des  patriarches,  des 
prophètes,  du  Sauveur,  des  apôtres,  des 
martyrs,  des  pères  du  désert,  des  premiers 
moines  d'Occident,  des  barbares  convertis, 
des  missions  et  des  chrétientés  nouvelles. 
L'iconograpliii"  aurait  plus  d'un  fait  à  re- 
cueillir dans  ce  livre  écrit  pour  des  enfants 
chrétiens. 

117.  SC.nAEPKENS.  —  L'Église  di'  Sainl- 
l'ierre.  ;l  Saint-Trond,  par  Arnaud  Sciiaei'- 
kens.  In-S"  de  2  p;iges  et  d'une  planclie  re- 
pré.sentant  l'intéressante  église  romane  que 
M.  Schaepkens  décrit. 

lis.  SCHAEPKENS.  —  L'Éi;lise  d'Eyck , 
dans  le  Lindjourg.  par  Aunaih  Sciiaei'KENS. 
In-S"  de  5  pages  et  d'une  planche  représen- 
tant cette  église  (style  roman  ,  et  quelques- 
uns  des  détails  de  son  ornementation.  C'est 
d'Eyck,  il  ce  que  l'on  croit,  que  sont  sortis 
les  fameux  peintres  Hubert  et  JeanVanEyck. 

I  i9.  SEVER.VC.  —  Notice  sur  la  vraie  croix 
de  saint  Guilhera-du-Désert,  par  l'abbé  G. 
SÉvÉRAc.  ln-8"  de  31  pages.  — Origine  du 
monastère  de  Gellone  (801),  fondé  par  Guil- 
heni.  et  du  culte  du  bois  delà  vraie  croix  ii 
Saint-Guilhem. 


loO.  Société  impériale  des  sciences,  de  l'agri- 
culture et  des  arts  de  Lille.  Séance  solen- 
nelle du  22  décembre  1801.  In-S"  de  02  p. 
M.  de  Coussemakcr,  président  de  cette  .so- 
ciété, a  prononcé  dans  cette  séance  solennelle 
un  discours  sur  le  mouvement  archéologi(iue 
en  France. 

l'jl.  Société  du  progrès  de  l'art  industriel, 
fondée,  en  l8o8,  au  Conservatoire  des  arts 
et  mélier.s,  séant  à  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris. 
Statuts  et  règlements,  composition  du  bu- 
reau et  du  conseil  d'administration,  liste  des 
membres.  In-8"  de  1 3  pages. 

|.j2.  SPACH.  —  L'Adbaïe  de  Marmoutier  et 
le  couvent  de  Sindeisberg.  par  LolisSpach, 
archiviste  du  Bas-Uliin.  In-S"  de  28  pages  et 
d'une  grande  planche  coloriée.  —  Histoire, 
fondation  de  l'abbaye  par  .siint  Léobard,  au 
vir  siècle,  et  du  couvent  de  Sindeisberg,  au 
xir',  par  Ricininus,  dignitaire  de  l'abbaye  de 
Marmoutier.  Description  de-  la  charte  qui 
contient  la  création  et  la  dotation  de  ce  cou- 
xent.  Traduction  de  la  charte.  Liste  des  abbés 
de  .Marmoutier. 

I'i3.  TÉCHENER.  —  Billetin  du  biblio- 
phile et  du  bibliothécaire.  Revue  mensuelle, 
publiée  par  J.  Téciieneu,  avec  le  concours 
de  -M^L  C.  Asselineac,  J.Andrieux.  L.B.AR- 
BIER.  p.  Beaune.  g.  BniiNET,  J.  Carn.\ndet, 
J  Chenc,  V.  Cousin,  Comte  Cl.  de  Ris, 
V.  Denis,  Marquis  de  Gaillox,  Le  Rou.k 
DE  Lincv,  Cuvillier-Fleurv,  Piiilarète 
Ciiasles,  Vallet  de  Viriville,  etc.;  con- 
tenant des  Notices  bibliographiques,  philo- 
logiques, historiques,  littéraires,  et  le  cata- 
logue raisonné  de  livres  rares  et  curieux. 
Abonnement  d'un  an.  12  fr. 

I.j4.  T0UL0ESE-L.U'TREC  (de;.— Souvenirs 
archéologiques  du  comté  de  Fezensac,  par  le 
comte  de  Toulouse-L  \utrec.  In-8°  de  2o  p. 
—  Puycasquier.  Notre-Dame  de  Gaillan. 
Saint-Sauvy,  description  de  son  église,  de 
sa  chapelle  et  de  sarcophages  en  pierre  et 
en  marbre. 


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ÀECÏÏEOLO'WD^UIËÏÏ 


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.f.    /Jttmtiiiattr^  /'itriA . 


I  /;ril^.  Jw,  éiiÊ>ti  i/f   /m    ïiwmeil* 


LA  vii:iî(ii: 


UAAS    INK    FJiLISK 


I^es  réflexions  (|ue  ikkis  avons  faites  à  propos  du  lableau  de  Iîo;j,er  \aii  der 
VVeydeii,  un  i>  Intérieur  d'église  »  i.  trouvent  ici  une  nouvelle»  application.  Le 
maître  flamand  incoiniu.  auquel  on  doit  ce  dijjlyque  du  iiuisée  d'Anvers  dont 
nous  donnons  aujourd'hui  l'un  des  côtés,  a  peint  tiaiis  l'intihieui'  d'un  monu- 
ment le  groupe  vivant  de  la  Vierge  qui  tient  l'enfant  Jésus.  Ln  Français  moins 
frileux,  mais  surtout  un  Italien,  l'aurait  placé  au  beau  milieu  des  champs, 
comme  Léonard  de  Vinci  l'a  fait  pour  la  d  Vierge  aux  Rochers  »  et  Raphaël 
pour  la  11  Belle  Jardinière  ». 

L'église  du  mailre  inconnu  est  gothi(ine,  connue  celle  de  Van  der  Weyden, 
mais  d'un  gothique,  surtout  aux  transse|)t.  chœur  et  sanctuaire,  qui  sent  la  fin 
du  xiv"  siècle  et  annonce  déjà  le  xV  ou  le  flamboyant.  Si  donc,  comme  nous 
l'avons  supposé,  le  style  de  l'église  est  un  indice  chronologique;  si  Jean  Van 
Lyck,  le  plus  ancien  de  ces  t'iamands,  affectionne  le  roman;  si  Van  der  Wey- 
den et  Hemling,  deux  des  plus  modernes,  aiment,  surtout  lleniling.  le  x\"et 
le  flamboyant,  nous  poui'rons  dire  (|ue  notre  peintre  d'aujourd'hui  se  place 
exactement  entre  J.  Van  Eyck  et  Van  der  Weyden.  Van  K\ck  est  mort  en 
mi -,  Van  der  Weyden  en  l/|G/i;  le  nouveau  maître  vivait  donc  enli'c  ces 
deux  dates,  c'est-à-dire  vers  1450. 

I.  «  Annalos  Arctiéoiogiques  »,  xxi,  p.  2i1  Pt  suivantos. 

î.  M.  James  Wealc,  un  jeune  et  savant  critique  d'art  qui  (li'iiunirc  à  Iîru,i,'i's,  a  fait  de  sérieuses 
reclierclies  et  des  découvertes  importantes  dans  les  arctiives  de  I 'év(''clic  et  d(^  la  ville  de  Bruges. 
Il  croit,  en  conséquence,  pouvoir  assigner  la  mort  de  Jean  Van  liyck  au  9  juillet  1440  et  celle 
do  Hemling  ;i  l'aiMiée  149j.  En  outre,  lia  trouvé  la  preuve  ([ue  Jean  ou  llans  Hemling  doit 
désormais  s'apjieler  Menilinc.  M.  James  Weale  mérite  certainement  qu'on  lui  donne  acte  de  ces 
découvertes  étal)lies  sur  des  textes  qui  paraissent  positifs,  et  nous  le  fai-ons  avec  empressement; 
mais  comme,  depuis  cinquante  ans,  le  nom  d'Hemling  a  déjà  changé  quntre  ou  cinq  fois  d'ortlio- 
xxii.  17 


1:2()  ANNALKS   A  I.C  II  K(_)1,0(1 1  OU  F,S. 

(le  iiiaîlre  incDiimi  a  cependant  livré  l(>s  iiiiliales  de  snii  nniii  à  la  postérité. 
Sur  le  volet  de  gauche,  au  revers.  (|ui  représente  un  ahbi''  di's  Dunes,  uni; 
console  du  plafond  de  la  chambre,  où  j)rie  l'abbé,  porte  ces  deux  lettres  enla- 
cées. C  ÎI.  Ce  même  monogramme  est  reproduit  une  seconde  fois  sur  le  revers 
du  volel  (le  droite,  dans  le  |)li  d'une  draperie  qui  couvre  un  prie-Dieu  où  est 
agenouilli''  un  autre  abbi'  de  i'oi-dre  de  Cîteaux. 

M.  l'abbé  Carlon.  de  liiiiges.  (|ui  a  l'ail  des  recherches  assidues  et  sonvent 
couroniK'cs  de  succès  sui'  les  anciens  peintres  llaniands,  est  d'avis  (|ue  ce  mo- 
nogramme désigne  Corneille  Ilerreboul.  peintre  brugeois.  (pii  vivait  à  la  fin 
du  \v''  siècle  et  peut-être  même  au  conmiencement  du  xvi''.  l'dur  le  nom  de 
Corneille  IJerrebout.  nous  n'avons  rien  à  en  dire,  surtout  si  des  recherches 
nouvelles  viennent  remettre  en  lumière  ce  peintre  trop  ell'aeé.  Quant  à  la  date, 
jusqu'à  |)lus  ample  iiil'nrmi''.  ikuis  nous  tenons  à  la  seconde  moitié  du  xv*"  siècle 
et  nous  ne  pensons  pas  que  cet  Jlerreboul  ait  pu  voii'  même  l'aurore  du 
XYi*'  siècle.  Comme  on  le  constate.  Heri'ebout.  si  Ilerreboul  il  y  a,  est  le  suc- 
cesseur immédiat  de  A'an  Fyck  :  il  i-ajennit  son  architecture  et  il  hérite  direc- 
tement du  réalisme  un  |)eu  \ulgaire  qu'avait  pratiqué  le  grand  maître.  En 
d'auliY's  lei'mes  et  pour  nous  i-ép(''ler.  le  maîlre  C  U  vient  se  poser  enti'e  Van 
Kyck.  mort  en  iliki,  el  Van  der  Weyden  qui  cessa  de  \ivre  en  \l\Gll- 

Son  église  est  fx'aucoup  moins  belle  et  surtout  moins  ré'gulière  que  celle  de 
Roger  Van  der  Weyden.  La  nef  est  plus  ancienne  et  plus  basse  que  le  reste  de 
l'édifice;  elle  date  de  la  fin  du  mu"  siècle,  tanchs  que  le  transsept,  le  chœur 
et  le  sanctuaire  appartiennent  au  xiv".  Cette  église,  que  réclament  deux  épo- 
(|ues  bien  caractérisées,  doit  êiro  la  ivprésentatioii  d'un  l'difice  réel  ;  auli-emcnt 
il  fau(li-ail  dire  (|ue  le  maiire  (j  11  élait  arcliéijlogue  plulùl  (|u'ai1iste  el  f|u'il  a 
sacrifié  la  beauté  d'un  monument  homogène  au  plaisir  de  peindre  un  édifice 
hybride.  Comparez  la  construction  harmonieuse,  élancée,  d'une  même  venue, 
que  nous  a  donnée  Van  dei-  Weyden.  à  celle  du  maître  C  II,  qui  est  coupée  en 
deux  et  dont  la  galerie  simple  et  sévère  de  la  nef  tranche  avec  la  galerie  étran- 

gnip!ip,  cl  comme  la  dale  de  la  mort  ou  do  la  naissance  des  grands  peintres  flamands  de  lage 
golhiqup  a  souvent  varié,  nous  atlendrons  que  le  temps  et  les  critiques  aient  dérinitivemeut  con- 
trôle cl  confirmé  les  preuves  données  par  M.  "W'eale  pour  les  adopter.  Un  allcnidaul,  un  lii'a  avec 
le  plus  grand  inlérèt  les  «  Notes  sur  Jean  Van  Eyck  »,  pul>liées  en  I8(il  |iar  M.  .lames  Wealo,  et 
son  «  Catalogue  du  musée  de  Bruges  »,  également  imhlié  en  ISCrl,  ii  Bruines  et  à  Londres.  Notre 
.-ympalliie  est  acquise  au  futur  liislorien  de  l'art  flamand,  et  nous  ne  saurions  l'encourager  trop 
\ivement  dans  ses  intelligentes  et  savantes  invcstigalions. 

1.  «  Catalogue  du  musée  d'Anvers»,  par  M.M.  le  chevalier  Léon  de  Biirbure,  Tlieodore  Van 
Lcrius  et  Pierre  Genard,  membres  du  con.seil  d'aïUnniisIralion  de  l'Académie  royale  (]e^  beaux- 
arts.  Deu\iénie.i'.(Jilion,  Anvers  1857,  page  39. 


LA    ViKHCK    DANS    (  NK   KCI.ISK.  127 

glée.  trapue  et  cliargée  de  cliicorres  qui  ivi;ne  dans  le  Iraiissepl  et  1(>  chœur. 
fl  \i>us  serez  persuadé  (jue  si  le  maîlre  C  II  n'a  pas  reproduit  lui  l'ilifice  exis- 
tant, c'était  un  archéoloi^ue  bien  exclusif  poui'  siuij,er  ainsi  tU's  styles  assez 
discordants. 

.le  cmis  (loue  à  la  repi'i'senlatinn  d'une  éi;iise  i-('e||c;  mais  j'iu,-n()re  où  elle 
est  et  si  elle  existe  encore,  et  je  recouunande  à  niessiiMu-s  les  ar(li('>(}|ogues 
et  architectes  de  la  Belgique  et  d(>  la  Hollande  d'en  l'aiiv  la  i-eclu!i-che.  Ce 
n'est  pas  l'église  de  la  Chapelle  à  lîruxelles.  ni  Saiule-Cudule;  car.  àSaintc- 
(Indiile  el  à  la  (Ihapelle.  c'est  le  contraire  :  le  cho'ur  et  l'abside  v  sont  préci- 
séuient  plus  anciens  que  la  nef.  A  la  calhédi-ale  de  Tournai  la  nef  est  plus  âgée 
([ue  le  reste;  mais  la  nef  est  l'omane  et  le  ch(enr  es!  gol!ii(|iii>.  On  Irouvei'a 
cet  é(hlice  du  maitrc  C  JI  dans  ([uelfiue  (''glisc  de  grand  pèlei'inage  à  la  sainte 
Vierge,  comme  à  Notrc-Dairic  de  llall(>.  par  exemple.  Dans  iiotr(;  tableau,  la 
Vierge  est  honorée  d'un  cull(>  exclusif  :  elle  est  vivante  à  l'enln'e  de  rcnlilice; 
elle  est  en  statuette  de  mai-|)i'(.'  blanc  sur  l'autel  gauche  du  jul»';  elle  reçoit 
l'annonciation  et  la  couronne  de  l'assomption  sur  les  lynipans  des  arcades  de 
ce  même  jubé;  elle  assiste  au  crucifiement  à  l'arciide  triomphale;  elle  est 
célébrée  dans  le  chœur  par  deux  anges  revêtus  de  chape;  peut-être  même, 
mais  la  photographie  est  trop  conbise.  est-elle  sculptée  sur  le  tymj)an  inti>- 
rieur  de  la  porte  latérale  gauche.  Aujourd'hui  eiicoi'c,  Notre-Dame  de  Halle 
s'abandonne  à  ces  dévotions  excessives;  mais  son  archileclure  est  li'op  dilfi'- 
rente  de  celle  du  maître  C  H  pour  f|u'on  ne  cherche  pas  encore  ailleurs. 

Au  sin-plus.  les  églises  dont  la  nef  est  plus  basse  el  plus  ancienne  (|ne  le 
reste  du  monument  ne  sont  pas  rare-  -i  Paris.  .Saint-dennain-des-Prés  el  Sainl- 
Séverin  surtout  nous  en  olbvnt  un  double  exemple  ,1e  dis  Saint-S(''veriii  sur- 
tout, parce  que  la  nef  y  est.  dans  s;i  partie  inf(''rieure.  du  xm'  siècle,  tandis 
que  le  chœur  et  l'abside  y  appartiennent  à  la  lin  du  xv''.  (l'esl  un  ('difice  de  ce 
genre,  ou  à  peu  près,  ([ue  le  maîlre  C.  Il  aura  copié  en  Ijelgi(|uc. 

Dans  cette  nef.  nous  ne  voyons  (|ue  deux  travées  et  la  lin  de  la  troisième; 
mais  deux  ou  trois  autres  travées  devaient  précéder  celles-là.  et  c'est  pour  ne 
pas  donner  trop  de  profondeur  à  son  tableau  que  le  mailic  C.  H  lc>  am-a  sup- 
primées. Cette  architectui'e  à  faisceaux  de  colonnes  est  assez,  fiançaise.  du 
nord  de  la  l'rancc  surtout,  philôl  (|iie  belge  encore,  d  la  galerie  dont  six 
arcades  ogivales  surmontent  chaque  grande  archc'  rap|)elle  la  caliiédrale  de 
Reims  d'une  manière  assez  frappante.  Dans  les  hautes  fenèli-es  (jni  surmontent 
celte  galerie,  on  voit  des  vitraux  colorés  sur  un  fond  de  losanges  blancs.  Ces 
grands  personnages  debout,  chacun  sous  un  dais,  touchent  à  la  fin  du  xv'  siècle 
el  annoncent  même  la  renaissance. 


128  A\NALi:S  ARCHKOLOGIOrKS. 

I'i)ur  nous,  le  grand  intérêt  de  cet  intérieur  d'église  est  dans  le  jubé  et  le 
.sanctuaire. 

Ce  jubé  n'est  plus  celui  de  1\.  A'aii  der  Weyden,  fermé  dans  Vhxd  et  ouverl 
sur  les  côtés;  c'est  le  jubé  normal,  comme  ceux  des  églises  de  l'I'^piiie  et  de 
Brou,  ouvert  dans  l'axe  et  aveugle  sur  les  côtés  contre  lesquels  est  adossé  un 
autel.  J/autel  de  gauche,  le  seul  que  la  perspective  nous  permette  de  voir,  est 
surmonté  d'un  petit  groupe  en  marbre  ou  albâtre  de  la  Vierge  dei)nul  et  tenant 
Jésus.  Deux  petits  chandeliers  en  cuivre,  sur  lesquels  l)rùle  un  cierge  de  cire 
jaune,  accompagnent  le  groupe  à  droite  et  à  gauche.  C'est  une  des  plus  sim- 
ples dispositions  d'un  petit  autel  ancien.  Dans  le  tableau  du  maître  C  H  les 
cliandeliei's  sont  si  fmemenl  exéculés.  ([u'il  serait  i)nssible  aujourd'hui  de  les 
copier  i-igoureusement.  Il  n'est  pas  juscpiaux  ii'ois  |ietils  lions  de  cuivre  sur 
lesquels  repose  la  base  de  chaque  chandelier,  ([u'on  ne  distingue  parfaitement. 
Après  la  base  monte  la  tige,  qu'un  no'ud  coupe  en  deux;  puis  la  bobèche,  qui 
est  crénelée. 

Toute  l'iconographie  de  ce  jubé  rap])^;ile  la  sainte  Vierge,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit.  Au  tympan  qui  couronne  l'arcade  oii  est  assis  le  ])etit  autel 
que  nous  venons  de  décrire,  l'ange  annonce  à  Marie,  en  présence  du  l'ère  éter- 
nel, en  pape  et  dans  les  nuages,  qu'elle  sera  mère  du  Fils  de  Dieu.  Au  tympan 
correspondant,  que  nous  ne  voyons  pas,  devait  être  figurée  la  nativité  de  Jésus. 
Au  tympan  de  la  porte.  Jésus-Christ  couronne  sa  mère  en  présence  des  anges. 
Deux  apôtres,  saint  Jean  probablement  et  peut-èti-e  saint  Jacques  Majeur,  amis 
et  parents  de  la  Vierge,  sont  debout  sur  les  colonnettes  qui  s'iMancent  du  fais- 
ceau oîi  reposent  les  arcades.  Au-dessus  des  clochetons  qui  abritent  ces  deux 
apôtres,  la  Vierge  à  droite  et  saint  Jean  l'Evangéliste  à  gauche,  assistent  au 
crucifiement.  Cette  Vierge,  ce  saint  Jean  et  ce  Crucifix  sont  en  cuivre  jaune. 

C'est  en  cuivre  jaune  également  qu'est  fondu  cet  aigle  qui  sert  de  pupitre  et 
qui  déborde  le  couronnement  du  jul)é.  A  cette  époque,  dans  les  églises  cathé- 
drales, collégiales  et  conventuelles,  une  clôture  assez  élevée  enveloppait  le 
chœur  et  le  sanctuaire.  Cette  clôture  était,  comme  ici.  arrêtée  par  un  jubé  qui 
s('parait  le  chœur  du  transsept.  C'est  au  milieu  de  cette  église  intérieure, 
inscrite  dans  l'église  proprement  dite  comme  un  noyau  dans  le  fruit.  (|ue  s'ac- 
complissaient les  olFices.  Lorsque  ces  ofTices  étaient  exclusivement  réservés 
au  clergé  des  chanoines  ou  des  moines  renfermés  dans  leur  chœur,  nul  besoin 
de  connnunicpier  avec  la  nef;  mais,  quand  les  cérémonies  devenaient  parois- 
siales et  que  des  fidèles  laïques  venus  du  dehors  y  assistaient,  on  ouvrait  toutes 
grandes  les  portes  du  jubé  et  l'on  chantait  les  leçons,  les  épîtres  et  les  évan- 
giles, du  haut  du  jubé  même,  sur  ce  petit  aigle  de  cuivre  dont  nous  voyons  ici 


LA  \ii:r;(;F,  dans  u.nf.  kglisI':.  i-2',» 

un  si  cui"itMi\  oxomplo.  Ailleurs.  I(>  |mpiti'i\  coiniiu' ;ui  jubé  do  réalise  di'  lînni. 
était  Cil  pieiTc  rt  avait  la  l'oniic  (riiii  livre  sur  le(|uel  on  plaçait  le  lectionnaire. 
l'épistolier  ou  révanséiiaii'C  Mais  ce  pu|)ilre  de  pierre  avait  rinconvénicnl 
d'être  fixe  et  de  ne  |)ou\oir  se  tnurner,  suivant  les  |irescriptions  lilin'gi(]ucs. 
vers  le  niii'd  pour  clianter  ri'\an,L;ile.  \ers  l'orient  pour  chanter  l'é'pilre.  Ici. 
notre  pu|)itre  en  métal  tourne  sur  un  |)ivot.  aux  (]uatre  points  cardinaux,  et  il 
est  précisément  disposé,  en  ce  moment,  pour  le  chant  de  l'évangile.  C-el  aigle  a 
les  ailes  ai)aissées  et  assujetties  par  un  rebord  tivs-saillant  jiour  retenir  h' 
livre  (|ue  l'on  posait  sui' le  dos  même  du  sul)liu:e  oiseau  de  saint  .lean.  "n 
devait  mouler  h  la  |)late-l'oi-me  de  ce  jubé  |>ar  un  double  escaliei'cn  limacen. 
placé  à  chaque  extr('miti''  dans  rinté'rieur  du  chu-ur  '. 

Cet  intérieur  de  chœur.  (|uoi<|uc  nous  n'en  apercevions  qu'une  jiartie  |>ar 
la  porte  du  jubé,  est  fort  intéressant.  Il  confirme  les  nombreux  exemples  (|ue 
nous  avons  déjà  publiés  dans  les  n  Annales  Archéologiques  n.  siu'tout  ;i  pi-opus 
du  chn'ur  d'An'asct  d'une  miniature  tk'crite  et  dessinée  par  M.  Ml'red  Darcel. 
L'autel,  habillé  d'un  pariMiient  de  cmileur  et  couvert  d'inie  nappe  blanche,  est 
enveloppé,  à  droite  et  à  gauche,  d'une  com-tine  (pii  glisse  sur  des  li-ingles. 
Derrière  est  le  retable,  qui  doit  être  en  métal  et  au  milieu  duquel  s'ai-rondit  et 
s'élève  assez  haut  le  tabernacle  en  même  matière.  Nous  ne  voyons  sur  cel  au- 
tel et  dans  ce  chu'ur  ni  chandelier,  ni  cduronne  de  lumière,  ni  slalles.  J,a  cou- 
ronne et  surtout  les  stalles  sont  cachées  par  le  jubé.  M;iis  li's  chandeliers 
auraient  pu  se  \'oir  part'aitenieiit.  et  il  est  à  croire  cpie  c'est  pai-  un  oubli  du 
peintre  s'il  n'(>n  existe  pas  au  moins  deux  sur  cet  autel  majeur  comme  siu'  le 
petit  autel  du  jubé.  L'erreur  est  d'autant  plus  probable  qu'en  ce  momeul  même 
se  fait  un  petit  oITice.  Les  deux  anges  en  aube  parée,  en  dalmali([ue  et  en 
chape,  que  nous  voyons  dans  le  chœur,  chantent  ;i  deux  voix,  dans  un  grand 
livre  ouvert,  un  motet  à  la  Vierge.  Ce  motet  doit  être  le  «  Salve  regina  mise- 

1.  Ce  cliarmant  jubc",  avec  tous  ses  accessoires,  est  curieux  à  étudier  non-seulement  pour  un 
ardiéologue,  mais  pour  un  architecte.  Dans  les  églises  nouvelles  qui  se  construisent  en  ce  mo- 
ment en  style  ogival,  on  pourrait  le  reproduire  comme  un  des  plus  purs  modèles  qui  existent. 
Nous  savons  bien  qu'une  certaine  école  de  musiciens  repousse  les  jubés  dans  le  présent,  dans 
l'avenir  cl  même  dans  le  passé,  puis([u'plle  demande  qu'on  les  délrui.<e  où  ils  existent;  mais  les 
musiciens,  [leu  instruits  de  leur  naturel,  fort  exclusifs  et  d'un  goût  fort  douteux,  ont  demandé 
bien  dos  choses  qu'on  s'est  empressé  do  leur  refuser.  Les  jubés,  quoi  (|u'ils  en  disent,  ne  nuisent 
pas  il  la  musique  même  moderne,  car  la  Belgique,  l'une  des  contrées  où  l'on  fait  le  |)lus  de  mu- 
sique dans  les  églises,  est  précisément  un  pays  à  jubés  Du  haut  du  jubé  de  Saint-Uavon,  cathé- 
drale actuelle  de  Gand,  j'ai  bien  des  fois  entendu  descendre  la  meilleure  musique  religieuse  mo- 
derne; celte  musique,  je  l'entendais  Ircs-dislinclemcnl,  et  mémo  bien  |)lus  nettement  que  (piand 
on  l'exécutait  dans  le  chœur,  «  in  piano  ».  Dans  la  Relgique.  plus  musicale  que  la  France,  les 
jubés,  loin  de  nuire  à  la  musique,  en  sont  le  Ihéàlre  le  plus  sonore  et  le  plus  beau. 


i;;il  AN.WLKS   A  nClIKOLOin  (j  L'ES. 


c 


ricordia'  ".  rdui-Hi  iiiènio  que  nous  voyons  écrit  sur  le  galon  pci'l('  (jui  ourle 
hord  inférieur  de  la  robe  de  la  Viei'ge.  Je  dis  «  Salve  regina  niiserieordia^  » 
et  non  pas  «  iSalve  regina  mater  misericordiaj  »,  car  il  paraît  que  le  mot 
«  mater  »  est  une  addition  assez  récente.  En  tout  cas,  on  ne  voit  le  «  mater  » 
ni  au  bas  de  la  robe  de  la  Vierge,  ni  au  bas  du  cadre  qui  entoure  li'  tableau, 
cadre  (|ue.  faute  de  place,  nous  n'avons  pu  faire  graver  sur  notre  planche. 
On  y  lit.  en  beaux  caractères  g(jthiques  du  xv"  siècle  : 


SA1.VI-;   •    hf:i,in\   •    Mi-^iaiiCDiuiiic   • 


Il  n'est  pas  besoin  de  faire  ressorti)'  la  richrsse  et  la  beauté  des  vêtements 
de  la  Vierge.  La  robe  est  d'un  luxe  ((ui  en  fait  une  œuvre  d'orfèvrerie.  Le 
manteau  lui-même,  dont  l'ampleur  est  si  reniai'(iuable.  est  l)i'od('  de  perles  tout 
à  l'enlour.  Ouant  à  la  courdime.  elle  est  d'ime  richesse  incomparable  :  c'est 
un  buisson  d'or,  de  perles  et  de  pierreries.  Marie  est  véritablement  reine.  La 
simplicité  de  l'enfant  Jésus  ti'anche  sur  cette  richesse  :  un  lange  ou  «  drapel  » 
blanc  enveloppe  incomplètement  son  petit  corps  dont  le  buste  est  nu.  L'enfant 
n'est  plus  ici  le  Fils  de  Dieu,  comme  on  aimait  à  le  représenter  jusqu'au  xii'  et 
et  même  jusqu'au  mu"  siècle;  c'est  avant  tout  le  fils  de  l'homme.  Il  ne  bénit 
pas;  il  ne  porte  ni  le  livre  des  évangiles  comme  le  docteur  par  excellence,  ni 
la  boule  du  monde  coirime  le  roi  des  rois.  Simple  enfant  soumis  aux  condi- 
tions vulgaires  de  l'humanité,  il  paraît  vouloir  écarter  les  beaux  vêtements  qui 
couvrent  la  poitrine  de  sa  mère  pour  y  chercher  le  sein  qui  doit  le  nourrir.  — 
On  est  à  la  fin  de  l'art  eln'i'lien. 

Marie,  qui  tient  l'enfant  Jésus,  marche  sur  un  carrelage  en  terre  cuite  où. 
entre  autres  ligures,  on  voit  le  symbole  du  Sauveur,  l'agneau  de  Dieu  qui  tient 
avec  son  pied  droit  de  devant  la  croix  ornée  de  l'étendard  de  la  résurrection. 
Ce  carrelage  est  intéressant  et  il  mériterait  d'être  étudié.  On  ne  s'y  rend  pas 
bien  compte  de  la  symi'trie.  qui  doit  exister  cependant,  avec  laquelle  on  a  dis- 
posé les  carreaux  noirs,  qui  sont  rares  et  les  autres  qui  sont  bien  plus  nom- 
breux. 

Sur  le  premier  pilier,  à  la  droite  de  Marie,  est  accroché  ini  tableau  de  bois 
<[ui  porte  une  pancarte  à  deux  colonnes  où  doit  se  lire  une  longue  prière  à  la 
Vierge.  Ce  tableau  n'est  pas  celui  des  offices,  comme  le  tal)leau  de  l'intérieur 
d'église  de  Roger  Van  der  Weyden  :  on  n'y  voit  pas  les  petits  trous  destinés 
à  recevoir  la.  ehevillette  à  l'endroit  du  semainier  où  de  l'officiant  de  chaque 
jour;  c'est  évidemment  un  tableau  de  prière,  comme  celui  ((ue  l'on  ti'ouve 
dans  plusieurs  églises  d'Italie,  notamment  à  la  chapelle  de  Sainte-Catherine 
de  Sienne,  dans  l'église  des  Dominicains,  à  Sienne,  et  que  l'on  peut  prendre 


I.V   VIKKOr,   DANS   L NK   KCLISK.  131 

à  la  main  pour  y  lire  une  prièir  spi'ciale  pour  tel  saint  ou  t(>Iie  sainte.  Ici, 
avec  le  maître  C  H,  nous  soinuies  dans  une  t'glise  de  pèlerinage  à  la  \'ierge. 
une  église  |)robablement  miraculeuse,  et  nous  y  rencontrons  une  prière  par- 
ticulière pour  la  patronne  de  céans. 

Du  cùté  opposé  à  ce  tableau  .  dans  im  très-grand  et  très-beau  vase  de 
cuivre  jaune,  en  batterie  de  Dinant,  est  planté  uu  gros  boucpiet  de  lleurs  de 
lis  et  d'autres  fleurs  blanches,  ombellifères  ou  campanulées.  en  l'honneur  de 
Marie  imniaciilé'e.  O  vase  est  exécuté  avec  ime  rare  ]iei'i'ection.  comme  par 
le  dinandier  lui-mcMue.  Il  rst  porté'  par  un  l;u\ge  pied  ;i  godroiis  en  spirale 
et  sa  |ianse  a  la  forme  d'une  (|uatn'-feuilles  gothicpn'.  Les  fleiu-s  (|ui  le  rem- 
|)lissent  sont  peintes  avec  l'exactitude  qu'y  metti-ait  un  ualin-aliste. 

Voilà  donc  un  autre  tableau,  de  lécole  gothicpie  flaniande.  qui  nou- 
révèle  une  foule  de  détails  sur  l'arcliitecture ,  la  peintiu-e  sur  verre,  la  céra- 
mique, la  dinanderie.  la  sculpture,  rameublement  et  les  usages  liturgiques 
de  la  lin  du  moyen  âge.  Kn  l'étudiant  avec  soin,  on  peut  y  trouver  une  rare 
et  abondante  instruction  arcliéol()gi(|ue.  Ce  qui  nous  ])laît  dans  les  tal)leau\ 
de  ce  genre,  c'est  ([ue  les  détails  abondent  et  (jue  les  renseignements  y  foison- 
nent. Le  centre  du  tableau  de  Van  der  Weyden  a  2  mèti-es  de  haut  sui- 
97  de  large  ;  celui  du  maître  C  H  n'a  <|ue  31  centin)ètres  de  haut  sui-  15  cen- 
timètres de  large.  On  voit  (|ue  c'est  un  monde  encore  plus  petit  (|ue  celui  de 
Van  der  Weyden. 

.l'ai  toujours  porté  le  plus  grand  inléivt  à  celte  peinlm'e,  et  un  double 
attrait  m'y  a  toujours  attiré'  cha(|ue  fois  (|ue  je  suis  allé  à  Anvers  :  l'allrai! 
ai'chéologique  d'un  côté,  et  l'intérêt  artisti{[ue  de  l'autre,  cai-  il  n'est  peut-être 
([u'une  copie  dont  l'original  serait  entre  les  mains  de  M.  Nau,  architecte  dio- 
césain de  Nantes  et  mon  ami. 

Lu  elTet.  M.  Xau  possède  un  petit  tableau  sui-  bois  absolument  pareil  à 
celui  du  maître  C  II.  Même  composition,  même  ensemble,  mêmes  iminis 
détails  ;  tous  deux  se  ressemblent  connne  deux  gouttes  d'eati.  M.  Xau  croit  (jue 
son  tableau  est  supérieur,  comme  peinture,  à  celui  d'Anvers;  je  suis  volon- 
tiers de  cet  avis,  et  ce  serait  sans  douli'  une  raison  excellente  ])our  croire  que 
le  tableau  de  Xantes  est  l'original  dont  celui  d'Anvers  serait  la  copie,  ou  tout 
au  moins  une  ré'pélition.  Je  n'ai  constaté  entre  eux  ([ue  deux  dilTérencos,  et 
ces  différences  mêmes  pouri'aicnt  prouver  (|ue  ^L  .\au  est  le  possesseur  du 
véritable  original . 

La  tablette  de  la  prière  à  la  Vierge ,  à  deux  colonnes ,  comme  au  tableau 
d'Anvers,  est  accrochée  dans  le  tableau  de  Nantes  sur  le  second  et  non  sur  le 
premier  pilier  :  la  Vierge  vient  en  avant .  et  la  prière  est  placée  derrière  le 


yyi  AiNiNALES  AHCHÉOLOC  !  011  KS. 

;j,niiipc.  Le  vase  si  Irioniphant  de  fleurs  blanches  n'existe  pas  dans  le  I,i1)1(mu 
de  Nantes.  Si  le  laljleaii  d'Anvers  est  une  copie  ou  une  répétition,  le  niailii' 
C  H  se  sera  aperçu  (luc  la  prière  ainsi  reculée  derrière  la  Vierge  dans  l'uri- 
giiiai,  était  mal  placée,  puisque  les  prières  se  disent  devant  cl  lum  dciiièie 
les  images  des  saints;  on  aime  en  ellèt  à  voir  les  patrons  aux((uels  on  adresse 
des  vœux. 

(}uand  on  copie,  (|uand  on  traduit,  on  ajoute  ordinairement  plnlùl  (|u'on  ne 
retranche;  les  poètes.  (|ni  ont  copié  ou  traduit  en  français  plus  ivceut  nos 
anciens  poèmes  épiciues  écrits  en  latin  du  moyen  âge  ou  en  vieux  français, 
au  lieu  de  faire  des  suppressions,  ont  délayé  la  vieille  poésie  dans  mi  courant 
de  vers  nombreux  ou  dans  une  prose  plus  verbeuse  encore.  L'addition  du 
jjouqni't  dans  le  tableau  d'Anvers  paraît  donc  l'indice  assex  notable  (|ue  c'est 
une  copie  ou  tout  au  moins  une  répétition. 

Quoi  qu'il  en  soit,  original  ou  cimtemporain  du  tableau  du  maître  C  H,  le 
tableau  de  M.  Nau  n'en  est  pas  moins  un  bijou  des  plus  précieux,  et  nous 
aimerions  à  le  voii'  cju'ichir  notre  si  riclie  musée  du  Louvre. 

DIDRON. 


VOYAGE   ARCHKOLOGIOUE 


AU  XV^  SIECLR 


M  i  T  i;    HE     L  '  1  T  M.  1  i;   ' 


Si'OLETTE.  —  u  Eli  l'église  des  frères  pi'escheurs  repose  le  corpz  de  s'"  Cris- 
line,  laquelle  fut  sanctyée  environ  Tan  H58  ;  laquelle  s"  est  en  char  et  en  os, 
et  là.  on  y  prent,  à  cuy  yl  plaist.  des  chaiiitures,  connue  on  faict  à  Viterbe,  à 
l'église  de  S"'-Roze  -  ». 

Notue-Dame-de-Lokette.  —  'i  Je  touchay  à  l'ymage  de  Nostre-Danie, 
dont  l'église,  toutte  de  pierre,  est  aussy  grande  ou  environ  comme  la  caj)- 
pelle  de  Noslre-Uanie  de  Hal  en  Vallenchiennes,  touttes  mes  baghettes  et 
patenostres  que  j'avois  •''  -i . 

Plus  loin  il  parle  d'un  liunime  "  ([uy  jouoit  d'une  harpe  et  d'ung  clavier 
cymbolon  ^  ». 

Rave.\iN'e.  —  Là  est  «  l'ung  des  potz  esquelz  Nostre-Seigneur  mua  l'eaue 
en  vin  ••  » . 

1.  Voir  les  «  Annales  Arcticologiques  »,  vol.  xxii,  pages  48  et  8G. 

2.  Manuscrit  de  la  bibliollièque  de  Valenciennes,  n"  4'J3,  folio  07  r". 

3.  Ibid.,  fol.  69  V. 

4.  11)1(1.,  f.il.  70  r". 

o.  Ibid.,  fol.  72  r".  —  Kn  vérité,  il  y  a  autre  chose  il  Ravcnne,  même  pour  un  pèlerin  dévot, 
qu'une  des  urnes  de  Cana.  iMais  notre  voyageur  aimait,  à  ce  qu'il  paraît,  ;i  recueillir  tout  ce  qui 
concerne  ces  urnes  dont  les  «  Annales  Arcliéolo;^iques  »  ont  tant  do  fois  parlé.  Il  dit  ailleurs, 
folio  49  r"  :  «  Kn  l'église  Saint-Nicolay,  ordn^  de  saint  lienoisl,  en  une  isle,  a^sis  pré.s  des  deux 
chasteaux  (Venise),  et  entre  diverses  reliques  que  vei.-mes,  nous  lut  niotislré  une  kane  où  Jlnicrist. 
aux  noepces,  mua  l'eaue  en  vin,  pour  son  premier  miracle;  et  est  de  Iri's-belle  faelion,  de  cou- 
leur sur  l'allebaslre  enbrant  sur  le  jaulne,  comme  cire;  et,  quand  on  metloit  de  la  lumière  pai' 
dedans,  on  voioit  la  clarté  par  dehors  ». 

NXII.  18 


134  ANNALES   ARCUKOLOGIQUES. 

Padoie.  —  "  A.  S'-Antliomie  de  Pade  les  funiies  du  C(v\\v  sont  foi'l  l)elles  ; 
car  yl  sainble  à  les  vcoir  (m'elles  sont  faictes  d'une  pièce  de  laiton  et  de  une 
piere.  comme  vous  diriés  de  jaspre  ;  mais  c'est  tout  bois,  lequel  est  crut  telle. 
—  i.ad.  église  est  toutte  vauisce  et  va-on  autour  du  cœur,  comme  on  faict 
en  l'église  de  Nostre-Dame-la-Grande  ,  en  la  ville  de  Valencliiennes  ^  ». 

«  Devant  lad.  église,  sur  une  t'url  liaullc  culonne,  y  a  ung  homme  tout  à 
cheval,  cmiime  yl  y  a  à  Romme  devant  les  dégrez  S'-Jehan-de-l.atran,  (ont 
de  cuivre.  Lequel,  en  son  tampz,  fut  porchier,  et,  pour  la  vaillance  de  luy, 
les  Vénitiens  le  firent  capitaine  de  Venize  et  de  toutte  la  seigneurie  ,  et  fut  en 
l'an  iiir.  XL 2». 

Vknise.  —  «  Au  clocher  de  la  plarhe  S'-Marc  yl  y  a  plusieurs  cloches 
dont,  cnii'e  les  aullirs,  yl  y  en  a  une  (juy  est  couverte  d'une  natte.  la(|uelle 
on  sonne  quand  on  va  pnur  l'aii-e  justice ,  et  est  lad.  cloche  bien  petitte.  Sur  le 
portai  de  l'église  S'-Marc  .  \1  y  a  iiii  chevaulx  de  cuivi'c,  toutz  dorez,  toutz 
de  une  grosseui-  et  de  une  haulteur,  et  sont  de  diverses  fâchons  les  imgz  aux 
aiiltres;  car  l'ung  i-egai'de  de  ung  costé  et  l'aultre  de  l'aultrc  ;  l'inig  lieve  le 
pied  de  devant  et  l'aultre  de  derière  :  lesi]uelz  chevaulx  estoient  en  Constan- 
tinoble. 

Il  Dessoubz  le  portai  d'icelle  église  y  a  une  ymage  de  Nostre-Dame,  laquelle 
est  faicte  et  taillié  de  la  pierre  où  Moyse  frappa  de  sa  verge  au  désert,  dont 
miraculeusement  eaue  en  yssit.  dont  les  enffanls  d'Israël  en  furent  rasasiés,  et 
yssoit  lailicfe  eaue  par  iiii  limix  :  et  se  void-on  à  présent,  en  lad.  ymage  les 
iiii  tnnis  par  (ùi  lad.  eaue  issit,  et  est  lad.  image  dessoubz  led.  jxirlal.  à  la 
bonne  main,  et  se  y  a  ung  aulel  autjuel  on  dict  messe.  En  l'église  dud. 
S'-Marc,  sur  la  main  gaulce,  là  y  a  ung  autel  de  Nostre-Dame.  où  y  a 
mi  piliers  qu'on  tient  en  très-grand  révérence,  et  derrière  lad.  ymage  de 
Nosti'e-Dame  y  a  ung  crucifix  sur  ung  tablef,  faict  de  painture  .  lequel  fut 
apporté  de  Constant inoble  :  lequel  crucifix  les  Sarrazins,  quant  ylz  eulrent 
gaigné  lad.  ville,  ylz  le  crucifièrent  au  despit  de  Nostre-Seigneur  Jhésucrist, 
et  encoires  oultre  ylz  luy  donnèrent  v  copz  de  coulteaux,  tant  au  visaige  comme 
en  la  poitrine,  desquelles  plaies  led.  crucifix  donna  sang^  ». 


1.  Folio  71  v".^  En  Italie,  en  ellot,  il  est  fort  rare  que  l'abside  ait  des  bas  côtés  tournants.  Jean 
de  Tournai  est  frappé  de  ceux  qu'il  rencontre  dans  Saint-Anloine  de  Padoue,  cette  église  bizarre 
où  le  bvzantin  et  le  latin,  l'orienlal  et  l'occidental  se  pénèti'cnt  si  intimement  pour  produire  un 
des  plus  curieux  et  des  plus  importants  monuments  qui  soiejit. 

2.  1440.  Ibid  ,  fol.  74  v°,  75  r".  —  C'est  la  statue  équestre  de  Gattamelata,  œuvre  de  Dona- 
tello.  (Voy.  Vasari,  édition  Jeanron  et  Leclanciié,  t.  ii,  p.  218.) 

.3.  Ibid.,  fol.  82  roet  v°. 


vo^  \(;k  AiiciiKOLOc.iori-:  ai    w  siiici.i;.  135 

Il  (lil  (|ue  "  la  pDiirlraicliiri'.  rcinéiiioraiil  la  vicloirr  rompoi'téc  contre 
rempcnnii' ;i  la  lîai-he-I'xmssc  (  l''r(''(U'M'ic  I".  dit  lîaiboniiisse),  ï^c  Iroiive  en 
nue  salli'  au  palaix  '  » . 

H  Yl  est  (le  coustumo,  (luaud  iiiig  patriarco  va  par  les  canii)/..  nu  paniiy  une 
ville,  se  porte-ou  leusiours  une  cinuble  ci-oix  di-vaut  luy,  et.  au  lieu  de  une 
croclie.  \l  y  aviiil  ung  bastoii  d'argent.  le(iui'l  a\i>il  par  desseure  counne  une 
gi'oss(>  ponuue  et  sans  dorure  nullr.  A\oil  nssy  Icd.  patriai'cc  eliaiilaul  la 
nies.se .  par  deseui'e  sa  caseble.  une  estolle  sur  ses  espauilrs  allant  depuis 
sesd.  espaulles  jus([ues  eni  bas.  tant  devant  eunnne  dci-rièii' et  saniblnit  (|ue 
ce  fuist  ung  gorel  -. 

»  A  la  procession  solennelle,  le  (loiu'is  Do.mim  cstoit  assis,  comme  vous 
diriez,  sur  une  civière  h  porter  fuM'tres  par  deçà,  et  .  sur  lad.  civièri'  yl  y  avoil 
ung  fort  gi'and  calice,  et  à  la  moieime  d'icelluy  à  faclion  de  une  gi'ande 
brance,  aiisquclles  brances  yl  y  a  /|  assez  gros  cordons  de  soyc .  les(|uelz 
viennent  desd.  brances  respondre  à  lad.  civière,  et.  au  plu-^  liaull  desd. 
brances.  là  est  niys  le  Couri^s  Domim-'^.  —  Prennent  iiii  [n-i^bstrcs  lad.  civièi-c. 
dont  le  calice  est  par  dessus,  et  le  (loiiris  Uomim  au  plus  hauU  en  une 
brance,  connue  dit  est.  et  aussy  ten.  à  k  cordeaux  de  noire  soie.  Après 
portent  vi  lionnnes,  les  plus  nobles  de  la  ville,  le  pasle  par  dessus  le  Coiu'ls 

DOMIM  ''. 

(i  Kn  l'église  de  S'  Marc  ■''  y  a  une  croix  de  mii'aclcs,  à  huiuclle  les  Vénitiens 
ont  fort  grande  dévotion,  et  aussy  yl  y  a  |)lusieurs  belles  tomlies,  et  aussy  les 
formes  (stalles)  sont  fort  belles''.  » 

De  son  côté.  Georges  Lengueraut  parle  ainsi  du  palais  de  S'-Marc  :  «  Ou 
voit  au|)rès  de  l'église  S'-Marc  deux  gros  pilliei-s  fort  ariiusti-i''s  de  fleurs  faiclz 
de  la  pierre  mesme.  et  est  lad.  pierre  fort  belle  et  riche,  et  sont  di'  \ii  à  xiii 
piedz  loing  l'uug  de  l'aullre.  et   lun'ul   pi'ins.  comme  ou  dict ,  m  la,  \ille  de 


i.  Ibid..  fol.  84  V". 

2.  Lrs  Vénitiens  sont  clos  liyzaiitins;  i-ctto  iHol(^  que  le  patrinrciio  di'  W-nisc  porte  sur  sa  clia- 
suble,  n'est  autre  i]iie  l'étoii!  byzantino,  I'  «  Orarion  « ,  qui  fait  coiistaiiinuTil  [laitio  du  co-luiiic 
ecclésiastique  des  otriciants  de  l'Égtisc  grecque. 

3.  Ibid.,  fol.  93  v°. 

4.  Ibid.,  fol.  96  v°.  —  Il  semble,  d'après  cette  (lescri()tion,  que  ce  «  Corpus  Domini  »  était  la 
représentation  du  corps  même  de  Jésus-Christ  morl.  En  Grèce,  au  mont  .Vlhos,  on  voit  dans  les 
représentations  de  la  «  Divine  liturgie  »  cette  figuration  du  cailavre  du  Sauveur  ainsi  porté  sur 
les  épaules  des  anges.  Si  nous  comprenons  bien  le  texte  du  pèlerin  do  Tournai,  Venise  aurait 
exécuté  une  cérémonie  d'origine  peut-être  exclusivement  byzantine. 

3.  Voy.  le.s  «  Annales  Archéologiques  »,  t.  xxi.  p.  110  et  suivantes. 
6.  Ibid.,  fol.  97  r". 


130  ANNALES    ARCllI' OLOGIQL'ES. 

Acre,  à  la  conqucste  faicte  par  les  Vénitiens.  D'iuig  aullre  costé,  vers  la  nier 
(siii'  la   Piazelta),   yl  y  a  deux  grandz  piliiers  rondz  et  gros  à  merveilles, 
cliascun  d'iceulx  de  inie  seulle  pieri-e  et  de  grande  haulteur,  nierveilleiisenient. 
VA  n'eusse  jamais  cuidé  que  on  sceiust-on  recouvrer  de  sy  grande  liaulteur 
d'une  seulle  pierre.  Sur  l'ung  d'iceulx  est  S'  Marc  (elle  a  vu  aulnes  de  gros- 
seur), et  sur  l'aultre  S'  Théodore  (elle  a  vi  aulnes  de  grosseur),  aiant  ung 
grand  et  gros  serpent  soubz  ses  ])iedz.  Entre  iceulx  piliiers,  comme  on  dict, 
l'on  l'aict  niorir  les  personnes  non  nobles,  quand  ylz  dései'vent.  Regardant  tout 
de  long  de  ceste  place  est  assis  le  palaix,  quy  est  une  chose  ([ue  je  ne  scaurois 
mettre  par  escript,  pour  cha  cpie  je  ne  scaurois  comprendre  la  richesse  et 
grande  magnillcence  d'icelluy.  Touttesfois,  ])our  en  dire  quelque  chose,  yl  est 
([ue  du  costé  de  ceste  place  il  y  a  par  le  dessoubz  xix  grosses  colonnes,  quy 
l)ort('nt  la  gallerie  de  dessus,  cpii  font  xviii  ai-cures  :  et,  entre  icelles  grosses 
cnlomies.  par   le  dessoubz,  et  les  édifTices   et  vaulsures  d'embas  d'icelluy 
palaix,  y  a  allées  grandes,  pavées  richement.  Sur  lad.  gallerie  de  deseure, 
portée  des  grosses  colonnes  d'embas,  y  a  xxxvii  aultres  colonnes  mendres 
que  celles  de  desoubz  (juasy  à  inoictié,  quy  font  xxxvi  vaulsures.  Entre  les- 
quelles colonnes  en  y  a  deux,  quy  samblent  estre  rouges  comme  jaspre,  entre 
lesquelles  on  faii-t  niorir  les  gentilz  hommes,  quand  le  desservent.  Quy  soit 
en  nioy  d'escripre  la  richesse  des  personnaiges  et  ouvraiges,  ne  de  quoy  les 
colonnes,  pierres  ne  pavement  sont ,  certes  non,  sy  m'en  déporte.  Se  il  est 
riche  à  ce  costé  sy  est-il  à  tous  aultres  costez,  saulf  k  l'ung  qui  regarde  sur 
une  rue.  où  la  mer  va  au  loing  d'icelle.  La  cour  d'icelluy  palaix  n'est  pas 
grande,  mais  toutz  édiffices  somptueux  quy  sont  de  tous  costez;  et  encoires, 
à  ceste   heure,  l'on  en  abbattoit  aulcuns,  pour  che  qu'ilz   n'cstoient  faictz 
richement  assez  à  leur  gré,  et  pleut  à  Dieu  qu'il  en  y  eult  ung  tel  en  nostre 
pais,  affin  qu'il  ne  fuist  besoing  de  venir  sy  loing  pour  veoir  choses  quy  bien 
le  valent.  Et,  entre  aultres  personnaiges,  y  sont  Adam  et  Eve.  les  mieux  faictz, 
selon  le  cas,  que  je  veiz  oncques'.  —  Et  nous  fut  affermé  par  nostre  hoste 
que  aud.  Venise  y  avoit  lxxii  paroisches  et  lxiiii  églises  de  monastères,  tant 
d'hommes  que  de  femmes -.  » 

Jean  de  Tournai  dit  à  son  tour  :  «  Après,  nous  fumes  par  les  maisons  et 
fours  où  on  faict  les  plus  beaux  ouvraiges  de  voire  que  jamais  je  vidz,  si  comme 
reliquiaires,  patenostrcs,  potz,  platz,  bouchatz,  petis  et  grandz  voires,  fort  de 

1.  Folio  19  v",  20  T"  et  v".  —  Voyez  dans  les  «  Annales  Archéologiques  »,  vol.  xvtt,  p.  6!) 
et  suivantes,  la  description  de  ces  colonnes  et  chapiteaux  du  palais  ducal  de  Venise,  par  MM.  Bur- 
ges  et  Didron. 

2.  Ibid.,  fol.  21  r". 


V0VA(;K   AIîCIIKOLOOIOUK   ai     W-   SIKCI-K.  137 

belle  fachoii,  de  une  [X'titte  pièce  aussy  grosse  ([ue  une  poch  au  bout  d'une 
verge  et  buze  de  ter.  Ia([uelle  est  dedeu.s  le  i'our,  et  n'est  rien  tant  chault. 
L'ouvrier  le  tire  dehors,  et  puis  y  tourne  deu\  ou  trois  tours  son  i)ras  pour 
donner  air.  et  api-ès  vous  voyi-i'-s  cheia  ront  el  enllel .  coninic  se  vous  soullliés 
dedens  une  vessie,  et  rela  toui-ne-oii  el  le  t'aict-on  de  telle  grosseur  ou  gran- 
deur (]ue  on  vcult  ^.  » 

Maintenant  deorges  Lenguerant  va  nous  parler  de  Vérone,  de  Padoue  et 
de  Rrescia. 

VÉ«o^E.  —  »  Assez  près  de  la  place  oii  les  seigneurs  de  la  ville  ou  de  la 
justice  tiennent  leur  police,  y  a  une  piMilte  place,  et  ni(>  sanibluit  à  ve(jir  ([ue 
c'estoit  terre  sainte,  en  laquelle  y  a  deux  sépultures  liaultes  eslevécs  sur  |ihi- 
sieurs  pilliers  riciiement  atourncz  d'allebastre,  de  niarbi'c,  ou  d'aultres  riches 
pierres,  où  estoicnt  plusieurs  i)crsonnaiges  entretailliez,  pour  la  di'coration  de 
grande  magnificence,  d'angelz  et  aultres  S'*  alenthour  des  tombeaux,  et, 
sur  plusieurs  pilliers  aultres  personnaiges  :  et  nous  tut  dict  ([ue  c'estoient 
sépultures  d'aulcuns  ijuy  avoient  esté  seigneurs  d'icelles  terres  le  tanipz 
passé  -.  1) 

Padoik.  —  Il  Le  pallaix  est  fort  grand  et  fort  beau;  gallcries  tout  autour, 
et  les  appuis  d'icelles  gallcries  sont  de  pierres  de  telle  couleur,  comme  de 
jaspre,cassidoine  ou  allebastre  ou  aullre  samblable  pierre.  Et  nous  fut  dict  que 
les  bouticlcs  dessoubz  et  alentour  d'icelluy  pallaix  vallent  par  an.  en  domaine 
h  la  seignourie  de  l^adua,  vi  mil  ducatz. 

«  Le  cœur  de  l'église  (^S'-Antoine)  de  Padua  est  fort  beau  et  le  mioulx  clos 
el  de  plus  belles  pierres  (]ue  jus(|ues  à  cesie  heure  ay  veu,  et  les  plus  belles 
fourmes  aussy  :  tout  le  pavement  de  lad.  église  est  fort  beau  et  riche.  Toutte 
l'église  est  pardessus  en  v  ijonnnes,  vaulsures  rondes,  couvertes  de  plomb 
bien  richement ,  et  croisiées,  et  y  a  tant  de  pierres  de  couleur  de  jaspre,  cassi- 
doine  ou  allebastre,  que  chc  me  samble  riche  chose. 

((  La  fiertre  de  Mons.  8'  Anthoine  est  d'argent  doret,  bien  faicte. 

«  Au  partir  d'icelle  église,  hault  sur  ung  pillier,  il  y  a  ung  grand  cheval  de 
ceuevre  et  ung  homme  tout  armé  dessus  nommé  Anihenor,  cpti  fut  S'  du  tampz 
passé  dud.  Padua,  aiant  ung  gros  baston  en  la  main  ^.  " 


1.  Folio  98  r".  —  Cette  fabrication  «lu  verre,  encore  usitée  aujourd'Imi,  mérite  qu'on  y  fasse 
attention. 

2.  Folio  1G  v".  —  Georges  Lenguerant  parle  de  colle  petite  place  où  se  voient  les  fameux 
tombeaux  des  Scaliger,  notamment  celui  du  grand  Can,  mort  en  13 i8. 

3.  Plus  haut,  Jean  de  Tournai,  qui  a  raison,  dit  que  ceUe  slatue  équestre  en  bronze  est  celle 
de  Gattamelata,  exécutée  par  Donatello,  sur  la  commande  des  Vénitiens. 


138  ANNALES   ARCIl  KOLOGIOT  F.S. 

Brescia.  —  Il  Sur  une  place  d'icelle  ville,  comme  on  diroit  8ur  ung  mai- 
chiet.  il  y  a  édiiïices  où  les  S''  et  notables  gens  se  vont  pourmener.  garnis  de 
paintures  de  touttes  coulleurs,  tort  riches,  et  y  a  grand  commencement  pour 
faire  par  la  ville  aultres  somptueux  édiffices.  —  Sur  le  marchiet  on  voit  ung 
magnifique  cadrant  aiaul  plusieurs  personnaiges.  —  Yl  y  a  aussy  beaucop 
d'églises,  et  les  plusieurs  sont  fouîtes  rondes,  et  vaussées  et  couvertes  par- 
dessus de  pierres,  tellement  f[ue  che  samblent  tours  ^ 

"  Au|M'ès  de  Bresse,  il  y  a  pronniers,  pescpiiers,  cerisiers  et  aultres,  et  y  en 
ces  metes  grand  planté  d'oliviers,  desquelz  on  prent  l'huille  d'olive,  et  sont 
vertz  en  tout  tampz.  aiantz  les  fueélles  comme  sauz  salengues,  ung  peu  plus 
espesses  -.  » 

Naples.  —  "  Les  églises  de  Xaples  sont  les  plus  belles  et  les  mieulx  aour- 
nées.  et  en  espécial  de  tapisserie,  que  jamais  je  vidz. 

(I  En  l'église  des  frères  mineurs  de  l'Observance  yl  y  a  une  ymage  de  la 
Vierge  Marie,  laquelle  faict  journellement  miracles. 

»  De  aultre  part  de  lad.  église,  h  la  main  gaulce,  régiise  <[ui  s'appelle 
(lu  mont  d'Olivet,  en  laquelle  yl  y  a  des  religieux  de  S'  Augustin,  à  manière 
de  cliartroux.  en  lac[uelle  on  monte  premier  par  ung  degré,  lequel  est  fort 
large,  et  puis  par  v  fois  v  dégrés  :  ce  sont  \xv  degrés,  et,  en  après,  au  plus 
hault,  VI  dégrés:  ce  sont  enssamble  xwii  dégrés,  lesquelz  on  monte  tout 
estant  à  cheval;  la([uelle  église  est  fort  belle. 

(i  L'église  de  S'  Jehan  Carbonnière  est  la  plus  somptueuse  église  qu'il  est 
possible  de  jamais  voir;  car  elle  est  faicte  après  et  sur  la  fachon  du  temple 
de  Salomon.  lequel  est  en  Hiérusalem  ;  laquelle  église  n'est  pas  grande,  mais 
elle  est  comme  toute  ronde  ;  en  hKjuelle  église  y  a  une  cappelle  derrière  le 
cœur  toutte  ronde  et  couverte  de  plomb.  Lad.  cappelle  est  toutte  painte  d'or 
et  d'azur,  depuis  la  Nativité  de  la  Vierge  Maryo  jusques  à  l'Assomption 
d'icelle.  —  En  lad.  église  y  a  plusieurs  sépultures  de  roix  et  princes.  En  lad. 
cappelle  yl  y  a  trois  hommes  d'armes,  dont  l'ung  tient  une  hace  de  armes, 
laquelle  est  rompue,  et  les  deux  aultres  tiennent  chacun  ung  baston,  et  plus 
hault  yl  y  a  comme  ung  duc.  tenant  ses  armes  en  ses  mains.  Au  cœur,  deseure 
le  grand  autel,  y  a  comme  une  royne  ou  une  duchesse,  laquelle  est  entailliée 
et  couchiée  ensepvelye,  et  comme  trespassée  ;  dont,  au  plus  près,  est  la  coro- 
nalion  de  la  Vierge  Marie  dessus  et  au  plus  hault  dud.  grand  autel.  Au  plus 
haut  de  lad.  sépultui'e,  là  y  a  une  Bome  coronnée,  assizc  sur  ung  cheval, 


1.  Folio  13  r"  et  v" 

2.  Ibid.,  V". 


\0\\r,V.    MîClIKOLOClOLE  M   W   SlKCLi:.  139 

portant  les  armes  dud.  pais.  —  Sur  la  bonne  main  lind.  s'"ftn<l  ft"tel  ,  on  des- 
cendant de  environ  de  vi  à  viii  degrés,  là  y  a  une  trrs-belle  eappelle,  eu 
laquelle  y  a  une  très-belle  sépulture.  Sur  le  costé,  enniu  lad.  église,  à  la  main 
gaulce,  là  y  a  une  cappelle  di'  la  \ativit('  de  Nostre-Seigneur  Jésucrisl, 
laquelle  es!  l'aicle  et  enlailliée  en  une  vive  roche  et  est  f'ori  bicMi  iaictc  .le  fuis 
au  cloistre  et  au\  gardins  de  lad.  l'glisc  :  c'est  ung  très-beau  lieu.  Pour 
monter  en  ycelle  égli.se  yl  y  a  lm  dégr(''s  de  pierres  et.  par  dessoubz  lad. 
montée,  yl  y  a  une  Nativité,  en  hujuelle  la  Vierge  Marie  est  ens  son  lict .  le 
beuf  d'ung  costé  dud.  lict  et  l'asne  de  l'aultre,  et  deux  femmes  connue  fai- 
sant la  buée,  et  .loseph  quy  est  assis  sur  le  bas  de  l'asin'.  On  mo  a  dict  (|ue 
ung  nommé  le  roy  Ansselot  *  lit  faiie  et  fondei'  la(J.  église,  et  n'y  a  que  i.xx  à 
iiiixx  ans  ([u'elle  est  faicte.  Lad.  église  est  fondée  sur  S"  Augustin,  comme 
au  mont  d'Olivet,  réformés,  et  n'y  pevent  entrer  nulles  femmes.  Lad.  église 
est  fort  pétille  ;  mais,  comme  dict  est .  elle  est  fort  i)elle,  et  est  toutte  la  nef 
de  lad.  église  paincte  d'oi-  et  d'azur,  et.  au  bancquaige,  yl  y  a  ung  fort  beau 
S'  Jehan  Ba|)tiste  entaillé.  Pour  toutte  résolution,  je  ne  vidz  jamais  pour  une 
ville  sculle  tant  de  sy  très-belles  églises  et  sy  bien  aournées.  comme  j'ay  faict 
en  lad.  ville  de  Naples, 

«  A  l'entrée  du  chasteau  de  Naples  yl  y  a  deux  grosses  tours,  lesquelles 
vont  sur  lad.  ville.  Après  y  a  ung  grand  pont  levis,  et  puis  encoires  une  tour; 
el,  en  entrant  dedens  led.  chasteau,  là  sont  plusieurs  ymaiges  quy  sont  fort 
bien  tailliés.  —  Dans  les  fossés  du  chasteau  yl  y  a  plusieurs  fossés  à  poissons. 
et  oignes  nageans.  hérons,  butoi's,  anneltes,  canartz  et  plusieurs  aultres 
oyseaux.  —  En  lad.  ville  yl  y  a  plusieurs  fort  grandes  maisons,  desquelles  les 
murailles,  tant  j)ar  dedens  comme  par  dehors,  sont  tailliés  à  pointe  de  dea- 
mant;  etaussy  par  touttes  les  maisons  ou  la  plusparl,  yl  y  a  ii  ou  m  fontaines 
courant(;s,  fort  bonnes  à  boire  et  pour  ti'emi)er  son  vin  :  c'est  ung  grand  plai- 
sir à  les  veoir^.  » 

B,\ni.  —  «  L'église  de  S'  Nicolas  de  Bar  est  fort  somptueuse,  dont  à  l'en- 
trée de  lad.  église,  au  portail,  yl  y  a  la  figure  d'ung  beuf  taillé  en  pierre. 
Dedens  lad.  église,  à  la  bonne  main,  sur  le  costé  du  cœur,  yl  y  a  ung  s'  Ni- 
colas en  paincture,  lequel  est  sur  toille,  et  est  la  figure  dud.  saint  morienne  ■*, 
car  ycelluy  s',  en  son  vivant,  estoit  tel.  Et,  quand  led.  s'  fut,  là  endroit,  ame- 
net  par  deux  beufz,  comme  l'histoire  le  porte,  on  dit  que  lad.  paincture  fut 
amenée  sur  le  char  avec  led.  corpz  s'  et  le  pilier. —  C'est  une  fort  belle  église, 

<.  Louis  1"',  roi  de  Hongrie,  surnomme  Lanceiot,  mort  en  1382. 

2.  Folio  260  il  262. 

3.  Voyez  les  »  Annales  Arclléologiques  »,  l.  xxi,  p.  112,  noie  a. 


UO  ANNALES  ARCni':OLOGI0UES. 

car  ellp  est  assis  sur  la  faclinn  et  iiiaiiicrc  de  Téglise  de  S'  Jeliau.  on  la  ville 
de  Gand;  car,  sur  cescun  costé  du  cœur  yl  y  a  deux  montées  de  pierres, 
lesquelles  sont  fort  somptueuses  et  larges,  pour  descendre  bien  aise  iiii  per- 
sonnes de  front  à  chalcune,  et  sont  de  marbre  blanc,  et  sont  apoiés  aussy  de 
lad.  pierre,  et  y  a  xxi  dégrés  pour  descendre  jus(|ues  à  l'iiuis  dud.  cœur, 
lequel  est  desoubz  le  principal  cœur,  et  puis  cm  en  descend  environ  v  :  adonc 
on  est  en  la  propre  place  où  repoze  le  corpz  dud.  s'  Nicolas,  le  glorieux  con- 
tes; dont  yl  appert  qu'yl  y  a  enssamble  par  cescune  montée  xxvt  dégrés.  Led. 
cœur  est  fort  beau  et  grand,  et  assès  sur  la  fachon  du  cœur  de  bas,  comme 
dict  est,  de  l'église  S'  .lehan,  en  la  ville  de  Gand,  voire  sans  avoir  yssue  sur 
rue;  car  le  cœur  de  l'église  dud.  Gand  a  yssue  sur  rue,  et  ced.  cœur  n'a 
yssue  sinon  en  lad.  église.  Nous  venus  embas,  on  nous  monstra  ung  pilier, 
lequel  est  rouge,  lecjuel  je  tiengz  estre  de  paincture,  et,  dict-on,  qu'il  fut 
amené,  comme  dict  est,  avec  led.  corpz  et  drap,  lequel  est  en  paincture,  par 
les  beufz  miraculeusement  en  lad.  église.  Lequel  pillier  est  enclos  de  fer,  et 
y  a  ung  huis  pour  entrer  dedens.  Et  dict-on  que  ime  personne  quy  seroit  en 
pechet  mortel  n'y  polvoit  entrer;  mais  je  n'y  entray  pas.  Lequel  pillier  est 
emmy  lad.  place  sur  la  bonne  main.  Emmy  lad.  place,  là  est  l'autel  dud. 
S'  Nycolas  eus,  auquel  autel  le  corpz  du  glorieux  s'  est,  et  est  led.  autel  enclos 
de  fer,  comme  en  l'église  S'-Géry,  en  Vallencliiennes,  l'autel  S'-Roch  :  et. 
entre  le  fer  et  led.  autel,  sur  la  main  gaulce.  yl  y  a  ainssy  comme  des  basses 
formes  et  pardevant  ung  bas  estapleau,  pour  y  asseoir  m  ou  un  prebstres  : 
aucjuel  lieu  on  y  chante  vespres  et  grand  messe.  Led.  autel  est  garny  d'argent 
tout  authour,  et.  par  devant,  y  a  comme  deux  feuillelz.  lesquelz  ne  ferment  à 
le  clef.  Et,  (|uand  les  deux  feuilletz  sont  ouvertz,  on  oeuvre  encoire  par  terre 
comme  une  grande  sallière  dont  le  couvercle  est  de  layton,  auquel  y  a  ung 
crucifix;  et,  par  led.  trou,  ou  pertuis,  lequel  est  environ  aussy  grand  connue 
ma  paulme.  je  regarday  comme  pour  cuidier  voir  led.  corpz  du  glorieux  s'  Ni- 
colas; mais  on  n'y  percoi|)t  riens,  sy  non  quand  on  a  de  la  chandelle.  Alors 
on  percoipt  tout  embas  ainsy  comme  une  lampe  rendant  grand  clareté,  laquelle 
est  plaine  d'huylle,  et,  là  dessoubz  est  le  corpz  dud.  s'  Nicolas,  lequel  rend 
lad.  huyile.  laquelle  s'appelle  manne,  de  laquelle  on  en  donne  à  cescun  pèle- 
rin une  ampoullette.  dont,  pour  ma  part,  je  trouvay  la  manière  d'en  avoir 
trois.  Et  après,  mons.  de  Reul  empret  et  moy  allasmes  par  devers  l'évesque, 
ad  cause  de  ce  que  led.  S''  ne  scavoit  pas  ung  mot  de  latin,  et  Ils  tant  auprès 
dud.  évesque  que  led.  S'  de  Reubempret  en  eult  xji  ampoullettes,  pour  sa 
part,  de  lad.  manne.  On  m'en  donna  tant  sur  mes  jeulx  comme  sur  mes 
l)agues,  lesquelles  j'avoys  rapporté  de  Ilierusalem  et  aussy  aux  aultres,  comme 


VOYACr.   Ar.ClIKOl.OGIOrK   AI"   W'^  SIKC.I.K.  l'il 

est  la  cousfumc.  La  table  daiitel ,  là  où  repose  le  coi'|)/.  diid.  s'  Nicolas,  est 
toulte  d'arf^ent  '.  > 

Biu.NDKS.  —  u  A  liraiidis  il  y  a  ii  colonnes  de  pierre,  sur  lesquelles  y  sou- 
loit  avoir  des  ydoles  que  Virgile  adoroit  -.  En  lad.  ville,  en  la  grande  église, 
là  repose  le  corpz  de  s'  Théodore.  F.n  ycelle  ville  y  a  ung  lieu  quy  se  nonnne 
lysolle.  lequel  lieu  s'appelle  aussy  la  croix  s'  Andrieu.  Nous  disons  en  ce  pais-cy 
que  Xostre-Seigneur  .Jésucrist  fut  porté  par  s'  Cristofre  oultre  la  mer.  Mais, 
(juand  on  leur  demande  s'il  est  vray.  il/,  n'en  savent  riens  et  ne  disent  ne  ouy 
ne  nenyl ^.   > 

liAHoN    m;    I.A    lO.NS-MKI.ICOU. 

I.  Folio  î.'i't  r  à  2oo  r.  —  «  Annales  Archéologiques  »,  (.  xxi,  p.  1 12,  imte  ti. 

i.  Il  n'v  a  rien  détonnaiil  que  lirindos,  où  est  mort  Yir^'ilo.  ait  conservé  très-\  if  le  somenir 
(lu  irrand  pol'le;  mais  ell(^  aurait  pu  l'Iionoi-er  autrcnicnt  qu'en  mondant  des  sculptures  que  Vir- 
gile, qui  n'était  pas  sans  doute  un  très-fervent  païen,  n'avait  eerlaineineni  pas  adorées. 

3.  Folio  2o2  V. 


xxu.  10 


ORFÈVRES   ET   ORFEVRERIE 


DU  MOYEN  AGE 


Arlos,  10  iioùl,  IS47. 

Mon  cher  Monsieur  Didruii. 

L'appel  ([ue  vous  l'ailes  au  zèle  et  à  la  coopération  de  vos  correspondants  de 
la  province,  pour  la  publication  des  documents  recueillis  sur  les  anciens 
artistes  de  la  France,  nous  est  jiarvenu  par  la  vnie  de  vos  excellentes 
<(  Annales  11.  Nous  avons  tous  applaudi,  ici,  lanl  au  projet  en  lui-niênie  qu'à 
la  décision  ministérielle  cjui  vous  donne  la  direction  de  ce  travail.  Selon  moi 
et  selon  mes  amis  de  la  Commission  archéologi(|ue  qui  sont  aussi  les  vôtres, 
c'est  un  acte  de  justice,  en  même  temps  qu'un  service  rendu  aux  sciences 
archéologiques,  d'avoir  tiré  de  l'oubli,  où  ils  étaient  tombés,  tant  d'ouvriers 
intelligents,  architectes,  maçons,  peintres,  mosaïstes,  orfèvres,  sculpteurs 
qui  ont  été  si  longtemps  la  gloire  du  pays  et  dont  les  chefs-d'œuvre,  quoiciue 
dispersés  par  le  temps,  dépréciés  par  l'esprit  de  système,  détruits  par  les  révo- 
lutions, par  l'avarice,  l'ignorance,  le  mauvais  goût  des  moines  et  des  prêtres, 
n'ont  pas  tellement  péri,  (ju'il  ne  nous  en  reste  de  quoi  faire,  pendant  de 
longues  années  encore,  notre  bonheur  et  notre  joie^. 

1 .  La  lettre  de  M.  L.  Jacquemin  est  fort  ancienne;  clic  date  du  10  août  1847.  Par  une  suite  de 
circonstances  inutiles  à  mentionner  ici,  nous  n'avions  pu  jusqu'alors  publier  ce  travail  si  intéres- 
sant. C'est  donc  une  bien  vieille  histoire  que  raconte  SI.  Jacquemin,  lorsqu'il  parle  d'un  recueil 
de  documents  sur  les  anciens  artistes  de  la  l'rance  dont  le  ministère  de  l'instruction  publique 
nous  avait  confié  la  publication.  Depuis  1S47,  deux  révolutions  se  sont  abattues  sur  la  France  : 
le  Comité  historique  des  arts  et  monuments,  dont  nous  avons  été  le  secrétaire  pendant  dix-sept 
ans,  n'existe  plus;  les  mairnifiqucs  publications  que  ce  Comité  avait  entreprises,  comme  la  «  Mo- 
nographie de  la  cathédrale  de  Chartres  »  et   la  «  Statistique  monumentale  de  Paris  »,  ont  été 


AHI^ALTi^S.   .iiECBaOLÛ'&ïp'UIKÛ 


:-'-r:R  Z}:-:>nor.    a  :=a:' 


/*rjiir.f    /ir:i-  ,i_I/cciff/ 


iiMP'û"[JiE  ;q):e  csis-^isl  —  :ij©TJjziEB:[:e  siècle 

AU    MUSEE  DES    WlTIQUAU'ir.S  A   Cr-EX 


/iàA /mr  JKJnia.  !j.  riu    Sf  ff^-i.,ir.i^n<    j' /FTir 


r^.j:i»^  ,-^.i.r.'.L>ri 


Ê 

9 


np,Fi':vii[;s  f.t  oiiFi'vr.F.niK  r>F  M()\fn  a  cf.  1:'i3 

En  l'clat  des  reclicrclies  que  j"ai  t'aitcs.  et  du  peu  de  succès  dont  elles  ont 
été  suivies,  je  regrette  de  n'avoir  à  vous  eoniinuni(|U('r.  jiour  cette  Ibis,  que  des 
renseignements  peu  iuiportairts.  el  d'entrei-  pour  une  si  faible  part  dans  une 
entreprise  à  la  réussite  de  la(|uelle  chacun  devrait  s"empresser  dn  concourir. 
Arles,  dont  Thistoii'e  embrasse  tant  d'é'poques  diverses;  Arles,  ([ui  a  vu  passer 
tant  de  civilisations  (>l  cpii  i'ul  auli-einis  le  i'ou'r  auf|uel  venaient  se  réchaulVer 
toutes  les  gloires  artisticpics  de  la  (iaul<\  m'avait  pai'u.  d'abord,  devoii'  fournir 
d'immenses  matériaux  à  votre  livre.  —  C'était  une  en-eur.  Kn  le  croyant  ainsi, 
j'oubliais  que  notre  cité  n'a  pas  élé  moins  fameuse  [)ar  ses  malin 'urs  (|ue  par 
l'éclat  dont  elle  vint  à  jouir  aux  plus  beaux  jours  de  sa  longue  existence;  (pi'à 
côté  d'immenses  prospérités,  elle  avait  eu  d'inuuenses  inlorlunes.  et  (|ue.  de 
toutes  ses  magnificences  passées,  il  ne  lui  i-eslait  plus  ([ue  celle  de  son  nom  et 
de  ses  sou\enirs. 

arrêtées  au  milieu  de  leur  carrière.  Quant  au  «  Recueil  de  documents  sur  les  artistes  »,  il  ne  verra 
jamais  le  jour,  au  moins  sous  sa  forme  oHicielle;  mais  les  «  Annales  Archéologiques  <>  ont  hérité 
de  cette  tâche  qu'un  ministre  bienveillant  nous  avait  confiée.  Déjii,  à  plusieurs  reprises,  nous 
avons  publié  des  textes,  des  dessins  et  des  réflexions  sur  ces  artistes;  aujourd'hui  même,  M.  Jac- 
quemin  nous  révèle,  dans  un  travail  plein  d'intérêt,  un  certain  nombre  d'orlévres  d'Arles  et  du 
midi  de  la  France.  Puis,  nous  continuons  à  recueillir  les  eliiL;ies  et  les  iusciiplioiis  qui  mon- 
trent ou  nomment  les  architectes,  les  sculpteurs,  les  peintres  du  moyen  àue;  avec  la  photogra- 
phie, cette  tâche,  à  peu  près  impossible  en  1817,  est  liicile  aujourd'hui,  et,  (luand  notre  collection 
aura  acquis  une  certaine  importance,  nous  en  donnerons  communication  à  nos  lecteurs.  L'ancien 
appel,  dont  M.  L.  Jaccpiemin  parle  en  tète  do  sa  lettic,  est  donc  toujoiu'S  de  saison,  et  nous  prions 
tous  nos  amis  et  souscripteurs  de  nous  donner  connaissance  de  tous  les  renseignements  écrits  ou 
graphiques  qu'ils  sauraient  exister  sur  les  anciens  artistes.  Ces  renseignements,  nous  les  [lublic- 
rons  en  texte  et  en  gravure  dans  les  «  Annales  .archéologiques  »  avec  le  nom  des  personnes  qui 
nous  les  auront  communiqués.  Il  inqiortc  de  préparer  sérieusement  les  matériaux  d'une  histoire 
des  artistes  fr;mçais  du  moyen  âge  et  ih-  la  nviaissance. 

Les  objets  d'orfèvrerie,  dont  .M.  L.  Jac(|uemin  nous  donne  la  description  et  l'histoire,  n'existent 
plus  par  malheur;  la  ciqtiditè,  le  mépris  et  le  mauvais  goût  se  sont  réunis  pour  les  détruire. 
Toutefois,  après  la  publication  des  nombreuses  pièces  d'orfèvrerie  que  nous  avons  faite  dans  les 
«  Annales  »,  nos  lecteurs  pourront  facilement  se  faire  une  idée  de  celles  qui  enrichissaient  le  trésor 
de  Saint-Trophime  d'Arles.  Nous  saisissons  cette  occasion  pour  offrir  ici  un  petit  objet  de  cristal 
monté  d'un  couvercle  d'orfèvrerie,  dont  h^s  analogues  sont  fort  rares,  et  qui  appartient  aujourd'hui 
au  musée  archéologique;  de  la  ville  de  Caen.  Cet  objet,  qui  doit  dater  du  xir  siècle,  était  sans  doute 
une  ampoule  destinée  à  conserver  un  parfum  [jrécieux,  un  liaume  sacré.  Cette  forme  devait  être 
celle  de  l'ancienne  sainte  Ampoule  (pie  gardait  le  trésor  de  Saint-Remi  de  Reims  et  qui  conte- 
nait le  saint  chrême  destiné  au  sacre  des  rois  de  France.  Les  saintes  huiles,  dont  les  anciens 
réceptacles  sont  si  rares,  devaient  se  renfermer  dans  des  fioles  pareilles  à  celle  de  Caen.  Le  nœud 
de  feuillages  où  s'implante  l'anneau  qui  ser\ait  à  suspendre  cette  ampoule,  est  d'une  rare  élé- 
gance. Si,  comme  on  l'a  dit,  nos  orfèvres  peuvent  trouver  des  modèles  d'imitation  dans  l'orfè- 
vrerie étrusque,  plus  ou  moins  authenliipie,  du  musée  (lampana.  nous  pouvons  allirmer  qu'ils 
n'en  trouveraient  pas  de  moins  beaux,  de  moins  originaux  et  de  moins  nombreux  dans  l'orfè- 
vrerie du  moyen  âge.  {.\'o(e  de  M.  Didron.) 


l/i4  A.\NALES  AP.CHÉOLOGinUES. 

Oue  ceci,  du  reste,  ne  vous  alarme  pas  trop.  —  Poui'  n'avoir  ])as  clé  des 
plus  heureuses,  mes  investigations  n'ont  été  ni  perdues,  ni  stériles  conipléle- 
nienl.  Peu  de  villes,  vous  le  savez,  ont  eu  dans  les  siècles  pieux  du  moyen  âge 
une  aussi  grande  célébiité  que  la  nôtre.  Il  est  sur.  tout  au  moins,  qu'aucune 
n'a  possédé  autant  de  reliques  pi'écieuses.  —  L'antiffuité  de  notre  église,  la 
sainteté  et  le  l'enom  de  nos  prélats,  le  haut  crédit  dont  la  plupart  d'entre  eux 
fui'cnt  en  possession  auprès  des  papes  et  des  princes  chrétiens^  dont  ils  furent 
les  familiers  et  les  amis.  expli(|iient  rabondance  et  le  haut  |)ri\  de  ces 
richesses. 

Objets  de  la  vénération  des  hdèles  venus  de  tous  pays  à  Arles,  pour  visiter 
les  Aliscamps  et  assister  au  célèbre  pardon  de  Mont-Majour.  ces  reliques,  au 
premier  rang  desquelles  brillaient  celles  de  saint  Trophiinc.  de  saint  l'Etienne, 
de  saint  Césaire,  de  saint  Antoine  et  de  saint  Iloch.  étaient  conservées  dans 
de  riches  pyxides.  dans  des  châsses  en  or  et  en  ai-gent,  ornées  de  pierres  pré- 
cieuses et  de  bas-reliefs  merveilleux  représentant  ordinairement  les  traits 
principaux  de  la  vie  du  saint,  dont  l'image,  relevée  en  bosse,  renfermait 
les  restes. 

Or.  après  ce  que  j'avais  entendu  dire  de  la  beauté  et  de  l'importance, 
comme  ti'avail  d'art,  de  la  plupart  de  ces  pièces  d'orfévi'crie,  aux  personnes 
âgées  qui  avaient  pu  les  voir  et  les  toucher;  après  les  descriptions  souvent  si 
minutieuses  qui  s'en  sont  conservées,  soit  dans  les  annales  de  la  ville,  soit  dans 
les  manuscrits,  mais  principalement  dans  les  vieux  registres  des  notaires,  où 
se  trouvent  consignés  tant  d'autres  faits  intéressants  pour  notre  histoire,  il 
m'avait  toujours  sembh''  impossible  qu'aucun  des  détails  relatifs  à  la  fabrica- 
tion de  ces  châsses,  aux  dévots  opulents  qui  en  faisaient  les  frais,  ainsi  qu'aux 
ouvi'iers  chargés  de  les  confectionner,  n'eussent  été  écrits  en  quelque  endroit 
de  nos  archives,  et  que  dès  lors  il  ne  fût  facile  de  les  y  découvrir. 

C'est  dans  cette  espérance,  et  afin  de  vous  prouver  un  peu  mieux  que  par 
des  paroles  de  quelles  sympathies  nous  accompagnons  ici  vos  entreprises 
scientificjues,  que  j'ai  commencé  sur  les  artistes  du  midi,  dont  les  œuvres 
remplissaient  autrefois  le  trésor  de  nos  églises,  une  série  de  recherches,  sur 
les  bons  résultats  desquelles  je  n'ose  pas  encore  trop  compter,  mais  que 
je  crois  pourtant  ne  pas  devoir  être  sans  intérêt  pour  vous.  Plus  tard  ,  je  vous 
enverrai  certains  inventaires  très-curieux  du  mobilier  de  nos  églises,  tirés 
d'anciens  procès-verbaux  rédigés  pour  les  visites  pastorales  des  années  1616, 
1627  et  1628. 


ORFKVRF.S   F.T  OKFi;\  RKUIE   DU  MOVFX   ACE.  H5 


I.  —  CHASSE  POl  r.   LE  CHEF   DE  SAIM'   ETIENNE 

Pi'ix  fait  pour  la  clià^so  du  fliof  de  saiiil  l-llicniie.  dniini''  h  niaîtro  Roni.N 
Niella,  orfèvre  d"Avi,!;noii .  par  Artaud.  ar(he\c(|ue  d'Aiies.  et  par  les 
consul?,  le  8  juillet  1/iOi). 

«  Revercudissimus  iuXcopaler.  Dûs  A.  Ar(>latensis  archiepiscopus.  nobiles 
Antonius  Luciani.  Joliaunes  Iloniei  et  Trophiuius  (iavarroui,  sindici  uiiiversi- 
tatis  Arelatis.  absente  Francesqueto  Benigni  altcro  consindico,  et  alii  dani 
prefachium  capitis  S"  Stepliani  maiçistro  Rohiuo  Niella,  aurifabro  de  Avi- 
nione.  pacto  quod  crit  ponderis  80  ad  centum  marchas  ai'genti  ponderi,- 
Arelatis,  de  argento  fnio  et  deaurato.  ([uod  fiet  Arel.  pi-elio  xiii  floreiioruni 
et  diuiid.  pro  qualibet  marcha  operata  et  deaurata .  et  liiiiln  dicto  opère  pro 
jocalibus  x\  florcnos  auri  *  ». 

A-compte  de  vingt-cinq  florins  d'or,  reçu  le  23  juin  1/jlO,  ])ar  maître 
Robin  JNieila,  sur  la  somme  (]ue  la  ville  lui  doit  poui'  la  fabrication  du  chef 
de  saint  Etienne. 

«  1410.  xxiii  Junii.  —  AIagi>lei-  ilobiiuis  de  \iella.  opifex  operis  capitis 
S'  Stephani,  recejjit  xxv  florcnos  auri  in  diminutioncm  sui  operis.  a  nobili 
Rostagno  Isnardi,  et  Jacobo  Royci  burgensi,  consindicis  Ai'clat  -  ». 

Déclaration  du  24  septembre  IHO,  par  laciuelle  maître  Robin  Xieila 
reconnaît  avoir  reçu  de  noble  EIzéard  de  Reinaud  cl  d'Antoine  Olivar\ ,  col- 
lectionneurs des  dons  faits  à  l'œuvre  du  chef  de  saint  Kliennc ,  deux  écuclles 
d'argent,  du  poids  de  trois  marcs,  deux  onces  et  deux  deniers. 

(i  1410...  2h  ~^'"'  — Idem  aui'ifaber  et  opifex  capitis  argentei,  quod  (it  et 
construitur  in  civitate  Arelatensi  ad  honorem  B.  Stephani.  recognoscit  se  récé- 
pissé a  nobili  .\lziassio  Raynaudi  consindico  et  Antonio  Olivary  notario,  leva- 
toribus  elemosynai'um  gracia  ipsius  operis,  et  pro  eo  construcndo  datarum . 
duas  scutellas  argenti  fini,  ad  pondus  Avinionis  très  marchas,  très  uncias  cl 
quatuor  denarios,  et  ad  pondus  Arelatis  très  marchas,  duas  uncias  et  duos 
denarios  '  » . 

Décision  du  conseil  de  la  ville  d'Arles,  ])ortant  que  le  legs  de  trois  cents 
francs,  destiné  par  le  sénéchal  de  Toulouse  à  indemni.ser  les  habitants  de  la 

i.  Extrait  des  registres  de  Pierre  Bcrtrandi,  notaire  d'.\rles.  (Année  1409.) 

2.  Registres  de  Pierre  Bertrand!.  (1410.) 

3.  Registres  de  Pierre  Bcrtrandi.  (1410.) 


1/,G  ANNALES    ARCHEOLOGIQUES. 

(lamarsiic  (rime  |)nrli(iii  du  dommage  fiu'il  leur  a\ail  fait  pendant  la  guerre, 
serait  employé  à  la  coiifeelioii  <lu  i-i'li(inaire  de  saint  Ktienne. 

«  Aiant  lloger  d'Kspaigne.  seneschal  de  Toulouse,  faict  conférence  de  ce 
(|u'il  avnict  desrohi''  en  Camargues,  au  temps  de  la  guerre  contre  le  duc 
d'Anidu,  auroict  par  son  testament  légué  300  livres  pour  estre  payées  à  ceulx 
à  (jui  il  avoict  faiel  le  doimnage,  et  le  conseille,  ayant  vu  ((u'un  ne  pouvoict 
faii-e  le  dict  reinboui-semcnt .  ordonna  c|u'ils  seroienct  employés  à  relever 
sainct  l'islienne  '  » . 

Commencée  en  JiiOl),  sous  l'épiscopat  d'Artaud,  la  châsse  de  saint  Etienne 
ne  fut  terminée  qu'en  j/il2,  sous  celui  du  cardinal  archevêque  d'Arles,  Jean 
de  Brogni.  (|ui  la  bénit  le  \\i  mai  de  cette  année  "'.  Le  buste  dans  leciuel  était 
enfermé  le  ci-àne  du  saint  martyr  était  orné  d'un  riche  collier  de  pierreries, 
présent  du  cardinal.  Sur  les  quatre  faces  de  sa  «  sousbasse  »  ou  piédestal  qui 
le  portail,  il  y  avait  encadrés,  dans  un  double  enroulement  de  feuillages  et  de 
fleurs,  (piatre  tableaux,  dont  trois  étaient  remplis  par  des  bas-reliefs  offrant 
des  sujets  empruntés  à  la  vie  du  saint,  premier  patron  de  notre  cathédrale, 
et  le  quatrième  par  cette  inscription,  au-dessus  de  lacfuelle  étaient  gravés  les 
écussons  de  la  ville  et  du  chapitre  : 

non  cAPVT  si;i  stepiivm  fvit  piiiiFiXTVM 

DE    ANNO   ll.M    M    •    CCCC.    XII    •    PER    CIVES 

ARELATIS.    IN   QVO    FVKRVNT    REPOSITI    CCC 

FRANCHI    EXSOLVTI    PFR    EXEOVVTORES 

ÏÏnT    ROGERII    de    YSPANIA    MILITIS 

DE    QVIBVS    IN    TESTAMENTO    SVO    FECIT 

OSTIAM    DE    ABI.ATIS    TE.MPORE    GVERRIÎ 

ÎÎni    DVC'.S   ANDEGAVENSIS. 

ISTVn    CAPVT    PONDERAT    CXX    MARCHAS 

AHGENTI    FVNI. 

IL  —  CHASSE  DU  COUPS  ET  DU  CHEF  DE  SAINT  ANTOINE 

On  sait  les  longs  débals  qui  eurent  lieu  entre  les  hospitaliers  de  S'-Antoine 
de  Viennois  et  les  religieux  bénédictins  de  Mont-Majour,  au  sujet  des  reliques 
du  bienheureux  anachorète,  à  la  possession  desquelles  chacune  des  deu,x 
communautés  prétendait  également  ■*. 

1.  Nolaire  Guillaume  Olivary,  Reg.  F,  fol.  107.  (Année  141  L) 

2.  1412.  —  «La  châsse  do  saint  Estienno  qui  avoict  été  commencée  en  1409,  fust  achevée  ceste 
année  et  bénie  le  xxi  may,  veille  de  la  Pentecosle.  —  Elle  a  cousté  1087  livres  16  s.  ». 

(Extrait  du  protocole  de  Guillaume  Olivary,  not.  d'Arles.) 
.3.  Ces  disputes,. dont  le  bruit  a  rempli  le  monde  pendant  prés  de  trois  siècles,  déjà  jugées  une 


onrÉVREs  i:t  oi-.fkvkerie  dl  muvf.n  âge.  1^7 

Le  fait  est  que  les  moines  de  Mitiit-Majour,  expulsés  violemment  en  1290  du 
prieuré  de  La  Motte-Saiut-Didicr.  (|u"ils  desservaient .  emportèrent  avec  eux  le 
corps  du  saint;  que  ce  trésor.  ol)ji>l  des  secrètes  jalousies  de  ceux  de  Vienne, 
resta  dans  leui'  abl)aye  jus(|u"cn  l'i!H).  époque  à  hupielle  la  bulle  d  In- 
nocent VIIL  qui  les  ])larait  sous  l'autorité  de  leurs  ri\au\.  ayant  élé  connue, 
la  crainte  où  ils  furent  ([ue  ces  derniers  ne  missent  à  profit  (-ette  occasion 
pour  s'emparer  de  leurs  reli(]ues  fut  cause  (juils  résolurent  de  les  porter  à 
Arles ,  et.  pour  plus  ,u;rande  sûreté,  de  les  placer  sous  la  sauvegarde  des  habi- 
tants de  cette  ville. 

Cette  translation  .  dont  les  clironi(iues  du  temps  nous  ont  gardé  tous  les 
détails,  eut  lieu  avec  la  plus  grande  solennité,  au  milieu  d'un  innnense  con- 
cours de  peuple,  accouru  de  tous  les  environs,  le  dimanche  9  janvier  1490. 
—  Voici  comment  un  témoin  oculaire.  Philippe  Mandoni.  notaire  d'Arles, 
nous  raconte  cette  cérémonie,  dans  une  note  écrite  le  jour  même  de  l'évé- 
nement,  au  folio  127  de  .son  protocole  de  l'année  : 

«  Anno  predicto  (1^90  ab  Inc.)  et  die  ix  jannai'ii  que  fuit  dominica  et  ad 
horam  de  Ave  Maria,  pei'  Dnos  religiosos  Monti.--Majoris  el  nobiles  consules 
hujus  civitatis  Ai'elatensis,  fuit  translatum  cajîut  et  corpus  gloriosissimi  con- 
fessoris  B.  Antonii,  de  Monte-Majori  ad  dictam  civitatem  Arelatensem  et  fuit 
positum  in  ecclesia  S'-Juliani.  ubi  erant  relata  plurimorum,  plus  quam  duo 
millia  tam  hominum  quam  mulierum,  cum  intorticiis  accensis,  et  ego  Philip. 
Mandoni  hoc  vidi  et  fui  presens.  associando  dictuin  corpus  a  cruce  lapidea 
que  est  extra  portale  Ca\  allarie  usque  ad  dictam  ecclesiam  S"-Juliani.  » 

Ainsi  mis  à  l'abri  dans  l'église  Saint-Julien,  les  restes  de  saint  Antoine  devin- 
rent l'objet  d'une  sévère  surveillance.  Les  Arlésiens,  qui  savaient  tout  le  prix 
de  ce  dépôt,  prirent  pour  sa  conservation  des  mesures  qu'on  pourrait  croire 
exagérées,  si  on  ne  savait  tout  ce  qui  fut  tenté  pour  les  en  déposséder.  —  Vne 
niche  profonde,  défendue  par  un  treillis  en  fer  à  mailles  solides  et  serrées, 
fut  creusée^  exprès  pour  les  recevoir,  dans  un  des  piliers  de  l'arcade  triom- 
phale, à  la  droite  du  chœur  ^.  Au  treillis  il  y  avait  trois  serrures,  el.  comme 
on  avait  tout  prévu,  le  mécanisme  en  était  combiné  de  façon  que,  i)0ur  les 
ouvrir,  il  fallait  le  concours  des  consuls,  de  l'archevêque  et  de  l'abbé  de  Mont- 
première  fois  en  faveur  d'Arles  par  la  l)ulle  d'Alexandre  VI,  du  31  dt'cemtire  1495,  puis  une 
seconde,  par  la  demande  que  fit  le  pape  Léon  X,  aux  consul?  de  notre  ville,  d'un  fragment  de 
ces  reliques,  viennent  de  l'être  de  nouveau  et  définitivement  par  l'excellente  notice  qu'a  publiée 
mon  ami,  M.  L.  Bosc,  en  réponse  aux  assertions  de  M.  l'abbé  Dassv. 

1.  Délibération  du  conseil  du  6  février  I4'JI.  —  «  Archives  de  l'iiotel  de  ville  »,  registres  des 
délibérations. 


ir,8  ANNALES   ARCHEOLOO  IQUES. 

Majour.  (|ni  avaient  chacun  la  clef  do  l'une  d'elles.  Le  conseil  décida  en 
outre  qu'il  serait  nommé  un  capitaine  chargé  de  veiller  jour  et  imit  sur  les 
relifiues.  et  que  chaque  ibis  c[u'elles  seraient  portées  dans  les  rues,  soit  à  la 
procession  instituée  en  leur  honneur,  soit  en  toute  autre  occasion,  cet  officier, 
suivi  de  ses  archers ,  marcherait  l'épée  au  poing  à  côt(''  d'elles  ;  que  les  portes 
de  la  ville  seraient  fermées,  les  postes  renforcés  et  les  herses  abattues. 

A  cette  épo([ue,  les  ossements  de  saint  Antoine,  entourés  des  attestations  les 
moins  équivoques,  accompagnés  d'une  foule  de  témoignages  d'évêques  et  de 
princes .  confirmant  tous  leur  vérité,  étaient  gardés  dans  une  caisse  en  bois, 
toute  noire  de  vétusté  et  du  contact  des  personnes  pieuses  qui  y  posaient  dévo- 
tement leurs  lèvres  et  leurs  mains.  —  Dans  la  première  ferveur  de  leur  zèle, 
les  Arlésiens  délibérèrent  de  leur  faire  construire  une  châsse  «  moult  hono- 
rable >)  qui  fût.  par  le  tra\ail  et  la  matière,  digne  d'un  si  rare  trésor.  Aus- 
sitôt les  dons  aflluèrent.  Grands  et  petits,  tous  vouUn'ent  contribuer  à  son 
exécution;  chacun  a[)portait  son  offrande.  Outre  le  produit  des  quêtes,  qui 
fut  considérable  ^.  il  fut  donné  quantité  de  bijeux,  de  pièces  d'argenterie  et  de 
monnaie,  lùifin  une  partie  des  testaments  d'alors  renferment  des  1-egs  pieux  en 
faveur  de  la  fabricatiim  du  précieux  reliquaire. 

(Juand  on  eut  assez  d'argent  pour  fournir  aux  premiers  frais,  les  consuls  et 
l'archevêque,  celui-ci.  en  sa  cpialité  d'abbé  de  Mont-Majour.  reconnaissant 
([ue  le  sieur  Antoine  Fet.  argentier  de  la  ville  d'Arles,  était  fort  expert  dans 
son  art .  l'appelèrent  auprès  d'eux ,  désirant  entendre  les  propositions  qu'il 
avait  h  leur  faire  touchant  la  fabrication  du  buste  projeté.  Sans  doute  que  ses 
conditions  furent  raisonnables,  puisqu'on  les  accepta  et  que,  le  prix  fait  du 
travail  lui  ayant  été  délivré,  il  fut  autorisé,  sur  sa  demande,  à  s'associer 
maître  (Uiillaume  Aulin.  comme  le  prouve  le  passage  suivant,  tiré  de  l'acte 
lui-même,  passé  le  22  novembre  l/i91,  notaire  Philippe  Mandoni  : 

(i  Amio  1491  et  die  vigesima  secunda  mensis  novembris,  noverint  universi 
(juod  cum  magister  Anthonius  Fet,  aurifaber  civitatis  Arelatensis  receperit 
seu  de  proximo  recepturus  est,  ut  dixit.  a  certis  nobilibus  et  burgensibus  pre- 
sentis  civitatis  Arelatis  ad  fabricandum.  construendum  et  conficiendum  caput 
argenti  gloriosissimi  confessons  amici  Dei  S"  Anthonii  dictœ  civitatis  Arela- 
tensis ,  et  illud  perficiendum  ad  honorem  Dei  et  dicti  Sancti,  huic  est ,  quod 

I.  J'ai  sous  les  yeus  la  copie  d'un  acte  du  26  juin  1492  (iiot.  Pliilippc  Mandoni).  par  lequel  le 
vicaire  de  Nicolas  Cibo,  archevêque  d'.\rles  et  abbé  de  Monl-Majour,  autorise  Jacques  Rousselet, 
religieux  de  ce  monastère,  «  de  faire  sa  queste  et  recepvoir  les  aumônes  des  fidèles  pour  le  bust 
de  monseigneur  saint  Anthoiiie  dans  les  diocèses  de  Digne,  do  Glandèves,  de  Vence  et  de 
Grasse.  » 


OHKKVRKS  ET  ORFKVHFR 1 1"  DU  MOYPA'  AOK.         l/,9 

aniio  et  die  predietis  diclus  ina.nisler  AiiIlKniiiis  hVl  assuciaxit  et  secum 
recepit  ad  dictuiii  caput  l'abi-ieaiulmn.  coiilicinidiiin  et  perncimiduiii  \idellcct 
mafîistrum  ('luillenmim  Auliii.  aiirifabnim.  etc..  < 

Remar(|uable  par  sa  grandeur,  par  rabondanec  du  métal,  mais  plus  encore 
par  la  beauté  des  bas-reiiel's  (|ui  décoraient  sa  base,  le  buste  tie  saini  Antoine, 
commencé  en  1/|91,  ne  l'ut  liiii  (|u'('ii  iô'lC).  I^e  maïuiuc  (k  numi''iaire  l'ut 
souvent  l'unique  cause  do  l'inlorruplion  do  co  ti'a\ail.  Kn  15"2().  cependant, 
les  exhortations  du  clergé,  les  promesses  d'indul^'ences  raniment  un  monieiif 
le  zèle  un  peu  attiédi  des  donateurs.  Les  leg-s  commencent  à  reparaître  dans 
les  testaments;  mais  les  sommes  f|ue  laissent  les  mourants  sont  si  minimes  *, 
qu'il  n'est  jxis  besoin  de  chercher  aillein's  les  causes  de  la  lenicnr  avec  la(|uclle 
les  deux  ouvriers  travaillent  à  lem-  cliel'-d'u'uvre.  —  Les  moines  do  \Ioiit- 
Majour,  les  plus  intéressés  dans  cette  alTaire.  se  donnèrent  beaucouj)  de  mou- 
vement pour  la  mener  à  bonne  fin.  Plusieurs  t'ois  ils  s'adressèrent  aux  Liats 
de  Provence,  demandant  que  les  villes  les  plus  riches  s'imp(jsassent  volontai- 
rement un  tribut  à  ce  sujet.  Pendant  plusieurs  années,  leurs  messagers  ne 
cessèrent  de  parcourir  les  campagnes,  visitant  les  châteaux,  s'ari'ètant  dans 
les  villages,  ramassant  l'obole  du  pauvi'e  et  les  nobles  à  la  rose  du  riche. 
Entre  autres  traités  conclus  par  eux  à  cette  occasion,  je  trouve  dans  les 
papiers  d'Honoré  Maimberl.  notaire  d'Arles,  une  procuration  à  la  date  du 
30  août  lûO/i,  par  laf[uelle  ils  donnent  plein  pouvoir  à  un  religieux  de  leur 
ordre,  pour  retirer  les  aumônes  et  les  dons  des  personnes  cliaritables,  tant 
pour  la  reconstruction  de  l'église  et  de  l'hôpital  de  Saint-Antoine  d'Ai-les,  que 
pour  le  reliquaire  du  saint,  en  or  et  en  argent,  aucpiel  on  travaille  en  ce 
moment  : 

(I  Ad  e.xigendum  et  recuperandum  oblationes,  elemosynas,  conl'ratrias, 
vota,  legata,  et  quecumque  caritativa  subsidia  in  honoi-em  Dei.  glorioseque 
virginis  Marie,  ac  beati  Anthonii  de  Lgypto  abbatis  ,  cujus  corpus  in  ecclesia 
S"  Juliani  Arelatis  a  dicto  monasterio  dependente  requiescit,  tam  pro  construc- 
tione  et  edificatione  ecclesie  et  hospitalis  ac  tabernaculi  am-ey  et  argentey 
fiendi  in  dicta  civilate  Arelatis  ad  laudem  et  honorem  S''  Anthonii.  etc..  > 

La  châsse  de  saint  Antoine,  après  avoir  été  pendant  trois  cents  ans  l'objet  des 
respects  et  de  la  vénération  du  peuple  d'Arles,  fut  jetée  en  179!2 ,  avec  une 
foule  d'autres,  dans  l'innnense  creuset  oii  la  n'-volution  a  consommé'  la  ruine  de 
tant  de  raretés.  Heureusement  que  les  reliques  purent  être  conservées  et  que, 

1.   Par  testament  du  22  mars  Io20  (notaire  Honore  (^andelery),   Jean  de  Saint-Martin,  tils  de 
feu  Refosciat  do  Saint-Martin.  lègue  à  tœuvre  du  tlief  de  <aint  Antoine  un  écu  au  soleil  :  «Le"0 
fabricac  capitissancli  Anthonii  unum  scutum  solis  infra  diem  niei  obitus  sojvendutn  ». 
XXII.  20 


ir>()  ANNALES   ARCIIÉOLOGIOUES. 

iiKili!,!'''  l'i  '"11''  slii|iidit(''  du  l'ocleur  de  Saint-Julieii,  ([ui.  an  m(''pi-is  des  |)Uis 
saintes  traditions  de  son  église,  s'avisa  de  les  tenir  pour  fausses ,  et,  conime 
telles,  les  enfouit  dans  un  caveau  oii  elles  pourrissaient  quand  elles  en  ont  été 
tirées,  elles  existent  encore  avec  tous  les  caractères  de  l'authenticité  la  plus 
parfaite. 

Aujourd'hui .  qu'il  ne  nous  reste  du  célèbre  reliquaire  ([u'une  image  gros- 
sièi'C.  incapable  de  nous  donner  de  ses  détails  une  idée  même  approximative, 
j'ai  cru  devoir  rapporter  ici  ce  (|u'en  disent  les  chroniques  contemporaines  : 
(.  Cette  châsse  est  aujourd'hui  grandement  \énérable.  grosse  et  esminente, 
toute  d'argent,  esmaillée  et  surdorée  de  lin  or  de  ducat,  avec  mille  figures 
en  plein  relief,  de  demi-pied  de  haut,  tout  autour  de  la  sousbasse .  représen- 
tant les  actions  les  plus  mémorables  de  ce  saint.  Mlji'  est  assise  sur  huit  figures 
de  pourceaux,  de  demi-pied  de  long  '.  de  mesme  estolTe  que  le  reste,  et  repré- 
sente l'image  d'un  hermite  revestu  de  son  habit,  puis  la  ceinture  en  hault. 
sans  bras  néanmoins  ,  mais  le  corps  de  beaucoup  plus  gros  que  celui  de  quel- 
que homme  vivant  que  ce  soit ,  la  teste  à  l'advenant  et  le  visage  peint  comme 
bruslé  du  haie  des  déserts  et  solitudes  de  l'Egypte,  où  il  s'estoit  relancé.  » 

Siu'  le  devant  du  piédestal  il  y  avait  l'écusson  des  armes  de  Mont-Majour, 
deux  clefs  et  une  crosse,  et  au-dessous  : 

S\M:TE    ANTON!     ORA    l'IiO    NOBIS. 


111.  —  CHASSE   DE  SAINT   liOCll. 

Cinquante  ou  soixante  pestes,  toutes  très-meurtrières,  essuyées  depuis  celle 
de  13/i8,  qui  dévasta  le  monde,  jusqu'à  celle  de  1720  et  1721.  ([ui  fut  la 
dei'uière  en  nos  contrées,  nous  donnent  l'explication  du  profond  respect  de 
nos  pères  pour  les  rcli(iues  de  saint  Roch. 

Déposées  en  1399  dans  l'église  des  Trinitaires  d'Arles,  de  l'ordre  de  la 
rédemption  des  captifs,  avec  celles  de  sainte  Julitte  et  saint  Cyr,  des  saints 
l'orlunal,  Achillée  et  Polycarpe,  par  Geolïroi  de  JMeingre.  maréchal  de  Bou- 
ricaul.  ,"i  qui  la  ville  de  Valence  en  avait  fait  présent,  ce  n'est  qu'à  l'époque 
de  la  révolution  qu'elles  ont  cessé  d'attirer  à  cette  illustre  maison,  aujourd'hui 
détruite,  les  pieuses  ofTrandes  de  tous  ceux  que  leur  foi  en  la  puissante  inter- 
vention du  saint  amenait  dans  nos  murailles. 

1.  1!  est  assez  ingénieux  d'avoir  fail  porter  la  eliàsse  de  saint  Antoine  par  l'animal  qui  lui  est 
consacié. 


oni'KVPiF.s  KT  or,Fi:\ iiKiiii-:  ni;  moyen  agi:.  1j1 

Voici  en  (|uels  termes  le  bréviaire  de  Téglise  d'Arles,  iiiiiirinn'!  en  1016, 
parie  de  ces  reli(|(i('s.  dont  la  pins  t^rand(>  |)arti(^  snl)sist(>  encore  dans  l(>  trésor 
de  Saint-Trophinie  : 

<i  Una^  sunl  Arelata'  lioruni  sanclornni  (  l'ortnnat.  Vchillée  el  Polycarpc) 
niartirum  reliqnia?.  ilkisiris  conies  \  iiall'ridns  Mcnj^rins,  niarescallns  l''rancia% 
a  clero  V'alentino  in  («allia  acceptas.  Jeanni  arrliii'|)isco|ii  Arelatensis  ante 
diicenlos  annos  in  axle  sanctissiina;  Trinilatis.  ordinis  redemplionis  captivo- 
rnm.  obtniit  collocandas. 

«Arelata:"  illorum  reli([nia'  sacra'  (saint  rioch .  sainte  .lulitte  e(  saint 
Qnirice  ou  saint  Cyr )  |)er  illnslreni  coniiteni  VnaltVidiini  Mcn^iinni .  snh 
('arolo  Sexto.  Francoruni  rege.  in  ecclesia  sanctissim.i'  Trinitatis.  ordinis 
redeniptionis  captivornm.  re|)osita'.  magna  populi  tVe([ii(>ulia  ac  venerationc 
coluntur.  » 

La  ciiàsse  de  saint  liocli ,  sur  kujnelle  nous  avons  eu  le  bonheur  de  trouver 
les  détails  curieux  que  l'on  va  lire,  l'ut  faite  en  deux  fois;  plusieurs  mains  y 
travaillèrent.  —  l.e  colTrc  en  vermeil,  dans  le(|ue|  l'taient  enfermés  les  osse- 
ments, fut  commandé  en  1G20  à  Jii\.\  Pu:.  «  maistre  orphèvre  d'Arles  ),  par 
Charles  III  Lmmaïuiel.  duc  de  Savoie,  el  donné  par  ce  prince  aux  Trinitaires 
de  cette  ville,  en  reconnaissance  du  don  (jue  ceux-ci  lui  avaient  fait  d'un 
frag'menl  de  ces  relicjues. 

«  Les  desputez  du  duc  et  |)rince  de  Savoye,  arrivés  en  la  ville  d'Arles,  firent 
l'ère  ouverture  de  la  chasse  où  reposent  les  reli(|ues  du  bienlieureuv  saint 
Uoeh,  en  vertu  des  ietlres  patentes  de  S.  M.  'i'rès  Chrcstienne.  adressantes  à 
M'"  les  Revercndissime  arclievesque  et  consuls  d'Arles,  pour  leur  en  estre  des- 
party  au  nom  du  dict  sereuissime  prince  (luelcjuc  petite  parcelle.  Les  dictes 
sainctes  relicjues  resposans  dans  une  hardie,  avec  plusieurs  autres  d'autres 
bienheureux  saincts,  dans  l'esglise  el  couvent  des  révérends  pères  .Malluuins 
de  la  dicte  ville  et  |)ar  iceux  curieusement  conservées.  Le  dict  seigneur  arclie- 
vesque Gaspard  Laurens,  s' estant  posté  au  dii-l  couvent  avec  le  siem-  Honoré 
d'Aiguières,  sieur  de  Mejanes,  premier  consul,  et  aucuns  de  ses  familiers  en 
petit  nombre,  ensemble  avec  les  sieurs  desputez  de  son  Altesse  de  Savoye,  le 
13  du  mois  d'avril  de  l'année  présente  1020,  et  ayant  fait  fere  l'ouverture  de 

la  dicte  chasse  jiar ministre  du  dict  couvent,  il  fust  par  eux  despart  y  aux 

dicts  ambassadeurs  l'un  des  ossemens  de  l'une  des  jambes;  en  recognoissance 
de  quoy  ils  donnèrent  pour  présent,  à  l'œuvre  du  dict  saint  Ilocli,  une  chasse 
en  quarré  long  toute  couverte  de  lames  d'argent  fin.  la  quelle  du  des|)uys  la 
confraternité  l'a  grandement  enrichie  de  dorures  vermeillies  el  figures  à  dei7iy 
relief,  et  faict  servir  de  piédestal  et  scabeau  à  la  figure  en  plein  relief  qu'elle 


152  ANNALES  ARCHEOLOGIQL'ES. 

a  laid  foro  du  corps  do  saint  Roch.  de  son  chien  et  de  l'ange,  le  tout  reslévé 
en  argent  doi-('  '.  « 

Les  rlioses  n\stèront.  ainsi  que  le  duc  les  avait  faites,  jusqu'en  1028.  que 
la  peste  couvant  sourdement  dans  tous  les  alentours  et  menaçant  la  ville,  les 
Arlésiens.  émus  jiar  le  danger,  songèrent  à  se  ménager  la  protection  du  saint 
en  faisant  composer  le  grou|X'  dont  il  viont  d'être  parlé.  L'exécution  en  fut 
confiée  à  Coi!MUli.e  Adamis.  orfèvre  d'origine  allemande,  mais  depuis  long- 
temps lixé  dans  le  pays,  où  il  exerçait  avec  talent  son  industrie.  Artiste  émi- 
nent.  mais  d'un  caractère  querelleur  et  brouillon,  quittant  volontiers  le  travail 
pour  le  plaisir  et  la  débauche.  Adamus.  estimé  comme  ouvrier,  n'avait  du 
reste  (jue  de  faibles  droits  à  Festimc  |)ul)lique.  Le  récit  de  sa  mort,  arrivée 
pendant  la  peste  de  1G20,  et  regardée  en  ce  temps-là  comme  la  punition  de 
certains  propos  plutôt  légers  qu'impurs  tenus  par  lui  dans  un  cabaret  où  il 
s'était  enivré  avec  des  camarades,  mérite  d'autant  mieux  de  trouver  place  ici 
qu'il  n'est  pas  étranger  au  sujet  que  nous  traitons.  Voici  comment  nous  la 
raconte  un  manuscrit  de  IGZiO.  du  père  Barnabe  Mure,  intitulé  :  «  La  Vie  et 
les  œuvres  admirables  du  glorieux  confesseur  saint  Roch,  propice  contre  la 
peste  »  : 

«  Tous  ceux  de  la  ville  d'Arles  sont  temoings  de  ce  qui  arriva  au  maistre 
orfèvre,  à  qui  on  avoict  donné  de  pris  faict  de  relever  en  bosse  l'imaige  du 
glorieux  saint  Roch,  pour  avoir  voulu  profaner,  avec  deux  autres  personages. 
le  dict  imaige,  quoiqu'il  ne  fust  encore  achevé  ni  béni. 

«  Ce  pei'sonage.  nommé  Corneille  Adanuis.  Allemand  de  nation,  et  peust 
être  à  demy  catholique,  ayant  déjà  commencé  à  esbancher  la  dicte  figure, 
s'en  alla  au  logis  où  pend  pour  enseigne  l'imaige  de  saint  Sébastien,  prosche 
de  l'esglise  paroissielle  de  Saint-Lucien,  et  y  porta  avec  soy  le  chef  du  dict 
saint  Roch,  jà  relevé  en  argent  avec  le  chapeau  séparé.  Là,  faisant  sa 
desbauche  avec  trois  ou  quatre  bons  compaignons  de  la  ville  d'Arles,  il  com- 
mence à  boire  comme  pour  mespi'is  dans  le  dict  chapeau  d'argent .  invitant 
les  austres  à  en  fere  de  mc^me.  —  Puisque  saint  Roch,  disoit-il,  guérit  du 
mal  de  peste,  il  nous  en  préservera,  veu  que  je  suis  son  père,  que  luy  ay  déjà 
donné  commancement.  —  A  ceste  diabolique  et  détestable  semonce,  deux  de 
ceste  compaignie  en  firent  tout  de  mesme ,  beuvant  dans  le  dict  chapeau  par 
diverses  fois;  mais  le  troisième,  plus  chrétien,  n'y  voulust  jamais  boire,  disant 
que  cesia  n'estoit  pas  destiné  [lour  cet  usage,  ains  pour  l'honneur  et  gloire  du 
grand  saint  Roch.  —  Le  Bon  Dieu,  qui  ne  vouloit  pas  laisser  impuni  le  mes- 

1.  Arcliives  de  l'iiôtel  de  ville.  —  «  Annales  manuscrites  de  la  ville  d'Arles  »,  année  1G20. 


ORFÉVUKS  Eï  OliFKVRElîIt:   DU   MOVF.N   AGE.  153 

pris  que  l'on  faisoit  de  son  serviteur  Rocii .  pormil  qu'à  deux  jours  de  là 
maistre  Corneille  et  ses  deux  conipiices  furent  tVa|ip(''s  de  peste,  dont  ils  mou- 
rurent, et  celui  qui  avoict  eu  plus  de  respect  ([ue  les  autres  fust  miraculeuse- 
ment préservé  sans  avoir  aucun  mal.  » 

Cette  belle  châsse,  comijosée,  ainsi  (pic  nous  venons  de  le  voir,  du  groupe 
ou  était  la  figure  du  saint,  et  de  la  boîte  (  <>  capsa  »  )  en  foi'me  de  piédestal  qui 
contenait  les  ossements,  pesait  à  peu  près  trente-huit  marcs  :  vingt-neuf  moins 
six  deniers  pour  le  groujie  dont  les  habitants  tirent  les  frais  '.  et  neuf  et  (piatrc 
onces  pour  la  soubase,  ([u'on  se  rappelle  avoir  été  donnée  par  le  duc  de 
Savoie.  Celle-ci.  décorée  sur  ses  (lualre  côtés  de  bas-reliefs  d'une  grande 
richesse  de  travail,  portait  cette  inscription  surmonlée  des  armes  de  la  maison 
de  Savoie  et  de  celles  de  la  ville  : 

INCKl'TVM    UVCIS    VOTO,    VOTVM    (;l\ITATI> 

MK  EiiKxiT.  c.  vi:iii)n;i\  i.t  i-\\i.(1ian 

DELOSTIC    TVTi:LAmi    •    AN    •    ll.M 
M°    D"C"X\IX". 

Peu  de  reliques  ont  eu  autant  de  dévots  que  celles  de  saint  Roch.  Des  rois. 
des  princes,  les  villes  que  la  peste  allligeait  en  demandaient  avec  instance  et 
en  obtinrent  souvent,  malgré  les  sévères  défenses  fulminées  à  ce  sujet  par  les 
supérieurs  de  l'ordre. 

11  existe  un  bref  d'Alexandre  VI,  donné  à  Saint -Pierre  de  Rome,  le 
k  février  1501,  par  lequel  il  est  permis  à  Gonzalve  de  Xérès  de  prendre 
dans  le  trésor  de  l'église  de  la  Sainte-Trinité  d'Arles  un  fragment  des  reli- 
ques de  saint  Roch,  pour  être  exposé  dans  la  cathédrale  de  Grenadt;  -. 

Un  décret  du  pape  Adrien  Vl,  rendu  en  1522  à  la  sollicitation  de  Tempe-- 
rcur  Charles-Quint,  accorde  à  la  ville  de  Valladolid  une  partie  du  crâne  de 
saint  Roch.  Nous  avons  la  preuve  qu'une  autre  partie  en  fut  cédée  en  1557 
aux  religieux  de  la  rédemption  des  captifs  de  Marseille,  et  que  Grégoire  \ill. 
fort  dévot  aux  reliques,  comme  on  sait,  en  demanda  pour  sa  chapelle.  Déjà,  en 
15o3.  François  1",  étant  à  Marseille,  avait  ratnié  l'autorisation  d'en  prendre 
quelques  parcelles,  donnée  par  le  pape  Clément  VII  à  Guillaume  Le  Vavas- 

1 .  «  Ctiascun  (  dit  le  père  Barnabe  )  désira  y  contril)uor  selon  ses  moyens.  Los  uns  bailloient 
des  cliaines  d'argent,  les  autres  des  claviers;  les  uns  des  bagues  d'or,  des  colliers  d'or,  et  les 
autres  des  réalles  et  ducatons ,  tant  par  une  franche  volonté  et  pure  dévotion  qu'à  cause  des 
vœux  qu'ils  avoient  faicts  au  sainct  ». 

2.  Le  procès-verbal  de  la  cession,  faite  ii  Gonzalve  de  Xérès,  d'un  os  appelé  «  nuca  dorsi  », 
par  les  commissaires  délégués,  existe  dans  les  écritures  de  Barberi,  notaire  d'.VrIes,  à  la  date  du 
2  juin  1501. 


15/,  ANNALES   ARCIIKOLOGIQUES. 

scnr.  son  cliirurgicii,  en  t'crivant  au  gardien  de  l'église  de  la  Sainte-Trinité 
(!'  \rl(>s.  cetlo  Icttiv  dont  l'original  est  aux  archives  : 

«  A  nostre  clier  et  bien  amé  le  gardien  et  ministre  de  la  Sainte-Trinilé 
d'Arles. 

«  De  par  le  Roy. 

Il  Cher  et  bien  amé .  nostre  cher  et  bien  amé  chirurgien  Le  Vavasseur 
niius  a  t'ait  renionti-or  <|uc,  pai'  la  dévotion  qu'il  a  à  saint  Roch,  à  saint  Cier 
et  à  sainte  Julitte.  il  a  obtenu  de  nostre  saint  Père  le  pape  permission  de 
]i()iivoir  lirei'  de  vostre  monastère  de  nostre  ville  d'Arles  des  reliccjues  des 
dicts  saincts  pour  les  transporter  à  autre  église  do  nostre  royaume,  à  sa 
di'-votion,  nous  requérant  sur  ce  luy  donner  de  nostre  part  nostre  consen- 
tement et  permission,  et  pour  ce  que  nous  subvenir  à  sa  dévotion  en  faveur 
des  bons  et  aggréables  services  qu'il  nous  faict  chascun  jour,  lui  avons  per- 
mis et  octroie  qu'il  puisse  ti'ansportei'  les  dictes  relicques  en  austres  églises  de 
nosli-e  royaume  (jue  sa  devotinu  luy  persuadera,  tout  ainsi  (jue  |)ar  nostre 
sailli  l'ère  le  pape  luy  a  esté  |)ermis  et  octroie.  Par  quoy  nous  vous  prions 
en  ce  de  vostre  part  luy  satisfaire  et  grattilier.  Donné  à  Marseille  le  sixième 
jour  de  novembre  mil  cinq  cens  trente  trois. 

(>  FRANCO YS  ». 

Nous  avons  déjà  dit  comment  un  morceau  de  fémur  fut  délivré ,  le 
lo  avril  1620,  à  messire  .Irhan-Louis  Lambert,  prêtre,  député  par  son  Altesse 
le  duc  de  Savoie  et  l'archevêque  de  Turin.  Je  trouve  aussi  qu'en  1(310  il  en 
est  donné  aux  Trinitaires  de  Douai;  et  {{uc,  dans  la  même  année,  Louis  Petit, 
général  de  l'ordre,  étant  venu  en  Provence  visiter  les  couvents  de  sa  dépen- 
dance, fil  retirer  de  la  châsse  une  côte  qui  fut  remise  aux  Mathurins  de  Mont- 
pellier *.  Enfin,  Marie  de  Médicis,  à  qui  Horace  Montane.  archevêque  d'Arles, 
en  avait  envoyé,  ayant  fait  don  à  la  duchesse  d'Hahin,  épouse  du  maréchal 
de  Scliomberg,  d'une  portion  de  ce  qu'elle  avait  reçu ,  celle-ci  fit  présent  à 
l'église  de  la  Sainte-Trinité  d'Arles  d'une  belle  lampe  d'argent,  toute  couverte 
de  riches  ciselures,  et  «  de  quoy  la  ferc  luire  durant  une  année  ». 

Ce  que  la  révolution  a  détruit  dans  Arles  d'objets  d'art  de  toute  espèce, 

1.  Ces  reliques  avant  été  détruites  pendant  la  révolution,  la  ville  de  Montpellier  en  a  de  nou- 
veau demandé  et  obtenu  en  1S:3S.  Il  s'agit,  depuis  plusieurs  années,  de  construire  une  grande 
église  sous  le  vocable  de  saint  Rncli,  à  Montpellier,  où  est  né  et  mort  le  grand  patron  des  pesti- 
férés. Celte  église  importante  doit  élre  confiée  au  talent  de  M.  H.  Révoil,  arcliitccle  diocésain  de 
!\rontpellier. 


OllFKVRES   ET   OIîn-iVI'.ERI  K   IM     MOVKN   AGE.  155 

tableaux,  livres,  meuble?,  cloche?,  statues.  i)annières.  boiseries  sculptées, 
vases  sacrés,  lichcs  tapisseries,  vêtements  sacerdotaux,  tombeaux  d'évêques 
brisés  pour  avoir  le  plomb  do  leurs  cercueils,  est  impossible  à  croire.  Pour  ne 
parler  que  des  pièces  d'orfèvrerie  les  plus  remarciuables,  enlevées  aux  églises 
et  aux  maisons  religieuses  supprimées,  il  y  avait,  outre  la  Sainte-Arche,  vaste 
reliquaire  de  vei'ineil  du  poids  de  cent  soixante-six  marcs.  rc])réseulant  imc 
église  gothique,  avec  des  niches  tout  auloiu"  remplies  par  des  statues  de 
saints  ^.  et  le  tabernacle  du  maître-autel  de  .Saint-Trophime  avec  sa  couronne 
pesant  ensemble  cent  dix  marcs  -.  il  y  avait,  disons- nous,  dans  le  trésor  de 
nos  diverses  paroisses,  quarante  et  un  bustes  et  statues  de  saintes  et  saints 
qui  furent  envoyés  à  la  Monnaie,  et  ([ui  donnèrent  un  produit  de  matière  brute 
de  l,7/i2  marcs,  quatre  onces  et  quatre  gros. 

L.   JACOUEMIN. 

Curit-spoudaiit  du  ministcrt. 

■I.  La  sainte  arciic  fut  faite,  en  1341,  «ux  frais  de  Guasijerl  de  Laval,  arciicvèque  d'Aile  ,  i|iii 
en  fit  présent  à  son  église.  Il  y  avait  cette  inscription  ; 

HOC   OPVS    FACTV.M    FVIT    TKMl'OUt:    VENEBABILIS 
POSIIM    GASBERTI    AnCIllEPlSCOPI    ABEI.ATENSIS    ET 
DOMIM    NOSTBl    VW.V.    CAMICRAIUI    SVB    ANMl    IIOMIM 
M    ■    CGC    •    XLI. 

2.  Le  tabernacle  du  niaître-autel  de  Saint-Trophime,  donné  par  la  ville  en  looC,  fui  refait  en 
1649  par  maître  Fkançois  Agard,  orfèvre  d'Arles. 


ENCENSOIR  DE  LA  RENAISSANCE 


L'encensoir,  duiit  nous  donnons  ici  la  gravure,  est  un  objet  de  discussion 
entre  les  archéologues.  Les  uns  le  croient  roman  et  du  xi"  siècle,  si  ce  n'est 
même  romain  el  du  iv'  ou  v'  siècle;  les  autres,  dont  nous  sonnncs.  l'attri- 
buent à  la  renaissance.  Il  en  existe  un  certain  noml)ro  d'exemplaires  en 
Allemagne,  en  France  et  en  llalie;  en  cherchant  bien,  on  en  trouverait  en 
Belgique  et  en  Espagne.  Nous  en  possédons  un  moulage  qui  vient  d'Alle- 
magne, et  d'après  lec[uel  M.  Gaucherel  a  exécuté  sa  gravure.  !\L  H.  Révoil, 
architecte  des  monuments  historiques  et  diocésains,  en  a  trouvé  un  couvercle 
de  bronze  tians  les  environs  d'Arles,  si  ce  n'est  à  Arles  même.  M.  Charles  de 
Linas  en  a  rapporté  d' llalie  un  dessin  d'après  un  original  qu'il  avait  rencon- 
tré à  Naplos  ou  à  Palerme.  Comme  on  le  voit,  ce  n'est  point  par  sa  rareté 
que  cet  objet  a  de  l'intéi'èt. 

Sa  forme  sjihérique  ou  en  boule  est  le  seul  caractère  qui  pourrait  lui 
donner  une  apparence  ancienne;  mais  cette  forme,  empruntée  aux  xi^  et 
xii"  siècles,  a  persisté  en  Italie  ])resque  jusqu'à  nos  jours.  Les  médaillons 
accouplés,  qui  séparent  les  côtes  sur  la  cuvette  et  le  couvercle,  et  qui  offrent 
l'Agneau  de  Dieu,  des  oiseaux  et  des  palmettes,  n'ont  certainement  pas  une 
tournure  ancienne  :  l'Agneau,  qui  est  percé  de  sa  croix  de  résurrection  et  dont 
le  nimbe  n'a  plus  qu'une  vague  indication  de  croisure,  appartient  tout  au  plus 
au  xvi"  siècle  ;  on  ne  me  iirierait  pas  beaucoup  pour  que  j'en  lisse  cadeau  au 
xvir.  11  en  est  de  même  des  grosses  et  lourdes  palmettes  du  pied  et  de  la 
calotte;  je  ne  puis  m'empêcher  de  les  attribuer  au  style  Louis  XIII. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cet  encensoir,  précisément  à  cause  de  cette  divergence 
d'opinions,  et  à  cause  de  son  ornementation  originale,  offre  un  véritable  intérêt. 
11  trouvera  parfaitement  sa  place  dans  les  séries  diverses  des  nombreux 
encensoirs  que  nous  avons  déjà  publiés. 

Du  reste,  et  ce  serait  encore,  à  vrai  dire,  un  caractère  d'ancienneté,  il  est 
de  petite  dimension  :  notre  gravure  est  de  la  grandeur  même  de  l'original, 
16  centimètres  de  hauteur,  en  comptant  l'ainieau  du  couvercle,  et  11  centi- 
mètres de  diamètre. 


/'r.'.r'iK-     i-f    fô-Hi'.     /'•!!•  /     /'iltl.-/"TI-/. 


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r.mJiUr  .tr    l   .'iittiHtt< 


ErïCEIîSOIH  DE  LA  iiEILOSSÀi'ïCE 


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1^^,,^  l^r  lll-M,r  ,1.1.  ,■.,.  .i  «.  T.,„~jr,. /^.n 


LWRT  DU  MOYEN  AGE 


KT  LES  CAUSES  DE  SA  DÉCADENCE 


l»'Al'Ri:S  M.  E.  lîE.NAN 


I 

L'archéologie  clirétieiine  vient  de  Irouver  un  nouveau  défenseur  très- 
inattendu,  mais  très-puissant  néaniiiuins.  dans  M.  Krnest  Renan,  membre 
de  r Institut  et  professeur  au  collège  de  France.  Sans  égard  pour  .M.  Beuié, 
sou  collègue  et  son  frère  d'armes,  f[ui  nous  jetait  naguère  ce  superbe  défi  : 
<i  L'arcliitccture  gothique  est-elle  uni(iuement  l'architecture  de  notre  nation 
pour  ([ue  vous  l'appeliez  nationale?  Kst-ce  donc  (pie  la  France  l'aurait  inven- 
tée? Vous  ne  sauriez  le  prouver  et  les  étrangers  le  nient...  ».  M.  Renan  admet 
pleinement  l'origine  française  de  l'architecture  ogivale  :  il  la  lient  \)nm-  prou- 
vée, même  aux  yeux  des  nations  étrangères.  —  M.  Darcel.  on  s'en  souvient, 
avait  déjà  répondu  très-énergiciuement  et,  à  noti'c  avis,  très-victorieusement 
à  M.  Beulé.  Il  avait  convaincu  son  adversaire,  sinon  d'igiiorance,  —  le  mot 
serait  trop  dur  pour  un  liounne  si  savant  en  toute  autre  maliè|-e.  —  du  muins 
d'impardonnable  légèreté.  Mais  M.  Darcel  est  un  des  nôtres;  on  peut  se 
défier  de  ses  appréciations,  et  d'ailleurs  il  n'a  guère  été  lu  que  par  les  abon- 
nés de  la  «  Revue  française  ^  » .  Combien  donc  n'a  pas  de  prix  pour  nous 
l'aveu  si  franc,  si  complet,  fait  en  pleine  «  Revue  des  deux  Mondes  ^  »  par  un 
académicien  aussi  compétent  en  archéologie  générale  et  aussi  libre  de  pré- 

1.  .'Vvril  I8;;7. 

2.  1"juillot  18G2,  pages  203-228. 

xxii.  21 


158  ANNALES  ARCIIÉOLOGIOIES. 

jugi'?.  aussi  peu  clérical,  pour  tout  dire,  que  l'est  assurément  M.  E.  Renan. 

Eu  clïct  M.  Renan  ne  se  contente  pas  de  proclamer,  à  propos  de  «  TAlbuni 
de  Villard  de  lïomiecourt  »,  que  rarchitecture  ogivale  ou  gothique  est  née 
dans  le  nord  de  la  Trance  et  s'est  répandue  de  là  dans  toute  l'Europe;  il 
tient  celle  architecture  nationale  en  très-haute  estime,  au  moins  telle  qu'elle 
lui  au  Mir  siècle.  Il  lui  reconnaît,  jusque  dans  ses  sources  romanes,  une 
originalité  })rofonde.  sans  mélange  d'éléments  étrangers.  Il  restreint,  par 
e\em|)le.  les  influences  liyzantines  aux  édifices  à  coupoles,  bien  plus  rigou- 
reusement que  ne  le  voudrait  M.  Yitet  et  que  je  ne  le  demanderais  moi- 
même.  11  adnn're.  avec  M.  David  d'Angers.  «  l'expression  sereine  et  calme, 
pleine  de  confiance  et  de  foi.  des  saints  sculptés  ]iar  les  gothiques  *  ».  Enfin 
il  en  est  presque  h  regi'etter  la  renaissance,  lorsi^i'il  dit  avec  une  véritable 
élo([uence  :  —  »  Ce  n'est  jamais  impunément  qu'on  renonce  à  ses  pères.  Pour 
l'uir  la  vulgarité,  on  fomjjait  dans  le  factice.  Un  idéal  artificiel,  une  sta- 
tuaire forcée  d'opter  entre  le  convenu  et  le  laid,  une  architecture  mensongère; 
\(iil;i  les  dures  lois  que  trouvèrent  devant  eux  les  transfuges  qui,  tournant  le 
dos  au  moyen  âge,  se  mirent  ;i  copier  l'antitjue-  ». 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  M.  Renan  ne  commette  aucune  erreur 
et  ronde  une  justice  complète  à  l'arl  chrétien  du  moyen  âge.  Avec  ses  anté- 
cédoiits  et  ses  tendances,  ce  serait  trop  d'études  et  de  vertu  pour  une  fois. 
Ainsi  il  nous  dit,  page  207  :  «  ([ue  les  parties  de  Saint-Denis  bâties  par 
Suger  (1137-lliO)  sont  encore  plus  romanes  que  gothiques  »  ;  ce  qui  est 
inexact,  même  pour  la  façade  occidentale,  seule  ])arlie  du  monument  qui  ait 
été  bâtie  de  1137  à  1140,  et  entièrement  faux  ]iour  la  basse  œuvre  du 
chœur,  élevée  aussi  par  Suger,  de  lliO  à  ïikh,  dans  un  style  bien  plus 
gothique  que  roman,  s'il  n'est  pas  tout  à  fait  gothique.  Les  bras  de  la  croix, 
dont  il  ne  reste  qu'une  belle  porte  ornée  de  statues,  n'ont  été  commencés  par 
Suger  qu'après  lihh.  et  la  nef.  dont  il  ne  subsiste  rien,  plus  tard  encore,  de 
sorte  qu'il  n'est  nullement  certain  que  l'église  ait  été  complétée  avant  llôl. 
date  de  la  mort  de  Suger. 

Mais  l'histoire  de  la  construction  de  Saint-Denis  qui  devrait  être  si  claire, 
]niisque  Suger  a  pris  la  peine  de  l'écrire  lui-même,  est  encore  assez  mal 
comprise,  faute  d'un  peu  d'attention.  —  Quant  au  style  de  cet  édifice,  le  plus 
iin|iorlant  de  tous  pour  l'archéologie  française,  il  n'est  pas  permis  de  s'y 
troinper.  car  il  ne  comporte  dans  le  chœur  que  des  ogives,  que  des  voûtes 
d'arêles  sur  nervures.  11  a  déjà  beaucoup  d'élégance,  de  légèreté,  d'harmo- 

1.  <■  Revue  des  Deux  Mondes»,  1''  juillet  I8G2,  page  204. 

2.  Id.,  piig»  228. 


i;aut  i)L  movf.n  agi-;.  IjO 

nie,  et  il  réunit,  iiièinc  en  t'ait  d'orncinciitatioii,  tous  les  caractèrcs  essentiels 
(le  l'art  gotliique. 

Le  style  oi^ival,  (jui  appai'aît  pour  la  preiniéie  fois  dans  le  chœur  do  Sainl- 
Deiu's.  oii  il  seinl)l(>  s'ôtro  constitué  avec  les  cléuienls  préparés  de|niis  lonii,- 
tenips  par  les  architectes  du  nord  de  la  France,  se  trouvi;  plus  ancien  de 
quelques  aimées  que  ne  le  croyait  AI.  Uenan.  Mais  il  y  a  cependant  beaucoup 
d'exagération  à  |)rétendre  (pie  «  ce  style  reste  cent  ans  au  moins  la  pri)|)rii''t(; 
exclusive  de  la  l'rance  '  ».  Sans  doute,  c'est  par  un  l'rançais,  (iiiillaume 
de  Sens.  (|ue  la  cathédrale  de  Caiitorbcry  a  été  commencée  en  llT'i.  Mais 
rarchitecte  ([ui  en  termina  les  travaux,  à  partir  do  1  17!).  el  ((ui  éleva,  depuis 
les  fondements,  la  a  couronne  »  de  Thomas  Becket,  avant  IJS.'i,  était  Anglais 
de  naissance,  ce  qui  ne  rempèche  pas  de  bàlir  dans  le  même  style  que  son 
prédécesseur,  sauf  de  légères  modilications  dans  la  forme  de  f|uel([ues  chapi- 
teaux et  de  (|uciques  i)as(>s  ([ui  annoncent  (li'jà  le  goût  et  le  style  anglais. 

Rien  n'indique  que  cet  ai'tiste  et  ses  nombreux  coopérateui's  aient  (|uill('' 
l'Angleterre  après  rachèvemenl  de  la  cathédrale  de  (^antorbery,  qui  demanda 
seulement  cinq  années,  ni  ([u'ils  aient  cessé  de  bâtir,  encore  moins  qu'ils 
soient  revenus  au  style  roman.  Il  non  fallait  pas  davantage  pour  naturaliser 
définitivement  l'art  ogival  dans  un  pays  étroitement  uni  à  la  France  du  nord, 
dont  il  est,  après  tout,  si  voisin.  Aussi  y  a-t-il  eu  eu  Angleterre  assez  de 
constructions  gothiques  du  xii"  siècle  poui'  (jue.  dès  les  premières  années  du 
siècle  suivant,  le  style  ogival  alïecle  pi'es(iue  partout  une  physionomie  parti- 
culière et  très-originale.  Il  y  a  dès  lors  un  style  ogival  anglais  (  «  early  Erjg- 
lish  »),  et  il  suflit  d'en  avoir  analyse  un  seul  spécimen  pour  le  reconnaître 
partout  à  première  vue. 

L'Allemagne,  l'Fspagnc  et  l'Ilalie  elle-même  n'ont  pas  tardé  beaucoup, 
malgré  la  distance,  malgré  leur  attachement  au  sfxie  roman,  à  s'appropi'ie.- 
un  progrès  de  l'art  de  bâtir  aussi  considérable  et  aussi  évident  pour  tous  les 
prélats  que  leurs  études  théologiques  attiraient  en  grand  nombre  à  Paris. 
Magdebourg,  grand  édifice  gothi([ue  à  plan  français,  date  de  121:1.  Déjà  la 
transition  était  commencée  dans  les  dernières  années  du  xir  siècle,  comme 
M.  le  baron  de  lloisin  l'a  établi  dans  son  «  Histoire  de  la  cathédrale  de 
Trêves  ».  Elle  était  si  bien  finie  en  l'228,  non  pas  partout,  mais  pour  ([uel([ues 
grandes  cités,  que  l'on  bâtissait  alors  Notre-Uame  de  Trêves  sur  le  modèle  de 
Saint-Yved  de  Braisne"-,  et  que  deux  ans  après  .lacques  de  Lapo.  surnommé 


I.  «  Revue  dos  Deux  Mondes  »,  I"' juillet  lsr,2,  pa^e  200. 

i.  Le  fait  a  été  démontré  par  .M.  Selinaase  dans  son  «  Histoire  générale  de  l'art  ». 


160  ANNALES  ARCllKOLOGIOL'KS. 

ie  Tudcsquc,  transportait  d'Allemagne  en  Italie  cette  architecture  française 
si  reconnaissable  à  Saint-François  d'Assise. 

Laissons  ces  quesiions  de  dates  ]iour  de  plus  graves  dissentiments.  —  Selon 
M.  Renan.  »  rarcliilccturc  giitlii([ue  renfermait  en  elle-même  un  principe 
■de  mort,  car  les  constructions  gothicjues  soulTrent  toutes  de  deux  maladies 
mortelles,  l'imperfection  des  fondements  et  la  poussée  des  voûtes  '.  L'art  du 
moyen  âge  manquait  des  conditions  nécessaii-cs  pour  arriver  à  la  |)leine  réa- 
lisation du  beau  -...;  il  était  mort  avant  ([ue  la  renaissance  commençât  à 
poindre  ^...  »  Renaissance  purement  italienne,  bien  entendu,  qui  ne  lui  doit 
rien  et  emprunte  tout  à  rantiipiité  romaine.  —  Voilà  qui  rachète  un  peu  les 
compliments  faits  à  l'art  gothique.  Voilà  ce  que  M.  Beulé  doit  aj)plaudir  et 
ce  que  nous  essayerons  de  contredire. 

Et  d'abord  où  donc  M.  Renan  a-t-i!  vu  que  «  toutes  »  les  églises  gothiques 
avaient  de  mauvais  fondements?  —  Il  aura  lu,  dans  le  «  Dictionnaire  d'architec- 
ture »  de  M.  Viollet-Le-Duc.  f|uc  quehfues  églises,  notanmient  celles  de  Saint- 
Denis,  de  Troyes  et  de  Séez  avaient  été  mal  fondées;  mais  il  a  pu  lire  en  même 
temps  que  la  plupart  de  nos  cathédrales,  dont  quelques-unes  sont  confiées 
à  ce  savant  architecte,  celles  de  Paris,  de  Chartres,  de  Reims,  d'Amiens,  etc., 
avaient  au  contraire  des  fondations  excellentes,  construites  avec  «  un  luxe 
extraordinaire  ^  »  et  qui  descendent  à  6  ou  8  mètres  au-dessous  du  sol.  Par 
quelle  étrange  préoccupation  M.  Renan  a-t-il  oublié  la  règle  pour  ne  se  sou- 
venir que  de  l'exception  ?  —  Et  encore,  que  signifient  ces  exemples  de  Saint- 
Denis,  de  Séez  et  de  Troyes?  —  Les  fondations  y  sont  insuffisantes  :  soit,  on 
ne  saurait  douter  d'un  fait  constaté  par  M.  Viollet-Le-Duc;  et  ces  fondements 
imparfaits  auront  compromis,  après  six  siècles,  la  solidité  de  quelques  par- 
ties du  monument.  Mais  le  désir  de  faire  des  économies  «  sur  ce  qui  ne 
se  voit  pas  »  est-il  bien  la  cause  de  ces  mauvaises  fondations?  N'a-t-on 
pas  pu  se  tromper  sur  la  résistance  du  sous-sol  et  sur  la  force  des  matériaux 
employés?  Cela  se  fait  encore  de  nos  jours.  D'ailleurs,  quelles  économies  que 
celles  qu'on  peut  faire  sur  les  substructions,  en  comparaison  des  dépenses 
prodiguées  dans  toutes  les  parties  apparentes  d'un  échfice  tel  que  Saint-Denis 
ou  que  la  cathédrale  de  Troyes  ! 

M.  Viollet-Le-Duc  explique  aussi  que.  dans  les  premières  églises  gothiques, 
la  poussée  des  voûtes  était  quelque  fois  assez  mal  neutralisée.  Il  est  certain 

1.  B  Revup  des  Deux  Mondes  »,  l'"' juillet  1862,  i)age  217. 

2.  Id.,  page  227. 

3.  Id.,  page  228. 

4.  «  Dictionnaire  d'arcliitecture  »,  tome  v,  page  325. 


L'ART   DU    MOVKN   AGI-:.  101 

que  la  haute  nef  do  Saiiil-D(^iiis  a  dû  èli-(>  recoiistrdile  en  entier,  moins  (riiii 
siècle  après  son  aclièvemenl.  par  di's  i-aisons  que  l'Iiisloire  n'e\pli(|ue  ijoint. 
I.a  cathédrale  de  C.hailres  a  subi  phis  iironipti'iiient  encore  une  restauration 
radicale  imparlaitemeni  motivée  par  rincendie  ùv  \Ï9!\.  Mais  les  voûtes  des 
cathédrales,  presque  conlemiioraines.  (rAnii;ers,  du  Mans,  de  Sentis,  de 
Paris,  etc.  ;  celles  de  l'abbaye  de  Saial-Germain-des-l'ivs  sont  encoi'e  en 
place,  et  au  \iii''  siècle  aucun  nioiuniicnt  gothicjue  n'a  man{|ué  de  solidité,  si 
ce  n'est  la  cathédrale  de  Beauvais,  dnut  la  hauteur  est  vraiment  démesurée 
et  la  hardiesse  excessive. 

Est-il  permis  d'en  conclure  que  toutes  les  églises  gothiciues  portent  dans 
l'équilibre  compliqué  de  leurs  voûtes  un  germe  de  ruine  et  de  mort?  Mais  le 
viaduc  de  Barentin  s'est  bien  écroulé  subitement  il  y  a  ([uelques  années.  Cela 
veut-il  dire  (]uc  nos  ingénieurs  ne  savent  pas  construir(>  li>s  ponts? 

«  Le  Parthénon  ».  dit  M.  Renan.  «  les  temples  de  l'a'stum,  ceux  de  Baal- 
bek,  n'aspirant  qu'au  solide,  seraient  intacts  aujom-d'hui.  si  l'espèce  humaine 
eût  disparu  le  lendemain  de  la  construction.  Dans  ces  conditions-là,  une  église 
gothique  n'eût  jias  vécu  cent  ans'.  »  Intacts,  je  le  veux  bien,  moins  la 
charpente  et  le  toit;  car  au  Parthénon.  |)our  obtenir  deux  pauvres  chambres 
éclairées  par  la  porte,  il  avait  fallu  rccoiu'ir  à  une  char|)ente.  A  cela  près,  les 
colonnades  doriques  sont  éternelles  dans  les  pays  où  il  ne  gèle  poinl.  pourvu 
qu'un  tremblement  de  terre  ne  les  couche  pas  sur  le  sol,  connue  celles  do 
Sélinonte. 

Sans  doute  nos  églises  gothiques  ne  peuvent  se  passer  aussi  bien  d'entre- 
tien que  les  ruines  grecques.  Il  faut  remettre  les  ardoises  qu'emporte;  l(>  v(Mit 
et  souder  de  nouveau  les  feuilles  de  plomb  qui  se  gercent  au  suleil.  il  faut 
remplacer  les  pierres  que  l'action  des  gelées  parvient  à  elTeuiller.  li  faut  eiiliii 
surveiller  attentivement  l'écoulement  des  eaux,  et  prendre  garde  (ju'aucun 
conduit  ne  s'engorge  de  manière  à  produire  des  infiltrations.  Quand  ces  pré- 
cautions, si  faciles  à  prendre  et  si  peu  dispendieuses,  font  défaut,  ce  qui  n'est 
pas  rare  de  nos  jours,  l'édifice  gothiciue  se  dégrade,  mais  lentement,  et  s'il 
est  construit  en  lave,  comme  la  cathédrale  de  Clermont,  ou  en  granit,  comme 
celle  de  Limoges,  il  reste  encoïc  en  très-bon  état  après  des  siècles  de  négli- 
gence et  d'abandon. 

Les  arcs-boutants.  «  cette  forêt  de  bétiuilles^  »,  sont  pour  peu  de  chose 
dans  les  accidents  qu'éprouvent  les  monuments  du  moyen  âge.  A  Paris, 
où  ils  étaient  primitivement  à  double  volée,  leur  portée  est  trop  grande 

1.  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  218. 

2.  Id.,  paye  212. 


162  ANNALES  AliCIlKOLOGIOUF.S. 

aujourd'hui,  et  c'est  à  cette  imiovaliou  malheureuse  du  xi\°  siècle  que  l'on 
songe  toujours  lorsque  l'on  compare  tous  les  arcs-boutants  à  des  «  étais  », 
à  des  «  béquilles  ».  Mais  à  Chartres,  à  Reims,  à  Amiens  même,  ils  n'ont 
nullement  cet  aspect  et  leur  solidité  est  aussi  apparente  que  réelle. 

D'ailleurs,  M.  Picnan  croirait-il  qu'il  n'y  a  pas  d'église  gothique  sans 
arcs-boulants?  11  n'en  est  rien.  En  Angleterre  ils  sont  déjà  bien  moins  déve- 
loppés, bien  moins  inquiétants  que  dans  la  France  royale,  parce  que  l'on 
reniince  aux  vaisseaux  élevés  et  aux  bas  côtés  doubles.  A  la  cathédrale 
d'Voi-k,  la,  plus  grande  des  églises  gothiques  et  l'une  des  plus  magnifiques, 
comme  les  voûtes  sont  et  ont  toujours  dû  être  en  bois,  il  n'y  a  pas  du  tout 
d'arcs-boutants.  —  En  Flandre .  on  les  remplace  par  de  profondes  vous- 
sures (|in  cli;irgenl  laléralement  les  conlro-l'orfs  ;  en  Italie,  par  des  entraits  en 
fer  (|ni  lr,i\erseiit  les  nefs  à  la  hauteur  des  chapileaux;  mais  alors  le  remède 
est  pire  ((ue  le  mal.  Dans  l'ouest  de  la  France  et  dans  la  Westphalie,  quel- 
quefois en  Angleterre,  les  trois  nefs  sont  de  même  hauteur  et  se  contre-bufent 
mutuellement  sans  le  secours  d'arcs-boutants.  Dans  le  bassin  de  la  Garonne, 
une  nombreuse  famille  d'églises  gothiques  présente  une  seule  nef,  large  de 
'20  mèlres,  dont  la  voûte  est  maintenue  par  de  simples  contre-forts,  que  l'on 
met.  si  l'on  veut,  à  l'intérieur  de  l'édince.  au  moyen  d'un  double  étage  de 
chapelles.  — Toules  ces  modifications  du  type  gothique  ordinaire  sont  moti- 
vées par  des  raisons  d'économie.  Les  architectes  qui  les  adoptent  savent  bien, 
et  ils  le  montrent  parfois  pour  les  édifices  de  premier  ordre  ,  que  des  «  étais 
extérieurs  »  vaudraient  incomparablement  mieux,  s'ils  n'entraînaient  pas 
de  si  énormes  dépenses.  Sans  cela .  ils  consentiraient  aisément  à  mettre 
dehors  ce  qu'il  serait  gênant  ou  impossible  de  loger  à  l'intérieur,  dussent-ils 
<i  tromper  l'œil  sur  la  direction  réelle  des  effets  de  la  pesanteur  ^  »;  car,  pour 
réaliser  dans  toute  sa  magnificence  l'idéal  de  l'architecture  gothique,  il  faut 
des  ai-cs-boutans  et  des  contre-forts  extérieurs,  quels  que  soient  leurs  inconvé- 
nients réels.  —  Les  églises  qui  n'ont  pas  d'arcs-boutants  n'en  appartiennent 
pas  moins  à  l'art  ogival  où  elles  tiennent  une  grande  place  par  leur  nombre, 
|)ar  la  pureté  de  leur  style,  enfin  par  leur  beauté. 

Ces  derniers  monuments,  comme  ceux  ([ui  avaient  inspiré  les  critiques  de 
M.  Renan,  ont  besoin  d'entretien,  et  je  conviens  que,  si  on  vend  le  bois  et 
le  plomb  de  leurs  charpentes,  les  voûtes  ne  tardent  pas  à  tomber.  Cela  ne 
prend  pas  même  un  siècle.  Les  murs  et  les  clochers  résistent  davantage, 
mais  non  pas  aussi  bien  que  les  colonnades  du  Parthénon,  car  plus  la  struc- 

I.    I  Rpviic  des  Deux  Mondes  ».  page  213. 


L'ART   1)1     M0V1:N   agi:.  163 

liiro  d'un  édifice  est  simple,  moins  il  oiTrc  de  prise  aux  outrages  du  temps  ; 
et  ceux  qui  sont  l)ùtis  sur  le  principe  des  dolmcus,  sans  ciment,  sans  arcades 
et  sans  voûtes,  sont  à  coup  sûr  les  plus  solides.  Néanmoins  les  temples  égyp- 
tiens, quand  ils  n'ont  ni  charpente,  ni  toiture,  et  surtout  ceux  qui  sont  creu- 
sés dans  le  roc.  rem|)()rtent  à  cet  égard  sur  \c  Parihénon  lui-même. 

Mais  les  monunienis  sont  l'ails  pour  vivre  à  l'état  d'entretien.  On  ne  se 
préoccupe  guère  de  ménager  à  l'avenir  des  ruines  jilus  ou  innins  duiahlcs. 
Il  n'y  a  donc  pas  là  une  cause  sérieuse  de  discrédit  jiour  le  style  gollii(|ue, 
d'autant  mieux  que  la  renaissance  ne  s'est  jamais  ])i(|uée  de  bâtir  à  la  façon 
du  Parthénon,  et  que  ses  œuvres  sont  tout  aussi  fragiles  que  celles  du 
xiir  siècle,    sinon  davantage. 

l'aut-il  maintenant  défendre  contre  M.  Ilciian  le  système  d'architecture 
du  Parthénon?  Je  n'aime  pas  cette  expression  de  «  médiiuiiti''  sansdé'faut  '  ». 
appliquée  au  chef-d'œuvre  de  l'art  grec.  S'il  n'est  pas  sans  défauts,  du  moins 
il  n'a  pour  moi  rien  de  médiocre.  Je  comprends  mieux  le  mot  de  i^  sublime 
défectueux-  »,  à  propos  des  cathédrales  gotlii([ues.  car  le  sublime  est  tou- 
jours'défeclueux  par  ([uelque  côté,  aussi  bien  à  Amiens  ou  à  Cologne  {|u';i 
Athènes. 

Un  autre  grief  de  M.  Renan  contre  le  moyen  Age.  c'est  (jue  «  l'architecture 
gothi([ue.  étant  tout  l'art  à  elle  seule,  rendait  le  progrès  impossible  pour  la 
peinture  et  la  sculpture  '.  »  —  Singulier  aveuglement  de  nos  adversaires  !  — 
Nous  voudrions  qu'un  lionnne  de  sens,  un  homme  du  peuple,  étranger  à  tous 
nos  préjugés  d'école,  fût  mis  successivemenl  en  pivsence  des  chapiteaux  de 
Saint-Germain-des-Prés  déposés  à  l'hôtel  de  Cluiiy.  puis  de  la  façade  de 
Notre-Dame,  puis,  enlin.  des  nombreux  spécimens  de  l'art  grec  et  romain 
recueillis  dans  nos  musées  de  Paris.  Des  figures  grotesques  et  des  feuillages 
barbares  de  la  sculptin-e  du  \i'  siècle,  où  l'on  retrouve  à  jieine  une  trace  f[uel- 
con(|ue  de  l'art  anticjue.  aux  chapiteaux  du  clio'iu-  de  Notre-Dame  et  à  la 
porte  de  Saint -Marcel  ■''.  le  [H'ogrès  lui  pai-aîti'ait  graml  di'j;i;  et,  sans  soi'tir 
de  la  cathécU'ale  de  Paris,  il  le  veri'ait  se  développer  de  la  manièi'e  la  plus 
rapide  et  la  plus  soutenue  dans  la  nef  et  la  façade  occidentale.  —  De  nouveaux 
progrès  étaient-ils  impossibles  à  l'avenir,  sinon  pour  l'harmonieux  accord, 
pour  la  fusion  intime  de  l'architecture  et  de  la  sculpture,  pour  la  large  exé- 
cution et  la  variété  de  l'ornementation ,  pour  l'expression  grave  et  religieuse 

1.  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  218. 

2.  Page  218. 

3.  Page  218. 

4.  Porle  droite  du  grand  portai!  de  Notre-Dame  de  Paris,  sculptée  au  xii*  siècle. 


1C4  ANNALES  AliCIlÉOLOGIOUKS. 

de  la  statuaire,  qui  ne  laissent  désormais  l'ien  à  désii'er.  du  moins  i)Our  la 
finesse,  la  correction  et  Télégance  ?  Les  portails  latéraux  et  la  clôture  du 
chœur,  sans  parler  de  la  Sainte-Chapelle  et  de  la  cathédrale  de  Reims,  mun- 
treraient  aisément  le  contraire;  et  cependant  on  est  bien  près  de  répoque  où, 
à  en  croire  M.  Renan,  l'architecture  est  tout  l'art  à  elle  seule.  Même  à  Cologne, 
même  à  Saint-Ouen,  il  y  a.  ou  il  devait  y  avoir  des  centaines  de  grandes  sta- 
tues, et  lien  no  rendait  inévitable  la  décadence  de  la  sculpture  gothique. 

Les  impressions  du  juge  impai'tial  que  nous  in\oquons  ne  seraient  pas 
moins  concluantes  (juand  il  en  \iendrait  à  comparer  bien  franchement  la 
sculpture  de  Notre-Dame  à  celle  du  musée  du  Louvre.  En  fait  d'ornementa- 
tion proprement  dite,  la  question  serait  bientôt  tranchée.  Il  y  a  à  Paris  un 
chapiteau  du  Parthénon  :  à  moins  de  savoir  d'avance  son  illustre  origine,  à 
moins  d'être  convaincu  (juc  tout  était  parlait  au  temps  de  Pcriclès,  on  trouvera 
([u'il  se  rappoi'te  presque  à  l'enfance  de  rarchitccturc.  et  que  le  plus  mauvais 
des  mille  chapiteaux  de  Xotre-Dame  lui  est  infiniment  supérieur.  En  effet,  il  y 
a  plus  d'invention,  plus  de  dessin  dans  un  seul  portail  de  cathédrale  que  dans 
tous  les  temples  de  la  Grèce.  Rien  de  pauvre,  de  sec  et  de  monotone  comme 
l'ornementation  végétale  de  ces  monuments  si  vantés.  Ce  ([ue  les  Grecs  ont 
fait  une  fois  p(jur  racanllie,  les  sculpteurs  gothiques  l'ont  accompli  pour  toutes 
les  feuilles  de  nos  arbres,  pour  toutes  les  plantes  de  nos  prairies  et  les  fleurs 
de  nos  jardins.  —  Il  n'y  a  pas.  dites-vous  avec  dédain,  «  deux  chapiteaux 
gothiques  qui  soient  semblables  ^  ».  Mais  c'est  précisément  ce  cjui  fait  leur 
mérite,  car  ils  n'en  sont  pas  moins  parfaitement  symétriques  quand  il  le  faut, 
et  la  variété  dans  l'unité,  c'est  le  comlile  de  l'art. 

Pour  la  sculptui-e  de  sujet,  pour  les  l)as-reliefs  et  les  statues,  la  question 
est  différente.  Les  Grecs,  qui  se  montraient  nus  en  public  et  divinisaient  la 
beauté  i)hysiquc,  ont  eu  de  bonne  heure  l'instinct  de  la  statuaire.  Phidias  fut, 
d'ailleurs,  un  artiste  exceptionnel,  et  rien  n'a  égalé  depuis  la  justesse  de  pro- 
portions, la  noblesse  d'attitudes,  le  calme,  la  force  et  la  majesté  qui  distin- 
guent ses  créations.  Cependant  elles  ne  sont  pas  à  l'abri  de  la  criticjue.  Il 
admet  simultanément,  comme  les  gothiques,  de  grandes  et  de  petites  figures, 
et,  dans  sa  frise  des  Panathénées,  les  piétons  élèvent  leur  tête  au  même  niveau 
que  les  cavaliers  auxquels  ils  sont  mêlés.  Il  a  eu  de  bonnes  raisons,  je  n'en 
doute  pas,  pour  se  permettre  ces  incorrections  volontaires;  mais  on  peut  en 
dire  autant  à  propos  des  gothiques.  De  plus,  les  têtes  de  Phichas,  quand  elles 
ne  sont  pas  cassées,  ont  peu  d'expression,  ou  du  moins  elles  ne  me  disent 

I.  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  216. 


L'ART   Dr   MOVF.X   AGE.  165 

pas  grand'chosc.  A  Notre-Dame  de  l'aris.  au  contraire,  toutes  les  figures 
enseignent  et  prient. 

Los  sculpteurs  gotlii([iies .  .(|ui  vivaient  dans  un  milieu  plus  décent  et  |)lus 
chaste,  réussissaient  mieux  les  tètes  que  les  corps,  et  les  di-aperies  que  les 
mis.  Cependant,  s'ils  w  nous  monin'iit  pas.  comme  Phidias,  riiommo  tel 
f[u"il  devrait  être.  il<  nous  le  montrcnl  lia!)itui'llem(Mit  tel  (|u"il  est.  cl  le  corps 
lui-même  n'est  pas  dillorme  sous  ses  habits.  Les  épaules  sont  moins  larges, 
les  jambes  moins  longues,  les  tètes  moins  petites  et  le  front  moins  bas;  mais 
la  véi'ité  n'en  soulfre  pas,  car  le  paradis  coin|)te  plus  de  penseurs  (pie  d'athlètes. 

S'il  y  a  de  bonnes  statues  du  xiii"  siècle,  il  y  en  a  aussi  de  médiocres  et  do 
mauvaises,  même  à  Pu'ims.  Mais  il  en  est  aiir-i  à  toutes  les  é-pocjucs  et  ])our 
tous  les  styles.  Ce  qu'il  faut  constater,  c'est  ([ue.  si  telle  figure  adosM''e  à  une 
colonne  et  telle  autre  abritée  par  une  voussure  sont,  l'une  trop  lont;ue.  l'aulce 
trop  courte,  ces  incorrections  ne  sont  pas  nécessairement  im]iosées  par  l'ar- 
chitecture et  résultent  de  la  maladresse  ou  de  riuexpérionce  des  sculpteurs. 
On  n'est  nullement  forcé  de  sacrifier  «  labeaut(''  à  l'expression  »,  et  de  ne  pas 
reculer  «  devant  la  dilVornn'té '.  »  —  Jamais,  au  contraire,  rarcliifeclure  n'a 
ouvert  un  champ  plus  vaste  et  plus  commode  à  la  sculptui'c  ;  jamais  les  deux 
arts  n'ont  ou  i)lus  besoin  l'un  de  l'autre,  et  ne  se  sont  unis  d'une  manière  plus 
étroite  pour  se  faire  valoir  mutuellement. 

A  cet  égard,  l'avantage  n'est  pas  aux  (irecs,  mais  aux  gothi(|ues.  «  Qu'au- 
rait dit  i'hidias  ».  s'écrie  M.  Renan.  «  s'il  eût  été  soumis  aux  ordres  d'arclii- 
tectes  qui  lui  eussent  commandé'  une  statue  de.-tinée  à  être  placée  à  deux  cents 
pieds  de  haut  -')  x 

Lt  le  sculpteur  de  la  colonne  Trajane,  que  l'on  n'interroge  point,  se  serait- 
il  aussi  permis  de  se  plaindre?  Apollodore,  son  architecte,  lui  a  fait  faire  une 
immense  bas-relief  à  petits  personnages,  (pii  se  développe  en  spirale  autour 
d'une  colonne  colossale.  Selon  la  po('ti(iuc  expression  de  ^K  C.  Daly.  c'est  un 
«  volumen  »  enroulé  autour  d'un  bâton,  comnn'  ils  l'iMaieni  tous  dans  les 
bibli(jthè(iues  romaines.  D'accord;  mais  pour  lire  courannuent  dans  ce  volume 
antique,  il  faut  que  les  chapitres  en  aient  été'  coulé's  en  plaire  et  recueillis  par 
un  musée.  Quant  à  la  statue  de  rempei'eur.  elle  était,  non  pas  à  deux  cents 
pieds,  mais  à  quarante  mètres  de  hauteur,  et  c'est  déjc'i  (piek[ue  chose. 

Pour  en  revenir  à  Phidias,  s'il  s'était  trouvé.  ]iar  miracle,  au  service  d'un 
architecte  gothique,  sans  doute  il  se  serait  dit  (|ue.  pour  une  statue  destinée 
à  couronner  une  llèche  ou  un  pignon,  il  en  aurait  vingt  groupées  de  la  façon 

1.  ce  Hevuc  des  Deux  Mondes  «,  page  22S. 

2.  l'iigc  218. 

xxn.  22 


IGG  ANNALES  AnCHÉOLOGIOUES. 

la,  plus  imposanle,  |ii'cs(iue  au  niveau  dos  spectateurs,  tandis  qu'Ietinus  plaçait 
iiiiliHeivinnienl  ses  statues  colossales  et  ses  bas-reliefs  les  j)lus  diMicats  tout  à 
l'ait  au  sommet  du  l'ai'llu'non. 

Moi  aussi,  j'ai  \u  le  i'arlhénon  avec  l'émolion  et  le  respect  que  commande 
tant  de  gloire.  Mais,  tout  en  déplorant  f[uo  Inrd  Mlgin  eût  d(''pnuillé  la  (îrèce 
de  ses  plus  précieux  trésors  précisément  à  l'époque  où  elle  allait  se  régi'né- 
l'ci'.  je  me  disais  qu'on  voyait  bien  mieux  les  marluTs  de  IMiidias,  au  inusé'e 
biilaniii(|ue .  (|u'on  ne  voit  à  Athènes  ce  qui  en  est  resté  en  place.  Je  me  rap- 
]ic|le  l'oi-t  bien  (jue.  pour  examiner  la  cavalcade  sculptée  sui'  la  frise  extérieure 
de  la  cella,  si  je  me  plaçais  sur  les  degrés  du  péristyle  latéral,  j'avais  abso- 
lument sur  la  tôle,  avec  les  raccourcis  les  plus  violents,  cette  partie  si  impor- 
(anle  de  l'o'uvre  de  Phidias;  cpie  si  je  prenais  un  peu  de  reculée,  cette  frise 
était  aussitôt  coupée  par  les  colonnes  en  petits  tronçons  iri'i'guliers.  Assuré- 
ment une  pareille  composition  où  tout  se  tient,  où  tout  se  lie,  a  plus  gagné 
([ue  perdu  à  être  transportée  en  majeure  partie  à  Londres,  où  elle  est  admi- 
rée dans  ses  plus  petits  détails  par  l'univers  enlicr.  et  où  elle  se  trouve  désor- 
mais h  l'abri  de  ces  lentes  dégradations  que  les  intempéries  des  saisons 
n'épargnent  pas  au  marbre  de  l'Attique. 

Pour  faire  un  art  complet,  il  ne  suffit  pas  de  l'architecture  et  de  la  sculp- 
ture; il  faut  encore  que  la  peinture  concoure  fraternellement  au  même  but. 
Est-il  vrai  que  la  France  du  moyen  âge.  sans  lui  donner  l'importance,  excessive 
peut-éire.  qu'elle  acquit  plus  tard  en  Italie,  ne  lui  ait  pas  fait  sa  juste  part? 
C'est  ce  qu'il  convient  à  présent  d'apprécier. 

Disons  d'abord  que  la  sculplni-e   et   la  peinture  marchent  ordinairement 
d'un  pas  égal,  et  que  Phidias  fait  foi  jiour  Apclle  et  Zeuxis.  Tous  les  arts 
du  dessin  se  tiennenl,  et  il  est  impossible  que  la  sculpture  fasse  de  grands 
progrès  sans  que  la  peinture  s'en  ressente  aussitôt.  11  faut  reconnaître  néan- 
moins que  des  églises  comme  Saint-Ouen  et  la  cathédrale  de  Cologne  ont  trop 
peu  de  murs  lisses  pour  offrir  un  champ  suffisant  aux  fresques  à  l'italienne. 
La  peinture  sur  verre,  qui  n'a  jamais  été  dédaignée,  même  en  Italie,  et  l'eu- 
luminage  des  colonnettes  et  des  nervures  en  tiennent  lieu.  Il  reste  pour  la 
peinture  proprement  dite  les  écoinçons  des  grandes  arcades,  les  fausses  fenê- 
tres figurées  sur  les  flancs  des  contre-forts  intérieurs,  et,  ni  à  Cologne  ni  à 
Saint-Ouen,  on  n'a  négligé  de  les  orner  de  cette  façon.  Il  resterait  aussi  les 
voûtes  ([ue  Giotto  peignait  si  volontiers  à  Padoue,  à  Assise  et  h  Naples,  et  qui 
ne  sont  nullement  trop  élevées,  au  moins  dans  les  bas  côtés  et  les  chapelles; 
mais  comme  les  travaux  d'architecture  n'ont  pu  être  complétés,  les  peintures 
ont  dû  à  plus  forte  raison  demeurer  inachevées,, 


i;.\i;t  itu  moytn  ace.  •  iot 

Ce  serait  pou  f|iio  cel;i  ;  mais  tmis  jos  moniimonts  p;othiquos  no  sont  pas 
conçus  sur  le  nuMuo  niDdole.  Il  en  est  (jui  ])n''s(Mit('nt.  an  conlraire,  de  grandes 
sni'faces  lisses;  et  celle  éi:;lise  llorenline  de  Saiila-Maiia-Noveila.  si  éiniiieni- 
nient  favoral)le  à  la  iieinture.  se'on  Al.  Renan,  a  ses  pareilles  en  l'raiice,  à  la 
Couronne,  près  (rAniioulèine.  el  dans  une  foule  d'a!)!)ayes  cistercieinies. 

Au  sm'plus  .  les  tVesfiues  les  plus  célèbres  de  Raphaël  et  de  Lèouai-d  de 
Vinci  ne  se  tniu\ent  [)as  dans  les  églises,  mais  bien  dans  les  al)bayes  et  les 
palais.  Or.  tous  nos  cloîtres  ressemblent  an  (iauipo-Sanlo,  et  (liotto  n'aurait 
l'icn  souhaité  de  mieux  pour  ses  peintures  ([u'un  réfectoire  couune  celui  de 
.Saint-Alarlin-des-Champs.  à  Paris. 

Mais  (lu'avons-nous  consei'\(''  de  nos  abbayes  et  sui'tout  de  nos  |ialais  ?  Tout 
ce  qui  n'a  |ias  i'\v  d(''moli  a  été  maintes  fois  badigeomu''  el  grath''.  Ce  n'est  pas 
nous  (|ui  jirendritius  la  p(>ine  do  raviver  pieusement  des  peintures  du  \i\''  nu 
\v'' siècle  (|uand  elles  s'ell'aceut  ;  il  est  bien  plus  court  de  les  passer  au  lait  de 
chaux.  Cependant .  quand  on  se  donne  la  peine  de  clierchei-  des  fresques  du 
xiir  siècle,  on  en  trouve  et  de  foi't  bonnes.  C'est  ])articulièrement  dans  les 
campagnes,  et  je  m'étomie  de  tout  ce  que  M.  le  comte  de  Cialembert  a  d('ciiu- 
vert  en  ce  genre  et  accumulé'  dans  ses  cartons  i-ieii  (|u"au\  environs  de  Tours. 
On  peut  citer  au  l'evers  du  portail  de  l'abbaye  de  Cunaiit.  bâti  et  peint  au 
wu"  siècle,  les  figures  de  saint  Martin  et  (|(>  saint  Maïu'ice  à  cheval,  de  gran- 
deur naturelle,  celles  de  saint  V(''nérand  et  de  saint  i'hiliberf.  etc. 

La  collection  Caignièros  est  redeveiuie  française  depuis  ({ue  M.  rra])paz  l'a 
copié'C.  et  bientôt  sans  doute  elle  sera  |)ub!iée  par  les  soins  du  ministè|-e  de 
l'instruction  pul)li(|ue;  car  nous  n'avons  rien  de  plus  int(''ressant  pour  l'iiistoire 
de  l'art  national.  M.  Renan  y  trouvera  une  vingtaine  de  feuilles  qui  repr(\-en- 
tent  la  lé'gende  di'  saint  Martial  et  proviennent  de  l'église  de  ce  nom  à  i'aris. 
Ce  sont  autant  de  tableaux  de  la  seconde  mnitié'  du  xiii'  siècle,  tivs-savanfs  et 
très-avancés  comme  composition. 

Hors  de  Trance.  j'ai  admin''  à  Soëst .  ii  Melhler  dans  la  Westplialie.  et  à 
Saint-Michel  d'Ilildeslieim.  d'excellentes  peintiu'es  do  la  première  moitié  du 
xiii"  siècle.  f[ui  ne  doivent  rien  aux  Ryzanlins.  et  n'en  égalent  pas  moins  celles 
de  Cimabue.  si  elles  ne  les  surpassent  pas.  Les  unes  ont  été  ravivées  avec  beau- 
coup de  soin  et  de  succès  sous  la  direction  de  M.  le  baron  de  Quast,  inspec- 
teur général  des  monuments  historiques  de  Prusse;  les  auti-es  attendent  une 
prochaine  restaui-ation.  Toutes  font  honneur  aux  peintres  allemands  des  pre- 
miers siècles  du  moyen  âge. 

Je  citerai  encore  à  Londres,  dans  le  cho-ur  de  Westminster,  deux  gi-andes 
figures  de  rois  (jui  se  consei'vent  sur  les  hauts  dossiers  de  quelques  stalles. 


1G8  ANNALES    AnCIll'lOLOGIOUES. 

Elles  sont  (l'un  lieaii  dossiii  ]nireniont  anglais  el  en  très-lKm  (Hat,  quoifju'i'llos 
roiiiiuilent  aux  dcrnièros  années  du  mu''  siècle.  Elles  ollVenl  même  l'éclat  el 
la  \igiieur  d'une  vi'aie  |teinture  à  l'huili'. 

Ainsi,  sans  cdiinaîfre  exartenicnt  le  rôle  que  le  xtii'  siècle  reservait  à  la 
peinture,  et  tout  en  supposant  Nolontiers  que  ce  l'ôle  était  secondaire  dans  les 
églises,  —  parce  qu'on  ne  peut  développer  indéfiniment  toutes  les  brandies  de 
l'art  sans  être  amené  à  faire  un  choix  et  à  se  restreindre  sur  certains  points, 
—  nous  savons  cependant  que  le  luxe  des  peintures,  et  des  bonnes  peintures, 
le  plus  écononii([ue  de  tous,  était  permis  à  nos  monuments  gothicfues. 


II 


Maintenant .  comment  cet  art  du  xiii"  siècle ,  si  pur  et  si  élevé,  si  complet 
dans  toutes  ses  branches,  s'esl-il  abaissé  chez  nous?  Pourquoi  cette  supréma- 
tie ([ue  possédait  la  France  a-t-elle  été  transportée  à  d'autres  nations?  Je  vais 
essayer  de  le  dire. 

Je  ne  sais  pas  si  au  xiv'  siècle  »  la  foi  trouvait  dans  les  esprits  moins  de 
doutes  et  d'objections  1  »,  connue  l'assure  M.  Renan,  et  tournait  seulement  «  k 
la  rnuliiie  -  "  ;  mais  l'aisance  générale,  (jui  est  nécessaire  aussi  aux  jn'ogrès  de 
l'art,  avait  incontestablement  diminué.  Cette  royauté  «  administrative  et  sécu- 
larisée '  » ,  qui  a  toutes  les  sympathies  de  notre  savant  adversaire,  ne  commence 
pas  avec  Charles  V.  Elle  pesait  sur  la  l'rance  depuis  Philippe  le  Bel,  et  elle 
abusait  déjà  du  préfet  et  du  jmiste,  du  percepteur  et  du  gendarme,  nouvelle- 
ment réinventés.  A  en  juger  [lar  ses  résultats,  il  faut  croire  que  ce  régime 
était  prématuré  pour  la  France,  car  tout  y  décline  au  xiv'  siècle.  En  ce  qui 
concerne  les  grands  monuments  religieux,  ils  s'étaient  élevés  jusque-là  avec 
les  libéralités  du  haut  clergé  autant  que  des  fidèles.  Mais  comme  on  altérait 
sans  cesse  les  monnaies  pour  subvenir  aux  besoins  de  l'Etat,  tous  les  revenus 
fixés  en  argent  étaient  atteints  et  diminuaient  rapidement.  Les  évètjues  et  les 
chapitres  étaient  donc  trop  appauvris  pour  donner  l'impulsion,  et  le  peuple 
qui,  de  son  côté,  était  loin  de  s'enrichir,  n'y  suppléait  pas.  D'ailleurs,  toutes 
les  cathédrales  du  nord  de  la  France  venaient  d'éti'e  rebâties  magnifiquement. 
On  n'avait  plus  ni  le  besoin  ni  reiuie  d'entreprendre  à  nouveau  ces  grandes 

1.  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  217. 

2.  Page  224. 

3.  l'a-e  203 


L'Airr  Dr  moyen  Ac.r.  169 

construclion?  qui  liaient  ou  (l('teruiinent  lo?  progrès  de  rarcliitecture.  Kii 
général,  on  poursuivait  mollonuMit  des  travaux  accessoires  sur  des  plans  arrêtés 
depuis  longtenijjs.  sans  rien  eommcncer  à  neuf,  et  Saint-Ouen  est  peut-être 
la  seule  exception  mi  peu  notable  à  cette  règle  dans  la  région  oîi  s'était  formé 
l'art  ogival. 

La  guerre  contre  les  Anglais  a  aussi  ])uissamment  contrihui'  à  FalTaissenient 
de  l'art  national.  Klle  n'était  pas  »  en  permanence  '  »  comme  en  Italie;  elle 
ne  se  faisait  pas  de  ville  à  ville  et  d'homme  à  homme,  mais  elle  était  bien 
autrement  sérieuse,  l'roissard  prenait  gaiement  sou  parti  de  nos  désastres,  et 
il  applaudissait  volontiers  aux  prouesses  de  tous  les  bons  chevaliers;  mais 
M.  Renan  ne  prend  pas  garde  que  le  Ilainaut,  pays  natal  du  chroniqueur, 
n'appartenait  encore  à  la  France  que  par  la  langue.  C'était  la  Belgique  de 
nos  jours.  La  guerre,  la  grande  guerre,  quand  elle  est  nationale  et  constam- 
ment malheureuse,  détruit  les  forces  vives  d'un  pays  :  elle  l'épuisé  matériel- 
lement et  le  décourage;  elle  lui  enlève  cette  énergie,  cette  noble  confiance 
sans  lesquelles  on  ne  saurait  faire  de  grandes  choses. 

En  conséquence,  l'initiative,  en  fait  d'art,  passe  à  l'Angleterre,  à  l'Alle- 
magne, à  l'Italie. 

L'Angleterre  aussi  avait  été  presque  stérile  sous  le  règne  do  .lean  san.^^ 
Terre.  A  l'époque  du  mouvement  national  qui  aboutit  à  la  grande  charte, 
elle  élève  à  Wels.  à  Salisbury.  à  Lincoln,  à  Lly  de  vastes  monuments  du 
gothique  primitif,  non  pas  supéi-jeurs  aux  nôtres,  mais  peu  inférieurs  par  le 
goût  et  déjà  complètement  différents.  Le  style  secondaire,  qui  domine  à  York. 
ressemble  peut-être  davantage  à  ce  ([u'il  fut  en  Fi'ance.  mais  il  dure  peu.  Il 
se  distingue  par  de  grands  progrès  en  sculpture.  A  l'exception  de  Wels.  la 
statuaire  avait  été  négligée  par  les  principaux  monuments  du  style  anglais 
primitif,  où  la  sculpture  d'ornement  est  parfois  excellente.  On  trouve  alors, 
notamment  h  Ely.  dans  la  chapelle  de  la  Vierge,  quantité  de  figures  pleines 
de  finesse  et  de  goiit.  Entre  toutes  les  statues  modernes  ou  de  la  renaissance 
qui  se  sont  accumulées  à  Westminster,  celle  de  la  l'eine  Éléonore,  coulée  en 
bronze  d'un  seul  jet  dans  les  dernières  années  du  xiii"'  siècle,  est  certainement 
la  meilleure.  A  la  même  date,  il  serait  difficile  de  montrer  nulle  part,  en  Ita- 
lie aussi  bien  qu'à  Saint-Denis,  rien  de  plus  suave,  de  plus  pur,  de  plus  élé- 
gant, sans  aucune  trace  de  «  manière  » .  De  même  nos  princes  et  nos  cheva- 
liers du  XIV'  siècle  n'ont  point  de  tombes  comparables  à  celles  des  Beauchamp, 
à  Warwick. 

1 .  n  Revue  dos  Doux  Moiuies  »,  page  220. 


170  ANNALES  ÂP.C[IÉ0LOG10UES. 

Di"'s  la  fin  du  xin'  siècle,  le  style  perpendiculaire,  qui  sera  l'équivalent  de 
notre  style  flamboyant,  s'annonce  çà  et  là  par  la  suppression  des  chapiteaux, 
])ai-  la  multiplication  des  nervures,  par  l'emploi  des  contre-courlies  et  jiar 
d'autres  innovations  de  détail.  Dès  le  milieu  du  siècle  suivant,  il  apparaît  à 
Warwick,  et  bientôt  après  à  Winchester,  avec  tous  ses  caractères  essentiels.  Il 
ne  semble  pas  que  ce  style  perpendiculaire  ait  donné  naissance  au  style  flam- 
boyant .  puisque  la  France  n'a  pas  reproduit  une  seule  fois  ses  plus  brillantes 
ciMNilions  :  la  voûte  en  éventail,  si  riche  et  si  solide,  ni  la  cliarpenle  en  ogive 
trilobée,  avecblochets  sculptés,  dont  Westminster-IIall  olïre  un  si  bel  exemple. 
Des  deux  côtés  du  détroit  l'art  ogival  a  suivi  la  voie  où  il  était  engagé;  il  a 
donné  ses  conséquences  logiques  et  naturelles,  et  il  est  arrivé,  sans  nouvelles 
relations  entre  les  deux  pays,  à  des  résultats  analogues;  mais,  dans  tous  les 
cas,  ce  n'est  plus  la  France  qui  devance  l'Angleterre. 

Il  en  est  do  même  pour  FAllemagne.  Les  colliédi'ales  de  Strasbourg  et 
de  CiOlogne.  bâties  sur  des  modèles  français  par  des  architectes  allemands, 
résument  le  style  ogival  secondaire  mieux  que  nous  n'avions  pu  le  faire 
nous-mêmes.  Sans  corrige)'  ses  exagérations  et  ses  raffinements,  elles  lui 
impriment  une  rare  grandeur.  Fe  gothi(|ue  teitiaire,  (jue  l'on  peut  appeler 
flamboyant  connne  en  France,  bien  qu'il  ne  soit  pas  tout  à  fait  le  même,  s'an- 
nonce dejnn's  le  xiii'"  siècle,  par  exemple,  à  \aumbourg,  et  il  se  complète 
avant  la  tin  du  mv""  siècle. 

Pour  l'Italie,  elle  n'a  qu'un  style  et  s'en  tient,  avec  raison  peut-être,  à 
notre  ogival  primitif,  modifié  à  son  usage  par  l'imitation  de  quelques  grands 
monuments  romains  ou  byzantins,  et  par  l'emploi  des  marbres  de  couleur. 
Le  style  secondaire  ne  s'y  naturalise  pas  et  le  style  flamboyant  y  est  inconnu. 
Toujours.  jus([u'à  la  renaissance,  l'arcliitecture  y  conserve  la  vigueur,  et  la 
sculpture  d'oi'uement  le  feuillage  gras  et  largement  interprété  de  nos  maîtres 
du  XIII''  siècle. 

^lais  l'Italie  se  distingue  surtout  par  la  peinture.  Elle  y  prend  son  essor. 
en  (luekjue  sorte,  sous  l'influence  d'un  artiste  de  premier  ordre,  dont  les 
fresques,  aussi  nombreuses  que  parfaites,  n'ont  jamais  cessé  d'être  admirées 
depuis  le  xiv"  siècle,  et  sont  encore  dignes  d'être  imitées  par  les  peintres  qui 
ne  se  contentent  pas  de  faii-e  de  la  peinture  de  musée.  Mais,  il  ne  faut  pas  s'y 
méprendre,  Giotto  comme  Van  Eyck.  qui,  à  la  fin  du  même  siècle,  a  mis  en 
honneur  la  peinture  à  l'huile,  Giotto.  dis-je,  est  un  artiste  gothique.  Les  ama- 
teurs italiens,  dans  leur  patriotisme  jaloux,  se  plaisent  à  croire  que  Giotto  ne 
devait  rieu  aux  maîtres  fi-ancais,  et  que  Nicolas  de  Pise  a  seul  déterminé  le 
jiremier  épanouissement  de  l'art  dans  son  pays,  en  copiant  au  Campo-Santo 


L'ART   DU    MOYEN   AOF.  171 

quelques  sarcophago?  romains.  Il  «r-^l  vrai  qu'il  y  a  ou  (\r>  iurs.  cl  \)\u<  aii- 
cionnoniont  encnro.  des  essais  de  reiiaissancc.  Mais,  connue  nous  lavons  dil 
ailleurs  '.  s'ils  ont  eonduil  Nicolas  de  j'ise  à  rccherchei-  lo,  «  nu  i>  sans  rai- 
son et  sans  convenance,  il  iTtMi  était  jias  nioiiis  initie  à  l'art  français  du 
xiir  siècle,  dont  il  s'c-t  siu-toul  inspiré.  C'est  ce  que  l'on  peut  dire,  à  plus 
forte  raison,  des  auli'es  sculpteurs  pisans;  cai-  on  ne  reniari|ue  plu<  dans  Inn-s 
compositions  ces  génies  nus.  ni  ces  (igui-es  couiMcs  d  Irapucs  ijui  diMiolaienl 
aussi  parfois  une  influence  romaine.  Ils  se  livrent  sans  pailage  ;i  C(;s  inspira- 
tions gothiques,  qui.  selon  Vasari.  «  avaient  empoisonné  le  monde  ...  et  cpii 
ne  pouvaient  deniciu'er  restreintes  à  l'architecture.  Les  charmants  bas-reliefs 
modelés  par  André  de  Pise.  pour  les  portes  lalé'i-ales  du  l)a|)lislère  di'  l''l(irence. 
sont  aussi  parement  gothiques  que  les  qualr(>-l'euilles  ei  les  j)inacl(\s  (pii  les 
encadrent.  Ouant  à  Giotto.  les  personnages  soi-tis  |iar  niilljei-s  de  son  pinceau 
ont  tous  un  air  de  famille  évident  avec  nus  bonnes  >talues  de  la  lin  du 
XHi'  siècle,  dont  ils  reproduisent  l'i'lé'gance  un  peu  grêle  el  |'e\pi-essioii  émi- 
nemment religieuse.  C'est  d'ailleui's  un  artiste  excellent  qui  sait  siu'passer  ses 
modèles.  Il  les  épure,  il  les  agrandi!;  mais,  je  le  ré|)èle.  il  n'est  pas  moins 
gothique  comme  peintre  qu'il  ne  l'a  été  comme  archilecit;  au  campanile  de 
Sainte-Marie-des-Fleurs. 

On  se  console,  comme  catholitjiie.  de  voir  ainsi  ('"chapper  à  nuire  jiays 
cette  suprématie  artistique  (jue  nous  avions  possédée,  en  songeant  ([ue  c'est 
toujours  l'art  chrétien  (|ui  contiiuie  sa  glorieuse  destinée,  en  se  ti'ansl'ormant. 
en  se  déplaçant  selon  des  lois  jii'ovidenlielles.  Mai-  M.  Heiian  ne  s(>  ré'sign(> 
pas  si  facilement  à  ce  fait  si  conforme  à  la  marche  ordinaire  dc^  choses 
de  ce  monde,  où  rien  n'est  stable  et  dé'jlnilif.  Il  cherche  donc  ii  l'expli- 
quer par  la  condition  inférieure  (jue  la  l'rance  du  moyeu  âge  faisait  à  s(>s 
artistes.  11  leur  manque  «  un  mobile  moral  élevé,  une  noble  conception  de  la 
nature  humaine-  ».  C-e  sont  «  des  ouvriers  obscurs,  anonymes  au\  yeux 
de  l'histoire^  ».  tandis  (|ue  «  chaque  moninnent  de  l'Italie  ra|)|)elle  un  nom 
illustre,  une  gloire  municipale,  un  grand  ai'tisle  honoiv''  durani  sa  vie  comme 
un  personnage  politique,  objet  de  légendes  après  sa  mori  ''  ».  —  '<  Avant  tout 
autre  pays  en  Europe,  l'Italie  attache  un  sens  au  mot  do  gloire  et  travaille 
pour  la  postérité^  ».  Au  contraire,  «  les  artistes  français  du  moyen  âge  ont 

1.  "  Annales  Arcliéoloiriques  »,  t.  xxi,  page  76. 

2.  a  Revue  (les  Deux  .Mondes  «,  page  228. 
:).  1(1. ,  page  223. 

i.  M.,  page  223. 
5.  Id.,  page  227. 


172  ANNALES   ARCIl  KOLOrUQUES. 

peu  (le  iiorsnnnaliti' ;  dan;*  cette  foule  silencieuse  de  figures  sans  nom,  l'homme 
(le  génie  et  l'ouvrier  médiocre  se  coudoient,  à  peine  dilTérents  l'un  de  l'autre  ; 
il  faut  des  l'eclierches  minutieuses  pour  prendre  sur  le  fait  le  travail  obscur, 
cl,  comme  nous  disons  aujourd'hui,  inconscient,  d'où  sont  sorties  tant  d'œu- 
vres  étranges'.  Les  génies  créateurs  de  la  Fi'ance  ne  sont  guère  connus  ([ue 
de  nom  ou  par  li's  cli(''ti\es  images  ([ui  nous  les  monfi'ent  sur  le  pavé  de  leurs 
églises,  revêtus  de  l'humble  manteau  de  l'ouvrier-  ». 

En  Anglefen-e.  un  architecte  du  xiv'  siècle,  fiui  passe  avec  quelque  fonde- 
ment pour  le  principal  créateur  du  style  perpendiculaii'e,  Guillaume  de  Wike- 
ham.  devint  évéque  de  Winchester  et  chancelier  du  royaume.  Depuis  saint 
Hloi.  aucun  arlisie  h-ançais.  il  faut  en  convenir,  n'est  parvenu  à  cette  haute 
foi'luin'  (|ui  snpjiosr  tant  d'ajililudê.s  diffé-i'cnles .  et  dont  les  artistes  italiens 
les  plus  ambitieux  sont  demeurés  loin.  Mais  de  pareils  encouragements  ne 
sont  pas  nécessaires  auK  progrès  de  l'art,  et  Rubens  n'en  serait  pas  moins 
grand  peinti'e  quand  même  il  n'aurait  pas  rempli  les  fonctions  ^'ambassadeur. 

Nos  architectes  fivmçais  du  moyen  âge  étaient  aussi  rap|)rochés  des  simples 
ouvriers  f|ue  les  otTiciers  de  nos  armées  modernes  le  sont  de  leurs  soldats.  Ils 
se  recrutaient  sans  difllculté  dans  le  peuple  et  n'en  valaient  pas  moins  pour 
cela.  Alais,  dans  un  grand  royaume  profondément  aristocratic[ue,  ils  ne  mon- 
taient pas,  aussi  facilement  {|ue  dans  les  petites  républiques  italiennes,  à  ce 
niveau  où  l'histoire,  d'ailleurs  si  incomplète  et  faite  de  si  loin,  commence  à 
distinguer  les  iudividualilé'S  Iji'illantes.  L'état  ecclésiastique  aurait  eu  seul  le 
pouvoir  de  les  y  porter;  mais  alors  ils  étaient  tous  laïques,  sauf  des  excep- 
tions inliiilmeiit  rares. 

Cependant,  et  Al.  Renan  l'a  reconnu  pour  Villard  de  Ilonnecourt,  «  dont 
l'éducation  fut  évidemment  celle  des  esprits  les  plus  cultivés  de  son  temps ^  », 
ils  avaient  toute  l'instruction  désirable.  Ils  avaient  aussi,  sinon  la  richesse, 
du  moins  cette  honnête  aisance  qui  permet  d'étudier  et  d'apprendre.  Leur 
appi'cnlissage  était  même  organisé  plus  régulièrement,  i)lus  paternellement 
que  de  nos  jours,  et  se  complétait  facilement  par  des  voyages.  Les  concours 
étaient  fi'équeiits  au  début  des  gi'andes  constructions  ;  mais  quand  l'architecte 
avait  été  choisi,  il  avait  des  appointements  fixes  très -suffisants  pour  ses 
besoins,  et  passait  paisiblement  sa  vie  dans  sa  maison  de  l'œuvre,  comme  on 
le  voit  encore  à  Strasbourg,  entouré  de  ses  élèves  et  de  ses  fils,  qui  souvent 
héritaient  de  son  talent  et  de  ses  fonctions.  La  formule  de  l'inscription,  gra- 

1 .  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  iO.'J. 
i.  II!.,  page  227. 
3.   1(1.,  [i.ige  20(1. 


L'A  HT  nr  \\()\\:\  ack,  iTj 

vée  au  soiibassoinont  du  |inriail  iiiLTidinii.il  dr  Ndlre-Daiiic  <lo  Paris,  con- 
state bien  cette  li\iti'  de  pusilion  :  .>  \i\cnte  .lolianne  niasisti'o  ». 

I)  Mil  antre  cùli'.  M.  llciian  admet  ([ne  «  ce  (jui  faisait  dct'aul.  ce  n'était  ni 
le  iiiouMMiuMit  ni  l'c>])i-il.  l/acliNili'  qui  réi^iia  parmi  les  arcliilectcs  de  celle 
épiiqui'  a  (|nel(|n('  clinsc  de  pnidiiiicnx.  Lein'  genre  tie  vie.  r(Mitermée  dans  une 
sorte  (1(^  ciillége  on  de  siici('l('' à  pari.  enli'i'Ienail  chez  eir\  une  ardente  émn- 
latioii.  l'om'  (|ue  de  tels  liomnics  se  soient  peu  i^ouciés  de  la  l'enonnnée.  il  faut 
([u'ils  aient  trou\(''  dans  rintiM-ienr  de  leur  confrérie  im  niol)il(>  snllisant  qui  les 
HMidait  inditïérents  ;i  toute  autre  chose  (ju'à  Festinie  de  leurs  pairs  '  ». 

Il  ne  lem-  manquait  donc  rien,  car  peu  importe  le  mobile  en  |>ai-eil  cas. 
s'il  protluit  une  acli\it(''  d"espril  prodigieuse  et  une  ardente  émiilalioii. 

Au  reste,  connnent  M.  Ilenan  sail-il  (|Ui;'  li>s  ar(;hilecles  du  moyen  à<;'e 
étaient  insensibles  à  tout(>  autre  chose  (|u'à  l'estime  de  leiu's  confrères?  Le 
mol  de  gloire  existait  pour  eux  air<si  bien  (]ue  la  gloiir  elle-iuème,  car  on 
parle  sans  ces.«e  du  glorieux  chienr.  de  la  gloi'ieuse  façade  de  telle  ou  telle 
cathédi'ale.  Comme  les  ai'tisles  italiens,  ils  joignaient  au  sull'rage  de  leurs 
pairs  la  haute  consi(l(''ralion  des  pi-iiices  ou  des  pi^Mats  (|ui  les  cm|ilii\aienl  et 
l'admiration  de  leui's  concitoyens.  I.orsciue  l'on  a  senti  le  besoin  d'élever  arli- 
ficiellemenf  les  bourgeois  l(\'^  jjIus  notal»les  au  rang  (|ui  s'attachait  moins  à  la 
naissance  qu'à  inie  fonction  déterminée,  celle  de  faire  le  service  mililaii'e  à  ses 
frais,  les  |)renn'ères  lettres  de  noblesse  ont  i''lé'  (lonn(''es  à  un  artiste  parisien 
du  Mil'  siècle. 

Quand  les  architectes  du  moyen  âge  moui'aient.  ils  étaient  sùi-s  d'oljtenii- 
une  tombe  honoi'able,  ce  (|ui  n'arrive  pas  toujoin-s  à  notre  épo(|ue.  où  les 
artistes,  |)lus  adulés  de  letii'  \i\'ant,  sont  aussi  bien  vile  oubli('s.  I.es  belles 
dalles  (|ai  recouvraient  le  corps  de  Hue  i.ibergier  el  des  archilecies  de 
Saint-Ouen  n'ont  rien  de  ((  chélif  ».  V.Wv^  ressemblent  à  celles  i\v!^  riches 
bourgeois,  des  chevaliers,  des  chanoines,  l't  |)arfois  des  pr(''lats  eu\-mèmes. 
Ces  artistes  n'y  sont  pas  repré'senl('s  a\('c  u  l'hiniible  manlean  de  l'oinrier  », 
qui  alors,  pas  i)lus  ([u'aujoui-d'hui.  ne  poilait  point  de  manteau,  mais  avec 
l'habit  civil  de  leur  temps  et  les  attributs  de  leur  j)rofession.  Le  siècle  était 
modeste,  et  leurs  é|)ilaphes  le  sont  aussi;  mais  elles  conservent .  dans  le  der- 
nier monument  ([ii'iis  avaient  embi'lli.  le  souvenir  de  leurs  chefs-d'o-uviv. 
Celle  de  rarchitecte  de  la  cha|)elle  de  Saint-Cei-main-des-l'n's.  au(|iiel  ime 
vieille  tradition  attribue  aussi  la  Sainte-Chapelle,  l'ienv  de  Montreuil.  —  ([ue 
l'on  s'obstine  à  appeler  Pierre  deMonlei'oau  -,  —  le  (|ualilie  de  n  fli'ur  pleine 

1.  «  Ucviif"  dos  Dinix  Mijniic>  h,  pa.uo  î\'>. 

2.  Dans  le  nom  de  MuiiUtcuI.  quo  l'épitaplio  d'Agiios,  l'emnio  do  l'arcliitoclo  ,  doniio  on  toiilos 

xxii.  23 


17/)  ANNALES  ARCHÉOLOGIQUES. 

(le  mœurs  »  et  de  «  docteur  des  architectes^  ».  Certes,  si  l'éloge  est  court, 
du  moins  il  est  complet.  A  Caen ,  les  moines  de  Saint-Etienne  donnent  des 
louanges  moins  méritées  à  leur  architecte  Guillaume  :  «  Petrarum  summus 
in  arte  ».  On  a  tant  d'égards  pour  les  architectes,  que  leurs  petits  enfants, 
quand  ils  meurent  pendant  la  durée  des  travaux,  obtiennent  eux-mêmes  des 
ô|»itai)hes  élogieuses.  A  l'abbaye  de  Guitres,  près  Libourne.  j'ai  eu  le  plaisir 
de  déchilTrcr  le  premier,  il  y  a  quelques  mois,  cette  inscription,  touchante  dans 
;son  mauvais  lalin.  qui  venait  de  sortir  de  terre  : 

nU\    •     K    •    IVLII    OBUT    ARNALDVS    PVKR    BONE    IMIOLE 

ru,ivs  mvgistui  iivivs  operis. 

Ce  n'est  pas  tout.  \)c  leiu'  vivant,  les  architectes  comme  les  sculpteurs,  les 
peintres,  les  verriers.  les  orfèvres  signent  volontiers  leurs  œuvres.  A  Amiens, 
au  centre  du  labyrinthe  ou  chemin  de  Jérusalem,  un  monument  particulier 
conserve  l'image  et  le  nom  de  tous  les  architectes  qui  ont  successivement 
dirigé  les  travaux.  Il  en  est  de  même  à  Reims;  et  de  plus  l'inscription  fait  à 
chacun  sa  part  de  gloire  en  disant  en  détail  ([uelle  partie  de  l'église  il  a  élevée. 

On  n'a  l'ait  ni  mieux  ni  aussi  bien  en  Italie.  On  a  eu  seulement  un  Vasari 
f[ui  s'est  chargé  de  recueillir  les  traditions  artistiques  de  son  pays,  comme  il 
était  si  facile  encore  de  le  faire  chez  nous  vers  le  commencement  ou  le  milieu 
du  xv!*"  siècle.  Cette  fois,  je  suis  d'accord  avec  M.  Renan;  oui,  «  l'Italie  a  eu 
deux  bonnes  foi'tunes  refusées  à  la  France,  et  dont  il  importe  de  tenir  grand 
compte  :  celle  d'avoir  conservé  intactes  toutes  les  œuvres  de  ses  anciens  maî- 
tres, et  celle  d'avoir  eu,  grâce  à  Vasari,  sa  légende  dorée  de  l'art  -.  a  Si  elle  eût 
eu  nos  architectes  du  xii"  et  du  xiii"  siècle,  elle  eût  égalé  leur  gloire  à  celle 
des  Bramante  et  des  Michel-Ange  ^  ».  Oui.  nous  avons  eu  tort  n  de  faire  table 
rase  du  jiassé  »  et  de  nous  elïorcer  de  l'oublier  tout  à  fait.  Mais  à  qui  la  faute? 
A  la  renaissance,  qui  a  faussé  le  sens  artistique  de  la  France,  et  l'a  rendue  si 
dédaigneuse  et  si  ingrate.  L'ancienne  France,  celle  du  moyen  âge,  n'a  rien  à 
se  reprocher. 

Jamais,  M.  Renan  en  convient  ailleurs,  le  talent  n'a  manqué  aux  artistes 
français,  mais  seulement  l'occasion  de  faire  de  grandes  œuvres  et  la  l:)onne 
chance  qu'on  ne  les  détruisît  point  dans  la  suite.  En  elî'et,  les  portails  laté- 
raux de  la  cathédrale  de  Rouen,  qui  datent  des  premières  années  du  xiv'^  siècle, 

lettres  et  en  français,  qui  ne  reconnaîtrait  le  Montreuil  de  Paris  plutùt  que  le  Monlereau  de  Cham- 
pagne? 

1.  Y.  Piganiol  de  La  Force,  t.  vu,  p.  74. 

2.  ..  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  22C. 

3.  Id.,  p.  227. 


L'A  UT   DU    MOYEN   XCE.  175 

sont,  dan?  le  stylo  trop  raniiir  auquel  ils  ap|Kirlieiineul.  (l(>s  modèles  do  Rràoe. 
de  richesse  et  âv  bdii  piùt.  A  la  même  é]K)que,  un  architecte  français,  maître 
Hardouin.  dirige  les  li-a vaux  de  Saint- Pélronne  de  lîolugiie.  Plus  tard. 
Alathicu  d'Arras  construit  la  cathédrale  de  Pra.gue.  Plus  tni'd  encoi'o,  des 
artistes  de  Rouen  et  de  Paris  commencent  la  cathôdrale  de  Milan,  la  troisième, 
après  Bolog'ue  et  Florence,  de  ces  ('\i;-|isos  italiennes  qui.  selon  M.  l'ienan. 
<i  rospii-enl  im  scnlimcnl  de  lail  j)lus  dc'licat  (|uo  nos  cathédrales  do  la  même 
époque  '.  » 

Lorsque  le  rèp;nc  trop  court  de  Charles  Y  répare  en  partie  les  malheurs 
de  la  I-'i-ance,  lors(|ue  dcî^  princes  du  sanii'.  «  tous  hommes  de  goùl  ».  dit 
M.  Renan,  et  «  les  pr(Miiiers  f!;i'auds  amateui's  laïques  (|u'aient  eus  les  sociétés 
modernes»,  font  ajjpel  aux  aiTliilectes.  aux  peintres  et  aux  scul|tteurs.  on 
embellit  pour  le  l'oi  le  Louvre  et  le  palais  des  Tournelles.  on  crée  Pierre- 
fonds  pour  Louis  d'Orléans,  la  Sainte-Chapelle  de  Bouri^es  pour  le  duc 
de  Berry,  et  la  Chartreuse  de  Dijon  pour  les  ducs  de  Bourgogne.  On  donne 
ainsi  «  la  mesure  de  ce  que  ])out  une  dynastie  amie  des  arts  en  un  siècle 
dénué  de  génie -».  ^lais.  oii  la  trouver  maintenant,  cette  mesun'?  Ancinie 
période  de  Tari  français  n'a  été  [ilns  malti'aitée  par  le  vandalisme.  Il  irste  au 
palais  de  Poitiers  quelques  belles  statues  sculptées  pour  le  (Uic  de  Beri'y.  f^n' 
représentent,  je  crois,  les  sept  sages  de  ranti([uité;  il  reste  aussi  les  ligures 
plus  remarquables  encore  du  fameux  puits  de  Moïse.  Mais  que  sont  devenus, 
sinon  le  Louvre  de  Charles  V.  qui  a  fait  place  à  d"auti-es  chefs-d'o-uvre.  du 
moins  le  palais  des  Tournelles.  et  la  Sainte-Chapelle  d(;  Bourges,  et  les  pal- 
lies les  plus  délicates  de  Pierrefouds,  patiemment  reconstituées  par  M.  Yiollet- 
Le-Duc.  et  faut  d'autres  monuments  célèbres'.'  (Juaiid  de  vastes  constructions 
sont  ainsi  rasées  jusqu'au  sol,  de  fragiles  tableaux  peuvent-ils  se  conserver? 
Ils  sont  détruits  ou  dispersés,  et  alors  ils  vont  grossir  le  contingent  des  écoles 
étrangères.  Lorsqu'on  rencontre  une  ])onne  peinture  dans  le  nord  de  la  iM'ance, 
elle  est  aussitôt  attribuée  à  Van  Eyck,  ([ui,  du  moins,  appartenait  :i  la  l''rance 
féodale  et  se  trouve  Français  à  demi,  selon  l'heureuse  expression  de  M.  le 
baron  de  Guilhermy  ^.  Dans  le  midi,  on  eu  fait  honneur  à  l'école  de  Giotto. 
Pourtant  on  n'a  pas  encore  dénationalisé  les  excellentes  fresques  du  xiv''  siècle 
qui  décorent  le  couvent  des  Jacobins  de  Toulouse'';  on  se  contente  de  les 
abandonner  au  vandalisme  des  ofTiciers  du  génie. 


o'- 


1.  u  Rovuedes  Deux  Jlonde?  »,  page  225. 

2.  Id.,  page  2i2. 

3.  «  .Vnnales  Archéologiques  ».  t.  v,  p.  2o-'5. 

4.  Id.,  l.  VI,  page  3.31. 


17G  AWALES   ARCHEOLOGIQUES. 

La  première  moitié  du  xv*"  siècle,  époque  de  nos  plus  «grands  malheurs,  est 
presque  stérile  eu  belles  choses.  Cependant  il  s'établit  partout  un  style  nou- 
veau fondé  sur  l'emploi  des  contre-courbes  dans  tous  les  tenestrages  et  tous 
les  panneaux  d'ornementation.  Ce  style  flamboyant,  qui  suppose  certainement 
plus  de  science  qu'aucune  autre  variété  de  l'architecture  gothique,  et  qui  sur- 
monte, peut-être  inutilement,  plus  de  difficultés,  se  montre  très-fécond  sous 
Louis  XL  et  surtout  sous  Charles  VIII  et  Louis  \I  1.  Séduisant  au  premier  abord 
et  fait  pour  plaire  à  la  foule,  il  pèche  par  excès  de  richesse  et  de  recherche, 
—  au  moins  dans  les  églises;  car,  pour  les  constructions  civiles,  il  est  géné- 
ralement plus  sobre,  — et  donne  vraiment  prise  à  quel([ues-unes  des  critiques 
qui  ont  été  adressées  à  l'art  ogival  tout  entier.  Il  est.  d'ailleurs,  très-étudié, 
très-logique,  très-harmonieux  dans  toutes  ses  parties,  et  résout  en  se  jouant 
les  problèmes  les  plus  compli<[ués  de  dessin  linéaire  et  de  coupe  des  pierres. 
Pour  les  grandes  combinaisons  architecturales,  le  style  llamboyant  dilTère 
beaucoup  moins  que  par  l'ornementation  des  styles  antérieurs. 

Il  n'est  ]ias  besoin  d'énumérer  les  principaux  chefs-d'œuvre  de  notre  archi- 
tecture flamboyante;  ils  sont  présents  à  toutes  les  pensées.  Il  faut  dire  seule- 
ment que  si  la  statuaire  de  cette  époque  parait  si  commune,  si  triviale  »  et 
si  bourgeoise  » .  pour  |)arler  comme  M.  Renan,  c'est  qu'on  la  juge  trop  souvent 
par  ces  rétables  de  pacotille  ramassés  pour  nos  musées  dans  les  églises  de 
village.  Quant  à  la  peinture,  sans  recourir  aux  chefs-d'œuvre  d'IIemling, 
les  fresques  de  l'hôtel  de  Jacques  Cœur,  les  neuf  tableaux  de  la  confrérie 
d'Amiens,  qui  en  avait  fait  faire  trois  cents,  les  tapisseries  d'Arras,  dont  les 
cartons  étaient  aussi  des  tableaux,  les  miniatures  de  Fouquet,  enfin,  suffisent 
à  montrer  qu'il  y  avait  encore  de  bons  artistes  gothiques  au  moment  de  la 
renaissance. 

La  manière  dont  se  recruta  le  personnel  de  la  renaissance  en  est  une 
preuve  nouvelle.  Les  Italiens,  appelés  en  grand  nombre,  n'ont  presque  rien 
fait  ou  rien  laissé,  notamment  les  plus  illustres,  Léonard  de  Vinci  et  Benve- 
nuto  Collini.  Ils  ont  trouvé  immédiatement,  non  pas  des  élèves,  c'est-à-dire 
des  hommes  nouveaux,  mais  des  imitateurs  tout  formés  et  très-habiles,  dont 
les  œuvres  ont  seules  survécu.  Colomb,  qui  sculpta  le  tombeau  des  ducs  de 
Bretagne,  avait  soixante  ans  au  moins  quand  il  se  rallia  à  la  renaissance. 
Cambiche,  le  digne  successeur  de  Pierre  Lescot  au  Louvre,  sortait  des  ateliers 
gothiques  de  Beauvais,  encore  ouverts  en  1550.  Si  les  antécédents  de  Pierre 
Lescot  ou  de  Jean  Goujon  étaient  mieux  connus,  nous  verrions  probablement 
qu'ils  sont  les  mêmes. 

Il  faudrait  encore  tenir  compte  à  l'art  du  xv'  siècle  de  son  universalité  et 


i/Airr  nr  movkn  agi:.  177 

de  son  unirormitc.  Jamais,  d'imo  province  à  raulre.  il  ii'v  a  eu  moins  de  dif- 
férences et  d'inéf^alités.  La  moyenne  du  talent  a  pu  s'abaisser,  mais  jamais  il 
n'y  a  eu  autant  d'artistes.  Ce-  n'est  pas  dans  la  capitale  ni  dans  les  grandes 
villes  que  se  rassemblent  les  arcliitcvtes.  les  sculpteurs  el  les  peintres  vrai- 
ment dit;iies  de  ce  nom;  on  eu  irouvi;  partout,  au  fond  des  campagnes,  dans 
les  lieux  les  plus  déshérités  aujourd'hui  de  toute  ciiltin-e  arlisti(|ui\ 

On  ne  peut  pas  <hiv  d'un  art  pan>il.  doni  la  base  est  si  large  et  si  populaire, 
qu'il  t'tait  mort  avant  la  renaissance.  Il  y  aurait  autant  de  vraisemblance  à 
soutenir  ([ue  la  civilisation  tout  entière  allait  périr  sans  la  renaissance,  ou  tout 
au  moins  demeurer  stationnaire.  précisément  à  répo([ui'  oii  des  nations 
dénuées  de  «  génie  »  viemient  de  lui  doimei-  l'impiimerie.  les  armes  à  feu,  la 
grande  navigation,  et  tant  d'autres  insirumenis  de  progrès! 

Sans  doute,  l'influence  artistique  de  ritalie  devait  se  fairi>,  sentir  en  l'rance 
et  dans  toute  l'Europe.  Les  points  de  contact  étaient  trop  grands,  la  supériiirité 
des  peintres  et  des  sculpteurs  ultramontains  trop  évidente,  pom-  (|iie  ce  f|ui  avait 
eu  lieu  une  première  fois  au  xiii"  siècle  ne  se  repi-oduisît  pas  en  sens  inverse. 
—  Mais  la  renaissance  pouvait  se  faire  autrement.  —  lin  demandanl  à  ritalie, 
ou  directement  à  l'art  antitiue,  l'éléxalion  du  style  el  la  correction  du  tlessiu, 
on  aui'ait  dû  respecter  davantage  la  tradition  gotliiciue  el  l'esprit  chiv'tieu. 
Améliorer  sans  détruire,  c'est  ordinairement  le  meilleur  système.  Il  fallait 
recourir  à  (liotto,  à  Orcagna,  à  Fra  Angelico,  plutôt  ([u'à  Masaccio  i;t  à  Man- 
tegna.  Il  fallait  s'arrêter  à  la  première  manière  de  llapliaël  et  admirer  Michel- 
Ange  sans  l'imiter  en  rien. 

Les  peintures  sur  verre  de  la  Chapelle  du  l'oi.  à  Cambridge,  donnent  assez 
bien  idée  des  résultats  auxquels  on  pouvait  arriver  dans  cette  voie.  (^)u"elles 
aient  été  dessinées  par  llolbein,  à  qui  on  attribue  tout  en  Angleterre,  ou  par 
Van  Orley,  ou  par  quelque  autre  maître  moins  comui.  une  insjjiration  italiemic 
les  emioblit;  et  néanmoins  elles  ne  sont  nullemenl  en  désaccord  avec  l'arclii- 
tecture  purement  gothique  de  l'iMlilice.  D'ailleurs,  elles  suflisent  parfaitement. 
sans  le  secours  de  la  peinture  murale  et  de  la  statuaire.  ;i  dé;c(jrer  de  la  façon 
la  plus  splendide  cette  chapelle  du  roi.  longue  de  trois  cents  pieds,  comme 
une  cathédrale.  C'est  peut-être,  il  est  vrai,  la  plus  belle  série  de  vitraux  cjui 
existe. 

"  Il  importait  avant  tout  de  prendre  pour  base  du  rajeum'ssement  de  l'art 
français  notre  ancienne  architecture  gothique,  qui,  malgré  ses  défauts,  valait 
encore  mieux  que  le  nouveau  style  italien,  parce  que.  faite  par  nous  et  pour 
nous,  elle  convenait  merveilleusement  à  notre  génie  national,  à  nos  mœurs,  à 
notre  climat.  Elle  avait  besoin  de  se  corriger  et  se  corrigeait  déjà,  en  revenant 


178  ANNALES   ARCHEOLOGIQUES. 

ù  des  profils  plus  formes,  à  des  partis  plus  simples.  Ces  pinacles  de  la  tour 
Saint-Jacques,  cjui  projettent  des  ombres  vigoureuses,  sont  un  commencement 
de  réaction  contre  un  système  où  tout  s'était  atténué  et  rapetisse  par  la  multi- 
plication indéfinie  des  membres  arcliitectoni([ues.  L'arcliitccture  nationale 
pouvait  d'ailleurs  se  retremper  avantageusement  en  étudiant  le  passé,  non  pas 
celui  des  Cirées  et  des  Piomains.  mais  des  Français  du  mu*"  siècle,  archéologie 
qui  en  valait  bien  une  autre.  Loin  d'être  morte,  elle  était  pleine  de  sève  et  de 
vie.  Aussi  a-t-il  fallu  plusieurs  siècles  pour  la  déraciner  tout  à  fait  de  ce  sol 
où  elle  était  née.  Les  architectes  de  la  cathédrale  de  Beauvais,  au  lieu  de 
s'avouer  vaincus  par  la  renaissance  qui  débordait  de  toutes  parts,  se  croyaient 
de  taille  à  lutter  contre  la  coupole  de  Saint-Pierre  de  Rome,  et  ils  y  seraient 
])arvenus  pcul-élrc  si  le  besoin  de  se  hâter,  pour  frapper  un  grand  coup,  ne  les 
avait  pas  conduits  à  l)àtir  la  tour  centrale  avant  d'avoir  achevé  la  nef  qui 
devait  la  contre-buter  à  roccident. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  s'est  borné  longtemps  à  mélanger  dans  des  propor- 
tions très-diverses  le  style  français  et  le  style  italien.  Mais  ce  mélange,  préfé- 
rable cependant  à  l'adoption  pure  et  simple  de  l'architecture  italienne,  était 
mauvais,  à  le  juger  par  ses  fruits,  l'armi  tous  ces  châteaux  des  bords  de  la 
Loire,  (jue  ^L  Victor  Petit  s'est  appliqué  à  dessiner,  les  œuvres  du  dernier 
gothique,  qui  l'emportent  par  le  nombre  sur  celles  de  la  renaissance  propre- 
ment dite,  l'emportent  aussi  par  la  beauté,  de  l'aveu  de  l'artiste  qui  les  a 
re])roduites  avec  le  même  amour.  A  Rouen,  à  Lisieux,  dans  toutes  nos  vieilles 
cités,  les  dei'nières  maisons  gothiques  valent  pour  le  moins  les  premières  mai- 
sons de  la  renaissance,  qui  en  imitent  le  dessin  général  et  la  richesse,  en 
changeant  seulement  la  natui'e  de  l'ornementation.  L'église  de  Saint-Eustache, 
église  gothique  au  fond,  qu'a-t-elle  gagné  à  entasser  des  colonnes  corin- 
thiennes pour  atteindre  à  la  hauteur  de  s?s  piliers  et  h  se  hérisser  de  petites 
corniches?  Les  églises  contemporaines  de  Saint-Wulfran  d'Abbeville  et  de 
Saint-Maclou  de  Rouen,  ([ui  ont  su  résister  cala  mode,  ne  sont-elles  pas  à  la 
fois  plus  logifiues,  plus  harmonieuses  et  plus  élégantes? 

Les  motifs  de  conserver  le  style  gothique  étaient  si  puissants,  que  les  archi- 
tectes étrangers  eux-mêmes  les  appréciaient.  A  voir  les  pavillons,  le  beffroi, 
les  grands  toits  à  lucarnes  de  pierre  et  les  hautes  cheminées  de  l'hôtel  de  ville 
de  Paris,  on  ne  se  douterait  point  qu'il  a  été  bâti  i)ar  un  Italien,  si  une  inscrip- 
tion authentique  ne  l'apprenait  pas.  A  plus  forte  raison,  nos  artistes  nationaux 
n'ont-ils  jamais  manqué  de  faire  sa  bonne  part  au  style  français  ;  et.  ce  c{ui 
constitue  la  supériorité  du  Louvre  de  Lescot  sur  celui  du  Bernin,  ce  qui  domie 
jusqu'au  xv!!'  et  au  wiii''  siècle  plus  de  mouvement,  plus  de  silhouette  à  nos 


i;\p,T  nr  moyen  âge.  179 

palais  et  à  nos  châteaux,  c'est  eiicon;  uii  reste  vivacc  de  nés  aiiciciiues  tra- 
ditions. 

ilieux  valait  même,  pour  les  résidences  royales,  s'en  tenir  au  stvle  i^othique 
tout  pur.  Il  est  dillicile  de  concevoir  ([uelque  cliose  de  plus  splendide  et  de 
plus  beau  que  le  Louvre,  de  plus  ,<i;raiidiose  (|ue  Versailles.  Mais  on  ne  sait 
pas  ce  que  le  style  ogival,  aidé'  de  tous  les  |m),<;r('s  de  la  science  et  des 
immenses  ressources  de  la  centralisation,  serait  capable  di;  l'aire.  Il  n'avait 
jamais  eu  à  élever  de  palais;  mais  un  hôtel  comme  celui  de  l>a  Trémouille 
permet  d'entrevoir  à  (piel  degré  de  magniticeuce  il  pouvait  atteindre;  et 
Windsor,  qui  n'est  gothique  (juc  de  seconde  main,  t'ait,  à  l'extérieur,  plus 
d'elTet  que  Fontainebleau. 

Le  style  gothique  n'eùt-il  rien  jiroduit  d'é-gal  au  Louvre  et  à  Versailles,  le 
mal  serait  plus  que  compensé  par  la  ])crpéluation  de  l'art  national.  On  ne 
l'aurait  pas  vu,  comme  il  l'a  fait  depuis  (ju'il  est  fondé  sur  une  archéologie 
étrangère,  se  retirer  des  campagnes,  où  il  était  univer.selleinent  répandu,  et 
bientôt  de  toutes  les  villes  de  province,  pour  se  concentrer  dans  la  ca|Mtale.  On 
ne  le  verrait  pas.  même  à  Paris,  vivre  d'imitations  incohérentes  et  maladroites. 
Nous  n'en  serions  pas  réduits,  en  un  mot.  à  n'avoir  plus  d'arclHte<iin-e.  Ainsi 
que  l'a  très-bien  dit  M.  Picnan,  »  ce  n'est  jamais  impimément  (|u'on  renonce 
à  ses  pères  !  » 


III 


Il  ne  s'agit  pas  seulement  de  constater  et  de  dé'plorer  le  mal  ;  il  faudrait 
aussi  le  réparer  si  c'est  possible.  Mais  quand  nous  voulons  avec  «  celte 
complète  maturité  de  jugement  »  qui  fit  défaut,  dil-ou.  au  mo\en  âge  et 
notamment  au  xiii'"  siècle,  mais  qui  devrait  appartenir  au  xix";  (|uand  nous 
voulons,  dis-je,  «  recueillir  la  tradition,  la  régler  et- la  pré.servcr  de  toute 
exagération  *  »  ;  quand  nous  nous  tlattons  d'entreprendre  on  cola  une  ujuvre 
longue  et  difTicile,  sans  doute,  mais  éminemment  utile  au  double  point  de 
vue  de  l'histoire  et  de  la  pratique  de  l'art,  M.  Ileiiau  nous  oppose  durement 
cette  maxime  :  «  les  systèmes  d'esthétique,  toujours  vrais  en  un  sens  quand 
ils  sont  conçus  par  des  esprits  élevés,  ne  doivent  jamais  chercher  à  se  réa- 
liser... *  1). 

Il  semble  que  M.  Renan  condamne  ici  du  même  coup  tout  l'art  conlcmpo- 

1.  «  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  213. 

2.  Id.,  page  203. 


180  AMNALKS   ARCHÉOLOGIOrES. 

rain  ;  car,  dans  ses  manifestations  si  diverses,  il  est  toujours  fondé  sur  un 
système  d'estliétique  et  sur  une  arcliéologie  quelconque.  Mais  il  y  a  une 
excejition  sous-entendue  en  faveur  du  style  grec  ([ui  est,  nous  dit-on  ailleurs, 
«  la  raison  même,  la  logique  appliquée  à  l'art  de  bâtir  ^  ».  —  Soit,  mais  pour 
des  besoins  très-dill'éix'nts  des  nôtres  et  avec  des  moyens  infiniment  moins 
|)uissanls  (|ue  ceux  dont  on  a  disposé  depuis.  —  .M.  Viollet-Le-Duc  dit  aussi, 
et  de  plus  il  le  prouve,  que  le  style  gothique  du  Mil"  siècle  est  la  raison 
même,  la  logiiiue  a|)pli(iuée  à  l'art  de  bâtir.  —  Kst-il  plus  logique,  dans  un 
pays  où  il  jilcut  souvent,  de  couronner  une  corniche  par  une  surface  horizon- 
tale ou  par  un  plan  incliné?  Uoit-on  mettre  le  larmier,  destiné  à  rejeter  l'eau 
([ui  ruisselle,  au  milieu  ou  au  sommet  d'un  entablement?  Ces  entablements 
doivent-ils  avoir  le  même  profil  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  des  édifices?  voilà 
comment  la  question  se  pose  sans  cesse  entre  le  style  grec  et  le  style  go- 
thique. 

11  y  a  une  infinité  d'églises  du  moyen  âge  qui  servent  encore,  sans  aucun 
changement,  aux  cultes  chrétiens.  Il  y  a  quantité  de  maisons  et  de  châteaux  du 
xiv"  et  surtout  du  xv'  siècle,  qui  sont  encore  habités.  Au  contraire,  le  Parthé- 
non,  s'il  était  intact,  ne  serait  d'aucune  utilité  aux  Athéniens  modernes,  et 
ne  pourrait  pas  même  leur  tenir  lieu  de  musée,  à  moins  qu'on  ne  l'éclairàt 
autrement,  comme  on  l'a  fait  pour  le  temple  de  Thésée.  Un  Napolitain  ne 
saurait  pas  davantage  se  loger  dans  les  maisons  de  Pompéi,  fussent-elles 
parfaitement  restaurées,  à  moins  de  couvrir  l'alrium  d'un  toit  de  verre,  de 
mettre  des  portes  aux  chambres  et  d"y  percer  des  fenêtres. 

Lors([u'on  est  obligé  de  choisir  entre  l'art  du  moyen  âge  et  l'art  grec,  et  de 
s'approprier  l'un  ou  l'autre,  de  quel  côté  y  a-t-il  plus  de  chemin  à  faire,  plus 
de  difficultés  à  vaincre? 

Du  reste,  est-ce  bien  l'art  grec  que  l'on  imite?  list-ce  bien  l'ordre  dorique 
du  Parthénon  que  l'on  reproduit?  Cela  peut  être  à  Munich;  mais  il  me 
semble  ([u'en  France  on  le  préfère  traduit,  adouci  et  altéré  par  les  Romains; 
apparemment  parce  (ju'on  trouve  que  ses  colonnes ,  admirables  de  tous 
points  quand  elles  ont  l'Acropole  pour  piédestal,  sont  partout  ailleurs  trop 
grosses  pour  leur  longueur,  trop  larges  en  bas,  trop  minces  en  haut,  et  ter- 
minées par  un  chapiteau  trop  simple,  pour  ne  pas  dire  trop  laid. 

Malgré  ces  altérations,  les  ordres  grecs  sont  devenus,  dites  vous,  ((  une 
sorte  de  loi  éternelle  »,  dans  laquelle  ranli(iuité  et  plus  tard  la  renaissance  ont 
pu  u  se  reposer  durant  des  siècles  2  )>.  Mais  le  style  gothique  français,  de  1270 

1.  (I  Revue  des  Deux  Mondes  »,  page  217. 

2.  Id.,  page  217. 


i.'MiT  m    \i()\  r.\  \r,K.  I8i 

à  1400.  ([uand  viHis  tminiv.  (|iril  >.  s'altanle  »  et  (lu'il  est  «  statii)iiiiairc  u, 
so  repose  aussi  dans  (1rs  rnriimli's  pour  le  iiiuiiis  aussi  iiivariai)l('s  que  celios 
({ui  avaient  été  donm'i-s  par  les  (liées. 

Nos  arcliitectes  |)eu\eiil  s'y  repnser  eiu-ure.  car  il  y  a  pour  les  UKuleriies 
une  aiialdfïie  évidenlc  entre  les  tmis  styles  f;nllii(|iies  et  les  truis  ordres  <;rces. 
Les  uns  et  les  autres  sent  des  l'ornies  siieci'ssi\i'>  du  niènie  art  qur  l'un  |)eut 
aujourd'hui  enipluyei'  siniullani'nient. 

I,a  seule  dilléi-eiiee,  c'est  (|u  il  est  ini|)ossihle  de  su|)erposer  l(>  style  flam- 
boyant au  style  rayoïuiant  connue  l'ordre  coi'iutln'en  ;l  l'ordre  ionicpie;  mais, 
selon  les  pays,  selon  les  circonstances,  on  peut  les  ])rendi-e  h  tour  de  rôle,  et 
c'est  ce  ([ue  l'on   l'ait,  malgré  les  théories. 

Nous  ne  mettons  pas  toutes  les  \arii't('s  du  style  ^■othi([ue  siu'  la  menu- 
ligne.  Nous  croyons  avec  M.  Henan  (|ue,  «  comme  tous  les  <i;iands  styles,  le 
gothique  fut  parfait  en  naissant  *  »,  ou  du  moins  peu  après  sa  naissance. 
Nous  préfé'rous  donc  l'art  du  Mil"  siècle,  comme  d'autres  choi-isscnl  l'ordre 
dorique,  parce  qu'il  nous  |)arait  le  plus  voisin  de  cette  perfection  rclali\c  (|ui 
seule  est  permise  aux  (eu\res  de  l'homme.  Aussi,  tout  pai-l'ail  (|n'il  mous 
paraisse,  nous  admettons  très-bien  (pi'on  le  |ierfectionne  eiicon».  Nous  recom- 
mandons seulement  de  comineiicer  par  faire  aus>i  bien.  \ous  i-econnnandons 
de  plus  de  ne  pas  brouiller  volontairement  ou  involontairement  les  divers 
.styles  gothiques,  de  même  ([non  ne  met  pas  des  triglyphes  au-dessus  de 
colonnes  corinthiennes.  Mais  nous  n'avons  ni  la  foj-ce  ni  le  courage  de 
proscrire  des  styles  <pii  ont  d(jnni'  des  édifices  tels  (jiie  la  calhinlrale  di- 
Cologne  et  ([ue  la  Chapelle  du  roi  à  Cainbi'idge. 

C'est  ce  (ju'il  importait  d'établir  avant  d'examiner  cuntradictoiremeiit  avec 
M.  Renan  ce  qu'a  produit  l'école  néo-gothi(iue.  «  Ses  seuls  chefs-d'crnvre  ». 
dit-il,  <i  sont  de  très-bons  livres  d'archéologie.  L'impuissance  des  iih'rs 
théoriques  à  rien  créer  en  fait  d'ai'l.  le  rang  secondaii'e  falali'ment  assigné  à 
tout  ce  qui  est  pastiche  et  imitation  furent  |)rouvés  par  un  exem|)le  de  jikis; 
mais  la  meilleure  série  de  travaux  que  la  l'rance  ail  pioduile  en  notre 
siècle  sortit  de  cette  direction,  ou.  si  l'on  veut,  de  cette  mode  '-  ». 

X'eùt-elle  produit  (jue  de  bons  livres  d'archéologie,  c(jnnne  le  croit 
M.  Renan,  l'école  néo-gotliique.  |)uisqiie  c'est  ainsi  (|ue  ra|)nellenl  les 
néo-grecs,  n'aurait  pas  perdu  son  tem|)s.  V.n  n'^habilitant  li/s  monuments  du 
moyen  âge;  en  obtenant,  après  d(»s  siècles  de  dédain,  {[ue  la  masse  du  pid)lic 
les  regardât,  les  conipi'it,    les  admirât,    elle  a  créé  pai-  le  fait  une  foule  de 

1.   «  Revu!"  (les  Deux  .Moiuie-  «.  1"  juillet  IHtli>.  p;i-i!  211. 
i.  1(1.,  page  20'). 

XXII.  2/1 


182  ANNALKS   AliCII  KOl.OC.IOr  FS. 

fiKinimicnls  iioiixcaiix.  l)ieii  su|M''ri('iirs  pour  réti'angor  iinparlial  h  nos  iiicil- 
Iciii's  inoiHiiiKMits  niddcnies  ;  et  c'est  ce  (|iii  la  (lisliiii;;ue  essenliclli'iiienl  i\ç> 
aufi'cs  ('cdli's  (l'arcli(''iil()p;ii\  ((iii  ul'  font  ]ias  ilc  i'i''piitaliiins  pii[iiilain>s  et  prn- 
(itahles  à  la  l'iMlire. 

M.  Ileiiaii  liera,  pas  oiihhV'.  (|uan(l  la  ii'iiie  \  icteria  eut  à  faii-e  ciiiinais- 
saiice  avec  l'ai'is.  sa  pi-eiiiière  \isite  fut  |iiiiir  la  Sainti'-Cliapi'lle.  l'ailre  tant 
(le  iiinimiiieuls  plus  \asfes.  jtliis  liclies.  plus  (■('■lèbres.  ail  iiiiiins  parmi  nous, 
c'est  là  (|iie  l'aiiiiMia  (l'almid  sen  j^-oùt  et  sa  ciirii)sit(''.  l'itait-i'jle  attirée  par 
le  iKiin  et  le  souvenir  de  saint  Louis,  par  le  clier-tr(eu\ri_'  de  Pierre  de 
Moiitreuil .  par  l'éclatante  restaiiraJioii  ([ue  poursuivait  alors  M.  Lassas? 
u\\  peu  ])ar  tout  cela,  sans  doute.  Ce  (|iii  est  ceiiaiii.  c'est  (|ue.  dans  ces  der- 
niers siècles.  Ii>s  souvei-aius  i'tran,L;'ei-s  (|ui  \isilaient  l';iris  en  touristes  pro- 
c(''iiaieiit  tout  autrement.  .Ii'  crois  menu.'  (|u'ils  ne  smi^'eaient  jias  du  tout  h 
\iiir  la  Saiiite-C.liapelle.   L'.lle  n'existait  pas  poiii'  eux. 

Mais,  iiialgn''  la  renommée  dont  jouissent  maintenant  à  Paris  la  Sainte- 
('Jiap;'lle.  Notre-IJam;'.  le  réfectoire  do  Saint-Martin-des-Cliamps.  et  plusieurs 
antres  cnnstructions  moins  excellentes  du  moyen  àpje.  les  monuments  de  la 
l'enaissance  et  des  temps  modernes  y  tiennent  encore  la  premièi-e  placi\  (les 
(euvres  tle  la  royauti''  et  de  la  centralisation  rem|)ortent  incontestahiement . 
.sinon  par  le  ini'rite  artisti([iie.  du  moins  par  le  nombre,  par  l'étendue,  par  la 
richesse.  —  Kn  province  il  en  est  tout  autrement,  même  dans  nos  villes  de 
.second  et  de  troisième  ordre.  On  y  a  multiplié  les  larges  rues  et  les  grandes 
maisons  en  pierre  de  taille.  On  y  a  bâti  aussi  beaucoup  d'éditices  publics, 
très-commodes  et  très-coin enables.  Mais  en  gé'iii''ral  toutes  ces  constructions 
ont  [leu  de  valeur,  ou  tout  au  moins  de  renommi'e,  au  point  de  vue  de  l'art. 
Y  a-t-il.  je  ne  dis  pas  à  Bordeaux,  où  le  théâtre  est  certainement  une  grande 
et  belle  chose  très-appréciée  du  pnblic  et  des  artistes  ;  ni  à  Mîmes,  où  plus 
récemment  encon^  une  munici|)alité  généreuse  a  su  se  procurer  de  vi'rilable.s 
uHivres  d'art;  mais  à.  Nantes,  à  Iloiien.  à  Toulouse,  à  Strasbourg,  à  Reims, 
à  Amiens,  à  Dijon,  à  Tours,  à  Angers,  à  Caen  .  à  Troyes.  à  Poitiers,  à 
Limoges,  à  Metz,  à  Lyon  môme,  des  monuments  nouvi^aiix  qui  rivalisi^nt 
avec  ceux  du  moyen  âge?  11  n'est  ])as  de  préfecture,  de  |)alais  de  justice, 
de  musée  ou  de  prison  cellulaire  (|ui  puissent  compter  pour  quehjue  chose 
à  côté  d'une  cathédrale  comme  celle  de  Chartres  ou  seulement  du  Mans  et  de 
Clermont. 

Tous  ces  vrais  ornements  de  nos  cités,  c'est  l'école  néo- gothique  qui  les 
a  remis  en  lionneur.  Quchpies  grandes  cathédrales,  comme  celles  de  Reims. 
d'Amiens,  de  .Strasbourg  et  de  Chartres,  avaient  conservé  un  reste  de  repu- 


lalidii.  et  i'"('st  |)iiii|-  cria  (|n'r||r-.  n'oiil  pas  l'Ii'  (li'j^r'adi'es  pnidaiil  la  i'i''\iilii- 
lioii.  Mais  la  plupail  des  autres  ('laicnl  aussi  mi''pris(''(>s  (ju  rllcs  smit  ('stiiii(''Os 
aujourd'hui;  elles  s('Ull)lai^ll^  di'sliiinorer  les  \illes  (ju"elles  illuslreut  à  pr/'seul. 
L'n  i'e\ireiueul  aussi  ei)ni|)lel  de  l'opiulDn.  (|ui  imus  douiie  peudanl  liois 
sièeles  le  premier  lan^'  daus  riii>l()ire  de  i'arl  et  inel  la  l-'ranee  au  ui\cau  de 
I  Italie,  dinrait  èIrT  le  plus  beau  litre  de  l'iuole  M<''o-;^iitlu{|ue  au  luuins  paiini 
les  l'rancais.  D'ailleiu's .  cette  ri'NdlutidU  du  i;(iùt  s'i'teud  ii  toutes  les  nations, 
et.  connue  elle  est  roud(''e  sur  une  t'^s  ideute  jusiici'.  elle  es|  cl  sera  de  plus  en 
plus  ratiliée  par  l'Alleuiagno  et  l'Anf^lelerre  dont  elle  est  l'yUMC  eu  grande 
|)artie.  ■■  La  t'atalilé  (|ui  a  privé  la  l'i'ance  de  la  i^ioire  de  ses  chansons  de 
,u;este  se  retrousc  ici  ».  diles-\ous.  Le  style  ^othi(nie  s"e>t  appehj  eu  Alle- 
mague  ■.  style  français,  opirs  t'rancii;enuui.  et  c'est  l;i  le  uoiu  (|u'il  aiu'ait 
(lu  f^arder  *  ».  IV.'ut-ètre,  si  l'on  ui'  sonj^eait  (|u'à  rori.iJ,ine  ;  mai-  le  nialhi'ur 
n'est  pas  grand;  car  ce  nom  de  style  français  aurait  nui  à  l'aiihilccture 
gothicjue  l'u  Angleterre  et  en  Allemagne,  sans  lui  ser\ir  beaucoup  en  l'raiice. 
Or,  on  s'en  doute  i)ien.  noirs  n'apjirouvoiis  cpi'à  denn  cette  opinion  de 
M.  llenau .  (pie  ((  l'architecture  du  \ii'  et  du  \i\\'  siècle  doit  ("'tre  classi'c 
parmi  les  (euvres  oi-iginales  (|u'il  est  gloi-ieu\  d'axoir  produites  et  sage  de  ne 
pas  imiter  -  )>.  Nous  aimons  mii'iix  (|u'elle  passe  pour  nationali' en  \ugle|eri-e. 
en  Allemagne,  en  Kspagne  et  en  Italie  comme  en  i'rauce. 

Du  reste,  l'architeelure  ogivale  mérite  vraiment  ce  titre  de  nationale  dan.'; 
loulo  i'Kurope  occidentale.  C'est  coinuic  une  famille  doul  le  chef  serait  l''rau- 
çais,  mais  qu'un  long  séjour  et  de  brillants  services  auraient  nationalisi'e  dans 
dilTérents  pays. 

L'école  néo-gotlii(|ue  est  ai'rivi''e  ii  d'autres  ri'sultats  plu-  inali'i'ii'ls.  el  ipie 
M.  Henan  ne  devrait  pas  contester  davantage.  Ses  travaux  collectifs  ont  per- 
mis à  M.  Lassiis  et  à  M.  ■Viol!et-L(^-l3uc.  à  M.  Bu'swilwald  et  à  M.  \audoyer 
de  restituer  leur  ancienne  sj)lendeur  aux  monuments  parisiens  (\\v  je  citais 
tout  à  l'heure.  Ils  oui  rendu  possible- sur  loirs  li>s  points  du  territoii-e  des  res- 
taurations, faites  parfois  a\cc  tro])  de  zèle  et  de  dispense,  mais  g'-m'ialement 
'conformos  au  style  primitif.  La  peintmv  sur  \erre  a  l'ti''  retrou\i''e  <■{  iiratiipK'-e 
avec  la  même  |)crfecliou  (|u'au  moyiMi  âge.  il  s'e-l  foi-mi''.  particulièreiiieul  à 
Notre-Dame,  d'excellents  sculpteurs  au.ssi  passionnés  pour  le  style  gollii([ue 
que  d'autres  peuvent  l'être  pour  le  style  grec  et  romain. 

Les  mêmes  eiïorts  ont  permis  (!■  comjjléter  convenablement  N'otie-Dame  de 
Paris.  (|ui  manquait  de  sacristie;  Saint-Oii'ii.  de  jlnue;!,  (pii  n'avait  pas  de 

1.  <(  R 'viic  (les  Deux  MonJis  ■.  pau'e  iil'.i. 
i.  1(1. ,  pii;p  21!). 


'iHlf  AN'NALKS   AIICIIKOLOCKM  KS. 

r.-icadi'.  et.  h  ["(''trangei'.  la  faiiictiso  (•allii''clrali'  rie  Cnlogiip.  F.nfiii .  c'ost  à 
l'iM-ole  ii(''(i-s"tluque  que  Tdii  doil  cos  milliers  d'églises  neuves  en  style  ogival 
(|iii  cdiivrenl  la  Franco  entière,  comme  autrefois  au  xV  siècle,  d'un  blanc 
manicau  de  pierre.  M.  Renan  les  connaît  peu  et  n'en  fait  aucun  cas.  Cepen- 
dant elles  plaisent  plus  aux  fidèles  et  ri'|iondcnt  mieux  aux  besoins  du  culte, 
ain.-i  f|u'au\  exigences  de  notre  climat  et  de  nos  matériaux,  que  les  rares 
construclidiis  n/ligieuses  élevées  sous  la  Reslauralinn  et  dui'ant  les  pi'emiè|-(^s 
amii'(^s  d(^  la  monarchie  dc.luill(>l. 

On  a  essayé,  concurrenunent  avec  le  style  gotln'([ue  de  toutes  nuances,  du 
style  roman  et  du  style  by/.antin.  sans  oublier  celui  de  la  renaissance  fran- 
çaise. Ce  dei'uier  a  pour  le  moment  les  faveui's  de  rédilit(''  parisienne.  Alais,  en 
g(''ni'Tal,  le  style  jun"  et  sévère  de  la  pi'emière  muitié  du  xiii"  siècle  est  pré- 
fé'ré  ;  et,  h  Paris  même,  je  n(;  ci-ois  pas  f[ii(^  r(''glise  de  Bellevilli' .  d(_^i'nière 
leuvre  d(_^  M.  Lassus.  suit  l'rlipsi'e  par  le  nouveau  temple  c[ui  s'é'lève  au  bout 
du  boulevard  Malesherbes. 

En  province,  l'église  de  Bon-Secours  à  Rouen,  celle  de  Saint-ÎNicolas  à 
Nantes,  la  chapelle  des  jésuites  à  Toulouse,  le  couvent  d'Auteuil,  le  collège  ec- 
(•|(''siastique  de  l'oiliers.  et  bien  d'aiilres  coiisfriiclinns  dti  même  genre  auraient 
peut-être  (|ue|ques  droits  à,  l'atliMifinn  de  M.  Renan.  Mais  il  veut  dire  sans 
diiule.  en  |iarlanl  de  la  stérililé'  de  l'é'colo  néo-gothique,  qu'elle  n'a  pas  su  in- 
(luencer  les  constructions  civiles,  les  seules  qui  aient  de  la  valeur  et  de  l'avenir. 

Sous  ce  rappoi't,  je  l'avoue,  on  en  est  encore  aux  tentatives,  au  moins 
dans  notre  pays;  cai'  l'Angleterre,  (jui  est  demeui'ée  fidèle  en  tout  aux  tradi- 
tions du  moyen  âge.  et  ijui  n'a  pas  eu  à  s'en  re|ieii(ir;  l'Angleterre,  qui  n'avait 
jamais  ccss(' com|)l(''lement  de  faire  du  style  gothique,  ni  au  wT.  ni  au  x\ir, 
ni  au  x\in"  siècle';  l'Anglefei-i-e,  dis-je.  est  revenue  sans  effort  à  l'art  de 
Henri  YIII  pour  les  immenses  constructions  du  Parlement  et  jiour  une  mul- 
litiide  d'écoles,  d'hôpitaux,  de  châteaux  et  de  maisons,  en  ini  mol.  poui' 
l'ensemble  de  son  architecture  civile. 

Ce  style  Tudor  a.  ses  défauts,  comu.e  ses  beauti''s;  inais.  à  Westminster,  il 
offrait  le  double  avantage  d'être  (''minemmeni  nafioual.  c'est-à-dire  exclusive- 
ment anglais,  et  de  s'harmoniser  avec  l'ahside  de  l'église  abbatiale,  ainsi 
(lu'avec  la  magnificiue  salle  du  vi<'ux  palais,  point  de  dé[)art  des  nouvelles 
constructions.  H  n'a  pas  em|)êchi''  la  chaiiil)re  des  lords  d'être  une  heureuse 
et  imposante  cr('ation.  infiniment  suiȎrii:'ni-e  h  notre  pauvre  salle  des  l-ltats. 

A  Oxfurd.  à  Cambridge,  villes  savantes,  mais  villes  gothiques,  et  qui  ne 
veulent  pas  |)erdre  ce  dernier  caractère,  si  on  a  fait  vers  la  fin  du  wiii''  siècle 
(|iiel(|iics   édifices  en  style  néo-grec,  on  n'en  fait  plus.  Toutes  les  construc- 


i;\i;T  m    \\<)\  i:\  \(;i:.  i85 

lions  neuves  sont  ogivales,  ('."est  aussi  le  style  Tudor.  imposé  souvent  par 
(les  convenances  locales,  qui  domine,  mais  non  pas  exclusivement.  On  y  voit 
en  outre  du  style  golliiquo  italien.  — -fantaisie  qui  n'est  pas  rare  en  Angle- 
terre. —  et  siu'lout  du  slyl(>  ogisal  pi'imilif.  Au  collège  d'I-'Aeli'i'.  M.  Scott  a 
l)àti  une  hibliothèfjue  nKinumentale  dans  le  style  anglais  du  \in'  siècli^  et. 
pom- d'autres  constructions  du  même  collège,  il  n'a  pas  craint  de  s"in<pirer  de 
ia  ^ainte-(",hap(dle  de  i'aiis.  pensant  a\ec  raisim  (|ue  (-'(''tait  puiser  au  com- 
mun patrimoine  de  la  chrétienté  tout  entière. 

[-e  nouveau  muséum  d'histoire  naturelle,  vaste  et  èlègani  èdilice  ([u'achèNe 
iMi  ce  miiment  runi\ersil(''  d'OvI'drd.  sens  la  directien  de  MM.  Deaiie  e|  WikkI- 
ward.  se  rapporte  à  la  même  pèi-iode  de  Tari  golhicjue.  Seulenieul  le  stsl.- 
en  est  moins  pur  et  il  t'ait  peul-èti"e  une  [lart  li'op  giande  à  di's  iiuioxations 
trè.<-acceplables  en  pi'incipe.  mais  qui  ne  sont  |)as  toujours  henreuses. 
il  faut  louer  cependant  une  cour  intérieure  comparable,  pnur  retendue,  aune 
gare  de  chemin  de  fer.  eu  l'on  s'est  efforcé  d'utiliser  li^s  ressources  nouvelles 
(jue  les  progrès  de  la  mè'lallurgie  olfrent  au  style  ogival  cctmme  h  tous  les 
systèmes  d'architectun'.  \ous  citerons  encoi'e  avec  éloge  un  laboratoiri'  de 
chimie  qui  imite  ouvertement  les  grandes  cuisines  abbatiales  de  l'ontevrault 
et  de  Durham.  Cela  peut  sembler  puéril  à  M.  Pvcnan;  mais  qu'importe  si  cet 
appendice  du  nouveau  muséum  est  gracieux  dans  sa  forme  et  parfaitement 
adapté  à  sa  destination,  ainsi  (ju'on  s'accorde  à  le  reconnaître? 

l.es  applications  du  style  ogi\al  à  rarchitecture  civile  n(>  se  bornent  pas  à 
l'Angleterre.  A  la  suite  d'un  concours,  la  ville  de  Hambourg  a  bâti,  dans  le 
.style  de  la  fin  du  xm"  siècle,  un  splendide  hôtel  de  ville,  au  moins  comparable, 
s'il  ne  leur  est  j)as  supérieur,  à  ceux  de  la  Belgique.  11  est  vrai  que  les  dessins 
en  ont  été  donnés  par  un  artiste  anglais,  ce  même  M.  Scott  dont  les  œuvres 
se  font  remarquer  à  Oxford.  ^lais.  en  Allemagne  comme  en  Angleterre,  beau- 
coup d'architectes  connais.sent  ;i  fond  l'art  ogival  et  savent  rappli([ner  à  tous 
les  besoins  de  la  .société  moderne. 

Nous  avons  perdu  en  France,  il  y  a  quinze  ans,  une  excellente  occasion  de 
rivaliser  avec  Westminster.  11  s'agissait,  en  restaurant  et  en  agrandissant  le 
palais  de  justice  de  Paris,  de  le  mettre  en  harmonie  avec  lui-même,  avec  sa 
glorieuse  histoire,  avec  ses  vieilles  tours,  avec  cette  merveilleuse  .Sainte-Cha- 
pelle (jui  le  dominera  toujours;  il  s'agissait,  en  il'auti'es  termes,  d'y  employer 
l'art  ogival.  On  l'a  fait,  mais  incomplètement  et  impai-failement.  C'était  trop 
tôt  sans  doute  pour  obtenir  une  entière  satisfaction. 

Mais  depuis  il  s'est  fait  chez  nous,  dans  ce  sens,  d'importantes  tentatives 
couronnées  de  succès.  Par  exemple,  à  Angoulême.  Ce  n'est  pas.  il  s'en  faut. 


180  ANNALKS   A  UCIl  K()I.()(i  I  QU  1-:S. 

(iiic  villr  (le  n'ai-linii  ;  ccpciidaiit  M.  Al)adie  a  pu  y  bàtiV.  au  gré  de  tous 
les  Inibilaiils  (_■!  de.-  aiil iquaircs  rlrangers  les  plus  diUu-ilcs '.  un  grand  liùlel 
de  \ille.  m  style  du  miT'  siècle,  surmonté  d'ini  belïroi  (|ui  dépasse  tous  les 
clorhcrs  de  la  rili''.  Il  faut  cunvenir  (jui'  l'arcliileele  de\ail  ni''cessairenienl  ci>n- 
ser\erdeu'v  lours  de  j'aurieu  rliàleaii.  l'une  du  \iv'.  l'autre  ilu  \\''  siècle,  ([ui 
coniinanilaieiil .  jus(|u';i  lui  certain  puini.  le  sl\le  général  des  nouvelles  con- 
structions. Mais  ces  tours,  très-intéressantes  par  elles-mêmes,  malgré  la 
si)briél(''  de  leur  ornementation  extérieure,  n'existeraient  point,  c|ue  l'iiùtel  de 
\ille  n'en  vaudi'ail  pas  moins.  11  resterait  complet,  homogène,  très-riche  ef 
très-piu'  de  style.  lrès-imj)Osant  et  très-agréable  d'aspect,  ]iarraitenieiit  com- 
mode enlin.  Le  seul  lï^pj-oclie  ([u'on  pourrail  lui  adrosc-r,  je  crois,  c'est  de 
(MÙIer  hop  cluN'  poui-  une  ville  comme  celle  d'Angoulème.  Mais  je  suis  indul- 
gent, je  l'avoue,  poiu'  les  folies  de  ce  genre.  (|ni  attestent  un  certain  réveil  de 
l'esprit  municipal. 

Si  jamais  M.  lienan  tra\c'i'sait  Angoulème.  je  le  prierais  de  vouloir  bien 
examiner  atlentivement  r(eu\re  de  M.  Abadie.  et  de  se  demander,  de  bonne 
l'oi,  si  elle  clio(|ue  en  rien,  malgré  son  style  r('trograde,  les  l'ègles  du  goût  et 
de  la  raison  ;  bien  plus.  si.  avec  la  même  dépense,  on  aurait  pu  faire  mieux 
dans  tout  auti'e  sl\le.  A  mon  axis,  l'hôtel  de  ville  d'Angoulème  résisterait  à 
cette  épreuve  et  convaincrait  M.  Renan  (jue  la  »  continuation  »  du  style 
gollii(lue  tient  à  clés  causes  plus  sérieuses  cjue  ce  «  goùt(|ui  porte  notre  siècle 
à  copier  tour  à  tour  les  dilTérents  styles  cUi  passé  -.  » 

Quand  on  ne  revient  pas  franchement  à  l'art  gothique,  on  s'en  rapproche 
néanmoins,  et  l'on  peut  certainement  considérer  comme  une  transition,  comme 
un  acheminement  à  un  retour  plus  complet .  cette  préférence  ordinairement 
accordée  parmi  nous  à  la  renaissance  française,  à  demi  gothique,  sur  la  renais- 
sance italienne  ;  cette  substitution  générale  des  toits  aigus,  si  convenables 
d'ailleurs  sous  notre  ciel,   aux  toits  plats  et  aux  terrasses. 

Où  s'arrêtera  cette  tendance?  Conduira-t-elle  à  multiplier  les  essais  tels  que 
celui  de  M.  Abadie?  Y  aura-t-il  deux  styles,  l'un  pour  les  églises  et  pour 
tous  les  édilices  dont  une  certaine  antiquité,  môme  apparente,  augmente 
la  valeur  et  le  prestige;  l'autre  p;)ur  les  théâtres  et  les  constructions  mou- 
daines  où  un  air  de  jeunesse,  renouvelé  des  Cirecs,  peut  sembler  de  rigueur? 

I .  M.  iIl'  C.iiiii.onl  et  M.  Riniiioiid  Bordeaux  entre  autres.  I.o  lémoign;ige  i)ublic  de  ces  arcliéo- 
li...,'Ui'S  est  d'autant  plus  ediicluaut  qa'Wi  ne  nionlrent  aucune  prédilection  pour  l'arcliitecture 
nco-L:ollu(pie.  Hinlleuis  ils  ne  connais.-ei.t  nullement  .M.  AUadie  et  lilàineiit,  aussi  viveuieni 
que  p.'rsonne.  les  •<  excès  de  zèle  "  qui  c.u'aclérisent  ses  re^lauraliuis. 

1.  ■'  llevue  des  Deux  Mondes  «,  pai^e  '219. 


i;\r,T  1)1    \io^  K\    \(;k.  1P7 

—  L'avciiii"  et  le  talent  (\v<  aicliilcclrs  iK-o-untliiciiies  en  (li''(ifl<'riiiit.  Mais  lniii 
(le  perdre  du  terrain,  nous  on  gagnons.  Otioi  (|u'il  arrive,  un  n'aura  pas  à  nous 
reproclior  d'avoir  prèclii'  l'aiiarcliie  et  Iti'isé  l'unité  de  l'art;  car.  di'pnis  la  tin 
du  xviir'  siècle,  il  n'y  a  plus  de  rèi;le  ni  même  d'habitude  pom-  nos  archi- 
tectes. Chacun,  à  sa  guise.  cliercli(>  dans  le  passé  ses  inspirations,  et.  je 
le  ri''pète.  on  ol)i''it  aussi  bien  ;i  un  système  abstrait  d'esthi'ii(|ue  en  faisant 
du  l'ompadour.  du   Mc'dicis  ou  du  grec  ([u'en  s'atlacliant  an  gol|ii([ni'. 

En  résu'ué.  on  se  presse  trop  d'enterrer  l'archéologie  du  moyen  âge  et  de 
prononcer  son  oraison  funèbre.  Klle  est  à  peine  au  milieu,  nidiement  au  déclin 
de  sa  carrière.  Le  mouvement  ([ui  l'avait  produiti'.  et  (|in'  date  di'-jà  de  trente 
années,  se  ralentit  un  p"u.  (|uoi(in'i!  y  ail  encdre  tant  à  faiiv.  i'ai-mi  les  hommes 
éminents  iini  avaient  mis  au  ser\ict!  de  rarcliéologie  nin'ssante  nne  haute  [insi- 
lion  et  un  grand  talent  d'i''cri\ain  .  mais  (pii  ne  pouvaient  gnère  deniein'er 
toujours  les  pivmiers  pour  les  fortes  et  j)alientes  recherches,  pour  la  netteté' 
et  la  solidité  des  idées.  (|uel(|ues-uns  s'attardent  ou  s'arrêtent.  D'un  autre  côt('. 
le  nombre  des  personnes  influentes  qui  se  croient  inf(''ressées  à  dém'grer  le 
passé  de  la  France  a  peut-être  augmenté.  Nous  rencontrernus  donc  tantôt  dr 
la  lassitude  et  tantôt  de  la  maheillaiice  pins  ou  nmitr^  biiMi  dt'gnisée.  sans  [lar- 
ler  de  nos  obstacles  ordinaii-es.  la  moquerie  banale  et  rindifl'érence  absolue. 

Nous  pouvons  même  craindre  une  réaction  de  la  mode,  qui  d'abord  noirs 
était  assez  favor'a!)le.  Admirer  longtemps  la  nuMiie  chose,  cela  est  bon  pour 
des  Italiens  ou  des  Bretons!  "M.  Renan  compte  bien  qu'on  va  se  passionner 
pour  les  meubles  [,ouis  \\  I  et  pour  les  bijoux  étrus(|ues.  comme  on  l'avait  fait 
pour  l'art  gotlnipie. 

Nous  n'en  resterons  pas  moins  assez  nombreux,  assez  convaincus,  assez 
indépendants  pour  marcher  du  même  pas  à  la  poursuite  du  but  que  nous  nous 
étions  mar(|ué.  Si.  contre  tout  patriotisme  national,  nous  étions  tentés  de 
déserter  la  noble  cause  ([ue  nous  avons  embrassée,  l'exemple  persé'vérant  de 
l'Angleterre  et  de  l'Allemagne  nous  soutiendrait  et  nr)us  rassurerait.  Mais.  non. 
nous  ne  nous  découragerons  point  un  seul  instant  devant  les  caprices  de  la 
mode,  suivît-elle  docilement  les  inspirations  de  M.  Renan.  —  On  ne  nous 
persuadera  pas  ([ue  l'archéologie  du  moyen  âge,  dans  ses  rappoi-ts  avec  la 
pratique  de  l'architecture,  a  produit  ses  dernières  conséquences.  On  ne  nous 
persuadera  pas  davantage  (|ue  nous  savons  tout  ce  (|u'il  fallait  saxoir  en  fait 
d'antiquités  nationales,  et  (|u'il  n'y  a  plus  ([u'à  s'occuper  (h'^  monuments  plié'- 
niciens.    s'il  en  existe. 

F.    DE    VKHXEILII. 


< 

,    4 


YITUAIJ.   DE   LA  CHAPELLE 


DE   SAIINT-GERMER 


Le  siijrt  (le  \itrail  |)oiiit.  rn;iii-(''  par  iintiv  gTavurc  sui'  bdis,  couronne  l'une 
(les  trois  verrières  de  l'abside  de  la  chapelle  de  LSaint-Germer. 

11  représente  Tabbé  Pierre  de  Wuessencourt  discutant  et  réglant  avec  le 
maître  de  l'u'uvre  le  piix  des  travaux  de  construction  de  la  chapelle.  Les 
personnaf;i's  principaux  siint  placés  sous  un  arc  trilubé  dont  l'intérieur  est 
occupé  par  riiiscri|iti(>n  suivante  : 

CKITE    ■    CHAI>i;iLK    ;    IC    ■     VV.UfL    ';    AC    TKNS    l.ABE    PIERlili 

La  figure  tic  l'abbé  domine  le  sujet.  A  sa  main  droite  sont  suspendues  les 
clefs  de  la  chapelle,  au  nombre  de  deux.  Derrière  l'abbé,  se  trouve  placé  un 
jeiuie  homme  portant  une  bourse  pleine,  dont  le  contenu  doit  solder  le  compte 
des  travaux.  Le  maitie  des  œuvres,  dont  le  nom  n'est  pas  indiqué,  tient  la 
règle  d'une  main;  près  de  lui.  par  derrière,  est  ti'acée  récjuerre.  attribut  dis- 
tinctif  de  son  arl. 

Dans  les  panneaux  intéi-ieurs,  un  sculpteui-  est  occupé  à  ornei'  un  chapiteau 
de  colonnetle;  plus  bas,  un  tailleui'  de  pierre  é([uai-rit  un  bloc. 

Ce  vitrail  et  son  inscri])tion  donnent  la  date  certaine  de  la  consli-uctiun  de  la 
chapelle  de  Saint-Germer. 

L'abbé  Pierre,  nommé  l'ierre-Guiliaume .  piil  possession,  en  12.")9,  du 
terrain  destiné  à  la  construction  de  la  chapelle.  Celle-ci  l'ut  commencée  la  même 
amiéc,  et  dédiée  à  la  vierge  Marie  par  Guillaume  de  Grès,  évêque  de  Beauvais. 

Pierre  l'ut  enterré  le  !20  avril  127'2.  On  a  lu  longtemps  sur  sa  tombe  les 
vers  sui\ants  : 

ppti'vm  petra  tegit  al)l)alem  qvi  bene  rei;il 
Clavslrviii  Germensi' :  (ivciii  C.lifistvs  spr\i'l  ali  on5;e. 


J\?]j']  JilE-S    AHSHSC  IL©@fl3!JSo 


Dessiné  par  E.  B:,ts»-iLWALD  "^irSiihiL    SU    li 

Publié  pdr  Uii>aos,  rue  SAîut-Domiuiiiue,  23,  â  Pans 


Iin[.rimi.-  [jar  J.  Claiu,  rue  S.ïi:,t-Byiicit, 


\lili\ll,    l)K   L\   CHAl'KI.LK   DK  S  \  I  .\T-(;KU  M  HH.  1H',) 

Dtnuli"  vile  S(~iii|)Oi'  Ivil  l'I  sine  lite, 

Elo^il  colliim  (jv;!!!!  condidit  ipso  rapi'lkmi 

Virj;iiii>  iii  liivilo.  coli  vt  roqvicseat  in  i>(le.  ' 

Hvii-  sil  [)mpitiii  via  ct'li  virgo  Maria. 

Plus  loin.  "Il  lisait  : 

Gvillpliiivs  (le  WvcsspiicdvrI  prr  (l\ii(li'i'im 
Aiiiios  capollam  béate  Marie  in... 
.  .  .  rairifice  pdificavit. 

Il  est  à  rogrotlor  (|in;  l'inscription  ne  dunni'  pas.  à,  côtr  du  nom  di'  I  abl)i'', 
ordonnateur  d«>  la  construction,  le  nom  du  niailrc  de  l'ouivrc  (|ui  a  itrésidé  à 
ce  travail.  Mais  le  vitrail  dcmontre,  une  fois  de  plus.  (|uau  xiii*' siècle  les 
constructions  des  églises  étaient  |)rojctces  et  dirigées  par  des  laïques. 

K.    BŒSWILW.VLI). 


Cette  verrière,  plus  intéressante  que  belle  assurément  ^.  appartient  donc  à 
la  seconde  moitié  du  xiii'"  siècle.  On  n'est  déjà  plus  au  xii' .  ni  même  à  la  pre- 
mière moitié  du  xiii'".  où  chaque  verrière  est  encadrée  dans  une  riche  et  large 
bordure  à  feuillages.  Ici.  la  bordure  est  étroite  et  des  plus  simples  :  un  filet 
rouge  sans  ornement.  interrom|)u  par  un  simple  quintefeuille  blanc.  Cepen- 
dant, nous  sommes  encore  dans  une  époque  assez  bonne  relativement  à  celle 
qui  suivra.  Le  fond  du  vitrail  est  bleu;  le  vert  de  la  robe  de  rarcliitecte,  du 
sarrau  du  sculpteur  et  des  chausses  de  Tabbé  Pierre  fait  valoir  le  rouge  du 
surtout  de  l'architecte  et  du  sarrau  du  tailleur  de  pierre.  La  robe  de  l'abbé 
est  d'un  pourpre  violet  fort  intense.  l>e  petit  domestique  de  l'abbé  a  le  sarrau 
jaune  et  les  chausses  rouges;  il  tient  à  la  gauche  la  bourse  pleine  el.  à  la 
droite,  une  sorte  de  mouchoir  vert  dont  l'usage  ne  nous  est  pas  connu-,  l/in- 
scription  est  jaune  comme  le  terrain  sur  le([uel  marche  l'abbé  Pierre.  I^archi- 
tecture  est  blanche,  hors  aux  bases  el  chapiteaux  qui  sont   jaunes.  Les  clo- 

I.  L'aljljé  Pierre  est  notamment  d'une  longueur  par  trop  exagérée.  La  composition  du  vilrail. 
qu'il  s'agissait  d'occufier  et  de  remplir,  exigeait  eelte  liaiileiii-  du  principal  personnage;  mais  le 
dessinateur  aurait  pu.  e'elail  facile,  composer  autrement  son  dessin. 

î.  C'est  peut-être  une  bourse  dont  le  contenu  aurait  dejii  pa-se  entre  les  mains  de  l'arcliitecte 
et  de  ses  ouvriers. 

wii.  "25 


ion  ANNAI,KS   AliClIKOl.OdKH  KS. 

chctmis  sont  l)laiics.  ajourés  de  rouge  et  colIFés  de  jaune,  i^e  toit  est  bleu,  ce 
qui  a  rinconvénient  de  le  confondre  avec  le  fond;  mais  il  se  termine  par  une 
crête  rouge  d'abord,  verte  ensuite.  Comme  coloration,  le  vrai  xm'  siècle  aurait 
mieux  fait,  mais  le  xiv*'  ne  s'en  serait  pas  aussi  bien  tiré. 

On  remar(|uera  le  béguin  Ijlanc.  |)i(|ué  de  brun,  que  porte  non-seulement 
rarcliitecte,  mais  le  tailleur  de  pierre.  Ce  béguin  est  une  coiffure  caractéris- 
tique de  cette  époque  et  même  du  xii''  siècle;  nous  le  verrons  prochainement 
sui'  la  tète  d'un  architecte  roman.  Qu'on  se  reporte  au  deuxième  volume  des 
"  Annales  Airliéologiques  ",  page  229,  on  le  verra  coiffant  les  sculpteurs  de 
xiir'  siècle  à  la  cathédrale  de  Chartres. 

Je  pense,  comme  ;\I.  B(es\\il\\ald,  (|ue  les  architectes  du  xiiT  siècle  étaient 
piesque  toujours  des  laïques  et  non  des  ecclésiastiques;  je  crois  même  ([u'il 
en  a  été  ainsi  pendant  le  moyen  âge  tout  entier.  Lorscju'on  lit  (|u'un  évêque, 
qu'un  abbé,  qu'un  prêtre,  qu'un  moine  a  fait  une  église,  «  fecit  »  et  même 
«  a'dificavit  ».  ou  «  construxit  ecclesiam  »,  cela  signifie,  en  laiin  du  moyen 
âge  :  «  fecit  Heri  ".  a  fait  faire;  ou  "  fecit  a'dificari  »,  a  l'ait  élever;  ou  enfin 
a  fecit  construere  »  ou  n  construi  »,  a  fait  bâtir.  Il  y  a  cent  preuves  à  l'appui 
de  cette  lecture  ou  de  cette  interprétation.  L'architecture  l'cligieuse,  même  à 
l'é'poque  romane,  est  sortie  certainement  des  mains  laïques.  Cependant  je  ne 
vois  pas  que  l'on  puisse  conclui'e  du  vitrail  de  Saint-Cermer  que  l'architecte 
soif  le  r(''dacteur  du  plan  et  le  véritable  constructeur.  L'architecte,  ici,  et  tel 
que  le  vitrail  même  l'indique,  pourrait  bien  n'être  qu'un  simple  conducteur  de 
travaux.  Ilien  ne  s'op|iose  àceque  l'abbé  Pierre,  tout  en  le  payant,  ne  lui  donne 
les  ordres  qu'im  archilecte  en  chef  donne  à  ses  employés  et  ouvriers.  Je  le 
répète,  je  crois  que  l'église  et  la  chapelle  de  Saint-Germer  ont  été  bâties  par 
un  architecte  laïque,  mais  on  ne  peut,  d'après  le  seul  examen  du  vitrail,  tirer 
cette  conclusion. 

L'écliL'Ile  du  dessin  est  au  cinquième  de  la  grandeur  de  l'original.  20  centi- 
mètres \mv  mètre.  Nous  remercions  notre  ami  \L  Bœswilwald  de  nous  avoir  fait 
cette  intéressante  communication  qui  continue  les  renseignements,  déjà  publiés 
par  nous  et  que  nous  allons  reprendre  incessamment,  sur  les  architectes  et 
artistes  divers  du  moyen  âge. 

A.   D. 


LXSCaiITIONS  DE  LA  iUYINE  SJTUIÎGIE 


Au  directeur  des   «  Annales  Archéologiques  n. 

J'ai  lu  avec  intérêt  votre  article  sur  la  "  Di\ine  l.ituri;ii^  '  i  et  j'ai  examiné 
avec  attention  la  gravure  qui  l'eproduit  ce  sujet  tel  (|u'il  est  i)eint  dans  la 
cou|)ole  d'une  église  au  nnuit  \tlios.  Il  est  regrettable  (|u'on  ne  v(»us  ait  pas 
donné  un  dessin  plus  exact,  ce  (|ui  vous  a  empêché  d'en  l'aire  une  description 
plus  complète;  |"es])ère  cependant  qu'après  les  observatiojis  que  je  vous 
adresse,  votre  travail  laissera  peu  à  désirer. 

Ces  observations  portent  sur  deux  points.  D'aboid.  |)our  les  inscriptions 
qui  sont  placées  au-dessus  des  anges,  et  ((ui  sont  en  rapport  avec  le  sujet 
peint  dans  la  coupole,  elles  sont  tirées  de  la  liturgie  même.  En  eU'et,  dans  la 
liturgie  ou  messe  du  rit  grec,  le  prêtre  récite  une  piière  analogue  à  celle 
qui,  dans  la  messe  latine,  est  appelée  préface.  Le  prètn;  dit  secrètement  :  — 
«  Il  est  juste  et  raisonnable  de  te  célébrer,  de  te  bénir,  de  te  louer,  de  te  i-endre 
(i  grâces,  de  t'adorer  en  tout  lieu  de  ta  donu'nation,  car  tu  es  un  Dieu  inef- 

«  table Nous  te  rendons  grâces  encore  pour  ce  sacn'  mini>tère  ([ue 

(I  lu  as  daigné  recevoir  de  nos  mains.  (|uoi([ue  tu  sois  assisté  ])ar  des  milliers 
<i  d'archanges,  des  myriades  d'anges,  de  chérubins  et  de  séraphins  à  six  ailes 
(I  tout  couverts  d'yeux,  sublimes  et  élevés;  —  {à  haute  ro/.r)  :  —  (jui  chan- 
«  tcnt  l'hymne  de  victoire,  qui  crient,  vocifèrent  et  disent  —  (le  chunir)  :  — 
(1  Saint,  saint,  saint  est  le  Seigneur  des  armées;  le  ciel  et  la  tern?  sont  l'em- 

(I  plis  de  sa  gloire,  hosauna  au  plus   haut  des  cieux "-.  »  Or  ce 

ce  sont  les  dernières  ])aroles  du  prêtre  dites  à  haute  voix,  et  le  commence- 
ment de  celles  chantées  ensuite  par  le  chœur.  (|ui  forment  les  in>cri|)tions  en 
((uestion.  Il  faut  donc  les  lirt;  ainsi  :  Tov  i-vnv.wi  ■j'j.-iw  a'Jov-a.  powvTz.  -/.i/.a-j.'i'j-y. 

1.   "  Annalos  ArcliPolo,:iiquRS  »,  vol.  wii.  |i,i;.^i'-;  .'ÎO-Ki. 

i.  Cf.  la  tra(iu('ti()ii  lio  la  liturjrip  dp  .-iainl  Jpaii  Cliiyso^loino  à  la   lin  du  (;in(|iiipiiip  vnliniie 
de  la  traduction  du  «  liationai  «  dp  G.  Durand  par  M.  i^liarlps  liartlioleiiiy. 


192  ANNALES   ARCHÉOLOGlOLiES. 

xa.1  /a'yovTa*  —  Ayto;  ,  aytoç,  ayioç    Kupi'jç  ïaêawG  .    T:\-r,^-r,i;  ô  oùpavô;  y.al  'h  yvi  Tr,; 
^fjç/;;  cou.  Ûcavvà  cv  toîç  {nj^îcTOiç  *. 

Quant  à  l'inscription  qui  borde  la  coupole,  elle  ne  s'applique  pas  à  la  divine 
liturgie,  mais  bien  à  l'édilice  religieux  (]u'elle  domine,  et  à  l'J'lglise  spi- 
rituelle du  Christ.  Elle  se  divise  en  deux  ])arties.  ainsi  que  l'indiquent  d'ail- 
leurs les  croix  reproduites  sur  la  gravure,  et  (|ui  les  séparent;  la  première  doit 
se  lire  ainsi  :  O'jpavô;  Tïo'XûtpcoTO;  -r,  Eî'.x.'Xr,<jta  aveS eiy fir,  aTravTaç  çuTaytoyoïjca  to'jç 
zkjto'j;"  £v  (;)  scTwTsç  xpauyaï^o[/.£V  toùtov  t6v  oîxov  cteoécocov,  K'jpts.  —  Littérale- 
ment :  "  Ciel  éclatant.  l'I'lglise  ouverte  à  tous  les  fidèles  ([u'elle  éclaire,  dans 
"  laquelle  étant,  nous  nous  écrions  :  Seigneur,  alïcrmis  ta  maison.  »  —  Voici 
la  seconde  ;  Tô  t;xiûuo[J.y.  twv  é-l  aol  tte-oiÔovtwv,  crspicoGOv.  Kûpis,  Try  K/xlriCav 
■/iv  iy.Tn(no  T(o  Tti^iw  mu  ataaTt.  —  LitléralemenI  :  "  Fondement  de  ceux  f|ui  ont 
(i  confiance  en  toi.  alTermis.  ô  Seigneur,  ton  l'iglise  (|ue  tu  as  acquise  pai-  ton 
"  sang  précieux.  » 

Je  pense  (|ue  ces  deux  dci-nières  prières,  dont  je  dois  la  traduction  à  l'obli- 
geance d'un  ami.  sont  tii'ées  de  l'oflice  de  la  Dédicace  des  églises;  mais, 
n'ayant  pas  à  ma.  disposition  cet  office  complet,  je  ne  puis  m'en  assurer  pour 
le  momiMil.  J'ai  trouvé  la  |)iemière  dans  rùpoVJyiov  (i-éya,  à  un  endroit  où 
l'on  fait  mémoire  de  la  dédicace  de  l'église  de  la  Résurrection  à  Jérusalem, 
et  j'ai  copié  la  seconde  dans  le  recueil  d'hymnes  intulé  Eîpij.o>,ôyiov. 

Vous  voyez  (|uel  parti  on  peut  tirer  des  livres  d'offices  à  l'usage  des 
Crées,  pour  ex])li(|uer  les  peintures  religieuses  de  ceux-ci.  J'avais  déjà  eu  plu- 
sieurs fois  l'occasion  de  m'en  convaincre  en  lisant  le  <■■  Cuide  de  la  peinture»; 
les  observations  que  je  viens  de  vous  présenter  établissent  ce  fait  suffisamment 
et  sans  qu'il  soit  besoin  de  plus  amples  commentaires. 

.IuLiEN    DURAND. 

1.  Texte  (le  la  liUii:<ie  de  saint  Jean  Olirysostome. 


♦  • 


PAR      'JIDr(OM     A.     PARIS 


[(V*  ?rT''F''''^^^T*lP^^'^^'?î'^' 


\^^ 
!,"?■/ 


Lm^  a  .JkiSr^A^l*  i4^*JA^:3^-^îi- 


I  'j  1  ,_    J  f  _  '  n      -    i> 


I  -J 


/  /    //  / 


loipa'XQ'UE  :oE  iiviilam 


A\"rErîIKVR   AU    Xl^-   SIECI.K 


'"-■''"/■'" '■'■■■■'■"■ 


/        ,/-v/,/'  //</-■■  J'r.mn/tfii. 


.f  /Mfffi   .1'  j"""  '*  *!»  7âor/if^  Al'*/ 


LA  UËSIRRECTION  AYANT  LE  XI    SIÈCLE 


Voici  l;i  seconde  t'i'iiilli'  du  ili|)t\([iie  de  Milan  doiil  nous  avons  pnlilii';  la 
première  dans  le  vin;j,'l  et  unième  volume  des  u  Ainialt>s  ».  paj^e  IS.  La  pre- 
mière feuille  contenail  la  l'assioii  en  quatre  sujets  :  le  hivement  i\v^  pii'ds,  la 
condanuiation  de  .li'sus  .  la  murt  de  Judas,  le  si-pulcre.  J.a  sceonde  feuille 
renferme  la  Résurrection  en  quatre  sujets  également  :  les  Maries  au  lnmhean, 
l'apparition  de  .lé'sus  aux  saintes  fennnes.  ra|)parili(in  aux  onze  l'aiiparilinn  à 
saint  Thomas. 

En  parlant  du  premier  feuillet,  nous  avons  émis  des  doutes  sui-  son  authen- 
ticité, et  cependant  cet  objet  d'ivoire  appartient  de]iuis  longtemps  à  la  cathé- 
drale de  Milan  ;  mais  il  y  a  longtem|)s  aussi  que  Fou  contrefait  les  ivoires  en 
Italie.  Je  dois  dire  cependant  (|u'après  un  peu  plus  de  ivllexiou  une  partie  de 
mes  doutes  s'est  évanouie.  La  scène  des  Maries  au  sépulcre  est  rigoureuse- 
ment conforme  à  Evangile  : 

«  Il  se  fit  tout  à  coup  un  grand  ti'emblement  de  terre.  Car  un  ange  du 
Seigneur  descendit  du  ciel  et.  s'approchant.  il  renversa  la  piei're  (du  tom- 
beau) et  s'assit  dessus.  Il  avait  le  visage  comme  un  éclair,  et  son  vêtement 
était  comme  la  neige.  Les  gardes  en  furent  li'llemenl  saisis  de  frayeur  ([u'ils 
devinrent  connue  morts.  »  —  Saint  Matthieu,  .xxviii.2.  o.  Ii!\- 

La  seconde  scène  devrait  être  l'apparition  à  Marie  Madeleine  seulement, 
comme  on  l'a  tant  de  fois  représentée  dans  notre  art  du  moyen  âge  ;  mais 
l'ivoire  de  Milan,  (|ui  est  antérieur  au  xi'  siècle,  a  préféré  l'apparition  aux 
saintes  femmes  ,  parce  ([ue  plusieurs  témoins  valent  toujours  mieux  qu'un 
témoin  unique  : 

«  Voici  que  Jésus  se  présente  à  elles  et  leur  dit  :  Je  vous  salue.  Elles  s'ap- 
prochèrent et.  lui  embrassant  les  pieds,  elles  l'adorèrent.  »  -  Saint  Matthieu, 
xxviii,  9. 

La  troisième  scène,  l'apparition  aux  onze,  est  moins  exacte.  Dans  la  pre- 
mière apparition,  les  disciples  sont  à  tal)le  et  les  portes  de  la  maison  fermées 


19i  ANNALES  AllCIIi;»  Jl.OC,  1  OTES. 

(saint  Marc,  xvi,  l/i).  Ici,  pas  de  taille  el  la  porte  est  ouverte,  puisque  l'un 
des  onze  est  presqueen  dehors.  A  la  seconde  apparition,  les  portes  sont  encore 
l'ennées  :  «  januis  clausis  ».  —  Saint  Jean,  xx,  26. 

La  ([ualrième  sctnie  est  plus  infidèle  encore  à  l'iivangile.  C'est  à  la  suite 
de  la  seconde  ap[)ai-ilion.  dans  la  chambre  dont  les  portes  sont  fermées,  (pie 
Jésus  dit  à  saint  Thomas  : 

<i  Mettez  ici  votre  doigt  et  i-egardez  mes  mains.  Approchez  votre  main  et 
mettez-la  dans  mon  côté;  ne  soyez  pas  incrédule,  mais  fidèle.  »  —  Saint  Jean, 
XX.  27. 

Le  diptyque  de  Milan  place  cette  scène  dans  la  campagne,  parmi  les  ai'hres. 
hors  de  la  maison  où  demeuraient  les  apôti'es  et  par  la  porte  de  laquelle  sort 
un  disciple.  Cette  infidélité  au  texte  évangélique  nous  étonne  un  peu;  mais  ce- 
pendant, il  y  a  tant  d'exemples  d'infidélités  analogues,  que  nous  ne  voudrions 
pas,  aujourd'hui,  alllrmer  la  fausseté  de  ce  diptyque. 

Tenons  donc  cet  ivoire  pour  vraiment  authentique  et  regardons-le  comme 
un  (les  |)his  vieux  spécimens  de  la  sculptui'e  chn'tienne.  Le  Christ  y  est  con- 
stamment jeune  et  imberbe,  et  ce  caractère  seul  i'ap|)rocherait  l'ivoire  de 
Milan  des  époques  primitives  où  furent  sculptés  les  plus  anciens  sarcophages 
chrétiens.  Les  colonnes  en  spii'ale,  qui  soutiennent  l'arcade  du  prétoire  où 
Pilate  se  lave  les  mains  ;  les  ornements  de  l'archivolte  de  la  porte,  à  la  scène 
où  Jésus  apparaît  aux  onze;  la  forme  de  la  maison  d'où  .sort  l'apôtre  qui  suit 
saint  Thomas;  la  forme  en  ruche  du  sé|)ulcre  ouvert  et  du  sépulcre  fermé; 
d'autres  caractères  encore,  que  nos  lecteurs  feront  bien  de  reconnaître,  peuvent 
faire  attribuer  cet  ivoire  à  l'époque  des  diptyques  consulaires  des  iv""  et 
v*-"  siècles.  Le  nimbe  crucifère  du  Christ  pourrait  seul  ramener  cette  époque 
au  x"  siècle.  Assurément,  la  Société  d'Arundel,  en  le  déclarant  antérieur  au 
XI'  siècle,  ne  s'est  pas  trompée. 


CŒLU    \)V    [\i)\   CHAI{Li:S  V 


Tandis  (|iniii  [)ri''|)arait  rimpressiiin  dos  reclicrclics  sur  les  iininmiiiMils  du 
Cdi  Cliark's  V  fl  rie  la  ivini'  .Icaimc  di'  l'xnirhnn.  (|iii  t'ont  pciilic  dr  la  diTnii''i'(_' 
livraison  des  "  Annales  Arcliéologiques  »  (volume  \mi.  |)aj;i's  (il-TC').  luic 
(•oiiiniission  spéciale  l'etrouvail,  sons  les  dalles  de  la  catluMlrale  de  lîdiu'n.  le 
petit  caveau  où  le  co'in-  du  roi  Charles  avait  été  déposé  en  1580.  Les  ci]- 
constances  de  cette  ([('couvei'te  sont  décrites  avec  le  plus  tïrand  soin  dans  un 
procès-verbal  l'édij^-é  par  M.  l'abbi"  Cochet,  dont  rc\p(''rienci'  consonniKM.'  l'ail 
autorité  en  pareille  matière.  Mieuv  vaut,  à  coup  sùi'.  mettre  ce  docmncnt  dans 
son  entier  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  (|ue  d'en  |)réseiiter  (m  extrait  plus  ou 
moins  incomplet. 


IMU)Ci:S-Vi:ilBAL 

DIC    I.A    DI'C.OliVEItTE    KT    Kl:    r.  \    ElEcONNAl-SANCi:    HC    (XIELR    IIU    lior    CIIAKLIS    V.     HIT    EK    SAGE, 
lAITES    m?iS    LE    IIKIELH    IIIC    L\    CATIlKDliAI.E    HE    liuUICN,    I.E     21)    MAI     I8G2. 

Le  Imidi  -2('}  mai  18(i!2,  il  a  été  procédé  à  une  fouille  arciiéolooi(|uc  au  mi- 
lieu du  clid'ur  de  la  cathédrale  de  Rouen,  dans  le  but  de  s'assurer  si  Ton 
possédait  ent'ore  le  cœur  de  Charles  V,  roi  de  l'i'ance,  (|uc  l'on  savait  avoir 
été  déposé  dans  la  métropole  au  mois  de  septembre  1380. 

Les  personnes  qui  dirigeaient  cette  opération  étaient  MM.  Barthélémy, 
architecte  diocésain,  et  l'abbé  Cochet,  inspecteur  des  monuments  religieux  du 
diocèse  de  Rouen,  assistés  de  MM.  Roi)crt,  chanoine,  et  l'abbé  Colas,  cha- 
noine, membre  de  la  connnission  di's  anli(|uil('s.  tons  autorisés  et  agréc'S.  poiu" 
cet  ell'et.  par  Monseignem-  l'archevéciui'  de  lîoncn. 

Vers  trois  heures  de  l'après-midi,  la  tranchée  a  été  ouverte  devant  l'aigle 
placé  au  milieu  du  chœur,  et  en  face  du  trùne  pontifical,  à  l'endroit  oîi  une 
cavité  remplie  de  plâtre  marquait  la  place  d'une  inscription  disparue.  Suivant 


196  ANNALKS    AIICHK()I,()<;iQrES. 

I;i  li'.KliliiMi.  et  (1  apivs  les  aiil.'urs  (|iii  ont  écrit  sui'  la  c;ithi''(lrale  et  sur  ses 
t(inii)raii\.  cette  cavité  provenait  d'iiiie  inscription  snrciiivre  |ilacée  vers  1 73(1 
(Déiibéi'alion  capitiilaire  d\\  2'i  levriei-  17.37),  et  enlevée  h  la  révolnlion, 
insci'iption  qui  indiquait  le  lien  où  i-ej)0sait  le  cœur  d'un  roi  de  France. 

La  première  ciiose  (jui  s'olTrit  à  nous,  ce  fut  une  couche  de  plfitre  qui  avait 
l'épaisseur  du  pavi'' actuel,  c'est-à-dire  envir(jii  si\  centimètres;  [)nis,  se  pré- 
senta inic  picrr(^  carrée,  épaisse  de  20  centinièti'es,  lonj;iic  de  !)U  et  large  de 
70  environ,  (iette  pierre  possédait  un  trou  circulaire  (pii  la  traversait  de  part 
(Ml  i^art  en  s'enf'oncani  sous  le  sol  ii  plus  de  kO  ceutimètix's.  Le  diamètre  de  ce 
trou  était  d'environ  ô  centimètres.  La  pierre  était  noyée  dans  un  bain  de 
mortier  de  couleur  grise  et  d'une  dureté  considérable. 

V^-rs  ([uatre  heures  et  demi(>.  c»>tte  piei're  était  soulevée;  il  a  été  reconnu 
qu'elle  avait  autrefois  fait  partie  de  l'église  :  des  trèdes  incrustés  du  \in^  siècle 
en  faisaient  foi. 

Une  seconde  pierre  apparut  alors  aussi  grande  et  encoi'e  plus  épaisse  que 
la  première.  Comme  elle,  elle  était  également  noyée  dans  son  pourtour  par  un 
bain  de  mortiei'.  De  même  (|ue  la  précédente,  cette  pierre  avait  aussi  appar- 
tenu il  des  portions  de  l'église  du  xiiT  siècle. 

A  six  heures,  cette  seconde  pierre  ayant  été  légèrement  déplacée,  nous  avons 
aperçu  un  vide  que  nous  supposâmes  innnédiatement  être  un  caveau  sépulcral. 
Toutefois,  nous  n'apercevions  encore  que  des  branches  de  fer  sur  lesquelles 
reposait  une  plaque  en  plomb.  Cette  plaque,  en  effet,  ne  recouvrait  pas  tota- 
lement l'ouverture.  La  pierre  étant  entièi-ement  soulevée,  nous  avons  reconnu 
aisément  (|u'elle  fermait  un  caveau  sépulci'al  protégé  par  une  grille  de  fer  et 
une  lame  di'  plomb.  Cette  feuille,  épaisse  de  o  millimètres  et  large  de  18  cen- 
timètres dans  tous  les  sens,  se  comj)Osait  de  deux  pièces  soudées  ensemble. 

Enlevée  avec  la  plus  grande  précaution,  elle  nous  a  laissé  voir,  à  75  cen- 
timètres du  |)avage  actuel,  un  caveau  de  forme  à  peu  près  carrée,  et  formé 
avec  deux  assises  de  pierre.  La  longueur  du  caveau  était  de  (54  centimètres, 
sa  largeur  de  /i7.  et  sa  profondeur  de  56.  Ce  petit  sé|Hilcre  était  fermé  au 
fond  par  une  auti'e  plaque  de  plomb  de  la  même  natiu'e  et  de  la  même  dimen- 
sion ([ne  la  première.  Comme  la  précédente,  cette  plaque  reposait  aussi  sur 
une  grille  d(>  fer  absolument  semblable  à  celle  du  haut.  Cette  grille  était  fixée 
dans  les  murs  du  caveau  à  8  centimètres  du  fond. 

Sur  cette  gi-ille.  el  siu'  la  ])laqne  du  fond  ([u'elle  supportait,  se  voyait  un 
dép(M  noirâtre  couvrant  un  espace  d'environ  '20  centimètres  en  longueur  et  en 
largeur,  et  imitant  la  forme  d'une  bourse  ou  d'un  coeur  humain. 

Enlevé  avec  le  jilus  grand  soin  sur  la  plaque  de  plomb  qui  le  soutenait,  ce 


CfF.ll!    Dr    nOI   CIIAllLKS   V.  197 

dépôt  a  été  soigncusciiuMit  examiné  par  ikmis.  —  Xotis  y  avons  n^ronnii  d'abord, 
cacliaiil  une  partie  du  di'pôl.  une  phupn^  d'étain  ou  d'alliage  oxydée  en  dehors, 
mais  très-brillante  en  dedans. 

Cette  plafiue.  épaisse  de  .")  à /|  millimètres,  paraissait  avoir  alTecté  autrefois 
la  forme  d'un  (-«'ur. 

Mais  cette  l)oîte.  (|ai  avait  eonteiui  le  ea'ur  humain,  était  en  grande  partie 
consumée;  l(>  mi''tal  (|ni  louchait  à  la  leuille  de  plomb  s'(;tait  di'eonijirisi'  et 
corrodé  au  point  (|u"il  ne  restait  plus,  au  ijourlour  du  d(''pôl.  (|n"un  oxyde  noir 
et  déjà  pulvérulent. 

Malgré  cette  altération  du  métal ,  on  reconnaissait  aisément  f[ue  la  lioîte 
d'étain  ou  d'alliage  avait  été  faite  de  deu\  ]iarli(\s  soiid('es  l'une  sur  l'autre. 

Dans  l'étendue  totale  du  dépôt  pulvérulent  (pii  était  sous  nos  yeux,  il  nous  a 
été  facile  de  rcconnaîtr(?  clairemenl  un  n'sidu  ili^  deux  espèces  commi^  de  deux 
couleurs  différentes.  Au  pourtour,  la  poussière  était  noire,  (''toilée  et  nuMal- 
liquc  ;  au  centre,  au  conti-aire,  et  spécialement  sous  la  placpie  de  mêlai,  se 
voyaient  de  petites  masses  rousses,  semblables  à  du  tan  de  rorroyenr.  broyé 
et  agglutiné.  Cette  couleui'  tannée  était-elle  le  résultat  d'un  embaumement  ou 
de  la  décomposition  du  viscère  lui-même?  C'est  ce  que  nous  ne  saurions  dire 
en  ce  moment. 

Nous  avons  détaché  fjuelques  parcelles  de  la  poussièi'c  noire  et  de  la  matière 
tannée,  afin  de  les  soumettre  à  une  analyse  chimique. 

Le  précieux  dépôt  (jue  nous  venons  de  décrire  ne  saurait  èlre  attribué  à  autre 
chose  qu'au  cœur  du  roi  Charles  \,  déposé  ici  en  septembre  1380.  La 
tradition  et  l'histoire  concourent  à  démontrer  cette  asseilion  ipie  ne  démen- 
tent ni  la  forme  du  caveau,  ni  la  place  honorable  fpi'il  occupe,  ni  le  soin 
avec  lequel  a  été  dresse  le  lit  funèbre.  Des  documents  histoi'iipies  nous 
apprennent  en  effet  ([ne,  dès  13G7  et  13(38,  le  bon  roi  Charles  avait  préparé 
lui-même  le  lieu  de  la  sépulture  de  son  cœur. 

Ce  dépôt,  vénérable  à  tant  de  titres,  a  été  précieusenuMit  porté  à  la 
sacristie  et  placé  sous  clef  jusqu'à  l'arrivée  de  Mgr  rarchcvêque,  (jui  a 
désiré  voir  le  résultat  des  rechen-hes  (ju'il  avait  bien  voulu  auloiiser. 

En  foi  de  quoi,  nous  avons  dressé  le  présent  procès-verbal  pour  être  trans- 
mis à  Mgr  l'archevêque  et  au  chapitre  métropolitain. 

Fait  k  Rouen,  lo  20  mai  1802. 

Pour  copie  confunne  à  ruriginal,  lo  réilacloiir  ilii  piDrcs-vciljul,  ; 

I.'Aiiiiii    COCllI'T. 

Transcrit  à  Paris,  le  28  juin  1S02. 

F.    DE   GUILIIEUMV. 

XXII.  26 


198  ANNALES    ARCHEOLOGIQUES. 

Le  vendredi  G  juin,  avant-veille  de  la  Pentecôte,  rarchevèque  de  Rouen, 
assisté  des  membres  de  la  cominission.  a  procédé  dans  raprès-niidi  h  la 
réintégration  des  restes  du  roi  Charles  dans  leur  caveau.  Les  débris  de  la 
]30Îte  du  xiv"  siècle  et  la  poussière  du  cœur  royal  avaient  été  scrupuleusement 
l'ccueillis  dans  une  boîte  nouvelle  en  étain  et  en  forme  de  cœur.  Cette  enve- 
loppe était  elle-même  renfermée  dans  une  caisse  de  plomb,  à  peu  près  car- 
l'ée,  remplie  de  charbon  finemi'nt  broyé,  et  revêtue  d'une  courte  inscription 
latine  qui  rappelle  que  la  reconnaissance  de  ce  dépôt  a  eu  lieu  en  1802. 
Toutes  les  parties  du  caveau  ont  été  rétablies  exactement  comme  on  les  avait 
trouvées  le  20  mai.  Il  ne  reste  plus  d'espoir  aujourd'hui  de  découvrir  l'effi- 
gie d'albâtre  que  le  roi  Charles  s'était  lui-même  préparée.  Une  inscription 
sur  marbre  blanc  sera  du  moins  pi'ochainement  posée  sur  la  sépulture. 
Pui>se-t-clle  avoir  à  subir  moins  de  vicissitudes  que  les  monuments  qu'elle 
est  destinée  h  remplacer  ! 

F.    DE   G. 


XICOLAS  DE  VERDUN 


ÉMAILLEUR   DU   DOUZIEME   SIECLE 


Il  existe  près  de  Vienne,  en  Autriche,  dans  l'abbaye  de  KIosterneubourg. 
un  i-etai)le  d'oi-févrerie  émaillée,  presque  comparable  à  la  pala  de  Saint-Am- 
broise  de  Milan  et  même  à  la  pala-d'oro  de  Venise.  Cette  œuvre,  magnifuiue 
comme  travail  de  métal,  n'est  pas  moins  remai-(jual)le  comme  conception  de 
lliéologie  ou  d'iconographie  religieuse.  Cinquante  et  un  tableaux  d'émail  et  de 
cuivre  doré,  complétés  par  vingt-deux  anges,  \ingt-deux  prophètes  et  qua- 
torze Vertus,  sont  répartis  en  trois  séries  qui  s'expliciuent  l'une  par  l'autre, 
depuis  la  naissance  du  Sauveur  jusqu'à  son  dernier  avènement.  La  première 
série  comprend  les  sujets  antérieurs  à  la  loi  de  Moïse;  la  seconde  série,  les 
sujets  contemporains  de  la  loi  ;  la  troisième  série,  les  sujets  contemporains  de 
la  loi  de  grâce  ou  de  l'Evangile.  Ainsi,  le  premier  sujet  évangélique  est  l'annon- 
ciation  de  l'archange  Cabriel  à  la  vierge  Marie;  il  est  préparé  et  commenté 
par  l'annonciation  au  prophète  Abraham  de  la  naissance  d'fsaac,  avant  la  loi 
de  Moïse,  et  par  l'annonciation  de  la  nativité  de  Samson  sous  la  loi.  Il  en  est 
ainsi  de  tous  les  autres  sujets;  je  dirai,  en  passant,  que  ce  parallélisme  se 
rencontre,  mais  plus  abondant  et  plus  complet,  au  porche  nord  de  la  cathé- 
drale de  Chartres. 

Cette  œuvre  capitale,  que  les  archéologues  de  l'Autriche  et  notamment 
M.  le  docteur  Gustav  Heider  et  M.  Albert  Camesina  viennent  de  révéler, 
commence  à  faire  du  bruit  en  Europe  et  surtout  en  France.  Notre  ami  et  colla- 
borateur. M.  Alfred  Darcel,  est  allé  l'étudier  sur  place,  à  KIosterneubourg.  11 
a  rapporté  de  Vienne  les  belles  publications  illustrées  que  MM.  Heider  et 
Camesina  ont  faites  sur  ce  retable.  Avec  les  dessins  de  M.  Darcel  et  à  l'aide  des 
publications  autrichiennes,  nous  avons  l'intention  de  donner  dans  les  u  Annales 


200  ANNALES   ARCIIEOLOGIOUKS. 

Arcliéologiques  »  une  notice  détaillée  sur  cette  œuvre  qui  intéresse  particuliè- 
rement la  Fraiice. 

En  eflet,  le  retable  de  KIosterneubourg  est  signé  et  daté  :  il  est  signé  d'un 
éniailleur  français,  Nicolas  de  Verdun,  et  daté  de  l'an  1181.  Sur  les  lilets  qui 
encadrent  et  séparent  les  trois  séries  de  talileaux  dont  nous  venons  de  parler, 
on  lit  en  émail,  sur  iViiid  de  métal,  mic  longue  inscription  dont  nous  ne  rap- 
poilerons  aujnui-d'liui  (pie  les  quatre  vers  suivants,  puiscpie  l'inscription 
entière  et  tous  les  sujets  seront  ultérieurement  r(jbjet  d'un  travail  spécial  dans 
les  «  Annales  »  : 

ANNO    MILLENO    CKNTENO    ■    Si;i'T\  VGENO  • 

KEC    •    NON    ■    VNllICUENO    •    (JWKUMlEliVS    •    CORDE    SERENd    '.  •  '. 

SICXTVS    l'IlEPOSllVS    •    Tllll    ■    VIULill    •    MARIV    •    DICAVIT- 

yvoi)  •  .Mi;iiL,\vs  •  opvs  vnunNENsis  •  fabru.vvit  '.   . 

Ainsi,  c'est  en  U81  que  Garnier  ou  Werner,  sixième  prévôt  de  l'abbaye  de 
KIosterneubourg,  dédia  à  la  vierge  Marie  cette  anivre  que  faliriqua  Nicolas  de 
Verdun. 

C'est  beaucoup,  assurément,  que  d'avoir  le  nom  de  l'ai'tiste  et  une  date; 
mais,  par  malheur,  nous  ne  savons  rien  de  plus  sur  Nicolas  de  Verdun.  Ce- 
pendant, le  hasard  vient,  tout  récenuncnt,  de  nous  apporter  un  premier  élé- 
ment, et  des  plus  notables,  pour  la  \ie  de  Nicolas  de  Verdun.  En  parcourant 
un  livre  que  M.  B.  Du  Mortier  fUs  vient  de  publier  sous  le  titre  d'«  Etude  sur 
les  principaux  monuments  de  Tournai  »,  je  lus,  page  88,  le  passage  suivant  : 

<(  Cousin,  Uixtoire  de  Tournai,  vol.  iv,  ]).  lo,  dit: 

(i  En  l'année  :1'2U5  l'ut  achevé  la  fierté  de  Nostre-Dame  de  l'église  de  Tour- 
u  nay,  tesmuing  l'escril  cpii  est  à  l'un  des  costés  de  ceste  fierté  en  ces  termes  : 
K  Anuo  ah  incanialiune  Domini  1:205  consummalum  est  hoc  opus  aurifabrum; 
(1  et,  à  l'autre  costé  :  Hoc  ujtus  fecil  matjister  Nicolaus  de  Verduiti,  continens 
«  arcjenli  uiarcas  109,  auri  se.v  inarcas,  » 

«  Nicolas  de  Verdun  »,  dit  à  ce  propos  M.  B.  Du  Mortier  fils,  «  dut  être 
Tournaisien,  car,  dans  les  reliefs  de  bourgeoisie  de  la  ville  de  Tournai,  on  lit  que 
Colars  (Nicolas)  de  Verdun,  voirier,  fut  reçu  bourgeois  le  trois  novembre  1217 
et  (lu'il  ne  paya  que  25  sols,  ce  qui  était  le  taux  des  fils  de  bourgeois.  »  — 
Cette  châsse  de  Notre-Dame,  à  laquelle  M.  Du  ^lortier  père  a  restitué  son 
nom  primitif,  serait  celle  qu'on  appelle  abusivement,  à  Tournai,  châsse  de 
sainte  Ursule.  Bien  inférieure  comme  art  à  celle  de  saint  Élcuthère,  que 
nous  avons  publiée  dans  les  «  Annales  Archéologiques  »,  volumes  xiii  et  xiv, 
elle  est  cependant  fort  intéressante  pour  les  souvenirs  qui  s'y  rattachent. 

Nos  lecteurs  voient  déjà  que  Nicolas  n'était  pas  de  Tournai,  comme  pou- 


MCOI.  \S    l)i:   VKIIDUN.  201 

vaient  le  croire  MM.  Du  Moi-lii'r  priv  et  (i|>.  mais  de  Vei-diui;  et  ilu  texte  con- 
signé dans  Cousin,  l'iiislorien  de  'l'ournai,  mi  peut  l(''t;,-itiiiieiii('iit  dinluire  ceci  : 

Nicolas  de  Verdini  était,  au  \ii'  siècle,  célèbre  comme  ortévre  émailieur. 
ainsi  que  lurent  célèbres,  comme  architectes,  (uiillaume  de  .Sens  et  Villard  de 
Ilonnccourt.  Les  moines  de  KIosterneubourg,  ou  plutôt  Ciwernherus  ((îamier), 
leur  pn''vôt.  Noulait  l'aire  e.\t''culer  une  gi'antle  o'uvre  d"oii'é\rerie  et  d'émail; 
mais  ifayanl  pas  sous  sa  main,  en  Autriche,  un  artiste  suflisammciil  habile,  il 
fit  venir  de  Verdmi  Mcolas,  dont  la  réputation  était  h)rt  répandue.  Du  reste, 
ce  Nicolas  ne  devait  ]Kis  être  le  seul  orfèvre  émailieur  de  renom  ([ue  possédât 
Verdun,  car.  en  ll/i/i,  (juelques  années  avant  l'époque  oii  il  partait  pour 
Vienne  et  l'abbaye  de  KIosterneubourg,  .Suger  faisait  venir  de  la  Lorraine,  à 
l'abbayc  de  Saint-Denis,  plusieui's  artistes  pour  exécuter  la  fameirse  croix  en 
or  émaillé.  dont  il  parle  avec  pn'dilection  dans  son  Mémoii'e  "  de  Administra- 
tione  sua  »  :  «J'employai  à  ce  travail  des  orfèvres  de  la  Lotharingie,  au 
nombre  tantôt  de  cinq.  tant(M  de  sept,  et  c'est  à  peine  si  j'ai  pu  l'achever  en 
deux  années  » . 

11  y  avait  donc  à  Verdun  et  dans  toute  la  Lorraine,  sur  les  bords  de  la 
Meuse,  une  école  d'émailleurs  (jui  doit  se  rattacher  à  l'école  des  émailleurs 
du  Rhin.  On  est  déjà  sur  la  trace  de  ces  écoles  contemporaines  ou  successives, 
qui  ont  laissé  des  œuvres  importantes  et  assez  nombreuses  encore  pour  ([u'on 
puisse  déjà  en  ébaucher  l'histoire. 

Après  avoir  achevé  sa  grande  œuvre  de  KIosterneubourg.  Nicolas  de  Ver- 
dun grandit  encore  en  renommée.  La  ville  de  Tournai,  ([iii  songeait  à  terminer 
son  immense  cathédrale  et  à  l'enrichir  de  châsses  précieuses,  fit  des  olTres  à 
Nicolas  de  Verdun  et  l'appela  chez  elle  pour  y  exécuter  la  châsse  de  Notre- 
Dame.  Si  l'abbé  Suger  mettait  deux  années  pour  une  croix,  il  en  fallait  bien 
dix  pour  une  grande  châsse.  De  1181,  époque  où  fut  terminé  le  retable  de  KIos- 
terneubourg, à  1200,  où  fut  achevée  la  châsse  de  Notre-Dame,  il  y  a  vingt- 
(juatreans,  dont  dix,  douze  ou  quinze  furent  employés  par  Nicolas  à  d'autres 
œuvres,  soit  en  Autriche,  soit  en  Lorraine,  et  le  reste  consacré  à  la  châsse  de 
Tournai.  Ce  dut  être  là  le  dernier  et  suprême  ti'avail  de  Nicolas  de  Verdun. 

En  effet,  lorsqu'il  fut  appelé  en  Autriche,  il  devait  avoii'  une  grande  renom- 
mée et,  par  conséquent,  un  âge  déjà  respectable.  Supposons  trente-cinq  ans. 
Pour  exécuter  le  retable  de  KIosterneubourg,  il  lui  fallut  au  moins  dix  ans,  ce 
qui  nous  donne  quarante-cinq  ans,  pour  ue  |)as  dire  cincpianle.  En  1181, 
quand  il  eut  fini  son  retable,  il  avait  donc,  disons-nous,  au  moins  quarante- 
cinq  ans  ;  en  1205,  époque  où  fut  terminée  la  châsse  de  Tournai,  il  en  avait 
soixante-neuf.  A  cet  âge,  (juandon  n'est  pas  mort,  on  aime  à  se  reposer. 


1^02  ANNALES  ARCH  KOLOGIQUES. 

Si  donc,  en  1217.  Tournai  ofiVit  le  titre  de  bourgeois  à  Colars  de  Verdun, 
ce  Colars  n'était  pas  celui  du  retable  ni  de  la  châsse,  car  il  aurait  eu  au  moins 
quatre-vingt-un  ans;  c'était  probai)Iement  son  fils.  Rien  n'est  plus  commun 
que  de  voir  un  fils  s'appeler  du  prénom  et  du  surnom  de  son  père.  D'ailleurs, 
dans  le  texte  impoi-taiit.  relaté  plus  haut,  ce  Colars  est  qualifié  de  «  voirier  », 
ou  peintre  sur  verre,  et  ce  n'eût  pas  été  par  cette  qualification,  mais  bien 
certainement  par  celle  d'orfèvre,  qu'on  aurait  nommé  l'auteur  fameux  du 
retable  de  Klosterneubourg  et  de  la  châsse  de  Tournai.  Toutefois  ce  texte  n'en 
est  pas  moins  très-précieux  :  il  nous  apprend  qu'un  peintre  sur  verre  du 
xui"  siècle  est  le  fils  d'un  orfèvre  duxir,  et  que  ce  peintre  est  assez  renommé 
pour  qu'on  lui  donne,  à  prix  réduit,  le  titre  de  bourgeois  d'une  ville  illustre 
et  riche. 

Qu'un  peintre  verrier  sorte  d'un  émailleur.  rien  n'est  plus  naturel  :  car 
l'émail  est  du  verre  et  l'émail lerie  est  de  la  peinture  sur  verre  non  transpa- 
rente. Ce  nom  de  verrier  est  à  enregistrer  dans  la  liste  de  nos  artistes  du 
moyen  âge  comme  celui  de  l'orfèvre  son  père.  Malheureusement  il  ne  reste 
absolument  rien  du  verrier  bourgeois  de  Tournai,  ni  dans  les  environs,  ni 
dans  la  Belgique  entière,  tandis  que  de  l'orfèvre  nous  avons  intact  le  retable 
de  Klosterneubourg  et,  mais  assez  incomplète,  la  châsse  de  Notre-Dame.  Qui 
sait  même  si,  en  cherchant  avec  zèle  et  intelligence,  on  ne  découvrira  pas 
d'autres  œuvres  d'orfèvrerie  de  Nicolas  de  Verdun,  soit  en  Autriche,  soit 
en  Lorraine,  soit  en  Flandre.  Si  je  retournais  à  Maestricht,  sur  cette  Meuse 
d"où  Nicolas  est  parti  pour  se  rendre  à  Vienne,  j'examinerais  avec  plus  d'at- 
tention que  je  ne  l'ai  fait .  lors  d'un  premier  voyage ,  si  Nicolas  de  Verdun 
ne  se  retrouverait  pas  dans  les  trésors,  malheureusement  fort  appauvris,  de 
cette  ville  autrefois  fort  riche  en  œuvres  d'émail  et  d'orfèvrerie. 

DIDRO-X. 


a-PïH.ALlC  A:R€ï[ÉC):LO'G!r:['Q)in":f!ls 


f 


riA:..S   ;.F.  CLOÎTRE  Uz.   Lk  CK'.Hrl-JP-a.-E.   DE    PAMPKLUNE  . 


A-yràiir  y^r  li.  /Ir./fn.  .'.'.  .fn-" 


GRILLE  DE  PAMPELUNE 


En  sortant  de  la  catliédrale  de  l'ampelune  par  la  porte  du  croisillon  méri- 
dional, on  entre  dans  le  cloître,  (lui  est  une  petite  merveille  de  la  lin  du 
xiv"  siècle  et  du  commencement  du  xv%  Sensiblement  carré,  ce  cloître  me- 
sure il  mètres  de  côté.  —  La  chapelle  de  Santa-Crux  est  à  l'angle  sud-ouest 
et  en  saillie  dans  rintérieur  du  pi'éau  ;  elle  sert  à  l'exposition  des  morts.  Les 
cjuatre  lancettes  de  cette  chapelle,  ciui  donnent  sur  la  galerie,  sont  entourées 
par  une  grille  du  xiir  siècle  en  fer  forgé  et  remarquablement  belle.  Un  sou- 
venir d'une  haute  portée  historique  vient  encore  en  augmenter  la  valeur.  On 
prétend  que  cette  grille  fut  faite  avec  la  chaîne  que  Sanche  Vlll.  roi  de  Na- 
varre, enleva  à  la  tente  de  Miramolin,  lors  de  la  célèbre  bataille  de  Las  Navas 
de  Tolosa,  en  1212.  C'est  ce  brillant  fait  d'armes  qui  lit  surnommer  le  For! 
le  roi  Sanche  VIII.  Des  espèces  de  croix,  des  tlcurs  de  lis  ne  permettent 
pas  de  supposer  que  ce  soit  la  chaîne  elle-même  qui  fut  prise  au  roi  maure. 
Deux  fragments  de  cette  chaîne,  religieusement  conservés  à  Tudèlc  et  dans 
les  archives  de  la  dé})utation  de  l'ampelune.  ne  lèvent  pas  toute  espèce  de 
doute  à  cet  égard.  Ce  qui  paraîtrait  pi'ésumable,  c'est  que  la  chaîne  du  Mira- 
molin aura  i)u  fournir  le  fer  dont  la  grille  est  faite,  à  pcn  [irès  comme  la 
fameuse  statue  en  bronze  de  saint  Pierre,  à  Rome,  aura  pu  èli'c  fondue  avec 
l'airain  antique  d'une  statue  de  Jupiter,  comme  on  le  prétend. 

Laportionla  plus  importante  de  cette  grille  est  celle  de  la  porte  de  lacha- 
pellc  dont  nous  donnons  la  gravure.  Les  montants  sont  assemblés  dans  les  tra- 
verses supérieures  et  inférieures  à  tenon  et  mortaise  avec  un  i-ivet;  ils  ont 
3  centimètres  de  large  sur  3  d'épaisseur.  Les  bâtis  ont  les  mêmes  dimensions. 
Le  fer  des  enroulements  a  de  large  0,07,  d'épaisseur  0,03,  de  sorte  que  les 
montants  elles  enroulements  affleurent  de  deux  côtés. —  Les  liens  ou  attaches 
des  enroulements  sont  méplats.  Les  trois  autres  grilles  de  cette  chapelle  sont 


204  ANNALES   ARCHEOLOniOU  ES. 

divisées  chacune  en  sept  panneaux,  qui  contiennent  chacun  onze  enroulements. 
Les  couronnements  des  montants  sont  formes  d'espèces  de  fleurs  de  lis  qui 
alternent  avec  des  piques.  —  Les  mêmes  motifs  se  répètent  horizontalement*. 

Charles   SARVY, 

Architecte. 

1.  Les  locli'urs  des  "  Annales  »  ne  remarqueront  pas  sans  étonnement  que  les  grilles  de  l'ani- 
pelune  ressenililent .  presque  à  s'y  méprendre,  à  eclles  de  Conques,  dessinées  et  décrites  par 
M.  Alfred  Darcel  et  publiées  dans  notre  volume  xi%  pages  1  et  238.  C'est  à  croire  que  le  même 
ouvrier,  je  dirais  volonliers  le  même  artiste,  a  forgé  les  grilles  do  Conques  et  celles  de  Pampe- 
lune.  Du  Ronergue  ii  la  Navarre  il  y  a  loin,  et  les  communications  entre  les  deux  provinces  ne 
devaient  être  ni  facili^s  ni  fréquentes,  pas  |)lus  au  xii''  qu'au  xiir'  siècle.  Mais,  difEcultés  ou  faci- 
lili's  de  relaliims.  le  fait  n'en  est  pas  moins  certain  :  les  grilles  de  Cimques  et  de  Pampehuie  doi- 
vent venir,  sinon  de  la  même  forge,  du  moins  du  même  forgeron.  A  (lonques,  les  grilles  sont  attri- 
buées au  xir  siècle,  et  nous  les  croyons  volontiers  de  la  lîn  de  cette  époque;  à  Pampelune,  on  les 
attribue  à  l'an  'l'212;  si  le  fait  est  exact,  c'est  de  Comptes  évidemment  (pie  |irocéderaient  les  grilles 
de  Pami«'lime.  —  Quant  à  penser  (]ue  ce  sont  les  cliaines  du  .Miramolin  vaincu  à  la  fameuse  ba- 
laillQ  de  las  Navas  de  Tolosa,  nous  n'en  croyons  pas  un  mot,  et  c'est  tout  au  plus  si,  à  court  de 
fer,  le  forgeron  de  Pampelune  aura  emplnyï',  jiour  lui  ilonner  une  forme  entièrement  différente, 
la  ferraille  des  iMaures.  Au  retable  du  grand  autel  de  la  catliédrale  de  Tudele,  on  voit  des  chaînes, 
qui  ressemblent  assez  à  des  tibias  à  jour  réunis  par  des  anneaux.  Ces  fragments,  au  nombre  de 
huit  barres  doubles,  forment  un  grand  cercle,  c'est-ii-dire  un  écusson  circulaire    oit  se  lit  l'in- 

scriplinn  suivante  : 

+ 

CAOENSS    Q. 

DIO    A    ESTA    IGl.»    EL    S. 

REV    J>.    SANrilO    EL    FlIEttTE 

V    VIII    DE    NAVAURA    DE    LAS. 

t>.    KOMI'IO    DE    LA    TIENDA    DIÎL 

MIRAMAMOLIX    EN    LA    BA 

TALLA    DE    LAS    NAVAS    DE 

TOLOSA    •    AXO    1212. 

4-  Cliaines  que  donna  à  cette  (église  le  soigneur  roi  Don  Sanche  le  Fort ,  et  Vllf  de  Navarre  ,  de  celles  qu'il  rompit  de 
la  tente  de  Miramamolin  ,  à  la  batadle  de  las  Navas  de  Tolosa,  l'an  1-212. 

La  forme  des  éléments  qui  composent  ces  ferrures  est  bien  celle  des  chaînes  destinées  à  défendre 
une  lente  ou  un  camp;  mais  il  y  a  loin  de  lit  à  la  forme  de  la  grille  actuelle  de  Pampelune.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  fallait  répéter  la  tradition,  puisqu'elle  est  inscrite  au-dessus  même  de  la  porte  de 
la  cliapelle  Sainte-Croix,  dans  le  cloître  de  la  cathédrale  de  Pamiielune,  ainsi  que  le  montre  la 
gravure  dont  nous  devons  le  dessin  à  l'obligeance  de  M    Charles  Sarvy. 

Près  de  la  serrure,  au  panneau  central  de  la  porte,  dans  la  grille  de  Pampelune,  il  y  a  une  bri- 
sure, comme  une  effr.iction  de  quelque  voleur,  qui  aurait  voulu  passera  travers  le  panneau  pour 
entrer  dans  la  chapelle  et  y  dérober  des  objets  do  grand  |)ri\.  L'effraction  est  encore  très-visi- 
ble et,  h  une  époque  assez  récente,  on  a  cherché  it  reinplactu-  le  vide  du  panneau  par  deux  feuilles 
de  tôle  découpées  à  jour.  Celle  restauration  est  incomplète  et  ne  produit  pas  le  meilleur  effet. 

Noire  gravure  donne  le  grille  de  Pampelune  ii  7  centimètres  pour  1  mètre. 

{.\ote  lie  M.  Didron.) 


r>ir>i.iof;i{AnïiE 


D'Airr    KT    D'AKCHKOLOGIE 


l'jo.  .\4:tks  di'  l'Acailcmit»  iiiijirriiiU>  des  scirm-i-s,  IjoHcs-IcIIios  et  urts  di>  liiirdeau\.  TiDisiL'iiie 
série.  i'V'  année.  Istjl.  3''  el  ■'*•  trimestres.  I11-8"  de  360  pages.  —  Mémoire  sur  li's  urigines 
municipales  de  Bordeaux,  |iar  .M.  Sansas.  Notice  liistorique  sur  le  marquis  de  Verteuil  de 
Maleret.  par  M.  (jiiagno.n-Lai:osti;.  Discours  et  rapports.  Com|)le  rendu  dos  séances  de  l'Aca- 
démie pendant  l'année  ISIJI. 

136.  Albu.m  de  blasons  des  archives  généalogiipies  et  liistori(|ues  de  la  noblesse  do  France, 
accompagné  de  la  tablo  al[iliabétique  des  IGO  blasons  contenus  dans  l'Aibniii.  In-S"  de  160  des- 
sins      8  fr. 

157.  .VNDKEOLI  et  L.VMBHKT.  —  .Monogiui'Iiik  de  l'église  calliédrale  Saint-Sillrein  di'(:ar|ien- 
Iras,  renfermant  une  description  du  cloitro  el  de  l'ancienne  église,  des  détails  liistori([ues,  des 
notes  biographiques,  par  E.  .\Niitii;()Li.  professenr  d'histoire,  et  B.  I.amiikkt,  architecte  de  la 
ville  de  Carpentras.  Grand  in-H"  de  2.')1  pages,  de  1.3  planches  et  du  plan  geni'ral  du  cloître,  de 
l'ancienne  égli.se,  du  palais  épiscopal  et  de  la  cathédrale  actuelle.  —  Origine  du  pouvoir  reli- 
gieux à  Carpentras.  Fondation  de  l'église  Saint-Antoine  par  saint  Sifl'rein.  Dotations  de  (Charles 
de  Provence,  cathédrale  dédiée  ii  la  Vierge.  Cathédrale  Saint-Pierre,  fondai  ion  du  chapitre  de 
Carpentras.  Tombe  et  crosse  do  l'évéque  Ayrard,  inscription.  Cloître,  description.  Ép'taphes. 
Église  de  GeolTroy  de  Garosse.  Résidence  des  papes  a  Avignon,  construction  de  l'église  Saint- 
SifTrein  [lar  Benoit  .\III,  consécration  par  k^  cardinal  Sadolet.  Description  intérieuii'  el  exté- 
rieure de  Saint-SillVein.  Sépultures,  lombes  d'enfants  morts  sans  baptême.  Décoration  de  l'église, 
chapelles,  autels,  font»,  cliairo,  sculptures  curieuses,  verrières.  .Vncien  trésor.  Reli(|ues.  Liste 
générale  des  évéïjues  de  Carpentras 5  fr. 

138.  An.niairk  de  l'In-titut  des  iirovinces.  des  .sociétés  savantes  et  des  congrès  scientifKiues. 
Seconde  .série.  4''  volume,  xiv  volume  de  la  collection.  '181)2.  In-.S"de  xxv-622  pages  et  de  |)lu- 
sieurs  gravures  sur  bois.  —  Séances,  comptes  rendus  et  rapports;  notices  biographiipies  sur 
divers  membres  de  l'Institut  des  provinces.  —  Ce  volume,  comme  les  précédents .'j  fr. 

159.  AUD.VNT.  —  Émvii.i.elrs  limousins.  Les  lîi'vmoiid,  pur  .'\L\i'nicic  Akdant,  archiviste  du 
département  de  la  Hante-Vienne.  In-8"  d(>  42  pages.  —  Pierre  1"  et  i'iene  H,  Martial,  Jean, 

Jose()li  et  Gabriel  Reymund  (1  :j7.'i- 1 670; I   fr.  H'i  c. 

xxn.  27 


206  ANNALES   ARCH  KOLOdlOl' F.S. 

KiO.  lîARRIER  DE  MONTAULT.  —  Anciens  inventaires  inédits  des  élablissomonls  iialiiiiiiuix 
(le  Siiiiil-Loiiis-dps-Franrnis  et  de  Saint-Saineiir  «  in  Tliemiis  »,  ;i  Rome,  par  le  cliaiioine 
X.  Bariiier  i>e  Montault.  Iii-8°  de  32  pages.  —  Inventaire  du  mobilier  de  l'église  et  lio|iilaI 
de  Saint-Lonis-des-Français,  \'6î'j.  Pérrel  île  la  visite  aposloliipie  au  sujet  de  Sainl-Lnuis,  ICiiiJ. 
Inventaire  de  la  sacristie  de  Saint-Sauveur,  KiiO 1   li-. 

Kil.  liAKBIER  de  MONTAULT.  —  Description  de  lu  décoration  de  Sainl-l'ierre  de  Home  el 
des  cérémonies  de  la  canouLsation  des  vingt-si\  martyrs  du  Japon,  par  le  chanoine  X.  Bau- 
RiER  m;  MiiNTAiiLT.  ln-33  de  58  pages. 

H,:».  HOITLL.  —  ILstoire  de  JIorUmirail-en-Drie,  faisant  suite  ii  1'  "  Histoire  du  luenlienieux 
Jean  n,  depuis  l'année  1311  jusqu'il  nos  jours,  par  l'abbé  Boitei,,  ancien  cnré-do\en  de  Monl- 
niirail,  chanoine  titulaire  de  C.hàlons.  In-12  de  431  pages  el  d'ime  [ilanche.  —  Seigneurs  do 
.^lonluiirad,  origine  de  leurs  maisons  diverses.  Faits  politiques,  civils  et  religieux.  Fondations, 
étalilis.sements,  etc.  —  Le  premier  volume,  a  Histoire  du  bieidieureux  Jean  ",  b  fr.;  le  second 
volume,  «  Histoire  de  Monlmiiail  »,  3  fr.:  les  deux  voliuiies S  fr. 

I<i3.  B()\FJ{.  —  FoLiLLics  de  Xeuvy-sur-Uaranjou.  Réponse  ;i  .M.  Léon  Renier,  par  H.  Rover. 
ln-8"  de  1 0  |iages I   fr. 

16'i.  RiLLETiN  de  la  Sociélé  polvmalii|ue  du  Moriiilian.  Année  LsiSI .  In-8"  de  I  Is  pages.  —  Ilis- 
Inire  el  archéologie  :  Lettres  [latentes  de  François  U,  duc  de  Bretagne,  |iar  l'abbé  Piéder- 
Rii;iiE;  F^ludesur  l'ancienne  al.ibaye  de  Prières  (diocèse  de  Vannes),  parle  mèm.';  La  pharma- 
cie il  Vannes  avant  la  révolution,  par  le  docteur  de  Closmadei'c;  Promenade  archéologique  sur 
la  lande  do  Lanvaux,  par  M.  Foi:quet;  Ordres  religieux-militaires  du  Temple  et  de  l'Hôpital, 
leurs  élablissemeuls  et  leurs  églises  dans  le  Morbihan,  par  .M.  Rosenzweig;  L'n  mot  sur  la  lonr 
d'I'.lven,  par  ,M.  .Vruondeai;  ;  Statistique  archéologicpie  de  Parrondissement  de  Vannes,  par 
M.  Rosenzweig.  Rapporîs  divers. 

163.  Bui-LETiNS  de  la  Société  archéologi(iue  de  l'Orléanais,  vohmie  m,  coni|iienant  les  années 
ISoO  il  '1801.  1  \ol.  in-8"  de  484  pages  et  une  planche.  Ce  volume  renferme  des  comptes  ren- 
dus d'excursions  archéologiques  ;i  Jlontbuy.  Neuvy-en-Sullias,  la  Cour-Dieu,  dans  les  com- 
munes de  l'arrondissement  de  Montargis;  des  notes  sur  les  restaurations  des  églises  d'Orléans, 
et  sur  les  églises  de  Beaugency;  sur  Chàteau-Landon,  Château-Renard,  Châtillon-sur-Loing; 
sur  la  ville  et  le  château  de  Malesherbes;  des  études  de  droit  féodal  dans  le  Gatinais,  et  de 
])rocédure  canonique  au  xvin''  siècle;  des  notes  sur  les  objets  d'art,  tapisseries,  peintures,  gra- 
vures, statues,  du  musée  d'Orléans,  etc 9  fr. 

1G6.  BURBURlï  (de).  —  Aperçu  sur  l'ancienne  corporation  des  musiciens  instrumentistes  d'An- 
vers, dite  de  Saint-Job  et  de  Sainte-.Ma;ic-Madeleine,  par  le  chevalier  Léon  de  Blrui:re, 
membre  de  l'Académie  royale  de  Belgiipie.  In-8"  de  10  pages.  —  Origine  (xvi''  siècle),  usages 
et  règlements  de  cette  confrérie,  suppression  en  novemlire  I70'i. 

167.  CANÉTO.  —  Questions  d'archéologie  pratique,  ou  étude  comparée  de  quelques  monu- 
ments religieux  du  diocèse  d'Auch,  par  l'abbé  Canéto,  vicaire  général  d'Auch.  In-8"  de 
70  pages,  avec  le  portrait  de  Mgr  de  La  Croix  d'Azolette,  ancien  archevêque  d'Auch.  —  Fglises 
et  chapelles.  Église  paroissiale  d'Fistang.  Ouelle  peut-être  l'origine  de  celte  église?  Indices  de 
dégradations  opérées  sur  l'œuvre  primitive  de  l'église  d'Esfang.  A  quelle  époque  doivent  se 
rapporter  les  diverses  transformations  de  Notre-Dame  d'Estang?  Appréciation  de  ces  change- 
ments.   Ressources  des   fabriques  en  général,  et  spécialement  dans  la  province  ecclésiastique 


RIliLlOC.HAI'Illl-:   DAirr   KT   DMiCllKOl.Or.lK.  207 

li'Aucli.  il  iï'poqui'  lie  la  loslauralion  de  li'iîlise   paroissiale  li'Kstang.    Élal  aclu;'!  de  Njtr,-- 
Dame  d'Estani;-  —  Si)uve;iiis  arcliéologiiiues  du  comté  de  Fe/.ensac. 

168.  CAl'MONT  ([)k;.  —  Statist.ujik  inoiiiiinenlale  du  Calvados,  par  A.  dk  Caimont,  direrlcur 
de  l'Institut  des  provinces.  Tonie  iv.  .\rioiHli.<Si'meiit  de  Pont-lKvL^que.  In-S"  de  i70  pages, 
avec  de  nombreuses  gravures  sur  bois.  —  Slatislique  des  cantons  de  Do/.ulé,  Cambremer, 
l'ont-lRvècpie.  llonfleur  et  de  Hlang) .  —  O  volume,  10  fr.;  les  (piatre 40  fr. 

IGy.  CLKKt'..  —  Ktide  comi'i  ètk  slk  .Vlmsk.  Alaise  n'est  pas  !'"  Alosia  »  de  (A-sar,  par  .M.  le 
président  Cr.EUC.  Ouvrage  renfermant  des  notions  utiles  pour  lintelligencc  de  l'Iiisloire  des 
montagnes  du  Doubs.  avec  une  carte  e\plicativc.  Iii-S"  de  I3t)  pages  et  î  [ilanclies.     î  fr.  50  c. 

170.  C.OKKINET.  —  Description  d'un  ancien  instrument  de  s;uivetage  conservé  au  trésor  de  la 
catliéJrale  de  ïroyes,  et  documents  historiques  sur  divers  accidents  arrivés,  par  lo  feu  du  ciel, 
à  la  flèche  de  ladite  église,  de  1j26  ii  1700.  par  l'abbé  I>oefim:t.  i-lianoine  titulaire,  membre 
résiliant  de  la  Socié'é  académiciue  de  l'.Xube.  In-S"  de  o'i  pages  et  d'une  planche.  —  (^et 
instrument,  en  bronze  ci.selé,  d'une  longueur  de  72  centimètres  sur  une  circonférence  de 
24  centimètres,  est  appelé,  par  .M.  l'abbe  Ijollinet,  »  seringue  il  incendie  ».  Les  armes  du  cha- 
pitre de  la  cathédrale  de  Troyes  y  sont  figurées.  .Vprès  la  description  de  cet  instrument, 
.M.  l'abbé  CofTinet,  recherchant  dans  quelles  circonstances  il  a  pu  en  être  fait  usage,  a  été 
amené  ii  donner  l'histoire  de  tous  les  accidents  arrivés  parle  feu  du  ciel  a  la  flèche  de  la  cathé- 
drale dans  le  xvi"  et  le  xvir  siècle;  point  tout  nou.eau  en  archéologie  et  travail  rem|)li  de 
recherches  curieuses. 

171.  CtlRRARO  i>K  liRF.BAX.  —  Lus  .Vbhesses  du  Paraclet  présentées  dans  l'ordre  chronolo- 
gique, avec  des  notes  relatives  à  l'hisloire  de  cette  célèbre  abbaye,  extraites  de  documents 
authentiques.  parCoRRARU  de  Breban.  président  de  la  Société  académique  de  l'.Vube.  corres- 
p  indanl  du  ministère  pour  les  travaux  historiques.  In-8°  de  .32  pages  et  de  i  planches  repré- 
sentant l'ancienne  abbaye  du  Paraclet  et  l'ancien  tombeau  d'Hélo'ise  et  d'Abélard  au  Paraclet. 
—  Vingt-neuf  abbesses  (ll30-l790),d'Héloi'se  ii  Charlotte  de  La  Rochefoucaull  de  Uoucy.  morte 
il  Reims,  le  6  juillet  1829,  âgée  de  quatre-vingt-sept  ans.  En  1792,  vente  du  Paraclet.  Destruc- 
tion complète  de  la  fondation  du  xic  siècle.  —  Derniers  vestiges  de  cette  abbaye  célèbre  dont 
les  ruines  mêmes  ont  péri. 

172.  COUTURIER.  —  Décade.sce  et  restairation  de  la  musique  religieuse,  par  M.M.  Colti- 
RiER,  de  la  uiaîtrise  de  la  cathédrale  de  Langres.  In-8"  de  14ii  pages.  —  Réorganisation  des 
maîtrises  d'après  les  idées  de  Choron;  enseignement  tel  qu'il  a  existé  pendant  plusieurs  siècles 
dans  les  grandes  écoles  d'Il;ilie,  d'Espagne,  de  France  et  d'Allemagne;  compléter  cet  ensei- 
gnement dans  les  petits  et  les  grands  séminaires,  dans  les  lycées  et  collèges 2  fr. 

173.  D.VLEMAGNE.  —  Notice  sur  les  matériaux  silicatisés,  par  Liîon  Iulemagne,  au  moyen 
du  Wasserglas  inventé  par  Fuchs,  de  .Munich.  In-1  8  de  47  pages .30  c. 

174.  DALE.M.VGNE.  —  La  silicatisatiox,  d'après  Fuch-,  de  Munich,  aiipliijuée  ii  la  conserva- 
tion des  monuments,  par  LÉo.x  Dalemagne,  membre  de  r.Xcadémie  nationale,  agricole,  ma- 
nufacturière el  commerciale.  Grand-in-S"  de  13  pages. 

17-j.  DEsJ.VIiUl.NS.  —  Vie  de  Jeanne  d'.\rc.  par  .Vbel  Desjaiuh.ns,  doyen  de  la  Faculté  di's 
lettres  de  Douai,  d'après  les  documents  nouvellement  publiés.  Seconde  édition.  In-12  de 
403  pages  et  d'une  carie.  —  Doairemy-Vaucouleurs  ;  Situation  de  la  France  en  1429,  enfance 
de  Jeanne  d'.Vrc,  ses  visions,  voyages  et  pèlerinages,  son  départ.  Chinon- Poitiers  :  arrivée 


203  ANNALKS  ARCIl  KOI.OCIOU  ES. 

(lo  .Irannp.  Jeanno  devant  les  Hocleiirs  île  l'nilieis.  Toiir>  et  Blois-Orléuns  ;  e(]in|ieiii('nt  île 
Jeanne  d'Are,  sa  maison  militaire,  réformes  dans  l'armée  franraise,  entrée  dans  Orléans.  (Cam- 
pagne de  la  Loire.  Gien-Troyes-Reims  :  Renommée  de  Jeanne,  Jean  Gerson.  Expédition  du 
saere,  reddition  de  Troyes,  Ueinis  ouvre  ?es  portes,  lettre  de  Jeanne  au  dnc  de  Bourgogne. 
Paris  :  lo  roi  ii  Compiégne,  plan  do  eanipagne  de  Jeanne,  examen  de  la  conduite  de  Jeanne 
(levant  Paris.  La  Charité-sur-Loirc  :  anoblissement  de  la  famille  d'Are,  Jeanne  livrée  aux 
Anglais.  Rouen  :  instruction  <]u  procès,  interrogatoires,  consultations,  second  procès,  supplice. 
Procès  de  condamnation  et  de  réliabilitalion.  Histoire  et  légende.  Ce  que  la  poésie  et  les  arts 
ont  fait  et  devraient  faire  pour  Jeanne  d'.Vre 3  fr. 

17G.  HliS  .MOULINS.  —  Ce  que  vii;nt  f.mre  lecoxc.rès  .\  Boiiim:.u:x.  Discours  d  ouverture  de 
1,1  \  ingl-hnitienie  session  du  congrès  scientifique  [septembre  18GI),  par  Charles  des  Mou- 
lins, secri'taiie  général,  sous-directenr  de  l'Institut  des  provinces.  In-8"  de  18  pages. 

177.  DESPIXL.  —  S^NXTiAiRE  et  abymes  do  Myans,  près  d'.Vix-les-I!ains  (Savoie).  Notice  his- 
torique et  arcliéologiqui»,  |iai-  le  baion  C.  Despine,  niemlire  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France.  In-S"  de  4i  pages.  —  Les  abymes,  examen  de  la  chute  du  mont  Grenier,  se  liant  à 
l'histoire  du  sanctuaire  et  des  abymes  do  Myans;  statuelte,  cloclie,  ostensoir  et  autres  objets 
découverts  dans  lo  lac  des  Marches.  Le  sanctuaire,  église  et  couvent  fondés  par  Jacques  de 
Montmaveur,  en  li.38;  description,  restauratinn  de  l'église  en  'I8.'j4.  Extrait  des  pièces  rela- 
tives il  divers  pèlerinages,  ainsi  qu'aux  dépenses  de  la  ville  do  Cliambéry  el  de  celles  d'.Vnnecy, 
pour  les  processions  faites  ii  .Mvans 1  fr.  25  c. 

178.  ItROC^'N.  —  La  Giienm;.  Histoire  et  de-cripliori  des  villes  forliPées.  forlere-ses  et  châ- 
teaux construits  dans  la  Gironde,  pendant  la  domination  anglaise,  par  Léo  Drolyx,  membre 
de  r.Vcadémie  impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Bordeaux.  Livraisons  24  et  2S. 
In-i°  de  24  (lages  de  texte  historique  et  descriptif,  avec  0  gravures  à  l'eau-forte,  donnant  des 
vues,  ]ilans  et  détails  des  cluiteaux  de  Roquefort  et  Rlampiefort.  Chaque  livraison .3  fr. 

179.  DLIîOIS.  —  L'ŒtvRE  de  Blasset  ou  plutôt  Blassel,  célèbre  sculpteur  amiénois  (1600-1659), 
par  A.  Dinois,  chef  de  bureau  'a  la  mairie  d'.Xmiens,  membre  de  la  Société  d'éinulaiion  d'Ab- 
beville.  In-S"  de  112  pages  et  de  2  planches.  —  Vie  et  travaux  de  Blassel,  géné.dogie  de  sa 
famille,  notice  biograiihique  sur  son  père,  pièces  justilicatives,  noms  des  sculpteurs  qui  ont 
vécu  à  .Vmiens  pendant  les  xv  et  xvi''  siècles.  Notice  importante  pour  l'histoire  des  artistes.  2  fr. 

180.  DU  MORTIER.  —  Étlde  sui- les  principaux  monuments  de  Tournai,  [lar  R.  Df  Mortier 
fils.  In-8"  de  245  pages,  avec  de  nombreuses  planches  et  2  plans  de  Tournai  aux  xvr'  et 
XVII'  siècles.  —  Introduction.  —  Première  partie  :  monuments  religieux,  naissance  liu  chris- 
tianisme il  Tournai,  église  cathédrale,  son  ancienneté  et  son  aspect,  description  de  l'intérieur 
et  du  mobilier,  re.-tauration;  églises  des  SS.  Piat,  Jacques,  Quentin,  Brice,  Nicolas,  Jean,  Mar- 
guerite et  la  Magdeleine.  —  Deuxième  partie  :  monuments  civils,  betfroi,  crypte  de  l'Hôtel  de 
Ville  et  maisons  anciennes 1 2  fr. 

181.  EST.VINTOT  :i>').  —  Recherches  historiques,  archéologiques  et  féodales  sur  les  sires  et 
le  duché  d'Estouteville,  par  lo  vicomte  Robert  d'Estaintot,  membre  de  la  Société  des  anti- 
([uaires  de  Normandie.  In-4"  de  68  pages,  avec  plusieurs  gravures  sur  bois.  —  Première 
partie  :  recherches  historiques  sur  les  maisons  d'Estouteville,  de  Bourbon  Saint-Pol,  d'Or- 
léans-Longueville,  de  Matignon  et  de  Grimaldi-Monaco.  —  Dcuxii'iue  partie  :  recherches 
archéologiques  sur  le  château  du  xv'  siècle,  celui  de  la  renaissance  et  leurs  dépendances.  — 
Troisième  partie  ;  recherches  féodales  ?ur  1rs  droits  el  privilèges  des  sires  et  du  duché  d'E.-lou- 
tpville.  —  Pièces  justificatives 4  fr. 


Bir.l.lOCRAIMllK   li'AIlT   KT   D' A  lîCIlKOLOG  I  T..  2(10 

182.  FILLON  Pt  m:  liOClIRIiHlNi:.  —  l'oiTot  kt  Vkndkk.  Kludes  liirilorif|iiCji  et  arliïilifim-s 
|);ir  B.  FiLi.ox  pt  ().  di:  Rochkbrixk.  Troi^ii-me  et  quatrième  livnii<onri.  In-i"  de  14  feuilles 
et  (le  18  piarielie.-;  dont  deux  double.-;.  —  Villa  et  sépulture  d"une  feniuio  artiste  du  iir  siècle, 
découvertes  ii  Saint -.Médard  ;  étude  et  description  des  objets  trouvés  dans  la  villa.  Les  verriers 
du  Poitou.  liioi^rapliies.  S.iint-(!yr-en-Talnion(lais  ot  les  communes  environnantes,  traditions 
et  légendes,  hi  tour  de  lîessiiy.  bi  ropellinière  de  S;iinle-Ciemnie.  Sainte-Hermine.  Ki;lise  do 
Nieuil-sur-r.\utise.  Ch  itrede  Luçon  (\vi'  siècle".  —  Sau^cription  ii  l'ouvra^'e  complet.     SO  fr. 

Is.3.  G.MI.HAIi.M'D.  —  I.'.VtiT  dans  ses  diverses  liranclies  chez  tous  les  peuples,  il  toutes  les 
époipies.  jus(pren  17*',).  par  J.  (jAILii  vbai».  Livraisons  îi  a  i~.  (irand  in-i"  de  chacune 
2  planches  gravées  sur  inélal.  —  l'orte  de  l'ÉrechlIiéion  ii  .Vthènes:  chain'llcs  alisidales  de 
réi;li.-e  Saint-Laurent  de  Noi:ent-sur-Seine;  porte  d'une  mai.-on  et  imposte  de  la  porte  (l'un 
liotel  à  Paris.  —  (;iia(|ue  livraison 1   fr.  7">  c. 

Ibi.  GliS.Vri».  —  .N'oiVEi.LES  HECUEHCIIKS  topoi;ra[)hi(pies.  Iiistoriipies  et  archéolofriques  sur 
«  Tauroentum  ».  et  description  de  médailles  trouvées  dans  les  ruines  et  dans  la  cam|ia_'ne  de 
celle  ville,  par  j'alihé  MMiioiRE  (îiiiAin.  chr.noine  honoraire  de  Frejus  et  de  Toulon,  niendre 
de  plusieurs  sociétés  s;ivanles.  In-s"  de  72  pages  et  d.-'  i  planches i  fr. 

185.  (iH.T.KSKLIIi.  —  C.HUisTis-.XriCii  koi.ocmi:.  Das  Piucli  \iin  Jésus  llliri^liis  urid  S!'iri'^m  wali- 
ren  Ebenbilde,  von  D'  Legi-;  Gi.irKSELir,.  .Vrchéolojrie  du  Christ.  Le  Livre  de  Jésus-Chii-t 
et  de  sa  véritable  image  .  Deux  livraisons,  ln-4"  de  KiS  pages  avec  ries  gravures  sur  bois.  La 
première  livraison,  qui  contient  la  partie  liistori<]ue  et  theologi(iue  du  livre,  est  composée  lU':^ 
cliapitres  suivants  précédés  d'une  introduclon  :  L  Jésus-Christ  et  l'f'^glise.  II.  Chronologie. 
III.  Type  de  la  figure  humaine  du  Christ.  IV.  Rapport  du  christianisme  ;i  l'art.  V.  Témoignage 
de  l'Orient  et  de  l'Occident.  VI.  Trace  des  portraits  primitifs  et  surnaturels  de  Notre-Seigneur. 
VII.  De  l'image  du  Christ  de  s;unt  Luc.  VIII.  L'image  merveilleuse  d'Édesse.  —  La  deuxième 
ot  dernière  livraison  contient  la  partie  arlisli(|ue  et  archéologique,  une  planche  en  couleur 
représentant  le  Christ  d'Édesse  en  la  posse.ssion  de  Sa  .Sainteté  le  [lape.  et  'i  images  du  Christ 
du   moven  âge.    gravi'es  sur  liois.  — L'ouvrage  complet  en  deux  livraisons l'i  fr. 

IKO.  CiROS.  —  Vu;  m:  sainte  .\nne.  mère  de  la  sainte  \ierge,  d'après  Marie  de  Jésus  d'.Vgréda 
et  d'autres  documents  authentiques,  par  l'abbé  A.  Giios,  missionnaire  apostolique.  Nouvelle 
édition,  augmentée  de  notices  sur  les  pèlerinages  d'.\pt,  de  Sainte-Anne  d'.Vuray  et  de  Poey- 
laiin.  In-24  de  loi  pages .'30  c. 

187.  HERBERT.  —  L'Inscription  de  l'arc  de  triomphe  d'Orange,  par  P.  Herbert,  membre  de 
la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'.Vveyron,  professeur  de  rhétoricpie.  Iii-.S"  de  103  pa- 
ges et  d'une  carte.  —  Inscriptions  en  lettres  de  bronze  doré  chez  les  Roinains.  Inscription  de 
l'arc  de  triomphe  d'Orange,  ses  lettres  examinées  isolément.  Groupes  de  caractères  formant  un 
mot.  Commentaire  grammatical  et  philologique.  lnscrij)tion  d'Orange  conqiarée  à  d'autres 
inscriptions  antiques,  au  point  de  vue  de  la  période.  .Même  inscription  expli(pii'e  par  les  sculp- 
tures el  par  l'histoire.  Pour  ([uels  motifs  l'arc  d'Orange  a-t-il  été  érige"? :i  fr. 

188.  JACtJUEMART  et  LE  BLAXT.  —  Histoire  artistique,  industrielle  et  commerciale  de  la 
porcelaine,  par  .Vlbert  Jacqiemart  et  Eumond  Le  Blant.  Troisième  et  dernière  livraison  de 
ce  magnifique  ouvrage,  actuellement  com|)let,  qui  forme  un  fort  volume  grand  in-i"  de  C'.IO  pa- 
ges de  texte  imprimé  en  caractères  antiques  sur  [ia[)ier  vergé  teinté,  et  de  28  planches  gravées 
à  l'eau-forte  par  Jules  Jac(juemart.  Recherches  sur  les  sujets  et  emblèmes  (pii  décorent  la  por- 
celaine. Reproduction  des  marques  el  inscriptions  qui  font  reconnaître  les  fabriques  d'où  elle 
sort.    Indication  des  différents  prix  des  principaux  objets  dans  ks  ventes,  el  des  collections 


210  ANNALES   AnCIIKOLOGI  OUES. 

qui  ks  poist'iicnl  itctiiollomjnt.  Ot  ouvrage,  outre  sa  vak'ur  historique  et  graphique,  e-1    un 
vi'iilable  manuel  (k'  ramat;nir  de  poroelaines (iil  fr. 

\H\K  LA  BitliDERlL  (de  .  —  Anmaike  historique  et  archéologique  de  Bretagne,  par  A.  dk  L\ 
liiiiii)i;niE.  Année  I8G2.  Iii-12  de  x\viii-252  pages.  —  Précis  des  origines  de  l'iiistoire  (k^ 
Bretagne  deuxième  partie,  du  V  au  i\''  sièele.  Anciennes  divisions  ecck'siastiques  de  la  Bre- 
tagne, archidiaconnés  et  doyennés,  diocèse  de  Dol.  Blhliographie  iiistorique  de  la  Bretagne 
en  ISiil i  fr. 

r.)iL  I.AKLirr.\.V.  —  EssM  historique  sur  l'antii|uile  de  la  k)i,  dans  le  diocèse  de  Baveux,  et  le 
culte  de  quelques  saints  récemment  introduits  dans  le  calendrier  liturgique  de  ce  diocèse,  par 
l'abbé  J.  Laffetav,  chanoine  de  la  cathédrale.  In-12  de  Lj6  pages.  —  Considérations  géné- 
rales. Mission  de  saint  Exupére.  Saint  Patrice.  Tombeaux  de  Saint-Esupèr;?.  Les  saints  Fram- 
bold.  Hugues.  Sulpice.  Fkixel,  Ursin,  Bertivin  Martin  de  Vertou,  Evroult,  Space,  Orlaire  el 
sainte  Ide.  Délivrance  delà  Normandie  [I4.')0i.  Découverte  en  l8o.3  d'ossements  et  de  tom- 
beaux dans  l'église  de  Saint-Exupè'-e.  Noies 2  fr. 

lyi.  LEBEL'RIEIÎ.  —  Xotici;  historique  sur  la  commune  d'.Vcquigny  avant  1790,  contenant, 
outre  les  faits  historiques,  la  topographie  féoilale,  la  description  des  monuments,  la  suite  des 
barons  issus  des  familles  de  Tosny.  Roye.  Montmorency,  Laval,  Léon,  Rohan.  Silly  et  de  Gondy, 
et  un  grand  nombre  de  documents  inédits,  par  l'alibé  P.  F.  Lebeiurier,  chanoine  honoraire 
d'Évreux  et  archiviste  de  l'Eure.  In-8"  de  \H\  pages  et  de  o  [ilanches 3  fr. 

■i;)2.  LECOMTE.  —  XoTicK  sur  la  grosse  tour  du  Havre,  dite  de  François  I•■^  par  l'abbé  Lecomtk, 
vicaire  de  Saint-François-du-Havre.  In-S»  de  'ii  pages  et  d'une  planche  représentant  la  tour 
de  François  !•'.  édifiée  en  l'jlG  par  (îuyon  Leroy,  capitaine  de  Honlleur  el  vice-amiral  de 
France,  et  démolie  en  I SC)  j I  fr.  2u  c. 

'193.  LECO.MTE.  —  Mks-iuk  J.-B.  de  (Iliel,  curé  du  Havre  1629-1719).  Le  ca|>itainD  de  Ciieu 
ou  le  premier  pied  de  café  aux  Antilles  ;  IG.S7-I774  ,  par  l'abbé  Lecomte,  vicaire  de  Saint-Fran- 
çois-du-Havre. In-8°  de  23  pages.  —  Biogra|ihies. 

194.  LUrZO\\'  ,  iiE  .  —  Die  Mei?teu\verke  der  Kirciienbaiklnst  (Les  chefs-il'œuvre  de  l'ar- 
chitecture religieuse),  par  le  D'  C.  de  Lvtzow,  professeur  de  l'histoire  de  l'art  à  l'Université 
royale  de  Munich.  ln-8°  de  vin-421  pages,  avec  des  gravures  sur  bois  dans  le  texte  et  26  grandes 
gravures  hors  du  texte.  C'est,  en  description  et  dessin,  l'histoire  de  l'architecture  cliré- 
tienne  par  les  |)lus  beaux  monuments  de  l'Europe.  Les  monuinents  dessinés  el  décrits,  au 
nombre  de  2G,  sont  :  la  basilii|ue  de  Saint-Paul  de  Rome,  Sainte-Sophie  de  Constantinople, 
Saint-.Marc  de  Venise,  les  cathédrales  de  Pise,  de  Sienne,  d'Orviéto.  de  Florence,  de  Milan,  de 
Cordoue,  de  Burgos,  de  Mayence,  de  Spire,  de  Bamberg,  de  Paris,  de  Chartres,  de  Reims, 
d'.Vmiens,  de  Rouen,  de  Strasbourg,  de  Lincoln,  d'Vork,  l'abbaye  de  Westuunster,  les  cathé- 
drales do  Fribourg  en  Brisgau,  de  Cologne,  de  Vienne  en  .\utriche,  d'.\nvers,  enfin  Saint- 
Pierre  de  Rome.  La  France  n'est  pas  mal  [)art,igée,  mais  on  aurait  pu  s'abstenir  de  glisser 
parmi  s;^s  églises,  vraiment  capitales,  le  pauvre  édifice  de  Saint-Pierre  de  Caen;  l'Abbaye  aux 
hommes,  de  la  même  ville,  eût  mieux  fait  l'affaire  de  tous.  Ce  livre  n'en  sera  pas  moins  utile 
pour  prendre  la  jilus  imposante  idée  de  l'architecture  chrétienne  en  Europe 16  fr. 

l9o.  .MA\|{  \\  E1U.'\ .  —  Essai  sur  la  numismatique  rémoise,  par  L.  .Maxe  Werlï,  membre 
honoraire  de  l'-Xcademie  imperi.de  de  Reims.  In-S"  de  82  pages  et  de  II  planches.  —  Époques 
gauloise,  mérovingienne  et  carlo\  ingienne;  tableau  clironologique  des   rois  de  France  et  des 


lillU.IOC.r.MMIlK    D'AUT   KT   DA  IICIl  K*  )  I.OC  1  K.  211 

archcviiques  (lo  Ucinis:    nuTcntix  et  jetons.   Mono^miiliic  tl'uiic  \ill('  c|iii   l'ut  tdiijoiiis  iiii|i  ir- 
lante •i  Ir. 

IIK).  MKMoiiiKS  et  ilonimeiils  piililies  par  In  Société  savoisieiiiirie  d'iiisloiic  <>t  (rareliiMiloi^ii'.  'l'ciine 
cinquième.  Iii-S"  de  'Mi',  pai,'e.<  et  de  .i  planriies  accompai;iiées  d'un  plan  de  la  ville  de  l'.liain- 
béry  vn  I77.i,  et  de  ses  forlifiealioiis  eu  Kioti.  —  .Mélanps.  Noiiee  liistori(pie  sur  l'abliavc  de 
Talluires,  |wr  Ji  i.i:s  l'iiii.ii'i'K.  liioi-'rapliie  de  .Mieliel  Sainl-.Marliii.  professeur  de  |ili\-ii]ue. 
par  F.  HiCMKiiT.  Iineriliiii'e  historique  et  ehroiiolo,L;ique  de.s  cliarles  des  archives  de  l'alili.ne  de 
Talloires.  di-esse  en  ITiil  par  .\uié  doni  Kraurois  Seriasiii.  alilii'  claustral  de  i-e  ui(iiia>tere. 
Docuuieiils  illedits  relatifs  ,'i  l,i  Savoie,  extraits  de  di\rrses  archives  de  Turin,  V'  décade,  his- 
toire féodale  de  (^haniherv',  piihlié:-  par  .V.  Diroiit.  liulletiii  liiMioj;ra|ilii(pie  de  la  Savoie, 
y  année  ,  iStitt),  reciu'illi  par  V.  K.vniT.  —  Ce  \iilunie.  couuiie  les  <|ualre  preiiiiers..  .  .      'i  Ir. 

Iy7.  MITllOI-T.  —  .Vucniv  i>i:u  Nii;in.ns  kciisisciiicn  Ki.NSTiiivSc.Hicini:  (.\rchivespinir  l'histoire  de 
l'art  dans  la  liasse  .Saxe),  par  W'ii.il.  .Mrnioi-F.  In-  folio  de  texte  ii  deux  colonnes  et  de  plaiiches. 
Publie  en  9  livraisons.  Cet  ouvraire  de  M.  larcliitecte  Miflioll  f.iit  connaître  lo  nioniinienls 
les  plu.s  ini|iortaiits  et  les  œuvres  d'art  j,'othi(pie  du  royaume  de  Hanovre,  tU-  hi  ville  de  Ha- 
novre et  do  celle  de  Goslar  particulièrement.  Le  sii'^L'e  impérial  en  [lierre  de  la  i'atli(''dr,ile  de 
(ioslar  est  une  ii'uvre  romane, -sculptée  a  jour  au  dossier  et  aux  accoudoirs,  il'un  tres-L'raiid 
iiilérèt.  Dans  le  inème  edilice  se  voient  deux  médaillons  représentant  la  .Nativité  de  Jésus  et 
.Marie  tenant  l'Hiilaut,  qui  proviennent,  .u;rande  rareté  en  .\lleiiiai;ne,  d'une  verrière  en  sl\le 
roman.  La  ta|iisserie  de  Tristan  et  d  Neult.  de  l,i  lin  du  xur  >iccle.  qui  a  ilù  èlre  faite  par  îles 
religieuses,  celle  des  chasses  ipii  doit  venir  des  mêmes  mains,  sont  des  iiionuments  ipii  révè- 
lent les  mœurs  reliiiieuses  et  féodales  du  mo\cn  âge.  Lnfin,  la  généalogie  de  sainte  .Viine  et  de 
la  Vierge,  qui  sert  de  retable  dans  l'église  de  la  Croix,  à  llanuvie.  oUre  un  beau  spécimen 
d'un  sujet  tort  curieux.  —  Les  neuf  livraisons ',)()  Ir . 

lOH.  l'.MîlS  T'.VUI.LN).  —  (iviiix  i.i:  LoilKUAi.N.  Chanson  de  geste  composce  au  xii'' siècle  par 
par  Ji:a\  di-:  Ft-viiv:  mise  en  nouveau  laiigai:e  par  .\.  I'ailin  I'aris,  membre  de  l'Institut. 
i  vol.  in-12  de  400  pages,  avec  une  table  des  noms  de  lieux  et  de  pcisonncs.  et  des  mots 
vieillis  ou  dont  le  sens  a  changé 3  ir. 

l'J'J.  PELLT.  —  RiiciiiiRCHES  sur  la  scène  antique  jiisliliees  par  l'étude  du  théâtre  d'Orange,  par 
Al'gi'ste  I'elkt.  ln-8"  de  y-i  pages,  d'un  plan  du  théâtre  romain  et  d  une  planche  des  détails 
des  diverses  parties  qui  composent  le  [ilan. 

200.  PEXGL'ILLV  L'H.VRIDON.  —  Catalogue  des  collections  composant  le  musée  d'artillrric, 
par  0.  I'englillv  l  Huudon,  ollicier  suiiérieur  d'artillerie,  conservateur  du  musée.  I  gros 
volume  in-12  de  KlKi  pages.  .Vprès  une  notice  sur  les  origines  du  musée  d'artillerie,  l'auteur 
divise  son  catalogue,  qui  contient  '■i.ii'Xi  numéros,  en  quatre  sections  :  armes  antiipies.  armes 
du  moyen  âge  et  modernes,  artillerie,  machines  et  instruments.  Chacune  de  ces  sections  est  à 
son  tour  subdivisée  en  séries  réunissant  toutes  les  armes  de  même  sorte,  et  |irécédées  de 
notices  historiques  résumant  l'étal  actuel  de  la  science t  fr.  oO  c. 

201.  PlÉKAIîT.  —  (JciiiR  COMPLET  iir  toihlstë  et  de  l'archéologue  sur  le  chemin  de  fer  de 
Saint-Ouentin  à  .Maubeuge,  [lar  Z.  .1.  Pilraht.  Ouvrage  cnmpi'enaiil  la  description  des  champs 
de  bataille  de  Wattii:nies  et  de  .Malplaqiiet,  aux  lieux  oii  .Iules  César  et  Ouiiitus  Ciceron  com- 
battirent les  Nerviens,  avec  le  réi-it  détaillé  do  ces  événenieiits;  diverses  autres  excursions 
dans  l'arrondissement  d'Avesncs.  l'histoire  des  villes  d'.\vesnes.  de  Maubeuge,  de  Bavai,  du 
Ouesnoy,  de  Landiecies.  du  Cateau.  etc.,  des  abbaves  d'ilaiitiiioiit  et  de  Liessies,  et  un  aperçu 
des  inu'urs.  coutumes,  fêtes,  jeux  et   patois  de    l'ariondissemcnt    d  .\vesnes.   I    vol.   ïn-f>"  de 


212  ANNALES    ARCIIEOLOGIQUES. 

386  pages,  ;ivoc  une  carte  de  larrondissement  d'Avesnes  contenant,  en  onlre,  le  plan  do  Mau- 
l)eM;,'e  en  1300,  le  camp  romain  d,^  Rouveroy,  et  le  jilan  du  Ihéàlre  de  l,i  liataille  li\rée  par  le-; 
Ner\  iens  à  César fi  fi'. 

2i>i.  l'OTTlIîR.  —  DiiScnii'Tiox  d'ink  VEitisiLRi;  de  l'église  Sainl-Viricent  de  Rouen,  nouvelle- 
ment restaurée,  re|)résentant  une  allégorie  mystique,  par  M.  AxiiRii  PoTriiiii,  conservateur  de 
la  liil)liotliéque  publique  et  du  musée  departemenlal  d'antiquités  de  Rouen.  In-S"  de  îi  pages. 

"20  i.  P()TT1I;R.  —  Ri;sT,xuRATioN  dr  la  fontaink  de  Jeanne  d'.Vrc,  sur  la  place  de  la  l'ucelle,  ii 
Rouen,  par. M.  .Vndré  Pottier.  In-8"  de  \o  jiages. 

'ÎOi.  POUSSIN.  —  M\NCi".i.  classique  darclieilogie  clirelienne  ilepuis  Jesus-Ohrist  jui(prii  nos 
jours,  p.ir  l'aljhé  Poussi.N,  professeur  d'archéologie  au  séminaire  do  Reims.  —  Ouvrage  com- 
prenant des  notions  sur  l'arcliitecture  de  chaque  époipie,  une  étude  sur  le  mobilier  des  églises, 
un  appendice  sur  la  peinlure  sur  verre  et  suivi  d'un  petit  diclionnaiie  e\|ili(iuant  chaque 
expression  technique  euiplovée  dans  le  «  Manuel  ».  I  vol.  iu-S"  de  02  |iages  et  de  10  planches, 
conq)renaiit  1 30  objets  dilTerents î  fr. 

20'j.  RICKM.\N.  —  (ioTuic  ARcniricc.TiRE.  Les  différents  styles  d'architecture  gothi(]ue  en  .Vn- 
gleterre,  depuis  la  (àiiiquète  jusqu'il  la  Réforme,  avec  un  essai  sur  les  ordres  grecs  el  romains, 
par  feu  Thomas  Ric.k.man.  Sixième  édition,  a\ec  des  additions  considérables,  par  J.  H.  Parker. 

1  vol.  in-8"  relie  eu  toile  el  doré  en  tète,  contenant  iOO  pages,  3')  planches,  et  plus  de  000  gra- 
vures sur  bois  dans  le  texte,  .Vprès  une  iutinducliiui  et  un  traiti'  sur  l'architecture  grecque, 
l'auteur  aborde  l'archilocture  gothique  anglai.se  et,  avant  tout,  l'architecture  anglosaxonne 
com|)renant  les  monuments  ele\és  avant  la  conquête  normande.  Puis  il  établit  quatre  divisions  : 
la  prennère.  ou  style  normand.  ,i  la(|uelle  il  assigne  une  di  rée  de  cent  vingt-quatre  années 
environ,  de  106G  ii  1 189;  la  douxiènu",  ou  [)romier  style  anglais,  durant  environ  cent-dix-sepl 
ans,  de  1189  ii  1307;  la  tioisièuie,  ou  slyle  décoré,  de  L307  il  1399;  la  quatrième,  ou  style 
perpendiculaire,  occupant  tout  le  x\''  et  la  moiiié  du  wi'-  siècle.  Des  exemples  étrangers,  pris 
principalement  en  France,  en  Allemagne  et  en  Italie,  servent  de  comparaison  aux  diflérentes 
époqu(^s.  Une  table  générale  et  un  index  topographique  terminent  ce  bel  et  instructif  ouvrage. 

'20().  ROSSIGNOL.  —  Trois  dissertations.  Sur  l'inscription  de  Delphes  citée  par  Pline.  A  ce 
suji't  :  Histoire  de  l'alphabet  grec.  Recherches  sur  les  dîmes  sacrées.  Restitution  d'une  inscrip- 
tion en  vers  anapesliipies.  —  Sur  l'ouvrage  d'Anaximènes  de  Lampsaque,  intitulé  :  «  Des 
|ieinlures  antiipies  ».  A  ce  sujet  :  de  l'influence  do  la  religion  et  de  la  poésie  sur  les  œuvres 
d'art,  et  de  l'influence  dos  œuvres  d'art  sur  la  religion  et  la  poésie.  Ouvrages  des  anciens  qui 
avaient  [lour  litre  :  "  Des  peintres  et  des  statuaires  ».  —  Sur  la  signature  des  œuvres  d'art 
chez  les  anciens.  A  ce  sujet  :  de  la  valeur  des  temps  du  verbe  grec.  Les  artistes  se  préoccu- 
pérenl-ils  de  l'idée  de  niodeslio  ou  de  \anilé,  dans  la  forme  de  leurs  inscriptions?  Fut-il  inter- 
dit aux  artistes  de  l'antiquité  de  signer  leurs  œuvres?  par  J.-P.  Rossionoi,,  membre  de  l'In- 
stiluf.  ln-8°  de  x-182  [)ages  et  d'une  planche 3  fr. 

207.  SAINT-ANDÉOL  Joe).  —  U-NR  égiise  cATiiÉnnALE  du  v  siècle  et  son  baplisièro.  Saint- 
Étii'nne-do-Mélas   (Ardéche),  par  le  vicomte  F.  »e  Saixt-.Vx»:  oe.  In-8"  de  23  pages  et  de 

2  planches  représentant  le  plan,  l'église  et  le  baptistère  de  Saint-Étienne 1   fr. 

208.  SMNT-L.VUliKNT  ^de).  —  Du  réalisue  el  du  symbolisme  dans  l'art  chrétien,  par  IL  (ini- 
M0UARD  DE  Saint-Laurent.  In-S"  de  29  pages 1  fr. 


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ÉTUDE  SLR  LES  CLOCHES 


LETTHE     Vf     niRtCTELR     DES     ('    ANNALES    A  RCll  KO  LOG  1  0  L  E  S  )/ . 

Monsieur, 

Je  ne  sais  trop  si  les  documents  que  je  vous  adresse  aujourd'hui,  au  sujet 
des  cloches,  seront  d'un  bien  grand  intérêt  pour  les  lecteurs  des  «  Annales  ». 
Je  crains  fort,  au  contraire,  que  cette  longue  série  d'inscriptions,  peu  variées 
quoique  curieuses,  recueillies  sur  des  objets  de  même  nature  et  souvent  d'une 
même  époque,  ne  paraisse  monotone  et  fastidieuse.  Pour  animer  quelque  peu 
un  sujet  comme  celui-ci;  pour  lui  donner  quelque  atlrait,  en  faire  jaillir  des 
remarques  et  des  considérations  intéressantes,  il  faudrait  de  la  science  et  du 
style.  Je  n'ai  malheureusement  à  ma  disposition  ni  l'une  ni  l'autre,  et  je  dois 
vous  avouer  que  j'hésile  fort  à  vous  adi'esser  des  notes  qui  n'ont  d'autre  mé- 
rite peut-être  que  d'avoir  été  recueillies  au  milieu  de  dangers  assez  sérieux, 
en  riscjuant  souvent  de  me  casser  bras  ou  jambes.  Cependant,  puisque  vous 
désirez  ces  documents,  je  vous  les  livre,  mais  à  peu  près  tels  qu'ils  ont  été 
conquis,  c'est-à-dire  privés  de  toute  considération,  de  tout  développement 
scientifique.  Libre  à  vous,  cher  monsieur,  d'y  répandre  la  lumière  par  quel- 
ques notes,  si  vous  le  jugez  utile.  Toutefois,  pour  suppléer  à  mon  insutri- 
sance  scientifique,  et  même  la  faire  oublier,  s'il  se  peut,  permettez-moi  de 
joindre  à  cette  notice,  aux  descriptions  peu  variées  des  cloches,  aux  im])res- 
sions  éprouvées  en  face  de  ces  instruments  sonores  pom-  lesquels  j'ai  une 
sorte  de  prédilection,  permettez-moi,  dis-je.  de  joindre  un  certain  nombre 
de  petits  croquis  sur  bois  représentant  des  fragments  d'inscriptions,  des 
lettres  isolées,  des  profils,  des  sceaux,  des  personnages  modelés  en  relief 
sur  les  vieux  monuments  de  bronze  dont  il  ma  été  possible  de  constater  làge 
et  le  mérite. 

N'avez-vous  pas  dit  autrefois  (j'ai  oublié  dans  quel  volume  des  <(  An- 
Xiii.  28 


21'i  ANN\LES   ARClIKOLOfilOUES. 

nali's  "  )  que  si  l'iiidirrérence  c\  la  pai'csse  iravairiit  jusqu'ici  euipiM-lK'  les 
arrliédlogues  de  nionlei-  dans  les  eloclicrs.  on  secait  étenné  du  si'and  nombre 
de  \ieilles  rlociics  (ju'ils  renfernienl  encore?  Vous  avez  dit  vrai  :  il  e\isle 
cncon^.  en  dlel.  ini  f^-rand  nonibro  do  clorhes  anciennes.  Celles  doni  jo  vais 
vous  entretenir  en  seraient  une  jjreuve  au  bes(jin  ;  mais  il  nie  scmi)le.  je  dois 
vous  l'avouer,  que  vous  ave/,  été  bien  sévère  pour  les  pauvres  archéologues 
<[ui.  mal2,'ré  leur  zèle,  ont  t'ait  acte  de  prudence  et  se  sont  abstenus.  Vous 
n'ignorez  pas  combien  il  est  |)(''nible.  souvent  dangereux,  de  monter  dans  de 
\iru\  cliicliors  dont  l'oscalicr  délaliré.  obscur,  est  en  général  d'un  aspect  peu 
rassurant.  Vous  n'ignorez  |)as  non  plus  (|ue  les  clochers  sont  parfois  privés 
même  d'escalici'.  et  (|u'il  n'ost  pos>ii)l(."  d'arriver  aupi'ès  des  cloches  qu'à 
l'aide  d'échelles  rusti(iues  dont  la  solidité  est  fort  contestable.  Convenez  donc 
aujourd'hui  avec  moi  que  vous  fûtes  jadis  trop  sévère  envers  les  archéologues 
assez  prudents  pour  hi'silei'  devant  inio  mission  pénible  et  souvent  dangereuse. 
Convenez  qui-  la  poussière,  l'huile  ou  la  graisse  que  l'on  recui^'lle  en  ces  hauts 
lieux  doivent  l'cndre  l'i'tude  des  ancii'nncs  cloches  chose  peu  attrayante  et 
assez  négligée.  —  Ceci  dit.  peut-être  pour  relever  le  peu  de  UK-rite  cjue  j'ai 
eu  à  gravii'  l'escalier  tortueux  des  clochers  et  des  belTrois.  je  passe  aux  inscrip- 
tions cam|)anaires  (|ue  j'ai  pu  recueilli)';  avec  celles  que  vous  avez  déjà  pu- 
liliées.  elles  combleront  un  peu  la  lacune  (|ue  maintes  fois  je  vous  ai  entendu 
regretter  à  pro|)OS  de  cet  instrument  poéti((ue  et  vraiment  chrétien,  pour 
lequel  nous  éprouvons,  vous  et  moi,  une  sorte  de  vénération. 

Si  l'abbé  Thiers.  le  savant  liturgiste.  existait  encore,  je  risquerais  fort  d'en- 
courir, par  cet  aveu  où  je  vous  mets  de  moitié  sans  y  être  autorisé,  je  risquerais 
fort.  <lis-je.  d'enc(jurir  les  plus  amers  reproches,  les  malédictions  les  plus 
graves.  Kn  elTet.  je  lis  dans  le  «  Ti'aité'  des  supi'rstitions  »  le  |)assage  suivant, 
([ui  est  loin  de  témoigner  une  grande  admii-alion  pour  notre  instrument  préféré, 
et  pour  ceux  qui  aiment  à  l'entendre;  vous  pouvez  en  juger  :  «  Le  petit  peuple 
et  la  canaille  accourent  en  foule  de  toutes  parts  à  l'église,  non  pour  prier,  mais 
pour  sonner.  Car  il  faut  remarquer,  en  passant,  que  les  gens  les  plus  gros- 
siers sont  ceux  (|ui  aiment  davantage  les  cloches  et  le  son  des  cloches.  » 
Voilà  qui  est  dit  sans  détours  et  en  termes  précis.  11  ajoute  encore  un  peu 
plus  loin  :  <i  Les  paysans,  les  gens  de  basses  conditions,  les  enfants,  les  sourds 
et  muets  aiment  beaucoup  à  sonner  les  cloches  ou  à  les  entendre  sonner.  Les 
personnes  spirituelles  n'ont  pas  de  penchant  pour  cela.  Le  son  des  cloches  les 
importune,  les  incommode,  leur  fait  mal  à  la  tète,  les  étourdit.  »  N'est-il  pas 
vraiment  héroïque  d'avouer,  après  la  lecture  de  ce  passage,  qu'on  aime  les 
cloches  et  le  son  des  cloclies?  .Tointe  à  la  difficulté  vraiment  sérieuse  d'appro- 


KTIDK   Sri!   l.i:S   CLOCIIKS.  21  j 

cluM-  de  ces  iMsIi-iniirnls  .  cclli"  \  ii^niirciisc  boutade  ifesl-elle  pdiiil  l'aile,  en 
vérité,  pour  ilé-coura^-er  même  les  plus  ardciils?  C.ommeiil  voulez.- vous  (|ue 
l'on  (''ludi(H'arl  l'aiiipauniro.' poiu'  peu  ([u'oii  croii'  a\oir  <'s|)iil  ou  naissance? 
M;df;ré  ce  superl)e  di'-dain  (|iie  Thiers.  du  ivsl(\  n'a  pas  été  le  seul  à  e\|)i'iniei'. 
il  ncn  l'aiil  pas  moins  persisler  à  aimer  ce  <j;\-a\e  cl  mélodieux  inslriimenl;  cl 
les  i!;ens  du  moyen  ài;e,  (|ui  ne  le  d(''leslaieul  jias  non  ])lus.  diu'ent  (_mi  fondre 
une  (luanlilé  vraiment  prodiu;ieuse  |)our  (ju'il  eu  reste  encore,  malgré  les  acci- 
dents et  les  |-i''Volutions.  mi  nombre  si  considé'rable. 

Mais  ce  n'est  pa-;  tout.  .Fai  encore  à  co'ur  de  prou\çi'  f|u'en  di'pil  de  Topi- 
nion  du  savant  litiirg'iste  ou  peut  être  lionnue  d'esprit,  voire  mènK^  de  ;j;(''nic. 
et  montrer  quel(|ue  <;-(h'iI  poui'  riiisliMuiient  qui  nous  eccni)(.\  -^"■'^•'^i  vous  de- 
manderai-je  la  permission  d"(;n  citei'  ici  im  e\einpk'  (|ui.  à  lui  seul,  on  \;uit 
plusi(Mn's  eu  l'aison  do  rimportaiice  du  persomia.ie.  I/empereur  Napoléon  V 
aimait  beaucoup  le  son  des  cloches,  et  di\ei'schroni(|uem's  rap|)orlenl  t\U(\  lors- 
([u'il  était  consul  et  habitait  le  château  de  la  Malmaison,  il  aimait  à  entendre 
sonner  la  petite  cloche  de  Rueil.  sa  paroisse.  (^Jiaque  t'ois  ([ue,  dans  ses  pro- 
menadi's.  le  son  de  ce  modeste  insli-ument  \euail  frapper  son  oreille,  il  s'arrê- 
tait ému.  recueilli,  et  ne  repi"enail  souvent  sa  marche  (|ue  loni;1(.'mps  après 
([lie  le  son  de  l'airain  avait  cessé  de  retenlii-.  i'Ius  tai'd.  à  Sainte-Hélène. 
riionmie  de  g"i''uie  regrettait  encore  l(^  son  touchant  delà  cloche  de  liiu'il.  (pTil 
ne  devaif  plus  entendre.  Après  cet  exemple,  il  ne  faut  pas  dout(>i-  qu'il  nous 
soit  peiMiiis  d'aimer  en  toute  sé'curit<''.  sans  l'eciouler  d'être  assimilé's  à  la  ca- 
naille, nos  belli's  et  ctn-ieuses  cloches  anciennes.  |)i-écicuses  à  tant  de  titres  '. 

Maintenant,  une  chose  m'emliarrasse  !  Dois- je  classer  par  ordre  d'ancicn- 
iielé  toutes  ces  diverses  inscri|)ti<ins  recueillies  dans  des  |)ro\iuces  souvent  foi'l 
éloignées  les  unes  des  autres,  ou  dois-je  l(>s  pn'senter  un  peu  au  hn-ard.  sans 
tenir  compte  de  leui-  importance  et  de  ieiu'  mi'i-ile  respectif '.' .le  crois  que  la 
classiticalion  pai'  oi-ch'e  d'ancienneté  permetti'a  d'établir  dans  ces  lignes  plus 
d'ordre  et  de  clart('. 

Dans  toutes  mes  excursions,  je  n'ai  pu.  à  mou  grand  regret,  rencontrer 

1.  Niipolcon  T'.  I';ulmir;it(nir  cxagoit!  d'Ossian,  n'otait  |>as  iii.spiisiljlo  au  <oullli'  do  la  poi-sip 
du  XIX''  siècle.  Si  le  liturgiste  Thiers  el  ses  conlemporaius  de  uiis('"ral)le  i;oiU  n'aiinaient  pas  le 
son  (les  cloches,  [)as  plus  ([u'ils  n'aimaient  et  ne  conipreuaienl  les  monuments  cin-étieus  eu  géné- 
ral et  ceux  du  moyeu  àiie  en  particulier,  Chateautiriand.  Lnmarline.  Vic'or  IIulto,  [)()ur  ne  citer 
que  les  trois  géants,  ont  cliangé  à  tout  jamais  l'estlieti([ue  du  uKnide.  Désormais  on  ose  comparer 
la  cathédrale  de  Reims  au  parlliénon  d'-Vlliènes ;  désormais  Itiarinouie  de  nos  volées  de  cloclies 
et  la  tempO'te  aérienne  de  nos  bourdons  élèvent  dans  nos  âmes  des  sentuueiits  doux  et  forts 
comme  riiannonie  des  l'orèls  ou  les  orages  (1(;  la  uier.  Nous  sommes  donc  redeverius  la  "canaille» 
de  Tliiers,  et,  sous  ce  rapport,  nous  espérons  rester  toujours  canaille.     [Xole  de  M.  Diilroii.) 


210 


ANNALES  ARCHKOLOGIOUES. 


qu'une  seuk^  cloche  du  xiir  siècle.  Il  faut  conclure  de  ce  fait  que  les  cloches 
de  cette  époque  sont  assez  rares.  Le  plus  ancien  monument  campanaire  ([U  il 
m'a  été  donné  de  contempler  date  de  l'an  1202;  c'est  la  cloche  de  la  petite 
paroisse  de  Fontenailles.  aujonrd'lmi  déposée  dans  une  salle  du  musée  de 
Baveux.  Tous  la  connaissez  déjà,  je  suppose,  par  la  notice  de  M.  G.  Villers. 
publiée  dans  le  »  Bulletin  Monumental  »  de  U.  de  Caumont.  Je  me  sens, 
malgré  cela,  entraîné  à  vous  parler  encore  de  cette  intéressante  cloche,  la 
plus  ancienne  qui  ait  été  signalée  en  France;  d'abord,  parce  que  le  dessin 
publié  dans  le  «  Bulletin  »  laisse  fort  à  désirer  au  point  de  vue  de  l'exacti- 


CLOr.lIE     DE     FONTENAILLES,     DE     LAN     120; 
Au  musi'e  de  Biiveus. 


es  M 


tude ,  et  ensuite  parce  ([ue  la  description  d'ailleurs  fort  remarcjuaJjIe  con- 
tient, il  m'a  semblé  aussi,  une  erreur  assez  grave  au  sujet  des  caractères  de 
l'inscription.  Ce  vénérable  monument  était  suspendu  dans  la  tour  de  l'église, 
ou  plutôt  de  la  chapelle  de  Fontenailles,  à  8  kilomètres  de  Baveux.  Par  suite 
du  mauvais  état  de  son  bell'roi,  cette  cloche  est  tombée  il  y  a  quel([ues  années, 
et  sa  chute  a  déterminé  au  milieu  du  vase  une  fêlure  horizontale  qui  nous 
privera  à  jamais  d'en  entendre  le  véritable  son.  Grâce  à  M.  G.  Villers  et  à 
d'autres  archéologues  normands,  ce  précieux  monument  du  xiii°  siècle  n'a 


Kn'DK   sri!   I.KS   CLOr.llKS.  217 

plus  à  redouter  d"è(i-e  fondu  comme  il  en  était  ciuestioii;  il  est  déposé,  je  Ta! 
dit.  au  musée  de  la  ville  de  Baveux,  tout  près  de  la  <'élèl)re  et  précieuse  tapis- 
serie historique  représentant  la  con(iuète  d'Angleterre. 

J'ai  vu,  posée  sur  son  trépied  de  bois,  la  cloche  fêlée  de  Fontenailles. 
Je  l'ai  longuement  contemplée,  étudiée,  |)renant  force  notes.  Je  ne  comptais 
pas  la  reproduire  par  la  gravure  ;  mais,  en  regardant  le  dessin  si  inexact  du 
<i  Bulletin  »,  j'ai  cru  utilo  de  me  mi'tlr(,'  ;i  ra'uvr(;  et  de  dessiner  de  nouveau 
l'instrument  métalli([ue.  Vous  pouvez  voir,  en  comparani  les  deux  dessins. 
qu'il  était  à  peu  près  impossible  de  ne  pas  restituer  à  la  i)lus  ancienne  cloche 
de  France  sa  véritable  forme  et  ses  exactes  dimensions. 

M.  G.  Villers  nous  dit.  dans  son  intéressante  notice,  que  la  cloche  en  cpies- 
tion  peut  être  évaluée  au  poids  de  2.")()  kilog.  Je  ne  sais  si  cette  évaluation  est 
exacte;  dans  tous  les  cas,  il  serait  bien  facile  de  s'en  assurer,  maiiilenant 
qu'elle  est  descendue  de  son  belTroi.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle  était  la 
plus  petite  des  trois  cloches,  composant  la  sonnerie  de  Fontenailles  avant  la 
révolution  de  1789;  et  c'est  grâce  à  sa  petite  dimension  qu'elle  put  échap- 
per à  la  destruction.  Fondue  d'un  seul  jet.  comme  cela  a  dû  se  faire  en  tout 
temps  pour  ces  sortes  de  vases,  la  cloche  de  Fontenailles  mesure  en  hauteur 
67  cent.,  depuis  sa  base  jusqu'au  sommet  du  cerveau.  Son  diamètre  à  la 
base,  ou  extrémité  de  la  patte,  est  de  65  cent.  La  coupe,  que  je  mets  en 
regard  de  l'élévation,  donne  l'épaisseur  des  diverses  parties.  On  voit,  à  l'exa- 
men du  dessin,  que  depuis  le  commencement  du  xiii'"  siècle  la  forme  géné- 
rale des  cloches  n'a  pas  considérablement  varié.  Ce  qui  pourrait  distinguer 
celle-ci  des  autres  pièces  sonores  dont  je  vais  vous  entretenir,  c'est  la  foi'me 
ronde  du  cerveau,  assez  semblable  à  une  calotte,  ainsi  que  le  vaste  anneau 
de  suspension  auquel  sont  fixées  quatre  anses  doubles.  Il  faut  bien  l'avouer, 
la  forme  générale  de  notre  cloche  n'est  ni  belle,  ni  sévère  :  la  courbure  du 
vase  est  trop  roide,  et  la  patte  a  bien  de  l'importance.  Quant  à  l'inscription 
placée  à  la  base  du  cerveau,  elle  est  certainement  des  plus  curieuses;  et, 
chose  singulière,  je  l'ai  retrouvée  modelée,  en  d'autres  caractères  bien  en- 
tendu, sur  une  cloche  bourguignonne  du  xv!!""  siècle.  La  voici  au  (juart  d'exé- 
cution avec  ses  nombreuses  abréviations.  On  ne  peut  lui  donner  une  autre 
interprétation  que  celle-ci  :  cuuistls  vi.xcrr.  curistls  régnât,  chuistis 
IMPEKAT.  MiLLESiMO  DLCE.NTESiMO  SECUNDO.  Ccs  lettres,  clout  je  crois  avoir 
scrupuleusement  reproduit  la  forme,  sont,  malgré  leur  iri-égularité,  des  ma- 
juscules romaines  :  le  T  du  mot  «  imperat  »  prend  déjà  cependant  la  forme 
qu'il  conservera  pendant  le  xin'  et  le  xiV  siècle.  «  Un  caractère  tout  parti- 
culier (dit  y\.   Villers)  rend  celte  inscription  curieuse  :   c'est  la  singulière 


218 


ANNALES   Ali  Cil  KO  LOfi  10  11  ES. 


DriK'ineiit.iliiHi  (|iii  pirside  à  son  ensenil)l(\  l.;i  roniic  de  cliacun  dos  inciiilires 
des  caractèl-es  semble  avoir  été  inspirée  par  relie  d'osseiiieiils  hiiiiiaiiis. 
de  léinui's  contournés  suivant  le  tracé'  des  lettres  et  dont  les  condyles  créent 
un  ornement  aux  exirémilés.  In  simple  caprice  inspira- t-il  cette  liizarre 
décoi'alion  à  la  main  du  fondeur,  ou  bien  la  cloche,  oniée  de  ces  carac- 
tères lugubrement  Heuris.  avait-elle  une  anéclation  spécialement  funèbre?  » 
M.  Villers  me  paraît  être  ici  dans  rei'j-eui'.  Ja^s  caractères  de  la  cloche  de 
l''onfenailles  sont  façonnés,  comme  ceux  qui  exislaienl  sur  la  cloche  de  Mois- 
sac,  avec  deux  (Ilots  de  cire  appli([ués  sur  le  modèle  et  terminés  à  leur  extré- 

1.    —    INSClIll'TKl  N     llE     L\    CI.CHMll.;     |i  IC     F  O  \  T  i:  N  A  I  L  I.  E  S. 

(■ur.i.t;'rcN  lie  l'.in  li.fi,  ,iu  qiKirl  Jb  l'exérutiuii. 


a=) 


iiinl|i^T7C>''iHril|IHIIiiM.i'll.' 


Q^ 


mité  par  une  petite  spirale  ou  volute. —  Mais  de  là  à  des  ossements  humains, 
il  y  a  loin  assurémiMit.  Il  est  vrai  ({ue  des  cloches  ont  eu  pour  mission  de  son- 
ner spécialement  pour  les  morts  :  la  cIocIk'  de  Bayeux.  (|ui  portait  le  nom  de 
niortitaire,  y'iewi  en  témoigner;  mais  si  celle  de  Fontenailles  avait  une  aussi 
lugubre  destination,  ce  ne  sont  |)oint  les  caractères  de  son  inscription  qui 
viendraient  le  révéler.  —  (^)uant  à  la  (lualité  du  métal,  il  est  dillicilo  de  l'ap- 
précier, l'instrument  cnlier  étant  hirtement  oxydé. 

A  propos  de  l'inscription  de  la  cloche  de  Fontenailles,  je  viens  de  citer 
plus  haut  la  cloche  de  l'abbaye  de  Moissac,  que  les  «  Annales  Archéolo- 
gi(iues  n  ont  fait  connaître  par  un  dessin  de  M.  Viollet-le-Duc  ^.  Ce  remar- 
quable instrument,  qui.  vous  le  savez,  n'existe  ])lus.  était  plus  précieux  encore 
que  la  cloche  normande.  Son  inscription,  par  exemple,  pouvait  passer  pour 
une   merveilleuse  page  d'épigraphie  campanaire;  et   il   m'a  toujours  paru 


1.  Voir  le-;  «  Annale.-;  Archéologiques  »,  vol.  xvi.  p.  325. 


KTCDK   sn;    I.KS    CLOniKS.  219 

regrettable,  je  dois  vous  l'avouer,  (jue '■M.  Viollel-le-Duc  n'ai!  pas  pensé  à 
développer  cette  belle  inscription  dans  une  seconde  planclie.  l/ensenil)le  de 
ce  monument  de  bronze.  ;j;rav(' à  nno  échelle  assez  i^rande  quant  à  la  l'orme 
générale  iH  au\' prolils.  deviciil  insull'isanl  .  cependant .  pmn'  doniK^r  une  idée 
exacte  tie  la  ricliesse  et  de  r(Hi'<;'ance  di's  lettres  d(>  l'inscriplinn.  NOus  n'igno- 
rez pas  (|ne  M.  \  iolli'l-lc-Duc  a  l'ail  don  an  miisé(;  de  (^luny  d'un  csiani- 
page  en  plâtre,  parl'ailemcnt  réussi,  de  la  précieuse  inscription  de  Moissac. 
En  examinant  dernièrement  encore  ce  beau  monlagi'.  y',  pensais  à  compléter 
d'une  seconde  planche  l'illustration  de  la  cKw-he  du  xiir'  siècle  commencée 
|iar  les  <i  Annales  Archéologic|ues  »..rai  donc,  sans  plus  de  t'ormalit(''s.  disposé 
sur  le  nîétal  ces  i)elles  lettres  lleuronm-es  si  iim'es  et  si  i''léganles  ;  et  j'ose 
espérer  (pie  ni  vous,  ni  les  lecteurs  des  «  Annales  ».  ne  me  saurez  mauvais 
gré  d'avoir  osé  compléter  un  travail  commencé  par  M.  Viollet-le-l)uc. 

L'inscription  supérieure,  composée  des  trois  mots  -j-  s\i,vk  iii;(;in\  aiisk- 
lUCORDiP..  a  été  tracée  an  moyen  de  petits  likîts  de  ciie  applicpi/'s  sur  le 
modèle  de  la  cloche  ;  et  l'on  ]ieut  voir  comment,  avec  ce  proci'dé,  le  l'ondi'ur, 
ou  |)luiôl  l'artiste  du  xiii''  siècle,  sut  varier  à  l'inthii  chacune  (h's  jolies  jellres 
de  la  pieuse  invocation.  M.  Viollet-le-IJuc.  (jui  montre  aussi  dans  sou  ':  Dic- 
tionnaire d'architecture  )>  une  de  ces  lettres  de  grandeui-  même  d'exécution, 
ajoute  que  «  la  fonte  de  celte  cloche  était  tellement  pui-e.  que  tous  les  lins 
linéaments  de  ces  letln^s  iMaienl  |iarl'ail(Mnenl  \enns.  et  les  sceanv  aussi  nets 
([u'une  empreinte  de  cire  d'Espagne'  ».  Kn  ell'et.  l'estampage  exécnli'  sm- 
la  cloche  de  Moissac  est  lui-même  d'une  grande  finesse,  et  vient  conlirnu^r  le 
dire  de  l'énn'nenl  architecte.  La  seconde  ligne  <le  rinscri|)tion .  tout  l'ii  n'of- 
frant pas  le  même  intérêt  artistique  (|ue  la  première,  est  cependant  drr^  pins 
remarquables  :  elle  montre  des  lettres  d'une  forme  ti'ès-élégante;  ell(>  indicpie. 
de  plus,  l'âge  di;  la  cloclu;  (M  nomme  l'aiiisle  (jui  fondit  en  même  temps  li's 
autres  instruments  de  bronze,  compagnons  de  celui-ci  ;  insirumenis  (|in  j)or- 
taient,  selon  toute  probabilité,  le  nom  des  apôtres  du  Christ.  La  clo('he  de 
l'église  abbatiale  de  Moissac  était  la  seule,  paraît-il,  des  douze  vases  fondus 
par  Godefroid,  qui  ait  pu  parvenir  jnstprà  nous.  L'année  1<S'|5  vit  sa  lin  :  elh- 
fut  fêlée  |)ar  des  sonneurs  tro|)  ai'dents  et  refondue  peu  de  temps  a|)rès  ; 
«  mais  on  se  garda  bien,  »  dit  encore  M.  Viollet-le-Duc.  «  de  lui  doini(>r  son 
ancienne  forme  » . 

L'inscription  en  lettres  lleuries,  l'invocation  à  Marie,  reine  de  la  miséri- 
corde 2.  est  [)récédée  d'mie  croix  et  d'un  médaillon  à  deux  [)ointcs,  au  milieu 

1.  «  Dictionnaire  d'arcliilcclurc  »,  vol.  m,  p.  i8l. 
î.  Voir  la  [ilanciio  mise  en  tùlc  de  cet  article. 


220 


ANNALES   ARCllKOLOGIOUES. 


duquel  j'ai  cm  voir,  sous  un  dais  porté  par  deux  colonneltes,  l'apùtre  saint 
Paul  ou  peut-être  même  saint  Pierre,  car  le  personnage  en  question  me  paraît 
tenir  en  main  des  clefs  et  non  une  épce.  —  Cependant,  si  on  en  croit  l'inscrip- 
liiui.  c'est  saint  Paul  que  nous  devrions  voii-  ici  :  malheureusement,  la  légende 
modelée  sur  la  hurdure  de  ce  sceau,  légende  qui  aurai!  pu  nous  renseigner  à 
ce  sujet,  est  complètement  illisible.  Vient  ensuite,  entre  les  mots  salve  et 
liF.ciNA .  un  second  médaillon,  circulaire  cette  fois,  entoui'é  d'une  inscription 
également  illisible,  mais  au  centre  de  kupielle  on  voit  très-distinctement  une 
petite  clochette,  entourée  d'un  cordon  quadrilobé.  Ce  doit  être  la  marque  et 
comme  le  sceau  du  fondeur,  ([u'on  l'etrouve  encore  à  la  fin  même  de  l'invoca- 
tion à.  la  vierge  Marie.  Un  autre  médaillon  à  deux  |)ointes,  placé  après  le 
mot  UEGiNA,  m'a  paru  contenir  une  tète  humaine  entourée  d'ailes  enlacées  et 
accompagnée,  peut-être,  de  l'aigle,  du  lion  et  du  bœuf,  attributs  des  évangé- 
listes  ;  ce  serait,  dans  ce  cas.  un  véi'itable  tétramorphe  comme  les  Byzantins 
aiment  à  le  figurer.  Il  est  impossible  de  rien  affirmera  ce  sujet,  car  l'estam- 
page, malgré  sa  parfaite  réussite,  ne  donne,  quant  à  ces  médaillons,  qu'un 
modelé  vague  et  assez  infumie.  Enfin,  on  remarque,  après  le  mot  miseri- 
CORDIE,  une  jolie  petite  vierge  assise  que  je  reproduis  ici  de  grandeur  même 

•  î.    —    SCEAU     DE     LA     VIElUiE,     S  i:  U     I.  \     l'.LOCIlE     DE    MOISSAC. 
(irandeiir  iruxt-nitioti. 


de  l'exécution.  Entourée  d'ini  oi'le  à  deux  pointes. 'elle  tient  en  main  un 
sceptre  terminé  par  une  Heur  de  lis.  1/enfant  Dieu  est  assis  sur  les  genoux  de 
sa  mère  et  paraît  tenir  quelque  jouet  de  la  main  gauche;  la  droite  doit  être 
bénissante.  —  Il  est  nimbé,  ainsi  que  la  Vierge.  Quant  à  la  légende,  il  est 
absolument  impossible  de  la  déchiffrer;  mais  je  ne  sais  pourquoi  je  me  figure 
qu'elle  l'épètc  les  trois  mots  :  sm.ve  i\k(;l\a  misericoudie. 


Kiinr.  SI  i{  LES  ci.ociii'.s.  221 

J>a  ?ccoii(!e  li.niic  de  riiiscriplidii  i^ûiiéralo  se  lit  ainsi  : 

ANNO    noMIM    MII.LESIMC)    ((     |,\\    Ti:i;i  lo    f.  UFRIIIVS    MK     rrclT     ICT    SOrlns     MKCIS    l'WI.VS    VOCCU 

Elle  est  iiKidcl/'c  (^n  cai-aclri'es  l)eaiic«iii]»  plus  prlils  ([in'  ceux  de  la  ligne 
snpérieuri'.  l'Ile  est  égaliMiieiil  s(>m(''e  de  pctils  sceaux  eoiiliiuinl  une  église 
avec  son  elociier  el  une  llnn-  de  lis.  Il  est  à  l'enianiiiei-.  en  onti'c.  (jne  les  I 
sont  barrés  on  pliilùt  jion('s  en  loin'  milieu  cimiine  la  l)i'anclie  renlrale  des  M  ; 
les  T  v\  \r>  \  aireelent  nne  l'orme  assez  particulière,  rarement  usitée  dans 
les  inscriptiiins  de  cetlc  i'p(i(|ue. 

Si  de  ce  l'egrettahle  iiislrinm'iil  du  xjii''  siècle,  dont  il  ne  reste  nuiintenaiit 
(|ue  (les  gra\urcs.  nous  voulons  passer  à  un  di'  ceux  qu'il  m  a  l'U-  (l(inn('  do 
voir,  il  nous  l'anl  aller  dans  rancienne  et  curieuse  Nillcdc  Si-ns.  Là.  dans  une 
des  tours  de  la  cathédrale,  nous  retrouverons  encore  une  cloche  très-digne 
d'intérêt,  bien  ([u'elle  soit  postérieui'e  de  |)hrs  d'un  siècle  à  la  cloche  de 
Moissar.  l'"ort  i'emar(|uaL)le  |)ar  ses  Ix^lles  |)ro|ioi'tions ,  elle  me  piu'ail  cepen- 
dant loin  d'atteindre  à  la  sévérité',  à  la  [lurelé  de  l'orme  de  celte  dei'nière.  (jui 
pouvait  ccriainement  passeï'  pour  ini  ly|)e.  mi  modèle  de  cloche  gothique.  La 
cloche  en  (jnestion.  servant  de  limbre.  rem|)lit  encore  régulièrement  ses  fonc- 
tions; elle  se  voit  dans  une  riche  lanterne  ou  beil'roi  ajouté,  vers  15!20.  à  la  tour 
proprement  dite.  Cette  lanterne  rem])lace  elle-même  une  guérite  en  l'orme  de 
toin-elle.  servant  jadis  de  guette  à  la  ville.  Je  lis  en  outre,  dans  les  «  \\r- 
moires  (li>  littérature  »  .  (|ue  (Iharles  V  paya  la  moitié'  d'une  lantei'iie  de  bois 
faite  pour  contenir  une  horloge  placée  au  sommet  de  la  cathédrale.  Th.  Tarbé. 
dans  ses  recherches  historicjues  sur  la  ville  de  Sens,  nous  apprend  ([ue  «  cette 
horloge  fut  faite  par  Pieire  Mellin.  horlogeui'  du  Roy.  et  mise  avec  sa  cloche 
nouvelle  au-dessus  dt;  la  tour  de  pieri'e.  en  déceml)re  l.'>77  ".  Charles  V 
voulut  donner,  à  cette  occasion,  ajoute-t-il.  une  sonnno  de  ."iOO  iV.  d'or.  Dans 
un  compte  di.'  la  ville  de  l'an  J^TÔ.  on  voit  aussi  (|ue  le  droit  de  maille  sur  le 
pain,  accordé  l'aimée  précédente  par  une  chai'te  de  Louis  \l.  é'tail  destiné  à 
l'entretien  de  cette  même  lioi'loge.  L'inscription  du  limbre  de  la  cathédrale  de 
.Sens  vient  effectivement  confirmer  l'exactitude  de  tous  ces  faits,  et  nous 
apprendre  que  le  roi  Charles  V  lui-même  fui  parrain  de  l'instrumenl.  On  y 
voit  en  oidre  ([ue  le  timbi-e,  fondu  aux  fi'ais  des  boui'geois  de  Sens,  pèse  plus 
de  sept  mille  livres.  Voici  cette  inscripition  remaiiiuable,  ji.'  l'ai  déjà  dit.  par 
la  beauté  de  ses  caractères  : 

+  r.iiARi-KS  AV  NOM  l'ouii  r.i:  ri(iv  nr:  riiAMi;  vm-.m  i:t  rus  l'oisn  i:x  bai.  \mi;  li:s  uniR- 

GEOIS     DE     SENS     ll'oNT     FAIT     lAlUi:     LAN     MllCLWV  I     IN     CE^T     OKLOGE    Ji;     SUS    MISE    DE    LEVll 
CHATEL    A    I.EVH    DEMSIC    +    NO.MEN    MIU.IM.l.M    DlCd    MAIUA 

xMi.  29 


2-2-2  ANNALKS   ARCII  KOLOr,  IQL'KS. 

Les  (liiiioiisidiis  de  cette  clorlie  sont  (l(''j;i  ,t;-i'aiKles,  et  sa  largeur.  (]ue  j'ai  pu 
luesiircr  à  la  hase,  est  de  1  iuMi'<'  Ô2  cenlinirti-es. 

Tout  aiipi'i''s  de  ee  "m'os  et  gi'ave  iiistruiiii.'i]t .  nous  en  voyons  deux  autres 
plus  jjetils.  f|iii  ont  (Mi''  fondus  pi'esfpie  en  même  temps.  I.eiu'  insci'iptiou. 
rédigée  également  en  langue  française,  fait  mention  cette  fois  du  fondeur. 
Voici  seuk'ment  une  des  inscriptions,  car  il  es!  dangereux  de  chercher  h 
li's  lii'e  :  ces  clocholtes  sont  l'une  et  l'autre  suspendues  en  partie  iioi's  du 
hellViii. 

-{-    LAN    MCCC.I.wn    IMll  11    M'.NS    Mi;    FIST    JKIUN    J|>IV|;NT1C    IMlt  11    C.IIANTKR    DIEC.    AV  NOM    FIUN- 

i.;ois   M  (i:  i.i\iti;s  l'oisi;  oi    i:N\ntoN.   i;rA>.r  dm. 

Ce  petit  limhre  mesure  ôO  centimèii-e,s  si.'ulement  à  sa  base. 

Les  trois  timhi'es  précit(''s  sont,  après  la  cloche  de  Fontenailies,  les  plus 
anciens  (pi'il  m'ait  ét(''  donm''  de  voir.  Ils  existent  précisément  dans  cette 
curieuse  \ilie  de  Sens,  jadis  ci''lè!)re  par  sa  l'cmarcjuable  sonnerie,  cjui  passait 
non-seulement  pour  la  plus  aiicieuni'  de  toute  la  France,  mais  encore  pour  la 
plus  complète  et  la  plus  harmouieiis(.'.  l'eut-i'-lre  n'est-il  pas  imitile  de  rap- 
portii'  ici  une  lé'gendi'  du  \  ii'  siècle,  au  sujet  d'inie  des  cloches  primitives  de 
la  vieille  cité  sénonaise.  (]<_•[  instrument  d'airain,  si  l'on  en  croit  la  tradition 
fort  r('|)andue  même  aujourd'hui,  se  mit  un  jour  à  sonner  seul  et  de  lui-même. 
\'oici  l'événenicnf  (|ui  donna  lieu  à  cette  espèce  de  prodige',  que  les  légen- 
daires l)ourguignons  ont  placé  au  nomljre  des  miracles  de  saint  Loup,  évêque 
de  Sens  : 

«  En  GJo,  1)  dit  M.  Th.  Tari)(''.  u  Clotaire  II.  l'oi  de  Soissons,  voulant  s'em- 
parer des  étals  de  Thierry  IL  l'oi  de  Bourgogne,  qui  vi.iiait  de  décéder,  envoya 
une  armée  pour  atta([uer  Sens.  Alors  saint  Loup,  craignaut  pour  son  peuple 
les  désordres  qui  suivent  ordinairement  la  guerre  civile,  entra  dans  son  église, 
et  fit  sonner  la  cloche  nommée  Marie,  pour  a|)peler  les  lidèles  qui  vinrent  se 
mettre  en  pi'ière  avec  lui.  Dieu  les  exauça  :  les  ennemis,  dont  les  oreilles  n'é- 
taient pas  encore  faites  au  bruit  d'une  cloche  aussi  grosse,  fui-ent  saisis  d'une 
terreiu-  subite  et  se  retirèrent  aussitôt.  Mais,  (lueUpie  temps  après,  Clotaire 
s'étant  rendu  maître  de  Sens,  lit  enlever  la  cloche  qui  précédennnent  avait  épou- 
vanté ses  troupes,  et  la  fit  transporter  clans  son  palais  de  l'aris.  J^a  chronique 
rapporte  ([n'en  sortant  de  Sens  la  cloche  perdit  entièrement  sa  voix.  Devenue 
alors  iiuitile  à  Clotaire,  ce  pi'ince  la  renvoya  ;  mais,  une  fois  arrivée  à  Pont- 
sur-Yoïuie,  elle  recou\ra  la  paroli_^  et  elle  résonna  plus  liarmoiiii'usement  que 
jamais.  »  —  Les  siècles  qui  voyaient  ces  faits  merveilleux  sont  déjàbien  loin  de 
nous  :  à  l'épotiue  où  nous  vivons,  les  cloches  interviennent  rai'ement  dans  les 


KiroK  sri!  i.Ks  ci.oc.iir.s.  22.5 

guerres  des  peuples,  si  o'  iTe^t.  loiilcrnis.  pour  ct'k'bn'r  la  victoire  d  lui  Irioin- 
pliateur  ou  l'aire  eiileiidro  dans  les  émeutes  civiles  le  son  terrible  du  tocsin. 

La  cloche  miraculeuse  de  Sens  était  aussi  connue,  parait-il.  sous  le  nom  de 
cloche  de  saint  l.oup.  Plu-ieurs  l'ois  refondue  depuis  l'année  013.  elle  1  ain'ait 
été  ime  dernière  fois  eu  \'r2'\.  awc  un  insli-umenl  de  méine  ualure  noiium'' 
-Saviniennc.  l'.lie  fui  fêlée,  dit-on.  imi  septembre  17'.)-2.  en  sonnant  l'assemiili-e 
électorale  cpii  se  tint  à  Sens  à  celle  é|)oque.  Descendue  peu  de  lem|)s  après 
de  la  tour  de  plomb  qui  la  contenait,  elle  fut  transporté(>  à  i'ai'is  avec  sept 
autres  cloches  séiionaises  (|ui.  (rinsirumeiits  |iacirK|ues  et  reli,i;iiMi\.  (le\iiH'eiit. 
comme  tant  d'autres,  des  enjoins  de  destruction.  Plus  loin.  ;i  l'occasion  dos 
deux  gros  bmu-dons  de  la  caihédrale.  j'aurai  de  nouveau  à  vous  entretenir  de 
la  sonuerie  de  .Sens,  eneorc  fort  remai-(|uable  à  cette  heure.  La  méthode  ([iie 
j'ai  ado])tée  de  décrii'e  par  ordre  d'ancienneté;  les  \ieilles  clociies  ([ue  j'ai  des- 
sinées, nous  oblige  doue  de  lais-er  mi  instant  la  curieuse  cité  de  Sens,  pour 
aller  plus  près  de  Paris,  dans  un  i)ays  également  fort  intéi'essanl.  Je  \cu\ 
parler  de  la  ville  d'I'ltampes.  (|ue  vous  avez  visitée,  je  crois,  et  où  vous  avez 
vu  sans  nul  doute  lacui'ieuse.  l'étrange  basiliifue  de  Nolri'-Dame.  au  plan  si 
irrégulier,  à  l'aspect  si  bi/.ari'e.  mais  toulel'ois  fort  remarqu;il)le  et  digne  d  être 

étudiée.  Peut-èli-e  n'aure/.-vous  pas  eu  le  temps  de  i lier  dans  cette  gracieuse 

flèche,  élevée  à  l'avanl  de  la  façade  principale,  et  qui  peut  passer  hardiment 
pour  un  des  plus  élé'gants.  dr>  plus  beaux  clochers  encore  debout  dans  notre 
pays.  I>à.  vous  auriez  pu  voir  ime  cloche  datant  de  l'année  1400,  remar- 
quable non-seulement  ])ar  ses  dimensions  et  par  sa  forme,  mais  encore  par 
une  inscription  singulière,  qui  doune  à  la  fois  le  nom  et  le  surnom  de  l'iustm- 
ment.  Les  caractères  ne  sont  déjà  plus  ceux  du  \iv"  siècle  :  ce  sont  des  lettres 
dites  gothiques,  peu  dilTérentes  de  celles  emi)lo\ées  au  siècle  suivant.  J'avoue 
avoir  eu  assez  de  mal  à  d'H-hillVer  cette  inscription,  fort  salie  par  le  temps,  et 
dont  les  mots  n'oll'rent  aucune  séparation  ;  mais  j'ai  dit  (jue  la  mission  de 
rechercher  les  anciennes  cloches  oiVrait  bien  des  ennuis,  sans  compter  de  nom- 
breuses déceptions.  Le  jiarrain  de  cett(>  cloche,  des  plus  illustres,  n'est  rien 
moins  que  le  duc  de  Berry,  frère  du  roi  Charles  V  et  comte  d'Etampes.  L'in- 
scription, (jue  voici  dans  toute  sa  gauloise  naïveté,  est  placée,  comme  toujoui's, 
à  la  base  du  cerveau. 

illiuir  lU)  nom  cl  nommcc  la  iircuiséc  riuiriiii'i'if''  V'ii'  3ii)an  ïutc  ïif 
Gfivu  ^'^l:!llm^)rii  lu  nallcr —  foiitr  ni  l'an  ilUU  —  (ÊUf  est  mi  en  fouUe 
pour  Difu  3c5Uii  lorv  rt  ini  mlnr  Ijonincr 

Le  nom  du  fondeur  n'apparaît  nulle  part;  maison  voit,  sous  un  dais  en 


226 


ANNA  l> i:S   A l!C II  KO L(jr,  I O 11  ES. 


l'eliof,  la  soiiilc  Yicrse  (l(.'l)iiiil .  Ii'iiaiit  rF.iifaiil  divin,  et.  an  càir  ii|)|)(isi''.  un 
F.cci';  IIoMO  (l"iui  dessin  iiniiossililc.  tanl  il  est  décliai'ni'.  Fa  »  Grosse  Eni;'rais- 
séc  »  est  très-longne  de  tnrnu'  :  clic  niesin'e  i  nictre  o.">  de  haut  sans  les 
anses,  qui  sont  tress(''es.  1|  est  inipi>ssil)le  actuelji'nienl  de  la  sonnera  grande 
voli'e. 

II  ne  fiait  |)as  trop  s'i''tonner  de  voir  ee  snrnoni  grotesf[ue  donné  an  moment 
même  de  sa  fonte  à  la  grosse  cloclie  d'hllauipcs  ;  ci^t  usage  était  assez  fré- 
c|nenl  an\  xiv"  et  \v'  siècles;  et  je  vois  dans  dum  lîasilo  Fleurean  ',  qu'en 
lo^tJ  on  |)laca  dans  la  tour  de  Saint-l'ierre-Kmpont .  à,  Ftampes,  une  cluciio 
désignée  sous  le  nom  de  (arvssic-Rir.Ari).  File  avait  mission  d'avertir  les  habi- 
tants avinés,  ou  en  l'èle  dans  les  cabarets  du  faubourg,  de  rentrer  en  ville, 
parce  que  les  |)(}|-tes  allaient  se  fermer. 

Un  siècle  pins  lard,  l'u  lù^o.,  Benoist  Bessière.  abbé  de  Morigiiy.  fit  faire 
une  clochi'  d(_'  grandes  dimensions  appelé'e  le  (jkos-Ski>'(;  -.  comme  le  portait 
son  insci'iplion.  Je  me  suis  assnn''.  en  visitant  dernièrement  les  restes  de  l'église 
abbatiale  de  Morigny,  que  cette  cloche  n'existait  plus  depuis  longtemps. 
Puisque  je  snis  à  celte  heure  transporté  en  imagination  au  milieu  de  cette  belle 
vallée  d'F^tampes.  qu'on  ne  saïu'ait  trop  admirer,  permettez-moi  de  vous  citer 
trois  cloches,  également  de  Morigny  et  de|)uis  longtemps  refondues,  mais  dont 
les  inscriptions  nous  ont  été  conservées  par  dom  Basile  F'ieureau.  On  lisait  sur 
l'une  d'elles  : 

iîlciitrm  saitiiam  spoiittuu-um  l)oiiovfm  "Oco  rt  jjalrini- 
libcratioiu'iu  —  fusmctifaictfô  tinitcs  ti'oiepurfihT  3rl)aii  luiinrv  l'un  1-413 

Je  lis  maintenant,  dans  mes  notes,  l'inscription  d'une  cloche  que  j'ai  vue. 
il  y  a  déjà   longtemps,   dans   la   remar(iiiable   église  de    Villeneuvc-le-Uoi, 

4.    —    CLOCHE    TE    VI  I.I.KMCtlVK-SUfl-VONN  E. 
Lettre  nrnê-; ,  xrv'-w^  siètK^. 


< .   -  Histoire  d'fttampes  ». 

1.  Du  mot  latin  «  siyiiuni  <\  qui  si.u'uifio  cloche  ou  instrument  propre  ù  iloiiner  un  siijnal. 


m'iuv.  sn;  lf.s  (-.loches.  22.') 

aujoui'il'luii  VilliMii_Ni\('-siii-Vniiiii'.  l'I  (|iu  (loil  r^li-c  f.oalt^iiipDraiiio  fl^  la  ,;j;ro.-ise 
cloche  d'Etampcs.  pinil-èire  iiuMiie  plus  anriciine.  si  l'on  s'en  i"ap|)oi1e  à  la 
foriiio  des  caractères  de  l'inscription.  Celle-ci,  préi;édi';e  d'une  croix  lleurdc- 
li.-^ée.  ne  forme  (|u'uiie  seule  li,L;-ne  :  toutes  les  lettres  .<ont  oi-néos  v\  rentei- 
ment.  en  outre,  dans  Iciu'  iiiti'rieur.  d'autres  lettres  plus  petites  et  des  clo- 
cliett(>s  micro>copi([ues.  .Vu  lieu  de  letti'es.  ce  sont  aussi  p.ai't'ois  des  rinc(;an\ 
ricliement  variés.  Voyez,  plirs  haut,  luie  tles  lettres  dp  la  cloche  de  Villeneuve. 
J'ai  pu  lire  as.sez  tacilenient  l'inscription  pro])renient  dite.  qui.  par  exception. 
ne  contient  aucune  date,  mais  où  ciuuiue  mot  est  .séparé  par  trois  points  ran- 
gés verticalement. 

+  MicssuiKS  ;  jKiiw  ;   i)i;  [  cMiMiaiV  ;  Clin-;   ;  DE  \  cKSTK  ■   EGLisi:   :   i:v  : 

Il  est  à  présumer  (|ue  Tinscriplion  intihâcure  vient  compléter  la  première  et 
peut-être  nommer  le  fondeur;  mais,  je  dois  vous  l'avouer,  pressé'  par  le 
temps  et  abasourdi  |)ar  les  cloi-hes  voisines  sonnées  à  toute  volée  pendant  ([ue 
j'étais  là,  je  n'ai  pu.  à  mon  gi'and  regret,  parvenir  à  dé'chitrrer  cette  dDiihii; 
inscri|)ti(jn.  Je  laisse  à  d'autres  le  soin  d'aiîhever  la  lecture  interrompue,  .l'.d- 
lais  oublier  devons  parler  du  .s(_'eau  du  fondeur,  dont  la  forme  est  circulaire 
avec  une  inscription  illisible  à  l'œil  nu,  mais  où  l'un  voit  |iarfaitemenf ,  au 
centre  du  médaillon,  une  clochette  en  relief  semblable  à  celles  des  letties  de 
l'inscription.  La  cloche  de  Villeneuve-sur- Yonne  est  de  dimeirsions  très-;jrdi- 
naires,  mais  d'une  forme  as.se/,  élégante. 


•  ).  —  ci.of.riK    [)i:   sANciii:  VI  LLi:. 

Fraj^mi'iit  déposé  .m  musi*e  lie  Chartres. 


Voici   maintenant,  non  pas  une  cloche  entière,  mais  un  simple  fragment. 
dessiné  en  pa.s.sant   au  mu.-ée  de  Chartres,  où  il  est  déposé,  et  qui  pourrait 


■22()  ANNALES    ARCIlEOl.Or.KU:  F.S. 

datei'.  si  l'on  s'en  rapporte  ;i  la  tournure  des  personnages,  de  la  première  moi- 
tié du  xV  siocle.  Ce  dobris  provient  de  la  cloche  paroissiale  de  Sanelieville 
(Kiu'c-et-Loir),  fondue  par  un  nommé  Fluas.  On  voit  en  relief,  sur  ce  frag- 
ment, au  commencement  ou  à  la  fin  de  l'inscription,  deux  élégantes  figures, 
dont  l'une  est  assurément  la  sainte  Vierge,  tandis  que  l'autre  personnage, 
muni  dailes.  poui'rait  èti'e  l'ange  (iabrid.  Dans  ce  cas.  il  faudrait  voii'  ici  une 
Aiinonciation.  Les  deux  tli;ui'cs  sont  très-bien  venui's  à  la  fonte,  et  d'une 
grande  llnesse  de  modelé  ;  mais  j'ignore  si  la  cloche  de  Sancheville  contenait 
d'autres  persomiages  ou  em])lèmes,  et  (juelles  étaient  ses  dimensions. 

Ja  cloche  ((ui  vient  ensuite  est  celle  de  l'église  Saint-Jean,  à  Joigny.  curieux 
et  remaniuable  édifice  de  la  renaissance.  Elle  date  de  ililo  et,  de])uis  cette 
épo(|ue.  elle  sonne  les  heures  aux  habitants  de  Joigny.  Ses  dimensions  sont 
déjà  grandes  :  elles  donnent  1  mètre  [\0  de  largeur  poiu-  la  base,  et  J  mètre  20 
de  hauteur  sans  les  anses.  Voici  son  inscription,  que  j'ai  eu  beaucoup  de  mal 
à  lire.  I)ien  que  j'aie  été  obligeanmient  aidé  dans  ce  travail  par  le  vicaire  de 
Saint-Jean  : 

31)6  —  in  +  iîl(C(E€((I.Yj3J  —  Gi  luosôf  iUul)r  ^c  la  jucllr  a  ht  f"  rt 
nom'  par  i!V  diurne  rt  trinu  par  lioiinnir  niu-c  ^cmoi6rllf  Oavbr  ôacrr. 
JDirii  U'ô  ail  en  sa  cjarïic  —  CiUô  br  iîlot.'  n^l•if^  cotr  ^c  3iiiivio  tfiiirn 
ri  CIjailottf  fotresc  ^r  gvûiiîi  rnum  —  la  cUuljc  poiêiC  par  arrcct  trois 
mil  CCCQI 

Voici,  de  plus,  un  ('<-usson  soutenu  par  deux  anges  munis  de  j)almes,  qui 
doit  être  celui  de  maître  Aymé  et  de  demoiselle  Barbe  Sacer,  parrain  et  mar- 

6.    —    (.LOCHE     DE    JOIGNY. 

Écusson  (lu  parrain  Pt  iK-  la  marraine. 


raine  de  la  cloche  et  peut-être  mari  et  feunne.  En  outre,  je  donne  ici,  comme 
un  petit  monument  intéressant  d'iconographie,  un  médaillon  que  je  reproduis 
aux  deux  tiers  d'exécution  et  qui  offre  la  vierge  Marie  debout,  entourée  de  quatre 
anges  ;  deux  de  ces  anges  soutiennent  une  couronne  au-dessus  de  la  tète  de 


KTL'DR   SIT,    LKS   CI.OCIIKS. 


2'27 


la  reine  du  cid.  tandis  (|iic  les  deux  autres  sont  agenouillés  et  munis  chacun 
d'un  nami)eau.  l'articularili'  curii'iisi'.  l'inscriiilion  tracée  autour  de  cette  espèce 


—  CLDCii  i:    I)f:   joii.  m. 

Ivussiui  tic  la  vier^o  Nïari«'. 


de  sceau  est  moitié  latine,  moitié  IVançaise  ;  elle  se  compose  de  ces  cjuatre  mots  : 

vluf  illrtvitt  —  notre  Dame 

Des  fleurs  de  lis  si''|)arent  ces  mots  et  l'écusson  di'  France  couronne  an 
sommet  cet  écusson  de  la  Viei'ge. 

Le  son  de  ce  timbre  de  Joigny  est  à  la  l'ois  mâle  et  pirin. 

Il  faut  maintenant,  cher  monsieur,  vous  laisser  conduire  dans  un  anli(|ue 
village  de  la  haute  Bourgogne,  à  Saint-l'Jniland.  diocèse  d'Vuluii.  I''eu  .lo.-eph 
Bard  m'avait  signalé  dans  h'  temps  l'église  de  cette  parois>''  connue  exlrémc- 
ment  remarcjuable,  et  je  m'étais  assez  considérablement  éloigné  de  ma  route 
pour  la  voir  et  l'étudier  au  besoin.  Cette  petite  église,  datant  en  partie  du  xu" 
siècle,  est  en  effet  assez  remarc[uable.  L'abside  et  la  l'acade  |)rincipale  présen- 
tent surtout  un  grand  intiMvt.  J';ii  n'mar(|ué'  aussi,  à  rinlé-ricur.  une  charmante 
piscine  du  \v'  siècle  et  une  armoire  en  pierre  de  la  même  é'poque  ,  contenani 
le  chef  de  saint  Émiland,  dont  le  toml)eau  se  voit  encore,  tout  pivs  di'  Hi. 
au  milieu  du  rusti(|ue  cimetière  du  village.  Après  avoir  suOisannuent  exann'né 
toutes  ces  choses  d'un  intérêt  plus  ou  moins  grand,  je  voulus  monter  dans  la 
vieille  tour  romane  percée  d'étroites  baies  cintrées.  Cette  tour,  je  l'aNuis  vue 


228  ANNALES  AliCIIKOLOGlOUES. 

ûc  liiin.  dans  lavalitk'.  di)ininaiil  les  maisons  du  pays.  Malgré  d'activés 
rechei-ches,  il  ine  fut  impossible  de  découvrir  la  porte  du  clocher  ;  et  je  i-eiujii- 
çais  déjà  à  la  chercher  davantage,  quand  le  sacristain  vint  me  prévenir 
qu'elle  n'existait  point.  On  est  obligé,  me  dit-il,  de  monter  au  clocher  par 
une  échelle  extérieure  appli(|uée  à  l'une  des  nuverlui-es  d'en  bas.  Conduit  au 
pied  de  l'échelle,  je  me  disposai  cà  suivre  mon  guide,  malgré  le  peu  de  sécurité 
ollV'il  par  ce  modo  d'ascension.  —  Après  avoir  traxersé  tl'obscurs  passages, 
marché  sui'  des  planchei's  d'une  solidité  douteuse,  accroché  un  certain 
nombre  de  toiles  d'araignées  et  m'ètre  à  diverses  reprises  rudement  cogné  la 
tôle,  je  me  trouvai  enlin  en  présence  de  trois  vénérables  cloches,  véritables 
monuments  de  Iji'onze,  diU'érents  d'âge,  de  forme  et  de  dimensions.  N'étais- 
je  pas  payé  de  mes  petites  peines? 

J.a  moins  grosse  de  ces  trois  pièces  de  bronze  est  la  plus  ancieinie  et  peut- 
être  la  plus  remarquable.  Très-longue  de  forme,  étroite  au  cerveau  et  cerclée 
de  moulures  à  peines  saillantes,  elle  n'olïre  pas  la  l'orme  généralement  adoptée 
par  les  anciens  fondeurs.  Elle  date  de  illoli  et  mesure  en  hauteur  comme  en 
largeur  GO  centimètres,  identité  de  mesures  ([ui  donne  une  idée  de  son 
manque  é\ideiit  de  propoi-tion  ^.  Je  n'ai  pu  entendre  si  le  son  en  est  beau  ou 
laid,  grave  ou  aigu;  cet  instrument,  fêlé  depuis  longtemps,  m'a-t-on  dit, 
est  condamné  au  silence.  Il  a  vécu.  Il  est  placé  sous  le  patronage  de  saint 
Pierre,  et  son  inscription,  des  plus  laconiques,  ne  contient,  avec  la  date, 
qu'une  invocation  à  ce  saint  apùti'e. 

+   3tj5.i  iîlavta  —  lîanctf  prlvr  ma  ;no  iiobiô 
l'nii  mil  CCCfAMA'jaJi 

Les  caractères  sont  encore  gothiques,  sans  ornementation  ;  les  mots  séparés 
et  d'une  lectm-e  facile.  L'inscription,  en  une  seule  ligne,  se  montre  dénuée  de 
tout  lleuron,  de  tout  ornement.  J.es  sujets  iconographi(iues  |)lacés  au  som- 
met du  vase,  sous  rinscri|)tion,  sont  en  revanche  assez  caractéristi([ues  :  c'est 
d'abord  le  Christ  en  croix  et  saint  Pierre,  patron  de  cette  curieuse  cloche  ; 
puis  saint  Michel,  l'archange  guerrier,  le  roi  des  airs,  le  protecteur  de  toute 
chose  élevée,  qui  combat  et  terrasse  l'esprit  du  mal.  Le  guerrier  céleste,  d'un 
beau  dessin  .  tl'un  mouvement  juste  et  vrai ,  est  armé  d'une  croix  et  non 
d'une  lance.  Entln,  un  quatrième  sujet  rc})résente  un  saint  dé'uué  de  tout 
attribut  et  dont  il  devient  dilhcile.  jiai'  consé(|uent,  de  trouvei-  le  nom. 

1.  GiMU'i^ilciiicnl  les  cloclies  ancicnnos,  niènic  Ins  inoderiies,  sont  plus  kirgos  que  longues  :  il 
est  f;u-ile  de  s'en  eon\uinerc  en  veiiluint  toutes  les  climi'nsions  que  j'ai  déjà  rii|i|ioi'tees,  ou  que 
je  \;\is  donner  encore. 


KITIiF.  srr,    I.KS   CI.OCIIF.S. 


229 


Je  110  veux  pas  f|iiitt(>r  le  vieu\  cloclioi'  roiuau  de  .Saiiil-lMnilaiid  sans  vous 
décrire  les  deux  autres  cluclies  ([u"il  coulieul  encore.  Ce  sera,  je  le  sais,  inlcr- 
roinpre  un  peu  l'ordre  chron(.ilngi(|ue  adopté;  mais  veuillez  vous  rappeler,  je 
vous  pi-ii'.  (jue  s'il  est  difTicile  de  mouler  dans  cetle  rusti(iue  lour  romane,  il 
n'est  i;;ui''re  plus  facile  d'i'ii  descendre,  l'.n  consi'qui>nce.  jo  vous  demaudi'  la 
permission  d'y  donicni-cr  jus(|u'à  la  lui  de  ma  (lrscri[)linn. 

La  seconde  pièce  de  Sainl-l'Jnilaiid,  la  j)lus  grosse  des  trois,  mcsui-e  72 
centimètres  en  hauteur  et  9'2  à  la  hase.  Vous  le  voyez,  c'est  là  une  dimension 
assez  ordinaire  et  qui  ne  doit  être  remarquée  que  comparativement,  l'oudia^  en 
1/|91  ,  cette  cloche  est  de  plus  de  cinquante  ans  moins  àgi''e  cpu!  la  cloche 
précédente.  La  l'orme  en  est  gracieuse  et  belle,  K;  son  vibrant,  mais  elle  est 
veuve  de  pers(junages  ou  suji.'ls  iconogra|)hi(|urs.  'l'oulo  sa,  riclii.'ssi!  est  con- 
centrée sur  l'inscription  où  l'on  remar(|ue  un  nombre  considérable  de  lleiu'ons 
cl  d'arabesques.  Les  moului'cs  du  cerveau,  comme  ('elle  de  la  pansi-,  sont  fuie- 
ment  et  vigoureusement  accusées  ;  les  anses  très-courbées,  mais  sans  décora- 
tion. Quant  à  riuscri|)lion ,  composée  d'une  seule  ligne  et  placée  comme 
toujours  à  la  base  du  cei'veau ,  elle  est  [U'écédée  de  la  petite  croix  ornée  cpie 

voici  : 

s.  —  ci.or.iii:   1)1-:   .'^a  i.nt-i':m  i  i.am).    1191. 

Animes  .liioratcuis  île  la  rroiï. 


L'inscription  comprend  los  premiers  mots  de  la  Salutation  angéliquc,  suivis 


y.   —  CLOCHE   m:    saint-i:mii.and 

Monogrammes  de  Jébus-Chnst. 


à  leur  tour  de  deux  monogrammes  du  Christ.  Ces  derniers  sont  entourés  d'un 
quadrilobc. 


XXII. 


230 


ANNALKS  AliClIKOLOGlOUES. 


Voici  riiisrriplion  : 

+   3iu-  illiuia  gvalin  plriui  Dus  Irai  aniui  fui  iî\€C€Q"Q'.\'.H3 

('lia(]iii'  mol  so  liMiive  si'pan''  par  le  pcîlil  lliHiron  suivant  : 
\{)    —  (,l(m:iii;   de   s.\int-i';mii.  \n  d. 

l'imiroii  (h:  si'iiaraln'ii. 


La  cloche  moyenne  de  Saint-Kmiland  est  moins  ancienne  encore  que  les 
précédentes;  elle  remonte  presqu'au  milieu  du  xvi"  siècle  :  1540.  C'est  donc 
une  pièce  fondue  à  la  renaissance,  mais  riche  cependant  de  décorations  ico- 
nographifiucs  et,  de  plus,  parfaitement  venue  à  la  fonte.  Le  métal  brillant  et 
fin  est  presciue  blanc  ,  le  son  à  la  fois  éclatanl  et  harmonieux.  Quant  aux 
dimensions  de  ce  corps  sonore,  elles  soni  de  (JS  crnlimètres  sur  !^0.  Les  anses, 
en  forme  de  cordes  tressées,  sont  trop  inipnrtanles  pour  le  vase.  Ce  dernier 
m'a  aussi  paru  trop  étroit  par  le  bas.  Malgré  tout,  cette  petite  cloche  est 
vraiment  belle,  bien  réussie  et  parfaitement  conservée.  En  voici  l'inscription  : 

+  3.  fulgmr  rt  trmprtilatf  libfra  nos  Duc 

Cette  inscription  se  trouve  précédée  d'une  petite  plaque  rectangulaire,  sur 
laquelle  on  a  représenté  le  chilTre  ou  monogramme  du  Christ,  suivi  de  celui 
de  sa  mère.  L'M  de  la  sainte  Vierge  conserve  encore  la  forme  ancienne,  et  le 

11.    —    CLOCHE    DE    SAINT-ÉMILAND. 

Monogrammo  de  Jésus. 


jambage  du  milieu  est  formé  d'une  petite  croix  i.  Chaque  mol  de  celte  iiivo- 
r  11  me  semble  que  le  uionoiiramiiie  de  Jésus,  uis,  e.t  superposé  non  pas  au  monograuin.e  Me 


KTCDE  SCR   LKS   CLOCHES. 


2:m 


cation  csl  séparé  par  un  i)uslo  de  soldat  casqué  et  par  une  sainte  Barl)e  en 
pied,  près  de  sa  tour.  Ce  i)etit  soldat.  (|ue  voici,  porte  un  casque  à  i)ointe 
niétailif[ue  comme  en  |iort(Mit  les  soldats  prussiens  d'aujourd'liui  : 


12.   —  ir.onii:   m:   -  m  n  r-ini  i  r.  \M) 


(juant  à  sainte  Haibe.  elle  tient  de  la  _i;auelie  la  palme  du  maris re  et  touche. 
de  la  droite,  la  tour  syml)oli(|ue  d'où  procède  sa  force  et  (|ui  eu  a  l'ait  la 
patronne  de  ceux  (|ui  démolissent  les  châteaux  et  les  tom's.  Saint  Michel  est 


13.    —    CLOCHE     I)K    .SAINT-EMILAND. 

Saint»^   B.iiti'-  lirvant  um-  tuiir  i:rénel.>?. 


absent  cette  fois;  mais  sainte  Barbe,  la  i)atronnc  des  artillein-s.  (|ui  com- 
mande au.x  éclairs,  à  la  foudre  et  aux  tempêtes,  peut  bien  en  tenir  lieu.  Les 
deux  seuls  sujets  modelés  en  dehoi-s  de  riuscription  sont  :  le  C-hrist  sur  la 
croix,  entre  la  .sainte  Vierge  et  saint  Jean,  et  une  assez  grande  croix  ornée  de 
rinceaux  compli(iués  et  de  masques  grimaçants. 

Je  crois  avoir  tout  dit  au  sujet  de  ces  trois  voix  d'airain,  dont  une;  .seule  est 
muette  à  cette  heure.  Mais  ne  faut-il  pas  avouer  (|u'il  est  vraiment  surprenant 
de  rencontrer  encore  .  dans  un  \illage  des  moins  impoitauts,  trois  aucieiuies 

la  sainte  Viorge,  iiiaisà  un  alpha.  A,  et  à  un  oniL>ga,  n,  boucle',  dont  le  milieu  .ocrait  rempli  par  une 
petite  croix.  S'il  en  est  ainsi,  le  t^lirist  serait  dit  le  commencement  et  la  lin  dc^  tout,  «  Principiuin 
et  Finis  »,  comme  on  le  répète  si  fréquemment.  Je  soumets  cette  observation  ii  M.  Sauvageot. 

'Vote  de  M.  liidron.] 


232  ANXAI.KS   AliClŒOLOGIOrKS. 

cloclios  romar((ual)l(\s  ;i  plus  d'un  titre  ?  \e  serait-il  pas  curieux  de  savoir 
coinmeiil  elles  ont  \m  traxerser  l(.'s  n'\(]]ulions  et  arriver  <-i  peu  près  intactes 
jusqu'à  nous?  Je  ne  sais  rien,  hélas  !  de  l'histoire  de  ces  trois  cloches.  11  est  à 
présumer,  cependant,  qu'elles  n'étaient  point  là  avant  1793.  Comment  sup- 
poser qu'elles  aient  pu  écha]ipei'  au  décret  de  la  Convention  proscrivant  toute 
cioclu'  superilue  ?  Devraient-elles  cetlc  favcui'à  la  itrotcclion  de  saint  Hmiland. 
dont  les  reliques  sont  conservées  dans  l'église  ?  En  descendant  du  clocher 
rusliciue,  je  ne  demandais  pas  mieux  que  de  le  croire  et  je  flairais  déjà  quel- 
que précieuse  légende  jetant  un  peu  de  lumière  sur  cette  singulière  conser- 
vation. Dans  ces  idées,  j'essayai  de  (|uestionner  mon  cicérone  ;  mais  celui-ci, 
en  vérital)le  ignorant,  me  reçut  fort  mal  et  crut  (|ue  je  voulais  me  moc[uer 
de  lui  :  les  bonnes  intentions  ne  sont  pas  toujours  comprises. 

Chagny,  département  de  Saône-et-[.oire.  nous  oITre  aussi,  dans  l'imposante 
tour  romane  de  son  église,  une  cloche  ou  timbre  ancien,  datant  de  l/|/i9. 
Comme  la  cloche  de  Gallardon,  que  vous  avez  publiée  il  y  a  (|uelques  années 
dans  les  «  Annales  ».  elle  a  été  fondue  par  les  habitants  du  pays,  roiR  so.\- 
i\EP.  LKS  uEi  P.ES.  ainsi  que  le  constate  l'inscription  suivante,  composée  de  deux 
lignes  placées  à  la  naissance  du  cerveau. 

C'aii  mil  ciTiUll  rt  }.V  î>r  2X  crus  pour  cnnna-  les  Ijurr  nuit  cl  joui-  tu 
failli-  piulre;  Ijul'itaihi  ^l'  Cl!)ai)ny  rncamblfs —  iJUinsinu-  îic  Cat'if  rt  ^ûnu• 
3cl)!U'  île  Uuf  nu-  fit  (faire'?) 

Cette  inscription,  par  malheur,  mancjue  de  clarté  :  les  mots  «  de  IX  cens  », 
placés  immédiatement  après  les  derniers  chiffres  du  millésime,  indiquent-ils  le 
poids  de  la  cloche,  qui  serait  alors  de  neuf  cents  livres  ?  Cela  peut  être,  car  les 
dimensions  de  l'instrument  répondent  assez  à  ce  poids.  Je  puis  vous  assurer, 
toutefois,  que  l'inscription  ci-contre  est  exacte.  Elle  a  été  fidèlement  copiée 
lettre  par  lettre  et  collationnée  à  plusieurs  reprises.  La  date  est  d'ailleurs 
assez  clairement  indiquée  :  il  est  facile  de  voir  que  les  quatre  L  qui  suivent  les 
quatre  C  expriment  des  dizaines  et  occupent  la  place  des  X  à  qui  ce  rôle  est 
ordinairement  réservé.  Quelques  mots  seulement  sont  abrégés,  et  tous  les  S  sont 
remplacés  par  des  C.  Ainsi,  «  conner  »  pour  «  sonner  ».  puis  »  encamble  » 
pour  «  ensemble  »  et  «  Cafré  »  pour  «  Safré  ».  La  petite  croix  qui,  selon  la 
règle  générale,  précède  l'inscription,  est  décorée  avec  goût  et  ornée  d'une 
élégante  fleur  de  lis  à  l'extrémité  de  cliacune  de  ses  branches.  La  voici 
à  moitié  d'exécution.  Voici  également  à  la  même  échelle  le  petit  fleu- 
ron qui  termine  l'inscription.  Tous  les  caractères  de  cette  obscure  inscription 


KTUnE  SIT.   LES   CLOCHES.  233 

sont  fleuronnés,  historié?,  iiuiis  en  général  mal  venus  à  la  fonlo  ;  c'est  pour- 
quoi je   ne  me  hasarde  point  à  en  montrer  ici  un  échantillon,    l-a  hauteur 

I  V.    —   CLOCHE     DE    CIIACNV. 

Çroil  qui  précède  l'inscription  et  fleurûii  qui  la  ternntie. 


■éh: 

totale  du  timbre  est  de  71  centimètres,  et  sa  largeur  à  la  l)ase  de  91  centi- 
mèlres.  On  remarque  aussi,  sous  l'inscription,  ces  petits  médaillons  décorés 
de  figures  qui  sont  en  ([uelque  sorte  traditionnels;  on  lis  rencontre  très-sou- 
vent et  presque  toujours  fixés  à  la  même  place.  —  Ici  je  n'en  vois  ([ue  trois  : 
la  sainte  Vierge  d'abord,  avec  Tentant  Jésus  dans  les  bias;  le  Christ  en  croix. 
ayant  saint  Jean  à  sa  gauche  et  sa  mère  à  sa  droite;  puis,  enlin.  le  chef  de  la 
milice  céleste,  saint  ^lichel,  monté  sur  un  vigoureux  coursier  et  combattant 
l'esprit  du  mal,  figuré  par  un  formidable  dragon.  Ces  trois  sujets,  inscrits 
dans  de  petites  plaques  rectangulaires,  sont  placés  sous  tro's  dais  ornés, 
légèrement  saillants.  Quant  à  la  croix,  placée  tout  aupiès  dos  rsonnages  en 
question,  elle  attire  l'attention  par  rabondance  et  la  Onessc  ues  rinceaux  dont 
elle  est  décorée.  Le  temps  m'a  manqué  pour  en  faire  le  dessin,  qui  serait  fm-t 
à  sa  place  au  milieu  de  ces  lignes;  mais  en  voyage,  vous  le  savez,  il  faut  trop 
souvent  compter  avec  le  temps,  et  bien  des  désirs  restent  inaccomplis. 

J'allais  oublier  de  vous  dire  que  cette  cloche  bourguignonne  est  ceinte,  à 
la  hauteur  du  vase,  d'une  espèce  de  courroie  ou  plutôt  de  ceinture,  ornée,  de 
distance  en  distance,  de  jolies  petites  fleurs  à  cinq  lobes.  Cette  idée  n'est-elle 
pas  vraiment  ingénieuse?  et  la  ceinture  ornée,  dont  la  boucle  n'est  point  ou- 
bliée, ne  vient-elle  pas  remplacer  avantageusement  toute  espèce  de  moulure? 
Autre  particularité  :  le  marteau  qui  frappe  les  heures  est  une  énorme  boule, 
un  véritable  boulet,  fixé  à  l'extrémité  d'une  longue  tige  de  fer.  Tout  porte  à 
croire  que  ce  marteau  est  le  même  qui  fut  fixé  là  lors  de  la  pose  du  timbre. 
Je  dois  ajouter,  enfin,  que  la  cloche  de  Chagny  possède  un  son  clair  et  per- 
çant, qui  s'entend  de  fort  loin,  et  produit  un  singulier  contraste  avec  un  lugubre 
bourdon  moderne  fondu  en  183/i. 

La  cloche  de  Santenay,  département  de  la  Cùte-d'Oi-.  est  celle  de  mon 


23k  ANNALKS   ARCIIKOLOGIOUP^S. 

pays  n;ilal.  C'est  elle  dont  le  son  harmonieux  m'a  souvent  porte  à  la  rêverie 
dans  niiin  cnfaore.  lorsque  j'hal)itais  ce  jjeau  pays.  Combien  de  fois,  après 
avilir  qnillé  rantiqiie  village  bourguignon,  n'ai-je  pas  cru  entendre  boui-don- 
ner  à  mes  oreilles  ce  cher  et  doux  instrument,  doni  la  vibration  se  mêlait  si 
({('•licieusemcnt  au  souille  de  la  l)rise.  au  iVissonnemeiit  des  arbres  d(!  la  \ allée  ! 
Ou  est  presque  heureux:  à  ces  souvenirs.  (^ha(|ae  fois  f|u'iiu  l'prouvi'  ce  |)lié- 
noniène.  c'est  un  gai  rappel  de  la  jeunesse,  une  journée  entière  de  l'insou- 
cianle  et  JDxcuse  enfance  fjui  se  déroule  vaguement  devant  les  yeux. 

La  cloche  de  Santenay  date  de  l'année  1^75.  Elle  se  V(jit  dans  l'énorme 
lour  carrée  qui  s'élève  au  centre  de  l'église,  curieux  moiunnent  du  xii"  siècle. 
Kn  l'ciivant  rcs  mois.  «  dans  la  lour  ",  je  ne  suis  pas  toul  à  l'ait  dans  l'exac- 
tilude  :  il  serait  ])lus  juste  de  dire  sur  la  tour,  car  l'instriuneut  sonore  esl  sus- 
pendu au  milieu  d'ime  lucarne  faite  pour  le  contenir,  il  est  donc  fort  difficile 
de  l'alteindre.  encnre  plus  (lilTn-ile  de  le  dessiner;  et  ce  n'est  pas  sans  peine, 
ni  même  sans  danger,  (jue  j'ai  pu  mesurer  cette  cloche  et  recueillir  complète- 
ment son  inscription.  Ses  dimensions  sont  de  GO  cent,  de  hauteur  et  70  cent, 
de  largeur  à  la  l)ase.  Sa  forme,  très-heureuse.  Irès-éludiée,  dillère  peu  de 
celle  du  timbre  de  Gallardon  publiée  dans  les  «  Annales  »;  toutefois,  elle  m'a 
paru  plus  élégante  encore.  Le  métal  est  fin  et  coloi'é  :  je  ne  serais  pas  surpris 
que  le  cuivre  entrât  pour  une  très-forte  partie  dans  sa  composition.  Le  son 
de  celte  pièce  de  bronze  est ,  (hi  reste,  parfaitement  harmonieux,  et  la  vibra- 
tion s'en  prolonge  iudiMiniment.  .l'ai  remartiué  au>si  ([ue  la  cloche  en  question, 
foi-t  épaisse  à  sa  base,  là  où  h-a|)[)e  le  ballant,  devenait  extrêmement  mince  à 
la  liauteur  du  cerveau  :  celte  épaisseur,  très-sensiblement  inégale  entre  la 
base  et  le  sommet  du  vase  (diU'érence  qui  existe  avec  plus  ou  moins  d'évi- 
dence dans  toutes  les  cloches  dont  je  vous  entretiens),  doit  contribuer  à 
donner  à  celle-ci  cette  prodigieuse  vibration  que  je  n'ai  entendu  nulle  part 
aussi  accusé'e. 

L'inscription  de  la  cloche  bourguignonne,  placée  sur  la  circonférence  du 
l'erveau,  est  composée  d'une  seule  ligne  de  caractères  gothiques  et  ileuronnés, 
ayant  G  cent,  de  haut.  Les  mots  ne  sont  point  séparés  entre  eux  et  sont  vrai- 
ment dilUciles  à  déchifirer.  'Voici  cette  inscription,  dont  les  abréviations  sont 
nombreuses  : 


+  Jus  auf  ma  91a  plca  Elus  trcii  CiHCCiECLOt) 

l'our  doinier  une  idée  de  la  richesse  et  de  l'élégance  de  cette  inscription, 
voici   encore,  à  moitié  d'exécution,  deux  lettres  prises  au  hasard,  E  et  P. 


ÉTUDE  SUR   LES  CLOCHES. 


235 


sANTKNAV. 

I.ellres  de  Pins*  ri|ttioi). 


J'ajoute  à  ces  dessins  la  jolie  petite  croix  qui  précède,  coiniiu-  toujours,  l'in- 
scription. On  sent,  aux  fins  rinceaux  qui  acconi|)agnent  et  décorent  cette  croix 
à  branches  égales,  que  la  renaissance  n'est  pas  bien  loin. 


16. 


—   CLOCIIi;     DE     SANTKNVV. 

<roix  qui  prôCL-tle  rinsi'ri|>liLin. 


Je  regrette  beaucoup  do  n'avoir  pu  di'ssiuer  trois  lin^s  jiclitcs  tiu,in-çs  pla- 
cées autour  de  la  cloche,  et  abritées  par  un  dais  en  accolade  onii'  de  l'i'uil- 
lages.  Ces  figures  représentent  le  Christ  ks  mains  liées,  le  corps  prescpie  nu; 
la  sainte  Vierge  tenant  l'Enfant  divin;  puis  un  saint  évècpie  dont  j'ignore  le 
nom.  On  voit  également  cinq  tleurs  de  lis  isolées,  et  autant  de  sceaux  dissem- 
blables cjui,  assez  mal  venus  à  la  fonte  et  couverts  d'une  poussière  faisant 
corps  avec  le  métal,  sont  à  cette  heure  com[)létemenl  illisibles. 

Telle  est  la  petite  cloche  de  l'église  de  Santenay  :  la  grosse,  qui  était  foil 
ancienne  aussi,  vient  d'être  refondue  après  avoir  été  fêlée  par  des  s(inncur> 
trop  zélés. 

Voici  maintenant  une  cloche  du  cominoiicement  du  wi"  siècli>.  que  je 
signale  seulement  en  passant,  car  il  m'a  ét(''  impossible  de  la  uiesurci'  el 
d'en  lire  complètement  l'inscription.  J'ai  pu  t()utefi)i>  recueillir  la  date 
IH€€€€€3.ï,  et  ces  deux  noms  populaires  :  3râiiâ  iHiifia.  Celte  cloche. 
qui  se  voit  dans  l'église  Notre-Dame  de  Tonnerre,  sert  actuellement  de 
timbre  ;  ses  dimensions  sont  fort  ordinaires. 


236 


ANNALKS  ARCHKOLOGIOLES. 


Tintry  est.  un  louf  pdit  villap;c  du  département  de  Saôno-et-Loirc,  dont 
l'église,  presque  niudonie.  n'otTre  aucun  intérêt.  Cependant  j'ai  découvert, 
dans  sa  i'ustiqu(>  tdin-.  une  cloche  fondue  en  1515  et  vraiment  digne  de 
remarque.  Sa  Iiauteur  est  de  70  cent,  et  sa  largeur  de  85.  En  voici  l'inscrip- 
tion disposée  sur  deux  lignes  : 

31)6.  Clin  iUU.VU  fut  comi-rc  iinblf  ^aml•  3sllr  3ol)nnnft  ^c  Untrc  Danu 
S  <!3fnu(Jiic  ô  l^rbasliauf  5  CUniM  mate  p  u 

Des  figmx'S  en  reliof.  sni-monti'es  de  dais,  se  viiient  autour  du  vase.  Ces 
ligures  représentent  la  sainte  Vierge,  un  "  Ecce  Homo  »  d'une  maigreur  étique, 
et  enfin  l'archange  Michel  terrassant  l'esprit  du  mal.  Voici  un  dessin  de  la 
croix  connncnçani  l'inscription,  et  de  la  petite  plaque  di''corée  de  fleurs  de  lis 
qui  la  termine.  Cette  croix  grec(|ue.  inscrite  dans  un  cercle,  comme  un  nimbe 
crucifiirme,  et  portée  par  nu  pied  (|ui  pose  sur  des  marches,  connue  sur  un 
perron.  e>t  livs-IVé(|(iente  sur  les  cloches.  Nous  l'avons  déjà  vue.  ici  même, 
dans  le  cours  de  cet  article,  et  nous  la  retrouverions  encore  ailleurs.  11  en  est 
de  même  de  celle  ileur  de  lis.  fleui'ie  et  entourée  de  fines  arabesques.  Tout 
cela  semble  dénoter  que  les  fondeurs  de  cloches  avaient  des  traditions  aux- 
(juelles  ils  obéissaient  d'un  pays  à  un  autre,  et  même  d'un  siècle  à  un  autre 
siècle. 

17.    —    CLOCHE    DK    TINTRY. 

Cruix  r(»nmirnriint  ut  llcur  de  lis  (înissatil  l'inst nittion. 


A  la  date  de  15*20.  je  trouve  dans  mes  notes  le  timln-e  ou  tocsin  de  la 
cathédrale  de  Chartres,  suspendu  dans  le  merveilleux  clocher  de  Jean  de 
Beauce.  —  Vous  n'avez  certainement  pas  été  sans  remarquer  ce  bourdon , 
car  nul  ne  connaît  aussi  l)ien  que  vous  la  splendide  métropole  chartraine.  Cet 
instrument,  au  son  grave  et  triste,  mesure  0  mètres  15  cent,  de  circonférence 
et  pèse  environ  10,000  livres.  —  Il  présente,  sur  deux  lignes  circulaires, 
l'inscription  suivante  tracée  en  caractères  gothiques  : 


KTI  ni-:    Sliî    I.F.S   CI.OC.IIKS.  237 

J'i.\(U\  a^  C'illnan^l15  soliïi  luiiniiir  lulunr^ 

<J:rrl)in"  aî>  taiitr  nilmina  cd-ja  Dimuu'ô 
vliiniii;  fiiit  (Cljiii'ili  inillriMimis  a^^^•  prioii 

O,niiu\i'nliio  mraunci  bis  iiuoquc  jiiiuic  ÎTi'nu 
3llo  iiiiippr  amui  qiio  fraiicu-s  ciniuniil  aiuiUim 

IJfrprlua  que  simitl  Meciilnicrc  d'iic 

Puis  (111  lit.  cnli-c  l;i  sjiiiilc  C.liiMiiisc  (lu  cliapiliv  rliard'aiii  ri  un  ('■cussoii 
Irappé  (I  un  dauphin,  ces  mois  : 

jjfliuô    iiiaiiurt    me    tViil. 

l>'énorme  marteau  ([ui  t'ra|)pr  les  heures  est  lixi''  par  une  armature  des  phis 
singuh'ères  et  des  j)his  romphcim'es. 

La  gracieuse  et  pitforesc|ue  lour  de  l'i'';-!,h'se  di'  Muret,  jii'ès  l'unlaiiiehlcaii. 
possède  aussi  um.'  rleclie  de  la  r<'naissanee  ;  mais.  d('nu(''  de  toute  diM-i  irai  ion 
iconograi)hi(iue.  cet  instrument  iTollVe  d'inle'rr't  (|ue  pai' son  insci'iplion.  roi'mi'e 
(le  caractè-res  assez  c-légants  et  Ijien  venus  à  la  fonte. 

C'an  mil  U.V.YU  tut  fuictr  p.u"  Cfmhc  p'  la  falniiiuc  ^l•  Unjlic-tliimf  ^r 
ilUni't  ni  d^uistiiuiiti  ft  fuct  iiommi'r  iUiuic 

11  est  à  présuniei'  ([iic  la  cloche  ^larie  n'a  jamais  «[nitti''.  depuis  (|u'clle 
(existe,  la  vieille  et  remar(|ual)le  ('-glise  de  Moret.  (|ui  tombe  en  laiine  (M  (jii'il 
est,  paraît-il.  im|)ossil)le  de  restaurer. 

Ainsi  (|ue  je  vous  l'avais  annoncé  au  commencement  de  cette  lettre,  nons 
voici  obligé's  de  revenir  dans  la  vieille  cité  sénonaisc.  pour  nous  occupei-  im 
peu  des  célèbi'es  bourdons  de  la  cathédrale.  Ces  deux  clnches  de'  Sens  sont 
remarquables  par  leur  dimen>i()n  ,  leurs  belles  propoitions  et  smtout  leur 
accord  merveilleux.  La  ])liis  gi'osse.  nonnni'e  (t  Savinienne  ».  passe  même,  à 
tort  ou  à  raison,  poui'  la  |)lns  parfaite  (|ui  ait  jamais  été  foiuliie.  La  seconde, 
appelée  «  Potentienne  »  ^.  laite  h  la  même  épofiue  par  le  même  artiste,  a 
cependant  des  proportions  un  peu  moins  correctes.  I,e  diainèli-e  de  Savinienne 
est  de  3"'y0  à  la  base,  et  sa  hauteur  intérieiu-e  de  2"'0cS.  I,e  jMiids  du  battant 
est  de  572  livres.  Les  dimensions  de  l'otentieime  sont  un  jieu  moindi-es  :  elle 
mesure  en  largeur  ^'"/lO  seulement;  sa  haulem'  inli''riein-e  e>t  de  J"'!)().  et  le 
battant  pèse  hll  livres  i. 

4.  Os  cloclies  s^ont  ainsi  iioinnii'es  l'ii  souvenir  (le  siiiiil   Siivinicn  et   île  sa:n(   l'uti'iiliiMi,    pre- 
miers évoques  de  Sens  et  patrons  du  didcèscî. 

2.  Vov.  «  Heclierelics  liistoriques  sur  l;i  vlll(!  de  Si'iis  »,  par  Tir.  Tmuiic. 

,\.\n.  31 


2r,8  ANNAI.KS   AllCllKOLOOIOUr.S. 

Il  est  bien  diflicilc  de  (l\er  i.\'[[\\r  façon  cerlaine  le  poids  des  bourdons  do 
Sens  :  les  inscriptions  ([u'ils  portent  n'iMi  l'ont  aucune  mention,  et  les  niénioires 
du  temps  où  ils  furent  fondus  se  taisent  é.^■alenlent  à  ce  sujet.  Cependant 
on  (''Value  le  poids  de  Savinieniu»  à  29  milliers,  et  celui  de  Potentienne  à  27. 
Si  l'on  s'en  rapportait  à  la  tradition  conservéi!  par  les  sonneurs,  le  plus  ^ros 
(le  ces  bouixlons  pèserait  même  ^'2  milliers;  mais  ce  chilTre  est  certainement 
exagéré. 

Ces  deux  colossales  pièces  de  bronze  furent  fondues  toutes  deux  en  15G0, 
sous  Jean  Bertrand,  archevêque  de  Sens.  Savinienne,  faite  la  première,  fut 
bajjliséc!  le  17  octobre  par  le  doyen  de  la  cathédrale.  On  lit  sur  cette  cloche 
rinsci'iption  suivante,  (pii  fait  coiniaître  le  nom  de  l'habile  artiste  (|ui  l'a  fon- 
due ainsi  ([ue  sa  compagne.  Cette  inscription  a  été  composée  par  Cuillaumc 
Fauvelet.  chanoine  de  Sens. 

ANNO    MILLKNO    QUINGEXTO    TKRQI  K    VU'.ENO 

FACTA    SONANS    SE.NOMS    SVM.MANA    ICI 
0B5CII1K    MBIS    TOMTBU    VENTOSyiK    IlEPELLO 
IM.ORO    UEFlN<TOS    Al)    SACRA    QLOSQUE    VOCO    ARC.IIIEPISCOI'ATI.  M    ROME    TENENTE    l'IO 
1,>IVRT0    REGNANTE    FRANCISCO    SECINDO 
-f    GASI'ARU    MONGIN    VlAllD    MA    FAICTE 

Ces  (juatre  vers  latins  oll'rent  une  certaine  analogie  avec  ceux  ([u'on  lit  en 
français  sur  la  cloche  de  Cas  (Eure-et-Loir),  publiée  par  les  «  Annales  ».  — 
Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  reproduire  ici  rinscri|)ti(in  de  la  modeste  cloche 
beauceronne  contemporaine,  à  ({ualre  ans  près,  des  bourdons  de  Sens  : 

+    l5o()  nu  lin  ^l•  jUiuii-  If  pniplr  fiiie  iieôfinblcr 
Ifo  i-hni3  cil  incloîiif  a  tlicii  ii'jiniir  rt  Imicr 
par  miHiiîiifiir  iiccoiô  \c  îii'forr  Ifij  fcôtra 
\c  plriirr  Ifj  lunrâ  i*t  i"l)iU'i>i'  Ira  trprolfô  ^ 

l"n  poète  sénonais  du  wi'  siècle,  et  dont  on  ignore  le  nom,  a  essayé  de 
traduire  à  sa  manière  les  vers  du  chanoine  de  Sens  modelés  sur  Savinienne. 
Voici  cette  traduction  curieuse  à  plus  d'un  titre  ; 

JE    FIS    FONDEE    A    SENS    LAN    MIL    CINQ    CENT    SOIWNTE 
PAR   MON    SON    ET    LE    NOM    DE    PREMIER    SAINT    PRIMAT 
LA    TEMPÊTE    ET    LES    VENTS    NOFFENSENT    CE    CLIMAT 
JE    SEMONDE   A    LOFFICE    ET    LES    MORTS    JE    LAMENTE 

Potentienne  fut  fondue  en  novembre  15G0,  mais  elle  ne  fut  baptisée  que  le 
3  janvier  suivant,  par  le  même  archevêque.  Voici  son  inscription  : 

1.   Vov.  li'S  ■<  AiiiuiU's  Ai'cli('ol(>i;i(nios  »,  vol.  xvii,  pagos35->  et  suivanles. 


KTLDK   Sir,   I.F.S   C.I.OCII  KS.  -2:5'.) 

l'OTENTI  ANV      KCO     l'ttOMXU     SWIMANI      COMICS     IT.S.l     MKNJi:     NOVIIMIIRIS     .\NNO    CIIHIST1     I -itiO 
l'IO    Ql'AllTO     IIOMWO     l'ONTII'Ili:     l\l:c.\\\li;     lUWClCSCO     SI.ClMlO    JOVNNK     l!i;HrllAM)l)    UOMAN.K 

i:c<;li;*u;  c.aiîihwi.i    micii.  si:n(i\.   -f-   cvsi'aiih  mii\(;in  viaui»  ma  iak.tic 

Le  l 'i  mai  liSoT.  le  jniir  (li>  la  l'eiilccôle .  la  cloclio  Savinieniie  se  lela  au 
inomont  où  l'un  comiiiencait  à  sonner  |>our  annoncer  la  grand'niesse.  Cet  ac- 
ciileiit  lut  allribiié  au  relàclienienl  du  baudrier  supiiorlant  \f  ballaiil.  Ii'(|uel. 
au  lieu  de  frapper  ii  sa  place  ordinaii-c.  atteignit  le  bord  intérieur  de  la  cloche. 
La  fèlin-e  ('prouvée  par  le  bourdon  étant  très- légère.  Savinieniic  a  continué, 
connue  i)ar  le  passé,  à  jeter  dans  les  airs  sa  puissante  et  mélodieuse  vibra- 
tion '. 

Après  avoir  décrit  et  admiré  les  iuniu'nses  voix  do  bronze  de  la  callié'drale 
de  Sens,  il  faut  revenir  forcément  à  des  inslnniients  moins  coinius  et  plus 
modestes.  Nous  voici  donc  en  présence  d'ime  cloche  très-ordinaire  et  de 
laquelle  j'hésite  à  vous  parler,  à  cause  de  la  mauvaise  renonnnée  ((u'elle 
possède.  Je  dois  me  hâter  de  dire  que  je  n'ai  |)oint  vu  l'inslrumont  en  ([ues- 
lion,  comiu  dans  toute  la  lîeance  sous  le  nom  de  cloche  des  l-'lambards. 
On  s'est  ]ilu  à  dire,  à  éci'ii'e  même,  je  crois,  ([uc  la  frise  modelée  aiiloin'  de 
cette  cloche  était   une  révoltante  obscénité,  .l'ai  \  ii  au  musée  di'  C.harlres  le 

1.  J'iii  oiilcndu  ilire  qu'on  ;ivait,  il  y  a  i]iK'li]iios  iinnéc>,  i('|iiiiv  IdiiI  à  failci'l.  acciilcnl  en  (•oii- 
lanl.  dan*  la  fonte,  du  niélal  niiuvcau  (|ui  av.iil  lait  corp-:  avec  le  nielal  ancien.  I.e  lnun/e  bouil- 
lant se  serait  incrusté  dans  le  bronze  ancien  comme  de  la  cire  cliaude  dans  de  la  l'ire  IVoide  qui 
se  serait  amollie  au  contact.  Kn  .se  rofniidissiuil.  le  nielal  n<Md'el  le  \ieu\  métal  seseraieiil  iii:,i;lu- 
tinés  de  manière  il  ne  Taire  (|u'une  sid)Staiice  pailaitemeiil  lioun-vcnc.  Au>si,  mainlenanl.  non- 
seulement  on  ne  verrait  plus  la  fente;  mais,  quand  on  sonne  le  liourdon,  on  no  saisirait  en 
aucune  façon  qu'il  y  a  eu  fêlure,  l'ne  parlicidarilé  r-elative  à  Savinienne,  la  pins  irrosiO  des  deux 
cloclios  do  .'^ens.  c'est  qu'elle  était  (U'y.t  fèlee  en  1  iSo.  En  ell'el,  tjeor.^es  l.en^niei'anl,  le  peleiin 
dont  M.  le  baron  de  L:i  l'oas-.Melicoq  nous  a  donné  les  notes  de  voyage  que  nous  avons  publiées, 
noiamment  volume  x\n  d:'s  «  Annales  .Vicliéologiques  »,  page  oO,  dit  :  «  Kn  la<iuelle  ville  y  a 
deux  cloches  au  liolîroy,  dont  l'une  a  deux  désires  en  croisie  et  ix  pieds  et  demi  de  i-loièic.  ou 
environ;  et.  en  haulteiir.  ix  pieds  et  plus,  et  semble  (|u'elle  soit  aussy  liaulle  que  large.  l-:i  y  eut 
à  le  fondre,  (|ue  d'eslaingque  de  métal,  comme  on  dict,  x\x  mil  lil.'\res  (p.ianl  lut  premiei-omenl 
fondue;  mais,  à  présent,  ne  poise  que  xxn  mil;  le  balant  dicelle  poise  hm"  et  xii  hbvres  île 
fer,  et  est  fendue  ung  pitit.  lit.  |iar  dessus  elle,  y  en  a  une  aultre  qu'on  S'Uine.  biMUcoup  men- 
drc  ».  —  Manuscrit  d(!  la  bibliothèque  <le  Valencieniies,  n"  -103,  f"  2,  i"  et  v".  —  I.eugueranl,  il 
est  vrai,  dit  que  ces  deux  bourdons  sont  à  Troyes  et  non  ii  Sens.  Mais  je  suis  persuadé  (pi'il  se 
trompe  de  ville  :  Sens  a  possédé  et  possède  encoro  ces  deux  bourdons  célèbres  dans  toute  Ki 
Trance,  et  je  ne  sache  pas  que  Troyes  en  ait  jamais  eu  de  pareils.  Dépendant  .M.  Sauvageot  nous 
annonce,  d'après  des  inscriptions  |)ositives.  que  les  deux  grosses  cloches  actuelles  do  Sens  datent 
de  l-oGO,  du  |iontilicat  de  l'ie  IV  et  du  règne  de  l'rançois  II.  l''aul-il  cioire  que  hsileijx  liourdons 
qu'a  eate.'idus  Lcnguerant  on  I  is.a,  et  dont  le  plus  gros  était  fêle,  ont  été  refondus  en  loliO  pour 
que  le  plus  gros  se  fèlàt  encore  en  18.37?  Tout  cela  est  infiniuK-nt  probable,  mais  me.-sieurs  les 
archéologues  de  Sens  et  de  Troyes  devraient  bien  nous  éclairer  sur  ces  (luestions  do  dat's  et  de 
fêlures.  i\olc  de  M.  Didnni.) 


2^0  A.NNAI.F.S  .M;ciiKOLOGiori:s. 

inuulage  i>n  plâtre  d'iiii  l'r;i,i;iiient  de  relte  prucession  des  Flambai'ds;  mais  je 
n'ai  pu  y  voir  les  jiriapées  <m'eii  m'avait  signalées.  Les  personnages  de  cet 
l'Iraiige  bas-relief  sont  nus.  il  est  vrai;  mais,  je  le  n'-pMe.  en  cela  sotile- 
ment  consiste  leur  indécence,  leur  imimiralilé.  Toutes  les  figui'cs  de  cette 
Irise  portent  un  ciei'ge.  L'inscription  est  du  reste  des  plus  convenables,  et  l'on 
ne  doit  voir  dans  cette  repi'i''sentatinn  de  personnages  nus  qu'une  fantaisie 
d'ai-tisfe  assez  fréquente  à  cette  époque  où  l'art  eu  géiiéTal  était  devenu  mi 
peu  païen  dans  la  forme.  Tout  le  monde  sait  (|ue  le  gi'and  Michel-Ange  lui- 
même  ne  sut  pas  ou  ne  voulut  pas.  dans  son  immoilrl  Jugement  dernier,  s'af- 
franchir de  ce  mauvais  goût,  et  ([ue  le  |)lus  grand  nombre  des  figures  de  celte 
immense  page  sont  nues.  Voici  l'inscriplion  de  la  cloche  des  Flambards  qui 
existe  encore,  ni'a-l-on  dit,  dans  les  greniers  de  l' hôtel  de  ville  de  Dreux  : 

l'an   I"><)I    i.r  i'i\i:Mn:ii  ne  iu;iiM;  m;  c|[mili>   iv    1'\ii    i.\   (wtAci;    m;    iiii:u    mu  m;  i-iUNci-; 
HT  ciiMij;  rue   iii\i:i\   iv.   vvs   KoMiir;    imu  ii    i.'ikjn.m:.  ii    m:    luia    i.i;   sianici;    du   nui   i;t   i.v 

CU.MMiNAlTi;    1>1"    liriUl  K.     MKS.-^IRi;     ItOTItOU     KTAM     l'dl  li     l.dli^     Lli;iTi;NANT     (ilCM-ai  U,  ,     .1  Myl  1,S 

i:iiAn,i.oi;  .mamii;  tT  1'I1U,u'1'E  l'irrir  i'kdcliuclr  svm  ii:. 

C'est  encore  dans  un  obscui-  village  de  la  haute  Bourgogne,  à  Decize 
(d('partement  de  Saône-et-Loire)  que  j'ai  renconlri;  la  cloche  suivante,  por- 
tant la  date  de  1G18.  D'une  grosseur  déjà  remar([uable,  cette  pièce  sonore 
mesure  i""-2()  h  sa  base,  et  l"'0o  de  hauteiu'  sans  les  anses.  On  remai'([ue  à 
la  base  de  l'inscription  la  sainte  Vierge  et  saint  Martin,  sous  la  protection 
du([uel  e>t  placé'c  celte  cloche.  Lu  écusson  succédant  au  millésime  contient 
une  petite  clochette.  Ce  sont  pi'obablement  les  armes  du  fondeur,  qui  n'a 
pas  autrement  signé  son  œuvre.  Voici  l'inscription  dont  les  caractères  ne  sont 
plus  gothiques,  mais  romains  : 

\Ts    \1NC1T    XÏ^S     llEt;NAT    \I'S    IMI'ERAT    M'S     \1!0MM    MAI.O    NOS    IIEFFENDAT 
SA.NCTE    JIAIITINE    OllA    l'RO    NUUIS 

La  cloche  ou  timbre  de  Dourdan  est  presque  célèbi-e  à  cause  de  son 
inscription;  elle  date  de  1599,  et  n'a  absolument  de  curieuK  que  les  six  mau- 
vais vers  (fu'on  peut  lire  à  la  base  du  cerveau.  Les  voici  tels  que  j'ai  pu  les 
copier.  Je  n'ose  répondre  de  leur  parfaite  exactitude,  car  il  m'a  été  fort  dilFi- 
cile  d'arriver  jusqu'à  l'instiument  en  ([uestion,  suspendu  dans  une  étroite 
petite  llèche.  oii  il  est  impossible  de  circuler  : 

XV  VEMU  DES  liUL'RBO.NS  AU  FINUl  DES  VALOIS 
GBANDE  COMBLSTION  ENFLAMMA  LES  FRANÇOYS 
LA    VILLE    MISE    A    SAC    LE    FEL    EN    CE   SAINT    LIEU 


KTIDi:   Sli;   LF.S   CI.OCIIKS.  i.'il 

M  MM'    IU)LIU;i:i)lS    lUM.ONNi:.    O    DDIIUIAN     l'Illi:/.    DIKU 

T\M    Ji:  VOIS  S()\N\i    i.ciiis  in;   >i  \i.in:uii:i -i:s  iii;liii.s 
gi'v  T(H  1    JVMMs  ji:   i.i.s  sonm;  ,mi:ii.i,i.l  iu>   '. 

J'ai  pu  Voir,  sur  le  \asc  de  celle  eK)clie .  une  croix  orin'e  de  Heurs  de  lis 
avec  la  sainte  ^  ieru;e  assise  à  la  |)iaee  du  di\iu  ('.iHieifn''. 

Me  voici  lout  au  l'nnd  de  la  terlile  lîeauce,  de\aul  luie  ciecliu  exIrcMuenieiit 
curieuse,  bien  (ju'elie  soil  pres([ui;  moderne.  Klle  dale  de  l/'iD  et  se  voit  dans 
l'église  de  lluuvray-Sainl-Denis.  dc'parleuieiit  d'Kure-el-l.nii-.  Henianiuahle  à 
|)lus  d'un  litre,  elle  est  en  outi'e  allemande  d'origine.  Hn  eU'el.  sou  iiiscri|ilion 
dit  clairement  (|a'elle  fut  fondue  à  llernlau^la(lt  [lour  la  chapelle  du  comte  de 
.Stain\ille.  I.a  l'orme  di' cette  cloche  est  lourde,  el  les  mouhuvs  dont  elle  est 
décoi'ée  sont  d'un  goût  contestable.  Mlle  est  de  peliles  (limeu>ions  et  condam- 
née depuis  longtemps  au  silence  par  une  hMure  considérable.  C-ouimeiil  se 
fail-il  que  cet  instrument  allemand  ait  été  trans[)orlé  eu  l'raiice,  au  ci'ulre  du 
pays  beauceron'.'  Il  sei'aii  assui'(;]iienl  curieux  de  le  savoir;  mais,  pai'  mal- 
heur, personne  n'a  pu  nn'  donner  tk's  renseignements  à  cel  égai'd,  pas  même 
le  vénéi'able  curé  de  ilouvray.  ([ui  dessert  depuis  près  de  (|uaranle  ans  celle 
paroisse.  Voici  la  longue  el  curieuse  inscriplion  latine  (|u'ou  lil  autour  du 
vase  de  la  cloche  de  Uouvray  : 

TtBA  DEl  SONLM  Sl'AllGENS  Al>  i:AI'i:i.HM  Ari.'.i:\M  EXCEI.LMI  UNI  STIl'llVM  (DM  \  STMN- 
VILLK  se  I;T  lti:(i  CATIIOLKNÏIS  IMIMI  AC  C.OXSII.II  ALl.l;  BKLLl  CONSILI  iun  Ui;.MU.l>  llANi;  IC 
m    CtllAVIT    i:UilMI    Sia    HinOIANSTADl    ANM)    MIlClAX. 

(ioss.  MiciiAia,  wiMiDi-Kiai  in  iiiaiM  \nstmit. 

La  cloche  de  Rouvray-Saint-Denis  n'aurail-eili;  de  particuliei"  (|ue  son  ori- 
gine étrangère  el  sa  curieuse  inscription,  (ju'elle  serait  d('j;L  digne  de  remar- 
que; mais  elle  olî're  en  outre,  chose  extrêmement  rare,  un  mouton  en  i)ois 
richement  décoré  el  e\(''culé,  selon  toute  apparence,  au  counneic-ement  du 
XVI'  siècle.  C'est  un  assemblage  de  deux  pièces  de  bois   découp/'cs  à  leur 

1.  M.  Augujlo  Mouliù,  correspondant  des  Coinilés  liisiuri([iR's,  cinoya  i.mi  lisii,  au  (loniilc 
historique  des  arts  et  monunienis  dont  j'étais  alors  secrétaire,  et  dont  je  rédii^eais  le  «  Hulletin 
archéologique  »,  l'inscription  si  curieuse  de  cette  cloche  de  Dourdan.  Le  vers,  «  Tant  ie  vous  soa- 
nay  lors  de  malheureuses  heures  »,  que  .M.  Sauvageol  place  le  cinquième,  .M.  >hjuiié  le  met  le 
troisième.  L'ortliograplm  de  MM.  Sauvageot  el  Moutié  n'est  pas  la  même,  lînlin,  .M.  .Moutié  donne 
les  deux  lignes  suivantes  qui  mentionnent  les  magistrats  de  Dourdan,  la  date  de  la  fonte  et  le 
nom  du  fondeur  dont  .M.  Sauvageot  n'a  |)as  parlé. 

MATUCRIN    IMIOVSTKAC    I    I.VAUD    E    LASNE    (iAICiEHS 
E.N    LAN     lo'J'J    TUOAnS    MOVSET    .MA    FAICT 

Voyez  le  «  Bulletin  arcliéologi<iuc  du  Comité  historique  des  arts  et  monuments  »,  années  1842- 
1843,  vol.  II,  page  467.  (.\ole  de  M.  Uidron.) 


2liî 


AN  N  ALKS  A  RC.ll  KOLOC I  OU  ES. 


i'\lr('iiiili_'  scion  le  [irolll  (I(^  la  liaso  alliqiie,  et  rovêUies  sur  leurs  deux  entés 
(l'une  ainialia-e  di'  1er  déeoupée  et  modelée.  L'ensemble  est  peul-èlre  un  peu 
lourd  de  l'oruie;  mais,  en  revanche,  les  détails  sont  d'une  fi;rande  finesse  et 
ti-ès- adroileiiient  contuui-nés.  C'est  donc  un  mouton  plus  ancien  de  deux 
siècles,  auquel  on  aurait  accroché  une  cloche  de  J720.  11  fallait,  on  le  conçoit 
à  son  élégance  et  à  Inuies  ses  délicatesses,  qu'on  y  tînt  beaucoup  jioui"  le 
coiiservei'  aussi  pi'('cieusenient.  Au  reste,  je'  ne  saui'ais  mieux  l'aire,  il  me 
semble,  (|iie  de  montrer  ici  une  tigiu'e  de  ce  mouton  l)ardé  de  fer  :  un  cro- 
(|uis.  aussi  imparfait  (|u'il  puisse  être,  eu  dit  souvent  |ilus  que  les  descrip- 
tions les  plus  minutieuses  el  les  plus  complètes. 

IS.    —    MOUTON    Dli     LA     CLOCHE     DE    R  O  C  V  li  A  Y- S  V  1  N  T  -  H  i;  N  I  S. 

Dvp.ulrnifnt  d'ElirL-t-t-Luir. 


Mais  je  m'aperçois  enfin  (]u'il  esl  temps  de  m'arrèlei'.  Aller  plus  avant 
serait  tomber  dans  l'ère  moderne  de  l'ait  campanaire.  et.  conséquemment, 
devenir  fastidieux.  Vous  avez  dû  remar(|uer.  du  reste,  qu'à  mesure  que  nous 
nous  éloignons  du  moyen  ùge.  les  inscriptions  el  l'iconographie  des  cloches 
n'offrent  plus  le  même  intérêt.  Les  cloches,  aux  xiii'  et  \\\'  siècles,  ne  pré- 
sentent en  gé'uéral  que  de  courtes  sentences  latines,  de  pieuses  invocations 
à  la  reine  du  ciel  ou  au  saint  patron  du  pays,  tandis  ([u'aux  xv' et  xvi'  siè- 
cles on  rencontre  déj;i  de  longues  et  dilïïises  inscriptions  frisant  parfois  le 
grotesque,  connue  à  la  cloche  d'J'.tampcs.  Le  poids  de  l'instrument  est  aussi 


inriM-;  siu  i.f.s  ci.ociies.  2fi3 

très-soiivenl  ineiilioiinô.  el  le  l'omlcui'  u'ouhliu  |)ivs(|iio  jamais  de  signer 
son  œuvre.  Des  inarguilliers .  peu  niDilesles.  ne  négligeul  pas  nnn  [ilus  de 
saisir  cette  occasion  de  se  t'aiiv  conuailre  à  la  |)()st(''rih''.  lîi'ef,  un  esl  d<''j;i.  il 
faut  bien  en  cninmir.  loin  des  ixinnes.  df^  saines  traditions,  (lependaiil,  il 
était  réservé  aux  deux  siècles  suivants  de  di'passer  toute  mesure  à  cet  égard, 
et  de  nous  montrer  iU'!^  inscrijitions  de  cloches  souvent  inconNciianti.'s.  en  ce 
sens  (ju'elles  ne  contiennent  aucune  iiuoculion  |)ieuse,  cl  ne  sont  |)laci'i's  très- 
souvent  sous  la  protection  d'aurani  saint.  Je  ne  i-i''sisti.'  pas  au  dt'sir  de  citer 
ici.  coiiune  preu\e  de  ce  (|ue  j"a\ance,  riir<cription  de  la  cloche  de  la  cha- 
pelle de  Boigne\ille.  dans  les  environs  de  (iallardon.  (rcst  la  nomenclature 
tivs- exacte  des  villes,  villages  et  hameaux  dont  M""'  de  Maintenon  était  en 
possession  : 

l'an    IG'JO.  j'av   lirii   faitiï    paii   l'ordhe    i>k    thés    mactic   et   tiiks    puissantiî   dam^  ma- 

DAIIK  Hl\M.;olSi;  DAllilCNli  MAIHJl  ISE  DE  MMMICNON,  LiA.ME  lil  l'Alii:,  PIEHRES,  TENiasE, 
LE  BOIS  lUc.lliaX.  SAlNT-l'IAT,  (illOGMCUL,  (IPANC.i;.  Cil  VRTA'.N  V!  LLIMIS  ,  BOIGNEVILLE,  YER.ME- 
.NONMLLE    ET    AL'THES    LIEIX.    —    UEXVS     MUl  SSET    M.    F. 

Huelle  ditré'i'ence  entre  cette  longue  éiiumératioii,  .-i  peu  à  sa  place,  des 
titres  et  (|ualili's  d'une  ciMèhri.'  et  jiuissantc  dame,  il  est  \rai,  et  cette  sim|ile 
et  toucliante  iinocation  ;i  la  sainte  Vierge,  ([ii  on  \ oyait  sur  la  cloche  dé- 
truite de  .Moissac  :  svlvi-;  r.K(.ix  v  ,Aiisi:r.icoi!Dii';  ! 

Quant  airx  cloches  qui  se  fondent  de  nos  jours,  sous  nos  yeux,  l'alnis  est 
encore  plus  llagrant.  On  a  souvent  allcint  dans  ces  circonstances  au  comble 
de  l'absiude  et  du  mauvais  goût.  Aussi,  est-ce  à  qui  sera  nommé  sur  la  nou- 
velle cloche  du  pays;  on  y  voit  des  inscriptions,  d'une  longueur  soporili([ue, 
contenir  successivement,  avec  leurs  titres  et  ([ualités,  les  noms  du  cun''.  du 
maire,  de  l'adjoint,  du  maître  d'école,  des  |)ai'rains  et  marraines,  des  mai- 
guilliers,  etc.,  etc.  Dans  peu  n'y  verrons-nous  pas  des  bedeaux  aussi  el  des 
gardes  cliampètres  '  ? 

1.  Il  y  a  deux  ans,  ciniroii,  on  est.  \Tim  me  consuller  sur  le-;  inscri|ilions  à  .mnxcr  sur  iisi-lu- 
clies  de  la  nouvelle  église  Saintc-Clotilde  à  Paris.  On  m'apporta  une  inscripliou  d'une  longueur 
à  occuper  une  partie  de  la  robe  des  cloches.  On  se  plaignait  de  celte  longueur  et  on  me  demanda 
le  moyen  d'ôtre  plus  bref.  Mgr  le  cardinal  .Morlot,  arclievi^ipie  de  l'aris,  dc\,iit  faire  le  baptême 
de  ces  clociies,  et,  dans  tous  les  cas,  en  sa  qualité  de  chef  du  diocèse,  on  \iiulail  l'Iionorer  en 
gravant  sur  toutes  ces  cloclios  .lion  nom,  ses  qualités,  ses  dignités,  je  n'irai  pas  jusiju'ii  dire  son 
lieu  de  naissance,  son  âge  et  ses  trailemcnts.  Il  me  sembla  ipie,  sur  un  instrumenl  religieux,  les 
qualités  ecclésiastiques  du  vénéral)le  pri'lat  étaient  parfaitement  sullisantes.  .le  conseillai,  en  con- 
séquence, de  déclarer  que  Mgr  Morlot  était  cardinal  de  la  sainte  Kglise  romaine  et  arcliovL'(iue  du 
diocèse  de  l'aris;  mais  je  trouvai  inulile  de  faire  graver  qu'il  était  sénateur  de  l'empire  français 
el  membre  du  conseil  impérial  privé.  Ces  qualités  de  sénateur  et  de  conseiller  me  paraissaient 


0',/,  AXNAI.KS    ARCIlEOLOnilU'l^^. 

!)(■  tniit  ceci,  il  ivsulle  (|ue  roii  s"(''|i)ii^ne  souvent  trop,  en  ce  ([iii  concerne 
l'ecclésidlogie.  de  la  (lisci|iline  liturgique  et  des  convenances  observées  aux 
\ii'.  Mil'  et  xiv'  siècles;  et  c|ue.  de  plus,  il  est  ])i-esc]ue  toujours  nécessaire 
de  létrograder .  de  retourner  dans  le  passé  pour  trouver  les  ol)jets  et  instru- 
ments du  culte  à  leur  véritable  place  et  destination. 

Veuillez  agréer,  cher  monsieur,  mes  salutations  empressées. 

C.    SAUVAGi:OT. 

n'avoir  l'ii'ii  à  l'.ui'e  liaiis  la  ciivoiislaiice;  en  los  <u|)|iiiinaiil,  on  ijauNiail  une  place  précieuse  el 
ilont  on  avait  grand  besoin,  dit-on.  pour  nommer  le  curé  de  la  paroisse,  son  premier  vicaire, 
les  donateurs  des  cloches  et  entin  les  parrains  et  marraines.  J'ignore  si  l'on  aura  goûté  mon 
conseil  et  je  n'ai  pas  encore  songé  ii  ilemander  aux  soimeurs  de  Sainle-Clotilde  comnieiil  les 
inscriptions  étaient  composi'es.  {.Xule  de  M.  I>ii/r(j/i.^ 


VOYAGE   ARClIKOLOGIOUi: 

AU  XV    SIKCLI- 

Ti:iiliE  SAINTE  ET  HETOIM!   l'Ali   E'ESl'AciNE  ET  LA   I  TiANCE 


TERRK     SAINTE 


jÉuiSM.KM.  —  <i  Sur  le  mont  de  Calvaire  et  en  la  cappellc  de  Nostre- 
Dame.  tout  y  cstoit  tendu  de  tapisserie,  laquelle  le  bon  duc  Plilipe  de  Bour- 
gongne  y  avoil  doniié.  en  son  tainpz-.  » 

Nous  voyons  ailleurs  que  le  duc  <;  Phle  de  Bourgongne  y  envoia  une  foys 
une  cappelle  de  bois  touttc  l'aicte.  pour  asseoir  sui-  le  lieu  où  les  apostres 
receurent  le  Sainct  Esperit  ;  mais  les  Mores  ne  veurent  oncques  souflVir  qu'elle 
y  fust  mise  ^.  » 

«  Ung  petit  oultrc.  tousiours  allant  vers  le  muni  de  Syon.  et  t(Jusiours  tout 
droit  sur  la  scnestrc  main,  là  y  a  ung  cloistre  des  Yndois,  lesquelz  sont  mo- 
riaines  crestiens,  du  pais  du  prestre  lan.  Autjud  (;loislre  je  fus  fout  seul, 
avec  des  chandeilles  ardantes;  et  y  a  aud.  lieu  une  grande  caverne  et  ])ro- 
fonde  et  fort  dangereuse  à  descendre,  et  est  le  lieu  où  David  fit  sa  pénitancc 
pour  la  mort  de  L'i'yc,  et  y  faict  fort  froid.  Auquel  lieu  David  y  comjiosa  les 
sept  psaulmes  par  la  révélation  divine  :  et  sy  a  là  dedens  des  fors  beaux  pom- 
miers de  grenade,  et  sont  lesd.  religieux  fort  poures^.  » 

1.  Voir  les  ('  Annales  Arcliéologiquos  »,  volume  xxii.  pagos  48.  86  cl  133. 

2.  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Valencionnes,  n"  il>3.  fui    \~i  v. 

3.  Fol.  79  v°. 

4.  Fol.  173  V". 

x.xii.  32 


2/,Û  ANNALKS   ARCII  KOLOGIQI  ES. 

tt  Toulcs  les  foiinnes  (stalles)  el  la  pluspart  do  l'église  du  innnl  do  Syoïi 
osloit  londiio  do  tapisserie,  pour  rainnur  de  nous,  laquelle  le  bon  duc,  l'iiilipe, 
due  de  noni'giiigne,  avoil  doiniô.  on  son  lampz  :  et  nous  diol-on  que  tous  les 
ans  yl  donnoit  tant  on  ornements  d'oglise,  que  on  or  ou  en  argent,  |)Our  lu 
suslenlalloii  dos  frèi-es,  la  valleur  de  mil  ducas  d'or  par  an.  » 

«  Le  co'Ui'  dud.  duc  t'nt  |)orli''  api'ès  sa  mort.  |)ar  uug  nouimot  Jaccpiemin 
TciTot,  on  llierusalem,  ol  enterré  au  mont  do  Syon^  :  el  a  fondé  aud.  lieu,  à 
ung  autel  à  la  main  gaulée,  une  messe  pour  cliascun  jom-  jiorpétuellement. 
Dieu  luy  face  mercliy-  !  » 

«  Tenant  à  la  porte,  pour  veuir  au  mont  do  Calvaire,  est  la  maison  de  s" 
Véi-oni(|no.  dont  Aostro-Si'igueur  imprima  sa  s'"  l'ace;  et  y  a  à-  lad.  maison  des 
chovilies  d(>  l'rr.  A  le  sallui'r.  yl  y  a  Vil  ans  et  \11  M.""  de  pardons.  IMus  avant 
dedons  la  ville,  yl  y  a  uug  chemin  de  trois  rues  où  Notre-Soigncur  Jhs  se  re- 
tourna sur  les  femmes  de  Hierusalem.  en  disant  :  «  Femmes  de  llierusalem! 
»  ne  ])lorés  point  pour  moy;  mais  ploni'és  sur  vous  et  sur  voz  enfl'ans.  »  — 
A  saluei'  ced.  lieu  on  y  a  VI i'  ans  et  Yll  MV'"  do  pardons. 

(I  Assis  près  de  là  est  lo  lieu  où  les  faulx  juid/.  elioi'gorout  la,  croix  à  Symon 
Cyréneus.  lo(|uol  estoit  ung  homme  venant  du  viliaige.  A  saluer  ced.  lieu  on 
y  acquiert  WV  ans  et  VII  \L""  de  pardons.  Ung  bien  peu  oullro,  tousiours 
ou  allant  sur  la  bonne  main,  au  plus  bas  de  une  grande  rue,  yl  y  soulloil  avoir 
une  église  on  l'honneur  de  Dieu  et  de  la  vierge  Marie,  hupielle  s'appelloit 
l'église  Xoslre-Dame-I'asmr'o,  et  clie  ad  cause  (jiie  la  glorieuse  vierge  Marie, 
mère  do  .Ihesus.  quand  elle  rencontra  son  cher  enlTaut  jiortant  la  croix,  fort 
travailii'  et  lassé',  tout  desréant  do  son  jiréciouk  sang;  et.  (|uand  elle  le  per- 
ceupl.  (^Ilo  clii'it  toutle  |)asmée.  Dieu.  (|uelle  doleur !  Au(juel  lieu  on  n'y 
poult  rioii  édifller.  et  si'  n'y  peult  personne  demoi'or.  l'A.  ([uand  aultres  l'oys 
on  y  a  voulu  faire  quchpie  édifice,  lendemain  on  trouvoit  tout  rompeu  et 
clieut  par  terre.  Au(iuol  lieu,  a  le  saluer,  yl  y  a  plaine  rémission  de  tous 
péchetz.  » 

L'Ar.c  nK  i.'ucce  iiomo.  —  »  Ung  peu  plus  avant,  sur  l'arcure  de  une 
porte  haull,  sont  deux  pierre  de  marbre  blanc,  et  sont  quarreez,  sur  l'une 
dosiiuellos  \ostre-Seignein-  estoit  assis,  et  sur  l'aultre  estoit  assis  l'ilale,  à 
l'heure  qu'il  condanma  Jésucrist.  A  saluer  ced.  lieu  on  y  acquiert  VI U 
ans  et  \\\  \  L""  de  pardons.  Uug  polit  oultrc  est  la  maison  de  Pylate,  sur  la 
main  gaulco;  auquel  lieu  Nostre-Seigneur  fut  battu  et  llagollé,  son  cliief  co- 

1 .  Le  cœur  Ai'  lMiili|i|)e  le  Bon  fut  enleiré  aux  Cétcslins  (te  Paris,  ("  Arl  de  vérifier  les  riules  », 
t.  XI,  |i.  '.U.) 

î.  Manusnil  (le  Valcncieiiiies,  fui.  ISl  r°. 


voYAci:  AiîCiiKOLOCiorr:  \[   \v=  sikclk.  2.'i7 

ronnc.  Aussy  aiid.  lien  \  I  fui  mène  devant  le  prétoire.  Aii(|uel  lieu  iiulz  des  pèle- 
rins n'y  pe\eut  entrer,  svnoii  secrèlenieut  cl  par  l'oire  d'argent.  Aussy  la  porte 
de  lad.  inaisiin.  par  où  Xoslre-Seigneiu'  viiida  (b'puis  ([uil  l'ut  ju'j;i''  h  luort, 
est  eniuiKrrée,  et.  dicl-on.  (|ue  j.uiiais  pei'SDiuie  n'y  |)assa  depuis  ([lu.'  Xostre- 
Scigueur  .Ihesus  y  passa  |)orlant  sa  ci'oix,  allant  niorir  pour  nostre  rédeinplion 
au  mont  de  Cahaire.  Au([uel  lieu  y  a  plaine  rémissiim  de  tous  p(''eliiety. '.  » 

De  sou  côti'-,  Lenguerant  nous  dit  :  «  A  deu\:  jectz  de-  pierr(!  de  la  grosse 
pierre  où  la  glorieuse  vii'rge  Marie  se  pasma.  quand  elle'  \id  son  lll/.  |)orlant 
la  croi\.  \  a  une  an;  ou  arcui'c  de  pierre.  (|uy  traverse  la  rue.  Ie(|uel  lit  l'aire 
s'"'  llélaine.  où  au  haut  il  y  a  di'UK  grosses  pierres  l)lances  :  sur  une  cstijit 
.lésuerist  séant,  quand  il  fut  jugie'l  e!.  sur  l'aiilire,  esloil  l'ilate.  (|ua,nd  il  le 
jugeoit  à  mort. 

Il  Assez  près  de  là,  est  l'escolle  oii  la  vierge  .Marie  apprint  ses  limires  en 
josnesse;  mais  je  ne  la  vidz  point. 

(I  Près  de  là,  au  bout  d'une  l'uelle.  à  main  senestre,  est  la  maison  Ué^rodo  (|uy 
est  réparée  de  neut";  et,  au  bout  de  ceste  ruelle,  sur  le  chemin  oii  nous  pas- 
sions, à  mesme  main,  est  la  maison  de  Pylale  oii  Xostre-Seigiieur  l'ut  batii 
et  flagellé,  et  eondamné  à  mort.  Pour  lors  n'y  entrassmes  point,  mais,  depuis, 
trouvay  manière  de  y  entrer,  et  vidz  la  jM'ison,  aussy  le  lieu  où  l'ut  Jug(^l. 

«  Puis  passâmes  par  devant  une  ruelle,  à  main  dextre.  où,  au  bout  d'ieelle 
est  le  temple  de  Salomon.  où  f)n  n'oseroit  plus  avant  aller  sur  la  \ie;  mais,  en 
le  saluant,  y  a  indulgence  plainière-. 

ic  On  entre  en  ung  petit  lieu,  tout  devant  le  S'  Sépulcre,  ouquel  lieu  y  a  cincq 
petittesfenestres  barrées,  et  au  millieu  d'icelluy  est  la,  pierre  sur  la([uelle  cstoit 
l'angele  quy  parla  aux  Maries.  le  jour  de  la  ré'surreclion.  Et  d'icelluy  petit 
lieu,  (|uy  samble  vauls(''.  ou  entre  par  ung  bien  [n'Iit  luiys  et  bien  bas.  au 
lieu  du  S'  St''|)ulciv,  et  esloil  ce  ]ietit  huis  estoupez  de  ceste  granc'e  pierre, 
quy  est  en  l'église  S'  Salvateui'.  où  estoit  la  maison  Cayphe  •^. 

H  La  saincte  cité  de  Ilierusalem  est  située  en  fort  bon  pais  et,  d'ung  des 
ccstcs,  vers  la  marine,  elle  est  fort  haultc  et,  d'aultre  part,  fort  basse,  assès 
sur  la  fachon  et  forme,  aussy  de  gi-andeiu'.  comme'  on  diroit  au  pays  de  Ilay- 
nault  la  ville  d'Avesnes.  Au  plus  près  de  l'église  du  S'  Sépulcre  yl  y  a  deux 
tours,  esquelles  y  a  des  garittes  de  bois,  selon  mon  advis  ''.  » 

BKTiir.i':i-nr.  —  «  L'église  est  fort  triomi)liante,  et  fort  longue,  et  sy  a  les 

I.  Fol.  183  à  I8i  r". 

î.  Il)i(l.,  fol.  72  \«  à  73  r". 

3.  Il)i(l.,  fol.  81  V. 

i.  I"ol.  2IC)  V». 


2hS  ANNAl.KS  ARClIKOLOCinUF.S. 

plus  l)(';iii\  |)illJor.s  el  long/,  et  aiissy  de  plus  belle  pierri^  que  jam;iis  je  vidz. 
Les  Cii'ocz  tiennent  le  cœur  de  lad.  église,  comme  ylz  rnui  eu  llierusalem '.  » 

Parlant  d(>  l'église  S'-l'ierre  de  Rome,  aux  fol.  oO  v".  '|0  v",  Lenguerant 
avail  dil  :  >i  Kn  icelle>  église  a  \ll  ]iilli'rs,  tous  d'une  faclioii.  et  grosses  co- 
lonnes lortilliés.  et  beaucop  de  personnaiges  et  de  llorettes  taillées  alenthour, 
et  vindrent  de  Jliérusalem.  floiit  les  \  sont  alenthour  de  la  cap|)elle  S' 
Pierre.  » 

Puis  il  ajoute  :  »  (Juand  on  vient  liault  en  lallre.  oii  la  l'onlaine  sourt  de- 
vant ré'glise,  on  voit  l'imaige  de  Nostre-Seigneur  Jésucrist.  séant  au  juge- 
ment doseur  le  portai,  et,  entre  ses  deux  piedz,  l'ung  des  deniers  de  quoy  y 
l'ut  vendu.  Et,  autant  de  l'ois  que  la  personne  le  regarde  par  dévotion,  elle  a 
Mil'  jours  de  |)ardons.   » 

Rhodes.  —  u  A  l'église  de  S'  .lohau,  à  Rhodes^  yl  y  a  une  croix,  laquelle 
est  de  laylon,  et  le  void-on  tous  les  vendredy.  Laquelle  croix  est  faicte  du 
bacliyn  au(|uel  Nostre-Seigneur  .lé'sus  lava  les  piedz  et  mains  aux  apostres  et 
disciples,  au  jour  du  lumidy-Absolul.  On  m'y  monslra  une  espine,  laquelle  pro- 
cède du  capeau  d'es|)ine  quy  l'ut  posé  à  Nostre-Seigneur  Jésucrist  par  les 
juidz,  le  jour  du  vendrcdy-sainct .  et  laquelle  espine  florit  aud.  vendredy- 
.sainct  toute  blance.  et  aussy  aud.  jour  après  elle  devient  aussy  rouge,  comme 
sang  :  et  l'ouys  a  certil'lier  par  mous,  de  la  Morce  et  aullres  chevaliers  dud. 
Rhodes  aux  chevaliei's  de  |)ardecà. 

((  La  grande  nave  de  Rhodes  estoit  ornée  de  très-belle  tapisserie  portant 
les  armes  dud.  Rhodes  :  si  comme  s'  Jehan  Raptiste  et  la  blance  croix  droicte, 
à  i'ourquette  sur  les  IIII  deboutz,  et  comme  portent  les  frères  dud.  s'  Jehan, 
qui  demeurent  par  deçà'-.  » 

S'-Jacoies  de  Com poste lek.  —  <<  .Je  montay  à  une  eschelle  de  bois,  der- 
rière le  grand  autel,  et  là  endroit  j'accolay  une  ymage,  ([iiy  est  taillié  en 
bois,  quy  est  faicte  à  l'honneur  de  s'  Jacques;  et  à  lad.  ymaige  sur  son  chief 
une  coronne,  laquelle  je  prins  en  mes  mains,  et  le  mis  sur  mon  chief.  Eu 
après,  je  descendis  embas,  et  vins  devant  le  grand  autel  et  regarday  lad. 
ymaige,  tenant  en  ses  mains  ung  rollet,  auquel  y  a  escript  en  lettres  rom- 
maines  et,  avec  ce,  yl  ensaigne  de  son  doigt  et  dict  :  nie  jacet  corpis  sancti 
j\com,  Fir.[i  Zebedee.  C'est-à-dire,  translaté  de  latyn  en  franchois  :  cv  repose 
i.E  cor.pz  DE  s'  .iACQi!ES,  FILS  DE  Zeiîédée.  Après,  on  ne  monstra  le  bourdon 
dud.  s',  lequel  est  en  la  moienne  de  lad.  église  sur  la  bonne  main.  En  après. 


I.  Fol.  \<M  V». 

•2.  I"ul.  '2:10  il  238  r'. 


VOYACK   AlîClIKOLOflini  1-:   AL    W^   SIKC.Li:.  S/i'J 

j'ois  sonner  uno  clocliellc.  ot  puis  nous  allasinos  au  I'kuiI  de  hul.  l'gliso.  au 
coste  sur  la  boiu)i'  niaiu.  au(|ui'l  lion  est  lad.  s'"'  cappi'lle.  et  uioiitasinos  à 
mont,  et  là  nous  t'ul  uiousinj  le  chief  de  s'  .)ar((ues.  le  <j^Vd\u\  apostrc  et  eousin 
de  Jésucrist.  et  avec  |)lusieiu's  aultres  nobles  reli((uiaies  :  don!  en  la  cappelle 
y  avoit  deuv  torsses  et  plusieurs  cyrous  allumés.  C'est  uiip;  fort  noble  et  dévot 
joyau  à  regarder.  Yl  y  avoit  dedens  lad.  cappelle  ung  des  olllciers  de  lad. 
église,  lequel  avuil  une  robe,  nioilié  blanc(M't  l'aullre  nioicli(''  vrrnieille, 
lecjuel  dici  en  trois  langaiges  :  c'est  assavoii-  en  lalyn  .  en  alleuiant  et  en 
IVanchois,  et  le  dict  tout  liaull.  C/esloil  (juc  (|uicon(iues  ne  (l'uiitil  rci-nienieul 
que  le  corpz  s'  Jacques  ne  soit  encassé.  ou  luaclioinu'  dcdrns  le  grand  auti'l  de 
lad.  église,  et  aussy  comme  il  app(>rt  par  lad.  Idln'  au  rolli'l,  la([uelle 
ensaigne  l'ymaige  quy  est  deseure  le  grand  autel.  au(|uel.  ciunnie  diel  est.  est 
escript  en  lettre  i-ninuiaine  :  nie.  .r\c.i:T.  ctr.  ;  \l  dict  (|u'il  fairl  snu  pMrriiiaige 
en  vain.  l*our  moy.  je  l'ay  veu  à  Thoulou/.c  :  et  se  niainlieinieni  (|u"il/.  l'ont 
aussy,  cl  mcsme  le  corpz  des  11  s' Jac(iues.  .l'ay  veu  k-s  deu\  lieux;  mais, 
pour  moy,  je  croidz  que  le  corpz  est  aud.  Thoulouze  el  le  chief  est  aud. 
S'-Jacqucs.  Pour  conclusion  je  n'en  vculx  point  faire  débat  :  \1  est  eu  pa- 
radis, et  à  ce  je  me  couclnd  et  accorde'. 

«  D'emmy  les  rues,  pour  venir  à  lad.  ('glise.  on  \  descend  à.  Il  nu  III 
appas,  et  enunv  lad.  |ilace.  yl  y  a  connne  uiig  fous  à  baptiser  enIVans,  et, 
droict  devant  lad.  église,  est  riii)s]iilal  d(^  S"-.Iac(|ues  ;  mai>  je  n'y  cniray 
point.  A|)rès  avoir  touchié  tout  les  mes  baguettes,  je  m'en  relournay  à  mon 
hostel.  à  l'escu  de  France  2.  i> 

M.\KSEii.Lii.  —  "  Il  y  a  ung  très-beau  poi-l.  cl.  au  plus  pivs  diid.  porl.  \1  y 
aune  église,  laquelle  s'appelle  de  S'-Victor\  Latiuelli'  église  est  merveilleu- 
sement forte  et  bien  cntourrée,  en  huiuelle  y  a  plusieins  reliquiaires.  dont, 
entre  les  aultres,  yl  y  a  la  croix  de  s'  Andrieii,  aposlle.   Assès  près  de  lad. 


1.  Ces  pèlerins,  malgré  leur  dévolioii,  sont  des  sens  d'esprit  et.  de  sens.  liekiUveini-nt  aux  reli- 
ques douilles,  triples  et  décuples,  au\  nomlircux  exemplaires  du  même  corps,  aux  tètes  vingt 
fois  répétées  de  saint  .lean-Baptiste  et  autres,  le  meilleur  moyen  de  s'en  tirer,  sans  éveiller  les 
redoutables  susceptiijilités  de  l'inquisition  en  Espagne  et  les  colères  dangereuses  de  tous  les 
pays,  c'est  de  déclarer,  comme  fait  Georges  LengueranI  dans  Sainl-.lacipies  ih'  Composlelle,  ii 
propos  du  corps  de  saint  Jacques  dont  il  avait  déjà  vu  un  exemplaire  à  Toulouse,  '<  (pi'on  n'eu 
veut  point  faire  débat  et  que,  pour  conclusion,  on  s'accorde  à  croire  qu'il  est  en  paradis.  » 

IXole  (In   M.  Didron.) 

2.  Fol.  290  à  291  V. 

3.  Le  carlulaire  de  Saint-Victor  de  Marseille  (éd.  Guérard,  t.  i,  p.  io9)  mentionne  JIOGl-Ttt) 
«  Arbertus,  aurifex  et  monaclius  massiliensis  »;  en  1069  :  «  Furcones  Andrcs,  aurificis  (ihid., 
p.  188). 


*t 


250  ANiNALKS   ARCIIKOLOG  lOUES. 

église  y  a  une* fort  gfosi?e  tour,  laquelle  est  sur  la  dicque  de  la  moi',  el  on 

ycelle  on  faict  lousiours  le  guet.  Je  fus  en  la  grande  église  où  nie  fut  nionslré  le 

chief  de  s'  Lazare,  frère  à  la  glorieuse  Magdelaine,   lequel  est  moult  l'iclie- 

ment  aoi-né  :  et  est  lad.  église  sur  le  debout  de  la  ville  droict  sur  la  rive  de  la 

mer^.  » 

Tau\sco\.  —  i(  Je  fusa  l'église  de  S"'-Marlhe,  sœur  à  lad.  Magdelaine  et 

au  l^azare.  Larfuelle  église  est  fort  belle  et,  pour  descendre  à  la  sé})ulture  où 

lad.  s'"  iMarlhe  fut  enterrée,  on  y  descend  par  deux  montées,  dont  à  chascune  y 

a  XVIII  degrés,  Ies(|uelz  sont  de  pierre.  Et  dient  que  X'ostre-Seigneur  Jésu- 

crist  ensepvelit  lad.  s"'  Marthe  de  ses  propres  mains,  et  est  lad.  tombe  fort 

belle  et  toufte  enclose  d'une  treille  de  fei'.  i.'t  est  lad.  tombe  sur  la  main  gaulée. 

Ung  petit  oullre  yl  y  a  une  cldistm'e  de  fer,  et   puis,  en  la  moicnne  de  lail. 

place,  ung  ti'ès-bel  autel  et,  d(M-|-i(''i'e  Icd.  autel,  une  aullre  tombe  en  laquelle 

fut  ti-anslatéc  lad.  s"  Marthe.   la(|U(.'lli'  tunibe  est  toulte  enclose  de  fer  fort 

triumphamment.  Devant  led.  liostcl  là  sont  1111  lampes  d'argent,  nuictetjour 

ardantes  et.  en  la  moienne  desd.  lampes,  là  est  à  deux  genoulx  le  feu  roy 

Loys,  lecpiel  a  fondé  perjiéluellemenl  li'sd.  lampes.  Derrière  lesd.  lill  lampes 

y  a  encoires  deu\  lampes,  sont  enss;iml)lc  \  1  lam])es.  Après,  nous  fui  monstrée 

la  trésorie.  en  laquelle  est  le  chief  de  s'''  Marihe.  ung  annel  d'or,  de  laquelle 

(sic)  Nostre-Seigneur  Jésus  l'espousa;  ung   tablet  d'argent,  auquel  Nostre- 

Seigneur  Jésus  avoit  escript  de  sa  projjre  main,  en  disant  :  «  C'est  le  corpz 

«  do  s"  Marihe.  »  —  Ll  fut  led.  tablet  trouvé  au  tombeau  où  le  corpz  de  lad. 

s'°  esloit  ensepvely.  » 

liviiuN   UE   LA   FONS-MÉLICOQ. 

i .  Fui.  iî.j  V. 


»  • 


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S»     g 


Ni   I 


icoNO(;uAPiiii: 


DU    CHKMIX    Di:    LA    CHOIX 


l'KKMIKKi:    STATION 
(SI- m:  '). 

J'ai  (létenniaé  dune  manière  l'igourciiso  cl  absolu'',  à  l'aide  des  textes 
(juc  Piome  a  fournis,  le  sujet  de  la  prcuiicre  slatiuii  ilu  C.henn'n  de  la  croix, 
qui  est  la  Co> damnation  a  moût  ni;  .Iksi  s  iv\ii   Ponck  I'ii.atk. 

Pour  être  complet  et  surtout  ari'iver  h  une  solution  prati(|ue.  Iiois  ques- 
tions me  restent  encore  à  traiter,  à  savoii-  :  quelles  i-eprésenlalions  il  faut 
éliminer.  (|uels  motièles  il  importe  de  consulter,  et  enlin  (\w\  tvjie  ieono^ra- 
pliique  il  convient   d'adupter. 

La  <i  Condamnation  à  mort  de  Jésus-Christ  »  se  compli(|iie  de  trois  phases 
distinctes:  l'arrêt  prononcé,  le  lavement  des  mains,  et  la  mise  à  exécution  de 
la  .sentence. 

Rome  n'autorise  (pie  la  première;  les  deux  autres.  s(''pai'ées  ou  unies  dans 
le  même  tableau,  sont  fort  ri'pandues  en  f'rauce  el  en  Allemagne,  sans  |)our 
cela  qu'il  soit  loisible  de  s'y  arrêter  cl  d'en  faire  choix  di'  prétéi'ence  à  celle 
qui  a  été  spécialement  désignée. 

Or,  voici  d'où  provient  l'erreur.  Nos  CheuMiis  de  ci-oix  en  géuéi-al  ont  été 
calqués,  autant  que  possible,  sur  l'Évangile  (|ui  se  tait  sur  l'acte  même  de 
la  condamnation,  pour  parler  exclusivement  de  ses  consétiucnccs.  IJome,  au 
contraire,  laisse  ici  l'I'lvangile  de  côté  et  ne  s'appuie  ([ue  sur  la  tradition. 

Que   Pilatc  se  lave  les  mains  pour  cherchei-  à  s'innocenter  et  dégager  sa 

I.  Voir  les  «  Annales  Archéologiques»,  vol.  xx,  [Kiges  191  et  310;  vol.  xxi.  pages  1'.)  el  i'il. 


252  A\,\ALIiS   AUCllKOLOCilOUES. 

i-L'sj)()ns;il)ilili'' pei'soiiiiiîllr  ;  (jn'd!)  .scr\  ilciir  \i(Miiii'  à  lui  a\i'i-  |';iit;iiircr  cl  le 
bassin,  ix'  ([iii  iiii|.)li(|iiL'  (]ucl(]ue  chuse  de  inuiiis  ({ue  dans  la  scrne  |)récé- 
(lenle;  Iriiit  cela,  (jnelqne  aniorisé  (|n'il  senilile  êlrc  par  la  cdutninc  locale  ou 
ini  Iniii;-  usage,  lonl  ce  corolla,ii-e  n'est  pas  le  l'ail  lui-mènie  le!  (Hie  nous  le 
(li''siroi]s.  C'est-à-(iii'e  (|iie,  sur  trois  cirennslances  saccessi\('s  qui  composent 
liisloi-i(|ucuicul  [i\\  seul  et  mènie  l'ait,  nous  partageons  jiour  choisii'  la  pre- 
mière selon  Tordre  clironolo,!i;i([ue  el  ivjcl(.'i'  sévèi'cineiil  .  iuipitoxablemeut  les 
deux  autres. 

L'allemand  Fuerich.  dans  son  pi-emier  tableau,  a.  eu  le  toi't  .urave  d'an- 
niliilci-  sa  composilion.  rcmai'(inable  d'aillmu's  au  poini  de  \ue  artislicpie.  pai' 
la  mise  en  scène  de  l'ilale  se  lavant  les  mains  el  de  Jc'sus  emmené  par  les 
soldats.  Poui'  me  sei'vii'  d'une  expi'ession  i^m'cment  gi'amiriaticale  (|ui  l'ait 
mieux  ressortir  ma  pens(''e,  \o  peintre  a  inlerverli  la  (|ucstion  de  «  temps  »,  en 
employant  le  ^  passé»  au  lieu  du  "  pn^scul  <• .  11  a  j-eprc'senlé  .lé-sus  «  con- 
damné »  et  non  pas  «  subissani  la  condainnation  »,  l'ilate  »  se  disculpant» 
el  iiiiu  |ias  11  portant  sa  scnlence  ». 

Celle  dislinclion  est  ime  nuance,  je  le  sais;  mais  je  suis  d'autant  plus 
Iiareli  h  la  soulenii'.  f|ue  la,  sacrée  Congrégalion  des  Indulgences  l'a  consacrée 
])ar  un  décret  ofliciel  et  obligatoire. 

l^es  monuments,  qui  sont  pour  la  plupart  l'i'clio  des  saints  livres,  nous 
oH'renl  peu  de  l'essources  poiu'  réiucidalion  de  la  première»  station  de  la.  voie 
douloureuse,  l'ilale  les  occupe  beaucoup  el .  di'  nos  jours,  on  ])araît  encore 
trop  se  compiaii'e  à  ce  singulier  pei'sonnage.  Celte  obserxaliou  est  si  juste  et 
si  bien  i'ond('e  que.  des  trois  gravures  destinées  à  illustrer  cet  article,  deux 
sont  fautives  et  une  s(>ule  a  ]iour  nous  une  certaine  valeur  archéologique. 
Sur  le  sarcophage  de  Latrau.  l'ilate  va  se  laver  les  mains;  sur  l'ivoire  de 
Milan,  il  se  les  lave;  seul  l'ivoire  du  Louvre  s'attache  à  figurei'  la  condam- 
nation. Cl'  que  raiiliijuiti''  et  le  moyen  âge  naissant  laissaient  à  désirer,  le 
MU"  siècle  nous  le  donne  en  s])écimen  que  nous  nous  empressons  d'accueillir. 
Donc  ici,  ])our  ne  pas  multiplier  les  exemples  qui  augmenteraient  encore 
peut-être  un  chilTre  constatant  trop  notre  ])énurie,  la  projiortion  est  déjà  d'un 
à  trois.  Deux  de  ces  gravures  diront  à  l'artiste  ce  qu'il  aura  soin  d'éviter, 
comme  la  troisième  lui  apprendra  ce  qu'il  est  indispensable  de  consulter. 

La  confusion  existe  dans  l'iconographie  grecque,  comme  elle  est  sensible 
ilans  l'iconographie  latine.  Je  n'en  veux  d'autre  preuve  que  le  texte  suivant 
<|ue  j'emprunte  au  «  Manuel  d'iconographie  chrétienne  »  de  M.  Didron, 
K  Cuide  de  la  Peinture  »,  p.  193.  C'est  même  pis  encore  que  chez  nous;  car 
nous  n'avons  pas,  que  je  sache,   interverti  l'ordre  de  deux  scènes  qui  ne 


icoNOGiiAi'Hii:  m    ciir.MiN  nr-;  i,\  ciioix.  253 

|)euven(  môme  pas  être  sinmltaïu'es.  quoi(nraii  \\\'  siArle  un  peintre  verrier 
de  la  cathédrale  de  Chàloiis-sur-Marne  les  ait  confondues  dans  un  tableau 
dont  la  léi^ende  est  celle-ci  : 

<:()mi:nt        l'inrr:        i:iim)vnv    ■    jnscs    ■    en    ■    lwam    •    ses    ■    mains- 

Ainsi  s'exprime  le  peintre  j^rec  : 

'(    PII.VTE    SE    LAVi;    LES    MAINS    ET    PRONONCE    1,A    SENTENCE. 

»  Lu  palais.  Pilate  assis  sur  un  Irùne,  les  yeu\  tournés  vers  les  Juifs.  Un 
homme  devant  lui.  portant  un  bassin  et  une  aiguière,  verse  de  l'eau  et  lui 
lave  les  mains.  Derrière  lui.  un  ji'une  homme  lui  parie  à  rorcillo.  Au|)rès  du 
trône,  un  jeune  iiommc  écrit  sui'  un  papier  ces  nKJts  :  «  Kinmemv.  au  lieu 
<i  public  du  supplice  et  attachez  à  une  croix,  entre  deux  voleurs,  Jésus  de 
«  Nazareth,  qui  a  corrompu  le  peuple,  insulté  César,  et  ([ui.  d'après  le 
«  témoignage  des  anciens  du  peu|)le,  s'est  proclamé  faussemcnl  le  Messie!». 
—  «  Devant  lin',  le  Christ;  des  soldats  s'en  saisissent.  Anne.  Caïphe  et 
d'autres  Juifs,  avec  des  enfants  devant  eux  el  sur  la  lète  des(|uels  ils  posent 
les  mains,  regardent  Pilate  et  montrent  sa  sentence.  » 

J'ai  parlé  de  modèles  à  consulter  et  non  à  copier  servilement .  car  c'est 
surtout  l'idée  que  nous  cherchons.  Peut-être,  des  quehiues  représentations  qui 
vont  être  décrites,  sera-t-il  possible  de  dégager  certains  traits  i)articuliers 
qui,  groupés  ensemble  et  débarrassés  d'un  entourage  inutile  ou  fautif,  forme- 
ront le  type  de  la  première  station.  Piome  y  est  pour  la  grande  pari,  car  le 
Chemin  de  la  croix  est  son  onivre.  et.  si  elle  ne  l'a  pas  ci'éé,  elle  l'a  du  moins 
développé,  encouragé  et  propagé. 

11  est  regrettable  que  la  crypte  de  la  basiliciuc  de  Sainl-l'iene,  plus  connue 
sous  le  nom  de  «  Grottes  vaticanes  »,  renferme  tant  d'objets  d'art  cachés  à  la 
lumière  et  dérobés  aux  études.  Là  gît  en  elïet  tout  le  |)assé  de  cette  basilique 
qui,  de  Constantin,  son  fondateur,  à  Nicolas  V,  son  de>(rucloin'.  y  avait  accu- 
mulé ,  siècle  par  siècle,  des  trésors  artisticjues  et  archéologiciues.  Kspérons 
qu'un  jour  viendra  où  ce  vaste  sépulcre  de  l'antiquité  sacrée  sera  ouvert,  ou 
tout  au  moins  rendu  plus  accessible,  je  ne  dis  |)as  aux  curieux,  (|ui  y  vont 
quand  ils  veuleni ,  mais  aux  véritables  savants,  qui  ont  besoin  de  temps  pour 
ne  pas  étudier  su[)erliciellement ,  et  (|ui  doivent  surtout  prendre  des  notes 
pour  ne  pas  oublier  ni  confondre  les  monuments  si  divers  (jui  ont  pu  frapper 
leur  attention. 

Or,  parmi  ces  monuments  qui  mériteraient  les  honneurs  de  la  photogra- 
phie, je  distingue  et  mets  au  premier  rang  les  sarcophages  de  marbre  blanc 
XMi.  33 


25li  ANNAMOS   ARCII  KOLOGIOIJES. 

où  reposent  les  ossements  de  .limiiis  Bassiis  et  dn  pape  Pie  11.  l/iiii  est  daté 
de  l'an  .'^59.  l'autre  n'est  pas  postérieur  au  iv°  siècle. 

Sur  le  premier  sareophage,  la  scène  de  la  condamnation  se  détache  en  fort 
relier,  je  (lirais  ])resf|ue  en  ronde  bosse,  tellement  les  personnages  ont  de 
saillie  l'elalivw^ment  à  la  surface  plane  du  bloc,  dans  lequel  ils  ont  été  taillés 
pal'  inic  main  habile  et  sûre  d'elle-iui~'uie.  Pilate  est  assis,  dans  raltiUi(l(>  de 
la  i'(''lle\i(m.  car  di'jà  la  eoiidaïunalion  est  prononcée,  et  le  serviteur  qu'il  a 
demandi'  lui  apporte  l'eau  avec  huiuelle  il  espère  efl'acer  une  souillure  indé- 
lébile. I.a  tèle  appuy(''(>  sur  sa  main,  il  ne  s'occupe  même  plus  de  Jésus,  qui 
se  lient  drhout  devant  lui,  les  mains  liées  derrière  le  dos,  et  assisté  d'un 
soldat  {|ui  le  gard(>. 

I.'air  d'embarras  et  d'ennui  cpii  se  lit  sur  le  visage  de  Ponce  Pilale.  est  plus 
sensible  encore  au  tombeau  de  Pie  il.  Le  juge  étend  les  mains  connne  pour 
repousser  une  solidarilé  qu'il  aime  mieux  rejeter  sur  le  peuple,  tandis  que  son 
condanmé.  deboul  et  immobile,  montre  un  calme  et  une  patience  divines.  Le 
Christ  est  jeune  et  imberbe,  suivant  l'usage  des  premiers  siècles.  Séronx 
d'Agincourt,  au  tome  IV,  planche  V,  de  son  «  Histoire  de  l'art  par  les  moini- 
meuls  11,  repi'oduit  en  gravure  peu  fidèle,  comme  toutes  celles  de  son  volu- 
mineux ouvrage,  une  scène  de  la  même  époque  à  peu  près  (|ue  les  deux 
précédentes,  mais  mieux  accusée  et  plus  explicite  de  détails.  Jésus  ne  varie 
pas  d'attitude;  mais  Pilate,  également  assis  sur  une  espèce  de  siège  en  forme 
de  piédestal,  tient  à  la  main  droite  le  rouleau  replié  dont  il  vient  de  faire  lire 
à  haute  voix  le  jugement,  et  de  la  main  gauche  fait  un  geste  pour  confirmer 
solennellement  la  sentence  ou  doimer  l'ordre  aux  soldats  d'emmener  leur 
victime. 

Mis  en  place  au  xiii"  ou  xiv"  siècle,  les  panneaux  sculptés  sur  bois  de  la 
porte  principale  de  l'église  de  Sainte-Sabine,  au  mont  Avenlin,  sont  pour  moi, 
tant  en  i-aison  du  dessin  que  du  faire  artistique,  antérieurs  au  xi''  siècle.  Je 
dirais  presque,  tellement  la  similitude  me  paraît  évidente,  que  l'artiste  vivait 
au  tf'inps  où  les  types  des  sarcophages  primitifs  persévéraient  encore  dans  la 
sculpture,  quoique  déjà  «  romanisée  »,  ou  bien  que,  revenant  en  arrière  sur 
des  modèles  qu'il  aimait  et  trouvait  tout  faits,  il  les  copia  assez  exactement 
pour  permettre  aux  archéologues  une  méprise  sur  l'âge  présumable  des  pan- 
neaux. Pilate  est  assis  sur  un  pliant  et  prononce  par  un  geste  la  condamnation 
du  ('hi'ist,  (|ui ,  escorté  |)ar  les  soldats,  répond  ou  semble  i'(''pondre  par  un 
gesie  plus  humble,  mais  non  moins  significatif  de  l'index.  Ce  n'est  plus 
l'agneau  patient  de  l'I-wangile,  qui  se  tait  quand  on  le  tond^;  c'est  l'accusé 

1.   (I  Doniiiius  latiiquain  ovis  ad  viclimam  dui-Lus  esl.  ot  non  aperuit  os  su u m  ».   (Antien.  de 


ICONOOIIAPIIIK   l)i:    CIIKMIN    DK   L\   CHOIX.  255 

qui  prend  liii-mrini!  s;i  (lélciisi'  et  cIutcIio  à  convaincre  ou  à  {Confondre  son 
juge. 

Le  colossal  et  si  curieux  candi'labre  (lascal  de  la  l)asiii(|ue  de  Sainl-l'aul- 
liors-les-Mui's,  sij2;né  des  noms  de  Nicolas  d'Angilo  et  l'ierre  Tassa',  nous 
amène  au  xii''  siècle. 

.lésus-Christ.  vin;iiureusemenl  saisi  et  retenu  par  des  soldats  armés  de 
lances,  comparait  devant  son  juge.  Pilate  assis,  connue  il  convient  à  l'auto- 
rité supérieure  ([u'il  repi'ésente,  et  coille  d'un  turban  à  la  façon  oi'ientale,  tient 
et  montre  au  peuple,  de  la  main  gauclie,  le  livre  de  la  loi,  le  cotle  (jui  édicté 
des  peines  contre  le  roi  des  .luil's;  et.  de  la  droite  levée,  signitie  et  prononce 
l'application  de  la  jieine  de  mort. 

On  compte  par  centaines  les  Chemins  de  croix  à  Rome,  mais  leur  (lualifé 
;u-tistique  est  loin  d'égaler  leur  nombre.  Pres(iue  Ions  datent  du  siècU;  dernier 
ou  sont  des  œuvres  contemporaines.  A  frescpie  ou  sur  toile,  tous,  sans  excep- 
tion, reproduisent  un  seul  et  même  t'ait .  la  <■  (loudannialidu  ".  et  mille  ]iart  je 
n'ai  rencontré  le  «Lavement  des  mains».  Lrs  monuments  icoiiographi(|ues  sont 
donc  d'accord  avec  les  textes,  et  c'est  à  ce  litre  ([ue  je  citerai  la  première 
station  des  Chemins  de  croix  peints  à  frescjuc  dans  le  cimetière  de  Saint-.lean- 
de-Latran  et  le  long  de  l'escalier  (|ui  précède  Saint-l*icn'e-in-Montorio. 

Le  Chemin  de  la  croix  ([u'établirent  les  Tranciscains.  sur  le  Janicule. 
remonte  à  l'année  '17ol.  On  y  voit  l'ilate  assis  et  ordonnant  à  un  scribe  de 
lire  la  sentence  de  mort  .  (|ue  .lésns  écoute,  les  yeirx  baissés  :  les  mains  du 
Sauveur  sont  liées  et  ramenées  en  avant;  des  soldats  l'escoitent. 

Au  cimetière  de  l'arclii-hôpital  de  Latran.  un  seul  soldat  l'accompagne;  les 
mains  du  Christ  sont  également  liées,  et  sa  tète  est  couronnée  d'épines,  il 
prête  l'oreille,  ainsi  que  Pilate,  qui  trône  sur  un  tribunal  élevé,  à  la  sentence 
que  lit  le  scribe  sur  un  volumen  déployé. 

Voilà  les  modèles,  tant  anciens  que  modernes.  (|iii  devaient  attirer  et  fixer 

Laudes,  au  Jeudi  saint).  —  «  Olilatus  est  quia  ipso  vnluit,  et  non  ap'Miiit  os  suum  :  sicut  ovis  ad 
occisionem  ducetur,  et  quasi  agnus  coram  tondenle  se  olimutcscot.  et  non  aperiet  os  suum  ». 
(ISAïAS,  cap.  Mil,  V.  7.) 

I.     L'inscription,  gravée  sur  niai'l)re,  se  lit  ainsi  : 

EGO    .    .Nir.OLAVS    •    nE    .    ANGILO    •    C.VM    •    PIlTnO    .    TASSA    •    I>i:    •    TlTli    ■    HOC        OI'VS    •    r.OMI'l.KVI 

Le  môme  artiste  se  retrouve  en  1 170  au  maUre-autel  de  la  catlicdrale  de  Sulri  el,  eu  I  \H(),  [i  la 
confession  de  Saint-Barlliélemy  en  l'ile.  —  I'giiki.i.i  ,  «  Italia  sacra  ».  t.  i,  p.  lil7o,  reproduit  sa 
signature  de  cette  manière  : 

HOC    OPVS    Ki:CIT    MCOLAVS    et    FILIVS    KIVS   ANNO    INCAB.     m    •     CI,XX    •    —    rACTV.M     HST   HOC    opvs 

A    VEN    •    Vino    AIIAI.BEHTO    El'ISCOl'O. 


256  ANNALES  ÂUCUKOLOGIOIES. 

notre  attention.  11  importe  d'en  grouper  maintenant  les  traits  principaux 
pour  en  former  un  type  unique  que  compléteront  encore  les  données  évan- 
géliques. 

1/aui'ore  éclaire  le  ciel  de  ses  premiers  l'eux.  Les  ciuatre  évangélistes  sont 
unanimes  à  ]iré'ciser  le  moment  où  commence  le  grand  drame  de  la  cruci- 
fixion, (l'est  le  matin,  alors  qu'il  l'ait  déjà  jour:  »  Mane  autem  i'aclo  » 
(S.  M.VTTU.,  XXVII,  1). — •  «  Et  conl'eslim  mane  »  (S.  Marc,  xv,  1). —  «  Et  nt 
fcictus  est  dies  »  (S.  Etc..  xxii.  GG). —  «  Erat  autem  mane  »  (S.  Jo.vnn.. 
XVIII.  28). 

La  scène  (|ui  nous  occupe  va  se  passer  au  prétoii-e  :  «  Tune  milites  pnesidis 
suscipienlcs  .lesum  in  pnclorium  »  (S.  "Mattii..  xx\ii.  27).  —  «  Milites  autem 
duxerunt  cinii  in  atriiun  praetorii  »  (S.  Marc,  xv.  16).  —  «  Adducunt  ergo 
Jesum  a  Caipha  in  |)ra'lorium  »  (S.  .ToANN'.,  xviii,  28).  —  Saint  Jean  alln-me 
donc  qu'au  sortir  du  palais  de  Caïphe  Jésus  est  conduit  au  prétoire;  non 
moins  explicites,  saint  Matthieu  et  saint  Marc  racontent  que  c'est  au  prétoire 
que  le  prennent  les  soldats,  qui,  après  sa  condamnation,  le  conduisent  dans 
r  '  atrium  »  ou  cour  iiiti'rieure  du  prétoire.  ])oiu'  le  livrer  à.  la  curiosité,  au 
mépris  et  aux  insultes  de  la  populace. 

J(^  n'ai  point  visité  les  saints  lieux;  mais,  d'après  le  contexte  de  l'Évangile, 
il  est  facile  de  se  figurer  la  disposition  intérieure  du  prétoire.  Le  premier  inter- 
rogatoii-e  se  fait  dans  la  salle  du  pi-étoire;  mais,  comme  la  foule  augmente  gra- 
duellement et  que  l'espace  devient  insuirisant  pour  contenir  ce  flot  sans  cesse 
grossissant,  Pilate  sort  dehors,  c'est-à-dire  (|u'il  va  siéger  en  avant  de  cette 
même  salle,  sur  une  terrasse  ou  portique  ouvert,  à  laquelle  mène  un  large 
escalier  qui  part  de  1'  <.  atrium  ». 

(i  Pilalus  autem.  (juiun  audisset  hos  sermones,  adduxit  foras  Jesum  ;  et  sedit 
pro  ti-il)uiiali .  in  loco  qui   dicitiu' Lithostrotos.  hebraice  autem  Gabbalha  » 

(S.  JOANX..  XIX.   13). 

L'aire  de  ce  porli(iue  est  pavée,  à  la  manière  romaine,  de  morceaux  de 
marbre  de  différentes  couleurs,  coupés  symétriquement  et  combinés  selon  les 
figures  les  plus  gracieuses  de  la  géométrie.  Tels  sont  encore  à  Rome  les 
dallages  découverts  au  Forum  et  sur  la  voie  Nomentane,  à  cet  oratoire  qu'on 
a  si  pompeusement  nommé  «  basili([ue  de  Saint-Alexandre  ».  Le  lithostrotos, 
ou  <i  pavé  de  pierre  ».  a  précédé  1'  «  opus  alexandrinum  ».  qui,  connne  lui. 
est  formé  de  pièces  de  rapport,  plus  petites  toutefois,  mais  que  l'on  confond 
à  tort,  à  Rome  même,  avec  la  mosaïque  du  moyen  âge. 

L'existence  de  l'escalier  est  incontestable,  car  elle  est  attestée  par  un  texte 
et  par  un  monument.  Saint  Marc  dit  positivement  que  la  foule  «  monte  » 


ICONOGRAr'IIIK    Di:    CHEMIN    DE  1,A  CROIX.  257 

au  palais  pour  y  pork-r  ses  ivclainalioiis  d'usage  :  u  Kl  ([iiuni  ascendissel 
turba,  cœpit  mgaie,  sicut  seniper  faciebat  illis  »  (S.  Mvr.c...  \v.  8).  L'escalier 
est  à  Rome,  depuis  des  sièrles.  Tobjet  de  la  véiiéralion  et  du  eulle.  Par  res- 
pect ])our  Jésus.  (|ui  li>  l'iuila  de  ses  pieds  el  l'arcosa  de  son  sang,  les  fidèles 
ne  le  montent  ([u'ii  genoux  el  en  priant.  Cet  escalier  se  com|)ose  de  vingt-huit 
marches  de  niarbri;  blanc  ciue.  poui'  en  empèclier  l'usure,  le  pa|)c  Clémeul  \ll 
a  fait  recouvi'ii'  do  bois  '.  Placé  en  avant  du  "  Saiiil  des  Saints  >.  près  di'  la 
basilique  de  Lalran,  il  est  couronné  à  son  sommet  par  deux  poiles  |)ro\euanl 
du  pr(''toii'e;  |)orles  carrées  et  en  mai'bre  blanc,  dont  les  linteaux  seuls  sont 
moulurés  et  sculptés. 

Une  partie  de  ces  circonstances  se  trouve  exprimée  siu'  l'ivoiiv  de  Milan  -. 
Kn  elVet  le  prétoire  e.st  un  palais,  dont  la  salle  jirincipale.  bâtie  (>ii  l'orme  de 
donjon,  est  coiflee  d'un  toit  coni(iue.  Kn  avant,  sous  une  arcade  ([ui  n'cM  pas 
la  jjorte.  mais  un  portique  ou\ei't.  comme  le  Liilioslrotds.  Pilate  assis,  les 
pieds  sur  un  escabeau  ou  une  (''|)aisse  mai'clie  d'escalier,  se  lave  les  mains 
dans  le  bassin  concave  que  tieni  son  serviteur. 

Pilate  a  la  tigure  soucieuse  ;  le  rêve  de  sa  femme  le  préoccupe,  sa  conscience 
lui  l'epi'ochc  un  acte  ([ue  rien  ne  justifie  ■*;  sa  main  même  est  portée  à  sa  tête 
pour  la  soutenir,  car  elle  penche  inclinée  par  femiui  ([ui  l'oppresse.  Néan- 
moins il  prend  son  parti.  (iuoi(|ue  limidemi'ul .  el  le  geste.  au(|uel  il  se  décide 
de  la  main  droil<'.  trahit  son  émotion  et  son  embarras. 

Sou  front,  comme  sm- le  diplyciue  de  Milan.  |)eut  être  ceint  d'un  bandeau 
perlé;  et.  sur  r(''paule  di'oite.  s'agrafera  la  clilamyde  cpii  cou\re  eu  parlie  sa 
tuni([ue. 

Il  est  assis  sur  im  pliant  solidement  ajtjtuyé  sur  des  grilles  de  lion  dont  les 
têtes  rugissent  aux  accoudoirs^.  Sa  dignité  de  pré-ident  et  ses  fonctions  de 
juge  exigent  cette  posture,  (|ue  d'ailleurs  réclame  expressémeni  la  traduction 
littérale  du  texte  sacré  :   "  .Sedenle  autem  illo  |)ro  li'il)unali  «    (S.  Mvttu., 

1.  V.  mon  n  Année  liluriiiqiic  à  Rome  »,  i'  édition,  p.  '289.  —  Mazzicom,  «  Meniorie  stori- 
ctie  délia  Scaia  sanla  ».  Rome,  1S40,  in-8".  Au  xvr  siècle,  cet  escalier  portait  encore  1(!  nom 
d'«  Escalier  de  l'ilale  »,  désignation  dont  se  sert  dans  son  «  Diario  »  Paris  de  Crassis,  évt^que  de 
Pesaro  el  maître  des  cérémonies  du  pape  :  «  Ipse  (Papa)  apud  Lateranum  perno((avii  cuni  suis; 
non  tamen  nunc  ingressus  est  eccicsiam,  sed  per  scalas  sacras,  qu.T  vulgo  Pilati  dicunlur.  ingros- 
sus  est  palatium  ». 

2.  Voir  la  planche  dans  les  «  Annales  Arcliéologiques  »,  vol.  xxr.  page  18. 

3.  «  Ail  aulem  l'ilatus  ad  principes  saccrdotum  et  turbas  :  Niliil  invenio  causa;  in  hoc  Lomine  t. 
(S.  JOANN..  xxni,   l.) 

4.  <i  Et  duo  leones  statjanl  juxia  manus  singulas  ».  «  IJb.  Reg.  »,  x,  18-19.)  —  Voir  sur  les 
chaises  curules,  «  sella  plicalilis,  suggeslus,  faldislorium,  trône  consulaire»,  lo  tome  i  des  «  Mé- 
langes d'archéologie  »,  p.  167  et  suiv. 


258  ANNALKS   AliCllÉULUUlglES. 

XXVII,  19).  —  Il  Pilatus  auteni.  qiumi  audisset  hos  sermoiies,  adduxit  loras 
Jesuin  et  sedit  pro  ti'ihiiiiali  »  (S.  Jown..  \ix,  13). 

Le  Iribunal  est  constitué  en  delinrs  de  la  salle  des  jugements  ordinaires, 
l'ilate  domine  rassembli'e  qu'il  |)i-éside  :  «  Tradiderunt  Pontio  Pilato  pne- 
sidi  »  (S.  M.VTTU.,  xxvii,  2);  sa  garde  l'entoure  et  lui  fait  une  escorte  d'hon- 
neur; les  licteurs  se  placent  en  arrière,  portant  au  bras  les  verges  qui  dénotent 
la  puissance  souveraine  au  nom  de  laquelle  la  justice  est  rendue  et  mise  à 
exécution.  Plus  près  de  Pilate  et  à  ses  côtés  se  groupent  ses  familiers  et  les 
scribes  chargés  de  rédiger  l'interrogatoire  et  la  sentence,  puis  du  la  promul- 
guer à  haute  voix  en  présence  du  peuple  assemblé.  La  condamnation  à  mort 
vient  d'être  |ii'(inoncée;  le  scribe,  sui'  l'ordre  donné  par  Pilate.  déroule  le 
parchemin  sur  lequel  est  enregistrée  la  sentence  qui  sera  conservée  dans  les 
archives  du  palais,  puis  il  en  donne  lecture  au  patient. 

Jésus  se  tient  debout:  «  Jésus  aulem  stetit  ante  prsesidem  »  (S.  Mattii., 
XXVII,  11);  il  est  silencieux,  car  il  n'a  rien  à  objecter  contre  l'injuste  arrêt 
(|ui  le  IVap|)e  :  «  Kt  non  respondit  ei  ad  ullum  verbum.  ila  ut  mirarelur 
prœses  vehementer  »  (S.  Mattu.,  xwii.  xli);  —  «  .Jésus  autem  amplius  nihil 
respondit,  ita  ul  miraretur  Pilatus  »  (S.  \L\uc.,  xv.  5).  Il  est  habillé  déri- 
soirement  d'une  robe  de  pourpre,  en  remplacement  de  la  robe  blanche  dont 
Hérode  l'avait  revêtu  :  «  Sprevit  autem  illum  llerodes  cum  exercitu  suo,  et 
illusit  indulum  veste  alba,  et  remisit  ad  l*ilatum.  »  (S.  Luc,  xxiii,  11).  — 
Il  Exivit  ei'go  Jésus  poi'tans  coronam  spineam  et  purpureum  vcstimentum  » 
(S.  Jo.VNN.,  XIX,  5).  Son  front  ensanglanté  est  déchiré  par  une  couronne 
d'épines  :  «  Et  milites,  plectentes  coronam  de  spinis,  imposuerunt  capiti  ejus, 
et  veste  purpurea  circumdederunt  eum  »  (S.  Joann.,  xix,  2);  ses  mains, 
liées  de  cordes,  sont  attachées  derrière  le  dos  :  »  Et  vinctum  adduxerunt 
eum  1)  (S.  MvTxn.,  xxvii.  2).  —  «  Vincientes  Jesum,  duxerunt  et  tradide- 
runt Pilato  »   (S.  Mauc,  XV,  1). 

Les  mains  du  Sauveur  furent-elles  liées  en  avant  ou  en  arrière?  L'ivoire  du 
Louvre  adopte  la  première  opinion  ;  je  me  range  à  la  seconde,  car  il  me 
revient  à  la  mémoire  ces  vers  du  deuxième  chant  de  1'  «  Enéide  »,  qui  impli- 
quent, ce  me  semble,  la  constatation  d'un  usage  romain  : 

Ecce  manus  juvencm  interea  post  terga  rcviiicliim 
Paslores  raagno  ad  regein  tlaraore  traliebanl 
Dardunida:'. 

Les  soldats,  qui  ont  amené  violemment  le  Christ  à  Pilate,  restent  autour  de 
lui,   prêts  à  jeter  de   nouveau  les  mains  sur  sa  personne  sacrée  pour  le 


;ar    i!iyKo.\.  A  r-v\i-i!.> 


^^VANT    PÎLftTK. 


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ICONOIIIUPIIIK    DU   CHEMIN    1)K   LA   CHOIX.  2.')'.> 

conduire  au  supplice  :  <■  Mililrs  autciu  diixennit  ciun  in  airium  pra'torii.  l'I 
convocaut  tolarn  coliortoin  "  (S.  M  vue.  \v.  Ui).  —  »  Tuiic  mililes  pra'sidis. 
suscipienU's  Jcsiun  in  piM'Inriuin.  conj^rcgaNcrunt  ad  (Muii  univorsain  coIkii'- 
teui  i>  (S.  MvTTu..  \\vii.:27j. 

I.c  palais  de  l'ilali'  est  envahi  par  la  l'iuile  (|ui  s'y  presse.  e(>ni|iart('  el  hale- 
tante, uiuetle  maintenant,  mais  le  ('(eur  encure  |)li'in  de  \()cil'i'rali()ns.  Il 
semble  ((ue  h'  cri  de  inert  protVTé  |iar  tontes  ces  iionches  bi'aiites.  conniK^ 
satisfaction  de  la  solution  (ju'elles  ont  provoquée,  plane  sur  cette  assemblée 
coupable,  oîi  l'on  distingue  des  vieillards  mêlés  aux  soldats,  el  où  l'on  voit 
des  prêtres  et  des  scribes  confondus  dans  une  même  haine  c(Mitrc  celui  (|ne 
tous  accusent  de  s'être  proclamé'  Fini  des  Juifs  :  u  Summi  sacerdoles  <-um 
senioribus  el  scrihis  et  universo  concilio  »  (S.  M\nc..  \v.  1).  —  n  Pontillces 
autem  concitavcrunt  tnrbam  »  (li).,  xv.  11).  —  «  Ounies  principes  sacer- 
dotuui  et  seniores  populi  <>  (S.  Mattu..  wvii.  J  ).  —  •  Principes  autem  sacer- 
dotuui  et  seniores  persnasei'unt  populis  ut  pelèrent  lîarabbam.  .letiuii  vero 
perderent  ))  (Id.,  xxvu.  20).  —  «  Convenerunt  senioi'es  plebis  el  princi|)es 
sacerdolum  et  scriba'  »  (S.  Lvc...  xxii.  G(i).  —  <>  VA  surgens  omnis  mnililudo 

illorum Kvclamavil    autem  simnl    universa  tm-ba  »    (in..  x\ii,  1.18). — 

»  Ouuui  ergo  vidissent  mun  |)iintilices  et  ministri.  claniabatit  dicenles  :  Cruci- 
fige  »  (S.  JoANX.,  XIX.  G I. 

La  sentence  réclamée  par  le  peuple,  rédigée  et  lue  par  le  sciibe  sur  l'oi-drc 
de  Pilatc,  tel  est  le  point  principal  <iue  le  tal)leau  de  la  première  slation  dnii 
mettre  en  évidence,  (l'est  ainsi  ([iic  li'ouvera  sa  ré'alisalioii  ce  verset  du  cha- 
pitre xxiii  de  l'Kvangile  de  saint  Luc  :  "  Lt  Pilatus  adjudicavit  fieri  petitionem 
eorum»,  qui  poui'rait  servir  d'épigraphe  à  cet  article,  dont  il  est  le  meilleur 
et  le  plus  substantiel  résumé. 

X.    Chanoine    BARBIER    DE    MONTAULT. 


LES   VITRAUX 


DU    GRAKD-ANDELY 


A     MO.NSllilli      \LriIONSE     DLKAND. 

Architecte  du  (iuiiveriieiiieiit ,  i-li;ii'i;é  de  la  reslaunilion  de  l'Église  du  Grand-Andely  (Eure). 

MoiisIl'HI', 

Afin  de  satisfaite  à  tin  désii-  que  vous  avez  bien  voulu  m'exprimer  à 
plusioufs  reprises,  j'ai  riioiincur  de  vous  adresser  un  petit  travail  concernant 
les  verrières  dti  seizième  siècle  qui  décoretit  l'église  du  Grand-Andely. 

Pendant  les  dillerents  voyages  que  j'ai  laits  aux  Andelys,  depuis  1860, 
j'ai  dessiné  une  grande  partie  de  ces  intéressantes  verrières,  et  j'ai  pris  des 
notes  détaillées  sur  ce  qu'il  n)'a  été  impossible  de  reproduire  par  le  dessin. 
C'est  le  résumé  de  ces  éludes,  faites  surtout  dans  l'intérêt  d'une  restauration 
devenue  urgente,  (pie  je  viens.  Monsieur,    soinnettre  à  votre  appréciation. 

11  y  aurait  certainement  un  gros  et  bien  curieux  livre  à  faire  sur  les 
vitraux  de  l'église  du  drand-Audely  :  leur  histoire  et  leiu'  iconographie  ne 
sont  pas  moius  intéressantes  cjne  leur  fabrication  ;  mais,  à  défaut  d'une 
monogra|)hie  complète,  je  veux  au  moins  vous  en  donner  une  courte  descrip- 
tion; et,  pour  me  renfermer  dans  le  cadre  qui  doit  limiter  ce  travail,  je  vous 
parlerai  spécialement  de  l'état  déplorable  dans  lequel  se  trouvent  aujourd'hui 
ces  magnifiques  spécimens  de  l'art  des  peintres  verriers  de  la  Renaissance. 

I 

Au  commencement  du  moyen  âge,  le  vitrail  était  une  véritable  mosaïque  de 
verre,  où  la  peinture  ne  remplissait  qu'un  r»Me  accessoire  tandis  (jue  la  fabri- 


LES   VITKAUX   DL'   GRAN  U-,\M)KLV.  2(31 

cation  tiKitériolIe  on  était  la  chose  importante.  Dès  lors  le  vitrail  .s'exécutait 
constainnicnl  dans  des  coiulitiniis  de  solidité  d'une  perfection  ai)siihie.  (ïonune 
réditice  qn'il  ornait,  il  senii)lait  destiné  à  une  existence  indélinie.  \m  verre  le 
cédait  à  peine  à  la  pierre  comme  durée,  et  la  meilleure  preuve  (|ue  j  en 
puisse  donner  est  la  conservation  à  |)eu  près  égale  des  deux  matières,  dans 
les  monuments  des  \ii'\  mu''  et  xiv°  siècles.  Mais  au  w""  siècle,  av6c  ce  qu'on 
appelle  communénuMit  les  proférés  de  la  peinture  sur  verre,  progivs  ([ui.  au 
point  de  vue  de  l'art  décoratif,  sont  une  décadence,  est  survenue  une  trans- 
formation radicale  du  système.  La  mosaujue  est  deveiuie  un  tableau,  et.  (M1 
cela,  le  vitrail  ne  faisait  qut;  suivre  l'exemple  un  peu  antérieur  de  la  frcs([ue 
détrônant  dénnitivement.  avec  l-'ra  Angelico,  la  mosaique  en  émail  qui  couvrit 
les  voûtes  et  les  parois  des  édilices  religieux  jusqu'au  xiv"  sièch;.  J)e  même 
que  les  niosa'iques,  comme  celles  qui  existent  encore  en  si  grand  mimbrc  à 
Rome,  à  Havcnne,  à  Venise,  à  Montréale.  ont  pioduit  les  verrièies  du  moyen 
âge,  de  même  les  vitraux  du  xvi'  siècle  sont  un  reflet,  mie  traduction  sur 
verre  des  fresques  de  Ghirlaudaio  à  Florence,  de  Signorelli  à  Orvieto,  de 
Michel-Ange.  Raphaël,  Masaccio  et  Pinturicchio.  à  Rome. 

Cette  transformation  dans  l'art  du  vitrail  aurait  dû  aineuer  avec  elle  une 
perfection  de  j)lus  en  plus  grande  dans  la  fal)ricalion,  en  raison  même  des 
difficultés  inhérentes  à  l'exécution  de  grandes  scènes  sur  verre.  Mais  le 
contraire  arriva,  et  toutes  les  préoccu|ialions  des  artistes  de  la  renaissance  se 
concentrèrent  sur  la  peinture  |)ropi-ement  dite,  laquelle  prit  un  immense 
développement  et  ht  d'incontestables  progrès.  Les  plus  grandes  liardiesses 
dans  la  composition,  le  dessin  et  la  pers|)ective  furent  appliquées  à  l'exécution 
des  vitraux  dès  le  connnencement  du  xvi'  siècle  ;  le  modelé  des  tigures  fut 
poussé  aussi  loin  qu'il  lui  était  possible  d'aller,  et  les  émaux  colorants  datent 
de  cette  épotpie,  à  l'exception  cependant  du  jaune  produit  par  le  chlorure  ou 
le  sulfure  d'argent,  et  dont  on  a  des  exemples  dès  le  xiv  siècle. 

Mais  si  la  peinture  sur  verre  ne  laissa  plus  rien  à  désirer,  la  partie  maté- 
rielle du  vitrail  l'ut  complètement  négligée  :  le  verre  neul  plus  celle  épaisseur 
de  h  h  5  millimètres  qu'il  avait  constamment  au  moyen  âge,  et  bien  ([u'il  ne 
possédât  au  xvi''  siècle  ([u'mic  épaisseur  tout  à  fail  insuflisaule  de  2  milli- 
mètres en  moyenne,  à  de  très-rares  exceptions  |)iès,  il  ne  l'ut  divisé  qu'en 
morceaux  d'une  assez  grande  étendue,  ce  qui  devait  amener  bien  vite  sa 
destruction.  Le  plomb  perdit  aussi  les  qualités  de  résisfance  ([u'il  avait  anté- 
rieurement, et,  en  conséquence  de  sa  forme  et  de  sa  faiblesse,  ne  retint  pas 
solidement  le  verre.  Knlln  la  com|)(jsitioii  des  sujets  et  ragencemenl  des 
figures  forcèrent  les  peintres  à  choisir  entre  deux  systèmes,  ou  de  couper 
xxii.  3i 


2G2  ANNALES   AHCHKO  LOOIQIKS. 

maladroitement  leurs  œuvres  par  le  nombre  de  barres  de  fer  nécessaires  pour 
relier  des  panneaux  de  grandeur  ordinaire,  ou  de  donner  à  ces  panneaux  des 
dimensions  exagérées  en  diminuant  le  nombre  des  barres.  Le  premier  parti 
prévalut  forcément;  aussi,  tout  en  tenant  compte  des  cas  assez  frcc[uents  de 
restauration  moderne,  il  est  facile  de  constater  la  brutalité  avec  laquelle  les 
sujets  sont  traversés  par  le  fer.  En  résumé,  tandis  que  les  verrières  des 
xiT  cl  xm"  siècles  sont  restées  dans  un  état  de  conservation  à  peu  près 
parfait,  colles  du  xvi"  siècle  sont  toujours  fort  incomplètes  :  des  panneaux 
entiers  ont  été  détruits  et  les  autres  approchent  de  la  destruction.  L'effet 
des  l)oiilevi'rsements  sociaux  et  des  intempéries  a  |)rol)ablement  été  le  même 
]iour  les  uns  et  les  autres,  et,  en  tous  cas.  les  03uvi-es  qui  ont  eu  l'existence  la 
plus  longue  auraient  dû  souffrir  en  proportion  de  leur  âge.  Donc,  si  les 
verrières  du  xvi""  siècle  sont  g('>néralement  en  mauvais  état,  les  causes  en  sont 
incontestablement  celles  que  je  viens  d'indiquer. 

Les  vitraux  de  l'église  du  Grand-Andely  n'ont  pas  échappé  aux  déplo- 
rables conditions  de  la  fabrication  de  ce  temps.  Tous,  ceux  des  fenêtres 
basses  comme  ceux  qui  garnissent  le  «  clerestory  ».  sont  mutilés  et  boule- 
versés également;  ce  qui  permet  de  croire  que  le  vandalisme  des  révolutions 
n'est  pour  rien  dans  cet  état  de  choses,  les  fenêtres  supérieures  n'étant  guère 
à  la  ])ortée  des  iconoclastes  modernes. 

La  destruction  rapide  des  vitraux  de  la  renaissance,  en  général,  nécessita 
à  plusieurs  (''poriues  des  restaurations  toujours  extrêmement  maladroites,  ou 
phiiôl  faites  avec  insouciance  et  sans  goût,  ce  qui  s'explique  aisément,  du 
reste,  par  la  désuétude  dans  laquelle  était  tombée  la  peinture  sur  verre  dès  la 
seconde  moitié  du  xvii^  siècle.  Au  Grand-Andely,  en  particulier,  les  vitraux 
ont  été  l'objet  de  réparations  de  ce  genre,  exécutées  appareinment  par  des 
maçons,  car.  en  dilTérents  endroits,  les  cassures  du  verre  ne  sont  pas  réparées 
avec  (lu  plomb,  mais  avec  du  mortier.  Ouels  qu'aient  été  les  restaurateurs, 
ils  paraissent  au  moins  avoir  tenu  à  remettre  en  place  les  pièces  de  verre  qui 
s'étaient  détachées  des  vitraux;  seulement,  qu'elles  fussent  le  haut  en  bas  ou 
le  bas  en  haut,  cela  leur  était  égal,  et,  quant  aux  morceaux  à  remplacer,  la 
couleur  leur  importait  peu  et  le  dessin  était  rarement  continué.  Souvent  aussi, 
des  débris  d'autres  vitraux  servaient  à  ces  restaurations  inintelligentes,  en 
sorte  (|u'une  tète  dissimulait  l'accroc  d'une  draperie,  et  un  motif  d'ornement 
remplaçait  une  tète.  C'est  ainsi  que  les  deux  verrières  les  plus  intéressantes  au 
point  de  vue  historique,  représentant  la  vie  de  sainte  Clotilde.  sont  aujour- 
d'hui de  véritables  kaléidoscopes,  où  il  est  difficile  de  lire  les  sujets. 


LES  VITRAIX   DU   GRAND-ANDI'I.V.  263 


II 


Les  vitraux  de  l'éi^lise  du  Grand-Andely  décorent  les  deux  étages  du 
coté  sud  de  rédifice.  dont  les  haies  sont  en  gotliiciue  llainboyant.  sauf  des 
niodifications  postérieures.  nuel(|ues  vestiges  de  vitraux  existent  au  côté 
nord,  le(juel  est  en  belle  architecture  de  la  renaissance.  Ces  fragments,  assez 
insignifiants  du  r(\Nte.  sont,  les  uns  de  la  un  du  xiv''  siècle,  et  représenliMit 
une  <i  Vierge  portant  rivnfant  .lésus  »,  un  «  donateur  »  et  une  «  doiialrice  ». 
ainsi  que  des  morceaux  d'archilecture;  les  autres,  remontant  au  wii"  siècle 
seulement,  représentent  «  Jésus  crucifié  entre  la  Vierge^  iM  saint  Jean  ■>. 
Ouelques  panneaux  conservés  dans  la  sacristie,  et  (jui  sont,  je  crois,  du 
xvir  siècle,  ont  appartenu,  dil-on.  à  cette  partie  du  monumeni  ;  ces 
fragments,  d'une  exécution  remai-quable.  mais  d'un  ell'ct  doiitoïK.  sont 
d'ailleurs  peu  importants  et  Irès-détériorés  :  le  verre  en  est  mince  jus(|u'à. 
l'invraisemblance,  la  coloration  est  produite  exclusivement  par  des  émaux,  et 
les  figures  sont  d'une  dimension  tellement  exiguë  que,  malgré  mon  respect 
pour  la  tradition,  je  pense  ([u'on  doit  leur  assigner  une  provenaiice  étrangère 
à  l'église  du  Grand-Andely.  (^e  sont  des  panneaux  d'aiiparlemcnt  ou  de 
chapelle  particulière,  plutôt  que  des  parties  de  verrières  destinées  à  garnir 
les  fenêtres  d'un  grand  monument  religieux. 

J'ai  vu  trois  de  ces  panneaux,  les  seuls  qui  soient  encore  complets  ;  chacun 
d'eux  a  0  m.  60  sur  0  m.  50.  Le  premier  représente  une  «i  Nativité  »  ;  le 
second,  la  «  Vierge  et  les  .\.pôtres  réunis  dans  le  Cénacle  »  ;  le  troisième, 
un   «  Crucifiement  ». 


III 

La  première  chapelle  du  bas  côté  sud  renferme  deux  verrières  représen- 
tant des  sujets  de  la  vie  de  sainte  Clotilde,  patronne  de  l'église  et  de  la 
contrée,  où  elle  est  en  grand  honneur.  Le  3  juin,  jour  de  sa  fête,  un  pèleri- 
nage célèbre  attire  au  Grand-Andely  une  foule  immense,  en  grande  partie 
composée  de  malades  qui  ont  l'espoir  de  guérir  par  l'intercession  de  cette 
sainte,  à  laquelle  on  doit  l'établissement  définitif  du  catholicisme  en  France. 

Ces  deux  verrières  ont  été  fort  maltraitées  ;  elles  doivent,  probablement, 
une  partie  de  leurs  mutilations  à  la  reconstruction  des  fenêtres  dans  lesquelles 
elles  sont  placées.  Des  meneaux  droits,  allant  de  la  base  juscju'à  1  extrémité 


264  ANNALES  AHCHÉOLOGIQU  KS. 

de  l'ogive,  partagent  chaque  vitrail  en  quatre  baies  et  ont  été  substitués  au 
système  tlainbnyant.  qui  est  resté  intact  dans  d'autres  fenêtres.  Vn  grand 
nombre  de  panneaux  sont  entièrement  bouleversés  et  n'olTrent  plus  qu'un 
assemblage  informe  de  morceaux  de  verre  de  couleur.  Les  figures  sont  d'assez 
petite  dimension,  des  fonds  d'architecture  et  de  paysage  occupant  une 
grande  |)arti(>  de  la  superficie.  Ces  fonds  sont  d'ailleurs  extrêmement  jolis  et 
d'une  belle  exécution;  sous  ce  rapport,  les  peintres  verriers  de  la  renaissance 
avaient  un  talent  remarquable,  et  les  vitraux  d'Andely  ne  le  cèdent  pas  aux 
plus  beaux  de  cette  époque. 


PRi!:Mii':[iE  verriei;e. 

LKGENDE     DE    SAINTE      CLOTILDE. 

Les  sujets  f[ue  repiv'-sente  une  des  deux  verrières  consacrées  à  sainte 
Clotilde  se  rapportent  à  l'épisode  de  son  mariage  avec  Clovis.  L'artiste  s'est 
servi,  pour  sa  composition,  d'une  version  fournie  par  une  ancienne  chronique, 
dans  laquelle  la  légende  se  mêle  à  l'histoire  et  dont,  par  conséquent,  tous  les 
détails  ne  sont  pas  d'une  exactitude  rigoureuse.  La  voici  en  substance  :  — 
Sainte  (llotilde  était  fille  de  Chilpéric.  qui  régnait  sur  Genève,  la  Savoie  et 
une  pai'tie  de  la  Provence,  et  qui  fut  massacré,  avec  sa  femme  et  plusieurs 
de  ses  enfants,  par  son  frère  (londebaud,  roi  de  Bourgogne.  Les  deux  filles 
de  Chilpéric  fiu'ent  épargnées..  L'une  entra  dans  un  couvent;  la  sainte, 
enfermée  dans  un  château,  fut  instruite  dans  la  religion  catholicjue,  bien  que 
Gondebaud  fût  arien.  Clovis.  ayant  entendu  vanter  sa  beauté  et  ses  vertus 
par  des  amliassadeurs  (ju'il  avait  envoyés  à  Gondebaud,  songea  à  l'épouser 
et  se  pn'-para  à  la  demander  au  roi  des  Bum'guiguons.  Mais,  avant  d'entamer 
cette  négociation  d^'hcate.  il  voulut  s'assui'er  de  l'assentimeiil  de  Clotilde,  et, 
en  conséquence,  il  envoya  près  d'elle  un  de  ses  serviteurs  les  plus  dévoués, 
Romain  d'origine  et  nommé  Aurélianus.  Celui-ci.  ayant  accepté  cette  mission, 
emporta  un  anneau  c[ue  son  maître  lui  avait  confié  pour  le  donner  à  la  jeune 
princesse,  dans  le  cas  où  elle  accepterait  le  roi  franc  pour  l'poux.  Aui'i'lianus, 
déguisé  en  mendiant,  fut  bien  accueilli  |)ar  Clotilde  (jui  voulut,  pai'  humilité 
et  au  nom  de  l'hospitalité,  lui  laver  les  pieds.  Après  avoir  écouté  avec  une 
profonde  surprise  les  pro[)ositions  que  lui  lit  l'envoyé  de  Clovis,  elle  accepta 
l'anneau,  à  la  condition  qu'elle  resterait  catholique.  Aurélianus  revint  aussitôt 
près  de  son  maître  pour  l'informer  du  succès  de  sa  mission,  et  le  roi  le 


LF.S   Vrrr.ArX    du   GliAXD-ANDF.LY.  265 

chargea  de  doniander,  nllicicllcinciil  cl  sans  délai,  à  ('loiidchaud.  I;i  main  de 
sa  nièce.  L'anii)assadein'  (li)liMt  l'aciliMni'iil  le  consenteiiicul  du  roi  de  l'xmr- 
g'ogne.  parce  (|iie  celle  alliance  scinblail  assui'cr  à  ce  dernier  ra.niilii'  dn  roi 
des  h'rancs.  Ain'('lianns  (''ponsa  C.lolildc  par  [u'ocnralion,  en  lui  donnant  un 
sou  et  un  denier,  selon  la  conlunie  du  lenips.  Il  conduisil  la  jein:e  reine  à 
Soissons.  où  ('.lo\is  lil  ciMiMirer  son  niaria,i;'i'  solennellenienl.  en  hdo. 

Voici  mainlenant  la  \(M'rièr(^  : 

Parlie  (•arr(''e.  —  \a'  premier  sujet  repri'senle  (',|o\  is  assis  sur  son  Irône  <>t 
remeltant  à  Auréliaiuis.  agenonilli''  (hnaiit  lin',  l'aum'aii  (|ne  ce  dernier  doil 
doiuier  à  CJolilde.  I,<>  roi  esl  coillV'  <ruii  liu'han.  ainsi  <|ni'  deux  personnages 
c|ui  se  tiennent  debout  |irès  de  lui.  La  scène  se  passe  dans  une  salle 
magMifit|uenienl  ornée,  dont  l'ouNertun'  dn  fond  laisse  a|)ei-ievoir  un 
cheval  probablement  destiné  au  messagei".  bien  (pie  celni-ci.  d'après  l;i 
légende,  ail  l'ail  son  voyage  à  piiul.  Un  dais  fort  riche  (_'sl  placi''  an-dessus 
du  trône.  Tonte  la  pai-lie  supé'i-iein'c  dn  suj(.'t  est  l)i(^n  conserv(''(i;  mais,  le 
panneau  infér-ieur  é'tani  comph'temeni  iiouli'vei'si'.  les  ligures  n'existent  plus 
qu'en  buste.  Une  partie  de  la  composition,  di-lrnite  mainlenanl.  a  dn  èli-e 
occupée  par  d'autres  personnages,  l  ne  in>cri|ilion.  plact'e  dans  le  l)as  de 
la  baie,  a  disparu  presque  entièriMuent  ;  le  seul  nom  de  ci-ovis  se  lit  encoi'e. 

Nous  Noyons  ensuite  Aui'(''liaiuis  baisant  la  irjain  de  la  princesse;  un 
homnu'  agenonilh'  esl  |irès  de  lui.  Au-dessus  di's  personnages  sont  deux 
porti(jucs  ;  à  l'intérieur  de  l'iui  d'eux.  C.lolilde  donne  à  l'ambassadeur  une 
promesse  écrite  d'épouser  le  loi;  c'est  du  moins  la  seule  explication  |)lausible 
de  ce  sujet.  L'entrevue  de  la  nièce  de  (iondebaud  et  d'Aurélianus  serait  ainsi 
scindée  en  deux  épisodes.  J^es  ligui'es  qui  comiiosent  celle  dernière  scène 
sont  d'ailleurs  fort  petites  en  cons('(|uence  de  la  perspeclise.  et  elles  ne  me 
paraissent  avoir  él(''  placées  là  ([ue  pour  gaïaiir  cl  animer  celle  partie  du 
vitrail,  où  il  y  a  beaucoup  d'aichilectniv.  L  n  paysage  renqilit  le  \ide  entre 
les  deux  |)oi'tiques.  Connue  dans  la  première  baie,  les  figures  ont  soulTerl. 
et  la  partie  inférieure  est  très-boulevcrséc.  (Juant  à  rinscrii)liun,  elle  n'existe 
plus,  on  l'a  i'em|)lac(V'  par  du  verre  blanc. 

Dans  la  troisième  tra,vé(%  Aur(''lianus  é|)Ouse  Clotilde   an  nom  fie  Clovis. 

Le  roi  de  Bourgogne,  vu  de  face,  est  entre  eux.  Sur  le  second  plan,  deux 
évè(|ues  assistent  à  la  cérémonie,  sans  paraître  y  rem|)lir  un  rôle  actif.  Près 
d'eux,  plusieurs  personnages  com|)lèlent  la  com|)osilion.  Toutes  les  ligtu'es  de 
cette  scène,  ainsi  que  civiles  de  la  précédente,  sont  habillées  à  la  mode  du 
XV!*^  siècle.  Dans  la  partie  su|)é'i'ieure.  une  tour  à  trois  étages  et  à  colonnes 
prend  les  deux  tiers  de  la  largeur  de  la  baie,  et   le  reste  est  occupé  [lar  un 


2G0  ANNALES  ARCilEOLOGIOUES. 

paysage.  Plusieurs  personnages  sont  placés  aux  dillerents  étages  et  examinent 
ce  qui  se  passe  au-dessous  d'eux  ;  à  l'étage  supérieur,  le  peintre  a  mis  un 
grand  cadran  solaire.  Ce  sujet  est  bien  conservé,  relativement  aux  autres,  du 
moins.  L'inscription  de  la  base  est  à  moitié  d(''triiite  ;  on  lit  encore  :  clotildis 
Fir  DÉLiviuÎE.  En  elVi>t.  la  fille  du  malheureux  Chilpéric  considéra  son 
maiiage  avec  Clovis  comme  ime  véritable  délivrance  ;  la  cour  du  meurtrier 
de  sa  famille  ne  i)ouvant  être  pour  elle  qu'une  prison. 

La  f[uati'ième  baie  est  divisée  en  deux  parties  égales  :  la  partie  supérieure 
représente  la  nouvelle  reine  en  costume  de  voyage,  la  tète  couverte  d'un 
chapeau  plat,  à  grandes  ailes,  et  garni  de  gourmettes,  faisant  ses  adieux 
à  riondebaiid  cDillV'  d'uu  liirban.  L"  palais  du  un  s'élève  à  droite  et  l'entrée 
en  est  érlain''i>  par  uni'  lampe  sus|)endue  à  la.  voûte.  Dans  le  fond,  des 
houmies  el  des  chevaux  attendent  Clotilde  pour  l'amener  à  son  mari.  Les 
figures  sont  de  petite  dimension  et  d'une  bonne  conservation,  ainsi  que  le 
palais.  ].a  partie  infi'rieure  est  occu|:)ée  par  le  donateur  de  la  verrière,  prêtre 
d'Andely  peut-être,  et  dont  la  tonsure  est  bien  apparente;  derrière  lui  sont 
une  femme  et  des  enfants  qui  ont  jirobablement  coopéré  à  la  donation  du 
vitrail.  Ces  jiersonnages  n'existent  plus  qu'en  buste;  le  panneau  du  bas, 
comme  toujoui-s.  est  bouleversé,  et  du  verre  blanc  rem|)lacc  l'inscription  qui 
nous  aurait  fait  connaître  leurs  noms. 

Tym]mn  de  l'ogive.  —  Ainsi  que  je  l'ai  dit,  les  meneaux  droits  de  la  partie 
carrée  de  la  fenêtre  se  continuent  dans  la  partie  ogivale,  qui  est  divisée 
également  en  quatre  ouvertures.  11  y  a  peu  de  chose  à  en  dire.  Une  inscrip- 
tion courait  I(!  long  des  deux  baies  du  milieu,  mais  une  moitié  en  est  détruite 
et  l'autre  est  illisible  ;  ([uant  à  ces  deux  panneaux,  ils  sont  indéchifl'rables,  vu 
leur  bouleversement  complet. 

Dans  la  première  baie,  on  distingue  encore  un  homme  en  turban,  armé 
d'un  cimeterre;  autour  de  lui  est  un  chaos  de  morceaux  ra|)portés. 

Dans  la  (juatrième  baie,  au-dessus  du  sujet  représentant  les  adieux  de 
Clotilde  à  Gondebaud.  la  sainte,  une  couronne  sur  la  tête  et  accompagnée 
d'un  honmie  d'armes,  s'embarque  sur  un  vaisseau  de  guerre;  ce  qui 
s'explique  difficilement,  car  la  chronique  affirme  que  Clotilde  fit  le  voyage 
de  Bourgogne  à  Villars,  près  Troyes.  où  l'attendait  Clovis,  d'abord  en  bas- 
terne  traînée  par  des  bieufs.  puis  achevai,  lorsqu'elle  fut  poursuivie  par  son 
oncle  (|ui  se  repentait  de  l'avoir  laissée  partir.  Ce  sujet  est,  du  reste, 
incomplet  el  en  mauvais  état. 


LES   VITUALX   DU   GHAND-AN  DELV.  267 


DF.rXIKMK   VElillIKIiE. 

SriTE     IIK      1.  V     I.Kc.lCNDE     DE     SAINIE     Cl.OTILDE. 

La  deuxièiiie  rciièlre  consacrée  à  CIdtildc,  disposée  en  quatre  travées, 
comme  la  |)rcmière.  représente  surtout  la  conversion  de  Clovis.  L'étude  de 
ce  vitrail  doit  forcément  commencer  par  les  panneaux  supérieurs,  si  on  veut 
suivi'e  les  sujets  d'après  iinu'  oi'dre  chronoloi;i(|ue.  Au  moyen  âge.  les  sujets 
s'ordonnent  pres(|ue  toujours  de  bas  en  liant;  à  la  renaissance,  on  aime  à  les 
disposer  de  haut  en  bas.  comme  les  li<;nes  d'un  livre. 

Tympan  de  l'ogive.  —  Sainte  (Motilde,  entourée  de  ses  femmes,  est  age- 
nouillée devant  un  prie-dieu,  surmonté  d'un  triptyque  représentant  «  Jésus 
crucifié  ».  Elle  demande  à  Uieu  de  toucher  le  cn'iu'  de  son  mari,  encore 
idolâtre,  et  ([u'elle  veut  rendre  chrétien.  On  sait  (|ue  Clovis  lésista  longtemps 
aux  instances  de  la  reine.  Il  tenait,  et  cela  se  conçoit  aisément,  à  ne  |)oint 
mécontenter  les  l'rancs,  qui  exécraient  le  christianisme  d'autant  plus  ([ue  la 
plupart  des  habitants  du  reste  de  la  Gaule,  avec  lesquels  ils  étaient  con- 
stamment en  guerre,  l'avaient  déjà  adopté,  mais,  en  général,  sous  la  forme 
de  l'arianisme.  Kt  puis,  le  premier  tils  de  Clovis  et  de  Clotilde.  nommé 
Ingomer,  étant  moi1  peu  de  temps  après  sa  naissance,  le  monar(|ue  franc 
n'avait  pas  manqué  d'attiibuer  cet  événement  aux  consé([uences  du  baptême 
que  l'enfant  avait  reçu.  Knfm.  un  second  fils,  appelé  Clodomir.  ayant  encore 
été  baptisé,  tomba  malade;  le  chef  salien  devint  furieux  et.  malgré  l'ascen- 
dant que  Clotilde  avait  su  prendn'  sur  lui.  n'aurait  jamais  consenti  à  devenir 
chrétien  sans  la  guérison  providentielle  du  jeune  prince  et.  surtout,  sans  la 
victoire  inattendue  (ju'il  i'em|)orla  à  Tolbiac,  près  de  Cologne,  sur  les 
Allemands,  victoire  qu'il  n'obtint,  dit  la  légende,  ([u'aprè^  avoir  fait  le  vœu 
solennel  d'embrasser  la  religion  catholique. 

Cette  partie  du  tympan,  représentant  sainte  Clotilde  en  prières,  est  bien 
conservée;  mais  le  sujet  suivant,  qui  occupe  le  second  compartiment,  l'est 
moins  :  —  La  reine  cherche  à  persuader  Clovis  d'abandonner  ses  idoles. 
Clotilde,  vêtue  en  dame  du  xvi^  siècle,  lève  le  bras  vers  le  ciel.  Le  roi 
barbare,  qui  ressemblé  singulièrement  à  Henri  IL  porte,  comme  les  Valois, 
une  médaille  d'or  attachée  à  une  chaîne  de  même  métal.  Les  deux  figures 
sont  mutilées,  surtout  celle  du  roi.  Le  panneau  supérieur  est  composé 
de  pièces  et  de  morceaux,  et  l'inscription  du  bas  est  illisible. 


268  ANNALES  AHCHÉOLOGIOLES. 

La  troisième  baie  e^[  coin|)lélemcnl  bouleversée  et  la  quatrième  est  en 
verre  blaui'. 

l'arlie  carrée.  —  Le  premier  sujet  de  la  partie  droite  de  la  l'enètre  nous 
montre  (îlovis  l'ecevant  le  l)aptème  des  mains  de  saint  Rémi,  évèque  de 
Reims.  (iCtte  (cérémonie,  triomphe  éclalanl  |ioursaiute  Glotilde,  eut  lieu  l(>  jour 
de  No  I  di.'  l'a-umn'  /il)().  fjnv  is  se  lit  baptiser  avec  sa  sœur  Alboflède  et  trois 
mille  de  ses  guerriers.  —  Au  v"  siècle,  et  même  beaucoup  plus  tard,  le 
baptême  avait  encore  lieu  par  immersion,  et  les  artistes  ont  eu  soin,  ordinai- 
rement, de  représenter  Clovis  nu  et  plongé  jusqu'à  la  ceinture  dans  la  cuve 
contenant  l'eau  régénératrice.  Mais  les  peintres  de  la  renaissance  se  préoccu- 
paient assez  |)(Mi  (le  la  vériti',  histoi-ique.  et.  de  même  qu'ils  habillaient  des 
persomiages  de  l'antiquité  avei;  des  pourjioints.  des  haut-de-chausses,  des 
fraises  et  des  toques  eniplumées.  de  même  ils  n'ont  pas  craint,  comme  dans 
le  vitrail  d'Andely,  de  figurer  Clo\is  en  costume  royal,  agenouillé,  recevant 
sur  la  tète  l'eau  sainte  (|ue  lui  vei'se  saint  Rémi.  —  L'illustre  évèque  de  Reims, 
mitre  en  tète  et  crosse  en  main,  tient  élevé  le  vase  plein  d'eau.  Ouatre  clercs, 
dont  l'un  poile  un  cierge,  sont  derrièi'e  le  roi.  Dans  le  tond,  on  aperçoit  les 
grands  de  la  nation,  costumés  connue  il  est  dit  plus  haut.  Au  centre  de  la 
composition,  et  sur  le  second  |)lan,  est  l'autel  supportant  les  vases  sacrés. 
La  partie  su|)éi'ieure  est  occujiée  |)ar  une  architecture  qui  ne  présente  aucun 
intérêt.  Au-dessus  de  l'autel,  le  Saint-Ksprit,  en  colombe,  enveloppé  dans 
une  gi'ande  auréole,  tient  rampuule  avec  son  bec;  l'écu  tleurdelisé  de 
France  est  près  de  lui.  .Saint  Rémi  est  la  figure  qui  a  le  plus  souffert;  la 
tête  et  les  mains  sont  les  seules  parties  complètes.  Le  bas  du  manteau  de 
Clovis  se  distingue  à  peine  au  milieu  d'une  grande  quantité  de  morceaux 
rapportés.  Une  .portion  de  l'architecture  est  également  fort  endommagée. 
Au-dessous  existe  encore  une  inscription  effacée,  dont  je  n'ai  pu  lire  que  la 
première  ligne  :  p\r  s\i\t    v,tau   clovis  fut  baptisé. 

La  deuxième  baie,  divisée  en  deux  compartiments,  représente,  dans  la 
partie  supérieure,  im  portique  sous  lequel  nous  voyons  Clovis  et  sainte 
Clotilde  présidant  à  une  distribution  d'aumônes.  L'artiste  a  donné  toute 
l'importance  à  Clovis,  ([ui  est  simplement  assisté  par  la  reine.  Il  a  supposé 
probablement  ([ue  sou  mariage  avec  saint(î  Clotilde  et  sa  conversion  avaient 
doué  le  farouche  roi  mérovingien  de  cette  vertu  essentiellement  chrétienne, 
la  charité.  —  Clovis,  portant  le  sceptre  d'une  main,  étendant  l'autre  en 
signe  de  commandement,  est  vêtu  d'une  tunique  et  d'un  manteau  en  forme 
de  chasuble  ;  autom-  de  son  cou  est  passé  le  collier  royal.  Derrière  lui  se 
tiennent  plusieurs  personnages,   au  milieu  desquels  on  remarque  la  reine. 


LES   VlTllM  \    Dl     r,KAM)-.\M)i:i.V.  260 

dont  on  ne  voit  ijue  la  Icli'  couroniii'i'.  Sur  les  inarclii's  du  palais,  des 
mendiants  et  des  maladies  à  geii^)ii\  reroivcnt.  leurs  aiiiiiôiii's  divs  mains 
d'un  officiel'.  — •  Cumnie  tmijenrs.  la  |)ailie  arcliilcrlurale  est  la  mieux 
conservée  ;  le  paysage  est  dcirTioiv'".  (Juaul  aux  li,<.;-ures,  à  rexception  de  celle 
de  Clovis  qui  est  en  bon  (Mat.  les  auli'es,  surtout  celles  des  meiidiaiils,  sont 
presque  détruites.  Au-dessous  de  celle  scèn(\  un  doiialeiu-  et  sa  femme 
sont  agenouillés,  mais  ils  n'exisienl  jjIiis  (ju'fu  buste;.  I.e  panneau  intérieur 
est  bouleversé. 

La  troisième  baie  est  divisée,  comme  la  précédente. en  deux  pai-|ii's.  Dans  le 
haut,  sainte  Clolilde  surv(>ille  la  construction  de  ré'giise  colh'giaie  d'Audi'ly.  \ai 
sainte  étend  les  bras  vers  l'édilice  inachevé.  —  l/architecle  ol  près  (Felli'  et 
tient  un  compas.  Ce  sujet  est  fort  i)ouleversé,  mais  il  ollVe  encore  des  diMails 
intéressants.  Dans  le  bas.  un  donateur  noble  est  aii,i'nouilli'  devaul  un  |ii-ie-dieu; 
derrière  lui  se  tient  sa  lennne.  également  à  genoux,  l  n  l'cussun  |ilaci''  sur  le  prie- 
dieu  porte  ■-  de  sable  à  trois  gerbes  de  blé  d'or  et  trois  croix  d  ai'gent  alternées. 

La  quatrième  baie  est  la  plus  maltraitée  de  la  fenêtre.  La  disposition  est 
la  même  que  celle  des  deux  baies  précédentes.  I^a  partie  supérieure  est 
occupée  pai'  deux  tigui'es  (|ui  sont  bien  certainement  étrangères  à  la  veri'ière. 
Elles  représentent  un  homme  en  turban,  le  bras  levé,  et  une  lennne;  tous 
deux  à  mi-corps  et  d'une  dimension  i)lu.s  considérable  (|ue  celle  de  tous 
les  autres  personnages  des  deux  vitraux  consacrés  à  sainte  (jlotilde. 

Au-dessous,  un  sujet  qui  a  dû  représenter  un  miracle  célèln'c  aux  Andelys, 
et  dont  le  souvenir  est  cher  aux  habitants  de  la  contrée,  est  à  |)eu  près  entiè- 
rement détruit.  Quelques  tètes  seules  sont  restées  et  les  di'ux  tiers  de  ce 
double  panneau  sont  maintenant  en  vei-re  blanc.  Voici  riiistoire  de  ce  miracle, 
qui  a  certainement  contribué  à  établir  le  culte  de  la  sainte  ivine  de  France 
dans  le  pays  : 

L'épouse  de  Clovis  érigea  au  Gi'and-Andely  une  abbaye  de  hlles.  et  elle 
encouragea  par  tons  les  moyens  possibles  le  zèle  di'^  ouvriei's.  lu  jour  (jue 
la  chaleur  était  grande,  les  ouvriers,  épuisc's  par  la  fatigue  et  all(''ré;s  par 
l'ardeur  extraordinaire  du  soleil,  niclamèreul  iusiauniieiil  une  boisson  suscep- 
tible de  les  réconforter,  en  déclarant  cpTils  ne  pourraient  se  conlenter  de 
boire  de  l'eau.  I^a  sainte,  touchée  de  leurs  su|)plicatii)ns.  obtint  du  ciel  cpie 
l'eau  d'une  fontaine  voisine  aurait  pour  ces  hommes  le  goût  et  la  force  du 
vin.  Le  miracle  de  Cana  fut  ainsi  l'enouvelé  en  faveur  des  ouvriers  de 
l'église.  —  Comme  je  l'ai  dit,  il  ne  reste  guère  de  cette  curieuse  scène  que  les 
tètes,  au  nombre  de  cinq  ;  la  plus  visible  est  celle  d'un  abbé  ([ui  a  sa  crosse 
près  de  lui.  Un  homme  porte  à  sa  bouche  une  écuelle  pleine  de  l'eau  mira- 
XXII.  35 


270  ANNALKS   AHCIIÉOLOGIQUES. 

culense.  Au  milieu  des  deux  panneaux  qui  composent  le  sujet,  est  placé 
récusson  de  France.  Au  bas  des  trois  dernières  baies  existaient  des  inscrij)- 
tions;  mais  elles  sont  aujourd'hui  entirrement  détruites. 


TROISIEMK   \  [^lilUEilE. 

I.KGENDE     IIE     SAINT     LKGER,     ÉVKQUE     d'aL'TUN. 

C-etle  verrière,  placée  dans  la  seconde  chapelle,  est  divisée  en  cinq  baies 
séparées  par  quatre  meneaux  droits  allant  de  la  base  à  l'extrémité  de  la 
fenêtre,  f.es  pamieaux  se  terminent  en  oisive  au-dessus  de  la  partie  carrée. 
I^(^  vitrail  est  assez  complet,  bien  (|u'en  mauvais  état.  Un  seul  panneau 
seiail  à  remplacer  entièrement,  et  encore  ne  devrait-il  être  occupé  que  par 
de  rarchilecture. 

La  vie  du  saint  évè(|ue  d'Aulim  est  liée  d'une  manière  essentielle  à  l'histoire 
de  la  monarchie  française  au  vu''  siècle.  Né  d'une  famille  illustre,  vers  l'an 
(316.  ses  parents  le  conduisirent  fort  jrimc  à  la  cour  du  roi  Clotaire  II,  fils  de 
la  fameuse  Frédégonde.  iJn  peu  jjIus  tard,  il  fui  envoyé  à  Didon,  évêque  de 
Poitiei's.  son  oncle  maternel,  qui  le  lit  élever  avec  un  grand  soin.  Promu  au 
diaconat,  bien  qu'il  n'eut  que  vingt  ans,  grâce  à  son  mérite  exceptionnel,  le 
saint  ne  tarda  pas  à  devenir  archidiacre  et  à  être  chargé  par  son  oncle  du 
gouvernement  de  son  diocèse.  Il  devint  ensuite  abbé  du  monastère  de  Saint- 
Maixent  à  Poitiers,  et  garda  cette  charge  pendant  six  ans.  Clovis  II.  roi  de 
Neustrie  et  de  Bourgogne,  mort  en  056.  ayant  eu  pour  successeur  son  fils, 
Clotaire  III,  encore  enfant,  sainte  Bathilde,  mère  du  jeune  prince,  fut  pro- 
clamée régente  et  eut  pour  conseillers  saint  Éloi.  évêque  de  Noyon,  saint 
Ouen,  do  Rouen,  et  saint  Léger  (|ui  peut-être  a  joué  le  rôle  le  plus  considé- 
rable des  trois.  Ici  connnence  la  vie  piilili(|ue  de  l'évèque  d'Autun.  largement 
re|irésentée  dans  la  verrière. 

Nommé'  à  cet  évèché  en65î).  il  revint  dix  ans  après  à  la  cour  lorsqu'il  apprit 
la  mort  de  Clotaire  III  et  les  troubles  qui  suivirent  cet  événement.  Les  deux 
fi'ères  du  roi  défunt  se  disputaient  le  trône.  Thierry  eut  quelque  temps  le 
pouvoir,  grâce  à  Fbroïn,  maire  du  palais;  mais  la  mauvaise  administration  de 
celui-ri  fui  cause  de  sa  chute  et  de  l'avènement  de  Childéric,  qui  se  plaça  sous 
la  direction  de  saint  Léger  et  accorda  la  vie  àÉbroïn  sur  la  prière  de  l'évèque. 
Plus  lard,  le  saint  devait  avoir  pour  bourreau  celui  dont  il  avait  été  le  bien- 


LLiS   VITRALX    DU   GT.  \N  D-AM)KL\ .  271 

faitetir  I  Ciiildéric  s'étant  abandoiiiK;  à  la  dr-baiicho.  Léger  le  réprimanda 
publiquciiieiit.  ce  ([ui  le  lit  exiler  au  monastère  de  Luxeuil.  oii  il  retrouva 
Kbroïn  devenu  son  ronipa<:;rion  de  captivité,  dépendant,  le  roi  ayant  été 
assassiné  et  reni|)lacé  sim'  le  trône  par  Dagobert.  fils  de  Sigebert  II.  l'évèque 
d'Autun  put  rentrer  dans  son  diocèse,  et  le  maire  du  palais  reprit  l)ientùt 
le  pouvoir  en  taisant  roconnaiire  pour  roi  un  pn''len(lu  (ils  de  Clolaire  III. 
nommé  Clovis.  Mbroïn  envo\a  une  ai'iiiée  en  lîoui'gogne,  (|ui  connncnra  par 
assiéger  Autun.  Saint  Léger,  soutenant  les  droits  de  Dagobert.  voulut  n'sister 
avec  le  concours  des  habitants  ;  mais  la  ville  tut  prise  par  A'ainier.  duc  de 
Champagne,  commandant  de  l'armée  ennemie,  ou  |)lulùl  révè(jue  contribua 
à  la  reddition  de  la  ville  en  se  livrant.  Saint  L(''g('r  eut  les  yeux  crevés. 
Pendant  tout  le  temps  (jue  dura  son  supplice,  il  clianta  des  psaumes  et  ne 
souffrit  point  qu'on  le  liât.  Il  lui  conduit  ensuitr^  en  CHiampagiie  par  Vainier, 
lequel  ne  voulut  pas  obéir  aux  ordres  dKbroïn.  Celui-ci  avait  ordomu'  (|ue 
l'évèque  fût  mené  dans  un  bois  pour  y  mourir  de  l'aim.  Plus  tard,  saint  Léger 
eut  les  lèvres  et  une  partie  de  la  langue  coupées,  et  fut  mis  sous  la  garde  du 
comte  Vaneng.  Ce  derniei'  le  ti-aita  bien  et  l'envoya  au  monastère  de  Fécamp. 
oii  il  guérit  complètement,  à  ce  point  même  de  recouvrer  miraculeusement 
l'usage  de  la  parole.  Kbroïn,  le  poursuivant  toujours  de  sa  haine,  l'accusa, ainsi 
que  son  frère  Guérin,  d'avoir  contribué  à  la  mort  de  Childéric.  Les  |)rétendus 
coupables  comparurent  devant  le  roi  et  les  seigneurs  du  royaume  :  Guérin 
fut  attaché  à  un  poteau  et  lapidé;  quant  à  l'évèque  d'Autun.  on  hésita  et  on 
voulut  d'abord  le  faire  déposer  dans  un  synode.  Enfin  quelipies  évè(iues  ayant 
été  gagnés  par  le  maire  du  palais  s'assemblèrent  et  s'érigèrent  en  juges,  bien 
qu'ils  n'eussent  pas  été  convoqués  par  le  jirimat  ou  un  mi''tropolitain.  Sommé 
de  s'avouer  coupable,  le  saint  ne  cessa  de  protester  de  son  innocence.  11  fut 
dépouillé  de  ses  vêtements,  on  lui  déchira  sa  tunique  de  haut  en  bas,  comme 
marque  de  dégradation  et  de  déposition,  et  on  le  li\ra  aux  mains  de  Chrodo- 
bert,  comte  du  palais,  chargé  de  le  faii'i;  mettre  àmorl.  L'exiMuilion  eut  lieu 
en  678,  dans  la  forêt  d'Ivelin.  ap|)elée  ])lus  tard  foièt  de  Sainl-Léger.  au 
diocèse  d'Arras.  Un  seul  des  quatre  soldats  commis  à  cet  elfet  eut  le  cou- 
rage de  couper  la  tète  du  saint  évètjue;  les  trois  auli^es,  s'étant  jetés  à  ses 
pieds,  lui  demandèrent  leur  pardon  et  sa  bénédiction. 

L'ordre  dans  lequel  les  sujets  sont  placés  est  .semblable  à  celui  (jui  a  été 
suivi  dans  le  vitrail  précédent,  représentant  la  conversion  et  le  baptême  de 
Clovis  ;  c'est-à-dire  (jue  ceux  de  la  partie  ogivah"  précèdent  ceux  de  la  |)artie 
carrée,  chronologiquement;  et  cependant,  une  scène  de  celte  dernière  partie, 
la  première  à  gauche  du  spectateur,  semble  aussi  être  la  première  de  la  vie 


272  ANNALES   ARCHEOLOGIOU ES. 

du  saint.  Il  faut  donc  adopter  cette  marche,  quelque  irréguliôre  qu'elle  soit, 
pour  la  description  de  la  verrière. 

l'reniier  sujet  de  la  pai'lie  cai'rée.  —  Cette  scène  montre  saint  Léger  avant 
son  élévation  à  l'épiscopat.  lors([ue  la  reine  Bathilde  voulut  s'aider  de  ses 
conseils  ])endant  la  régence.  Si  celte  explication  n'est  pas  exacte,  elle  est  au 
moins  très-vraisemblable;  malheureusement,  l'inscription  qui  aurait  donné 
tous  les  renseignements  désirables  est  détruite  et  remplacée  par  du  verre 
blanc.  D'aiili'ui's.  le  costume  du  saint  \ient  à  l'appui  de  mon  explication  : 
il  n'est  pas  encore  évêque,  et  il  est  simplement  velu  d'un  surplis  à  larges 
manches.  ])assé  au-dessus  d'une  tunique  rouge  ;  un  nimbe  en  perspective 
entoure  sa  tète  mie.  Le  saint  a  près  de  lui  un  moine  couvert  d'une  robe 
violette  et  n'ayant  (|u"ime  couronne  de  cheveux  autour  de  la  tète.  Un  seigneur 
riclifuient  velu  pai-le  à  saint  Léger.  Ce  personnage  est  magnillquement 
habillé  :  un  pourpoint  rouge  à  crevés,  une  pèlerine  d'hermine  et  une  fraise. 
—  Celte  scène  re|)résente  évidemment  l'éjiisode  de  la  vie  de  saint  Léger  qui 
précède  directement  sa  nomination  h  l'évêché  d'Autun.  Ce  seigneur  prie 
l'abbé  de  Saint-Maixent  de  se  rendre  à  la  cour  de  la  régente,  qui  l'a  choisi 
pour  conseiller.  —  J.es  tètes  sont  hues,  d'une  certaine  beauté,  comme  dans 
tout  le  vitrail,  du  resie  ;  mais  un  grand  nombre  de  morceaux  manquent.  La 
figure  de  sain!  Lé-ger  est  la  plus  complète;  les  bras  du  seigneur  manquent 
entièrement.  Au-dessus  des  personnages,  on  voit  encore  la  partie  supérieure 
d'un  britimcnl  percé  d'une  petite  rosace;  le  toit,  fort  élevé,  est  surmonté 
d'une  cheminée.  La  partie  inférieure,  entièrement  bouleversée,  forme  un 
panneau  complet;  elle  est  occupée  par  des  débris  d'architecture. 

Partie  ogivale.  —  Dans  chacun  des  deux  coins  de  l'ogive,  c'est-à-dire 
dans  la  prenn'ère  et  la  cincjuième  baie,  on  voit  un  enfant  nu,  portant,  à 
l'aide  d'un  cordon  passé  sur  l'éjiaule,  une  inscription.  Celle  de  la  cinquième 
baie  donne  l'explication  du  sujet  (|ui  l'avoisine;  elle  est  en  forme  de  quatrain  : 


AVEC   i.E  noi 

Il,    FAIST    LA    PASQUlî    ASSIS    AUPIliîS    DE    LUV 
SKS    ENNEMIS    EN    EtKLNT    GHA.NU    E.NNL'Y 
MAIS   SAI.NCT    LliuEll 


Si  je  n'ai  pas  déchiffré  entièrement  celle  inscription,  je  n'ai  pu  lire  un  seul 
mot  de  l'antre,  placée  dans  la  pi-emière  baie. 

Le  sujet  de  la  deuxième  travée  est  remarquable  de  dessin;  il  représente  le 
sacre  du  saint.  Deux  évè([ues  tieiment  une  mitre  au-dessus  de  la  tète  du  nou- 
veau prélat,  vêtu  d'une  chape  rouge,  ayant  aux  mains  des  ganis  bleus  cl 
assis  sur  un  siège  aux  pieds  contournés.  Les  deux  éxêques  consécrateurs  sont 


LES  VITHAIX    Dr   GH.\N  D- AN  DF.LY.  273 

coiffés  de  la  mitre  et  couverts,  riiii  (i'mu;  clia])c  vrrU^  cl  i'aiili'c  (rmio  cliapc 
bleue.  Derrièi-e  eux.  l'oiih-  (Tas-istaiils  cl  de  clci-cs  dnnl  l'un  |t(irlc  une 
crosse.  Au-dessus  (\çs  li,ii;iu'i.'s  cl  ài'  la  dcruicre  li'iii.^lcllc  soni  des  niorccaux 
de  verre  d(^  toute  cspcc(>.  ra|i|)ini(''s.  Saiul  Li''!^cr  a  uuc  Iclc  cxlrèiuciueiit 
jeune,  bien  ([u'il  eût  di'jà  (|uai-aulc-ln)is  ans  lors(iiril  devint  cvè(|uc  d'Anlun. 
Celle  de  l'un  des  autres  pn^als  nian(|ue;  elle  csl  remplacée'  pai'  du  \errc 
blanc. 

J.e  sujet  de  la  troisième  l)aie  représente  saint  L(',L;-cr  coin-onnani  C.liil- 
déric  11.  Le  nii.  \cMu  en  empereur  romain,  les  jambes  cl  les  hi-as  nus.  le 
sceptre  en  main  cl  jiortaiit  un  manteau  al  lâché  sur  ré|)aulc.  csl  assis  sur  un 
trône  (lu'oii  esl  obligé  de  sn|)poser.  car  il  csl  dé'Iruil.  SainI  Li''i;ei-.  sur  ini 
plan  plus  élevé  (|ue  Childé-iic .  pose  la  couninne  sur  la  tète  du  prince;  la 
mitre,  la  main  (|ui  lient  la  comcinic  cl  une  ]ioi'li(in  de  la  chape  niui^'c  sont 
encore  apparentes;  mais  mi  ne  distingue  plus  la  parlie  iiilV^ieurc  du  coi-ps  cl 
la  tête  a  disparu.  Au-dessous  du  roi  se  tieiu  une  soric  de  hé'iaul  un  de  sol- 
dat, coiffé  d'un  bonnet  pl)ry,2;ieii  et  portant  une  pclilc  hamiièrc  sur  laquelle 
sont  les  trois  llcurs  de  lis.  lue  aUlic  batniière.  semblahlc  à  l'auli-c.  est  Icniie 
par  un  personnage  absenl.  l  n  moini'  esl  plac(''  à  côh''  du  Irùnc.  Il  existe 
encore  une  inscription  dans  le  bas  du  panneau,  mais  elle  csl  illisible.  — 
En  somme,  celte  scène  est  de  touli>s  celles  du  \ilrail  la  plus  di^h'-riorée  ;  une 
parlie  notable  en  serait  à  refaire. 

Dans  la  f|uatrième  baie  esl  repr('scnlé'  un  Icslin .  cin-icn\  par  les  acces- 
soires. Saint  J.égiM' et  un  roi.  prubablemcnl  encore  ('.hildi''i'ic  il  .  soiil  assis 
devant  une  table  cliargi''e  de  mets.  L'évèque  esl  en  chape  et  |)oiii'  la  mitre. 
Childéi'ic  est  sur  le  i)reinier  plan;  il  lient  un  sceptre  et  il  est  hahillé  comme 
dans  la  scène  précédente;  il  est  assis  sur  nu  siège  ayant  des  grillons  pour 
supports;  un  chien  esl  coucIk:  à  ses  pieds.  Lu  valet  .  près  de  la  table,  a  les 
manches  de  sa  tuniciue  rclrcussi''es  jus(iu'aux  épaules  cl  lienl  un  broc.  I)ans 
le  fond,  un  seigneur  et  un  pelil  page;  puis,  occupanl  la  pai'lic  sup('riem-c  du 
tableau,  un  grand  dais  à  rideaux.  SainI  b('gci-.  le  bras  ('tendu,  pai'lc  au  roi 
dont  la  tète  est  légèi-emcnt  iucliné'e,  et  (jui  semble  l'cDulcr  avec  ennui  ce  (|ue 
lui  dit  son  sage  conseiller.  11  me  paraît  cci-lain  ciuc  lailisle  a  voulu  rappeler 
les  remontrances  de  l'évcque  à  Childéric  II  ,  au  sujet  de  sa  vie  di'n'gléc  et  de 
son  mariage  avec  sa  |)ropr(;  nièce;  remoniranccs  (|ui  valurent  au  saint  son 
exil  à  Luxeuil.  Celle  scène  est  bien  conscrvi'e;  vue  de  près,  elle  serait 
excessivement  intéressante,  en  raison  ih:^  nombreux  détails  d'anicublcincnl 
qui  y  sont  figurés. 

Partie  carrée.  —  Comme  j'ai   parlé  plus  haut  du  premier  sujet   de  la 


21l\  ANNALES    AFUlHEOLOGigUES. 

pai'lio  carréi\  ji;  passoi'ai  <lo  suite  à  la  douxième  travée,  représentant  le 
liremicr  supplice  de  saint  Légei'.  —  L'évèque  d'Autun  s'étant  rendu  volon- 
tairement à  ses  eiuienn's.  afin  d'i''pargner  aux  liabitants  de  la  ville  les  horreurs 
du  siège.  I(\s  soldats  d'I-lbroïn  lui  crevèrent  les  yeux.  Saint  Léger  est  assis, 
toujoui-s  eu  chape  ;  sur  sa  tète,  la  mitre  qu'un  homme  maintient,  tandis  qu'un 
autre,  ayant  les  manches  relevées,  lui  crève  les  yeux  avec  un  très-gros 
instrument  (|ui  ressemble  assez  à  un  l'oret  auquel  est  attachée  une  corde.  Un 
personnage,  ((ni  doit  être  le  duc  de  Champagne,  est  assis  siu'  un  Irène;  il 
étend  son  bras  nn  vers  le  saint  et  paraît  suivre  avec  beaucoup  d'attention  la 
marche  du  supplice,  l'i'ès  de  lui  et  debout,  mi  homme  couvre  sa  bouche  avec 
sa  main.  Line  autre  tigui-(\  mais  dont  on  ne  distingue  ([ue  la  tète,  complète  la 
scène.  Dans  l(>  fond,  ou  voit  luie  pai'tie  de  la  \ille  assiégée.  Au  bas  de  la 
baie,  une  inscription  existe;  (pielques  mots  se  lismit  facilement,  mais 
l'ensemble  ue  pr/'sente  aucun  s(^ns. 

La  troisième  baie  nous  montre  le  synode  assemblé  pour  juger  saint  Léger 
relativement  à  l'accusation  porti''e  contre  lui  par  Ébro'ïn,  pour  complicité  dans 
le  meurtre  de  rihildéric.  Les  juges,  an  nombre  de  trois,  dont  l'un  semble 
a\()ir  la  pré('Mninence.  paraissent  être  plutôt  laï([ues  (|u'ecclésiastiques.  Il  y  a 
eu.  évidemment,  erreur  de  la  pai-t  du  peiulr(\  qui  a  confondu  la  comparution 
du  saint  évéque  devant  le  tribunal  com|)osé  des  seigneurs  du  royaume,  lesquels 
n'osèrent  ])oint  h  juger,  avec  l'arrêt  de  di'posilion  prononcé  par  un  synode 
formé  de  plusieurs  évêques  complaisants.  Kn  ctret,  les  juges  n'ont  absolument 
rien  du  costume  ecclésiastique,  et  saint  Léger  vient  d'être  dépouillé  de  ses 
vêtements,  prêt  à.  être  emmené  par  deux  soldats  (|ui  le  tiennent.  Le  saint  est 
en  chenn'se.  les  jambes  et  les  pieds  mis.  les  mains  attachées  derrière  le  dos 
et  la  tête  coilTée  de  la  miti-e.  Au-dessous,  une  inscription  effacée  ne  laisse  lire 
que  ces  mots:  ni;  dublic  i'Ossûdé.  Une  grande  tenture  abrite  les  juges  et 
se  continue  jusque  dans  la  baie  précédente,  où  elle  sert  de  fond  au  trône 
du  duc  de  Champagne.  \J\\  paysage  garnit  l'arrière-plan  du  tableau,  à  droite 
du  spectateur.  Dans  le  panneau  supérieiu',  (|ni  est  en  ogive,  on  voit  un  arbre 
an([uel  est  attachée  une  pancarte  avec  une  inscription,  dont  je  n'ai  pu  lire 
qu'une  date  incomplète  :  mil  cinq  cent...  —  Ce  sujet  est  assez  bien 
conservé  ;  il  est  complet,  sauf  nn  certain  nombre  de  morceaux  à  remplacer, 
connue  toujours. 

La  quatrième  baie  représente  saint  Léger  en  prison.  Une  tour  élevée, 
occupant  toute  la  hauteur  de  la  travée,  est  percée  d'un  grand  nombre 
d'ouvertures  au  travers  desquelles  on  aperçoit  des  prisonniers.  Une  fenêtre 
à  cintre  surbaissé  montre,  dans  son  embrasure,  l'évèque  vêtu  de  son  costume 


LES   VITRAUX    Dl    CR  AND-ANDKLY.  '275 

habituel;  mais  il  est  encliaîiié  ri  il  iiaric  à  deux  liomiiics  debout.  Des  rayons 
entourent  sa  tète  iniirée  ;  d'auUvs  lui  sont  envoyés  par  le  Saiut-Kspril 
planant  dans  le  haut,  l  ne  feinnie  lient  nn  petit  enfant  et  est  acrnnipie  sin-  le 
premier  plan;  elle  a  un  rhien  près  d'elle.  Celle  partie  du  vitrail  est  encore 
très-coinplèle. 

La  cintjuièine  et  dernièrt^  baie  l(M"inine  riiisti.ii'e  du  saiul.  l'ille  reiïn'sente  sa 
décollation  par  les  soldais  du  conile  (Ihrodobert.  L"r'vè(|ue  (rVutini.  dont  il 
ne  reste  plus  (pie  (|uel(pies  parties  du  vêtement  el  nn  bras,  est  agenouillé.  L'n 
soldat,  le  casque  en  tète,  vient  d'accomplir  rexéculion;  il  lè\e  la  tète  et  voit 
l'àme  de  saint  Légei-  emportée  par  les  anges  dans  le  sein  du  l'ère  Eternel.  (|ui 
apparaît  au  milieu  des  nuages.  Trois  persomiages.  probablement  les  soldats 
dont  parle  la  légende,  assislenl  à  celte  scène.  Le  fonti  du  tableau  a  dû  être 
garni  darchiteclure ,  car  un  fragment  existe  encore.  I^'ànie  du  saint  est  sous 
la  forme  d'un  enfant  nu.  du  sexe  masculin  ;  (juatre  anges  l'emporlenl.  Au- 
dessus,  Dieu  le  Père,  coillë  de  la  liare.  l'tend  les  bras,  l/inscriptinn  du  bas. 
comme  celle  de  la  baie  précédente,  a  dis|)aru;  toutes  deux  sont  remplacées  par 
du  verre  blanc.  Cette  travée  est  assez  incomplète,  comme  nous  l'avons  vu;  la 
figure  principale  serait  à  refaire  entièrement  et  le  soldat  boiureau  ne  vaut 
guère  mieux.  En  résLum''.  rensemble  de  la  verrièie  est  en  bon  élat. 


ni  ATl;lK\ir.   Vi'.iililKllE. 

SUITE     DE     LA     1.  KlilNhi:     l>  E     S  Al  N  T  F-:     CI.OTlt.  DE. 

La  quatrième  fenêtre,  divisée  en  cinq  baies,  est  en  style  flamboyant  de  la 
fin  du  XV'  siècle.  La  partie  carrée  est  entièrement  détruite  et  garnie  de  vitre- 
rie blanche;  les  panneaux  supérieurs  contiemieiit  encore  des  débris  d'arclii- 
tccturc  et  de  paysage.  Quant  à  la  parlie  ogivale,  elle  ollVe  une  scène  intéres- 
sante et  presque  complète,  peut-être  une  translation  des  reliques  de  sainte 
Clotilde,  en  supposant,  ce  que  l'Iiisloire  n(!  dit  pas.  (lu'une  donation  de  re- 
liques de  la  sainte  ait  eu  lieu  en  faveur  de  l'église  du  ("ii-aiid-Andely .  anté- 
rieurement à  l'exécution  du  vitrail,  et,  par  consécpieiit .  à  la  donation  faite 
au  xvir  siècle  par  Jacques  Delmay.  vicaire  généial  de  Rouen,  et  l'abbé  de 
Sainte-Geneviève,  à  l'aris.  Le  prenn'er  lit  don  d'im  morceau  du  crâne  de  la 
sainte  en  1G17,  el  le  second  accorda  une  côte  en  1G55.  Il  est  possible  encore 
que  le  peintre-verrier  ail  voulu   représenter   la   cérémonie    anniversaire  du 


276  ANiNALES  AliCHÉOLUGlQUES. 

iiiiraclo  doni  j"ai  parlé  plus  liant.  Le  3  juin,  une  procession,  telle  qu'elle  est 
figurée  dans  lf>  \i(i'ail.  porte  la  châsse  renfei'inant  les  i-eli(]ues  de  sainte  Clo- 
tilde  à  la  (■(■lèl)re  fontaine  Ou  plonge  dans  l'eau  la  statue  de  la  sainte,  ainsi 
que  ses  i'cli(|ui's,  et  on  y  verse  du  \iu.  Cette  céi'éniouie  est  assez  fameuse 
depuis  plusieiu's  siècles  pour  (|u'au  \\i"ou  ait  tenu  à  lui  donner  les  honneurs 
d'une  reproduction  peinte.  I.a  procession  est  répartie  entre  quatre  panneaux  : 
dans  le  premier,  le  plus  détérioré  de  tous,  on  voit  des  enfants  de  chœur  por- 
tant des  chandeliers,  plusieurs  clercs,  puis  un  chantre  en  surplis,  ayant  des 
lunettes  éuorm(\s  siu'  h;  nez.  Les  deu\  panneaux  suivants  fui'inent  le  centre 
de  la.  composition,  el  contiennent  la,  châsse  et  ses  porteurs.  Un  prêtre  en 
aube.  r('tole  croisi'e  sur  sa  poili'iiie  et  tenant  im  livre  (juvert.  précède  direc- 
tement le  ]iremier  porteiu-.  La  châsse,  coupée  par  un  meneau,  est  très- 
allongée  et  enlouré'e  de  petites  arcades  trilobées  ;  les  bâtons  de  support  l'epo- 
sent  sur  les  é|)aules  de  di'ux  porteurs,  tète  nue.  et  revêtus  de  longs  manteaux, 
l'un  ronge,  l'autre  bleu.  Deux  hommes  suivent  dont  l'un  n'a  ]ilus  que  la 
tète.  Le  dernier  |)ainieau  est  oi-cupé  par  ([ualre  boui'geois  ou  gentilshommes. 
—  Dans  le  fond  de  la  procession,  on  distingue  un  peu  de  paysage  et 
d'architecture.  Presque  toutes  les  ligures  sont  entières,  mais  quelques-unes 
ont  beaucouji  soulfert. 

11  est  à  peu  près  certain,  comme  quelques  personnes  instruites  des  Andelys 
le  pensent,  ((lie  cette  verrière  ('lait  consacn'e  à  sainte  C.lotilde.  Dans  ce  cas, 
elle  aurait  peut-èti-e  changé  de  place  avec  celle  de  saint  Léger.  Je  crois  queles 
sujets  occupant  la  partie  carrée  de  cette  quatrième  fenêtre  ont  dû  repré- 
senter, à  partir  de  la  mort  de  Clovis,  la  fin  de  la  vie  de  cette  grande  reine, 
(jui  fut  troublée  par  le  mauvais  accord  de  ses  fils  et  le  massacre  de  ses  petits- 
tils.  Enfin  sa  mort,  ariivée  vers  5/|5,  à  Tours,  a  probablement  été  repré- 
sentée dans  le  viti'ail,  formant  ainsi  le  compli'ment  de  la  curieuse  série  des 
sujets  relatifs  à  sainte  Clotilde,  figiu'ds  dans  les  verrières  précédentes. 

Des  trois  panneaux  supérieurs  de  l'ogive,  le  premier  contient  un  ange  ayant 
les  mains  jointes;  le  second  est  en  verre  blanc;  le  troisième,  entièrement 
bouleversé,  devait  être  la  répétition  du  premier. 

ciNQLiÈMi-:  vi':Rr,iii;in':. 

LÉGENDE     DE    THÉOPHILE. 

.le  suis  arrivé  maintenant  au  plus  beau  spécimen  des  vitraux  du  Grand-An- 
dely,  à  l'une  des  pages  les  plus  remarcpiables  de  l'art  de  la  renaissance.  On 


LKS   VlïUAUX    Di;   GHAND-ANDKI.V.  277 

raconte,  dans  la  palrii'  du  l>ou.-;.siii.  (lue  ce  j^raïul  peintre  s'était  enthousiasmé 
pour  les  vitraux  (le  !^i)n  é<;lise;  qu'étant  petit  enfant,  il  les  étudiait  curieuse- 
ment; et  (|u'(>iiliii  il  jura,  dans  son  admiration  naïve,  que  lui  aussi  serait 
peintre.  Ou  sait  commeul  il  a  tenu  parole,  et  combien  les  Andelys  ont  le  droit 
détre  iiers  de  lui  a\oir  donné  naissance.  Kn  voyant  la  helk  verrién^  dont  je 
vais  l'aire  la  description,  j'ai  facilement  cru  à  cette  Iradiliou.  car  une  iinas^ina- 
lion  comme  celle  du  Poussin  a  dû  être  frappée  d'abord  de  l'étrangeté  de  la 
scène  où  Théophile  est  enchaîné  par  un  diable  plus  ail'reux  (|u'un  enfant  n'ose 
le  rêver,  et,  ensuite,  par  la  beauté  de  (jucltiues  lij;ures.  surtout  de  la  tète  d'une 
vierge  apparaissant  au  coupable.  Celte  tète  est  d'mi  caractère  sublime,  comme 
plusieurs  autres,  d'ailleurs,  appartenant  au  même  vitrail. 

C.elle  fenêtre,  plus  que  celles  qui  la  précèdent  et  la  suivent,  jtrouvi'  loule 
l'habileté  du  dessin  des  peintres  du  \vr  siècle.  Klle  parait,  précisément  en 
raison  de  sa  perfection,  avoir  été  exécutée  par  une  main  dilVérente  de  celles 
(|ui  ont  produit  les  autres  verrières  du  monument.  —  Placée  dans  la  quatrième 
chapelle,  la  cinquième  fenêtre  est  divisée  en  cinq  baies  séparées  par  (|uatre 
meneaux  droits,  allant  de  la  base  à  l'extrémité  de  l'ogive.  La  partie  supé- 
rieure des  travées  de  la  partie  carrée  all'ecte  une  foi'nie  ogivale  ainsi  que  le 
bas  des  panneaux  du  tympan. 

Partie  cai'rée.  —  Les  figures  de  la  partie  carrée  sou!  à  peu  piès  grandes 
connue  nature. 

I,a  première  et  la  deuxième  baie  représentent  «  l'Amiouciation  ».  Dans  la 
première,  la  A'ierge  Marie  est  agenouillée  siu'  mi  coussin  ;  une  de  ses  mains 
indique  sur  un  livre  le  passage  qu'elle  lisait  lorsque  l'archange  Gabriel  est 
entré;  l'aub'e  main  est  posée  sur  sa  poitrine;  la  tète  manque  complètement.  La 
robe  rouge  est  recouverte  d'une  tiun'(|ue  jaune,  damassé(>  et  comme  doublée 
d'un  jaune  plus  vif.  à  l'aide  de  l'oxyde  d'argent  ;  un  grand  manteau  l'entoure 
capricieusemenl.  I.e  Saint-Lsprit  en  colombe,  dans  ime  auréole,  descend  sur 
la  Vierge.  A  gauche  du  spectateur,  on  aperçoit  l'extiV-mité  d'im  meuble;  tout 
le  fond  du  tableau  est  occupé  par  un  lit  recouvert  d'un  dais  garni  de  glands. 
Dans  l'ogive  de  la  baie,  deux  solives,  en  croix.  mas(|uent  le  mur  de  la  salle, 
percé  de  plusieurs  fenêtres  à  pleiu-cinire.  L'inscription  du  bas  est  détruite  et 
remplacée  par  du  verre  blanc.  —  Dans  la  deuxième  travée,  l'archange,  debout, 
annonce  à  la  Vierge  qu'elle  sera  mère  du  Uédempteur.  11  est  vêtu  d'une 
longue  tunique  blanche  par-dessus  latiuelle  est  une  tuni(|ue  plus  courte,  éga- 
lement blanche,  mais  damassée  eu  jaune  d'argent  et  serrée  par  une  ceinture; 
il  est  ailé,  nimbé,  et  armé  d'une  sorte  de  sceptre  autour  duquel  s'enroule 
une  banderole  qui  pénètre  dans  la  première  baie ,  et  qui  porte  écrite  la 
xxii.  36 


278  ANNALES    AIICII  KOLOGIOUES. 

salutatidii  atigélinue  :  .vve  mari\.  (;i!Ati\  i-Lii.w,  oomims  tecim.  Eiilie  les 
deux  figures  est  le  vase  contenant  la  tige  de  lis  symbolique  et  traditionnelle. 
Le  fond  est  analogue  à  celui  de  la  baie  précédente  ;  deux  colonnes  supportent 
une  chai-pente  apparente.  Au-dessus  des  chapiteaux,  on  lit:  [!\i]issis  icsi' 
cuîuiKi,.  line  grande  partie  de  cette  travée  est  composée  de  morceaux  cassés, 
surloul  le  bas.  (|ui  est  t'ormi'' de  débris  d'architecture  rapportés. 

La  troisième  baie  représente  «  l'Assomiition  ».  La  Vierge,  figure  d'un  mou- 
vement ini  peu  toui-menté.  est  emi)ortée  au  ciel  par  quatre  anges.  Son  ci'àne 
est  remplaci''  par  un  morceau  de  verre  blanc;  le  mas(|ue.  foi't  bien  peint,  est 
brisé  et  les  morceaux  en  sont  rémiis  par  deu\  ou  trois  plombs.  Le  nimbe 
rouge  est  gravé  d'un  dessin  blanc  en  forme  di'  rose.  Des  rayons  entourent  la 
tête  et  ont  dû  envelopper  entièrement  le  pei'sonnage.  La  mère  do  Dieu  repose 
sur  des  nuages  qui  se  l'épètc^nt  au-dessus  d'elle  et  (|ui  laissent  voii'  des  tètes 
d'anges.  Lafigui'e  principale  est  complèlc.  sauf  les  cassures  ordinaires;  mais 
les  anges  sont  en  partie  détruits.  Dans  le  panneau  inférieur  sont  agenouillés 
trois  donateurs,  dont  une  femme. 

La  (|ualricme  et  la  cin(|iu'ènie  baie  l'enferment  le  principal  épisode  de  la 
légende  de  Thi'ophile,  légende  si  célèlire  et  si  souvent  représentée  au  moyen 
âge.  Ce  sujet,  comme  je  l'ai  dit.  est  ce  (|ue  les  vitraux  du  Grand-Andely 
oflVent  (le  plus  remarquable  au  |)oint  de  vue  de  l'art.  —  Théophile  avait  fait 
un  pacte  avec  le  diable,  par  le(iuel  il  lui^donnait  son  àme,  à  la  conchtion  que 
celui-ci  lui  livrerait,  en  échange,  de  grosses  sommes  d'argent  et  tous  les 
secrets  de  la,  science.  Mais,  bientùt.  ses  remords  hirent  tels,  son  repentir 
devint  si  grand,  iju'il  implnra  le  secours  de  la  Vierge  jiour  rompre  l'engage- 
ment qui  le  liait  au  démon.  La  Vierge,  ne  voulant  pas  laisser  consommer  la 
perte  de  son  serviteur,  repi'it  à  l'éternel  ennemi  du  genre  humain  le  pacte  qui 
mettait  Théophile  au  pouvoir  de  l'enfer. 

La  cinquième  baie  montre  le  coupable  à  genoux,  le  torse  et  les  membres  nus. 
et  n'ayant  (|u'une  espèce  de  pagne  pour  vêtement;  les  cheveux,  assez  longs, 
sont  llottants;  la  barbe  est  épaisse.  Le  diable,  véritable  monstruosité,  est 
entièrement  rouge;  d'une  main,  il  tient  une  corde  à  laquelle  Théophile  est 
attaché;  de  l'autre,  il  présente  à  la  Vierge  une  grande  pancarte  où  est  con- 
signé le  traité,  comme  pour  lui  en  faire  constater  l'authenticité.  De  gros 
arbres  garnissent  le  fond. 

Dans  la  travée  précédente,  la  Vierge,  debout,  reçoit  le  repentir  de  Théophile. 
Marie  porte  Jésus,  petit  être  nu  qui  se  précipite  avec  avidité  sur  le  sein  de  sa 
mère.  Cette  figure  de  la  Vierge  est  dessinée  avec  un  sentiment  exquis;  elle  est 
très-élancée.  Les  drajjeries  qui  l'entourent,  bien  qu'elles  soient  détruites  en 


LES  VITRAIX   Dl'   GH  WD- W  OELY.  2/9 

grande  partie,  sont  de  la  Ixiiiiic  •■colc  du  \vi'  siècle.  La  tète,  parfaitement 
modelée,  est  d'un  beau  caraclèrc;  les  cheveux,  ondulés  excessivement,  tombent 
en  boucles  épaisses  sur  ies  épaules;  bien  conservée,  du  reste,  um-  petite  cou- 
ronne à  tleurons  est  placée  sur  son  sommet.  Les  mains  et  les  jiieds  n'existent 
plus.  Cette  Vierge  est  absolument  vêtue  connue  celle  de  «  rAimonciation  »  du 
même  vitrail:  uw  tunique  jaune  damassée,  venant  jusqu'aux  genoux  et  rec(ni- 
vrant  ime  longue  robe  rouge;  enfin,  un  manteau  llottant.  Le  fond  do  la  baie  est 
occupé  par  une  construction  en  arcature.  sur  latiuelle  on  lit  la  d;ite  de  lexécu- 
tion  du  vitrail  :  1540.  Le  panneau  inférieur,  dans  le(iuel  étaient  les  pied-;  de 
la  figure,  est  garni  de  morceaux  d'architecture  rapportés.  La  ^  ierge  et  Théo- 
phile sont  en  fort  mauvais  état  ;  les  chairs  de  ce  dernier  sont  horriblement  cas- 
sées, et  une  jambe,  ainsi  qu'une  main,  manquent  totalement.  Le  démon  est 
a.ssez  complet.  Le  corps  et  surtout  la  tête  sont  d'une  couleur  superbe,  pro- 
duite par  du  verre  ronge  dégradé,  d'un  grand  elfet.  et  eiiipinyé  avec  intel- 
ligence. 

Partie  ogivale.  —  Dans  la  ]ii'emière  et  la  deuxième  baie,  des  anges  tien- 
nent une  banderole;  sur  toutes  deux  on  lit  :  vssimpta  r.sr  mm!i\. 

La  deuxième  travée  représente  la  «  Visitation  >.  —  Sainte  Elisabeth  et  la 
Vierge  s'embrassent.  La  mère  de  saint  Jean-Baptiste  est  entière  ;  mais  la 
mère  de  Jésus  a  la  tète  remplacée  par  du  verie  blanc.  Toutes  deux  sont  sans 
nimbe.  Le  fond  est  en  verre  bleu  uni. 

La  ti-i)isième  baie  représente  la  «  .Sainte  Trinité  ■.  —  .lésus  porte  sa  croix; 
un  linge  entoure  ses  reins;  au-dessus  de  sa  tète  repose  un  nimbe  en  pors|)ec- 
tive;  une  seule  des  deux  jambes  existe  encore;  le  bras  droit,  qui  tient  la  croix, 
est  entier  ;  l'avant-bras  gauche  est  entièrement  détruit.  Près  de  lui.  Dieu  le 
Père  bénit  de  la  main  droite,  tandis  (pie  sa  gauche  tient  un  sceptre.  Il  est  vêtu 
d'une  tunique  et  d'un  manteau;  sa  tète,  sans  nimbe,  a  dû  être  conriMinée  de  la 
tiare,  si  l'on  en  juge  d'après  la  forme  du  morceau  de  verre  qui  la  remplace. 
Au-dessus  des  deux  figures,  des  nuages  s'évident  dans  le  centre,  de  façon  à 
indicjuer  la  place  du  Saint-Lsprit,  en  colombe,  c[ui  a  disparu.  Dans  le  bas  du 
panneau  est  une  inscription  portant  :  avk  r.iiGiNA  coelouim.  Avii. 

La  (|uatrième  baie  contient  la  «  Fuite  en  Egypte  >.  —  La  Vierge,  assise  sur 
un  àne  et  tenant  l'enfant  Jésus,  est  recouverte  d'un  manteau  bleu  d'un  ton 
superbe  et  d'un  modelé  vraiment  remarcjuable.  Saint  Joseph  nianlie  en  avant, 
un  bâton  sur  l'épaule;  sa  tète  est  coilîée  d'un  chapeau  plat,  à  ailes  étroites.  Le 
fond  du  paysage  est  extrêmement  joli.  —  Ce  panneau  est  assez  bien  conservé. 

En  terminant  la  description  de  cette  belle  verrière,  je  répéterai  ce  que  j'ai 
dit  lorsque  je  l'ai  commencée,  c'est-à-dire  que  ce  vitrail  est  admirable  d'elïet 


280  ANNALES  ARCHEOLOCIQUES. 

et  profondément  intéressant  comme  exécution.  Il  égale  et  surpasse  peut-être, 
dans  de  certaines  parties,  les  plus  beaux  vitraux  de  la  même  éj^ique  (|ui 
sont  en  Normandie,  et  je  n'en  excepte  pas  ceux  de  Conches  et  de  Gisors,  ni 
ceux  de  Saint-Vincent  de  Rouen,  si  magnifiques  pourtant.  Sa  restauration 
serait  une  bonne  fortune  pour  un  peiiiti-e  verrier  amoureux  de  son  art.  Cette 
restauration  est  tout  à  l'ait  urgente  maintenant,  ef  chaque  jour  de  retard  dans 
son  accomplissement  ajoutera  à  la  dillicullé  (pie  l'artiste  éprouvera  quand  il 
sera  chargé  de  rendre  au   vitrail  sa  splendeur  passée  ^. 


SIXIEME  VKRKIEUE. 

IPIVEBS     SAINTS     KT     SAINTES. 

La  sixième  fenêtre  est  du  pur  style  tlamboyanl.  Les  cinq  baies  de  la  partie 
carrée  sont  terminées  en  trèlles  du  xv*  siècle,  et  le  tympan  de  l'ogive  est 
divisé  en  écoincons  nombreux  formant  de  petits  panneaux. 

Cette  partie  ogivale,  pour  n'y  plus  revenir,  n'est  occupée  que  par  des 
anges  d'une  assez  bonne  conservation. 

Partie  carrée.  —  Les  cinq  travées  renferment  chacune  un  personnage 
encadré  d'une  ornementation  architecturale,  en  beau  style  de  la  renaissance, 
et  sont  partagées  en  cinq  panneaux  de  grandeur  inégale. 

Dans  la  première  baie.  le  petit  panneau  du  bas.  (jui  a  dû  contenir  une 
inscription,  est  détruit  et  remplacé  par  du  verre  blanc.  Le  second  panneau 
renferme  un  donateur  agenouillé  devant  un  prie-Uieu,  portant  son  missel, 
et  dont  la  draperie  est  brodée  de  ses  armoiries.  Derrière  lui,  ses  trois  fils 
sont  également  agenouillés.  Us  sont  tous  les  quatre  uniformément  revêtus 
d'une  sorte  de  pelisse  rougi-,  à  larges  manches.  —  Le  fond  est  pourpre; 
cette  partie  est  en  bon  état.  —  Au-dessus  est  représenté  dans  deux 
panneaux  un  saint  .Sébastien  nu,  les  leins  entourés  d'un  linge  blanc  et  percé 
de  cinq  flèches.  Les  bras  et  les  jambes  sont  liés,  à  l'aide  de  cordes,  à  un 
arbre  dont  on  ne  voit  que  les  branches  supérieures  se  détachant  sur  un  fond 
blanc  ;  le  tronc  est  caché  par  une  draperie  violette.  La  bouche  du  saint  est 

1.  I.a  bcaulf'  de  celle  fenôtre  m'eng.igo  à  en  donner  iri  une  giaviire.  Si  la  légende  de  Théo- 
pliile  esl  Iréqueminenl  figurée  au  xiii'  siècle,  comme  on  la  voil  sur  un  \ilrail,  au  clievet  de  la 
caihédrale  do  L;ion,  ol  sur  le  tympan  du  portail  nord  do  Notre-Dame  de  Paris,  rien  n'est  plus 
rare  que  d'en  trouver  la  re|/resentation  au  xvi"  siècle.  ITest  donc  une  bonne  fortune  pour  l'his- 
toire et  l'arcliéologie  que  d'en  rencontrer  le  sujet  principal  sur  celte  fenêtre  du  Giand-Andely. 


Li:S    VITliAlX    Di:    GH.\M)-\M)F.L\.  281 

fermée  par  iiii  l)âill()ii  d'une  turnie  vague  ;  un  niinl)e  bleu  domine  sa  tète,  qui 
est  bien  dessinée.  Toute  la  ligure  est  passablement  conservée,  sauf  une  partie 
du  torse  remplacée  [lar  un  morceau  de  verre  blanc.  De  cliatiue  côté  de  la 
baie,  un   griind  pilastre   forme  boi'dure. 

Le  panneau  supérieur  en  trèlle  contient  un  élégant  couronnement  sur 
fond  roug(>.  d'un  elfet  brillant.  Cette  ornementation  est  en  veri'e  blanc 
rehaussé  de    jamie  dargent. 

La  deuxième  travée  représcMite  saint  .I<^an-I5aptiste.  Celle  ligure,  ainsi  (|ue 
les  deux  suivantes,  sont  à  peu  près  grandes  comme  natme,  tandis  (pie  la 
première  et  la  dernière  son!  plus  petites,  d'un  tiers  en\  iion.  Le  petit  paimeau 
inférieur  est.  comme  dans  la  baie  précédente,  en  verre  blanc.  Saint  .leaii- 
Baptiste  occupe  les  trois  autres  panneaux  carrés.  Les  bras  et  les  jambes 
découverts,  il  est  habillé  d'abord  avec  la  peau  de  bêle  traditionnelle,  serrée 
à  la  ceinture  i)ar  une  corde,  et  ensuite  d'un  riche  manteau  rouge  doublé  et 
bordé  de  jaune.  Il  tient  de  la  main  gauche  un  long  bâton  surmonté  d'une 
croix  à  iM'anches  égales,  très-ornées  et  s'élargissant  aux  extrémités.  Deux 
pilastres  encadrent  la  baie,  et  le  fond  est  garni  d'ime  niche  dont  la  coquille  est 
blanche.  Du  bleu  et  du  violet  pour|ire  animent  tout  ce  fond  d'ornementation. 
qui  se  continue  dans  le  pamieau  supérieur,  en  partie  détiiiil.  —  La  figure  est 
presque  complète  ;  (juelques  morceaux  manquent  cependant,  ou  sont  brisés. 
Même  observation  à  faire  pour  le.  fond. 

La  troisième  travée  représente  la  sainte  Viei-ge  portant  l'enfant  .lé'sus  nu 
et  tenant  un  globe.  La  Vierge  est  i-evètue  d'une  robe  rouge  et  d'im  man- 
teau jaune  damassé,  à  revers  bleus.  Sa  tète  est  couromiée  (>t  nimbée.  La 
conservation  des  deux  figures  est  bonne.  Quant  au  fond,  il  y  aurait  à 
répéter  ce  (|ue  j'ai  dit  relativement  à  celui  de  saint  .lean-Baptisle.  —  Le 
petit  panneau  du  bas  est  l'empli  de  débris  d'arcliitecture. 

Les  mêmes  remarciucs  s  >nt  à  faire  pour  le  fond  et  le  paninvui  inférieu''  de 
la  quatrième  baie,  représentant  un  évèque  sans  attribut  particulier  qui  puisse 
le  faire  reconnaître,  il  est  revêtu  d'une  tunique  blanche  et  d'une  chape  rouge, 
bordée  d'un  galon  jaune  el  doublée  de  vert.  De  ses  mains  gantées,  l'une, 
paraissant  bénir,  est  remplacée  par  du  vci're  blanc,  et  l'autre  tient  la  croix 
archiépiscopale.  Ce  prélat,  (pii  doit  être  saint  Homain  ou  saint  Oiieii,  arche- 
vêque de  Rouen,  est  nimbé  et  mitre.  La  chape  est  en  bon  état,  mais  la 
tunique  est  brisée  et  rem])lacée  par  des  morceaux  de  verre  de  toute  sorte  sur 
la  poitrine. 

La  cinquième  travée  est  d'une  disposition  idcntic|ue  à  celle  de  la  première. 
Le  panneau  inférieur  est  occupé  par  des  débris;  celui  qui  est  placé  au-dessus 


282  A\.\ALi:S   AliCUKOLOC.IQl  ES. 

iiioiilie  une  donatrice  accompagnée  de  ses  deux  filles;  son  prie-Dieu  supporte 
un  livi'c  et  offre  sur  le  côté  un  écusson.  Ces  trois  femmes  sont  habillées  de 
i-ouge,  comme  les  donateurs  de  la  première  baie.  En  regard  de  saint  Sébas- 
tien est  sainte  Madeleine,  richement  vêtue  d'une  robe  ronge,  avec  manches  à 
crevés,  et  duo  manteau  blanc  bordé  de  jaune  ;  grande  hardiesse  en  peinture 
sur  verre  !  Klle  tient  un  vase  cerclé  de  l'inscriptidii  :  mvdalena.  La  tête, 
l'or!  jolie,  est  suriiiDutée  d'un  nimbe  pourpre.  Cette  figure  est  en  bon  état, 
sauf  une  partie  du  manteau  cpii  est  détruite. 

Avec  cette  fenêtre  se  termine  la  série  des  six  verrières  éclairant  le  bas 
côté  sud  jusqu'au  transept. 

Au  delà  du  croisillon,  avant  d'arriver  au  chevet  de  l'édifice,  trois  vitraux 
consacrés  à  saint  Pierre  sont  les  doi-niers  de  cette  partie  du  rez-de-chaussée. 
Ils  sont  d'une  facture  très-dilTércnte  de  celle  des  six  premiers;  le  style 
des  figures  est  plus  lourd  :  il  n'a  pas  la  distinction,  l'élégance,  ni  même 
l'habileté  d'exécution  qu'on  remarque  dans  la  cinquième  et  la  sixième  fenê- 
tre; les  fonds  de  paysage  sont  bien  traités  cependant.  Du  reste,  ces  trois 
verrières  me  paraissent  incontestablement  exécutées  par  une  autre  main  et  à 
une  épo(iue  un  peu  postr-rieure .  c'est-à-dire  au  ctimniencement  de  la  seconde 
moitié  du  xvi"  siècle.  Extrêmement  curieuses  au  point  de  vue  de  l'iconogra- 
phie, elles  accusent  pourtant  un  talent  assez  réaliste;  caractère  habituel, 
d'ailleurs,  des  œuvres  j^eintes  sur  verre  pendant  la  renaissance. 

Ces  fenêtres  sont  placées  dans  la  chapelle  de  la  Vierge,  autrefois  dédiée 
à  saint  Pierre.  Leui-  forme  est  exactement  celle  de  la  fenêtre  que  j'ai  décrite 
en  dernier  lieu. 


SEPTIEME   VERRIERE. 

I.KGENPE     1>E     SAINT     PIERRE. 

Les  écoinçons  de  la  partie  ogivale  sont  occupés  par  des  anges  portant 
les  insignes  de  la  «  Passion  ».  Toute  cette  portion  du  vitrail  est  bien 
conservée,  infiniment  mieux  que  la  partie  carrée.  Cela  se  comprend  quand 
on  considère  la  petite  dimension  des  panneaux,  énorme  garantie  de  solidité, 
et.  enfin,  la  hauteur  considérable  à  laquelle  ils  sont  placés. 

Partie  carrée.  —  La  partie  carrée  est  divisée  en  quatre  travées,  termi- 
nées en  trèfle  dans  le  haut.  Les  figures  sont  presque  grandes  comme 
nature. 


i.Fs  vnnMx  nr  (;in\D-\MiFi.v.  283 

La  première  baie  repri'seiite  la  (■oiis(''cratioii  syniholiquc  de  saint  Pierre, 
comme  prince  des  apôtres  et  premier  pape.  Cette  représentation  alir'i;()i-i(]ue 
est  excessivement  intéressante,  très-iare  et  pent-étre  uaiqne  *  :  —  Saint 
Pierre,  assis  sur  un  trône  magrnTiqne.  vètn  dinie  chape  d'or  damassée,  tient 
de  la  main  tlroite  une  clef  simple  tie  ççrandc  dinicnsion.  et.  de  la  ganciie.  la 
croix  pontillcale  à  tmi^  traverses;  il  est  coitTi''  de  la  tiare  à  ti'iplo  ciuironn»' 
que  vient  de  lui  poser  sur  la  tète  le  (Ihrist  lui-même.  Saint  Pii ne  ol  nimbé; 
la  tète  du  Christ  l'est  éjiialcment  d'un  nimbe  sans  croix  placé  derriéi'c  elle.  et. 
de  |)lus.  d'mi  second  nitiibe  en  persiiectiNc  posé  au-dessus,  mais  crucifère. 
Est-ce  une  fantaisie  do  l'arlisle  ou  mie  restauration  (|ui  a  ivuni  ainsi  ces 
deux  nimbes  sur  la  tète  de  .lésus-Christ  ?  —  Si  cr  n'est  le  fait  d'un  rema- 
niement maladroit,  le  résultat  est  au  moins  étrange.  I.e  saint  l'ieire  est  de 
grande  taille,  mais  le  Christ  est  beaucoup  plus  |K'1it.  ain-i  qu'un  autre 
personnage  placé  en  spectateur  de  l'autre  côté  du  trène.  \u-dessous  de  ces 
ligures,  deux  petits  anges  ailés,  en  pied,  habillés  d<'  1uni(iues  fendues  sur 
le  côté,  servent  de  clercs  dans  la  consécration;  l'ini  d'eux  lient  nu  livre 
ouvert,  i.e  trône  de  saint  Pierie  a  un  dossier  fort  élevé  et  très-orné;  il  est 
surmonté  d'un  dais  frangé  (|ui  occupe  le  trèlle  do  la  baie.  Le  fond  est  occupé 
par  une  architecture  circulaire  à  arcatures.  et  percé  de  chaijue  côté  d'une 
ouverture  en  plein   cintre,  laissant   apercevoir  un  paysage.  —   Dans  le  bas. 

une   inscription    n'a  plus  conservé  que  ces  mois  :   comf.   s\i\c.t   riKUKK 

—  Le  Christ  est  la  ligure  la  im'eux  conservée.  qiini(|ue  assez  endommagée. 
(Juant  aux  autres,  rénuméralion  des  cassui'cs  et  {U'<  morceaux  remplacés  par 
du  verre  blanc  est  trop  longue  pour  (|ue  je  l'entrepremic  ;  la  tiare  et  la  tète 
de  saint  Pierre,  par  exemple,  sont  layé-es  de  sept  à  huit  plombs,  et.  du 
masque,  il  ne  reste  plus  qu'un  o'il  et  un  jieu  de  barbe.  Le  siège  est  incom- 
plet, ainsi  que  le  fond. 

La  deuxième  baie  montre  l'ange  délivrant  l'apôtre  :  c'est  le  sujet  de  saint 
Pierre-ès-liens.  —  Le  fond  occupe  une  surface  considéra])le.  A  gauche. 
une  très-haute  tour,  à  plusieurs  étages,  percée  d'un  grand  nombie  de 
fenêtres,  est  terminée  par  une  sorte  de  belvédère;  <à  droite,  s-mt  des  arbres 
et  des  maisons.  L'ange,  qui  vient  de  faire  sortir  le  chef  des  apôtres  de  la 
prison,  enlève  les  cordes  qui  lui  lient  les  mains.  Suivant  la  tradition  et  les 
relifiues  conservées,  ces  liens  auraient  été  des  chaînes  de  fer.  —  Du  saint 
il  ne  reste  plus  que  les  mains,    un   pied,   le   nimbe  et  une  partie  da^  dra- 


1.  C'est  pour  ce  motif  qu'elle  e«t  reproduite  ici  par  une  gravure  sur  ljoi<.  Dans  une  iconogra- 
ptiie  spéciale  de  saint  l'ierre.  ce  serait  un  sujet  des  plus  curieux. 


28/t  ANNALES   ARCHÉOLOGIQUES. 

peries;  la  tiHe  a  eiilièrenieiit  disparu  et  presque  tout  le  corps  est  détruit. 
L'ange  a  le  buste  complet;  mais  une  partie  du  bras  gauche  n'existe  plus, 
et  toute  la  partie  intérieure  du  corps  se  distingue  difficilement.  Le  fond  est 
généralement  bien  conservé. 

Cet  épisode  de  la  délivrance  de  saint  Pierre,  par  un  ange,  eut  lieu  à 
Jérusalem  et  ne  doit  pas  èlre  confondu  avec  celui  de  la  réclusion  des  deux 
apôtres  Pieri-e  et  Paul  dans  la  i)rison  Alamertine,  à  Piome,  réclusion  qui 
arriva  longtemps  après.  Hérode  Agri|)pa,  lorsqu'il  fut  nommé  roi  de  .Judée 
par  Caligula,  neveu  et  successeur  de  Tibère,  persécuta  les  chrétiens  et  mit 
en  piison  saint  Pierre,  qui  fut  délivré  de  la  manière  représentée  dans  le 
vitrail.  —  Sans  aucune  transitinn.  le  peintre  nous  transptule  à  Rome,  au 
moment  du  supplice  de  Pierre;  ce  ([ui  est  au  moins  singulier,  puisque 
plusieurs  faits  représentés  dans  la  verrière  suivante  auraient  dû  précéder,  et 
non  suivre  la  scène  que  je  viens  de  décrire.  Tous  ces  sujets  de  la  vie  de 
l'apôtre  sont  mêlés  sans  aucun  ordre,  ordre  facile  à  rétablir,  en  substituant 
à  cette  même  scène  celle  qui  représente  la  chute  de  Simon  le  Magicien, 
placée  dans  la  huitième  verrière,  et  en  remplaçant  ce  dernier  par  l'autre.  Il 
me  parait  pr()bal)l('.  du  reste,  cjue  le  verrier  a  fait  confusion  :  il  a  supposé 
peut-être  cjue  l'apparition  de  l'ange  h  saint  Pierre  eut  lieu  à  Piome  ;  il  est 
au  contraire  bien  certain  (|ue  ce  sont  les  deux  soldats  chargés  de  le  garder 
qui,  convertis  à  la  foi,  le  délivrèrent.  —  Ces  deux  soldats,  nommés  Processus 
et  Martinien,  furent  martyrisés  pour  ce  fait. 

La  t[uatrième  baie  rei)réscnte  une  scène  pour  laquelle  le  peintre  s'est  vrai- 
semblablement inspiré  d'un  passage  de  la  légende  de  saint  Pierre,  recueillie 
au  xiii'  siècle  par  Jacques  de  Voragine,  archevêque  de  Gènes.  Voici  ce  frag- 
ment, (jui  donnera  l'explication  du  sujet  :  «  ...  Les  frères  priaient  Pierre  de 
s'éloigner  de  Rome,  et  il  s'y  refusa  longtemps;  mais,  enfin,  il  céda  à  leurs 
instances.  Et  quand  il  fut  venu  à  la  porte  de  l'endroit  où  est  maintenant 
l'église  de  Sainte-Marie  ad  Passus,  il  vit  Jésus  qui  venait  vers  lui  et  il  lui  dit  : 
«  Seigneur,  où  allez-vous  ')  »  —  Lt  le  Sauveur  répondit  :  «  Je  vais  à  Rome 
pour  y  être  crucifié  derechef.  »  —  Et  Pierre  répliqua  :  »  Seigneur,  est-ce 
que  vous  serez  crucifié  une  seconde  fois?  "  —  Et  Jésus  répondit  :  — 
»  Oui.  1)  —  Et  Pierre  dit:  —  «  Seigneur,  je  reviendrai  avec  vous,  afin  d'être 
crucifié  avec  vous.  «  —  Et  le  Seigneur  remonta  alors  au  ciel,  tandis  que 
Pierre  versait  des  larmes.  Et,  comme  il  comprit  que  son  martyre  lui  était  ainsi 
prescrit,  il  rentra  à  Rome.  Et,  après  qu'il  eut  raconté  cela  aux  frères,  il  fut 
saisi  par  les  satellites  de  Néron,  et  envoyé  au  gouverneur  Agrippa  ;  et  sa 
figure  devint  resplendissante  comme  le  soleil,  ainsi  que  l'atteste  Lin.  » 


LKS    VITliMX    DP   (111  \\l>-\M>i;i.V  285 

Il  est  à  remarquor  ([uc  cotte  reiicoiilrt;  de  l'apôtre  et  du  Christ  est  placée, 
dans  la  <>  i.égt'iule  doriîe  ».  iniiiiédiateiiieiil  avant  le  martyre  de  saint  l*ieri-e, 
et  (lue.  dans  le  vitrail,  cet  cpi.sode  uecnpe  exactement  la  même  place. 

Mais  |)oar  revenir  à  la  troisicnn'  baie  de  la  septième  verricre,  Jésus-Christ, 
sa  croix  sm-  répanle.  parle  à  saint  l'icri'e.  De  j^rands  ai'brcs  Dccniicnl  le  fond. 
Dans  le  lointain,  on  aperi'oil  une  \illc  lorliliéc  lîomc  prol)al)lcmciil.  La  croix 
que  porte  Jésus  est  Irès-i^rande.  cl  ruiic  d(î  ses  branches  se  perd  dairs  le 
meneau.  La  tète  du  Sauveur,  dont  le  nimbe  est.  sans  croix  (oubli  InViucnl  à  la 
renaissance),  est  en  bon  état  et  assez  belle.  Une  seule  main  (îst  visible.  Tout 
le  buste  est  bien  conservé,  ainsi  que  les  pieds;  mais  la  plus  i;i'ande  partie  de 
la  robe  violette  est  l)risée  ou  man(|ue.  (JuanI  au  saini  Pierre,  il  esl  entier.  Sa 
robe,  garnie  d'un  large  collet,  est  en  étoll'e  jaune  brochée,  serrée  |)ar  une 
ceinture.  I.e  manteau,  jeté  sur  une  é|)aule,  est  rouge.  La  télé  a  bien  le  carac- 
tère traditionnel  :  massive,  le  nez  coui-t  et  carré,  le  crâne  chauve  avec  des 
cheveux  bouclés.  Une  petite  portion  du  tond  a  été  détruite.  Tout  le  reste  est 
en  bon  état. 

Dans  la  (luatrième  etdei-nière  baie,  nous  assistons  au  marlyn;  du  grand 
apôtre,  qui,  condamné  à  être  crucilié.  demanda  |iar  hnmilih''  à  être  la  tète  en 
bas,  en  disant  :  «  11  a  été  juste  (|ue  mon  Dieu,  qui  est  descuMidu  du  ciel  sur  la 
terre,  ait  été  élevé  sur  lacroix;  mais  moi.  ma  tète  doit  intli(|uei-  la  terre  et  mes 
pieds  montrer  le  ciel.  » 

Saint  Pierre,  vêtu  de  la  tuni(iuej:uuie((uil  porte  di'jà  dans  la  baie  pi'éc.i'dimte. 
est  étendu  sur  la  croix,  la  tète  en  bas.  comme  il  le  désirait.  Ses  membres 
vSont  attachés  à  la  croix  avec  des  cordes  ([ue  seri'ent  trois  bourreaux,  aussi 
laids  que  l'emploi  puisse  l'exigei'.  —  \a'  saint  est  en  Irés-mauvais  i^lat  :  la 
tète  et  le  nimbe  sont  brisés,  et  les  moi'ceaux  réunis  |)ar  douze  plombs.  La 
plus  grande  partie  du  bras  droit,  ainsi  (jiie  la  main.  man(|Ue;  le  bras 
gauche  est  complet  et  les  pieds  sont  bien  conservés;  mais  inie  moitié,  au 
moins,  de  la  lu4iique  a  ('té  l'emplaci'c  pai-  du  verre  jaune  sans  indications  de 
plis.  Les  deux  bourreaux  (|ui  lient  les  mains  de  saint  Pierre  ont,  l'un  une 
espèce  de  tunique  laissant  voir  la  poili-Jne  et  les  bi'as  nus,  cl  TauM'c  une 
casaque  et  des  chausses  k  crevés;  ils  sont  ;i  pi.ui  près  entiers.  Le  ti'oisième, 
serrant  les  pieds  du  martyr,  a  un  bonnet  sur  la  téli;;  son  vêtement  e>l  informe. 
Dn  personnage,  richement  vêtu  il'une  lunii|ue  br(tchi'e  et  h'  bâton  de  com- 
mandement à  la  main,  doit  être  l'aulin,  ollicier  de  iNéron,  (]ui  a,\ail  la  garde 
de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  depuis  leur  incarcération  à  la  prison  Mamer- 
tine,  et  qui  était  chargé  de  procéder  à  leur  sujjplice.  Un  homme  paiaissant 
prendre  les  ordres  de  Paulin  complète  la  scène.  Celle  dernière  ligure  est  en 
xxu.  37 


2«()  ANNALt:S  ARCHÉOLOGIQUES. 

bon  état.  Le  personnage  de  Paulin  est  d'une  bonne  conservation,  sauf  la  tête 
qui  a  disparu.  11  ne  manque  que  très-peu  de  morceaux  au  fond,  entièrement 
couvert  d'arcliitecture  et  d'arbres. 


[II  itii-;mk  vkrrikre. 

SUITE     Di:     LA     LÉGENDE     DE     SAINl'     PIERRE. 

Je  suis  obligé  de  faire  une  description  fort  incomplète  et  sommaire  de  cette 
verrière,  que  je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  dessiner,  à  l'exception  cependant  du 
troisième  sujet  qui  m'a  i^emblé  le  plus  intéressant  et  le  mieux  conservé.  Je  ne 
puis  donc  qu'indiquer  les  scènes  qu'elle  l'eprésente  et  qui  font  partie,  toutes,  de 
la  vie  de  saint  Pierre.  Du  reste,  ce  vitrail  est  en  fort  mauvais  état,  et  il  serait 
fastidieux  d'en  compter  les  parties  cassées  ou  manquantes.  La  disposition  de 
cette  fenêtre  est  analogue  à  celle  de  la  précédente,  .sauf  qu'elle  est  divisée  en 
cinq  baies.  Comme  celle-ci.  la  partie  ogivale  contient  des  anges;  mais,  celte 
fois,  ce  sont  des  anges  musiciens  d'une  conservation  presque  parfaite. 

Partie  carrée.  —  La  première  baie  représente  saint  Pierre  obtenant  de  Dieu 
la  chute  et  la  mort  du  fameux  Simon  le  Magicien,  son  adversaire  à  Rome  et  à 
la  cour  de  Néron.  On  sait  combien  la  faveur  du  ])euple  romain  fut  partagée 
entre  l'apôtre  du  diable  et  ra|)ôtre  de  Dieu.  On  sait  aus.si  les  caprices  de  ce 
même  peuple,  qui,  tour  à  tour,  doimait  sa  confiance  à  l'un  pour  la  reporter 
ensuite  sur  l'autre.  Simon,  qui  se  vantait  d'être  dénature  divine  et  qui  espé- 
rait le  prouver,  voulut  faire  ci'  )ire  aux  Piomains  et  surtout  à  iNéron  qu'il  allait 
quitter  la  terre  pour  monter  au  ciel.  Avec  l'aide  du  démon,  il  s'éleva,  en  elVet, 
aune  très-grande  hauteur;  il  triomphait.  (|uand  saint  Pierre,  après  avoir  prié 
Dieu,  lit  lomber  le  magicien,  qui  se  brisa  la  tête.  —  Personnage  de  petite 
dimension  en  conséquence  de  la  per.-pective,  Simdu.  richement  vêtu  et  coiffé 
d'un  turban,  est  précipité  à  terre,  d'une  grande  hauteur.  Au-dessus  de  lui, 
on  voit  trois  démons  qui  s'enfuient  après  avoir  lâché  leur  serviteur.  Saint 
Pierre,  le  bras  levé,  est  suivi  d'une  grande  foule.  Son  costume  est  le  même 
que  dans  la  fenêtre  précédente  et  la  fenêtre  suivante  :  une  tunique  jaune,  à 
collet,  et  un  manteau  rouge. 

La  deuxième  baie  montre  saint  Pieri"e  debout  dans  une  chaire  et  prêchant; 
il  tient  un  livre.  Un  grand  nombre  d'auditeurs,  hommes  et  femmes,  sont  assis 
autour  de  lui. 


LES   VrriiAIX    DU   CI!  \M)-.\M>E1.V.  28/ 

La  Iroisièine  baie,  plus  amvlc  [ki  hase  de  la  l'eiiètre  étant  irrégiilière), 
reprcseiile  le  saint  guérissant  des  malades;  il  lient  un  livre. 

La  quatrième  baie  repirsente  Jésus-Clirist  doiniant  ;i  son  apôtre  le  pouvoir 
de  lier  et  de  délier,  sous  la  figure  d'une  clef  double.  La  pai'tie  supéi'ieure  de 
la  tète  du  Christ  est  remplacée  par  du  verre  bhuic;  son  nimbe  est  sans 
croix.  11  est  velu  d'une  longue  tuni([ue  violette.  Toute  cette  ligure,  moins  la 
tète,  est  fort  l)i(Mi  conservée.  Saint  Pierre  a  une  luni(|ue  jaune  rich<niient 
damassée,  et  un  manteau  rouge  bien  drapé  et  en  bon  état.  Lue  portion  de  la 
tuni([ue  manque.  La  tète  et  les  mains  sont  entières.  Dans  le  fond,  au  centre, 
s'élève  un  temple  en  forme  de  tour,  à  toit  aigu  et  concave,  surmonte  d'une 
galerie  circulaire,  à  jour,  fort  élégante  ;  de  chaciue  côté,  des  arbres  garnis- 
sent le  fond.  Ce  sujet  est  bien  composé  et  d'un  dessin  supéi'ieur  à  celui  du 
reste  du  vitrail. 

La  dernière  scène,  occupant  la  cinquième  baie,  représente  Jésus  apparais- 
sant à  Pierre  qui  pleure  sa  faute,  son  reniement.  Le  Christ  n'est  couvert  ([ue 
d'un  manteau  rouge;  il  porte  l'étendard  de  la  résurrection.  .Saint  Pierre  est 
agenouille  à  l'entrée  de  la  grotte  où  il  t'ai!  pénitence.  Les  deux  ligures 
n'existent  plus  qu'en  buste. 

En  somme,  ce  vitrail,  extrêmement  mutilé,  est  en  général  moins  bien  exé- 
cuté que  les  autres.  Il  est  certainement,  d'ailleurs,  de  la  mèmi'  main  que  celui 
qui  le  précède  et  que  celui  qui  le  suit. 


NEl  Vir.ME   \  KllRIt;Rl'. 

SUITE     1>E     LA    LKGK.M)!-:     DE     SAINT     P I E  R  It  E. 

Cette  dernière  fenêtre  du  rez-de-chaussée  est  à  l'extrémité  de  la  nef  latérale 
sud.  et  en  retour.  Elle  est  divisée  en  trois  baies  seulement. 

La  première  baie  représente  la  «  Pèche  miracnileuse  '>.  —  .lésus-Clirist. 
debout  dans  la  barcjuc,  étend  le  bras  vers  les  filets  que  deux  apôtres,  dont 
saint  Pierre,  retirent  avec  elTorl  et  li'ouvent  remplis  de  poissons.  L'arrière- 
plan  est  occupé  |)ar  un  paysage. 

Dans  la  deuxième  baie,  Jésus  ordonne  à  saint  Piei're  de  marcher  sur  les 
eaux  de  la  mer.  —  Les  trois  ligures  formant  la  composition  sont  exactement 
les  mêmes  que  celles  du  sujet  précédent. 

Enfin,  la  troisième  travée  représente  saint   Pierre  guérissant  le  boiteux  de 


288  ANNAI.KS   AliCIIKOLOCilOUES. 

naissance,  ((lie  Ton  portail  cliaqno  jonr  à  la  porte  dn  temple.  appeli''e  la 
H  l>(>l!e  l*orte  >. .  pnnr  (|n'il  y  denKindàl  l'ainnône.  Lo  fond  {U\  lahleaii  est 
onlièrenicnt  occupé  par  celte  belle  porte  dont  parlent  les  «  Actes  des  Apô- 
tres ».  I/artiste  adonné  JDeauconp  d'importance  à  ce  fond  d'architecture,  afin 
pi-obableineni  (|iie  le  sujet  fût  facilement  compris.  —  Le  boiteux  est  assis  à 
lerre.  r;ip(Mre  lui  oi-(lonne  di^  se  lever  et  de  mai'ciicr.  Derrièi'e  saint  Pierre. 
on  \iiil  uni'  u,rande  fouli'  assistant  au  miracle. 

La  pallie  ogivale  est  (livis(''i-  en  cii)(|  panneaux.  Le  panneau  central  repré- 
sente «  saint  Pierre  reprochant  aux  deux  époux  Ananie  et  Saphire  de  ne  pas 
avoir  intégi'alement  apporté  le  prix  de  la  vente  de  leurs  biens  à  la  commu- 
nauté chrétienne  ».  Ce  sujet  est  (>n  foi-t  mauvais  état;  il  n'en  reste  plus  f[ue  le 
saint  et  la  moitié'  d'une  autn^  fit^ure.  In  d(''hris  d'inscription  subsiste  encore 

et   peut   seul  faire   deviner  la  composition:  saint  l'iurati';  i,i;i;r  mort A 

SAi'uiUE  ET  A  ANAiVii';.  Oaiis  l'uu  des  deux  panneaux  en  losanges,  placés 
plus  bas.  on  voit  l'apôtre  ressuscitant  une  femme;  un  fi'agmeiit  d'inscription 

dit:s\i,\T    l'ii'.r.r.K  r.ia.i.i': iuîssiiscita.   —   Dans   l'autre   panneau,   saint 

Pierre  lient  entre  ses  mains  mi  très-gros  poisson  et  des  balances.  Les  deux 
|)lus  petits  paimeanx  renfei'ment  chacun  un  ange. 

Cette  xeri'ière  est  g(''néra,lement  assez  i)ien  conservée,  sauf,  pourtant,  les 
deux  panneaux  de  l'ogive  qui  représentent  «  la  mort  d'Annm'e  vl  de  Saphire  » 
et   "  la  r(''surrection  d'une  femme  par  saint  Pierre  ». 

Avant  de  ([uitter  le  rez-de-chaussée  de  l'édifice,  je  signalerai  (luelques 
fragments  de  vitiMux  plac(''s  au-dessus  du  portail  latéral,  et  qui  représentent 
|ilusieurs  petites  ligin"es  :  »  l(>  Christ  portant  l;i  iioule  du  monde  »,  «  sainte 
Hélène  »,  «  un  roi  ».  "  un  (''N'êfiue  ».  ((  sainte  Clolilde  »  et  «  sainte 
Madeleine  ».  Dans  les  écoinçons  supé'i'ieurs,  on  remarque  des  anges  musi- 
ciens, deux  autres  anges  supportant  un  écusson.  enfin  un  écusson  sans 
tenants. 


IV 


\  l'étage  supérieur  de  l'abside,  il  existe  également  des  fragments,  mais 
de  la  fin  du  xv"  siècle. 

Dans  le  ci'oisillon  sucL  ji'  citiM'ai  pour  m(''moire  une  n  Annonciation  », 
une  «  IVativité  »,  une  «  Adoration  des  Mages  »  et  un  'i  Crucifiement  ». 
Ces  morceaux,  en  belle  i-enaissanre,  sont  intéressants;  aussi,  je  regrette  de 
n'avoir  pu  les  étudier  d'une  façon  sérieuse,  à  cause  d(>  la  hauteur  considé- 
rable à  la(iiveile  ils  sont  placés. 


l,i;S   \lTli.\r\    1)1     (il'.AND-AMM.LV.  289 

Il  me  reste  ;i  parler  des  dix  grandes  verriènv  qui  garnissent  les  leiièfres 
supérieures  de  la  grande  nef,  loujoui-s  au  sud. 

Les  trois  [)reniières  en  deçà  du  transept.  —  m  counneneaul  pai'  l'abside. 
—  représenlent  les  <<  douze  apôtres  »  de  grandeur  naturelle.  Ces  fen(Mres. 
connue  les  suivantes,  sont  divisées  en  (piatre  baies.  I.a  prcnn'èri'  contient 
saint  Pierre  tenant  les  elefs,  un  livi'e  et  un  earld  sur  lecpiel  est  écrit  :  <>  Credo 
in  Deuni  Patreni  omnipotenteni  >;  saint  André  avec  sa  croix  en  \.  un  livre 
et  un  cartel:  un  apôtre  barbu,  (jui  n'a  pas  les  attributs  ordinaires,  mais  qui. 
à  cause  de  la  place  qu'il  occupe,  doit  èli'e  saint  .lacfjucs  Majciii-;  il  tient  .-ini- 
plenient  un  livre  l*uis  saint  Jean  avec  son  calic<^  renfermant  le  dragon,  et  un 
cartel.  — •  Ces  quatre  personnages  sont  en  mauvais  état  et  Irès-boulevei-si's.  Du 
reste,  ils  n'existent  plus  (|ue  jus(|u'à  mi-jambes  ;  la  partie  inférieure  étant  rem- 
placée par  des  panneaux  d'ornementation  architecturale  du  counncncemiMit  du 
xv'"  siècle.  La  banderole  (|ue  chacun  des  quatre  apôtres  de  celte  verrière,  ei 
des  quatre  autres  de  la  fenèlre  suivante,  tient  à  la  main,  domie  un  \erset 
du  I  Credo*  ».  Les  figures  en  couleur  se  détachcut  sur  un  fond  blanc;  une 
bordure  jaune  les  encadre.  —  Le  tympan  de  l'ogive  est  en  \ilrerie  blanche. 

Dans  la  deuxième  fenêtre,  on  voit  saint  Thomas,  dont  la  tète  man(jue  et  qui 
tient  un  compas  et  mi  cai'tel;  saint  .facques  Mineur  ayant  une  plume,  une  mas- 
sue et  lui  carl(>l;  un  apôtre  dont  la  pai'li(^  intérieure  seule  est  bien  conservée, 
le  panneau  su|)érieiu'  étant  rdourné.  la  lète  enlmée  et  le  paimcau  dn  milieu 
remplacé  pardi'  l'oiMiemcntation  ;  enlin.  saint  P)aith(''lemi.  ciirnpliM.  lenaiil  un 
coutelas.  —  Os  (igures  sont  entourées  crarchiiccture.  La  pai'lie  ogivale  est 
en  verre  blanc,  émaillé  de  (]uel(|ues  fragments  d'ornementation  jaune. 

Les  apôtres  f[ui  occupent  la  troisième  fenêtre  sont  de  plus  pelile  dimension. 

i.  Suiviiiil  la  l(''i.'oii(l(>,  ■i\.iMt  (lo  ?e  ?c'"|)aroi'  pour  aller  [nvchcr  dans  le  momie  fiilipi-  la  loi  nou- 
velle, le?  apoiro?  convinrent  (l"airè;er  el  de  préciser  le?  articles  de  cette  foi.  (jui  devait  èlre  une 
comme  Dieu  est  im.  C'est  de  ce  premier  concile,  vraiment  (i'(unu''nii|ue  el  le  plus  au;;u-te  de 
tous,  qu'est  sorti  le  «  Credo  ».  (^Iiaipic  ajiotre ,  à  commencer  (ar  saitU  Pierre,  le  chef  des  douze 
donna  une  des  douze  propositions  du  «  Oedo  •>.  Saint  l'ierre  [irocl.iiiia  donc  le  premier  doirme 
et  dit  :  «  Credo  in  Deum  Patrem,  omnipolenlem ,  creatorem  cœli  et  terra'  -.  A  i|uoi  saint  André 
ajouta:  «VA  in  Jesnm  Clirislum,  filium  ejus  unieum.  doininum  noshum  i.  Puis  saint  .laeques 
Majeur;  «  Qui  conce[)tusest  de.'*()irilu  Sancto,  nalus  ex  Al.iria  Viririne  >•.  Ainsi  de  suite.  jusi|u'au 
dernier,  saint  Mathias.  qui  termina  le  «Credo  «  par  «  Kt  vilim  ;rlernam  ».  Ce  sujet  de  la  pro- 
clamation des  dou/.e  articl'  s  du  «  Credo  »  est  très-fri'(]uiMnnieat  lii;Mré  au  xvc  ,-ièi  le  sur  le.s 
vitraux,  les  tableaux  sur  Ijjis,  les  stalles,  les  lapi,<series.  les  einaux,  les  manuscrits  à  miniatures. 
C'est  mémo  un  moyen  assez  commode  pmr  dislinu'uer  les  apôtres  entre  eux.  Quand  un  a[>ôtre  n'a 
pas  ou  n'a  plus  d'atlrilmt,  s'il  porte  une  banderole  où  est  écrilo  une  proposition  du  «Credo», 
immédiatement  après  la  lecture  de  celte  proposition,  on  |)eut  allirmer  le  nom  de  l'apolre  qui  la 
proclame. 


290  ANNALES   AliCHKOLOGl  QUES. 

Ils  Diit  ccilaincinent  rcin|)lacé,  h  la  fin  du  xyT'  siècle  ou  au  commencemenl  du 
xvii''.  les  ligures  priinilives.  à  moins  que  la  série  des  douze  apôtres  n'ait  été 
complétée  ([ue  |)lus  tard.  Ce  qui  est  bien  évident,  c'est  la  diflérence  de  style 
existant  entre  les  quatre  dernières  figures  et  les  huit  premières,  sans  compter 
la  dill'érence  sensible  dans  les  dimensions.  Kiilin.  ces  (|ua.tre  personnages  ne 
tiennent  point  de  cartels.  Ils  représentent  :  saint  Matthieu  avec  une  pique  et 
un  livre;  saint  Simon  avec  une  scie  et  un  livre;  un  autre  apôtre  dont  je  n'ai 
pu  voir  l'alfribut.  et  ([ui  a  la  partie  supérieure  du  corps  enlevée  et  remplacée 
par  de  rornementation  architecturale  en  couleur  d'un  bon  elTet.  Le  deuxième 
et  le  (|uatrième  se  détachent  sur  un  fond  de  paysage;  le  tond  des  deux  autres 
est  bouleversé.  Dans  le  tympan  de  l'ogive  sont  représentés  :  Uieu  le  Père;  le 
Christ  ayant  sous  les  pieds  la  boule  du  monde;  entre  eux,  un  peu  au-dessous, 
la  Vierge.  Les  écoinçons  renferment  des  anges.  Toutes  ces  petites  figures  sont 
en  grisaille,  rehaussée  de  jaune,  et  s'enlèvent  sur  un  fond  bleu. 

La  (|ualriènie  fenêtre  n^présente  saint  Romain  tenant  enchaîné  un  dragon; 
le  Christ  portant  un  ciboire;  sainte  Catherine  d'Alexandrie  avec  une  épée  et 
un  livre,  et  saint  Nicolas  ressuscitant  les  jeunes  écoliers  (ju'un  aubergiste 
avait  coupés  en  morceaux  et  mis  dans  un  ba([uel.  —  TiC  panneau  inférieur  de 
la  figui-e  de  sainte  Cathei'ine  est  détruit  et  remplacé  par  de  rornementation  du 
XV''  siècle.  Les  quatre  personnages  sont  sur  un  fond  blanc  uni.  Une  riche 
architecture  de  l'époque  des  figures,  blanclie  et  jaune,  les  encadre.  Dans  le 
panneau  su|)érieur  de  la  partie  ogivale  sont  représentés  les  insignes  de  la 
Passion;  les  autres  pamieaux  contiennent  des  armoiries,  au  milieu  desquelles 
on  remarque  l'écu  de  l'i'ance  fieurdelisé. 

Au  delà  du  transe|)t.  en  allant  vers  le  grand  portail,  commence  une  série 
de  sujets  com|)osés  de  grandes  figures,  d'un  beau  caractère,  et  qu'il  serait 
bien  curieux  d'étudier  de  près.  Ces  six  verrières,  divisées  en  quatre  baies, 
sont  évidemment  de  la  même  main  et  d'inie  exécution  postérieure  de  vingt 
années  à  celle  des  vitraux  du  rez-de-chaussée,  ainsi  (jue  l'indique  une  date 
placée  dans  une  fenêtre. 

r.a  première  \errièi-e  représente  «  Dieu  créant  d'aboi'd  les  animaux  ».  puis 
<i  Adam  et  Eve  ».  Un  [lanneau  manque  entièrement.  Au-dessous,  une  inscrip- 
tion, dont  je  n'ai  pu  lire  (pie  peu  de  mots,  porte  :  "  toit  fit  ciséiî,  le  soleil, 

l'hommi-; ».  Dans   le  bas  du   vitrail,   une  longue  procession   d'hommes, 

uniformément  velus  de  noir  et  (-oiffés  d'une  soi'te  de  bonnet  doctoral,  est  suivie 
d'une  autre  composée  de  femmes.  Ce  sont,  Irès-jirobablement,  les  donateurs 
de  la  verrière.  La  partie  ogivale  montre  «  Dieu  créant  le  soleil  et  les  oiseaux  » . 

La  fenêtre  suivante  représente,  dans  le  tympan  de  l'ogive,  «  Adam  près 


LES    VlTliAlX    nr    CliWn-WDKLV.  291 

de  l'arl)!'!'  (I(^  l;i  science  du  liieii  el  du  mal  n  (pdininier  purlaiit  des  fruits 
rouges},  auliiur  du(iuel  s'enroule  le  serpent.  Celle  scène  est  la  seule  (|ui  existe 
encore  dans  le  lynipan  de  la  t'euèlre.  La  parlii;  carrée  re|>résenle  :  1"  n  Adam 
et  Eve  chassés  du  paradis  tei'reslre  »  ;  —  !2"  »  Eve  lilant  (^i  ayant  un  enfant. 
près  d'elh^  ».  «  Adam  tenant  un  couteau  ».  accompagné  égalenienl  d'un  enfant, 
et.  de  |)!us.  ;i\anl  à  ses  [lieds  ini  animal  dnnl  je  n'ai  pu  recomiailre  l'espèce; 
3"  "  le  (loul)le  sacrifice  (pie  (laïn  el  Ahel  olTrirenl  à  Dieu  ..;  /|"  (,  |e  nieurlre 
d'Abel  par  (iain  »,  consommé  à  l'aidi'  d'une  mâchoire  de  In'ie.  (les  sujets  se 
détachent  sui- un  fond  de  paysage.  Au-dessous,  une  inscriplion  brisée  est  loul 
h  fait  illisilile  maintenant. 

La  troisième  \errière  représente  "  l'Ai-che  de  \o(''  ».  Olli^  fenêtre  est 
excessivement  l)ouli>\(M'sée  :  un  de  ses  ])amieau\  est  retourné',  un  aulre  maii(|ue 
tolalemenl.  Le  tympan  de  l'ogive,  en  foi'l  mau\ais  l'Ial.  ne  pr('senle  plus  que 
plusieurs  petites  ligures  sans  aucun  sens. 

La(juatrième  fenêtre  est  encore  déiruile  en  parlieel  le  i-esie  est  l)(iulevers(''. 
—  La  première  baie  représente  :  »  Abraham  adorant  les  li-ois  anges  (|ui  lui 
soiil  envoyi'S  par  Dieu  ».  La  partie  inférieure  de  ce  sujet  est  remplacée  par 
de  rornemeiilalion  de  la  lin  du  \v''  siècle.  La  deuxième  baie  représenle  le 
«  Sacrifice  d'Abraham  »  :  —  Le  ])alriarche  lève  son  glaive  sur  son  fils,  un 
ange  l'arrête;  une  inscription  brisée  permet  de  lire  ces  mois  :  —  »  iuiîAUAM 
DE...  DK  SON  Ei\F,VM  iSAAc  sAcr.iFici-:  ».  —  Isaac  est  pres(|ue  eiilièi'ement 
détruit.  La.  troisième  baie  représenle  nu  (''pisode  de  la\ie  de  ,li)se|)h  ,  n  le 
Songe  ([ni  le  perdil  dans  l'esprit  de  ses  frères  »  :  —  l'n  \  ieillard,  Jacob.  (>st 
Couché;  sur  un  plan  incliné',  un  ji'Uiie  homme  (.loseph)  est  dans  la  même 
posture;  une  femme  est  debout  près  d'eux.  —  Il  enlrail  dans  la  composition 
un  autre  personnage,  mais  qu'on  distingue  à  peine  maintenant  et  ([u'on  ne 
peut  reconnaître.  Vna  insci'iption  dé'lruile  porte  ceci,  encore  visiblement  : 
<i  l'kM'ANT  .losKiMi...  sox(;k...  j5()0  ».  —  Dans  la  (pialrième  baie,  ou  voit  les 
enfants  de  .lacob  descendani  leur  frère  .loseph  dans  une  cilerne.  à  l'aide  d'ime 
corde.  Le  fond  est  tui  paysage.  La  parlie  ogivale  ne  conserve  plus  que  des 
débris  de  ligures. 

La  cinquième  fenêtre  montre  «  Josué'  ariV'IanI  la,  marche  du  soleil  ».  On 
aperçoit  le  camp  des  Philistins  et  une  foule  de  soldais.  Au  ceiiire.  il  manque 
deux  panneaux.  Dans  le  tympan  de  l'ogive,  deux  i)auneaii\  maii((uenf  égale- 
ment; les  aulres  sont  bouleversés. 

La  sixième  fenêtre,  la  dernière,  d'après  l'ordre  (|ue  j'ai  ('labli  pour  les 
vitraux  du  premier  étage,  représente  encore  une  scène  de  guerre.  Le  fond  est 
occupe  par  une  masse  compacte  de  soldats  ([ui  se  batlent;  un  grand  nombre 


292  ANNALKS   A  i;(:iIE(.)  LOG  lOU  KS. 

soni  reiivd'sés;  des  tenles  soiil  livn''es  aii\  naiiinies.  —  Cette  coiiipositiDii, 
(|ui  ,1  une  certaine  grandeur,  est  exécutée  avec  une  sauvage  énergie.  Sur  le 
priMiiier  plan,  un  personnage  (Moïse  peut-être)  invoque  le  secours  de  Dieu 
qui  ap|KU'.iît  au  milieu  des  nuagi's.  —  L'inscription  placée  au  bas  est  devenue 
illisible.  Le  tympan  de  Togive.  divisé  en  meneaux  droits  de  construction 
modei-ne,  est  occu|)é  par  plusieiu's  scènes  (|n"il  m'a  été  impossible  de  recon- 
naitri'.  vu  leur  bouleversement.  On  voit,  d'ailleui's,  (|ue  j'ai  dû  me  contenter  de 
lair(^  une  desci'iption  assez  |ieu  détaillée  des  verrières  placées  au  »  clerestory  ». 
\j'W  é'Iévation  et  rimp((ssibilité  d'y  accéder  en  sont  les  principales  causes. 


La  description  de~  vitranv  du  (Irand-Andely  étant  achevi'e  maintenant,  je 
terminerai  ma  tâche  en  souhaitant  ardennnent  leur  restauration,  et  cela,  parce 
que  ces  belles  et  intéressantes  pages  de  l'art  du  xvi"  siècle  sont  menacées  d'une 
destruction  rai)ide  et  complète.  Puissent  ces  vœux  être  entendus  des  personnes 
([ui  s'inléresseni  à  l'iulirice  et  aux  inagnili(|ues  veri'ières  qui  le  décorent,  et 
dont  la  ])iisition  on  la  l'orlinie  leui'  ]iei'mel  de  les  réaliser! 

Des  li-.ivaux  importants  ayant  été  entrepris  dans  le  monument,  l'enlèvement 
des  vitraux  en  est  une  conséquence  forcée,  pour  un  certain  nombre  au  moins. 
Leur  restauration  est  donc  devenue  tout  à  fait  urgente,  vu  l'impossibilité  de 
les  remettre  en  place  plus  tard,  sans  les  l'éparer  d'une  manière  quelconque. 
D.-insce  cas,  mieux  vaut  une  réparation  complète,  intelligente  et  prudente,  qui 
rendi-a  aux  vitraux  du  Cirand-Andely  leur  splendeur  primitive. 

L'artiste  chargé  de  ce  travail  doit  apporter  dans  sa  mission  mi  profond 
respect  {)our  les  œuvres  du  passé;  par  conséquent,  il  doit  se  garder  de  sub- 
stituer sa  pensée  jiropre  à  celle  du  |)eintre  dont  il  aura  l'onivre  à  régénéi'er. 
Kliminei' les  |»arlies  entièrement  brisées,  (|ui  n'ont  plus  aucun  inlé'rèt  et  qu'il 
est  impossible  de  réparer,  cela  est  évidemment  nécessaire;  mais,  aussi,  il  ne 
fanl  point  reniphuuM'  celles  ([ni  peuvent  être  conservées  en  réunissant  les  frag- 
ments à  l'aide  de  plombs.  Quelques  têtes  cependant,  (luoique  belles,  doivent 
être  refaites;  car  si,  dans  une  draperie,  les  plombs  peuvent  être  multipliés 
sa,ns  iiiconvénienl.  il  n'en  est  pas  de  même  dans  une  tète. 

\on-s;'ulemont  le  peintre-verrier  doil  déployer  tout  son  talent  dans  une 
restauration  do  cette  nalui-e,  mais  il  faut  encore  qnW  montre  une  connaissance 
liai'faile  du  style  de  l'époque  à  la(|uelle  appartiennent  les  vitraux.  Rien  n'est 
pins  (l(''|)lorable  ([ue  de  voir  un  vitrail  ancien  restaui'é  par  un  ignorant,  qui 


LES    VITRAI  \    D!     0  lî  AM)-AN  Di:i.\  .  293 

met  des  têtes  accommodées  un  i^oùt  moderne  sur  des  corps  dont  les  draperies 
ont  im  caraclère  spécial.  Il  faut  ([iie  le  restaurateur  commence  son  travail  |)ar 
une  étude  approfondie  des  verrières  qui  lui  sont  confiées;  qu'il  s'empare,  pour 
ainsi  dire,  de  la  pensée  de  l'ai'tiste  sur  la  trace  (hHjuel  il  va  marcher;  qu'il 
s'identilie  avec  lui.  afin  qu'il  uy  ait  point  de  notes  discordantes  dans  leur 
o'uvre  collective;  il  est  indispensable,  au  contraire,  qu'une  grande  harmonie 
règne.  Il  faut  encore,  et  cela  est  très-important,  (pie  les  procédés  matériels 
soient,  autant  cpie  possible,  les  mêmes,  de  façon  (|u'oii  ne  puisse  pas  consta- 
tei-  de  difTérence  entre  un  moi'ceau  ancien  et  un  morceau  moderne,  en  faisant 
la  part,  bien  entendu,  de  l'aspect  neuf  que  ce  dernier  aura  forcément.  Enfin, 
des  connaissances  assez  étendues,  en  histoire  et  en  iconographie,  ik;  laissent 
pas  que  d'être  très-essentielles  dans  un  pareil  travail,  quand  une  eireur  d(> 
l'une  ou  de  l'autre  espèce  peut  devenir  une  énoi'mité. 

J.es  peintres  verriers  inconnus,  je  pourrais  aussi  dire  méconnus,  qui  ont 
décoré  les  fenêtres  de  l'église  du  Grand-Andely.  sont  arrivés  (iuel([uefois  à 
une  telle  perfection  dans  l'exécution,  qu'il  est.  sinon  impossible,  du  moins 
très-difficile  de  les  continuer  dignement.  11  est  donc  nécessaire,  pour  mener 
à  bien  cette  restauration,  d'y  apporter  un  soin  extrême,  beaucoup  de 
patience,  et  de  réunir  enfin  les  qualités  qui  font  le  véritabli"  artiste. 

l^i)oiMvi>    DIDIiON. 


XXII.  38 


ACOUSTIOUE  DES  MONUMENTS 


Kn  avril  l(S,'i!2.  on  lit.  dans  une  (''glise  de  la  ville  d'Ailes,  une  découverte 
qui  intéresse  l'acoustique  monumentale  et  (|ui  e\pli(|ue  un  texte  de  Vitruve 
au(|uel  on  ajoute  encore  assez  peu  de  loi.  Le  ComitT'  historique  des  arts  et 
monuments,  qui  é'tiiit  alors  en  pleine  sève  et  dont  j'avais  l'honneur  d'être  le 
secrétaire  .  reçut  sur  cette  découverte  une  communication  dont  j'ai  donné 
l'analyse  suivante  dans  le  «  Bulletin  archéologique»,  volume  ii,  page  /liO. 
sous  la  date  (hi  15  janvier  iSl\o  : 

K  M.  lliiai'd.  directeur  du  musée  d'Arles,  correspondant .  annonce  (|u'au 
mois  d'avril  di'rnicr  on  a  découvert,  dans  l'intérieur  du  mur  de  l'église  Saint- 
Biaise,  des  cornets  en  terre  cuite,  à  la  hauteur  de  (i  à  7  mètres.  Ces  cornets 
sont  disposés,  de  distance  en  distance,  dans  une  excavation  d'environ  21  cen- 
timètres au  carré;  chacune  de  ces  excavations  renfermait  deux  cornets.  Il 
parail.  d'après  la  manière  dont  ces  cornets  étaient  placés  dans  ces  espèces  de 
caissons,  (|ue  le  pavillon  ('lait  en  saillie  sur  le  nnu';  aucun  de  ces  cornets  n'a 
conservé  son  pavillon.  Il  est  à  ci'oii'e  (|ue  les  ouvriers,  en  étendant  sur  le  mur 
le  mortier  qu'on  vient  d'enlever,  ont  fait  sauter  tous  les  pavillons.  Près  des 
trous  oii  sont  les  cornets,  on  trouve  des  pots  d'environ  22  centimètres  de  dia- 
mètre ;  ils  sont  placés  dans  l'épaisseur  du  mur.  La  forme  de  ces  pots  en  terre 
cuite  est  celle  d'une  marmite  à  col  i-iHirci.  C'est  dans  la  pi'emière  travée  de 
l'église  ([ui  l'ut  bâtie  en  avant  de  l'église  primitive,  en  1280,  par  un  Porcellet. 
([u'on  trouve  cett(>  particularité. 

"  Ces  cornets  et  pots  en  terre  cuite  devaient  servir  à  répercuter  les  sons, 
et  faire  pailie  d'un  système  d'acoustique.  Il  paraît  que,  dans  certaines  églises, 
on  composait  les  voûtes  avec  des  terres  cuites  ayant  la  forme  de  pots  ou  de 
cornets,  mais  qui  étaient  destinées  adonner  de  la  h'-gèreté  à  cette  partie  des 
monuments.  M\L  les  correspondants  doi\'ent  diriger  leurs  recherches  sur  ce 
point  intéressant  de  notre  ai'cliéologie .  cl  éludier  les  murs  et  voûtes  des  mo- 


ACfX'STKU:!-;   DKS    MOMMKNTS.  295 

luimcnts  religieux.  M.  Iluard  envoie  le  dessin  (11111  de  ees  cornets,  qui  a 
M)  centimètres  de  hm'j;  <uv  :)  de  diamètre  à  remhoucliui'e,  (>t  5  h  la  nais- 
sance du  pavillon.  Dimix  petits  trous,  percés  sur  la  lonfj,ueur,  dans  un  rcnOe- 
menl  do  la  terre  cin'te.  s(>rvaient  à  attacher  une  priite  corde  pour  suspendre 
le  cornet.  Cel  instrument  est  tout  à  l'ail  semblahlc  du  reste,  à  celui  dont  se 
servent  encore  les  gardi'urs  diî  troupeairx  dans  |)lusiem\s  de  nos  pro\iiices  et 
à  ceux  ([u'on  entend  relenlir.  dans  les  rues  de  l'aris,  h  r('>po(|ne  du  car- 
naval. 1) 

Malgré  son  pressant  appel  à  ses  nombreux  roi  respondanis.  le  (Comité  n'a 
pas  reçu,  depuis  vingt  ans  |iassés,  le  moindre  nouveau  rensingnemeut  sur 
cette  question  qui  ne  maïuiue  pom-lanl  pas  d'impoi-tance  ;  aucune  découverte 
nouvelle  de  cornets  ou  de  pots  acousticpies  n'a  él(''  signalée. 

F,n  18(51,  Al.  Mandelgren.  savant  suédois,  qui  vient  d'achever  à  Paris  une 
grande  et  belle  publication  in-1'olio  ayant  |)oin-  titre  :  ^  Monuments  scandi- 
nave.s  du  moyen  âge  »  .  vint  me  demander  si  l'on  avait  décou\ert  en  France, 
dans  les  édifices  anciens,  et  iiolammenl  dans  les  églises  du  moyen  âge,  des 
terres  cuites,  pots  ou  cornets,  encastrées  dans  les  mui's  ou  les  \oùles.  et  (jui 
avaient  pu  servir  à  augmenter  ou  modilicr  racousticpie  de  ces  monuments.  Je 
lui  donnai  connaissance  de  la  (^onmunu'calion  laite  par  M.  Ihiard,  et  je  lui  dis 
que,  depuis  lors,  les  architeciles  cpii  restaurent  les  monmnents  et  les  archéolo- 
gues qui  les  étudient  n'avaient  rien  signalé-  de  nouveau.  M.  Mandelgi'en,  cpii 
est  presque  architecte  et  Irès-arché'ologue.  m'appi'il  (|u'il  avait  trouvé,  en 
Suède  et  en  Danemark,  im  assez  grand  nombi'e  d'é'glises  ainsi  pi(|uées.  aux 
mui's  et  cians  les  voûtes,  de  cornets  et  pots  en  leri-e  cuile  dont  l'ouverture, 
tournée  vers  l'intérieur  du  monmnent .  avait  cei-tainenieni  ini  bul  acousli([ue. 
M.  Mandelgren  ajouta  qu'il  avait  l'intenlion.  el  je  l'y  encourageai  de  mon 
mieux,  d'écrire  un  inémoii'(!  suHisammenl  (l('tailié  siu'  celle  (|iiestion. 

Je  ne  doutai  nullement  de  la  rc'alité'  du  l'ail,  à  savoir.  (|ue  beaucoup  d'i'glises 
suédoises  et  danoises  |jossédaienl  des  poteries  de  ce  genre;  mais,  ce  moyen 
d'acoustique  me  paraissant  assez  |)uéril.  je  di-  à  M.  Mandelgren  (|ue  j'atten- 
drais son  mémoire  pour  me  l'aire  une  opinion  sin- celle  (lueslioii.  l'orl  curieuse 
en  tout  cas. 

Cette  année,  au  mois  de  se|)tcml)re  dernier.  M.  W  ladimir  .Stassoll',  rédac- 
teui'  du  journal  arcliéologi(]ue  (jlTiciel  de-  Sainl-IVlersboiU'g.  el  M.  (loinostaeir. 
membre  de  l'Académie  im[)ériale  des  l)eaux-ails  de  Saint-l'élersbourg  et 
professeur  de  l'art  dans  cette  Académie,  me  posèrent,  entre  autres  questions 
archéologiques,  celle  des  poteries  acouslicpies  dans  les  monuments.  Je  signa- 
lai à  ces  messieurs  la  communication  de  M.    IJuaid  et  les  découvertes  de 


296  ANNALES    ARCHEOLOGIOUKS. 

M.  Mandelgren .  mais  je  leur  dis  que  je  ne  croyais  nullement  à  celte  acous- 
tic[ue  monumentale  et  puérile.  Là-dessus  M.  Stassofi"  m'annonça  qu'il  avait 
trouvé,  dans  un  très-grand  nombre  d'églises  byzantines  anciennes,  ou  églises 
gréco-russes  de  son  immense  patrie  .  de  ces  cornets  et  de  ces  poteries. 
M.  StassolV  m'annonçait  (lu'il  allait  rédiger  lui  ti'avail  sur  cette  question,  et 
(|ue.  si  je  le  di''sirais.  il  me  donnerait  h  le  pul)lier  dans  les  «  Annales  Archéo- 
logiques ».  .le  l'emcrciai  beaucoup  M.  Stassotr  et  l'engageai  à  écrire  à  Arles 
pour  avoir  des  renseignements  sur  les  cornets  acoustiques  de  Saint-Biaise  et 
à  se  mettre  en  rapport  avec  M.   Mandelgren. 

Mon  scepticisme  à  l'endroit  de  cette  question  d'acoustique  était  déjà  forte- 
ment ébranlé,  lorsque  me  tomba  sous  les  yeux  le  texte  suivant  que  vient  de 
pul)lier  M.  K.  de  Bouteiller.  membre  de  l'Académie  impériale  de  Metz,  dans 
sa  très-curieuse  et  très- savante  n  Notice  sur  le  couvent  des  Célestins  de 
Metz  )ii.  L'église  de  ce  couvent,  dont  la  fondation  date  du  xiv"  siècle,  a  été 
démolie  dans  les  derniers  mois  de  1861  par  le  génie  militaire,  qui  n'en  fait 
jamais  d'autres,  par  suite  d'un  arrangement  survenu  entre  lui  et  la  gendar- 
merie de  Metz.  M.  de  Bouteiller  a  pensi'\  avec  grande  raison,  que  c'était  une 
occasion  pour  l'aii'e  l'histoire  de  ce  couvent  des  Célestins  et  pour  en  conserver 
au  moins  la  mémoire.  A  la  lin  de  sa  notice,  et  comme  preuves  justificatives, 
\\.  de  Bouteiller  donne  des  exti-aits  d'une  chronique  du  monastère  des  Céles- 
tins de  Meiz.  de  1371  à  lùGO,  (|ui  existe  en  manuscrit  à  la  bibliothèque  de  la 
ville  de  Melz  et  dont  l'écrilure  date  de  la  fin  du  xv"  siècle. 

A  raiini''e  lho2.  |)age  ioo  du  manuscrit,  on  lit  : 

«  En  cest  aimée  dessus  dit  ,  ou  mois  daoust  le  vigile  de  l'assumption 
Nostre  Dame,  aprez  ceu  que  frère  Ode  le  Roy,  pi'iour  de  scans,  fuit  retournez 
du  chajMtre  gral  de  dessus  dit,  il  fit  et  ordonnoit  de  mettre  les  pots  au  cuer 
de  leglise  de  seans.  portant  qu'il  avoit  vu  altepart  en  aucune  église  et  pensant 
(\u  il  y  fesoit  milleur  chanter  et  que  il  ly  rcsonneroil  plusfort.  Et  y  furet  mis 
luis  en  ung  jo(U'  on  ]ioint  tant  douvricr  ([uil  soultisoit.  Mais  ie  ne  seay  si  on 
chante  miez  ([ue  on  ne  fasoit.  Et  cest  une  chose  à  croire  que  lez  murs  en  furet 
grandement  crolley  et  deshochiet  et  becop  de  gens  qui  viennent  seans  sont 
bien  merveillez  que  y  soie  fait.  Et  dixent  aucune  foix  qui  valeoit  mieux  quil 
furet  aprésen  dehors,  portant  que  bon  ])ensoyt  il  seroit  là  mis  pour  en  prendre 
et  jouyr  à  plaisir  aux  foulx.  » 

(  11  y  a  en  mai-ge  du  manuscrit  :  /i'crc  ri.su  (lii/iiu.) 

Ainsi,  il  n'y  a  plus  aucun  doute  à  conserver  maintenant;  tout  scepticisme 

1.   <(  Notiresur  le  couvent  des  Célestins  de  Metz  »,  par  M.  E.  de  Bouteiller,  Metz  ,  -1862. 
ln-8"  de  60  pages,  avec  6  plans  dont  4  anciens  publiés  en  fac-similé. 


vcoi  STKM  I-;  1)1  s  \i()M  \ii:nts.  207 

serait  hors  de  saison.  Le  lc\le  est  précis  :  il  y  avait  dos  pots  et  des  cornets 
en  tei're  ciiilc  plac(''s  dans  les  iiiin's  de  certaines  églises,  et  ces  poteries 
avaient  positi\enicnl  pour  bul  de  donner  de  la  sonorité  aux  monuments.  L'Iiis- 
toi'ieii  de  la  i>  (lhroni([ue  des  (lélestins  de  Metz  »  se  moque  asi;réal)lement  du 
pi'ieur  Ode  Le  U<i\  (|m'  lit  placer  de  ces  engins  acousti(|ues  dans  les  murs  de  son 
église  de  Metz  pmn-  la  grande  lete  de  l'Assomption  de  Tamiée  l'io'i;  mais  le 
prieur  n'en  a\ait  ])as  moins  \ii.  é'Iudié-  et  admii"i''  ailleiu's  (•<•  mod(;  d'acous- 
tique, et.  (Ml  revenant  du  ciia|)ili-e  génital  de  sim  oi'dre.  il  a\ail  voulu  en 
doter  léglise  de  son  piieuré  de  Metz.  Si  nous  savions  où  s'est  tenu  ce  chapitre 
général,  nous  connaîtrions  ()ar  là  même  où  ce  prieur  avait  \u  ces  poteries 
acousti(iues;  c'est  probablement  en  Italie,  où  les  Célestins  étaient  bien  |)lus 
nombreux  et  |)his  puissants  (]u"à  l'aiis.  S'il  en  est  ainsi,  nous  savons  mainte- 
nant qu'en  Italie,  en  France,  en  Suède,  en  Danemark,  en  Uiissie.  on  se  sei- 
vait  de  poteries  creuses  pom' donner  de  la  sonoiili'  aux  ('(lilices;  nous  pouvons 
donc  aflirmer,  à  peu  près  à  coup  siu'.  qu'il  en  était  de  même  en  Angleteire. 
en  Allemagne,  en  Espagne  et  en  (li'èce.  c'est-à-dire  dans  l'Europe  entière.  Et 
cependant,  pour  ce  qui  concerne  la  France,  sauf  les  poteries  de  Saint-Biaise 
d'Arles  et  celles  des  Célestins  dr'  Metz,  on  n'a  rirn  trouv(''  de  |)ai'i'il  dans 
nos  églises  du  moyen  âge.  pas  mr'iin;  dans  nos  innnenses  callii''drales  du 
Mir'  siècle,  oîi  c'était  bien  le  cas.  assurément,  de  leur  donner  toute  la  sonorité 
possible.  Lors([u'oii  sait  ce  (|ue  le  moyen  âge  a  l'ait  pour  les  cloches  et  pour 
les  orgues,  on  a  le  droit  de  s'étonner  ([u'il  ail  négligi'  les  potei-ii's  ariiusti(|ues, 
si  c'était  réellement  un  bon  moyen  de  donner  de  la  sonoi'iti''  aux  moinmients. 
Mais  j'ai  dit  plus  haut  (|ue  ce  mode  nv  semblait  aussi  puiM'il  (ju'inrHicace,  et 
c'est  probablement  la  raison  ([ui  l'aura  l'ait  iiégligei-.  Les  .Messins  s'en  sont 
nK)(|ués  et  ont  déclaré  que  c'élail  bon  pour  anuiser  les  fous;  de  là  vraisembla- 
blement son  abandon  par  les  gens  sensés  du  moyen  âge.  Cependant  le  grave 
Vitruve  dit  qu'on  s'en  servait  dans  les  théàti'cs  anti([ues;  on  l'a  emjtloyé 
comme  système,  au  moins  en  Suède,  en  Dancmai-k  et  en  Hiissie;  il  y  a  donc 
lieu,  pour  les  acousticiens.  tl'é'tudiiT  la  (|uestion.  et.  poui'  les  ai'ché'iilogues  et 
les  architectes,  de  recherchei' si  l'on  ne  ti-ouvei-ait  pas  de  ces  pots  et  cornets 
dans  les  murs  et  les  voûtes  de  nos  églises  anciennes. 

L'attention  est  éveillée  maintenant  sur  ce  jioint  curieux;  M\L  Mandelgren 
et  Stassolî  vont  l'étudier  à  loisir,  et  nous  ne  doutons  |)as  que  prochainement 
nous  ne  sachions  à  (juoi  nous  en  tenir  siu'  cette  (|uestion  aussi  nouvelle  ([n'in- 
téressante. 

DIDRON   MNK. 


BIBLIOGRAPHIE 


D'ART   ET    D'ARCHÉOLOGIE 


211'.).  A.NNAi.KS  du  Cuiiiit.'  lUun.iiul  do  l'"rance.  Tome  vi.  lN(ll-IS(i2.  ln-8"  de  471  pages  et  de 
18  planelies.  —  Notice  liistorique  sur  les  iu-aioiries,  scels  et  baMiiièrcs  de  la  ville  de  Cassel,  de 
sa  eour,  de  sa  cluUellenie  et  de  ses  sei.iîiKMirs.  par  le  docteur  dk  Smytterk.  —  Origine  des 
foires  et  des  marches  inililics  en  Flandre,  |)ar  J.  Caiu.ier.  —  Projet  d'un  prograuime  d'études 
l)our  la  monngrapliie  de  la  Flandre  maritime,  par  V.  Ukiiodk.  —  Ce  que  c'était  qu'un  Over- 
dracli,  par  F.  DiîsciiAiii'S  ue  I'as.  —  Notice  sur  l'abbaye  de  Ravensberg,  par  E.  de  Cous- 
SEMAKEH.  —  Rôles  des  dépenses  de  la  maison  de  Rourgogne,  |)ar  "V.  Derode.  —  Épigraphie 
des  Flamands  de  France,  pai-  A.  Ronvarlkt.  —  Sur  l'origine  du  mot  «  Ruthen  »,  par  A.  Cour- 
tois. _  Fragment  manuscrit  du  «  Spiegel  liistoriael  »  de  Maerlant,  transcrit  par  l'abbé 
Carnki «  fr.  50  c. 

210.  ARROIS  ME  .IL'RAINVILLE  n'). —Documents  relatifs  à  la  construction  de  la  cathédrale  de 
Troyes,  recueillis  et  publiés  par  H.  d'Arbois  he  Juhainvii.le,  archiviste  du  département  de 
l'Aube.  In-S"  de  Oi-  pages.  —  Documents  des  xiii',  xiV  et  xv^  siècles.  Notice  précieuse  pour 
l'ancienne  terminologie  et  l'histoire  des  artistes  du  moyeu  âge. 

•211.  R.VRRIFR  i.E  .M0NT.4ULT.  —  Instructions  pratii|ues  sur  le  diemin  de  la  crois,  par  le  cha- 
noine X.  Baubier  ue  JIontault.  meml)rc  d(^  |)lusieurs  sociétés  savantes.  In-12  de  288  pages. 
—  Bulles,  brefs  et  avertissements  des  souverains  pontifes;  décrets  de  la  congrégation  des 
indulgences,  croix  des  stations,  déterminations  des  stations,  modifications  diverses  apportées  à 
la  disposition  première  des  stations,  tableaux,  distance  entre  les  stations,  pouvoir  d'ériger  le 
chemin  de  la  croix,  aulmisalion  requise  pour  l'érection  ,  placement  des  croix  et  des  tableaux, 
lieu  de  l'érection,  nielhodi'  |iour  l'érection  du  cl)emin  de  la  croix  dans  les  chapelles  et  les 
églises.  publi(pies  ou  privées;  procès-verbal  d'érection,  validité  et  nullité  d'érection,  indul- 
gences, interruption  et  di\ision  du  chemin  de  la  croix,  du  mouvement,  exercice  du  chemin 
lie  la  croix,  prières  el  méditalions,  premier  exercice  du  chemin  de  la  croix,  autre  exercice  du 
chemin  de  la  croix,  crucilix  bénits  à  l'effet  de  communiquer  les  indulgences  du  chemin  de  la 
croix,  livre  indulgencié,  ouvrages  ii  consulter. 

212.  RARBIFR  UE  MONTAFLT.  —  Oi  ricir.M  pr.i|irium  tran.^^lationis  S.  Florentii,  presbyteri 
et  confessoris.  par  M.  X.  Rariiier  de  Montallt.  ch.moine  de  la  cathédrale  d'Anagni.  In-16 
de  12  pages.  —  Oftice  rimé  du  xiti"  siècle. 


UIIÎLIOC.IIM'IIIK   D'AliT   KT   D'A  liC.  Il  KOl.OC,  I  11.  299 

SI 3.  BARDFT.  —  L'Églisi:  colU'-iiilc  do  N.-D.  lUi  cliiiUMii  de  l.oclics,  iiiiiiiitoïKinl  (•frlisc  p^irois- 
slale  de  Siiint-Otirs.  >i)n  liisloirc  (>1  son  culte,  ses  trésors  cl  ses  priviléircs  s|)iritiiols,  par  l'abbo 
A.  BABriET.  curé  do  la  Croix-do-Itloro.  lii-IS  do  140  pai.'os.  —  llistoiro  do  la  collo-iale,  fon- 
dation, restauration,  siège  de  Loches,  visites  princioros.  [iroccssions  d(>s  coi-[)s  siiiiits,  pillase 
pondant  la  dévolution,  description  de  l'éizlise  du  cliàleaii.  inscriptions  tuinnlaires.  reliques  et 
patrons  do  la  colle-i.de.  autlienticite  de  la  ceinture  do  la  Vier,i:e,  .Notre-Dame  de  lieautortro. 
vie  (\o  saint  Ours,  patiun  iU'  Loclies I   f,.    ;;(|  ,, 

214.  BIÎSSOX.  —  .MtMoiiii;  liisloriciue  sur  laliliaye  de  liauine-los- D.unes,  par  l'abbe  !..  Bicsson. 
Ouvrai;c  couronne  par  l'.Vcadéniie  do  Besançon.  In-S"  de  KI.S  pa-es.  —  Kondation  de 
Baume  [763),  coutumes  anciennes  i\e  l'abliavo,  sainte  Odile  élevée  dans  ce  monastère,  lole  et 
importance  do  l'abbaye,  domaines  et  rèiilos  du  monastère,  sires  de  Noufchàtel  iiardiens  do 
l'abbaye,  gueires  et  désastres  des  xiv  et  \v  siècles,  administration  des  abbossos.  él.it  do 
raœui-s,  nécessité  d'une  réforme,  orii;ine  et  |)rogros  dos  lois  munici|ialos.  établissement  des 
capucins,  traité  entre  la  ville  et  l'abbaye,  d(>scri(ition  de  r('j;lise  abbatiale,  arr-èts  du  l'arli>- 
menl,  faits  se  rattacliant  ii  la  révolution  do  I7S9.  dernières  abbossos  île  liarnno.  Liste  clrr'ono- 
logiquc  des  abbossos    1 034- 1  T'.M ) I  iv.  ;;()  c. 

2|.'j.  BESSON.  —  .MicMoiiir:  liistoriqiro  sur  l'abbaye  de  C.lierlieu.  [lai-  l'abbe  L.  Bi:sso.\.  aumônier- 
et  professeur  au  collège  do  (.!r-ay.  Ouvrage  cour'onnc''  |i,u'  l'Académie  de  Bosaiiodii.  In-S"  de 
xxxvi-l  l(j  pages  et  d'un  plan.  —  Fondation  do  (Ihorlieu  (I I  27,.  ses  abbés,  maisons  do  la  lilia- 
tion  do  Clierlieu,  les  r-apporis  de  sairrt  Bernard  avec  l'abbaye,  donatiorrs  des  é\éqrics  et  des 
princes  contemporains  au  morraster-o,  description  de  l'église  île  C.lierlieu,  deca<leiice  do  la  dis- 
cipline, l'éflexions  sur  les  caractères  de  cette  époipre  et  dos  âges  sui\arrts,  sepullui-es  dans  les 
monastèr-es,  bulles  des  pa|)es  on  favoirr  de  ral)b,i\o,  désastr-os  du  .\iv  siècle,  l'abbaye  tomlie 
en  coinmonde,  réforme  protestante,  démolition  de  l'églisi-  à  la  gr-anile  lievoluliun.  Liste  clirono- 
logiquc  des  abbés  do  (^Irorlieu.  égli.sos  do  sa  collation,  état  des  l'ovenus  (h^  l'abbe  de  i:iiei- 
lieu  en  1 780 ■>  | ,-. 

216.  BES.SON.  —  .MiJMoiliK  Iristoriqiro  sur  l'abbaye  et  la  ville  do  l.iir'o.  sirivi  dune  notice  ^llr■  le 
prieuré  de  Saint-.Vnloirie  et  les  seigneuries  de  l.ur'o  et  do  l'a.-:sa\arit  .  par  l'abbe  !..  Bksson. 
Ouvrage  couronné  par  l'.Vcademie  de  Besançon.  In-N"  de  i'M)  pages.  —  Origine  de  Luii".  fon- 
dation de  l'abbaye  ivi'  siècle,  par  saint  l)i>lle,  disciple  île  t'.olomban:  donations  diver-os. 
grandeur  et  ricliosse  du  monastère:  fortifrcatiorrs  de  l.irr-e:  administralion  de  l'abbavo  sa 
décadence:  Révolution  fr-ançaise,  démolitions;  Lirre  actuel,  ses  principaux  moruiments,  r-oli- 
([ues  des  saints  Dollo  et  Colomlian.  Notices  divor-sos.  Liste  dos  abbés  et  des  cirrr's  de  Lur-e. 
Églises  de  la  collation  do  l'abliaxc  Pièces  jirstilicativos 2  fr. 

217.  BOWAKLET.  —  I'ùmc.rapiiiiî  des  Elaniands  d>  l-'rM",ce.  |)ar  .\.  BoNVArii.r;r.  Premier  fa.s- 
cicule.  In-8"  do  ts(j  pages  et  do  li  planches.  —  Travail  divi.sé  en  catégories  sur-  lesquelles  sont 
données  successivement  dos  explications  :  inscriptions  firuér-air-es.  inscri|itioris  votives, 
légendes  des  cloches  et  autri-s  textes  (pri  ne  sont  pas  appelés  il  (igui'er  dans  les  tr'ois  pr-omiôi'os 
catégories. 

218.  BOUCIIEV.  —  REiaii;iiCiii:s  historiijues  sur  la  \ille,  la  priiicipauti-  et  la  r-opubliipro  do 
Mandeure  (o  Epomanduodurum  ).;.  Origines  et  histoire  abr-i'gi'o  do  l'anciiMi  comté  do  ^lontbé- 
liard,  par  l'abbé  Boiciikv.  Ouvr-ago  cour'onni- par' l'.Xcademie  de  Besançon.  Derrx  volumes  in-8", 
xxxvi-l)72  pages  et  une  carie  topogr-aphiquo  du  vill.ige  et  dos  envir-ons  do  .'^Ia^deur■e,  avec 
indication  des  ruines  romaines.  —  Première  partie  :  histoire  de  .Mandeure  jusqu'en  93.')  :  suc- 
cessivement ville  celtique,   romaine,   bourguignonne,  frainpie.  et  capitale,  peirdant  mille  ans, 


300  ANNALES   ARCH  KOLOriIOU  ES. 

de  la  conlioiA  qui  a  |)orté  le  nom  de  Montbeliaril.  —  Seconde  partie  (93o-1790)  :  histoire  du 
\  illii.i,'e  lie  Mandeure  qui  de\int,  au  xiir'  siècle,  une  prévôté,  puis  une  principauté  ecclésias- 
liipie  dé|K'nilaiile  do  l'église  de  Besançon.  —  Troisième  et  dernière  partie  (1 680-181)0)  ;  his- 
toire des  l'ails  de  la  repulilique  et  de  la  commune  de  Mandeure,  sa  constitution  et  ses  actes.  — 
Les  deux  volumes 10  Ir. 

2IVt.  liOUTEILLER  (de).  —  Notice  sur  le  cuuNcnt  des  (lelestins  de  AFetz,  par  E.  de  Dolteii.- 
LKR,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  archéologique  de  la  Moselle.  In-8°  de  117  pages,  avec 
7  planches,  parmi  lescpielles  sont  les  plans  de  l'arsenal  du  génie  et  de  la  gendarmerie  en  1861, 
de  la  maison  ci-devant  des  Célestins  et  des  parties  adjacentes  en  178o.  —  Histoire  et  descrip- 
tion de  l'église  et  du  couvent  des  Célestins.  aujourd'hui  disparus;  origine  (1370);  lettres  de 
fondation  par  Bertrand  Le  Hungre,  bourgeois  de  Metz;  pros|)érité  du  monastère  jusqu'au 
XVI''  siècle;  spoliations;  privilèges  conférés  au  couvent  par  le  roi  Charles  IX;  lettres  patentes 
d(>livrées  par  Henri  IV;  ruine  et  suppression  de  la  maison  des  Célestins  le  9  décembre  1774. 
Becherches  sur  le  monument  depuis  cette  époque  jusqu'il  nos  jours.  Extraits  des  plus  curieux, 
pour  l'histoire  des  arts,  de  la  «  Chronique  ilu  monastère  »,  de  1.371  à  1469. 

220.  BOl'TEILLEK  ;i)i:).  — Le  PiaEHiNAGE  d'Einsieilehi ,  [Kir  E.  de  Boijteii.eer.  In-8"  de 
1!i  pages.  —  Origine  '  x'  siècle)  de  l'abbaye,  par  saint  Bennon,  évèque  de  Metz;  histoire  du 
fondateur;  construction  de  l'église  d'Einsiedeln.  par  saint  Éberhard  :  dédicace  miraculeuse; 
dévastations,  ruines,  réparations,   pèlerinage. 

221.  BOVS  (du).  —  SÉiiASTiuN  de  planta  ,177(1-1839;,  par  ÀMtEiiT  de  Bovs,  ancien  magis- 
trat. In-8"  de  2.i4  pages.  —  Biographie  conq>lète  de  l'Ianta,  successivement  inspecteur  de 
l'Académie  de  (jrenoble.  grand  pré\ot,  secrétaire  général  de  l'administratiim  des  prisons, 
CDUHiiandant  de  piaci'  à  Briançon.   lieutenant  du  mi  i)  Lille 10  fr. 

222.  BRIMONT  (de).  —  L\  Pape  au  mo\en  âge.  Urbain  H,  par  Auhien  de  Bhe\d>xt.  hi-8°  de 
430  pages  et  d'vni  portrait  d'Urbain  H,  tiré  de  la  collection  des  cardinaux  français  de  Duchesne. 
—  Introduction  :  caractère  de  la  guerre  entreprise  par  la  presse  contre  la  papauté,  alliance  de 
l'Église  et  de  l'enqjire  sous  Charlemagne  ,  asservissement  de  l'Église  et  de  l'Italie  par  les 
césars  allemands,  regénération  partant  des  cloîtres,  les  papes  civilLsateurs,  similitudes  entre  le 
moyen  âge  et  les  temps  modernes.  —  Livre  premier,  le  moine  de  Cluny  :  utilité  des  ordres 
religieux,  appréciation  de  la  règle  de  saint  Benoit  au  moyen  âge,  fondation  de  l'abbaye  de 
Cluny,  Cluny  école  des  papes,  vie  conventuelle,  incertitude  des  historiens  sur  l'origine  d'Ur- 
bain H,  lutte  entre  l'empire  et  le  sacerdoce.  — Deuxième  livre,  Urbain  au  pouvoir  :  concile  de 
Bénévent,  état  du  clergé  en  Lombardie  et  à  Milan,  réformes  dans  l'épiscopat,  nouveau  concile 
de  Bénévent,  etc.  —  Troisième,  quatrième  et  cinquième  livres  :  luttes  et  réformes,  voyage  en 
France,  triomphe  de  la  papauté.  —  .Vppendice  ;  chartes,  privilèges,  généalogie  des  Normands 
de  Sicile 6  fr. 

223.  BRU\ELLE.  —  Dictionnaihe  topogr'aphique  de  l'arrondissement  de  Cambrai,  rédigé, 
sur  la  demande  du  ministre  de  l'instruction  publique,  par  Ad.  Bruvelle,  membre  de  la 
Commission  historique  du  de|)ai1einent  du  Nord  et  bililiothécaire-arcliiviste  de  la  Société 
d'éniulaliiin  de  Cambrai.  lii-S"  de  xx-370  pag(>s.  — Géologie,  archéologie,  histoire....     (3  fr. 

224.  Bulletins  de  la  Société  historique  et  littéraire  de  Tournai.  Tome  viii.  Année  1862.  In-8" 
de  378  pages,  de  18  planches  et  de  nombreu.ses  gravures  dans  le  texte.  —  Chapitre  de  la  Toi- 
si)n-i|(.)i-  tenu  a  lournai  en  l')31,  communication  de  ,M.  le  vicaire  général  Voisin.  —  Notice 
sur  la  princesse  d'Épinoy,  par  .M.  Gachaud.  —  lienseigncments  historiques  sur  le  beffroi  de 
Tournai,  par  M.  RoziiiRE.  —  Recherches  sur  les   petits  clercs,  les  enfants  de  chœur  et  les 


RIIÎI.KX.Ii  M'Ilii:    l>'AliT   Kf    DMiClIKOl.Odli;.  301 

musiciens  de  |y  r;illi('{iniii'  de  Tdiiiiiai.  |),ir  .M.  Ii>  \iL';iiri'  m'iicral  Voisin.  —  Di'sciipliun  duii 
missel  du  xiir'  siècle,  p.ir  le  inèiiie.  —  Messe  du  xiir'  siècle,  traduite  en  notation  moderne  et 
précédée  d'une  introduction,  par  li.  i>i:  C.oi  ssi:.m\ki:h.  —  Heclierclies  sni-  les  principaux 
moiuimenls  de  'rouniai,  (lar  1)1    >loirni:n  lils 8  fr. 

'ii'i.  BUSSKROLLK  (dk  .  —  lii:c.iii:i\('.iii:s  liistoritines  sur  l.i  vicomte  de  I.a  (iiierclie,  en  l'ou- 
raine.  et  sur  les  (iefs  ipii  >'n  relevaient  :  A\ailles,  liarrou,  La  Itoutelaye.  Iiu\euil,  .Mère,  etc., 
par  J.-X.  C.viiuii  i>k  BissKUoi.Lt:,  membre  de  la  Société  arcliéoloijiipie  de  Tonraine.  ln-8"  de 
i)î  pages.  —  lieclierclies.  Chrùnoloi;ie  historique  des  seigneurs  et  vicomtes  de  La  (iuerclie. 
Armoriai  des  seigneurs  et  dames  de  la  vii-omté.  Fiels  lelevant  de  La  Guerclie. 

•i'ti.  (;.\RPLNT1N.  —  Notice-;  sur  les  monnaies  et  médailles  de  la  Biljliotlieipie  de  .Marseille,  par 
.V.  C\ui'KNïi\.  In-8"  de  i7  pages  et  de  4  planclies  repré.sentant  des  monnaies  grecipies, 
romaines,  byzantines,  royales  et  de  l'rovence.  —  Galerie  numismaliiine  de  Mar?eille  ;  mé- 
dailles grecques.  bas-eni|)ire  romain,  monnaies  rovales  de  Franco.  b\/anlines;  seiie  gallo- 
grec(|ue,  monnaies  de  cuivre  et  d'argent;  monnaies  des  empereurs  romains  en  Pro\ence, 
mérovingiennes  dans  la  même  contrée  et  carluvingiennes:  royaume  et  comte  de  l'rovence, 
monnaies  ccclésias'iqnes:  atelier  monélaire  ii  Marseille  auv  xv.  we  et  xvii''  siècle. 

•227.  CH.VPLV.  —  HiSToïKi;  du  B.  Pierre  Fourier  et  des  desastres  do  la  Lorraine,  par  l'ahbe 
C.iiAi'iA  .  curé  de  Yittel.  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  Troisième  édition.  Deuv 
volumes  in-12  de  3'j6  cl  3G8  pages  avec  une  planche.  —  Premier  volume  :  Introduction. 
Naissance  de  P.  Fourier  (M)  novembre  l-'iO-i  j.  .son  éducation  et  son  cnlree  en  religion, 
prise  de  possession  de  .Mattaincourt ,  soins  spiriluels  et  temporels  de  l'oinier  poni'  sa  paroisse, 
œuvres  et  congrégations,  la  Réforme,  misères  de  la  Lorraine,  notes  et  pièces  justificatives. 
—  Deuxième  volume  ;  généralat  de  P.  Fourier  (1632!,  retraite  on  Bourgogne,  mort  de  !'.  Fou- 
rier (1640),  translation  de  ses  restes  JIGlIi.  constitutions  de  la  congrégation  de  Notre-Dame, 
opuscules  et  pièces  justificatives.  —  Les  deux  volumes :}  Ir. 

2'28.  CHIFLET.  —  Uni;  Excirsion  en  Bourgogne,  par  le  \  icomle  (;nii-|.i:T.  membre  de  l'.Vcadé- 
mie  de  Besançon.  Grand  in-8°  de  32  pages  el  de  deux  cartes.  .'Mémoire  sur  .Mise,  lu  ii  la  séance 
publique  du  30  jan\  ier  I8(;i I   tr.  oO  c. 

229.  (nilFLKT.  —  triUK  sur  l'.Mesia  de  Franche -Comté,  lue  ii  la  séance  pnlili(|ue  du  30  jan- 
vier 1862,  par  le  vicomte  Ghiki.et.  Grand  in-8"  de  40  pages  et  de  2  <'arles  pour  servir  à  la 
recherche  de  la  position  d'.Mésia  et  ii  la  solution  de  celle  question  ;  «  .\laise  est-elle  l'.Mesia 
de  César  ?» I   l'r-.  'ie  c. 

230.  COCHET.  —  Dkcouvkhti:,  reconnaissance  et  iléposition  du  cœur  du  .oi  (;liarles  V,  dans  la 
cathédrale  de  Rouen,  en  mai  et  juin  IS62,  par  l'abbé  Cocirirr,  inspecteur  des  inonnnients  his- 
toriques et  religieux  de  la  Seine-Inférieure,  ln-8"  de  2'!  pages,  d'une  [)lanche  et  2  gravures 
sur  bois  dans  le  texte I   l'r.  23  c. 

231.  (;0L"SSi'31.VKER  i)i;  .  —  .Xorici;  sur  labbayc  di;  Ravensberg,  par  E.  iik  (^orssKJiAKKii. 
correspondant  d<^  l'Institut.  In-8"  de  71  pages.  —  Esqui.sse  historique.  List(i  des  abbcsses. 
Religieuses  dont  on  a  pu  recueillir  les  noms.  Inventaire  analyticpie  des  cli,irtes  concernant 
cette  maison. 

232.  CROZFS.  —  Gi'iOE  populaire  du  visiteur  et  de  l'étranger  dans  la  cathédrale  de  Sainte- 
Cécile  d'.Vlbi,  par  H.  Crozes,  auteur  do  la  «  .Monographie  de  la  cathédrale  d'.\lbi  ».  In-S"  de 
34  pages.  —  Fondation  et  construction  de  l'église  (1282  ,  descriplion  de  l'intérieur  cl  de  l'ex- 
térieur de  Sainte-Cécile,  sculptures  et  statues,   peintures  ii  fri'sque  des  murs  el  de  la  voûte, 

XXII.  39 


302  ANNALKS   AKCII  KO l.( )('.!() i  KS. 

parlic  ardiitoclnniqiie,  oiinntation  de  Tri^lisc,  iiiulilations,  roslauralioii?,  (Icjiacomi'nt  et  isolc- 
iiieiit  de  la  calliédrale  ;  syiitlièso  cl  talili'a\i  syii()ptii]iie  des  époques  de  la  l'ondaliDii  cl  con- 
stniclion  t\v,  la  ealliédrale  d'Albi,  des  évoques  qui  y  ont  concouru  et.  des  dimensions  des 
diverses  pariies  de  l'édilice. 

2.i3.  CrtllIMiAT,  —  Li;  I!.  lli!i;i:ics  de  Puiliers,  le  prienri',  l'ésli'*'^  'l  le*  peiiilures  murales 
d'Anzy-Ie-Duc%  par  l'ablié  F.  (:u:'.iikuat  ,  aumônier  de  l'Iiospice  de  Paray-!e-Monial.  In-S"  de 
Ifio  pages.  —  l'remière  partie,  histoire  :  Vie  du  B.  Hugues  (  x'-xi"  siècle),  ses  miracles, 
translation  de  son  corps  par  \altéi-i\  évècpie  ilAutun.  assisté  de  llildeiirin,  alibé  de  Saint- 
.Mailin  ;  relii|iies  du  U.  Hugues  dans  les  conrili>s.  —  Deuxième  partie,  archéologie  :  Anzy  avant 
la  Ibiid.iliou  du  |)rieuré,  fondation  f9l3;  et  preniiers  temps  du  prieuré  d'Anzy,  droit  de  patro- 
nage du  prieuré  sur  huit  églises  ;  église  d'Anzy  ;'st\le  roman),  description,  conservation  et 
restauration  de  cette  église;  peintures  murales,  histoire  de  saint  Jean-I>apti>te,  mystère  de 
l'Ascension,  etc.;  culle  du  li.  Hugues,  reliques  d'Anzy,  des  SS.  Abdon  et  Sennen,  consécra- 
tion de  l'autel  principal  de  l'église  d'Anzy. 

Ti's.  DEBOMBOUliii.  —  IIisToiiiic  conimuiiale  delà  Dombes.  précédée  de  celle  du  Franc-Lyon- 
nais, par  G.  DEiio.MBoimc  .  membre  de  pliisu^iiis  sociétés  savantes.  Tome  premier.  In-S"  de 
4.32  pages.  —  Première  partie,  histoire  du  Franc-Lyonnais  :  avant- jjropos  ,  existence  jus- 
qii'en  1702  d'uni'  |iriii(ipauté  ind(''pendante  avant  souverain  :  monnaieel  parlement  en  deliorsdu 
roi,  de  la  monnaie;  et  de  la  justice  de  France  ;  privilèges  des  villages  du  Franc-Lycimuiis;  Genay 
et  charte  de  ses  fianchises;  faits  loc'aux  de  Genay.  Civrieux,  Sainl-Jean-de-Turigneux,  Saint- 
Bernard.  S,iinl-I)iilier-de-Forin;ins  et  Jassans;  religieuses  du  mona-lère  de  La  Bruvère;  chaite 
de  Vim  .  a|)ologu(!  de  .lean  de  Rochelaillée,  pillage  el  incendie  de  Neuville,  analyse  des  titres 
adminisiratils  du  l'i'anc-Lyonnais.  —  Meuxième  pailie.  Dombes  :  précis  de  .son  hi-toire,  statis- 
ti(iue  d'Aniarcins,  chrono'ogJe  des  capitaines  châtelains  d'.\mbèrieux,  des  seigneurs  d'Ars,  de 
BeauregartI,  de  Baneins,  dii  Tavernes,  de  Chalamont,  de  Briandas,  de  Chaneins,  de  La  Bâtie; 
histoire  et  statistique  de  ces  divers  pays o  fr. 

53ij.  ni:XI?.  —  Oi:'i;st-(;k  i.uk  Gavant"?  Toutes  les  réponses  pins  une.  Notice  sur  les  manne- 
quins de  la  fête  c  nmiun.de  de  Douai,  [lar  TiiiôoeiiiLK  Di;ms.  l'elil  in-4"  d(>  G*  pages. 

23G.  DEVAI.S.  —  IIistoiiuc  de  la  ville  de  Négrepelisse.  par  Di:v\l<  aine,  archiviste  du  de[iar- 
tement  de  Tajn-el-Gaiomie,  et  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  In-S"  de  47  pages.  — 
Origine  (xi''  siècle),  abbés  et  seigneurs,  droits  el  privilèges;  droit  lie  h:iute,  moyeime  el  basse 
justice;  droit  de  siéger  an\  élals  de  la  |)roviiire;  organisation  du  consulat  et  allributions  des 
consuls;  charte  commun, de  de  Nègrepeliss  ■ .  articles  delaillés  de  celle  chaite;  Négrepelisse 
sous  la  duniinaliiin  anglaise  (  'I3i;2;,  sous  les  guerres  religieuses;  Tuiemie.  comte  de  Négre- 
pelis.e  {Ki.i'J)  ;  étal  actuel  de  cette  ville 2  fr. 

Î37.  D;a:xiÈME.  EXPOSITION  des  arts  indusiricis  pour  l'année  I8è3.  au  Palais  de  l'Iridustrie.  Son 
caractère,  sa  portée  cl  son  but.  In-S"  de  20  pages. 

238.  DUlîAXD.  —  Ti;i:so«  de  l'église  Saint-Marc,  il  Venise,  par  Jilien  DunANi).  In-4"  de 
67  pag  s  e;  d'un  tableau.  Descriplioii  détaillée  de  la  Pala-d'Oro  et  des  pièces  nombreuses  qui 
composent  le  riche  trésor  d(>  Sainl-.Marc l  fr.  -'iO  c. 

239.  (iAILIL\B.\l"D.  —  L'Aht  dans  ses  diverses  [iranches,  ou  l'architecture,  la  sculpture,  la 
peinture,  la  fonle.  la  feironnci  ie,  etc.,  chez  tous  les  peuples  et  à  toutes  les  ép0i]ues,  jus- 
qu'en 17.S'.),  par  Jli.es  Gau.iiabai'd,  d'après  les  travaux  des  principaux  arti-tes  reproduits  par 
les  plus  habiles  graveurs  et  chromohlhographes.  2S'  et  2'.l'  livraisons.  Grand  10-4°  do  4  plan- 


15ir.l.l()(ill\l'llli;    h'Aliï   Kl    HAlîClIKOI.OCIK.  305 

chos.  —  P,iiin?,ni\.  on  fer.  (k>>  v.inl:iu\  il'ii'ii'  |i)rte  ii  l'éijliso  do  S^iinl-Nicolas-dcs-Cliamps,  à 
l'iiris.  —  l'orte  et  vaiilaux  .  eu  li()i>.  d'un  liolcl  situé  rue  du  l'iùtrc,  ;i  Taris.  —  Temple,  dil 
dTIereule.  ;i  Oira  ;  l'aradc.  —  (diil-de-bd'ul' dune  maison  située  rue  S.uiit-tiuillauuie.  ii  Paris. 
—  (Jiacjue  li\raiM)n I    l'r.   7o  c. 

îlO.  (j.M,l(;ilON.  —  I)i;s  i)i>nM;i:s  du  musée  .\a|)()lé(jn  III.  l'uinljlioii  d  un  musée  d'art  indus- 
triel, par  Kiiir.i;  (i\i.i(iio\.  Iii-.S"  de  ii  pajes. 

211.  (i.VLV.  —  CiTM.ixiiE  du  musée  arclu'()lo.L.'ii]ue  du  département  de  la  Ddrdojjne.  par  le  doc- 
leur  E.  (iM.Y.  In-S°  de  wi-l.tu  pa^es  et  de  i  planelies  dont  un  plan  des  Tliennes  de  \ésone, 
farade  sud  déeouverte  en  \H'.,><.  —  .Vnlii]uili'<  éi.')  ptiennes  e(  de  la  daule.  Armes  et  instru- 
ments usuels  des  peuplades  dites  eeltiques.  .Moiuimenls  iiallo-romains.  Statuettes  (>n  I  fonze. 
linipreiiiles  siudlaires.  noms  de  potiers.  Inscriptions  sallo-romaines.  Pierres  L'ravées,  ba.LHies  et 
cachet*.  Kpoque  franque.  Inscriptions  du  moven  àae  et  des  temps  modernes.  .Vnnes  d  liast  et 
de  tr.iil.  houches  à  feu.  Numismatique  :  monnaies  sirecques,  gauloises,  jiallo-roniaires  el 
lomaines;  monnaies  royales  de  France:  de  la  Hévolution;  méilaillcsdu  (limsnlat,  de  rHni|iire  el 
de  la  Ueslauraiion.  Monnaies  féodales  de  l'rance.  Numismatique  périL'ourdine  :  Périodes  gau- 
loise, niérovin-'ienne  et  carlovinu-icnne.  Atelier  royal  de  Dôme  (arrondissement  de  Sarlat:. 
-Sceaux  de  la  cil;',  de  la  ville  de  PerigueuN,  des  églises,  des  abbayes  el  <  es  comle~.  Blasons  des 
principales  villes  du  département. 

242.  GIHEliT.  —  C.vT.vi.oGii;  du  musée  d'.Vix  l)oucbes-du-Rhone),  dresse  sons  la  direction  du 
conservateur,  par  HoNonii  Giukiit.  In-I  2  de  xiv-l'i.S  page-.  —  lntrodu<'!ion.  l'einlure  :  tableaux 
d'auteurs  connus,  d.monvmes.  copie-,  dessins,  clialcograpliie.  Sculpture  iruvres  d'auteurs 
modernes,  d'anonymes,  morceaux  antiques.  .Vrcliitecture  ;  antiquité,  moyen  âge  et  renai.ssance, 
reproductions  de  moimments.  Kpigrapliie  :  monuments  l'unér.iires  égyptiens,  in.-criptions 
diverses,  votives,  lionoriiiques,  sépulcrales.  .Mélanges  :  ouvrages  flgulin-.  art  céramique,  ico- 
nologie,  tableaux  d'auteurs  divers,  dessins,  objets  divers.  .Vppendice. 

243.  GO.\T.\Hr).  —  NoTicKs  historiques,  par  N.  Goxtari'.  In-S"  de  -il  pages.  —  Translation 
des  cendres  d'll('l,)fse  et  d'.\bélard.  .Vnciemies  ahbaves  de  rarrondUsenieiil  de  Nogent-sur- 
Seine  :  Nesle-la-Rcjioste  (oOI);  Scelliére.s  orflre  de  (liteaux  IKiT);  abbaje  royale  de  Vaiilui- 
sanl  fl  127'.  Récit  historique  des  combats  de  Xogent-sur-Seine.  en  IslV;  rapputs  divers, 
extraits  de  lettres  particulières t   fr. 

Î44.  (jOl  ItX.W  i)i:  .  —  NoTicic  sur  le  <:ouvenl  de  S.iinle-Marie-d'en-llaul,  par  le  chevalier 
UAiirt.i'H  i)i;  (joi  liwv.  membre  de  la  (Commission  scicntitiipie  de  .Morée.  In-S"  de  KiO  pages  "t 
de  1 1  |)!anches. 

245.  CiR.VVOT.  —  Èrtiii-;  sur  l'.Vlesia  de  C('.sar.  .Vli.se-Izernore  .\in  .  par  .V.  Cr.Avor.  In-S"  de 
107  pages.  —  Démonstration  de  rexi.stcnce  d'une  ville.  I/.ernore.  sur  le  plateau  de  l'ossard. 
avant  l'invasion  romaine:  de  i'enipre-sement  de  (lé.-ar  ;i  regagner  sa  province  lorsque  Vercin- 
gétorix  .se  présenta  pour  lui  barrer  le  chemin;  de  la  b:itaille  (|tii  eut  lieu  dans  les  plaines  de 
Bâgé,  au  norJ-est  du  .Màcon;  du  reiuge  de  l'arméo  gauloise  d.ms  les  environs  de  Nantua. 

S46.  IIAC.llH'rTF..  —  Li:s  [iiBMOTiii:Qi:i;s  S(:ol\iri;s  prescrites  [)ar  arrélé  du  mini-tn;  de  l'in- 
struction pulili  ]'je,  en  dat-  du  !"■  juin  K-s()2.  par  L.  llAcnirni;.  In-8'  do  4.S  pages. . . .     .'iO  c. 

Î47.  H.VMON.  —  Notre-Dame  do  France,  ou  Histoire  du  culte  de  la  sainte  Vierge  en  France, 
depuis  l'origine  du  christianisme  jusqu'il  nos  jours,  par  M.  l'abbé  IIamov,  curé  de  S.rint-Sul- 
pice.  Deux  volumes  in-S»  de  xvi-ilOet  o»2  pages,  avec  de  nombreu-es  planches  dans  le  texte 
et  hors  du  texte.  —  Pr-emier  \olume.  province  ecclésiastique  de  Paris,  comprenant  les  diocèses 


3n'(  ANNALES   AliCHKOLOGIOLES. 

dp  l'iirLs.  (le  Iflois,  do  Chartres,  de  Meaiix,  d'Orléans  el  de  Versailles  :  étude  du  culte  de  la 
Viergt?  dans  ces  diocèses  par  l'Iiistoire  détaillée  des  églises,  monastères,  abbayes,  couvents, 
liopitiiux,  collèges,  confréries,  séminaires  élevés  en  son  honneur;  piété  des  rois  el  des  peuples, 
ordres  militaires,  pèlerins  de  Notre-Dame;  espiit  général  des  diocèses.  Proses,  hvnuies  et 
chants  divers,  processions.  —  Deuxièmi!  vcjlume.  ])rovinces  ecclésiastiques  de  Bourges  et  de 
Cambrai,  comprenant  les  diocèses  de  Bourges.  Clermont,  Le  Puv,  Limoges.  Saint-Flour  et 
Tulle  :  même  étude  que  pour  le  premier  volume.  —  Cluupie  volume 6  l'r. 

24s  jLH-VX.  —  C.\iiN.\c  (en  Bretagne),  fouilles  et  nouvelles  découvertes  dans  la  butte  Saint- 
Michel.  Controverse  sur  l'origine  et  la  destination  des  Carns  chez  les  anciens  peuples  de  l'Occi- 
dent, véritable  èlymologie  du  mot  Carnac,  par  L.  F.  Jéh.vn  (de  Saint-Clavien),  membre  de  plu- 
sieurs sociétés  sa\autes.  ln-8"  de   1  (i  pages 1   fr. 

2iU.  .)I)URU.\IX.  —  L"nf,  i.ettue  autographe  di-  Ouipie.-ue,  par  ti.i\t;i.M  Joirdain.  In-8"  de 
7  pages.  —  Lettre  achetée  en  I8'j4.  dans  une  vente,  au  prix  de  120  fr.;  elle  est  aujourd'hui  la 
propriété  de  la  ville  de  Dieppe. 

2.'i0.  .II'LIKN.  —  N'oTicK  liistorique  et  crilicpie  sui'  l'ancienne  église  Saint-Laurent,  par  Eugènk 
Ji:lii:n.  ornée  d'une  vignette,  par  E.  Nic.ollk.  ln-I8  de  51  pages  et  d'une  planche  représentant 
l'église  Saint-Laurent.  —  Origine  ,x''  siècle)  et  histoire  de  Saint-Laurent,  de5cri[)lion  inté- 
rieure et  extérieure:  documents  puisés  dans  Farin  sur  les  épitapiies  et  sépultures  principales 
de  l'église  Saint-Laurent  ;  conclusion  :  ce  que  l'on  devrait  faire  de  ce  monument.  Supplé- 
monl ofl  c. 

'i-jl.  L.VMBFRT.  —  C.\T\LOGUE  descriptif  et  raisonné  des  nianu.scnts  de  la  Bibliothèque  de  Car- 
pentras.  |i:ir  .V.  L\.mbert.  bibliothécaire  de  la  ville.  Ouvrage  publié  sous  l'administration  de 
M.  le  marquis  d(>  Jocas,  maire  de  Carpentras,  et  par  les  soins  de  31M.  les  membres  du  Comité 
d'inspection  de  la  bibliothèque.  Trois  volumes  in-S°,  de  xix-500  pages  environ  chacun.  — 
Notic(!  historiipic  sur  la  bibliothèque  de  Carpentras.  Divisions  diverses  :  théologie,  jurispru- 
dence, sciences  et  arts,  belles-lettres,  histoire,  mélanges:  collection  des  manuscrits  de  Peiresc, 
notice  sur  ce  dernier,  additions  aux  manuscrits  de  Peiresc;  collection  de  Tissot  (Avignon  et 
Conitat  Venaissin).  Supplément  :  manuscrits  ([ui  sont  entrés  dans  la  bibliothèque  de  Carpentras 
postérieurement  à  l'inNcntaire  géiu''ral  commencé  le  8  août  I8ii>,  et  terminé  le  23  janvier  184:i. 
—  Catalogue  remarquable  et  qui  devrait  servir  de  modèle  ii  tous  les  bibliothécaires  de  la 
France.  —  Les  trois  volumes 24  fr. 

2o2.  LASTEYKIE  ue).  —  Des  oiiigines  de  l'emaillerie  limousine.  .Alemoire  en  réponse  i»  quel- 
ques récentes  attacpies  contre  l'ancienneté  de  cette  industrie  dans  le  Limousin,  ]iar  Feiuiinam) 
de  Lasteviue,  membre  de  l'Institut.  In-S"  de  Ifj  pages 73  c. 

i'S'.i.  LFUIUDAN.  —  Histoire  des  seigneurs  et  de  la  seigneurie  de  Kouliaix.  par  Tti.  Leuridan, 
con.servateur  de  la  bibliothèque,  des  archives  et  du  mu?ee  industriel  de  Roubaix.  Ouvrage  cou- 
ronné par  la  Société  impériale  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts  de  Lille.  ln-8°  de 
384  pages  et  d'une  planche.  —  Origines  :  la  ville,  la  paroisse,  la  seigneurie.  Première  partie, 
les  seigneurs  :  seigneurs  de  Roubaix  sous  les  comtes  de  Flandre.  Jean  de  Roubaix  el  les  ducs 
de  Bourgogne,  seigneurs  de  Roubaix  des  maisons  de  Luxembourg,  de  Werchin,  de  .Melun,  de 
Ligne  et  de  Rohan-Soubise.  —  E)euxième  partie,  la  seigneurie  :  de  la  hiérarchie  féodale  des 
personnes  et  des  terres,  de  leui-  condition  et  de  leurs  rapports  entre  elles,  lief  dominant,  fiefs 
servants,  droits  dits  féodaux',  droits  singuliers,  juridiction  seigneuriale,  baillis  et  lieutenants 
de  Roubaix.  Pièces  justilicatives o  fr. 


lURLIOdllM'IllK    ICABT   KT   1)' A  IICII  KOl.OC,  I  F..  oOô 

S54.  MACf!.  —  XoTKs  iiH'ditos  de  Villars  sur  (niol(|iios  l)iil;misl(S  (lnll|ll^Ilûi^.  l.crluri'  l.iite  ii 
l'Acadoinii'  <ii"l|)liiuali\  [y.w  Antoim;  .Mvck.  Iii-I2  de  14  pai-'os. 

255.  .M.VlGMi:.N.  —  (Iale^winthi;, •draine  en  cinq  aeles  et  en  vois,  par  C.-N.  .MviciMK.v.  doyen 
do  la  Faculté  des  lettre-;  do  (jrennlilo.  Iii-s°  de  llf)  pai;es.  —  Vii)i.'l-d(Mi\  e\emplaires  seule- 
ment sont  en  vente lit  fr. 

■25(i.  M.VRIÎV.VI'.  —  l'oTTiin  ANii  I'ohoici.mn.  Histoire  de  la  piiterie  et  de  la  |ioicelaine  au 
moyen  àgo  et  dans  les  temps  modernes,  par  .1.  Mviiin  at.)  l)eii\iome  édition,  vc\uf  el  auginon- 
lée.  Fn  \oliimo  in-8"  de  4!l(i  pages,  a\ee  210  gravures  sur  bois  dans  le  t'xie  ol  6  planehes  en 
couleur.  —  l'oterios  espagnoles,  italiennes,  françaises,  allemande-.  Ilamaiides,  liollandaises. 
anglaises.  l'orcelairn^s  orientales,  ouidpeennes,  anglaises  et  françaises.  Manufactun-s  il'lt^die  et 
d'Kspagno.  .\ppendiro  contenant  un  glossaire  des  termes  usités  dans  la  de^cri|ltion  de  la  poterie 
el  de  la  porcelaine;  une  table  des  marques  et  monogrammes  dos  peintres,  décorateurs  et  do- 
reurs, employés  dans  la  manufacture  royale  di'  Sevrés  do  I".'j3  ii  ISttO,  ou  trouvés  sur  les  pot(>- 
ries  et  les  porcelaines:  une  liste  des  collections  p:;rliculiéres  dans  la  (irande-Iirelagne.     4')  fr. 

2o7.  .MÉ.M0iHi-:s  de  la  Société  impériale  il'agriculture,  sciences  et  arts  dWngers  (ancienne  .\cadc- 
mie  d'Angers).  Nouvelle  période.  IStil.  Tome  cpiatrieme.  In-S"  do  i'Vî  pages  el  de  ls  plan- 
ches. —  Résumé  des  travaux  de  la  Sucii'lé  pendant  l'année  ls(JO.  |)ar  .M.  Soiun.  prisiilonl.  I.e 
drainage  el  son  a[)plication  dans  le  département  do  Maine-el-Loire.  par  -M.  TwiiuNiicH.  Noli' 
sur  un  [)rocès  criminel  jugé  ;i  Sauinnr  en  1714,  par  .M.  C.oi  utili.ikr.  Considérai  ions  sur  l'im- 
position des  noms  et  leur  inihionce,  par  M.  Ticxtohis.  —  Antiquités  celtiques  :  numismatique 
angevine,  par  M.  GoiiArui-F'Ari,Ti\ii:n.  —  I.eltres  relatives  à  la  restauration  d(>  Saint-Maurice, 
adressées  il  ,M.  le  mini-tro  de  l'instruction  publique.  |iar  >I.  l'abbi'  \.  Iiviuui:ii  m:  Moxtmi.t. 

258.  MÉ.MOiiiES  do  la  Société  des  antiquaires  do  l'Ouest.  .Vnnees  ISfiil-iil.  In-S"  de  xvi-560  pages 
et  de  8  planclies.  —  Ha|>porls  et  discours  divers.  Roclierclios  arcliéolugicpios  dans  les  environs 
do  Saint-Iîcnoît-du-Saull  Indre),  sur  les  cliàtoaux,  abbayes,  églises  et  tondjoanv,  par  .M.  le 
docteur  K.  hk  Bkalfort.  Notes  archéologiques  d'un  voyage  à  Saint-l'ierie-ih'-.Maillé  N'ienne,, 
par  l'abbé  Ai'BKit,  historiograiihe  du  dioci'.se  do  l'oiliors.  —  Histoire  et  biographie  judiciaire  : 
Nolice  sur  le  piésidial  de  l'oiliors,  par  .M.  m-;  IJennks,  conseiller  a  la  cour  impériale,  listes 
alphabéli(|ues  des  princi|)ales  localités  et  familles  sur  lesipiolles  d.'s  détails  sont  donnes  dans  ce 
volume Ht  fr. 

259.  .MINZI.OFF.  —  Soivi.Mii  de  la  liibliotliéqiie  impériale  |iubli(|ue  de  Saint-lVMersbourg,  con- 
tenant dos  gravures  et  autres  feuilles  volantes  du  xv  siècle,  trouvées  ol  publiées  par  C.  H.  Mixz- 
LOFF,  conservateur  en  chef  de  la  Bibliothèipie.  —  (iraïul  in-4"  de  24  [lagos  et  de  H  planches 
presque  toutes  coloriées.  Les  principales  de  ces  planches  représentent  ;  une  ima.i^e  de  sidnl 
Jérôme,  gravée  sur  bois  vers  1400;  un  Jugement  dernier,  gravé  également  sur  bois  ol  à  la  même 
époque;  un  feuillet  d'un  missel  de  Broslau  on  148:Jot  un  fouillel  du  missel  de  Cracovio  imprimé 
en  1484:  Jésus-t^.hrist  sur  la  croix,  gravure  on  taille-douce,  do  ri.(i(i,  du  maître  F.  S.      10  fr. 

260.  Notice  hisUn-ique,  archéologiiiue  et  géologique  sur  la  \  illo  et  rarrondisseinont  do  Roanne, 
présentée  au  Congrès  .scient ifiquo,  dans  sa  xxix''  session,  à  Saint-Ktionno  (Loire).  In-18  de 
III  pages.  —  Notion»  générales  :  origines  historiciuos  du  département  de  la  Loire,  do  la  ville 
et  de  l'arrondissement  de  Roanne.  Arrondissemenl  de  lioanne,  régioti  do  l'ouest  ;  Roi/.},  Saint- 
Haon-le-Chalel .  .Ambierlo,  Sainl-Andro-d'Apchon  ,  Saint-.Mailin-d'Fstreaux  ,  Lapacaudière, 
Crozet.  Saint-Gcrinain-rFspinasso.  Région  du  nord  :  La-l!cnissons-l)ieu ,  Charlieu,  Montre- 
gnard.  Région  de  l'est  ;  l'erreux,  Sainl--Marcel-de-Felines,  Piiiay,  Saiut-1'riest-la-Roche.  Ré- 


306  ANNALES   A  liCH  KOLOG  1  O  l  ES. 

gion  (lu  sud  :  Saint-Germain-I.aviil,   Saiiit-.lu^l-en-Clievali'l ,  Bully,   Saint-Maurice-sur-Loire, 
Vill  rel.  Notice  géologique I   Ir.  30  r. 

2t)l.  ORDINAIRE.  —  Deux  époqi  es  miliUiiros  à  Besancon  et  en  Franche-Comté  (1674-1814;, 
l>ar  Li;o\  Oiinix.viui;,  capitaine  d'artillerie.  Ouvrage  couronné  par  rAcadémie  de  Besançon. 
n>'iix  volumes  in-8";  ensemble,  de  viii-927  pages,  avec  un  plan  du  siège  de  Besanvon,  par  les 
Français,  en  1674.  —  Histoire  des  six  années  qui  séparent  la  conquête  de  1668  de  celle  de 
1674  :  occupation  française,  gouvernement  des  chefs  militaires  imposés  par  l'Espagne,  événe- 
mi'nts  antérieurs  aux  travaux  du  siège,  organisation  des  armées,  journal  du  siège  et  récit  des 
otiératioiis  elTectuées  par  les  corps  d'observation.  Journal  de  la  marche  des  armées  alliées  et 
(lu  blocus  (If  la  ville  pendant  les  derniers  jours  de  1813  et  les  quatre  [)remiers  de  1814.  Histoire 
(les  constructions  militaiios  de  Besançon,  de  1674  il  181  i.  —  Les  deux  volumes. .....     2  fr. 

262.  PROT.\T.  —  Les  Gbafkiti  de  Neuvy-sur-Baranjon  (Cher  ,  par  11.  I'rotat,  membre  rési- 
dant de  la  commission  di'partemeiitale  des  antî([uilés  de  la  Cote-dOr.  In-i"  de  7  pages.  Rien 
de  plus  concluant  et  de  plus  curieux  [)onr  montrer  que  ces  inscriptions  ou  «  gralEti  »  sont 
l'uîuvrc  d  lin  faussaire  et  d'un  mystificateur. 

263.  Ol'.VST  (di:  et  VERNFILH  :  de  .  —  Les  É.maux  d'.Mlemagne  et  les  émaux  limousins.  Com- 
munications (le  .M.M.  les  barons  de  Quast  et  F.  de  Verneilh,  membres  de  l'Institut  des  pro- 
vinces de  France,  au  Congrès  scientifique  de  Limoges.  In-S"  de  18  pages. 

'264.  R.  .  .  .  —  Notice  liistoriipie  sur  le  saint  .Mors  de  l'empereur  Constantin,,  conservé  dans 
l'église  (le  Saiiit-SillVein,  à  Caipentras,  par  l'abbé  R.  .  .  .  In-18  de  262  pages  et  d'une  plan- 
che. —  Authenticité  du  saint  Mors.  Invention  des  reliques  de  la  vraie  Croix.  Transformation 
de  l'un  des  clous  du  Sauveur  en  mors  de  cheval.  Vénération  dont  cette  relique  était  l'objet  à 
Constanlinople.  Sa  translation  à  Carpenlias.  au  xiii"  siècle.  Sa  forme.  Sa  conservation  dans 
l'église  de  Saint-Silirein.  Culte  dont  le  saint  Mors  est  l'objet.  Miracles. 

26';.  RAMBOUX.  —  Kvtvloo  ilor  Geiniilde  aller  italienischer  .Meister  (1221-1640)  in  der  Samm- 
lung  des  Conservator  J.  A.  Rambolx  't^aialogue  des  tableaux  des  anciens  maîtres  italiens  de  la 
colleclion  de  M.  le  conservaleur  Bamboiix!.  In-16  de  66  pages. 

266.  UIClI.VIiD.  —  MoNO(ii,Ai'MiE  du  bourg  et  de  la  terre  de  Maiche.  suivie  de  notices  histori- 
ques sur  les  anciennes  .seigneuries  de  la  Franche-Montagne,  Trévillers,  Franquemont,  Saint- 
.Iiilien,  Ri-aumont,  \ennes.  Chàtelneu!'-en-Vennes  et  Chàtillon-sous-Maiche,  par  l'abbé  Richard, 
curé  de  Dambelin.  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  In-8"  de  74  pages... .     I   fr.  50  c. 

267.  UOSENZWEIG.  —  Statistiqie  archéologique  des  arrondissements  de  Lorient  et  de 
Vannes,  par  M.  Rosenzweig.  M mumenls  du  moyen  âge.  Deux  brochures  in-S°,  de  68  pages 
chacune.  Beaucoup  de  renseignements  sur  les  anciens  artistes. 

268.  ROST.VN.  —  Mom.mems  iconogr.iphiqiies  de  l'église  de  Saint-Maximiii  (Var).  Monuments 
et  sarcophages  de  la  crypte.  Texte,  par  .M.  L.  Rosïax,  correspondant  des  ministères  d'État  et  de 
l'inslruciion  |)ublique,  pour  les  monuments  et  les  travaux  historiques;  dessins,  par  M.  Tu.  Ros- 
TAN.  oflicier  de  marine,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique.  Petit  in-folio  de  ii-24  pages  et 
8  planches.  —  Sarcophages  de  la  crypte  'art  chré'ien  |>rimilif!;  chape  de  saint  Louis  d'Anjou 
(\iii'  siècle;:  peinlures  du  retable  de  l'autel  de  «  Corpus  Domini  »  (xvr  siècle);  sculptures 
du  chœur  (wir  sièclei .  Étude  des  sarcophages  et  des  pierres  funéraires  de  la  crypte;  leur  des- 
criplim;  tombeaux  de  .sainte  .Madeleine,  .les  .-aints  Maximin  et  Sidoine,  des  saints  Innocents; 
frise  d'un  cinquième  tombeau,  superposée  a  celui  de  saint  Sidoine.  —  Savante  étude  sur  lo 
plus  ancien  art  chrétien 6  fr 


RlIll.KXii;  \I'II1K   D'Miï   Kl   li'MiClIKOl.OClK.  ;i07 

Î6i).  UOLUEli.  —  L'Aiii  Auciinra  ri  itM.  imi  l-iiinco  <l<>|)ui-;  l"i\in(;oi>  I'"'  jusqu'à  Louis  XIV.  — 
Motifs  de  ilcronilion  itili-ninirc  ot  cxli-riinirp.  dcssinos  d'iiini's  tU'^i  nioilclcs  e\éculés  et  inédits 
dos  princi|iali'sii|)(K|Ut'sdi>  hi  liciKjissiiiici',  par  lÙHiicM':  Hu,m;ii.  iiiiiiilccto.  l.ivniis.ms  i(i  ii  iS, 
contpiiiinl  ("i  L:ra\iin'>  iii-'r'.  donnant  dos  plans,  coupas.  olo\alions  ot  di'lails  do  l'oi^diso  Sainto- 
(;iotildo.  au\  Andc'lys.  (^IwKpio  livraison  do  l'ouvraizo  qui  on  conliondia  cimpianli'.   I  IV.  GO  c. 

270.  S.\INT-I.\l"l!i;N'r  (m:  .  —  I,\  piiiîmi-:  t)i;  AImiii;  ot  lo  licm  l'aslour.  Kindo  sur  un  saioo- 
pliairo  d'Aiios.  par  II.  (iiiiMoi\n»  di:  SMNT-I.Anii  \r.  In-S"  d  ■  li)  pa^'os I   IV. 

571.  SAI.\.VN.  —  llisiomi:  j.'onor,do  d(!  l'i'uliso  do  Toulouso.  dopuis  los  loinps  los  plus  roonlos 
jusipi'à  nos  jours,  par  l'abbi'  Sai.vax.  rlianoino  honoraiio  di;  Toulouso.  niondiro  do  plu-iours 
soolotos  sav.inlos.  Tonio  <pialriorni'.  Troi.-ionio  partio.  louips  niodernos.  ln-8"  do  iisl  paj;os. — 
llisloiro  dopuis  l'opisropat  de  Joan  d'Orloans,  on  1 50:',  jusipi 'au  concordat  onlro  Pio  VII  oL 
Bonaparte  on  isill.  Souveraineté  tomporolle  de  Toulouse.  S  uvoraiiiolo  spiiiluollo  do  Tonlou»''. 
ses  arohovoquos.  concdes  et  autres  assemliloe-;  o!al)lis-(>nionts  i-olii;iou\  du  Tiuliiusain.  Ii'ni> 
noms  et  fon<l,itions;  personnages  celèlires  ou  illusli-os  par  leur  saiuloto.  —  Ce  i''  \olnnio.  (i  fi-. 
L'ou\rage  coinpio! 21  fr. 

Î7'2.  S('.HAIil'KI-;NS.  —  Zii.M'ii)i>i.i«.  par  .\iinai'i>  ScirMcoKiiNs.  ln-<S°  do  '■>  ("liîos  <•!  de  i  plan- 
ches repré.-entatit  la  partie  lalorale  du  clui'ur  do  l'oLiliso  do  Susioroii  (t-IvIo  roman),  sceau  l'I 
monnaie  du  roi  Zuontibold  et  tondio  do  la  reine  t'Ioiirude. 

573.  Sl'.II.VEPKliNS.  —  ()[(m::\ii:\t~  d'arolnlorluii'.  p;ir  .VnNArn  Scmm:okins.  Iii-S"  do  i  pai;os 
et  d'une  |)lanclio  ropros"nlanl  un  -cran  en  usa^o  au  W'  siècle, 

571,  SKMIOIION.  —  llr-^Toirii:  (\f  la  ville  d'.Vumale  'Soino-Inl'erieure  ol  de  so~  institutions, 
depuis  les  temps  anciens  jus([u'ii  nos  jours,  par  1ùim>t  Sr;.MiciioN.  avocat,  conseiller  jro- 
noral  de  la  ?pino-Inforioure.  Doux  volumes  in-S",  do  (;i,\-'i27  ot  4S7  pML'os.  ot  du  plan  (U^  la 
ville  d'.Vumalo  et  do  son  ;incion  Imu^aLC  ou  hanliouo.  av(-c  l'indication  dos  liuutes  de  la  com- 
mune actuelle.  —  Introduction  ;  Uno  ville  du  mo\on  àu'O  et  de  1  ancien  réi^imo.  sa  vie.  ses 
institutions.  —  l'iondore  partio  :  llisloiro  d'.Vnmalo.  la  ^ilnation.  les  Iradilions  ot  los  selirnours 
de  cette  ville;  titres  anciens,  institutions  administratives  et  civiles.  ori.L-ino  des  IVanidiises  com- 
munales, édifices  municipaux,  conunerco  d'.Vumalo;  le  cliàtoau,  murailles,  jjlaoes,  rues  et  che- 
mins. —  Seconde  partie,  établissements  religieux  et  de  cliarit(''  :  (lollé.-ialo.  al)ba\o  ju.-qu'à  la 
fin  du  XII*  siècle,  p 'tidanl  le  xiic  siècle;  é.^lisos  Saint  ■-.M.iryuerito.  Sainl-l'iorre  ot  Saint-Paul; 
hôpital,  léproserie,  |)énitonls.  confréries.  —  Troisième  parlie,  étidilissements  d'insiruction 
publique  :  Écoles  et  colle.ïe.  —  Ou.itriémc  partie;  ;  Histoire  dos  événements  d^.iit  .Vumalc  lui 
le  tliéàtre,  époque  ci'ntonq)!)raino.  .Appendice.  Tabf^s  alplialiéli(pie  et  cl>ronoli>i^i<pie  de^  noms 
do  personnes  ol  de  lieux,  des  chirlos  et  des  pièces  cileos  dans  cet  ouvrai;e.  l,oxi<)ue  de  (juel- 
ques  termes  de  l'ancien  langage  franrais.  Les  deux  volun'.os I.'i  tr. 

Î7.'j.  SÉNr:.\LVl'n.  —  l.v  [fi'n.ioTuioQn:  d(>  (lliaiies  d'Oileans,  CMnite  d'.VngouIcmo.  au  cliàtoau  do 
Cognac  en  l'i!)l),  publieo  pour  l.i  |in>miore  lois  p  r  L;i.  Si:.\i;.mai;i),  prol'ossi'ur  au  lycée  impé- 
rial d'.Vngoulôme,  archiviste  adjoint,  ln-^"  de  ',):!  pages.  —  IiiMiot!ié(in(>  Inventoriée,  en 
novendjre  1  l'Jf),  par  l''ninçois  t^orlieu.  lieulonanl  gi'Miéral  du  séiioclial  d'.\ngoumiii-,  et  dont  le 
catalogue  comprend  [ilus  de  IsO  volumes  en  7'J  articles,  tant  nianusciits  (pi'inq)rimés. .     .•>  l'r. 

576.  SEVrZ.  —  NoTicK  sur  la  bijoiilori(;  ol  l'icono.Taphie  ndigieuses  des  campagnes  de  la 
Savoie,  jiar  LAi'nr.Nr  Si.vicz.  In-S"  de  iH  pa.es  ot  de  :{  planc'hes,  représentant  los  [irincipales 
formes  de  croix  (forme  grecque)  usitées  on  Savoie, 

577.  Sl'.\(;n,   —  L  Ai»:iii:oi.ooii':  Jérémie-Jacqucs  Obei  lin,   piar  Lotis  Spacii,  archiviste  du  dé- 


308  ANNALKS   A  lîCH  F.OLOG  lOU  ES. 

piirii'iiKMit  (lu   lias-Kliin.  (iiurid  iii-H"  tle  lo  paires.  —  Naissance  d'Oberlin  i8  aoûl  IT.S.'l),  ses 
éluiles  et  ses  travaux,  sa  mort  '8  octobre  1806);  publications  d'Oberlin. 

278.  SPACH.  —  L'Abbaye  de  Neubourg  au  moyen  âge  et  la  na\  libation  du  Tiliin,  par  Lovis 
Spacii.  Grand  in-8°  de  lîl  pages.  —  Notice  sur  l'abbaye  de  Neubourg,  de  l'ordre  de  Citeaux. 
fondée  en  1128  par  Rcinliold.  comte  de  Liitzelbouri;,  et  par  Frédéric,  duc  de  Souabe;  détails 
sur  les  privilèges  impériaux,  roxaux,  épiscopaux,  accordés  au  couvent  de  N'eubourg,  pour  user 
du  droit  de  commerce  sur  le  Rhin;  pièces  justilîcatives:  liste  des  abbés  de  l'abbaye  de 
Neubourg. 

î''.K  SPAGll.  —  CoMiAn  do  Bussnang,  évèque  de  Strasbourg,  ;i  Itoutlach.  par  Louis  Spach. 
archiviste  du  Bas-Rhin.  In-8"  de  -56  |)agcs.  —  Biographie  de  Conrad  de  Bussnang,  élu  évêque 
de  Strasbourg  en  octobre  1439;  charte  do  Henri  de  Hasenbourg,  évéque  de  Strasbourg,  con- 
cernant la  fondation  du  prieuré  de  Saint-Valentin,  h  RoutTach,  en  1183. 

280.  SP.vr.ll.  —  Érnus  sur  quelques  poi-tes  alsaciens  du  moxen  âge.  du  xvi''  et  du  xvii«  siècle, 
[lai'  L.  Si'ACM.  ln-18  de  169  pages.  —  Recherches  sur  Godefroid  de  Strasbourg,  Sébastien 
Bianl.  Fiscliait.  Moschorosch;  analyse  rapide  et  intéressante  de  leurs  œuvres. 

281.  SPliLNGER. —  Ui;.^iiTiFi(.iBLS  .MONAcnis  et  laicis  medii  .Tvi.  par  Antoine-Henri  Srai.N- 
<ii:B.  In-i°  de  44  [lages.  Dissertation  importante  sur  les  arli>les  des  différentes  é|)oques  du 
moyen  âge 3  fr.  •50  c. 

282.  THIB.VLD.  —  GiiDE  en  .Unergnc.  Itinéraires  historiques  et  des(;riptif'saux  eaux  thermales, 
illustrés  de  100  gravures  sur  bois,  par  I'I.mile  Tiiibaud,  membre  de  l'Académie  de  Clermont 
et  de  plusieurs  sociétés  savantes,  ln-12  de  391  pages,  avec  la  carte  de  la  vallée  de  Royat  et 
du  Pu\-de-Dome,  et  le  plan  de  (;iermont-Kerrand.  —  (Jéographie  :  géologie,  totanique,  cli- 
mat, paysages,  montagnes  du  Gantai.  Habitants  :  coutumes,  u.sages,  état  moral.  Histoire  :  ères 
gauloise,  .gallo-romaine,  féodalité,  administration.  Statistique  :  agriculture,  industrie,  commu- 
nications. Eaux  thermales  et  minérales.  Itinéraire  des  excursions.  Recherches  archéologiques. 
Glermonl  :  Histoire,  monuments  civils  et  religieux.  Vallée  de  Royat  :  eaux  thermales,  grottes 
méiihitiques,  bains,  histoire  et  légendes.  Pontgibaud,  Riom,  le  ilont-Dore,  Vichy,  Thiers  et 
ses  environs,  Issoire,  Billom,  Ambert,  le  Cantal,  le  Bourbonnais.  Dictionnaire  topogra- 
phique, etc.  On  sent  ipi'un  artiste  archéologue  est  l'auteur  de  ce  livre,  car  l'art  et  l'archéologie 
du  moyen  à.i.'e  y  occupc^nt  une  [ilace  considi'rable.  —  Ce  volume  cartonné o  fr. 

283.  TEISSONMER.  —Notice  historique  sur  saint  Gilcs.  avant  et  après  sa  mort,  ou  saint 
Giles,  son  monastère  et  son  culte,  par  l'abbé  Teissonnier,  prêtre.  In-lS  de  222  pages  et  d'une 
planche.  —  Naissance  de  saint  Giles.  en  Grèce,  au  vw  siècle:  .«^a  retraite  dans  la  Gaule  méri- 
dionale, son  monastère  dans  la  vallée  Flaviemie  et  sa  mort  vers  l'année  720.  —  Culte  de  saint 
Giles  a  Sainl-Giles  et  aux  environs,  dans  l'oue-t  de  la  France,  à  Luçon  et  dans  la  Grande-Bre- 
tagne, en  .\llemagne,  en  Bavière,  en  Hongrie,  en  Pologne,  etc.  —  Histoin^  des  reliques  de 
«lint  Giles.  leur  di'pot  il  Toulouse,  recoiivreEuent  de  ces  reliques.  —  .Xddition  ii  la  notice. 

284.  TOCRNEUR.  —  (l\THi;nBALE  de  Reims,  par  l'abbé  Toiknelr,  curé-archiprètre  de  Sedan. 
In-S"  de  28  pages.  —  Extrait  de  la  «  Statistique  historicpie  du  département  de  la  Jlarne  n,  par 
.\t>0LPHi;  GuKRARD.  nviiibrc  de  la  Société  des  gens  île  lettres. 


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PAR  :!i:iT>X-!i  Â  PAiliS 


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LA    lM)RTi:    DES    MARTYRS 


A   iXOTRE-DA^Ji:   l)i:   PARIS 


l.a  i^raviire  placée  en  tète  de  cet  article  représente  sans  contredit  un  des 
plus  beaux  exemples  de  sçul|>ture  de  la  seconde  moitié  du  xiif  siècle,  l.a 
cathédrali^  de  Paris  nous  montre  cette  nnivre  vraiment  liors  ligne  au  tymi)an 
du  portail  méridional,  connu  sous  le  nom  de  <>  Porte  Saint-Marcel»,  ou 
plutôt  «  Porte  des  Martyrs  »,  en  raison  d'un  certain  nombre  de  martyrs 
sculptés  à  la  voussure  du  portail  *.  Celte  porte,  ouverte  sui-  une  des  cours  du 
palais  épiscopal,  était  jadis  réservée  à  rÉvèciue, 

Voici  bien  des  années  déjà  (juc  le  public  n"est  jioint  admis  à  contempler  ce 
portail  et  les  nombreuses  sculptures  dont  il  est  décoré;  quelcjues  artistes  ou 
archéologues  seuls  ont  eu  le  privilège  de  les  étudier,  de  les  dessiner.  Tout 
dernièrement  encore,  le  croisillon  méridional  tout  entier  était  en  réparation  et 
revêtu,  de  la  base  au  sonnnet,  d'un  innnense  échafaudage  qui  le  voilait  com- 
plètement aux  regards.  Cependant,  c'est  grâce  à  cette  forêt  de  charjientes, 
chef-d'œuvre  du  genre,  que  nous  avons  pu.  aidé  par  la  photographie. 
recueillir  non-seulement  le  bas-relief  du  tympan  reproduit  aujourd'hui  par  la 
gravure,  mais  encore  les  trois  rangées  de  personnages  placés  dans  la  voussure 
du  portail.  A  cette  heure  le  croisillon  méridional  est  h  peu  près  restauré,  à 
l'exception,  toutefois,  de  la  porte  môme,  où  nous  voyons  encore  douze  niches 

1.  L'arcliitccte  de  Notry-Danie,  M.  Viollet-io-Duc,  nous  disiiit  réccmmonUiue  le  vériialilo  nom 
de  celte  baie  était  celui  de  «  Porte  Saint-Étieniio  ».  —  La  «  l'urte  Saint-Marcel  »  serait,  parait-il, 
celle  qui,  placée  au  pied  de  la  tour  méridionale.  >e  dcsi.une  aujourd'hui  sous  le  nom  de  «  Porte 
Sainle-.\nne  ».  et  qui  montre,  adossée  au  trumeau  central,  la  figure  de  saint  Marcel,  neuvième 
évéque  de  Paris.  Par  quelle  suite  de  circonstances  cette  perturbation  dans  la  désignation  des 
portes  de  la  cathédrale  s' est-elle  produite?  C'est  ce  que  nous  ne  saurions  dire,  mais  il  nous  parait 
hors  de  doute  que  le  savant  architecte  do  la  métropole  parisienne  doit  avoir  raison. 
XMI.  kd 


310  ANNALES  ARCH  KOLOGIOU  ES. 

vides;  sans  compter  le  trumeau  central,  veuf  de  sa  statue.  Malgré  ce  qui 
reste  encore  à  faire,  on  peut  di'jà  juger  de  rellet  ([ue  produira  d('sormais 
l'œuvre  di;  Jean  de  Chelles.  dont  l'habile  restauration  t'ait,  dès  aujourd'hui, 
le  i)lus  grand  horuieur  à  la  science  de  M.  Viollet-le-Duc. 

11  faudrait,  à  coup  sur,  un  long  travail  pour  décrire  complètement  la  façade 
du  croisillon  méridional  de  Notre-Dame.  —  Ce  travail.  M.  Didron  l'a  fait  en 
partie  dans  une  série  d'articles  publiés  par  la  «  Uevue  de  Paris  ",  en  1835, 
sur  rici)nogra|)hie  de  Notre-Dame  de  Paris;  puis  !M.  le  baron  de  Guilhermy 
l'a  dévelojipé.  avec  le  talent  (jui  lui  est  propre,  dans  son  u  Itinéraire  archéo- 
logique de  Paris  ».  publié  en  1855.  vingt  ans  après.  —  Peut-être  un  jour 
essayerons-nous  à  notre  tour  de  retracer,  à  l'aide  de  gravures,  les  beautés 
innombrables  de  cette  merveille  architecturale.  Mais  nous  devons,  pour  aujour- 
d'hui, nous  borner  à  l'examen  du  })ortail  seul,  et  surtout  de  son  tympan,  où 
se  trouve,  tracé  en  six  épisodes  bien  distincts,  le  mailyre  de  saint  Etienne. 

11  est  de  certaines  œuvres,  sculptées  ou  peintes,  gravées  ou  écrites,  devant 
lesquelles  tout  sentiment  de  critique  se  tait;  devant  lesquelles  on  n'a  réelle- 
ment de  volonté  que  pour  adurirer  sans  réserve  et  louer  avec  émotion,  avec 
bonhetu'.  Si  nous  ne  faisons  erreur,  le  tympan  de  la  Porte  des  martyrs  est 
une  de  ces  œuvres.  —  Nulle  ]iart,  en  ctl'et.  nous  n'avons  pu  voir  la  statuaire 
gothi([ue  aussi  bien  comprise,  aussi  l)icn  traiti'e.  — Jamais,  nous  semble-t-il, 
l'architecture  et  la  sculpture  n'ont  été  si  bien  d'accord,  n'ont  vécu  en  si  bonne 
harmonie,  n'ont  mieux  réussi  à  se  faire  mutuellement  valoii".  —  Piationalisme, 
heureuses  proportions,  beauté  des  lignes,  caractère  imposant,  tout  s'y  trouve, 
et  l'exécution  y  monte  à  la  hauteur  de  la  conception.  Jean  de  Chelles,  cela 
est  incontestable,  était  un  maitre  d'un  immense  talent,  d'une  science  profonde  ; 
cette  partie  de  la  cal  ln'drale  de  Paris  en  témoigne  hautement.  Mais  il  faut  avouer 
aussi  (jue,  pour  arriver  dans  son  travail  à  cette  perfection  qui  nous  étonne 
aujourd'hui,  l'architecte  a  été  parfaitement  compris,  puissamment  secondé 
par  les  sculpteurs,  imagiers  ou  ornemanistes,  qui  travaillaient  sous  ses  ordres. 
Le  maitre  du  xiii"  siècle  fut  en  cela  plus  heureux  que  les  nouveaux  architectes 
de  Notre-Dame  (jui,  au  début  de  la  restauration  de  cet  édifice,  eurent  à  former 
toute  une  phalange  de  sculpteui-s  et  de  peintres  auxquels  il  fallait  le  plus 
souvent  ti'acer  des  dessins,  figures  ou  ornements,  de  la  grandeur  même  de 
l'exécution.  11  est  à  présumer  cjue  les  architectes  des  xiii'^  et  xiv"  siècles 
n'étaient  point  réduits  à  une  semblable  nécessité,  et  qu'il  était  laissé  aux 
peiiili'es  et  aux  sculpteurs,  parfaitement  stylés  du  reste,  une  vaste  latitude. 
Les  siècles,  malheureusement,  se  succèdent  sans  se  ressembler.  Il  est  permis 
de  croire  cependant  que  les  arts  du  moyen  âge,  mis  de  nouveau  à  l'étude, 


LA   PORTE   DF.S   MMiïVUS   A   NOTUF.-D  AM  F,   DF   PAniS.  311 

depuis  plus  de  Ireiile  ans.  ni'  simmuI  pnini  di'  siF'it  di'il;ui;iii's.  cl  (|irinii'  nou- 
velle école  d'artistes,  propres  à,  rcslaurcr  les  ancii'ii.--  inonuniLMns  de  noire 
pays,  ne  sera  plus  à  créer  oiicoro.  Les  d/'li-aeleui-s  do  Tari  i;-ollii(|ue,  on  doit 
en  convenir,  deviennent  n'ellenienl  du  plus  en  plus  l'ares;  el  s'il  esl  encore 
un  certain  nonilire  de  persoinies.  croyant  séricusemenl  à  l'inipossiljiiili''  d'a[)- 
pliquer  rarclut(>cl(n-e  de  saini  Louis  à,  nolro  siôele  iiidusiriel.  il  en  esl  peu. 
en  revanche,  ([ui  ne  lonihenl  d'acconl  poiu'  louer  sou  imposante  beauli!',  sa 
richesse  féconde  et  sa  lari;-e  poésie.  A  ceux  (pii  pcrsisleni  (|nand  même  à,  nier  la 
beauté  des  œuvres  du  moyen  âge,  nous  conseillerons  d'allei-  contempler,  mainte- 
nant cpie  la  restauration  en  est  achevée,  la  sjileiidide  façade  de  .lean  de  Chelles. 
S'ils  sont  de  bonne  foi.  ils  reviondi'ont  convertis,  nous  en  sommes  convaincu. 
Les  deux  façades  du  ti'ansept  de  la  calliiMlrak'  de  l'aris  oH'reiil  la  |)lus 
grande  analogie,  une  identih''  presijue  complète.  Il  est  pi'rmis  de  les  dater 
l'une  et  l'autre  de  la  même  épo(|ue  et  de  les  aftril)uer.  sans  la  moindre  hi'>ila- 
tion,  au  même  artiste.  IMus  heureux  que  le  portail  du  nord,  le  portail  du  midi, 
dont  nous  nous  occuperons  seulement  ici,  montre  sr)n  acte  de  naissance  taillé 
dans  la  pierre.  En  elTel.  au  soubassement  de  la  façade,  de  chaque  côté  du 
portail,  on  lit  la  précieuse  inscription  suivante,  com|)()sé'e  do  magniri(|ues 
caractères  sculptés  en  relief  dans  la  pierre;  inscription  (jui,  non-seulement 
donne  la  date  de  la  construction,  mais  encore  vient  nonniier  le  directeur  des 
travaux,  le  maître  de  l'œuvre  : 

+  ANNo  •    DM  •    M  •    ci:  •    Lvii  ■    MivNSK   •    i-iinRVAiuo  •     in\s  ■    si:i;vM)0  ■    iiiii:  •    ivit  • 

INCKPTVM    •     CRISTI    ■     GUNITCIS    •     llONdlU:  j    KALLKNSl    ■     LVTIIDMO    ■    VIVIONTi;    •     lollANNH    ■ 
MAlilSTUO    : 

Voilà  qui  est  bien  positif  :  c'est  en  J!2r)7.  sous  Tépiscopat  de  l«egnault  de 
Corbeil,  par  conséquent,  f|ue  cette  importante  partie  de  la  cathédrale  pari- 
sienne fut  élevée.  Jean  de  Chelles  est  ici  désigné  sous  l'humlile  litre  de  tailleur 
de  pierre  :  cette  modestie,  celle  hmniliti'  laisseraient  |)res(iuc  supposer  (pie  la 
rédaction  de  l'inscription  lui  a|)parlient.  (Uioiqu'il  en  soit  do  celle  supposition, 
la  désignation  de  tailleur  de  pierre,  appli(|iiée  >à  l'auteur  d'une  (euvi'e  de  ce 
mérite,  doit  paraître  de  nos  jours  au  moins  singulière.  L'inscriplion  du  croi- 
sillon méridional  de  notre  cathédrale  nomme  donc  l'ai-chiloct(>.  ce  (pii  esl  foii 
bien  vu  et  d'une  grande'  ulilih;  aux  historiens  ujoderiies  (!(_'  nos  vieux  monu- 
ments; mais  pour(|uoi  ne  voyons-nous  jias  aussi,  à  la,  suite  di.'  son  nom.  ou 
sur  un  emplacement  ([uelconque,  en  caractères  plus  modestes  si  l'on  vent,  les 
noms  des  imagiers  (|ui  ont  fouillé  avec  tant  de  verve  l'admirable  l)as-relief  du 
tympan,  et  sculpté  les  troi.-  rangées  de  délicates  figui'es  (|ui  l'cntoui'ent,  les 


312  ANNALKS    ARCIIKOLOGIOUES. 

nombreuses  statues  qui  décoraient  la  façade  tout  eulirre?  Pourquoi  ces  noms, 
qui  méritaient  assurément  de  parvenir  jusqu'à  nous,  manquent-ils  à  noti-e 
appel?  On  aimerait  cependant  à  les  connaître  et  à  les  proclamer.  L'artiste  de 
notre  temps,  qui  produirait  une  œuvre  comparable  au  seul  bas-reiief  du 
tympan,  s'empresserait  de  la  signer  des  deux  mains,  en  gros  et  visibles 
caractères;  trop  visibles,  peut-être,  mais  en  somme  la  postérité  serait  ren- 
seignée sur  le  nom  de  son  auteur.  Malheureusement  (disons-le  tout  bas,  par 
exemple,  de  peur  d'entendre  crier  à  l'anathème),  il  serait  à  craindre  qu'en 
l'an  de  grâce  1802,  on  trouvât  peu  de  sculjjteurs  capables  de  produii'e  un 
travail  de  ce  mérite.  Malgré  cette  réclamation  que  provoque  naturellement 
l'absence  du  nom  des  sculpteurs,  empressons-nous  de  dire  que  l'inscription 
saillante  de  la  l'orle  Saint-I'^tienne  est  des  plus  précieuses;  sans  elle  on  igno- 
rerait peut-êtro  jusqu'au  nom  de  Jean  de  Clielles.  L'histoire  se  tait,  ou  dit 
peu  de  choses  sur  cet  habile  artiste  et  sur  les  monuments  ([u'il  a  pu  construire. 
De  plus,  le  soin  avec  lequel  est  gravée  cette  inscriplion  vient  témoigner,  il 
nous  semble,  de  l'iinportance  qu'on  attachait,  pendant  le  xiii"  siècle,  au  choix 
d'un  artiste  de  mérite  et  de  la  bonne  opinion  que  ses  contemporains  voulaient 
conser\ei'  de  son  œuvre. 

L'ancienne  Porte  des  ALartyrs  est  composée  d'une  triple  voussure  inscrite 
dans  un  immense  fronton,  ou  pignon,  qui  se  termine  par  un  élégant  fleuron. 
L'ouverture  du  portail  est  divisée  en  deux  par  un  trumeau,  où  se  dressait  sous 
un  dais  fort  saillant  la  statue  du  premier  martyr  chrétien  dont  l'histoire  est 
retracée  plus  haut.  A  la  hauteur  de  celte  statue,  il  existe  de  chaque  côté  de 
l'ouverture  trois  niches  dans  les  embrasures;  vides  à  celte  heure,  elles  conte- 
naient, entres  autre  saints,  dit  l'abbé  Lebeuf,  les  statues  de  saint  Denis  et  de 
ses  deux  compagnons  Puistique  et  Éleuthère.  Au  lieu  de  les  représenter  leur 
tète  à  la  main,  comme  il  était  d'usage  pour  les  martyrs  décapités,  le  sculpteur, 
par  respect  sans  doute  pour  la  symétrie  et  pour  éviter  l'aspect  disgracieux  de 
figures  sans  tètes,  avnil  transigé  avec  la  vérité  et  laissé  les  tètes  à  leur  place; 
il  s'(^lait  contr'nl(',  pai-aîl-il,  de  i)lacer  dans  les  mains  des  trois  martyrs  la 
partie  supérieure  de  leiu'  crâne.  «  A  l'époque  où  l'on  brisa  les  statues  de 
Notre-Dame  »,  dit  M.  de  Guilhermy  i,  u  quelques  fragments  de  ces  figures, 
employés  comme  de  la  pierre  brute,  allèrent  servir  de  bornes  dans  la  rue  de  la 
Santé,  vers  le  haut  du  faubourg  Saint-Jacques,  où  ils  sont  demeurés  près  de 
cinipiante  ans.  Sur  la  demande  du  Comité  historique  des  arts  et  monuments. 
ils  furent  enfin  transportés  en  1839  dans  la  grande  salle  des  Thermes,  au 

I.   •!  ItiMorairoarchéologiquo  de  Paris  »,  page  80. 


I.\    r'OUTK   DKS    \I\HTM!S    \    \  OTIl  K-li  \M  K   DK    p\|;|s.  SB 

musée  (ic  riinicl  (lo  Cliiiiy.  l'ariui  ces  di'lji'is,  ou  ;i  rccui'illi  uni'  [iurlion  coii- 
sidéral)le  du  S.-iint-Doni.s  citi'  |);ir  l'ai)!)!''  Lelxnif;  il  \)in-\t\  en  cH'cl.  enire  ses 
mains  la  partie  supérieure  dr  son  ri'ànc.  » 

Nous  aviins  dil  ([ue  la,  voussure  du  poiiail  l'tail  li'iplc.  Au  premier  vnwj;. 
séparés  du  Kuipan  jiar  une  mouliu'e  eouverle  (1(>  feuillages,  nous  voyons 
douze  ang-e.s  légvivment  agenouillés,  six  d'un  e(Mé,  six  de  l'autre,  et  dont 
qucl(iues-uns  tiennent  drs  couroinies  destinées  sans  doute  au\  martsrs  du 
rang  interméMliaire.  In  tivizième  ange.  plae('  au  sommet  d(!  l'arc,  entre 
deux  dais,  en  présente  une  de  elia(|ue  main,  (les  statuettes  sont  pour  la  plu- 
part vraiment  belles  de  style  et  d'exén-uliou;  malliein'euscmenl  à.  pres(|ue  foutes 
les  mains  sont  brisées,  et  avec  elles  les  attributs  poi-|i's  pai-  rliarun  (U'^  per- 
sonnages. Nous  ne  connaissons  guère,  comme  ligures  de  celte  dimi'usion  el  de 
cette  épocjue,  que  les  anges  scul|)t('s  à  la  voussure  du  petit  portail  lal('M-al  de 
la  catli(''(lrale  de  Sens,  (|ui  puissent  leur  être  compan's,  et  avec  les(|uels  ils 
ont.  du  reste,  une  certaine  analogie.  Au  second  rang,  ([uatorzc  martyrs  sont 
placés  dans  la  gorge  ogivale  :  les  deux  premiers,  à  partir  de  la  naissance  de 
la  courbe,  sont  saint  Laurent,  portant  le  gril  inslrumejit  de  son  supplice,  el 
saint  Vincent  tenant  un  livre  fermé;  tous  deux  diacres  et  habillés  di'  la  longue 
dalmatique.  Il  n'est  pas  facile,  au  moins  pour  nous,  i\r  nommer  toutes  les 
statuettes  de  la  rangée  intermédiaire  :  cependant  nous  avons  pu  reconnaître 
sans  trop  d(î  difneult(''s  saint  Denis,  d'abord,  sa  tète  en  mains  celle  fois;  puis 
deux  guerri<'rs.  saint  Main-ice  et  saint  Georges.  Viennent  ensuite  saint  C.h'ment 
avec  la  meule  qui  lui  fut  attachée  au  cou  et  saint  Kuslache  à  ([ui  le  Cihrisl 
apparaît  entre  les  bois  d'un  cerf.  Parmi  les  saints  qu'il  nous  est  impossible  de 
désigner,  nous  remaniuons  deux  évoques,  puis  deux  personnages  tenant  des 
hampes  de  croix  et  deux  autres  enfin,  qui  n'ont  plus  d'attributs. 

Des  docteurs  ou  confesseurs,  au  nombre  de  seize,  occupent  le  troisième  rang 
de  la  voussure;  ils  sont,  de  cette  manière,  placés  hiérarchiquement  au-d(-ssous 
des  martyrs.  La  plupart  des  statuettes  de  ce  dernier  cordon  représentaient 
des  prêtres,  des  abbés  et  des  moines.  Le  premier  persoimage  de  gauche,  vêtu 
d'un  habit  de  religieux,  tient  une  crosse  :  plusieurs  autres  sont  numis  de  livres 
ouverts  ou  fermés.  Tous  ces  confesseurs,  ainsi  fine  les  martyrs  du  second 
rang,  sont  assis  sur  dos  sièges  ou  banquettes  dont  ([ue|(|ues-mis  sont  ornés. 
Au  sommet  extrême  de  l'ogive,  on  remanpie  une  tète  htnnaine  sculptée  entre 
deux  dais.  Quelle  peut  être  cette  figure  qui  nous  paraît  avoir  bien  pou  d'im- 
portance pour  représenter  le  Père  Éternel?  La  place  dominanle  ([u'eile  occupe 
ne  permet  guère,  toutefois,  de  lui  donner  une  autre  qualification. 

On  ne  saurait  vraiment  Iroj)  le  répéter,  toutes  les  statuettes  de  cette  porte. 


3U  A^;^^ALES  arciikologioues. 

anges,  martyrs  ou  docteurs,  sont  parfaites  et  d'un  fini  achevé;  quelques-unes 
même,  nous  ne  craignons  pas  de  le  dire,  peuvent  passer  pour  de  véritables 
petits  chefs-d'œuvre.  —  Une  seule  de  ces  figures,  prise  au  hasard,  signée 
d'un  noni  moderne  et  exposée  à  l'un  de  nos  salons  bisannuels,  suffirait  cer- 
faiiiemcnt  à  établir  une  sorte  de  réputation  à  son  auteur,  à  lui  donner  une 
célébrité  momentanée.  En  faisant  cette  remarque  nous  sommes  certain  de  ne 
point  tomber  dans  l'exagération.  Hé  l)ien  !  on  compte  dans  la  voussure  du 
portail  de  Jean  de  Chelles  quarante-deux  statues  qui  nous  paraissent  toutes 
avoir  été  exécutées  par  le  même  artiste,  par  la  môme  main,  tant  le  travail  est 
identique,  tant  le  môme  soin  également  réparti,  les  draperies  également  étu- 
diées et  savantes;  et  cependant  le  trop  modeste  aufein-  de  ce  beau  travail  n'a 
pas  même  signé  son  onivre  !  On  ignore  absolument  son  nom!  Combien  on 
serait  heureux  de  découvrir,  à  la  base  d'une  de  ces  statuettes  ou  au  dossier  de 
l'un  des  sièges,  à  une  place  quelconque  enfin,  la  plus  chétive.  la  plus  laco- 
nique inscription,  la  plus  microscopique  signattu'e;  et  comme  on  proclamerait 
haut  le  nom  de  l'obscur  imagier  de  génie,  auteur  de  ces  c{uarante-deux  chefs- 
d'ii'uvre  !  Mais  le  xiiT  siècle,  par  malheur,  ne  met  pas  assez  souvent  en 
lumière  le  nom  des  artistes  qu'il  a  vu  naître;  et  il  faut  nous  borner  le  plus 
souvent  à  admirer  la  merveilleuse  fécondité  de  cette  époque,  la  puissance 
immortelle  de  ses  œuvres,  sans  qu'il  nous  soit  possible  de  faire  rejaillir  sur 
des  individus  connus  la  plus  petite  parcelle  de  notre  admiration.  Nous  avons, 
pour  notre  compte,  souvent  déploré  cette  regrettable  modestie  des  artistes  du 
moyen  âge;  nous  avons  même  regretté  plus  d'une  fois  qu'ils  n'aient  point  été 
quelque  peu  glorieux  et  vantards  comme  la  plupart  des  artistes  italiens  de  la 
renaissance.  Mais  nos  lamentations  s'exhalent  ici  à  peu  près  en  pure  perte  et 
ne  peuvent  apporter,  dans  tous  les  cas,  aucun  remède  aux  lacunes  que  nous 
déplorons. 

Nous  voici  maintenant  en  présence  du  bas-relief  du  tympan,  le  point 
attractif,  le  point  culminant  du  portail,  et  où  l'artiste  gothique  s'est  peut-être 
surpassé.  Quelle  que  soit  la  finesse  de  notre  gravure*,  elle  est  impuissante 
cependant  à  rendre  complètement  les  délicatesses  de  la  pierre,  à  modeler 
toutes  ces  physionomies  si  expressives,  si  étudiées  et  vivantes.  La  photogra- 
phie, plus  fidèle  peut-être,  mais  plus  brutale,  plus  implacable  que  le  burin, 
serait  sans  nul  doute  insuffisante  aussi  :  elle  noie  trop  souvent  dans  une  ombre 

1.  yi.  Cl.  Sduvagoot  peut  se  vantur  en  efTet  d"avoir  exécuté  une  gravure  d'une  finesse  vraiment 
mcr\eilleuse.  Il  est  proljabie  que  plusieurs  de  nos  lecteurs  seront  forcés  de  s'armer  d'une  loupe 
pour  découvrir  et  voir  ce  que  l'artiste  a  dessiné  de  sa  pointe  incomparable. 

{Xole  de  M.  Didroii.) 


LA   l'OliïK    DKS   MAI;TV1!S   A    N  OTH  F.-DAM  K   l)F.    l'AHlS.  315 

opaque  d'iiiiportaiit.s  détails;  elle  exagère  les  saletés  déposées  par  le  temps  cl 
grossit  toujours.  (|uoi  ([u'oii  eu  dise,  ciiaque  premier  plan.  Toutes  ces  imper- 
fections, inhérentes  à  rinstrumenl.  no  laissent  pas  que  d'être  assez  souvent 
uuisibli's  à  l'étude.  I.a  plinto,i;ra|)liie  est  une  admirable  iineiitinn  ([ui  rend  de 
très-grands  services  à  l'archéolugie  surtout,  et  de  latiuelle  il  ne  faut  |)as  trop 
médire;  toutet"(.)is.  elle  doit  tonjoiu's  èti'o  ('(nitrôh-e  par  l'u'il  humain,  loi's- 
qu'eile  s'appli(|ue  à  la  re|)rockictioM  des  décorations  monumentales.  Si  l'on 
aime  à  voir,  dans  l'ensemble  d'un  monument,  un  aspect  lidèle  de  la  couleur 
qui  lui  est  léguée  par  le  tcm])s.  une  image  du  jiittoresque  de  la  nature,  on  l'ait 
en  revanche  bon  marché  de  ces  (pialilés  si;duisantes.  Ioi-s(|u'on  élinlii'  un 
édilice  au  jioint  de  vue  scientiti([ue  :  ce  cjue  l'on  veut  aioi-s,  a\ant  tout,  ce  sont 
des  formes  et  des  formes  pures  et  nettes,  autant  cpie  possible.  An>si,  pour 
exécuter  la  petite  gravm-e  olferte  aujourd'hui  aux  lecteurs  des  »  Ainiaies  », 
nous  nous  sommes  servi  de  la  photographie,  mais  après  avoir  eu  soin,  par 
exemple,  de  corriger  sur  place  la  Iroj)  graud(;  tidi'liti;  de  l'insti-umenl  ;  c'est- 
à-dire  que  nous  avons  dû  éclairer  des  di'lails  trop  obscui-s,  moditiei'  un  mo- 
delé trop  uniforme,  et  supprimer  surtout  les  nijmbreuses  taches  du  bas-relief. 
De  tout  ceci  il  ne  résulte  pas  que  la  gravure  en  question  soit  pai'faile;  mal- 
heureusement, nous  le  savons  trop,  elle  laisse  encore  beaucoup  à  désirei'  :  de 
plus,  à  l'échelle  microscopique  où  elle  se  trouve  exécutée»,  elle  ne  pouvait 
guère  donner  cpruiie  idée  généi'ale  de  cette  puissante  page  de  scul|)tuiv;  mais 
pour  obvier  à  cet  inconvénient  inévitable  nous  allons,  avec  le  consentement 
du  directeur  des  d  Annales  »,  di''velop|ier  dans  de  nouvelles  planches  et  à  une 
grande  échelle,  chaque  groupe  de  cet  important  bas-relief.  On  ne  saui-ait  trop 
essayer  de  populariser  une  si  belle  œuvre. 

Le  tympan  qui  nous  occupe,  on  peut  le  voir,  est  divis(';  en  trois  zones  :  la 
première  bande  est  séparée  de  la  seconde  par  une  série  de  dais  acconpIiVs, 
véritable  arcature  dont  cluupie  ogive  décorée  de  trilobés  est  insci-ile  dans  un 
fronton.  Entre  chacun  de  ces  fi'ontons,  de  ces  pignons  plutôl,  se  dressent 
d'élégantes  petites  tours  ornées  de  fenestrages.  In  simph;  lilet  saillant  séjiare 
la  seconde  rangée  de  la  troisième  cph  occupe  la  pointe;  de  l'ogive. 

Au  premier  groupe  de  la  zone  inférieure,  nous  voyons  le  saint  diacre,  vêtu 
de  la  longue  dalmati<iue  du  xiii''  siècle,  discuter  avec  les  docteui's  de  la  loi, 
les  pharisiens.  Les  uns  paraissent  écouler  sa  parole,  tandis  (pie  les  auti-es 
crient  au  blasphème.  J^'un  deux,  celui  cpii  est  en  face  du  jeune  diacre,  paraît 
faire  de  sérieuses  objections  qu'il  énumèin;  sur  ses  doigts.  Lu  autre  docteur, 
debout  derrière  lui,  s'arrache  la  barbe  et  les  cheveux  en  signe  de  protestation 
et  comme  si  le  jeune  saint  avait  blasphémé.  Ln  troisième,  debout  aussi,  à 


316  ANNALES  ARCllÉOLOdlOU  F.S. 

rextréniilc  du  si'""I'e,  déroule  un  exemplaire  de  la  loi  et  va  y  puiser  des 
arguments  contre  la  doctrine  de  saint  Etienne.  Tous  ces  personnages,  à  l'ex- 
ception du  diacre  et  du  jeune  disciple  placé  derrière  lui,  sont  coitTés  du  bonnet 
pointu  imposé  aux  juifs  du  moyen  âge.  Tout  ce  groupe,  premier  épisode  de  la 
terrilile  tragédie  développée  sur  le  tympan,  est  admirablement  traité.  Cepen- 
dant, les  trois  personnages  assis  au  premier  plan  se  font  remarquer  surtout 
par  l'empreinte  d'une  vérité  scrupuleuse.  —  Tout  est  vrai  en  eux  :  la  pose,  le 
geste  et  l'expression  des  tètes,  sont  marqués  du  sceau  de  l'observation  et  de 
la  conscience  artistique.  Les  draperies  sont  traitées  avec  une  rare  perfection. 
On  peut  dire,  en  employant  luie  expression  moderne,  que  c'est  là  du  réalisme; 
mais  du  réalisme  de  bon  aloi.  réalisme  intelligent  et  lin.  qui  élève  la  pensée 
au  lieu  de  l'abaisser,  et  ipii  n'a  rien  de  conniuin  avec  celui  que  nous  avons 
entendu  prêcher  et  vu  peindre  dans  ces  temps  derniers.  Les  sept  statues  de  ce 
groupe  vivent  réellement  :  elles  pensent,  elles  s'agitent,  elles  discutent.  On 
oublie  volontiers  qu'elles  sont  de  pierre;  elles  vont  se  lever  de  leur  siège  et  se 
mettre  en  mouvement.  Cependant,  malgré  toute  la  vie  jetée  dans  ce  bloc  de 
pierre,  v()\ez  connue  ces  ligures  sont  bien  à  leur  place  et  ne  contrarient  en 
rien  les  lignes  de  rarchiteclure. 

Le  deuxième  groupe  se  voit  au  milieu  du  tympan,  dans  l'axe  du  trumeau. 
Saint  Etienne  est  debout,  un  livre  dans  la  main  gauche;  il  parle,  il  annonce 
l'évangile  au  peuple.  Cette  fois  le  diacre  est  compris.  —  Il  devait  en  être 
ainsi,  car  il  s'adresse  à  des  gens  humbles  et  de  bonne  foi,  et  non  à  d'hypo- 
crites pharisiens;  il  est  donc  religieusement  écouté.  Que  de  bonne  volonté, 
que  de  confiance  on  lit  sur  la  face  des  six  auditeurs.  Us  sont  déjà  convaincus 
et  à  moitié  convertis  :  la  parole  du  jeune  diacre  aura  porté  son  fruit.  Us 
seront  chrétiens.  Cependant,  l'un  des  assistants  paraît  prendre  quelques  notes 
sur  ses  tablettes;  mais  sa  figure  bienveillante  et  convaincue  nous  rassure  bien 
vite,  et  nous  dit  clairement  qu'il  ne  transformera  pas  ces  notes  en  armes 
d'opiniâtre  discussion.  Parmi  les  trois  personnages  assis,  on  remarque  surtout 
la  femme  qui  donne  le  sein  à  son  enfant,  sans  cesser  pour  cela  d'écouter  le 
discours  de  l'apôtre   chrétien.   Peut-être  nous  abusons-nous,   mais  il  nous 
paraît  sérieusement  impossible  de  produire  une  figure  plus  vraie  que  celle  de 
cette  jeune  mère.  C'est  la  nature  prise  sur  le  fait  et  daguerrcotypée  par  le 
ciseau  du  sculpteur.  Quant  aux  deux  autres  personnages,  ses  voisins,  d'une 
vérité  presque  égale,  et  d'un  travail  non  moins  beau,  ils  soutiennent   de  la 
main  leur  tête  pensive  dans  laquelle  la  lumière  semble  se  produire.  Ces  labo- 
rieux travailleurs,  malgré  les  fatigues  d'une  rude  journée,  viennent  écouter 
avec  joie  la  prédication  de  l'évangile.  Les  qualités  sculpturales  de  ce  second 


LA   PORTK   DKS   \l\KTHtS   A    NUTUE-DAML;   UE  l'AUlS.  317 

épisode  sont  les  mêmes  ([u'au  groupe  précédent  :  mt'ine  vérité  dans  l'obser- 
vation, même  finesse,  même  soin  dans  le  travail,  et  surtout  même  entente  de  la 
composition.  Ajoutons  enfin  ([ue  le  diacre  se  t'ait  aussi  remarquer  par  sa  puis- 
sante simplicité  et  par  le  grand  air  de  conviction  répandu  dans  toute  sa  persoinie. 
Une  particularité  reste  à  signaler  encore  :  le  dais  saillant  (jui  abrite  la  statue 
du  trumeau,  absente  à  cette  heure,  cache  en  partie  le  bas  de  ce  groupe  cen- 
tral. Malgré  cela  cependant,  les  persoimag<'s  uni  été  complètement  achevés 
comme  s'ils  eussent  dû  rester  toujours  à  découvert.  Le  dais  se  suspend, 
s'accroche  dans  une  entaille  praticpiée  dans  le  mur  dès  l'origine  de  la  con- 
struction :  dans  la  pensée  du  statuaire,  ce  dais  devait  peut-être  se  placer 
moins  haut,  à  la  base  seulement  des  figures  et  sans  empiéter  sur  elles.  Tou- 
jours est-il  que  nous  avons  vu  dernièrement  le  dais  en  (|ui'stion  déposé  à 
terre  et.  à  sa  place,  les  jambes  les  niimix  modelées,  les  plus  soignées  d'exé- 
cution, les  plus  parfaites,  en  un  mol,  et  telles  que  les  laissa  le  ciseau  de 
l'habile  imagier  du  xiii"  siècle. 

Au  troisième  groupe,  composé  de  cinc]  personnages  seulement,  nous  voyons 
l'arrestation  du  jeune  diacre.  Le  martyr  est  entiaîné  violemment  par  des 
gardes  devant  un  juge  qui  l'interroge  avec  dureté.  L'un  de  ces  gardes  est  un 
nègre  africain,  vêtu  du  costume  antique,  du  corselet  orné  d'écaillés  et  coilTc, 
nous  ne  savons  pourquoi,  de  deux  ailes  posées  sur  sa  tête  crépue^.  Le  cos- 
tume de  ce  prétorien  est  parfaitement  rendu;  chaque  détail  en  est  exécuté 
avec  le  plus  grand  soin  et  rien  n'y  est  omis.  Ce  soldat  peut  assuriMuenl  passer 
pour  un  type  de  brutalité  et  de  stu|)idité,  poin-  la  ])crsoiniificalinn  (k  1  iib(''is- 
.sance  passive.  On  lui  a  oi'donné  d'arrêter  le  jeune  prédicateur,  et  il  exécute 
avec  résolution,  sans  remords,  les  ordres  ([u'il  a  reçus.  D'un  geste  vigoureux 
il  entraîne  le  martyr  par  les  cheveux,  tandis  qu'un  autre  garde,  un  simple 
ofiicieux  peut-être,  car  il  n'est  point  armé  ni  cuirassé,  le  maintient  par  le 
vêtement.  Le  diacre  est  triste  et  résigné;  le  juge  est  dm-  et  implacable.  On 
ne  peut  guère  en  douter,  il  prononcera  la  condamnation  du  disciple  du  (;iii-i>t; 
le  diacre  sera  lapidé.  Ajoutons  enfin  cjue  cette  figure  déjuge  se  trouve  souvent 
répétée  dans  nos  cathédrales  françaises  des  xiir  et  xiv'  siècles.  Nous  avons  vu 
ce  type  à  Reims,  à  Rouen  et,  sans  nul  doute,  dans  d'autres  édifices  ([ue  nous  ne 

1 .  Les  liourreaux  et  les  CM'futPurs  ries  ordres  rigoureux  des  tyrans  et  des  ju^'es,  tels  (|ue  les 
figure  le  moyen  âge,  portent  ordinairement  ainsi  deux  [)etit«s  ailes  sur  leur  tùte.  L'aile  est  le 
svmbole  tle  la  promptitude,  et  le  Mercure  païen  en  a  non-seulement  à  la  tète,  mais  aux  pieds, 
pour  signifier  qu'il  accomplit  avec  la  plus  grande  rapidité  les  messaL'c^  que  lui  confient  les 
dieux.  Il  est  probable  que  ces  ailes,  données  aux  exécuteurs  des  hautes  œuvres  que  commandent 
les  juges  et  les  tyrans  du  moyen  âge,  sont  un  souvenir  de  l'antiquité  païenne  et  le  symbole  de  la 
vitesse.  {Xute  ilc  M.  Uulron.) 

XXII.  h'i 


318  ANNALES  ARGUÉ OLOGIOL  ES. 

saurions  préciser  en  ce  moment.  Au  surplus,  cette  statuette  très-caracté- 
ristique méritait  cette  fréquente  imitation. 

Nous  voici  en  présence  du  quatrième  épisode,  le  plus  tragi((ue  de  fous, 
celui  de  la  lapidation.  Cette  fois,  c'est  la  composition  surtout  qu'il  faut  admirer. 
11  est  facile  au  premier  examen  de  se  rendre  compte  des  sérieuses  difficultés 
qui  se  présentaient  ici  pour  mettre  en  action  le  martyre  du  jeune  diacre.  —  Cette 
scène  exigeait  des  postures  varices  et  presque  exceptionnelles  qu'il  était  fort 
difTicile  de  montrer  dans  un  cadre  aussi  étroit  et  de  forme  si  ingrate.  Mais. 
qu'on  se  rassure  :  l'imagier  est  un  maître  qui  ne  bronchera  pas  pour  si  peu  et 
ne  reculera  pas  devant  les  difficultés.  Elles  devront  lui  servii',  au  contraire, 
à  montrer  sa  science  de  la  mise  en  scène,  son  talent  inépuisable  de  la  compo- 
sition. Les  lapidateurs,  au  nombre  de  quatre,  dont  un  enfant,  lancent  avec 
fureur  de  grosses  pierres  sur  le  martyr  à  demi  renversé  et  qui,  par  un  instinct 
de  conservation  bien  naturel,  semble  faire  un  dernier  effort  pour  se  garantir. 
C'est  en  ce  moment  que  le  martyr  déclare  apercevoir  le  Fils  de  Dieu  dans 
le  ciel.  Si  rinicnlioii  de  l'artiste  a  été  de  montrer  ici  cet  épisode  de  la  lapida- 
tion, nous  devons  dii'c  qu'il  n'a  pas  complètement  réussi  :  le  geste  du  saint 
semble  bien  indiiiuer  qu'une  vision  lui  apparaît;  mais,  dans  la  position  où  il 
se  trouve,  il  lui  est  impossible  de  voir  le  Christ  placé  au  sommet  du  tympan. 
Les  choses  les  plus  parfaites  ne  sont  pas  toujours  exemptes  de  défauts. 
Saul,  qui  plus  lard  sera  saint  Paul,  assis  dans  l'angle  du  tableau,  garde  les 
vêtements  des  lapidateurs,  tout  en  les  excitant  du  geste  et  de  la  parole.  Le 
docte  apôtre  ne  prévoyait  guère  alors  qu'il  serait  un  des  premiers  convertis, 
et  plus  tard  la  grande  lumière  du  catholicisme  naissant.  Remarquons  avec 
quelle  adresse  le  sculpteur  a  su  placer  le  personnage  en  question  dans  l'angle 
de  l'ogive;  il  a  fait  en  sorte  que  sa  silhouette  remplît  juste  la  courbe  donnée 
par  les  moulures.  —  Un  des  quatre  lapidateurs  est  un  enfant,  avons-nous  déjà 
dit,  et  il  occupe  aussi  une  partie  de  l'angle  de  l'ogive.  C'est  là  sans  doute 
l'unique  motif  qui  a  pu  porter  notre  statuaire  à  placer  parmi  les  bourreaux 
juifs  ce  tout  jeune  homme,  un  des  plus  acharnés  après  la  victime.  —  Il  est 
de  toute  évidence  qu'un  personnage  de  grandeur  ordinaire,  un  homme  enfin, 
quels  que  pussent  être  sa  position  et  son  mouvement,  dépasserait  le  cadre  du 
tympan,  empiéterait  sur  l'archileclui-e  à  hufuelle  la  sculplui-e  doit  demeurer 
constamment  subordonnée.  —  Un  statuaire  du  xiii'"  siècle  ne  pouvait  à  coup 
sûr  se  permettre  cette  licence  pleine  d'hérésie  '. 

1.  Comme  le  dit  plus  liant  M.  Saiivai;cot,  notri^  inlpnlioii  est  de  publier  en  détail,  au  septième 
d'exécution,  les  scènes  diverses  ([ui  cumpusent  ce  beau  tym|)an,  ce  rare  exemple  d'une  sculpture 
extrêmement  remaniuablo.  Vuici  donc  déjii  l'une  des  six  scènes  de  cette  compusition,  ut  cette 


v  . 


^v^ 


LA    PORTE   DF.S   MMITMIS   A    NOTIIK-DAM  F.   1>K   l'AIllS.  310 

Nous  touchons  oiifui  ii  la  jilus  belle  scène  de  toute  celle  drameiticiuc  his- 
toire, sculptée  eu  cin([  i'|)iso(les,  ;uec  apoihéose.  coinuie  pourrait  dire  un 
feuilletoniste  moderne.  —  Il  nous  |)arait  à  i)eu  près  impossible  de  rien  voir 
de  plus  touchant  que  cette  mise  au  tombeau  du  pauvre  martyr.  Le  statuaire 
s'est  ici  vraiment  sin-passé  :  il  a  pu  atteindre,  par  la  simi)licité  même  et  |iar 
l'unique  vérité,  à  la  hautcm- de  cet  aelc  imposanl.  et  lui  ùter  néanmoins  tout 
aspect  repoussant,  tout  senlinienl  reiloulable.  Deux  fidèles  déposent  avec  le 
plus  grand  respect,  dans  un  cercueil,  le  corps  du  saint  enveloppé  d'un  suaire; 
tandis  qu'un  prêtre,  revêtu  d'une  chasuble,  lit  l'otïice  des  morts.  Près  de  là. 
un  jeune  clerc  porte  la  croix  d'une  main  et  de  l'anti-e  un  bénitier  avec  un 
goupillon.  Une  femme,  accablée  de  douleur,  une  pareille  du  marl\r  sans 
doute,  sa  mère  peut-être,  esl  là  aussi  (lui  verse  des  larmes  sih'iKieuses.  C'est 
tout  :  voilà  les  éléments  qui  ont  ser\i  à  produire  cette  adiiiirabli'  coiiiposilion, 
cette  scène  à  la  fois  si  émouvante  et  religieuse.  Avec  ces  six  ri,i;ures  l'artiste 
chrétien  a  su  vivement  frapper  le  spectateur,  et  lui  montrer  le  dernier  acte 
de  la  vie  paré  de  toute  la  sérénité  et  de  toutes  les  consolations  de  la  religion 
chrétienne. 

Nous  voyions,  fout  dernièrement  encore  et  pour  la  li-oisième  ou  ([ualrième 
fois  peut-être,  dans  la  cathédrale  de  Rouen,  le  t<iinbeau  du  mari  de  Diane  de 
Poitiers,  Louis  de  Brézé.  Ce  tombeau  de  la  renaissance  n'est  pas  sans  mérite, 
il  faut  bien  en  convenir;  mais  il  oiTre  à  sa  base,  étendu  sur  un  sarcophage 
cannelé,  un  personnage  pres([ue  nu  et  privé  de  vie  :  l'image  du  sénéchal 
Louis  de  Brézé.  —  Cette  statue  maigre,  décharnée,  mais  d'une  grande  vi'rité 
cependant,  nous  a  tdUJDUis  paru  hideuse  malgré  sa  perfection.  Jamais  la 
mort  ne  nous  a  semblé  aussi  lerrihle.  aussi  glaciale  et  i'e|)Oussaiile  qu'en 
présence  de  ce  hideux  vieillard  de  marbre,  attribué  pourtant  à  Jean  Cnujdii. 
A  sa  vue.  nous  reportions  comme  malgré  nous  noire  pensée  sur  la  ninrl  con- 
solante et  calme  de  la  Porte  des  Martyrs,  oi^i  le  sculpleur  du  xiu"  siècle  laisse 
bien  loin  derrière  lui,  comme  si'iitimenl  et  comme  convenance,  le  sciilpleiii- 

scène,  la  lapidation  du  saint,  n'osl  pas  tune  di's  moins  inlLTCSSanlcs.  D.nis  la  |>lanclu;  (ronspinblo, 
il  était  ditTicile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  do  lire  lo  jeu  des  [)liysioiiomies;  ici,  dans  ce  grand 
détail,  rien  ne  nous  est  plus  caché,  cl  chacun  de  nous  pourra,  comnie  dans  une  scène  réelle  et 
vivante,  distinguer  les  passions  diverses  cpn  animeni  les  quatre  houneaux.  I.'eleg.mte  ligure  du 
jeune  Saul,  si  ditTérento  de  la  figure  épatée  el  hrulale  du  plus  petit  des  bouri-eaiix,  son  voisin, 
laisse  pressentir  une  passion  intelligente,  uni^  passion  doctrinale,  si  l'on  peut  dire  ainsi,  tandis 
que  celle  des  bourreaux,  nol.unmenl  de  celui  ipii  [insc  une  grosse  pierri!  sur  sa  tète,  est  la  passion 
de  la  bêle  brute.  La  douce  el  noble  figure  du  jeune  martyr  esl  un  ch('f-d'(ruvre  de  placidité 
et  de  conviction,  presque  de  bonheur.  .Si  le  statuaire  du  \ui'  siècle  a  fait  une  (l'uvre  (pie  nous 
proclamons  incomparable,  le  graveur  du  xix',  M.  Sauvagcot,  s'en  est  inspiré  pour  doter  les 
«  Annales  .\rchéologiques  ■>  d'une  belle  planche  de  plus.  [Xote  de  M.  Didron.) 


320  ANNALF.S   AnCIlKOLOGIQUES. 

(lu  \vi".  Il  y  a  entre  ces  œuvres  toulc  la  distance  qui  sépare,  coiiinie  idées 
philosophiques  et  religieuses,  le  niDveii  âge  de  la  renaissance. 

A  Tétage  le  plus  élevé  du  tympan,  à  la  poinle  de  l'ogive,  deux  anges,  les 
mains  jointes,  adorent  le  Christ  qui,  sortant  à  mi-corps  d'une  nuée,  bénit  le 
combat  et  le  triomphe  de  son  premier  martyr.  —  Le  Sauveur  du  monde, 
malgré  de  graves  mutilations,  se  distingue  des  autres  statues,  qu'il  domine, 
par  une  dignité  grave  répandue  sur  toute  sa  personne,  par  une  figure  pleine 
de  douceur  et  de  fermeti'.  il  est  vêtu  de  la  tunique  et  couvert  du  manteau 
traditionnel;  seul,  parmi  tous  les  saints  du  portail,  il  est  couronné  du  nimbe, 
et  ce  nimbe  est  crucifère.  I^e  sculpteur,  avec  la  souplesse  de  son  talent  exercé, 
a  su  lui  donner  une  physionomie  vi-aiment  au-dessus  de  l'humanité.  Toutes 
les  figures  du  portail  montrent  des  profils  humains,  des  types  du  moyen  âge; 
le  Sauveur  seul  vient  faire  excejition  et  continuer  en  quelque  sorte  les  christs 
hii'ratiques  du  xu'  et  du  commencement  du  xiii"^  siècle. 

Ajoutons  maintenant,  pour  achever  notre  description,  que  les  (rente-cinq 
figures,  sculptées  au  tympan  de  la  Porte  des  Martyrs,  sont  séparées  du  premier 
rang  de  statuettes  par  un  cordon  de  feuillages  fouillé  avec  une  extrême  finesse, 
feuillages  où  l'imitatio]!  presque  servile  de  la  nature  se  fait  déjà  remarciuer, 
bien  que  nous  soyons  encore  en  plein  xiiT  siècle.  Disons  aussi  que.  par  un  rare 
bonheur,  toutes  les  figures  du  bas-relief  sont  assez  bien  conservées;  il  n'y  a 
guère  que  des  mains,  dont  la  saillie  était  trop  forte,  ([ui  ont  soulTert.  Ainsi. 
celles  du  Christ  et  des  deux  anges  qui  l'accompagnent  dans  la  pointe  du 
tympan,  la  main  droite  de  l'un  des  docteurs  assis  dans  le  premier  groupe, 
les  mains  droites  du  soldat  et  du  personnage  civil  qui  arrêtent  le  martyr,  sont 
cassées.  Malheureusement,  mutilation  plus  regrettable  encore,  la  main  gauche 
de  saint  Ktienne.  dans  le  groupe  de  la  lapidation,  a  disparu'.  Quant  aux 
mains,  encore  existantes,  nous  devons  faire  une  remar(jue.  —  Il  faut  bien  le 
dire,  ces  mains  laissent  à  désirer  comme  perfection  :  rondes  et  molles,  elles 
manquent  généralement  de  finesse  comme  dans  toute  la  statuaire,  sans  excep- 
tion, de  Notre-Dame  de  Paris.  Du  reste,  dans  noire  précieux  bas-relief,  c'est 
la  seule  chose  peut-être  où  la  crititpie  ait  à  s'exercer  sans  crainte. 

M.  CicolTroy-Dechaume,  habile  statuaire  archéologue,  est  désigné  par 
M.  Viollet-le-Duc  pour  exécuter  la  statue  adossée  au  trumeau  de  la  porte  et 
disparue  depuis  longtemps.  Inutile  de  dire  que  le  jeune  martyr  sera  digne- 


I.  Fiilèlo  observateur  de  la  vérité,  nous  avons  respecté  dans  notre  gravure  ces  mutilations 
diverses.  On  a  donc  sous  les  yeux  le  tympan  de  Saint-Étienne,  absolument  tel  que  les  liommos 
et  les  siècles  nous  l'ont  fait  el  légué  jusqu'à  ce  jour. 


I.A    POIMK   DKS   \I\1;T1I!S    \    NO  II!  K-D  A  M  K    D  K   l'AlilS.  321 

meut  re|)n''sentL' '.  —  M.  (ii'ollVoy  passe  avec  raison  |)oiir  le  sculi)leur  con- 
sciencieux par  excellence  :  de  l'aveu  de  tous  ses  contVères.  nul  ne  comprend 
mieux  que  lui  la  statuaire  du  moyen  à^e,  nul  n'accuse  conum'  lui  le  beau 
caractère  de  crtie  étonnante  é|)0(iue.  M.  (ieoirroy  marciie  en  tète  de  cette 
brillante  |)lialan,<;e  artisli(|ue  formée  |)ar  les  soins  d(î  l'arcliitecte  de  N'otre- 
Dame,  et  où  nous  voyons  fif^urer  avec  honneur,  après  lui,  les  noms  d(î 
MM.  Pascal,  i-'i'omaui^i'i'.  Chi'nillon.  Perrey.  Toussaint  '-,  etc.  Tous  ces  sta- 
tuaires, d'un  nuM'ite  inconteslable.  auront  t;-randement  travaillé  à  la  décoration 
cie  Notrc-Uame  de  Paris,  et  laissé  une  lar^e  trace  de  leur  passage  dans  cet 
immense  édifice  :  pres(|ue  toutes  les  nouvelles  statues,  les  bas-rcliel's  nouveaux, 
seront  signés  de  ces  six  noms  devenus,  du  moins  chez  les  nôtres,  justement 
populaires.  Il  est  donc  à  pi-é'sumer  (|ne  ce  sont  eu\  ('galenirnl  (|iii  auront  à 
meubler  les  niches  vides  de  la  l*orte  des  Martyrs,  et  (jue  proiliainenicnl  nous 
pourrons  voir  cette  splendide  pai'tie  de  rédillce  métropolitain  comphHenient 
rétablie.  Espérons  aussi,  espérons  même  surtout,  que  toutes  ces  slatues,  tous 
ces  bas-reliefs ,  anciens  et  nouveaux,  pourront  désormais  traverser  intacts  les 
siècles  à  venir,  les  révolutions  même  s'il  devait  par  malheur  en  surgir.  Placée 
au  centre  d'une  populati(jn  intelligente  et  deveime.  grâce  à  Dieu,  assez  con- 
servatrice, la  cathédrale  parisiemie,  une  des  plus  belles  (|ui  existent,  ne  doit 
plus  rien  avoir  à  redouter.  A  l'exemple  des  peuples  de  ranti(|uiti'".  nous  com- 
mençons à  rendre  justice  au  mérite,  à  apprécier  les  grands  elVorls  de  l'intel- 
ligence humaine,  qu'ils  se  traduisent  à  nos  yeux  par  des  monuments  de  pierre 
ou  par  des  monuments  littéraires. 

C.  SAUVAOl'OT. 


I.  Il  e'iislc  iiu  [lortail  priiiciiwl  de  la  catliiMlralo  cie  Sens  une  ma^iiilique  statue  de  saint 
l-;tienne,  un  véritaljle  clief-d'u'uvre  du  xin'  siéele.  Si  notre  [larole  a\ail  (luelijue  autorité,  nous 
donnerions  à  M.  Geollroy-Decliaume,  lorsqu'il  en  sera  lii,  le  conseil  de  s'ins|)irer  de  la  statue  de 
Sens,  bien  qu'elle  date  d'une  époque  antérieure  à  la  l^^rle  des  Martyrs  de  Notrr-Daine  de  Paris. 

i.  M.  Toussaint  est  mort  tout  récemment.  Nous  avons  [)u  voir,  il  \  a  ipichiue  temps,  à  Notre- 
Dame,  sa  dernière  œuvre,  la  mieux  réussie  peut-ôlre  di;  toutes  ses  productions.  t;'elait  le  chant 
du  cygne  de  cet  artiste  de  talent,  dont  la  mort  laisse  un  vide  dans  la  statuaire  archéologique. 


MUSÉE   DE   COLMAR 


Le  musée  est  placé  dans  les  bâtiments  de  rancicn  cniveiit  des  dominicaines, 
nommé  «  Inteiiinden  ».  L'ensemi3le,  comprenant  la  chapelle  conventuelle  et 
un  cloître  fort  remarciuable,  remonte  au  xiv'  siècle.  Depuis  1772  jusqu'en 
1849  cet  élégant  spécimen  de  l'architecture  monastique  en  Alsace  était  alTecté 
à  une  foule  d'usages  plus  barbares  et  plus  destructeurs  les  uns  que  les  autres. 
En  1SÙ9  un  des  premiers  soins  de  la  »  Société  Martin  Schôen  »,  qui  venait 
de  se  fonder,  fut  de  le  sauver  d'une  destruction  imminente,  de  le  restaurer  et 
d'assurer  sa  conservation.  «  Elle  fit  décider  ».  dit  M.  Ilugot  dans  la  préface 
du  livret  du  musée  de  Colmar,  «  qu'à  l'avenir  l'ancien  couvent  serait  exclusi- 
vement consacré  à  recevoir  les  collections  publicjues  de  science  et  d'art  que 
possède  la  ville.  Puis  la  concession  de  l'église  et  du  cloître  fut  faite  à  la 
Société  par  délibération  du  20  juin  18^9,  à  charge  par  elle  d'approprier  ces 
parties  de  l'édifice  et  de  les  transformer  en  musée.  La  Société  a  tenu  ses 
engagements.  Le  cloître  et  l'église  ont  été  restaurés.  Aujourd'hui  les  travaux 
exécutés  s'élèvent  à  plus  de  ^0.000  francs  soldés  par  le  produit  d'une  cotisa- 
tion annuelle  de  deux  francs,  de  subventions  extraordinaires  fournies  par  un 
certain  nombre  de  ses  membres,  et.  dans  une  large  proportion,  par  les  libé- 
ralités de  M.  Hartmann-Metzger,  ancien  pair  de  France,  membre  de  la 
Société.  » 

Les  tableaux,  dessins,  gravures  sont  placés  dans  la  nef  et  dans  le  chœur 
de  l'église.  Au  centre  du  cloître  se  dresse  une  charmante  fontaine  à  quatre 
faces  surmontée  de  la  statue  de  Martin  Schœngauer,  exécutée  par  M.  Bar- 
tholdi,  et  qui  fut  exposée  au  salon  de  1H61.  Sous  les  voûtes  sont  rangés  les 
statues,  pierres  tumulaires,  débris  de  sculpture  et  d'architecture  recueillis 
dans  le  département  du  Haut-Rhin.  Les  restaurations,  dirigées  avec  un  goût 
et  un  soin  remarquables,  ont  amené  la  découverte  de  l'habitation  première 
des  deux  fondatrices  du  couvent  au  xii"  siècle.  Lorsqu'elles  seront  terminées, 


mlsi';k  dk  col  m. m;.  323 

peu  de  villes  en  Fraiiee  piuirruiit  se  vanter  dr  poss(''(ler  un  plus  pilt()r(^s([ue 
et  plus  poéti([ae  local  pour  y  exposer  leurs  collections  d'art. 

Le  musée  ne  contient  pas  plus  de  230  numéros  (peintures,  —  gravures,  — 
moulages) .  L'intérêt  se  concentre  sur  une  douzaine  de  tableaux  du  xv'  siècle  : 
il  est  vrai  que  ce  sont  des  œuvres  aussi  im|)ortantes  comme  histoire  que 
connue  art.  Mais,  pour  ])eu  ([ue  l'on  ait  le  goût  de  l'archéologie,  leur  étude 
l'ait  paraître  trop  couil  un  séjour  de  \ingl-(iuati-('  heures  à  Colmar.  (Juaul 
aux  aulix's.  il  faut  les  regarder;  mais  le  meilleur  est  de  n'en  lien  dire. 

La  grande  gloire  de  Colmar  est  Martin  Schoen  ou  Schœngauer,  peintre 
d'un  grand  talent,  graveur  plus  reniar(pia])le  encore,  regardé  en  Allemagne 
comme  l'initiateur  de  ces  deux  arts.  Martin  Schœngauer  est-il  réellement  né 
ù  Colmar,  comme  on  l'admettait  g('néraleinent  il  y  a  peu  de  lein])s  encoi-e.  et 
comme  le  dit  rinscri|)tion  de  son  portrait  de  Miuiich?  J^es  opinions  sont  pai- 
tagées.  Heinecken  (»  Idée  générale  d'une  collection  d'estampes  »,  |).  218). 
le  fait  naître  à  kuimbach  en  Franconie.  Les  annotateurs  de  la  nouvelle  édition 
de  Vasari  penchent  pour  Colmar.  M.  Passavant,  dans  sa  nouvelle  édition  du 
Il  Peintre  Graveur  »  (t.  l.  p.  î^O'J),  adopte  l'opinion  de  M.Hugot,  archiviste  de 
Colmar,  très-versé  dans  l'étude  des  origines  de  la  ville.  11  croit,  »  d'après  des 
données  sulTisaniment  |)ositives  »,  qu'il  na(iuit  à  Augsbourg.  Les  archéologues 
et  les  biographes  allemands  se  rangent  aujourd'hui  à  cette  dernière  opinion. 
et  fixent  la  date  de  sa  naissance  vers  1Z|20.  Lutin.  "SI.  Pialph  Woi'uum,  le 
rédacteur  du  «  Catalogue  de  la  .National  Gallery  »  de  Londres,  dédouble 
Schœngauer  en  deux  frères  :  Martin  serait  né  à  Llm;  Piarthel  à  Augsbourg.  Il 
fixe  la  naissance  de  Martin  à  J/|!20,  et  sa  mort  à  1/|88. 

Ce  que  l'on  connaît  de  sa  vie  est  tout  aussi  obscur  que  ce  que  l'on  sait 
de  son  origine.  De  ce  que  sa  m;uiière  otl're  des  points  de  ressemblance  avec 
celle  de  Uogier  van  der  Weydcn,  on  en  a  conclu  qu'il  alla  étudier  à  Bruxelles 
dans  l'atelier  de  ce  maître,  vers  lli!\0.  C'est  possible.  Il  serait  arrivé  en  1/|50 
à  Colmar  où  l'on  a  la  certitude  (|u'il  mourut  postérieui'ement  à  1488.  Son 
portrait  par  son  élève,  Hans  Largkmaii-  (l'iiiacolhèque  de  Munich.  Cabinet  vu, 
n°  ïhG)  donne  la  date  positive  de  J/j99.  Mais  la  mcîution  suivante,  décou- 
verte par  M.  Jlugot  sur  les  registres  de;  la  ])aroisse  de  Saint-Mai'tin,  me 
paraît  plus  décisive  (|ue  l'inscription  du  portrait  :  «  Martinus  Scho-ngauer 
pictorum  gloria  legavit  V  solides  pro  anniucrsario  suo  et  addidit  XL\  solides 
I  denarium  ad  anniuersarium  paternum  a  ([uo  habiu't  minus  anniuersarium. 
Obiit  in  die  Purificalionis  Marie  (!2  février)  Anno  Domiui  lAXXVIlP  ». 

Cette  date  est  d'ailleurs  confirmée  par  un  passage  d'une  lettre  d'Albert 
Durer  où  il  dit  que  «  son  père  était  prêt  à  l'envoyer  à  Colmar  à  l'atelier  de 


324  ANNALES   ARCHEOLOGIQUES. 

M.iiliii  S('liœnsaiir'r.  (|n;iii(l  la  ndiivollc  de  la  mort  de  Taiiisle  ie  fit  cliangcr 
d'avis  et  choisir  Miclici  Wolgeiuutli  ».  Or.  les  premiers  voyages  d'Albert 
Diirer.  ceux  faits  après  son  apprentissage,  datent  de  1690.  Il  avait  à  cette 
époque  dix-neuf  ans,  étant  ne  en  1671.  En  16S8  il  en  avait  dix-sept,  précisé- 
ment làge  oii  Ton  entre  en  apprentissage  et  où  son  père  aura  cherché  un 
atelier  pour  lui.  Trouvant  celui  de  Martin  Scliu:'ngauer  l'ermé  par  la  mort,  il 
se  sera  adressé  à  Wolgemutli.  et  c'est  chez  lui  (|u"All)crt  Durer  a  passé  les 
deux  aimées  de  1688  à  1/|90. 

Mai'tin  Sclioengauer  est  plus  connu  comme  graveur  que  connue  peintre  : 
son  u'uvre  gravé  authentique  se  monte  à  117  pièces  ^  ;  ses  peintures  sont 
beaucoup  plus  rares.  A  parler  consciencieusement,  on  n'en  connaît  pas  d'une 
incontestable  authenticité.  Le  retable  à  trois  compartiments  du  musée  de 
Madrid,  »  Le  Sauveur.  Notre-Dame  et  saint  Jean  »  (427),  est  de  toute 
beauté  et  de  premier  ordre;  ce  n'est  pas  une  des  moindres  merveilles  de  ce 
salon  d'Isabelle  II  (|ui  ou  contient  tant.  Il  ressemble,  tout  en  lui  étant  supé- 
rie(U'.  au  tableau  à  volets  du  musée  du  Belvédère  à  Vienne;  mais  il  a  peu 
d'analogie  avec  la  »  mort  de  la  Vierge  »  (058)  de  la  National  Gallery  de 
Ijundres.  joli  1al)leau.  mais  ([ui  ne  jieut  être  comparé  aux  deux  précédents. 
La  délicieuse  «  Vierge  aux  Roses  »  de  Colmar  se  rapproche  des  polyptyf[ues 
de  Madrid  et  de  Vienne;  mais  elle  s'éloigne  de  la  «  Mort  de  la  AHei'ge  »  de 
Londres,  et  du  «  David  vainqueur  »  (li5),qui.  dans  la  Pinacothèque  de  Munich 
est  également  attribué  à  Martin  Schœngauer.  Enfin,  dans  le  musée  de  Colmar, 
deux  v(jlets  enregistrés  sous  les  numéros  201,  202.  203.  20/i.  tout  en  étant 
inférieurs  à  la  »  Vierge  aux  Roses  ».  me  paraissent  cependant  porter  l'em- 
preinte, sinon  de  la  main  même  de  Martin  Schœngauer,  au  moins  de  son 
influence  très-directe  et  très-rapprochée.  Toutes  ces  compositions  ne  sont 
qu'  «  attribuées  »  à  Martin  Schœngauer.  Aucun  document  n'est  venu  jusqu'à 
ce  jour  prouver  que  telle  œuvre  fût  positivement  de  lui.  et  put  servir  en 
quelque  sorte  d'étalon  pour  comparer  les  autres  œuvres.  I,e  seul  fait  certain, 
c'est  que  le  tableau  de  Madrid,  celui  de  Vienne,  celui  de  Saint-Martin  de 
Colmar  et  les  deux  du  musée,  sont  de  la  même  main.  Si  l'on  avait  une  preuve 
matérielle  que  l'uu  d'eux  fût  de  Martin  Schœngauer,  les  quatre  autres  lui 
api>artiendraient  indubitablement.  Au  milieu  de  tant  de  difficultés  et  d'hésita- 
tions, je  ne  veux  rien  affirmer.  Je  sais  de  quelle  manière  se  propagent  les 
erreurs,  et  la  déplorable  notoriété  que  peut  ac([uérir  une  parole  dite  en  l'air. 
La  seule  supériorité  de  la  science  moderne,  c'est  de  ne  jamais  hésiter  à 

1.  Celui  de  la  Bibliothèque  impériale  [lasse  |iour  le  plus  coaiplel  et  le  plus  beau. 


¥ 


Mi:SÉE  DE  COLMAIi.  325 

avouer  son   ignorance.  Cotte  sincérité  constitue  un  ininiense  })rogrès.  Je   ne 
veux  que  dé'crire  ce  (|U(!  j'ai  vu,  et  que  raconter  mes  impressions. 

La  «  Vierge  aux  Roses  »  est  placée  dans  la  sacristie  de  l'église  Saint- 
Martin.  —  Marie,  de  grandeur  naturelle,  est  vue  de  face,  assise  sur  un 
banc  à  hauteur  d'appui.  Klle  porte  une  robe  rouge  doublée  et  bordée  de  petit 
gris,  et  recouverte  d'un  manteau  également  rouge,  du  même  ton  que  la  robe. 
Sur  son  bras  gauche,  elle  lient  l'enfant  .Jésus  nu.  vu  de  face,  ([ui  lui  passe  le 
bras  autour  du  cou.  Autour  de  la  tète  de  la  Vierge,  un  nimbe  doré,  chargé  de 
mots  que  l'usure  et  l'éloignement  ne  permettent  pas  de  lire  :  quelque  invocation 
pieuse.  Au-dessus,  deux  angelots  voltigeants,  vêtus  de  robes  bleues,  ailes  vert 
foncé,  soutiennent  une  couronne  d'orfèvrerie  délicate  et  compliquée,  où  sont 
enchâssées  des  pierres  précieuses.  Derrière  la  Viei'ge,  sur  des  palissades, 
courent  des  branches  de  rosiers,  chargées  de  feuilles  et  de  fleurs,  et  animées 
par  une  quantité  de  rouges-gorges,  de  roitelets,  de  mésanges  et  de  fauvettes. 
A  ses  pieds  un  gazon  piqueté  de  fleurettes  et  de  fraises.  Fond  d'or  gaufTré. 

Les  mains  sont  longues,  cassées  aux  phalanges,  les  doigts  posés  d'une 
façon  assez  prétentieuse.  La  tète,  assez  large  aux  tempes  et  aux  mâchoires, 
s'amincit  au  menton,  et  présente  une  ressemblance  marquée  avec  la  forme  des 
têtes  de  Vierge  des  gravures  de  Martin  Schœngauer.  l^a  couleur,  belle  et  vi- 
goureuse, n'atteint  cependant  ni  à  l'intensité,  ni  à  la  douceur  de  celle  de  l'école 
flamande  du  même  temps.  11  en  est  de  même  du  dessin.  Au  premier  abord 
on  est  disposé  cà  regarder  cette  belle  figure  comme  une  œuvre  flamande  de  la 
seconde  moitié  du  xv' siècle;  mais,  en  l'examinant  attentivement,  à  certaines 
crudités  de  ton,  à  une  pureté  de  dessin  moins  rigoureuse,  à  des  lignes  exubé- 
rantes, à  des  contours  moins  simples,  on  songe  à  l'école  de  Cologiie.  C'est 
ce  mélange,  cette  hésitation  entre  deux  manières  bien  tranchées  qui,  rappro- 
chées du  souvenir  du  triptyque  de  Madrid,  fait  admettre  cette  œuvre  comme 
un  Martin  Schœngauer.  Il  est  tout  simple  que  le  style  de  cet  artiste.  Allemand 
d'origine  et  ayant  étudié  chez  un  l''lamand.  ait  gai'dé  trace  de  ces  doux 
influences.  La  date  de  iklS  inscrite,  m'a-t-on  dit.  derrière  le  tableau,  se 
rapporterait  aux  années  du  plein  épanouissement  de  son  talent.  M.  Waagen 
(«  Ilandbook  of  painting  Flemish  and  Cerman  »,  t.  I,  p.  132,)  décrit  ce 
tableau  et  en  fait  un  éloge  mérité*. 


I.  Les  «  Annales  Arcliéologiques  »  avaient  l'intention  de  re()rotluire  par  la  gravure  ce  beau 
tableau  «  gothique  »  de  Saint-Martin  de  Coliiwr,  et  de  le  publier  avec  cet  article.  Pour  ce  but, 
M.  le  comte  Clément  de  Ris  s'est  mis  en  relation  avec  M.  le  curé  de  Saint-.Martin  et  M.  l'archi- 
viste Hugot;   mais  il  a  été  reconnu  qu'on  ne  pouvait  pliotograpliier  ce  tableau  sur  place,  et 


326  ANNALCS  ARCHEOLOGIQUES. 

Le  musée,  où  nous  voici  enfin,  est  presque  uniquement  consacré  à  la  gloire 
de  Martin  Schœngauer.  Voici  d'abord  une  «  Copie  du  portrait  »  (ii'i)  de 
Jean  Largkmair,  qui  passe  pour  être  celui  de  Schœngauer.  Elle  a  été  exécutée 
par  M.  Joseph  Mosl,  en  18i6,  et  n'est  pas  faite  pour  éclairer  la  question  des 
dates.  Elle  n'en  porte  pas  moins  de  quatre.  Je  les  copie  d'après  le  catalogue 
de  la  Pinacothèque.  Deux  sur  la  l'ace  :  «  Bau  Martin  Schongauer,  peintre. 
l/|8o  <>;  puis  ce  monogramme  :  »  15  L  04  ».  Deux  sur  le  revers,  comprises 
dans  l'inscription  suivante  en  allemand  : 

((  Maître  Martin  Schœngauer,  peintre,  dit  Martin  le  Beau,  à  cause  de  son 
art,  né  h  Colmar.  Mais  à  cause  de  ses  parents  il  fut  reçu  bourgeois  d'Augs- 

bourg  et  reconnu  noble.  —  Xé Mort  à  Colmar  en  1499...  le  2  février. 

Dieu  lui  fasse  grâce.  Et  je  fus  son  élève  :  Hans  Jjargkmair,  l'an  1488  ». 

D'après  cette  inscription,  Martin  Schœngauer  serait  positivement  mort  en 
1499.  Mais  est-elle  bien  authentique?  et,  si  elle  l'est,  a-t-on  bien  lu  la  date? 
Ne  serait-ce  pas  1488?  et  alors  ne  confirmerait-elle  pas  la  pièce  retrouvée  par 
M.  Hugot,  que  j'ai  transcrite  plus  haut?  Tels  sont  les  seuls  documents  connus 
sur  l'existence  et  la  mort  du  peintre  de  Colmar.  Je  me  borne  à  les  rapporter. 
En  prenant  pour  point  de  comparaison  la  «  Vierge  aux  Roses  »,  le  musée 
ne  possède  que  quatre  panneaux  que  l'on  puisse  attribuer  à  Martin  Schœn- 
gauer. Ce  sont  deux  volets  d'un  triptyque  dont  le  centre  a  disparu.  Ces  volets, 
hauts  de  l'-SS,  et  larges  de  0"58,  sont  peints  sur  les  deux  faces.  Fermés,  ils 
représentent  la  «  Vierge  adorant  l'enfant  Jésus  »  (201)  et  «  saint  Antoine  » 
(203).  Ouverts,  1'  «  Ange  Gabriel  »  (202)  h  gauche;  la  «  Vierge  de  l'Annon- 
ciation »   (204)  à  droite.  Par  la  simplicité  du  dessin,  la  beauté  des  tètes,  la 
sévérité  des  plis,   l'éclat  harmonieux  de  la  couleur,  ce  sont  les  meilleurs 
tableaux  du  musée  et  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  de  la  «  Vierge  aux 
Roses  » .  Sont-ils  de  Martin  Schœngauer?  Je  n'en  sais  rien  ;  mais  certainement 
ils"  ont  été  faits  dans  son  école  et  sous  son  influence  directe.  Je  suis  donc  heu- 
reux de  me  rapprocher  de  l'opinion  de  M.  Passavant,  qui  n'hésitait  pas  à  les 
attribuer  à  Martin  Schœngauer. 

Voici  une  autre  paire  de  volets  dont  le  panneau  central  a  également  disparu. 
Ils  ont  l'"70  de  hauteur  sur  0"'55  de  largeur.  Fermés,  ils  représentent  : 
celui  de  gauche  «  sainte  Catherine  d'Alexandrie  »  ;  celui  de  droite  «  saint 
Laurent  ».  Ouverts,  ils  offrent  chacun  deux  sujets  superposés.  Sur  le  volet  de 
gauche,  en  haut  :  «  sainte  Catherine  refusant  de  sacrifier  aux  idoles  »  (205); 
en  bas,  le  «  martyre  de  sainte  Catherine  »  (206).  Sur  le  volet  de  droite  :  en 

comme  il  Olait  impossible  do  le  déplacer,  au  moins  alors,  il  a  fallu  renoncer  à  ce  projet  qui  aurait 
mis  sous  les  ycux.de  nos  lecteurs  une  Vierge  et  une  belle  Vierge  de  plus.  [Xote  de  .)/.  Didron.) 


Ml  SKK   \)V.  COI.MAIi.  327 

haut,  «  saint  Laurent  dislril)uant  ses  trésors  aux  pauvres  de  Home  »  (207)  ; 
en  bas.  le  «  martyre  de  saint  Laïu'cnt  »  ("208).  [.es  |)ainicaux  proviennent  du 
couvent  (risseniieiin.  (jui  a  i-onteiui.  jus(|n"à  la  i-i'volulion.  de  .n-i-andcs  ricliesses 
artisti(iU(>s.  Au  bas  d'un  pilasti'f.  dans  le  tableau  2(17.  une  inscription  aii:si 
restituée  doinierail  la  date  de  la  composition  :  »  l'osl  parlum  15.  Marie  Vir- 
ginis,  anno  Domini  miilesimo  ([uingentesimo  11  III.  150.")  ». 

Ces  tableaux  ne  sont  pas  de  Martin  Seliœngauer;  la  date  de  ITiOT)  n'y 
fùt-elle  pas  inscrite,  il  serait  impossible  de  les  lui  attribuer.  Tout,  dans  leur 
exécution.  indi([ue  une  é|io(|ne  [josli'rii'nrc.  une  ère  nouvelle  l.a  tradition 
religieuse  s'all'aiblit.  la  naïveté  dispai'aît.  l'exécution  dcvienl  plus  sûre  d'elle- 
même  et  glisse  dans  la  prati(iue.  la  fantaisie  de  la  lii;'ne  et  rincori-cclion  du 
contour  se  donnent  libre  carrière.  Nous  sonnnes  loin  du  soin  scrupuleux  (|ui  a 
exécuté  la  «  Vierge  aux  Ros(>s  ».  Le  livi'et  les  enregistre  à  un  "  niaîti'e  inconnu 
de  1505  ».  ef  je  doute  ([uo  jamais  personne  songe  à  soulever  cet  incognito. 

J'ai  dit  qu'ils  provenaient  du  couvent  d'Issenheiin.  Ce  monastère,  placé 
sous  la  discipline  des  Aniom'stes.  fut  au  moyen  âge  ef  jus((u'à  la  l'évolution 
française  un  des  plus  riches  établissements  monastiques  de  l'Alsace.  Il  devait 
surtout  sa  réputation,  en  France  et  en  Allemagne,  à  la  somptuosité  du  retable 
de  son  maître  autel,  l.'on  conserve  encore  aujourd'liui,  à  Issenheim.  le  sou- 
venir de  voyageiu's  venus  exprès  de  Lyon  pour  le  voir  dans  ji.'s  dei'Mières 
années  du  siècle  passé.  «  Les  débris  que  possède  le  musée  de  Colmar  » 
(146,  155.  17'|.  181).  dit  le  livret,  «ne  formcnl  malheureusemciil  (pTune 
bien  faible  pai-tie  de  toutes  ces  richesses.  On  tient,  de  l'une  des  personnes 
mêmes  qui  concoururent  à  leur  enlèvement,  que  deux  chai-iols  de  sculptures 
peintes  et  dorées  furent,  à  une  époque  déjà  éloignée,  transportés  dans  une 
province  voisine  pour  y  être  vendus.  » 

Ce  monument  devait,  ce  me  semiile,  cti'c  composé  de  la  manière  suivante  ; 
Au  centre  (hi  chœur  se  dressait  le  retable  même,  véritable  monument  en  bois 
sculpté  à  plein  relief,  à  nombreux  personnages  de  grandeur  naturelle,  à  deux 
faces.  Ce  retable  était  enveloppé  par  une  immense  armoire  en  bois  également 
k  deux  faces,  dont  chaque  face  était  ])einte  (\q>  deux  côtés,  avec  prédelle. 
Cette  armoire  s'ouvrait  et  ])ermettait  de  laisser  voir  les  bas-ivliefs.  Les  retables 
du  musée  de  Dijon,  attribués  à  Jac(|ues  de  la  Daerze.  ]ieuvent  donnei-  une 
idée  de  ce  système  d'ornementation  et  de  clôture.  11  existe  encore  à  lilœu- 
bcurcn,  on  Saxe,  je  crois,  un  autre  retable  dont  l'ornementation  compliquée  et 
la  sculpture  se  rapprochent  beaucoup  de  celui  d' Issenheim.  Lue  gravure 
exposée  reproduit  ce  deinier  retable. 

Toute  cette  composition  n'est  pas  ari'ivée  au  musée  de  Colmar.  Les  deux 


328 


ANNALES  AliCHKOLOGinUES. 


clian'ols  de  sculplures  peintes  et  dorées  ont  sans  doute  emporte  toute  une 
face  du  retaille  sculpté,  la  prédelle  d'une  des  faces  de  l'armoire,  et  beaucou|) 
de  parties  accessoires.  Ce  qui  en  reste  cependant  est  encore  suffisant  pour 
justifier  l'intérêt  qui  s'y  attache. 

Le  retable  est  divisé  en  deux  zones  dans  sa  longueur  horizontale.  En  haut, 
au  centre,  «  saint  Antoine  »  (1/|7)  assis,  tenant  le  «  Tau  »  dans  la  main 
droite  et  accompagné  de  son  cochon;  à  sa  droite,  «  saint  Augustin  »  (l/iG), 
debout,  présentant  le  donateur  agenouillé;  à  sa  gauche,  "  saint  Jérôme  » 
(148),  debout,  tenant  un  livre  dans  la  main  gauche,  la  main  droite  à  demi 
élevée  vers  le  ciel.  En  bas,  sous  ce  groupe,  une  frise  formant  prédelle  et 
représentant  :  au  centre,  le  Christ  en  buste,  accomiiagné.  à  gauche  et  à  droite, 
des  douze  apôtres  également  en  buste.  Ces  sculptures  ont  un  mouvement,  un 
modelé,  une  liberté  qui  indique  un  artiste  exercé.  Je  les  crois  des  dernières 
années  du  quinzième  siècle.  «  Au  dus  de  saint  Tliadée  »,  dit  le  livret,  "  on 
trouve  écrit  au  pinceau,  en  noir  pâle,  sur  une  pièce  blanche,  les  mots,  Dics 
Bkycuel,  qui  donnent  vraisemblablement  le  nom  du  sculpteur;  le  génitif  étant 
employé  comme  conséquence  du  mol  œuvre,  «  wcrk  »,  sous-entendu.  » 

Arrivons  aux  peintures  qui  ornaient  les  quatre  faces  de  l'armoire.  Les 
figures  suivantes  en  abrégeront  la  description. 


FACE   ANTERIEURE. 


Volets 


MISE    EN    CROIX 

(173) 


MISE    AU   TOMDEAU 

(  IT.I  I 


Volels ouverts 


KÉSl'RRErTTON 

(  180  1 

ANNONCIATIO 
(181) 

MISE    AU   T'-MBRAU 

FACE   POSTERIEURE. 


I.A    NA 

(1 

TIVITIC 

La  pnVielle  raanrjue. 

TBNTATiON 

IIE  SAINT  ANTOINK 

(  172  ] 


La  préilello  manqn 


vrsiTK 

DE  SAINT  ANTOINE 
A  SAINT  PAUL 

(ns) 


MrSKT.   DR  COLMAH.  329 

Deux  panneaux  en  liauleui-,  représentant  «  saint  Sébastien  »  flo7)  et 
«  saint  Antoine  »  (lo8),  servaient  sans  doute  de  clôture  aux  deux  coins  de 
l'armoire,  dans  le  sens  de-  son  épaisseur.  C'est  donc  en  tout  neuf  tableaux 
dont  trois  (la  u  Mise  en  croix  »,  la  «  Mise  au  tombeau  ».  et  la  ^  .Nativité  ») 
sont  de  véritables  compositions.  Ceux  qui  m'ont  le  plus  frappé  sont  les  deux 
fij^m'es  de  »  saint  Sébastien  »  et  de  «  saint  Antoine  ».  d'un  dessin  simple  et 
grand,  d'un  modelé  ferme,  surtout  dans  les  |ilans  du  visage,  et  d'une  couleur 
vigoureuse,  (juoique  sans  éclat.  La  tète  de  la  Vierge,  dans  la  »  Nativité  ».  est 
délicieuse  d'expression  et  de  douceur. 

Toute  cette  décoration  n'est  certainement  pas  du  même  artiste.  11  est  facile 
de  comprendre  que,  pour  un  travail  d'une  pareille  importance,  lentrepreneur 
de  peintures,  au(]uel  il  aura  été  commandé  ou  qui  en  aura  pris  l'adjudication 
à  forfait,  se  soit  fait  aider  par  de  nombreux  auxiliaires.  Les  caractères  domi- 
nants sont  ceux-ci  :  petits  plis  cassés  comme  du  parchemin  et  en  très-grande 
quantité;  barbes  et  chevelures  ressemblant  à  de  l'étoupe;  coloris  plat  comme 
de  l'aquarelle;  teinte  d'un  blanc  sale  et  comme  verdi.  Cependant  les  portions 
déjà  indiquées  («  Nativité  »,  «  saiut  Sébastien».  <■  saint  Antoine  »)  sont 
traitées  dilTéremment,  par  une  main  plus  habile  et  qui  se  rapproche  de  la 
correction  délicate  de  Martin  Schœngauer. 

Le  rédacteur  du  livret  pense  que  toute  cette  décoration  a  été  composée 
entre  1Û98  et  lôlU.  L'examen  confirme  cette  opinion.  Il  l'attribue  à  Mathias 
Grùnewald,  d'AschalTenbourg,  mort  en  1510.  Ici  le  doute  est  permis.  Je  ne 
connais  d'onivre  authentiijuc  de  Mathias  (liùnewald  que  les  cinq  tableaux  de 
la  Pinacothèque  de  Munich,  et  j'avoue  que  le  souvenir  que  j'en  ai  gardé  n'est 
pas  favorable  à  l'attribution  de  M.  Ilugot.  Dans  le  vestibule  du  musée  de 
Belle  on  voit,  enregistré  sous  le  n°  29.  un  »  Christ  en  croix  »,  évidemment 
de  la  même  main  que  les  tableaux  de  Colmar.  L'auteur  de  ces  œuvres  était 
fort  inférieur  à  l'auteur  des  tableaux  de  Munich  :  c'est  tout  ce  que  je  puis  dire. 

Je  crois  l'attribution  du  livret  erronée,  quand  il  attribue  à  un  «  Maître 
inconnu  »  de  l'école  de  Cologne,  antérieur  à  H20,  le  «  Christ  en  croix  » 
(105).  C'est  une  œuvre  de  l'école  Colonaise;  mais,  loin  d'y  voir  cette  naïveté, 
cette  maladresse  qui  dénotent  la  naissance  de  l'art,  j'y  trouve  au  contraire 
un  maniérisme  qui  accuse  un  degré  d'avancement  assez  prononcé.  Tous  les 
tableaux  dits  gothiques  ne  sont  pas  naïfs  par  cela  seul  ([u'ils  sont  gothiques. 
L'art  gothique  a  eu  ses  commencements,  son  apogée  et  sa  décadence  comme 
tous  les  arts.  Je  crois  donc  que  l'on  peut  reculer  la  composition  de  ce  tableau 
jusqu'à  la  seconde  moitié  du  xv"'  siècle,  et  y  voir  l'œuvre  de  quelque  élève  de 
Stephan  Lolhener,  vers  H70  ou  1480. 


330  ANNALES    ARCIIÉOLOGI  QUES. 

La  (I  Pieta  »  (131)  est  ég-alement  aifrilnice  à  un  Maître  inconnu.  M.  Waa- 
gcn.  du  nuiséi;'  di^  IVrlin.  a  ou  raison  do  ne  pas  y  reconnaître  Martin  Schœn- 
gauer.  Ce  tableau  m'a  paru  flamand,  de  quekjue  condisciple  ou  élève  de  Rogier 
Van  der  Veyden  et  de  Dirck  Stuerbout.  Le  livret  assure  que  M.  de  Quandt, 
directeur  de  l'Académie  de  Dresde,  a  été  saisi  d'un  véritable  enthousiasme 
devant  les  beautés  de  cette  peinture.  M.  de  Quandt  me  paraît  avoir  l'enthou- 
siasme facile. 

Je  ne  connaissais  pas  le  nom  do  Gaspar  Lsonmann.  auquel  sont  vaguement 
attribués  sept  tableaux  provenant  d'un  polyptyque  et  représentant  :  1'  «  Entrée 
de  Jésus-Christ  à  Jéricho  »  (HO),  la  »  Cène  »  (141),  le  «  Jardin  des  Oli- 
viers »  (l/jS),  le  <i  Couronnement  d'épines  »  (163),  le  «  Christ  à  la  colonne  » 
(ihh)-  r  "  Ensevelissement  »  (1^5),  la  «  Résurrection  »  (139).  Ils  sont  peints 
à  riuiile,  sur  fond  d'or,  et  porlont,  dit  le  livi'ct,  la  date  de  l/iG5  inscrite  au 
revers  de  1'  «  Entrée  à  Jéricho  ».  Or,  on  a  retrouvé  siu'  les  registres  de  Saint- 
Martin  de  Colniar  la  minute  d'un  marché  passé  entre  la  fabi-i(jue  et  un  artiste 
nommé  Gaspard  Isenmann.  pour  l'exécution  de  peintures  destinées  au  maître 
autel  de  l'église.  'Malheureusement  ce  marchi-  ne  spécifie  aucun  des  sujets  qui 
devront  être  exécutés;  et,  de  l'aveu  inèmo  du  rédacteur  du  livret,  l'attribu- 
liun  |»roposée  devient  par  conséquent  pui'ement  conjecturale.  11  eût  été  préfé- 
rable alors  de  ne  pas  la  hasarder,  et  d'enregistrer  ces  sept  panneaux  à  l'école 
avec  laquelle  ils  présentent  le  plus  d'affinité  :  l'école  flamande  de  la  seconde 
moitié  du  xv"  siècle.  Le  n"  139  est  celui  qui  en  oflre  les  caractères  les  plus 
marqués  et  les  plus  sensibles. 

Peut-on  inx'londro,  d'après  les  quelques  spécimens  que  nous  venons  de 
passer  en  revue,  qu'il  existe  une  école  de  Colmar.  ainsi  que  quelques  histo- 
riographes l'ont  dit?  A  mon  sens.  non.  Los  tableaux  du  musée  présentent,  il 
est  vrai,  un  mélange  assez  original  de  l'école  de  Cologne  et  de  l'école  fla- 
mande ;  mais  ce  mélange  n'est  pas  assez  tranché,  il  n'est  pas  répandu  sur  un 
nombre  d'œuvres  assez  considérable,  il  est  trop  délicat  à  saisir,  pour  que  l'on 
soit  en  droit  de  former  un  groupe  isolé  :  ce  que  l'on  appelle  une  écolo.  C'est 
une  nuance  légère  ;  ce  n'est  pas  une  dilïérence.  L'école  existe,  c'est  l'école 
de  Cologne,  qui  serait  plus  justement  appelée  l'École  du  Rhin,  et  dont  Cologne 
serait  la  tête.  Dans  chaque  ville  du  cours  du  Rhin,  de  Cologne  à  Râle,  les 
caractères  généraux  se  sont  empreints  du  génie  particulier  à  chaque  associa- 
tion d'iiilérèts.  à,  chaque  groupe  do  populations,  à  chaque  ville,  l  ne  longue 
habitude  amènerait  sans  doute  à  reconnaili'o  les  artistes  qui  ont  travaillé  à 
Cologne  ou  à  Francfort,  à  Strasbourg  ou  à  Colmar;  mais,  je  le  répète,  ce 
sont  des  nuances  :  l'onsomblo  reste  le  même.  Si  l'on  voulait  faire  une  école 


MUSKl':    DE   COI.MM!.  331 

particulière  do  Colmar.  il  luudrait  .'saleiiienl  eu  créer  une  pour  cha<i,ic  ville 
de  l'Italie,  de  Gènes  à  Naplcs.  Ces  subdivisions  infinies  deviendraient  de  la 
confusion. 

Je  ferai  un  aveu  en  terminant.  Colmar  n'est  une  ville  française  que  doi)uis 
Louis  \IV.  Jusqu'en  lOS/i  elle  a  fait  partie  intégrante  de  l'empire  d'Alle- 
magne dont  elle  a  subi  toutes  les  vicissitudes.  Les  œuvres  des  artistes  qui  y 
ont  travaillé  s'en  l'cssenfent.  Le  génie  français  n'est  empreint  dans  aucune 
d'elles;  le  génie  allemand  l'est  dans  toutes.  Je  ne  i)ense  pas  être  taxé  de  patrio- 
tisme exagéré  en  disant  que  je  le  regi-etfe. 

CO.MTI-    L.   CLÉMI'XT    IJE   RIS. 


LA   VIERGE 


ET    LES    PALINODS    DU    MOYEN   AGE 


Nous  avons  signalé  déjà  un  Ijon  nombre  de  figui'es.  symboles  et  allégories 
par  les(|uels  nos  poètes  et  artistes  de  palinods  célèbrent  la  Vierge  immaculée. 
A  travers  les  défaillances  du  goût,  les  hésitations  de  la  langue,  les  tâtonne- 
ments du  rhythme  et  le  vague  de  la  prosodie,  il  est  plein  d'intérêt  de  suivre 
leurs  ébats,  d'étudier  leurs  elTorts  pour  se  soustraire  à  la  monotonie  du  sujet, 
d'assister  à  leurs  luttes  rivales  dans  ce  champ  clos  du  concours,  et  de  con- 
stater çà  et  là  les  succès,  ou  d'enregistrer  les  revers  de  leur  lyre  ou  de  leur 
pinceau.  Nous  nous  étonnons,  (juant  à  nous,  de  la  fécondité  de  leurs  images, 
de  la  variété  et  souvent  de  la  justesse  de  leurs  applications.  Ils  tirent  leurs 
matériaux  de  toutes  parts.  Ils  fouillent  à  pleines  mains  le  ciel  et  la  terre, 
l'ordre  naturel  et  l'ordre  surnaturel,  le  monde  chrétien  et  le  monde  païen. 
L'Kcriturc  leur  est  familière,  la  tradition  aussi,  voire  la  fable;  et  ils  les  amal- 

1.  Voyez  les  «  Annales  Arcliéologiques  »,  vol.  xxi,  page  .343;  vol.  xxn.  pages  27  et  97.  — 
Pour  nous  reposer  un  peu  de  ces  vilaines  Vierges  du  w  siècle  et  de  la  renaissance  qui  ont 
accompagné  jusqu'il  présent  les  articles  de  M.  Hurel  sur  la  «  Vierge  et  les  Palinods  »,  voici  une 
Vierge  tenant  Jésus,  prise  d'une  peinture  murale  du  xm'  siècle,  qui  tapisse  l'intérieur  du  mur 
occidental  ou  du  portail  de  Saint-Laurent  hors  les  murs,  à  Rome.  Nous  la  disons  du  xiii''  siècle, 
parce  que  le  mur  qui  la  porte  est  de  cette  date;  mais  on  y  sent  une  influence  plus  ancienne.  Ce 
type  rappelle,  par  sa  douceur  et  sa  mélancolie,  celui  des  Vierges  byzantines  des  xr  et  xii'  siècles. 
Le  voile  qui  couvre  la  tête,  le  coussin  et  le  siège  qui  reçoivent  Marie  n'infirment  pas,  au  con- 
traire, celte  opinion.  Malheureusement  cette  peinture  est  dégradée,  et  l'enfant  Jésus  a  particuliè- 
rement souffert  à  la  tète,  à  la  chevelure.  La  dégradation  ou  mutilation  est  si  bizarre,  qu'elle  donne 
à  la  chevelure  de  Jésus  l'apparence  d'une  de  ces  longues  et  laides  perruques  dont  s'affublent  cer- 
tains magistrats  ou  hommes  politiques,  membres  des  lords  et  des  communes,  en  Angleterre.  De 
a  droite,  l'Enfant  bénit  à  la  latine;  de  la  gauche,  il  tient  un  large  parchemin  déroulé  où  se  lit  : 
EGO  svM  Lvx.  Tous- les  caractères  iconographiques  du  moyen  âge  sont  parfaitement  accusés  dans 


iiïïïïiii:!;^  i\iiii;fi:sDiDfi3D*n:Sii 


l'AU     DinUdN     Al\r.  .      \     l'M'.IS 


Gravi'  par  Moi  ard 


Dessiné  par  ÉDorABD  DtnRoN 

|.BNTlKli    NXliALi:    DU    Ml"    S:icl.K,    A    SUNT-LAOHKM',    llOIiS    LKS   MIKS,     X    I:()M1 

lllli.iClH'-    Il 


■iljlii;  pjr  Dioiio^,  me  Saint-Domii.iquc-,  53,  i  Taris 


LA    VIEUGK   r,T  l.KS   PALINOUS   \)l    MOYEN    AGE.  333 

f^aiiieiit  (ruiie  lacon  peu  scrLiimlinisc.  il  est  \rai.  mais  avei'  siin|)licik''  cl  sin- 
cérité. Que  leur  iuiporle,  pourvu  (|Ui'  de  ce  niélaii;4'e  un  peu  Inrcc'  du  di\iii  et 
(le  riunnain.  du  profane  et. du  sacré,  sorte  resplendissante  la  ligure  de  la 
Vierge  sans  tache?  Le  statuaire  jette  au  feu  pèle-nièle  l'or,  rargenl.  le  cuivre, 
l'élain;  |)uis.  le  iiionient  venu,  il  làclie  avec  confiance  dans  le  moule  pré|)aré 
l'écluse  bouillonnante  (pii  se  tige  et  se  dresse  (>n  tm  miMal  eniprcinl  di's  formes 
(|u"i!  a  rè\t''es.  Nos  artistes  l'ont  (h'  mi"'inc.  Au  reste,  nous  le  i'ép(''tons.  nous 
avons  beaucoup  moins  de  souci  d'élalei'  com|)laisammcnt  leur  nn'ritc  souvent 
contestable  que  d'exposer,  pour  le  profit  de  ceu\  au\(|uels  il  appartient,  le  parti 
(|u'ils  surent  tirer  des  choses  dans  la  représentation  d'un  nnsière  deslini''  plus 
que  jamais  à  être  présent  aux  yeux,  k  l'esprit  et  au  c(eiu'  des  chn'liens. 

(le  n'est  pas  ici  le  lieu  de  faire  de  la  thcMilogic.  cl  de  prouver  (|iie  la  di'lini- 
tion  callioli([ue  du  dogme  de  l'innuaciilation  oi-igine||e  de  la  \  ieige  a  eu  lieu. 
sauf  les  accessoires,  dans  les  mêmes  conditions  de  validité  cl  de  ir^gilimité  que 
celle  de  tous  les  dogmes  antérieurement  |)romulgués;  mais  (|uoi  cpie  l'on  pense 
à  cet  égard,  il  est  du  moins  un  fait  indubitable  :  c'est  que  la  croyance  à  ce 
dogme,  s'imposant  ;i  la,  conscience  de  millions  de  lidèlcs.  lui  assure  désormais 
dans  l'iconographie  une  ])art  spéciale  et  comnv.-  |)ri'pon(li''ranle.  Libi-e.  on 
pouvait  ;i  la  rigueur  se  disi)enser  de  l'evprimci'.  de  \o  populai'iscr  par  tous  h^s 
moyens  (jui  retrempent  chez  les  lidèles  le  sens,  la  m(''moire  et  l'amour  des 
mystères  saints;  luais.  à  présent,  le  silence  serait  une  prévarication,  et  le 
mutisme  du  ciseau  ou  du  |)inceau  une  sorte  d'apostasie.  Ce  serait  île  |)lus  une 
aberration.  puisi|ue  jamais  les  u'uvres  ins|)irt'>es  par  ce  dogme  n'ont  dû  ren- 
contrer auprès  du  public  ini  accueil  |)lus  fianc.  |)lus  sympathi(|uc  et  plus 
universel. 

Dans  le  fait,  la  dévotion  populaire  a  été  saturée,  dans  ce  temps-ci.  d'une 
inexprimable  quantité  de  représentations  :  statues  de  toute  grandeur  et  de 

collo  ppiniliro  :  Mario  a  lo  niiiil)c  uni,  l'Enfant  a  le  nimlic  rruciféro;  on  ne  voit  plus  le-;  piinis  do 
la  Vier.so,  mais  ils  étaient  cliaussés  assurément,  comme  ceux  de  l'Fii''ant  sont  nus.  Prés  du  nimlie, 
à  droite  do  la  Vierge,  on  voit  une  .M  majuscule,  liarrée;  c'est  le  monou'ramnie  de  .matku  ou  M-cItt?  ; 
de  l'autre  côté,  mais  c'est  ofTacé,  il  y  avait  un  L)  ou  un  (->,  égaleiuent  barré,  [lour  i)i:i  ou  0£oO, 
comme  on  lo  voit  dans  les  images  l)yzantines  (|ui  aiment  toutes  à  proclamer  le  titre  do  la  "  Mère 
de  Dieu  ».  Ce  qui  nous  a  frappé,  h  Rome,  dans  cette  peinture,  c'est  la  physionomie  de  la  Vierge 
qui  est  douce,  mais  triste  et  résignée.  Ce  n'est  [)as  la  Vierge  triomplianle,  orguoillouse  mémo, 
comme  nos  sculpteurs  du  xiu''  siècle  l'ont  faite  à  Paris  et  ii  Hoims;  ce  n'est  pas  la  Vierge  douce- 
reuse, mignarde,  afToctte,  comme  l'ont  peinte  nos  verriers  do  la  renaissance  h  Rouen,  aux  .\n- 
delys,  à  Troyos.  Aujourd'hui  môme,  un  peu  |)lus  loin,  nous  publions  le  vitrail  du  Grand-.\ndely, 
de  l'an  ibiO,  qui  passe  pour  un  chef-d'œuvre;  comparez  la  Vierge  de  l'.Vssomption  et  celle  de 
Théophile  a  la  Vierge  de  Saint-Laurent,  el  dites  qu'entre  les  deux  arts  il  y  a  tout  un  abîme. 

[Xote  de  M.  Didron.) 
zxii.  /|3 


33;,  ANiSALES  AUCIl  KULOGlOliES. 

toute  pùte,  images  de  tout  dessin  et  de  toute  fal)ri((iie.  oi)uscules  de  tout  style 
et  de  toute  inspiration.  La  piété,  la  spéculation  ont  pi-ofité  avec  une  égale 
promptitude,  sinon  avec  un  succès  égal,  de  la  nouvelle  phase  où  vient  d'en- 
trer l'avenir  de  la  croyance  qui  nous  occupe;  mais,  il  faut  le  dire,  les  conve- 
nances de  l'art  et  de  l'iconographie  pnuiTaient  ju>tement  reprochera  la  piété 
de  s'être  montrée  si  indulgente  à  tant  de  produits  capables  de  ravaler  son 
dogme,  bien  plus  que  de  lui  faire  honneur.  (JucI  spectacle  curieux  et  triste  on 
aurait,  si  l'on  rapi)rocliait  tous  les  spécimens,  tous  les  modèles  de  Vierge  imma- 
culée sortis,  depuis  dix  ans,  des  ateliers  de  plus  en  jjIus  nombreux  où  le  sen- 
timent chrétien  subit  une  si  outrageuse  expliiitalion  !  Il  n'y  a  point  de  contrôle. 
Chacun  présente  S(.)n  type,  et  le  pii'e  ne  rencontre  i)as  toujours  auprès  du 
|)ublic  ignorant  l'accueil  le  moins  empressé.  On  conçoit  à  peine  que  l'autorité 
ecclésiastique  ne  se  préoccupe  pas  de  cela,  et  laisse  au  mercantilisme  toute 
aisance  pour  achever  de  corrompre  le  goût  et  la  saine  piété. 

Nous  ne  disons  point  h  ce  sujet  toute  notiv  pensée  et,  si  nous  n'indiquons 
pas  les  moyens  propres  à  remédiei-  aux  incon\énients  que  nous  signalons, 
c'est  (pi'ils  sont  de  plus  d'un  genre  et  d'ailleurs  faciles  à  découvrir.  Ils  seraient 
en  outre  d'une  application  simple  et  ne  feraient  gémir  que  ce  commerce  qui 
tratH|ue  bassement  de  tout  ce  cju'ij  faut  respecter. 

Repi'cnons,  pour  en  finir  avec  le  palinod  rouemiais.  la  suite  de  ses  com- 
positions. 

Voici  une  mer  azurée.  Des  bai-ques  de  pécheurs  la  sillonnent.  Les  poissons 
se  jouent  à  la  surface  de  l'eau  et  se  prennent  dans  les  filets.  Ceux-ci  se  rom- 
pent sous  le  poids.  In  dauphin  apparaît.  Tout  s'agite  pour  le  saisir;  mais  il 
échappe  aux  rets,  il  défie  les  harpons.  «Un  fin  pescheur  »  (le  démon)  épuise  en 
vain  tous  ses  artifices;  sa  science  est  aux  abois.  Ses  appâts  sont  impuissants. 
Le  merveilleux  poisson  se  promène  invulnérable  et  tranquille.  De  dépit  «  Sa- 
than.  qui  })crd  ses  pas,  ses  reths  et  darts,  »  se  retii-e.  Il  va  se  consoler  de  son 
échec  en  compagnie  de  gens  auxquels  le  poète  n'épargne  pas  l'invective  : 

Gen-;  contunias 

Faulx  oniiuveux  plains  de  niaulvais  esprits 
Oui  vont  jjlamant,  maigre  roys  et  primats, 

le  privilège  de  ce  dauphin,  figure  de  la  Vierge.  L'invention  et  l'exécution  de 
ce  petit  poème  et  de  sa  miniature  sont  assez  vulgaires,  mais  le  sens  en  est 
précis.  C'est  pourquoi  nous  le  mentionnons  ici. 

Suit  une  allégorie  dont  l'auteur  est  Jacques  Leiyeur,  poète  médiocre,  mais 
imaginatif.  H  montre  un  papillon  aux  ailes  diaprées,  qui  prend  ses  ébats  au 


LA   VIF.RC.K   KT   I.KS   PALINOOS   \)V   MOVF.N   ACK.  335 

travers  d'un  verger  en  lleiii-.  I.i'  iii(il)ili>  insecte,  «  en  plaisir  et  liesse  »,  vol- 
lige  (l'arbre  en  arl>ri\  se  |)i)se  siu'  Imis  et  s'enivre  de  paii'unis.  Mallieureusc- 
ment  il  se  trouve  dans  le  nombre  un  »  pommier  V('néneux  <i .  Le  papillon  on 
goûte  et  s'ein|)oisonne.  Alors,  au  lieu  d'êtres  ail{''s.  brillants  comme  lui,  il  ne 
tire  de  sa  substance  que  de  misérables  vers,  ([ui  se  Iraînenl  avec  peine.  Mais 
un  jour  voilà  (lue.  sous  le  doigl  de  Dieu,  il  sui-l  de  cette  chenille  rampanle  un 
lissu  précieux.  «  une  triomphante  \eslure  . ,  don!  le  Vei'be  i''ternel  lui-même 
daigne  se  couvrir.  Le  papillon  (>sl  Adam,  le  \er  l'humanili''  (h'-chue  f[ui  se 
trahie  douloureuse  et  impuissante  dans  la  l'oute  du  bien  et.  semblable  au 
serpent  du  Tasse,  «  se  lire  après  soi  »  ;  la  «  vesture  »  est  Maiii;  dont  la  chair 
immaculée  l'ut  le  tissu  où  le  Verbe  incarne  tailla  la  robe  de  son  humanih'.  La 
nn'niature  représente  lui  jardin  avec  un  arbre  an  milieu.  [)es  |)apillons  volti- 
gent ;i  l'entour.  A  ses  pieds  est  une  tente  ([ui'  domim.^  Dieu  le  Pérr  d  ddut 
l'intérieur  laisse  voir  une  femme  assise.  Cette  femme  est  sainte  Anne.  Dans 
son  sein  entr'ouvert  ap[)araît  un  enfant  connue  un  embryon  ou  tel  (|n'une 
chrysalide  lumineuse.  Kn  arrière.  Adam  et  Lve  se  tiennent  debout  et  nus.  A 
droite  une  fenunc  dévide  des  cocons,  à  gauche  une  autre  femme  s'occupe  à 
vêtir  un  enfant.  On  sent  mieux  rintention  de  l'arlisle  qu'on  ne  l'explique  et 
cela  est  commun  à  beaucou])  d'autivs  compositions  du  recueil. 

La  pièce  suivante,  (|ui  compare  Alarie  à  un  point  de  ce  globe  frappé  d'un 
rayon  de  soleil,  tandis  que  le  reste  demeure  dans  l'obscurité,  olTre  quelques 
vers  assez  poéticpies  et  une  exi)licalion  ingénieuse  du  privilège  de  la  Mèi'e  de 
Dieu. 

Il  '  faicl  le  jour  fontn'  la  niiycr  fcniipe; 

C'est  notre  Dieu  selon  le  sens  moral. 

Il  luyet  sur  mer  ou  sa  force  enfermée 

Forme  la  [)erle  et  prniluiet  le  coural. 

Il  tend  ses  rays  sur  faniio  et  sus  ordure; 

(;e  neanlmoins  (ousiours  pur  comme  or  dure. 

Par  luy  le  ciel  est  a  nous  dePfermé, 

Par  le  mydi  en  clarli^  confermé 

Ou  la  beaultc  de  l'Orient  se  fonde... 

L'œuvre  est  de  (Juillautne  Thibault  et  porte  la  date  de  iô''2'2. 

Nicolle  Lescarre,  dans  le  même  concom's,  a  voulu  appliquer  à  Marie  le 
prennier  verset  du  prcMiiier  psaume  :   «  In  cathedra  pestilentia;  non  sedil  ». 

On  voit  un  siège  noir,  triste,  «  faict  de  mort  boys  prins  en  lieu  espineux  ». 
Derrière  se  tient  un  squelette  décharné,  la  faux  en  main;  dessous,  en  gui.se 
de  support,  quatre  dragons,  la  gueule  ouverte.  Une  femme  nue  est  au-devant 

1.  Le  soleil. 


336  ANNALES   ARCHÉOLOGIQUES. 

el  r(''sisle  an  (li'moii  qui  la  saisit  par  le  bras  et  veut  la  faire  asseoir  sur  la 
chaire  de  pestilence.  Au  second  plan,  adossés  à  un  bois,  une  foule  de  créa- 
liu'es.  hommes  et  femmes,  regardent  et  sont  saisis  de  frayeur.  Us  considèrent 
celle  lulte  et.  tremblants  de  voir  Satan  triompher,  ils  s'arrachent  les  cheveux. 
Cepcndanl.  au-dessus  de  cette  scène  de  violence,  apparaît  calme  et  rayon- 
nante la  Vierge  Marie  debout,  cheveux  llollants  et  mains  jointes,  sur  le  crois- 
sant de  la  lune  dont  les  cornes  renversées  inondent  la  ici-re  de  clarté. 

L'auteur  se  fâche  contre  quehpics  prédicateurs  de  son  temps  qui  faisaient, 
dit-il.  roffice  du  diable,  en  combattant  du  haut  de  leurs  chaires,  véritables 
chaires  de  pestilence,  le  privilège  de  Marie.  11  traite,  sans  respect,  leurs  ser- 
mons d'ennuyeux  el  eux-mêmes  de  pharisiens  et  de  scribes,  de  docteurs 
«  plains  de  faulce  apparence  »,  détestables  à  Dien  qui  «  les  contemne  »  et 
répi'ouve  leur  doctrine.  On  voit  quelle  sympathie  ardente  et  passionnée  ren- 
contrait dès  lors  le  dogme  récemment  défini,  et  en  même  temps  quelles  contra- 
dictions il  soulevait  chez  ceux  même  à  qui  revenait  naturellement  la  mission 
de  le  défendi-e.  Ce  n'est  pas  un  siècle  plus  tard  que  l'on  aurait  transformé  la 
chaire  de  véi-ilé  en  arène  théologicpie,  pour  ébranler  dans  les  esprits  une 
croyance  qui  (''lait  pour  le  moins  de  foi  ecclésiastique';  mais  celte  faculté  que 
s'accordaient  les  prédicateurs  du  xvi"  siècle  prouve  au  moins  où  en  était  alors 
la  libre  discussion  et  marque  notre  temps,  sous  ce  rapport,  d'un  cachet  parti- 
culier d'intolérance.  Aujourd'hui  bien  des  choses  sont  des  dogmes  avant  d'être 
définies,  et  l'on  encourrait  en  les  discutant  publiciuement  d'autres  rigueurs  que 
la  colère  dun  poète. 

En  i52;>.  le  poème  couronné  est  une  églogue.  Le  poète  introduit  un  berger 
et  une  bergère  qui  s'entretiennent  de  la  conception  de  la  Vierge.  La  matière 
est  délicate  pour  deux  pareils  interlocuteurs,  mais  ils  s'en  tirent  sans  reproche. 
Ce  prologue  de  l'auteur  précède  leur  entretien  : 

Pour  ce  que  de  ma  congnoissance 
Ne  sont  Virgile  ni  Omero, 
Phtolomee  Oviilc  ou  Liictiuice. 
Ni  ne  scay  qui  fut  leur  grammaire. 
Jay  prins  matière  i  lus  légère 
Oui  sent  un  peu  sa  bergerie 
IJ'ung  Ijcrger  et  d'une  bergère 
Disputans  du  concept  Marie. 

Cela  n'est  point  trop  mal  tourné.  Le  dialogue  est  du  même  ton.  La  bergère 
y  appelle  proprement  Marie 

Immaculée  en  son  inceplion, 


LA   VIERHE   RT   LF.S   PAI.INOnS   DF  MOVF.N    Ar.K.  337 

et.  comme  une  vrai(^  théologienin^  disliiii^iic  entre  l;i  conception  de  Jésus- 
Christ,  exempte  de  taclic  par  nainre  »  et  verlii  propre  »,  et  celle  de  Marie, 
exempte  >>  par  ung  don  gracieux  ». 

Le  roi  David  est  sur  son  trône.  Salomon.  son  tlls.  lui  jjrésente  diverses  filles 
d'Israël.  11  en  est  une  plus  belle  cpie  les  autres.  David  la  désigne  pour  rece- 
voir le  sceptre  et  le  diadème  de  la  royauté,  et  pourtant  ses  rivales  sont  livc, 
Rachel,  Judilli.  F.sther.  Déhora.  ces  héroïnes  célèbres. 

Ce  nonobsUml  lou.s 

Conclurenl  lors  que  sans  desloyaullé 
Marie  esloil  seule  dessoubs  lesciculx 
La  souvcr.iine  on  parfailc  beaulté. 

Choisie  ainsi  par  avance,  Dieu  «  transmet  vers  elle  » 

Le  chancellier  d'amour  el  de  clémence 
Pour  assister  en  sa  conceplion; 
Pour  la  garder  ([ue  coulpe  originelle 
Ne  maculai  scm  concept  glorieux. 

C'est  comme  la  traduction  de  ce  verset  du  psaume  appli([ué  à  Marie  :  «  Multa^ 
filiae  congregaverunt  divitias,  lu  supergressa  es  universas  ». 

Une  composition  analogue  et  imitée  du  livre  d'Esther  est  celle-ci.  Lu  roi 
voulant  célébrer  les  noces  de  son  fils  invite  à  se  présenter  à  sa  cour  toutes 
celles  c[ui  briguent  l'honneur  (.l'une  telle  alliance.  Elles  ne  se  font  puint  prier. 

Par  grand  joyo  et  lyesse, 

Fiiles  de  roy  ont  tosl  faicl  comparenee. 

On  devine  aisément  les  intrigues, 

les  cabales 

Que  formoil  en  ces  lieux  ce  peuple  de  rivales. 

Chacune  axoit  sa  brigue  et  de  puissants  sutiragcs; 
L'une  d'un  rang  fameux  vanloit  les  avantages, 
L'autre  pour  se  parer,  etc. 

Le  roi  fut  plus  sensible  aux  avantages  de  la  naissance  qu'à  ceux  de  la 
beauté.  Pour  éprouver  le  sang,  il  choisit  un  moyen  qui  aurait  sans  doute 
elTrayé  plus  d'une  rivale,  et  aurait  éclairci  leurs  rangs,  si  elles  l'eussent  préa- 
lablement connu  :  cela  consistait  à  faire  jeter  pêle-mêle,  dans  une  fosse  pleine 
de  lions  affamés,  toutes  «  ces  filles  de  l'Egypte,  du  Parthe  ou  du  Scythe 
indompté.  »  La  chose  eut  lieu  et  le  résultat  fut  tragitpie.  Toutes  furent 
mangées. 

Fors  seullement  une  qui  fut  trouvée 
Sans  lésion... 


338  ANNALES  ARCHÉOLOG  lAUES. 

I.e  poi'tc  ne  veut  pas  ({u'on  se  iin'preiiiic.  Il  ajoute  : 

l'ar  celle  dame  en  toute  révérence 
\ueil  denoler  la  |iii<'elle  .Marie. 

La  miniature  oUVe  l'aspect  d'une  véritable  boucherie. 

Un  liorrilile  mélange 

D'os  el  (le  chairs  meurtris  et  traînés  flans  la  fango 
One  des  "  lions  »  dévorants  se  disputent  entre  eux. 

Sur  le  bord  de  la  fosse  un  roi  prend  la  main  d'une  jeune  vierge  vêtue  de 
blanc  et  la  pn'-sente  à  son  llls  qui  l'épouse. 

Voilà  pour  l'oil.  Voici  maintenant  pour  roreillc  :  le  poëme  est  de  Pierre 
Avril  et  daté  de  l.V2/|. 

I'  HO  I. (h;  u  li 

Ce  cliunt  royal  descrit  troys  u  courts  » 
Dont  les  deux  ont  perdu  li-ur  «  cours  » 
Par  erreur  trop  vitnperalile; 
Mais  la  tierce  «  court  »  honorable 
A  mys  tout  erreur  en  «  decours  ». 

Tout  le  reste  est  de  ce  style.  1'  "  envoy  »  particulièrement  : 

Prince  du  Puy  l'elTect  du  mortel  «  mors  », 
Dont  les  enfaiis  il'Adam  ont  été  o  mords  », 
Na  peu  avoir  de  Marie  notice 
Que  je  descris  pour  donner  vie  aux  «  morts  n 
La  noble  court  rendant  à  tous  justice. 

Alceste  se  serait  écrié  : 

Ce  n'est  que  jeux  de  mots,  afTeetalion  jMire, 
Et  ce  n'est  point  ainsi  r|ue  parle  la  natun-. 

"Mais  le  jury  apparemment  n'était  pas  aussi  difficile.  La  pièce  semble  même 
avoir  eu  quelques  succès.  On  lui  a  fait  les  honneurs  d'une  miniature  .soignée. 
Elle  représente  trois  juges  en  robes  rouges,  sur  un  tribunal  tendu  d'étoffe 
bleue  fleurdelisée.  Dans  la  partie  inférieure  du  tableau,  se  tiennent  le  greffier, 
les  avocats,  les  huissiers.  Le  poète  énumère  le  personnel  de  celte  Cour  royale 
([ui  représente,  on  ne  sait  trop  comment,  la  Vierge  Marie.  Il  y  a  sept  Vertus, 
et  chacune  a  .son  emploi.  La  Vérité  est  conseillère,  la  Pureté  huissière,  la 
Virginité  grefTière,  rilumilité  concierge,  la  Piété  »  procure  à  vuyder  les 
discords  »,  l'Amour  est  avocat,  comme  étant  le  plus  bavard.  .      ,    - 

De  geôlier  vacque  le  seul  office 

De  ceste  court  Grâce  est  grand-chancelièrc. 


L\   VIF.UGK   F.T   1>F.S   i>.\  l.l  NODS   1)1    MOVF.N   ACK.  339 

Nous  ne  nous:  chargeons  pas  (rinlcrpn'ti'r  rrllo  conipositioii  bizarre.  C'est 
bien  assez  pour  nous  de  l'avoir  d(k'lunVé(>  cl  |)oui'  les  lecteurs  de  l'avoir  en- 
trevue. Après  cela  Marie  est  ciMébréc  s:)us  la  ligiu'i' 

D'uni;  iiiiiciilis  cnrdU;;!'  licui  de  gnico. 

On  voit  l'Eden.  Au  milieu  jaillit  une  source  d'où  coulenl  les  (|u;itre  gi'ands 
neuves  de  la  Genèse,  l/auteur  les  dote  à  sa  façon. 

l'Inson  V  (Idiinc  (MU  iIdiiIcc  cl  \ivirn|uc, 

Annio  (l'or  cl  |i()is<(in  ('(inliiil 

Gyori  \-  rend  clcr  d\;un:uit  royal 

Do  T\  j;ris  prend  cornaline  et  lopace, 

r;t  d  lùiplu'ale  blanc  cl  roiii^e  couvai. 

.Suit  la  description  des  avantages  et  l)eaiil(''s  du  Paradis  où 

Le  douK  zeplivr  aspin»  sur  l'espace. 
Le  préservant  de  venin  no\ial. 

Un  cliérubin.  armé  du  glaive  de  tVu,  le  garde  et  nul  n'y  p(''iiètre 

Que  Dieu  (pii  vient  de  son  liaull  trilmnal. 

Pour  y  cueillir  le  beau  lys  vir,i,'irud. 

Sous  lauriers  verds  que  la  fouldre  ne  rasse. 

L'  «  Fnvoy  »  exprime  une  idi'^e  de  la  théologie  mysticiue  souvent  rej)rise 
par  les  pères  et  les  docteurs,  à  savoir  c|ue  Marie  est  la  trésorière,  le  canal  des 
grâces  divines  cjui  nous  sont  dé'|)atties.  Ji''sus, 

Distribuant  sa  yrace  en  i;eneral. 

Veut  que  i)remier  par  lluunble  Vierw  [lassc, 

Que  je  deseris  se'on  le  sens  moral 

Le;  paradis  enrouse  deau  de  ijraee. 

Le  jugement  dernier.  —  Dans  utie  double  gloire  d'argent  et  d'or,  assis  sur  un 
arc-en-ciel  et  enviroinié  des  phalanges  célestes, apparaît  le  Christ.  Son  attitude 
est  à  peu  près  celle  du  Christ  d'Orcagna  imitée  par  Michel-Ange.  A  sa  droite  se 
tiennent  Adam  et  Eve  suppliants.  Marie,  nitnbée  et  couronnée,  se  place  entre 
eux  deux  et  joint  ses  prières  aux  leurs.  Jésus  a  le  visage  tourné  vers  sa  mère 
«  qu'il  regarde  doulcement  ».  Le  poëme  est  une  invocation  à  IMarie.  11  la 
compare  à  Abiga'i'l  qui  apaise  David  eu  faveur  de  Nabal.  Le  refraiti  la  |iro- 
clatne  «  noble  advocate  en  concept  ])ure  et  sainte  »,  et  1'  «  Envoi  »  reiifeniie 
cet  humble  vœu  : 

Noble  advocate,  or  te  plaise  tourner 
Tes  yeulx  vers  nous  et  nous  faire  donner 
Grdce  et  pardon.  Cil  ayt  la  gorge  ostraincte 


3/,0  ANNALES   ARCHÉOLOGIQUES. 

Qui  (a  boiiiilte  onlroprcnd  bla-^oniior 
Car  SMilo  es  tu  que  Dieu  veult  ordonner, 
Nuljle  advueale,  etc. 

Le  second  nianuscrit  âo  Roui'ii,  cir  iinlro  Bil)liothèqnc  impériale  en  pos- 
sède deux,  conlient  une  miniature  ([iii  représente  un  jardin.  Au  milieu  se 
tiennent  les  deux  mères  de  la  race  humaine,  Eve  et  Marie  :  la  première,  nue 
et  couverte  seulement  de  ses  cheveux;  celle-ci.  vêtue.  Elles  se  font  vis  à  vis. 
A  l'entour  d'Eve  on  voit  une  foule  comiiacte  qui  jtleure  et  se  lamente;  du  côté 
de  Marie,  au  contraire,  une  foule  l'adieuse  et  |)leine  d'allégresse.  Le  pi'ologue 
expli(|ue  d'abord  le  sens  de  cette  composition  : 

Clianl  royal  d'une  voix  estrange 
Causant  en  lair  toute  douleur 
Dont  voix  qui  sensuit  le  son  clianiie 
lin  rendant  ]ionr  iloiileui'  doulcour. 


Viii\  cliasi^ant  tristesse  et  niallieui' 
Aux  cliani|)S  de  pleurs  reverljerce. 
Eve  est  la  voix  qui  lliomme  griesve 
Marie  est  la  voix  qui  le  relevé. 


La  voix  d'Eve,  persuadant  le  ])reniier  homme  de  pécher,  avait  changé  en 
deuil  toute  joie  et  converti  ce  monde  en  une  \all(''e  de  larmes.  La  voix  de 
"Marie.  ré|)on(lant  au  messager  divin  «  je  sms  la  servante  du  Seigneur,  qu'il 
me  soit  ftiit  selon  votre  parole  »,  avait  à  son  tour  changé  en  un  cantique  de 
félicité  cette  funèbre  harmonie  des  créatures  qui  gémissent,  dit  saint  Paul, 
ainsi  que  des  femmes  en  travail,  jusqu'à  ce  qtie  soit  venue  l'entière  révélation 
des  enfants  de  Dieu  :  «  Omnis  creatura  ingemiscit  et  parftirit  usque  adhuc...  ». 
Aux  accents  de  Marie  les  profotideurs  dti  monde  spirittiel  s'émurent  et  tres- 
saillirent de  joie.  La  face  extérieure  des  choses  resta  la  même,  mais  les  anges 
du  ciel  virent  poindre  sur  l'humanité  l'aurore  d'une  allégresse  immense  et, 
quelques  mois  après,  on  les  entendit  dans  les  airs  qui  chantaient  résoliàment  : 
'(  Evangelizo  vobis  gaudium  magnmii  »;  et  encore  :  »  Fax  hominibus  bonee 
voluntatis  ». 

Qtiatre  anges  dans  le  ciel  ferment  avec  leurs  mains  la  bouche  des  quatre 
vents.  En  bas,  est  un  parterre  orné  de  fleurs  et  de  verdure.  Ce  parterre  est 
la  Vierge. 

Quatre  anges  sont  quatre  vertus  eelestes 
Ce  sainct  concept  gardant  d'estre  empesclie 
Des  quatre  vents  doriginelles  pestes. 

Le  premier  ange  est  en  habit  de  Charité,  le  second  en  habit  de  Pureté,  le 
troisième  en  habit  de  Vérité,  le  quatrième  en  habit  d'Humilité.  Us  maîtrisent  et 


l-\    VIERCK   HT    l.r.S   l'AI.INODS    \)V    MOMIN   ACE.  3/it 

(loiiiptcnt  il  roric-iil  II'  M'iit  (1  iIKiisyc  ".  au  midi  lo  veut  «  d'Infection  »,  uu 
coLicliaiit  le  \ciit  "  de  Langue  iiifàine  el  détestable  ».  vers  raciuiloii  eiilin  le 
vent  (1  d'Orgueil  ».  I.i's  vertus  et  les  vices  sont  ainsi  en  opposition  exacte, 
et  c'est  grâce  à  la  [)uissance  divine  de  celles-lii  (|u'est  préservé  de  tont(; 
attiMiite 

Le  1)0,111  |)iiiir|iri,s  de  ti'iri'  vii.L'iiKilc. 

Nous  (leniandnns  gi'àce  au  lec((;ur  poiu'  ce  (|ui  \a.  suivre  maintenant.  C'est 
du  plus  mauvais  t;(iùl  ;  mais  nous  croNons  dexnjr  ddiiiicr  un  é'clianlilldii  di' 
tous  les  genres.  |-".|  puis  les  di't'ants  (ml  lonjnnrs  im  avantagi?  :  c'est  ([u'ils  se 
(ié'ci'ient  eu\-mèmes  et  (]u'on  apprend  à  les  t'nir  autant  en  les  r(^gardant  (|u'en 
considérant  les  qualités  opposées. 

I.a  Vierge  est  figurée  comme  une  terre  nonxcllc  et  lértile,  que  <h'<  na\iga- 
leurs,  dans  leurs  coiu'ses  aventm'euses  au  sein  d(!  r(.)ci"an,  rencdntn'ut  t'urtuiti»- 
meut  et  à  la(|uelle  ils  ahiu'dent.  Sans  doule  le  puéle  avait  |)ralii|ui''  |;i  hht.  Il 
faut  l'entendre  s'adresser  à  ré((ui|iage  : 

Osliaro  liMii.  An  (|ikiiI,  iiii  i|Uiiil.  au  i|iiai'l  ! 
Di'lioiit,  (loniicuis... 

Voicy  le  l('iii|i-  i|U  il  ~c'  l'aiill  à  iiniiu-l  inclhe. 
Or,  i|Lie  cliarun  viniilli>  cloiu'  se  (Mihriiii'Urc 
lui  sa  inamiMivn'  a  Uirihml  cl  balinrt. 
I'(iiii'i]iini  itI.i.  I.a  lerri'  pst  bnil  a  limt  : 
l'aiv/  \gln'  ancre  et  y  [irciic/.  biliirc 
De  renne  e>|)c)lr  |iar  iriivre  veiliieusc. 
Car  lest  verrez  par  jnNciise  ailvenliire 
I.a  terre  iii'inc  imi  Ioii>  liien>  tViicliiciise. 

Mais  voici  bien  autre  chose.  L'o'uvre  est  de  .lac(|nes  le  l'cN'.  Il  prend  pour 
texte  le  verset  du  cantique  :  <i  oleum  ell'usum  nomen  tnum  ».  et  prétend  en 
faire  l'applicafioii  à  Marie.  (",lia(|ue  strophe  a  pour  refrain  : 

Nom  subslanlif  rendant  sii|i[jost  au  vcilje. 

Et  le  coloriste  traduit  ainsi  cette  sentence  éuigmati(|ue.  On  voit  un  maître 
d'école  instruisant  ses  élèves.  A  sa  di-oite.  Eve  nue,  le  cou  enroulé  d'un  .ser- 
pent; <x  sa  gauche,  Marie,  les  mains  jointes  et  les  regards  baissés.  Un  petit 
être  (le  Verbe  divin)  descend  vers  elle.  Elle  en  est  ainsi  le  «  sup|iost  »,  confor- 
mément i\  l'étymologie,  «  subter  positum  ». 

La  pièce  est  ridicule.  On  y  voit  partout  l'athos  et  le  pathos.  Elle  ne  rime 
qu'avec  des  positif,  substantif,  superlatif,  comparatif,  impératif,  admiralif, 
airirmatif,  passif,  infleclif.  Et  puis  tout  le  personnel  de  cet  étrange  pen.sionnat 
est  décrit  et  nommé,  et  cela  en  latin  et  de  la  façon  la  plus  burlesque.  Le  prin- 

XXII.  lili 


3/12  ANNALES   AliCIIÉOLOGlQU  ES. 

cipal  est  «  Deus  pater  »;  la  grammaire.  «  status  innocentia"^  »  ;  l'erreur. 
<c  peccatum  originale  »  ;  le  verbe.  «  Christus  »  ;  le  donnait  •,  «  Heata  Virgo  »  ; 
le  nom,  «  Maria  »  ;  l'élégance  parfaite.  «  piilchritudo  cnnceptionis  »  ;  les 
écoliers,  «  genus  Iminanum  »  ;  l'antécédent  mi  pmposilion.  «  gratia  preve- 
niens  »  ;  le  relatif.  »  bona  fama  ». 

Certainement  l'auteur  a  dû  se  creuser  la  cervelle  pour  trouver  ces  belles 
choses;  mais  ce  ne  serait  rien  s'il  y  eût  été  pour  sa  peine.  Le  malheur  est  cjue 
le  jury  trouva  cela  beau  et  couronna  maître  Jacques  le  Pelé.  S'il  eût  paru 
dans  l'assemblée  des  animaux  malades  de  la  pcsle.  ceux-ci  n'auraient  pas 
man(|ué  de  s'écrier  :  »  ce  pelé,  ce  galeux,  elc...  »,  et  ils  auraient,  en  cela, 
monfn'  pins  de  goût  et  d'é([uité  que  les  juges  du  Puy  de  Rouen. 

Une  autre  élucubralion.  d'un  genre  moins  détestable,  célèbre  Marie  comme 
la  cloche  qui  a  sonné  le  salut  du  monde. 

Dessus  etoit  pour  superscription. 
L'an  du  mondo  pour  approbation 
('.iiii|  mil  ol  l'Ont  iiii  ^-  ^-  X.  six  moins 
Falote  jo  fus  pour  la  l'odomption 
Cloolie  sonnant  lo  salut  des  humains. 

Xotis  ne  voulons  point  onieltre.  potir  en  lliiir  avec  le  palinod  rouennais. 
deux  compositions  d'un  même  poète.  Jacques  Leiyciir.  Dans  Tune,  il  se  repré- 
sente endormi  au  bord  d'un  lleiivo  ol  il  a  un  songe.  Ce  songe  lui  montre  «  la 
fille  Adam  »  partant  d'Asie  sur  un  navire  et  se  rendant  îi  Saint-Jacciues  de 
Compostelle.  Le  diable  la  poursuit,  et  elle  aborde  aux  côtes  de  Normandie. 
Là  ne  finissent  point  ses  tribulations.  Les  Norinands,  cela  ne  leur  fait  pas 
honneur,  la  veulent  enfermer  comme  lépreuse;  mais  on  ne  tarde  pas  à  recon- 
tiaîtrc  que.  loin  d'être  atteinte  de  ce  mal,  elle  jouit  d'une  santé  parfaite.  En 
conséquence,  on  la  relâche  et  elle  achève  son  pèlerinage.  Mais  pourquoi  ce 
pèlerinage?  et  que  vient  faire  la  Vierge  ;iu  tombeau  de  saint  Jacques,  qui  n'est 
pas  encore  né?  C'est  ce  que  l'auteur  n'explique  pas. 

Les  n  Arts  somptuaires  »,  qui  ont  relaté  ce  canticpie  avec  la  miniature  cor- 
respondante, ne  s'en  sont  probablement  pas  rendu  non  plus  un  compte  bien 
exact.  A  preuve,  ils  prennent  pour  son  épigraphe  ce  qui  est  proprement 
l'envoi  dtt  chant  pri'cédent.  L'usage  de  notre  manuscrit,  qui  est  d'enchâsser 

1 .  Avant  de  se  jeter  dans  cotte  cnuinoration,  l'autour  place  dans  la  bouclio  du  pédagogue  cette 
injonction  aux  élè\es  : 

Mettez  tous  la  maia  au  bonnet, 

Et  vous  orrez  de  Cotenlin 

Pour  apprendre  a  parler  latin  ■ 

Piesent  l3Te  ung  nouveau  «  donnait  », 


LA   VIKRGF.   F.T   LKS    PALINODS   DU    MOM-.N    .\nK.  SZiS 

dans  le  cadre  de  la  iniiiiaUire  la  fin  du  caiiliciue  (iiii  pn'erdi'.  h^s  aura  trompés. 
Heureusement  cette  erreur  est  sans  coiiséciiieiice. 

L'autre  poëme  de  Leiyeur  pourrait  s'intituler  la  «  Vierge  au  .lardin  ».  Il 
est  emprunté,  strophe  par  strophe,  à  (luchpie  verset  du  livre  des  cantiques. 
Le  prologue  en  fait  foi  : 

Cluint  ni\\il  Icqiii'l  lies  canliciucr; 
PlusitHirs  (iicts  ii';uiiour  iinicule 
Prouviins  par  soiiloticcs  mystiques 
I,ii  \  icrgp  en  coiicepl  sans  maciiie. 

Au  reste  chaciue  couplet  a  son  é|)israphe.  Ainsi  le  premier  :  «  Amore 
langueo  »  ;  le  second  :  »  Decoloravit  me  sol  ». 

Si  lirune  suis  (Iel)ve7.  considérer 
Que  le  soleil  ma  faict  décolorer. 

Le  troisième  :  n  Vulnerasli  cor  iiieuni.  soror  mea  sponsa  »  ;  le  quati'ième  : 
u  Osculeris  me  osculo  oris  tui  »  ;  le  cinquième  :  "  La'va  ejus  siib  cai)ite  mco  ». 
—  Le  refrain  porte  : 

Sans  vice  aucun  toute  helle  conceui'. 

La  miniature  est  des  plus  soignées  et  stipi'rieure  de  beaucoui)  à  lniiles  celles 
que  contient  le  volume.  Kllc!  représente  un  beau  jardin,  plein  de  vignes  et  de 
treillis,  où  des  femmes  (les  tilles  de  .liu-usalem)  se  diNcrIissenl. —  M.  l'atiliu 
Paris  croit  y  retrouver  le  cachet  de  l'école  de  Léonard  de  \'infi.  et  s'il  est 
impossil)le  d'en  assigner  priH-isiMuent  l'auteur,  elle  nous  parait  du  moins 
exécutée  par  tin  artiste  ilalii'ii  d'un  \rai  mérite. 

En  achevant  cette  revue,  et  comme  le  liouquet  de  celte  gerbe  composée  de 
tant  d'épis,  que  nous  avons  glanée  à  travers  les  deux  recueils  (|iie  possède  la 
Bibliothètiue  impériale,  mentionnons  un  citant  des  plus  modestes  et  oit  la  Vierge 
est  présentée  sous  un  de  ses  aspects  les  plus  ordinaires,  mais  aussi  les  plus 
touchants  et  les  plus  majestueux,  l'aspect  maternel.  Marie  est  représentée 
avec  le  divin  enfant  qui  l'embrasse. 

Jectant  de  liouclie  en  liouclie  doulce  allaine, 

dit  le  poète,  et  chaque  refrain  ramène  ce  vers  charmant  : 
Il  n'est  amour  (|ue  il'eiifant  et  de  mère. 

Les  dernières  pages  du  manuscrit  'm-k°  qui  renferme,  nous  l'avons  dit. 
seulement  dix  années  de  pièces  couronnées  et  dont  notis  avons  çà  et  là  mêlé 
les  traits  à  ceux  du  manuscrit  in-folio,  sont  remplies  de  ballades  et  de  ron- 


3Z,4  ANNALKS   ARCIl  KOLOGIOUES. 

deaiix  sur  hi  Viorgo.  On  y  ciMc-bre  tour  à  loiir  sa  conccplioii,  sa  nativité,  sa 
présentation,  sa  mort,  son  assomption  glorieuse.  Connue  ces  compositions, 
dépourvues  d'ailleurs  d'images,  n'ont  rien  de  plus  original,  ni  de  meilleur, 
tant  s'en  faut,  (|ue  les  »  chants  royaux  »,  nous  omettons  de  les  retracer  ici. 

Ou'il  nous  soit  permis  seulement  d'indiquer,  comme  complément  aux  pages 
qui  ]>récèdent  et  comme  se  rattachant  à  la  même  époque  et  au  même  ordre 
d'idées,  un  petit  tableau  sur  bois  du  \vi"  siècle  que  possède  l'église  Saint- 
Élienne  de  Beauvais.  l'Ji  voici  la  description  aussi  lidèle  que  nous  la  permet 
notre  mémoire  après  une  rapide  inspection  de  l'univre. 

Sainte  Anne  est  agenouillée.  De  son  sein  sort  à  demi,  enveloppée  d'une 
auréole  d'or  à  rayons  solaires,  la  petite  Vierge  Marie,  nue  et  joignant  les 
mains.  Près  do  la  bouche  de  la  Vierge  on  lit  sur  une  banderole  cette  inscrip- 
tion fort  elfacée  : 

Oui  ekiciilaiil  me  vilain  tolornain  lialji.'liuiit  '. 

Sainte  Anne,  les  mains  jointes  aussi,  regarde  vers  le  ciel  et  prononce  cette 
parole  de  l'Ecclésiasticiue  : 

Fniclus  nifi  lionoris  et  lioiiostatis  '^. 

A  la  droite  de  sainte  Anne,  Salomon  agi.'nouillé  salue  de  ces  mots  l'avéne- 
ment  de  la  Vierge  immaculée  : 

l'rogicdiUir  (|uasi  aurora  consurgens  '. 

Le  texte  poiie  :  »  qua'  est  ista  qu;e  progreditur...  »  ;  mais  le  prophète  se 
dispense  maintenant  de  l'interrogation.  Le  mystère  qu'il  entrevoyait  dans 
l'avenir  est  présent,  et  il  n'y  a  plus  lieu  de  demander  quel  il  est.  La  foi 
devient  vision  et  l'oracle  histoire.  En  ce  sens,  il  est  vrai  de  dire  avec  saint 
Paul  :  «  propheliœ  evacuabuntur''  ». 

Lu  regard  de  Salomon,  à  la  gauche  de  la  mère  de  Dieu,  David,  royalement 
vêtu  et  à  genoux,  prononce  de  son  côté  cette  sentence  qu'il  porte  à  la  main  : 

(juaM'eliir  pcccaliini  illius,  et  non  invenietur  ". 

Lnfm,  dans  le  haut,  dominant  cette  scène,  apparaît  Dieu  le  Père,  la  tiare 

t .  Kccl.  xxiv,  31.  •• 

i.  liccl.  XXIV,  iZ. 

3.  Gant.  VI,  0. 

4.  I  Cor.  xiii,  8. 

5.  l's.  X,  la. 


LA    VlKliCK   KT   LKS   l'A  LIN  ODS    DU    MOVK.N   AGL.  3^5 

en  tèle,  le  front  nimbé.  le  globe  en  la  main  ganeiie.  et  île  la  droite  bénissant 
avec  CCS  paroles  : 

'l'ola  piilciir'a  es,  aiiiica  iikm.  ot  macula  non  pst  in  li'  '. 

Ci'cst  là  tout  nn  monument  cl  di's  ]ilus  o\|)licili's  de  la  croyance  de  cette 
cpo(iuo  à  rimmacnli'C  conce|)tion.  l.'arlisle.  qui  concni  ridé'e  d'im(>  telle  com- 
position et  (|ni  en  dicta  rordonnance,  étail  assun''menl  Irès-versé'  dans  l'étude 
des  saints  livres,  dans  la  connaissance  de  la  tradition,  non  moins  ([ue  dans 
l'interprétation  des  syml)oles  alTectés  de  tout  temps  à  Marie.  Il  était  dilTicile 
de  mieux  choisir  ses  textes,  d'introduire  plus  licurensement  ses  personnages; 
de  faire  mieux  converger  enfin  lontes  choses,  le  ciel  l'I  la  leri'e.  le  passé  el 
l'avenir,  vers  cette  enfani  miraculeus(\  dans  le  moment  précis  où  elle  assure 
racconiplissement  des  promesses  de  Dieu  et  des  espérances  de  l'humanité.  Ces 
inscriptions,  ces  personnages  forment  autour  d'elle,  à  sa  ])rcmière  entré'e  en 
ce  monde,  comme  une  auréole  merveilleuse  et  toute  divine  ((ui  allirme  -i  la  lois 
son  privilège  d'immaculalion  et  proclame  par  avance  les  hautes  destinées  qui 
l'attendent  en  qualité  de  mère  de  Dieu.  Et  puis,  les  paroles  ([u'eile  prononce 
elle-même  sont  connue  un  doux  encouragement  à  recherche!'  ses  divines  pré- 
rogatives, et  elles  assurent  à  ceux  qui  le  font  d'un  esprit  sincère  et  d'ini  cœur 
tendre  une  rémunération  glorieuse  à  jamais. 

Nous  estimons,  quant  à  nous,  (ju'une  pieuse  investigation  des  gloires  et  des 
perfections  de  la  mère  de  Dieu  porte  déjà  en  elle-même  son  salaire,  et  ce 
salaire  nous  l'avons  reçu  dans  la  faible  mesure  du  travail  ([ue  nous  ache\ons. 
Mais  nous  avouons  pourtant  (|u'il  nous  plait  de  déposer  la  plume  et  di'  clore 
le  livre  parfois  difficile  de  nos  recherches  sur  le  mot  qui  termine  cette  bien- 
heureuse promesse  : 

Ouï  chiciciant  me  vitam  rclornam  liabebiinl. 

A.  HLIUiL. 

1 .  C!ant.  II.  7 


LES  SACREMENTS 


La  vie  humaine,  de  la  naissance  à  la  mort,  est  une  chaîne  de  soixante  ou 
soixante-dix  années  qui  se  succèdent  sans  interruption  et  sans  aucune  solu- 
tion de  continuité.  Chaque  individu  marche,  depuis  le  jour  où  il  arrive  au 
monde  jusqu'au  jour  où  il  en  sort,  sans  s'arrétei-  un  seul  instant.  La  vie  enfin 
est.  pour  chacun  de  nous,  bien  plus  dij'ectc  et  bien  plus  rapide  que  le  fleuve 
le  plus  impétueux  dont  les  circuits  ou  les  barrages  peuvent  ralentir  le  cours. 
L'homme,  le  voulùt-il,  ne  saurait  s'arrêter  une  minute,  et  il  entend  constam- 
ment à  ses  oreilles  retentir  le  teri-ible  "  marche,  marche  »  du  tragique 
Bossuet. 

Cependant  les  philosophes  et  même  les  physiologues  ont  tracé,  non  pas  des 
points  d'arrêt,  non  pas  des  stations  dans  cette  course  haletante,  mais  des 
divisions  qui  distinguent  l'espace  déjà  parcouru  de  l'espace  qu'on  doit  par- 
courir encore.  Dans  cette  chaîne  continue,  ils  ont.  de  distance  en  distance, 
attaché  de  plus  grands  anneaux  pour  martiuer  des  divisions  égales  qui  par- 
tagent la  vie  en  plusieurs  sections.  Ainsi  l'année  solaire  est  une  et  sans  solu- 
tion du  premier  janvier  au  trente  et  un  décembre,  et  cependant  les  astro- 
nomes ont  pu  trouver  dans  cette  masse  compacte  quatre  divisions  ])rincipales, 
égales  entre  elles,  qu'ils  ont  appelées  le  printemps,  l'été,  l'automne  et 
l'hiver. 

La  vie  de  l'homme,  elle  aussi,  a  des  saisons,  saisons  plus  nombreuses  et 
aussi  bien  tranchées  que  celles  de  l'année.  Le  moyen  âge  en  a  compté  sept  et 
l'on  s'en  tient  ordinairement  à  ce  nombre.  A  supposer  qu'une  existence  un 
peu  complète  ait  besoin  de  soixante-dix  ans  pour  se  développer  du  début  à  la 
fin,  chaque  saison  humaine  se  composerait  de  dix  années  comme  chaque  sai- 
son annuelle  se  compose  de  trois  mois. 

Les  dix  premières  années,  ci  partir  de  la  naissance,  s'appellent  I'E^nfakce; 
de  dix  à  vingt  ans.  c'est  la  Piéritii:  ;  de  vingt  à  trente,  I'Adolescence ;  de 
trente  à  quarante,  la  Jeunesse;  de  quarante  à  cinquante,  la  Virilité;  de  cin- 


m 


^ 


LES  SACREMENTS.  3!|7 

quantc  à  soixante,  la  Vieii.i.f.ssi:  ;  de  soixante  à  soi\antc-(li\.  la  T)i;cRi:pmDi:. 
Sauf  quelques  variantes,  ces  divisions  et  ces  dénominations  eurent  cours  pen- 
dant tout  le  moyen  âge  et  la  renaissance  dans  rKumpe  entière.  Ce  qu'à 
Venise  on  appelait  «  Senectus  ».  de  quarante  à  cinciuante  ans,  on  lui  donnait 
le  nom  de  «  Yiriiitas  »  à  Sienne  et  de  «  Gravitas  »  à  Parme.  Parme  rejetait 
ainsi  la  \ieillesse,  «  Senectus  »,  clans  la  péi'iodo  de  cinquante  à  soixante  ans. 
Mais  ces  dilTérences.  tout  importantes  (|u'ell(\s  sont,  ne  doivent  pas  cire  expli- 
quées ici;  elles  trouveront  leur  place  bien  plus  naturellement  dans  la  publi- 
cation que  nous  ferons  |)rocliainement  des  sept  Ages  gravés  sur  le  pavé  de 
la  cathédrale  de  Sienne.  Pour  aujourd'hui,  nous  devons  nous  en  tenir  à  la 
classification  et  à  la  terminologie  adoptées  le  plus  généralement. 

L'existence  de  l'homme  se  partage  donc  en  sept  di\isions  ([ue  nous  pouvons 
appeler  les  saisons  de  la  vie  humain(\  Sur  cette  longue  roule  îi  parcourii' 
cUu'ant  soixante-dix  ans,  de  la  naissance  à  la  mort,  ce  sont  comme  les  slations 
qui  coupent  un  chemin  de  fer  de  dislance  en  distance. 

A  l'entrée  de  chacune  de  ces  saisons  de  la  vie.  la  religion  chrétienne  à 
placé  un  sacrement  spécial  pour  sanctifier  cette  saison  et  aider  l'honimo  à  la 
parcourir  utilement  et  plus  facilement. 

Le  Sacrement  qui  ouvre  la  saison  de  l'Enfance,  ou  plutôt  qui  ouvre  la  vie 
même  à  son  début,  c'est  le  Baptkme.  La  Confirmvtiox,  préside  à  la  Puéritie; 
la  Pjîmtence,  à  l'Adolescence,  cet  âge  des  passions  (|ui  court  de  vingt  ans  à 
trente;  I'Eiciiaristie.  à  la  Jeunesse;  le  MAïuvca;,  à  la  A'irilili'-;  I'Ordue,  à 
la  Vieillesse,  et  enfin  rExrriÈME-Oxcrio.v.  à  la  Décrépitude.  ;i  la  mort. 

L'antiquité  avait  bien  des  cérémonies  particulières  pour  recevoir  l'enfant 
dans  la  vie;  pour  faire  au  «  puer»,  à  l'éphèbe  ou  à  l'adolescent  sa  place 
dans  la  société  ;  mais  les  autres  âges  étaient  à  peu  près  abandonnés  à  eux- 
mêmes,  et  nulle  cérémonie  religieuse  bien  définie  n'assistait  le  jeune  homme 
ou  le  vieillard.  C'est  donc,  entre  bien  d'autres,  une  gloire  pour  la  religion 
chrétienne,  que  rinstilution  d'un  sacrement  spécial  qui  |M'otége  et  fortifie 
l'homme  pendant  toutes  les  périodes  de  son  existence. 

Puisqu'il  y  a  sept  âges,  il  existe  sept  Sacrements,  et  ces  Sacrements  doivent 
se  disposer  chronologiquement  comme  les  âges  eux-mêmes.  Dans  l'ordre  que 
les  théologiens  leur  ont  assigné,  il  ne  devrait  pas  y  avoir  de  dilTérence  ou  d'er- 
reur pas  plus  que  dans  l'ordre  attribué  aux  sept  âges.  Partout  et  dans  tous  les 
temps,  le  Baptême  devrait  être  le  premier  Sacrement,  la  Confirmation  le  se- 
cond, la  Pénitence  le  troisième,  l'Eucharistie  le  quatrième,  le  Mariage  le  cin- 
quième. l'Ordre  le  sixième,  l' Extrême-Onction  le  septième  et  dernier.  Cepen- 
dant, depuis  le  Concile  de  Trente,  les  Rituels  et  les  Catéchismes  se  sont  écartés 


3/|8  AN.WLF.S   ARCH  KOLOGIOUES. 

(le  celte  classification  cliromilcigique,  expression  crun  symbolisme  aussi  élevé 
([lie  rationnel  et  c|u'il  n'aurait  pas  fallu  troubler.  Le  Rituel  de  Paris,  publié 
par  Mgr  de  Quélen  en  1839  et  qui  fait  toujours  autorité,  déclare  qu'il  y  a  l)ien 
sept  Sacrements,  ni  plus  ni  moins,  mais  dans  cet  ordre  : 

Le  Baptême,  la  Confirmation,  rEucharistie,  la  Pénitence,  l'Extrème-Onc- 
lion.  l'Ordre  et  le  Mariage. 

11  aJDute  :  »  Le  premier  est  le  Sacrement  de  ceux  qui  entrent  au  com- 
bat ;  le  second  est  établi  pour  la  bataille,  le  troisième  pour  la  reprise  des 
forces,  le  quatrième  pour  se  relever  après  la  chute,  le  cinquième  pour  sortir 
de  la  vie.  le  sixième  pour  ceux  mêmes  qui  administrent  les  sacrements,  le 
septième  pour  procurer  de  nouveaux  soldats  <>  i. 

Ainsi,  d'après  le  "  Piituel  de  Paris  »,  on  meurt  avant  de  se  marier  et  même 
avant  d'enti'cr  dans  l'état  ecclésiastique.  One  la  Pénitence  soit  |)lacée  après 
riùicliaristie.  comme  le  veut  le  Rituel,  ou  bien  avant,  comme  la  logiijue 
paraît  le  demander,  c'est  assez  peu  important,  puis(|ue  l'on  fait  pénitence  et 
que  l'on  cimimunie  toute  sa  vie;  mais  que  l'Extrème-Onction  précède  l'Ordre 
et  le  Mai'iage.  et  qu'on  entfrredes  gens  ([u'on  ressuscite  ensuite  jiourles  ordon- 
ner prêtres  et  les  marier,  c'est  assez  incompi'i'hensible.  11  faut  espérer  que 
IVlgi'  Darboy,  le  nouvel  archevêque  de  Paris,  aura  assez  d'influence  pour  faii'e 
rectifier  cet  ordre  dans  une  nouvelle  édition  du  Rituel  de  son  diocèse. 

Roger  Van  der  Weyden,  dont  nous  avons  déjà  publié  la  partie  centrale  du 
célèbre  ti-iptyque,  nommé  "Tableau  des  sept  Sacrements»  '-,  a  disposé  comme 
il  suif,  dans  les  bas  côtés  de  son  église,  la  série  dos  Sacrements.  Dans  le 
collali'ral  de  gauche,  celui  qui  est  placé  en  tête  de  cet  article,  c'est  d'abord  le 
Baptême,  puis  la  Confirmation,  puis  la  Pénitence.  L'Eucharistie  occupe  le 
fond  de  la  grande  nef.  c'est-à-dire  la  partie  centrale  du  tableau,  celle  que 
nous  avons  publiée.  Enfin,  dans  le  collatéral  de  droite,  qui  sera  donné  plus 
tard.  l'Ordre,  le  Mariage  et  enfin  l' Extrême-Onction.  Nous  aimerions  mieux 

1.  «  Primiim  est  inlianliiim  ;  «eciiiiduiii,  puj;nantiiim  ;  Icrtium,  vires  resuiiienliuiii  ;  quartum, 
resurgentium;  quinliim,  cxeuntiiini  ;  sexium  miiuslrantium;  soptimum  ,  noxos  milites  inlrodu- 
l'enlium.  »  —  Ritmile  parisienne,  iii-4",  Paris,  1839,  page  2.  Le  Rituel  cite  à  ce  |)rMpos  le  «  Li- 
gnum  vilae  »  de  S.  Laurent  Juslinien,  tr.  8,  de  Spe,  cap.  5,  n.  4.  S.  Laurent  Ju^linien,  patriarche 
de  Venise,  est  mort  en  1433.  Ainsi,  au  xv  siècle,  en  [talie,  on  adopte  pour  les  sacrements  un 
ordre  défectueux;  on  en  a  déjà  perdu  le  sens  symbolique,  ou  plutôt  le  S5mbolisme  mélaplioriquo 
et  littéraire,  que  l'on  préconise,  détruit  sans  profit  et  sans  intelligence  l'ordre  chronologique  de  la 
vie  humaine.  Koger  Van  der  Weyden,  le  pauvre  peintre  de  Bruxelles,  quoique  contemporain  de 
S.  Laurent  Justinien,  est,  comme  nous  allons  le  voir,  plus  fort  que  le  patriarche  de  Venise,  parce 
qu'il  est  plus  fidèle  à  la  tradition  du  moyen  âge. 

2.  u  Annales  Archéologiques  »,  volume  xxi,  page  241. 


I.i:s  SACHKMKMS.  :>'|0 

qiiii  le  Mariage,  dont  la  saismi  (■lir(iii(iloL;i(|Ui'  dans  la  \i<'  Iminaiiie  csl  la  viri- 
liti!,  précédât  l'Ordre.  (|ui  n'^pond  à  la  vieill(>sse  el  qui  l'ail  ces  prêtres  dont  le 
nom  ii;rec  signifie  pn^-isiMuenl  vieillards.  Mais,  à  rexceplion  de  cell(^  ivserve, 
nous  adoptons  entièrement  l'oi-dn^  sin'vi  par  \an  der\\e\den.  parce  (|n'il  est 
logi(iiie  et  hasi''  sin'  la  succession  des  périodes  diverses  (pie  |iarcoin-l  I  exis- 
tence de  riiomme. 

Ce  sujet  des  Sa<-ivments.  si  inti''ri'ssanl  à  e\i''<'ntei- en  peinture  ou  en  sculp- 
tin'e.  se  \iiif  cependant  très-rarement  dairs  les  r'diliecs  du  moyen  âge.  On 
raporçoil.  mais  \agnement  et  à  une  grande  hauteur.  sculpt(''  sur  le  campanile 
de  Saiita-Maria-del-l''iore.  à  h'Iorence.  Là  il  sert  de  pendant  au\  sept  Artslihe'- 
raux.  aux  .sept  Ages  de  rhomnie.  aux  sept  IMaiièles.  aux  sept  Nortus  théolo- 
gales et  cardinales.  Mais  je  n'ai  pu.  connue  je  l'aurais  d(''siré.  faire  une  T'Iudo 
un  peu  sérieuse  de  ces  charmantes  ligures  allrihuées  à  Andréa  l'isano.  et  j  ai 
seulement  constati'-  ime  cei'taini'  perturbation  dans  l'oi-di-e  (•hi'onologi(|no  des 
Sacrements,  prescpie  aussi  grande  cpie  ci'lle  rpi'a  (''lablie  h-  eoni-ile  de  rrente. 

lin  Relgique.  derrière  le  maîlre-aulel  de  r(''glise  de  liai,  se  dresse  un  grand 
retable  en  albâtre,  avivé  de  dorures,  et  qui  date  du  xvT  sièele.  On  y  a  sculplé' 
les  sept  Sacrements  dans  ect  orch'c  ([ui  n'est  guèiv  ([ue  le  désordre,  comme  la 
Renaissance  en  a  si  bien  l'habitude  : 

liAPTKMi;  laiaiARisTn:  ouimi; 

COM  MIMATIDN  l'KMTKNCI-;  MARlAtiK  KXTIilhli: -UNCTIIIN 

Mais  ici.  du  moins,  le  lîaptème  et  rExIrème-Onction  sont  à  lein-  [ilace. 
l'un  au  connnencement  et  l'autre  a  la  tin.  ce  qui  \aut  eneoiv  mieux  (pie  la 
(lisposition  régléiî  par  le  coneili.'  de  'l'rente. 

M.  le  baron  de  la  l"ons-M('.|iro([  a  signali''  uno  elia])!'  do  drap  d  or  (|ue  pos- 
sédait, en  :l().")'.>.  la  cath(''drale  (le  Xoyoïi  et  >ur  laqui'lli'  l'-taient  brodé'S  les  sept 
Sacrements;  mais  on  ne  dit  pas  dans  (|iiel  ordre  ils  i''taient  représent('s  '. 

Giutto  aurait  peint,  dit-on.  les  Sacrements  à  1'  \iniim/iata  de  Naple>;  niai> 
je  ne  les  ai  ni  étudiés  ni  \u-. 

C'est  à  cela  ([ue  se  bornent.  jus(pi';i  pré'sent,  les  renseignements  (pie  j'ai  pu 
recueillir  sur  la  représentation  des  sept  Sacrements,  et  l'on  voit  (|ui'  mon  con- 
tingent est  l)ien  pauvre,  .le  ne  i>arle  pas  des  Sacrements  peints  par  l'oussin  . 
parce  (|iie  c'est  d'une  ép(Kpie  beaucoup  trop  r(''cente  pour  nous,  el  paire  que 
cette  manière  de  tigurer   les  Sacrements  par  des  scènes  historiques  ou  des 

I.  «  Artistes  et  ouvriers  chi  nord  de  la  l"niiK-e  et  (iu  midi  do  la  Bel,^i(iuc  .  Iii-S",  liellume. 
1848,  page  94.  Renseigncnienl  tire  des  arcliives  do  la  |>icl'ei:lure  do  l'Oise. 

.\xii.  /i5 


■^jO  .\^^Al,l■:s  Aiiciii.oi.ofiiouKS. 

('S|u''rrs   (ralli\L;'i)|-ii^^    iiisiiifiM'.-    du    |),i;j;;iiiisiiic   ii'a|)|);ii1ii'iil    i'(''('llcin('iil    p;is  à 
rii'onoL^rapliir  clin'lii'iuio. 

Il  faiil  iliinr  iKiiH  cil  li'iiir  à  Roi^-cr  Vaii  (1er  Wcyden.  (|iii  a  li.'  plus  cniiipli''- 
k'iiM.'ut  cl  lo  mieux  i'cpi'(''scnt(''  la  sr'ric  des  Sacrements. 


1.    l.i:    l'.AI'TKMl'. 

Tout  11.'  miiiiili>  (■(luiiail  à  peu  pi'c>  les  ri'T(''miinies  du  i)aplèuic;  uiais  il  ne 
sera  pa>  illlllile  à   linlre  l)lll   de  li'S  rappeler  somuiaii'euienl  iei. 

l  II  [larraiii  et  une  niarraiiie  m'  priV-enleiil  à  I  enlri''e  de  r(''i;li.-c  iiu  du  i)ap- 
tislère  avec  un  eiil'aiil.  (|iii  ii'esl  pas  |i'  li'iir.  pour  lui  l'aire  ciiiil'i'rer  par  un 
prtMre  le  saei-emeill  du  liapN^ne. 

I.e  pr(Mre.  plaei'  linr>  de  r/'^iise  iiii  du  hapli-tère.  cl  re\iMu  d'un  surplis  et 
d'une  /•Iule  \i(i|ellc.  demande  au  parrain  cl  à  la  mari'aiiic  ci'  qu'ils  vculciit  et 
(|uci  umii  ils  enlcndriil  dnimer  ;i  1  eiilant. 

Après  leurs  ivpdiises.  le  |)r(Mrc  s(jurile  lr^i^  l'iii>  sur  la  rac(>  df  rcuraiil  piiui' 
l'ii  chasser  II'  di'iiinii  et  fairi'  |)lace  au  Sainl-lv-pril  .  (|ni  est  le  seuflle  di\iii. 
Puis  il  tait  le  siL;uc  de  la  croix  -iir  le  linnl  et  la  puiliinc  de  I  (nifaiil  (|u'il 
iiniiime  pour  la  première  tni^.  l'iiis  il  adresse  ries  ])iaères  ;i  Dieu  peur  ((ue 
l'ciiraiil  mi'iili'  sa  régi>ii(''raliiin.  que  Salan  s'en  ('■lniL;ne  au  pi'iilil  de  la  sagesse 
cl  de  la  pu'Ar. 

Le  prèti'c  inlrcduit  dans  la  lionclic  de  reiitaiit  une  ]HiiC(''e  de  sel.  I)i''iiit  spé- 
cialement pniir  le  hapliMiie.  C',ettc  substance.  (|ui  est  le  piaiicipe  cssenlicl  et 
c-iiiisliliilii'  de  la  terre,  est  (lomiée  à  reiit'aiit  leul  à  la  fois  coiinue  iiuiirritui'e  el 
comme  symbole  de  la  sagesse. 

Au  nom  de  la  Triniti'.  le  prèlre  exorcise  Satan,  le  chasse  du  corps  de  ren- 
iant >ur  le  front  duquel,  a\ec  le  pouce  de  la  main  droite,  il  trace  le  signe  de 
la  croix.  I.e  priMrc  jn-ie  Dieu  de  donner  à  reniant  la  lumière  de  la  vérité, 
rinlelligeiice.  la  science,  la,  doctrine,  respi'rance  et  la  (lroitun\ 

Le  prêtre,  le  pan'aiii  et  la  marraine  (■t(_'ndcnl  leur  main  droite  sur  la  tète  de 
renfanl.  et  l'olliciant  adresse  de  nouveau  des  objiu'gations  à  Satan  pour  le 
contraindre  à  s'éloigner  du  jeune  néopli\te. 

Avec  le  pouce  de  sa  main  droite,  le  |)rétre  |iicihI  un  peu  de  salive  et  en 
touchi'  les  deux  oreilles  et  les  narines  de  renfanl  en  disant  :  ■'  ouvrez-vous  )>. 
Il  enjoint  de  nouveau  à  Satan  l'ordre  de  s'en  aller,  puis  il  prend  l'enfant  par 
ses  vètemeiils  et  le  fait  entrer  dans  l'église  ou  dans  le  baptistère,  car,  jusqu'à 
pré>ent,  ces  jcén'monics  ont  dû  s'accomplir  en  dehors  de  l'enceinte  sacrée 


I.KS   S  \C  II  i:\IKNTS.  351 

l'.ntri'  dans  I  l'iicrinli'  du  lia|i(islri'(\  cliaciiii  \  (iccii|m'  la  place  siiivaiile  ;  lo 
prêtre  en  a\aiil  du  l'ciil  haplisnial  el  hii  l'aisanl  face;  di'  l'aiilre  cAli'.  à  droile. 
le  parrain;  à  L;aii('he.  la  marraine;  l'enlanl  an  niilii'n  (\i\  parrain  el  de  la  mar- 
raine. 

I.e  pr(Mre.  le  parrain  el  la  marraine  n'Tilenl  ensemble  le  •<  (j-imId  n  e|  lo 
<'   l'ater  ... 

l/enlani  esl  di''piinii|i'  i\r  s(\s  |an,u,-es  el  lenn  an-de--u<  de  la  en\e  haplis- 
niale  |)ar  le  |)ari-ain  e|  la  mari'aine. 

l/enlanl.  par  son  ])ari'aiii  el  sa  marraine  el  à  la  demande  dn  pr^'lre.  i-enonce 
à  Satan,  à  ses  punipes  et  ;i  ses  (rnvfes. 

Le  |)r(Mre  ti'empe  l'e\tr('mil(''  (finie  bai;nelle  dans  riiiiije  des  (•aP'cliinnènes 
(M  en  uini  la  pnitriin'  et  les  i''paii!es  de  renfaiil  pour  lui  di'lier  Idds  M's  mem- 
bres. 

I.  f'tnie  \i(i|e||e.  rellleiir  de  Irislesse.  est  remplaci'e  par  lllie  ('-lole  blanehe. 
(Ml  signe  (l(_>  jdie  et  de  pnreli'.  car  renfanl  esl  d(''liiiili\  l'meiil  d(''li\n''  de  Salan 
et  va  (J(_nGnir  à  l'inslaiil  le  tlls  de  Dieu. 

I.e  |)r("'tre  adr(^sse  à  renfanl  i\r>  ([iiestions  ^■[ir  la  crdyaiice  catiii)!ii|iie  el  lui 
(ieman(l(>  s'il  Nciit  iMre  bapli-i'.  l'ai  censiMineiice  des  réponses  arrirniali\es  du 
parrain  et  de  la  marraine,  le  pr(''tr(?  Ncrsc  l'eau  sainte  sur  la  liMe  de  renfanl 
el  le  baptise  au  nom  ^\c:^  trdis  persemies  di\ini\s.  l'uis.  a\ec  une  baunetle 
trempiîe  dans  le  cluV-me.  il  lui  fait  une  onction  sur  la  tète. 

Le  prêtre  fait  revêtir  à  renfanl  des  vêtements  blancs;  il  lui  met  eniro  les 
mains,  ou  |)lul(M  entre  celles  du  parrain,  un  ciiM',i;e  alliimi'';  il  T'Iend  sur  la  liMe 
du  jeune  baptisi''  son  (''Iule  sons  la  forme  d'une  croix;  il  n'cite  le  commence- 
iiieiit  de  l'inangile  de  Saint-Jean  oii  il  l'st  dil  (|ue  le  Wrbi'  de  Dieu.  Dieu  lui- 
même,  a  en''!'  toutes  chose.-,  ([u'il  e>l  la  \ie  l't  la  lumière  du  monde  i_'l  f|u'il 
.s'est  fait  homme. 

Le  prêtre  donne  son  i''foli'  à  baiser,  aih'osse  des  conseils  au  parrain  et  à  la 
marraine,  et  entin  l'on  ré(li,i;-e  et  l'on  signe  l'acte  du  bapli'^me. 

En  jetant  les  yeux  sur  la  gravure,  on  Miil  à  ([uel  point  de  la  ci'i-i'monie  on 
se  trouve.  Toutes  les  cércMnonies  |)réparatoires  .sont  accomplies.  On  est  autour 
du  font  baptismal  où  tous  les  act(>ui"s  sont  pIac(''S  dans  l'ordre  voulu  par  le 
rituel  :  le  prêtre  en  avaiil;  renfanl  en  ai-rière.  tenu  par  la  sagofenmie.  assisti'' 
du  parrain  là  droite,  de  la  marraine  à  gauclie.  Le  père,  chaperon  sur  la.  tête, 
esl  présent  h  la  cé'ri''iiiiniie.  mais  au  second  plan.  Le  baptiMiie  proprement  dit 
est  teiMuiné,  cai'  le  jii'être  a  di'jà  \ers(''  l'eau  sur  la  tiMe  de  reniant  el.  en  ce 
momeiil.  il  lui  fait  sur  le  front,  avec  le  chrêiiK^  l'onclioii  (|ui  suit  immédiale- 
ment  l(>  baptême.   j,e   |)r(''lre  lient    ;i    la    main  gauche   le  pelil   (dirisinatoire   ;i 


r,.-,o  ANNALF.S   AIICIIKOLOCIOUI^S. 

deux  compartiments;  dans  l'un  est  riiuilc  des  catécliumènes  qui  a  servi  dans 
les  C('rémonies  préparatoires;  dans  l'auln'  est  le  ehrème  qni  sert  maintenant 
comme  complément  du  ha|)tème. 

Le  prêtre,  dont  la  tii^-ure  est  l;u'p,c  el  ]ileine  de  i;-|-a\it(''.  est  i-cvêtu  du  long 
sur|)lis  ;l  grandes  inanrlics  du  W  siècle  et  de  létole  ('troile  encore  en  usage 
aujourd'hui  dans  les  l''laiidres.  Le  Uiluel  parisii'ii  vondiait  (lue  le  ]ii-èln>  eût 
la  tète  d(''couverle.  car  il  adresse  une  prière  à  Dieu  el  il  ne  doit  avoir  la  tête 
couverte  ([iie  (|uand  il  l'ait  les  exorcismes  et  parle  ;'i  Satan;  mais  alors  celte 
prescription  du  Rituel  n'(''tail  |ias  sans  doule  observée,  car  rofliciant  est  coill'é 
d'un  bonnet  (|ui  lui  couvre  loul  le  crâne  et  une  partie  des  oreilles. 

Le  l'onl  bapli>mal  est  en  cuivi'e  jaime,  de  celle  dinauderio  si  commune  en- 
core darrs  toule  la  ljclgi(|ue.  el  supporti''  jiar  de  pelils  lions  de  même  métal. 
l,a  cuve  est  rem|)lie  d'eau,  et  il  ne  serait  pas  étonnant  que  le  baptême  se  fît 
alors,  non  par  infusion  comme  aujourd'hui,  ma.is  par  immersion,  de  cette  im- 
mersion encore  usilée  dans  le  Milanais  el  (|ui  consiste  à  plonger  la  tête  de 
reiifanf  plus  ou  moins  prorondè'nienl  dans  l'eau. 

La  mai-raine  n'est  pas  àg(''c,  mais  le  parrain  semble  ]ilus  jeime  encore,  18 
ou  '20  ans  comme  riiidi(|uenl  ses  moustaches  naissantes.  La  mine  de  ce  jeune 
garçon  est  pleine  d'intelligence,  et  sa  prestance  annonce  de  la  llerl(''.  Il  doit 
ap|iarlenir  ;l  une  ramille  de  race.  Tont  son  costume  est  à  noter,  depuis  ses 
palins  en  bois,  doni  l'u-age  devait  cli-e  l'oil  incommode,  jus((u"à  son  chapei'on 
lai-gement  ('lorri'  et  raballu  sin-  l'i^paulc  droite.  La  coithn-e  à  deux  cornes  ou 
cornets  de  la  marraine  cl  sa  robe  à  courte  taille,  serrée  sur  sa  poiti'ine.  sont 
exactement  la  coilïure  el  la  robe  (sauf  la  forme  des  manches)  que  porte  la 
n^mme  di>  Jean  Van  L^yck  dans  le  porti'ait  fait  |)ar  Van  Lyck  lui-même,  qui 
dal(.'  de  l'an  ihlV.)  cl  (|ue  possède  l'Académie  de  Bruges i.  Cependant  entre 
celte  mai'raine  et  la  fennne  de  Van  Kvck  il  y  a  bien  t20  ans  de  distance;  mais, 
aujourd'hui  encore,  dans  la  l'"i'ise  et  la  ll(.)lland(.'  mé'ridioiiali,'.  les  jeunes  filles 
portent  en  coiH'mv  les  coi-nes  de  la,  marraine  de  Van  der  Weyden.  Alors  et 
dans  ce  pays  les  modes  ne  changeaient  |)as  tous  les  airs  comme  elles  changent 
clie7.  nous. 


1.  M  Eilo  (li)  fenimp  de  Viiii  l'^ck)  porlo  une  liouppelaaile  de  drap  écarlate  garnie  de  fourrure 
pi'lil-gris,  et  avant  de  larges  et  longues  manches.  La  ceinture,  posée  par  dessus,  immédiatement 
sous  les  seins,  consiste  en  une  large  bande  de  soie  verte  tissée  en  clievrons.  Pour  coiffure,  elle  a 
une  crépine  à  deux  cornets  avec  couvre-clief  blanc  en  toile  épaisse,  liordée  d'une  ruche  de  même 
étolîe  n.  —  Jami;s  Weale,  «  Catalogue  du  musée  de  l'Académie  de  Bruges  ».  Bruges,  ISlil.  page  17. 
—  Voyez  la  pholographie  fpie  M.  E.  loerlantsa  tirée  de  la  femme  de  Van  E\i'k  d'après  le  tableau 
même  de  Bruges. 


I.F.S   SAr.RKMFNTS.  353 

Sauf  les  ronios.  (jiii  disliii^uaiciil  pciit-rln;  les  elassi^s  (Hevées  de  la  soriélé. 
la  sage-femme  es!  eesluiiu'e  comme  la  maiTaiiii\  Nous  avons  di'jà  si;j;iialé  le 
père  de  reiil'aiit.  (|ui  poi1e  k  cliapri-on  sur  la  lèle  el  non  i-ahallii  sur  l'T'paule. 
Ce  serait  aujourd'hui  uiif  iiifrartiou  au\  loi-  de  la  politcssi'  et  dos  conxe- 
iiaiices,  puisqu'on  (\st  dans  une  r'j;lise  el  en  plein  .-arremcnl  de  hai^tème. 
Mais  alors  se  d(''coin'er  n"(''tait  sans  doule  pas  une  loi  de  eixilili'  aussi  i-i,i;()ureuse 
qu'à  |)n''senl  el  l'homme  âgé.  le  père,  jonissaii  [lenl-èire  du  pri\iléj^-e  dont 
use  le  ]M'è(re  olTiciaiil. 

Je  voudrais  dire  un  mol  sur  le  sens  profond  (|ne  i-('Tè|ciit  tonles  les  céi't'mo- 
nies.  ac-cessoires  e(  prineipali's,  du  l)a|)liMne.  sens  (|ue  los  chriMieiis  de  nos 
jours  lie  pénètrent  peut-être  pas  sul'tisannneni  ;  mais  J'ai  peur  d"i''ln'  trop  lonij,-. 
et  je  réserve  cette  (|uestion  pour  la  prochaine  livraison  des  -  Vinialis  ...  C.ctti' 
livraison,  cpii  sera  la  pivniière  do  ISd;'),  conliendra  eu  !j,iand  le  di'tail  du 
Baptême  de  Hugei-  \  an  der  WCyden. 

lUItliON    viNK. 


MÉLANGES  ET  NOUVELLES 


poTRiiii-s  A(:orsTiorRs. 

Munsiciii'  le  Directeur. 

Daii^  \(ilro  dernier  miniéro  lU'^  »  Annales  "  (  septembre-orlnhi-e  1HG2). 
\()iis  \i)iis  iiciii|ie/.  (  ]_)ai;'e  i^9/i  -  ^!)7  )  il  un  diMail  (rarchitectiire  religieuse 
qui  viiiis  |iarail  a\(iii'  l'Ii'  jiisi|ii'ici  ni\u,'li,i;i''  par  les  archéologues.  Depuis  une 
\in;;laine  (i'anni''es  \fins  ne  cilez  même  (pi'nne  seule  (il)servati(in  adressée  sur 
ce  sujet  à  l'ancien  ('.oniité  iiisliiri(|ni.'  di's  arts  el  niuninnents. 

.le  l'egi'etle  pour  ma  ]iai't  d'asdir  |ir'rdu  de  \iie  celle  ré'\(Mati()ii  faite  ]iai'  un 
anti(|uairi^  du  Midi  et  de  n'a\iiir  pas  connu  rinli''i-(~'l  ([ue  vous  portiez  aux 
agents  de  ré'percnssion  dans  nos  ('glises.  Depuis  trente  ans  que  je  m'occupe 
(ri''tu(les  ai'cliéMi|ogi(|nes  en  Nurniandie.  jai  eu  roccasion  d'oliserNer  cint|  ou 
si\  l'ois  la  parlicidaril(''  (|ui  ti\e  anjoiu'dlini  \oti'(_'  attention  et  sur  laquelle 
NOUS  appelez  ci'lle  de  \(is  lecteurs. 

Kn  isr)-i.  lors(|ui'  je  publiai  les  «  Églises  de  rai-rondissenient  d'Yvetot  ». 
je  glissai  ces  (|uel(|ui_'s  lignes  à.  propos  de  r(''glise  dAlviuiare.  canton  de 
Fauville  : 

»  .l'ai  reniai'(|ui''.  au  milieu  des  ])risnies  (|ui  tapissent  les  piliers  (du  cIkpui'). 
huit  li-ous  circulaires  qui  sont  l'embouchure  de  \ases  en  tei're  placés  dans  le 
nnu"  connue  nuivens  acou>tiques  et  agents  de  répercussion,  .l'en  ai  vu  de 
s(>mbla,bles  dans  le  ne!' du  Monl-aux-Malades  près  r«ouen.  dans  le  chœur  de 
l'éruel.  près  Perriei-s-sur-Audolle  (Eure),  dans  l'église  de  Conb-emoulins,  près 
l'écamp,  et  a.illeurs^.  » 

Depuis  dix  ans  f|ue  ceci  est  écrit,  j'ai  encore  rencontré'  une  doir/.aine  de 
trous  acousti(|ues  placé'S  sous  le  clochei'  de  l'abbaye  de  Monlivilliers.  Ce  sont 

■1.   <'  L(>s  i'i;Iisos  ili'  riirrdiiilisscmenl  <l'[velol,  ».  I"  fitilioti,  T.  I.  [lage  °27.'i  :  2"'  éilit..  page  289. 


M  Fil,  AN  fi  F.  s   r.T   NOrVFI.LES.  355 

autant  de  vases  logés  dans  la  voûte  (|ni  fui  élablio.  eu  IG'iS.  par  les  dames 
de  rilospital.  abbesses  de  ce  réièbre  lUDUastèn-.  I  ii  de  ces  vases  a  été  tiétaelié; 
depuis  quel(|ues  années,  il  se  trou\(;  niaintenaut  à  la  bibliolliiniue  publique 
de  Montivilliers.  ,1e  vous  en  envoie  le  dessin,  ("."est  une  jarre  en  ,tz;rès,  de 
conlem-  gris-eendi'é.  (|ui  a  0'".:^'i  de  liauteui'  -lu-  iiin'  circoul'i'ieiice  de  0.18 
dans  la  partie  intérieure,  di'  O.'id  au  milieu,  de  O.ô'i  à  la  partie  la  plus 
renllée.   L'embmichurc  a  ().()  di;  diainéti'e. 

J'ai  aussi  entendu  dire  ([ue  l'aimée  dernière,  eu  d(''molissant  Téglisc»  de 
Saint-Laurent-en-Cau\.  on  avait  reneonln'-  dans  le  clucher  des  pots  destinés 
à  répercuter  le  son.  J'ignore  à  quelle  épo(]ue  cette  praliciue  s"esf  introduite 
dans  nos  églises  de  Normandie;  mais,  pour  mon  compte,  je  ne  me  souviens 
pas  de  lavoir  observée  avant  li'  wi"  et  le  wii'  siècle.  Les  vases  de  Mouti- 
\illiers,  par  exemple,   sont  assurément  de  celte  dernièi'e  époque. 

En  attendant  le  complément  de  renquéle  que  vous  avez  ouverte  sin-  cette 
intéressante  matière,  \euillez  agn'cr  ces  quelques  faits  que  je  suis  heureux 
de  vous  offrir  et  (jue  je  regrette  de  n'avoir  pas  adressés  au  Comité. 

Veuillez  me  croire  en  même  temps  votre  très-dévoué  servileui'. 

i;aiiiii;  eue  m: t. 

Dieppe,  lo  li  janvier  Islii. 


DON    DE   M.    L1-:   UlC   DE  LL'^NES. 

On  lisait  dans  le  «  Moniteur  »  du  mois  de  décembre  1S()2  : 

»  La  Bibliothèque  impériale  a  é'té"  autorisée,  par  un  décret  rendu  sur  la 
propo-sition  du  ministre  d'l:tat.  le  30  novembre  J8G'2.  à  accepter  le  don  (|ue 
M.  le  duc  de  Luynes  lui  a  l'ait  de  ses  magnifiques  collections. 

«  Les  collections  de  M.  le  duc  de  Luynes  se  composent  de  (j.89o  médailles. 
373  camées,  pierres  gravées  et  cylindres.  188  bijoux  eu  or.  39  statuettes  de 
bronze,  ko  armures  et  armes  antiques,  85  vases  étrusques  et  grecs;  d'un 
grand  nombre  de  monuments  de  diverse  natui'e;  d'une  sujx'rbe  tète  de  statue 
romaine  en  bronze;  enfm  d'un  admirable  torse  de  Vénus  en  marbre  grec. 

I.  Le  monde  savant  appréciera  la  haute  importance  de  cette  patriotique 
donation.  Formée  par  M.  le  duc  de  Luynes  avec  ce  goût  éclairé  fjui  n'admet 
que  des  monuments  de  choix,  exceptionnels  par  leur  beauté  ou  par  leur 
intérêt  scientifique,  cette  collection  est  depuis  longtem|}s  célèbre.  Le  membre 


35(3  A\.\ALES   AliCUKOl.OO  KJLKS. 

émineiit  de  rAcadi'iiiie  des  insciiplioiis  cl  helles-lettros.  dniit  les  tra\.iii\  nul 
ouvert  des  xoies  iKnivelles  à  la  |)llil(ll^^ie  (irii'iilale.  aiujiiel  on  doit  la  leclure 
de  rinseription  du  sarenphag'e  du  l'oi  de  Sidon  l'isuiunnazar.  la  elassilii-atioii 
des  séries  moiiélaircs  de  la  Pliéiiicic  et  des  Satrapies,  jus(iu'alors  incertaine, 
la  découverte  d'une  numismatique  de  l'île  de  Chypre  entièrement  ignorée, 
pouvait  seul  réunir  cet  ensemble  uni([ue  de  médailles  à  légendes  phéniciennes 
et  c;(pri()tes.  de  cylindres,  de  cônes  et  de  pierres  gravées  de  l'Asie.  C'est  au 
savani  ([ui.  poursuivant  ses  ri'condes  recherches  sui-  les  aris  de  la  Grèce,  a  le 
premier  l'ait  connaih-e  les  noms  des  grands  arlistes  graveurs  des  médaillons 
do  Syracuse,  que  la  Bibliothèque  sera  redevable  de  ces  séries  sans  rivales  de 
monnaies  des  rois  grecs,  des  villes  helli''niques.  ûo  la  Sicile  et  de  l'Italie. 
l>e  cabinet  des  médailles  s'enrichira  en  même  temps  de  ces  vases  d'élite,  de 
ces  camées  inestimables,  de  ces  l'ares  et  pn'cieux  bronzes  (jui  domieiit  à  la 
collection  de  Luynes  le  premier  rang  après  les  gi-andes  collections  publi(iues 
(1(^  l'Iùu'ope. 

«1  Tant  d'ieuvres  d'art,  tant  de  travaux  archéologiques  et  historiques  ont 
i'ti'>  entrepris  et  achevés  sous  les  gé'iiéreux  auspices  de  M.  le  duc  de  Luynes, 
(ju'mie  telle  libéralité  ne  surprendra  jiersonne.  Bientôt,  selon  le  désir  du 
donateur,  et  dès  (|ue  les  grands  travaux  enirepj'is  à  la  l>ibliuthè(jue  le 
permettront  .  le  puljlic  entrera  en  possession  de  ce  nouveau  musée .  ((ui 
vi(Midra  se  placei'.  dans  le  dé|)artemeid  des  médailles  et  anti(|(ies.  à  côté 
des  trésors  qu'un  autre  savant  illustre,  le  comte  de  Caylus,  donnait,  il  y  a 
un  siècle,  à  ce  grand  établissement  par  un  de  ses  actes  dont  la  munificence 
devait  être  encore  dépassée.  » 


l)ECOU\t;RTE   Dt:  PF.INÏLIiES  ET  DE   SCL  LI'TL:  HES. 

On  lisait,  dans  u  l'Alsacien  »  du  mois  de  novembi'e  1802.  la  lettre  suivante 
([ue  lui  adressait  M.  l'abbé  Cuerl)er  : 

(1  Monsieur  le  rédacteur. 

«  Permettez -moi  de  recourir  à  l'obligeance  de  \os  colonnes  poiu'  porter 
aux  amateurs  d'antiquités  une  nouvelle  (jui  ne  peut  man(|uer  de  les  intéresser 
vivement. 

"  Des  travaux  de  débadigeonnage  et  de  restauration  sont  exécutés  en  ce 


\iK i.A\i;i;s  i;r  \<»i  vkli,i:s.  ?,:û 

moment  dans  la  nia,i;in'lii|iii:;  l'i^'lisc  S.iint-l'ii'ri'<'  cl  Sainl-l'aul.  ;i  \\  issiMulKHii'g'. 
A  la  suite  d'ini  rap|i(ii't  l'ait  à  la  commission  arcliénlii^iiiin'  (r\lsaci'.  dans  sa 
séance  du  k  novembre  ilci'nirr.  jiar  M.  le  cui'i'  de  Sainl-Cii'ui'gi's  de  ILigiieiiau. 
sur  les  peintures  mui'alcs  (ir'riHiV(Mies  ii  roeeasion  de  ces  li'avaiiv  dans  les 
deux  chapelles  ahsid.dcs  di'  celle  éj;lise.  une  counnissiDU.  coinpo^i'c  de 
MM.  de  Schauenbur.n'.  de  Morlcl .  <liieii)er.  Moi-in.  Klol/.  ci  Slrauh,  l'nl 
nommée  pour  aller  vérifier  sur  place  la  natui'e,  ["('lai  de  conservaliDii  et  le 
véritable  mérite  arcliéolon;ique  de  ces  peintiu'es  murales.  Ces  messieurs  se 
rendirent  à  Wissembuiu'i;'  le  IS  novemlire  dei'nicr.  et  cxamiiièreul  avec  le 
plus  grand  (K'tail  ces  inlé'ressanis  restes  de  peintures,  dnnl  piusicui's 
paraissent    remonter  au   \iii"   siècle. 

Il  Ils  V(int  rendre  com|)te  à  MM.  leurs  (•ollègues  d(>  ce  (|u'ils  oui  \u. 

»  A  cette  première  découvci'le  il  Tant  en  ajouter  inie  secmide.  ipii  cducerue 
la  statuaire,  et  que  les  amateui's  d'archéologie  ira|)preiidront  pas  a\ec  moin> 
de  plaisir. 

»  Une  lettre  que  j'ai  recui'.  le  22  courant,  de  M.  le  cuii'  de  \\  i->eiii|)oin'g. 
la  donne  en  ces  termes  : 

(1  Hier,  en  travaillant  dans  noire  église,  nous  avons  liïiuvé'  quatre  belles 
<i  statues,  formant  la  maçonnci'ie  de  l'autel  de  la  Vierge,  placé  ;i  droite  de  la 
<i  porte  d'entrée,  du  côté  du  presbytère.  Ces  slalues  l'cpri'senleiil  l'inie  la 
<(  saJnte  Vierge  ;  la  deuxième,  saini  Picri-e;  la  Iroisièine,  le  rui  Dagobert, 
«  tenant,  en  sa  ([ualité  de  l'iindaleur  de  rabl)aye,  l'église  abl)aliale  dans  ses 
«  mains  et  ayant  appendue  à  sa  ceinture  ime  bourse  gonlli'e  ;  la  (lualriènie 
«  statue  représente  un  chevalier  portant  sur  sou  habit  et  sui-  son  (''cusmiu 
«  la  croix  du  croisé. 

«  Ces  statues  appartiennent  ('\  ideniment  à  une  époque  où  i'arl  gotihcpie  é'tait 
i<  à  son  apogée,  et  ra|)pellent  par  leiu'  gracieuselé'  cl  lein-  agencement  les 
Il  deux  statues  placées  au  portail  siul  de  la  calinVIrale  de  Sli'asboiu'g  .  el 
<i  créées  par  le  ciseau  de  la  lille  d'Krwin. 

Il  Je  dois  pourtant  ajouter,  à  mon  Irès-graud  regrel.  (pie  le  marteau  de  !)."> 
Il  les  a  décapitées. 

Il  Veuillez  en  faire  pari  à  MM.  les  archéologues  de  Slrasboiu'g. 

Il  Toute  la  population  de  Wissembourg,  sans  distinction  de  culte,  prend  le 
«  plus  touchant  intérêt  à  la  reslauralion  de  noire  église,  n 

Il  J'ai  pensé.  Monsieur  le  Rédacteur.  (|u'au  moment  où  M.  le  professeur 
Straub  vient  d'appeler  l'altention  du  public  sur  les  peiuliues  murales  décou- 
vertes dans  la  belle  église  de  Wissembourg,  pai'  lui  arlicle  du  plus  grand 
intérêt  (|u'il  vient  de  publier  dans  la  «  l\evue  catholicpie  de  l'Alsace  »  .  la 
xxii.  liH 


358  ANNALES   MlCIl  EOLUCKjL'ES. 

iiniivelle  (riiiie  seconde  di''Couverte  faite  dans  la  même  é.2,'lise  serait  accueillie 
avec  empressement,  et  par  MM.  les  membres  de  la  Soci(Mé  archéologique 
d'Alsace,  qui  s'occupent  avec  une  si  vive  sollicitude  de  nos  monuments ,  et 
suiiout  par  le  clergé  de  notre  pays. 

<i  Veuillez  recevoir.   Monsieur   le  I^'dacteur,   l'assurance   des   sentiments 
respectueux  de  votre  dévoué  servilenr. 


«  GUERBER. 

AunKJiuer  des  prisons  tivile-s 


Slra>ljour.;.  2.")  nuvemlire  ISG!  .,. 


VITRAUX    DU   GRAND-ANDELY. 

V(.)ici  les  deux  planclies  (|ui  n'ont  pu  être  prêtes  pour  la  j.irécédente 
livraison. 

La  première  nous  dlTre.  en  six  sujets,  la  <i  Gloi'itlcation  de  la  sainte  Vierge: 
Annonciation.  Visitation,  l-'uite  en  Mgypte,  Assomption.  Bénédictii.ui  par  les 
personnes  divines,  Miracle  de  Théophile.» 

Au  moyen  âge.  les  divers  sujets  qui  composent  un  vit)-ail  s'ordonnent  de  bas 
en  haut  et  de  gauche  à  droite.  La  renaissance,  qui  se  se: ait  cru  déshonorée  si 
elle  avait  accepté  un  l'ait  ou  une  idée  du  moyen  âge,  dispose  oi'dinairement  les 
sujets  en  sens  contraire,  de  haut  en  bas.  mais  de  gauche  adroite  cependant, 
comme  les  lignes  d'un  livre,  hiconséquente  avec  elle-même,  comme  il  lui 
arrive  fréquemiiient,  on  la  voit  quelcpiefois  n'adopter  aucun  ordre  et  briser  la 
régie  qu'elle  semblait  s'être  tracée.  Ainsi  le  vitrail  du  Grand-Andely  offre 
l'Annoncialinn  (Ml  bas  et  à  gauche,  comme  l'aurait  fait  le  xiiT  siècle.  Mais, 
immédiatement,  il  monte  en  haut,  à  gauche,  pour  y  placer  la  Visitation;  de 
là  à  droite,  en  haut,  pour  la  Fuite;  puis,  il  redescend  en  bas,  au  centre,  pour 
oll'rir  l'Assomption,  qui  se  continue  en  haut  et  au  centre  par  la  présence  des 
personnes  divines.  Enhn,  en  bas,  adroite,  la  légende  de  Théophile.  C'est  un 
véritable  désordre.  On  ne  voit  que  deux  personnes  divines,  le  Père  et  le  Fils, 
au  lieu  de  trois.  Le  Saint-Esprit  est  absent  :  peut-être  a-t-il  été  cassé,  peut-être 
aussi  (la  renaissance  et  même  le  moyen  âge  malheureusement  en  olTrent 
de  nombreux  exemples)  le  peintre  verrier  l'a-t-il  supprimi'^  comme  inutile. 

A  l'Annonciation,  la  vierge  Marie  est  agenouillé^.'  sm-  un  coussin,  pour  la 
prière,  et  se  retourne  pom'  regarder  l'archange  (iabriel  (jui  la  salue.  On  est 
dans  la  chanibre  à  coucher  de  la  sainte  Vierge  et  non  dans  son  oratoire  pro- 


■G:!:.Lœi:B':îc^.^nûn  :de  JjA  Yii^jm^a  ;wfâ:a:ra; 


■  ■  "  >'Jùf.-iuinfJJÙ/no. 


^-,/r,  ,;ii-.  (,.Wi..'i.-  iânif 


■MÏ-KAJJL  1)1:   :L^im  J'cî4'0) 

AU    GIIAXli  -  ANDKl.Y       (    E'Ji^r:    ) 


t  /•iir-Jhi/mii ^  2ii nn- ^'"7 Pt-tiii/ii'/fii- -if  ('"'"/'•i' 


. -^«//ïw^ /'..'-  //.'.///./   X.:  .'-«//  ./,   /•■  /;v//7>A- 


MKi.\N(ii;s  Kl  Noi:vKi,ij;s.  3.)y 

proiiioiit  (lit.  ni  sous  iiii  porliquo  coiuiiio  l'Italie  aiiiir  ;i  lij;-iirer  cette  scène,  ni  à 
la  porte  de  riiabitation  comme  les  liy/.antins  se  plais(>nl  ;i  la  l'cpn'senler.  Sur 
un  petit  meuble,  une  commoile,  une  arnioii'e  ha-sc.  à  rani;li'  droit.  I(>  |)eintre 
(r.\n(lelya  placé  un  jietit  encrier.  A  r.\nnoncia(ion.  la  \icrge,  chez  les  lîyzan- 
lins.  file  au  fuseau  ;  chez  les  anciens  Italiens,  elle  |)rie  mentaleinent  ;  ici.  dans 
le  vitrail  dWndely,  elle  prie  dans  un  livre  d'Heures  tout  f;rand  ouxert.  On  est 
dans  le  siècle  de  la  lecture  cl  de  rim|)rimei-ie  :  un  livre,  ([ui  n'est  peut-être 
plus  ini  manuscrit,  et  mi  enci'ier  [lour  li\er  les  d/'penses  du  ménage.  Au-des- 
sus do  la  tète  de  Marie,  le  .Saint-Esprit,  en  colombe,  insciat  dans  uni'  auré'olo 
nvale  (Hii  ressemble  beaucoup  trop  h  un  |)lal  di'  cuisine.  L'archange  (laliriel 
est  debout,  conmio  l'ont  l'ait  les  Byzantins;  il  est  légin-ement  incliiK'.  mais  non 
agenouillé  comme  les  Italiens  des  xV  et  wi"  siècles  aiuKînt  à  le  représi'uli'r. 
Son  nimbe  est  en  pei'spective,  en  l'orme  df  coitRu-i'  plati'  et  ovale. 

A  la  Visitation,  aucun  niniLie.  soit  à  la  \ierge,  soit  à  sainte  j'iiisabeth.  Ces 
deux  bonnes  fenniies  so  tiennent  à   bras  le  corps  avec  assez  peu  de  noblos-^e. 

A  la  l'uite  en  Kgypte,  nimbe  ni  à  .loscph.  ni  à  la  Viorge.  ni  même  à  Trufant 
Jésus.  La  renaissance  parait  protester  conti-i'  cet  allribut  t\uc  le  moven  agi' 
alTectionnait  et  que  les  archéologues  li'ou\enl  hvs-commode  puui'  baptiseï'  mi 
certain  nombi'e  de  personnages. 

A  l'Assomption,  la  Vierge  est  enleM'e  pai'  (|ualri'  petits  anges  |)lus  ou  moins 
habilli's  et  qui  sont  tro])  jeunes  pour  cette  fonction.  Les  anges  n'ont  pas  de 
nimbe,  bien  entendu,  mais  la  Viei'ge  a  gardé  le  sien  qui  i-esseml:)le  à  mi 
plateau  gravé  d'ornements.  Marie  est  appuyée  contre  le  soleil  dont  les  rayons, 
alternativement  di'oits  et  flamboyants,  paraissent  s'échapper  de  ses  épaules. 
La  lune,  aujom'd'hui  dis|)arue  .  devait  briller  sous  ses  |)ieds.  La  ligure  de 
Marie,  cassée  en  |)liisieurs  morceauN.  ne  manf|ue  pas  de  grâce,  grâce  airectée 
et  fort  diiïérente  de  la  noblesse  de  la  Vierge  peinte  sur  le  mm-  occidental  de 
Saint-Laurent  hors  les  murs,  publii'e  plus  haul.  mais  grâce  délicate,  attrayante 
et  jeune. 

La  Trinité  des  dcu.r  personnes.  (|iii  domine  cette  Assomplion,  esl  bien 
mutilée;  mais  les  tètes  sont  intactes  et  bien  dessijié'es. 

La  légende  ou  le  Miracle  de  Théophile,  comme  on  ra]ipelle.  est  iMdeni- 
ment  le  sujet  le  plus  important  du  vitrail.  C'est  déjà  un  fait  consiili''ral)le  (|ui' 
d'avoir,  en  15i0,  figuré  une  scène  qu'on  ne  représentait  plus  aloi-s;  mais  il  e>l 
plus  étonnant  encore  qu'on  lui  ait  attribué  une  place  double  connue  à  l'An- 
nonciation. Il  semble  que  cette  légende  aurait  eu  un  dévelo|)pement  sulïisant 
dans  l'un  des  lobi>s  (|m'  contient  la  \  isilation  ou  la  l''uite.  Lu  noirs  servant  du 
langage  modei-iie.   nous  dirion-  i|ue  ce  sujet   méi-itail   un   tableau  de  geiu'e. 


c 


:56n  A^NALF.S   MiClIKOl.OOlOlKS. 

niai<  nnii  p.m  un  lahlcaii  d'hisldii'o.  Du  pourrait  supposor.  sans  so  ti'onippi 
pi^ul-iMi-c.  que  les  Auddys  de  celte  ('p()(|ue  avaient  un  ainoui'  excessif  de  1  ar- 
gi'nt  l't  (jue  leui's  habitants  n'auraient  pas  hésité  à  vendre  leur  àme  au  (lial)l 
piiur  eu  avoir  à  soidiait.  C'est  pour  les  détourner  de  ce  crime  qu'on  aurait 
r('|in'>enlé  ici  la  li'giMulr  de  Théophile.  A  Rouen,  grande  ville  de  commerce 
el  d'industrie,  déjà  au  wT'  siècle,  celle  légende  aurait  Irouvéson  application 
plus  justifiée;  mais  les  Andelys  avaient  peut-être  alors  une  importance  indus- 
trirllo  et  commerciale  (|u'ils  ont  perdin'  depuis. 

Théophile  était  le  grand-vicaire,  le  vidame  d'un  évêcpie  qui  le  destitua 
injustement.  S'il  a  vendu  son  âme  pour  avoir  de  l'argent,  c'était  pour  que  cet 
argent  lui  servît  à.  l'ccouquérir  ses  places,  ses  dignité's.  sa  puissance  et  pour 
confondi'e  ses  ennemis.  Tliéophile  était  un  ambitieux,  mais  non  pas  une  àme 
vile  et  chei'chaut  à  se  |)rocurer  de  l'argent  pour  satisfaire  des  passions  hon- 
teuses, la  gourmandise  ou  la  luxui'e.  .le  regi'elte  alors  qu'on  ait  figuré  sous  la 
l'oi'uie  d  un  pourceau  ou  sangliei'  femelle  le  diable  auquel  il  vend  son  àme.  La 
renaissance  elle-même  s'y  est  quel(|uefois  mieux  entendue  que  cela.  Sui-  mie 
la|)issei'ie  de  la  Chaise-Dieu,  qui  (hite  également  du  xvi"  siècle,  le  diable  qui 
apparaît  à  Notrc-Seigneur.  pour  le  tenter  par  Tambilion  et  même  par  la  faim, 
a  la  l'orme  d'im  docleiu'  en  Sorbonne.  à  figure  humaine  d'une  grande  finesse. 
C'est  un  ergoteur  i|iu'  cherche  à  mettre  Jésus-Clu'ist  (t  (/iiia.  Et  cependant  il 
échoue  en  olTrant  au  Sauveur  les  royaumes  de  la  terre,  après  avoir  irrité  sa 
faim  de  quarante  jours  eu  lui  disant  de  changer  en  pain  les  pierres  du  désert, 
lei.  |)our  Théopliile.  il  n'est  pas  même  question  de  faim  ;  l'ambition  seule  est 
enjeu.  A  la  place  du  peintre  d'Andely,  j'aurais  figuré  un  diable  sous  la  forme 
d'un  [H'ince  riche,  puissant,  luxueusement  habillé  et  non  sous  celle  d'un  pour- 
ceau à  mamelle  pendante,  à  groin  de  la  plus  forte  saillie.  Il  est  vrai  que  cet 
arliste  a  voulu  faiiv  le  diable  laid  et.  il  a  si  bien  réussi,  (pie  l'enfant  Jésus  lui- 
mi''me  en  a  |)eur.  se  détourne  avec  etfroi  et  se  jette  sur  le  sein  de  sa  mère 
ciiinme  pour  s'y  réfugier.  Du  moins,  pour  l'ambitieux  Théophile.  Marie  est  en 
ri'ine,  coilïé'c  d'une  couronne  et  velue  de  riches  habits.  Le  vidame  de  l'évêque 
d'  \daiia  voit  donc  (|iie,  s'il  perd  la  protection  intéressée  et  redoutable  d'un 
pourceau  femelle,  il  va  regagner  celle  d'une  souveraine  toute  puissante. 

Marie  passe,  à  bon  droit,  pour  un  chef-d'œuvre  de  la  renaissance:  sa 
figure,  fort  bien  modelée,  est  pleine  d'intelligence  et  de  douceur;  elle  regarde 
Théophile  en  souriant  et  en  lui  déclarant  qu'elle  a  forcé  le  diable  à  lui  rendre 
le  contrat  où  le  vindicatif  et  ambitieux  vidame  avait  écrit  et  signé  la  vente  de 
son  àme.  En  elfet,  Satan  tient  avec  les  grilles  de  sa  patte  droite  la  tablette  à 
sommet  arrondi  oii  le  contrat  est  libi'lh''  tout  au  long  et.  cette  tablette,  il  la 


MKLANCKS   KT   NOTVF.LI.KS.  ofil 

présente  à  Marie  qui  la  rocL-inaiidi-.  Dii'ii  iiu'  i;anl('  (>l  l'art  aussi  di'  dire  aunui 
mal  de  cetle  figure  de  \  ierge.  uiais  j(,'  pr('t'èr(,'  euc<)r(>  eellc  di'  Saint-[.aurenl 
hors  les  murs  et  toutes  C('ll(>s  (\[U'  le  vi'ai  moyiMi  âge  U(his  a  laites. 

l^a  secoude  planche,  qui  est  gravée  siu'  bois.  ollVi!  uu  sujet  airssi  rare  (jne 
curieux.  Saint  Pierre,  assis  sur  un  Irône.  sous  un  dais  de  l'orme  eoni(|ur.  ]>ort(' 
de  la  main  droite  la  grande  ciel'  ([ui  lunii'  ot  l'ermo  le  ciel;  de  la  gauch(\  il 
lient  la  croix  à  triples  branches.  (|ui  iiidi(|U(\  connue  sa  tiare  à  trois  cou- 
ronnes, sa  triple  |)uissance.  Il  est  rev(Mu  d'une  chape  fort  riche,  à  large  fer- 
moir historié;  sa  lète,  outre  la  tiare  pontihcale.  est  ornéi'  du  nimbe'  de  la  sain- 
teté. Saint  Pierre  est  dans  tout  l'éclat  de  sa  puissance.  C'est  (|u'eu  ell'et  le 
peintre  a  figuré  son  sacre  cl  ce  sacre,  c'est  le  Sauveur  en  perMiime  (|ui  le 
confère  à  son  premier  vicaire.  On  semble  arri\é  à  ci'tti' partie  de  la  ci''réinonie 
ou  le  consécrateur  divin  pose  lui-même  la  tiare  sui'  la  tète  de  son  re])iv- 
sentant.  Dans  son  travail  d'ensemble  sur  les  \itrau\  du  (irand-AiideK  .  nuiu 
neveu  a  remarqué  avec  raison  ([uele  Sauveui' avait  deux  nimbes:  l'un  vertical 
et  dentelé  sur  le  bord;  l'autre  hurizontal  en  perspective  et  oi'ué'  d  un  (|ualre- 
feuille  au  centre,  affectant  la  forme  d'une  croix.  Cette  su|)erposition  de  deux 
nimbes  est  bien  étrange  et.  si  Fou  ne  peut  l'attribuer  à  une  maladroite  restau- 
ration, c'est  un  exemple  unique  et  d'un  symbolisme  des  plus  i)izarres.  Mal- 
heiu'eusement  ce  vitrail  est  bien  bouleversé  :  de  la  figure  de  saint  Pierre,  on 
ne  voit  plus  que  l'o^-il  droit  et  une  partie  de  la  joue  gauche  ;  un  gland  ange 
qui  assiste  à  la  cérémonie  n'a  plus  d'intact  (pie  la  tète  et  les  mains;  fini  des 
petits  anges  enfants-de-ca;'ur.  rpii  porte  le  rituel  des  céré-monies  de  la  con- 
sécration, a  les  mains  séparées  du  corps.  Malgré  cet  état  malheureux  d(>  mu- 
tilation, nous  tenons  ce  fragment  di'  verrière  pnur  l'un  des  plus  inli'ressants 
du  (iraml-Andely  dont  tous  les  vitraux  sont  extrêmement  curieux. 

jiIlitiON  \  iNi:. 


SOCIKTE    tr.VUL.NDliL. 

En  18G1,  cette  Société  a  donné  à  ses  souscripteurs  les  chromolithographies 
suivantes  : 

1°  I>v  cnriE  d'Adam,  peinte  ii  fres(pie  dans  la  chapelle  Brancacci  du  i,  (lar- 
mine  ».  à  l-"lorence.  probablement  par  l''ilip|)ino  Lippi.  L'arbre  de  la  chute  est 


362  ANNALES    VRCIIÉOLOG  lOUES. 

un  rirant;'or  cl   le  sei'pent  de  la  lentalioii  un  serpent  réel,  mais  dont  la  tète  est 
celle  (ï'wnc  ji'niic  llllc. 

"2°  L'iAi'i  i.sn)\  nu  par  vdis  terrestre,  pai-  Masaccio  .  dans  la  même  cha- 
pelle. J.'angc  ([ni  chasse  Adam  et  Eve  est  rouge  d'aile  et  de  robe,  manière 
d'exprimer  le  Hamboiement.  mais  son  épée  est  en  acier  et  toute  droite. 

■">"  L'm'.gent  du  truut,  par  >hisaccio,  dans  la  même  chapelle.  (Irande 
planche  d(>  70  centimètres  de  long,  contenant  dix-sept  personnages  en  pied. 
Le  nimbe  de  .lésus-Christ  est  sans  croi.v  et  en  lornie  de  large  coilTni'c  plate, 
ciinniie  ci'lni  des  apôtres. 

/l°  et  ô"  Tûtes,  gi'andeur  de  la  peinture  originale,  de  l''^  Argent  du  Tri- 
but »:  tète  d'mi  apnti-e,  de  saint  \ndrè  probablement,  et  lète  d'un  collecteur 
d'impôts. 

O'ctT"  S\iNT  Pierre  donnant  le  baptême  et  S\int  Pierre  prêchant,  pai- 
Masolino,  peintm-eà  fresque  de  la  même  cha|)elle  Brancacci  du  Carminé.  Au 
baptême,  il  n'y  a  que  des  hommes;  à  la  ])rèdication.  assistent  une  religieuse 
et  deux  moines  dont  un  dominicain  qui  doit  être  un  portrait. 

En  ISC^,  la  Société  donne  à  ses  sousci-ipleurs  : 

1°  S\i\T  IvriENNE.  en  diacre,  distribuant  des  aumônes.  Suiti'  de  la  s(''rie 
des  l'res(|nes  peint(\s.  ])ar  l'ra  Angelico.  dans  la  chapelle  de  Nicolas  Van  Vati- 
can. La  lY'producliDii  est  en  gravure  sur  métal,  non  en  chomolithographie 
comme  toutes  le<  planches  précédentes.  Ces  figures  d'hommes  et  de  femmes 
pauvres,  aux(juels  le  premier  martyr  fait  l'auinônc.  sont  de  la  plus  rare  élé- 
gance et  d'une  expression  pleine  d'intelligence  et  de  distinction. 

•2"  S  VINT  Pierre  et  saint  .Tevn  guérissant  le  paralytique  et  saint  Pierre  res- 
suscitant l'i'Irdnille.  par  Masnlino.  fresque  de  la  chapelle  Brancacci  du  Car- 
mine  de  l'iorence.  Grande  chomolithographie  de  70  centimèti'es  de  longueur. 
On  est  dans  la  rue  d'une  ville  italienne,  de  l'iorence  sans  doute.  Les  maisons 
ne  sont  perci'es  (jue  d'étroites  et  rares  ouvertures  au  rez-de-chaussée;  mais 
au  second  et  au  troisième  étages  les  ouvertui-es  sont  larges,  nombreuses  et  cin- 
trées; des  draperies  de  ménage  y  pendent,  el  sur  les  traverses  en  bois  ou  les 
corniches  se  promènent  de  petits  animaux  domesti([ue.- .  mais  enchaînés,  im 
singe  entre  autres.  On  y  surprend  une  |)artie  des  mo'urs  llorentines  (hi 
XV"  siècle. 

3°  Tète  de  saint  Pierre,  grandeur  de  l'original,  dans  la  résurrection  de 
Pétronille.  La  figure  est  ronde,  la  barbe  et  les  cheveux  abondants,  courts 
et  presque  blancs. 

k°  et  5°  Saint  Pale  visitant  saint  Pierre  en  prison.  Saint  Pierre  délivré 
de  prison.  i)ar  l'ilippino  Lippi.  dans  la  chapelle   Brancacci.  Saint  Pierre  est 


.\IK1.\\(.KS   Ki   .\()I  \  Kl.LKS.  363 

blanc,  à  tisurp  ronde;  siiiiil  l'anl  rst  l)run.  à  lii;-iiro  lonn-nc.  l/;nige  ([ui  dé- 
livre saint  l'ierre  c>t  iiii''  de  ces  hrlks  -  ciVMturcs  ..  coiiinir  Daiilc  les  appelle. 
(|iii  sDiil  Imiles   blanclies  de  viMcnifiils  et  jileiiK^s  d'iinr   iiilelli};-ence  céleste. 

G"  TiVn;  I1I-:  saint  P.m  i.  visilanl  saint  l'ierre.  (iraiidrni- de  r()ri,ij;iiial. 

Kii  dehors  d<^  ces  planchi's  qui  appartiennent  à  ses  sonseriplenrs.  la  Sd- 
ciélé  a  publii'  à  prix,  réduit  ponr  cn\  d  à  prix  fui-t  pour  ks  antres: 

■1"  La  Madonk  01  sac.  peinte  par  Vndi-i'del  Sarld.dans  \r  cl, titre  di'  ri'"Tlise 
de  r.Vnnunziatci,  à  l''lorence.  Krescine  dunl  la  ei'h'bi'iti'  est  inmicnsc  ri.  ;i  notre 
avis.  snp(''rienre  à  son  mérite.  Ce  n'est  xéritablenient  plus  de  l'art  chrétien. 
Elle  est  datée  de  1525. 

'2"  I.'i;\sk\ki.is.semi;nt  ni-  svixir:  C.kcu.I':,  peinlc  à  IVes(|ne  par  l'"rancesci) 
l-'rancia.  dans  l'église  Sainte-(',('cile  <le  Bologne.  Une  des  belles  pages  de  ce 
peintre  il  peine  connu  en  Krance  et  (|ne  l'on  a  pn.  en  maintes  circonstances, 
confondre  avec  Raphai'l.  Cette  chronidiithograpliie,  large  de  5.")  l'enliniétres  et 
liante  de  51.  cumjirend  douze  personnages  en  pied  et  nn  ange  qm'  cnipoi-te 
an  ciel  la  petite  âme  de  la  jeune  sainte.  Cet  ensevelissement.  pi'i''>idi'  |)ai-  un 
pape,  à  l'entrée  d'un  paysage  si'vére.  produit  une  impres.-ion  pnil'und..'.  i-'i-ancia 
est  un  bien  plus  grand  peintre  que  Masolino.  l'ilippino  l,ippi  e|  Masaccio. 
Même  ici  on  est  très-près  du  grand  Raphaël. 

o°  Ai.PiiAïu-rr  de  lettres  capitales  et  historiées,  tirées  (\c^  li\  res  de- chœur 
italiens  des  \v"el  wi"  siècles.  Ces  letli'cs.  gravées  sni-  métal,  sont  précédées 
d'une  lettre  coloriée  et  dorée.  Ce  riche  alphabet  de  vingt-(]uali-i'  grandes  plan- 
ches est  tiré  des  manuscrits  des  bililiothè([ues  coninuniales.  eccl(''siasli(nies 
ou  conventuelles  de  Sienne  et  de  Florence.  Rien  di'  plus  niile  |)onr  l'é^inde  de 
l'ornementation  et  de  plus  attrayant  pour  l'iconographie,  car  clia(|ue  lettre 
contient  un  sujet  quelquefois  fort  développé,  connue  la  lelliv  |).  pai- l'xemple. 
oii  est  inscrite  l'entrée  triomphale  de  Ji5sus-Christ  à  Ji'i-usalem. 

Ci'est  avec  ces  belles  |)lauches  que  la  société  d' Vrundel  a  di'jà  gagni' en- 
\irou  (|uinze  cents  sonsci'ipteurs  et  que  nons-mé'me  .  aux  sonscri|itein's  déjà 
inscrits  dans  les  «  Annales  »,  nous  pouvons  encore  ajonlei-  les  sui\ants  : 

-M.  le  comte  L.  Clément  de  Ris.  attaché  aux  musi'es  du  Louvre; 

M.  L.  Curmer.  éditeur  à  Paris; 

M.  llangard-'NLuigé.  imprimeur  de  chi'omolithograpiiies  ;i  l*ari>; 

\L  h'.mile  Thibaud.  peintre-veri-i(.'i' à  Clennont-r'errand  ; 

M.  l'abbé  Barnouin.  ù  Nîmes; 

.M.  A.  de  Cabrières.  à  Nîmes  ; 

^L  Riggenbach,  architecte  de  la  cathédrale  à  R;\le  (Suisse)  ; 

M.  I'.  Cuypers,  architecte  à  Ruremonde  (Hollande). 


56/,  Ai\NALES  AHCllEOLUGigiJES. 


COSTUMES   UU    XVIII'^   SIECLE. 


Sous  ce  titre.  Douze  c.ostl mes  d'Italie,  d'ai'iîès  les  peintlues  faites 
l'AK  BvKBALLT,  A  RoME.  E.N  1750,  M.  Léoii  Gaucherel,  notre  ami  et  colla- 
borateur, vient  de  publier  douze  petites  eaux-fortes  pleines  de  transparence, 
(le  fraîcheur  et  de  finesse.  C'est  de  1750  et.  par  consé(|uent ,  d'une  époque 
((ui  n'est  pas  la  nuire.  Mais,  ce  qui  nous  appartient  et  ce  que  les  souscripteurs 
des  "  Annales  Archéologiciues  »  savent  apiirécier  hautement,  c'est  l'élégance, 
la,  vie.  la  variété  qui  caractérisent  la  pointe  et  le  burin  de  notre  ami. 

Ces  costumes  divers  sont  portés  par  six  hommes  et  six  fennncs. 

I>es  hommes  représentent  un  gentilhomme  de  la  chambre  du  Pa|)e.  un 
chevau-léger  de  la  garde  du  Pape,  un  cent-suissc  de  la  môme  garde,  le  co- 
cher du  Pape,  un  chasseur  romain  et  le  Pi)lichinelle  napolitain.  —  Les  femmes 
nous  olIVentune  dame  romaine  dans  son  liabil  h  la  dra.n'onnc.  une  fille  romaine 
dotée,  une  dame  vénitienne,  une  Xettunoiso  allant  au  inarché,  une  paysanne 
des  environs  de  Piome.  une  paysanne  de  Prascati.  —  Un  frontispice  gravé, 
que  dominent  Saint-Pierre  de  Piome  et  les  rives  du  Til)re,  relie  par  des  guir- 
landes de  roses  ces  douze  charmantes  gravures. 

Assurément  nous  aimerions  mieux  (juc  M.  fiaucherel  employât  son  temps, 
même  son  loisir,  à  graver  les  |)lanclies  s('vères  des  «Annales»;  mais,  en  pré- 
sence de  ces  jolies  fut  il  il  é'S(|ui  exercent  la  verve  et  qui  eiiliviieiment  la  main,  il  ne 
faut  pas  tenir  rigueur  pas  plus  qu'on  in'  dnil  bouder  devant  un  dessert  poétique 
après  un  succulent  et  solide  repas.  Bonne  chance  donc  à  ce  charmant  album 
composé  de  treize  planches  sur  chine,  qui  seront  un  jour  extrêmement  recher- 
chées et  si^  vendront  le  prix  élevé  (|u'atleignent  aujom-d'hui  les  gimures  de 
choix.  Kn  ce  moment,  cet  album  de  treize  gravures,  renfermées  daire  un  carton, 
est  de  :20  tVancs  seulenient. 


MOZAKT   A   SAINT-EUSTACHE   DE   1\VI\1S. 

I.e  'J  mars  18G3.  on  exécutait,  dans  l'église  de  Saint-Eustache,  le  «  Re- 
quiem »  de  IMozart.  sous  la  direction  de  M.  Pasdeloup  et  à  l'intention  de 
Wilhem,  fondateur  de  l'enseignement  du  chant  dans  les  écoles  de  la  ville 
de  Paris.  Un  auditoire  nombreux,  dont  je  faisais  partie,  assistait  à  cette  ce- 


\ii:i.  \\(.i>  1,1   \()i  \  i;i,i.i;s.  mo 

n'iiiDiiii'.  Tiiiil  ("11  ('■(■iiiilaiil  r(i'ii\r(i  siihlinn'  du  i;r;iiiil  iiiailic.  ma  |)cii-i''('  so 
repdiiait  sur  ci'liii-ci  d  je  hk;  disais:  (|iii  sait  si  Mu/.arl  n'csl  pas  vimui  m  pcr- 
sôiiiii'.  dans  ci'lli'  i'i;iis('.  assisici'  à  une  (■r'ri''iniuiii'  aiiai(i,^iii'.  mais  (|iii  pdiir  lui 
irt'lail  (iiii'  trop  n'i'llcmcnl  Irisle  et  arilii;("aiil('.  je  \cii\  paiii'i'  de  rriilcrri'iiinil 
de  sa  mère.'  \  oici  à  ce  siijel  (|ur|qu('s  i-oiiscii;iiemi'nls  (jiii  ih>  peiivcnl  maii- 
C|ii('r  (TiDli'ivl  ciimme  lnnl  ce  (pii  (■(incei'in'  ce  f^-raiid  ^•éiiic.  An  mois  de  jiiiilcl 
di' I  aimi'e  I  77(S.  Md/.aii  sf  Iroiivait  à  l'ai'is  avec  sa  mère;  tous  deux  liahi- 
lai(Mil  l'hôtel  des  nuali-e-lils- Aymon.  rue  du  (Irns-dlieiiet.  vis-;i-\is  celle  du 
Croissant.  CiCttc^  adresse  est  donni'c  par  Mo/arl  hn-mi''me.  an  ha-  d'mii;  Idlre 
où  il  apprend  à  un  ami.  dans  des  termes  louclianl^.  la  mort  de  sa  mère.  La 
lettre  est  bien  comme;  mais  voici  une  pièce  (|ni  Test  moins  et  (|ne  je  crois 
inédite:  c'est  l'acte  de  {h''{:('.s  de  la  mère  de  Mozai'l  .  tel  (pie  je  l'ai  in  dans  mi 
re.içistre  des  actes  d(>  décès  do  la  pai'oisse  Saint-Kustaclie,  consei'\é  aux  ai- 
cliives  ÛQ^   actes  de  l'état  civil  : 

"  Ledit  jour  ('i  jniili'l  I77S).  Mai-ie- \nne  l'erll.  ài;i''e  de  ."iS  ans.  fenii le 

Li'opold  Mozart.  mailri>  de  chapelle  di'  Salshom'i;  en  IJavière.  di'C('d('e  Ihei' 
rue  du  (iros-Cilieiiel.  a  été'  ininnnée  au  cimetière,  en  pré'sence  de  \\  oli'^and- 
Amadé  Mozart,  son  (ils.  el  de  |-'rancois  lleina..  trompette  di':^  ciie\au\-li'',L;,ers 
de  la  garde  du  Roi,  ami. 

"  MozAr.r.  \\\a\  \.    Ir.issox.  » 

Oii  était  ce  cimetière  dont  il  e-l  ici  (|nesliiin'.' .le  ri,i;noi'i'.  A  celle'  (■•po(|ni\ 
les  paroissiens  de  .Saint-I'lustache  (|ni  n'i'laient  pas  descendus  dans  k'scaveanx 
de  l'église  étaient,  dit-on.  enlern's  airx  Lmocenis  ou  ;i  Saint-.iosepii  on  dans 
im  cimetière  hors  la  porle  Monlmarli'e.  Le  cimelièi'e  iJi'  Sainl-.l(.>sepii .  au- 
trement dit.  de  .Saint-Lustachi.'.  aliénant  à  une  petite  é'L^iise  (|ni  sei'\ail  d(_î 
.succursale,  était  situé  tout  près  de  la  demeure  de  _\L)zart.  11  est  alors  probable 
que  c'est  là  que  l'ut  enterrée  sa  mère,  et  (|ue  le  service  bien  modeste  sans 
doute,  car  la  l'amille  avait  pi.'U  (le  ressoui'ci's.  eut  lieu  dans  l'église  de  Saiiil- 
.loseph  ;  mais  ce  n'est  de  ma  paii  (ju'nne  coiijeclin'c.  L'i'glise  de  Sainl-.losepli 
a  été  détruite  ;  son  emplacement,  ainsi  (pie  celui  du  cim(_'fi(''re.  est  occnpi' de- 
|)uis  longtem])s  |)ar  un  marché  (jui  porte  le  mi''me  nom.  Lne  grande  illu-lralion 
i'rançaise.  Moli(''re.  axait  (''t(''  inhumé  dans  ce  cimeli(''re  où  sans  doiih.'  reposa. 
plus  tard  et  pour  (in('l([ues  années  seulement,  la  iiK're  du  grand  .Mozart. 

Ji;i.(i:n    IU  liA.Mi. 


xm:.  kl 


BIBLIOGRAPHIE 

D'ART   ET   D'ARCHÉOLOGIE 


2Xij.  AIJJEZ.  —  llisTomu  (lu  nioïKisIèri'  de  Lrrin>,  par  l'ablii'  Ali.ii;z,  cliiinoinc  honoraire  do 
Tréjus.  Deux  vohuiies  i^raud  in-!S",  de  i'.Ki  et,  'M'.l  page?.  —  l'reuiier  volume  :  Histoii-e  du  uio- 
nastère  de  Lérins,  depuis  sa  Ibiidation  (375;  jus(pi'au  vin'-  siéele;  étude  des  leltres  à  Lériiis; 
éelairci-semeiUs  et  détails  sur  les  docleurs,  Ihéoldgiens  et  les  saints  qui  ont  illustré  Lérins; 
leurs  reli{|ues  et  leurs  létes.  —  Deuxième  \i)luaie  :  Suile  île  l'iiisloire  du  monasté'nî  de  Lérins 
(771-I78>;;  Cluu'lenia.mie  et  la  civilisation,  ordres  reli:^ieu\,  aU'aiblisseinent  de  l'autorité  impé- 
riale, malheurs  de  la  l'rovence,  Lérins  restauré,  donations  nombreuses  faites  ii  Lérins,  les  papes 
à  Avignon,  souverains  de  la  Provence,  abbés  eonnuemlataires  de  Lérins,  k"  monastère  engage 
dans  les  luttes  civiles,  union  de  Lérins  à  la  congrégation  di'  Clunv,  désastres,  sécularisation  et 
suppression  de  l'abbaye  en  1788.  —  L'ouvrage  complet I.'i  fr. 

280.  Archives  historiques  du  département  de  la  (iii'onde.  11  s'est  formé  en  185',!,  à  Bordeaux, 
une  Société  des  archives  historiques  du  déjiartement  de  la  Gironde,  pour  publier  le  plus  grand 
nombre  possible  de  documents  inédits  relatifs  à  l'histoire  des  anciennes  pro\inces  qui  ont  con- 
tribué il  former  le  dép.ii'teuient  actuel.  Trois  volumes  in-4",  de  plus  de  .'JOO  pages  chacun,  ont 
déjà  été  publiés;  ils  contiennent  des  docmiients  (]ui  remontent  au  delii  du  x''  siècle,  et  arrivent 
jusqu'il  repo(|iH>  actuelle.  Il  serait  tro|i  long  de  donner  même  un  aperçu  des  innombrables 
pièces  ipii  remplissent  ces  trois  volumes,  et  (pu.  pour  le  prenner,  s'élèvent  au  nombre  de  '202. 
Nous  dii'ons  seuh.Muent  (pi'elles  sont  de  toute  ruiture,  qu'elles  louchent  il  l'archéologie  et  il  l'his- 
toire, et  oll'rent  presque  toutes  un  grand  int('rèt.  Quand  il  en  est  besoin,  des  planches  et  des 
gravures  sur  bois  les  accompagnent.  A  la  fin  de  cha(|ue  \olume  un  bulletin  bibliographique 
lrès-coin|)lel  donne  le  litre  (  t  l'iiiiportance  (h^  tous  les  ouvrages  et  de  tontes  les  gravures  pu- 
bliés sur  le  département,  dans  le  dépai'tement,  ou  par  (kw  auteurs  né'S  dans  le  département. 
Enfin  deux  tables,  l'une  chronologique  des  documents,  l'autre  par  ordre  aliihahétique  de  noms 
et  de  matières,  peiiiiettenl  de  trouver  immédiatem''nt  l'objet  recherché.  Nous  souhaitons  (]ue 
le  succès  r('cinnpense  les  eiku'ts  de  la  Société  des  archives  historiques  du  département  de  la 
(iironde,  et  la  melte  il  même  de  continuer  sa  belk>  et  utile  publication.  Chacun  de  ces  volumes 
imprime  sur  lieau  papier  \ergi'' 12  fr. 

287.  BAt:ill-:Lin'  et  DLZUlUiV.  —  DicTioNNAiiii-  général  des  lettres,  des  beaux-aris  et  d(>s 
sciences  morales  et  politiques,  comprenant  :  I"  pour  les  lettres,  la  linguisti(]ue,  la  rhétoriipK^, 
la  poétique  et  la  versification,  la  critique,  la  théorie  et  l'histoire  des  ditlérents  genres  de  litlé- 


i!ii!i,i()(;ii  \iMiii;  D'AiiT  i;t  d'miciu'oi.ocik.  i'wû 

raliuTS.  1  liisliiiro  des  lillcr.ilurcs  iuicicnnor;  et  niiiilrnios,  îles  îinlict's  iiiKiIylii|UOs  tiiir  l(S  irraiidcs 
œllv^p^  litli'niiro>,  h  piili-o^'rnpliio  et  In  (liploiiiati(|ii(';  2"  pour  li's  l)('au\-ai-l~.  les  con-ilniclidiis 
('ivilos.  n>lii;ieiiS(S.  li\(hMuli(|U('s.  iiiililai]-o>  cl  iiavali's:  l.i  ^ciiliiliin»,  la  poiiiluir.  I.i  niu<iqui-. 
In  gravure  avec  Jour  liisloifi';  In  miniismaliqui",  le  (li':;>ln,  la  litliop;rapliii\  la  plii)loj.'rnpliii'.  la 
(li'sci-ip(i(m  (les  nioiiiniii'iiis  fatiicux,  les  divers  aru  eljoiix:  .'i"  pnur  les  sciences  morales  et 
polili(]iies.  la  pliilosDpIiie,  la  p-ycli(iIo.ï;ie,  la  loyiqiu-,  la  iiinrale.  In  iiiélnpliysiiiue.  In  Ihéddicée, 
I  liisloii-e  des  systèmes  pliil(is(i|)!ii(pies;  l(>s  religions,  les  ciilli>sel  In  lilmgiede  Ions  les  pcniple-^: 
In  jurispnideiice,  etc.:  par  MM.  Tu.  Ii\ciii;i.i;T.  n^'rc.i;e  de  rL"iii\ersilé.  profe.^ciir  ii  l'école  îles 
sciences  et  des  lettres  de  Hinieii,  et  Cir.  Dk/.ouuv,  aiileiir  de  »  Home  nu  siècle  (r.\u^u>te  ».  et 
une  société  de  litléraleurs.  Deux  volumes  urnml  iii-8",  de  viii-.S(;0  et  il'tS  pni;es.  —  Ces  deux 
volumes  brochés 25  IV.;  relies.  .'îl  IV.  2;i  c. 

2.SS.  1!()LT(JX.  —  N()i;vi;ac  trnit('  de  l)!a.son,  ou  science  des  armoiries,  mise  ii  l,i  porlee  des  i;ens 
du  monde  et  des  artistes,  d'après  le  P.  Ménèhier.  d'ilozier,  Sejjnins:,  l'nlliol.  etc.,  pnr  Vic.Toii 
lioiTO.N.  peintre  liéi-aldiipie  cl  paléographe.  Iii-I2  d(>  4S2  [Wgi-s  et  de  'itid  blasons.  —  .\\nnl- 
]iropos.  Livre  premier  :  des  métaux-,  couleurs  et  foun-ures  des  nrmoii'ies,  de  la  lijure  et  de  l.i 
division  de  l'écu.  —  Livre  deuxième  :  des  pièces  honorables  ordinaires,  chef.  fa.sc<'.  pal. 
bande,  etc.,  de  leurs  ditlercnces,  ûr^  moindres  )iièces  honorables.  —  l.i\re  Iroisienu-  :  des 
meubles  des  armoiries  et  des  ornements  extérieurs  de  l'ecn.  —  .\ppendice  ;  les  support,  lim- 
bn-,  couronnement,  cimier,  lambrequins,  ilevi.ses  et  cris  de  guei'ie.  orniMuents  des  dignilés, 
origine  des  livrées,  règles  gé'ni'rnles  di|  blason.  Table  de-  niai-ons  et  personnages  inililes  dont 
les  armoiries  sont  blasomu'>es  dans  cet  ouvrage. 

2S<).  CARnERLR-V.  —  lioNociiiuiv  esp.^nol.v  Iconographie  espagnole).  Collpclioii  do  [lortrails, 
statues,  tombeaux  et  autres  monuments  inédils  des  rois,  reines,  capitaines,  écrivains  el  pinson- 
nages  célèbres  d'Kspagne  du  xr  au  Wii'- siècle,  publici>,  d'après  les  originaux,  pardon  \'m.i;\- 
TIN  C,\niii;r>i-;itA,  peintre  honoiaiic  de  la  reine  d'I'lspagne.  et  membre  de  l'.Vcadeniie  rovale 
de  Saint-Ferdinand,  avec  un  texte  biographique  et  deseri|ilif  par  le  même,  en  espagnol  et  en 
français.  —  Livraisons  J.S  ,'i  IS,  composées  cluun  ne  de  'i  feiiillodi'  texte  cl  de  i  planches  in-hjlio. 
Cet  important  ouvrage,  exécuté  avec  le  plus  grami  soin,  coniiirendra  deux  volumes  publiés  on 
2o  livraisons  ipii  renfermeront,  en  une  centaine  de  planches,  de  110  à  130  personnages,  avec 
les  plus  intéressants  monunienis  de  l'Kspagiie.   l'iix  de  clrapie  livraison 22  fr. 

290.  CÉN.\C-JIONC.VUT.  —  Dictionn  viiu;  gascon-français,  dialecte  du  département  <lu  Gers, 
suivi  d'un  abrégé  de  gi-amiuinre  gasconne,  par  lacNAc.-.MoMiM  t.  correspondant  du  ministère 
de  l'instruction  publiipie.  In-S"  de  viii-l  44  pages :i  fr.  50  e. 

291.  (;il.\.MPFLEUIÎ^  .  —  l»i:  l,\  i.r  rTiiiiAitr.i;  |)opuhMi'e  en  l'rnnre.  lieclierclies  sur  les  origines 
et  les  variations  de  la  légende  du  '<  lionhomme  Misci-e  ••,  pnr  (ni  \Mi'i'i.i-.i  iiv.  In^"  de  -ii  pages 
sur  papier  verge 2  ir. 

2Î12.  ClLVMPl'LKUHV.  —  Li:.s  Pkintui.s  do  la  réalité  sous  Louis  MIL  Xouvelles  recherches  sur 
la  \  ie  et  l'onivre  des  frères  Le  Nain,  par  C.HA.Mi'i'i.ia'ltv.  In-8"  de  n-l!ll  pages.  —  l'rel'ace.  De 
l'idée  fixe.  Biographie.  Manuscrit  de  dom  Loleu  relatif  aux  Le  Xain.  Jùitrée  des  frères  Le  Nain 
à  l'Académie.  De  quelques  tableaux  caractéristiipies.  Portraits.  Tableaux  d'églises.  Dessins.  Le 
Nain  vis-à-vis  do  ses  confrères  et  de  ses  (•ontemporains.  .Musées  nationaux  et  de  iirovince, 
contenant  des  œuvres  de  Le  Xain.  Le  Nain  a  l'élrnnger.  Ofiinions  diverses  sui-  Le  Nnin.  (irn- 
vures  d'après  Le  Nnin.  (Conclusion.  —  Notes  :  (Catalogue  de  l'anivre  des  Le  Nain,  tableaux 
des  Le  Nain  passés  en  ventes  (lubliques.  de  I7'J3  à  ISo.'î,  tableaux  religieux,  [lorlraits,  dessins, 
catalogue  des  estaïufies  d'a|irès  Le  Nain.  —  ^b)nograpllie  com)ilèteet  fort  curieuse... .     10  fr. 


:\M  ANNAI.ES  AIlCHKOl.OflIOLiKS. 

i".i;t.  illIAItïON'.  —  l.i^s  ^■osGl;s  pillorcsquos  et  historiques,  par  Cii.  Ciiaiito\,  aulour  ilc  l'uAii- 
miiiirc  stali^lii|ii('  des  Vosires  )..  In-I  i  de  40i  |wi;es.  —  As|)ect  généial  des  Vosaes,  climat, 
popiilalion.  Épiiial.  fondalioii  do  la  ville,  rorlificalions,  édifiées  publies,  églises,  anciennes 
piisons,  bililiulhéipie,  musée,  ]iersonna[;es  célèbres,  vieux  usages  et  vieilles  enseignes  d'Épinal. 
Al)liaye  de  (^liauniousey.  Bruyères,  ancien  château,  antiquités  de  Champ,  Templiers  de  lirou- 
\elieures.  lianibervillers,  clucliers  et  cloches,  abbaye  d'.Vutrey,  Girniont,  siège  de  Chàtel  en 
Ki'jl,  église  et  coutuuies  de  (jigtiev,  anliipiilés  de  llailhun  illo,  anciens  usages.  Église,  pont  et 
Ibiitaine  de  (Charmes,  ancien  château  de  Savigny.  Notre-Daine-de-la-Brosse,  ancienne  cliarte  de 
l'iinlenoy-lo-Cliàleau.  Plombières,  prieuré  d'ilérival.  Abbaye  do  Remiremont,  entrée  solennelle 
des  abbesses.  le  Saint-Jlont  et  ses  monastères,  etc. 

291.  r.OLLIX  iiK  PLANCV.  —  DicTioNNAinr:  infernal,  réperinire  uiii\ersel  des  êtres,  personnages, 
livres,  faits  et  choses  qui  tiennent  aux  esprits,  aux  démons,  aux  .sorciers,  au  commerce  de 
l'enfer,  aux  divinations,  aux  maléfices,  ;i  la  cabale  et  aux  autres  sciences  occultes,  aux  prodiges, 
impostures,  superslilions  diverses  et  pronostics,  aux  faits  actuels  du  spiritisme,  et  générale- 
ment à  toutes  les  fausses  croyances  merveilleuses,  surprenanles,  mystérieuses  et  surnaturelles, 
l)ar  J.  CoLLiN  DE  I'lancy.  Sixième  édition,  augmentée  do  800  articles  nouveaux,  et  illustrée 
de  5;3()  gravures.  Un  volume  grand  in-8",  de  vim-7  23  pages. 

20o.  GOSSELIX.  —  XoTicE  descriptive  et  hisloriq\ie  sur  l'église  Saint-Nicolas  de  Bray-sur- 
Somme,  [lar  l'abbé  J.  Gosselin,  cuié  de  Marquivillers,  ancien  vicaire  de  Saint-Nicolas  de  Bray. 
In-H"  de  08  pages.  —  Caractères  généraux  de  l'architecture  de  l'église  Saint-Nicolas,  ameuble- 
ment, sépultun's  et  (lierres  tombales,  chapelle  du  Saint-Sépulcre,  tour  et  clochers,  fondations 
diverses,  cure  et  liste  dos  curés  de  Sniut-Niculas. 

2'1().  ÉMF.RIC-D.WID.  —  Histoike  de  la  peinture  au  moyen  âge.  suivie  de  l'histoire  de  la  gra- 
vure, du  disciiurs  sur  riulluiMice  des  arts  du  de.ssin,  et  du  musée  olympique,  par  T.  B.  Éme- 
mc-l»Avii),  nirmbro  de  r.Vcadcmiedes  inscriptions  et  lielles-lollros,  avec  une  notice  sur  l'aulour, 
par  l'ALi,  Laciioix.  In- 12,  de  xxx-.'il9  pages 3  fr,  50  c. 

297,  l"LI']L'HV.  —  Les  manlsc.rits  à  miniatures  de  la  bibliothèque  do  Laon,  étudiés  au  point  de 
vue  de  leur  illustration,  par  Edouard  Feecry,  corres|)ondant  du  ministère  de  l'instruction 
]iulili(pie.  Première  partie,  du  vir  au  xii'  siècle  inclusivomonl.  Publication  importante  pour 
l'ornomeiitalion  et  riconogra|)hie.  La  deuxième  partie,  qui  est  en  préparation,  comprendra  les 
xiir,  xiV,  xv  et  xvr  siècles.  In-4",  de  11-I2O  pages,  de  23  planches  et  de  gravures  dans  le 
tcvie 20  fr. 

298.  (jARNlLU.  —  Notice  sur  les  silex  taillés  dos  temps  antéhistoiiques,  par  J.  Garmer,  con- 
servateur de  la  Bibliothèque  d'Amiens,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  Résumé  con- 
sciencieux et  savant  de  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  celte  grave  question.  In-S»  de  77  pages.  2  fr. 

'299.  TOL'RNHUR.  —  Distribition  intéiionre  de  la  cathédrale  de  Reims.  Mémoire  présenté  au 
congrès  archéologique  de  Reims,  par  l'abbé  V.  Tourneur,  archiprèlre,  curé  de  Sedan.  In-8° 
do  22  ]iagcs.  —  M.  Tourneur  y  prouve  que  la  (lis|)Osilion  actuelle  de  la  cathédrale  de  Reims  a 
toujours  existé  et  qu'il  serait  f.'iclieux  d'y  rien  changer. 

300.  TOURNEUR.— Allocution  prononcée  à  l'occasion  du  service  solennel  de  Mf  J.  Nanquette, 
évèque  du  Mans,  dans  l'église  de  Sedan,  le  3  décembre  '1861,  par  l'abbé  V.  Tourneur,  archi- 
pièlre,  curé  de  Sedan.  In-8''  do  10  pages.  —  M«''  Nanquette,  nous  le  savons  personnellement, 
l'Iail  fiiil  syuqiathique  aux  éludes  archéologiques;  sa  mort  prématurée  est  une  perte  pour 
mitre  cause. 


niBI.IOCliAl'IlIE   D'AHl    l'.T   0' VlIClIKOLOd  I  F..  36'.» 

301.  UL.\USS.  —  NdTicK  sur  les  siivs  de  Coucy,  ;icrompa.L:iu''o  d'iiUL'  dcscripliim  ilii  cliàloaii  de 
cette  ville  et  dune  élude  >ur  la  féodalité,  par  Jkrome  L'i.mss.  Iii-li  de  \i'i  |)ages.  de  i  |)lan- 
clies  et  de  gravures  sur  bois  dans  le  texte.  —  Ktuile  sur  la  féodalité  :  origine,  progrés,  carae- 
tére  politi(|ue,  droits  et  devoirs  respectifs  des  possesseurs  de  fiefs,  chevalerie,  blason,  déclin 
de  la  féodalité.  Preniiére  partie,  les  sires  de  Coucy  '10.37-1408).  Seconde  partie,  le  cliàleaii  de 
Coucv.  histoire,  légendes,  description i  fr. 

30i.  V.Vl'BLANi;  (i>i:).  —  l's  coip  d'oeil  dans  Paris,  ou  obser\ations  sur  <les  objets  dail  et  de 
goût,  par  le  vicomte  ni-:  V.m  lu.  vnc.  In-S"  de  88  pages.  —  .\vant-propos.  Villages  français,  leur 
asp3ct;  luibit\ides  d'éducation  populaire.  Nouvelles  rues  de  l'aris,  as|)pcl,  [u.nKpie  de  variété; 
anciennes  demeures  françaises,  origine  des  hôtels  fi-ançais.  pittoresque  dos  maisons.  Cour  du 
vieux  Louvre.  Le  nouveau  Louvre,  constructions  récentes.  Églises  modernes.  Saint-Vincent- 
de-I'aul.  peintures  de  Saint-Vincent-de-Paul,  basilique  de  Munich.  Peinture  et  nio.iaùiue. 
fresques  de  Spire,  ateliers  de  mosaïque,  peinture  sur  lave,  dorure  extérieure,  types  religieux. 
Vitraux  d'églises,  vitraux  modernes,  vitraux  de  Munich,  elTel  des  vitraux.  Casernes  et 
ponts,  caserne  du  Prince-Eugène,  niini.-itéres,  palais  des  Beaux-.\rts.  Projet  d'Opéra,  projets 
de  concours.  Costumes  et  uniformes,  costumes  de  la  rue,  costumes  militaires.  Conclusion  : 
vœux  pour  l'art  parisien,  vunix  jiour  lart  populaiie.    la  peinture  et  l'architecture...      2  fr.  .')0 

303.  V.\YS.  —  De  l'exclisivis.me  en  archéologie  et  de  ses  con.séquences.  par  Cii.  \',\is.  In-S" 
de  a  pages. 

304.  VERXEILH  (de  .  —  L'.Vut  du  moyen  âge  et  les  causes  de  sa  décadence  d'après  M.  Ue.nan, 
par  FÉLIX  DK  Verseilh.  Réfutation  des  nombreuses  erreurs  d'histoire  et  d  archéologie  com- 
mises par  M.  Renan,  membre  de  l'Inslilut.  In-'t"  de  :i  I  pages 3  fr. 

30.3.  Vie  des  saints  de  Franche-Comté,  par  les  professeurs  du  collège  Saint-François- .Xavier  de 
Besançon.  Quatre  volumes  in-8".  de  xli-jo8  et  G90  pages.  —  Introduction  :  De  la  mi.-- 
sion  et  de  l'intluence  des  saints  en  Franche-Comté.  —  Saints  évéques  de  Besançon,  evèques 
appartenant  à  la  Franche-Comté  par  leur  naissance  ou  par  leur  culte,  abbes  et  moines  des  célè- 
bres abbaves  de  Saint-Claude,  de  Baume-les-.\lessieurs  et  de  Luxouil  ;  [lalrons  et  reliques  de  la 
Franche-Comté,  notices  sur  plusieurs  de  ces  patrons,  notes  et  additiuns:  pièces  justificatives. 
—  Les  (jualre  volumes 2i  fr. 

30G.  ViK  de  saint  Guilliem,  duc  d'.Vquitaine,  comte  <le  Toulouse,  premier  prince  d'Orange,  fon- 
dateur et  moine  de  l'abbave  de  Sainl-Guilhem-le-Désert.  Notes  historiijues  et  légendaires  sur 
le  village,  les  monuments  et  le  château  Don  Juan  du  \'al  de  Gélonne.  par  un  solitaire  nionla- 
snard.  In-S°  de  174  pages.  —  Histoire  de  Guilhem.  ses  guerres  contre  les  Sariasins  el  ses 
tra\aux  dans  r.\quitaine.  construction  de  l'abbaye  de  Gélonne  et  entrée  de  Guilhem  dans  le 
monastère  en  80(i;  ses  veitus,  sa  mort  el  ses  miracles;  culte  de  saint  Guilhem,  translations 
diverses  de  ses  reliques,  pèlerinages  el  itinéraire  historique  dans  la  vallée  de  Saint-(_luilliem- 
le-Désert  ;  château  et  légende  de  Don  Juan.  Notes  hisioriques  supplémentaires 2  fr. 

307.  VINET.— Peintlues  .MiHAi.ES  de  Sainl-tjermain-des-l'ies.  de  .AL  liippolyte  Flandrin,  par 
Ernest  Vinet.  In-S"  de  II  pages.  —  Examen  de  l'ieuvre  do  restauration  de  Saint- (jermain- 
des-Prés.  el  de.scri|ilion  de  ses  nouvelles  [leinlures. 

308.  VIOLLET-LE-DLC.  —  Dictionn.mrk  rai.-onné  de  l'arciiitecture  française  du  xi'au  xvi'  siè- 
cle, par  VioLLET-LE-Dic,  architecte  du  gouvernement,  inspecteur  général  des  édifices  dio- 
cés;iins.  Tome  vT.  In-8°  de  4-38  paires  illuslrées  de  299  gravures  sur  bois.  —  Ce  volume,  24  fr.; 
les  six  volumes 1 1-2  Ir. 


:i7()  ANNALES  AliCHKOLOGIOl  l':s. 

.îllî).  \(tlSI\.  —  Cil M'iTHi;  ilo  hi  Toiîion-d'Or  île  l-'i.'il.  I.'hunm'  ilc  I','iqiio>,  ,i  ïi)iini;ii.  Li  lidiuic 
niaisdii  Di'lviil.  Commuiiicatidii  l'ailo  par  M.  le  vicaire  i;eji('ral  N'oisin  a  la  Sucii-le  lii>lori(|iie  cl 
lilt('raii'e  de  Tournai,  ln-8"  do  40  paires. 

3111.  ^()l~l^'.  —  Dks  FiiînTES  de  Nnlrc-Daiiie  de  la  ealliédialo  do  Touiiuii.  |wr  le  chanoine  \(ii- 
siN,  xicaire-géneral  du  diucè.-;o  de  Tournai,  ln-8"  de  2't  pages.  —  Fierté  on  cliàsse  des  damoi- 
seaux, faite  en  1280,  en  bois  et  revêtue  d'une  l'iclie  couverinro,  disparue  dans  le  sac  de  Toui- 
nai,  en  l'IliO;  description  de  celle  que  Tournai  possède  actuelleinenl.  et  qui  est  postérieure  ii  la 
pieiniére.  l)escri|ition  de  la  lioisiéme  chasse  (pi'on  appelail  propremenl  la  Fierle  de  Notre- 
Dame,  aujourd'hui  chà.vse  dite  de  Sainle-l'rsule,  et  qui  a  eli'  ONécutée  par  li>  célèbre  orfèvre 
èmailleur  Nicolas  de  Verdun. 

.111.  \\'I{.M.K.  —  NoTiJS  sur  .lean  van  h'vck.  lièfnlation  des  erreurs  coiit(>ni|ioraiiies  sur  ce 
grand  peintre.  sui\ie  de  nouveaux  doeumeiils  dècou\erls  dans  les  archives  de  firui^'es.  ])ar 
AV. -11.  Ja.mks  Wi;ali:,  meiiibre  correspondant  de  la  conimission  royale  des  inonuments. 

312.  WE.VLF.  —  C.\TALor.ii3  du  musée  de  l'Académie  de  Bruges.  Notices  et  descriptions 
avec  monogrammes,  etc.,  par  W.-ll.  J.\mi:s  Wiî.vle,  membre  correspondant  de  la  commissron 
rovale  des  nionuiuents.  Iii-IG  de  I2(i  ]iages  et  de  4  planches  d'e|iii;rapliie  cl  d'armoiries.  — 
Notice  iiistorique  sur  l'Académie  royale  de  peinture,  sculpture  et  architecture  de  la  ville  de 
Bruws.  Dates  précises,  trouvées  dans  les  archives,  de  la  naissance,  des  tra\aux  et  de  la  mort 
de  Van  l^yck.  d'IIemlin;.'  que  M.  AVeale,  suivant  les  documents  ilecoiiveris  par  lui.  a|pp(-lle 
.Memlinc;  renseignements  sur  d'autres  peintres  anciens. 

31.3.  'V\'ERLY.  —  Ess.vi  sur  la  numismatique  rémoise,  par  Lkon  Max  'Werly,  membre  honoraire 
de  r.Vcadéinie  impériale  de  Reims.  In-S"  de  82  pages  et  de  1 1  |)lanches.  —  F|)oi]ues  gauloise, 
mérovingienne  et  carlovingienne;  tableau  chronologiipie  lU--,  rois  de  France  et  des  archevêques 
de  Reims  ;  mèieaiix  et  jetons,  leur  description ....     •')  fr. 

314.  WIDKANGFS.  —  Des  anneaux  et  des  rouelles,  antii]ue  monnaie  des  Gaulois,  par  le 
comte  II.  HE  AVinuAN(u;s,  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes.  In-S"  de  IG  pages  et  de 
3  |i|.  —  Rouelles  à  jours,  anneaux-monnaie,  anneaux  en  fer,  plomb  el  bronze,  a  sections 
cvlindriipie  et  lenticulaire;  rouelles  en  or.  argent  el  bion/e.  il  plusieurs  rayons;  leur  descrip- 
tion et  leur  usa'.'c. 


TABLE   DES  MATIÈRES 


DU  TOME   VlN(iT-DKU\IEME 


JANVIER-FKVUIEH. 

Pages 

TEXTE.  —  1.  Lu  ijraïKk'  Cliàsso,  par  M.  le  D'  Cattois 5 

II.  1.    Tr&or  de  Saint- .Marc  d«  Venise,  par  M.  Jii.ie\  Di  n\M) -I 

III.  La  Vierge  et  les  Palinods  du  moyen  âge,  par  M.  .\.  Ilini :r "-'" 

\\.  ].A  Messe  dans  le  cirl,  par  M.  DinnoN  aine :)'.' 

\.  Encensoirs  du  \iir'  siècle,  par  M.  Dinr.oN  aiiu' '*' 

VI.  Voyage  arciiéologiqne  au  xv  siècle,  par  M.  le  baron  de  i.v  l'oNs-MtLicoo iS 

VII.  Bibliographie  dan  et  dar -Iiéologie •>- 

DESSINS.  —  I.  Ensemble  de  la  grande  Châsse,  par  M.  Ci..  Saivaoeot .'i 

II.  Coupe  et  détails  de  la  grande  Cliâsse,  par  M.  Cl.  S  vu  agfot -0 

III.  Le  Miroir  de  la  Vierge,  dessin  de  M.  Éd.  Didron,  giavme  de  M.  (Jaichekei -7 

IV.  La  divine  Liturgie,  par  M.  Jiles  Jacqiem  \p.t '■'<'-> 

\.  Deux  Encensoirs  du  xin'  siècle,  par  M.  GAtciiKr.Ei il 

M.\RS-.\VRIL. 

TEXTE.  —  1.  Iconographie  historique,  par  M.  le  baron  de  Giiiiiei.mï CI 

II.  Manuscrits  byzantins  de  Venise,  par  M.  Jii.it\  Dirvm) "7 

m.  Émail  du  xif-xiii''  siècle,  par  .M.  .Alfred  Darcei X2 

IV.  Voyage  archéologique  au  x\'  siècle,  par  M.  le  baron  de  la  Fons-.Méliloô Sij 

V.  La  Vierge  et  les  Palinods  du  moyen  âge  suite  ,  par  M.  A.  Hi  i-.ei 'M 

\  I.  liibliograpliie  d'art  et  d"archéologic II- 

DESSINS.—  L  Portrait  du  roi  Charles  V  et  de  la  reine  Jeanne  de  Bourbon,  )iar  MM.  Lu.  1)il>i;on 

et  L.  Gaicuebel.  lil 

IL  \  ierge  en  émail  du  \u'-mii'  siècle,  par  ALM.  Darch.  et  .M \r.TEi S'i 

III.  La  Vierge  au\  Vertus,  par  MM.  Éd.  Didron  et  L.  GAiciitREi 'M 

IV.  La  Vierge  et  la  Nature,  par  .VLM.  Ed.  Didron  et  L.  (jiapon 109 

\IAI-.1II\. 

T EXT E.  —  L  La  Vierge  dans  une  église,  par  M.  Diduon  aine |-.'5 

IL  \  oyage  archéologique  en  Italie  au  \\«  siècle,  par  M.  le  baron  de  i.\  Kon— Mri.icon l:t:j 

III.  Orfèvres  et  Orfèvrerie  du  moyen  âge  à  .Vries,  par  .M.  L.  J  vcytrMiN I  li 

l\.  Encensoir  de  la  renaissance,  par  M.  Didron  aine •. L'itj 

V.  L  .Vrt  du  moyen  âge  et  les  causes  de  sa  décadence  d'après  .M.  Henan,  par  .M.  Félix  de  \  erneilii.  1.")7 

DESSINS.  —  I.  Vierge  de  Miséricorde,  par  le  iiiaitrc  C.  IL,  par  M.  G\rciiERU Li.'j 

IL  .Viiipoule  de  cristal,  \ii''  siècle,  par  .MM.  Dakcel  et  .\.  Gtu.i.Ai  «or I  i-J 

IIJ.  Encensoir  de  la  renaissance,  par  M.  Gaichebki 150 


372  TABLE   DES  MATIERES. 

JUIELET-AOl  T. 

TEXTE.  —  I.  Vilrail  de  la  chapelle  de  Saiiit-Germer,  par  M.  E.  B(jts\vii,wAi,D 188 

II.  Inscriptions  grecques  de  la  divine  Liturgie,  par  M.  Julien  Dcbani» 101 

III.  La  Résurrection  avant  le  xi"  siècle,  par  M.  Didron  ai  né KKi 

r\'.  Cœur  du  roi  Cliarles  V,  par  MM.  Cochet  et  ce  Giilherw 1 0;> 

V.  Nicolas  de  Verdun,  émailleur  du  xii'  siècle,  par  M.  Didrov  aine 19!) 

VI.  Grille  du  xiu*'  siècle,  à  Pampclunp,  par  M.  Charles  Sarvï W.i 

\II.  Bibliographie  d'art  et  d'archéologie '205 

DESSINS.  —  I.  Vitrail  de  Saint-Germer,  par  ,MM.  Bofswu.wald  et  A.  Kcosse 18S 

II.  Diptyque  de  .Vlilan,  feuillet  de  la  Résurrection,  par  M.  Gaicherei l'.l.'f 

III.  Grille  de  Pampelune,  par  MM.  Sarvy  et  M \rtel 'JOH 

SEPTEMBRE-OCTOBRE. 

TEXTE.  —  1.  i;tudo  sur  les  cloches,  par  M.  Cl.  S.uvageot '21.'! 

II.  Voyage  archéologique  au  xv'  siècle  (fin),  par  M.  le  baron  de  la  Fons-Mklicoq 245 

III.  Iconographie  du  Chemin  de  la  Croix.  Fin  de  la  première  station,  par  M.  .\.  Barbier  be  Montallt.  251 

IV.  Les  Vitraux  du  Grand-Andely,  par  M.  Eu.  Didron 2fi0 

V.  Acoustique  monumentale,  par  M.  Didron  aine 294 

VI.  Bibliographie  d'art  et  d'archéologie 298 

DESSINS.  —  I.  Inscription  de  la  cloche  de  Moissac,  par  M.  Cl.  Sm  \a(;eot 213 

11.  Cloche  de  Fontenailles  et  diverses  gravures  sur  bois,  par  MM.  Cl.  Svi  v.ai^eot  ei  L.  (jiapov 210 

III.  Tombeau  chrétien  du  V  siècle,  à  Rome,  par  M.  Cl.  Salvaceot 251 

IV.  Détails  de  la  Vierge  ouvrante  du  Louvre,  par  Mil.  Eu.  Didron  et  A.  Giillaiviot 258 

.NOVEMBRE-DÉCEMBRE. 

TEXTE.  —  I.  La  Porte  des  .Martyrs,  h  Notre-Dame  de  Paris,  par  M.  Cl.  Salvaceot 309 

IL  Musée  de  Colmar,  par  M.  le  comte  L.  Clé.mext  de  Ris 322 

m.  La  Vier-e  et  les  Palinods  du  moyen  âge  (lin),  par  .M.  A.  IIi  rel 332 

IV.  Les  Sacrements  et  iconographie  du  baptême,  par  M.  Didron  aine 346 

V.  Poteries  acoustiques,  par  M.  l'abbé  Cochet '354 

VI.  Deux  Vitraux  du  Grand-.Vndely,  par  M.  Didron  aine 358 

VIL  Mozart  à  Saint-Eustache  de  Paris,  par  M.  Jilien  Dlrand 364 

Vlll.  Bibliographie  d'art  et  d'archéologie •'66 

DESSINS.  — I.Tympan  de  la  porte  des  Martyrs,  à  Notre-Dame  de  Paris,  par  M.  Ci..  Sauv.ageot.  309 

li.  Lapidation  de  saint  Etienne,  il  Notre-Dame  de  Paris,  par  M.  Cl.  Saivageot 310 

m.  La  Vierge  et  l'Enfant  à  Saint-Laurent-hors-les-murs,  h  Rome,  par  MM.  Éd.  Didron  et  .Molard.  . .  332 

IV.  Les  trois  premiers  Sacrements  par  Roger  van  der  Weyden,  gravure  de  M.  Gaicherei 350 

V.  Glorification  de  la  Vierge,  vitrail  du  Grand-Andely,  par  MM.  Éd.  Didron  et  Ad.  Varin 358 

VI.  Sacre  de  saint  Pierre  par  Jésus-Christ,  vitrail  de  la  renaissance,  par  MM.  Éd.  Didron  et  L. 

Cil  M'ON ^01 


KIN    m      TOUE    MNGT-DEl'XIE,IK. 


"•AlUi.    —   l.MPRIMERIE   DE   J.    CI.AYE  ,    RUE   SAINT-BENOIT,    7. 


MODE    ET    COxADITlONS   DE    L'ABONNEMENT 

Les  ANNALES  ARCHÉOLOGIQUES  paraissent  tous  les  deux  mois,  par  livraisons  brochées 
de  sept  à  huit  feuilles  d'impression  in-A°,  avec  des  planches  gravées  sur  métal,  et  des 
gravures  sur  bois  distribuées  dans  le  texte. 

Elles  forment  par  an  un  fort  volume  de  m  pages  environ,  orné  de  nombreuses  gravures 
sur  bois,  sur  cuivre  et  sur  acier. 

Le  prix  de  l'abonnement  courant  ou  du  volume  en  cours  de  publication  est  de  20  francs 
pour  Pans,  de  23  francs  pour  les  départements,  de  25  francs  pour  l'étranger.  On  ne  peut 
s  abonner  pour  moins  d'une  année.  -  Le  prix  de  chaque  volume  paru  est  de  25  francs 
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L'abonnement  part  du  1-"  janvier,  et  court  jusqu'au  31  décembre.  Il  se  fait  par  un  bon 
sur  le  Trésor,  un  mandat  sur  la  Poste,  où  un  eiïet  à  vue  sur  une  maison  de  Paris  On  le 
reçoit,  en  outre,  chez  tous  les  libraires  de  la  France  et  de  l'Étranger,  chez  les  directeurs  des 
Messageries  de  la  France,  et  à  la  direction  des  postes  de  l'Autriche  et  des  États  Prussiens 

Ce  qui  concerne  l'administration  ou  la  rédaction  doit  être  envoyé  franc  de  port,  à 
Al.  DiDRoN  aîné,  directeur,  rue  Saint-Dominique-Saint-Germain,  n»  23. 

Tout  ouvrage  déposé  en  double  exemplaire  au  bureau  est  analysé  ou  annoncé  gratuitement 

On  est  instamment  prié  d'affranchir  lettres,  paquets  et  envois  d'argent.      " 


GRAVURES  COIORIÉES  DE  lA  COllECTION  DES  „  AIVKAI,ES  ARCHÉOLOGIQUES 

Rosace  de  N.-D.  de  Paris,  in-f°atlantique.  40  fr. 

Rose  de  la  divine  liturgie 12 

Vitrail  de  l'Incarnation .\q 


Vitraux  romans  incolores  (2  planches).  4 

Vitrail  de  Notre-Dame-dc-Ia-Couture. . .  8 

Vitrail  de  la  Vierge 5 

Vitrail  de  la  Passion 3 

Vitrail  des  .4pôtres 4 

Vitrail  de  .Saint-Martin 4 

Vitrail  de  Da\  id  musicien 4 

Vitrail  double  des  artistes 4 

Vitrail  des  Jlaçons 3 

Vitrail  de  la  Dédicace 3 

Armoire  de  Noyon  (ensemble' 6 

Armoire  de  Noyon  (détails ) 

La  Leçon  de  musique  (miniature  . , 

La  Leçon  d'astronomie  (miniature   ....  li 

Ensemble  du  carrelage  d'?  Breteuil 10 

Détails  du  même  carielage  (  2  planches  ; .  6 

Carreaux  de  Saint-Nicolas  de  .Merles.. , .  3 

Carrelage  de  Saint-Pierre-sur-Di\  e 3 

Carrelage  de  Saint-Denis s 

Carrelage  de  Saint-Omer    4  planches,..  8 

Dalle  de  Sainl-Omer .j 

Dalle  tumulairc  de  Cliàlons 3 

Mitre  de  Marigny  (  face  antérieure^ 4 

Mitre  de  .Marigny  (  face  postérieure  ; , . . .  4 

Aubes,  Amicts,  Parements « 

Étoles  et  Manipules  du  xiu^  siècle S 

Étoles  et  .Manipules  du  ix'^  au  xv  siècle.  8 

Dalmatique  impériale,  argentée  et  dorée,  s 

Tapisserie  de  .Alontpezat 5 


Maitre-.\utel  d'Arras.  avec  parements. .     6  fr. 

.\utel  des  reliques 6 

Ostensoir  allemand 3 

Reliquaire  byzantin 4 

Reliquaire  de  la  Sainte-Épine,  avec  or. .     5 

Reliquaire  de  Saint-Junien,  avec  or 5 

Reliquaire  de  tous  les  saints 5 

Châsse  de  Sainte-Julie  (grand  côté) 8 

Châsse  de  Sainte-Julie  (petit  côté; 5 

Châsse  de  Saint-Thibaut o 

Châsse  de  Saint-Éleuthèrè.\  .--^. 12 

Orfév  rerie  russe. 4 

Plaque  symbolique  éraaillée \i 

Vase  de  Soissons,  à  couleurs  d'émaux . .     4 

Fonts  baptismaux  de  Liège 4 

I  Galice  de  Saint-Remi 4 

Calices  allemand  et  français  (deux  ' o 

Croix  de  Namur (j 

.Médaillons  de  la  Croix  de  Namur 3 

Étui  de  la  vraie  Croix 3 

Reliquaire  de  la  croix 4 

Crucifix  du  \ir  siècle 4 

Chandelier  de  Dijon,  avec  émail  en  or, .     5 

Chandelier  allemand,  avec  or 4 

Chandeliers  de  l'hôtel  Cluny  ( deux ,....     b 

Chandelier  à  sept  branches 4 

Lampe  de  Dijon  (xir  siècle; 4 

Encensoir  de  Théophile, 'avec  or lo 

Encensoir  de  Lille,  avec  or 6 

Encensoir  de  Trêves,  avec  or 4 

Encensoir  de  Moscou,  avec  or 6 

L'Office  religieux  r  miniature  ' .3 


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CLAYE,     RUE     S AI N T- 3EN 0 1 T  ,     7 


N 
7810 

t.  22 


Annales  archéologiques 


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