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ANNALES
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GYNÉCOLOGIE
TOME LUI
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GYNÉCOLOGIE
TOME LUI
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ANNALES
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GYNECOLOGIE
ET D'OBSTÉTRIQUE '
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION
DE MM.
TILLAUX, PINARD, TERRIER
Rédacteurs en chef:
H. VARNIER ET H. HARTMANN
TOME LUI
Contenant des travaux de
Baudron, Claisse (A.), Couvelaire (A.), Dblagénière (IL),
Fbaikix, Goubaroff, Godllioud, Hartmann, Hergott (F.-J.),
HiMMELFABB, «TeaNBRAU et MOITESSIBR,
Labusquière, Lkpage, Pinard, Platon, Richelot, Ries (E.), Ronsse,
Von LiNOEN, Weiss et Schull.
1900
(1«' SEMESTRE)
PARIS
G. STEINHEIL, ÉDITEUR
s, BUS OASIUIB-DELAVIOME,
1900
i
ANNALES
DE GYNÉCOLOGIE
JANVIER 1900
DU SOI-DISANT FOETICIDE THÉRAPEUTIQUE
Par M. le Professeur Pinard (1).
Messieurs,
Après avoir consciencieusement étudié et appris la théra-
peutique des viciations pelviennes, telle qu^elle est appliquée et
enseignée dans cette clinique, peut-être vous croyez-vous suffi-
samment préparés pour lutter victorieusement dans la pratique,
en face d'accouchements tendus difficiles par rétrécissement
du bassin. Si vous avez cette croyance ou cette illusion, je dois
vous désabuser, car vous pouvez rencontrer des difficultés d'un
ordre spécial, avec lesquelles vous ne m'avez jamais vu aux
prises ici, et qui, cependant, peuvent inopinément surgir devant
vous, et rendre votre situation encore plus angoissante. Or,
comme j'ai la responsabilité de votre instruction et de votre
éducation professionnelles, je considère comme un droit et un
devoir d'aborder, d'exposer et de discuter devant vous, toute
question pouvant vous intéresser, quelque délicate, quelque
grave soit-elle, et bien qu'elle puisse nous obliger, comme dans
l'espèce, à sortir du domaine de Tobstétricie pure, pour faire
une excursion sur celui de la sociologie ou de la morale, et
(1) Leçon de réouverture faîte à la Clinique Baudelocque le lundi 6 no*
yembre 1899.
Axn. DE onr. — vol. un. 1
2 DU SOI-DISANT FŒTIGIDB THERAPEUTIQUE
cela afin d'éclairer votre jugement et de ne pas vous laisser
prendre au dépourvu .
La difiiculté que vous ne connaissez pas et que vous êtes ex-
posés à voir se dresser devant vous comme praticien, la question
que vous pouvez être appelés à résoudre, se trouve tout entière
dans le cas suivant :
Femme en travail ne pouvant accoucher spontanément,
par suite de rétrécissement du bassin; V enfant est à terme
et vivant ; Vintervention que vous jugez indiquée, nécessaire
et indispensable, vous est interditCy soit par la parturiente
elle-même, soit par son entourage ; une autre intervention
vous est imposée, et cette intervention implique la mort de
Venfant.
Que devez-vous faire en pareille occurrence î
Inutile d'insister pour vous faire comprendre qu'il n'est pas
de question d'un ordre plus élevé et qui soit plus importante
quant aux intérêts qu'elle concerne.
Aussi, pour la résoudre, est-il absolument nécessaire de
rechercher si le jus vitse necisquCy le droit de vie et de mort
sur Venfant^ appartient ou peut appartenir, dans certaines cir-
constances, légitimement ou scientifiquement, à quelqu'un.
Peut-il appartenir au père ? peut-il appartenir à la mère ? peut-
il appartenir au médecin ? peut-il appartenir à d'autres per-
sonnes ?
Tels sont les points que je vais d'abord exposer.
Le droit de vie et de mort sur l'enfant peut-il appartenir
au père?
Voyons à ce propos ce que nous apprend d'abord Thistoire
concernant la puissance paternelle.
L'existence du droit de vie ou de mort (jus vitœ necisque),
qui appartenait, chez les Romains, au paterfamilias, est attestée,
en particulier, par Denys d'Halicarnasse (1). A l'origine du
•■
(1) Liv. II, ch. 26 et 27.
PINARD 3
droit romain, le paterfamilias possédait effectivement le « jus
vitSB necisqne » sur tous les membres de la famille : femme et
enfants.
Mais ce pouvoir sur la personne, il ne pouvait et ne devait
s'en servir que comme juge, c'est-à-dire pour punir (1). Or,
dans Tespèce, on ne peut se prévaloir de cette coutume antique
et barbare pour donner au père le droit de vie et de mort sur
un enfant qui, n'ayant pas vécu^ ne peut s'être rendu coupable
d'aucune faute.
Du reste, les progrès de la civilisation atténuèrent progres-
sivement la puissance paternelle, et le droit de tuer l'enfant
disparut avec Trajan et Adrien. Bientôt, aux termes d'une cons-
titution de Constantin, le père meurtrier de son fils devait subir
la peine du parricide (2).
Ai-je besoin de vous dire que nos lois actuelles, bien loin de
donner au père le droit de vie et de mort sur son enfant, visent
surtout à protéger ce dernier ?
Donc, on ne peut s'appuyer ni sur les lois anciennes, ni sur
les lois actuelles pour soutenir le privilège qu'aurait le père du
droit de vie et de mort sur l'enfant in utero. Malgré cela, il
résulte de la tradition et surtout de notre éducation qu'aujour-
d'hui encore, certains pères se croient en puissance de ce droit.
Mais, ils ne l'exercent pas pour punira ils se croient en droit
de l'exercer pour sauver, comme je vais vous le faire compren-
dre par certains exemples .
Écoutez ces paroles prononcées le 16 mars 1852 à la tribune
de l'Académie de médecine (3) : < Un grand événement allait
s'accomplir. La France attendait avec impatience la naissance
de cet enfant qui devait consolider sa gloire et peut-être chan-
ger les destinées de l'Europe.
(1) Je dois^ à ce sujet, des reDBeignements très précis et très précieux à
M . Qarçon, professeur à la Faculté de droit, pour lesquels je ne saurai trop
le remercier.
(2) Voir ACCABIAB : PrécU de droit romain.
(3) In Bidl, deVAcad. de méd.,t, XVII, 1851-1852, discussion à propos
da rapport de Cazeaox, p. 531.
4 DU SOI-DISANT FOSTICIDB THÉRAPEUTIQUE
« L*empereur touchait enfin à ce moment tant désiré qui
allait fonder sa dynastie. Ant. Dubois se présente devant lui et
lui témoigne quelques inquiétudes sur le résultat de Taccou-
chement.
« Aussitôt le grand homme oublie toutes ses espérances
d*avenir, et lui qui a répudié la femme de son cœur, lui qui
donnerait toutes ses victoires pour voir vivre cet enfant si dé-
siré, n*a plus qu'une pensée, ne trouve plus qu'un cri : Sauvez
la mère! Ce cri partait du cœur, c'était le cri de la nature :
l'empereur n'était plus qu'un homme. »
C'est avec cet exemple et ce langage que Cazeaux essayait
de démontrer à l'Académie que le fœticide n'est pas immoral et
ne blesse pas tous les sentiments humains. Et pour entraîner
la conviction de ses auditeurs, il ajoutait : a Faut-il dire qu'il
n'est peut-être pas un accoucheur répandu qui n'ait entendu
vingt fois ce cri retentir à ses oreilles. Toutes les fois, en effet,
que nous nous trouvons en présence d'un cas grave, et que
nous manifestons les craintes légitimes que nous imposent de
sérieuses difficultés, quelle est la première recommandation qui
nous est faite par le pauvre comme par le riche, par l'artisan et
le grand seigneur : « Avant tout. Monsieur, sauvez la mère / j>
Si, en prononçant ces paroles pour soutenir sa thèse, Cazeaux
était dans le faux comme philosophe, comme moraliste et
comme médecin, ainsi que je vous le démontrerai tout à l'heure,
il était dans le vrai comme historien, car ce qu'il avait entendu,
nous l'entendons encore à l'heure actuelle, témoin la lettre que
je recevais hier et que je vous demande la permission de lire :
9 octobre 1899.
0 Mon cher docteur, voyant que « révénement » tarde à se pro-
duire et craignant que ce retard entraîne des complications, je vous
envoie cette lettre qui, malheureusement, aura peut-être encore le
temps d'arriver, pour vous dire que, s'il y a danger sérieux et qu'il
faille que vous mcrifiiez quelqu'un, je vous demande d^àbandœmer (1)
le second et de conserver la mère...., etc. »
(1) Qad bel exemple d'euphémisme I
PINARD 5
Cette lettre est signée d*un nom très légitimement grand
dans rhistoire, et qui appartient aujourd'hui à un homme ins-
truit, profondément honnête, de grand cœur et qui jamais ne
croira devoir transiger avec sa conscience, en un mot un romain
dans la belle acception du mot.
Et cependant, de par l'imprégnation traditionnelle, de par
rhistoire ancienne, de par une fausse éducation, oet homme,
que j'estime et que j'aime, obéissant à un sentiment qu'il croit
élevé, montre au moins un manque absolu de jugement en con-
damnant son enfant à l'abandon, c'est-à-dire à la mort, alors
qu'il n'est ni renseigné, ni compétent.
Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Parce qu'il croit, parce qu'il a
entendu dire, suivant une opinion communément répandue,
que, dans certains cas, le sacrifice de l'enfant pouvait être le
salut de la mère.
Mais^ ainsi que le fait remarquer Nœgelé dans une disserta-
tion à laquelle je ferai dans le cours de cette leçon de nombreux
emprunts, le père peut avoir, dans ces circonstances, d'autres
mobiles que le salut de la mère ; aussi ne lui reconnait-il aucun
droit dans ces circonstances, pas plus qu'aux parents du reste.
De ce que je viens de vous exposer déjà, il résulte :
1® Que l'on ne peut s'appuyer sur aucune loi pour recon-
naître au père le droit de vie ou de mort ;
2® Que, malgré l'opinion de Nœgelé, il est cependant de
croyance générale, à l'heure actuelle, que le père possède ce
droit ;
3® Qu'en exerçant ce droit, le père n'a en vue que le salut de
la mère.
Le droit de vie et de mort appartient-il, peut-il
appartenir à la mère ?
A cette question, traitée par les représentants les plus illus-
tres de l'obstétrique : Nœgelé, dans son fameux discours :
« Disseritur de jure vitœ et necis quod competit medico in
partu >, 18 novembre 1826, Heidelberg; Cazeaux, Danyau,
6 DU SOI-DISANT FŒTICIDE THERAPEUTIQUE
Dubois, etc., dans la mémorable discussion de l'Académie de
médecine en 1852 ; L.-G. Hubert à l'Académie royale de méde-
cine en Belgique, 1852, la réponse a été contradictoire.
Nœgelé et Cazeaux sont nettement pour l'affirmative ; Danyau
et Dubois sont plus réservés ; L.-G. Hubert est résolument
pour la négative.
Examinons donc les raisons — non, j'ai tort d'employer ce
mot — les arguments fournis par Nœgelé et Cazeaux et sur
lesquels ils s'appuient pour légitimer leur manière de voir.
Il est une loi qui donne à la mère le droit de vie et de mort
sur son enfant , c'est la loi naturelle, définie ainsi par Cicéron,
dit Nœgelé (1) : « Est igitur hœc non scripta, sed nata lex :
quant non didicimus^ accepimus, legimus ; verum ex natura
ipsa arripuimuSy hausirmiSy expressimus : ad quant non
doctiy sed facti ; non institua sed imbuti sumus : ut s^
vita nostra in aliquas insidias, si in inm, si in tela aut latro-
nunti autinimicorunt incidisset, omnis honesta ratio esset
expediendœ salutis » (Cicero ; pro Milone, cap. 4) (2).
« Cette loi suprême, impérieuse, dit Cazeaux, qui cite égale-
ment Cicéron, est l'instinct de la conservation ; elle nous donne
le droit de faire tout ce qui est nécessaire à la conservation de
notre être; c'est le cas de nécessité...
La femme, placée dans la grande alternative de sacrifier sa
vie à celle de son enfant ou de Timmoler à sa propre conser-
vation, est bien évidemment dans le cas de nécessité...
Le cas de légitime défense n'existe pas seulement, en effet,
lorsque le danger résulte d'une attaque volontaire, raisonnée
et dirigée par l'agresseur dans le but bien réfléchi de porter
atteinte à notre existence ; il suffit que la vie soit compromise
pour qu'on ait le droit de se défendre ; et s'il n'est d'autre
(1) Loccit, en Dote p. 16 et 17.
(2) Je dois à mon éminent et vénérable maître et ami le profepaeur
L.-J. Herrgott la communication du discours de Nœgelé, et à M. C. Le clerc,
notaire honoraire, la traduction de cette œuvre importante. Je leur exprime
à tous deux ma reconnaisBance.
PINARD 7
moyen de se garantir des attaques d'un fou furieux, il est
permis de le tuer. Le pauvre insensé n'est pourtant pas plus
coupable des coups dirigés contre vous que le fœtus n'est res-
ponsable des dangers auxquels il expose sa mère, dangers
dont il n'a nullement conscience (1). »
Sur ce point, comme vous le voyez, Nœgelé et Cazeaux sont
absolument d'accord. Mais ce qui les sépare, c'est que, pour
Nœgelé, la mère doit être seule et souveraine juge : a Mater sola
discernendi jus habet, nec ulla in terris potestas jure eam cogère
potest, ut de vita dimicet. » Tandis que, comme je vous l'ai dit,
Cazeaux donne également au mari voix au chapitre. Ainsi, pour
Nœgelé et Cazeaux et pour tous ceux qui adoptent ce principe, la
femme qui accouche est, vis-à-vis de son enfant, en état de légi^
time défensBy et cet état lui donne le droit de vie et de mort sur
cet enfant.
Pour L.'-G. Hubert : « On n'a jamais le droit de tuer un être
complètement innocent, comme l'est l'enfant in utei'O, pour se
soustraire à un danger quelque grave qu'il soit, et moins que
jamais, quand ce danger est éloigné et éventuel. Ce droit n'existe
ni au point de vue naturel, ni au point de vue religieux (2). »
Mais pour Hubert la mère n'est pas obligée de se soumettre à
telle ou telle opération.
Entre ces principes, si nettement formulés, peuvent être pla-
cées les opinions non caractérisées de ceux qui agissent suivant
les occasions et les circonstances et non suivant des principes.
On peut donc dire aujourdh'ui :
1<* Que, pour certains accoucheurs, la mère possède, au
moment de l'accouchement, le droit de vie et de mort sur son
enfant ;
2* Que, pour eux, ce droit s'appuie sur la loi naturelle et ne
doit s'exercer qu'en cas de défense ;
3** Que, pour d'autres accoucheurs, ce droit n'existe pas ou
est contesté.
(1) In BulLde VAcad. de inéd.,i. 17, 1851-1852, p. 878.
(2) Court d'aûcauchementSj par L.-G. Hobbrt et publié par sou fils
E. Hubert. Louvain, 1869, p. 64.
8 DU SOI-DISANT FŒTICIDE THERAPEUTIQUE
Le droit de vie ou de mort appartient-il au médeoin pen-
dant raocouchement?
a Si, dit NsBgelé, la mère a le droit de tuer son enfant oa
de demander qu'on le tue, le médecin a, lui-même, le droit de
pratiquer cette destruction... Par cela même que le médecin
obstétricien a reçu le pouvoir de venir en aide par son art à la
mère, et que celle-ci a le droit d'exiger qu'il accomplisse Fœuvre
entreprise, son devoir est de lui porter secours, alors que la
parturiente a invoqué son aide ; par ces motifs, il est hors de
doute et plus clair que le jour qu'il est dans Tobligation de sup-
primer le fœtus » (i).
Vous voyez, par cette citation, que, pour Fauteur, le médecin
a le droit et le devoir de tuer l'enfant dans certaines circons*
tances.
Cazeaux cherche de cette façon à établir le droit de vie ou
de mort du médecin pendant l'accouchement : a puisque, dit-il,
nous avons démontré que la loi suprême, la loi inhérente à tout
notre être, l'instinct de la conservation, en un mot, loi anté-
rieure et supérieure à toutes les conventions sociales et reli-
gieuses, légitime quand il ne blesse en rien les intérêts de la
société, tout effort fait pour son propre salut, je crois pouvoir
conclure que la femme et par conséquent le médecin peut
sacrifier la vie de l'enfant toutes les fois que très probablement
elle est incompatible avec celle de la mère » (in Bull, de VAcad.^
page 381).
Nsegelé essaie aussi de justifier ce droit et ce devoir dans
une longue discussion où la rhétorique, jointe à une morale
spéciale, joue le plus grand rôle. Je dois cependant vous la
résumer, car sa manière de voir est encore adoptée, suivie
et soutenue par un grand nombre d'accoucheurs contemporains.
Voici ce que dit Nœgelé : « les droits de la mère et de l'enfant
non encore né ne sont pas égaux ; en cas de confiit, ceux de la
mère dans l'exercice de sa défense doivent l'emporter sur ceux
(1) N^QELfi, p. 16 et 17.
PINARD 9
da fœtus. Le fœtus enfermé dans le sein de sa mère ne vit pas
encore de la vie véritable, de la vie intégrale. »
Cette interprétation a été paraphrasée à Pinfini, depuis 1826
jusqu'à nos jours, ainsi que je vais vous le faire voir :
a Je ne rappellerai pas que la vie si faible, si incertaine d'un
enfant qui ne tient au monde que par sa mère, qui n*a encore
ni sentiment, ni affection, ni crainte, ni espérance, peut être
difficilement mise en balance avec celle d'une jeune femme que
mille liens sociaux et religieux attachent à tous ceux qui l'entou-
rent... » (Cazeaux) (1).
Et aujourd'hui vous pourrez trouver dans les comptes rendus
des Congrès, des Sociétés savantes, partout enfin où cette
question est traitée, la même idée formulée pour la défense du
fœticide, à savoir que le fœtus à terme n'a pas la valeur de la
mère : ce n'est qu'un devenir y ou la possibilité d'un sembla-
ble ! Je crois même avoir lu quelque part que la vie de la femme
équivalait, au point de vue social et économique, au moins à
trois enfants à terme !
Vous trouverez aussi quelque chose de plus, c'est que, dans la
clientèle privée, il faut résolument donner la préférence à la
perforation de Tenfant vivant sur les autres opérations (2).
Vous trouverez enfin que les indications du fœticide peuvent
résulter : de la vigueur, de la situation sociale, de Tétat de
primiparité ou de multiparité de la mère, de son entourage
familial, de son mobilier, etc., etc. 3
Il résulte de ce qui précède :
i^ Que pour Nœgelé, Cazeaux et même pour beaucoup
d'accoucheurs contemporains, le médecin a le devoir de se
faire exécuteur des hautes ou basses œuvres de la mère ;
2<* Que le médecin possède, par l'exercice de sa profession,
le droit de vie et de mort sur l'enfant.
(1) In BuUetin de V Académie de médecine, t. 17, p. 379.
(2) In rapport du prof. LéopoLD publié dans les Annales de gynécologie y
octobre 1899, p. 409.
10 DU SOI-DISANT FŒTICIDB THÉRATEUTIQUR
Le droit de vie et de mort peut-il appartenir à d'autres
personnes ?
Au début de mes études médicales, j'avais entendu dire que
dans les maternités, raccoucheur était lié par les règlements
administratifs, et qu'il ne pouvait prendre de détermination, au
point de vue d'une intervention opératoire, qu'en présence du
directeur de l'établissement hospitalier.
Bien que je n'aie jamais vu mes maîtres avoir recours, dans
leur pratique hospitalière, à cette intervention directoriale, je
sais que la croyance au règlement existe, et j'ai appris que tout
récemment encore, un de nos collègues, accoucheur des
hôpitaux, se trouvant en face d'une femme ne pouvant accou-
cher par suite de rétrécissement du bassin, avait troublé le
sommeil du directeur de l'établissement pour lui exposer la
situation et lui demander son avis.
Désirant savoir exactement à quoi m'en tenir sur ce point,
j'adressai, le 29 mars dernier, la lettre suivante à mon ami le
D"" Napias, directeur de l'Administration générale de l'Assis-
tance publique :
Monsieur lb Directeur g^n^ral,
J*ai rhonneur de vous demander s'il existe, dans les cartons de F Ad-
ministration, des règlements sur lesquels un accoucheur chef de ser-
vice puisse et doive s'appuyer pour déterminer son intervention dans
les circonstances suivantes : femme en travail ne pouvant accoucher
spontanément, par suite de rétrécissement du bassin, et refusant toute
opération autre que le broiement de son enfant, alors que ce dernier
est vivant.
Je n*ai pas besoin d'insister pour vous faire comprendre combien la
question que je vous adresse est grave, et je vous prie d'agréer, etc.
Le 4 novembre, c'est-à-dire il y a deux jours, je recevais la
réponse suivante :
Mon cher ami,
Si je ne vous ai fait parvenir jusqu'ici aucune réponse relativement
PINARD 11
à la question qxie vous avez posée à rAdministration par votre lettre
du 29 mars dernier, c*est parce que le Conseil de surveillance, à qui je
l*ai soumise, n'a pu, après Tétude que sa commission en a faite, émet-
tre un avis ferme sur un cas qui lui a paru, par son essence même,
échapper à toute réglementation. La Commission du Conseil a, en
effet, considéré qu'il s'agissait là d'un cas de conscience, estimant qu'il
n'était pas possible de passer outre à la volonté de la femme qui se re/u^
serait à laisser pratiquer sur elle toute opération pouvant présenter quelque
danger pour sa vie et que^ en présence de cette situation^ le médecin était
seul juge de décider, sous sa responsabilité, de Vatiitude qu'il avait à tenir.
Signé : Napias.
Cette lettre, extrêmement intéressante, démontre :
1^ Qu'il n'existe aucun règlement administratif déterminant
la conduite que doit tenir un accoucheur en face du cas précité;
2^ Que l'administration de l'Assistance publique actuelle, repré-
sentée par la Commission du Conseil de surveillance (Conimission
qui renferme, parmi ses membres, des accoucheurs et des juris-
consultes), estime qu'on n'a pas le droit d'imposer à une partu-
riente une opération pouvant présenter quelque danger pour sa
vie, et que le médecin est seul juge de décider, sous sa respon-
sabilité, de l'attitude qu'il a à tenir.
Donc, de par cette réponse officielle, nous savons déjà, d'une
façon nette et définitive, qu'il est inutile de réveiller et de
consulter le directeur d'une maternité dans le cas qui nous
occupe. Nous savons, de plus, que, probablement, l'adminis-
tration se rallie à l'opinion que Nœgelé exprime en ces termes :
c Quant aux médecins qui demandent aux magistrats d'éta-
« blir pour eux, dans les cas de cette nature, des lois qui leur
< servent de guides et choisissent les remèdes qu'ils doivent
• employer, ceux-là montrent clairement qu'ils ont encore
« besoin d'un tuteur. Oh ! quelles perturbations désastreuses
a occasionnerait Tintroduction d'un laïque dans l'intérieur sacré
a de notre art... ! (1) »
En résumé, je viens de vous démontrer que le droit de vie et
(1) NjBOBLé. Loo. eit,f p. la
Jl2 DU SOI-DISANT FŒTICIOE THÉRAPEUTIQUE
de mort n'appartient à aacun représentant de l'administration.
Après vous avoir exposé l'état de la question , après vous
avoir résumé Topinion de nos devanciers, après vous avoir
démontré la conduite tenue par eux, le moment est venu de vous
donner les raisons sur lesquelles je m'appuie et sur lesquelles
vous vous appuierez — je me plais à le crçire — pour suivre
une conduite différente.
Je dois vous avouer que je fus tout d'abord un élève docile
et classique. Je mis en œuvre ce qu'on m'avait enseigné. Je fis
ce que j'avais vu faire par mes maîtres. Et pendant des an-
nées , dans maintes circonstances, hélas ! je pratiquai l'embryo-
tomie sur l'enfant vivant, ^ais cène fut jamais sans souffrance
et sans révolte de ma conscience que je me résignais à broyer
d es enfants plein de vie et que j'avais mission de sauver.
Interne, chef de clinique, chef de service, j'ai tellement souffert
envoyant pratiquer et en pratiquant moi-même d'abord des
céphalotripsies, et ensuite des basiotripsies sur des enfants
vivants, que j'ai toujours cherché à faire disparaître ce supplice
au point de vue humain, cet aveu d'impuissance au point de vue
scientifique, en un mot cet opprobre obstétrical (1). De là deux
voies dans lesquelles je suis entré : les applications de forceps
au détroit supérieur, Taccouchement provoqué.
Je ne tardai pas à être convaincu que ce procédé et que cette
méthode, quoique donnant des résultats supérieurs à ceux ob-
tenus précédemment, ne représentaient l'idéal, ni au point de
vue scientifique, ni au point de vue moral. L'un donne trop de
morts ou de blessés, l'autre trop de débiles, de prématurés
inaptes à vivre, sans compter également les morts.
Au point de vue scientifique, l'impuissance persistait ; au point
de vue moral, rien n'était changé, car je ne me reconnaissais
pas plus le droit de provoquer des infirmités que de provoquer
la mort, et mes angoisses restaient les mêmes lorsque je me
trouvais en face d'un rétrécissement du bassin.
(1) PiNABD. Contribution à rétude de la Bymphyséotomie. Congrès ohHétri-
eal de J¥aneâ, mars 1893.
PINARD 13
Enfin, se produisit la révolution résultant de la connaissance
des découvertes de Pasteur et des travaux de Lister, révolution
dont les bienfaits ne furent pas moindres en obstétrique qu'en
chirurgie, et qui fut, en particulier, le point de départ d'une
ère nouvelle dans la thérapeutique des viciations pelviennes.
De même que la mortalité devint une rareté dans les accou-
chements spontanés, de même elle est devenue une exception
dans les accouchements artificiels. L'obstétrique opératoire
évoluant n'a plus et ne doit plus avoir, à mon avis, que le but
suivant : être essentiellement conservatrice.
De là ces mots que j'ai fait inscrire sur nos murs il y a quel-
ques années :
t L'embryotomie sur l'enfant vivant a véou. »
Mais cette manière de comprendre ainsi le râle actuel de
Taccoucheur n'est pas encore admise par tous. L'imprégnation
traditionnelle résiste et s'appuie dans sa réaction sur l'argu-
ment suivant qui, déjà, vous est connu :
Vous ne devez pratiquer une opération sur une parfu-
riente que si cette dernière y œnsent.
C'est là aujourd'hui le grand cheval de bataille, car on n'ose
plus proclamer le droit du père et je vous ai montré ce qu'il
fallait penser du droit dont était investi le directeur d'une
Maternité.
Nous nous retrouvons donc en face du célèbre aphorisme do
Nœgelé : mater sola, etc. Eh bien, cet aphorisme, je ne l'ad-
mets en aucune façon et ne saurais assez protester contre sa
fausse légalité morale.
Avant d'aller plus loin, je veux qu'il soit bien entendu ici
qu'il n'y a aucune similitude à établir entre la situation d'une
femme ne pouvant accoucher qu'à l'aide d'une intervention
opératoire et celle d'un être humain quelconque, homme ou
femme, majeur ou mineur, étant, de par une maladie ou un
accident, également justiciable d'une opération. Là il y a deux
êtres en jeu, ici il n'y en a qu'un seul, qui peut plus ou moins
14 DU SOI-DISANT FŒTICIDB THéRAPEUTIQUB
se réclamer de sa liberté pour refuser une opération proposée
par le chirurgien. Ceci dit, je continue.
Autant que qui que ce soit, je suis partisan de la liberté de
chacun et je m*eiïorce de la respecter. Or, j'ai appris que la
liberté consiste à tout faire sauf ce qui peut nuire à quelqu'un.
Cela posé, peut-ôii admettre que la mère puisse refuser de lais-
ser pratiquer sur elle une opération qui seule permettra
Textraction de son enfant vivant, invoquant le danger éventuel
de cette opération et prétextant qu'en tuant Tenfant elle courra
moins de danger? Si oui, vous donnez alors à la femme le droit
d'interrompre sa grossesse quand elle voudra, c'est-à-dire le
droit à l'avortement, vous lui donnez le droit à la castration,
vous lui donnez le droit de ne plus cohabiter avec son mari, car
elle pourra toujours invoquer le danger éventuel que lui fera
courir un accouchement. Cela ne mène à rien moins qu'à la dis-
parition de l'espèce !
Ne croyez pas que j'exagère et laissez-moi vous citer un fait
que j'ai rapporté, il y a plus de vingt ans, dans mon article
a Forceps n du Dictionnaire encyclopédique des sciences médi-
cales, page 547, qui montre de quelle façon peut être exercé le
droit qu'auraient les parturientes de refuser une opération ;
« Exceptionnellement, on peut rencontrer des femmes qui,
mises au courant de leur situation et de celle de leur enfant,
refusent obstinément toute opération, espérant de cette façon
être débarrassées des charges de la maternité. Bien qu'il soit
difficile de comprendre et qu'il répugne d'admettre que des cas
semblables puissent se présenter, il faut s'incliner devant la
réalité et, quoique monstrueux, ces faits existent.
a Nous eûmes loccasion d'en constater iin Tannée dernière
à l'hôpital de la Charité, dans le service du docteur Bourdon .
Appelé par ce savant médecin pour délivrer une femme en tra-
vail chez laquelle on avait constaté une procidence du cordon
avec un sommet encore au niveau du détroit supérieur, nous ne
pûmes faire accepter l'opération à cette malheureuse qui, nous
ayant entendu dire que son enfant souffrait et succomberait
rapidement, si l'on n'intervenait pas, ne répétait que ces mots :
PINARD 15
a Eh bien, tant mieux ! s'il meurt, je n'aurai pas la peine de
relever ! > Devant ce parti pris, après en avoir conféré avec
M. Bourdon, nous ftmes donner du chloroforme, l'opération fut
faite pendant Tanesthésie, et l'enfant put, de cette façon, être
sauvé.
« Nous pensons, en effet, que Tanesthésie est la seule res«
source à employer quand, malgré tout, Topération étant urgente,
la femme la repousse, quel que soit le mobile qui la fasse agir. »
Je ne comprends pas davantage ce pseudo-respect de la
liberté individuelle, qui fait dire à quelques accoucheurs : avant
de pratiquer une opération sur une parturiente, vous devez
toujours lui faire connaître cette opération et être autorisé par
elle à la pratiquer.
J*avoue, Messieurs, que ceci me, stupéfie. Comment ! avant
de faire une application de forceps, je dois prendre les branches
de V instrument et expliquer plus ou moins éloquemment à la
parturiente que je vais les lui introduire dans le corps ! Je dois
procéder de la même façon avec le perforateur, et lui montrer
que je vais d'abord perforer la tête de son enfant et ensuite la
broyer avec les branches du basiotribe. Ou bien je dois lui
dire que je vais lui fendre le bassin et lui ouvrir le ventre !
Vous allez ainsi ajouter aux souffrances, aux angoisses de cette
malheureuse, inconsciente, ignorante, les affres de la terreur !
Je trouve, quant à moi, cette conduite insensée.
Avant de pratiquer une opération quelconque, je n'ai jamais
dit autre chose, en ville comme à l'hôpital, que ceci : «Madame,
vous ne pouvez accoucher seule, il faut vous aider, et c'est ce
que je vais faire », et je vous engage à procéder delà même
façon. Pour formuler une opinion saine, pour porter un juge-
ment droit, il faut être compétent, et, dans l'espèce, seul l'ac-
coucheur peut l'être.
Si le droit de vie et de mort pouvait appartenir à quelqu'un,
il ne pourrait être dévolu qu'au médecin. Alors, la question
envisagée de cette façon, doit être posée ainsi : le médecin a-t-il
le droit de tuer un enfant, prétextant qu'en agissant ainsi il va
sauver la mère ?
16
DU SOI-DISANT FŒTICIDE THBRAPBUTIQUB
Je n'hésite pas à répondre, en droit et en fait, par la négative
et cela pour les raisons suivantes :
D*abord je proclame qu'il est monstrueux de discuter sur la
valeur différente, au point de vue économique et social, de la
vie de la mère et de celle de Fenfant, et je dis :
1^ Le médecin ne doit jamais tuer. Tout médecin qui, délibé-
rément, tue, n'est plus un médecin.
2® Aucun accoucheur ne peut affirmer qu'en sacrifiant Fenfant,
c'est-à-dire en pratiquant l'embryotomie, il va sauver la mère.
Je vous en donne comme preuve les chiffres suivants :
L'embryotomie a été pratiquée dans mon service (depuis 1892
exclusivement, sur des enfants morts), 81 fois .
Résultats : 72 femmes guéries, 9 mortes.
Mortalité pour 100 : 11,5.
Permettez-moi de mettre en regard de ces résultats ceux
donnés par les opérations conservatrices.
J'emprunte à mon collègue Bar le tableau ci-dessous rap-
porté dans son remarquable mémoire « De l'opération césa-
rienne conservatrice » (1).
AUTXUBfl
a
g
3
Leopolo . .
Rbyiiolds .
Pasquali .
Olshausbn
ZWBIFBL . .
Gdarlbs . .
Bar
76
22
9
29
14
10
10
o
PROPORTION
g
o
7
0
1
2
0
0
1
9.21 p. 100
0
11.11 p. 100
6.89 p. 100
0
0
10 p. 100
5
0
f
3
1
0
0
PROPORTION
6.58 p. 100
0
î
10.34 p. 100
7.14 p. 100
0
0
« En somme, dit Bar, pour 170 opérations, 159 femmes ont
survécu ; sur 161 enfants dont on connaît le sort, 152 sont sor-
tis vivants.
(1) In Journal d'olHétrique, n* 3, p. 211.
PINARD 17
« Soit une mortalité de 6,41 p. 100 pour les mères et une
mortalité de 5,59 p. 100 pour les enfants. »
Mais, me dira-t-on, ces cas sont choisis, et dans bien des
circonstances on a pratiqué Tembryotomie. Je ne le nie point ;
pour la plupart des statistiques ci-dessus rapportées, cela est
vrai, mais je vais répondre par une autre statistique complète,
intégrale, fournie par un service où la thérapeutique des vicia-
tions pelviennes est essentiellement conservatrice ; cette statis-
tique, vous la connaissez, c'est la mienne.
Sur 100 femmes symphyséotomisées (1), 88 guéries, 12
mortes.
Et je répète que nous avons à la Clinique Baudelocque opéré
tous les cas, et lutté dans toutes les circonstances pour conser*
ver la vie.
Messieurs, j'ai fini et je me résume.
Pour moi, Taccoucheur n'a le droit, ni moralement, ni légale**
ment, ni scientifiquement, de pratiquer Tembryotomie sur Ten-
fant vivant.
Sacrifier Tenfant pour sauver la mère est une légende qui
doit disparaître.
Le droit de vie et de mort sur Tenfant n'appartient à per«
sonne, ni au père, ni à la mère, ni au médecin, ni môme... au
directeur de Thôpital.
Le droit de Tenfant à la vie est un droit imprescriptible et
sacré que nulle puissance ne peut lui ravir.
Le droit de choisir l'opération appartient seul au médecin.
Et l'accoucheur doit rester médecin dans tous ses actes, c'est-
à-dire qu'il doit toujours et partout éviter de provoquer des
maladies et des infirmités et s'efforcer de conserver la vie chez
les êtres qui se confient à lui ou qui lui sont confiés.
C'est là ma profession de foi.
(1) In Rapptfrt au Congrès périodique international de gynécologie et
d'obstétrique d* Amsterdam. Indications de l'opération césariennâ secondaire
en rapport avec celle de la symphyséotomie, de la crâniotomie et de Taccou-
ohement prématuré artificiel, p. 16.
ABN. DX OTN. — VOL. LOI. 2
LA PRATIQUE DES ACCOUCHEMENTS
OBSTÉTRIQUE JOURNALIÈRE
Par Henbi VABNIBB,
Far F.-J. HerrgoU,
Professeur honoraire de clinique obstétricale à la Faculté de Nancy.
Le livre que vient de publier M. Varnier nous permet vérita-
blement d'assister au travail de l'accouchement. On voit en
quelque sorte les organes se modifier et se transformer d'une
manière incessante; aussi suis-je, je Tavoue, très embarrassé
pour analyser une pareille œuvre qui est essentiellement une
œuvre descriptive.
Ce volume est un gros in-quarto de 435 pages, illustré
de 387 figures, toutes prises d'après nature et, certes, on peut
le dire ici mieux que jamais !
Les nombreuses pièces que Fauteur a rassemblées avec
M. Pinard, depuis plus de quatorze ans, lui ont permis, comme
il le dit dans sa préface, de donner à son ouvrage « un cachet
presque outré de réalisme » .
De plus, grâce aux nouveaux procédés de gravure, l'auteur
a pu reproduire « l'illustration photographique directe » des
diverses périodes de la gestation et de la parturition.
Il a reproduit également les planches, si vraies, parues dans
le courant du siècle dernier, de Smellie, de Camper et surtout
celles de William Hunter, ainsi que les récentes iconographies
de Braun, de Waldeyer, de Hofmeier, de Zweifel et de Hart et
Barbour.
S' inspirant d'une pensée de l'Art poétique (V. 180) :
Segniùs irritant aiiimos demissa per aurem,
Quant quae sunt oculis subjecia fidelibus et quw
Ipse sibi tradit spectator.
* HBRRGOTT 19
ce qui peut se traduire ainsi : a On est moins impressionné
par ce qui est raconté quepar ce qui a été uu », M. Varnier a
pensé avec raison que, dans Touvrage pratique qu'il se propo-
sait d'écrire, la production fidèle et exacte, photographique,
des choses et des faits lui permettrait de remplir plus sûrement
le programme qu'il s'était tracé et qu'il résume en ces termes :
« Étant donnée une femme qui se croit enceinte et vient vous
consulter, reconnaître la grossesse, la surveiller et la conduire
sans encombre jusqu'au terme, faire que Tenfant naisse vivant,
en présentation du sommet, que la délivrance soit simple et
complète et les suites de couches aseptiques. »
Ce but, nous n'hésitons pas à le reconnaître, l'auteur Ta
pleinement atteint. Collaborateur du professeur Pinard dans
ses belles Études (Tanatomie obstétricale normale et patholo-
gique^ publiées, on s'en souvient, en 1892, M. Varnier se trou-
vait tout préparé par ses recherches antérieures, son expérience
et par son enseignement à la Faculté, pour mener à bonne fin
une pareille entreprise. Il a réuni dans son livre ce que la cli-
nique montre chaque jour, et dit ce que le maître enseigne.
UObstétrique journalière est diyisée en quatre importants
chapitres qui sont eux-mêmes subdivisés en de nombreux para«
graphes.
Le premier de ces chapitres est consacré au diagnostic et à
V hygiène de la grossesse utérine et normale.
Après avoir reproduit et étudié les figures d'après nature de
Kollmann, de Braune, de Waldeyer, etc., qui représentent
l'utérus dans la première moitié de la grossesse, l'auteur montre
qu'il n'y a qu'un moyen de faire le diagnostic de grossesse pro-
bable avant quatre mois et demi environ : c'est de reconnaître
la tumeur que forme l'utérus gravide en voie de développement
et U rappelle le précepte si vrai et si clinique de Mauriceau :
a Quand il y a quelque doute, il vaut mieux patienter un peu
que de précipiter son pronostic à la volée. »
Sage conseil, qu'un demi-siècle après van Swieten, le méde-
cin de Marie-Thérèse, formulait en ces termes : « Numquam
i
20 LA PRATIQCE DES ACCOL'CHEME.XTS. OBSTÉTBIQUE JOCRXAUfiRB
forte magis periclitatur fama medici, quam ubi agitur de
graviditale delerminanda. »
Le diagnostic de la grossesse pendant sa seconde moitié, et
surfont Texploration obstétricale, sont étudiés avec un soin tout
particulier.
M. Varnier nous dit bien, dans sa préface, que son livre est la
mise au point d'une partie des leçons qu'il a faites à la Faculté
depuis 1892, mais ce n'était pas tout de posséder de nombreux
matériaux, il fallait les mettre en ordre, les classer, pour pou-
voir les utiliser, sous peine de voir leur abondance même deve-
nir une cause d'obscurité.
Cet écueil a été évité.
Une série de figures photographiées d'après nature et choi-
sies entre beaucoup font voir le développement progressif de la
matrice et la manière suivant laquelle il doit être constaté. Elles
montrent, avec une grande netteté, les difficultés de l'exploration
et les précautions à prendre pour les éviter. Pour bien se faire
comprendre, M. Varnier ne craint pas d entrer parfois dans les
plus petits détails dont l'importance pratique n'échappera à
personne.
C'est avec raison que le père de la médecine a dit : « Meyo p^-
poç 5r,ç Tr/vr,ç sort lo Syvaaiai axo«iv. » Savoir explorer est une
grande partie de Vart.
Laënnec avait placé ce précepte en tête de ses œuvres et
M. Varnier n'a garde de l'oublier.
Parmi les méthodes d'exploration qui permettent de recon-
naître la situation dans laquelle se trouve le fœtus à la fin de
la gestation, le palper occupe, on le sait, une place prépondé-
rante.
11 appartenait à l'élève du professeur Pinard, qui a si magis-
tralement exposé ce mode d'exploration externe, de l'étudier
avec le plus grand soin. Sans doute, on savait depuis longtemps
que la forme de la matrice, que Ton délimitait par le palper,
pouvait donner à ^accoucheur de précieux renseignements sur
la manière dont le fœtus se présentait ; l'étude de ces variétés
de formes utérines a même fait l'objet de ma thèse inaugurale,
HBRRGOTT 21
soutenne en 1839 ; mais il faut reconnaître que le palper a
surtout été bien connu depuis que M. Pinard en a, par son
traité, paru en 1878, vulgarisé l'emploi.
M. Varnier nous fait passer sous les yeux un grand nombre
de photographies parfaitement prises de femmes enceintes, qui
montrent bien jusqu'à quelle hauteur s*élèvele fonddeTutérus,
qui permettent de différencier les parties résistantes d'avec
celles qui sont dépressibles, et, quand il existe une présentation
irrègulière, Fauteur, après Tavoir étudiée, nous indique com-
ment on peut la corriger et comment on peut en empêcher la
reproduction. Grâce à cette iconographie obstétricale vécue,
gr&ce aussi aux explications données par le texte qu'il ne faut
pas oublier, le lecteur assiste, en véritable spectateur, à une
version par manœuvres externes. Il voit exécuter sous ses yeux
cette opération que Wigand avait décrite en 1812 dans un
mémoire qu'il avait adressé à la Faculté de Berlin et à celle de
Paris, mémoire qui semblait oublié et que j'ai eu la satisfaction
de rappeler à Tattention du public médical français par la
traduction que j'en ai faite en 1857. M. le professeur Stoltz, qui
avait bien voulu en écrire la préface, disait que ce mémoire
de l'accoucheur de Hambourg « renfermait plus de vérités et
de préceptes utiles et pratiques que maint livre qui contien-
drait dix fois plus de pages ».
Quant à la détermination de la durée de la grossesse et par
conséquent de la date probable de l'accouchement, M. Yarnier
pense quelle peut être fixée, en moyenne, au 271 •jour après
le coït fécondant. Pour établir ce chiffre qui, ainsi que l'auteur
le fait remarquer, est le même que celui qui est donné par le
Talmud, il a réuni 900 cas, publiés par divers accoucheurs,
dans lesquels la date du coït fécondant et celle de l'accouche-
ment étaient exactement connues.
Ecarter tout ce qui pourrait entraîner l'expulsion prématurée
de l'œuf; surveiller tout particulièrement les appareils et les
fonctions d'assimilation et de désassimilation ; préparer à l'en-
fant une sortie facile et sans danger, à la mère un accouche-
ment et des suites de couches physiologiques : tel est le but de
22 LA PRATIQUE DES ACCOUCHEMENTS. OBSTÉTRIQUE JOURNALIÈRE
rhygiène de la grosesse que M. Varnier étadie en quelques
pages succinctes, mais très riches en conseils pratiques.
Le deuxième chapitre traite du travail de Taccouchement
normal. C'est le chapitre capital de l'œuvre ; il ne compte pas
moins de 130 pages et 154 figures.
L'auteur commence par une étude anatomique du col de
Tutérus à la fin de la grossesse et pendant l'accouchement. Il
insiste sur la physionomie différente qui existe entre le col de
la grossesse et celui du travail. Il montre que ce col, dont les
fonctions pendant la gestation sont, ainsi que je le disais dans
mes cours, celles d'un organe de clôture, conserve toute sa
longueur jusqu'au moment où le travail se déclare ; la première
manifestation de la parturition étant, dans l'immense majorité
des cas, l'effacement de ce col dont le rôle de contention est
désormais terminé.
Pour bien convaincre le lecteur de la réalité de ces faits,
M. Varnier reproduit plusieurs planches très significatives,
empruntées soit à Waldeyer, soit à KoUmann, à Bayer, à Braune
et Zweifel, soit à l'atlas qu'il a lui-même publié avec M. Pinard.
Je me demande cependant s'il était indiqué de nous donner
l'historique des interprétations des sensations fournies par
le toucher? Je n'en saisis pas tout à fait Tutilité dans un
livre aussi pratique qu'est YObstétrique journalière, et,
Tavouerai-je, cela m'aurait aussi évité de voir celui dont j'étais
l'interne en 1838, M. Stoltz, accusé de « cacophonie » ainsi
que Mauriceau et Braune. Il est vrai que mon ancien maître ne
se trouve pas en trop mauvaise compagnie !
Après quelques conseils donnés au débutant sur la manière
dont il doit pratiquer le toucher pour reconnaître, aux modifica-
tions imprimées sur le col, si la femme est réellement en travail,
M. Varnier, afin de permettre au praticien de se rendre compte
de visu de ce qu'il doit sentir pendant la période d'effacement,
fait passer sous ses yeux une série de coupes, de grandeur natu-
relie, qui lui permettent do suivre ce travail d'effacement depuis
le commencement jusqu'à la fin.
HBRRGOTT 23
Il décrit ensuite la période de dilatation et représente, par des
figures saisissantes, le râle que remplit la poche des eaux qui,
comme un coin , s'enfonce progressivement dans l'orifice utérin.
La dilatation est complète, les membranes sont rompues, la
troisième période, qui se termine par l'expulsion, commence ;
Fauteur nous en montre les diverses phases, ainsi que les modi-
fications que l'extrémité céphalique, sous Tinfluence de la con-
traction utérine et de l'effort, imprime aux parties génitales
externes, et cela, au moyen de photographies prises directement
pendant cette phase de l'accouchement. On voit le périnée
bomber, la vulve s'entr'ouvrir, la nuque s'engager au-dessous
de l'arcade pubienne, le front se dégager sur le périnée allongé
et distendu, puis, celui-ci se retirer brusquement en découvrant
la face, comme le ferait un store qui, au moyen d'un ressort,
reviendrait rapidement sur lui-même.
Aussi, pour éviter la déchirure du périnée, ne faut-il pas le
soutenir en le comprimant contre la tète. Cette manière de
faire est nuisible, elle empêche ce retrait périnéal qui dégage
la face; « ce qu'il faut, dit M. Varnier, c'est empêcher le front
de sortir avant que le passage des bosses pariétales et le déga-
gement de la nuque aient diminué la tension postérieure de
l'orifice vulvaire », et pour bien faire comprendre comment il
faut faire, l'auteur l'enseigne photographiquement.
La tête dégagée, la rotation externe s'effectue, les épaules
s'orientent pour pouvoir se dégager successivement. La repro-
duction d'un moulage de Zweifel met bien en évidence cette
accommodation fœtale au niveau de l'orifice vulvaire. Puis l'ac-
couchement se termine.
De nouvelles photographies permettent de bien saisir le relief
que forme l'utérus rétracté soulevant la paroi abdominale
relâchée.
L'étude des phénomènes cliniques faite, M. Varnier procède
à l'examen analytique du travail. Il s'occupe d'abord des phé-
nomènes dynamiques appelés par lui phénomènes actifs, puis
il s'étend longuement sur les phénomènes passifs de l'accou-
chement.
24 LA PRATIQUE DES ACCOUCHEMENTS. OBSTÉTRIQUE JOURNALIERE
Revenant à Teffacement et à la dilatation du col, il étudie^ en
détail, avec de nombreuses pièces à Tappui, le rôle de ce coin
physiologique qu'est la poche des eaux, et écrit, à propos de la
rupture des membranes et de Texamen du liquide amniotique,
quelques pages d*une grande utilité clinique. Puis, s^occupant
de l'accommodation de la tête au bassin maternel, M. Varnier
nous fait assister à un véritable accouchement dont il explique
les phases, discute le mécanisme, toujours en montrant les
preuves sur lesquelles il base sa description, preuves qui sont
le plus souvent des photographies c recueillies directement
sans intermédiaire profane corrigeant la nature ». En un mot,
ainsi que l'a si justement dit M. Pinard en présentant à l'Aca-
démie le livre de M. Varnier, nous assistons à une véritable
« cinématographie obstétricale », mais cinématographie rai-
sonnée, basée tout à la fois sur des recherches historiques,
cliniques, anatomiques, expérimentales, que Fauteur expose
avec clarté et méthode, en ayant soin de souligner en carac«
tères gras, ce qui, surtout, ne doit pas être oublié.
Nous voyons successivement s'effectuer l'engagement, la ro-
tation de descente et la rotation finale ou de dégagement.
L'auteur montre ensuite les modifications subies par la tète
fœtale, surtout quand elles sont exagérées par une dystocie vul-
vaire, alors qu'un véritable modelage de la tête est nécessaire
pour en permettre le dégagement. Ces modifications plastiques,
que M. Budin avait déjà bien étudiées dans sa thèse en 1876,
M. Varnier en reproduit les différents aspects, la plupart d'après
des pièces recueillies par lui et conservées au musée de la Cli-
nique Baudelocque.
L'expulsion du fœtus terminée, M. Varnier recherche quelle
est la durée du travail.
Se basant sur des moyennes obtenues en calculant sur deux
mille accouchements, mille primipares et mille multipares, il
est amené à établir que la durée totale de la parturition, de la
première douleur à l'expulsion du fœtus, est en moyenne de
treize heures et demie pour les primipares, de sept heures et
demie pour les multipares. Mais, si le travail se prolonge, ce
HBRRGOTT 25
qui arrive très souvent, cette durée intempestive peut présenter
des inconvénients pour la mère et pour Tenfant, inconvénients
qu'il examine et discute.
A ce propos môme, Tauteur étudie Taccouchement chez les
primipares âgées ; il rappelle les opinions des nombreux au«
teurs qui se sont occupés de cette question, opinions en général
trop assombries, ainsi que le prouvent les recherches qu'il a
entreprises et qui confirment pleinement ce que disait M*"®
La Chapelle, c'est-à-dire, qu'à ne considérer que les moyennes
de la durée totale du travail, chez les primipares jeunes, chez
les primipares d'âge moyen, chez les primipares âgées, toutes
les primipares se valent, la durée totale de Taccouchement,
étant de treize heures et demie environ et la durée de la période
d'expulsion de une heure ; mais, ajoute M. Yarnier, c s'il y a
des traînardes à tous les âges, il y en a environ 10 p. 100 de plus
chez les primipares âgées ». Cette lenteur, qui semble avoir
pour cause cette « coriacité » plus grande des tissus qu'in-
voquait Pajot, ainsi que la fréquence de la dégénérescence
myomateuse du muscle utérin sur laquelle insiste M. Pinard, a
pour conséquence une surélévation de la mortalité fœtale qui,
dans la statistique de M. Varnier, est de 5. p. 100 au lieu de
1,32 p. 100 chez les primipares jeunes et de 1,38 p. 100 chez
les primipares de 20 à 30 ans.
L'accouchement dans les occipito-postérieures est, avec raison,
moins favorablement accueilli que lorsque l'occiput est en avant ;
mais, ce pessimisme, qui est entretenu surtout par la crainte
de voir le dégagement s'effectuer en occipito-sacrée, serait
exagéré. Les recherches cliniques de Tauteur lui permettent
d'établir, qu'au point de vue de la survie et de la santé de la
mère et de l'enfant, le pronostic du travail de l'accouchement
dans les variétés postérieures, n'est guère moins favorable que
dans les antérieures, à condition toutefois, a-t-il soin d'ajouter,
« que le travail ne soit pas contrarié dans sa marche par des
interventions intempestives et soit éventuellement terminé, en
temps opportun, par une application de forceps, suivant des
règles qu'il rappelle ».
26 LA PRATIQUE DES ACCOUCHEMENTS. OBSTETRIQUE JOURNALIÈRE
Le poids de Tenfant, quand il est exagéré, est capable de mo-
difier la marche de Taccouchement, surtout à cause de Tossifi-
cation du crâne qui entrave la réductibilité nécessaire de la
tète. Les « gro^ œufs » ainsi que, suivant l'habitude de la
Clinique Baudelocque, M. Varnier les appelle, peuvent donc in-
fluencer assez sérieusement la durée du travail, sa terminaison
et son pronostic. Quand le fœtus pèse plus de 4,500 grammes,
l'écart proportionnel entre les diamètres et les circonférences
S. 0. B. et S. 0. F. est plus prononcé que chez les fœtus de
poids moyens ; l'auteur le démontre par de nombreuses men-
surations.
Il conseille aussi de faire des réserves sur le pronostic de
Taccouchement quand, la tète étant fixée à l'entrée du bassin,
la mensuration de la hauteur du fond de Tutérus au-dessus
du pubis est supérieure à 38 centimètres. Dans ces cas, s41 n'y
pas de grossesse gémellaire, Tœuf est très gros et des délabre-
ments périnéaux considérables peuvent être à craindre, en dépit
des plus grandes précautions.
Reste une dernière question :
L'accouchement sera-t-il spontané, devra-t-il être artificiel?
M. Yarnier donne au lecteur d'excellents préceptes puisés
dans la vraie clinique. Il lui conseille de préparer, de stériliser
son forceps « de façon à l'avoir prêt à servir sans danger » ,
mais il lui rappelle, en même temps, les paroles si sages de
M°»« La Chapelle, que « ce n'est pas une chose indifférente
qu'une application de forceps ; l'on ne doit pas se décider à la
légère et pour des craintes vagues et fondées sur des probabi-
lités très douteuses » .
Or, le plus souvent, dans les présentations du sommet, alors
que le bassin est normal, l'intervention active de l'accoucheur
est exceptionnellement nécessaire.
Sur 6,258 accouchements par le sommet, le pelvis n'étant pas
vicié, il n'a été fait à la Clinique de Baudelocque que 144 appli-
cations de forceps, soit 2,3 p. 100, qui se répartissent de la façon
suivante : 125 sur 2,961 primipares, soit 4,2 p. 100, et 19 sur
3,297 multipares, soit seulement 0,5 p. 100.
HBRRGOTT 27
M. Yarnier examine les divers motifs qui ont nécessité l'em-
ploi du forceps dans ces différents cas, et, après avoir établi,
après discussion, le pronostic de ces interventions sur le fœtus,
il termine très heureusement ce chapitre consacré au travail
physiologique, en engageant « celui qui veut réussir dans la
pratique » à méditer les conseils donnés par Dionis quand ce
vieux maître décrit ce que devrait être l'accoucheur : « un par-
fait honnête homme, vertueux, doux, affable et compatissant
aux douleurs que ces femmes souffrent en accouchant ».
En relisant ces lignes, si simples et si fines, écrites par le
médecin de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV en un
français si harmonieux quoiqu'un peu vieilli, il me semblait que
j'entendais entre le premier et le deuxième acte de la parturition,
entre l'accouchement et la délivrance, une sorte d'intermède
gracieux et suranné que n'aurait pas désavoué LuUi !
Le troisième chapitre traite de la délivrance.
Il est divisé en deux parties : la première en est l'étude ana-
lytique, la seconde, l'étude clinique avec ses conséquences pra-
tiques.
Estimant que pour bien faire saisir ce qu'on veut décrire, il
faut pouvoir se baser sur des données anatomiques indiscu-
tables et bien comprises, Tauteur pense qu'il est indispensable
de revenir en arrière.
Avant d'étudier : 1^ le placenta et les membranes dans l'uté-
rus gravide à terme et 2^ le placenta et leis membranes dans
l'utérus parturient, M. Varnier commence par une revue rapide
des premières phases du développement de l'œuf, revue très
illustrée, intéressante et très complète, non sans doute pour un
embryologiste, mais pour le praticien qui voit passer, sous ses
yeux, une série de planches bien choisies et très démonstra-
tives.
Je voudrais pouvoir suivre M. Varnier dans cette étude de la
délivrance, comme j'ai essayé de le faire pour le travail de l'ac-
couchement, mais, outre que des notions anatomiques se résu-
ment difficilement, je suis vraiment obligé de me restreindre.
28 LA PRATIQUE DBS ACCOUCHEMENTS. OBSTETRIQUE JOURNALIÈRE
Horace a raison quand il dit dans son éptire Ad PisoneSj
V. 335 :
Quidquid prœcipieSf esto brevis^ ut cita dicta
Percipiant animi dociles teneantque fidèles ; %
Omne supervacuum pleno de pectore manat.
Ce que Kayser a traduit en ces termes : a Quelque précepte
que tu donnes, sois bref, afin que Tesprit docile saisisse vite tes
paroles et les retienne fidèlement; tout ce qui est de trop
s'échappe de Tàme pleine. »
Cependant, quelque bref que je désire être, je ne puis passer
sous silence la manière dont M. Varnier, dans les pages qu'il
consacre à Tanatomie et à la physiologie de la délivrance,
discute le mécanisme du décollement du placenta.
Ses remarquables recherches anatomiques faites avec
M. Pinard sur la délivrance, recherches qui devaient si profon-
dément modifier les idées généralement admises par tous, le
préparaient ainsi d'une manière toute spéciale à cette étude.
Pendant bien longtemps la théorie émise par Baudelocque
était celle qui était communément acceptée : c Les efforts répé-
tés que fait la matrice pour se délivrer de Tenfant sont ordinai-
rement ceux qui détruisent les adhérences du placenta et les
membranes de Tœuf. »
Or, un fait d'une importance capitale, mis hors de doute par
les planches de Schrœder, de Barbour et surtout par celles de
MM. Pinard et Varnier, est venu démontrer que, contrairement
à ce que Ton croyait, la paroi utérine, après l'expulsion du
fœtus et avant la délivrance, ne revenait pas également sur
elle-même, mais que son épaisseur était variable, qu'elle était
diminuée au niveau de l'insertion du placenta* Le résultat de
cette découverte anatomique est la mise en évidence « que le
placenta est susceptible de s'accommoder, sans se décoller au
cours du travail, au va et vient de sa zone d'insertion et à la
rétraction de celle-ci, qui suit l'évacuation des eaux. »
La rétraction utérine qui suit l'expulsion du fœtus prépare
le décollement, mais ne suffit pas, elle est trop imparfaite. Ce
décollement ne se fait qu'un certain temps après, « il est pro-
IIBRRGOTT 29
duit par la contraction de l'utérus rétracté par les arrière-
douleurs B.
A ce moment, la main, placée sur la paroi abdominale qui
recouvre Tutérus, perçoit une augmentation de volume, une
élévation du fond de cet organe. Ce mouvement ascensionnel,
constaté pour la première fois par Schrœder, par Pinard et
Varnier, se produit pendant que le placenta décollé descend sur
Forifice cervical. L'auteur fait bien saisir, par la reproduction
de plusieurs figures, la manière dont cette ascension paradoxale
s'effectue.
Le placenta, ainsi décollé, peut se présenter au niveau de
Forifice utérin soit par sa face fœtale, 750 fois sur 1000 ; soit
par son bord, 150 fois sur 1000 ; soit enfin par sa face utérine,
91 fois sur 1000.
Puis, franchissant le col, il passe, en grande partie, du segment
inférieur dans le vagin.
La conduite que doit tenir Taccoucheur pendant la délivrance
est étudiée par M. Yarnier avec un soin tout particulier; il ne
craint pas de consacrer une vingtaine de pages à Texamen des
divers procédés que l'on peut employer, que ce soit la déli-
vrance par tractions ou bien la délivrance par expression
décrite par Credé, ou enfin la délivrance par traction et expres-
sion recommandée par M. Pinard. Ici encore, des photographies
cliniques successives permettent au lecteur d*assister à une déli-
vrance physiologique, et surtout, de voir comment il est indi-
qué de la faire pour qu'elle ne devienne pas pathologique.
La délivrance terminée, les suites de couches commencent.
C^est ce qui se passe pendant cette période, qui va de la déli-
vrance à la réapparition de la menstruation, périodes de cinq à
six semaines chez la femme qui n'allaite pas, que M. Yarnier
étudie dans le chapitre lY qu'il intitule « Les suites de cou-
ches aseptiques » .
Naturellement, M. Yarnie]^ commence par l'étude anatomique
de Finvolution utérine. ^
Il examine l'utérus immédiatement après la délivrance, le suit
30 LA PRATIQUE DBS ACCOUCHEMENTS. OBSTETRIQUE JOURNALIERB
dans son involution macroscopique et dans son involution cli-
nique ; puis, dissociant les éléments histologiques constitutifs
de Torgane de la gestation, il étudie successivement la régres-
sion du muscle utérin, celle du tissu conjonctif intermusculaire
et celle des vaisseaux a pariétaux » et, montre enfin comment
s'effectuent la réfection de la muqueuse du corps ainsi que celle
du col.
Je ne connais aucun traité où cette étude anatomique de Tin-
volution utérine soit faite plus complètement et avec un pareil
luxe de planches et de représentations de photographies histo-
logiques agrandies. Il est impossible d'être tout à la fois plus
clair et plus pratique. Cette partie de l'œuvre de M. Varnier
est tout à fait remarquable.
Ces données anatomiques bien établies, M. Varnier fait Tétude
clinique des suites de couches aseptiques. Il montre, ce qui du
reste est, je crois, actuellement admis par tous les accoucheurs,
que ce que l'on considérait jadis comme étant la fièvre de lait
n'est en réalité qu'une forme atténuée de Tinfection puerpérale ;
« les suites de couches aseptiques étant essentiellement carac-
térisées par ce fait que le travail d'involution s'y accomplit sans
réaction locale ou générale » .
Après s'être occupé des lochies, de leur valeur clinique, et
s'être étendu assez longuement sur le ralentissement du pouls
pendant la puerpéralité, M. Varnier recherche quels sont les
moyens propres à assurer et à maintenir V asepsie des suites
de couches pour qu'elles restent physiologiques.
Il montre que l'accouchée peut être considérée comme une
blessée, et, comme toute personne blessée, elle peut être infec-
tée, que cette infection, ainsi que cela s'observe le plus souvent,
soit apportée du dehors, ce qui constitue V hétéro-infection, ou
qu'elle soit la conséquence du développement et de la virulence
d'éléments microbiens préexistants dans l'organisme, ce qui a
été appelé auto-infection.
Le médecin doit donc faire tous ses efforts pour que l'accou-
chée ne devienne pas la victime de ces éléments infectieux aux-
quels mon éminent collègue Sédillot a donné, en 1878, le nom de
m^icrobes.
HBRRGOTT 31
Ces microbes, M. Varnier les étudie dans les plus grands
détails ; il a écrit un véritable traité de bactériologie obstétri-
cale qui m'a paru très complet, surtout pour les travaux parus
à l'étranger.
Mais, mes connaissances techniques en bactériologie sont
très limitées et je décline toute compétence pour cette science,
à la naissance et aux premiers développements de laquelle j'ai
assisté, à la fin de ma carrière universitaire. Cependant il m'a
semblé que, si le plus habituellement le streptocoque et le
staphylocoque sont les agents de Tinfection puerpérale, les
autres microbes pathogènes susceptibles de produire des infec-
tions pendant les suites de couches étaient assez nombreux.
Outre la colibacillose et la gonoçoccie puerpérales étudiées
par l'auteur, je me souviens d'avoir entendu, en 1897, à la
Société de médecine de Nancy, la relation de plusieurs cas
d'infections d'origine pneumococcique observées pendant la
puerpéralité.
Je n'insisterai pas davantage sur cette partie de VObstétrique
joumalièrey je craindrais de commettre des inexactitudes ; je
tiens surtout à dire combien j'ai été heureux de voir M. Varnier
rendre à Semmelweis la place qui lui est due, alors qu'il était
demeuré méconnu pendant de si longues années. Son nom, ainsi
que je l'écrivais en 1892, mérite d'être honoré à jamais, et,
comme Schrœder avait raison de dire « partout où il est question
de bienfaiteurs de l'humanité, Ignace-Philippe Semmelweis
mérite d'être nommé en première ligne ».
M. Varnier raconte la vie de cet incompris, il en étudie la
doctrine que les géniales découvertes de Pasteur devaient
éclairer et interpréter. Puis, faisant l'histoire de la découverte
des causes de l'infection puerpérale, il reproduit la remarquable
communication sur la contagion et la propagation de la fièvre
puerpérale que Simpson faisait, le 16 avril 1851, à la Société
médico-chirurgicale d'Edimbourg.
Il parle de la discussion si « confuse » sur la fièvre puerpé-
rale, qui en 1858, occupa l'Académie de médecine de Paris
pendant 18 séances. 11 rappelle ce aue disaient Danyau et Trous-
32 LA PRATIQUE DES ACCOUCHEMENTS. OBSTETRIQUE JOURNALIÈRE
seau. Enfin, arrivant à Pasteur, il expose, à grandes lignes, la
question des fermentations, il en montre les conséquences dont
Lister devait faire une si bienfaisante application.
M. Yarnier donne les portraits de ces illustres de la science.
Le lecteur trouvera dans son livre les images de Semmelweis,
de Simpson, de Lister, de Pasteur, mais il ne trouvera pas
celle de Tarnier, de celui qui, en 1857, écrivait : « La fièvre
puerpérale est contagieuse. La fièvre puerpérale est due à
un empoisonnement du sang, »
Je regrette que, dans ce remarquable historique, M. Yarnier
n'ait pas donné à mon cher et regretté collègue la place qui me
paraît devoir lui appartenir. Je ne doute pas que, dans une
nouvelle édition, qui ne saurait se faire attendre, Tauteur ne
rectifie cette erreur « topographique ». Un des inconvénients
de la photographie est que les premiers plans sont parfois lais-
sés dans l'ombre ; la lacune que je signale m'y fait penser.
Comme corollaire des longues et minutieuses études bacté-
riologiques qu'il vient de faire, M. Yarnier termine son livre
par l'exposé de la pratique antiseptique.
Il indique ce qui doit être fait, les précautions à prendre, les
exagérations qu'il faut éviter, la manière de se laver les mains
pour les rendre aseptiques, et, à ce propos, il est amené à
examiner la valeur de l'usage des gants en obstétrique, qu'il
est loin de rejeter.
11 montre comment on peut obtenir l'antisepsie de la vulve,
du périnée, du vagin ; comment, cette asepsie obtenue, on peut
la maintenir pendant les suites de couches.
On le voit, fidèle au programme qu'il s'est imposé, M. Yar-
nier s'efforce jusqu'au bout d'être, avec sa clarté habituelle,
scientifiquement pratique.
M. le professeur Pinard, à qui ce livre est dédié « en témoi-
gnage d'affectueuse reconnaissance », doit éprouver une légi-
time fierté envoyant l'œuvre de son élève. L'Obstétrique jour-
nalière fait le plus grand honneur à celui qui a su l'inspirer
et à celui qui l'a écrite.
Nous adressons nos très sincères félicitations à M. Yarnier qui,
HEftRGOTT 33
délaissant les sentiers battus, vient d'écrire un ouvrage essen-
tiellement personnel qui fera époque dans les annales de l'obs-
tétrique française et qui est appelé à rendre les plus grands
services à tous ceux qui s'occupent de la pratique des slccou--
chements.
Nous adressons aussi nos félicitations à M. G. Steinheil, Tédi-
teur de ce beau livre. Les difficultés typographiques étaient ici
particulièrement nombreuses; elles ont été surmontées avec
honneur. L'impression est superbe, tout à fait remarquable.
La reliure est élégante et très artistique; aussi le livre de
M. Varnier, édité par M. G. Steinheil, est-il de ceux dont on
peut dire, après Texamen consciencieux auquel nous venons de
nous livrer, que le a contenant » est en rapport avec le « con-
tenu ». U accommodation est vraiment parfaite.
▲m. DB OTH. — TOL. UtI.
DE LA VALEUR DE LIAI! OXYGÉNÉE
DANS LES HÉMOERHAGIES UTÉRINES
Par le D^ Platon,
Ancien interne des hôpitaux,
Lauréat de l'École de médecine de Marseille.
L'eau oxygénée, découverte par Thénard en 1818, et em-
ployée pour la première fois d'une façon systématique pour le
pansement des plaies, par Baldy en 1879, dans le service de
Péan, est un médicament puissant et énergique dont le pou-
voir antiseptique et hémostatique est considérable.
Cette combinaison chimique bien définie, appelée encore
bioxyde ou peroxyde d'hydrogène, et dont la formule est
H'O^, ne doit pas être confondue avec Teau oxygénée du com-
merce, qui est de l'eau oxygénatée, c'est-à-dire une dissolution
dans Teau de gaz oxygène sous pression, et qui sert couram-
ment aux coquettes pour faire varier du noir au blond ardent
la coloration de leur chevelure.
L'eau oxygénée s'emploie en thérapeutique à 10 ou 12 volu-
mes au maximum (au delà elle devient instable) et, dans la
généralité des cas, à 2 ou 6 volumes.
Son pouvoir antiseptique a été démontré par les travaux
de Nocard, d'Arloing, d'Altenhofer (1860), de Chamberland (1),
(1893) et de Touchard (2).
Sa toxicité est indéterminée. Regnard (3), et Laborde (4)
ont fait Fun et l'autre des expériences démontrant pour Tun le
(1) Aîmàleê de Vlnstitut Poiteur, 1893.
(2) Communication à V Académie de médecine, 1893.
(3) Communication à V Académie de* sciences, 1882.
(4) Société de Bioloçie, 25 juillet, 1885.
PLATON 35
danger, pour Tautre rinnocuité de son introduction dans la
circulation. Quoi qu'il en s.oit de son action dans rorganisme,
il semble prouvé actuellement que leau oxygénée bien prépa-
rée peut être employée sans dangers , tout au moins dans la
thérapeutique chirurgicale ou^pour mieux dire, dans le panse-
ment des plaies et le nettoyage des cavités septiques.
Ce sont les propriétés antiseptiques du bioxyde d'hydrogène
avec leur heureuse influence sur les plaies atones qui, tout
d'abord, attirèrent Tattention des chirurgiens. Dès 1862,
Laugier, Jules Guérin, Demarquay, signalèrent son action
excitante. En 1869, Schmitt insista sur ses propriétés antipu-
trides ; mais il faut arriver aux expériences et aux applications
de Baldy (1) pour voir entrer l'eau oxygénée dans la thérapeu-
tique chirurgicale courante. A cette époque plusieurs thèses
intéressantes parurent sur la question, notamment celles de
Larrivé (2) et de Barbolain (3).
Ce nouvel agent, après quelques années de vogue, fut bientôt
délaissé, et passa dans la thérapeutique étrangère où il donna
des succès surprenants, surtout en oto-rhinologie. Lermoyez
le rapporta de Vienne, et sous son inspiration, Gellé (4) fit
paraître une revue intéressante, sur la valeur de ce médica-
ment qui était loin d'être nouveau en France. Les rhinologis-
tes n'ont eu qu*à se louer de son emploi : Buy s (5) et Vacher (6)
l'on fait entrer depuis plusieurs années dans leur pratique cou-
rante, et le considèrent comme ayant un pouvoir modificateur
considérable dans les cas de suppuration de l'oreille.
Lucas- Championnière (7) a fait, l'an dernier, une importante
communication à l'Académie de médecine sur la valeur du
bioxyde d'hydrogène et sur son emploi en chirurgie. Cette com-
(1) Thèee de Paris, 1883.
(2) Thèse de Paris, 1883.
(3) Thèse de Paris, 1883.
(4) Archives internationales de laryngologie^ 1896.
(5) Communication à la Société belge d^otologie, 1897.
(6) Congrès d'ojfhtalmologie et de rhinologie, 1897.
(7) Académie de médecinCy séance du 6 décembre 1898.
36 l'eau OXYGBNÉB dans les HÉMORnHAGIUS UTÉRINES
munication est venue confirmer les premiers essais de Baldy,
tentés en 1879.
En gynécologie, Lucas-Championnière s'en sert pour le
lavage et la désinfection pré-opératoire des cavités avant Thys-
térectomie vaginale. Il lui reconnaît, comme avantage prin-
cipal, de pénétrer et d'imprégner totalement les tissus, contrai-
rement au sublimé qui est annihilé au contact des masses albu*
mineuses. Charpentier (1) en a obtenu d'excellents résultais
comme topique dans les ulcérations utérines et s en trouve fort
bien pour les lavages vaginaux. De Sinéty en a fait un usage
fréquent dans les vaginites et les métrites.
L'eau oxygénée a été essayée en outre pour un nombre très
divers d'affections. Dans les maladies de la bouche et des
diButs, son emploi est fréquent ; Ferrand (2) a eu des guérisons
dans des stomatites graves et dans des gangrènes symétriques
des extrémités ; Manassaïn s'en est bien trouvé dans le trai-
tement de certaines affections syphiliques et vénériennes
externes ; Damaschino et Baldy l'ont employée contre le muguet ;
Williams, Stuver, Baldy ont cru voir, dans le bioxyde d'hy-
drogène un spécifique de la diphtérie ; grâce à des injections
sous-cutanées et à des applications superficielles, Lutton a eu
des guérisons de psoriasis ; Spica et Ménégazzi citent des
succès dans deux cas d'intoxication par l'oxyde de carbone ;
enfin, plusieurs auteurs prétendent avoir eu des résultats heu-
reux par son emploi contre l'ophtalmie purulente et la blennor-
rhagie, tandis que d'autres l'ont essayé contre la chlorose, le
diabète, la tuberculose et la pneumonie. Ces diverses obser-
vations sont trop éparses pour être concluantes ; et d'ailleurs
la discussion de la valeur du bioxyde d'hydrogène dans ces
affections, sortirait du cadre de cette modeste étude.
Si la valeur de l'H'O' est certaine comme antiseptique, son
pouvoir hémostatique est non moins considérable ; et, dans cer-
tains cas, peut rendre au praticien de signalés services.
(1) Séance de V Académie de médecine^ 6 décembre 1898.
(2) Idem.
PLATON 37
Tissot (1), dans ses nombreuses interventions sur le nez, le
pharynx ou Toreille, a obtenu, grâce au bioxyde d'hydrogène,
une rapide hémostase, notamment dans l'extraction des
polypes naso-pharyngiens. Disons en passant que ce môme
auteur ne s'est pas contenté d'employer l'eau oxygénée en oto*
rhinologie ; en chirurgie générale, il a obtenu des résultats qui
corroborent ceux de Lucas-Championnière. Du reste, voici les
conclusions de sa pratique de quelques années :
10 Ni irritation locale, ni érythème, ni phénomènes toxiques ;
2^ Application presque indolore ;
3^ Action rapide sur les phénomènes de respiration ;
4* Antiseptique. Hémostatique puissant. Désodorisant.
Cette action hémostatique a été mise en pratique pour la
première fois, croyons-nous, contre les métrorrhaLgies, par
P. Petit en 1895. Dans ces cas, Teau oxygénée, portée au con-
tact de la muqueuse utérine à l'aide d'un tampon de ouate, arrê-
tait les hémorrhagies utérines en excitant la fibre lisse, et, par
coagulation du sang, en activant la précipitation de la fibrine,
sans altérer les éléments figurés : « Il constata, dit Oon (2),
que si l'on fait agir l'eau oxygénée sur le sang au sortir de la
veine, il y a formation de deux couches ; une supérieure, formée
d'une mousse épaisse, emprisonnant des caillots denses ; une
inférieure, composée de sérum, teintée en noir par l'hémoglo-
bine oxygénée. »
11 est facile de comprendre combien cette action de l'eau oxy-
génée sur le sang au sortir des vaisseaux, assure une rapide
hémostase. Nous n'avons pas fait, pour notre part, les mômes
constatations que Petit, mais nous avons employé l'H^O' dans
deux cas d'hémorrhagie utérine, et nous n'avons eu qu'à nous
louer de son emploi.
Dans les deux cas, nous ne nous sommes pas servi de tam-
pons imprégnés d'eau oxygénée ; nous nous sommes contenté
^ -■ ^■^^^™ ■ ■ ■■ ■ I ^^— ^ I I ■■■■ I »■■■!■ ■■■■■ »^.«l ■■■ H^ ■
(1) Archives de Médecine fiarale, 1899, d9 7. — Oaiette des hôpitaux^ 1899,
n» 101.
(2) Presse médicale, 1" février 1899.
38 l'eau OXYGÉNéE DANS LES HÉMORRHAGIES UTERINES
de lavages au moyen d'une seringue de Braun et nous avons ea
deux succès. Voici du reste les observations de nos malades :
Obs. I. — Mêtrite hémorrhagique. Utérus infatiHle m antéverêion.
Cellulite et adème paramétritique. Guérison, — M"« Marie V..., âgée
de 24 ans, nous fait appeler au commencement de 1899. Elle souffre du
ventre depuis quelques jours, et son état général n'est pas brillant.
Le tympanisme, les douleurs très vives, les nausées et les vomisse-
ments, la température à 39^,2, imposent le diagnostic de poussée aigoè
de pelvi-péritonite. Les pertes émises sont hémorrhagiques et parfois
mélangées d*un liquide jaunâtre peu abondant.
L'examen local est douloureux ainsi que l'exploration digitale ;
cependant, il est possible de constater une an té version marquée de
l'utérus avec œdème péri-utérin et empâtement des culs-de-sac.
C'est la deuxième poussée aiguë qui force cette jeune femme à s'ali-
ter : deux mois auparavant, étant dans ses propriétés du Yar, elle avait
eu une crise analogue avec hémorrhagies abondantes, hémorrhagies
qui, après une durée d'un mois, se sont prolongées par reprises plus
ou moins éloignées jusqu'à ce jour.
Par l'interrogatoire, il est facile de dépister une infection génitale,
remontant à quatre années auparavant, à quelques semaines après son
mariage.
Durant cette longue période, elle n'a ressenti que quelques dou-
leurs abdominales suivies de quelques pertes blanches avec irrégula-
rités menstruelles.
La première indication, en l'occurrence, était de calmer cet état
aigu et d'amener une sédation rapide des phénomènes inflamma-
toires. Gomme toujours, l'eau chaude (1) fit merveille et après huit
jours de cette pratique préconisée par Reclus, nous pouvions nous
employer à modifier l'état defcet utérus en antéversion, atteint de
métrite hémorrhagique avec cellulite péri-utérine. L'utérus antéversé
avait conservé des dimensions d'utérus de jeune fille, et, en dehors de
l'infection première, l'antéversion et l'infantilisme utérin étaient les
principales causes de ces hémorrhagies tenaces et persistantes.
Selon notre pratique habituelle, le 24 janvier nous commençâmes
(1) Reclus. Cliniques de la Pitié, — Platon. De l'eau chaude en gyné-
cologie. Communication au Cangrèê d'obstétriqtie et de gynécologie^ geseion
de Maraeiile, cet., 1898. — Platon. L'eau chaude en gynécologie. Marseille
médical^ avril 1899.
PLATON 39
des séances de massage gynécologique avec redressement de Tutérus,
suivies de manœuvres de gymnastique décongestionnante.
De toutes les déviations utérines, Tantéversion avec infantilisme
est celle qui est la plus rebelle au traitement et la plus lente à se cor-
riger. Toutefois, assez rapidement, grâce à la méthode de Thure
Brandt, méthode que le D^ Stapfer a su faire sienne, Toedème péri-
utérin disparut, laissant un utérus très mobile, très accessible au
palper bimanuel, des annexes très limitables, ne donnant plus de dou-
leur sous la pression du doigt.
Les pertes rouges diminuaient lentement, et Tutérus avait une très
faible tendance à prendre et çurtout à conserver une direction nor-
male, conforme à sa bonne nutrition et à son heureux fonctionnement.
N'oublions pas de dire que cette malade se refusait énergiquement
à toute intervention chirurgicale, et qu'un curettage, proposé dès le
premier jour, et qui, dans le cas actuel, eût amené la guérison, était
considéré avec effroi, malgré nos affirmations, aussi persuasives que
possible, d'innocuité.
Après un mois de traitement, l'état général, précaire au début,
était considérablement amélioré ; le ventre était indolore, notre malade
pouvait soriir sans que la marche amenât de poussée douloureuse.
Cependant l'écoulement utérin persistait, suintement pour mieux
dire, dont la résultante était, après vingtrquatre heures, quelques
taches rouges sur un linge blanc. Cette constatation, chaque matin,
mettait notre malade au désespoir. Notre confiance dans les résultats
heureux obtenus par le massage gynécologique, était considérée avec
scepticisme par cette dame, fort désireuse d'une guérison rapide.
Les bons effets déjà obtenus par notre pratique : disparition des
douleurs, évacuation des œdèmes péri-utérins, diminution de l'écoule-
ment sanguin, s'effaçaient devant la persistance de ce dernier sym])-
tdme. C'est alors que nous eûmes l'idée d'employer l'eau oxygénée en
injection intrar-utérine.
Après dilatation à la laminaire, le 12 mars, nous injections avec une
seringue de Braun, 4 centim. cubes d'eau oxygénée à 10 volumes, en
ayant soin de pratiquer une irrigation vaginale, afin d'entraîner
l'excès de la solution injectée. Tamponnement consécutif à la gaze
salolée. Repos sur la chaise longue.
Dans la journée, il y eut des douleurs intra-utérine» assez vives,
douleurs qui disparurent après une injection chaude de deux litres.
Dès le lendemain, le suintement fut un peu moins considérable ;
tous les jours suivants nous continuâmes les pansements vaginaux.
40 l'bau oxygénée dans les bémorrhàgies utérines
Le 18 mars, le suintement cessait, pour reprendre plus abondant le
22, après une longue marche, d'où notre malade était revenue brisée
et fatiguée.
Le 23 mars, nouvelle dilatation avec laminaire et injection d'H^
le 21. Gomme pour la première fois, pansement à la gaze salolée et
repos horizontal. Le lendemain, quelques gouttes de sang à peine
venaient démontrer le bienfait d'un pareil traitement.
Tout écoulement était tari à la fin mars, et notre malade put partir
en bon état, au commencement d'avril.
La première période menstruelle qui suivit ce traitement par Tean
oxygénée, s'accompagna d'une poussée douloureuse et hémorrhagique
fort vive qui disparut par le repos, et des injections chaudes à 45<».
Depuis cette époque, notre malade va bien. Les périodes menstruelles
sont régulières avec légère dysménorrhée durant la première heure.
Plus d'écoulement métritique. État général parfait.
Remarques. — Dans le cas qui précède, grâce à l'emploi
de l'eau oxygénée, nous avons pu tarir un écoulement sanguin
long à disparaître chez une malade impatiente d*une g^érison
rapide, incapable d^attendre les eiTets certains, mais plus lents
du massage gynécologique.
Chez cette malade, l'action du bioxyde d'hydrogène a été
double. Grâce à son pouvoir hémostatique, ce nouvel agent
thérapeutique a agi sur les vaisseaux qu'il a obstrués, et, par
sa puissance de pénétration, d'imbibition des tissus, il a modi-
fié Fétat d'inflammation de la muqueuse. Son action a été sem-
blable, mais plus douce et sans les mêmes lésions, â celle de la
curette tranchante, modificatrice d'une muqueuse malade.
Ainsi donc, double résultat : arrêt d'une hémorrhagie tenace ;
désinfection d*une cavité depuis longtemps contaminée.
Malgré les affirmations de Tissot et de Lucas-Champion-
nière, l'eau oxygénée s'est montrée ici légèrement caustique.
Les douleurs intra-utérines, après son emploi, et surtout la
production d'une petite ulcération du col par écoulement de
l'excès de liquide introduit dans la matrice, sont une preuve de
la causticité de cet agent.
Ne serait-ce pas à cette propriété que seraient dues les dou-
leurs à Tapparition des règles, lors de la période menstruelle
PLATON 41
qui suivit le départ de notre malade, et ne se serait-il pas pro-
duit une légère atrésie consécutive, productrice de la dysmé-
norrhée des premières heures, à Tapparition des menstrues ?
Obs. n. — Mitrorrhagie ahondaniU à Vapproche de la ménopause chez
urne femme obèse, Guêrison, — Le 8 avril 1899, on vient nous chercher
en toute hâte pour voir M""® Louise M..., âgée de 44 ans, qui, depuis la
veille au matin, avait une hémorrhagie abondante.
Cette dame, qui n'avait jamais été malade, et qui n'avait jamais
souffert du ventre, avait eu jusqu'en fin 1898, des périodes mens-
truelles régulières et normales. Depuis cette époque, les règles appa-
rurent plus abondantes avec quelques irrégularités. Cependant, l'état
général était toujours excellent.
Dans l'intervalle des règles, aucune perte blanche ; le ventre indo-
lore, que commençait à gagner de plus en plus une obésité gênante,
permettait cependant, par la régularité de ses fonctions, une marche
prolongée sans fatigue.
L'examen génital pratiqué immédiatement, ne nous révéla rien
d'anormal en dehors de l'hémorrhagie. L'état des poumons, du cœur,
du foie et des reins ne nous permit de poser aucun diagnostic que
celui de : Métrorrhagie survenant chez une femme obèse approchant
de la ménopause.
A signaler l'abondance de cette perte rouge, avec absence de toute
lésion organique appréciable ; abondance qui continuait, malgré des
injections sous-cutanées d'ergotinine, et des tamponnements vaginaux
au perchlorure de fer.
Cette dame refuse toute gymnastique décongestionnante, se basant
sur ce préjugé, entretenu par bon nombre de médecins, à savoir que
le repos le plus absolu doit être imposé à toute femme atteinte d'hé-
morrhagie utérine. Ce n'est pas la place ici de dire tout ce que nous
espérions obtenir par la méthode de Stapfer : nous dirons dans un
antre mémoire notre conviction et nos résultats.
Au bout de trois jours, l'état général commençait à s'altérer, les
lèvres se décoloraient ; la malade, dans la journée, se plaignait de
bourdonnements d'oreilles et de vertiges, et dans la nuit, une agitation
pénible empêchait tout sommeil réparateur.
Avant de pratiquer un curettage qui s'imposait, malgré le refus de
la malade, nous nous rappelâmes le succès obtenu, quelques semaines
auparavant, par l'eau oyxgénéc.
Ce fut le 12 avril, au matin, que facilement, sans dilatation] préa-
42 l'eau oxygénée dans les hémorrhagibs utérines
lable, nous injectÂmes deux fois le contenu d*une seringue de Braun
d'H'O^, tout en pratiquant un lavage vaginal continu pour enlever
l'excès du liquide injecté qui apparaissait au col en écume rosée.
Tamponnement consécutif très serré. Repos au lit. Alimentation et
régime tonique.
Dans la journée, de légères douleurs utérines se firent sentir; le
soir du môme jour, le tampon enlevé était encore taché de sang, mais
l'hémorrhagie n'avait pas été suffisante pour souiller la gaze jusqu'à
l'entrée du vagin.
Le lendemain, 13 avril, la gaze était tachée de sang comme celle de
la veille. Nouvelle injection d'eau oxygénée avec les mômes précau-
tions pour éviter le contact de l'H^O^ avec la muqueuse vaginale-
Nouveau tamponnement qui le soir fut retiré presque intact.
Le 14, la gaze ne présentait qu'une faible coloration rougefttre. Par
excès de précaution, nous fîmes une troisième injection de bioxyde
d'hydrogène, injection qui fut suivie, cette fois, de douleurs fort vives
dans la journée.
Les jours suivants, nous nous contentâmes d'injections vaginales
très chaudes avec pansements vaginaux très serrés. Rapidement, tout
suintement fut tari. Grâce à une constitution robuste, les forces per-
dues furent vite récupérées, et cette dame, après un séjour d'un mois
à la campagne, revint nous remercier, et nous faire constater l'état
parfait de sa santé qui s'est maintenue jusqu'à ce jour (novembre 99),
sans ennuis et sans tracas génitaux.
Remarques. — L'eau oxygénée nous a rendu, chez cette
deuxième malade, un signalé service. Son action hémostatique
puissante s'est montrée capable d'agir avec succès, alors que
toute autre médication avait échoué, alors que les préparations
d'ergot, les piqûres d'ergotinine, les injections vaginales à
45*^ et bO^y les tamponnements serrés au perchlorure de fer,
avaient été impuissants.
Cet agent thérapeutique peut être d'une très grande utilité
par son emploi facile, et si nous en croyons les observations
publiées et l'histoire de nos deux malades, sans danger aucun,
tout praticien peut, sans aide, pratiquer cette injection intra-
utérine capable de suppléer à une intervention chirurgicale si
peu compliquée que le curettage, mais nécessitant cependant
une assistance intelligente.
» *
REVUE GENERALE
DE LA CtROSSESSE EXTRA-UTËRINE
D'après Otto KAstacr (de Bre8lau)(l;.
Malgré les importants travaux publics déjà dans ce journal
sur la grossesse extra-utérine (mémoires multiples du P' Pi-
nard, rapport de Segond, etc.), nous n'hésitons pas à donner
une analyse détaillée du récent travail de Otto Kûstner (de Bres-
lau), par la raison que ce travail est le fruit d'une expérience
personnelle bien rare. Qu'on en juge ! Kûstner a eu l'occasion
d'opérer, d'abord à Dorpat, 9 grossesses extra-utérines, plus une
grossesse développée dans une corne utérine. Ultérieurement, à
Breslau, il a pu observer, d'octobre 1893 à octobre 1898, soit
au cours de cinq années, 107 grossesses extra-utérines qu'il a
opérées pour le plus grand nombre, l'opération ayant été, dans
quelques cas, confiée à ses assistants. Donc, au total, un ensem-
ble de 116 observations personnelles de grossesses extra-
utérine !
*
Au début, l'auteur note parmi les raisons qui l'ont poussé à
publier ce nouveau travail^ le fait qu'on le rend encore, àTheure
actuelle, responsable d'opinions, vieilles de plus de dix ans, sur
une question dans laquelle les dernières années ont apporté
une quantité considérable de documents neufs et qui, en dépit
de cette richesse d'informations, reste bien loin d'être entière-
ment et définitivement résolue.
(1) Ueber Ksirauterinsch^angenchaft. SamnUung hlin, Vortràge^ 1899,
n* 244, 24&
44 DE LA GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE
Étiologie.— Obs/ac/es mécaniques à Varrivéede Vœufdans
son siège habituel. — Kùstner n'accorde plus qu'une impor-
tance étiologique médiocre aux obstacles mécaniques qu*on in-
criminait tant autrefois (pseudo-membranes péritonéales, petits
fibromes au niveau de Tisthme, polipes muqueux versU'ostium
utérin, déviations, coudures du trajet tubaire, etc.). S'il est
indiscutable que ces obstacles peuvent éventuellement jouer le
rôle causal, le fait est plutôt rare.
A l'occasion de ces facteurs mécaniques, l'auteur discute
l'influence de la migration intra-péritonéale de Vœuf fécon-
dé (1). Point particulièrment curieux : à cause de la perte du
temps quo comporte cette migration utérine, l'œuf aurait plus
de temps à se développer avant de se fixer, et, devenu trop
gros, se trouverait arrêté en un point en deçà de son siège nor-
mal.
Kiistner examine ensuite le rôle étiologique que jouent les pro-
cessus inflammatoires t ceux surtout de l'oviducte, rôle qu'il
croit, d'ailleurs, essentiel : « ... Vinfiammation de Voviducte^
de la muqueuse tubaircy écrit-il, voilà le processus qui nous
fournit Vexplication la plus plausible de la production de la
grossesse eclopique ».
D'ailleurs, observe l'auteur, cette notion du rôle de l'in-
flammation est ancienne et l'on avait déjà noté que des accidents
(1) Cette migi-ation interne de l'œuf est indiscutable. Elle montre que le cou-
rant liquide produit par répithélium tnbaire, vibratile, est capable d'orienter
Tœuf à une distance plus grande que celle de l'ostium tubaire abdominal à
TovaircAce point de vue, l'auteur cite les expériences concluantes de trans-
plantation d*ovaire de Knauer, de Gregorieff, que, d'ailleurs, nous avons déjà fait
connaître dans ce journal {Amudes de gyn. et d'olst.ymsiTA 1897, p. 226, et
août 1898, p. 123). Observations de grossesses à la suite de transplantations
d'ovaires. 11 relate aussi une observation, la première, écrit-il, recueillie dans
Tespèce humaine, qui démontre, indiscutablement, la réalité de la migration
interne de rœuf. — Ohs, Le 13 mars 1894, il enlève chez une femme S...,
la trompe droite gravide et, simultanément, Fovaire gauche, gros comme un
œuf de poule, kystique. Cette femme conservait donc l'ovaire droit et la
trompe gauche ; or^ environ deux ans après, elle devenait enceinte, grossesse
utérine qui se termina à terme ^ spontanément et normalement.
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQUlÀRB 45
puerpéraux avaient, en certains cas, préexisté à la gestation
extra*utérine. Hecker même avait attribué la plus grande fré-
quence des grossesses extra-utérines gauches à la plus grande
fréquence des processus puerpéraux de ce côté. Mais cette rela-
tion de cause à effet, on l'expliquait, alors, surtout par des
simples effets mécaniques. Or, il y a autre chose que les obsta-
cles mécaniques, et le facteur principal c*est, à son avis et con-
formément à Topinion de Webster, Mandl, Schmidt, etc., le
trouble fonctionnel de Toviducte. Il signale aussi : Tinfluence
pathogénique possible de la salpingite gonorrhéique, de|phleg-
masies tubaires indépendantes de processus puerpéraux,tout en
indiquant la circonspection qu^il faut apporter dans Tapprécia-
tion des données anamnestiques et de leur importance patho-
génique.
11 considère comme Vindice le plus sûr d*un processus
phlegmasique a,ntérieur à la grossesse extra-utérine ou con-
temporain^ la constatation au cours de l'opération d'une inflam-
mation de la trompe non gravide. Et cette condition anatomique
démonstrative se rencontrerait assez souvent.
« J'ai, ajoutet-il, très fréquemment rencontré une affection
de l'autre trompe, qui me paraît rentrer dans cette catégorie.
11 s'agissait d'un hématosalpinx ou, quand l'extrémité frangée
n'était pas oblitérée, d'un écoulement sanguinolent qui se faisait
par cette extrémité pendant l'opération. Dans un cas j'e trouvai
dans la trompe enlevée un corps gros comme une noisette, qu'au
premier aspect, je pris pour un œuf abortif ou un polype
d*origine choriale ; c'était, comme il ressortit de l'examen micros-
copique, un caillot sanguin. Dans quelques cas, l'extrémité
frangée de la trompe non gravide, ainsi affectée, était entourée
par une sorte d'hématocèle.
« Je vois dans ce processus un état pathologique des trom-
pes, qui existe déjà au moment de la produiction de la gros-
sesse ectopique. 11 y a là une disposition hémorrhagique^ et
même un état inflammateire. C'est seulement l'influence du
processus d'hypertrophie gravidique que met en mouvement
la gestation survenue dans l'une des trompes qui provoque Thé-
morrhàgie au niveau de l'oviducte non gravide.
46 DB LA GR0SSB88B EXTRA-UTBRINB
« Cette disposition hémorrhagique donne alors non seule-
ment lieu à la grossesse extra-utérine, mais représente peut-
être aussi la cause qui, peut-être plus^souvent que les autres
variétés de salpingite et d*endo-salpingite, détermine ou favo-
rise rinterruption prématurée, typique de la grossesse extra-
utérine, Tavortement tubaire. »
Kûstner note qu'il a trouvé, fréquemment, en même temps
que les grossesses ectopiques, des ovaires atteints de processus
inflammatoires chroniques, ceux-ci, vraisemblablement anté-
rieurs à Tectopie gravidique (ovarite corticale, hydropisie folli-
culaire, formations kystiques à contenu séreux). Et que cette
fréquence des états pathologiques des ovaires fortifie cette opi-
nion déjà exprimée par Kossmann, que les ovaires malades
émettent des œufs malades et que ceux-ci ont, de ce fait, une
tendance à se fiocer dans la trompe. Selenka a établi qu'au
moment où il prend racine dans Tutérus, Tœuf est doué d'une
certaine viscosité. Mais que cette viscosité, il ne la possède pas
d'emblée, sans quoi il se fixerait toujours dans Foviducte. L'œuf
est, au moment de la ponte, entouré d'un manteau de cellules
qui meurent graduellement pendant le trajet à travers la trompe.
Que l'œuf soit, dès le moment de la ponte, privé de « revêtement
cellulaire, sa viscosité se manifeste et elle le fixe prématurément,
dans Poviducte. »
Bien entendu, l'auteur accompagne ces considérations de
toutes les réserves qu'elles méritent.
a En beaucoup de cas, ajoute-t-il, on ne trouve pas de pro-
cessus phlegmasiques : ni péri-tubaires, ni tubaires, ni ovari-
ques, au moins à l'examen macroscopique.
« Et cependant, dit-il, ainsi que nous l'avons noté plus haut,
l'inflammation de l'oviducte, de la muqueuse tubaire, est le
processus qui nous fournit l'explication la plus plausible de la
production de la grossesse ectopique. j>
Kûstner rappelle des expériences sur les animaux dont les
résultats négatifs semblaient au moins prouver que, pour la
production de la grossesse extra-utérine, il faut autre chose
que des obstacles mécaniques. Dans ces expériences, il extir-
REVUE GÉNéRALB — LABUSQUIERE 47
pait l'ovaire d'un côté et enlevait la trompe du côté opposé ou
la liait jusqu'à presque la sectionner à son extrémité utérine.
Ces expériences, il les répéta maintes fois, au cours de plu-
sieurs années. Jamais, il ne survint de grossesse extra-uté-
rine et il rapproche de ces expériences, celles de Mandl et de
Schmidt. Ces auteurs commencèrent à étudier toutes les phases
du rut chez les aninaux sur lesquels ils se proposaient d'expéri-
menter. Puis, les femelles ayant été fécondées, ils pratiquaient
la laparotomie au moment où, d'après ce qu'ils avaient appris,
Tovule avait dû recevoir Tempreinte fécondante du spermato-
zoïde, et ils liaient la trompe. Or, ils constatèrent que, jamais,
Tœuf ne se développait dans la trompe. Au contraire, quand ils
liaient une corne utérine, la grossesse survenait, mais dans
cette corne. La conclusion légitime : ce n'est donc pas l'acte
opératoire qui empêche révolution de l'œuf ectopique ; c'est la
muqueuse tubaire, saine, qui est impropre à fournir les con-
ditions nécessaires à cette évolution.
Il faut donc, observe Kûstner, quelque chose de plus, quelque
chose qui fait que les œufs ne meurent pas dans Toviducte et
qui permet la réalisation des conditions nécessaires à leur déve-
loppement, et ce quelque chose réside peut-être dans Vétat in-
fl&mmsitoire de Voviducte . Comment agit cet état inflamma-
toire ? Est-ce en détruisant plus ou moins complètement les
cils de l'épithélium tubaire ou bien cet épithelium lui-même;
est-ce en créant (idée de Webster) un état congestif analogue à
la congestion prémenstruelle de la muqueuse utérine qui rend
cette muqueuse plus apte à l'incubation de l'œuf ?
Ou bien, il peut se produire immédiatement après Tarrivée de
l'œuf dans roviducte,une hémorrhagie intra-tubaire. L'œuf survit
encore quelque temps. Mais l'hémorrhagieoula distension cor-
rélative de la trompe, l'empêche de progresser plus avant, puis
de nouvelles poussées hémorrhagiques causent sa mort. Les
exemples nombreux de salpingite hémorrhagique qu'a obser-
vés Kûstner ainsi que ceux, fréquents aussi, d'interruption extrê-
mement précoce de la vie ovulaire militent, pense-t-il, beau-
coup en faveur de ces interprétations, qui, toutefois) comman«
dent de nouvelles recherches.
48 DE LÀ GROSSESSE EXTRA-UTERINE
Anatomie pathologique. — L'auteur insiste peu sur ce
point et il admet que Tœuf peut se greffer en un point quelcon-
que de l'oviducte, fréquemment dans la région ampuUaire, et
assez souvent dans la portion isthmique, surtout au voisinage
de Tutérus. Les observations ne lui permettent pas d'ai&rmer, à
son tour, la fréquence beaucoup plus grande des grossesses
isthmiques qu'ont signalée Mandl et Schmidt. D'autre part,
parmi le grand nombre des grossesses extra-utérines qu'il a
observées, il n'a pas rencontré un seul cas de grossesse soi"
disant intra-ligamentaire. Sans ennier absolument l'existence,
et acceptant que le hasard a pu faire qu'il n'en ait pas vu, il croit
que des conditions anatomiques spéciales, l'adhérence intime,
par exemple, de la trompe gravide au feuillet postérieur du mé-
sométrium, peuvent faire croire, même à la dissection et à l'exa-
men microscopique, à une grossesse intra-ligamentaire qui
n'existe pas.
Marche de la grossesse extra-utérine. — Kiitsner insiste
particulièrement sur ce fait, d'ailleurs bien connu, que le plus
grand nombre de grossesses extra-utérines ont une terminaison
précoce. Les conditions anatomiques prédisposent singulière*
ment à la mort de l'œuf ; les œufs qui continuent à se déve-
lopper jusqu'à terme ou près du terme, constituent des raretés cli-
niques. Le plus souvent, la greffe ovulaire dans la trompe pro-
voque une hémorrhagie intra-tubaire plus ou moins abondante,
hémorrhagie qui, du coup, peut arrêter l'évolution gravide. L'hé-
morrhagie peut être assez réduite pour distendre seulement
Toviducte, ou assez abondante pour produire, à travers l'os-
tium abdominal, un épanchement intra-péritonéal ou détermi-
ner une déchirure tubaire. De l'abondance de l'hémorrhagie,
de rétendue du décollement chorial dépend l'avenir de l'œuf.
L'hémorrhagie intra-péritonéale peut être diffuse (inonda-
tion péritonéale) ou se faire par petites poussées, circons-
crites. Dans ce dernier cas, grâce à la coagulation et à l'orga-
nisation des couches périphériques, le sang s'isole, s'enkyste
[ces enkystements sanguins correspondent aux hématocèles
utérines deNélaton (1851)]. Telle est la marche de beaucoup la
plus commune de la grossesse ectopique.
REVUE GÉNéRALB. — LABUSQUIÈRB 49
Il est beaucoup plus rare que les hémorrhagies intra-tubaires
du début n'amènent pas la mort de Tœuf, et que Tœuf con-
tinue de croître. Enfin, il est beaucoup plus exceptionnel
qu'aucune hémorrhagie, au moins notable, ne se fasse au ni-
veau de la greffe ovulaire et que la grossesse évolue réguliè-
rement.
En ce qui concerne l'évolution la plus commune de la gros-
sesse ectopique, celle qui est marquée d'accidents dès le
début, Kûstner confirme le fait noté fréquemment par d'autres
auteurs, que Yavortement tubdire est beaucoup plus fréquent
que la, rupture tubaire. Sur 75 cas, il a constaté seulement
16 ruptures de la trompe contre 59 avortements. Les statis-
tiques de Fehling donnent . 9 ruptures pour 71 avortements,
celles de Mandl et Schmit 11 ruptures pour 56 avortements. —
L'exploration bimanuelle, d'ailleurs, ne serait pas étrangère à
l'origine de quelques ruptures.
Les conditions anatomiques,les états inflammatoires de l'ovi-
ducte, sa disposition hémorrhagique, etc., expliquent bien ces
hémorrhagies précoces qui, le plus souvent, enraient, du coup,
l'évolution de l'œuf. D'autre part, les soigneuses recherches
anatomo-pathologiques de Kûhne semblent avoir nettement
établi que, dans la grossesse tubaire, il n'y a pas formation de
caduque réfléchie, ni même de caduque vraie. De ce fait, il y a
défaut de soutien des parois vasculaires et, par suite, disposi-
tion aux hémorrhagies. Toutefois, Kûstner ne croit pas qu'on
soit autorisé à incriminer beaucoup comme cause déterminante
les contractions de la trompe gravide, étant donné l'état de
minceur extrême à laquelle sont réduites en général les parois
de l'oviducte. Il pense également que les douleurs périodiques
qu'on observe au cours de la grossesse extra-utérine sont à tort
rapportées à des contractions de la trompe, et qu'en réalité
elles sont l'expression de la distension tubaire et de poussées
péritonitiqucs.
L'auteur note encore, conformément à un fait déjà signalé
par Fehling et qui ressort nettement des statistiques de cet
auteur, cette particularité : en général, {es hémorrhagies les
plus abondantes accompagnent les ruptures de la trompe ;
A». Dl OYir. — YOL. U2L ^
50 DE LA GROSSESSE EXTRA-UTÉRINE
dans ravortement tubftire, elles sont moins considérables. Mais
il ne faudrait pas vouloir trouver là un signe sûr, absolu, pour
le diagnostic différentiel de la grossesse et de Tavortement
tubaire.
Diagnostic. — Les difficultés dont est souvent entouré le
diagnostic de la grossese ectopique tiennent à ce qu'on est, la plu-
part du temps, forcé de le poser quand ne peuvent pas exister
encore les signes de certitude de la gestation. Passé le cin-
quième mois, la démonstration delà présence d'un fœtus vivant
est en général facile et la narcose permet de vaincre les diffi-
cultés qui peuvent se présenter. Avant le 5* mois, quand la
grossesse n'a pas été troublée soit par Tavortement, soit par
la rupture tubaire, on a, pour asseoir le dignostic, une tumeur
correspondant par son volume à l'âge de la grossesse à côté
ou en arrière de Tutérus, et les données anamnestiques (inter-
ruption des règles, aménorrhée, etc.). L'auteur tient, comme
il y a dix ans, le curage explorateur, fait dans le but de
rechercher les éléments déciduaux, pour inutile et même, jus-
qu'à un certain degré, pour dangereux. Il note une cause d'erreur
qui a été certainement signalée déjà. Quand le col est hyper-
trophié, que la portion supra- vaginale est anormalement longue
et que le corpsde l'utérus parunmouvementde torsion vient à se
placer latéralement, onpeut,àtort, croireàune grossesse extra-
utérine. Les véritables difficultés diagnostiques se rencontrent
quand les signes classiques de la grossesse n'existent pas ou ne
peuvent pas exister, la grossesse ayant subi les troubles indi-
qués, ce qui est le cas le plus fréquent. Ce qu'il faut rechercher
ce n'est pas un produit de conception qui n'existe plus, mais
les modifications anatomiques qu'entraine la greffe anormale
de Tœuf. Tumeur située à côté ou à côté et en arrière de l'uté-
rus, modifications concomitantes des annexes du côté opposé,
possibilité dans certains cas, et alors les difficultés du diagnos-
tic diminuent singulièrement, de constater une tumeur latérale,
qui se poursuit et se continue dans le cul-desac de Douglas
avec une tumeur fluctuante qui peut, en outre, refouler, d'une
manière caractéristique, l'utérus en avant et en haut (signes
typiques de l'hématocèle rétro-utérine).
RKVOB céN^RALE. — LABDSQCiAbb 51
MaÎB, dans la plupart des cas, c«s conditiODS, qui simplifient
le diagnostic, n'existent pas, et l'état constaté à l'exploration
bimanuelle ressemble beaucoup k celui d'une ovaro-salpingite
uni ou bilatérale, quelle que soit du reste la situation deU ou
des tumeurs, par rapport à l'utéms. Les deux mojrens de poser
le diagnostic sont: 1° un examen attentif des anamnestiqnes, et
2° la ponction exploratrice, celle-ci fotimissanl toujours une
cerlaîne quantité de sang ancien, abondante dans le cas d'une
hématocèle; médiocre, faible quand il n'y a eu qu'une petite
bémorrbagie intra-tobaire. Dans ces cas, l'examen microsco-
pique permet de démontrer sûrement qu'on a affaire à du sang
épancbé depuis déjà un certain temps. Il faut savoir toutefois
que même U poTiclion exidoratrice peut induire en erreur.
Ainsi, dans un cas, KOstner avait conclu à l'existence probable
d'une grossesse extra-utérine et il trouva ua énorme hématome
ovarique. Dans dd autre cas, la ponction avait donné issue à
un liquide jaune paille, qui avait éveillé l'idée d'une salpingo-
ovarite avec dégénérescence microcystiqne de l'ovaire. Or, si
cette dégénérescence existait, il y avait aussi grossesse extra-
utérine.
Trattement.— Ktlstner note d'abord que, sur les 107 deniers
cas de grossesses extra-utérines (celles opérées à Breslau), il
n'y a eu que 2 décès, et que sur les opérations faites an cours
des dernières quatre années et demie, pas un seul cas de mort
n'a été enregistré. Donc, une mortalité de seulement 2 pour 100
environ.
Chez t'one des denx femme
tant, U y avait complication
ment de l'opération, existait
stase abdominale. 1,'opéralioi
par péritonite.
Dans le second cas, il s'agt
gue. La mort survint le lei
otriégaéam BrmDtdmes de Tan
52 DB LA GROSSESSE EXTRA-UTERINE
chondres, des quaniilés de sang considérable, restées inaper-
çues à cause, sans doute, de l'emploi de la position élevée du
bassin.
Dans les deux cas, la grossesse n'avait pas subi les acci-
dents habituels qui Tarrétent dans son évolution, le fœtus était
vivant.
A cause de ces faits, écrit Kûstner, cette proposition, soute-
nue à l'heure actuelle de divers côtés, qu'il faut opérer toute
grossesse extra-utérine, serait justifiée pour les raisons
suivantes :
10 Bien que l'issue habituelle de la grossesse extra-utérine
soit la résorption de l'œuf et du sang épanché, cette résorption
est en certains cas extrêmement lente, sûrement plus prolongée
que la convalescence après l'opération.
2° En opérant, on supprime les organes du côté malade, et
du côté opposé on peut, s'il y a lieu, réaliser les opérations plas-
tiques indiquées, en sorte qu'après l'opération les organes
génitaux se trouvent dans un état plus normal.
3° On prévient peut-être la répétition de la grossesse extra-
utérine.
4® Par une opération précoce, on évite la péritonite chroni-
que qui peut avoir son point de départ soit dans la trompe
gravide, soit dans Thématocèle.
Mais à ces raisons, on oppose en faveur d'une pratique
moins active, les suivantes :
1° Avec une oxpectation judicieuse, toute grossesse extra-
utérine dans laquelle, après mort du fœtus à une époque pré-
coce, le processus naturel de guérison s'établit, se termine
presque constamment par la guérison.
2^ La cure non opératoire fait courir encore moins de
danger que la cure chirurgicale.
Et conséquemment, il ne faudrait soumettre à Vopération
que les gi^ossesses extra-utérines qui mettent en danger
la vie d'une femme, soit :
1° Les grossesses extra-utérines non interrompues.
2^ Celles qui du fait soit d'un avortement tubaire, soit d'une
REVUE GÉNéRALB. — LABUSQUIÈRK 53
hémorrhagie de la trompe, se compliquent d'une hémorrhagie
externe mettant la vie en péril.
3^ Les grossesses extra-utérines avec phénomènes de putré-
faction.
Tels sont, dans l'ensemble^ les arguments invoqués par les
divers observateurs pour et contre ces deux règles de conduite
différentes.
Parmi les circonstances de nature à influer sur le choix de
la conduite à suivre, Kûstner insiste beaucoup sur la condition
sociale de la femme. Pour lui, c'est une circonstance très
importante. Il faut opérer la femme pauvre, parce que le repos,
même dans de bonnes conditions hospitalières, est pour elle sou-
vent une grosse perte. Il faut qu'elle puisse vaquer à ses occu-
pations et, de plus, il faut qu'elle soit libérée entièrement de ses
souffrances. D'ailleurs, fait-il observer, c'est peut-être un bon-
heur d'être pauvre sous le rapport du traitement quand il s'agit
de grossess eextra-utérine ; car, à son avis, c'est bien, en général,
le traitement chirurgical qui est le meilleur. Et s'il est, en géné-
ral, bon de protester contre les excè3 opératoires, il y a peut-
être sagesse à ne pas trop réduire les limites du traitement
chirurgical, surtout quand il s'agit de grossesse extra-utérine.
Faut'il opérer par Vabdomen ou par le vagin ? Kûstner,
après avoir mis en évidence tous les avantages de l'intervention
par la voie abdominale (possibilité de faire une revision minu-
tieuse et complète de tous les 'organes génito-pelviens, de
remédier à nombre d'états pathologiques, adhérences, hydro-
salpinx, oblitération de l'ostium tubaire abdominal, etc., etc.)
formule ses tendances dans la proposition suivante : « en
principe, il faut attaquer par en haut toute grossesse extra-
utérine interrompue même pendant les premiers mois — à
des époques plus avancées, cela ressort de soi-même — dès
qu'il y a nécessité à opérer » .
Doivent faire exception à cette règle, les grossesses extra-
atérines ou les hématocèles, siège de processus de putréfaction
ou de phénomènes infectieux. La présence de germes vlru-
lents dans les foyers à traiter, est une contre-indication
54 DE LÀ GROSSBSSB EXTRA-UTERINE
absolue au chou de la voie abdominale. Et Tobservation
des phénomènes cliniques ne suffit pas pour juger de la viru-
lence des lésions. Aussi, Kûstner fait-il^ toujours, faire l'exa-
men du liquide obtenu parla ponction exploratrice, utilisant le
microscope et les procédés de culture. Le résultat est-il posifif,
pas d'opération abdominale, incision par le vagin, et, en géné-
ral, colpotomie postérieure.
*
Nous avons examiné avec un très grand intérêt le travail
d'O. Kûstner. Les points qui nous paraissent en ressortir le plus
vigoureusement sont : 1** Le nombre considérable des gué^
risons, le pourcentage de la mortalité étant tombé à un peu
moins de 2 p. 100 ; 2** Les préférences très nettes de Tauteur
pour la cure opératoire, cure opératoire qui s'impose d'autant
plus qu'il s'agit de femmes appartenant à la classe pauvre;
3^ Ses préférences aussi pour la voie haute, pour l'utilisation
de la voie abdominale qui permet une inspection complète des
organes génitaux internes et une restauration aussi complète
que possible vers l'état normal des organes pelviens, Kûstner
réservant pour la voie vaginale les cas dans lesquels il y a pro-
cessus de putréfaction ou d'infection, invasion des lésions
par des germes virulents ; 4^ L'utilisation systématique pour
l'appréciation de l'état de virulence, indépendamment des
phénomènes cliniques, de l'examen bactériologique du liquide
obtenu par ponction exploratrice (examen microscopique et
cultures). Mais nous avons été un peu surpris de ne pas trouver
de développements sur ce point si important, et qui en pra-
tique donne lieu à tant de surprises, le traitement du sac et de
Tarrière-faix. L'observation en particulier de Routier, présen-
tée par le professeur Pinard, à l'Académie de médecine, est
sous ce rapport si suggestive. Aussi, relit-on avec plaisir et
avec fruit les mémoires si instructifs, avec leurs observations
si minutieuses, du professeur Pinard, et le rapport si clair, si
méthodique, en même temps que d'une lecture si attrayante, de
Segond sur le traitement de la grossesse extra-utérine.
R. Labusquière.
sociiri d'obstétrique, de gynécologie et de pédiatrie 55
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ D OBSTÉTRIQUE, DE GYNÉCOLOGIE ET DE PEDIATRIE DE PARIS
Séance du 3 novembre 1899.
M. PoTOCKi. Rapport sur nne observation de M. Dubujadouz intitulée:
c Dystocie par rigidité dn col. Opération de Porro, sept Jonra après le
début dn travail. Gnérison. t — Il s'agit d'une femme de 25 ans, primi-
pare, à terme, ayant des douleurs depuis sept jours; le fœtus est mort,
les membranes sont rompues, la femme est infectée. Le col rigide a
toute sa longueur. L'indication de vider l'utérus étant pressante
M. Dubujadoux fit une opération césarienne suivie de l'amputation
utéro-ovarique avec pédicule externe.* La seule particularité fut la
difficulté qu'éprouva l'opérateur à extraire la tète du bassin dans lequel
elle était profondément engagée. La femme guérit.
M. PoTOCKi fait, au sujet de cette observation, les deux remarques
suivantes : 1» On ne saurait considérer des signes d'infection com-
mençante pendant le travail comme suffisants pour autoriser une ampu-
tation de l'utérus. 2^ L'obstacle apporté à la dilatation par la simple
rigidité du col, était^il tel qu'on ne pût délivrer la malade par des
moyens plus simples que l'hystérectomie ?
Après ces remeurques préliminaires, M. Potocki reprend l'histoire géné-
rale des rigidités du col. Il met à part les cas de rigidités pathologi-
ques pour concentrer son attention sur les rigidités qui se produisent
pendant le travail et ne sont liées à aucune altération antérieure
du col. A ces cas, le noms de rigidité spasmodique et de rigidité ana-
tomique ont été donnés mais à tort. Il n'y a dans ces cols secondaire-
ment rigides, que de l'infiltration séreuse et sanguine bien mise en
relief par Bouffe de Saint-Biaise et par Wallich. Cette infiltration est
l'aboutissant de la non dilatation du col par inertie utérine. Une fois
constituée, elle crée une dystocie soit définitive, soit temporaire ; dans
cette dernière alternative elle cesse spontanément par la reprise des
contractions et la dilatation normale, par la déchirure de la portion
indurée, ou par l'expulsion de l'anneau de col induré qui se détache
circulairement.
i
56 sociérés savantes
La thérapeutique de ces rigidités est prophylactive on carative. Le
traitement prophylactique c'est le traitement de Tinertie utérine. Il faut
à tout prix conserver la poche des eaux, lutter contre Tinertie par des
bains et des injections très chaudes et au besoin par la dilatation arti-
ficielle du col (écarteur Tarnier, ballon de Ghampetier, suivant que la
tête est ou n'est pas engagée).
Lorsque la rigidité est constituée, il ne faut pas s'en tenir à l'expecta-
tion, il faut intervenir. Les moyens de douceur sont impuissants. Les
incisions sont seules capables de donner un résultat satisfaisant. Les
faits cliniques ont démontré que ces incisions sont sans danger si on
les pratique sur des cols effacés et si on ne les fait pas dépasser
l'insertion vaginale. Si la dilatation a dépassé 2 centimètres, on pourra
faire des incisions de 2 à 3 cent, et on extraira l'enfant Si la dilatation
a moins de 2 centim., on fera des incisions jusqu'à l'insertion vagi-
nale et on abandonnera l'accouchement à la nature.
Ces incisions seront faites au bistouri ou aux ciseaux courbes. EUes
porteront sur les commissures en arrière et en avant, mais en avant il
ne faudra pas dépasser 1 cent, par crainte d'intéresser la vessie.
Si le col n'est pas effacé, une seule ressource reste, c'est l'opération
césarienne que l'on fera par la voie abdominale et que l'on fera suivre
d'une amputation de Futérus à la Porro.
M. Sboond préfère employer en gynécologie opératoire, comme
M. Potocki en obstétrique opératoire, les incisions latérales non dan-
gereuses. Il préfère ces incisions à l'hémisection antérieure.
M. PiNARo croit que dans le cas de M. Dubujadoux, il s'agissait
d'une femme, chez qui la putréfaction du fœtus avait paralysé l'utérus.
M. Pinard insiste sur la cause des rigidités, appelées à tort spasmodique
ou anatomique, auxquelles il préfère la dénomination de rigidité par
infiltration. Contre cette infiltration, l'écarteur Tarnier ne peut donner
de bons résultats ; dans quelques cas, le ballon Ghampetier rendra
service. Gette question mérite d'ailleurs d'être discutée à fond dans la
prochaine séance.
MM. PoRAK et AuDiorr. Rupture incomplète de l'utérus. — Dans un
cas d'hémorrhagie grave par insertion du placenta sur le segment infé-
rieur, chez une femme de 40 ans, XVIpare, M. Porak dut pratiquer la
dilatation forcée du col à l'aide du ballon Ghampetier, dilatation qui fut
pénible, puis une version par manœuvres internes, enfin une basiotripsie
sur la tête dernière. La femme mourut immédiatement après l'interven-
SOCIÉTÉ D*0BSTÉTR1QUE, DR GYNÉCOLOGIE ET DE PEDIATRIE 57
vention. Il y avait une rupture de Tutéras n'intéressant que la mus-
cnleuse, respectant le péritoine. La déchirure mesurait 8 centim. de
hauteur. Elle siégeait au-dessus du col. Le col était intact.
HuTUfBL et Dblbstrb. Les couveuBes aux Enfants-Assistés. — Gr&ce
aux couveuses, on a vu s'abaisser la mortalité des nouveau-nés, pesant
moins de 2,000 grammes, de 66 p. 100 à 36 p. 100. Est-il possible de
diminuer encore cette mortalité ? C'est ce que M. Hutinel s'est proposé
de faire en cherchant à parer aux inconvénients que les couveuses
présentent dans certains cas.
Certains médecins placent dans la couveuse tout enfant qui nait avec
un poids inférieur à la normale. D'autres vont jusqu'à y mettre égale-
ment les nouveau-nés malades, infectés. Il y a là un abus. La cou-
veuse doit être réservée aux prématurés dont la température est
au-dessous de la normale.
Parmi ces enfants mis en couveuse, quels sont ceux qui meurent et
pourquoi meurent-ils?
1<* Les uns ne sont pas encore viables, leurs organes ne sont pas
encore aptes à remplir les fonctions indispensables à l'existence.
2» D'autres présentent des malformations incompatibles avec la vie,
ou sont atteints de tares héréditaires trop profondes.
Dans ces deux cas le rôle de la couveuse est nul.
d^ Certains enfants, qui semblaient bien constitués au moment de la
naissance, tombent malades quelques jours après ; on les met alors dans
une couveuse et ils y meurent.
Dans ces cas encore la couveuse ne peut être incriminée.
4» Mais il reste une dernière catégorie d'enfants qui, bien que pré-
maturés, semblent bien constitués et bien portants quand on les place
dans les couveuses et qui y meurent cependant au bout de quelques
jours. Nous savons actuellement qu'ils succombent à des infections
variées. Ce sont le plus souvent les streptocoques ou le colibacille qui
peuvent être incriminés, mais d'autres agents pathogènes, comme le
staphylocoque, le bacille pyocyanique, etc., peuvent se rencontrer dans
les organes. Les infections se font par les surfaces imparfaitement
défendues des muqueuses, comme par des plaies béantes, si le milieu
extérieur est contaminé. La couveuse ne peut-elle pas être cette fois
mise en cause? N'agit-elle que passivement en permettant aux germes
du dehors de pénétrer jusqu'à l'enfant? Ou a-t-elle encore un rôle plus
actif en favorisant, par sa température élevée et constante, l'éclosion
et la pullulation des germes morbides?
58 SOCIÉTÉS SAVANTES
CSomme Fa dit Bertin dans sa thèse faite dans le service de M. Hatinel :
« La couvense fait réellement partie dn milieu hospitalier ; sioe milieu
est sain, s'il n*est pas encombré, la couveuse pourra être employée
sans danger ; si ce milieu est infecté, on peut dire que la couveuse est
aussi infectée. » Tant vaut le milieu, tant vaut la couveuse. Si Fou
peut, en effet, filtrer Fair qui pénètre dans la couveuse sur de Fouale,
il faudra bien, toutes les deux heures, ouvrir Fappareil pour faire téter
et pour changer Fenfant. D'autre part, Fair n'est pas le seul véhicule
des germes. Il faut compter avec les mains des infirmières et des nour-
rices, qui souvent ont approché ou même soigné des enfants infectés.
Pour ces raisons, M. Hutinel juge la couveuse la plus perfectionnée
impuissante à protéger Fenfant contre les infections du milieu exté-
rieur. Bien plus, il croit qu'étant donné un milieu infecté, Fair sera
plus nocif à l'intérieur de la couveuse que dans la salle elle-même.
Gomment expliquer cette influence nuisible des couveuses ? Peui-
être les germes pullulent-ils davantage à l'intérieur de la couveuse,
où ils trouvent, comme dans une étuve, une température élevée et
constante.
D'autre part, il n'est peut-être pas indifférent à un nouveau-né débile
de passer toutes les deux heures de la température de la couveuse (33^)
h celle de la salle (17<' à 20°). C'est pour remédier à ces variations de
température que l'on a créé les chambres de chauffe. Mais il est dif fi~
elle de maintenir ces dernières dans un état d'asepsie même relative.
La température en est mal supportée par les nourrices, et il faudrait
avoir à sa disposition plusieurs chambres de chauffe, de façon à pou-
voir isoler les enfants qui viennent à s'infecter. D'ailleurs, les préma-
turés i*edoutent moins qu'on ne pourrait le supposer les variatibns de
température, pourvu quelles ne soient pas de longue durée.
M. Hutinel donne la préférence aux couveuses, mais, connaissant
leurs dangers, il a cherché quelle était la meilleure manière de les uti-
liser.
D'ordinaire, une température de 32<' à 33o est suffisante. Le préma-
turé n'est pas un animal à sang froid, c'est un animal à sang chaud
qui ne fait pas assez de calorique. Il règle sa température, mais il ne
Félève pas assez haut. Peu à peu elle montera en suivant une courbe
parabolique absolument caractéristique, presque pareille chez tous les
sujets.
Dès le premier ou le deuxième jour, la température s'élève d'un
degré environ dans les vingt-quatre heures. Les jours suivants, elle
ne monte guère que de 3/4 de degré, puis d'un demi, puis d'un quart.
SOCIÉTÉ D*0B8TÉTRIQUB, DE GYNECOLOGIE ET DE PEDIATRIE 59
augmentant d'antant moins qu'elle se rapproche pins de la normale.
Un fait qni prouve bien que les nouveau-nés règlent eux-mêmes
leur température indépendamment de celle de la couveuse, c'est le
suivant. Les prématurés non viables présentent, peu de temps après
la naissance, des températures très basses, de 21<», 23<>, 25», et, bien
que placés dans les couveuses à 33o ou 3Ô<>, ils ne se réchauffent pas et
meurent.
Pour M. Hutinel le but de la couveuse est le suivant : supprimer
pour les enfants, la lutte contre le froid, pendant le temps qu'ils met-
tent à atteindre la température normale.
Quand la température rectale est arrivée à 37» et s'y est maintenue
pendant deux jours, la couveuse n'est plus utile. L'enfant peut se dé-
fendre lui-même : il suffit de le couvrir assez pour qu'il ne perde pas
inutilement son calorique. Il n'a plus rien à gagner dans la couveuse,
mais beaucoup h y perdre, puisqu'il a plus de chances de s'y infecter.
Enveloppez ses membres d'ouate, mettez-lui des boules d'eau chaude
aux pieds et sur les côtés, et placez-le dans un berceau, et cela dans
une pièce aérée, ensoleillée, dont la température pourra être de 18 à 20<>.
Si l'un de ces enfants tombe malade, il faut, avant tout, l'isoler et
ne pas songer à le remettre en couveuse.
La nourricerie des Enfants- Assistés réunit, maintenant^ la plupart
des conditions favorables à l'élevage des nouveau-nés. Elle est divisée
en quatre salles se faisant suite :
Dans la première sont placés les prématurés bien portants (en cou-
veuse ou berceau) ;
Dans la seconde (salle des douteux), sont mis les enfants présentant
de l'oedème, de l'ictère, des vomissements, de la diarrhée, ou bien
encore des enfants qui se mettent à baisser de poids ou de température,
sans qu'on puisse trouver la cause de cette baisse ;
La troisième salle est celle des infectés (ophtalmie, érysipèle, infec-
tions généralisées, etc.) ;
La quatrième pièce est le dortoir des nourrices, car dans chaque
salle il n'en couche qu'une, surveillant huit enfants environ.
Dès le matin et jusqu'à la fin de la journée les fenêtres sont grandes
ouvertes du côté du soleil et^ si le temps le permet, tous les berceaux
sont sortis et placés dans un petit jardin annexé à chaque salle. C'est
la cure d'air, le sanatorium des nouveau-nés.
Grâce & cette installation, on a vu la mortalité des prématurés dimi-
nuer d'une façon remarquable.
60 SOCIETES SAVANTES
Cette nourricerie fonctioime depuis le mois de mai. 21 enfants, d*iiii
poids inférieur à 2,000 grammes, y ont été soignés, et Ton n*a eu à
enregistrer que 3 décès, ce qui ne donnendt qu'une mortalité de
14 p. 100.
MM. Hutinel et Delestre arrivent aux conclusions suivantes :
La couveuse rend de grands services à condition que Ton suive les
règles suivantes :
1<* Employer un système permettant une désinfection fréquente et
mettant à Tabri des variations brusques de la température ;
2o Veiller à ce que la couveuse soit placée dans un milieu sain ; si
on rinstalle dans un milieu contaminé, les enfants auront bien des
chances pour y mourir ;
3<» Ne mettre en couveuse que les nouveau-nés présentant de
rhypothermie ;
4<* Les retirer dès que leur température rectale s'est fixée à 37<^ ; à
partir de ce moment la couveuse ne présente que des inconvénients.
Alors c'est Pair et le soleil qui conviennent le mieux ;
Ô<> Un enfant infecté ne doit pas être placé en couveuse et il y a sou-
vent avantage à en retirer un enfant qui y devient malade.
M. Lbpagb, partisan de la couveuse à l'hôpital, préfère la chambre
de chauffe en ville. Pour ce qui est de la couveuse, M. Lepage insiste
sur les deux points suivants : 1^ c'est sur la température et non sur
le poids qu'il faut se guider pour mettre un nouveau-né en couveuse ;
2^ c'est immédiatement après la nmssance qu'il faut mettre le nou-
veau-né en couveuse. L'abaissement de température qui se produit
d'emblée, si l'on attend, peut être très préjudiciable au nouveau-né,
malgré les soins ultérieurement pris.
M. Ghampetibr db Ribbs pense, contrairement à M. Lepage, que la cou-
veuse n'a, en ville, que des avantages ; c'est là, en effet, que sa sur-
veillance, par un personnel non surchargé, peut ôtre efficace.
M. Pinard. — La couveuse a été un progrès. Elle a fait disparaître le
sclérème du nouveau-né, par exemple ; mais il ne faut pas croire qu'elle
suffit à guérir toutes les misères du prématuré. Elle a son indication et
sa contre-indication. En ce qui concerne les indications, la température
a une valeur prépondérante.
M. HuTiiiBL pense, comme M. Ghampetier de Ribes, que la couveuse
est supérieure aux chambres de chauffe dans la clientèle de la
ville.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DE GYNÉCOLOGIE ET DE PiEDIATRIB 61
M. Lbpagb. Py61pnéphrite et grossesse. — M. Lepage rapporte deux
ol>servations de pyélonéphrite au cours de la grossesse. La première a
trait à une femme de 24 ans, primipare, qui présenta des symptômes
de pyélonéphrite double non tuberculeuse (douleurs rénales d'abord
k gauche, puis à droite, puis des deux côtés ; fièvre, pyurie). Les pre-
miers accidents apparurent vers le quatrième mois. Ils s'amendèrent
au bout d*une quinzaine de jours pour reparaître un mois plus tard.
Les symptômes s'aggravant h mesure que l'engagement de la tête
s'effectuait^ il fut décidé de provoquer Taccouchement. Le ballon Tar-
nier fut appliqué. L'enfant fut expulsé vivant, il pesait 2,150 gr. Il est
actuellement bien portant. Quant à la mère, elle recouvra rapidement
la santé. La fièvre disparut immédiatement; au bout d'un mois les
urines ne contenaient ni albumine, ni pus. Elle est actuellement bien
portante.
La deuxième a trait à une femme de 20 ans qui présenta au cours de
la grossesse les mêmes symptômes que la précédente. Cette femme n'a
voulu s'astreindre ni au repos au lit, ni au régime lacté . Elle fit un
accouchement spontané prématuré, à 7 mois. L'enfant de 1,360 gr., mou-
rut quelques jours après la naissance. Cinq jours après l'accouchement
la mère avait fait sa défervescence thermique.
M. Lepage fait suivre ces deux observations des réflexions suivantes :
l^ Chez une femme enceinte qui présente de l'hyperthermie avec
accélération du pouls en même temps que des douleurs abdominales
plus ou moins localisées à la région lombaire, il est utile de recueillir
les urines en totalité et d'y rechercher la présence du pus.
2? Lorsque le diagnostic de pyélonéphrite est établi, le traitement
consiste dans le repos au lit, le régime lacté exclusif et la révulsion
sinapîsée au niveau de la région rénale douloureuse. Les injections
vésicales ne sont indiquées que lorsqu'apparaissent des signes mani-
festes de cystite.
3o L'interruption de la grossesse peut être nécessitée quel qu'en soit
rftge par la persistance des accidents fébriles, par le mauvais état géné-
ral de la femme, surtout lorsque celle-ci a suivi rigoureusement le
traitement sus-indiqué.
M. Baudron a observé récemment une femme atteinte de pyéloné-
phrite de la grossesse. Elle a été très améliorée par le traitement médical
et les injections vésicales.
M. Pinard. — La pyélonéphrite, observée au cours de la grossesse,
ne mérite pas le nom de gravidique. Les femmes dont il s'agit étaient
62 SOCIÉTÉS SAVANTES
certainement malades antérieurement de leurs reins. La grossesse
apportant un obstacle mécanique à Técoulement urétéral, détermine
des accidents. Il ne faut pas se presser d'intervenir, car la grossesse
peut aller à terme et alors tous les accidents disparaissent
Séance du i*' décembre 1899.
M. Le Gbudrb. Psoltis et arthrite sacro-iliaque puerpérales tardivas.
— M. Le Gendre rapporte Tobservation d'une femme de 40 ans qni,
cinq semûnes après un accouchement, mourut d'asphyxie aiguë à
marche très rapide (quatre jours). Cette femme, IVpare, était accouchée
d'un macéré de 5,520 grammes. Ses urines étaient très albnmineuses.
Les premiers jours des suites de couches, elle eut quelques élévations
thermiques. Elle reprit ses occupations et se portait bien quand elle
fut prise d'asphyxie aiguë. A l'autopsie on trouva de l'œdème et de la
congestion des poumons. L'utérus semblait macroscopiquement sain.
Du côté gauche, dans la gaine du psoas, se trouvait une énorme poche
de puQ communiquant avec une autre poche dépendant de l'articulation
sacro-iliaque gauche ; ces poches renfermaient deux litres de pus.
M. Le Gendre pense que peut-être, au moment de l'accouchement
laborieux du fœtus volumineux, il s'est produit une diastase des arti-
culations pelviennes qui, en raison du mauvais état général de la
femme, a été le point de départ d'une arthrite secondaire.
M. Ghampbtisr db Ribbs pense qu'il n'est pas besoin d'invoquer une
diastase articulaire ; il s'agit là d'une localisation articulùre à évolu-
tion sourde d'une septicémie puerpérale dont les élévations de tempé-
rature des premiers jours des suites de couches sont la signature. On
connaît bien ces manifestations tardives des infections puerpérales :
la phlébite en est le type.
M. Pinard partage l'opinion de M. Chamoetier sur la pathogénie de
l'arthrite. Ce qui est certain, c'est que cette femme est morte parce
que ses reins étaient malades.
M. Louis GumoN. Fréquence et formes rares de la tétanie infan-
tile. — M. Guinon appelle l'attention de la Société sur le tétanos
et sur le pseudo- tétanos. Ces faits ne sont pas aussi rares qu'on pour-
rait le croire. La rareté des observations publiées tient aux difficultés
du diagnostic. M. Guinon, à l'occasion de deux cas personnels, insiste
sur la symptomatologie des pseudo-tétanos. Ils reproduisent l'allure
SOCIÉTÉ D*OBSTÉTRIQUB, DB GYNECOLOGIE ET DE P^EDIATRIB 63
clinique générale dn tétanos vraii mais à Tinverse de la tétanie ils
respectent le plus souvent les extrémités ; ils évoluent sans fièvre et
se terminent par la guérison.
Sous le nom de tétanos du nouveau-né on a rangé des cas qui doi-
vent être distraits de Tinfection par le bacille de Nicolaler. Parmi ces
états tétanotdes, il en est vraisemblablement qui doivent être de la
tétanie. La tétanie du nouveau-né ne peut pas, en effet, ressembler à
celle de Fadolte ; elle ne peut être localisée, le nouveau-né généra-
lisant toujours ses manifestations nerveuses.
M. Wallich. Discussion dn rapport de H. Potocki sur le traitement
de la rigidité du col. — M. Wallich rappelle qu*il a démontré le pre-
mier que la soi-disant rigidité anatomique da col était due non pas à
une disposition anatomique primitive da col, mais à une infiltration
séro-sanguine secondaire apparaissant au cours du travail. Cette
démonstration était basée sur Texamen histologique d'une calotte de
col rigide expulsée au-devant d'une tète fœtale. iSoc, ohftétr, et
gynéc,, 1890.)
Cette rigidité, dite anatomique, serait mieux nommée rigidité par
infiltration . Elle est secondaire ; il faut donc surtout s'attacher à la
prévenir, en suppléant les agents de la dilatation en défaut, en luttant
contre Tinertie utérine, en dilatant artificiellement le col avant qu'il
ne soit infiltré.
Lorsqu'on est appelé à lutter contre cette rigidité par infiltration,
pourquoi ne commencerait-on pas par sacrifier le col et le malaxer de
façon à l'exprimer Y En cas d'échec, une incision latérale créerait une
large scarificaUon, un agrandissement de l'orifice, et serait peut-
être moins chargée d'inconnues que les incisions rayonnées en tous
sens.
M. Varhibr discute l'utilité et la tecnique des incisions dans le trai-
tement de la rigidité du col par infiltration.
0 est exceptionnel que l'on soit obligé d'intervenir chirurgicalement
contre cette rigidité ; souvent, de simples mouchetures suffiront. Si
Ton a la main forcée, on pourra avoir recours aux incisions, mais il est
inutile d'avoir recours aux incisions rayonnées de D&rrhsen, aux
incisions multiples conseillées par Potocki. Deux incisions latérales
suffisent. Quelle sera leur étendue ? 11 faut prendre un point de repère
anatomique et ne pas dépasser l'insertion vaginale. Dans ces limites
l'incision sera suffisante. En effet, les anneaux cervicaux qui, sponta-
64 SOCIÉTÉS SAVANTES
ment expulsés dans quelques cas, ont permis Taccouchement sans
intervention, représentent le museau de tanche.
Que Torifice soit punctiforme, égal à 2 francs ou à 4 centimètres,
Tanneau expulsé a au maximum 3 centim. de rayon, c'est-à-dire qu'au
point de vue des dimensions, il correspond à la portion vaginale du
col effacé. C'est ce qu'a d'ailleurs histologiquement démontré Wallich.
Inutile donc de dépasser chirurgicalement les limites qui suffisent à la
nature, d'autant que cette pratique ne serait pas sans danger.
M. DoLÉRis a, depuis longtemps, insisté sur les caractères cliniques
de ce bourrelet d'infiltration qui constitue la rigidité dite anatomique
du col ; il en a indiqué la cause, l'inertie utérine ; il a montré comment,
avec le sulfate de quinine, administré dès le début de cette infiltration,
on pouvait, en activant le travail, l'empêcher de devenir une cause
sérieuse de dystocie. Les cas de dystocie par rigidité sont d'ailleurs
très rares. A ces cas peuvent convenir de franches incisions suivies de
sutures.
M. Lbpage croit que ces cas ne sont pas si rares qu'on le croit, et
beaucoup doivent passer inaperçus parce que de grandes déchirures
ont permis l'accouchement, déchirures qu'il eût été plus sage de pré-
venir par des incisions précoces.
M. PoTocKi est d'avis que les cas de rigidité réclamant une interven-
tion sérieuse sont rares. Ces cas doivent être traités par des incisions.
En les limitant à la partie du col qui est infiltrée on est sur de ne pas
aller jusqu'à la zone dangereuse, car cette infiltration ne s'étend jamais
jusqu'à l'insertion vaginale.
M. Pinard ne conseille pas d'employer les incisions dans les rigidités
pathologiques, surtout les rigidités par cicatrices. Dans la rigidité du
col par infiltration, il ne les proscrit pas, mais pense qu'on en a très
rarement besoin. Les injections chaudes sont un moyen puissant de
lutter contre ces infiltrations au début et suffisent le plus souvent. Si
l'on se résout à faire des incisions on ne devra pas dépasser les inser-
tions vaginales, limite que l'infiltration ne dépasse d'ailleurs pas.
M. DoLÉRis. Appareil à irrigation continue. — C'est un appareil qui
permet de faire, sous un courant de liquide antiseptique, les opérations
qui portent sur la région vulvo-périnéale, sur la région et le col. Il
se compose : !<> D'une sorte de tablier métallique formé de pièces
articulées en queue d'écrevisse.
2^ D'un conduit terminé supérieurement par un teton où s'adapte le
BIBLIOGRAPHIE 65
tube en caoutchouc d'un vaso à irrigation muni d'un robinet. Ce con-
duit se termine intérieurement en une sorte de rampe creuse à trous
filiformes, qui constitue le bout inférieur de l'appareil.
C'est par cette rampe que se distribue, sous forme d'une nappe qui
ruisselle continuellement sur le champ opératoire, le liquide aseptique,
eau bouillie, eau boriquée.
BIBLIOGRAPHIE
Annales delà Société obstétricale de France; compte rendu de la
septième session. Paris, 1899, 0. Doin, édit.
Les communications contenues dans ce volume sont nombreuses,
entre autres : recherches nouvelles sur l'ovogenèse (Eeif fer) ; recherches
sur le placenta (Delore) ; considérations sur le bassin du nouveau-né
(Bouchacourt et Brindeau) ; la loi d'adaptation utéro-placentaire
(Fournier) ; de la toxicité urinaire pendant la grossesse et les suites
de couche (Labadie-Lagrave, Boix, Noé et L. Banet) ; extraction de
rarrière-faix après avortement (Ghavanne) ; classification des rétré-
cissements du détroit supérieur (Fochier) ; de l'ostéomalacie (Bossi) ;
communications multiples sur la symphyséotomie, l'opération césa-
rienne (Herrgott, Fochier, Charles, Bar, etc.); dystocie par rétrac-
tion exagérée de l'anneau de Bandl (Bué); considérations sur la
septicémie puerpérale (Macé) ; application de la kinésithérapie à l'obs-
tétrique (Stapfer) ; communications sur le forceps (Loviot^ Demelin),
etc, etc. R. L.
Théorie et pratique des accouchements en tableaux synoptiques.
D' P. Bouquet, 1900.
< J'ai, écrit l'auteur, employé la forme synoptique parce qu'elle me
paraît répondre absolument un but que je me suis proposé.
« Ce bçt a été, non psis de faire un précis d'accouchement, mais de
mettre entre les mains des élèves, aussi bien étudiants que sages-
femmes, un livre qui leur permet de revoir chaque question dans tous
ses détails en quelques instants. •
De fait, la lecture de plusieurs chapitres nous a permis de constater
que l'auteur a employé tous ses soins à réaliser le but visé. R. L.
iinr. m otr — vol. un. 5
66 DIBLIOGnAPHIE
Do la ligatoro on du pincement des utérines dans le traitement des
ûbromes, par G. Gaffard. Thèse de Lyon, 1899.
Api'ès une courte <^tude anatomique des artères utérines, dans laquelle
d*aiUours il se raugi^ absolument aux conclusions de P. Fredet, Fauteor
n^siuuo rapideiueut Thistorique de la question, bien étudié dans ce
roiHioil i)ar Hartmann et Fredet. Puis il aborde le manuel opératoire,
diVrlvant les procédés abdominaux (Gubaroff, Altuchoff) et les
procédés vaginaux (Dorsott, Gottschalk et Martin) ; il donne la
préférence à ces derniers procédés ; il préfère également la ligature
au pincement, la première étant un procédé moins aveugle et partant
plus chirurgical ot plus parfait dans ses résultats.
Les observations qui suivent sont en partie empruntées aux auteurs
qui 80 sont oocu|>és de la question dans ces dernières années (Martin
ot Gottschalk) en partie originales ; ces dernires dues surtout à Gon-
damin ot (\ GouUioud.
D'après ces faits, il termine en disant que la ligature des utérines a
comme résultat : Tarrèt des hémorrhagies, la régression manifeste de
Tutérus et une diminution constante de Thystérométrie ; la régression
et parfois même la disparition des tumeurs. Enfin la mortalité de cette
intervention étant jusqu'à présent nulle, elle est toujours recomman-
dable, ne serait-ce que comme traitement d'attente.
P. LBC&lfB.
Ueber epitheliale Gebilde im Myometrinm des fœtalen nnd Und-
lichen Utérus einschliesslich der Oartner'shen Oanges, par Robbet
Mbybr. Kargor, éditeur, Berlin, 1899.
Dans ce travail, Meyor s'attache h rechercher les glandes et les
kystes glandulaires du muscle utérin sur des utérus d'enfant ou de
fœtus. Il étudie plus complètement qu'on ne l'avait fait avant lui lesdébris
épithéliaux, vestiges du c^nal de Wolff qu'on trouve dans le muscle uté-
rin et qu'on décrit sous le nom de canal de Gartner. En même temps
il refait une étude du canal de Gartner et des débris du canal de Wolff
qu'on i)eut rencontrer dans le ligament large ou les annexes et qui
sont le point de départ de productions kystiques.
Nous no pouvons analyser complètement ce travail, riche de docu-
ments. Nous rappellerons seulement que deux fois l'auteur a trouvé
des débris de l'époophoron dans la paroi delà trompe, que dans le corps
de l'utérus il a trouvé souvent des glandes muqueuses contrairement
à l'opinion classique, que dans le corps utérin il a constaté des débris
BIBLIOGRAPHIE 67
de muqueuse qui lui semblent avoir pour point de départ des débris
du canal de Mûller détachés au moment de leur fusion , etc.
De nombreuses figures, les unes intercalées dans le texte, les autres
tirées en planches à part, toutes bien exécutées, permettent de suivre
les descriptions. L'ouvrage se termine par un index des travaux
publiés sur la question.
Les productions pèdiculées du ligament large (Die gestielten
Anhfinge des Lîgamentum latum), par Emilb Rossa. Karger, éditeur,
Berlin, 1899.
Les recherches de Fauteur le conduisent aux conclusions suivantes :
Les productions pèdiculées du ligament large sont extrêmement fré-
quentes (1/5 des femmes), aussi bien chez les nouveau-nés que chez
les adultes et même chez des fœtus de 4 mois. Elles sont toujours
implantées à la face antérieure du ligament large ; le plus souvent au-
dessus du parovarium. On peut en distinguer deux formes, les unes
kystiques, les autres pourvues d'une lumière (trompes accessoires).
Dans les premières il s'agit d'une cavité revêtue d'un épithélium
cylindrique ; dans les secondes on trouve des franges revêtues d'épi-
thélium cylindrique circonscrivant l'orifice d'un pavillon. Les produc-
tions kystiques proviennent le plus souvent du parovaire par pédiculi-
sation et dilatation d'un de ses tubes pendant la période fœtale, ou bien,
à une époque ultérieure, de tubes du parovaire dilatés^ ayant usé le
feuillet antérieur du ligament large et qui sont devenus extra-liga-
mentaires.
Un petit nombre des productions kystiques doivent être regardées
comme des franges pèdiculées contenant des inclusions épithéliales.
L'origine des productions pourvues d'un pavillon et ouvertes n'est pas
encore certaine. Ce sont probablement des reliquats des tubes du
pronephros ; on peut encore les rapporter à des invaginations patho-
logiques de l'épithélium du cœlome, ou bien encore à la rupture d'une
production kystique .
Influence de la profession sur le développement des déviations
utérines et des annexites chroniques (Uterusretroversionen und chro-
nische Adnexentzûndungen in Folge kôrperlicher Anstrengungen),
par Camillo Fûrst, in Sammlung klin. Varirage^ Breitkopf, éditeur,
Leipzig, 1899, n« 253.
Dans ce travail, Fûrst étudie l'influence des professions diverses, et
68 BIBLIOGRAPHIE
dans ces professions mêmes, des attitudes corporelles, sur le dévelop-
pement et le pronostic des déviations utérines et des affections chro-
niques des annexes, n passe ainsi en revue les attitudes prises par les
servantes, les teinturières, les tisserandes, les employées de fabriques
de papier, les imprimeuses, etc.
n en tire des conclusions, d'ailleurs très discutables, sur la produc-
tion des déviations et surtout des annexites chroniques.
P. LscàNB.
Lehrbnch derHebammen Knnst, par Schultzb, Leipzig, 1899.
Ce précis d'obstétrique destiné aux sages-femmes en est à sal2<: édi-
tion. Les points sur lesquels Schultze a concentré son attention sont,
d'une part, les avantages de l'exploration externe comme méthode
d'examen des femmes en couches ; d'autre part, les détails des règles
d'antisepsie que les sages-femmes doivent observer.
Les altérations des annexes dans les fibromes utérins (Le altera-
zioni degli annessi nei fibromiomi dell' utero con spéciale riguardo
alla tuba uterina), par Yingerzo Greco. Palerme, 1899.
Travail d'anatomie pathologique reposant sur 21 observations
personnelles, accompagné de bonnes planches. Les altérations de la
trompe consisteraient principalement en hypertrophie de la muscu-
laire et de la muqueuse ; quelquefois même il y a simplement hyper-
plasie de la muqueuse. En môme temps on trouve souvent des
processus inflammatoires (catarrhe, plus rarement suppuration). Quel-
quefois, on observe une alrésie de la partie utérine de la trompe.
L'ovaire est ordinairement augmenté et contient de petits kystes,
quelquefois on peut y rencontrer de petits foyers purulents.
Histologiquement il y a augmentation de nombre et de volume des
vûsseaux avec prolifération du tissu conjonctif ou stroma de l'ovaire.
Ces altérations conduisent h la diminution de nombre et même à la
disparition des vésicules de Graaf, à la transformation microkystique
de l'organe et à la production de corpora fibrosa, dus h la dégénéres-
cence hyaline des vésicules de Graaf.
GYNÉCOLO<;iB 60
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IMPRIMERIE A.-Q. LKMALE, HAVRE
FÉVRIER 1900
INDICATIONS OPERATOIRES
BANB LB8
CAS DE FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE (1)
PftrM. H. Delagéniére (du Mans).
II n*est pas rare de fie trouver en présence de grossesse évo-
luant dans un utérus fibromateux. Dans quelques cas même,
c'està peine si la grossesse peut être considérée comme une com-
plication, Taccouchement pouvant se faire, pour ainsi dire, nor-
malement. C'est que de nombreux facteurs entrent en ligne de
compte et modifient, selon leur importance respective, les don-
nées du problème. C'est ainsi qu'un fibrome pédicule sur le col
ou sur le fond de Tutérus n*entravera pas la grossesse. De même,
le volume de la tumeur présente une importance très grande. Un
petit fibrome interstitiel sera habituellement sans importance,
tandis qu'un gros fibrome empêchera Taccouchement.
Il faut aussi tenir compte du siège de la tumeur par rapport
à la ceinture osseuse dubassin, du point d'insertion du placenta,
de rage du fœtus, de sa vitalité, de sa présentation, etc.
Il en résulte que le chirurgien appelé à donner ses soins à
une femme enceinte atteinte de fibrome doit avoir, sur la ques-
tion, une opinion arrêtée sous peine d'être exposé à perdre un
temps précieux, ce qui aura pour conséquence la mort du fœtus
ou même encore celle de la mère. Mais pour se faire une opinion
il nous paraît indispensable d'étudier d'abord les moyens dont
nous pouvons disposer pour mener les choses à bien.
(1) Gommuaication à la Société d' obstétrique ^ de gynécologie et de padiu"
trie de Parti,
AHV. DM OTH — TOL. UXL 6
82 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
La première idée qui se présente est de pratiquer l'avorte-
ment ou raccouchement provoqué, d'arrêter dans son cours
cette grossesse cause de tout le mal, on de la terminer avant
Tapparition des accidents. L'utérus devenu vide se trouvera
dans les même conditions qu'avant la grossesse; ce sera tou-
jours un utérus fibromateux exposant la malade aux accidents
des fibromes ordinaires, mais la grave complication de la gros-
sesse sera écartée.
Malheureusement, cette conception simpliste n'a pas donné,
dans la pratique, les résultats qu'on pouvait en attendre. D'après
Pozzi, sur 147 cas réunis par Susserott, il y aurait eu une mor-
talité de 53 pour 100 pour la mère, et de 66 pour 100 pour les
enfants. Ces chiffres sont assurément exagérés, car les obser-
vations dont il s'agit sont antérieures à 1870, c'est-à-dire à l'ère
antiseptique. Or, sur ces 147 cas, il y a eu 20 applications de
forceps, 20 versions et 21 délivrances artificielles, ayant donné
33 morts pour la mère et 30 morts pour le fœtus, proportion qui
ne serait certainement pas atteinte aujourd'hui que les méthodes
aseptiques et antiseptiques sont connues et appliquées. Néan-
moins, cette statistique de Susserott, même modifiée et amé-
liorée, reste écrasante pour la méthode d'avortement et de
l'accouchement provoqué. Du reste, une statistique toute récente
(1895) de Kirscheimer, relatée par Kelly, accuse une mortalité
de 40 pour 100 pour la mère dans l'accouchement ou Tavorte-
ment provoqué. On doit donc renoncer à cette méthode et la ban-
nir absolument. Elle est considérablement plus grave pour la
mère et pour l'enfant que les opérations radicales telles que
l'opération de Porro, Thystérectomie totale, qui, au premier
examen, pourraient paraître plus sérieuses.
En vain pourra-t-on objecter qu'avec des précautions antisep-
tiques rigoureuses on aura des résultats meilleurs ; nous répon-
drons qu'en dehors des accidents infectieux immédiats il est
une foule d'accidents impossibles à prévoir. L'insertion infé-
rieure du placenta (obs. IV) pourra amener une hémorrhagie
mortelle ou très grave. Le môme accident sera à craindre si le
placenta s'insère sur la zone occupée par la tumeur; après
J
DELAGéNiÈRB 83
raccouchement, la rétraction du tissu utérin ne pourra pas se
faire et rhémorrhagie sera terrible. L'introduction de la main
pour faire la version (obs. 1) ou du forceps pour saisir la tète
pourront causer la rupture de la matrice entre deux tumeurs
fibreuses d*après un mécanisme analogue à celui qui a provoqué
réclatement de Tutérus chez notre malade de l'observation 1 .
En un mot, la malade est exposée à un grand nombre d'acci-
dents prévus ou imprévusqui doivent faire délaisser absolument
la méthode de la délivrance par les voies naturelles.
Nous devons examiner maintenant les autres modes d'inter-
vention. Les uns se proposent de s'attaquer directement aux
fibromes pour laisser évoluer la grossesse normalement; les
autres laissent aller la grossesse aussi loin que possible et
interviennent alors pour supprimer la matrice en tout ou par-
tie après avoir délivré la femme par la voie abdominale.
Intervention sur le fibrome seul, — Ces interventions ne
sont autres que des myomectomies ; mais, en raison des nom-
breuses variétés de fibromes que l'on peut rencontrer, ces myo-
mectomies peuvent présenter entre elles des différences consi-
dérables. Nous n'insisterons pas sur les ablations faciles et
inoffensives des polypes implantés sur le col. Le fibrome inters-
titiel du col, présentant un volume capable de gêner l'accouche-
menty sera plus difficile à extirper ; cependant, son énucléation,
faite avec méthode, sera toujours inoffensive pour la mère et
pour le fœtus.
Restent les myomectomies abdominales. Ces opérations pré-
sentent trois variétés importantes à étudier au point de vue du
pronostic opératoire :
1^ La tumeur est pédiculée sur le fond de l'utérus. Dans ce
cas l'extirpation, après ligature du pédicule, ne présente
aucune difficulté et l'opération sera peu grave.
2? La tumeur est sessile ou largement implantée (obs. II).
L'énucléation, dans ce cas, comporte des manipulations lon-
gues, des ligatures, des sutures compliquées et minutieuses;
elle fait courir des risques de blesser l'œuf; en un mot, par sa
technique compliquée, elle fait courir à la malade les plus
84 FIBnOMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
grands risques d'infection, et, pour le fœtus, les plus grands
risques d'avortement.
3^ La tumeur est incluse dans le ligament large. Dans ce cas
intervient, au point de vue de la technique, un nouveau facteur,
celui de Tâge de la grossesse, pans les premiers mois, quand
l'utérus sera peu volumineux, facile à mouvoir, à sortir dehors
par la plaie abdominale, Ténucléation du fibrome intraliga-
mentaire sera facile ; Topération est simple et, par suite, pea
grave. Mais si l'utérus a acquis un certain volume, à partir du
sixième ou septième mois, l'opération sera beaucoup plusdiffi*
cile, plus compliquée, partant plus grave pour la mère, à
laquelle elle fera courir plus de risques d'infection, et aussi
pour le fœtus, qui sera plus exposé à l'avortement par suite
des manipulations prolongées et des traumatismes de la ma-
trice gravide.
Il résulte de cet exposé de faits que la myomectomie abdo-
minale ne serait Topération de choix que dans les cas de fibrome
pédicule sur le fond, et de fibrome intraligamentaire dans les
premiers mois de la grossesse. Dans le premier cas, la morta-
lité serait de 18,87 pour 100 d'après Kirscheimer. Dans le
deuxième, Fopération ne semble pas présenter une gravité
particulière puisque, sur trois cas seulement que nous connais-
sons (cas de Guiard, de Frommel et de Taylor), il y eut trois
guérisons avec continuation de la grossesse.
Interventions sur Vutérus. — Ces opérations ont pour but
de délivrer la femme, et en même temps de la débarrasser de
son utérus. C'est la méthode radicale. Si Tenfant est vivant et
viable, Topération se complique de la section césarienne, tan-
dis que si Tenfant est mort ou non viable, il s'agira d'une hys-
térectomie supra-vaginale simple ou d'une hystérectomie totale.
En faisant abstraction de la section césarienne, nous devons
envisager comme pour les fibromes de Tutérus :
1^ L'hystérectomie supra-vaginale avec pédicule extérieur,
ou, suivant qu'il y a section césarienne, l'opération de Porro
(obs. V). Mais cette méthode expose aux dangers du pédicule.
i
DBLAGBNIÈRB 85
BUe est difficilement applicable lorsque les fibromes siégeât au
niveau du segment inférieur ;
2^ L*hystérectomie supra-vaginale après ou sans section
césarienne. Cette opération n*est, en somme, que la modifica-
tion adoptée pour l'hystérectomie totale abdominale lorsqu'il
y a intérêt à ne pas ouvrir le vagin plus ou moins infecté ;
3^ L'hystérectomie totale, qui présente l'avantage de suppri-
mer la totalité du col.
En somme, ces trois méthodes radicales peuvent se con-
fondre ensemble, bien que les deux dernières méritent la pré«
férence. La mortalité dans Thystérectomie totale ou supra-
vaginale chez la femme enceinte ne paraît pas plus élevée que
dans l'opération césarienne ordinaire, lorsque l'utérus peut
ôtre laissé en place. En 1894, Stavely comptait 17 cas opérés
depuis 1889 avec une mortalité de 11,75 pour 100 seulement
pour la mère.
Ce chiffre a une certaine éloquence si on le compare aux
40 pour 100 àe morts dans les cas où l'accouchement ou l'avor-
tement sont provoqués, et il nous semble de nature à devoir
entraîner la conviction.
La première difficulté pratique qui se présente lorsqu'on
observe un cas de fibrome utérin compliqué de grossesse est
de discerner les cas entre eux et de savoir conseiller l'abstention
de toute intervention chirurgicale, ou, au contraire, poser les
indications de telle ou telle opération.
Deux existences sont en jeu, la sagacité du médecin ne sau-
rait être trop grande. Nous allons exposer notre façon de
procéder. Nous avons suffisamment démontré l'infériorité, à
tous points de vue, de Tavortemeot et de l'accouchement pro-
voqués, pour ne pas y revenir : dans aucun cas on ne doit y
avoir recours. La première question que nous nous posons
est la suivante :
Doit'^n attendre^ surveiller la malade, et laisser aller la
grossesse jitsqu'à terme? — Si la grossesse, quel que soit son
âge, n'a jamais rien présenté d anormal dans sa marche ; si
les fibromes sont petits ; ou bien si, d'un volume moyen ou
86 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
même considérable, ils sont situés dans une zone de tolérance
comme le fond de Tutérus ; en un mot, si la grossesse et Fac-
couchement nous paraissent devoir se faire normalement, noas
n'hésitons pas à déconseiller toute intervention et à laisser
marcher la grossesse, quitte à intervenir en cas d'accident
imprévu.
Quels sont maintenant les accidents qui doivent déter"
miner le chirurgien à agir ? — Par ordre de fréquence, nous
signalerons les douleurs parfois très vives occasionnées par la
compression des organes pelviens ; par la tumeur, surtout
lorsqu'elle est incarcérée dans le petit bassin. La compression
des uretères et de la vessie, du rectum lorsque la tumeur est
située dans le segment inférieur de Tutérus, seront des indi-
cations absolues. 11 en sera de même des accidents qui peu-
vent arriver au fœtus, hémorrhagie par insertion inférieure du
placenta, apoplexie placentaire amenant la maladie, puis la
mort du fœtus, etc.
L'intervention étant décidée, quand doit-on'agir sur le
fibrome seul pour permettre à la grossesse d'évoluer? —
Les fibromes du col proéminant dans le vagin, s'ils sont pédi-
cules ou sessiles, peuvent être enlevés sans danger pour la
mère ni pour le fœtus. On devra donc les enlever chaque fois
qu'on en trouvera.
Si les fibromes présentent une évolution abdominale, le chi-
rurgien devra être plus circonspect, il se rendra compte d'abord
du nombre des fibromes. 11 est évident qu'en présence d'un
utérus farci de fibromes la méthode conservatrice devra être
rejetée. Elle sera, au contraire, indiquée dans les cas de fibrome
unique, lorsque ce fibrome pourra anatomiquement s*enlever
sans modifier la vitalité de l'utérus ni compromettre l'œuf. Tels
seront les fibromes pédicules au fond de l'utérus, les fibromes
inclus dans le ligament large. Kelly a enlevé avec succès com-
plet quatre fibromes sessiles au cours de la grossesse; mais cette
opération n'est pas exempte de gravité, ainsi que le démontre
notre observation II. Dans des cas semblables, Tablation totale
est plus logique.
DBLAGÉNIÈRB 87
Quand doit-ouj en enlevant le fibromey enlever aussi Tuté-
rus ? — L'utérus doit être sacrifié dans tous les cas pour lesquels
une intervention est nécessaire et qui ne rentrent pas dans une
des catégories précédentes. Nous énumérons les principaux de
ces cas :
Lorsque l'utérus est rempli de fibromes dont l'évolution a
déjà compromis la grossesse en cours, on ne doit pas hésiter à
le supprimer ; l'accouchement, dans ces cas, se fera dans des
conditions anormales, faisant courir les plus grands risques à
la mère et à l'enfant. Si même la délivrance se fait heureusement^
la mère sera de nouveau exposée aux mêmes accidents dans
l'hypothèse possible d'une nouvelle grossesse.
La mort, ou seulement l'état de souffrance du fœtus, seront
une indication absolue, surtout lorsque la tumeur fibreuse étant
située dans le segment inférieur viendra s'opposer à Fexpul-
sion du fœtus mort, exposant ainsi la mère à l'auto-infection
(obs. III).
Enfin, et surtout, il faudra recourir à la laparotomie toutes
les fois que Tenfant est vivant et viable. En agissant ainsi, la
vie de l'enfant sera sûrement conservée sans faire courir à la
mère un danger plus grand que par un accouchement normal
parles voies naturelles (obs. lY). On aura, en outre, la possibi-
lité de recourir à i'énucléation simple du fibrome après la section
césarienne si les parties le permettent.
Enfin, les cas de tumeurs malignes concomitantes sont une
indication précise à la suppression totale de l'organe.
Uutéras deoa.ni être sacrifié, quelle est la méthode de
choix? — Trois opérations doivent atteindre le but : ce sont
Topération de Porro, l'hystérectomie supra-vaginale et Thysté-
rectomie abdominale totale. Nous n'avons pas même signalé
l'hystérectomie vaginale, car, dans aucun cas, elle ne nous
parait devoir être indiquée, même si le fibrome est moyen et la
grossesse de moins de quatre mois. Et cela pour deux raisons
principales : la première est que toute intervention conserva-
trice serait fatalement impossible, tandis que la laparotomie,
en permettant une exploration précise, rendra possibles les ten-
}
88 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GR086BSBB
tatives de conservation ; la seconde, c'est qu'elle expose la femme
à des hémorrhagies graves, en provoquant le décollement du
placenta pendant les premiers temps de l'opération, surtout si
les fibromes sont situés dans le segment inférieur.
L'opération de Porro, que nous avons cependant pratiquée
avec un plein succès (obs. V), nous paraît très inférieure à l'hys-
térectomie totale ou à Thystérectomie supra-vaginale. Le pédi-
cule peut être difiicile à former ;' il peut, s'il s'agit, comme chez
notre malade, de fibromes du segment inférieur, exposer à lais-
ser en place les fibromes. Enfin, l'opération expose à tous les
dangers des pédicules extérieurs.
Nous n'hésitons donc pas à donner la préférence aux deux
autres méthodes, qui trouvent ici leurs indications respectives,
comme chaque fois qu'il sera question d'enlever un utérus. Si
le dame vaginal peut sans inconvénient être laissé en place, on
doit préférer cette façon de faire qui présente les avantages de
simplifier l'opération, de réduire au minimum les chances d'in-
fection par le vagin et qui, pour l'avenir, laisse à la femme un
vagin normal. Mais le dôme vaginal avec un petit segment du
col ne peut pas toujours être laissé en place impunément
lorsque, par exemple, cette portion du col est infectée ou seule-
ment suspecte, comme ce sera le cas si la malade a subi plu-
sieurs examens, si le travail est commencé depuis un certain
temps, et surtout si la poche des eaux a été rompue. Dans ces
conditions, on devra sans hésiter pratiquer l'hystérectomie abdo-
minale totale.
Obs. I (1). — Rupture (Tun utérus fibromateux pendant une version; hys»
térectomie abdominale totale. Mort. — La nommée Marguerite R.. ., ftgée
de 24 ans, nous est adressée par MM. Mélisson et Vincent, du Mans.
Cette jeune femme, enceinte de sept mois, est prise, le 12 mai 1897,
dans la matinée, des symptômes précurseurs .de l'accouchement. On
prescrit le repos au lit, mais les symptômes s'accusent, le col s'en-
tr*ouvre, et, malgré le volume peu considérable du fœtus, rengagement
(1) N» 2107 de la statistique générale. Rédigée d'après des notes par mon
interne, M. Meyer. ' vi.*.
DELAGÉNIÈRE 89
ne 86 fait pas. La poche des eaux se rompt dans la journée, et les
médecins peuvent constater qu'il s'agit d'une présentation du plan
latéral gauche. A six heures du soir, la malade est anesthésiée, et une
version est pratiquée avec toutes les précautions habituelles. L'enfant
extrait est petit, mort depuis quelques jours déjà ; on délivre la malade
par expression et tout parait être rentré dans l'ordre. Cependant, au
toucher, on croit sentir encore des membranes ; on exerce de légères
tractions ; mais, comme elles résistent, on se contente de faire un pan-
sement de la vulve pour éviter l'infection.
Le lendemain matin, le pouls est petit ; il y a eu, dans la nuit, des
vomissements fréquents ; le ventre est douloureux et ballonné, n s'est
écoulé peu de sang dans le pansement ; mais, en examinant les mem-
branes, on s'aperçoit qu'il s'agit d'une frange de l'épiploon engagée
dans une large rupture de l'utérus.
En présence des symptômes d'infection péritonéale, on conseille
inimédiatementla laparotomie suivie de Textirpation de l'utérus rompu.
La malade est transportée à la Clinique dans la journée, et elle est
opérée dès son arrivée.
Opération, le 13 mai, à 4 heures du soir (vingt-deux heures environ
après la rupture de l'utérus) .
Le vagin et la paroi abdominale ont été désinfectés avec le plus grand
soin.
Je suis assisté par mes confrères, MM. Mélisson et Vincent, et par
mon interne, M. Meyer.
A Touverture du ventre, on trouve un liquide sanguinolent peu abon-
dant, mais dans lequel baignent les anses intestinales.
L'épiploon apparaît bleu ardoisé ; on aperçoit dans son épaisseur les
veines thrombosées, comme si elles étaient injectées avec une matière
eoagulable. Les thromboses veineuses remontent jusqu'à l'estomac.
En suivant l'épiploon on arrive, à gauche, un peu sur la face anté-
rieure de l'utérus, à une rupture qui a ouvert le cul-de-sac vésico-utérin
dans une longueur de 4 centimètres environ. C'est par cette échancrure
péritonéale que s'est engagé l'épiploon.
L'utérus est volumineux et présente deux tumeurs fibreuses intersti-
tielles, peu volumineuses et insérées sur le fond.
C'est entre les deux saillies formées par ces tumeurs que se termine
la rupture (voir la figure ci-contre).
L'épiploon est réséqué aussi haut que possible, sur quatre ou cinq
pédicules à la soie.
90 FIBROMES COMPLIQUés DB GR09SE8BB
Un grand lavage de la cavlU péritoaéale est pratiqué avec de l'eaa
Btâriliaée ; puis l'atérus est enlevé par notre procédé babîtnel & colle-
retle.
La cavité de Bonglas est drainée an moyen d'on tamponnemeat de
Ulknlicz, elle ventre r« fermé comme à l'ordinaire.
L'opération a duré une henre environ.
Examen det pièctt. — L'épiploon réséqué est très mince, son poids
total est de 120 grammes. Il a un aspect bleuâtre et laisse voir, par
transparence, les veines ttarombosécs. En sectionnant ces veines, on
fait sourdre, par pression, les caillots de sang.
L'utérus doit être étudié an point de vue macroscopique et au point
de vue microscopique.
A. — Examen Toacroecopiqae. — La pièce (fig. ci-dessus) est grosse
comme une tête d'entant à terme.
Le fond utérin présente deux masses fibreuses interstitielles très
visibles sur la figure ci-jointe faite d'après nature.
L'une à droite plus volumineuse, l'autre à gauche plus petite.
C'est au-dessous de ces masses fibreuses que s'est fait« la rupture,
dans les points ob la paroi utérine présentait la moindre résistance.
Cette rupture occupe les deux tiers de la pièce en hauteur. Elle part
DELAGÉNlÈltE 91
du col, longe Tinsertion dn ligament large droit, passe un peu sur la
face antérieure de rorgane, et s'arrête à la base de la plus petite des
deux tumeurs fibreuses. Le péritoine avait résisté dans la partie infé-
rieure correspondant au cul-de-sac vésico-utérin, mais il avait cédé en
haut dans une étendue de 4 centimètres, précisément dans les pointa
où sa connexion est plus intime avec Tutérus.
Les ovaires et les trompes ne présentent rien de particulier à pre-
mière vue.
B. — Examen histologique, par Pillibt. — Cet examen a surtout été
fait pour étudier le mode de propagation de Tinfection générale par les
vaisseaux sanguins :
< 1* Coupes au niveau de Vinseriion placentaire comprenant toute Vépaiê'
aeur de V utérus aurdeesus des fibromeê , — Sur ces coupes, on voit que
les vaisseaux les plus proches de la muqueuse utérine sont thrombo-
ses, mais sur une très légère épaisseur seulement. Les vaisseaux san*
gnins sont vides jusque sous le péritoine ; les vaisseaux lymphatiques
sont extrêmement dilatés et forment des lacunes qui peuvent atteindre
1 centimètre de largeur, mais ils sont tous uniformément vides. Ils
ne contiennent pas de lymphe. Les fibres musculaires sont très hyper-
trophiées, mais il n'existe pas de traces d'un processus inflammatoire.
« 2« Coupes au même niveau^ point auquel le caillot paraissaittrès adhê'
rent, — On voit le caillot noir, dont le sang est déjà en partie trans-
formé en méthémoglobine ou en dérivés semblables, feutré dans les
éléments de tissu conjonctif qui aboutissent à quelques villosités pla-
centaires restées encore en place. Au-dessous, une mince ligne de vais-
seaux thromboses, puis le muscle utérin avec la même structure que
d-dessus.
« 3« Coupes de l'utérus au niveau du col. — Il existe en ce point une
véritable apoplexie de tout le tissu utérin. On ne voit pas de muqueuse
ni même de caduque. Les vaisseaux sont tous gorgés de sang, et il s'est
formé des extravasations sanguines qui dissocient tout le tissu conjonc-
tif h leur voisinage.
Les coupes prises sur un autre point du col, sur la bande mince
résultant de la déchirure, ont montré le même aspect ; mais ces vais-
seaux qui sont congestionnés et remplis de globules blancs, de throm-
bus fibrineux en voie d'organisation, ne sont pas irrités ; leurs parois
sont normales ; on ne voit pas d'amas microbiens sur les coupes, dans
la lumière des vaisseaux.
92 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
a 4^ Coupes de V ovaire au niveau du corps jaune, — C'est on eorps
jaune de grossesse, bien développé et très régulier, sans hémorrhagle
ni inflammation. La couche corticale de Tovaire est, au contraire, par-
semée d*hémorrhagies en nappes qui dissocient les ovules, n n'existe
pas non plus d'inflammation surajoutée à Thémorrhagie.
« En résumé, nous trouvons les vaisseaux sanguins utérins throm-
boses conmie ils doivent Tètre, les vaisseaux lymphatiques extrême-
ment développés, mais ne contenant ni lymphe ni pus. >
Suitesde ïopèraiUm, — Le soir de l'opération, tout va bien. A 8 heures,
la te mpérature est à 37o,6.
Deuxième jour, 37o,4 le matin et 37*,6 le soir. On prescrit un léger
purgatif et la malade va à la selle.
Troisième jour, 37o le matin et 38» le soir.
Le Mikulicz est enlevé et remplacé par un drain, l'état général de
la malade est satisfaisant.
Quatrième jour, 38» le matin et 38o,6 le soir; rien de particulier,
léger œdème du mollet.
Cinquième jour, 38o le matin et 38^,4 le soir. On constate de l'oedème
des membres inférieurs, surtout de la jambe et de la grande lèvre
gauche. Dans la nuit, agitation et délire, mais les symptômes oéré-
braux disparaissent dans la matinée.
Sixième jour, 38o,9 et 390,2 ; présente une poussée d'urticaire surtout
le corps. Elle est reprise le soir de symptômes nerveux ; se plaint des
seins qui sont gonflés et durs par la montée du lait.
Septième jour, 38<',6 et d9°,3. L'état général est mauvais, la faiblesse
extrême, l'œdème des membres inférieurs a augmenté, on trouve sur
les jambes et les cuisses des plaques bleuâtres et cyanosées. Subdélire.
La malade succombe à deux heures du matin le huitième jour.
La mort, dans ce cas, a été vraisemblablement causée par infection
à marche lente, dont le début remontait avant l'opération.
Obs. n (résumée), n^ 2820 de la statistique générale. — Femme de
36 ans, primipare, enceinte de trois mois, et présentant un fibrome
interstitiel dans la corne droite de l'utérus. Ce fibrome détermine
chez la malade des accidents de compression et des phénomènes
d'auto-intoxication.
Le 21 janvier 1899, myomectomie abdominale par énucléation de la
tumeur qui pèse 875 grammes. Suites simples, mais persistance des
symptômes d'intoxication et mort le neuvième jour.
DELACéNIERB 93
Obs. m (1). — Fibromyôme du segment inférieur, Dyêtocie, Mort du
fmtuê» Septicémie eoméeuUve. Hystèrectomie abdominale totale, Guérieon.
— La nommée D. . . , Victorine, femme Y . .., âgée de 37 ans, demeurant
à JnpiUes, m'est adressée par M. Peltier d*Ecommoy.
Cette malade est dans un état déplorable. Elle fait remonter le début
des accidents à il y a environ huit mois. Elle éprouve alors des dou-
leurs dans le ventre et est prise d'une hémorrhagie utérine abondante
qu'elle prend pour ses règles. Le sang s'arrête pour repartir quelques
jours plus tard. Depuis cette époque, elle a des pertes à tous propos
(fatigue excessive, pendant la station prolongée debout). Son état
général s'altère, elle perd ses forces, ne peut plus prendre d'aliments,
a de la fièvre le soir. Enfin, il y a quinze jours, elle est prise d'une
hémorrhagie plus considérable encore que de coutume et elle se décide
à s'adresser à M. Peltier. Ce dernier fait le diagnostic de septicémie
consécutive à l'évolution d'un fibrome utérin en voie d'élimination.
ÉUat avant VopértxUon. — L'état général est déplorable, la malade a
de la fièvre vespérale, 38o,5, 39o. Le pouls est petit, les contractions
du cœur sont faibles. Rien aux poumons. Urines normales. Le ventre
est distendu par une tumeur volumineuse irrégulière qui dépasse
l'iMnbilic de quatre travers de doigt.
Cette tumeur a une consistance variable en divers points : très
dure en certains points, elle est presque fluctuante dans d'autres. Au
toucher, le col est mou, entr 'ouvert, volumineux. On peut y intro-
duire le doigt jusqu'à une certaine distance où l'on aperçoit une
masse dure, immobile, au-dessus de laquelle pandt se trouver le reste
de la tumeur.
An point de vue d'une grossesse possible, la malade ne peut four-
nir aucun renseignement en raison de ses hémorrhagies continuelles.
Au spéculum, le col parait énorme et donne issue à un écoulement non
fétide au milieu duquel on trouve des débris de caillots sanguins.
Préparation de la malade. — Le vagin est nettoyé avec soin et badi-
geonné avec de l'éther iodoformé; une longue mèche de gaze
Sodofonnée est introduite dans le but de l'obturer. Enfin le vagin est
distendu avec de la gaze.
Opération, le 9 novembre 1899. — La malade est endormie avec
l'éther, qui est confié à M. Peltier et à mon aide habituel. Je suis
assisté par M. Vincent, du Mans. La malade est placée sur le plan
(1) Publié in Arek, prov. de ehir.
94 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
incliné. Je fais une longue incision dépassant d*emblée l'ombilic. La
paroi est mince, réduite à la peau et au péritoine. La tumeur est irré-
gulière, ^d'aspect bilobé. Le lobe inférieur, très dur, est enclavé dans
le bassin; le lobe supérieur^ au contraire, parait fluctuant Le gros
désenclaveur est placé dans la partie supérieure et la tumeur est
amenée hors du ventre. Je pratique alors de chaque c6té une section
du ligament large entre deux pinces dont les becs arrivent au ras du
bord utérin. Du sommet des pinces, de chaque côté, je commence le
tracé horizontal de la collerette qui passe en avant au-dessus de la
vessie et s'incurve en arrière vers la cavité de Douglas. La collerette
est disséquée rapidement, car il s*écoule beaucoup de sang. Pour
arrêter Thémorrhagie, je suis obligé de placer un lien élastique circu-
laire sur la base de la tumeur. Gela me permet d*enlever la masse
principale avant de continuer. Le moignon est saisi avec deux pinces
de Museux, puis le col est isolé jusqu'au vagin. Ce conduit est ouvert
en arrière et le col excisé tout autour.
L'hémostase se fait facilement ; un pédicule est fait de chaque côté
au lieu et place des pinces placées sur les ligaments larges ; un
deuxième pédicule est fait aussi de chaque côté pour chacune des
artères utérines. Le vagin est réuni à la collerette par deux ou trois
sutures en avant et en arrière ; enfin la collerette est fermée comme à
l'ordinaire par deux surjets qui se réunissent au milieu.
La toilette du péritoine est facile. Un drain est placé dans la cavité
de Douglas. Enfin la paroi est suturée à deux étages.
Pansement avec poudre d'iodoforme et sachets antiseptiques.
Durée totale : une heure vingt.
Pièces. — Rien de particulier du côté des annexes. La pièce, dans
son ensemble, est formée de deux parties volumineuses séparées par
une partie rétrécie. Elle pèse 2,300 granmies. Le col est volumineux,
situé en bas et en arrière et comme caché par la masse inférieure de
la tumeur. Ce lobe inférieur est constitué par un fibrome volumineux,
plus gros qu'une tète de fœtus, et qui semble s'être développé dans
la paroi antérieure de l'utérus et dans la partie supérieure de la paroi
antérieure du col. Cette tumeur était enclavée dans le bassin, dont
elle occupait toute l'excavation en refoulant en bas le col utérin.
Au-dessus de cette tumeur se trouve la cavité utérine dont le volume
est plus du double de celui de la tumeur fibreuse. Cette cavité, dont
les parois mesurent environ 25 millimètres d'épaisseur, contient un
fœtus, un placenta et une quantité considérable de sang noir coagulé.
DBLAGÉNIÈRB 95
Le fœtus, dn sexe masculin, pandt âgé de 4 mois ; il baigne dans des
caillots de sang noir; il n'a pas d'odeur, mais présente des signes de
macération; Tépiderme se détache par friction et s'enlève par lambeaux.
Le placenta^ assez volumineux, est séparé de la paroi interne par un
amas considérable de caillots sanguins. Ces caillots sont noirs ; quel-
ques-uns nagent dans un liquide visqueux et noir également.
Marche. — Le matin de l'opération, la température était de 39" ; le
soir, elle tombe à 38^ et reste à ce degré les quatre premiers jours. Le
cinquième jour, une purgation amène une ascension à 39<>,6, bientôt
suivie d'une débâcle intestinale. Le sixième jour, la température est
normale et elle reste & 37<* jusqu'au treizième jour. La malade se
plaint delà jambe gauche qui est œdématiée et douloureuse. Le len-
demain, la température m 37<>,8 et 38<*,6 ; la phlébite de la crurale gauche
est manifeste. Le membre inférieur est enfermé dans un bandage
ouaté compressif, la température oscille entre 37<> et 39« jusqu'au
9 décembre, date à laquelle la température redevient normale. La
malade est gardée au lit encore deux ou trois jours, puis elle commence
à se lever. Elle quitte la maison de santé parfaitement guérie de sa
phlébite le 16 décembre 1894.
La plaie n'a rien présenté de particulier. Le drain a été supprimé
au bout de quarante-huit heures, les fils enlevés le huitième jour.
Obs. IV (résumée). — Femme de quarante ans, primipare, a pré-
senté pendant sa grossesse les signes d'un placenta prœvia. Arrivé
à terme, l'accouchement ne se fait pas, le fœtus meurt, et, au bout de
douze jours, la malade est prise d'hémorrhagies graves qui nécessitent le
tamponnement du vagin.
A l'examen, le 21 mars 1897, nous trouvons une tumeur fibreuse
volumineuse qui occupe toute la partie droite du bassin, au-dessus de
la tumeur se trouve le fœtus, dont la tète est libre.
Nous appliquons un ballon de Ghampetier de Ribes dans le col pour
arrêter l'hémorrhagie, puis, au bout de deux heures, nous appliquons le
forceps et terminons l'accouchement.
La malade perd énormément de sang, elle perd connaissance à la fin
de l'accouchement et ne retrouve ses sens qu'après injection hypoder-
mique de 1,500 grammes de sérum.
La guérison se fait normalement; mais la malade redevient enceinte,
et notre ami, M. Lcpage, de Paris, lui pratique dans le courant d'août
1899, une opération,de Porro, avec succès complet pour la mère et pour
l'enfant.
96 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
Obs . V. — Ca» de dystocie par fibrome utérin enclavé. OpércUion de
Porro. Enfant vivant. Guéri8m(l). — Le 20 janvier 1892, je sois appelé
par mes confrères, MM. Ledrain (de Loué) et Mascarel (de Bmlon),
auprès de la nommée S . . . , Jeannei ftgée de 38 ans, demeurant à Ghan-
tenay (Sarthe).
Cette femme, réglée à douze ans, a toujours eu une menstmatioii
irrégulière. Deux fois elle est devenue enceinte et a eu deux fausses
couches: la première, de trois mois et demi, le 5 janvier 1890; la
deuxième de deux mois, le !•' novembre de la même année.Elle redevient
enceinte au mois d'avril 1891, et, grâce à des précautions sansnombre^
elle parvient à mener sa grossesse à terme.
Le lundi, 18 janvier, à 6 heures du matin, les premières doulenn
se font sentir. M. Ledrain, appelé le lendemain^ voyant que le travail
ne s'avance pas, cherche à rompre la poche des eaux qu'il atteint
difficilement. Les contractions utérines augmentent, mais la tète ne
s'engage pas. M. Ledrain reconnaît alors la présence d'un fibrome volu-
mineux obstruant le bassinet faisant obstacle à l'accouchement. Il fait
une tentative d'application de forceps en prenant toutes les précau-
tions antiseptiques voulues, mais le fibrome s'oppose à la pénétration
de l'instrument dans la cavité utérine. Le lendemain, aucun phénomène
nouveau ; les choses restent dans le même état. C'est alors que MM.
Mascarel et Ledrain me font appeler.
État de la malade, le 20 janvier. — L'état général est assez bon. La
malade se plaint de douleurs dans les reins. Elle rend un peu de sang
par le vagin. Au palper, la masse formée par Tutérus gravide présente
une plus grande consistance dans le flanc droit. Au toucher, le col est
complètement refoulé à droite ; il est représenté par une sorte de fente
antéro-postérieure dont la lèvre droite est simplement formée par le
col aminci, tandis que la lèvre gauche est représentée par un gros bour*
relet dur, faisant lui-même partie d'une masse volumineuse plus
grosse qu'une tète de fœtus. Cette masse peut être sentie à la palpa-
tion. Elle est absolument indépendante du fœtus. Le doigt introduit
dans le col reconnaît la présence de la tète de l'enfant qui se trouve
refoulée à droite, au-dessus du détroit supérieur, par la masse signalée
dans l'excavation.
Dans ces conditions, toute nouvelle tentative d'extraction par le
(1) Publiée in Qmptei rendus du Congrès de gynécologie et d'obstétrique
de BruœeUes,
DELAGéNIÈRE 97
vagin parait inutile. L'enfant est vivant, bien que le méconium soit
rendu par le vagin. Je me décide donc à intervenir immédiatement par
Fabdomen.
Opération, le 20 janvier. — Cette opération est faite à la campagne
(Ghantenay, Sarliie), mais avec instruments, compresses, tampons sté-
rilisés apportés de la maison de santé du Mans.
Le chloroforme est confié à M. Mascarel, et je suis assisté par
M. Ledrain.
Le vagin a été soigneusement désinfecté au moyen d'injection au
snblimé. Incision de 15 centimètres, dépassant l*ombilic de 5 centimè-
tres. Je fais écarter les lèvres de la plaie abdominale et dispose des
compresses tout autour de Touverture de la paroi. La face antérieure
de Tutérus est rénitente. Je pratique une incision médiane et pénètre
d'emblée dans la cavité utérine. Mon bistouri rencontre le placenta et
une hémorrhagie abondante se manifeste. Je sectionne rapidement le
placenta dans toute son épaisseur et saisis et enlève l'enfant à travers
la plaie abdominale. Je sectionne le cordon, remets l'enfanta la garde;
puis je décolle le placenta et les membranes ; le sang continue & couler
en abondance et je dois, pour arrêter cette hémorrhagie inquiétante,
bourrer la cavité utérine avec des compresses.
L'hémorrhagie s'arrête. Je nettoie mon champ opératoire. Pas une
goutte de sang ni de liquide n'a pénétré dans l'abdomen. Je me rends
compte alors de la situation de la tumeur que l'on sentait par le vagin.
Ma première pensée est de l'extirper avec la matrice par l'opération de
Porro, mais je m'aperçois qu'elle est développée très profondément aux
dépens de la face postérieure de l'utérus et même du col et qu'il est
impossible de l'attirer en dehors de la plaie abdominale. Je prends
donc le parti suivant : de désenclaver la tumeur autant que possible et
d'amputer l'utérus au-dessous avec les ovaires. Je cherche à retirer les
compresses de la cavité utérine, mais l'hémorrhagie se reproduit. Je les
laisse donc en place et dispose un fil de caoutchouc d'attente tout
autour de la tumeur. Je détache les ovaires et les ligaments larges de
chaque côté par deux fils en chaîne, puis enfonce deux broches dispo-
sées en croix à travers le pédicule et les compresses. Je place enfin une
ligature en caoutchouc faisant deux fois le tour du pédicule et s'entre-
croisant dans les broches. J'ampute ensuite tout le fond de l'utérus
circulairement et je retire la plupart des compresses placées dans sa
cavité. Une ou deux ont été traversées par les broches et ne peuvent être
enlevées. Je ne m'en préoccupe pas davantage. Je ferme la séreuse
Amr. DU OTK. — VOL. un. 7
98 FIBROMES COMPLIQUÉS DE GROSSESSE
pariétale au-dessus et au-dessous du pédicule, aussi complètement
que possible, puis la peau avec des crins de Florence. Je fais une
recoupe du pédicule que je cautérise vigoureusement au thermo-
cautère en carbonisant les compresses situées au centre du pédicule.
Pansement à la gaze iodoformée, à la ouate de tourbe.
Environ 55 grammes de chloroforme.
Durée totale : une heure un quart.
Examen de la pièce, — La pièce, conservée par M. Ledrain, est cons-
tituée parle fond derutérusmyomateux. La section de l'organe a porté
juste au-dessus du corps fibreux qui, par suite, s'est trouvé désenclavé
et fixé à la paroi.
Marche, — Les suites opératoires ont été des plus simples. La tem-
pérature s'est toujours maintenue entre 37o et 37o,5 ; une seule fois,
le 21 janvier, le thermomètre est monté à 38<>,5. On fait à la malade
trois injections vaginales au sublimé par jour. On la nourrit légère-
ment. Les pansements sont faits tous les cinq jours. Le 31 janvier,
j'enlève, au moyen d'une pince, une compresse engagée dans le vagin.
Le 4 février, le pédicule se détache et, en le retirant, on enlève en
même temps la compresse qui a été embrochée. Le 7 février, la guéri-
son peut être considérée comme terminée • Depuis, la malade et son
enfant jouissent d'une excellente santé.
KYSTE PAROVARIQUE
COiNïENANÏ 23 LITRES DE LIQUIDE ALBUMINEUX
PAB
B. Jeanbraa, et J, MoUesalery
Chef de clinique cbirargicale Chef da laboratoire des CliniqueB
à la Faculté de médecine de Montpellier.
Les kystes parovariques — développés aux dépens des vestiges
du corps de Wolf — difiTèrent des kystes mucoïdes de Tovaire
par trois caractères essentiels : leur inclusion dans les liga-
ments larges^ leur faible volume, la composition chimique de
leur contenu.
L'inclusion dans les ligaments larges est un caractère inva**
riable auquel sont soumis tous les kystes wolfiens, du fait même
de leur origine. Les deux autres sont presque constants. « Les
kystes parovariens, dit Legueu (1), se présentent sous forme
de petites vésicules transparentes du volume d'un grain de mil-
let. Les plus gros contiennent 7 à 9 litres de liquide : ils sont
exceptionnels. » Quant à leur contenu, il est limpide, fluide
comme de Teau de roche, et à Finverse de' celui des kystes de
Tovaire, « ne contient ni paralbumine, ni albumine ». Ce der-
nier caractère est considéré par les classiques comme pathogno-
monique, et à Tépoque où on ponctionnait les kystes de l'ovaire
pour en reconnaître l'existence et en tenter la guérison, l'absence
d'albumine était l'argument qui permettait de conclure à un
kyste du parovarium.
L'observation suivante, recueillie dans le service de M. le
professeur Forgue, constitue une remarquable exception qu'il
nous a paru intéressant de faire connaître. Il s'agit d'un kyste
(1) LA-BADIE-Lageave et Legueu. Traité médico-chirurgical de Gyné-
cologie, p. 1061 . - , , .
I
100 KYSTE PAROVARIQUE CONTENANT DU LIQUIDE ALBUMINEUX
parovarique à évolution abdominale contenant 23 litres d'un
liquide relativement riche en albumine.
Obs. I. — M™« P.O..., ménagère, 50 ans. entre, le 6 novembre 1899, à
rhôpital Saint -Éloi suburbain, service de M. le professeur Forgue,
pour une tumeur de Tabdomen.
Antécédents personnels. — Sans antécédents héréditaires, cette dame
a été menstruée à 13 ans, toujours régulièrement, quatre jours par
mois, jusqu'à la semaine dernière, sauf pendant ses grossesses. Elle a
eu deux enfants, le premier à Tâge de 24 ans, le second un an après.
Les grossesses, les accouchements, les délivrances ont été normaux.
Cette dame n'avait jamais été malade avant Tannée dernière ; elle eut,
il y a dix mois, une légère grippe à forme thoracique dont elle se remit
parfaitement après quelques semaines de convalescence. Jamais de
ménorrhagie, ni de métrorrhagie, ni de leucorrhée.
Maladie actuelle . — Cette malade s'aperçut, il y a neuf ans enwon,
que son ventre augmentait de volume. Sans cause apparente, sans
interruption des règles, ni aucun trouble fonctionnel, l'abdomen con-
tinua à grossir lentement. Il atteignit, vers 1895, le volume du
ventre d'une femme enceinte de sept mois.
Il y a un an, cette dame, qui n'avait jamais souffert, éprouva spon-
tanément des douleurs sourdes dans les hypochondres et dans les
flancs. Ces douleurs se prolongèrent pendeint une semaine, puis ces-
sèrent pour ne plus reparaître.
Enfin, vers le mois de septembre 1899, cette femme voyant son
ventre, qui atteignait depuis 1898 le volume d'un abdomen à terme,
grossir dans des proportions inquiétantes, se décida h se faire opérer et
entra dans le service de M. le professeur Forgue.
Examen à l'entrée, le 8 novembre 1899. — La malade est une
femme vigoureuse, maigre, en bon état général.
L'abdomen est énorme, uniformément développé ; la paroi abdomi-
nale est très amincie et la cicatrice ombilicale distendue.
A leL palpation^ on a la sensation d'une tumeur à surface lisse, rem-
plissant tout le ventre de l'appendice xiphoîde au pubis. Cette tumeur,
de consistance rénitente, donne très nettement la sensation de flot. A
la percussion^ matité h convexité supérieure. Le toucher vaginal
permet de reconnaître un col petit, dur, largement fendu, légèrement
dévié k gauche et en arrière . Les culs-de-sac ont leur profondeur et
leur souplesse normales.
L'ext^nu^n.du jtho)'a|: est négatif au point de xuc des lésions pulmo-
JEANDBAU ET MOITESSIBR lOi
naires et cardiaques. Le pouls bat à 80 ; il est régulier et bien frappé.
La tension vasculaire, prise avec le sphygmomanomètre de Potain
an niveau de la radiale, est de 15.
La malade ne présente ni pollakiurie, ni constipation, ni œdème des
membres inférieurs ; elle n*a donc absolument aucun trouble de com-
pression. Les urines sont en quantité normale, ne contiennent ni
sucre, ni albumine ; 18 gr. 1 d*urée par litre.
Diagnostic. — On porte le diagnostic de kyste mucoïde de Tovaire.
Les douleurs éprouvées par la malade il y a un an font penser à Texis-
tence d'adhérences entre le kyste et le péritoine pariétal.
Laparo-ovariotomie, le 11 novembre, par M. le professeur Forgub. —
Anesthésie à l'éther.
Incision médiane de 25 centimètres. La paroi, très amincie, est
adhérente h la tumeur. Un coup de bistouri ouvre la poche, et un
liquide fluide, à reflets blanchâtres, jaillit aussitôt. On laisse le liquide
s'écouler lentement pour ne pas amener d*.accident par décompression
brusque et, lorsque la tumeur s*est à demi vidée, on prend les lèvres
de la poche dans des pinces à abaissement. Tandis qu'un aide tire sur
celles-ci, on décolle la tumeur^ avec les doigts, du péritoine pariétal
auquel elle est intimement unie par des adhérences molles. Le kyste
est ainsi rapidement accouché hors du ventre : il appartient aux
annexes du côté droit. Ligature et section d'un large pédicule. La
malade étant placée en position inclinée, M. le professeur Forgue fait
une péritonisation soignée de la tranche de section avec un surjet au
catgut. Il existe un petit fibrome du volume d'une noix développé sur
le fond de l'utérus. Après assèchement du pelvis avec des compresses
stériles, suture de la paroi abdominale en un seul plan, au crin de
Florence, sans drainage.
Suites opératoires. — La malade a quelques vomissements post-anes-
thésiques dans la matinée.
Le soir même de l'opération, lavement purgatif qui reste sans effet.
Température 37o,3. Pouls 100.
Le lendemain, lavement glycérine qui provoque une selle.
La température oscille, à partir de ce jour, entre 36o,8 et 37°, 3, sauf
le 14 novembre soir où elle monte à 38o,2, tandis que le pouls reste à 90.
Un lavement glycérine fait immédiatement tomber la température, qui
qui reste normale jusqu'au jour de la sortie.
Le 22 novembre, pansement. Réunion par première intention de toute
la ligne de suture. On enlève les fils.
Bxeat le 30 novembre.
102 KYSTE PAROVARIQUE CONTENANT DU LIQUIDE ALDUMINBUX
Ehximen de la pièce. — Il s'agit d'un énorme kyste sphérique, unilo»
culaire, d'une capacité de 23 litres, lorsqu'on le remplit sous une ten-
sion moyenne. Sa surface externe est absolument lisse. A sa partie
inférieure on voit la section d'un large pédicule, sur laquelle on recon-
naît la tranche de la trompe : celle-ci, fortement étirée, se perd en
s'amincissant sur la paroi du kyste, dessinant sur la partie postérieure
de la tumeur un arc de cercle très nettement visible par transparence.
Mais ce qui attire immédiatement Tattention, c'est la présence de
Tovaire intact, aplati par compression, à la partie interne de la surface
de section du pédicule : on le décolle facilement avec les doigts et sur
sa coupe on constate Texistence d'un corps jaune.
La surface interne du kyste était absolument lisse et ne présentait
en aucun point de végétation ; elle a 3 millimètres d'épaisseur environ.
Vexamen histologique, fait par M. le professeur agrégé Bosc, montra
qu'il s'agissait d'une paroi tapissée par un épithélium cubique à gros
noyau et formée par une zone de tissu conjonctif très vasculaire, limi-
tant des aréoles distendues par Tœdème et contenant des cellules étoi-
lées. En dehors le tissu conjonctif devenait plus dense, formé de fais-
ceaux épais, ondulés, séparés par des espaces lymphatiques très
volumineux. On ne trouvait pas d'épithélium au niveau de la surface
externe.
Analysb chimique du liquide.
Caractères physiques : Quantité 23 litres.
Aspect limpide.
Coloration., blanc jaunâtre.
Consistance, très fluide.
Densité 1088.
Réaction. . . . légèrement alcaline.
Il ne se forme pas de dépôt par le rei)os.
Caractères chimiques : Le liquide ne précipite pas à froid par l'acide
acétique, mais donne un abondant précipité par l'acide azotique et le
réactif picro-citriquc ; il donne par la chaleur un volumineux coagu-
lum, après avoir été préalablement acidifié et additionné d'une petite
quantité de chlorure de sodium ou de sulfate de magnésium.
En saturant de sulfate de magnésium à froid le liquide neuiralisé, on
obtient un précipité de globuline, et il reste une albumine en solution.
Abandonné au repos pendant plusieurs jours, il ne donne pas de
fibrine, même après addition d'un peu de sérum sanguin comme
NOTE
SUR LA PÉRIVAmTË PHLËGMOIUSE DISSÉOWË
Far le D' Von Lingen.
La périvaginite phlegmoneuse disséquante ne se rencontre
pas souvent et la plupart des observations sont dues aux auteurs
russes. Tout récemment la description de cette affection a aussi
été faite par les Allemands.
Le nom de périvaginite phlegmoneuse disséquante a été pro-
posé en 1864 par un médecin de Moscou, le D' Markonett (1).
Celui-ci publia deux cas d'une variété d'inflammation vaginale
non encore décrite et caractérisée par la chute d'une paroi ou
d*une partie de la paroi du vagin et de la portion vaginale de
Tutérus. •
Dans ces cas, Taffection s'était développée chez deux jeunes
femmes à la fois, sans aucune cause apparente, s'accompagnant
de fièvre, de douleurs dans le bas-ventre et d'écoulement san-
guin. Au bout de peu de temps, on vit sortir du vagin une
sorte de corps étranger qui n'était qu'une partie de la paroi
vaginale, constituée par les couches muqueuses et musculaires
et la portion vaginale de l'utérus.
Les deux malades ont guéri. La chute simultanée de la paroi
vaginale et de la portion vaginale de l'utérus confirme, d'après
M. Markonett, leur unité anatomique basée sur ce fait que le
dernier se développe aux dépens des éléments primitifs du
vagin.
L'auteur attribue la cause de l'affection à une inflammation ,
(1) OauUe médicale de Moscou, 1865, n"* 4, et Virch, Aroh,y t. XXXIV.
104 KYSTE PAROVARIQUE CONTENANT DU LIQUIDE ALBUMINEUX
Mais ces cas sont demeurés exceptionnels et après celai de
Bleckwen, le kyste qui fait le sujet de cette note est donc un
des plus volumineux qui aient été observés.
Enfin, la seconde particularité sur laquelle nous devons insis-
ter est la présence dans le contenu de cette poche kystique
d'une quantité très notable de matières albuminoïdes propre*
ment dites — albumine et globuline. Il est en effet admis par
tous les classiques, Duplay, Pozzi, Bouilly, Segond, Legueu»
etc., que le liquide des kystes wolfiens est non seulement
dépourvu de métalbumine, mais encore de substances albumi-
noïdes coagulables par la chaleur. Cette règle n'est cependant
pas absolue et souffre quelques exceptions analogues à notre cas:
Duplay, Panas, Le Dentu, Winckel, Lawson Tait, Spencer
Wells, Spiegelberg en ont publié des exemples (2).
Enfin, et c'est d'ailleurs un caractère commun à tous les
kystes parovariques, le liquide que nous avons analysé se dis-
tingue de celui des kystes de l'ovaire par Tabsence de métal*
biimine : celle-ci est une pseudo-mucine, se différenciant de la
mucine proprement dite en ce qu'elle ne précipite pas par l'acide
acétique, mais s'en rapprochant par sa constitution chimique —
gluco-protéide — et ses propriétés physiques.
En résumé, l'intérêt de ce cas réside dans les deux particu-
larités suivantes : tout d'abord l'énorme volume du kyste qui
contenait 23 litres de liquide, et avait quitté le pelvis pour se
développer dans l'abdomen comme un kyste de Povaire ; en
second lieu, la présence, dans ce liquide, de matières albumi-
noïdes — 4 gr. 58 d'albumine et de globuline par litre.
(1) DuPLAT. Des kystes du ligament large. Archiccs de Tocologie^ 1883,
p. 716, et 1884, p. 23.
(2) CastâSbda y Tbianâ. Des hysta des ligaments larges. Thèse de Paru
1882, no 13.
NOTE
SUR LA PËRIVAGINITË PHLËfiMOlUSE DISSEQUANTE
Par le D' Von Llngen.
La périvaginite phlegmoneuse disséquante ne se rencontre
pas souvent et la plupart des observations sont dues aux auteurs
russes. Tout récemment la description de cette affection a aussi
été faite par les Allemands.
Le nom de périvaginite phlegmoneuse disséquante a été pro-
posé en 1864 par un médecin de Moscou, le D" Markonett (1).
Celui-ci publia deux cas d'une variété d'inflammation vaginale
non encore décrite et caractérisée par la chute d'une paroi ou
d*une partie de la paroi du vagin et de la portion vaginale de
Tutérus.
Dans ces cas, Taffection s'était développée chez deux jeunes
femmes à la fois, sans aucune cause apparente, s'accompagnant
de fièvre, de douleurs dans le bas-ventre et d'écoulement san-
guin. Au bout de peu de temps, on vit sortir du vagin une
sorte de corps étranger qui n'était qu'une partie de la paroi
vaginale, constituée par les couches muqueuses et musculaires
et la portion vaginale de l'utérus.
Les deux malades ont guéri. La chute simultanée de la paroi
vaginale et de la portion vaginale de l'utérus confirme, d'après
M. Markonett, leur unité anatomique basée sur ce fait que le
dernier se développe aux dépens des éléments primitifs du
vagin.
L'auteur attribue la cause de l'affection à une inflammation,
(1) Omette médicale de Moicou, 1865, n" 4, et VircK Arch,, t. XXXIV.
106 PÉRIVÀGINITB PHLEGMONBUSE DISSÉQUANTE
qui s*accompagnerait d'une collection de pus dans le tissu
conjonctif entourant le vagin.
Minkevitch (1) ensuite publia un cas très grave de périvagi-
nite phlegmoneuse disséquante qui se termina par la mort-
Toute la partie intérieure de la paroi vaginale et le col utérin
s*étaient détachés. A Tautopsie du petit bassin on trouva que
la paroi antérieure du rectum et la paroi postérieure delà vessie
avaient été détruites.
L'auteur est porté à expliquer le processus anatomique par
rinflammation phlegmoneuse du tissu conjonctif des organes
voisins, mais il ne nie pas la possibilité, comme facteur étio-
logique, d'une embolie ou d'une thrombose de certains vais-
seaux.
Plus tard, on trouve le cas de Wiegandt (2) qu'on peut
mettre en parallèle avec ceux de Markonett, parce qu'ici aussi
la muqueuse vaginale s'est détachée avec une couche muscu-
laire sous forme d'un tube de 7 centimètres de longueur. La
malade guérit, mais en présentant un rétrécissement accusé du
vagin. Elle est devenue enceinte plus tard. Pas de renseigne-
ments ultérieurs sur elle. L'auteur a donné l'observation
de la malade, sans aborder la question de l'étiologie de l'af-
fection.
Dans un article sur la vaginite disséquante, M. Syromiat-
nikoff (3) mentionne un cas, observé par M. Tûrkounenko,
d'une malade de trente-cinq ans chez laquelle il s'est détaché un
morceau du tissu en forme de sac, d'une longueur de 10 centi-
mètres et présentant le moulage exact du vagin et du col utérin.
La maladie s'accompagnait de fièvre. L'examen microscopique
démontre que la paroi du sac était constituée par la muqueuse,
la sous-muqueuse conjonctive et quelques fibres musculaires
lisses.
La sous-muqueuse présentait une masse informe, dans
(1) Vïrehow's AroJL, t. XLI.
(2) Peterih. med, Wtwhenteh.^ 1876, n» 37.
(3) Vratch, 1880, n»- 29, 30, et Arch./, GyruBcoh, 1881, t. XVIII.
VON LINGBN 107
laquelle il aurait été difficile de distinguer son ancienne
structure.
Dans cette observation, l'auteur attire pour la première fois
l'attention sur l'état des vaisseaux : ils étaient en partie vides,
en partie thromboses.
Syromiatnikoff, en décrivant la métrite disséquante, ne cite le
cas de Tzirko'unenko que pour son analogie avec le sien. Et en
effet, dans les deux cas, comme nous le verrons plus loin, le
processus anatomique est le même.
Tchernyschev (1) rapporte deux observations de sa clientèle
où il y avait détachement de plus ou moins grandes parties de
la muqueuse vaginale des culs-de-sac et du col utérin. Les deux
malades ont guéri. Dans le premier cas, l'affection compliquait
une fièvre typhoïde et laissa après elle une fistule recto-vagi-
nale. L'examen microscopique montra la présence de tissu
musculaire en partie encore conservé, la destruction de Fépi-
thélium, l'infiltration du tissu sous-muqueux. Le second cas
était aussi une complication d'une maladie infectieuse aiguë,
dont la nature n'avait pas été diagnostiquée.
Dans le cas publié parle D' Dobbert (2), la péri vaginite dissé-
quante était également la complication d'une fièvre typhoïde.
Le morceau sorti du vagin avait une longueur de 8 centimètres
et quelques centimètres de largeur.
A l'autopsie, fièvre typhoïde en voie de guérison ; dans le cul-
de-sac postérieur on trouve un orifice de 2 centimètres de dia-
mètre, faisant communiquer le vagin avec la paroi abdominale.
Le D' Dobbert cite encore deux cas de métrite disséquante,
qu'il avait observés à l'hôpital Petropavlovs au cours d'une
endométrite puerpérale.
Khanoutino (3) rapporte une observation d'élimination du va-
gin d'un tissu nécrosé de 10 centim. de longueur et constitué par
le col utérin et particulièrement de la partie vaginale droite.
(1) Monitenrmédioal, 1880, n«« 50et 51,et Ceniralhlatt f. Oyn,,\^%\, n*" 35.
(2) PHers, med. Wochentch., 1890, n* 23.
(3) Gazette d* hôpital de Botkin, 91, n<> 32-84.
.108 PéRIVAGINITB PHLEGMONKUSB DISSEQUANTE
La malade, âgée de 35 ans, est entrée à l'hâpital pour ane
néphrite aigaé et pour une pneumonie catarrhale gauche ;
M . Khanoutine désigne son cas sous le nom de périvaginite
phlegmoneuse disséquante partielle.
La malade a guéri, mais le vagin est resté rétréci.
Weber (1) rapporte Tobservation d'une malade, âgéede>38
ans, ayant expulsé par le vagin une masse cylindrique nécrosée.
La malade perdait beaucoup de sang et avait une tempéra-
ture élevée. La masse expulsée examinée au microscope
était constituée par les éléments des tissus de la paroi vagi-
nale. La malade guérit, mais son vagin est resté rétréci.
M. Weber considère comme cause de cette- affection, le strepto-
coque pyogène, qu'il avait trouvé dans le pus. Un traumatisme
antérieur a pu détruire l'intégrité de la couche épithéliale du
vagin et a pu permettre aux microbes de pénétrer dans la pro-
fondeur des tissus où les éléments pathogènes ont pu affai-
blir la vitalité des éléments des tissus et leur résistance aux
microbes.
Parmi les auteurs allemands, c'est probablement Brôse (2)
qui a publié, le premier, un cas de périvaginite disséquante. Il a
montré un morceau cylindrique de la paroi vaginale d'une lar-
geur de 4 et demi à 6 cent, et d'une longeur de 13 et demi
centim. qui fut éliminé après la fin d'une pneumonie. La malade
est guérie.
Dans les traités allemands de gynécologie et d'anatomie
pathologique, la périvaginite disséquante n'est pas mentionnée
(Thomas Ziegler, Langerhans) ou à peine, sans aucun détail
(Fritsch, Pozzi, Schrôder, Hofmeier). J. Veit (3) seul, rappor-
tant la plupart des cas susmentionnés, consacre à cette maladie
quelques lignes, la considérant comme excessivement rare. Pour
être complet, je rapporterai encore le cas de Bizzozero (4), où
(1) Journal d^accouch,^ 1896, n" 12.
(2) ZeUsch, f. OebuHshûl/e u, Oynœcol., t. XXIV, 1892 ; Verhandlung
der Oesell.fiir Geh.u, Gytiœczû Berlin^ p. 362.
(3) Handh. d. Gynœcol,y 1. 1, p. 318.
(4) Anyiales de Oynécol.^ 1875, p. 235.
VON LINGBN 109
chez une femme de 38 ans, ayant de la fièvre et une bronchite
catarrhale, il s'est éliminé sous forme de sac la paroi vaginale
et le col utérin. La malade a fait de la périmétrite et est guérie;
il n'est resté qu*un rétrécissement du vagin.
Le cas de périvaginite de Hermann (1) ne compte pas pour
moi, par impossibilité de consulter Toriginal, et l'analyse n'étant
pas exacte.
Je mentionnerai encore deux cas de Liebermeister (2). Dans
le premier cas, terminé par la guérison, il s'est formé une
fistule recto-vaginale ; dans le second cas (femme de 74 ans)
il s'est formé entre le rectum et le vagin un abcès qui s'est
ouvert dans le rectum et la malade est morte. Ce dernier cas
peut-il se rapporter aux autres décrits plus haut^ je ne saurais
le dire.
Pendant que j'observais le cas de périvaginite phlegmoneuse
disséquante, qui fait l'objet de ce travail, M. Busse (3) publiait
un mémoire sur le même sujet.
La malade souffrait d'une atrésie du vagin suite d'adhérences ;
celles-ci sont rompues par le décollement simple, le vagin
tamponné et l'écoulement du sang arrêté par le perchlorure de
fer. Rechute plusieurs mois après ; le vagin est de nouveau rem-
pli de tampons imbibés de liqueur de ses quichlorate de fer et
de chlorure de zinc. Les tampons sont restés trois jours^ et quel-
ques jours après leur enlèvement la paroi vaginale s'est élimi-^
née complètement avec le col utérin sous forme d'un corps solide,
charnu, long de 9 centimètres. Sous le microscope la coupe était
constituée d'une couche interne sans noyaux et d'une couche
externe remplie de noyaux, correspondant aux couches muscu-
laires externes et au tissu périvaginal. Les vaisseaux étaient
remplis de tbrombus. Busse cite encore le cas de Nammack (4),
qui a vu une nécrose du vagin après une cautérisation au per-
chlorure de fer (chlorure de fer au 1 et demi).
(1) Jakreiher. der LeUt, u. Fortéchr, der ges. Med.y 1887, XII, p. 712.
(2) Handh. der tpecieîlen PiUhol, u, Tkerap, v. Ziemssen., Bd 2.
(3> Areh. f. GtftUBCùl., t. LVI, éd. 3.
(4) Schmidt'ê Jahresheri^ht, 1895. Jahre XXIX, t. II.
110 PÉRIVAGINITE PRLBGMONBUSE DISSÉQUANTE
La littérature se termine par la publication récente des deux
cas de Bodenstein (i). Dans Tun de ces cas, il s'est formé, sans
cause apparente, dans la paroi vaginale, une petite tumeur
fluctuante, passant sans démarcation accentuée dans le tissu
voisin.
Tout s'est terminé par Télimination d'une partie du vagin et
par la guérison de la malade avec un léger rétrécissement du
vagin. Dans le second cas, il y avait un abcès périvaginal qui a
guéri après Fincision. Bodenstein croit qu'il lui a été donné
d'observer la première phase de la périvaginite phlegmoneuse
disséquante. Il est possible que la périvaginite passe au début
par cette phase qui, jusqu'à présent, a échappé à l'observa-
tion.
Le nombre de cas de Taffection qui nous intéresse est de dix-
sept dont trois se sont terminés par la mort (Minkeyitch, Dobbert,
Liebermeister) et quatorze par la guérison. Sur ces quatorze cas,
huit ont été suivis d'un plus ou moins grand rétrécissement du
vagin. Comme facteur étiologique, il existe cinq cas de fièvre
typhoïde, un cas de pneumonie, de bronchite catarrhale avec
fièvre ; deux fois il y avait eu un traitement local par le perchlo-
rure de fer. Dans huit cas, les causes sont inconnues.
Je passe maintenant à l'observation de ma malade :
Obs. -^ Mn'^Akoulinalvanova, &gée de trente-neuf ans,mariée, blan-
cKisseuse,n'a jamais eu d'enfants. Ses règles sont irrégulières ; après on
retard de deux mois, il ya eu des pertes abondantes pendant deux mois
et demi, ensuite peu abondantes. La malade se plaint de douleurs dans
le dos et à Tépigastre ; elle a de la fièvre depuis huit jours. Les pertes
blanches n'ont jamais senti mauvais ; jamais il n'a été fait d'injec-
tions. La malade est forte et d'une bonne constitution. Le vagin est
large. A la place du col utérin, on sent un corps mou, comme une
éponge ; dans le cul-de-sac et dans la partie supérieure du vagin, on a
aussi une sensation anormale de quelque chose de mou, comme une
éponge, l'utérus est en antéflexlon, mobile, de dimensions normales,
ainsi que les annexes. Dans le tissu péri-utérin il n'y a rien d'anormal.
Au si>éculum, on voit que le col est transformé en une masse gris
(1) Monatsch, f, Oehurtshilfe u.GynacologU, 1898, t. VIII, éd. 6.
VON LINGBN 111
sale, molle et gangreneuse, dans laquelle cependant on peut encore
distinguer les deux lèvres et l'orifice externe. Le processus gangrè-
nent a gagné les culs-de-sac et occupe une grande partie des parois
vaginales latérales, antérieure et postérieure, les deux tiers de cette
dernière. Le tissu sain est séparé du tissu gangreneux par une ligne
de démarcation très accentuée ; on peut détacher celui-ci légèrement
du tissu sain en produisant une petite hémorrhagie. D y a des pertes
blanches gris sale d'une odeur fétide. Le traitement consiste en irri-
gations du vagin et tamponnement à la gaze iodoformée.
L^examen microscopique de l'écoulement a montré la présence des
staphylo et des streptocoques séparés et en groupes et les cellules
dégénérées de Tépithélium pavimenteux du vagin.
La température est restée tout le temps [[normale (ne dépassant
pas 37«,6) .
Le 20 novembre, troisième jour du séjour de la jnalade à Thôpi-
tal, pendant qu'on changeait les tampons, il s'est éliminé une masse
gangreneuse à bords dentelés, d'une longueur de 10 centimètres,
d*ane largeur de 4 centimètres et d'une épaisseur de 1 centimètre et
demi, d'une couleur gris sale, presque noire en certains endroits. Ce
morceau est le moule exact d'une partie du vagin et de toute la por-
tion vaginale de l'utérus, avec l'orifice correspondant à l'orifice du col
utérin. Une surface de cette masse est assez unie ; l'autre, tournée
vers la paroi vaginale, est rugueuse, spongieuse.
Après l'expulsion de la masse nécrosée, le col utérin se présente
BOUS forme d'un petit mamelon, d'un rouge vif; le vagin présente
dans presque toute sa circonférence l'aspect d'une plaie récente. La
muqueuse devenait plus propre et commençait à se couvrir de granu-
lations. Les écoulements continuaient à ,être encore ichoreux ; ensuite
ils sont devenus sanguinolents, et ont cessé bientôt complètement.
Lavages et tamponnement.
Quand, le 6 décembre, par conséquent le dix-huitième jour du séjour
à l'hôpital, la malade l'a quitté sur sa demande, la muqueuse était
couverte d'un épithélium nouveau. La malade n'est plus revenue, mal-
gré notre conseil, et je l'ai perdue de vue.
L'examen microscopique de la masse a montré qu'elle était consti-
tuée d'an tissu homogène sans structure, se colorant faiblement. Dans
ce tissu homogène, on rencontre quelquefois des fibres dissociées de
tissu conjonctif. Les vaisseaux, sur de rares coupes longitudinales et
transversales sont thromboses, les parois ne présentent pas de modi-
112 PÉRIVAGINITE PHLBGMONEUSE DISSEQUANTE
ficatlons accusées. Sur des préparations, colorées par la méthode de
Qram, on voit une quantité de streptocoques disposés en chatnes et
en groupes. Les streptocoques se trouvent surtout à la surface, rem-
plaçant la muqueuse détruite, ensuite autour des vaisseaux thrombo-
ses et dans les thrombus eux-mêmes.
Notre cas peut être mis en parallèle avec ceux décrits plos
haut.
Malgré nos questions, il nous a été impossible de trouver la
cause qui a provoqué dans notre cas une telle élimination
de la plus grande partie du vagin, du cul-de-sac et du col
utérin.
Tous les auteurs évitent d'aborder la question obscure de
l'étiologie et il n'y a que M. Busse (1) qui s'en occupe; nous
allons y revenir.
La plupart admettent Texistence d'un processus inflamma-
toire particulier dans le tissu cellulaire qui entoure le vagin
et ce processus se propage dans la paroi vaginale qui se
nécrose et s'élimine sous forme d'un séquestre. Ainsi,
Breisky (2) dit : « 11 est évident que l'oblitération du vagin n'est
pas le résultat de tous les phénomènes qui se passent exclusi-
vement dans la muqueuse ; dans ce cas, un rôle très important
est joué par l'inflammation concomitante du tissu cellulaire
périvaginal. »
Cependant cette explication ne s'accorde pas avec les données
anatomiques et avec le caractère de la situation et de la propa-
gation du processus. Le tissu cellulaire périvaginal, comme
l'a démontré M. Busse dans son travail, communiquant au
moyen d'un riche réseau de vaisseaux sanguins et lympha-
tiques avec le tissu cellulo-adipeux du bassin, toute inflam-
mation phlegmoneuse, se développant dans le tissu cellulaire
périvaginal, devrait se propager dans le bassin. Or, la périva-
ginite se localise exclusivement autour du vagin et reste limitée,
bien qu'il n'y ait aucun obstacle anatomique à sa propagation.
(1) Loc, oit,
(2) Handh. d, allgem, «. 9pec, Chirurçw, t. IV, b. I, p. 58.
VON LINGBN 113
Les autres auteurs expliquent ce phénomène de cette façon
que rinflammation commence dans la muqueuse et se fraye un
chemin à travers la paroi vaginale (Weber).
La muqueuse vaginale, n'étant pas d^ns son intégrité par-
faite, permet aux agents de Tinflammation de pénétrer hprs de
la paroi vaginale et d'y exercer leur action.
Les plaies de la muqueuse vaginale, soit opératoires, soit
d'autres origines, et les modifications inflammatoires sont fré-
quentes, et pourtant il n'y a pas un seul cas de périvaginite qui
puisse être attribué à ces lésions.
Busse considère que tous les cas de périvaginite qu'il a
trouvés dans la littérature médicale (sans les énumérer) sont
souB la dépendance d'affections graves, contagieuses et fébriles.
Comme dans les autres muqueuses, à savoir le larynx, le
pharynx, etc. , Taffection peut être ici primitive, locale ou secon-
daire quand l'élément contagieux est apporté par l'intermé-
diaire du sang d'un autre endroit. Tous les facteurs affaiblis-
sant l'organisme malade sont des causes prédisposantes.
L'action des ptomaïnes dans les maladies infectieuses est la
même que l'action du perchlorure de fer dans le cas de Busse ;
le résultat est la mortification de la muqueuse.
L'inflammation purulente périvaginale n'est pas un simple
phlegmon; il serait préférable d'appeler ce processus colpitis
gangrsenosa ou necrotica.
En passant en revue tous les cas décrits, il y a une circon-
stance importante qui saute aux yeux : dans presque tous les
cas, le col utérin se nécrose en même temps que la paroi
vaginale.
Ce n'est pas une coïncidence simple, ce qui est déjà confirmé
par la fréquence de cette coïncidence et par les rapports ana-
iomiques, ainsi que par les lois élémentaires de l'histoire du
développement.
Par les recherches anatomiques et embryologiques on a
suffisamment établi que la portion vaginale et en particulier
la partie vaginale du col utérin (Schrôder) doivent être consi-
dérées, quand on envisage l'histoire de leur développement,
ABir. OB OTV. — VOL. un. 8
114 PÉRIVAGINITE PHLBGMONEUSE DISSÉQUANTE
comme parties intégrantes du vagin. MM. Werth et
Grousdev (1), dans on travail récent, très soigné et plein de
détails, se sont spécialement occapés de la morphologie et du
développement de la musculature de Tutérus sur toute une
série d*utérus embryonnaires, infantiles et d'adultes.
A ce lien embryologique qui existe entre la portion vaginale
et le vagin il faut ajouter la distribution originale des vais-
seaux. Nagel (2) a fait beaucoup de recherches sur cette
question, en préparant et en injectant des vaisseaux sur des
cadavres.
La partie supérieure du vagin et la portion vaginale de
l'utérus reçoivent le sang d'une branche de l'artère utérine,
Tartère cervico-vaginale. Cette artère longe le bord latéral da
col utérin et se divise plus bas en plusieurs branches, dont
quelques-unes vont vers les parois antérieure et postérieure do
coly où tantôt elles se terminent, tantôt elles vont vers les
parois antérieure et postérieure du vagin ; d'autres branches
se dirigent directement vers le vagin.
Les branches cervicales sont reliées au moyen d'anasto-
moses assez considérables avec Tartère utérine du côté opposé.
Ces anastomoses sont surtout apparentes sur Tutérus gravide.
Une de ces anastomoses passe quelquefois sur la ligne médiane
de la paroi antérieure ou postérieure du col en bas sous un
angle droit pour se diriger sur le cul-de-sac antérieur ou pos-
térieur et passer ensuite en suivant la ligne antérieure de la
paroi vaginale en bas. C'est Tartère azygos vaginale décrite
par Hyrtl (Wagel) qui anastomose en partie avec d'autres
branches cervicales et en partie avec les branches de l'artère
vaginale.
La distribution des veines est moins caractéristique, elles
forment des réseaux et plexus à branches multiples qui ont des
situations irrégulières.
Le plexus vaginal situé dans la paroi vaginale et dans le
(1) ArcKf, Gynaool., t. LV, éd. 2.
(2) Areh./, Oynacol,, t. LUI, p. 3.
VON LINGBN 115
col utérin se réunit aux veines vésico-vaginales et utéro-vag^-
naleSy dont les rapports mutuels, ainsi que le lieu de réunion et
les anastomoses, se présentent de diverses manières dans des
cas différents.
Les vaisseaux lymphatiques se disposent strictement comme
les artères, d'après le lien embryologique existant entre le vagin
et la portion vaginale de Tutérus. Les vaisseaux lymphatiques
du tiers supérieur du vagin, comme Ta montré Schauta (1) sur
un beau dessin, se groupent en deux ou trois troncs et se réu-
nissent avec les vaisseaux venant du col utérin, ils accom-
pagnent plus loin Fârtère et veine utérine et se dirigent avec
ces dernières, suivant une direction transversale, vers la paroi
latérale du bassin.
Ainsi on voit que la partie vaginale de Vutérus et la
portion supérieure du vagin se trouvent intimement liées
Vune avec Vautre aussi bien au point de vue embryologique
que par Vanatomie du système vasculaire.
L'affection simultanée des deux parties ne dépend-elle pas
de cela ?
En effet, quelques auteurs signalent ce fait. Ainsi, Eber-
mann (2), après la communication de Tchemyschev, demanda
si les particularités de la distribution des vaisseaux ne peu-
vent pas éclaircir Fétiologie de cette affection, n'y a-t-il pas des
embolies locales ? Il n'a pas été répondu à cette question pen-
dant les débats. Khanoutine et Minkevitch (3) posent la
même quesiton et dans le même but, mais le premier répond
négativement, sans proposer une meilleure solution; le second
admet qu'un thrombus ou une embolie peuventquelquefois servir
de point de départ étiologique à la périvaginite disséquante.
Enfin, après mon rapport, pendant les débats, M. Dob«
bert (4) a dit qu'il considérait le processus comme une consé-
quence d'un trouble de la circulation.
{!) Lekrb. der ges. OynœeoH,, 1895.
(2) Moniteur méd,, 1880, n» 49, p. 389 et 390.
(3) Loû. oit.
(4) Comptes rendus de VAsiemhUe des Médecins de Vhôp. Petrop,^ à
Sêint'Pétersbaurç, 1899.
116 PÉniVAGINITR PRLBGMONBU8B DISSÉQUANTE
Je me rallié à cette opinion, car je trouve que les autres don
nées étiologiques n'ont pas la même importance.
Il faut considérer ce processus de la fagon suivante : par
suite d'un thrombus ou d*une embolie, une certaine région vas-
culaire est obstruée, il se fait un trouble de nutrition d'un cer-
tain territoire de tissus qui finissent par se nécroser.
Le processus est ici le même que dans Tinfarctus hémorrha»
gique décrit par Popoff (1) et même dans la gangrène sénile et
dans les eschares.
La rareté de l'infarctus hémorrhagiquede l'utérus est attribuée
par M. Popoff aux conditions exceptionnellement favorables
de la circulation utérine qui reçoit le sang des deux artères
paires, l'artère utérine et Tartère spermatique.
Existe-t-il des modifications dans les vaisseaux des organes
génitaux et quelles sont les modifications qui prédisposent
aux embolies et aux infarctus ? Il est impossible de répondre
actuellement à cette question parce que la plupart des malades
guérissent et qu'on n*a pas fait d'examen microscopique des
vaisseaux de celles qui sont mortes. Popoff a trouvé à l'autopsie
d'une malade de quarante ans, morte d'une endocardite chro-
nique et d'une néphrite, en dehors d'un infarctus pulmonaire,
un infarctus du col utérin. Les branches de l'artère utérine pré-
sentaient des modifications pathologiques différentes, l'infiltra-
tion calcaire, l'endocardite chronique allant jusqu'à l'oblitéra-
tion complète des vaisseaux, des thrombus anciens et récents.
Dans des conditions normales, la structure de l'artère utérine
est déjà, d'après les recherches de Westphalen (2), différente
de la structure des autres artères du corps. Après l'accou-
chement, les vaisseaux utérins sont soumis à toute une série de
modifications (Balin) (3).
Herheimer (4) rapporte le compte rendu de Tautopsie d'une
femme morte d'une néphrite hémorrhagique chronique.
(1) Areh^f, Gynœcol, t. XL VII, éd. 1.
(2) Virchow'» Arch., t. CVI,éd. 2.
(3) Arch,f, GynacoU, t. C VI, éd. 2.
(4) Vlreh,Arch.,i. CIV, éd. 1.
VON LINGBN 117
Outre riiypertrophie du cœur et des infarctus pulmonaires,
on a trouvé un infarctus et une gangrène du vagin, de la por-
tion vaginale de Tutérus, de la partie inférieure du rectum, de
Te^pace de Douglas, et aussi de la péritonite. L*artère hypo-
gastrique droite était obstruée par une embolie située à cheval
sur lé lieu de son origine; à gauche, les artères utérine et
vaginale, artères hémorrhoïdales externes, artère hémorrhoï-*
date moyenne et artère périnéale ont été embolisées.
Il en est résulté un trouble de nutrition qui a amené un infarc-
tus hémorrhagique. <t II n*y a rien d'élonnant que Tinfarctus
hémorrhagique ait provoqué dans ce cas non seulement une
Bécrose, mais une gangrène du territoire mortifié, auquel les
agents de suppuration ont un accès facile. »
Il a existé, par conséquent, dans la périvaginite phlegmo-
neuse disséquantede la partie supérieure du vagin, une obstruC"
tion des vaisseaux, nourrisssint la portion vaginale du col
utérin et les parties supérieures du vagin. Comme les vais-
seaux sont disposés à la périphérie du col utérin et du vagin, la
nécrose s'est étendue circulairement dans les tissus.
Cette disposition, basée sur les données anatomiques,
explique simplement ce fait remarquable, que le col utérin
était chaque fois éliminé avec une plus ou moins grande partie
de la paroi vaginale.
Cette explication n'est pas applicable à tous les cas, mais je
crois qu'elle peut Tétre à beaucoup de cas, si ce n'est pas à la
grande majorité. Les cas de Busse et Nammack, dans lesquels
la chute du séquestre fut déterminée par l'application locale
du perchlorure de fer (chlorure de fer à 1 1/2), demandent, en
tout cas, une autre explication.
Nous avons ici affaire à l'action caustique du perchlorure
de fer et du chlorure de zinc sur la muqueuse vaginale et sur
ses couches profondes. Dans ce processus, comme le remarque
Justement M. Bodenstein, il n'y a que le résultat final qui pré-
sente de Tanalogie avec la périvaginite.
Les maladies infectieuses (typhus abdominal, pneumonie) ou
autres maladies fébriles peuvent être la cause d'un trouble de
118 PÉRIVAGINITE PHLEGMONBU8E DISSEQUANTE
circulation ; à la fm de la maladie, sous Tiafluence de rabaisse-
ment de la nutrition générale, la circulation devient moias
active, un thrombus ou une embolie peuvent se manifester, non
seulement dans le cerveau, la rate, etc., mais quelquefois aussi
dans les branches de l'artère utérine. Parfois, à la suite d'un
processus inflammatoire local à la circonférence du vag^n, un
thrombus se développe dans un vaisseau voisin qui détermine
la thrombose de tout un territoire de tissus.
Dans notre observation, la malade, avant son entrée à Thôpi-
tal, avait une maladie fébrile, dont le diagnostic n'a pas été
fait.
La présence des streptocoques dans la partie éliminée, sur»
tout sur la surface de la muqueuse, pathologiquement modifiée,
dans les thrombus de l'intérieur des vaisseaux et à leur péri-
phérie, indique que les micro-organismes ont pénétré du throm-
bus dans les tissus environnants, où ils ont trouvé, dans leur
vitalité diminuée, des conditions favorables pour leur multipli-
cation.
Quant à la marche clinique de la périvaginite, les symptômes
généraux présentent peu de particularités. Les malades ont
plus ou moins de fièvre, elles se plaignent de douleurs dans le
bas-ventre et de pertes blanches d'une odeur fétide.
La partie nécrosée, se distinguant nettement par sa couleur,
s'élimine au moyen d'un processus d' élimination ; la plaie
dénudée se couvre de granulations et se guérit par cicatri-
sation.
Le pronostic, dans la grande majorité des cas, est favo-
rable.
Le traitement consiste en injections antiseptiques et, plus
tard, dans le tamponnement, ayant le but de prévenir la forma-
tion des adhérences et Tatrésie.
(Traduit du russe par M. Reghtsamer.)
REVUE CLINIQUE
HOSPIOB D'IVRY. — ly HABTMANN.
Hydrosàlpingite droite à pédicule tordu. Pelvi-
péritonite adhésive. Appendicite. Ablation des
annexes droites et résection de l'appendice.
Ouérison.
M.D...,33 ans, réglée & 12 ans régnlièrement, a en, il y a dix ans,
xm enfant qui est mort en bas âge ; nn an pins tard, on lui fait à S*-Louis
on cnrettage pour une métrite hémorrhagique. Elle va bien pendant
trois ans, puis, il y a six ans, est prise de douleurs, surtout marquées à
droite ; les règles reviennent, plus abondantes et plus fréquentes, aussi
rentre-t-elle à Thôpital S^-Louis, où on lui fait pour la deuxième fois
un cnrettage. Elle sort améliorée, mais non guérie ; les régies restent
irrégulières, venant tantôt une, tentôt plusieurs fois par mois ; pertes
blanches dans leur intervalle.
n y a trois ans, à la suite d'une métrorrhagie très abondante, elle entre
à Lariboisière, où on lui fait un troisième curettoge. Pendant deux ans
elle est assez bien, mais pendant tout le courant de l'année dernière,
elle a été souffrante. En novembre 1899, elle entre h l'hôpital Bichat
pour une métrorrhagie qui dure depuis un mois ; celle-ci ayant cessé par
le simple repos, elle quitte l'hôpital, mais elle y rentre le 8 décembre
pour des accidents péritonéaux aigus qui ont débuté la veille. A 8 heu-
res dn soir elle avait éte prise de vomissements alimentaires, puis
bilieux et de douleurs abdominales violentes, d'abord localisées dans
le bas-ventre et à droite, bientôt irradiées h tout le bassin. Pendant
quatre jours elle eut de la fièvre, des douleurs, du ballonnement abdo-
120 HTDROSALPINRITE DROITE A PÉDICULE TORDU
minai ; par le repos, la glace but le ventre, ces aymptâmes g'amen-
dËrentet, au bout de quioze jours environ, la malade pouvait se lever;
mfûs comme elle souffrait toujours de lempa en temps, même en l'ab-
sence de toute fatigue, elle entre à riofirmerie de l'hospice dlvry.
Le col estirrégulier, sur sa lèvre posléiienreest une petite boBsélnre;
son oritice admet l'extrémité de la pulpe du doigt et regarde dans
l'axe du vagin. Le corps do l'utérus se perd dans une masse arrondie
qui remonte jusqu'au niveau de l'ombilic et qui est mobile avec In).
3 janvier 1900. Le chloroforme est douué par H. Carton ; la caiio-
tomie est pratiquée par H. Hartmann avec l'aide de M. Gosset A l'on-
vertnre deTabdomen, nous tombons sur l'épiploon recouvrant une masse
qui émerge de l'excavation et qui lui adhère. Ayant décollé assez faci-
lement avec l'ongle cet épiploon et l'ayant relevé, nous tombons sur
une masse arrondie, noirâtre, partout adhérente. Nous la libérons,
l'attirons dans la plaie et voyons alors, sortant de la partie gauche de
l'excavation, une salpJDgite à pédicule tordu dans le sens du mouve-
ment des aiguilles d'une montre. Ce pédicule est blanc, l'ovaire taia
ne participe pas à la torsion ; la trompe, au contraire, est distendue par
une collection séro-aanguinolente.
Ligature du pédicule, le fil casse; immédiatement l'utérus abandonné
à lui mfmc file, se détord, il était tordu d'un demi-tour sans qne
nousVayons rcmanjuéiusiia'nlors; la saliiiugitu, que nous avions au
début supposée gauche, était en réaliLù implauLée ù droite.
Nous lions alors tes vaisseaux utérins cl uléro-ovariens isolément, et
fermons le ligament large par un petit surjet.
HARTMANN 121
Les annexes gauches présentent quelques adhérences que nous libé-
rons ; comme le pa\illon est pennéable, nous faisons delà conservation.
Au contraire Tappendice, rouge, saignant, qui adhérait & la masse
tordue, nous semble devoir être enlevé. Nous lions son méso, puis
l'appendice, excisons la muqueuse et nous enfouissons le moignon.
Trois ligatures sont placées sur Tépiploon dont nous réséquons la
partie enflammée et adhérente. Drain abdominal. Suture à trois étages.
Le drain est retiré le 3« jour ; la guérison se fait sans incident et la
malade quitte Thôpital, guérie, le 24» jour.
Examen dês pièces, — Les pièces enlevées ont été examinées au labo-
ratoire de la clinique de la Pitié, par notre ami le Dr Bezançon»
L'examen du liquide de la trompe sur lamelles et les recherches par
■
cultures n'ont montré la présence d'aucun agent microbien.
Une coupe du pédicule montre une grosse veine, siège d'une throm-
bose oblitérante avec organisation du caillot, de petites veines sont le
siège de thromboses cruoriques. Les artères sont atteintes d'endar^
tente sans sclérose. Le tissu interstitiel est sclérosé, très riche en
cellules conjonctives jaunes.
Remarques. — Nous avons publié cette observation parce
que la torsion des salpingites est encore assez mal connue.
Déjà dans ce recueil nous avons eu, à deux reprises, l'occasion
de parler de cette affection et nous avons, avec notre élève
Reymond, publié quatre observations de salpingites à pédicule
tordu (1).
Si à nos 5 observations nous ajoutons 2 cas de Warneck,
1 de Hirst, 1 de Pierson, 1 de Jacobs, 2 de Legueu, i de Gosset
et Reymond, nous arrivons à un total de 15 observations (2).
Ij'étude de ces 15 cas va nous permettre de préciser quelques
points.
(1) Hartmann et Betmond. Annaleâ de Gynécologie^ l%9i, t. II, p. 172,
0t 1898, t II, p. 161. — On trouvera dans ces deux mémoires la bibliographie
de la question.
(2) Nous laiBsons de côté i cas de Stroganof , rangé généralement dans les
salpingites à pédioule tordu et où il s'agissait d'un adénosarcome de la
trompe, et le cas de Wamecli, qui a trait à un carcinome de la trompe.
122 HYDROSALPINGITB DROITE A PÉDICULE TORDU
Dans 5, la torsion portait à la fois sur la trompe et sur l'ovaire ;
dans 7, sur la trompe seule ; 3 observations manquent de détails
sur ce point.
10 fois, la torsion siégeait à droite, 4 fois à gauche ; 1 fois,
elle n'est pas indiquée. Il y a donc manifestement une pré-
dominance à droite.
Le sens de la torsion était indiqué dans 8 observations :
2 torsions d'annexés gauches s'étaient faites en sens inverse du
mouvement des aiguilles d'une montre ; sur 6 torsions d'an-
nexés droites, il y avait 4 fois torsion dans le sens du mouve-
ment des aiguilles d'une montre, 2 fois torsion en sens inverse,
il semble donc bien qu'une certaine règle préside à la torsion,
et que cette dernière débute le plus souvent par une chute de
l'extrémité externe de la trompe en arrière, ce qui produit à
droite un mouvement dans le sens de celui des aiguilles
d'une montre, à gauche un mouvement en sens inverse.
Les 2 cas, qui font exception à la règle, avaient trait à des
annexes droites qui, au lieu de tomber en arrière, avaient
évolué en avant vers le cul-de-sac vésico-utérin ; l'état gravide
de l'utérus avait peut-être joué un rôle dans un de ces deux cas.
Le nombre des tours est très variable, de 1 à 4. Dans
quelques cas, l'utérus suit le mouvement et est lui-même tordu
d'un quart à un demi-tour, comme dans l'observation que nous
venons de rapporter.
Les organes tordus présentent deux ordres de lésions : les
unes sont antérieures à la torsion et relèvent de la maladie cau-
sale, une hydrosalpingite le plus souvent, plus rarement une
salpingite banale, exceptionnellement un pyosalpinx, une
ovarite hémorrhagique. Les autres dépendent, au contraire,
de la torsion et sont identiques à celles que Ton observe d'une
manière générale dans les organes à pédicule tordu ; elles sont
caractérisées par des hémorrhagies, les unes dans les cavités
(trompes, petits kystes ovariens), les autres dans la trame
même des tissus.
Tous les vaisseaux du pédicule sont thromboses ou, au con-
traire, on trouve encore quelques artères perméables.
HARTMANN 123
Cliniquementy la torsion des annexes enflammées peut#e
présenter sous deux formes différentes : dans Tune, le début est
brusque, les symptômes violents simulant ceux de Tappendi-
cite aiguë ou de Tocclusion intestinale ; il s'agit alors d'une
torsion serrée avec thrombose complète des vaisseaux du pédi-
cule. Dans Tautre, il y a des crises douloureuses successives,
ressemblant plus ou moins à des coliques néphrétiques ; la
torsion est moins serrée et se fait progressivement; quoi qu'il
en soitj dans les deux cas, il y a des phénomènes plus ou
m oins marqués de pelvi-péritonite passagère et un développe-
ment rapide de la tumeur annexielle;
Uindicalion opératoire est évidente: il faut ouvrir le ventre
et enlever les annexes malades.
Nous ne chercherons pas à élucider la pathogénie de ces
torsions, qui reste assez obscure pour nous. Nous dirons, cepen-
dant, à propos des poussées péritonitiques, que nous ne pouvons
nous rallier à l'opinion émise, ces jours derniers, par notre col-
lègue Legueu, à savoir qu'il s'agit de péritonites se dévelop-
pant très rapidement au contact d'une tumeur déjà septique et
privée brusquement de sa circulation (1). Cette septicité est
loin d'être prouvée. Dans la plupart des observations, Texamen
sur lamelles et les recherches par les moyens de culture, n'ont
décelé la présence d'aucun micro-organisme. Aussi croyons-
nous qu'il s*agit là d'une variété de ces péritonites aseptiques
que nous avons étudiées avec M. Morax et dont la torsion
d'organes abdominaux, celle de la rate aussi bien que celle
d'un kyste ovarique ou d'une salpingite, est une des causes les
plus habituelles (2).
(1) Lboubu. Preite médicale, 20 janvier 1900, p. 87.
(2) Hartmann et Mobax. Annales de Oynéeologie, 1894, t. I«', p. 19S.
REVUE GENERALE
TRAVAUX RECENTS
SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTÉRINE
Par le D' Oswald F^la.
Traduit du MonaUeh, f, Oeb.u. Qyn.y 1899, t II, p. 65,
par B. Labusquiàbb.
Des travaux nombreux parus sur la question, prenons
d abord celui de Sânger {A) relatif à la oautôrisation intra-
utérine. Sânger (1) conseille de se servir, au lieu de la sonde
en aluminium de Playfair, très employée jusqu'à présent, du
cathéter américain en argent qu*il est possible dHntroduire
facilement jusqu'au fond de Tutérus, sans fixation préalable da
col, même quand il s'agit d'utérus très fléchis et à col étroit.
Pour mettre la portion vaginale du col bien en vue, il donne la
préférence au spéculum à demi-gouttières de Neugebauer qui^
en raison de ses applications multiples, offre de grands avan-
tages pour le praticien. Avec le porte-caustique américain, on
peut appliquer dans la cavité utérine des quantités relativement
considérables de liquides caustiques comme avec la sonde de
Playfair. En tout cas, il faut préférer cet instrument à la serin-
gue de Braun. Contre les hémorrhagies rebelles de la méno-
pause, la cautérisation par les liquides caustiques, le chlorure
de zinc, par exemple, est efficace le plus souvent. Il est bon de
ne pas cautériser immédiatement après un curetlage, de lais-
ser un intervalle de quelques jours entre les deux opérations.
{A) Voir Annale» de Gynécol. vt d'OhH,, juillet 1895, p. 55. — R. L.
(1 ) Lefl numéros placés au courant du texte, renvoient à la bibliographie
in fine»
REVUE GENERALE. -^ OSWÀLD VEIS 125
Le traitement de l'endométrite par le tamponnement avec de
la gaze n*est pas à conseiller, parce que la gaze placée dans
Tutérus ne draine pas ; elle laisse plutôt filtrer les produits
séreux et retient les sécrétions muqueuses et purulentes. Avant
tout, il importe de procéder aux cautérisations avec méthode,
elles doivent être rares, mais énergiques et très espacées.
Quand on emploie la solution de chlorure de zinc, Tintervalle
doit être au moins de seize à vingt jours. Souvent, deux à trois
suffisent à la cure d'une endométrite catarrhale. La même solu-
tion est également utilisable pour la cautérisation des
érosions.
Dans la discussion que provoqua le travail de Sânger,
Zweifel (2) mit en garde contre la répétition trop grande des
cautérisations. A la Frauenhlinik de Leipzig, dans les cas
d'endométrite corporéale, on applique, après curettage, dans
Tutérus de Fiodoforme au moyen de tubes et de tiges entourées
d*onate. Zweifel se sert de préférence du spéculum de Trélat.
Contre le catarrhe suppuré du col, Dôderlein (3) recommande
le tamponnement du col avec de la gaze imbibée d'une solution
à 2 p. 100 de nitrate d'argent, à 6 â 8 p. 100 d'alumnol (A).
V. Winckel (4) examine dans un important mémoire les
nouveaux traitements de Fendométrite. 11 s'élève contre une
thérapeutique intra-utérine intensive, à cause de l'excitation
nerveuse qu'elle détermine souvent. Le traitement le plus simple
de l'endométrite glandulaire consiste dans les lavages quoti-
diens de l'utérus avec une solution sodique à 3 p. 100 et un
simple cathéter ; plus tard, dans les lavages avec des solutions
à 2 1/2 p. 100 d'acide phénique, à 1/2 — 1 p. 100 de lysol, à
2 p. 100 de nitrate d'argent.
II déconseille les autres agents thérapeutiques (sublimé
1 : 1500, chlorure de zinc 2 1/2 p. 100,alumnol 1/2 — 1 p. 100)
à cause des dangers de l'action caustique ou des risques d'in-
toxication. Il combat les métrorrhagies sous la dépendance de
l'endométrite fongueuse par les injections, avec la seringue de
{A) L'alumnol est un sulfonate de naphtol et d*alamme.
126 TRAVAUX RÉGENTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTÉRINB
Braun, de perchlorure de fer (1 gramme). Il proscrit comme
trop dangereux le crayon au chlorure de zinc, ainsi que les
bougies à Talumnol à 2 1/2 — 5 p. 100. Outre le perchlorure de
fer, il utilise comme caustiques : la teinture d'iode» la solution
à 1 p. 100 d'alumnol, à 2 1/2 — 5 — 50 p. 100 de chlorure de
zinc. On peut pratiquer ces cautérisations sans exiger le repos
au lit, mais il ne faut pas les faire plus souvent que toutes les
deux à trois semaines.
Le dernier moyen, dans l'endométrite déciduale et fongueuse,
est le curettage.
V. Winckel utilise toujours la narcose pour l'abrasion de la
muqueuse utérine, la fixation de rutérus,la dilatation du col
par les dilatateurs solides. Il n'est fait de lavages ni avant ni
après Tabrasion de la muqueuse, on se borne à nettoyer Tuté-
rus avec des sondes entourées d'ouate. L'abrasicui faite, on
pratique une cautérisation.
Laubenburg (5) se sert, contre les érosions, de la sonde de
Playfair chargée d*acide nitrique fumant ; puis il touche rapi»
dément avec un peu d'acide phénique liquide pur, cautérisa-
tion qui produit une eschare.
 Toccasion d'un cas de médecine légale (mort par péritonite
aig^ê douze heures après une injection de chlorure de zinc à
50 p. 100) (A)f Hofmeier (6) s'occupe de la thérapeutique intra-
utérine. A l'autopsie, constatation importante, la trompe ne
présenta aucune trace de l'action caustique. Il faut donc, pour
expliquer la mort, admettre une propagation, à travers la
paroi utérine, de Tinflammation au péritoine avec, comme con-
séquence, la péritonite finale. La seringue de Braun qui servit
à injecter le caustique dans la cavité utérine n'est pas à incri-
miner du moment qu'il n'y a pas eu passage du liquide dans
les trompes.
D'ailleurs, jamais Hofmeier n'a observé d'accident impu-
table à cet instrument, tandis qu'il y a lieu d'incriminer
l'emploi d'agents thérapeutiques défectueux, parmi lesquels il
{A) Voir Annales de Oynéool. et d'Obst., juin 1897, p. 459 — R. L.
REVUE GéNÉRALE. — OSWALD FEIS 127
range la solution à 50 p . 100 de chlorure de zinc. Il se sert,
presque exclusivement, pour la thérapeutique intra-utérine, de
la seringue de Braun ; après dilatation du col, il emploie, comme
caustique, une solution alcoolique phéniquée de 10 — 20 p. 100.
Brôse (7) ne croit pas que dans le cas d'Hofmeier il se soit
ag^ d'une péritonite mortelle causée par le chlorure de zinc; il
admet plutôt une action toxique sur l'organisme du chlorure
de zinc. Mais, comme Hofmeier, il tient la solution de chlorure
de zinc à 50 p. 100 pour un agent thérapeutique dangereux.
Toutefois, contrairement à son collègue, il ne se sert plus de la
seringue de Braun, parce qu'il a vu, consécutivement à son
emploi, malgré la dilatation préalable deTutéruSjCt des lavages
antiseptiques, survenir des inflammations périmé tri tiques. Il
fait les cautérisations intra-utérines avec des sondes de Play-
fair entourées d'ouate. Comme, en général, le processus catar-
rbal ne remonte pas au-dessus de Torifice interne, Brôse traite
d'abord le col ; en cas d'échec seulement, il porte la cautérisa-
tion sur la cavité utérine entière.
Dans une réponse au travail d'Hofmeier,Dûhrssen (8) déclare
qu'il conseille de laver la cavité de Tutérus avant et après
chaque lavage. Contrairement à Topinîon d'Hofmeier, il juge
la solution de chlorure de zinc à 50 p. 100 un agent caustique
très utilisable. Pour dilater le col, il fait, la veille du jour de
Topération, un tamponnement à la gaze de Tutérus (A).
Sânger (9 et 10) également apprécie beaucoup le chlorure de
zinc comme caustique, toutefois il tient pour dangereux l'injection
intra-utérine de ce médicament. 11 a, antérieurement, appliqué
dans cinq cas la méthode de Dumontpallier (ultérieurement il
dut, dans trois de ces cas, faire l'hystérectomie parce qu'il était
survenu, du fait de la cautérisation, des lésions d'atrésie).
Comme Brôse, il ne pense pas qu'on ait mis, dans le cas cité
par Hofmeier, hors de doute la péritonite comme cause
du décès ; à son avis, c'est le choc qui a tué le malade.
Il fait des cautérisations rares et les pratique avec un
{Al Voir Anmaleê de Oynéeoî, et ffOhtt., juin 1897, p. 466— £. L.
128 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THERAPEUTIQUE INTRA«UTBRIIfB
minimum d*un caustique liquide, énergique. Il se sert
du porte-caustique en argent qu*il a conseillé, instrument
flexible, malléable, entouré d'ouate, et de la solution à
50 p. 100 de chlorure de zinc (la malade n'est pas mise au repos ;
spéculum de Neugebauer, pas de lavage préalable, pas de dila-
tation de l'utérus, introduction du porte-caustique sans fixation
de la portion vaginale du col de l'utérus) . Les cautérisations
sont faites à intervalles de quatre à seize jours; cette méthode
est surtout efficace contre les hémorrhagies de la ménopause.
A Toccasion du fait mis en évidence par Hofmeier, Dôder-
leiu (11) a institué des recherches expérimentales sur les injec-
tions intra-utérines. Il constata que sur 6 cas, estimés justicia-
bles de l'extirpation totale, et dans lesquels il avait, dans un but
d'expérimentation, injecté des liquides (solution de violet de
méthyle, de chlorure de zinc, de teinture d'iode), une fois seu-
lement (endométrite fongueuse très accusée) le liquide n'avait
pas pénétré jusque dans les trompes. Dans tous les autres,
malgré la dilatation préalable du col et la progression lente du
piston de la seringue, il y avait eu reflux du liquide dans la
trompe ou dans le péritoine.
Menge (12) a communiqué à la Soc. obsL de Leipzig un tra-
vail sur la cautérisation intra-utérine qui n'est pas encore
publié.
Dans la discussion survenue à l'occasion de ce travail, Sânger
soutient que la solution de chlorure de zinc à 50 p. 100 possède
un pouvoir de désinfection égal à la solution de formaline à
25 p. 100 préconisée par Menge. Sânger a combiné l'action de
ces deux agents en ce sens que pour des cas spéciaux, il a cau-
térisé le corps de l'utérus avec la formaline et le col avec le
chlorure de zinc. Contrairement à l'opinion de Menge, Sânger est
convaincu qu'avec les tiges porte-caustiques, il n'existe aucun
risque de passage du caustique dans la trompe, même au cas
d'élargissement anormal de l'orifice utérin de la trompe.Comme
porte-caustique, il se sert actuellement de tiges en nickel, qui
possèdent sur celles en argent malléable beaucoup d'avantages.
Dans le cours de la discussion, Zweifel fait remarquer que,
REVUE GÉNéRALB. — OSWALD FBIS 129
jamais il n'a observé de suites fâcheuses de l'usage de la
seringue de Braun ; il emploie pour la cautérisation utérine une
solution de chlorure de zinc de seulement 5-10 p. 100. Les
injections faites avec la seringue de Braun sont absolument
exemptes de dangers, si l'on n'injecte chaque fois que quelques
gouttes de liquide. Expérimentalement, il a été établi que les
solutions colorées, injectées dans Tutérus, passent à travers les
trompes et par leur orifice abdominal dans le ventre, sans que
l'utérus ait été soumis à une tension quelconque.
Fûth conteste que la cautérisation au chlorure de zinc, faite
comme l'indique Sânger, soit fréquemment suivie de coliques.
Il note encore que jamais, dans la clinique de Sânger, on n'a
observé d'atrésie après l'emploi du chlorure de zinc, suivant la
technique tracée (pas de cautérisation chez la nuUipare, pas de
cautérisation quand le col est étroit). La cautérisation intra-
utérine n'exige pas une antisepsie rigoureuse : nettoyage
de Torifice externe du col de l'utérus au sublimé. L'opérateur
doit s'appliquer à rendre ses mains libres de germes infec-
tieux. Également Graefe a jadis employé le chlorure de zinc
et observé consécutivement, non des sténoses, mais de fortes
coliques. Il se sert fréquemment d'une solution à 10 p. 100 de
formaline pour la thérapeutique intra-utérine. Depuis la com-
munication de Menge, il se sert, avec des résultats favorable s,
de la solution de formaline à 25 p. 100 et de tiges en caout-
chouc vulcanisé.
Nombreuses senties communications sur le traitement par les
crayons de chlorure de zinc, méthode de Dumontpallier (13). Cet
auteur lui-même a consigné, dans un mémoire, les résultats de
ce traitement dans Tendométrite. Chez 5 p. 100 des femmes, on
observe des elTets fâcheux de ce mode de traitement. Les crayons
pèsent 1 gramme, ils contiennent 33 p. 100 de chlorure de zinc
et 66 p. 100 de farine de seigle. La partie du crayon qui corres-
pond à l'orifice interne est entourée de papier d'étain. Dans le
mois qui suit la cautérisation, il est très important de faire des
sondages fréquents avec un cathéter à extrémité olivaire pour
éviter la production d'atrésies.
Jjn. Oâ QTS. — YOU lUL 9
130 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THERAPEUTIQUE INTRA-UTéRINE
Dans une discussion sur ce mode de traitement, Pichevin,
Doléris et Charpentier le condamnèrent. Pichevin dut extirper
l'utérus à cause d'accidents dysménorrhéiques graves survenus
consécutivement. Budin a vu, à la suite d'une cautérisation de
cette nature, une atrophie utérine telle que la matrice avait tout
au plus le volume du bout de Tindex.
Rueder (14) a aussi observé un cas dans lequel, à la suite
d'une cautérisation à la Dumontpallier, il y eut expulsion d un
cylindre utérin comprenant toute la cavité utérine. L'épais-
seur du sac avait plusieurs millimètres ; l'action caustique,
dépassant la muqueuse, avait atteint lamusculeuse utérine. Dans
le sac éliminé était emprisonné le crayon de chlorure de zinc.
Dans un cas d'hémorrhagic de la ménopause, Pfannenstiel(15)
appliqua dans l'utérus une pâte caustique de zinc, d'après la
méthode de Dumontpallier. Neuf jours après, un séquestre du
volume et de la forme d'un utérus sénile était éliminé ; cepen-
dant l'aménorrhée ne dura que trois mois, et la formation d'un
hématomètre imposa l'extirpation totale de l'utérus. A l'excep-
tion d'une petite cavité, veVs le fond de la matrice, pourvue de
muqueuse, il n'y avait plus apparence de muqueuse. Dans la
discussion, Freund communiqua un cas de mort, survenue peu
après l'injection dans l'utérus d'une solution de chlorure de zinc
à 50 p. 100.
Pichevin (16) aussi montra un utérus, cautérisé plusieurs
années auparavant avec le crayon de chlorure de zinc, et dans
lequel la muqueuse utérine était remplacée par une zone épaisse
de tissu connectif cicatriciel.
Également Campione (17) a vu, chez deux femmes, après
cautérisation au chlorure de zinc, se produire une oblitération
presque complète de la cavité utérine.
Dziembowski (18) conseille de faire, dans l'endométrite, une
injection dans l'utérus d'une solution à 10 p. 100 de chlorure de
zinc.
Nous pouvons, ici, consigner les recherches de Rœsing (19),
sur la valeur pratique des différents cathéters utérins. On
lavait d'abord les utérus récemment enlevés avec une solution
REVUE GÉNÉRALE. — OSWALD FEIS 131
de ferrocyanure de potassium, puis avec une solution étendue
de perclilorure de fer.
La muqueuse utérine se colorait en bleu dans les points où
elle entrait en contact avec ces solutions, et cela permettait de
juger de Faction des diverses sondes. On constata que c'était la
sonde de Playfair qui, le plus sûrement, permettait de tou-
cher toute la muqueuse; qu'au contraire les cathéters variés,
dérivés de celui de Boseman, produisaient un effet minimum. La
seringue de Rosner, modification de celle de Braun, se montra
aussi efficace.
Le thème de la thérapeutique intra-utéiine fut égale-
ment mis en discussion à la Soc, de médecine de Berlin à la
suite d*un travail Olshausen (20). Au jugement de ce dernier,
il faut réduire le plus possible le cathétérisme de l'utérus, car
les lavages antiseptiques du vagin ne peuvent supprimer abso-
lument l'éventualité d'une infection. L'exploration avec les
sondes n'est justifiée que dans les cas où il est impossible de
procéder à l'exploration manuelle. Quand on injecte des sub-
stances médicamenteuses dans l'utérus, il faut éviter soigneuse-
ment qu'il en reste in utero, aussi doit-on, une fois le liquide
injecté, le ramener dans la seringue. Après les lavages, après
les injections, des coliques surviennent facilement ; il est plus
rare d'observer des douleurs péritonitiques compliquées de réac-
tion fébrile. Celles-ci sont vraisemblablement l'effet du reflux,
à travers la trompe, d'une certaine quantité de liquide dans le
péritoine. L'application des agents médicamenteux avec la sonde
de Playfair est inférieure à la méthode des injections. L'instru-
ment de Playfair s'approprie mal au traitement des affections
du corps de l'utérus, parce qu'en général l'orifice interne n'est
pas assez large. Le cathéter, en argent, américain répond mieux
à ce but. Pour la dilatation artificielle du col, Olshausen recom-
mande le tamponnement à la gaze iodoformée : les tiges de lami-
naire produisent facilement des effractions de la muqueuse,
voies éventuelles de l'infection. Le curettage est un moyen théra-
{A) Voir : Annales de Oyn. et d' Oh$t . , imWei 1895, p. 62. R. L.
T
132 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THERAPEUTIQUE INTRA-UTERINE
pcutique impropre dans l'endométrite catarrhale ; la fixation de
la portion vaginale du col de l'utérus ne s'impose, pour le curet-
tage, qu'au cas d'antéflexion accusée et d'orifice étroit. Le danger
capital du curettage, c'est la perforation de Tutérus. Olshausen
conseille de faire après le curettage une injection médicamen-
teuse, de préférence avec une solution de chlorure de zinc de
10-20 p. 100.
Dans la discussion de ce travail, Martin émit l'avis que, pour
labrasion de la muqueuse utérine, la fixation de l'utérus est
utile ; il se déclara également partisan de la curette de Roux.
Falk conseille, au lieu des porte-ouate usuels, les antro-
p/iores, avec lesquels on applique plus sûrement les substances
médicamenteuses in utero. Consécutivement à ces interven-
tions, on observe des coliques de Tutérus, et il convient,
pour cette raison, d'exiger le repos. Landau juge la curette
de Koux dangereuse. 11 y a avec le sondage et le curettage de
l'utérus, risque d'irruption du contenu tubaire dans la cavité
abdominale.
Il a vu à la suite d'une injection de perchlorure de fer une
thrombose survenir qui s'étendit jusqu'à la veine cave et amena
la mort. Il réalise la dilatation du col avec de la mousseline
iodoformée. Dûhrssen estime qu'il y a indication dans l'endo-
métrite catarrhale à combiner le curettage avec les cautérisa-
tions. Il se sert d'une solution à 50 p. 100 de chlorure de zinc
qu'il applique avec la sonde de Playfair. Flabituellement, la
dilatation du col avec un cathéter à double courant suffit pour
amener les caustiques dans l'utérus; le cas échéant, il fait
pendant vingt-quatre heures le tamponnement de Tutérus avec
de la gaze iodoformée. Brôse n^emploie jamais la seringue de
Braun. Il estime que dans la majorité des cas d'endométrite
catarrhale un traitement intra-utérin est inutile et même dange-
reux, les manœuvres intra- utérines pouvant être l'occasion de
l'inoculation dans le corps de l'utérus, non contaminé jusque-là,
de germes infectieux. Veit croit qu'on pourrait prévenir la per-
foration de l'utérus avec la curette, si l'on curettait toujours de
haut en bas, jamais de bas en haut. Dans les cas d'endométrite
BEVUR GÉNBRALE. — OSWALD FEIS 133
catarrhale, il fait suivre le curettage d'une cautérisation dans
le but d'éviter une récidive .
Des travaux sur la dilatation du col, nous citerons d'abord
celui de Braun (21). Cet auteur conseille pour la dilatation du.
col des tubes à drainage qui, étirés sur une sonde, sont intro-
duits dans le col. Dès que l'extrémité de la sonde dépasse Tori-
fiée interne, on cesse de tirer sur le drain qui se détend dans le
col, tandis qu*on retire la sonde. Le drain reste vingt-quatre
heures in sitUy et on le remplace, éventuellement, par un plus
gros.
Un des avantages des drains sur les tiges de laminaire, c'est
que l'excrétion des sécrétions utérines s'effectue librement. En
gynécologie, la méthode s'applique au traitement des sténoses
du col et de l'endométrite.
Pour le traitement de la stérilité, Gibb (22) préconise soit la
dilatation progressive à l'aide de cathéters gradués, soit la dila«
tation brusque sous la narcose (sur 26 cas, il y avait 16 gros-
sesses). Dans la discussion, Murray recommande l'emploi de
l'électricité, Cleveland le tamponnement avec de la gaze iodo-
formée.
Quand il y a rigidité du col, Routh (23) n'emploie plus de
tige dilatatrice, mais il intervient immédiatement après une
période menstruelle, parce qu'à ce moment le col est plus mou
et plus extensible. Lorsque le col est très rigide, il applique,
deux heures avant la dilatation, un tampon glycérine dans le
col ; la sécrétion des glandes cervicales provoquée par la pré-
sence du tampon ramollit tout à fait le col. Il est aussi utile de
tamponner le col, six à huit heures avant la dilatation, avec de la
gaze imbibée de glycérine iodée.
Byford (24) emploie des dilatateurs qui, rigides en leur
milieu, sont malléables à leurs deux extrémités. GoubaroiT (25)
utilise des dilatateurs coniques ; le diamètre de chaque numéro
est à la pointe, celui du numéro précédent à la base. Sturlin-
gen (26) conseille pour la dilatation du canal du col un instru-
ment conçu sur le principe du tenseur pour gant (Handschuh-
dehners).
134 THAVAUX RÉCENTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTÉRINE
Au jugement de Sânger (27), lexploratlon digitale de l'uté-
rus ne sera jamais supplantée par le curettage et Tendoscopic.
D'ailleurs, en un grand nombre de cas, il est impossible d*ob-
tenirla dilatation rapide du col sans l'emploi de la force. Dans
ces cas, la dilatation lente du col est indiquée. La meilleure
tige dilatatrice, c'est la laminaire. En particulier, dans les cas
d'hémorrhagie utérine dont la source est obscure et pour les-
quelles Texamen de fragment de muqueuse ne donne pas
d'éclaircissement, il faut pratiquer l'exploration digitale (Austas-
tung). Presque toujours, cette exploration digitale sera suivie
du raclage et de Texamen microscopique. Il faut, dans la réten-
tion de débris abortifs dilater jusqu'à ce que l'exploration digi-
tale soit réalisable. Mais cette proposition est de circonstance :
pas de curettage sans exploration. Pour rcnlèvement des
débris placentaires, Sânger use de préférence d'une large pince à
germes (d'après le type de la pince à calculs vésicaux de Berg-
mann), pour la fixation du col, d'une pince à crochet modifiée
de celle d'Alilfeld (Portiofasszange). Après la dilatation com-
plète de Putérus, un tamponnement est inutile. Dans les cas
de débris abortifs en voie de putréfaction, ne pas se servir de
tiges de laminaire, de peur d'inoculer des éléments infec-
tieux. De même, il faut pratiquer l'exploration digitale après
des avortements précoces. Cette exploration digitale est encore
indiquée dans les myômes du corps de l'utérus, surtout s'ils
coïncident avec des débris abortifs ; également comme temps
préliminaire à l'extirpation des myômes sous-muqueux, après
des raclages répétés, inefficaces, surtout dans les maladies de
l'endométrium, suspectes de malignité. Les tiges sont prépa-
rées comme suit : séjour de la tige, une minute, dans la solution
phéniquée à 5 p. iOO bouillante, conservation dans une solu-
tion d*éther iodoformé concentrée; immédiatement avant
l'usage, séjour dans une solution sodique à i p. iOO bouillante
(une demi-minute). Avant et après l'exploration digitale, lavage
de l'utérus. Pendant le traitement avec les laminaires, surveil-
lance de la température et du pouls. Pour peu que la tempéra-
ture s'élève, que le pouls s'accélère, on enlève la tige. On peut
REVUE GÉNÉRALE. — OSWALD FEIS 135
souvent se passer de la narcose pour l'exploration digitale
quand la dilatation a été obtenue.
Dans la discussion (28) soulevée à l'occasion du travail de
Sânger, Zweifel mit en garde contre Tusage fréquent de la
sonde en tant que moyen auxiliaire de diagnostic. Egalement,
à la clinique de Zweifel, on procède, dans les cas d'hémorrha-
gie d'origine génitale, toujours à Texploration manuelle de
l'utérus avant le curettage et après dilatation soit avec les
tiges dilatatrices, soit avec les dilatateurs de Hegar. Toutefois,
on constate souvent que la cavité cervicale n*est pas suffisam-
ment extensible et que le tissu utérin se déchire sous le doigt
explorateur ; il faut en conséquence limiter l'exploration digi-
tale aux cas dans lesquels la dilatation peut s'obtenir sans vio-
lence. Zweifel utilise habituellement les tiges de laminaire.
Quand il y a coudure du canal, on introduit d'abord la sonde,
courbée suivant le besoin, puis la tige, soumise à l'action de
l'eau bouillante, et après lui avoir donné la courbure convena-
ble. L'examen microscopique des fragments enlevés, qui est
fait dans tous les cas, permet de déterminer avec précision la
maladie de la muqueuse. Graefe dit que, lorsqu'on a enlevé des
fragments volumineux de tissu, il est difQcile de faire un examen
microscopique de la totalité. Or, si Ton se borne à en examiner
une partie, des portions malades peuvent précisément échapper
à l'examen, ainsi qu'il advint dans un cas où l'auteur ne décou-
vrit que par l'exploration digitale de la cavité utérine, après
deux abrasions de la muqueuse, un point de dégénérescence
cancéreuse au niveau de l'angle tubaire gauche. L'exploration
manuelle de l'utérus fait éviter de méconnaître l'existence de
polypes, éventualité fréquente avec le curettage. Même dans la
pratique privée, ainsi que le note Donat, l'exploration digitale
après dilatation est parfaitement possible.
En fin de discussion, Sânger fait la remarque que l'intro-
duction de la tige, au cas d'antéflexion accusée, est possible
dans le décubitus latéral de Sims. Chez les vierges, il ne
dilate avec la laminaire qu'exceptionnellement, mais il exécute
en une seule séance dans la narcose toutes les manœuvras
\
136 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTÉRINE
nécessaires. Dans des conditions particulièrement difficiles
(étroitesse et rigidité de la cavité cervicale), il a pu sans incon-
vénients poursuivre quatre jours de suite la dilatation préalable.
Falk (29), dans un volumineux travail, s'occupe de Texplo-
ration manuelle de Futérus. Il établit à Taide d'un certain nom-
bre d'observations l'importance de cette manœuvre, particuliè-
rement dans les hémorrhagies atypiques. La détermination, le
diagnostic final est à la vérité établi par les résultats de
l'examen microscopique. Mais, tandis qu'en beaucoup de cas
curettage et examen microscopique suffisent pour fixer le dia-
gnostic, il n'en est plus ainsi dans les cas soit de myômes intra*
pariétaux ou sous-muqueux ou de polypes utérins. A son avis
l'exploration digitale est indiquée dans les cas d'hémorrbagies
atypiques lorsque ni l'anamnèse ni les renseignements fournis
par la palpation et le spéculum ne permettent de faire rigou-
reusement le diagnostic. Un défaut du traitement par la lami-
naire, c'est le délai nécessaire jusqu'à la dilatation (il faut
environ de deux à trois tiges pour obtenir le degré de dilatation
nécessaire). Presque toujours, l'exploration digitale exige le
secours de la narcose.
Pour mettre la tige en place, la malade est mise en position
génu-pectorale et on accroche la lèvre antérieure du col (on a, au
préalable, cathétérisé l'utérus). Les tiges sont conservées dans
une solution alcoolique phéniquce. Avant de les employer, on
les soumet à l'action de Teau bouillante et on leur donne la
courbure convenable, puis on les trempe dans une solution au
sublimé à 1 p. 1000 froide. La tige in situ^ si la température
s'élève, on la retire. Vingt-quatre heures après qu'on l'a enlevée,
introduction de dilatateurs métalliques. Après quoi, on intro-
duit une seconde tige.
Dès qu'on a pratiqué l'exploration digitale, on procède sans
tarder, sauf impossibilité, aux interventions. Existe-t-il des
polypes, on les extirpe avec la pince-curette de Schultze.
Pour le curettage, on se sert d'une curette de Récamier, large.
Boshesinsky (30) recommande contre Tendométrite chronique
non compliquée le traitement suivant : après dilatation du col,
REVUE GÉNÉRALE. — OSWALD FEIS 137
lavage de l'utérus avec une solution phéniquée à 2 p. 100,
injection de teinture d'iode, puis, de nouveau, lavage avec la
solution phéniquée. Ce traitement est repris tous les deux
jours, jusqu'à cessation de l'écoulement utérin. Finalement, on
fait encore (cinq à six) des injections de glycérine au tannin à
5 p. 100. La cure prend de quatre à six semaines.
Courant (31) a conseillé pour la thérapie intra-utérine un
instrument qu'il appelle seringue-porte-tampon (Stopfer-
spritze) : c'est une combinaison de la seringue de Braun et du
porte-tampon de Fritsch. Cet instrument permet de tasser de
la gaze dans la cavité utérine et de l'imprégner successivement
des liquides caustiques.
Morbach (32) utilise pour l'introduction de la gaze un instru-
ment en forme de pince, dont l'une des branches, creusée,
peut recevoir de la gaze disposée en plusieurs couches. L'ins-
trument, qui se ferme comme un forceps, agit aussi à la façon
d'un dilatateur. Une fois la gaze in utero, on retire successive-
ment les deux branches facilement séparables.
Warmann (33) recommande aussi un instrument pour le pla-
cement de la gaze ; mais comme, très justement, relève le fait
Gottschalk (34), cet instrument a été déjà conçu et décrit par
Henry J. Garrigues.
Lanelongue et Faguet (35) préconisent le drainage au
moyen des tiges d'aluminium dans la sténose du col, les dévia-
tions et les métrites. Mais, en plusieurs cas, on a observé des
suites fâcheuses de ce mode de traitement.
Grammatikati (36) conseille les injections intra-utérines
pour le traitement des phlegmasies utérines, des annexes et du
péritoine pelvien. II se sert pour les injections d'un mélange
d'alumnol (2 gr. 50), de teinture d'iode (25 gr.) et d'alcool
absolu (25 gr.). On injecte chaque jour 2 grammes de ce
mélange avec la seringue de Braun. Il faut environ quarante
injections pour la guérison. Consécutivement au traitement,
survient une ménopause passagère, à laquelle il faudrait
rapporter l'action favorable de la méthode.
Appert (37) traite la métzite gonorrhéique chronique
138 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTEA-UTÉRINE
(dans les stades aigus, pas do traitement), par Tapplication réi-
térée de bandes de gaze imbibées de glycérine créosotéc ou de
naphtol camphré. D'Aulnay (38*) préconise contre le catarrhe
du col, le procédé suivant : en premier lieu application d*une
bougie de résorcine et d'acide salicylique; la bougie est main-
tenue en place au moyen de tampons d'ouate imbibés de glycé-
rine au sublimé à 1 p. 100. Même traitement les 3*, 4% 5* et 6*"
jours ; puis tous les trois jours tamponnements du vagin avec
de l'ouate salicylée. Généralement, il suffit de trois tamponne-
ments pour la guérison du catarrhe. Lutaud (38) conduit le
traitement de la métrite de la façon suivante : d'abord, dilata-
tion du col à la laminaire, puis lavage de l'utérus avec une solu-
tion sodique à 3 p. 100 et badigeonnage de la cavité utérine
avec de l'éther iodoformé (1 p, 10) ; ensuite applications
d'épongés chargées de naphtol, d'iodoforme, de teinture d'iode,
d'acide salicylique ou de glycérine créosotée, qui restent six
heures en place et sont changées tous les deux ou trois jours.
La curette n'est utilisée que contre les endométrites hémorrha-
giques.
Weber (39) combat l'emploi des agents caustiques dans le
traitement de l'endométrite. Il conseille le curettage et l'emploi
consécutif des désinfectants.
Van Tussenbroek (40) se sert dans la thérapie intra-utérine,
à la place du chlorure de zinc, de Tichtyol dans les hémorrha-
gies et dans les endométrites infectieuses suppurées. La sub-
stance médicamenteuse est portée avec la sonde de Playfair.
Comme preuve de l'action caustique de ce médicament, il pré-
sente un sac muqueux enlevé du col d'une malade. Ce sac
reproduit le moule de la cavité utérine.
Stratz, au cours de la discussion, nota qu'il injectait des solu-
tions d'ichtyol à 10 p. 100 dans l'utérus.
Contre les hémorrhagies abondantes de la ménopause, Ber-
thold (41) fait, avec la seringue de Braun, des injections intra-
utérines de perchlorure de fer étendu de moitié d'eau. Ces
injections sont répétées tous les joursjusqu'à cessation de Thé-
morrhagie. Léopold et d'autres notèrent, au cours de la discus-
sion, qu'ils se servent de la seringue de Braun pour ces injec-
REVOB GÉNÉRALE. — OSWÂLD FBIS 139
tions. Toutefois, il y aurait danger à introduire Tinstrument
sans dilatation préalable du col.
Rey et Chalanson (42) traitent Tendométrite chronique avec
des crayons de nitrate d'argent. Quand il y a nécessité, dila-
tation préalable du col ; introduction du crayon avec la pince
à pansements (en général, on se sert d*un crayon mitigé :
nitrate d^argent une partie, nitrate de potasse deux parties).
Tampon en avant de la portion vaginale du col de Tutérus,
laissé en place quarante-huit heures. Chaque jour, lavages du
vagin; poudrage du col avec de Tiodoforme, repos au lit de
cinq à dix jours.
Fehling (43) dans un travail s'étend sur le traitement de
l'endométrite. A son avis, la laminaire est le meilleur agent de
dilatation du col de Tutérus, on n'obtient dans l'endométrite
chronique que de faibles résultats parle tamponnement avec
de la gaze. La sonde de Playfair est supérieure au porte-caus-
tique américain, qui s'accroche trop facilement aux sillons de
l'arbre de vie. Avant la cautérisation et l'abrasion, il convient,
au lieu de l'irrigation, de faire un nettoyage du col de l'utérus
avec une tige entourée d^ouate, d'abord sèche, puis imbibée d'une
solution antiseptique. Après l'abrasion, Fehling fait, à intervalle
de quatre jours, deux cautérisations.
Pichevin, Doléris et Petit (44) interviennent dans la cavité
utérine, même lorsqu'il existe des phlegmasies péri-utérines,
à la condition qu'elles ne soient pas dans un stade aigu, par le
curettage précédé de dilatation. Paine (45) conseille, après le
curettage, la cautérisation avec l'acide phénique pur, le tampon-
nement de l'utérus avec de la gaze iodoformée.
Pinna-Pintor (46) emploie après l'abrasion de la muqueuse
utérine des injections répétées d'un mélange à parties égales
d'une solution saturée d'euphorine et d'huile d'olives stérilisée.
Lôhlein (47) conseille pour le raclage de la muqueuse du
fond de Tutérus et des angles latéraux la cuiller tranchante de
Simon-Schrôder, tandis que pour le resté de la muqueuse il se
sert toujours de la curette (A).
(A) Voir Annales de Gyn. et d'Obst,,iuiii 1895, p. 68. — B. L.
140 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA THERAPEUTIQUE INTRA-UTBRINE
Fancourt Barnes (48) fait, pour Fusage de la curette, les
recommandations suivantes : il faut, toujours, avant de pro-
céder au curettage, réaliser une dilatation assez large pour
rintroduction de Tindex ; il suffit d'ordinaire pour cela de tiges
de laminaires. Pour Tabrasion qu il fait dans la narcose, il se
sert de la curette et de la cuiller tranchante .
Au cours de la discussion, Macpherson Lawrie note qu*après
le curettage, il lave avec de Teau bouillie. Harvey et Sinclair
n'ont pas recours à la narcose. Greig-Sraith, d'ordinaire, n'uti-
lise pas la dilatation. Bantock estime la dilatation préalable avec
les tiges dilatatrices nécessaire. Les éponges comprimées,
lorsqu'elles sont très soigneusement préparées, ne sont pas
dangereuses.
llkewitsch (49) propose de traiter Tendométrite avec l'acide lac-
tique, s'appuyant sur la donnée que le développement de Tacide
lactique dans le vagin s'accompagnerait de propriétés bactéri*
cides. Cet expérimentateur a, au cours de ses recherches bactério-
logiques, constaté que l'acide lactique, en solution à 3 p. 100,
tue les germes saprophytes et pathogènes. En outre, il a obtenu
des résultats favorables dans l'endométrite, les érosions du col
avec des solutions à 50 et à 100 p. 100 d'acide lactique, appli-
quées avec des pinceaux d'ouate, lia aussi combattu la vaginite
avec des solutions à 3 p. 100. Le traitement appliqué sans que
la malade fût au repos a paru sans dangers.
Blondel (50) préconise pour la dilatation de Tutérus le tam-
ponnement avec de la glycérine au sublimé (solution à Ip. 500).
Braitvrait (51) procède à la dilatation à la fin de la menstrua-
tion, tout de suite après la cessation deThémorrhagie. A ce mo-
ment il est facile d'ouvrir le col avec les tiges d'Hegar. Afin de
rendre inutile l'emploi d'un spéculum, Aitken (52) introduit la
sonde armée d'ouate dans un tube de caoutchouc long de
30 centimètres ; quand la sonde est à l'orifice externe le tube est
ramené en arrière et l'instrument poussé dans l'utérus. Contre
la gonorrhée du col, Lehmann (53) se sert de dilatateurs
coniques, en métal, qu'on introduit à l'aide d'un spéculum, petit,
cylindrique, en métal, approprié. L'instrument reste en place
REVUE GÉNÉRALE. — OSWALD FEIS 141
quelques minutes, le dilatateur est ensuite retiré, et la solution
caustique appliquée avec la sonde de Playfair armée d'ouate
(chlorure de zinc, argonine, solution de nitrate d'argent). Avant
l'intervention, on fait un lavage du col avec une solution sodi-
que. Semblable cautérisation est pratiquée une fois par semaine.
Eberhardt (54) traite de la valeur du traitement par les lami-
naires; à son avisy on peut rendre les tiges si aseptiques qu'elles
peuvent rester plusieurs jours en place. Elles sont préparées de
la façon suivante : séjour dans Talcool absolu pendant plusieurs
heures, puis dans Téther iodoformé à 10 p. 100 où elles doivent
rester 3-4 semaines avant qu'on s en serve. On ne doit jamais
les soumettre à Tébullition qui les fait trop gonfler. Des contre-
indications à leur emploi sont les processus inflammatoires
des annexes, par exemple le pyosalpinx. Ces dilatations sont
extrêmement utiles avant le curettage ; également dans le
traitement de la stérilité et de la dysménorrhée. Dans ces
conditions, surtout quand elles se compliquent de sténose de
l'orifice interne, on aura recours avec bénéfice au traitement
électrique. Dans la gonorrhée utérine rebelle : dilatation à la
laminaire et tamponnement avec de la gaze imbibée d'une solu-
tion de nitrate d'argent à 2 p. 100.
Auvard (55) fait la dilatation 24-48 heures avant toute inter-
vention sur le col ; quand il fait une dilatation large, il fait le
tamponnement à la VuUiet ; sinon les tiges de laminaires suf-
fisent.
Dans un travail sur le traitement intra-utérin méca-
nique, Simons (56) propose de soumettre à un traitement intra-
utérin méthodique les cas d'aménorrhée etde dysménorrhée, liés
àThypoplasie acquise delà matrice. Le traitement qui a pour but
de produire vers la muqueuse et la couche musculaire un mou-
vement fluxionnairepar l'excitation, effet du corps étranger intro-
duit, consiste d'abord dans les cathétérismes méthodiques (3-4
par semaine). La sonde reste en place environ trois minutes ;
son application peut être suivie de l'apparition de mouvements
tétaniques. Surtout chez les vierges, on se borne à ces moyens.
Dans les cas de disproportion entre le volume de l'utérus et celui
142 TRAVAUX RÉGBNTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTBRINB
des ovuires normaux et de dysménorrhée concomitante, il faut
faire le cathétérisme pendant la semaine qui précède la mens-
truation. Les tiges sont en os ou en ivoire ; on les place la
malade étant en dccubitus dorsal, et Tutérus légèrement attiré
avec une pince à crochet. La tige est maintenue au moyen d'un
pessaire de Hodge spécialement approprié.
Zepler (57) fait d'abord la dilatation, puis se sert d*un petit
spéculum, rappelant certains spéculums pour bains, cylin-
drique et formé de fines tiges métalliques (la paroi utérine,
grâce à ce dispositif^ n'est pas masquée par Tinstrument), qui
permet d'inspecter soigneusement la surface interne de la
matrice. L'éclairage est produit par une lampe électrique.
L'emploi de cet instrument paraît indiqué pour: a) l'évacuation
de collections tubaires liquides au moyen de sondes tubaires
malléables; b) le diagnostic d'affections malignes; c) la cautéri-
sation; d) le traitement par la vapeur, etc.
Beuttner (58) a imaginé pour l'hystéroscopie un instrument,
combinaison du cystoscope de Nitze-Winter placé dans un
tube métallique, et d'un dispositif-laveur spécial.
Stratz (59), pour appliquer sur la portion vaginale du col et
sur l'utérus des substances caustiques ou très colorantes, par
exemple pour les injections de teinture d'iode, utilise un spécu-
lum en verre à pédicule, à manche creux, qu'on prolonge encore
avec un ajutage en caoutchouc. On peut placer directement
la portion vaginale du col dans le spéculum et, grâce à cette
disposition, mettre à l'abri de l'action des topiques et le vagin
et les mains du chirurgien.
Beuttner (60), dans un cathétérisme de Tutérus redressé, nota
une longueur de 7 centimètres et, le col ayant été dilaté, les dila-
tateurs, sans que nulle force fût employée, pénétrèrent de 13 à
14 centimètres. L'instrument enlevé, on trouva de nouveau au
cathétérisme 7 centimètres. Et les mêmes constatations furent
faites à un nouvel examen.
Dans un second cas, on arriva à des constatations inverses
(relâchement à l'introduction de la sonde, contraction au con-
tact du dilatateur). Selon Beuttner, il faut écarter l'hypothèse
r
REVUB céNéRALE. — OSWALD FEIS 143
d'une perforation et expliquer le fait par le relâchement du
tissu utérin consécutif à l'excitation produite par Finstrument
introduit.
Cette publication fut suivie de plusieurs autres sur le même
sujet :
Et d'abord, Ahlfeld (61) explique Tobservation faite par
Beuttner par la pénétration du cathéter dans une trompe. Il a
d'ailleurs pu, dans un cas appartenant à sa pratique person-
nelle, constater rigoureusement par le palper bimanuel la pos-
sibilité de cette éventualité.
Courant (62) n'accepte pas non plus l'explication de Beuttner.
Il incline davantage à admettre la perforation de l'utérus, et
d'autant mieux que les femmes observées par Beuttner étaient
faibles, sous le coup d'un avortement, qu'il s'agissait donc d'u-
térus mal involués : dans des conditions, par conséquent, favo-
rables, on le sait, à la perforation.
Odebrecht (63) admet aussi une perforation dans les cas de
Beuttner. Lui-même a observé, dans un cas de ventro-fixation
après ouverture du péritoine, une perforation de l'utérus par la
sonde. La musculeuse utérine était, dans ce cas, si prompte à se
déchirer que les sutures appliquées déchiraient immédiatement
les tissus. Il pense aussi que les dilatateurs, qui pour produire
la dilatation doivent être écartés — comme dans le cas de Beutt-
ner, ceux de Schultze — risquent fort d'amener la perforation.
Glaeser (64) a publié un autre cas, dans lequel la perforation
fut mise directement en évidence sur l'utérus extirpé.
Spaeth(65)faitune communication sur les résultats obtenus
avec les pessaires-tiges de Prochownick (combinaison d'un pes-
saire de Hodge et d'une tige-support qui est introduite dans
le col).
Sippel (66) se sert avec avantage, dans des cas appropriés, des
tiges intra-utérines. Ces cas sont surtout ceux d'antéflexion
où, par suite d'un relâchement considérable du tissu, l'utérus
non seulement ne se redresse pas pendant les règles, mais se
plie davantage. Dans la suite, surviennent de l'endométrite, des
ménorrhagies ; un signe caractéristique de cet état, c'est la
144 TRAVAUX RÂCENTS SUR LA THÉRAPEUTIQUE INTRA-UTBRIKB
persistance des douleurs pendant toute la durée des règles. En
outre, comme on peut le constater facilement, Tutérus ayant été
abaissé, il n'existe pas de sténose réelle du col. Il faut, pour
l'emploi des tiges intra-utérines, que les annexes soient absolu-
ment indemnes de lésions inflammatoires.
Courtin(67) a imaginé un dispositif spécial pour assurer leur
fixation et faciliter leur enlèvement.
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I
I
I
148 SOCIÉTÉS SAVANTES
REVUE DES SOCIETES SAVANTES
SOCIETE D OBSTETRIQUE, DE GYNECOLOGIE ET DE PiGDIATRIE DE PARIS
Séance du Î2 janvier 1900,
M. RicHBLOT. Suite de la discussion sur la communication de
M. Pinard : Des suites des opérations pratiquées 'sur l'utérus et les
annexes au point de vue des grossesses et des accouchements ulté-
rieurs. Hystéropexie . — La communicaiion de M. Richelot porte sur
les indications, la technique et les résultats obstétricaux des hystéro-
pexies.
La fixation de Tutérus est le traitement des rétroversions^utérines
pures sans lésions annexielles. Ces rétroversions simples mobiles, qui
peuvent exister aussi bien chez les vierges que chez les femmes deve-
nues mères, appartiennent aux arthritiques nerveuses. Elles sont causes
par elles-mêmes de douleurs, de troubles nerveux, de stérilité. Les
symptômes auxquels elles donnent lieu disparaissent par le fait seul
du redressement.
Ce redressement peut être obtenu en suivant deux méthodes : 1<» la
méthode à ciel ouvert, qui incise franchement le péritoine, par la voie
haute ou la voie basse, explore la cavité pelvienne, achève le diagnos-
tic, traite les adhérences ou autres lésions d*abord inaperçues ; en un
mot, ne livre rien au hasard ; 2» la méthode aveugle, comprenant les
procédés qu'on a groupés sous le nom d'Alexander, et qui a la pré-
tention de corriger efficacement la mauvaise attitude de Tutérus, sans
voir ni toucher Futérus lui-même ou les organes qui l'entourent.
M. Richelot examine successivement ces deux méthodes et les pro-
cédés qui en découlent. Par l'hystéropexie abdominale on obtient une
fixation solide. Cette fixation donne souvent un résultat thérapeu-
tique satisfaisant. Au point de vue obstétrical, M. Richelot trouve dans
sa statistique deux grossesses normales terminées par un accouche-
ment régulier, un accouchement prématuré à 6 mois chez une éclamp-
tique, deux fausses couches.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DE GYNECOLOGIE ET DE PEDIATRIE 149
Les accidents dystociques qu'on a pu voir survenir tiennent, le
plus souvent, à une mauvaise technique. Le fond de Tutérus doit rester
libre ; les fils doivent être placés sur la face antérieure au-dessous de
rinsertion des trompes.
L'hystéropexie vaginale bien exécutée, laissant libre le fond de
l'utérus, est dans certains cas une bonne opération ; une des femmes
opérées par M. Richelot suivant la technique qu'il a décrite au Congrès
de Marseille est devenue enceinte et a conduit sa grossesse à terme :
un rétrécissement pelvien a nécessité une symphyséotomie.
En face de ces deux procédés d'hystéropexie à ciel ouvert, prend
place la méthode aveugle d'Alexander. Si elle est passible de nom-
breuses critiques au point de vue chirurgical, elle est certainement
plus rationnelle au point de vue obstétrical que les précédentes.
L*opération qui, jusqu'à présent, paraît le mieux répondre au but
que l'on propose pour la fixation de l'utérus est la méthode recom-
mandée par Doléris, le • raccourcissement des ligaments ronds par
inclusion pariétale d. Cette méthode consiste à fixer après laparoto-
mie, dans i'angle inférieur de la plaie pariétale, la iparûe résistante et
solide des ligaments ronds, c'est-à-dire la partie juxta-utérine.
M. Legubu a vu trois de ses opérées d'hystéropexie abdominale, deve-
nir enceintes. Toutes trois se sont bien portées pendant leur grossesse ;
i*une d*elles, cependant, présenta quelques tiraillements au niveau de
sa cicatrice et une fausse incontinence d'urine avec miction par rengor-
gement.
M. Legueu n'a de renseignements sur l'accouchement qUe pour deux
de ses malades. L'une, après un travail prolongé, dut subir une appli-
cation de forceps; l'autre (statistique de M. Pinard) eut une présenta-
tion de l'épaule, corrigée par la version, par manœuvres externes
et l'application d'une ceinture eutocique. L'accouchement fut spon^
tané.
M. Legueu ajoute à ces observations celle d'une femme, hystéro-
pexiée par M. Schwartz, en 1893, et une premièpe grossesse, survenue
après Topération se termina par un accouchement spontané à terme par
le sommet (1895). L'utérus resta fixé.
Une deuxième grossesse se termina par un accouchement dysto-
cique (1899). Tète en bas non engagée. Lenteur du travail (huit jours
de douleurs). Col très élevé au niveau du promontoire. Dilatation
manuelle. Version par manœuvres internes et extraction d'une fille
de 3,240 grammes, en état de mort apparente et qui fut ranimée.
150 REVUE ANALYTIQUE
D*i]ne façon générale, M. Legnen n'est pas partisan de Thydropexie
qu'il ne pratique presque plus. Dans les salpingites bilatérales, il (ait
Tablation totale de Tutérus et des annexes. Dans les salpingites unila-
térales, il fait la salpingectomie et le surjet du pédicule suffit h
redresser Futérus. Si la rétro-déviation est simple, sans lésions
annexielles, il pratique le raccourcissement intrapéritonéal des liga-
ments ronds.
M. DBLAGENiàRB (du Maus). Indications opératoires dans les cas de
fibromes compliqués de grossesse. — (Voir page 81.)
A. GOUTBLAIRB,
Interne des hôpitaux.
REVUE ANALYTIQUE
THERAPEUTIQUE (NOURRICE ET NOUYEAU-lfé)
Du traitement des fissures du sein (Zur Behandlung der Papilla fis-
surata). M. Le Maire. Cefit.f. Gyn., 1899, n<» 32, p. 978.
Depuis fort longtemps, à la clinique de Copenhague, on emploie, et
avec avantage, la créoline contre les fissures du sein. Les résultats
fournis par ce médicament sont à ce point favorables qu'on n'avait
pas songé h essayer une des nombreuses substances successivement
préconisées. Toutefois, h cause de tout le bien que Ton disait de Tor-
thoforme, on se décida à Texpérimenter dans 60 cas : après chaque
tetée, badigeonnagc avec une solution d'orthoforme dans de Talcool à
80o ; application d'une compresse sèche, stérilisée. Conclunona: 1» les
douleurs, après le badigeonnagc, sont en général insignifiantes et pas-
sagères (quelques minutes) ; seule, la première application peut être
suivie de douleurs vives ; 2» l'orthoforme possède une action anesthé-
siante notable. Les douleurs cessent ou, du moins, sont fortement atté-
nuées. Les malades simultanément traitées par la créoline et l'ortho-
forme préféraient celui-ci, et plusieurs le réclamaient ; 3<> dans un
certain nombre dos cas, on a cherché à l'employer prophylactiquement.
On a même fait des applications sans attendre l'apparition des fissures,
THERAPEUTIQUE (NOUaRICB ET NOUVEAU-NÉ) 151
lorsque les femmes accusaient seulement de la sensibilité douloureuse
du mamelon. Cette sensibilité disparaissait vite. Mais Forthoforme
n*a pu qu'exceptionnellement prévenir la formation de fissures vraies ;
4** contre les petites fissures, la préférence est à doimerà l'orthoforme.
La guérison est accélérée, et l'action anesthésîque est supérie uro ;
50 mais, dans le cas de fissures profondes, sécrétantes, il faut catégori-
quement proscrire l'orthoforme : souvent on constate des phéno-
mènes d'irritation et de lymphangite aréolaire ; il semble que par les
badlgeonnages on oblitère les conduits galactophores et qu'on favorise
le développement d'une mastite ; 60 on n'observa chez les enfants
aucun trouble digestif imputable à l'usage de l'orthoforme.
Au résumé, à la clinique de Copenhague, on est revenu h l'emploi de
la créoline, substance qui a de plus l'avantage d'être moins coû-
teuse, particularité qui a son importance dans la pratique. R. L.
De remploi du protargol an lien du nitrate d'argent pour les ins-
tillations d'après la méthode de Gredé (Ueber die Werwendung des
Protargol an Stelle des Argentum nitricum bel der Credé'schen Ein-
fraûfelung). Fritz Engblmahn. Cefit.f. Gyti.j 1899, n» 30, p. 907.
On a employé une solution forte de protargol (20 p. 100) qui, comme
pouvoir de désinfection, correspond à la solution à 2 p. ipo de nitrate
d*argent ou la surpasse (Neisser, Darier, Praun).
On a utilisé 100 sujets successivement, sans sélection aucune ; chez
27 p. 100 des nouveau-nés, on n'observa pas de sécrétion ; chez 52 p.
100, la sécrétion était tarie dès le deuxième jour ; chez 24 p. 100 seu-
lement, la sécrétion persista au delà d'un jour (chez 4 p. 100, jusqu'à
quatre jours). Dans ces derniers cas, on constate une prédisposition,
fait déjà noté par Cramer : vulnérabilité ou altération de la conjonc-
tive chez des nouveau-nés avant terme ou nés après des accouche-
ments laborieux, ou terminés artificiellement.
Le fait capital est que, dans 80 p. 100 des cas, il n'y eut pas de
sécrétion, ou une sécrétion faible, ou peu forte, qui a cessé dès le
deuxième jour.
Si Ton compare ces résultats avec ceux fournis par le nitrate
d'argent d'après Cramer, on voit qu'après le trsûtement argentique
96 p. 100 des nouveau-nés ont présenté une sécrétion plus ou moins
abondante, parfois considérable, qui, la plupart du temps, se prolongea
jusqu'au cinquième jour et au delà ; que, d'autre part, il y eut 9 cas
de catarrhe secondaire ;
\
152 REVDB ANALYTIQUE
Qu'après le traitement au protargol, il ne survint aucune sécrétion
dans 30 p. 100 de tons les cas ; une faible seulement et ne durant
qu'un jour dans environ 50 p. 100 des cas ; et, dans 20 p. 100 des cas,
une plus abondante ; mais quatre fois seulement, elle,persista jusqu'au
quatrième jour.
La conclusion, c'est qull faut donner la préférence à la solution de
protargol à 20 p. 100 sur la solution à 2 p. 100 de nitrate d'argent
pour les instillations prophylactiques à la Gredé. R. L.
Procédé aseptique simple de ligature et de pansement du cordon
(Ein vereinfachles aseptisches Verfahrcn bei dcr Yerbindung nnd
Behandlung der Nabelschnur). J. Kusmin. Cent, f. Gyn.^ 1899,
n° 10, p. 26.
Le double but vise dans le pansement du cordon ombilical, c'est :
a) une dessiccation rapide, h) une protection aussi absolue que possible
contre toute infection du cordon et de la plaie ombilicale. L'auteur a
cherché à remplir ce double but au moyen d*un procédé nouveau et
simple. Gomme moyen de dessiccation, il a eu recours à un pansement
au plâtre et, comme agent de protection contre l'infection, il a essayé
de l'application sur le cordon, au voisinage de l'ombilic, d'un anneau
de caoutchouc qui, par son action mécanique, doit amener la chute du
cordon. L'anneau de caoutchouc est appliqué tout près de l'anneau
ombilical, pas au delà d'un centimètre. Il comprime si solidement la
tige funiculaire qu'il est inutile d'appliquer une ligature plus en
dehors. Get anneau de caoutchouc a un diamètre de 9 millim., sa
lumière mesure 3 millim., Tépaisseur de sa paroi également 3 millim.
Il possède une force de contraction considérable et peut, d*autre part,
être élargi jusqu'à 3 centim. et 3 centim. et demi, détail important
pour la facilité de son application. Quant à l'extrémité externe, aussi
courte que iwssible, du cordon, elle est recouverte par un petit pan-
sement plAtré.
Expérimenté dans 42 cas, ce pansement n'aurait donné que de^
résultats satisfaisants. La chute du cordon a eu lieu en moyenne le
quatrième jour sans suppuration aucune (12 fois le cinquième jour,
13 fois le quatrième jour, 7 fois le troisième, une fois le deuxième
jour).
Ce mode de pansement aurait en particulier l'avantage, grâce à
l'occlusion qu'il réalise, de permettre la continuation dos bains, pra-
tique bonne, au point de vue de la santé générale, mais dangereuse
BOUS le rapport des risques d'infection qu'elle entraine. R. L.
THÉRAPEUTIQUE (nOURBIGB ET NOUVBÀU-NÉ) 153
Remarques sur Tarticle : a Procédé aseptique simple de ligature et
de pansement du cordon ombilical », etc. (Bemerkungen zum Artikel .
Ein vereinfachtes aseptiches Yefahren bei der Verbindung undBchand-
lung der Nabelschnur, etc). K. Gzbrwbnka. Cent. /. Gyn,, 1899,
n« 18, p. 513.
L'auteur nie d'abord que le pansement du cordon préconisé par
Kusmln réalise une occlusion réelle et empècbe Vimbibition du cordon.
En effet, à très bref délai, après deux jours, même plus tôt dans
certains cas, le cordon momifié s'atrophie notablement, tandis que
le manchon plâtré conserve ses dimensions, et Peau du Min passe
dans Tcspace intermédiaire.
D'autre part, c'est surtout la partie du cordon située au voisinage de
Tombilic qui tarde le plus à se momifier, et c'est celle-là surtout qu'il
faudrait mettre à l'abri du mouillage, condition non réalisée par le
nouveau pansement. Enfin, Kusmin dit qu'il tâche de faire le plus
court possible le fragment de cordon laissé adhérent ; or, cette brièveté
est de nature h faciliter le glissement de l'anneau de caoutchouc et,
par suite, des hémorrhagies secondaires, si rares avec les ligatures
ordinaires.
En résumé, ce mode de pansement ne réalise ni une simplification,
ni une économie de temps ou d'argent ; dans les mains des sages-
femmes il peut même devenir dangereux. Mieux vaut s'en tenir encore
h la pratique ordinaire : dessiccation soigneuse avec de l'ouate stéri-
lisée du bout de cordon devenu humide, application d'amidon salicylé
et enveloppement d'ouate stérilisée, pansement dont les bons résultats
sont connus. R. L.
Du traitement du cordon ombilical (Ueber die Behandlung der
Nabelschnurj.FRBiuBRR vok Budbbrg. Cent, f, Gyn., 1899, n<» 18, p. 315
L'auteur critique également le procédé préconisé par Kusmin, et
rappelle le pansement à l'alcool qu'il a déjà fait connaître l'année
dernière et qui lui a donné d'excellents résultats, pansement qui serait
aussi efficace que simple et peu coûteux :
V Après la naissance, le cordon étant coupé, on en exprime le sanç
et on lie. On donne un bain, et après le bain, le cordon ayant été
soigneusement séché, on l'entoure de bandes d'ouate hydrophile imbi-
bées d'alcool, et d'une seconde couche d'ouate plus lâche. Par-dessus,
le bandage ordinaire. Jusqu'à la chute du cordon, ce pansement est
renouvelé une à deux fois par jour. Durant ce temps, mieux vaut ne
154 REVUE ANALYTIQUE
pas baigner Fcnfant ; mais les bains ne sont pas incompatibles avec
ce mode de pansement. Les premiers jours, surtout quand il s*agit de
cordons infiltrés, gorgés de suc, il est bon d*user d'alcool absolu à cause
de son grand pouvoir de dessiccation ; toutefois, un alcool de concen-
tration moindre suffit. L'important est que Talcool employé soit pur
d'essences empyreumatiques si Ton veut éviter les phénomènes
inflammatoires. Ce pansement ne cause pas de douleurs aux enfants, à
condition de préserver du contact de Talcool les régions sensibles
des organes génitaux et les points éventuellement excoriés. »
R. L.
Du catarrhe, effet du nitrate d'argent chez le nouTeau-né (Der
Argentumkatarrh desNeugeborenen). H. Giombr. Cent./, Gyn,, 1899,
no 9, p. 242.
Les cliniciens sont loin d'être fixés sur le soi-disant catarrhe ocn*
laire, effet des instillations argentiques à la Gredé, les uns en contes-
tant même Texistence, l'attribuant à une mauvaise technique des
applications (Léopold) ; les autres, au contraire, le tenant pour une
conséquence sérieuse du traitement. L'auteur, en présence de ces
controverses, estime qu'il y a lieu d'élucider les points suivants :
a) L'œil réagit-il et combien de temps? b) la technique restant la même,
la réaction varie-t-elle avec les enfants ; existe-t-il un mode de réac*
tion idiopatliique ? c) le catarrhe argentique est-il un temps aseptique
et combien de temps, h partir de quel moment trouve-t-on des bac-
téries dans la sécrétion, et quelles bactéries l'entretiennent?
Pour résoudre ces différentes questions, Cramer a étudié les effets
des instillations argentiques sur 300 nouveau-nés, du l^''* avril 1898 au
l*' novembre 1898 . Technique : l'enfant couché sur le dos, on fait
tomber une goutte d'une solution de nitrate d'argent à 2 p. 100 dans
l'angle interne de l'œil ; on écarte ensuite les paupières, et on incline
l'enfant sur le côté, ce qui fait pénétrer le liquide dans l'œil. Par la
fermeture et l'ouverture successive des paupières, la solution se répand
dans le cul-de-sac conjonctival ; après quoi, on sèche avec de fouate
l'œil et le voisinage. La muqueuse conjonctivale réagit dans tous les
cas plus ou moins, réaction qui va d'une tuméfaction simple et injec-
tion de la muqueuse à une conjonctive intense, sévère. Sur les
100 cas observés, 5 fois seulement il n'y eut pas de sécrétions et tout
se borna à la rougeur et à la tuméfaction de la muqueuse. Dans les
94 autres, sécrétion plus ou moins abondante. Dans 73 cas, la sécré-
TUfiRÀPEUTIQUB (nOURRICB ET NOUVBÀU-NB) 155
Uon dara jusqu'au cinquième jour, puis tarit spontanément. Dans les
27 autres, elle se prolongea au del& du cinquième jour. Parmi ceux-ci,
chez 11 enfants, on observa une infection secondaire, démontrée par
nne recrudescence du processus primitif sur le point de guérir.
Tous ces catarrhes secondaires furent bénins et s'amendèrent avec des
lavages boriques.
Ejdste-i-il une prédisposition idlopftthique qui fait que les yeux de
certains nouveau-nés réagissent plus vivement que d'autres? L'hypo-
thèse est admissible ; mais, pour expliquer les différences dans le mode
de réaction, peut-être peut-on se servir d'autres données? Les alté-
rations plus ou moins accentuées de la conjonctive, accusées surtout
chez des enfants nés après des accouchements laborieux, prolongés
(présentation de la face, du front, forceps, etc.), sont singulièrement
aptes à favoriser la réaction inflammatoire consécutive à l'application
du nitrate d'argent. La suppuration fut, en particulier, énorme chez
deux enfants venus au monde avec la muqueuse supérieure œdéma-
teuses, en ectropion.
La durée de la sécrétion ne dépend pas exclusivement de son abon-
dance au début. Des processus réactionnels intenses guérissent en deux
fois vingt^quatre heures ; des processus modérés, faibles se prolongent
au contraire au delà de cinq jours. Cette différence dépend de la con-
tamination éventuelle, dans les premiers jours, de la conjonctive par
des bactéries.
Tandis que dans les premières vingt-quatre heures, grâce peut-être à
l'action consécutive des antiseptiques, le catarrhe reste aseptique,
c'est-à-dire qu'on n'y trouve pas de bactéries ; celles-ci conunencent à
apparaître à partir du deuxième joucfstaphylococcus albus, xéroseba-
cille, staphylococcus aureus). Sur les onze cas de catarrhe secondaire, on
trouva le staphylococcus aureus sept fois, trois fois en culture pure.quatre
fois associé au staphylococcus albus et au xérosebacille. Un des cas de
catarrhe secondaire était dii au streptocoque. Le staphyloccus albus et
le xérosebacille paraissent ne jouer qu'un r61e de germes saprophytes.
Bnfin, un certain nombre de cas, où la sécrétion fut plus ou moins
abondante, parurent tout à fait indépendants d'une influence bacté-
rienne. R. L.
156 A5ALTSK DES THESES EUSSES
ANALYSE DES THESES RUSSES
La Tersion prophylactiiiiie dans les bassiiiB nchitiqnes et J eiqMc-
tation simple, parK.-F. Matsiectset. Thèse de Saint-Pétersbourg, 1898.
G*est une bonne monographie où Ton trouve en outre réunis leâ
matériaux cliniques des trois plus grandes institutions d'accouche-
ment de Saint-Pétersbourg. L'auteur dans son travail arrive à la con-
clusion que le rétrécissement du bassin seul n'est pas une indication
suffisante pour la version prophylactique et que tous les arguments
en faveur de cette conduite sont basés sur le^ suppositions ou sur les
faits d'une importance exceptionnelle. Par rapport à la mère, Texpcc-
tation donne des résultats aussi bons que la version prophylactique ;
quant au fœtus, cette dernière est moins favorable, surtout dans les
cas difficiles, c'estr-à-dire dans l'absence d*une conformité relative
entre la tète du fœtus et le bassin de la mère. La version appliquée
exclusivement aux bassins plats ou aux multipares est moins avanta-
geuse pour le fœtus que Texpectation. La version faite avant que le
col soit complètement effacé est plus nuisible à la mère qu'à l'enfant.
Par rapport au fœtus, les désavantages de la version consistent sur-
tout en ceci que la présentation tout autre que par la tète s'adaptera
moins bien aux parois du bassin et que l'extraction du fœtus est une
cause exceptionnellement prédisposante à l'asphyxie.
Tnbercolose primitive des voies puerpérales, par J.-M. Popoy.
Thèse de Saint-Pétersbourg, 1898.
Dans ce travail, l'auteur rap|)orte les matériaux cil niques relatifs aux
conditions etaux voies de pénétration dans l'organisme des bacilles tuber-
culeux. La question ici traitée est loin encore d'être résolue, et l'affec-
tion même — tuberculose primaire des voies génitales — est très
rare. De quelle façon se produit une affection si strictement localisée?
L'auteur a cherché la solution de cette question par la voie expérimen-
tale. Il a injecté dans le vagin des cobayes une culture bacillaire,
]
DB LA QUESTION DU FORCEPS HAUT 157
maisdansunesériecettemoculationa été faite dans les parois vaginales
intactes ; dans une autre, rinflammation de ces parois a été provoquée
ou à Faide de substances irritantes, ou à Taide d'une aiguille.
Chez les huit cobayes de la première série, malgré Tinoculation, la
tuberculose ne s*est pas développée. On a observé chez ces animaux,
dans les régions blessées, les granulations tuberculeuses bien locali-
sées pendant un mois et plus ; on ne pouvait constater que rinflam-
mation des ganglions lymphatiques du voisinage ; les organes internes
restaient toujours indenmes.
Les mêmes phénomènes ont été observés dans la seconde série
d'expériences où rinflammation avait été provoquée artificiellement.
Les diverses parties de l'appareil génital s'infectaient, le processus
morbide restant toujours localisé.
La question de savoir si Vaffection reste toujours localisée ou si
elle peut se généraliser reste encore ouverte. L'auteur considère l'acte
puerpéral et la période menstruelle comme les plus favorables' à la
réceptivité de l'infection locale et note le fait que l'affection générale
subit souvent après l'accouchement une évolution très rapide.
De la question du forceps haut, par A.-G. Dhitriby. Thèse de
Samt-Pétersbourg, 1898.
L'auteur se servit pour faire son travail des matériaux delà maison
d'accouchement de Saint-Pétersbourg pendant la période de quatorze
ans (1883-1896). On y a fait 1,449 applications de forceps, dont 163 du
forceps haut. Il y avait 46 cas malheureux pour l'enfant, 4 cas pour
la mère ; on a noté 41 cas de traumatismes maternels. Dans 101 cas,
Tapplication du forceps avait |comme cause l'étroitesse du bassin. En
renvoyant les lecteurs aux chiffres donnés par l'auteur,, nous allons
citer quelques conclusions de son travail.
L'auteur considère le forceps haut, comme un des agents de Texpec-
tation et lui donne l'importance d'une opération d'épreuve.
Pour les bassins rachitiques, l'expectation est plus favorable que la
version prophylactique.
Dans les cas où l'extraction du fœtus ne réussit pas après quelques
tractions du forceps, il est préférable d'avoir recours à l'opération
césarienne, si toutefois les conditions sont favorables.
Les résultats définitifs du forceps haut (163 cas) sont représentés
par les chiffres suivants : l'extraction du fœtus vivant dans 50 p. 100,
158 ANALYSE DBS THÈSES DUSSES I
I
rextraction du fœtus mort dans 18 p. 100 des cas et la crAniolomie
dans 32 p. 100 des cas.
Drainage capillaire de rutéms comme méthode thérapeuti<iae des
endométrites post-partnm, par J.-M. Ouzarishik. Thèse de Saint-
Pétersbourg, 1898.
Cette méthode n*est qu'une répétition de ce qui se fait tous les
jours par les chirurgiens dans les plaies cavitaires. Appliquée au
traitement de lendométrite puerpérale, cette méthode se réduit à l'in-
troduction d'une bande de gaze iodoformée dans la cavité utérine et
dans le remplissage de la cavité utérine de bandes de gaze stéri-
lisée. Sur 115 malades traitées de la sorte par Fauteur, dont 8 présen-
taient des complications, 1 est morte ; donc 0,86 p. 100 de morta-
lité ; pour les autres, on a fait 588 tamponnages, donc 5 sur chaque
cas non compliqué pendant douze jours, moyenne de séjour à rh6-
pital.
Extirpation de Tatéruset de ses annexes par le vagin avec l'appli-
cation de pinces à demeure, par D.-E. Gorokhov. Thèse de Saint-
Pétersbourg, 1898.
Dans son travail, l'auteur, médecin de Zemstvo, ayant réuni les
matériaux cliniques gynécologiques russes et les données de sa clien-
tèle personnelle, a tiré certaines conclusions d'un intérêt pratique.
En tout Gorokhov rapporte 85 observations :9 p. 100 des malades
ont succombé aux suites opératoires ; c'est à peu près le pourcentage
de léthalité donné {mr la laparotomie ; l'hystéro-oophorotomie par le
vagin présente l'avantage d'être moins longue, de trente h quarante
minutes. Le bien-être de la plupart des malades, malgré l'avis de
quelques chirurgiens, est suffisant ; les hémorrhagies post-opératoires
sont rares et cèdent au tamponnement ; l'exécution de l'opération a
été facile même dans les cas de l'abaissement peu suffisant de l'utérus,
là où la suture de la plaie présentait de réelles difficultés. Les opérées
pouvaient s*asseoir au bout de onze à quatorze jours, et au bout de
douze à seize jours commençaient déjà à marcher. Un mois de séjour
à l'hôpital a été suffisant pour la guérison complète.
Papillomes kystiques an point de vue clinique et pathologique,
par D.-J. Shirtov.
Les propriétés cliniques des papillomes kystiques jusqu'à présent ne
PAPILLOMES KYSTIQUE» 159
sont pas encorobiennettementdéternilQéés.L'opmiond'Olshauseiiestdes
plus admises par ceux qui considèrent les papillomes kystiques comme
des néoformations dénature maligne. Cependant les observations cli-
niques ultérieurement faites ont démontré que les papillomes kystiques
n'ont pas tous une évolution maligne et qu^il y a des cas où la guéri-
son est possible à la suite de leur ablation. On constatait môme des
guérisons dans les cas où certmnes parties de ces papillomes avaient été
laissées dans la cavité péritonéale.
Les recherches anatomo-pathologiques à leur tour sont venues pour
affirmer la nature bénigne de certains papillomes kystiques. En se
basant sur des recherches cliniques et histologiques de vingt cas,
le D'' Shirtov conclut : que les papillomes kystiques se dévelop-
pent de répithélium embryonnaire par la voie de son invagination
dans le stroma de Tovaire et des éléments parovariens.
Ils n'atteignent pas une grande taille, se trouvent situés surtout
entre les feuillets des ligaments larges et se présentent sons forme
des formations multicavitaires et bilatérales. Presque toutes les
néoformations superficielles sont intracavitaires.
LÀ où on peut les rapporter aux papillomes ovariques, il est toujours
facile de démontrer leur origine différente de celle des premiers,
c'est-à-dire que la végétation a pour cause l'épithélium de la surface
interne des cavités.
An point de vue anatomique, on peut les classer en deux groupes :
fibpome et adénome papillaire. Dans les premiers^ on rencontre dans
les papillomes la prédominance du tissu connectif ; dans d'autres, du
tissu épi thélial. Les papillomes du secondtype s'observent plus souvent
et sont pourvus d'un réseau vasculaire très riche. Les formes inter-
médiaires entre le fibrome et l'adénome sont possibles. Le développe-
ment d'un kyste dans le papiUome lui-môme se fait par la voie de
formation de bourgeons creux de l'épithélium papillaire dans le
stroma et par leur détachement consécutif par bande. Au point
de vue clinique, l'auteur constate un symptôme très caractéristique
— les douleurs précoces ne correspondant nullement aux don-
nées de l'examen objectif. Le pronostic opératoire est favorable pour
les deux types des papillomes si l'ablation totale de la tumeur est pos-
sible ; dans les cas on les ganglions disséminés restent après l'opéra-
tion, le pronostic est moins favorable i)our Tadénome.
160 ANALYSE DES THÈSES RUSSES
Éléphantiasis des organes génitaux externes de la femme, par
V.-M. Prigara. Thèse de Saint-Pétersbourg, 1898.
L'auteur a fait Texamen anatomo-pathologique de cinq cas de cette
maladie ; trois se rapportent aux petites lèvres, les deux autres aux
grandes. La nature des phénomènes pathologiques se ramène aux
altérations des vmsseaux sanguins et lymphatiques. Il a trouvé Tépais-
sissement de toutes les couches des parois artérielles et surtout
celui de la couche moyenne, dû quelquefois h l'oblitération complète
de la lumière du vaisseau. L'épaississcment des parois veineuses
est moins constant ; quelquefois elles sont môme plus minces qu'ordi-
nairement ; les capillaires par places sont dilatés ou rétrécis ou même
oblitérés complètement, la formation des thrombus n'est pas un phéno-
mène rare.
Les vaisseaux lymphatiques sont dans la plupart des cas dilatés et
thrombosées de lymphocytes. On constate dans les nerfs des phénomènes
de neurite. Le stroma connectif de la peau est hypoplasié, quelquefois
œdématié ; près des vaisseaux on voit une multitude de corpuscules
lymphoïdes qui infiltrent le stroma. La couche de Malpighi, dans les
cas d'œdème du stroma connectif, est amincie, dans d'autres, au
contraire, épaissie ; on y observe tous les stades de dégénération de
ses noyaux jusqu'à leur complète disparition ; le protoplasma des cel-
lules est souvent vacuolisé. Tout le tissu cutané, quelle que soit la
période de la maladie, est infiltré de chaux.
D. Flamm.
Le Gérant : G. Steinhbil.
IMPKIMBRIE A.-O. LRMALK, HAVRE
MARS 1900
DE nCÉTONURIE PENDANT LA GROSSESSE,
LE TRAVAIL DE L'ACCOUCHEMENT ET LES SUITES DE COUCHES
Par le D' I. BosMe
AsBiBtftnt de la Clinique obstétricale à rUniveralté de Qand.
Depuis que Peiters (l),en 1857, a découvert racétone dans les
urines d'une femme diabétique morte dans le coma, de nom-
breux expérimentateurs ont cherché quels sont, au sein de
Forganisme, le rôle et Torigine de cette substance. En 1874,
Kussmaul (2) affirma que Tacétonémie est la cause du coma dia-
bétique. Bournevilleet Teinturier (3), de Gennes (4), Penzoldt (5),
etc., partagèrent ses idées qui furent généralement admises
jusqu'à la publication du travail de Frerichs (6) qui démontra
que l'acétonurie n'est pas constante dans le coma diabétique
et qu'elle se rencontre dans d'autres aiïections. Yon Iaksch (7)
alla plus loin et prouva, dans une série de travaux importants,
que l'acétonurie existe normalement. Les conclusions contradic-
toires de ces différents auteurs amenèrent de nouvelles recher-
ches : les unes, citons celles de Romme (8), confirment les idées
de Kussmaul ; les autres, celles d'Engel (9) etd'Argcnson (10),
appuient les conclusions de von Iaksch. Ce sont ces dernières
qui ont définitivement prévalu : l'acétonurie est donc un phéno-
mène qui s'observe à l'état normal, mais ne dépasse guère 1 cen-
tigramme par jour d*après von Iaksch, 17 milligrammes d'après
Argenson par litre. Parfois, elle devient beaucoup plus marquée
et peut atteindre un demi-gramme par jour; nous avons affaire
alors à l'acétonurie pathologique que l'on peut rencontrer dans
le diabète, le cancer, le saturnisme chronique, l'hystérie, l'em-
poisonnement par le phosphore, certains troubles digestifs.
162 DE l'agbtomurie pendant la grossesse
dans la plupart des maladies à fièvres prolongées et élevées
indépendamment de la nature de la maladie, dans les exan-
thèmes aigus, Téclampsie, après les anesthésies, etc. L^acéto-
nurie pathologique dans ces divers cas ne constitue cependant
pas un symptôme important et ne permet pas de tirer de lui
seul une conclusion de valeur. 11 n'en serait pas de même en
obstétrique, s'il fallait en croire certains auteurs qui consi«
dèrent Tacétonurie au cours de la grossesse comme un signe
certain de la mort du fœtus. La présence de ce corps en quan-
tité abondante dans Turine nous permettrait donc de poser on
diagnostic sûr et précoce^ alors que tous les autres symptômes
sont insuffisants. Dès lors, la recherche de Tacétone chez les
femmes enceintes deviendrait très importante^ par exemple
dans certains cas de néphrite et de grossesse extra-utérine. Mal-
heureusement, disons-le tout de suite, Tacétonurie pathologique
n'est nullement un signe pathognomonique de la mort da
fœtus et ne facilite pas le diagnostic obstétrical. Ce fut Vica*
relli (11) qui, le premier, en 1893, attira l'attention des accou-
cheurs sur l'acétonurie des femmes enceintes. Il examina les
urines de 137 femmes au point de vue de la présence ou de
l'absence de l'acétone d'après les méthodes de Lieben, de Légal
et de Reynold. Il ne trouva l'acétone que chez 9 femmes
qui toutes accouchèrent, à des périodes différentes de la gros-
sesse, d'enfants morts et macérés. L'acétonurie chez ces femmes
diminua peu à peu et disparut dès le quatrième jour des suites
de couches. Il examina aussi chez 2 de ces 9 femmes le
liquide amniotique dans lequel il trouva chaque fois de l'acétone.
Dans 11 autres cas l'urine ne donna que la réaction de Lieben;
comme celle-ci est commune à plusieurs autres substances,
Vicarelli pensa pouvoir exclure la présence de l'acétone. Il
conclut de ses recherches que l'acétonurie pendant la gros*
sesse, toutes les autres causes étant écartées, constitue un
nouveau signe de la mort du produit de conception.
L. Knapp(12), dans un article qu'il a publié en 1897, confirme
les conclusions de Vicarelli. Dans les 10 cas où il a trouvé
immédiatement avant ou pendant et les premiers jours qui
RONSSE 163
suivent raccouchdment une acétonurîe abondante, il s'agissait
de femmes ayant accouché d'enfants morts et macérés. Par
contre, il n'a jamais rencontré l'acétone dans les urines de
200 femmes enceintes et de 50 femmes en travail accouchant
d'enfants vivants. Ajoutons immédiatement que Knapp s'est
contenté, dans ses recherches, de la méthode de Légal appli-
quée à l'urine en nature sans distillation préalable. Par contre.
Mercier et Menu (13), expérimentant sur le produit de distilla-
tion de l'urine, arrivent dans un intéressant travail sur « Tacé-
tonurie dans la grossesse et la puerpéralité », aux conclusions
suivantes que nous résumons d'après le Centralblatt fur
Gynàkologie :
i^ L'acétonurie est rare pendant la grossesse normale.
2^ Elle est relativement abondante, 3 fois sur 4, après un
accouchement normal.
3® Elle se rencontre i fois sur 2, chez les femmes enceintes
albuminuriques.
4^ Elle est fréquente dans l'éclampsie puerpérale; elle n'est
cependant nullement un signe certain de la mort du fœtus.
5^ Elle se rencontre 2 fois sur 3, dans les suites de couches
compliquées de maladies.
6"* Elle est fréquente après des interventions laborieuses.
?• Elle est rare après Tavortement, 3 fois sur 27 cas.
8^ Elle est fréquente chez les syphilitiques.
De même Couvelaire (14), dans un article de juin dernier, for-
mule comme suit ses conclusions qui sont analogues à celles de
Menu et Mercier :
1® L'état de grossesse ne détermine pas par lui-même l'acé-
tonurie.
2® La rétention d'un fœtus mort in utero ne détermine pas par
elle-même d'acétonurie .
3* Le travail de l'accouchement détermine une acétonurie
presque constante (88|3 p. 100), transitoire, apparaissant pen-
dant le travail et disparaissant définitivement dans les quatre
premiers jours des suites de couches.
Pour être complet, nous devons encore signaler le travail de
(
I
164 DE l'acétonurie pendant là grossesse
Lop (15) qui, par la méthode de Légal, trouva une acétonurie
chez 3 femmes au cours de 9 grossesses terminées chacune par
l'expulsion d'un fœtus mort.
Ces données bibliographiques nous démontrent que les opi-
nions sur Tacétonurie des femmes enceintes et accouchées sont
contradictoires. Ces divergences ont plusieurs causes : comme
il existe de nombreuses réactions de l'acétone (signalons celles
de Lieben comme telle ou modifiée par von Gunning et par
Le Nobel, de Légal, de Reynold, de Bêla et de Penzoldt) (1), les
expérimentateurs ont employé tantôt l'une, tantôt Tautre d'entre
elles. Elles ne sont pas non plus caractéristiques pour l'acé-
tone. Certaines ne s'obtiennent pas avec Turine en nature, tandis
que d'autres réussissent parfaitement dans ce milieu. Ce sont là
toutes considérations dont les auteurs n'ont pas ou ont insuffi-
samment tenu compte et qui expliquent les conclusions contra-
dictoires auxquelles ils sont arrivés. Ainsi, pour ne parler que
des réactions les plus employées, celle de Lieben ne s'obtient
pas avec l'urine en nature ; il faut soumettre d'abord celle-ci à la
distillation. Dans le distillât, au contraire, elle permet de déce-
ler des traces d'acétone (moins de 5 milligrammes par litre). La
réaction de Légal, par contre, réussit parfaitement dans l'urine
en nature et môme souvent quand il y a absence complète d'acé-
tone! Elle est beaucoup moins sensible que la réaction de
Lieben et ne donne un résultat positif que quand le liqtdde
renferme au moins 50 centigrammes d'acétone par litre (Argen-
son).
Dans nos expériences personnelles nous avons appliqué
d'abord plusieurs réactions, pour nous arrêter ensuite à celle
de Lieben. Nous avons procédé de la façon suivante : après
avoir recueilli 30 ou 40 centimètres cubes de liquide par distil-
lation de 400 centimètres cubes d'urine la plus fraîche possible,
nous en versons environ 10 centimètres cubes dans un tube à
réaction ; nous y ajoutons d'abord quelques gouttes d'une solu-
(1) Neubaubb und Vogel. Anhitung sur qualUativen und quantitativen
Analyse des Jlams, 1898. Analytischer Theil qualitative, Abtheilung, p. 67.
B0N8SB . 165
lion de Lugol (iode, 1 gramme ; iodure de potassium, 2 grammes ;
eau distillée, 30 grammes) et ensuite, par goutte, de la soude
caustique d'une densité de 1.30 jusqu'à disparition de la couleur
brune. Quand le liquide renferme de l'acétone, il se forme un
précipité laiteux d'iodoforme plus ou moins abondant. Comme
l'alcool et l'aldéhyde donnent le même précipité, nous avons de
temps en temps contrôlé nos résultats par la réaction de von
Gunning, qui ne se produit ni avec l'alcool, ni avec l'aldéhyde.
Cette réaction diffère de celle de Lieben en ce que la solution de
Lugol est remplacée par la teinture d'iode et la soude caustique
par l'ammoniaque. Elle donne, en présence de l'acétone à côté de
riodoforme, un précipité noir d'iodure d'azote qui disparaît peu
à peu, quelquefois seulement après un à deux jours et davantage
encore.
Quand le précipité, qui se dépose au fond de l'éprouvette,
nous laissait des doutes au sujet de sa nature, nous l'exami-
nions au microscope, en le dissolvant au préalable dans l'éther,
pour trouver les cristaux caractéristiques de l'iodoforme ; ou bien,
nous chauffions le précipité avec un mélange d'un grain de soude
caustique et d'une quantité plus grande de thymol solide ; en
présence de Tiodoforme, le thymol fond en prenant une belle
coloration* violette. Nous contrôlions souvent aussi les réactions
de Lieben et de von Gunning par celle de Légal, afin de nous
assurer de ne pas avoir affaire au paracrésol qui donne la réac-
tion de Lieben, mais pas celle de Légal.
Nous nous sommes donc mis dans les conditions les plus
rigoureuses et les plus sûres pour découvrir dans l'urine l'acé-
tone, môme en minime quantité. Nous avons ainsi examiné les
urines de chaque jour de 51 personnes, avant, pendant et après
l'accouchement. Nous avons commencé nos analyses chez cer-
taines d'entre elles, deux mois avant, et nous avons pu les pour-
suivre chez d'autres pendant un mois après l'accouchement.
Nous n'avons pas fait d'analyses quantitatives ; nous avons pu
évaluer facilement la quantité relative d'acétone renfermée dans
les produits de distillation. Dans la rédaction de nos protocoles
qui suivent, nous avons ainsi distingué : 1) des urines ne ren-
166 PB l'acbtonubie pendant la grossesse
fermant pas d'acétone, ou 2) en renfermant une petite quantité
que nous avons désignée sous le nom de quantité habituelle, ou
3) une quantité d'acétone manifestement augmentée, ou, enfin,
4) l'acétone en abondance. Nous avons commencé nos expé-
riences au mois d'avril dernier avant que nous eussions pris
connaissance du [travail de Menu et Mercier, et avant la publi-
cation du travail de Couvelaire qui a paru au mois de juin.
Nous donnons d'abord séparément nos observations avec les
brefs détails qu'elles exigent. Nous les réunissons ensuite dans
un tableau afin que l'on puisse se rendre rapidement compte des
conclusions qui s'en dégagent.
I. G.. ., 26 ans, Ipare, à terme, 0. I. 6. À.
Durée du travail : quinze heures ; forceps ; suites de couches nor-
males. N'a pas allaité son enfant.
Du 6 au 15 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 16 mai, pendant le travail, (piantlté d'acétone : abondante.
Le 17 mai, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Le 18 et 19, en couchos, quantité d'acétone : habituelle.
Le 20, en couches, quantité d'acétone : nulle.
Le 21, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 22, en couches, quantité d'acétone : nulle.
Du 23 au 25, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 26.
n. — M..., 32 ans, IXpare, à terme, 0. L G. A.
Durée du travail : deux heures. Accouchement et suites de cou-
ches normaux. A allaité son enfant.
Du 6 au 8 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 9, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Du 10 au 18, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 19.
III. — B..., 18 ans, Iparc, à terme, 0. I. G. A.
Durée du travail : quatorze heures. Accouchement et suites de cou-
ches normaux. A allaité son enfant.
Du 19 au 23 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 24, quantité d'acétone : augmentée.
Du 25 mai au 5 juin, quantité d'acétone : habituelle; 3 fois nulle.
Le 6, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
RONSSE 167
Le 6, en couches, quantité d*acétone : abondante.
Le 7, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Les 8 et 9, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 10 au 17, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 18.
lY. —Van D..., 19 ans, Ipare, à terme, 0. 1. D. P.
Durée du travail : huit heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 6 au 11 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 12, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 13, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Du 14 au 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 17, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 18 au 22, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
EUe sort guérie, le 23.
V. — Van St. . ., 19 ans, Ipare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : dix heures et demie. Accouchement et suites de
couches normaux. La femme accouche d'un enfant mort et macéré.
Le 23, pendant le travail, quantité d'acétone : augmentée.
Le 24, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 25 mai au 3 juin, en couches, qucmtité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 4.
VI. — De N..., 26 ans, Ipare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : vingt-six heures et demie ; forceps. Déchirure du
périnée du 1«' degré ; suture, gangrène de la plaie. N'a pas allaité son
enfant.
Du 6 au 9 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 10, pendant le travail, quantité d'acétone: augmentée, temp. 38<>,6
après Taccouchemement ; le soir 37^,1 .
m
Le 11, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 12, en couches, quantité d'acétone : nulle .
Du 13 au 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 17, quantité d'acétone : augmentée.
Du 18 mai au 10 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 11 juin.
Vn. — V..., 18 ans, Ipare, à terme, O.I. G. A.
Durée du travail : douze heures. Albuminurie. Accès d'éclampsle
168 DE L*ACÉTONURIE PENDANT LA GROSSESSE
pendant le travail ; forceps, suites de couches normales (ralbuminiirie
persiste pendant quatre jours après raccouchement). N*a pas allaité son
enfant.
Du 6 au 23 mai, quantité d'acétone : habituelle; trois fois unlle.
Le 24, quantité d*acétone : augmentée.
Du 25 au 30, quantité d'acétone : habituelle.
Le l^^r juin, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 2, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Du 3 au 23, quantité d'acétone : habituelle ; quatre fois nulle.
Elle sort guérie le 24 juin.
VIII. — X..., 25 ans, Ipare, h terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : quatorze heures et demie. Accouchement et
suites de couches normaux. N'a pas allaité son enfant.
; Du 10 mai au 11 juin, quantité d'acétone : habituelle ; cinq fois nulle.
Le 12, quantité d'acétone : augmentée.
Le 13, quantité d'acétone : nulle.
Du 14 au 16, quantité d'acétone : habituelle.
Les 17 et 18, quantité d'acétone : augmentée.
Du 19 juin au 4 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 5, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les 6 et 7, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 8 au 15, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 16 juillet.
IX. — D..., 23 ans, Ipare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : seize heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant pendant sept jours.
Du 23 au 25 mai, quantité d'acétone : abondante.
Du 26 mai au 2 juin, quantité d*acétone : habituelle.
Le 3, quantité d'acétone : augmentée.
Le 4, quantité d'acétone : habituelle. ^
Les 5 et 6, quantité d'acétone : augmentée.
Le 7, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 8 et 9, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 10 au 26, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 27 juin.
X. — M..., 19 ans, Ipare, à terme, 0. 1. D. P.
Durée du travail : cinq heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
RON8SE 169
Le25inai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 26, quantité d'acétone : augmentée.
Les 27 et 28, quantité d'acétone : habituelle.
Les 29 et 30, quantité d'acétone : abondante.
Les 31 mai et l^** juin, quantité d'acétone : augmentée.
Du 2 au 4, quantité d'acétone : habituelle.
Elle quitte la Maternité et nous revient le 21 juillet.
Le 22 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les 23 et 24, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 25, quantité d'acétone : augmentée.
Du 26 juillet au 1^^ août, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 2 août.
XI. — P..., 20 ans, Ipare, à terme, 0. 1. D. P.
Durée du travail : quinze heures. Accouchement et suites de cou-
ches normaux. A allaité son enfant.
Du 4 au 6 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Le 7, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 7 en couches, quantité d'acétone : abondante.
Les 8 et 9, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 10, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 11 au 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 17 juillet.
Xn. — De B..., 36 ans, lUpare, à terme, 0. I. D. P.
Durée du travail : six heures. Accouchement normal. Insuffisance
mi traie prononcée. N'a pas allaité son enfant.
Le 30 mai, quantité d'acétone : habituelle.
Le 31, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les l^^'et 2 juin, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 3, en couches, quantité d'acétone : habituelle. T. S. 38o,6.
Le 4. en couches, quantité d'acétone : habituelle. T. M. 37o,5 ; S. 38«,2.
Le 5, en couches, quantité d'acétone: habituelle. T. M. 37o,2; S. 38*.
Le 6, en couches, quantité d'acétone: habituelle. T. M. 37«,2; S. 38*.
Le 7, en couches, quantité d'acétone : habituelle. T. M. 37o,8;
S. 40; purge.
Le 8, en couches, quantité d'acétone : augmentée. T. M. 36«,5 ;
S. 370, 5.
Le 9, en couches: quantité d'acétone : habituelle. T. M. 36o,5; S. 38^
LelO, en couche8,quantité d'acétone: augmentée.T. M. 37«,3 ; S.37o,2.
170 OE l'agétonurie pendant la grossesse
Du 11 an 15, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 16 juillet.
XIII. — H..., 33 ans, Ipare, à terme, 0. I. D. P.
Durée du travail : six heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Les 6 et 7 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Les 8 et 9, quantité d'acétone : augmentée.
Le 10, quantité d'acétone : nulle.
Le 11, quantité d'acétone : habituelle.
Le 12, quantité d'acétone : augmentée.
Le 13, pendant le travail : quantité d'acétone abondante.
Le 13, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 14, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 15 au 18, quantité d'acétone : augmentée.
Du 19 au 23, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 24 juin.
XIV. — X..., 23 ans, primipare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : quatorze heures. Accouchement et suites de cou-
ches normaux. N'a pas allaité son enfant.
Les G et 7 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Du 8 au 12, quantité d'acétone : augmentée.
Les 13 et 14, quantité d'acétone : habituelle.
Le 15, quantité d'acétone : abondante.
Du 16 juin au 3 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 4, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Du 5 au 7, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 8, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 9 au 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 17 juillet.
XV. — Van den B..., 20 ans, Ipare, à 8 mois.
Jumeaux (l*""^ 0. I. G. A., 2<' épaule droite antérieure). Durée du
travail : quatre heures. Accouchement normal pour le premier ;
normal pour le deuxième, après version externe. Suites do couches
normales. N'a pas allaité ses enfants.
Le 9 juin, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 9 juin, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 10 au 12, en couches, quantité d'acétone : abondante.
RONSSE 171
Dn 13 au 19, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 20.
XVI. — I..., 18 ans, Ipare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : vingt-trois heures. Accouchement et suites de
couches normaux. A allaité son enfant.
Le 9 juin, quantité d'acétone : abondante.
Du 10 au 15, quantité d'acétone : habituelle.
Les 16 et 17, quantité d'acétone : augmentée.
Du 17 au 22, quantité d'acétone : habituelle.
Le 23, quantité d'acétone : augmentée.
Le 24, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Du 25 juin au 2 juillet, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 3 juillet.
XVn. — S..., 23 ans, Ilpare, & terme, 0. L G. A.
Durée du travail : trois heures et demie. Accouchement et suites de
couches normaux. A allaité son enfant .
Du 11 au 21 juin, quantité d'acétone: habituelle; une fois nulle.
Le 22, quantité d'acétone : augmentée.
Du 23 juin au 4 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 15, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 17, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Dn 8 au 14, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 15 juillet.
XVni. —De R..., 20 ans, Upare, h terme, 0. I. G. A.
Durée du travail : quatre heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 16 au 20 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Le 21, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Du 22 au 1«' juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 2 juillet.
XIX. — D..., 37 ans, Vpare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : neuf heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 17 au 19 juin, quantité d'acétone : augmentée.
Du 20 au 22, quantité d'acétone : habituelle.
Le 23, quantité d'acétone : abondante .
172 DE L ACÉTOXURIK PBXDANT LA GROSSESSE
Le 24. pendant le tnvaU, quantité d'acétone : abondante.
Les 24 et 25, en couches, quantité d*acéU>ne : augmentée.
Dn 26 juin an 2 juillet, quantité d*acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 3 juillet.
XX. — S..., 28 ans.niparc, à tenue, 0. 1. G. A.
Durée du travail : neuf heures. Accouchement et suites de couches
normaux. N'a pas allaité sou enfant.
Le 17 juin, quantité d*acétone : habituelle.
Le 18, pendant le travaU, quantité d*acétone : abondante.
Le 19. en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 20 au 29, quantité d*acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 30 juin.
XXI. — Van de St..., 40 ans, XlVpare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : six heures et demie. Accouchement et suites de
couches normaux. A allaité son enfant.
Le 17 juin, pendant le travail, quantité d*acétone : abondante.
Le 17, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 18, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 19 au 25, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 26 juin.
XXn. — H..., 18 ans, Ilpare, à terme, 0. I. G. A.
Durée du travail : six heures . Accouchement et suites de couches
normaux . A allaité son enfant.
Du 21 au 27 juin, quantité d'acétone : habituelle.
Le 28, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 29 et 30, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le l*^** juillet, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 2 au 6, quantité d'acétone : habituelle, une fois nulle.
Elle sort guérie le 7 juillet.
XXm. — R..., 23 ans, Illpare, h. terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail, trois heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 22 juin, pendant le travail, quantité d*acétone : abondante.
Du 23 juin au l^** juillet, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 2 juillet.
XXIV. — V..., 26 ans, Ipare, à terme, 0. I. D. P.
noNssE 173
Durée du travail, hait heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 24 juin, (piantité d'acétone : abondante.
Le 25, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 26, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 27, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 28 juin au 5 juillet quantité d'acétone : habituelle .
Elle sort guérie le 6 juillet.
XXV. -T- H. . ., 38 ans, Ipare, h 8 mois, 0. I. G. A. Durée du tra-
vail : dix heures et demie. Accouchement et suites de couches nor-
maux. N'a pas allaité son enfant.
Le 24 juin, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 25, en couches, quantité d'acétone : augmentée .
Le 26, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 27, en couches, quantité d'acétone : augmentée .
Du 28 juin au 2 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 3 juillet.
XXVI. — Van H. . ., 21 ans, Ipare, à terme, 0. I. G. A. Durée du
travail : sept heures. Accouchement et suites de couches normaux.
A allaité son enfant.
Le 26 juin, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 27 et 28, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 29, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 30 juin au 3 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 4 juillet.
XXVn. — Gr. .., 18 ans, Illpare, à terme, S.I.D.A.
Durée du travail: dix -huit heures. Accouchement et suites de cou-
ches normaux. A allaité son enfant.
Le 27 juin, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 28 et 29, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 30, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du l«c au 5 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 6 juillet.
XXVin. — B..., 20 ans, Ilpare^ à 8 mois.
Jumeaux : 1« 0. I. D. P.; 2« S. I. G. A. Durée du travail : cinq
heures et demie. Accouchement et suites de couches normaux. N'a
pas allaité ses enfants.
174 OE l'acétoncrib pendant la grossesse
Le 30 juin, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les l*' et 2 juillet, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 3, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 4 au 10, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le il juillet.
XXIX. — De Br.. ., 24 ans, Ilpare, à terme, 0. 1. D. P. Durée du
travail : sept heures. Accouchement et suites découches normaux. A
allaité son enfant.
Du 2 au 4 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 5, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 6, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 7 au 13, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 14 juillet.
XXX. -- Vanden S. . .,20 ans, Ipare, à terme, 0. L G. A. Durée du
travail : huit heures et demie. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 2 au 5 jmllet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 6^ pendant le travail, quantité d'acétone : augmentée.
Le 7, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 8, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 9 au 17, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 18 juillet.
XXXI. — Br. . ., 21 ans, Ipare, à terme, 0. I. D. P. Durée du tra-
vail : huit heures et demie. Accouchement et suites de couches nor-
maux. A allaité son enfant.
Le 3 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 4 et 5, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 6, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 7 au 12, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 13 juillet.
XXXn. — Y*. ., 25 ans, Ipare, à terme, 0. I. G. A. Durée du tra-
vail : quinze heures. Accouchement et suites de couches normaux.
A allaité son enfant.
Le 3 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Les 4 et 5, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du G au 12, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 13 juillet
RON5SE 175
XXXDI. — M..., 19 ans, Ulpare, à terme, 0. I. G. A. Durée du tra-
vcdl : dix heures. Accouchement et suites de couches normaux. A
allaité son enfant.
Le 3 juUlet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les 4 et 5, en couches, (piantité d'acétone : aliondantc.
Du 6 au 15, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 16 juillet.
XXXIY. — H..., 41 ans, Xlpare, à terme, 0. 1. G. A. Durée du tra-
vail : dix heures. Accouchement et suites de couches normaux. A
allaité son enfant.
Le 4 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 5, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 6 au 12, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 13 juillet.
XXXV. — PL.., 29 ans, Ilpare*, h terme, 0. I. D. P. Durée du tra-
vail : deux heures. Accouchement et suites de couches normaux. A
allaité son enfant.
Le 7 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les 8 et 9, en couches, quantité d'acétone : abondante»
Du 10 au 19^ en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 20 juillet. •
XXXVI. — E..., 30 ans, Ilpare, à terme, 0. I. D. P.
Durée du travail : douze heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant
Du 9 au 14 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 15, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Du 16 au 24, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 25 juillet.
XXXVn. — V..., 20 ans, Ipare, à terme, 0. I. G. A.
Durée du travail : six heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 11 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Les 12 et 13, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 14 au 21^ en couches, quantité d'acétone : habituelle.
EUe sort guérie le 22 juillet.
XXXVm. — H.., 29 ans, Ipare, à ternie^ 0. L G. A.
176 D£ l'acbtonurie pendant la grossesse
Durée du travail : vingt-trois heures. Accouchement et suites de
couches normaux. Â allaité pendant cinq jours.
Le 14 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 15, en couches, quantité d'acétone abondante.
Du 16 au 24, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 25 juillet.
XXXIX. — H..., 24 ans, Ilpare, à terme, 0. L G. A.
Durée du travail : sept heures. Accouchement et suites de coadies
normaux. A allaité son enfant.
Du 18 au 28 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 29, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 30, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Les 31 juillet et l'"^ août, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Le 2, en couches, quantité d'acétone : nulle.
Du 3 au 9, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 10 août.
XL. — Sch..., 35 ans, Illpare, à terme, 0. L G. A.
Durée du travail : cinq heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 18 juillet, pendant le travail, quantité d^aoétone : habituelle.
Du 19 au 27, en couches, quantîlé d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 28 juillet..
XLI. — Van B..., 27 ans, IVpare, à terme, 0. L G. A.
Durée du travail : trois heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 20 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 21, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Les 22 et 23, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 24 au 28, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 29 juillet.
XLII. — De Br..., 38 ans, Ipare, à terme, 0. L G. A.
Durée du travail : trente-neuf heures. Accouchement et suites, de
couches normaux. A allaité son enfant.
Le 21 juillet, quantité d'acétone, abondante.
Le 22, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 23, en couches, quantité d'acétone : abondante.
RONSSB 177
Du 24 juillet au 7 août, en couches, quantité d^acétone : habituelle ;
une fois nulle.
Elle sort guérie le 8 août.
Xim. — Van Sr. .., 22 ans, Ilpare, à terme, 0. I. D. P.
Durée du travail : quatre heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 21 juillet au 4 août, quantité d'acétone : habituelle ; une fois
nulle.
Le 5 août, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Du 10 au 13, ep couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 14 août.
XUy. — De M..., 20 ans, Ipare, h terme, O.I. G. A.
Durée du travail : treize heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Les 22 et 23 juillet, quantité d'acétone, abondante.
Le 24, quantité d'acétone, augmentée.
Du 25 juillet au 12 août, quantité d'acétone habituelle.
Le 13, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Du 14 au 22, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
EDe sort guérie le 23 août.
XLV. — Van den B..., 22 ans, Ipare, à terme, O.L D. P.
Durée du travail : onze heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Le 25 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 26, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Les 27 et 28, en couches, quantité d'acétone : augmentée.
Du 29 juillet au 5 août, en couches, quantité d'acétone: habituelle;
une fois nulle.
Elle sort guérie le 6 août.
XLYI. — De B..., 19 ans, Ipare, à terme, 0. I. B. P.
Durée du travail : seize heures. Accouchement et suites de couches
nonnaux. A allaité son enfant.
Du 26 au 28 juillet, quantité d'acétone : habituelle.
Le 29, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Le 30, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 31, en couches, quantité d'acétone : abondante.
AMI. DM OTH. — TOL. LUli 12
]
178 DE l'agbtonurib pendant la grossesse
Du !•' au 6 août, (piautité d'acétone : habituelle; une fois nulle.
Elle sort guérie le 7 août.
XLVn. — De B..., 20 ans» Ulpare, à terme, 0. I. D. P.
Durée du travail : quatre heures. Accouchement et suites de conchM
normaux. A allaité son enfant.
Le 28 juillet, pendant le travail, quantité d'acétone : habituelle.
Du 29 juillet au 6 août, en couches, quantité d'acétone : habi-
tuelle ; une fois nulle.
Elle sort guérie le 7 août.
XLYin. — Van den M..., 26 ans, Ilpare, à terme, 0. 1. G. A.
Durée du travail : cinq heures. Accouchement et suites de couches
normaux. A allaité son enfant.
Du 2 au 11 août, quantité d'acétone : habituelle.
Le 11, pendant le travail, quantité d'acétone : augmentée.
Du 13 au 21, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 22 août.
XLIX. — Van D..., 28 ans, Ilpare, à terme, 0. I. G. A.
Durée du travail : neuf heures et demie. Accouchement et suites de
couches, normaux. A allaité son enfant.
Le 6 août, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 7, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Le 8, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 9 au 15, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 16 août.
L. — De T..., 21 ans, Ipare, à terme, 0. L D. P.
Durée du travail : onze heures. Accouchement et suites de couches,
normaux. N'a pas allaite son enfant.
Le 7 août, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Du 8 au 10, en couches, quantité d'acétone : abondante.
Du 11 au 16, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérie le 15 août.
LI. — V..., 18 ans, Ipare, à terme. 0. I. G. A.
Durée du travail : onze heures. Accouchement et suites de couches»
normaux. A allaité son enftmt.
Le 9 août, pendant le travail, quantité d'acétone : abondante.
Le 10, en couches, quantité d'acétone : abondante.
RON8SE 179
Da 11 an 17, en couches, quantité d'acétone : habituelle.
Elle sort guérit le 18 août.
Toutes les observations précédetites ont été prises à la
Maternité de Gand. Nous signalerons encore deux cas que
nous avons rencontrés dans notre clientèle privée et qui sont
assez intéressants.
LU. -> M°>* H..., 35 ans, lYpare, dernières règles le 24 juin 1898.
Premiers mouvements de l'enfant, commencement de novembre.
Le 20 mars, elle éprouve une forte émotion à la suite de laquelle elle
ne perçoit plus aucun mouvement fœtal. Le 21 mars, à notre examen,
nous diagnostiquons une grossesse presque à terme, présentation de
l'épaule droite postérieure. Nous n'entendons pas les bruits du cœur
du fœtus. Nous' soumettons, à différentes reprises, les urines à la
distillation comme dans nos observations précédentes :
Le 22 mars, quantité d'acétone : nulle.
Le 28, quantité d'acétone : nulle; crépitation osseuse très mani-
feste.
Le 5 avril, quantité d'acétone : nulle.
Le 12, quantité d'acétone : nulle.
Le 20, quantité d'acétone : nulle.
Le 28, quantité d'acétone : nulle.
Le 5 mai, quantité d'acétone : nulle.
Le 16, quantité d'acétone : nulle.
Le 20, quantité d'acétone : habituelle.
Le 26, quantité d*acétone : habituelle.
Le 2 juin, quantité d'acétone : nulle.
Le 7 mai, pendant le travail, quantité d'acétone : nulle ; enfant mort
et macéré.
Le 9, en couches, quantité d'acétone : nulle.
Les suites de couches ont été tout à fait normales.
Lm. — M»« s..., 25 ans, Ipare, enceinte, d'après les dernières règles,
de six à sept mois ; a éprouvé au commencement d'avril une forte
émotion. Depuis ce jour le ventre et les seins ont diminué de volume.
Le 4 mai, nous sommes appelé ; la dame, en travail, expulsa bientôt
un enfant mort et macéré de 5 à 6 mois. Les urines, le jour de l'accou-
chement et celles du lendemain ne renfermèrent pas une trace d'acé-
tone, sptëa distillation préalable.
DB LACBTONURIB PENDANT LA GROSSRBEB
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182 DE L ACÉTONURIS PBMOANT LA GROSSESSE
Nos recherches ont donc porté sar 53 cas. On Iremarqne
tout d'abord que, dans l'évaluation des quantités d^aoétone
trouvées dans les produits de distillation des urines, nous
employons le terme : quantité habituelle. Nos nombreuses ana*
lyses nous font admettre^ en effet, une légère acétonurie nor*
maie, mais qui n'est pas toutefois caractéristique de la grossesse
et qui existe dans l'organisme le plus physiologique comme
l'ont déjà signalé plusieurs auteurs: Vonlaksch, Engel, Argen-
son, etc. Nous confirmons simplement leurs résultats pour la
femme enceinte et accouchée. Cette acétonurie normale est asseï
différente d'après les personnes et varie chez la môme personne
d'un jour à l'autre. Exceptionnellement la méthode de Lieben
ne nous a pas donné de précipité appréciable d'iodoforme.
Cette absence d'acétone, en quantité appréciable, est rare, et
n'existe même pas d'une façon permanente. Comme l'indiquent
nos protocoles, l'acétone fait parfois défaut un jour, mais le
lendemain, au plus tard deux jours après, on la retrouve aa
moins en quantité normale.
L'acétonurie manifestement augmentée ou abondante appa*
ratt de temps en temps au cours de la grossesse normale pen-
dant un, deux à trois jours, sans qu'une cause quelconque en
donne l'explication et sans qu'aucun symptôme pathologique
puisse y faire songer. Ainsi, dans tous les cas où nous avons pu
faire les analyses pendant quinze jours avant l'accouchement,
nous observons au moins un jour, souvent deux et trois, une
aotHonurio manifestement surnormale ; celle-ci se présente
d'une façon irrégulière ; toutefois, dans 4 cas sur 29, noua
Tuvons rencontrée la veille du début du travail réel de l'accou-
ohomonl inobservations 3, 16, 19 et 42). •
1.0 travail do l'accouchement augmente dans la pluralité des
ou» manifestoment Télimination de l'acétone. Sur les 51 obser-
vatiouii^ 30 fois les urines émises pendant le travail reufer-
luniontractHone en quantité ou simplement augmentée, 4 fois,
ou dhondanto, 26 fois, donc dans 59 p. 100 des cas.
IMua lo travail est long,^plus l'augmentation de l'acétonurie
e«t h'oquenta et marquée : si nous réunissons d'une part nos
RONSSE 183
observations dans lesquelles la durée du travail n*a pas dépassé
huit heures et demie et, d'autre part, celles dans lesquelles le
travail a duré plus longtemps, dans le premier groupe.compre-
nant 25 observations ^ nous avons trouvé seulement 10 fois une
augmentation de Taeétonurie, soit dans 40 p. 100 des cas ; dans
le second groupe, par contre, comprenant 26 observations, Tacé-
toaurie est augmentée 20 fois, c'est-à-dire dans 77 p. 100 des cas*
Pendant les suites de couches, l'acétonurie est augmentée, le
premier jour, dans 29 cas, le deuxième jour, dans 7 cas et
le troisième dans 1 cas ; donc, sur les 51 cas, nous observons
37 fois une augmentation dans l'élimination de l'acétone pen-
dant les premiers jours qui suivent Taccouchement, soit dans
73 p. 100 des cas. Cette augmentation se maintient un jour,
dans 17 cas ; deux jours, dans 12 cas; trois jours, dans 11 cas ;
dans aucune de nos observations elle ne se maintient plus de trois
jours. (Nous ne tenons pas compte deFaugmentation de Tacétonu-
rie qui s'est produite le cinquième, le septième et le huitième jour
chacun dans un cas ; nous la considérons comme accidentelle,
se produisant d'une façon irrégulière (comme nous l'avons
observé au cours delà grossesse).
L'influence de l'allaitement sur l'élimination de l'acétone
semble nulle. Ainsi, sur les 12 personnes qui n'ont pas
allaité, il y en a eu 9 qui ont présenté une augmentation de
racékomirie pendant les suites de couches, soit 75 p. 100 des
cas (qoos faisons naturellement abstraction des cas où l'acéto-
nurie simplement augmentée n'a apparu que le cinquième, sep-
tième et huitième jour). Sur les 39 femmes qui ont allaité,
28 ont présenté une augmentation de l'acétonurie, c'est-à-dire
72 p. 100 des cas.
L'augmentation de l'acétonurie pendant le travail de l'accou-
cdiement et les suites de couches est influencée d'une façon
marquée par la parité, ce qui résulte vraisemblablement de la
différence de la durée du travail. Sur 28 primipares, 21 pré-
sentent uncacétonurie exagérée pendant le travail , soit 75 p. 100
des cas, et sur 23 multipares nous en rencontrons seulement
9 où racélonuric est augmentée, c'est-à-dire 39 p. 100 des cas.
184 DE l'aCBTONURIB pendant la GROS6B8SB
Pendant les suites de couches, sur 28 primipares, 25, soit
89 p. 100 et sur 23 multipares, 15 seulement, soit 65 p. 100,
présentent une augmentation de Tacétonurie.
Les interventions, la fièvre, Talbuminurie, les accès
d'éclampsie ne semblent pas modifier d*une façon sensible
Télimination de l'acétone, quoique nous n'oserions conclare
définitivement à ce sujet, les cas que nous avons observés
étant trop peu nombreux.
Dans 3 cas d'expulsion d'un fœtus mort et macéré
(observations 5, 52 et 53), Tacétonurie n'a pas été plus accen-
tuée que dans les cas normaux; il en résulte que racéto-
nurie exagérée n'est nullement un symptôme de la mort dn
fœtus, nous ne pouvons donc pas du tout confirmer les con-
clusions de Yicarelli et de Knapp ; au contraire, dans ces trois
cas précités Taugmentation de Tacétonurie a été moins
marquée que dans les cas normaux.
Accessoirement, nous avons soumis les liquides amniotiques
que nous avons pu recueillir aux mêmes distillations et réactions
que les urines. Comme les quantités que nous avons pu nous
procurer dans les différents cas ont naturellement été très
variables, il nous a été très difiicile d'apprécier la quantité
relative d'acétone quelles renfermaient; il est cependant facile
d'observer des variations. Sur les 28 cas où nous avons dis-
tillé le liquide amniotique, la réaction de Lieben n'a donné de
résultat négatif qu*une seule fois. Dans 18 cas, nous avons
obtenu un précipité d'iodoforme que nous ne pourrions com-
parer à celui qui correspond à la teneur habituelle en acétone
des urines. Dans les 9 autres, la quantité d'acétone a été
réellement abondante. Dans ces derniers cas la quantité d'acé-
tone dans les urines pendant le travail était également abon«
dante. Nous pouvons donc conclure que la présence de l'acétone
en faible quantité est normale dans le liquide amniotique au
moment de la rupture de la poche des eaux pendant le travail,
(18 fois sur 28, soit 65 p. 100 des cas) ; mais, souvent aussi, elle
est réellement abondante (9 fois sur 28, soit 32 p. 100 des cas).
RON88E 185
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Gynâk., 1899, p. 69.
14. COUYBLAIBB. De l'acétonurie transitoire du travail de raccouchement
Ann, de Gynécologie et d'Obéi., 1899, jain.
15. Lop. De la présence de Tacétone dans les urines en cas de mort du
fœtus. Oatette des hâpitaua, mai 1899.
DE LA SALPINGOSTOMIE
Par le D' «oaillloud,
Chirurgien en chef de Thôpital Saint-Joeeph.
Lawson l'ait, à qui nous devons, dans l'ablation des trompes
malades, un des plus importants progrès de la gynécologie,
voulait qu'en cas de salpingite on enlevât non seulement les
trompes manifestement malades, mais môme en cas de salpin-
gite unilatérale, la trompe du côté opposé, quoique saine. Il y
a longtemps que justice a été faite de cette erreur, et de tout
temps àFécole de M. Laroyenne nous avons appris à n'enlever
que des organes dont la lésion était nettement constatée, et
pour nous Tocclusion tubaire par des adhérences a toujours été
le critérium de la lésion.
Il y a longtemps que même ces adhérences du pavillon, si
elles se bornaient à quelques brides légères et faciles à détacher,
n'étaient pas une indication nécessaire d* ablation et nous avons
de ces cas des observations datant de huit et neuf ans.
Enfin nous avons fait un pas de plus dans la conservation de
la trompe. Tandis que jadis nous enlevions résolument les
annexes utérines des deux côtés quand Tacuité et la persistance
des douleurs légitimaient Tintervention abdominale, et que nous
trouvions les deux pavillons obturés, maintenant nous nous
efforçons de conserver d*un côté, du côté des moindres lésions,
à droite le plus souvent, un ovaire et une trompe. Noos
réséquons le pavillon bouché et adhérent, distendu ou non par
du liquide et nous faisons un nouveau pavillon en adaptant par
quelques points de suture la muqueuse tubaire terminale à la
(1) Ooxntnunioation fidteà la Société de chirurgie de Lyon, le 7 décembre 1899l
GOUILLIOUD 187
séreuse correspondante. Si la trompe n'est pas distendue par
un peu de liquide, nous agrandissons Torifice terminal en
ouvrant sur un centimètre environ le conduit tubaire pour faci-
liter réversion de la muqueuse.
Il est évident qu'il faut conserver un fragment d'ovaire, et, si
nécessaire» le décortiquer de la couche d'adhérences qui le
rend stérile et microkystique. On peut joindre à cela une suture
rapprochant l'ovaire de l'orifice tubaire.
Lors de nos premières opérations, nous connaissions les faits
antérieurs de Polk et de Dudley. Nous avons trouvé la même
opération pratiquée par Skutsch, Martin, Mackenroth, etc.
C'est même à Skutsch que nous devons l'expression de salpin-
gostomie.
En France, la thèse récente de Montana renferme des obser-
vations de Richelot, Ciado, Legueu, Tuffier, Delbet, etc.
Enfin un de nos élèves, M. Jarsaillon, vient de faire, sur ce
sujet, une thèse bien travaillée et limitée à la chirurgie conser-
vatrice de la trompe [thèse de Lyon, 1899]. Nous ne faisons ici
que donner nos vues personnelles et nous renvoyons le lecteur
à la thèse de M. Jarsaillon, pour les observations, la biblio*
graphie et l'étude complète de la question.
Dire les cas où nous sommes intervenus, c'est poser les indi-
cations, telles que nous les comprenons.
C'est à la lésion ancienne, chronique, opérable à froid que
nous nous adressons. Jusqu^ci ce sont la persistance des
douleurs et l'infirmité à laquelle elles réduisaient les malades
qui nous ont fait intervenir.
Dans quelques-uns des cas, la lésion est pour ainsi dire
cicatricielle : les trompes ne sont pas distendues, elles sont peu
grosses même, mais bouchées, adhérentes au fond du bassin,
et elles maintiennent l'utérus immobile, souvent en rétroversion
irréductible. Dans ces conditions, les malades souffrent au
moindre effort de la marche ou du travail.
Dans d'autres cas, c'est à la salpingite catarrhale, déjà
ancienne, ou à l'hydrosalpinx que nous avons affaire : c'est
peut-être là la plus fréquente indication.
188 DR I^ SALPIHGOSTOHIB
Dans lea cas de pyo&alpînx, même ancien, nous n'avons paa
oaé la conservation jusqu'ici. Les Américains, Polk, Dodlej,
n'ont pas hésité à le faire et ils l'oat fait avec succès. Le pot
des salpingites datant de longs mois est souvent stérile, mais
nous attendons, pour en laisser la cavité ouverte dans le péri>
toine, d'avoir un critérium sur pour juger des cas où cett«
conduite n'est pas une témérité.
Ce que noua avons fait dans un cas de suppuration, c'est le
débridement d'une collection par le vagin suivant la méthode
de M. Laroyenne, puis, quelques mois après, la laparotomie
avec ablation des annexes les plus malades et coueervation de
l'ovaire et de la trompe du côté opposé, en libérant l'ovaire de
ses adhérences et en faisant un nouveau pavillon à la trompa
bouchée. Nous insistons sur l'importance de cette manière de
procéder, nouvelle. Elle peut permettre de triompher des
accidents les plus aigus et cependant de réserver la possibilité
de conserver à la femme toutes ses fonctions.
La tbéee de Jarsaillon renferme d'autres tentatives très
différentes et inédites de Jaboulay, que je me permets de mon-
tionner simplement ici
Il est évident que tous les cas graves, tous les cas septiques,
complexes, avec destruction plus ou moins complète de l'ovaire,
avec grosses lésions des trompes, doivent être traités par
GOUILLIOUD 189
Vablation large des deux trompes, sinon parla castration abdo-
minale totale, de Delagéniôre. II en est de môme de la tnber^
colose des trompes .
Nous devons préciser encore : en effet, nous ne proposons la
salpingostomie ni peur les cas où le traitement médical ou
gynécologique non opératoire peuvent suffire, ni pour les cas
justiciables de la méthode de M. Laroyenne, à laquelle nous
restons fidèle, ni pour ceux où Topération plus radicale de
Péan nous semble préférable. C'est dans les cas où le traite-
ment médical n'est plus de mise, où d'autre part les méthodes
de Laroyenne et de Péan ne sont indiquées ni par l'acuité des
lésions, ni parleur complexité, et où on peut espérer la conser-
vation des annexes d'un côté que nous intervenons par Tabdo-*
men. La vue des lésions nous permet d'opter entre la castra-
tion unilatérale simple, la castration unilatérale avec salpingo-
stomie, l'opération de La wson Tait pu même celle de Delagénière.
Il n'y aurait d'ailleurs aucune impossibilité à faire la salpin-
gostomie par la voie vaginale, dans les cas où Ton peut abaisser
les annexes et les soumettre à la vue, que l'on intervienne par
l'incision postérieure ou par la colpotomie antérieure. Nous
avons jusqu'ici préféré la' voie abdominale.
Quels sont les résultats de notre nouvelle manière de faire ?
Au point de vue du danger vital, il est nul, si on sait se bor-
ner aux indications que nous venons de poser et si l'on opère
dans les conditions requises, ou plutôt si la malade ne court que
le risque inhérent à toute laparotomie, je devrais plutôt dire,
à toute opération. Mais le danger deviendra grand si on abuse
de la salpingostomie.
On pourrait craindre, si on se rappelait les préceptes de
Lawson Tait, de voir survenir des récidives. Il y en aura sans
doute si l'on étend trop les indications de la salpingostomie.
Mais il n'en a rien été dans nos cas, ni dans ceux que nous
connaissons, à quelques rares exceptions près. A. Martin, de
Berlin, insiste sur l'euphorie de ses opérées. Les nôtres aflir-
ment la disparition de leurs douleurs. A plusieurs reprises nous
leur avons demandé de quel côté elles se sentaient le mieux
}
190 DE LA SALPIMGOSTOMIB
guéries, du côté gauche ou du côté de la salpingostomie. Il est
à remarquer que celle-ci correspondait aux moindres lésions
initiales ; mais les réponses de nos malades étaient hésitantes,
ou même elles accusaient un moindre soulagement du côté de
lablation complète, où Ton sentait le ligament large faire une
bride cicatricielle. Il s'agit donc probablement d'une simple
sensibilité cicatricielle, et il y a moins de tissu cicatriciel du
côté où l'on se borne h libérer Tovaire et le pavillon, celui-ci
par exérèse, que du côté où Ton enlève ces organes.
L'avantage important, c*est la moindre mutilation de la
femme.
Les malaises nerveux delà castraliou, souvent exagérés, ne
peuvent entrer en parallèle avec les douleurs de la salpingite.
Cependant ils sont réels, peuvent quelquefois être graves, et
l'ablation unilatérale de lovairc et de la trompe en préserve.
La persistance des règles est peut-être aussi ou même plus
utile à ce point de vue que la sécrétion interne de Tovaire. En
tout cas, cette persistance des règles est quelquefois un
bonheur intense chez des femmes jeunes, qui ont un vif
désir de créer une famille. Je voyais ces jours-ci une opérée
pour double pyosalpinx aigu, toute heureuse de Tapparition de
ses règles après lopération qu'elle avait craint devoir être une
plus grave mutilation pour elle.
Mais on pourrait craindre aussi la persistance des troubles
menstruels, si fréquents dans la salpingo-ovarite. Peut-être
Qontre-indiquent-ils la salpingostomie ? Nos malades ont été
assez bien réglées pour que nous n'ayons rien à regretter à ce
point de vue.
Quant à la grossesse, dont on laisse Tespoir, est-elle pos-
sible ? A«t-elle été observée ? Pas par nous jusqu'ici, mais nos
cas sont peu nombreux, relativement récents et peu favorables
à la grossesse.
Mais on trouvera dans la thèse de Jarsaillon de ces cas pro-
bants, parce que la grossesse est survenue chez des malades
chez qui on avait fait l'ublation des annexes d'un côté et la sal-
pingostomie pour obstruction tubaire de l'autre côté : le
GoniLLiouD 191;
pavillon artificiellement créé a donc normalement fonctionné.
Citons les cas de Skutsh, de Gersuny, de Mackenrodt, de
A. Martin, de Legueu, de Delbet. Ils se comptent encore. On
peut conclure cependant que Tespoir laissé n*est pas absolument,
illusoire.
Les notions J'aualomie pathologique que nous possédons
viennent élucider cette question de la possibilité de la grossesse.
On sait, d'après les recherches de Raymond, la rareté extrême
de Tocclusion de l'ostium uterinum, même dans les lésions sup*-
purées. Ries a fait des coupes en séries sur des moignons do;
trompe amputée près de la corne utérine. A sa grande surprise^
il a trouvé des trompes perméables^ avec un épithélium normal.
Mais le fait n*est pas constant et Gottschalk a constaté l'obli-
tération du canal tubaire au niveau de la ligature et la persis-
tance de la perméabilitésur le reste du trajet de la trompe. Tou-
jours est-il que des lésions même importantes de la trompe
n'amènent son oblitération définitive qu'au niveau du pavillon,
condition favorable à la possibilité de la grossesse après la sal-
pingostomie.
Souvent, après une salpingite unilatérale post-abortive, il faut
attendre trois ans pour observer une nouvelle grossesse. La
notion de ce fait d'observation est même répandue dans le public,
et elle m*a permis d'assigner ce délai à Timpatience de malades,
dont l'espoir n*a pas été déçu. Ce fait prouve qu'il faut un cer-
tain temps pour que les lésions tubaires se réparent. Quant au
retour de la perméabilité d'un pavillon bien fermé, je n'y crois
pas, à voir la constance de la stérilité indéfinie dans la double
salpingite. Nous avons, au congrès de chirurgie de Lyon de
1894, publié 14 cas de grossesse chez des femmes antérieu-
rement opérées pour salpingo-ovarite. Mais nous avons tou-
jours admis que chez elles la lésion avait été unilatérale, et
nous ne connaissons pas de fait établissant le retour de la per-
méabilité d'un pavillon complètement fermé. 11 y a donc lieu, à
ce point de vue spécial de la grossesse, de faire la salpingo*
stomie.
La crainte de voir survenir une grossesse extra- utérine à la
1
192 DE LA SALPING08TOMIB
suite de la salpingostomie vient naturellemeot à Tesprit et a été
exprimée par plusieurs auteurs. Mais jusqu'ici aucune obser-
vation n'est venue confirmer la légitimité de cette appréhension.
Actuellement les cas de salpingostomie sont assez nombreux
pour qu'un fait isolé de grossesse ectopique qui surviendrait
dût être, pour le moment du moins, considéré comme une
exception et non comme un fait condamnant la salpingostomie.
Le désir formellement exprimé de guérir de ]a stérilité pourra
être une indication légitime de la salpingostomie, quand la sté-
rilité devra être attribuée à une obstruction des deux pavillons.
La rareté des cas de grossesse post-opératoire suffira pour ne
pas donner une importance abusive à cette indication.
REVUE CLINIQUE
HÉMORRHAGIES
PAR BËCOLLEMENT DU PUGENTA NORNALENEIIT INSÉRÉ
Dans la Revue mensuelle de Gynécologiey ObsL et Pœd.
(Bordeaux), le D^ Fieux vient de rapporter un cas typique
d*hémorrhagie rétro-placentaire, survenu au début du huitième
mois de la grossesse. Comme il s*agit d'une complication aussi
redoutable que rare, qu'il importe que tout praticien ait bien
présents à Tesprit ses traits cliniques essentiels par la raison
que, la plupart du temps, la vie de la femme dépendra de
l'exactitude et de la rapidité de son diagnostic, en même temps
que de sa décision dans la seule thérapeutique à employer, il
nous a paru utile de résumer ce cas.
Obs. — 35 ans, Illpare. 2 grossesses antérieures terminées par 2 accou*
chements à terme ; les enfants succombent au cours du travail. Gros-^
sesse actuelle : entrée de la femme à Fhôpital, le 5 août. LeD<' Fieux la
voit à 11 heures, la femme est en état de syncope et présente les
signes d'une hémorrhagie abondante : décoloration des tissus, peau et
muqueuses; respiration courte et rapide. P., 148 à la minute. Des
organes génitaux s'écoule, à travers un tamponnement, un sang épais,
spongieux, noir&tre. L'utérus remonte jusqu'au creux épigastrique
et est d'une extrême dureté ; îl est ligneux et ligneux dans toute soti
étendue. Pas de point douloureux, pas de zone de mollesse pâteuse.
Palper impossible ; à l'auscultation rien que des battements rapides,
synchrones avec le pouls maternel. Le tamponnement enlevé, le tou-
AMM, m OTV. — VOL. Un. 13
194 HÉMORRHÀGIBS PAR DÉCOLLEMENT DU PLACENTA
cher vaginal fournit les renseignements suivants : dans le vagin, cail-
lots nombreux, mous et noirâtres. Au fond du vagin, le segment
inférieur forme une calotte tendue et saillante, difficile & déprimer.
Le'col, très élevé et dévié à gauche, ne présente aucune modification du
travail. L'orifice externe est perméable, mais l'orifice interne est com-
plètement fermé et, entre les deux, le conduit cervical mesure de
30 à 35 millimètres. Diagnostic : hémorrhagie par décollement du
placenta normalement inséré. L'examen des urines y révèle une forte
proportion d'albumine, constatation bien en rapport avec le diagnostic.
Renseignements obtenus : dernières règles du 18 au 20 décembre; la
grossesse est donc vers le huitième mois : elle a évolué d'une manière
assez régulière pour que la femme n'ait ,pas eu à consulter, jusqu'au
jour de l'accident, médecin ou sage-femme.
Devant l'état grave de la femme, le D<^ Fieux se décide non pas à pro-
voquer seulement l'accouchement, mais à le terminer aussi rapidement
que possible : < Je fais placer la malade en position obstétricale et, pen-
dant que l'on injecte sous la peau 500 grammes de sérum salé, je me
mets en demeure d'attaquer le col. En trois minutes, j'arrive à fran-
chir l'orifice interne, j'y passe deux doigts, je romps les membranes
et j'introduis sans peine le grand modèle du ballon de Ghampetier.
Pendant vingt minutes, je pratique la manœuvre qui consiste à vider,
à tirer, puis à remplir de nouveau, etc. Mais, pendant ces vingt minutes,
je ne gagne rien. Je rejette la ballon, espérant avec la main arriver plus
vite à ouvrir l'utérus. J'introduis d'abord deux doigts^ puis très rapi-
dement trois et quatre, et enfin, au bout de huit à dix minutes, la main
entière en fuseau a franchi l'orifice utérin. »
Fœtus en présentation du siège, mode des fesses ; abaissement et
saisie du pied antérieur (procédé de Pinard(, et extraction un peu
plus laborieuse pour la tète retenue un instant au niveau de l'orifice
externe ; ïé fœtus extrait, sortie immédiate du placenta se présentant
par sa face fœtale avec toutes ses membranes. Dans la coupe rétro-
placentaire, énorme caillot noir de 300 grammes, et 200 grammes de
sang jioisseux ; une demi-heure après le début de l'intervention, l'utérus
était entièrement vidé. Une hémorrhagie post-partum avait été tôt arrê-
tée par l'introduction de la main combinée avec une injection chaude.
Nouvelle injection de sérum^ Champagne, alcool. Suites de couches
simples ; diminution de l'albumine. Exeat dix jours après l'accouche-
ment, la femme étant parfaitement rétablie.
Placenta : 11 pesait 380 grammes et était aplati en godetà son centre.
RBTUB CLINIQUE. — LABUSQUIÈRB 195
DaDS Tanalyse dont il accompagne cette observation, le
D' Fieux montre, en commentant les autres procédés théra-
peutiques, la supériorité de la méthode qu'il a suivie et en par-
ticulier la supériorité de la dilatation manuelle sur la dilatation
avec lé ballon. 11 a, en effet, obtenu en quelques minutes avec
la main ce que l'emploi méthodique du ballon de Champetier
n'avait, pour ainsi dire, pas commencé après vingt minutes. Or,
dans ce cas comme dans les pareils, où la situation est très
grave et où le salut de la femme est suspendu à des délais très
courts, les minutes sont précieuses. 11 faut aussi vite que pos-
sible vider l'utérus et, quand cette évacuation rapide par les
voies naturelles paraît, pour une raison quelconque, rigidité,
étroitessedes parties molles, sténose pelvienne considérable,etc.,
irréalisable, on peut être conduit à y procéder, après cœlioto-
mie abdominale, par la césarienne. Autrefois, cette complication
de la grossesse et de Faccouchement, grave surtout pendant la
grossesse, parce que rien n'est alors préparé pour la seule thé-
rapeutique efficace, Févacuation de l'utérus, était mal connue des
praticiens, et peu développée même dans les traités classiques.
A l'heure actuelle, il n'en est pas de même. Et dans le tome III
du Tra,ité de l'Art des Accouchements de Tarnier et Budin,
on en trouve l'étude très détaillée. M. le professeur Pinard
s'est, d'autre part, très occupé de cette question si importante
de la pratique, et dans ses Eludes d'anatomie obstétricale et
pathologique^ en collaboration avec Yarnier, iigure une très
belle planche, illustration typique de cet accident. Sans vouloir
insister autrement sur la bibliographie de la question, nous
nous bornerons à signaler encore deux très bonnes thèses,
inspirées par le professeur Pinard, et basées sur des maté-
riaux cliniques de la Clinique Baudelocque, thèses de MM.
Rousseau-Dumarcet (1892) et Marc Lehman (1898), où le lec-
teur trouvera tous les renseignements désirables.
R. Labusquiàre.
THÉRAPEUTIQUE GYNÉCOLOGIQUE
NOUVEAU PROCÉDÉ OPÉRATOIRE
POUB LA
CURE DES FISTULES YÉSICO-UTERO-VAGINALES PROFONDES
Par N. Iterdeacii (1).
L*auteur rappelle très brièvement les principales méthodes de traite-
ment imaginées* pour cette variété particulièrement compliquée de
fistules uro-génitales : 1) la méthode de Jobert de Lamballe, hysUro-
cleiêis véHcal, dans laquelle, la lèvre postérieure du col est avivée et
suturée à la paroi vésico-vaginale. Méthode qui serait passible
d'objections multiples : a) elle est inapplicable, par exemple, quand les
lésions sont trop considérables, quand la lèvre postérieure est entiè-
rement détruite; b) les femmes sont condamnées à la stérilité;
c) Tabouchement de Tutérus dans la vessie, le mélange de leurs sécré-
tions respectives, peuvent devenir le point de départ d^accidents
divers, vers Turetère, le rein, l'utérus, les annexes, etc.
2) La méthode d^utéro-pkuUie de Freund. Ce chirurgien ouvre le
Douglas, retourne l'utérus dans le vagin, de façon que la face posté-
rieure de l'organe regarde vers la vessie et le fond en avant, puis
suture à la paroi vésico-vaginale la paroi utérine postérieure préala-
blement avivée. Il établit ensuite, par la résection d'un fragment de
issu utérin au niveau du fond de la matrice, un canal destiné à per-
mettre l'écoulement menstruel. Les défauts de ce mode opératoire
seraient : a) de n'être applicable que si le col est détruit et l'orifice
(1) Cent,/, é?y«i.,1900, m 6, p, 170.
THBBAPEUTIQUE GYNÉCOLOGIQUE 197
fenné. Quand il n'en est pas ainsi, il^ i^&nt d*abord exciser le col puis
oblitérer rorifice. Ces conditions, indispensables, limitent par suite
les indications de ce procédé opératoire.
3) La méthode suivie par Hégar, d'après la pratique américaine :
avivement du moignon de la lèvre antérieure du col et suture. Mais
on risque de blesser le péritoine, puis la réunion à une première
tentative de deux tissus aussi différents que Tutérus et la paroi vésico-
vaginale est bien aléatoire ; enfin, il est des cas où la lèvre antérieure
du col est tellement lésée qu'elle ne peut plus être avivée.
C'est précisément l'insuffisance de ces divers procédés pour la cure
des fistules* vésko-tUéro-vaginaleB profondes qui a poussé certains
chirurgiens à adopter la voie abdominale, pratique que l'auteur estime
ne devoir être qu'exceptionnelle et réservée aux cas dans lesquels
l'état particulier du va^, une étroitesse excessive, par exemple,
empêchent l'intervention à travers ce canal.
n s'est donc appliqué h trouver un procédé de nature à parer aux
difficultés diverses et nombreuses que présente le traitement de ces
fistules profondes, et celui qu'il a conçu lui aurait donné, dans trois cas
typiques, des résultats excellents. Le principe capital de ce procédé
consiste en cela, que la perte de substance de chaque organe est iselément
réparée, sans troubler en rien leurs fonctions et leurs rapports.
Ce procédé de l'auteur nous rappelle, au moins partiellement, celui
qu'en particulier Walcher et Wdifler ont appliqué, plusieurs années
auparavant, au traitement des fistules vésico- vaginales. Ils insistaient
en effet, sur l'importance qu'il y a à séparer la vessie du vagin, h libérer
les adhérences et à suturer séparément ces deux organes.
Procédé opérotcilre de l'aniemr.
INDICATIONS GénéRALBs. — Il cst préférable de n'intervenir que les
suites de couches complètement terminées, six à huit semaines, d'après
Hégar, à une époque où les bords de la fistule sont débarrassés de
tous produits de sphacèle et en état de se réunir. Plus tard, les bords
sont couverts de cicatrices, moins vasculaires et peu mobilisables.
Il faut également, quelque temps avant d'opérer, préparer soigneuse-
ment le champ opératoire. Lavages quotidiens avec des solutions
boriquées; application de pommades à l'acide borique et au sous-nitrate
de bismuth. Faire l'opération sous la narcose. Employer plutôt l'éther,
qui permet une intervention plus longue et amène moins de dépression.
Placer la malade dans la position dorso-sacrée avec les cuisses forte-
198 LA CURE DBS FISTULES VBSICO-UTÉRO-YAGINALES
ment relevées, ce qni élève le bassin. Dans cette posture, les parois
abdominales sont relâchées, la fistule plus accessible, et la paroi
antérieure du vagin plus fortement tendue.
TEGHifiouB OPÉRATOIRE. — Elle comproud quatre temps: 1) libération
et traitement de Tutérus; 2) division de la paroi vésioo-vaginale et
oblitération de la solution de continuité de la vessie ; 3) ouverture du
péritoine et colpo-cœliorrhaphie ; 4) réfection du yagin et vagino-fixation
de Tutérus.
1) Libéraiion et traitement de V utérus, — Toutes les précautions anti-
septiques étant prises, on refoule à Taide du spéculum la paroi vagi-
nale inférieure, et on libère le vagin de toutes les adhérences cicatri-
cielles. On découvre la fistule et on la rend accessible. Existe-t-il une
occlusion du vagin, on rend d'abord la fistule accessible par une
incision uni ou bilatérale.
Le vagin est-il, au contraire, ouvert, le moignon du col est saisi et
attiré aussi bas que possible. De chaque côté de la fistule, et sur les
culs-de-sac latéraux, on incise la paroi vaginale sur le col, ainsi que le
montre la figure 1, afin de libérer la face antérieure de l'utérus. A
travers cette incision on décolle, avec les doigts ou avec les ciseaux^
la vessie jusqu'au cul-de-sac vésico-utérin. Mieux vaut ne pas ouvrir
le péritoine pour éviter la contamination de la cavité péritonéale par
l'urine qui s'écoule incessamment. Mais cette ouverture ne peut pas
toujours être évitée, lorsque par exemple la destruction du col est
considérable et que de ce fait le repli péritonéal est descendu très bas.
L'utérus décollé et préparé, on procède à la réparation de ses lésions.
Les cavités utérine et cervicale sont nettoyées avec la curette tranchante
et avec une solution boriquée à 3 p. 100. On avive ensuite les bords
de la perte de substance utérine, on les rapproche et on les réunit
par une suture interrompue au catgut, en ayant soin que les fils
restent dans la couche musculaire, en dehors de la cavité utérine.
En général, deux à trois sutures suffisent peur restauror complète-
ment le col.
Mais cette réfection du col n'est pas toujours possible. Quand les
lésions sont trop considérables, mieux vaut exciser ce qui reste du col
et traiter la plaie utérine comme une plaie quelconque d'amputation.
2) Ùivinon de la paroi véaico-vagiftale et oblitération de la solution de
continuité de la vessie, — A partir des incisions latérales du vagin, faites
dans le premier temps de l'opération, on sépare avec les ciseaux ou
le bistouri les bords vaginaux de la fistule des bords vésicaux sur une
TMÂPAPEUTIQUE GYNECOLOGIQUE
199
étendue de deux h trois centim., de façon à donner à la paroi vésicale
la mobilité désirable. Grâce & rincision de la paroi vésico- vaginale
et au décollement de la vessie de Tutérus, on peut ensuite amener la
fistule jusqu'à la vulve et procéder avec facilité h l'oblitération.
Pour fermer la vesssie, on fait une suture au catgut à double étage:
d*abord une suture en bourse, sous-muqueuse, au-dessous du bord
de la muqueuse vésicale. Si Ton serre ce fil après avoir eu la précau-
tion de relever les bords de la soli^tion de continuité vers la cavité
Fio. 1. — Perte de enbstance au
niveau do vagin et de ruténis.
L'aténu est attiré en bas, on voit
les 2 incisionfi latérales pratiquées
sur le vagin.
FiG. 2. — Division de la paroi vé-
sico-vaginale et ouverture de la
cavité péritonéale.
vésicale avec une sonde cannelée, on ferme la fistule. Dans certains
cas, soit qu'on ne puisse amener la fistule assez près, soit que la déchi-
rure soit trop profonde, on est forcé de modifier ce mode de suture.
Dans un cas, par exemple, la moitié antérieure de la fistule fut traitée
de cette façon, ce qui réduisit Torifice à fermer, tandis que l'autre
moitié fut oblitérée par une suture h points interrompus. Pour termi-
ner la cystorrhaphie, on pratique au-dessus de cette suture sous
muqueuse une deuxième suture musculo-musculeuse continue ou à
points séparés. On s'assure ensuite, à l'aide d'une injection boriquée
200 LA CUnB DES FISTULKB VÉSICO-DTÉBO- VAGINALES
qne la suture est suffi sammeut solide et la Fistule com|dètemeiit
tonnée.
3) Ouverture du péritoine et colpo-etdiorrltaphit, — Ou ouvre ensuite
le péritoine au niveau du cnt-de-Bac vaginal antérieur, par la brèche
pratiquée en celle région ; puis, l'on saisit avec des innces le feuillet
périlonéal antérieur qu'on atUre en bas pour le fixer & la paroi vagi-
nale, par quelques sutures au catgut, au niveau du point le plus
déclive de la division de la paroî vésioo-vaginale (fig. 3). H résulte de
Fia. 3. — ÂppUcntion des Buturei : Kntare TËBÏOble à double éUffe,
a) souB-muqueuio, h) musculeuse.
Lame pérttonêale antériours abaissée et Siée au vagiD, La paroi da vagin
Mt Usée au col restauré.
celte inclusion de la séreuse péritonéale une sorte de surface nouvelle
qui renforce la suture vùsicalc cl assure sa fixité.
Il est vrai que, dons un certain nombre de cas, le cul-de-sac péri-
lonéol ayant été dclruil à la suite de détabrements considérables ou ne
pouvant Être atteint, obligation sera de so passer de cette partie de
l'opération .
4) Ré/eclion du vagi» et vaghio-fixalion de l'utérai. — Tandis que
l'utérus est encore fixé avec des pinces, on l'attire le plus possible de
façon h rendre sa surface antérieure bien accessible. Puis, par deux
sutures temporaires, on fcimc la plaie vaginale. On procède alors à la
vagi DO- fixation de l'nlénis, les fils étant conduits de gaucbe à droite et
TUénAPECTIQUE GYNBCOLOGIQQB 201
inlâvssanl auccessivement la lèvre gauche de l'iucisioD vaginale, la
parlie inférieure de rulërua et la lÈvrc droite. Au cas où ces fils no
fermeraient pas suffisamment l'incision du vagin, on appliquerait
plusieurs plusieurs sutures vaginales intermédiaires. On traite de
mime les incisions latérales quand elles sont trop étendues ; on les
Fio. 4. — DiipoeitioD des fila pour Fio. 5. — Aipoct«iiit6rieur duchamp
1» vigiDO-lîxation de l'utfiruB et la opératoire, l'opération terminée.
TCstaorstion du cul-de-aac vaginal Suture de la plaie vaginale et flU
aotérlenr. rC^nlisantla vagino- fixation de l'u-
dîminue en suturant 1c vagin su col ; il faut que l'incision voginalc
soit entièrement fermée (fig. (4 et S).
TRAtTiMiNT {•osT-opËRAToiRB . — Dûns Ib vcssie, une sonde de Nélalon
k demeure; dans le vagin, tampon de ga7.e iodotorméc. Deux fois [Mir
jour, irrigations vésicsics h l'eau boriquéc, en évitant tout excès de
pression intra-vi;sicale pour ménager les sutures. Le calliétcr vésical
fonctionne- t-il insuirisammcnt, on le cbangc. Tous les deux jours,
renouveler le tamponnement du vagin Au lit, t'opéréc ganle le déçu*
bitns dorsal ou latéral, nvec les jambes fléchies pour mettre la paroi
abdominale dans le relâchement. Le calbi^ter est supprime du sixième
au neuvième jour, et remplacé par des eatbélérismes quotidiens mul-
tiples ; la miction spontanée n'est autorisée que plus lard. Le dixième
jour, enlèvement des sutures. II. LABUSQUitiiB.
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
Société anatomique (1).
Hernie inguinale congénitale de la trompe ganche, par Pibrrb
WiART (p. 59). — Sujet féminin hydrocéphale, &gé de 6 mois envi-
ron, deramphithéàtredeClamart. Après ouverture de l'abdomen, on peut
voir Tutérus très fortement dévié à gauche, la corne de ce côté étant
au contact de la paroi pelvienne et regardant en avant et h gauche vers
Torifice abdominal du canal inguinal. L'ovaire situé dans la fosse iliaque
interne atteint presque, par son extrémité antérieure^rorifice inguinal. La
trompe et le ligament rond s'engagent dans cet orifice, et tous les deux
sont attachés à sa partie inféro-exteme par un court méso commun.
A droite, la trompe et Fovaire ont leur situation normale.
A l'extérieur, rien de visible avant la dissection ; pas tn^ce de tumeur.
Lorsque la peau est enlevée, on constate, du côté gauche, un sac péri-
tonéal du volume d'un petit pois environ, qui fait issue par Torifice
externe du canal inguinal. Ce sac contient la trompe qui y est ainsi
disposée : elle est un peu bosselée, flexueuse^ enroulée de dehors en
dedans, formant presque un 0 complet, si bien que le pavillon, qui
regarde en avant, vient presque au contact du segment de trompe qui
sort immédiatement de Torifice. L'organe est attaché au sac, sauf au
niveau du pavillon, par un méso très court qui s'attache à la partie
postérieure de ce sac.
Cette observation est à rapprocher de celle publiée par Fauteur en
juillet 1897 ; mais elle en diffère par un point de détail très important,
c'est l'adhérence do la trompe au sac.
Dans la première observation, la trompe était libre de toute adhé-
rence, aussi bien au niveau de l'orifice inguinal interne que dans le
sac. Dans le cas présent, au contraire, il y avait un méso qui attachait
la trompe à la partie postérieure du sac.
Les hernies inguinales de la trompe passent pour être rares ; Schultz,
dans sa thèse, n'a pu en réunir que 12 cas.
(1) GommunicationB relatives à l'obstétrique et à la gynécologie faîtes à
la Société en 1899.
SOCIÉTÉ ANATOMIQUE 203
M. Demoulin a opéré, cette année, un cas de hernie de la trompe, où
y avait adhérence avec le sac ; la traction pouvait amener Tovaire
au jour.
Fibro-myôme aborigène du ligament large, par M. V. Gaippoif (p. 79).
— Femme de 32 ans, morte dans le service de M. Chauffard, à l'hôpital
Gochin.
La tumeur demeurée absolument latente, indépendante de Tutérus,
des trompes et des ovaires, occupe ia région externe du ligament large
du côté droit, au point où ce repli vient se perdre sur la paroi pel-
vienne. Du volume d'un gros œuf de canard, elle est lourde et très
facile à mobiliser dans le petit bassin. L'utérus, d un volume plutôt
petit, est fortement rétrofléchi ; le corps fait avec le col un angle sen-
siblement droit, ouvert en arrière ; le fond est tombé dans le cul-de-
sac de Douglas et le fibrome est appuyé sur la face antérieure de ce
fond utérin, qu'il maintient dans sa situation défectueuse.
Vaguement bosselée, la tumeur est tapissée par le péritoine dans la
plus grande partie de sa surface; la séreuse peut glisser sur elle^ gr&ce
h la présence d'une couche de tissu cellulaire lâche qui l'entoure de
toutes parts. Parsemée extérieurement d'arborisations veineuses, elle
est reliée à l'ovaire par un méso allongé dont la direction continue, en
partant de l'extrémité externe de l'ovaire, l'axe du ligament large lui-
même, prolongé depuis l'ovaire jusqu'au bord interne du psoas; en ce
point, bord du psoas, un nouveau méso péritonéal part du point
opposé de la tumeur, qui se trouve ainsi comprise entre deux pédi-
cules, l'externe étant d'ailleurs purement virtuel. Ce pédicule externe,
qui ne devient bien apparent que lorsqu'on exerce une traction sur la
tumeur, comprend dans son épaisseur le faisceau vasculaire utéro-o va-
rien droit, lequel tapisse la face postérieure du fibrome avant de venir
se perdre dans la trompe et l'ovaire correspondants.
La dissection de ces vaisseaux utéro-ovariens, à partir du bord
externe de la tumeur, point où ils prennent contact avec elle, montre
combien leurs connexions sont intimes avec le tissu du fibrome. Au
lieu de rester groupés en un faisceau unique, passant entre le péri-
toine et la tumeur, côtoyant simplement celle-ci, les vaisseaux utéro-
ovariens s'appliquent fortement contre le fibrome, s'éparpillent à sa
face postérieure et envoient des ramifications dans la profondeur ; la
veine, volumineuse, se rend directement à l'ovaire, tandis que l'artère,
primitivement accolée à la veine, s'en détache sur le fibrome pour
204 SOCIÉTÉS SAVANTES
décrire une courbe à convexité supérieure et venir plus loin aboutir
au bile de Tovaire comme la veine satellite.
La tumeur est dure, ferme, lourde ; h la coupe, on a l'aspect classique
du fibro-myôme : surface criant sous le scalpel, d*un gris rosé, présen-
tant des couches concentriques dans les portions périphériques, des
tourbillons de fibres dans la partie centrale. La coupe montre encore
que le fibrome est unique, et non formé par la réunion de plusieurs
tumeurs, comme le portait à penser la légère lobulation de la surface.
L'uretère droit est, par comparaison avec celui du cdté gauche, un
peu distendu.
L*utérus présente un petit œuf de Naboth sur une des lèvres du
museau de tanche. La muqueuse du corps et du col est peut-être un
peu congestionnée, mais la paroi n'offre aucune trace de métrite parcn-
chymateuse.
Du côté de la tumeur, Tovaire parait normal ; la trompe est simple-
ment congestionnée. En avant de la trompe, on trouve deux petits kystes
pédicules à parois minces, Tun gros comme un grain de mil, Tautre
comme un gros pois.
Du côté gauche, Fovaire et la trompe ne présentent de particulier
qu'un kyste à contenu citrin, gros comme un pois, dans l'épaisseur
du mésosalpinx, faisant saillie à la faco antérieure de ce repli.
Le poids total de la pièce (utérus, ovaires, trompes et tumeur) est de
193 grammes.
La malade qui portait ce fibro-myôme latent avait été réglée à l'âge
de 15 ans, et la menstruation était parfaite depuis cette époque. Elle eut
trois enfants, bien portants, le dernier quatorze mois avant sa mort.
Elle ne fit jamais de fausse couche.
Les corps fibreux nés et développés dans le ligament large, autoch-
tones ou plutôt, suivant une expression qui me paraît moins impropre,
aborigènes, s'observent très rarement.
On a d'abord soutenu qu'ils résultent simplement de la migration
de corps fibreux de l'utérus, secondairement détachés et devenus
libres dans l'épaisseur des replis péritonéaux. C'était l'opinion de
Klob, de Kiwisch, de Virchow (1).
Mais, en compulsant les Bulletins de la Société analomique, on trouve
au moins deux cas avérés de fibromes qui ont bien pris leur origine
dans le ligament large. Le premier est dû à Frémy (2) qui rencontra,
(1) Virchow. Pathologie des tumeurs, Trad. franc., 1871, t. III, p. 412,
(2) FbéMT. Corps fibreux des ligaments larges, BulL Soc, anat, ^l86S,^.5di,
SOCIÉTÉ ANATOMIQUB 205
à Tautopsie d'ane femme de 50 anSiUne masse de corps fibreux compri-
mant ruténis,lequel se trouvait réduit à la moitié de son volume normal.
L'autre cas, publié par Boussi (1), est celui d'une femme de 85 ans,
morte de ramollissement cérébral. La tumeur, grosse comme une tète
d'enfant, adhérait par sa face antérieure h la paroi abdominale anté-
rieure, et sa consistance était telle qu'on fut obligé de la scier. Le
centre de ce gros fibrome était ramolli, dégénéré, et offrait l'aspect
d'une bouillie, couleur café au lait.
D'autre part, S&nger (2), Freund ont opéré des fibromes du ligament
large dont l'origine intra-ligamentaire ne semble pas pouvoir ôtre
mise en doute. Bilfinger (3), à propos d'un cas trouvé à l'autopsie d'une
femme de 56 ans, fait le recensement des fibromes dont l'origine pri-
mitivement ligamentaire n'est pas sujette à caution, et n'en trouve
que 13 cas dans la littérature médicale.
Enfin, plus récenunent, Tédenat (4) a fait l'autopsie d'une femme de
48 ans qu'il avait opérée pour un gros myôme kystique du ligament
large, contenant huit litres de liquide. Il a trouvé, en dehors de l'uté-
rus qui était normal, une dizaine de corps fibreux inclus dans les
ligaments larges et ayant certainement pris naissance sur place.
On peut se demander, dans tous ces cas, aux dépens de quel élément
musculaire s'est développé le néoplasme. Dans l'observation actuelle,
on est frappé immédiatement des connexions de la tumeur avec le
faisceau vasculaire utéro-ovarien, connexions qui sont presque aussi
intimes que dans un cas récent, un peu analogue, de Pilliet et Gos-
set (5), où le ligament rond venait se confondre avec un fibro-myôme
développé dans sa partie inférieure. Ces rapports entre la tumeur et
les vaisseaux utéro-ovariens portent, ici, à penser que l'origine du
libro-myôme pourrait bien être dans les fibres musculaires sous-périto-
néales qui recouvrent ces vaisseaux et se mêlent aux éléments conjonc-
tifs de leur gaine.
(1) Boussi. Tumeur fibreuse, volumineuse, adhérente aux ligaments larges
et complètement indépendante de Tutérus. JSull. Soc. anat,, 1878, p. 868.
(2) SâNOEB. Ueber primâre dermoïde Geschwûlste der Ligamenta lata.
Arrh,/. Gyn,, 1880, Bd XVI, Heft 2, p. 258 et 1883, Bd XXI, p. 179.
(3) BiLFlHQEB. Ein Beitrtig zur Ken/ninm der primaren dermoïden
Geiehwûlête in den heiden Mvtterbàndem, Dissert. înaug. Wûrzbourg, 1887.
(4) In Pozzi. TVaUé de Gynécologie^ 3« édit, 1897, p. 887.
(5) Pilliet et Gosset. Fibro-myôme du ligament rond. Bull, Soc. anat.^^
1897, p. 776.
206 SOCIETES SAVANTES
Laminaire engagée dans ruréthre et la imnA» d'une Jeone femme
et retirée par la taille nréthralej par H. MoRssTiif (p. 130). — Une
toute jeune femme de 16 ans, mulâtresse de la Martini(iue, à la suite
d'un accouchement excessivement laborieux qui s'était terminé, après
d'inutiles applications de forceps, par une embryotomie, avait eu des
escarres vaginales fort étendues. A la chute de celles-ci il se forma
une fistule vésico-vaginale, en même temps que le vagin lui-même
s'oblitérait presque complètement par les formations cicatricielles. Les
dimensions de ce conduit étaient si réduites que le petit doigt n'y
pouvait pénétrer, et qu'à peine pouvait-on y introduire le bout d'une
sonde ordinaire de femme.
Les adhérences s'étendaient jusqu'à la vulve, dont elles modifiaient
beaucoup l'aspect. Cette fenmie avait été admise dans ces conditions &
l'hospice Saint-Pierre, où le chef de service prescrivit, comme traite-
ment préalable, des tentatives de dilatation lentement conduite, à l'aide
de laminaires pour amorcer ce travail, qui devait être achevé à l'aide
de bougies et des dilatateurs spéciaux. Mais l'élève chargé de ce soin
se trompa d'orifice et plaça la tige dans l'urèthre, croyant la mettre
dans le vagin rétréci. Il ne s'aperçut de son erreur que le lendemain,
quand, voulant changer la tige, il réexamina sa malade. Le fil attaché
à cette tige sortait bien par l'urèthre. Il essaya par des tractions sur
ce fil d'amener à l'extérieur le corps étranger ; mais ce dernier s'était
gonflé, avait quadi*uplé de volume. Le fil se brisa, ce qui mit un terme
aux tentatives du pauvre garçon.
L'urine s'échappent par le vagin, la malade n'avait pas eu à souffrir
de l'occlusion de son urèthre. La laminaire ayant augmenté de volume
avec lenteur et graduellement, elle n'avait éprouvé qu'un peu de gène.
J'étais alors en vacances à Saint-Pierre. Je fus appelé, le troisième
jour, auprès de la malade dont l'état était assez sérieux.
Un corps étranger dans une vessie est toujours une source de grands
dangers ; mais ces dangers sont encore plus pressants quand l'organe
ne peut se distendre et que sa paroi entre en contact intime et perma-
nent avec le corps étranger. En pareil cas les perforations sont fort à
craindre avec toutes leurs conséquencxïs funestes.
C'est précisément ce qui allait se produire ici et l'urine teintée de
sang, qui s'écoulait par le vagin, indiquait que la muqueuse vésicale
était déjà lésée par l'extrémité de la laminaire. Des épreintes doulou-
reuses indiquaient les contractions vésicales. Enfin, il y avait un peu
de fièvre,et il n'était pas douteux que la vessie était infectée. L'explo-
SOCléré ANATOMIQUB 207
ration de rurèthre permettait de sentir, avec la sonde, le bout de la
tige à deux centimètres du méat. La laminaire ayant à peu près huit
centimètres, il y avait donc six ou sept centimètres dans la cavité vési-
cale. Il était urgent d'extraire ce corps étranger. J'aurais pu le faire par
la taille hypogastrique. Je pensai, cependant, qu'il valait mieux agir par
le vagin. La vessie étant vide et ne pouvant être distendue, Tinterven-
tîon par la voie sus-pubienne se présentait dans des conditions de sim-
plicité moins grandes qu'à l'ordinaire. En outre, le corps étranger était
resté engagé dans Turèthre. D'autre part, il y avait une fistule vagi-
nale et je pensais que peut-être on pourrait agir par cette fistule
agrandie et qu'enfin il n'était pas déraisonnable de tenter par la môme
occasion quelque cbose contre la fistule et contre le rétrécissement du
vagin. Une action directe contre ce rétrécissement devait même être le
premier temps de toute intervention par la voie vaginale, car, je l'ai
dit, le vagin n'existait plus que d'une façon pour ainsi dire virtuelle,
étant oblitéré jusqu'à la vulve. Ck)mme opération préliminaire^ j'eus
donc recours au débridement bilatéral de la vulve et du vagin, selon
a méthode que conseillait, il y a quelques années, mon maître et ami
M. Ghaput. J'eus la satisfaction d'obtenir ainsi très rapidement un jour
considérable. Je pus alors sentir aisément l'extrémité de la tige de
lammaire distendant et faisant bomber la partie supérieure de l'urèthre.
J'incisai sur cette saillie ; la tige, mise à nu, fut saisie avec une pince
de Museux, et son extraction se fit alors sans difficulté. Cette plaie
de l'urèthre fut immédiatement fermée par quatre points de suture.
Je tentai aussi la cure de la perforation vésico- vaginale.
Elle était fort large, et le bout du doigt y pénétrait facilement.
Après avivement, elle fut fermée par huit points de suture. Les suites
furent très simples. La malade n'eut plus de fièvre et ses douleurs
cessèrent immédiatement. La plaie de la taille uréthrale réunit com-
plètement par première intention. Pour la communication vésico-vagi-
nale on ne pouvait compter sur une réunion aussi parfaite, et de ce
côté il persiste encore une fistulette, qui nécessitera ultérieurement
quelques soins complémentaires. Aussi bien, ce dernier point est
d'un intérêt médiocre, et ce qui méritait d'attirer l'attention de la
Société, c'était, je crois, le corps étranger que je mets sous ses yeux.
Ugatnre des artères de rntéms dans le cancer de cet organe, par
M. RoBBET LcBWY (p. 134). — Femme opérée, le 19 août 1898, par
M. Morestûi, qui pratiqua la ligature des artères utérines et utéro-ova-
riennes pour cancâr utérin.
208 SOCIÉTÉS SAVANTES
Les suiles opératoires ont été parfaites, mais le résultat de Tinter-
vention a été nul ; en particulier les hémorragies n'ont diminué ni de
fréquence ni d'intensité. La malade, cachectique, est morte d'urémie
par compression de Turetère, le 15 janvier 1899. L'autopsie a montré
que le cancer avait envahi tous les organes du petit bassin, adhérents
entre eux, infiltrés et englobés par des masses cancéreuses. L'étude
de la perméabilité des artères utérines par des injections dans la fémo-
rale a montré que leur oblitération était parfaite.
De cette observation et de l'étude de celles qui ont été publiéesi
M. Lœwy conclut que la ligature des artères utérines est une opé-
ration palliative à rejeter dans la très grande majorité des cas. Lors-
que le cancer est au début, il y a tout avantage à tenter l'hystéreo
tomie, et si cette opération est impossible, mieux vaut pratiquer des
évidements et cautérisations du col pour lutter contre le symptôme
hémorrhagie, que de tenter cette ligature des artères utérines.
M. MoRBSTiN. — Dans le cas que vient de relater M. Lœwy, j'ai pu,
en suivant la technique indiquée par Hartmann et Fredet, faire très
aisément et très vite la ligature des artères utérines au voisinage de
leur origine.
Depuis, j'ai répété deux fois cette opération, toujours pour des cancers
utérins dont l'extirpation était impossible. Ces deux dernières inter*
ventions ont été plus laborieuses, les cas étaient moins favorables.
Chez une de ces malades, il y avait des fibromes utérins qui encom-
braient le petit bassin, et chez l'autre des adhérences pelviennes, reli«
quat d'anciennes salpingites, qui rendaient les manœuvres assez diffi-
ciles. J'ai pu néanmoins placer en bon lieu les ligatures.
Ces deux femmes sont encore vivantes six mois après ces opéra-
tions palliatives. Mais ici encore le résultat a été précaire, et je n'ose
pas dire qu^elles aient tiré un bénéfice de l'intervention subie par
elles. Après une amélioration de courte durée, elles ont été reprises
d'hémorrhagies et de douleurs. A vrai dire, en faisant ces tentatives,
je n'avais pas grande illusion sur leurs résultats ; mais il faut tou-
jours essayer d'améliorer le sort si misérable des femmes qui nous
arrivent dans cette lamentable situation.
Fibro myôme utérin calcifié; pierre utérine, par Henri Bernard
(p. 198). — Femme de 67 ans, entrée à Fhôpital avec le diagnostic de
cancer utérin : le loucher, qui faisait percevoir les végétations vagi-
nales, le palper qui montrait un gros utérus débordant d'un travers
de main la symphyse pubienne, l'état cachectique delà malade parais*
SOCIBTé ANATOMIQUE 209
fiaient ccmfirmer le diagnostic. Quelques jours après son entrée, la
malade fait brusquement par le vagin, sans aucun prodrome, une
débâcle purulente constituée par un demi-litre environ d'un pus extrê-
mement fétide. Une heure après cette débâcle, qui n'avait causé à la
malade aucune douleur, elle tombe dans le coUapsus, et meurt.
L'utérus est hypertrophié, long de 15 centimètres, aussi large que
long. Ses parois, très épaissies (elles ont plus de 5 centimètres en
certains points), sont farcies de fibro-myômes plus ou moins volumi-
neux, les uns gros comme une noisette, d'autres atteignant le volume
d'un œuf de poule ; les uns, ce sont les plus petits, sont sous-mu-
queux, d'autres interstitiels, quelques-uns sous-péritonéaux : aucun
n'est pédicule.
Dans la portion de la paroi utérine qui constitue le fond de l'or-
gane, on sentait une masse très dure : une incision amena sur cette
masse, véritable pierre qui s'énuclée presque spontanément, pressée
entre les parois de la loge qui la contenait, comme un noyau de
cerise entre deux doigts. Cette pierre, irrégulièrement ovalairc, du
volume d'un œuf de poule, mesure 5 cent. 1/2 de longueur sur
4 cent. 1/2 d'épaisseur. Dans son ensemble, elle rappelle absolu-
ment par sa forme celle d'un fibro-myôme sorti de sa capsule : sa sur-
face, irrégulière, est parsemée de bosselures. Elle était enveloppée
dans une coque de tissu fibreux, épaisse de 1 à 2 millimètres sui-
vant les points, et qui lui adhérait, à la façon dont le périoste adhère
à l'os. Sa dureté est très grande : il est impossible de la scier.
La loge qui contenait cette pierre est de même forme qu'elle : du
odté de la cavité utérine, la paroi de cette loge est épaisse de 2 à
3 millimètres : une même épaisseur séparait la pierre du péritoine. Il
s'agit donc d'un fibro-myôme interstitiel qui a subi la transformation
calcaire.
Un des autres fibromes de ce même utérus nous présente un type
de dégénérescence kystique : situé sur la partie latérale de la paroi
postérieure, sous-péritonéal, du volume d'une grosse mandarine, il
schématise pour ainsi dire les différentes étapes de la transformation
kystique d'un fibrome. Son tiers interne est constitué par un noyau
fibromateux qui a perdu sa consistance spéciale et sa couleur blanc
nacré ; c'est un fibro-myôme mou ; son tiers externe est déjà par-
venu à un degré évolutif plus avancé : on y voit trois noyaux fibro-
mateux ; dans chacun d'eux, la portion périphérique est transformée
en substance muqueuse, absolument comparable à de la gélatine.
Am. m onr. — toi. un. 1^
210 SOCIÉTÉS 8AVÀNTB8
Enfin le centre du fibrome est transformé en cavité kystique, tra-<
versée par des cloisons fibreuses, vestiges du stroma primitif : ces
cloisons divisent la cavité en géodes dont Tune est remplie par une
substance gélatineuse semi-liquide.
La cavité utérine, volumineuse comme l'utérus lui-môme, a sa
surface tomenteuse comme la paroi d'un abcès, parsemée de saillies
qu'à la coupe on reconnaît pour de petits fibromes soulevant la mu-
queuse. Cet aspect tomenteux se continue jusque sur le tiers supérieur
du vagin, qui est tapissé de véritables végétations, se continuant à
travers le col entr'ouvert avec celles de l'utérus. En somme, nous
voyons là les parois d'un véritable abcès constitué par la cavité
utérine et la partie supérieure de la cavité vaginale.
En arrière, l'utérus dans sa moitié inférieure était inclus dans une
véritable gangue de périmétrite : adhérences circonscrivant des loges
remplies de pus.
Tumeur kystique de l'oyaire avec généralisation, par M. Gorril
(p. 351). — Énorme tumeur ovarienne, enlevée d'un ventre dont le
péritoine était parsemé de végétations. La tumeur est creusée de cavi-
tés kystiques dans lesquelles on peut voir des végétations.
Au microscope, ces cavités apparaissent remplies de mucus et de
cellules tombées de la paroi, laquelle est recouverte de végétations
tapissées d'un épithélium cylindrique.
Ces épithéliomes malins, généralisés, ne diffèrent pas, histologique-
ment, des kystes ovariques communs.
Orossesse tubaire arrdtée dans son évolution, par M. Bufroir
(p. 376). — Grossesse extra-utérine que l'on pouvait penser appartenir
à une grossesse de trois mois, d'après l'évolution clinique. Or, la
laparotomie a montré, au milieu d'une hématocèle péri-utérine, que
l'œuf contenu dans la trompe avait depuis quelque temps cessé de
vivre, et qu'il comporte tout au plus un âge de trois à quatre semaines*
Epithéliome de la vulve, point de départ d'accidents phlegmoneox
graves, par M. H. Morbstin (p. 399). — La surface ulcérée d'un cancer
peut être la porte d'entrée d'une infection secondaire plus ou moins
redoutable. Les complications qui en résultent sont généralement des
abcès de voisinage, qu'on observe surtout dans les cancers du rectum
et de l'anus, ou des adénopathies aiguës, qui ont été bien étudiées
pour les cancers de la langue et du pharynx.
Toutefois les accidents purement inflammatoires envahissent des
SOGlÉTé ANATOMIQUB 211
tissas encore parfaitement sains au voisinage d'un néoplasme, et, pré-
sentant un caractère très aigu, sont d'observation peu commune. Dans
le cas suivant, un phlegmon à marckie rapide et grave a eu pour point
de départ un minuscule épithéliome dont l'existence n'ii pu être affir-
mée d'une façon absolument précise qu'après guérison des accidents
inflammatoires.
M™« Laure H..., 60 ans, a été prise, le 20 février de cette année, de
douleurs assez vives dans la grande lèvre droite, en même temps
qu'elle y constatait un léger gonflement. Celui-ci s'étendit rapidement,
Çagna en deux jours toute la ré^on pubienne, la région inguinale et
la partie inférieure de la paroi abdominale, tandis que les douleurs
gardaient leur intensité et que la température se maintenait entre 38°
et 390. Quand je vis cette malade, le 24 février, la grande lèvre droite
était énormément tuméfiée, ainsi que la région pubienne et la partie
inférieure de la paroi abdominale. Les téguments présentaient une
teinte générale d*un rouge vif, disparaissant graduellement aux
limites de la tuméfaction. Ils étaient mortifiés en deux on trois points,
dans l'endroit où le gonflement était à son maximum, c'est-à-dire &
peu près à la hauteur de l'épine pubienne. Ces zones mortifiées, grandes
comme des pièces de cinquante centimes, étaient déjà séparées des
parties voisines, et du pus s'écoulait, filtrant dans le sillon d'élimina-
tion des eschares.
La douleur était extrêmement vive à la pression. Il n'y avait pas de
doute sur la nature de l'affection. C'était là un phlegmon ayant ten-
dance à la diffusion.
Cherchant le point de départ de ce phlegmon, je trouvai à la face
interne de la grande lèvre droite une petite ulcération un peu plus
grande que l'ongle du petit doigt. Je jugeai que ce devait être là la
porte d'entrée, attendu que nulle part ailleurs on ne découvrait aucune
autre solution de continuité des téguments ayant pu donner naissance
à cette infection du tissu cellulaire. Mais quelle était cette ulcération ?
Son fond mamelonné, son bord irrégulier et inégalement creusé, l'âge
de cette femme, firent penser à un petit cancrolde, mais l'ulcération
reposait sur une base œdémateuse et enflammée qui ne permettait
pas d'en affirmer la nature véritable, et il n'était pas possible d'affir-
mer pour le moment ce diagnostic. D'ailleurs, les accidents phlegmor
neux primaient tout par leur gravité. Ds présentaient en effet un
caractère inquiétant, par leur marche très aiguô et l'altération de
l'état général.
212 SOCIETES SAVANTES
J'avais été si frappé par cette allure grave, que je fis à plusieurs
reprises, ce jour-là et les jours suivants^ analyser Turine pour voir si
elle ne contenait ni albumine, ni sucre, les affections inflammatoires
présentant volontiers, comme Ton sait, une marche particulièrement
alarmante chez les albuminuriques et les glycosuriques.
Cet examen a été constamment négatif. Je pratiquai immédiatement
une incision considérable, allant depuis Tépine iliaque antérieure et
supérieure jusqu'à la partie postérieure de la grande lèvre, et une
autre transversale prépubienne. Ces incisions donnent issue à du pus
collecté çà et là et à de longs écheveaux de tissu cellulaire mortifié.
On fit alors de la pulvérisation phéniquée et des pansements humides.
Peu à peu, la malade élimina tout le tissu cellulaire de la région
pubienne et de la partie inférieure de la paroi abdominale. Au bout
d'une dizaine de jours, la plaie s'était détergée. Mais la séparation
s'effectuant avec lenteur, bien que pansée avec soin, la plaie eut très
belle apparence, la cicatrisation ne fut complète que vers le milieu
d'avril. La grande lèvre est restée assez longtemps empâtée, œdémateuse,
puis elle a diminué lentement, s'est assouplie et est revenue graduel-
lement à des dimensions presque normales. Pendant que s'effectuait ce
dégonflement, l'ulcération de la grande lèvre se dégageait chaque jour
d'une manière plus nette. On put alors reconnaître qu'elle reposait sur
une base indurée, d'abord confondue avec la tuméfaction générale, que
cette plaque dure, superficielle, occupant la face interne de la grande
lèvre et la partie avoisinante de la commissure, était indépendante des
tissus plus profonds. Sa consistance était très ferme, sa coloration
légèrement violacée. L'ulcération n'occupait pas toute l'étendue de
cette plaque, grande à peu près comme une pièce de un franc. E11& en
représentait le tiers. Cette ulcération était peu profonde, à bords irré-
guliers, à fond légèrement mamelonné. Les ganglions inguinaux étaient
sains en apparence, et par ailleurs, il n'y avait rien à noter.
Je pensai qu'il s'agissait bien réellemenl d'un épithéliome, véritable
cancroïde superficiel, ayant pris naissance aux dépens du corps mu •
queux de Malpighi.
Parfois ces épithéliomes, comme ceux de la bouche, sont consécutifs à
des leucokératoses. Mais ici on ne découvrait rien d'anormal ni du
côté de la vulve, ni du côté du vagin.
Le 21 avril, j'ai fait l'ablation large de la plaque indurée.
Les deux tiers postérieurs de la face interne de la grande lèvre, la
partie voisine de la commissure vulvaire, ont été enlevés au moyen de
SOCIÉTÉ ANATOMIQUB 213
deux incisions courbes à concavité interne, se rencontrant par leurs
extrémités, de manière à figurer dans leur ensemble les bords d'un
croissant dont la plaie représenterait la tranche à enlever. Les deux
bords de la plaie ont été sans difficulté réunis par des crins .
Ybrubuil attirait souvent Tattention de ses élèves sur la gravité
des opérations dans les régions qui avaient été le siège d'inflammations
récentes. Il y a là une idée défendable et Tévénement peut donner
raison à cette doctrine. Dans le cas particulier, il n'en a pas été ainsi ;
les suites ont été aussi simples que sll n'y avait eu aucune inflamma-
tion antérieure. Les fils ont été enlevés le 28, la réunion était par-
faite, et la malade put se lever le jour môme.
L'examen histologique de la tumeur montre qu'il s'agit d'un épithé-
lioma pavimenteux tubulé.
M. GoRNiL a remarqué que ces épithéliomes de la grande lèvre sont
toujours tubulés et très superficiels, ne pénétrant pas sous la peau ; ils
peuvent même, lorsqu'ils sont larges et étendus, se cicatriser en cer-
tains points.
Cancer de la vnlve ; récidive après 6 ans et demi, par M*^* Pillibt
{p. 403). — M«»« R..., 66ans, a été opérée parmoi,en 1892, le 27 octo-
bre, d'une tumeur vulvaire située à l'union de la petite et de la grande
lèvre, à droite de la fourchette ; cette tumeur était d'aspect verru-
queux ; la partie saillante, à large pédicule, avait le volume d'une
petite noisette ; la base, de la largeur d'une pièce de 20 sous, était
indurée. Pas de ganglions inguinaux. Anesthésie à la cocaïne et abla-
tion large au bistouri. Guérison rapide.
L'examen de la tumeur, fait par Pilliet, montra qu'il s'agissait d'un
épithéliome tubulé.
En 1896, la malade revint, se plaignant de quelques sensations dou-
loureuses au lieu de la cicatrice ; celle-ci, à peine perceptible, n'est
pas dure ; aucune saillie.
En 1899, 18 avril, elle vient à la consultation ; la petite lèvre est
envahie dans les 2/3 postérieurs, la commissure est libre, mais une
petite saillie dure est appréciable sur la lèvre gauche, au point homo-
logue ; la tumeur est mamelonnée, dure, assez nettement limitée, un
peu saignante. On sent que l'induration est assez profonde.
Le vagin est sain ; il en est de même du clitoris et du méat qui ne
sont aucunement envahis.
La recherche des ganglions est rendue difficile par la présence dans
214 SOCIETES SAVANTES
les lèvres de deux volumineuses hernies, facilement réductibles
d'ailleurs. Ni dans le pli inguinal, ni dans le triangle de Scarpa, nous
ne trouvons de ganglions appréciables.
Le 23 avril, sous anesthésie chloroformique, ablation au bistouri et
aux ciseaux de la tumeur, dont les limites sont largement dépassées
en largeur et en profondeur, et, en même temps, ablation du petit foyer
de la lèvre gauche, qui n'était séparé de la tumeur droite que par un
pont d'un centimètre de tissu qui paraît sain, est enlevé dans le môme
lambeau.
Kyste dermolde de la grande lèvre droite, par M. Souligodx, chi-
rurgien des hôpitaux (p. 273). — Femme de 42 ans ; elle présentait, à
la partie inférieure de la grande lèvre droite, une tumeur du volume
d'une mandarine, dont Torigine datait de 15 ans. De consistance uni-
formément molle, non fluctuante, indolente, cette grosseur avait
évolué peu à peu. Une ponction à la seringue Pravaz resta blanche,
mais en lavant la canule on constata qu'une matière gris&tre était
contenue dedans. Je fis Tablation de cette tumeur. Elle était partout
indépendante de la peau ; son contenu était formé d'une masse grisâtre,
molle, analogue au contenu d'un kyste dermolde.
Fibrome de la grande lèvre, par SouLiaonx, chirurgien des hôpitaux
(p. 274). — Tumeur de la grande lèvre droite, à la partie inférieure de
laquelle elle siège. Le début remonte à six ans. Jamais la malade,
âgée de 32 ans, n'a éprouvé la moindre douleur et c'est à cause de la
gène fonctionnelle qu'elle occasionne que l'intervention est demandée.
Cette tumeur, lobuléc, divisée en deux par un raçhé au point qu'on
dirait un scrotum, est molle, non fluctuante et constituée de plusieurs
petites masses séparées par du tissu plus dur. En présence de son évo-
lution et des signes cliniques, je porte le diagnostic de fibrolipome.
L'énucléation en fut facile, la réunion eut lieu en 8 jours ; 10 jours
après l'intervention, la malade quittait l'hôpital.
ExAMBN HiSTOLOGiQUB, pratiqué par M. R. Marie. — C'est une tumeur
atteignant, comme volume, environ la moitié du poing, déforme assez
égulièrement sphérique, sans bosselures. La peau la recouvre entiè--
rement, elle est amincie à son niveau, mais sans adhérences ; on peut
la faire glisser facilement au-dessus du néoplasme . Cette tumeur est
très molle, presque fluctuante ; les doigts la dépriment facilement, et
elle repi'end sa forme première aussitôt que l'on cesse la pression.
BOGIBTé ANATOtfIQUE 215
A rincision, on trouve an tissu qui fait saillie sur la surface de sec-
Uon et qui tend h s'énucléer. G*est un tissu blanc homogène, sans
suf fusion sanguine. A un examen attentif, on voit qu*il est formé de
faisceaux de fibrilles s'entrecroisant les unes avec les autres, mais ayant
une direction générale concentrique et parallèle à la surface exté-
rieure.
Les fragments prélevés pour l'examen microscopique, durcis dans
l'alcool, ont notablement diminué de volume, après un séjour de
24 heures dans ce liquide. Les surfaces de section se sont dépri-
mées.
L*examen microscopique nous montre un tissu composé de nom-
breuses cellules, d'une substance intermédiaire fibriUaire et de vais-
seaux. Les cellules sont des éléments allongés, à direction parallèle à
celle des fibrilles de la substance intermédiaire. Le protoplasma est
peu abondant ; le noyau, par contre, est assez volumineux, ovalaire,
allongé, avec un ou deux nucléoles. En somme, il s*agit de cellules
ayant tous les caractères des ceUules fixes du tissu conjonctif. Nous
n'avons pas trouvé d'éléments géants, ni de cellules en voie de karyo-
kinèse.
La substance intermédiaire à ces cellules, ou substance fondamen-
tale, est plus ou moins abondante suivant les points, mais elle existe
partout. Elle est formée soit de faisceaux conjonctifs ondulés, relative-
ment denses, soit, beaucoup plus souvent, de fibrilles très fines, très
lèches, entrecroisées et limitant des espaces clairs occupés par du plasma
interstitiel.
Les vaisseaux que Ton rencontre dans cette tumeur sont assez nom-
breux, mais contiennent peu ou pas de sang. Tous présentent une
paroi propre, plus ou moins épaisse, selon le calibre du vaisseau con-
sidéré. Cette paroi se détache nettement de la substance intermédiaire
*
fondamentale; elle est formée de tissu conjonctif plus dense que
celui de cette dernière.
En résumé, la présence de cellules fixes du tissu conjonctif, d'une
substance fondamentale fibrillaire et de vaisseaux à paroi propre
permet de poser le diagnostic de fibrome. Les caractères qui distin-
guent ces fibromes des autres tumeurs de même nature sont : 1* la
mollesse, occasionnée par la présence d'une certaine quantité de
plasma dans la substance fondamentale ; 2<» la richesse en éléments
cellulaires. Cette richesse est telle en certains points que l'on pour-
rait discuter le diagnostic de sarcome ou de fibro-sarcome. Cette
216 SOCIÉTÉS SAVANTES
interprétation doit être rejetée, car en aucun point les vaisseaux n'ont
le caractère de vaisseaux embryonnaires, creusés h vif dans la tumeur.
Fausse couche au cours d une sclérodermie ; atrophie et dégéné-
rescence scléreuse placentaire ; mort du fœtus ; lésions dégénérativea
de ses organes, par E. Lbnoblb, ancien interne des hôpitaux de Paris
(p. 214). — Glotilde A..., âgée de 39 ans, mécanicienne. Enceinte de
sept mois (16 juillet 1897), elle a cessé de percevoir les mouvements du
fœtus depuis cinq jours. Elle en est à sa troisième grossesse: la
première fois elle a accouche spontanément et à terme. La detmème
fois elle a fait une fausse couche de deux mois et demi, sans aucune
raison particulière. Les dernières règles ont apparu du 18 décembre 1896
au 22 ; elle a senti remuer la première fois le 25 avril. Cette gros-
sesse a évolué normalement jusqu'au 8 juillet: ni vomissements, ni
céphalalgie. Enfin le 8 juillet 1897, à la suite d'une crise diarrhéi-
que, les mouvements du fœtus s'arrêtèrent et n'ont pas reparu depuis.
Le mari n'a jamais eu de maladie spécifique.
Examen obstétrical, — Au palper, la sensation des parties fœtales est
moins nette que normalement. On perçoit cependant un plan plus
résistant à droite, du ballottement céphalique dans rhyiK)chondre
droit et un pôle fœtal irrégulicr et de consistance inégale à la partie
inférieure du ventre. L'auscultation, pratiquée & plusieurs reprises,
est toujours demeurée négative.
Exajnen du sujet, — A première vue, on est frappé par la teinte
bronzée généralisée et diffuse de la face, qui est parsemée çà et là de
points blanchâtres, surtout nombreux au niveau du menton et du
front. On retrouve cette pigmentation au niveau des mains et Ton
constate de plus que les membres supérieurs sont atrophiés. — Elle
est l'aînée de cinq enfants tous bien portants (?). Elle a marché à
14 mois, toujours bien. La première enfance n'a rien présenté de parti-
culier. Elle a été réglée à 15 ans, toujours régulièrement. Elle serait
sujette aux angines et tousserait facilement, mais elle n'a jamais eu
d'hémoptysie. Elle n'a pas eu la syphilis, jamais de troubles nerveux,
a
Jamais de céphalalgie, ni de rhumatismes.
Le début de la maladie actuelle remonte à Tâge de 33 ans ; au mois
d'août 1891, sans douleur, sans fièvre, apparut une bouffissure de la
face, caractérisée par un œdème de la peau siégeant surtout au niveau
du front et des joues, n'amenant aucun changement de coloration et
n*entrainant pas de gêne de la mastication ou de la parole. Ce gonfle-
SOCIÉTÉ ANATOMIQUB 217
ment était en général plus apparent le matin et disparaissait le soir ;
à certains jours il ne se reproduisait pas. Il s'accompagnait d'un prurit
intense en arrière des oreilles. En môme temps, ses bras devenaient
d'une sensibilité extrême à la doaleur et la moindre piqûre, le moindre
' heurt, étaient intolérables. PendantPhiver de cette même année (1891-92),
les mains devinrent très sensibles au froid et la malade redoutait
beaucoup de les tremper dans Feau froide ; elle avait facilement
Tonglée. Les oreilles étaient également d'une sensibilité extrême aux
basses températures. Cependant la force musculaire était conservée
et elle pouvait vaquer aux soins de son ménage. Pendant l'été de 1892,
elle se porte mieux ; mais, l'hiver de cette année 1892-93, apparu-
rent du côté de la face d'abord et des mains ensuite, des plaques rouges
qui s*accompagnèrent de surélévation et d'induration de la peau, en
même temps qu'il y avait une légère élévation locale de température.
Elle vint à la consultation de la Pitié, où M. Thibicrge posa le dia-
gnostic d'érysipèle, en faisant toutefois des réserves. Et, en effet, peu
à peu ces plaques disparurent pour faire place à une pigmentation bru-
nâtre que la malade remarqua bien, car, dit-elle, « ell€ devenait grise ».
La première grossesse remonte à la fin de l'année 1893 : à cette
époque elle s'aperçut que ses forces l'abandonnaient et qu'elle avait de
la peine à faire son ménage. Enfin peu à peu s'installèrent des
rétractions musculaires qui lui rendaient presque impossibles les
mouvements des membres inférieurs. Ces rétractions, qui persistent
encore, sont les suivantes : les avant- bras sont fléchis sur les bras,
les doigts sont en flexion et il est impossible de les étendre complè-
tement. Du côté des membres inférieurs, les adducteurs sont rétractés
et il est impossible d'écarter les cuisses. Pour s'asseoir sur son lit, la
malade est obligée de se hisser en exécutant un mouvement de vrille.
Elle vient de nouveau consulter M. Thibierge, qui, en présence de la
rougeur diffuse de la face et des mains accompagnée de desquamation^
hésita entre un lupus érythémateux généralisé, accompagné de rétrac-
tions musculaires, et la sclérodermie, qu'il considérait comme plus
probable. Le sujet ayant passé cinq ans en Russie (deux ans en Polo-
gne, à Varsovie; trois ans au Caucase, h Tiflis), on pouvait penser
également la lèpre.
Vétat actuel est le suivant : au niveau delà face, la peau présente une
pigmentation brunâtre généralisée ; d'intensité inégale, elle est plus
foncée au niveau du front et des joues. Cette pigmentation n'est pas
uniforme et présente çà et là des points blanchâtres où' le pigment
218 SOCIÉTÉS SAVANTES
(ait défaut et qui font tache sur la coloration générale. Ces taches
sont du volume d'une lentille environ sur le front et le menton. Mais
au-dessous du maxillaire inférieur la pigmentation disparaît complète-
ment pour faire place à une achromie complète. Sur le cou, derrière
les oreilles, la pigmentation est encore très intense» bien que, dans
le sillon auriculo temporal même, la pigmentati<Hi disparaisse. Dans
les points où la teinte brune, sans avoir complètement dispam, est
moins forte, existe une rougeur diffuse de la peau, cette dernière
surtout prononcée autour de la bouche, du nez et sur le nez même. A
ce niveau la peau n'est nullement épaissie^ elle ne présente pas
d'adhérence profonde. Les fosses temporales sont creuses par suite
de l'atrophie des muscles et les pommettes font une saillie très appa-
rente au-dessous. Les lèvres sont épaissies et légèrement éversées en
dehors, elles sont rasées et à leur surface existe une desquamation
assez forte. Il n'existe pas de tiraillement au niveau des conmiissures.
La pigmentation de la face, qui perrâte dans l'intervalle des gros-
sesses, serait un peu accentuée au moment de celles-ci.
La muqueuse gingivale présente une forte coloration rouge, les
dents ont presque toutes disparu ; à leur place il ne reste que des
chicots grisâtres, noyés dans les gencives fongueuses et débordant^.
La chute des dents remonte à deux ans environ, elles sont tombées
sans douleur. La langue est irrégulière sur ses bords et présente sur
sa face dorsale des sillons qui lui donnent un aspect scrotal ; il n'existe
pas de fissures au fond de ces sillons. La face inférieure est normale
et le frein n'est ni rétracté ni induré. Les oreilles, irrégnlières sur
leurs bords, présentent dans leurs plis des alternatives de pigmenta-
tion et de décoloration. Les paupières, pigmentées sur leur face
extérieure, sont normales et recouvrent aisément les globes oculaires.
Les sourcils et les cheveux, un peu clairsemés, n'ont pas changé de
coloration.
La pigmentation cutanée diminue sur les parties couvertes, pour
reparaître aux mains ; son intensité diminue sur les avant-bras.
Gomme à la face, elle n'est pas régulière et présente des taches blan-
ches où le pigment fait défaut. Ces taches sont parsemées de petits
vaisseaux très ténus. Elles sont surtout abondantes au niveau des saU-
lies des métacarpiens et des phalanges. Du côté de la face palmaire, la
peau est normale.
En dehors des points précités, la peau est partout de coloration nor-
male, même au niveau des organes génitaux.
SOCIÉTÉ ANATOMIQUB 219
Trouble» seMêUi/a, — Ils sont à peine marqués. La sensibiliié anison-
tact est normale, il n'y a pas de zones d'anesthésie ou d'hyperes-
thésie. Le chaud et le froid sont nettement perçus. U n*y a pas de
retard dans les perceptions.
Les appareils sensitifs fonctionnent normalement ; les pupilles
s'accommodent bien aux distances et réagissent à la lumière. Le champ
visuel est tout entier conservé Pas de troubles du côté de Foule, pas
de bourdonnements d'oreilles, pas de vertiges. La sensibilité gusta-
tive est conservée, mais le sujet accuse une sensation de brûlure au
passage des aliments solides et liquides.
État psychique, — Pas de troubles du caractère ni de Tintelligence ;
le sujet raconte avec clarté et précision Thistoire entière de sa maladie.
Troublée trophiques et moieurê. — Les ongles sont parcourus de stries
longitudinales. Les nerfs périphériques accessibles ne présentent pas de
modification de volume.
Il existe des altérations importantes du côté du système locomo-
teur : les éminences thénar et hypothénar ont disparu et à leur place
se montrent des méplats. Les espaces interosseux, très déprimés, ren-
dent plus apparentes les saillies des métacarpiens. Les muscles des
avant-bras et des bras sont également très atrophiés ; Tacromion et
Fapophyse coracolde se dessinent nettement sous la peau quand le
sujet laisse tomber ses bras le long du corps. Dans la région anté-
rieure du thorax, les pectoraux, dont Tatrophie est masquée en partie
par la glande mammaire, laissent voir dans le reste de leur étendue les
espaces intercostaux.
Les omoplates font légèrement saillie sur leur bord interne ; & la
région cervicale le triangle sus-claviculaire est légèrement déprimé ;
sa limite postérieure est nettement dessinée par le trapèze, peu
atteint, tandis que les stemo-mastoldiens sont plus atrophiés.
L'atrophie est moins marquée à la partie inférieure du tronc et au
niveau des membresinférieurs.
Les mouvements d'opposition du pouce s'exécutent facilement ; la
malade peut écrire et faire du crochet très a droitement. La résistance
opposée par la réunion de la pulpe du pouce et de l'index est assez
marquée. Les mouvements d'abduction et d'adduction des doigts se
font bien. La flexion et l'exiension du poignet sont limitées par la
rétraction des fléchisseurs et des radiaux. La flexion du coude est pos-
sible ; mais l'extension ne peut se faire complètement : le bras reste
toujours légèrement fléchi et en légère abduction ; si l'on veut forcer
220 SOCIÉTÉS SAVANTES
le mouvement d'extension, le biceps forme une corde rigide sous la
peau. L*atrophie deltoïdienne est considérable ; cependant, la malade
met facilement les bras sur la tète, et peut les tenir élevés ; mais le
moindre poids, la moindre résistance les abaissent aussitôt. Lorsque le
bras arrive à rhorizontalité. Tomophate nettement dessinée raccom-
pagne en dehors et l'on sent une corde fibreuse dans le creux axil-
laire. Les sterno-cléido-mastoïdiens font une saillie légère ; mais il
suffit d'une force minime pour vaincre leur résistance. Les masséterg
et les temporaux sont eux-mêmes légèrement atteints par la rétraction
fibreuse et limitent l'ouverture de la bouche en faisant une saillie sen-
sible sous la peau. Les péristaphylins et les pharyngiens paraissent
eux-mêmes lésés, car le sujet a parfois de la peine à déglutir les ali-
ments secs et volumineux.
Au niveau des membres inférieurs et du tronc, les troubles moteurs
sont moins marqués, les adducteurs sont légèrement atteints et la
malade accuse de la douleur à la pression exercée au niveau de leurs
insertions musculaires.
La démarche est peu modifiée, la malade se baisse sans beaucoup
de peine. Les muscles fessiers, la masse sacro-lombaire paraissent
indenmes.
Il n'y a pas de lésion articulaire et il n'existe que peu de lésions
osseuses ; la colonne vertébrale n'est pas déviée, les jambes ne sont
pas arquées ; mais au niveau du sternum on constate la présence
de deux saillies osseuses qui auraient toujours existé, au dire du
sujet ; Tappendice xiphoïde est légèrement saillant à son extrémité
libre.
Les réflexes rotuliens sont normaux, il n'existe pas de clonus du
pied. On ne signale nulle part de tremblement ou de contraction
fibrillaires.
Troubles vaso-moteurs. — A de certains moments on voit se pro-
duire une rougeur plus marquée de la face. Quelques jours après son
entrée à l'hôpital (le 21 juillet)^ la malade présente à la partie inféro-
externe de la jambe gauche un épaississement de la peau appréciable
à la vue : cependant, la production d'un godet en ce point est impos-
sible ; mais en pinçant la peau on remarque qu'elle est en ce point
très épaissie, dure et immobile sur l'os sous-jacent. Cette induration
diminue rapidement, et les parties avoisinantes deviennent très vite
normales. Cet épaississement disparut, du reste, en vingt-quatre
heures. La température des extrémités n'est pas abaissée.
SOCII^TR ANATOMIQUB 221
Exameft des divers appareils. — Les appareils respiratoire et circu-
latoire fonctionnent normalement. Rien de particulier du côté du tube
digestif ; la malade est le plus souvent constipée. Les régions gan-
glionnaires sont de volume normal, seuls les ganglions fémoraux sont
assez volumineux.
Aîialyse (Us urines (faite par Pinterne en pharmacie du service). —
Pas de sucre, pas d'albumine, pas de pigments biliaires. Présence d'in-
dican et d'urobilinc. Quantité émise en vingt quatre heures : 1,500 gr.
Urée : par litre, 8 gr. 20 — par jour, 12 gr. 30. Chlorures: par litre,
7 gr. 8 — par jour, 1 1 gr. 7 — Phosphates : 1 gr . 30 par litre — par jour,
1 gr. 95.
Utérus, — Absence de mouvements actifs du fœtus et de battements
du cœur. L^utérus a diminué sensiblement de volume. Le 5 août, au
soir, la malade est prise de douleurs. Elle entre à la salle de travail à
minuit : à ce moment la dilatation est comme une paume de main.
Le 6 août, à 1 heure 1/2 du matin, la dilatation est complète, la rup-
ture des membranes se fait spontanément, le liquide amniotique est
noirâtre. Présentation du siège, accouchement spontané à 2 heures du
matin. Cet accouchement s'est fait avant terme, à 7 mois environ. La
délivrance se fait naturellement, mais les membranes sont déchirées,
incomplètes. Hémorrhagie de la délivrance : injections chaudes, tam-
ponnement. Poids du placenta, 350 grammes. Poids du fœtus, 1 ,450
granunes. Urines non albumineuses.
Examen du placenta. — D'après la longueur des membranes, il
semble que la zone du placenta la plus voisine du fond de Tutérus est
en même temps la plus épaisse. La partie du placenta qui avoisine le
côté des membranes le plus étroit (8 centim.) est considérablement
atropliiée sur une surface de la largeur de la paume de la main. Un
caillot linéaire existe sur une longueur de 5 & G centimètres et le sinus
circulaire est ouvert en ce point qui répond au bord le plus épais de
l'organe. La plus grande partie de la face interne offre une teinte rouge
jaunâtre qui disparaît sur les points les plus épais.
FcUus. — Macération très avancée. Les sclérotiques sont déprimées.
La chambre antérieure de l'œU a disparu. L'épiderme commence à se
soulever au niveau du front, il est détaché sur la partie inférieure du
tronc et des membres inférieurs. Il existe une infiltration considérable
de tout le tégument. Le cœur est du volume d'une petite noix, il est
rouge. On distingue les valvules qui sont rosées. Il n'existe nulle part
de sclérose apparente. Le thyniw descend jusqu'au-devant du poumon.
222 SOCliTÉS SAVANTES
Les poumons^ petits, compacts, d'un ronge vineux, vont an fond de
Teau. hàfoie occupe la pins grande partie de Fabdomen ; d*nne colo-
ration rose verd&tre, il ne présente rien de particulier à la coupe. Rate
assez volumineuse, pas molle Les reinsy assez volumineux, dn volume
d*un gros haricot, se décortiquent facilement. On conserve dans le
MûUer et dans le sublimé un morceau de foie, du poumon, de la raie,
des reins et du placenta pris au niveau de la portion atrophiée. Au-des-
sous de la peau du crâne existe un liq^iide sanguinolent dont la quan-
tité est d'un grand verre. Les os du crâne sont séparés les uns des
autres par une membrane fibreuse de 3 à 4 centimètres dans sa plus
grande étendue. Le cerveau se présente sous la forme d'une boue de
coloration vineuse, il est complètement liquéfié.
Ejxamen hUtologique. — Les pièces conservées dans le Mûller et le
sublimé ont été incluses dans la celloldine. Cioloration : picro-cannin,
éosine-hématoxyline.
Placenla (1). — Yillosités de volume à peu près normal, peut-être
cependant plus petites que normalement. Le syncytium leur forme une
enveloppe assez régulière, beaucoup plus régulière même que dans
les placentas à terme ordincûres et Ton peut en déduire que le placenta
n'est pas complètement h terme, soit que Taccouchement se soit pro-
duit avant terme, soit que, si raccouchement s'est produit à terme, il
y ait eu arrêt de la nutrition depuis quelque temps. Ce syncytium,
quoique complet, est peu développé, atrophié an point de vue de son
épaisseur, qui est près du tiers à la moitié plus mince que normale-
ment.
Par places ce syncytium présente des épaississements qui corres-
pondent à des points malades où la circulation maternelle se faisait
probablement mal. A ce niveau existe souvent une thrombose, au
début ou déjà avancée, dans le sinus maternel. Cependant ces points
de thrombose sont relativement rares et peu volumineux, comparative-
ment à ce que l'on trouve chez certaines femmes atteintes de maladies
infectieuses, d'éclampsie, de syphilis, etc.
La partie la plus malade des villosités est leur parenchyme, n est
dense, les cellules sont plus nettement marquées que d'habitude
(sans qu'il y ait à proprement parler d'inflammation), leur tissu
conjonrtif, très serré, montre une véri table cirrhose. Gei)endant les
*- _ _ _
(1) L'exaineo histologique du placenta a été fait par notre collègue et
ami Durante, chef de laboratoire à la Maternité, qui a bien voulu s'en
charger et dont la ooinpétenoe, en pareille matière, est indiscutable.
SOCIÉTÉ ANATOMIQUE 223
villosités fibreuses sont rares. On constate surtout de la condensa-
tion dn parenchyme, le remplacement du tissu myxomateux normal
par dn tissu conjonctif mieux différencié. Les vaisseaux des villosités
ont pour la plupart disparu. Ceux que Ton retrouve ont une paroi
épidssie et une lumière rétrécie (par sclérose sans inflammation jeune).
Ces lésions sont si accusées et si générales qu'il est évident que
Tenfant ne pouvait pas vivre. Cette altération placentaire est proba-
blement la cause de la mort; elle en est, au moins, une cause suffi-
sante.
Les iravées maternelles ont comme particularité d'avoir des cellules
dédduales très nombreuses et très volumineuses. Arrondies et assez
claires, peut-être pourrait-on dire qu'elles sont un peu œdémateuses.
Dans ces travées, les vaisseaux sont presque tous oblitérés par de
la fibrine en voie d'organisation fibreuse. Par places il s'est produit
quelques hémorrhagies histologiques qui s'organisent également. Ces
troubles circulatoires sont peut-être la cause de cet œdème celliilaire.
En résumé f îl s'agit surtout de lésions vasculaires, thrombose et
transformation fibreuse de vaisseaux maternels dans les vaisseaux de
la caduque ; sclérose des villosités et disparition des vaisseaux
fœtaux.
Eein du fœtus. — La région corticale présente un très grand nombre
de glomérules de moyen volume constitués par un petit peloton vascu-
laire nettement visible et séparé de la capsule de Bowman par un
espace clair.' D'antres sont en voie d'atrophie. Certains glomérules et
leur capsule présentent un revêtement de cellules cubiques. Dans
leur intervalle; on aperçoit un grand nombre de canaux tapissés par
des cellules cubiques. D'autres, plus larges, représentent des vaisseaux
renfermant de la fibrine qui emprisonne des globules rouges.
Dans la substance médullaire on distingue : 1<> des vaisseaux (artères
et veines) thromboses à parois nettement définies ; 2» un très grand
nombre de canaux urinifères, les uns petits, tapissés par un épithé-
lium cubique épais, d'autres plus larges, à épithélium en voie de
desquamation remplissant tout le calibre du vaisseau. Le tout est
noyé dans un stroma fibreux peu distinct, sauf en certains points où
Ton trouve du tissu conjonctif adulte formant d'épais trousseaux qui
parcourent le rein sur une grande partie de son étendue . La plupart
des éléments anatomiques ont mal pris les matières colorantes.
Foie. — A un faible grossissement, les lobules présentent de larges
travées fibreuses occupant les espaces portes et le pourtour des veines
»
^li*^ t-ti^M-içmt. C** W-iMiW s^iol du rcslc «s«ei aetlmeM drainés. \
r«v'<>iui|:> fur .W (Wp<M.< *!*■ cristaux provennnl des milian omMi,^ \
Avw on iJns fort yrossissemont, les Dajipea Rbreuges w montreul \
tntifonnrâi^nl (xmslilurea par du tissu c«njoncU! adulte «iinUitii \
du<iu«l un ne i¥lrou\-e plus trace des vaisseaux Banguias au biUùtra. \
I) vn «^t ilo même au nivcnu de la veine cealrale, qoi puUiut eat \
rcmplact'-e par du Usst) coujoaclif très serré qui empiète Ugïremeat
sur l«s tranV's cellulaires et dons leur intervalle. \
Ces deniièics sont bien conservées. Il semble cependant que lee \
cellules aicnl moins nettement pris les matières colorantes que nor- \
malement. Elles interceptent entre elles des inlcrsticea rayonoéa \
manjuaDt la place des capillaires et dans lesquels on ne trouve paa \
trace de globules sanguins. Au niveau des espaces portes, les lobules \
ne sont pas ncll«ment arn^tés, mais les travées se recourbent légbremenV \
h ce niveau et donnent l'aspect de révolution nodulaire. ',
En somme, il s'agit d'une temme atteinte de sclérodermie dont le \
début remontait & une époi^ue assez éloignée (1891), qui ent teur &
tour une premiÈre grossesse ayant évolué normalement, [il une lauaae
couche de deux mois ut demi et une nouvelle fausse couche de sept
mois quiTamenadanale service. L'évolution successive de ces dlveraes
grossesses est fort intércssanLe. En effet, au moment de son premier
«cconchement, le sujet était déjfi fortement atteint depuis environ dix-
huit mois et cependant la marche en fut régulière, l'enfant naquit &
terme sans présenter aucune tare. 11 semble donc bien. que l'affection
dont elle est porteur est reatee longtemps aans donner lieu & des
lésions placentaires, parce qu'elle était encore rigoureusement localiséâ
au tégument externe.
An moins pour la dernière fausse couche, il est cnrieux d'étudier la
façon dont la maladie de la mère est intervenue pour produire Is mort
de l'enfant. En outre, nous devons nous demander ai les organes du
fœtus ont subi des modifications qui peuvent être placées aous la
dépendance de l'affectioD maternelle. L'étude histelogique dn placenta
est tort instructive & cet égard . Les thromboses multiples intéressant
les différentes parties de cet organe ne permettaient pas de mener la
grossesse à terme. La cirrhose des villosttés, la disparition presque
totale des vaisseaux, la sclérose de ceux qui subsistent encore ne pou-
^'aîent fournir un apport de malériaux suffisant pour assurer la vie de
SOCIÉTÉ ANATOMIQUE 225
reniant. C'est Topinion que nous avait suggérée Tétude de nos coupes
et nous avoQS été fort heureux de la voir contrôlée par M. Durante,
a Cette altération placentaire, dit-il, est probablement la cause de la
mort du fœtus, elle en est au moins une cause suffisante. » Telle est
encore la principale lésion des travées maternelles ; les vaisseaux y
sont étouffés par une prolifération fibreuse. Il existe donc, en somme,
un véritable processus scléreux qui a atteint le placenta dans ses
parties fondamentales en le rendant impropre à accomplir ses fonctions
et nous croyous pouvoir en tirer la conclusion, en nous plaçant au
point de vue exclusivement obstétrical, qu^il s'est agi dans Tespèce
d'une véritable iclérodermie pktcetUaire.
S'il en est ainsi, on peut se demander pourquoi le dernier enfant
a survécu si longtemps à de pareilles lésions, alors que la première
fausse couche s'est faite à 2 mois et demi, à un moment où l'affection
maternelle était certainement moins accentuée. Nous nous bornons
à poser ce problème sans essayer de le résoudre, nos connaissances
de l'histologie normale et pathologique du placenta étant trop rudi-
mental res pour nous permettre de hasarder une hypothèse.
Les lésions présentées par les organes du fœtus sont également fort
instructives. Il ne s'agit pas seulement, en effet, d'un arrêt de dévelop*
pement des viscères à un moment donné de leur évolution. Il existe,
nous semble-t-il, de véritables lésions de sclérose, surtout manifestes
au niveau du foie. Cet organe présente une cirrhose bi- veineuse ayant
entraîné l'atrophie et la disparition des vaisseaux de l'espace de Kier-
nan, intéressant d'autre part la veine centrale du lobule et les parties
immédiatement voisines des capillaires radiés. Par suite, les travées
hépatiques tassées dans un espace restreint se sont mises en évolution
nodulaire, rappelant ce qui se passe dans certaines affections hépatiques
de l'adulte. Comme conséquence, les cellules frappées de mort ont mal
pris les matières colorantes et leurs noyaux sont difficilement recon-
naissables.
n en est de même au niveau des reins où, à côté de glomérules d'ap-
parence normale, on en voit en état d'atrophie plus ou moins complète
par prolifération de la capsule de Bowman, tandis que le reste de
l'organe est surtout représenté par du tissu fibreux en état d'organi-
sation plus ou moins parfaite. Ainsi donc Tarrôt de développement n'in-
terviendrait qu'à titre accessoire dans la production de ces lésions, la
sclérose ici encore joue le principal rôle.
Mais s'agit-il, dans ce cas, d'une propagation de la maladie delà mère
imr. I» QTx — TOI* iul 15
226 SOCIÉTÉS SAVANTES
à reniant, d'une sclérodennie fœtale ; devons-nous au contraire envi-
sager ces lésions comme la conséquence secondaire de Tatrophie pla-
centaire par sclérose ? C'est cette dernière hypothèse qui, selon nous,
doit être acceptée. La dégénérescence fibreuse du placenta aurait agi
par un mécanisme analogue à celui qui préside à la cirrhose bi-vei-
neuse de l'adulte. Sommes-nous en présence d'une lésion purement
mécanique ? Le fait est probable, bien qu'à vrai dire la nutrition du
fœtus ait pu être viciée par un sang charriant des éléments pathogènes
impropres, non seulement à assurer l'existence de l'enfant, mais encore
h permettre le développement régulier des organes. Mais il s'agit là
d'une simple hypothèse, que l'étude d'un fait unique ne saurait suffi-
samment étayer. L'étude chimique du sang maternel pourrait seule
apporter quelque appui à cette manière de voir.
Perforation de l'intestin survenue après une hystérectomie vagi-
nale, par M. Gborghiu (p. 447). M. G. présenté l'intestin d'une malade
qui fut prise, deux jours après une hystérectomie vaginale, de symp-
tômes graves qui nécessitèrent l'ablation des mèches, manœuvre qui
amena un flot de matières fécales. Se basant sur l'absence de symptômes
fonctionnels pendant deux jours et sur la position élevée de l'anse per*
forée dans la cavité abdominale, sans rapports avec le foyer opératoire,
le présentateur se demande s'il ne s'agit pas d'une coïncidence malheu-
reuse. Ce n'est pas l'avis de la Société, qui croit à une perforation trau-
matique.
Fibrome de la paroi abdominale, par H. Morestih (p. 461). — La
pathogénie des fibromes de la paroi abdominale a été remise en cause
par des travaux récents, et il y a lieu d'orienter dans ce sens l'étude
des fûts nouveaux. D'après M. Guinard et son élève Puyaubert, repre-
nant une idée déjà ancienne de Seenger, ces tumeurs singulières
auraient pour origine constante ou à peu près constante le ligament
rond, qu'elles aient pris naissance aux dépens de cet organe lui-même
ou de fîbres aberrantes. Leur opinion est donc en opposition avec celle
qui les fait partir des aponévroses 'et des muscles, et qui est aujour-
d'hui la plus répandue. Cette doctrine repose sur d'excellentes conai*
dérations théoriques, mais les preuves absolument démonstratives
manquent. Ayant eu l'occasion d'opérer une jeune femme atteinte d'un
de ces fibromes j'ai, essayé de voir si ce cas pouvait aider à établir la
séduisante hypothèse de M. Guinard.
Femmes de 2G ans. Elle a eu deux enfants, dont Fainé a 7 ans, le
SOCléré ANATOMIQUE 227
pins jenne 5 ans. Ses grossesses ont été normales et il n*y a jamais eu
de maladie antérieure .
Au côté gauche, un peu au-dessus de raine, est une petite tumeur,
dont la présence a été constatée depuis huit mois et qui, paraît-il, a aug-
menté sensiblement de volume depuis quelque temps. Les dernières
règles ont été douloureuses et la malade en a pris de l'inquiétude; elle
en a accusé la tumeur et s*est décidée à en subir Textirpation.
L*utérus est un peu abaissé, le col un peu gros, conservant la trace
d^une déchirure ancienne et atteint d'une inflammation chronique mais
ni très profonde, ni très étendue ; en somme, rien de bien sérieux de
ce côté. Les annexes sont ou du moins paraissent saines .
La tumeur ne faitpointde saillie extérieure appréciable. C'est qu'elle
est petite, que la paroi abdominale est très chargée de graisse, et enfin,
que le néoplasme est situé dans les couches profondes de cette paroi,
comme on peut s*en assurer par la palpation. Ce dernier mode d'ex-
ploration donne en effet des renseignements fort nets sur 'ses carac-
tères et son siège. On sent, au-dessus de l'arcade crurale, à un travers
de doigt de cette arcade, au voisinage de la crête iliaque, tout près de
Fépine iliaque antérieure et supérieure, en dehors du point où doit se
trouver l'orifice profond du trajet inguinal, une masse dure, lisse, indo-
lente au toucher, du volume d'une grosse noix, indépendante des tégu-
ments, légèrement mobile sur les plans profonds quand les muscles sont
relàchéSt fixés par leur contraction. Ses limites sont moins faciles à
apprécier quandles muscles sont tendus, mais elle ne disparait pas. Cette
tumeur est donc en connexion intime avec la paroi, ou plutôt fait
corps avec elle, mais elle est dans les couches profondes de cette paroi.
Son siège, ses rapports, sa consistance, l'âge de la femme et la marche
de Taffection, nous firent porter sans hésitation le diagnostic de fibrome
pariétal.
L'extirpation en fut pratiquée le rimai. Je procédai à une dissec-
tion soigneuse et lente pour tftcher d'établir les connexions et les rap-
ports. L'aponévrose du grand oblique fut mise à nu au niveau de la
tumeur, par une assez longue incision parallèle aux fibres de cette
aponévrose, commençant au-dessus de la crèie' iliaque et allant jus-
qu'au voisinage de l'anneau inguinal superficiel.
L'aponévrose du grand oblique soulevée par la tumeur était intacte,
elle glissait à sa surface et n'avait avec elle que des adhérences cellu-
lenses fort lâches. Ce plan fibreux incisé, et les deux lèvres de l'in-
daion saisies et écartées par des pinces de Kocher, on put voir la
228 SOCIÉTÉS SAVANTES
masse néoplasique d'un blanc rosé, ayant la forme et le volume d'une
amande verte encore entourée de sa coque. Elle était environnée des
y fibres musculaires du petit oblique. Le ligament rond n'avait aucun
rapport direct avec la tumeur. Celle-ci était englobée dans les fibres
rouges du petit oblique qu'il fallut couper tout autour de la tumeur.
A ce niveau/ le petit oblique et le transverse sont généralement
fusionnés. La tumeur occupait, presque dans toute son épaisseur, le
plan cbamu formé par ces deux muscles. Cependant après son extir-
pation il existait encore quelques fibres voilant le fascia transversalis
complètement respecté. La plaie fut ensuite refermée par des sutures
profondes et superficielles, sans drainage, la réunion est parfaite.*
La tumeur extirpée, d'une consistance très ferme, est blanchâtre à
la coupe et uniforme. Sur les préparations microscopiques, on voit
qu'elle est composée de tissu fibreux pur et très dense. On n'y voit
aucune trace de fibres musculaires lisses. Mais à la périphérie on voit,
tout autour de la tumeur, des faisceaux de fibres striées, coupés en
travers. Ce senties fibres du petit oblique et du transverse. Beaucoup
de ces faisceaux sont englobés complètement par le tissu fibreux qui
les entoure, les sépare les uns des autres, les écarte. On en peut con-
clure que ce fibrome était en voie d'accroissement assez rapide, et cela
d'aulant mieux qu'il n'y a pas de limite nette, de capsule qui la
sépare des tissus environnants. Dans tous les points considérés, il
n'existe que du tissu fibreux ; on ne voit nulle part d'élément qui
puisse permettre d'élever là-dessus le moindre doute.
Ces constatations ne suffisent pas pour rejeter absolument la possi-
bilité de l'origine aux dépens du ligament rond ; mais il faut avouer
qu'elles ne viennent en aucune façon lappuyer. D'abord la dissection
établit que la tumeur n'a aucune connexion directe avec le ligament
rond. A la rigueur elle aurait pu prendre naissance aux dépens de
fibres aberrantes plus ou moins dissociées pendant la période de déve-
loppement.
Cette interprétation serait plausible si elle était située sous le péri-
toine, où la présence de ces fibres lisses est souvent constatée; mais
elle est ici dans l'épaisseur des muscles striés, non pas dans un inters-
tice, mais dans le corps charnu même, et elle fait corps avec les fais-
ceaux musculaires, les entoure et les englobe. On peut admettre que
cet eavahissement est secondaire, et on l'admettrait sans répugnance
si la structure de la tumeur devait apporter quelque élément de preuve.
Mais elle est composée de tissu fibreux. Quelques faisceaux de fibres
SOCIÉTÉ ANATOMIQUE 229
musculaires lisses suffiraient peut-être pour entraîner notre conviction,
mais il n'y en a pas un seul. Il faudrait supposer alors que des débris
fibreux du ligament rond auraient seuls persisté en ce point, ou seraient
seuls devenus malades, ou auraient atrophié Télément musculaire dans
un processus primitivement mixte. Ce seraient bien des hypothèses,
pour appuyer une hypothèse.
Aussi je pense que ce cas ne saurait être revendiqué par la théorie
qui fait naître les fibromes aux dépens du ligament rond, ou, du moins,
que rien ne permet de supposer qu'il ait eu une telle origine.
Volnmineux lipome sous^pôritonéal, par M. Percheron (p. 474). —
Lipome de 10 kilogrammes, sous-péritonéal, qui s'attachait par un
pédicule entre la vessie et le rectum, chez une femme de 54 ans. La
tumeur a été enlevée par laparotomie. On avaitf pensé à un liyste ova-
rien multiloculaire.
(Irossesse extra-utérine occupant la portion interstitielle de la
trompe, par M. àudion (p. 487). — Femme de 25 ans, qui a succombé
à une hématocèle péri-utérine, sans intervention chirurgicale. On a
trouvé une grossesse extra-utérine de trois mois et demi environ ;
Fembryon, de 12 centimètres et demi de longueur, occupait la portion
utérine ou interstitielle de la trompe, situation très rarement observée.
La muqueuse utérine est boursoufiéc, épaisse de 7 à 8 millimètres.
M. GoRifiL a pratiqué des coupes histologiques de cette muqueuse
œdématiée. Tout le tissu cellulaire en est transformé en amas de cel-
lules énormes, à prolongements, anastomosées entre elles. Il s'agit bien
là des cellules propres de la muqueuse, et non de fibres musculaires
lisses ni de cellules déciduales.
Histologie des corps Jaunes, par M. Gornil (p. 653). — Voir Annales
de Gynécologie, octobre 1899.
Grossesse extra-utérine tnbo-abdominale. — Kyste intra-ligamen-
taire pouTant être invoqué comme facteur étiologiqne. — Hématocèle
au 4* mois. — Laparotomie. J — Guérison, par H. Morbstin (p. 808).
— n n'y a guère de question plus intéressante et plus variée que celle
des grossesses extra-utérines. Chaque cas pour ainsi dire comporte
son enseignement.
Hermine G..., journalière de 37 ans, a eu autrefois deux enfants
dont le plus jeune a 5 ans, et depuis une fausse couche.
Après un retard de six semaines, H. G..., qui d'ailleurs était d'une
230 SOCIÉTÉS SAVANTES
manière habituelle assez irrégalièrement réglée, avait été prise de
vives douleurs et d'une perte très abondante. Elle crut avoir fait une
fausse couche, ce fut aussi Topinion de son médecin, et c'est avec
ce diagnostic qu'elle nous fut adressée. Cette hypothèse était en
effet très vraisemblable. Le ventre, très souple, était peu douloureuse,
sauf sur la ligne médiane. Le col utérin était mou et dilaté, les
culs-de-sac libres. En combinant le palper au toucher, on sentait au-
dessus du pubis une masse arrondie, qui paraissait faire corps avec l'uté-
rus, ou plus exactement semblait être l'utérus lui-même un peu gros.
Le cas semblait banal et pendant plusieurs jours la malade ne
nous inquiéta pas autrement. L'hémorrhagie s'était arrêtée sponta-
nément, il n'y avait point de fièvre ; h la visite nous la trouvions
assise sur son lit, ne songeant pas à se plaindre.
Bref, au bout d'une quinzaine nous pensions la renvoyer chez elle
incessamment. Or brusquement, dans la nuit du 16 au 17 septembre,
elle fut prise de douleurs violentes dans l'abdomen. En peu d'instants»
elle devint extrêmement pâle et perdit connaissance. Son pouls était
fort petit et d'une excessive rapidité.
Elle se remonta un peu sous l'Influence d'injections de sérum et
d'éther, mais pendant plusieurs heures son état inspira à l'interne
de garde les plus grandes inquiétudes.
Quand je la vis le lendemain, elle était mieux, mais si faible, si
pâle, qu'elle semblait aux limites de la vie. Le pouls, très petit,
était pourtant assez nettement frappé. Le ventre était très 8on{de,
légèrement ballonné, à peine douloureux, et seulement du côté
gauche à sa partie inférieure. Elle se plaignait surtout, sans
qu'on on pût saisir la cause, d'un point de côté violent à droite de
la poitrine, douleur qui la gênait beaucoup dans la respiration. D y
avait en pendant la nuit une légère perte sanguine dans le vagin. Je
ne doutai point que ces phénomènes ne fussent en rapport avec une
hémorrhagie intra-péritonéale, suite de grossesse intra-utérine. Je
n'intervins pas immédiatement pour trois raisons : d'abord parce
que ce jour-là, qui était un dimanche de vacance, je n'avais paa
sous la main les aides nr^oessaires ; en second lieu, parce que l'hé-
morrhagie était arrêtée pour le moment; en troisième lieu, parce
que la malade était d'une cxtrt^ms faiblesse et n'aurait peut-être pas
résisté à l'intervention pratiquée ce matin -là. Le lendemain elle
allait mieux, et se remontait peu à peu les jours suivants. Dès le
troisième jour, on sentait de la façon la plus nette par la palpation une
SOCIÉTÉ ÀNÀTOMIQUE 231
grosse masse pfttense occupant Thypogastre et la fosse iliaque gauche
et remontant Jusqu'à mi<chemin de rombilic. Le diagnosLic d'hé-
matocèle paraissait certain, mais le toucher vaginal demeurait
toujours à peu près négatif. Rien dans le cul-de-sac postérieur; à
gauchei masse indécise échappant à une appréciation exacte à cause
de la hauteur à laquelle elle était située, mais pandssant se confondre
avec celle qu'on sentait par le palper de Tabdomen.
Le 22, nouvelle crise, mais moins forte. Cette fois il y eut encore
une douleur violente à siège thoracique, mais du côté gauche . La
tumeur abdominale augmenta encore, et sa limite supérieure attei-
gnait l'ombilic.
Le 27, je fis la laparotomie sur le plan incliné. Avant même que
le péritoine fût ouvert, le diagnostic était vérifié, car à travers la
séreuse transparaissait la teinte bleuâtre du sang épanché.
J'eus d'abord à décoller quelques adhérences de Tépiploon, puis
le sang s'écoula en abondance, en même temps que se présentait un
fœtus de 4 mois qui était immédiatement derrière la paroi abdominale
et la vessie, au-devant et au-dessus du fond de l'utérus. Ce fœtus enlevé,
ainsi qu'une masse considérable de caillots, je fis ensuite l'extraction
d'un placenta volumineux, qui se laissa attirer sans trop de difficulté,
bien qu'il parût adhérent à l'épiploon, au péritoine et au côlon pelvien,
et aux annexes droites. Celles-ci étaient saines et simplement agglu-
tinées, contribuant à limiter le foyer de l'hématocèle . C'était la trompe
gauche qui était coupable. Cette trompe persistait dans presque toute
son étendue, et elle n'avait subi qii'une légère augmentation de volume.
C'était sa partie toute terminale qui s'était distendue, et l'œuf s'était
développé au niveau môme du pavillon et s'était mis ainsi rapidement
%n contact avec les organes voisins. La trompe était étalée sur une
tumeur arrondie qui la soulevait et l'aplatissait, ne laissant libre que
la partie terminale. Cette tumeur put être enlevée en même temps que
les annexes gauches. Le cul-de-sac de Douglas ne contenait qu'un peu
de sang liquide, quantité insignifiante, l'hématocèle était abdominale,
sus et pré utérine ; le cul-de-sac vésico-utérin était rempli de caillots.
Ceux-ci occupaient encore les deux fosses iliaques et remontaient
jusqu'à l'ombilic, mais le petit bassin était complètement respecté .
Les caillots enlevés, le pédicule des annexes gauches, lié je plaçai un
drain derrière l'utérus et des mèches de gaze iodoformée, comprimant
légèrement les surfaces saignantes au pourtour du détroit supérieur
d'où j'avais dû décoller les débris placentaires.
232 SOCIÉTÉS SAVANTES
J*ai dû changer le pansement le lendemain, car il avcût été traversé
par un suintement séro-sanguin très abondant. Les suites ont été très
simples, mais la malade est restée tellement pâle et faible pendant
quatre ou cinq jours qu^on pouvait se demander si elle finirait par
reprendre le dessus.
Le 13 octobre, son état est aussi satisfaisant que possible. Elle est
certainement hors de danger et en voie de guérison très prochaine.
Elle n'a plus ni drain, ni fils, Tappétit est revenu et l'état général
s'améliore d'un jour à l'autre. C'est une sorte de résurrection.
Sur la pièce, on peut voir que la tumeur, dont l'ablation a pu être
faite en même temps que celle des annexes gauches, est un kyste, de
forme ovalaire^ gros comme le poing. Il estnniloculaire, à surface lisse,
à paroi d'épaisseur uniforme, et le liquide qui le distend est limpide,
n n'adhère ni au péritoine, ni à la trompe et se laisse aisément
dépouiller de l'enveloppe que lui forme la séreuse. Il s'est développé
dans la partie supérieure du ligament large, ou plus exactement dans
Taileron de la trompe. Il était mobile avec elle, retombait avec elle en
arrière du ligament large proprement dit, et s'était logé entre la partie
supérieure de ce ligament et le promontoire. D couvrait ainsi en partie
l'ouverture du cul-de-sac rétro-utérin, refoulant vers la droite le
côlon pelvien. La trompe, appliquée à sa surface, occupait dans cette
situation la partie interne de la tumeur. Quand elle était redressée et
libérée, on voyait qu'en réalité elle occupait transversalement sa partie
supérieure. Ces rapports avec la trompe d'une part, avec le ligament
large d'autre part, font admettre que ce kyste a pu prendre naissance
aux dépens de l'organe deRosenmuller. L'ovaire intact était appendu
en dedans et en bas du kyste.
Les rapports du kyste et de la trompe sont tels qu'on peut difficilemcnC
admettre qu'il y a simple coïncidence entre la présence de cette tumeur
et le développement ectopique de la grossesse. L'ovule inerte en lui-
môme n'a-t-il pas trouvé là une cause d'arrêt, un obstacle à sa migra-
tion?
De fait il s'est cantonné juste dans la portion de la trompe restée
indépendante de la tumeur. Il est rare qu'on puisse invoquer une
cause aussi grossière dans l'étiologie de la grossesse extra-utérine. Le
plus souvent on ignore en somme la raison de cet accident, dans la
migration de l'ovule fécondé.
On admet que de légères modifierions de forme des trompes, des
altérations de l'épi thélium tubaire suffisent. A plus forte rtdson peut-
SOCIETE ANÀTOMIQUB 233
on attribuer la grossesse ectopiqne à la présence d*nne tumeur qui
modifie si complètement Taspect et la configuration de la trompe,
aplatit son calibre, la tord et Vallouge.
n y a lieu do remarquer encore le point où s'est développée la gros-
sesse extra -utérine. Implanté d*alx>rd dans le pavillon, qu'on rétrouve
sur la pièce, très dilaté et presque méconnaissable, le placenta s'était
étendu sur le péritoine, au niveau du promontoire et du détroit supé-
rieur. L*œuf était entouré par le fond de Tutérus, le promontoire et
le côlon pelvien.
C'était la grossesse tubo-abdominale. L'ovaire intact était au-desrous.
La cavité de Douglas était fermée en haut, en partie par le kyste sus-
mentionné de Taileron de la trompe, et par les adhérences du côlon
pelvien, du fond de Tutérus et des annexes droites contonant le foyer
de la grossesse. Quand Thématocèle s'est produite en plusieurs temps,
c'est en avant et en haut que les déchirures se sont produites. Le
Douglas était protégé contre l'inondation sanguine, d'où cette autre
anomalie, l'absence de toute manifestation pelvienne dans une grande
hématoeèle.
' Celle-ci a été purement abdominale, sus et pré-utérine, sous-ombi*
licale.
Cette situation élevée de la tumeur indiquait d'une manière fort nette
la voie h suivre pour l'aborder. Les dernières et si abondantes discus-
sions à la Société de Chirurgie et au Congrès de Marseille, et toute
une série de thèses remarquables, ont très nettement indiqué les dif-
férents termes de la question. Il y a des partisans convaincus de la
laparotomie dans tous les cas, non seulement dans le cas d'inondation
péritonéale en cours, mais aussi dans le cas d'hématocèle, tumeur-
caillot, constituée.
D'autres sont surtout pour la voie vaginale, et l'acceptent volontiers
pour les cas où le danger pressant n'oblige pas à aller tout droit, le
plus rapidement possible, jeter une pince sous la trompe déchirée. Ces
derniers sont en majorité. S'il s'agit d'une hémorrhagie h tarir, lapa-
rotomie ; d'une collection à évacuer, colpotomie.
J'ai, pour mon compte, adopté cette dernière pratique jusqu'au jour
où, après l'incision vaginale, une hémorrhagie abondante m'a forcé h
faire sur*le-champ la laparotomie (v. Th. Arrogo, 1899).
Dans le cas particulier, on n'avait pas à choisir la voie, et à sup-
poser même que la date récente de l'hémorrhagie et le volume de la
tumeur ne paraissent point des raisons péremptoires pour opérer par
234 soci]h>é8 savaxtbs
le ventre, ancnn partisan de Tincision vaginale n'anrait pu songer ici
à intervenir par la voie basse pnisqne dans ce cas exceptionnel les
eu1s-de-sac vaginaux étaient libres, la symptomatologie extra-pelvienne,
et que la tumeur, au-dessous de lombilic, s offrait impérieusement à
rintervention abdominale.
Anomalie des organes génitaux, par M. Givattb, interne des h^*
taux (p. 803). — État apoplectique avec hémiplégie complète. La
malade vit encore trois jours, sans reprendre connaissance. L'hémi-
plégie persiste.
Le cœur est en arythmie. Par moments, on croit trouver un rythme
mitral. Le diagnostic porté est : embolie cérébrale consécutive à un
rétrécissement mitral. On n*a aucun autre renseignement.
Lorsqu'on ouvre Tabdomen, on ne trouve rien d*anormal au premier
abord. La cavité du petit bassin, cependant, parait plus profonde que
d'ordinaire. Les ovaires sont à leur place, ils ont leurs dimensions nor-
males. Les trompes suivent leur trajet normal. EUes soulèvent le
péritoine, formant un repli transversal qui divise en deux parties la
cavité du petit bassin. Ce repli est moins saillant que ne Test d'ordi-
naire un ligament large ; il est à peine indiqué au milieu du pelvis,
et la palpation montre qu'il ne renferme pas d'utérus.
On fait l'examen de la vulve : absence du vagin, qui est remplacé
par un simple infundibulum pouvant se déprimer et acquérir une
profondeur de deux centimètres environ. Le reste de la vulve ne présente
pas d'anomalie.
L'examen plus détaillé des organes internes fait voir :
A droite, un ovaire kystique, un pavillon normal et, sur le trajet
de la trompe, une petite nodosité dure, pédiculée, d'où part un ligament
qui suit absolument le trajet du ligament rond ordinaire.
A gauchey un ovaire et un pavillon normaux et, sur le trajet de la
trompe, faisant corps avec elle, un renflement long de trois à quatre cen-
timètres, de consistance assez dure.
On enlève le tout avec la vulve et, sous le péritoine, on peut suivre
le trajet des deux trompes : elles ne se rejoignent nulle part, et vont
se perdre séparément, la gauche un peu au-dessus de la droite, 4ana
le tissu cellulaire rétro- vésical, qui se trouve ici en contact inmiédiat
avec l'ampoule rectale. La coupe montre qu'elles ne sont creusées d'un
canal que dans leur moitié supérieure.
La nodosité attenant à la trompe droite est un ovaire surnuméraire.
SOCléTÉ ANÂTOMIQUB 235
Lé renflement de la trompe gauche est un petit utérus, creusé de sa
ca\ité, sur les parois de laquelle on retrouve les replis de l'arbre de vie.
Au niveau du col, cette paroi est bourrée de petits fibromes.
Les deux canaux de Mûlier, incomplètement développés, ne sont
pas accolés à leur extrémité inférieure. Ils étaient complètement déve-
loppés ; sinon, il y aurait eu deux utérus et deux vagins, anomalie
qu'on a trouvée, s'il faut en croire Kôlliker.
Ce cas prouve, au moins, que l'utérus peut se développer entièrement
aux dépens d'un seul canal de Mûller. L'infundibulum, tenant lieu de
vagin, n'est qu'un vestige du sinus urogénital. Il est à regretter que
l'on n'ait aucun renseignenfent sur la vie génitale de cette femme qui,
parait-il, était mariée.
Corps étranger dn vagin chez une petite fille de trois ans, par
H. MoRBSTiN (p. 885). — Cette petite fille de 3 ans, Marguerite B. ..,
a été admise, le 4 août, à l'hôpital des Enfants-Malades, salle Bilgrain,
n^ 10. L'accident était arrivé le !<"* août. L'enfant était venue en pleu-
rant confier à sa mère qu'elle avait « perdu une épingle dans son
bîbi ■ . Depuis, elle se plaignait surtout de vives douleurs en urinant,
et elle urinait très fréquemment. Aussi l'interne de garde pensa-t-il
tout d'abord que le corps étranger était dans la vessie, l'exploration
du vagin à l'aide d'un stylet ne lui ayant rien révélé. L'indocilité de
l'enfant rendait, d'ailleurs, impossible tout examen sérieux. On la fit
alors radiographier et, sur le cliché, on put voir très aisément une
grosse épingle dont la pointe était derrière la symphyse, et dont la
tète la dépassait notablement. Deux clichés pris & quelques heures
d'intervalle montrèrent une inclinaison différente : sur le !«'', la tète
était à droite de la ligne médiane ; à gauche, sur le 2«. Ces constata-
tions semblaient confirmer le siège vésical du corps étranger, et c'est
sous cette rubrique que l'enfant me fut présentée.
Le 5 août, j'endormis la fillette. Avant de rien entreprendre du côté
de la vessie, j'explorai soigneusement la vulve et le vagin.
Il y avait un peu de vulvite ; l'hymen était intact, mais l'orifice de
l'hymen était relativement assez large; on pouvait y faire pénétrer
facilement la sonde de femme ordinaire. Cette sonde enfoncée dans le
vagin me fit percevoir, après quelques tâtonnements, un contact métal-
lique. Je la remplaçai par un stylet, et à côté de ce stylet une pince
hémostatique ordinaire. Je pus avec cette pince saisir l'aiguille ; le
stylet me servit à la placer en long entre les mors de la phice, et à
236 80CIBTÉS SAVANTES
écarter la paroi vaginale, puis Torifice de Thymen ; celui-ci ne fut pas
lésé. Je pus, an bout d'un instant, amener à l'extérieur Taiguille que
voici, longue de 5 centimètres, avec une tête grosse comme un pois.
Une injection d'eau bouillie fut faite dans le vagin.
L'enfant cessa immédiatement de souffrir, et quitta l'hôpital le len-
demain.
Tumeur solide de l'ovaire avec fibromes utérins. Hystérectomie
abdominale totale, par MM. AiiDRé Glàissb et Dartigubs (p. 1038). —
M. C..., concierge, 57 ans.
Réglée h 12 ans, elle le fut depuis régulièrement. Mais déjà elle
perdait beaucoup à l'occasion de ses règles qui duraient huit jours.
Jeune fille, ses règles étaient douloureuses les premiers jours.
Cette malade a eu trois grossesses : la l''« à 22 ans ; la 2<: à 25 ans ; la
3« h 33 ans. Les accouchements ont eu lieu h terme, sans complica-
tiens. Au l'"" accouchement, elle s'est levée trois jours après, les deux
autres fois, neuf jours après. Jusqu'à Tàge de 40 ans, les règles sont
toujours abondantes, en caillots.
Vers l'Age de 40 ans, les règles affectent le caractère de pertes
ménorrhagiques profuses, durant longtemps . Des ménorrhagies sur-
viennent môme dans l'intervalle des menstrues . Ménopause à l'âge
de 47 ans.
A 52 ans, c'est-à-dire il y a 5 ans, les pertes hémorrhagiques font
une nouvelle apparition : sang rouge, avec caillots, mais sans odeur.
Depuis cette époque, ces hémorrhagies apparaissent irrégulièrement,
durant longtemps, mais cessant aussi pendant des deux et trois mois.
Jamais de pertes blanches.
A 56 ans, la malade, qui avait le ventre un peu fort depuis longtemps,
a senti une grosseur dans le côté droit. Il y a 5 mois, survient une
perte de sang très abondante qui dura 8 jours. Dans les 3 ou 4 derniers
mois, la malade perd beaucoup moins.
Elle a maigri un peu depuis cinq à six mois.
Constipation très opiniâtre. Aucune douleur abdominale. L'état
général est excellent. Pas de perte de l'appétit. Les urines sont abon-
dantes, claires. La malade se lève trois à quatre fois la nuit pour
uriner.
Malgré les hémorrhagies antérieures, un peu d'amaigrissement et
quelques symptômes de compression du côté de la vessie et du rec-
tum ; cette malade ne souffre pas, et n'est pas cachectisée.
SOCIÉTB ANATUMIQUB 237
A Vins2)ectwH, ventre assez volumineux, mois non tendu ; pas
d*œdème ni de circulation collatérale. Du côté des membres inférieurs,
pas d'œdème non plus, pas de varices.
A la percussion et à Xapalpation, aucun signe qui dénote un épanche-
ment ascitique ({uelconque. Mais on constate la présence d'une volu-
mineuse tumeur, arrondie, lisse, de consistance dure, un peu mobile
dans le sens transversal, remontant au niveau de Tombilic. Cette
tumeur semble reposer en grande partie dans la fosse iliaque droite.
Au milieu de Thypogastre et surtout à gauche, on sent une deuxième
tumeur, remontant moins haut que celle de droite, à trois travers de
doigt au-dessous de l'ombilic. Cette deuxième tumeur est moins
mobile que la droite ; et il semble qu'il n'y ait pas de sillon de démar-
cation entre les deux saillies perçues à droite et à gauche ; on peut
penser par ce seul examen à une unique tumeur, multilobulée, à lobe
beaucoup, plus volumineux à droite.
Au toucher bimanuelf les notions précédentes se précisent avec d'au-
tres détails. Le col utérin est repoussé derrière le pubis et un peu à
droite. Les mouvements communiqués à la tumeur sentie à droite de
Tabdomen se transmettent au col.
Dans le cul-de-sac postérieur, on perçoit une tumeur faisant une
saillie considérable, plus grosse que le poing, lisse, dure, mais très
superficiellement irrégulière, comme s'il y avait esquisse d'une large
lobulation. Ces mouvements imprimés à la tumeur de gauche se trans-
mettent facilement à cette partie qui fait un relief si accusé dans le cul-
de-sac postérieur. Mais il faut dire aussi que ces mêmes mouvements
impriment simultanément au col une certaine mobilité. De telle sorte
que l'ensemble du bloc néoplasique parait être formé par une tumeur
très irrégulière et trilobée, dont une partie occupe le c6té droit du
ventre, montant haut dans l'abdomen ; dont une deuxième partie occupe
le côté gauche, mais atteignant un niveau bien moins élevé ; dont la troi-
sième portion, enfin, occupe la cavité pelvienne et s'est logée dans le
Douglas.
L'hyaiéromélrie, difficile à pratiquer en raison de l'effacement du
vagin par la partie inférieure de la tumeur et de la situation du col
utérin repoussé derrière le pubis, n'est pas poursuivie. Le toucTierreckU
n'est pas pratiqué.
Le 25 novembre. M. Segond pratique une hystérectomie abdo-
minale totale, par le procédé américain ; à l'ouverture de Tabdomen,
aucune trace d'ascite. Le tire-bouchon est appliqué sur la première
238 sOGiiréft savantes
tumeur qui présente tous les caractères d'un fibrome utérin; malgré
cette prise, tout ne vient pas hors du ventre et M. Segond est obligé
d*aUer dégager, avec une main allant profondément dans la cavité
pelvienne, la partie gauche du néoplasme, beaucoup plus considérable
que la portion droite, et qui se montre d'une couleur moins foncée,
presque nacrée.
L'hystérectomie est faite comme d'habitude ; des pdnts séparés à
la soie sont placés aux quatre points cardinaux de Touverture supé-
rieure du vagin pratiquée par Tablation de la tumeur, et des surjets au
catgut fort sont faufilés sur la collerette vaginale.
Il n'y avait aucune adhérence intestinale ou épiploique h la tumeur
cependant très vaste. Une adhérence de Tépiploon allait à l'anneau
ombilical constituant 1 amorce d'une petite hernie : on la détache.
Drainage par une grosse mèche vaginale iodoformée. Suture en masse
de la paroi abdominale au fil d'argent.
ExÂMSii MACROSCOPIQUE. — La masse enlevée, du poids de 2,350 gram-
mes, est formée de deux parties : l'utérus et l'ovaire gauche.
L* utérus est volumineux : il est légèrement bosselé ; on aperçoit un cer-
tain nombre de fibromes petits ou même minuscules, sous-péritoneaux.
La cavité mesure 14 centimètres de long ; elle est tapissée par une
muqueuse d'aspect normal, mais soulevée par quelques petits fibromes
sessiles. En sectionnant la paroi utérine^ od constate qu'elle renferme
un grand nombre de fibromes, les uns très petits, les autres plus volu-
mineux : ces derniers surtout, qui ne dépassent pas d'ailleurs le volume
d'une noix, sont environnés d'une capsule lâche et s'énucléent d'eux-
mêmes lorsqu'on a incisé le tissu utérin qui les recouvre. Tous ces
fibromes sont blancs, durs, fascicules.
Les annexes du côté droit sont atrophiées : l'ovaire était ratine, la
trompe mince. La trompe gauche, au contraire, est allongée (12 centi-
mètres); comprise dans le pédicule relativement mince ; le ligament
large plus élevé, mais non plus épais que normalement. Elle s'applique
par son extrémité sur la face antérieure de la iumeur (warique.
Celle-ci forme un ovoïde de 22 centimètres de longueur sur II cen-
timètres d'épaisseur. La surface, légèrement bosselée, a une coloration
blanche, rosée par places, bleutée en d'autres. La consistance est régu-
lièrement ferme, sauf en quelques points kystiques. A la coupe on
constate que la tumeur est presque entièrement solide : il existe bien
quelques kystes ; mais ils sont de petit volume (pois, noisette) et
répartis presque uniquement au niveau de la partie antérieure de la
SOCléri ÀNATOMIQUE 239
tamenr; leur paroi est lisse; leur contenu jaune citrin, colloïde.
Le tissu solide a presque partout Taspect du tissu ovariqne normal :
travées blanches partant de Tenveloppe superficielle et entourant des
Ilots de substance plus colorée, rosée. Par places, celle-ci devient plus
molle et semble avoir subi une dégénérescence.
La vascularisation de cette tumeur semble faible : on ne voit pas de
gros vaisseaux à la coupe ; il n'existe pas non plus de kystes sanguins.
ExAMm BiSTOLOGiQUB — 1^ Tumeun de V ovaire, — Les travées hlanchee
qui partent de la superficie sont constituées par des fibres conjonctives
courtes, droites ou ondulées, à noyau allongé ; elles renferment quelques
cellules musculaires lisses, reconnaissables à leur contour plus net, à
l'espace clair qui entoure le noyau sur une coupe perpendiculaire à
leur axe.
Les portions rosées, constituant la moyenne partie de la tumeur,
sont essentiellement formées de tubes épithéliaux : leur lumière est
assez étroite ; circulaire sur certaines coupes, sur d'autres elle est
allongée, sans jamais acquérir de grandes dimensions. Les cellules qui
la bordent sont pour la plupart cylindro-cubiques, leur contour
est peu net ; leur noyau est assez volumineux, ovalaire ou arrondi,
bien coloré. Ces cellules sont souvent sur un seul plan ; mais elles
prolifèrent abondamment, envahissant presque complètement les
espaces intertubnlaires où on ne distingue plus que de très minces
travées conjonctives. Nombre de cellules sont polynucléaires^ quel-
ques-unes vacuolaires avec petit noyau refoulé à la périphérie : cellules
mucoîdes. La lumière des tubes renferme souvent un coagulum
colloïde plus ou moins abondant.
La coupe, portant au niveau d'un petit kyste, montre que le tissu
voisin subit lui-même une transformation kystique ; on rencontre des
tubes non dilatés, tapissés du môme épithélum cylindro-cubique légè-
rement proliférant. Mais la plupart sont dilatés ; on trouve tous les
intermédiaires entre le simple tube et le véritable kyste. L'épithélium
de ceux-ci subit souvent des transformations : par places, il s'aplatit ;
en d'autres endroits, au contraire, il est plus élevé, les noyaux s'allon-
géant, s'effilant ; la prolifération épithéliale forme en quelques points
des végétations.
La paroi mince des kystes complètement développés est conjonctive,
recouverte de cellules cylindriques assez élevées; elle a absolument le
même aspect que celle des gros kystes de l'ovaire.
Enfin la partie moUe, légèrementfriable,estconstituéepar des kystes
240 80G1BTÂ8 SAVÀNTBd
•
remplis complètement par des végétations à contours ondulés : végé-
tations formées d'une couche plus ou moins proliférante de cellules
cylindriques reposant sur un stroma conjonctif peu épais. L'ensemble
de la coupe offre un aspect très élégant, rappelant celui d'une
muqueuse delà trompe bien développée ; mais ici c'est Taccolement des
kystes végétants, au lieu du rapprochement des replis de la muqueuse,
qui donne lieu à cette configuration.
En résuméf nous constatons un processus proliférant des éléments
épithéliaux de Tovaire, qui gardent leur disposition en tubes, donnant
lieu ici à des productions péritubulaires, là à des kystes simples,
ailleurs à des kystes végétants. Ce tissu baigne dans le stroma mus-
culaire non dégénéré.
2° Utérus, — La muqueuse est atrophiée, kystique.
Les tumeurs sont des fibro-myômes.
Cette observation peut donner lieu aux remarques suivantes :
\^ Au point de vue étiologique, il s'agit d'une femme d'un certain
âge, 57 ans ; c'est ce qui se présente le plus souvent dans le cas de
tumeur maligne de l'ovaire. Cette malade a eu 3 grossesses normales :
dans un travail antérieur nous avons montré que les grossesses s'obser-
vaient bien plus fréquemment dans les antécédents de femmes atteintes
de tumeur maligne des ovaires que dans les antécédents de celles qui
ont une tumeur bénigne, un fibrome ovarique par exemple, et cepen-
dant la bilatéralité des lésions est beaucoup plus souvent observée
dans les tumeurs malignes que dans les néoplasmes bénins del'ovaire.
2"* Au point de vue dea troubles fonctionneh^ nous attirons l'attention
sur son histoire ménorrhagique datant de l'âge de 17 ans. La méno-
pause a été nettement marquée, et cependant, cinq ans après elle, les
pertes hémorrhagiques recommencent. La malade ne s'aperçoit de la
présence d'une tumeur qu'il y a un an. Les pertes hémorrhagiques
qui ont marqué toute la vie génitale de cette femme doivent certai-
nement être considérées comme symptomatiques de la fibromatose
utérine ; quant aux métrorrhagies post-ménaupotiques, il les faut
mettre, pensons-nous, sur le compte aussi du fibrome utérin et non
de la tumeur de Tovaii^e concomitante. Sa ménopause a déterminé on
temps d'arrêt dans la symptomalologie hémorrhagique de ce cas,
comme souvent ou l'observe dans les fibromes utérins.
La malade n'éprouvait aucune douleur, n'était pas du tout cacheo-
tisée, bien que porteuse d'une tumeurmaligne de l'ovaire venant com-
pliquer des fibromes de l'utérus.
I
ai
PÉBIODIQUES RUSSES 241
3^ Au point dé vue des signes pJiysiques, malgré la présence de tu-
meurs multiples dont Tensemble pesait 2 kil. 300, la malade n*ayait
pas un abdomen bien volumineux, ce que nous expliquons par la
verticalité du néoplasme ovarien à forme ovoïde et qui était engagé
dans la filière pelvienne un pôle en bas dans le Douglas. Bien que la
tumeur ovarienne f&t volumineuse et de nature maligne, nous
n'avons pas trouvé d*adénite, ni d*ascite.
4^ Au point de vue du diagnostic, ce cas démontre la difficulté qu*il y a
à préciser qu'il s*agit ou non d'une tumeur extra-utérine. Le diagnostic
n'a été dans notre observation que partiel, puisqu'on n'a pensé qu'au
fibrome utérin ; il n'a pu être établi ici qu'une fois l'opération terminée.
5*^ Au point de vus opératoire, c'est la première fois, h notre con-
naissance, que l'hystérectomie abdominale totale a été pratiquée p<mr
l'ablation d'une tumeur solide de lovaire. Il est vrai que l'utérus
criblé de fibromes nécessitait cette ablation complète.
S^ Au point de vue anatomo'-pathologique, coïncidence de fibrome
utérin avec néoplasme malin de l'ovaire. La concomitance des fibro-
mes de l'utérus et de l'ovaire a été souvent signalée. Spencer Wells et
d'autres considèrent que la plupart des fibromes de Toyaire ne sont
en réalité que des fibromes prenant naissance dans l'utérus.
La tumeur ovoïde montre bien la conservation de la forme de
l'ovaire, ce qui n'existe pas dans les kystes de même volume. Les
annexes du cêté opposé étaient ratatinées et séniles ; nous citons le fait
en opposition avec la bilatéralité similaire des lésions si fréquente dans
le cas de tumeur maligne des ovaires. Cette tumeur ovarienne n'avait
pas, ce qui arrive assez souvent, subi de phénomènes de torsion.
Il s'agit de vraie tumeur solide de l'ovaire, et nous ne croyons pas,
vu le petit nombre de cavités kystiques, leurs très minimes dimensions,
qu'elle puisse marquer le stade initial d'un kyste végétant de l'ovaire.
REVUE DES PÉRIODIQUES RUSSES
Amputattons dn col utérin pour métrite chronique, par le D' Pétroff.
Journal d'Obstétrique et de Gynécologie, novembre 1899.
L'auteur a opéré 81 malades présentant toutes des symptômes de
AXS. mt OTH, — VOU LHL 1^
242 PÉRIODIQUES RUSSES
métrite chronique. Au point de vue gynécologique, les résultats de
Tamputation du col utérin sont très bons : les règles devenaient réga*
lières, moins abondantes et moins fréquentes ; les malades ne se plai*
gnaient plus de douleurs ni de pesanteur dans le bas-ventre.
Quelques-unes sont devenues enceintes. Au début, la grossesse est
pareille à une grossesse normale; mais elle s'interrompt souvent
quinze jours, trois semaines avant le terme. Les malades ayant le col
amputé présentent à Texamen, vers la fin du huitième ou au commen-
cément du neuvième mois de la grossesse, un col effacé comme lee
primipares au début du travail. Dans un seul cas la malade est arrivée
au terme, ce qu'il faut attribuer à une cicatrice excessivement résis*
tante qui a rendu Taccouchement très laborieux.
Se basant sur son expérience personnelle au point de vue obstétri-
cal. Fauteur arrive aux conclusions suivantes : 1<> Tamputation du col
n'empêche pas la grossesse, mais elle diminue les chances de la
conception ; 2<> dans la première moitié de la grossesse, Tavortement
est aussi fréquent que dans les déchirures profondes ; 3"» le dernier
mois de la grossesse se complique de fausses douleurs et, enfin, la
grossesse arrive rarement au terme.
Pour expliquer les brillants résultats que l'opération donne au point
de vue thérapeutique, l'auteur se demande s'il ne faut pas les attri-
buer à ce que l'organe malade se vide de sang ; de cette manière les
fibres musculaires restées intactes se contractent fortement, et les
autres subissent la dégénérescence et se résorbent.
Mais, tant qu'on ne saura pas si l'utérus est pèle ou rouge dans les
métrites chroniques,rexp lication ne pourra pas être définitive. M. R.
Un cas d'opération césarienne, par Y. P. Bàchkoff. Wratcky 1899,
p. 1033.
Paysanne de 27 ans. quatrième grossesse à terme; opération césarienne,
guérison, enfant vivant. Une première grosi»esse, arrivée à terme, a été
terminée par la basiotripsie ; la deuxième, par Taccouchement provo-
qué à sept mois ; la troisième, encore par la basiotripsie ; enfin à la
quatrième, la césarienne fut décidée et acceptée afin de conserver l'en-
fant et de pratiquer la castration, qui ne fut d'ailleurs pas faite. L'opéra-
tion fut faite environ 40 heures après le début du travail, à l'hôpital
communal, dans une installation très sommaire; l'utérus, sectionné sur
la ligne médiane, dans toute sa hauteur, fut suturé après l'extraction de
l'enfant et du placenta sans que la ligature élastique ait été nécessaire;
un drain fut laissé dans l'angle inférieur de la plaie al}dominale, en pré-
BIBLIOGRAPHIE 243
vision d'une infection très vraisemblable vu les conditions opératoires ;
elle se manifesta en effet, quoique bénigne et la guérison fut complète
eu bout de vingt jours. L'enfant, née en parfait état de santé, fut rame-
née au village et alimentée artificiellement, car la montée de lait ne se
fit chez la mère qu'au bout de dix jours; l'allaitement au sein, essayé
au bout de trois semaines, lorsque la mère fut rentrée, fut abandonné
rapidement car l'enfant ne l'accepta pas très bien d'abord et l'on craignit
de la rendre malade ; elle succomba à l'âge de 4 mois à des troubles
digestifs.
La santé de la mère, revue cinq mois après l'opération, ne laissait
rien à désirer. M. N.W.
Un cas d'ovarite purulente, par le Dr Y. N. Obloff. Wratch, 1899,
p. 1073.
Femme de 24 ans, malade depuis un an, à la suite de son premier
accouchement; une tumeur douloureuse occupe le côté droit du ventre
et l'examen bimanuel fait reconnaître que cette tumeur est constituée
par l'ovaire droit seul, la trompe du même côté étant de volume
normal, l'utérus et les annexes gauches de même. L'état général, les
accès de fièvre indiquaient la nature purulente de la tumeur.
L'ovariotomie confirma le diagnostic, aussi la tumeur fut-elle
enlevée seule ; elle se rompit au cours de la séparation des adhérences
et laissa écouler un pus épais et vert ; la période post opératoire fut
légèrement fébrile et se termina par une guérison parfaite. Au point
de vue anatomo-pathologique, il s'agissait dans ce cas d'abcès mul-
tiples de l'ovaire, les uns isolés les autres communiquant par deux
ou trois ; aucun micro-organisme n'a pu être décelé ni directement, ni
par les cultures. M. N. W.
BIBLIOGRAPHIE
Comptes rendus de la huitième réunion de la Société allemande de
Gynécologie (Yerhandlungen der deutschen Gesellschaft fur Gynftko-
logie), publiés par Olsdausen et Pfai«nbrstibl. Breitkopf et H&rtel,
éditeurs, Leipzig, 1899.
Comme toujours, ce volume est intéressant par le grand nombre de
244 BIBLIOGRAPHIE
communications qu'il contient. A côté des grandes discussions sur le
traitement des myômes (Zweifel, Rosthom, Olshausen, Amann, Werth,
'Wintemitz, L. Landau, Martin, Kûstner, Gzempin, Skutsch, Gottschalk,
Fehling, Schauta, Ghrobak, Dûhrssen, Wertheim, Hofmeier, Yeit,
Fritsch, Thom, Theilhaber, Bumm, Brœse, Schatz, Mackenrodt,
Lôhlein), sur la fièvre puerpérale (Ahlfeld, Bumm, Dôderlein, Franz,
Fehling, Olshausen, Lindenthal, Krônig, Menge, Schauta, Prochow-
nick, etc.), on trouve un grand nombre de communications sur les
diverses questions qui peuvent intéresser le gynécologiste ou l'accou-
cheur, c'est dire que ce compte rendu, qui parait tous les deux ans et
résume les progrès de la gynécologie et de l'obstétrique allemande^
mérite comme toujours d'être consulté par tous ceux qui désirent
rester au courant de la science.
L'incision cmciale dans les cœliotomies (Ueber die Vortheile des
suprasympliysârenFascienquerschnitts fur die gynftkologischen Kœlio-
tamien, zugleich ein Beitrag zu der Indikationsstellung der Opérations-
wege), par J. Pfamnenstibl. Sammlvng kUnisch, Vortr,^ 1900.
Dans ce mémoire, Pfannenstiel conseille de substituer, à Tincision
cruciale préconisée par Kûstner, l'incision suivante :
A la limite des poils du pubis, dans le pli qui existe chez les per-
sonnes grasses, faire une incision légèrement curviligne à concavité
supérieure, fendre la peau, le tissu cellulaire sous -cutané, l'aponé-
vrose antérieure dans une étendue de 8 à 9 centimètres.
Libérer avec un instrument mousse l'aponévrose sectionnée des
pyramidaux et des droits sous-jacents dans une hauteur de 6 centi-
mètres.
Faisant rétracter cette aponévrose en haut, séparer les deux muscles
droits et inciser verticalement le péritoine.
Par cette manière de procéder, on a un double avantage :
1o Une cicatrice dissimulée, à la limite des poils.
2oUne cicatrice solide, la contraction des' droits tendante rappro-
cher les surfaces de section aponévrotique.
Le Gérant : G. Steinheil.
IlfPBIMXRIE A.-0. LRMALE, HAVRE
AVRIL 1900
QUELQUES KÉFLEXIONS
A PROPOS DK
DEDX CAS DE RDPTDRB SPONTANÉS DE LTTMUS
ET DE LEUB TMITEHENT CHIBUBOIGAL
PÀB MM.
WelMi, S«hnhl,
ProfeMeor à la Faculté de médecine Agrégé à la Faculté de médecine
de Nancy.
Nous avons eu l'occasion d'observer récemment à la Mater-
nité de Nancy deux cas de rupture spontanée de F utérus au
cours du travail, et pu nous faire une opinion personnelle sur le
traitement qu'il convient de diriger contre cette redoutable
complication. A en juger d'après les livres classiques récents,
il semble que, sauf complications primitives ou secondaires
spéciales, l'expectation aidée des pratiques antiseptiques
modernes soit indiquée dans la majeure partie des cas ; en
d'autres termes, la laparotomie, qui avant l'emploi de l'anti-
sepsie en obstétrique donnait cependant déjà 68 p. 100 de suc-
cès, a perdu une grande partie du terrain qu'elle avait gagné.
Pour le dire immédiatement, notre conclusion est tout autre,
au moins pour les ruptures complètes, et nous estimons que
l'ouverture du ventre s'impose presque toujours, fût-ce à titre
de simple exploration et sans préjuger des opérations complé-
mentaires qui peuvent devenir nécessaires.
Comme nous n'avons pas l'intention de faire ici toute l'his-
toire des ruptures utérines, nous bornons notre étude aux faits
où Vextraction du fœtus a pu se faire par les voies naturelles.
C'est, en effet, la première indication qui se pose à l'accoucheur
que celle d'extraire l'enfant le plus rapidement possible par la
246 DEUX CAS DR RUPTURE SPONTANÉE DE l'uTBRUS
version, le forceps ou lembryotomie ; si l'accouchement par les
voies naturelles est impossible pour une cause ou une autre, tout
le monde est d'accord , il faut recourir à la laparotomie dans le
double but d*abord d'extraire le fœtus et secondairement de
traiter la rupture. Chez nos deux malades Textraction par le
vagin a pu se faire rapidement, mais il restait à s'occuper de la
rupture ; c*est là le point spécial que nous désirons examiner.
Voici d'abord les deux observations que nous avons pu recueil-
lir à quelques semaines d'intervalle :
Obs. I. — Le 14 septembre 1899, à 8 heures du soir, on amène à
la Maternité M"*<^ K..., âgée de 41 ans, qui est enceinte pour la neu-
vième fois. Les renseignements qu'elle lionne sont les suivants : elle a
été menstruée régulièrement depuis TÀge de 14 ans ; son premier
accouchement eut lieu il y a dix-neuf ans ; les 8 accouchements
ont tous été normaux et n*ont nécessité aucune intervention.
Sa grossesse actuelle est à son terme normal ; en effet, les dernières
règles ont duré du !•>' au 6 décembre 1898.
Le travail a commencé le 14 septembre, à 10 heures du matin.
A 4 heures du soir, la poche des eaux s'est rompue spontanément. A
6 heures, la sage-femme qui se trouvait auprès de la parturiente remar-
qua un léger suintement sanguin par les parties génitales ; en même
temps l'abdomen devint plus douloureux.
L'examen de la parturiente, à son arrivée à la Maternité, permet de
constater que le fœtus se présente par le sommet en 0. I. D. T. ; la
tête fœtale non engagée est recouverte d'une volumineuse bosse san~
guine. L'orifice utérin incomplètement dilaté a les dimensions d'une
paume de main ; la lèvre antérieure du col est légèrement œdématiée.
On n'entend aucun battement fœtal. La parturiente n'a plus senti
remuer son enfant depuis vingt-quatre heures avant le début du travail.
Les contractions utérines continuèrent à être normales jusqu'à 1 1 heu-
res du soir. A ce moment, la femme perdit environ 300 grammes de
sang par les parties génitales. Après cette perte, il ne s'est plus pro-
duit, pendant le reste de la nuit, qu'un suintement sanguin peu abondant.
Les contractions utérines ont complètement disparu à partir de
11 heures du soir.
Je vois la parturiente pour la première fois le 15 septembre, à
9 heures du matin.
WBISS ET SCHUHL 247
Les renseignement précédents, l'hémorrhagie suivie de la disparition
des contractions utérines me firent inunédiatement penser à la proba-
bilité d'une rupture utérine. A l'appui de ce diagnostic vient encore
s'ajouter un autre symptôme : la présence d'un léger empâtement à
droite de l'utérus, immédiatement au-dessus de la crête iliaque» avec
matité à ce niveau.
Mais l'état général excellent de la femme me fait espérer que peut-
être ce diagnostic n'est pas exact. En effet, le pouls est ample, peu
fréquent (84 par minute) ; la température est normale ; il n'y a pas de
dyspnée, le faciès n'est pas altéré.
Le volume du ventre n'est pas exagéré ; l'utérus a une forme normale,
est sensible sur toute sa surface. Au niveau de son fond on constate à la
percussion une zone de sonorité qui fait penser à la présence de gaz
qui se seraient développés dans l'utérus à la suite de la mort du fœtus.
La situation du fœtus est la même que la veille. L'orifice utérin est
complètement dilaté. En arrière de la tête, au niveau de l'aileron droit
du sacrum, se trouve un petit membre du fœtus et une anse du cordon
qui ne présente plus de battement.
Je me propose de terminer laccouchement par une basiotripsie.
Mais la pointe du perforateur est émoussée et ne peut être introduite
dans le crâne. Gomme la tête est mobile au-dessus du détroit supérieur,
je me décide à faire la version podalique. La main droite est introduite
dans rqtérus et, dès qu'elle a traversé l'orifice utérin, elle sent du côté
gauche et en avant une large déchirure complète de la matrice. Un
pied du fœtus est saisi, amené à la vulve et l'évolution se fait facile-
ment. Mais l'extraction du tronc est difficile parce que le fœtus est
volumineux. La tête s'engage dans le bassin sans nécessiter de grands
efforts ; son passage à travers le détroit inférieur est pénible.
Immédiatement après l'extraction du fœtus, une main introduite dans
l'utérus extrait le délivre qui est en partie dans la cavité péritonéale.
La déchirure de l'utérus a une direction transversale, occupe toute
la paroi antérieure et le côté gauche du segment inférieur, de sorte
que c'est en arrière seulement que le col est encore uni au corps utérin.
Le fœtus, du sexe masculin, pèse 4,300 grammes, a une taille de
57 centimètres. Son diamètre bipariétal mesure 9 centim. 3/4. L'épi-
derme au niveau des membres est facilement séparé du derme. Le pla-
centa pèse 900 grammes.
Le début de macération du fœtus dont la mort semble s'être produite
48 heures ennron avant la terminaison de l'accouchement, l'intervalle
248 DEUX CAS DE RUPTURE SPONTANÉE DE l'uTÉRUS
assez long <iui s'est écoulé depuis le moment de la rupture de la poche
des eaux jusqu'à Textraction du fœtus me font craindre que Tutérus
soit infecté et me paraissent nécessiter Thystérectomie abdominale.
Une autre indication de cette opération se trouve dans la grande éten-
due de la déchirure utérine. Je prie M. le professeur agrégé André de
vouloir bien pratiquer cette hystérectomie.
La malade est chloroformée à 11 heures 1/2 du matin. Après les
précautions antiseptiques habituelles, la paroi abdominale est incisée.
Un liquide sanguinolent s'écoule de la cavité péritonéale. On reconnaît,
ce que le toucher avait déjà montré immédiatement après Taccouche-
ment, que la déchirure a une direction transversale, siège sur le seg-
ment inférieur de Tutérus et occupe toute la paroi antérieure et le
bord gauche de cet organe. Sur la paroi antérieure de l'utérus, le péri-
toine est décollé sur une hauteur de 7 centimètres environ ; le lambeau
péritonéal décollé est inséré sur la lèvre inférieure de la plaie utérine.
Les bords de la plaie sont contus, irréguliers. Le ligament large du
côté droit est œdématié.
Deux pinces sont appliquées sur ce ligament, qui est sectionné entre
elles ; la même manœuvre est exécutée pour le ligament large gauche.
Un lambeau péritonéal est taillé sur la paroi postérieure de l'utérus
et le col incisé en arrière, au niveau de l'insertion du vagin. Après pin-
cement des artères utérines, l'utérus est enlevé. M. André résèque la
partie du segment inférieur qui est décollé du péritoine et après
avoir placé les ligatures et fait le drainage vaginal à l'aide de
gaze aseptique, il suture le péritoine pelvien en utilisant pour cette
suture, comme lambeau antérieur, la partie du péritoine qui s'était
décollée de l'utérus au moment de la déchirure. La cavité péritonéale
qui contient du liquide sanguinolent est lavée à l'eau distillée stérili*
sée ; on retire de la partie supérieure de la cavité abdominale plusieurs
caillots noirâtres qui paraissent mélangés à du méconium. Le péritoine
est fortement injecté. Après drainage abdominal, la paroi abdominale
est suturée.
Immédiatement après l'opération, la température est de 37o,2, le
pouls à 120. Le soir, l'état général est bon, mais le ventre est doulou-
reux et un peu ballonné. On fait une injection hypoderinique de
500 grammes de sérum artificiel. Pendant la nuit, l'opérée est agitée.
Le 16 septembre, la température est, le matin de 37o,2, le pouls à 104.
Le ballonnement du ventre persiste ; il n'y a pas eu d'émission de gaz
par l'anus. Le soir, température 37° pouls 100. Les urines sont peu
WBIS9 £T SCHUHL 249
abondantes, troubles et sanguinolentes. On fait une injection de mor-
phine pour calmer les douleurs abdominales.
Le 17 septembre, le matin, température 38<*,6, pouls 120. Le ballon-
nement abdominal a augmenté. A partir de midi, le pouls s'accélère,
monte à 150 et devient très petit. Du délire apparaît vers 4 heures 1/2
et la femme succombe à 5 h. 15.
A Fautopsie, on trouve des lésions de péritonite généralisée. Il y a
peu de liquide dans le ventre. Les sutures ont bien tenu. L'examen
bactériologique du liquide péritonéal révèle des staphylocoques et des
streptocoques.
Obs. n. — M»* M..., âgée de 38 ans, habituellement bien réglée,
enceinte pour la cinquième fois, entre à la Maternité le 9 octobre 1899.
Son premier accouchement, il y a huit ans, a duré pendant deux jours
et s'est terminé par l'expulsion d'un enfant vivant. Le deuxième
accouchement eut lieu l'année suivante et fut facile. Lors du troisième
accouchement, l'enfant se présenta par le siège et succomba pendant
le travail. A la fin de la quatrième grossesse, la femme est venue à la
Maternité où Ton a consaté un léger rétrécissement du bassin (le
diamètre sacro sous-pubien mesure 10^,8). Malgré ce rétrécissement,
l'expulsion du fœtus placé en 0. I. G. T. fut facile ; l'enfant pesait
3,550 grammes et son diamètre bipariétal était de 9 cent, un quart.
La grossesse actuelle parait être à son terme normal. Les dernières
règles ont eu lieu du 8 au 11 janvier 1899. Le travail commença le
8 octobre, vers 10 heures du matin. Une sage-femme, appelée à 8 heures
du soir, trouva l'orifice utérin dilaté comme une pièce de 2 francs.
Ail heures du soir, les membranes se rompirent spontanément alors
que la dilatation était presque complète. Peu de temps après cette
rupture, la sage-femme constata une contracture de Torifice utérin et
vers minuit, comme la parturiente avait des syncopes, comme son
état général devenait mauvais, elle fit appeler un médecin. Celui-ci
trouva une contracture du col utérin, un pied du fœtus engagé dans
le vagin et une procidence du cordon ombilical qui présentait encore
de faibles battements. Après avoir pratiqué une injection d'éther, il
fit transporter la parturiente à la Maternité, où elle arriva à 4 heures
du matin.
La sage-femme en chef de la Maternité. M'^'' Solmon, fit le diagnos-
tic de rupture utérine et fit, à cause de l'état alarmant de la malade, une
nouvelle injection d'éther.
Je vois la parturiente à 4 heures et demie du matin. Elle est
250 DEUX CAS DE nUPTURE SPONTANÉE DE l'uTÉRUS
très pâle ; ses traits sont tirés; le pouls, petit, est à 140 par minute.
La respiration est fréquente. Par la palpation, on trouve dans Tab-
domen une tumeur dont l'extrémité supérieure est à cinq travers de
doigt au-dessus de Tombilic et qui paraît être Tutérus gravide. Cette
tumeur présente au niveau de son fond une dépression sur la ligne
médiane ; à droite de cette dépression la tumeur est assez molle ; au
contraire, & gauche de la dépression, elle est dure et formée par la tète
fœtale qui est très superficielle. En dehors du bord gauche de Futérus,
immédiatement au-dessus de Tarcade crurale, on trouve une saillie, de
consistance molle, mate à la percussion. Les contractions utérines
sont fréquentes. Le cordon ombilical, dans lequel on ne sent plus de
battements, pend hors du vagin. La dilatation de Torifice utérin est
complète ; le siège du fœtus est fixé au niveau du détroit supérieur et
les deux pieds sont dans Texcavation. Le placenta est senti au niveau
de Torifice utérin, à droite et en arrière. Il ne s*écoule pas de sang par
le vagin.
Immédiatement après avoir examiné la parturiente, je pratique Tex-
traction du fœtus en exerçant des tractions sur les deux pieds. Cette
extraction ne présenta de difficultés que pour la tète, à laquelle il fallait
imprimer un mouvement de rotation parce que le menton était dirigé
en avant et à droite. Le placenta fut expulsé immédiatement après le
dégagement de la tète ; la matrice s'est bien rétractée. Pendant la déli-
vrance, la femme perdit à peine 200 grammes de sang.
Après Taccouchement, une main introduite dans Tutérus reconnaît
sur le bord gauche de la matrice une déchirure complète, longitudi-
nale, remontant jusqu'à la corne gauche ; la portion vaginale du col
parait intacte. On tamponne h la gaze iodoformée la plaie utérine,
Futérus et le vagin et on comprime Fabdomen au moyen d'un bandage
de corps. Une injection hypodermique de 500 grammes de sérum arti-
ficiel est ensuite pratiquée.
Je fais préparer ce qui est nécessaire pour une laparotomie et je prie
mon maître, M. le professeur Weiss, de voir la malade et de me prêter
son concours. Nous décidons de pratiquer Fopération de Porro que nous
commençons à 8 heures.
Après incision de la paroi abdominale, on trouve environ un litre de
sang épanché dans la cavité péritonéale et on constate une déchirure
complète de Futérus, s'étendant sur presque toute la hauteur du bord
gauche de cet organe.
Les bords cette déchirure sont irréguUers. Elle se prolonge en dehors
WEISS £T SCHUHL 251
de la matrice, sur le péritoine qui tapisse la fosse iliaque gauche ; la
rupture du péritoine au niveau de cette fosse iliaque a une longueur
de 15 centimètres environ et se dirige en haut et en arrière vers la
région rénale. Du sang s'écoule par cette déchirure péritonéale. Sur le
segment inférieur de rutérus, le péritoine est décollé par un vaste
épanchement sanguin, qui est plus volumineux sur la face antérieure
que sur la face postérieure de la matrice.
Un tube de caoutchouc est appliqué sur le segment inférieur de
Tutéms ; puis la plaie péritonéale de la fosse iliaque est suturée. Quel-
ques points de suture sont également placés sur la partie inférieure
de la plaie utérine, au-dessous du lien élastique. Deux broches d'acier
sont ensuite placées au-dessus du tube de caoutchouc et après amputa-
tion de la matrice, après cautérisation de la surface du moignon au ther-
mocautère, on procède à la toilette du péritoine, dont on retire de
nombreux caillots qui sont surtout abondants près du diaphragme.
Deux mèches de gaze iodoformée sont placées. Tune dans le cul-de-
sac de Douglas, l'autre à gauche du pédicule utérin, vers la fosse
iliaque gauche, et la cavité abdominale est fermée par deux plans de
sutures.
Dans la journée, on fait h l'opérée une deuxième injection de
500 grammes de sérum artificiel. La température est le soir de ^^
et le pouls est à 140. Elle se plaint de vives douleurs abdominales
qui nécessitent une injection de morphine.
Le lendemain de l'opération, le 10 octobre, T. matin 38o,9, soir 37»,8 ;
P. matin 140, soir 150. On trouve le ventre un peu ballonné ; mais le
faciès est bon, la malade urine spontanément. On injecte 250 granmies
de sérum matin et soir.
Le 11 octobre, le matin, T. 38o,2, P. 118; le soir, T. 38o,2, P. 110.
La malade rend des gaz par l'anus ; on lui continue les injections de
sérum.
Le 12, le matin, T. 38»,6, P. 115; le soir, T. 38^5, P. 108. Le ballon-
nement a diminué. On donne dans la journée deux lavements qui ne
produisent pas de selle. Le soir, l'opérée prend 40 centigrammes de
calomel .
Le 23, la malade a une garde-robe; lemétéorisme a disparu. Le pre-
mier pansement est fait le 13 octobre ; on renouvelle ensuite le panse-
ment chaque jour.
La température est restée élevée jusqu'au 27 octobre et jusqu'à cette
époque elle a, en général, oscillé entre 38<>,6 et 37<',6. Le nombre des
252 DEUX CAS DE RUPTURE SPONTANÉE DE l'UTÉRUS
pulsaHons a été de 120 environ par minute jusqu'au 25 octobre, puis
e3t devenu inférieur à 100.
Le 17, on constate dans la fosse iliaque gauche une masse indurée,
mate à la percussion. Le même jour, un liquide noirâtre s'écoule par
le vagin. Le toucher vaginal montre que la portion vaginale du col
est normale ; Forifice externe du col permet à prâae Tintroduction du
doigt, les culs-de-sac du vagin sont normaux. La tuméteetion de la fosse
iliaque gauche, due très probablement à un épanchement sanguin,
diminua les jours suivants, mais ne disparut qu*au bout d'une qmn-
zaine de jours.
Le pédicule utérin est tombé le 28 octobre et l'opérée, entièrement
guérie, a quitté la Maternité, à la fin du mois de décembre.
Il est un fait qui nous a beaucoup frappés dans les deux cas
précédents, c*est la gravité des lésions profondes révélées par
la laparotomie du côté de la cavité abdominale. Sans doute,
rintroduction de la main dans la cavité utérine nous avait
révélé Texistence de la rupture et permis d'établir son siège
et son étendue ; mais elle ne nous avait renseignés ni sur Tim*
portance de Tépanchement abdominal, ni sur Texistence de
lésions péri-utérines. Or c'est là une notion de la plus haute
importance et dont la gravité n'échappera à personne. Si, en
effet, Ton peut concevoir qu'une déchirure bien limitée avec un
épanchement sanguin modéré puisse guérir par le drainage
et Fantisepsie utérine, les conditions sont toutes différentes si
Ton admet que les lésions se propagent au loin et que le sang
ait envahi toute la cavité péritonéale. Il suffit d'avoir quelque
expérience de la chirurgie abdominale, pour savoir que ce sont
là des conditions favorables à Tinfection péritonéale, infection
que l'on peut souvent prévenir et rarement guérir.
Chez la malade de Tobs. I, il y avait un vaste épanchement
péri-utérin, mélangé de caillots et de méconium ; de plus, un
décollement considérable du péritoine de la face antérieure de
la matrice faisant une sorte de lambeau flottant assez long pour
avoir pu recouvrir ultérieurement le moignon utérin ; enfin le
ligament large droit était également le siège de lésions sé-
rieuses.
WEI8S ET SCHU1IL 253
Chez celle de Tobs. II, ces lésions étaient plus accentuées
encore, ce que rien n'avait pu faire prévoir avant l'ouverture
de la cavité abdominale. La rupture du bord gauche de Tutérus
se prolongeait sous la forme d'une déchirure péritonéale de
15 centimètres de long, allant jusqu'au rein et laissant encore
couler du sang. Toute la séreuse était remplie de caillots et de
sang liquide^ qu'on pouvait estimer à plus d un litre, accumulés
surtout à droite, sous le Joie et le diaphragme. Il nous a fallu
près d'un quart d'heure pour l'éponger et faire la toilette com-
plète du péritoine.
En présence de lésions pareilles, nous nous serions fait les
plus graves reproches d'avoir suivi les errements préconisés
par certains accoucheurs abstentionnistes, bien que la malade
de l'obs. n<> I ait malheureusement succombé. Du reste, che2
elle, il faut incriminer moins l'opération que l'infection utérine
due à la mort du fœtus, datant de 48 heures au moment de l'in-
tervention, et ce fait plaide plutôt en faveur que contre la thèse
que nous soutenons.
En résumé, de pareils faits nous paraissent démontrer l'uti-
lité absolue de la laparotomie dans les ruptures complètes de
l'utérus, car nul autre mode de traitement ne permettrait de
reconnaître exactement et de traiter aussi utilement les lésions
péri-utérines et ne pourrait débarrasser le péritoine du sang
liquide, des caillots, des corps étrangers (méconium, matière
sébacée), qui sont susceptibles de l'infecter.
En énonçant cette proposition, nous sommes en désaccord
avec nombre d'accoucheurs dont les uns préconisent l'absten-
tion et les autres l'intervention par le vagin. Voyons sommaire-
ment leurs arguments.
Les non-interventionnistes qui se contentent du drainage
préconisé par Frommel, des injections antiseptiques intra-
utérines recommandées parTarnier et Pajot, ou encore du tam-
ponnement intra-utérin de Diihrssen, se basent sur des faits
indubitables de guérisons obtenues par ces méthodes simples
et à la portée des plus modestes praticiens. A cet égard,
254 DEUX CAS DE RUPTURE SPONTANéB DE l'utÉRUS
Merz (i)y dans un important travail, a pu rassembler 181 cas de
ruptures complètes de Futérus dont 117 au moins n'ont pas été
traitées par la laparotomie. Sur ces 117malades, il y eut 37 gué-
risons. Le drainage de la déchirure, le tamponnement intra-
utérin ont particulièrement donné de bons résultats et permis
d'obtenir 24 guérisons pour 42 cas.
Ce sont là des succès que nous ne songeons pas à nier ; mais
malgré le fait extraordinaire de Frommel où la guérison sur-
vint, bien que le fœtus ait séjourné six heures dans la cavité
péritonéale, nous pensons qu'on ne peut compter sur un résul-
tat aussi favorable que dans les petites déchirures sans épan-
chement sérieux dans le péritoine. Les statistiques renferment
si souvent des faits disparates, qu'elles perdent de leur valeur.
L'un de nous, consulté il y a 2 ans par M. le professeur Herrgoii
sur un cas de déchirure de l'utérus, put reconnaître une rupture
partielle du muscle utérin, sans pouvoir affirmer l'existence
d'une déchirure péritonéale ; il conseilla le drainage et la malade
guérit, mais il n'eût pas hésité à conseiller la laparotomie si la
communication intra-péritonéale avait été certaine.
Le point faible des non-interventionnistes, c'est qu'ils réser-
vent la laparotomie pour le cas où il y a envahissement de
liquides septiques dans la cavité péritonéale ; or, le moment
précis de cette pénétration n'est pas facile à déterminer et quand
la péritonite est manifeste, l'intervention risque fort d'être tar-
dive.
A côté de ceux qui s'abstiennent, il y a des accoucheurs qui
interviennent par la voie vaginale, tantôt pour pratiquer la
suture, tantôt pour enlever tout l'organe.
La suture, excellente enprincipe,ne répond certainement pas à
toutes les exigences de la chirurgie et de l'antisepsie. Tarnier la
repousse à juste titre,en raison des difficultés de son exécution.
L'hy stéréotomie vaginale, au contraire, se présente sous
un jour plus favorable. Proposée par Fehling (2), elle a été
(1) Archiv, /. Gynœk., 1894, Bd XLV, p. 181 .
(2) VI* Congrès delaSoe. allem, de gyfUcologie. Vienne, 16d5.
WBISS ET SCHUBL 255
pratiquée, en 1894, par Neugebauer (1) sur une femme
agonisante, douze heures après la rupture ; cette femme suc-
comba vingt minutes après Topération. Deux malades opérées
par Chrobak (2) et Solowij (3) moururent également. Mais
Dûhrssen (4), Winter (5), Iwanow (6) obtinrent chacun un suc-
cès par rhystérectomie vaginale.
Dans le cas de Winter, le fœtus avait complètement pénétré
dans la cavité péritonéale. Aussi l'opérateur fit-il d'abord la
laparotomie pour extraire le fœtus et le placenta; ce n'est
qu'après la suture de la paroi abdominale, et sans avoir fait la
toilette du péritoine, qu'il pratiqua l'hystérectômie vaginale.
Fritsch (7) trouve, à l'ablation parle vagin, plusieurs avantages :
Par cette opération, dit-il, les lésions du paramètre se voient
mieux qu'au moyen de la laparotomie ; si, après avoir décollé la
vessie, on la refoule à l'aide d'une valve, on évite sûrement les
uretères ; enfin, l'abaissement de l'utérus fait cesser Thémor-
rhagie. Aussi est-il d'avis que, si l'hémorrhagie continue après
l'extraction du fœtus par le vagin, l'hystérectômie vaginale est
plus rationnelle qu'une opération abdominale.
Iwanow fait encore remarquer, en faveur de l'ablation'par le
vagin, que le drainage vaginal est préférable au drainage abdo-
mino-vaginal ; qu'il permet un écoulement plus facile des liqui*
des et peut être changé plus souvent ; qu'enfin l'hystérectômie
vaginale, ne nécessitant pas un matériel spécial, peut facilement
être exécutée dans la clientèle privée, où se produisent la plu-
part des cas de ruptures utérines.
Les argruments de Fritsch et d'Iwanow sont loin de nous
convaincre et nous pensons, au contraire, que les avantages qu'ils
(1) Idem et ZeiUehiift f, Oehurti. u. Oyn., 1898, Bd XXXIX,
p. 541.
(2) ZeiUehriftf. ffeburt «. Oyn., 1898, Bd. XXXIX, p. 641.
(3) Ontramattf, Gynœk., 1899, n» 13, p. 345.
(4) Zeitêekr'\ftf, Gehurt u, Oyn., 1898, Bd XXXIX, p. 641.
(5) Otntralb, /. Qynak., 1898, p. 609.
(6) Cewtralh. /. Oynah.^ 1898, p. 33.
(7) CttUralh. f. Gynak., 1898, n* 1.
^
256 DEUX CAS DE RUPTURE SPONTANés DE l'uTÉRUS
reconnaissent à rhystérectomie vaginale sont bien plutôt ceux
de l'intervention abdominale.
Avec la position de Trendelenburg, quoi de plus simple que
de se rendre compte, non seulement des désordres utérins, mais
encore des dégâts péri-utérins, ou même des ruptures à dis-
tance comme celles que nous avons rencontrées ? Comment
par le vagin, aller suturer un péritoine saignant jusque sous
le rein, comme chez la malade de Tobs. II, enlever une masse
de caillots sous le foie ou le diaphragme, ou pratiquer la
cystorrhaphie et Tentérorrhaphie, comme Billroth et Villar
ont été amenés à le faire? Si, d^autre part, on préfère le drainage
pelvien au drainage abdominal, quoi de plus facile que d'assurer
l'écoulement des liquides en drainant le Douglas ou le vagin,
suivant les cas.
Mais il y a mieux : la laparotomie, en permettant de constater
de visu l'état de la déchirure utérine, permet de proportionner
en quelque sorte la gravité de l'intervention à celle des désordres
constatés. En effet, le ventre une fois ouvert, on peut, suivant
les cas et aussi suivant ses préférences personnelles, pratiquer
soit la suture simple des parois déchirées, soit l'hystérectomie
supra-vaginale, soit l'hystérectomie abdominale totale.
Les indications de la suture de l'utérus ont été bien précisées
par Maygrier et surtout par Merz, ce qui nous dispense d'insister.
Cette opération est justifiée quand la déchirure ne s'accompagne
pas de délabrements considérables et quand l'utérus n'est
pas infecté ; elle s'exécutera avec les précautions usitées dans
l'opération césarienne, c'est-à-dire en faisant un plan de sutures
musculaires et un plan de fils séro-séreux.
Quand les lésions sont graves et multiples ; quand les points
d'attache de l'utérus et, notamment, les ligaments larges sont
déchirés; lorsqu'il existe une hémorrhagie menaçante, l'ablation
de l'utérus s'impose; mais faut-il accorder la préférence à l'hys-
térectomie abdominale totale ou à l'amputation supra-vaginale?
Pendant longtemps, cette dernière opération a été la seule
méthode d'hystérectomie employée pour les ruptures utérines.
Elle a été pratiquée pour la première fois en 1878, à Moscou,
WBI8S BT SCHUHL 257
par Oscar Prévôt (1), Merz (2), en 1894, a réuni 15 cas, dont
8 guérisons. M. Maygrier (3), en 1898, arrive à un total de 39 cas
avec 17 succès, c'est-à-dire 43,5 p. 100 de guérisons.
L'amélioration des résultats obtenus par les chirurgiens,
depuis qu'on a substitué riiystérectomie abdominale totale à
l'amputation supra- vaginale, devait avoir pour conséquence
l'emploi de l'hystérectomie totale pour les déchirures. M. May-
grier (4) a réuni 7 cas de ruptures où Ton a eu recours à cette
opération ; il y eut 3 guérisons et 4 morts. Le premier cas, qui
date de 1890, a été rapporté par Krajewski, qui a pratiqué trois
fois cette hystérectomie; Gromadzki a opéré 2 malades ;
Natanson et Jasinski ont chacun fait, une fois, cette opération.
Nos recherches bibliographiques nous ont permis de réunir
6 autres observations; 1 d'Orthmann (5), 2 de Jurinka (6),
1 de Wehle (7), 1 de Pestalozza (8) et un cas de Delagénière (9) ;
3 de ces 6 opérées ont guéri. Dans le cas de Wehle, qui s'est
terminé par la mort, la laparotomie ne fut pratiquée que qua-
rante-huit heures après l'accouchement. Chez la malade qui a
été opérée par Delagénière et qui a également succombé, l'hys-
térectomie ne fut faite que vingt- deux heures environ après
l'extraction du fœtus. En ajoutant ces 6 cas à ceux de la statis-
tique de M. Maygrier, nous trouvons 46,15 p. 100 de guérisons.
Quoique, d'après ces chiffres, les suites de cette opération
semblent un peu plus favorables que celles de l'amputation
supra-vaginale, l'hystérectomie abdominale totale est plus rare-
ment indiquée dans les cas de rupture utérine que Thystérecto-
mie partielle. En effet, le shock, l'hémorrhagie qui accompa-
(1) AnmUei de Gynécologie, février 1886, p. 91.
(2) Loe. eit,
(3) Tasnieb et BuniK. ï^aiti de Vart des accouchements, t. III, p. 588.
(i) Loe. eU.
(6) OentrM.f, GynëX., 1898, n^S, p. 240.
(6) Cènindb./. Gynak., 1898, n« 20, p. 551.
(7) OnUralh./. Gynàk,tlS99,B9U,p, 383.
{$) L' Obstétrique, 1999, V, 174.
(9) Annales de gynécologie, février 1900, p. 88.
258 DEUX CAS DE RUPTURE SPONTANEE DE l'uTBRUS
gtieat les déchirures de la matrice détermineat le plus souvent,
ainsi que cela s'est produit dans notre deuxième observation,
des accidents généraux graves qui forceront le chirurgien à
choisir l'opération dont la durée est la plus courte et qui risque
le moins d'augmenter le shock. A ce point de vue Tamputation
supra -vaginale est préférable à Tablation totale, et ce n'est que
dans les cas où Tétat général est resté bon que cette dernière
opération pourra être préférée.
l/hystérectomie totale sera surtout indiquée si, comme dans
notre première observation, la déchirure siège trop bas pour
qu'on puisse, après Thystérectomie supra-vaginale, fixer le
pédicule à la paroi abdominale. Mais même dans ce cas, si
Téiat général est mauvais, l'opérateur devra se désigner à faire
l'amputation supra-vaginale et abandonner le pédicule dans le
ventre.
ConclnaloBa,
Nous croyons pouvoir résumer, ainsi qu'il suit, les conclu-
sions qui nous paraissent découler de ce travail :
En présence des signes d'une rupture complète de l'uténis
survenue au cours du travail, il convient de terminer aussi rapi-
dement que possible l'accouchement par les voies natureUes.
On s'assurera ensuite, par le toucher intra-utérin, du siège et
surtout de l'étendue de la rupture, et on recherchera du côté de
l'abdomen les signes qui pourront traduire l'existence d'uu
épanchement intra-péritonéal. Si la rupture est très étroite, on
sera en droit de temporiser si l'on n'est pas familiarisé avec la
pratique de la chirurgie abdominale ; mais, pour notre part, nous
n'hésiterions pas, dans ce cas, et à fortiori dans les déchirures
larges, à pratiquer la laparotomie. Si les lésions sont très limi-
tées, la suture en sera rapidement faite ; les risques opératoires
dans des cas pareils sont réduits au minimum, et l'ouverture
aseptique de la cavité abdominale ajoute peu de chose à la gra-
vité du cas, tout en ayant l'avantage de faire découvrir parfois
des lésions plus étendues que celles que l'on était en 4roit de
supposer.
WEI8S ET 8CHUHL 259
Si les désordres sont graves, c'est à rhystérectomie supra-
vaginale que nous aurions recours de préférence, parce qu'elle
est plus rapide, parce qu'elle permet d'arrêter presque instan-
tanément une hémorrhagie menaçante et qu'elle est certaine-
ment Suivie d'un choc moins intense que Thystérectomie abdo-
minale totale.
Cette dernière opération doit être réservée aux cas où la
lésion siège trop bas pour que l'on puisse fixer le pédicule dans
la plaie, et encore faut-il que les accidents généraux ne soient
pas trop pressants: sinon, il vaut mieux abandonner le pédicule
dans le ventre en faisant un drainage convenable. Nous devons,
cependant, ajouter qu'avec la pratique que nous possédons
actuellement de rhystérectomie totale ou subtotale, nous ne
nous résoudrions à cette dernière alternative qu'en désespoir de
cause et si l'état général de la malade ne permettait pas les
manœuvres prolongées de l'ablation totale de Tutérus.
L'OVARITE SGLÉRO-KYSTIQUE
Par le D* A. Fralkla»
Ancien interne (médaille d'or) des hôpitaux,
Médecin résidant de l'hôpital Saint-André de Bordeaux.
L'étude des ovarites est de date presque contemporaine. Ché-
reau en France (1844), Tilt en Angleterre (1850) ont les pre-
miers appelé Fattention sur les inflammations de l'ovaire.
Rokitansky, en 1855, signala la transformation kystique des
follicules. Mais c'est, en somme, à Battey, Hegar, Cruveilhier et
Lawson Tait (1) que revient l'honneur d'avoir décrit avec détails
les lésions des ovaires scléro-kystiques et fait les premiers essais
thérapeutiques importants. Beigel, de Sinéty, Dalché (2) en 1885»
Yallin (3) en 1887, Cornil et Terrillon (4) la même année, Mon-
profit (5) en 1888, effleurèrent ce sujet, mais s'occupèrent sur-
tout des salpingo-ovarites prises en bloc, sans en démêler nette-
ment la forme scléro-kystique.
Aussi est-ce véritablement avec les recherches anatomo-
pathologiques de P. Petit (6) que la dégénérescence scléro*
kystique des ovaires est mise en vedette et décrite isolément.
Il serait injuste, cependant, d'omettre, quelque temps après»
l'excellente thèse de Conzette (7), avec les descriptions histo-
(1) Maladiet des ovaires, 1886, et Maladies des femmes.
(2) De Vovarite, Thèse Paria, 1885.
(3) Prolapsus des ovaires, Thèie Parii, 1887.
(4) Archives de physiologie, novembre 1887.
(6) Des salpinço-ovarites. Thèse Parie.
(6) Lésions de l'ovaire dans le varioocèle pelvien. Aouv. Areh. d'Ohst. et
Gynéeol., 1891. Ovarite et kystes de l*ovi^re. Ifouv, Arch, d'Ohst, et Oyné^
ool., 1888.
(7) Ovaires à petits kystes. Thèse Paris, 1890.
FRAIKIN 261
logiques de Pilliet et Rochon-Duvigneaud. D'ailleurs, Pilliet a
repris (1), lui aussi, les études de P. Petit et les a un peu modi-
fiées. Mais en ce qui concerne Tanatomie pathologique, si nous
citons encore Rollin et Reymond, enfin Pozzi et Labadie-Lagrave
et Legueu, qui, dans leurs Traités, n'accordent à cette affection
qu'une description écourtée, nous aurons tout dit.
Si les recherches histologiques ont été abandonnées depuis
1800 (date où parurent les études de Petit et Pilliet), il n'en a
pas été de même de la thérapeutique. Après les publications de
Hegar et de Battey, et sous la vigoureuse, éloquente et tenace
impulsion deL. Tait, les gynécologues pratiquèrent à outrance
la castration; mais il y eut des déceptions très nombreuses et
Tovariectomie, par un de ces revirements si fréquents, tomba
dans un discrédit aussi grand qu'avait été haut son apogée.
C'est alors que sous l'influence de Martin (de Berlin), et surtout
de Pozzi et ses élèves, le traitement conservateur fut mis en
œuvre.
L'ovarite scléro-kystique est donc encore mal connue; elle
n'est pas sufiisamment dégagée de l'ensemble des ovarites.
Jusqu'ici on l'a simplement envisagée comme une banale variété
anatomique. Pour nous (2), elle est plus que cela. Il s'agit d'une
véritable affection de l'ovaire causée par des phénomènes con-
gestifs ou inflammatoires, consécutive, il est vrai, à d'autres
lésions génitales, mais qui, une fois constituée, évolue progres-
sivement pour son propre compte, amène dans le tissu ovarien
des lésions profondes et occasionne des symptômes généraux
et fonctionnels particuliers qui en permettent le diagnostic.
(1) Hémorrhagies des ovaires sclôro-kystiques. Annaltiê de 'gynécologie,
nov. 1893. Etude anatomo-pathologique de l'ovarite scléro-kystique. Gaz,
Âehdom, de méd. et chirurgie, nov. 1890.
(2) Kos recherches ont porté sur l'examen histologique des ovaires et
trompes de 24 malades différentes, et sur un ensemble de 80 observations
cliniques, dont la plupart recueillies dans les services de nos maîtres^ MM.
les Professeurs Boursier et Démons.
D^^ Fraikik. Étude sur Vanatomie pathol, et la pathogénie de l'ovarite
êclérO'hgHique, In Gazette hcbd. des êo, médic, de ^orii^aiM;, août-septembre-
octobre 1899, et L*orarite scléro^kystique.Thhee de Bordeaux, novembre 1899.
iHY. I» GTX — VOL. un. IB
262 l'OVABITB SCLÉnO-KTSTtQVB
Cette dégénérescence prend ainsi la valeur d'une entité mor-
bide et on peut la définir ; une affection inflammatoire chro-
nique de l'ovaire, succédant le plus souvent à (a salpingite,
et caractérisée anatomiqucment par la sclérose primitive et
par des microkystes folliculaires secondaires.
Il va sans dire que cette dérinition, dont certains termes pour-
raient à première vue paraître trop catégoriques, s'expliquera et
se légitimera au fur à mesure de cette étude.
Anatomle pattmloglqne.
I. — Étude macroscopique- — 1° Ovaire. — L'ovaire peut
demeurer dans sa situation normale à côté de l'utérus, ou bien
il quitte la fossette ovarienne et tombe en prolapsus dans le
Pio. 1.
cul-de-sac de Douglas, y demeurant mobile ou au contraire s'y
fixant par des adhérences. L'ovaire est toujours plus ou moins
augmenté de volume ; celte hypertrophie, qui tient plus aux
kystes qu'à la sclérose, n'est d'ailleurs pas extrême. Et c'est là,
outre le nombre et les caractères des kystes, un des signes
qui le diflérencient de la maladie kystique de Pozzi. La glande
peut arriver au volume d'une grosse mandarine, mais c'est à
peu près le maximum.
Sa surface extérieure, portant quelquefois des adhérences, est
irrégulière, mùriforme ; ces bosselures sont dues à la présence
FRAIKIN 263
de kystes, qui soulèvent par endroits la couche de revêtement ;
autant de kystes périphériques, autant de bosselures.
Sur une coupe médiane, Taspect varie suivant le nombre des
kystes. S'ils sont rares, le parenchyme se présente sous Taspect
d'un tissu blanchâtre, formé par un feutrage de fibres entre-
croisées ; s'il sont nombreux, le çtroma diminue et arrive quel-
quefois à constituer de simples travées squelettiques; la subs-
tance de lovaire est formée d une série d'alvéoles, séparés par
de minces cloisons.
Ces kystes, qui donnent à l'ovaire une apparence caverneuse,
en ruche d'abeilles, ont un volume variable. Mais dans ce que
Ton est convenu d'appeler l'ovaire scléro-kystique, ils ont tou-
jours de petites dimensions ; parfois microscopiques, ils ont
souvent le diamètre d'un petit pois ; ils dépassent très rarement
la grosseur d'une noisette. Ils sont arrondis assez régulièrement,
situés pour la plupart à la périphérie, formant à la surface de
l'ovaire une tache transparente blanc bleuâtre, s'ils sont séreux,
noirâtre, s'ils sont hématiques, très adhérents au stroma avoisi-
nant et difficilement énucléables. Leur paroi est très mince et se
rompt avec la plus grande facilité.
Le liquide contenu est rarement caséeux, le plus souvent
séreux on bien hématique ; celui-ci n'est jamais coagulé ; il est
toujours fluide.
2^ Trompe. — Du côté de la trompe on trouve des lésions
variables, unilatérales ou bilatérales (très fréquemment), mais
presque toujours — et nous insisterons sur ce fait dans l'étude
histologique — il y a des lésions. Quelquefois, ces lésions ne
paraissent guère à l'œil nu ; on croit la trompe saine, et seul le
microscope la montre altérée ; ou bien, au contraire, l'oviducte
est volumineux, contourné sur lui-même, congestionné; les
franges du pavillon enflammé ne sont plus nettement dentelées;
elles sont agglutinées « comme une fleur de marguerite non
épanouie » (Pozzi). On peut trouver, vers la partie externe, de
petits kystes pédicules qui n'ont d'ailleurs aucun rapport patho-
logique et histologique avec les kystes folliculaires.
EnGn il est une lésion intéressante, qui peut coexister avec
264 l'ovarite scléro-kystiqub
l'ovarite scléro- kystique et jouer peut-être un rôle étiologique,
bien étudié par Richet, Devâlz (1), P. Petit, Palmer Dudley (2),
Coë (3) et que nous avons rencontrée chez une de nos malades :
c'est le varicocèle pelvien.
IL — Étude histologique. — 1« Ovaire. — La couche péri-
phérique peut être lésée ; pour P. Petit même, elle le serait d'une
manière constante. Souvent sur une épaisseur variable suivant
les cas, pouvant mesurer plusieurs millimètres, on trouve une
bande de tissu scléreux dans la partie la plus externe de la zone
corticale, mais cette lésion est très variable. Bien des fois, nous
avons trouvé peu ou pas de sclérose périphérique alors que,
d'autre part, l'ovaire était profondément atteint. Nous lie saurions
donc admettre dans son absolutisme l'afFirmation de certains
auteurs qui prétendent que les lésions partent toujours de la
périphérie, pour, de là, gagner le centre de l'organe.
Les lésions les plus constantes et les plus nettes sont celles
de la couche bvigène. Les follicules sont diversement altérés.
Beaucoup d'entre eux subissent l'atrophie. Enserrés par le tissu
de sclérose, ils perdent leurs caractères et disparaissent. L'ovule
n'existe plus ; le follicule atrophié n'est presque plus reconnais-
sable.
D^autres, au contraire, s'hypertrophient et deviennent des
kystes. — Un kyste folliculaire, arrivé à son complet état de
développement pathologique, ne représente plus qu'en partie
la structure du follicule normal. L'ovule a complètement disparu,
on n'en trouve plus traces. La membrane granuleuse elle-
même est très altérée. Le nombre de ses couches de cellules a
diminué ; elles sont repoussées excentriquement par la liquor
folliculi et se tassent les unes contre les autres, se déformant
réciproquement. En certains endroits, qui doivent correspondre
aux restes du cumulus proliger, elles sont encore disposées sur
deux ou trois couches, ou même plus; ailleurs, elles sont ré-
m ' '
(1) Thèse de Paris, 18c8.
(2) Ne9i^- York med. Journal, août 1888.
(3) Amerie, Journal of Obstet,, mars 1889.
FRÀIKIN 265
duites à une seule; par places même, elles font complètement
défaut. Cette sorte de couche épithéliale, ou bien adhère partout
à la paroi môme du follicule ; ou bien par endroits elle perd
contact, elle « gondole » ; ou bien même, rompue, elle flotte
par ses extrémités libres dans la lumière de Tovisac dégénéré
à la manière d'un ruban.
Quant à la theca folliculi, aux tuniques du follicule, elles
perdent en grande partie leur structure. La tunique lymphoïde
de Slavjansky se confond peu à peu, en se tassant et en dimi-
nuant d'épaisseur, avec les couches fibreuse et cellulo-vascu-
laire, et finalement toutes les couches sont réunies dans un
même tissu de sclérose formant une bande plus ou moins épaisse
sur laquelle repose directement Tépithélium.
Entre le follicule sain, normal, mûr, à ovule bien net, et le
follicule totalement altéré, il y a des stades évolutifs, des étapes
qui ménagent la transition et marquent les degrés de la trans-
formation pathologique. D'ailleurs, ces étapes sont difficiles à
saisir, et il n*est pas aisé de reconnaître quand un follicule est
sain, et quand il commence à devenir malade. Et les auteurs,
comme RoUin, qui déclarent avoir saisi sur le vif ce processus
de transformation, ne nous en démontrent pas bien nettement
les divers états successifs.
Cependant, si on ne peut pas vérifier absolument la gradation
pathologique, il est très simple de Timaginer. L'ovule disparaît
peu à peu, par manque de nutrition, et par l'augmentation du
liquide. Les cellules de la membrane granuleuse se tassent, se
compriment, et s'éloignent excentriquement. Elles forment des
couches de moins en moins nombreuses et peuvent même finir
par disparaître complètement en certains points chez les folli-
cules kystiques au plus haut degré.
Le contenu des kystes est un liquide séreux, ou hématique.
Le liquide séreux est transparent, fluide comme de l'eau, ou un
peu épais. 11 nous a été impossible d'étudier en détail ses carac-
tères chimiques, car on l'obtient en trop faible quantité. Nous
pouvons dire cependant qu'il est coagulable par la chaleur et
surtout par Falcool. C'est un liquide aseptique. Aussi bien à
266 l'ovarité scléro-rtstique
Texamen microscopique direct que parles cultures, nous l'avons
toujours trouvé exempt de microbes. Une seule fois, dans des
ovaires kystiques récemment enflammés, il contenait des sta-
phylocoques.
Au microscope, soit par Vexamen simple, soit après colora-
tions au picro-carmin en chambre humide, on reconnaît qu'il
tient en suspension des cellules à contours irréguliers, renfer-
mant des granulations graisseuses qui cachent le noyau : cel-
lules dégénérées de la membrane granuleuse, et d'autres cel-
lules, régulièrement arrondies, qui sont des leucocytes.
Le liquide hématique est toujours fluide, non coagulé. Ainsi
que l'ont bien montré RoUin et Pilliet, il est produit par une
hémorrhagie dans un follicule hydropique préexistant. Ces
kystes hématiques se différencient donc des kystes ménorrha-
giques décrits par Bœckel (1) formés par une hémorrhagie dans
un follicule non kystique et dans lesquels le sang constitue
un caillot.
Enfin, dans certains cas, selon Toupet, il s'agirait non d'hy-
dropisie du follicule, mais d'hydropisie de Tovule (Pozzi).
On conçoit qu'étant données ces diverses altérations des
follicules il existe très peu d'ovisacs sains. Ils sont en effet
excessivement rares, cependant, ils existent; un ovaire scléro-
kystique n'est pas fatalement stérile. Le fait est à retenir.
Étudions maintenant l'élément primordial du processus patho-
logique : la sclérose.
Elle se distingue histologiquement par la diminution ou l'ab-
sence des cellules allongées, fusiformes, du stroma ovarien
normal, par son peu de vascularisation (oblitérations plastiques
des vaisseaux) ; elle se présente sous l'aspect de fibres faisant
feutrage, plus ou moins serrées, suivant qu'il n'y a pas ou qu'il
y a de Tœdème interstitiel. On trouve çà et là, dans ce tissu
fibroïde, des amas de cellules embryonnaires et qui sont des
produits inflammatoires, de la sclérose au début.
(1) B(BCKBL. Kystes ménorrhagiquet de Tovaire. Gazette méd. de Straê^
haurg,p. 1861.
PRAIKIN 267
Ce tissu de sclérose afTecte dans sa disposition un mode
particulier. Nous avons déjà indiqué qu'on en trouve, d'une
manière non constante, à la périphérie, au niveau de l'albu-
ginée. Un point où on est toujours certain de la rencontrer,
c'est la région périfolliculaire . La zone fibro-scléreusetantôtcst
assez épaisse et forme un large anneau continu qui enserre le
follicule kystique ; tantôt elle n'existe que par lambeaux, avec
Fio. 2. — OT«ire Bcléro-kyBtique (préparation hUtoloRique).
I, Artères enflommée». — 2. Artère hÉHcine coupée longitudinalement. —
3. Veine. — 4. EetaBies lymphatiques. — 6. Follicules atropbiÉa. — 6. Cel-
lules embryonuairea inflammatoircii. — T. Stroma normal. — S, Kfite folU-
culnire. — 9. Séreuee péritonéale. — 10. Sclérose ; périkratique, pêriTM-
cnl^re, périphérique, dîBSËminée.
interruption de tissu sain; tantôt enfin elle forme de minces
bandes qui, partant de la région périfolliculaire, se dirigent
dans le stroma, où elles se perdent insensiblement. On peut
voir aussi de la sclérose autour de certains corps jaunes retar-
dés dans leur cicatrisation. Elle existe également dans la
région bulbaire, et, à l'encontre de P. Petit, nous l'y avons
trouvée très fréquemment. Enfm la sclérose peut être dissé-
minée au centre du stroma sous forme de plaques ou de bandes
étroites, de marbrures.
268 l'ovaritr scléro-kystique
A titre de lésions accessoires, il faut signaler le retard de
cicatrisation des corps jaunes qui peuvent même parfois devenir
kystiques, et l'œdème du stroma, constituant quelquefois de
larges lacunes, des pseudo-kystes.
D'autres lésions intéressantes sont celles qui portent sur les
vaisseaux. Pour P. Petit, elles seraient loin d'être constantes
et n'auraient pas une très grande valeur. Que ce soient les
artères du bulbe ou les artères périfolliculaires, les lésions sont
sensiblement ]es mêmes : ce sont des altérations d'endo-péri-
artérite. Les veines, moins souvent touchées, peuvent'présenter
de la'péri-phlébite . Les lymphatiques sont fréquemment dilatés
sous forme de vacuoles.
Il nous reste à parler d'une question extrêmement importante:
les altérations des fibres nerveuses. Il serait nécessaire d*ètre
absolument fixée leur sujet. En effet, le symptôme principal de
l'ovarite scléreuse, c'est la douleur. Ëst-elle due aux lésions
péri-ovariennes? Est-elle due, ce qui est probable, aux lésions
nerveuses ? Or, malheureusement même à Tétat normal, la
question des nerfs de l'ovaire est assez peu élucidée. Ce
sont des fibres de Remak, diflicilement décelables par les
procédés actuels. M. A. Dixon Jones (1) a montré, dans une
figure très nette, un filet nerveux « non medullated »
enserré dans une bande de sclérose qu'il traverse, mais il se
borne à indiquer la compression. Ce qui serait autrement
intéressant, ce serait de savoir si Ton trouve ici la périné-
vrite consécutive à la compression des filets nerveux, décrite
par Sawinoff, deMoscou, dans la salpingite parenchymateuse.
Malheureusement, cesrecherches sont très difficiles. Nous les
avons faites de deux manières. D'abord au niveau des troncs
nerveux, à leur passage dans le bile ; dissection déjà très labo-
rieuse sur un organe sain, et beaucoup plus difficile sur un
organe malade, déformé. Sur plusieurs ovaires nous l'avons
essayée en dissociant le hile et en examinantles débris de disso-
ciation au microscope après action de l'acide osmique. Ces
(1) Removal of tbe utérine appendïlgeâ. AnierU;an Jovrnal ofOhttet,^ 1888.
FRÀIKIN 269
recherches ont été négatives. Nos études sur les lésions des ter-
minaisons nerveuses, intra-ovariennes (par les méthodes de
Golgi et R. y Cajal, l'acide osmique, le chlorure d'or) n'ont pas
eu plus de succès.
Ce que nous pouvons dire, c'est que les fibres nerveuses sont
comprimées par le tissu de sclérose. Or, tout nerf comprimé
(radial, dentaire inférieur, etc.) devient douloureux et provoque
des névralgies. Rien de plus simple que d'expliquer ainsi les
douleurs et leurs irradiations diverses dans Tovarite sclcro-
kystique.
1® Trompe. — Dans tous les cas où nous avons pu examiner
les trompes (18 fois sur 24 malades), elles étaient altérées. Ce
sont des lésions de salpingite aiguë ou chronique (le plus sou-
vent) à forme parenchymateusehypertrophique végétante. Elles
se présentent ici avec leurs caractères habituels, bien connus,
sur lesquels il est inutile d'insister.
On a été assez longtemps avant de considérer la dégénéres-
cence scléro-kystique de Tovaire comme une maladie. Nagel,
Olsbausen, Ziegler, Léopold, regardent cet état comme physio-
logique. C'est là, à notre avis, une erreur. Même les ovaires
scléro-kjstiques non douloureux, que l'on trouve souvent àtitre
de découvertes de laparotomie pour fibromes, cancers, etc.
(nous en avons examiné plusieurs) sont malades, car ils renfer-
ment toujours quelques lésions de sclérose plus ou moins accen-
tuées. L'ovaire scléro-kystique est toujours un ovaire malade.
Mais comment devient-il malade ? Quel est exactement le pro-
cessus morbide ? C'est ce que nous devons maintenant
rechercher.
Édologle.
La dégénérescence scléro-kystiqueestextrèmementfréquente ;
elle est de tous les âges : on en a vu chez Tenfanl et chez les
vieilles femmes ; cependant elle se montre surtout pendant la
période d'activité génitale.
Elle reconnaît des causes déterminantes générales et locales.
Elle succède rarement à une ovarite aiguë ; elle est presque
270 l'ovarite scléro-kystique
toujours chronique d'emblée. Les causes générales sont rares ;
Tagent morbigène est alors amené dans Tovaire par voie arté*
rielle. L. Tait, Gallard, Dalché, ont observé des ovarites con-
sécutives aux maladies exan thématiques, au rhumatisme, etc.
La congestion est un facteur important. Les menstruations,
le varicocèle ovarien, les Obromes utérins, les grands kystes
de l'ovaire et du parovaire sont autant de causes de congestions
et par suite, d'après Martin, Truckmûller, L. Championnière,
Pozzi, Roussan, Conzette, autant de causes d'ovarite scléro-
kystique.
Cependant, il nous semble que ce n'est pas là la cause prin-
cipale ; la lésion qui nous paraît jouer un rôle extrêmement
important au point de vue étiologique, c'est la salpingite ; ceci
n'est pas une vue de Tesprit, mais un fait que nous avons
constaté pièces en main .
La salpingite peut se transmettre à Tovaire et l'enflammer de
diverses façons. Par contiguïté d'abord ; l'inflammation gagne
le pavillon de la trompe et de là, par la frange ovarique, le
pourtour de l'ovaire. Bien plus fréquente est la voie lympha-
tique. Ce qui le prouve, c'est que les lymphatiques sont tou-
jours plus ou moins altérés dans les ovaires examinés. Presque
tous les auteurs s'accordent sur ce point et nous avons nous-
même retrouvé ces lésions sur nos préparations. Quant à ce
qui ne passe ensuite, c'est le processus banal de toutes les
inflammations. 11 se fait une prolifération très active du tissu
conjonctif sous forme de cellules embryonnaires ; celles-ci finis-
sent par s'organiser en tissu adulte, fibreux, scléreux.
Reste une question,celle des vaisseaux . Quel est leur rôle dans
l'évolution morbide? Leurs lésions ne nous paraissent pas être
primitives, car elles ne sont pas constantes; nous croyons que
dans la majorité des cas elles sont consécutives à la sclérose.
Ces causes reconnues, étudions maintenant la pathogénie.
Pathogénle et éYolatlon des lésions.
Comment le follicule devient-il kystique ?
L'ovule perd son noyau et sa tache germinative, les cellules
FRÀIRIN 271
de la masse granuleuse s'accumulent à la périphérie, formant
la zone épithéliale ; la liquor folliculi, accrue par la fonte des
cellules de la granuleuse, distend le follicule.
Pourquoi le follicule devient-il kystique ?
Deux lésions principales sont en présence dans Tovairescléro-
kystique : les kystes et la sclérose. Les kystes causent-ils la
sclérose ? Est-ce la sclérose qui amène la formation des kystes ?
Tel est le problème. Paul Petit, Conzette, Segond^ Delaunay,
Berlius, Pozzi, attribuent le premier râle aux kystes. Le kyste
préexisterait, produit par la congestion ovarienne qui cause
une irritation multiplicatrice des cellules granuleuses, d'où
hypertrophie du follicule qui est d'ailleurs gêné dans son déve-
loppement normal par la coque fibreuse de péri-ovarite. Puis
celui-ci, devenu kystique, provoquerait tout autour de lui une
réaction inflammatoire du tissu conjonctif qui aboutirait à la
sclérose.
Conzette appuie cette thèse par l'argument suivant : On
trouve quelquefois, affirme- t-il, des microkystes de l'ovaire
alors qu'on ne voit nullement de sclérose. Or, dans tous les cas
où nous avons trouvé des kystes, nous avons aussi vu des
lésions de sclérose ; assurément, la sclérose n'est pas toujours
très épaisse, mais on en voit au moins quelques traces dans la
zone périfolliculaire.
De plus, Petit suppose que la sclérose péri-ovarienne est
nécessaire ; or, dans bien des cas, elle faisait défaut.
Aussi bien, nous ne voyons guère comment on pourrait
admettre qu'un follicule, par simple congestion, devienne kys-
tique. Le même phénomène se passe au moment de la mens-
truation. A rinstant où se produit l'éréthisme ovarien, la liquor
folliculi s'accumule dans l'ovisac, le distend, et celui-ci se
rompt. Pourquoi, alors que ce follicule se rompt à la ponte, ne
se romprait-il pas aussi lorsque d'autres congestions se pro-
duisent? Du moment qu'un follicule est distendu et qu'aucun
obstacle périphérique ne s'oppose à sa déhiscence (puisque la
péri-ovarite n'est pas constante), il n'a aucune raison de se dis-
tendre de plus en plus et de rester clos ; fatalement, il doit se
272 l'ovarite scléro- kystique
rompre. A la rigueur, nous admettons que le kyste, une fois
constitué, provoque par irritation la sclérose autour de lui;
mais ce que nous ne comprenons pas, dans cette hypothèse,
c'est comment le kyste lui-même s'est formé.
Autres critiques. Il semble naturel de supposer, en admettant
la théorie de P. Petit, que plus il y a de kystes, plus la sclérose
doit être étendue, puisque ceux-là sont les facteurs essentiels
de celle-ci. Il n'en est rien; le rapport inverse est même assez
fréquent ; on voit souvent de nombreux kystes avec une sclé-
rose relativement restreinte; et réciproquement, il n'est pas
rare de rencontrer des ovaires avec simplement un ou deux
kystes et presque entièrement scléreux. De même, plus les
kystes sont nombreux, plus les douleurs des malades, qui sont
subordonnées évidemment à la sclérose, devraient être vives ;
il n'en est rien encore, et les ovaires les plus douloureux sont
souvent ceux qui renferment le moins de kystes, mais qui sont
néanmoins fortement sclérosés. Faits qui s'expliquent très bien
au contraire dans notre hypothèse, car lorsque la sclérose est
intense et rapide elle ne laisse pas aux follicules le temps de
devenir kystiques ; elle les étouffe, et ils s'atrophient.
Nous savons bien que la théorie des kystes par rétention a
actuellement beaucoup d'adversaires et qu'elle a été trèsbrillam*
ment battue en brèche par Delbet. Mais ces critiques, qui peuvent
être justes en ce qui concerne les glandes en grappe comme la
mamelle, ne sont nullement applicables à l'ovaire.
En somme, lenvahissement de l'ovaire (inflammation micro-
bienne ou congestion) se fait par la périphérie (péri-ovarite),
mais surtout par la voie vasculaire (artérielle et lymphatique).
Les vaisseaux lymphatiques de la trompe transportent dans
l'ovaire les germes inflammatoires. Comme les vaisseaux sont
surtout développés au niveau des follicules et des corps jaunes,
c'est là que les lésions débutent et sont les pins intenses. Sous
l'influence de cette inflammation, il se fait une prolifération des
cellules embryonnaires qui se transforment par la suite ea
tissu flbro-scléreux. La sclérose débute donc dans la régioa
périfolliculaire. Le follicule, entouré comme d'une coque, dès les
FRÀIKIN 273
premières phases de la maladie, par ce tissu pathologique, ne
pourra effectuer sa rupture normale. La liquor folliculi va en
s'accroissant par la fonte des cellules de la granuleuse ; elle
distend Tovisac, qui, faute dedéhiscence, devient kystique. Ceci,
lorsque le follicule a été surpris à une phase avancée de son
développement. Si, au contraire, il était jeune, si surtout la sclé-
rose était très intense, il s*atrophie, étouffé, enserré par la sclé-
rose. Il se peut, du reste, qu'à son tour, par sa présence, le
kyste réagisse de son côté sur le tissu conjonctif et contribue
pour une part à augmenter ce processus irritatif.
Mais les vaisseaux artériels ou lymphatiques ne se trouvent
pas seulement dans la zone périfoUiculaire ; on en rencontre
aussi dans le reste de la substance corticale et de la substance
médullaire, particulièrement au niveau du bulbe. Là aussi se
manifeste Tirritation, là aussi se développent des lésions de
sclérose, constituant ces bandes, ces marbrures, ces plaques
disséminées çà et là irrégulièrement.
Nous trouvons ici, également, un argument contre la thèse
soutenue par P. Petit. Nous ne voyons pas en effet, comment,
en admettant sa théorie, on peut admettre la présence de ces
scléroses éparses. Si le kyste est la cause de la sclérose, celle-
ci doit être uniquement périkystique et on ne doit pas la trouver
ailleurs qu'autour des ovisacs. Comment alors comprendre
Texistence (signalée par P. Petit lui-même, nous le répétons)
de ces bandes de sclérose, sans connexion aucune avec les foUi-
cules, séparées des follicules par du tissu sain ?
Reste à expliquer, d'après notre théorie, la pathogénie de
Tœdèmeetles hémorrhagies. Rien déplus simple. On conçoit
facilement que si la circulation est gênée dans lovaire comme
elle Test inévitablement du fait des congestions répétées, et de
la sclérose rétrécissante des artères et des veines, agissant au
niveau du hileetdans la profondeur du parenchyme ; si, d'autre
part, la lymphe est versée en plus grande quantité par les vais-
seaux lymphatiques dilatés, le tissu conjonctif va s'infiltrer
comme il s'infiltre dans toutes les Régions de Torganisme où se
trouvent réalisées ces conditions ; et il y aura de Tœdème.
274 l'ovaritb sclêro-kystique
Quant aux hémorrhagies qui se font, soit dans les follicules
dilatés ou les corps jaunes, soit dans le tissu interstitiel, elles
s'expliquent également par les phénomènes congestifs et les
lésions vasculaires.
On pourrait enfin se demander, avec Pozzi, si les lésions
nerveuses ne sont pas les premières en date et si Tovaire ne
dégénère pas secondairement, par une sorte de trouble iro-
phique ; mais cette théorie est impossible à vérifier, puisque
malheureusement nous ne savons rien des altérations ner-
veuses.
Pour résumer cette discussion : dans le processus patholo-
gique de Tovarite scléro-kystique, la sclérose joue le premier
et le principal rôle, les kystes ne sont que secondaires.
S/iiipCoiiuitol<igl« «t Diagnostic.
Nous serons bref sur les symptômes et le diagnostic de cette
affection ; nous les avons ailleurs étudiés en détail ; il nous
suffira ici de les indiquer rapidement.
On peut les distinguer en symptômes fonctionnels, physiques
et généraux.
I. -^ Symptômes ionctiomxels. — Ce sont d'abord les
troubles de la menstruation : Taménorrhée (très rare) ; les
irrégularités cataméniales ; et surtout les hémorrhagies (méaor-
rhagies et métrorrhagies). D'habitude, ces hémorrhagies sont un
symptôme assez secondaire; les malades consultent plutôt pour
leurs douleurs que pour leurs pertes de sang. Toutefois, il existe
des exemples (nous n'en n'avons pour notre part jamais ren-
contré) où les hémorrhagies sont le symptôme fondamental,
pouvant mettre en danger immédiatement, par leur extrême
abondance, la vie des malades. L. Tait les qualifie d'hémorrha-
giesa intarissables» et mêmes foudroyantes a. Putnam, Jacobi
et Léopold insistent également sur ces hémorrhagies. Quant
aux leucorrhées, elles sont presque la règle, mais nous paraissent
être surtout sous la dépendance de la métrite et de la salpingite.
Enfin, les règles sont douloureuses ; Tétude de ce symptôme,
la douleur, doit maintenant nous arrêter.
FRÀIKIN 275
Les douleurs font rarement défaut. Elles précèdent parfois
de longtemps le début des lésions ; ou plutôt elles se montrent
alors que ces lésions sont peu accentuées et qu'elles ne sont
pas encore décelables par l'examen physique. Elles commencent
habituellement à se montrer au moment des règles, puis dans
les intervalles^ s'accroissant par les fatigues, la marche, atté-
nuées par le repos au lit. Les malades arrivent quelquefois à ne
plus pouvoir marcher ; elles avancent, courbées en deux ; dans
les formes graves de la maladie^ elles deviennent de véritables
infirmes.
Ces douleurs, qui se présentent sous la forme de tiraillements,
de lancements, etc., et qu'il est facile de distinguer des coliques
salpingiennes et des douleurs dues à l'expulsion de caillots à
travers le col utérin, siègent le plus fréquemment dans les
régions annexielles, au milieu d'une ligne allant de Tépine
iliaque antérieure et supérieure à la symphyse pubienne, à
trois doigts au-dessus de l'arcade (Bouilly). Assez souvent,
même si un seul ovaire est atteint, la malade déclare qu'elle
souffre des deux côtés ; parfois même, elle souffre du côté opposé
(douleur paradoxale de Labadie-Lagrave).
Enfin, ces douleurs s'irradient dans la région lombaire, la
région sacro-iliaque, les membres inférieurs, les plis ingui-
naux, les fesses, le périnée, le coccyx, le creux épigastrique.
Les phénomènes douloureux peuvent s'exaspérer pendant
le coït (dyspareunia des Anglais) et pendant la défécation
(dyschezia) .
Les douleurs, nou^ l'avons dit, existent le plus souvent. Elles
existent aussi lorsque l'ovarite scléro-kystique coïncide avec
d'autres lésions génitales, et nous sommes persuadé que beau-
coup des douleurs que Ton rencontre au cours des fibromes
utérins ou des grands kystes de Tovaire sont dues à la coexis-
tence d'un ovaire scléro-kystique. Nous en avons publié plusieurs
exemples qui semblent assez afiirmatifs.
IL — Symptômes physiques. — L'examen physique, pour
être complet, doit être pratiqué sur la table gynécologique dans
la position durso-sacrée. Le palper pourra montrer, en regard
276 I/OVÀRITE SCLÉRO-KTSTIQUB
des annexes malades, une zone limitée de contraction des muscles
de la paroi, et profondément faire sentir un corps arrondi, mobile
ou plus ou moins fixé. Cette pression est très douloureuse, par-
fois insupportable. On provoque la sensibilité spéciale, surtout
en exerçant une pression lente et profonde et en retirant brus-
quement la main.
Le toucher vaginal simple ne donne pas non plus de grands
renseignements. Par contre, le palper abdominal et le toucher
vaginal combinés sont d'un emploi précieux. En procédant pro-
gressivement, avec douceur, on arrive à saisir entre les doigts
les organes malades ; on apprécie leur consistance, leur volume,
leur surface. On trouve le plus souvent un ovaire bosselé, mar-
ronne, mûriforme, gros comme une noix ou une mandarine,
libre et mobile, ou au contraire fixé et englobé par des adhé«-
rences, situé à côté de l'utérus dont il est cependant séparé par
un sillon très net. Bien souvent aussi les annexes manquent d'un
côté ; on les retrouve alors dans le cul-de-sac postérieur, en
prolapsus dans le Douglas . Il est à remarquer que le volume
de l'ovaire paraît, à Texamen physique, souvent plus gros
qu'il n'est en réalité. On diagnostique un gros ovaire et, le
ventre ouvert, on reconnaît que la glande est à peine hyper-
trophiée.
Malheureusement, cet examen est douloureux ; presque tou-
jours l'exploration approfondie est impossible à cause des souf-
frances qu'elle provoque ; dès qu'on touche la glande, on déter-
mine une sensibilité spéciale, la sensibilité exquise (Gallard).
Aussi, bien des fois est-on obligé de pratiquer cet examen com-
plet sous le chloroforme ; on devra y recourir chaque fois que
Ton aura des doutes sérieux et que cela sera possible.
III. — Ssnnptômes généraux. — Les troubles que causent
les lésions ovariennes ne se bornent pas seulement aux troubles
fonctionnels. Elles peuvent retentir sur les divers appareils orga-
niques et donner lieu à des troubles généraux. Quelquefois elles
les engendrent de toutes pièces ; mais le plus fréquemment
elles ne font qu'accroître avec une plus ou moins grande inten-
sité des troubles déjà existants, au moins en germe.
FRAIKIN 277
Troubles digestifs. — Dilalation d estomac et phénomènes
dyspeptiques le plus souvent hypochlorhydriques ; la constipa-
tion est habituelle ; elle est due à Fétat digestif, au sexe, car les
femmes se laissent constiper avec la plus grande facilité, et
aussi parfois aux douleurs de la défécation signalées plus haut
qui poussent les malades à retarder de plus en plus le moment '
si pénible où elles vont à la selle. \
Troubles circulatoires. — Palpitations. i
Enfin, et surtout, troubles nerveux. — L'état mental est
presque toujours altéré. Les malades deviennent neurasthéniques
à forme hypocondriaque. De la neurasthénie elles ont certains
stigmates: les céphalées, le tremblement, et surtout Tidée fixe;
leur maladie devient leur préoccupation dominante (obsession
génitale). L*état mental est quelquefois excité ; mais, le plus
souvent, les phénomènes dépressifs dominent. Le caractère
devient changeant, susceptible; les malades pleurent facile-
ment. Parfois même l'hypocondrie va si loin qu'elle aboutit à
des idées de suicide. Ces malades ne sont pas des hystériques,
elles n'en ont pas les stigmates ; elles sont sur les frontières
de la grande névrose ; elles sont atteintes de ce qu'on pourrait
nommer la neurasthénie utéro-ovarienne.
Ce n'est pas à dire, toutefois, que ces ovariennes ne peuvent
pas être des hystériques. La question des rapports de l'hystérie
avec les lésions ovariennes et, notamment, avec les lésions
scléro- kystiques est intéressante. Les deux affections sont sou-
vent concomitantes. Y a-t-il simple concordance ou relation de
cause à effet? Et si Ton admet cette dernière hypothèse,
qu'est-ce qui commence ? Est-ce Thystérie qui engendre Tova-
rite? Cela est peu probable. L*hystérie peut engendrer Tova-
rialgie qui n'est qu'un mode de névralgie ; mais de là à pro-
duire des altérations anatomiques vraies, il y a loin.
Les lésions ovariennes peuvent-elles amener rhystérie?Les
opinions varient sur ce sujet : Bernutz résout le problème par la
négative. M"* S. Bowel, Tilt, Hegar, Championnière, Tissier,
au contraire, répondent affirmativement. Nous croyons égale-
ment que ces lésions peuvent amener l'hystérie, jouant là le
Avir. Di OTX. ^ VOL. un. 19
278 l'ovàritb sclbro-ktstiqub
rôle d'agent provocateur, comme tant d'autres causes si bien
étudiées dans la thèse de G. Guinon.
Enfin, lorsqu'on interroge attentivement les malades, on
découvre parfois chez elles certains troubles qui ressemblent
beaucoup à ceux de la ménopause : bouffées de chaleur, rou-
geurs subites, lassitude générale, crampes, vertiges, etc.
Il n'est pas jusqu'à la nutrition générale qui ne puisse souf-
frir de ces lésions; ces troubles trophiques généraux, compa-
rables à ceux des femmes castrées, s'expliquent par la prédo-
minance que prend chez la femme tout ce qui touche aux organes
génitaux, par la constance et par l'intensité des douleurs, et
aussi par la perturbation apportée dans le rôle physiologique
de la sécrétion interne de l'ovaire. Ces femmes sont paies, un
peu amaigries, ou au contraire douées d'embonpoint, à chairs
flasques, chloro anémiques, à tempérament paresseux et lassé,
à intelligence alentie, en état d'adynamie générale.
Quelle est la physiologie pathologique de tous ces troubles
nerveux?
En ce qui concerne les douleurs locales, nous avons déjà
indiqué que, d'après nous, il faudraitles attribuer à la compres-
sion des filets nerveux intra-ovariens par le tissu de sclérose.
Les lésions se bornent-elles à la compression, ou vont-elles plus
loin, c'est ce que nous ne savons pas. Rien d'illogique, rien de
hasardé cependant, à supposer que ces nerfs comprimés dégé-
nèrent, subissent la névrite et que cette névrite suivant une
marche ascendante gagne les troncs nerveux du hile et du liga-
ment large. Cette hypothèse expliquerait la fréquence des réci-
dives douloureuses qui se font sur les moignons de castration.
Dans le même ordre d'idées on peut faire intervenir, comme
causes provocatrices des douleurs, la péri-ovarite, les adhérences
qui engainent la glande malade.
Assurément, on objectera que toutes les malades ne souffrent
pas au même degré. Cela est vrai, mais cela dépend du degré
de la sclérose et de l'état pathologique des nerfs ; plus le tisso
scléreux est épais et serré, et plus il y a de fibres nerveuses
altérées. Il est vrai, cependant, que Ton rencontre des ovaires
FRÀIKIN 279
scléro-kystiques n'ayant entraîné aucune douleur (et qui sont,
dans ce cas, des découvertes de laparotomies). Il est vrai, par
contre^que certaines femmes, chez lesquelles les lésions sont peu
accusées, souffrent atrocement alors que d'autres, dont les
ovaires sont presque entièrement scléreux, se plaignent bien
moins. C'est là le point obscur du problème. Faut-il faire inter-
venir la névrite qui existerait dans le premier cas et non dans
le second? Ne faut-il pas aussi incriminer le tempérament des
malades, le terrain plus ou moins irritable sur lequel se déve-
loppent ces lésions ? Il se peut très bien que chez certaines
femmes déjà nerveuses, impressionnables, des lésions minimes
produisent une réaction excessive qui chez d'autres passeraient
presque inaperçues. Il se produirait ici quelque chose d'analogue
à ce qui se produit dans le varicocèle chez l'homme; et de
même que l'on dit que chacun fait son varicocèle à sa façon, on
pourrait dire que chaque femme est ovarienne à sa manière.
En ce qui concerne maintenant les troubles nerveux généraux,
Texplication est également difficile.
Il y a là cette question si mal connue de la relation entre le
système génital (homme ou femme) et le système nerveux géné-
ral, qui fait que les lésions génitales môme les moindres, par
préoccupation morale ou pour d'autres causes, peuvent influer
notablement sur l'état général. D'ailleurs, on s'explique assez
bien ces troubles fonctionnels lorsqu'on réfléchit à l'intensité
des douleurs, et on s'étonne assez peu de voir devenir hypocon-
driaqueSy irritables, des femmes qui souffrent continuellement,
qui ne peuvent rien faire, qui toutes'jeunes encore sont infirmes.
Nous nous demandons également si certains troubles gêné*
raux ne seraient pas sous la dépendance d'une diminution de la
sécrétion interne de l'ovaire, sécrétion qui parait assez bien
démontrée par les recherches de Curatulo et Tarulli, Spillmann
et Etienne, Jayle, Ferré et Bestion, etc. C'est, du reste, là un
point de la question que nous ne pouvons qu'indiquer, les données
physiologiques actuelles n'étant pas suffisamment approfondies
sur ce sujet.
La marche de l'ovarite scléro-kystique est essentiellement
280 l'ovaritb scléro-kystiqub
chronique et progressive. D'après Conzette, elle s'améliore par
la ménopause, si bien que vers cette époque il faudrait s'abste-
nir d'interventions. On avait prétendu, autrefois, qu'elle entraî-
nait la stérilité. Il n'en est rien, on retrouve encore sur les pré-
parations histologiques quelques follicules normaux et il ressort
des observations de Michaêli et de Pozzi que des femmes ayant
les deux ovaires scléro-kystiques et ayant subi la résection
partielle sont devenues enceintes. D'après Roussan, des kystes
hématiques rompus ont parfois donné lieu à une hématocèle.
Si, de plus, on se rappelle l'intensité des douleurs éprouvées par
les malades, la multiplicité des troubles généraux, même dans
certains cas la tendance au suicide, et si on songe à l'insuffi-
ôance fréquente des moyens thérapeutiques actuels, on com-
prendra combien est sérieux le pronostic de l'ovarite scléro-
kystique.
Il nous paraît presque inutile d'indiquer que l'ovarite scléro-
kystique n'engendre pas les grands kystes multiloculaires de
l'ovaire. Les deux affections peuvent coexister^ mais elles ne
procèdent pas l'une de l'autre. Cliniquement, la chose est
évidemment diiTicile à constater. Mais histologiquement, théo-
riquement, cette transformation est impossible. Les cysto-épi«
théliomes, à cellules cylindriques en une seule couche, n'ont
assurément aucune parenté étiologique avec les follicules kys-
tiques, dont le revêtement épithélial, cubique, pluristratifié,
irrégulier, est formé aux dépens de la membrane granuleuse.
Ainsi que l'on a pu s'en rendre compte par la lecture de
l'ensemble symptomatique décrit précédemment, le diagnostic
de l'ovarite scléro-kystique est très délicat. Beaucoup de symp-
tômes sont communs à d'autres affections utéro-ovariennes,
souvent concomitantes d'ailleurs. C'est un diagnostic que l'on
restera très longtemps avant de poser, car avant de l'affirmer
d'une manière certaine, il faut examiner souvent les malades,
les suivre assidûment, les examiner même sous chloroforme.
Mais, néanmoins, en s'appuyant sur quelques-uns des signes
fonctionnels qui sont plus particuliers à cette affection: les
douleurs, presque caractéristiques, (c exquises d ; les troubles
FRAIKIN 281
de la menstruation, la dyspareunie, les troubles de la défécation ;
sur rintensité des phénomènes généraux, souvent en dispro«
portion marquée avec les signes locaux, et plus particulièrement
des troubles nerveux, état mental, etc.; enfin, et surtout, sur
Texamen physique approfondi, souvent répété, qui doit lever tous
les doutes, c'est un diagnostic qui est parfaitement possible.
Nous savons bien que beaucoup de chirurgiens, et non des moin
dres, ne croient pas à la possibilité de ce diagnostic posé aussi
nettement. Et cependant, nous ne craignons pas de le répéter,
ce diagnostic est possible ; maintes fois nous avons pu poser,
avant Tintervention, le diagnostic vérifié ensuite d'ovarite
scléro-kystîque.
Donc, c'est un diagnostic que l'on peut, que Ton doit faire,
afin de diriger sa thérapeutique en conséquence. Ce n'est pas
là simplement une finesse clinique, sans autre valeur que son
esthétique propre ; c'est un diagnostic d*où découlent des con-
séquences graves : la conscience du pronostic, le choix de l'in-
tervention ; pronostic et thérapeutique qui, au moins, ne sont pas
dangereux quoad vitarrij alors qu'il n'en est plus du tout de
même quand il s'agit, par exemple, d'un pyosalpinx.
Nous n'étudierons pas ici dans ses détails le diagnostic dif-
férentiel ; disons simplement qu'il faudra, d'après ses symptômes
propres, distinguer rovarite scléro-kystique de : la métrite
simple ou hémorrhagique, la salpingite aiguë ou chronique,
les collections enkystées de la trompe(hydrosalpinx, pyosalpinx,
bématosalpinx) ; les autres ovarites non kystiques, la maladie
kystique de l'ovaire (Pozzi), le prolapsus simple de l'ovaire,
les reliquats de périmétrite et d'hématocèle, les petits fibromes
sous-péritonéaux pédicules, la rétroflexion, l'appendicite, etc.
Il n'est pas rare de trouver chez la femme des signes fonc-
tionnels sans que pour cela on reconnaisse des lésions ana-
tomiques qui les expliquent : nous voulons parler de l'ovarialgie
des hystériques et des névralgies pelviennes.
Ce diagnostic, très diflicile, est des plus importants. Les
hystériques, les névropathes simples même, ont assez souvent
des douleurs ovariennes qui ne sont pas toujours causées par
282 l'ovàrite sclbro-ktstique
des lésions anatomiques. Or, autant nous croyons qu'il est utile
d'intervenir quand les ovaires sont kystiques, alors que des
lésions nettes expliquent ces douleurs ; autant nous semble
contre-indiquée la castration chez les nerveuses simples, dont
les ovaires sont sains. Le diagnostic est d^autant plus difficile
que, nous Tavons déjà vu, Tovarite peut être une cause d^hys-
térie. On ne pourra le faire que par l'examen sous chloroforme
qui permet de reconnaître les caractères de l'ovaire, et par la
constatation des stigmates particuliers.
Quant aux névralgies pelviennes, sur lesquelles insiste
Richelot, on sait qu'elles ne sont guère admises par tous.
Richelot (1) y range les phénomènes douloureux, graves, per-
manents ou rebelles, qui siègent dans Tutérus ou les ovaires,
ne correspondant à aucune lésion définie, et s'accompagnant
d'un état névropathique. Au fond, nous croyons avec Donnet (2)
et Labadie-Lagrave qu'elles sont probablement des névralgies
symptomatiques et sont causées par des lésions de Tutérus ou
des annexes, altérations quelquefois minimes, souvent dispro-
portionnées avec le degré de la douleur, altérations qui ne
sautent pas aux yeux et qui même parfois ne sont bien mani-
festées que sous le champ du microscope.
En résumé, le diagnostic est quelquefois impossible et seule
la laparotomie, lorsqu'on lajugera nécessaire, pourra le trancher.
Cependant, le plus souvent, le diagnostic net, ferme, d'ovarite
scléro-kystique pourra être porté; mais ce ne sera que par une
analyse serrée des symptômes et il faudra savoir observer lon-
guement, patiemment et prudemment, en n'hésitant pas, pour
peu que Ton ait des doutes persistants, à pratiquer un examen
sous chloroforme qui souvent lèvera tous ces doutes.
Lorsque sera posé le diagnostic, on cherchera, par l'étude
des commémoratifs et l'étude physique, à reconnaître la ou les
causes, afin de diriger sa thérapeutique dans la vraie voie.
Enfin, on se demandera si l'ovàrite est double ou unilatérale,
(1) BlOHBLOT. Ilyitérectomie vaginale. PariB, 1894.
(2) Thèse de Paris, 1895.
FRÀIKIN 283
de quel côté elle siège, ce qui n'est pas toujours aussi facile
qu'on pourrait le croire, et* sans se laisser tromper par les carac-
tères quelquefois paradoxaux de la douleur ; on cherchera si
Tovaire est situé normalement ou en prolapsus, s*il est mobile
ou s'il existe des adhérences. Quant à savoir exactement
l'étendue des lésions, et dire si Ton pourra se contenter de
l'ignipuncture, de la résection partielle, ou s'il faudra tout
enlever, c'est là un problème qu'on ne peut résoudre qu'au
cours de Tintervention, pièces en mains.
Thérapeatiqoe .
L'ovarite scléro-kystique doit être, au point de vue thérapeu-
tique, envisagée sous deux modalités bien différentes : ou bien
elle est découverte au cours d'une intervention pour fibrome
utérin, cysto-épithéliome de l'ovaire, etc., et n'intervient qu'à
titre de phénomène surajouté, secondaire; ou bien, au contraire,
elle existe seule, domine la scène, et acquiert ainsi la valeur
d'une entité morbide. C'est du traitement de cette deuxième
variété, a l'ovarite maladie », que nous nous occuperons ici.
Le traitement médical: repos, toniques, bromure, hydro-
thérapie, stations thermales, opothérapie (1), injections, panse-
ments, révulsions, est le plus souvent impuissant, tout au
moins lorsque la maladie est nettement confirmée. Cependant
il doit être essayé à titre d'expectation, d'épreuve, pendant une
période minimum de trois mois (Doléris).
Des opérations palliatives ont été préconisées ; telle Topé-
ration de Polk (2), libération simple des adhérences péri-
annexielles. Pozzi pratique fréquemment sur la trompe des
opérations restauratrices, autoplastiques : salpingostomie et
salpingorrhaphie (3) ; il les recommande surtout comme com-
plément de la résection ou de l'ignipuncture.
(1) Jatle. Presse médicale, 1896.
(2) Société de gynécologie américaine, 1887. American Journ, of ObHetriCf
juin 1887.
(3) Traité de gynécologie, 2* (dition, et Bemw de gynéeol, et chirurgie
abdominale^ n9 1.
284 l'ovarite scléro-ktstiqub
Le meilleur traitement, contre une affection aussi difficile,
semble être la castration. Et cependant il n'en est rien , comme
nous allons essayer de le démontrer ; la castration, toute radicale
qu'elle paraisse^ ne donne souvent que des insuccès ou des
résultats très passagers.
En général, on se contente, dans la castration, d'enlever les
ovaires sans toucher à Tutérus. Cependant parfois, lorsqu'il y a
péri-ovarite et pelvi-péritonite, que l'utérus est enveloppé dans
une gangue d'adhérences serrées, on peut être contraint de
pratiquer Thystérectomie vaginale, enlevant en même temps
Tutérus et les annexes.
Hegar et Battey senties premiers qui aient, de parti pris,
pratiqué Tablation des ovaires pour troubles nerveux. On sait
que Hegar fit la première castration (1872). Battey, quelque
temps après, la pratiqua à son tour; mais comme Fauteur
allemand ne publia son observation que bien plus tard, la prio-
rité revient en réalité au chirurgien américain; aussi cette
opération porte-t-elle à juste titre son nom. La castration eut
beaucoup de contradicteurs au début; puis, sous Fimpulsion
vigoureuse de L. Tait, elle prit une vogue considérable (1),
actuellement, il se produit une réaction en sens inverse et
beaucoup de chirurgiens sont devenus très peu intervention-
nistes.
La castration peut se pratiquer par deux voies : abdominale
ou vaginale. D'un côté comme de l'autre, la technique opératoire
(qu'il nous semble inutile d'indiquer ici) est, en général, très
facile et rapide. La castration abdominale permet de voir com •
modément les lésions, ce qui est un grand point ; on se rend
compte si l'affection est uni ou bilatérale et on ne s'expose pas
ainsi à enlever un ovaire sain ou au contraire à laisser dans le
ventre un ovaire malade. La castration par la voie vaginale a
certains avantages incontestables. Elle ne laisse pas de cicatrice
visible; la guérison est un peu plus rapide; elle semble moins
grave que la laparotomie, mais, d'un autre côté, lorsqu'il existe
* , - ■ ■ . — - , ■
(1 CitoDSi en Fronce : Péan, Lucas -Championnière, Terrier, Terrillon.
FRAIKIN 285
des adhérences, elle est difficile à exécuter ; elle demande un
diagnostic absolument sûr.
Quel que soit le procédé utilisé, étudions les résultats donnés
par la castration.
Voici d'abord, en ce qui concerne les troubles douloureux
fonctionnels :
Conzette, Tissier (1), Dixon Jones, Magnin (2) admettent
que Topération fait disparaître complètement les douleurs, soit
immédiatement, soit peu après.
Cependant, tous ne partagent pas cet optimisme. Si nous
nous en rapportons à nos observations personnelles, nous
voyons que certaines malades sont portées comme guéries, et
que d'autres, au contraire, continuent à souffrir comme aupara-
vant ; les douleurs sont surtout manifestes, chez quelques-unes,
au niveau des moignons de Toosalpingectomie, à côté de
l'utérus.
Que faut-il penser de ces dissentiments? Il se peut que,
lorsqu'on opère trop tard, la compression simple du début ait
fait place à de la névrite, propagée dans les troncs qui se ren-
dent dans la trompe et même plus loin ; on n'enlève alors qu'une
partie du mal, et il existe toujours des lésions nerveuses hors
d'atteinte qui entretiendront les troubles névralgiques.
On peut invoquer aussi, pour expliquer cette récidive des dou-
leurs, les adhérences qui se forment autour des moignons liga-
mentaires et les tiraillent. La ligature en masse du pédicule
ne provoque-t-elle pas des névromes douloureux comme on en
observe dans les mauvais moignons des membres amputés? Il
y aurait assurément intérêt, au Jieu de faire la ligature totale
du ligament large, à isoler les vaisseaux et à les lier séparé-
ment sans toucher au reste du pédicule.
Et d'ailleurs, sans nullement mettre en doute la véracité des
auteurs qui affirment la guérison, nous croyons que beaucoup
de ces guérisons ne sont dues qu'à une interprétation trop
(1) Thèse Paris, 1885.
(2) Thèse Paris, 188C.
286 l'ovarite sgléro-kystique
hâtive des cas sur lesquels ils s'appuient. Dans beaucoup des
observations que nous avons parcourues, on porte guéries des
malades qui sortent de Thopital trois semaines ou un mois
après l'opération et que Ton ne revoit plus dans la suite. Or,
très souvent, les malades sont améliorées pendant un temps
plus ou moins long après l'opération, puis elles recommencent
à souffrir. Nous avons vérifié le fait chez nombre de nos
malades, dont nous avons suivi quelques-unes pendant plus de
trois ans après l'intervention.
Toutefois, nous ne doutons pas que certaines malades ne
retirent un notable bénéfice de la castration; mais il nous
semble que c'est la minorité ; et cette mutilation ne nous paraît
pas donner les résultats constants qu'on serait en droit d'en
attendre.
Voyons maintenant les résultats pour les troubles nerveux
généraux. La névropathiesimple est rarement améliorée. En ce
qui concerne l'hystérie, les opinions sont très divergentes.
Terrier, Tissier, Dalché, citent des guérisons ; Kirmisson,
Magnin, Conzette, ne croient guère qu'à l'amélioration de la
névrose; de même Terrillon (1), Pamard (2), Playfair (3), sont
beaucoup plus pessimistes. Pour notre part, nous n'avons jamais
observé de modifications; par contre, chez une de nos malades
qui était probablement hystérique avant, les crises n'ont apparu
que quelque temps après la castration. L'hystérie peut en effet
succéder à la castration (Debove, Mathieu).
Conséquence plus grave: la castration^ dont le bilan curatif
est assez triste, amène souvent chez les opérées l'apparition
de nouveaux troubles qui se surajoutent aux autres et viennent
aggraver la situation déjà si pénible de ces malheureuses
femmes: ce senties troubles delà ménopause post- opératoires,
dus vraisemblablement à l'abolition de la fonction interne de
l'ovaire. Us ont été décrits par divers auteurs [Lissac (4),
(1) Salpingites et ovarites^ 1891.
(2) 9« Congrèi de chirurgie, séance du 26 octobre 1895.
(3) British med. Journal, 1891.
(4) Thèse de Paris, 1896.
FRÂIKIN 287
Martin (1), Gouillaud (2), Glœveke (3), Grammatikati (4),
Chavin(5)].
Ce sont des phénomènes congés tifs : bouffées de chaleur,
vertiges, rougeurs, épistaxis ; des troubles de nutrition géné-
rale : adipose exagérée ; un état neurasthéniforme : céphalées,
insomnies, phénomènes dyspeptiques, palpitations, asthénie
neuro-musculaire, troubles du caractère, parfois même de la
folie. Tous ces symptômes peuvent quelquefois être portés à
un point extrême et mettent les malades dans un état beau-
coup plus triste qu*auparavant.
Aussi y a-t-il lieu de se préoccuper de trouver un remède à
ces divers phénomènes. Jusqu'à ce jour, c'est encore Topothé-
rapie qui convient le mieux [Jayle (6), Mond, Lissac, Chro-
back (7), Bestion (8), Mossé (9)]. On donne l'ovaire en
tablettes, en pilules ou en extraits glycérines. D'après nos
observations personnelles, les extraits sont préférables, et en
ingestion buccale. Mais les résultats ne se montrent qu'autant
qu'on maintient le traitement ovarien. Dès qu'on le cesse, les
troubles reparaissent avec les mêmes caractères qu'auparavant.
Peut-êtrey aurait-il lieu d'essayer la greffed'ovaire? Glass (10)
aurait obtenu un succès complet.
La castration ne suffit donc pas, malgré ses allures radi-
cales, pour amener à coup sûr la guérison de l'ovarite scléro-
kystique. Elle doit surtout, à notre avis, être une opération de
nécessité, un pis-aller, qu'il faut éviter autant que possible,
principalement quand les lésions sont bilatérales, et à laquelle
(1) Thèse de Paris, 1893.
(2) Lyon médical ^ 7 novembre 1892.
(8) Areh./ûr ûyn., 1889.
(4) Otntralb.f, Oyn., 1889.
(5) Thèse de Paris, 1896.
(6) Preue médicale^ mai 1896.
(7) Centr,fûr Oyn., juillet 1896, et Semaine médicale, 20 mars 1896.
(8) Thèse de Bordeaux, 1898.
(9) Thèse de Toulouse, 1899.
(10) Médecine moderne, 81 mai 1899.
288 l'ovaritb sclbro-kystiqub
on aura recours seulement pour les lésions trop étendues où
les autres modes de traitement seront inapplicables.
On s'est donc préoccupé de chercher des opérations qui
puissent donner des résultats meilleurs, tout en causant moins
de dégâts. C'est surtout sous Tinfluence de Martin (de Berlin),
de Pozzi (1) et ses élèves, de Raguin (2), de Matthaei, que les
opérations conservatrices ont pris pied dans la thérapeutique
ovarienne.
Elles peuvent se diviser en deux classes : Tignipuncture, et
la résection partielle. Inutile de décrire la technique opératoire ;
elle est très simple et a parfaitement été étudiée dans les tra-
vaux de Pozzi. Les opérateurs qui ont mis en œuvre Tignipunc-
ture déclarent en avoir retiré les meilleurs résultats. Cepen-
dant, au dire même de Pozzi, la résection est préférable.
Cet auteur, dans son dernier article de la Revue gynécolo»
gique, donne le tableau de 62 observations de malades qu'il
a traitées soit parTignipuncture, soit surtout par la résection
(de 1891 à 1897. Statistique totale).
Sur ce nombre, 4 ont été opérées depuis peu de temps ;
10 n'ont pas été revues.
11 en reste 48 qui ont été revues de six mois à cinq ans après
leur opération.
33 ont été guéries entièrement ou, au moins, très améliorées;
7 n'ont retiré aucun bénéfice; chez 8, il a fallu recourir à des
opérations itératives pour persistance des douleurs.
12 opérées sont devenues enceintes et 1 Ta été deux fois.
Ces grossesses ont donné : après opération conservatrice uni-
latérale, 7 accouchements normaux et 1 fausse couche; après
opération conservatrice bilatérale, 3 accouchements normaux
et 1 fausse couche.
Sur 31 cas rapportés par M. A. Martin (de Berlin), sauf 3,
(1) Pozzi. Annales de gynécologie^ mars 1893. — Rente de gynécologie
et chirurgie abdominale, 1897, n» 1.— Delaunay. Thèse de Paris, 1893.
— DONNET. Thèse de Paris, 1895.
(2) Raguik. Thèse de Paris, 1894.
FBAIKIH 289
toutes les malades ont été gaéries ou très améliorées ; 5 soat
devenues enceintes.
Sur 6 malades observées par Matthaei, 5 sont devenues
enceintes. Toutes ont été guéries.
Routier (1) est moins optimiste. Pour lui, la marche de la
dégénérescence kystique et de la sclérose est fatale, condam-
nant tôt ou tard à la dégénérescence toute portion de l'organe
qu'une opération parcimonieuse aurait conservée.
Le principe de la méthode est, en effet, peut-être, critiquable.
Ainsi que nous Tavons vu sur nos préparations, la sclérose
n'est pas seulement limitée au niveau des kystes ; elle est
diffuse, et Ton ne peut prétendre, en enlevant tous les kystes,
enlever en même temps toute la lésion, car il reste de la scié*
rose susceptible d'amener des récidives kystiques. Comment
expliquer ce résultat paradoxal, mais indéniable, que la résec-
tion réussisse alors que la castration, plus radicale, qui enlève
tout, est impuissante? C'est d^abord qu'on ne fait la résection
que sur des ovaires assez peu malades, à lésions limitées. Il
est possible que, consécutivement à Tablation de la plus grande
partie malade, le reste subisse une marche régressive et que
la sclérose disparaisse en partie. Il faut faire intervenir aussi,
à l'avantage de la résection, la conservation d'une partie de
l'ovaire, ce qui met à l'abri des troubles de ménopause anticipée.
Quelquefois, cependant, la résection a été faite pour des
ovaires trop profondément atteints, la sclérose continue sa
marche, et les douleurs récidivent, nécessitant une opération
itérative.
Du reste, on ne fera pas toujours, de parti pris, la résection ;
elle ne suffit pas à tous les cas ; on ne doit se décider que pièces
en mains. Si les lésions sont trop étendues, on devra se résoudre
à la castration qui n'est qu'un pis-aller.
La résection, au point de vue strict de l'anatomie patholo'
gique, n'est peut-être donc pas très logique, car elle est for-
cément incomplète. Cependant, tout incomplète qu'elle est.
(l) Sneiétéâe chirurgie, 6 octobre 1891.
290 l'ovàritb sgléro- kystique
elle parait très suffisante : les faits cliniques sont là, bien obser-
vés, et observés très longtemps, et ils proclament que si la
résection partielle et Tignipuncture ne procurent pas à tout
coup la guérison, elles Tamènent le plus souvent, plus sou-
vent assurément que la castration.
Deux autres variétés d'opérations conservatrices ont été
aussi préconisées tout récemment; mais elles n'ont pas subi le
contrôle du temps et nous ne savons pas exactement quelle
est leur valeur: c'est la section du sympathique sacré, proposée
par M. Jaboulay (1), et la dilatation ano-rectale, préconisée
par M. A. Poucet (2).
En somme, les opérations conservatrices donnent de meil-
leurs résultats que la castration; elles ne sont pas plus diffi-
ciles à pratiquer, ni plus graves. Elles ont cet immense avantage
qu'elles laissent Torgane au point de vue fonctionnel; les
malades n'ont pas de troubles généraux de ménopause post-
opératoire, troubles souvent sérieux, toujours gênants; les
règles sont conservées ; enfin les opérées peuvent devenir
enceintes et faire des accouchements normaux.
On avouera que ces différents points de vue ont tous une
réelle importance.
(1) Semaine médicale^ 18 janvier 1899.
(2) Semaine médicale ^ 22 février 1899.
DYSTOCIE PAR FIBROMES UTERINS
Par M. G. Lepage»
Agrégé de la Faculté,
Accoucheur de la Pitié (1).
Vous avez tous lu Tintéressant mémoire de notre collègue
M. H.Delagenière (du Mans), sur les a Indications opératoires
dans les cas de fibromes compliqués de grossesse (2) » ; la
lecture de ce travail m*a engagé à vous communiquer l'obser-
vation d'une femme enceinte dont l'utérus était fibromateux et
chez laquelle j'ai pratiqué l'opération de Porro dès le début du
travail. Cette malade est la même que celle dont M. Delagenière a
résumé le premier accouchement sous le titre : « Observa-
tionlV 9.
L'observation que je vous apporte peut être intitulée :
Grossesse à terme dans un utérus fibromateux, Ilémorrhigie grave liée à
une insertion basse du placenta. Opération de Porro, Guérisùn, Enfant
vivant.
Le 30 mars 1899, se présentait dans mon cabinet une secondiparc,
mariée depuis quelques années seulement et ayant déjà dépassé la
quarantaine ; c'est une femme de grande taille, paraissant de bonne
santé habituelle. Elle me demandait de l'assister au moment de son
accouchement, en me disant que le premier accouchement avait été
terminé artificiellement et que l'enfant était mort plusieurs jours
avant Taccouchement, à la suite d'hémorrhagies répétées.
Cette femme était enceinte de cinq mois environ; les dernières
règles avaient eu lieu du 26 au 29 octobre 1898.
(1) Oommutnication à la Société d'obstétriquâf de gyivécologieet depœdiatrie
de Parist février 1900.
(2) Voir Anmle* d^ gynécologie, février 1900, t. 53, p. 81.
292 DYSTOCIE PAR FIBROMES UTERINS
Les mouvements actifs de Fenfant avaient été perçus le 12 mars 1899.
Cette dame me raconta qu'elle avait récemment consulté un gynéco-
logiste fort distingué, qui lui avait déclaré que vraisemblablement les
difficultés qui avaient existé lors du premier accouchement ne se
reproduiraient pas cette fois-ci.
Ce fut également mon impression première, Texcavation étant
absolument libre, et Tutérus paraissant régulièrement développé, bien
qu'un peu volumineux.
De chaque côté cependant, vers la partie inférieure de Futéms, sur-
tout du côté gauche, on sentait une induration fibromateuse.
Je revis cette malade à cinq ou six reprises, de la fin de mars à la
fin de juillet ; h aucun moment cette femme ne me présenta d'albu-
mine dans les urines.
Au fur et à mesure que la grossesse évoluait, il me semblait que
les difficultés de l'accouchement seraient de plus en plus sérieuses.
Le 2 mai, par exemple, je constatais que le fœtus était très élevé, en
présentation transversale, et en cherchant, par le toucher et le palper
combinés, à me rendre compte de l'épaisseur des parties molles qui
séparaient mon doigt vaginal du fœtus, je constatais qu'il y avait 1&
une épaisseur tout à fait anormale.
Dès le commencement d'avril, j'avais correspondu, au sujet de cette
malade, avec mon excellent ami M. Delagenière, du Mans, qui Favait
assistée lors de son premier accouchement. Il me répondit en
m'en voyant une note que je suis heureux de reproduire ici :
« Nous sommes appelé, le 21 mars 1897, dans le département de
FOme, par nos confrères, MM. C... et B..., auprès d'une dame C...,
primipare de quarante ans, qui présentait tous les signes d'un placenta
prœvia et dont l'accouchement ne pouvait se terminer.
« Le ventre est volumineux et distendu par une masse irrégolière
formée par l'utérus gravide. L'enfant ne donne pas signe de vie, et
les confrères qui ont soigné la malade, en font remonter la mort à
douze jours. Le travail ne s'est pas fait, la malade a eu plusieurs
hémorrhagies, qui ont nécessité des tamponnements du vagin .
« Le col de l'utérus est représenté par une fente antéro-postérieure
refoulée à gauche ; une grosse masse dure est sentie dans le bassin,
dont elle occupe toute la partie droite.
« Au-dessus de cette masse, par le palper, on sent la tète de Fenfant,
peu mobile, mais nullement engagée. A la suite de l'examen, pratiqué
avec la plus grande prudence, la malade a une hémorrhagie inquiétante
LEPAGB 293
que nous cherchons à arrêter en appliquant dans le col utérin un
ballon de Ghampetier de Ribes, que nous distendons avec force. Le
sang s'arrête et nous laissons le ballon deux heures en place. Au bout
de ce temps, après avoir décidé Tapplication du forceps sur la tête que
nous savions où trouver, et après avoir repoussé l'idée de tenter une
version, dans la crainte de perdre un temps précieux à la recherche
des pieds on d'amener un accident tel que la rupture de la matrice, nous
vidons le ballon : le sang s'écoule immédiatement.
a Nous introduisons rapidement la main dans le col dilaté, puis, avec
cette main, nous dirigeons le forceps vers la tète, que nous saisissons.
Pendant cette application de forceps, qui n'a demandé que quelques
secondes, le ^ang s'est écoulé en abondance. Toute compression de
l'aorte était rendue impossible à cause du volume du ventre. Dès que
la tète est saisie, nous l'abaissons fortement, et aussitôt le sang s'arrête.
t Nous cherchons alors à engager la tète dans la fente antéro-pos*
térieure, formée par le segment inférieur de la matrice. Après bien
des manœuvres de rotation, rendues difficiles par la nécessité de tou-
jours tirer sur la tête, pour empêcher le sang de couler, nous finis-
sons par engager la tête et par extraire Tenfant.
c Aussitôt après l'accouchement, l'hémorrhagie se renouvelle, le sang
conle à flots, la malade perd connaissance ; introduisant la main dans
l'utérus, nous rencontrons le placenta inséré très bas sur la partie
latérale gauche du col.
c Nous le décelions rapidement, enlevons tous les caillots contenus
dans la matrice, puis faisons une irrigation très chaude (ÔO^) dans la
cavité de l'utérus. Pendant ce temps, nous faisons faire une injection
de sérum artificiel de 1,500 grammes sous la peau.
t Au bout d'un quart d'heure, la malade retrouve ses sens, mais elle
est absolument exsangue. Son utérus s'est contracté, et on trouve
alors facilement les tumeurs fibreuses qui le distendent.
• Cette malade s'est rétablie sans autre incident que la formation
d'une vaste escarre sèche produite sur la face externe de la cuisse par
l'injection de sérum artificiel qui contenait un peu d'acide phénique^
suivant la formule de Ghéron.
t Nous avons eu l'occasion de la revoir à la fin de l'année 1898. Sa
santé est bonne. Cependant son utérus lui parait augmenter de volume
et elle se plaint de troubles de compression du côté de la vessie. »
En même temps que cette note, M. Delagenière m'adressait une
lettre dont j'extrais les passages suivants :
ASX. OR QtS. — VOL. LUI. 20
294 DYSTOGIB PAR FIBROMES UTÉRINS
« Le premier enfant est mortet la malade a couru elle-même les plus
grands dangers. Pour moi, mon opinion est laite ; si je lui donnais
mes soins, à la fin du huitième mois de sa grossesse, je lui ferais une
césarienne suivie d'une ablation totale. Si le fœtus mourait ayant, je
lui ferais une hystérectomie totale. »
Ges renseignements m'étaient précieux; toutefois, je me demandai
si mon ami Delagenière ne mettait pas trop facilement sur le compte
des fibromes les hémorrha^es et la mort dn fœtus, qui*mc semblaient
beaucoup plutôt résulter d*une insertion vicieuse du placenta coïnci-
dant avec la fibromatose utérine ; je me demandai s'il ne se laissait
pas entraîner par les qualités de chirurgien hardi et habile que nous
lui connaissons ; j'espère qu'il y avait quelque chance que cette femme
accouchât naturellement, sans intervention chirurgicale. J'eus occasion
de causer de cette malade avec le D** Bouilly, qui l'avait vue dans le
courant de mars ; il me déclara qu'il avait^ en effet, rassuré la malade,
sans toutefois pouvoir rien affirmer au sujet de la terminaison de
l'accouchement.
Au commencement de juillet rutéms était très'développé ; le fœtus,
déjà volumineux, était en situation transversale, la tète au-dessus de
la fosse iliaque droite, le siège répondant a l'hypocondre gauche. Préoc-
cupé de rissue de cette grossesse, j'exigeai une consultation : la malade
fut alors examinée dans son cabinet par le professeur Pinard, qui
déclara qu'il était impossible de formuler un pronostic ; qu u Textrôme
rigueur, raccouchement pourrait se terminer par les voies naturelles,
mais qu'on pouvait être amené à extraire le fœlus par la voie abdominale.
Malgré ces éventualités, la malade ne voulut pas suivre mon conseil
et entrer dans une maison de ssnté, comme devraient le faire plus
souvent les femmes enceintes dont raccouchement peut exiger des
opérations sérieuses et urgentes, telle que l'opération césarienne ou
même la symphyséotomie.
Dans la nuitxlu 30 au 31 juillet, Mf^^ X... éprouve quelques légères
douleurs et perd du sang en petite quantité vers 4 heures du matin.
Je la vois à 8 h. 1/2 du matin, pas de contractions utérines. Le fœtus
est toujours très élevé, en position transversale, dos en avant, tète h
droite. Par le toucher et le palper combinés, il est impossible aux
doigts vaginaux d'atteindre la partie fœtale. Le col est très élevé et
l'on sent qu'une masse épaisse de consistance mollasse occupe tout le
segment inférieur et empêche la descente de la partie fœtale : cette masse
remonte presque à mi-chemin de l'ombilic et de la symphyse. L*ezca-
LBPAGB 295
vation est complètement vide. Malgré Tabscncc de douleurs, et en me
basant sur les examens antérieurs, il me semble difficile que le fœtus
puisse traverser sans danger la partie inférieure de Tutérus occupée
par des fibromes et probablement par le placenta. Il me semble que la
\Taie conduite rationnelle est Topération césarienne, pratiquée avant
que la vie de Tenfant n*ait été menacée par des hémorrhagies sembla-
bles à celles qui se sont produites lors du premier accouchement.
A 1 h. 1/2 de Taprès-midi, le professeur Pinard vient examiner la
malade et conseille d'une manière formelle Textraction du fœtus par
la voie abdominale. L'opération est décidée pour 5 heures du soif, et
la malade est transportée vers 5 heures dans une maison de santé
voisine. Il y a urgence et il importe de faire diligence pour que la vita-
lité du fœtus ne soit pas' compromise. Elle est prise à son arrivée de con-
tractions assez énergiques et perd du sang en assez grande quantité ;
cette hémorrhagie augmente pendant un bain qui est donné comme
mesure de désinfection.
L'hémorrhagie continue abondante alors même que la femme est sortie
du bain. Le vag^n est rempli de caillots volumineux et les bruits du
cœur fœtal sont notablement accélérés. La femme a un peu pÀli
depuis 1 heure. A 5 heures du soir, après anesthésie chloroformique
pratiquée par mon interne, M. Mouchotte, Topération est pratiquée
avec Taide de mes amis, les "D^* Baudron, accoucheur des hôpitaux, et
Rndaux, chef de clinique de la Maternité de Beaujon, et Tassistance
de M'** Joffrin, sage-femme de mon service. La désinfection des orga-
nés génitaux et de la paroi abdominale est pratiquée un peu hâtive-
ment, car l'hémorragie utérine est menaçante pour le fœtus et même pour
la mère, dont le pouls s'est beaucoup accéléré. Au toucher, on trouve
un orifice utérin, dilaté comme I franc, refoulé en avant par une
tameur qui occupe la partie postérieure et supérieure de l'excavation.
La partie fœtale est inaccessible. Il est décidé qu'en raison môme de
l'état général un peu mauvais de cette femme, on pratiquera, l'opéra-
tion la plus facile qui donnera lieu au moindre écoulemement sanguin,
l'opération de Porro, si toutefois il est possible de faire un pédicule.
Incision de la paroi abdominale, qui est d'une minceur extrême. On
agrandit l'incision au-dessus de l'ombilic pour permettre de faire bas-
culer l'utérus hors de la cavité abdominale. Bien que l'utérus soit sur-
tout dével<9pé transversalement, une incision médiane prolongée sur
le fond de l'utérus permet d'extraire rapidement un garçon pesant
4,590 grammes, qui est très pâle.
296 DYSTOCIE PAR FIBROMES UTÉRINS
n n'est ranimé, sans insufflation, qn'an bout de huit à dix minutes.
Il s'est écoulé une assez grande quantité de liquide amniotique.
^ Bien que la partie inférieure de Tutérus soit occupée presque en
totalité par des fibromes pour la plupart ramollis, il semble possible de
faire un moignon, ce qui parait préférable, étant donné Tétat hémor-
rhagique de la femme, étant donné que la désinfection vaginale a été
nulle ou à peu près pendant les jours qui ont précédé Taccouchement .
Une première ligature élastique est placée un peu trop bas en avant et
semble toucher presque la partie supérieure de la vessie, qui est très
étirée par en haut. On la remplace par une ligature xm peu plus haut
située et qui comprend encore un pédicule suffisant. On évide une
partie de ce moignon, qui est ensuite touché au thermo-cautère. La
paroi abdominale est tellement mince qu'on pratique seulement deux
plans de sutures : l'un, profond, comprenant toute l'épaisseur de la
paroi au fil d'argent ; l'autre, superficiel, avec des crins de Florence.
Le moignon est fixé à la paroi* abdominale à sa partie supérieure à
l'aide d'un fil d'argent. Une broche est placée en avant.
Les quatre premiers jours qui suivent l'opération, la température
maxima est de 38°,2 et le pouls oscille entre 70 et 90. Pas de nausées
ni de vomissements. La malade urine spontanément et émet des gaz
dans les vingt-quatre heures qui suivent l'intervention. Le pansement
vaginal est enlevé le 2 août.
5 août. T. m., 38o,3 ; T. s., 39<>,3. Le soir le pouls est fréquent et
oscille entre 110 et 120. La malade a des sueurs profuses et est très
altérée. La langue est sèche et vernissée. On change la mèche iodo>
formée qui entoure le pédicule.
Le 6. T. m.^ 38o,l ; T. s., 38<>,4. Même sensation de chaleur. Sueurs
profuses. La malade a quelques vomissements dans l'après-midi, suc-
cédant à l'ingestion d'une potion à l'extrait mou de quinquina. Pas de
sensibilité de l'abdomen. Les mouvements profonds de l'inspiration ne
déterminent aucune douleur.
Le 7. T. m., 37o,3 ; T. s., 39o,4. Le matin on fait un premier panse-
ment dans lequel on enlève quelques crins de Florence superficiels.
La plaie parait très bien réunie par première intention. Il existe à la
partie supérieure de cette plaie un peu de rougeur érythémateuse sans
chaleur ni tuméfaction. Le pouls est toujours fréquent. Les nausées
ont cessé. La langue est vernissée. Galomel, 0 gr. 50. Cachets de benzo-
naphtol.
LBPAGE 297
Le 8. T. m., 3do,l ; T. s., 38o,4. Même état. Saeurâ pi*ofuses et soif
vive.
Le 9. T. m., 38o,ô; T. s., d«^92. On enlève tous les points de suture
profonds et superficiels. Réunion parfaite de toute la plaie abdominale.
La rougeur érythémateuse a disparu. Le moignon est en train de se
sphacéler à sa partie supérieure.
Le 10. T. m., 37%8; T. s., 3o,67. La malade se trouve mieux. La
soif est moins vive et le pouls diminue de fréquence .
Le 11. T. m., 37»,4 ; T. s., 37o,7.
Le 12. T. m., 36o,9; 37o,3. En faisant le pansement, le pédicule
tombe laissant une plaie d'une profondeur de 7 centimètres environ. Il
s'écoule de cette plaie une petite quantité de pus bien lié. Un tube à
drainage en U est introduit dans la plaie. Pansement avec de la gaze
au salol et de la gaze stérilisée. Les jours suivants la température
redevient normale.
Le 16. T. m., 36o,7; T. s., 37^,1. On remplace le tube en U par
deux tubes à drainage : Tun gros comme le petit doigt, Tautro d'un
calibre inférieur. Il n'existe pour ainsi diro plus de suppuration.
Le 16. On recommence à mettre au sein l'enfant qui y avait été mis
à diverses reprises les premiers jours, mais avec d'assez grandes diffi-
cultés. Les seins sont peu volumineux et ne laissent sourdre que peu
de liquide.
Le 19. Pansement. Pas de suppuration. On supprime le plus petit
des drains. Pendant une injection avec de l'eau napbtolée, on cons-
tate que le liquide sort par le vagin.
Le 22, la malade quitte la maison de santé pour rentrer chez elle.
Elle commence à allaiter son enfant d'une manière régulière. On note
jusqu'à la guérison complète une éruption furonculeuse se produisant
en deux poussées sur toute la paroi abdominale ; le tube à drainage
est laissé en place jusque vers le 10 septembre. Une fistulette com-
muniquant avec le vagin ne se tarit définitivement qu'au commence-
ment de novembre.
ExAMBif DE l'utérus BULBYiâ. — Elxamen macroscopique. — L'uté-
rus reposant sur sa paroi postérieure, la face antérieure se dessine
globuleuse, présentant sur la ligne médiane une incision d'une lon-
gueur de 22 centimètres. Les lèvres de Tincision ont une épaisseur
de 3 centim. 1/2. Par l'ouverture, on aperçoit le placenta qui est inséré
sur le segment inférieur et la face postérieure. On aperçoit également
le cordon. L'amnios est décollé du placenta et flotte autour du cordon.
298 DYSTOCIB PAR FIBROMES UTÉRINS
Cette face antérieure est tapissée de péritoine sur toute son étendue.
Sur les parties latérales de l'utérus le tissu utérin est à nu par«ulte
de la section des ligaments larges. En haut, de chaque côté, section de
la trompe et des vaisseaux tubo-ovariens ; en avant, section du liga-
ment rond.
La face postérieure de Tuténis apparaît recouverte de péritoine sur
toute son étendue. Au-dessous de la zone recouverte de péritoine est
une large surface cruentée qui a été déterminée par la section supra-
vaginale du col. Cette surface cruentée est subdivisée en deux : une
partie périphérique, de coloration rosée, mesurant 3 centimètres de lar*
geur et formée de couches concentriques : c'est la coupe du segment
inférieur ; une partie centrale, de coloration vineuse, de consistance
mollasse, présentatU quelques gros vaisseaux: c*est la coupe du placenta
qui slnsère sur le segment inférieur.
La main introduite dans la cavité utérine, ne peut sortir par Tori-
fice de section du segment inférieur, car cet orifice est complètement
oblitéré par le placenta adhérent.
A la partie latérale et inférieure gauche de Vutérus est appendue une
masse du volume de deux poings, formée en partie de tissu fibromap
teux dur, en partie de tissu jaunâtre, gélatineux, iuHltré de sérosité san-
guine. A droite, répondant à la partie moyenne de la section du ligament
large correspondant, existe, reliée au tissu utérin par un pédicule, une
masse du volume d'une noix, jaunâtre, fibreuse, parcourue de sillons.
Examen hisiologique, pratiqué par M. BizÉ, chef de laboratoire. —
c Sur les parties latérales de l'utérus enlevé, on constatait, de chaque
côté, l'existence d'une tumeur du volume d'un abricot environ et net-
tement pédiculée.
« La tumeur du côté gauche présente la même coloration que le tissu
utérin : elle est dure, résistante ; la surface de coupe est blanc rosé.
« L'examen histologique permet de constater que cette tumeur pré-
sente les caractères habituels des fibromyômes. Sur certains points de
la coupe, les fibres musculaires prédominent, tandis qu'en d'autres
points le tissu est nettement fibreux.
c< La tumeur du côté gauche présentait un aspect translucide gélatineux,
elle était mollasse; la coupe succulente laissait écouler un liquide
mucoîdepeu abondant.
« L'examen histologique montre, sur les coupes, des noyaux nettement
colorés, la plupart fusiformes, quelques-uns triangulaires ; enfin, quel-
ques noyaux arrondis.
LBPAGB 299
« Autour des noyaux, une mince couche de protoplasma présentant
les mômes formes, et envoyant des expansions protoplasmiques qui
paraissent s'anastomoser avec les expansions des cellules voisines.
c Les corps cellulaires sont séparés par des intervalles considérables.
Ces intervalles sont occupés par un réseau de fines fibrilles colorées
en rose, se dessinant sur un fond coloré en rose beaucoup plus clair.
« En certains points de la tumeur, les cellules, beaucoup plus nom-
breuses et plus serrées,prennent Taspect du sarcome fuso-cellulaire.
c Çà et là on aperçoit, sur la coupe, des espaces clairs, de véritables
vides ; ceux-ci sont de deux ordres :
c lo Les uns volumineux, à contour polycyclique, sans paroi propre,
sans endothélium, sont divisés en alvéoles de volume irrégulier par
des travées de tissu conjonctif mal coloré. Quelq[ues-unes de ces cavi-
tés contiennent des débris cellulaires granuleux se colorant mal ; quel-
ques-unes constituent ainsi de véritables fissures au milieu de cel-
lules dégénérées. Ces cavités sont évidemment le résultat de la fonte
d'un certain nombre de cellules, fonte d'où résulte la formation de
véritables kystes;
« 2* Les autres espaces clairs correspondent manifestement à la coupe
de vaisseaux sanguins .
« Résumé : l^ fibromyôme ; 2^ myxome kystique. Tumeur bénigne
dans son ensemble, avec quelques réserves au point de vue de la
récidive. »
Cette observation est un exemple de plus de la fréquence de
l'insertion du placenta sur le segment inférieur dans les utérus
fibromateux ; il semble bien que, dès la première grossesse, ce
soit cette même complication qui ait entraîné la mort du fœtus.
Il est à noter que, pendant la seconde grossesse, il ne s'est
produit d'écoulement sanguin que le jour même de l'opération ;
et, cependant, il s'agit bien d'un cas des plus graves d'insertion
vicieuse du placenta.
Quelques accoucheurs n'hésiteraient pas, en efTet, à ranger
cette observation parmi le cas d'insertion centrale, puisque la
section pratiquée sur la partie inférieure de l'utérus a intéressé
le placenta qui recouvrait, sans être décollé, Torifice interne
Il est vrai que, sur la photographie, on voit le placenta inséré
sur toute la face postérieure de l'utérus. Il est regrettable que,
300 DT8TOGIE PAR FIBROMES UTERINS
par suite d'erreur de technique, cette pièce n*ait pu être bien
conservée pour être étudiée en détail.
L'obstacle qui s'opposait à la sortie du fœtus était double : il
était constitué tout à la fois par les tumeurs fibromateuses et
parle placenta. II est impossible de dire si Textraction du fœtus
eût pu être faite par Torifice utérin ; mais, en raison même de
l'abondance de rhémorrhagie qui a eu lieu pendant l'heure qui a
précédé notre intervention et qui continuait encore au moment
où nous sommes intervenus, en raison de la situation du pla-
centa dans la cavité utérine, on peut affirmer que le fœtus
n'aurait pu être extrait vivant par cette voie.
Au point de vue de la mère, les accidents graves liés à Thé-
morrhagie qui ont été observés lors du premier accouchement
se seraient, sans doute, encore renouvelés.
Il nous semble donc que notre intervention a été légitime et
qu'il y aurait eu même intérêt à la faire quelques heures plus tAt
si les circonstances l'avaient permis. Nous ne croyons pas,
toutefois, qu'il eût été utile de faire cette intervention dès la
fin du huitième mois, comme le pensait notre ami Delagenière.
Il faut remarquer qu'ici il y avait dystocie par les fibromes,
bien que, cependant, ils fussent remontés au-dessus de Texca*
vation, ou mieux, bien qu'ils fussent toujours restés au-dessus
du détroit supérieur.
N'y a-t-il pas quelque exagération de la part des accoucheurs
qui prétendent que la dystocie fibromateuse n'existe, pour ainsi
dire, que quand les fibromes intra-pelviens rétrécissent la filière
osseuse, et qu'au contraire, si l'on a la chance de pouvoir
repousser ces fibromes au-dessus du bassin ou de les voir
remonter spontanément au cours du travail, la dystocie a cessé.
Sans doute Taccouchement par les voies naturelles, bien que
difficultueux, se termine ainsi même souvent spontanément,
mais dans nombre de cas le fœtus ne résiste pas aux compres-
sions qui s'exercent sur lui pendant sa traversée du segment in-
férieur. Dans quelques cas même, l'extraction est, pour ainsi dire,
impossible, en raison de la saillie que forment les tibromes dans
la cavité utérine, créant ainsi un véritable rétrécissement utérin ;
LBPAGB 301
ce rétrécissemente empêche la sortie du fœtus et l'introduction de
la main ou des instruments destinés à l'extraire. MM. Vautrin
et Schuhl (de Nan(;y) ont récemment publié (1) un cas de ce
genre, avec figures àTappui, dans lequel la main ne put pénétrer
complètement dans Tutérus, ce qui fit renoncer à l'extraction
par les voies naturelles.
S'il faut être sobre d'interventions dans les cas où toutes les
chances sont en faveur d'un accouchement par les voies natu-
relles d'un enfant vivant, il ne faut cependant pas trop compter
sur les ressources delà nature lorsque les fibromes sont prasma,
non réductibles et compliqués d'insertion basse du placenta :
rintervention par la voie abdominale, en même temps qu'elle
est très utile au fœtus, sauvegarde souvent les intérêts de la
mère en la mettant à l'abri, par une opération radicale, des
complications qu'on observe assez souvent chez des femmes
dont l'utérus est envahi par la fibromatose. Sous certaines
réserves — et, en particulier, sous la réserve d'attendre le
début du travail — je partage l'opinion de MM. Vautrin et
Schuhl lorsqu'ils disent : v On a tout lieu de penser que, devant
l'innocuité relative de l'hystérectomie abdominale obstétricale,
il ne faut plus pratiquer l'expectation à outrance dans les cas
difficiles. Si l'on met en balance les inconvénients qui résultent
de cette expectation : la mort de l'enfant, la prolongation du
travail, l'infection qui peut en résulter, l'épuisement de la mère,
et, d'autre part, les dangers bien réduits de l'hystérectomie
abdominale totale, on est amené à conclure en faveur de l'indi-
cation de plus en plus légitime et de plus en plus fréquente de
rintervention chirurgicale. »
Je ne veux point discuter les indications relatives des diffé-
rents procédés d'amputation utérine et des opérations conser-
vatrices telles que les myomectomies.
Dans notre observation, l'opération césarienne conservatrice
était nettement contre-indiquée, ainsi que la myomectomie ; le
(1) De l'hystérectomie abdominale totale pour fibrome, pendant le travail.
L'OhtUtrique, mars 1899.
302 DTSTOGIE PAR FIBROMES UTERINS
décollement du placenta, volumineux et inséré bas, eût proba-
blement donné lieu à une hémorrhagie grave ; l'énucléation des
fibromes eût été impossible en raison de leur masse et de leur
siège.
La question se pose de savoir s*il eût mieux valu recourir à
l'hystérectomie totale qu'à Topération de Porro. Je n'ai point à
reproduire ici les arguments très sérieux invoqués en faveur
de Thystéroctomie abdominale totale et que MM. Varnier et
Delbet on fait ressortir dans leur mémoire (1), ainsi que Font
fait, après eux, MM. Vautrin et Schuhl, Delagenière, etc. La
raison déterminante qui me fit recourir à Topération de Porro,
c*est qu'en raison même de l'urgence de l'intervention, le vagin
n'avait pas été suffisamment désinfecté ; il me paraissait plus
prudent de faire un pédicule extra-abdominal et surtout de
réduire au minimum le traumatisme et la quantité de sang per-
due chez une femme qui avait eu une hémorrhagie grave dans
la journée. Je dois dire cependant qu'en raison même de l'élé-
vation du col, l'hystérectomie totale n'eût point présenté les
difficultés qu'on rencontre parfois lorsque cette opération est
faite dans le cas de rupture de l'utérus, ou de fibrome enclavé
dans l'excavation. L'observation que je rapporte fournit même
deux arguments en faveur de la supériorité de l'hystérectomie
abdominale totale sur l'opération de Porro : le premier argument
est tiré de la longueur de la cicatrisation parfaite, qui a
demandé trois mois, bien que la malade ait pu se lever au bout
de vingt-cinq jours ; le second argument résulte de l'examen
histologique qui laisse quelques doutes sur la nature bénigne
de la tumeur. Malgré cela, je crois que les intérêts immédiats
de ]a malade ont été mieux sauvegardés par l'opération de
Porro que par l'hystérectomie totale.
Je voudrais maintenant aborder quelques-uns des points de
thérapeutique qui ont été soulevés par H. Delagenière dans sa
communication. Le titre même de son mémoire sur « les fibromes
(1) fiétroflexion complète de Tutérus gravide à terme. Obstruction pel-
vienne par un fibrome adhérent. Hjstéreotomie abdominale totale. Quérison*
Annales de gynécologie, février 1897, p. 102 à 128.
LBPAGE 303
compliqués de grossesse » indique qu'il a un peu négligé le
point de vue obstétrical ; un accoucheur aurait dit, en effet,
tt grossesses compliquées de fibromes d. Après avoir fait res-
sortir combien le pronostic était difficile à formuler en raison
même des nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte,
après avoir montré que souvent — je dirais volontiers presque
toujours — le fibrome dans Tutérus gravide est quantité négli-
geable en raison de son siège et de son petit volume, il n'hésite
pas à affirmer (1) que « la malade est exposée à un grand
nombre d'accidents prévus ou imprévus qui doivent faire délais-
ser absolument la méthode de la délivrance par les voies natu-
relles ». H. Delageniére veut sans doute ici parler des cas où
un fibrome volumineux et non ramolli obstrue plus ou moins
complètement la filière pelvienne; car un peu plus loin, page 12,
ildit : « Si la grossesse et Taccouchement nous paraissent
devoir se faire normalement, nous n'hésitons pas à déconseiller
toute intervention et à laisser marcher la grossesse, quitte à
intervenir en cas d'accident imprévu. »
C'est justement là qu'est la difficulté, celle de savoir si
Taccouchement pourra se faire normalement; de plus, à l'heure
actuelle, il ne suffit pas de penser que le fœtus pourra être
extrait par les voies naturelles, il faut encore que cette extrac-
tion ne soit pas trop laborieuse pour compromettre la vie du
fœtus.
Ce n'est que dans des cas exceptionnels qu*on peut, au cours
de la grossesse, juger d'une manière à peu près certaine que
la sortie d*nn fœtus vivantest impossible parles voies naturelles
obstruées par un fibrome dur et non réductible ; il y a intérêt, en
pareil cas, à intervenir le plus près possible du terme de la
grossesse, sans attendre que le travail soit déclaré. J'ai vu à la
Maternité de Beaujon, dans le service de mon maître, M. Ribe-
mont-Dessaignes, une femme chez laquelle cette indication
était nette en raison du volume et de l'immobilité de la tumeur
fibreuse enclavée à la partie postérieure de l'excavation.
(1) Loe, eiUt p. 10.
304 DYSTOCIE PAR FIBROMES UTÉRINS
Ces faits sont exceptionnels comme doivent l'être les acci-
dents de compression du rectum et de la vessie dont parle
H. Delagenîèreet dont ilfait des indications absolues d'inter-
venir, a 11 en sera de même, dit-il, des accidents qui peuvent
arriver au fœtus, hémorrhagie par insertion inférieure du pla-
centa, apoplexie placentaire amenant la maladie, puis la mort
du fœtus, etc. » Nous ne pouvons partager entièrement cette
opinion ; sans doute, lorsqu'on est appelé auprès d'une femme
depuis longtemps en travail, dont Tutérus fibromateux contient
un fœtus en voie de putréfaction, il y a intérêt à pratiquer
l'ablation de cet utérus infecté, surtout lorsque l'extraction par
les voies naturelles semble devoir présenter de très grandes
difficultés; mais, au contraire, lorsque le fœtus est mort, —
tant qu'il n'y a pas début d infection utérine, — on peut espé-
rer extraire le fœtus sans produire de lésions maternelles.
D'ailleurs, si H. Delagenière avait mis en usage la pratique
qu'il conseille lors du premier accouchement de notre cliente
commune, cette dame n'aurait pu devenir enceinte à nouveau
et n'aurait pas actuellement un enfant vivant.
Si j'insiste sur ces détails, c'est qu'à l'heure actuelle on tend
à intervenir un peu trop au cours de la grossesse : c^est la ten-
dance qui se dessine dans la thèse (1) récente (janvier 1900) de
M.L. Lucas, élève de M. Pelassus (de Lille), lorsque dans ses
conclusions, il dit : « L'hy stéréotomie abdominale totale est
indiquée dans les cas de troubles graves dus à des fibromes
compliqués de grossesse ; elle est indiquée au même titre que
si les fibromes existaient seuls . » 11 y aurait lieu de préciser
quels sont ces troubles graves qui indiquent l'intervention au
cours de la grossesse : il faut, pour intervenir vers le cinquième
ou sixième mois de la grossesse par l'hystérectomie abdominale
totale, que les troubles observés menacent réellement les jours
de la mère ; il n'est pas juste de dire que les indications sont les
mêmes que si les fibromes existaient seuls. La présence d'un
(I) Des indication* de Vhjfstéreetoviie abdominale totale dam le traitement
dêê fibrome» compliquée de g roêeesie, Thèae Paris, janvier 1900.
LEPAGE 305
fœtus vivanl, mais encore viable, doit d'autant plus arrêter le
bistouri qu'après sa sortie de Tutérus à terme ou près du terme,
on verra souventles accidents même sérieux disparaître. Il y a,
du fait de la grossesse, une complication temporaire des
fibromes, de telle sorte qu'après Taccouchement telle femme
dont les fibromes avaient donné lieu à des phénomènes de com-
pression assez marqués n'en souffre plus lorsque son utérus est
revenu à l'état de vacuité.
Il est un autre point à discuter : c'est de savoir si, après
avoir décidé l'hystérectomie abdominale, il faut enlever l'utérus
sans l'ouvrir, comme une tumeur. Quand le fœtus est mort,
cette intervention est légitime, surtout si l'on redoute un com-
mencement de putréfaction ou si les phénomènes de putréfac-
tion sont manifestes. MM.Varnier et Delbet l'ont pratiquée avea
succès et de propos délibéré. Il n'en est pas de même quand le
fœtus est vivant; je ne trouve pas suffisantes les réserves faites
à ce sujet par M. L. Lucas dans sa thèse lorsqu'il dit : « Quant
à savoir s'il sera souvent prudent d'enlever en totalité l'utérus,
sans en avoir préalablement retiré le fœtus, nous ne saurions le
discuter ici, nous manquons pour cela de documents ; mais, en
tout cas, la chose est assurément possible, puisque notre maître
a mis ses théories en pratique, ainsi que le prouve son obser-
vation, et s'en est très bien trouvé. » M. L. Lucas prête ici à
son maître, M. Delassus, des intentions qu'il n'a pas eues,
puisque s'il a enlevé l'utérus en totalité, c'est sans se douter que
cet utérus contenait un fœtus. Ce n'est donc pas de propos déli-
béré que cette intervention a été faite, et, malgré le double
succès obtenu pour la mère et pour l'enfant, je crois que cette
conduite doit être absolument abandonnée.
Tous ceux qui ont extrait par laparotomie des fœtus vivants,
même chez des femmes qui n'étaient pas en travail, connaissent
Fétat de pâleur et de demi-syncope dans lequel se trouvent ces
enfants ; est-il sage d'exposer la vie de l'enfant en cherchant à
l'extraire contenu dans Tutérus? C'est compliquer l'interven-
tion en faisant courir plus de risques à l'enfant.
En relisant les observations dans lesquelles on est intervenu,
on note la fréquence extrême de l'insertion basse du placenta;
306 DYSTOCIB PAR FIBROMES UTBRINS
c est celte complication qui donne Iiabiluellemcnt naissance aux
hémorrhagies observées pendant la grossesse et pendant le
travail. Si quelques accoucheurs ont conseillé l'opération césa-
rienne dans certains cas graves d'insertion vicieuse, il est évi-
dent' que c'est surtout lorsqu'en même temps Tutérus est fibro*
mateux qu'on peut être amené à recourir à cette intervention
exceptionnelle.
Il est un dernier point que je tiens à faire ressortir, c'est
qu'âgée de près de quarante-deux ans et n'ayant jamais été
nourrice, la malade que j'ai opérée a pu allaiter son enfant
avec un succès complet. Pendant les vingt premiers jours, la
femme étant dans une maison de santé où l'on ne voulait pas
garder son enfant pendant la nuit, il fut élevé presque exclusi-
vement avec du lait stérilisé, tétant seulement de temps à autre
dans la journée. Les seins étaient mous et flasques et ne don-
naient guère que 5 à 6 grammes de lait. Ayant depuis long-
temps appris de mon maître, le professeur Pinard, que les
femmes qui ont subi l'opération de Porro étaient d'excellentes
nourrices, j'insistai auprès de mon opérée en faveur de l'allaite-
ment ; je la fis transporter chez elle le vingt-deuxième jour après
l'intervention, afin de pouvoir faire mettre l'enfant régulièrement
au sein. Là les tétées des premiers jours furent peu satisfai-
santes ; bien que tl'és vigoureux et tétant avec force, Tenfant
ne prenait guère que 5 à 10 grammes aux deux seins ; pendant
une dizaine de jours il fallut recourir à l'allaitement mixte.
Mais bientôt, vers le trente-cinquième jour après l'opération,
la mère pouvait donner des tétées de 60 grammes, 80 grammes
et bientôt elle réalisa son rêve d'être une nourrice parfaite.
L'enfant, exclusivement élevé au sein, qui pesait à la naissance
4 kil. 530, pesait, le 4 septembre, 4,960 grammes ; !•' octobre,
5,850 grammes; 2 novembre, 6,870 grammes; 7 décembre,
7,780 grammes; 4 janvier, 8,215 grammes; 1" février, 8,300
grammes ; 15 février, 8,460 grammes.
L'arrêt dans l'augmentation de poids est dû à une indisposi-
tion (bronchite légère) dont l'enfanta été atteint du 29 janvier
au 5 février.
FIBROMYOME
DB LA.
PORTION ABDOMINALE DU LIGAMENT ROND d)
Par André Clalmie (1).
Les tumeurs iibro-myomateuses du ligament rond sont fort
rares. Elles siègent d'ordinaire dans la portion extra-périto-
néale du ligament, au niveau des grandes lèvres.
Il faut sans doute expliquer la plus grande fréquence de cette
localisation par les traumatismes de divers ordres qui peuvent
atteindre cette région : des traumatismes directs oit été invo-
qués dans quelques cas. En outre, la tension du ligament se fait
davantage sentir sur les fibres plus écartées, moins denses, par
conséquent moins résistantes, de sa portion extra-abdominale.
Dans leur excellent article (2), Pierre Delbet et Héresco n'ont
relevé que 16 cas de ces tumeurs ; 4 seulement siégeaient sur
la portion péritonéale, intra-abdominale du ligament rond.
La tumeur que nous avons observée rentre dans cette variété
qui est la plus intéressante au point de vue clinique ; autant,
en effet, le diagnostic est habituellement aisé pour les tumeurs
superficielles, autant il est délicat pour celles de la partie pro-
fonde, où elles ont été d'ordinaire confondues avec des néofor-
mations utérines ou annexielles. Une remarque analogue s'im-
pose quand il s'agit de leur traitement.
Rappelons d'abord brièvement les observations déjà publiées :
1** Dans le cas de Kleinwaîchter, il s'agit d'une femme de
44 ans, ayant eu 5 enfants ; la tumeur s'est développée dans
(1) Soc, anat., janv. 1900.
(2) Sevuê de chirurgie, 1896, p. 607.
308 FIDROMYOME DV LIGAMENT ROND
l'espace d'un an. La laparotomie a découvert un fibrome
implanté sur le ligament rond ducôté droite à 2 cm. 1/2 del'uté-
rus, pesant 1,750 grammes, entouré d'adhérences multiples.
2° Duncan a trouvé, également à droite, un fibrome de struc-
ture compacte, à centre crétacé^ du volume d'un œuf de poule.
3*^ C'est sur les deux ligaments ronds que Winckel a montré,
chez une femme de 76 ans, multipare, des polypes myomateux,
des leîomyômes intrapéritoneaux, de la grosseur d'une fève.
4^ La malade opérée par Pierre Delbet était âgée de 48 ans,
avait eu deux enfants. La tumeur s'était développée en trois
ans ; elle s'insérait sur le ligament du côté droit par un pédi-
cule mince, commençant à 2 ou 3 centimètres de Tutérus et s'é-
tendant jusqu'au voisinage de lorifice interne du canal ingui-
nal. La masse, du poids de 5 kilog., était un fibromyôme, avec
des points de dégénérescence muqueuse.
L'observation de Léopold pourrait être rapprochée des pré-
cédentes : un volumineux myôme lymphan^iectasique, entouré
d'adhérences résistantes, s'était développé dans l'abdomen ;
mais son point de départ était au niveau de la partie initiale du
canal inguinal du côté droit, extrapéritonéal par conséquent.
Nous en venons à notre cas :
Il a trait à une femme de 31 ans, se plaignant de métrorrha*
gies et de douleurs depuis plusieurs mois; en même temps se
développait une tumeur manifestement utérine, qui devenait très
volumineuse. Notre maître, le D' Paul Segond, ayant posé le
diagnostic de fibromes utérins, pratiqua, le 20 janvier 1900,
une hystérectomie abdominale totale.
L'utérus renferme un grand nombre de tumeurs myomateuses,
les unes interstitielles, les autres sous-péritonéales, sessiles ou
pédiculées: elles ont une consistance assez molle, mais n'offrent,
en somme, rien de particulier : le poids total de la masse enle-
vée est de 2,900 grammes.
Voici le fait intéressant : le ligament rond du côté gauche
porte une petite tumeur : elle est absolument indépendante do
l'utérus, séparée du point d'implantation du ligament par une
distance de 12 millimètres. Située sur le bord libre, supérieur.
GLÀI8SE 309
de la bandelette musculaire ; présentant une base d'implantation
do 11 millimètres de long, elle a une forme sphéroïdale ; une
surface lisse, rosée; une consistance assez ferme, et mesure 10
à 11 millimètres de diamètre (iig. 1).
En la coupant, nous voyons Taspect blanc habituel des fibro-
myômes. La périphérie est formée par une très mince coque un
peu plus foncée^qui se continue avec le ligament : celui-ci s'évase
légèrement, formant une sorte de cupule où repose la tumeur.
Histologiquement, les masses utérines sont des iibro-
myômes, les uns riches en fibres musculaires lisses, les autres
au contraire avec prédominance de tissu conjonctif lâche.
La tumeur du ligament rond présente une structure identique,
renfermant des éléments conjonctifs et musculaires : ces der-
FiG. 1. — Fibro-myôme du ligament rond.
nters sont peu abondants, réunis parfois en petits faisceaux,
plus souvent isolés au milieu du stroma conjonctif.
Les vaisseaux sont assez nombreux, de petit calibre, tous
lacunaires, c'est-à-dire creusés à même le tissu ambiant, sans
isolement d'une paroi propre.
Autour de plusieurs existe une prolifération cellulaire très
active (fig. 2); elle se manifeste sous l'aspect de plaques plus
foncées, de dimensions et de formes variables, formées de nom-
breuses cellules embryonnaires. Tantôt ces amas entourent le
vaisseau, tantôt ils se développent davantage en un point de
la périphérie. Elles peuvent être circulaires où émettre des
prolongements s'effilant entre les faisceaux du voisinage. Au
pourtour, les cellules s'allongent, deviennent fusiformes, se
transformant en fibres conjonctives et musculaires.
AXX. DK OTX. — VOÎ.. LUI. 21
310 FIBRONVOME DtJ LlfiAMBKT ROND
Ces amas cellulaires coastituent donc, en somme, des cou*
ronnes cellulaires, périvasculaires, manies de pointes d'accrois-
sement.
A la périphérie de la tumeur, les fibres s'orientent parallè-
iement à la surface et forment de minces bandelettes assez
Fia. 2. — Fibro-myQme du ligameat rond.
Prolifération cellulaire C autour dea TSÛHKftux V. Or. 30D/I.
denses, renfermant un grand nombre de vaisseaux ; l'aspect de
cette zone diffère de celui des portions centrales. Il n'y a pas
encore de séparation bien nette entre la tumeur proprement dite
et cette mince coque. Pourtant, nous voyons plusieurs vaisseaux
allongés sur la coupe qui y constituent, en quelque sorte, autant
de bornes. Il est vraisemblable que l'encapsulement se pronon-
cera à mesure que se développera le néoplasme.
Les coupes qui ont porté sur diverses portions du ligament
CLAIS8E 311
rouil lui-môiue u'oul pas révélé de grosses altérations ; nous
apercevons seulement, autour de quelques capillaires, des amas
de cellules rondes, mais de très petite dimension.
Pouvons-nous, en nous basant sur ces différentes données,
établir le processus de formation des fibro-myômes du ligament
rond ?
Pierre Delbei et Héresco ont tendance à admettre la théorie
de Cohnheim ; ils rappellent la plus grande fréquence des ano-
malies congénitales du canal vagino-péritonéal du côté droit ;
les inclusions anormales de cellules embryonnaires et leur déve-
loppement tardif se produiraient également de préférence de
ce côté.
En réalité la différence entre les deux côtés est bien faible :
sur 5 cas, 3 fois les tumeurs siégeaient à droite, une fois des
deux côtés, une fois à gauche. On ne peut, d'ailleurs, tirer de
conclusions bien fermes d'une si faible statistique.
Mais nous pouvons trouver des faits plus précis.
Ces tumeurs ont une analogie complète avec les fibro-myômes
de Tutérus. L'âge auquel elles se développent est le même.
Elles se forment aux dépens de tissus de même nature ; les
ligaments de Tutérus ne sont que des prolongements de cet
organe.
L'évolution est identique à celle des myômes sous-périto-
néaux de la matrice. Les tumeurs sont de très bonne heure
pédiculées, car la néoformation est comprimée par les contrac-
tions et la tension des faisceaux musculaires du ligament ; elle
tend à s'énucléer« Son développement continuera dès lors à se
faire du côté où elle rencontre la moindre résistance. Elle peut,
d'ailleurs, acquérir un volume considérable et subir des trans-
formations analogues à celles des tumeurs utérines (tels le
myôme lymphangiectasique de Léopold, le fibrome crétacé de
Duncan, le fibro-myôme à dégénérescence muqueuse de Pierre
Delbei).
La structure myomateuse, avec envahissement considérable
de tissu conjonctif, est celle des tumeurs de la matrice.
Cette analogie est particulièrement frappante dans notre cas,
312 FIBROMYOMB DU LIGAMENT ROND
OÙ la petite masse du ligament rond coïncidait avec des fibro-
myâmes multiples de l'utérus.
Le processus pathogénique semble donc devoir être iden-
tique .
Et, en effet, ne trouvons-nous pas ici la même prolifération
embryonnaire périvasculaire ? N*y a-t-il pas identité entre ces
amas cellulaires, ces pointes d'accroissement ? Le développe-
ment se fait absolument d'après le type que Pilliet et Costes
ont décrit dans les tumeurs utérines, et sur lequel nous avons
insisté dans notre thèse (1).
Il nous semble donc rationnel d'admettre que Thistogénèse
est la même : il existe, au début, des lésions inflammatoires des
petits vaisseaux, principalement des capillaires du ligament
rond, lésions caractérisées par le gonflement de l'endothélium
et surtout par la prolifération des cellules rondes périphé*
riques. Celles-ci se transforment en cellules conjonctives et
musculaires, et forment un nodule primitif, dense, refoulant les
faisceaux voisins à la périphérie. Des pointes d'accroissement
naissent du pourtour de l'amas, de la couronne cellulaire péri-
vasculaire ; un néocapillaire s'y forme, qui devient à son tour
un centre de prolifération. Il y a analogie complète entre le
processus primitif de formation et le processus d'accroissement.
Résumons-nous :
Les fibro-myômes de la portion abdominale des ligaments
ronds doivent être identifiés à ceux de l'utérus ; leur structure,
leur évolution sont analogues ; leur développement se fait par
un processus semblable de prolifération périvasculaire inflam-
matoire.
(1) ÂNDBé ClaisSE. Recherches 8ur le développement des fibro^myêmeê et
det adéno-myôrnei de V utérus, 1900.
SOCIETE D*OB8TBTRIQUB, DE GYNÉCOLOGIE ET DE P^EDIATRIE 313
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTB D*OBSTiTRIQUE,DB GYNÉCOLOGIE ET DE PEDIATRIE DE PARIS
Séance du 2 février 1900.
M. HARTMAim. Torsion des salpingites. — M. Hartmann présente
cinq observations personnelles de torsion de salpingite.
Obs. I. — Poche salpingienne droite renfermant 1 litre 1/2 de liquide
sanguinolent, s'implantant sur le côté droit de Tutérus par un pédicule
tordu de deux tours dans le sens des aiguilles d'une montre.
Obs. II. — Poche salpingienne renfermant 400 grammes de sang,
reliée à la corne gauche de l'utérus par un pédicule du volume de
rindex tordu en sens inverse du mouvement des aiguilles d'une montre.
Examen histologique et bactériologique par Reymond. Les cultures
donnent un microcoque ressemblant au micrococcus lacteus plevifor-
mis.
Obs. m. — Poche salpingienne droite contenant 600 grammes de
sang, dont le pédicule était tordu de deux tours en sens inverse du
mouvement des aiguilles d'une montre. Examen histologique de
Reymond.
Obs. IY. — Femme enceinte de 4 à 5 mois, prise brusquement de
phénomènes péritonéaux graves ayant cliniquement leur origine dans
la fosse iliaque droite. Salpingite droite dont le pédicule est tordu d'un
tour complet en sens inverse du mouvement des aiguilles d'une montre.
Gœliotomie : ablation des annexes droites. Guérison, accouchement
4 mois après d'une fille vivante et bien portante. Examen histologique
de Reymond.
Obs. y. — Salpingite droite à pédicule tordu dans le sens du mou-
vement des aiguilles d'une montre. L'ovaire ne participe pas à la
torsion. L'utérus a suivi le mouvement de torsion et s'est tordu d'un
demi- tour sur lui-même.
Examen bactériologique de Besançon: négatif.
Reprochant ces 5 observations personnelics des 10 antérieurement
publiées, M. Hartmann fait les constatations suivantes :
La torsion peut porter indifféremment sur la trompe seule (7 cas).
314 SOCIÉTÉS SAVANTES
OU à la fois sur la trompe et Tovaire (5 cas) ; Tutérus participe quel-
quefois lui-môme à la torsion dans une œrbdne mesure.
Il y a prédominance manifeste pour le côté droit (dix torsions h
droite pour quatre à gauche).
A gauche, la torsion se fait en sens inverse du mouvement des
aiguilles d'une montre (2 cas) ; à droite, le plus souvent dans le sens
du mouvement des aiguilles d'une montre (4 cas, pour deux en sens
inverse ; dans ces deux derniers, il y avait 1 fois grossesse, 1 fois
mobilisation des annexes en avant dans le cul-de-sae vésico-utérin|.
Le nombre de tours est très variable, de un à quatre.
Les organes tordus présentent deax ordres de lésions. Les unes sont
antérieures à la torsion et relèvent de la maladie causale, une hydro-
salpingite, le plus souvent, plus rarement une salpingite banale, excep-
tionnellement un pyosalpinx, une ovarite hémorrhagique. Les autres
dépendent, au contraire, de la torsion et sont identiques h celles que
Ton observe, d'une manière générale, dans les organes à pédicule
tordu ; elles sont caractérisées par des hémorrhagies, les unes dans les
cavités (trompes, petits kystes ovariens), les autres dans la trame
même des tissus.
Tous les vaisseaux du pédicule sont thromboses ou, au contraire, on
trouve encore quelques artères perméables.
Gliniquement, la torsion des annexes enflammées peut se présenter
sous deux formes différentes. Dans Tune, le début est brusque, les
symptômes violents, simulant ceux de l'appendicite aigué ou de Foc-
clusion intestinale ; il s'agit alors d'une torsion serrée avec thrombose
complète des vaisseaux du pédicule. Dans l'autre, il y a des crises
douloureuses successives, ressemblant plus ou moins à des coliques
néphrétiques ; la torsion est moins serrée et se fait progressivement.
Quoi qu'il en soit, dans les deux cas, il y a des phénomènes plus ou
moins marqués de pclvi-péritonite passagère, et un développement
rapide de la tumeur annexielle.
L'indication opératoire est évidente; il faut ouvrir le ventre et
enlever les annexes malades.
La pathogénie de ces torsions est assez obscure. A propos des poussées
péri toni tiques, M. Hartmann ne peut se rallier à l'opinion émise par
Legueu, h savoir qu'il s'agit de péritonites se développant très rapi-
dement au contact d*une tumeur déjà septique et privée brusquement
de sa circulation. Cette septicité est loin d'être prouvée. Dans la plupart
des observations, l'examen sur lamelles et les recherches par les
80GIBTR D*OBSTBTRIQUB, DE GYNECOLOGIE ET DE Pi>EDIATRIB 315
moyens de onltare n'ont décelé la présence d'ancnn micro-organisme.
n s*agit vraisemblablement de ces péritonites aseptiques que
M. Hartmann a étudiées avec Morax (Annales de Gynécologie^ 1894,
1. 1, p. 193) et dont la torsion d^organes abdominaux (rate, kyste de
l'ovaire) est une des causes les plus habituelles.
M. Lbgubu a observé et opéré 3 cas de salpingite à pédicule tordu.
Dans ces 3 cas la torsion s'était effectuée à droite, dans le sens des
aiguilles d'une montre, l'ovaire était resté indépendant de la torsion ;
2 fois il s'agissait d'hydrosalpingite. Plusieurs modalités doivent être
distinguées au point de vue clinique : !<> la torsion peut être brusque
et l'étranglement complet, crise péritonéale douloureuse subite ;
2» torsion lente, étranglement incomplet et progressif ; 3» torsion sans
étranglement, restant cliniquement absolument latente.
La pathogénie de ces torsions est actuellement très obscure. Quant
à la question de la bactériologie des péritonites consécutives à la torsion,
M. Legueu n'a sur ce point aucune exi>érience personnelle.
M. Pinard relève dans la communication de M. Hartmann, un point
très important au point de vue obstétrical : à savoir la coïncidence de
la grossesse avec une torsion d'une salpingite. Cette seule observation
démontre que, pendant la grossesse, il peut survenir des accidents dus
à une torsion favorisée et produite par les mômes circonstances que la
torsion d'un pédicule de kyste ovarique.
H. ScHWARTz. Des soites des opérations pratiquées sur l'atéras et
sas annexes au point de vue des grossesses et des acconchements
ultérieurs. (Hystéropexie.) — L'auteur apporte sa statistique d'hys-
téropexie abdominale, opération qu'il a pratiquée 63 fois. Résultats
2 décès, 61 guérisons ; 8 de ces femmes sont devenues enceintes, elles ont
fourni 10 grossesses dont 7 ont évolué jusqu'à terme sans autre inci-
dent que quelques tiraillements dans 2 cas, et se sont terminées par des
accouchements normaux, et dont trois se sont terminées par des avor-
tements.
n y aun point sur lequel il faut insister: c'est l'état de Tutérus et
des annexes chez les femmes qui ont subi l'hystéropexie ; presque
toujours, par cela môme qu'on pratique cette opération, on a de gros
soupçons ou la certitude de lésions annexielles sur lesquelles on agira
par la laparotomie, soit en faisant la résection ovarienne ou môme la
eastration ovaro-tubaire, soit en 'faisant Tignipuncture des ovaires
sdéro ou polykystiques. C'est là qu'il faut rechercher la cause du
316 SOCIÉTÉS SAVANTES
petit nombre de conceptioiis observées, plutôt que dans la fixatioii
môme de Futérus.
En somme, malgré tout ce que Ton a dit contre cette opération,
M. Schwartz en reste partisan dans les cas d'utérus adhérents avec
lésions annexielles probables ou avérées, chez les femmes près de la
ménopause et au delà.
M. Pinard ajoute à titre de renseignement que Tune des femmes de
la statistique de M. . Schwartz vient d'accoucher à la clinique Bande-
loque, spontanément et & terme. Mais il n'y eut aucune accommoda-
tion pelvienne pendant la grossesse et Ton fut obligé de surveiller
attentivement la présentation et de maintenir la tète — qui resta très
élevée jusqu'à la période d'expulsion — au-dessus du détroit supé-
rieur.
Pendant le travail, au moment de chaque contraction, on voyait la
paroi abdominale se froncer et s'enfoncer au niveau de la suture
utéro-abdominale ; donc, cette dernière était encore solide.
M. Herrgott (de Nancy). Un cas d'achondroplasie. — M. Herrgott
après avoir rappelé ïes travaux de Depaul, de Parrot, de Porak, sur
l'achondroplasie, rapporte un cas d'achondroplasie fœtale. La m^,
âgée de 23 ans, a été rachitique dans son enfance. Elle a accouché une
première fois d'un enfant bien portant. Enceinte une deuxième fois,
elle accouche spontanément d'une fille de 2,200 grammes, s'étant pré-
sentée par la face, qui meurt après quelques inspirations. Placenta
macroscopiquement normal de 440 grammes. Les viscères de ce fœtus
ne présentent rien de particulier. Seul le squelette présente les modifi-
cations classiques de l'achondroplasie. L'examen histologique des os a
été fait par MM. Haushalter etSpillmann.
Les lésions constatées au niveau de l'épiphyse du tibia et de celle
du cubitus, sectionnés verticalement dans leur partie médiane, de
façon à comprendre tout à la fois le cartilage articulaire, le cartilage
de conjugaison et la tète de ces os, ont montré que ce cartilage de
conjugaison n'existait, pour ainsi dire, pas.
On trouve, par places, des cellules cartilagineuses à capsule, ayant
une tendance à prendre une disposition sériée.
A la périphérie de la coupe, à ses deux extrémités, à la place même
où devrait exister le cartilage de conjugaison, on voit du tissu con-
jonctif fibrillaire, très délicat, pénétrant sous forme de coin entre le
cartilage articulaire et le tissu spongieux de la tète de l'os.
SOCIÉTÉ D*OB8TBTRIQUB, DE GYNECOLOGIE ET DE PEDIATRIE 317
Sons ce coin de tissu conjonctif, il existe soit des amas de cellules
cartilagineuses disposées sans ordre, soit des Ilots d*nn tissn osseux
très dense.
Le reste de la coupe est rempli soit par des amas cartilagineux, soit
par des amas d'aspect fibrolde disposés sous le cartilage articulaire.
Les amas cartilagineux sont formés par des cellules cartilagineuses
en voie de multiplication, disposées d'une façon irrégulière et séparées
par des travées calcifiées. Du côté du cartilage articulaire, ces Ilots
cartilagineux sont limités par des cellules rappelant très vaguement
le cartilage de conjugaison.
Quant aux amas fibroldes, ils sont limités du côté du cartilage par
le cArtilage articulaire et du côté de Tos par des travées de tissu
osseux ou par des amas de cellules cartilagineuses mal définies.
Sur les coupes transversales, le canal médullaire est à peine dessiné;
il se présente comme une cavité remplie de tissu spongieux ; le tissu
osseux sur une des moitiés de la préparation est dense, pauvre en
canaux de Havers ; sur l'autre moitié, il est moins compact et semble
creusé de petites lacunes ressemblant à du tissu médullaire.
Ce qui frappe surtout dans l'examen histologique de ces os achon-
droplasiques, c*est l'absence de zone d'ossification cartilagineuse qui
empêche Vaccroissemeyii de Vos en longueur , tandis que le volume normal
des épiphyses ainsi que la largeur de la diaphyse, font supposer que
rossification périostée ne fait pas défaut comme l'ossification cartila-
gineuse.
Au niveau de l'épiphyse, le tissu osseux est en rapport ^tr«cf, immé-
diat, avec le tissu cartilagineux, puisque la zone d'ossification fait
défaut, le cartilage de conjugaison n'existant pas.
H. Herrgott conclut que Tachondroplasie doit être bien distinguée
tant au point de vue clinique qu'anatomo-pathologique du rachitisme
vrai.
M. RuDAUx. Deux opérations de Porro. — l'*" Observation. — Il s'agit
d'une primipare âgée de 35 ans, enceinte d'environ 7 mois. Présen-
tation de l'épaule gauche. Dos en avant.
Enfant mort. Dilatation à peine comme 5 francs. Dilatation artifi*
cielle avec le gros ballon Ghampetier de Ribes.
La main, cherchant ensuite à pénétrer dans le corps de l'utérus, est
arrêtée par un orifice étroit, contracture, répondant au bord inférieur
de la musculature du corps utérin.
318 SOCIBTéS SAYAKTES
M.Ribemont-DessidgneS)jngeant rembryotomie impossible, pratiqnc
l'opération de Porco : difficultés dans la bascule de l'utérus transver-
salement développé, le segment inférieur étant en quelque sorte
enclavé dans la partie supérieure du petit bassin. Extraction d'un fœtns
de 2,000 grammes exhalant une odeur fétide. Amputation de l'utéros.
Pédicule externe. Le septième jour, mort après hématemèse.
Autopsie. — Péritonite, plaques de sphacèle sur le rectum et le
côlon pelvien. Ce sphacèle peut, d'après M. Rudaux, être interprété de
deux façons : 1^ par la compression prolongée exercée sur cette portion
de rintestin par Tutérus contracture ; 2<> par la putréfaction fœtale
commençante qui c 8*accompagne presque toujours d'un sphacèle
rapide en des points variables » .
2« Observation. — Femme de 26 ans, Illpare, ayant subi en 1896,
postérieurement à ses deux premières grossesses (1 accouchement à
terme normal, 1 accouchement prématuré à six mois), une ovariectomie
avec ventrofixation et amputation du col.
Elle arrive dans le service de M. Ribemont-Dessaigncs, enceinte de
7 mois et demi à 8 mois. Hauteur de Tutérus 40 centim., ce qui est ût
h de rhydramnios et à la situation élevée de Tutérus.
Le vagin, très allongé, est transformé à sa partie supérieure en un
étroit canal an fond duquel, très haut au niveau de la troisième vertèbre
lombaire, existe une cicatrice que Ton suppose cacher l'orifice cervical.
Cette femme est en travail depuis 110 heures; devant l'impossibilité
de faire la dilatation et la menace d'une rupture utérine, M. Ribemont
décide de pratiquer l'opération de Porro.
Extraction d'un enfant vivant de 2,870 grammes. Guérison.
La dystocie dans ce cas était complexe : antéversion exagérée et
rigidité cicatricielle consécutive aux interventions qui avaient anté-
rieurement été pratiquées sur cette femme.
Séance du 2 mars 1900.
M. Bànzbt. Appendicite et grossesse. — (Travail renvoyé à l'exa-
men de M. Pinard, rapporteur.)
M. GouvBLAiRB. Note sur l'anatomie de la Réfléchie dans la gros-
sesse tobaire {présentation de coupes histologiques), — Cette étude repose
sur l'examen de deux trompes gravides renfermant des œufs vivants,
et recueillies l'une soixante-six jours après les dernières règles, l'autre
environ deux mois et demi après les dernières règles. Ces cents
SOCIETE d'obstétrique, DE GYNECOLOGIE ET DE PiEDIATRIE 319
tabidres ont été étudiés sur des séries de coupes histologiques totales
qui ont pennis d'étudier en place et dans sa continuité la Réflécliic
tubaire. Les conclusions de ce travail sont les suivantes :
l» n existe dans la trompe gravide pendant les premiers mois une
membrane qui, limitant du côté de la cavité tubaire le pôle libre de
Tœuf, fait fonctien de Réfléchie.
2<» Au niveau de cette Réfléchie, les villosités choriales et l'espace
intervilleux sont encore, soixante-six jours après les dernières règles,
aussi développés qu'au niveau de l'insertion pariétale de l'œuf. Un
peu plus tard, aux environs de deux mois et demi, l'atrophie de ce
placenta réfléchi, par thrombose des vaisseaux ombilicaux et dégéné-
rescence atrophique desvillosité choriales, est déjà effectuée au niveau
de la presque totalité de la Réfléchie.
3« La membrane qui sépare l'espace intervilleux de la cavité tubaire,
au niveau du pôle libre de l'œuf, est constituée par deux couches dis-
tinctes : A. une couche interne continue, compacte, couche des cellules
«
lie la RiJUchie. Elle est constituée par de grosses cellules vivantes^
groupées en amas, logées dans les mailles que limitent les travées
d'un stroma intercellulaire amorphe analogue à la raie de fibrine de
l'œuf utérin. Ces amas de grosses cellules sont en rapport de conti-
nuité avec les houppes cellulaires de fixation [EpithelfortsaUse) des vil-
losités crampons du placenta réfléchi. Un certain nombre de ces cel-
lules sont en voie de dégénérescence. Cette dégénérescence commence
par les couches les plus excenti'iques. Elle accompagne l'atrophie du
placenta réfléchi. Aux environs de deux mois et demi, sur la pièce
étudiée, elle est presque totale; — B. une couche externe discontinue,
couche Jibrineuse, parsemée d'éléments cellulaires dégénérés et infiltrée
de cellules rondes, plus nombreuses dans la pièce des environs de
deux mois et demi que dans celle des environs de deux mois.
40 Au niveau du sinus de réflexion, la couche interne des cellules
de la Réfléchie se continue tout entière, sans modiflcations, dans la
zone de flxation pariétale de l'œuf, pour former è cet œuf une capsule
complète; la couche Abrineuse a cessé.
à** L'épithélium cubique qui revêt le secteur de trompe libre faisant
face h la Réfléchie s'arrête au sommet de l'angle de réflexion, on se
réfléchit sur une très courte étendue (1/2 millimètre) de la couche
cellulaire de la Réfléchie ; on en retrouve, à distance du sinus de
réflexion, qoelqoes traînées tapissant la surface extérieure de la
couche interne de la Réfléchie dans les points où la couche fibrineuse
n*est pas adhérente à la couche interne de la Réfléchie.
320 SOGIÉTÉS SAVANTES
6^ Soixante-six jours après les dernières règles, sur la pièce étudiée,
la Réfléchie ne présente, ni vaisseaux, ni contrefort basai de vaisseaux
et de cellules déciduales vivantes se continuant avec une couche déd-
duale pariétale, comme dans l'utérus.
70 La réaction déciduale dans la trompe gravide pendant les premiers
mois est loin d'être aussi intense, aussi générale, même dans la zone
qui est en rapport de voisinage immédiat avec Tœuf, qu'elle l'est dans
l'utérus gravide de même âge.
M. Lbpagb. Dystocie par fibromes utérins. (Voir plus haut.)
M. Pjnaro. — Le fait rapporté par M. Lepage, venant s'ajouter à
d'autres déjà si nombreux, démontre que dans les cas de dystocie par
fibro-myômes, l'expectation prolongée et les interventions par les
voies naturelles doivent, à Theure actuelle, céder le pas aux interven-
tions par la voie abdominale.
HaxSypendant la ffrossesse, Vinierxenûon opératoire est exceptionnelle
et l'expectation doit être la règle. Les accidents causés par les fibro-
myômes pendant la grossesse sont très rares, et, quel que seit leur
volume, le plus souvent la grossesse évolue jusqu'à terme.
Quand cependant des phénomènes de compression se montrent,
assurément la laparotomie s'impose, et dans quelques cas la myomec»
tomie peut faire disparaître ces accidents sans interrompre la grossesse,
et cela alors même que le fibro-myôme est énorme.
Seule, une évolution du fibro-myôme vers la tumeur maligne, 00
déterminant des accidents péritonéaux comme dans les cas observés
par Doléris, peut constituer d'emblée une indication d'hystérectomie
totale au cours de la grossesse.
MM. Pinard et Second. Kyste de l'ovaire gauche ; torsion du pédi-
cule vers le deuxième mois de la grossesse. Laparotomie et ablation
du kyste à la fin du troisième mois. Évolution consécutive normale
de la grossesse. — Il s'agissait d'une femme de 26 ans ayant déjà
accouché deux fois spontanément et à terme d'enfants vivants. Ses
dernières règles datent du 2 au 5 septembre. Quinze jours après
elle ressent des douleurs abdominales non localisées intermittentes.
Elle se repose et les douleurs cessent. Le 27 novembre elle est prise
d'une très vive et subite douleur au niveau de la fosse iliaque gauche,
faciès grippé, ventre météorisé et Impossible à palper. Pouls 82, tempé-
rature 370,1. L'utérus gravide remontait à 3 ou 4 travers de doigt au-
dessus du pubis flanqué à gauche d'une tumeur du volume du poing
dont les limites étaient dif flciles à préciser.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DR 6TNKCOLOGIB ET DR PEDIATRIE 321
Les jours suivants les douleurs abdominales s'atténuaient et le
20 décembre on pouvait nettement constater que Tutérus gravide avait
son fond à 16 centimètres du pubis et que la fosse iliaque gauche était
occupée par une tumeur tendue dépassant Tombilic de 7 centimètres.
Le diagnostic porté fut celui de kyste de Tovaire à pédicule tordu
compliquant une grossesse de trois mois environ.
La laparotomie confirma le diagnostic et permit Textirpation d'un
kyste de Tovaire gauche présentant une double torsion de son pédicule
pesant 700 grammes et renfermant un liquide café noir. Suture abdo-
minale en un plan sans drainage ; injections sous-cutanées de 2 cen-
tigrammes de morphine toutes les vingt-quatre heures pendant trois
jours. Gnérison. Continuation de la grossesse.
M. PiRABD insiste sur les points suivants :
Dans les cas de kystes de Tovaire compliquant la grossesse, la tor-
sion est plus fréquente du deuxième au quatrième mois, devient plus
rare jusApi'à la fin de la grossesse pour reprendre une fréquence rela-
tive au moment de Faccouchement ou pendant les suites de couches.
De plus, la torsion se produit plus souvent sur des kystes petits que
sur de gros kystes. Dans le cas rapporté par M. Pinard, le diagnostic
positif fut porté en s'appuyant sur le développement normal de l'utérus
certainement gravide, sur le développement rapide delà tumeur, sur sa
forme et sa consistance, sur Tabsence de tout symptôme d'hémorrhagie.
M. Pinard appelle enfin Tattention sur les injections sous-cutanées de
morphine qui, systématiquement pratiquées pendant les jours qui
suivent l'opération, lui ont toujours paru donner de bons résultats au
point de vue de la continuation de la grossesse.
M. Sbgond à propos de l'observation précédente, rapporte un cas
'analogue dans lequel le diagnostic de probabilité était celui de gros-
sesse extra-utérine. Un petit kyste de l'ovaire droit gros comme uncl
mandarine était venu, après un tour de torsion de son pédicule, se
loger sous les annexes gauches dont il s'était comme coiffé. Ce kyste
renfermait un liquide clair eau de roche, il était solidement adhérent.
M. BouiLLT insiste sur ce fait que la grossesse prédispose à la torsion
des kystes de l'ovaire. Dès que le diagnostic est posé il faut intervenir.
M. Legubu fait remarquer l'emiendcment qui, dans l'observation de
M. Pinard, s'est produit après la crise aiguë ; cet amendement se produit
aussi dans les cas de salpingite à pédicule tordu. Anatomiquement il
faut distinguer les torsions sans étranglement, et les torsions avec
étranglement. Dans le dernier cas l'étranglement peut être incomplet
et progressif ou complet.
322 BIBLIOGRAPHIE
M. BouiLLY. — L'accalmie est extrêmement fréquente. On opère des
femmes qui ont des torsions remontant à plusieurs semaines ainsi
qu'en témoignent des points nécrobiosés du kyste.
M. Pinard. — La femme dont Tobservation a été rapportée n*a pas
été opérée immédiatement parce qu'il n'y avait chez elle aucune indi-
cation nette d'opération d'urgence (le pouls et la température étaient
et sont restés normaux) et parce que le diagnostic n'était pas posé.
M. BouiLLY. — Ces cas de torsion du pédicule des salpingo-ovarites
sont très rares ; et ce fait tient peut-être à la rareté relative des hydro-
salpinx. M. Bouilly rapporte l'observation d'une femme enceinte qui
au cinquième mois de sa grossesse présenta des phénomènes périio-
néaux simulant l'appendicite ; il s'aperçut d'un petit kyste de l'ovaire
à pédicule tordu. U y a là une réelle difficulté du diagnostic avec les
torsions de pédicule et l'appendicite.
M. Pozzi. — Ce n'est pas seulement avec l'appendicite» mais aussi
avec la grossesse extra-utérine que le diagnostic différentiel des tor-
sions de pédicule peut être à faire.
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Lithographiées d'après des dessins en grandeur naturelle, exécutés,
pour la plupart, par Bruno Heilig pour les cours et la 3« édition (1892)
du Lehrhuch der Geburtshulfe du professeur de Leipzig ; destinées,
comme les collections de Kilian et de Schultze, à orner les murs des
salles de cours, ces 30 planches, de format grand aigle in-fo, claires
et démonstratives, sont pourvues de légendes latines qui les rendent
utilisables en tous pays.
Les planches I à XIII montrent la manière usuelle d'appliquer, en
Allemagne, le forceps courant — le Nœgele à articulation de Brûnning-
hausen — dans les positions gauche antérieure, occipito-pubienne,
gauche transversale, occipito-sacrée, et le sens des tractions h opérer
pour terminer l'accouchement dans ces différentes positions.
On y voit que, pour les positions obliques et transversales» l'appli-
GTNÉGOLOGIE 323
cation du forceps est irrégolière : la tête est prise, ce que nous
n*aimoiis pas ici, d'une bosse frontale à la mastoïde opposée.
Les planches XIY à XIX montrent la manière, partout usuelle, de
pratiquer la version par manœuvres internes dans la présentation de
Tépaule droite, dos en avant et dos en arrière ; l'utilité, dans le premier
cas, de saisir le pied bas ; la nécessité, dans le second, de saisir le pied
haut ; le moyen de corriger, par une rotation appropriée, la position
défavorable des fesses qu'entraîne la saisie du pied bas.
La planche XX enseigne le moyen de parachever, par la double
manœuvre de la Siegmundin, une version demeurée imparfaite.
Les planches XXI et XXn illustrent la version par manœuvres com-
binées dans la présentation de l'épaule.
Les planches XXm à XXVI enseignent, dans l'extraction par les
pieds, à dégager le bras postérieur le premier ; à transformer, par
rotation, le bras antérieur en postérieur ; à exécuter la manœuvre
appelée, en Allemagne, de Mauriceau-Levret.
Les planches XXYII et XXYUI sont consacrées à l'application, sur
la tète première et sur la tète dernière, du cranio-céphaloclaste .
Les planches XXIX et XXX, à la détroncation par le Trachelorhecter
de l'auteur. H. YARniER.
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p. 320. _
Le Gérant : G. Steinhbil.
IMPRIMER» A.-a. LRMALE, HAVRB
MAI 1900
DES
AVANTAGES B'OPËRER SANS HEMOSTASE PREALABLE
Par le Professeur A. €>oabaroff (Moscou).
En chirargie ce no aont pas toujonra les
procédés les plas brillants, ni oeax qnl res-
semblent le pins à des toars de force, mais
ceux qui inspirent le plus de oonflanoe et
de sécurité, qu'on doit préférer.
(Diet. en XV vol., toL VI.)
Il est indiscutable aujourd'hui que les principes de la chi-
rurgie générale doivent trouver leur application dans tous les cas
particuliers qui nécessitent les secours de cet art. Aussi a-t-on
fait de nombreuses tentatives pour simplifier et perfectionner
les procédés opératoires tant dans le domaine de la gynéco-
logie que dans celui de la chirurgie abdominale. Nous n'avons
pas perdu le souvenir de ces procédés classiques pour les
opérations sur les organes génitaux de la femme, procédés dans
lesquels on se plaisait à découper des papillons et autres
figures bizarres, à multiplier et à compliquer les sutures, qu'on
prétendait indispensables pour Tefficacité des opérations plas-
tiques dans cette région. Il en était de même pour les opérations
abdominales.
On n'osait négliger aucune précaution, multipliant les liga-
tures élastiques dans les opérations sur Tutérus, appliquant
d'énormes pinces sur tout ce que Ton allait sectionner. On met-
tait en œuvre, en un mot, un arsenal compliqué et encombrant
qui laissait supposer que tout ce que Ton se proposait de cou-
per devait saigner au moins aussi fort qu'une artère.
Dans des publications antérieures (1), je me suis efforcé de
(1) Voir : Journal d'Obttétrique et de Oynéeologie (en russe). St-Pétersb., 1897
et 1899, idBsi que Monatuchrift fur Oehurtsh. und Oytuec^lè^.
AV!I. DE OTK. — VOU UIL 23
334 DBS AVANTAGES d'oPÉRER SANS HEMOSTASE PREALABLE
montrer combien il était avantageux d'isoler les artères avant
de les lier au cours des opérations dans la cavité abdominale,
et ces avantages ont été mis hors de doute par les travaux
de Bumm,de Pierre Delbet, de Doyen et autres: ils ne peuvent
plus présentement être discutés. Cette manière d'opérer sup-
prime maintes complications, la chute d'une ligature, l'hémor-
rhagie dans le tissu cellulaire, etc., elles ne peuvent plus se
produire car, les artères étant liées, on a supprimé toutes les
conditions nécessaires à leur production.
Quoi qu'il en soit, plusieurs opérateurs continuent encore à
regarder comme indispensable de lier d'avance tout ce que Ton
va couper pour enlever une tumeur dans la cavité abdominale
afin de se garantir contre l'éventualité d'une hémorrhagie quel*
conque. Théoriquement ils ont raison : quand tout a été
lié d'avance, on doit obtenir une sécurité complète, toute
possibilité d'hémorragie étant écartée. Malheureusement ce
n'est pas toujours ainsi que les choses se passent. Les liga-
tures coupent les tissus qu'on s'est donné tant de peine à
comprimer, et souvent une hémorrhagie secondaire ne se fait
pas attendre longtemps. II faut une grande expérience pour
bien apprécier la force que l'on doit employer en appliquant les
ligatures afin qu'ultérieurement elles ne coupent pas les tissus,
ou qu'elles ne cèdent pas aussitôt qu'on aura placé le nœud.
J'ai conservé un souvenir précis des premiers cas que j'ai
opérés. Maintes fois je me suis trouvé obligé de lierdeux ou trois
fois le même pédicule, car après le moindre attouchement les
ligatures glissaient et le moignon se mettait à saigner, ou bien
le péritoine près de la ligature se gonflait et devenait noir,
le tissu cellulaire sous-jacent s'étant imbibé de sang parce que
la ligature venait de couper un vaisseau dans la profondeur. Il
me fallait inciser le péritoine pour faire sortir l'épanchement et
refaire à nouveau mes ligatures. Et tout cela ne paraissait pas
dépendre de la manière dont je liais mes pédicules, parce que
j'obtenais les mêmes résultats en appliquant le nœud de Staf-
fordshire (à la manière de Tait), aussi bien qu'après d'autres
modifications qui me semblaient bien combinées pour éviter
GOUBAROPr 335
ces complications. Dans certains cas de tumeurs intraligamen-
taires, je continuai à rencontrer ces accidents, ce qui tient cer
tainement à |*épaisseur des tissus qu'on doit lier dans ce cas.
Toutes ces difficultés qu'on trouve avec les pédicules ont
toujours intéressé les chirurgiens, et beaucoup de travaux sur
les soins à donner à ces pédicules ont été écrits et publiés.
L'idée qu*on doit à toute force créer un pédicule ne saurait
plus avoir aujourd'hui qu'une valeur historique ; on ne peut plus
invoquer de motif sérieux à la nécessité d'établir uii pédicule, du
moment que Içs tissus des organes de la cavité péritonéale peu-
vent être sectionnés aussi méthodiquement que les tissus oes
autres organes du corps, et c'est ce qui a lieu aujourd'hui.
On avait lieu de craindre que les tissus sectionnés s'égarent
parmi les intestins en causant des difficultés opératoires quand
les procédés récents pour rendre accessible le champ opératoire
n'existaient pas encore, ou manquaient de précision. La posi-
tion avec bassin élevé, dite de Trendelenburg, accompagnée d'une
anesthésie complète, ont depuis longtemps aboli toute raison de
pareilles craintes, même au cours des opérations dans le petit
bassin, c'est-à-dire dans le recoin le plus profond de la cavité
abdominale
Or les raisons principales pour établir un pédicule, à savoir :
la crainte d'avoir une hémorrhagie, soit en sectionnant les
tissus, soit après les avoir sectionnés en laissant échapper dans
la profondeur ce qui pourrait saigner, ces raisons ne peuvent
plus présentement être considérées comme valables.
Reste la possibilité d'une hémorrhagie veineuse, qui aurait été
observée quelquefois. Dans la plupart des cas, une hémorrhagie
veineuse ûe peut être considérée que comme l'effet d'un malen-
tendu, au moins en ce qui concerne les cas où il n'y a lésion
ni de la veine cave ni de la veine porte. Si dans les opérations
sur la surface du corps une hémorrhagie veineuse ne peut avoir
lieu que lorsqu'il existe quelque obstacle pour le reflux du sang
vers le bout central d'une veine, il ne peut y avoir de même
aucune raison sérieuse pour prétendre que dans la cavité abdo-
minale les choses devraient se passer autrement. 11 est vrai
336 DES AVANTAGES d'opÉRBR SANS HÉMOSTASE PREALABLE
que l'ouverture béante d'une veine à demi sectionnée peut saigner
tant qu'elle ne sera pas coupée complètement. On sait bien
que Dupuytren avait raison quand il disait qu'une hémorrhagie
veineuse ne s'arrête quelquefois que lorsque la veine a été
sectionnée entièrement, ce qui de plus est facile à expliquer
puisque le bout périphérique d'une veine qu*on vient de couper
se rétracte et s'affaisse, tandis que le sang se dirige parles ana-
stomoses profondes vers le cœur. Dans la cavité du bassin les
circonstances locales secondent cet effet ; chaque artère est
accompagnée de deux veines, quelquefois même de trois. Quand
on lie le bout central d'une veine,ou quand on la comprimeavec
une pince hémostatique, on obtient tout le contraire : le sang
netrouve plus de voie pour suivre son cours vers le centre et
il se produit une hémorrhagie comme dans le cas d^une bande
Esmarch mal appliquée, ou lorsqu'on aura placé le bandage
pour faire la saignée au pli du coude. Les conditions du reflux
veineux, la malade étant placée en position Trendelenburg, sont
tellement favorables que, pour se garantir d'une hémorrhagie
ultérieure, on change ordinairement cette position en position
horizontale pour s'assurer, avant de fermer, que rien ne saigne
(cela semble être aujourd'hui de pratique courante). Or,
dans la position horizontale la circulation veineuse se fait
plus lentement que dans celle à bassin élevé et si quelque suture
venait à comprimer une anastomose veineuse, on constaterait
une hémorrhagie, le sang n'ayant plus le temps nécessaire pour
passer à travers le point rétréci du vaisseau, même lorsqu'il ne
serait comprimé que par une suture superficielle unissant le
péritoine seul. 11 va sans dire que l'accident serait plus accusé si
la ligature avaitcompris quelque veine d'un vol urne assez consi-
dérable.
Il serait donc difficile de trouver quelque raison sérieuse
pour lier autre chose que les artères. Si, de plus, on se rappelle
combien la présence d'une hémorrhagie veineuse peut changer
l'aspect des tissus et empêcher de distinguer leurs relations
topographiques, on ne peut douter que toute ligature un peu
étendue, telle qu'on les fait quand on établit un pédicule, devrait
GOUBAROFF 337
être évitée avant tout. Je dirai aussi que cette manière de faire,
en comprimant les tissus, les rend méconnaissables, les privant
de leurs qualités les plus précieuses, celles qui servent de base
pour toute étude topographique et qui permettent de les distin-
guer. Tout cela disparait complètement après une ligature en
masse qui attire les tissus les plus denses et élastiques et les
transforme en un moignon dur et uniforme.
Il est évident que toute considération relative aux pédicules
ne devrait pas avoir d'autre sens ou d'autre application pour
la cavité péritonéale que pour toute autre partie du corps. On
pourrait donc lier un pédicule dans le cas d'un polype ou d'une
verrue ou bien pour enlever une hydatide de Morgagni ; mais
toute opération chirurgicale ne peut prendre en considération
autre chose que les tissus qu'on doit sectionner et les relations
topographiques de ces tissus et des organes qu'on va couper,
elle n'a rien à faire avec un pédicule quelconque .
Nous allons passer en revue les relations topographiques
dans la région qui concerne le champ opératoire du gynéco-
logue dans la cavité abdominale et nous tâcherons d'apprécier
les dangers qu'il peut courir en sectionnant les tissus sans liga-
ture préalable et sans songer à établir un pédicule.
Quand on étudie les pièces remarquables du professeur
Hyrtl ou les figures qu'il a publiées sur les vaisseaux de l'utérus
et du ligament large, on est frappé par l'abondance, la sinuo-
sité des veines et de leurs anastomoses, ainsi que des con-
nexions intimes de tous ces vaisseaux avec l'uretère qu'ils
entourent de tous côtés.
On retrouve la même disposition, mais encore plus prononcée
sur le beau dessin publié récemment par le Professeur H. Kelly.
Ce dessin, que nous reproduisons ici (voir fig. l),de même que
ceux du professeur Hyrtl, a été fait d'après nature, ce qui le
rend très instructif.
On voit bien, en étudiant ce dessin, que le réseau vasculaire
du ligament large présente un aspect caverneux. L'accumula-
.^ ■ ■ I. < .
(1) U.-A. Kellt. Operatire Gynecologyy vol. I, p. 60; fig. 80. London, 1898.
338 DBS AVANTAGES DOPBRBR BANS IIÉMOSTASB
Uon vasculaire, aussi épaisse que le petitdoigt,laisse supposer
que tout ce que l'on va toucher de la pointe du bistouri ou des
ciseaux saignera abondamment.
De plus, on voit bien sur cette figure qu'on ne pourrait être
assuré d'arrêter une hémorrhagîe en appliquant une pince
Pla. I. — Vaisseaux du ligament large et leurs relaUoDB avei> l^metire
(d'après H. Ei^lly). Le périioiue de la face postérieure du ligament large
gauche a été enlevS pour laissar voir les vaisseaux et l'uretère dépouillta
U. Utérus. — a. oc Artère ovarique. — ovar. Ovaire. — ur. Cratère. —
a. «, Artère utérine. — r, u. Veine utérine, U satellite de cette veine passe
derrière l'uretère et n'est pas visible iei.
hémostatique sur l'artère qu'on aura coupée, car il peut bien
arriver que l'on coupe la même artère en plusieurs pointa et à
plusieurs reprises, ce qui nécessite plusieurs ligatures pour le
même vaisseau, avant d'avoir traversé ce réseau. S'il venait
à s'ajouter une hémorrhagie veineuse, on ne pourrait en outre
GOUBAROFF 339
être sûr de pouvoir bien distinguer Turetère dans les tissus
imbibés de sang. Même dans le cas où on aurait réussi à bien
discerner ce conduit, on courrait toujours le risque de léser
toutes ces veines d'un calibre si considérable. Voilà donc des
conditions assez défavorables pour toute opération dans cette
région. On comprend bien qu'il serait. infiniment plus simple
et plus sûr de comprendre tous les vaisseaux, tant artères que
veines, en une seule ligature, pour pouvoir opérer à sec. 11 est
vrai qu'une pareille ligature pourrait comprimer Turetère ; mais
il vaudrait mieux laisser la malade subir le risque d'avoir une
lésion de ce conduit que celui d'une hémorrhagie qu'on ne pour-
rait peut-être pas arrêter. Ce sont bien les réflexions qui s'im-
posent en étudiant cette figure.
Heureusement toutes ces craintes peuvent être annulées, et
par des mesures fort simples.
Il suffit, en eflet, de distendre assez fortement le ligament
large en attirant dans la direction opposée le fond de l'utérus
saisi par une bonne pince érigne, ce qui fait disparaître les
conditions défavorables que nous venons de mentionner.
La figure 2 montre la disposition des vaisseaux et leurs relations
avec l'uretère lorsque le ligament large est bien distendu. Cette
figure, ainsi que celle de Kelly, a été dessinée d'après une pièce ;
mais les artères, dans ce cas, ont été injectées avec une masse
demi-liquide (celle de Wiksemsky : farine, glycérine, eau phé-
niquée) permettant de tirailler les vaisseaux sans les briser, ce
qui ne pourrait avoir lieu en cas d'injection avec une masse solide.
Si on compare cette figure (fig. 2) avec la précédente (fig. 1),
on remarque ici une grande différence en faveur des conditions
opératoires :
On voit d'abord que les vaisseaux sanguins ne sont plus
concentrés : ils semblent occuper moins de place, ils ne sont
plus plies sur eux-mêmes ; de plus, ils ont pris chacun une
direction qui permet de les bien différencier. Ils ont néanmoins
conservé leurs relations avec l'uretère, car pour les mettre à
nu on s'est borné à enlever le feuillet péritonéal du ligament
large. Dans ces conditions on a pu rendre très visibles les
340 DES AVANTAGES d'OPÉB&R SANS HÉMOSTASE PRÉALABLE
vaisseaux parce que le cadavre qui a servi pour préparer cette
Fic). 2. — PasittoQ & bsBaln âlevë. InciBion médUae.
L'utêruB u est cnlei par une pinoe érigne et [ortement attiri & (fauche et en
haut. La lërre droite de l'iDciBioD est fortement écartée. Let uinexes
droîteB ont été enlevées par un coup de ciseaux avec la partie lupérienr*
de la grande anastomose de t'utérine. Les deui bouta de cette anae
BDattomotique Bout : a, c. l'artËro ovarîque et a, u. l'artère utérine ; —
I. symphyse pubienne; — p. promontoire ; — d. cul-de-tac de Douglae ; —
il. rectum ; — A. aorte; —a. i. i. artère iliaque-lnterne ; — v. u. reiite
utérine ; — l, r, ligament rond.
GOUBAROFF 341
pièce était tout à fait privé de tissu graisseux et, pour mettre
les vaisseaux en évidence, on n'a pas eu besoin de toucher au
tissu cellulaire qui les enveloppait.
Pour obtenir la pièce de la figure 2 on a enlevé la partie supé-
rieure de Tanse anastomotique entre l'utérine et l'ovarique. Les
veines qui accompagnaient cette anse n'ont pas été dessinées,
car elles ne présentent aucun intérêt opératoire^ ce qui sera
démontré plus loin.
Quand on procède à l'extirpation des tumeurs des annexes,
kystes, kystomes, salpingites, etc., la section de cette anse
anastomotique est la plus grande lésion du système vasculaire
que ce genre d'opération puisse exiger. Notons, en passant, que
souvent, après l'ablation d'une trompe ou d'un ovaire, cette anse
peut rester complètement intacte, car cène sont que ses branches
qui auront été sectionnées au cours de ces opérations. Un
regard sur la figure 1 suffit pour convaincre qu'on ne saurait
attendre quelque hémorrhagie digne d'être mentionnée, qui
puisse provenir de cette source. L'observation journalière
démontre, à son tour, qu'on peut simplement couper à coups de
ciseaux toutes ces branches artérielles avec le méso qui les
renferme sans prêter aucune attention à Thémorrhagie, qui
s'arrête aussitôt que la plaie péritonéale du ligament largo
aura été fermée par un simple surjet. Ce ne sont que les grandes
tumeurs de l'ovaire et, en particulier, les tumeurs intraligamen-
taires qui pourraient exiger la section de cette anse dont les
deux boutSj dans ce cas, doivent être liés séparément. Pour en
finir avec la partie supérieure du ligament large, nous allons
décrire la manière d'opérer que nous avons adoptée pour les
cas simples, comme extirpation d'une trompe ou d'un ovaire,
les connexions topographiques dans ces deux cas présentant
une identité presque parfaite.
On commence par rechercher le fond de l'utérus qu'on saisit
avec une pince érigne pour le tirer en haut et vers le côté
opposé. Les adhérences sont déchirées avec le doigt ou section-
nées par quelques coups de ciseaux. On saisit le bout utérin de
la trompe et on le comprime avec une pince pour ne pas laisser
342 DES AVANTAGES d'opÉRER SANS HEMOSTASE. PRÉALABLE
échapper son contenu. Le bord libre du méso est marqué à son
tour par une autre pince ne comprimant que le péritoine ; cette
dernière pince est destinée à marquer la fin de Fincision et
à servir de repère pendant Tapplication de la suture. Ces
deux pinces sont confiées à un aide qui étend la base du méso-
salpinx. Le chirurgien saisit la trompe entre Findex et le
médius de la main gauche et d'un coup de ciseaux divise le
méso tout le long de sa base. Si après l'ablation de la tumeur
quelque artère donnait du sang, on n'aurait qu'à appliquer une
pince hémostatique, à isoler le vaisseau et à le lier. Quand
en sectionnant le méso on commence par le bout utérin se diri-
geant vers le ligament infundibulo-pelvicum, on ne trouve
a
Fio. 8. — Schéma du surjet double à points croisés, b. Application da
Burj et. Suture tenninée.
ordinairement rien qui mérite une ligature et on peut se borner
à procéder directement à la suture. Un simple surjet sufBt,
mais il a Tinconvénient de raccourcir le ligament. Pour éviter
cet inconvénient, on peut avoir recours au surjet à points renforcés
(comme celui de Doyen pour la gastro-entérostomie).C'est ainsi
ce que je fais volontiers. Mais il vaut bien mieux appliquer
le surjet double que j'appelle surjet croisé et que j'emploie à
présent presque toujours. Pour faire cette suture, on commence
par fixer le bout initial d'un surjet ordinaire en faisant un
nœud. Après avoir passé le long de la plaie et ayant soin de ne pas
trop serrer le fil, on retourne en sens inverse vers le bout initial
en continuant toujours de coudre en surjet. Il ne reste plus
qu'à lier les deux bouts pour fixer le bout terminal (voir fig. 3).
GOUBAROFF 343
L'expérience m'a fait apprécier les avantages de cette suture.
Je me contentais d'abord d'un simple surjet dont je nouais les
deux bouts. Mais cette manière de faire, comme je viens de le
dire, raccourcissait le ligament, ce qui empochait de faire Fhys-
téropexie abdominale que je fais toujours après Tablation des
annexes. Quand on a eu soin de fixer Tutérus à la paroi abdo-
minale, on a Tavantage de pouvoir toujours introduire par le
coin inférieur de la plaie abdominale une sonde uréthrale pour
juger de la nature d'un épanchement dans le cul-de-sac de
Douglas, ce qui simplifie le traitement ultérieur en permettant
de préciser plusieurs indications importantes comme pour intro-
duire un drainage ou pour procéder à une laparotomie secondaire
pour arrélerune hémorrhagie. ifvasansdire que Tintroduction
d'une sonde à travers la plaie peut se faire sans anesthésie :
avec une sonde bien stérilisée, c'est une intervention minime,
se faisant pendant la visite.
Dans le cas de tumeur intraligamentaire provenant des
annexes et solidement fixée par des adhérences dans le cul-de-
sac de Douglas la possibilité de Tablation dépend de Tétat du
tissu cellulaire de la base du ligament large. En effet, si ce
tissu a perdu son extensibilité, on a pour les vaisseaux sanguins
précisément les mêmes relations topographiques que celles
que nous avons vues sur la figure 1.
Il pourrait dans ce cas être très difficile et même impossible
de modifier ces conditions défavorables. C'est ce qui a lieu lors
de l'extirpation d'un utérus carcinomateux par voie abdominale
quand le tissu cellulaire est envahi, ne serait-ce qu'en partie,
par le néoplasme. Les difficultés qu'on rencontre dans ce cas
font un contraste complet avec la facilité de l'ablation par la
même voie d'un utérus fibromateux quand le tissu cellulaire est
sain.
Les tumeurs enclavées dans le petit bassin ne donnent lieu à
des difficultés sérieuses pour une opération que si le tissu cellu-
laire para-utérin a perdu son extensibilité. C'est par excel-
lence la condition qui peut rendre impossible l'ablation de la
tumeur, mais, tant que ce tissu peut être distendu, on peut
344 DES AVANTAGES D*OPBRBR SANS HÉMOSTASE PRÉALABLE
admettre comme règle géaérale que toute tumeur située dans le
petit bassin peut être extirpée si on choisit le plan et les tissus
convenables pour ce faire et si on ne fait pas d'hémostase préa-
lable, car on comprend bien qu'une ligature ayant comprimé
les tissus pourrait non seulement entraver, mais même rendre
impossible la reconnaissance du plan qu'on recherche et l'achè-
vement de l'opération. Or, tant que le tissu cellulaire est resté
sain, l'immobilité de la tumeur ne doit pas être regardée comme
une contre-indication à l'ablation, car la tumeur peut être rendue
mobile au cours même de l'opération ; une tumeur des annexes
n'est véritablement immobile et inopérable que quand ce tissu a
subi une infiltration inflammatoire ou par néoplasme.
Prenons un autre cas : La tumeur elle-même est restée
mobile, mais le point de l'implantation sur le ligament large
est entre les feuillets mêmes de ce ligament. C*est ce qui a lieu
dans le cas de tumeur volumineuse à base intraligamen-
taire. Ici on peut ordinairement tout de même saisir le fond de
l'utérus pour obtenir les conditions qu'on trouve sur la figure 2.
Dans l'extirpation d'une tumeur de ce genre, on peut ren-
contrer deux cas : ou bien : 1° la tumeur ne tient que par la base
du mésosalpinx, ou 2^ elle descend jusqu'à la base du ligament
large dont elle a écarté les feuillets.
Dans le premier de ces cas, quand elle ne tient qu'au méso,
elle descend très peu au-dessous du ligament rond. Il sufKt
alors de marquer par une pince le bord libre du ligamfmtum
infundibulO'pelvicum et de procéder à la section de tout ce
qui tient, en commençant près de la corne utérine pour termi-
ner vers ce ligament. Au premier coup de ciseaux, on voit ordi-
nairement près de la corne utérine une artère qui saigne : c'est
le bout interne de la partie supérieure de l'anse anastomotiqae.
On y place une pince de Péan et on continue à détacher la
tumeur avec le doigt et à sectionner à coups de ciseaux les feuil-
lets du ligament large. Les quelques artérioles qu'on rencontre
pendant ce temps opératoire n'exigent ordinairement rien de
spécial. Une fois la tumeur enlevée, on recherche l'autre bout
de l'anse anastomique, l'artère ovarique, qu'on trouve près delà
GODBÀKOFF
pince qui marque le ligameotum înfundibulo-pelvîcum (voir
âg. 2), Il reste à réunir les feuillets péritonéaux sectionnés par
un surjet approprié. Un cas pareil diffère peu de ce que nous
Fio. 4, — Kyite volumineui intra-liganieotaîre, euclavâ dans le lij^iuent
large guuche.
M. utérus. — >. Sr. lQte«Ua ligtna Koomnum. —p.p. Pleiua pampiniformlB ;
l'uretère u. r. est marqué par te pointillé. Oa voit l'endroit dilaté, ce qui a
dû dépendre de la compresBiou. La surface antérieure de ce conduit est
crineée par l'artère ntérioe a. u. (Opér. octobre 1899. Durée de l'opér.
SOmiD. GaéiiBOD.)
rcDODa de dire à propos de l'extirpation d'une trompe ou d'un
ovaire.
Prenons le second cas de tumeurs întraligamentaires. La
tumeur est fixée dans la base même du tissu cellulaire du liga-
ment large et intimement unie à l'artère utérine et à l'uretère,
346 DBS AVANTAGES d'OP^RER SANS HÉMOSTASE PRÉALABLE
mais l'utérus peut encore être relevé et placé dans les coadi-
tions de la figure 2. Ici il vaut mieux commencer par le bout
externe du ligament large et se diriger en le sectionnant vers
la corne interne. On commence à sectionner le ligamentum
\
FlO. 5. — Le tnêiufl cas que sur la lig. i, niais après l'ablation de tumeur.
U. utérus, —a. ••. Artère utSrine, lelleuouelleaétâ liée. — «r. Uretère «veo
l'endroit dilaté. Lee sutures appliquées m^e non encore MTréet.
iafundibulo-pelvicum. Des veines aussi grosses qu'un crayon
(voirB. 4) peuvent former la masse de ce ligament. C'est cequ'on
appelle le plexus pampiniformis . Le mieux est de n'y faire
aucune attention et de les couper simplement de prime abord
d'un coup de ciseaux, parce que quand elles auront été section-
GOUBAROFF 347
nées, elles ne peuvent plus saigner. (Il va sans dire qu'on a mis
la patiente en position élevée du bassin et qu'on n*a pas mis de
pinces sur ces veines.) C'est ce qui a été fait dans le cas représenté
sur la figure 4, et c'est bien pourquoi, à ce qu'il me semble, j'ai
réussi à épargner Turetère qu'il aurait été tout à fait impossible
de distinguer après avoir placé une ligature en masse sur tou-
tes ces veines. J'ai eu beaucoup de peine à détacher ce conduit
solidement uni à la surface du kyste : il fallut s'appliquer cons-
tamment à couper les couches superficielles de cette tumeur
pour en venir à bout. La paroi du kyste en ce point était mince
et aussi transparente qu'un feuillet de péritoine. Pendant l'iso-.
lement de l'uretère, il a fallu écarter fortement l'artère utérine
en avant et en dehors et après l'ablation de la tumeur cette
artère a été trouvée isolée sur l'étendue de plusieurs centimè-
tres ce qui permit d'appliquer la ligature en dehors de l'uretère
(voir fig. 5).
Pour terminer l'hémostase il a fallu lier encore une artère,
l'ovarique. Il est à remarquer que l'hémorrhagie au cours de
ceitte opération fut absolument insignifiante, quoique le plexus
pampiniformis fût composé de veines très volumineuses, plus
grosses qu'un crayon, comme on le voit sur la fig. 4 ; mais
ces veines n'ont pas été comprimées par des pinces ; elles
ont siaiplement été coupées par des ciseaux et elles n'ont pu
saigner. Après avoir suturé la plaie du ligament large par un
surjet, on referma l'abdomen sans drainage aucun.
Il peut arriver qu'une tumeur intraligamentaire contracte des
adhérences avec l'épiploon et les intestins, comme avec l'anse
sigmoîde et alors le ligamentum infundibulo-pelvicum peut être
tout à fait masqué ; dans des cas pareils, la recherche de l'ure-
tère peut devenir impossible si on veut commencer la section
par ce ligament. C'est ce qui a eu lieu dans un cas de sarcome
de l'ovaire gauche que l'on voit sur la fig. 6. Ici il a fallu cher-
cher une autre voie pour détacher la tumeur et pour éviter une
lésion de l'uretère. Voici comment nous nous sommes tiré d'af-
faires. Ayant remarqué que le ligamentum infundibulo-pelvi-
cum ne pourrait être retrouvé avec précision, je commençai par
348 DBS AVANTAGES d'OPÀRBR SANS BiHOBTABB PRÉALABLE
sectïonnerle feuillet antérieur du ligament large, le longdu liga-
meat rond et je cherchai i détacher avec le doigt l'insertion de
la tumeur dans la base du ligament large, je coupai en même
temps le feuillet postérieur de ce ligament.
Après cela, il ne resta que deux points fixes : l'nn, prëa de la
corne utérine et l'autre près du plexus pampiniformia. 11 était
Fia, G, — Sarcome de l'ovaire gauche.
U. DtérUB. — (. F, Trompe. — u. «. Oviûre eQTfthi par le néoplasme. —
i. 8. S. IntMtiD eigma Bomanum, fortement fixé à U tumeur. (Opir.
JaUTier tOOO. Durée de l'opÊratiOD, une heure. QuËriMn.]
évident qu'on n'aurait pu léser l'urelére en sectionnant tout ce
qui tenait à la corne utérine, car ce conduit ne pourrait être
situé près de celte corne. Ayant sectionné cette attache de la
tumeur, on vit un jet de sang artériel prés de la corne nté-
rine ; c'était le bout terminal de l'artère utérine. On ponvaît
alors être sûr que: 1" «la partie profonde de l'utérine étaitrestée
GOUBÀROFF 349
intacte et que 2*^ « luretère, situé encore plus profondément que
cette artère^ne pouvait non plus avoir été lésé. L'artère devait
bien avoir été épargnée, car, dans le cas contraire, son bout ter-
minal près de la corne n'aurait pu saigner, parce que le sang
n*aurait pu atteindre ce bout, s'il y avait eu une lésion plus haut.
Si, d'autre part, l'utérine avait été sectionnée pendant le détache-
ment de la tumeur, on aurait vu un autre jet artériel situé sur la
surface de la tumeur, mais il n*y en aurait eu aucun près de la
corne utérine. Par conséquent, on pouvait être certain que dans
la profondeur on avait laissé intacts et Tartère et le conduit de
l'urine. Cela étant admis, on pouvait, avec la même sûreté, sec-
tionner les dernières attaches de la tumeur vers la ligne inno-
minée sans crainte aucune pour le sort de l'artère et de ce con-
duit. C'est aussi ce qui a eu lieu, je sectionnai de très grosses
veines (comme elles le sont toujours dans les sarcomes) et Tar-
ière ovarique que je liai in loco, après l'avoir isolée. La plaie
du péritoine fut réunie par un surjet et je fermai l'abdomen sans
drainage.
En cas de tumeurs intra-ligamentaires solidement enclavées
dans la profondeur du petit bassin, les adhérences peuvent être
tellement résistantes qu'on ne parvient pas à attirer le fond de
l'utérus. C'est précisément ce que l'on trouve à la suite de para-
métrites de longue durée. Dans ces cas, on se trouve obligé de
sectionner des adhérences ressemblant à du cartilage, au fond
du cul-de-sac de Douglas, ce qui se fait à l'aide de ciseaux gui-
dés par la pointe du doigt. En procédant ainsi, on n'a pas à crain-
dre de léser l'intestin si l'on a eu soin de suivre exactement la
face postérieure de l'utérus. Ordinairement on n'a aucune hé-
morrhagie, mais même si celle-ci survenait on n'aurait pas
à s'inquiéter, car une fois l'utérus attiré en haut, on sera tou-
jours en état de la maîtriser par quelques points de suture.
En général, dans ces conditions, aucune hémorrhagie ne
pourrait créer un obstacle sérieux; même si l'on avait sectionné
l'artère utérine, on n'aurait qu'à appliquer une pince, comme il
m'est arrivé une fois au cours de l'extirpation d'un utérus fibro-
maieux«
Amr. nm otv. — vol. un. 2^
I&fi aSB A.X-jCi?Tlk%9CS n'orÉKEft SANS BEMOSTASB PRBiUBlB
XUms^ jf nu^ jKDiqx^i je Tiens de faire allusion, je n axais pas
jmttif' À ^ fCfiC ^LTiiAtieTiqve da vagin, et au lieu de bvTe'v&\TO«
cuxre xoitf jilikfif duis le col-de-sac postérieur du vagin pour
pricvjcr if rpliv»xT«". cMnme le préconise Doyen et comme j ai
ccci^^ne ^ £iii7ip.>e A>aiaieQ^i directement à sectionner à con^s
de cù«a«x IVxcarjiUoQ de Doaglas. II arriva que Tarière nté-
rine gauche fat c»opêe avant que j'eusse traversé la paroi dM
vagin et il me fallut appliquer une pince hémostatique sur le
bout de cette artère qui saignait. Cela n*entrava aucutveOk^^V
ropération. (Extirpation d*un utérus fibromateux dépassant
d'une paume de main Tombilic. Durée de Topération, qx&aranie
minutes. Guérison. 1899.)
Quand on a détaché les adhérences au fond de Texcavation
postérieure, on obtient les mêmes relations que dans un cas ordi-
iiaire, quand on a relevé le fond de la matrice (conditions de
la fig. 2), mais il peut arriver que le] cul-de-sac de DougU^
reste néanmoins tout à fait inaccessible, parce que Tutérus ne
bouge pas ou parce qu'il serait imprudent de le tirer avec V^
force convenable po^r ce faire, pBt exemple, à cause de 7a pré-
sence du pus.
C'est ce qui a lieu surtout lorsque les annexes des deux côtés
sont intéressées, les tumeurs remplissant toute la caviiè au
petit bassin. On a Tiropression de ne pouvoir rien enlever
en procédant de haut en bas. Et cela ne dépend pas toujours
de la dimension de la tumeur, car l'ablation d'une tumeur volu-
mineuse peut être plus facile que celle d'une petite tumeur.
En effet, après avoir enlevé une grosse tumeur, on g^a^piie
beaucoup plus de place que dans le cas d'une petite.
Comme preuve, prenons le cas dessiné sur la fig. 7. A.vanl
l'opération, on n'avait diagnostiqué qu'un fibrome multiple de
l'utérus, enclavé dans le bassin, avec lésions anciennes des
annexes.A l'ouverture de la cavité péritonéale on ne pouvait v^oir
ou palper que la partie supérieure de Tutérus et les attaches
utérines de la trompe. Toute la cavité du petit bassin semblait
remplie par des fibromes multiples et par les annexes dilatées (hy-
dro-pyosalpingites). Il était absolument impossible de pénétrer
GOOBAROFP 351
dans le cul-de-sac de Douglas, car le fond de l'utérus ne bou-
geait pas d'un centimètre, quoique je l'eusse saisi avec de fortes
pinces de Museux. 11 me fallut recourir à la manœuvre préco-
nisée par Doyen et sectionner de prime abord les attaches
utérines des ligaments larges. Après section des bouts utérins
des trompes et des ligaments ronds, près de leurs insertions,
on commença à détacher les faces latérales de cet organe avec
le doigt, qui pénétra par le tissu cellulaire jusqu'à la base du
ligament large. Après cela, on n'eut qu'à tirer avec la pince qui
Fia. 7.— nbTOtnMmnltiples.aveo BsIpiugiteB doubles complet emeat enolavéa
dani le banin, Huée par des adhérencex BolidcB. (Opér. avril 1S99.
BitirpaMon de l'utérus et des trompes. Lei ovairea ont été épargnés.
Durée ds l'opératiOD, 1 h. 20. OuériioD.)
saisissait le fond de l'utérus pour le relever à la hauteur voulue
et pour rendre accessible sa paroi postérieure. 11 ne resta plus
alors qu'à sectionner les adhérences pour atteindre le fond du
cul-de-sac de Douglas et pour enlever l'utérus par le procédé
typique de Doyen, en ayant ouvert le cul-de-sac postérieur du
vagin.
C'est ce qui a eu lieu dans le cas dont nous parlons. Une fois
l'utérus enlevé, il se tronva tant de place dans la cavité du
petit bassin, que l'extirpation des deux trompes ne présenta
3&0 DBS AVANTAGES d'oPÉRER SANS HEMOSTASE PREALABLE
Dans le cas auquel je viens de faire allusion, je n*avais pas
pensé à l'état climatérique du vagin, et au lieu de faire intro-
duire une pince dans le cul-de-sac postérieur du vagin pour
pouvoir le retrouver, comme le préconise Doyen et comme j'ai
coutume de faireje commençai directement à sectionner à coups
de ciseaux Texcavation de Douglas. Il arriva que Tartère uté-
rine gauche fut coupée avant que j'eusse traversé la paroi du
vagin et il me fallut appliquer une pince hémostatique sur le
bout de cette artère qui saignait. Cela n*entrava aucunement
l'opération. (Extirpation d'un utérus fibromateux dépassant
d'une paume de main Tombilic. Durée de Topération, quarante
minutes. Guérison. 1899.)
Quand on a détaché les adhérences au fond de Texcavation
postérieure, on obtient les mêmes relations que dans un cas ordi-
naire, quand on a relevé le fond de la matrice (conditions de
la fig. 2), mais il peut arriver que le] cul-de-sac de Douglas
reste néanmoins tout à fait inaccessible, parce que Tutérus ne
bouge pas ou parce qu'il serait imprudent de le tirer avec la
force convenable poi^r ce faire, par exemple, à cause de la pré-
sence du pus.
C'est ce qui a lieu surtout lorsque les annexes des deux côtés
sont intéressées, les tumeurs remplissant toute la cavité du
petit bassin. On a l'impression de ne pouvoir rien enlever
en procédant de haut en bas. Et cela ne dépend pas toujours
de la dimension de la tumeur, car Tablation d'une tumeur volu-
mineuse peut être plus facile que celle d*une petite tumeur.
En effet, après avoir enlevé une grosse tumeur, on gagne
beaucoup plus de place que dans le cas d'une petite.
Comme preuve, prenons le cas dessiné sur la fig. 7. Avant
l'opération, on n'avait diagnostiqué qu'un fibrome multiple de
l'utérus, enclavé dans le bassin, avec lésions anciennes des
annexes. A l'ouverture de la cavité péritonéale on ne pouvait voir
ou palper que la partie supérieure de Tutérus et les attaches
utérines de la trompe. Toute la cavité du petit bassin semblait
remplie par des fibromes multiples et par les annexes dilatées (hy-
dro-pyosalpingites). Il était absolument impossible de pénétrer
GOUBAROFF 351
dans le cul-de-sac de Douglas, car le fond de l'utérus ne bou-
geait pas d'un centimètre, quoique je l'eusse saisi avec de fortes
pinces de Museux. Il me fallut recourir à la manœuvre préco-
nisée par Doyen et sectionner de prime abord les attaches
utérines den ligaments larges. Après section des bouts utérins
des trompes et des ligaments ronds, près de leurs insertions,
on commença à détacher les faces latérales de cet organe avec
le doigt, qui pénétra par le tissu cellulaire jusqu'à la base du
ligament large. Après cela, on n'eut qu'à tirer avec la pince qui
Fia. 7. — Fibromes mnlti pies, avec salpiugites doubles ci>iii platement enclavËB
dana le bassin, Éxéi par des adhérences solidea. (Op£r. avril 1899.
Bstirpatiou de l'utérus et des trompée. Les ovaires ont été ËpargnÉa.
Durée de l'opération, 1 h. 20. Quérison.)
saisissait le fond de l'utérus pour le relever à ta hauteur voulue
et pour rendre accessible sa paroi postérieure. Il ne resta plus
alors qu'à sectionner les adhérences pour atteindre le fond du
cul-de-sac de Douglas et pour enlever l'utérus par le procédé
typique de Doyen, en ayant ouvert le cuUde-sac postérieur du
vagin.
C'est ce qui a eu lieu dans le cas dont nous parlons. Une fois
l'utérus enlevé, il se trouva tant de place dans la cavité du
petit bassin, que l'extirpation des deux trompes ne présenta
352 DES AVANTAGES d'opÉRER SANS HÉMOSTASE PRÉALABLE
aucune difliculté. Ne trouvant pas d'altérations dans les ovaires,
je jugeai bon de les épargner et je fermai Tabdomen.
Dans ce cas, beaucoup de diflicultés opératoires ont été évi-
tées par ce fait qu'il était indiqué d^extirper Tutérus. Si
cet organe avait été sain, nous n'aurions pu sans doute profiter
des avantages de cette manœuvre, car nous tenons à ne
jamais enlever un utérus sain pour des lésions des annexes
seulement. Nous n'admettons pks qu'une simplification du
manuel opératoire puisse permettre de sacrifier un organe sain,
même s'il était entravé dans quelques-unes de ses fonctions^
C est là une des causes qui font que nous préférons souvent
l'ablation des annexes par voie abdominale et avons plus
rarement recours à l'opération vaginale. 11 ne serait en
effet nullement difficile d'extirper par le vagin des annexes
que nous opérons par laparotomie, si nous avions jugé
indiqué de commencer lablation vaginale par enlever l'uté-
rus sain, tandis que l'on aurait pu en venir à bout par voie
vaginale, si on avait conservé cet organe. Ce sont des indi-
cations vagues et trop peu fondées pour permettre de sacrifier
un organe, sain d'apparence et dont les fonctions, altérées sans
doute par l'ablation des annexes, pourraient, il est vrai, devenir
douteuses, mais ne pourraient encore être considérées comme
nulles avant d'avoir été étudiées à fond et d'être démontrées et
prouvées telles, par une expérience étendue.
Heureusement, l'ablation de l'utérus sain n'est pas du tout
indispensable dans ces cas, car la manœuvre de Doyen permet
d'extirper les annexes sans toucher à l'utérus. Voilà de plus le
procédé qui m'a permis de le faire.
On découvre le fond de lutérus, ayant détaché les adhérences
qui le masquent et on le saisit par de fortes pinces de Museux.
La corne utérine du côté malade ou les deux cornes, s'il y a
lieu, sont marquées par des pinces Kocher et on sectionne les
attaches utérines des ligaments larges, en descendant le long
des côtés de l'utérus comme si on voulait extirper cet organe.
Ayant pénétré dans le tissu cellulaire de ces ligaments, onoon->
tinue la libération avec le doigt. L'utérus devient, après
GOUBAROFF 353
cela, mobile et peut être relevé en haut, laissant libre l'espace
qu'il occupait dans le petit bassin, ce qui permet de voir les
annexes qu*on veut attaquer. Les tumeurs de ces organes
deviennent en outre mobilisables à leur tour et on les détache
avec le doigt. Il ne reste plus qu'à sectionner le ligament.
infundibulO'pelvicum et à appliquer des pinces sur les
artères sectionnées.
Après avoir sectionné les attaches utérines des ligaments
larges, on voit l'ablation des annexes, sans cela très laborieuse,
devenir simple et facile, surtout si les tumeurs siègent au fond
du cul-de-sac de Douglas. L'artère utérine (son tronc principal)
n'est ordinairement pas intéressée et on n'a pas à craindre que
la nutrition de la matrice puisse être entravée.
Nous avons déjà dit que si Ton sectionne les attaches
des annexes en allant de Tutérus vers le bord du bassin, on
évite de léser l'uretère, le même procédé, comme le démontre
l'expérience, peut être trouvé très favorable pour détacher les
adhérences intestinales, ce qui devient très simple, si on intro-
duit le doigt au-dessous pour les relever, en ayant pénétré par
le tissu cellulaire. «
Il est à noter qu'après avoir détaché une tumeur de ce genre
et n'avoir laissé que ses attaches intestinales, on est souvent
frappé par le changement que l'on trouve dans ces adhérences,
qui semblent beaucoup moins étendues qu'elles ne l'étaient au
commencement de l'opération quand on s'efforçait de les libérer.
Le cas que l'on voit sur la figure 8, a été instructif à ce point
de vue. Ici, les lésions inflammatoires des annexes droites avaient
pour cause une appendicite ancienne. La tumeur tubo-ovarienne
étant solidement fixée au csecum, nous commençâmes par
détacher ces annexes altérées, ayant sectionné leurs attaches
utérines. En procédant ainsi, je vis une bande solidement fixée
à la surface inférieure de Tovaire. Cette bande ressemblait à un
uretère, mais de même on voyait bien ce conduit situé dans la
profondeur là où on le voit ordinairement à travers le péritoine
qui le recouvre. Essayant de libérer cette bande, je pus voir
qu'elle se dirigeait en haut et en dehors, ce qui me démontra
SANS RÉMOSTASB PRÉALABLE
que cela ne pouvait nullement être l'uretère ; je me décidai donc
à la sectionner. Un put voir alors une espèce de c&oal
situé au milieu d'elle; je mis une pince Kocher pour pouvoir
retrouver le bout qui ae dirigeait vers la fosse iliaque. Ayant
passé le doigt sous les adhérences intestinales, je les sectionnai
par quelques coups de ciseaux et terminai ainsi l'ablation de la
tumeur. Après avoir lié les artères qui saignaient, je procédai
à isoler la bande sus-mentionnée, que j'avais marquée (par la
Fia. S, — Salpingo-oophoriM droite, due à uoe appendicite, kt«c adhérence
solide uniSKant la tumeur au cmcuia.
i. c. Intestin onxuui. — (. F. Trompe. — o. Ovaire. (Opér., 36 jan-
vier iguu. Durée de l'opËratioD, 4U minutes. QuërJiOD.)
pince), jusqu'à son bout terminal que je trouvai à la surface
inféro- postérieure du cœcum. 11 était dès lors évident que
celle bande n'élaît autre chose que l'appendice altéré (appen-
dicitis oblilerans); je l'enlevai parle procédé ordinaire (pro-
cédé Roux).
Je ne doute nullement que si j'avais placé une ligature en
masse sur le plexus pampiniforme avant de l'avoir sectionné,
il m'aurait été impossible de remarquer cette bande qu'on
aurait trouvée en étudiant la pièce extirpée.
GOUBÀROFF 355
Les divers exemples que nous venons de citer prouvent bien
que dans les opérations abdominales on n*a nullement besoin
de faire un pédicule quelconque. Ici comme partout, on ne
devrait donc songer qu'à une plaie ou un moignon comme après
toute opération chirurgicale.
Jusqu'à Tété dernier, je comptais 74 opérations exécutées
d'après ce principe (1). Puisque je n'opère plus autrement, je
dois avoir à présent plus de 100 cas (103) dans lesquels je n*ai
appliqué ni pince ni ligature avant d*avoir sectionné les tissus,
me bornant exclusivement à faire Fhémostase définitive. En
procédant ainsi je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer d'hémor-
rhagie inquiétante et je n'ai jamais vu ni chute de ligature,
ni hémorrhagie par cette cause. Je n'ai pas non plus observé
d'hématome dans le tissu cellulaire et je n'ai vu de veines
saigner que dans les cas où je ne pouvais trouver l'artère ovari-
que et où j'avais eu recours, pour cette raison, à la ligature d'en-
semble du plexus pampiniformis. Ce dernier, à mon avis, ne
peut être la source d'une hémorrhagie que dans le cas où il
aurait été lié ou comprimé par une pince.
En ne liant que ce qui saigne réellement, à savoir les ytères
et seulement celles qui ont été coupées, on gagne du temps
et on applique beaucoup moins de ligatures, ce qui ne saurait
être jugé autrement que comme une condition favorable pour
les suites.
On ne peut donc douter que l'élaboration et le développement de
la méthode opératoire que nous venons d'exposer doivent appor-
ter beaucoup de simplifications dans les opérations abdominales,
car elle est entièrement fondée sur les principes de la chirurgie
générale qu'elle tend à faire prévaloir dans la branche abdomi-
nale de cette science.
Voici les avantages de cette méthode qui nous semblent dignes
d'être mentionnés :
1) Facilité de distinguer les tissus et leur topographie, ce qui
(1) A. GoOBAROFF. Deber das Vermeiden der praventiven BlutetilluDg bel
Kôliotomien. Cèntralblatt fur Gynak., 1899, N« 30.
356 DBS AVANTAGES d'oPBRBR SANS HÉMOSTASE PRÉALABLE
augmente la précision et la sûreté des divers temps de Topéra-
tion ;
2) Absence d*hémorrhagie veineuse ;
3) Hémostase sûre : impossibilité d'une hémorrhagie secon-
daire ;
4) Quantité minime des ligatures, moins de chance pour Fin-
fection ;
5) On peut discerner des détails pathologiques et topogra-
phiques qu'il serait absolument impossible de remarquer après
avoir placé une ligature comprimant les tissus ;
6) On évite toute tension des tissus et toute compression qui
en pourrait résulter, ce qui ne peutavoir lieu après une ligature
en masse.
On trouve donc beaucoup de raisons pour éviter toute
hémostase préventive, pour se contenter de faire une hémostase
définitive, ce qui est plus facile au cours de l'opération que
plus favorable pour les suites opératoires.
NOUVEAUX DOCUMENTS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE L'APPENDICITE
DANS SES RAPPORTS AVEC LA GROSSESSE
Pftrle Professeur A. Pinard (1).
L'histoire de l'appendicite ayant été, en France, particuliè-
rement exposée ou étudiée à la tribune de l'Académie, je
pense que vous ne me saurez pas mauvais gré de venir vous
entretenir encore de cette maladie dont l'importance ne fait que
s'accentuer alors que sa nouveauté disparait.
Du reste, ainsi que je Tai fait dans mes précédentes commu-
nications, je ne veux aujourd'hui que continuer Fétude de l'ap-
pendicite dans ses rapports avec la puerpéralité et en particulier
avec la grossesse. Laissant d'abord parler les faits, je me bor-
nerai à formuler les quelques réflexions qu'ils suggèrent.
Il y a quelques mois, à la fin de Tannée dernière, on venait,
une nuit, me chercher pour aller près d'une jeune femme
ei^ceinte et à terme et qui avait, me disait-on, une péritonite
généralisée^ par suite de rupture utérine.
Après avoir demandé de plus amples renseignements à la
personne qui venait me chercher — personne qui n'était pas
étrangère à la médecine — je ne tardai pas à être convaincu
qu'il s'agissait là, non de rupture utérine, mais d'appendicite.
Ne pouvant m'absenter, par suite des fonctions que j'avais à
remplir dans la matinée à la Faculté, un de mes élèves me rem-
plaça.
Je dois dire que mon collègue, avant d'avoir vu la malade,
(1) Oommanication à VAcad, de médecine, 6 mars 1900.
358 l'appbndicite dans ses rapports avec la grossesse
avait fait le même diagnostic que moi, d'après les renseigne-
ments qui lui furent donnés.
Arrivé près de la jeune femme, il confirma notre diagnostic,
constata Texistence d'une péritonite suraiguê et tous les signes
d'une toxémie généralisée. La température était de 41^,8.
Le travail était commencé ; mon collègue jugea et avec raison,
selon moi, qu'il fallait commencer par vider l'utérus; aussi
l'anesthésie ayant été pratiquée, un enfant vivant fut facilement .
extrait — cet enfant est encore vivant et bien portant aujour-
d'hui ; — puis, immédiatement après, l'opération fut pratiquée.
Dès Touverture du péritoine il s'écoula 500 gr. environ de
pus séreux contenant des grumeaux blanchâtres. Les anses
intestinales étaient agglutinées et couvertes de fausses mem-
branes. L'appendice mesurait 11 centimètres de longueur et
2 centim. de diamètre. Il était sphacélé et offrait une per-
foration à 2 centim. environ de son extrémité cœcale. II
contenait un calcul fécal gros comme un haricot.
La malade mourut trente-deux heures après l'opération et
trois jours après le début des accidents.
Je dis bien trois jours, car, le vendredi soir, cette jeune
femme était bien portante et avait copieusement dîné. Dans la
nuit du vendredi au samedi, elle fut brusquement réveillée par
des douleurs de ventre suivies de vomissements. Un médecin
appelé le matin ne constata rien d'alarmant; la température et
le pouls étaient normaux, et, bien qu'il y eût une douleur assez
vive dans le côté droit du ventre, il rapporta cette douleur aux
contractions de lutérus qui était incliné à droite. Le diagnostic
porté fut : indigestion. Le reste de la journée fut médiocre, la
douleur persistait et de temps en temps il y eut des nausées.
Dans la nuit, les douleurs devenant plus vives, le médecin fut
rappelé ; mais comme, en pratiquant le toucher, il trouva le
col effacé, c'est-à-dire un début de travail, tout le monde mit
IdL douleur sur le compte d'un travail un peu lent chez une
femme nerveuse. •
La journée du dimanche se passa dans les mêmes conditions
jusqu'à 4 heures du soir, quand tout à coup le pouls s'éleva à
PINARD 359
120 et la température monta à 39^,3.. Il n'y avait aucune émis-
sion de gaz ni de matière depuis trente-six heures.
Le travail ne faisant pas de progrès, on fit alors le diagnostic
de péritonite par rupture utérine.
Ainsi que je Tai dit plus haut, cette jeune femme, qui avait
bien dîné le vendredi, était opérée en pleine péritonite généra-
lisée le lundi, et mourait le mardi.
Quelques jours après, un confrère venait me chercher pour
aller voir une de ses clientes primipare, enceinte de deux mois
environ, et qui, me disait-il , après avoir eu une indigestion,
cinq jours auparavant, avait été menacée de fausse couche. Les
accidents avaient été heureusement enrayés d'après lui par les
opiacés intus et extra ; mais depuis quarante-huit heures il y
avait des vomissements et de la fièvre, et des douleurs abdo-
minales généralisées très vives avaient fait leur apparition.
Aussi avait-il fait appliquer, avant de venir me chercher, douze
sangsues sur le ventre.
En arrivant près de cette jeune femme, je la trouvai avec le
cortège symptomatique le plus accusé d'appendicite. Le pouls
était à peine perceptible, les ongles étaient bleuâtres, et il
me fut donné de voir mourir cette malade pendant que les sang-
sues s'efforçaient de refroidir la maladie.
A ces deux observations j'oppose les faits suivants :
Obs. 1. — Appendicite au cours (Tune grossesse. Opération, Guérison.
Accouchement prématuré, par le Dr Rudâux, chef de clinique de la
Maternité de Beaujon (1). (Résumé.) — Le 11 juin 1899, se présentait
à la consultation de la Maternité de Beaujon une femme âgée de 29 ans,
domestique, enceinte pour la sixième fois et ayant eu cinq grossesses
normales, terminées par des accouchements spontanés et à terme ;
enfants élevés au sein par leur mère et tous bien portants.
Elle vient consulter parce que la veille, à 5 heures du soir, elle
a été prise brusquement de douleurs violentes dans Tabdomen, dou-
leurs qui ont été suivies, vers 11 heures du soir, de vomissements
alimentaires et bilieux. Enceinte de six mois, elle croit, dit-elle, « qu'elle
(1) GommuniqQée à la Société d'obstétrique, de gynécologie et de pédiatrie
de Paris dans sa séance du 2 février 1900.
360 l'appendicite dans ses rapports avec la grossesse
va faire une fausse couche », et c*est pour cette raison qu'elle s'est
rendue directement à la Maternité.
Examen, — Utérus non douloureux h la pression ; mais le palper
dénote une douleur et une défense musculaire très vives au niveau
de la fosse iliaque droite.
Le toucher vaginal réveille une douleur assez vive au niveau du
cul-de-sac latéral droit et dans la portion droite du cul-de-sac posté-
rieur. Langue humide et légèrement blanchâtre. Pouls normal, tempé-
rature 370. Mais dans la nuit qui suivit son entrée on voit survenir
de la diarrhée, des vomissements, des frissons, en même temps que
la température s'élève à 38o,7.
Le lendemain matin 12 juin, la température redescend à la normale,
les phénomènes locaux sont les mêmes ; une vessie de glace est appli-
quée au niveau de la fosse iliaque droite et le régime lacté est seul
autorisé. Dans la journée, les vomissements et la diarrhée ne se
reproduisent pas ; mais les douleurs persistent, sont plus intenses, et
la température s'élève à 38o,4.
Le 13 au matin, la température est redescendue à 37%2 et le soir
elle ne dépasse pas 3B\
Malgré la descente progressive de la température, 38*',7, 38o,4, SS»;
malgré un pouls bien frappé, toujours en rapx)ort avec la température,
et malgré le bon état général apparent (langue humide, peau souple,
faciès coloré), on maintient le diagnostic d'appendicite porté le premier
jour.
Le Dr Bazy est appelé, et quoique ne trouvant que les deux seuls
symptômes : douleur localisée et défense musculaire au niveau de la
fosse iliaque droite, il décide l'opération pour le jour même.
Opération. — L'abdomen ouvert, il s'en échappe ime sérosité louche.
Les parois cœcales sont recouvertes de fausses membranes d'apparence
purulente, de véritables 0 couennes ».
L'appendice, situé très profondément, adhère fortement aux parties
voisines, et ce n'est qu'après la section de son méso qu'on peut le
mobiliser.
Attiré à la surface, on le voit apparaître avec une longueur de
10 centim., un diamètre de 2 centim. et une coloration uniforme,
jaune verdâtre.
n parait gangrené dans sa totalité, et sa friabilité est telle qu'il se
déchire sous la simple pression du fil de soie destiné à le lier. Résec-
tion, etc.
PINARD 361
Le 20, expulsion d'un fœtus vivant, qui mourut le lendemain.
Le 2 août, cette femme quitta le service en parfaite santé.
Obs. 2. — Appendicite au cours d'une grossesse de trois mois. Péritonite
généralisée. Laparotomie : excision de l'appendice. Lavage de la cavité
péritonéale à l'eau salée. Avortement consécutif, Guérison. — Femme M. 6...,
relieuse, âgée de 34 ans, est apportée à la clinique Baudelocque le
20 novembre, à 7 h. 1/2 du soir.
Antécédents. — Sauf quelques bronchites, bonne santé générale, a
eu six accouchements spontanés et à terme, le dernier en mai 1899,
et tous terminés par la naissance d'enfants vivants.
Dernières règles du l'^'^ au ô août 1899 ; apparition d'une douleur
dans le côté droit le 10 novembre. Un médecin appelé crut à une
névralgie intercostale et ordonna des cataplasmes sinapisés, une pom-
made calmante et de l'antipyrine. Malgré ce traitement, les douleurs
persistèrent.
Le vendredi 17 novembre, coliques très douloureuses et diarrhée
noire et fétide. Une sage-femme appelée, craignant une fausse couche,
demande un médecin en consultation. Traitement opiacé, continuation
de la diarrhée.
Le samedi 18, à 6 heures du matin, frissons et vomissements
d'abord alimentaires, puis bilieux et bientôt vert porracé. État fébrile et
douleurs lombaires violentes irradiant vers le petit bassin. Pas de selles.
Le dimanche 19, même état, six vomissements dans la journée.
Constipation .
Le lundi 20, même état. Douleurs abdominales de plus en plus vives
et sans rémission. Vomissements. Constipation.
Examen à son entrée le lundi soir, a 7 h. 1/2. État des plus graves.
Le faciès est grippé, les yeux sont excavés, la respiration est préci-
pitée et difficile, les vomissements porracés sont fréquents. Le pouls
est à 120 et la température 38<»,3.
Le ventre est ballonné, la paroi abdominale est douloureuse, mais la
pression des draps est assez bien tolérée. La tension des muscles de
la paroi est nettement plus considérable à droite qu'à gauche. Par la
pression digitale, on détermine une douleur extrêmement vive et bien
localisée au point de Mac Bumey. La percussion révèle une légère
submatité à droite.
Mon chef de clinique, le D' Paquy, fait immédiatement, en présence
de ce cortège symptomatique, le diagnostic d'appendicite et, jugeant
l'intervention absolument urgente, me téléphone.
962 L*ÀPPBNDICITE DANS SES RAPPORTS AVEC LA GROSSESSE
Je Tapprouve entièrement et je fais prévenir mon collègue et
collaborateur Segond. 11 arrive à 11 heures du soir. L'état de cette
femme lui parait tellement grave qu^après examen rapide il dit:
c Admettez qu'il faut un certain courage pour opérer une femme dans
ces conditions. • Effectivement, elle était mourante.
Mais comme l'opération était la seule chance de salut, M. Segond
voulut bien la pratiquer.
Opération. — Chloroforme, à minuit dix minutes; anesthésie com-
plète, à minuit vingt- cinq. Incision de la paroi abdominale de lOcentim.
Sitôt la cavité péritonéale ouverte, il s'écoule une sérosité louche
dont la quantité n'a pas été mesurée, mais assez considérable pour se
répandre à flots sur le parquet (évaluation, 500 grammes environ) ; puis
apparaissent les anses intestinales, de coloration rongeàtre. M. Segond
va à la recherche de l'appendice, qu'il trouve au niveau du petit bassin
et le fait saillir.
Il apparaît sain, sauf en un point. L'appendice est lié à sa base an
moyen d'un fil de soie et réséqué à sa base. Le péritoine est alors lavé
à l'eau salée jusqu'au moment où le liquide ressort absolument clair.
Drainage h la gaze stérilisée et fermeture de la paroi abdominale
avec huit fils d'argent, puis imnsement sec et bandage compressif.
A 1 heure du matin, l'opérée est transportée h la chambre n» 6 et on
lui pratique une injection sous- cutanée de 250 gr. de sérum salé.
A ce moment, le pouls est à 112 et la température 36<>,1.
Le 21. A 6 heures du matin, deuxième injection de 250 gr. de
sérum salé. Température S?', 3, pouls 108.
Le 22. Le matin, à 7 heures, 250 gr. de sérum salé. Température
370,8, pouls 100. Le coton mis sur la vulve est taché de sang. Lave-
ment suivi d'évacuation abondante. Le soir, température 37®, pouls 96.
Le 23. Le matin, température 37<>,2, pouls 80. Expulsion spontanée
et sans douleur d'un embryon mort. Purgatif. Le soir, température
38«,1, pouls 120.
Le 24. Le matin, température 37^,2, pouls 96 . Douleurs dans le oMé
droit de la poitrine, 20 ventouses sèches. Le soir, température 37o,8,
pouls 112.
Les 25 et 26. Même état. La douleur de la poitrine a disparu.
Le 27. Expulsion spontanée du placenta. Température normale.
Le 29. Ablation des fils.
Du 30 novembre au 3 décembre. Légère hyperthermie le soir.
ouverture d'un petit abcès de la iwroi abdominale.
PINARD 363
Le 4 et le 5, nouvelle hyperthermie le soir, 39o,2.
Le 6, en pratiquant le toucher vaginal, le D** Paquy constate la pré-
sence d'une collection fluctuante dans le cul-de-sac postérieur. Il pratique
une incision à ce niveau et il s'écoule de 400 à 600 gr. de pus. La cavité
est lavée à Teau bonilie et drainée à l'aide d'un tube en caoutchouc.
Tamponnement peu serré du vagin autour du drain.
A partir de ce moment, la température se maintient h la normale
ainsi que le pouls. L'état général devient bon et cette femme quitte la
clinique le l®"" janvier 1900.
Revue le 20 janvier, elle était en parfait état.
Obs. 3. — Appendicite opérée pendant le cours de la grossesse, (Note con-
cernant Texamen des pièces, faite par mon chef de laboratoire, le
D' Funck-Brektano.) — M"» G..., opérée à la clinique Baudelocque par
le D*" Segond, le 21 novembre, à minuit trente.
Examen macroscopique. — L'appendice vermiculaire a été recueilli
dans une compresse et porté au laboratoire.
Long de 47 millim., cet appendice présentait une légère tumé-
faction et sur toute son étendue une coloration rougeâtre assez accusée.
L'appendice est ouvert sur toute sa longueur, à l'aide de ciseaux :
la pointe de Tune des branches est introduite au niveau du point où
a porté la section. L'appendice présente en cet endroit .et sur une lon-
gueur de 5 millim. environ un rétrécissement de son calibre ainsi
qu*un épaississement de ses parois.
Au delà, on tombe dans une petite cavité contenant une boulette de
matières fécales de forme allongée.
Pas de pus.
Examen bactériologique, — Il a été prélevé immédiatement après la
section, un peu de mucus au niveau de la partie dilatée de l'appendice,
mucus qui a été ensemencé dans le bouillon et sur la gélatine.
Parmi les nombreuses colonies, celles du bacterium coli ont été
seules positives, vérification faite au microscope.
Examen histologique, — Fixée et durcie tout entière dans l'alcool
absolu, la pièce a été débitée en quatre fragments d'à peu près égale
grandeur montés dans la paraffine.
Les coupes de chacun de ces fragments sériés répondent à peu près
à la description générale suivante (la même lésion ayant été constatée
sur toute la longueur de l'appendice étudié). Cependant les lésions sont
plus accusées au niveau de la dilatation qui contenait la boulette de
matières fécales, et c'est la coupe de cette région qui sert à la des-
cription. (Voir la planche ci-contre.)
364 L* APPENDICITE DANS SES RAPPORTS AVEC LA GROSSESSE
On retrouve nettement toutes les couches constitutives de Tappen-
dice vermiforme normd, pas de nécrose, pas d*ulcération.
Le revêtement épithéliàï est à peine visible, sauf en quelques points,
au niveau des glandes en particulier.
Ce défaut vient sans doute en partie de la coupure aux ciseaux.
Les glandes sont nombreuses, régulièrement orientées et calibrées
comme à rétat normal.
Le chorion est en certains points envahi par le tissu lympholde des
follicules sous-jacents, même entre les culs- de-sac glandulaires.
On retrouve en d'autres endroits la muscularis mùeosœ {wrfaitement
nette, normale et non pénétrée parle tissu adénoïde.
La sous-muqueuse est remarquable par ime hypertrophie considé*
rable des follicules lymphatiques, qui sont tuméfiés, gonflés, débor-
dants . On i)ourra se rendre compte sur là figuré de cette hypertrophie
des follicules^ (a) et de Teuvahissement des espaces interfolliculaires
par le tissu lymphoïde.
Le tissu inflammatoire emplit toute cette région.
Au-dessous, la celluleuse contient de nombreux vaisseaux gorgés
de sang ; elle paraît légèrement épaissie et ramassée.
La couche musculaire est saine.
En somme, 'les lésions lym'phangitiques sont ce qu'il y a de plus
caractéristique dans ces coupes, et comme définition histo-patholo-
gique on peut donner à ce cas le nom du groupe des appendicites folU'
culaires hypertrophiques dé M.- Létùlle.
Aux observations précédentes, je crois utile, pour l'étude du
sujet qui nous occupe, de joindre-la- suivante :
Occlusion intestinale chez une femme enceinte. Laparotomie. Ablation
de V appendice. Guérison (1). (Résumée.) — Femme de vingt-neuf ans,
entrée lé 7 décembre 1899, dans le service de M. le'professeur Terrier,
à rhôpital de la Pitié:
Rien à noter dans les antécédents personnels et héréditaires, habi-
tuellement bien portante. Elle n'a présenté jusqu'à ce jour aucune
affection aiguô. Elle a eu trois grossesses antérieures, toutes menées
à terme sans accidents.
Dernières règles au commencement d'août.
(1) Observation communiquée à la Société d'obstétrique, de gynécologie et
de pédiatrie (2 mars 1900), parle D' Bamset, chef de clinique du professeur
Terrier.
A. PINARD. ToMB LUI, Planchk I.
Annal«i de Gyndcologle.
Appendicite et Grossesse.
piNAnD 365
La grossesse évoluait normalement, quand le 2 décembre au soir,
après son dîner, cette femme a été prise d'une sorte de colique abdo-
minale avec malaise général. Ces sensations allèrent en s'accentuant,
et le lendemain les douleurs étaient très vives, continuelles, avec
exacerbation après les repas. Elles étaient généralisées h tout le ventre,
mais avaient cependant un maximum dans la région de la fosse iliaque
droite . Obligée de prendre le lit ce même jour, la malade commence
à éprouver des vomissements, alimentaires d'abord, puis liquides,
mais non verdàtres.
Les jours suivants, les douleurs persistèrent et s'accrurent, en même
temps que les vomissements se répétèrent, jour et nuit, une dizaine de
fois dans les vingt-quatre heures.
Depuis le début des accidents, la malade n'est pas allée à la selle et
n'a pas rendu de gaz par l'anus.
En même temps, l'état général s'aggravait, et le médecin qui l'avait
traitée jusque-là avec des cataplasmes laudanisés lui conseillait d'en-
trer à l'hôpital.
A son entrée, cinq jours après le début des accidents, l'état est le
suivant :
Accélération accusée de la respiration, faciès grippé, yeux cernés,
nez pincé, fossettes colorées, lèvres sèches. Température, 37 degrés ;
pouls, 112.
Ventre ballonné, douloureux, mais avec un maximum très net au
point de Mac Bumey. La palpation dénote une défense musculaire
plus accusée à droite et au-dessus de l'ombilic. A la pression, matité
à rhypogastre, conservation de la matité hépatique, sonorité tympa-
nique partout ailleurs. Au toucher vaginal, col gros et mou, remonté ;
rien dans les culs-de-sac vaginaux.
En présence de ces symptômes, on porte le diagnostic d'appendicite.
Opératùm pratiquée sous la direction du P'' Terrier ^ deux heures après l'en-
trée de la malade à l* hôpital.
A l'ouverture du ventre, pas de liquide dans la cavité abdominale,
les anses intestinales sont distendues, mais présentent leur coloration
normale et ne sont pas recouvertes de fausses membranes.
Au niveau de la partie inférieure du caîcum, on trouve Vapjnndice
qui lui est accolé^ se dirigeant obliquement, comme un cordon fortement
tendu f en bas et en dehors ^ et fixé par son extrémité à la fosse iliaque.
Pas trace de phénomènes inflammatoires anciens ou récents.
Résection de l'appendice. Guérison.
A!nr. DK OTH. — VOL. LOI. 25
366 l'appendicite dans ses rapports avec la grossesse
Examen de V appendice réséqué,. — Appendice très long, 10 à 11 cen-
timètre?, non augmenté de volume, à parois non épaissies. L'examen
histologique, fait par le D>^ Bezançon, chef de laboratoire, ne révèle
la présence d'aucune lésion.
Réflexions. — Ces faits démontrent à nouveau :
i^ Que Tappendicite peut être observée chez les femmes
enceintes primipares ou multipares et à toutes les périodes de
la grossesse ;
2^ Que pendant la grossesse l'appendicite, à marche insidieuse
au début, prend souvent une allure foudroyante et revêt un
caractère spécial de gravité ;
3^ Que rintervention opératoire aussi hâtive que possible
peut seule offrir des chances de guérison ;
4^ Que même en face d'un cas qui paraît désespéré, en ayant
le courage d'intervenir, on peut quelquefois empêcher les
malades de mourir.
Ces conclusions admises, et je ne crois pas qu'on puisse les
contester, toute la question revient à ceci : il faut faire un
diagnostic précoce. Or, ce diagnostic précoce est*il possible
chez la femme enceinte ? Pour ma part, je réponds par l'affir-
mative, et voici mes raisons:
L'utérus gravide, pas plus que les signes dits sympathiques
de la grossesse, ne masque les symptômes fondamentaux de
l'appendicite. La douleur et la défense musculaire au lieu
d'élection n'ont jamais fait défaut dans les observations que
je connais. Si l'utérus est incliné le plus souvent à droite et
s'il se contracte pendant la grossesse, il faut bien se rappeler
que les contractions normales sont indolores. Toute douleur
abdominale doit donc éveiller l'attention pendant la grossesse,
surtout lorsqu'elle apparaît et reste localisée au niveau de la
fosse iliaque droite. Si cette douleur n'est pas causée par les
contractions de l'utérus, c'est-à-dire s'il n'y a pas menace
d'avortement ou d'accouchement prématuré, ce qui est facile
à reconnaître, immédiatement on doit penser à la possibilité
de Texistence d'une appendicite.
De même, les vomissements de la femme enceinte ont un cachet
1
PINARD 367
spécial dont la caractéristique est de ne pas être accompagnés
ou suivis d'hyperthermie. Même dans les vomissements dits
incoercibles, on constate de l'accélération du pouls ; mais la
température reste normale, il n'y a pas fièvre, comme lavait dit
Dubois et comme on Ta trop longtemps répété après lui
Donc, il faut se méfier, chez les femmes enceintes, de toute
indigestion provoquant des vomissements suivis de fièvre et
penser dans tous ces cas à l'appendicite.
Quant à la péritonite de la grossesse, elle a pu être décrite
dans les traités classiques ; elle n'existe pas en tant, qu'entité
morbide essentielle. A Tépoque où l'on ne connaissait pas Tap-
pendicite, les femmes enceintes mouraient, disait*on, de péri-
tonite causée par des ruptures d'adhérences, ou des causes
inconnues. Aujourd'hui, nous savons que penser des ruptures
d'adhérences et de ces causes inconnues !
J'ajoute que depuis vingt-cinq ans toutes les femmes enceintes
que j'ai pu voir, atteintes de péritonite et soignées médica-
lement, sont toutes mortes. Il en a été de même pour celles
qui étaient soi-disant atteintes d'obstruction intestinale. Et à
propos de cet accident, l'observation que je viens de rapporter,
et qui s'est dénouée dans le service de notre collègue Terrier,
montre que l'appendice n'est pas seulement dangereux comme
organe d'infection, mais peut l'être encore comme agent de
striction.
Quant à la rupture de l'utérus, il faut bien qu'on sache qu'en
dehors des traumatismes il ne se rompt pas pendant la gros-
sesse.
Telles sont les raisons qui me permettent de dire que le dia-
gnostic de l'appendicite peut se faire dans la pluralité des cas
chez la femme enceinte. Le point principal est de penser à
la possibilité de cette affection.
Si ces quelques remarques peuvent contribuer à faire porter
devrais diagnostics, ce qui veut dire, à sauver quelques femmes,
je me consolerai d'avoir aujourd'hui abusé de votre patience e i
peut-être fatigué votre attention.
LA SCLÉROSE UTÉRINE ET LA VRAIE MÉTRITE
Par Ii.-«. Rlchelot (1).
Les médecins d'autrefois décrivaient à part la congestion,
l'engorgement, l'inflammation de l'utérus. L'histologie et la
bactériologie leur manquaient, mais leur sens clinique les pré-
servait quelquefois de l'erreur. Aujourd'hui, la doctrine de
l'infection a tout simplifié, peut-être à l'excès ; un chapitre unique,
celui de la métrite, a remplacé tous les autres, et contient un
pôle*méle de tous les faits qui n'entrent pas dans l'histoire des
tumeurs. En cherchant à débrouiller ce chaos, j'aborde une des
questions les plus difficiles de la gynécologie, mais aussi une
des plus pratiques et des plus dignes de retenir notre attention.
LÀ SCLÉROSB UTÉRINB
J'ai montré, dans un travail antérieur (2), qu'il faut séparer
de la métrite proprement dite, ou infection de l'utérus, une série
d'états morbides qui sont généralement confondus avec elle.
J*ai montré que c'est une erreur de voir toujours et partout
l'infection ; que chez certaines jeunes filles, la congestion pel-
vienne, les douleurs névralgiques violentes, le catarrhe utérin
ne sont pas une « métrite virginale o ; que Tutérus habituelle-
ment congestionné aboutit à la sclérose ; que l'hyperplasie de la
muqueuse et du parenchyme, dans les états faussement dénom-
més métrite parenchymateuse, hémorrhagique, douloureuse,
chronique, ne sont pas d'origine inflammatoire ; que ces lésions
muqueuses ou pariétales, observées en dehors de toute conta-
(1) Ck>mmunication à la Soc, d* Obstétrique, de Gynécologie et de Pœdia^
triCf Béance du 4 mai 1900.
(2) L. Gustave Riohelot. Les pseudo-métriteB des arthritiques uerveu-
BOA. Bull, médwal, 15 mars 1899 .
RIGHBLOT 369
minatioQ puerpérale ou blennorrhagique, sont des troubles
nutritifs ayant leur racine dans l'organisme, et que ces malades
sont des arthritiques nerveuses.
J'ai cherché même à établir que Tutérus globuleux, encore
peu développé, des jeunes femmes dysménorrhéiques, le gros
utérus scléreux, lardacé ou vasculaire des femmes de quarante
ans, enfin Tutérus géant, fibromateux avec ou sans fibromes,
forment une chaîne ininterrompue, une série pathologique évo-
luant sur la même terrain et liée au même tempérament mor-
bide.
J*ai reconnu, d'ailleurs, que les femmes de ce tempérament
peuvent s'infecter commes les autres ; qu'il peut être difficile,
sur un utérus congestionné et douloureux, de faire la part du
trouble trophique et celle de la métrite vraie ; que, s'il est déplo-
rable de perpétuer et d'exaspérer les souffrances des malades
qui n'ont pas de métrite en s'acharnant à cautériser, à dilater, à
gratter, à tamponner leur utérus, s'il est utile, au milieu de l'é-
volution d^une métrite incontestable, d'isoler par la pensée le
type de l'arthritique nerveuse pour expliquer des symptômes
qui ne relèvent pas de l'infection et appellent d'autres moyens
thérapeutiques, ce n'est pas une raison pour négliger le traite-
ment local de la métrite quand il est opportun.
Le D* Hepp (1), mon ancien interne, a repris ces idées et les
a développées dans une thèse excellente. II y montre combien
il est arbitraire de rapporter tous les troubles de l'utérus à une
inflammation microbienne, dont il n'y a souvent aucune trace,
et légitime de faire intervenir, chez certaines femmes, une dys-
trophie d'ordre vasculaire et nerveux II s'efforce de séparer du
groupe incohérent des métrites le type de la sclérose utérine
qui, en dehors de toute infection, évolue depuis l'âge de la
puberté chez les arthritiques nerveuses, à tendances congés-
tives, chez les vierges qui n'ont pu être contaminées, chez les
femmes qui ont accouché normalement, sans traces d'accidents
(1) D*" Maubice Hkpp. Sclérose utérine et tnétrUes ehroniqu.es. Thèse
ioaug., 1899.
370 LÀ SCLÉROSE UTÉRINE ET LA VRAIE MÉTRITE
fébriles, chez celles qui approchent de la ménopause et com-
mencent à souffrir ou à saigner dix ans et plus après leurs
dernières couches. L'étiologie fait donc entrevoir une entité
clinique nouvelle à côté des métrites vraies. Vanatomiepalho^
logique nous montre les différences profondes qui séparent
l'utérus infecté, avec tissus ramollis et friables, muqueuse
épaissie, granuleuse, épiihélium détruit, infiltration de tissu
embryonnaire et de cellules migratrices, fibres musculaires
atrophiées, et Tutérus scléreux, augmenté de volume, avec un
gros col ulcéré, de consistance ligneuse, une muqueuse h^^per-
trophiée mais saine, une paroi dure^ lardacée ou spongieuse,
sans infiltration leucocytaire, une hyperplasie conjonctive péri-
vasculaire — angiosclérose de quelques auteurs — mêlée à
rhyperplasie des fibres lisses en proportions variables, enfin
des altérations si analogues à celles des utérus fibromateux, que
Virchow a pu décrire la métrite parenchymateuse avec les
mydmes dans un même chapitre de la pathologie des tumeurs.
La bactériologie y à son tour, interrogée sans parti pris, nous
apprend combien il est abusif d'attribuer tous les états mor-
. bides de Tutérus à des microbes introuvables ou à des espèces
non pathogènes, de voir la métrite chez les vierges, dans les
utérus fibromateux, alors qu un examen bien conduit prouve la
stérilité de la cavité utérine et de sa muqueuse; combien, au
milieu de la flore bactérienne du canal génital, sont inoffensifs
les microbes aérobies, et peu nuisibles même les anaérobies,
qui ont besoin pour s'éveiller d'un état infectieux antérieur,
d'une surface placentaire ; combien il est facile de révéler le
streptocoque chez les accouchées fébricitantes, le gonocoque
dans la blennorrhagie, combien difficile, au contraire, de com-
prendre Tinfection utérine en dehors de ces deux états. La phy-
siologie pathologiquey enfin, sépare absolument la sclérose
d'origine infectieuse et celle qui dépend d'une altération nutri-
tive. Dans la première, les cellules embryonnaires donnent
naissance à un tissu fibreux rétractile qui étouffe les éléments
normaux et atrophie l'organe ; la seconde est ^une sclérose
hypertrophique, évolutive, qui, daus lutérus, coïncide avec
RIGHBLOT 371
rintégrité et môme Thyperplasie de la fibre musculaire*. Ainsi
apparaît et se dégage de plus en plus le type de la sclérose de
cause diathésique — je n'ai pas honte d'employer ce terme —
et nous pouvons désormais jeter un coup d'œil d'ensemble
sur les états morbides qui ne relèvent pas de la métrite infec-
tieuse, de la métrite vraie.
Tel est le cas de la soi-disant a métrite virginale ». Sans
doute, on peut concevoir une infection qui franchisse l'hymen
et atteigne l'utérus. On voit même çà et là quelques jeunes filles
dont le petit bassin suppure. Je n'ignore pas ces faits, pas plus
que les suppurations utérines, les pyométrites, dont j'ai vu des
exemples après la ménopause. Mais il s'agit là d'exceptions,
d'événements rares. Ce qu'on appelle couramment la métrite
des jeunes filles, c'est un état congestif et nerveux des organes
pelviens qui précède la sclérose utérine ou marque le début de
son évolution. Avec des règles violentes, ou presque nulles et
remplacées par une hypersécrétion glandulaire abondante,
coïncident des douleurs quelquefois atroces. C'est de la névralgie
pure, je ne dis pas sine maferiâ, comme les anciens l'enten-
daient. Lorsque j'ai porté cette question des névralgies pel-
viennes à la Société de chirurgie (1), on a fait une distinction
subtile entre les névralgies pures et les petites lésions qui s'ac-
compagnent de grandes douleurs. J'ai été critiqué parce que
j'opérais quelquefois des névralgies pelviennes rebelles, par des
chirurgiens qui opéraient, à cause de leurs « petites lésions »,
des malades identiques. Le malentendu était de ma faute; je
disais bien qu'il s'agissait d'arthritiques nerveuses, qu'elles
avaient de la congestion et que leurs douleurs étaient des
névralgies, mais je ne voyais pas encore nettement la sclérose
utérine ou, pour mieux dire, utéro-ovarienne. Combien de lapa-
rotomies n'a-t-on pas faites pour des ovaires scléro-kystiques,
seuls jugés responsables de la douleur, et combien de fois la
douleur, après l'ablation des ovaires, n'a-t-elle pas continué !
(1) L. Gustave Bichelot. De l'intervenlion chiruripcale daiis lea grandei
névnlgleB pelriennes. Soc. de chirurgie ^ 9 novembre 1892.
372 LÀ SCLÉROSE UTÉRINE ET LÀ VRAIE MÉTRITE
Je les connais bien aujourd'hui ces ovaires pour lesquels nous
essayons volontiers Tignipuncture chez les malades jeunes ; ces
ovaires déjà scléreux chez les très jeunes filles qui perdent en
abondance et douloureusement dès leur formation ; ces ovaires
qu'on trouve chez des vierges de vingt ans, dégénérés, énormesi
poly kystiques ou massifs, presque entièrement fibreux avec des
kystes rares ; ces gros ovaires mobiles, à côté d'une trompe
saine, sans la moindre adhérence pelvienne, sans aucun résidu
inflammatoire ; ces ovaires qu'on a dit infectés, atteints d'ova-
rite scléreuse, malgré leur hypertrophie. Toutes les fois que
j*ai pu regarder, je les ai vus n*ètre que les compagnons fidèles
de Tutérus congestionné, catarrheux et sensible des jeunes filles
accusées de métrite.
Je les ai vus accompagner la « métrite parencbymàteuse »,
la « métrite douloureuse chronique », ces formes plus avancées
de sclérose dans lesquelles Pozzivoit du « microbisme latent »,
ou encore « une infection sournoise et larvée, ayant sommeillé
avant d avoir fait son apparition ».
Cette métrite insaisissable, nous la retrouvons dans la rétro-
version et le prolapsus, avec ce relâchement des tissus fibreux
qui est aussi l'apanage de Tarthritisme, et dans l'hypertrophie
sus-vaginale du col, où Cornil, Sinéty, Olivier n'ont vu qu'une
hyperplasie des tissus normaux sans lésion inflammatoire.
Nous la retrouvons dans l'état particulier de la muqueuse
utérine qu'on a signalée au-dessus des cancers du col et qu'on
avait pris en Allemagne pour du sarcome ; en France, on a cru
rectifier en parlant d'une forme spéciale d'endométrite ; la
vérité, c'est que le cancer se développe sur les utérus hyperpla-
siés et scléreux des arthritiques.
Arrêtons-nous un instant sur la « métrite hémorrhagique ».
Nul doute qu'un utérus- contenant des débris placentaires, et
dont la muqueuse infectée offre des végétations formées de tissu
embryonnaire avec des tlots d'éléments dégénérés, puisse
donner des pertes sanguines ; nul doute qu'il s'agisse alors
d'une métrite hémorrhagique, pour laquelle le curettage est
bien indiqué. Mais ce n'est là qu'une forme, et non la plus
BICHELOT 373
fréquente, de ce qu'on appelle tous les jours métrite hémorrha-
gique. On désigne encore sous ce nom les gros utérus remplis
de fongosités qui ne sont pas des bourgeons charnus, mais des
polypes muqueux, des végétations néoplasiques bénignes, dont
la curette fait également justice ; les gros utérus à muqueuse
parfaitement lisse, à grande cavité, à parois épaisses et sclé-
reuses, qui saignent abondamment et qu'on s'obstine à gratter
sans le moindre succès ; enfin, les utérus qui, chez les très
jeunes femmes, s'essaient déjà aux hémorrhagies profuses.
Armand Siredey (1), dans un travail remarquable, a fort bien
étudié ces troubles ménorrhagiques et montré qu'ils survien-
nent en Tabsence de toute lésion infectieuse ; que les mères ou
les sœurs de ces malades offrent souvent des accidents pareils;
qu'on trouve constamment dans leur famille les manifestations
du neuro-arthritisme; qu'elles deviennent anémiques à la suite
de leurs pertes, mais qu'il est absurde et dangereux d'attribuer
leurs pertes à l'anémie, ce qui amène parents et médecins aies
gorger de fer, de quinquina, de toniques variés qui exagèrent
le mal ; que les médicaments ne valent rien, et qu'il faut recom-
mander l'hydrothérapie, riiygiène alimentaire, puissant modifi-
cateur de l'arthritisme, à l'exclusion des repas copieux, du vin
et de la viande en excès, du séjour à la mer qui réveille les
poussées congestives. Je cite volontiers ces idées qui sont les
miennes parce que ces deux mots, métrite et anémie, résument
pour moi une série d'erreurs et d'interprétations banales que le
public affectionne, dont les malades sont victimes et les médecins
trop souvent complices.
Bouilly (2) a décrit excellemment des faits de même ordre
sous le nom de « métrorrhagies d'origine ovarienne ». Il a sur-
tout en vue les hémorrhagies que semblent provoquer les
« ovarites scléro-kystiques ». La question lui parait obscure,
diflicile à traiter ; il ne voit et ne veut voir que l'ovaire dans
(1) A. SiREDBT. La coDgestioti utérine. La (rynécologie^ février 1000.
(2) BouiLLT. Des métrorrhiigieB d'origine ovarienne. La Gynécolog'œ^
février 1899.
374 LÀ SCLÉROSE UTÉRINB ET LA VRAIE MBTRITB
ces pertes qui ont surtout « le caractère de ménorrhagies ». Il
ne peut se défendre de Tidée que ces ovarites chroniques sont
d'origine infectieuse, parce qu'on trouve quelquefois — cela va
sans dire — des cols malades et des adhérences pelviennes ;
mais il est gêné par ce fait que souvent o la trompe reste saine
indéfiniment à côté de Tovaire kystique ». Hanté par la lésion
ovarienne, il ne s'inquiète pas du tempérament de ses malades ;
et cependant il nous décrit fort bien le type clinique de l'arthri-
tique nerveuse, dont les pertes sanguines exagérées commen-
cent avec les premières menstruations et s*accompagnent de
douleurs qu'il indique sommairement sans s'y intéresser, parce
qu'il suit une autre piste. Et l'utérus? 11 faut bien noter la
a métrite parenchymateuse totale » et le « gigantisme utérin ]> ;
il faut bien reconnaître que la cavité utérine mesure de 7 à 10
centimètres, que les parois vont jusqu'à 2 centim. et demi
d'épaisseur, que « l'hypertrophie de l'utérus fait essentiellement
partie de l'histoire des ovarites scléro-kystiques » ; il faut bien
se demander enfin — car telle est la force des choses — « si
les lésions utérines sont primitives ou secondaires, si elles
relèvent toujours d'une infection ou dépendent de troubles de
nutrition à Vétat nerveux ». En somme, la doctrine de Bouilly
est flottante et incertaine, mais les vrais éléments de la question
ne pouvaient échapper à sa sagacité ; il lui manque de les avoir
reliés entre eux, pour avoir une vue nette et compréhensive de
la sclérose dystrophique de l'appareil génital.
Pour acquérir cette vue d'ensemble, il faut absolument s'af-
franchir d'une idée obsédante, celle de l'infection . Non certes
que rinfection soit rare ni que je m'efforce de diminuer son
importance; elle n'épargne 'personne, elle prospère sur tous
les terrains, elle vient à chaque instant brouiller les symp-
tômes et troubler notre jugement ; mais de ce qu'elle est fré-
quente il ne résulte pas qu'elle soit la cause de tout. Il y a bon
nombre de ces utérus où Ton n'en voit aucune trace, où la
muqueuse est parfaitement saine, le péritoine lisse et uni, avec
un état scléreux prononcé du parenchyme et de ses vaisseaux .
11 est vraiment bien arbitraire d'admettre que l'infection a tra-
RfCHBLor 375
versé la muqueuse sans Taltérer visiblement, ou bien s'est
cantonnée dans le parenchyme en y causant des désordres pro-
gressifSy tandis que la muqueuse redevenait idéalement saine
et que le péritoine, de son côté, ne subissait aucune atteinte de
ce dangereux voisinage. Il y a plus : on a parlé d*une « méso-
mélrite » isolée, d*une infection apportée par le sang et loca-
lisée dans le parenchyme utérin sous forme d'angiosclérose.
Nous voilà dans le champ des hypothèses. D'où vient Tinfection,
et de quelle nature ? Nos malades n'ont pas eu toutes la syphilis
ou la fièvre typhoïde. N*est-il pas évident que ce terme d'infec-
tion perd beaucoup de sa valeur, s*il exprime toutes les suppo-
sitions qu'on peut faire sur des toxines mystérieuses, des inva-
sions microbiennes dont nul n'a surpris le début ni suivi la
trace ; si, par négligence des mots justes et des idées précises,
il arrive à représenter vaguement des modifications inconnues
de la cause sanguine : s'il prétend expliquer par des altérations
contingentes et variables, une série d'actes morbides coor-
donnés, groupés, enchaînés entre eux comme les manifestations
arthritiques, dans lesquelles se voit si clairement l'influence
du système nerveux tenant en main les nutritions locales,
répartissant les troubles vasculaires et les dystrophies suivant
certaines lois, et créant un type, une famille de malades qui se
ressemblent toutes par leur tendance aux congestions, aux
névralgies, aux hypersécrétions glandulaires, à la sclérose et à
l'hypertrophie des organes, au relâchement des tissus fibreux.
LA VRAIE MBTRITB
Si j'ai su m'expliquer — ce qui n'est pas facile en cette
matière — nous voilà sortis du chaos, et désormais nous pou-
vons faire deux parts, celle des troubles trophiques liés à l'état
nerveux, à Tarthritisme, et celle de l'infection, qui est la vraie
inéîrite. Car il est bien entendu que c'est aux lésions d'origine
infectieuse que s'appliquent ce vieux mot, l'inflammation, et
tous les mots terminés en ite. Appeler métrites constitution-
nellesou diathésiquesles altérations nutritives dont nous venons
de parler, en souvenir d'une certaine « irritation » qui désignait
376 LA SCLénOSE utérine et la vraie MÉTRITE
jadis des processus variés, ce serait revenir en arrière et con-
fondre à nouveau ce que Tanalyse pathogénique a nettement
séparé.
Comme la muqueuse est la surface d'inoculation, il s'agit
toujours d'une endométritei quelles que soient les lésions
secondaires du parenchyme. Et son étiologie est plus simple
qu'on a voulu la faire : si nous laissons de côté les opérations
septiques et les explorations maladroites, elle relève de deux
grandes causes, l'état puerpéral et la blennorrhagie. Ceux qui
ont vu beaucoup de microbes dans les voies génitales ont
attribué à l'infection des sources multiples ? mais j'ai dit com*
ment les derniers travaux bactériologiques ont mis à néant
cette pathogénie luxuriante. Est-il possible que des microbes
inoffensifs acquièrent un peu de virulence dans certaines con-
ditions de milieu ? Faut-il leur attribuer quelques érosions
bénignes chez des femmes peu souffrantes? Je le veux bien;
mais ces faits encore douteux, et de peu d'importance quand ils
seront démontrés, ne doivent pas nous distraire des faits prin-
cipaux. 11 est constant que les utérus accusés de métrite sans
qu'une infection puerpérale ou blennorrhagique soit intervenue^
sont presque toujours les utérus congestionnés et scléreux des
arthritiques nerveuses, et que c'est, d'une manière générale,
après ces deux mois de contamination que nous voyons évoluer
et se localiser de façons diverses les altérations mélritiques de
la muqueuse, de ses glandes et du parenchyme voisin.
Or, pour qui veut choisir au milieu des traitements innom-
brables de la métrite, c'est justement cette évolution qui est
intéressante, et dont les livres ne donnent qu'une très faible
idée, en faisant de la métrite une histoire morcelée, décousue,
en Témiettant, pour ainsi dire, dans une foule de petits cha-
pitres et dans une suite de schémas sur la topographie des
lésions, les formes et les symptômes arbitrairement groupés
ou dissociés, rubriques banales dont, parait-il, aucun auteur
écrivant traité ou manuel n'a le droit de se départir. Il vaudrait
mieux décrire les faits dans Tordre où ils se présentent et
peindre les malades comme on les voit ; mais, pour cette besogne,
RICHELOT 377
il faut les avoir regardées longtemps. Je voudrais, si j*en avais
le loisir, suivre pas à pas Tinfection, montrer comment elle
envahit les tissus, se dilTuse et se propage au loin, ou rétro-
cède et se localise; d'autre part, comment la femme souffre et
réagit aux divers stades de Tinfection, et quelle part revient à
celle-ci dans les troubles variés qui déconcertent le jugement.
11 y aurait là deux chapitres intéressants à faire sur l'évolution
anatomique et l'évolution clinique de l'endométrite infectieuse,
dont je puis seulement tracer quelques lignes.
Évolution anatomique. — Prenons d'abord l'état puerpéral.
Deux portes d'entrée : déchirures du col et surface placentaire.
Il y a des femmes qui, sans avoir eu la fièvre après leur couche,
se mettent à souffrir peu à peu, et quelques mois plus tard on
leur trouve une métrite cervicale. Il peut donc y avoir des
infections légères où la cavité utérine est indemne, où l'inocu-
lation ne se fait que par le museau de tanche, où la métrite est
cervicale d'emblée; mais je n'en sais rien. Ce que je vois, pour
peu que la femme ait la fièvre et soit une malade, c'est que
l'utérus est envahi tout entier, car il reste gros, congestionné,
sensible, et l'écoulement sanguin, séreux, purulent ne vient pas
seulement du col. Donc, au moins dans les formes un peu
graves, la métrite puerpérale, à son origine, porte à la fois sur
le col et sur le corps, elle est totale.
C'est alors que naissent et s*étendent ces lésions décrites par
Cornil, Sinéty, Paul Petit, et qui sont bien des lésions de
métrite infectieuse : muqueuse utérine, tomenteuse et friable,
parsemée de granulations qui forment çà et là des masses fon-
gueuses, dépouillée de son épithélium cylindrique, formée
superficiellement d'une nappe de tissu embryonnaire, profon-
dément de cellules plate, avec des glandes déformées, allongées,
séparées par des intervalles de tissu embryonnaire et des vais-
seaux dilatés; parenchyme ramolli, contenant des travées de
tissu conjonctif épaissies, des faisceaux musculaires atrophiés,
des cellules migratrices groupées autour des vaisseaux. Sur le
ool, hypertrophie, éversion de la muqueuse, formation de sail-
lies papillaires, ulcérations vraies ou fausses, altérations glan-
378 LA SCLÉROSE UTBRINB ET LA VRAIE MBTRUB
dulaires profondes et sécrétion muco-purulente. Mais les lésions
du corps et celles du col soni loin d'avoir la même destinée, ai
c'est faute de le savoir qu'on fait d'énormes erreurs de théra-
peutique. Les premières se voient, comme je viens de rétablir,
dans Yétat puerpéral récent; elles se voient encore dans ce
que j'appelle la métrite prolongée. L*infection a été grave et
profonde ; par la muqueuse, par les voies lymphatiques elle a
gagné les annexes, elle a semé sur sa route la cellulite, le pyo-
salpinx, l'ovarite purulente, l'abcès péritonéal. Il est permis de
croire que tous les points touchés par la lymphangite pelvienne
sont solidaires, et que le voisinage d'un pyosalpinx entretient
la congestion et la phlegmasie delà muqueuse et du parenchyme.
Alors, plus ou moins longtemps après la période puerpérale,
on. trouve encore le tissu ramolli et friable, et du liquide puri-
forme ou sanguinolent dans la cavité; j*ai vu même, au cours
d'une hystérectomie vaginale, deux abcès dans la paroi utérine.
Telles sont, en résumé, les deux conditions dans lesquelles
s'observe la métrite du corps : l'état puerpéral récent, et la
métrite prolongée qui accompagne les lésions graves des
annexes.
Mais, d'autres fois, Pinfection s'est limitée d'elle-même ou à
la suite d'une intervention ; elle n'a pas envahi les annexes ou
les a touchées à peine, ne laissant après elle que de minimes
adhérences péritonéales ; Imvolution s'est complétée au bout
de quelques mois, le corps a repris son volume ; tout est guéri,
sauf le col. Regardez quelques semaines après l'accouchement,
ou Tannée suivante, ou plus tard, le col est toujours malade :
il était malade au début, et nulle vraie métrite infectieuse ne
peut se concevoir sans la participation du col ; il reste malade,
parce que la forme de ses glandes, l'épaisseur et les anfractuo-
sités de sa muqueuse sont favorables aux cultures et rebelles aux
moyens thérapeutiques. Chassée de partout, l'inflammation s'y
cantonne ; si bien que, chez les femmes qui n'ont pas d'accidents
pelviens progressifs, mais qui restent modérément souffrantes
avec des pesanteurs et de la leucorrhée, cette métrite inter-
minable, non plus seulement prolongée mais chronique au sens
niCH£LOT 379
propre du mot, est une métrite exclusivement cervicale. Dans
le corps rinflammation est éteinte ; je ne dis pas que l'analyse
histologique n y verrait pas quelques traces de son passage,
mais pour le clinicien elles n'existent pas ; le palper, le cathéter
ne trouvent rien ; toute médication intra-utérine est illusoire.
Tels sont les faits courants de la pratique ; telles sont les fem«
mes qui viennent journellement nous consulter, deux ou trois
ans après leurs couches. Elles ont le gros col d'Emmet, et elles
n'ont que cela; quand, avant Topération de Schrœder, on gratte
la muqueuse par acquit de conscience, la curette ne ramène
que d'insignifiants débris. Voilà pourquoi je répète souvent, dans
mon service, une formule un peu trop simple, mais justifiée par
les commentaires qui précèdent : {a métrite chi^onique est
une métrite cervicale.
Mêmes constatations dans la blennorrhagie. Ici, pas de sur-
face placentaire, pas d'infection primitive du corps. Le gono-
coque vient d'en bas et touche d'abord le museau de tanche. Or,
il a deux manières de procéder : virulent, foudroyant, il crée la
lymphangite pelvienne, envahit tout, la muqueuse et la paroi
utérines, les annexes, le péritoine. Je veux bien alors qu'on le
rencontre un peu partout, dans les glandes en tube et jusque
dans la trompe ; je veux bien qu'avec le pyosalpinx rapidement
développé ou la salpingite parenchymateuse des cas subaigus,
coïncide une métrite du corps plus ou moins prolongée, et qu'au
bout de plusieurs mois ces cas-là ne se distinguent pas facile-
ment des métro-salpingites d'origine puerpérale. Mais les
choses ne vont pas toujours ainsi ; d'ordinaire le gonocoque est
plus discret, ou du moins plus insidieux, car il nuit toujours à
l'espèce. La femme commence par une blennorrhagie aiguë, et
vient nous consulter pour une vive sensibilité vaginale avec des
pertes jaunes et vertes ; la vaginite se passe, quelquefois sans
laisser de trace, mais souvent aussi, quand elle a disparu, la
malade commence à souffrir du ventre et des reins, et nous
montre un col tuméfié, érodé, muco-purulent. J'ai sous les yeux,
en ce moment, deux jeunes femmes chez lesquelles j'ai vu, pour
ainsi dire, le col s'inoculer et la métrite cervicale succéder à la
380 LA SCLÉROSE UTÉRINE ET LA VRAIE MÉTRITE
vaginite; j*ai pu arrêter sans trop de peine cette infection
récente. Mais combien s'envolent sans être guéries, et vont pro-
mener par le monde une métrite qui s'installe et prend racine,
éternellement leucorrhéiques et stériles pour toujours ! Combien
aussi victimes de la blennorrhée conjugale, n'ont jamais eu de
vaginite aiguë, jamais consulté de médecin, mais depuis leur
mariage ont senti quelques douleurs vagues et après deux ou
trois ans s'étonnent de n'avoir pas d'enfants ! Elles ont un col
rouge, granuleux, suintant ; elles n'ont eu et n'auront jamais
autre chose ; l'utérus est petit et mobile, les trompes et les
ovaires silencieux; Tinfection^si grave qu'elle soit dans ses effets,
est restée toute locale et n'a pas retenti au loin. Voilà pourquoi
cette autre formule est bonne à retenir : la métrite blennor-
rhagique est une métrite du col.
Je n'apprends rien à personne en disant qu'il y a des métrites
exclusivement cervicales. Et cependant, beaucoup de médecins
paraissent n'y guère penser dans leur pratique ; il semble que
l'altération du col aperçue dans le fond du spéculum ne soit
jamais que la partie visible, voire même la partie négligeable
d'une altération plus profonde, qu'on appelle vaguement « la
métrite ». Je sais bien qu'il y a des praticiens pour qui tout se
résume à badigeonner des cols, et des opérateurs qui s'em-
pressent de les couper sans regarder plus loin; mais je suis
surtout frappé de voir avec quelle sollicitude on injecte, on
crayonne et on racle des cavités saines. C'est qu'on n a pas pré-
sente à l'esprit l'évolution de la métrite, que je résume en ces
quelques mots : l'utérus totalement infecté, la métrite du corps
s'observe dans la période qui suit l'accouchement, et réclame
nos soins pendant un laps de temps variable, mais assez court;
elle est déjà beaucoup moins intéressante, quand elle se pro-
longe à côté des lésions annexielles qui absorbent l'attention et
dominent le traitement ; à la longue, elle n'existe plus, et la
plupart des malades qui passent journellement sous nos yeux
avec des leucorrhées purulentes, n'ont rien qu'une métrite cer-
vicale. Si, derrière le col malade, on aperçoit un gros utérus à
cavité agrandie, congestionné, douloureux, il s*agit d'un état
RIGHBLOT 381
scléreux non inflammatoire, et la femme est une arthritique
nerveuse, sinon, combien de fois n'ai-je pas vu, derrière ce
même col profondément altéré, Tutérus petit et peu sensible !
Évolution clinique, — J'étais déjà sur le terrain clinique en
suivant la marche des lésions, car c'est au lit des malades qu'on
en déchiffre le sens ; livré à lui-même, l'histologiste ne peut
que dessiner des formes mortes. Ce que je veux indiquer main-
tenant, c'est la valeur des symptômes qui accompagnent la
métrite.
Je passe rapidement sur la première période, celle de la
fièvre et de Tinfection générale. A ce moment, si la a fièvre
puerpérale » n'est pas alarmante, si les phénomènes locaux
dominent la scène, on parle de métrite aiguë. Tous les livres
contiennent, sous cette rubrique, une description de pure
fantaisie, avec les rengaines habituelles : anatomie pathologique,
symptômes, diagnostic, pronostic et traitement. Or, une métrite
aiguë, c'est un utérus qui souffre, qui donne un peu de fièvre
et qu'on met au repos ; les descriptions qu'on en fait sont d'une
richesse puérile, en même temps qu'elles oublient et relèguent
dans d'autres chapitres le tissu cellulaire, les annexes, le péri-
toine qui sont touchés en même temps, en un mot, la lymphan-
gite pelvienne. Pourquoi dissocier les faits qui vont toujours
ensemble, et pourquoi, dans les ouvrages d'enseignement,
tourner le dos sans cesse à la clinique ?
Quand cette période aiguë est passée, deux routes se présen-
tent où la femme peut s'engager. Dans la première, elle marche
plus ou moins rapidement vers les lésions définitives des
annexes. Même si des foyers de suppuration précoce ont été
évacués, la diffusion de l'a^nt septique a été telle, que tout
l'appareil tubo-ovarien reste malade ; à aucun moment la femme
n'est bien portante et ne reprend sa vie ordinaire, ou bien elle
se relève et semble revenir à la santé, mais elle conserve en
elle son ennemi, de temps en temps elle retombe, sans cesse
elle est tenue en haleine parles réveils successifs de l'infection,
par des poussées de pelvi-péritonite qui mettent la chirurgie en
demeure d'intervenir. J'ai dit que cette infection prolongée inté-
▲Hir. 1» OTK. — YOLk LUI. 26
382 LA SCLÉROSE UTÉRINE ET LÀ VRAIE MÉTRITB
resse rutérus avec le reste, mais que la métrite alors disparait
dans Tensemble et ne crée pas les indications.
Si la femme prend Tantre chemin, c'est alors, à vrai dire, que
l'histoire de la métrite commence, La fièvre a cessé, la douleur
s'est amendée; à Texamen, le tissu cellulaire, les annexes ont
conservé ou retrouvé leur souplesse, l'utérus seul est en cause.
Il est lourd, volumineux, mal revenu sur lui-môme ; il est resté
quelques débris placentaires ou membraneux qui entretiennent
rinfection de la muqueuse, le parenchyme est congestionné, le
corps est sensible au toucher bimanuel. La malade s'est levée,
a repris ses travaux, mais elle n'a plus la même activité qu'autre-
fois, un rien la fatigue; elle souffre du ventre, elle a des pertes
sanguines irrégulières, un écoulement séro-purulent, mêlé en
proportions variables au muco-pus de la métrite cervicale.
Toute irritation intra-cavitaire provoquant les contractions et
la sensibilité du muscle utérin, la femme peut souffrir beaucoup;
et pour peu que le nervosisme intervienne, elle a des crises
pénibles, elle marche pliée en deux, elle est presque une impo-
tente, une malade grave. Telle est, en résumé, la métrite enva-
hissant tout Torgane, et qu'on observe dans les mois qui
suivent l'accouchement.
Toutes les femmes ne sont pas prises au même degré, et le
repos, un traitement simple, une bonne hygiène peuvent amé-
liorer la situation ; ou bien quelque médication intra-utérine
est intervenue, le curettage a supprimé la muqueuse dont la
trame conjonctive et l'épithélium se réparent, et peu à peu, comme
je l'ai dit, l'inflammation s'éteint, la métrite se simplifie à
mesure qu'elle arrive en âge; réduite à sa dernière expression,
elle n'est plus qu'une métrite cervicale, et à ce moment la
malade n'a droit, pour ainsi dire, qu'à trois symptômes : pesan-
teur pelvienne, douleur lombo-sacrée, leucorrhée muco-puru-
lente.
Je dis pesanteur pelvienne, parce que la douleur est sourde
et peu intense ; la métrite chronique n'est pas une métrite dou-
loureuse. Toutefois, les maux de reins peuvent être assez péni-
bles. Quant à la leucorrhée purulente, épaisse et visqueuse,
RIGHELOT 383
purement cervicale, elle est trop connue pour que j'y insiste.
Et c'est tout; la métrite chronique n*a pas d'autres symptômes.
Voilà une assertion qui peut sembler paradoxale. Comment?
la métrite chronique n'est pas douloureuse ? Nous ne voyons
pas les femmes geindre et se lamenter, dix ans et plus après
leur dernier enfant ? Oui, sans doute, il y en a qui souffrent
beaucoup, mais ce n'est pas à la métrite seulement qu'elles le
doivent, et c'est ici qu'il importe de faire les distinctions qui
seules peuvent nous conduire à une bonne thérapeutique.
Et d'abord, on fait une erreur de diagnostic et une erreur de
doctrine en prenant pour des métrites chroniques douloureuses
les gros utérus non infectés des arthritiques ; les cols durs,
scléreux, hypertrophiés, mais de conformation normale, sans
érosion, avec un mucus clair ; les cavités agrandies, à parois
lisses ou munies de fongosités polypeuses ; les corps volumi-
neux lourds et rétrodéviés ; aucune trace d'infection antérieure,
aucun souvenir d'accidents fébriles, congestions fréquentes,
métrorrhagies ou règles profuses, crises névralgiques souvent
très violentes. Et puis, il y a la métrite chez les arthritiques
nerveuses, qui ont bien le droit de s'infecter comme les autres.
Souvent leurs gros utérus ont un col manifestement enflammé,
granuleux, muco-purulent. C'est peut-être une infection blen-
norrhagique, un simple accident qui est survenu ; c'est peut-
être aussi une évolution spéciale dont il faut tenir compte. En
interrogeant la femme, on trouve, à l'origine des accidents, une
infection non douteuse ; la métrite a semblé guérir ; elle n'est
plus qu'une métrite cervicale, mais la femme a des douleurs et
des hémorrhagies hors de proportion avec l'état du col. C'est qu'il
y a derrière ce col malade, un gros utérus nerveux et conges-
tionné. Or, l'infection n'a-t-elle pas joué un rôle dans son déve-
loppement, n'a-t-elle pas éveillé ses tendances pathologiques,
n'a-t-elle pas appelé la congestion qui ne demandait qu'à s'éta-
blir sur un terrain préparé, n'est-elle pas encore aujourd'hui la
cause qui l'entretient et la rend plus intense ? Il est fréquent,
il est naturel que ces femmes aient de vives douleurs. Mais
prenez un tempérament neutre ou lymphatique, et supposez une
384 LA SCLÉROSE UTéRINE ET LA VRAIE MBTRITE
métrite qui ait passé par les mêmes phases et soit arrivée an
même point : Tutérus est de volume ordinaire, la cavité n'est
pas agrandie, parfois même, derrière un col énorme et large-
ment déchiré, il est petit ; rétracté ; la métrite, en se localisant,
parait avoir laissé derrière elle, — certains auteurs en ont fait la
remarque — des lésions atrophiques de la muqueuse et du
parenchyme, et ces maldes ne souffrent guère ; plus d'une
sont incommodées surtout par les pertes muco-purulentes, sou-
vent profuses, et ne se font soigner que pour elles •
Ce que je dis de la douleur, il fautle dire aussi d'une foule de
symptômes dont les auteurs ont généreusement doté la métrite,
et qui ne sont autres que les manifestations connues de Tarthri-
tisme. Les « symptômes généraux de la métrite », voilà encore
un lieu commun qui traîne dans tous les livres : dyspepsie,
migraine, neurasthénie, tous les troubles nerveux y défilent. Or,
ces troubles font cortège, non pas à la métrite, mais à la sclérose
utérine, ou plutôt celle-ci les accompagne et fait sa partie dans
l'ensemble. Bien entendu, la souffrance de l'utérus, quand elle
est violente, peut retentir sur d'autres organes et aggraver
Tétat nerveux ; la métrite qui, chez les prédisposées, entretient
la congestion douloureuse, apporte donc son appoint dans les
réactions lointaines. Chez les femmes lymphatiques, les « symp-
tômes généraux » sont absents.
Aussi n'est-ce pas sans étonnement et sans curiosité que,
dans un Congrès, j'ai entendu décrire le a traitement de la
métrite par les injections sous-cutanées de sérum artificiel »•
Il y avait une théorie d'allure savante, et tout s'arrangeait fort
bien dans l'imagination de Tauteur. Il s'agissait, au fond, d'un
traitement de la neurasthénie. Combien de fois les arthritiques
nerveuses n'ont-elles pas été douchées, baignées, piquées au
sérum, expédiées aux eaux, sous l'étiquette banale de métrite
chronique !
TRAITEMENT
De ce qui précède il ressort que le traitement général de la
métrite n'existe pas. Et ce que j'aurais à dire du traitement
RIGHBLOT 385
local, si j'en avais le loisir, serait une critique des médications
aveugles qui, d'une part, voient partout l'infection, ignorent
les dystrophies et les influences diathésiques, et, d'autre part,
dans la métrite vraie, ne tiennent pas compte de révolu-
tion.
Aux utérus des arthritiques nerveuses conviennent les moyens
qui décongestionnent leur tissu, injections chaudes, tampons
de glycérine, hydrastis et viburnum ; les bains et les douches
sont excellents; le massage utérin fait quelquefois merveille ;
le régime et Thygiéne font partie essentielle du traitement. La
curette et les caustiques sont précieux dans les formes hémor-
rhagiques, surtout quand il y a des fongosités, moins souvent
avec les muqueuses lisses ; mais c'est une grave imprudence
que de les appliquer sans discernement aux utérus congestifs
et sensibles, car ils peuvent les exaspérer, créer des douleurs
qui n'existaient pas, faire de la malade une impotente. Puis,
vient l'amputation élevée du col avec ligature des utérines,
pour amener l'atrophie du corps ; puis, enfin, l'ultima ratio, l'hys-
térectomie vaginale, pour les situations graves, les névralgies
tenaces, les pertes épuisantes.
Dans la vraie métrite, les médications indirectes, auxquelles
peut céder la congestton, sont des palliatifs médiocre, des
moyens d'attente. Il faut détruire la muqueuse malade ou mo-
difier profondément les surfaces : pour le corps, médications
intra-utérines variées, curettage ; pour le col, résections ana-
plastiques. Chacun sait cela ; n'empêche qu'il règne, dans le
traitement delà métrite, une véritable confusion.
Voyez, par exemple, une revue des Travaux récents sur la,
thérSLpeutique intra-utérine y par le D"" Oswald Feis (1). On y
trouve réunies les opinions et la pratique de beaucoup d'auteurs ;
on n'y trouve pas un mot qui donne à penser que certaines dou-
leurs ou certaines hémorrhagies ne relèvent pas de l'infection :
quand on a parlé d'endométrite, on a toutdit. Mais je remarque
au passage quelques déclarations intéressantes : Winckel
(1) Oswald Fsis. Travaux récents sur la thérapeutique intra-utérine,
1899, trad. par B. Labubquikbe. Annales degyn. et tTohst,, février 1900.
386 LA SCLÉROSE UTERINE ET LA VRAIE MÉTRITE
s'élève contre une thérapeutique intra-utérine intensive, « à cause
de l'excitation nerveuse qu'elle détermine souvent »• Olshausen
est d'avis que « le curettage est un moyen thérapeutique
impropre dans l'endométrite catarrhale » ; Brôse estime que
a le processus catarrhal ne remonte pas d'ordinaire au-dessus
de Torifice interne » et que, « les manœuvres intra-utérines
sont le plus souvent inutiles et même dangereuses, dans Tendo-
métrite catarrhale, parce qu'elles risquent d'inoculer les germes
infectieux dans le corps de Tutérus, non contaminé jusque-là d.
Que veut dire endométrite catarrhale, et de quoi s'agit-il ? De
l'hypersécrétion glandulaire simple des utérus congestionnés ?
D'une infection des glandes cervicales ?Pas une description,
pas un signe clinique ne sont donnés qui nous éclairent. Et, à
supposer que le traitement s'applique à une vraie métrite,
impossible de savoir pourquoi tel auteur aborde la cavité uté-
rine plutôt que de s'arrêter au col : pourquoi la métrite cervi-
cale est négligée ; pourquoi il n'est pas mieux tenu compte de
la nature de l'infection et de ses divers stades, et pourquoi
métrite déciduale et métrite gonorrhéique anciennes sont mises
pour ainsi dire au même plan et semblent réclamer des traite-
ments analogues. En revanche, la mécanique joue un grand
rôle ; il s'agit de savoir si le cathéter américain vaut mieux que
la sonde de Playfair ou la seringue de Braun ; si le col doit
être fixé, la malade endormie ; quel topique est le plus expé-
dient, acide phénique, sublimé, chlorure de zinc, lysol, alumnol
icthyol, glycérine, formaline, euphorine; enfin, la fameuse
question du passage des liquides à travers la trompe. Ne vau-
drait-il pas mieux se demander dans quelles conditions précises
la médication intra-utérine est valable, et s'il est bien utile de
poursuivre une métrite du corps depuis longtemps éteinte ou
qui n'a jamais existé ?
Pierre Delbet n'a pas évité ce reproche dans son Traiitement
des métrites chroniques par les injections de chlorure de
zinc (1). Il nous parle des métrites chroniques sans les définir.
(1) Pierre Delbet. Traitement des métrites chroniques parles iujeotions
de chlorure de zinc. Annales de gyn^ et d'obst.f janvier 1899.
RICHBLOT 387
Il nous parle des métrites hémorrhagiques, et, ayant enlevé un
utérus qui continuait à saigner malgré les injections et le curet-
tage, il dit: «Je n*ai trouvé aucune lésion qui explique ni
Tabondancc ni la persistance des hémorrhagies. On sait qu'il
existe un certain nombre de ces cas d'apparence paradoxale. »
Il est cependant fort naturel qu'un utérus à muqueuse lisse,
mais congestif et scléreux, donne du sang. Il nous parle aussi
des métrites glandulaires, a dans un sens purement clinique » ;
ce sont des métrites « caractérisées symptomatiquement par
de la leucorrhée. « Laquelle? utérine ou cervicale, muco-pus
ou mucus clair ? Ce qui ressort de ces désignations, c'est que
Delbet n'a pas attaché grande importance au mot métrite, et ne
s'est pas attardé à séparer l'infection des états dystrophiques.
C'est lui cependant, qui a écrit dans un excellent travail sur la
métrite (i) que les altérations de la muqueuse, identiques à
celles qu'on rencontre avec les fibro-myômes et les maladies
non infectieuses des ovaires, peuvent se produire « en dehors
de toute influence microbienne et être dues à des troubles
nutritifs d'ordre vasculaire et nerveux ».
J'accorde qu'il avait bien le droit d'essayer empiriquement,
pour ainsi dire, l'action du chlorure de zinc en solution sur la
muqueuse utérine. Mais alors, il ne peut y avoir là un traite-
ment rationnel et régulièrement efficace de la métrite infectieuse.
Voyons les résultats :
Les pseudo^métrites hémorrhagiques « guérissent dans la
perfection ». Je le crois; cela veut dire que la cautérisation,
aussi bien que le curettage, mieux, si vous voulez, détruit les
fongosités polypeuses, ou modifie profondément la muqueuse
hyperhémiée. Je crois aussi que Delbet a vu des « métrites
parenchymateuses », des « utérus hypertrophiés » revenir sur
eux-mêmes ; sans oublier les réserves de Winckel et d'autres
auteurs, je ne suis pas étonné qu'il ait agi heureusement sur
quelques parenchymes et réduit certaines parois congestion-
(1) Pierre Dklbet. Art Métrite. Traité âe chirurgie, de S. DupLATet
r. Reclus, t. VIII.
388 LA SCLÉROSE UTéRINE BT LA VRAIE M^TRITE
nées. Mais les vraies métrites ? Elles se trouvent, sans doute,
parmi les métrites glandulaires. Or, deux malades n'ont tirédu
traitement aucun bénéfice, cinq ont été améliorées, huit ont
guéri ; mais, parmi ces dernières, deux seulement ont été
suivies, Tune cinq mois et Tautre six. Résultats peu brillants,
mais qu'il fallait prévoir. Les observations n'indiquent pas
l'origine de la métrite, sa nature, son ancienneté, à quelle dis-
tance est la femme de son dernier accouchement. Avez-vous
échoué pour avoir injecté la cavité utérine quand il n'y avait
que de la métrite cervicale? Avez- vous amélioré parce qu'un
peu de votre liquide a bavé sur le col? Avez-vous réussi parce
que la femme était proche de Tétat puerpéral et que Tinflam-
mation du corps n'était pas éteinte? Vous n'en savez rien, vous
ne l'avez pas cherché. Étes-vous sûr enfin que vos guérisons
soient solides, quand vous touchez superficiellement, incidem-
ment, ce col dont les lésions « rétrocèdent aussi dans bien des
cas 9, mais pour couver dans l'épaisse muqueuse?
En résumé, je ne puis admettre qu'on voie la métrite en
bloc, pour ainsi dire, et qu'on dirige contre elle un traitement
systématique. Je répète qu'il faut tenir compte de l'évolution et,
en rapprochant les dates et les signes qu'on a sous les yeux,
juger à quel stade de la métrite la femme est arrivée, à quelle
thérapeutique elle a droit.
S'agit-il de la blennorrhagie — en laissant de côté, bien
entendu, les formes lymphangitiques et les altérations graves
des annexes — et peut-on sûrement éliminer toute origine
puerpérale ? Inutile de s'occuper de la muqueuse utérine ; tout
l'effort doit se concentrer sur le col, et toute la question est d'y
exercer, suivant l'ancienneté et la profondeur des lésions, une
action suffisamment destructive.
S'agit-il d'une infection puerpérale ? Une première question
doit être posée : sommes-nous dans les quelques mois qui sui-
vent l'accouchement, dans cette période incertaine, sans limites
précises, et pouvons-nous croire à une inflammation survi*
vante, à une muqueuse non cicatrisée ? Si le fait est possible,
nous n'avons plus qu'à observer, à nous enquérir des symp-
RIGHBLOT 389
tdmes, à noter les caractères de la leucorrhée, la sensibilité du
parenchyme utérin mise en regard de la sensibilité générale de
la femme et de son degré de nervosisme. Et puis, il y a les
divers moyens d'exploration : cathétérisme, dilatation du col,
exploration digitale, raclage et examen microscopique, recherche
des micro-organismes; il y a même des hystéroscopes, des
lampes, des laveurs spéciaux. Je ne critique rien ; chaque auteur
a ses habitudes ; ce que je demande, c'est qu'on explore Futérus
quand il y a des chances pour qu'il soit malade. Et alors,
qu'on choisisse le curettage, le tamponnement, les injections
modificatrices ; qu'on emploie les topiques et les instruments
qu'on préfère ; ce que je demande, c'est qu'on traite la muqueuse
utérine à bon escient et quand elle est malade.
Mais si l'origine des accidents est lointaine, si j'ai bien
affaire à une métrite chronique; si enfin quelque maladroit
n'est pas intervenu déjà pour écorcher et salir l'endométrium,
je sais que je n'ai rien à faire dans cette cavité; que derrière ce
col je n'ai rien à laver, rien à aseptiser, rien à gratter ; que,
sauf le cas d'hémorrhagies révélant des polypes ou un état
congestif de la muqueuse, je n'ai que faire d'aller tourmenter
un utérus dont le segment inférieur est Tunique refuge de
l'ancienne infection. Le seul traitement qui convienne alors
est celui d'une métrite cervicale.
Et pour donner une conclusion à tout ce qui précède, je met-
trai une dernière fois en lumière : 1^ l'inutilité du traitement
local de la métrite chez un grand nombre de femmes qui sont
des arthritiques nerveuses et dont l'utérus n'est pas infecté ;
2® l'inutilité de la thérapeutique intra-utérine dans un grand
nombre de métrites infectieuses chroniques ; 3** l'importance
relative de la métrite cervicale et de son traitement.
Torsion du pédicule d'un hydrosalpinx
droit coïncidant avec la rupture d'une
g'rossesse tubaire gauche. Laparotomie.
Guérison
Par B. Bavdroa (1).
La nommée 6..., dont j'ai Thonneur de communiquer Tobservation
à la Société, est une fenmie de 32 ans, d*origine italienne, que je viens
d'opérer dans le service de mon maître, le P' Pinard.
Elle fut réglée à 12 ans, et sa menstruation fut toujours régulière et
normale jusqu'à son mariage, vers 18 ans. A 19 ans et demi» elle
devient enceinte et fait un avortement de trois mois et demi environ.
Cinq ou six mois après cet avortement, elle entre pour des troubles
de menstruation et de la leucorrhée dans un service de gynécologie
en Italie, et y est soignée par la dilatation et des pansements intra-
utérins. Son état s'améliore, et depuis dix ans elle n'a plus ni pertes
ni douleurs. Ses dernières règles se sont terminées le 1^* décembre
1899 : elles ont eu une durée normale. A la fin de décembre, les
règles ne viennent pas ; la malade ayant été renversée sous un fiacre
le 26 décembre, attribue la suppression de ses règles à cet accident
et ne suppose pas qu'elle puisse être enceinte.
Le 25 jan>'ier (par conséquent à l'époque précise où les règles de
janvier auraient dû commencer), elle est prise subitement, au milieu
de la nuit, de violentes douleurs abdominales avec tendance à la syn-
cope. On fait appeler le D*" Pissot, qui la trouve dans un état d*agita-
tion extrême avec 38» de température et 104 pulsations ; le toucher ne
donne aucun renseignement et le palper abdominal est impossible à
pratiquer. M. Pissot prescrit une potion calmante et le repos absolu au
lit. On le rappelle seulement le 3 février, et voici ce qu'il constate : la
température atteint 38<*,7^ le pouls est à 144 ; la miction est pénible ; il
(1) Gomm. à la Soe, d'ohst, gyn. et pédiatrie. SéaDce du 6 avril 1900.
BÂUDRON 391
existe un certain degré de ténesme rectal . Le ventre est légèrement
ballonné et douloureux, surtout à gauche où Ton perçoit un peu d'em-
pâtement. Notre confrère conseille de transporter la malade à la cli-
nique Baudelocque et, en attendant, place une vessie de glace sur le
ventre et fait une piqûre de morphine. Le lendemain, 6 février, l'amé-
lioration est notable, et, quand je vois la malade à son arrivée à Bau-
delocque, vers midi, son état est le suivant : la température est de 37° ,
le pouls plein et fort bat à 80; à la palpation, on trouve un peu de
météorisme, et, à gauche, au niveau d'un point symétrique du point
appendiculaire, un peu d'empâtement et de submatité : la pression la
plus légère y détermine une assez vive douleur. Les culs-de-sac vagi-
naux sont absolument libres et l'utérus, de volume normal, est senti
en antéversion : il n'est le siège d'aucun écoulement. Je porte le dia-
gnostic de grossesse tubaire gauche en voie de rupture, et il est décidé
que, sauf indication d'urgence venant du pouls ou de la température,
la malade sera laparotomisée le mercredi suivant 9 février. Le 7 et le
8 février, la température reste normale et le pouls se maintient à 80.
Les douleurs ont presque disparu au point que, le 8 au soir, malgré
toutes les remontrances qui lui sont faites, la malade quitte l'hôpital et
rentre chez elle. La journée du 9 est bonne ; mais, dans la nuit du 9 au
10, l'état s'aggrave subitement; M. Pissot, rappelé, trouve la malade
en proie à de violentes douleurs abdominales avec un pouls à 150 et 39^
de température. Les 11, 12 et 13 février^ même température, même fré-
quence du pouls ; en outre, le ventre se ballonne, les vomissements
apparaissent et deviennent incessants ; la constipation est opiniâtre ; la
miction volontaire, impossible.
Le 14, M. Pissot me prie de venir voir cette femme qui refuse obsti-
nément de retourner à Baudelocque. Je la trouve dans un état d'agita-
tion très jgrand, le faciès grippé, les traits altérés.
Je limite par le palper une tumeur abdominale siégeant dans la fosse
iliaque gaucïhe, remontant presque à l'ombilic et du volume des deux
poings, et je suis frappé de l'indolence relative de cette tumeur, tandis
qu'au contraire la fosse iliaque droite qui parait libre est le siège d'une
douleur tout à fait aiguë au moindre frôlement de la main. Toutes
mes supplications pour décider cette malheureuse femme à retourner
h Baudelocque sont vaines, et je pars convaincu qu'elle va succomber
victime de son entêtement. Le 18 février, à 8 heures du matin, on
me prévient qu'elle vient enfin d'arriver à la clinique ; mon maître,
M. Pinard, la voit à ce moment, confirme le diagnostic de grossesse
392 TORSION DU PEDICULE D^UN HTDR08ALPINX
tubaire gauche rompue et me demande d'intervenir immédiatement.
Elle était dans Tétat où je l'avais laissée quatre jours auparavant; même
température à 39*, même pouls à 140.
A 11 heures, je pratique la laparotomie avec l'assistance de mon
ami, le D' Paquy. La paroi abdominale est rapidement incisée, et à
l'ouverture du péritoine il s'écoule une assez notable quantité de sang
noirâtre et légèrement fétide, et des caillots anciens et récents qui,
recueillis et pesés, représentent 350 gr.
La trompe gauche rupturée et remplie par la masse placentaire est
accolée très haut à la paroi abdominale et au sommet de la vessie
qu'elle étire ; elle est décortiquée avec difficulté de la vessie et résé-
quée après ligature du pédicule par deux fils de soie entrecroisés.
Dans cette manœuvre la vessie est déchirée sur une étendue de 2 cen-
timètres et immédiatement suturée par quatre points de soie fine.
La cavité hémorrhagique étant soigneusement étanchée avec com-
presses stérilisées, et avant de refermer le ventre, me rappelant les
douleurs vives que mon examen du 14 février avait provoquées dans
la fosse iliaque droite, je tiens à me rendre compte de l'état des annexes
droites. Je tombe alors sur une tumeur kystique du volume d'une
orange adhérente aux parois pelviennes loin des culs-de-sacs. La décor-
tication est assez facile; c'est un hydrosalpinx dont le pédicule, gros
comme le petit doigt, est tordu deux fois sur lui-même en sens inverse
des aiguilles d'une montre. Les annexes droites sont excisées après
ligature par deux fils de soie entrecroisés. Je fais un tamponnement à
la gaze iodoformée, et^ les chefs d^es fils de soie placés sur la vessie
étant ramenés dans l'angle inférieur de la plaie, je ferme mon incision
abdominale par deux plans superficiel et profond au fil d^argent. En
raison de la plaie vésicale, je mets à demeure une sonde de Malécot
L'opération a duré vingt-cinq minutes.
Exameti des piècesy fait par mon ami Gouvelaire, interne à la Mater-
nité:
1« Annexes droites, — L'ovaire est irrégulier, bosselé de saillies kysti-
ques, recouvert par places d'adhérences sanglantes. Ses dimensions sont :
Longueur 55 millimètres.
Hauteur 40 —
Épaisseur 26 —
n renferme un corps jaune dont les grands diamètres mesurent
ISmillim. et 11 millim.
BÀUORON 393
La trompe enlevée comprend deux portions : l** une portion ampul-
laire à laquelle adtière le pavillon dont les franges sont libres, d'aspect
normal avec orifice perméable. Cette portion mesure 2 centim. de
longueur ; sa surface extérieure présente quelques adhérences lâches
déchirées; 2» une portion distendue et largement crevée qui donnait
insertion h Tœuf ; cette portion mesure 6 centim. de long sur 5 de haut.
La déchirure a comme diamètres 4 centim. et 3 cent. 1/2. La paroi
mesure 3 à 4 millim. d'épaisseur. La surface interne est hérissée
de caillots et de fins débris placentaires infiltrés de sang. Du côté opposé
à la rupture, la face postérieure de la poche tubaire est couverte de cail-
lots adhérents et de brisures d'adhérences (c'est à ce niveau que se
trouvaient les adhérences à la paroi abdominale et à la vessie).
2^ Une masse du volume d'un gros œuf de dinde, est constituée par
du tisêu placentaire infiltré de sang, creusé d'une poche largement ouverte
laquelle est tapissée par une fine membrane amniotique.
Dans les caiUots recueillis au cours de l'opération, il n'a pas été
trouvé trace de fœtus.
3<> Annexes gauches. — L'ovaire est très gros, bosselé, polylcystique,
et sa surface est ecchymotique par places ; il mesure :
45 millimètres de longeur.
36 — de hauteur.
38 — d'épaisseur.
La trompe est transformée en une tumeur kystique du volume d'une
grosse orange ; c'est le type de l'hydrosalpinx ; la • surface extérieure
de cette poche est ecchymotique et tapissée de caillots adhérents et de
débris d'adhérences sanglantes brisées. Le pédicule est tordu deux fois
sur lui-même en sens inverse des aiguiUes d'une montre,les deux tours
sont peu serrés.
L'ovaire ne participe pas à la torsion.
Le liquide de cethydrosalpinx est sanguinolent, noirâtre.
Elxamen microscopique du pédicule.
Au niveau du pédicule des annexes droites :
La cavité tubaire est agrandie (5 à 7 millim. de plus par diamètre).
Les parois de la trompe sont hypertrophiées.
Épithélium cylindrique conservé sur toute la surface de coupe. Le
mode de fixation de la pièce ne permet pas de donner des renseigne-
ments positifs sur les cils vibratiles.
Franges. — Les franges sont très épaissies. Leur stromaest très riche
394 TORSION DU PÉDICULE d'cN HTDROSALPINX
en cellules dont an certain nombre sont des cellules rondes. Un cer-
tain nombre de ces franges renferment des capillaires dilatés, remplis
de globules rouges.
Couche musculaire hypertrophiée.
Vaisseaux. — Dans la couche musculaire et sous-séreuse le nombre
des vaisseaux rencontrés sur une coupe, est beaucoup plus grand que
d'ordinaire : ces vaisseaux, ainsi que les capillaires, sont gorgés de
globules rouges. Pas de thromboses. La plupart des vaisseaux ont
leurs parois épaissies. Il en est de même dans les vaisseaux du méso-
salpinx.
Résumé : Au niveau du pédicule des annexes droites, la trompe pré-
sente des lésions accentuées de salpingite chronique hypertrophique.
Il y a hyperplasie et congestioh intense du système vasculaire tant
au niveau de la paroi tubaire qu'au niveau du mésosalpinx.
Suites opératfnres — Dès le soir de Topération la température s'abaisse
à 37<» : les vomissements diminuent et le lendemain matin un lavement
provoque une selle abondante. Le troisième jour le tamponnement est
retiré et remplacé par un gros drain ; le soir la température s'élève à
38^,2 ; mais le lendemain matin elle retombe à 37<> en même temps que
le pouls descend à 100.
Pendant les cinq premiers jours il est fait quotidiennement une
injection de 300 grammes de sérum.
Les fils de l'incision abdominale sont enlevés le neuvième jour : la
réunion de toute la portion suturée est complète. Les fils de soie de la
vessie tombent successivement du neuvième au douzième jour sous
l'influence d'une traction permanente et progessive exercée à l'aide
d'une pince autour de laquelle ils étaient chaque jour enroulés plus
étroitement. Lorsque le dernier fil est tombé, la sonde à demeure est
enlevée ; mais une petite quantité d'urine passant par la plaie abdomi-
nale, elle est immédiatement replacée.
Le seizième jour après l'opération, la plaie abdominale est complè-
tement cicatrisée. La sonde à demeure est définitivemeut supprimée.
Le vingt-unième jour la malade quitte la clinique Baudelooque
complètement rétablie.
Réflexions. — Cette observation porte donc à 16 le nombre
de cas publiés de salpingites à pédicule tordu. Cet accident a
été observé une seule fois par Hartmann au cours d'une gros-
sesse qui a suivi son cours normal après l'ablation des annexes
BAUDRON 395
tordues. Mon cas est jusqu'à présent le seul où la torsion des
annexes dun côté soit venue compliquer la rupture d'une gros-
sesse siégeant dans la trompe du côté opposé. La symptoma-
tologie de la rupture tubaire a certainement dominé la scène ;
à elle seule, elle suffisait à rendre compte de tous les phéno-
mènes observés, et rien n'autorisait à penser que les annexes
droites étaient le siège d'accidents qui à eux seuls eussent pu
revêtir une physionomie clinique identique. Sans doute j'avais
été frappé, lors de mon second examen, par la sensibilité par-
ticulière, excessive, de la fosse iliaque droite, libre de toute
tumeur, et de Tindolence relative de la tumeur gauche. Mais
cette douleur paradoxale n'est pas exceptionnelle, et il me
semblait plus rationnel de l'attribuer à l'extension de l'hémor-
rhagie vers la fosse iliaque droite. Toutefois, et j'insiste sur ce
fait, c'est le souvenir de ce point si douloureux à droite qui me
fit rechercher avec soin Tétat des annexes droites. Il est pos-
sible que si je ne Tavais pas constaté, j'eusse fait une opération
incomplète, me bornant, une fois la trompe gauche enlevée, à
nettoyer soigneusement la cavité hémorrhagique bien close de
toutes parts et à la drainer.
D'un autre côté, si Ton tient compte de ce fait que le jour où
la malade fut apportée à Baudelocque pour la première fois, le
6 février, la douleur siégeait exclusivement à gauche, j'estime
que la torsion des annexes droites n'existait pas encore. A mon
sens, cet accident est contemporain de l'hémorrhagie qui se
produisit le 10 février, après que la malade eut quitté la clinique
et fut rentrée chez elle. En effet, il résulte de l'observation très
bien prise par mon ami, M. Pissot, que la fréquence du pouls,
qui atteignit 140, l'élévation thermique à 39o,5, les vomisse-
ments, la constipation opiniâtre, le ballonnement du ventre, se
montrèrent avec une brusquerie que l'hémorrhagie péritonéale,
en somme peu abondante (350 grammes de caillots), explique
difficilement.
Au contraire, nous savons que la torsion des annexes enflam-
mées peut dans certains cas revêtir la forme brusque et simuler
soit l'appendicite aiguë, soit l'occlusion intestinale. 11 est donc
396 TORSION DU péDicuLB d'un htdrosalpinx
probable que Thydrosalpinx droit, jusqae-là mobile, a tordu
son pédicule en retomban t en arrière sous la poussée des caillots .
La torsion s'est produite en sens inverse des aiguilles d'une
montre, C*est l'exception à droite où, 4 fois sur 6 (Hartmann),
la torsion s'est effectuée dans le sens môme des aiguilles
d'une montre.
Dans une observation de Hartmann, où la torsion s'est pro-
duite en sens inverse, il y avait coexistence de grossesse uté-
rine. La torsion portait sur la trompe seule, et les tours, au
nombre de deux, étaient peu serrés. Enfin la trompe présentait
la lésion la plus fréquemment observée : Thydrosalpinx.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DE GYNÉCOLOGIE ET DE PEDIATRIE 397
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ D OBSTÉTRIQUE, DE GYNECOLOGIE ET DE PEDIATRIE DE PARIS
Séance du 6 avril 1900,
M. DoL^Ris. Sur le traitement de la grossesse ectopiqae. — Les
points sor lesquels M. Doléris attire Tattention, au point de vue du
pronostic de la grossesse tubaire, sont les suivants :
1^ Siège de l* œuf dans la (rompe. — Les grosses hémorrhagies capables
de faire courir des risques immédiats sont dues le plus souvent à la
rupture siégeant dans les parties moyenne et interne de la trompe.
Dans ces cas la rupture de la paroi, quel que soit l'âge de la grossesse,
coïncide avec Tinondation péritonéale. Les grandes hémorrhagies ne
proviennent de grossesse siégeant dans Tampouleou dans le tiers externe
de la trompe qu'autant que le développement de Tœuf vivant est arrivé
au4<'ou au 5* mois. Les grossesses tubo-fimbriaires ou tubo-abdominales
sont celles qui produisent les hémorrhagies les moins subites et les
moins considérables, et qui, en môme temps, peuvent arriver à un
développement très avancé ou à terme.
2» Siège de la tumeur tubo-fœtale, — Les variétés tubo-fimbriaire et
tubaire externe occupent le cul -de-sac de Douglas de très bonne heure.
L'hémorrhagie se limite mieux, grâce aux adhérences précoces dues
aux suintements sanguins qui se font jour par le pavillon .
Les autres variétés de grossesse tubaire occupent un siège élevé
dans le bassin et sont plus aisément perçues dans le cul-de-sac pré-
utérin. En cas de rupture la masse qui forme la tumeur occupe la zone
hypogastrique ; Thémorrhagie est profuse.
3» L'évolution de Vœu/. — Différente suivant qu'il se développe régu-
lièrement et reste vivant ou suivant qu'il meurt, devient abortif et ne
figure plus qu'un corps étranger siégeant dans la trompe.
Au point de vue thérapeutique, M. Doléris soutient la nécessité
absolue de Tablation de la trompe gravide. La voie vaginale ne peut
réellement convenir qu'aux grossesses tubaires jeunes et de petit
volume. L'indication en est confirmée et précisée par le siège pelvien,
très déclive de la tumeur et par une mobilité relative de cette dernière.
ANX. DE OYX. — TQU LUI. 27
398 SOGléTÉS SAVANTES
n en est de môme dans les vieilles hématocèles tubo-pel viennes enkystées.
La voie abdominale est celle qui sera le plus généralement adoptée*
Ses indications sont le siège abdominal de la tumeur, Thémorrhagie
cataclysmique, le volume considérable de la tumeur et son ancienneté.
Dans Tavortement tubaire, à forme hématosalpingitique, les deux
voies sont également favorables.
De toutes façons il y a lieu d'intervenir dès que le diagnostic est
seulement problable sans attendre le retour de la période menstruelle
et le réflexe congestif qui en est la conséquence.
KiRMissoN. Méningocèle de la région occipitale extirpée et guérie
chez une petite fille de six semaines. — La tumeur, du volume d'une
mandarine, siégeait au niveau de Union. Fluctuante, transparente,
pédiculée, elle était partiellement réductible. L'intervention chirurgi-
cale a consisté dans la dissection du sac et dans l'extirpation. Les parois
du sac étûent très vasculaires, le liquide était clair comme de Teau de
roche ; au fond du sac et adhérant à son fond se trouve une masse
mollasse ressemblant à des plexus choroïdes ; Texamen histologiqne a
d'ailleurs démontré le fait. Il y avait, en outre, dans cette masse des
cellules névrogliques. L'enfant a guéri et & l'heure actuelle, deux mois
et demi après l'intervention^ il n'y a chez elle aucune trace d'hydrocé-
phalie. Son état général est parfait. Le pronostic de la méningocèle
après l'extirpation est, en effet, beaucoup plus favorable que celui du
spina-bifida.
Baudron. Torsion du pédicule d'an hydrosalpinx droit coïncidant
avec la rupture d'une grossesse tubaire gauche. Laparotomie. Ouè-
rison. — (Voir plus haut la communication publiée in extenso.)
M. Pozzi. Note sur quatre nouveaux cas de torsion de la trompe
kystique. — Obs. I. — Femme de 39 ans. Deux grossesses sans inci-
dent. Suites de couches physiologiques. Depuis deux ans et demi
souffre d'une inflammation annexielle droite. De janvier à mars 1899,
elle est prise de crises douloureuses dans la région sous-ombilicale et
de phénomènes péritonéaux qui font penser à son médecin qu'il s'agit
d'une appendicite. Le diagnostic posé par M. Pozzi fut celui de salpin-
gite kystique prolabée dans le cul-de-sac de Douglas.
La laparotomie permet de constater l'existence d'une collection puru-
lente droite à laquelle le cœcum est adhérent. Le pyosalpinx a son
pédicule tordu (deux tours de spire serrés), son volume était celui d*une
sOGiÉTi d'obstétrique, de gynécologie et de pédiatrie 399
mandarine. L*ovaire couleur feuille morte a un aspect nécrobiotique
et est parsemé de petits kystes séreux et hématiques. Ces annexes sont
extirpées ainsi que Tovaire gauche scléreux et kystique. Guérison.
M. Pozzi fait remarquer les difficultés du diagnostic ; il fait remonter
le début de la torsion aux premières crises douloureuses qui ont pré-
cédé de deux mois Tinfervention. Enfin le fait d^une poche suppurée
d'origine tubaire unilatérale adhérente au cœcum sans qu'on puisse
retrouver Tappendice s*expliquerait aisément par Thypothèse d'une
adhérence de l'appendice malade aux annexes droites ayant provoqué
leur inflammation. L'appendice se serait secondairement mortifié.
Obs. n. — Femme de 37 ans ; trois grossesses, la dernière en 1887,
accidents métritiques aigus en 1891. En 1894, phénomènes douloureux
dans la fosse iliaque gauche. Collection fluctuante qui est évacuée par
laparotomie sous-péritonéale. (deux verres do pus). Guérison au bout de
1 mois. Le 27 décembre 1899, phénomènes péritonéaux; tumeur dans
la fosse iliaque droite, t. 39^, pouls 128.
Laparotomie latérale le 1«' janvier 1900. M. Pozzi trouva une tumeur
du volume d'une orange, formée par un sac tubaire noirâtre portant, à
la surface, des traces manifestes de mortification commençante, renfer-
mant un liquide lie de vin et filant, mélange de pus et de sang. Le
pédicule était tordu d'un tour de spire complet ; l'ovaire participait à la
torsion. Extirpation des annexes droites.
Du l'i* au 12 janvier, suites simples apyrétiques. Le 12, empâtement
et douleur dans la fosse iliaque gauche; élévation de la température.
Le 14 janvier, laparotomie latérale. Pyosalpinx gauche à pédicule
tordu (1 tour de spire). L'ovcdre participait à la torsion. Extirpation des
annexes gauches. Guérison.
Le point le plus intéressant de cette observation est le fait d'une
torsion bilatérale se produisant à quelques jours de distance.
Obs. m. — Femme de 33 ans; unegrossesseà 26 ans ; accouchement
difficile à 28 ans ; métrite. Dernières règles, 4 janvier 1900 ; depuis le 19,
légères métrorrhagies et phénomènes douloureux dans le bas-ventre.
Tumeur à gauche et en avant de l'utérus, qui est augmenté de volume.
Diagnostic : kyste intra ou rétro-ligamentaire. Laparotomie le 2 avril :
la tumeur est constituée par la trompe droite gravide, non rompue, ren-
fermant un fœtus de trois à quatre mois, frais, non macéré. Cette
tumeur était adhérente ; son pédicule est tordu d'un tour de spire en
sens inverse de l'aiguille d'une montre. Extirpation de la tumeur.
Hydrosalpinx du côté gauche, traité par la stomatoplastie.
400 SOCIBTés SAVANTES
M. BO01LLY rapporte une observation montrant les difficultés du
diagnostic clinique entre une appendicite et une torsion du pédicule
d'un kyste de Tovaire.
M. Pozzi. — Ce diagnostic clinique de torsion de salpingite ou de
kyste peut être également très difficile avec une grossesse extra-
utérine.
M. DoLJRis. — Dans la 3« obs. de M. Pozzi un point mérite d'être
signalé : c'est que la torsion du pédicule n'a point enrayé le dévelop-
pement de l'œuf.
M. Pozzi. — Il y avait cependant torsion, mais non à la vérité stran-
gulation.
M. Yârnibr insiste, d'après l'examen de la pièce et du fœtus de l'ob-
servation de M. Pozzi, sur ce fait, qu'à aucun degré la torsion constatée
par M. Pozzi n'a troublé la marche de cette grossesse tubaire qui a
été sans rupture et sans avortement plus loin qu'à l'ordinaire.
Des suites des opérations pratiquées sur rntèms et ses annexes
an point de vue des grossesses et des accouchements nltérieors.
Hystéropexie. (Suite de la discussion.)
M. RiCHELOT aborde la question du traitement des rétroversions qui sont
par elles-mêmes toute la maladie. Ces utérus en rétroversion ne sont
pas absolument sains. Ils ne sont pas atteints de métrite, mais sont
congestionnés et scléreux ; ils appartiennent à des arthritiques ner-
veuses, ce sont là des utérus qu'il faut redresser chirurgicalement. Le
pessaire, le massage, la ceinture abdominale sont en effet souvent
insuffisants. Le pessaire n'est en tout cas qu'un pis aller. La méthode
que préconise M. Rlchelot est le procédé de raccourcissement du
ligament rond par inclusion pariétale tel que le pratique Doléris.CSe pro-
cédé a l'avantage d'agir par laparotomie, d'explorer les annexes et de
leur appliquer s'il y a lieu une thérapeutique conservatrice (ignipunc-
ture, résection partielle...). Enfin, en amarrant la portion interne des
ligaments ronds à la plaie abdominale, on utilise le ligament utérin lui-
même, on ne fixe pas l'utérus dans une situation vicieuse, ce qui a
bien son importance au point de vue des grosesses ultérieures.
M. Richelot a déjà pratiqué 13 fois cette opération.
M. Pozzi. — Les documents cliniques apportés par M. Richelot
sont, à l'heure actuelle, trop récents et trop peu nombreux pour qu'on
puisse juger le procédé chirurgical qu'il a employé. En tout cas, les
rétroversions essentielles sont rares. Le massage, le redressement
SOClÉTé D*OBSTÉTRIQUB^ DE GYNECOLOGIE ET DE PiBDIÀTRIE 401
momentané par un pessaireet, surtout, un traitement général judicieux
sont les moyens thérapeutiques à mettre en œuvre ; rintervention
chirurgicale ne saurait guérir ces femmes qui sont, au premier chef,
des nerveuses, des arthritiques ohèses.
M. HARTHAim. — En réalité l'opération proposée par M. Richelot est
une hystérectomie médiate, créant comme toutes les pexies une adhé-
rence pathologique, une bride qui peut, comme après Thystéropexie
directe, devenir un agent d'étranglement. M. Hartmann préfère aux
pexies le raccourcissement intra-abdominal des ligaments ronds.
M. Second insiste : 1° sur la très grande rareté de la rétrodéviationpure,
entité morbide; 2® sur les très bons résultats que donne le massage
utérin dans ces cas. Si, exceptionnellement, on a à intervenir chirur-
gicalement, M. Segond préfère le raccourcissement intra-péritonéal des
ligaments ronds, simple plicature qui n'a pas les inconvénients, pour
l'avenir, d'une pexie.
M. DoL^Ris. — Même dans les cas où, la rétroversion n'étant pas im
phénomène pathologique isolé, on est intervenu chirurgicalement
contre la métrite, les annexites, ou les lacérations périnéales qui l'ac-
compagnent, pourquoi ne pas en même temps fixer l'utérus par une
opération complémentaire? M. Doléris se propose, d'autre part, de
revenir sur la rétroversion entité pathologique, et sur son traitement.
Pour l'instant il revient sur des particularités de son procédé d'inclu-
sion pariétale des ligaments ronds après laparotomie. Une de ses opé-
rées est actuellement enceinte de quatre mois ; sa grossesse évolue
normalement.
M. Pozzi propose pour l'opération préconisée par M. Richelot le nom
d^hystéropexie funiculo-abdominale.
M. Ghampbtibr de Ribbs. — Au point de vue pathogénique la rétro-
version, chez des femmes récemment accouchées, précède bien souvent
les métrites et les salpingites.
M. Richelot ne croit pas que le syndrome rétroversion, utérus scié-
reux, congestionné chez des arthritiques nerveuses soit aussi rare que
le pense M. Pozzi. M. Richelot est d'ailleurs, comme M. Segond, partisan
du massage qui dans nombre de cas donne de bons résultats . Quant
au procédé d'inclusion pariétale, M. Richelot ne le considère pas comme
une hystéropexie, mais comme une fixation médiate par simple coudure
du ligament rond sans formation de bride.
A. GODVELAIRB,
interne des hôpitaux.
402 REVUR ANALYTIQUE
REVUE ANALYTIQUE
Contribution à Tôtude de l'importance de l'appendicite ponr l'accoo-
cheor et le gynécologue (Beitrag snir Bedeutung der Appendicitis fur
den Gebortshelfer unu Gyn&kologen) . Otto Falk. Ceni, f. Gyn.y 1900,
no 7, p. 163.
L^auteur cite plusieurs faits qui mettent en relief les difficultés du
diagnostic de Tappendicite associée & la grossesse ou aux affections
gynécologiques.
Obs 1. — Bile conoerae une femme âgée de 34 ans, qui, au commencement
de mars 1897, était arrivée au gixième mois de aa Beptiôme grosseeee. Jamais
jusqu'alors elle n'avait été malade, jamais W/0w'afaiïéwi2«<i<ncZf«r«A4pa<«^tM'«
ou ifUeHinales. 14 jours avant de consulter, elle avait brusquement, après avoir
soulevé de terre un lourd fardeau, été prise de violentes douleurs dans le
bas-ventre, et avait perdu connaissance; 3 jours durant elle s'était pour
ainsi dire traînée souffrant toujours, les douleurs étant plus particulièrement
localisées dans la région hypogastrique droite. Puis, de la âèvre, un frisson étant
survenus, elle s'était alitée, (farde-rohet régulières. Depuis 24 heures seule-
ment, l'intestin n'aurait plus fonctionné, il n'y aurait plus eu émission de gas
par l'anus. Depuis ce mome'nt aussi, tout l'abdomen serait devenu doulou-
reux.
Mat au moment de Vexamen, — Fé))ricitante, très aflfaiblie. T. 38*,6;
P. 140, rapide, petit Abdomen très ballonné, douloureux partout à la pression. —
A gauche du nombril, entre ce dernier et le reberd costal, existe une tumeur
sphérique, de consistance moyenne, donnant la sensation d'un siège fœtal,
qui serait Immédiatement situé sous la peau. La percussion, au-dessus du pli
inguinal, donne une matité qui s'élève et se confond avec la matité hépati-
que. Sur la ligne médiane, la matité remonte à un travers de doigt au-dessus
du nombril, mais elle s'étend aussi dans la région hypogastrique gauche. On
ne perçoit de la sonorité qu'au niveau de l'épigastre et d'une aone large de
2 travers de doigt au-dessus du ligament de Poupart. A droite, dans le bas-ventre,
au voisinage de la zone mate, impossibilité de produire une fluctuation nette.
Au toucher vaginal, on trouve la portion vaginale du col de l'utérus vers le
centre de l'excavation : son tissu est un peu relâché, l'orifice externe^ à ouver-
ture transversale, admet seulement la pulpe de l'index. Les mouvementsi
en tous sens, imprimés à la partie vaginale du col sont très douloureux. Les
culs-de-sao vaginaux ne sont pas proéminents. La pression au niveau du oui-
ÉTUDE DE l'importance DE L^APPENDICITE 403
de-eac droit occaaionne de vîTes douleurs. Pourtant on ne trouve paa de
tumeur à oe niveau. A travers le cul-de-Eac vaginal antérieur, on reconnaît
nettement une petite main, tandis qu'à travers le postérieur, immédiatement
contre la paroi vaginale, on perçoit un corps dur, sphérique, correspondant
à une tête fœtale. Palpationbimaûuelle impossible àcause de Textrême sensi-
bilité, A ce premier examen, il fut impossible de percevoir des mouvements
ouïes bruits du cœur de l'enfant — Le diagnostic de probabilité, partagé par
plusieurs médecins, fut qu'il s'agissait d'une grossesse extra- utérine rompue.
Seulement, certains détails no cadraient pas avec ce diagnostic. (Pas de
proéminence des culs-de-sac, pas de corps de l'utérus isolable.)
Mais un 2« examen, pratiqué bous la narcose, élucida le diagnostic. Il permit
de reconnaître formellement que le fœtus vivait et était dans l'utérus. La matité
occupait la région hypogastrique gauche. La matité droite correspondait à une
collection liquide, placée au-dessous de la paroi abdominale : la fluctuation
fut nettement obtenue.
Opération, — Incision large au niveau de la région iliaque droite. Il s'en
échappa plus de 2 litres de liquide fétide. La cavité purulente s'élevait jus-
qu'au rein et descendait jusque dans le petit bassin. Du côté de la cavité abdo-
minale,existait une paroi très mince de couleur grisâtre, recouverte de débris
déchiquetés, paraissant formée d'anses intestinales agglutinées. Dans la
poche faisait saillie un organe de 4 centimètres., friable, de l'épaisseur d'un
crayon, et qui donnait l'impression de l'appendice nécrosé; il fut excisé
après ligature. Contre - ouverture pour favoriser le drainage. Pansement
(bande de gaise iodoformée dans la cavité de l'abcès).
Immédiatement après l'évacuation du pus, l'utérus, qui était entièrement
déjeté à gauche, se redressa sur la ligne médiane.
Peu après Topération, la fièvre tombait. Et, trois mois et demi après, la
femme accouchait , à terme, d'un enfant bien portant. Les plaies étaient
presque fermées, et il n'y avait plus eu le moindre trouble rappelant Taffec-
tion grave antérieure.
On a indiqué certains éléments de diagnostic différentiel. On a dit,
par exemple (FrAnkel), qu'en faisant placer la malade dans le décubitus
latéral gauche, Tutérus tombait à gauche, tandis que le foyer appendi-
culaire, le plus souvent limité par des adhérences, ne bougeait pas, et
que, par suite, il s^établissait une zone intermédiaire de sonorité ; mais
ce moyen, comme les autres, peut, d'après Fauteur, rester en défaut,
ainsi qu*il ressort du fait suivant qu'il a observé :
Obs. 2. — Il fut appelé en consultation, auprès d'une fenmie Illpare,
enceinte de cinq mois, qui depuis deux ans avait eu à plusieurs reprises des
crises douloureuses dans la région hypogastrique droite. Actuellement, elle
avait, deux jours auparavant, après avoir mangé de bon appétit des aliments
404 REVISE ANALYTIQUE
assez indigestes, ressenti les mêmes douleurs : bientôt étaient survenus des
vomissements et il n'y avait plus eu émission de gaz p&r l'anus. Pas de
garde-robe malgré des lavements et des laxatifs. Fièvre légère, pouls modé-
rément fort. L'abdomen était très ballonné et douloureux à la pressiou,
surtout à droite, dans la région hypogastrique. A ce même niveau, résistance
notable et fluctuation probable. La malade étant placée sur le oôté^ Tutérus
dont le fond atteignait l'ombilic s'inclina à gauche, et il se forma une
zone sonore entre la matrice et la tumeur droite. A l'examen vagi-
nal, rien d'anormal. L'auteur fit ce diagnostic : ahoèê pérityphlique enoap^
êiUé, diagnostic qui fut accepté par le chirurgien Riedel qui opéra la
malade. — Opération : Le péritoine incisé, il s'écoula un peu de liquide séro-
sanguinolent, et on trouva une tumeur rénitente, à coloration brun rou-
geâtre, constituée par l'ovaire droit atteint de degénéreêcenee kystique^
infiltré de foyers hémorrhagiques, mesurant jusqu'à 10 centlm. de dia-
mètre^ et faiblement adhérent à la paroi abdominale. Son pédicule, très
étiré, était tordu de 360». — Ûuérison.
Voici maintenant une observation qui, selon Tauteur, prouve Timpos-
sibilité de reconnaître, dans tous les cas, une participation de l'appen-
dice aux affections annexielies.
Obs. 8. — Femme de 28 ans, accouchée deux années auparavant, à terme.
Depuis, elle avait été menstruée régulièrement, sauf depuis huit semaines. Deux
semaines avant son admission à la clinique, une hémorrhagie serait sur-
venue et il y aurait eu expulsion d'une peau. L'hémorrhagie ne s'arrêta pas.
La malade était très anémique. D'ailleurs, température toujours normale,
fonctions intestinales régulières. Utérus mou, augmenté de volume. A sa
droite, en continuité avec l'angle tubaire droit, tumeur rénitente, un peu
sensible à la presssion, cylindrique, grosse comme une tète d'adulte. Comme
après deux semaines d'observation, l'hémorrhagie continuait ; que, de plus, la
tumeur située dans la moitié droite du bassin paraissait plutôt augmen-
ter — on posa le diagnostic probable de grosteue ejctra-utérin^, et la lapa-
ralomie fut faite. Elle permit de constater qu'il s'agissait en réalité d'un
pyotalpinw intimement adhérent àvn appendice épaisn par infiltration
iufllamnuitoire de ses parois. L'appendice altéré, friable fut enlevé. — Il
est à noter que jamais la femme n'aurait eu de troubles intestinaux:^ ni
d'élévations thermiques.
Dans ce dernier fait, cette proposition, que dans son travail sur les
maladies de la trompe formule A. Martin, qu'il a pu régulièrement
utiliser comme élément du diagnostic différentiel les troubles des
fonctions intestinales caractéristiques pour la typhlite, ne s'est pas
vérifiée. U n'y avait pas eu de troubles intestinaux, et pourtant l'appen-
INVERSION UTÉRINE COMPLÈTE 405
dice présentait des altérations phlegmasiques accusées. D'ailleurs, il ne
parait pas que cette coexistence des affections annexielles droites et de
Tappendicite soit fréquente (1). Sur un total de 171 opérations de
salpingites droites et de 276 de salpingites bilatérales, Martin n'a trouvé
que 6 fois une adhérence, une connexion semblable de l'appendice avec
la tumeur tubaire, à cause de laquelle il a enlevé l'appendice, tandis
que dans 7 autres cas il réussit h le libérer.
Au dernier Congrès de chirurgie, Dûhrssen a communiqué que sur
un ensemble de 322 lapeu^otomies, il avait trouvé 10 fois l'appendice
malade, et Ochsuer mentionne dans le J. of the Am. med. Assoc^
juillet 1899, que sur 51 cas d'appendicite primitive chez les femmes,
qu'il a opérées, il a observé 15 fois des affections secondaires des annexes.
Dans 13 autres cas, les altérations appendiculaires et annexielles étaient
si profondes qu'il fut impossible de préciser le point de départ et de
les différencier. Entre autres remarques, l'auteur retient qu'il importe
à l'accoucheur et au gynécologue, non seulement de bien connaître les
maladies de l'appendice vermi forme, mais encore de bien posséder la
teohnique opératoire qu'exige le traitement d'une appendicite ou d'une
pérityphlite. R. L.
Inversion utérine complète, trente-six heures après racconchement.
Eevue méd. de Louvain, octobre 1899. D*" De Kokinck (de Louvain).
Obs. — X..., primipare, accouchée à terme, au forceps. Accouchée le
matin, elle est prise l'après-midi d'une hémorrhagie, difficile à maîtri-
ser, et rapportée à l'état atonique marqué de l'utérus. Le lendemain, à
l'occasion d'un effort pour la première miction, l'accouchée ressent une
douleur atroce et perd un flot de sang. Quand le D' de Koninck arrive,
l'hémorrhagie est arrêtée, mais « la malade est exsangue, presque sans
pouls, et il lui sort des organes une tumeur grosse comme une tête
d*enfant, dure, très sensible au toucher, et recouverte de débris de
membrane ». Le diagnostic d'inversion de l'utérus s'impose et,'malgré
le temps écoulé depuis la production de Tin version. Fauteur procède à
la réduction en s'appllquant à faire rentrer les premières les portions de
VuténiB invagiiiées les dernières^ méthode qui réussit, d'ailleurs, parfaite-
ment. Au début de son intervention, ayant cru devoir faire, à cause de
La dernière observation de l'auteur peut être rapprochée de celle publiée
par Hartmann dans le n^' de février de ce journal, p. 119. B. L.
406 REVUE ANALYTIQUE
la dureté, de la tension de la tumenr, nne sorte de massage de Tatéras,
il remarqua que chaque pression provoquait un jet d'urine et nne
diminution de la masse inversée. En réalité, le réservoir urinaire était
dans la dépression utérine, fondale.
La matrice réduite, Thémorrhagie se renouvela et exigea l'introduc-
tion de la main dans Tutérus, des injections chaudes et remploi de
Tergotine. Suites de couches bonnes; involution utérine régulière.
L'auteur invoque comme moments étiologiques de cette complication :
a) l'atonie utérine, h) les efforts pour la miction, effort ayant, pense-
t-il, enfoncé le sac urinaire distendu dans le sac utérin. R. L.
44 cas d'accouchement prématoré artificiel ; lenrs rôsaltata (42
Faile kûnsUischen Frûhgeburt und deren Enderfolge). L. Skorschrban.
Mmatsch.f, Geb. m. Gyn., 1900, Hft 1, p. 323.
Les éléments de ce travail ont été rassemblés à la clinique du pro-
fesseur Schauta, dans un intervalle de 8 années et demie, du 1«' jan-
vier 1892 au l*** juillet 1899. Les indications ont été : A) des sténoses
pelviennes, B) des maladies de la mère, soit que dans ce dernier cas
on ait envisagé surtout les intérêts de celle-ci ou bien ceux de l'enfant.
A. Les accouchements prématurés pour rétrécissements du bassin
se répartissent comme suit d'après la variété de la sténose : a) bassin
plat, simple, 4 fois; b) bassin rachitique, généralement rétréci, 6 fois;
c) bassin en entonnoir, 1 fois; en tout : 11 cas.
Pour le premier groupe, le diamètre conjugé vrai fut de 7,5 à
8,6 cent. ; pour le second, de 7,9 à 9 centim. La grossesse fut, dans le
cas de déformations pelviennes, interrompues de la trente-quatrième
à la trente-huitième semaine, et il s'agissait dans le premier groupe de
deux llpare, d'une nipare et d'une lYpare. Dans le deuxième groupe,
de deux Ipares, de deux Ilpares, d'une IVpare et d'une Yllpare; dans
le troisième groupe (bassin en entonnoir) d'une Ipare.
Les résultats fournis par l'accouchement prématuré sous le rapport
de la conservation des enfants en comparaison des accouchements
antérieurs sont présentés ainsi :
a) Bassins plats, rachitiqiies simples :
ACCOUCHEMIOrrS ANTlbllKURfl ACCOUCHSMBSTT ACTUEL
Obs. 1. — 1 accouchement antériear^ Enfant vivant, mort trois
crâniotomie. heures après la naissance.
44 CAS D*ÀCCOUGHBMENT PRÉMATURB ARTIFICIEL 407
0b8. 2.-3 accouchetnentB antérieuTS : Enfant vivant. Sorti vivant
dans 2, venion : 1 enfant mort, 1 mort de l'hôpital ; on ignore ce
peu après Faoconchement. 1 aocouchement qu'il est devenu ensuite,
spontané, enfant mort.
Obs. 3. — 2 accouchements antérieurs : Enfant vivant, mort après
crftniotomie, au 2* accouchement : forceps, quarante-huit heures,
enâuit vivant.
Obs. 4. — 1 accouchement antérieur ; Enfant mort
version, extraction, enfant vivant.
. b) Bassins rachitiques généralement rétrécis :
Obs. 6. — 1 accouchement antérieur ; En&nt vivant, mort vingt-
cr&niotomie. quatre heures post-partum.
Obs. 6. — 6 accouchements antérieurs : Enfant vivant, mort douze
l^' et 3* accouchements spontanés. Pas de jours post-partum.
renseignements sur l'enfant 2* aocouche-
ment : forceps, pas de renseignements sur
l'enfant 4* accouchement. Crâniotomie.
5« accouchement spontané après cinquante-
deux heures; 6* grossesse. Avortement
Obs. 7. — 3 accouchements antérieurs ; Enfant vivant, mort une
l«r accouchement spontané ; enfant vivant. demi-heure post-partum.
2* et 3« accouchements : perforation.
Obs. s et 9. — Ipare. Obs. S. — Jumeaux : 1 mort,
après 5 semaines ; le deuxième
vingt-quatre heures post-
partum.
Obs. 9. — Enfant vivant,
mort un quart d'heure post-
partum.
Obs. 10. — 1 accouchement antérieur : Enfant vivant, mort peu
forceps, enfant vivant après Taccouchoment
c) Bassin en entonnoir :
Obs. 11. — Ipare. Enfant vivant, mort onze
mois après Taccouchement
An résumé, racconchement provoqaé artificiel chez 11 femmes a
été suivi de la naissance de 12 enfants (jumeaux dans un cas).
De ces 12 enfants, 1 1 sont venus au monde vivants 1 1 , soit 91 ,7 p. 100
— — 1 est venu mort 1 8,3 —
sont sortis vivants de l'hôpital 4 36,3 —
sont morts & l'hôpital 7 63,7 —
408 REVUE ANALYTIQUE
Des 4 enfants sortis vivants : un mourut après 12 jours, un second
après 5 semaines, un 3« 11 mois après. Du 4«, pas de nouvelles.
De» 12 enfants 9 vinrent en présentation du sommet 9, soit 75 p. 100
eo présentation du siège 1 1 8,3 —
— des pieds 1 1 8,3 —
en présentation du siège décomplété 1 8,3 —
Sur les 9 venus par la tête, 8 vivaient en venant
au monde 8 88,8 —
De ces 8, 3 sortirent vivants de Thôpital 3 87,5 ^-
L'un mourut après 5 semaines, les autres, 11 mois" après; Le 3« fut
perdu de vue. Les 5 autres moururent à Thôpital, peu après leur nais-
sance.
Des enfants venus la tête dernière, tous les 3 étaient vivants h la
naissance. De ces 3, un seul sortit vivantqui, d'ailleurs, mourut 12 jours
après sa sortie.
Il est naturel d'attribuer en général à Tinterruption prématurée de
la grossesse, à cause de la débilité congénitale des enfants non à terme,
les décès qui surviennent dans les premières semaines qui suivent
Taccouchement. Il convient même d'admettre un délai de 3 mois passé
lequel, par exemple, il y aurait exagération à mettre sur le comptedo
rintervention les décès observés. Gela admis on constate que des
4 enfants sortis vivants 1 est mort après 12 jours, et 1 second après
5 semaines, donc ces 2 morts au passif de l'opération. Un 3« ne mourut
qu'après 11 mois, l'opération n'est pas à incriminer. Du 4" plus de
nouvelles.
Au total, exception faite de ce dernier, tous les autres enfants sont
morts avant la fin de la première année.
Constatation peu encourageante et cadrant peu avec les résultats
satisfaisants consignés dans d'autres statistiques.
Dans le but de découvrir les raisons de ces résultats déplorables,
l'auteur envisage les circonstances diverses susceptibles d'être incrimi-
nées : 1) Choix défectueux de la date de l'interruption de la grossesse
au double point de vue de la vitalité du foetus et des proportions
réciproques de la tête fœtale et du bassin ; 2) Méthode adoptée pour la
provocation de l'accouchement ; 3) Soins insuffisants pour ces fœtus
avant terme, surtout dans les premiers jours de la vie ; or, il ressort
de l'analyse critique qu*il a faite, qu on peut écarter absolument les
deux premières circonstances, tandis qu'au contraire la 3<> a dû jouer
un rôle important dans la mortalité. Indépendamment, en effet, de l'in-
suffisance des soins maternels, les mères étant, dans tous les cas dont
44 CAS d'accouchement PREMATURE ARTIFICIEL 409
il a été question, des filles ; il constate que la clinique était entièrement
dépourvue de couveuses et il ajoute qu'il ne faut pas s'étonner, si malgré
les avantages réels de Faccouchement prématuré artificiel, mais à cause
de l'absence du matériel indispensable pour les soins nécessaires aux
fœtus avant terme, on montre, à la clinique de Scbauta,~peu d'enthou-
siasme pour l'accouchement prématuré et si on incline à étendre les
limites de la césarienne.
Interruption artificielle de la groesesee pour des mala/cUes de la mère :
I. — L'indication principale étant fournie par la mère 27 fois
II. — L'indication principale étant fournie par la vie de Tenâint. 6 —
1*' GROUPE : a) Pour OBtéomalacie 3 fois
h) — affections cardiaques 14 —
e) — néphrites 7 —
d) — vomiBsements gravidiques 1, hé-
morrhag^es au cours de la grossesse 1, po-
lynévrite 1= 3 —
2« OBOUPB : a) Pour tuberculose. 5 —
h) — abcès périt/phlique 1 —
Total 83 fois
Suitei de couches : dans 3 cas, fièvre légère qui dura de deux à trois
jours et fit place à la température normale ; dans 2 cas, mouvements
fébriles qui se prolongèrent longtemps ; dans 2 autres cas, fièvre vive
et mort : l'un des décès est au passif de l'intervention (péritonite sep-
tique) ; l'autre fut la conséquence d'une péritonite par perforation de
l'appendice vermiforme. Ainsi, sur 33 cas 2 décès, soit 6 p. 100, et en
éliminant le décès indépendant de l'intervention, 3 p. 100.
Ces 33 accouchements donnèrent 34 enfants (jumeaux, 2) :
De ces 34 enfants, 27 vinrent au monde vivantn. . . . 79, 4 p. 100
— — 7 — morts 20,6 —
Des 27 premiers enûmts, 11 moururent à la clinique. 40, 7 —
— — 16 [quittèrent la clinique
vivants 59,8 —
•
* •
11 est évident que les résultats obtenus à la clinique de Schauta par
l'accouchement prématuré artificiel, sous le rapport de la mortalité
infantile, sont désastreux et que s'ils étaient partout aussi mauvais, le
débat qui se continue encore sur les avantages réciproques de cette
opération obstétricale, de la symphyséotomie et de la césarienne,
serait vite clos. Mais il faut reconnaître que les sérieux perfectionne-
410 BIBLIOGRAPHIE
ments réalisés dans Télevage des prématurés et des débiles (couveuses,
gavages, lait stérilisé) ont permis de dresser des statistiques moins
funèbres. R. L.
BIBLIOGRAPHIE
État actuel de ropothôrapie ovarienne ; étnde expérimentale et cli-
nique. Di- P. Mossé. Baillièreet fils, 1899.
Il y a deux parties dans ce travail, Tune scientifique, Tantre clinique.
Dans la première, l'auteur reprend la question intéressante de la sécré-
tion interne de Fovaire et note ce point moins connu que, d'après cer-
tains auteurs, cette sécrétion résiderait dans les corps jaunes, organes
dont la structure serait celle d'une glande (Prenant, Sobotta, Belloy,
etc.). 11 trace ensuite l'historique des greffes deTovaire, historique qui
a déjà été fait dans ce journal. Puis, il étudie l'influence de Tovario-
tomie et de l'injection d'ovaires sur quelques éléments de la sécrétion
urinaire et donne les résultats d'un certain nombre d'expériences sur
l'animal. Or, ces résultats seraient en désaccord avec ceux consignés par
Guratulo et Tarulli dans Vimportant mémoire de ces auteurs que nous
avons analysé dans ce journal. Contrairement, en effet, à ce qu'ils
annonçaient, la castration bilatérale serait suivie, chez la chienne, d'une
augmentation sensible de l'acide phosphorique urinaire, et, d'autre part,
llngestion d'ovaires crus tendrait à réduire le taux de cet élément uri-
naire. Il en résulterait que l'explication donnée'^par les savants italiens
de la guérison de l'ostéomalacie, à la suite de l'ovariotomie double, par
la diminution dans l'élimination des phosphates, serait erronée. La
question demande de nouvelles recherches.
Sur le point spécial de l'étiologie de l'ostéomalacie, une légère recti-
fication. « Guratulo et Tarulli, écrit M. Mossé, ont cru pouvoir sou-
tenir que l'ostéomalacie n'était autre chose que le résultat d'une surpro-
duction de la sécrétion interne de l'ovaire. > Or, dans l'analyse à laquelle
nous avons déjà fait allusion,voici ce que nous avions noté : c an cours
de cet important travail, les auteurs se défendent, à plusieurs reprises,
d'avoir eu la pensée qu'on leur a attribuée, pour les avoir mal compris,
d'avoir trouvé la cause première de l'ostéomalacie. Au contraire, sou
caractère d'endémicité les incline plutôt à penser qu'il s'agit d'une mala-
die de nature microbienne, hypothèse déjà bien accueillie par plusieurs
savants (Zûrw, \Vinckel, Kehrer, Baumann, etc.). Ce qu'ils pensent sur-
BIBLIOGRAPHIE 411
tout avoir mis en évidence, c'est Tinfluence des ovaires sur les oxy-
dations organiques, et le mécanisme des guérisons souvent définitives
du ramollissement osseux par la castration, et des guérisons tempo-
raires par le chloroforme, etc.
Dans la seconde partie de son travail, M. Mossé étudie Tovariothé-
rapie qu'il divise en : a) directe (ménopause, aménorrhée, dysménorrhée);
b) indirecte (chlorose, basedowisme génital) ; c) empirique (ostéoma-
lacie).
Après avoir indiqué avec soin la série des préparations de substance
ovarique que Ton peut employer, il entre dans la description détaillée
des faits cliniques, dont plusieurs observations personnelles intéres-
santes, qui Font conduit aux conclusions suivantes :
Opothérapie directe. La médication ovarienne donne les meilleurs
rés^ltatsdansle traitement des troubles fréquemment observés soit à
répoque de la ménopause physiologique, soit après la castration ova-
rienne.
L'efficacité thérapeutique semble avoir son maximum dans la période
prémonitoire et au début de la période de la ménopause physiologique ;
mais, elle peut faire sentir encore ses effets sédatifs longtemps après la
disparition des règles.
Cette médication peut aussi donner de bons résultats dans certains
cas d'aménorrhée ou de dysménorrhée idiopathique, c'est-à-dire ne
dépendant pas d'une lésion génitale définie.
L'écoulement menstruel, prématurément tari, peut reparaître sous
l'influence de l'opothérapie ovarienne. Il est plus rare de voir s'établir,
sous la même influence, la menstruation chez les jeunes filles offrant
les attributs de la puberté, mais non encore réglées.
Opothérapie indirecte. La conclusion raisonnée de l'auteur c'est que,
contre la chlorose, les préparations ovariques sont très inférieures aux
préparations martiales ; que, par contre, elle parait avoir donné des résul-
tats encourageants dans des cas de basedowisme génital. Enfin, l'opothé-
rapie empirique, c'est-à-dire l'ovariothérapie dirigée contre l'ostéoma-
lade, serait absolument inefficace, au môme titre d'ailleurs que la
castration bilatérale !
Au résumé, le travdl de M. P . Mossé est fort intéressant. Indépen-
damment des recherches et des observations personnelles qu'il con-
tient, il touche à des questions encore d'actualité et dont bien des
points restent obscurs : sécrétion interne de l'ovaire, sa nature, son
influence sur les métamorphoses dans l'organisme, greffes ovariques,
ovariothérapie, ostéomalacie, action de la castration bilatérale sur les
412 BIBLIOGRAPHIE
échanges organiques et sur le ramoUissemeat osseux dont on croyait
avoir trouvé la cure chirurgicale, sinon constante, du moins habi-
tuelle. R. liÀBUSQUliRI.
Études de gynécologie opératoire» par Phocas. Maloine, éditeur,
Paris, 1899.
Si la mortalité opératoire esta l'heure actuelle, grâce h nos procédés
d'asepsie, à peu près totalement enrayée, il reste encore beaucoup à
faire pour mener à la guérison complète les opérées. Les accidents post-
opératoires ont été soigneusement consignés. Enfin, certaines particu-
larités de technique opératoire, concernant l'hystérectomie abdomi-
nale, ont été spécialement étudiées.
Ce travail est une contribution à l'étude de certaines questions de
gynécologie à l'ordre du jour.
Kyste de Touraque (A case of cyst of the urachus with notes onura-
chal and to-called « allantoic cysts », par Alban Doran. Travail illustré
de plusieurs figures et planches, extrait des Medico'Chirurgical tfxmsac-
UonSj t. LXXXl.
Traité théorique et pratique d'électricité médicale, par M. F. Lucas
et le D** A. Lucas. Béranger, éditeur, Paris^ 1899.
Cet ouvrage est divisé en trois parties, auxquelles s'adaptent les com-
pétences spéciales des deux auteurs. La première partie, Précis d* Élec-
tricité^ a pour objet de mettre le lecteur au courant de la science
électrique. La seconde partie, Appareils et instruments électro-mééUcaux,
écrite en collaboration par les deux auteurs, est consacrée h l'étude
théorique et pratique du matériel destiné àl'électrothérapie. La troisième
^arïiej Applications thérapeutiques^ est l'œuvre du D' André Lucas; il y a
rassemblé les nombreux matériaux de l'édifice électrothérapique actuel.
VARIETES
XIII° Congrès international de Médecine.
Pendant la durée du Congrès international de Médecine (du 2 au
9 août), les membres du Congrès auront droit à Vendée graiuUe à TEx-
position.
Une carte spéciale leur sera délivrée à cet effet dans les bureaux du
Congrès au moment de l'ouverture de la session.
Le Gérant : G. Steinheil.
IMPRIMERIE A.-O. LRMALE, UAVRK
JUIN 1900
DU KRAUaOSIS DE LA VULVE
(De la rétraction des organes génitaux externes de la
femme) {*).
Par le D' G. I. nimmelfarb,
Médecin ea chef du Service gynécologique de l'Hôpital municipal d'Odessa.
Le kraurosis de la vulve appartient aux affections excessi-
vement rares des organes génitaux de la femme. Dans la litté-
rature française, autant que je suis informé, un seul cas
de cette maladie a été jusqu*à présent décrit. Dans le service
gynécologique de l'Hôpital municipal d'Odessa, dirigé par moi,
s'est présenté cette année un cas de cette maladie rare, qui
a pu être examiné très soigneusement.
Sous la dénomination « kraurosis de la vulve », Breisky,
déjà en i885, le premier a signalé, se basant sur les 12 cas
examinés par lui, une rétraction spéciale atrophique des organes
génitaux externes de la femme. Cette rétraction se développe
au vestibule du vagin, aux nymphes avec le frein et le prépuce
du clitoris, à la surface interne des grandes lèvres et à la peau
voisine du périnée. Les parties indiquées ne sont pas
toutes à la fois affectées : tantôt c'est un endroit, tantôt ce sont
des endroits isolés qui sont pris. Dans les cas bien marqués les
organes génitaux externes se présentent dans Tétat suivant :
absence presque complète des petites lèvres ; entre le pubis et
le méat de Turèthre un repli transversal au travers du clitoris ;
le gland de ce dernier ou disparait tout à fait caché sous la
(*) Lu avec présentation de la malade et des préparations microscopiques
daoB la Société des médecins de rUôpitiil municipal d'Odessa.
A»S. DE OTW, — rOL. IHI. 28
414 DU KRAUROSIS DB LA VULVB
peau rétractée, ou reste derrière le petit orifice rond des tégu-
ments.
Comme conséquence du processus étendu de la rétraction,
se manifeste un rétrécissement marqué des organes génitaux
externes, ce qui, avec la non-condescendance simultanée des
tissus, amène une rupture facile des derniçrs. Breisky observait
des ruptures étendues pendant les couches, chez les multi-
pares même, ainsi que la formation de fissures pendant
le coït.
Les endroits les plus froncés de la peau se présentent blan-
châtres et desséchés, enduits parfois d'un épiderme épais et un
peu rude ; les endroits voisins sont brillants, secs, d'une cou-
leur gris rosâtre.
Dans Tun des cas de Breisky, Fischel a pratiqué un examen
histologtquc qui donna les résultats suivants : la couche papil-
laire se présentait comme cicatrisée ; le tissu conjonctif de cette
couche, par places sclérosé, presque homogène, présentait
seulement, par ci, par là, des stries parallèles, tandis qu'à
Tétat normal il est onduleux et filamenteux. Les papilles, de
dimensions variables en général, sont peu développées. Le
réseau de Malpighi en certains cas est remarquablement bas.
On ne voit pas de glandes sébacées ; on constate un reste de
glandes sudoripares. Au niveau de quelques papilles, mais
surtout dans les couches inférieures du chorion, existe une
infiltration de petites cellules embryonnaires.
Quant à l'étiologie, il faut remarquer que dans tous les cas
de Breisky elle est restée obscure. L'invasion de la maladie
était lente et insidieuse; elle n*é tait précédée nipar deTeczéma,
ni par aucune éruption ; la syphilis n'était jamais notée. Dans
les antécédents, il n'y avait ni lésions graves pendant les cou-
ches, ni inflammations puerpérales. Dans tous les cas, pas de
sucre dans les urines. Et comme l'affection décrite ne corres-
pond ni à l'état qu'on observe comme conséquence du prurit de
la vulve, ni à l'atrophie sénile de la peau, ni à la xérodermie,
ni à la leucodermie, Breisky se décida à nommer cet état mor-
bide « kraurosis de la vulve » (rétraction des organes génitaux
HIMMBLPARB 415
externes), nom qui correspond exactement au tableau anato-
mique de la maladie (*).
Comme suite des cas relatés par Breisky, parut en 1886 un
travail de Fleischmann, qui a publié à la même Clinique de
Prague de Breisky, 8 cas ultérieurs ; 4 malades présentaient
tous les signes de L'atrophie de la peau, décrits par Breisky ;
chez les 4 autres malades les signes de Tatrophie étaient
peu marqués et seulement sur des endroits isolés.
Six cas ultérieurs bien marqués de kraurosis de la vulve
furent décrits en 1888 par Janowsky. Dans Tétiologie de cette
affection, on peut attacher une certaine importance dans quel-
ques cas à Tarrôt congénital du développement ; dans d'autres
cas, les affections blennorrhagiques durables, ou des processus
inflammatoires profonds semblent jouer un rôle.
A ces 26 cas Orthmann, dans un travail paru en 1890, ajouta
la description de 3 cas nouveaux de la Clinique de Martin.
Ce travail mérite une attention spéciale grâce aux quelques
données nouvelles, qui peuvent servir à Fexplication de cette
maladie si obscure sous tous les rapports. En opposition aux
cas déjà décrits où la maladie était observée comme trouvaille
accidentelle chez les femmes enceintes, les malades de cetauteur
devaient au contraire chercher secours à cause des manifesta-
tions pénibles occasionnées par la maladie même. Tandis que
Breisky, Fleischman et Janowsky, voyaient Timportance pratique
de la maladie dans les dérangements qu'elle cause pendant les
couches, Orthmann note que le kraurosis de la vulve peut,
(*) Il faut noter que Lawfion-Tait, déjà en 1875, signalait bous le nom de
C TâBOular degeneration of the nymphal, with atrophy of the mucous mem-
bran » Pôtat morbide qui, sous tous les rapports, correspond à la relation de
Breisky {IHsease* of womejij II éd. Birmingham, 1885, p. 2ô). Tait, se basant
■ur l'examen histologique pratiqué dans Fun des cas, conclut que toute la
maladie consiste en une atrophie progressive de la muqueuse, et qu'avant
tont ce sont lee vaisseaux et les nerfs qui sont affectés. Tait lui-mêine voit
dans les observations de Breisky la confirmation de ses observations person-
nelles. {DiseoiCé of women and abdomin, turgery, vol. I, 1889, p. 53.) Tait
mentionne même que quelques indications sur cette affection se trouvent
ohei Simpson et ches d'autres anteurs.
416 DU KRAUnOSIS DE LA VULVE
indépendamment des couches, causer des symptômes excessi-
vement pénibles et désagréables, en môme temps que des dou-
leurs atroces. Les malades se plaignent d'un prurit très
intense et d'une sensation de brûlure dans les organes géni-
taux externes, surtout pendant la miction. L'examen microsco-
pique de la peau affectée, pratiqué dans les 3 cas, montra
que le stade atropliique était précédé d'un stade hypertro-
phique, dans lequel le stratum cornéen et le réseau de Malpi-
ghi sont épaissis, et que dans la substance du chorion se présente
l'infiltration de cellules embryonnaires. L'examen bactériolo-
gique soigneux donna un résultat négatif.
Comme toute sorte de traitement échouait, Martin décida
d'exciser tout le tissu affecté par le kraurosis et de coapler les
surfaces cruentées par une suture continue à plusieurs étages
au catgut. Le résultat de l'opération fut tout à fait favorable.
Le nombre de cas de kraurosis de la vulve publiés jusqu'à pré-
sent n'est pas grand. En dehors des 31 cas que nous venons de
noter (Breisky, Fleischmann, Janowsky et Orthmann), j'ai
trouvé encore dans la littérature les cas suivants : Hallowel (2),
Frederick (1), Bartels (1), Hatchette (3), Reed (G), Rona (1),
Elischer (3), Martin (3), Seelîgmann (1), Longyear (1), Pfan-
nenstiel (2), Peter (1), Gôrdes (1), Neumann (1), Czempin (2),
Pichevin et Pettlt (1), Veit (1), Mac Gillavry (l), Mars (1),
Gebhard (l),Brosin(l),Dubro\valsky(l),Baldy(l), etHeller(l).
Il faut cependant ajouter que parmi les 08 cas tout à l'heure
relatés se rencontrent des cas, dont il y a seulement en pas-
sant une mention dans des débats ou des démonstrations de
préparations microscopiques sans description détaillée des cas
mêmes (Czempin, Veit, Mac GiHavry, Gebhard, Brosin), ainsi
que des cas douteux (Frederick), qui n'appartiennent probable-
ment pas au kraurosis de la vulve, quoiqu'ils soient décrits sous
ce nom.
De tous ces cas relatés nous ne retiendrons que ceux qui
présentent un intérêt quelconque par des données qui peuvent
servir à l'explication de la maladie.
Aux 5 cas communiqués par Orthmann de la Clinique de
HIMMELFÂRB 417
Martin , ce dernier en 1894 en ajouta encore 3 autres, examinés très
soigneusement sous tous les rapports. Martin insiste sur ce fait
que dans lekraurosis delà vulve il faut voir « un procédé originel
de la rétraction de tous les tissus, qui forment les organes géni-
taux externes ». La maladie se développe par un stade inflam-
matoire, dont on peut encore trouver les vestiges (Jans des cas
isolés. Parmi les symptômes le prurit s accuse moins que la dou-
leur de tensionct de rétraction causée par l'étroitesse du vagin.
Quoique dans <|uel({ucs cas isolés le traitement médical ait donné
un soulagement appréciable, la guérison radicale ne s'obtient que
par l'intervention opératoire proposée et exécutée par Martin
(déjà en 1887). Sur 8 cas de cet auteur, dans 6 la guérison fut
obtenue par l'intervention opératoire.
En 1896, Peter communiqua le neuvième cas de la Clinique
de Martin, excessivement intéressant en ce sens que Texa-
men histologiquo put être fait dans le stade précoce de
la maladie. L'auteur trouva les données suivantes : « Le stra-
trum cornéen est modérément augmenté et absolement infiltré
de leucocytes et de masses hyalines. Le réseau de Malpiglii est
par points un peu aplati ; toutefois, cet aplatissement paraît
moins tenir à une atrophie réelle qu'à une sorte de refoulement
de cette portion de la peau contre le stratum cornéen. La cou-
che granuleuse (stratum granulosum), par suite d'une kérati-
nisation exagérée, est réduite à une ou deux couches de
cellules souvent interrompues. Les cellules cylindriques et épi-
neuses sont fortement gonflées, et même, dans leur couche la
plus superiicielle, dissociées. Entre les cellules s'est produite
une migration abondante de leucocytes. L'épidermo est écarté
du derme sur de grandes distances, par un exsudât qui renferme
des leucocytes, des caillots fibrineux, des masses pigmentaires
amorphes. — Les couches supérieures du derme sont fortement
gonflées, œdémateuses ; le tissu infiltré est parsemé de leuco-
cytes et de caillots fibrineux ; les fibres connectives ont perdu
leur structure ; dans les couches profondes de la peau existe
une inflammation, caractérisée par une infiltration de petites
cellules. Les follicules pileux, les vaisseaux, les glandes
418 DU KRAUR08I8 DR LA VULVE
sébacées et sudorales sont bien conservés ; ancune altération
de leur stracture normale. Le tissu élastique Seulement est
atrophié. Sur certaines préparations le tissu élastique paraissait
avoir été conservé jusqu'à la hauteur de la couche dermique,
siège de Tinfiltration embryonnaire; son développement est
normal ; mais, dans le tissu connectif œdémateux imbibé situé
au-dessus, ce tissu élastique avait totalement disparu. —
Abstraction faite de cette déchéance du tissu élastique, il n'y
avait pas, dans ce cas qui correspondait à une phase assez pré-
coce du kraurosis, apparence d'atrophie. »
Donc, le kraurosis de la vulve à sa période initiale corres-
pond à a une hyperplasie inflammatoire chronique du tissu
connectif avec tendance à la rétraction, œdème des couches
supérieures du derme et de Tépiderme, et dégénérescence
du tissu élastique ».
Dans la même année Gôrdes a publié un cas bien net de
kraurosis de la vulve, du périnée et de l'anus, guéri par Topé-
ration. L*examen microscopique montra les deux stades de
la maladie : sfadium/iypertrophicum(répaississementdustra-
tum cornéen et les phénomènes de l'irritation inflammatoire
dans le derme), et stadium atrophicum (la rétraction prononcée
du stratum cornéen et du réseau de Malpighi, avec absence des
papilles; la substance du derme est sclérosée avec perte
complète du tissu élastique).
En 1897, parut un travail original de Pichevin et de Pettit, le
premier et le seul jusqu'à présent en France sur le kraurosis de la
vulve basé sur un cas personnel, où l'examen histolpgique soi-
gneux montrait les phénomènes caractéristiques pour les
deux stades de la maladie.
En 1898, Mars publia un travail, dans lequel il a en détail
décrit très exactement un cas de kraurosis de la vulve, qui pré-
sentait quelques particularités intéressantes. La particularité
du cas consistait, entre autres, en ce qu'à côté des modifications
caractéristiques du kraurosis des organes génitaux externes,
se présentaient les mêmes modifications sur l'étendue de trois
ccntim. sur la paroi inférieure du vagin qui débordait la fente
HIMICELFARB 419
génitale. (La même propagation des modifications kraurotiques
hors des limites des organes génitaux externes fut observée aussi
par Gôrdes et Pfannenstiel ; mais, dans leurs cas, il s'agissait
de modifications de la peau autour de Tanus ; Martin, dans un
de ces cas, constatait un nodule sur la paroi inférieure du vagin,
mais il l'observait comme récidive après l'opération.) — L'exa-
men microscopique très soigneux montra que le cas de cet auteur
doit être rattaché au premier stade de la maladie ou, du moins,
au moment du passage au deuxième stade. — Encore une
particularité de ce cas consistait en ce que, dans le derme, on
trouva le tableau de la néoformation des muscles lisses (leio-
myoma fibrosum),qui n'était, probablement, qu'une simple coïn-
cidence. Mentionnons, enfin, encore le travail de Neller, paru
seulement à la fin de 1899. Ce travail in extenso n'est pas encore
publié ; il est seulement dans une communication abrégée. Se
basant sur Texamen très soigneux, histologiquc, avec l'emploi
des nouveaux procédés décoloration, Neller en arrive à conclure
que lekraurosis de la vulve n'est qu'un processus inflammatoire
chronique de la peau des organes génitaux externes, provoqué
par des irritations variables, peut-être de nature chimique, et ne
dépendant pas d'une affection apparente des nerfs. Ce processus
conduite la di.sparitioi),dans les couches profondes des muscles,
d'une substance collagône du tissu adipeux et des glandes
sébacées ; dans les couches supérieures, au contraire — grâce,
peut-être, aux conditions meilleures de la nutrition des éléments
de la couche sous et sus-papillaire de la peau, — à des alté-
rationshypertrophiques; il conduit surtout à une kératinisation
exagérée (hyperkeratosis),qui se produit non parakératosique ,
mais d'une voie normale.
Je passe à la description de mon cas :
La malade S. L..., Agée de 31 ans^ est entrée dans mon
service le 31 mars 1899. Trois accouchements : le dernier, il y a
cinq ans, et un avortement au troisième mois de la grossesse, il
y a trois ans. Toutes les grossesses, les couches, ainsi que les
suites de couches se passaient toujours normalement, sans com-
420 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
plication aucune. Après l'avortement ou pratiqua Y « exco-
chleatio csLvi uteri ». Depuis l'avortement les règles, quoique
toujours régulières, toutes les quatre semaines, étaient très abon-
dantes et douloureus3s. Auparavant, menstruations régulières,
peu abondantes et sansdouleurs. Dans les intervalles des règles,
apparition souvent de taches sanguines. Les six derniers mois,
souffre de leucorrhée, augmentée surtout les deux derniers
mois. Se croit malade depuis deux ans; avant, elle était toujours
bien portante.
Il y a deux ans, sensations do prurit au niveau des organes
génitaux externes, fortement augmentées les six derniers mois.
En même temps, elle nota que la miction était difficile et
douloureuse. Ces phénomènes, les deux derniers mois, étaient
notablement augmentés ; parfois, en outre, il y avait incon-
tinence d'urine. Simultanément, apparut, surtout pendant la
marche, au niveau des organes génitaux externes : sensalion
de tension^ de pesanteur, de tiraillement dans le bas-ventre,
et parfois une douleur atroce.
La malade, de constitution et de nutrition moyenne. Les vis-
cères,en fonction normale. Pas de sucre, pas d'albumine, ni d'é-
léments formés dans les urines.
Les organes génitaux externes présentent dans leur aspect,
ainsi que dans leur coloration, des déviations notables de Fétat
normal (fig. A et B). Les grandes lèvres ne forment que deux
replis, ne débordant que très peu la peau voisine et se perdent
invisiblement dans le tissu du périnée déchiré. Les nymphes
sont réduites à de petites saillies. L'entrée du vagin est
entr'ouverle par la déchirure du périnée du second degré. Le
tissu des lèvres et le vestibule du vagin sont d'une couleur gris-
blanc, de nacre de perle, accusée surtout au niveau du prépuce
induré du clitoris. La peau des organes génitaux est sèche, très
friable, avec beaucoup de petites fissures et se déchire facilement
sous la moindre tension.
Le vagin est hyperémié, avec des parois lisses, sans replis.
La portion vaginale de l'utérus est notablement diminuée, avec
un petit orifice rond. Le corps de l'utérus est dans l'antéflexion,
BIHHELFARD
il est mobile; la longueur de sa cavité est de 8 centîm. ; les
parois de l'utérus sont amincies. La muqueuse de l'ulérussai;;ne
A
■J
F
à
FiG. A ot D, — Aspect dus orgnnes gônitaui externe».
facilement après un examen par la sonde. Les annexes sont
libres. L'opiïration proposée fut refusée par la malade.
On excisa pour l'examen mtcroscojiiquc, au niveau du
tiers inférieur des grandes lèvres, un fragment de peau, de
420 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
plication aucune. Après l'avortement ou pratiqua Y « exco-
chleatio caviuteri ». Depuis l'avorteraenl les règles, quoique
toujours régulières, toutes les quatre semaines, étaienttrès abon-
dantes et douloureus3s. Auparavant, menstruations régulières,
peu abondantes et sans douleurs. Dans les intervalles des règles,
apparition souvent de taches sanguines. Les six derniers mois,
souffre de leucorrhée, augmentée surtout les deux derniers
mois. Se croit malade depuis deux ans ; avant, elle était toujours
bien portante .
Il y a deux ans, sensations de prurit au niveau des organes
génitaux externes, fortement augmentées les six derniers mois.
En môme temps, elle nota que la, miclion était difficile et
douloureuse. Ces phénomènes, les deux derniers mois, étaient
notablement augmentés ; parfois, en outre, il y avait incon-
tinence d^urine. Simultanément, apparut, surtout pendant la
marche, au niveau des organes génitaux externes : sensalion
de tension^ de pesanteur , de tiraillement dans le bas-ventre,
et parfois une douleur atroce.
La malade, de constitution et de nutrition moyenne. Les vis-
cères,en fonction normale. Pas do sucre, pas d'albumine, ni d'é-
léments formés dans les urines.
Les organes génitaux externes présentent dans leur aspect,
ainsi que dans leur coloration, des déviations notables de Tétai
normal (fig. A et B). Les grandes lèvres no forment que deux
replis, ne débordant que très peu la peau voisine et se perdent
invisiblement dans le tissu du périnée déchiré. Les nymphes
sont réduites à de petites saillies. L'entrée du vagin est
entr'ouvertc par la déchirure du périnée du second degré. Le
tissu des lèvres et le vestibule du vagin sont d'une couleur gris-
blanc, de nacre de perle, accusée surtout au niveau du prépuce
induré du clitoris. La peau des organes génitaux est sèche, très
friable, avec beaucoup de petites fissures et se déchire facilement
sous la moindre tension.
Le vagin est hyperémié, avec des parois lisses, sans replis.
La portion vaginale de l'utérus est notablement diminuée, avec
un pelit orifice rond. Le corps de Tutérus est dans rantéflexion,
HIMMELFARD
421
il est mobile; la longueur de sa cavité est de 8 centim. ; les
parois de l'utérus sont amincies. La muqueuse de Tutérus saigne
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facilement après un examen par la sonde. Les annexes sont
libres. L'opération proposée fut refusée par la malade.
On excisa pour l'examen microscopique, au niveau du
tiers inférieur des grandes lèvres, un fragment de peau, de
420 DU KRAUROSIS DB LA VULVE
plication aucune. Après l'avortement on pratiqua V « exco-
chleatio cavi uteri ». Depuis Tavortement les règles, quoique
toujours régulières, toutes les quatre semaines, étaient très abon-
dantes et douloureus3s. Auparavant, menstruations régulières,
peu abondanteset sansdouleurs. Dans les intervalles des règles,
apparition souvent de taches sanguines. Les six derniers mois,
souffre de leucorrhée, augmentée surtout les deux derniers
mois. Se croit malade depuis deux ans ; avant, elle était toujours
bien portante.
II y a deux ans, sensations de prurit au niveau des organes
génitaux externes, fortement augmentées les six derniers mois.
En môme temps, elle nota que la miction était difficile et
douloureuse. Ces phénomènes, les deux derniers mois, étaient
notablement augmentés ; parfois, en outre, il y avait incon-
tinence d'urine. Simultanément, apparut, surtout pendant la
marche, au niveau des organes génitaux externes : sensation
de tension^ de pesanteur, de tiraillement dans le bas-ventre,
et parfois une douleur atroce.
La malade, de constitution et de nutrition moyenne. Les vis-
cères,en fonction normale. Pas de sucre, pas d'albumine, ni d'é-
léments formés dans les urines.
Les organes génitaux externes présentent dans leur aspect,
ainsi que dans leur coloration, des déviations notables de l'état
normal (fig. A et B). Les grandes lèvres ne forment que deux
replis, ne débordant que très peu la peau voisine et se perdent
invisiblement dans le tissu du périnée déchiré. Les nymphes
sont réduites à de petites saillies. L'entrée du vagin est
entr'ouverto par la déchirure du périnée du second degré. Le
tissu des lèvres et le vestibule du vagin sont d'une couleur gris-
blanc, de nacre de perle, accusée surtout au niveau du prépuce
induré du clitoris. La peau des organes génitaux est sèche, très
friable, avec beaucoup de petites fissures et se déchire facilement
sous la moindre tension.
Le vagin est liyperéraié, avec des parois lisses, sans replis.
La portion vaginale de l'utérus est notablement diminuée, avec
un petit orifice rond. Le corps de Tutérus est dans l'antéflexion,
HIMMBLFAHD
il est mobile; la longueur de sa cavité est de 8 cenlim. ; les
parois de l'utérus sont amincies. La muqueuse do rulérussai|îne
■.I
à^
W
FlO. A et B. — Aspect des orgniii-s g^'nïtaux cxteriiet.
facilement après un examen par la sonde. Les annexes sont
libres. L'opération proposée fut refusée par la malade.
On excisa pour l'examen microsco;iiquc, au niveau du
tiers inférieur des grandes lèvres, un fragment de peau, de
420 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
plication aucune. Après l'avortement on pratiqua Y « exco-
chleatio csLvi uteri ». Depuis Tavortement les règles, quoique
toufDurs régulières, toutes les quatre semaines, étaient très abon-
dantes et douloureus3S. Auparavant, menstruations régulières,
peu abondantes et sans douleurs. Dans les intervalles des règles,
apparition souvent de taches sanguines. Les six derniers mois,
souffre de leucorrhée, augmentée surtout les deux derniers
mois. Se croit malade depuis deux ans ; avant, elle était toujours
bien portante.
Il y a deux ans, sensations de prurit au niveau dos organes
génitaux externes, fortement augmentées les six derniers mois.
En môme temps, elle nota que la, miction était difficile et
douloureuse. Ces phénomènes, les deux derniers mois, étaient
notablement augmentés ; parfois, en outre, il y avait incon-
tinence d'urine. Simultanément, apparut, surtout pendant la
marche, au niveau des organes génitaux externes : sensation
de tension^ de pesanteur^ de tiraillement dans le bas-ventre,
et parfois une douleur atroce.
La malade, de constitution et de nutrition moyenne. Les vis-
cères,en fonction normale. Pas de sucre, pas d'albumine, ni d'é-
léments formés dans les urines.
Les organes génitaux externes présentent dans leur aspect,
ainsi que dans leur coloration, des déviations notables de Tétat
normal (fig. A et B). Les grandes lèvres ne forment que deux
replis, ne débordant que très peu la peau voisine et se perdent
invisiblement dans le tissu du périnée déchiré. Les nymphes
sont réduites à de petites saillies. L'entrée du vagin est
entr'ouverte par la déchirure du périnée du second degré. Le
tissu des lèvres et le vestibule du vagin sont d'une couleur gris-
blanc, de nacre de perle, accusée surtout au niveau du prépuce
induré du clitoris. La peau des organes génitaux est sèche, très
friable, avec beaucoup de petites fissures et se déchire facilement
sous la moindre tension.
Le vagin est hyperémié, avec des parois lisses, sans replis.
La portion vaginale de Tutérus est notablement diminuée, avec
un petit orifice rond. Le corps de Tutérus est dans Tantéflexion,
BIMMELFARB
il est mobile; la longueur de sa cavité est de 8 centim. ; les
paroisderutérussont amiDcies- La mutjucusedc l'ulérus saigne
Â
é
FiG. A et B. — Aspect des orgnacs e^'iitaux externes.
facilement après un examen par la sonde. Les annexes sont
libres. L'opiiralion proposée fut refusée par la malade.
On excisa pour l'examen microscojiique, au niveau du
tiers inférieur des grandes lèvres, un fragment de peau, de
422 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
1 centim. et demi de longueur, de 1/2 centim. de largeur au
voisinage d^une portion de la muqueuse vaginale, d'autre part
de la peau saine. Le fragment fut fixé dans la solution de
Flemming (*).
L'examen histologique fut fait au laboratoire anatomo-patho*
logique de Thôpital, avec Taimable concours du prosecteur,
le D' Ch. J. Chensinsky, à qui mon devoir est d'exprimer ma
reconnaissance profonde. L'examen des fragments, colorés à
la saphronine et à l'indigo-picrocarmin, fournit les données sui-
vantes (fig. 1) : Le stratum coméen (stratum corneum) est très
augmenté. Le stratum lucidum, à l'ordinaire absent dans
cette région de la peau, se manifeste dans les endroits isolés
(où le stratum cornéen est surtout augmenté) assez visiblement ;
dans les autres, invisible, ainsi que dans ces endroits, le
stratum cornéen s'attache immédiatement à la couche granu-
leuse. La dernière, c'est-à-dire la couche granuleuse (stratum
granulosum) (fig. 3), composée d'ordinaire d'une seule couche
de cellules, souvent interrompue (v. Bardelebens, Handb. d.
Anat. d. Menscher. — Braun. Art. Haut., 1897, p. 13), est cons-
tituée sur nos préparations de 3-4, par places de 5-6 rangées de
cellules longitudinales, bien marquées et contenant (par tous
moyens de coloration) des grains d'éléidine. — Le réseau de
Malpighi (stratum germinativum) est en état d'hyperplasie très
accusée avec des cellules épineuses et, dans la couche la plus
profonde, de cellules cylindriques, dans lesquelles se rencon-
trent en masse les mitoses dans leurs différents stades.
Les papilles sont en partie déprimées presque jusqu'à la dispa-
rition complète, ainsi que l'épithélium qui s'attache au derme par
une ligne légèrement onduleuse, elles sont en partie très amin-
cies et se montrent plus allongées. A la limite de Tépithélium
et du derme s'observe dans l'épaisseur du dernier, par places,
autour des vaisseaux, une infiltration à petites cellules, groupées
en nids isolés. Le tissu même du derme a perdu son caractère
(*) Pour la comparaison^ on prépara en même temps des fragmenta de
peau du même endroit, pris chez un cadavre de femme du même âge avec
des organes génitaux externes absolument normaux.
HIMMBLFARB 423
ordinaire ondulenx des faisceaux filamenteux, disposés en
général parallèlement à l'épiderme : il est composé de rubans
larges^ en longues bandes de tissu bomogène connectif intime-
ment reliées avec une quantité insignifiante de cellules^ offrant
Taspect d*un tissu tout à fait scléreux. Sur les prépara-
tions, colorées par l'orcéine diaprés Unna-Faenzer, on voit
(fig. 2) que dans les papilles et dans les couches supérieures
du derme le tissu élastique a complètement disparu et qu*il ne
s'est conservé qu'en quantité diminuée, en comparaison avec
des préparations normales, dans les couches inférieures de la
peau. Les glandes sébacées et sudoripares ne se rencontrent
nulle part. On ne voit pas les nerfs non plus. Les vaisseaux
sanguins du derme sont, en général, en état de vide complet ;
dans les régions isolées, on trouve des vaisseaux assez larges
avec une infiltration périvasculaire.
Donc Texamen microscopique montra avec certitude que
nous avions sous les yeux les modifications anatomiques tout à
fait caractéristiques du kraurosis de la vulve, soit dans le com-
mencement du second stade de la maladie (stadium atrophi-
cum), soit dans la période à la limite du passage d'un stade à
l'autre.
A côté des phénomènes très accusés d'hyperplasie de Tépi-
derme (répaississement de toutes ses couches), nous trouvons
les phénomènes non moins accusés de Fatrophie du derme
(l'aplatissement et, par places, Tabsence complète des papilles,
la déperdition complète du tissu élastique dans les couches
supérieures du derme, Tabsence complète de Tappareil glan-
dulaire et la déperdition complète de l'appareil vasculaire de
la peau).
L'hyperplasie de Tépiderme s'observe dans toutes ses couches ;
ce qu'on voit, en outre, d'après la grande quantité de mitoses
dans les divers stades dans la couche profonde maternelle
(couche germinative, stratum germinativum), ainsi que d'après
répaississement de la couche granuleuse (stratum granulosum),
dont les cellules, contenant la kératohyaline, présentent le stade
transitoire entre les cellules protoplasmotiques et cornéennes
(Braun, op. cit.f p. 14).
424 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
A Topposition de répiderme, le derme présente les phéno-
mènes de l'atrophie, surtout très accusée dans ses couches
supérieures. A la limite de Tépiderme et du derme, on observe
encore par places une infiltration à petites cellules — reliquat
du premier stade inflammatoire dans le tissu de la peau.
L'atrophie des papilles de la peau avec leur allongement
simultané nous oblige, avec v. Mars, de l'expliquer ainsi : d'un
côté par la compression de tous les côtés des papilles par la
couche germinative très développée et, de l'autre côté, par sa
pénétration dans la profondeur, provoquant simultanément
leur atrophie et leur allongement.
Le processus de la rétraction de la peau va, à ce qu'il paraît,
de haut en bas, d'après le fait qu'on observe dans les papilles
et les couches supérieures du derme la déperdition complète
des faisceaux élastiques, qui sont encore conservés, quoique
en quantité notablement diminués, dans les couches inférieures
de la peau, à la limite de la couche sous-cutanée.
De Vétiologie du kraurosis de la vulve, nous ne savons pres-
que rien. La maladie s'observe à l'ûge adulte (dès de 20 ans),
aussi bien que chez les gens bien Agées (chez les vieilles de
02 ans, dans le cas de v. Mars), que chez les vierges (Veit, Neller)
et chez les femmes mariées pendant et en dehors de la gros-
sesse.
Les indications de quelques auteurs sur la valeur étiologique
de la blennorrhagie (Ortlimann), des ulcères syphilitiques
(Janowsky), des irritations extérieures (Neumann), sont incer-
taines et ne peuvent pas être confirmées avec certitude pour
la plupart des cas.
Il faut examiner un peu plus longuement la relation entre le
prurit et le kraurosis de la vulve, surtout parce que Veit s'ef-
force d'établir la liaison prochaine entre les deux formes mala-
dives, admettant que a le kraurosis représente une des consé-
quences du prurit de la vulve ». D'après l'opinion de Veit, le
grattage de la peau à l'occasion du prurit de la vulve amène les
processus inflammatoires dans la peau des organes génitaux
externes ; or, ces processus inflammatoires produisent les modi-
fications que nous observons dans le kraurosis. Il dit : a Nous
HIMMELFARB 425
ne serons pas très audacieux en admettant que pendant les modi-
fications très intenses de la peau aussitôt après l'infiltration à
petites cellules, après l'inflammation, se présentera une rétrac-
tion notable, ce qui nous donnera le tableau du kraurosis. Donc,
le kraurosis représente l'étroitesse et la rétraction des organes
génitaux, provoquées par l'inflammation de la peau, qui de son
côté était provoquée par le grattage à cause du prurit intense. »
Cest à peine si l'on peut être d'accord avec cette opinion. Il
suffit d'indiquer que parmi les cas décrits dans la littérature, on
trouve encore beaucoup d'observations où le prurit manque
complètement, où le prurit existant n'était pas d'un caractère
intense ; où, enfin, le prurit se manifestait quand la rétraction
même était déjà assez accusée. Veit pense que les malades,
dans ces cas, cachaient à leurs médecins la présence du prurit
ou par pudeur, ou par peur d'être soupçonnées de masturbation.
Cette hypothèse, pourtant, se signale d'une affectation telle
qu'elle ne mérite pas qu'on s'y arrête. Il me semble qu'il faut
avouer, avec franchise, que de l'étiologie du kraurosis nous ne
savons rien de positif.
La marche de la maladie est chronique et très lente. Ainsi
Czempin observa chez sa malade le développement lent des
modifications de la peau pendant huit ans, et chez la malade
de Neller, la vierge de 59 ans, Jes phénomènes se développèrent
petit à petit, depuis l'âge de 47-48 ans, c'est-à-dire pendant
onze à douze ans.
Les symptômes de la maladie se rapportent, d'un côté, aux
sensations anormales et maladives au niveau des parties géni-
tales externes (sensation de brûlure, prurit, miction doulou-
reuse, sensation de tension et de tractions, douleurs) et,
d'autre part, aux phénomènes de rétraction et d'étroitesse du
vestibule du vagin (difficulté pendant le coït, déchirure facile
de la peau sous la moindre blessure, surtout pendant les
couches). L'intensité des symptômes indiqués est sujette, pour-
tant, à des variations notables, étant très accusée dans quelques
cas, et très faible dans les autres ; les sensations subjectives
des malades, à ce qu'il paraît, ne sont pas toujours en rapport
avec les modifications objectives.
426 DU KRAUROSIS DE LA VULVE
Le diagnostic de la maladie ne présente pas de difficultés dans
tous ces cas où Ton observe des modifications objectives au
niveau des parties génitales externes, décrites d'une manière
classique déjà par Breisky : « La peau se présente blanchâtre^
desséchée ; recouverte parfois d'un épiderme épais, un peu rude
depuis le gland du clitoris, ensuite sur une partie de la peau
entre le clitoris et le méat de l'urèthrej'usqu'au frein des lèvres ;
les parties voisines de la peau sont brillantes, sèches, d'une
couleur gris rosâtre, parsemées aussi de taches blanchâtres et
pénétrées par de petits rameaux des vaisseaux. Les glandes
sébacées, en général, en quantité très minime. » Un rétrécisse-
ment plus ou moins accusé du vestibule du vagin et une friabi-
lité très marquée de la peau complètent le tableau de la maladie.
Je ne m'arrête pas sur les altérations histologiques de la peau,
si caractéristiques pour le kraurosis, parce que plus haut j'ai
parlé de cela en détails.
Quant au pronostic, il faut remarquer que la peau atteinte
par le kraurosis est, à ce qu'il paraît, prédisposée aux affections
cancéreuses. Dans les cas de Martin, Crempin, Pichevin et
Pettit, et Mendès de Léon, on observait, en même temps que le
kraurosis, le cancer de la vulve.
Le traiitementy dans tous ces cas où les symptômes de la
maladie l'exigent, est opératoire, et consiste dans l'excision
large de la vulve, proposée et exécutée pour la première fois
par Martin.
L'opération donne des résultats excellents et garantit, à ce
qu'il paraît, des récidives, comme le démontre la quantité suffi-
sante des observations déjà décrites.
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DÉVELOPPEMENT
DES ÂDËKO-MYOHES UTÉRINS DE NATURE INFLAMMATOIRE
Par André €laisae.
Les tameurs bénignes de l'utérus reproduisent dans leur
structure les divers tissus de l'organe où elles se développent :
les unes, de type conjonctif, sont formées des mêmes éléments
conjonctifs et musculaires que la paroi de la matrice ; les autres,
de type glandulaire, renferment les mêmes formations épithé-
liales que la muqueuse.
La structure des ilbro-myômes est bien connue : les données
que nous possédons sur leur développement sont de notion
moins courante : nous allons les rappeler en quelques mots
avant d'aborder le sujet principal de cet article.
Ce sont principalement les recherches de Pilliet et de Costes
qui ont précisé le point d'origine des fibro-myômes utérins.
Les utérus que Ton peut dénommer fibrogènes sont atteints
de lésions inflammatoires au niveau de leur muqueuse et sur-
tout des vaisseaux de la paroi musculaire ; les phénomènes
(ïendOyde pérwascularite se manifestent par une prolifération
cellulaire très active : des couronnes périvasculaires de cel-
lules conjonctives se forment, qui donnent naissance à des
prolongements, à des pointes d'accroissement ; dans celles-ci
apparaissent des néo-capillaires qui constituent de nouveaux
centres de prolifération conjonctivo-musculaires.
Nous avons insisté dans notre thèse (1) sur l'évolution de
ces fibro-myômes : les uns se développent dans l'épaisseur de
(1) Recherches iUT le développenhent des Jibro-myâmes et des adéno^myôrnes
de l'tUérus. Paris, 1900, chez Steinheil.
CLAISSB 429
la paroi ; les autres, ayant pris naissance dans les couches
sous-muqueuses ou sous-péritoncales, sont refoulés par les
contractions du muscle utérin et tendent à faire saillie, à se
pédiculiser.
Nous laisserons de coté les polypes glandulaires : ils forment
une classe de tumeurs bien connues, se développant nettement
aux dépens de la muqueuse utérine, à la suite de lésions inflam-
matoires.
Mais nous désirons au contraire attirer l'attention sur des
tumeurs comparables à ces polypes, habituellement confondues
avec lesfîbro-myômes et qui s*en séparent absolument parleur
structure et par certains caractères anatomiques, sur les adéno-
myômes interstitiels.
De volume variable, parfois considérable, les adéno-myômes
interstitiels peuvent constituer une ou plusieurs masses isolées
ou, au contraire, donner Taspect d'une énorme hypertrophie
d'une des parois utérines. Leur coloration est d'un blanc rosé,
moins claire d'ordinaire que celle des fibro-myômes; leur con-
sistance est assez molle. Ils se délimitent fort mal d'avec le
tissu voisin, méritant le nom de tumeurs infiltrées ; on ne peut
les énucléer : ils sont dépourvus de capsule.
En les examinant de près, on voit parfois un grand nombre
de petites lacunes punctiformes, culs-de-sac glandulaires q\ïil
serait d'ailleurs diflicile de distinguer, à l'œil nu, de la coupe des
petits vaisseaux.
Histologie. — Prélevons des morceaux en différents points
de ces tumeurs, examinons-les au microscope.
Nous voyons, au milieu des faisceaux musculaires, des îlots
indépendants les uns des autres, plus colorés, renfermant des
culs-de-sac glandulaires .
Ilots glandulaires. — Ils ont une forme, des dimensions
variables: souvent elliptiques ou arrondis, ils peuvent présenter
un contour irrégulier, émettre des prolongements plus ou
moins étendus . Leurs dimensions dépendent du nombre de
glandes qu'ils renferment, parfois un seul cul-de-sac, parfois
un nombre assez considérable.
Ainï. DB QTX. — VOL. LIIL 29
430 ADéNO-MYOMES UTÉniNS DB NATUBR INFLAMNATOIIIK
Ils sont séparés les uns des autres par des faisceaux muscu-
laires qui les entourent complètement ctsuppriment toute rela-
tion entre eux et avec la muqueuse utérine.
Ces Ilots renferment deux éléments anatomiques différents :
1° Les cu]s-de-8ac glandulaires. De forme et de dimensions
variables, à contour arrondi ou polycyclique, à cavité très faible
Fia. 1. — Cut-de-MO glandulaire 0. entouré de cellules oonjonctive* C, lo
tnuulonuaiit à la pCriphËrie en flbrM mutculatret H.Grt:300/I.
ou dilatée, ils rappellent les divers aspects que l'on observe
dans les endométrites liypertrophiques. La cavité est ordinal-
rement vide, parfois au contraire renferme des détritus cellu-
laires ou un magma amorphe, produit de la sécrétion épithéliale.
L'épithélium de revêtement est essentiellement formé d'une
couche de ceUules cylindriques élevées, & noyau allongé, rap-
proché de la base de la cellule. Lorsque la dilatation glandu-
laire est assez marquée, ces cellules s'aplatissent d'ordinaire,
CLA1S8B 431
deviennent presque cubiques. Souvent, au contraire, Tépithé-
lium devient proliférant (fig. 1) : au Heu d'une seule couche,
on en voit 2, 3, 4; beaucoup de cellules conservent le type
cylindrique, d'autres sont arrondies, cellules de remplacement
dont Taccumulation accroît Tépaisseur de cette membrane de
revêtement.
2^ Les éléments glandulaires baignent dans un tissu con-
nectif aréolaire comblé de cellules nucléées, tissu connectif
cytogène. Ces cellules s'orientent d'ordinaire autour des
glandes, allongées, imbriquées les unes contre les autres; en
s'écartant, elles apparaissent avec leur forme arrondie de cel-
lules embryonnaires.
Au contact des faisceaux musculaires de la périphérie, nous
les voyons s'allonger de nouveau; on peut surprendre la trans-
formation de ces cellules fusiformes, conjonctives, en fibres
musculaires lisses.
Le contact est donc intime entre l'ilot glandulaire et les
faisceaux musculaires.
Les vaisseaux sont en petit nombre au milieu de ce tissu
connectif, vaisseaux lacunaires, c'est-à-dire sans paroi propre,
autour desquels les cellules connectives s'orientent également.
Tissu musculaire. — Le stroma de la paroi utérine se retrouve,
peu modifié, dans la tumeur dont il constitue la majeure partie.
Notons pourtant ce fait, que les faisceaux musculaires sontbeau-
coup plus denses au pourtour des îlots glandulaires: il y a en
ce point une formation active de fibres musculaires.
Les vaisseaux du stroma ne sont pas modifiés : nous en
retrouvons munis d'une paroi propre, épaisse ; d'autres sont lacu-
naires; quelques-uns s'entourent d'une couronne proliférante.
Mais la néoformation cellulaire périvasculaire qui est initiale,
capitale, dans les fibro-myômes, est ici secondaire : les vaisseaux
ne sont plus que des centres accessoires de prolifération, les
centres principaux sont les îlots glandulaires.
Limite. — Nous avons dit que tantôt les adéno-myômes
étaient diffus : on rencontre alors des îlots glandulaires depuis la
muqueuse utérine jusque dans les couches sous-péritonéales.
432 ADÉNO- MYOMES UTÉRINS DE NATCRE INFLAMMATOIRE
Tantôt, au contraire, ils sont localisés : on trouve une ou plu*
sieurs tumeurs à limite assez précise. Les coupes qui portent
au niveau de cette limite montrent qu*en réalité elle est assez
diflicile à déterminer.
Nous ne trouvons pas, comme dans les fibro-myômes, une
zone capsulaire lâche qui sépare nettement le tissu de la
tumeur des faisceaux périphériques. Ici les faisceaux muscu-
laires s*enchevétrent les uns dans les autres : on s'aperçoit que
du côté du néoplasme ils sont plus épais et plus serrés, mais
on ne peut établir de ligne de démarcation : il n*y a pas d'encap-
sulement.
Ce fait est très important au point de vue opératoire : les
adéno-myômes, même localisés, ne peuvent être énuclcés.
Histogenèse . — Par quel mécanisme se forment les adéno-
myômes?
Le processus est facile à saisir sur les tumeurs diffuses : dans
toute leur étendue, on retrouve ces îlots glandulaires qui repro-
duisent absolument la structure de la muqueuse utérine. Au
contact de celle-ci nous en voyons qui s'en détachent; voici
comment :
La muqueuse est atteinte de lésions inflammatoires hypertro-
phiques : sa face profonde, au lieu d'être plane, est très irrégu-
lière ; des glandes s'enfoncent entre les faisceaux musculaires,
forment des prolongements parfois très accentués. Un double
processus intervient : i*^ les canaux excréteurs de ces glandes
sont tapissés d*unépithélium épais, proliférant, tendant à Tobli-
tération de la lumière du canal ; 2"^ les faisceaux musculaires
compriment, pincent le pédicule. Ces deux actions réunies
aboutissent à la suppression du point d'attache des prolonge-
ments de la muqueuse ; le cap se transforme en îlot.
Celui-ci, une fois constitué, s'éloignera peu à peu de son
point d'origine, à cause de la néoformation continuelle, à son
pourtour, de fibres musculaires.
Cet isolement de portions de la muqueuse est loin d'être rare:
dans nombre de cas d'endométrites hypertrophiques, on ren-
contre de la sorte des petits îlots glandulaires aberrants au
milieu des faisceaux musculaires sur lesquels repose )a
muqueuse.
Dans les adéno•my(^me8, ce processus est plus actif et plus
euvahissant. La prolifération continue dans les tlots glandu-
.laires ; la néoformation de cellules conjonctives, se transformant
en tîbres musculaires, eut abondante.
De nouveaux tlots apparaissent, se séparant des anciens par
Fia. 2. — AdéDO-myGine. Culs-de-sac glandulairea Q entourés de tissu
coQuectif ; le cul-d«-sac Q' m sËpare de l'Ilot primitif. M : muscts utérin.
Or : 61/1.
un processus analogue à la formation de ceux-ci et que l'on voit
nettemeot dans la ligure 2. Un cul-de sac G', entouré de tissu
connectif cytogène, est écarté du reste de l'Ilot par la pression
des faisceaux musculaires ; il se forme un pédicule mince qui
ne tardera pas à disparaître ; G' deviendra le centre d'un nou-
vel Slot qui sera, à son tour, le siège de phénomènes prolifé-
rants analogues.
Dans les adéno-myâmes diffus, cet envahissement progressif
du tissu musculaire par les éléments glandulaires se fait en
ADÉNO-HTOMBS 0TÉI1IN9 DB NATUKB INFLAMNATOins
nappe, sur nne large surface. Dans les tumeurs isolées, la con-
tinuité avec la muqueuse, que l'on trouve dans dps premiers,
n'existe pas ; l'isolement s'est fait pour un groupe décentres,
comme il s'est Fait au début pour un centre unique.
Adéno myOmes péri-tubaires. — Certains adéno-myâmes
se développent dans les cornes utérines, au pourtour du trajet
pariétal des trompes : cette localisation est même assez fré-
quente. Nous devons insister sur cette variété.
Ces tumeurs ne dérivent pas, en effet, de la muqueuse até-
'Mé.
y^-m.
FlQ. 3. — AdfbODiyôme péritubRlre. FormatioD dea îlota glaudulsirM Q
ans dépens de la trompe T. Or* ; 16/1.
rine, mais de la muqueuse tubaire. Or, celle-ci, même dans son
trajet intra-utérin, est absolument dépourvue de glandes et on
ne conçoit pas, tout d'abord, comment elle peut donner nais-
sance à des adénomes.
Notre figure 3 montre ce qui se passe alors.
Il est assez fréquent de voir, dans les salpingites, des inclu-
sions, d'origine inflammatoire, de l'épithélium de la muqueuse
qui, s'isolant dans le tissu connectif, qui prennent absolument
l'aspect de culs-de-sac glandulaires. Cet isolement se fait, proba-
CLÂIBSB k35
blement, par un processus identique à celui que nous avons
décrit pour les glandes do la muqueuse utérine. Ici c'^t nn repli
de la muqueuse tubaire dont l'épithélium, proliférant, oblitère
la communication avec le canal de la trompe; les éléments con-
jonclifs voisins envahissent ce pédicule, englobent, repoussent
le cul-de-sac ainsi formé.
Celui-ci devient un cenlre inflammatoire de prolifération et,
par le fait de odle-cl, s'écarte de plus en plus de la trompe
Fin. 4. — AdËDO-mjâoie piritubaire. T, Ifiiope d'uù dériTent les ceatrei
glaDdulairaa Q. Gr* : 16/1.
même, son origine . La figure 4 montre cet envahissement pro-
gressif des éléments pseudo-glandulaires. Ceux-ci continuent
à être environnés du tissu connectif cytogène sous-muqueux.
On remarquera qu'ils sont liabituellement isolée, et parfois fort
dilatés.
Patbogénie- — Nous avons rencontré, au cours de cette des-
cription des adéno-mydmes, des altérations inllammatoires
très nettes au niveau de l'épithélium des culs-de-sac aberrants,
ausi bien qu'au niveau de la muqueuse de la cavité utérine ;
436 ADBNO-MYOMES UTÉniNS DE NATUnS INFLAMMATOIRE
elles se manifestent également par la prolifération conjonctive
périglandulaire et, à un moindre degré, périvasculaire. Ces
tumeurs sont donc franchement in/Zammafoires.
Nous apportons, comme argument important en faveur de
cette nature inflammatoirCi ce fait que dans deux de nos obser-
vations, Tadéno-myôrne utérin s'accompagnait d'une leucocytose
abondante. Voici les chiiïres que nous avons trouvés dans le
premier cas :
Globules rouges 6.208.000
— blancs 13.950
1
Rapport
395
et dans le deuxième (1) :
Globules rouges 4.588.000
— blancs 14.466
1
Rapport •
316
Nous sommes loin d'être fixés sur la cause de cette inflam-
mation ; elle a pour point de départ une endométrite ou une
endosalpingite : ces lésions sont habituellement de nature
microbienne.
Nous n'avons pas, jusqu'ici, de données pathogéniques plus
précises.
Évolution. — Il semble que les adéno-myômes utérins s'ac-
croissent plus rapidement que les fibro-myômes. Ils se compor-
tent d'ailleurs comme des tumeurs bénignes ; ce sont bien des
adénomes et non pas des cancers.
On a observé la transformation kystique, surtout au niveau
des cornes utérines ; on a rencontré des tumeurs télangiec-
tasiques .
Les éléments glandulaires peuvent-ils, à un moment, dispa-
raître, étouffés par le stroma conjonctivo-musculaire ; Tadéno-
(1) Ces cas sont rapportés en détail dans notre thèse : obs. 37 et 38.
CLA1SSB 437
myùme peut-il se transformer en fibro-myôme ? Le fait est pos-
sible, mais nous le croyons exceptionnel. Dans Timmense ma-
jorité des cas, sinon toujours, le fibro-myôme a Tbien une ori-
gine et un développement uniquement périvasculaires.
Quant à la dégénérescence cancéreuse, épithéliomateuse, elle
existe; elle explique môme ces cas,qui semblaient extraordinaires,
de dégénérescence cancéreuse de fibromes. Cette dégénérescence
ne peut se comprendre que si la tumeur renferme des éléments
épithéliaux : ces fibromes dégénérés étaient certainement des
adéno-myômes.
Origine congénitale. • Après avoir rappelé lorigine in-
flammatoire périvasculaire des fibro-myômes, nous avons donc
indiqué comment se développaient, aux dépens des muqueuses
utérine et tubaire, certaines tumeurs adénomateuses, inflam-
matoires. Tels sont les faits que nous avons observés.
Mais il existe une autre classe de ces tumeurs auxquelles il
semble bien qu'on doive attribuer une origine congénitale :
Recklinghausen (i) en particulier en a décrit un assez grand
nombre qu'il fait dériver de débris du corps de Wolff.
Cet auteur a constaté la présence de tubes glandulaires,
revêtus d*un épithélium cylindrique disposé sur une seule cou-
che ; ces formations sont rectilignes ou flexueuses et ressem-
blent aux canalicules urinifères, aux tubes glandulaires du
corps de Wolff; ils représentent les canaux collecteurs à épi-
thélium élevé, les canaux sécréteurs à revè.tement plus aplati ;
on y distingue des renflements terminaux, des dilatations por-
tant des branchements où aboutissent les canaux. Ils sont situés
au sein d'une masse adéno-lymphoïde semblable à celle de
Tutérus.
Certains de ces tubes, comme ceux du corps de Wolff, offrent
un épithélium cilié. Nulle part on ne constate d'activité sécré-
toire.
D'autres auteurs font dériver ces formations de la partie infé-
I ■ I ■ - ■ r — ■ -^
(1) Voir l'analyse de Labusquièbe dans les Annales de Gynécologie et
d'Obttétn'qve de 1896, 2« sem., p. €0.
438 AoéNO-MTOMES UTÉRINS DE NATURE INFLAMMATOIRE
rieure des conduits de MûUer, ou même de ramifications du con-
duit de Gârtiier.
Quoiqu'il en soit, nous devions signaler cette origine congé-
nitale à côté de Torigine inflammatoire. Si nous n'avons insisté
que sur cette dernière, c'est que nous devions y rapporter les
faits que nous avions pu étudier, les seuls dont nous voulions
parler.
\
f •
AMPUTATION SPONTANEE
DES DEUX TROMPES DE FALLOPE
Par Emll Rle« (de Chicago),
Professeur de Gynécologie à la Post-Oraduate Médical School,
En septembre 1899, le D' C. T. Murphy me pria de voir avec
lui une malade dont Thistoire pathologique, par ce qu'elle ren-
ferme de rare, mérite d'être rapportée. Il s*agit d'une femme
mariée, âgée de 32 ans, menstruée à 13 ans et depuis régu-
lièrement, bien que, de temps à autre, la menstruation fût
douloureuse. Quelques années avant, leucorrhée légère. Mariée
à 18 ans, elle a eu un enfant, il y a environ onze ans, qui vit et
est bien portant. A noter deux fausses couches, la première il
y a douze ans ; la deuxième, huit ans. Il y a environ quatre ans,
les accidents actuels commencèrent de se manifester avec de
vives douleurs abdomino-dorsales. Une semaine environ avant
que je la visse, elle avait été forcée de s'aliter : douleurs abdo-
minales vives, température 39^,44, perte d'appétit, nausée, diffi-
culté à se mouvoir. Constipation et sensation de brûlure
pendant la miction. — Examen, le 18 septembre. Femme petite,
mince, pâle, nutrition mauvaise. T. 37^,3, P. 100; pas de sucre,
pas d'albumine dans l'urine. Cœur, poumons, foie, rate nor-
maux. Pas d'hypertrpphies ganglionnaires. Au vagin et à la
vulve, un écoulement blanchâtre. Le vagin est large, ses parois
lisses. On peut, par la pression, faire sourdre un peu de pus de
la glande de Bartholin gauche, rien par l'urèthre ni par la
glande de Bartholin droite. Col de l'utérus légèrement déchiré
à droite et à gauche, utérus en antéversion. A gauche, on
reconnaît lovaire ; à droite, on constate un sac très douloureux
et une fluctuation manifeste. Diagnostic : inflammation des
440 AMPUTATION DES DEUX TROMPES DE FALLOPE
annexes droites, contre laquelle on reconnut Tutilité d'une inter-
vention par la voie vaginale.
Opération y pratiquée le 19 septembre. Elle dura environ
trente minutes. Incision péri-cervicale, séparation de la vessie
de Tutérus, ouverture du cul-de-sac vésico-utérin. L'utérus est
attiré en bas et, tout de suite, on constate que chaque trompe
ne forme qu'un très petit moignon au niveau de chaque corne
utérine. A droite, le reste de la trompe apparaît spontanément
sous la forme d'un sac bleu-noir, de la grosseur d'un œuf d'oie.
Après avoir réalisé l'hémostase temporaire par l'application de
pinces-clamps, on sectionne le ligament large- droit. Le liga-
FlG. 1.
ment large gauche est traité de même manière, et l'utérus libéré
en arrière. Cela fait, l'utérus est refoulé en haut et à droite et
Ton ferme par une suture continue, au cours de laquelle on
enlève successivement les pinces, le ligament large gauche.
Entre temps, ligature de l'artère utérine apparue très distinc-
tement. Même technique opératoire du côté droit. A ce moment,
le bassin se présente avec une rangée de sutures à droite et une
à gauche, entre lesquelles apparaît nettement le sac noirâtre
constitué par la trompe droite. Ce sac n'a de connexion ni avec
l'utérus ni avec les ligaments larges dans la partie où ils ont
été suturés et sectionnés.
Mais il est fixé in situ par quelques cordons membraneux,
fins, qui le relient à la paroi pelvienne, droite. On suture main-
tenant le péritoine de la vessie au péritoine du Douglas par
une suture continue au catgut. Le vagin est pareillement fermé
RIES 441
par une suture continue au catgut. Tampon de gaze stérilisée
dans le vagin.
La malade fit une convalescence régulière, s'assit dans son
lit vingt-quatre heures après l'opération, dans la chaise et
marcha quarante-huit heures après (1). Elle quitta l'hôpital
une semaine exactement après avoir été opérée (26 septembre).
L*examen, à ce moment, fit voir la voûte vaginale cicatrisée
régulièrement ; en certains points, on sentait encore la suture
au catgut. État général excellent, absence de tous malaises. La
malade fut revue un mois après l'opération. Elle était venue on
voitured'une distanced'environ 7 milles. Son aspect était superbe,
elle respirait Ténergie et la force ; plus de souffrances, appétit
bon, digestion régulière, cicatrice vaginale linéaire, rien d*anor*
mal dans la région pelvienne. Je Tai examinée de nouveau le
14 décembre. Elle avait engraissé de 13 livres, faisait profession
d'enseigner le maniement de la machine à coudre, se rendant
chez les acquéreurs de ces machines pour leur en apprendre
l'usage. État local et état général satisfaisants au plus haut degré.
La pièce pathologique enlevée est constituée par l'utérus,
les moignons des deux trompes, les ovaires avec les ligaments
ovariques et le pyosalpinx droit. L'utérus (fig. 1) est long de
6 centim. 5, la musculeùse est bonne, le fond est bien arrondi
et son extrémité supérieure dépasse les points les plus élevés
des trompes. Les moignons tubaires sont mous et vont en
s'amincissant vers leur extrémité où il finissent en un très petit
cône sans ouverture. Le péritoine qui tapisse le moignon de la
trompe droite 8*étend en bas, et sans interruption de ce moignon
au ligament de Tovaire enfermant le bord latéral de l'utérus
entre le moignon tubaire et le ligament ovarique. Sur la sur-
face postérieure de Tutérus, s'étendant jusqu'aux moignons
tubaires, existent des restes d'adhérences ; on trouve également
des adhérences sur la région de l'ovaire voisine de l'utérus et
sur sa face postérieure ou plutôt interne. L'ovaire droit ren-
ferme un corps jaune bien développé. Le moignon tubaire
(l) Some radical changes in the after treatment of celiotoniy cases. Journ.
Am. A/ed, Am,, août 1899.
442 AMPUTATION DES DEUX TIIOMPES DE FALLOPE
gauche montre en avant quelques très fîns traclus d'adhérences.
Le péritoine qui le recouvre engaine aussi le bord latéral Je
Tutérus jusqu'au niveau de Tinsertion du ligament ovarique.
L*ovaire gauche est à peu près de même volume que le droit
et montre quelques kystes petits, saillants. Il existe également
quelques brides très bas sur la face postérieure de la matrice
dont la face antérieure est libre d'adhérences.
Le sac tubaire droit, enlevé, mesure à son bord supérieur
environ 10 centimètres ; sa circonférence maxima est de 9 cen-
timètres. Il est plutôt piriforme, avec des contours irréguliers
par suit^ de quelques strictures peu profondes. L'extrémité uté-
Fia. 2.
rine forme un petit cône complètement fermé et tapissé par le
péritoine. L'extrémité abdominale est arrondie et offre une fos-
sette peu accusée, vestige de Torifice frangé A la partie supé-
rieure de l'extrémité utérine, à ses surfaces antérieure et
postérieure, quelques brides minces. Il existe troispetits kystes,
probablement hydro-parasalpinx, à la surface inférieure du sac.
11 est important dénoter que, à part les adhérences, la surface
de la trompe qui était en connexion avec les tissus voisins ne
mesure pas plus de 10 millim. de long et 5millim dans sa
largeur maxima. Tout le reste du sac tubaire est tapissé par
du péritoine lisse, uni, ce qui prouve bien que ces parties
n'étaient pas adhérentes.
A l'ouverture du sac, il s'écoule un liquide séreux, à teinte
sanguinolente. Son bord supérieur incisé, on aperçoit sur la
face interne des saillies qui correspondent aux strictures légères,
externes. Cette surface interne est tapissée par une muqueuse
RIES 443
noirâtre, dont la surface est irrégulière et quelque peu déchi-
quetée. Dans le liquide, il y a un corps lisse, de forme irré-
gulière, sans pigmentation, faiblement transparent et très mou.
L'examen microscopique montre qu'il est formé de filaments
fibrineux, de globules rouges et blancs. Des coupes trans-
verses de la paroi du sac mettent en évidence une infiltration
hémorrhagique de la paroi tubaire sans aucun signe de pro-
cessus inflammatoire. La paroi musculaire est mince et ses fibres
sont, en beaucoup de points, dissociées par des masses de glo-
bules sanguins, rouges. Cette infiltration sanguine s'accuse
davantage dans la muqueuse, où l'épithélium superficiel est
par places séparé des tissus sous-jacents par des masses de sang,
et aplatie! aminci ; sur certains points, il a totalement disparu.
Plus profondément, entre les replis bien accusés delà muqueuse,
l'épithélium est cylindrique, normal.
Il s'agit d'un cas d'amputation des deux trompes et de for^
mation d'un hémaitosalpinx dans la partie abdominale,
détachée de la trompe droite^ tandis que la trompe gauche,
au delà du moignon correspondant^ est totalement perdue.
Il est, dans ce fait, deux points que Ton peut déterminer en
toute assurance. En premier lieu, qu'ij s'agit d'une amputa-
tion spontanée ; car, ni dans Tanamnèse, ni dans Texamen,
rien, absolument rien, ne permet de penser à une interven-
tion antérieure à la mienne ; secondement, que l'amputation et
l'occlusion des trompes sont acquises, ce que prouvent les
3 grossesses antérieures, puisque, de toute nécessité, l'une des
trompes, au moins, devait être perméable avant la conception.
Mais, à part ces deux points, l'interprétation de ce cas est
pleine de difficultés considérables.
Tout d'abord, la différence que présentent les deux cAtés. A
gauche, sauf le petit moignon tubaire, plus de trompe ; à
droite, au contraire, formation d*une tumeur aux dépens de la
partie détachée delà trompe. Qu'est devenue la portion man-
quante del'oviducte gauche ? Première hypothèse admissible :
444 AMPUTATION DES DEUX TIIOMPES DE FALOPPE
il se peut que je ne Taie pas reconnue au cours de Topération
où qu'elle fût placée assez haut pour rester inaccessible dans
une opération vap^inale. Les objections qui s'élèvent contre cette
hypothèse sont les suivantes : ni la recherche la plus soigneuse
pendant Topération, ni la palpation bimanuelle faite ultérieu-
rement n en révélèrent aucune Irace. D'autre part, il n'est pas
probable qu'un siège anormalement haut de cet organe la fit
échapper aux recherches pendant l'opération, par la raison
qu'un pareil défaut de descente de la trompe coïncide d'ordi-
naire avec une anomalie de situation semblable de l'ovaire ; or,
l'ovaire gauche fut, au cours de l'opération, trouvé à sa place
normale.
Mais si nous sommes conduit à admettre que la trompe ne
fut pas trouvée parce qu'elle n'existait pas, deux éventualités
se présentent à notre examen : a) la trompe ne se serait pas
développée, hypothèse peu probable parce que, dans le cas de
non développement, la trompe manque tout à fait, par la raison
aussi que l'ovaire gauche était complètement développé ; b) la
trompe se seraitdéveloppée,mais,ultérieurement,sous l'influence
d'un processus spécial, elle aurait été séparée de Tutérus et du
ligament large et finalement résorbée. Ce processus de sépa-
ration peut évoluer pendant la vie intra-utérine. Une péritonite
intra-utérine y par exemple, peut favoriser la formation d'adhé-
rences, de pseudo-membranes capables de séparer la trompe
du moignon, rendant ainsi possible la résorption de l'oviducte
tout comme des portions des extrémités, etc., peuvent être
résorbées après des strictions, des sections produites par des
brides amniotiques, ou comme cesjeunes embryons, libres dans
la cavité péritonéale, susceptibles de disparaître par résorption,
ainsi que l'a rapporté Léopold. On peut encore invoquer une
descente incomplète du canal de Mûller aboutissant à une
hyperextension de la trompe, par suite, à la séparation suivie
de résorption. Hypothèse peu vraisemblable, comme il a été
indiqué plus haut, à cause du siège normal de lovaire. Au cours
de la vie extra-utérine, la trompe du côté gauche peut avoir
été détachée par des adhérences pcritonitiques. On voit encore
I
I
i
RIB8 445
•
sur le moignon quelques restes de pseudo-membranes périto-
nitiques. Or, à plusieurs reprises, on a observé Tampuia-
tion de Toviducle par de telles adhérences (Rokilansky et
Klob). Dans un travail récent de Ruppolt (Arch, f. Gyn.,
Bd XLVII), il est fait meiïtion d'un cas dans lequel Textrémité
utérine de la trompe avait été séparée de la partie abdominale
et Tovaire sectionné en deux. Dans une des portions de cet
ovaire, un kyste dermoïde s'était développé, qui avait fourni
rindication a opérer. Dans ce cas existaient des adhérences
entre l'épiploon et le point où la trompe avait été séparée. L'au-
teur admet dans ce cas une péritonite intra-utérine, mais il est
impossible d'affirmer qu'elle n'a pas pu être produite par une
péritonite pendant la vie extra-utérine, alors même que l'his-
toire de la malade ne contiendrait aucune donnée dans ce sens.
A priori, il est très probable que, dans mon observation, le
détachement, la section de la trompe droite à son extrémité
utérine a été l'effet d'une péritonite localisée. On trouve encore
les restes de cette péritonite dans l'occlusion de l'extrémité
abdominale de la trompe droite, et dans les pseudo-membranes
de la paroi postérieure de l'utérus, de l'ovaire, etc. (V. plus
haut). On a vu également l'amputation de la trompe succéder
à la formation de tumeurs de Vovaire et à l'hypertension de
la trompe qui concourt à la formation du pédicule de la
tumeur ovarique. J'ai observé un fait de cet ordre au cours
d'une opération pour un kyste dermoïde de l'ovaire droit; la
trompe ne formait qu'un très petit moignon, finissant en un
très petit cône fermé. Mais dans le cas actuel, il n'y avait pas de
tumeur de l'ovaire.
Il est encore possible que dans sa migration, en accompagnant
l'utérus gravide, la trompe gauche se soit élevée,que là elle ait
été fixée par des adhérences, et qu'au moment de l'involution
utérine, elle n'ait pas pu obéir à ce mouvement de descente,
qu'elle ait été par suite distendue et finalement rompue près de
l'utérus, qu'elle existe encore ou bien qu'elle ait été résorbée.
Si nous revenons à Texamen de la partie droite de la pièce
pathologique, nous y trouvons, ainsi qu'il a été marqué plus
AKN. DS GTN. — YOL. Lin. 30
446 AMPUTATION DES DEUX TROMPES DE FALLOPE
haut, la démonstration évidente de Texistence d'une périto-
nite à un moment donné (occlusion de Textrémité iubaire
abdominale, adhérences). Constatation qui fortifie Thypothèse
que la rupture de Textrémité utérine de la trompe droite a été
produite par les adhérences péritonitiques. Mais, ici, un
autre point est à examiner : la présence d'un hématossilpinx .
L'examen microscopique du sac montre nettement qu'il ne
s'agit pas d'une inflammation hémorrliagipare de la paroi du
sac, mais bien d'une simple infiltration hémorrhagique de la
paroi d'un hydrosalpinx. Quelle circonstance a donné lieu à cette
infiltration hémorrhagique? Pour élucider ce point, il convient
de prendre en considération les résultats d'un travail de
Praeger (/4 7-ch. f, Gyiu, Bd LVIII).
Ce travail contient la relation de 32 cas dans lesquels il y a
eu torsion du pédicule de la tumeur tubaire. Il y est, en outre,
clairement démontré qu'une semblable torsion du pédicule peut
aboutir à rinflltration hémorrhagique, quelquefois même à la
nécroselîémorrhagique, et aussi qu'en conséquence de cette tor-
sion du pédicule de la tumeur tubaire, l'oviductc peut être tordu
au point de se rupturer (amputation tubaire spontanée).
Dans les 2 cas rapportés par Yon HeriT et Ilirst, la trompe a été
complètement divisée au niveau du nœud de torsion.
Est-il impossible que dans notre cas la trompe ait été
séparée par une semblable torsion de son pédicule ? Le très
petit volume du pédicule de Thématosalpinx militerait assuré-
ment en faveur d'une semblable torsion du pédicule. Mais bien
qu'une pareille étiologie suffirait à rendre le cas exceptionnel-
lement intéressant, je me vois forcé d'écarter cette hypothèse.
En effet, les symptômes observés, symptômes d'un étal inflam-
matoire aigu, pelvien, précédant de peu l'intervention, et qui
accompagnent habituellement la torsion du pédicule d'une
tumeur tubaire, l'état du pédicule, les constatations microsco-
piques faites sur la trompe, qui établissent la formation récente
del'hématosalpinx, autantde particularités qui obligent à admet-
tre que l'infiltration hémorrhagique de la paroi tubaire se pro-
duisit récemment, tandis que l'état du moignon et l'occlusion de
niEs 447
rextrémité abdominale témoignent qu'il s'agit là de processus
de date ancienne. Aussi, s*il n'est pas douteux pour moi que le
pédicule du sac tubaire a subi, au moment où la femme s'est
trouvée malade, la torsion, je n'accepte pas cependant que
l'amputation de Toviducteait été Teffet de cette torsion. J'incline
plutôt à penser quela trompe droite et la trompe gauche ont été
rupturées à la suite d'une péritonite avec formation de pseudo-
membranes^ ayant entraîné comme autres conséquences l'oblité-
ration de la trompe droite à son extrémité abdominale et la pro-
duction d'un hydrosalpinx à très fin pédicule. Consécutivement,
le pédicule subit la torsion, origine de l'infiltration hémorrha-
gique et des phénomènes aigus qui nécessitèrent l'intervention.
Au sujet du traitement adopté, on peut se demander si le
traitement radical était justifié ou s'il n'eût pas été préférable
d.'essayer la méthode conservatrice ? Grâce à l'ingéniosité de
notre président, le D** T.-J. Walkin, nous sommes en posses-
sion d'une opération qui nous permet d'unir la portion isthmique
de la trompe à l'utérus, quand les deux organes ont été sépa-
rés, soit au cours d'un acte chirurgical, soit à la suite de processus
pathologiques. On aurait pu dans ce cas tenter une salpingo-
utéro-anastomose J'aurais pu ouvrir l'extrémité abdominale de la
trompe, donnant ainsi issue à son contenu ; sectionner l'extrémité
utérine deThémato-salpinx, exciser le moignon tubaire, taillant
la corne utérine jusqu'à la cavité de l'utérus, et insérant l'ovi-
ducte dans la matrice. Mais, comme j'avais affaire à un utérus
infecté et à une trompe enflammée de l'asepsie de laquelle je
n'avais aucune certitude au moment de l'opération, je me déci-.
dai pour les mesures radicales. En tout cas, si j'avais tenté la
méthode conservatrice, il m'eût fallu fournir la trompe droite
d'un pédicule meilleur pour assurer sa nutrition et pour préve-
nir une nouvelle torsion . Bien que ce soit pour le chirurgien
un objectif plus séduisant de ramener des organes altérés par
des processus pathologiques à leur fonction normale que de
les supprimer, je n'ai pas eu la tentation de restaurer un appa^
reil sexuel féminin devenu, par des altérations pathologiques,
un danger pour la santé de la femme.
Hôpital de la Maternité. — Service de M. le D' Pobak.
r
Etranglement du cordon ombilical par une
bride amniotique qui formait autour de
lui trois tours et un nœud.
Par A. Coavelalre,
Interne des hôpitaux (1).
Il s^aglt d*ime femme de 39 ans, Vllpare. Ses six premiers accou-
chements se sont terminés spontanément par l'expulsion à terme d'en-
fants vivants. Cette femme a toujours été bien x>ortante.
Sa 7* grossesse a évolué sans incident. Ses dernières règles datent
du 20 juin 1899. Pas d'albumine dans les urines.
Le 12 mars 1900, h 1 heure du matin, début du travail et rupture
précoce des membranes. A 8 h. 30, la dilatation est complète et à 8 h.33,
elle expulse spontanément, après un travail de sept heures et demie, un
enfant masculin pesant 3,850 grammes, long de 55 centim., qui s'était
présenté en 0. 1. D. P.
Lors de l'entrée de cette femme à la Maternité, le 12 mars, à 3 h. 1/2
du matin, on n'entendit pas les bruits du cœur fœtal. L'enfant vint au
monde frais mort, non macéré, ne présentant que quelques décollements
de l'épiderme sur les membres et la cage thoracique. L'enfant n'était
pas recouvert de méconium. Son autopsie ne révéla aucune lésion
macroscopique.
Le délivre n'est pas recouvert de méconium. — Le placenta circu-
laire, macroscopiqucment normal, x)èse 750 grammes. Le sac memlira-
neux est incomx)let; la moitié seulement du bord placentaire donne
insertion h un grand lambeau membraneux comprenant l'anuiios, le
chorioû et la caduque. De l'un des bords de ce lambeau part un mince
tractus long de 18 centim. formé par de l'amnios, qui va s'enrouler
(1) Ce cas a fait Tobjet d'une communication à la Société anatomique,
mars 1900.
COUVELÀIRE
449
et se nouer autoar du cordon et, poursuivant sa route sur un trajet de
5 centim., se continue directement avec un lambeau membraneux
désinséré, libre, constitué par de la caduque, du chorion et de Tam-
nios.
Le cordon est gros, gras, œdématié; il est long de 51 centim.; ses
diamètres moyens oscillent entre 20 et 25 millim. Son insertion pla-
centaire sans particularité est presque centrale. A 20 centim. du pla-
Pl. Placenta. — M. Lambeau membraneux inséré sur le bord placentaire.
— M. Lambeau membraneux désinséré. — bb\ Bride amniotique faisant
en y, autour du cordon qu'elle étrangle, trois tours et un nœud.
centa siège Tétranglcment produit parla bride amniotique; en ce point
le diamètre du cordon est réduit à 7 millim. La bride amniotique est
à ce niveau enroulée trois fois autour du cordon et présente sur le tour
le plus super fîciel un nœud.
Au-dessus et au-dessous de cet étranglement, et, d'une façon égale,
les vaisseaux ombilicaux sont ectasiés, en particulier, la veine ombili-
cale dont le diamètre atteint 10 millim.
Une injection d'eau a été poussée dans les deux bouts de la veine
ombilicale, après section de l'insertion placentaire de ce cordon. Le
430 KTnANGLBMENT DU CORDON OMBILICAL
liquide a franchi l'étranglement, mus il a fallu exercer une forte
pression.
Une ligature serrée a la soie a été posée sur le trajet du cordon. Le
liifuifle (le l'injection a passé, mais avec une furie pression, comme au
nivt'uu (lu l'étranglement.
Celle li^ture serrée a été laissée en place pendant six heures . En la
dénouant le sillon est resté quelques instants bien apparent, mais n'a
COUVELAIRE 451
pas tardé à s'effacer. Le sillon d'élranglemnt par la bride a persisté au
contraire lorsque le nœud a été levé .
En résumé, chez un fœtus bien développé, mort brusquement
pendant le travail, nous avons trouvé le cordon étranglé par
une bride inter-amniotique, formant autour de lui trois tours et
un nœud. L'étranglement, sur la pièce étudiée après la déli-
vrance, était suflisant pour entraver la libre circulation des
liquides dans les vaisseaux du cordon.
Les faits de ce genre ne sont pas très fréquents. Nous avons
retrouvé trois observations présentant avec la nôtre quelques
analogies. Deux appartiennent au professeur Braun, de Vienne ;
une à nos maîtres Pinard et Varnier.
En 1854, Braun (1) publiait dans un travail sur les rapports
des amputations congénitales et des brides amniotiques une
courte note relative à un cas observé par lui à la Clinique obsté-
tricale de Vienne. L'enfant expulsé à terme fît quelques inspi-
rations et mourut. L'autopsie fut négative. A un pied de l'an-
neau ombilical, sur une étendue de 3 lignes, existait un entre-
mélement de nouures et de brides qui allaient se terminer sur
la surface lisse de Tamnios. Braun ajoute que depuis le lieu de
Tétranglement jusqu'au placenta le cordon était dépourvu de sa
gaine et il pense que la bride amniotique a été formée par le
détachement partiel delà gaine amniotique du cordon.
Cette conception théorique d'un décollement partiel de Tam-
nios aboutissant à la formation d'une bride, Braun la reprend
plus tard en 1861 (2), à propos d'un second cas observé par lui
sur un fœtus qui avait succombé peu de temps avant le terme.
Le cordon était entouré depuis son insertion placentaire jusqu à
5 pouces de l'ombilic d'une bande amniotique dont les tours
(1) Bbaun. Ueber spontané Amputationen des Fœtus und ihre Beziehun-
gen za den amniotischen Bfcndern. ZeiUcJirift der QeselUchaft der Aertze
tu Wien, 1854, p. 185.
(2) Bbaun. OeHerreichhche ZeiUchrift f. prakt, Heilkunde^ 1861. Ana-
lyse in Gazette hebdomadaire, 1865, p. 238. Nous n'avons pu retrouver le texte
original.
452 ETRANGLEMENT DU CORDON OMBILICAL
avaient étranglé complètement les vaisseaux ombilicaux. Cette
bande déroulée, on reconnut qu'elle se laissait étaler et se con«
tinuait avec le revêtement amniotique du cordon.
Braun pense que ce décollement a dû être opéré par une col-
lection séreuse interchorio-amniotique et que la torsion aura
été opérée ensuite par les mouvements actifs du fœtus après une
rupture préalable de la membrane amniotique.
L'hypothèse proposée par Braun, si ingénieuse qu'elle soit,
est trop théorique pour que nous nous attardions à la discuter.
N'avons-nous pas d'ailleurs, si nous voulons formuler une hypo-
thèse, la possibilité de rattacher ces brides aux brides amnio-
tiques vulgaires que les expériences de Dareste ont fait consi-
dérer comme le résultat de malformations ou de processus
pathologiques de l'amnios.
Mais revenons au terrain solide, à la constatation de faits précis.
Pinard et Varnier (1), dans4eurs Études d'anafomie obsté-
tricale^ figurent et décrivent une bride amniotique enserrant
le cordon d'un fœtus mort pendant la grossesse. Il s'agissait
d'une grossesse gémellaire chez une Illpare qui accoucha
neuf mois après ses dernières règles. Le premier fœtus, pesant
2,220 grammes, fut expulsé vivant. Avec le délivre vint un
deuxième œuf macéré renfermant un fœtus dont la macération
semblait remonter à six semaines. Les mains présentaient des
malformations digitales consistant en amputations du médius
et de l'annulaire droits, du médius gauche réduits à l'état de
moignons, a Quant à l'annulaire (droit), il est étiré par une
bride qui se continue directement avec son revêtement épider-
mique et va, après un trajet de 4 centim. environ, se confondre
en s'eflilant avec la gaine amniotique du cordon. Avant cela la
bride forme autour d'une anse de cordon un nœud très serré qui
l'étrangle au point de la rendre filiforme. »
Dans ce cas de Pinard et Varnier la bride amniotique qui
enserrait le cordon était donc fœto-funiculaire.
(1) Pinard et Y AUiiiKn. Études d^anatomie obstétricale normale et pat h(h
loyique, p. 5B et planche XXYII.
couvELAinE 453
Il résulte de tous ces faits que le cordon ombilical peut pen-
dant la grossesse^ in utero^ être ligaturé par des brides amnio«
tiques.
C'est là le seul point sur lequel nous voulons attirer l'atten-
tion de la Société. Nous réservons de parti pris la question des
conséquences de ces étranglements sur la vie du fœtus. La
question est trop complexe pour pouvoir être scientifiquement
traitée avec le peu de documents que nous possédons.
» 9
REVUE GENERALE
DE L'EMPHYSÈME UTÉRIN
ET DE LA SEPTICÉMIE GAZEUSE PUERPÉRALE
B^après J. BalbaD (de la Clinique de Schauta).
Depuis Tobservation fameuse bien qu'incomplète de P. Ernst
d'Heidelberg (1892) et les attentives études bactériologiques de
Krônig, on entrevoit le rôle des anaérobies obligées dans la pu-
tréfaction'fœtale intra-utérine et dans les toxi-infections toujours
graves et souvent mortelles qui suivent cette complication du
travail de Taccouchement, en particulier dans la septicémie
dite gazeuse caractérisée : 1° par la perception pendant Tagonie
d'une crépitation gazeuse dans les parois utérines et même
abdominales ; 2* par l'envahissement post morlem très rapide
de Tappareil vasculaire par des gaz putrides (1).
Les recherches de Gôbel et de Dobbin (1896-97) ont attiré
l'attention sur le rôle pathogène probable dans ces cas d'un
microbe anaérobio oWigé, isolé et décrit en 1892 par Welch et
Nutall (dans les bulletins du John Hopkins hospital) sous le nom
de bacillus aerogenes capsulatus et ressemblant, à s'y
méprendre: 1^ au bacille incriminé dans le cas de P. Ernst,
2* au bacille expérimenté par Krônig et retiré du liquide amnio-
tique putréfié d'une accouchée fébricitante ; S** au bacillus
(1) DOLÉRIS a publié récemment {La S'maine médicale, août 1899, p. 289)
une observation typique de cette forme clinique d'infection puerpérale. Il y
manque malheureusement la recherohe et la culture des anaérob les.
REVCB GÉNÉRALE. — LABUSQUIÈRE 455
phlegmonis emphysematosœ décrit jadis par E. FrsBnkel
dans ses études sur le phlegmon gazeux. Gôbel propose de les
réunir sous le nom de bacillus emphysematis.
Les rares documents positifs recueillis jusqu'à présent sur
cette question ont été réunis par Yarnier dans le chapitre de
critique historique qu'il consacre, dans son « Obstétrique jour-
nalière », aux infections anaérobies, à la septicémie gazeuse et
au bacillus aerogenes (1). Il y constate — et le lecteur que nous lui
renvoyons y pourra constater après lui — les grandes lacunes qui
restent à combler à ce sujet, a II y a là, dit-il, on le pressent, un
vaste champ d'étude pour l'avenir. Je n'ai voulu qu'en esquisser
les grandes lignes et laisser entrevoir le compromis qui tend à
s'établir entre les données anciennes de Gebhard (rôle, aujour-
d'hui contesté, du coli-bacille dans la tympanite utérine) et
celles plus récentes des bactériologistes américains (existence
possible d'une espèce aérobie du bacille aerogenes capsulatus
simulant le bactérium coli et pouvant pendant la vie envahir
les vaisseaux sanguins).
La rareté des bonnes observations capables de faire pro-
gresser les notions encore très vagues que nous possédons sur
ce sujet nous incite à rapporter in extenso un fait d'emphysème
utérin et de septicémie gazeuse bien étudié par J. Halban à
l'occasion du jubilé de Schauta.
Ce qui en fait la valeur, c'est que le bacillus emphysematis,
alias aerogenes, retrouvé post mortem dans le sang spumeux
des principaux viscères, a pu être isolé en culture pure des
lochies recueillies {pendant la vie) le deuxième jour des suites
de couches, et qu'inoculé sous la peau de cobsf^es, il a reproduit
sur eux la septicémie gazeuse.
*
Voici le fait rapporté par J. Halban. Nous le reproduisons
in extenso à cause de sa rareté et de son intérêt.
(1) H. Vabnier. La pratique des accouchements. Ohstétriqve journalière,
Paris, 1900, 0. Steinheil ; p. 381 à 397.
456 EMPHYSÈME UTÉRIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUERPERALE
Obsxrvatioit. — X..., 41 ans, reçue le 31 mai 1898 à la Clinique de
Schauta.
Antécédents : toujours bien portante jusqu'en 1893. A ce moment,
constatation d'une tumeur ovarique, pour laquelle on Topère h, la cli-
nique de Schauta. Depuis, santé bonne.
Accouchements antérieurs : lo accouchement en 1888, spontané,
enfant vivant. Délivrance manuelle; suites de couches apy rétiques ;
2^ en 1893, avortement à 2 mois, suites apy rétiques ; 3<> accouchement
en 1894 (à la clinique de Schauta). Présentation des pieds, prolapsus
du cordon, extraction du fœtus. Trois heures après, extraction manttelle
du placenta très adhérent, suites apyrétiques; 4« grossesse actuelle : en
juillet, août et septembre 1897, menstruation très faible ; en octobre,
hémorrhagie très al)ondante ; depuis, plus de menstruation. Perception
des premiers mouvements du fœtus, le 12 décembre 1897. Entrée à la
clinique le 31 mai, vers 11 heures et demie le matin, la sage-femme
ayant en ville diagnostiqué une présentation transversale. Rupture delà
poche des eaux le même matin vers sept heures, avec un écoulement
abondant de liquide amniotique. La femme déclare que depuis la
veille elle a de la diarrhée.
État actuel, — Femme fortement constituée, saine ; nutrition bonne.
T. 37o,l ; P. 72. Utérus ovalaire et transversal ; fond de Tutérus
h trois travers de doigt au-dessous de Tappendice xipholde. Této
fœtale à gauche, siège à droite, dos en avant ; bruits du cœur fœtal
forts, vers Tombilû^ environ 120 à la minute.
Col long de 4 centim., admettant un doigt; pas de partie fœtale
accessible, poche des eaux rompue, liquide amniotique écoulé.
Bassin: D. S. p ; 28 ; D. C, 30; D. T., 32« ; Conj. diag. 11, 8 ; Conj.
vrai, 9 centim ; D. Tr. du détroit inférieur, 11 centimètres.
En raison de la présentation transversale, de la perte des eaux,
quatre heures auparavant, de la faiblesse des contractions, de la lon-
gueur du col, et poiu» éviter les conséquences de la présentation du
tronc négligée, on se résout à V « accouchement forcé ».
Application d'un colpcurynter qu'on remplit avec une solution de
lysol ; au tube du colpcurynter, on attache un poids d'un kilogramme
qui exerce une traction continue. Activité utérine faible, le colpcu-
rynter n'est expulsé que le soir vers 10 heui'cs et demie. L'orifice externe,
immédiatement après, admet quatre doigts, l'interne seulement deux.
La cavité cervicale mesure encore 3 centim. La femme est chlorofor-
misée ; on fait la version à la Braxton Hicks, et Ton abaisse un pied au-
RBVXJB GÉNénALB. »- LABUSQUIÈRB 457
quel on attache un poids d'un kilog. pour exercer une traction continue.
Le siège n'apparaît que vers 3 heures du matin. Intervention très labo-
rieuse : les bras sont relevés et leur dégagement est très pénible. Éga-
lement, le dégagement de la tète s'accompagne de tant de difficultés,
malgré une sténose modérée du bassin, que devant l'échec des
manœuvres de Mauriceau et de Wigand -Martin, on procède à la
perforation de la tète dernière, avec d'autant moins d'hésitation que lé
fœtus a déjà succombé. Après l'extraction de l'enfant, hémorrhagie.
Délivrance mamteUe, au cours de laquelle on constate des adhérences
fibreuses vers le fond de la matrice. Injections chaudes au lysol. Ces-
sation de l'hémorrhagie. Une exploration consécutive permet de cons-
tater l'intégrité de l'utérus, du col et du vagin.
Enfant (une fille) à terme, du poids de 2,600 grammes sans la subs-
tance cérébrale ; longueur, 51 centimètres.
!•»• juin. La femme réveillée se sent bien. L'après-midi, T. 37°,9 ;
P. 140; malgré la fréquence excessive du pouls, l'accouchée se sent très
bien; aucune sensibilité du ventre.
Le 2. Le matinj pouls toujours fréquent, 120, il est petit et mou.
T. 370,9. La femme se sent bien.
Signes objectifs : Coloration ictérique légère de la peau et des conjonc-
tives. L'abdomen est fortement distendu, par gonflement de l'utérus,
comme un ballon. Il atteint h trois travers de doigt du nombril, et,
sur les côtés, dépasse en dehors d'un travers de doigt la ligne axillaire,
Son' volume correspond à cehii d'un utérus gravide de sept mois. La
consistance est molle ; il n'y a pas de sensibilité anormale, mais, au
niv€<iu de toute la masse utérine^ la percussion donne un son e8sentielUme7U
tympanique,
La première idée fut qu'il s'agissait d'une accumulation de gaz m
utero, causée sans doute par une occlusion accidentelle du col. Mais
l'examen démontra qu'il n'existait rien de tel : le col était ouvert, la
cavité cervicale libre, et un tube poussé jusqu'au fond de l'utérus ne
donna issue qu'à quelques fines bulles de gaz.
Vagin et portion vaginale du col présentaient une coloration mau-
vaise, verdùtre ; il se dégageait en outre des organes génitaux une
odeur insupportable.
Sécrétion utérine peu abondante et séreuse. Il en fut recueilli avec
toutes les précautions nécessaires pour un examen bactériologique.
Diagnostic : l'examen ayant permis d'exclure la physométrie utérine,
r
I
I
458 EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICÉMIE GAZEUSE PUERPERALE
Schauta conclut à un DévBLOPPSHJSNT de gaz dans la paroi même de la
MATRICE.
Poumons, cœur normaux. Matité splénique ordinaire. Le foie s'étend
du lK)rd supérieur de la cinquième côte au rebord des fausses côtes.
Le 2, 8oir. T, 37", 6; P. 148. Dyspnée légère. Utérus gonflé comme le
matin, rendant un son nettement tympanique ; sensibilité légère à la
pression. Prescription : teinture de strophantus, XX gouttes et, 3 fois
par jour, teinture de digitale XX gouttes ; en outi-e, seigle ergoté en
poudre, 30 centigr.
Le 3. Abattement, Matin: T. 37" ; P. 160. Ictère assez accentué,
Hyperesthésie de la peau sur tout le corps. Utérus non modifié. Il ne
fut pas constaté d'émission de gaz par le vagin . Vers 1 heure 3/4 de
de l'après-midi, /W««o/«. T. 3î)o,l, puis retour à la normale.
L'après-midi, on constate à la i^alpation do Talidomen une crépitation
spéciale, siégeant dans la profondeur, comparable à celle que Ton sent
quand ou presse entre les doigts une portion de poumon contenant de
l'air ou une boule de neige.
Cet emphysème siège non dans le tissu sous- cutané, mais plus pro-
fondément : on peut plisser et frotter la i)eau sans le constater. Il ne
devient net que si l'on presse la paroi abdominale conlrcî la surface de
l'utérus, en sorte» qu'il doit siéger à la surface utérine on sons la séreuse
(le la paroi abdominale. La sensibilité de l'utérus à la i)ression est un
peuidus accu.sée, la dypsnée augmente. Lochies peu abondantes, un peu
sanguinolentes, fétides. Dans le sang, leucocytose notable; pas d'aug-
mentation du nombre des cellules éosinoj)hilcs et mononucléaires. Pas
de méthémoglobine.
Urine : trouble, ictérique, contient de l'albumine, du sucre, de
l'urobiline, des matières colorantes de la bile (traces). Indican, en
faible quantité .
Pour la raison que la sécrétion prise dans le col contenait des strep-
tocoques, injections sous-cutanées de sérum autistreptococcique de
Marmorek (25 centim. cubes en tout). Prescription : teinture de stro-
phantus et teinture de digitale àà XV gouttes, 3 fois pai* jour.
Le 3. Sommeil très agité. Somnolence légère. T. 36°, 9 ; P. 120. Pas
d'œdèiue. Depuis cette nuit, plusieurs selles liquides, contenant de nom-
breux flocons de nmcus. Le microscope y décèle lieaucoup de graisse
amori)he, de nombreux leucocytes, des bactéries nombreuses, des
résidus décolorés, i)as d'éléments épithéliaux, ims de filaments grais-
seux.
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQUIERB 459
Ictère plus intense. Abdomen non modifié. Emphysème plus accusé ;
on le constate maintenant en plissant la peau. Bruits du cœur purs.
Matité splénique un peu augmentée, allant de la huitième côte jus-
qu'à un travers de doigt au-dessous du rebord des fausses côtes, mais
ne dépassant pas sur les côtés les limites ordinaires.
Après-midi, T. 3G»,9 ; P. 150. Hoquet léger; dyspnée vive. Resp. 60.
Perte de la conscience. Il est visil)le (jne la malade se meurt vers le
soir, pouls à peine pcrcei^tible. Vers onze heure de la nuit, mort.
L'autopsie ne put être faite que 10 heures après la mort ; jusqu'à ce
moment, le cadavre fut conservé dans la ghice.
La peau est colorée en jaime ; à la partie inférieure de l'abdomen et
sur les extrémités inférieures, plaques cadavériques livides, assez nom-
breuses. Rigidité cadavérique disparue. Face un peu œdématiée, très
jaune ; conjonctive et muqueuses également jaunes, pupilles ti-ès
dilatées, égales, mamelles bien développées, ventre très œdématié, me-
surant 103 centim. de tour. Sur la paroi abdominale, vergetures. Aux
parties génitales externes, eczéma. Aux extrémités inférieures, pas
d'<Edème. En certains points, veines superficielles très saillantes. Au
niveau du coude gauche, ecchymose sous-cutanée (ponction veineuse).
Le cuir chevelu, dans sa portion postérieure^ très congestionné et œdé-
matié. Boîtes crânienne: D. longitudinal, 10 centim. et demi; D. trans-
verse maximum, 15 centim. ; circonférence, 49 centim. ; épaisseur,
7 millim. ; portion spongieuse conservée. Face interne du crâne lisse,
sillons vasculaires profonds, sutures conservées. Dure-mère bien tendue,
assez vascularisée, sa face interni* lisse, l)rillante. Les fines enveloppes
de l'encéphale ne sont épaissies ni à la base ni vers la convexité, elles
sont très infiltrées. Les vaisseaux à la base ont des imrois délicates.
Quand on les sectionne, de partout se dpgaricnt, en même temps que le
sang, des bulles gazeuses. Couche corticale uni formé m (Mit épaisse,
couche médullaire fortement imbibée, et semées de taches hématiques
punctifomies, peu abondantes. Ventricules non dilatés, ne contenant
qu'une médiocre quantité de liqujide coloré en rouge. Épendyme mince,
lisse ; cervelet, protuljérance, moelle, et appareil ganglionnaire, normaux.
xV la coupe du tissu connectif sous-cutané et graisseux de la paroi tho-
racique antérieure, des gaz se dégagent en sifflant. Le même jibéno-
mène se produit à la section des vaisseaux : en soulevant les plis de
la iH»au au niveau de l'abdomen on constate sur tous les points de la
crépitation. Le tissu conntx'tif sous-cutané et le pannicule graisseux sont
remplis de bulles gazeuses.
460 EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUERPERALE
A rouverturc de la cavité abdominale, des gaz très fétides s'échap-
pent bruyamment. Dans le ventre, on trouve une quantité médiocre de
liquide coloré, mêlé de fibrine et de flocons de pus. Il y a de la fibrine
et des masses exsudatives suppurécs en assez grande quantité au
niveau de la paroi utérine antérieure tournée vers la droite et au
niveau du péritoine dans la région inguinale droite. Thyroïde un peu
augmentée de volume, uniformément granuleuse et jaunAtre; amyg-
dales non hypertrophiées, œdémateuses, rouge sombre. Muqueuse du
pharynx, du larynx, de la trachée et de l'œsophage très œdématiée,
rouge sale, en certains points fortement jaunâtre. Dans les deux cavités
pleurales, pas de gaz libre ; les deux poumons libres, un peu ballonnés
vers leur partie antérieure, très œdématiés, et très congestionnés
au niveau du lobe inférieur ; en certains points, le tissu pulmonaire
est fortement coloré en jaune. La plèvre viscérale est fine et lisse. Péri-
carde lisse ; dans la poche péricardique un peu de liquide très sangui-
nolent. Cœur un peu gros, assez chargé de graisse. Ventricule gauche
en systole, le droit au contraire flasque. A la pression, crépitation gazeuse
dans l'oreillette droite, A la surface du cœur, vaisseaux d*aspect rouge
bleuâtre, remplis évidemment de sang liquide et de vésicules de gaz.
Ventricule gauche libre ; dans l'oreillette gauche, quelques rares caillots
fibrineux ; ventricule droit presque vide, dans roreillelte droite, nom-
breux caillots fibrineux avec du sang liquide, sombre et mêlé de bulles
de gaz. Appareil valvulaire lisse, fonctionnant bien. Myocarde fria-
ble, décoloration jaunâtre.
Foie très augmenté de volume, capsule lisse. Surface unie, bords
un peu mousses, face inférieure et lol)e gauche verdâtres. A travers
la surface, on aperçoit dans le tissu hépatique des vésicules de gaz
nombreuses, a peu près du volume d'un pois. A la coupe, le foie parait
uniformément parsemé de huiles gazeuses, grosses et petites. Son tissu est
fortement coloré en jaune ; en quelques points, il est vert bleuâtre. La
vésicule biliaire est tendue et remplie d'une bile de couleur foncée et
visqueuse.
La rate donne aussi la sensation de crépitation. Sa surface est lisse,
la capsule mince, la pulpe très vasculaire et pleine de bulles de gaz
qui éclatent à la coupe.
Reins très volumineux, mous, friables; la capsule s'enlève aisément;
la surface est lisse, remarquablement pâle. A la coupe, la substance
corticale paraît plus large, blanc jaunâtre, et elle se différencie de la
substance médullaire parce qu'au niveau de celle-ci le tissu rénal est
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQUIERE 461
rouge bleuâtre (comme par imbibition de putréfaction), coloration qui,
par traînées, se prolonge dans la corticale et dans les colonnes de
Dertin. Des vaisseaux du rein sectionnés s'échappent, avec du sang
brunâtre, des bulles gazeuses. Muqueuse des bassinets et des calices
infiltrée. Paroi de Testomac très tuméfiée, remplie de masses jau-
nâtres assez abondantes ; muqueuse verdâtre par places.
Dans rintestin grêle, faible quantité de masses chyleuses, en bouil-
lie, jaunâtres ; muqueuse un peu sombre, pas autrement altérée.
Dans la vessie, une petite quantité d'une urine trouble, rougeâtre.
Muqueuse traversée, vers la paroi postérieure, de tractus sanguins,
rouge-clair.
Grandes lèvres œdématiées ; orifice du vagin et vagin couverts d'une
sécrétion de couleur sale. Au niveau de la colonne rugueuse posté-
rieure, à 3 centim. environ de l'insertion de l'hymen, une poche irré-
gulière, d'un diamètre de 1 centim. environ, proéminente et contenant
un liquide séro-sanguinolent.
Utérus : diamètres maxima, 26 ; 24; 12. Avec les parties génitales,
pèse 4,650 grammes. Sa portion vaginale et sa portion cervicale anté-
rieure sont complètement transformées en un tissu nécrotique. Sa sur-
face externe est verdâtre. Son revêtement séreux est semé de parties
opaques, légèrement surélevées, longues de 2 à 3 centim., multi-
formes, la plupart longitudinales, qui traversent presque toute la
séreuse. Cavité utérine libre; endométrium, musculeuse et séreuse
sont transformés en un tissu friable, très œdématié, crépitant à la
pression, de couleur rouge sombre et d'aspect uniforme, dans lequel
on aperçoit de ])etites cavités qui proéminent vers la cavité utérine,
sons forme de vésicules, grosses et petites, qui dégagent des gaz à la
coupe. L'épaisseur de l'utérus atteint jusqu'à 7 centim. Vers la corne
gauche, la paroi utérine parait considérablement amincie, et présente
des masses mal colorées, déchiquetées, nécrotiques. Les trompes sont
peu congestionnées ; sauf cela, comme les ovaires, elles sont normales.
Paramétrium, tissu connectif et adipeux très infiltrés, par places imbi«
bés de sang. L'utérus, mis dans l'eau, surnage.
Vautopsie établit donc Texactitude du diagnostic. Il s'agis-
sait bien, en réalité, d'une production de gaz dans la paroi de
Tatéras. Et non seulement dans cette paroi, mais aussi dans le
tissu sous-cutané, dans la graisse sous-cutanée : Dartout s'ob*
A3IN. Dl OTV. — YOL. UQ. '
402 EMPHYSÈME tTÉRlN ET SEPTICÉMIK GA/.F.UfE PUF.nPÉRALE
tenait la crépitation emphysémateuse. De chaque vaisseau
ouvert s*échappaient des bulles de gaz. Le cœur, particulière-
ment le ventricule droit, donnait aussi la crépitation. Dans la
cavité abdominale, il y avait un exsudât suppuré, abondant. Le
foie et la rate présentaient l'aspect typique des organes à con-
tenu spumeux, c'est-à-dire, qu'à la coupe s'échappaient de la
surface de section des bulles de gaz, que le tissu était forcé et
déchiré par la formation gazeuse.
L'utérus, énormément augmenté de volume, occupait presque
toute la cavité abdominale et présentait une coloration verdà-
tre. Sa cavité ouverte, il ne s'en échappa pas de gaz. Les parois
utérines étaient considérablement épaissies, non par une hyper-
trophie vraie du tissu, mais du fait de sa distension et de sa
dissociation par la production gazeuse. L'endomètre était trans-
formé en une masse sale.
Quelle était la cause de ce processus? Très vraisemblable-
ment, des bactéries. — Et, d'après les notions déjà acquises
sur les agents des infections avec production de gaz, des bac-
téries anaérobies.
Recherches bactériologiques. — Halbau utilisa non seulement
les éléments recueillis après la mort, mais il examina pendant
la vie les lochies, le sang, les selles.
LochieSy recueillies le deuxième jour des suites de couches.
a) Préparations sur lamelles (réactifs colorants : fuchsine et
Gram).
Résultats : quantité de bacilles et de cocci de formes diverses.
Dans le nombre, des bacilles grands tantôt isolés, tantôt dis-
posés en courtes chatnettes, de la longueur et de l'épaisseur
du bacille charbonneux (se colorant par le réactif ordinaire à
1 aniline et par le Gram). Souvent, 2 à 3 de ces bacilles sont
très rapprochés et disposés parallèlement suivant leur grand axe.
b) Cultures aérobies à Tagar, sur plaques :
Résultats : staphyloc. aureus ; streptoc. pyogenes ; bacterium*
coli.
REYUR GÉNÉRALE. — LABUSQUIÈRE 463
c) Culture anaérobie^ faite d'abord dans de Tagar sucré à
1 p. 100, et à couche profonde (Liborius). L'agar sucré, fondu
par l'ébullition, fut refroidi à 40^ et ensemencé avec une très
petite quantité de lochie, celle-ci étant bien mélangée par
secousses. Déjà deux heures après^ on pouvait constater une
formation abondante de gaz, qui alla en augmentant si acti-
vement, qu'après quelques heures Tagar était complètement
dissocié, et que le bouchon d'ouate sautait. 11 s'accumula au
fond de Téprouvette une bonne quantité d'eau de liquéfaction
trouble. Une préparation sur lamelle avec ce liquide de liqué-
faction, donna en culture, presque pure, les grands bacilles
constatés sur la préparation sur lamelle avec le liquide
lochiaL
On réussit aisément, par un autre ensemencement sur un
tube de Liborius, à obtenir une culture tout à fait pure du
bacille gazogène, parce qu'en raison de son accroissement
rapide il étouffa rapidement les autres bactéries présentes dans
les lochies. 11 est plus facile encore d'obtenir une culture
pure, en portant l'ensemencement primitif à 75^ pendant
10 minutes, ce qui tue les cocci et bacilles moins résistants, tandis
que le bacille gazogène résiste (HitschmannetLindenthal) (10).
Le bacille obtenu en culture pure fut alors, pour le mieux
déterminer, étudié par les procédés ordinaires (influence des
réactifs colorants, des milieux nutritifs ordinaires, réactions
des animaux inoculés).
Ce bacille est tout à fait identique avec le bacille producteur
de gaz — bacillas emphysematis — décrit déjà plusieurs fois et
dont la morphologie et la biologie ont été étudiées, entre autres
chercheurs, par E. Frânkel (12), Welch et Nutall(13), Ernst,
Krônig (11), et récemment, à fond, par Hitschmann et Linden-
thal.
Préparations sur lamelles de cultures pures, — Le bacille
a l'aspect d'un bâtonnet long, massif, de Taspect et de la taille
du bacille du charbon (4 v- environ) ; cependant il y a des indi-
vidus plus petits et plus grands. Les deux pôles ne sont pas ai-
gus comme ceuxdu bacille charbonneux, mais arrondis ; on ne
4t>4 EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUERPERALE
put coDsiater ni la formation des spores, ni la formation d'une
capsule (réactif colorant de Friediander). Les bacilles obtenus
des cultures sur agar , et mieux encore ceux obtenus des animaux ,
forment souvent de très longues chaînes, souvent groupées par
3 et 4 et plus, en une disposition parallèle, donnant Taspect de
hachures. Le bacille prend facilement les colorants ordinaires à
Taniline et le Gram. Dans les cultures en « gouttelettes sus--
pendues » (hangende Tropfen), le bacille paraît tout à fait
immobile.
Cultures pures, — Comme il s'agissait d une bactérie rigou-
reusement anaérobie, on ajouta au milieu nutritif 1 p. 100 de
sucre de raisin. Le développement du bacille dans l'agar sucré
en couche profonde (Liborius) a déjà été décrit. L'ensemence-
ment successif de la culture pure suivant le même procédé ne
modifia d*abord aucunement le trait caractéristique. Ce phéno-
mène prédominant, 1 énorme production de gaz persista dans les
premiers ensemencements. L*agar fut rompu en plusieurs seg-
ments entre lesquels du gaz (1-2 centim. c.) s'accumula. C'est
seulement dans la culture âgée de quelques jours que le gaz
s*évapora. Les masses séparées d'agar se rapprochèrent et ne
furent plus séparées que parde petites cavités. Aufond, toujours
une bonne quantité d*eau de liquéfaction grise, contenantde nom-
breux bacilles. Odeur de la culture rappelant celle du beurre
rance.
Après des ensemencements répétés, le bacille paraît avoir
perdu un peu de sa faculté aérogène : la production de gaz fut,
en effet, un peu moins active. 11 fut alors permis de consta-
ter nettement le développement anaérobie du bacille ; en effet,
la couche supérieure de Tagar (1-2 centim. et plus) resta par-
faitement stérile. Les colonies étaient surtout abondantes dans
les parties profondes de Tagar. Môme constatation fut faite sur
les cultures par piqûre dans l'agar sucré ; en raison de la frag-
mentation extrêmement rapide de Tagar, la méthode de culture
dans des tubes n'est pas commode pour l'étude des colo-
nies isolées. 11 fallut, en conséquence, utiliser les cultures sur
plaques, pour lesquelles on se servit d'agar sucré. Au bout de
REVUE GENERALE. — LÀBUSQUIÊRB 465
vingt-quatre heures, les colonies présentèrent une manière
d'être spéciale, caractéristique. Elles n'étaient qu'en partie
isolées ; d*autre8, au contraire, étaient groupées, affectaient
une disposition radiée, stellaire, en forme de pommes épi-
neuses. Sur le voisinage de presque chaque groupe, parfois
même de colonies isolées, s'apercevait une bulle gazeuse petite,
lenticulaire. Dans ce mode do culture, la production de gaz était
beaucoup inférieure à celle des cultures par secousses ou piqûre
sur agar sucré. Les colonies isolées étaient assez grandes, à
forme d'ovale allongé et jaune grisâtre. Au microscope, elles
apparaissent nettement biconvexes, sans bords aigus. Elles sont
finement granuleuses, avec un centre sombre, plus grossière-
ment granuleux, et renferment un pigment brunâtre.
L'accroissement à la température de la chambre est très lent.
L'accroissement sur la gélatine sucrée est en général plus
faible ; les colonies étaient plus petites que sur Tagar, bien
que présentant au microscope les mêmes caractères. On ne
constata pas de production de gaz sur la gélatine sucrée.
Dans les milieux ordinaires pour les cultures aérobies,
l'accroissement fut nul. Même résultat avec le bouillon sucré ordi-
naire et avec les tubes de gélatine usuels. Par contre, on cons-
tata un accroissement, modéré du reste, dans la profondeur,
avec production de gaz dans l'agar peptone, non sucré. Cela
tient â ce que le bacillus emphysematis est capable de faire
fermenter même les substances albuminoîdes ; que la fermen-
tation n'est pas subordonnée, comme pour le coli-bacille, à la
présence du sucre.
Action pathogène.
1*» Cobayes. — A Tinjection sous-cutanée d'une très faible
quantité du liquide de liquéfaction (Condenswassers), pas de
réaction notable. Au contraire, Finjeotion assez abondante
(environ un demi-centimètre cube de liquide de condensation)
a été suivie de phénomènes locaux et généraux typiques. Quatre
ou six heures après, œdème au niveau du lieu de Tinjection.
En frottant la peau entre les doigts, on percevait une crépi"
46G EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUEnPÊlIALE
talion nette y duo à des "bulles gazeuses sous-cutanées. Vive
sensibilité àla pression. L'œdème gazeux s'accentuait, l*aninrial
devenait tout à fait abattu et apathique, les poils, au niveau de
la région inoculée, cédaient à la plus faible traction. L'ocdôme
et la crépitation augmentaient, s'étendaient à tout le corps, en
sorte que l'animal paraissait comme boursouflé. L'animal quî,
déjà quelques heures après l'inoculation, paraissait sous le coup
d'une maladie grave, mourait de douze à vingt heures après.
Autopsie : Au point d'inoculation et dans le voisinage, œdème
clair ou sanguinolent, gélatineux. Tissu parsemé, en tous
points, de bulles gazeuses. La peau était entièrement soulevée,
séparée des tissus sous-jacents. Dans le liquide de l'œdème, des
bacilles très nombreux. Pas d'altérations notables des organes
internes.
L'inoculation intra-péritonéale amenait la mort après vingt
heures environ. A Tautopsic, on trouvait une exsudation abon-
dante dans la cavité péritonéale. D'après Hitschmann et Lindcn-
thaï, la mort ne surviendrait, à la suite de l'inoculation intra-
péritonéale, qu'après que les bacilles ont également envahi le
tissu sous-cutané, moment à partir duquel les accidents évo-
lueraient rapidement. Même remarque pour l'inoculation intra-
veineuse.
2* Lapins. — Le lapin se montre doué d'une plus grande
résistance. L'inoculation sous-cutanée d'une grande quantité de
liquidede liquéfaction (Condenswasser)produitunétatlocal iden-
tique à celui observé chez le cobaye. Peau tout à fait soulevée,
œdème, crépitation nette après vingt-quatre heures. Mais le
processus s'arrête. L'animal ne paraît pas malade. Au bout de
deux jours, œdème et gaz avaient disparu; il ne restait qu'une
infiltration locale qui se résorba rapidement. L'animal resta
bien portant.
3* Souris blanches. — Mêmes phénomènes que chez le lapin.
A l'inoculation sous-cutanée, réaction légère. Puis, disparition
de l'œdème et des bulles gazeuses et guérison complète. Tou-
tefois, un certain nombre de souris moururent ayant présenté
les mômes accidents que les cobayes.
REVU£ GÉNÉRAEL. — LABUSQUIÈR£ 467
Les caractères morphologiques et biologiques de la bactérie
obtenue en culture pure établissent sûrement qu'elle appartient
au groupe du « bacillus emphyseinatis » exactement décrit
en premier lieu par E). Frânkel.
Examen des organes internes, qui présentaient des modifi-
cations tout à fait typiques. On en fit des ensemencements avec
toutes les précautions désirables, et avec la matière obtenue on
procéda à des cultures aérobies et anaérobies.
Les plaques aérobies (rate^ foie, reins) fournirent après
24 heures des cultures abondantes de streptoc. pyogène.
Le même organisme fut obtenu avec des préparations du sang,
du cœur, d'exsudat péritonéaletde substance utérine.
Les cultures anaérobies faites dans Tagar à couches pro-
fondes fournirent, avec tous ces organes, un développement
abondant du a bacillus emphysematis » avec tous ses carac-
tères typiques, on aurait même pu se dispenser des cultures
parce que sa présence nombreuse dans tous les organes pou-
vait déjà être décelée par les préparations sur lamelles.
Conclusion. — II s^agissait sîïrement dans ce cas d*unc infec-
tion mixte, causée par le bacille gazogène (gaz bacillus) et par
le streptocoqua pyogène. L'importance pathogénique du strep-
tocoque dans ce cas ressort du fait que déjà durant la vie, on
put en obtenir des cultures pures avec du sang, puis, dès le
troisième jour des suites de couches, dans la V. médiane cubi-
tale (V. mediana cubili).
Cestle i*'cas, ajoute l'auteur, dans lequel ont est réellement
arrivé à obtenir des cultures pures de l'agent spécifique. Il a
également une grande importance du fait que, pendant la vie,
on put établir sûrement la formation de gaz, tandis que dans
Tobservation de Ernst le processus ne fut mis en évidence qu*à
Tautopsie.
Examen histologique. — On utilisa des coupes de tissu pris
sur les faces externe et interne et dans l'épaisseur de l'utérus.
L'examen y révéla des altérations identiques à celles déjà attri-
buées au « bacill. emphy semai Ls » (Hitschmann Lindenthal).
Les fibres lisses ont sur une grande étendue perdu leur aptitude
468 EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUERPÉRALE
à la coloration nucléaire. La slrncture est bien conservée et les
fibrilles se colorent fortement et uniformément avec Téosine.
Souvent les tractus connectifs sont dépourvus de noyaux. Près
des parties, de beaucoup les plus importantes, complètement
dépourvues de noyaux, s'en trouvent d'autresqui possèdent plus
ou moins de noyaux, mais ceux-ci étant répartis sans aucune
régularité. Les parties de la musculeuse les plus voisines de la
séreuse sont les mieux conservées. A ce niveau, font défaut
les bulles gazeuses, qui, autrement, sont disséminées irré^
gulièrement et, plus ou moins grosseSy se rencontrent sur
tous les points de la musculaire.
Les leucocytes sont peu nombreux et toujours isolés entre les
fibrilles musculaires. La plupart du temps, ils ont conservé leurs
noyaux, même quand ils sont dans des tissus privés des leurs.
L'imbibition séreuse est modérée. Dansles points où les vaisseaux
cheminent dans les tissus anucléaires, pas d'érythrocytes ; par
contre, on y aperçoit moins de bactéries. Dans les régions ayant
conservé leurs noyaux, spécialement au-dessous de la séreuse,
les vaisseaux sont dilatés et offrent des globules rouges bien
conservés et se colorant bien.
Certaines coupes montrèrent des bacilles longs et gros qui
ressemblaient entièrement à ceux vus sur plaques. Parfois iso-
lés, parfois en amas. Parfois ils suivent en longues traînées
les vaisseaux lymphatiques, fréquemment ils remplissent de
petites veines. Avec Tobjectif à immersion, on aperçoit souvent
des cocci en chaînette, pas trop nombreux. — Les fragments
pris a la face interne de Tutérus prêtent aux mêmes constata-
tions ; toutefois, la disposition des noyaux est-elle peut-être
plus accusée ; quant à la caduque, elle n'est pas reconnaissable.
Il est remarquable que lenombredes bactéries n*est pas plus
grand auniveau de lacouche la plusiniemCj quHlestmême
plus faible que dans les autres couches.
Au résumé, les altérations essentielles sont :
La nécrose de la musculaire utérine et la présence de balles
gazeuses dans les tissas, en Tabsence de toute infiltration inflam-
matoire.
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQUIÈRE 469
Aperçu historique. — La littérature médicale renferme un
nombre important de cas d'infection, pour lesquels on a été
conduit à accorder une influence pathogénique aux micro-orga-
nismes aérogènes du groupe du « boLcillus emphysematis » :
a) phlegmons gazeux, abcès gazeux, gangrène foudroyante
(Wicklein (14), Lewy (15), E. Frànkel, Welch et Flexner (16),
WelchetNuttal,Nichols(17),Adami(18),HamiltonetYates(19),
Jamison (20), Gôbel (21), Hitschmann et Lindenthal), mais ces
bacilles anaérobies du groupe du «< bacillus emphysematis »
jouent aussi un rôle important dans la pathologie obstétricale.
On signale souvent dans les observations le « bacillus aerogenes
capsulatus » (Welch et Nuttal) qui, d'après Gôbel et Dobbin,
serait identique au « bacillus emphysematis » décrit par Fràn-
kel. S'il n'y a pas identité entre les deux organîsme8,ils doivent
cependant, à cause de leurs caractères biologiques communs,
appartenir au même groupe. De toutes les affections obstétn-
cales dans lesquelles ces microorganismes doivent avoir une in-
fluence pathogénique, se range en première ligne : fa) la tympa-
ni/eufeVîneouphysoméfrie. Dans cette complication gravidique
les accidents se dérouleraient dans l'ordre suivant : décomposi-
tion du liquide amniotique avec production de gaz puant ;
aspiration du liquide amniotique, mort du fœtus ; et grâce à la
mort du fœtus, action plus prolongée des microorganismes
aérogènes qui, en général, sauf des conditions spéciales
(quantité considérable de bacilles, amoindrissement de la résis-
tance vitale), sont plutôt impuissants contre Torganîsme
vivant, et comme effet de cette action prolongée, putréfaction
du fœtus in utero. A Theure actuelle, contrairement à Topinion
qui mettait en cause le a bacterium coli » dans la production
de la physométrie utérine, il reste établi qu'en général elle est
due à l'activité pathogénique du « bacille aérogène » (Gôbel,
Dobbin, Krônig, Lindenthal). De même les bacilles aérobies
ont un rôle pathogénique important dans certaines formes de
l'infection puerpérale tout à fait graves, rapidement mortelles
{septicémie sur aiguë, de Wendeler), consécutives souvent à
la tympanite utérine (Fasenber (35), Staude,etc.). A l'autopsie,
470 EMPHYSEME UréllIN BT SEPTICÉMIE GAZEUSE PUERPifiRALE
on constate un développement énorme de gaz dans tous les
organes (organes spumeux, Scliaumorgane). C*est Ernst qui,
le premier, a démontré la présence de bacilles aérogènes,anaé-
robies, puis dans 2 cas, Gebbard et Dobbin. La dénomination,
a sep^ic^mie gazeuse » conviendrait bien à ces cas.
Ces processus morbides — sous la dépendance de Tactivitéde
la même espèce d'organismes, — ne sont peut-être pas tout à
fait disparates, mais bien plutôt représentent des formes inter*
médiaires : ainsi la septicémie suraiguê succède fréquemment
à la tympanite utérine, les microorganismes facteurs de la tym-
panile pénétrant les voies vasculaire et lymphatique. De même
la tympanite utérine peut être le point de départ de l'emphy-
sème de Tutérus et celui-ci n*étre qu'un phénomène partiel de
septicémie suraiguë. Dans le cas observé par Tauteur^il n'y eut
pas à Torigine de physométrie. Mais si les bacilles aérogènes
purent envahir Torganisme vivant et, contrairement à ce qui
arrive d'ordinaire, en triompher,cela tint probablement à des
circonstances particulièrement favorables, qui intensifient leur
nocivité :
1° Manœuvres multiples et laborieuses (dilatation artifi-
cielle du col, version, perforation de la tête dernière, délivrance
artificielle); 2^ présence du streptocoque, dont l'action patho-
génique a dû favoriser celle du bacille aérogène. Dans les faits
semblables de Ernst et de Wendeler (très vraisemblablement
aussi dans celui de Doléris), pareille association a été constatée.
D'où venait le bactériam aérorjène. Il habite le vagin
(Krônig) et normalement l'intestin (Hitschmann et Linden-
thaï). Or, dans l'anamnèse, il est noté que la femme eut de la
diarrhée avant et pendant l'accouchement.
Symptômes, — A ce point de vue, il ne faut pas oublier
qu'il s'agit d'une infection mixte; qu'en conséquence certains
phénomènes relèvent du bacillus aerogenes, certains du strep-
tocoque, d'autres enfin de l'activité associée des deux. Mais il
est sûr que le phénomène prédominant, la production de gaz,
est dû au premier (cultures et examen histologique le démon-
trent).
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQUIÈRE 471
Un point particulièrement difficile à trancher, c'est celui
de savoir si rœdème gazeux, constaté à Tautopsie, dans les
organes (foie, rate, etc.) représente un phénomène post ou
ante mortem. Il est certain que l'emphysème utérin, sous-
péritonéal, et celui de la paroi abdominale fut perçu pendant la vie.
Mais celui des organes profonds, qui exige le transport par la
voie sanguine du microorganisme aérogènCy anaérobie obligé,
a-t-il précédé le décès ? Rien ne peut trancher positivement
la question, an moins pour le fait actuel. Il s'agit, en effet,
d'une bactérie qui, les expériences Tout établi (Welch et
Nutall), envahit très rapidement les vaisseaux sanguins de
l'animal mort. Or, dans le cas actuel, V autopsie n'eut lieu que
dix heures après le décès.
Halban passe ensuite en revue les opinions diverses émises
jadis pour expliquer la présence de l'air ou de gaz dans le
tissu utérin ou dans le sang. A retenir l'opinion de Cless qui,
dès 1854, formulait en matière de conclusion que le gaz trouvé
dans le sang devait se former dans le sang. Par contre,
l'opinion commune attribuait la présence de l'air ou du gaz
dans le parenchyme utérin ou dans les vaisseaux : a) aux effets
de la contraction et du relâchement alternatifs de l'utérus, sur-
tout quand il existe une déchirure du tissu utérin (Dohrn) ; b)
aux variations aussi de la pression abdominale produisant une
sorte d'aspiration vers les sinus ouverts (Lôhlein).
Suit la relation plus ou moins détaillée de plusieurs observa*
lions où Temphysème utérin ou généralisé fut constaté sans
qu'on pût soupçonner, les notions bactériologiques faisant
défaut, la cause vraie de la maladie. Le premier en date est de
Dohrn (1872), très senablable à celui qui a été l'occasion du
travail actuel; un de Winckel-Osterloh (5), deux de Lôhlein
d'emphysème de l'utérus constaté durant la vie ; puis quelques
cas où l'emphysème utérin ne fut reconnu qu'à l'autopsie
(Winckel(6), Winckel-Osterloh, Ernst(7), Gcbbart(8), et Dolc-
ris (48). Un cas de Kamsbotham, cité par Olshausen, reste
douteux par la raison que des données obtenues il est im-
possible de décider s'il s'agissait d'une accumulation réelle
472 EMPHYSÈME UTERIN ET SEPTICEMIE GAZEUSE PUERPERALE
de gaz dans le parenchyme utérin ou simplement in utero.
L'auteur relate plus en détail celui de Ernst, parce que, le
premier, cet auteur fournit la preuve de la nature bactérienne de
rinfection, et qu'il put mettre en évidence le micro-organisme spé-
cifique de cette infection sans toutefois l'obtenir en culture pure.
11 fit ses ensemencements avec le sang de la décédée. Les ino-
culations de ce sang déterminèrent chez les animaux un processus
morbide typique, caractérisé surtout par la production énorme
de gaz. Mais ce sang renfermait, outre le bacille aérogène, toute
une série d'autres bactéries, en sorte qu'Ernst arriva plus par
simple déduction que par démonstration rigoureuse à mettre
en évidence le microorganisme, facteur vrai de la maladie.
 l'occasion du diag^iostic différentiel, l'auteur passe en
revue, en les accompagnant de la relation succincte de faits
topiques, les divers états pathologiques qui peuvent prêter à
confusion :
1^ La crépitation gazeuse provient, dans certains cas, de la
pénétration de l'air atmosphérique sous le péritoine, à l'occa-
sion d'une injection soit d'air, soit de gaz : l'accident est évi-
demment favorisé par une déchirure du tissu utérin ; à l'occa-
sion d'une rupture spontanée ou instrumentale de l'utérus,
les faits de cet ordre sont nombreux (Olshausen, J. Swin-
burg (49), Kivisch (37), M'Clintock (39), Martin (40), Jol-
ly). II peut s'agir a) d'une embolie d'air (A), accident dont on
possède des exemples multiples et sûrs; b) d'une embolie de
gaz, celle-ci épîphénomène d'une tympanite utérine (Staude) ;
2** exceptionnellement, comme dans un fait observé à la Clinique
de Schauta, la crépitation gazeuse sera due à la présence
d'une anse intestinale, adhérant à la paroi abdominale et
anormalement située en avant de l'utérus ; 3° Terreur sera pos-
sible dans certains cas de physométrie avec putréfaction du
(A) Cea accidents, dus à l'entrée de Tair dans la circulation, sont très
complètement étudiés par le D^ Rogeb. Étude clinique sur le phénomène de
Ventrée de Vair par les sinus utérins dans Vétat puerpéral. Paris, 1899,
n* 96. — B. L.
REVUE GBNéRÀLE. — I.ABUSQUIËRB 473
fœtus in utero où, exceplionnellemeat, lempliysème fœtal
peut donner lieu à de la crépitation perçue en avant de l'uté-
rus à travers la paroi abdominale, mais crépitation qui natu*
rellement doit cesser avec l'évacuation de la matrice.
En terminant, Fauteur cite un cas de grossesse extra- utérine
dans lequel le sac fœtal fut le siège des mêmes phénomènes
qui marquent la physométrie, jusqu'à la putréfaction fœtale
(Wavra, 46). 11 note également, avec faits à l'appui, que Tinfec-
tion de la cavité utérine par le bacille aérogène peut se produire
en dehors de la grossesse et de Taccouchement (Saffella 47,
Staude).
Les éléments du diagnostic différentiel sont : avant tout,
Vexamen bactériologique à la nécropsie ; Texamen anato-
mique (coloration mauvaise, verdâtre dans les cas de septicémie
gazeuse, etc.); l'examen de la nature du gaz contenu dans la
circulation (le gaz, en brûlant, donne une flamme bleuâtre
quand il s'agit dliydrogène) ; pendant la vie, outre les résultats
bactériologiques, on a la considération approfondie de Tanam-
nèse, et la persistance ou la disparition de la crépitation après
évacuation de Tutérus.
Du traitement curatif, rien et pour cause : « Connaissons-nous
actuellement, écrivait Doléris à la fin de son article, une médi-
cation qui ait prise sur les intoxications de ce genre, et la séro-
thérapie nous eût-elle donné un résultat favorable? J'estimeque
non, et ne l'ai point tenté. Pourquoi ? Parce que tous les sérums
divers, qui à la rigueur peuvent être utilisés contre Faction de
microbes identiques, je ne dis point similaires, comme tel
sérum antistreptococcique contre tel streptocoque, n'ont rien à
faire contre les vibrions de la putréfaction et des septicémies
graves.
« Voilà un champ qui mérite d'être cultivé, et le jour où ces
microorganismes et le colibacille pourront être combattus par
une sérothérapie appropriée, un nouvel et important progrès
aura été accompli dans le traitement des infections puerpé*
rales. Loc. cit. p. 291. » R. Labusquièrb.
474 emphysèml: uférin et sehtigkmœ gazeuse puerpérale
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25. Lindenthal. Monut./. Geb, u, Gyn.^ p. VII, Bd 269.
26. LUDWIG. Centr,/. Gyn,, 1895, p. 281.
27. IIOPMEISTEB. Zfitich./, phys. Chenue, 1877, Bd 1
28. Kaltenbach. Zeittch. /. Geb. v. Gyn., lî*79, Bd IV.
29. Bar et KsiM. Le Progrès médical, 1898, p. 424.
30. Leduc. Le BnlUt. med., 1898, p. 1089.
31. LbmaIRE. Zeittch./. phyt. Chemiefl6db, Bd XXI.
SZ. GUSNAB. Iitaug.-Bi^strt., 1898.
33. LUDWiG. Hr. klin. Wochentcà., J8J9; n 12.
34. Wendelbr. MonaUch.f. Geb. v Gyn, Bd IV, p. 631.
35. Fasbenobr. Be aeris inuterum introitu. Th. Berlin, 1865.
36. Lindenthal. \Vr, kliji. Woch., 1897, Hfc. 1.
37. KiwlBCH. A'^m. Vortràge, Bd 1,4 Aubl., p. 275.
38. JoLLT. Archic. générales de méd., 1^63, 1 ob?. XXII.
39. M. Olintock. The Dublin guarterly J, o/ med. te, vol .XXIV, p. 4ûO.
REVUE GÉNÉRALE. — LABUSQi:iÈRE 475
40. E. Martin. Sitz, d, Ges*. f, Oyn. zn Berlin, 6, X, 1874.
41. IjAUVYS, Inaug,'Ditsert.^ Bonn, 1885.
\2, Magsndie. J<yurn, dephy$. erpérim., t. I, 1889, p. 190-lî>99.
43. Ahcssat. Recherches iur l'introduction accid. de F air dans les reines.
Paris, 1889.
44. Lboallois. Jaum» hebdomad,, 1839.
46. Lebendbs. SUz, d. Gess. f, Gyn, zu Berlin, 6, X, 1674.
46. Wawea. Wr. klin. Woch&nscJir,, 1895.
47. Seoffella. Wovhenbl. d. Zeitsoh. d, Ges, d. Aertze z. Wien,, 1862,
n» 2?.
48. DOLiBis. Loe, cit.
49. Swinburn. Revue der Wien. med,, Halle, 1861, février, p. 144.
II
DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
Les communications de M. Quénu, à la Société de ChiruV"
gie (1), sur Tasepsie opératoire et particulièrement sur la ditli-
culté, rimpossibilité même d'une désinfection absolue des mains,
a été le point de départ d'une discussion encore non close. Au
cours de cette discussion, il a été émis des opinions bien diver-
gentes sur ce point de la « possibilité ou de la non-possibilité
de la désinfection rigoureuse des mains ». En opposition avec
celle de Quénu, on peut par exemple mettre la suivante, de
Bazy : «( J'ai fait des expériences tout à fait démonstratives sur
la possibilité d'une désinfection complète des mains. Après
avoir infecté mes mains avec le microbe de la septicémie du
lapin, qui tue cet animal en douze heures, je me suis lavé et j'ai
pu ensuite introduire impunément le doigt dans le péritoine
d'uu lapin, qui continue à se porter fort bien, tandis qu'un ani-
mal témoin, touché avec les mains non lavées, a péri dans le
délai habituel. J'ai répété la même expérience avec d'autres
cultures non moins virulentes, et le résultat a été identique. Ces
(1) Semaine médicale^ mars 1899, p. 109.
476 DE LÀ DÉSINFECTION DES MAINS
faits suffisent, il me semble, à démontrer la possibilité d'obtenir
par de simples lavages une stérilisation suffisante des mains. »
En fait, la solution de cette question, la « désinfection des
mains », comporte de grosses difficultés. Elle a suscité de
nombreux travaux qui ont abouti trop souvent à des résultats
contradictoires. Â Theure actuelle, Texamen attentif des docu-
ments ne permet pas d'affirmer la possibilité d'une stérilisation
absolue des mains.
Parmi les contributions les plus récentes et les plus impor-
tantes à l'étude de cette question, il est un travail émané de la
Clinique du professeur Zweifel (à Leipzig) , travail dû à Krô-
nig (1) et à Blumberg.
Dès le début, les auteurs rappellent les principes fondamen-
taux qui, selon eux, doivent présider au contrôle des méthodes
de désinfection des mains :
1^ Avant de procéder à la désinfection des mains, il est néces-
saire d'en souiller le tégument avec des espèces déterminées
de microorganismes ; espèces qui, une fois la désinfection pra-
tiquée, pourront, si celle-ci n'apas étéabsolue, être ensemencées
sur des milieux nutritifs appropriés et y trouver des conditions
favorablesàleur développement; ou, ce qui esf beaucoup mieux,
qui pourront, toujours après la désinrection,et grâce à des pro-
cédés convenables, être inoculés à des animaux aptes à con-
tracter la maladie dont ils sont l'agent reconnu.
A défaut de cette contamination préalable avec des micro-
organismes déterminés, l'expérience présenterait une lacune.
Si, en effet, le milieu de culture ensemencé avec des raclures
épidermiques ou des fragments de la peau des mains cultive, on
est, de ce fait, autorisé à conclure à l'insuffisance de la désin-
fection ; par contre, au cas où le milieu resterait stérile, la con-
clusion inverse serait hasardée, rien n'établissant que les tégu-
ments étaient infectés.
(I) Cet auteur s'est beaucoup occupé de ce sujet, et on connaît sa (grande
compétence dans les questions bactériologiques.
y
REVUB GÉNÉRALE. ~ LÀDUSQUiÈRE . 477
2<* Il faut, pour la contamination préalable de la peau, se
servir, non seulement de micro-organismes déterminés, mais
encore de germes doués d'une certaine résistance vitale. A ce
point de vue, il semble établi, depuis les travaux de Koch, qu'il
convient d'expérimenter avec des germes doués d'une résis-
tance à peu près égale à celle de la « spore du sang de rate ».
Malheureusement, celle-ci ne saurait être utilisée pour la conta-
mination préalable des téguments chez Thomme vivant, en rai-
son des grands risques qu'entraînerait une pareille expérience.
De toutes façons, il faut pour ces recherches rejeter les formes
végétatives, les formes d'involution des germes et adopter les
formes durables (Dauerformen) ;
3** En ce qui concerne le choix de V antiseptique ^ il ne s'agi-
rait pas précisément d'en trouver de tellement puissants qu'ils
tuent en quelques instants des germes doués de la résistance
requise pour la bonne expérimentation, puissance qui va souvent
avec des propriétés irritantes excessives, mais plutôt de disposer
d'antiseptiques plus faibles, à la condition qu'ils jouissent de la
propriété de se combiner avec la peau de telle manière que
celle-ci, préalablement infectée puis désinfectée, ne puisse plus,
par inoculation, transmettre l'infection à des animaux norma-
lement disposés à la subir. Le desideratum visé est condensé
dans cette proposition: « La, peau est suffisamment désinfectée
quand elle ne peut plus infecter. »
♦ *
Ces règles générales posées, les auteurs exposent les deux
séries d'expériences qu'ils ont faites, la première série con-
sacrée à l'appréciation de la : A) désinfection purement
mécanique^ la deuxième série à celle de la : B) désinfection
mécanique combinée avec la désinfection chimique.
La première série comprend onze expériences. Voici la rela-
tion de la première, comme type :
ExpâRiENCB L — Avec une culture pure de sang de rate on ense-
mence, le 21 décembre 1899, 17 tubes d'agar solidifié en couche inclinée.
ANK. DE UTK. -^ TOL. UU. 32
V
478 DE LA DÉSINFECTION DBS MAINS
Ces tubes séjournent dans Têtu ve deux jours à 37o,8 et 1 jour à 24« C.
Les colonies enlevées à sa surface avec une aiguille de platine sont
délayées dans 15 centim. cubes d'eau distillée et stérilisée, et le
mélange filtré à travers un filtre en papier stérilisé ; 7 centim. de ce
filtrat sont employés à frotter vigoureusement avec des tampons de
gaze une des jambes d'un cadavre d'enfant conservé pendant douze
heures dans la glace. L'émulsion appliquée sur la peau ayant séché
une demi- heure, on excise cinq morceaux de peau, chacun d'un centim.
carré, et on les met dans une coupelle avec de Teau stérilisée et, huit
heures après, on les introduit sous la peau à 5 souris blanches par une
fente pratiquée dans la région dorsale. Cinq autres morceaux de peau
sont introduits dans des tubes d'essai avec 3 centim. cubes d'eau où
ils séjournent huit heures, dans un milieu à 15<* G. ; puis, secoués cinq
minutes dans le tube à essai, et versés ensuite sur des plaques de
Pétri (Petrischalen) et mêlés à 10 centim. cubes d'agar. Ces prépara-
tions sont ensuite enfermées dans l'étuve, où elles séjournent trois jours,
h une température de 37o,8 C.
Résultats. — Les 5 souris inoculées meurent de l'infection charbon-
neuse, 3 déjà trente-six heures, les 2 autres quarante-huit heures après
l'inoculation. Toutes les cultures sur agar contiennent des quantités
innombrables de colonies du bacille charbonneux.
Les morceaux de peau étant prélevés, pour juger de l'efficacité de la
désinfection purement mécanique, on frotte énergiquement la jambe
infectée à la brosse et ù l'eau à 42<' (sans savon), durant quinze minutes.
Mais au bout de sept minutes et demie tout ce qui servait h cette opéra-
tion mécanique (eau, cuvette, brosse) avait été remplacé par des objets
rigoureusement stérilisés. Cela fait, la jambe fut pendant une minute
encore lavée avec plusieurs litres d'eau stérilisée . Puis, on préleva
10 morceaux de peau dont, comme précédemment, 5 furent inoculés à
des souris blanches et 5 autces traités comme dans rcxpérience précé-
dente (eau distillée et agar).
Résultais. — Des 5 souris, 3 moururent de l'infection charbonneuse,
2 survécurent, 2 moururent au bout de 4 fois vingt-quatre heures, la
3« après 6 fois vingt-quatre heures. Des ensemencements sur agar,
2 seulement cultivèrent; sur chaque plaque, il y avait des colonies
isolées. Les 3 autres préparations restèrent stériles.
Les morceaux de peau prélevés, on frotta de nouveau le tégument avec
de l'eau à 42^* stérilisée et une nouvelle brosse durant quinze minutes,
sans qu'on changeât l'eau une fois pendant ce temps, La peau fut ensuite
RBVDE GÉNERÀ.LB. — LABUSQUIISRE 479
lavée pendant' une minute avec plusieurs litres d^eau distillée stéri-
lisée, et Ton enleva 20 morceaux de peau^ dont 10 furent inoculés à
des souris et les 10 autres traités par l'eau distillée, puis mélangés à
Tagar comme plus haut.
Enfin, on racla vigoureusement la peau avec un bistouri stérilisé, le
produit du raclage ayant été délayé dans 6 centim. cubes d'eau sté-
rilisée ; 1 centim. cube de cette émulsion fut inoculé à 3 souris,
et les 3 autres centim. cubes servirent h faire 3 préparations sur
agar.
Résultats de ce nettoyage mécanique de la peau, prolongé trente
minutes, avec Teau ordinaire : des 10 souris inoculées, moururent :
a) 1 le 2* jour après Tinoculation, sans que par Texamen microscopique
ou les cultures on réussit à déceler dans la rate la bactérie charbon-
neuse ; h) X après trois fois vingt^quatre heures succomba à Tinfec-
tion charbonneuse. Les autres souris survécurent.
Des 10 cultures sur plaques à Fagar, 1 seule présentait la bactérie
charbonneuse, le développement de celle-ci partant directement de
la peau inoculée, tandis que tout le restant du milieu de culture était
resté stérile. Sur toutes les autres plaques, pas traces de germes char-
bonneux.
Les 3 souris, inoculées avec les produits de raclage de la peau, vécu-
rent, et même Tune d'elles mit bas, quatre jours après Tinoculation,
plusieurs petits bien vivants. D'autre part, les plaques ensemencées
avec les produits de raclage restèrent toutes stériles.
De cette première expérience les auteurs tirèrent cette con-
clusion : La peau d'un cadawe ayant été intentionnellement
souillée avec des spores de sang de ra/c, il estpossibley dans
un temps relativement court et par un brossage vigoureux
à Teau et à la brosse, de la désinfecter suffisamment pour
que, d*un nombre relativement élevé de souris très sensibles
à Vinfection charbonneuse et inoculées avec des fragments
de la peau contaminée^ quelques unes seulement succombent
à Vinfection.
Toutes les autres expériences furent poursuivies avec le môme
soin. La désinfection mécanique fut réalisée avec leau, la brosse
elle savon mou, ou bien avec un savon spécial (le savon de Schleich,
savon à poussière de marbre, utilisé sans doute pour obtenir
480 DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
une action mécanique plus puissante) (1). Après avoir utilisé des
cadavres, on fit des expériences sur des sujets vivants, des
étudiants en général. Mais, dans ce cas, au lieu de labactéridie
charbonneuse, on se servit du micrococcus tétragène.
La conclusion générale de cette première série d'expériences
fut: qu'on n*estpas autorisé à accorder à la désinfection pure-
ment mécanique de la peau des mains Vefficacité que dans
ces derniers temps lui ont attribuée certains auteurs, Schleich,
Sanger, etc. (2).
Dans la deuxième série d'expériences (4 en tout), combinaison
de l'action mécanique aux désinfectants chimiques, les auteurs
ont successivement employé comme germe infectant déterminé :
a) la spore du catgut qui n'est pas autre chose que la spore du
bacille du foin (heubacillus), et b) le micrococcus tétragène ;
comme désinfectant chimique : a') une solution de pennan-
ganate dépotasse et d'acide chlorhydriquCf à 2 p. 100 du
■ "-■111 - — - - — I — — — ■ , — ^^-^^
(1) Pour le savonnage, on expérim<«nta des savons divers : a) de Scbleicb,
à la poussière de marbre, b) savon liquide, c) savon mou. Le savon de Scbleicb,
par ex., était appliqué d'abord sur la peau avec addition de seulement quelques
gouttes d'eau au début, puis, progresôivement, on ajoutait du savon et de
l'eau et l'on frottait énergiquement pendant 16 minutes, avec la précaution
de cbanger toutes les 5 minutes, savon, eau, brosse et cuvette. Le savonnage
et frottage finis, on lavait pendant une minute avec de Teau stérilisée, etc.
Avec le savon spécial^ liquide (savon de Paul), on commençait à frot(er
1 minute avec le savon seulement, puis on continuait le frottage en se servant
d'eau cbaude à 42'' et de brosses stérilisées; — Dans les autres expériences, on
se servit du savon mou, d*eau chaude à 42<> et de brosses stérilisées pour
réaliser un nettoyage mécanique énergique. On ne voit dans ces expériences,
l'utilisation de l'alcool pour le dégraissage et le décapage de la peau.
B. L.
(2) Avant de passer à l'exposé de la deuxième série d'expériences, les
auteurs s'occupent de la méthode de désinfection des mains par l'alcool, si
recommandée en particulier par Beinicke. De fait, ils sont arrivés, au cours
de leurs expériences, et par comparaison^ à la conclusion que ce procédé
est inférieur au simple brossage à l'eau et au savon. — La désinfection à
Peau chaude et à l'alcool, comme la conseillent Beinicke et Ahfeld, est non
seulement insuffisante contre les spores, mais même contre les saprophytes
ordinaires delà peau. B. L.
RBYUB GÉNÉRALE. — LABUSQUIÈRE 4^1
premier, à 1 p. 100 du second, solution qui dégage constam-
ment du chlore, lequel confère au mélange sa puissance de
désinfection; 6') une combinaison d'éthyle diamine et de
mercure, solution beaucoup moins irritante que les solutions
mercurielles ordinaires et qui donne à la peau une souplesse
remarquable ; &) une solution au millième de bichlorure de
mercure. D'autre part, la peau était soumise à une préparation
préalable (brossage à Teau chaude et au savon mou pendant
quinze minutes), destinée à la rendre plus apte à s'imbiber
de la solution antiseptique (1).
Conclusions. — De l'ensemble de ces recherches il ressort :
1** Que la combinaison des deu^ méthodes de désinfection,
mécanique et chimique, est nettement supérieure à la
désinfection mécanique pure (eau, savon et brosse).
2® Ces recherches ne permettent pas de formuler un juge-
ment définitif sur la valeur comparée des solutions d'éthylène
diamine merourielle et de solution de sublimé. Le résultat défi-
nitif de la désinfection dépend de plusieurs circonstances
variables, du mode de préparation préalable de la peau, très
différent suivant les sujets. D'autre part, dans ces expériences
(1) Sous le rapport du choix de Tantiseptique pour la désinfection de la peau
les auteurs, comme il a été indiqué au début, ont envisagé ces deux causes
principales de détermination : a) adopter un antiseptique surtout puissant,
qui, en quelques minutes et directemeut^ tuerait les germes infectieux ; b) ou
bien donner la préférence à tel antiseptique doué d'une force de désinfection
directe moindre^ mais dont l'action désinfectante, au contact des humeurs
du corps, surtout du sang, se poursuivrait continuant à réprimer, môme dans
le corps de Tanimal, le développement, la nocivité des germes infectieux. Au
premier groupe, les désinfectants forts, correspondent surtout les corps dits
ludogèni'ê (àXç sel et yzwcéb)) , chlore, bromo^ iode : une solution chlorée
à 1/2 p. 1000 en solutions pures tue les spores du sang de rate en une à deux
minutes. Les résultats do Texpérimeatation dirigés dans cette voie ayant
été mauvais, les auteurs y renoncèrent do suite et ils se sont adressés à des
antiseptiques du deuxième groupe et, particulièrement, à des sels métalliques.
Encore pour le choix de certains de ceux-ci, se sont-ils guidés sur des notions
récentes de chimie, d*après lesquelles les sels hydrargyriques les plus puis-
sants seraient ceux qui sont le plus dissociés. C'est là une application de la
théorie ingénieuse des iotis conçue par 8. Arrhénius. R. L.
482 DE LA DESINFECTION DES MAINS
sur l'animal avec les solutions mercurielles, on n'a pas encore
réussi à supprimer une circonstance très défavorable à Tobser-
vation, la grande toxicité des solutions mercurielles pour les
animaux en expérience, toxicité à laquelle beaucoup d'animaux
succombent.
3** Le micrococcus tétragène ne représente pas une forme
durable ; sa résistance vitale est inférieure à celle de la spore
du sang de rate et, par suite, les résultats expérimentaux obte-
nus en remployant comme agent de souillure de la peau ne
répondent pas suffisamment aux desiderata de Tasepsie
actuelle.
4® Les résultats obtenus dans la première expérience avec le
mélange chloré furent si insuffisants qu'on renonça à cette solu-
tion, douée pourtant d'un grand pouvoir de désinfection, mais
pouvoir de désinfection qui devient nul au contact des matières
organiques. Au contraire, les solutions mercurielles au contact
des substances organiques ne perdent jamais complèlement
ce pouvoir de désinfection. Il continue à s'exercer, à réprimer en
conséquence le développement des germes dans le corps même
de l'animal. Aussi, les cultures sur les milieux nutritifs, où
cette particularité importante spéciale à certains antiseptiques
ne peut se manifester, ne permettent pas de résoudre ce qui a
été considéré comme le nœud de la question : « à quel moment
la peau est-elle à ce point désinfectée qu'elle ne peut plus
infecter »?
Au résumé, la lecture des diverses expériences poursuivies
par les auteurs montre qu'ils n'ont pas obtenu, avec les procédés
laborieux de désinfection mécaniques et chimiques, combinés
ou non, une stérilisation absolue des mains. D'autre part, l'exa-
men de leurs conclusions générales indique que, pour eux, il
faut, avant de se risquer à des conclusions catégoriques, entre-
prendre de nouvelles expériences en s'efTorçant d'écarter les
défectuosités qui entachent les leurs. On peut aussi en déduire
que l'utilité de l'emploi des gants de caoutchouc ne saurait être,
REVUE GENERALE. — LABUSQUIÈRE 483
à l'heure actuelle, formellement contestée. La question de
la désinfection des mains nous paraît pouvoir se résumer
encore à ces déductions que tirait M. Yarnier des expériences
de Fûrbringer : a Le savonnage et le brossage dans l'eau très
chaude, même prolongés pendant cinq minutes, sont loin d'as-
surer Tasepsie; rimmersion consécutive dans l'alcool et dans
une solution phéniquée à 5 p. 100, de sublimé à 1 p. 1000, de
biiodure à 1 p. 2000 ne réalise pas, à coup sûr, la stérilisation
des mains, etc. ».
a Cependant, continue M. Yarnier, la pratique a prouvé que,
bien qu'imparfaite absolument parlant, en ce sens qu'un bon
microbiologiste y peut encore trouver quelques germes à cul-
tiver, cette stérilisation des mains est suffisante au point de
vue prophylactique. Les germes qui ne sont pas détruits ont
au moins subi de l'antiseptique un échec qui atténue leur no-
civité (1). »
La discussion sur la « désinfection des mains »,qui se pour-
suit à la Société de Chirurgie, a amené une communication de
Pierre Delbct (2), fort intéressante parce qu'elle aboutit à cette
conclusion rassurante : « On peut aseptiser ses mains s, et que
cette conclusion a non seulement pour elle le contrôle clinique,
mais aussi le contrôle bactériologique, celui-ci ayant été confié
à un juge particulièrement compétent, F. Widal : a Toutes les
préparations de microbes, tous les ensemencements ont été faits
soit par Widal, soit sous sa surveillance par son interne Ravaud .
Mon rôle à moi, dit P. Delbet, a consisté uniquement à me salir
les mains d*abord, à me les laver ensuite, et, lorsque je les
croyais propres, à les livrer à ces messieurs en leur disant :
« Grattez mes ongles, raclez mon épiderme, faites tout ce que
vous voudrez ; mais tâchez de me démontrer que mes mains
sont septiques. » Pour la contamination des mains, Delbet a
employé le staphylocoque blanc, le staphylocoque doré,le strep -
tocoque d'Eberth.
(1) OMétrique joumilière, 1900. Stbinheil, p. 419.
(2) Qaz, hehdom. de Méd, et de Chirurgie^juliï 1900, p. 529.
484 REVUE ANALYTIQUE
Op, tandis que tous les tubes témoins cultivèrent avec exu-
bérance, au contraire tous lès autres restèrent invariablement
stériles. La désinfection avait donc été absolue. Même résul-
tat fut obtenu avec des cultures de spores d*anaérobies particu-
lièrement résistantes. Les conditions capitales de la désinfec-*
tion, d'après Delbet, sont : se servir d*eau très chaude (qui
dissout même les graisses et favorise leur émjilsion). D'autre
part, de savon , en sachant qu'il faut employer beaucoup de savon
et relativement peu d'eau, la solution concentrée de savon
dégraissant beaucoup mieux. Ce savonnage, à Teau très chaude,
est prolongé environ cinq minutes. Après quoi, on passe au
<t décapage » en quelque sorte par Talcool à 90®, effectué au
moyen d'une brosse, et qui doit être prolongé jusqu'à ce que,
Vimbibition de la peau par la solution antiseptique^ la
liqueur de V. Swietenj soit parfaite, ce qui a lieu quand
la solution antiseptique ne se met plus à Tétat sphéroîdal ; à
ce moment, la solution'antiseptique mouille bien la peau.
R. Labusquière.
REVUE ANALYTIQUE
ANTISEPSIE, ASEPSIE, BACTÉRIOLOGIE
De Tasepsie et de l'antisepsie en obstétriqae et en g3rn6cologie
(Ucber Asepsis und Antisepsis in der Geburtshilfe und Gyhftkologie).
Olsuausen. Berlin, klin. Wochemch., 1899, n® 45, et CetU. f. Gyn.^
1900, nû 21, p. 355.
Au début, l'auteur déclare qu'à l'état normal il n'existe pas de ger-
mes virulents dans le vagin ou que, s'il y en a, Iciu* virulence est
atténuée. Les faits cliniques lui ont semblé témoigner plutôt en faveur
de la seconde hypothèse. Mais les modifications notables du milieu
(lochies), qui se produisent à l'occasion des suites de couches, peuvent
bien réveiller la virulence primitive. Aussi une infection, dite spon*
tanée ou auto-infection, éventuellement mortelle est possible. Mais le
principal souci du praticien doit toujours consister à rechercher une
stérilisation absolue des mains et des iuslruments de façon à prévenir
une hétéro-infection. Ce souci doit avoir pour objet non seulement Tac-
ANTISEPSIE; ASEPSIE, BACTERIOLOGIE 485
couchée, mais aussi la femme enceinte, bien que Texpérience enseigne
que les risques d'infection, pendant la grossesse, sont réduits au
minimum.
Olshausen a dressé une éciielle de la proportion des risques d'in >
fection avec les différentes opérations obstétricales. Au haut de Téchelle,
il a placé Taccouchement prématuré, surtout quand il exige Tintroduc-
tion réitérée de la sonde, et l'extraction manuelle du délivre. Pour cette
dernière intervention, il conseille d'utiliser, d'après la recommandation
de Dôderlein, le gant de caoutchouc. Il pense aussi qu avant de l'en-
treprendre, il convient de procéder h une désinfection du vagin, désin-
fection à laquelle il attache moins d'utilité avant les applications hautes
de forceps ou la version.
Dans les cas d'urgence (diminution brusque des doubles battements
fœtaux, hémorrhagies, hémorrhagies internes à l'occasion d'une grossesse
ectoptique rupturée), Olshausen conseille une désinfection rapide (frot-
tage à l'alcool des instruments indispensables, également des mains
après un court nettoyage au savon). Dans les cas de laparotomie, savon-
ner, raser la région et laver rapidement à l'alcool. Gomme conclusion,
il note que les dangers d'infection augmentent avec la durée de l'opé-
ration et qu'en conséquence, pour gagner du temps, il convient de
renoncer aux méthodes de désinfection trop rigoureuses^ trop dispen-
dieuses de temps. R. L.
De la désinfection de la pean et des mains avec l'esprit de
savon (Die Desinfelction der Haut und Hânde mittels Seifenspiritus).
MiKULicz. Deutsch. vied. If oc^é?w«c/f., 1899, n» 24, et Cent. f. Gyn.,
1900, n» 12, p. 336.
Des expériences poursuivies durant le semestre d'hiver 1898-99, à la
clinique chirurgicale de Breslau, ont démontré h l'auteur que l'esprit
de savon représente, sans usage associé de l'eau, un agent de désin-
fection de la peau et des mains égal en puissance h ceux déjà cx)nnus ;
que, de plus, il a l'avantage d'exiger moins de temps pour la désinfec-
tion. Celle-ci, en effet, peut s'effectuer en cinq minutes^ et produit, dans
ce bref délai, sinon une stérilisation absolue, du moins une stérilisation
suffisante. D'autre part, cette substance désinfectante n'est pas toxique,
n*a pas de mauvaise odeur, n'est point irritante si on ne prolonge pas
la désinfection au delà de cinq minutes. Eu outre, elle parait posséder
une action relativement profonde, et clic joint, h ses avantages, celui
d'être peu dispendieuse. R. L.
486 RBVUB ANALYTIQUE
De rinfluence des lésions à l'orlflce dn vagin pendant Taccoache-
ment sur les suites de couches (DerËinfluss der Geburtsverletzungen
des kitroitus vaginœ auf das Wochenbett). Timhbrmann. Arch, f. Gyn.^
1900, BdLX, Hft3, p. 501.
L'auteur insiste sur rimportance des lésions de la parturitîon au
niveau de l^orifice vaginal, sur la morbidité et même sur la mortalité des
suites de couches.
Les lésions traumatiques, — érosions, fissures des petites lèvres, de
la commissure, de la fosse naviculaire, — seraient extrêmement fré-
quentes. Mais, en général, on n'examine pas assez soigneusement. L'at-
tention qu'on leur accorde est en raison inverse de celle qu'on donne
aux déchirures assez notables du périnée. Et pourtant, ces fissures,
ces érosions, même légères, peuvent, en raison de la présence cons-
tante de germes à leur voisinage, être le point de départ de phéno-
mènes infectieux. Les germes qui vivent à l'état normal dans la zone
des parties générales externes seraient, dit-on, anodins, sans virulence
ou à virulence atténuée. Mais, dans certaines conditions, la puerpéralité
par exemple, ne peuvent-ils pctô recouvrer leur virulence et n'a-t-on
pas signalé comme agent pathogène, dans certains cas de septicémie
puerpérale, le coli-bacille, etc. ? Il n'est pas douteux, pour Tauteur,
qu'un grand nombre de cas, rangés sons l'étiquette de septicémie
spontanée, d'auto -infection, n'ont pas d'autre origine qu'une infection
de semblables lésions restées, faute d'examen suffisant, inaperçues.
Et pour bien mettre en évidence l'exactitude, tout au moins la
grande vraisemblance de cette manière de voir, il cite des faits
empruntés à Ahlfeld, où l'on est autant en droit d'incriminer de pa-
reilles lésions que la septicémie spontanée.
1) Plaies des organes génittiux externes^ coloration anormale du vagin ;
2) manœuvres avec des mains contaminées ; 3) 7 ; 4) frisson la veille de
l'accouchement. 6 minutes p, ^jarf. 3S<*,7. Ulcération, avec exsudai épais,
à la commissure postérieure; 5) examen, 4 jours avant Taccouchement, à la
clinique ; 6) dernier examen interne 8 jours avant raccouchement ; de 7) à
15), chez chacune des femmes , lavages vaginaux abondants atUe part. De
plus, 8) 8 heures a. part, frisson, déchirure du périnée du second degré ;
9) levée le6« jour, puis fièvre'; 10 à 13) endémie de fièvre puerpérale; accou-
chement les 17-18^ 28 décembre, invraisemblance d*un concours de décès
par auto-infection ; 14) pas d'infection puerpérale, décès après trois jours
de fièvre par embolie ; 15) pas d'infection puerpérale. Abcès rétro-périto-
néal de date ancienne ; 16) 4 jours^ ante part, application d'un anneau
pessaire; 17) œdème des organes génitaux externes. Invasion streptococ-
cique d'un foyer dea grandes lèvrej ; 13) le i** jour des suites de couches, la
ANTISEPSIE, ASEPSIE, BACTERIOLOGIE 487
femme indocile se lève, la ftôvre Bnrvient. Léopold admet que cela amena
des lésions du col et que celles-ci se trouyèrent dans un liquide vaginal
déjà infecté pendant la grossesse (hétéro-infection I) ; 19) salpingite sup-
purée À droite^ existant déjà, selon Léopold, durant la grossesse. Petite
déchirure avec exsudât^ en arrière du frein; 20) Léopold admet que la femme
fut infectée par un médecin qui, bien qu*atteint d'un panaris, l'examina
11 jours a, part. De plus, Vaccouchée était atteinte d'une angine suppurée;
21) f ; 22) péritonite ayant eu son point de départ dans des foyers suppures
anciens, consécutifs à une ovariotomie; 23) gonorrhée démontrée de Thomme.
11 suffit d'examiner attentivement les circonstances principales
associées à ces cas qui se compliquèrent d'accidents infectieux graves,
pour se persuader qu'en beaucoup il est possible d'expliquer les compli-
cations observées autrement que par l'auto-infection.
L'auteur établit Vinflaence des lésions de VoriHce vaginal en utilisant
les statistiques d*Ahlfeld (1) et Szabo (2).
Statistique d'Ahlfeld :
608 accouch. avec lésions suturées, morbidité. 41,5 p. 100.
1 ,505 — sans lésions 26,2 —
Ces lésions pour la plupart, étaient des déchirures du périnée.
Statistique de Szabo :
891 accouchées avec lésions à l'orifice vaginal. 29,63 p. 100.
2,205 — sans — 14,79 —
La même statistique faite exclusivement pour des primipares.
751 primipareSf avec lésion des orifices génitaux
externes 28,58 p. 100.
437 — sans ~ 14,88 —
D'où : les lédons des organes génitaux élèvent la morbidité du double,
If^uence des lésions traumatiques graves des organes génitaux sur les
suites de couches.
825 accouchem. avec lésions graves des organes
génitaux externes, morbidité 50,66 p. 100
3,053 — sans — 26 —
1,438 accouchem. avec lésions des organes géni-
taux externes, mortalité par septicémie. . 2,85 p. 100.
3,053 — 8(ms — 0,82 —
(1) ZeUfeh.f, Geb,u,Gyn., Bd XXVll, Hft 2, p. 482.
(2) Arch,/. Gya., Bd XXXVI, p. 77.
48d REVUE ANALYTIQUE
Certes, le décès a pu, nombre de fois, être la conséquence
d'autres influences, mais il est non douteux qu*en d'autres ces lésions
ont .eu leur part étiologique. Hecker a d'ailleurs fait connaître des
résultats semblables. 1 ,063 femmes avec déchirures du périnée ont
fourni une mortalité de 2,7 !
Les statistiques de Szabo envisagées à un autre point de vue
donnent :
De 1^061 accouchées avec suites de couches fébriles 48,17 p. 100
avaient des lésions des organes génitaux internes.
De 109 accouchées avec exsudât paramétritique 46,78 p. 100
avaient des lésions des organes génitaux internes.
De 66 accouchées mortes de septicémie 62 p. 100
avaient des lésions des organes génitaux internes.
Influence des plaies, des ulcérations puerpérales d'après les chiffres de
Szabo.
De 3,608 accouchées 7,67 p. 100 eurent des suites de couches
fébriles ; or, dans 105 cas, soit 2,91 p. 100, la cause de la fièvre était
une plaie puerpérale.
D'où : la fièvre des accouchées, quajtd elle reconnaît une oriyine génitale,
est, dans la moitié des cas, produite par des plaies puerpérales.
Au résumé, de l'ensemble des faits cliniques, il ressort que les
lésions traumatiques vagîno-vulvaires, survenues dans l'accouche-
ment, sont sujettes à s'infecter, et par suite à devenir l'origine d'acci-
dents parfois les plus graves. Il faut donc, après tout accouchement,
inspecter soigneusement cette région et apporter au traitement des
érosions, des fissures, des plaies, si peu importantes puissent-elles
paraître, des soins minutieux. Enfin et surtout, il s'agit de faire de la
prophylaxie, et de maintenir la région vagino-vulvo-porinéale dans
un état de propreté aussi rigoureux que possible, c'est-à-dire qu'il faut
la soumettre aux mêmes soins que Ion met à assurer l'asepsie des
mains, sinon absolue ce qui est presque irréalisable, du moins aussi
grande que possible. Pour les sages-femmes, il y a lieu de recom-
mander soit l'acide phénique, soit le lysol. R. L.
De la question du catgut. Recherches expérimentales (Zur Kalgut-
frage. Experimentelle Untersuchungen). Minervini. Deulsch, Zcitsch,
f. Ch. Bd LUI, Hft 1 et 2 et Cent, /. Gyn., 1900, no 20, p. 537.
Les récents et multiples travaux jmrus sur la question de la stérili-
sation du catgut suffisent à démontrer que le problème n'est i>as
encore résolu. Le catgut frais, brut (Rohkatgut) ne contient pas de
ANTISEPSIE, ASEPSIE, BACTERIOLOGIE 489
germes le plus souvent. Pour la stérilisation, c*est-à-dire pour la
destruction des saprophytes peu résistants de l'intestin, toutes les
méthodes sont suffisantes, depuis Thuile phéniquée jusqu^à la stérilisa-
tion par l'emploi de la chaleur. Par contre, pour la destruction des
spores, la plupart des méthodes usuelles sont insuffisantes. Comme
bactéricides, la supériorité appartient aux antiseptiques. Par contre, les
antiseptiques diminuent Paptitude du catgut à être résorbé, et ils exer-
cent une action irritante sur les tissus. L'auteur a étudié très
soigneusement les trois points suivants : 1^ la résistance du catgut^
2<> sa stérilisation^ 3^ son aptitude à la résorption,
RésDLTATs. — Le catgut supporte bien l'action de l'air sec, chauffé
jusqu'à 150o. Son altérant le plus grand, c'est Teau. La formaline,
l'acide chromique augmentent beaucoup sa résistance vis-à-vis de l'eau.
Dans les liquides indifférents^ avec un point d'ébuUition au-dessous
de 100«, dans l'alcool, l'élher, le chloroforme, il se conserve indéfini-
ment, et même, à l'ébullition sous pression, il ne s'altère pas, à la con-
dition que le liquide soit déshydraté. Dans les liquides indifférents, à
point d'ébullition au-dessus de 100<', térébenthine, xylol, glycérine,
etc. , il se conserve aussi parfaitement, s'il a été complètement déshydraté.
Pour la stérilisation formaline, acide chromique, huile de genévrier
suffisent, à la condition d'agir très longtemps.
Les procédés aseptiques^ stérilisation par chaleur sèche ou humide,
sont insuffisants ; les méthodes mixtes (antiseptiques et chaleur) sont
plus complexes et non supérieures aux méthodes antiseptiques,
simples. Et de celles-ci, il faut préférer celles basées sur l'emploi du
sublimé ou sur celui de genévrier.
Quant à la propriété du catgut à se laisser résorber, elle n'est peut-
être pas aussi grande qu'on le dit. De plus, elle est modifiée par l'an-
tiseptique choisi. Les phagocytes attaquent tout de suite le catgut
aseptique, moins vite celui qui a subi l'action d'antiseptiques, surtout
celle du sublimé.
Conclusion : Sans antiseptiques, il est difficile d'obtenir un catgut
convenable ; mais ce traitement antiseptique du catgut diminue consi-
dérablement sa facilité à être résorbé. R. L.
Dti ohoiz du miUea nutritif pour la mise en éTldence par cnltare
d*ime faible quantité de streptocoques (Die Wahl des Nahrbodens bei
dem knlturellen Nachweise geringer Streptolcoklcenmenge). Mbngb et
Kbôhio. Cent,/. Oyn., 1900, n« 5, p. Va.
On sait que Menge et KrOnig sont, à la suite d'études prolongées»
490 REVUE ANALYTIQUE
arrivés à la conclusion que le streptocoque pyogène, facteur le plus
ordinaire de Tinfection puerpérale, n*habite pas, à Tétat normal, le
vagin. Dans ces derniers temps, on a cru et annoncé (Bumm et Hof-
meier) que leur manière de voir s'était modifiée, par la raison qu'ils
admettaient la présence dans la sécrétion vaginale d'une espèce de
streptocoque anaérobie. Or, les deux auteurs protestent contre cette
interprétation. Car, s'ils admettent, et non depuis peu mais depuis
longtemps déjà, cette vie, en saprophytes, de certains streptocoques
anaérobies et même aérobies, ces micro-organismes diffèrent absolu-
ment du streptocoque pyogène, agent habituel de la fièvre puerpérale.
De fait, ils restent abeolumefU aitachês à leur opinion primitive, et ils nient
encore à l'heure actuelle^ la possibilité d'une infection puerpérale par le
streptocoque pyogène^ qui aurait vécu ante partum comme saprophyte dans
la sécrétion vaginale.
On leur a également reproché de n'avoir utilisé pour l'ensemence-
ment de la sécrétion vaginale que des milieux nutritifs solides, en par-
ticulier contenant de Fagar et de n'avoir jamais porté directement la
sécrétion vaginale dans un milieu nutritif liquide, dans le bouillon par
exemple. Or, l'emploi systématique du milieu solide compromettrait a
priori le développement de minimes quantités de streptocoques. Pour
répondre à cette objection et en contrôler la valeur, Menge et KrOnîg
ont institué toute une série d'expériences comparatives, avec des
milieux au bouillon sucré, et au ])ouîllon sucré avec addition d'agar,
en s'efforçant de se placer dans des conditions aussi identiques que
possible pour une appréciation juste des qualités de ces deux milieux
pour la culture des streptocoques. Les conclusions de ces recherches
qu'ils rapportent avec soin sont : on a autant de chance de constater la
préaence ou V absence du streptocoque pyogène de la fièvre puerpérale en
utilisant pour l'ensemencement de la sécrétion vaginale un milieu solide à
Vagar que le bouillon.
n n'est pour les auteurs aucune raison nouvelle d'abandonner leur
opinion ancienne que le streptocoque pyogène, facteur ordinaire de la
fièvre puerpérale, avec ses caractères spéciaux de culture, ne vit pas, à
l'état normal, en saprophyte dans le vagin. Aussi, cette modification
dans leur opinion sur la question du streptocoque, au moins dans ses
rapports avec la sécrétion vaginale, que leur ont prêtée Bumm et Uof-
meier, est-elle inexacte. R. L.
BIBLI06RAPBIB 491
BIBLIOGRAPHIE
Guide pratique d'électrothérapie gynécologique, par le Di* Weil.
Le D' Weil décrit les diverses modalités de Ténergie électrique qu'on
peut utiliser dans la thérapeutique gynécologique.
n se divise en deux parties. Dans la première^ Tauteur expose les
notions de physique indisi)ensables aux médecins. Il montre que les moda-
lîtés électriques utilisées en thérapeutique sont le courant continu, les
courants faradiques, les courants galvano-faradiques, le courant alter-
natif sinusoïdal, le courant ondulatoire sinusoïdal, les courants de
haute fréquence de M. D'Arsonval, les courants statiques, les cou-
rants statiques induits.
Dans la deuxième partie, M leD"" Weil a repris toutes les maladies
des organes génitaux de la femme pour' les(iuelles on peut employer
le traitement électrique.
Die speciflschen Lebenserscheinungen in weiblichen Organismus,
par von Samuel Ghâzan. Sammî. Iclîn. Vorlràge^ n» 269, 1900.
Dans ce travail de physiologie générale, Tauteur étudie les phéno-
mènes vitaux spéciaux à la femme, c'est-à-dire ceux qui se rapportent
à la reproduction.
La maturation de l'œuf, la ponte ovulaire, la menstruation sont étu-
diées en détail, isolément et dans leurs rapports réciproques. Puis Ghâ-
zan étudie plus sommairement les phénomènes biologiques généraux
qui accompagnent, chez la femme, ces différentes fonctions spéciales ;
il conclut en découvrant que - « les hémorrhagies périodiques sont
pour la femme une nécessité physiologique >. P. Lbcène.
Ricerche snlla Presenza dello Zacchero nelle orine délie donne
gravide e paerpere. Ricerche del Dottor G. Gristalli. Napoli, 1900.
Dans ce travail très sérieux et très documenté, Gristalli étudie la
question de la glycosurie et de la lactosurie chez les femmes enceintes
et chez les accouchées.
D refait d'abord très complètement Thistorique de cette question,
indique ensuite très exactement les procédés qu'il a employés pour
doser le glycoseet la lactose, et discute enfin la pathogénie et la signifi-
492 BIBLIOGRAPHIE
cation de la présence de ces sucres dans les urines. Il arrive aux
conclusions suivantes :
Il faut d'abord absolument distinguer Tune de Tautre, la glycosurie
et la lactosuric. qui ont des significations absolument différentes.
La glycosurie s'observe souvent dans Turine des femmes enceintes,
vers le milieu de leur grossesse ; une quantité très petite de glycose
est sans intérêt clinique, sans signification pathologique, et peut être
rapportée au ralentissement de la nutrition propre à Tétat gravidique.
Il n'en est pas de même pour les quantités appréciables de glycose ;
celles-ci sont essentiellement en rapport avec des troubles dans le fonc-
tionnement de la cellule hépatique, troubles qui doivent comister dans
la perte de la faculté de polymériser le sucre qui lui arrive de TintesUn.
Cette glycosurie a donc une signification clinique imr ce fait qu*elle
montre le début d'une insuffisance hépatique. Généralement, d'ailleurs,
les femmes qui présentent à la fin de leur grossesse cette glycosurie
ont eu dans les premiers mois des phénomènes relevant de l'auto-
intoxication (vomissements, lyiK)thymies, céphalée). Si une femme
enceinte présente de l'albuminurie, on peut ne pas trouver de sucre
dans son urine ; c'est qu'alors son rein n'est pas perméable pour ce
dernier. Dans quelques cas d'avortements ou de menaces d'avortement,
l'auteur a rencontré des traces ou même une certaine quantité de gly-
cose : il n en tire pas de conclusions, mais signale simplement le fait.
Enfin, les femmes qui ont eu de la glycosurie au cours de leur gros-
sesse présentent presque constamment de la lactosuric pendant les
premiers jours des couches ; de plus, presque toujours on a noté, sur
leurs placentas, la présence de quelques infarctus récents ou anciens.
La lactosuric s'observe chez presque toutes les femmes au moment
de l'établissement de la sécrétion lactée, pourvu que le rein soit per-
méable. Sa coexistence avec la glycosurie est fréquente. Elle est d'ail-
leurs en rapport direct avec la sécrétion mammaire. Pour Gristalli, la
lactosuric n'a aucune importance en elle-même, et n'en acquiert que
lorsqu'elle coexiste avec la glycosurie, dont il ne faut d'ailleurs pas
oublier de la séparer. P. LBcfeiiB.
VAR1BTÂ8 493
VARIETES
Xm^* Congrès international de médecine.
Paris, 2-9 août 1900.
Le Congrès international des Sciences médicales tiendra sa session
triennale du 2 au 9 août, à Paris. La séance d'ouverture aura lieu le
jeudi 2 août dans la grande salle des fôtes à TExposition, dont rentrée
sera libre pour les membres du Congrès pendant toute la durée de la
session. Il suffit, pour s'inscrire, d'envoyer sa carte de visite et
25 francs à M. le D^ Duflocq, trésorier du Congrès international, à
rÉcole pratique de médecine, indiquant à laquelle des sections on veut
appartenir (1).
La première assemblée générale aura lien le lundi 6 août dans
raprès-midi ; rassemblée de clôture, le jeudi 9 août après-midi.
PROGRAMME DE LA SECTION DE GYNECOLOGIE (2)
Président. — F. Terrier.
Vice-président. — S. Pozzi.
Secrétaire. — Hartmann.
Comité. — BOUILLT, H. DeLAGÉNIÈRB, LaNKBLONGUB, LAROYEIflfS, MoN-
PROFIT, QuéNU, RiCHBLOT, SbGOND.
(1) Les membres du Congrès bénéficieront de réduction sur les lignes de
chemin de fer. Le 2 août, au soir, ils assisteront à une fête offerte par M. le
Président du Conseil au nom du Gouvernement de bi République ; le 8 août,
à une fête sur invitation offerte par M. le Président du Congrès ; le 5 août,
ils seront reçus le soir par M . le Président de la République au Palais de
rÉlysée. Le 8 août, fête le soir, dans le palais du Sénat et le Jardin du
Luxembourg, fête offerte aus membres du Congrès par le Bureau et les
divers comités d'organisation. Des fêtes particulières serout organisées dans
la plupart des sections.
(2) Envoyer les communications à M. le D' Hartmann, 4, place
M.a1e8berbes, Paris.
AjrS. OB OTK. — VOL. uo. 33
494 VARIETES
Les séances de la section de gynécologie auront lieu àTamphitiiéàlre
de chimie, à la Sorbonne.
Vendredi 3 août.
2 h. 1/2 après midi. Première question à Tordre du jour : Traite-
ment CniRURGICAL DU CANCER DE l'cTÉRUS.
Rapporteurs : L.-G. Richelot (Paris) ; Dmitri de Ott (Saint-Péters-
bours) ; Thomas S. Cullew (Baltimore).
Inscrits pour la discussion : Cortbjarbna (Madrid) ; Jagobs (Bruxelles) ;
JoNNEsco (Bucarest) ; Doyen (Paris) ; H. DelaoéniIre (le Mans) ;
F. Terrier (Paris); Monprofit (Angers) ; Bouilly (Paris); Boursier
(Bordeaux); J.-L. Faurb (Paris).
Samedi 4 août,
9 h. 1/2 matin : Questions diverses.
Sneguirefp (Moscou). — Sur remploi, pour les sutures^ du tendon de
renne.
Oulesko-Stroganoff (Saint-Pétersbourg). — Sur les rapports anato-
miques de Vœuf à la trompe gravide.
SoRBL (Le Havre) . — Traitement de la grossesse extra-utérine.
ViLLAR (Bordeaux). — A propos de la grossesse extra-utérine.
Boursier (Bordeaux) . — Les kystes hydatiques du ligament large.
Winckel (Munich). — De V importance des lésiofis secondaires des reins
en gynécologie.
ViTRAC (Bordeaux). — Décubitus ventral dans le traitement de la fistule
vésico-vaginale.
Jayle (Paris). — La position déclive en examen gynécologique,
Eistlbr (Los Angeles). — La stérilité chez la femme, ses causes, son
traitement.
Legros (Paris). — Nouveau mode de paiisements vaginaux et péri-utérins,
A. Weil (Paris). — L'effluve et V étincelle statiques induits en gynécologie,
Moutibr (Paris). — Traitement des fibromes utérins par la décharge éP un
condensateur de citurants continus.
Lavehgne (Biarritz). — Traitement des maladies des femmes par Us
eaux mijiérales chlorurées sodiques de Briscous- Biarritz. LidicaJtions et
contre-indications.
Samedi 4 août.
2 h. 1/2 après midi : Traitement consbryatbur des mtombs utérins.
Martin (Greifswald). — Manuel opératoire, résultats et indications de
la myomectomie.
VARIÉTÉS 495
Dmitri db Ott (Saint-Pétersbourg) . — Imporiancô de la méthode vagi-
nale dans la myomectomie conservatrice. Résultats obtenus dans les fibro-
viyômes rétro-cervicaux en général.
P. Sego»^d (Paris). — De Vhyslêrotomie cervico-vaginale dans le morcel-
lement d^s fibromes du corps de l'utérus.
GoTTSGHALK (Berlin). — Des résultais éloignés et des itidicatiofis de la
ligature des artères utérines dans le cas de myômes de Vuiérus»
H. DBLAGéMiÈRB (Le Mans). — Ligatures atrophiantes,
GouLLiouo (Lyon). — Des opérations conservatrices da/ns le traitement
des myômes utérins [ligature ou pincement des utérines) .
Pozzi (Paris) . — Des limites de la myomectomie,
Téuoiif (Bourges). — La myomectomie abdominale pour moyens et petits
fibromes.
MoNPROFiT (Angers). — Myomectomie abdominale.
HARTHAifif (Paris). — Des opérations conservatrices dans le traitement
des fibromes utérins.
Lundi 6 août,
9 h. 1/2 matin : Séancb db projbctions.
Thomas S. Gullbn (Baltimore). — Le diagnostic précoce du cancer de
l'utérus.
LéoPOLD (Dresde). — Ètiologie du carcinome et rôle pathogène des blas-
tomycètes. Présentation de pièces.
Amann (Munich). — Présentation de pièces.
Mardi 7 août.
9 h. 1/2 du matin : DépLACBUBNTS db l'utérus.
F. Tbkribr (Paris). — Traitement des rétro-déviations adhérentes.
EoBRLiiv (Moscou). — Sur le traitement des rétro-déviatiotis et dupro'
lapsus de V utérus par V opération d'Alquié-Alexatider-Adams.
FouRifiBR (Amiens). — Rétro-déviations et hystéropexie vaginale.
Spirblli (Naples). — Procédé d' hystéropexie abdominale médiate pour
la cure de la rétroversion utérine.
Gzbslas-Stankibwicz (Lodz). — Du traitement des rétro-déviations uté-
rines par le raccourcissement intra-abdominal des ligaments ronds.
LAROYBififB (Lyon). — Traitement des prolapsus génitaux par la suspefi»
sion de l'utérus et de la vessie à la paroi abdominale.
TiBGuàRB (Iliesitza). — Du traitement de la chute de la matrice par
nouvel appareil.
496 VARIÉTÉS
IivGLis Parsows (Londres). — Nouvelle méthode de traitement pour le
prolapsus de Vutérus,
Spinblli (Naples). — Traitement conservateur de P inversion utérine
chronique.
Mardi 7 août,
2 h 1/2 après midi : Deuxième question à Tordre du jour : Des
MÉTRITES CE^YICALES.
Rapporteurs : Pozzi (Paris) ; Dôdbrlbin (Tubingen) ; Mesdes de Lboît
(Amsterdam).
Inscrits pour la discussion : Bouilly (Paris) . — Symptômes et traite-
ment des métrites cervicales.
Bossi (Gênes). — Sur la vaginite etla cervicite sèmle.
ViARD (St-Etiennc). — La métrite hémorrhagique^les ulcérations du col ;
leur répercussion sur V organisme.
COMMUNICATIONS DIVERSES
H. D. Bbyea (Philadelphie) . — Pathologie et traitement de la tuhercn^
lose du col d^ Vutérus.
Bernbeim (Paris). — La tuberculose pnmitive des organes génitaux de la
femme.
Mercredi 8 août.
9 h. 1/2 du malin :
Stapler (S.-Paulo). — Nouvelle méthode d'extirpation de l'utérus au
moyen de pinces à vis,
JoNNESCO (Bucarest). — Lliystérectomie abdominale totale.
FoRGUES (Montpellier). — Des indications du traitement juxta-pariétal
du moignon dans l'hystérectomie supra-vaginale.
Spinelli (Naples). — La conservation du pédicule dans Vhysiérectomie
au point de vue des résultats éloignés.
Spinelli (Naples). — Série de 30 hystérectomies par le procédé de Ztoeifd
avec guéri son,
ViLLAR (Bordeaux). — Coïncidence des fibromes et des kystes de l'ovaire,
FovEAD de Courmelles (Paris). — Du curettage électrique.
E. Vidal (Paris). — Traitement de la neurasthénie féminine par les
extraits d'ovaire.
Mercredi 8 août.
2 h. 1/2 après midi : Maladies inflammatoires des annexes.
VARIÉTÉS 497
AuGCST P. Clakk (Boston). — Traitement cJùrurgical des états inflam-
matoires de la trompe de Fallope et de leurs complications»
GouLLiocD (Lyon). — De la salpingostomie primitive ou secondaire
dans les salpingites suppurées,
Jaylb (Paris). — Opérations conservatrices sur V ovaire,
Hartmann (Paris). — Traitement des annexites .
ViARD (Sain t-E tienne). — Traitement de la salpingite suppurée.
H. Delagéni^.re I Le Mans). — De l'appendicite dans les cas d^ annexites,
Mauclaire (Paris). — Réstdtats éloignés des auto-greffes d'ovaires dans
Vincision de hi paroi abdominale après salpingo-ovariectomie.
Amanx (Munich). — Sur la réparation des grandes pertes de substance
péritonéale dans les opérations sur le petit bassin,
José M. Gaballero (Buenos -Ayres). — L'angiotripsie dans les opéra*
lions abdominales.
Jeudi 9 août,
9 h. 1/2 matin : Présentation d'instruments .
ST.iPLËR (S,-Pauloi. — Table d'opérations et quelques autres appareils .
ViARD (Saint-Etienne). — Alèze gynécologique, Irrigateur à double
courant,
JoNNESCO (Bucarest). — hcarteur abdominal mécanique. Écarteur vagi-
nal mécanique.
Clôture de la section.
Le Gérant : G. Steinheil.
HIlfUEXiFARB. Tome LIII. Planche II.
Fia. 3. — HjperkénttiDiiaUon très marquée île l'épidErme. — a. Stntum
coroéeD. — b. Slratum luciduiu. — c. Couche granuleuse. Ocul. 4, proio-
tion Zeûg, Bystème D. D. Zeiw.
Photographie micrvacoiiiqur. (Appareil dt! REICHBIIT.)
0. SUInhell, Éditeur. Annalea ds Gynécologie.
\
i
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME LUI
Janvier à Juin 1900.
Accouchement Voir : Dyjtocie,
Accouchements (La pratique des — ,
ohstétrique journalière, par H.Var-
nier), 18.
Accouchement prématuré artificiel
(44 cas d' -, résultats), 406.
AcétoDurie (Del* — pendant la gros-
sesse), 161 .
Achondroplasie (Un cas d' — ), 316.
Adéno-myômes de Tut-érus, etc., 428.
Appendicite et grossesse, 357.
Appendicite (Son importance pour
l'accoucheur et le gynécologue),
402.
C
Catarrhe oculaire à la suite des ins-
tillations argentiques chez le non-
veau-né, 154.
Col, Voir : Dyittocie.
Col de l'utérus (amputations du —
pour métrites chroniques), 241.
Col (Rigidité du —). «3.
Cordon ombilical (Etranglement du
— par une bride amniotique), 448.
Cordon ombilical (Ligature et pan-
sement du — ), 152.
Corps jaunes (Histologie des — ), 229.
Couveuses (Les — aux Enfants-Assis-
tés), 67.
D
Désinfection (Delà — des mains), 475.
Dv.Htocie par fibromes utérins, 2U1,
320.
Dyetocîe par rigidité du col — opé-
ration de Porro, 55.
B
Eau oxygénée (De la valeur de V —
dans les hémorrhagies utérines), 34.
Emphysème utérin et septicémie
gazeuse, 434.
F
Fibromes compliqués de grossesse
(indications opératoires), 81.
Fibro-myôme utérin calcifié, pierre
utérine, 208.
Fistules vésico-utéro-vaginales pro-
fondes (Nouveau procédé opéra-
toire pour la cure des — ), 196.
Fœtus (Du soi-disant fœticide thé-
rapeutique), 1.
G
Grande lèvre (Kyste dermoïde, fibro-
me delà — ), 214.
Grossesse. Voir : Acctonurie ; Jibro-
mea ; kyste de lava ire ; pyéloiié-
pJu-ite.
Grossesse oxtra-utérine (De la — ),
43; 229, 397.
Grossesse tubaire, 210 ; 220 ; 390.
Grossesse tubaire (Note sur Tanato-
mie de ]a c. réfléchie dans la — ),
318.
H
Hémostase (Avantagea d'opérer sans
— préalable), 323.
Hernie congénitale de la trompe gau-
che, 201.
Hydrosalpingitc droite à pédicule
tordu. Pelvi-péritonite. Appendi-
cite, etc.j 118.
500
TA H LE ALPIIABKTIQUE
Hydrosalpîux droit (Torsion du pé-
dicule a' — coïncidant avec la rup-
ture d'une grossefse tubaire, etc.),
391.
Bystérectomie. Voir: Opération de
Porro, Perforation.
Inversion utérine complète 36 heures
après l'accouchement, 405.
Irrigation continue (Appareilà — ),64.
K
Kyste de l'ovaire avec généralisation,
210.
Kyste de l'ovaire, torsion du pédi-
cule au 2* mois de la grossesse, etc.,
3::0.
Kyste parovarique, etc., ?8.
Laminaire engagée par erretir dans
les voies urinaires, taille uréthrale,
206.
Ligament large (Fibro-myôme abo-
rigène du — J, 203.
Ligament rond (P'ibro myôino do la
portion abdominale du' — ), 307.
Ligature des artères do rutériis dans
le cancer de cet organe, 207.
Lipome sous péritonéul (volumineux),
M
Méningocèle de la région occipitale,
etc., 308.
N
Nouveau-né. Voir : Catarrhe^ ménin-
(joi'èLe.
0
Opération de Porro (2 cas d' — ), 317.
Organes génitaux (Anomalie des — ),
2;i4.
Ovaire (Tumeur solide de 1* — avec
tibromes utérins), 236.
Ovarite (De V — 8cléro-kyBtique),260.
Faroi abdominale (Fibrome de la—),
226.
Perforation de Tintestin après une
bystérectomie vaginale, 226..
Périvaginite phlegmoneuse dissé-
quante (Note sur la — ), 105.
Placenta. V. Sel é roder mû' .
Placenta (hémorrhagies par décolle-
mont du — normalement inséré),
1H3.
Protargol au lieu de nitrate d'argent
pour les instillations à la Credé,
ir,i.
Psoïtiset arthrite sacro-iliaque puer-
pérales tardives, 02.
Pyélonéphrite et grossesse, 61
S
Salpingites (Torsion des — ), 303-
3i)S ;
Salpingoslomie (de la — ), 1 86.
Pclérodermie ; atrophie et dégéné-
rescence scléreuse placentaire ; mort
du fœtus, etc., 216.
Sclérose utérine et vraie métrJte,
Sein (Fissures du —, traitement), 150.
>'epticémie gazeuse puerpérale, 451.
Tétanio infantilo (Fréquence et for-
inc!^ rares de la — ), 62.
Thérapeutique intra-utérine (Travaux
récents sur la — ), 124.
Trompes. V. Hernie, Ilydromlpin-
gitt'f Salpingites,
Trompes de Fallope (Amputation
spontanée des — ), 439.
U
Utérus.— Voir : Col, Emphysème, Fi-
brome, Hi/stèrectomie, Ligature j
SeléroJte.
Utérus et les Annexes (Suites des
opérations pratiquées sur 1' — au
point de vue des grossesses et des
accouchements ultérieurs. Hysté-
ropexie), 148,315; 400.
Utérus (Kupture de P — ), 66r245.
Vagin (Corps étrangers du — ), 235.
Vulve (Cancer de la — ), 213.
Vulve (Epithéliome de la —, point
de départ d'accidents pblegmoneux
graves), 210.
Vulve (Kraurosis de la — ), 413.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME LUI
Janvier à Juin 1900.
MKMOIBES ORIGINAUX
Baudbon. Torsion du pédicule
d'uQ hydrosalpiux droit coÏQcidant
avec la rupture d'uue grossesse
tubaire gauche. Laparotomie, gué-
rison, 3^0.
Claisse (A.). Développement des
adéno-myômes utérins de nature
inflaumiatoire, 428.
CLAIS8E (A.). Fibro-myôme de la
portion abdominale du ligament
rond, 307.
COUVELAIRE (A.). Étranglement du
cordon ombilical par une bride
amniotique, 448.
Delagenière (FI.). lodicatioua
opératfiires dans les cas de fibromes
compliqués de grosôesFe, 81.
Frai Kl N. L'ovarite scléro-kysti-
que, 2CL
GocBAROfF. Dea avantiiges d'opérer
sans hémostase préalable, 333.
GouiLLiouD. De la Salpingo:-to-
mie, 180.
Herkgott (F.-J.). La pratique des
accouchement», obstétriquejourna-
lière, par H. Varnier, 18.
HiMMELFARB. Du kraurosis de la
vulve, 413.
Jeanbrau et MoiTESSiEB. Kyste
parovarique contenant vingt-trois
litres de liquide albumineux, 99.
Lepage (G.). Dystocie par fibromes
utérins, 291.
Pinard. Du soi-disant fœticide thé-
rapeutique, 1.
Pinard. Nouveaux documents pour
servir à l'histoire de Tappendicite
dans ses rapports avec la gros-
sesse, 357.
Platon. De la valeur de l'eau
oxygénée dans les hémorrhagiea
utérines, 34.
RiCHELOT. Ja\ sclérose utérine et la
vraie métrite, 368.
Ries (E.). Amputation spontanée des
deux trompes de Fallope, 439.
Rousse. De l'acétonurie pendant la
grossesse, le travail de l'accouche-
ment et les suites de couches, liil.
Von Lingen. Note sur la périvagi-
nite phlegmoneuse disséquante,
105.
Weiss et SCH UHL. Quelques réflexions
à propos de 2 cas de rupture spou-
tanée de l'utérus et de leur traite-
ment chirurgical, 245.
revues cliniques
Hartmann. Hydrosalpingite droite
à pédicule tordu. Pelvi -péritonite
adhéiiive. Appendicite. Ablation
des annexes droites et résection de
l'appendicite. Guérison, 119.
revues générales
Labusquière. De la désinfection
des mains, 470.
Labusquièrk. De la grossesse extra-
utérine d'après O. Kiistner, 43.
Labusquière. De l'emphysème uté-
rin et de la septicémie gazeuse
puerpérale, 454.
Labusquière. Travaux récents sur
la thérapeutique intra-utérine
(Traduit du Monatê, f, Oeh, w.
Gyn.\ 124.
THÉBA PEU TIQUE OTNÂGOLOGIQUE
Labusquière. Nouveau procédé
opératoire pour la cure des fistules
vét^ico-utéro- vaginales profondes,
d'après N. Bardescu, 196.
502
TABLE DES MATIERES
SOCIETES BAVANTES
Société d'obstétrique, de gynécologie
et de pa^diatrie de Paris, 55,
148, 313, 3U7.
Société anatomique, 202.
REVUES ANALYTIQUES
Thérapeutique (Nourrice et nou-
veau-né), 150.
BIBLIOGRAPHIE
Alban Doran. Kyste de Toura-
que, 412.
Bouquet (P.). Théorie et pratique
des accouchements en tableaux
synoptiques, 65.
Caffarel. De la ligature ou du
pincement des fibromes, 66.
Dmitriev. De la question du forceps
haut, 157.
FiiRST (C.)- Influence de la profession
sur le développement des dévia-
tions utérines et des annexites
chroniques, 67.
GOROKHOV. Extirpation de l'utérus
et de ses annexes par le vagin
avec l'application de pinces à
demeure, 158.
Gczartsuik. Drainage cai)illaire de
l'utérus comme méthode théra-
peutique des endométrites post-
partum, 158.
LUOAS (A.), Traité théorique et pra-
tique d'électricité médicale, 412.
Matsieevsky. La version pro-
phylactique dans les bassins rachi-
tiques et Texpectation simple, 156.
Meyer. Ueber epitheliale Gebilde
im Myometrium des fœtale und
kindlichen Utérus einschliesslich
der Gartner'schen Ganges, 66.
MossB (P.). État actuel de l'opo-
thérapie ovarienne ; étude expéri-
mentale et clinique, 410.
Olshausen et Pfannbnstiel.
Comptes rendus de la huitième
réunion de la Société Allemande
de Gynécologie, 243.
Papou. Tuberculose des voies puer-
pérales, 156.
Pfannenstiel. L'incision cruciale
dans les cçeliotomies, 244.
Phocas. Étude de gynécologie
opératoire, 412.
Prigara*. Eléphantiasis des organes
génitaux externes de la femme, 160.
Rossa (E.). Les productions pédi-
culées du ligament large, 67.
Schultze. Lehrbuch der Hebammea
Kunst, 68.
Shirtov. Papillomea kystiques au
point de vue clinique et patholo-
gique, 158.
ViNcjENZO Greco. Les altérations
des annexes dans les fibromes
utérins, 68.
Zweifel (P.). Operationes tocolo-
gicic, etc., 323.
Annales de la Société obstétricale
de France. Paris, 15)00, p. 65.
Index bibliographique trimes-
triel, 61), 323.
VARIA
XIIP' Congrès international
médecine, 412.
de
IMPRIMERIE A.-G. LRMALE, HAVRE
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Les ANNALES DE GYNÉCOLOGIE paraissent le 15 de chaque mois
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volumes avec titre et table des matières. Des planches sont ajoutées
au texte toutes les fois que cela est nécessaire.
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2, rue Casimir-Delavigne. — En pro^ince et à l'étranger, chez tous
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Tout ce qui concerne la rédaction doit être envoyé à M. le
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PARIS
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1900
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DE GYNÉCOLOGIE
JUILLET-AOUT 1900
13« CONGRÈS INTERNATIONAL DES SCIENCES MÉDI-
CALES, TENU A PARIS DU 2 AU 9 AOUT 1900.
SECTION D'OBSTÉTRIQUE
La séance d'ouverture a eu lieu le vendredi 3 août à 9 heures
dans rÂmphilhéâtre de physique de la Faculté des sciences, sous
la présidence du professeur A. Pinabd, assisté de MM. Buoin
et HEnncoTT, vice-présidents; Bah et Cuampetier db Rides,
secrétaires généraux ,• Bonnaibe, Demelin, Doléris, May-
GRiER,PonAK,QuEiREL, Ribemont-Dessaignes, Varnier, mem^
bres du Comité.
Assistent à la séance et sont, sur la proposition du Pré-
sident, nommés Présidents d'honneur : MM. A. R. Simpson;
ZWEIFEL, WiNCKEL, HoFMEIER, LÉOPOLD, LÔHLEIN, ScHULTZE j
Morisani,Mangiagalli, Pestalozza, Calderini; Treub; Yeit;
Draghiescu; Sneguireff; de Ott.
Sont également nommés jorésidents d^honneur: MM. Kup-
PERATH, Lebedew, Makeiev, Pasquali, Rein, Smily, qui, pour
des raisons majeures, n'ont pu assister au Congrès après s'y
être fait inscrire.
ASK. DK OYN. — VOL. LIV. 1
I
I
\
2 13° CONGRES DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Le professeur A. Pinard prononce le discours d'ouverture
suivant:
Mes CHERS Confrères,
En déclarant ouverte la première séance du XIU* Congrès
international de médecine dans la Section d'Obstétrique, et
avant de commencer nos travaux, je vous prie de me permettre
d'adresser aux collègues qui m'ont appelé à l'honneur de vous
souhaiter la bienvenue, la nouvelle expression de mes plus
sincères remerciements. A vous tous, qui êtes venus à notre
appel, au nom du Comité tout entier, j'adresse l'expression de
notre plus cordiale gratitude.
Quelle que soit la nation à laquelle vous apparteniez, vous
êtes ici chez vous, sur une terre hospitalière, et dans un domaine
qui nous est commun, que nous aimons tous avec passion, que
nous voulons tous accroître : le domaine de l'obstétrique. C'est
assez vous dire quelle action synergique doit présider à nos
travaux si nous les voulons fructueux.
Ce sont des luttes qui vont commencer, où nous applaudirons
aux efforts des combattants : luttes dans lesquelles il n*y a
point de vaincus, puisque dans l'ordre scientifique, aucun
effort n'est inutile; luttes dans lesquelles, malgré la conviction,
l'ardeur et la passion des champions, il ne doit pas y avoir
d'ennemis, puisque les personnalités seront toujours en dehors
du débat, et que seules les idées pouvant nous conduire à la
vérité doivent être mises en jeu; luttes après lesquelles on voit
les adversaires s'étant le plus violemment combattus, s'esti-
mer davantage et se serrer cordialement les mains.
Si, depuis vingt-cinq ans. la face des choses a changé en
obstétrique sous l'influence des immortelles découvertes de
Pasteur et de Lister,nous sommes encore loin de tout savoir et de
tout connaître. Même sur le terrain des infections, il reste un
caput mortuum, qui trop souvent encore fait notre désespoir.
Je ne doute pas que sur ce point les travaux que l'on va nous
faire connaître, et que nous attendons avec impatience, ne nous
rendent plus puissants.
DOLERIS
Que d'inconnues encore sur tant d'autres chapitres !
Enfin, il faut le reconnaître avec satisfaction, j'allais
dire avec orgueil, le rôle de Tobstétricie grandit sans cesse.
Aujourd'hui plus que jamais on peut la définir : la science qui
a pour but la co7inaissance de tout ce qui intéresse la repro'
duction de Vespèce humaine. A nous de l'agrandir encore.
Le programme des communications annoncées mo donne
l'espoir, sinon la certitude, que cette session ne sera pas infé-
rieure aux sessions précédentes et que de nouvelles victoires
seront enregistrées.
Quoi qu'il en soit, je prie tous nos collègues qui nous ont
fait l'honneur de nous apporter des communications, tous les
délégués des gouvernements et des Sociétés savantes, d'agréer
nos sincères sentiments de reconnaissance. A tous j'adresse
notre salut le plus cordial.
M. le professeur Zweifel, président d'honneurj déclare
ouverte la discussion sur la première question à l'ordre
du jour :
ÉTIOLOGIE ET NATURE DES INFECTIONS
PUERPÉRALES
Rapporteurs : Doléris, Krônu;, Menge, Pestalozza.
1° Rapport de Doléris (1).
Le titre du sujet ainsi exprimé ne prête à aucune équivoque. Il
s'agit bien, exclusivement, des septicémies dont raccouchemeut est
roccasion, et, pour mieux préciser encore, des complications infectieu-
ses développées au niveau de la muqueuse ou des plaies génitales chez
les accouchées.
Le "principe de ces infections est Taction d*un microbe pathogène
isolé ou de plusieurs associes mis en contact avec une surface trauma*
tisée ou simplement dénudée.
{\) Manuscrit remis par l'auteur à la Révlactioii dea Annale* de (hjné-
colagie ot d'Obstétrique.
4 13^' CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Leur caractéristique obligée est la porte d'entrée vulvaire, vaginale
ou utérine, au delà de laquelle, l'invasion s'effectue et progresse, de
dehors en dedans, vers les milieux profonds. Il n'y a pas lieu d'ad-
mettre qu'une infection siégeant dans un foyer étranger à l'appareil
génital soit capable d'aller engendrer les phénomènes caractéristiques
d'une septicémie puerpérale au niveau de l'cndomètre. Nous devons
donc écarter du gt'oui)e des septicémies puerpérales les pyrexies infec-
tieuses, les lésions septiques localisées, susceptibles de généralisation
après l'accouchement et, d'une façon générale, les infections anté-
rieures ou coexistantes, pneumonie, gripi)e, fièvre typhoïde, herpès,
résorption intestinale fébrile, etc. Si ces espèces sont d'un grand
intérêt clinique, elles sont nosologiquement en dehors du sujet.
Bien que la question posée ne le comporte pas absolument, on ne
reprochera pas à un Français de rappeler brièvement l'historique d'une
découverte en tète de laquelle rayonne le nom de notre grand Pasteur.
C'est à côté de ce maître vénéré qu'il y a vingt ans aujourd'hui je
dus mon initiation aux recherches bactériologiques; et c'était précisé-
ment l'aurore de la vérité scientifique qui règne aujourd'hui sans
conteste sur la nature et l'étiologie microbiennes des septicémies puer-
pérales.
On peut envisager deux périodes bien tranchées dans l'évolution des
doctrines qui régnèrent sur ce qu'on a appelé de tout temps la fièvre
puerpérale :
La période prœ^pastetirienne et lapêi^iode pasleuriemie.
PÉRIODE PRiE-PASTEURlENNE
La première a vu se dérouler et passer bien des théories qui, malgré
leur diversité, se rattachent par quelque côté à la doctrine actuelle. Il
est certain que la plupart des accoucheurs antérieurs à la période où
les recherches anatomiques devinrent florissantes furent toujours
hantés par la même idée. Il s'agissait pour eux d'une maladie de décom-
position, d'une fièvre putride dans laquelle la présence de débris
putréfiés dans l'utérus provoquait de proche en x>roche l'empoisonne-
ment de l'organisme tout entier, accompagné de fièvre et fréquemment
de mort.
Les systèmes ont pu varier. Depuis Ilîppocrate, néanmoins, nous
retrouvons à chaque siècle l'opinion correspondante à cette doctrine
générale. Elle survit à toutes les autres.
DOLËRIS 5
L'essentialisme, avec ridée du miasme extérieur ; plus tard le vita-
lisme avec les théories humorales diverses ; enfin, le système des locali-
sations anatomiques,ouorganox>athies, eurent des défenseurs convaincus,
et ils avaient encore des partisans lors de Tavènement de la doc-
trine microbienne. Nous les retrouvons aujourd'hui transformés et
utilisés dans la conception moderne dçs septicémies puerpérales.
L'essentialisme, en effet, avec la conception hypothétique d'un
miasme contagieux, s'est mué en la notion irréfutable du microbe
tout à la fois agent pathogène et contage vivant.
Les doctrines humorales, qui concevaient l'organisme humain comme
capable de faire de toutes pièces la fièvre puerpérale, en vertu d'une
disposition spéciale à la femme enceinte, se retrouvent dans les acqui-
sitions scientifiques surlaconatilution du terrain gravidique puerpéral.
La femme enceinte et plus encore la femme accouchée sont des milieux
singulièrement favorables h la diffusion des microbes pathogènes et à
la résorption des scpsines. Ces conditions particulières mieux déter-
minées, quoique bien mystérieuses encore, dépendent de la constitu-
tion chimique des milieux liquides, des troubles sécrétolres, de l'accu-
mulation possible des déchets organiques résultant du ralentissement
général de la nutrition et de l'encombrement des émonctoircs. Cet
ensemble crée eu partie le terrain prédisposé. — L'ébranlement causé
par le traumatisme obstétrical, les plaies génitales et les liquides four-
nis par elles complètent la prédisposition.
Il n'est pas plus possiijle aujourd'hui que par le passé de dénier à
ces conditions vitales (disons humorales ]>our conserver l'ancienne
étiquette), mieux déterminées et transformées suivant les conceptions
scientifiques modernes, une grande importance dans la pathogénie de
l'infection, dans sa manière d'évoluer, dans sa bénignité ou sa gravité,
dans les circonstances qui décident de l'immunité, de la résistance, do
la survie ou de la mort.
La doctrine anatomique, contem|K)raine de la théorie du phlogistique,
a ouvert, dès le commencement de ce siècle, une large voie aux loca-
lisateurs.
Si les systèmes qui, peu soucieux de l'étiologie, faisaient consister
tout le mal dans les lésions étaient insuffisants ou erronés, ils n'en
ont pas moins eu le mérite de révéler d'une façon tangible le siège de
ces lésions, et, plus tard, d'apporter une donnée positive à la connais-
sance des voies d'extension et de diffusion des processus morbides.
Le réalisme trop exclusif de cette doctrine a donc eu son utilité puisque
6 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
nous lui devons la connaissance de la molritc, de la salpingite, de To-
varile, des phlegmons cellulaires et, grâce à des études mieux précisées,
celle du cheminement de rinflammationetdu pus dans les veines, dans
les lymphatiques ; enfin, la démonstration et une claire interprétation
des lésions métastatiques.
Lorsqu'on 1858 le mécanisme de l'infection primitive de la plaie
puerpérale fut affirmé et que les lésions secondaires diffuses de œtte
infection primitivement locale furent assimilées aA^ec une lucidité par-
faite aux lésions des infections chii*urgicales, il ne restait plus qu'à
déterminer le facteur premier des unes et des autres. Les esprits étaient
prêts pour la doctrine moderne du microbismc.
Tout ne s'est pas entièrement perdu de l'ensemble considérable
d'efforts et d'idées iwursuivis dans des voies difféi*cntes.
La doctrine géniale de Pasteur, en apportant la preuve matérielle
de l'existence d'un contage vivant, a confirmé l'œuvre des siècles pré-
cédents.
Avant que Pasteur se fût personnellement attaché à préciser avec la
rigueur désirable Texistence et la forme de son contage, sa doctrine
générale du rôle des germes pathogènes dans les maladies avait sus-
cité quelques essais dans la voie des recherches microbiennes et dans
la donnée pratique de la lutte contre la contagion.
Il y a vingt et un ans exactement nous étions h Véi^oque où, devant
les conquêtes incessantes de la science microbienne, l'opinion commen-
çait à se recueillir ; on se réservait et déjà l'on pouvait pressentir que
le moment était proche où la démonstration allait se faire, éclatante et
simple tout à la fois, d'une étiologic précise comme un dogme de
science exacte.
PÉRIODE PASTEURIENNE.
LES MICROBES PATHOGÈNES DE L^INFECTION PUERPÉRALE.
Les tentatives antérieures à 1879, rares et isolées, comme celles de
Recklinghausen, Mayrhofer, Waldeyer, Orth, etc.. ., en vue d'établir
la nature microbienne des septicémies puerpérales, procédaient, cela
vient d'être dit, du mouvement scientifique général éveillé depuis plus
de vingt ans alors par les travaux de Pasteur. Elles curent ime faible
notoriété et encore moins une influence réelle sur Topinion. De vagues
observations microscopiques, dépourvues des conditions rigoureuses
exigées i>ar l'analyse microlâologique et de la sanction positive de Tino-
DOLERIS 7
culation des gerihes isolés à l'état de pureté, ne pouvaient qu'aiguiser
la curiosité, tendre les esprits, accentuer les controverses,sans conduire
à une démonstration irréfutable. L'inoculation aux animaux des liquides
pathologiques tels quels, tentée par d'autres expérimentateurs, était
moins encore susceptible de dégager le rôle isolé des microbes.
Donc, la doctrine pasteurienne adaptée àTétiologie générale des mala-
dies infectieuses et étendue aux infections chirurgicales et obstétricales
avait conquis des partisans parmi le monde médical ;mais la conviction
était loin de régner dans le monde des accoucheurs. 11 serait plus juste
de reconnaître que Ton était en pleine période de scepticisme.
Découverte du streptocoque puerpéral. — En mars 1879,
Pasteur détermina l'existence' d'un coccus en chaînette, le strepto-
coque, dans le sang d'une femme infectée après l'accouchement. Ce
microbe fut prélevé et cultivé à l'état de pureté.
La démonstration était absolue. Antérieurement Pasteur avait cons-
taté le même organisme dans divers foyers de suppuration, avec la
même précision. Au cours de la même année, au travers de mes recher-
ches sur la pathogénic de l'infection puerpérale, j'eus l'occasion d'étu-
dier le streptocoque de l'érysipèle tout à fait semblal)le au précédent.
Démoiistration de Vaction imffiogène des germes puerpéraux. — J'ai
démontré pour la première fois, par l'inoculation positive aux
animaux, la virulence du streptocoque et de certains autres germes
puerpéraux cultivés par la méthode rigoureuse de Pasteur et multipliés
dans des milieux différents. Cette expérience dégageait le rôle exclu-
sif des microbes séparés des liquides pathologiques qui les renfermaient.
Dès lors, la doctrine de l'éliologie bactérienne se trouvait solide-
ment assise .
Des recherches datant delà môme époque paraissaient établir l'exis-
tence d'infections dues à d'autres organismes que le streptocoque : un
microcoque du pus affectant la forme de diplocoques et de grappes,
organisme qui fut dénommé peu après stoy>/iy/ocoça<j; des formes Imcil-
Ja/r6«donlune, prédominante, cultivant en anaérobieet qui répondait
au hacUle sept'ique de Pasteur.
Ces microbes furent rencontrés souvent à l'état d'association avec
d'autres espèces. L'impossibilité de les isoler, en vue de les différen-
cier pour une étude séparée, fut cause qu'on ne leur accorda pas la
même importance qu'au microbe en chaînettes qui se rencontrait le
plus fréquemment dans \(i^ exsudais patliologiques ,
Unicité. Pluralité étiohgique. — Il se forma très vite une école qui affirma
8 13'' coNcnÈs DES scienc£s médicales de PAnis
Vutiicité étiologique de l'infection puerpérale dont le seul germe >Taimenl
pathogène devait être le streptocoque pyogène (Ghauveau, Widal, etc.).
Il fut démontré que ce streptocoque est capable de produire toutes
les formes cliniques et de réaliser toutes les lésions bénignes ou sévères,
lentes ou rapides, exsudatives ou suppuréesde Tinfection puerpérale;
et cette opinion s'accordait bien avec la notion déjà établie de Tiden-
tité du streptocoque puerpéral avec le streptocoque des variétés diverses
de la suppuration en général^, du phlegmon, des lymphangites graves et
de rérysipèle.
La doctrine de Vunicité estpeut-ôtro séduisante et simple; maiselle était
certainement aventurée.
Elle compte encore quelques partisans, malgré les faits qui tendent
à maintenir la doctrine inverse de \a pluralité des germes pathogènes.
Nous restons attaché à cette dernière tout en reconnaissant, ce qui
fut pour nous le dogue de la première heure, la grande prédominance
de fréquence de l'infection puerpérale streptococcique.
Cette controverse est d'un grand intérêt, car de sa solution dépen-
dent au moins deux conclusions très importantes : la valeur diagnos-
tique de l'examen bactériologique, l'efficacité de la sérothérapie.
A priori^ il est raisonnalde de croire à la diversité possible des
pathogènes, dans les plaies génitales de l'accouchée, puisque cette
diversité i)eut exister, de toute évidence, dans les traumatismes chi-
rurgicaux infectés. Le pus lui-même est fonction d'organismes diffé-
rents. La logique conduisait donc h ne point admettre Tétiologie strep-
tococcique exclusive de l'infection des accouchées ; tout au moins elle
commandait de ne l'accepter qu'après la démonstration absolue de
l'innocuité des autres espèces. Or l'expérience a prononcé affirmative-
ment sur la virulence de quelques-uns de ces microbes.
Le problème varie encore, si on réfléchit que Tinfection peut être
polymicrobienne d'emblée et résulter do l'association d'organismes
divers, qui doivent s'influencer réciproqn ornent, atténuer ou exalter
la virulence quand ils agissent simultanément, dans le môme milieu,
et modifier enfin les effets de l'infection quand l'action de l'un succède
à la disparition de l'action produite par celui qui l'a précédé .
La question des symbioses et de la concurrence microbienne, comme
celle des actions successives, sont loin d'être résolues.
L'existence d'un germe unique pur dans le sang, critérium accepté
autrefois pour fixer la forme étiologique, ne saurait résoudre la diffi-
culté, aujourd*liui que nous nous trouvons en présence de la notion
DOLÉRIS 9
•
certaine do l'infection déterminée par des sepsines élaborées en dehors
du milieu sanguin, le sang restant assez fréquemment stérile.
Dans nos premières recherches bactériologiques, si imparfaites h cet
égard, Tassociation des cocci avec des bacilles, celle du streptocoque et
du staphylocoque seuls ou réunis aux bacilles se trouvent souvent
mentionnées. Dans les relations les plus récentes nous retrouvons
encore parfois ces mêmes associations ; cela ne fait qu'ajouter à la
complexité du problème.
Beaucoup de raisons, et non des moindres, militent encore contre
la doctrine de l'unicité . Il manque en effet & Tétude de Tétiologie des
septicémies puerpérales, un argument de grande valeur : c'est la cer-
titude que nos moyens de culturo sont suffisants. Un premier doute
grave vient à l'esprit quand on songe au peu d'importance que l'on a
accordé jusqu'ici à l'étude des anaérobies et à la négligence de la cul-
ture dans le vide des liquides prélevés sur les femmes infectées. Le
doute s'accentue quand on considère que les examens bactériologiques,
ne se peuvent faire, pendant la vie, que sur le sang ou sur les lochies
et que, dans de telles conditions, nos ressources expérimentales sont
singulièrement limitées et infidèles. Après la mort, au contraire, à
l'autopsie surtout, l'étude devient facile ;mais comporte-t-elle la môme
rigueur d'observation et les résultats ainsi obtenus ne sont-ils pas
faussés par l'invasion xiost-morUm de bactéries de provenance étran-
gère ?
En résumé, la logique est d'accord avec l'observation contre l'unicité
étiologiquc : la doctrine de l'action associée de plusieurs germes ne
suffit pas à confirmer ou l\ infirmer la théorie de la pluralité des
pathogènes ; — la limitation des procédés d'investigation et la stérilité
fréquente du sang étudié pendant la vie, restreignent la valeur des
résultats, tandis que les études post-mortem sont de nature à les vicier
considérablement ; — la négligence de la recherche des anaérobies
apportée jusqu'ici dans l'étude des septicémies puerpérales laisse dans
l'obscurité tout un côté important de la question.
Pour toutes ces raisons, il est prudent de tenir principalement compte
des recherches qui ont permis de reconnaître la présence de patho-
gènes isolés dans les produits et les milieux infectés.
Ces pathogènes sont biologiquement d'espèces différentes.
Les uns sont aérobies stricts ou obligés, les autres sont mixtes,
c'c3t:à-dire aérobies ordinaires, mais anaérobies facultatifs; d'autres
enfm, moins bien connus, sont des anaérobies obligés.
10 13^ CONGRES DES SCIENCES M^EDICALES DE PARIS
Les aérobies stricts sont : quelques variétés bacillaires sur le compte
desquelles on n'est pas très bien fixé, le coU-bacille, le gonocoque de
Neisser.
Les mixtes principaux sont : le streptocoque et les staphylocoques.
Ils se rencontrent à l'état de saprophytes habituels, comme les staphy>
locoques, ou accidentels, comme le streptocoque, sur la peau du péri-
née ou h l'entrée des voies génitales ; mais ils peuvent vivre, se déve-
lopper et agir en anaérobics dans les cavités et les tissus privés du
contact de l'oxygène.
Quant aux anaérobies stricts, ce sont d'abord ces espèces infini-
ment nombreuses qui vivent en saprophytes au sein des tissus mor-
tifiés, en voie de putréfaction, et qui peuvent être transportés mécani-
quement dans les voies génitales de Taccouchée ; ensuite les espèces
non moins nombreuses qui habitent le vagin, le col utérin en qualité
de saprophytes habituels.
Il n'est pas possible d'aborder l'étude détaillée de tous les pathogènes
réels ou supposés appartenant à ces trois catégories .
Pour nous il en est de communs et il en est de rares ; il y en a
même de tout à fait exceptionnels.
Leur nombre et les contestations dont ils sont l'objet nous obligent
de passer rapidement sur ceux dont la présence a été rarement
constatée.
Ces pathogènes singulièrement plus rares, sont : le microbe diphté-
rique^ le pseudo-diphtérique , le jmeumocoque.
Les deux premiers ont été déterminés dans certaines eschares à ex-
tension rapide en surface,avec productions membraniformes blanchâtres
épaisses ; le pneumocoque a été constaté dans des foyers suppures ou
dans l'exsudat de la péritonite.
Les observations prêtent à de telles contestations qu'il est prudent
d'attendre de nouvelles démonstrations et de ne point insister pour
l'instant sur le rôle de ces espèces.
Moins rare serait le gonocoque et on comprend aisément que la pré-
sence incontestable de cet organisme, aujourd'hui bien connu, dans les
foyers multiples de l'infection gonorrhéique, en dehors de la gros-
sesse, est un argument en faveur de son existence dans les mômes
foyers chez la femme enceinte . L'urèthre qui le recèle longtemps, les
follicules ATilvaires, les glandes de Bartholin, dont la suppuration est
parfois constatée au cours et à la fin de la grossesse, sont des sources
d'alimentation [)our le vagin et l'utérus. Eu fait, ce pathogène se
DOLÉRIS II
retrouve dans les sécrétions gravidiques et dans les lochies patholo-
giques dos premiers jours du post-partum. L'ophtalmie gonococcique
des nouveau -nés en est la preuve irréfutable. Je l'ai rencontré, très
rarement il est vrai, mais très certainement. Quelques accoucheurs
croient sa présence assez fréquente dans les liquides vaginaux des
femmes infectées.
A la clinique do Dresde (Léopold, communication verbale) on le ren-
contrerait dans le dixième des cas environ. Cette proportion est très
élevée, a notre avis,. et ne réjwnd pas à notre propre expérience.
Quoi qu'il en soit, il n'y a pas grand intérêt à s'appesantir sur l'étude
d'un organisme qui jusqu'à présent n'a pas fourni l'occasion de cons-
tatations d'un intérêt spécial pour la clinique .
Quant aux autres pathogènes plus rares encore, il nous est impossible
de faire autre chose que de les mentionner dans le tableau ci-contre.
TABLEAU DES PRINCIPALES VARIETES BACTÉRIENNES PATHOGÈNES
DES ORGANES GENITAUX
AéRODIBS. ^
lo Oonocogue de Neisser (aérobie obligé).
2« Bacille de Weeks (en massue), pathogène douteux.
3^ Streptocoque pyogène — qu'il ne faut pas confondre avec les :
Sircp. brcvJs (de la salive) /
o. i . ,^7 Ml V \ ïion pathogènes.
Slrep. tenuis (VciUon) ^ *
Anaérodies obligés (1).
lo Micrococcus fœtidus (\eïl\on) .
2* Bacillusfunduliformis (Halle).
3*» Bacillas nehulosus.
i (dans la rétention placentaire
4** Bacillas cadncus \ ^ , , , , . . ^ . .
( et les abcès peri-uterms).
6« Bacillus septicm — B. œdematis.
(l)Lc8 anaérobics s»trlcU iiullqncs iljins ce tablesiu sont aptes h pro<liiiro,par Inoculation
aux animaux, des» abc^a fétides, des aHl^nlC9 à extension rapide, des ffangrèncs étendues, des
sclercincs, et à tuer assez souvent les sujets en expérience. Le niicroc. (octidas est de viru-
lence exaltée quand il est associé au staphyl. aurcus.
12 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
AlVAéROBIBS FACULTATIFS.
10 Staphylococcus auretts,
S, pyogenes albiis (à ne pas confondre avec le staphyl.epidermitîs
albus ou microc.-cutis commun (non pathogène).
2o Coli'bacille.
3^ Bacille pseudo-diphtérique (pathogène discuté) à ne pas confondre
avec un bacille long et fin (Halle) non pathogène, rencontré dans le
vagin, le col utérin et le pus de la bartholinite.
4* StreptococcuB pyogeiies^ considéré comme putréfiant et probable-
ment confondu avec le microc.-fœtidus de Yeillon qui se met parfois
en chaînettes de cinq et six grains.
11 nous reste donc à envisager les espèces communes :
Le ou les streptocoques,
Le ou les staphylocoques,
Le coli-bacille,
Le groupe des anaérobies.
Nous réserverons tout notre soin à cette élude, en accordant aux
anaérobies une attention plus spéciale en raison de Tactualité et aussi
de rimportance pratique qui découle des notions les plus récentes sur
ces espèces.
L — Streptocoque pyogène. — Streptoooccie puerpérale.
— Refaire ici l'histoire du streptocoque serait superflu. Il est le mieux
connu des microbes pathogènes de l'infection puerpérale ; c'est le plus
commun ; il est certainement le plus redoutable des ennemis que Tac-
coucheur ait à combattre. Voilà ce sur quoi tout le monde est d'accord
depuis la découverte de Pasteur. — L'identité du strep. pyogène
puerpéral avec le strep. du pus et celui de l'érysipèle, indique nette-
ment la multiplicité des facultés pathogènes de ce microbe. Elle indique
son aptitude à faire de grandes suppurations, et à envahir rapidement
les tissus par la voie lymphatique. Nous savons aussi qu'il possède une
puissance de pénétration singulière qui lui permet de traverser la
muqueuse utérine pour envahir les tissus sous-jacents, jusqu'au
péritoine. Il pénètre do même la voie sanguine et sa présence
dans les veines — que j'ai décrite, affirmée et figurée en 1879 — a été
démontrée au moyen de la coloration des coupes par Widal. De telle
sorte que la préférence du streptocoque pour l'une ou l'autre voie n'est
pas possible à déterminer. — Enfin, nous connaissons l'évolution
DOLBRIS 13
cyclique de la période pathogène de cet organisme et nous savons quelle
est de courte durée ; ce qui permet d'assigner aussi une durée éphé-
mère à sa virulence. C'est un de ceux dont Faction pathogène s'épuise
le plus rapidement h moins de reviviscence dans des loyers successifs
— On le trouve souvent mort dans des abcès où végètent de nombreuses
espèces aérobies et anaérobies. On le rencontre affaibli et incapable,
par la culture, de recouvrer sa virulence ordinaire, dans des collec-
tions ou sur des surfaces muqueuses d'aspect sphacélé et dlphtéroîde
011 le staphylocoque et d'autres organismes continuent à multiplier
activement et à entretenir la suppuration. Ces notions sont précieuses
pour tout chercheur qui tente de pénétrer le secret des détails des pro-
cessus morbides. Non moins précieuses sont les connaissances relatives
aux formes streptococciques qui s'éloignent plus ou moins ou qui dif-
fèrent totalement du s. pyogène. Le s. brevis, le s. tennis, le microc.
fœtidus et d'autres espèces analogues, veulent être soigneusement dif-
férenciées de lui, et il est probable néanmoins que des confusions ont
dû être faites par bien des auteurs à cet égard.
Septicémie staphylococcique puerpérale. — L'infection par
les divers staphylocoques, par le 5. aureus principalement, est ac-
ceptée par l'un de mes co-rapporteurs et par la plupart des accou-
cheurs.
Je renonce volontiers à rappeler le résultat des premières études
sur la question, puisque la critique ne s'accommode pas de la simple
détermination basée sur Tapparence microscopique et sur des cultures
qui malheureusement ne présentaient pas des garanties suffisantes
d'isolement et de différenciation. Je me bornerai à mentionner que le
staphylocoque est^wrëet <iécn7\lans ces études et que Pasteur affirma
l'existence de son côté d'une espèce bactérienne différente du strep-
tocoque qui n'était autre que l'organisme vulgaire du pus, c'est-à-dire
le staphylocoque.
En récapitulant, dans la littérature médicale, les observations dans
lesquelles le staphylocoque a été rencontré, on ne peut douter que cet
organisme a pu faire les frais de suppurations métastatiques dans un
certain nombre de cas. Paulowsky, Max Schùller, Hoff et Lévy,
Babès,etc. . .ont apporté des observations certaines sur ce i)oint,'encore
que l'on puisse critiquer leurs affirmations par d'autres côtés. Il existe
des cas de siaphylococcie puerpérale généralisée (Strunckmann, Hahn
et Gannon).
Enfin les cas sont nombreux d'abcès périmétritiques généralisés
14 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
contenant exclusivement le staphylocoque blanc ou doré sans mélange
de streptocoques.
Le point le moins controversé est la fréquence relative du staphylo-
coque trouvé dans les lochies au cours des septicémies puerpérales
passagères, si Ton compte les observations dans lesquelles cet orga-
nisme a été rencontré seul ou associé avec d'autres.
En ce qui concerne mon expérience personnelle, je rappellerai un
cas très net étudié en 1892 qui confirma mes opinions antérieures sur
la réalité de la staphylococcie puerpérale.
Dans ma statistique, publiée pour les années 1895, 1896, 1897, j'ai
signalé un fait, d'observation banale il est vrai, mais qui ne peut être
tenu pour négligeable, c'est que les infections légères et passagères
fournissent une fois sur trois les staphylocoques blanc, citrin et doré
dans la sécrétion lochiale puisée au niveau du col utérin et dans le
fond du vagiur
Depuis cette époque, j'ai noté une proportion un peu moindre.
Par contre, poursuivant Tétude de cette question, j'ai pu recueillir
cinq cas graves de staphylococcie, qui auraient pu se terminer d'une
manière fatale sans le traitement antiseptique mis en œuvre.
J'en citerai seulement trois tout à fait typiques.
Cas I. — Primipare vcuue de la ville avec* dilaUtiou presque coniplëtc. D. P. teutativcs
multiples de forceps en Tille. — La dllatatiou est sufflsaute, tcrmiuuison rapide de l'accou-
chemcut par une dcruièrc application de forceps. — Déchirure du p<5riuéc, lacëratious mul-
tiples du col.
A imrtir du ciuquièmc jour, tièvre avec oscillations jusqu'au vingt-unième jour :maxtmum
thermique 40*',2.
Lésions. Suppuration de la plaie pcriuc'alc, sphooèle et suppuration du col, cscharcs
Taginales ; plaques dipthcroïdes à la vulve.
Bacténoaeopie. Le jour même de l'apparition de la fièvre et cinq jours après, on pré-
lève les sécrctiona recueillies au niveau du col utérin et ou les cnsfmonoc sur gcUisc
sucrée peptoniséo, légèrement alcaline et dans du bouillon. Les cultures solides pcnncltout
de différencier trois espèces de colonies : Staphylocoque doré, staphyloco<iue blanc et strep-
tocoque court (brcvli* ou S. de la salive) poussant sur pomme de terre, non pathogène.
La culture immédiate et séparée de ces trois organismes donne des résultats différents par
rinocnlation de bouillons de 34 et 36 heures aux animaux.
Le staphylocoque doré inoculé h la cuisse d'un lapin donne un abcès» septique au point
d'inoculation, de l'ostémnyélite et tue ranimai en une semaine.
Le stroptocrMiue inoculé h un cobaye ne donne aucun réiiultat : ses réactions étaient
différentes de celles du 8. pyogène.
La malade est restée dans un état grave itendaut.soize jours. Le seizième jour après l'ac-
couchoment, elle a fait un gros furoncle de la cuisse droite, contenant du staphylocoque.
DOLénis 15
dure pur.Tcra 1* même éitoquc l'enfaat préieate un cctliyma gént^rali8<? h sUptayiocoqae dor<^.
Au moment de sa sortie la malade a une tonrnlole à staphylocoques dgalement.
Cas il— Primipare, SS ans, Tient de la ville avec le col uU^rlu en voie d'elTaccment. Elle
présente de la flèyre, 3^ ax. D. P. Accouchement spontané aprbs 24 heures 1/2 de travail.
Le lendemain, T. 40^, ctat g<5néral mauTals ; pas de fdtldité,pasde symptômes përitonitiques
Élévation thermique avec remissions courtes et faibles, de grandes oscillations. Maximum
thermique ^y't'it ax. le 14™'^jour.
Lésions. D^hirure vulvaire insiguiflaute, n'ayant jamais préscnt(j la moindre compli-
cation. Vaste eschare du col constatée le surlendemain de Taccouchement.
Baetérioseopie. Les liquides puisés dans le col et dans la cavité utérine donnent des
cultures de staphylocoque doré, d'un leptothrix banal. Aucun streptocoque ni dans les
frottis de lamelle Immédiats, ni dans les difTércntes cultures.
La particularités cliniques sont rabscncc de s^-mptômcs abdominaux et un snlxlélire
prolongé diurne et uocturnc» L'utérus a suppuré longuement et abondammenti L'nutit>e])'
sie utérine, le drainage i)cnnancnt et les enveloppements froids ont fini par triompher du
rinfection.
Dans ce cas, on a noté surtout une flaccidité {singulière des parois utérines. Cette i>artl-
cularité a été constatée dans deux autres observations, notamment chez, une Jeune primi-
pare de seize ans dont l'utérus a évacué pendant près d'un mois des flots de pus bien lié
contenant exclusivement du (staphylocoque.
Cas III. — Primipare, 28 ans, accouchement rapide à terme, sans intervention. A non
entrée, la malade présentait un efTacenieut complet du col et elle soufTmit depuis trois jours.
La poche des eaux était Intacte* Pendant les six derniers mois de la grossesse, écoulement
glaireux jaunâtre trts abondant.
Le quatrième jour aprl>s l'accouchement, fièvre, accélération du pou Is, douleurs vagues
dans l'abdomen, sans péritonismc.
Eramen. Usions: éraillures de la vulve d'aspect normal ;cralllurcs profondes du vagin
à surface grisâtre. Col énorme, spongieux, boursouflé, lacéré ù gauche.
Flots de mucus jaune dtrln adhérent.
Antétlox Ion marquée. Los annexes sont sensibles. Pansement antiseptique. Drainage. La
température, W 39<*,A avant l'opération, descend le lendemain à la normale et s'y maintient
pendant cinq jours. On supprime le traitement topique.
Deux Jours après, ^9^,8 ; le lendemain, 30", I, et le surlendemain, 40**. L'examen révèle le
même état du col, l'existence des mêmes sécrétions. On reprend le traitement. Ouérlsou au
boutde vlngt^enx jourti.— Itarfirioscopie. Quatre examens de cultures, le 4'* juur, le 11", le 12"
et le 14" ont donné, d'une façon exclusive et constante, le s(aphyloentf^te dor/ {tathogène
pour le cobaye, sans aucun streptocoque ni bacille.
Il n*y a point à s'étonner des critiqaes qui ont été faites des obser-
vations relatives à la slaphylococcie puerpérale. Il semble même que
dans cette critique on ait apporté une certaine tendance à plaider sinon
rirréalité du fait, <lu moins Tinnocuité relative du staphylocoque qui
serait impuissant à produire une infection généralisée et une termi-
naison fatale. Cette appréciation a été appuyée sur diverses raisons
qui sont les suivantes :
16 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
lo Théoriquement, le streptocoque parait être le seul pathogène
capable de traverser Tendomètre et de se diffuser profondément; le
staphylocoque végète sur Tendomètre et ne doit le traverser qu'excep-
tionnellement ; les coupes microscopicpies colorées ne permettent pas
de le suivre à travers le tissu utérin.
2« Le staphylocoque est associé au streptocoque et survit à ce der-
nier ; si les prélèvements pour Texamen ont été faits tardivement, on
ne retrouve plus le streptocoque dont l'action pathogène a dû se mani-
fester dans les premiers jours de l'infection.
Contre le premier argument militent toutes les observations dans
lesquelles la métastase suppurée a été observée. Personnellement j'ai
apporté la preuve dérivant d'un cas dans lequel rinfcction,exclusivemcnt
constituée par le staphylocoque doré, entretenu pendant vingt jours
dans l'utérus en suppuration, produisit des métastases pleuro-pulmo-
naires, avec un appareil fébrile rémittent et des signes graves de sep-
ticémie.
Quant h la faculté de pénétrer le tissu utérin, cette démonstration ne
pourra être incontestablement fournie qu'autant qu'on aura en sa pos-
session un cas de mort par staphylococcie, événement qui me parait
devoir être tout à fait exceptionnel.
Contre le deuxième argument, je pourrais rapi)eler que la symbiose
strepto-staphylococcique a été niée.
Cependant trop de faits militent en faveur de sa réalité pour qu'on
la puisse mettre en doute. Et pour ne rien affirmer que d'après des
faits personnels, il me suffira de dire que dans les cas de st^hylo-
coccie pure que j'ai observés l'examen bactériologique a été pratiqué
dès le premier ou le deuxième jour après l'apparition de l'infection.
On a pu le voir par les relations abrégées qui précèdent, il m'est arrivé
dans certains cas de rencontrer un streptocoque en môme temps que le
staphylocoque ; mais cet organisme n'avait ni les caractères. ni les pro-
priétés du pathogène ordinaire.
Mes observations sont donc valables de tout point.
Reste la moindre gravité générale de l'infection staphylococciqno. La
nier serait aller contre l'évidence. Mais affirmer que la staphylococcie
ne produit pas parfois des lésions suppuratives d'une extrême gravité
dans l'appareil génital, et par riiétastase dans les viscères importants de
l'économie, et qu'elle n'est pas susceptible d'occasionner la mort dans
quelques cas rares, serait une dénégation imprudente et contraire à la
vérité.
DOLÉRIS 17
Le vrai est que la staphylococcie apparaît e^ général tardivement, h
cause delà lenteur du développement de l'organisme spécial, qu'elle
évolue beaucoup plus lent(;ment que la streptococcie qu'elle met long-
temps à pénétrer les tissus, enfin qu'on en combat beaucoup plus effi-
cacement les effets longtemps localisés par un traitement approprié
qu'on ne saurait le faire quand il s'agit du streptocoque qui déjà a
souvent essaimé au loin lorsqu'on songe à désinfecter la cavité utérine.
Et qui peut affirmer que la négligence d'une thérapeutique oppor-
tune et persévérante de l'infection staphylococcique n'amènerait pas le
môme résultat fatal que la streptococcie ?
C'est ici le moment d'ajouter que les suppurations utérines prolon-
gées ayant pour cause le staphylocoque engendrent fréquemment les
endométrites infectieuses persistantes du post-partum plus sûrement
que la streptococcie.
En résumé, les faits, la discussion, la gravité d'évolution de la sta-
phylococcie osseuse et viscérale, parfois mortelle, sont d'accord pour
faire classer le staphylocoque comme un pathogène certain des septi-
cémies puerpérales.
Coli-baoille. — Les infections primitives par cet organisme sont
loin d'avoir l'importance des infections secondaires. On peut dire
qu'il est l'agent des suppurations de la dernière heure et le septique
in extremis. Des cas de coli-bacillose puerpérale pure ont été rapportés.
Je ne saurais les citer et les analyser ici^ mais je m'associe
volontiers aux critiques qui ont été faites de ce mode d'infection,
notamment et d'une façon remarquable par mon collègue H. Varnier,
sans toutefois aboutir au rejet de cette variété de septicémie, surabon-
damment démontrée en dehors du puerperium.
Ce qui est bien certain encore, c'est que le coli-bacille est par excel-
lence le microbe des associations bactériennes ; par conséquent, il est
difficile, dans l'examen de chaque cas, de conclure autrement que d'a-
près ce que l'on sait sur le rôle de cet organisme agissant isolément.
 cette heure un doute semble régner quant à sa réelle nocivité en
dehors de certains organes et de certains milieux. Dans de telles con-
jonctures il doit suffire d'enregistrer les faits anciens, et, sans dénier
au coU-hacille la possibilité de participer activement à la suppuration
et à l'infection septique, d'attendre que de nouvelles recherches aient
définitivement fixé son rôle parmi les pathogènes puerpéraux.
Le coli-bacille est un hôte habituel de l'intestin. Il végète néan-
moins sur le tégument externe et on le rencontre fréquemment sur le
AK». DE OTX. — VOL. LIT. 2
18 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARTS
périnée, sur la vulve, ^ l'entrée des voies urinaires. Son étode a été
poursuivie par de nombreux expérimentateurs et, quand on considère
les dissidences singulières qui se sont produites à son endroit , on en
arrive forcément à conclure que son existence, ses réactions, sa viru-
lence sont soumises à des variations très nombreuses. U importe de
résumer ce qui parait résulter de solide des nombreuses recherches
expérimentales opérées jusqu'ici.
Le colibacille est réellement pathogène et pyogène dans certaines
circonstances. Il est aérogène certainement dans les milieux addi-
tionnés de glucose, llattaciue et décompose les peplones en produisant
Vindol, L'apparition de ce corps suit immédiatement l'épuisement du
sucre. Il tue le cobaye lorsqu'il est injecté dans le sang, et produit des
abcès, en inoculation sous la peau. La grande quantité des microbes
injectés influe beaucoup sur la gravité des effets produits. — En
exaltant la virulence du colibacille (par inoculation dons le péritoine
du cobaye par exemple) on obtient, par simple inoculation sous la
peau, des effets de généralisation dans le sang et dans les viscères.
L'appareil urinai re est un de ses habitats d'élection. Tout s'accorde
d'ailleurs en faveur de l'identité du coli-bacille avec le bacille que
Clado a décrit dans la cystite purulente.
Les bouillons de culture du coli, soigneusement filtrés, sont toxi-
ques par les sepsines qu'ils renferment.
Le coli-bacille apparaît rapidement dans le sang après la mort. On
le trouve souvent en association soit avec le streptocoque, soit avec
d'autres bacilles, plus souvent avec le staphylocoque doré.
Ce qui précède indique a priori que ce microbe doit être rencontré
souvent dans les septicémies puerpérales, en raison des multiples cir-
constances qui peuvent l'introduire dans les voies génitales directe-
ment. Dans ce cas, il y pénètre comme un staphylocoque aérobie
inerte, mais susceptible d'acquérir une virulence anaérobique spéciale
au contact des tissus mortifiés.
Les anaérobies pathogènes, auxquels on le trouve fréquemment
associé, facilitent cette transformation, leur rôle étant de vivre en
épuisant l'oxygène des tissus. Une fois cet épuisement effectué, le
coli-bacille, qui est anaérobie facultatif, est obligé de s'orienter vers
celte nouvelle condition d'existence. Cela doit expliquer qu'on le
trouve dans les foyers pathologiques suppures, utérins et péri-utérinâ
associé au staphylocoque ou au streptocoque.
A la faveur de la péritoni te ou seulement de l'atonie intestinale si
DOLÉRIS 19
fréquente dans Tinfection des accouchées, il traverse les parois de
rîntestin altéré dans sa texture, coudé, agglutiné par des exsudats,
distendu et aminci, parfois nécrosé. Il devient dès lors pathogène du
péi^toine.
Il devient enfin pathogène du sang par le fait bien connu de sa
généralisation, et d'autant plus aisément et plus vite que la période
asphyxique est plus précoce. Après la mort, il y pénètre sûrement par
toutes les voies ensemble, et s'il existait déjà dans le sang il s*y mul-
tiplie alors avec une grande rapidité.
Le coli-bacille a été trouvé dans les lésions des septicémies puerpé-
rales un tel nombre de fois qu'il n'y a pas h s'étonner qu'on lui ait
attribué un rôle pathogène considérable. Cette même raison, aidée des
résultats contradictoires fournis par Texpérimentation, avant que les
résultats pai*adoxaux en apparence aient été interprétés, a conduit au
contraire certains auteurs à lui dénier une virulence suffisante pour
amener à lui seul des septicémies graves ou la mort, et à ne lui accor-
der qu'un rôle restreint ou subalterne. D'autres allant plus loin encore
ne voient en lui qu'un microbe banal, tout au plus agonique et sans
action bien démontrée i)our la production des phénomènes septiqucs .
Nous devons, nous, le considérer, de par les faits, comme un pathogène
certain, et quand il est associé à d'autres organismes nocifs, comme un
pathogène dangereux, capable d'aggraver notablement une infection
qui eût pu rester modérée, sans son influence propre.
Infection par les saprophsrtes anaérobies. — La constatation
clinique ancienne de la fréquence delà septicémie puerpérale h la suite
de la rétention du fœtus ou du placenta putréfiés ; la découverte plus
moderne de la fièvre du travail, de nature infectieuse et microbienne,
s'accordent pour mettre en relief le rôle des anaérobies des voies géni-
tales.
Dans nos premières recherches, en 1879-1880, alors que Ton obser*
vail encore dans les Maternités des formes graves de septicé-
mie, et que l'ignorance ou la négligence des lavages antiseptiques
hâtifs facilitait le développement des formes putrides de l'infection,
l'étude des anaérobies eût été relativement facile, surtout si nous avions
eu à notre disposition les procédés modernes de différenciation. Elle
resta fatalement vague et incomplète.
Nul doute cependant que les constatations matérielles d'alors n'eus-
sent une valeur absolue quant h l'exifelence môme de bacilles septiqueê
divers dans les liquides pathologiques du péritoine, et dans le pus des
20 13® CONGRES DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
organes, et une valeur relative quant à la nature anaérobie de certains
de ces bacilles que nous cultivions dans des milieux liquides prives
d'oxygène. L'inoculation positive directe au moyen du pus et de la
sérosité du péritoine, et celle des cultures pures aux animaux^ ne {K)a-
valent pas davantage laisser planer un doute sur les qualités pathogènes
de cesanaérobies. La constatation qu'il m'avait été donné souvent de
faire de l'association des formes bacillaires anaérobies avec les cocci,
dans les septicémies puerpérales putrides, dans certaines suppurations
et en particulier dans la péritonite septique, m'avait amené il y a vingt
ans à une conclusion générale qui mérite d'être signalée à nouveau.
Je disais que très probablement les bactéries aérobies devançaient
l'œuvre des anaérobies et, en épuisant l'oxygène des tissus, prépa-
raient un accès facile à ces dernières en même temps qu'elles favori-
saient leur multiplication. Il n'y a pas d'objection sérieuse à faire
aujourd'hui à cette ancienne hypothèse.
Ces ébauches d'étude n'ont pas suffi pour entraîner la conviction.
Aujourd'hui les accoucheurs aussi bien que les hommes de labora-
toire conviennent cependant de certains faits qui donnent plus de
créance aux conclusions d'autrefois. Ce retour à l'opinion que j'ai
émise, il y a vingt ans, et qui parut longtemps controuvée, est une
satisfaction donnée à la doctrine et aux recherches expérimentales,
tout à la fois.
Quel est le mode de pénétration des anaérobi<;s dans les voies géni>
taies?
Les septicémies par anaérobies dérivant d'une infection hétérogène,
doivent être, à notre époque, d*une telle rareté que c'est à peine si,
pour la pratique, il paraît nécessaire de soulever la question. Toutefois
ce mécanisme est incontestable.
Par contre, leur production par le mécanisme autogétùque a été
l'objet d'études nombreuses et c'est surtout cette sorte de faits qu'il
est raisonnable d'envisager à l'exclusion des précédents.
Il nous convient de ne rien rappeler aujourd'hui des études d'au-
trefois et de ne parler que des recherches les plus récentes. Nous
devons dire cependant que, la question même de la pufréfaction étant
sujette à des modifications incessantes apportées par des découvertes
nouvelles, il faut s'attendre à voir progresser lentement et 'varier
certainement l'étude des anaérobies.
Ainsi, malgré ce qui vient d'être dit de l'action préparatoire exercée
sur les tissus par les aérobies avides d'oxygène et qui semble indiquer
DOLBRIS 21
que cette action est, sinon indispensable, du moins très utile, il est
démontré que les anaérobies agissant seuls sont capables d'attaquer
la matière albuminoïde des cellules, de la peptoniser et de la trans-
former en putrilage en dégageant des gaz fétides. Cela doit diminuer
singulièrement le rôle des pathogènes aérobies. Or tel est le résultat
des études de Bienstock et celui également obtenu à llnstitut Pasteur
par Veillon et Zuber, dans Tétude du mécanisme des processus putrides
et gangreneux provoqués par quelques microbes anaérobies.
Guillemot, en étudiant la gangrène pulmonaire, a démontré la
nécessité de plusieurs espèces associées pour la produire, et de son
étude il semble bien résulter que la putréfaction est une succession
de phénomènes bactériens, auxquels concourent , les unes après les
autres, des espèces différentes. Les résultats négatifs dans les travaux
de beaucoup d'expérimentateurs sont dus certainement à l'ignorance
de ces faits. La négation même de la présence et de l'action pathogène
des anaérobies peut être imputée à la technique exclusive des cultures
à plat sur les milieux solides, trop souvent sur des milieux réfrac-
taires à la culture des anaérobies, comme la gélatine. Dans les bouil-
lons liquides, l'association des aérobies et des anaérobies est relati-
vement plus aisée, ce qui explique que nous ayons pu obtenir, il y a
>ingt ans, des résultats positifs.
Les meilleurs travaux actuels sur les anaérobies génitaux ont été
faits en France et en Allemagne.
Nous devons à J. Halle un travail de grande importance. Mon co-
rapporteur Krônig a poursuivi de son côté la môme étude sur le
terrain clinique et dans le laboratoire.
D'après ces recherches, nous pouvons considérer que certaines sep-
ticémies fébriles, dues à la rét^întion du placenta en voie de putréfac-
tion, sont attribuables à des anaérobies pathogènes, tels que les caducus,
nchulosus, fundidiformis de Halle, le micrococcvs fœtidus de Veillon, le
putridus, le colibacille associés exclusivement au staphylococcus aureus
(Veillon et Zuber), etc.
Dans la liste des anaérobies décrits par Krônig, il est probable que
certaines espèces non dénommées se rapportent à celles-ci.
Tous ces anaérobies vivent en saprophytes dans le vagin normal,
sauf le funduliformis ; tous sont susceptibles de produire des gan-
grènes et des abcès quelquefois mortels, lorsqu'ils sont inoculés en
culture pure aux animaux.
L'association des anaérobies pour produire la putréfaction, et par
22 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
conséquent pour arriver à déterminer les lésions et la toxémie spé-
ciale de l'infection puerpérale, semble devoir éclairer singulièrement
le rôle de ces myriades de saprophytes auxquels nous reconnaissons
un pouvoir pathogène dans Isl fièvre septique du travail ^ et qui certaine-
ment doivent être très actifs dans les phénomènes de la putréfaction
m utero.
Les anaérobies étudiés par J. Halle dans le vagin normal et dans
certaines lésions génitales, causent des gangrènes et des processus
putrides ; l'auteur les a retrouvés dans le pus de la péritonite putride,
dans les suppurations péri- utérines, dans les foyers localisés, tels que
certains abcès de l'ovaire. Nous sommes bien autorisés à affirmer
qu'ils sont capables de causer l'infection autogène saprophytique e*
qu'ils jouent un rôle notable dans la formation des foyers métasta-
tiques gangreneux.
Dès lors, il importe de considérer que la question des pathogènes
puerpéraux en tant qu'anaraéobies doit être classée parmi les faits
positifs dont le développement ultérieur éclairera peut-être bien des
points des septicémies puerpérales h forme putride^ ce qui nous ramè-
nera en somme à la conception ancienne si complexe de la fièvre puer-
pérale.
Septicémie gazeuse. — La connaissance d'organismes suscep-
tibles d'engendrer des gaz putrides, au contact des tissus mortifîés
ou des liquides stagnants, la notion accréditée que ces organismes
sont des variétés anaérobies, sont tout à fait corrélatives de la décou-
verte faite par Pasteur du hnclUe septique. Cet organisme anaérobic,
rencontré dans les gangrènes gazeuses, est-il une entité bien définie
ou bien les septicémies ii production de gaz reconnaissent-elles des
agents différents? Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable;
on a pu étudier expérimentalement, en effet, plusieure bacilles aéro-
gènes. Certains auteurs attribuent au coU-hacille la même faculté.
Les organes génitaux des accouchées sont certainement susceptibles
de renfermer de tels microbes ; leur pénétration dans les tissus et
jusque dans le réseau circulatoire ne parait pas contestable.
Dès 1874, j'avais l'occasion d'observer im exemple typique de cette
variété de septicémie. Dans un cas de fibromatosc utérine avec réten-
tion d'un fœtus putréfié, dont l'observation a été recueillie en 188:^,
on percevait, pendant la vie, une crépitation superficielle sur toute
l'étendue de l'abdomen, atteignant la racine des cuisses et la base du
thorax jusque dans la partie postérieure du tronc.
DOLBRIS 23
A Tautopsie, remphysème sous-cutané avait disparu. L^abdomea ne
contenait pas de gaz. L'examen bactériologique révéla dans les
tissus, dans le liquide péritonéal et dans le sang, Torganisme anaé-
robie que nous sommes habitués h dénommer bacille septique. L'exa-
men du sang fut pratiqué avant la mort, la malade étant en asphyxie
agonique depuis longtemps, — immédiatement après la mort — et
dix heures plus tard. Dans ces trois examens les bacilles se rencon-
traient en proportion croissante.
En 1896, Schnell attribuait un cas mortel de septicémie gazeuse au
eoU'hacille. Cette opinion se retrouve dans un cas de Ghiari. Des
auteurs américains Tout rapportée dans une observation à un anaérobie
assez différent qui est sans action sur le lapin vivant ; et d'autres
expérimentateurs enfin sont arrivés à déterminer deux ou trois autres
espèces dont une aérobie.
En janvier 1899, dans un cas mortel de rétention du placenta putréfié
chez une femme accouchée prématurément, à 8 mois de grossesse,
Tautopsie nous montra l'envahissement total du cadavre par un déve-
loppement gazeux putride ; le tégument, la cavité abdominale, le foie,
la rate, les reins, le tissu cardiaque, crépitaient sous l'eau comme du
tissu pulmonaire. Le foie était creusé d'alvéoles remplis de gaz.
L'étude bactériologique révéla, par l'examen de frottis de lamelles, la
présence de trois sortes de bacilles : l'un identique d'aspect au D.
$epticu9y — un autre, filamenteux, plus mince et plus long, — enfin un
bacille court et gros que j'ai souvent rencontré dans les liquides patho-
logiques des formes putrides de l'infection ; — plus du strepto-
coque.
Les cultures en aérobie laissèrent disparaître les bacilles septiques
pour ne conserver que les autres esi)èces. Les cultures en anaérobie ne
furent pas faites dans des conditions suffisamment correctes.
La sérosité péritonéale du cadavre tua rapidement un cobaye sans
œdème gazeux et sans lésions attribuables aux bacilles septiques.
Malgré l'insuffisance de la démonstration bactériologique, dans ces
observations, ce que nous savons de l'œdème malin nous permet
d'accepter comme conclusion que la putréfaction septique avec déga-
gement de gaz est due à des bacilles anaérobies soit spécifiques, soit
identiques au B. septieus de Pasteur, soit à des congénères.
♦ *
24 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
MECANISME DE l'iNFECTION DANS LES SEPTICÉMIES PUERPERALES
Elle est hétérogène ou autogène.
Inlection hétérogène. — Le mécanisme doit varier pour les patho-
gènes les plus communs tels que le streptocoque, le staphylocoque et
le colibacille ; et il serait difficile de rien ajouter de nouveau à une
question aussi bien connue.
Le staphylocoque seul parait prêter à quelques considérations cepen-
dant- C'est un saprophyte de la peau et, par conséquent, toute lésion
périnéale ou vulvaire lui offre une jwrte d'entrée facile. On Fa vu, et
personnellement je Tai observé, faire irruption dans la plaie affrontée
d'une périnéorrhaphie immédiate, surtout lorsque les tissus avaient été
contus et profondément infectés. En sa qualité de saprophyte anaérobic
facultatif, il doit trouver de faciles conditions d'existence et de multi-
plication dans de telles circonstances. Sa présence fréquente dans les
escarres du périnée et dans les plaques mortifiées du vagin et du col
utérin semble le démontrer.
Le colibacille, qui fréquente volontiers les abords du méat urinaire
et de l'orifice anal, obéit sans doute à un mécanisme pathogénique
analogue, sans qu'il soit possible de démontrer absolument le fait, cet
organisme se retrouvant principalement dans les lésions éloignées du
foyer primitif d'infection et n'apparaissant qu'à des phases tardives.
Nous devons accepter la même interprétation pour expliquer l'invasion
des auti*es pathogènes introduits fortuitement, et dans une proportion
d'ailleurs fort rare, au contact des organes génitaux internes des accou*
chées.
Les doigts de l'accoucheur, les instruments, les linges, etc., sont les
véhicules habituels de linfection.
Infection autogène. — 1" Par les pathogènes des sécrétions patho-
logiques préexistantes ;
2o Par les saprophytes anaérobies habituels des voies génitales.
Le thème qui passionne actuellement les accoucheurs est celui de
Vautogénèse, et celte préoccupation se conçoit. Si, en effet, l'infection est
toujours apportée h la plaie génitale par riiitroduction d'un microbe
pathogène venant de l'extérieur, par le moyen du toucher ou des ins-
truments, l'asepsie parfaite des mains et des instruments est le pro-
cédé de préservation par excellence. L'abstention du tducher est plus
parfaite encore.
Si la pénétration des (ïathogènes qui vivent en saprophytes sur la
DOLÉRIS 25
peau de la vulve et du périnée peut s'effectuer spontanément, la
désinfection du tégument externe préviendra ce mode d'infection. A
supposer que les pathogènes de Feutrée des voies génitales soient
susceptibles d*ètre transportés mécaniquement dans les parties profon-
des, chose qui doit être admise en principe, Tabstcntion du toucher et
des injections, la suppression de tout contact pénétrant en un mot,
réaliseront la prophylaxie idéale.
On ne saurait rêver une plus grande simplicité dans la doctrine et
une plus grande sécurité dans les moyens de préservation contre Tin-
fection.
Dans rhypolhèsc contraire, si les organes génitaux internes, parties
profondes du vagin et col utérin, renferment habituellement ou acci-
dentellement des germes pathogènes, aérobies ou anacrobies, les
pratiques prophylactiques qui viennent d'être mentionnées seront
insuffisantes; bien plus, elles deviennent condamnables en ce qu'elles
contiennent précisément la prohibition des moyens d'antisepsie vulga-
risés dès l'apparition de la théorie microbienne, et rigoureusement
imposés aux accoucheurs et sages-femmes, à l'heure actuelle, au
moins dans la période prœ-partum,
La solution de cette question est grosse de conséquences tant au
point de vue de la responsabilité médicale et de l'adoption ou de
l'abandon de l'antisepsie interne, qu'au point de vue si important de
l'enseignement de l'obstétrique. Elle mérite donc une étude détaillée
et une discussion serrée des arguments pour et contre.
Interrogeons l'expérimentation bactériologique d'abord ; nous verrons
ensuite ce que dit la pratique.
RECHERCHES SUR LA FLORE VAGINALE EN DEHORS DE LA GROSSESSE
ET PENDANT LA GROSSESSE
Dès avant la découverte positive des pathogènes de l'infection puer-
pérale, quelques chercheurs avaient déterminé la présence de bactéries
dans le trajet génital, en dehors de la grossesse (Haussmann, 1874; —
Hugh Miller, 1878 ; — Hottenier, 1879). Ces résultats ne pouvaient avoir
une réelle importance puisqu'ils ne faisaient qu'établir une donnée
banale sans démontrer la nocivité des microbes vus simplement au
microscope.
Depuis^ personne n*a songé à contester d'ailleurs la présence de
bactéries saprophytes dans les voies génitales, même dans le vagin
26 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
des femmes saines, soit çn dehors de la grossesse, soit pendant la
grossesse, soit après Taccouchement. Tout est une question de propor-
tion et d'espèces.
Or, co terme de saprophyte comportait simplement l'idée de microbes
vulgaires, point nuisibles, hôtes habituels, tout au plus capables do
décomposer les sécrétions et d'engendrer des altérations de peu d'im-
portance dans les conditions ordinaires.
n faut en outre rappeler de nouveau qu'au début des recherches
dont il va être parlé maintenant la distinction en aérobies et en anaé-
robies, bien établie par Pasteur et qui nous avait servi dans nos études,
fut malheureusement négligée. L'habitude prise des cultures à plat
sur gélatine ou gélose, pour faciliter la différenciation des colonies
microbiennes, supprimait la possibilité de reconnaître des pathogènes
autres que dos aérobies.
On savait seulement que des pathogènes connus, le streptocoque,
les staphylocoques surtout, se rencontrent constamment sur le tégu-
ment cutané du périnée et de la Milve.
Quant au vagin et au col utérin, à partir de 1887 deux opinions
s'établissent.
D'après certains auteurs, le vagin des femmes enceintes, que l'on
croyait habituellement renfermer une flore très mélangée, ne recèle
pas les pathogènes habituels de l'infection puerpérale. Des bactéries
vulgaires et sans action nocive s'y rencontrent seules. Examens
microscopiques, cultures, inoculations sont d'accord pour le démon-
trer (Gônner).
On accepte parallèlement la stérilité habituelle de l'endomètre et de
l'endo-salpinx chez la femme non enceinte (Winter, Steffeck, etc.).
L'opinion inverse affirme au contraire la présence de pathogènes,
streptocoques pyogènes et staphylocoques divers, dans 50 p. 100 des
cas. Le désaccord est nettement tranché.
Une troisième opinion (Dœdcrleîn), éclectique, expose que l'absence
des pathogènes ou leur présence coïncident avec des conditions diffé-
rentes des sécrétions génitales provenant du col utérin et du vagin.
Ces sécrétions sont normales om pathohgiques :
Normales j elles sont à réaction acide et cette acidité parait due à
l'abondance d'un bacille si>écial au vagin : le Scheidenbacille,
Les pathogènes ne s'y rencontrent point.
Pathologiques y les sécrétions sont d'aspect puriforme, à réaction
neutre ou alcaline; le Scheidenbacille fait défaut. Il y existe des cocci
DOLBRIS 27
pathogènes (streptocoques, staphylocoques «et de minces bâtonnets).
La conclusion est la suivante : le ScheklenhacUh acidifie les sécré-
tions en produisant incessamment de Tacidc lactique ; quand il est en
proportion suffisante, il défend le vagin et l'utérus contre Fenvahis-
sement par les pathogènes, mais seulement en vertu de Tacide qu'il
produit.
La démonstration rigoureuse de cette hypothèse a été tentée et four-
nie par deux sortes d'expériences dont voici le résultat :
1« Le staphylocoque doré, ensemencé dans une culture de ScJieiden-
bacille, ne tarde pas à périr ;
2° L'introduction d'une culture de staphylocoque doré dans un
vagin à sécrétions normales, acides, est rapidement suivie de la dispa-
rition de ce pathogène.
A cette heure, la question d'acidité ou d'alcalinité a perdu toute son
importance. On s'accorde pour reconnaître que les sécrétions vaginales
sont toujours h réaction acide, réaction plus faible cependant dans les
sécrétions pathologiques.
Les recherches concluante la présence fréquente (50 p. 100), ou plus
rares (25 p. 100, 15 p. 100) de pathogènes dans les voies génitales,
sont en outre controversées ou du moins on tente des Qxplications sur
les discordances. On ne i)eut interpréter le désaccord qu'en accusant
une technique défectueuse qui aurait fait puiser dans le vaghi. i)our
les cultiver, des microbes provenant du périnée ou de la vulve. En
employant des précautions rigoureuses, on doit arriver à un résultat
négatif.
Cette critique, disons-le tout de suite, est très exagérée et ne saurait
détruire les faits constatés par de multiples expérimentateurs.
Malgré tout, et pour les raisons qui précèdent, on a voulu édifier un
système nouveau pour la pratique obstétricale qui ne nous parait pas
sans danger^ c'est la suppression delasepsie ante-partum.
Avant de traiter plua longuement ce point, il faut dire que la con-
clusion précédente est purement déduite d'une équivoque de mots. On
nie en effet que des germes pathogènes se rencontrent a l'état normal
dans le vagin, on explique le pourquoi de cette impossibilité en disant
que les pathogènes qui peuvent se rencontrer exceptionnellement dans
ce conduit ne lui appartiennent pas en propre h titre de saprophytes
habituels et, i)0ur cette raison, ou les exclut de l'étiologie de l'infec-
tion autogénique. Mais on ne nie point que des pathogènes réels se
rencontrent dans l'appareil génital de la femme enceinte ; on ne nie
28 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
pas davantage qu'il y ait à côté des sécrétions normales, des sécrétions
pathologiques. Or, pour nous, la notion dominante, celle qui survit à
Fopposition des résultats divers de l'expérimentation, c'est justement
la distinction des sécrétions génitales en fiormales et pathologiques. Et
ce qu'il faut retenir c'est que tous les auteurs ont constaté plus ou
moins dans le vagîn des femmes enceintes, affectées de ces sécrétions
pathologiques, la présence de germes virulents. Il faut retenir ce point
parce qu'il constitue un accord formel d'opinion. A la vérité, c'est une
donnée élémentaire qui a toujours frappé l'esprit des accoucheurs.
Il importe peu en effet que les pathogènes qui vivent dans les sécré-
tions pathologiques provenant du col utérin malade ou du vagin
enflammé y résident à l'état d'hôtes accidentels et non point comme
des saprophytes ayant droit de cité ancien et définitif ; l'important est
qu'ils s'y trouvent et qu'ils peuvent y séjourner un temps indéter-
miné.
Ces germes n'ont-ils que l'apparence de pathogènes ou possèdent-ils
une réelle virulence ? Nous allons le voir tout à l'heure.
Mais tout d'ahord, en réfléchissant à la disparition rapide du staphy-
locoque introduit expérimentalement dans le vagin, ainsi qu'un de
nos honorables Rapporteurs l'a vérifié, on peut se demander si cescooci
cultivés artificiellement, avant d'être introduits, n'avaient pas perdu
une grande partie de leur résistance, comme il arrive souvent &
la suite des cultures. La môme question se pose à propos des expé-
riences cullu raies de cocci mélangés aux Scluiidenhacllles.
Nous savons enfin, car Krônig a eu soin de nous le dire, que ces
tentatives expérimentales n'ont été osées qu'avec beaucoup de réserve
et de précautions. Enfin on arrive h une déduction assez inattendue
qui est la suivante : il faut bien que la source qui produit et entretient
les pathogènes rencontrés par les expérimentateurs dans les sécrétions
pathologiques soit fort active puisque ces microbes peuvent y vivre un
certain temps malgré les conditions supposées défavorables du milieu.
En fait, il existe pendant la grossesse des pyorrhées cervicales et vagi-
nales fort tenaces où cultivent streptocoques et staphylocoques. Je
m'en suis convaincu par des recherches bactériologiques rigoureuses.
Revenant maintenant au doute émis sur la virulence de ces
microbes, je conclus qu'il n'est pas indispensable de considérer que
le milieu acide du vagin, qui leur impose à l'ordinaire une innocuité
relative, doive détruire définitivement en eux toute virulence. En
effet, la réaction de ce milieu est de nature à changer, et elle change
DOLBRIS 29
en réalité pour d'acide devenir alcaline dès que le sang et le sérum
sanguin viennent se mélanger aux sécrétions génitales, au cours des
règles ou du travail.
L'apparition du sang pendant raccouchement est précoce et abon-
dante chez les primipares, tardive et rare chez les multipares. Après
raccouchement le sang existe dans les lochies, chez les unes et les
autres. Est-ce une partie du secret qui rend les primipares plus vulné-
rables à rinfection ? Je l'ignore ; mais c'est possible.
Ma remarque répond victorieusement à l'argument tiré de la réac-
tion chimique habituelle du milieu, puisque cette alcalinité, qui doit
créer des conditions de culture meilleures aux pathogènes, apparaît
justement au moment propice à l'infection.
Elle ne doit certainement pas être l'unique condition favorable h
leur reviviscence m ««7« -observée après l'accouchement. On en trouve
la preuve dans la constatation faite récemment par un auteur italien
(Sapelli) laquelle fournit une interprétation assez rationnelle en faveur
de rautogenèse. Dans la sécrétion vaginale de 25 femmes enceintes,
à la fin de la grossesse, qui n'avaient pas été examinées depuis une
ou deux semaines, il rencontra 22 fois des staphylocoques blancs
et citrins. L'inoculation de ces sécrétions h des lapins en bonne
santé resta tout à fait négative. Mais pratiquée sur des animaux à
résistance locale ou générale diminuée artificiellement, les cocci
redevenaient virulents et produisaient une infection plus ou moins
grave.
D'où cette conclusion que, dans des conditions spéciales de moindre
résistance de l'organisme féminin, les pathogènes des sécrétions vagi-
nales pathologiques, inertes en apparence, reprennent toute leur
nocivité.
Cette notion n'est-elle pas d'ailleurs en parfaite harmonie avec ce
que nous savons de l'énorme importance de la valeur du lerrain^ c'est-
à-dire de la résistance des malades, dans toute infection ? Certes le
germe virulent est la cause indéniable du mal ; sans lui, pas d'infec-
tion possible ; mais que de différences dans la manière de réagir des
différents sujets ?
Ici, le streptocoque, le staphylocoque ont beau posséder toutes les
aptitudes pathogènes connues, les lésions resteront limitées, la malade
guérira, parce qu'elle offre l'équilibre physiologique adéquat au
maximum de résistance. Là, nous aurons affaire à des pathogènes
atténués, mais l'infectée, affaiblie, albuminurique, diabétique, car-
30 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
diaque ou névropathe offrira un champ largement ouvert à tous les
méfaits microbiens.
Microbe, ciruUnce^ terrain, triple élément d'un problème singulière*
meht ardu dans la pratique l
Il faut résumer maintenant en une conclusion précise Texposé
précédent.
L'infection puerpérale auto génétique, par les microbes pathogènes
habituels, pourrait être niée si l'on voulait faire consister l'autogenèse
exclusivement en une infection par les saprophytes constants du
milieu génital.
Mais cette façon d'envisager la définition de l'autogenèse ne fait
que la restreindre arbitrairement.
L'autogenèse doit rester i>our tous, cliniciens et savants, V infection
développée in situ, sans le concours de germes introduits mécanique-
ment dans les voies génitales au cours du puerperium. Sous cette
définition il y aurait témérité à la nier.
Dans la pratique, l'expérience m'a démontré depuis 1896, époque
où j'ai supprimé toute injection vaginale après les accouchements,
que la suppression de toute asei)sie vaginale iK)st-partum donnait
d'excellents résultats, que le pourceutage de la morbidité infectieuse
légère restait à peu près égal à celui que donnait l'ancienne pratique ;
en cela je suis d'accord avec les premiers accoucheurs qui ont adopté
cette méthode.
Mais, par contre, la même statistique m'a démontré que la
morbidité chez les femmes venues de la ville et qui entrent à
l'hôpital au moment même de raccouchement, sans avoir subi
aucun soin antiseptique préalable, était nolublement plus fré-
quente que chez les femmes soignées à l'hôpital avant leurs couches.
Je pourrais même ajouter que les cas rares de mortalité par infection
appartiennent exclusivement à la catégorie des femmes venues du
dehors, qu'elles aient ou non été examinées, qu elles aient ou non subi
des tentatives opératoires. Pour ce qui est de l'influence du toucher
pratiqué par les élèves et celle des opérations effectuées par mes
assistants ou par moi-môme il m'est impossii)le d'établir une différence
réelle, quant à la morl)idilé, entre celles qui ont subi des examens
multiples ou des opérations et les autres, dès qu'il s'agit de femmes
ayant reçu également les soins antiseptiques pne partum conformé-
ment h la règle générale. La comparaison des statistiques qui se
rapportent aux périodes où les stagiaires ne fréquentaient pas la
DOLÉRIS 31
maternité et les statistiques correspondantes aux périodes de stage
donnent des résultats équivalents.
Comme sanction pratique, les accoucheurs doivent se préoccuper de
détruire les sécrétions pathologiques constatées pendant la grossesse.
La vulvite, la vaginite, la cervicite doivent être traitées par une anti-
sepsie prolongée. Les sécrétions qui proviennent de ces affections ont
des aspects et des caractères bien connus : elles sont plus ou moins
puriformcs ; elles recèlent des organismes pathogènes ; elles comman-
dent et justifient par conséquent, encore qu'elles soient rares, un trai-
tement topique préventif qui ne doit être cessé qu'après réalisation de
l'asepsie définitive.
Ainsi que Tarnier le faisait remarquer, les chirurgiens sont logiques
quand ils procèdent à une désinfection minutieuse des voies génitales,
préalablement à toute intervention sur le vagin et Futérus. Les accou-
cheurs ne sauraient échapper à la môme obligation, préalablement aux
traumatlsmes spontanément créés par l'accouchement.
o
o o
Nous devrions maintenant envisager Tautogénèse infectieuse par les
microbes saprophytes anaérobies, toujours présents dans les voies géni-
tales internes, mécanisme que personne ne songe plus à contester. Mais
ce point a été ébauché à propos de Tétude même des anaérobies. La
question n*est pas suffisamment avancée pour qull soit possible d'en-
trer dans les mêmes détails qu'en ce qui concerne les pathogènes ordi-
naires. Nous serons donc très bref.
Démontrer, en effet, que ces anaérobies deviennent, dans des condi-
tions déterminées, de dangereux pathogènes, tandis qu'ils restent
inertes ou k peu près dans les conditions ordinaires ; — qu'ils sont les
agents véritables de la putréfaction, — qu'ils produisent du pus, des
sphacèles, des gaz fétides, qu'ils élaborent des sepsines toxiques, c'est
démontrer du même coup leur rôle dans la putréfaction de l'œuf ou du
fœtus; c'est dire que de simples saprophytes ils passent à l'état de
générateurs de poisons au sein des tissus mortifiés qu'ils décomposent.
La putréfaction du liquide amniotique au cours de raccouchement
prolongé produit la fièvre septique du travail. L'expérimentation a
montré qu'elle était due à des saprophytes anaérobies introduits dans
Tœuf, surtout dans les cas de rupture prématurée de l'amnios.
La putréfaction du placenta retenu dans l'utérus produit toujoui*s
des accidents infectieux, quelquefois des septicémies foudroyantes sans
32 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
lésions suppuratives. De même que la putréfaction du fœtus, elle pcat
engendrer exceptionnellement de véritables œdèmes malins ou septi-
cémies gazeuses. Or, nous avons vu que les anaérobies des voies géni-
tales possèdent justement de telles aptitudes.
Enfin, la putréfaction totale de la caduque dans les formes rares qui
rappellent la putrescmtia uteri de De Bauer et celles plus communes
où il n'existe qu'un foyer de sphacèle limité, concurremment avec la
lymphangite, la phlébite utérine et la péritonite septique, témoignent
de l'association des deux mécanismes autogène et hétérogène et de la
symbiose des aérobies pathogènes avec les anaérobies tout à la fois.
Ainsi sont effectuées les infections mixtes, suppuratives et putrides.
Voies d^dillusion des microbes pathogènes; progression
et généralisation des mierobes. — C'est un des côtés de la ques-
tion les mieux connus dans ses lignes générales. Nos prédécesseurs
avaient bien établi que la voie sanguine, la voie lymphatique, la mu-
queuse génitale et le tissu cellulaire étaient autant de véhicules pour
l'infection. La découverte positive des diverses variétés de microbes
pathogènes dans les systèmes correspondants a confinné cette donnée.
Nous ne pouvons pas avoir la prétention d'établir à laquelle de ces
voies appartient la prépondérance dans la translation de l'infection, et,
encore moins, si chacune d'entre elles est plus habituellement utilisée
par tel ou tel genre d'organismes.
L'autopsie révèle le plus souvent la diffusion mixte par quelques-
unes de ces voies de pénétration ou par toutes à la fois. U y a lieu de
croire que ces points pourront être élucidés à la longue. Mais la pra-
tique, hâtons-nous de le dire, se peut actuellement satisfaire des
notions classiques sur ce point.
Du rôle des sepsines. — Nous devons réserver tout un côté de la
, question des septicémies puerpérales sur lequel il est presque impos-
sible de donner aujourd'hui des renseignements certains : c'est le rôle
des sepsines et la manière dont celles-ci agissent pour la production
de certains phénomènes liés à la septicémie. Le fait en lui-môme est
une sorte de dogme auquel personne ne songe h, opposer une contra-
diction. Et quant aux problèmes difficiles de l'empoisonnement de
l'organisme, des études chimiques très détaillées pourront seules nous
éclairer sur la part qui levient aux sepsines et sur celle qui appartient
en propre aux lésions, pour entretenir la maladie et amener la mort.
Nous devons donc nous limiter à l'acceptation des faits généraux mis
en lumière par Panum, Zuelzer, Selmi et Gautier.
DOLÉRIS 33
Conclusions.
Les septicémies puerpérales sont causées par des organismes micro-
biens pathogènes. Ces organismes sont les uns aérobies, les autres
anaérobies ; quelques-uns affectent les deux états.
Le streptocoque est le principal pathogène, d*après les recherches
poursuivies jusqu'à ce jour.
n n*est pas possible d'éliminer le staphylocoque des pathogènes dan-
gereux, et il serait d'autant moins judicieux de le faire que, par un
côté, il constitue certainement un danger sérieux en entretenant les
suppurations utérines qui conduisent à l'endométrite chronique et aux
annexites graves. Il joue un rôle qui parait prépondérant dan» certaines
métastases viscérales, en association soit avec le streptocoque, soit avec
des saprophytes anaérobies.
Le gonocoque, le coli-bacille, le B. de la diphtérie et de la pseudo-
diphtérie, le pneumocoque, sont des pathogènes exceptionnels ; mais
leur rôle actif dans les lésions puerpérales est confirmé par quelques
observations. Leur rôle septicémique est moins bien établi.
Les anaérobies ont une action pathogène évidente. Ils sont de type
et d'espèce différents. Ils peuvent occasionner les symptômes de la
septicémie auxquels s'ajoutent génértilement les signes de la putridité,
le sphacèle et exceptionnellement la production de gaz fétides dans les
tissus et dans le sang. Les pathogènes de la septicémie gazeuse puer-
pérale sont si peu étudiés qu'il n'est pas possible de poser sur ce point
des conclusions positives. Gomme espèces définies on peut ajouter
aujourd'hui au B. septicus de Pasteur et aux variétés bacillaires ren-
contrées autrefois, principalement dans les cultures en bouillons, des
espèces nouvelles dont la découverte et l'étude sont dues à J. Halle,
Yeillon, Krônig, Zuber, etc.
Ces anaérobies sontles B. cadncus^ nebulosus,/undulifortms de J. Halle;
le micrococcus fœtidus de Veillon; le piUridus, etc., auxquels il faut
ajouter des espèces bien décrites par Krônig, qui n'ont pas été déter-
minées par une appellation spéciale et qui paraissent répondre comme
description à quelques-unes des précédentes.
D'après les propositions qu'on vient de lire, la doctrine de la pluralité
des pathogèfies puerpéraux doit être conservée.
Les ass(fciatiotis microbiennes sont fréquentes. Les actions successives
des microl>es se retrouvent dans la succession du staphylocoque au
streptocoque, dans le remplacement d'une bactérie putréfiante par une
A2nr. DK OTN — VOL. UV.
34 13* CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
autre bactérie. Peut-être faut-il croire que de l'association fréquente
des aérobies et des anaérobies découle des conditions pathogènes
encore Inconnues .
L'infection est généralement héUrogène.
L'infection autogène^ dans Tacception générale que nous avons adop-
tée^ est démontrée par :
lo la préexistence possible de pathogènes ordinaires dans les sécré-
tions des femmes enceintes, que pour cette raison on a dénommées
sécrétions pathologiqnes ;
2** l'existence peut-être constante de saprophytes et d'anaérobies
capables d'acquérir dans les liquides et les sécrétions inertes, dans
les résidus mortifiés, dans les amas de substance morte ou nécrosée
une action virulente rapide.
La conséquence pour la pratique est la suivante : les infections
pathologiques préexistantes du vagin, du col utérin, des annexes, qui,
en clinique, réalisent une des deux modalités de Vautogénèsê, font une
obligation de ne pas abandonner de parti pris l'antisepsie locale prœ-
partum et per partum .
La possibilité bien connue de l'infection hétérogénétique par le trans-
port des pathogènes saprophytes de la peau ou des milieux ambiants :
streptocoque, staphylocoque, coli-bacille, etc., ou par l'ascension spon*
tanée des mêmes pathogènes tégumentaires jusqu'aux plaies vagino-
utérines, commandent l'asepsie persistante des parties génitales
externes.
*
¥ *
Si le terrain parcouru est déjà considérable et si le bienfait rendu
par la science bact<*riologique à la pratique obstétricale est inappré-
ciable, nous n'avons pas encore le droit de dire que la question est
épuisée. Loin de là, le champ est vaste pour les recherches. Les asso-
ciations symbiotiques, rrr la concurrence microbienne, = la part de
l'action microbienne propre et l'action toxique des sepsines dans l'in-
fection, : la recherche et l'étude des anaérobies pathogènes, = enfin
la sérothérapie rationnelle de chaque variété d'infection, voilà de quoi
exercer longtemps encore le génie et la patience des savants.
KRÔNIG 35
2* Rapport de BLrônig (1) (de Leipzig).
Par fièvre puerpérale, nous entendons une maladie des suites de
couches dans laquelle des bactéries pathogènes colonisent sur des
plaies puerpérales survenues pendant raccouchement, et de là cau-
sent dommage à l'organisme. L'étiologie de la fièvre puerpérale n'est
nullemetU unique ; la fièvre des accouchées peut être causée par des
espèces différentes de bactéries qui, par leurs caractères biologiques
particuliers, peuvent, jusqu'à un certain degré, imprimer à son évolu-
tion un cachet spécial. Toutefois, les différences dans les diverses
formes cliniques de la maladie ne sont pas tellement tranchées qu'il
soit toujours possible de déduire, sûrement, de leur mode d'évolution
l'espèce de l>actéries qui. dans le cas considéré, est à l'origine des
accidents. Nous devons envisager comme bactéries pathogènes de la
fièvre puerpérale les suivantes :
m
Streptococcus pyogenes puerperalis ;
Staphylococcus pyogenes aureus ;
Gonococcus Neisser ;
Bacterium coli ;
Bacillus diphteriœ ;
Pneumoniœ coccus ;
et diverses bactéries anaérobies.
De ces agents morbides de la [fièvre puerpérale, le streptocoque pyo»
gène puerpéral est le plus important, parce que, plus fréquenmient
que tous les autres germes mis en cause, il franchit les foyers infec-
tieux primitifs et envahit l'organisme. Mais il faut, ici, noter que l'ana-
lyse d'un certain nombre de cas d'infections streptococciques a fait
voir que cliniquement, et même avec cet agent morbide, le foyer
infectieux primitif n'est, relativement, que rarement franchi. Ainsi,
dans l'infection primitive de Tendometrium puerpéral, l'extension
de l'infection s'étant faite de ce foyer ne fut établie que dans 7 p. 100
des cas, et une issue mortelle ne fut observée que dans la proportion
de 4 p. 100 environ.
Ces données ont une importance pratique, parce qu'elles doivent nous
aider à apprécier les résultats de telle ou telle thérapeutique. La faible
(1) Manuscrit remis par l'auteur à la Rédaction dei Annales de Gynéeologiê
et traduit par M. B. Labubquibbb.
36 13® coNGnès des sciences médicales de paois
mortalité de 4 p. 100 fut atteinte en V absence de toute thérapie ; avant
tout| en dehors de toute manœuvre locale.
Le plus grand nombre de toutes les infections staphylococdques,
démontrables, guérissent spontanément ; bien plus, l'infection strepto-
coccique des plaies puerpérales, et particulièrement de Tendometrium,
peut évoluer sans aucun trouble de l'état général^ sans élévation de la
température, et seulement avec quelques modifications de la sécrétion
lochiale, qui, habituellement, est augmentée ou purulente ou sangui-
nolente.
A notre avis, ce dernier fait nous explique que, de nouveau, récem-
ment l'opinion ait été reprise que la cavité utérine puerpérale, dans les
conditions normales, peut, dès les premiers temps des suites de cou-
ches, contenir des germes, parmi lesquels le streptocoque pyogène
puerperalis, opinion en contradiction avec la notion fondamentale et
si importante pour l'appréciation de toute la question de la fièvre
puerpérale, étayée par Dôderlein : de Vàbsence absolue de germtê, l^
conditions étant normales, dans la cavité de Vutértis puerpéral normal.
Pour nous, nous nous rallions absolument à l'opinion de Dôderlein,
et nous estimons qu'il faut tenir pour pathologique toute présence
démontrée de germes dans la cavité de l'utérus puerpéral. On doit
encore, à l'heure actuelle, tenir pour fermement établi : que Vuférus
puerpéral, dans les conditions normales, ne renferme pas de germes.
Il n'est pas possible, actuellement, de préciser à quelles causes tien-
nent les différences dans les modalités cliniques des divers cas d'infection
streptococcique puerpérale. La raison la plus probable résiderait dans
le degré variable de virulence des streptocoques en cause.Mais les expé-
riences que nous avons faites sur les animaux avec des streptocoques
obtenus des lochies de différentes accouchées infectées, nous ont donné
des résultats très contradictoires : ainsi, des streptocoques provenant
de femmes atteintes d'infections légères, injectés à des lapins, provo-
quaient des érysipèles étendus, tandis qu'au contraire des strepto-
coques provenant d'accouchées sous le coup d'accidents symptomaUques
les plus graves, déterminaient des phénomènes inflammatoires à peine
apparents. D'autre part, de grosses difficultés viennent compliquer,
semble- t-il, les tentatives faites dans le but de déterminer le degré de
virulence des streptocoques ; il est très difficile d'instituer dans ce
sens des expériences tout à fait exemptes de reproches. Pour le mo-
ment, nous devons accepter comme démontrée la notion que le de^ré
de virulence des streptocoq^tes baisse, quand ils sont longtemps forcés à une
KRÔNIG 37
eanêtence saprophytique . Bien qu*il soit possible d'établir par les obser-
vations cliniques que le nombre des bactéries a une influence aussi
bien sur Téclosion que sur la gravité de l'infection, de nombreuses
expériences faites sur les animaux nous ont aussi prouvé que le nombre
des bactéries infectantes joue dans ce sens un rôle très important. Nous
sommes en état, quand nous expérimentons sur l'animal, de doser en
quelque sorte, assez exactement, le degré d'une infection streptococ-
cique chez le lapin, d'après le nombre des germes inoculés. Indépen-
danmient de la virulence et du nombre des streptocoques importés,
toutes les dispositions générales et locales du sujet influent aussi sur la
marche de l'infection. Outre les conditions générales: anémie, nutri-
tion défectueuse, diabète, il faut admettre des dispositions locales :
mauvaise vascularisation des tissus, plaies, contusions étendues des
organes génitaux des accouchées. Les observations d'Ahlfeld établis-
sent que la marche de la délivrance exerce une influence marquée sur
l'évolution clinique des suites de couches ; d'autre part nos observa-
tions personnelles prouvent que toutes les interventions chirurgicales *
compliquées de lésions étendues des tissus, les applications de forceps
chez les primipares, par exemple, fournissent une forte proportion
d'infections streptococciques.
Les facultés biologiques du streptocoque, par elles seules, favorisent
la pénétration de ces germes, anaérobies facultatifs, du foyer initial
constitué par la plaie puerpérale dans les tissus ; ils peuvent dif-
fuser également dans les vaisseaux lymphatiques et sanguins de
l'organisme.
La démonstration bactériologique faite par Widal, Bumm, etc., de
la présence des streptocoques dans les tissus d'accouchées mortes
d'infection streptococcique a également prouvé que les vaisseaux lym-
phatiques et sanguins sont à peu près aussi souvent envahis par ces
germes. Cette extension, ainsi que l'ont montré les recherches de ces
auteurs et les nôtres, part spécialement de l'endométrium infecté et
surtout de l'aire placentaire. Les autres plaies puerpérales du col, du
vagin, du périnée donnent plus rarement lieu à une diffusion régio-
nale on métastatique de l'infection streptococcique. Cette notion est
contraire à l'opinion plus ancienne suivant laquelle les plaies du col
prédisposeraient spécialement à l'extension de l'infection dans les tis-
sus plus profonds.
Nous devons la connaissance plus précise de ces faits exclusivement
& la possibilité qui nous est fournie par le réactif colorant de Qram
38 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
de mettre directement en évidence la présence des streptocoques dans
les tissus.
Le, staphylocvccus pyogene» aureuê que Ton rencontre aussi, éven-
tuellement, dans l'infection puerpérale, jouit de propriétés tout à fait
. semblables à celles du streptocoque, et comme lui peut, en qualité
d'anaérobie facultatif, végéter dans Torganisme.
Ce germe morbide qui, dans les autres infections des plaies, phleg-
mons, abcès, etc., joue comme agent pathogène un rôle si actif et se
distingue par des facultés d extension si marquées, se rencontre
relativement rarement, en qualité d'agent pathogène, dans Tinfection
des plaies puerpérales. Tandis qu'on le découvre encore souvent dans
les produits inflammatoires des plaies périnéales infectées, il est extrè*
mement rare de le déceler dans la sécrétion lochiale de Pendométrium ;
les rares cas d'infection staphylococcique de Tendométrium montrent
presque constamment une évolution remarquablement bénigne. On n'a
pas encore découvert la cause de la différence dans l'évolution patho-
logique de l'infection staphylococcique dans les plaies puerpérales et
dans les autres plaies chirurgicales, non plus que la cause de la diffé-
rence entre révolution pathologique de l'infection staphylococcique
puerpérale et celle de l'infection streptococcique.
Les hactérieê de la putréfaction, anaérobies, qui jouent un grand
rôle dans l'étiologie de la fièvre puerpérale, se présentent dans une cer-
taine opposition avec les deux germes morbides dont il vient d'être
question.
Les bactéries anaérobies. saprogènes, se distinguent essentiellement
des germes infectieux pyogènes par leurs caractères biologiques.
Tandis que les cocci pyogènes peuvent vivre dans un milieu privé ou
pourvu d'oxygène, les bactéries saprogènes anaérobies ne se dévelop-
pent qu'en l'absence absolue d'oxygène ; de plus, elles meurent sou-
vent tôt par l'apport d'oxygène. C'est là un caractère constant et
extrêmement fixe des bactéries saprogènes anaérobies. Ou n'a pas
encore réussi, môme par les expériences les mieux conçues, à obtenir
l'existence progressive de ces bactéries anaérobies dans un milieu fourni
d'oxygène. C'est aussi ce caractère biologique spécial qui fait que ces
bactéries, en se diffusant dans l'organisme, adoptent des voies spéciales.
Ces bactéries saprogènes, anaérobies, ne peuvent se répandre que dans
les tissus où la teneur en oxygène est insignifiante, ou, pour ainsi dire,
nulle. Les vaisseaux sanguins de la parluriente sont tout à fait inac-
cessibles aux bactéries anaérobies ; par contre, ils peuvent envahir les
KRÔNIG 39
voies lymphatiques, les cavités séreuses, et môme la voie sanguine
quand par exemple le sang s'y est coagulé, s*y est transformé en un
thrombus ; que par suite il a cédé son oxygène aux tissus périphériques.
C'est par ces particularités qull convient d'expliquer aussi les dif-
férences dans les modalités cliniques diverses des maladies puerpérales
saprogônes et pyogènes.
Une bactériémie proprement dite ou une septicémie, suivant le sens
qu'attache Koch & ces termes, est impossible dans l'infection par les
bactéries saprogènes anaérobies; par contre, comme dans l'infection
puerpérale pyogène, les bactéries de la putréfaction, anaérobies, peu-
vent déterminer une métro-lymphangite avec péritonite consécutive
et une métro-phlébite avec complications métastatiques.
Peutr-étre faut-il rapporter aussi à ces différences biologiques le fait
que les bactéries anaérobies, saprogènes, envahissent plus rarement
les tissus que les cocci pyogènes. Ce fait d'observation a conduit cer-
tains auteurs à dénier aux bactéries saprogènes tout pouvoir d'inva-
sion, de pénétration et à fixer la signification de la saprémie pure
suivant le sens que lui accorde Duncan : une maladie puerpérale dans
laquelle les phénomènes cliniques^ morbides sont exclusivement
causés par la résorption de produits nSsultant de l'activité nutritive
des bactéries saprogènes.
A notre avis, cette saprémie, sans aucune pénétration des bactéries
dans les tissus, est rare. Précisément, dans ces derniers temps, on a
réuni des observations qui démontrent que des bactéries saprogènes ,
anaérobies, peuvent, par leur pénétration dans les tissus, causer même
la mort de l'accouchée.
Relativement à la morphologie des bactéries anaérobies saprogènes,
on peut dire qu'elles peuvent se présenter sous toutes les formes :
bacilles longs, bactéries en virgule, et surtout cocci en séries à la
manière des formes streptococciques.
Nous avons, nous-mème, cultivé un streptocoque saprogène, anaé-
robie obligé, qui par sa forme, sa grosseur, sa tenue vis-à-vis des
réactifs colorants, ne se distinguait en rien du streptocoque pyogène
puerpéral ; qui, en outre, était doué d'un pouvoir d'invasion consi-
dérable, puisque nous Ta vous retrouve aussi bien dans les abcès para-
utérins que dans les produits de péritonites putrides.
La fièvre puerpérale causée par les bactéries saprogènes anaérobies
est presque aussi fréquente que celle causée par les cocci-pyogènes.
Les phénomènes cliniques ne sont pas en général aussi sévères que
40 13® CONGRÂS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
dans rinfection streptococcique, mais il se produit de fortes hyper-
thermies. Cependant, en général, la chute de la température est plos
rapide.
Les germes morbides saprogènes anaérobies peuvent vivre on
certain temps sur la plaie puerpérale avec les cocci pyogènes. Toute-
fois, en général, cette existence commune ne se prolonge pas longtemps.
Habituellement Tune ou l'autre des espèces bactériennes prend le
dessus et annihile Tautre entièrement. Relativement à l'invasion dans
les tissus, Torganisme se montre particulièrement électif; en ce sens
que d ordinaire il ne se laisse pénétrer que par une seule' espèce de
bactéries. Toutefois les conditions ne sont pas telles, ainsi qu'on Ta
souvent admis, que les streptocoques seuls envahissent Torganisme.
n peut également arriver que cette invasion soit réalisée par les bac-
téries saprogènes anaérobies.
Tandis que, ainsi que nous venons de le voir, la plupart des
agents pathogènes saprogènes des maladies puerpérales sont des
microorganismes anaérobies obligés, on rencontre, relativement rare-
ment, sur les plaies puerpérales, un germe de putréfaction, anaérobie
facultatif, le hacterium coli commwie.
Le nombre des cas d'infection par le hacterium coli soumis an
contrôle bactériologique est si limité , qu'il n'est pas encore possible
de tracer une description exacte de la physionomie clinique de cette
variété d'infection.
Tandis que les infections saprogènes dans les suites de couches
ne se distinguent par rien de caractéristique dans leur évolution
clinique, au contraire, nous pouvons souvent, dans les cas d*mfecUon
puerpérale de nature gonorrhéique, déduire, de certaines particularités
dans les phénomènes cliniques, la véritable nature de la maladie.
La fièvre puerpérale gonorrhéique se distingue en général par une
faible altération de l'état subjectif, même quand on relève chez
l'accouchée de fortes hyperthermies.
L'élévation de la température et la fréquence du pouls sont en géné-
ral, dans la fièvre puerpérale gonorrhéique, durant les premiers jours
des suites de couches, plus faibles que dans les autres infections puer-
pérales. Toujours, même la fièvre faisant défaut, une sécrétion très
abondante, purulente et non fétide vient de l'utérus. Les lochies puru-
lentes, coulant abondamment du vagin, infectent souvent la
muqueuse de l'urèthre, du rectum et des glandes de Bartholin, en
sorte qu'on voit apparaître les symptômes d'une uréthrite, d'une bar*
KRÔNIG 41
tholinite et souvent d*ime rectite aiguë. Par contre Técoulement puru-
lent et abondant exerce une influence remarquablement défavorable
sur les germes qui sont dans le vagin ou sur les plaies du périnée :
aussi, en dépit d'une suppuration abondante, des plaies périnéales
satmées guérissent-elles par première intention.
Les élévations thermiques tombent d'ordinaire au cours de la pre-
mière semaine, si bien que Taccouchée, bien partante en appa-
rence, quitte le lit. Cependant, quelques semaines après Taccouche-
ment, souvent à Toccasion du premier retour de la menstruation, on
voit apparaître les symptômes de la gonorrhée ascendante, de la
maladie gonorrhéique spécifique des annexes de Tutérus et du péri-
toine pelvien.
Qu'une affection gonorrhéique in puerperio puisse préparer le terrain
pour une infection d'une autre espèce, une infection streptococcique
par exemple, cela, en raison de nos propres observations, nous parait
douteux. Naturellement il peut arriver, dans la gonorrhée de l'endo-
metrium puerpéral comme dans l'endométrite saprémique, que le
gonocoque se trouve avec d'autres germes morbides.
Mais nos observations nous ont persuadé qu'une telle association
n'est d'ordinaire que de courte durée, une des espèces bactériennes
l'emportant vite sur les autres et les annihilant.
Nous devons repousser l'idée d'Olshausen, qu'on devrait séparer les
maladies gonorrhéiques des suites de couches de la fièvre puerpérale,
qu'on ne devrait pas les étiqueter fièvre des accouchées. La fièvre
puerpérale gonorrhéique apparaît comme une infection des plaies
puerpérales, tout comme les autres infections par bactéries pyogènes
et saprogènes, mais avec les caractères propres à l'agent pathogène
en cause.
En conséquence, nous ne saurions non plus adopter la façon de voir
de Bumm, lorsque d'une part il définit la fièvre puerpérale : la fièvre
des plaies, et que, cependant, il retranche l'infection gonorrhéique des
plaies puerpérales du domaine de la fièvre puerpérale.
Comparativement à ces trois types principaux des agents patho-
gènes des maladies puerpérales : a) cocci pyogènes, b) bactéries sapro-
gènes, c) gonocoque de Neisser, les autres bactéries dont la part
étiologique dans les processus puerpéraux a été démontrée, jouent
un r61e tout à fait secondaire. Ou bien ces germes n'ont été observés
qu'à l'état endémique dans telle ou telle clinique, comme le bacille du
tétanos par exemple, ou bien on ne les a rencontrés sui* les plaies
42 13® CONGRÈS DES» SCIENCES MEDICALES DE PARIS
puerpérales que dans des cas tout à fait isolés, alors que Torganisme
était atteint d'autres maladies dans leur dépendance : il s'agissait par
exemple du bacille de la diphtérie ou du diplocoque de la pneumonie.
H« Rapport de Menge (1) (de Leipzig).
La détermination des agents pathogènes qui interviennent dans les
processus infectieux puerpéraux étant faite, la question se pose de
savoir : d*où viennent ces bactéries et comment elles arrivent sur le»
plaies puerpérales ? Est-il possible, par des précautions particulières,
de s*en préserver et de prévenir la fièvre chez les accouchées î
A ces questions se trouve intimement liée celle si discutée de
V auto-infection^ dont 1 importance, d'après certains auteurs, Ahlfeld en
particulier, serait considérable.
A notre avis il n*est pas possible de faire^ à l'heure actuelle, une
réponse précise à cette question : Y a t-il, ou non, une auto-infection f
par la raison que nombre d'auteurs qui ont pris part dans le débat,
donnent de Tauto-infection des définitions tout à fait différentes.
Ahlfeld et Kaltenbach, par exemple, accordent à ce terme auto-infec-
tiofi une signification beaucoup plus large que Bumm. Ainsi les
deux premiers auteurs admettent qu'il s'agit d'une auto-infection
quand un processus pathologique de plaie puerpérale, de nature bacté-
rienne, est causé par des agents pathogènes ^qui, avant Taccouchement,
se trouvent dans ou au niveau des organes génitaux, par conséquent,
même sur les parties génitales externes, tandis que Bumm donne au
même terme un sens plus étroit et ne fait intervenir, dans la question
de l'auto infection, que les bactéries du vagin.
Notre définition de Tauto-infection ou de Vinfection mUogène dans la
grossesssc ne cadre pas, à la vérité, exactement avec celle d' Ahlfeld,
parce que cet auteur attribue à l'auto-infection même les maladies
puerpérales qui tirent leur origine de foyers infectieux qui existaient
déjà avant l'accouchement dans et au niveau des organes génitaux des
parturientes. Cependant, dans notre façon d'entendre Tauto-infection,
nous restons plus près d'Ahlfeld que de Bumm. Dans la question
(1) ManuHcrit renÛB par l'auteur à la Rédaction des Annaleg de Gyné'-
cvîogU et traduit par M. R. Labusquiebe.
MBNGE 43
de la production de rauUHinfection dans la grossesse, non seulement
nous envisageons comme agents pathogènes éventuels tous les micro-
organismes qui, dans les conditions ordinaires, vivent à Tétat de sa-
prophytes dans rintérieur du canal de la parturition resté un certain
temps non touché, c'est-à-dire dans Tutérus et dans le vagin ; mais
nous élargissons aussi le cercle de Tau to -infection et nous nous de-
mandons si les bactéries qui, dans les conditions ordinaires, vivent
sur le tégument externe des femme enceintes, des parturicnt«s ou des
accouchées, et plus particulièrement sur la peau des organes génitaux
externes, et qui de là spontanément ou artificiellement arrivent dans
le canal génital, peuvent produire des maladies puerpérales des
plaies.
Dans son rapport sur la fièvre puerpérale fait à Berlin, en 1899, à la
Société de Gy^iécohgie allematid^i^ Bumm se plaît à qualifier ce
mode de définition de « jeu de mots », tout le monde, dit-il, étant
unanime à reconnaître que chez les femmes enceintes, les parturieutes
et les accouchées, des germes [)athQgènes viennent sur les p(u*tieâ géni-
tales externes et à leur voisinage, germes qui peuvent être inoculés
par le doigt explorateur.
Évidemment Bumm a mal saisi ce que nous voulions mettre en
relief dans noti*e définition ; sans quoi, il ne se serait pas exprimé de
cette manière.
Cela ressort aussi de ce qu'il a dit ensuite ; ce que nous voulons
savoir, c'est si la sécrétion vaginale est infectante, si nous devons, ou
non. désinfecter le vagin des parturieutes. Le point en discussion
dans l'étude de l'auto-infection concerne donc le rôle que les germes
du vagin jouent dans la fièvre puerpérale.
Certes, Messieurs, c'est là un point discuté dans l'étude de l'auto-
infection. dont nous reconnaissons évidemment avec Bumm la grande
importance et à la solution duquel, dans un sens ou dans l'autre, nous
nous sommes, par nos travaux bactériologiques, toujours efforcé de
concourir. Mais lorsque Bumm pense que dans la question de l'auto-
infection les divergences d'opinion se limitent sur ce seul point, alors
il nous paraît qu'il se trompe.
L'étude de l'auto-infection est née du désir unanime de posséder
une prophylaxie rationnelle -de la fièvre puerpérale ; mais la prophy ■
laxie capitale, tout le monde en tombera d'accord, c est la prophylaxie
des cas de fièvre puerpérale graves et mortels. Et c'est précisément
pour cette raison que les divergences d'opinion sur ce point : des cas
graves et mortels peuvent-ils provenir de l'auto-infection? — sont plus
44 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
graves de conséquences que la discussion sur la virulence de la
sécrétion vaginale.
Mais pour la solution de cette question il ne suffit pas de savoir
seulement si la sécrétion vaginale des femmes enceintes peut infec-
ter, et si nous devons en général ou seulement dans des conditions
spéciales désinfecter le vagin des femmes enceintes avant et pendant
Taccouchement. Pour cela nous devons savoir beaucoup plus : nous
devons apprendre si du tégument des organes génitaux externes des
parturientes et des accouchées peuvent se développer des infections
puerpérales des plaies; mais avant tout, comment évoluent ces compli-
cations des plaies, et si elles peuvent, en Tabsence de toute interven-
tion obstétricale pendant Taccouchement et les suites de couches,
entraîner la mort?
A notre avis, c'est là, dans Thistoire de rauto-infcction, le point
du débat de beaucoup le plus important. Avec ces questions, elle
acquiert, en effet» toute son importance médico-légale ; elle se relie
étroitement au chapitre des devoirs, de Téloignement obligé et volon-
taire de Texercice de la profession, de la suspension de Taccoucheur,
àeVaniia^aie et de V asepsie subjectives. Et pvédsémentfSOVLsle rapport de
ce point du débats nous devons marquer dans notre définition la diffé-
rence extrêmement considérable qui existe entre les bactéries patho-
gènes qui peuvent se rencontrer soit sur la peau des femmes enceintes,
des parturientes et des accouchées, soit sur la peau de Taccoucheur.
Nous accordons volontiers à Bumm que la preuve bactériologique
de la présence sur la peau des organes génitaux externes et, dans leur
voisinage, du staphylococcus pyogenes albus et aureus, du bacterium
coli et du streptococcus pyogène est faite, et que ces germes peuvent,
spontanément, envahir aussi le canal génital ou y être accidentelle-
ment portés. Mais ce qui importe, au point de vue pratique, c'est le
degré de virukttce de ces bactéries.
Bumm lui-môme fait, dans son rapport, la remarque que lorsqu'on
force un streptocoque pyogène, très virulent, à vivre quelque temps à
l'état de saprophyte, ce germe perd très vite sa virulence. Mais, dans
les conditions ordinaires, tous ces germes qui vivent sur les parties
génitales externes sont réduits à l'état saprophytique, et, de ce fait,
perdent de leur virulence, môme quand ils y sont arrivés en pleine
puissance de leurs qualités infectieuses.
Il en va tout autrement quand il s^agit des germes infectieux qui
sont sur les mains des personnes dirigeant les accouchements, en
particulier sur les mains du médecin. Sans doute ces germes sont éga-
MENGE 45
lement là à Tétat de saprophytes et perdent aussi, avec le temps, lenr
grande virulence ; mais, à cause de l'activité professionnelle spéciale
des personnes qui font les accouchements, du médecin en particulier,
du contact direct et indirect des mains avec la sécrétion lochiale des
accouchées atteintes de maladies puerpérales, des contacts avec des
phlegmons et autres affections de cette nature, la surface de ces mains
est toujours souillée de nouveau par de la matière infectieuse fraîche^ et
pour ces raisons elle est^ pour les parturientes et les accouchées, de
beaucoup plus dangereuse que la surface des organes génitaux externes.
C'est sur cette notion que depuis longtemps déjà s'est édifiée la doc-
trine de Vabstention, et que, d'autre part, v. Winckel, dans son ouvrage
classique sur la marche des suites de couches après les accouchements
précipités, a noté, depuis longtemps aussi, le peu de dangers que courent
les femmes qui en général ne sont pas touchées, au cours de l'accou-
chement, par les mains de personnes chargées de l'assistance obstétri-
cale. Les observations extrêmement importantes de v. Winckel ont été
confirmées par d'autres auteurs, particulièrement par Fehling.
Ahlfeld communique d'ailleurs des cas de mort consécutifs à l'auto-
infection, et Hofmeier base sur cette communication des déclarations
très agressives. En opposition avec cela il suffit de déclarer qu'une
parturiente qui n'a pas subi d'examen interne est encore loin de pouvoir
être identifiée avec une parturiente qui n'a absolument eu aucun contact
avec Faccoucheur.
En tout cas la différence dans le degré de virulence bactériologique
de la surface de la peau des parturientes d'une part et de celle du tégu-
ment des mains de l'accoucheur d'autre part, à cause de son impor-
tance pratique dans toute la question de la fièvre puerpérale, nous a
conduit à retirer, contrairement à Bumm, du domaine de l'infection
hétérogène toutes les affections puerpérales ayant leur point de départ
dans la peau des parturientes et à les faire rentrer dans le groupe des
auto-infections.
Mais si nous voulons étudier l'auto-infection envisagée d'après notre
définition sous le rapport de son importance dans les infections puer-
périodes, nous devons examiner les questions suivantes :
Quels dangers font courir aux parturientes les bactéries vivant à
l'état de saprophytes dans l'intérieur du canal génital ? Et quels dan-
gers dérivent pour elles des bactéries vivant aussi à l'état saprophyti-
que sur leur tégument, et particulièrement sur la peau des organes
génitaux externes ?
I
46 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PABIS
Mais, tout de suite, nous pouvons limiter la première question parce
que, d'après nos reclierciies bactériologiques, il n'y a, les conditions
étant normales, de bactéries saprophytes ni dans Tutérus ni dans le
canal cervical, en sorte que la question peut être précisée et ramenée
à celle-ci : à quel danger exposent la parturiente les baœtéries vivant à
VéUU saprophytiqxte dans In sécrétion vaginale.
A la question ainsi limitée, nous faisons, nous appuyant sur nos
recherches bactériologiques, cette réponse : des bactéries reconnues
comme agents pathogènes dans la fièvre puerpérale, les suivantes :
streptococcus pyogenes puerperalis, slaphylococcus pyogenes aureus,
bacterium coli, gonocoque de Ncisser, bacille de la diphtérie, diplo-
coque de la pneumonie et bacille du tétanos ne vivent jamais en
saprophytes dans la sécrétion vaginale.
Une infection autogène, sous la dépendance de ces bactéries, ne
peut donc avoir son point de départ dans la sécrétion vaginale des
femmes enceintes.
Malheureusement les facteurs bactériens de la fièvre puerpérale,
anaérobies saprogènes, ne se laissent |ku ^ofi/m/ra, jusqu'ici, par Tétude
Imctériologique de leurs caractères biologiques, différencier, à coup sûr,
des anaérobies vivante l'état de saprophytes dansla sécrétion vaginale.
Nous n'avons, h la vérité, jamais constaté, dans des milieux nutri-
tifs h contenu albumineux, la production d'éléments fétides sous Tin-
flnence de l'activité nutritive ; en sorte que, d'une façon générale, la
présence d'anaérobies saprogènes dans la sécrétion vaginale est bien
invraisemblable. Toutefois, nous ne sommes pas encore autorisés à
nier formellement, sur le seul fondement de nos recherches bactério-
logiques, la possibilité de Tinfection puerpérale autogène par des
anaérobies se rencontrant dans la sécrétion va^nale des femmes
enceintes. Seulement nous devons à l'heure actuelle encore utiliser
pour la solution de cette question les observations cliniques.
Naturellement cette observation clinique doit être dirigée de telle
façon qu'on puisse comparer la marche des suites de couches chez les
femmes dont le canal parturient est désinfecté avant el pendant les
suites de couches et chez celles dont le canal génital ne subit pcia le
contact des agents de désinfection.
Mais si l'on veut retirer de ce contrôh cUniqun quelque résultat appré-
ciable, il faut mettre tous ses soins à ce que tous les autres facteurs,
même les plus accessoires, qui cependant entrent en considération
dans la marche des suites de couches, soient identiques.
MBNGE 47
Or personae ne contestera qnll est impossible que tous ces facteurs
soient, dans des cliniques différentes, tout h fait semblables. Aussi
est-il, o priori, erroné de vouloir tirer, sous le point de vue de Tauto-
infection par la sécrétion vaginale, une conclusion sérieuse quelcon-
que de la comparaison des statistiques de deux cliniques différentes.
Et même dans une même clinique des variations si importantes se
produisent dans les facteurs qui influent sur les statistiques, et qui par
suite doivent être pris en considération, qu^onne doit tirer des obser-
vations cliniques de conclusions solides que si seulement ces obser-
vations cliniques sont prises dans la même clinique, pendant le même
temps et dans des conditions générales de milieu semblables, par la
même personne compétente et appréciées avec toute la réserve néces-
saire.
Les recherches instituées dans ce but à la Leipziger Frauenklinik
ont toujours abouti au même résultat, à savoir : que les lavages et
les irrigations vaginales désinfectantes n'améliorent pas révolution
clinique des suites de couches, qu'ils agissent plutôt défavorable-
ment. Nous concluons de là, qu'en général, il n'y a pas d'auto-in/ecUon
tirant 9on origine de la sécrétion vaginale. De plus, nous voyons les résul-
tats de nos recherches bactériologiques confirmés par les résultats
tirés de Tobservation clinique.
Nous basant sur ces résultats, nous ne désinfectons jamais le canal
génital interne avant, pendant et après l'accouchement, et nous devons
tenir pour illogique, si l'on admet l'asepsie du canal génital, qu'on ne
fasse pas une désinfection de ce canal dans les accouchements sponta-
nés et qu'on la fasse au contraire dans les interventions obstétricales,
instrumentales.
Mais comment se comporte par rapport au canal parturient la surface
tégumentaire delaparturiente, spécialement la peau des parties géni-
tales externes ?
Ainsi que nous l'avons déjà noté, une existence à l'état de sapro-
phytes est dévolue aux bactéries qui habitent sur la peau normale des
parties génitales externes, moduê viveudi grâce auquel des bactéries
éventuellement virulentes perdent plus ou moins complètement leur
virulence. Pour cette raison déjà, et parce que la peau des organes
génitaux externes n'entre pas souvent en contact avec de la matière
in/ectieuèe fraîche, le danger auquel sont exposées les plaies puerpé-
rales est extrêmement faible.
Qu'en général une auto-infection puerpérale soit sous la dépendance
46
M
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-oiériiï** ^ Q (ies organes génitaux externes, peut se réa-
t ^^^^ èJ^s • 0" ^^^^ ^^^ agents pathogènes sont cueulia
^ Je *^^^ "*, rttear de l'accoucheur ou par des instruments sur
»^^ 1*5 ^'^ i^gg puerpérales. Cette immigration spontanée
^^1 fût '^ gj gui, d'après nos recherches, ne se rencontrent pas
j^ts P^'^^ggge dans la sécrétion vaginale, devient possible au
dû^^ '* i^ ^® couches. D'une part, tout à fait contraire-
j^bvt **^ rjlon vaginale, les lochies, durant les premiers jours
0di' * ^ cheO^^^^' perdent vis-à-vis des germes pathogènes tout
3{ir?« ' j^ricide efficace^ et peuvent même leur constituerun milieu
pi»o>^' n'aatre P^^t, souvent chez l'accouchée, après l'accou-
bo*''*' .j gxiste une voie, plus ou moins continue, d'effractions
c*'*"^ iflsott m^"^® ^^ lésions plus profondes du périnée et de l'entrée
•H»*^ î jusqu'aux culs-de-sac vaginaux et à la cavité utérine, qui
il»» *^ nssurer aux germes pathogènes une diffusion superficielle et
'^^^T\\jtion q"® "^"^ * attribuée Hofmeier, que la sécrétion lochiale
^Zionrs bactéricide, est fausse.
MteiXient h cette opinion, nous avons de tout temps pensé que
V le (loi*^ .1^ externes et portés ensuite dans le canal génital, ou
w nflrf*^ ^ pénètrent spontanément dans le canal génital, et am-
..-..*« .iTP'^ . ..^ niiftpnéralea. Cette» immifirnition snontanée des
de
.'.fêtions du canal génital dans les premiers jours des suites
'*^tes "^ possèdent aucune propriété bactéricide, et qu'elles
^^^ oièï*»^ «"® graduellement contre les agents des maladies puerpé-
^^cei^ ^^^ bactéricide que possède la sécrétion vaginale,
'^riofection des plaies puerpérales par le gonocoque de Neisser n'a
. ^voir avec l'infection autogène.
'^^n^^^^^^^ ^ Olshausen et à Bumm, mais en accord absolu avec
^àer* »<^"® déclarons encore une fois que l'infection gonorrhéiquc
MBN6E 49
de la plaie puerpérale ne doit pas être soustraite du domaine de la
fièvre puerpérale.
La fièvre puerpérale gonorrhéique partant d'une gonorrhée urétrale-
vulvo- vaginale ou cervicale, qui existait déjà pendant la grossesse, n'est
rien de plus que l'extension d'un processus infectieux préexistant dans
l'organisme. Mais cette extension est en rapport immédiat avec le
travail de l'accouchement et avec la production des plaies puerpérales.
Gomme, toutefois, les gonocoques vivent^ pendant la grossesse, dans
le canal génital non comme des saprophytes, mais comme des parasi-
tes, on est aussi peu en droit de les rendre responsables d'une infection
autogène que des agents infectieux d'une autre espèce qui par les voies
vasculaires ou par d'autres voies indirectes de transport sont transpor-
tés des foyers infectieux existant en des points quelconques de l'or-
ganisme pendant la grossesse, l'accouchement et les suites de couches,
jusque sur les plaies puerpérales. Mais, de même que ces derniers
agents infectieux produisent, par le mode de propagation indiqué, des
affections des plaies puerpérales, ainsi les gonocoques causent la fièvre
puerpérale.
Ces nuances, ces distinctions paraissent peut-être artificielles ; mais,
à notre jugement elles sont d'un haut intérêt parce qu'elles sont
d'une grande importance pratique pour l'appréciation médico-légale de
la fièvre puerpérale.
Comparativement à ï infection autogène, il faut maintenant accorder
Vinfectiofi hétérogène, à l'infection externe proprement dite, la plus
grosse importance. Cette importance, elle la doit non pas surtout à ce
fait quelle compte à son passif le plus grand nombre des maladies
puerpérales, mais parce qu'indépendamment des nombreux cas légers de
fièvre puerpérale les cas graves et mortels sont exclusivement causés
par l'hétéro-infection.
Cela, nous l'affirmons de la manière la plus formelle, en nous basant
aussi bien sur nos recherches bactériologiques que sur nos observations
cliniques, parce que récemment l'idée a été suggérée par un éminent
accoucheur allemand, de qualifier l'abandon de l'antisepsie objective,
avant les interventions obstétricales, d'action punissable et susceptible,
à l'occasion, de causer la mort. Nous nous élevons de la façon la plus
énergique contre une semblable proposition, parce que notre convic-
tion, fondée sur des observations scientifiques et cliniques, est qu'on
ne fait rien d'utile en imposant la désinfection du canal de la partu-
rition, bien plus, qu'on peut, de ce fait, porter atteinte à la santé des
AXK. DB OTX. — rOU IIV. 4
48 13* CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
de bactéries pathogènes qui ont vécu snrla peau des organes géni*
taux externes, le fait, en raison des résultats de nos recherches bacté-
riologiques et de ceux, avant tout, de Tobservatlon clinique, ne nous
parait pas contestable. Mais cette infection autogène tirant son origine
de la peau des organes génitaux externes, et dont rinfluencé sur le
nombre des cas de suites de couches fébriles doit être plus exactement
étudiée, est à notre avis pour cela d'une importance secondaire parce
qu'elle comporte toujours un pronostic favorable.
Le contact entre les plaies puerpérales, et particulièrement entre les
plaies utérines et les agents des maladies dans l'infection autogène,
agents vivants sur la peau des organes génitaux externes, peut se réa-
liser de deux manières : ou bien les agents pathogènes sont cueillis
par le doigt explorateur de l'accoucheur ou par des instruments sur
les parties génitales externes et portés ensuite dans le canal génital, on
bien ces germes pénètrent spontanément dans le canal génital, et arri-
vent sur les plaies puerpérales. Cette inunigration spontanée des
agents pathogènes qui, d'après nos recherches, ne se rencontrent pas
durant la grossesse dans la sécrétion vaginale, devient possible au
début des suites de couches. D'une part, tout à fait contraire-
ment à la sécrétion vaginale, les lochies, durant les premiers jours
après l'accouchement, perdent vis-à-vis des germes pathogènes tout
pouvoir bactéricide efficace, et peuvent même leur constituerun milieu
nutritif. D'autre part, souvent chez l'accouchée, après l'acooa-
chement, il existe une voie, plus ou moins continue, d'effractions
épithélialesou même de lésions plus profondes du périnée et de l'entrée
du vagin jusqu'aux culs-de-sac vaginaux et à la cavité utérine, qui
peuvent assurer aux germes pathogènes une diffusion superficielle et
ouvrir le chemin vers l'utérus.
L'opinion que nous a attribuée Hofmeier, que la sécrétion lochiale
est toujours bactéricide, est fausse.
Contrairement à cette opinion, nous avons de tout temps pensé que
les sécrétions du canal génital dans les premiers jours des suites de
couches ne possèdent aucune propriété bactéricide, et qu'elles
n'acquièrent que graduellement contre les agents des maladies puerpé-
rales cette force bactéricide que possède la sécrétion vaginale.
L'infection des plaies puerpérales par le gonocoque de Neisser n*a
rien à voir avec l'infection autogène.
Contrairement à Olshausen et à Bumm, mais en accord absolu avec
Hofmeier, nous déclarons encore une fois que l'infection gonorrhéique
MBNGB 49
de la plaie puerpérale ne doit pas être soustraite du domùne de la
fièvre puerpérale.
La fièvre puerpérale gonorrhéique partant d'une gonorrhée urétrale-
vulvo- vaginale ou cervicale, qui existât déjà pendant la grossesse, n'est
rien de plus que Textension d'un processus infectieux préexistant dans
l'organisme. Mais cette extension est en rapport immédiat avec le
travail de l'accouchement et avec la production des plaies puerpérales.
Gomme, toutefois, les gonocoques vivent^ pendant la grossesse, dans
le canal génital non comme des saprophytes, mais comme des parasi-
tes, on est aussi peu en droit de les rendre responsables d'une infection
autogène que des agents infectieux d'une autre espèce qui par les voies
vasculaires ou par d'autres voies indirectes de transport sont transpor-
tés des foyers infectieux existant en des points quelconques de l'or-
ganisme pendant la grossesse, l'accouchement et les suites de couches,
jusque sur les plaies puerpérales. Mais, de même que ces derniers
agents infectieux produisent, par le mode de propagation indiqué, des
affections des plues puerpérales, ainsi les gonocoques causent la fièvre
puerpérale.
Ces nuances, ces distinctions paraissent peut-être artificielles ; mais,
à notre jugement elles sont d'un haut intérêt parce qu'elles sont
d'une grande importance pratique pour l'appréciation médico-légale de
la fièvre puerpérale.
Comparativement à ï infection autogène, il faut maintenant accorder
Vinfectiofi hétérogène, à l'infection externe proprement dite, la plus
grosse importance. Cette importance, elle la doit non pas surtout à ce
fait quelle compte à son passif le plus grand nombre des maladies
puerpérales, mais parce qu'indépendamment des nombreux cas légers de
fièvre puerpérale les cas graves et mortels sont exclusivement causés
par l'hétéro-infection.
Cela, nous l'affirmons de la manière la plus formelle, en nous basant
aussi biensurnos recherches bactériologiques que sur nos observations
cliniques, parce que récemment l'idée a été suggérée par un éminent
accoucheur allemand, de qualifier l'abandon de l'antisepsie objective,
avant les interventions obstétricales, d'action punissable et susceptible,
à l'occasion, de causer la mort. Nous nous élevons de la façon la plus
énergique contre une semblable proposition, parce que notre convic-
tion, fondée sur des observations scientifiques et cliniques, est qu'on
ne fait rien d'utile en imposant la désinfection du canal de la partu-
riUon, bien plus, qu'on peut, de ce fait, porter atteinte à la santé des
AXIC. DS OTK. — rot. I IV. 4
50 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
partorientes. C'est avec une surprise particulièrement profonde que
nous avons appris- que v. Winckel, à qui Ton doit les observations si
intéressantes sur les accouchements précipités, s*est prononcé dans le
même sens qu'Hofmeier.
L'infection puerpérale hétérogène, tout à fait importante en réalité,
survient parce que les agents pathogènes de nature bactérienne, sont
transportés du milieu extérieur à la parturiente ou à Taccouchée, par
exemple par la main de l'accoucheur, par les instruments, éventuelle-
ment par l'intermédiaire de l'air sur les plaies puerpérales. Comme
dans l'apparition et dans l'évolution d'une infection, indépendamment
de la virulence des germes infectieux et de la disposition particnliàre
du sujet infecté, le nombre des agents pathogènes importés est d'one
grande importance, l'air à cause de sa faible teneur engermesetà caaae
de l'atténuation de la virulence des agents pathogènes qu'il tient en
suspension, joue à peine un r61e dans la production d'une infection
puerpérale hétérogène.
Si donc tout l'appareil instrumental de l'accoucheur, ce qui est ton>
jours réalisable, est sûrement stérilisé, alors interviennent dans l'infec-
tion hétérogène, comme véhicule des germes infectieux, presque
uniquement les mains, qu'il est impossible de stériliser siirement, des
personnes chargées de diriger l'accouchement.
Aussi, avec Bumm, nous nous rallions formellement à la proposition
suivante : le danger réel qui menace la parturiente vient pour le
dehors presque exclusivement des mains de l'accoucheur.
Pour cette rûson, une désinfection du canal de la parturition asepti-
que est hors de propos, et c'est seulement par l'application des règles de
désinfection par un personnel spécial que des germes infectieux, tout
à fait virulents, peuvent être portés dans le canal de la parturition.
Et même le point de vue spécial auquel se place Bumm pour quali-
fier d'utile l'usage de la désinfection parle sublimé des organes géni-
taux internes delà parturiente n'est pas, à notre jugement^ de nature à
faire supplanter, en obstétrique comme en chirurgie, l'asepsie objective
par l'antisepsie objective ; Bumm relève à l'avantage des solutions mer«
curielles la production dans les voies de la parturition d'une combinai-
son albumino-hydrargyrique, douée d'un pouvoir antiseptique et exer-
çant une action déprimante sur le développement des germes infectieux
hétérogènes, transportés et inoculés par les mains de l'accoucheur.
En résumé, toute la prophylaxie de la fièvre puerpérale réside, avant
tout, dans l'antisepsie et l'asepsie rigoureuses de l'accoucheur.
PESTA LOZZA 51
n est d'une grande importance pratique, pour la prophyla:de de
la fièvre des accoachées, d'observer les préceptes suivants :
Réduction au minimum, sur les mains des personnes chargées de la
direction de Taccouchement, des germes pathogènes par des procédés
de désinfection efficaces avant tout contact avec les organes génitaux
des parturientes et des accouchées.
Usage aussi général que possible de gants de caoutchouc stérilisés
dans les examens obstétricaux et les opérations, comme dans les petites
interventions obstétricales : désinfection externe, cathétérisme, protec-
tion du périnée, section du cordon, etc. ; — enfin, limitation de Texplo-
ration interne.
Éventuellement, abstention et éloignement de Faccoucheur de la pra-
tique obstétricale.
Par l'observation de ces règles de conduite, deux buts sont atteints
pour la prophylaxie de la fièvre puerpérale :
1® Les germes infectieux, en pleine virulence, sont écartés au maxi'
mum des plaies puerpérales.
2* On réduit, en outre, les conditions favorables à l'établissement
d'une disposition locale pour des infections puerpérales.
4* Rapport de Pestalozza (de Florence) (1).
A l'heure actuelle il n'y a plus de discussion possible sur la nature
des infections puerpérales : c'est pour cela que le Rapporteur s'est
proposé l'étude des voies que les différents agents pathogènes peuvent
suivre pour pénétrer dans les tissus du canal génital de la femme en
couches, et des conditions qui favorisent cette pénétration. 11 a suivi
pour cela les résultats obtenus à la clinique obstétricale de Florence
sur 4,015 femmes entrées dans le serArice pendant le quinquennat 1895-
1899, c'est-à-dire dès l'époque où l'on a renoncé dans la clinique à toute
désinfection du vagin chez la femme saine en couches.
La clinique obstétricale de Florence dispose d'un service d'accouche-
ments et d'un pavillon d'isolement pour les infections puerpérales, où
sont accueillies soit des femmes qui, ayant accouché en dehors de la
clinique, présentent des accidents infectieux, soit des femmes infectées
à la suite d'un accouchement à la clinique. Le service d'accouchements
(1) Traduction officielle du résumé de Tauteur.
52 13' CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
a accueilli pendant le quinquennat 3,847 femmes : snr ce nombre seule-
ment 32 ont dû passer au pavillon d'isolement pour des accidents in-
fectieux de quelque gravité, et c*était, pour la plus grande partie, des
femmes dont le travail d'accouchement avait débuté quelque temps
avant Feutrée à la clinique ; de ces 32 femmes, 30 sont sorties guéries.
Après un accouchement en ville, sont entrées au pavillon d'isolement
168 femmes ; il en a succombé 23.
Les 3,847 accouchées de la clinique n'ont eu ni désinfection pro-
phylactique du vagin, niinjections vaginales ou utérines après Tacoon-
chement, même en cas d'accouchements artificiels. Ces mesures ont
été réservées pour des cas très rares de femmes qui avaient été l'objet
de manœuvres ou touchers suspects avant leur entrée à la clinique.
C'est sur les 200 femmes du pavillon d'isolement qu'ont porté les
recherches du Rapporteur au point de vue clinique, anatomique et
bactériologique. Les résultats de ces recherches, qui figurent in extenso
dan& le Rapport, ont permis au Rapporteur d'arriver aux concluions
suivantes :
1° La marche aseptique des suites de couches est subordonnée à l'ap-
plication rigoureuse des procédés de désinfection des organes génitaux
externes de la femme et des mains et instruments de l'accoucheur.
2» n faut condamner comme superflue et dangereuse toute désinfec-
tion du vagin de la femme saine en couches.
3<> En cas de doutes autorisés sur l'asepsie du vagin, c'est-à-dire chez
les femmes qui ont des maladies infectieuses de l'appareil génital, ce
qu'il y a de mieux à faire c'est de s'abstenir du toucher vaginal pen-
dantl'assistanceà l'accouchement.
40 La désinfection vulvaire et celle des mains de l'accoucheur sont
suffisantes pour prévenir toute possibilité d'infection pendant l'accou-
chement ; il reste toutefois une voie ouverte à la possibilité d'une
fièvre puerpérale par intoxication (saprémie).
ôo Une assistance antiseptique bien entendue doit comprendre aussi
led précautions nécessaires à limiter la possibilité d'une intoxication
putride puerpérale : c'est-à-direlapréventiond'une rupture prématurée
de la poche des eaux ; la réunion par suture immédiate de toute plaie
vulvaire, vaginale ou cervicale ; et surtout l'assistance prudente à la
période de la délivrance, à l'exclusion de toute manœuvre d'intervention
précoce. C'est là le meilleur moyen pour éviter la rétention de lambeaux
de membranes, de débris placentaires, et de caiUots de sang, qui
donneraient un terrain trop favorable aux processus de putréfaction.
60 Au cours des suites de couches il faut s'abstenir de toute injection
VBIT 53
vaginale on utérine; bon nombre des cas d'infection doivent être rap-
portés à l'usage imprudent de ces moyens.
7« En cas d'accidents infectieux il est de la plus haute importance
d'acquérir une connaissance exacte de la porte d'entrée de l'infection,
c'est-à-dire s'il s'agit d'une infection vulvaire, vaginale, cervicale,
utérine ou combinée. La pratique d'avoir recours d'emblée,en tout cas
de fièvre, aux injections utérines est hautement blâmable ; il y a
lieu de croire qu'elles soient bien souvent l'occasion à l'extension des
accidents infectieux. Surtout dans les cas où l'on se doute d'une assis-
tance imparfaite au point de vue de l'antisepsie, il faut toujours s'in-
former de l'état du col de la matrice. Tout traitement de l'infection doit
être précédé par un diagnostic soigné de la porte d'entrée de l'infection ;
ce diagnostic, en l'état actuel de nos connaissances, a une importance
bien plus grande, au point de vue pratique, que ne l'aurait le diagnos-
tic, encore entouré de trop de difficultés, sur la nature des 'germes
infectieux.
8» Les recherches bactériologiques confirment la fréquence de l'infec-
tion streptococcique ; c'est le seul agent que le Rapporteur ait pu cons-
tater dans les cas de péritonite puerpérale ou dans les foyers métasta-
tiques ; quant à l'infection staphylococcique j il ne l'a pu constater que
sous la forme d'abcès multiples dans le parenchyme utérin (cas d'avor-
tement criminel). L'examen bactérioscopique n'est pas toujours suffi-
sant, parce qu'il y a des formes de streptocoques à développement
anaérobie qui se retrouvent assez souvent dans les formes de sapré-
mie, et qui n'ont démontré aucun pouvoir pathogénétique. Le b. coli
n'a pu être constaté par le Rapporteur que dans des cas de fièvre intra-
partumpar décomposition du liquide amniotique.- Il y a enfin des cas
qui pourraient accréditer la possibilité d'une infection diplococcique ;
mais selon toute probabilité il s'agit là de formes de saprémie, où le
transport de fragments de thrombus décomposés a préparé le terrain au
développement des diplocoques qui se trouvaient sur la plaie.
Discussion.
— Velt (Leyde). — L'infection autogène au sens propre du mot
n'existe pas.
A côté des infections portées par le médecin au cours de l'examen
obstétrical il y a place pour les infections dont l'origine se trouve dans
les rapports sexuels, les touchers non médicaux, l'entrée de fèces dans
le vagin, etc.
54 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
' — Simpson (Edimbourg). — Le D^ Simpson fait part dn plaisir
qu'il a ressenti à écouter les excellentes communications des rappor-
teurs. M . Simpson désirerait appeler Fattention de ses confrères sur un
seul point. C'est sur l'importance qu'il y a à s'occuper de l'état général
et local des femmes en couches. Il serait bon que l'on prit un plus grand
nombre d'observations sur les modifications qui se produisent dans la
constitution des éléments liquides et solides du corps humain pendant
le travail de l'accouchement, modifications qui sont dues autant à ce
travail qu'à l'état de santé dont jouissait la parturiente. Ces modifica-
tions doivent jusqu'à un certain degré prédisposer la femme à l'inva-
sion des microbes. Il serait aussi utile de préciser quelles sont les
sources de contagion qui par l'entremise des mains ou des instruments
deviennent une cause de danger pour la malade. D serait important de
savoir distinguer quelles sont les différentes variétés de germes, et
leur mode d'action, d'apprendre quels senties meilleurs moyens d'asep-
tiser les mains, et enfin de reconnaître les maladies où il y a danger
pour le médecin à se rendre directement chez une accouchée, par
exemple l'érysipèle et les affections de même nature.
— Dœderleiu (Tubingen). — Les progrès qui ont été réalisés
depuis le Congrès international qui eut lien à Berlin il y a dix ans et
où la question de la fièvre puerpérale a été discutée pour la deuxième
fois entre internationaux, prouvent combien la manière dont en envi-
sage actuellement cette question est la vraie pour la pratique des accou-
chements ; cette manière de voir est principalement le résultat des
recherches bactériologiques.
La prophylaxie de la fièvre puerpérale réside aujourd'hui presque
tout entière dans la désinfection des mains. Il est notoire que ni les
parasites ordinaires de la peau, ni les microorganismes qui pourraient
éventuellement s'v trouver ne sauraient être détruits avec certitude. Si
donc nous ne voulons pas renoncer entièrement aux examens internes,
ce qui ne semble pas possible, nous devons, jusqu'au jour où nous
serons en possession de nouvelles méthodes réellement efficaces de
désinfection des mains, recourir à une protection artificielle, telle
qu'on la trouve dans l'usage de gants de caoutchouc.
Avec ce procédé, noas réduirons au minimum le nombre des infec-
tions puerpérales graves.
— Hotmeier (Wûrtzbourg). — La clinique ne peut suivre la
fluctuation des apports théoriques de la bactériologie.
L'emploi des gants caoutchoutés est certainement agréable et peut
rendre service; mais Hofmeier tientà faire constater que,dans sa clinique,
LOBHLEIN 55
ses 2,000 dernières acconchées n'ont présenté aucune infection grave.
Aucune n'est morte et cependant on n'a pas employé de gants caout-
choutés.
— Loehlein (Giessen). — Les notions plus précises que Ton pos-
sède actuellement sur la pathogénie de la fièvre puerpérale,runanimité
avec laquelle Tauto-infection est rejetée par tous les savants nous font
un devoir aujourd'hui de rappeler encore une fois la tragique figure de
I. P. Semmelweiss. Lui aussi considérait la désinfection des mains
comme étant le moyen le plus sûr d'éviter la fièvre puerpérale. C'est
comme dans un éclair de génie que ce fait lui fut subitement révélé.
— Goromilas (Athènes). — Souvent l'hématozoaire de Laveran
joue un rôle dans la pathogénie de la fièvre qu'on observe chez l'ac-
couchée. Dans ce cas il faut employer la quinine.
— Brindeau et O. Macé (Paris) (1). — Nous nous sommes
efforcés, dans nos recherches sur le rôle des anaèrobies dans FinfecUon
puerpérale, d'étudier les caractères propres à chacun des microbes que
nous avons trouvés. Les^uit observations que nous avons recueillies se
rapportent à des infections s'accompagnant de fétidité lochiale.
Nous avons employé le procédé Liborius-Veillon sur gélose sucrée et
sur peptone de lait gélose de Michel.
l^ Deux espèces microbiennes: streptocoque et colibacille. (La
malade est morte.)
29 Une seule espèce microbienne : bacille prenant le Qram, présen-
tant une légère capsule et les caractères du bacillus perfringens de
Yeillon. Très pathogène pour l'animal. (La malade a guéri.)
3« Deux espèces microbiennes: un bacille et un coccus. Le bacille
ne prend pas le Gram, n'a pas poussé sur les milieux ordinaires . Le
coccus est formé par un streptocoque facultatif dégageant des gaz. (La
malade a guéri.)
4** Deux espèces microbiennes : un bacille et un coccus. Le bacille a
tous les caractères du colibacille Je streptocoque est anaérobie strict et a
été décrit par Yeillon sous le nom de streptocoque tenuis.(Malade guérie.)
5o Deux espèces microbiennes : quelques rares cocci et un bacille.
Le coccus est formé par un staphylocoque blanc. Le bacille est très
abondant et ne nous parait pas décrit jusqu'ici. Il est volumineux,
ressemblant au vibrion septique, mobile, prenant le Qram, dégageant
des gaz peu fétides. Pathogène pour le cobaye et la souris. (Fœtus
emphysémateux. )
(1) Béflumé des auteurs.
56 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
60 Deux espèces microbiennes : un bacille et un ooccus. Le bacille
ne nous parait pas décrit, il est aérobie facultatif. Le ooocus est on
streptocoque à très grandes chaînettes, anaérobie strict, dégageant des
gaz fétides et dont les colonies sont très grosses.
70 et 80 Deux espèces microbiennes : un streptocoque facultatif et un
bacille prenant le Qram facultatif et non décrit.
En somme, il résulte de ces recherches que la putréfaction des
lochies n*est pas due à un microbe spécifique et que de nombreux
microorganismes aérobies et anaérobies peuvent la produire.
— Doyen (1) (Paris). — La fièvre puerpérale commune est due à
peu près exclusivement au streptocoque pyogène. Les recherches bac-
tériologiques et expérimentales que j*ai faites à THâtel-Dieu de Reims
en 1886, 1887, 1888, et qui ont été communiquées à FAcadémie de
Médecine le 17 mars 1888, m*ont permis d'identifier le streptocoque
pyogène, le streptocoque de Férysipèle et le streptocoque puerpéral.
Les cas les plus graves d'infection puerpérale sont ceux où le strep*
tocoque existe seul dans la cavité utérine. Dans ces cas» Técoulement
utérin n'a pas d'odeur.
— Pinard. — Je suis d'accord avec M. Doyen lorsqu'il insiste
sur certaines formes anatomo - cliniques d'infection puerpérale
(septicémie mortelle sans lésions macroscopiques du péritoine, éry-
thème scarlatiniforme, etc.), observées depuis fort longtemps par les
accoucheurs. Mais je ne puis accepter la tendance unitaire de sa con-
ception pathogénique. On ne peut tout rapporter à un streptocoque
unique. IL y a en effet plusieurs variétés de streptocoques. Il serait à
souhaiter que l'agent infectieux fût toujours le même streptocoque. Le
problème de la sérothérapie de l'infection puerpérale serait déjà résolu.
— Doyen (Paris). — Je suis tout à fait de l'avis de M. Pinard. En
effet, j'ai isolé deux autres types de streptocoques de plusieurs cas
d'abcès et d*infection puerpérale à marche chronique avec accès
fébriles intermittents. Je les ai décrits sous le nom de sireptoeoecits
pyogenea crassus et de streptococcua pyogeftea Uquefaciens.
Vendredi 3 août, séance de Vaprès-midi,
Présidence de M. R. Simpson (Edimbourg).
[Suite et fin de la discussion sur VÉtiologie et la nature des infecUons
puerpérales,^
(1) RÔBomé de l'auteur.
DB CORTBJARENA 57
— De Cortejarena (Madrid). — L'opportunité de ce sujet de
discussion est évidente^ parce qu'il démontre qu*on n*a pas dit le dernier
mot sur les infections puerpérales, comme on le crut en ces derniers
temps, en estimant que les pratiques antiseptiques avaient tout résolu.
Abstraction faite des infections directes, il y en a d'autres qui sont
moins directes, telles que l'atmosphère qui entoure Taccoucliée, ou des
maladies intercurrentes, spécialement celles de nature infectieuse.
Les pratiques antiseptiques ont même été Torigine, en des temps
récents, à cause du mauvais emploi qu'on en a fait, de l'infection que
l'on tftchait d'éviter. Il est vrai qu'on a pu dominer plus facilement
ces infections.
On a toujours considéré ce que l'on appelait fièvre puerpérale comme
étant une maladie maligne, putride, fébrile, quoiqu'on* l'ait crue jadis
une fièvre essentielle. Aujourd'hui, elle est ^considérée par la plupart
comme une infection produite par l'action des microorganismes dans
les conditions précisées par Pasteur dans ses fameuses études.
Malgré tout, il y a encore des cas d'infection inattendus et dont
l'explication reste obscure.
— Krbnig (Leipzig). — Il semble acquis que les agents de l'infection
puerpérale sont multiples. M. Pinard a insisté sur l'importance du fait
au point de vue de la thérapeutique de l'infection pendant les suites
de couches. Le sérum de Marmorek ne peut, en effet, s'adresser qu'aux
cas où l'on a déterminé avec certitude, comme agent infectieux, le
streptococcuspyogenes puerperalis. Lôhlein aeuraison de rappeler dans
cette discussion les travaux du grand clinicien Semmelweis. Il ne
faut pas oublier de joindre à son nom les deux noms de Pasteur et de Koch ,
en particulier celui de Pasteur qui le premier a isolé le streptocoque
à l'état de pureté dans le sang des infections puerpérales et nous a fait
connaître l'existence des microbes anaérobies.
— Menge (Leipzig). — Je répondrai d'abord aux objections de
M. Hofmeier, objections qu'il a déjà présentées au Congrès de Berlin. En
aucune façon et en aucun temps, nos opinions sur la bactériologie des
sécrétions génitales n'ont changé.,Toutes les déductions cliniques tirées
de nos recherches bactériologiques restent debout. Nous avons trouvé
et décrit dans les sécrétions génitales des streptocoques saprophytes de
nature facultativement ou strictement anaérobie ; mais ces streptocoques
ne sont pas identiques au streptocoque pyogène. De même parmi les
streptocoques strictement anaérobies il y en a de diverses sortes.
M. Hofmeier semble croire à l'unité de toutes les variétés de strepto-
coques.
58 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
COMMUNICATIONS
lo Observation de phlegmatia alba dolens gaérit par Ten^iloi un
sérum de Marmorek.
— Clozier (Beau vais).— Secondipare. Débnt de la phlébite le 25«
jour ; injection de sérum^ 40 c. c. en deux fois à trois jours d'intervalle,
au début des accidents. Après Finjection, révolution de la phlébite
s'est arrêtée. Régression rapide: au 16^ jour, la malade marche. Le
30<: jour, la guérison était complète. L'enfant n'a pas souffert pendant
révolution de cette phlegmatia.
2^ Sur remploi de l'aniodol en obstétrique.
— Mouren et Sedan (Marseille). — Ce travedl est basé sur les
observations de la Maternité de Marseille (inédites) ; des D*^ Platon et
Coche, accoucheurs à Marseille; de M. Hawthom, interne des hôpi-
taux, observations recueillies depuis deux ans.
L'aniodol est un antiseptique antithermique ; inoffensif pour les
séreuses, la vessie, l'utérus.
C'est un désodorisant de premier ordre.
Il peut être employé sous les formes les plus diverses : liquide, savon,
poudre, objets de pansement.
— Pinard. — Depuis que j'ai fait connaître à la Société de Méde-
cine publique et d'Hygiène professionnelle les résultats que j*ai obtenus
par l'emploi de l'aniodol, j'ai continué à l'employer à la Clinique Ban-
delocque.
L'aniodol est le désodorisant le plus puissant que je connaisse. Pour
l'asepsie des mains je ne connais rien de plus efficace que le savon à
l'aniodol. Je n ai constaté, comme accidents, qu'une légère diarrhée à
la suite d'injections intra-utérines de 10 à 20 litres de solution à
1 p. 4000. Des recherches entreprises par M. Marmorek à mon insti-
gation seront publiées ultérieurement.
3« Le traitement local de la septicémie puerpérale employé à la
Maternité de Bncharest.
— Draghiescu (de Bucharest) (1). — Ce traitement consiste dans le
tamponnement de la cavité utérine avec de la gaze iodoformée imbibée
(1) Résumé de l'auteur.
DRAGHIBSGU 59
avec une solution d'acide phénique à 5 p. 100 ou 10 p. 100 après
avoir fait préalablement une irrigation intra-utérine prolongée.
Pour avoir beaucoup de chances de guérison, il faut instituer le
traitement aussitôt le diagnostic fait, c'est-à-dire tout à fait au com-
mencement de rinfection. Dans notre service, nous avons fixé les indi-
cations suivantes : sitôt qu'une nouvelle accouchée a un ou plu-
sieurs frissons, une température de 38^ et un pouls de 100 par
minute et, a fortiori^ si le cas est plus grave d'emblée, on doit faire une
irrigation prolongée suivie du tamponnement de la cavité utérine.
Les résultats que nous avons obtenus sont les suivants :
En 1896 sur 1.546 accouchements, 3 morts 0,12 p. 100
En 1897 1,838 — 4 — 0,22 —
En 1898 1.743 — 1 — 0,05 —
En 1899 2.047 - 3 — 0,13 —
Nous savons très bien qu'avant nous d'autres praticiens ont intro-
duit de la gaze iodoformée dans la cavité utérine, mais dans le but de
faire un drainage de cette dernière. Le tamponnement fait par nous
n'a pas seulement pour but de drainer la cavité utérine ; mais, par le
fait que la mèche introduite se trouve en contact avec toute la surface
de la cavité utérine, distendue un peu justement par la présence de
cette dernière, elle a la mission de cautériser la couche superficielle de
la muqueuse utérine. Enfin ce tamponnement n'étant renouvelé que
deux fois dans les vingt-quatre heures, son action est continue et plus
efficace. Avec ce traitement on observe plus rarement des salpingo-ova-
rites, des annexites et des phlébites, qui sont des complications encore
assez fréquentes des autres traitements. La femme se rétablit bien plus
rapidement.
— Andronesco (Bucharest). — La gaze iodoformée ainsi intro-
duite dans l'utérus ne le dilate pas ; au contraire, elle aide les contrac-
tions utérines, ce qui est une excellente chose.
4<» Quelques conaidératlons sur les injections du sérum artificiel
dans les infections puerpérales.
— P. Peckep (Maule). — Dans les cas d'infection puerpérale,
les injections hypodermiques de sérum artificiel ont non seulement
pour but de relever la résistance vitale de l'organisme ; mais, en vertu
de leur action biologique sur les fibres lisses de l'utérus, elles
60 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
éveillent sa contractilité et aident ainsi à débarrasser sa cavité des
matières septiques — source de llnfection puerpérale.
5^ Asthme et pnerpéralité.
— Audebert (Toulouse) (1). -— 1° L'asthme vulgaire, aussi bien
que Tasthme des foins, peut se manifester pour la première fois à
Toccasion de la pnerpéralité. Quelquefois il se montre exclusivement
pendant la gestadoti et môme pendant plusieurs gestations successives.
Il devient alors un vmt signe de grossesse. G^est ainsi que, dans un cas
personnel, l'apparition d'une crise d'asthme survenant subitement
chez une femme quartipare lui a permis de reconnaître, à la fin
du troisième mois, l'existence d'une grossesse jusqu'alors ignorée
(elle était nourrice et non réglée) .
2^ Si la maladie est antérieure à la grossesse, ses manifestations
acquièrent alors une intensité beaucoup plus grande.
3o Au moment deFaccouchement, les accès sont particulièrement vio*
lents et dangereux. Parfois, au contraire, ils font complètement défaut.
4o Le pronostic est sérieux : A. pour la mère qui peut succomber
(1 cas de mort sur 7) ; B. pourle fœtus qui souffre plus ou moins. Les mou*
vements actifs sont momentanément ralentis ou même interrompus. Chez
une de mes malades, les battements du cœur fœtal ont échappé pen-
dant un jour à l'auscultation la plus attentive. Entendus, quoique
très affiûblis, le lendemain et les jours suivants, ils ont cessé complè-
tement quelques minutes avant la naissance. L'enfant n'a pu être
ranimé.
Ô* La dyspnée môme très violente ne détermine jamais la moindre
contraction utérine. Mais au contraire le travail aggrave notablement
les accidents de suffocation.
6® La morphine et la révulsion locale dans les cas d'asthme essentiel,
la quinine dans l'asthme des foins, amènent d'ordinaire une sédation
marginée.
La provocation de l'accouchement est indiquée, surtout dans l'inté-
rêt de l'enfant, si les crises sont graves et répétées. On choisira pour
intervenir une période d'accalmie. Le travail sera accéléré par la dila-
tation manuelle, et on extraira l'enfant aussitôt que possible par le
forceps ou la version.
(1) Bésumé de l'auteur.
HOFMBIER ^ 61
6» Myômes et grossesse.
Hofmeier (Wfirtzboarg) (1). — Hofmeier, se basant sur 150 ob-
servations personnelles de malades atteintes de fibro-myômes de Tutérus
a repris d*nne façon précise la question des rapports des fibromes de
rateras avec la conception et la fécondité. Voici les conclusions qui
découlent de ce travail :
1* Dans la catégorie des femmes atteintes de myômes, la proportion
des femmes non mariées par rapport au nombre des fenmies mariées n'est
pas plus grande que dans la catégorie des femmes atteintes d'affections
gynécologiques en général et même que dans la population en général.
2» Quoique la proportion des femmes mariées atteintes de mydmes
et stériles (environ 25 p. 100) par rapport au chiffre général des maria-
ges stériles (environ 11 p. 100) soit très élevée, il ne faut pas cepen-
dant, dans la plupart des cas, mettre cette stérilité, qui existait déjà
depuis un grand nombre d'années, sur le compte du myôme. La stérilité,
en ef fet^existait déjà bien longtemps avant le d^^veloppement du myôme.
On peut faire la même remarque pour ce qui concerne l'influence du
myôme sur la fécondité.
3o Gomme, sur 550 malades, 224 n'ont jamais conçu et que 70 n'ont
eu qu'une seule grossesse, on peut tirer ces conclusions que l'absence
de grossesse favorise l'éclosion du myôme.
4*) L*existence de myômes gêne très peu la conceptiœi (44 observations
personnelles) et ne trouble pas très souvent la marche de la grossesse.
Pour cette raison les interventions opératoires au cours de la grossesse
sont peu souvent indiquées et ne peuvent devenir nécessaires éven-
tuellement qu'à la fin de la grossesse.
5<* L'accouchement et la période de délivrance évoluent presque tou-
jours favorablement avec un peu de surveillance. On peut être obligé
de faire éventuellement des opérations après les suites de couches,
soit par la voie abdominale, soit par la voie vaginale, mais en général
ces opérations sont faciles.
70 L'hystérectomie abdominale totale, dans les cas de dystocie par
fibrome atérin.
— Eustache (Lille). — L'auteur rapporte l'observation d'une
femme atteinte de dégénérescence fibromyomateuse énorme de l'utérus
(1) Traduction officielle du résumé de Tauteur.
62 13^ CONGRES DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
avec grossesse à terme et travail commencé depuis plusieurs jours.Devant
rimpossibilité de terminaison par les voies naturelles et la survenanoe
d'accidents infectieux, il recounit de propos délibéré à rhystérectomie
abdominale totale et obtint un succès complet pour la mère (l'enfant
était déjà mort et macéré).
n insiste sur la facilité de Topération dans les cas de grossesse à
terme, facilité due à Télongation du vagin, sur la bénignité des suites
opératoires dans le cas qui lui est personnel comme dans les cas ana*
logues qui ont été publiés déjà. Il en conclut que, dans la dystode par
fibromes utérins, Topération césarienne conservatrice et Topérationde
Porro doivent céder le pas à rhystérectomie abdominale totale, laquelle
doit être comptée désormais au nombre des opérations obstétricales.
— Albert Martin (Rouen). — J'adopte volontiers la conclu-
sion de M. Hofmeier, mais avec quelques cestrictions.
Dans bien des cas en effet les fibromes sont peu gênants pour la
marche de la grossesse (fibrome petit, siégeant dans le fond de Tnté-
rus), mais il n'en est pas toujours ainsi. La présence de tumeurs fibreuses
peut amener des fausses couches répétées. Au moment du travail le
fibrome peut mettre obstacle àrexpulsion du fœtus ou être la cause de
complications terribles. «
A l'appui de cette opinion M. Martin rapporte 2 observations. Aussi
n'a-t-il pas hésité depuis à pratiquer de propos délibéré la myomecto-
mie chez une femme enceinte de deux mois portant un fibrome du volume
des 2 poings qui donnait lieu à des phénomènes de compression. La
grossesse a continué.
Il lui semble donc qu'il y a dans bien des cas avantage à intervenir
pendant la grossesse. La myomectomie est Topération de choix.
— Pinard. — Parmi les conclusions d'Hofmeier, si quelques-unes
peuvent être discutées, il me semble que les deux dernières auront
l'assentiment de tous les accoucheurs expérimentés.
Les myômes compliquant la grossesse troublent rarement sa
marche. Quant à l'accouchement, il est exceptionnellement rendu
difficile ou impossible.
Je n'en veux pour preuve que la statistique faite dans mon service par
le J)^ Bigex (1), et qui porte sur les cinq dernières années. Pendant
(1) BlOEX. Les fibroinet de l'utérus chez le« prikipare* âgées. Thèse
Paris, 1900.
BAR ET BUFNOIR 63
ce temps 12,051 femmes accouchèrent à la Clinique Baudelocque. Chez
83 on a noté des fibromes ; 4 fois seulement raccouchement par les voies
naturelles fut impossible, et nécessita une grande intervention. L*ex-
pectation prolongée, le passage forcé du fœtus dans la filière pel-
vienne rétrécie doivent être proscrits. Dès que j'ai reconnu que le
fibrome obstrue Texcavation et ne peut être refoulé, j'interviens par
laparotomie : c'est alors que les conditions rencontrées font pencher la
balance soit en faveur de la myomectomie, soit de Thystérotomie
suivie de Thystérectomie totale. En résumé, le volume des myômes,
leur lieu d'insertion ne constituent pas fatalement des indications
d'intervenir.
•
8o Un cas de grossesse interstitielle.
— Bar et Bufnoir (Paris) (1). — Les faits de grossesse inters-
titielle ayant dépassé les premières semaines sans rupture sont
rares.
Les observations qui ont été rapportées ne sont pas toujours suffi-
sanmient complètes pour être indiscutables.
Nous présentons une pièce anatomique qui nous paraît offrir un
grand intérêt.
Une femme entre à l'hôpital Saint- Antoine le 26 décembre 1899.
Elle se dit enceinte de sept mois. Elle a déjà eu une grossesse qui a
bien évolué.
Cinq jours avant son entrée, elle a eu de vives douleurs dans le
ventre, des syncopes.
Son état n'a cessé de devenir plus grave ; quand on l'apporte, elle
est mourante.
A l'autopsie, nous avons trouvé la pièce suivante : un utérus vide
avec sa caduque. Au-dessus de la cavité utérine, un kyste contenant un
fœtus de 1,025 grammes qui devait être vivant au moment de la
rupture.
La surface interne de ce kyste est couverte par le placenta.
La surface externe présente de nombreuses adhérences avec les
organes voisins.
La poche contenant le fœtus est manifestement développée dans le
tissu de l'utérus, car on voit nettement dans sa paroi les faisceaux
musculaires de celui-ci s'élevant jusqu'à une assez grande hauteur.
(1) B6sam6 des auteurs.
64 13" CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Les trompes et les ovaires sont indemnes. Lear situation et celle
des ligaments ronds excluent tout autre diagnostic que celui de gros-
sesse interstitielle.
— Pinard. — L'étude faite par MM. Bar et Bufnoir sur leur
si intéressante pièce est trop incomplète pour qu'on puisse en tirer,
quant à présent, aucune conclusion ferme.
«
90 Un cas de périnéoplastie par forcipressure à demeure pour une
déchirure complète.
— Hagapof f (Gonstantinople).
Samedi 4 août^ séance du matin.
Présidence de M. Morisani (Naples).
lo Tension artérielle et pnerpéralité. — Grossesse. — Accoucheiiieat. —
Suites de couches physiologiques et pathologiques.
— Queirlel et G. Reynaud (de Marseille) (1). — Nous
avons recherché systématiquement, depuis quelques mois, chez un
certain nombre de femmes entrées à la clinique obstétricale de Mar-
seille, les variations que présente la tension artérielle pendant les
derniers mois de la grossesse, au cours des diverses périodes de
Taccouchement ainsi que durant les suites de couches.
Nous nous sommes efforcés, pour ces recherches, de nous placer
constamment dans les mêmes conditions d'expérience : la tension, —
mesurée avec le sphygmomètre de Verdin, — a toujours été prise par
le môme opérateur, le matin à la même heure, sur le même point de
Favant-bras, au tiers inférieur de la radiale gauche, les femmes étant
au repos depuis au moins dix minutes.
Ajoutons que, d'après la moyenne établie sur les mensurations
nombreuses qui ont été pratiquées chez des adultes bien portantes,
nous considérons comme normale, chez la femme, la tension qui oscille
entre 15 et 16 centimètres de mercure.
(1) Manuscrit remis par les auteurs à la Rédaction des Annale».
QOEIREL ET nLYKACD 05
No3 C8 obger>'atlons peuvcot se diviser en deux groupes i observa-
tions de grossesses normales ; observations palhologiqucs.
!. — GroBsesse normale. — D'une façon générale, il résulte de
l'ensemble des 50 tracés qui romposent ce groui)e, que la tension
artérielle, sans modilieations notables jusqu'au milieu du huitième
mois, tend à s'abaisser h partir de cette époque, entraînant ainsi une
hypotension plus on moins marquée h la fin de la gestation.
Les dillérenles périodes du travail s'accompagnent d'une hypertension
progressive dont le maximum correspond h l'expulsion fœtale, après
laquelle on constate toujours, en dehors de toute cause pathologique,
une hypotension, brusque et passagère, offrant son chiffre minimum au
moment de la sortie du placenta. Puis la courbe remonte de nouveau
rapidement au-dessus de la normale et se maintient à ce niveau durant
les cinq premiers jours qui suivent la délivrance, après quoi la pres-
sion sanguine regagne ilélinilîvement son taux physiologique.
Tel est le schéma que nous avons à peu près constamment retrouvé
non seulement dans 20 observations complètes de grossesse normale,
régulièrement suivies depuis les quinze derniers jours qui précédent
l'accouchement (14 obs.) jusqu'il la fin de la période post-partum,
mais encore dans une série de 38 tracés recueillis isolément, soit
pendant la seconde moitié de la grossesse (11 obs.), soit pendant le
travail et les suites de couches (19 obs.).
1° GaosBB&SE. — D'après les ehifircs noliïs le plus fréquemment aux
différentes époques de la gestation, l'on remarque que la tension
artérielle oscille d'ordinaire, jusqu'à la fin du septième mois, entre
15 et 16 ecntim. (taux uurmol). Elle s'installe ensuite aux environs de
H au cours du huitième, (tour s'abaisser souvent, aux approches du
terme (Tableau A), jusqu'à 13, 1 2, parlois même au-dessous, sans qu'il
oc 13'^ coNr.itks des sciences médicales de pabis
soit possiMo il'invotiiicr aucun C'ial pathologique daas la prodii^liim de
ces phénomènea vasculoircs. Le» degR^s de cette hypotension ont paru,
dans la majoriliS des cas, en rapport nvcc le dcveloppemeot de ral>-
domcn.
2° AccoucBEMENT. — Nous avons rechcrcUc, à des inlervallea trèa
rapprochés, chez 3G femmes en Iravnll, les changements que suliit la
pression artérielle depuis l'apiiarïtioii
dos premières contractions utérines
jusqu'il l'cïpulsion fii'tale, ainsi que
l>cndaut et après la délivrance (.Ta-
bleau D).
Les [irogrôs de la dilatation en-
traînent toujours, d'après nos expé-
riences, une hypertension qui est |icu
sensible (de 1 à 8 ccnlimètrcsj, tant
que roriRtv iitcirin ne dépasse pas
Tableau D. j^g dimensions d'une pièce de cinq
Francs, mais qui devient manifeste
quand l'ouvcrtui-e <lu col altt^inl le diamètre d'une piume et surtout
lorsque la dilatation est complète : en général, la tension est alors égale
i 17-19.
Pendant lapériotlc cxpulsive, l'on remarque toujours dons les accou-
chementa spontanés, et cela d'autant mieux que les oonlractions sont
plus fréquentes et plus soutenues, une ascension de la courbe hyper-
tensivc dont le maximum correspond au moment de la sortie de la
tète.
Signalons ici que la plupart des mensurations ont été pratiquées, ii
cette période, dans l'intervalle des douleurs ; le travail musculaire
est, en effet, parfois si considéralile pendant les eontracUons ultimes,
qu'il est presque impossilile d'obtenir des renseignements précis avec
le sphygmomètrc. On jHsut toutefois affirmer qu'il se produit alors
(de même que sous l'iiifluenee de tout effort : Maximovilch et Kieder,
1891 ; TaugI et Zuntz, 18'J8|, une élévation nouvelle de la tension (de
2 ii3 centim. d'après les moyennes oblenues), avec necélératJon passa-
gère du c'iîur.
Chez 2Q femmes h terme, voici quels sont les chiffres notés pendant
l'expulsion: T l: 25 dans deux cas; 22-2;t dans huit cas; de i'i I/2h2t
dons quiu/e observations ; de IS ù 19 1/2 dans quatre observations.
Relatons en giassant nn aecouchcmcnt gémdiaire qui s'est effectué
QUBIREL r.T nEYNAtlD 67
eponlaiiémcnt, h terme, les deux fœtus se présentant par le siège :
après avoir nltcint successivement 15, 17 et 18 pendant le travnil, In
tension étant ft 22 lors de la sortie du premier ffutiis, elle est redes-
ecnduc ensuîle en moins de 10 minutes h 14 1/2, pour s'élever de
nouveau, 16 minutes après, jus<|u'à IS pendant la naissance du second
cotant (Tableau B).
Chez une autre femme qui a accouché au 8= mois, sons cause patho-
logique décelable, la tension qui
était h 12 au début du travail
n'est pas montée au-dessus de IG
jusqu'il l'expulsion.
11 résulte donc de l'ensemble de
ces laits que rexi)ulgion spontanée
s'accompagne constamment d'une
hypertension, voisine en général
de 20 A 22 centim. dans les accou-
chemcnls à terme, tandis que
dans les accoucliemeiits prématu- ablead ,
rés, oil les phénomènes méca-
niques semblent moins intenses, les chitires observés sont beaucoup
moins élevés.
En outre, plus l'évolution du travail est rapide, plus l'hypertension
est acccnluée. Au contraire, lorsque les douleurs dcvienncut rares et
impuissantes à ocbevcr la descente du pôle fietal engagé dans la (iliêre
pelvienne, celte hypertension ne tarde pas à diminuer : dans six cas oii
l'application lïn forceps a été jugée nécessaire, deux ou trois heures
après la Tin du la dilatation, lo pression artérielle éloit rclombée pendant
cet interralle à 16, 15 et au-ilessous. Los chiffres les plus laibles ont
existé chez les )iar tu ri en tes auxquelles le ehloi'ofoi'me n été adminlslré,
soit |)Our apaiser l'agitalion, soit i>our facililcr les manii'uvrcs de l'in-
tervention. Cet aneslhésique possè<lc en effet, d'après nos recherches
personnelles, une action promplement hypotcusive, contrairement h
l'opinion émise par Arloing au sujet des elfets de l'anesthésic chirur-
gicale.
3° DÉLIVRANCE. — Aussitôt après l'expulsion, il se prmluit toujours,
en dehors de toute s|>oiiation hémorrhagique, un abaisscuieiil lirusij^ue
de la tension : de 20-22 et davantage, la courbe descend, en moins de
15 minutes h 14, 13 et 12 au minimum. Le chiffre le plus bas n coïn-
cidé, dans toutes nos observations, avec la sortie du placenta.
68 13*" coNonÈs des scibnces médicales de paris
Lorsque l'utérus revient rapidement sur lui-même et qu'il ne surgit
aucune hémorrhagic, la tension remonte, d^ordinaire, en moins de dix
heures à 14, 15, mais rarement au-dessus.
Chaque fois qu'une perte de sang succède h l'expulsion fœtale,
rhypo tension, dont on conçoit alors aisément la cause, apparaît avec
une intensité proportionnée h la gravité de l'hémorrhagie. Dans les
11 cas où nous avons eu h combattre cette complication de la délivrance,
le sphygmomètre a marqué trois fois : 10 centim. ; six fois : 9 ; et deux
fois : 8. L'emploi des agents thérapeutiques capables de relever la
tension (injections d'eau très chaude, caféine, éther, et surtout les
injections hypodermiques de sérum artificiel) nous a permis de voir la
courbe remonter assez vite vers la normale .
4* Suites db couches. — Le lendemain ou le surlendemain de la déli-
vrance, lorsque tout se passe physiologiquement, l'hypertension est
encore la règle. Elle se maintient les jours suivants entre 17 et 19, yonr
s'abaisser à nouveau après le 3« ou le G« jour et redevenir définitive-
ment normale vers le 9«. L'examen des 39 tracés recueillis pendant la
période post-partum nous a montré que la courbe offre presque toujours,
dans son ensemble, l'aspect d'un dôme dont le sommet correspond le
plus souvent au 4<^ jour qui suit l'accouchement.
Ajoutons qu'il n'existe, au moment de la montée laiteuse, aucun
rapport manifeste entre le degré d'hypertension et la quantité de lait
que possède la mère.
II, — Cas pathologiques. — Il nous a été permis d'observer
également un certain nombre de femmes chez lesquelles la courbe
normale de la pression sanguine a été modifiée, d'une façon acciden-
telle et le plus souvent passagère, soit avant le terme de la grossesse,
soit à l'époque des couches, par des complications pathologiques de
causes assez diverses.
A. — Dans six cas, ces troubles organiques, d'origine mécani([ue
ou infectieuse, ont provoqué une dépression artérielle plus ou moins
considérable suivant leur gravité.
1° Chez une femme éprouvant, depuis le septième mois, tous les
symptômes de Yhydramn'ws à marche lente, (douleurs abdominales,
rénales et inguinales continuelles, dyspnée, vomissements fréquents,
œdème des membres inférieurs, urines rares et albumineuses ; la
distension de l'abdomen était énorme dès la fin du huitième mois,
époque à laquelle la hauteur de l'uténis atteignait 46 centim). pendant
les 39 derniers jours de la gestation, la tension (Tableau G) est demeurée
QUEIREL ET REYNAUD 69
fnféricDro & 13, no dépassant miïmc jamais U dans les deux septénaires
qui ont précéda l'accoucliemcnt. Celui-ci s'est effectue s|x)ntauément,
à terme, après la rupture de la imclie des eaux qui contenait environ
4 litres de liquide amniotique. Lus tracés recueillis pendant le travail et
les suites de couches ont été analogues b ceux des grossesses normales.
2> Au cours d'une pneumonie lohairc, ayant éclaté chez une primipare
au huiliËniG mois, les sympt<)mcs iDfectieu<c, d'intensité moyenne, se
sont accompagnés d'une by|)olcnsion rapide ; le sphygmomèlre, qui
accusait 15 avant le début de la maladie, a uiart|u6 successivement
13, 12 et au-dessous, en moins de sept jours. Le travail s'est déclaré
prématurément le dixième jour et n'a amené qu'une élévation modérée
de la courbe : 16 au moment de l'expulsion fœtale. Une détente bmsque
des pliénomëncs pulmonaires a eu lieu après l'accouctiemont, btentAt
suivie d'une prompte résolution de la malodie. Ce qu'a, liu reste, con-
firmé l'état de la tension, voisine de 15 cenlim. dès le second jour des
suites de couches.
3° Trois autres faits se rapportent ii des Temmes arrivées en tra%'ail
à la Clinique, qui ont été atteintes, deux ou trois jours plus lard, de
grippe àfvrme pulmo'uiire. Denx d'entre elles notamment ont eu, pen-
dant près de dix jours, de la congestion intense des hases, avec crachats
hémoptolques, hypcrthcrmie. pouls fréquent |100-110|, troubles gastro-
intestinaux, etc.. Toutes ont présenté un abaissement notable de la
pression aricriellc qui est descendue de 10-18 jusqu'au-dessous de 12
en peu de jours, pour se relever assez vite dans le cas bénin et deux
semaines après seulement dans les cas les plus graves.
4o|l s'agit, dans l'observation suivante, d'une primipare, hystérique,
dont les crises avaient presque complètement cessé depuis le début de
70
13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
la grossesse et qui n'a présenté rien d'anormal jusqu'au jour de son
accouchement, où des phéuomènes complexes se sont produits, entraî-
nant à leur suite une péritonite puerpérale à forme suraiguë. Le travail
a été interrompu avant la dilatation complète par une crise Aiolente
d'hystérie durant laquelle la tension s'est élevée jusqu'à 23 pour redes-
cendre à 17 vingt minutes après (Tableau H). L'agitation extrême de
cette femme n'a pu être s^aisée que par des inhalations prolongées de
chloroforme, sous l'influence duquel on a bientôt noté une dlmination
de 4 centimètres.
Une heure après l'expulsion du fœtus et du placenta, la tension qui
était à 14 s'est brusquement abaissée à 11 et a, i)our ainsi dire, révélé
l'imminence de Thémorrhagie considérable qu'il a fallu combattre dix
]
Tableau H.
minutes plus tard. L'instrument de Verdin indiquaitàcemomentS 1/2.
GrAce aux hémostatiques et surtout à la transfusion hypodermique de
900 ce. d'eau salée h 7 1/1000, les signes alarmants ont été enrayés et
nu bout de deux heures on notait de nouveau 12 1/2.
Toutefois cette amélioration n'a été que temporaire et, en moins de
vingt-quatre heures, la situation s'est aggravée : tandis que la tempt?-
ralure est montée à 39o,5, le pouls s'est fixé au-dessus de 130, le bal-
lonnement du ventre est devenu considérable et la malade a accusé
tous les symptômes d'une péritonite généralisée qui s'est terminée par
la mort avec une rapidité un peu surprenante, en quarante-huit heures.
La tension artérielle s'est installée à 10 1/2 dès le début et a atteint
7 1/2 le matin du deuxième jour, trois heures avant la mort.
On conçoit toute la valeur pronostique de cette hypotension persis-
tante au-dessous de 10 centim. qui, ainsi que nous l'avons constaté
dans plusieurs cas analogues, do même que dans la pneumonie, la
fièvre typhoïde ou la variole, est l'indice certain d'une issue fatale à
brève échéance, en dehors des autres signes cliniques.
5® Signalons, h la suite de ces faits pathologiques caractérisés par la
QDEIRBL ET RBYNlLUD 71
productioD de la dépression artérielle, six cas A'avoi-teiiient, aurveauB du
deuxième qd cÎDqnième mois de ta gi-ossossc. L'hypotension (Tableau E),
que l'on i-etrouve d'une manière constante chez toutes ces femmes, est
due II l'influence mécanique de rUémorrhagic plus ou moins abondante
qui précède, occompngue ou suit l'expulsion de l'œuf. Cet abdssement
de la tension varie, en général, enti-e 12 cl 10 centim. et persiste en
s'accentusut parfois lorsqu'il y a rélcnlion de l'arFiJrcfaix, tant que le
décollement du placenta n'est pas com-
plet. Dès que la cavilé utérine est entiè-
rement libre, (16s que l'hémorrlia^e est
délinîtivcmcnt enrayée et qu'il ne sur-
vient aucune infection secondaire, la
courbe tend & se relever les jours sui-
vants (13-14) vers la normale, qu'elle ne
regagne le plus souvent qu'après !o
dixième jour.
B. — Toutes les autres complications Tableau E
(lathologiques qui se sont présentées à
notre expérimentation ont été marquées,
au contraire, par une exagération de la pression artérielle, en rapport
avec l'intcnsilc de la toxémie gravidique qui était eu cause ;
1° ChcK trois femmes ayant depuis te septième mois de leur gros-
TaBLEAu F. Tableau F'.
sesse une albiimimirk persislanle {de 1 & 3 gr, au tube d'EsI)ach) avec
œdème des membres inférieurs et de la face, troubles de la %'uc, symp-
Ulmcs cardiaques, — bruit de galop dans un cas, — la tension a cons-
tamment oscillé cuire 17 et 10 (Talileoux F et F') jusqu'au jour de l'ac-
couchement qui a eu lieu à terme. Les conrlKïs du travail et des suiloa
72 i'i' CDNGIIKS DES SCIENCES UÊUICAI.BS DE PAIIIS
de couches, aa dùbut desquelles la quontilé d'albumine a noiablemeot
dlminui!, n'ont présenté aucune parUcularité.
2" Les trois observations suivantes que nous allons résumer briève-
ment se rapportent à des éctampUquei :
a) H&rie L..,, 20 ans, primipare, au sepliëme mois; apportée & la
Clinique dans le coma le plus absolu , à la suite de cinq accès d'éclanipsie
ayant éclaté successivement cliez elle.
A son entrée, le sphygmomètre (Tableau G) indique une pression de
17 1/2. La saignée-transfusion
, amène uno amélioration rapide
qui persiste pendant vingt-quatre
i heures. Le surlendemain, nouvel
! accès : on note, deux heures avant
son début, 19 1/2, et pendautla
période convulsive 25 centim. Une
heure après, abaissement & 18 1/2.
Un jour plus tard, au cours d'une
autre crise, l'hypertension n'a pas
Tableau G. dépassé 22. Une saignée copieuse
a provoqué une chute brusque,
mais passagère : de 22 à 15 1/2 ; après quoi la courbe est remontée
h 171/2,
Pendant le travail, qui s'est déclaré au bout de trois jours, nous
avons enregistré au moment d'un accès, avant la dilalaUon complète,
Je chiffre 23 ; et, cinq heures après, l'expulsion d'un fœtus macéré
s'est accompagnée d'un écart moins prononce C20I. A la sortie du
placenta la tension est doscenduc jusqu'à 15 en moins do dix minutes,
sans aucune perte do soiig notable. Durant le premier septénaire qui
a suivi l'accouchement, la courbe s'est maintenue au-dessus de 17-18 ;
puis elle a regagné insen^iiblcmcnl la normale (dix-sept jours après :
T. 1^ Ib).
2>) Rosalie ?..., 35 ans, llpare, au 8°mois. Arrivée dans le service
dons un état de stupeur asseï prononcé, qucl<{ues heures après son
accouchement au cours duquel ij'était produit un accès éclamptique :
La tension était alors à 20 centim. Le lendemain, nouvelle ascension
k 16 1/2, annonijnnt l'imminence d'une crise qui est enrayée grAcc h
une phlébotomic de GOO gr. Les jours suivants, la disparition des phé-
nomènes alarmants a été définitive ; aussi a-t-on pu suivre la descente
^tJBîREL KT REYNAUD 73
progressive de la courbe qui s'est installée aux environs de 16 dès le
dixième jour.
c) Marie-Louise F..., 23 ans, primipare, au 8« mois. Entrée en tra-
vail à la Maternité, elle eut avant la période expulsive quatre accès
subintrants avec des maxima autour de 23-24. Neuf heures après la
naissance d'un enfant mort et macéré, la tension était à 18. Malgré la
non-reproduction des crises éclamptiques les phénomènes d'auto-intoxi-
cation sont allés en s'aggravant ; Tinsuffisance rénale et cardiaque a
entraîné Tissue fatale en moins de cinq jours, pendant lesquels la
moyenne des chiffres enregistrés s'est maintenue au-dessus de 18.
Aux approches de la mort (neuf heures avant), le coma s'est accompagné
d'un abaissement de la tension (17) qui est allé en s'accentuant pendant
la période agonique. (T. = 15 î/2, six heures avant le décès).
III. — Les résultats de nos recherches cliniques, en dehors du cadre
physiologique de la grossesse, concordent pleinement avec les opinions
émises par la plupart des auteurs.
L'hypertension liée à l'albuminurie gravidique a été constatée par
Ballantyne (1), par MM. Vinay (2), Vaquez et Nobécourt(3), Baranger(4),
Saratoff (5), etc., d'une manière constante. Il importe toutefois de
faire remarquer que si les courbes de la pression sanguine et de la
quantité d'albumine suivent une marche parallèle, ce rapport ne se
manifeste que dans les cas où l'albumine s'élève et se maintient d'une
façon persistante au-dessus de 1 gr. Lorsque les phénomènes toxé-
miques tendent h s'aggraver et que l'éclampsie devient imminente^ il
se produit toujours une augmentation précoce qui, de même que
dans l'urémie (6), reconnaît pour cause une excitation vaso-constrictive
par auto-intoxication.
Pendant les accès d'éclampsie, cette élévation atteint son maximum
(22-25) au cours de la période convulsive pour s'abaisser légèrement
entre les crises sans jamais revenir à la normale tant que la dispari-
tion des symptômes alarmants n*est pas définitive.
(1) Ballantyne. Edinhurgh med. J., p. 1007, mai 1885.
(2) Vinay. Maladies de la grossesse y ISOi.
(3) Vaquez et Nobécourt. Soc. méd, des hôp., Paris, 29 janv. 1897.
(4) Barakqer. Th. de Paris, 1398, n» 413.
(5) Sabatoff. Th. de Parie, 1898.
(G) Von Ziemssen. LXVII* réunion des naturalistes et médecins alle-
mands. Lûbecic, 16 septembre 1895.
74 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Nos résultais semblent calqués sur les trois faits publiés par Ballan-
tyne et sur les cinq observations de MM. Vaquez et Nobécourt.
Ajoutons qu'il est de règle d'observer un abaissement marqué
de la tension chez ces malades pendant la chloroformisation, la saignée
et dans la période agonique.
La dépression artérielle qui a été la caractéristique des autres cas
pathologiques trouve aussi sa confirmation dans les travaux de
M. François Franck (1) qui a si bien mis en lumière les causes mul-
tiples de l'hypotension : causes mécaniques, comme dans les hémor-
rhagies de la délivrance ou de Favortement, qui diminuent d'une façon
plus ou moins notable l'afflux du sang dans le système artériel ; on
bien comme dans l'hydro-amnios, où la compression des veines
importantes^ telles que la veine porte et les veines caves, détermine
la dépression sanguine en emmagasinant une masse considérable de
sang en avant de l'obstacle et en diminuant à un degré exagéré l'ali-
mentation cardio-pulmonaire et aortique (François Franck) ; causes
toxiques d'ordre infectieux, comme dans la pneumonie, la grippe, la
septicémie, où les produits microbiens sont des facteurs d'hypotension
d'autant plus puissants qu'ils évoluent sur des organismes surmenés
par la puerpéralité.
En ce qui concerne la grossesse normale, nos observations cadrent
en partie avec celles qui ont été publiées ; mais elles en diffèrent par
quelques i)oints particuliers. Nous avons pu constater, comme les
divers auteurs, que l'hypertrophie prétendue du ventricule gauche et
la pléthore sanguine de la deuxième moitié de la grossesse n'entrai-
«
nent jamais l'hypertension ainsi que l'ont pensé h tort Lorain, Mahomed
et Macdonald, Blot, Meybourg, Tarnier, etc. La pression reste
normale chez les femmes enceintes.
Toutefois, il survient, d'après nos recherches, aux approches du
terme, une tendance à l'hypotension d'autant plus manifeste que la
courbe a été suivie plus longtemps (depuis le septième ou le huitième
mois) .
Peut-être est-il permis d'invoquer ici l'influence de l'augmentation
considérable de la circulation utérine et la compression des vaisseaux
abdominaux par l'utérus gravide, étant donnés les rapports constants
qui existent entre le degré d'hyi)o tension et le volume du ventre.
(1) François Fbaxck. Bull, Acad, de méd, séance du 21 juillet 1896,
p. 53.
QUEIBEL ET REYNÀUD 75
A roxception de Lebedeff et Porochjakow (1) qui prétendent que
a raccouchcmcnt par lui-même n'a pas d'influence directe sur la pres-
sion 0, tous les auteurs admettent une hypertension progressive
pendant le travail. Le surmenage imposé au cœur irnr les contractions
intermittentes et fréquentes de l'utérus, auquel vient s'ajouter le
phénomène de l'effort pendant la période expulsive, explique suffi-
samment l'exagération de la courbe que nous avons rencontrée h ce
moment chez toutes les accouchées.
D'après M. Saratoff, Vaquez et Millet (2), à presque aussitôt après la
fin du travail y la pression revient à son chiffre normal ». Suivant Ba-
ranger, la tension s'abaisse alors pour revenir plus ou moins vite au
taux physiologique ; Chapon (3) déclare, au contraire, que c l'éva-
cuation de l'utérus ne diminue pas l'excès de tension qu'avait provoqué
le travail ; la courbe demeure stationnaire pendant deux ou trois jours
pour regagner ensuite la normale vers le huitième jour » ; enfin
Dumas (4) a signale vaguement l'hypertension des suites de couches.
Aucune de ces assertions n'a trouvé sa confirmation exacte dans nos
expériences personnelles : la délivrance parait caractérisée régulière-
ment par une hypotension brusque et passagère, qui se manifeste
dans tous les cas, en dehors de toute hémorrhagie, depuis l'expulsion
fœtale jusqu'à celle du placenta.
Cette dépression artérielle, qui semble n'avoir pas attiré l'attention
des observateurs, est soumise, sans doute, à des influences mécani-
ques et nerveuses qui, comme à la suite des violentes et doulou-
reuses irritations nerveuses, des commotions physiques ou morales,
ou des grands traumatismes, provoquent un phénomène d'inhibition
résultant de la suspension plus ou moins complète du cœur et de la
disparition du tonus artériel.
Enfin, les suites de couches sont constamment accompagnées d'une
hypertension sur laquelle nous avons suffisamment insisté et dont la
cause principale réside dans la diminution considérable de la circula-
tion utérine.
En résumé, il résulte de nos recherches cliniques que l'étude de
(1) Lbbedeff et POBOCHJAKOW. CentralhL ftîr Gyn.^ p. 1, !•' jan-
vier 1884.
(2) Vaquez et Millet. Presse méd., 2 février 1898, p. 61.
(3) Chapok. Th. de Paria, 1898.
(4) Dumas. Arch, de TocologiCj 1878, p. 385.
76 13° CONGRÈS DES SGIBNGES MÉDIGALES DE PARIS
la tension artérielle au cours de la puerpéral! té présente une valeur
importante, non seulement dans la grossesse normale où elle permet
de contrôler les multiples variations physiologiques de Tappareil circu-
latoire, mais encore dans les cas compliqués de phénomènes patho-
logiques où elle est capable de donner des indications précieuses pour
le pronostic et pour le traitement.
— Pinard. — Le procédé employé par le professeur Queirel
se recommande par sa simplicité et par sa sûreté. L'instrument
de Verdin me paraît supérieur à tous les autres.
J'ai fait moi aussi des recherches, restées inédites, sur la tension arté-
rielle des femmes enceintes. Sans connaître les femmes,par la simple
constatation de l'hypertension artérielle, j'ai pu toujours faire le dia-
gnostic d'all)uminurie. Cette hyx)ertension est en effet de règle chez
les albuminuriques.
La constance de l'hypotension chez les femmes dont l'utérus offre un
développement exagéré (grossesse gémellaire, hydi'opisie de Tamnios.)
a éveillé l'attention des accoucheurs et je me demande s'il n'y a pas un
rapport entre ce fait et la mort subite parfois observée dans ces cas.
Quant à l'hyiKîrlension chez les albuminuriques elle me paraît
nous montrer le danger que l'on fait courir aux femmes en employant
certains moyens thérapeutiques. Les injections d'eau salée peuvent
provoquer et provoquent des accidents chez les albuminuriques qui
n'ont pas au préalable perdu du sang. J'ai observé dans ces cas, avec
des injeclions ne dépassant pas 500 grammes, des accidents très graves,
asphyxiques, convulsifs.
Ces remarques suffisent à vous montrer l'importance des recherches
de notre collègue Queirel.
2<> Le régime envisagé au point de vue préventif contre nn certain
nombre d'accidents gravidiques. La pathogénie de ces derniers.
— HagapofI (Constantinople). — -
3o Quelques cas d'accès éclamptiques sans albuminurie.
— Bouffe de Saint -Biaise (Paris) (1). — Il est habi-
tuel de rencontrer des signes prémonitoires de l'auto-inloxication
(1) Bésumé de l'auteur.
BOUFFE DB SAINT-BLAISE 77
gravîdiqne aîguC avec accès convulsîfs. Le principal et le plus fré -
quent de ces symptômes est ralbuminurie.
Je publie ici trois observations où ce signe a manque non seulement
avant les attaques, mais aussi après ; et cela est un fait extrêmement
rare. Car, dans tous les cas d'accès éclamptiques non précédés d'albu-
minurie, on est habitué à rencontrer des flots d'albumine dans l'urine
recueillie quelque temps après.
Dans la première observation, cas dans lequel la femme mourut, il
n'y eut aucun signe prémonitoire, et dans les deux jours qui suivirent
les premières attaques il se produisit une légère albuminurie (traces
d'albumine) qui disparut avant la mort .
Dans les deux autres cas, les malades, à antécédents hépatiques,
montrèrent quelques signes généraux d'intoxication, mais jamais
d'albuminurie h aucun moment ; les urines renfermaient des déchets
biliaires abondants.
Ces observations montrent une fois de plus que le rôle du rein est
secondaire, et que l'analyse de l'urine au point de vue de la réaction
albumineuse ne suffit pas pour éviter celte effrayante complication des
attaques convulsives. Le régime lacté et le traitement de l'auto-intoxi-
cation et de l'hépato- toxcmie gravidiques devront être appliqués à la
moindre alerte et en particulier chez les femmes qui ont des antécé-
dents hépatiques, celles-ci faisant si facilement, pendant leur gros-
sesse, de l'insuffisance hépatique.
Discussion.
— Bar. — Les faits apportés par M. Bouffe sont très intéres-
sants ; je ferai seulement une remarque : à côté de l'albumine banale il y
aune albumine spéciale, acéto-soluble, que j'ai étudiée et qui existait
I)eul-être dans les cas de M. Bouffe de Saint-Biaise.
— Budin rapproche des faits d'éclampsie sans albuminurie signalés
par M. Bouffe ceux qui ont trait à des femmes n'ayant ni albuminurie,
ni éclampsie, mais se trouvant dans un état particulier, auquel M. Bar
a donné le nom d'éclampsisme.
— Pinard. — Les faits rapportés par M. Bouffe de Saint-Biaise
prouvent une fois de plus que l'on peut voir survenir des con-
vulsions éclamptiques, suivies ou non de mort, chez des femmes dont
l'urine n'a jamais contenu d'albumine avant les accès. Ces faits indé-
niables prouvent également, au point de vue pathogénique, que le rein
78 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
ne joue pas le rôle qu'on lui attribue depuis si longtemps. Aujoard'hiiî
Ton sait que Torgane qui dans tous les cas est malade, c'est le foie ou
plutôt la cellule hépatique, d'où le nom d'hépato-toxémie gravidique
substitué à celui d'éclampsic, impropre h tous les points de vue.
Des femmes peuvent avoir de rall)umine dans les urines sans avoir
pour cela de Thépato-toxémie, et des femmes n'ayant pas d'albumine
dans les urines peuvent ôtre en proie à cette intoxication.
Est-il nécessaire, comme Ta fait M. Bar, de recourir h la théorie de
Semmola peur expliquer le passage de Talbumine dans Turine des
femmes atteintes de convulsions éclamp tiques? Tenons-nous-en aux faits.
Les travaux de Gouget ont fait suffisamment la lumière sur ce point.
Au point de \iie scientifique les conclusions suivantes s'imposent :
1° Chez les femmes ayant succombé après avoir présenté des accès
éclamptiques le foie a toujours présenté des lésions ;
2o Si le plus souvent les urines contiennent de l'albumine chez les
femmes ayant de l'hépato-loxémie gravidique, exceptiomiellemenl
elles peuvent no pas en contenir.
Au point de vue pratique, il est toujours et plus que jamais indiqué d'eMi--
miner les urines de toutes les femmes enceintes et de soumettre au régime lacté
absolu toutes les femmes enceintes alhuminuriques.
Tous nos efforts doivent tendre vers la recherche des symptômes
qui peuvent nous faire reconnaître le début de l'hépato-loxémie gra-
vidique : à ce moment seulement la thérapeutique et l'hygiène seront
toutes puissantes. Actuellement,en face d'une femme atteinte de convul-
sions éclamptiques, nous ne faisons que de Tompirisme : la femme guérit
ou meurt, non pas suivant qu'on a employé telle ou telle médication, mais
suivant que les lésions du foie étaient ou non incompatibles avec la vie^
4') Le traitement de l'ôclampsie puerpérale au moyen du veratrom
Tiride.
— Mangiagalli (Pavic) (1). — Les nouvelles théories de réclam[i-
sie ont produit de grands bienfaits au point de vue de la prophylaxie,
mais n'ont eu aucune influence sur le traitement lui-môme des accès
éclamptiques. Le traitement obstétrical est encore le meilleur. Mais
il y a une indication précieuse qui nous permet de l'appliquer au moment
le plus favorable, quand Tinter vention obstétricale est facile et simple.
(1) Résumé de Tauteur,
PORAK 79
G'cstlamélUcatioD parle veratrum t'/nV/e que j'emploie depuis quatre ans
avec un succès que je puis dire constant. Elle est efficace dans l'éclamp-
sie de la grossesse, du travail et des suites de couches. Sur 18 cas,
j'ai obtenu 17 guérisons ; toujours les convulsions ont cessé. Dans un
cas, au cours de la môme grossesse, trois fois l'éclampsie est reparue.
Le cas de mort que j'ai eu s'est produit neuf jours après la cessation des
convulsions et n'est peut-être pas dû à l'éclampsie. La préparation que
j'emploie est l'extrait fluide préparé par Ëuba, de Milan. Le veratrum
viridc agit peut-être en abaissant la pression.
5° Traitement de réclampsie paerpéraie.
— Porak (Paris) (1). — L'éclampsie dont le tableau clinique est
si caractéristique est encore très obscure dans sa pathogénie.
Les différences que l'on constate déjà dans l'analyse des prodromes,
du nombre et de l'intensité des accès, des accidents qui les accompagnent,
s'accusent encore davantage dans l'examen des grands appareils,en par-
ticulier dans les troubles de la miction et aussi dans les antécédents.
On doit se demander si ces différences s'expliquent par l'action de
doses plus ou moins fortes d'un môme poison, de la réactivité variable
des sujets, ou en réalité par l'action de poisons de natures différentes.
Sans pousser très loin ces considérations, n'y a-t-il paslieu de distinguer
lesaci^èséclamptiques qui surgissent dans le cours d'une intoxication
aiguë de ceux qui surviennent dans le cours d'une maladie chronique?
Cette distinction a bien son intérêt au jwint de vue du pronostic et
au point de vue du traitement.
L'éclampsie caractérise un état de mal et non pas l'intoxication qui lu
produit; c'est le point le plus culminant d'une intoxication aigué qui a
commencé avant le premier accès et qui persiste après le dernier.
Le danger couru par la malade dans cette forme de l'intoxication
aiguë est presque toujours lié aux accès. On pourrait le comi)arerti
l'ivresse qui signale pour l'alcoolisme l'intoxication aiguë, avec cette
différence toutefois que l'intoxication de l'éclampsie dure plus long-
temps avant et surtout après l'état de mal. Les prodromes et la manie
puerpérale prouvent que la maladie n'est pas seulement limitée aux
accès. Dans la période qui précède et qui suit les accès, le danger
est le plus souvent très atténué.
(1) Manuscrit remis par l'auteur à la Rédaction des Annales,
80 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
L'éclampsie peutencorc apparaître dans le cours d'une maladie chro-
nique ou au moins antérieure à la grossesse. On peut alors rapprocher
les accidents de ceux de l'urémie qu'on observe aussi bien chez
l'homme que chez la femme, et chez la femme aussi bien dans le cours
de la grossesse qu'en dehors d'elle. L'accès survenu dans ce cas Cî^t
semblable à l'accès caractéristique de l'éclampsie. Les attaques sont seu-
lement plus rares ; quelquefois il n'en existe qu'une ; elles sont moins
intenses et moins graves par elles-mêmes. Les commémoratifs x>^rmcl-
tent ordinairement d'établir l'ancienneté de la maladie. Cette maladie
ancienne peut d'ailleurs évoluer sans accès éclampliques. On pourrait
comparer cette forme à l'alcoolisme chronique qui s'accompagne rare-
ment ou qui ne s'accompagne jamais d'ivresse.
On peut poursuivre cette comparaison de l'alcoolisme aigu et de
l'alcoolisme chronique à ces deux formes caractérisées par les accès
graves et subintrants de Téclampsie aiguë ou par les accès rares, peu
graves d'une intoxication chronique, dans l'application du pronostic et
dans les constatations de l'anatomie pathologique.
Dans la forme aiguë, les lésions macroscopiques sont quelquefois
plus congestives, plus hémorrhagiques, mais en somme moins profon-
des que dans la forme chronique. Elles expliquent mieux la brutalité
de la symptomatologic et son caractère transitoire. Les lésions de la
forme chronique sont plus profondes ; elles concordent avec des symp-
tômes moins violents, mais plus'persistants et finalement plus îrrémé.
diablement graves.
Dans le premier et dans le second cas il y a lieu, au point de vne
du traitement, de séparer les phénomènes qui appartiennent à l'intoxi-
cation et qui indiquent une thérapeutique à longue portée, des crises
éclamptiques, accidents aigus qui font courir un risque immédiat et
qui exigent une thérapeutique rapide.
On meurt des accès d'éclampsie. C'est seulement ce point que nous
traitons. On meiu*t de l'intoxication qui provoque les accès d'éclampsie,
que cette intoxication soit passagère ou qu'elle soit définitive, irrémé-
diable. Contre l'intoxication, nous ne connaissons rien de mieux que le
régime lacté, malgré les difficultés de son administration, malgré ses
imperfections.
Ce n'est pas le point qui nous occupera.
L'éclampsie prédispose pendant les couches aux accidents de la
septicémie.
La thérapeutique que nous allons préconiser s'adresse à toutes les
PORAK 81
intoxications aiguës, même à Tinfection septique . Mais dans ce dernier
cas je ne suis pas édifié sur son utilité . Je n'en dirai qu'un mot à
propos de Fiiistorique.
Dans nos statistiques, il y a lieu de tenir compte de la mortalité qui
dépend des crises de Téclampsie proprement dite, de celle qui appar-
tient soit à rintoxication de Téclampsie, soit ù la septicémie. Nous
donnons une statistique intégrale ; mais nous interpréterons les cas, ne
retenant que ceux que nous visons.
Depuis 1882, j'jd eu Toccasion d'observer de nombreux cas d'éclamp-
sie. Au point de vue du traitement que j'ai employé, on peut les
diviser en S périodes :
La première période va de 1882 à 1891, la seconde de 1891 à
fin février 1898, la troisième du commencement de mars 1898 à juil-
let 1900.
Dans la première période j'employai volontiers les purgatifs, la
saignée et les médicaments qui avaient la réputation d'atténuer les
réflexes supposés des accès éclamptiques : chloroforme, chloral, et plus
rarement morphine.
J'observai pendant ce laps de temps 50 cas d eclampsie se décom-
posant comme il suit :
I. — Eclampsie de la grossesse :
4 cas, 4 guérisons.
II. — Eclampée du travail.
A. — Avec accouchement spontané :
29 cas ; 9 décès, dont 1 cas de péritonite quatre jours après l'accou-
chement.
B. — xVvec accouchement opératoire (c'était toujours l'application
de forceps) :
1 1 cas ; 5 décès, dont 1 de septicémie huit jours après l'accouchement.
III. — Eclampsie post'partum :
G cas, 2 décès.
Ces 50 cas fournissent donc une mortalité de 16 cas, dont 2 cas
attribuables à la septicémie, soit 14 décès ou bien 28 pour 100. J'en
conclus que la thérapeutique que j'ai suivie pendant cette période et
qu'en particulier la saignée seule sont insuffisantes.
Dans la deuxième période j'ai eu recours aux injections sous-cuta-
nées d'eau salée à 7 pour 1000, à l'hypodermoclyse, suivant la dési-
gnation qui lui a été récemment donnée.
ANK. DE OYN. — VOL. UV. Ô
82 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Je n'ai pas a insister sur l'historique de cette thérapeutique qui a
pris une extension si considérahlc dans ces derniers temps.
En 1890 je fis ma première injection hypodermique d'eau salée
dans un cas d'hcmorrhagie puerpérale (Bulletin de la Société obsté-
tricale et gynécologique de Paris ^ séance du 9 octobre 1890, page 269).
Il s'agissait d'une femme profondément anémiée par une hémorrha-
gie consécutive à une insertion vicieuse du placenta.
L*état de cette malade était extrêmement grave. L'indication urgente
de pratiquer la transfusion du sang se posait ; mais, d'une part, ce trai-
tement ne m'avait pas donné de résultais satisfaisants ; d'autre part,
je ne voulais, so us aucun prétexte, prendre le sang d'un de mes élèves.
Je pensai alors que les injections d'eau salée dans le choléra avaient
été pratiquées avec succès et, en tout cas, sans danger, par M. Hayem
et par ceux qui l'imitèrent dans cette thérapeutique.
L'hypotension vasculaire indiquait si nettement le mécanisme du
danger couru par la malade que Tinspi ration me vint de pratiquer la
transfusion d'eau salée x>nr ponction de la veine basilique gauche.
Je fis cette opération avec une certaine anxiété et, le résultat me
paraissant remarquable dès la pénétration de 300 grammes de li({uide,
je l'interrompis. Ma malade guérit.
Quoique les expériences de Dastre et de Loye (1880) ne fussent pas
très encourageantes, leurs prémisses étaient cependant de nature à
engager les cliniciens à essayer les injections sous-cutanées d'eaa
salée ; je me décidai à faire des injections intra-veineuses d'eau salée
une méthode générale de traitement dans les cas où il y aurait indi-
cation à relever la tension sanguine ou à provoquer la diurèse.
Les anémiées par hémorrhagie, les infectées venaient donc tout
naturellement à Tesprit. J'instituai C43 traitement dans l'infection puer*
pérale et dans réclam[)sie. Je n'ai pas voulu publier mes tentatives de
traitement de rinfection puerpérale parce que mes résultats ne m'ont
pas paru satisfaisants. Dans un ras môme, par la faute d'un de
mes internes, l'injection sous-cutanée faite trop près du trochantcr
fut suivie d'une eschare ; ma malade sucxîomija d'ailleurs aux progrès
de la septicémie. Dans ci's derniers temps, à la suite de travaux nom-
breux de physiologie et de clinique sur le lavage, le lessivage du saag,
j'ai repris cette thérapeutique; mais il est difficile d'en établir d'une
façon bien incontestable les résultats ; je n'ose pas encore affirmer
d'opinion.
J'ai cru tenir une thérapeutique vraiment puissante de l'éclampsle
PORAK 83
en pratiquant ces injections d'eau salée ; cela a été Tolijet d'un mémoire
que je fis en collaboration avec un de mes internes, depuis M. le
D»" Bemheim {Sociélé obstétricale de Fraîice, 1893. — Nouvelles Archives
d'Obstétrique et de Gynécologie, 1894, p. 207. Thèse de Bernheim, 1894).
Nous tombâmes sur une série heureuse de 10 cas, avec 1 seul décès.
Mais Tavenir n'a pas justifié nos espérances.
Voici, en effet, ma statistique intégrale :
J'ai observé 41 cas d'éclampsie de 1891 à fin février 181*8; ils se
décomposent de la façon suivante :
I. — Ecltunpsie de la grossesse:
9 cas, 4 décès.
II. — Eclampsie du travail.
A. — Avec accouchement spontané : 24 cas, 8 décès ; dont 1 de péri-
tonite, huit jours après l'accouchement, et 1 cas d'hémorrhagie céré-
brale, cinq jours après l'accouchement.
B. — Avec accouchement opératoire :
3 fois, forceps ; — 1 fois, basîotripsie sur un enfant mort ; 1 fois,
symphyséotomie et forceps,
ô cas, 0 décès. ^
III. — Eclampsie post-partum :
3 cas, 0 décès.
Le résultat donne donc pour 41 cas, 12 décès; — 11 si on retranche
le décès tardif par péritonite, c'est-à-dire 20,84 p. 100. Le résultat
dans cette seconde période est comparable à celui de la première. La
saignée dans la première période, pas plus que les injections hypo-
dermiques d'eau salée dans la seconde, ne sont capables, employées
seules, d'abaisser notablement la mortaliU'^ dan-? l'éclampsie puerpé-
rale.
J'étais alors surtout dirigé par des idées théoriques.
Considérant l'éclampsie comme une intoxication aggravée sérieuse-
ment par l'oligurie ou par l'anurie, je visais In seule indication de
rétablir la miction.
On obtient la diurèse par l'hyiwdermoclyse. Ce n'était pas assez, les
éléments du pronostic sont certainement plus complexes.
Nous avons donné au sujet de la diurèse, dans notre mémoire de
1893, des courbes urinaires suffisamment démonstratives ; je ne revien-
drai pas sur ces résultats, ils sont évidents.
Lorsque les éclamptiques arrivent à l'hôpital, dans l'immense majo-
rité dos cas elles n'urinent pas. elles ne mouillent pas leurs draps et
84 J3^ CONGRES DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
lorsqu'on les sonde on ne retire qu'une petite quantité d'urine qui
présente ces teintes foncées, verdàtres, si connues et si- spéciales à
l'éclampsie.
A la suite de l'hypodermoclyse, on constate pres(iue toujours que
leurs draps sont abondamment mouillés et nous voyons très souvent
notée dans nos observations l'apparition de sueurs qu'on dit quelque-
fois abondantes. L'albuminurie diminue en proportion de l'augmenta-
tion de la miction.
Rétablir les fonctions urinaires est certes rationnel et logique, mais
les rétablit'On toujours? Il ne le semble pas.
En second lieu, l'éclampsie étant une intoxication aggravée par
Toligurie, j'ai renoncé absolument à prescrire des substances toxi-
ques telles que le chloroforme, le chloral et la morphine . Nous nous
sommes déjà suffisamment expliqué à cet égard dans notre premier
mémoire. L'action toxique du chloroforme a d'ailleurs été discutée un
peu partout. On en trouvera le procès peut-être exagéré dans le mémoire
de Dfihrssen.
On ne peut cependant nier que beaucoup d'accoucheurs se sont très
bien trouvés de l'emploi de ces substances .
Nous pourrions citer dans quelques observations de notre première.»
période des cas oii les accès éclamptiques ont été suspendus à la suite
de l'administration du chloroforme.
Ne peuvent-ils pas s'expliquer par des conditions particulières ?
t On constate dans l'étiologie de l'éclampsie l'importance des tares
névropathiques. Certaines nerveuses sont très disposées aux réflexes
éclamptiques. L'intoxication trouve chez elles un terrain bien approprié
à l'apparition de l'éclampsie.
Les crises, une fois produites, peuvent devenir à leur tour un élé-
ment aggravant de pronostic. Chez ces malades la chloroformisation
peut plus facilement que chez d'autres suspendre les crises, et, en sus-
pendant les crises, améliorer la situation; mais si, mettant de cAtc ces
cas particuliers, on envisage d'une façon générale le résultat de la
chloroformisation dans le' traitement de l'éclampsie on est forcé de
reconnaître qu'il est plus que médiocre.
J'ai bien souvent donné du chloroforme aux éclamptiques; je l'ai
surtout fait systématiquement et je continue encore à le faire tontes
les fois que j'interviens opératoirement et pendant tout le temps que
dure l'opération. Je ne me rappelle pas avoir vu la crise éclater lors-
que la chloroformisation était profonde ; mais je l'ai constatée au début
ponAK 85
de la chloroformisation et au moment où la malade sort de la narcose.
Donc il faudrait, pour être sûrement utile, que la narcose fût profonde
et prolongée. Qui oserait maintenir pendant des heures une éclamp-
tique sous la narcose chloroformique profonde ?
J'ai constaté 1 cas de mort par le chloroforme chez une éclampllque;
je donnerai la relation d'un cas où sous la môme influence il y a eu
susi)cnsion des plus inquiétantes de la respiration.
Le danger immédiat de la chloroformisation profonde chez les
éclamptiques n*est donc pas douteux ; quant au danger éloigné qu'elle
occasionne par ce fait que c'est une intoxication qui s'ajoute a une
autre intoxication, cela ne parait pas non plus contestable.
Je me suis donc astreint à ne donner ni chloroforme, ni chloral^
ni morphine, au moins dans un but thérapeutique.
Je n'ai recouru a la chloroformisation que lorsque je me décidais à
intervenir opéra toirement et seulement pendant le temps de l'opération.
Dans cette période de 1891 h 1898, je voulais surtout démontrer la
valeur des injections sous-cutanées d'eau salée dans le traitement de
réclampsie. Contrairement à mes espérances, j'ai obtenu un résultat
médiocre puisqu'il donne une mortalité de 26,84 p. 10^*
Comment interpréter ces résultats ? J'en vois deux disons.
Cela peut tenir h la défectuosité des règles que j'ai suivies. Dirigé
surtout par des idées théoriques et voulant les démontrer clinique-
ment, j'ai trié les cas qui se présentaient à mon examen en cas suppo-
sés bénins et en cas jugés graves. Pour les premiers on n'ordonnait
absolument aucun traitement. Pour les seconds, on pratiquait rhyiK>-
dermoclyse. Avant de distinguer les cas sérieux des autres, on perdait
du temps et le traitement est probablement venu quelquefois très tard,
alors que la maladie ne pouvait plus rétrograder.
Les premiers insuccès n\v. firent bien voir cette erreur, je prescrivis
alors à toutes les éclamptiques, dès leur arrivée à l'hôpital, les injec-
tions d'eau salée. Quelques décès me démontrèrent que décidément
les injections d'eau salée employées seules ne constituaient pas un
traitement suffisant. Je les associai alors a la saignée, mais d'abord à
contre-cœur, en tâtonnant, d'une fa^on timide.
Voilà la première raison de notre insuccès.
La sec<mde est plus sérieuse ; l'injection sous-cutanée d'eau salée est
peut-être dangereuse. Dastre a l)ien dit que jK^ur que le lavage du
sang réussisse, il esl nécessaire ijue le rein soit intact, afin (lue ce qui
entre dans l'organisme puisst» en sortir.
86 13° CONGRES DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Le rein est-il toujours perméable dans Téclampsie ? Et comment
reconnaître les degrés de cette perméabilité i Gomment les reconnaître
rapidement comme il est nécessaire de le faire dans ces cas demandant
une thérapeutique rapide ?
Il est certain que la diurèse n*est pas obtenue dans une proportion
exactement comparable à l'abondance des injections sous-cutanées.
L*eau injectée que devient-elle ? Ne favorise-t-elle pas la production
de rœdème cérébral et de Tœdème pulmonaire ?
Le résultat de nos statistiques semble bien justifier la réalité de ce
danger.
Le nombre des femmes qui n*ont pas accouché pendant cette période
de 1891 h 1898 est de 9 sur 41 cas, proportion relativement considé-
rable ; 5 femmes ont guéri, 4 sont mortes, donnant par conséquent une
proportion approximative de 1 [wnr 2, moyenne très supérieure h la
mortalité générale pour éclampsie.
Cette proportion défavorable est encore rendue plus frappante par
comparaison avec ce que nous avons observé dans la première et dans
la troisième période réunies.
De 1882 à 1^, nous n'avons eu que 4 femmes n'ayant pas accouché
sur 50 ; de 189^a 1900, que 7 femmes sur 47; cela fait 11 cas sur 97,
proportion notablement inférieure à celle que nous avons indiquée pour
notre période d'observations intermédiaire. Mais, fait remarquable, sur
ces 11 femmes, je ne compte aucun décès. C'est d'ailleurs une notion
admise que l'éclampsie de la grossesse est moins grave que celle que
provoque le travail, et cela parait plus rationnel.
Lorsqu'il s'agit d*intcrprét(3r des faits cliniques, on oppose toujours
la série et c'est juste. Mais vrai meut en présence de résultats aussi oppo-
sés, il y a lieu d'en tenir compte et de chercher quelques explications
qui rendent les faits faciles a comprendre.
J'ai été frappé dans les autopsies d'éclamptiques, chez des femmes
d'apparence robuste, de constater des tares graves, par exemple l'exis-
tence aux poumons de tubercules crétac^^s, avec ou sans poussée de
tubercules réccMits, avec ou sans poussée congés tive, l'existence d'adhé-
rences pleuro -pulmonaires, quelquefois très étendues, presque géné-
rales d'un côté, formant même symphyse pulmonaire, et d'emphysème
consécutif. La congestion et l'œdème pulmonaire peuvent d'ailleurs
se produire sous la dépendance de l'éclampsie, de telle sorte qu'il est
difficile d'établir un diagnostic précis de ces différents états chez les
éclampliqucs, d'autont qu'elles respirent déjà mal. Qu'on injecte une
PORAK 87
quantité considérable d'eau à ces femmes et Tœdème aigu des poumons
peut j)récipiter les accidents.
Œdème pulmonaire, œdème cérébral sont des accidents faciles h
comprendre à la suite des injections massives sous-cutanées chez des
personnes dont les reins fonctionnent mal ou ne fonctionnent pas.
La troisième période court du commencement de mars 1898 à juillet
1900. J'ai observé pendant ce court laps de temps 47 cas d*éclampsie.
Ils se décomposent de la façon suivante :
I. — Éclampsie de la grossesse,
7 cas, 0 décès.
II. — Élclampsie du travail.
A. — Avec accouchement spontané : 15 cas, 2 décès dont Tun
survenu six jours après l'accouchement par septicémie.
B. — Avec accouchement opératoire : 12 fois par application de
forceps à la dilatation suffisante du col ; — 5 fois par application de
forceps consécutivement à l'accouchement forcé parla, dilatation digitale
progressive (méthode de Bonnaire) .
17 cas, 2 décès dont l'un survenu chez une néphri tique ancienne ayant
présenté de l'endocardite végétante d'origine probablement scptique,
III. — Eclampsie post-parium.
8 cas, 1 décès.
Sur 47 cas nous comptons 5 décès dont deux sont tardifs. Trois
femmes seulement ont succombé à l'éclampsie proprement dite,cc qui
donne une proportion de 6,38 p. 100.
Dans cette période nos idées se sont affirmées et notre règle de
conduite a été plus décidée. Je suis parti nettement de cette con-
viction que l'éclampsie est une auto-intoxication d'origine intestinale
et que les accès sont souvent provoqués par des excitations périphé-
riques.
Les travaux sur l'éclampsie ont été très nombreux dans ces der-
nières années. Ils sont très intéressants. Ce n'est pas ici le lieu d'en
faire la critique. Je désire être bref.
Ce point de départ étant fixé, il n'y a plus qu'à en déduire les con-
séquences.
1» L'éclampsie est une intoxication ; cela exclut du traitement toute
substance toxique. Je me suis déjà longuement étendu sur l'emploi du
chloroforme. J'y ro\ioTidraî encoi*o plus tard.
88 13® coNr.nks des sciences médicales de pahis
2o L'éclampsie est une intoxication d'origine intestinale. Il faut clone
faire Fantiscpsie de l'intestin. Le lavage de Tintestin entre dons In
thérapeutique des urémies, il s'est progi-essivement imposé dans mon
service, où il s'est substitué aux lavements purgatifs. A l'aide d'une
canule rectale d'abord petite, puis d'une autre canule plus longue, on
fait de très abondantes irrigations rectales qui s'élèvent à 30. 40, et
même parfois 50 litres d'eau tiède, salée à 7 p. 1000, sous une
faible pression, h l'aide d'un bock qu'on élève à une hauteur justement
suffisante pour assurer la'pénétration du liquide. Les irrigations ont éiv
toujours faites dès l'admission de l'éclamptique h l'hôpital.
Le premier effet de ces irrigations est de ramener d'abord des selles
ordinairement abondantes, souvent dures et mal digérées, presque
constamment horriblement fétides.
Lorscpie toutes les selles ont été évacuées, le liquide revient clair.
Mais au bout d'un certain temps, il est coloré en jaune par la bile. On
dit dans le service qu'il vient un flot de bile. On ne s'y trom|)e pas.
Les draps en sont souvent tachés en jaune. Il n'y a aucune particule
solide qui pourrait faire attribuer cette coloration à autre chose qu'à
de la bile. Cela ne dure qu'un temps assez court. Cet écoulement de
bile disparait bientôt et le liquide devient de nouveau clair; on inter-
rompt alors l'cntéroclyse
Cette manière de faire est tellement courante dans le service, elle
est tellement dans l'ordre, qu'on n'en a pas signalé les détails dans les
observations. C'est dommage, car il serait intéressant de savoir si cet
éconlemcnt biliaire est constant et quelle est son importance pronos-
tique.
Au bout de vingt-quatre heures, on renouvelle l'cntéroclyse, s'il y
a lieu. Des phénomènes analogues se re[)roduisent, les lavages abon-
dants de l'intestin favorisent d'ailleurs une certaine absorption d'eau
salée.
3^ L'éclampsie est une intoxication et, à ce titre, elle est justiciable
du lavage ou du lessivage du sang.
Ce traitement consiste dans l'action associée de la saignée et de la
transfusion d'eau salée.
L'utilité de la saignée repose sur le résultat expérimental avancé par
Bouchard et rappelé par Landouzy, à savoir que 50 centigrammes de
matières extractives sont rejetés hors de l'organisme [mr une saignée
de 34 grammes, par 250 grammes d'excrétions alvines, par 1 ,500 grammes
PORAK 89
d*urine et par 100 litres de sueurs. Ces chiffres indiquent bien la subor-
dination à établir dans les différents procédés de dépuration organique.
Limité à Tobservation clinique, il n'entre pas dans mon plan de rap-
peler ici les travaux de Dastre etLoye.deCharrin, de Pierre Delbet, de
Vaquez, etc. Je ne me suis laissé diriger que par des idées théoriques.
En creusant la question, les physiologistes la montrent sous des faces
multiples dont la réalisation clinique est difficile. Je n'entrevois pas
encore le moment où je me déciderai à transfuser aux éclamptiques
des injections d'eau sucrée. Pour être démonstratifs, les procédés cli-
niques doivent poui*suivre pendant longtemps leur expérience et s'ap-
puyer sur des observations nombreuses.
La réalisation en est donc assez difficile, lorsqu'il s'agit d'une maladie
rare comme l'éclampsie .
Enlever une partie du poison à l'aide delà saignée, favoriser la diu-
rèse à l'aide des injections sous-cutanées d'eau salée, ne pas soumettre
la tension sanguine à des écarts trop considérables par une dispropor-
tion trop grande entre la saignée et l'hypodermocly se, diminuer la pro-
portion pour 100 du [joîson du sang par l'action simultanée de la sai-
gnée et de l'hypodermoclyse, telles sont les idées simples qui ont dirigé
ma thérapeutique.
L'action dynamique de rhy[)odermoclyse ne me touche pas. C'est
pour cela que j'évite de dire injection de sérum et que je garde le tiTmc
d'injection d'eau salée. L'action dynamique agit lentement contre l'em-
poisonnement. Contre l'éclampsie nous ne devons rechercher que les
actions rapides. J'ai toujours commencé par la saignée, je l'ai faite
abondante, 500 à 700 et même à 800 grammes de sang. Lorsque la
femme accouche très vite, j'ai évidemment tenu compte de l'hémor-
rhagie de la délivrance. J'ai même fuit recueillir le sang pour apprécier
son importance. Et suivant la ((uautlté de sang i)erdu, suivant la gra-
vité des crises, j'ai prescrit ou non après raccouchement une saignée
qui s'élevait alors à 400 ou 500 grammes de sang.
Je l'ai fait suivre d'une injection hyi)odermique d'eau salée à 7 0/00,
plus alK>ndante, ordinairement 1 litre, quelquefois 1,200 grammes.
Si les attaques continuaient, suivant l'état général de la malade,
suivant l'intensité des crises je prescrivais une nouvelle saignée suivie
d'une nouvelle hypodermoclyse ou seulement d'une autre injection
d'eau salée.
On trouvera dans le tableau des faits que j'ai observés, les détails de
ce traitement.
90 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Je me borne à donner une observation vraiment remarquable au
point de vue de Tintensité de Téclampsie (36 accès), de sa durée
(5 jours), de Timportance de la spoliation sanguine (l,400gr.) et de<
injections d'eau salée (5,700 grammes).
0b8. I. — Primipare de 16 ans, accouche spontauemcnt à terme. Albuminurie graTMiqQc .
aucun prodrome d'cclampsie. Premier accès d'éclampsie quelques minutes avant d*acc»u-
cher. Premier jour, jour de raccoucticment, hëmorrhagie de la délivrance évaluée à 600 ^t.
Injection sous-cutaucc de 1,000 gr. d'eau salée après le second accès. A minuit elle avait pb
11 aceès. Deuxième jour : au 17* uecès on fait une saignée de 600 gr. et une injection ûe
600 gr. d'eau salée ; les accès se répètent avec la même fréquence. Au 2S* accès on fait oiie
nouvelle injection de 1,000 gr. Les accès sont suspendus de neuf heures du matin à dix
heures du matin le lendemain. Troisième jour, elle n'a eu que 2 accès, à dix hearcs do
matin et k cinq heures du soir. Quatrième jour : trois accès se reproduisent dès le matin ii
une heure d'intervalle à peu près. Ou fait une nouvelle injection de 1,000 gr. d'eau sah'r.
trois accès se rcproduiseitt à huit heures du matin ; à deux heures de raprès-midi on fait
une injection do 100 gr. Les accès se suspendent de nouveau. Elle prt%ente encore un arfvs
il sept heures du soir. Troisième jour. On lui fait encore une injection de 600 gr. d'etiu
salée, elle prétteute encore 4 accès. Ainsi IVclampsIe a duré cinq jours chez cette femme, elle a
présenté 36 accès. On évalue à 1,400 gr. le sang qu'elle a perdu et à 5,700 gr. la quantité-
d'eau qui lui a été injectée sous la peau. Couches normales. Knfant vivant.
Cette observation semble bien démonstrative de Faction du lessivage
du sang.
Dès que la première crise éclamptique est déclarée, avant même cette
crise, si des prodromes suffisamment caractéristiques permettent de la
prévoir d*une façon presque certaine, on commencera le traitement
par rirrigation rectale suivie de la saignée puis de Thypodermoclyse.
On les renouvellera au bout d'im certain temps, douze heures si les
crises persistent, six heures seulement si les crises sont fréquentes et
rapprochées, douze heures au contraire si elles s^éloignent. La vio-
lence, la fréquence des crises règlent donc l'indication de la répétition
du traitement. Il faudra, cela se comprend aisément, tenir comple de
la résistance de la malade, de sa vigueur, de son état pléthorique ou
anémié pour régler la quantité de sang qui devra être soustraite. On
se rendra compte de Fabondance des mictions, de la coloration de
Turine, de Taugmentation ou de la diminution de l'albuminurie pour
fixer la quantité d'eau qui sera injectée sous la peau.
L'observation attentive de la malade donne la mesure du traitement*
C'est affaire de tact clinique.
On a opposé la méthode de la saignée-transfusion (Bose), qui con*
sistt h faire des saignées modérées de 150 h 450 gr. suivies d'injection
PORAK 91
intra* veineuse de 600 à 2,500 gr. d'eau salée, à la méthode de la
saignée rectifiée de Barré qui pratique simultanément une saignée
abondante et une injection d'égale quantité d'eau salée.
Ayant affaire à une maladie de durée habituellement courte, faisant
courir des ris([ues immédiats à la malade, nous avons dû suivre dans
la direction de la thérapeutique certaines règles. Ce qui m'a empftehé,
dès 1890, de tenter Tinjection d'eau salée chez les éclamptiques, c'est
qu'à ce moment je croyais que l'injection intra- veineuse était très
supérieure à l'injection sous-cutanée . Mais l'injection intra- veineuse
chez une malade agitée de mouvements violents incoercibles n'est pas
une opération prudente. Lorsqu'on fait l'injection sous-cutanée, il
nous est arrivé plusieurs fois de laisser des canules brisées sous la
peau? On ne peut s'exposer à de pareils mécomptes dans l'injection
intra- veineuse. Je crois d'ailleurs que chez les femmes dont on soup-
çonne le défaut de perméabilité rénale, il vaut mieux que Tinjection
pénètre lentement dans le sang plutôt que d'y être projetée en masse.
On dit que l'eau lavant ainsi les tissus se charge de toxines cellu-
laires et vient par conséquent altérer le sang Mais n'est-ce pas là une
nécessité ? Le sang n'est-il pas l'intermédiaire nécessaire de la dépu-
ration organique ? Qui prouve d'ailleurs que la toxine se produira
dans les cellules dans le cours de l'éclampsie?
Enfin, à une maladie brutale comme l'éclampsie il faut opposer une
thérapeutique rapide. J'ai habituellement pratiqué des saignées abon-
dantes, 700 à 800 gr. avant la délivrance, 400 à 500 gr. après, suivies
d'injections plus abondantes d'eau salée, voulant, comme je l'ai dit,
diminuer la proportion ix)ur 100 du poison contenu dans le sang, en
maintenant l'activité des voies d'émonction : miction, transpiration.
4» Quel que soit le mécanisme de la production de l'accès éclamp-
tique, il est certain que souvent il est d'origine réflexe.
Un animal empoisonné par la strychnine ou atteint de tétanos, dans des
conditions où cependant l'intoxication ne serait pas assez profonde pour
compromettre certainement son existence, succomberait néanmoins si par
des excitations extérieures ou provoquait la réapparition et le rapproche-
ment des crises. C'est une notion vulgaire en médecine vétérinaire et
en physiologie expérimentale qu'on peut sauver les animaux empoi-
sonnés par la strychnine ou atteints de tétanos en les mettant à l'abri
de toutes excitations extérieures et de celles de la lumière, en mettant
par conséquent ces animaux simplement dans l'obscurité. La répétition
92 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
des crises amène répuisement et la mort. Il en est de même de Té-
clampsie.
La gravité du pronostic se mesure non pas toujours mais souvent au
nombre, au rapprochement, à l'intensité des crises. Tout excitant
périphérique, la contraction utérine du travail par exemple i^euvent
les provoquer. La vieille notion classique d'éviter toute excitation
extérieure, capable d'éveiller les attaques, doit donc encore aujour-
d'hui être scnipuleusement observée.
M. Huchard a, cette année même, désigné par une formule heureuse
un traitement de l'urémie admis par plusieurs médecins sous le nom
de méthode des trois lavages : lavage de l'estomac, lavage de l'in-
testin^ lavage du sang. Nous sommes heureux de trouver un appui
aussi sérieux de notre conduite dans la pratique de notre estimé
collègue. Nous avons adopté la dénomination de M. Huchard de façon
à accuser davantage l'accord où nous sommes, nous avons adopté le
lavage de l'intestin, le lavage ou le lessivage du sang, mais, je n'ad-
mets pas le lavage de l'estomac.
L'estomac est un des points de départ les plus manifestes des accès
éclamptiques, il l'est au même titre que l'utérus. C'est une notion
admise par nos collaborateurs de la Maternité et en i)articulier par
M'^« Hénault, que les crises d'éclampsie éclatent au moment où on
cherche à écarter les mâchoires des malades pour leur faire boire du
lait. L'arrivée même du liquide dans l'estomac a semblé provoquer
l'accès. Peut on à ce propos rappeler la sympathie nerveuse qui existe
pendant la grossesse entre l'utérus et l'estomac ? Est-ce une raison
pour admettre entre ces organes une analogie au point de vue du
réflexe éclamptigène 1
On accorde justement au régime lacté exclusif une action supérieure
au point de vue de Fautisepsie intestinale. De là à l'ordonner aux éclamp-
tiques et à l'imposer même, il n'y a qu'un pas. L'avantage de donner
du lait aux éclamptiques ne me paraît pas compensé par les risque;?
qu'il fait courir au point de vue de la provocation de la crise.
Je suis donc très caUîgorique sur ce point.
Il ne faut rien, mais absolument rien faire boire aux éclamptiques
pendant toule la durée de l'état de mal.
Pourquoi d'ailleurs leur ingurgiter des liquides ? Pourquoi réaliser
par la voie stomacale l'antisepsie du tube digestif ? On obtient celle
antisepsie par l'eutéroclyse. On donne à l'organisme l'eau nécessaire
au transport des toxines cellulaires par le lavage du sang et par Tinjec-
PORAR 93
tion hypodermique d*eau salée en quantité plus grande que celle du
sang soustrait par la saignée ?
L'entéroclyse n'est-ellc pas, au même titre que Tadministration dés
})oissous par Testomac, une occasion d'apparition des crises f Eh bien,
non.
Pendant le lavage intestinal, -les malades s'agitent. Elles ont des
coliques. Elles portent leurs mains à Tabdomen comme pour modérer
les douleurs qu'elles ressentent. Mais il n'a pas semblé h mes aides
que l'intestin soit un point de départ important des réflexes qui aboutis-
sent à l'accès éclamptique. Il n'est en tous cas pas à ce point de vue
comparable à l'estomac.
.5<» L'utérus est, c'est admis, nn j^oint as départ important de réflexes
éclamptigènes. Cette constatation admise par tous les anciens accou-
cheurs leur a fait adopter depuis longtemps l'indication formelle de
terminer l'accouchement dès que la dilatabilité du col est suffisante
pour entreprendre, sans risque pour la mère, l'opération obstétricale
indiquée.
Je crois que, sur ce point, l'entente est faite et qu'il est inutile de
le justifier.
Mais la question devient plus litigieuse lorsqu'il s'agit de précipiter
le travail par les manœuvres de l'accouchement forcé.
Il faut alors apprécier les risques que font courir à la parturiente
ces manœuvres et l'utilité qu'on peut obtenir de la terminaison préma-
turée de l'accouchement.
On doit discuter cette utilité au point de vue de la mère et au point
de vue de l'enfant.
Sur nos 138 observations, nous comptons 18 cas d'éclampsie surve-
nus après l'accouchement et 20 cas survenus pendant la grossesse
sans que le travail s'en soit suivi.
Restent par conséquent 100 cas.
Voilà une première et très sérieuse objection à l'accouchement forcé.
Les observations recueillies depuis mars 1898 étant prises avec plus
de détaili que précédemment, je ne vais utiliser pour la suite de cette
discussion que les 32 observations de l'éclampsie du travail que l'on
trouvera d'ailleurs reproduites dans notre tableau statistique. 15 fois les
accès ont continué après l'accouchement. Sur les 17 observations qui res-
tent il y a lieu de retirer deux autres observations où l'éclampsie sem-
blait terminée depuis plus ou moins longtemps avant l'accouchement
94 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES IliDICALES DE PARIS
et on par conséquent Taccouchement forcé ne pouvait pas être indiqué.
Il n'est pas moins vrai que 15 fois sur 32, les crises éclamptiques
ont cessé lorsque le travail était accompli.
C'est un élément de pronostic important dont certes il faut Icnir
compte, mais qull ne faut pas exagérer.
L'avantage très sérieux de la terminaison de raccouchement n'est-il
pas perdu par les manœuvres de raccouchement forcé.
N'est-ce pas ici le cas de se rappeler le précepte : Primo non nocere *
L'accouchement est beaucoup plus facile chez les multipares que
chez les primipares. Ne parlons que des primipares.
L'accouchement forcé est possible à l'aide des ballons dès le début du
travail, mais on ne peut guère espérer l'obtenir à l'aide de la dilataticHi
digitale graduelle que lorsque le col est déjà effacé et que la dilatation
est commencée.
Quelle que soit la méthode employée, nul doute qu'elle n'éveille
d'une façon plus ou moins sérieuse les réflexes utérins et provoque les
crises. Je préfère donc les méthodes rapides pratiquées sous la nar-
cose poussée à fond.
Nous ne devons pas oublier que l'accouchement forcé a pour consé-
quences i)our ainsi dire nécessaires des déchirures plus ou moins
sérieuses du col et, dans le cas où la partie fœtale est élevée, oii le vagin
est étroit et le plancher périnéal résistant, des déchirures plus ou moins
étendues, faisant même communiquer le vagin et le rectum, ou le
vagin et la vessie, délabrements par conséquent sérieux dont il faudra
prévoir la possibilité.
L'accouchement forcé n'est donc pas une opération qu'on doive con-
sidérer comme dépourvue de gravité. Elle prédispose d'une façon assez
notable aux suites de couches pathologiques.
Nous sommes intervenu opératoirement chez nos éclamptiques
17 fois et 5 fois après accouchement forcé. Notre statistique fournit
deux décès.
Enfin, il est nécessaire de tenir encore compte de l'intérêt de l'enfant.
Dans réclampsie, la vie du fœtus est compromise parce que l'accou-
chement a lieu très souvent avant terme, — parce que l'enfant est
moins développé que ne le comporte répocfue do la grossesse, à cause
des lésions si fréquemment observées du placenta, — parce que l'in-
toxication dans réclampsie ne frappe pas seulement la mère, mais se
transmet certainement à l'enfant, — parce que la crise elle-même
compromet la circulation utéro-placentaire.
PORAK 95
Mais on ne peut pas établir un rapport formel entre le pronostic
maternel et le pronostic pourTenfant. dombien de fois voit-on des en-
fants succomber dès les premiers accès d'éclampsie dont guérira la mère
et combien voit-on d'enfants sauvés alors que la mère succombera 1
Néanmoins les risques courus par Fenfant sont d'une façon générale
liés au nombre, à la durée, au rapprochement et à Tintensité des crises.
Lorsque la grossesse est arrivée près du terme, que Tenfant vit, que le
col est pour le moins effacé, que le travail tarde, l'indication de l'accou-
cbcment forcé se pose rationnellement et on doit le tenter. C'est en
pesant les risques courus par la mère, l'intérêt de Tenfant, Futilité
de la terminaison du travail, qu'on décide des indications de l'inter-
vention opératoire.
Ces indications et ces contre- indications sont donc assez délicates à
poser.
Quoi cpi'il en soit, l'accouchement forcé provoque des accès éclamp-
tiques, une simple application de forceps à la vulve évoque les réflexes
éclamptigènes. Il y a donc intérêt de n'entreprendre ces manœuvres
o^Yératoires qu'après avoir éteint la sensibilité de tous les réflexes par
une narcose profonde. Nonobstant les objections que j'ai faites h
l'emploi du ôhloroforme, je pense que dans cette occurrence il faut y
recourir et pousser son emploi à fond.
Tels sont les principes que j'ai adoptés dans ma thérapeutique de
l'éclampsie.
Elle est encore applicable avant les accès, dès que des prodromes font
craindre leur apparition. Dans deux cas où les prodromes étaient assez
nets chez des albuminuriques, j'ai eu la satisfaction de ne point voir
éclore l'état de mal.
Je signale ces fcûts ti titi-e d'indication, car les prodromes sont d'une
appréciation assez délicate pour être contestés.
Mes observations iK)urraient n'entraîner aucune conviction, nous
n'en donnerons donc yms la relation. Notre thérapeutique est encore
applicable pendant les suites do couches ; mes résultats ne sont pas assez
satisfaisants pour que je me croie en droit d'en tirer actuellement la
moindre conclusion .
J'ai résumé dans un tableau l'histoire synoptique des faits que j'ai
observés depuis le mois de mars 1898 jusqu a juillet 1900. Pour ne
pas donner à ce mémoire une étendue trop considérable je me bornerai
à publier le résumé des observations des cas suivis de décès.
96 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
UBS. I. — Néphrite probablement aucieuoc ayant Traisemblablemeiit occmaionné l'int^r-
rnption des sept grossesses précédentes. Albaminurlc coQBtatée dès le début de la hutiièmc.
Au cours du quatrième mois de cette grossesse, quatre accès d'éclanipsle ; après le qua-
trième, saignée 700 grammes, Injection sous-cutanée de 1,400 grammes d'eau salée. Sai^pea-
sion dos accès, avortement deux jours après, mort3 6 jours plus tard de lientérle. A Vifittcp.ne,
néphrite aiguë greffée sur une néphrite chronique, endocardite végétante probablement de
nature eeptiqnc.
Obs. II. — Accès très uombreux d'éclampsic ayant persisté malgré une salgocc de
ftOO grammc.c, une Injection d'eau salée de 1,200 grammes, Taccouchement de l'enfant se
présentant en O. I. G. A-, à l'aide d'une application de forceps. Enfant vivant : poids
2,000 grammes. Mort de la parturlente une heure après la délivrance. Pas d'autopne,
Obs. III. — .\ccès très nombreux d'éclampsic survenant chez une femme probablement
cnoointc de 6 mois et demi. Saignée de 850 grammes. Injection de 850 grammes de ^ram.
Kxtractlon d'un enfant mort présentant le siège. Délivrance naturelle complète. Jtfort de
la femme onze heures et demie après l'accouchement. Pas d'autopsie.
OUM. IV. — Primipare, accouchant au commencement du huitième mois. Albaminurie gra-
vidique ; prodromes assez sérieux d'éclampsic. Accouchement normal, enfant vivant, 2^00 gr.
Accès très nombreux et répétés débutant quatre heures après raccouchcmeut. S«ign<'« de 300
grammes trois heures après le premier accès. Injection in tra- veineuse de 1 ,000 gramme» et
injection sous-cutanée de 200 grammes d'eau salée. Continuation des act^s. NouTelIe injrr'
tion salée sous-cutanée cinq heures après les précédentes. Mort de la parturlente 15 henres
après Paccouchement. Autopsie. Néphrite épithélialc. Hémorrhngies hépatiques.
OBS. V. — Primipare jeune, probablement au 7<^ mois de la grossesse, sans album toorif.
ni prodromes d'éclampsic. Après le septième accès, saignée de 600 gr. Injection d'eau salée,
1,300 gr. Les acc^ continuent très rapprr^chés. Au 29'' aceèit, huit heures après le début d<«
accès, alors que le col effacé n'avait que 2 îi 8 centim., dilatation digitale dn col et appli-
cation de forceps sur le fœtus en 0. I. D. P. Enfant vivant. I^s accès continuent. Aprè5 le
30*, dès raccouchement terminé, Injection sous-cutanée de 1,000 gr. d'eau salée. Mort de ta
femme dix-sept heures après l'accouchement. Elle venait alors de sabir son bb' accès.
Pourra-t-on m'objecter, comme on l'a d'ailleurs fait justement à pro-
pos de mon premier mémoire, que je suis tombé sur une série ? Ma
dernière observation est un cas de mort.
J'ai fermé ma statistique au 15 juin et actuellement, au 15 juillet,
aucun nouveau cas d'éclampsic ne s'est présenté à l'hôpital. Je termine
donc ce travail en disant : Ceci est une œuvre de bonne foi.
6'> Traitement de rôclampsie.
— B.SIrogaiiolf (Saint-Pétersbourg) (l).— lo Après le premier accès
d'éclampsic, des narcotiques doivent être ordonnés d'une façon prophy-
(1) Késumé de l'auteur.
STROGANOFF 97
lactique pendant douze à quarante-huit heures, selon la gravité du cas,
réclampsie étant une maladie infectieuse aigu6 dont la durée moyenne
ne dépasse pas quarante-huit heures.
2f^ Les meilleurs résultats sont obtenus par Tassociation de la mor-
phine au chloral.
3<> On doit surtout faire attention à la fonction régulière de Tappa-
reil respiratoire (soins généraux, position de la malade, oxygène, ven-
touses sèches) et du cœur (surtout par l'introduction du sérum artifi-
ciel ;>er rectum, ou, si cela est possible, per os; digitale).
A9 Éloigner de la malade tout ce qui peut l'irriter (causes physiques,
chimiques, mécaniques, psychiques, etc., etc.).
5» Accélérer l'accouchement par des interventions opératoires, quand
cela ne présente aucun danger sérieux, ni pour la mère ni pour l'en-
fant.
En appliquant d'une façon systématique ces principes pendant trois
ans, surtout dans les cas graves et de moyenne intensité, j'ai obtenu
les résultats suivants :
lo Sur 92 cas d'éclampsie nous avons eu 5 morts.
La première de ces malades est morte quatre heures après son entrée
à rinstitut. Elle était déjà mourante au moment du transport.
La deuxième est morte d'une pneumonie trois jours après la dispari-
tion des accès éclamptiques.
La troisième mourut d'une septicémie vingt-sept jours après la dispa-
rition des accès éclamptiques.
La quatrième est entrée à l'hôpital avec un œdème pulmonaire,
ayant déjà eu chez elle 8 accès d'éclampsie.
La cinquième, admise à l'hôpital avec des accès d'une grave éclamp-
sie, avait subi, il y a quatre ans, une opération de l'hystéropexie abdo-
minale ; elle a eu une hémorrhagie très grave post-partum et est morte
quatre jours après la disparition des accès.
Ainsi sur 92 cas, deux fois la mort a été exclusivement le résultat des
maladies accidentelles et trois fois elle a été la conséquence d'un état
très grave dans lequel les malades se trouvaient à leur entrée.
2° Le nombre des accès diminue notablement sous l'influence de ce
traitement.
3"* Ce traitement a aussi une influence favorable sur l'évolution de
raccouchement et sur la mortalité des enfants.
— La Torre (Rome). — J'emploie l'évacuation de l'intestin, la snda*
AS». DK GTS. — VOL. LIV. 7
98 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
tion cutanée, la saignée et la morphine jusqu'à 0 gr. 10 par 24 heures ;
quand le travail est commencé, je facilite Taccouchement.
— De Mattos (Lisbonne) préconise surtout la saignée afin de
diminuer Thypertension artérielle.
— Ter Gregoriantz (Tiflis). — L'éclampsie est due à un empoi-
sonnement de rorganisme suite d'insuffisance rénale et d'élimination
insuffisante d'urée. Le seul traitement rationnel est de soutenir les
forces de la malade et de la débarrasser des substances toxiques.
Samedi 4 août. Séance de V après-midi.
Présidence de M. VEIT (Leyde).
lo Modifications apportées au forceps (forceps Vlalcos).
— Vlaïcos (Gonstantinople). — \^ Mensurateur adapté à rextré>
mité des manches ; ses divisions correspondent à la grandeur du plus
grand diamètre de la courbure céphalique du forceps et permettent à
tout moment de constater si la prise est régulière ou non.
2o Traction. Disposition permettant la traction selon la direction nor-
male sans tracteur particulier.
2o Forceps à branches parallèles.
— Perret (Paris) présente son instrument.
— Demelin (Paris). — En avril 181)9 j'ai présenté à la Société obs-
tétricale de France un forceps à branches non croisées capable de don-
ner une prise solide, convergeant vers la partie fœtale et muni d*nn
tracteur genre Tarnier, mais plus mobile encore. M . Perret m'a donc
suivi dans la voie où je m'étais engagé.
3" Un nouTol écarteor- dilatateur utérin.
— Rainer! (Vercelli) présente l'instrument.
4» De l'emploi de serre-fines spéciales pour réparer les déchirures du
périnée après raccouchement.
— Boissard (Paris).
SPINBLLI 99
50 Une nouvelle bougie parfaitement stérilisable pour la provocation
de racconchement prématuré aseptique.
— Knapp (Prague).
6» Xote sur un cas d'hémorrhagie par décollement prématuré des
membranes au cours du troisième mois de la grossesse.
— Ad. Olivier (Paris). — Diagnostic erroné de grossesse extra-
utérine rompue. — Laparotomie négative. — Persistance de la grossesse.
— Accouchement h huit mois d*un enfant vivant et bien développé.
— Budin. — Ce qu'il y a d'intéressant dans cette observation
c'est l'accumulation d'une grande quantité de sang dans l'utérus. Cette
distension utérine se voit également dans l'hydramnios aigu. Dans les
cas où la grossesse continue jusqu'au terme on éprouve souvent au
moment de la délivrance des difficultés provenant de l'adhérence des
membranes.
— Veit (Leyde). — Le diagnostic de la grossesse extra-utérine est
souvent difficile. La palpation des ligaments ronds et recto-utérins
peut servir comme moyen diagnostique de certitude.
70 Contribution aux opérations sur l'utérus et sur la vessie dans la
grossesse.
— A. Spineili (Naples) (1). — Une femme, après seize mois de
mariage stérile, consulta un accoucheur qui diagnostiqua allongement
hifpertrophique du col et lui conseilla l'amputation. Mais le conseil ne
fut pas suivi, et deux mois après elle devînt enceinte. Au 4« mois elle fut
atteinte soudmnement de symptômes de péritonite. A l'observation on
trouva une grande tumeur à l'hypogastre, l'utérus de volume exagéré,
en rétroversion-flexion et développement intrapelvique. On procéda à la
laparotomie et à l'ablation de la tumeur qui était un fibro-myôme de
la paroi antéro -latérale de l'utérus avec développement subséreux et
intraligamentaire. Pendant l'opération, pour l'hémostase, on employa
le lacs élastique qui resta en place presque une demi-heure. Ligatures
et sutures. Suites opératoires régulières. Au 4» jour, avortement de
(1) Traduction officielle du résumé de Tauteur.
100 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
deux petits fœtus vivants. Rien d'anormal aux placentas. Suites de
couches physiologiques.
Ensuite règles normales, de légers troubles de la vessie (ténesme,
urine avec dépôts et quelquefois sanglante). Au mois de mai 1899, der-
nières règles : avec les symptômes de grossesse augmentèrent les trou-
bles de la vessie. En septembre, au 4« mois de grossesse, après examen
de la vessie, on remarqua un grand calcul. La femme, qui désire ardem-
ment des enfants, refusa l'opération dans la crainte d'un avortement :
mais ensuite^ comme ses souffrances étaient intolérables, elle se soumit
à l'opération de la pierre que j'ai exécutée per vaginam. Je trouve deux
grands calculs fixés par un pédicule à la paroi de la vessie et le bas-
fond de la même incrusté de sels.
Les calculs furent extraits par débris : ils étaient développés autour
des fils de soie éliminés dans la vessie. L'incrustation fut raclée avec
la curette. Suture per primam de la plaie.
Durée de l'opération, plus d'une heure. Anesthésie chloroformiqne.
Suites opératoires régulières ; défaut de réaction utérine ; pendant
vingt-quatre heures les mouvements fœtaux ont cependant manqué ;
les pulsations étaient bien sensibles. Accouchement à terme.
Dans cette histoire singulière, et que je crois unique, il faut noter
les faits suivants :
lo Développement très rapide d'un fîbro-myome de 3 k. et demi,
qui deux mois avant la grossesse avait échappé à l'observation d'un
accoucheur.
2** L'opération conservatrice et l'avortement consécutif, n semble
qu'on doive, plus qu'à la constriction de la ligature élastique, attribuer
l'avortement à la présence de ligatures et de sutures sur l'utérus ; en
effet, on n'a pas remarqué de foyers hémorrhagiques sur les placentas,
et les petits fœtus sont nés vivants.
3o L'élimination des sutures dans la vessie et la formation de gros
calculs démontrent le danger de laisser des ligatures ou des sutui^s
de soie près de la vessie.
40 Le défaut de réaction utérine après la longue et difficile opération
du calcul, et la tolérance du fœtus pour le chloroforme (plus d*ane
heure de sommeil chloroformique) démontrent que pendant la grossesse
on peut achever de graves opérations, même à proximité immédiate de
l'utérus, sans danger pour la grossesse.
BIBSMONT-PBSSMGNBa 101
Lundi 6 août, matin.
Présidence de Draohibscu (Bucharest.)
Le Président déclare ouverte la discussion sur la deuxième
question à l'ordre du jour :
TRAITEMENT DE LA MORT APPARENTE DU
NOUVEAU-NÉ
Rapporteurs: Champneys(I), Ribemont-Dessaignbs, Schultzb.
V Rapport de Rlbemont-Dessaignes (2) .
Pendant le travail, Fenfant peut souffrir sous Tinfluence de causes
nombreuses que nous n*avons pas à examiner ; ainsi à sa naissance
peut-il se présenter avec l'aspect suivant qui caractérise la mort appa-
rente : absence de cris, membres flasques, résolution musculaire
complète, mais persistance des battements du cœur, parfois très faibles
et très espacés. Tantôt sa surface cutanée estbleu&tre, violacée, presque
noirâtre ; sa face est tuméfiée ; les globes oculaires sont saillants et les
conjonctives congestionnées: c'est To^pA^xié bleue. Tantôt, au contraire,
la peau est blanche, p&le, décolorée ; les muqueuses sont également
blanchâtres ; les battements du cœur sont imperceptibles : c'est ce qu'on
a appelé à tort Tasphyxie blanche, c'est Vétal syncopal.
Enfin dans certains cas on se trouve en présence de formes mixtes
les caractères ne sont pas suffisamment tranchés pour que l'on puisse
appliquer l'étiquette d'asphyxie ou d'état syncopal.
C'est en nous appuyant sur cet exposé clinique que nous allons pou-
voir établir la conduite à tenir dans ces différents cas. ' '
Dans la pratique, la forme asphyxique est la plus fréquente ; due à
l'obstruction des voies aériennes par des mucosités ou du licpiide
( amniotique chargé de méconium, il sera donc nécessaire: 1<> de
désobstruer les voies respiratoires ; 2^ de faciliter l'entrée de l'air dans
(1) M. Champkets étant abRent, aon rapport n'a pas été In,
(2) Bésnnié de l'autear.
102 13" CONGRàs DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
les poumons pour rétablir ou régulariser les fonctions canliaques et
pulmonaires.
Très souvent les mucosités n'occupent que Tarrière-bouche ; aussi
un simple écouvillonnage, fait avec le doigt entouré d*un linge, suffit
à les enlever et à provoquer la première inspiration.
Les frictions cutanées simples ou avec de l'alcool, de l'éther. du
cognac, de Teau de Cologne, les bains chauds, les bains sinapisés. le»
bains alternativement chauds et froids, font de la révulsion cutanée
qui est souvent le point de départ d*nn réflexe se terminant par des
mouvements respiratoires.
C'est sur le môme principe physiologique qu'a été instituée l'excita-
tion des muqueuses pituitaire, buccale et pharyngienne ; la méthode
des tractions rythmées de la langue, que le D** Laborde a fait connaître
en 1892, a pour but de faire naître le réflexe respiratoire.
Très fréquemment les procédés cités plus haut ne suffisent pas ; il
faut avoir recours à la respiration artificielle. Nombreux sont les
moyens dont le but est de faii*c pénétrer de l'air dans l'arbre aérien :
insufflation de bouche à bouche, procédé de Sylvester, procédé de
Schultze^ procédé de Rivière.
Ces moyens ne remplissent qu'une des deux indications que noust
avons posées dès le début : 1" désobstruer les voies aériennes ; 2** faci-
liter l'entrée de l'air. C'est en nous inspirant de ces indications que
nous avons considéré l'insufflation comme la méthode de choix.
L'étude approfondie de ce sujet nous a conduit aux données suivantes
qui nous ont dirigé dans la construction de l'instrument qui porte
notre nom :
lo l'insufflation doit être instrumentale ;
2<> l'appareil employé doit permettre d'aspirer les mucosités ;
3« il ne doit porter dans les poumons qu'une (quantité d'air en rap-
port avec leur capacité.
L'insufflation instrumentale date du siècle dernier ; mais Chaussier
est le premier qui ait fait construire un tube pénétrant directement
dans le larynx. Cet instrument fut modifié plus tard par Depaul, puis
par Pinard. Mais ce tube présentait encore de nombreux inconvénients :
il est difficile à introduire dans le larynx, il se déplace aisément, il ne
s'oppose pas au reflux de l'air et n'indique pas à chaque instant s'il n*a
pas quitté le larynx pour pénétrer dans l'œsophage.
Pour remédier à ces défauts, nous avons pensé que le tube devait
être construit sur des bases anatomiques précises ; aussi avons-nous
8CHULTZB 103
étudié avec soin, snr des coupes de nou veau-aés congelés, d^une part la
courl)e bncco-laryngée, et d'autre part le calibre et la fonne de Tinté-
rieur du larynx. Les résultats obtenus nous ont permis de faire cons-
truire un tube composé de deux parties. La première est formée d'une
portion conique qui sert d'embouchure et sur laquelle on peut monter
une poire en caoutchouc de 28 centimètres cubes de capacité et dont le
fond est percé d'un trou . Elle est continuée du côté de la base par une
autre portion, conique également; au point de réunion existe une
double couronne de perles dont les aspérités fournissent une prise
solide qui empêche l'instrument de vaciller entre les doigts.
La partie bucco-laryngienne est constituée par une portion buccale
cylindrique ; elle présente une double courbure moulée sur la saillie
du rebord alvéolaire et sur la concavité de la voûte palatine. La portion
laryngienne a la forme d'un cône très court, aplati sur les côtés, et
séparé d'un bouton terminal par un étranglement circulaire sur le
contour duquel, en regardant la concavité de la courbure, se trouve
situé l'orifice de sortie de l'air.
Lorsque l'insufflateur est construit rigoureusement sur le tnodèle
que nous avons déposé en 1877, il présente les qualités suivantes :
l^* son introduction est rendue facile grâce à sa courbure et à la dis-
position de son extrémité terminale ;
2<* sa courbe assure son maintien dans les voies respiratoires ;
3o il s'oppose au reflux de l'air hors du larynx ;
4° il permet d'aspirer aisément les liquides, les mucosités qui
obstruent les canaux bronchiques;
5* on se rend compte de sa bonne situation dans le larynx ou de
son introduction par erreur dans le pharynx et l'œsophage;
6<> la poire en caoutchouc n'envoie dans les poumons que la quan-
tité d'air suffisante pour les distendre en raison directe de leur capa-
cité, ce qui évite la rupture des vésicules pulmonaires si fragiles à la
naissance.
20 Rapport de Schaltze (1) (lêna).
L'asphyxie des nouveau-nés, au moment de la naissance, est le
résultat d'une entrave à la respiration placentaire au cours de l'accou-
chement.
(1) Traduction officielle du résumé de l'auteur.
104 13* CONGRÈS DES SCIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
Paul Gazeaux est le premier qui énoiit cette opinion en oppositioii
avec d'autres doctrines ayant prévalu autrefois. — D dit (en 1850):
.« Dans tous les cas Tasphyxie des nouveau-nés est évidemment le
résultat de la suspension de la respiration placentaire. »
L'asphyxie des nouveau-nés est donc une sorte d'étouffèment, —
étouffement dont l'action peut être interrompue et qui n'entratne pas
absolument après lui la mort.
Le traitement consiste à mettre en mouvement le plus tôt possible la
respiration pulmonaire. J'insiste sur les mots q le plus tôt possible •.
Déjà, en 1812, Legallois avait constaté — fait important — que plus un
organisme est jeune, mieux il peut — sans mourir — se passer de
respiration. Chez beaucoup d'enfants, nés en état de mort apparente,
la limite au delà de laquelle le pouvoir respiratoire serait perdu pour
eux est bien près d'êtreatteinte, et, tant que la circulation se continne,
le sang devient de plus en plus pauvre en oxygène.
L'état veineux du sang — stimulant normal de la respiration — est,
chez l'enfant né en état d'asphyxie, déjà fort au-dessus de la normale :
il ne provoque plus le réflexe médullaire.
La moelle peut encore réagir sous l'influence d'autres irritations.
Un des meilleurs stimulants est, par exemple, l'effet du froid sur la
peau ; une immersion passagère, jusqu'au cou, dans l'eau froide,
donne un résultat plus heureux, parce qu'il est plus rapide, que
les tractions rythmées de la langue dont on a parlé récemment
(Laborde).
Quand l'asphyxie a atteint un degré encore plus marqué, la moelle de
l'enfant ne réagit plus. Alors, il faut que nous fassions tout notre pos-
sible pour rétablir l'excitabilité de la moelle. Nous n'obtiendrons ce
résultat qu'en amenant vers la moelle du sang riche en oxygène, — et
nous ne pouvons l'y amener que par la voie de la circulation. — Le
but à atteindre est donc de rétablir les échanges pulmonaires et de
mettre en mouvement le sang dans les vaisseaux.
Par l'insufflation de l'air on a amené beaucoup d'enfants, nés en état
d'asphyxie, à respirer régulièrement. En effet, après la première ou
la deuxième inspiration, les battements du cœur s'accélèrent un pen ;
mais si l'asphyxie est très profonde, le cœur bientôt s'arrête. L'inspi-
ration de l'air augmente la pression des gaz au dedans du thorax
autant que les pressions sur la poitrine avec la main pour imiter Tex*
piration. Mais ce procédé n'active pas la circulation du sang.
Les meilleurs procédés sont ceux qui, agissant directement sur la
8CHULTZE 105
I»aroi thoracique, provoquent à rintérieur de la cage thoracique des
variations notables et régulières de la pression atmosphérique.
La méthode de Marshall-Hall réussit peu chez le nouveau-né don t
le thorax possède son équilibre élastique dans la position d'expiration.
Très efficace est le procédé de Sylvester. Mon procédé de balancement
de Tenfant (Scktoingeii) amène de plus grandes variations de la pres-
sion atmosphérique à rintérieur du thorax (25 centimètres cubes d'air
traversaient par chaque aspiration les poumons lors de mes expérien-
ces sur des enfants mort-nés). Par de telles variations, on met immé-
diatement en mouvement — et énergiquement — les mouvements de
pompe du cœur. On rétablit la différence de la tension entre la
colonne de sang artériel et celle de sang veineux, et on met ainsi en
mouvement la circulation capillaire. De cette façon on transporte le
plus rapidement possible du sang artériel vers la moelle ; celle-ci
retrouve son excitabilité et devient capable d'obéir au besoin de res-
pirer.
En peu de mots voici ma règle de conduite dans le traitement de
l'asphyxie des nouveau-nés :
1. Si l'enfant est d'un rouge-bleu, s'il existe encore quelque tension
des muscles, laissez-le en communication avec le cordon ombilical tant
que vous y percevrez des battements. Enlevez de sa bouche les muco-
sités qu'il a pu aspirer, — excitez ses réflexes cutanés. S'il ne réagit
pas immédiatement, coupez le cordon ombilical, plongez rapidement et
très peu de temps l'enfant dans de l'eau bien froide, puis mettez-le dans
un bain chaud. Répétez ces immersions jusqu'à ce que l'enfant crie à
haute voix.
2. Si le corps de l'enfant a la p&leur et la flaccidité d'un cadavre
immédiatement après la mort, ne comptez pas obtenir quoi que ce soit
par l'excitation des réflexes, car vous perdrez par là un temps précieux.
Sectionnez de suite le cordon ombilical, enlevez toutes les mucosités
qui peuvent éventuellement se trouver dans la bouche et dans le plia-
rynx, en avançant et en pressant la base de la langue de façon à faire
monter Tépiglotte, puis soumettez l'enfant à la respiration artificielle,
soit par la méthode de Sylvester, soit par la mienne en balançant
l'enfant. Commencez par un branle d'expiration prolongé. Il n'y a pas
de meilleur moyen pour chasser non seulement des grosses, mais
encore des petites bronches, les mucosités qui ont été aspirées. Après
avoir fait passer l'enfant delà position d'expiration à la position d'inspi-
ration huit ou dix fois dans une minute, plongez-le dans un bain chaud
106 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
et observez-le : vous verrez que les battements dn cœur devieiuieiit
meilleurs et plus fréquents, que la peau rougit, que la tension des
muscles réapparaît. Si en peu de temps vous n'avez pas réussi, recom-
mencez à balancer Tenfant après le bain. Le mouvement d'expiration
cause ordinairement la première inspiration spontanée ; puis on met
Tenfant tout de suite dans un bain chaud. Si pourtant la respiration
reste superficielle, plongez Tenfant dans Teau glacée. L'enfant réagit
tout de suite ; il fléchit fortement les cuisses et crie à hante voix : la
moelle répond maintenant à l'excitation des réflexes.
Ne considérez jamais un enfant né en état d'asphyxie comme ranimé
complètement avant qu'il ne crie avec continuité et bruyamment.
Discussion.
— Audebert (Toulouse). — M. Richet a établi que les jennes
animaux artificiellement refroidis résistaient à l'asphyxie pins long-
temps que les témoins et que le rappel à la vie pouvait être obtenu chez
eux après une période asphyxique beaucoup plus longue.
Ayant fait l'essai de l'enveloppement froid chez les nouvean-nés,
Audebert croit qu'appliqué systématiquement aux nouvean-nés
menacés d*asphyxie ou en état d'asphyxie, ce traitement, en reculant le
moment de la mort, donnera aux moyens thérapeutiques véritablement
efficaces le temps d'agir utilement.
— Lepage (Paris) — rapporte 36 observations détaillées de mort
apparente du nouveau-né recueillies à la Clinique Baudelocque. Elles
se répartissent en 4 groupes: 1» 17 observations dans lesquelles le
fœtus en état de mort apparente a été ranimé par des moyens révulsifs
ou par la désobstruction des voies respiratoires avec le doigt ou à
l'aide de l'insufflation de Ribemont ;
2<' II observations dans lesquelles, grâce à l'insufflation, on a pu foire
revivre pour quelques heures des enfants nés en état de mort apparente
et qui en réalité étaient blessés à mort ou présentaient des lésions
congénitales incompatibles avec la vie ;
3o 3 observations où, malgré l'insufflation et les tractions rythmées
de la langue^ les entants n'ont pu être ranimés ;
4<* 4 observations dans lesquelles les fœtus ont été ramenés à la vie
d'une façon certaine et dural)le par l'insufflation ;
Il y a lieu de séparer les cas de mort apparente, dans lesquels l'enfant
peut être ranimé d'une façon définitive, des cas de vie appa-
WALLICH 107
rente, dans lesquels il D*est ranimé que pour quelques heures et
succombe.
Au point de vue prophylactique racconcheur peut jouer un rôle par
ses interventions (compression du cordon, abandon des applications
de forceps traumatisantes dans le rétrécissement du bassin).
Au point de vue thérapeutique le procédé de choix est Tintubation
avec le tube de Ribemont.
— Rapin (Lausanne). — Depuis trente ans j'emploie le procédé de
Schultze et je ne lui reconnais que de grands avantages. Peut-être
exposc-t-il les enfants au refroidissement ; mais si la réfrigération est
utile, comme le pense Audebert, cet inconvénient deviendrait un
nouvel avantage.
— Wallich (Paris). — De recherches anatomiques faites à la
Clinique Baudelocque, Wallich conclut que la majorité des enfants
qui succombent au cours du travail présentent, h Tautopsie, des
hémorrhagies cérébrales, méningées ou viscérales, ou des congestions
intenses allant jusqu'à Tccchymose sur les différentes séreuses viscé^
raies. D n'est pas irrationnel de soupçonner des lésions plus ou moins
analogues chez les nouveau-nés en état de mort apparente. Il faudra
donc s'abstenir de toute manœuvre violente. L'état de choc de ces
nouveau-nés est tel qu'une excitation un peu énergique peut les faire
mourir brusquement.
Je tiens également à signaler la facilité avec laquelle, en employant
l'instrument de M . Ribemont muni de sa poire, on peut, si l'on n'y
prend garde, produire la rupture de vésicules pulmonaires. Ce fait
tient à ce que, sans laisser le temps à l'expiration de se faire, on envoie
une nouvelle colonne d'air dans les poumons .
~ Strassmann (Berlini. — Le moyen le meilleur pour se rendre
compte de la valeur des méthodes préconisées pour ranimer les enfants
nés en état de mort apparente est de contrôler ces dernières avec un
manomètre relié à la trachée par une canule. On voit ainsi que les
résultats de beaucoup les meilleurs sont fournis par la méthode de
Schultze, puis par celle de Sylvester, etc.
Ce n'est que dans un petit nombre de cas que ces méthodes ne
seront pas appropriées. Ce sont ceux où les muscles de la respiration
seront insuffisamment développés (prématurés, jumeaux). Il faudra
alors recourir à l'insufflation dont les résultats seront variables sui-
vant les cas. Il m'a été possible une fois de maintenir en vie pendant
une heure un enfant chez lequel s'était produit, au cours d'une extrac-
108 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
tion dans un bassin vicié, une fracture de la partie cervicale de la
colonne vertébrale, fracture qui avait supprimé Tinnervation des mus-
cles respiratoires.
La langue possède une action réflexe sur Texcitabilité du centre de
la respiration (expériences de Laborde durant la cbloroformisation). H
en est de même pour Tenus. Il y a des chances pour qu'un enfant en
état de mort apparente dont Tenus est largement béant ne puisse pas
être ranimé.
On voit réagir des personnes profondément endormies par le chloro-
forme, à une excitation produite au niveau du périnée et de Tenus et
il se produit alors un bruit inspiratoire particulier dû à la paralyse
des muscles crico-aryténoîdiens.
Quand les réflexes sont conservés, peu importe le moyen auquel on
a recours pour ranimer Tenfant. Parmi les enfants rappelés à la vie,
tous ne sont pas en état de mort apparente. Souvent il ne s'agit, par
exemple dans les cas d'extraction difficile par le forceps, que de
symptômes de compression cérébrale . Dans ces cas il faut éviter tout
mouvement brusque (balancement, etc.).
— Calderini (Bologne) pratique la méthode de Schultze associa
à Taspiration des mucosités. — Cette aspiration est pratiquée an
moyen d'un tube courbe en verre épousant la forme de la cavité bucco-
pharyngée.
— Demelin (Paris). — S'associe à la plupart des idées émises par
Lepage et Wallich et insiste sur le rôle important au point de vue du
pronostic 1° des traumatismes obstétricaux, en particulier des trau-
matismes d'extraction, 2° de l'infection amniotique, 3» des trau'-
matismes subis pendant les manœuvres utilisées pour ranimer
Tenfant.
— Pinard. — Tous les accoucheurs sont aujourd'hui d'ac-
cord sur les principes qui doivent présider à la thérapeutique de la
mort apparente du nouveau-né. Le point capital est de ranimer, d'exci-
ter le centre circulatoire, puis le centre respiratoire ; le moyen le plus
sûr est l'introduction de Tair dans les i)oumons Les accoucheurs sont
sur ce point en désac4M)rd avec certains physiologistes, en particulier avec
mon ami M. Laborde qui préconise les tractions rythmées de la langue.
J'ai déjà fait à l'Académie de médecine l'analyse critique de ce procédé
qui ne tieût pas compte de certaines conditions cliniques dont Timpor- ^
tance est primordiale. *i
En effet les voies aériennes sont, dans le cas de mort apparente du \
DRAGHIESCt 109
nonveau-né, obstruées mécaniquement par des mucosités plus on moins
mélangées de méconium. Le problème est donc double :
lo Désobstruction des voies aériennes. Dans certains cas le procédé
de Schultze, de Taveu même de son auteur, est insuffisant. Le tube de
Ribemont reste donc le procédé de choix ; mais M. Pinaid reconnaît que
le procédé de Schultze a Tavantage pratique de pouvoir être exécuté
sans instrument.
2<> Excitation des centres circulatoire et respiratoire. Les deux méthodes
de Schultze et de Tintubation ont leurs avantages et leurs inconvénients.
La méthode de Schultze a Tinconvénient de traumatiser le fœtus. Les
recherches de Wallich montrent l'importance de ce traumatisme, n
est de règle à la clinique Baudelocque de traiter les enfants nés en état
de mort apparente avec une extrême douceur. Je préfère donc Tintro-
duction de Tair dans les poumons par le tube laryngien manié avec
douceur pour éviter Temphysème et la rupture du poumon.
— Draghiescu (Bucharest). — Voici le traitement dé la mort
apparente du nouveau-né employé à la maternité de Bucharest. Sitôt
qu'un enfant est né en état de mort apparente, on recherche les batte-
ments du cordon ombilical, — et ici deux cas peuvent se présenter :
a) les battements qoique faibles sont perceptibles. — ou bien b) on
ne sent pas du tout de battements.
Dans la première catégorie rentrent les cas faciles.
Les cas de la seconde catégorie sont les plus sérieux. Après avoir
désobstrué les voies aériennes supérieures au moyen d'une petite com-
presse stérilisée enroulée autour de l'index, on introduit dans le larynx
une sonde élastique un peu recourbée et perforée au bout. On aspire
toutes les mucosités et les corps étrangers que Tenfant a pu avaler. Si
l'enfant ne revient toujours pas, on pratique la respiration artificielle
de la manière suivante : après des insufflations bouche à bouche, on
fait avec la main de légères pressions tantôt sur le ventre, tantôt sur le
thorax, en imitant en quelque sorte les mouvements d'inspiration et
d'expiration. Assez souvent on peut avec avantage faire l'insufflation
avec des ballons d'oxygène.
Dans les cas désespérés, il y a un signe auquel il faut attacher un
grand prix : ce sont les battements du cœur fœtal. Tant qu'on perçoit
encore ces battements, si faibles et si rares qu'ils soient, 11 y a toujours
de l'espoir de pouvoir ramener l'enfant à la vie.
Les enfants dont l'asphyxie tient à des lésions cérébrales sont très
difficiles à ranimer ; ces cas se terminent presque tous par la mort.
110 13° CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DR PARIS
— Schultze lléna). — Je suis très satisfait de voir la manière
dont tout le monde a apprécié la méthode que je préconise dans les
cas graves de mort apparente.
L'insufflation pratiquée comme le conseille Ribemont sera utile sur-
tout chez les prématurés. Quand il s*a^ra d^aspirerles mucosités con-
tenues dans la trachée, il semble que c'est Tinstrument reoonunandé
par Galderini qui sera le meilleur. D'ailleurs l'expiration produite par
ma méthode provoque le plus souvent la plus complète expectora-
tion des mucosités qui passent des alvéoles dans les bronches et la
trachée et sont rejetées, de là, au dehors, quand l'enfant est placé la
tète en bas.
La mort du fœtus pendant la grossesse.
— Lepage (Paris) (1).
Pas de séance dans l'après-midi du lundi (Séattce générale).
^fanli 1 août^ séance du matin.
Présidence de Mângiagalli (Pavie).
l^ Présentation de bassins de fonte destinés à faire des recherches
expérimentales.
— P. Budin (2). — L'importance des recherches expérimentales
n'est plus à démontrer en obstétrique ; si les parties molles peuvent
apporter des obstacles à l'accouchement, ce sont surtout les parties
osseuses qui le plus habituellement sont causes de dystocie. La repro-
duction de ces parties dures du squelette du bassin peut avoir un grand
intérêt.
L*auteur rappelle Thistoire des bassins de fonte et il présente 7 pel vis
rachitiques dont le diamètre an téro- postérieur le plus petit ou prom. pub.
min. varie ; il est successivement de 6,5; 7; 7,2 ; 7,5; 8; 9; et 9,5;
quelques-uns sont seulement aplatis, chez d'autres le détroit supérieur
(1) Le manuscrit de M. Lepage D'était pas parvenu à la Rédaction au
moment de l'impression de oe fascicule.
(2) Bésumé de l'auteur.
BUOIN lit
a la forme d'an cœur de carte à jouer, d'autres sont généralement
rétrécis. Enfin la face antérieure du sacrum est concave, plane, convexe.
Deux de ces bassins peuvent s'ouvrir au niveau de l'articulation du
pubis et représenter la symphyséotomie avec un écartement plus ou
moins considérable des os. On peut ainsi com^iarer les divers modes
de passage de la té te venant la première ou la dernière et amenée au
dehors soit avec l'aide des mains, soit avec différents instruments.
On peut aussi reproduire les autres variétés des bassins viciés.
M. Budin présente en particulier 2 bassins de Nœgele ; déjà en 1881,
rillnstre et regretté professeur Guzzi s'était servi d'un bassin de fonte
qui était la reproduction d'un bassin de Milan à synostose existant du
côté gauche.
Parmi les bassins obliques ovalaires présentés au Congrès, l'un per-
met de reproduire la symphyséotomie, l'autre l'ischio-pubiotomie. Us
montrent que dans ces cas les obstacles à l'accouchement n'existent
pas seulement au niveau du détroit supérieur, mais encore dans l'ex-
cavation et au détroit inférieur.
Avec des bassins rachi tiques, obliques, ovalaires, etc., de nombreuses
expériences ont été faites, quelques-unes ont déjà été publiées, beau-
coup d'autres sont encore inédites.
On ne saurait trop conseiller aux accoucheurs qui peuvent avoir des
fœtus morts à leur disposition l'emploi de ces "différents bassins de
fonte pour des recherches expérimentales.
Pour triompher des viciations pelviennes, bien des procédés opéra-
toires ont été conseillés qui ont été par la suite abandonnés. Us
n'auraient probablement jamais été pubUés si, au préalable, on les
avait essayés et expérimentés dans des bassins analogues à ceux pré-
sentés au Congrès.
— Pinard. — Les bassins de M. Budin ne peuvent être utiUsés
ni pour l'étude de la symphyséotomie ni pour celle de l'ischio-
pnhiotomie. On ne peut, en effet, produire sur ces bassins^ que l'écar-
tement pubien et pas du tout l'agrandissement total et les changements
de forme et dlnclinaison, liés à l'abaissement du pubis, qui se pro-
duisent dans la réalité.
Ces bassins de bronze ont donc besoin d'être perfectionnés. Sans quoi
les erreurs, qui peuvent aUer dans l'appréciation du diamètre promonto-
pubien minimum jusqu'à 1 centim., viendraient fausser les résultats de
l'expérimentation .
112 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
— Biidin. — La proposition faite par notre collègue Pinard
perfectionnera évidemment les recherches expérimentales et 0 ne sera
pas difficile d'obtenir ce qn'il demande. L'abaissement dn pubis
pent augmenter plas ou moins l*écartement des os, mais on obtient
ce même résultat en les éloignant ou les rapprochant.
— Calderini (Bologne). — Gomme directeur de la clinique de
Bologne, il pense qu'il est de son devoir de prendre la parole. D^à au
dernier siècle le professeur Galli a imaginé des mannequins, et le
professeur Fabbri a fait construire des bassins semblables à ceux pré-
sentés ici par le professeur Bndin. Fabbri a fait des expériences sur des
bassins en fer forgé, et ses bassins sont répandus dans toutes les Uni-
versités italiennes. Le professeur Cuzzi s'en est servi également et il
en a conseUlé l'usage à tous les accoucheurs. Calderini est heureux que
le professeur Budin ait adopté ces bassins qui peuvent donner de très
bons résultats dans la pratique obstétricale.
— Badin. — Je regrette que notre collègue et ami n'ait pas
assisté au début de ma communication. Bien que je n'aie pas vonln
faire l'étude historique détaillée de cette question, il aurait entendu
que je me suis empressé de citer les noms de Fabbri et de Cuzzi.
■Z*" De l'omphalotripsie (1).
— Porak. — En mai 1899, à la Société d'obstétrique de Paris, et
en 1900, au Congrès d'Amsterdam (2), j'ai préconisé le broiement
du cordon au lieu de la ligature. Cette méthode a justifié sa raison d'être
au point de vue de l'hémostase et de l'antisepsie .
J'ai modifié Tomphalotribe en lui donnant plus de force et en chan-
geant les cannelures des surfaces écrasantes. Mais cependant sur
1 ,239 cas dont nous avons relevé la statistique, sur plus de 3,000 cas
observes, je note que l'hémostase a été insuffisante ime dizaine de
fois et qu'il a fallu laisser une pince à forte pression à demeure.
Même dans ces cas, la manœuvre a au moins cet avantage qu'elle per-
met d'enlever, très peu de temps après son placement, la pince qu'on
a appliquée sur le cordon pour plus de sécurité.
L'antisepsie du cordon est plus facile à assurer après l'omphalo-
tripsie. Sur les 1,239 cas de ma statistique, on ne cite que 56 cas de
(1) Bésumé de l'auteur.
(2) Voyez Annales de Gynécologie et d^ Obstétrique^ t. 52, août-sep. 1899.
MARTIN 113
cicatrisation anormale, caractérisés 14 fois par nn retard de la cicatrisa-
tion, 10 fois par Térythème, 5 fois par la suppuration ou le saignotte-
ment, 26 fois par Tépaississement inflammatoire du bourrelet. On a
noté pendant ce temps 3 décès.
Enfin, dans mon service des débiles, les omphalotripsies ont donné,
sur 51 cas, 15 cas d'infection ombilicale (28 p. 100), 8 décès (16p. 100),
et les ligatures, sur 55 cas, 26 cas d'infection ombilicale (47 p'. 100) et
14 décès (25 p. 100).
Discussion,
— A. Martin (Greifswald). — La lenteur de la chute du cordon
entraine, pour les nouveau-nés, des dangers que démontrent les sta-
tistiques.
Martin lie le cordon ombilical avecun fil aseptique de suite après la
naissance et immédiatement à la limite de la peau.
Puis il brûle le cordon à une distance de 1 cent. 5 avec un fer à
friser. L'hémostase est certaine. La guérison se fait rapidement avec
complète cicatrisation de l'ombilic, après que l'escarre est tombée du
quatrième au septième jour.
— Bar. — Il faut : 1° Supprimer le plus vite possible les débris
funiculaires et ne laisser aucun débris de cordon entre la pince et la
peau.
2» Eviter l'infection par un pansement antiseptique desséchant.
Je place donc une pince à forcipressure au ras de la peau.
Le cordon tombe au cinquième jour au plus tard. La persistance de
la perméabilité de la veine ombilicale après la chute du cordon fait
quej^ ne donne pas de bains avant le quinzième jour.
— Pinard. — Une fois de plus j'ai pu reconnaître Tingéniosité
de mes collègues Porak, Bar et Martin ; mais je vous l'avoue, dans la
section du cordon, je m'en tiendrai à l'emploi des moyens traditionnels.
11 suffit d'avoir des ciseaux et du fil.
Mais il faut que les ciseaux soient absolument aseptiques ; cette
asepsie est facilement réalisée par le flambage. D faut que le fil loit
aseptique, gros pour ne pas C4)uper le cordon, fort pour qu'il ne casse
pas. Le moignon du cordon ainsi lie avec ce fil, coupé avec ces ciseaux,
devra être ensuite pansé d'une façon absolument aseptique et cela
jusqu'à la cicatrisation complète delà plaie ombilicale. Les résultats de
cette pratique dans mon service à la Clinique Baudelocque prouvent
AXK. OB QYK. — TOL. L17. 8
114 13* CONCRÈS DES SGIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
que cette manière de faire est suffisante ; je ne vois pas la nécessité
de recourir à des instruments plus ou moins compliqués dont l'emploi
par tout le monde ne serait pas sans inconvénients et sans dangers.
— Budln. — Les accidents d'origine ombilicale sont fréquents
dans les Maternités où il n'y a pas d'isolement; c'est ainsi qa'à
la clinique Tamier j'ai pu observer, en janvier 1900, trois cas avec
deux décès ; en février, cinq cas avec un décès; en mars, treize cas avec
quatre décès. En avril dernier, nous avons commencé à faire usage de
pinces . Sur 24 cas nous avons eu quatre enfants atteints d'infectîan
ombilicale. 1 est mort ; de plus chez un autre, ily aeu une hémorrhagie
légère qui a nécessité une ligature secondaire.
Actuellement, dans un service mieux organisé, nous sommes revraiu
à la ligature avec fil aseptique et pansement à l'ouate aseptique avec
bains journaliers. Depuis mai nous n'avons pas eu d'infection.
L'importance du milieu nous semble donc primordiale.
30 Physomôtrie artificielle an conra de l'acconchement.
— O. Rapiu (Lausanne) (1).— J'ai présenté, il y a un an. au Congrès
d'Amsterdam, une communication sur laphysométrie artificielle, espé-
rant provoquer de la part de mes collègues l'essai de ce nouveau pro-
cédé. La manœuvre que j'ai proposée, quoique simple et facile à
exécuter, a dû inspirer une sainte frayeur à ceux de mes collègues qui
en ont eu connaissance, car dans l'espace d'une année je n'ai reçu
aucune communication de faits relatifs à la physométrie artificielle.
Étant encore seul à l'employer, je me vois forcé de résumer le résul-
tat de mes seules observations pour démontrer qu'elle est sans danger
et parait donner des résultats encourageants.
J'ai pratiqué en tout la physométrie artificielle 10 fois dans des
accouchements plus ou moins difficiles, où le fœtus courait un danger
imminent d'asphyxie ; savoir :
6 fois dans des bassins rétrécis, plats, rachi tiques du premier an
deuxième degré et 4 fois dans des bassins normaux.
^fois l'enfant se présentait par la tète, mais on dut chaque fois
pratiquer la version pour non- engagement de la tète.
Dans les 5 autres cas, l'extrémité pelvienne se présentait, savoir :
1 fois mode des fesses, présentation complète ;
(1) Résumé de l'auteur .
RÀPIN 115
4 fois mode des pieds, soit deux complètes et deux incomplètes.
1 fois il y avait procidence dn bras à côté de la tête.
4 fois procidence du cordon : î fois à côté de la tète et 3 fois à
côté des pieds.
1 fois hémorrhagie avec présentation complète des pieds.
L'introduction de Tair dans Tutérus a été faite ayant les manœuvres
d'extraction par notre procédé habituel. Dans les 10 cas Textraction
manuelle a été nécessaire : 3 fois elle a été très difficile; 2 fois diffi-
cile ; 1 fois, facile ; dans 1 cas, forceps sur la tète dernière.
RéêtdtcUs : 8 enfants vivants, 1 mort. Le dixième est un enfant
déjà mort au moment de Tinsufflation d'air ; il doit être éliminé.
La mortalité & la naissance est donc de 1/9 ou 11 p. 100 — (le
prolapsus du cordon donne une mortalité de 1/4 ou 2d p. 100).
— Des 8 enfants vivants, 4 étaient profondément asphyxiques, 2 légè-
rement et 2 sans asphyxie. L*enfant né mort était prématuré, pas très
asphyxique, mais mounit de faiblesse congénitale. Des 8 enfants
vivants, ô ont quitté la Maternité en s^^nté ; un monstre non viable
n'a vécu qu'un quart d'heure ; 2 autres sont morts, un jour et dix
jours après la naissance, par suite de fracture du crâne.
Enfin, toutes les mères ont guéri sans aucune complication.
— Pinard . — Je ne suis pas convaincu de l'innocuité de l'intro-
duction d'air dans la cavité utérine.
Les résultats de la pratique de notre collègue Rapin, concernant la
procidence du cordon, ne sont ni assez probants, ni assez nombreux. La
comparaison des résultats qu'il obtient avec des statistiques légèrement
entachées d'archaïsme n'est pas démonstrative; qu'il veuille bien com-
parer ses résultats avec ceux que nous obtenons, et il comprendra la
raison de notre abstention.
4<* L'ezpresaion du fœtus par la paroi abdominale. — De son manuel
opératoire et de son action sur le fœtus.
— G. Keini (Paris) |1). — L'expression du fœtus est connue et
appliquée depuis von Ritgen et Kristeller. Nous l'avons étudiée longue-
ment dans un travail antérieur. Nous désirons seulement exposer ici
nos recherches sur deux points :
Pour la manière d'opérer, nous avons divisé l'expression : en directe,
quand elle est faite à l'aide des mains ; en indirecte, sans les mains.
(1) Résumé de l'auteur.
116 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Pour cette dernière on avait déjà essayé le bandage de corps. Nous
préconisons, avec notre maître M. Bonnaire, Fexpression indirecte par
la position de la taille. Par la pression des membres pelviens, la partu-
riente exprime elle-même ; c'est de Taiito-expression. De plus, Tutéms
est ainsi maintenu dans l'axe du détroit supérieur, et l'expression et la
position de la taille ont une action parallèle.
Pour l'action de l'expression sur le fœtus, on a prétendu qu'elle
pouvait être cause d'asphyxie ou de production d'hémorrhagies ou de
compression des centres nerveux. Nos recherches prouvent : l^ que la
compression médiate, progressive et intermittente du placenta ne pro-
duit pas l'asphyxie du fœtus . Quand celle-ci existe, elle est due au
passage brusque du fœtus du sac utérin à l'extérieur, comme on peut
l'observer après l'opération césarienne ; 2o que les hémorrhagies des
centres nerveux ne sont pas plus fréquentes que dans l'accouchement
spontané ou dystocique ; 3** que la latéro-inclinaison de la tète, même
forcée, ne comprime pas les centres nerveux, conune nous l'ont mon-
tré nos expériences sur des cadavres de fœtus congelés.
5« Présentation d'un nouveau basilyste.
— A. R. Simpson (Edimbourg) (1).— Cet instrument consiste en
un basilyste, un tracteur et une vis de fixation. Il est construit de telle
façon qu1l permet de faire la perforation, un complet broiement et l'ex*
traction de la tête fœtale.
La partie du basilyste qui est semblable à une vis, après avoir per>
foré le crâne du fœtus, est introduite dans l'ouverture qui est faite,
puis portée directement sur la base du crâne qui est alors brisée par la
branche mobile du- basilyste. La base peut être perforée et brisée à plu-
sieurs reprises, de telle façon que la tête sera chassée par les contrac-
tions utérines ou extraite par le doigt de l'opérateur passé dans Tori -
fice fait par le perforateur dans la voûte crânienne.
Dans les cas où les contractions ne sont pas assez fortes, le basilyste
représente la branche pleine ou interne d'un craniosclaste, Lorsqu'on
a accompli la perforation et le complet broiement, le tracteur qui cor-
respond à la branche externe ou fenêtrée d'un cranioclaste est appli-
qué en dehors de la tête fœtale ; le tracteur arrive, grâce à la vis de
pression, en contact avec le basilyste maintenu fixé dans la voûte du
crâne ; on procède h l'extraction en tirant à la fois sur le basilyste et
sur le tracteur rapprochés au moyen de la vis de fixation.
(1) BéBumê de l'auteur.
COMMANDEUR ET MARTIN 117
6» Étude expérimentale sur ragrandlssement permanent du bassin par
l'application des appareils de prothèse interne après symphysèo-
tomie (1).
— Commandeur et Cl. Martin (Lyon). — Depuis que la
symphyséotomie a repris son rang parmi les opérations obstétricales
dirigées contre les viciations pelviennes on s'est préoccupé d'obtenir
non plus seulement un agrandissement temporaire du bassin, mais un
agrandissement permanent en rendant définitif Técartement inter-
pubien.
Il est évident que pour résoudre le problème il faut établir, entre
les pubis disjoints et écartés, des connexions assez solides pour empê-
cher ces 08 de se mobiliser l'un sur l'autre et éviter les troubles de la
marche qui résultent de cette mobilisation.
Pour obtenir ce résultat, l'idéal serait d'interposer entre les os une
masse osseuse faisant corps avec eux. Jusqu'à présent les procédés
d'autoplastie interpubienne à lambeaux osseux n'ont donné que des
résultats insuffisants en ce sens que l'agrandissement obtenu était
trop faible pour permettre l'accouchement à terme
MM . Varnier et Hartmann ont publié en 1897 (2) une expérience où ils
avaient réalisé l'agrandissement permanent du bassin chez la chienne
par l'interposition, entre les pubis, d'une pièce métallique pleine en
aluminium. La locomotion redevint rapidement normale et l'animal
guérit après une période de fistulisation assez longue.
Reprenant ces expériences nous avons utilisé comme appareil inter-
pubien destiné à maintenir l'écartement, non plus des pièces métal-
liques pleines, mais des appareils en forme de treillis au centre desquels
nous placions des fragments de côtes de chien destinés à servir de
greffe osseuse et à reconstituer, entre les deux pubis, une colonne
osseuse soudée à ceux-ci et modelée sur l'appareil môme suivant le
procédé exposé par Tun de nous (Gl. Martin, De la régénération
osseuse sur appareil prothétique interne. Congrès fraitçais de Chirur-
gie, 1897).
Ces appareils ont, dans des expériences antérieures, été plus faci-
lement tolérés par les tissus que les pièces pleines.
(1 ) Manuscrit remis par les auteurs à la Rédaction des A ntudet de Gynécologie,
(2) Ck>ngrèB de Moscou. - Annala de Gynécologie et d^ Obstétrique,
septembre 1897, t. XLVIII^ p. 271 ; avec une planche.
118 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Nous nous proposions donc :
l^ De maintenir l^écartement interpobien au moyen d*une pièoe
prothétique métallique résistante ;
2** De déterminer secondairement la production de tissu osseux
entre les pubis par une greffe osseuse disposée au centre de Tappareil.
Nos expériences ont été faites sur deux chiennes. La symphyséotomie
a toujours été été très simple et ne s'est jamais accompagnée d'hémor-
rhagie notable. Mais nous avons toujours éprouvé, à cause de l'oi^sifi-
cation précoce des symphyses pelviennes chez cet animal, une oerlaine
difficulté à obtenir un écartement un peu prononcé. Une fois dans ces
tentatives d'écartement la branche verticale d*un pubis s'est f ractorée,
faisant ainsi communiquer le trou obturateur avec la plaie symphy-
saire.
L'écartement obtenu, nous disposions entre les pubis un appareil
en treillis de forme prismatique quadrangulaire de 30 millim. de long
sur 15 millim. de large et 7 millim. d'épaisseur, muni latéralemmit
de prolongements d'environ 5 millim . qui devaient s'appuyer sur les
faces antérieure et postérieure des pubis. Cette pièce était constituée
par un treillis de fils de platine iridié soudés entre eux à l'or fin.
Elle était maintenue en place par le simple rapprochement spontané
des pubis.
L'intérieur de l'appareil était ensuite bourré de fragments frais de
côtes de chien.
Les suites opératoires ne se sont pas accompagnées d'accidents
phlegmoneux graves. Mais il s'est rapidement constitué, vers l'angle
inférieur de la plaie, une fistule séreuse assez large d'abord, qui s*cst
rapidement resserrée.
Chez l'une des chiennes elle persiste encore 80 jours après l'opération ;
mais, chez l'autre, elle s'est complètement oblitérée 70 jours après.
La marche a été possible très rapidement, dès le quatrième jour ;
mais les membres postérieurs ont pendant la marche une allure un peu
étrange, due à leur écartement et au changement d'orientation des
articulations coxo-fémorales. Quinze jours environ après Topération les
animaux jouent, sautent, courent sans difficulté. La région symphy-
saire n'est pas douloui*euse au palper.
Au point de vue de la gestation et de la parturition, une des chiennes
a été opérée pleine d'environ quinze jours.
Néanmoins l'intervention n'a pas eu d'influence et la gestation a
évolué sans incident. C'est seulement quarante-deux jours après Topé-
COMBIÀNDEUR ET MARTIN 119
ration qu'elle a mis bas un fœtus paraissant à terme, ne présentant
pas trace d'altération, mais qui fut trouvé mort le matin, la parturition
s'étant faite pendant la nuit.
L'étude des radiographies faites environ deux mois après l'opération
montre qu'il n'existe pas encore d'ossification. Ce fait n'a rien d*anormal,
car celle-ci est ordinairement tardive et précédée d'une phase de résorp-
tion de la greffe. On ne voit pas en effet de noyaux correspondant
aux fragments de côtes.
Chez l'une des chiennes, la première opérée, Tappareil semble s'être
déplacé et avoir basculé en arrière. En tous cas, l'écartement ne s'est
pas maintenu intégralement. La pièce métallique a filé en arrière et il ne
persiste entre les pubis qu'un écartement évaluable à environ 3 millim,
n faut ajouter que lors de la mise en place, une des branches longitu-
dinales postérieures s'était brisée; mais l'appareil avait été laissé en
place parce qu'il paraissait, malgré cela, solidement fixé.
Sur la deuxième chienne, qui a mis bas six semaines après, l'appa-
reil est resté dans le plan de la symphyse pubienne, mais il semble
que l'écartement primitif s'est réduit en partie par la pénétration des
branches horizontale et descendante du pubis dans l'appareil, péné-
tration qui a été rendue possible par la fracture de la branche verticale,
n ne parait pas y avoir de déplacement antéro-postérieur.
En résumé, et autant que peut le permettre l'interprétation des
radiogRiphies, il s'est produit dans les deux cas un déplacement de
l'appareil ; total dans l'un et dans le sens antéro-postérieur ; léger au
contraire dans l'autre et dans le sens transversal.
Goif CLOSIONS. — l^ L'interposition d'un appareil prothétique interne
entre les pubis après symphyséotomie est une opération inoffensive
chez la chienne.
2? Dans nos deux cas, il s'est produit une fistule. Celle-ci, dans
un cas, s'est oblitérée complètement soixante-dix jours après l'opé-
ration.
3^ Les fonctions locomotrices (marche, course, saut) se rétablissent
rapidement dans leur intégrité après Tintervention.
4° La continuation de la gestation est possible chez les chiennes
opérées pleines.
Ô<> La parturition i)eut se faire à terme sans incident pour la mère.
6<* On ne peut encore tirer de conclusions au point de vue d'une
néoformalion osseuse interpubieune par la greffe, l'ossification ne
commençant à apparaître qu'au bout de six à huit mois.
120 13* CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
BXPÉRDSKOS I. — Chlenna de petite taille, pesant environ 6 kllogr., opérée le 19 mai 1M9.
Anesthéftle an chloroforme*"
Incision cutanée et aponévrotiqne, libération des burds enpérlenr et inférlenr de la sfin-
physe. Section de celle-ci à la scie à chaîne. Écartement de 15 millim. par traction anr laa
pnbls. Pas d*hémorrhagIe. Mise en place de l'appareil. Comme il dépasse le bord supérieur de
la symphyse on enlevé à la cisaille la partie supérlenre, environ 6 millim. La travée kmr^
tudinale postérieure droite se détache. Cependant Tappareil ne se mobilise pas.
Remplissage de l'appareil avec les fragments de deux (^tes de chien qn*on vleai de Mttl
fier par section du bulbe. Suture profonde avec une grande anse de fll métallique. Sntinv
cutanée au fll métallique à iraints séparés. Pansement.
16 mai. Pansement, la plaie cutanée va bien. Ni gonflement, ni rougeur. L'animal urine
facilement, se tient sur ses pattes, marche bien.
Le 19. Pansement. Un point cutané inférieur a cédé, on remplace à ce niveau un point
métallique. L'anse métallique profonde est enlevée.
Le 90. Pansement. Trois des points cutanés inférieurs ont cédé. La plaie symplkyiatre
semble communiquer avec l'extérieur, mais l'expression ne fait pas sourdre de pus.
Le 87 . A travers la fletule qui a environ 4 millim. de diamètre on voit l'appareil.
9 juin. La fistule s'est resserrée beaucoup.
Le SO. Il persiste une flstulette. L'animal joue, saute, court à toute vitesse sans paimttre
éprouver de douleur. Le train de derrière présente cependant une démarche particulière due
à l'éoartement des membres postérieurs.
28 juillet, n persiste encore une petite fistule séreuse.
ExpAruekce n. — Chienne bull-dogg d'environ IS kilogr., opérée le 19 mal IIMM). Anea-
thésie chloroformique. Incision présymphysalre d'environ 10 centlm. Section du raphé
fibreux médian jusqu'à l'os. Passage de la sonde-ruglne d* 0111er et de la scie à ehatike.
Sciage de la symphyse. Écartement faible. En voulant écarter les deux pubis avec une i^ee
la branche verticale du pubis gauche se fracture et le trou obturateur communique avee la
section symphysaire.
Mise en place d'un appareil de 8 centlm. de haut sur 18 millim. de large ; assez diflflcUe à
cause du peu d'écartement symphysaire, hémorrhagle légère qui s'arrête facilement. Rem-
plissage de l'appareil avec les fragments de trois côtes d'un chien qu'on vient de «acrifler.
Suture profonde des parties molles avec un surjet à la soie. Suture cutanée au fll métal-
lique à points séparés tiès rapprochés.
20 mai. La plaie cutanée va bien. L'animal mange comme à l'ordinaire.
Le 27. On supprime le pansement. La chienne se tient sar ses pattes et marche.
9 juin. Les flls superfloiels ont été enlevés hier ; à travers la plaie cutanéei par plusieurs
oriflces, s'écoule de la sérosité.
Le 30 . La plaie cutanée est à peu près complètement cicatrisée. Q persiste une très l^ère
flstulette à l'angle inférieur de la plaie.
Ce matin le garçon de laboratoire nous apprend que la chienne a mis bas pendant la nuit.
Le fœtus parait à terme, et bien qu'il ait été trouvé mort ne présente aucune lésion : la
chienne va très bien.
21 juillet. L'angle inférieur de la plaie présente encore une très petite flstulette à trav«n
laquelle fait issue un petit fragment de greffe.
Le 28. La fistule est complètement oblitérée.
OUI 121
7o Accouchement forcé pour rinsertion victease du placenta
avec hômorrhagies.
— Fournier (d* Amiens) (1). — Laissant de côté les accouchemeats
forcés pour éclampsie et vomissements incoercibles que j'ai eu l'occa-
sion de pratiquer, je viens aujourd'hui apporter 7 observations de
placentas marginaux ou centraux graves avec hémorrhagies impor-
tantes : 7 foie fui pratiqué VaccoucTiement forcée 7 mères sont vivantes,
ainsi que 4 enfants ; la mortalité maternelle est nulle. Pour ce motif
et pour d'autres que j'énoncerai, je préconise la méthode de J'accou-
chôment forcé pour l'insertion vicieuse du placenta, avec hémorrhagies,
comme supérieure à toutes les autres.
— Pinard. — La communication que vous venez d'entendre me
surprend étrangement : avec l'expérience que lui donnent 7 observa-
tions, notre confrère vient nous dire que l'accouchement forcé est le
seul traitement à employer dans l'hémorrhagie causée par insertion
vicieuse du placenta, et que c'est là la seule conduite logique à tenir !
Et le moyen qu'il propose demande une heure pour l'obtention d'une
dilatation complète. Et il conseille de donner du chloroforme ! Je tiens
à faire entendre une énergique protestation contre la doctrine émise
par M. Fournier, doctrine qui nous reporte à l'époque de Louise
Bourgeois, qui fait table «rase de tous les progrès réalisés et dont l'ap-
plication serait désastreuse.
8o Intervention chirurgicale dans un cas d'inversion utérine
d origine puerpérale datant de cinq mois.
— Oui (Lille) (2). — Il s'agit d'une femme de 35 ans, chez laquelle
des tractions immodérées et précoces exercées sur le cordon ombilical
au cours de la délivrance amenèrent une inversion complète de
l'utérus.
Cet accident fut longtemps méconnu et ne fut diagnostiqué qu'à
l'hôpital où cette femme entra au bout de cinq mois, épuisée par d'abon-
dantes hémorrhagies.
Le 13 juillet, après des tentatives infructueuses de réduction
(1) Bésumô de l'auteur.
(2) Bésumé de Taoteor.
122 13^ CONGRÈS DES SGIBNCBS MBDICALBS DE PARIS
manuelle, Tantenr pratique une intervention sanglante. Son intentioD
était primitivement d'exécuter l'opération préconisée et pratiquée par
Doyen : ouverture du cul-de-sac vaginal antérieur, incision de la lèvre
antérieure du col utérin et réduction consécutive. Mais Tincisioii du
col ne suffit pas et pour pouvoir retourner Tutérus il fallut prolonger
rincision jusqu'à 1 centim. et demi à 2 centim. du fond de l'organe.
Après suture du corps utérin, Torgane reconstitué fut réintégré dans
Tabdomen par Fincision vaginale et le col fut suturé à son tour.
La malade a guéri sans complications.
Des interventions analogues ont été faites par d'autres chirurgiens :
Otto Kûstner, Duret ont, en effet, pratiqué la réduction de ruléms
inversé après incision, mais en attaquant l'organe par sa paroi posté-
rieure.
La voie antérieure est aussi sûre, la vessie étant généralement
décollée de l'utérus inversé et ne risquant pas d'être blessée. Elle est
plus commode, le cul-de-sac vaginal antérieur étant plus facilement
accessible que le postérieur.
9« Injections intra-veineuaes de sérum artificiel dans les hémorrhagies
puerpérales.
— Maygpier (Paris) (1). — Le but de cette communication est de
faire connaître les résultats que m'ont donnés les injections intra-
veineuses de sérum artificiel dans les hémorrhagies puerpérales depuis
1896, époque où, dans une communication à la Société obstétricale de
France, j'ai relaté l'observation d'une femme exsangue à la suite
d'hémorrhagies par placenta prœvia, et chez laquelle l'introduction de
6 litres de sérum dans les veines en 3 séances a amené une véritable
résurrection.
J'ai eu recours à ce traitement chez 15 femmes épuisées par des
hémorrhagies, et dont la mort était imminente : 7 lui ont dû la vie ;
8 n'ont pu ôtre sauvées .
Dans 7 cas il s'agissait de placenta prœvia, dans 2 d'avortement, dans
2 de décollement prématuré du placenta, dans 3 enfîn d'hémorrhagie
post-partum.
Ces résultats confirment mes conclusions de 1896. Les injections de
sérum dans les veines sauvent environ la moitié des femmes qui sont
mourantes d'anémie suraiguê post-hémorrhagique.
(1) Résumé de l'auteur.
ZWEIFEL 123
Ces injections ne doivent être pratiquées que dans les conditions
snlvantes :
Ou après les injections sous-cutanées de sérum dont l'effet est resté
nul, et alors que Tétat général continue à s'aggraver ;
Ou d'emblée, quand la femme est dans un état voisin de la mort et
qu'il y a extrême urgence à intervenir.
Les injections intra- veineuses n'agissent qu'à dose massive : 1 à 2
litres de sérum artificiel (eau safée à 10 p. 1000).
Elles doivent être renouvelées dès que l'effet produit tend à s'atté-
nuer et que le coUapsus reparait : on peut injecter ainsi plusieurs
litres dans les vingt- quatre heures.
Pratiquées avec prudence et suivant une technique aujourd'hui bien
connue, ces injections ne déterminent aucun accident Aucune femme
ne devrait mourir d'hémorrhagie sans qu'on ait tenté de la sauver par
ce moyen héroïque.
Mardi 7 août, séance d^ V après-midi.
Présidence de Galdbbiiii (Bologne).
!<* Drap de parturition.
— Alfred Iaks (Berlin).
2<> Êtiologie, prophylaxie et traitement du rachitisme.
— Zweilel (Leipzig) (1). — Je me suis proposé de prouver que
le développement du rachitisme chez les enfants en croissance résulte
de l'insuffisance de sels calcaires dans leur nourriture.
J'ai commencé par les farines, par exemple la farine de Nestlé. Elle
contient trop peu de chlorure de sodium, et très peu de phosphate de
chaux. On comprend facilement alors que le rachitisme en résulte.
n était beaucoup plus difficile d'expliquer le développement du
rachitisme quand on donne aux nourrissons du lait de vache dilué.
Je suis parvenu à l'explication de ce fait curieux ; malgré qu'il y ait
dans le lait de vache quatre fois plus de sels calcaires que dans le lait
(1) Manuscrit reiuÎB par l'auteur à la rédaction des Annale$,
124 13* CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
de femme» il est néamnoins possible que les enfants poissent en assi-
miler trop peu par suite de l'action de la présure.
Par cette action la moitié des sels calcaires devient insoluble ; de la
moitié qui reste soluble plus de moitié encore est mécaniquement
retenue dans le coagulum du lait cuit.
Si bien qu'il reste moins de sels en dissolution qu'il y en a dans le
lait de femme .
Le postulatum le plus urgent pour la digestion du nourrisson est
qu'il y ait de Tacide cblorbydrique pour dissoudre les sels calcaires
devenus insolubles et emprisonnés par la caséine.
Or Facide cblorbydrique manque bien souvent, parce que tous les
troubles digestifs diminuent cet acide dans Testomac du nourrisson.
L'existence de l'acide cblorbydrique dépend du cblorure de sodium,
c'est-à-dire du sel de cuisine ou sel marin. Quand on institue dt^
expériences de telle sorte qu'on ne donne plus aux animaux de cblo-
rure de sodium dans leur nourriture, ces animaux i)erdent absolument
l'acide cblorbydrique dans leur estomac.
J'ai pu prouver de plus que dans le royaume de Saxe, où le rachi-
tisme est extrêmement fréquent, on fabrique le pain bis sans sel.
J'ai montré qu'avec une nourriture qui ne contient que le sel naturel,
qui est cuite sans adjonction de sel inourriture végétarienne sans lait
et sans œufs), la quantité de cblore dans le lait de la femme diminue
jusqu'à 50 p. 100.
Il est donc possible qu une mère qui a seulement une nourriture
végétarienne mais en très petite quantité produise trop peu d'acide
cblorbydrique dans son estomac; qu'en conséquence elle ne puisse
y dissoudre les sels calcaires.
D'où il résultera — et c'est aussi prouvé par des expériences — que
son lait contiendra trop peu de sels calcaires, et ses nourrissons
deviendront racbi tiques.
De grandes séries d'expériences ont encore été faites pour améliorer
la digestion du lait de vacbe dans l'estomac du nouveau-né.
En voici les résultats :
lo Le lait cru n'est pas du tout mieux digéré que le lait cuit; au
contraire, le lait cuit Test beaucoup mieux que le lait cru.
2<> Le coupage du lait avec de l'eau n'améliore pas du tout la diges-
tion.
3° Mais en ajoutant du sucre de lait de 4 à 6 p. 100 au lait de vache,
d'après la proposition de Soxblet, on a une amélioration considérable.
ZWBIFBL 125
40 Un résultat de la plus grande importance est qu'en diluant le lait
de vache avec de Teau salée à 0,2 p. 100 (sérum de lait artificiel)
jusqu'à 0, G p. 100 (sérum de sang artificiel) on peut améliorer la
digestion du lait de vache autant qu'avec le sucre de lait.
50 J'ai fait des expériences avec le lait écrémé ; la conclusion est
que cest une nourriture très mauvaise pour les nourrissons.
60 Les expériences de digestion artificielle faites avec une grande
quantité de préparations m'ont prouvé que les meilleures sont celles qui
sont faites avec le ferment du pancréas et en Allemagne le lait pré-
paré d'après les prescriptions de Backhaus.
Les enfants rachitiques ont aussi des évacuations assez considérables
de savons calcaires, c'est-à-dire chimiquement des combinaisons de sels
de chaux avec les acides gras, par exemple l'acide stéarique.
Ces combinaisons ne peuvent naitre que quand il y a dans le tube
digestif en même temps des sels calcaires solublcs et des acides gras
aussi solubles.
En se combinant ils constituent des sels tout à fait insolubles dans
l'eau, et ils ne peuvent pas être absorbés par les enfants.
La dissolution des sels calcaires ne pouvant se faire que dans l'esto-
mac de l'enfant où il y a de Tacide chlorydrique, on pourrait expliquer
les savons calcaires dans les évacuations des enfants en les considérant
copame le reste de la digestion stomacale entré dans l'intestin et y deve-
nant savon calcaire en y rencontrant des acides gras libres. Les savons
calcaires pourraient alors être considérés comme une preuve qu'il n'y
avait pas défaut de sels calcaires solubles, mais un trouble dans l'ab-
sorption intestinale.
J'ai pu parvenir à prouver que cette explication ne serait pas cor-
recte.
Enfin, j'ai expérimenté avec le phosphore dans l'huile de foie de
morue et trouvé, par des distillations faites suivant la méthode de
Mitscherlich, que dans un grand nombre de cas il n'y avait pas de
phosphofe métallique dans ces huiles.
On ne peut donc plus parler d'un effet spécifique du phosphore
métallique contre le rachitisme. Mais il est sur que le phosphore ne
s'évapore pas ; il reste dans l'huile et devient autre chose. On parvien-
dra à le remplacer par des produits chimiques non toxiques et beau-
coup plus efficaces.
126 13"^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
3° Deax cas d*achondropIasie avec examen histologiqae.
— Porak et Durante (Paris) (1).— Nous avons eu, dans le courant
de Tannée dernière, l'occasion d'observer deux cas d'achondroplasie
dans lesquels nous avons non seulement étudié le système osseux
mais examiné le système nerveux, ce qui, jusqu'ici, à notre connais-
sance du moins, n'avait pas été fait.
I. Le premier de ces enfants, né d'une mère atteinte de syphilis récente
et présentant des accidents secondaires, pesait 1 ,800 grammes. Il avait
un aspect typique Les membres courts et épais, sillonnés de plis de
flexion, étaient comparables à de petits cylindres courts superposés. Le
membre supérieur avait une longueur de 8 centim. pour un diamètre
de 2 à 3 centim. et demi au milieu de Tavant-bras ; l'inférieur, une lon-
gueur de 9 centim. pour un diamètre de ô centim. et demi an nivean du
mollet. La tète était énorme et le thorax, étalé h la base, était aplati
transversalement avec proéminence du sternum. Les os des membres
étaient presque réduits à leurs épiphyses, les diaphyses ne constituant
qu'un petit cylindre intermédiaire ne mesurant, pour le fémur, qn'un
demi-centimètre de longueur.
L'examen histologique a montré du côté des os une différence con-
sidérable entre l'ossification i>ériostique et l'ossification cartilagineuse.
Au niveau des épiphyses les cellules cartilagineuses se sérient mal et
donnent naissance à des travées osseuses irrégulières, grêles, déchi-
quetées, dans lesquelles les cellules conservent longtemps ime réfrin-
gence cartilagineuse. Ces travées, imparfaites comme dimensions et
comme structure, ont l'air de disparaître rapidement. L'ossification
périostée, au contraire, se fait d'une façon beaucoup plus régulière,
mais sans donner lieu, le plus souvent, à des lamelles osseuses bien
nettes. Elle donne naissance, cependant, à une coque osseuse presque
compacte, mais qui se raréfie rapidement du côté de la moelle osseuse.
Le système nerveux présente des lésions évidentes : sur toute sa han»
teur \cerveau, protubérance, moelle) on rencontre une cdngestion
intense avec dilatation des capillai^s et hémorrhagies interstitielles
punctiformes, siégeant surtout dans les méninges et dans la subs-
tance grise où elles infiltrent les gaines lymphatiques périvasculaires.
(1) ManuBcrit remis par les auteurs à la Rédaction des Ânualet de Gyné-
cologie et d'Obstétrique,
PORAK ET DURANTE 127
Sur tonte la hauteur la moelle, les méninges sont épaissies. Dans la
région cervicale moyenne supérieure, la substance grise présente
d'un o6té une forme anomude, les cornes antérieures et postérieures
étant bifides et paraissant atrophiées. Dans les régions cervicale supé-
rieure, dorsale et lombaire la substance grise d*un côté est plus petite
et présente moins de cellules que du côté opposé. La myéllnisation des
cordons est à peu près normale dans les régions inférieures, mais
paraît retardée dans les régions cervicale et protubérantielle. Il
n'existe nulle part de nodules inflanmiatoires pouvant être assimilés
à des gommes.
Le scicUique paraît assez régulièrement développé quoique, peut-
être, nn peu scléreux.
Dans les nuiscles, dont les capillaires sont distendus, certaines fibres
striées présentent des accumulations locales de noyaux assimilables
h ce que chez Tadulte on observe au cours de la convalescence des
maladies aiguës et que l'on peurrait regarder comme de petits foyers
de dégénération.
Le foie, enfin, est atteint d'une hépatite aiguë intense dissociant les
travées cellulaires et accusée surtout dans les espaces portes où les vais-
seaux sont autant de manchons de petites cellules rondes.
IL Le second achondroplasique était un fœtus de 4 mois et demi
environ, ayant 22 centimètres de longueur. Sa mère avait succombé à '
des vomissements incoercibles et présentait à Fautopsie une dégéné-
rescence aiguë presque complète du foie dont il ne restait plus que
quelques cellules conservées, et des lésions rénales de nature toxique,
constatées sur les coupes histologiqucs.
L'enfant, retiré de l'œuf intact, avait un aspect typique d'achondro-
plasique avec les membres courts et boudinés, mais sans modification
appréciable de la tête ni du thorax.
Sur les coupes des membres les os ont présenté des lésions analogues
à celles du premier enfant, mais moins accentuées. Ici encore, cepen-
dant, les capsules cartilagineuses des épiphyses se disposent souvent
irrégulièrement et donnent naissance à des travées incomplètes, tandis
que l'ossification périostale se fait plus régulièrement
La peau est fine et normale, mais le derme épaissi sans interposition
anormale de tissu adipeux.
Les mitêcles présentent souvent une dislocation de leurs faisceaux
par de l'œdème interstitiel.
Dans le système nerveux la moelle ne possédait pas de tubes à myé-
128 13*^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Une sauf qnelqnes rares dans les cordons latéraux de la région cervi-
cale. A ce niveau, en outre, il existe une anomalie de la substance
grise qui ne paraît pas dépendre d'un accident pendant le durôsse-
ment. Toute la moelle est infiltrée d'un grand nombre de petites cel-
lules rondes disposées sans ordre et les cellules motrices semblent
plus nombreuses et plus développées d'un côté cpie de l'antre.
Telles sont, au résumé, les lésions histologiques observées chez ces
deux enfants.
Au point de vue osseux la malformation relève d'une oBnfication car*
iilagineme insuffisante et défectueuse. C'est également ce que nous
avons observé dans une observation publiée antérieurement (1 ), mais
dans cette dernière il existait, du côté de l'os périostal, une résorption
exagérée qui est beaucoup moins marquée dans les deux cas que nous
venons d'étudier, d'où l'épaisseur un peu plus grande des diaphyses des
os longs.
Mais dans ces deux dernières autopsies, Texamen histologique plus
complet permet de constater de divers côtés, indiscutablement, des
lésions d'ordre infectieux ou tout au moins toxique.
Gbez le premier enfant nous trouvions une hépatite interstitielle
que l'on peut regarder comme une cirrhose syphilitique au début, et,
dans tous les organes, le système nerveux surtout, une congestion
intense de vaisseaux aboutissant à des hémorrhagies. La moelle pré-
sente, en outre, des lésions évidentes sur toute Sa hauteur et partien-
lièrement dans la région cervicale, et les muscles les signes de Tac-
tion d'une maladie infectieuse.
Chez le second enfant plus jeune nous retrouvons les mômes lésions
osseuses et, dans la moelle, très incomplètement développée, des
altérations de congestion et d' œdème analogues à celles relevées chez
le premier.
Du côté maternel, la mère du premier enfant est une syphilitique
récente en pleine période infectieuse depuis au moins deux mois et
probablement davantage. La mère du second succombé à des lésions
éminemment toxiques caractérisées par des lésions histologiques du
foie et des reins. Ces différences dans Tétiologie maternelle expli-
quent les différences dans les altérations parenchymateuses des
(1) PoBAK et Durante. Sur un cas d'ôstéogénèse anormale. Soc. ohi-
tétrioale et gynécologique de Paris, juin 1894.
CALDËRINl 129
enfants. Mais dans les^ deux cas, le facteur commun est une
intoxiccUion (microbienne ou autre) maternelle.
Maintenant, étant données les lésions médullaires, doit-on mettre sur
leur compte les lésions du squelette ? Gela nous parait peu probable. En
effet, si la congestion, l'œdème, les hémorrhagies capillaires existent
sur toute la hauteur de Taxe cérébro-spinal, dans les deux cas on
trouvait un maximum des lésions dans la région cervicale et, en
outre, dans Tun des cas existait une légère atrophie de la substance
grise d'un côté. Cette topographie des lésions nerveuses ne correspon-
dait pas à une prédominance des lésions dans les membres supérieurs
on d'un côté du corps.
Nous penchons donc, plutôt, h croire que les lésions nerveuses ou
osseuses sont simultanées^ relèvent toutes deux d'une cause unique et
ne dépendent pas Tune de l'autre. Toutefois il n'était pas sans intérêt
de rechercher et de mettre en évidence ces lésions nerveuses qui, par
leur nature, tendent à démontrer l'origine infectieuse ou plus proba-
blement toxique de l'achondroplasie. Si dans les deux observations
précédentes la substance toxique semble provenir de l'organisme ma-
ternel, il serait imprudent d'y voir une loi générale et de nier absolu^
ment l'existence d'une achondroplasie par insuffisance glandulaire
fœtale, et c'est à de nouveaux faits à nous dire si, à côté d'une
achondroplasie par hérédo-intoxications, il en existe également par
auto-intoxication .
40 Possibilité de relation entre la môle vésicalaire et la dégénéres-
cence kystique des OTaires.
— Calderini (Bologne) (1). — L'auteur, s'appuyant sur trois
cas (sur cinq) de môle vésiculaire compliquée de l^ystome séreux
simple des ovaires par lui observés et traités au moyen de l'ova-
riectomic, annonce qu'il pou rrmt y avoir une relation éliologiquc entre
la maladie des ovaires et la maladie de l'œuf par l'intermédiaire de
l'épithéiium qui l'entoure dans le follicule dont il sortirait déjà altéré.
L'ovariectomie constituerait le traitement radical de la maladie
dés ovaires préventif de la rjécidive de la môle avec toutes ses mauvaises
conséquences.
(1) Bésumé de l'auteur.
ASH. I» OTH. — VOL. LIY. ^'
130 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MIBDIGÂLBS DE PAKtS
— Pinard. — Rappelle un cas récemment observé par lui à la cli-
nigue Baudelocque où cette coexistence d'une môle hydatifonne et
d'une dégénérescence kystique bilatérale des ovaires existait. La rela-
tion entre ces deux ordres de lésions n'est juscpi'à nouvel ordre qn*iuie
hypothèse.
50 De ramputationducol ntérln.
— La Toppe (Rome). — Modification technique du procédé Simon*
Markwald.
Le président fait observer que cette communication, toute de
technique chirurgicale, eût été mieux à sa place dans la Section
de Gynécologie et regrette que M. La Torre n'ait pas fait ici la com -
munication sur la malignité de la môU hydatiforme annoncée pour
cette séance.
La Torre répond que cette communication obstétricale, il Ta pré-
cisément faite, pour une raison qu'il ne s'explique pas, à la Section de
Gynécologie.
60 Traitement des métrites et vaginites gravidiques blennorrhagiqaes
par le bleu de méthylène par et polvémlent (1).
— Chaleix-Vivle (de Bordeaux). — Encouragé par les succès
que le bleu de méthylène pulvérulent m'a donnés en gynécologie,
comme hémostatique, analgésique et antiseptique, je l'emploie chez
les femmes enceintes atteintes de vaginite et de métrite blcnnor-
rhagiques. Indolore, inoffensive, l'application sur le col de bleu pul--
vérulent supprime en quelques séances l'écoulement et la douleur et
assainit la région. Des expériences sur les animaux m'ont montré
qu'après une courte application de bleu dans le vagin, la surface utérine
tout entière était colorée : la dif fusibilité en surface et en profondeur
de ce puissant microbicide est précieuse dans la grossesse où un
traitement intra-utérin serait impossible. La forme pulvérulente est
plus efficace, car, par une fusion lente et continue, elle assure le con-
tact prolongé de l'agent modificateur.
(1) Résumé de l'auteur.
PÀBRE 131
Mercredi 8 aoûtf séance du matin.
Présidence de M. Pestalozza (Florence).
lo De (la radiographie métrique appliquée à la mensuration des
diamètres du détroit supérieur.
Fabre (Lyon) (1). — Sous le nom de radiographie métrique,
j'ai décrit un procédé simple et facile à employer qui permet d'apprécier
les déformations que subissent les ombres fournies parla radiographie,
et de mesurer les distances linéaires entre divers points contenus dans
un même plan.
C'est là un résultat important, car tout le monde sait qu'il est impos-
sible de faire des mensurations exactes sur l'épreuve radiographique
elle-même. Les déformations sont en effet considérables et varient avec
les distances qui séparent de la plaque photographique les différents
points d'une courbe, telle que le contour du détroit supérieur; elles
varient aussi avec les positions réciproques de l'ampoule et des diffé-
rents points du bassin. Lévy et Thumin ont bien pu mesurer, gn\cc à
la trigonométrie, les différents diamètres du détroit supérieur, mais ce
procédé ne peut guère entrer dans la pratique courante.
II en serait de même des compas de Gontremoulins appliqués au
bassin.
Mon procédé au contraire est applicable par tout le monde et on peut
facilement reproduire, sans grosses erreurs, un contour donnant en
vraie grandeur les dimensions du détroit supérieur.
Le procédé consiste essentiellement à mettre dans le plan du détroit
supérieur un cadre composé de quatre règles métalliques distantes de
un centimètre. La première règle, la postérieure, est transversale,
appliquée contre la partie postérieure du tronc, en un point qui peut
varier suivant la forme du bassin. Nous verrons plus loin quelle est
l'influence de ces variations. On peut dire cependant que la règle pos-
térieure est placée au niveau des épines iliaques postérieures et supé-
rieures. La seconde règle, l'antérieure, est placée au niveau de la partie
supérieure du pubis ; elle est parallèle à la règle postérieure. Les dents
de ces deux règles déterminent un plan dans lequel sont placées les deux
(1) Cette communication a été présentée par M. Fochier.
132 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALRS DE PARIS
règles latérales de façon à ce que le plan du cadre coïncide avec le
plan du détroit supérieur.
Les rayons X projettent sur la plaque les ombres des dents en
même temps que celles des difféirents points du détroit supérieur. On
n'a, sur l'épreuve photographique, qu'à réunir deux à deux les dents
opposées, pour lavoir des quadrilatères plus ou moins déformés cor-
respondant à des carrés qnî juraient été tracés dans le plan du détroit
supérieur.
Sur un papier quadrillé présentant des carrés d'un centimètre de
côté on reporte la trace du contour du détroit supérieur, en la redres-
sant dans le sens où l'indique le quadrillage tracé sur l'épreuve pho-
tographique, et l'on obtient ainsi une image à peu près exacte du détroit
supérieur.
Dans le bassin normal, le plan qui, au détroit supérieur, comprend
la plus grande partie de son contour, ne comprend pas tous les points
importants h considérer. C'est ainsi que le promontoire est, suivant les
cas, à un ou deux centimètres au-dessus du plan déterminé par la
ligne innominée. La ligne innominée elle-même décrit une courbe
dont tous les points ne sont pas rigoureusement dans un même plan.
Il sera donc impossible de faire coïncider exactement le cadre avec le
plan du détroit supérieuren y comprenant le promontoire. Cette consi-
dération suffirait à rendre critiquable toute prétention à l'exactitude
rigoureuse. Disons cependant que dans les bassins viciés par le rachi*
tisme, dans les bassins aplatis, dans les bassins généralement rétrécis
rachitiques, il existe toujours une projection du promontoire en avant
et le plus souvent en bas ; que par suite le promontoire se rapproche
du plan du détroit supérieur ou même y est contenu.
Malgré cela on peut dire que la radiographie métrique rend surtout
possible l'évaluation des transverses et que c'est là son principal
avantage, car c'est le seul procédé qui permette de mesurer facilement
ces diamètres, alors que, cliniquement, on peut, de la mensuration du
promonto-sous- pubien, tirer une valeur suffisamment approchée du
diamètre utile . Les erreurs causées par le défaut de parallélisme entre
le plan du cadre et celui du détroit supérieur ont une valeur minîma
dans les évaluations des dimensions transversales. En effet, suppo-
sons que, le cadre étant placé symétriquement des deuxcêtés, les deux
plans fassent un angle et se coupent vers le milieu du conjugué,
l'évaluation sera exacte surtout iK)ur le diamètre transversal placé ijrès
de l'intersection des deux plans ; si les deux plans se coupent en
FABRB 133
dehors du bassin, Terreur sera considéral)le, mais alors le cadre aura
été placé bien mal : si les deux plans sont parallèles et ne sont pas
trop distants l'un de l'autre, les transverses pourront être évalués
assez exactement. Il n'en est pas de même des diamètres antéro-posté-
ricur ou obliques qui, \nis en raccourci par rapporta la règle mensura-
tricc, ne peuvent être évalués très exactement que s'il y a coïncidence
entre les deux plans.
On voit quelle est Fimportance de la coïncidence du plan du détroit
avec le plan du cadre ; nous avons montré que, dans la majorité des
bassins, il était impossible de mettre le promontoire dans le plan du
cadre ; & ces difficultés vient s'ajouter la vanabilité de la ligne d'affleu-
rement du plan du détroit supérieur au niveau de la partie postérieure
de la colonne lombaire et des os iliaques .
Nous avons examiné h ce point de vue quarante bassins de la col-
lection de la Clinique de Lyon, choisis parmi les pioins déformés, ou se
rapprochant des déformations les plus couramment observées en cli-
nique; nous avons constaté qu'il est difficile de donner une formule
pouvant s'appliquer à tous les bassins.
Dans les bassins se rapprochant le plus possible, par leurs dimensions
et par leur forme, du bassin normal, on peut constater que la ligne
d'affleurement postérieur du x)landu détroit aboutit à environ 1 centim.
au-dessus des épines iliaques postérieures et supérieures.
Dans quinze bassins aplatis avec diamètres transverses conservés
ou même agrandis, laligne d'affleurement coïncide assez régulièrement
avec les épines iliaques i)ostérieures et supérieures.
Dans six bassins généralement rétrécis, d'origine rachitique, la ligne
d'affleurement est variable, allant de 1 centim. au-dessus à 1 centim.
au-dessous des épines iliaques postérieures et supérieures: cette
variation déitond de la hauteur du sacrum, qui peut, dans une certaine
limite, être appréciée par l'exploration interne.
Dans cinq bassins aplatis et généralement rétrécis, le point d'affleu-
rement est situé h 2 centim. au-dessous des épines iliaques.
Au contraire, dans les bassins de luxation congénitale, dans les
bassins h six vertèbres, la ligne d'affleurement postérieur se trouve h
2 centim. nu-dessus des épines iliaques postérieures et supérieures.
On voit combien est variable la ligne suivant laquelle doit être
plac-éc la règle postérieure et quelles difficultés on doit rencontrer
pour arriver à la coïncidence du plan du cadre avec celui du détroit
suiHTieur ; pratiquement il semble cei)endant qu'on puisse obtenir des
134 13" CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
résultats satisfaisants en prenant pour point de repère les épimes
iliaques postérieures et supérieures et en se tenant : un peu au-dessus
d^elles dans le bassin normal, dans la luxation congénitale — et an
contraire au-dessous dans les bassins rachitiques, où le toucher ne
montre pas le sacrum étiré.
Supposons que nous soyons arrivés approximativement à la ooîaci-
dence des deux plans considérés: nous n^avons pas encore vaincu
toutes les difficultés. En effet le sacrum, et en particulier le promon-
toire, donnent sur les radiographies des images très vagues et on ne
peut déterminer d'une façon précise le point qui servira d'origine au
sacro-pubien. Nous avons tourné la difficulté en maintenant, pendant
la radiographie, un fragment métallique appliqué sur le promontoire
par un doigt introduit dans le vagin.
Etant données les difficultés que nous connaissons, nous avons voulu
constater à quel degré d'exactitude pouvait arriver la méthode en l'em-
ployant cliniquement. Pour cela, nous avons radiographié deux cada-
vres, nous avons mesuré les diamètres du détroit àTautopsie, et nous
avons comparé les mensurations avec celles que nous avions obtenues
par la radiographie métrique.
J'ai fait deux expériences, Tune avec le cadre de Destot, Tautre avec
le mien.
Le cadre de Destot est très ingénieux : il présente l'avantage de
permettre l'éloignement et le rapprochement des deux règles latérales ;
on peut plus facilement faire entrer leurs ombres dans la plaque pho-
tographique ; mais l'inconvénient qu'il présente consiste en ce que la
règle postérieure est appliquée sur la plaque ; elle peut être très distante
des régions postérieures du bassin dans les cas où il y a une ensellure
telle qu'on ne peut la corriger qu'incomplètement eu relevant les jam-
bes de la malade. Voici les résultats obtenus :
Première expérience, J..., 38 ans.
MKNSURATIONS MKNrlI'HATIOyfl MICNslURATIONS
SUR LA hUR LE 8UB LB
RADIOQRAPUIK UAff^IX COJnoUR AU BaKEURS
CABRBAU
Diamètre utile 11.1
Trans verse maximum. 17.3 14.6 13.7 — Oc.Smm.
Transverse médian... 16.9 14 13.2 —0. 8
O.G 14.3 12 13.1 -fl. 1
0. D 15 13.6 12.7 ^0. 7
VARNIER 135
On voit que Terreur atteint sur tous les diaoïètres un centimètre en
plus ou en moins.
Dans la seconde expérience, nous avons obtenu les résultats sui-
vants :
B..., 86 ans.
âlENSDBATIOXB MINSI7RATIOX8 MBN8I7BATIOX8
SUR LA 8UB LE 8U8 LB
RADIOOIIÀPHIK BASSIN COHTOUU AU KRRBURS
CARRBAU
Diamètre utile 10
Transverse maxim. 17.2 13.7 14 -f-0c.3mm.
Trans verse médian. 13.5 12.4 12.3 —0.1
0. G 15 11.4 12.5 +0.9
0. D 14.3 11.9 12.1 +0.2
Dans ces deux expériences ce qui frappe le plus, c*est Ténorme dif-
férence qu'il y a entre les dimensions réelles du détroit supérieur et
celles qui sont fournies par la mensuration directe de l'épreuve radio-
graphique.
Dans la seconde expérience, les erreurs n*ont pas été trop considé-
rables et les erreurs ne sont \^as assez im^jortantes pour vicier le pro-
nostic do Taccouchement dans le bassin.
Nous croyons donc pouvoir conclure que la radiographie métrique
appliquée avec soin est un moyen clinique permettant l'évaluation
précise des diamètres du détroit supérieur, et que ce procédé a une
valeur sérieuse pour la mensuration des diamètres transverses.
— Varnier. — J'ai demandé la parole après M. Fochier pour
dire le bien et le mal que je pense de la méthode de radiographie
métrique de M. Fabre, de Lyon.
Je procéderai par démonstration.
Le bien, d'abord. Voici (fig. 2, p. 137) un bassin vicié, aplati, de notre
collection :
Appliquons-lui, suivant le plan du détroit supérieur, le cadre denté
de M. Fabre. Nous obtenons, en radiographiant le tout dans le décu-
bitus dorsal, une projection défoi*mée de l'entrée du bassin et du
cadre. En voici une épreuve sur papier photographique (fig. 1). Met-
tons au carreau et transcrivons sur du papier quadrillé en centimètres et
en millimètres : nous avons le tracé du détroit supérieur corrigé d'après
M. Fabre (fig. 3). Découpons ce tracé corrigé et transportons-le sur
136 13" CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
l'entrde du bassin sec en expérience : nous voyons qu'à quelques
millimètres près ils s'adapleiit l'un kl'autrc (1).
De cette expérience, résumé de beaucoup d'autres, il nous fauL
retenir que l'appareil de M. Fabre, appliqné suivant certains points de
repKTe aisés & déterminer sur les bassins secs, donne pour ces Iwssiiis
des résul la ts peivi métriques d'une précision quasi-parfaite.
MM. Fnhrc et Focliîer estiment que pour obtenir un tracé exact il
faut placer le cadre mivant le plan du détroit supérieur.
Je vais vous montrer qu'à cetteprétenduerÈgle il est des exceptions.
Prenons, en efFct,cet autre bassin de uotre collection, un oblique ova-
lairc de Nu'gele cl laisons-en deux radiographies successives en lui
appliquant le cadre de M. Fabre:
(]) Lee dg. 1, 2, 3, 4, 4 iû, S, 6 bU sont toutes à la DiSiDe échelle : gnart
de grandeur. Voyez, p. 131 et 132, le mode d'emploi de l'appareil de M. Pabra
ici âRuré.
1° Suh'OnL le plan du détroit supérieur (Hg. 4, p. 138).
2° Suh'aat lo plan, très éloigné de celui du détroit supérieur, qui
pissant par le bord supérieur du pubis toucbe en arrière les épines
iliaques poslérieuros et aupérieures (fig. 5).
138 13* CONGRÈS DBS SCIEKGB8 MÉDICALES DB I
ïrrLf^TT* tTrj;4»i:riii^- :-;
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140 13^ CONGRÈS DBS SGIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
Mettons au carreau et reportons sur papier quadrillé les deux radio-
graphies ainsi obtenues (fig. 4 bis et 5 bis) : nous pourrons constater
que le tracé corrigé qui se rapproche le plus de la vérité est celai
(fig. 5 bis) de la radiographie dans laquelle le cadre s'éloigne le plus du
plan du dirait supérieur.
Laissant de côté ces bassins très asymétriques, j*en reviens aux bassiiis
rétrécis communs. J'admets que l'appareil de M. Fabre ^ placé cjoacUm^nt
dans le plan du détroit supérieur, permette de restituer exaclemeni la
forme et les dimensions de ce détroit.
Il devient nécessaire, pour l'utiliser sur la femme vi\'ante, de trou-
ver des points de repère pratiques permettant l'exacte détermina-
tion du plan en question. Quiconque a quelque connaissance des nom-
breux instruments à ce destinés entrevoit du premier coup d*œil Tîm-
possibilité d'arriver à une précision suffisante. Aussi M. Fochier à la
suite de M. Fabre nous convie- 1- il en pratique à adopter comme poinU
de repère aj>proximatifs les épines iliaques postérieures et supérieures.
Il nous dit : « Dans les bassins normaux les épines en question coïncident
suffisamment avec le plan du détroit supérieur.
« Dans les bassins généralement rétrécis rachitiques elles sont tou-
jours au-dessous.
« Pour les aplatis, généralement rétrécis, leur situation est essentielle-
ment variable.
« Enfin, dans Us bassins aplatis avec conservation ou offrandissemenf
des diamètres transverses le plan du détroit supérieur co'incitle avec le pion
qui passe en arrière par les épines illiaques postérieures et supérieures, t
Précisément le bassin sec qui a servi à la première partie de ma
démonstration est un aplati pur avec conservation des trans verses.
Je l'ai pris dans le tas des aplatis. Regardez-le, je vous prie, de proQl ;
et vous verrez que le plan de son détroit supérieur est très loin de
coïncider avec le plan que repèrent les épines iliaques postérieures et
sup(!rieures. J'aurais donc fait en pratique une grosse erreur en me con-
formant, pour l'exécution et l'interprétation de la radiographie métrique
de ce bassin, sur la femme vivante, aux indications de M. Fochier.
Bref, la méthode de M. Fabre, que nous avons trouvée pi'écise lors -
qu'appliquée à certains bassins secs suivant le plan du détroit supérieur,
devient approximative dès qu'on la veut appliquer à un bassin que les
parties molles empochent de repérer avec précision. On en est réduit,
en effet, ou bien à disposer le cadre au jugé, d'après l'idée qu'on se fait
par avance de l'inclinaison du détroit supérieur ; ou bien à le placer
VARNIBR 141
suivant des points de repère uni voques, comme les épines iliaques posté-
rieures et supérieures, quitte à faire subir aux corrections de la mise
au carreau des corrections nouvelles dépourvues de toute précision.
Je vous rappelle la conclusion du résumé de M. Fabre : « Dans les
bassins viciés, le niveau du plan du détroit supérieur en arrière est
variable relativement aux épines iliaques postérieures et supérieures
qui coïncident suffisamment avec ce plan dans le bassin normal. Des
rechercbes entreprises sur le cadavre^ pour apprécier l'importance de
cette inexactitude, nous amènent à conclure que soit pour les obliques,
soit même pour Tantéro-postérieur, on peut avoir des erreurs dépassant
un centimètre ; mais que pour les mensurations des transverses ces
erreurs n'atteignent pas un centimètre. »
Il y a lieu de faire, même au sujet des transverses, les plus expresses
réserves. J'ai été stupéfait d'entendre M. Fochier nous dire que t les
exiMîriences cadavériques de contrôle sur lesquelles s'appuient ces
conclusions sont deux, dont une seule complète. » Est-ce donc là une
expérimentation suffisante pour une méthode née il y a quatorze
mois ? Ne peut-on plus à Lyon se procurer de cadavres ? Pourquoi
conclure avec si peu de documents ?
Je me résume.
La méthode de radiographie métrique préconisée par M. Fabre, de
Lyon, en juin 1899, comme « permettant défaire des mensurations précises
sur les épreuves radiographiquesct d'obtenir en vraie grandeur la courbe du
détroit supérieur (1) », ne donne plus aujourd'hui, de l'aven même de son
auteur, après expérimentation cadavérique (?) un peu tardive, que des
résultats approximatifs, . . pour les transverses. Au point de vue métrique
elle ne semble pas donner plus de précisioti pour le transverse, son
dernier refuge, que le procédé de premier jet très simple et sans
aucune prétention à l'exactitude indiqué par moi à Moscou : c pour
avoir à peu près le trans verse du détroit supérieur, retranchez 2 centi-.
mètres aux dimensions de ce même diamètre sur l'épreuve radiogra-
phîque obtenue dans les conditions par nous spécifiées » .
Je tiens à ce qu'on ne se méprenne pas sur le sentiment qui m'a
poussé à prendre la parole. Je ne suis pas réactionnaire, c'est connu ;
(1) D'un dispositif pennettant de faire des mensurations précises sur les
épreuves radiographiques par M. le professeur Fochier. Société de chirur-
gie de LyoD, 8 juin 1S99. Province médicale, 24 juin 1899.
Delà radiographie métrique^ par le D' Fabbb. Bxtmit du Lyon mèdieaXi
33 juillet 1899, p. 1.
142 13* CONGRÈS DBS SCIENCES M^DICA^LES DE PARIS
je sDÎs prêt à accepter avec recoonaissance la pelvîmétrie radiogre-
phique de précision (Foù qu'elle vienne, a fortiori de l'École de mon
très cher maître M. Fochîer. J'ai vonlu simplement montrer que nouî^
ne la tenons pas encore et qiie nous en sommes toujours, à Lyon comme
à Paris, aux appi^oximations de la pelvimétrie par comparaison.
— Bouchacourt (Paris). — L'obtention de radiographies directes
sur papier que M. Fochier vient de nous annoncer, de la pari de
M. Fabre, comme une découverte est loin d'être une nouveauté.
Les résultats que l'on obtient sont d'ailleurs très inférieurs à ceux
que l'étude d'un bon cliché sur verre peut donner.
— Fochier (Lyon). — J'ai accepté par avance la critique de
M. Yamier relative au nombre de nos expériences cadavériques en
disant que nous n'avons pu trouver en temps utile à la Charité plus de
deux cadavres.
Pour critiquer nos appréciations sur la position relative du plan dn
détroit supérieur et de la ligne qui' réunit les épines iliaques posté-
rieures et supérieures dans les bassins aplatis, M. Yamier apporte on
bassin. Nous en avons douze. Son argument n'a donc an plus que le
douzième de la valeur du nôtre.
A M. Bouchacourt je dirai que c'est la première fois qu'on applique le
papier aux radiographies pelviennes.
2*^ Sur un noaveau procédé de mensaration du détroit sapérienr par la
radiographie.
— Bouchacourt (Paris) (1). — Les complications pratiques du
procédé de la radiographie métrique, préconisé par MM. Fochier, Fabre
et Destot, m'ont conduit à la réalisation d'une iméthode plus simple et
aussi exacte que la radiographie métrique, laquelle nécessite l'emploi
d'un cadre spécial, lourd, embarrassant, et se tenant difficilement en
équilibre à l'endroit convenable.
La méthode que je publie aujourd'hui repose tout entière sur les pro-
priétés corrélatives des figures homologiques que forment :
D une part, une ceinture pelvimétrîque telle que le compas de Bau-
delocque, entourant le sujet dans le plan dn détroit supérieur ;
D'autre part, les images radiographiques de ces deux lignes.
(1) Résumé de l'auteur.
POCHIER 143
Les travaux de Ghasles sur les figures homologiques conduisent à
un tracé géométrique très simple, donnant, par la seule construction
de quelques lignes droites, la vraie longueur de tous les diamètres
visibles sur la radiographie.
La restitution de la courbe du détroit supérieur est ainsi plus facile
qu'avec remploi de la radiographie métrique, qui exige la construction
d*une épure sur le négatif lui-même et la restitution de celle-ci sur
un papier quadrillé spécial.
Les radiographies des deux bassins que je présente ici, et qui ont été
faites toutes deux (1) par Tune et Tautrc de ces méthodes, montrent que
ces courbes de restitution sont également exactes, puisqu'elles sont à
peu près identiques.
— Fochiep (Lyon). — Les procédés géométriques de M. Boucha-
court sont trop peu pratiques pour être utilisés par les accoucheurs.
3*' Bassin rachitiqne transversalement rétréci. Radio-pelvimètrie du
détroit supérieur.
— Maygpier et Bouchacourt (2) (de Paris). — M. Maygrier a
rapporté, en 1896 (3), l'observation d'une femme rachi tique chez
laquelle il avait pratiqué l'opération césarienne avec succès. Le bassin
de l'opérée était particulièrement intéressant. Contrairement à la règle
habituelle, le bassin de cette femme était rétréci transversalement dans
toute sa hauteur, et à peine touché dans le sens antéro-postérieur.
Sa forme se rapprochait du bassin de Robert, dont elle différait cepen-
dant totalement par Tabsence de synostose sacro-iliaque et d'atrophie
des parties latérales du sacrum. De là le terme de bassin h forme double
oblique ovalaire dont M. Maygrier s'était servi pour en faire comprendre
la configuration. Il reconnaît que le mot « double oblique ovalaire »
est déjà par lui-même défectueux. L'expression exacte est ccllo de bassin
rachitique transversalement rétréci.
Depuis cette publication plusieurs observations cliniques de bassins
(1) Sur des femmes vivantes, o'est-à-dire sans contrôle possible (H. V.).
(2) Sténographie de la communication de M. Maygrier qui, par lettre du
16 août 1900, a mis « opposition absolue à la publication in extenso de son
mémoire dans les Annales de Gynécologie j>,
(3) Annales de la Société obstétricale de France, 1896, p. 73, et VObsté^
triqvc, 15 juillet 1896, p. 328.
144 13* CONGR&S DRS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
viciés de cette façon ont été rapportées. Le Dr Salles (1) a fait en 1898
sa thèse sur ce sujet.
Les cas publiés sont, aujourd'hui, au nombre de 9.
L'existence de cette viciation rare du bassin n^est donc pas oon>
testable.
La femme L... est devenue enceinte de nouveau. Elle se présenta à
la Clinique Baudelocque où M. Yamier lui fit la symphyséotomie, le
30 mai 1898, avec succès pour la mère et Tenfant. Mais la viciation du
bassin ne fut pas interprétée par M. Varnier comme elle Tavait été par
M. Maygrier et par Tarnier . Et M. Varnier a demandé à la radiographie
la preuve que le bassin n^avait nullement la conformation décrite par
M. Maygrier.
Voici, d'ailleurs, comment il s*est exprimé à ce sujet dans la séance
du 2 juin 1899 de la Société d'Obstétrique, de Gynécologie et de Pa3dia<
trie, à propos d'une communication du professeur Gaulard sur un
bassin à forme double oblique ovalaire :
f Je voudrais simplement, à propos du bassin de la femme L...,
vous montrer combien, en fait de pelvimétrie et d'indications opéra-
toires, les procédés classiques d'exploration sont sujets à caution :
attirer votre attention sur la supériorité, en ces matières, de la pelvigra-
phie et de la pelvimétrie par les rayons X ; convaincre enfin M. Gau-
lard de l'utilité qu'il y aurait, avant de classer le bassin de son obser-
vation personnelle, à en avoir une radiographie.
« J'ai opéré et radiographié dans le service de mon maître, M. Pi-
nard, à la Clinique Baudelocque, la femme L..., sujet de l'observation
princcps de la « nouvelle espèce de bassin rachitique » dite t à forme
double oblique ovalaire >, dont M. Gaulard croit avoir rencontré un
nouveau cas.
a Vous allez pouvoir voiis convaincre, pièces en mains, des quatre
points suivants :
« lo Le bassin de la femme L... n'a aucune analogie avec le bassin
de Robert et, par suite, aucun titre h la dénomination, d'ailleurs criti-
qual)le môme pour ce dernier, de double oblique ovalaire ;
« 2« n est parfaitement symétrique ;
« 30 11 appartient à une espèce connue et classée depuis longtemps
sous le titre de bassin aplati généralement rétréci;
(1) Salles. Étude enr les bassins rachitique^ transversalement rHrécU^
Thèse Parii, 1898.
MATGRIER ET BOUCHACOURT 145
« 4» n est parfaitement capable de permettre la sortie d'an enfant
vivant par les voies naturelles. »
Et M. Yamier donne la reproduction au trait (calqué) du bassin de
L..., tel qu'il apparaît sur les clichés radiographiques qu'il a obtenus.
Cette figure est en effet celle d'un bassin généralement rétréci.
La radiographie semblait donc démontrer que M. Maygrier avait cru
voir une forme non décrite de bassin rachitique, rétréci dans le sens
transversal, là où il n'y avait qu'un bassin généralement rétréci.
Mais on sait qu'il est impossible de déterminer d'une manière
exacte, par la radiographie simple, la configuration et les dimensions
des objets soumis à l'action des rayons X. C'est pour cette raison que,
pour le bassin en particulier, MM. Fabre et Fochier, de Lyon, ont ima-
giné leur procédé de radiographie métrique.
M. Maygrier a eu l'occasion de revoir la femme L..., et M. Boucha-
court a radiographié de nouveau son bassin en appliquant à cette radio-
graphie les procédés de mensuration qui seuls permettent d'obtenir la
configuration exacte du bassin, et de corriger les erreurs de dimension
que comporte toute épreuve radiographique ordinaire.
M. Maygrier montre la radiographie du bassin suivant la méthode
indiquée par MM. Fabre et Fochier en 1899, avant toute correction.
n montre la radiographie du même bassin avec le compas de Ban-
delocque, modifié d'après la méthode de M. Bouchacourt.
Dans ces deux figures le bassin semble bien avoir la forme que lui a
assignée M. Vamier : elles sont du reste semblables à son calque,
M. Maygrier montre ensuite la restitution de la courbe du détroit
supérieur obtenue à l'aide des deux procédés précédents, qui donnent
un résultat identique. Cette figure, qui est la reproduction exacte et en
grandeur naturelle du détroit supérieur de la femme L. . . , démontre
Texistence d'un bassin transversalement rétréci, légèrement asymé-
trique, présentant en un mot les caractères que M. Maygrier lui avait
assignés, de par la clinique.
Les chiffres montrent péremptoirement quelles erreurs on peut com-
mettre en se basant sur une radiographie ordinaire pour déterminer
la forme d'un bassin.
DIMEXSIOIIS
APPABKNTKS RlbSLUBS
Diamètre oblique droit 110 miUim. 122 millim.
— — gauche 106 — 116 —
Diamètre transverse maximimi. 128,5 — 115 --
Écart entre les pubis 13 — 9 —
AHV. DB OTH. ~ VOL. UT. 10
146 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
La menturation du diamètre promonto ^ pubien a été impoêtibU,
M. Bouchacourt ayant essayé vainement d* atteindre le promontoirt.
Comme conséquence, on ne peut déterminer non plus le diamètre tranacerst
utile, le médian. Malgré cette restriction, on serait en droit d*estîmer
par Texploration interne que le diamètre promonto-pubien minimum
est très peu rétréci, et qull doit mesurer au moins dix centimèties.
Si ce chiffre est exact, le transverse médian serait également de dix
centimètres, n est à remarquer que le bassin radiographié par
M . Bouchacourt ayant été ouvert par la symphyséotomie, il existe un
écartement au niveau de la symphyse pubienne (9 millim.). Les dia-
mètres transverses se trouvent ainsi un peu plus grands qu*ils ne
Tétaient lors du premier examen.
Discussion.
— Varnier. — Il est entendu depuis longtemps que la radio-
graphie a simple », non compliquée d'appareils de Fabre ou de
Bouchacourt, donne du bassin une image quelque peu déformée. 11
ne faudrait pourtant pas essayer de nous faire croire que cette défor-
mation puisse aller jusqu'à donner d'un bassin genre Robert, trans-
versalement aplati, une image aplatie d'avant en arrière et générale*
ment rétrécie !
Quiconque connaît un peu la question sait à quoi s'en tenir à ce
sujet.
Je me contenterai donc de placer sur le tableau, devant vous :
1» Le calque de la radiographie t simple » du bassin de la femme L.
(fig. 1, page 148), que M. Maygrier reconnaît « semblable aux figures
radiographiques obtenues par lui > ;
2o Le calque de la radiographie d'un bassin normal (fig. 2, page 149i;
3^ Le calque d'un bassin transversalement aplati de Robert (fig. 5,
page 149).
Après quoi je suis bien forcé de dire que, avec la plus grande
bonne volonté, il m'est impossible de trouver Tombre d'une ressem-
blance entre le bassin de Robert et le bassin de la femme L... ; ni de
reconnaître au bassin de L... aucun des caractères à lui reconnus en
clinique par M. Maygrier.
N'êtes- vous point frappés, comme moi, de voir les flèches des cordes
qui joignent les symphyses sacro-iliaques aux pubis à peu de chose
VARNIBR 147
près semblables sur le bassin noimal (39 mm.) et sur le bassin de la
femme L... (34 mm.) ? N'ètes-A'ous pas portés h conclure, comme moi :
Les lignes innominées du bassin de L... ne sont nullement « redrestées
et à peu près rectilignea, comme dans le bassin de Robert » ; elles ne
viennent pas, en avant, « aboutir presque à angle aigu à lu symphyse
pubienne, comme dans le bassin de Robert *
Le bassin de la femme L... est parfaitement symétrique, alors que
M. Maygrier en avait jugé « la moitié droite plus étroite que lagauehsy et
la symphyse pubienne reportée un peu à gauche », etc.
Bref, le bassin de la femme L... appartient à une espèce connue et
classée depuis longtemps sous le titre de bassin aplati généralement
rétréci.
n a en effet, comme tout bassin de c« genre qui se respecte, un
diamètre transverse plus grand que son antéro-postérieur.
En effet le transverse (pelvimétrie par comparaison) mesure au moins
11 centim. alors que le diamètre promonto -sous-pubien est estimé par
M. Pinard à 11 centim. Déduisez ce que vous voudrez sur ce dernier
chiffre : 15 millim. ou 20 millim.; c'est 95 ou 90 millim. qui restent
pour le diamètre antéro-postérieur utile.
Ai-je besoin, après la discussion qui a précédé cette communication
(p. 131 à 142), d'insister sur la valeur nulle de la preuve radiométrique
que prétend nous apporter M. Maygrier.
Pour nous prouver que le diamètre antéro-postérieur n'est pas ré-
tréci, il nous montre un tracé obtenu h l'aide de Tappareil de M. Fabre, de
Lyon, et un tracé obtenu à Taide de Tapparcil dont M. Bouchacourt vient
de nous dire qu' « il ne vaut ni plus ni moins que celui de M. Fabre ^ .
«t Seuls, dit M. Maygrier, ces procédés permettent d'obtenir la configu-
ration exacte du bassin. » « Cette figure, ajoute-t-il, est la reproduction
eaxicte et en grandeur naturelle du bassin de la femme L. . . »
M. Maygrier n'a-t-il donc pas, comme nous, entendu M. Fochier
proclamer tout à Theure que c en pratique si le procédé de Fabre pouvait
servir à la mensuration approximative du transverse, il ne saurait don-
nef Tantéro-postérieur qu'avec des écarts supérieurs à 1 centimètre v.
Dès lors les tracés en question sont de nulle valeur dans ce débat,
qui n'a rien de particulièrement international et que je. n'ai point
soulevé !
Je persiste à refuser de reconnaître au bassin de la femme L..., tel
que me le montre la radiographie « simple m, les caractères que lui
assigne, sans Tombre d'une preuve^ M. Maygrier.
148 13' CONGRÈS DES SCIE^CBS MÉDICALES DE PARIS
Fio. I. — BuBiD de la iNume L...
Lci SRIliBa I et S npi^nUnt, r<<dBlU >d vatC, It« cslqucm doi,
do 11 Iwnne L-. et il'un bawlu nonntl. Il août ippualt
lont m bualD double crtilUinc onlain de la flgun t.
Von« Toyei Meii que le luaalti de L... eat iymi'triqiM ; qo
DoUenicot • lediMi'Ts et k peu prtra mllIliiiH >; qa*ell
•ont tiM^ en pointillé lue le* ngnm 1 et î. Compïtra
clonbl* oblique, aTkl*ln> de r. DabolB (Hg. 3), vulM.k c
Br.bert, « i, ligne» InnomLHi^e» reiliMR^» et à i«a pite nctllIgoM
DnpnrtreB, ndlogrliiblif dam In mtttci eoDdtCtoDi et k lu i
-"^^«
'«v^
*^,
^-,
150 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
— Pinard. — J'ai vu cette femme et j*ai examiné son bassin. J^ai
atteint l'angle sacro-vertébral. Le diamètre promonto-sous-pnbien
mesure 11 centim. Donc, quelle que soit la déduction, vous ne poavez
pas ne pas admettre que le diamètre promonto-pubien minimum ne
soit vicié.
Maygrler. — n maintient que Texamen clinique et la radio-
pelvimétrie établissent que le bassin de la femme L... est un bassin
transversalement rétréci. L'examen clinique lui avait montré, ainsi
qu'à Tarnier, que l'angle sacro- vertébral était à peine accessible .
Pinard. — Le reproche capital que je fais à Tobservation de M. May-
grler et aux huit observations sur lesquelles il s'appuie pour créer une
nouvelle espèce de bassin rachitique est qu'elles sont pnremenl
cliniques. Lorsqu'il aura en mains un bassin répondant au type qu'il
veut créer et. seulement à ce moment, il pourra légitimer sa descrip-
tion.
40 Histoire d'une symphyséotomie. — Suites éloignées. — Radio-
graphies.
— Jacob (1) (Marseille). — Le 6 octobre 1898, nous sommes appelé
auprès d'une jeune femme qui « ne peut accoucher » . A notre arrivée,
nous constatons que cette femme est de petite taille (Im. 51) ; la tète
fœtale est mobile au-dessus du détroit supérieur. Nous percevons un
mouvement actif. Le toucher donne 87 millim. comme diamètre pro-
monto-sous-pubien. La poche des eaux avait été rompue.
L'agrandissement du bassin s'imposait. Proposé, il fut accepté. Mais
il nous fut impossible d'obtenir qu'on ne tentât pas au préalable une
application de forceps. Nous insistons sur ce point : toutes les symphy-
séotomies devraient èti*e pratiquées d'emblée.
Malgré tout, l'enfant étant vivant, nous pratiquons l'agrandissement
du bassin (l'écarteur de Farabeuf = 6 cent. I. La tète descond dans Tex-
cavation. Forceps. Extraction d'un enfant vivant. Rapprochement des
pubis, trois sutures au fil d'argent.
Nous vous soumettons deux épreuves radiographiques. On dirait
qu'il s'agit d'une symphyse non sectionnée.
La femme et l'enfant dont il est ci-dessus question sont aujourd'hui
en excellente santé.
— Pinard. — L'observation de M. Jacob prouve une fois de plus
(1) Résomé de l'auteur.
HERRGOTT 151
que la symphyséotomie peat être praticpiée partout en dehors des
Maternités.
5<> Pince porte-lacs pour Textractlon du siège dôcomplôté mode des
fesses, ponrant servir d'embryotome.
— Tsakiris présente rinstrument.
6<* Sur la méthode de Tlnduction unipolaire appliquée à la production
des rayons de ROntgen. Ses avantages et ses applications à Ten-
dodiascopie vaginale.
— Bouchacourt (Paris) . — Le praticien se portera de plus en
plus vers la radioscopie quand elle lui donnera, comme la mé-
thode unipolaire, un mode d'investigation inoffensif et aussi complet
qu'une radiographie ordinaire sans perte de temps.
Cette méthode appliquée à Tendodiascopie vaginale permet d'avoir
des renseignements intéressants sur la symphyse pubienne, sur le
sacrum, etc.
Mercredi 8 août, séance de Vaprès-midi (séance de clôture)
Présidence de M. Trbub (Amsterdam).
lo Tuberculose et grossesse.
— Bernheiin (Paris).
2° Appendicite et accouchement.
— Alphonse Herrgolt (1) (Nancy). — Depuis que les alté-
rations de l'appendice iléo-cœcal sont mieux connues et que l'atten-
tion des accoucheurs a été particulièrement attirée, en 1894, par
Paul F.Munde (2/, sur les complications qu'entraîne l'appendicite peu-
(1) Manuscrit remis par l'auteur à la Rédaction des Annale* de Oynéco^
logie et à' Obstétrique .
(2) Médical Record, l*' décembre 1894 et Tke Médical News a weeekly
Journal of médical Science, New-Tork, 1897, n** 20.
152 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
dantla grossesse, les travaux sur cette importante question de patholo-
gie obstétricale se sont multipliés. Je rappellcrarsurtoutceux de Monde,
de R. Abrahams (1 ),de Hlavatschek (2) ,de George Pack (3) ,de Legendre (4| .
de Vinay (5), de Bouillier (6), de Jarca (7), deDieulafoy (8), de Pi-
nard (9), de E. Frankel (10), de Segond (11), de Fienx (12), d'Otto
Falk (13), de Th. Weiss (14), on le voit, ils sont déjà nombreux ; aussi
je n'essaierai pas de faire une étude approfondie et complète de l'ap-
pendicite dans ses rapports avec la gestation.
Mon but est plus mode8te,il est plus restreint ; il est, je dirais volon-
tiers, plus « localisé » . M. Pinard, dansla communication qu'il faisait,
à PAcadémie de médecine, le 22 mars 1898, disait « que l'appendicite
pendant la grossesse devait être traitée cbirurgicalement,plus rapide-
ment que dans n'importe quel autre cas ». Le 16 février 1899, se basant
sur de nouveaux faits qu'il avait eu Pocasion d'observer,il formulût la
règle que « toute appendicite diagnostiquée pendant la grossesse coin-
mandfdt l'intervention » . Enfin, dans une troisième communication
faite sur le môme sujet le t6 mars dernier, notre collègue insistait
sur la marche insidieuse de l'appendicite pendant la gross^se, qui
« prend souvent une allure foudroyante et revêt un caractère spédal
de gravité d.
Ce sont deux nouveaux exemples de cette exceptionnelle gravité de
Pappendicite survenant à la fin de la gestation, au moment du ira»aih
que je viens rapporter :
(1) Anurican Journal of Obittttries, 1897, vol. XXXV.
(2) Geburtêhilflich-gynàkologische Oetellschaft zu Wien^ 22 juin 1897, et
Monatêoh, fur Oehurt, maj Gynœk^ Bd YI, Hft 4.
(3) Amer, journ. of Ohstetrioê^ OQiohTQ 1897.
(4) Revue pratique d'Obstétrique et de Pœdiatrie{p, 200, 1897.
(5) Lyon médical^ 2 janvier 1898.
(6) Thèse de Lyon, 1897.
(7) Thèse de Paris, 1898, 13 janvier.
(8) Clinique médic, de Vffôtet-DieUy p. 314.
(9) Communications à V Académie de médecine le 22 mars 1898, le 16 fé-
vrier 1899, et le 6 mars 1900.
(10) Sammlunç Klin. Vortrd^v, N. F., no 229, novembre 1898.
(11) Société d'Obstétrique, de Gynécologie et de PœdiMrie, le 3 mars 1899
(12) Revue mensuelle de Gynécologie, d' Obstétrique et de Pœdiatrit de
Bordeaux, 1899, p. 265.
(13) Centralblatt fur (?yM<»ikoZo^i<?, 17 février 1900, p. 193.
(14) Revue nUdioale de VE«t, 15 août 1899 et 16 juin 1900.
HERRGOTT 153
I. — Le 9 avril 1899, la nommée M. T. . . , 19 anst primipare, entre à la
Maternité de Nancy. Elle n'avait jamais été malade.
Régulièrement menstruée depuis Fàge de 13 ans, elle aurait eu ses
dernières époque^ vers la fin de juillet ou d'août, elle ne saurait pré-
ciser davantage.
Sa grossesse se serait passée sans troubles ni phénomènes sympa-
thiques trop marqués; toutefois, quinze jours avant son entrée àPhôpital,
elleauraiteu une poussée grippalede cinqàsixjours,caractéri8éepar de la
céphalée, de la courbature, par un peu de bronchite et par deTanorexie,
mais sans vomissements ni douleurs abdominales.
Cette indisposition semblait terminée lorsque dans la nuit du 8 au
9 avril elle ressentit subitement de très fortes coliques dans le bas-
ventre, surtout à droite. Elle put néanmoins se lever et aller dans une
auberge voisine prendre une boisson alcoolique dans l'espoir de faire
cesser ces douleurs abdominales. Malgré cela, les coliques continuèrent.
La malade se recoucha, mais elle ne tarda pas à être prise de vomis-
sements. Elle se leva pour vomir et à ce moment, perdant connaissance.
elle tomba sur le ventre, la tête en avant. Des voisins accourus à son
secours la transportèrent sur son lit. Elle eut encore, de 5 heures à 1 1
heures du matin, cinq h six syncopes toujours accompagnées de vomis-
sements jaune verdâtre.
Se trouvant mieux dans le courant de l'après-midi, cette femme se
leva et put même faire une course assez longue ; mais, dit-elle, « pliée
sur elle-même », à cause de la douleur abdominale qu'elle éprouvait.
Dans la soirée, nouvelle syncope accompagnée, comme les précédentes,
de vomissements alimentaires.
Peu après, elle ressentit des douleurs dans là région lombaire qui la
décidèrent à aller à la Maternité où elle entra le 9 avril, vers 10 heures
du soir.
A son arrivée, on trouve que le col n'est pas effacé. On lui donne
dans le courant de la nuit un lavement laudanisé pour calmer les
douleurs abdominales qui avaient reparu.
Le 10, la température est à 38o,7, et le pouls à 120.
La malade accuse une sensibilité abdominale diffuse. L'utérus, en
état de tension permanente, est douloureux dans toute son étendue ;
aussi la malade se plaint-elle continuellement.
Dans la soirée, les douleurs sont- toujours aussi vives. Elles conti-
nuent le lendemain 1 1 avril ; cependant le pouls est un peu moins
fréquent, 114; la température estde37o,4. La face n'est pas grippée, et
154 13^ CONGRÈS DBS SCIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
il n'y a plus de vomissements dans la journée. Une potion à l'extrait
thébaîcpie a été supportée.
Ces phénomènes persistent jusqu'au 12. Le travail, qui avait été
plus marqué la veille, avance très lentement.
Le flanc droit n'est pas douloureux, il est sonore à la percussioD,
mais le flanc gauche est sensible à la pression ; il y a aussi moins de
sonorité en arrière de ce côté. Cette submatité disparaît quand la malade
se couche sur le côté droit.
A minuit, la dilatation étant comme une paume de main, on rompt
les membranes. Le travail s^accélère, la dilatation est complète, et,
avant qu'on ait eu le temps d'intervenir, la femme expulse spontané-
ment, à une heure du matin, un garçon pesant 2â50 grammes. La déli-
vrance suit peu après, elle est complète.
Le 13, mon collègue le Docteur Schuhl me remet le service qui lui
avait été confié pendant les vacances et me met au courant des divers
incidents que je viens de rapporter.
J'apprends aussi que, depuis le 10, la malade n'a pas eu de selle ni
de gaz.
Le ventre, qui n'était pas tympanisé avant le travedl,s'est notablement
ballonné depuis l'accouchement. Il est peu douloureux, mais dans ioui
Jeflwic gauche, il existe une rénitence très nette.
Nous nous trouvions donc en présence d'une péritonite avec collec-
tion purulente qui semblait surtout localisée dans le flanc gauche.
Malgré cette localisation anormale, malgré la chute sur le ventre que la
malade avait fûte trois jours auparavant, ainsi qu'on s'en souvient,
je pensai qu'il était indiqué de pratiquer sans retard la laparotomie
pour doimer issue au liquide collecté dans le péritoine et pour faire
l'ablation de l'appendice vraisemblablement point de départ de tons
ces accidents péritonéaux.
Je priai mon collègue, le professeur Weiss, de vouloir bien examiner
cette malheureuse. Il partagea notre avis et pensa qu'il fallait en effet
intervenir de suite; ce qu'il voulut bien se charger de faire snr le
champ .
IL incise la paroi abdominale au niveau de la ligne blanche de façon
à permettre à la collection située dans le flanc gauche de s'écouler,
espérant aussi pouvoir, par cette voie, arriver jusqu^au niveau de
l'appendice. .
Lors de la section de l'abdomen, on est frappé de l'épaississement et
de la rougeur du péritoine. Dès que la cavité péritonéale est ouverte.
HEttRGOTT 155
il s'écoule 5 à 600 grammes d*un liquide séro-purulent qui semble
venir de la partie gauche de Tabdomen.
Les anses intestinales qui apparaissent au niveau de l'incision sont
recouvertes de fausses membranes blanchâtres et épaisses.
Après avoir épongé tout le liquide, M. Weiss explore la cavité abdo-
minale, à travers la plaie, de façon à reconnaître le foyer d'origine de
la péritonite. La région appendiculaire surtout est examinée avec le
plus grand soin. Cette recherche de l'appendice est particulièrement
difficile en raison de la place où l'incision a été faite.
N'ayant rien trouvé d'anormal du côté de la région appendiculaire,
M. Weiss procède à un lavage minutieux de la cavité abdominale
avec de l'eau stérilisée chaude. Puis, lorsque le liquide irrigué ressort
limpide, on établit un drainage avec de la gaze iodoformée. La plaie
est refermée tout en maintenant une ouverture suffisante pour le libre
fonctionnement du drain.
Le pansement terminé, on fait une injection sous -cutanée de sérum
que l'on répète plusieurs fois dans le courant de la journée.
Malheureusement le pouls, qui après l'opération était resté à 106
s'accélère dans la soirée. L'état général devient de plus en plus mau-
vais et trois jours après, le 16, la malheureuse succombe aux suites
d'une péritonite généralisée, malgré tout ce qui avait été tenté pour la
sauver.
Voici ce que V autopsie, pratiquée par M. le docteur Vial, a permis de
constater.
A Touverture de l'abdomen, on trouve les anses intestinales couver-
tes de fausses membranes blanchâtres et très épaisses. Tout l'utérus
est également recouvert d'une épaisse couche pseudo-membraneuse
qui entoure également la vessie.
En arrière de la portion initiale du côlon ascendant existe une cavité
enkystée qui se déchire sous Tinflucnce des tractions faites pour décol-
ler le côlon et qui laisse écouler un flot de pus que Ton peut évaluer
à 208 grammes environ. On trouve alors l'appeiuiice ilèo-ccscal infléchi et
relevé derrière la face postérieure du caecum et du côlon et adhérent à
celle-ci par sou extrémité qui est recouverte de fausses membranes,
ainsi que toute la face postérieure de la première portion du côlon
ascendant.
Sectionnant longitudinalement Tappeudice, on trouve que le tiers
initial de cet organe est sain ; mais à la partie moyenne il existe une
perforation de la grandeur d'une pièce de 50 centimes. Toute l'extré*
156- 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DB PARIS
mité de Tappendice soas-jacente à la perforation est noirâtre et tumé-
fiée ; elle est le siège d*im processus de gangrène très avancée.
L'appendice ne contient pas de calcul stercoral.
Vexamen bactériologique du placenta, ainsi que du liquide péritoneal
recueilli pendant la laparotomie sur des compresses stérilisées, a été
fait dans le laboratoire du professeur Macé par M. Thiry.
L'examen des faces utérine et fœtale du placenta, ainsi que du sang
contenu dans le cordon n*a pas permis de constater rexiatenoe de
bactéries ; toutes les cultures sont demeurées stériles.
Quant à l'examen direct du liquide des compresses, il montre de très
rares leucocytes. Sur 7 préparations on ne voit pas de bactéries ; une
fois seulement on trouve une courte chaînette formée de microcoqoes
conservant le Gram.
Quant aux cultures sur bouillon, gélose et sérum coagulé, elles don-
nent : 1° un bacille mobile, décoloré au Gram, faisant fermenter la
lactose qui parait être un coli-bacUle ;
2o Un long bacille très mobile, colorable au Gram, souvent en lon-
gues chaînettes ; ce bacille, qui liquéfie très rapidement le sérum apr»
l'avoir peptonisé, semble être constitué par le baciUue Zopfii ou par
une espèce voisine, très probablement également d'origine intestinale;
Enfin 3«, avant que les colonies de ce long bacille et celles du coli*
bacille ne se montrent sur le sérum, on trouve, dans les cinq pre-
mières heures de l'ensemencement, quelques fines colonies formées par
le microcoque en courtes chaînettes entrevu à l'examen direct U est
probable qu'il s'agit d'un streptocoque.
Je n'insisterai pas sur les difficultés que le diagnostic de cette appen-
dicite survenant à la fin de la grossesse, un peu avant le début du
travail, a pu présenter.
En l'interrogeant, la malade nous avait dit, il est vrai, qu'elle avait
eu au début des coliques plus marquées à droite que dans le reste de
l'abdomen ; mais quand elle est entrée à la Maternité, elle insistait
surtout sur la chute qu'elle avait faite et sur la contusion abdominale
qui en était résultée et qui, d'après elle, était le point de départ de ses
souffrances .
De plus, la région appendiculaire ne semblait pas particulièrement
sensible ; c'était dans le flanc gauche que se trouvait la matité, c'est
1& aussi que se trouvait le plus de sensibilité.
L'autopsie nous a rétrospectivement montré comment ^ce drame
pathologique avait dû se dérouler.
HERRGOTT .157
Cette femme arrivée à la fin de sa grossesse avait en la grippe ; j'in-
siste snr ce fait, car, comme M. Faisans, je crois que cet état infec-
tienx, en accentuant la virulence des bacilles de Fintestin, a une
grande importance dans la pathogénie de Tappendicite ; puis, quelques
jonrs après, elle avait ressenti des douleurs abdominales très vives
causées par une poussée d'appendicite aiguë, avec ulcération de cet
organe. De fausses membranes s'étaient formées ; on aurait pu espé-
i*er que le mal resterait localisé ; mais cette malade était près du terme,
et le travail en débutant avait considérablement aggravé la situation.
Il avait rompu les membranes protectrices qui avaient pu se former et
avait ainsi facilité la dissémination dans la cavité péritonéale de ger-
mes infectieux d'origine intestinale, ainsi que l'analyse bactériologique
Ta nettement démontré, de sorte que quand on est intervenu, six heu-
res après la fin de l'accouchement, c'était déjà trop tard : la péritonite
était généralisée, la malade était infectée.
Il est évident que si un médecin avait été appelé dès le début de
l'explosion de cette appendicite et si, reconnaissant la véritable cause
des douleurs abdominales, il avait pu opérer avant le début du tra-
vail, les conditions auraient été moins défavorables ; mais malgré cela
la situation demeurait toujours extrêmement sérieuse.
Les observations déjà nombreuses publiées par les auteurs que j'ai
cités an début de cette étude sont là pour confirmer ce fâcheux pro-
nostic, alors même qu'on intervient à un moment où en temps nor-
mal, en dehors delà gestation, on pourrait escompter un succès. Si le
travail se déclare, les conditions changent brusquement ; le pronostic
devient d'une gravité exceptionnelle.
L'observation que je vais rapporter en est un nouvel exemple :
Cette fois, le cas est beaucoup plus simple. Il s'agit d'une femme
enceinte de notre service, et le diagnostic a pu en quelque sorte être
porté au moment même de l'éclosion des accidents.
IL — M«" I. E..., 23 ans, primipare, a toujours été bien portante.
Elle a en ses règles pour la dernière fois le 20 juin 1899 ; l'accouche-
ment devait donc se faire vers le 25 mars 1900.
Le 4 mars, elle demande à être admise à la Maternité pour un œdème
assez accusé des membres inférieurs. Il n'y avait pas d'albumine dans
les urines. Cet œdème disparut rapidement sous l'influence du repos
et du régime lacté. Tout semblait devoir se passer normalement, le
fœtus se présentait par le sommet, il n'y avait pas de rétrécissement
158 13^ CONGRÈS DBS SCIBNCES MÉDICALES DE PARIS
pelvien, lorsque le 16 mars, à 6 heures du matin, cette femme ressoit
une douleur abdominale généralisée ayant son maximum dans les
fosses iliaques gauche et droite, mais sans prédominance à droite. Le
palper exaspérait cette douleur. L*uténis semble tendu, contracté.
Le toucher très douV)ureux ne permet pas de découvrir une modifî -
cation appréciable de nature à légitimer Thypothèse d*un début de
travail. Les culs-de-sac sont libres et ne sont le siège d'aucun empâ>
tement. Gomme cette malade était d'habitude très nerveuse et très
impressionnable, je crus qu'un lavement laudanisé la calmerait. La
température était à 37«,2.
Mais à 6 heures du soir, mon chef de clinique, M. Vial, ayant trouvé
la température à 39^ et le pouls à 130, vient m'informer de TaggravutioD
survenue.
La douleur abdominale est toujours très vive ; toutefois elle ne se
manifeste que quand la malade essaie de se retourner dans son lit.
Mais la palpa tion me permet de localiser le maximum de cette douleur
au niveau de la région appendiculaire où il existe auasi une légère
diminution de sonorité.
Enfin, il n'y a pas eu de selle ni d'émission de gaz depuis la veille.
En présence de ces symptômes, je crois pouvoir diagnostiquer une
appendicite. Cette opinion est partegée par mon collègue M. Weiss qui.
très obligeamment, avait encore bien voulu répondre à notre appel.
Nous étions aussi tous les deux d'avis qu'il serait désirable que 1 on
pût intervenir immédiatement; mais, tout en le regrettent, nous avons
pensé que vu l'heure avancée et la difficulté d'une intervention aussi
grave dans les conditions défectueuses d'instellation où nous nous
trouvions, il éteit plus prudent d'attendre jusqu'au jour; le faciès
n'éteit pas mauvais, et, de plus, il n'y avait eu, jusqu'ici, ni vomis-
sements ni nausées.
Après une nuit relativement calme, la température se maintenant à
39'' et le pouls à 130, la malade, qui avait eu un premier vomissement à
5 heures du matin, est transportée à 9 heures dans le service du pro-
fesseur Weiss qui intervient aussitôt.
Il incise la paroi abdominale suivant la méthode de Roux. A l'ou-
verture du péritoine il se produit un écoulement de sérosité pérïto-
néale purulente et fétide. On lave avec de l'eau distillée. Au niveau de
la plaie opératoire, la trompe droite sillonnée de veines variqueuses
énormes vient faire hernie. M. Weiss la repousse et, le doigt introduit
dans la cavité péritonéale qui ne se trouve arrêtée par aucune adhé-
flERRGOTT 159
rence, il va à la recherche de Tappendice qu'il trouve avec beaucoup
de peine, à 15 centim. de profondeur, derrière Tutérus gravide. Il
réussit à l'amener au dehors, le lie à son insertion et le résèque au
thermo- cautère.
Après avoir lié le méso-appendice à sa base, il laisse un drain de
gaze aseptique, à la Micknlicz, dans la plaie opératoire dont il rétrécit
légèrement les deux extrémités.
L'appendice enlevé présente à son extrémité nne pUxque jaunâtre de
sphacèle de Vétetidue d'une pièce de 50 centimes. U n'y a pas de calcul
stercoral.
Le lendemain, le 18, l'état général est le même; de plus, le col s'est
effacé, il a môme un commencement de dilatation. Pour enrayer dans
la mesure du possible ce début de travail, on donne à la malade un
lavement laudanisé.
Le 19, le ballonnement a augmenté ; la malade est oppressée et la
compresse de gaze qui fait drain est à peine imbibée.
La dilatation s'est un peu accentuée depuis la veille ; à 2 heures,
elle est comme une paume de main. A ce moment on rompt les mem-
branes avec l'espoir d'accélérer la marche d'un travail qu'on n'avait
pu arrêter.
A 5 heures, la dilatation étant complète, pour épargner à la femme
les dangers d'une expulsion longue et laborieuse on termine l'accou-
chement avec le forceps et on extrait une fille de 2,800 grammes.
Immédiatement après la délivrance la température était de 37<»,5, le
pouls marquait 120.
J'espérais qu'un mieux allait se produire ; mon illusion fut de courte
durée.
Le 20. Le ballonnement est énorme, malgré plusieurs selles obtenues
avec une prise de calomel.
Comme le drain à la gaze fonctionnait mal, on le remplace par un
tube en caoutchouc par lequel il s'écoule une grande quantité de pus.
Puis les phénomènes infectieux augmentent peu à peu ; le délire
s'empare de la malade qui succombe le 23 mars dans la soirée.
A Vautopgie, on trouva dans le péritoine une série d'abcès secondaires
qui n'avaient pu être découverts et qui avaient causé la mort.
Quant à l'appendice réséqué, Vexamen Jiistologique qui en a été fait
par le Dr Hoche, chef du laboratoire d'anatomie et pathologie cliniques,
permet de constater l'existence de deux zones différentes.
Une zone supérieure, relativement indemne, ne présentant qu'une
160 IS*" CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
hypersécrétion muqueuse des glandes appendicolaires, Tinfiltratiofi
embryonnaire des couches conjonctives externes et l'absence des IdUi-
cules clos.
La zone inférieure présente tous les indices d'une inflammation
chronique permanente caractérisée par une augmentation des fibres
conjonctives, une infiltration embryonnaire très abondante avec on
grand nombre d'éléments polynucléaires.
11 y a de plus beaucoup de vaisseaux de nouvelle formation et de
plus une atrophie marquée des tubes glandulaires qui sont enserrés,
étouffés entre les travées conjonctives. •
Au pourtour de l'appendice, les lésions sont beaucoup plus marquées,
elles montrent des foyers d'inflammation aiguS et même suppurative.
Cet examen semble donc démontrer qu'il s'agit vraisemblablement
de lésions aiguës récentes développées sur un organe déjà altéré par
une inflammation antérieure.
Ce sont les lésions d'une appendicite ciccUricielle chronique avec péri-
apjtendicite aiguë,
Ainsij cette malade, pas plus que la précédente, n'a pu être sauvée :
nos efforts sont demeurés impuissants.
Ces deux faits me paraissent mettre en évidence l'influence de l'ac-
couchement sur le traitement de l'appendicite. Cette action nocive du
travail est bien de nature à engager le médecin à opérer la femme sus-
ceptible de devenir enceinte lorsqu'elle est atteinte d'appendicite.
Sans doute, le plus habituellement, il ne peut pas choisir le moment
d'une intervention qui lui sera imposée par les circonstances, mais
lorsqu'il aura le choix et qu'il se trouvera auprès d'une jeune fenmie
atteinte d'appendicite, il ne devra pas oublier la fâcheuse influence de
la parturition.
Le souvenir de cette nocivité le poussera à agir chirurgicalement, en
dehors de la gestation, dans des conditions toutes différentes et bien
autrement favorables.
Discussion,
— Gottschalk (Berlin). — Rapporte un cas de péritonite suppuréc
par perforation de l'appendice, avec guérison.
L'appendice avait été laissé en place et un bon drainage établi.
— Hagapoff (Constantinople). — J'ai ponctionné une collection
CHALEIX-VIVIE 161
purulente d'origine appendiculaîre chez une femme enceinte de 8 mois ;
elle n'a pas été opérée, elle a guéri et accouché à terme.
— Herrgott. — A dans sa communication voulu insister sur
Taction fâcheuse du travail sur la marche de Tappendicite (rupture des
adhérences, généralisation de la péritonite). Il est donc préférable
d'intervenir chirurgicalement avant la grossesse chez toute femme
atteinte d'appendicite et susceptible de devenir mère.
30 Utilité du traitement à ciel ouyert des suites de couches
pathologiques.
— Chaleix-Vivie (de Bordeaux). — Dès l'apparition d'accident
d'ordre génital, il ne faut pas s'attarder à donner, à bout de doigt,
les injections utérines, manœuvre aveugle, difficile et insuffisante. Le
vagin étant largement ouvert au moyen de valves, il faut aA'CC soin
inspecter au grand jour les parois, les culs-de-sac, la surface du col :
souvent une eschare ou une plaque de sphacèle échappée au toucher
maintient un apport d'élément sep tique que supprimera un pansement
modificateur opportun. De môme pour l'utérus : le col étant fixé, sans
ahaissementy une curette tranchante en parcourra tous les points len-
tement et méthodiquement ; écouvillonnage, lavage, puis drainage
utérin à la gaze iodoformée. Ces manœuvres n'exigent pas l'anesthésie,
elles sont inoffensives entre des mains soigneuses, et, faites à temps,
suffisent à éviter les accidents puerpéraux immédiats et à prévenir les
troubles ultérieurs d'ordre gynécologique.
4** Rétention des membranes après l'acconchement.
— Maygrier (Paris) (1). — J'ai relevé à la Maternité de la Gliarité
142 cas de rétention des membranes après l'accouchement, du l»** mars
au l»»- juillet 1900, sur 1,939 accouchements (7,32 p. 100).
Ce chiffre parait relativement considérable ; mais il ne comprend pas
seulement les cas où la délivrance a été faite d'une façon défectueuse
par des élèves inexpérimentés ; il englobe tibus les cas où l'accident est
inévitable, comme lorsqu'il y a mort et macération du fœtus et réten-
tion de la caduque, friabilité extrême des membranes, etc.
Chez 92 femmes, on a fait de l'expectation pure et simple : antisepsie
vaginale et vulvaire. 11 y a eu 14 fois des accidents.
Chez 14 fenmies, on a extrait immédiatement les membranes avec la
main ; il n'y a eu aucun accident.
(1) Béeumé de l'auteur.
AKU. DE GTM. — VOL. UV. Il
102 13^ coNcnÈs des sciences médicales de paris
Chez 35 femmes, on a posé un fil sur les membranes retenues»
suivant la méthode de Tarnier ; il y a en 4 fois des accidents infec-
tieux.
Chez une femme, on a fait d'emblée Técouvillonnage de Tutéras ; les
suites de couches ont été apyrétiques.
Des 18 femmes qui ont eu des accidents, 2 sont mortes d'infection :
chez Tune on avait posé un fil sur les membranes ; Taulre avait une
rétention de la caduque après mort et macération du fœtus (1,40 p. 100
de mortalité).
Conclusions. — En cas de rétention complète ou incomplète des mem-
branes, il y a lieu d'intervenir immédiatement après raccouchement
pour les extraire, soit avec la main, soit par Técouvillonnage, tontes
les fois que Tasepsie de Tutérus est douteuse (rupture prématurée des
membranes, liquide amniotique fétide, etc.), ou à la moindre clévatioo
de température. C'est l'intervention prophylactique déjà préconisée par
le professeur Budin.
L'application d'un fil sur les membranes demande une grande snr-
veillance et peut exposer à des accidents.
5» Quelques remarques à propos de l'établissement de la sécrétion
lactée.
— Budin (1). — A. — Après l'accouchement, la sécrétion lactée
met quelquefois un certain temps à s'établir de manière à être
suffisante ; nombreux faits qui le prouvent. Il ne faut pas désespérer
trop vite ; on doit s'efforcer d'aider à son établissement ; Tallaitemait
mixte, pratiqué temporairement, peut rendre de grands services.
B. — Chez les femmes dont les seins fonctionnent bien, on obtient
généralement une quantité de lait qui varie avec la demande et il est
curieux de voir combien cette production peut être considérable.
G. — On peut parfois obtenir le rétablissement de la sécrétion lactée
chez des femmes qui ont cessé de nourrir depuis un certain nombre
de semaines.
Discussion.
— Lepage (Paris). — L'allaitement mixte proposé par M. Budin
pour aider l'établissement de la sécrétion lactée peut, en pratique, s'il
est mal surveillé et mal compris, offrir plus d'inconvénient qucTalIai-
temcnt maternel seul, môme insuffisant pendant quelques jours. L'al-
(1) Réflumé de l'auteur.
LBPAGE 163
laitement mixte est en effet, en somme, un allaitement pathologique.
La surveillance de Tallaitement par le lait stérilisé est délicate.
Enfin il est à craindre que l'enfant auquel on donne une nourriture
supplémentaire ne tette plus avec avidité le sein maternel et ne favo-
rise pas par succion la sécrétion lactée.
— Thoyer-Hozat (Paris). — Rapporte un fait montrant que la
sécrétion lactée peut reprendre après huit semaines de cessation de
Tallaitement.
— Budin. — M. Lepage et moi, nous sommes d'accord sur le fond,
ce n'est que sur la façon de procéder que nous différons. L'essentiel est
de permettre à la st'^crétion lactée de s'établir normalement. Mais pendant
ce temps il y a intérêt à ne pas laisser souffrir les enfants, surtout les
débiles; il vaut mieux les aider (nourrice, lait d'ùnesse, lait de vache).
— Pinard. — Je me i)ermets d'insister sur ce qui vient de
vous être dit h propos de l'établissement et du rétablissement de la
sécrétion lactée. Depuis plus de vingt ans je ne cesse d'attirer l'atten-
tion des étudiants et des médecins sur ce point.
Il faut bien savoir que la sécrétion mammaire, qui s'établit régu-
lièrement le plus souvent, et de façon à être suffisante aux besoins de
Tenfant, peut présenter lors d'un premier allaitement une insuffisance
prolongée.
Je cite, j'ai publié et fait publier nombre de cas dans lesquels la
sécrétion lactci» n'est devenue suffisante que deux, trois, quatre et
même cinq mois après le début de Tallaitement. C'est bien le cas de
dire : la fonction fait l'organe. Aussi n'ai-je pu quesourireen entendant
des femmes, dont les enfants étaient nourris par des nourrices merce-
naires ou par le lait de vache, dire : o J'ai essayé de nourrir pendant
trois jours, huit jours, quinze jours; j'ai cessé parce que je n'avais i)as
de lait. »
Il faut protester contre un pareil langage qui n*est que l'expression de
l'ignorance ou qui sert de prétexte pour masquer un mauvais vouloir.
Quand la sécrétion se montre insuffisante, doit-on tout de suite
donner à l'enfant le lait d'une nourrice ou du lait stérilisé, comme le
conseille M. Budin, ou doit-on attendre comme le conseille M. Lepage ?
M. Lepage i)ense que l'enfant qui a une autre nourriture tette moins
ou avec moins d'avidité, que la glande n'est plus assez stimulée et que
la production de la sécrétion lactée ne i)eut guère augmenter dans ces
conditions ; il redoute de plus l'ingestion de lait stérilisé. Mais il est bien
entendu qu'il ne laisse pas les enfants mourir de faim.
Ce qu'il importe de savoir c'est que la sécrétion peut ne devenir suf-
fisante que très tardivement, après plusieurs mois.
164 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Enfin, et Tarnier insistait sor ce point, le lait de la mère, même pris
en petite quantité, agit comme un ferment sur le lait de vache et en
rend l'assimilation bien plus facile pour Tenfant.
6<» Présentation d'nn forceps.
— Crouzat (Toulouse).
7^ De la rupture des varices vulvaires au moment de l'accouchement.
— Besson (Lille) .
8<> Moyens préventifs contre la phlegmatia alba dolens et les varices
puerpérales.
— HagapofI (Constantinople).
90 Trois observations de diagnostic difficile dans la grossesse double.
— Veppier (Paris).
10» L'aseptogène conjonctival .
— Galdepon (Mexico). — Présentation de Tappareil.
Après une allocution du professeur Treub, président de
séance^ le professeur Pinard, président de la section, clôture
la Session par les paroles suivantes :
Mes chbrs Gonfrères,
« Avant de déclarer close la session du Xin« Congrès international
de Médecine, dans la Section d'Obstétrique, j'ai un devoir à remplir.
Je dois exprimer mes sentiments de gratitude à tous ceux qui ont
préparé d'abord, et assuré ensuite, la réussite de ce Congrès, et qui par
cela même ont rendu mon rôle si facile et si agréable.
J'adresse donc mes plus vifs remerciements : à nos Présidents
d'honneur, à nos Vice -Présidents qui ont présidé vos séances avec
autant d'autorité que de bonne gvkce ;
A nos deux Secrétaires généraux, M. Bar et M. Champetier de Ribes,
qui, par leur dévouement prolongé et incessant, ont atteint la perfec-
tion dans l'accomplissement de leur lourde tâche ;
A nos jeunes Secrétaires dont l'activité et le zèle n'ont jamais fait
défaut ;
VARNIER 165
Aux auteurs des communications si intéressantes que vous avez
entendues ;
A vous tous enfin qui, par votre présence assidue, avez certaine-
ment stimulé les discussions et rehaussé Tétatde ces réunions.
Je puis dire en terminant que toutes nos espérances ont été réa-
lisées.
Nous avons bien travaillé : il m'est permis, je crois, de dire que nos
travaux ne seront pas inutiles à la marche du progrès en obstétrique.
Nous allons sortir dlci plus éclairés et imr cela môme plus puissants ;
ce qui veut dire, pour ceux à qui nous devons donner nos soins : moins
de souffrances et moins de morts. Nous savons, de plus, les direc-
tions que nous devons imprimer à nos recherches futures. Si j'ajoute
à cela que ces réunions permettent de se connaître mieux, de s'appré-
cier plus et de s'estimer davantage, vous comprendrez pourquoi je
vous convie sincèrement au prochain Congrès, en souhaitant que nous
nous y retrouvions tous. Je vous dis à tous du fond du cœur : Merci ! »
Le XIY* Congrès aura lieu à Madrid en 1903.
A. GouvELAiRB, interne des hôpitaux.
RADIOPELVIGRAPHIE A LONGUE PORTÉE
(NOTES DE LABORATOIRE)
Par n. Varnler.
Bevoyvz el-detsus et comparez : d'ane part les figures l, page 136 et S, page 139 ; d'autre
part les figures 1, page 148 et 2, page 149, qui représentent; réduites au quart, des radio
graphies du bassin en pronatlou, faites avec une ampoule plac^ à 51 centim. de la plaque
et à rinteraection des plans sagittal et bl*épineax. Vous jugerez qu'au point do rue de
« ridentiflcfttlon > d'un bassin les figures 1 et 5 sont supérieures à celles des pages 148
et 149.
Si nous cherchons la raison de cette supériorité, nous constatons qu'elle est tout entière
dans le lllhoaettase complet du détroit supérieur qui fait, au contraire, défaut sur les
lignes de coADparalson. Quiconque a Thabitude de manier et de radiographier des bassins
remarquera Immédiatement que les bassins qui présentent ur.e cambrure lombo-sacrée, un
redressement de la pointe du sacrum, une projection de sa base suttlsants |iour permettre
wt benrcux silhouettage du promunti>irc, dans l'attitude en prouation ci-dessus docrile,
sont absolument exceptionnels. I^ figure 2, page 137, voua donnera l'Idée du redressement
saoré qui l'A rendu possible une fois en passant.
Fit;. 1.
VARNIËR
167
rreooz maintenant 10 basiins aplatis quelconques et tcDOz-les devant vous en supination
(comme celui de la figure 2, page 137). Placez-yous de façon que votre rayon visuel, les
Fm. ?.
abordant par le détroit Infërieur, se confonde avec l'axe prolongé de leur détroit supérieur.
Tous verres dans tous les cas !>e découper nettement, tnr la toile de fond (comme sur la
FiG. 8.
figure S, page 137), la totalité du contour du détroit supérieur, y compris le promontoire.
Ayez l'idée de remplacer votre œil par l'anode d'une ampoule radiographiquc , et la toile
de fond par une plaque sensible. Mettez l'ampoule en action pemlant deux à trois
168
RÂDIOPELVIGRAPHIE A LONGUE PORTEE
minutes, et vous obtiendrez de vos dix bassins, des ndlotypes sur lesquels le fn^omonteire
sera aussi nettement silhouetté quMI Va i-të, par exception et par hasard, sur les tkgnre» 6e^
pages 137, 138 et 139.
II
Mais si le silhouettage du détroit supérieur rend ces radiotypes plus lisibles que les rMUo-
types courants, il ne leur fait rien gagner on pende chose sur ces derniers quant à V^gna-
dissement et à la déformation du bassin en expérience.
En eberchant à corriger cette déformation, à diminuer cet agrandissement (qui apparais-
sent nettement pour les radiotypes courants sur la figure 1, page 186) Tidëe vous rfesadra
sans doute, comme elle m'est venue, d'éloigner progressivement — toujours dans la direc-
tion de Taxe prolongé du détroit supérieur — la source du cône de rayons X.
Les études d'éloignement faites à l'écran (radioscopie) par notre préparateur, Jf. Aabert,
montrent qu'en plaçant l'ampoule & 2 m. 60 on a d'une plaque négative d'aocamolatear
de 105 millim. de côté, tenue à 20 ceutlm. de l'écran, une projection en vraie grandeur.
Appliquons cette donnée à la pelvlgraphie.
La figure 1 (cl^ontre) indique le dispositif de l'expérience radio-pelvfgraphlqoe.
La figure 2 représente les rayons, tendant au parallélisme, qui vont découper sur la pla-
que sensible le derrière du pubis et l'avant du promontoire.
La figure 3 est le calque (réduit au quart) du radiotype obtenu dans ces conditlona avec
le bassin figuré, p. 137.
Mesurons et comparons sur cette figure 3 (le radiotype) et sur le bassin sec loa diiaeo-
siona transversales du sacrum, du détroit supérieur, 'du détroit moyen, plus le dlatnèirp
autéro-potitérieur ou promonto-pubien.
Nous avons :
BADIOTTPE BASSIN SBC DIFFÂRKXCS
Transverse maximum . . 132 millim .
Largeur du sacrum .... 118 —
Bl-sclatique 116 —
Promonto-pubien 75 —
130 millim.
117 —
112 —
75 —
-f 2 millim,
+ 1 -
+ 4 -
0 —
Non seulement, pour le bassin en question, les dimensions utiles sont ramenées à une
dcformatipn miuima. Mais, ainsi que le montre la comparaison de la figure 3 ci-eoutre «t
de la figure 1, p. 136, la physiouomie d'ensemble du bassin est très rapprochée de la nature.
Quelques chiffres le prouveront.
nADIOTTPK KX
PROXATIOX A
51 CENTIM.
RADIOTTrX KN'
8CPINATI0N A
2«60
BASSIN SBC
Diamètre bi-épineux 830 millim.
Milieu du pubis à bord externe du fémur. 166- -«
Milieu du pubis au grand trochanter. . . 172 —
350 millim.
146 —
168 —
S60 millim.
145 —
163 <-
Sans désemparer faites défiler dans les mômes conditions, 10, 20 bassins secs de type
courant. Vous tous assurerez qu'il ne s'est point agi, dans l'expérience ci-dessus rapports
comme type, d'un jeu du hasard et que, pour les dimensions transversales en particulier,
les dilTérences entre le radiotype et la nature sont insignifiantes.
Appropinquamuê igitur, {A suivre,)
Le Gérant: G. Steinhbil.
IMPRIMERIE A.-a. LKMALB, HAVRE
SEPTEMBI^E-OGTOBRE 1900
TUBERCULOSE DE LA PORTION VAGINALE DU COL DE L'UTÉRUS
I>-A.THOLOaiE. T>XJL,GNO&TXC ET TB-A.ITEMENT (1)
Par Henry D. Beyea (de Philadelphie).
La tuberculose des organes génitaux de la femme a été
connue du monde médical il y a bien des années. Raymond, un
auteur français, et d'autres décrivirent des lésions de ces orga-
nes dès 1831. Ces études, et celles qui suivirent pendant plus
de cinquante ans, ne furent à la vérité que de simples décou-
vertes de lésions très avancées, constatées chez des sujets mou-
rant de phtisie ou de tuberculose plus ou moins généralisée.
Elles n'avaient d'intérêt que pour le pathologiste. On pensait
alors, comme il était affirmé par Lebert et Rokitansky, que le
diagnostic de la tuberculose génitale chez la femme vivante
était impossible. La première publication, digne d*étre men-
tionnée et dans laquelle la maladie tuberculeuse est envisagée
au point de vue clinique, fut celle d*Hegar : Die Entstehung^
Diagnose und chirurgische Behandlung der génital Tuber-
culose des Weibes. Ce travail marque nettement un progrès
dans nos connaissances sur la pathologie précoce, le diagnos-
tic et le traitement de la tuberculose génitale ; il a constitué
une base pour des études pratiques plus minutieuses et plus
étendues durant les années qui ont suivi. Les écrits et les
études personnelles sur la tuberculose des trompes de Fallope,
des ovaires et du vagin sont, à Theure actuelle, fréquents, et
l'on peut dire que leur pathologie et leur signification patho-
(l) Communication an XIll^ Congrès international de» Sciences médi*
eates^VaTis, août 1900.
A.NX. DB GYX. - VOL. LIV. 12
170 TUBERCULOSE DU COL DE L*UTÉRUS
logique sont maintenant aussi bien appréciées que celles de
la tuberculose dans une région quelconque du corps.
Cependant la tuberculose de la portion vaginale da col de
l'utérus n'a pas été Fobjet d'une attention aussi grande, bien
que, cliniqsement, son importance soit aussi considérable.
L'infection tuberculeuse est, ici, un fait très rare; mais il a paru
à l'auteur que la pathologie, la symptomatologie et le traite-
ment d'un nombre suffisant de cas n'ont pas été suffisamment
décrits pour justifier des déductions ayant une valeur pra-
tique.
Mes recherches dans ce sens, desquelles je ne puis vous
donner qu'un court résumé de conclusions, furent commencées
par l'observation clinique et l'étude pathologique d'un cas de
cette maladie, suivies de l'étude de 32 cas post morterrif de
22 observations cliniques, et de 15 cliniques et post mortem
recueillies dans la littérature médicale.
Le cas que j'observai fut admis à VUniversity Hospitalj le
27 mars 1899.
11 s'agissait d'une Américaine blanche, figée de 23 ans.
Antécédents personnels et familiaux bons, sans tare tuber-
culeuse. Mari bien portant. Mariée en octobre 1898; jamais
enceinte. Première menstruation à 18 ans, mais très faible,
règles ne revenant que tous les deux, trois et cinq mois.
Jamais menstruée depuis son mariage. Leucorrhée profuse
et très fétide depuis environ trois ans. Deux fois, après le
coït, survint un faible écoulement de sang . Depuis la puberté,
elle a ressenti tous les mois ou tous les deux mois, sans qu'il y
eût de relation entre ces phénomènes et la menstruation, des
crises de douleurs lancinantes dans la région inguinale gau-
che, qui lui paraissaient causées par l'exercice. A son avis, la
maladie actuelle datait de sa dix-neuvième année, époque à
partir de laquelle sa santé aurait graduellement décliné. Deux
semaines avant son entrée à l'hôpital, elle fut prise de fortes
douleurs dans le côté gauche du ventre ; elle ressentit aussi des
douleurs dans le dos, de la céphalalgie frontale, des douleurs
BBYEA 171
dans les extrémités inférieures ; elle eut de la fièvre, de Taccé-
lération du pouls ; elle se sentit très épuisée et fut forcée de
s*aliter. Après quelques jours d'un traitement « pour la
grippe », elle fut mieux et en état de quitter le lit. Mais, à cause
de la douleur persistante dans le côté gauche du ventre et d'un
écoulement vaginal muco-purulent, fétide et profus, son méde-
cin soupçonna une maladie utérine et ovarienne, et, en consé-
quence, procéda à un examen vaginal. Il trouva la portion
vaginale du col ferme, indurée et le siège d'une production
pathologique qui saignait facilement au toucher. Soupçonnant
fortement un cancer du col, il confia la malade à mes soins.
Lors de son entrée à Thôpital, la femme accusait encore : des
douleurs fortes dans la région inguinale gauche, des douleurs
dorsales, sacrées, de la céphalalgie frontale, de la perte des
forces et du malaise général . L'examen soigneux de l'urine
établit que, microscopiquement et chimiquement, sa composi-
tion était normale.
Examen vaginal, — Orifice du vagin et vagin d'une nuUipare
et normaux. Portion vaginale du col de forme très irrégulière, et
très hypertrophiée, prèsdedeuxfoislevolume normal. Muqueuse
du col, en bordure de Torifice externe, érodéeet d'un rouge-
rose vif. Toute la surface vaginale du tissu sous-jacent était
ferme, indurée, saignait aisément au toucher et, sous certains
rapports, rappelait par son aspect le début d'un épithélioma en
chou-fleur de la portion vaginale. A une exploration minu-
tieuse, la cavité cervicale parut dilatée, elle admettait l'extré-
mité de rindex. Le doigt explorateur découvrit une production
irrégulière, papillaire, de la grosseur d'une noix, prenant
racine dans la paroi postérieure du col, au voisinage de Tori-
fice externe. Elle se détachait d'une surface plutôt large, i cen-
tim. 5 de diamètre environ, emplissait et dilatait le col, et de
la paroi postérieure proéminait dans le vagin. Ce néoplasme
avait le même caractère que la maladie moins étendue, signalée
comme érosion, qui partait du canal cervical et entourait Tori-
fice externe dans d'autres directions. Point d'ulcérations, ni de
modifications nécrotiques constatables à l'œil nu. Le processus
172 TUBBBCULORB DD COL DE l'uTBROS
pathologique était nettement limité au canal cervical et A la
portion vaginale d'une façon tout à fait semblable à une éro-
sion papillaire sur un col de nullipare. Les prolongements
papillaires semblables â de petits doigts, étaient attachés A un
tissu cervical sons-jacent. nettement induré. Ils n'étaient pas
Fia. I. — Tub«rca1oBe papttlaire. Eodocervicit^ et byperplaBie (Bejea).
friables, mais élastiques au toucher; bien que tout le col fût
ferme et dur, il ne présentait pas, cependant, une résîstaoce
aussi grande que la résistance dans n'importe quelle variété de
cancer. Le saignement provoqué par le toucher était faible et
ressemblaità celui qui se produit quelquefois dans l'érosion
papillaire du col. L'utérus était en rétroversion au second
degré, légèrement mobile et de très petit volume. L'ovaire gau-
che était prolabé et adhérent en arrière de l'utérus.
BETEA 173
Pas de nodules appréciables le long de la trompe, bien qu'on
pût nettement constater que cet organe était induré et malade^
La trompe gauche et Tovaire correspondants étaient aussi for-
tement adhérents et malades, et en rapport immédiat avec la
paroi latérale de Tutérus. De l'historique précédent, de l'as-
pect et de la structure du col dégénéré, on conclut que les lésions
observées pouvaient être dues à une des trois maladies, rares,
suivantes : a) tuberculose du col, b) adénome malin du col, ou
c) syphilis du col.
A cause de l'âge de la femme, de l'aménorrhée chez une
nullipare, du fait que la production morbide émanait de la
muqueuse du canal cervical et non de la portion vaginale du
col, qu'elle ne présentait aucune tendance à la friabilité et don-
nait une sensation de demi-élasticité, nous fûmes tout de suite
convaincu qu'il ne s'agissait pas d'un épithélioma en chou-
fleur de la portion vaginale, et que le néoplasme n'avait aucune
ressemblance avec les autres formes de cancer de cette portion
de l'utérus.
Comme il n'y avait dans l'anamnôse rien qui fît penser à une
syphilis acquise chez la femme ou le mari, qu'il était impos-
sible de découvrir sur la peau de la malade un stigmate de cette
diathèse, étant donnés d'autre part l'aménorrhée et d'autres
symptômes antérieurs au mariage, vraisemblablement causés
par la maladie tuberculeuse, l'hypothèse de la syphilis fut pres-
que complètement écartée.
L'absence prolongée de l'écoulement menstruel coïncidant
avec la présence de trompes et d'ovaires fortement adhérents,
et le petit volume de l'utérus militaient contre le diagnostic
d'adénome malin ; cependant, nous n'étions pas entièrement con-
vaincu que cette affection n'existait pas pour le néoplasme
ayant son origine dans la muqueuse cervicale.
Santé très bonne pendant une longue période, aménorrhée
avec absence complète du flux menstruel pendant six mois,
présence d'une masse papillaire dans le canal cervical chez la
femme saine et nullipare, un utérus petit, une affection tubaire
sûrement chronique, avec cela, exclusion rationnelle de tou-
174 TUBERCULOSE DU COL DE L^UTÉRUS
tes les autres maladies énumérées, toutes ces raisons m'incli-
nèrent à poser, à Thôpital, le diaignostic : tuberculose du col,
rétroversion de Tutérus et tuberculose des annexes.
Toutefois, fidèle à notre manière habituelle de faire, un frag-
ment du tissu papillaire fut excisé et soumis à l'examen micros-
copique, lequel établit qu'il s'agissait bien de tuberculose : tuber-
culose papillaire.
L'opération, curettage à fond, amputation haute du col et
salpingo-oophorectomie bilatérale, fut pratiquée le 23 mars 1899.
La malade se refusa à une opération plus radicale.
La convalescence évolua normalement, et seize mois après
l'opération, la femme avait gagné en poids plusieurs livres ;
aucun symptôme nouveau. L'examen de la poitrine et du ventre
ne révéla rien d'anormal ; il n'y avait aucune apparence de
reliquats de tuberculose: en somme, la femme paraissait jouir
d'une santé parfaite.
Examen macroscopique, — Le fragment amputé de la portion
vaginale du col présentait une muqueuse vaginale lisse et une
surface érodée ou pourvue de petits bourgeonnements papil-
laires. La masse papillaire commençait dans Tintérieur du col
à 1 centim. environ de Torifice externe et s'étendait jusqu'en
dehors de cet orifice, comme il a été noté plus haut. La masse
morbide était plus étendue et mieux développée sur la paroi pos-
térieure et sur la lèvre postérieure de la portion vaginale du col,
formant à ce niveau comme un nodule. La musse nodulaire se
continuait directement avec des excroissances, tout à fait simi-
laires mais moins importantes, entourant le canal cervical et Tori-
fice externe. Il y avait en outre une érosion papillaire étendue,
composée de minimes prolongements comme de très petits
doigts, de coloration rouge, de consistance élastique, quoique
ferme, et ne suggérant aucune idée de modifications dégénéra-
tives. Les trompes de Fallope étaient le siège d'une endo-sal-
pingite chronique. Macroscopiquement, les ovaires étaient
normaux.
Examen microscopique. — Les coupes, pour l'examen micros-
copique, furent conduites longitudinalement, parallèlement à
BBTBA 176
la direction dn canal cervical, sur toute la longueur du col amputé.
Sur toutes ces coupes, l'épithëlium squameux de la portion vagi-
nale du col présentait des lésions inflammatoires , commençant
par de la prolifération à un cent, environ de l'orifice externe et
s'accentuant en certains points jusqu'à produire une destruction
complète de l'orifice externe. Au-dessous de l'épithélium squa-
meux, apparaissait en général une infiltration considérable de
petites cellules rondes avec de nombreux leucocytes, infiltration
qui, jusqu'à une certaine hauteur, intéressait même la couche
FlO. 2. — Tuberculose du col de l'utérus. A gauche de la coupe on vât dea
papitlca h;perplaai6eB.
épîthéliale, squameuse . Les papilles, dont il est question comme
prenant leur origine dans la cavité cervicale et saillant au delà
de l'orifice externe, sous forme de prolongements très fins,
étaient accolées entre elles et tapissées par des cellules épithé-
liales hautes et cuboldes. Le stroma était infiltré de petites cel-
lules rondes, de leucocytes polymorphes, et, çà et là, d'une infi-
nité de tubercules contenant, souvent, une cellule géante, typi-
que, de Langhans. L'endométrium sous-jacent et une portion
176 TOBBRCDLOBE DU COL DB l'oT^HDS
considérable du tissu musculaire préseotaient les mêmes altéra-
tions de structure.
Il ne fut constaté, sur aucune coupe, des altérations dégéné<
ratives vraies ; mais, partout, on pouvait apercevoir une trans-
formation profonde de nature fibreuse, indiquant plutât an
début de tuberculose jibroide chronique.
L'examen microscopique de l'endométrium corporéal et des
trompes de Fallope y démontra la tuberculose, avec les mêmes
Flo. 3. — Tiiberculoio du ciirpB de l'ulérud.
altérations et à la même période. Des coupes de l'endométrium
du col, du corps de l'utérus et des trompes de Fallope furent
colorées pour la rechercbe du bacille de la tuberculose et, dans
chacune, on trouva quelques bacilles.
Il ne fut pas possible de préciser (e siège primitif de l'infec-
tion; mais il y a lieu de penser qu'il s'est agi d'une tubercu-
lose descendante.
BBYBA 177
Diagnostic. — Tuberculose chronique diffuse de la portion
vaginale du col (endométrium et tissu musculaire), du col (hyper*
plasie endocervicale papillaire, tuberculeuse), et des trompes
de Fallope.
J'ai pu, comme il a été dit, recueiUir dans la littérature médi*
cale 68 cas d'infection tuberculeuse de Tutérus au-dessous de
Torifice interne ; avec le mien, cela fait un total de 69 cas ;
30 de ces cas furent des trouvailles d'autopsie, où les lésions
qui nous intéressent étaient associées à d'autres lésions tuber-
culeuses très avancées, situées en d'autres régions du canal
génital et en d'autres régions du corps ; 2 des découvertes
d'autopsie, de tuberculose primitive du col (Friedlander et
Kaufmann) ; 22, des observations purement cliniques : de celles-
ci, dans 3 il existait des lésions semblables en d'autres régions
du tractus génital et en d'autres régions éloignées du corps ;
dans 4 seulement des lésions similaires dans des régions éloi-
gnées de l'organisme; dans 9 enGn, les lésions étaient exclu-
sivement localisées dans le col, ou bien on omit de noter si elles
coexistaient avec d'autres ; 15 cas furent observés pendant la
vie et post mortem; dans tous ces cas les lésions du col étaient
associées à des lésions tuberculeuses en d'autres points du corps.
Age des malades. — Il fut noté dans 57 cas : de 17 à 20 ans,
6 cas ; de 21 à 30, 27 cas ; de 31 à 40, 9 cas ; de 41 à 50, 5 cas ;
de 51 à 60, 5 cas ; de 61 à 70, 3 cas ; de 71 à 79, 3 cas, chiffres
qui montrent nettement que la maladie est le plus fréquente
pendant la période de Vactivité sexuelle. 11 parait ne pas y
avoir de relation entre le caractère de la tuberculose et l'âge
de la malade.
La maladie était limitée à la portion vaginale dans 19 cas,
et au canal cervical dans 6 cas. Dans les autres 44 cas, elle affec-
tait à la fois la portion vaginale et le canal cervical.
Les caractères cliniques divers du processus permettent
d'établir nettement 3 variétés : a) ulcération tuberculeuse du
col ; b) hyperplasie endo-cervicale, papillaire, tuberculeuse du
col ; c) tuberculose miliaire du col.
178 TUBERCULOSE DU COL DE L^UTÉRUS
a) Forme ulcérative. — Elle se présente sous la forme
tantôt d'une ulcération étendue, tantôt d'ulcérations multiples,
petites, lenticulaires, distribuées sur la portion vaginale ou sur
la cavité cervicale, ou bien sous forme d'un processus ulcératif
creusant complètement la cavité cervicale et détruisant la por-
tion vaginale. Habituellement, le processus ulcératif évolue
autour de Forifice externe, gagnant de là la cavité cer-
vicale et la portion vaginale. En d'autres cas, on a vu une
ulcération située sur la portion vaginale, et entourée par une
muqueuse normale. D'ordinaire le fond de Tulcération a une
teinte qui va du blanc au jaune.
Quand Tulcération est assez profonde, les bords en sont
aigus. Souvent le col était hypertrophié. Le microscope per-
mettait de constater une surface nécrotique, au-dessous de
laquelle toutes les altérations anatomiques étaient celles d'une
tuberculose chronique, diffuse. Ces altérations de tissu étaient,
dans les cas au début, limitées à la muqueuse et aux éléments
musculaires, immédiatement sous-jacents, du col. Mais, dans
les cas avancés, le tissu musculaire était profondément atteint,
jusqu'à presque une destruction complète de tout le tissu cer-
vical. On chercha à prélever des bacilles dans les tissus, et on
en trouva dans 16 cas ; dans un cas, on en constata dans l'écou-
lement vaginal. Dans 2 cas où on s'appliqua soigneusement à
en prendre, il n'en fut pas trouvé.
b) Hyperplasie endo-cervicale^papillaire, tuberculeuse. —
Cette forme de tuberculose atteint l'endométrium cervical, par-
ticulièrement la moitié inférieure, et se prolonge au delà sur la
portion vaginale du col comme le fait l'érosion papillaire com-
mune. Mais ces érosions ont des tendances hyperplasiques très
accusées ; elles sont très fréquemment l'origine de tumeurs, et
dans un cas la masse morbide avait la grosseur d'une pomme
(Emanuel). Toujours le col était induré, et, habituellement, de
forme irrégulière. Il était induré, mais élastique. Le néoplasme
était composé de prolongements comme de petits doigts, et de
coloration rouge-vif. Rarement, on constata des signes de
caséification.
179
L'étude microscopique des altérations pathologiques de quel-
ques-uns de ces cas montre avec beaucoup d'évidence qu'au
début il s'agît d'une endo-cervicite catarrhale tuberculeuse,
s'étendant aux éléments glandulaires, produisant souvent une
Fio. 4. — Tuberculose papillaire. Endooervicite hyperplatlque (FrAokel).
hypertrophie excessive et une hyperplasie des cellules glandu-
laires, et même une transformation en cellules cpithélioïdcs et
en tubercules miliaires. D'autres fois, les cellules glandulaires
étaient peu altérées et le processus tuberculeux plus accusé
dans lestroma. Le stroma était toujours plus ou moins atteint.
Sauf dans un cas, les modifications anatomiques étaient celles
180 TUBBRCITLOSB DU COL DE l'dTÉRUB
de la tuberculose ckronique dilTuee. Daas ces 2 cas, il s'agis-
sait d'une tuberculose fibroTde chronique.
De l'examen attentif de plusieurs descriptions et de l'éUide
soigneuse du casque j'ai eu en observation, il m'a paru, abstrac-
Fio. 5, — Tuberculose pdpillaire. Endocarvîdte byperptaaîque (FriUikel|.
tion faite de la présence du tissu tuberculeux, que par ses carac-
tères macroscopiques cette variété ressemble beaucoup à l'éro-
sion papillaire décrite par Ruge et Veit,avec hyperplasie exces-
sivede tous les éléments anatomiques, donnant macroscopiqne-
ment l'aspect des productions papillaires ou même de petits
néoplasmes en choux-fleurs. Ce n'est pas une forme végétative
BBY£A 181
OU papillomateuse, comme il en a été décrit par Cornil, Vitrac,
Frânkel, etc. ; mais une érosion papillaire excessive, au sens
donné par Ruge et Veit, causée par T infection propre au bacille
tuberculeux. Le bacille tuberculeux a été trouvé dans les tissus
8 fois sur les 14 cas publiés. Zweifel et Michaelis se sont appli-
qués à recueillir les bacilles dans les tissus, mais ils n'en on^
pas trouvé.
c) TuberculSse miliaire du coL — On a rapporté 2 cas de cette
variété (Virchow et Rigal-Cornil). Cette variété est caractérisée
par la présence de très petits tubercules, miliaires, disséminés
sur la portion vaginale, et associés à de la tuberculose avancée
et étendue en d'autres régions du corps.
Le plus grand nombre des cas de tuberculose du col corres-
pondent à des infections secondaires; il n'est que 3 cas dans
lesquels il fut suffisamment établi qu'il n'existait de tuberculose
ni dans aucun autre organe, ni dans aucun autre tissu (cas de
Friedlander, Kaufmann et Michaelis). Des cas d'infection primi-
tive possible du col, avec infection secondaire des autres régions
du tractus vaccinal et d'autres points de Torganisme, sont ceux
d*Emanuel. de Mayer, Zweigbaum, Derville, Vitrac et Bouffe.
Symptomatologib. — Les symptômes delà tuberculose du col
sont vagues, ils n'ont rien de nature à caractériser la maladie.
Dans la plupart des cas, ils ont pu être rapportés à des lésions
de Tutérus, des trompes et du péritoine. Habituellement, les
malades étaient bien nourries et en bonnes conditions physiques.
Rarement, elles étaient anémiques, rarement la santé paraissait
compromise. Beaucoup accusaient du malaise, des douleurs
vagues et irrégulières dans la partie inférieure de Tabdomen
(sensation de pesanteur dans le bassin et douleurs sacro-dor-
sales plus ou moins fortes).
Le symptôme le plus commun, dans les cas soigneusement
observés, a consisté dans une leucorrhée purulente, anormale-
ment profuse, de temps à autre teintée de sang. La leucorrhée
purulente fut notée 24 fois sur 37 cas soumis à l'observation
clinique seule.
' Ménorrhagie dans 13 cas. Dans 4 de ces cas, l'utérus était
182 TUBERCULOSE DU COL DE l'utÉRUS
augmenté de volume. En outre dans 1, il y avait une tumeor
fibreuse, et dans 2 autres rétroversion de l'organe.
Aménorrhée dans 12 cas. Dans 5 d*entre eux, Tutérus était
anormalement petit ; dans un autre, très augmenté de volume.
Dans 4 cas, dans lesquels la menstruation était régulière, le
volume de Tutérus était normal.
Il semble que la ménorrhagie et Taménorrée dans la tuber-
culose du col ont une corrélation très étroite i^ec Taplasie et
rhyperplasie de Tutérus ou avec des maladies indépendantes
de la matrice.
Les symptômes objectifs dépendent de la forme de la lésion
tuberculeuse.
Les 2 variétés importantes au point de vue clinique sont : a) la
variété ulcéreuse, et b) Tendocervicitehyperplasique, papillaire,
tuberculeuse. Peut-être qu'à première vue, la maladie du col,
dans ces cas, ressemble soit à Tépithélioma en chou-fleur, soit
à l'excavation cratériforme du cancer du col. Toutefois, me
basant sur Texpérience que j'ai de la première variété et accep-
tant la description faite de la seconde par Kelly, je me sens
autorisé à affirmer qu'il existe de nombreuses différences entre
le cancer et la tuberculose du col.
Et, puisque l'expérience de tout autre observateur est restée
limitée, je me sens en droit de contredire absolument Topinion
de Péan et d'autres auteurs qui ont décrit ces cas comme
ayant tous les caractères du cancer. On peut affirmer que si
Texamen du col est fait par un clinicien expérimenté, possédant
bien nos connaissances actuelles sur la pathologie de cet organe,
il sera possible de distinguer ces maladies l'une de l'autre.
La forme papillaire de la tuberculose du col saigne au tou-
cher, mais non si aisément ni si abondamment que le cancer du
col. Le saignement peut être comparé à celui qui se produit
parfois dans les cas d'érosion papillaire du col déchiré. Le
tissu dans la tuberculose du col n'est pas friable, mais il procure
une sensation élastique, de velours, qui n'existe jamais dans le
cancer. Il y a de l'induration, mais non aussi marquée que
l'induration dans l'adéno-carcinome. D'autre part, le tissa
BBYKA 183
est plus résistant que celui de Tépithélioine de la portion vagi-
nale. Dans la plupart des cas de la variété papillaire^ le tissu
de la portion vaginale est lobule, la portion vaginale du col
de forme irrégulière, et les tissus papillaires émanent de la
cavité cervicale qu'ils remplissent d'ordinaire. La forme ulcéra-
tive est une nécrose plus ou moins étendue, une ulcération ou
des ulcérations à bords tranchés, aigus, couverts de tissus
caséeux. Ici, également, le tissu donne une sensation élastique.
On n'y rencontre pas la friabilité du tissu du carcinome, et
l'induration diffère nettement de celle du cancer. L'histoire,
l'âge de la malade et la durée de la maladie sont d'importants
facteurs du diagnostic.
L'endocervicite hyperplasique, papillaire, tuberculeuse, par
son aspect et sa structure ressemble à Térosion papillaire, non
tuberculeuse, excessive du col, et la présence d'une érosion de
cet ordre, saignant facilement, particulièrement dans les cas
où il existe des antécédents tuberculeux, doit éveiller Tidée de
tuberculose et indique la nécessité de l'examen microscopique
avant de songer au traitement. L'érosion papillaire tubercu-
leuse ressemble aussi, par son aspect et sa structure, aux cas,
rares, d'adénome malin du col. En outre, cette variété,
sous certains rapports, rappelle le condylome syphilitique du
col.
La forme ulcéreuse ressemble au chancre, ou cancroïde
syphilitique, à Yulcus rodens ou cancer du col. Les éléments
du diagnostic différentiel dans les deux premiers cas sont con-
nus. Dans le dernier cas, il faudra utiliser les symptômes
objectifs et Texamen microscopique.
Comme pour le carcinome du col au début, le diagnostic de
la tuberculose du col doit être toujours un diagnostic de pro-
babilité, qu'il faut confirmer par l'examen microscopique d'un
fragment de tissu. Ce fut là la méthode de diagnostic pour 10
des cas dont il a été question.
Le diagnostic clinique dans 51 des cas rapportés dans la
littérature fut posé comme suit : cancer ou cancer soupçonné,
14 ; sarcome, 1; ulcération du col, 4 ; ulcxis rodens, 1 ; néo-
184 TUBERCULOSE OU COL DE L*UT£RU8
plasme végétant da coly 1; maladie indéterminée du col, 2;
phtisie ou péritonite tuberculeuse^ 28 ; méningite tubercn*
leuse, 1 ; apoplexie, 1; tumeur abdominale, 2; carie de la colonne
vertébrale, 1.
Traitement — Le traitement de la tuberculose du col doit
ressembler beaucoup à celui de la tuberculose des trompes de
Fallope, des ovaires et du corps de Tutérus : en règle générale,
il sera chirurgical. Dans les cas où des lésions tuberculeuses
étendues existent en d'autres régions du corps, ou dans lesquels
la tuberculose génitale est une des moindres causes de l'altéra-
tion de la santé, le traitement doit se borner à des applications
locales ou à la cautérisation du col. S'il existe une tuberculose
latente dans une autre région du corps qui ne risque pas de
recevoir un coup de fouet des mesures chirurgicales nécessaires,
le traitement devra être radical, l'hystérectomie totale est indi-
quée. Au cas où la tuberculose des trompes, de l'ovaire, de
Tutérus coexiste avec la tuberculose du col, dans ces con-
ditions encore, l'hystérectomie totale est l'opération de choix,
bien que dans les cas que j'ai eu à traiter le curettage et la
salpingo-oophorectomie aient aussi bien procuré la guérison.
La tuberculose limitée au col et à Tendométrium corporéal est
justiciable surtout de l'hystérectomie ; mais le curettage et
l'amputation du col ont donné la guérison. La tuberculose
primitive, isolée du col, est justiciable d'une thérapie sem-
blable; toutefois, l'hystérectomie est moins indiquée. Les
applications locales, la cautérisation sont au plus des moyens
palliatifs qui doivent être rejetés, sauf dans les cas où il existe
des lésions tuberculeuses étendues en d'autres régions du corps.
15 des cas, dont il a été question dans ce mémoire, ont été
traités chirurgicalement : 10 par Thystérectomie totale ; 1 par
le curettage, l'amputation du col et la salpingo-oophorectomie
bilatérale, et 4 par l'amputation du col ; on se borna à des appli-
cations locales dans il cas.
Des femmes qui subirent la panhystérectomie, 7 guérirent :
l'une d'elles était encore bien portante après trois ans et demi,
i autre après quatre mois ; 3 moururent, 1 de sbock après l'opé*
BBTBA
185
ration, 1 de phtisie et 1 de péritonite tuberculeuse. Des cas dans
lesquels Popération consista dans l'amputation du col, 2 guéri-
rent et restèrent bien portantes, 2 moururent de phtisie. La
femme qui fut traitée parla salpingo-oophorectomie bilatérale, le
curettage et l'amputation élevée du col, était encore, seize mois
après l'intervention, libre de tout malaise. Enfin, de celles
qui furent soumises à des applications locales, 1 est notée
comme ayant guéri, et 5 comme temporairement améliorées ;
par contre, chez 6 les lésions auraient progressé.
Airs. DE GTX. — VOL. UV
13
DIAGNOSmC ET TRAITEMENT
DU CANCER DU CORPS DE L'UTÉRUS
Pftr es. CUMcrfaU (Bolognay.
La première communication que j'ai faite, sur le même
sujet, a été publiée dans le compte rendu du Congrès médical
international de Rome de 1894 (1).
J^ai annoncé dans cette communication, faite alors que je
demeurais encore à Parme, que sur 150 cas de cancer de l'uté-
rus, 8 fois seulement j'avais observé le cancer primitif du corps
(5,33 p. 100) le col étant tout à fait sain.
Dans tous les cas le diagnostic fut fait au moyen de l'exameii
microscopique des pièces obtenues par le curettage, en consé-
quence, dans tous les cas j'ai proposé Thystérecfomie vaginale;
6 malades acceptèrent Topération qui fut exécutée par moi.
1 fut opérée par un de mes collègues à Rome, près de ses
parents ; 1 de mes opérées succomba à la suite de ropératioD
4 autres dont j'ai relaté l'histoire clinique dans la communica-
tion précédente, sont décédées à la suite de récidive ; de même
la femme opérée à Rome a succombé aux suites d*ane récidive.
3 seulement survécurent à Fopération. Elles étaient bien pa^
tantes à Tépoque de la première publication, elles Tétaiest
encore dans Tannée 1898 et elles le sont encore à présent
ainsi que je l'apprends par les réponses que j'ai sollicitées de»
maires des pays dans lesquels elles demeurent.
J*ai promis dans ladite communication de donner ultérieu-
rement des nouvelles de ces cas ; je le fais aujourd^hai au coih
grès de Paris, remplissant ma promesse faite au congères de
(1) Beitnge zar Dûk^iioee ond Thérapie des UteroBkrriien, BerL i«<«
Woek,^ 18M, n* 15.
CALOBIIIKI 187
Rome, après six ans écoulés, suivant ainsi la maxime de dos
ancêtres: Promisst'o boni viri fit oblig&tio.
Les 3 femmes qui ont survécu sont :
R. C, n" 43, opérée le 2K. 4'. 1891.
G. L., B 37, » 10. 2'. 1892.
B. F., . 54, » 15. 3*. 1893.
Voici en abrégé les histoires cliniques de ces 3 femmes.
0». 1. — R. C..., âgée de 38 ans. Le père est mort phtisique, la
(*
fi
'■^
wr'v...^-
FlO. 1. — Ailiiio-carciaome du corps de l'utérus,
mère est morte de maladie oignS, une sœur est morte d'hémorrtiagie
188 TRAITEMENT DU CANCER DU CORPS DE l'utÉRUS
utérine. Première menstruation à 15 ans. Mariée à 20 ans. Ilpare.
Pendant la deuxième grossesse, elle eut de Fanasarque et des
couches morbides.
Depuis trois ans elle avait des hémorrhagies pour lesquelles elle fut
admise cinq fois à l'hôpital . Elle avait des pertes blanches et rou-
geàtres de mauvaise odeur quand elle se présenta à la clinique ; sen-
sation de pesanteur dans le bas- ventre.
Fut admise le 24 mars 1891 avec le diagnostic : métrite parenchy-
mateuse chronique, endométrite fongueuse.
Le 10 avril, le raclage fut pratiqué, Texamen microscopique des
pièces démontra : épithélioma du corps de Tutérus.
Le 28 avril 1891 fut pratiquée Thystérectomie totale vaginale.
Le 17 mai 1891 elle quitta la clinique tout à fait en bonne santé.
L*utérus dessiné par M. Rodi, interne de la clinique, après durcisse-
ment dans l'alcool, montre Tépaississement des parois et la persistance
près du fond de végétations qui avaient échappé au raclage (Fig. 1).
A Texamen des produits de curettage on voyait des tubes glan-
dulaires à épithélium cylindrique et des cils vibratiles épars dans
un tissu conjonctif très riche en nucléoles et parfois en proie à
une vraie infiltration parvi-<cellulaire, bien que Tépithélium ne soit
pas tout à fait normal, on ne voit pas les caractères qui permettent de
diagnostiquer rien d autre qu'un adénome des glandes de la muqueuse
du corps de l'utérus.
L'examen fait sur des morceaux pris de l'utérus après rhystérectomie
confirma le diagnostic fait auparavant.
Obs. 2. — G. L..., 46 ans. Première menstruation à 15 ans. Mariée
à 24 ans. IVPare, trois accouchements à terme, un accouchement
prématuré à 7 mois, enfant mort macéré il y a 15 ans.
Après une aménorrhée qui dura un an, elle eut au mois d'octobre 1891,
une métrorrhagie qui se répéta au mois de décembre et depuis cette
époque elle eut continuellement des pertes blanches rougeàtres.
Elle entra dans la Clinique le 29 février 1892, eut une hémorrhagie
abondante le 4 mars, et des douleurs .dans les fosses iliaques. Un an
auparavant fut opérée à la Clinique chirurgicale pour un cancrolde de
la peau sur la joue droite.
L'examen des morceaux de la muqueuse obtenus par le raclage
démontra qu'il s'agissait d'un adénome ; les cellules de Tépithélium
sont globuleuses, quelques boyaux glandulaires sont transformés en
CALDBBINt
cordons épithéliaux, de sorte qu'il s'agit d'un adéaobie luLuIeux qui
tond è se transformer en carcinome.
Le 10 mars 1892, on pratiqua l'hyslérectomie totale vaginale. Le
9 avril la malade quitta la clinique complètement rétablie.
Fin. 2. — Adâno-cuoinome da corps de l'utérus.
L'ut^ma dessiné par le D. Itodi, se voit tlg. 2.
L'examen microscopique confirme le diagnostic d'adénome en trtdn
de se transformer en carcinome.
Obs. 3. — B. P..., 59 ans. Première menstruation à 12 ans. Pendant
l'année 1893 elle entra deux fois & l'hâpital pour péritonite.
Mariée & l'Age de 22 ans, eUe eut 7 grossesses à terme et 3 avorte-
ments & trois mois. Après le dernier avortement, métrorrhagie pendant
un an et demi. Elle n'avait plus eu ses règles depuis quatre ans, quand
un an et demi avant l'âpoque actuelle elle commença h perdre du sang
loQB les 15-20 jours. Depuis quatre mois les pertes étaient continuel-
lea et la malade souffrait do douleurs au ventre et de constipations.
Le 6 mars 1898, elleentrait la Clinique avec le diagnostic end<mi^trtia
190 TRAITEMENT DV CANCER DU CORPS DE l'uTÉRDB
fongueuK himorrJÙigique et riirûvettiott de Vutérui. — Le 15 mars fnt
pratiqué le raclage qui donna issne h beauconp de débris qui fnraat
examinés au microscope. On diagnostiqua un adénome malin. Les
hémorrhagies continuèrent, lea glandes de la muqueuse paraissent
dilatées cystiqnement; l'épithéliiim est altéré, dégénéré. I* 29 mars
/
Fio. 3. — Adéno-carclnome du corps de l'utérua.
1603,fut pratiquée l'tiystérectomie totale vaginale. Le 5 avril, la malade
quitte la Clinique complètement rétablie. L'utérus dessiné par le
D'' Rodi se voit fig. 3. L'examen histologiquc démontra la structure
de l'adénome tnbuleux.
En résumé, les 8 cas de cancer du corps de l'utérus qui
font l'objet de mes deux communications, présentent : 5 fois de
CALDERINI 191
Tadénome, 1 fois dir myxosarcome, 1 fois du sarcome fuso-
cellolaire, 1 fois du carcinome.
De bons résultats ont été obtenus dans les cas d'adénome,
diagnostiqué avec le microscope et traité par Thystérectomie
totale vaginale.
Je ne saurais^en conséquence, mieux faire que de recomman-
der la pratique que je suis, c'est-à-dire dans les hémorrhagies
de l'âge avancé dépendant de ce qu'on appelle « l'endométrite
fongueuse ïiémorrhagique b, de racler et d'examiner les débris ;
si l'on diagnostique un adénome, même si, à l'apparence/ il
n'est pas encore malin, il faut extirper l'utérus; de cette
. manière seulement, on peut avoir des résultats durables tels que
le démontrent les trois cas relatés dans cette seconde commu-
nication, qui font voir la persistance de la guérison sept et neuf
ans plus tard.
Je tiens en observation d'autres cas analogues opérés depuis
que je dirige la Clinique obstétricale et gynécologique de
Bologne, mais il ne s'est pas encore écoulé assez de temps
pour que j'en parle dans ce mémoire.
TItAITËMËNT OPERATOIRE DES ANNEXITËS
Par Heorl ■artmMui (Paris) (1).
Au Congrès international de Gynécologie, tenu à Genève en
1896, au moment où rhystérectomie vaginale entre les mains
de Segond, de Richelot, de Doyen, de Bouilly, semblait,
dans notre pays, devenir Topération de choix dans le trai-
tement des annexites, j'ai, tout en regardant la castration
vaginale comme indiquée dans des cas bien déterminés, déclaré
que, d*une manière générale, je préférais la voie abdominale
qui me semblait moins grave et qui était essentiellement une
voie conservatrice.
Vers la fin de la même année 1896, dans la thèse de mon
élève Audiau, je recherchais la cause des symptômes pénibles
accusés par un certain nombre de femmes ayant subi Topera-
tion de Tait et je la trouvais soit dans la persistance d'un
utérus gros, douloureux et suintant; soit dans Texistence d'un
moignon douloureux.
Ces diverses imperfections dans les résultats éloignés des
opérations abdominales pouvaient être évitées par des modifica-
tions de la technique. Aussi Tan dernier, à Amsterdam, je
pouvais dire qu'avec les perfectionnements successifs apportés
à la technique opératoire (position élevée du bassin, limitation
très exacte du champ opératoire, ablatioh totale de Tutérus
toutes les fois qu'on était amené à la suppression bilatérale des
annexes, ligature isolée des vaisseaux, reconstitution par la
suture d'un plancher pelvien séreux) on obtenait par la voie
abdominale des résultats définitifs excellents.
(1) CommuDicatioQ faite au XITT^ Congrès International des Sciences
médicales t Paris, août 1900.
HARTMANN 193
Si j'ajoute que, par la conservation méthodique de tout ou
partie d*un ovaire non suppuré^ on arrive à éviter la plupart
des accidents dits de ménopause prématurée, accidents dus non
à la cessation des règles, mais a la suppression de la sécrétion
interne de l'ovaire, j'aurai établi que les résultats de l'opération
abdominale moderne sont non seulement très différents de ceux
de Fancienne salpingectomie, mais encore très supérieurs à ceux
de la castration vaginale, qui a constitué une étape dans le
traitement opératoire des annexites, mais qui me semble
aujourd'hui devoir être délaissée.
En 1896, j'avais publié ma statistique d'opérations pour
annexites (1) :
166 cas avec 7 morts, soit 4,22 p. 100 ;
lOdcœliotomies, 4 morts, 3,8 p. 100;
39 hystérectomies vaginales, 3 morts, 7,68 p. 100 ;
22 colpotomieSy 0 mort ;
1 incision abdominale, 0 mort.
Je vous apporte ma statistique du 1*' octobre 1896 au
1« août 1900 :
115 cas avec 1 mort, soit 0, 87 p. 100.
Ces 115 cas se décomposent en:
60 castrations abdominales totales pour lésions bilatérales
graves des annexes (20 fois non suppurées avec 20 guérisons,
40 fois manifestement suppurées avec 1 mort, cette dernière
attribuable à ce qu'un aide nouveau, effrayé en voyant le champ
opératoire inondé de pus au moment de la rupture d'une
poche, n'a pas gardé l'immobilité, ce qui a amené un déplace-
ment des compresses limitant le champ opératoire et a permis
à une anse grêle de s'inoculer au contact du pus. Tous les
autres cas ont guéri et cependant j'ai opéré pour lésions parti-
culièrement graves, réséquant un certain nombre de fois l'appen-
dice qui baignait dans le foyer suppuré).
37 cœliotomies conservatrices tout au moins partiellement,
comprenant 25 ablations unilatérales, dont 11 pour lésions sup-
<1) Voir Annales de Gynécologie, 1896, II, 163.
194 TRAITEMENT OPERATOIRE DES ANNBXITBS
purées, accompagnées 2 fois de la résection de l'appendice an
contact du foyer ;
2 incisions abdominales de salpingite suppurée ;
2 ignipunctures de Tovaire.
1 résection partielle d^ovaire kystique.
7 libérations d'annexés adhérentes.
Dans un grand nombre de ces cas, qui tous ont guéri, Topé-
ration sur les annexes a été accompagnée d'une opération plas-
tique sur Putérus, hystéropexie ou raccourcissement intra-
abdominal des ligaments ronds.
16 colpotomies postérieures pour des foyers suppures à
marche aiguë ou subaiguô.
La simple évacuation de la collection a suiB pour guérir la
femme dans 12 cas ; 4 fois une opération abdominale secon-
daire a été nécessaire. A ce propos, je tiens à insister sur la
régression des lésions consécutives à ce simple débridement du
foyer. Le ventre ouvert, on trouve des salpingites suppurées
vulgaires, rétractées et à une certaine distance de Tincisîon
vaginale.
2 hystérectomies vaginales que jai dû pratiquer chez des
femmes pour lesquelles l'intégrité de la paroi abdominale consti-
tuait le principal mode d'existence. Les 2 opérations étaient
simples et les malades ont guéri.
De l'ensemble de ces 281 opérations personnelles que je viens
de relater brièvement , je crois devoir conclure non plus à la
limitation des indications de la castration vaginale comme je
l'avais fait en 1896, mais à son rejet absolu. L'opération abdomi«
nale est pour moi l'opération de choix; je ne conserve dans la
voie vaginale que la colpotomie postérieure qui me parait utfle
lors de foyers suppures localisés à marche aiguë ou subaigaê^
car souvent elle suffit à elle seule pour amener la cessation des
symptômes et dans les autres cas elle diminue certainement le
pronostic de l'opération abdominale secondaire.
CURE CHIRURGICALE CONSERVATRICE
DE L'INVERSION CHRONIQUE DE LA MATRICE
(1)
Par G. Sploelli (de Naples).
Deux voies s'offrent à nous pour opérer la réduction chirur-
gicale sanglante d*un utérus chroniquement inversé : l'abdomi-
nale et la vaginale.
Le procède de Thomas, repris en Italie par Consentino, par
d'Antona et par moi, a donné à Consentino deux résultats favo-
rables, un demi-insuccès à d'Antona, celui-ci s'étant vu forcé,
après échec delà manœuvre de Thomas, de pratiquer une inci-
sion profonde intéressant la paroi utérine dans toute son épais-
seur et sur toute la longueur de Torgane, à la faveur de laquelle
il put opérer la réduction. Enfin, le procédé a abouti dans mes
mains à un échec complet ; il s'agissait, dans mon cas, d'une
jeune femme qui, lors de son premier accouchement, avait eu la
matrice inversée durant la délivrance. L'inversion datait de neuf
mois quand je tentai la réduction. Aprè^une tentative infruc-
tueuse de taxis vaginal, je résolus de recourir au procédé de
Thomas.
Le ventre ouvert, je recherchai l'entonnoir de l'inversion, je
le dilatai largement dans tous les sens au moyen du dilatateur
d' Auvard,et je m'efforçai de réaliser la réduction,en me confor-
mant au précepte formulé par Consentino, savoir : de retourner
le corps de l'utérus par une manœuvre combinée, c'est-à-dire
en repoussant le corps de l'utérus par la voie vaginale et en
opérant simultanément des tractions, sur les ligaments larges
(1) Communication an XIII^ Congrèê international des seienees'médicaleêf
Parie, août 1900,
198 DB l'inversion CHRONIQVB DE LA HÀTBtCE
(trompes et ligaments ronds). Durant ces manœuvres, je rompis
la trompe et le ligament rond d'un côté. Les répétant de l'aatre
eôté, je produisis aussi la rupture de la trompe et du ligament
rond. Je pratiquai alors l'ablation des annexes, puis enlevai
l'utérus par la voie vaginale : ^a femme guérit.
Récemment, Everke a de nouveau eu recours à la laparotomie
pour réduire un utérus inversé depuis treize ans. Il incisa la
PlO, 1. — Inveraioii utérine.
paroi antérieure de l'entonnoir formé par l'inversion jusqu'à la
vessie et la paroi postérieure jusqu'à la voûte du vagin, fl put
ensuite réduire facilement. Enfin, il sutura les incisions et fixa
l'utérus & la paroi abdominale. Everke recommande son pro-
cédé opératoire parce qu'il permet une inspection directe des
annexes et, l'opération terminée, fournit le moyen de maintenir
l'utérus în si(u par la ventroUxation. Malgré les 2 cas favo-
rables de Consentino, la méthode abdominale n'a réussi dans
les autres cas qu'au prix d'incisions profondes sur la paroi de
l'utérus. L'obstacle à la réduction n'est pas seulement constitué
par le cercle d'inversion ni par la disproportion entre le col
et le corps de l'utérus, mais aussi par les altérations anatomiqaea
de la paroi utérine. De ce fait, la nécessité s'est imposée de
pratiquer des incisions qui intéressent profondément l'une ou
les deux parois utérines comme acte complémeutaire et néces-
saire du procédé de Thomas : qui se refuse de les pratiquer,
est forcé de procéder à l'hystérectomie.
Les remarques d'Everke, que la laparotomie permet d'ina-
Fio, 2. — Colpoc<e1iotoiiiie antérieure. L'index insinué psr l'incision vaginale
pénètre dans rinfundibulum utérin.
pecter directement les annexes et de les traiter convenaMement
d'après les renseignements de cet examen, et dans le même
temps de fixer l'utérus, une fois réduit, en bonne position,
seraient assurément très importantes si l'exameit des annexes
et l'antéversion ne pouvaient être également et facilement réa-
lisés par le vagin.
Pour ces courtes considérations, je pense donc que la voie
haute doit être abandonnée .
. 198 DE l'inversion chronique de la matrice
Les procédés vaginaux sanglants pour la cure de la rétrover-
sion font lenr apparition avec celui de Browne (18S3). Dix ans
plus tard, Kûstner édifie mieux la méthode vaginale par un
procédé qui, ultérieurement, a subi des modifications utiles et
Flo. 3. — InciBiun de la puoi aDlérienre de l'iiténu, intérauMit toute kw
qui, comme procédé de colpo-hystérectomîe, peut être décrif
de la façoa suivante.
« Une fois qu'on a, par une incision transversale, ouvert le
cuUde-sac postérieur et le Douglas, on incise la paroi posté-
rieure de l'utérus verticalement et sur la ligne médiane, de
façon à l'inciser dans toute son épaisseur et dans toute sa
longueur, du fond de l'organeà l'orifice externe du col. L'utérus
ainsi sectionné, on le réduit ; il est replacé dails la cavité
abdominale et l'on suture le Douglas et le vagin. >
Kehrer a proposé et exécuté l'hystérotomie antérieure à la
place de la postérieure. Le nouveau procédé consiste dans
l'incisioD du col sur toute sa longueur, l'incision pénétrant
jusque dans le sac formé par le péritoine. Écartant alors de
chaque côté les lèvres de la plaie utérine, on repousse, à
travers cette ouverture, dans le vagin, le fond de l'utérus,
retourné en doigt de gaot. Ensuite, la plaie utérine est réunie
par une suture continue au catgut, qui va de l'angle corporéal
Fie. 4. — Hanœuvre de ta râlnveraion de l'utên».
du col jusqu'à l'orifice interne. Cela fait, le corps de l'uté-
rus, repris à travers la partie supérieure de la brèche
utérine, est rentré àtravers l'infundibulum créé par l'inversion :
pour faciliter cette manoeuvre, les lèvres de l'orifice externe
sont fixées par des pinces à grilTes. La réduction obtenue, on
complète la suture de la plaio utérine, c'est-à-dire de l'orifice
externe, et, finalement, on tamponne la cavité utérine et le
vagin avec de la gaze antiseptique.
J'ai, dans un cas chirurgical, modifié le procédé de Kelirer,
300 DB L INVERSION CHRONIQUE DE LA HATBICE
et obtenu un résultat complet. 11 s'agissait d'une inrersioD de
l'utérus datant de quatre années. L'opération fut faite le
15 janvier 1899.
Voici la description du procédé opératoire que j'ai suivi et
qu'on peut appeler : Colpo-hystérotomie antérieure.
a Le vagin étant largement ouvert par une valve vagino-
périnéale, on fixe et on abaisse le col de Tutérus avec une
pince à griffes. Puis, la surface muqueuse de l'utérns est
Fio. 6. — L'utéruB est réduit. Pincement des flis da BQtnra.
abrasée par une curette ; on procède ensuite à la colpo-ccelio-
tomie antérieure. L'index, introduit à. travers l'ouverture vagîno-
péritonéale, va à la recherche de l'infundibulum formé par
l'inversion, et y pénètre aussi profondémentque possible. Alors,
sur le doigt comme guide, on incise verticalement le col et la
paroi antérieure de l'utérus jusqu'au fond de l'organe, l'incision
comprenant la paroi utérine dans toute son épaisseur ainsi que
le revêtement séreux ; on procède ensuite à la réinversion,
manœuvre facile. L'utérus incisé se trouve alors en antéversion
BPINSLLI 201
forcée, ou pour mieux dire, la tète en bas, c'est-à-dire avec le
fond en bas et avec le col en haut.
C'est à ce moment qu'il faut procéder à la suture à points
séparés, au catgut, de toute la plaie utérine jusqu'à l'orifice da
col. A la suite de quoi, la cavité utérine se réduit. On fixe alors
la matrice en antéversion par un fil de catgut qui embrasse le
FiG. 6. — DtéruB autoré.
vagin, le péritoine et la paroi antérieure de l'utérus an-des-
soos du fond de l'organe.
La cure chirurgicale conservatrice de l'insertion chronique
de l'utérus par la voie vaginale compte déjà à son actif un
nombre suffisant de résultats cliniques. Jusqu'à présent, on a
publié 11 cas qui, par ordre de date, se présentent ainsi :
Kûstner (1893) (1), Robb (1895) (2), Salin (1895) (3), losephson
(1) O. EObtheb. Ctmt.f. Qy*., 1893, a* 11.
(2) BOKM. Abïtract of Euibier'» > treatment, «to. Bésomé in Frontmel't
JaAreiberieht -, Bd VIII, 189S.
(3) Salin. Omt. /. Gijn., 1898, n- if..
AWa, I» OTH. — TOL. ur. 11
202 DE l'inversion chronique de la matrice
(1895) (1), Morieani (1896) (2), Sava (1897) (3), Westermark
(1897) (4), Duret (1898) (5), Porlis (1898) (6), Kehrep(1898) (7),
Spinelli (1899) (8).
Sur ces 11 opérations, 2 fois on ne réassit pas à réduire
ruténis, mais il convient de ne pas faire entrer le cas de
losephson en ligne de compte parce que, par suite des alté-
rations anatomiques constatées sur les parois de Tutéras,
aucun procédé n'aurait réussi à produire la réduction de
Tutérus. De même, on peut dénier toute valeur au cas de Salin,
par la raison que l'opérateur suivit le procédé de Kûstner sans
prolonger l'incision sur le col, et, après de vaines tentatives de
réduction, ayant beaucoup malmené Torgane, préféra Tenlever.
La colpo-hystérotomie a donc le droit d'entrer of&ciellement
parmi les procédés utiles dans le domaine gynécologique ;
9 succès contre un insuccès, c'est là un bilan assez important
pour une méthode opératoire qui compte à peine quelques
années d'existence.
La question est de savoir : auquel des deux procédés opéra-
toires faut-il donner la préférence ? A la colpo-hystérotomie
postérieure ou à l'antérieure ?
A mon avis, il faut tenir, sous le point de vue de la technique,
les procédés originaux de Kiistner et de Kehrer pour imparfaits.
L'un et l'autre présentent des difficultés pour la réinversion et
pour la bonne reconstitution de la cavité utérine. Ils ne doivent,
ni l'un, ni l'autre, rester dans la pratique.
Le procédé de colpo-hystérotomie postérieure modifiée, à
Toccasion duquel la question de priorité a été une cause de
(1) loSBPBBOK. Om Inversio uteri. Hygiea, 1896
(2) MOBISAMI. Archiv. di OH. e Ginec., 1398, a» 3.
(3) Sava. Archiv. di Ost. e Oinec, 1897, n» 9.
(4) Wkstkkmabk. Cent, f, Gyn,, 1899, n" 4.
(5) DUBET. Semaine gynécologique, Pari», 1898, n° 31.
(6) POBLIS. Cent./. Oyn.y 189S, n» 9.
(7) Eehbbr. Cent. f. Oyn., 1898, n» 12.
(8) Spinelli. Archîvio italiano di Ginecologia, 1899, n« 1, et Cent. /.
Qyn , 1899, n« 19.
* SflNËLLl 203
discussion en ilalie, en France et en Allemagne et qui ne méri-
tait pas cerlsinement, malgré cette modification si opportune,
si simple qu'elle fût. le titre pompeux de procédé nouveau,
est passible des principaux reproches suivants :
Dans l'inversion utérine chronique, l'angle d'inversion est
aminci par l'atrophie.
En outre, les ligaments larges étirés et invaginés dans l'en-
Fia. 7. — Rësamé synthétique dn procédé de colpo-byatérototnie anté-
rieure pour la aiire chirurgicale conservatrice de l'inveniioii chronique de
l'uténig.
tonnoir utérin finissent par perdre toute faculté mécanico- dyna-
mique pour la statique utérine
• De plus, la colpo-hystérotomie postérieure crée des condi-
tions qui peuvent par elles-mêmes compromettre sérieusement
la position normale de l'utérux.
A la vérité, après l'incision de la paroi postérieure et U
204 DB L^lNVfiRSlON CHRONIQUE D£ LA MATRICE
suture, ce segment de l'utérus acquiert un poids supérieur à
celui du segment antérieur. La rétrodéviation devient en
quelque sorte une condition forcée, après la réduction.
Puis, la paroi postérieure mise au contact du péritoine de
Douglas contracte une adhérence cicatricielle. Ce procédé donc,
qui résout le problème de la facile réduction et de la reposition
d^un utérus inversé, crée malheureusement le danger d'une
rétroversion adhérente. Or, ces critiques, qu'à priori je fais à
la méthode de colpo-hystérectomie postérieure, je les ai soumises
au contrôle clinique. La rétroversion a été constatée chez
l'opérée de Borelius. Dans le ca^de Westermark, au vingtième
jour, Tutérus se présentait en rétroversion légère, médiocre-
ment mais non complètement mobile. Revue quatorze mois
après, elle était enceinte h 2 mois et Tutérus était en forte
rétroversion. Grave, dans son cas, a constaté seize jours après
l'opération que Tutérus était en r étro flexion , et il note que la
plaie vaginale ne fut pas suturée et qu'on avait préféré tam-
ponner le vagin avec de la gaze antiseptique.
Pour le procédé de colpo-hystérotomie antérieure que je
défends, on envisage la cure chirurgicale conservatrice de
Tinversion chronique de Tutérus sous son vrai jour, c'est-à-dire
qu'on répond aux indications : de la facile réduction et repo-
sition de l'organe et du placement de l'utérus en bonne position.
De fait, avec la colpo-hystérotomie antérieure, aucune difficulté
dans le temps de la réduction et de la reposition de Torgane,
et, de plus, lutérus est fixé en antéversion par Thystéropexie
vaginale.
Dans le cas que j'ai opéré, qui adonné un résultat favorable,
on a pu ultérieurement constater une position normale de
Tutérus. Il convient aussi de noter que l'examen microscopique
de la muqueuse de Torgane inversé, abrasée au moment de
l'opération, permit de constater une atrophie complète. Consé-
cutivement à la réduction, la fonction menstruelle se rétablit. IV
est permis d'admettre la régénération de la muqueuse dans la
région où elle avait été abrasée.
A cause du danger de la rétrodéviation adhérente qui est une
SPINBLLI 205
conséquence de la colpo-hystérotomie postérieure, il n'est pas
douteux que la colpo-hystérotomie antérieure a sur elle une
supériorité incontestable, et que, la voie vaginale étant reconnue
Futile et la bonne dans la cure conservatrice de Tinversion
chronique de Tutérus, il convient de substituer complètement
à la colpo-hystérotomie postérieure la colpo-hystérotomie
antérieure suivant le procédé que je recommande.
13« CONGRÈS INTERNATIONAL DES SCIENCES MÉDI-
CALES, TENU A PARIS DU 2 AU 9 AOUT 1900.
SECTION DE GYNÉCOLOGIE
La séance d'ouverture a eu lieu le vendredi 3 août à 2 heures
de l'après-midi, dans Tamphithéâtre de chimie de la Faculté des
sciences, sous la présidence du professeur Terrier , assisté de
MM. Pozzi, vice-président ; Hartmann, secrétaire général;
BouiLLY, H. Delagénière, Laroyenne, Monprofit, Richblot
et Second, membres du Comité,
Après une courte allocution du professeur Terrier, sont nom-
més Présidents d'honneur : MM. Fritsch, Léopold, Martin,
SCHULTZE, WlNCKEL, ZwEIFEL, SiMPSON, SINCLAIR, BaSTBRBICA,
Engelmann, Palmer Dudley, Pryor, Chrobak, Cortejarbna,
Treub, Calderini, Mangiagalli, Morisani, Goubarbf, de Ott,
Rein, Snéguiref.
Première question à l'ordre du jour :
TRAITEMENT CHIRURGICAL DU CANCER DE L'UTÉRUS
1* Rapport de Dxnitri de Oit ( Saint- Pétenbourg).
Le bureau d'organisation de la section de Gynécologie m*a fait Thon-
neur de me nommer rapporteur pour la question du « Traitement chi~
rurgical du cancer de Futérus » . Cette dernière a été sans doute mise
à Tordre du jour pour enregistrer premièrement les résultats atteints
dans le traitement de cette tumeur maligne et pour définir ensuite la
voie à suivre au point de vue de la cure radicale. La question du trai-
tement du cancer de Tutérus n'est à débattre que dans les limites de
Tinter vention chirurgicale, car c'est Tunique moyen que nous possé-
dons, du moins actuellement, pour combattre avec succès Taffection
cancéreuse de la matrice ; toutes autres délibérations sur des procédés
DMITRI DE OTT 207
thérapeutiques seraient dépouillées de sens pratique. Mais, môme dans
les limites susmentionnées, la solution du problème qui nous occupe
est tellement sérieuse et responsable que les déductions et conclusions
ne peuvent s'appuyer que sur des faits minutieusement vérifiés et
indiscutables.
Mon travail a été facilité par des données statistiques qui m*ont été
fournies par mes collègues-compatriotes de différentes parties de notre
vaste pays, bien que pour des raisons pratiques je n'aie pris en consi-
dération que le premier millier des cas qui me furent soumis. Cepen-
dant, c'est surtout ma clinique qui m'a guidé et que j'ai prise comme
base, les 200 malades environ que j'ai opérées ayant été l'objet d'études
et d'observations approfondies et minutieuses, non seulement pendant
le cours de leur traitement^ mais même longtemps après.
Je dois avant tout souligner que les observations sur l'utilité de
divers procédés en cas d'affection cancéreuse des autres parties du
corps humain ne peuvent être appliquées à l'utérus' sans vérification
spéciale, vu les particularités anatomiques et physiologiques de l'ovi-
fère et son rôle biologique exclusif. Il y a môme une différence dans
Taff ection de l'une et de l'autre partie de l'organe eu égard aux formes
variées du néoplasme . En même temps je tiens à constater que le cours
du cancer de l'uténis, son pronostic et la suite de l'interyention chirur-
gicale sont tout différents que dans les cas de cancer d'autres organes.
En admettant la conformité au but dans la structure de chaque organe
et la force de défense de l'organisme contre les influences pernicieuses,
l'ovifère, étant prédestiné à la prolongation de l'espèce, doit être mis
h la première place. Et, en effet, en examinant les particularités anato-
miques, nous voyons que la matrice est un organe individuel qui pos-
sède des tissus que nous ne rencontrons pas dans les autres parties de
l'organisme. Gomme exemple, on peut citer la muqueuse ,et en parti-
culier le tissu intraglandulaire, qui changent même leur structure dans
l'état gravide, de même que la musculature, c'est-à-dire son hypertro-
phie et son hyperplasie pendant la grossesse et sa métamorphose origi-
nale dans le post-partum — l'involution de l'utérus. Le système des
vaisseaux montre aussi une structure individuelle. Les susdites singu-
larités doivent assurément jouer un grand rôle dans la propagation, le
cours et l'issue de l'affection cancéreuse. Le cancer de l'utérus de même
que son traitement radical doivent,par conséquent, former l'objet d'une
étude spéciale.
C'est une thèse indiscutable que le traitement chirurgical est le
208 13* CONGRÈS DES 8CIBNCB8 MÉDICALES DE PARIS
seul moyen de cure radicale du cancer de Tutérus ; la gestion qui
sonlève des controverses, du moins actuellement, se rapporte exclusi-
vement à la méthode opératoire. L'amputation partielle du col on du
corps de l'utérus, suivant Taffection de l'une ou de Tautre partie de
l'organe, au lieu de Textirpation totale, ne compte presque plus d'ad-
hérents ; cependant, dans les derniers temps on a souvent proposé de
ne plus se borner à Tablation de l'utérus malade, mais d'enlever d'un
même coup toutes les glandes rétropéritonéales en exposant les mala-
des à la cœliotomie. Ces propositions sont sans doute évoquées par
l'analogie avec les procédés opératoires dans les cas de cancer des
autres parties de l'organisme, comme par exemple de la glande mam-
maire, etc. Les adhérents de la méthode citée laissent hors considéra-
tion les particularités de la structure de l'ovifère, décrites plus haut ;
même pour émettre des opinions théoriques il faudrait pouvoir s'ap-
puyer sur des études spéciales, chacun de nous ayant eu Toccasion
d'observer dans l'état post-opératoire des malades cancéreuses après
l'extirpation de l'utérus des métastases, qui se développent dans des
parties de l'organisme les*plu8 éloignées sans qu'il y ait traces de réd-
dive, dans celles attenantes au champ opératoire de même que dans les
glandes rétropéritonéales. Mais a-t-on même le droit de réaliser en
général cette proposition? Le risque de cette opération est incompara-
blement plus grand et n'est pas justifié par les arguments peu pereua-
sifs des adhérents de l'extirpation prophylactique d'un certain nombre
de glandes. En l'admettant môme dans les cas où l'affection des glan-
des peut être constatée sans aucun doute ou supposée avec plus ou
moins de probabilité, cette opération restera toujoura une opération
incertaine, — l'opérateur n'ayant jamais la certitude qu'U a enlevé
vraiment toutes les glandes malades. Une telle manière de procéder
n'est cependant pas nouvelle et est déjà depuis longtemps pratiquée
dans la gynécologie, mais diffère essentiellement de la panacée qui
exige dans tous les cas l'extirpation prophylactique des glandes, expo-
sant les malades à tous les dangers de la cœliotomie.
Laissant même de côté toutes ces considérations, ainsi que les suites
immédiates de l'opération, on pourrait se déclarer pour la nouvelle
méthode si ses défenseurs citaient des chiffres plus favorables concer-
nant la cure radicale du cancer de l'utérus que ceux atteints actuelle-
ment par l'extirpation vaginale de l'utérus seul. Mais, à ma connais-
sance, il n'existe aucune statistique y relative, sur laquelle on pourrait
fixer ]un jugement définitif du procédé examiné ; dans ces conditions
DMITRI DE OTT 209
rextirpation totale de l'utérus par le vagin reste encore l'opération de
choix.
Je me permets de présenter les résultats immédiats de cette dernière
opération d'après les données des chirurgiens russes et de m'arrôter,
vu l'intérêt spécial, sur les résultats éloignés du traitement chirurgical
du cancer de l'utérus dans ma patrie. L'extirpation vaginale de Tutérus,
d'après les opérateurs russes, donne en moyenne une mortalité de
10,3 p. 100; mais chez certains opérateurs les résultats sont beaucoup
plus satisfaisants. La mortalité dans ma clinique est réduite dans une
série de 189 cas à 1,6 p. 100, y compris les issues mortelles, qui ne
dépendaient pas directement de l'opération.
Les résultats de la cure radicale, cinq ans et plus après l'opération ,
dans les 1 ,000 cas susmentionnés, sont les suivants :
Plus de ô ans sont restées sans récidive 13 malades.
— 6 — — 6 —
— 7 - — 3 —
— 8 — — 1 —
— 9 — — 3 —
— 10 — — 4 —
En tout. 30 malades.
Pour arriver à des chiffres plus exacts, il faut tenir compte que de
tous les 1,000 cas opérés 50 p. 100 des malades n'ont pu faire l'objet
d'observations postérieures, tandis que dans les autres 50 p. 100 un
laps de temps de cinq ans n'est pas encore écoulé pour environ la moitié
des malades. Par conséquent la statistique que nous venons de faire
ne se rapporte qu'à 250 cas ; donc la guérison radicale se laisse cons-
tater pour la durée de cinq ans, au moind pour 12, pour la durée de
six ans pour 68 p. 100. Il n'a pas été possible de ranger les malades
selon la variété des formes de l'affection, le degré de propagation,
etc., les annotations étant insuffisantes.
La statistique de la cure radicale à ma clinique est beaucoup plus
favorable et la posâibilité de distribuer les malades par les formes du
néoplasme et les parties malades de l'ovifère lui donne une plus
grande valeur. J'ai pris, selon le]conseil de certains auteurs circons-
pects, comme terme de la guérison complète six ans à partir du jour de
l'opération. 11 reste ainsi de mes 1 89 malades 62 opérées avant le mois
d'avril 1894. De ces dernières pour la plupart (47 ou 75,8 p. 100) il a
210 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
été constaté le cancer dn col, et pour les autres (15 ou 24,2 p. 100) le
cancer du corps (adénocarcinome). Dans 18 cas la gnérison a été com-
plète, ce qui donne 29 p. 100 de cure radicale. Toutes ces 18 malades
furent minutieusement observées et presque toutes sont en vie jusqu^à
présent; pour la plus ancienne déjà quinze ans ont passé sans récidive.
Parmi les autres 44 opérées il y a eu des cas de récidive ; plusieurs
d'entre elles furent perdues de vue et leur sort reste inconnu.
D'après les particularités pathologo-anatomiques la gnérison radi-
cale peut être distribuée comme suit :
Des 47 malades atteintes dn cancroîde du col, furent guéries: 11 ou
22,4 p. 100.
Des 15 malades atteintes de Tadénoc^rcinome, furent guéries : 7 ou
47 p. 100.
Les chiffres cités démontrent que les adénocarcinomes donnent des
résultats deux fois plus favorables : presque dans la moitié (47 p. 100)
de toutes les malades opérées pour la susdite affection on peut compter
sur la gnérison complète, tandis que dans le cas de cancroîde seulement
en 23,4 p. 100.
Je trouve indispensable d'ajouter pour la caractéristique complète
quelques détails sur le manuel opératoire et sur les principes en géné-
ral que suit ma clinique. Vu le caractère mortel du cancer de Tutéros
sans l'intervention chirurgicale, nous pratiquons l'opération radicale
dans tous les cas sans exception où elle peut seulement être menée
jusqu'au bout. Ce principe domie dans certains cas des résultats inat-
tendus : il n'est pas rare que des malades, qui semblûent par le degré
de propagation du néoplasme condamnées à une mort certaine, res-
taient x>endant quelques années libres de récidive et étaient parfois
môme guéries complètement. Il s'ensuit que le pronostic n'est pas
toujours en relation directe avec le degré de la propagation de l'affec-
tion. Le diagnostic précoce (microscopique) est d'une grande utilité
pour la définition du cancer de l'utérus ; très importante est, par exem-
ple, la surveillance systématique des cas dans lesquels après le curet-
tage nous trouvons l'adénome atypique ou malin (adenoma malignum
seu destruana) ; ce dernier peut être considéré comme précurseur de
l'adénocarcinome, dans lequel il dégénère souvent. Dans ces cas
une observation vigilante est nécessaire pour ne pas laisser passer le
moment favorable à l'opération radicale, si les symptômes se répètent.
L'ablation des annexes ne fut pas pratiquée chez nos malades sans
indications spéciales et nous nous sommes bornés exclusivement à Fex-
DMITRI DE OTT 211
tirpatîon de rnténis. Ce procédé relativement conservateur n'a jamais
été cause de complications ou de suites défavorables et son avantage
certain est la conservation de la vie sexuelle de là malade et Tabsence
des troubles pénibles de la castration et de la ménopause prématurée.
Nous employons dans presque tous les cas les ligatures et nous ne nous
servons de pinces hémostatiques que dans des cas exceptionnels ou
pour les démontrer à Tauditoire. Des hémorrhagies consécutives (dont
tontes les malades furent rétablies) se sont fait voir dans environ 2 cas
sur 100.
Nous ne fermons jamais complètement la communication entre le
vagin et la cavité abdominale et nous ne mettons qu*un tami)on léger
de gaze iodoformée pour mieux assurer l'écoulement des sécrétions.
En conséquence de ce que la diminution si évidente de la mortalité
(moins de 2 p. 100) comme suite de Thystérectomie est due en grande
partie au perfectionnement de la technique opératoire de la méthode
vaginale, nos efforts se sont principalement dirigés de ce côté. Et en
effet, dans tous nos cas sans exception, nous avons pu vaincre par ce
procédé les obstacles sans être obligé de recourir à une opération
dangereuse. Les réflexions sur la valeur et la préférence de Fopéra-
tion citée concernent non seulement l'extirpation de l'utérus cancéreux,
mais elles se rapportent de môme h un grand nombre de cas où
l'utérus fut atteint par d'autres tumeurs, les difficultés techniques à
surmonter étant dans ces cas-là incomparablement plus grandes. L'hé-
misection de l'utérus par une incision longitudinale et surtout le mor-
cellement doivent être considérés comme des acquisitions de grande
valeur dans la chirurgie gynécologique.
Outre la complication du cancer de l'utérus par des tumeurs fibreu-
ses — complication bien fréquente (dans ma clinique plus de 10 pour
100), qui peuvent atteindre un volume considérable, on doit encore
noter, vu l'intérêt clinique, la complication par la grossesse. L'état
gravide ne change en rien les principes et les règles du traitement chi-
rurgical du cancer de l'utérus, qui exigent l'ablation obligatoire de
Torgane entier. Il s'agit seulement de trouver la méthode qui aurait le
plus de chances de succès et qui n'exposerait autant que possible la
vie des malades à de plus grands dangers que dans les cas de cancer
de l'ulénis non gravide. Je me déclare à cet égard avec toute convic-
tion pour l'opération vaginale : je base cette conclusion sur une série
de cas, que j'ai eu l'occasion d'opérer (jusqu'au commencement du
septième mois de la grossesse) . Après la section des culs-de-sac, le
212 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
décollement de la vessie et la ligatare des artères utérines à la base
des ligaments larges, comme nous le pratiquons dans chaque hystérec-
tomie vaginale^ nous diminuons le volume de Torgane en extirpant
Tœuf : incision de la poche des eaux, extraction du fœtus et du pla-
centa. Ces manipulations, ainsi que toute Topération, n*oftrent pas
au point de vue technique de grandes difficultés, vu le ramollis-
sement, rétat succulent et l'aptitude d'accommodement des parois nié-
rines. Dans les cas de grossesse avancée et de viabilité du fœtus, ce
procédé peut être pratiqué sans nuire à Tenfant. si seulement les cnls-
de-sac et le tissu cellulaire des ligaments larges sont encore libres de
Taffection, si cette dernière n'est restreinte qu'à l'utérus seul, c'est-à-
dire quand l'opération en général est indiquée. L'opération se rappro-
che dans ces cas du type de la coupe césarienne vaginale. Ainsi
l'opération radicale doit être pratiquée dans toutes les périodes de la
grossesse ; la méthode de choix est celle qui, donnant le plus de
chances de succès, expose les malades à moins de dangers, c'est-à-
dire que c'est l'opération vaginale qui est à préférer à la cœliotomie
abdominale.
Je me permets ainsi d'affirmer que les efforts assidus de gynécolo-
gues russes, concentrés sur un des plus graves problèmes de la gyné-
cologie, ont abouti à des résultats pratiques ayant été couronnés d'un
certain succès, quant à la guérison radicale du cancer de l'utérus.
Cependant il nous reste à persévérer dans la voie du perfectionnement
de la technique opératoire, tout en veillant à ce que le diagnostic soit
établi et l'intervention chirurgicale appliquée à temps. Nous devons
aussi propager dans le public l'idée de la nécessité d'un examen
minutieux des causes de troubles même insignifiants. Nous arriverons
sûrement de cette façon à diminuer les cas d'issue mortelle, causée
par l'opération môme, et à élever le pourcentage de la guérison
complète.
2« Résumé du rapport de Thomas S. Gollen (Baltimore).
L'orateur résume rapidement les perfectionnements graduels
apportés à l'ablation des carcinomes utérins, depuis l'amputation du
col, telle qu'elle était pratiquée par Schrœder et ses contemporains,
jusqu'à l'hystérectomie de Freund perfectionnée, avec le cathétérisme
CULLEN 213
des uretères, tel que le pratiquent Pawlick et Kelly, et les opérations
plus radicales d'extirpation des ganglions iliaques (Ries, Rumpf,
Clark) .
Gullen insiste ensuite sur les dangers de la greffe carcinomateuse
dans les tissus sains au cours de Topération. Il décrit en détail Topé^
ration pratiquée par Werder <de Pittsburgh). Dans cette opération
les risques de greffe cancéreuse sont réduits au minimum.
Les divers temps de Topération abdominale, lorsque le cancer est
limité au col, sont les suivants :
V Ablation des masses carcinomateuses saillantes, de préférence
quelques jours avant Topération.
2® Pose de bougies dans les uretères.
3« Ligature des vaisseaux ovariens et des ligaments ronds.
40 Libération de la vessie d'avec Futérus et les ligaments larges.
ô<> Ouverture des ligaments larges et dissection des uretères aux
points où ils pénètrent dans la vessie.
6<» Ligature des utérines près de leur origine.
70 Libération de la vessie de la voûte vaginale.
8 <> Séparation du rectum et du vagin.
9<» Ablation des ganglions lymphatiques du pelvis.
lOo Dissection des culs-de-sac vaginaux.
11« Fermeture de la cavité pelvienne par une suture du péritoine
vésical avec celui du rectum ; un aide tirant fortement le col en bas
pendant ce temps de l'opération .
12" Fermeture de l'abdomen.
13<> Section de la voûte vaginale au bistouri ou au thermo-cautère,
de manière à isoler complèlement l'utérus et une collerette vaginale
l'entourant.
14<> Placement d'un petit tampon de gaze au niveau de la partie
réséquée de la voûte vaginale.
Gomme on peut le voir, dans ce procédé, l'utérus est libéré partout,
le vagin est séparé de la vessie et du rectum, les cavités, pelvienne
et abdominale sont fermées avant que l'opérateur ait touché au col
carcinomatenx. Il n'y a alors que peu ou pas de dangers d'inoculation
cancéreuse. Gullen conseille cette manière de procéder pour tous les
cas où la malade n'est pas excessivement affaiblie ; mais il faut se
contenter d'une opération exclusivement vaginale quand elle n'est pas
vigoureuse.
214 13^ CONGRES DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Dans i'adéno-carcinome du corps de Fntérus, oa peat faire la même
opération, mais il est inutile de réséquer la voûte vaginale.
L'orateur analyse alors sommairement 176 cas de cancers de
Fntérus observés au Johns Hopkins Hospital pendant les six dernières
années.
CAfl orisBÉa. au l*' jasvtmr 1900
Carcinomes pavimenteux du ool 61 cas, dont 13, eoit 21 Q/0 bien portante
Adéno-carcinomes du col 12 — 2 16 —
AdénO'CarcinomeB du corps 30 — 19 — 63 —
CAfl VBXUB TBOr TAJU»
POUB fenUE OFKB&.
Garcinomes pavimenteux du col 62
AdAno-carcinomes du col 6
Adéno-carcinomee du corps , 5
Le pronostic est surtout favorable dans le carcinome du corps ; il
l'est le moins dans l'adéno-carcinome du col.
3° Rapport de L. Gustave Riohelot (Paris) .
Dans la chirurgie du cancer il faut savoir nous borner. Estimons-
nous heureux de sauver quelques femmes et de prolonger des exis-
tences par un acte empirique, faute de posséder le secret du mal et son
remède. Ce n'est pas la chirurgie qui trouvera la guérison du cancer,
et il est fort douteux que la médecine y réussisse par l'invention d*an
sérum et l'atténuation d'un microbe introuvable. Peut>ètre seolement
les progrès de l'hygiène et du régime nous feront-ils un jour moins
nerveux, moins arthritiques, moins exposés aux troubles trophiques,
aux anarcliies cellulaires, aux scléroses, aux néoplasmes de toutes
sortes.
Ces quelques mots résument toute ma pensée sur la valeur du trai-
tement chirurgical du cancer utérin. Ils traduisent notre habituelle
impuissance à triompher de cette cruelle affection, mais ils font entendre
que nos efforts si précaires peuvent être cependant récompensés.
En abordant cette question, que j'aurai à peine le temps d'effleurer,
je me propose, non de décrire des procédés et des nuances d'exécution,
mais de comparer entre elles des méthodes afin de montrer dans
quelles conditions et dans quelle mesure l'intervention peut donner de
RIGHELOT 215
sérieux résultats. Au lieu de ressasser les détails du manuel opératoire,
il sera plus utile de chercher dans quel esprit nous devons aborder la
cure chirurgicale d'un cancer de Tutérus .
Nature et évolation du oancer utérin . — Pour éviter de mar-
cher à Taventure, il faut nous demander d'abord sur quel terrain nous
sommes. Un mot seulement — sans aucune prétention à traiter le sujet
en détcdl, et sans perdre de vue la région pelvienne — sur la nature et
révolution du cancer.
La théorie parasitaire est aujourd'hui en honneur ; presque tout le
monde y croit ou voudrait y croire. Elle est simple, elle séduit l'esprit;
elle est d'accord [avec le courant qui nous entraine depuis quelques
années. Elle fait luire l'espoir des guérisons définitives en donnant au
cancer les apparences d'un accident, d'un ennemi survenu par hasard
et qu'on peut détruire en entier, sans retour ; aux uns elle inspire
< une confiance absolue, inébranlable dans le traitement opératoire des
tumeurs malignes p; aux autres elle permet d'entrevoir le sérum libé-
rateur. Malheureusement les auteurs se sont épuisés en efforts inu-
tiles pour découvrir le microbe ; les fameuses coccidies sont des cada-
vres ou des débris de cellules dégénérées ; d'après les travaux les plus
récents, les tumeurs sous-cutanées ou parenchymateuses, provoquées
chez les animaux par l'inoculation des cultures virulentes de blasto-
mycètes réputées capables de produire cancers et sarcomes, ne pré-
sentent rien qui ressem])le à un néoplasme épithélial ou conjonctif : ce
sont des nodules inflammatoires, des granulomes analogues à ceux
qu'on trouve dans diverses maladies parasitaires. Quant h l'opinion des
cliniciens, elle repose sur des bases bien fragiles : on a vu en quelques
années ou quelques mois plusieurs cancers dans la même maison,
plusieurs le long d'un cours d'eau ; tandis que le village était sain, il
y en avait à la lisière du bois. Les auteurs qui ont fait ces remarques
ne nous disent pas si Teau est plus dangereuse que Tarbre. Celui-ci^
toutefois, semble avoir la préférence ; les galles des végétaux sont
leurs tumeurs malignes, certains parasites connus les engendrent. . . ,
et l'imagination se met en campagne sur des analogies grossières et de
naïves hypothèses.
La théorie parasitaire n'a rien, au fond, qui m'inquiète ; car, fût-elle
. solidement établie, elle ne • ferait pas de l'organisme un terrain
neutre, incapable de modifier l'évolution du cancer, de précipiter ou
de retarder sa marche. Qu'on me la démontre, et demain j'y croirai;
mais je reste fidèle, jusqu'à nouvel ordre, à la doctrine qui fait de la
216 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
tumear maligne un trouble nutritif indépendant des causes extérieures.
Le cancer est une prolifération atypique des cellules épithélial^
qui, au lieu d'évoluer naturellement vers la lumière des conduits
excréteurs, subissent une véritable « désorientation », pullulent ai
tons sens, emprisonnent des globes épidermiques, retiennent les pro-
duits d'élimination, progressent dans les parties voisines en compri-
mant et atrophiant les éléments sains. On cherche le parasite ; mais
c'est elles qui, une fois l'impulsion donnée, jouent le rôle de parasites
pour ainsi dire autochtones à l'égard des tissus de l'organisme et le
contaminent par deux procédés : d'une part, elles envahissent de
proche en proche en créant autour d'elles une « zone de transforma-
tion i ; d'autre part, elles vont au loin, par les vaisseaux lymphati-
ques, former des tumeurs secondaires, histologiquement pareilles à la
tumeur primitive. %
C'est fort bien, direz-vous, mais qui donne l'impulsion ? Et devant la
faillite actuelle, sinon définitive, delà théorie microbienne, où trouver
la cause d'inhibition des justes lois qui régentent la société cellulaire i
Je réponds : dans l'organisme.
Quand Virchow soutenait l'origine irritative banale du cardnome,
il avait à combattre les vieilles écoles, aux yeux desquelles tumear
primitive, tumeurs à distance et cachexie étaient, au même titre, l'ex-
pression de la « diathèse » ; et la diathèse cancéreuse était une maladie
formelle, une dyscrasio contre laquelle nous restions impuissants. D
luttait pour le cancer primitivement local et la « dyscrasie deutérope-
thique v. Aujourd'hui, le cancer primitivement local, l'infection secon-
daire et les métastases sont des points hors de discussion. Mais les
faits acquis ne suppriment pas la notion de cause, et Broca avait
raison, dans son Traité des tumeurs, de reprendre le mot diathèse, d'en
rectifier le sens, et de désigner par lui non plus une maladie générale
créant des localisations, mais la disposition de l'organisme à engendrer
la néoplasie.
Cette disposition est pour moi l'évidence même ; il y a un terrain
pour le cancer. J'en trouve une preuve dans les liens qui le rattachent,
comme Ta vu autrefois Bazin, aux affections groupées sous le vieux
nom d'arthritisme, et dans l'hérédité, qu'il est si facile de toucher
du doigt. Cent fois j'ai vu le cancer et les maladies arthritiques se
transmettre, alterner, coïncider de façon telle qu'il me faudrait un
bien grand scepticisme pour ne pas ranger la tumeur maligne dans
une famille pathologique où elle trouve si naturellement sa place.
niCHELOT 217
J'entends bien qu'on nous dit : k Si le cancer est une maladie cons*
titutionnelle, aucun procédé chirurgical ne peut en amener la guérison. »
Qu'en savez-YOtts? Sans doute, j'aimerais mieux qu'il n'eût pas de
racines dans l'économie, et qu'on pût le guérir à coup sûr, à la seule
condition de l'enlever totalement. Je reconnais môme que la récidive
est le plus souvent une simple continuation du mal, après une ablation
incomplète ; cela est vrai surtout pour les repullulations rapides. Mais
rien n'empêche qu'il y ait de véritables récidives, survenant plus tard
sur le lieu même ou à distance, et constituées par du cancer nouveau.
Seulement, qui vous dit que ce nouveau cancer apparaîtra? qui vous
dit que la tumeur, enlevée en totalité, se reproduira fatalement ? La
récidive, au sens propre du mot, est éventuelle et peut ne venir
jamais. Et c'est justement cette action mystérieuse et diverse de l'éco-
nomie qui règle sur place le degré de l'anarchie cellulaire, modifie son
évolution et détermine son pronostic. C'est elle qui nous donne prise
contre le mal, mais nous trace d'infranchissables limites ; c'est elle qui
assure d'emblée notre défaite ou consolide nos succès. Revenons, pour
nous en convaincre, à la région qui nous intéresse.
Il n'est pas douteux que la marche du cancer de l'utérus est très
variable, et que nous n'avons aucun élément certain pour la prévoir.
Les différences que les auteurs signalent entre les formes ulcéreuses,
végétantes, infiltrées, superficielles, cavitaires, sont des apparences
vaines ; leurs opinions sur les nuances de la malignité sont contradic-
toires. J'admets, comme tout le monde, que l'évolution est plus rapide
chez les très jeunes femmes : encore n'est-ce pas une règle invariable.
Mais ce qui est frappant, c'est l'allure absolument opposée que peuvent
avoir, chez dés femmes d'âge analogue et sans raison apparente, deux
cancers ayant la même structure et siégeant au même point. J'ai
opéré des épithéliomes du col intéressant à peine le tiers ou la moitié
d'une des lèvres, et qui certainement n'étaient pas très loin de leur
début ; le mal s'est reproduit à bref délai. J'en ai opéré d'autres qui
avaient infiltré, raccourci, excavé le museau de tanche, et qui m'ont
donné des succès inespérés.
Exemple : une femme de 32 ans dont j'ai rapporté l'histoire au dernier
Congrès de chirurgie ; elle n'a\'ait plus qu'un bourrelet cancéreux au
fond du vagin, avec une zone d'envahissement sous le bas-fond de la
vessie, et, depuis dix ans qu'elle est opérée, elle se porte bien. Voilà
un cancer qui avait eu le temps de franchir l'utérus et de se répandre
au dehors ; mais sa marche était lente, sa prolifération peu active ;
ASrX. DB OTS. — VOL. UV. 16
218 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
sans doute il avait mis longtemps à détraire le col sans révéler sa
présence et, malgré Tétendne et la profondeur de Tulcère, il n^avait
pas envoyé de cellules dans les ganglions. Tels sont les cas heureiuc,
malheureusement trop rares, qui nous laissent le temps d'agir. Mais
pourquoi ces différences?
Un autre fait remarquable et bien connu, c'est le pronostic meilleur
des^cancers du corps. Ils durent des années, ils restent beaucoup plus
longtemps circonscrits et opérables. Pourquoi? L*anatomie de la
muqueuse et de la paroi utérine^ la disposition des lymphatiques ne
nous disent pas comment il se fait que Tutérus, profondément dégénéré
à sa face interne et réduit à une coque mince ne soit pas toujours
entouré d'une zone en puissance de cancer et de ganglions infectés.
En somme, il est constant que le cancer utérin traverse deux
périodes, qu'il reste enfermé dans l'utérus avant d'envahir les régions
voisines, et que la durée de ces deux périodes est soumise à des con-
ditions inconnues, sans doute à l'influence du c tempérament morbide w.
Or, la première, celle qui nous intéresse le plus, est malheureusement
trop courte ; mais nul ne peut la mesurer, et maintes fois peut-être elle
nous paraîtrait assez longue si nous pouvions la surprendre à son
ori^ne. Gela dit, quel est notre but, et quelles peuvent être nos pré-
tentions ?
But et valeur de l'intervention chirurgicale. -^ Le but rêvé, c^est
d'intervenir pendant la première période, avant que la moindre cellule
cancéreuse ait cheminé hors de l'utérus. Nous pouvons le faire en
opérant très près du début; nous pouvons le faire aussi en arrivant un
peu plus tard, si la chance nous fait tomber sur un cancer à marche
lente. Alors, qu'arrivera-t-il ? N'ayant pas laissé trace de tissu mor-
bide, nous n'avons rien à redouter de notre ennemi ordinaire, la réci-
dive par simple continuation. Et nous sommes bien près de tenir la
guérison radicale ; nous la tiendrons, en effet, sans l'arrière-pensée
d'une prédisposition de l'organisme qui peut n'être pas épuisée et
reproduire un nouveau cancer à plus ou moins longue échéance. Mais
ce n'est là, je le répète, qu'une éventualité ; et voilà pourquoi, tout en
avouant l'instabilité de nos victoires, il nous est permis de croire au
succès définitif.
Telle était, il y a quinze ans, l'idée qui nous inspirait : prévenir
l'envahissement, et non le poursuivre. Tel est, aujourd'hui encore, le
véritable traitement du cancer utérin. Hors de là, tout est précaire,
incertain, ou condamné d'avance.
RICHELOT 219
Non, certes, que rintervention soit toujours sans portée, quand nous
opérons des utérus bien mobiles et que, malgré notre diligence, nous
arrivons trop tard. Que veulent dire ces guérisons prolongées, qui
durent trois ou quatre ans et finissent par une récidive 1? On ne peut
admettre h tout propos Téclosion d'un nouveau cancer. N'y a-t-il pas,
dans ces reproductions tardives, la preuve que Tinvasion était com-
mencée ; mais que, la suppression de Tutérus l'ayant arrêtée de bonne
heure, les cellules émigrées sont restées là, sommeillant au sein des
tissus ? Je conçois que, pendant ces longues survies qui donnent Til-
lusion de la santé, mais qui ne sont pas indéfinies, les éléments épi-
théliaux restés seuls et sans af fluence nouvelle mènent une vie moins
active, et provoquent dans leur voisinage une transformation lente,
insensible, un désordre longtemps inaperçu. Et j Imagine que cela
arrive quand rémigration des cellules a été discrète avant l'intervention,
et aussi quand l'organisme lèvent bien ; quand le mode de nutrition
des tissus, leur degré de résistance imposent aux éléments nuisibles
cette lenteur d'évolution. Voilà pourquoi nous avons des succès relatifs,
qui sont loin d*ôtre sans valeur, dans quelques-uns des cas où l'en-
vahisscment nous a devancés.
n y a plus encore : Pinvasion commencée et visible n'est pas tou-
jours une raison pour perdre courage. J'ai parlé des cancers un peu
trop mûrs qui m'ont donné des guérisons persistantes. Presque toujours
ces cols détruits, affleurant les culs-de-sac, supposent une infiltration
déjà étendue et profonde ; comment connaître ceux qui, par exception
et par bonheur, échappent à cette règle ? Nous n'avons qu'un signe, et
encore nous fait-il bien souvent défaut : c est le rapport entre l'étendue
actuelle des lésions et la durée de l'évolution antérieure. Ce fait est le
seul qui puisse nous fournir une apparence de pronostic et nous
rendre hardis dans l'exécution. Trop souvent, la femme ne peut rien
nous dire sur le début de son mal ; mais quand elle a pu être observée,
et quand cette période d'observation a duré de longs mois, fût*elle sur
la limite des cas opérables, elle peut encore être sauvée ou guérie pour
longtemps ; la lenteur constatée de l'évolution nous donne l'espoir que
l'envahissement est minime, que nous pourrons l'atteindre et le dépas-
ser, qu'il y a seulement infection de proche en proche, et non trans-
port des cellules à distance. Voilà pourquoi il nous est bien difficile de
nous en tenir au précepte étroit de n'opérer que des cancers très petits;
voilà pourquoi il nous arrive de risquer, sans légèreté ni aveuglement,
des opérations qui n'ont pas grandes chances de succès ; d'opérer un
220 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MéoiCALES DE PARIS
peu plus souvent que ne paraît l'indiquer Textrême prudence, pour
tomber sur les cas heureux qui voudront bien se présenter.
Ces réserves faites, j'insiste encore: lopération vraiment curative
est celle qui précède toute infiltration hors de Futérus. Et nous la
faisons de temps à autre, car je crois à quelques guérisons.
La situation n'est-elle pas la même pour tous les organes? Et quand
nous sommes réduits à poursuivre le cancer dans les voies lympha-
tiques, ne devons-nous pas avouer que nous sommes débordés et que
nous continuons, par devoir, une lutte inégale ? Car, il ne faut pas nous
leurrer sur la valeur des extirpations ganglionnaires. Dans quelle
région, cou, estomac, rectum avons-nous la prétention de supprimer
tous les ganglions atteints, toutes les parcelles de tissus qui peuvent
receler un espace lymphatique et des cellules cancéreuses ? La mieux
disposée pour seconder nos efforts, la région mammaire, nous donne
elle-même trop souvent la preuve de notre impuissance. Ne perdons
pas de vue ces idées, et nous jugerons mieux, tout à l'heure, les méthodes
rivales.
L'hystérectomie vaginale. — Sa raison d'ôtre. — Sa béni-
gnité. — Son efficacité relative. — L'hystérectomie vaginale est
fort dénigrée aujourd'hui. Gomme s'ils lui en voulaient de n*avoir pas
guéri miraculeusement tous les cancers, beaucoup de bons esprits la
condamnent et se laissent entraîner par le mirage d'une méthode plus
parfaite. Plusieurs, négligeant les faits qu'ils n'ont pas vus de leurs
yeux, prétendent qu'elle n'a jamais rien valu ; qu'elle est irrationnelle
puisque les ganglions lui échappent, et mérite d'être oubliée au même
titre que les amputations partielles d'autrefois.
U y a, dans cette opinion excessive, inexpérience des faits et manque
de doctrine. Tandis que les sections du col, même au-dessus de l'in-
sertion vaginale, laissent persister l'infiltration qui a cheminé à travers
l'isthme et touché la muqueuse utérine ; tandis que les sections, môme
précoces, à l'examen histologique, laissent voir entre les faisceaux muscu-
laires des boyaux de cellules cancéreuses divisés par le bistouri et dont
la suite est restée sur le moignon, par l'extirpation totale nous enlevons
toutes ces causes de récidive immédiate, tout ce qui s'est propagé de
bas en haut, tout ce qui n*a pas franchi le tissu utérin, peut-être
même, en détruisant les annexes et la base du ligament large, Tenva-
hissement à son début. Ainsi notre intervention est raisonnable et
suiiérieure aux sections du col, en même temps qu'elle est modeste et
reconnaît les limites qui lui sont imposées par la force des choses ;
RIGHBLOT 221
elle nous promet des succès durables dans les cas où des cellules encore
peu nombreuses auront émigré discrètement vers les parties voisines
et voudront bien y sommeiller longtemps (survies prolongées) ; dans
ceux plus rares où nous aurons la chance d'intervenir avant que les
vaisseaux lymphaticpies aient porté hors de l'utérus aucuu germe de
repuUulation (guérisons définitives). En d'autres termes, elle répond
au précepte que j'énonçais tout & l'heure, < prévenir l'envahissement,
non le poursuivre », et aux considérations q[ue je résume dans
cette autre formule, « profiter de la lenteur d'évolution et de la résis-
tance organique». J'ai contribué jadis à vulgariser l'hystérectomie
vaginale, et je compte encore parmi ses défenseurs parce qu'elle est
douée d'un pouvoir malheureusement restreint, mais très nettement
défini; parce qu'elle est, quoi qu'on en puisse dire, une méthode
rationnelle.
En même temps, l'opération est bénigne. Il ne faut pas s'en tenir à
la gravité relative des deux ou trois premières années, alors que nous
étions novices, mal outillés, mal renseignés sur les signes de l'envahis-
sement. U ne faut pas s*inspirer des chirurgiens qui aujourd'hui même
font des opérations hasardées, encore moins de ceux pour qui la voie
vaginale est pleine d'écueils et de mystères.
lies résultats sont variables. Toutes les séries sont courtes, car, si
nous voyons un grand nombre de cancéreuses, il y en a fort peu qui
nous arrivent h temps. J'éviterai les énumérations et les statistiques ;
pour ma part, j'ai 100 cas avec 6 morts, et les chiffres que nous avons
réunis Barozzi et moi, pour un ouvrage actueUement sous presse,
donnent une mortalité moyenne de 7,8 p. 100. Les partisans irré-
ductibles de la voie haute ont mis la main avec empressement sur une
ou deux séries défectueuses — 17 et 19 p. 100 — qui appartiennent
à des chirurgiens de premier ordre. C'est mal argumenter que de
s'écrier : « 19 p. 100 entre les mains des meilleurs opéra-
teurs! », et de laisser dans l'ombre les 2 p. 100 de Ott, 1 p< 100
d*01shausen, 8 p. 100 de Landau, et la moyenne très satisfaisante
que je viens de citer. Quelques faits malheureux, entre des mains
habiles, montrent les dangers qui guettent le chirurgien lorsqu'il est
surpris par un diagnostic difficile, ou cherche à tirer parti d'un cas
douteux ; mais^ pour tout homme qui étudie ses observations plutôt
que des relevés pris en bloc, ils s'effacent devant la simplicité mer-
veilleuse et la réussite presque certaine de toutes les opérations qui
portent sur des tumeurs bien circonscrites et des utérus bien mobiles,
222 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
les seules, après tout, sur lesquelles il soit prudent de compter pour
avoir des résultats satisfaisants .
Enfin Thy stéréotomie vaginale, en dépit de ses détracteurs, 8*est
montrée efficace; elle a donné des survies prolongées et des gnérisons
persistantes. Pensez toujours aux chiffres peu élevés des auteurs, qui
commencent à 12 ou 15 pour dépasser rarement la centaine, et vous
jugerez mieux ce que vaut le petit nombre des cas heureux. Les sur-
vies de trois à sept ans ne sont pas rares; Bouilly avait en 1897 une
guérison temporaire de cinq ans, plusieurs de quatre ans et demi et
trois ans ; en 1894, j'en avais une de cinq ans et demi. Mais ce qui nous
intéresse encore davantage, c'est Tabsence de récidive notée par l'au-
teur au moment où il écrit. Ott (de St-Pétersbourg)a des gnérisons per-
sistantes après douze, onze, dix, huit et six ans; Landau, après neuf et
demi, huit, sept, six, cinq, quatre ans, etc. ; Le Dentu et Pozzi, après
six ans ; Quénu, Terrier et Hartmann^ Routier, après cinq ans; Olshan-
sen, Fritsch, Lauwers ont eu des succès analogues. A l'heure actuelle,
voici mes résultats :
J'ai deux malades anciennes, dont la première a vécu douze années
sans récidive, et est morte d'une hémorrhagie cérébrale ; la seconde
est toujours bien portante, elle a treize ans et demi de guérison.
Les suivantes, que j'ai sous la main, vivent en bon état depuis
onze ans, dix ans, neuf ans, sept ans, cinq ans, quatre ans passés,
quatre ans, trois ans et demi, trois ans ; je laisse de côté les plus
récentes.
J'en ai perdu de vue, bien portantes, après cinq ans, quatre ans et
trois mois, quatre ans, trois ans et dix mois, trois ans et demi. Et je
note en passant que^ parmi ces malades qui ont si largement bénéficié
de l'intervention, il y avait un col c très rongé, presque détruit >,
mais avec mobilité parfaite de l'utérus; un col « très raccourci, très
excavé » ; un col « friable et très infiltré » ; un cul-de-sac postérieur
c légèrement envahi ».
On nous dit : « Ce n'était pas des cancers !» et on accuse ainsi de
légèreté un nombre imposant de chirurgiens qui ont cependant Tha-
bitude d'étudier leurs malades et d'examiner leurs pièces. Le diagnos-
tic du cancer utérin n'est pas difficile ; presque toujours il est évident,
môme dans les cas franchement opérables. Jamais, sans parler des
autres signes, la rénîtence du col infecté, déchiré ou sclérosé, ne
simule la dureté ligneuse et la surface bosselée du cancer ; un doigt
tant soit peu exercé ne peut guère s'y laisser prendre. Mais au début.
RICHBLOT 223
quand répiihéliome nait à peine? Ceux qui Font vu & cette période
ont, en vérité, beaucoup de chance. Et les novices ? Nous l'avons tous
été, et tous nous avons pris des métrites pour des cancers ; tous nous
pouvons être encore trompés, une fois par hasard, par un cas excep-
tionnel. Mais cela veut-il dire que la statistique en est faussée ? La
question n'est pas de savoir si un observateur exercé peut hésiter
quelquefois sur les apparences cliniques ; si même Thistologie peut,
sur de rares spécimens, avoir quelque peine à se prononcer. Il est
toujours facile, avec de la bonne foi, d'éliminer les cas douteux ou
négatifs et do publier des chiffres incontestables. Si enfin quelques
erreurs connues du microscope font hésiter votre jugement, dites quel
trouble infiniment petit peut apporter dans nos calculs cette imper-
fection de la science humaine, quand nous voyous partout les chirur-
giens les plus attentifs et les mieux outillés nous apporter des faits
heureux en minorité, sans doute, mais en nombre tel que nous serions
fous d'y voir un motif de découragement.
Go que je dis de la métrite, je le dis à fortiori des autres causes d'er-
reur. Le chancre du col utérin est inconnu, je pense, de la plupart
d'entre nous ; Fournier, dans son immense pratique, m'a dit n'en
avoir jamais vu. J'ai enlevé l'utérus, en 1894, pour un col tubercu-
leux ; il ressemblait à une métrite banale, mais nullement à un épi-
théliome. Yitrac a publié une observation de ce tuberculose végétante
du col utérin simulant le cancer » ; mais la description ne répond pas
au titre, car « la consistance de la tumeur était élastique, souple,
donnant au doigt explorateur la sensation d'une surface mûriforme et
veloutée > ; Fexamen histologique a montré les tubercules, et aucune
erreur n'a été commise. Une « hypertrophie glandulaire utéro-vagi-
nale simulant une tumeur maligne v est décrite par Sinéty ; « la con-
sistance fait penser h un amas d'œufs de Naboth ; l'aspect des kystes
multiples constituant la tumeur, leur couleur blanc grisâtre, leur
transparence, ne laissent aucun doute sur la nature de la lésion »•
Encore un titre abusif, et une erreur qui n'a pas été faite.
Je pourrais continuer, mais pourquoi chercher tant d'arguments ?
Certains faits tranchent la question. J'opère une malade en 1886 ; au
bout de cinq ans et demi elle est bien portante. Cette guérison prolon-
gée vous j)araît suspecte ? Rassurez- vous, la malade meurt de réci-
dive à la fin de la sixième année.
Autre exemple : une femme avait subi l'amputation du col ; après
deux ans il y ^eut récidive ; Ott lui fit alors une hystérectomie vagi-
224 13^ CONGRÈS DES SCIENCES BIÉDICALES DE PARIS
nale, et six ans plus tard la guérison ne s'était pas démentie. Était-ce,
oui on non, du cancer ?
Si encore vous contestiez les seules « cures radicales », on pourrait
8*entendre. Quelques auteurs exagèrent manifestement quand ils par-
lent de guérison définitive après trois ans révolus; même après cinq
ans, même plus tard si vous voulez, même toujours, évitons d'em^oyer
ce mot, bien que je sois fort tenté de considérer comme telles les gué-
risons qui durent depuis neuf, dix et douze ans. Mais nier les « cures
prolongées » et les bienfaits de Thystérectomie vag^ale après des
cancers typiques, nettement démontrés par la clinique et par Thistolo-
^e,c'est tout bonnement nier Tévidence. Et puisqu'on faisant toutes les
concessions,en admettant les erreurs possibles,je puis citer,8ans Fombre
d'un doute, au moins 18 malades sur 100 à qui j'ai amplement rendn
service et dont plusieurs semblent guéries définitivement, je dis que
nos prévisions d'autrefois étaient légitimes ; que seuls peuvent se dire
désillusionnés ceux qui avaient rêvé l'impossible, et qu'enfin, malgré
les défections et les plaidoyers tendancieux, la cause de l'hystérectomie
vaginale n'est pas encore perdue. On a dit que nous avions fait d'elle
a notre chose o, et que nous y tenions « par amour-propre ». Les
arguments et les chiffres que j'ai donnés montreront, j'espère, que les
chirurgiens dont l'opinion ne s'est pas mise à la mode obéissent à
d'autres mobiles et cherchent d'abord la vérité.
Ii'bTstéreotomle abdominale. — Ses prétentions. — Sa gra-
vité. — Sas résultats. — J'examinerai maintenant l'intervention par
la voie sus-pubienne, ce qu'elle nous promet et ce qu'elle nous a donné
jusqu'ici.
Tout d'abord, faisons justice de la chirurgie audacieuse qui aborde
couramment, sans crainte et sans vergogne, les cancers envahissants,
et trouve plus « scientifique » , plus « chirurgical » de réséquer les
ligaments larges, de fouiller à travers les infiltrats et les parcelles
néoplasiques, de poursuivre les ganglions depuis l'utérine jusqu'à
l^aorte. Presque toutes les opérations abdominales de ces dernières
années ont été faites dans ces conditions, comme si les cancers diffus
n'avaient pas encore donné assez de déceptions aux chirurgiens. Et
vrûment je n'ai pas le courage de les discuter en détail. Je veux bien
qu'on n'ait pas renoncé d'avance à tout espoir ; mais qu'après y avoir
passé on ait encore la prétention c d'enlever tout » et d'empêcher le
cancer de revenir, c'est une illusion qu'il faut absolument repousser.
Tout autre est la doctrine spécieuse qui, jetant par-dessus bord les
RICHBLOT 225
cancers envahissants, considère Tliystérectomie abdominale comme le
traitement des cancers franchement opérables, anssi près de leur
début qu'on peut les rencontrer. Celle-ci mérite qu'on Fexaminc de
près, car elle a pour elle d*ôtre moins osée, moins meurtrière et plus
logique. Il s'agit, en somme, d'adopter ici les mêmes principes que
pour tous les cancers : intervenir le plus tôt possible, et enlever non
seulement la tumeur primitive, mais la zone lymphatique et les gan-
glions correspondants. La méthode abdominale, comprise de cette
manière, vise particulièrement les cas où il n'y a pas de propagation
cliniquement appréciable, et exige, au cours des opérations les plus
simples, toujours et de parti pris, 1' « évidement du bassin ».
Son premier argument est celui-ci : les ganglions sont toujours
envahis, et la voie haute permet seule de les atteindre. Mais il y a là
une pétition de principe. Les affirmations des auteurs sont contradic-
toires ; j'en citerai quelques-unes.
Jacobs a opéré deux séries de malades : les 8 premières étaient trop
avancées, il les renie avec raison ; chez les 15 suivantes, opérées à
temps, les seules où la question puisse être posée, il assure que les
ganglions étalent cancéreux. Hélas ! nous avons tous eu des séries de
quinze opérées chez lesquelles la récidive ne s'est pas fait attendre, et
nous savons bien qu'on peut trouver quinze fois de suite les ganglions
malades.
Mais voici d'autres chiffres : Roger Williams a vu l'infection gan-
glionnaire 56 fois dans 78 autopsies. Peiser, invoquant les travaux de
Dittrich, Gruveilhier, Pawlick, Russel, affirme que les vaisseaux et
les ganglions lymphatiques du col sont touchés dans 50 pour 100 des
cas, au moment où la malade vient consulter le chirurgien. Gomment !
22 fois sur 78, d'après un auteur, 1 fois sur 2 d'après l'autre, nous
pourrions enlever la tumeur primitive sans nous occuper des ganglions
et peut-être compter sur la cure radicale ! C'est plus beau que nature ;
et, cependant, voilà sur quels chiffres on s'appuie pour trouver la
situation désespérante I
En réalité, les guérisons persistantes après l'hystérectomic vaginale
prouvent assez que les ganglions pelviens sont quelquefois indemnes,
et pour supprimer ces cas heureux il ne suffit pas de les déclarer
impossibles. Une autre preuve, difficile à réfuter, se tire des opérations
sus-pubiennes dans lesquelles l'utérus seul a été enlevé, et qui cepen-
dant n'ont pas donné de mauvais résultats. La plus célèbre est la première
de Freund : la malade, opérée le 30 janvier 1878, vivait encore en
226 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
1893, avec ane santé parfaite. On ne faisait pas révidement à cette
époque ; la méthode sas-pubienne n'était qu'une autre manière d'enle-
ver l'utérus. Il est donc certain qu*on peut vivre quinze ans, alors
môme qu'on n'a subi ni évidement, ni recherche ganglionnaire. Que
diriez-vous, s'il se fût agi d'une hystérectomie vaginale ? Erreur de
diagnostic I Mais comme on a pris la voie haute, j'ai beau chercher
dans vos écrits, c'est une idée qui ne vous est pas venue. Je citerai tout
à l'heure deux malades chez lesquelles je n'ai enlevé ni ganglions ni
tissu cellulaire, et dont la survie a Tindiscrétion de se prolonger .
Voilà des faits qui se retournent contre vous et qui plaident indirec-
tement la cause de l'hystérectomie vaginale. Vous ne pouvez prendre
à votre actif — et encore, sans préjuger le résultat — que ceux dans
lesquels on a disséqué la zone lymphatique et trouvé des ganglions
malades ; et il reste, en somme, que a les lymphatiques pelviehs ne
sont pas envahis dès le début », comme le dit Lauwers — un rallié, que
c le souci de la vérité » oblige à rendre hommage à la voie basse,
tout en lui tournant le dos.
Mais, direz- vous, puisqu'on ignore à quel moment se fait la propa-
gation, n'est-il pas plus sûr d'adopter .toujours la voie haute ? Oui,
s*il n'y avait, pour sauver sa malade, qu'à prendre les ganglions avec
la main. Mais voyez donc un peu les choses comme elles sont, et que
le bon sens remporte enfin sur la logique ! Vous avez devant vous la
tumeur primitive et les ganglions, la zone infectée de la paroi vaginale
et du paramétrium, les traînées invisibles à travers les tissus. Or, si
peu qu^on réfléchisse et qu'on regarde, on a peine à comprendre qae
des chirurgiens puissent rôver la dissection intégrale des tissus conta-
minés. La comparaison avec le cancer du sein est spécieuse. Les gan-
glions axillaires sont réunis en paquet, plongés dans une masse adi-
peuse qu'on détache facilement ; et pour détruire tous les tissus, tous
les vaisseaux lymphatiques entre la tumeur et le groupe ganglionnaire,
il est loisible de tailler largement, profondément, et d'enlever en
masse la peau, la graisse, l'aponévrose, les muscles môme, sans avoir
ni organes à ménager, ni dangers à courir. Aussi n'est-il pas un chi-
rurgien qui néglige l'évidement de l'aisselle. Il faut croire, cependant,
que nos doigts épargnent souvent quelque glande accolée aux vaisseaux
ou perdue vers la clavicule, puisque l'infection continue et se généra-
lise ; il faut croire que les irradiations parties du néoplasme déjouent
notre poursuite à ciel ouvert, puisque la récidive a lieu si souvent
dans le voisinage de la cicatrice. Et s'il en est ainsi dans une région
RICHELOT 227
OÙ nous avons nos coudées franches, que pourrons-nous faire dans la
cavité pelvienne ? Que signifie ce dédoublement du ligament large ,
comme si nous pouvions racler ses deux feuillets, et cette mise à nu de
Turetère, comme si nous pouvions le dépouiller réellement, détruire
les dernières travées conjonctives, suivre à la piste les cellules cancé -
reuses le long des artères iliaques ? Les ganglions ne sont que des
relais sur le trajet de l'infection ; à quoi sert d'en prélever quelques-uns .
Et d'ailleurs, cet évidement — mot bizarre, dont l'exagération
devrait nous dispenser d'une critique approfondie — le faites- vous en
vérité ? J'entrevois des cas où le décollement d'un feuillet séreux et
l'ablation de quelques lambeaux vous serviront d'acquit de conscience.
M'est avis que, si on marche dans cette voie, certaines cavités pel-
viennes auront des airs tellement innocents que les hardis explorateurs
se sentiront faiblir, et qu'il y aura des évidements plus que discrets
et des hy stéréotomies très simples. J'en veux pour preuve les observa-
tions mêmes de Jacobs. Parmi les quinze, il y en a six où on enlève
« un petit ganglion », a deux petits ganglions >, « ganglions très
petits », et nul examen ultérieur ne dit ce qu'on y a trouvé. Il y en
a une avec t un seul ganglion suspect i», et à l'examen « la dégéné-
rescence n'est pas nette » ; une dernière enfin, où des « ganglions très
accusés sont abandonnés » . Ainsi, Jacobs prélève — et encore, pas
toujours — une parcelle des tissus qui peuvent être envahis. En
admettant que les guérisons se prolongent, en fera-t*il gloire à la
méthode qu'il a suivie f
Si je prends à partie les observations du distingué chirurgien de
Bruxelles, ce n'est pas pour le vain plaisir de les trouver en défaut ;
c'est qu'elles nous montrent bien l'état d'esprit dans lequel se trou-
vent en ce moment les partisans de Thystérectomie abdominale. Les
progrès de la technique ont éveillé en eux de longs espoirs ; tout s'est
résumé, à leurs yeux, dans ce mot magique : atteindre les ganglions.
Ils n*ont pas semblé voir que cette recherche est inutile si les gan-
glions sont indemnes, illusoire si l'invasion cancéreuse a pénétré dans
le petit bassin. Je pense qu'ils le verront bientôt, et finiront par recon-
naître que la méthode sus-pubienne obéit à la même fatalité que sa
rivale : devancer l'infiltration cancéreuse, ou se résigner à n'être que
palliative.
Ainsi doivent se borner, à mon sens, les prétentions de Thystércc-
tomie abdominale. Voyons ce que les faits nous disent de sa gra^
vite.
228 13" CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Les relevés anciens, et môme certains cliiffres modernes sont effra-
yants. Ils portent, h la vérité, snr une période de tâtonnements et sur
nn amas confus d'opérations très diverses, où dominent les canoera
envahissants. Mais, en dépit de rabaissement progressif de sa morta-
lité, rhystérectomie abdominale , avec une moyenne de 35 p. 100 —
je parle des statistiques récentes — est encore aujourd'hui quatre fois
plus grave que Topération par la voie basse. Mettons que la mortalité
diminue encore, si on renonce tout à fait aux interventions téméraires ;
mettons que o la voie haute, en tant que voie opératoire, ne soit pas
plus grave que l'autre ». Je le veux bien, mais tout dépend de ce qn^on
fait dans le ventre : la dissection prolongée du tissu cellulaire pelvien^
le dépouillement minutieux de l'uretère, l'extirpation intégrale des
ganglions jusqu'à la bifurcation de Taorte, en un mot, rendement tel
qu'il est décrit^ et tel qu'on devrait le faire pour lui donner quelqpie
valeur, serait infiniment plus dangereux qu'une hystérectomie vagi-
nale. Si on veut que la comparaison ne soit pas ridicule, il faut que
l'opération se rapproche des évidements discrets dont j'ai parlé tout à
l'heure.
On accordera bien, d'ailleurs, aux défenseurs de l'hystérectomie
vaginale, qu'ils ne sont pas hommes à reculer devant quelques diffi-
cultés opératoires, et qu'ils admettraient un peu plus de gravité s'ils
pensfdent recueillir tout le bien qu'on leur promet. Aussi passerais-je
condamnation si les faits connus semblaient attribuer à la méthode
sus-pubienne une efficacité particulière.
Malheureusement, cette supériorité des résuHcUê, escomptée avec
tant d'ardeur, est tout entière à démontrer. Je ne vois que des auteurs
qui avouent la récidive, d'autres qui hésitent et d'autres qui ne disent
rien. Si je consulte les faits, les malades sont mortes, ou en train de
mourir, ou trop récentes pour qu'on sache à quoi s'en tenir. Si bien
qu'après avoir fait de louables efforts pour nous démontrer que cette
méthode est capable de donner des survies plus longues et des guéri-
sons radicales plus fréquentes, on arrive à nous dire que « les observa-
tions ne plaident pas beaucoup en faveur de cette idée ».
Je me trompe : quelques-uns, rebutés par des excursions malheu-
reuses dans la voie basse ou ne l'ayant jamais tentée, avancent que les
résultats obtenus par la voie haute sont d'ores et déjà « infiniment
supérieurs à ceux de l'hystérectomie vaginale » . Une pareille assertion
désarme la critique.
Est-ce à dire qu'on ne peut rien tenter, rien espérer des perfection-
RICHELOT 229
nements de la technique ? Ce serait là, peut-être^ un jugement trop
sévère ; et je tiens à dire, en terminant, dans quelles conditions et
dans quelle mesure Tinteryention par la voie sus-pubienne me parait
acceptable.
n est bien entendu que je réprouve toute intervention pour les can-
cers pelviens manifestement diffus, et que je trouve abusifs ces delà*
brements immodérés, ces hardiesses qu'un petit nombre de chirurgiens,
au lieu de s'en excuser, nous recommandent ; mais le désir d'agran-
dir notre champ d'action, avec beaucoup de réserve et de prudence,
n'est pas illégitime. Je suppose un cas d'envahissement très limité en
apparence, mais laissant peu d'espoir de succès à l'hystérectomie vagi-
nale ; le chirurgien peut-il se résigner à considérer comme perdue
une femme encore pleine de santé ? Il accepte la voie sus-pubienne
comme une ressource qui lui permet d'aller un peu plus loin, de résé-
quer un lambeau de la paroi vaginale, d'extirper tout près d'elle un
noyau de propagation. Souvent il est déçu, l'opération est grave et de
plus elle est mauvaise, par l'étendue et la diffusion du mal. Mais il a
tenté la chance, et une fois par hasard il peut tomber sur un cas favo-
rable.
J'ai fait 21 opérations dans cet ordre d'idées, et j'ai perdu 8 malades ;
c*est dire que j'ai essayé, tâtonné comme bien d'autres. Souvent trompé
par l'étendue de la propagation, j'ai largement dépassé Tindication que
je posais tout à Theure, et qui n'est pas toujours facile à saisir ; et
j'en tire l'enseignement que, sous peine de faire une chirurgie brouil-
lonne et sans valeur, il faut s'avancer très peu sur un aussi mauvais
terrain.
Cependant, tout n'est pas à rejeter dans ce que j'ai fait. En Mssant
de côté les récidives promptes et les malades récentes, il en reste deux
qui m'ont donné satisfaction. La première est une femme de 63
ans, ayant un cancer de tout le segment inférieur ; le vagin sénile,
atrophié, se terminait en infundibulum ; tout en haut, le doigt ren-
contrait un orifice étroit, dur et bosselé. Gomme il n'y avait aucun
empâtement pelvien et que la femme paraissait assez vigoureuse, il était
permis d'intervenir, mais impossible de rien faire par la voie vaginale.
L'abdomen fut ouvert, l'utérus isolé ; une traction légère le divisa au-
dessus du col ; aucun noyau de propagation ne fut trouvé dans les liga-
ments larges, aucun ganglion ne fut cherché. La paroi vaginale, qui
était prise dans un bon tiers de sa hauteur et complètement fusionnée
avec le museau de tanche, fut réséquée très bas, et cependant il me
230 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
fut possible de la fermer et de la recouvrir de péritoine, de telle sorte
que la surface séreuse était partout reconstituée. La malade se réta-
blit aisément ; elle est guérie depuis vingt-neuf mois et semble aujour-
d'hui revenue à une santé parfaite.
La seconde, ftgée de 41 ans, avait un col absolument détruit,
effacé, et des culs-de-sac ayant perdu leur souplesse. Par Tab-
domen, j'ai réséqué la paroi vaginale ; un écoulement sanguin persis-
tant m'a fait mettre 16 pinces à demeure sortant par la plaie. Depuis
vingt et un mois, la malade est bien portante, elle a repris de la force
et de l'embonpoint; elle travaille, elle n'a pas trace de récidive.
Voilà donc deux femmes dont le cancer est envahissant, la paroi
vaginale infiltrée, étroite et rigide, le museau de tanche disparu, sans
prises possibles. Rien h faire par la voie basse ; mais la méthode sas-
pubienne, devenue savante, me donne une arme de plus, et je puis
faire une opération complète. Il y a là un fait nouveau, un progrès à
saisir ; une indication étroite, mais positive. On trouve des va^ns peu
maniables et des cols très élevés, très effacés ; des cancers du corps de
l'utérus qui cheminent de haut en bas à travers le museau de tanche,
le rendent friable, exigent qu'on empiète sur la paroi vaginale. G^est
à nous de connaître les faits cliniques, de nous rappeler les malades
devant lesquelles nous avons dû jadis avouer notre impuissance, et
d'être assez clairvoyants pour dépister les cas où nous pouvons, sans
témérité, faire un pas en avant. L'essentiel est d'aller doucement et de
ne pas nous aventurer ; car le mal est insidieux, et l'examen le plus
attentif suffit à peine pour fixer la limite où commencent les opérations
hasardées, dangereuses pour le présent, inutiles pour l'avenir.
On voit quel rôle j'assigne à la méthode sus-pubienne et à quelles
conditions précises elle me paraît légitime. Il ne s'agit pas de la croire
souveraine contre les épithéliomes circonscrits ; il s'agit de fonder sur
elle un dernier espoir quand la diffusion a commencé. Mais sur quel
indice^ à quel moment peut-on l'entreprendre ? L'habitude d'observer
les malades, de saisir les moindres nuances, de deviner les détails qui
échappent à l'examen, peut seule nous guider. Il faut^que le cancer ait
une marche lente ; que l'envahissement de proche en proche, Tinfec-
tîon par continuité de tissus l'emporte sur l'invasion des lymphatiques
et le transport des cellules à distance ; que la résection du vagin et
l'ablation d'un nodule cancéreux h la base du ligament large puissent
à la rigueur suffire. Tant pis si, le ventre ouvert, on est mis en demeure
d'aller plus loin, car, je le répète, on ne saurait tout enlever, et la dis-
JONNESCO' 231
section très imparfaite à laquelle on se livre dans le petit bassin no
m'inspire aucune confiance.
Gonclusion. — J'ai voulu montrer, dans l'exposé qui précède, com-
ment rhystérectomie vaginale obtient des guérisons qui paraissent
définitives, quand elle est faite assez tôt pour prévenir Tenvahissement ;
comment, sans l'avoir prévenu et sans le poursuivre, elle obtient des
survies prolongées ; comment l'hystérectomie abdominale est une
ressource de plus dans un petit nombre de cas triés sur le volet ; mais
comment, appliquée de parti pris aux cancers envahissants, elle est
une imprudence, et aux cancers limités ime illusion. C'est dire com-
bien je me sépare de ceux qui voient dans la première une opération
toujours incomplète, forcément palliative, et dans la seconde la seule
qui enlève tout, la seule qui soit logique et rationnelle.
L'hystérectomie vaginale, en cas d'utérus mobile et de cancer nette-
ment circonscrit, a une mortalité presque nulle. Les succès qu'elle
obtient — survies prolongées et guérisons persistantes — sont dans
une proportion qui varie entre 10 et 20 pour 100. Elle a donc fait ses
preuves, et les services qu'elle rend sont indiscutables.
L'hystérectomie abdominale, adoptée comme seul traitement du can-
cer utérin, est encore aujourd'hui quatre fois plus dangereuse. Quant
aux résultats thérapeutiques, il y en a d'excellents à la suite des opéra-
tions simples, sans évidement ui recherche ganglionnaire ; en d'autres
termes, dans les Conditions d'une hystérectomîe vaginale. Après les
ablations prétendues complètes, ceux que nous connaissons déjà sont
mauvais, ou trop récents pour être jugés. Il est facile de prévoir ce
que l'avenir nous réserve : dans les cancers peu avancés, les résultats
éloignés seront forcément comparables à ceux de l'autre méthode ;
mais rien n'autorise h penser quils seront meilleurs.
Je termine par où j'ai commencé : le but de nos interventions est de
prévenir la diffusion du cancer ; hors de là, notre rôle est purement
palliatif. Et, comme bien des cancers portent les malades à nous arri-
ver trop tard, il faut bien nous attendre à n'en sauver qu'un petit
nombre. De là cette double formule : opérer de bonne heure si nous
pouvons, et savoir nous contenter de peu.
Discussion.
— Thomas Jonnesco (Bucarest). —Il y a à distinguer deux
catégories de cas : les cancers limités au col, sans envahissement appré-
232 13* CONGRÈS DBS SCIBNCB8 MÉDICALBS DE PAEI8
ciable de la base des ligaments larges, raieras ayant ocnuenré aa
mobilité et sans propagation à la vessie, alors même que les parois
vaginales seraient tant soit pen envahies par le néoplasme; et les can-
cers immobilisés en partie on en totalité par Fextension dunéoplasBoe
à la base des ligaments larges le long des pédicules ntérins. Lbs pre-
miers sont justiciables d'une opération radicale ; aux seconds on ne
peut appliquer qu^une opération purement palliative.
L'hystérectomie vaginale bénigne, sur 11 opérées je n*en ai perdu
qu'une, est une mauvaise opération, car le résultat thérapeutique est
illusoire ; la récidive est de règle et rapide.
L'hystérectomie abdomin^ale sans évidement du pelvis, bénigne
aussi, est inutile car les ganglions laissés sont toujours néoplasiqoes,
alors même qu'ils sont inappréciables à la vue. Ainsi sur 6 cas où, ayant
pratiqué révidementdu pelvis, j'ai (ait examiner les ganglions proches
comme les plus éloignés, ganglions lombaires, les résultats ont été con-
cluants : dans 1 cas, sur 10 ganglions un seul était cancéreux ; — 2« cas :
sur 11 ganglions, 6 cancéreux ; — 3* cas : sur 10 ganglions, 6 cancé-
reux ; — 4«: cas : tous les ganglions cancéreux ; — 5* cas : les ganglions
hypogostriques tous cancéreux ; ganglions iliaques externes, prolifé-
ration lymphatique abondante sans éléments cancéreux ; 'ganglions
lombaires (aortiques) cancéreux ; — 6« tous les ganglions sont can-
céreux.
Ainsi il n'y a pas de règles : les ganglions proches peuvent être sim-
plement enflammés, alors que les plus éloignés, aortiques, sont cancé-
reux. Aussi la seule intervention rationnelle dans les cas de cancers dn
col les plus limités môme est la castration abdominale totale suivie de
la dissection minutieuse de tous les organes du petit et du grand bas-
sin, uretères, artères, nerfs, veines et de l'ablation aussi complète que
possible de tout le tissu cellulaire avec les vaisseaux lymphatiques
qu'il renferme, et de toutes les chaînes ganglionnaires aussi haut que
possible le long des iliaques et de l'aorte abdominale. Enfin, le vagin
doit être extirpé dans sa presque totalité. — Mais comme l'opération
ainsi comprise est longue et laborieuse, elle ne doit être réservée qu^anx
malades dont l'état général satisfaisant permet d'espérer un bon résul-
tat immédiat.
Dans les cancers étendus je me contente d'une intervention [Ndlia-
tive consistant en la ligature des artères hypogostriques, des artères
utérines en étages près de l'origine, et aussi près que possible de
l'utérus, des artères du ligament rond et des vaisseaux utéro-ovariens.
MonisANi 233
•
Autant que possible les veines et le tissu cellulaire ambiant sont pris
dans les ligatures. L'opération est complétée par un raclage à fond
de Tutérus. Ce traitement absolument bénin, car sur 8 cas je n*ai perdu
aucune de mes opérées, m'a donné d'excellents résultats : suppression
des hémorrhagies, des écoulements ; élimination spontanée des produits
néoplasiqnes et amélioration de l'état général pendant six, dix mois et,
môme plus d'une année.
— Morisani (Naples). — J'ai eu lieu d'admirer les importantes
relations qu'on a faites jusqu'ici à propos du cancer de la matrice et des
diverses opérations recommandées dans les différents cas. Je me limite
à faire quelques remarques relatives à ce que la clinique m'a
démontré, surtout quand le cancer coïncide avec la grossesse. Certai-
nement il y a des cas dans lesquels le cancer est limité au museau de
tanche ; tout le reste de la matrice se montre sain à l'observation. Et
notez, que je ne parle pas de ces cas douteux dans lesquels on croît
avoir opéré un cancer pendant qu'il s'agissait d'ulcères d'autre
nature, mais d'ulcères cancéreux démontrés au microscope. Eh bien !
dans ces cas-là la clinique m'a enseigné qu'en raclant le museau de
tanche, qu'en le cautérisant avec le Paquelin ou avec Télectro-cautère
ou a obtenu desguérisons assez importantes. Je sais que c'est difficile
d'observer des malades, à cette période initiale de la maladie ; mais
quand on a la fortune de les rencontrer, il faut tâcher d'éviter une opé-
ration plus grave et plus radicale. Et quand la femme est grosse aux
premiers mois, on peut par ces moyens permettre à la grossesse de
suivre son cours ; et ceci est très important parce que nous, accou-
cheurs, nous avons le devoir de sauver l'enfant. Il pourrait être un
Napoléon !«*• 1
Mais quelquefois le cancer s'est propagé à la cavité cervicale. Si
l'exploration démontre qu'il n'y a pas infiltration dans les ligaments
larges, et si la matrice est mobile, je conviens, avec M. Richelot, que
dans ces cas je ferais l'extirpation de l'utérus par le vagin.
Mais si la matrice est immobile et les ligaments larges infiltrés,
il n'y a autre chose à faire que l'extirpation de la matrice par la voie
abdominale, ou l'opération mixte, c'est-à-dire par l'abdomen et par le
vagin, avec excision ou non des ganglions pelviens intéressés.
Si une femme enceinte se présente à nous aux mois très avancés
de grossesse, il ne faut pas hésiter et il faut faire l'opération césa-
rienne, suivie de Textirpation complète de la matrice.
En conclusion, chirurgie conservatrice tant qu'on peut, et, quand il
ATS lïR OTT. — rOT. TIV. 16
234 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS *
y a danger grave de reproduction, ablation de 1 organe et des
annexes.
— H. Dclagénière (le Mans). — Nous avons atôré Tatlention
des gynécologues, au dernier Congrès de chirurgie de Paris, sur la
ligature des artères hypogastriques pour obtenir rJiémostase à In fois pré-
ventive et définitive dans Vhystérecfomie abdominale. Nous apportions alors
deux faits : dans un cas Topération pratiquée pour cancer avait donné
un résultat excellent ; l'opération, s'était trouvée considérablement sim-
plifiée ; dans Tautre cas, pour un fibrome enclavé, la ligature avait été
beaucoup moins efficace, mais cependant avait simplifié rhémostase
du fond du bassin. Nous avons renouvelé deux fois cett« tentative
pour des cas de cancer de Tutérus généralisé au bassin ; dans les deux
cas la ligature fut placée très facilement sur Fartère iliaque interne
tout près de la bifurcation de Tarière iliaque primitive et après avoir
dénudé la bifurcation ; d'autre part, une ligature avait été jetée
sur les artères utéro-ovariennes des deux côtés ; or, malgré ces précau-
tions l'hémostase du fond du bassin ne fut pas obtenue. En section-
nant les utérines nous avons eu du sang en quantité moindre assuré-
ment, mais suffisamment pour nécessiter la ligature de ces artères;
d'autre part, des artérioles du vagin continuaient à donner du sang:.
Ces quatre cas de notre pratique, malgré leurs contradictions appa-
rentes, portent leur enseignement et permettent de formuler dès
maintenant certaines conclusions dont l'intérêt pratique ne saurait être
mis en doute :
lo II nous a été possible, dans un cas de fibrome enclavé et dans trois
cas de cancers généralisés, de pratiquer sans difficulté des deux côté:»
la ligature de l'iliaque interne, sans que ce temps de l'opération ait
paru compliquer en quoi que ce soit la technique opératoire que nous
suivons habituellement ;
2o Les effets de la ligature préventive des artères iliaques internes,
combinés a celle de l'utéro-ovarienne, ne sont pas constants. Nous
avons obtenu une fois une hémostase complète ; deux fois une hémos-
tase relative, surtout efficace sur la circulation du fond du bassin, et
une autre fois nous n'avons pas obtenu de résultat appréciable. Il est
probable que rinconstanec des résultats obtenus tient aux anomalies
très fréquentes des branches collatérales des deux artères iliaques.
Notre technique ne peut être incriminée dans aucun des cas, car nous
avons toujours pris soin de placer le fil de la ligature exactement à la
bifurcation de l'iliaque primitive et après a voir dénudé cette bifurcation ;
DËLAGÉNIËRE 235
3° Quoi qull en soit, dans le cas où elle a été efficace la ligature a
simplifié énormément l'opération. Il s'agissait d'un cancer généralisé ;
Topération put se faire à blanc. Les tissus malades ischémies étaient
facilement reconnaissables, pouvaient être facilement délimités et enle-
vés ; enfin, point capital, dans ces cas de néoplasmes de l'utérus généra-
lisés, le bas-fond de la vessie et les uretères pouvsdent être respectés et
très facilement reconnus. L'extirpation radicale pouvait donc être réa-
lisée le mieux possible. Malheureusement dans nos trois autres cas
l'hémostase totale ne fut pas obtenue par les ligatures préventives; il
fallut faire, comme à l'ordinaire, une hémostase de détails. Cependant
la circulation du vagin paraissait diminuée dans une certaine mesure,
de sorte que l'hémostase si minutieuse des artères vaginales fut sim-
plifiée dans deux cas surtout, car dans un dernier cas aucun résultat
ne fut obtenu par la ligature préventive ;
40 II résulte de ce qui précède, qu'étant donnée la facilité avec
laquelle se pratique la ligature préventive des artères iliaques inter-
nes, malgré l'inconstance de ses résultats, elle devra être pratiquée
dans les cas de cancer de l'utérus en voie de généralisation, principa-
lement dans le cancer du col qui menace le plus les uretères. En cas
d'insuccès rien ne sera compromis : on aura seulement pratiqué deux
ligatures inutiles, comme cela nous arrive si souvent à tous dans n'im-
porte quelle opération.
Il nous reste maintenant à indiquer la technique que nous suivons
pour faire cette ligature, mais nous préférons auparavant relater nos
deux dernières observations inédites où cette technique a été défini-
tivement fixée. Nous nous sommes souvent étonné de la soi-disant
difficulté de cette ligature qui ne peut donner aucune surprise, à la
condition de se conformer aux règles que nous exposerons plus loin.
O&s. 1. — Fibro-sarcome de rutériiii en rôle de généraliiation. — Hystércctoinio abdo-
mioale totale après ligature préventive des deux artères hypogastriqucs. — Mort.
Obs. 2. — Cancer du col de l'utûrns généralisé. Hystérectomle abdominale totale apri>s
ligature préventive des deux artères hy^xigastrlques. — Gnérlson.
La technique peut se résumer de la façon suivante : Lorsque le
ventre est ouvert et la malade en position déclive, on place une pince
hémostatique sur chaque ligament rond tout près de l'utérus, puis on
fait une ligature de ce ligament en dehors de la pince pour faire
l'hémostase de l'artère du ligament rond. On sectionne enfin l^ liga-
ment rond entre la ligature et la pince.
236 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DR PARIS
Pour les artères atéro-ovariennes, môme manœuvre ; pinoe-clamp
sur le ligament large passant sous les annexes et arrivant au bord de
Tutérus, fil placé à travers le ligament large en dehors de la pince ;
enfin section du ligament large entre la ligature et la pince.
La section des ligaments larges et des ligaments ronds rend acces-
sible le cul-de-sac de Douglas en permettant de désenclaver la tumeur
si elle était enclavée, en la refoulant simplement sur le pubis si elle ne
ré tait pas.
C'est alors qu'on doit procéder à la ligature des artères hypogas-
triques. Nous commençons par celle du côté gauche. L*aide récline le
rectum à droite, avec l'index au niveau du détroit supérieur du bassin^
on cherche les battements de l'artère iliaque primitive ; pour èlre
bien sûr d'avoir senti l'artère, on la suit jusqu'à l'aorte. On descend
alors le doîgt jusqu'à la Infurcation, dont on précise l'endroit en sui-
vant de bas en haut l'artère iliaque externe. Quand la bifurcation est
bien reconnue, on saisit sur l'artère, dans le point déterminé, le péri-
toine pariétal avec une pince à griffes et on sectionne la séreuse d'un
coup de ciseaux; avec un instrument mousse, le bout des ciseaux, par
exemple, on dénude l'artère iliaque interne, on passe dessous un fil à
ligature avec une aiguille de Deschamps et enfin on lie vigoureu-
sement le fil. On referme ensuite la petite plaie séreuse avec un ou
deux points séro-séreux.
La ligature de l'artère hypogastrique droite est encore plus simple.
Le rectum est repoussé en place, et on procède ensuite exactement
comme du côté gauche.
Il reste enfin à terminer l'opération comme à l'ordinaire. Si l'hémos-
tase est obtenue complètement, l'extirpation de la tumeur se fera pour
ainsi dire à blanc ; si l'hémostase n'est pas complète, on placera quel-
ques pinces hémostatiques sur les vaisseaux qui donnent ; en général,
une pince de chaque côté, sur les artères utérines, suffira. Lorsque la
tumeur sera enlevée, il suffira de faire les deux ligatures ci-dessns,
ou même, si l'hémostase est complète, aucune ligatui*e ne sera uUle.
On se contentera de faire la toilette du péritoine et de reconstituer le
péritoine pelvien.
— G. Bouilly (Paris). — J'ai l'honneur de soumettre au Congrès
les résultats de ma pratique dans le traitement du cancer utérin
par l'hystérectomie vaginale.
J'ai déjà en 1897 [Bulkt'm de Tfiérapeutique) publié et analysé les
résultats fournis par une période chirurgicale de dix années et demie
BOCILLY 237
(jain 1886 à décembre 1896). Aujourd'hui, je me propose de publier
les résultats fournis par les opérations de ces trois dernières années
et demie (1897, 1898, 1899 et 1900 de janvier à juin-juillet).
Cette statistique globale me parait présenter quelque valeur, grâce
h la précision des faits observés personnellement et à la possibilité de
Tobservation proloif^ée de la plupart des malades qui me sont connues
ou reviennent me consulter.
La première période (1886-1896) comprend 127 cas ; la deuxième,
beaucoup plus courte (1897-juillet 1900), en renferme 56, soit un
chiffre total de 183 cas.
On doit envisager successivement les résultats opératoires et les
résultats thérapeutiques.
Avec les années, grâce h une antisepsie toujours plus perfectionnée,
h une meilleure technique, à un choix plus judicieux des cas à opérer,
et aussi grâce à une plus grande habitude qui fait Thabileté, le taux
de la mortalité opératoire s'est singulièrement abaissé. Dans ma
prendère série, la mortalité, encore considérable s'élevait h 19 p. 100 ;
dans la seconde, elle n'est plus que de 5,35 : 3 morts sur 56 opérées.
Et dans deux des cas de mort, il paraissait bien difficile de ne pas
courir au-devant d'un désastre : une malade, obèse, pesant 110 kilog.,
présentait à la fois un épithélioma végétant du col et un kyste de
l'ovaire qui furent extraits l'un et l'autre par la voie vaginale, à travers
un vagin rendu trop long par l'énorme épaisseur du périnée ; l'autre
malade avait dans la cavité utérine un véritable abcès enkysté dont
l'ouverture fut la source probable de l'infection. La troisième parait
avoir succombé à une véritable septicémie péritonéale produite par le
prolapsus dans le vagin des anses intestinales. Cette dernière cause
d'infection n'existe plus aujourd'hui ; depuis plus de deux ans, je prends
la précaution de fermer partiellement le vagin par une suture au cat-
gut réunissant sur la ligne médiane la surface de section des parois
vaginales antérieure et postérieure ; grâce à cette suture, la voûte
vaginale se trouve reconstituée en grande partie ; les pédicules vascu-
laires sont attirés dans le vagin au-dessous d elle, munis de leurs
pinces. Il n y a plus de contact entre le péritoine et les pinces, ni le
tamponnement vaginal ; les anses intestinales n'ont aucune tendance
au prolapsus ni aux contacts anormaux.
La douleur immédiate est très atténuée ; celle du premier panse-
ment et de l'ablation des pinces est presque insignifiante, et les chances
d'infection par la voie vaginale sont réduites au minimum. Depuis la
238 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
généralisation de cette technique, les résultats de rhystérectomie
vaginale se sont beaucoup améliorés.
En résumé, sur 56 cas, je crois en toute sincérité ne pouvoir mettre
qu'un seul décès sur le compte direct de lopération. Les deux autres
cas de mort ne me semblent guère avoir pu être évités ; la voie abdo-
minale aurait créé un danger encore plus certain.
La question de la gravité immédiate me paraît aujourd'hui jugée et
ne pouvait entrer en ligne de compte dans la discussion des indications
opératoires. Le taux de la mortalité représente Valéu de toute opération
sérieuse et ne dépasse pas le chiffre des risques inhérents a toute
intervention grave.
Avant d'aborder l'étude des résultats éloignés, il me parait néces-
saire de dire que je réserve exclusivement h, Topé ration radicale les
cas semblant présenter des conditions favoi*ables de gucrison prolongée
par la limitation des lésions et leur degré peu avancé, au moins en
apparence. L'envahissement des parois vaginales ou des tissus péri*
utérins, la fixité de Tutérus, sont pour moi des contre-indications
opératoires absolues.
n est néanmoins nécessaire d'ajouter que la limitation bien constatée
des lésions soit à la portion externe du col, soit dans la cavité cervi-
cale ou corporelle, ne peut donner que des présomptions sur l'état des
lymphatiques péri-utérins. Une observation répétée, paradoxale en
apparence, m'a permis de constater dans un bon nombre de cas que la
récidive n'était ni x)lus fatale ni plus rapide après l'ablation d'utéms
largement ulcérés et détruits dans leur col qu'après une opération
dans laquelle la lésion semblait être tout à fait au début et presque
douteuse. Certains épithéliomas de l'utérus paraissent avoir une rapi-
dité d'extension et de propagation que rien ne saurait prévenir, et
dans cette propagation rapide et irrémissible, l'âge semble jouer un
rôle important, comme je l'ai déjà fait remarquer autre part.
De l'ensemble des faits observés on ne peut que tirer cette conclusion
peu consolante, que le cancer utérin présente une malignité considé-
rable et doit être placé à l'un des premiers rangs de l'échelle de mali-
gnité et de gravité des néoplasmes.
L'analyse des faits est encore plus démonstrative que tout le reste :
Si des 183 malades que j'ai opérées on retire les 28 décès opératoires
et 21 autres cas sur lesquels je n'ai pu avoir de renseignements précis,
il me reste un total de 134 malades connues et suivies pouvant donner
une idée des résultats thérapeutiques.
BOURSIER 239
Or, sur ces 134 malades opérées et connues depuis 1886 jusqu^à ce
jour, 18 seulement sont encore vivantes aujourd'hui et* parmi elles,
2 sont atteintes de récidive ; l'une arrivée à la période de cactiexie et
presque mourante, opérée depuis trois ans et quatre mois ; l'autre moins
avancée, opérée depuis deux ans et huit mois.
Seize sont actuellement en bon état, et en apparence de guérison ;
Une opérée depuis mars 1888, c'est-à-dire depuis douze ans et cinq
mois (cas sur lequel j'ai déjà lait et je fais encore des réserves au
point de vue histologique) ;
Une opérée en mai 1896, depuis quatre ans et trois mois ;
Quatre opérées depuis 1897, depuis trois ans et demi ; trois ans et
trois mois, trois ans et un mois (2 cas).
Quatre opérées en 1898, depuis deux ans et sept mois, deux ans et
un mois, vingt mois, dix-neuf mois.
Trois opérées en 1899, un ans et un mois, dix mois, huit mois.
Cinq opérées en 1900, depuis le commencement de l'année jusqu'à
ces jours derniers.
Pour obtenir une notion exacte sur la durée moyenne de la survie
et sur la survie la plus prolongée, il est nécessaire d'entrer dans le
détail des chiffres delà statistique. J'ai fait ce travail pour le Congrès
que je ne veux accabler ni de chiffres ni de dates.
D'après le dépouillement de mes observations personnelles, la survie
moyenne après l'opération est de devx ans ; la survie la plus prolongée
est de six ans,
T a-t-il des opérations plus heureuses et des opérations plus effi-
caces ? Y a-t-il,parmi ces malades opérées et non revues, des guérisons
ignorées plus durables ? Je le souhaite de tout cœur et je l'espère pour
le bien des malades et l'honneur de la chirurgie.
— Boursier (Bordeaux). — La question du traitement chirur-
gical du cancer de l'utérus semble entrer depuis ces dernières années
dans une phase nouvelle.
r)(ous avons vu, il y a quelques années, l'hystérectomie vaginale, qui
fut obligée de conquérir de haute lutte la faveur chirurgicale, consi-
dérée conmie une opération de choix et même une opération radicale.
Puis les faits se sont multipliés, le choix des indications s'est précisé,
et on s'est à peu près entendu pour n'arriver à opérer que les cas limi-
tés à l'utérus, sans propagation au vagin ou aux tissus péri-utérins,
avec conservation de la mobilité utérine ; les cas, en un mot, où le
chirurgien paraissait certain d'enlever largement tous les tissus
240 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
malades. Malgré ce perfectionnement des indications, malgré le perfec-
tionnement aussi de la technique opératoire, Tamélioration considé-
rable des résultats immédiats, nous avons vu les résultats tardifs res»
ter presque toujours décourageants, les récidives se produire plus ou
moins rapidement dans la très grande majorité des cas, et les gué-
risons définitives et durables demeurer toujours à l'état de minorité
infime.
G^est alors qu'un certain nombre de chirurgiens ont cherché à appli-
quer au cancer utérin, comme méthode opératoire de choix, l'hysté-
rectomie abdominale totale, qui avait été employée pour la première
fois avec succès par Freund en 1898, et qui avait été rapidement abon-
donnée à cause de sa grande gravité.
Aujourd'hui, grâce au plan incliné, aux nombreux perfectionne-
ments de la technique opératoire, h une asepsie plus rigoureuse, la
mortalité de cette opération s'est considérablement abaissée. Aussi un
certain nombre de chirurgiens parmi lesquels nous citerons Jacobs,
Rouffard, Monprofit et mon élève Pasquier, Gusserow, Zweifel,
Schauta, Kûstner,Glark, etc., ont-ils adopté avec enthousiasme l'opé-
ration abdominale, et certains prétendent la substituer dans bien des
cas & l'hystérectomie vaginale.
n me semble cependant que la cause de l'hystérectomie abdominale
n'est pas gagnée sans conteste, et que la question peut être encore dis-
cutée. Aussi me parait-il avantageux d'apporter ici des faits personnels,
si modestes soient-ils comme nombre, qui pourront écledrer le débat.
Si l'on consulte les statistiques les plus récentes etles plus complètes,
il est facile de voir que la mortalité opératoire reste beaucoup plus
grande dans l'hystérectomie abdominale que dans l'opération vaginale.
Dans le travail si bien fait de Picqué et Mauclaire, publié en 1899 dans
les Annaleê de Gynécologie et d' Obstétrique ^ la mortalité de l'hystérec-
tomie abdominale dans le cancer utérin, en laissant de o6té les cas
anciens et en ne prenant que la période s'étendant de 1895 à 1899,
reste encore de 33 p. 100. D'autre part, dans l'excellente thèse de
Bellœuf parue & la Faculté de Paris le 16 juillet 1900, on trouve les
résultats suivants (page 75) : en mai 1900, 454 cas, décès 127, morta-
lité de 17 p. 100. D'autre part, dans les mêmes auteurs le pourcentage
de la mortalité dans l'hystérectomie vaginale est le suivant : Picqué
^t Mauclaire 8,8 p. 100 ; Bellœuf, 8,30 p. 100 sur 3,057 opérations.
Quels sont donc les avantages autres qui doivent faire préférer
l'opération abdominale à l'extirpation vaginale, alors que la première
BOURSIER 241
est incontestablement pins meurtrière immédiatement que la seconde.
Les partisans de Thystérectomie abdominale lui reconnaissent les
avantages suivants : la possibilité d'enlever plus ou moins complète-
ment les ganglions lymphatiques pelviens envahis ; la perspective de
faire une ablation plus large, et en voyant ce que Ton fait (résection
du vagin, des infiltrations du ligament large et du tissu péri-utérin, etc.),
une hémostase plus facile et plus sûre, et une sécurité plus grande
vis-à-vis de la blessure de Turetère et de la vessie.
Quelques-uns des avantages invocjués me paraissent cependant sou-
vent plus véritables en théorie qu'en pratique.
Je ne veux pas revenir, h propos de Tenvahissement ganglionnaire
dans le cancer de Tutérus, sur les nombreuses discussions qui ont eu
lieu h ce sujet. Il parait démontré en effet, malgré Topinion contraire
de certains chirurgiens très autorisés tels que Mackenrodt, Seelz,
Gnssenbauer, Schuchart, etc., que Fadénopathie cancéreuse n'est pas
constante dans le cancer utérin, au moins dans ses premières périodes.
On a bien soutenu que l'adénopathie est constante, même quand les
ganglions paraissent sains ; mais alors comment peut-on expliquer les
faits indiscutables de guérison radicale par l'hystérectomie vaginale
et ceux qui ont été fournis aussi par l'hystérectomie abdominale
simple sans extirpation ganglionnaire.
n est bien certain qu'il y a des cas où l'on n'aperçoit pas la moindre
adénopathie. J'ai pratiqué pour ma part seulement quatre hystérecto-
mies abdominales pour cancer, dont trois pour des lésions limitées,
une du col et deux du corps. Or, dans aucun de ces trois derniers cas
je n'ai aperçu aucun ganglion volumineux ou apparent, et je n'ai pas
fait d'extirpation ganglionnaire. Mon collègue et ami Ghavannaz, de
Bordeaux, qui a pratiqué deux hystérectomies abdominales pour épi-
théliomadu col utérin à lésions limitées, n'a pas non plus rencontré do
ganglions hypertrophiés.
Je peux ajouter encore les oinq observations d'hystérectomie abdo-
minale pour cancer faites par mon collègue et ami Dubourg, chirurgien
de l'hôpital Saint-André de Bordeaux, dont quatre ont déjà été com-
niquées au Congrès de Chirurgie de Marseille. Ces cinq opérations ont
été faites pour des cas très limités. Dans aucun cas, Dubourg n'a vu
d'adénopathie ganglionnaire et n'a enlevé de ganglions .
Voici donc onze observations d'hystérectomie abdominale sans
extirpation ganglionnaire. Sur ces onze faits, deux de mes malades
sont mortes des suites opératoires, une d'obstruction intestinale, la
242 13' CONGRÈS DES SCIBNCES MEDICALES DE PARIS
seconde de septicémie péritonéale ; les autres sont trop récemment opé-
rées pour entrer en ligne de compte. Les deux malades de Ghavannaz,
ont rapidement récidivé, bien que chez Tune d'entre elles il ait fait
une très large résection vaginale, et sur les cinq opérées de Dobonrg,
une, la première, n'a pas encore de récidive quatre ans après son opé-
ration.
Nous savons aussi, d'ailleurs, que dans un certain nombre de cas on
peut trouver des ganglions volumineux par pure inflammation
démontrée histologiquement, comme dans le cas de Brôse (1), sans
aucune lésion épithéliomateuse.
Enfin il est démontré aussi que l'enlèvement complet des ganglions
pris par l'adénopathie secondaire n'est i>as toujours possible et que dans
bon nombre de cas le» chirurgiens, même les plus habiles, ont été obligés
de se borner h des extirpations ganglionnaires incomplètes à cause des
difficultés de leur ablation, du danger de blesser les gros vaisseaux, et
de l'impossibilité matérielle de pouvoir enlever tous les tissus suiq^ects.
La possibilité de faire une ablation plus large et d'enlever, en s'aidant
de la vue et du toucher, tous les tissus suspects d'infiltration épithé-
liomateuse, est un fait réel, et c'est là, il faut bien en convenir, l'avan-
tage incontestable de l'opération abdominale sur l'extirpation par le
vagin. Tous les chirurgiens s'accordent aujourd'hui à reconnaître la
vérité de ce fait. Mais où doit se limiter l'action chirurgicale, devant
quelle étendue de lésion doit-elle s'arrêter? C'est là le point en discus-
sion, et l'endroit où les divergences commencent.
Pour fixer les idées, dans son excellent rapport au Congrès de Chi-
rurgie de 1899, notre collègue Ricard avait divisé les cancers utérins
en trois groupes :
Dans le premier le cancer uléiûn est tout à fait an début; le col ou Je
corps sotit seuls pris, Vutérus ïnobile, le bassin cliniquement indemne. Dans
le deuxième degré, la lésioti a envahi lesculs-de-sac, Vutérus a perdu com^
plètement sa mobilité et la base d*un îles ligaments larges parait envahir,
La lésion, bien (ju* ayant encore dépassé le col, ixirait limÀtée et accesgibU.
Dans le troisième degré, enfin, il réunit les cas où le petit bassin parait
être pris, les culs-de-sac vaginaux détruits, V utérus fixé.
L'accord parait fait entre les chirurgiens pour les cas du premier et
ceux du troisième groupe.
En effet, c'est dans les cas extrêmement bien limités, à utérus très
(1) Carcinome de l'utérus. La Gynécologie, 1899, p. 446.
BOURSIER 243
mobile, que rhystérectomie abdominale est le plus avantageuse.
« G*est là, dit Ricard, qu'elle présente son maximum d'indications, car
on y trouve réunies l'innocuité et la facilité les plus grandes, et les plus
grandes chances d'éradication radicale. » C'est aussi l'avis de Bellœuf
qui écrit dans sa conclusion : a L'hystérectomie abdominale pour
« cancer est l'opération de choix pour les cas simples observés tout à
« fait au début et parfaitement limités à l'utérus . »
Il est permis cependant de rappeler aussi que c^est surtout dans les
mêmes cas que l'hystérectomie vaginale est une opération facile, encore
plus bénigne, et qui donne dans ces cas-là un certain nombre de suc-
cès durables ou définitifs. Il faut rappeler aussi que c'est surtout dans
les cas de début et très limités que l'hystérectomie abdominale a
donné des succès môme en l'absence de toute extirpation ganglion-
naire.
Pour le troisième degré, alors que le bassin est pris, que les viscères
sont plus ou moins envahis, l'accord vers l'abstention parait se faire à
peu près partout. Les opérations très longues et souvent fatalement
incomplètes, l'impossibilité de l'éradication ganglionnaire totale, la
gravité opératoire incontestable de ces cas mauvais font considérer
l'extension trop grande du cancer comme une contre- indication for-
melle à l'opération radicale. Nous sommes déjà loin du temps où cer-
tains chirurgiens des plus habiles soit en Amérique, soit en Allemagne
choisissaient la voie abdominale dans tous les cas où l'hystérectomie
vaginale paraissait impossible, n'hésitaient pas à enlever tout ou par-
tie des viscères envahis. La mortalité immédiate énorme dans les cas
de ce genre, les complications opératoires multiples succédant à des
dissections opératoires longues et nombreuses ont fait abandonner
l'opération dans les cas de co genre. Ainsi que Fa dit Bellœuf, c'était
la mort au moins une fois sur deux, tout au moins la récidive rapi-
dement assurée.
C'est à propos des faits qui constituent le deuxième degré de
Ricard que la discussion reste ouverte, quand Tutérus a perdu un
peu de sa mobilité, que les culs-de-sac paraissent un i^eu envahis, ainsi
que la base du ligament lfiu*ge, avec une lésion qui semble encore
limitée et accessible.
C'est dans ces cas-là qu'il serait nécessaire d'arriver à tracer une
limite précise à l'action chirurgicale, à donner des indications nettes
et cliniquement appréciables pour savoir à quel point l'extension du
cancer devient une contre-indication opératoire.
244 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Josqu'à présent, chaque opérateur a un peu suivi à ce point de vue
les tendances de son tempérament particulier, et on peut affirmer
presqu'à coup sûr que ce sont les opérations faites pour des cas
limites qui donnent les insuccès surchargeant encore les statistiques
et causant une mortalité élevée.
Je donnerai comme exemple ma première observation d*hystérectoinie
abdominale. H s'agissait d'une femme d'une quarantûne d'années, qui
portait un épithélioma du col assez développé. L'utérus était assez gros,
peu mobile, et l'on sentait un noyau néoplasique à la base du ligament
large gauche. A cause de ce dernier détail je me décidai à pratiquer
l'hystérectomie abdominale ; l'opération fut longue et laborieuse ; la
dissection du noyau du ligament large fut des plus difficiles, et an
cours de cette manœuvre je rompis avec les doigts l'uretère gauche
infiltré par l'épithélioma. Cet uretère rompu trop haut pour permettre
un abouchement viscéral, fut relevé et suturé à la peau. Trois jours
plus tard, la malade mourait d'obstruction intestinale ; une anse de
l'intestin grêle s*était étranglée par coudure sur la corde formée par
cet uretère.
J'ai rapporté cette observation pour montrer combien il est difficile
de tracer cliniquement la limite opératoire. Les conditions indiquées
par Ricard pour son deuxième degré existaient, tumeur ayant d^paBsé
le col, mobilité diminuée j letton semblant comme limitée et accessible.
Or dans ce cas, comme cela arrive du reste toujours et on ne saurait
trop le dire, on trouve, à l'opération, des lésions constamment plus
étendues que l'on ne peut le découvrir par l'examen clinique même
le plus minutieux. De plus, l'infiltration de l'uretère, si j'avais pu la
reconnaître, eût dû être considérée, de même que Jtoute infiltration
viscérale, comme une contre-indication opératoire.
Mais en dehors de cette contre-indication très nette produite par
l'envahissement viscéral, comment tracer la limite entre les cas opé-
rables et les cas non opérables ?
n semble, d'après les faits observés et la lecture des observations,
que nous devons devenir plus sévères encore pour la limitation des
cas opératoires. Tout en reconnaissant avec la plupart des auteurs que
l'hystérectomie abdominale permet une ablation plus large que la
vaginale, je crois que pour ne pas en compromettre la valeur il faut
se borner à la réserver pour les cas où, en dehors du col, seuls le haut
du vagin ou bien le tissU conjonctif péri-utérin sont pris. J'incline à
croire que nous devrons tendre à la refuser toutes les fois que le llga-
BOURSIEK 245
ment large est pris à un degré quelconque. Je n*ai pas la prétention
de tracer ici une limite précise ; mais je crois que, grâce à la multiplicité
des faits et à leur étude attentive, nous pourrons arriver à délimiter
avec une grande sévérité des indications cliniques précises, autant
du moins que cela est possible.
Pour le cancer du corps au contraire, où la lésion reste beaucoup
plus longtemps enfermée dans la coque utérine, surtout quand on trouve
un gros utérus, rhystérectomie abdominale restera plus longtemps une
méthode de choix.
Enfin, il est un certain nombre d'indications spéciales qui doivent
faire préférer la vole abdominale. Je placerai en première ligne
Vélroitesse vaginale, qu'il s'agisse d'un vagin virginal, ou de rétrécisse-
ments plus ou moins accentués congénitaux ou acquis. L'hystérectomie
abdominale fournit alors un moyen tout naturel de tourner la diffi-
culté.
n faut signaler encore les cas de liions très avancées du col, ren-
dant les prises de cet organe difficiles et peu solides^ et son abaisse-
ment à peu près impossible. Il en est de même des cas où le col
manque par suite d'une amputatimi préalable. J'ai obéi à cette dernière
indication, il y a deux mois environ, chez ma dernière malade. Il
s'agissait d'une femme qui avait eu depuis plusieurs mois des accidents
d'hémorrhagie utérine ayant fait croire aune métrite hémorrhagique.
Un de mes confrères pratiqua alors un curettage avec amputation du
coi.
L'examen des débris du curettage ayant démontré quil s'agissait
d'un épithélioma du corps, alors que l'utérus très mobile et peu malade
encore pouvait être enlevé par la voie vaginale : j'ai choisi la voie
abdominale, & cause de l'absence du col et de la difficulté de bien
l'abaisser. La malade a parfaitement guéri.
Ce n'est pas à dire pour cela que l'hystérectomie vaginale doive être
abandonnée. Il me semble qu'elle garde au contraire un domaine très
net. Dans le cas de cancer tout à fait au début, avec lésions extrêmement
limitées, alors qu'on a logiquement lieu d'espérer que l'envahissement
ganglionnaire n'est pas commencé, on peut au choix faire l'hystérec-
tomie vaginale ou l'alMlominale. Le peu de gravité relative de l'hys-
térectomie va^nale peut la faire préférer dans ce cas ; ce peu de gravité
opératoire est démontré par les statistiques, que j'ai données plus haut,
et par l'étude des faits. J'ai pratiqué environ 2ôhystérectomies vaginales
soit pour cancer du col, soit pour cancer du corps; sur ce nombre j'ai
246 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
eu trois morts opératoires, deux par septicémie, une par péritonite
consécutive à une blessure de la vessie ; mais mes autres malades ont
guéri opératolrement : trois fois j'ai eu des hémorrhagies tardives, deux
fois des fistules vésico- vaginales. Ces complications n'ont pas empêché
la guérison.
Sur ces 25 cas je n'ai observé que deux gtiérisons, je ne dirai pas
définitives, car il est encore trop tôt pour l'affirmer, mais durables.
Une de mes malades est opérée depuis quatre ans moins deux mois, et
demeure en parfaite santé.
La seconde malade a été opérée il y a un peu plus de cinq ans, en
juillet 1875. Elle est encore aujourd'hui sans récidive.
Sans être très encourageants, ces résultats me semblent cependant
montrer qu'il n'y a pas lieu, au moins pour le moment, d'abandonner
l'hystérectomie vaginale. D'ailleurs, en dehors des cas où la limitation
extrême des lésions rend cette intervention très lé^time. elle doit
être réservée à certains cas où il existe des contre-indications anjonr-
d'hui acceptées à l'opération abdominale. Je veux parler des malade à
(/ro8 embofipoint et des femmes âgées. Tous les opérateurs s'accordent à
reconnaître un embonpoint exagéré comme uile contre-indication à la
voie haute, à cause de la difficulté opératoire qui en résulte, de la gra*
vite plus grande de l'intervention, et des états graisseux du cœur qui
peuvent souvent dans ces cas diminuer la résistance des malades
(Ilouffard) . Vâge est aussi un facteur important. Tout le monde sait
comme devient plus grave la laparotomie chez les femmes âgées ; il
semble que chez les femmes ayant dépassé 55 ans, à égalité dlndi-
cation, la voie vaginale doive toujours être préférée, car elle est opératol-
rement, dans ce cas-là surtout, beaucoup plus bénigne.
Enfin, il n'est pas possible de quitter cette question da traitement
du cancer utérin sans dire un mot des ressources des opérations pal*
liatives dans les cas dits inopérables, c'est-à-dire dans ceux où aucune
des deux hystérectomies n'est demeurée possible.
Je veux parler ici surtout du curettage palliatif pratiqué par tous les
auteurs, applic4iblc surtout aux formes fongueuses, avec hémorrfaagie
ou leucorrhée abonrlante, et dont M™" Kantzer a très bien étudié récem-
ment les indications dons sa thèse inaugurale (Bordeaux 1900). Cette
petite opération ordinairement sans danger, qui peut être répétée plu>
sieurs fois, donne des améliorations passagères pouvant parfois aboutir
à une survie très appréciable.
Je rappeUerai l'observation bien commune d'Eugène Monod, qui à
FAUHE 247
l'aide de cinq curettages successifs a fait vivre pius de six ans une
femme atteinte d'épithélioma très étendu. Je citerai encore une de mes
observations personnelles, cancer du col très étendu, utérus presque
immobile, premier curettage en octobre 1897 ; second curettagc en
mars 1899 : la malade est encore en ce moment dans un état général
satisfaisant bien qu*elle commence à souffrir. Il y a donc là dans cer-
tains cas une ressource bien connue que j'ai cru utile de rappeler, et
dont l'emploi pourra rendre quelques services.
En résumé, tout en reconnaissant que Thystérectomie abdominale
appliquée au cancer utérin donne la possibilité d'étendre dans une cer-
taine mesure le champ opératoire, et d'enlever parfois assez facilement
des ganglions peu nombreux et faciles h atteindre, je pense que ces
indications doivent être limitées et précisées, et ne peuvent pas sans
inconvénient être trop étendues.
L'hystérectomie vaginale mérite d'être conservée pour un certain
nombre de lésions très limitées, et d'exécution très facile, et aussi
pour les femmes très grasses et les personnes âgées. Aucune de ces
opérations n'est véritablement curative. bien que dans certains cas il
oxiste des guérisons définitives et sûres à la suite de leur emploi.
Enfin dans les cas dits inopérables le curettage palliatif offre sou-
vent des ressources que Ton aurait grand tort de négliger.
— J.-L. Faiipe (Paris). — J'ai déjà donné, il y a un an, au
Congrès d'Amsterdam, les raisons qui me faisaient préférer l'hystérec-
tomie abdominale à l'hystérectomic vaginale dans le traitement chinir-
gical du cancer de l'utérus. Les raisons théoriques qui militent en
faveur de cette opinion sont connues de tous : la voie abdominale
permet de pratiquer des opérations plus larges, d'explorer les ligaments
larges, d'enlever des ganglions, de s'arrêter au besoin si les lésions
sont trop étendues. Je n'insiste pas sur ce point, non plus sur le con-
seil que j'ai déjà donné et que je renouvelle de pratiquer la ligature
temporaire ou définitive des deux hypogastriques, à moins que la
femme ne soit trop grosse et que la ligature ne paraisse trop difficile.
On perd moins de sang, on gagne du temps et on voit mieux ce que
l'on fait. Déjà, l'année dernière, j'avais été très frappé par les bons
résultats que j'avais obtenus dans le cas de deux femmes inopérables
par la voie vaginale et qui, l'une quatre mois et l'autre onze mois
après, ne présentaient aucune trace de récidive.
Je viens de revoir ces deux malades, et l'état dans lequel je les ai
248 13* coNcnBs des sciences médicales db paris
trouvées n'a fait que m*enracmer dans mon opinion qui est maintenant
catégorique.
Chez ma première malade, Agée de 45 ans, le néoplasme était étenda et enraliiMalt latw
gement les cnU-de-sac vaginaux. L'état général était mauTals et la malade éfealt preaqBP
cacbectique. L*hystérectomte abdominale, que je fis par hémiseetton, me permit d^enkw
toute la partie supérieure du vagin. Je dus disséquer les deux uretères, partioaUèraDeat
l'uretère droit qui était étranglé par le néoplasme sur une longueur de ft oentira. eaTlrai.
A la Un de l'opération, les deux uretferes étaient dénudés sur une longueur de 10 œntlm.
et les vaisseaux iliaques des deux côtés étaient k nu. Je nettoyai de mon mieux le liga-
ment large et j'enlevai de chaque côté des ganglions malades situés au niveau de la
brfurcation de l'artère iliaque. Au moment de l'opération, j'avais rimpression qu*eUe aenU
inutile, sinon nuisible et que j'aurais, en somme, beaucoup mieux fait de m'abetenlr.
Actuellement, cette malade que j'ai revue à diverses reprises depuis son opératkm, qpi
remonte à vingt-deux mois, et que j'ai vue pour la dernière fois le S7 juillet est dans un
état de santé parfait. Non seulement elle a engraissé et regagné tout le terrain perdu
pendant sa maladie, mais elle pèse aujourd'hui plus qu*elle n*a jamais peeé dans aa tSc.
L'appétit est excellent et elle travaille licaucoup sans fatigue. Bref, c'est un résultat supé-
rieur k tout oe que je pouvais espérer. Localement, 11 n'y a aucune trace de récidive. Le
fond du vagin est souple, lisse, et 11 est impossible de sentir rien d'anormal dans le petit
bassin.
Au mois de mai, j'avais constaté au niveau du rein droit une tuméfaction qui me parait
évidemment duc h une hydronéphrose, étant données les débAcles urinalres qu'a reosentles la
malade. Je nie demandais, h cette époque, s'il ne fallait pas l'attribuer à une niimimsitiai
de l'uretère par la rcpullulntion du néoplasme. Je viens de la revoir, piès de trois note
après : le rein est toujours un peu gros, et riiydronéphro»e iiersiste, bien que moins accentiMé.
Mais le toucher ne faisant rien sentir au uiveaii de Tcxtrémlté inférieure de rnretère <t
l'état de la malade ayant encore continué à s'améliorer pendant ces trois detnldca moi»,
je crois qu'il est plus probable que nous nous trouvons en présence d'une atrésie de ruretëre
plus ou moins comprime dans le tissu cicatriciel qui a succédé à l'extirpation.
L'avenir me renseignera sur ce point ; mais c'est là, étant données les lésions étendues qne
présentait la malade au moment de son opération, un résultat qui dépasse toutes mes
espérances.
■
Mou deuxième cas, itour être moins beau, n'eu est pas moins des plus encourageants.
Ma malsde, figée de 43 ans, a été opérée le 10 avril 1899 ; H y a, par conséqœBt.
seize mois. Elle anssi était Inopérable par le vagin. Elle aussi avait les culs-de>sac eavabis :
elle aussi a eu l'uretère droit disséqué et les ligaments larges bridés. Je no lui al pcdut
trouvé de ganglion. Chez elle aussi l'hystérectomio a été faite par hémisection utérine.
C'était donc un cas mauvais, nmis très certainement moins mauvais que le précédent, aa
moins CQ apparence.
Aujourd'hui, l'état général est excellent, et il n'y a eu aucune trace de récidive, 9iAt loca*
Icment, soit & distance.
Je ne puis me défendre d*ètre frappé par ces résultats que Thysté-
rectomie vaginale eût été radicalement impuissante à donner, et c*est
pourquoi, bien que Thystérectomie abdominale soit certainement plus
SNBGUIREFF 249
grave que la vaginale à cause des chances d'infection, que l'impossi-
bilité de nettoyer complètement le foyer cancéreux rend toujours
possible, je m'ancre de plus en plus dans cette idée que la meilleure
arme que nous puissions employer pour combattre le cancer de Tutérus,
et parfois même pour le vaincre, est Thystérectomie abdominale totale.
Devant le cancer, la gravité opératoire disparaît et l'opération la meil-
leure n'est pas celle qui donne les moins grandes chances de mort,
mais bien celle qui donne les plus grandes chances de guérison.
— Sneguireff (Moscou). — Après avoir fait plus de 300 hys-
térectomies vaginales, je ne suis pas content de mes résultats. — Les
observations recueillies dans mon service démontrent que parmi les
malades qui viennent à la Clinique gynécologique et à T Institut de
Gynécologie, seulement 30 p. 100 sont dans des conditions à pouvoir
être soumises à Topération dite radicale. Les 70 p. 100 qui restent
sont inopérables. On sait bien que cela tient à la propagation du néo~
plasme à la vessie, aux intestins et au tissu cellulaire, ce qui se mani-
feste cliniquement par Timmobilisation des organes et par une infil-
tration généralisée. L'opération vaginale de>ient impossible.
Donc ce qui s'impose ici, ce serait : 1" que les malades auraient dû
venir plus tôt; ou bien : 2» il faudrait étudier des procédés opéra-
toires qui permettraient d'enlever les organes atteints de cancer avec
les infiltrations qui les entourent, cela revient dans la pluimrt des
cas à enlever aussi le tissu cellulaire du bassin, ce qui exige à son tour
de pouvoir mobiliser les organes infiltrés à leur périphérie.
Pour le faire j'ai tâché de profiter du canal cellulaire qui entoure
l'uretère et qui permet de suivre ce conduit à partir de la bifurcation
des grands vaisseaux pelviens jusqu'à son embouchure h la vessie. Il
suffit pour cela d'introduire par une petite incision du péritoine parié-
tal le doigt indicateur et de le faire suivre l'uretère en pénétrant dans
la base même du ligament large et dé détacher les adhérences laté-
rales de ce conduit.
Si on relève la base du ligament large, on peut suivre les glandes
lymphatiques qui entourent l'artère utérine aussi bien que celles qui
accompagnent le plexus pampiniforme, qui toutes peuvent être enle-
vées s'il y a lieu.
Pour rendre mobile la vessie on n'a qu'à introduire le doigt dans la
cavité de Retzius et pour extirper les ligaments utéro-sacrés il faut
détacher le péritoine en arrière ; tout cela permet de mobiliser tous les
organes pelviens : on peut alors les attirer en dehors de la cavité
AXX, DK GVX. — VOL. UV. 17
250 13® CONGRES DBS SCIBNGBS MÉDICALES DE PARIS
abdominale pour les traiter selon les indications qui s'imposent.
L'application de cette méthode opératoire permet donc :
l^ De lier les deux artères utérines ;
2» D'extirper le tissu cellulaire des ligaments larges ;
3» D'extirper conjointement avec ce tissu les ligaments utero-
sacrés ;
40 De rendre Tutérus et le rectum complètement mobiles et accessi-
bles tant au toucher qu'à la vue.
Je ne possède encore présentement que deux observations de ca»
opérés par ce procédé. Ces cas m'ont donné des résultats favo-
rables. Dans un de ces cas il m'est arrivé de léser un uretère que je
parvins pourtant facilement à implanter dans la vessie, ce qui n*amena
aucune complication.
— Bowremann Jessett (Londres). — Il y a une importance
rapitale h faire un diagnostic précftce : c'est là le point essenlîel
et duquel dépend le succès de l'intervention. J'espère qu'à ce point
de vue médecin, accoucheur, praticien s'appliqueront désormais à se
faire les meilleurs auxiliaires du chirurgien, en dépistant la maladie an
début. Quand la maladie est limitée à l'orifice externe, au col, au corps
de l'utérus ; que l'utérus est suffisamment mobile, et que les ligaments
larges ne sont pas infiltrés, je pense que l'opération est praticable et dans
le sens d'une opération radicale. Si, au contraire, la maladie a envahi les
ligaments larges ouïes parois vaginales, il ne peut être question d*opé~
ration radicale, et l'on peut se borner à des moyens palliatifs.
D'après ma pratique personnelle portant actuellement sur 150 cas
d'hystérectomie vaginale, j'estime que dans quelques cas tout le
tissu morbide ne peut être enlevé par la voie vaginale. Dans certaine
cas où la maladie existe dans un utérus myomateux, il sera nécessaire
de choisir la voie abdominale. Dans bon nombre de ces cas, en outre,
il convient d'enlever le col avec le thermocautère par le vagin ; puis
d'enlever le fond de l'organe par le ventre. Je conseille particulièn>
ment la voie vaginale comme plus sûre, la mortalité ne dépassant pas
sûrement deB à 5 p. 100, et la convalescence étant plus rapide. Je n'ai
jamais constaté la nécessité d'introduire des sondes dans les uretères,
et suis convaincu qu'à condition de procéder avec prudence on peut
réduire <tn minimum les dangers de léser ces organes. Je ne suture
jamais le péritoine après l'opération, par la raison qu'en ramenant en
bas les lambeaux péritonéaux et en tamponnant légèrement le vagin
avec de la gaze antiseptique *m obtient tout ce qui iteut être obtenu.
nEYNlRR 251
— Mangiagalli iPavie). — Je ne pariage pas les enthousiasmes
des hystérectomistes par voie abdominale pour cancer et je puise ma
conviction dans mon expérience personnelle. L'hystérectomie vaginale
n'est pas une mauvaise opération. Dans une période de douze ans j'ai
opéré 127 hystérectomies par voie vaginale. Mortes 12, mortalité 8,66
p. 100. Résultats éloignés : 10 sans récidive entre deux et trois ans ;
9 sans récidive entre trois et cpiatre ans ; 4 sans récidive entre quatre
et cinq ans ; 2 sans récidive entre cinq et six ans ; 2 sans récidive
depuis huit ans. J*ai demandé h ma statistique si la méthode opéra-
toire, pinces à demeure ou ligatures en soie, avait une influence sur
les résultats éloignés. Aucune influence de la méthode n'a été démon-
trée.
L'hystérectomie abdominale est plus dangereuse, n'a pas tenu jus-
qu'à présent ses promesses au regard des résultats éloignés ; on ne réus-
sit pas à extirper tous les ganglions sans grands dégâts ; les ganglions
tuméflés ne sont pas toujours cancéreux. Mais il y a un autre argu-
ment tiré de mon expérience : j'ai suivi presque toutes mes opérées ;
sauf un cas de reproduction ganglionnaire, j'ai observé toujours la
récidive locale, en tout voisinage de la cicatrice vaginale, même dans
les cas dans lesquels l'utérus était très mobile. Selon ma conviction,
l'amélioration du pronostic ne repose ims sur le changement de
méthode ou de voie, mais sur le perfectionnement du diagnostic qui
nous permet un diagnostic précoce.
— Calderini (Bologne). — Voir plus haut, p. 186.
— Paul Reyniep (Paris). — Vous venez d'entendre mon ami
le D** Richelot et le D** Dmitri de Ott se faire les défenseurs de l'hysté-
rectomie vaginale dans le cancer utérin. Certes les statistiques person-
nelles qu'ils nous donnent sont bien encourageantes : 6 cas de mort sur
100 dans la statistique de M. Itichelot, pour une opération portant
sur des malades infectées par le fait de leurs lésions, ayant une phago-
cytose diminuée, et se trouvant dans un état d'infériorité marquée
contre l'infection. Voici des faits qui doivent nous frapper. Bien plus
encourageants encore sont les résultats définitifs ! Des malades mou-
rant douze ans après sans récidive ; ou des séries de malades chez les-
quelles la récidive se fait attendre six ans, huit ans, dix ans et
cependant chez lesquelles l'envahissement des culs-de-sac indiquaient
même que les ganglions devaient être pris : il semble qu'il n'y a plus
de discussion possible après de pareils faits.
Malheureusement rares sont les opérateurs qui ont de pareils succès,
252 13^ CONGRÈS DRS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
et plus nombreux sont ceux qui ont été trop souvent déçus en prati-
quant rhy stéréotomie pour cancer utérin.
Vous avez entendu M. Bouilly, M. Jonnesco ; je viens ajouter mon
expérience personnelle à la leur. Sur 52 hystérectomies vaginales pour
cancer, je n'ai qu'une malade chez laquelle la récidive se soit fait
attendre quatre ans et demi . J'ai bien encore 3 malades qui n'ont pas
récidivé, chez lesquelles j'ai enlevé de gros cols fongueux, durs, qui
me paraissaient suspects de dégénérescence cancéreuse ; mais à Theure
actuelle, en mon àme et conscience, je ne crois plus h mon diagnostic
de cancer, et je crois malgré des examens histologiques, dont les
résultats sont toujours h bon droit suspects, que j'ai dû faire une
erreur.
J'ai enfin souvenance de ces malades, chez lesquelles tentant Thys-
térectomie vaginale j'étais obligé de rester en route, trouvant nn ool
pas abaissable, un utérus friable, se déchirant sous les pinces, nn
envahissement de la vessie, que je n'avais pu cliniquement prévoir ni
diagnostiquer ; ces malades ont été remises dans leur lit soit avec nne
opération incomplète, soit avec des menaces d'hémorrhagie, d'infec-
tion, qui se sont pour quelques-unes réalisées .
Je suis étonné de ne pas avoir vu parler de ces cas, auxquels nous
sommes tous exposés, et qui montrent sous un jour moins riant Thys-
térectomie vaginale dans les cas de cancer.
Pour mon compte personnel, découragé par les résultats de cette
opération, j'ai cherché depuis deux ans et demi par Thys térectomie
abdominale à avoir des résultats plus satisfaisants.
J'ai défendu cette opération au Congrès de chirurgie de 1898, à la
Société de chirurgie, au Congrès d'Amsterdam de l'année dernière;
je la défends encore aujourd'hui devant vous, car plus je la pratique,
plus je considère que la voie abdominale doit primer ici la voie vagi-
nale.
Comme vous l'a dit M . Jonnesco, c'est ainsi seulement qu'on peut
espérer faire l'opération la plus complète. Ce ne sont pos seulement les
ganglions qu'on peut enlever par cette voie, mais une étendue plus
grande des culs-dc-sac vaginaux, et la totalité du tissu cellalaire
sous-ligamenteux qui les double. C'est dans ce tissu cellulaire, que
toujours se fait lo récidive, comme pour le cancer du sein dans l'apo-
névrose pectorale.
Or par l'hystéreclomie vaginale, préoccupés de bien placer les pinces
au ras de l'utérus^ pour ne pas léser les uretères, vous laissez ce tissu
REYNIBR 253
cellulaire, comme vous laissez les ganglions. Vous faites donc une
opération irrationnelle, comme serait celle du cancer du sein, dans
laquelle on respecterait les ganglions de Taisselle, et les tissus sous-
jacents suspects.
Enfin si vous avez un utérus friable, si votre vessie par malheur est
prise, ces complications redoutables dans rhystéreclomie vaginale
peuvent cependant par la voie abdominale n'être pas un obstacle à la
guérison.
Par cette voie vous voyez en effet ce que vous faites, et vous
fermerez plus facilement une vessie ouverte que par la voie vaginale.
J'ai encore dans mon service une malade à laquelle j'ai enlevé il y a
un mois un utérus cancéreux par la voie abdominale et qui a eu sa
vessie ouverte pendant l'opération. Je Fai suturée, et la malade ne s'est
pas ressentie de cet accident. Je doute que les choses se seraient pas-
aées aussi facilement par la voie vaginale.
Ge sont toutes ces considérations qui me font donner la préférence à
la voie abdominale, ne me laissant pas arrêter par cette objection, que
cette opération est plus grave que l'hystérectomie vaginale.
S'il s'agissait de lésion compatible avec la vie, teUe que fibrome, je
comprends que cette considération ait une grosse valeur. Mais ici
nous sommes en présence de malades condamnées. Laissons-les tran-
quilles, si vous voulez ; mais si nous y touchons dans l'espoir de pro-
longer leur existence, faisons l'exérèse la plus large, au risque d'aug-
menter le danger si cette exérèse nous permet d'espérer une survie
plus grande. C'est cette pensée qui nous guide toutes les fois que nous
nous attaquons au cancer, et qui doit nous guider ici comme partout
ailleurs.
D'ailleurs, je ferai remarquer que, d'après les statistiques seules, il
est difficile de dire si cette opération abdominale est plus grave que
l'opération vaginale.
On s'est attaque surtout au début par la voie abdominale aux can-
cers, qui ne paraissent plus justiciables de la voie vaginale. Il n'est
donc pas étonnant que le choix de ces cas ait assombri les premières
statistiques. D'ailleurs n'en a-t-il ihis été de même au début de l'hys-
térectomie vaginale 1 M. Bouilly nous rappelait sa première statistique;
elle n'était pas brillante. Eh bien ! tout fait penser que notre technique
s'améliorant, le choix de nos malades se faisant d une façon plus judi-
cieuse, la voie abdominale ne deviendra pas plus grave que la voie
vaginale ; elle sera même dans les cancers utérins moins dangereuse.
254 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Depuis ma dernière 8tati8ti(iiie publiée au Congrès d'Amsterdam,
j 'ai opéré 5 nouvelles malades avec 1 mort, ce qui porte à 5 ma morta-
lité sur 18 opérées. Mais je fais remarquer que sur les 7 dernières
malades opérées je n'ai qu'une mort, et cependant je me suis trouvé
en présence de lésions étendues, comme celles dont je vous parl^
tout h rheure.
Sur ces 18 malades, je n'ai malheureusement que 2 malades, qui
depuis deux ans n'aient pas récidivé. Nos opérations sont trop récentes^
I)our que nous puissions nous servir de nos résultats définitifs pour
défendre notre opinion. Si ma statistique s'est améliorée, je considèFe
que cela tient à un petit détail de technique, sur lequel je désire en
terminant insister. J'ai exposé au Congrès d'Amsterdam ma technique;
je ne veux pas abuser de votre patience en vous la rappelant. Il me
suffit de vous dire que lorsque j'ai fait l'ablation de l'utérus et la liga-
ture des vaisseaux, il est très utile, comme le recommande M. Cnllen,
de suturer le péritoine vésical au péritoine pelvien et rectal.
Ainsi on établit une cloison, au-dessous de laquelle se trouvent l'artère
utérine, et les vaisseaux des culs- de-sac, veines vaginales et rectales,
qui toujours, quoi qu'on fasse, donnent du sang. Si au-dessous de la
cloison vous faites un tamponnement et mettez un drain, le sang
donné par ces veines s'écoule dans le vagin, et ne vient pas dans la
cavité abdominale faire un milieu favorable à l'infection. Au-dessus de
la cloison, par prudence, car, je le répète, on opèi*e ici des malades
infectées, et dont la phagocytose est diminuée, je mets un drain
entouré de gaze, que je retire au bout de quarante-huit heures. C'e»t à
l'établissement de ce double drainage séparé par une cloison périto-
néale, que je crois devoir l'amélioration de ma statistique, et c*est ce
qui m'a poussé à vous faire connaître ma manière de faire.
— F. Legueu (Paris) . — Je tiens d'autant plus à prendre pari
h cette discussion que depuis quelques années mes idées sur le
cancer de l'utérus se sont complètement modifiées. Au début de ma
pratiqi^, j'avais recours presque exclusivement à Thystérectomie
vag)<lale : malgré les bons résultats immédiats que me donnait cette
opération ; malgré que sur 12 cas je n'aie pas perdu une malade, j'ai vu
la récidive survenir rapidement dans tous les cas que j'ai opérés.
Sans doute, beaucoup parmi ces malades avaient été opérées alors
qu'elles étaient sur la limite ; mais il y en avait chez lesquelles la
tumeur paraissait absolument limitée, et cependant le résultat ne fut
pas meilleur.
LEGUEU 255
Aussi je m'empressai de mettre à Tétude Thystérectomie abdomi-
nale. Je pensais, en pratiquant cette opération, me donner plus de jour,
faire une exérèse plus large, enlever sans danger la partie inférieure
du vagin, les ligaments larges et aussi poursuivre les adénopathies
pelviennes qui échappent complètement à Thystérectomie vaginale.
J'ai pratiqué, dans ces conditions, 10 opérations avec 4 morts et
6 guérisons : 3 fois j'ai trouvé des adénopathies volumineuses et
bilatérales. Dans mes premières opérations je pratiquais systémati-
quement la ligature des hypogastriques ; mais je me suis bientôt
aperçu que ces ligatures préventives n'assuraient pas d'hémostase, et
qu'il ne fallait pas se dispenser, après elles, de faire la ligature des
artères utérines. Aussi j'y ai complètement renoncé.
J'enlève l'utérus autant que possible sans le morceler, ou je résèque
du vagin toute la longueur nécessaire pour que l'étendue du mal soit
largeoient dépassée. Après avoir enlevé l'utérus, j'enlève les ligaments
larges, et je poursuis les infiltrations aussi loin et aussi largement qu'il
est nécessaire. Je termine l'opération par un drainage vagino-abdomi-
nal à la gaze.
Les résultats éloignés que m'a donnés cette opération sont mauvais :
toutes mes opérées ont, en effet, récidivé dans une période de temps
inférieure à deux ans, et ce serait à désespérer de cette opération si
j'avais toujours opéré des cancers limités, ce qui n'est pas.
Quoi qu'il en soit, j'établis actuellement les indications opératoires
dans le cancer de l'utérus suivant la formule suivante :
1» Il y a des cancers étendus à une partie des viscères pelviens. Ceux-
là, il ne faut pas les opérer. J'ai fait, moi aussi, de ces « évidements
pelviens » avec résection de la vessie, résection des uretères, etc. J'y ai
absolument renoncé : la gravité de ces opérations est excessive ; le
bénéfice à en retirer est illusoire.
2^ nest des cancers propagés au vagin, au ligament large, etc. : ceux-
là, on peut les opérer ; mais pour ma part, j'aime mieux ne pas les
opérer. Ils faisaient autrefois Téchec de l'hystérectomie vaginale ;
actuellement, grâce au jour que donne la voie abdominale, on peut les
suivre, les poursuivre dans leurs extensions, et enlever môme la tota« ,
litédu vagin malade. Ce n'est qu'apparence, cependant, et la perspective
d'une récidive fatale m'autorise, dans ces cas, à me contenter du traite-
ment palliatif du curettage.
3o Enfin il est des cancers limités^ limités au col, à la portion cervi->
cale, aux lèvres du museau de tanche. Ils faisaient autrefois le
256 13* CONGRÈS DES SGIBNCBS MBDIGALRS DE PARIS
succès de l'hysiérectomie vaginale : j'aime mieux aujourd'hui les
aborder par la voie abdominale. De ce côté, je suis plus à même de
dépasser largement les limites du mal ; je puis rechercher et enlever
les adénopatbies ; je puis faire, en un mot, une opération excessive et
remplir la condition voulue pour qu'elle soit suffisante.
Parmi les complications qui peuvent assombrir le pronostic, j'ai
signalé la pyométrie, souvent latente, qu'il faut chercher, et qui, si
elle est méconnue, peut être une cause de désastre opératoire.
— Henri Pouey (Montevideo). — Lorsque les lésions circnm-
utérines ne sont pas trop avancées, nous traitons le cancer de l*uténis
par l'hystérectomie. Nous obtenons ainsi presque constamment la gué-
rison opératoire. Les malades qui, avant l'opération, étaient exténuées
par la réabsorption des sécrétions fétides et par les hémorrhagles,
voient leur état général s'améliorer tellement qu'elles croient volon-
tiers à leur guérison définitive. Les faits nous ont rendu méfiants et,
sauf des cas rares, la récidive est la règle après des mois ou des
années^ quelle que soit la voie employée: vaginale ou abdominale, avec
ou sans ablation ganglionnaire, et en dépit des précautions prises
durant l'opération pour éviter les inoculations.
Quelques cas nous ont convaincu du bénéfice que retirent les mala-
des des ablations larges : une de nos malades avait son uretère gauche
engainé par une gangue néoplasique ; nous dûmes le disséquer et
suturer une plaie faite pendant la dissection : la malade guérit et se
porta toute fait bien pendant près d'un mois, dernièrement elle commença
à pâlir, à perdre ses forces et l'examen i)ermit de trouver une infil-
tration dure, du volume d'une noix, au niveau même de l'ancienne
infiltration.
Une autre malade, opérée également par l'abdomen, est guérie depuis
près de deux ans ; dans ce cas nous dûmes réséquer la partie supérieure
du vagin, mais nous ne touchâmes pas aux ganglions.
Une autre malade opérée par le vagin il y a cinq ans reste guérie : elle
avait un carcinome de la grosseur d'une noix qui avait pris son origine
dans la muqueuse cervicale et faisait saillie par Torifice externe.
Enfin un autre cas très intéressant se rapporte à une dame qui est
guérie depuis vingt-six mois et actuellement en parfaite santé malgré
l'état extrêmement grave où elle se trouvait au moment de l'opération :
exsangue, glycosurique, albuminurique, elle avait une toux opiniâtre
due à une congestion pulmonaire et présentait un pouls misérable.
Nous ftmes l'hystérectomie vaginale très laborieusement car nous
FRIT8CH 257
tenions à enlever d'une pièce et sans l'ouvrir l'utérus gros comme
deux poings qui avait été préalablement oblitéré au niveau du col par
une ligature : il s'agissût d un cancer du corps de Tutérus et il était
impossible de désinfecter la cavité utérine.
Nous avons dû traiter une femme grosse de 4 mois, atteinte de cancer
de la lèvre postérieure du col. Une semaine après avoir provoqué
Texpulsion, nous pratiquâmes une hystérectomie vaginale qui fut suivie
de guérison. Actuellement, dix-huit mois après Tintervention, la femme
est guérie.
— Fritsch (Bonn). — Sur Fexpérience de 20 années, Tauteur fixe
le pourcentage des guérisons définitives par l'opération à 10 p. 100.
Le pronostic le plus favorable est pour les cancers du corps pan;c
qu'ils surviennent chez des femmes âgées. En ce qui concerne la
technique, on donne en Allemagne la préférence à la méthode par
les ligatures. Également, on fait en Allemagne beaucoup plus d'ex-
tirpations totales par la voie vaginale que par l'abdominale. Cepen-
dant, quand il existe des noyaux dans le paramétrium, on fait, après
cœliotomie, l'extirpation abdominale.
Spinelli (Naples).— En soumettant à l'attention du congrès quel-
ques observations sur la question importante de la cure chirurgicale
du cancer utérin, je déclare, avant tout, que, jusqu'à ce jour, j'ai été
partisan de l'hystérectomie vaginale. Mais je ne me refuse pas à ex-
périmenter, à l'avenir, la voie abdominale que je tiens pour un pro
grès réel dans le traitement du cancer de l'utérus. Mais, alors que
cette opération n'était pas réglée comme elle Test actuellement,
quand sa mortalité était si élevée, il était légitime de recourir à l'hys-
térectomie vaginale qui donnait une mortalité de moitié inférieure.
Aujourd'hui, voie abdominale et vaginale s'équivalent sous le rapport
du danger opératoire, aussi n'existe- t-il pas de raison pour préférer
la seconde à la première qui, entr'autres avantages, compte celui de
permettre une opération plus complète sur le paramétrium, et plus
appropriée, plus correcte sous le point du Tue de la prophylaxie chi-
rurgicale.
Je m explique : j'ai la conviction profonde que le cancer est une
maladie parasitaire, infectieuse et contagieuse, ^on caractère hérédi-
taire, les cancers familiaux, l'inoculation, la greffe in situ, son mode
de propagation, en un mot, son évolution clinique, tout milite en
faveur d'une maladie parasitaire et contagieuse. Si ces prémisses sont
justes, la voie vaginale ne saurait mettre à l'abri des greffes chirurgi-
258 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
cales. La récidive, dans la plupart de mes observations, a été eons»-
tatée au niveau de la plaie vaginale. Au contraire, en enlevant par
Fabdomen Tutérus et les ligaments larges, après une opération préli-
minaire par le vagin, quand le cancer siège sur le coL on se met dans
les meilleures conditions pour faire une opération plus complète et qui
nous laisse, au moins, la conscience tranquille, ayant le sentiment
que nous avons fait tout le possible pour éviter les greffes m sUu,
Le souci de la prophylaxie chirurgicale dans le cancer de Tutéras
m'avait déjà suggéré l'idée d'une opération complémentaire de l'hys-
térectomie vaginale, savoir la colpectomie liaute, c'est-à-dire la résection
du tiers supérieur du vagin, et dans quelques cas de toute la paroi
antérieure et postérieure du vagin. Dans tous les cas de cancer de
l'utérus, j'ai eu recours à cette opération complémentaire. J'ajouterai :
depuis quelque temps, j'ai abandonné la méthode de forcipressure
parce que dans quelques cas elle avait empêché l'exécution de
la colpectomie haute. Adoptant la méthode d'hémostase à ligatures
perdues, j'imaginai un procédé spécial d'hystérectomie qui me permit
de faire la ligature isolée des vaisseaux, de haut en bas, et de me
tenir éloigné le plus possible de l'utérus. De ce procédé et de la colpec-
tomie haute dont la paternité, je crois, m'appartient, tout en restituant
néanmoins à llichelot la première idée, je fais volontiers abandon,
estimant plus raisonnable et plus sage de choisir la voie abdominale,
sous la réserve d'avoir, au moins auparavant, débari'assé le vagin du
cancer de l'utérus. Il résulte de tout cela, que l'opération du cancer
de l'utérus comporte deux temps : \^ l'amputation du col par le vagin;
2" l'hystérectomie et la colpectomie haute par l'abdomen.
Ces considérations exposées, voici les résultats de ma statistique :
Sur plus de 1,000 observations de cancer de l'utérus, j'w trouvé 70 fois
rindication à une opération radicale. Dans tous les autres cas, le pro-
cessus était déjà très avancé. En disant « j'ai trouvé l'indication à une
opération radicale » je ne prétends pas dire que la maladie était an
début et que j'espérais faire une cure radicale.
D*autrc part, de ces 70 cas jugés opérables, 41 femmes senlement
acceptèrent mes conseils et mon intervention. Le résultat fut : 40 femmes
vivantes, 1 morte.
Cette dernière femme avait une insuffisance cardiaque, de Finsuffi-
sauce rénale, une tumeur de la rate |)ar malaria chronique. J'acceptai
de l'opérer parce qu'elle avait un cancer très limité du col. Elle suc-
comba au huitième jour, par exacerbation de la néphrite.
SNEGUIREFF 259
J*ai enregistré un autre décès chez une femme atteinte de cancer du
col de Tutérus ; mais cette observation n'appartient pas au groupe de
celles qui nous intéressent ici, parce que le cancer du col coexistait
avec des fibro-myômes utérins, et Topération, au milieu d'incidents et
d'accidents, dut être exécutée par voie mixte, vaginale et abdominale.
Au résumé^ sur les 41 hystérectomies pour cancer du col, je compte
1 mort, celle-ci n'étant pas une conséquence directe de l'opération. La
mortalité pour ma statistique est de 2,4 p. 100.
Des opérées survivent sans récidive :
l après 4 ans et demi ;
1 — 4 ans;
1 — 3 ans et 9 mois ;
1 — 3 ans et 4 mois.
6 femmes vivent, mais avec récidive.
Toutes les autres sont mortes de récidive.
Les 4 survivantes fournissent une guérison chirurgicale de 8,9 p. 100.
A l'heure actuelle, on ne peut plus révoquer en doute la guérison
chirurgicale du cancer de l'utérus, et je fais le vœu que le Congrès
affirme solennellement la curahilUé chirurgicale du cancer de l'utérun.
Fondée sur cette conviction, notre propagande en faveur d'une inter-
vention promptesera plus efficace parmi les médecins praticiens, aux-
quels surtout incombe le devoir d'éveiller la crainte du cancer, et de
faire comprendre la nécessité de l'examen local pour les troubles, si
légers soient-ils, qui surviennent dans la sphère génitale.
Je crois donc que laissant, pour l'instant, en seconde ligne la ques-
tion du choix de la voie abdominale ou vaginale, il incombe au Congrès
de formuler la déclaration suivante : « le cancer de l'utérus est une
affection curable par l'intervention chirurgicale » .
Séance du 'i août (matin).
Snr l'emploi, pour les sutares, 4a tendon de renne.
-— Sneguireff (Moscou). — Une des conditions de la plus haute
importance dans l'intervention chirurgicale sur la cavité péritonéale et
pelvienne consiste à avoir des fils à suture tels que, tout en étant en
260 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
tous points semblables à la soie et au catgut, ils soient en môme tempe
parfaitement stérilisables et parfaitement résorbables; en plus, ils
doivent être à bon marché et faciles à se procurer. Les filaments du
ligament jaune de Rengifer tarandus remplissent toutes ces conditions.
Nous avons, moi et d'autres, démontré ce fait au cours des deux
dernières années sur plus de deux cent cinquante laparotomies.
Les tentatives pour remplacer la soie par des matériaux résorbables
remontent à Lister (1869 carbolized catgut), et depuis ce moment
on a proposé à cet effet les matériaux les plus divers. Gomme
exemple je citerai le cordon taillé dans l'aorte du bœuf (1), les
nerfs sciatiques du veau (2), des cordes faites des bandes du
feuillet pariétal du péritoine du bœuf (3), des bandes taillées dans
l'aponévrose (4). On a surtout proposé des tendons de tous les ani-
maux domestiques (5), les fils tendineux des baleines (6), les fibres
des extrémités tendineuses des muscles longs des membres antérieurs
et postérieurs des rennes (7), les fibres tendineuses de la queue du
kangourou (8), de la queue d'écureuil (9), de la queue du rat. Les fils
tendineux de la queue du kangourou s'emploient encore actuellement :
Marcy, de Boston, les vante surtout. Ces fils sont bons, mais très chers.
C'est aussi Marcy qui, en 1881, a été le première employer les filsten*
dineux de Rengifer tarandus.
Mais c'est surtout à la Russie qu'appartient le mérite des essais d'in-
troduction de ces fils en chirurgie. Ainsi en Omsk (Sibérie) le Docteur
Putilov (10) a conseillé en 1884, indépendamment de Marcy, de rem-
(1) B. Babwell. Expérience and spécimens of the Ozaorta ligatore.
Brit, Med. Journ., 1881. March, 19, p. 432.
(2) White. Allge^nieitie medicinUche Zeitung ,\%9^2^ N. 89.
(8) Abangino. SuH'ubo del peritoneo pariétale per materiale di satiiRr,
ligatura. Clinica ohirurgiea, 1895, n» 8.
(4) Mabcy. The animal auture; iU place in aurgery. Médical JUcaré,
1890, p. 260.
(6) TiLMANS. Lehrhiwh der allgemeine Chirurgie,
(6) ISHIOUBO. Ligatures made from the sinew of the whale. Amer.
Jotç'H. ofthe med, sciences, 1878, p. 580.
(7) Patmb and James Jblks. The Mot Springs medU-al Journal, 1894,
avril 15.
(8) Mabcy. Lac, cit.
(9) K. Jones. Médical Mecord,
(10) llutêkaia medittina, 1884, n« 5, p. 118.
SNBGUIREFF 261
placer le catgat qui coûte trop cher par les fils tendineux de Rengifer
tarandus qu'il considérait comme substance solide et de prix peu
élevé.
En 1886, le Docteur Levitsky (1) a démontré sur des chiens que ces
fils sont parfaitement utilisables et résorbables. En 1890, la maison
Schwabe (Moscou) les a déjà mis en vente ; en 1894, Schmidt de Hel-
singfors a fait des recherches sur la solidité des fils tendineux (2).
Voilà les données qui existaient jusqu'en 1808.
Au cours de cette année j'ai fait un voyage et, m'étant arrêté à
Ârkangel, je vis les fils tordus qu'employaient les habitants du Nord
pour coudre leurs habits. Je pris des échantillons de ces fils et d'après
ces échantillons je réussis à me procurer deux ordres de fils : les uns
tordus, pour ainsi dire tout préparés, et les autres des tendons séchés.
Les premiers, c'est-à-dire les fils tordus, n'étaient pas complètement
stérilisables malgré tous nos efforts et nous avons été obligés de les
abandonner et de préparer nous-mêmes des fils de tendons séchés.
Ces essais ont complètement réussi et c'est de ces fils que je désira
vous parler.
On se procure les tendons du Rengifer tarandus, animaux presque
toujours sains^ car pour les habitants du Nord, les rennes constituent
la principale source de revenu Ces habitants craignent toute affection
des rennes; aussi au moindre soupçon, les rennes sont tués et brûlés.
Les rennes par troupeaux de huit à douze mille, sont tués en hiver en
grand nombre pour la vente exclusive des peaux. Tout le reste, y
compris les tendons, ne forme qu'un produit accessoire. Ce fait est
très important à <M)nnaître, car les rennes, présentant une affection
évidente, ne peuvent absolument pas être vendus, et si ce fait arrivait
ce serait un cas tout à fait exceptionnel.
Ainsi donc le produit lui-même est pris sur des animaux sains et
dans un milieu où la température est peu élevée. Les tendons séchés
peuvent se conserver sans s'altérer, pendant des années entières, s'ils
ne sont pas exposés à l'humidité. Leur prix revient à 130 francs le
poud 140 livres russes) ; et d'un poud on peut préparer 50,000 fils.
M'étant procuré ce produit j'ai entrepris son étude et j'ai divisé mon
travail en deux parties : une expérimentale que j'ai confîée au Docteur
Greifé, assistant de la Clinique gynécologique, et l'autre, clinique, que
(1) Travaux du ti^ Congrèt de* médecins m»te« de Moscou, 1887, p. 1.
(2) Vratsh, 1887, n« 1, p. 19.
262 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
j'ai faite moi-môme. Ces deux parties du travail sont aciuellemeal à
peu près terminées.
Le D' Greifé a fait sa tlièse sur « hs sutures à VaUh dt fils dt
iemlonM de mines «. Moi-même, j'ai écrit deux articles Tun dans le
Centralhlatt fur Chirurgie (1899, n» 24) et un autre plus détaillé dans le
Journal d'obsiéirûjne et de gynécologie (en Russie, 1900, n« 1). Le même
a paru en traduction dans le Centralblatt fur GytuBcologie (1900, n^ 10 ^
En plus, je sais que le D"* Tuf fier {Annales de gynécologie^ 1899, p Ctl9)
a employé ces fils avec succès. Parmi les médecins russes nous
devons citer le large emploi de ces fils au cours de laparotomies par
le Professeur A. P. Gubarev, le D»" V. F. Bobrov, le D' Beier,
le Di* Berezovsky. le D"" Galitsky, le h^ Zereninn et le D** Kuznetsky de
Nijni-Tagil (sur rOural).
Le travail du D** Greifé peut se résumer de la façon suivante :
lo Le ligament jaune du renne est composé de faisceaux parallèles,
de tissu conjonctif fibrillaire et non pas de fibres élastiques comme
le ligament jaune d'autres animaux domestiques de grande taille.
C'est grâce à cette différence essentielle que les tendons da renne
peuvent être dissociés en fils et peuvent être résorbés dans Torganlsme
sans laisser de traces, tandis que les tendons du cheval, du bœnf, etc.
qui contiennent une quantité considérable de fibres élastiques sont
dépourvus de cette propriété.
2? Les fils préparés par dissociation des tendons peuvent être de
différentes épaisseurs, et de différentes longueurs, de 25 à 70 cent, de
long. Ces fils sont plats, pas toujours égaux en épaisseur, c^est-
à-dirc qu'un bout peut être plus mince, ce qui facilite du reste l'intro»
duction du fil dans l'aiguille sans nuire à l'exécution du tra-
vail.
Ce fil est trôs résistant à l'état sec et préparé, ce dont chacnn de
vous peut se convaincre. Le catgut en s'imbibant perd 40 p. 100 de
sa solidité, tandis que dans les mêmes conditions la résistance des fils
de tendons de rennes semble même augmenter. La stérilisation et le
mode de préparation n'altèrent nullement la solidité des fils.
3" Élasticité, — D'après les recbcrches du D"" Greifé il résulte qu'nn
fil de catgut à l'état humide est à peu près une fois et demie pln^
élastique qu'un fil de soie humide et presque 5 fois plus élastique
qu'un fil tendineux humide. Ce dernier à l'état humide est 2 fois
plus élastique qu'à l'état sec. Cette propriété du fil est très importante
à connaître au point de vue pratique, car une ligature possédant une
SNEGUIREFF 263
élasticité quoique inoius prououcée, mais plus parfaite, ne pei*meti<ra
pas aux tissus comprimés de s'échapi)er du nœud.
4<> La capillarité des fils est à peu près 2 fois moindre que celle du
catgutf mais de beaucoup supérieure à celle de la soie.
Stérilisatioii des fils tendineux. — Après beaucoup d'essais le
D^" Greifé est arrivé à la conclusion que ni la température élevée soit
à l'état sec, soit par chauffage dans des liquides à point d'ébullition
élevé (xylol, huile de lavande, cumol, vapeur d'alcool), ni l'emploi de
la chaleur humide, ni l'ébullition après préparation par la formalinc
(en solution ou en vapeur), ni le liquide de Mfiller, ni la solution de
Flemming, ni le permanganate dépotasse, ni l'eau oxygénée, ni l'acide
phénique, ni la teinture d'iode, ne peuvent servir à la stérilisation.
Aussi cet auteur s'est-il arrêté parmi toutes les substances chimiques
au sublimé et à l'huile de genévrier qui seules ont donné les résultats
satisfaisants et stables.
Technique de stérilisation des fils. — Les fils préparés sont
dégraissés àl'éther pendant quarante-huit heures et sont plongés après
dessiccation dans l'huile de genévrier pendant trente jours ; puis ils sont
traités par l'éther pendant quarante-huit heures et mis dans l'alcool.
Après trrns jours de séjour dans l'alcool les fils sont mis dans une solu-
tion aqueuse de sublimé à 1 p. 200 avec addition de sel marin dans la
môme proportion.
On décante la solution au bout de deux jours, et les fils sont plongés
ensuite dans l'alcool où ils séjournent jusqu'au moment de l'opération.
En additionnant de l'eau à l'alcool, on peut se procurer des fils possé-
dant le degré voulu de souplesse et de flexibilité. Dans tous ces procédés
il faut surtout faire attention à ce que chaque fil baigne complètement
dans les liquides.
Toutes ces manipulations doivent être faites dans un seul et même
vase aussi bien pendant la préparation que pendant l'opération. A cet
effet, le D** Greifé a imaginé des tubes spéciaux. Ces tubes sont
constitués sur le principe des boites de Pétri ; ils conservent les fils
qui y sont plongés à l'état absolument stérile et permettent d'écono-
miser le temps pendant Topération.
Un faisceau de fils est introduit dans l'aimeau d'une baguette de
verre et est plongé dans le tube. Quand on retire un seul fil à l'aide
d'une pince, ce qui empêche tous les faisceaux de s'échapper du tube,
G*est d'abord l'élasticité des fils qui les applique aux parois du vase ;
quand l'élasticité «eule ne suffit pas, on peut retenir la baguette de
264 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
verre dans le tube par une vis. Pendant l'opération les grands couver-
cles sont remplacés par des chapiteaux conrts cpii, à la fin de ropération,
à leur tour sont remplacés par les couvercles précédents dont les bords
son préalablement flambés à la lampe à alcool.
Au cours de la laparotomie on a besoin de fils gros et minces, de trois
épaisseurs différentes, des fils minces, moyens et épais. Tons les
6 tubes sont posés sur im support spécial.
Expériences sur les animaux. — Toutes les expériences ont
été faites sur des chiens, et quatre seulement sur des lapins. Ces expé-
riences avaient pour but de constater : 1» si la résorption des fils est
complète ou incomplète ; 2o après combien de temps la résorption se
fait-elle ; 3° pendant combien de temps peut-on compter sur la con-
servation des propriétés physiques indispensables des fils {résis-
tance, etc.) ; 4" quelle est la nature des processus qui se passent
pendant la résorption.
Ces expériences ont démontré que les fils tendineux se désagrè-
gent dans Torganisme après un temps variable suivant leur épaissenr.
En moyenne les fils fins (plus fins que le catgut n^ 3) avec lesquels on
fait la suture des téguments externes, ne se résorbent pas avant quatre
jours ; les fils moyens demandent sept jours au moins, et les gros dix
jours au moins ix)ur la résorption. Quant aux sutures posées sur le
péritoine et le tissu conjonctif, les plus fins conservent leur résistance
jusqu'au quatrième jour, les moyens jusqu'au neuvième et les gros
jusqu'au douzième jour. Ces faits concordent parfaitement avec ceux
obtenus sur rhomme dans les sutures avec les fils tendineux.
Les fils tendineux se résorbent complètement, ainsi que le démontrent
les recherches microscopiques faites sur des animaux sacrifiés au bout
de cent un et cent trente-cinq jours. Une pelote de 20 fils tendineux,
introduite dans la cavité péritonéale d'un chien, a été complètement
résorbée au bout de deux cent soixante-cinq jours, sans laisser de
traces ; chez une femme à laquelle on avait pratiqué Tablation des
annexes gauches le 3 mars 1899 avec application de neuf points de
suture au gros fil, et à laquelle on a fait une laparotomie pour ablation
des annexes droites avec hystérectomie et ablation du moignon des
annexes gauches, le 3 octobre de la même année, c'est-à-dire
deux cent quatre-vingt-quatre jours après la première opération; on n'a
trouvé aucune trace des fils tendineux dans les tissus. Ainsi donc la
résorption est complète : elle se fait par les cellules lymphoîdes et
épithélioîdes. Ces fils sont remplacés par du tissu conjonctif qui
SNEGUIREFP 265
se distingae seulement par sa richesse en éléments cellulaires.
En cas de suppuration, les fils se résorbent complètement et plus
vite. Ce fait est confirmé dans la pratique chez Thomme, fait très
important et qui explique la rapide résorption des infiltrations post-
opératoires en cas de suppuration.
Ainsi donc les tendons de rennes se résorbent complètement : dans
des conditions aseptiques cette résorption s^effectue en trois mois ; en
cas de suppuration, en deux mois.
Quant aux organes urinaires, ces fils se résorbent plus lentement
dans le parenchyme rénal qu*à la surface de Torgane. La résorption
dans les intestins se fait comme dans les autres tissus.
Dans les expériences sur les animaux quand on pouvait exclure une
infection secondaire, on ne trouvait nulle part de suppuration ; la sté-
rilité était complète aussi loin dans la cavité péritonéale que dans les
reins, les vaisseaux, les intestins, les os. L'examen bactériologique des
ligatures et des sutures a toujours donné des résultats négatifs. Toutes
ces données nous ont autorisé à employer la suture avec des fils de
tendons de rennes dans les opérations faites sur Thomme.
Emploi des fils tendineux dans les opérations sur l'homme. —
Depuis Tété de Tannée 1898, j'ai commencé à employer ces ligatures d'a-
bord à l'hôpital Alexinsky ; puis après les recherches expérimentales,
aussi à la Gliniquo gynécologique et à l'Institut gynécologique de la
Faculté de Moscou. Actuellement je possède les observations de 200
laparotomies pratiquées par moi-même, de 70 cas du professeur Gubarev
et de 20 cas de l'assistant de Bobro v. Le total forme 290 laparotomies pra«
tiquées dans le courant des deux dernières années dans nos institutions
seulement, laparotomies où on a fait l'usage exclusif des ligatures à
l'aide de ces fils. En plus je les ai employés dans les opérations sur le
périnée, les grandes lèvres, le vagin ; dans les fistules, les opérations sur
le col utérin, tout cela au nombre de plus de 1 OO.Dans quelques cas iso-
lés j'en ai aussi fait usage dans les opérations sur la glande mammaire,
le cou, le goitre, le canal inguinal ; dans l'extirpation du vas déferons,
des ligaments ronds et dans un cas d'opération sur le squelette. Le
D'' Kuznetsky les a employés avec succès dans les opérations de
hernies inguinales et crurales.
Il faut noter que les fils peuvent s'infecter facilement à Textérieur
soit ati moment de leur application, soit en trouvant un milieu favo-
rable à l'infection, comme le vaginparexemple.Pouré\ater cette infection
on met dans le tube, immédiatement avant l'opération, un peu de tein-
AlOI. DB OTSr. ~ rOU LIT. 18
266 13^ CONGRÈS DF.S SCIENCES MEDICALES OE PARIS
tare diode, comme le conseille le professeur Gubarev. L'addition de
cette substance est très rationnelle et parfaitement applicable dans la
cbirurgie abdominale.
Les résultats sont les suivants: lo facilité d'armer une aiguille même
intestinale, car le fil peut à tout moment être facilement dédoublé :
2^ le nœud se fait vite, il est stable ; pas besoin d'un nœud chirurgi-
cal, deux ou trois nœuds ordinaires suffisent amplement. On n'a
jamais noté qu'un nœud se soit défait; pas de glissement de la ligature,
ce qui s'explique par la constance de l'élasticité.
L'emploi de ces fils dans les sutures des plaies péritonéales a cons-
titué un progrès notable, ayant permis d'éviter l'ablation des suturer.
On fait une suture à trois étages : !<> du péritoine, 2° des aponévroses,
3^ intradermique. La réunion de la plaie est toujours solide et parfaite,
aussi bien avec que sans drainage. Le drainage est maintenu parfois
pendant des mois. La désunion complète de la plaie a été observée
deux fois, la réouverture partielle dans plusieurs cas. Les causes de ce
défaut d'union sont variables : polysarcie, œdème, atrophie, vomisse-
ment, mouvement brusque des malades, etc. En plus, nous avons eu
l'occasion d'observer le môme défaut d'union avec la soie et le crin
de Florence. Étant donnée l'impossibilité de prévoir toujours cescas.noos
avons toujours appliqué deux points de suture profonde au crin de Flo-
rence, qu'on nouait sur un rouleau de gaze. Dans ces conditions la
désunion de la plaie peut être évitée, ainsi que nos cas le démon-
trent. Je ne peux rien dire sur la formation des hernies, car elles sont
-en général rares chez nous, 25 cas sur mille laparotomies.
Ainsi donc, grâce à l'emploi de ces fils, on évite l'ablation des sutures
et le pansement peut rester en place jusqu'au moment où la malaik
peut se lever, c'est-à-dire jusqu'au 14-^ jour. La suppuration de la
plaie et des points de sutures est un phénomène exceptionnel, «surtout
depuis que nous faisons usage de la teinture d'iode Quand la suppn-
ration existe, elle est très passagère, et jamais nous n'avons constaté
d'infiltrations dermiques occasionnées parles fils. Si, au 9« ou au H>"
jour après l'opération on passe un tampon de gaze humide sur une
plaie suturée profondément par les fils tendineux de renne, les nœuds
se détachent et restent sur le tampon ; on voit alors que les partit'^
profondes des fils sont amincies, conmie fondues. Ce détachement des
fils ne provoque aucune douleur. Toutefois le fait n'est pas constanL
Nous avons eu deux cas où la partie intradermique des fils est sortie
SNECUIREFF 267
presque sans altération au bout d' un mois. Le môme fait a été observé
par le professeur Gubarev.
On n'a pas encore pu trouver la cause de ces phénomènes, si c'est
dans le fil lui-même ou dans l'organisme de la malade .
Les sutures de la plaie abdominale (c'est-à-dire les sutures cutanées)
se conservent aussi bien avec les pansements aseptiques qu'antisep-
tiques. Dans quelques cas de sutures profondes on a été obligé de les
enlever par le procédé ordinaire, mais toujours la partie profonde du
fil était amincie quoiqu'inégalement.
L'emploi des fils de rennes pour les opérations sur les cavités périto-
néales et pelviennes était très variable, aussi bien au point de vue du
nombre des fils, que de la variété des tissus et organes.
Sur l'utérus ils ont été appliqués dans deux cas d'opération césa-
rienne conservatrice et dans plu sien ra cas d'intervention pour fibro-
myôme par le procédé conservateur. Sur les annexes^ dans leur abla-
tion et la résection partielle des ovaires. Sur la vessie . en cai^ de bles-
sure, dans la résection de l'intestin et la gastro-entérostomie. Mais
c'est surtout dans les diverses opérations aut<^lastiques des cavités
péritonéale et pelvienne que ces fils ont été employés. Tous ces détails
ont été décrits dans la thèse du docteur Greifé et dans tous les cas les
résultats étaient très favorables.
Au début, quand on employait pour la stérilisation des fils une
solution du sublimé à 1 p. 100 on observait des cas d'hydrargyrisme,
cas très passagers il est vrai, mais forçant à étudier cette ques-
tion. Voici les résultats obtenus par le docteur Greifé. La quantité de
sels mercuriels retenus par les fils d'une solution alcoolique de
sublimé à 1 p. 100 est égale à 4,45 p. 100; pour une même solution à
1 p. âOO, la quantité retenue est de 1,95 p. 100. La partie retenue est
moindre si on fait usage des solutions aqueuses de sublimé de môme
concentration ; d'une solution de 1 p. 100, 4,1 p. 100 ; d'une solution
de 2 p. 100, 2,3Hp. 100. Si l'on admet que tout le mercure est retenu
sous forme de sublimé (ce qui n'est pas en réalité) avec la dernière
solution (2,38 p. 100) la dose maxima (0,02) serait distribuée dans
60 points de sutures et ligatures environ. De cette façon on ne doit pas
observer des phénomènes d'intoxication avec une telle semence en
mercure. Gomme notre expérience nous le démouti*e, ces cas ne s'obser-
vent plus et maintenant nous avons pour ainsi dire trouvé la normale
de la désinfection.
Cette abondance de points de sutures qui peuvent ôtre laissés impu-
268 13® coNGnÈs des scibncbs médicales de paris
nément dans la cavité abdominale, leur faculté de remplacer les dssas
et d'empêcher ainsi Tadhérence des surfaces lésées des organes péri-
tonéaux et pelviens m*ont incité à remplacer Tos, dans un cas de la
perte de substance du maxillaire inférieur, par une pelote d'un pouce
et demi de long sur un demi-pouce de largear ou d'épaisseur avec
plein succès.
Nous avons donc par conséquent dans ces tendons, une substance
remplaçant les tissus. Je crois qu'il en serait de même pour la suture
des tendons avec perte de substance. Le tissu conjonctif les pénètre et
se substitue à la substance qui manque.
Au cours de l'application des satures on faisait souvent le lavage du
péritoine avec une solution de sel marin pour diverses causes (53 fois
sur 150 cas), ou bien le foyer infectieux était essuyé avec un tampon
imbibé d'eau oxygénée ; dans les deux cas, la résistance et la solidité
des sutures n'était pas amoindrie ; jamais on n'a observé d'hémorrhagie
secondaire là où on pouvait l'attribuer aux sutures.
L'évolution post-opératoire, même en cas de suppuration et de désa*
grégation était très faVorable. Sur 250 cas de laparotomie nous avons
eu seulement dans 42 cas une température supérieure à 37', 7. Ce
chiffre de 37o,7 peut être pris comme normal, car cette température
peut s'observer durant les premiers jours après toute opération avec
n'importe quels fils de suture. De ces 42 cas, 35 peuvent être expli-
qués facilement par les particularités des cas ayant suppuré avant
l'opération, par l'introduction du pus, du mucus, des matières fécales
pendant l'opération, etc. Dans sept cas seulement on a pu trouver la
cause de l'élévation de la température Mais même ces cas se sont ter-
minés favorablement sans complications ultérieures. Donc ici aussi
les fils de ligature n'étaient pas en cause, car s'il en avait été autre-
ment, la température serait restée élevée pendant leur résorption
complète.
Voici la table de 150 premiers cas de laparotomie, avec indication des
complications et des cas d'issue mortelle.
SNBGUIREFF
269
If ATURB DES OPÉaATIONB
O
a
KOMBRB
DB
CAS EVOLUAS
Myohystérectomie 28
Myomectomie 4
Extirpation de Tutérus et des annexes 6
Oophorectomie unilatérale 25
— bilatérale 5
— et salpingo-oophorectomie ... 9
Salpingo-oophorectomie unilatérale 7
— bilatérale 33
— et salpingectomie ... 1
Grossesse extra-utérine 9
Opération césarienne 1
Harsupialisation de kyste 2
— avec amputation su-
pravaginale de Tu-
térus 1
Hystéropexie abdominale 1
Ablation des cornes utérines et des annexes
rudimentaires 2
Ouverture de kyste hydatique 2
Résection de l'appendice vermiforme et salpin-
go-oophorectomie 1
Extirpation de sarcome de la paroi abdominale
antérieure 1
Cure radicale de hernie 6
Laparotomie exploratrice 6
Total 150
o
o
H
S*
8
16
2
2
18
3
6
6
18
1
6
1
2
1
5
5
os
s a
H
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M
Q
S
S
O
3
1
9
1
4
6
2
3
1
11
S —
— 1 —
1 — —
2 — —
1 - l
l — —
— l
1 —
97 42
11
Abordons maintenant la dernière question. Qu'est-ce qu*ont
démontré les 7 autopsies sur 1 1 cas de mort après laparotomie. Tous
ces 7 cas ont été examinés à l'Institut anatomo-pathologique et on a fait
Fexamcn bactériologique.
Les causes de mort étaient : dans 2 cas, la paralysie du cœur, dans
270 13^ CONGRÈS DBS SCIBNCES MÉDICALES DE PÀBIS
2 cas, rhémorrhagie après la myo-hystérectomie ; dans 2 cas, la péri-
tonite septique et dans 1 cas, la pyohémie ayant eu pour point de départ
une eschare gangreneuse. Dans tous les cas, il ne faut pas voir la cause
première de la mort dans l'emploi des fîls tendineux au cours de
ropération . Les autopsies ont démontré que dans les cas où la mort
est survenue au bout de trois ou quatre jours la résistance des fîls
dans la cavité péritonéale n'a pas changé. Il en était de même dans
un cas au septième jour. Au dixième jour, c-ette résistance était nota-
blement altérée, mais suffisante cependant à la traction à Taide d'une
pince. Les fils dans la plaie abdominale présentaient leur résistance
primitive, mais au dixième jour elle était moindre pour les fils de la
plaie abdominale que pour ceux de la cavité péritonéale.
Donc, on n'a noté ni stérilisation insuffisante, ni perte de résis-
tance des fils. La désunion des lèvres de la plaie en cas de blessure
du péritoine n'a pas été observée non plus. Par conséquent, rien ne
favorisait la formation des adhérences des organes entre eux. Deux
fois on a constaté des hématomes, dont un de volume d'une pomme.
Une autre fois il y avait une hémorrhagie vaginale après myo-hysté-
rectomie le seizième et le vingt-quatrième jour après l'opération.
Cette hémorrhagie avait pour source un vieil hématome du ligament
large. Mais nous avons observé des hématomes pareils dans les
sutures avec la soie.
Les autres cas, que nous avons observés, nous ont convaincu de
l'absence d'infection, car les suppurations et les infiltrations étaient soit
très passagères, soit très limitées.
Mais la qualité principale des sutures faites avec des tendons de
renne, c'est l'absence d'infiltration chronique et de formation de trajet
fistuleux. Môme si ces complications se présentaient, elles étaient de
courte durée et n'amenaient pas de troubles généraux, ce qui permet,
bien entendu, de juger la bonne qualité des sutures. Sur 131) cas, nous
n'avons observé que 5 fois l'infiltration au niveau du moignon. Ghex
42 malades la température a dépassé 37*, 7 ; mais, comme nous l'avous
fait remarquer, dans 35 de ces cas cette élévation thermique s'expli-
quait par la nature même de Tinfection.
Dans certains cas la mort était due u la péritonite septique; 2 fois
on a pu la rattacher à la cirrhose rénale. Il résulte de nos observations
qu'en cas de polyurie et d'abaissement du taux de l'urée Jusqu'à
20 grammes et au-dessous les malades meurent en présentant les
phénomènes septiqucs. Dans tous ces cas, je renonce à intervenir. Ces
SNEGUIRBFF 271
cas sont généralement insidieux, car l'albuminurie et la présence de
cylindres, même de cylindres hyalins, peuvent faire défaut.
Dans trois cas ces sutures ont été employées dans la néphropexie ;
Tunion a toujours été parfaite. Je crois que si on lie Turetère avec un
fil d'épaisseur moyenne, il se produira une hydronéphrose passagère
qui disparaîtra au bout de sept à huit jours, les fils se résorbant
infailliblement. Les opérations sur des fistules m'ont démontré que les
urates ne se déposent ni sur les fils, ni sur les nœuds ; c'est pourquoi
je crois que ces matériaux conviennent le mieux à la suture de l'ure-
tère. Je n'ai eu l'occasion de faire qu'une seule gastro-entérostomie
et quelques résections intestinales et entérostomoses ; le succès a été
toujours parfait. Les interventions sur la muqueuse vaginale et le col
exigent la désinfection vaginale pré et post-opératoire la plus minu-
tieuse.
Les suppurations peuvent s'observer dans ces cas très fréquemment.
Par contre» l'hystérectomie, l'hystcropexie et l'hystérotomie donnent
d'excellents résultats. De môme dans les sutures périnéales d'après le
procédé de Lawson Tait, on obtient toujours la réunion par première
intention.
En présentant h votre examen de nouveaux matériaux de suture je
n'ai nullement voulu aborder la question de qualité et d'emploi des
autres matériaux; j'ai voulu simplement démontrer que les fils pré-
parés avec des tendons de renne peuvent ôtre employés dans les opé-
rations les plus compliquées et portant sur n'importe quel tissu de l'or-
ganisme, leur stérilité et leur solidité étant absolument démontrées
par des recherches expérimentales et des observations cliniques. Leur
plus grand avantage, surtout dans les laparotomies et plus particulière-
ment dans les interventions gynécologiques, est qu'ils ne donnent
jamais lieu à l'infiltration ni à la production de trajets fistuleux, même
s'il s'agit de cas suppures. Même si ces trajets et si ces infiltrations
se produisent, leur durée est remarquablement courte et la tendance
des fistules à se fermer rapidement est extraordinaire. Le seul défaut
qu'on pourrait leur reprocher est leur prix élevé et la difficulté de se les
procurer. En ce qui concerne le prix, nous sommes arrivés à avoir à
Moscou le cent pour trois francs, prix inférieur à celui du catgut et
égal à celui de la soie, au moins en Russie.
Quant au second inconvénient, si l'usage de ces fils devenait très
étendu, on le limiterait, je crois, aux opérations cavitaires.
272 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Snr les rapports anatomiqaes de Tœnf à la paroi de la trompe
gravide.
— Madame Stroganoff (Saint-Pétersbourg). — Mes recherches
sont basées sur des cas nombreux observés à l'Institut impérial clinique
de la Gr. Duchesse H. P. et opérés soit par le professeur Ott, soît
par ses assistants ; de même que sur deux cas opérés à Thôpital
OboukhoY par le D** Vasten. Le nombre total des cas étudiés par moi
s'élève à une quarantaine et se rapporte aux périodes les plus diffé-
rentes de la grossesse, en commençant par les périodes les plus récentes
(de quinzeà vingt jours) et en terminant par les grossesses à terme. Dans
la plupart des cas la grossesse s'était interrompue ; j'ai cependant
observé plusieurs trompes dans lesquelles la grossesse suivait son cours
Vu la différence dans la structure anatomique entre la trompe et
Tutérus, il était déjà à priori à supposer que la trompe va se.comporter
différemment par rapport à Tœuf fixé à sa paroi .
Sans parler même de l'épaisseur de la paroi musculaire, nous trou-
vons une forte différence dans la structure de la muqueuse de la trompe,
se distinguant de celle de l'utérus par l'absence totale des glandes.
Néanmoins dos auteurs nombreux, s'étant occupés de recherches
anatomiques sur les trompes gravides, sont arrivés à la conclusion que
la muqueuse de la trompe se modifie dans ses traits principaux au
moins de la même façon que la muqueuse utérine, c'est-à-dire lui
décrivaient une couche glanduMre et une couche compacte. C'est ainsi
que nous trouvons ces idées exprimées dans un des derniers onvragc>
du D"" Webster, consacré à la grossesse ectopique. Et ce n'est que Van-
née passée que Kuhn et Kreisch ont démontré que beaucoup d'auteurs
prenaient pour caduque les cellules d'origine fœtale, c'est-à-dire le:»
éléments de la couche de Langhans, qui avaient fortement proliféré.
Et en effet dans la région sérotine qui avait été l'objet d'une étuile
spéciale de ma part, les couches glandulaire et compacte, tellem^t
caractéristiques pour la grossesse intra-utérine, ne se développent pas
du tout. Le chorion adhère immédiatement à la couche musculaire.
L'absence de ces couches, qui se dévelopi>ent fortement au cours
de la grossesse intra-utérine et qui sont ordinairement munies d'un
riche réseau de vaisseaux, détermine dans la grossesse tubaire des
rapports tout à fait différents du chorion à la couche muscnlairp
sous-jacente.
8TROGANOFF * 273
Gelle-ci présente en général de Thypertrophle et de Thyperplasle qui
atteignent de préférence le tissu conjonctif intra-musculaire, renfer-
mant des vaisseaux nombreux. Entre les vaisseaux se trouvent dis-
posées des cavités vasculalres larges, à parois minces et semblables
aux vaisseaux qui caractérisent la couche compacte au cours de la
grossesse intra-utérine.
L'épaisseur de la couche musculaire est loin d*ètre uniforme et,
étudiée sur la même coupe, présente des variations considérables, ce
qu'il faut attribuer, parait-il, aux rapports plus ou moins intimes de
cette couche avec le chorion.
Dans la plus grande majorité des cas étudiés par moi, des villosités
choriales solitaires et môme des groupes entiers de celles-ci se trou-
vaient situés dans Tépaisseur de la couche musculaire, quelquefois
même dans le voisinage immédiat du péritoine de la trompe . Quant à
la grossesse intra-utérine, les villosités choriales ne s'observent entre
les faisceaux musculaires que dans les cas exceptionnels, patholo-
giques.
Certains auteurs avaient vu dans» des cas uniques la pénétration des
villosités choriales dans la couche musculaire: tels Poppel, Langhans,
Leopold.
La pénétration des villosités choriales dans l'épaisseur de la paroi
s'effectue suivant le tissu conjonctif, séparant les faisceaux muscu-
laires, et s'accompagne d'une prolifération abondante des cellules
appartenant à la couche de Langhans.
Rien d'étonnant que ces cellules, infiltrant le tissu conjonctif
intermusculaire et ressemblant tellement aux cellules de la membrane
caduque, aient été prises pour celles-ci. Il n'est cependant pas diffi-
cile de se rendre compte de leur origine réelle, d'après leurs rapports
intimes avec les cellules de la couche de Langhans, et môme d'après
leur ressemblance extérieure. On rencontre parmi ces cellules égale-
ment des cellules polynucléaires, mais en quantité bien moindre
cependant que dans la grossesse intra-utérine. Ce fait pourrait s'ex-
pliquer par les conditions bien moins favorables de nutrition dans la
grossesse tubaire.
La couche cellulaire se dirige en proliférant vers les vaisseaux et
détermine, de môme que dans la grossesse in Ira-utérine, leur rupture,
ce qui a été décrit par nous dans nos publications antérieures et a
trouvé sa vérification dans les travaux récents des auteurs (Peters,
Henkelom).
274 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÂOICALES DR PARIS
La couche de Nitabuch, qui limite dans la grossesse intra*atérinela
pénétration des éléments fœtaux, est en général peu développée dans
la grossesse tubaire, faisant même quelquefois complètement défaut.
La pénétration des villosités choriales dans Tépaisseur des muscles
doit être attribuée à Tabsence de la couche compacte et de la couche
glandulaire, riches en vaisseaux, de même qu'au développement faible
de la couche de Nitabuch.
Les villosités choriales constituent les anneaux intermédiaires prin-
cipaux dans réchange des matières entre le fœtus et Torganisme mater-
nel; mais elles se trouvent à ce point de vue justement dans des con-
ditions tout à fait différentes dans la grossesse intra-utérine et dans la
grossesse tubaire. Tandis que dans la grossesse normale elles ont tonte
facilité à puiser les matériaux nutritifs dans les couches compacte et
glandulaire, riches en vaisseaux, elles sont obligées dans la grossesse
tubaire d'avoir recours, vu Tabsence des couches que nous venons de
nommer, à la couche musculaire sous-jacente.
Il s'ensuit que la pénétration des villosités choriales dans la ooncfae
musculaire constitue pour la trompe gravide une nécessité physio-
logique.
L'infiltration de la paroi par des éléments d'origine fœtale et par
des villosités choriales amène, en détruisant le tissu fondamental, son
affaiblissement. La nipture des vaisseaux et les hémorrhagies consé-
cutives contribuent au même résultat. Et cependant, dans les endroits
où la couche de Nitabuch a réussi à se développer, la paroi est pins
épaisse et se conserve bien mieux.
L'extension et l'amincissement de la paroi déterminés par l'absence
de corrélation entre son accroissement et celui de l'œuf, qui se déve-
loppe, contribuent de même dans une certaine mesure à son affaiblis-
sement.
Telle est la cause des hémorrhagies nombreuses au sein de la paroi
de la tromi)e et de l'œuf ; cette cause, tout en entraînant souvent la
mort de l'œuf, sauve néanmoins l'organisme maternel et présente le
signe caractéristique de la grossesse tubaire.
Les rapports du chorion à la couche musculaire de la trompe gravide,
que nous avons exposés plus haut, amènent en soncune des résultats
assez intéressants et bien graves.
Quand on a devant les yeux une série de coupes, démontrant la péné-
tration profonde des villosités choriales et de leurs produits, quelque-
fois jusqu'au péritoine, et quand on pense à la rupture, grÀce à leur
STROGANOFF 275
présence, des vaisseaux et à la destruction progressive de la paroi, on
est iné\ilablement amené à la conclusion, que ce phénomène ne joue*
certainement pas le dernier rôle dans la pathogénie des ruptures de la
trompe gravide.
Et en effet, quand le tissu fondamental est détruit à un tel degré,
qu'il a permis aux villosités choriales de pénétrer jusqu'à la séi'euse,
il n'y a même plus besoin de leur accroissement ultérieur pour amener
la rupture de In trompe. Un effort minime ou une augmentation de la
pression y suffisent pleinement. Quant à celle-ci, elle peut être détermi-
née soit par une nouvelle hémorrhagie, soit par un eff^t de la part
de la malade pendant Tacte de la défécation, le soulèvement de far-
deaux, une chute, etc.
Dans quelques cas on a constaté que les villosités choriales avaient
passé à travers la séreuse de la ti'ompe et faisaient saillie dans la
cavité péritonénle à travers les orifices, y formés.
Pour ces raisons il nous est impossible de partager l'opinion des
auteurs, qui nient Tinfluence destructive du chorion sur la paroi de
la trompe.
Je me répète en disant que dans la plus grande majorité des cas je
constatai la pénétration profonde des villosités choriales, môme dans
les cas d'avortement tubaire indubitable, quand on trouvait à l'opéra-
tion l'œuf faisant saillie dans l'orifice abdominal de la trompe. Même
dans ces cas -là je trouvais à des profondeurs variables et malgré
l'épaisseur de la paroi musculaire, des groupes de villosités choriales.
Ces villosités présentaient un fort développement de la couche ectoder-
mique, pénétraient en suivant le tissu conjonctif entre les faisceaux
musculaires et n'étaient séparées de la séreuse dans quelques endroits
de la trompe que par une faible cx)uche de tissu fondamental.
Il ne faut pas non plus perdre de vue les cas encore assez fréquents,
en somme, où le manque de substance dans la paroi de la trompe se
trouve bouché par un thrombus iiémorrhagique.
Toutes ces raisons nous autorisent à admettre que la solution de
continuité de la trompe a en réalité lieu bien plus souvent qu'on ne
l'admettait jusqu'ici .
Mais les hémorrhagies faibles se produisant aux périodes les plus
différentes de la grossesse dans la portion placentaire de la trompe à
travers des petits orifices et cessant aussitôt grâce aux thrombus, sans
donner lieu à des troubles inquiétants, passent la plupart du temps
complètement inaperçues au point de vue clinique.
276 • 13* CONGRÈS DES SCIBNCB8 MÉDICALES DE PARIS
D'autre part, on ne parle en général de rupture de la trompe, que
quand on trouve h Topération un orifice plus ou moins considérable.
Quant aux petits orifices, se fermant facilement, il est impossible de
constater leur présence à Toeil nu.
J'avais observé des cas, où il y avait des indications cliniques des
hémorrhagies intérieures multiples. A la cœliotonde, on trouvait des
anciens caillots et du sang d'origine récente. Malgré tout, on trouvait
Torifice ampuUaire de la trompe oblitéré, il était par conséquent im-
possible d'admettre que les hémorrhagies avaient eu lieu à travers cet
orifice.
Il s'ensuit évidemment que la seule condition possible des hémorrha-
gies, dont il vient d'être question, est présentée par les solutions de
continuité de la trompe.
L'examen microscopique de la paroi de la trompe a en effet confirmé
la présence de fissures, bouchées par des caillots sanguins.
Les dimensions de la inipture sont loin de se trouver toujours en
rapport avec l'intensité de l'hémorrhagie. On a vu des cas, dans
lesquels des ruptures minimes [ayant à peine la grosseur d'une tète
d'épingle] avaient entraîné à leur suite des hémorrhagies fatales.
n va de soi que dans la grossesse poursuivant son cours la rupture
de la trompe peut avoir lieu à tout instant. Mais il serait, d'autre part,
faux de croire que l'interruption de la grossesse garantit sûrement des
ruptures de ce genre, ce qui nous a été confirmé dans un grand nom-
bre des cas étudiés par nous. Ce fait n'aura rien de surprenant pour
nous, quand nous nous serons rappelés, que dans des conditions de
nutrition favorables les viliosités choriales continuent encore quelque
temps à vivre même après la mort du fœtus.
Dans certains cas des hémorrhagies intérieures se produisirent à
répétition pendant un mois et môme au delà, malgré l'interruption non
douteuse de la gravidité. A l'opération on trouvait l'orifice abdominal
oblitéré et la paroi de la trompe exempte de toute rupture ; néanmoins
il nous était possible de nous convaincre à l'examen microscopique que
cette paroi était pénétrée par des viliosités choriales et qu'il y avait dans
sa continuité des fissures, obstruées par des caillots de formaUon
récente.
Vous voyez que nos conclusions diffèrent des opinions adoptées
actuellement dans la littérature, et selon lesquelles la rupture de la
trompe gravide constitue un phénomène relativement rare.
Toute une série d'auteurs acceptent, en effet, que les hémorrhagies
STBOGXNOFF 277
sont le plus souvent déterminées par Tavortement tubaire et se pro-
duisent par rorifico abdominal de la trompe (Orthmann, Muret,
Schauta, Dôderlein. etc.). Sur 56 cas d'avortement tubaire, Fehling,
Mandl et Schmidt n*ont trouvé la rupture que 11 fois. Dôderlein a
trouvé la rupture 7 fois sur 23 avortements.
La cause des ruptures gît. selon Tavis des auteurs, dans les troubles
locaux de la nutrition et la modification des parois sous Tinfluence de
la pression, de l'extension et des hémorrhagies (Orthmann, Muret,
Taylor).
Quant à Tendroit où la rupture de la trompe gravide a lieu le plus
souvent, les auteurs sont loin d'être complètement d'accord sur ce
point. Tandis que les uns (Langhans, Muret) le placent dans la région
placentaire, les autres (Kreisch) le localisent dans Tendroit diamétra-
lement opposé au placenta, point qu'ils croient, grâce à son amincisse-
ment, le plus prédisposé aux ruptures.
Dans plusieurs cas étudiés par nous, des ruptures, suffisamment
grandes pour avoir môme laissé passer le fœtus dans la cavité périto*
néale, s'étaient produites suivant le bord du placenta et non dans son
milieu, où la paroi de la trompe était cependant perforée dans beaucoup
d'endroits par des villosités choriales
Il parait y avoir une contradiction entre les faits que nous venons de
citer, mais c<3tte contradiction n'est qu'apparente. Il est bien certain
que la rupture peut aussi bien avoir lieu dans la région du placenta
qu'en dehors d'elle. Mais la pathogénie de la rupture est bien loin
d'être identique dans les deux cas. Dans la région placentaire la rupture
a le plus souvent lieu h la suite de la destruction systématique de la
paroi par les villosités et leurs produits . Quant aux autres régions de
la trompe, il s'y produit de préférence, d'une façon mécanique,
notamment à la suite de sa distension par l'œuf qui se développe, des
troubles de la nutrition et d'une prédisposition ainsi déterminée à la
rupture. La rupture se produit alors sous l'influence d'une cause quel-
conque, que ce soit une nouvelle hémorrhagie, une chute, un effort, le
soulèvement d'un fardeau ou, enfin, encore de l'accroissement de l'œuf.
De tout ce que nous venons de dire il s'ensuit que la rupture a le
plus souvent lieu dans la région placentaire ; mais rarement cette rup-
ture acquiert des dimensions suffisamment considérables pour permettre
à Tœuf de passer dans la cavité péritonéale, et ceci pour des raisons
bien simples : premièrement, c'est l'épaisseur du placenta qui s'y
oppose ; deuxièmement, les fissures formées dans cette région n'attei-
278 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
gnant pas de grandes dimensions, sont pour cette raison parfois faci-
lement obstruées par des caillots sanguins.
Le danger des ruptures dans la région placentaire est déterminé
principalement par la possibilité d*hémorrhagies abondantes, quel-
quefois même mortelles.
A la suite de toute une série d'observations nous sommes ainsi
amenés à la conclusion, que le rapport de Tœuf aux parois dans
lesquelles il est contenu est tout h fait différent dans la grossesse
tubaire et la grossesse intra-utérine . Dès les premières semaines de la
grossesse tubaire l'œuf affecte des rapports très intimes avec les parois
adjacentes, en les pénétrant profondément de ses villosités et de lenrs
produits, tandis que dans la grossesse normale il n'est attaché aux
parois maternelles, — et ceci presque jusqu'à l'époque de la formation
du placenta, — que d'une manière fort lâche, — ce qui nous explique
en même temps la facilité avec laquelle se fait l'avortement pendant
les premiers mois de la gravidité intra-utérine.
Discussion.
— P. Strassniann. — La fréquence de la grossesse extra-utérine
éveille l'idée qu'il s'agit d'un trouble d'une fonction physiologique.
Gomme chez les autres mammifères, la fécondation a lieu chez la
femme à l'extrémiUî frangée des trompes ou dans les oviductes. Toute
grossesse est au début extra- utérine. Le stade de l'œuf humain sans
villosités se poursuit dans l'oviducte. La progression de l'œuf est
empêchée par le rétrécissement du canal tubaire, la périmétrite, la
présence de myômes, l'hypertrophie des ovaires.
Gomme la périmétrite est souvent de nature gonorrhéique, on peut
en beaucoup de cas envisager la grossesse extra-utérine comme une
maladie secondaire, gonorrhéique. L'altération de la fonction des cils
vibratiles de la trompe arrête ainsi le cheminement de l'œuf. L*œuf
s'arrête-t-il, il peut ou périr,ou bien trouver un Ilot de muqueuse à peu
près saine où il peut pousser des villosités. Un trouble survenu dans
la progression de Vœui, quand la nutrition sur une muqueuse rela-
tivement saine est possible,donne lieu à une grossesse extra-utérine.
Des kystes hydatiques du ligament large.
— André Boursier (Bordeaux). — Les observations de kystes
hydatiques des ligaments larges peuvent être considérées comme des
BOURSIER 279
raret4Ss pathologiques, car le nombre des cas connus est fort res-
treint; aussi leur histoire clinique est-elle encore très incomplète
C'est pour cela qu'il m*a paru intéressant de vous apporter deux cas
nouveaux de cette affection rare. J'ai observé Tun d'eux dans mon
service à l'hôpital Saint- And ré de Bordeaux, et le second appartient à
la pratique hospitalit'^re de mon collègue et ami Pousson, qui a bien
voulu me confier le soin de le publier.
Les kystes hydatiques du ligament large ne constituent qu'une
variété des kystes hydatiques du bassin qui sont aujourd'hui assez
bien connus.
En effet, dans une étude d'ensemble restée classique, Gharcot le
premier, en 1852, a essayé de faire l'histoire des kystes hydatiques du
bassin dans un mémoire basé sur 12 observations. Il a cherché à
établir que ces tumeurs se développaient surtout dans le tissu cellu-
laire sous-péritonéal, sans siège absolument précis, mais pouvaient
exceptionnellement siéger dans les viscères. Chez l'homme on les
observerait surtout entre le rectum et le col de la vessie ; chez la femme
ils siégeraient de préférence entre le rectum d'une part, le vagin et
l'utérus d'autre part. Ils sont tantôt simples, tantôt multiples. Ils pro-
duisent ordinairement des troubles de compression du côté de la ves-
sie et du côté du rectum, et peuvent constituer un obstacle au travail
de l'accouchement.
Le travail de Gharcot suscita de nombreuses observations et déjà
en 1860Davaine,dansle chapitre de son Traité (les Efitozoairen qn'W cou-
sacra à ces kystes du bassin, pouvait en réunir 27 cas.
L'attention ayant été ainsi attirée sur cette question, les faits se
multiplièrent rapidement, et parmi les travaux importants que nous
désirons rappeler sans avoir la prétention de faire un historique com-
plet nous citerons l'important mémoire de Freund (GyfHnhoL KUnik,
Strasbourg, 1885), et l'excellente thèse de La ville- Sainte Suzanne
(Etude sur les kystes hytkitiqucs du petit bassin^ Bordeaux, 1893), qui a pu
en réunir 86 observations.
Mais, à partir de ce moment, les auteurs ont cherché à dissocier un
peu ces faits et à étudier séparément les kystes hydatiques des
divers organes du bassin. C'est ainsi que Dermiguy a étudié spé-
cialement les kystes hydatiques du cul-de-sac de DougUis chez la
femme (Thèse de Paris, juin 1894) ; que Le Nadan a consacré son tra-
vail inaugural aux < kystes hydatiques dp Voimirp •> (thèse de Bor-
deaux, 1896).
280 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Déjà d'ailleurs Tuf fier, en'1891 , avait communiqué au Ck)xigrès fran-
çais de Chirurgie un excellent mémoire ' sur Vincision gua-pubiame
appUqvée au traitement des kystes hydatiques de lu régiati réirchvémcale^
Enfin en 1800. à Paris, M. J. Lemonnier consacra sa thèse spéciale-
ment au sujet qui nous occupe. Elle est intitulée : Des kystes htfdaH-
ques des ligaments larges.
Il résulte de Tétude de ces divers travaux, et en particulier de la
thèse de Lemonnier, que les observations en sont très peu nombreuses,
n faut, en effet, éliminer un certain nombre de cas qui ont été parfois
considérés comme dés kystes du ligament large parce qu'ils siégeaient
sur les côtés de Tutérus . Avec Lemonnier nous rejetterons les observations
de Esquirol (\S19^JoHnialde médecine de Sédillot), de Basset (Soc. ana-
tomique, 1828), de Dubois et Boivin (Revue médicale, 1858), de Dûment
(Soc. d'anat, et physiologie, Bordeaux, 1882) et de Schatz lobs, de la
Clinique gynécologique de Leipsig, 1875). Il s'agit, dans ces cas, tantôt
de kystes de Tovaire, tantôt de kystes hydatiques pelviens latéraux
qui ont été ponctionnés ou incisés et pour lesquels il est absolument
impossible de pouvoir préciser le sujet et Torigine.
M Lemonnier n'a cru devoir admettre comme certaines que trois
observations, une observation de Schatz, un fait de Pinard publié
dans les Annales de Gynécologie (18881, et en fin un cas personnel opéré
dans le service du professeur Tillaux par notre collègue Walther qui le
suppléait, et qui fut communiqué à la Société anatomique par M. Veau,
interne du service (23 octobre 189'»).
Nous croyons devoir ajouter aux cas qui précèdent l'observation
de Guinard (Soc. anat., 1881 1, tout à fait semblable à celle du professeur
Pinard et que M. Lemonnier a rejetée pour des raisons qui nous échap-
pent ; un fait de Anna Clarke rapporté par Lawson Tait dans son
Traité des maladies des femmes et, enfin, les deux observations inédites
qui font l'objet de ce travail.
Malgré leur extrême petit nombre, puisque, en dépit de nos recher-
ches, nous n'avons pu réunir que sept observations, les kystes hyda-
tiques à\\ ligament large peuvent être séparés en deux groupes,ainsi que
l'a fait Dermigny pour les kystes hydatiques du cul-de-sac de Douglas.
Dans le premier nous rangerons les cas de kystes multiples, où le
kyste du ligament large coexiste avec d'autres kystes à échinocoqucs
siégeant dans d'autres régions ou d'autres organes ; dans . le second
nous réunirons les kystes uniques absolument localisés dans le liga-
ment large.
BOURSIER 281
La première variété ne comprend que les observations de Pinard et
de Guinard.
Dans l'observation du professeur Pinard il s'agissait d'une femme
entrée à la Clinique d'accouchements le 21 mars 1888, qui était en
travail depuis quelques jours et dont Taccouchement ne pouvait se
faire à cause de la présence d'une tumeur rënitente et régulière occu-
pant à peu près tout le bassin depuis le plancher pelvien jusqu'au-
dessus du détroit supérieur. La malade portait, en outre, une tumeur
de la fosse iliaque droite, une de la fosse iliaque gauche, et une
du foie. La ponction de la tumeur pelvienne donna issue à du liquide
clair et légèrement visqueux qui contenait des crochets d'échino-
coques. Grâce à cette ponction Taccouchement put se terminer, mais la
malade mourut. A l'autopsie on constata un énorme kyste hydatique
du flanc gauche, un groupe de neuf kystes hydatiques partant du foie
et descendant presque dans la fosse iliaque droite; enfin, un kyste pel-
vien qui parait siéger dans le ligament large droit. C'est la tumeur
qui avait été ponctionnée pour permettre l'accouchement.
L'observation de Guinard, présentée h leLSociéU anatomique en 1881 ,
est ainsi résumée dans la thèse de Lavigne-Sainte-Suzanne :
<c G..., 25 ans, domestique. Entre dans le service de M. Yemeuil pour
une soi-disant coxalgie. Membre droit en abduction et rotation en
dehors, comme fléchie sur le bassin. Douleurs dans le ventre ; on
constate une tumeur lisse, et M. Yemeuil diagnostique un kyste hyda-
tique du foie.
c Chîoro/ormiscUion, — Ponction dans le ventre ; issue d'un liquide
clair, contenant des échinocoques. La malade semble guérie ; mais on
s'aperçoit, quelques jours plus tard, qu'il y avait conmiunication entre
la poche et l'intestin. Mort.
c Autopsie. — Foie énorme contenant quatre tumeurs dont l'une
s'ouvrait dans l'intestin, à cinq centimètres du point où llléon s'a-
bouche dans le cœcum. Un autre kyste dans l'épiploon gastro-splé-
nique. Un dans le ligament large, trois autres dans le petit bassin. )>
Nous enregistrons ces deux observations pour ôtre complet; mais il
est impossible, au milieu des phénomènes très complexes qu'elles pré-
sentent, de les utiliser beaucoup pour l'histoire clinique des kystes du
ligament large.
11 n'en est pas do môme des autres faits, qui sont tous des cas de
kystes uniques du ligament large.
AHIT. DK OTK. — TOL. UV. 19
282 13^ CONGRÈS DES SCIENCES .MEDICALES DE PARIS
L'observation de Schatz (recaeillie a la Cliniqae de Bostodi: et publiée
dans les Archives générales de médecine en 1876), peut être aina résu-
mée:
Il s'agit d'une femme de 28 ans qni depuis sept mois épronvait
dans le ventre une douleur accompagnée de forts tiraillements dans le
côté gaucbe ; sensation de pesanteur tantôt à droite, tantôt à gauche.
Miction difficile, douloureuse. PoUakiurie.
On trouve au toucher, à droite de Tutérus, en rétro-position, une tumeur
qui en est séparée par un sillon peu profond. Cette tumeur, du volume
de deux pommes, est séparée en deux lobes distincts, l'un antérieur,
l'autre postérieur, par un sillon. Schatz, en souvenir d'un cas analogue
vu à Leipzig, diagnostiqua un kyste hydatique.
La tumeur, ponctionnée pendant un accès de fièvre, donna issue à du
liquide séro-purulent. La malade mourut. A l'autopsie, pleurésie double
et péritonite suppurée. Dans le ligament large droit, au-dessus du péri-
toine et à droite de l'utérus existait une cavité où se trouvait, au milieu
d'exsudats gélatiniformes, un kyste d'échinocoques très net.
L'observation de Walthcr est encore plus complète. C'est une femme
de 24 ans, qui entre à la Charité en août 1896 pour des douleurs abdo-
minales.
Ses premiers antécédents n'ont rien d'important. A 16 ans, après
une chute, elle eut une urticaire généralisée pendant plusieurs mois : à
18 ans, fausse couche de deux mois et demi environ, à la suite d'un coup dp
pied ; à 24 ans, chute sur le ventre, violente et très douloureuse, suivie
encore d'une urticaire généralisée très intense, qui dura quinze jours.
Depuis crises de douleurs abdominales sans cause, en dehors des
règles, durant de deux à six jours, s'irradiantà rombillc, à la face interne
des cuisses, à la région lombaire. Ces crises deviennent de plus
en plus douloureuses, se terminent par des pertes blanches vis-
queuses.
A l'examen la palpation réveille à droite de la douleur ; au toucher
on trouve une tumeur du volume d'une grosse mandarine, régulière,
arrondie, fluctuante, mobile, et sensible pendant le mouvement. L'utérus
est indépendant. — Walther décide l'extirpation par la voie abdomi-
nale. La tumeur apparaît alors incluse dans le ligament large droiU
refoulant un peu à gauche l'utérus. La tumeur ponctionnée donne
300 grammes de liquide clair conmic de l'eau de roche. L'énucléation en
est très facile ; la cavité séreuse est suturée.
La malade guérit en quelque jours sans incidents. La poche blan-
nouRSiER 283
châtre mate, examinée au microscope, présentait la structure amorphe
des kystes hydatiques.
Le cas rapporté par Lawson Tait (1) et qui avait été opéré le 19 mars
1887 par Anna Clark — est aussi très intéressant.
La malade était uDe jeune femme de 30 ans, mariée, chez laquelle
on avait porté le diagnostic probable de kyste du ligament large.
Après incision de la capsule il s'écoula plusieurs litres d'hydatides,
de vulgaires échinocoques. La tumeur était exactement limitée au liga-
ment large gauche, repoussait Tutérus à droite et occupait toute la
cavité pelvienne et une bonne partie de Tabdomen. Les bords de la
poche furent suturés h la paroi abdominale et un drain de verre laissé à
demeure. Pendant plusieurs jours les hydatides continuèrent à être
évacuées par le drain, qui put être retiré le 10« jour. La malade rentra
chez elle complètement guérie le 4 avril.
A ces quelques faits nous joignons les deux observations inédites
suivantes.
Obs. I. — B..., 47 Ans, 6 grossesses. Un peu de métrite après la 4^ Après la mdnopanie
donleara continuelles. Examen : tumeur alxtominalo gauche plongeant dans le bassin, arron-
die, régnlière, surface lisse, élastique et rc'niteute, paraissant du volume de la tête du foetus
à terme. Opération. Tumeur lisse dans le ligament large gauche. Aucune adhérence. La
déoorticatlon amène la rupture de la poche et récoulemcnt de liquide clair, contenant une
membrane hydatique. Aucune autre production hydatiforme dans Tabdomen . Pas de cro-
chets dans le liquide.
Obs. II. — T..., S3 ans. 6 aocouchemcnts Plusieurs crises de rétention urinalre, la dernière
en août 1899. — La palpatlon abdominale révèle une tumeur comme dans le cas précédent.
Opération : tumeur pédiculée sur le ligament large, nettement hydatique.
Il est à peu près impossible de faire d'une manière suffisante, avec
un aussi petit nombre d'observations, Thistoire clinique de kystes
hydatiques du ligament large. Cependant en analysant avec soin les
quelques faits que nous avons pu réunir, on voit que cette affection
se traduit par des signes fonctionnels et des signes physiques qui rap-
pellent h la fois les kystes hydatiques du bassin et les kystes simples
inclus dans le ligament large.
Les troubles fonctionnels consistent en douleurs et en phénomènes de
compression.
Les douleurs signalées dans les cas de Schatz, de Pinard, de Walther^
de Boursier, sont de formes variables. Elles peuvent consister en sim^
(1) Lawsok Tait. Traité des maladies des femmes^ 1891, p. 855 «
284 J3^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
pies sensations de pesanteur et de tiraillements, partant de la région
pelvienne. Mais le plus souvent, il y a de véritables douleurs abdomi-
nales d'une intensité variable, pouvant s'irradier dans les flancs, dans
les lombes, dans Tombilic ou dans les cuisses. Ces douleurs peuvent
se montrer par crises parfois très intenses pouvant durer de deux à
six jours et se terminant par des pertes blanches très visqueuses
(Walther), d'autres fois les crises de douleurs se rapprochent, devien-
nent continues et arrivent à troubler le sommeil (cas personnel).
n n'est pas étonnant d'observer avec les kystes hydatiques du liga-
ment large des troubles de compression, puisque nous savons que ces
symptômes ont été très souvent signalés dans tous les kystes do liga-
ment large et plus souvent peut-être encore dans les kystes hydatiques
du bassin. Cependant, dans toutes nos observations, nous ne trouyons
que des troubles de compression des organes urînaires ; c'est unsi que
dans le cas de Schatz, on signale de la pollakiuric avec des mictions
douloureuses et difficiles ; de la rétention d'urine et de la dysnrie chez
la malade de Pinard. Ces troubles urinai res constituent le senl symp-
tôme fonctionnel de la malade de Pousson. Elle eut, en effet, à plusieurs
reprises, des crises de rétention d'urine non douloureuse, durant plu-
sieurs jours et se terminant spontanément, et enfin une dernière crise
de rétention complète nécessitant l'emploi habituel de la sonde qui
Tainène à l'hôpital, sans qu'elle ait découvert l'existence de sa tumeur.
Dans le cas qui m'est personnel, j'ai noté un peu d'incontinence d'urine
dans l'effort et dans la station debout, mais comme ma malade avait
en même temps un début de prolapsus, il est difficile de savoir si les
troubles urînaii*es appartiennent au kyste ou au prolapsus.
Enfin nous rappellerons pour mémoire, les crises d'urticaire qui
n'ont été observées que chez la malade de Walther, et auxquelles
Lemonnier a peut-être accordé une valeur sémélologique trop considé-
rable.
Les caractères physiques des kystes hydatiques du ligament large
sont à peu près ceux de tous les kystes inclus dans ces ligaments. On
observe, le plus souvent, une tumeur à surface lisse, arrondie oo
ovoïde, siégeant dans un des côtés du bassin, mobile, mais d'une
mobilité variable, et d'habitude assez nettement séparée de l'atérus
auquel elle ne transmet pas ses mouvements, et qu'elle refoule en
général, en arrière ot du côté opposé. Cette tumeur siège tantôt à
droite, tantôt à gauche. Sa consistance est très inégale, le plus souvent
rénitente, elle peut aussi être franchement fluctuante, et parfois aussi
WINCKEL 285
tellement tendue qu'elle devient résistante et dure au point d'être prise
pour une tumeur solide (Pousson). Son volume est lui aussi très
variable et peut aller depuis les dimensions d'une mandarine (Walther)
jusc^u'à celles d'un volumineux kyste abdomino-pelvien (Anna Clark) .
La tumeur est ordinairement plus ou moins complètement incluse
dans le ligament large ; une seule fois, dans le cas de Pousson, elle était
pédiculée. Enfin elle peut être quelquefois sensible au toucher, mais
dans aucun cas, ainsi que cela arrive dans les kystes hyda tiques du
bassin, on n'a constaté de frémissement hydatique.
Aussi dans la plupart des cas, le diagnostic exact n'a pu être porté,
et la nature hydatique du kyste n'est ordinairement découverte qu'au
cours de l'opération. Cependant Schatz dans l'observation qui lui
appartient avait diagnostiqué un kyste hydatique, uniquement parce
qu'il avait vu un cas analogue à la clinique de Leipzig.
Le plus souvent le diagnostic porté est celui de kyste du ligament
arge (Walther, Anna Clark, Pousson). Dans le cas de Pousson la con-
sistance dure de la tumeur, de la continuité avec l'utérus firent penser
h un fibrome utérin.
Le traitement de choix de ces kystes est l'extirpation par la voie
abdominale. C'est le traitement qui a été appliqué avec succès, par
Walther, par Pousson et par moi. Dans les trois cas, la décortication
du kyste a été des plus faciles, à rencontre de ce qui se passe d'ordi-
naire dans les kystes hydatiques du bassin, puisque Tuffier n'a pas
hésité à conseiller pour les kystes hydatiques rétro- vésicaux, l'incision
du kyste par la voie abdominale avec marsupialisation et drainage de
la poche. Cette conduite devrait être appliquée si Ténucléation parais-
sait trop difficile. Elle a d'ailleurs été mise en pratique avec succès
par Anna Clarke, qui après avoir suturé la poche. à la paroi abdomi-
nale et mis en place un tube de verre, qui fut laissé dans la plaie
pendant dix jours, vit guérir sa malade sans incidents. Il y a lieu au
contraire de répéter la ponction simple ou avec injections antiseptiques
qui a été suivie de mort dans le cas de Schatz, et dans le fait de Pinard ;
mais dans ce dernier cas la coexistence du travail obstétrical empêche
de juger smnement l'intervention chirurgicale.
L'importance gynécologique des capsules surrénales.
— Winckel (Munich). — Bien que l'importance des capsules
surrénales n'ait pas encore été établie d'une façon certaine, on reconnaît
286 13° CONGRES DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
chaque jour de plus en plus que leurs anomalies et leurs maladies doivent
être prises en considération plus qu'on ne Ta fait jusqulci, quand
on se livre & un diagnostic différentiel.
Bien que la capsule surrénale chez les fœtus, les nourrissons et
dans la première enfance, ne possède ni ganglions nerveux nombreux,
ni pigment, il semble toutefois qu'elle joue dans la vie fœtale un rôle
important.
Nous trouvons en effet, à côté de toutes les déformations et maladies
du fœtus, en particulier de celles des organes nerveux centraux, et
des organes de Tabdomen, presque constanmient des anomalies dans la
formation, la position ou la nutrition des capsules surrénales.
Pendant que chez les animaux, dont Torganisme est le plus perfec-
tionné, Tablation des deux capsules surrénales a pour conséquence la
mort dans un court délai, le fœtus humain peut se développer presque
jusqu'à sa maturité, même quand les deux capsules surrénales
manquent.
Quand une capsule surrénale fait défaut il peut se produire, déjà
dans la vie intra-utérine^ une hypertrophie compensatrice, comme le
fait a été démontré expérimentalement pour les animaux, et par la
section pour l'homme (atrophie de l'une des capsules). (Simmonds.)
Il y a^ en outre, une fusion intra-utérine des deux capsules qui n*en
forment plus qu'une, en forme de fer à cheval (Orth, ^Yinckel, Seitz).
La capsule surrénale est reliée avec celle du rein, mais le plus souvent
d'une façon lâche.
La position intra-utérine des capsules surrénales, respective des
deux organes, est variable chez les fœtus ; le rein peut être en bas,
pendant que la capsule surrénale conserve sa place ordinaire ; la cap-
sule sur la face antérieure du rein, jusqu'à sa x>artie inférieure, a déjà
été démontrée (Winckel, Otto, Seitz).
Chez les enfants étouffés au moment de leur naissance on trouve
très souvent des hémorrhagies de la grosseur d'une noix, circons-
crites dans le tissu des capsules surrénales. Souvent aussi, comme
chez les adultes, on constate des hématomes de volume considérable
de tout l'organe (Merkel, Rayer, Ghiari) ; il arrive même que ces héma-
tomes soient accompagnés de saignements, tout autour du rein.
L'atrophie des deux capsules surrénales ne se produit pas seulement
quand le cerveau est défectueux, ou encore en cas de scission de la
colonne vertébrale, mais aussi dans les cas de lues congenita.
En cas do formation incomplète du cerveau ou de la moelle épiniëre
WINCKBL 287
on ne trouve pas toujours une anomalie constante des capsules surré-
nales, mais tantôt Fabsence complète de Tune, ou de toutes les deux,
tantôt l'atrophie, tantôt Thypertrophie des deux capsules.
Des néoplasmes des capsules surrénales pendant la période fœtale
se présentent rarement ; on n*est plus en droit d'affirmer qu'il en soit
de même dans l'enfance, dans la période de la puberté et dans un âge
plas avancé, attendu que le nombre des cas observés dans un temps
très court, s'est élevé considérablement.
Parmi ces formations nouvelles appelées « hypernéphromes », on
en distingue de bénignes et de malignes ; au nombre des premières,
on a déjà observé : des kystes, des adénomes, des lipomes, des fibromes,
des gliômes, des neuromes et des strumen. Parmi les secondes, on a
déjà décrit les sarcomes, angio et myxosarcomes en particulier, etc.,
ensuite les carcinomes, même mélano tiques et les adénomes malins.
Déjà dans le premier âge on rencontre spécialement des cas de sar-
comes chez les jeunes filles (Eberth, petite fille de 17 mois; Manc-
kiewicz, petite fille de 2 ans ; ûgle^ petite fille de 3 ans ; Brûckanow,
petite fille de 14 mois, avec carcinome primaire de la capsule surré-
nale ; Greenhow, jeune fille de 1 2 ans, Fraenkel, jeune fille de 18 ans,
avec angiosarcome des deux capsules surrénales).
Sur 11 opérés, pour lesquels le sexe était indiqué, Robson trouva
3 hommes et 8 femmes, et dix avec sarcomes.
Sur 36 tumeurs malignes des capsules surrénales, Roger Williams
en trouva plus d'un tiers dans l'enfance et la jeunesse, quelques-unes
même héréditaires.
Au contraire, les strumen, qui atteignent les dimensions de la tête
d'un enfant, semblent, d'après Brûchanow, ne se présenter habituelle-
ment qu'à partir de la quarantaine, et être spécialement une maladie
d'un âge plus avancé (3 cas dans la quarantaine, 4 dans la cinquan-
iahke, ô dans la soixantaine, 8 dans la septantaine, 3 de 80 à 90 ans,
1 de 90 à 100 ans, 1 de 100 à 110, femme de 105 ans).
Ils se présentent aussi souvent à droite qu'à gauche. Chez les femmes,
les cas sont peut-être un peu plus fréquents que chez les hommes
(15 femmes pour 12 hommes).
Au nombre des symptômes *des tumeurs des capsules surrénales en
général que Kamsay découvrit (37 sur 67 tumeurs), il faut signaler,
outre la faiblesse, l'amaigrissement, le malaise, les vomissements, la
perte de l'appétit, la constipation, la diarrhée, les douleurs dans le
08, dans la région des reins et dans l'épigastre, 3 cas seulement de
288 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
coloration bronzée, 9 cas de décoloration de la pean, 2 cas de très grand
développement des poils snr tout le corps chez les adultes, et 2 cas
chez les enfants.
Dans 13 cas sur 67, et aussi dans notre cas particulier, la tumeur
ne produisit aucun symptôme.
L'absence de changement marquant dans l'urine est une règle.
Une extrême mobilité est dans certains cas, comme aussi dans le
nôtre, un symptôme remarquable qui s'explique par la séparation des
deux organes, déjà démontrée chez le fœtus.
Des confusions des tumeurs des capsules surrénales ont eu lieu :
Avec des tumeurs de Tovaire ;
Avec des tumeurs des reins ;
Avec des échinocoques du foie ;
Avec des tumeurs de la vésicule biliaire ;
Avec des kystes du pancréas.
L'ablation au moyen d'une opération donne la seule possibilité de
guérir les malades. Sur 18 affligés de strumen qui ont été opérés, il
en est :
morts = (27,7 p. 100).
ont récidivé 4 = (22,2 p. 100).
L'opération peut être facilement exécutée par la ligne médiane du
corps, comme chaque ovanotomie. Des changements dans l'état général
du malade ne se produisent pas, après l'ablation heureuse de la tumeur ;
l'opération reste sans influence sur la conception et la grossesse qui
ont lieu, après comme avant, sans le moindre trouble.
Le décubitns ventral permanent dans le traitement de la fistule
vésico-yaglnale.
— Vitrac (Junior) (de Bordeaux). — Dans de nombreuses expé-
riences, j'ai cherché à fixer le rôle joué par les diverses positions da
corps dans l'écoulement des urines h travers l'orifice de la vessie fista-
leuse.
Dans les cas les plus fréquents (fistule de la zone vaginale de la
vessie), le décubitus dorsal a pour conséquence l'issue totale, on
presque totale de l'urine ; le décubitus latéral permet déjà une conti-
tinence plus marquée ; le décubitus ventral est la position la plus
favorable. Grâce au D.Y. en effet, une malade atteinte de fistule de
Ye, Va., se trouve dans des conditions semblables à celles d'une malade
JAYLE 289
opérée de taille hypogâstrique et maintenue couchée sur le dos;
or, on le sait, la plaie sus -pubienne guérit alors avec une surprenante
facilité.
Théoriquement, il est illogique d'employer le décubitus dorsal, le
décubitùs ventral est au contraire indiqué dans tous les cas de :
a) fistule v. v. petite, récente, et qu'on veut guérir sans opération ;
b) fistule V. V. qui vient d'ôtre opérée.
Pratiquement, le D. ventral a donné un beau cas de guérison sans
opération. Je ne l'ai employé ou vu employer après opération que dans
des cas très défavorables qui ont cependant donné des résultats encou-
rageants, n serait nécessaire avant l'opération d'habituer peu à peu les
malades à garder cette position.
Le D. latéral est théoriquement moins utile ; pratiquement il est
d'un emploi plus simple que le D.Y. A coup sûr il doit être préféré
au D.D.
La suspension de la paroi vaginale de la vessie à la paroi rectale du
vagin, peut être utilement ajoutée au D.Y. comme moyen de soustraire
la fistule, ouverte ou suturée, au contact et à la pression des urines.
Sur une nouvelle position gynécologique.
— F. Jayle (Paris). —La position dorso-sacrée déclive, connue
sous le nom de position de Trendelenburg, parceque ce chirurgien
en a bien montré les avantages, a été sans doute utilisée depuis long-
temps. Scultet, par exemple, l'a recommandée et figurée avant 1645.
Dans l'examen gynécologique, la déclivité a été utilisée sous chloro-
forme par Freund, et, à l'état de veille, elle a été recommandée par
Mondes de Léon, par Stroynowski, par Beuttner et par moi. Ce n'est
pas sur la position déclive simple que j'attire aujourd'hui l'attention :
c'est sur une de ses dérivées. La position que je recommande a peut-
être été déjà utilisée ; cependant je n'ai pas trouvé de figuration s'y
rapportant, et elle n'était pas, en tout cas, utilisée^ à Paris en 1897,
lorsque je commençais à y avoir recours.
Cette position consiste dans la combinaison de la position ordinaire
du spéculum ou de la taille, et de la position dorso-sacrée déclive.
Pour obtenir cette position, il suffit d'avoir une table à bascule munie
d'un système d'épaulières qui permet de maintenir la malade en
déclive sans attacher les membres inférieurs qui restent libres.
290 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
On peut reconrir h cette position, soit pour Texamen, soit pour les
opérations. La déclivité a l'avantage de rejeter le paquet intestixial sur
le diaphragme ; de déterminer dans le vagin, devenu presque vertical,
un appel d'air qui le dilate ; enfin de tendre la paroi vaginale anté-
rieure. Il en résulte : 1^ que l'exploration des annexes et surtout de
l'utérus est grandement facilitée ; 2^ que l'introduction du spéculam
est extrêmement facile ; 3^ que l'exploration des parois vaginale est
aisée : il suffit de déprimer le périnée soit avec le doigt, soit avec une
valve, pour bien voir la paroi antérieure toujours, le col souvent. £a
s'aidant du doigt ou d'une tige quelconque qui relève la paroi anté-
rieure, on arrive facilement à voir le col et le cul-de-sac postérieur,
dans les cas où d'emblée on ne les a pas vus.
Au point de vue opératoire, on utilise exclusivement la position
déclive combinée à la position de la taille. Il faut mettre la malade
seulement en demi-déclivité. La plupart des interventions vaginales
deviennent ainsi plus faciles, à mon avis. On opère debout, et Taceès
du vagin est aisé. La paroi antérieure se tend et avec une valve à poids
on déprime le périnée. Il n'est ainsi besoin d'aucun aide pour tenir
les valves.
J'ai pratiqué dans cette position toutes les opérations vaginales et
j'y trouve de grands avantages; mais j'attire plus particulièrement
l'attention sur l'utilité qu'elle présente dans la cure des fistules vésico^
vaginales.
De la malignité de la môle hydatiforme.
— F. La Torre (Rome). — Je désire vous dire quelques mots
sur la malignité delà môle hydatiforme. On discutait tout dernièrement
dans une Société savante un cas de môle. L'A., après avoir exposé le cas
et dit qu'il avait extrait la masse molaire à l'aide des doigts, et après
avoir rapx)elé le caractère malin de la dégénérescence hydatique, posa
à peu près la question suivante : Gomment doit-on se comporter en
présence d'une môle ? Doit-on se borner à extirper la masse charnue ou
enlever d'emblée l'utérus ?
La question ainsi posée, permettez-moi de vous dire, Messieurs, est
une des plus importantes et des plus graves. Il me semble nécessaire,
par conséquent, de voir ce qu'il en est en réalité du pronostic de la
môle pour pouvoir fixer une ligne de conduite rationnelle et un tiai-
LA TORRE 291
tement qui convienne. Car je crois que nous irions faire fausse route
si certaines idées avaient le dessus.
Je ne puis pas nier naturellement à la môle hydatiforme la malignité
attribuée dans ces dernières années par de nombreuses recherches
anatomo-pathologiques. Mais il me semble que Ton va trop loin en
proposant Textirpation de Tutérus dès le premier abord dans chaque
cas de môle hydatiforme. Voilà ce que je veux combattre.
On a rapproché la môle hydatiforme du déciduome malin. Qu'il
existe une grande affinité entre ces deux maladies, cela est évident au
point de vue étiologique comme au point de vue aiiatomo -pathologique.
Ëtiologie. — Les études remarquables de Sœnger, Gottschalk^
Pestalozza, Gazin, Bellin, Ouvry, Marchand, Neumann, Durante, von
Franqué, etc., etc., ont démontré que plusieurs cas de déciduome
malin se sont développés dans des utérus qui avaient porté une môle
hydatiforme. On a pensé, comme les faits Tontd'aillcurs^démontré, que
des débris de môle restés dans Tutérus étaient le point de départ de la
néoplasie maligne.
Voici, à ce propos, des données statistiques :
Pestalozza sur 38 déciduomes a trouvé 20 fois la môle
Gazin il? > » 9 » »
Ouvry » 18 » » 18 » »
Total » 73 » » 47 • »
Nous savons donc que sur 73 femmes atteintes de déciduome malin,
47 avaient eu une grossesse molaire ; ce qui nous donne : 64 p. 100
des cas.
J'ajoute que Bellin et Durante ont trouvé la préexistence de la môle
dans le tiers des cas de déciduome.
Il s'agit donc, ainsi que vous le voyez, d'une énorme quantité de
môles hydatiformes se terminant par un déciduome malin. « En un mot,
dit Schwab, les observations cliniques qui montrent la fréquence du
déciduome malin à la suite de l'expulsion de la môle ; les recherches
de Marchand, Pestalozza, Ncumann, Ouvry^ dans lesquelles on voit
une infiltration maligne du muscle utérin, môme parfois avec métas-
tases, coexister déjà avec la grossesse molaire elle- môme : tout prouve
qu'il existe manifestement une parenté intime entre la môle hydati-
forme et le déciduome malin.»
Anatomie pathologique. — On appelle déciduome malin une
292 13° CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
tumeur maligne, histologiquement et cliniquement, à marche envahis-
sante, à métastases , récidivant après son ablation et se développant dans
Tutérus à la suite d'un accouchement, d'un avortement ou de l'ex-
pulsion d'une môle hydatiforme.
Le déciduome est constitué essentiellement par deux sortes de cel-
lules proliféréees : a) de cellules claires à protoplasma pauvre en gra-
nulations graisseuses, riche en glycogène, à noyau unique, se divisant
par karyokinèse, qui proviennent de la couche de Langhans ; b) et
de masses plasmodiales à protoplasma fortement granuleux, à noyaux
nombreux se multipliant par division directe qui dérivent du syncytlum.
Or, si nous faisons une comparaison entre la môle hydatiforme et le
déciduome malin, nous y notons une structure presque identique. En
effet, la môle hydatiforme est caractérisée par une dégénérescence
kystique des villosités choriales, dont les deux couches de revêtement
— cellules de la couche de Langhans et les masses syncytiales — peu-
vent proliférer et former une tumeur épithéliale qui se comporte comme
une tumeur maligne. La môle hydatiforme^ à part les villosités cho-
riales, est constituée, ainsi que le déciduome malin, de cellules proli-
férées et envahissantes, de la couche de Langhans et des masses
syncytiales. Dans les deux cas, la malignité est due à la prolifération
épithéliale.
La conclusion est que si, après l'expulsion d'une môle, il reste dans
le muscle utérin de ces éléments cellulaires qui possèdent une téUe
propriété de prolifération, ils peuvent continuer à s'accroître et produire
par leur dégénérescence une tumeur maligne — un déciduome. Or, ce
qui reste à savoir, c'est de voir si ces éléments cellulaires possèdent,
dans tous les cas, et au même degré, la propriété de proliférer.
Pronostic de la môle hydatiforme. — Schwab écrit : « Toute
malade donc, ayant expulsé une môle hydatiforme, doit être surveillée
avec soin. » Ce jugement me semble rationnel, d'autant plus qu'on est
obligé d'admettre qu'il y a une espèce de môle maligne et une espèce
bénigne. Mais le même Schwab, résumant toutes les opinions émises
sur ce sujet, a dit : <c Le pronostic de la môle hydatiforme a, de tout
temps, été considéré comme sérieux ; et, si, dans la majorité des cas,
la vie de la femme n'est pas en danger, au moins d'une façon immé-
diate, par suite de l'existence d'une môle, il n*en est pas moins vrai
que parfois la mort peut survenir avant, pendant ou après l'expulsion
de la môle, d
La mort peut être causée par l'hémorrhagie ou par l'usure de la paroi
LA TOKRE 293
utérine et la mise h nu des sinus au moment de l'expulsion ou de Fex-
traction de la môle.
D'après une statistique ancienne de Heitzmann, la mortalité, d'une
manière générale, en cas de grossesse molaire^ était de 13 p. 100.
Mais la mortalité aujourd'hui n'est pas seulement celle immédiate,
mais celle éloignée, la môle pouvant devenir un déciduome malin,
affection excessivement grave. Cependant nous avons une môle bénigne
et une môle maligne. La môle bénigne est celle qui peut vivre, disent
les auteurs, un certain temps dans l'organisme maternel en parasite
et en être chassée sans laisser les éléments épithéliaux qui font partie
intégrante de sa malignité, ou quand on n'observe pas, au niveau du
revêtement épithélial, des villosités de prolifération atypique du syn-
cytium et que le stroma de la villosité n'est pas envahi par des bour-
geons syncytiaux. Dans les conditions opposées la môle est maligne.
Or, ce qu'il faudrait connaître ce serait la raison pour laquelle dans cer-
tains cas les couches de revêtement des villosités de la môle prolifèrent
et dans certains autres ne prolifèrent pas. Doit-on attribuer cette pro-
priété à la nature de l'irritation qui altère les éléments épithéliaux ?
En attendant et sans rien ôter de l'importance que les recherches
modernes attribuent à la gravité de la môle hydatiforme, je crois que
le nombre des môles bénignes n'est pas tellement petit qu'il nous fasse
accepter d'emblée un pronostic si grave qu'il n'y aurait plus qu'à pro-
céder à l'extirpation de l'utérus dès la première rencontre avec une
môle. Que toute malade ayant expulsé une môle hydatiforme soit sur-
veillée avec soin, cela est juste, prudent, rationnel ; mais lui enlever
toujours l'utérus sans que ces faits existent, non. C'est sur ce point
que je veux attirer votre attention.
Je suis porté à cette conclusion par mon expérience personnelle et
par celle d'autres accoucheurs . J'ai rencontré dans ma pratique 3 cas
de môle hydatiforme : le premier date de huit ans environ ; les autres
de deux: je les ai eus l'année après. Eh bien! voulant dans ces derniers
temps contrôler les nouvelles études sur la môle et le déciduome, j'ai
voulu revoir mes malades qui vivent à Rome. Je les ai trouvées toutes
les trois vivantes et bien portantes. Une, après l'expulsion sjiontanée de
la môle et sans avoir subi aucun raclage de la cavité utérine, eut deux
autres grossesses se terminant & terme physiologique par un accou-
chement normal ; les enfants vivent encore aujourd'hui. Une autre eut,
presque immédiatement après la grossesse molaire, une autre grossesse
204 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
normale ; un enfant vivant. La troisième eut quatre grossesses dont
trois se terminèrent physiologiquement et une par un avortement à la
suite d'une chute.
Voilà donc trois môles hydatiformes d^une bénignité parfaite qui est
hors de doute. J'ai questionné à ce propos plusieurs confrères, direc-
teurs de Cliniques, directeurs de Maternités^ etc., et tous m'ont répondu
avoir vu plusieurs cas de môle hydatiforme et qu'ils n'ont pas trouvé
la mortalité que Ion veut attribuer à la môle, ayant pu revoir pendant
de longues années presque toutes les femmes qui avaient eu des gros-
sesses molaires. J'ai déjà commencé une enquête sur ce point, que je
publierai bientôt ; mais, en attendant, je crois que ce serait trop hardi de
dire que toutes les môles doivent se terminer en déciduome et qu*on
doit, par conséquent, ôter tous les utérus. J'apprécie bien, et à leur juste
valeur, les études modernes sur la malignité de la môle hydatiforme ;
mais je crois qu'il est prudent, avant d'extirper un utérus après Vex-
pulsion d'une môle, que les symptômes caractéristiques du déciduome
malin se soient manifestés. Le pronostic de la môle hydatiforme est
sûrement grave, mais non au point d'extirper toujours l'utérus sans indi-
cation précise et bien claire.
Traitement des fibromes utérins par la décharge d'un condensateur
de courant continu.
— A. Moutier (Paris). — Cette méthode, autrefois établie et préco-
nisée par J. Chéron, nous donne de si bons résultats depuis de longues
années que nous croyons devoir les relater ici et rappeler aussi li
méthode.
Inatrumentation. — Une source d'électricité : piles ou accumulateurs
ayant une force électromotrice de 70 à 80 volts, un collecteur ou un
réducteur de potentiel permettant de débiter la quantité nécessaire, un
condensateur de courant continu et un métronome permettant de char-
ger le condensateur puis de le décharger sur la malade.
Comme électrodes une plaque en amadou ou autre et une électrode
en charbon placée dans le vagin.
Application. — Les électrodes en place, on débite la quantité d'âec-
tricité nécessaire pour amener des contractions de la paroi abdomi-
nale et des plans sous-jacents sans provoquer des douleurs trop viv^,
et dans les premières séances on devra agir avec circonspection, car on
pourrait déterminer des réactions fébriles avec toutes leurs consé-
MOUTIER 205
quences.dansle cas où il existerait une collection purulente, tout comme
Âpostoli rayait déjà signalé dans sa méthode . En prenant ces précau-
tions et seulement dans ce cas particulier, les malades supportent très
bien le choc et sans douleur appréciable.
Les applications ont lieu deux ou trois fois i)ar semaine et ont une
durée chacune de 10 à 20 minutes.
Résultats, — Gomme avec la méthode électroly tique on amène rare-
ment la disparition de la tumeur, quelquefois on la fait diminuer ;
mais presque toujours on Fempèche de s'accroître.
Les accidents symptomatiques : hémorrhagies et douleurs, cèdent
rapidement et en même temps on voit Tétat général de la malade
s^améliorer. On doit reconnaître que les résultats paraissent être moins
rapidement obtenus que par la méthode des hautes intensités, mais
cette méthode présente, suivant nous, de tels avantages sur l'autre que
nous n*hésitons pas à la lui préférer. La durée du traitement est en
général de 2 à 3 ou 4 mois, puis on devra recommencer une série de
2 ou 3 applications de temps à autre et surtout si les règles avançaient^
se prolongeaient ou devenaient trop abondantes, ou encore s'il surve-
nait de nouvelles douleurs.
Avantages de la méthode. — Pour nous limiter et ne pas passer en
revue toute la thérapeutique des fibromes, nous admettrons avec la plu-
part des électrothérapeutes que la méthode électrique est la meilleure,
la plus efficace dans le traitement de cette affection.
Or cette méthode que nous rappelons ici présente des avantages
réels sur les autres ; sans parler de la faradisation préconisée dans cer-
tains cas, mais qui est difficile à manier et a dû être abandonnée, les
autres méthodes électriques, celles employées couramment sont basées
sur lelectrolysc intra-utérine, soit qu'il s'agisse de faibles intensités
comme dans la méthode de M. le Docteur Boisseau du Rocher qui ne
dépasse pas 8 à 10 milliampères avec une électrode en argent, soit qu'il
s'agisse d'intensités plus hautes allant de 50 h 200 milliampères, sui-
vant la méthode d' Apostoli.
Ces avantages sont de ne pas pénétrer dans la cavité utérine, et cela
n^est pas un intérêt médiocre, car si nous n'hésitons pas à faire, avec
tontes les précautions usitées, l'examen intra-utérin quand il est néces^
êaircy et à pratiquer le curettage de la cavité utérine, nous pensons
qu'il peut-être mauvais, sinon dangereux et pour des raisons multi-
ples, de faire des interventions intra-utérines répétées^ quand on peut
a^en dispenser et sans qu'il soit besoin de plus insister.
296 13*^ CONGRES DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Cet avantage seul nons suffirait pour préférer ce mode d*électrisa-
tion, mais quand on le compare avec la méthode des hantes intensités,
les avantages sont plus grands encore :
Absence de douleurs,
» de réaction post-opératoire.
Inutilité du repos après les séances.
Possibilité de reprendre de suite et sans danger la vie habituelle.
Enfin absence de plaie intra-utérine dont on ne connut ni l'étendue
ni la profondeur.
Nous voulons bien admettre que dans des mains très expérimentées,
il ne se produira pas d'accidents, mais avec des mains moins expertes,
il s'en produit ou peut s'en produire, et tout cela sans avantages pour
la malade.
Tandis qu'avec la méthode que nous venons d'exposer chaque méde-
cin peut rappliquer sans avoir besoin d'études préliminaires, et <m
peut même après quelques séances laisser les malades faire l'applica-
tion elles-mêmes sans danger.
Nouveau mode de pansements vaginaux et péri-utérins an moyen des
péricols.
— I^egpos (Paris). — Les péricols sont des discoïdes, à base de
glycérine solidifiée par la gélatine, qui, grâce à leur légère courbure.
s'introduisent avec la plus grande facilité dans le vagin et s'adaptent
mécaniquement autour de l'isthme du col de l'utérus.
Ces péricols contiennent, suivant l'indication du médecin, des subs-
tances médicamenteuses variées dont les plus habituellement employées
sont : l'ichtyol, l'iodure de potassium, l'extrait de belladone, etc.
Avec les tampons de ouate, imbibée de glycérine, le spéculum est
indispensable pour faire un pansement bien conditionné. Possible dans
un service hospitalier, ce tamponnement n'est nullement pratique dans
la clientèle de ville, tandis qu'au moyen des péricols les malades peu-
vent se panser elles-mêmes. Les péricols ont sur les ovules, actuelle-
ment en vogue, le grand avantage de s'appliquer exactement dans la
zone enflammée où serpentent les plexus sanguins et lymphatiques et
où se rencontrent les adénites. C'est, en effet, au niveau de Pisthme*
dans les culs-de-sac latéraux, et dans les plis de Douglas, que se mani-
festent les signes de l'adéno-lymphite, compagne inséparable de toute
métrite. Au demeurant, avec les ovules, le pansement vaginal est seul
LA TORRE 297
possible, tandis qu'avec les pérkoh, le pansement péri-utérin est réa-
lisé. D'où la supériorité de ces topiques dans le traitement des métri-
tes, salpingites, où Ton a besoin que la substance médicamenteuse soit
sûrement et rapidement absorbée.
De rélectrolyse dans le traitement des fibromes de rateras.
— F. La Topre(Rome). — Le traitement conservateur des fibro-
myômes de l'utérus est représenté dans ce Congrès par un grand nom-
bre de communications des plus intéressantes. Et ce qui est assurément
très édifiant, c'est que des gynécologues le plus en renom comme des
chirurgiens à outrance sont devenus, autant que possible, conserva-
teurs. J'en suis bien aise ! Le traitement conservateur donc s'impose
aujourd'hui.
Or, parmi les moyens les plus puissants dont la thérapie moderne
dispose pour le traitement conservateur des fibromes utérins, l'électri-
cité sous forme de gai vano-caus tique intra-utérine, méthode du
regretté docteur Apostoli, se trouve sans conteste au premier rang.
La première place appartient é>âdemment à la myomectomie et à
l'hystérotomie ; mais elles peuvent donner de tristes (conséquences pour
l'existence des malades. L'électricité par contre n'en donne aucune. Et
s'il est vrai que la myomectomie nous débarrasse de la tumeur, elle
réclame beaucoup d'habileté. L'électricité est d'un emploi plus simple,
à la portée de tous et complètement innocente, sans danger et absolu-
ment sûre dans ses résultats.
Nous pouvons donc avancer une conclusion en disant que de tous les
procédés conservateurs, la méthode d' Apostoli est la plus efficace cons-
tituant le meilleur auxiliaire dont la gynécologie puisse disposer.
C'est vous dire, messieurs, qu'une brève étude de l'électrolyse est
nécessaire. Elle a été bien étudiée par Laquerrière et Zimmern dans
ces derniers jours ; je résumerai en quelques mots la question.
Nous ne sommes plus aujourd'hui à l'emploi empirique du courant
continu, mais à l'application d'un remède dont les données thérapeuti-
ques dérivent de la connaissance de la physiologie et de la pathologie
générale. Si nous nous reportons, en effet, aux expériences de Weiss,
publiées en 181)0 et continuées depuis, sur l'électrolyse du muscle, nous
en acquérons la plus parfaite conviction. Il a constaté qu'une patte de
grenouille soumise au passage d'un courant galvanique suffisant, perd
sa contractilité, mais que celle-ci peut lui être rendue par une appli-
Anr. DB OTV. — > VOL. UT. 20
298 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
cation en sens inverse; cette perte devient définitive si l'action pre-
mière est trop intense ou trop longue.
Le rôle de l'inversion du courant, dit Laquerrière, démontre qu'il
s'agit là de phénomènes chimiques et secondaires au passage du cou-
rant. C'est de Télectrolyse que Ton fait dans ce cas.
Au point de vue microscopique, il a vu que « sur la coupe en traven
d'un muscle soumis à l'action électroly tique on voit les fihres muscu-
laires très inégales, comme forme et comme volume ; au lieu d'être
presque accolées les unes aux autres, comme sur le muscle normal.
elles sont séparées^ le tissu conjonctif interfasciculaire ayant pris un
grand développement.
Sur les coupes longitudinales, d'abord la strlation transversale des
muscles disparaît et ils deviennent un peu plus transparents ; puis le
muscle se fragmente de plus en plus jusqu'à être réduit en granulation.
Son enveloppe ou sarcolemme semble résister plus longtemps. On
trouve aussi, dans les préparations, des fibres bien plus fines que les
autres et admirablement striées. On ne sait pas encore d'où elles vien-
nent, peut-ôtre seront-elles formées depuis la dernière séance d'éleclro-
lyse. »
Si cela se passe dans le muscle normal, rien ne nous empêche d'admet-
tre que les mêmes phénomènes se passent dans le muscle-myême.
Ce fait démontre que le courant continu attaque le fibrome dans la
vitalité de ses éléments par l'action interpolaire, qui, étudiée depuis
quelques années seulement, a trouvé sa démonstration dans des expé-
riences physiologiques indiscutables et dans des faits cliniques indé-
niables.
Ainsi, par exemple, un des faits les plus clairs et les mieux constatés
dans le traitement électrique des fibromyômes, c'est l'hémostase à la
suite de l'action du pôle positif. Eh bien I on obtient cette hémostase
aussi à laide de galvano- caustique négatif et de galvano - punc-
ture. Or, pour que la galvano-puncture qui n'a aucune action sur la
muqueuse et faite en dehors d'elle, pour que le galvano-caustique néga-
tif qui est congestionnant et favorise l'écoulement sanguin d'une
façon immédiate, deviennent à la longue et d'une manière indirecte
hémostatiques, il faut bien reconnaître que le traitement jouit de pro-
priétés spéciales indépendantes de son actionlocale: sous l'influence de
galvano-caustiques le fibrome serait jusqu'à un certain point atteint dans
sa vitalité. L'atrophie donc d'un myôme est un fait possible, physiolo-
giquement possible, de même que l'atrophie d'un muscle quelconque.
LA TORRfi 299
Je rappellera à ce sujet que j'ai montré au Congrès international de
médecine de Berlin, en 1890, nn utérus myomateux qui soumis, avant
d'être extirpé, à l'action du courant continu, présentait un commence-
ment d'atrophie à la périphérie de la tumeur déterminée par la dégé-
nération adipeuse des éléments musculaires. L'altération était visible
même à l'œil nu. Au microscope on voyait de grands amas de granu-
lations ; quelques sarcolemmes en étaient pleins. Nous devons donc
reconnaître dans le traitement électrique une action interpolaire apte
à atteindre le myôme dans sa vitalité, déterminant ainsi une atrophie
et par cela même une diminution de volume du néoplasme et Tarrèt
des pertes sanguines.
L'électricité va être étudiée à un autre point de vue : celui de Tan^
tisepsie. Apostoii et Laquerrière père, out démontré que le pôle positif
tue les germes infectieux ou tout au moins en neutralise le pouvoir.
Nous savons d'autre part que les inflammations utérines ainsi que les
fibromes, d'après les idées de Glaisse, sont dus à la présence de
microbes. De plus, l'électricité excite et augmente le pouvoir phagocy-
taire des éléments anatomiqucs qui détruisent les germes pathogènes.
Nous avons donc destruction des germes ou neustralisation de leur
pouvoir et augmentation du pouvoir phagocy taire des éléments anato-
miqucs. D'où le pouvoir dans l'électricité de combattre la cause des
fibromes ainsi que l'inflammation concomitante.
En concluant sur ce premier point, nous pouvons affirmer que la
méthode d' Apostoii constitue un remède apte à combattre le fibro-
myôme de l'utérus, dans son éliologie ainsi que dans sa constitution et
dans ses symptômes. Ce qui forme un traitement complet, parfait,
scientifique.
Les faits cliniques correspondent-ils à cette conclusion? Pour bien
voir ce qu'il eu est de cette question, nous devons étudier les résul-
tats que le traitement électrique nous donne. Sous ce rapport, un
accord admirable existe parmi les gynécologues ; et on peut dire sans
crainte d'être démenti que ces résultats sont excellents et constants.
Divisons pourtant les résultats en immédiats et éloignés.
RésultaU immédiats. — Apostoii, Carlet, Bergonié et Boursier,
La Terre, tout dernièrement, Zimmern et beaucoup d'autres, sont par-
faitement d'accord sur ces résultats.
300 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Ils peuvent être résumés dans quelques propositions que voici :
1<> L'action hémostatique des galvano-caustiques est, qu'on nous
passe l'expression, dit Zimmem, le triomphe deTéleetrothérapie gyné-
cologique.
Qu'il s'agisse de métrorrhagie ou d'une augmentation dans la durée
ou dans l'abondance des règles, le résultat final sera identique : les
pertes s'amenderont au bout d'un nombre variable de séances qui ne
sera jamais supérieur à quinze et bien souvent inférieur à dix.
On a la diminution ou la suppression de l'hémorrhagie dans Ht)
p. 100 des cas. La suppression de la douleur se vérifie dans 70 p. lOO.
2» La réduction du fibro-myôme est un fait bien constaté^ rédttc>
tion que l'on peut avoir dans 15 p. 100 des cas.
Zimmem élimine toute cause d'erreur dans la tumeur, critique les
différentes objections qu'on présente contre la susdite réduction. Il
attaque l'opinion de ceux qui veulent que la prétenaue diminution du
néoplasme ne soit que l'effet d'une erreur de diagnostic. Il démontre
erronée l'opinion de Hallyday Groom et de Dûhrssen qui ne nient pas
la diminution de volume, mais prétendent qu'elle est seulement mo-
mentanée et que la tumeur reprend sa marche envahissante dès que le
traitement électrique est suspendu.
On ne peut pas non plus accepter l'opinion de Bouilly qui soutient
que l'atrophie attribuée à l'électricité serait uniquement due à raction
régressive de la ménopause, que les résultats, en somme, de Télec-
trothérapie ne seraient qu'une simple coïncidence. Il en est de même
de l'opinion de Doléris qui pense qu'on est victime d'une iUusion en
admettant la régression du fibrome, car pour lui, il s'agit tanU^t d'un
abaissement de la tumeur dans le petit bassin, tantôt de résorption
d'exsudats périmé triques, qui sont toujours susceptibles de disparaître
par le repos et par les soins, etc. , etc.
Quels que soient, cependant, d'une part, le scepticisme que Ton
montre pour les effets du courant électrique, et, d'autre part, la rareté
du phénomène, il n'est plus possible actuellement de ne pas se rendre
à l'évidence. Zimmem présente, en effet, un cas où le doute n*est
pas possible, la tumeur se réduisit de plus de moitié ; moi aussi, j'ai
deux cas où la tumeur s'est énormément réduite. L'action interpolaire,
donc, plus que l'action polaire, cautérisation qui s'exerce sur la vita-
lité des fibro-myônies, est la cause de l'hémostase et de la diminu-
tion de volume de la tumeur. Un effet du courant continu sur les
fibro-myômes, c'est de favoriser leur élimination spontanée ou de les
LA TORRE 301
faire devenir plus saillants dans la cavité utérine de façon à rendre
plus facile leur énucléation artificielle. Lapthorn Smith, Tyler Smith,
Frédéric et Schaeffer ont publié des cas. J*en ai publié moi-même
aussi 8 cas dès 1889.
Résultats éloignés. — Nous pouvons dire qu'ils sont également
très satisfaisants. Qui a une longue pratique en électrothérapie gyné-
cologique et revoit de temps en temps ses anciennes malades, ne peut
nier le fait. En un mot, les hémorrhagies, même les plus redoutables
qui ont été arrêtées par le traitement électrique, ne récidivent pas. Les
faits et les commentaires de Thomas etSlcene Keith sont, sous ce rap-
port, vraiment très édifiants. Tout récemment, Laquerrière publia un
travail qui est le plus complet et le plus scientifique qui ait été fait
sur le traitement électrique. Dans cette étude TA. présente les résultats
oblcnus chez les malades soignés par Apostoli, dont Garlet avait publié,
en 1884, les observations. Laquerrière a voulu patiemment rechercher
et voir toutes ces malades pour pouvoir constater ce qu'il en était du
traitement électrique.
Il est facile de comprendre qu'après 15 ans, Laquerrière n'a pu trou-
ver beaucoup de ces malades ; il n'a pu présenter les observations que
de 94, qui sont des documents qui édifient suffisamment. Il arrive à
cette conclusion :
L'arrêt de l'hémorrhagie qui a eu lieu dans 80 h 90 p. 100, la
suppression des douleurs obtenue dans 70 p. 100, l'arrêt de dévelop-
pement et la diminution de la tumeur qu'on a dans 15 p. 100, pré-
sentent une persistance remarquable, et la récidive est l'exception,
lorsque le traitement a été bien appliqué et suffisamment prolongé .
Les résultats éloignés que je compte dans ma pratique personnelle
sont identiques, ainsi que ceux d'atftres gynécologues.
Cette concordance parfaite dans les résultats obtenus par les diffé-
rents électrothérapistes est vraiment admirable. Elle doit s'imposer
aujourd'hui à la considération de tout clinicien qui juge sans parti pris.
Ces résultats démontrent en outre que le traitement électrique,
méthode Apostoli, ne constitue pas un traitement empirique et seule-
ment symptomatique. Les applications électriques deviennent ainsi
un remède rationnel et le mieux approprié, son but étant celui de
soulager les malades, de leur procurer un confort tout en conservant
l'organe dont l'ablation peut causer, outre les dangers personnels, des
dommages énormes pour la famille, pour la société et pour la science.
302 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Et quand même le traitement électrique devrait rester sans succès, 0
y a toujours pour les malades l'intervention chirurgicale — Vultima
ratio — qui devient dans ces circonstances utile, même nécessaire, par-
faitement légitime et justifiée.
Nous pouvons donc dire que la gynécologie n*a pas de meilleur auxi-
liaire que le courant continu, car la méthode Apostoli est efficace,
sans danger, applicable sans anesthésie et par tout médecin qui con-
naît la gynécologie . Le médecin par conséquent qui a à traiter un
fibromyôme de Tutérus, doit tout d'abord conseiller et pratiquer la
galvano -caustique intra-utérine, ne fût-ce que comme pierre d'essai.
Contre-indications de l'électrothérapie. — Il y a des cas où,
quels que soient les avantages, le traitement électrique peut devenir
inutile et même dangereux .
n est par conséquent contre-indiqué :
a) Quand le fibrome a subi la dégénération sarcomateuse ou quand
il se trouve associé au cancer ;
h) Dans les cas desphacèle du néoplasme ou de torsion du pédicule ;
c) Quand le fibrome est accompagné d'inflatnmation on de suppura-
tion pelvienne ;
d) En cas de fibrome kystique ;
e) En cas de fibrome associé au kyste de l'ovaire ;
/) Dans quelques cas de polype intra-utérin.
Il faut d'autre part, attendre peu de l'électricité, appliquée en cas
de fibrome avec ascite ou hydrorrhée ou quand il s'agit de fibrome
sous -péri tonéal. Nous pouvons donc employer très utilement Télec-
tricité dans un grand nombre de fibromes utérins, sans être obligés de
pratiquer, toujours et dans tous les cas, Thy stéréotomie qui ne trouve
son indication qu'en peu de cas seulement.
Indications et contre- indications du traitement chlomrô sodiqne
fait dans les maladies génitales de la femme.
— Fernand Lavergne (Briscous-Biarritz). — La médication
chlorurée sodique forte, envisagée au point de vue du traitement des
maladies génitales de la femme, constitue un très utile adjuvant des
autres méthodes thérapeutiques. Les grands progrès de la chirurgie
gynécologique et l'excellence de ses résultats dans certains C4is ne
sauraient le faire oublier.
LAVBRGNE 303
Le bain salé fort, type Briscous-Biarritz, type Salies-de-Béam ,
formé d*an mélange en proportions variables d'eau douce et d'eau
minérale, a des effets différents suivant qu'il est additionné ou non
d'une certaine quantité d'eau-mère.
Le bain salé ordinaire, sans addition d'eau- mère, a pour caracté~
rUtique physiologique d'être excitant de la circulation pelvienne et de la
grande circulation. La suractivité circulatoire provoquée du côté des
organes pelviens est en raison directe de la concentration du bain.
Très énergique, elle a besoin d'être très surveillée ; c'est à elle que le
bain doit son action puissamment résolutivey emménagogue^ régulatrice
des fonctions menstruelles. Par son action sur la grande circulation, le
bain salé ordinaire est un stimulant de toutes les fonctions ; c'est un
excellent tonique ; mais par ses effets sur la nutrition et sur les échan-
ges azotés qu'il augmente beaucoup, c'est surtout un altérant de pre-
mier ordre, un grand modificateur du terrain.
Le bain salé, additionné d'eau-mère, jouit au contraire de propriétés
sédatives très remarquables ; on emploiera donc l'eau-mère pour corri-
ger Tcffet parfois trop excitant du bain salé ordinaire.
Le bain salé sera particulièrement indiqué dans tous les cas où
l'on cherchera à obtenir une action résolutive . Plus les lésions seront
torpides, plus son emploi sera justifié ; toutefois, quand il existera
une certaine irritabilité, on trouvera dans l'eau-mère un moyen pré-
cieux pour la combattre. Mais c'est surtout dans l'existence, chez les
malades, de certains états diathésiques (modalités diverses de la nutri-
tion ralentie : lymphalisme, arthriiisme, polysarcie), ou d'un état
d'anémie très prononcée, qu'il puisera ses indications les plus for-
melles, étant données d'une part l'importance étiologique de ces divers
états constitutionnels, et d'autre part l'action énergique du bain salé
quand il s'agit de les combattre.
Les maladies génitales les plus justiciables de son emploi sont :
ïendométrite catarrhale des lymphatiques, surtout dans la forme atté-
nuée, paraissant relever plutôt d'un simple trouble fonctionnel lié à
l'état général que d'une lésion très marquée de la muqueuse ; mais
aussi dans ses formes sévères, à la condition de ne pas demander au
bain salé la guérison du catarrhe, mais seulement la régression totale
ou partielle de l'hypertrophie utérine ;
Vetuîométrite hémorrhagique de la puberté et de la ménopause ;
L'endométrite douloureuse quand la douleur semble reconnaître
pour cause les lésions du parenchyme ;
304 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
La salpingite, surtout lorsqu'il s'agit d'obtenir la résorption d^
vieux exsudais^ des adhérences, des reliquats de pelvi-pérUanite, des
noyaux de paramétrite ;
Les fibromes sous-péritonéaux ;
Les fibromes mous, sans hémorrhagies très abondantes, mais sai-
gnant facilement ; les fibromes au voisinage de la ménopause ;
Les fibromes inopérables ;
Les troubles fonctionnels de l'utérus (aménorrhée, dysménorrhée,
ménorrhagies) relevant plutôt d'un état général défectueux (lympba-
tisme, obésité, anémie) que d'une lésion utérine ou ovarienne.
Aux indications précédentes, nous devons opposer un certain noiabre
de contre-indications. Il est bien évident d'abord que tout état aigu ou
même subaigu constitue une contre-indication absolue ; en outre, on
déconseillera formellement le traitement chloruré sodique dans cer-
tains fibromes -.fibromes à évolution rapide, surtout quand ils survien-
nent chez des femmes jeunes et donnent lieu à des troubles fonction-
nels et subjectifs très pénibles ; Jibromes hémorrhagiques, quand les
hémorrhagies sont à la fois très abondantes et très répétées ; fibromes;
très volumineux et très douloureux, quand la douleur relève de violentes
névralgies pelviennes, ou d'une « réaction inflammatoire en instance
à la périphérie » (A. Robin). Dans ce dernier cas, cependant, la cure
est possible, à la condition d'user d'un traitement très doux et de met-
tre les malades au repos absolu ;
Dans la salpingite kystique ;
Enfin, et surtout, on s'abstiendra absolument de prescrire une cure
saline aux malades chez lesquelles il y a lieu de supposer l'existence
d'une collection purulente en un point quelconque de la région pelvienne
et spécialement du côté des annexes, à moins que le pus ne se soit déjà
fait jour et que son foyer ne soit demeuré en communication suffisante
avec l'extérieur.
Séance du i août (soir).
Traitement conservatenr des myômes.
— A. Martin (Greifswald). — Au Congrès international médical,
à Londres, en 1881, Mathews Duncan n'admettait pas que les myômes
constituassent une indication à une opération. Depuis cette époque les opi*
MARTIN 305
nions se sont notablement modifiées, en raison non seulement de Tétude
anatomiqiie plus complète des myômes, mais à cause surtout des perfec-
tionnements apportés à la technique opératoire. Les interventions ctiirur-
gicales devaient d'autant plus perdre du cliamp que leurs résultats ne
correspondaient pas à la gravité des douleurs ressenties parles malades.
Les traitements médicamenteux ordinaires en usage alors ne sont
pas aujourd'hui plus efficaces L'électrothérapie, de même que la cas-
tration, est aujourd'hui abandonnée.
A l'heure actuelle, les myômes constituent des indications à opérer,
dès que la vie et la faculté au travail sont compromises .
L'opération est faite par le vagin, tant que les myômes sont peu
volumineux et qu'ils ne paraissent pas trop adhérents. Les tumeurs
volumineuses doivent être attaquées par la voie abdominale.
Gomme les opérations par le vagin sont d'un pronostic beaucoup
plus bénin, il est en général préférable de recourir à ces inter-
ventions plutôt qu'à un traitement médical long et douteux dans ses
résultats, quand on a affaire à de petites tumeurs accessibles par le
vagin, dès que ces tumeurs causent des souffrances. A cause de la
gravité, à l'heure actuelle encore indiscutable, des opérations abdo-
minales, il ne faut pas, dans les cas où ces opérations sont indiquées,
rejeter systématiquement toute tentative de traitement médicamenteux.
Mais ces tentatives devraient être temporaires et non poursuivies indé-
finiment, parce que de ce fait seul le pronostic de l'opération peut
être influencé.
Il est irrationnel de parler d'une opération pour myômes.
Il faut énucléer les petites tumeurs toutes les fois que l'utérus con-
serve assez de tissu capable de fonctionner, pour que les femmes con-
servent leur fonction menstruelle et leur aptitude à concevoir. Go
desideratum étant irréalisable, l'indication de l'BXTiRPATiorr totalb de
l'utérus ou de l'amputation vagihalb se pose.
Ges opérations sont diversement conduites. Encore aujourd'hui, je
préfère la ligature médiate des masses de tissus à sectionner. L'opé-
ration doit toujoiu's, qu'elle soit exécutée par voie abdominale ou par
voie vaginale, être terndnée par la fermeture complète du péritoine.
A rheure actuelle, un drainage parait tout aussi peu nécessaire
qu'une hémostase préventive par un lien constricteur en caoutchouc.
Si la chose est possible, il faut laisser in situ un ovaire ou une portion
d'ovaire, pour épargner aux femmes les crises douloureuses d'une
ménopause artificielle.
306 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Les rèsnltats de rintervention chimrglcale dans les cas de filiro-
myômes rétropèritonôaux (rétrocenricaaz) de Tatéras et Tinipor-
tance de la méthode yaginale de la myomectomie coiiBervatrioe.
— Dmitri de Ott iSaint-Pétersboiirg). — An XI*» Congrès inter-
national à Rome, ainsi qu'au XII« à Moscou, j'ai déjà eu rhonnenr
de vous exposer mon procédé simplifié du traitement chirurgical
des fibromyômes de Tu té rus concernant particulièrement rhystéro-
myomectomie sus -vaginale. Le taux de mortalité causée par cette
dernière a ainsi pu être réduit à 4,3 p. lOD ; encore récemment les
issues mortelles représentaient 30 p. 100 et plus, la catégorie des
tumeurs fibreuses nécessitant l'amputation sus-vaginale étant avec
droit considérée comme la plus défavorable et dangereuse.
Les résultats plus satisfaisants de l'intervention chirurgicale dans
les cas de fibromyômes de l'utérus obtenus dans mon pays de môme qn^
l'étranger ont permis d'élargir essentiellement le cercle de se^ indica-
tions. Au Congrès à Moscou, où j'ai présenté mes résultats, j'ai pu
constater que mes thèses, posées au Congrès précédent, ont été non
seulement adoptées par la plupart des membres de notre section, mais
même largement appliquées dans la pratique ; la statistique se rappro-
che de celle d'ime simple ovariotomic. Mais il existe néanmoins toat
un groupe de tumeurs fibreuses, qui encore actuellement est considéré
par la plupart comme non opératoire, ou tout au plus on leur applique
un traitement chirurgical indirect par un procédé aussi peu justifié
comme la castration. Ce sont les tumeurs rétropéritonéales. c'est-à-dire
les corps fibreux qui s'accroissent entièrement ou en grande partie
au-dessous du péritoine dans le tissu cellulaire qui entoure la matriee
et prend part à la texture des ligaments sacro-utérins.
Les fibromyômes rétrocervicaux sont le prototype d'un développe-
ment pareil de la tumeur. Ils soulèvent, vu leur siège extrapérito-
néal, le péritoine, dépriment le cul-de-sac de Douglas et changent
complètement la topographie de cette pai'tie du petit bassin en deve-
nant souvent Torigine de troubles pénibles et très redoutables snrtoal
par la compression de la vessie et du rectum; leur dégénérescence c^t
aussi plus fréquente. L'aptitude d'accommodement de l'organisme e^t
en môme temps restreinte au minimum, vu l'immobilité presque com-
plète de la tumeur : celle-ci est enclavée dans le petit bassin, l'utérus
est retiré en haut et en avant, le vagin allongé, le canal et le col de U
DMITRI DE OTT 307
vessie comprimés contre le pubis, les uretères déplacés, le rectum com-
primé. En cas de volume considérable de la tumeur toutes les parties
situées dans le tissu cellulaire du petit bassin, conmie troncs nerveux,
vaisseaux de grand calibre, subissent de même une influence néfaste
et sont cause de graves désordres.
Il est évident que le traitement palliatif de ces tumeurs pratiqué
actuellement par les gynécologues ne peut nous satisfaire et que le
traitement curatif, c'est-à-dire Fintervention chirurgicale directe, reste
Tunique moyen de sauver les malades et de les délivrer d'un néo-
plasme altérant complètement leur santé.
Je me permets de vous présenter, Messieurs, dans le rapport présent
les résultats de mes essais du traitement opératoire direct des corps
fibreux rétropéritonéaux qui embrasse un nombre de 52 cas. Vu le
développement extra-péritonéal de la tumeur, j'ai dû commencer après
l'ouverture de l'abdomen par une incision de la partie postérieure du
péritoine pariétal et décortiquer ensuite la tumeur de son lit cellu-
laire. Après avoir fait l'hémostase je tamponne la cavité, plus ou moins
étendue, formée par ]a décorticatlon, avec une large bande de gaze
stérilisée, dont je mène le bout dans le vagin en crevant le cul-de-sac
ou par la plaie résultant de l'ablation de l'utérus, si cette dernière
opération a été nécessaire. Je réunis ensuite par une série de sutures
les feuillets du péritoine, qui reste dans la plupart des cas en abon-
dance, et la poche cellulaire, tamponnée de gaze, est de cette manière
complètement isolée de la cavité abdominale. Le tamponnement
cité (1) avec une bande de gaze — très salutaire au point de vue de
l'issue de l'opération — est utilisé à la fois comme hémostatique et
comme drainage capillaire prévenant la stagnation des sécrétions. J'ai
obtenu par ce procédé des résultats favorables même dans des cas de
tumeurs très considérables, où la cavité formée par la décorticatlon
dépassait la partie libre de la cavité abdominale. Enfin je ferme com-
plètement les parois abdominales et je mets dans le vagin un tampon
léger de gaze iodoformée ; je procède à son remplacement au fur et à
mesure qu'il est trempé par les sécrétions, qui s'écoulent du bout de
la bande située dans la poche de la tumeur enlevée. Je veux vous
démontrer les pièces anatomiques des tumeurs que j'ai pu conserver
après l'opération pour que vous puissiez plus facilement contrôler les
cas sur lesquels je base mes déductions.
(1) Décrit dans le Centralhlatt f, Gynœkàhfie, 1892, n* 82.
308 13* CONGRÈS DES SCIENCES BléoiGALES DE PARIS
Dans les 52 cas de fibromyômes extrapéritonéanx opérés par le
procédé que je viens de décrire, je n'ai eu à constater que deux décès.
Cependant il y avait parmi elles des malades très faibles et épuisées, qni
avaient déjà subi une ou deux cœliotomies exploratrices, d'autres
très anémiques avec des altérations du cœur comme suite d'un traite
ment prolongé par des injections sous-cutanées d*ergotine,etc., — com-
plications qui a priori ne peuvent coopérer au succès de ropération.
En résumant les susdites observations, on vient inévitablement à U
conclusion que la gynécologie a actuellement les moyens de combattre
avec succès la catégorie des fibromyômes considérée encore récemment
comme non opératoire, en modifiant en conséquence les indications de
leur traitement opératoire.
Mon rapport ne serait pas complet si je voulais me borner à l'expo-
sition des résultats cités, car il nous reste à recbercber et à étudier une
méthode opératoire qui nous permettrait d'obtenir des résultats pareiU
avec moins de dangers que la cœliotomic . Les principes à suivre sont
analogues à ceux de l'opération décrite : isolement, autant que possible,
de la cavité résultant de la décortication et écoulement libre des sécn^-
tions. Les cas nombreux qui ont passé par mes mains h llnstitui
impérial Clinique d'Obstétrique et de Gynécologie m'autorisent à
recommander avec insistance la voie vaginale pour les fibromydmes
rétropéritonéaux ainsi que pour les autres formes des tumeurs fibreo-
ses. Nous évitons par la méthode vaginale tous les dangers de Foih
verture de l'abdomen en enlevant avec le moins de risque les tumeurs
de l'utérus. Outre les avantages directs que présente ce procédé, il
nous permet d'appliquer pleinement les principes de la chirurgie cod-
servatrice. C'est surtout dans la catégorie des fibromyômes rétropérito-
néaux que l'effet est éclatant, la tumeur pouvant être décortiquée
dans certains cas sans même la perforation du péritoine. L'opérateur
atteint par une incision du cul-de sac de Douglas la tumeur, dont la
décortication par le doigt est parfois très facile, surtout si le volume
n'est pas considérable et les tissus qui l'entourent, pas dégénérés ; il
tamponne ensuite la poche cellulaire, ce qui termine l'opération. En
cas de tumeur considérable on parvient d'abord par le doigt à la partie
inférieure de la tumeur, on diminue le volume par le morcellement et
on enlève peu à peu toute la tumeur. J'ai pu ainsi enlever en conservant
l'utérus et les annexes des tumeurs dépassant le volume d'une tète de
nouveau-né. Si les connexions des corps fibreux avec le tissu utérin
sont très intimes et étendues, la décortication est suivie d'hémorrha-
DMITRI DB OTT 309
gie, on attire alors Tutérus dans l'iDcision pour faire des sutures hémos-
tatiques. La méthode ne change en rien, si nous ouvrons pendant Topé-
ration le péritoine: dans les cas de tumeurs intraligamentaires, qui font
saillie en haut, ou dans les cas de corps fibreux sous-péritonéaux à
noyaux multiples, nous sommes obligés sciemment à avoir recours à ce
procédé par incision du cul-<le-sac; nous extirpons ensuite la tumeur,
diminuons ainsi le volume de Tutérus, nous rattirons pour faire la
ligature des tissus saignants et nous le replaçons dans sa position
normale.
La myomectomie conservatrice vaginale peut être de même appliquée
avec succès dans les cas de corps fibreux sous-muqueux, qui pour
des raisons quelconques ne sont accessibles per via» ncUuraleê, Tandis
que jusqu*à présent il ne nous restait qu'à faire le choix entre l'extir-
pation vaginale de l'utérus entier ou la cœliotomie abdominale con-
servatrice, nous avons maintenant le moyen, en enlevant la tumeur
par la voie vaginale, de conserver Tutérns pour son fonctionnement
ultérieur. On procède dans ces cas-là. après l'incision du cul-de-sac, à
rhémisection de la paroi antérieure ou postérieure de Tuténis, on enlève
la tumeur, et l'utérus, réuni scrupuleusement par des sutures, reste
en place.
J'ai eu 27 cas de myomectomie conservatrice, où l'opération a été
pratiquée par la colpotomie . Toutes les malades à l'exception d'une
furent rétablies, ce qui donne avec les précédents comme résultat final
3 décès sur 79 opérées.
I^ méthode vaginale a non seulement comme avantage de restrein-
dre le risque de l'opération même, mais est aussi suivie d'un cours
IK)st-opératoire beaucoup plus léger, comme nous l'observons dans
toutes les autres opérations vaginales.
Je présente à l'appui de mes paroles la statistique de mes résultats
du traitement chirurgical des fibromyômes de l'utérus par la cœlioto-
mie et par le vagin.
La somme totale des opérations est 382 avec 26 décès.
En 189 cas fut pratiquée la cxBliotomie ; j'ai perdu 20 malades,
c'est-è-dire 10,7 p. 100. En 193 cas fut pratiquée la méthode vaginale,
dont j'ai eu à constater 6 décès, c'est-à-dire 3,1 p. 100.
La méthode vaginale comparée avec la cœliotomie est en consé-
quence trois fois moins dangereuse; en y adjoignant les autres avan-
tages cités, nous arrivons évidemment à la thèse, que celle-ci doit être
préférée dans tous les cas où elle peut seulement être appliquée.
310 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PAUIS
Ainsi la colpotomie a reçu une nouvelle importance et en même
temps nous avons un nouveau moyen de conserver la santé à la
femme, sans la priver de ses fonctions sexuelles.
De rhystérotomie cervico-vaginale dans le morcellement des fibromes
du corps de rntéms.
— Paul Segond (Paris). — Cette communication a pour but de
montrer que Tancienne opération d'Amussat, c'est-à-dire rablatîon
des fibromes par le vagin sans hystérectomie, a des indications beau-
coup plus étendues que ne le pensent ceux-là mêmes qui la préconisent
aujourd'hui après perfectionnement de son manuel opératoire.
Bien loin de convenir seulement soit aux polypes, soit aux fibromes
sous-muqueux d'accessibilité vaginale évidente, elle trouve en effet
ses indications dans Tablation des fibromes interstitiels du corps avec
col sain et nullement dilaté.
Des observations personnelles nombreuses, qui seront publiées par
mon interne M. Darligues, l'établissent et prouvent, en outre, que Topé-
ration est absolument bénigne.
Le procédé que je préconise est emprunté à la pratique de Péan. Il
consiste à sectionner le col daris toute sa hauteur d^un côté ou des deux
côtés. Grâce à cette hystérotomie cervico-vaginaU vni ou bilatérale, on
obtient cxtemporanément, et sans jamais risquer d'ouvrir le pérîtoÎDe
ou de blesser l'uretère, un libre accès dans la cavité du corps utérin.
Le museau de tanche ainsi débridé de\ient une sorte de gueule large-
ment ouverte au fond de laquelle on peut à son aise voir, toucher et
manœuvrer.
Le col une fois sectionné jusqu'au-dessus de l'isthme, rien n'est en
effet plus simple que de pénétrer dans la cavité utérine, d'en explorer
les parois par le toucher, de sentir les fibromes qu'elle renferme,
d'effondrer leur coque avec le doigt ou de les débrider au bistouri ;
d'arriver ainsi sur le tissu même des fibromes, de les reconnaître aussi
bien par la vue que par le toucher, et, suivant qu'ils sont petits on gros,
de procéder, enfin, soit à leur énucléalion, soit à leur morcellement.
D'une manière générale, cette opération peut être tentée sur tout
utérus fibreiix dont les dimensions se prêtent à l'hystérectomie vagi-
nale, à la condition qu'il n'y ait aucun signe de périmétrite ou d'an-
nexite. Mais il est bien rare que Topération puisse être décidée de
parti pris sur les seules données de l'examen clinique.
SECOND 311
En réalité cette décision ne peut être prise que pendant Pacte opé-
ratoire, alors qu'on a la possibilité de voir ou de toucher, et de savoir,
par conséquent, d'une manière positive si la coque utérine est intacte,
assez épaisse et sll existe, oui ou non, d'autres masses fibreuses.
C'est pour cela que toute objection basée sur les incertitudes du
diagnostic ne résiste guère à l'examen.
Si le diagnostic est exact, tant mieux; s'il ne l'est pas, si je cons-
tate soit une perforation utérine, soit l'e.xistence d'autres masses
fibreuses dangereuses pour l'avenir, Thystérectomie séance tenante,
et tout est dit.
Pour. des raisons analogues les dangers prêtés h l'opération sont, en
grande partie, théoriques. Ces dangers sont, en effet, surtout constitués
soit par des perforations possibles de l'organe ; soit par les complica-
tions septiques post-opératoires qui, jadis, avaient si justement fait
proscrire ce mode d'intervention. Or je le répète, s'il y a perforation,
c'est à l'opérateur à savoir le reconnaître, ce qui est, d'ailleurs, fort
simple avec un peu d'habitude, et, cette constatation faite, il doit
aussitôt hystérectomiser. Le péril en question ne compte donc pas .
Quant aux complications septiques, il faut certes y songer toujours ;
j'en ai fait moi-même l'expérience dans un cas malheureux que je
publierai ultérieurement, et c'est pour cela qu'on ne saurait trop
insister sur l'importance de soins consécutifs bien dirigés.
Mais, lorsqu'on observe les règles d'une parfaite asepsie, lorsqu'on
prend notamment les précautions voulues pour se garer de toute
rétention possible, il n'y a vraiment rien à craindre et, dans ces
conditions, Tablation par voie vaginale de fibromes même très gros
peut être considérée comme tout à fait bénigne.
Bref, l'hystérotomie cervico-vaginale uni ou bilatérale est pour moi
l'opération préliminaire de choix dans presque tous les cas, et voici
mes raisons : elle permet aussi bien l'énucléation de petits fibromes
très haut situés que le morcellement de masses fibreuses interstitielles
pesant jusqu'à 1,000 et 1,200 grammes; à l'inverse de l'hystérotomie
vaginale médiane, elle n'exige jamais ni le décollement de la vessie, ni
l'ouverture du péritoine : elle respecte sûrement les uretères ; elle
s'exécute sans risque d'hémorrhagie, et si parfois elle nécessite la
section des utérines, l'hémostase par ligature ou forcipressure n'en
reste pas moins toujours facile et sûre.
Il est, enfin, bien clair que les sections cervicales se réparent aussi
bien quand elles sont latérales que lorsqu'elles portent sur un point
312 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉOICALËS DE PARIS
quelconque du col. Uue suture au catgut, d'exécution simple, assure
toujours ce résultat Je puis même dire, par expérience, que lorsqu'on
juge prudent de ne pas recoudre le col afin de mieux éviter toute
rétention ''possible dans une loge d'énucléation trop vaste oa trop
anfractueuse, les choses n'en vont pas moins bien, et la reconstitution
du col se fait dans les meilleures conditions.
Des indications et des résultats éloignés de la ligature des artères
utérines dans les myômes de l'utérus.
— Sigmund Go ttschalk (Berlin). — 1. — La ligature vaginale
des artères utérines dans ses différentes branches près du bord de
l'utérus, tout près du point de division, est une opération tout h fait
exempte de danger.
Il est préférable de lier en 3 ou 4 étages, après le décollement de la
vessie du col et des ligaments larges de chaque côté, le ligamentum
cardinale (pédicule vasculaire) et la base du ligament large avec de
la soie forte et l'aiguille de Deschamps.
Cette opération sera bien supportée aussi par des femmes tout à fait
exsangues et épuisées, qui succomberaient sûrement à une intervention
radicale. *►
2. — La nutrition de l'utérus est assurée après l'opération.
3. — Cette opération peut,<iaw« des cas convenablement choisis, maîtriser
définitivement mieux qu'aucune autre méthode palliative les hémor-
rhagies causées par les myômes et elle est capable de réduire les
tumeurs à des noyaux, à des restes si minimes qu'ils ne sont plus
constatables à l'exploration clinique.
4. — Il faut, cependant, choisir les cas bien justiciables de la méthode.
Voici les données générales d'après lesquelles on pourra faire le
choix :
a) Le siège des myômes, — Les myômes qui sont les plus justiciables
de la méthode sont essentiellement les myômes interstitiels développé»
dans la portion inférieure et moyenne de la matrice, moins ceux qui
sont situés au niveau du fond, et pas du tout les tumeurs intraliga-
mentaires.
b) L'âge des malades. — Plus la femme est rapprochée de la méno-
pause, d'autant plus grandes sont les chances d'un succès radical par
la méthode de la ligature.
c) La. grosseur des tumeurs. — La méthode est surtout applicable dans
BBLAGÉNIÈRB 313
les utérus myomaienx qui ne dépassent pas notablement le volume
d*une tête de femme.
d} h'awiimièse, — Si des accidents de pelvi-péritonite ont précédé, il
est vraisemblable que les tumeurs contractent des adhérences avec les
organes voisins, particulièrement avec Tépiploon, et qu'elles en retirent
de nouveaux vaisseaux artériels qui mettent en question le succès.
5. — Avant Tabrasion de la muqueuse de Tutérus, le premier acte de
Topération, il faut dilater l'utérus à la laminaire dans tous les cas où il
y a lieu de soupçonner un myôme sous-muqueux par la raison qu'il
est mieux d'extirper radicalement les myômes situés dans la cavité
utérine.
Discussion.
— H. Delagéniére (Le Mans). — Je vous ai déjà, Tannée
dernière au Congrès d'Amsterdam, entretenu des résultats qu'on pou^
vait obtenir dans certains cas de fibromes de l'utérus, par la ligature
des artères utérines par le vagin. Je ne puis aujourd'hui que répéter
ce que j'ai dit alors» que les résultats ont été très bons. Toutes mes
malades au nombre de six sont actuellement en parfait état, les
hémorrhagies n'ont pas reparu et les tumeurs ont considérablement
diminué de volume.
La question importante et délicate est de discerner les cas suscep-
tibles de bénéficier de cette méthode. Pour nous, nous n'y avons
recours que dans les cas do fibromes petits, lorsque l'utérus estabais-
sable, et lorsque la tumeur ne présente pas d'évolution rapide. Nous y
avons recours aussi volontiers pour les polypes à évolution vaginale.
Gomme opération complémentaire lorsque le polype est enlevé et que
nous ne trouvons dans l'utérus d'autres noyaux fibreux. La ligature
des artères utérines est alors en quelque sorte préventive en ce sens
que nous espérons obtenir par ce moyen l'arrêt du développement des
noyaux fibreux.
Nous n'avons TÏesï de bien spécial à dire sur la technique. Après avoir
dénudé le col de l'utérus comme pour pratiquer Thystérectomie vagi-
nale, nous isolons la base du ligament large, cherchons l'artère que
nous reconnaissons à ses battements, puis pour être bien certain de
lier cette artère nous la coupons d'un coup de ciseaux et plaçons un
fil sur les deux bouts. Cette ligature est répétée de l'antre côté. Enfin
deux ou trois points de suture sont placés sur la section vaginale.
A>'H. DE OTN. — VOL. UV. 21
1
314 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
— GouUioud (Lyon). — Quand le développement des fibro-
mes ou les troubles qu'ils occasionnent nécessitent une interven-
tion, Thystérectomie est en général la méthode de choix. Il y a lieu
cependant de faire une large place à des opérations moins radicales,
telles que la myomectomie par énucléation abdominale ou vaginale, la
castration, la ligature ou le pincement des artères utérines. La castra-
tion reste une excellente opération dans les cas de fibromes moyens,
ménorrhagiques chez les femmes exsangues. Quant au pincement des
artères utérines, dont nous voulons spécialement parler, nous Favons
employé avec succès dans quelqiies cas favorables et choisis, dès 181^.
Ces cas étaient représentés par des femmes de 40 à 50 ans, présentaiil
un fibrome à développement pelvien, ou tout au moins n'atteignant
pas Tombilic, et s'accompagnant d'hémorrhagies. Les résultats ont
concordé avec ceux signalés par les promoteurs de la méthode des
ligatures, Gottschalk, Franklin H. Martin, Hartmann, Mangin, etc.
Nous avons toujours observé un arrêt complet des hémorrhagies, une
régression de la tumeur ; celle-ci est facilement appréciée et indnbita-
blement prouvée par la diminution du cathétérisme utérin. Ainsi, dans
mon premier cas, datant de 1895, le cathétérisme était de 11 centi-
mètres, deux ans après il ne mesurait plus que 6 cent. 1/2. Le résultat
s'est maintenu depuis six ans, malgré la persistance des règles. Dans
la seconde observation, le cathétérisme tombe aussi de 8 centimètres
à 6 centim. 1/4, deux ans après Topération. Dans une troisième obsec^
vation, le cathétérisme de 11 centim. 1/2 n'est plus que 7 cent. 1/4
deux ans après. Rien ne peut établir d'une façon plus certaine l'effica-
cité du pincement ou de la ligature des artères utérines. Quant au
procédé opératoire, il représente à peu près le premier temps d'une
hystérectomie vaginale ; c'est la même incision circulaire avec prolon-
gements dans les culs-de-sac latéraux ; le doigt décolle la vessie en
avant, le rectum et le x)éritoine en arrière sur les côtés de rutéros,
afin de bien isoler la gaine hypogastrique . Celle-ci dégagée, la lame
vasculaire est saisie dans les mors d'une pince longuette droite, longs
de Ô centimètres et enfoncés de ô à 6 centimètres, de façon à dépasser
sûrement le niveau de l'artère utérine. Les pinices sont laissées en
place 24 ou 48 heures. Nous n'avons d'ailleurs aucune prétention
d'attacher une ligature ; il est plus facile et il agit aussi efficacement.
Nous avons essayé, dans un cas de fibrome remontant à l'ombilic?, la
ligature des deux artères hypogastriques ; les hémorrhagies se suai
arrêtées, mais nous avons eu la surprise de ne voir survenir aucune
TÉMOIN 315
modification de la tumeur, aucune diminution du cathétérisme. Cette
opération s'est donc montrée inférieure, dans ce cas, à la castration ou
à la ligature des artères utérines. Le pincement des utérines est une
précieuse ressource dans les métrites hémorrhagiques rebelles, en cas
d'insuccès du curettage.
Myomectomie consenratrice*
— Témoin (Bourges). — En 1896, au Congrès de chirurgie,
j'apportai le résultat de 46 observations d'hystérectomie abdominale
faites par la méthode d'énucléation. Sur ces 46 observations 5 pré-
sentaient un intérêt spécial puisque le fibrome avait pu être enlevé
sans que l'utérus et les annexes eussent été sacrifiés. Les malades, qui
cependant avaient présenté avant l'opération des troubles considérables,
se portaient très bien, et je formulai cette espérance : qu'on devait
songer à la voie abdominale pour les fibromes de moindre importance,
chercher à les enlever par énucléation afin d'éviter Tablation d'un
organe aussi important que l'utérus.
C'était en 1896 à l'époque où l'hystérectomie vaginale était en faveur*
Tout fibrome à ce moment qui ne dépassait pas l'ombilic devait être
enlevé par le vagin.
Depuis rhystérotomie abdominale a fait son chemin et bientôt, il
faut l'espérer, la voie vaginale sera réservée à certains cas bien déter-
minés qui ne seront que l'exception.
L'énucléation n'était pas une méthode nouvelle, Spencer Wells
l'avait faite en 1863, Spiegelberg en 1874 et depuis 1878, Martin, de
Berlin, l'a pratiquée souvent. Bien qu'il fût logique de faire pour
l'utérus ce que nous faisons pour les organes atteints de tumeurs
bénignes, bien qu'il fût tentant de conserver à une femme jeune un
organe comme celui-là avec sa fonction, cette méthode n'eut aucun
succès. Cependant quelques observations furent publiées par Ricard,
par Doléris. Hartmann pratiqua aussi cette opération et enfin, il y a
quelques jours à la Société de chirurgie. Tuf fier vint apporter les
résultats satisfaisants de 15 énucléations avec conservation de l'organe
et se fit le défenseur de cette méthode qu'il emploie depuis un an.
Au début, je cherchais toujours devant un fibrome à faire l'énucléa-
tion ; depuis deux ans et demi, je la réserve aux cas où elle est indiquée.
Je ne vois pas, en effet, d'avantage à conserver l'utérus chez une
femme arrivée à la ménopause. Je crois aussi que lorsque l'utérus est
316 13^ CONGRES DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
trop fibromateux, U ne fàai pas chercher à faire rénadéatioa de tous
les fibromes.
L*organe est malade, il restera tonjonis des noyaiu qui ponrroat
grossir et devenir à leur tour matière à opération. O en est de m^mr
lorsque les annexes sont malades.
Indicaiiom. — L'énncléation me semble indiquée tontes les fois qo^
la femme est jeune, que le fibrome on les fibromes ne sont pas trop
développés et que leur ablation peut se faire sans altérer trop la
structure de Forgane. Dans les autres cas c'est à ThystérecUanie totale
ou su b totale qu'il faut avoir recours, et pour ma part j'ai toujoars fait
de préférence Thystérectomie supravaginale.
C'est ainsi que sur 239 hystérectomies abdominales, IG fois seule-
ment Tutérus a pu être conservé avec les annexes, et sur ces 16 cas
d'énucléation, je n'ai eu à enre^trer aucun décès. Les premières
opérées datent de huit ans et je ne connais aucune récidive.
. Mode opératoire, — Ma façon de faire a peu varié depuis le débat
et j'ai vu avec plmsir que ce même procédé avait été employé par
Tuffier. Je ne crois pas d'ailleurs .qu'on puisse en employer un antre.
L'utérus est attiré au dehors, sa surface est explorée afin de bien con-
naître la situation du fibrome et son volume. Sans hémostase préven-
tive (que je faisais au début) j'incise sur la surface fibromateuse :
incision longitudinale, qui permet la décortication facile. Celle-ci est
faite avec les doigts. Si, le fibrome enlevé, la cavité utérine se trouve
ouverte, je passe une compresse stérilisée pour enlever tontes les
mucosités de la cavité et je touche avec un peu d'eau phéniquêc à
1/20. Je n*ai jamais fait le curettage préventif.
Le fibrome enlevé, la plaie est suturée par deux plans, l'un muscu-
laire, l'autre séreux. Sutures faites au catgut et en surjet. La plaie ne
saigne pas et la suture fait l'hémostaéc.
Lorsqu'une des cornes utérines est prise dans la tumeur et que la
trompe me parait difficile à conserver, je supprime les annexes de ce
côté. Une de mes malades opérée dans ces conditions, a eu un an
après un enfant très bien portant, et depuis (il y a 3 ans de cela) elle
se porte bien.
Lorsqu'il y a plusieurs fibromes^ chacun est énucléé de la même
façon avec une suture spéciale.
Si la cavité laissée par le fibrome est assez grande, je ne vois aucun
inconvénient à en supprimer une pai'tie au ciseau.
D'ailleurs l'utérus se rétracte comme ^urès l'accouchement, le muscle
pozzi 317
revient sur lui-même, et il m'est arrivé de rentrer dans le ventre des
utérus remontant à plusieurs travers de doigt au*dessu8 du pubis
qui avaient disparu une quinzaine de jours après.
Sur mes 16 opérées — deux Pont été pendant une grossesse — chez
l'une il y avait un kyste de l'ovaire qui me fit opérer d'urgence au
troisième mois. Le kyste enlevé, l'utérus présentait un fibrome inters-
titiel gros comme une orange moyenne dans le segment droit. Je fis
la décortication sans pénétrer dans Tutérus. Les suites furent favo-
rables, mais elle fit une fausse couche six semaines après. Depuis elle
a eu un enfant.
La seconde fut opérée au quatrième mois, à cause des douleurs
violentes déterminées par un fibrome. Sa grossesse continue très nor-
male et elle doit accoucher dans la première quinzaine de ce mois.
Deux autres enfin ont eu des enfants.
Conclusions . — C'est à l'hystérectomie abdominale que nous devons
ce progrès, et contrairement à ce qui était admis en 1896, je dirai :
plus un fibrome est petit, plus la voie abdominale est indiquée, parce
que c'est elle qui nous permettra de supprimer la tumeur sans sup-
primer l'organe.
Je suis convaincu que la proportion des opérations conservatrices
augmentera beaucoup lorsque nous pourrons proposer à une femme
jeune l'ablation d'un fibrome encore petit, mais qui lui cause des
troubles, avec la promesse presque certaine qu'elle conservera ses
époques et pourra avoir des enfants.
Discussion.
— Pozzi (Paris). — Je me félicite d'avoir été un des prenders à pra-
tiquer en France la myomectomie d'après le procédé de Martin; je
regarde comme contre-indications les cas suivants :
1<* Trop grand volume de la tumeur (quand elle dépasse Tombilic),
parce qu'alors l'utérus est dégénéré;
2^ La multiplicité des tumeurs à cause de la longueur de l'opération
et du danger d'hémorrhagie ;
> 30 Le mauvais état des annexes ;
4<^ Je regarde aussi comme une indication formelle d'hystérectomie
immédiate, quand au cours de l'opération la cavité utérine a été
ouverte.
— A. Monprofit (Angers). — La myomectomie abdominale
318 13* coNcnès des sciences médicales de pabis
préconisée par Martin (de Berlin», depuis de longues années, par KeUr
et par beaucoup d'autres auteurs, pratiquée chez nous par notre col'
lègue et ami Témoin (de Bourges) est loin d*avoir, dans la pratique
chirurgicale, le rôle auquel elle a droit, selon nous.
J*ai commencé à la pratiquer Tannée dernière lorsque je la trouvai
bien indiquée; mon interne Morinière vient de soutenir sa thè:«e
devant la Faculté de Paris (1) sur ce sujet ; on trouvera dans son
travail mes observations et les détails de ma pratique.
Tout récemment notre collègue et ami Tuffîer a communiqué à la
Société de chirurgie, quinze observations de cette même oi)ération ;
enfin nous avons la satisfaction de voir qu'un certain nombre de nos
collègues sont entrés dans la même voie, et se sont inscrits à ce Con-
grès sur le sujet.
Nous devons bien reconnaître que dans ces dernières années, nous
avons été tellement entraînés par les hystérectomies totales que nous
avons perdu de vue la conservation de Torganc dans des cas où elle
était parfaitement possible.
C'est d'ailleurs ce que j'ai indiqué dans les discussions qui ont eu
lieu sur l'Iiystérectomie abdominale totale ^ux Congrès français de
chirurgie de 1896 et 1897.
Mais aujourd'hui un mouvement nouveau prend naissance et la ten-
dance vers la conservation de la matrice va s'accentuer de plus en plu^.
Il est même fort intéressant de constater que ces tentatives noavelli*s
de conservation de l'utérus sont la conséquence des opérations radi-
cales par la voie abdominale ; c'est en effet seulement en les pratiquaut
qu'on pouvait être amené à constater que certains cas n'imposaient
pas l'ablation totale, tandis que certains autres n'offraient pas d'aulre
solution.
L'évolution naturelle de cette chirurgie abdominale des myômes
utérins qui a franchi les étapes successives de la castration, de lliys-
térectomie partielle avec pédicule, de Thystérectomie totale, devait
mener vers l'ablation des fibromes seuls, avec conservation de 1 or-
gane et de sa fonction. Nous y sommes arrivés maintenant.
Sans vouloir entrer dans des considérations historiques qui seraient
ici hors de place, je dirai seulement comment je comprends les indi-
cations de la pratique de la myomectomie.
(1) Victor Morinièub. Sur (a mpotnertomte abdominale. Thèie de Parif^
1900.
MONPROFIT 319
Rien à dire des indications de Tintervention qui amènent à opérer
une malade fibromateuse ; il est entendu que Topération quelle qu'elle
soit, est formellement indiquée par les accidents habituels aux fibromes,
et réchec des traitements palliatifs.
Dans ces conditions bien déterminées, quelles seront les particula-
rités qui nous conduiront à pratiquer la myomectomie plutôt qu'une
autre intervention?
La première de toutes les conditions, à mon sens, est l'âge de la
patiente ; qu'y a-t-il de plus embarrassant et de plus pénible, il faut
le dire, que de pratiquer une opération mutilante chez une jeune fille
ou chez une jeune femme ? n'est-ce pas chez ces malades que nous
serons infiniment satisfaits de pouvoir faire une opération qui conser-
vera l'organe et ses fonctions ? c'est là pour moi la condition la plus
pressante, si bien que les autres passent au second plan.
Voyons maintenant l'état local : généralement les fibromes qui pour-
raient donner lieu h l'énucléation simple, sont peu volumineux, bien
qu'il y ait à ce sujet beaucoup plus d'exceptions, et qu'on pourra énu-
cléer parfois de grosses tumeurs.
Le nombre des fibromes est aussi très important ; si le fibrome est
unique, les conditions sont des plus favorables ; mais on peut les
énucléer jusqu'à dix ou douze ou même un plus grand nombre sans
inconvénients.
En fait, ce qu'il y a de plus important, c'est de voir quel sera l'état
de l'appareil utéro-annexiel après l'ablation de tous les myômes ; si
après cette ablation on voit que la conservation de cet appareil peut se
faire sans danger, et que son fonctionnement normal est probable, la
myomectomie est indiquée.
A quoi bon au contraire, se donner la peine de faire l'énucléation
chez une femme qui a dépassé l'âge d'une grossesse possible, alors que
l'ablation totale de l'organe est si bénigne ? La question seule des troubles
psychiques succédant à la castration totale, pourrait être examinée.
D'un autre côté, môme chez un jeune sujet, si l'énucléation des
myômes volumineux ou multiples ne me laisse qu'un moignon utero-
ovarien inutilisable au point de vue fonctionnel, pourquoi substituer
h une intervention simple et facile une opération compliquée sans
bénéfice probable f
Si les ovaires et les trompes présentent ces altérations qui sont si
fréquentes avec les fibromes, il est bien inutile ainsi de conserver la
matrice.
320 13* CONGRÈS DES SCIBNGBS MEDICALES DE PARIS
Enfin qaelqnefois rénucléation des myômes volomineux laisse une
surface avivée tellement large et saignante qu'il est fort difGcUe de
faire une lionne hémostase. Afin d'éviter des dangers d'hémorrhagie
ou d'infection consécutive, ou se voit bien alors forcé d'enlever on
utérus peu malade et qui, dans d'autres conditions, aurait pu être
conservé. Le fait se voit surtout pour les gros fibromes de la face
postérieure qui laissent une vaste surface cruentée sur l'utéms, snr la
face postérieure des ligaments larges et dans le cul-de-sac de Doo-
glas.
L'ablation totale de l'organe iieut alors s'imposer comme une
manœuvre de nécessité, afin d'assurer une bonne et complète hémo-
stase.
Les avantages de la myomectomle n'ont pas besoin d*ètre longuement
développés : l'acte chirurgical qui restitue un organe dans la plénitude
de son fonctionnement est évidenmient supérieur à celui qui consiste
à enlever cet organe et à supprimer sa fonction.
Les grossesses après la myomectomie ne se comptent plus, grossesses
menées heureusement à terme, et nous en comptons parmi nos obser-
vations personnelles.
D'autre part, la conservation de l'utérus et des annexes, avec la
menstruation redevenue normale, présente évidemment les plus grands
avantages, au point de vue de la santé générale, alors même qa*une
grossesse ne surviendrait pas ultérieurement.
Devons-nous envisager maintenant la gravité de l'intervention et la
mettre en parallèle avec celle des ablations radicales ?
Les statistiques pourront à ce point de vue avoir leur intérêt ; pour
moi, la gravité de la myomectomie, faite avec toutes les précautions
voulues, n'est pas plus grande que celle des autres interventions diri*
gées contre les fibromes et elle a une beaucoup plus grande importance
à cause du but si élevé qu'elle poursuit.
Le manuel opératoire suivi par nous ne diffère pas notablement de
celui qui est employé par la plupart des auteurs.
Je considère comme important de faire saillir la matrice fibreuse
autant qu'il est possible & travers l'incision abdominale, afin d'opérer
pour ainsi dire en dehors de l'abdomen si les connexions de l'organe
s'y prêtent. La protection de la ca>dt6 abdominale au moyen de com-
presses aseptiques est naturellement fort importante, ici comme dans
toutes les opérations du môme genre, surtout si la muqueuse utérine
doit être ouverte au cours des manœuvres.
CULtEN 321
Je pratique généralement Tincision du tissu utérin sur la partie la
plus saillante de la tumeur à énucléer, à moins que des myômes très
voisins puissent passer par la même incision ou par une incision uni-
que pratiquée sur la ligne médiane.
Le myôme étant mis à nu, je Tinciso par la moitié afin de le diviser
en deux hémisphères qui s'énucléent souvent plus facilement de la
profondeur vers la surface de la matrice.
Parfois la muqueuse utérine est ouverte au cours de Ténucléation
des myômes volumineux ; cette circonstance impose naturellement les
plus grandes précautions d'asepsie afin d'éviter toute infection de la
séreuse péritonéale. Ce but peut avec du soin être atteint d'une façon
certaine.
Lorsque rénucléation de la principale tumeur est terminée, j'explore
la matrice de façon à reconnaître tous les myômes moins volumineux
qui pourraient exister. Tous ceux qui sont découverts sont traités de
la même façon.
L'hémostase doit être faite avec grand soin ; tous les vaisseaux qui
saignent sont liés de façon à ce que la plaie soitcomplètementexsangue.
Les incisions médianes ne nécessitent souvent aucune ligature.
Lorsque la cavité occupée par les tumeurs énucléées reste considé-
rable, il est bon d'exciser au moyen de ciseaux la coque qui reste
béante de chaque côté. Le rapprochement des parois est ainsi facilité,
et on évite la persistance d'une loge qui pourrait se remplir de sang
et donner lieu à des accidents ultérieurs. De telles cavités doivent
quelquefois être drainées par la matrice, surtout si la muqueuse uté-
rine a été ouverte.
Nous terminons en suturant la muqueuse utérine s'il y a lieu, et en
rapprochant les parois de la plaie aussi exactement que i)0ssible ; il est
bon de placer quelques points superficiels intermédiaires si on constate
un suintement sanguin quelconque.
Dans les conditions que nous avons indiquées, nous pensons que
la myomectomie abdominale est une bonne opération; mais nous
croyons qu'il faudra choisir avec soin les cas où elle pourra être utile
et inoffefuive. Ces cas seront peut-être moins nombreux qu'on ne le
pense tout d'abord.
— Th. S. Gullen (Baltimore). — Durant les sept dernières années,
mon chef, Kelly, et mes collègues Russell et Clark ont observé plus de 500
cas de fibromes de l'utérus. A l'examen de la muqueuse utérine de plus
de 100 cas, j'ai constaté que les trompes étant normales la muqueuse
322 13^ CONGRÈS DES SCIKNCES MEDICALES DE PARIS
de l'utcrus est habituellement normale et qu'au contraire, quand les
trompes sont malades, il peut exister de l'endométrite. L'ovidncteest>U
le siège de tuberculose, le même processus morbide peut s*ètre étendu à
Tutérus. Le desideratum dans chaque cas, quand cela est possible, est de
sauver l'utérus, et, presque toujours, on choisit la voie abdominale. Si
les trompes sont normales, on fait la myomectomie et, en cas de possi-
bilité, en imitant l'exemple de Martin. Kelly a pu enlever des myâmes
sous-péritonéaux du poids de 45 livres et conserver 1 utérus. Des
myomes interstitiels, de 15 livres, ont pu Hre énucléés et ruténis
conservé .
Quand les trompes sont malades, il est dangereux de pratiquer une
myomectomie, parce que Tinfection peut se produire. Quand la myomec-
tomie est impossible, il faut faire Thystérectomie totale en s'appliqnant
h ne pas léser les uretères. Quand Tutérus remplit le bassin, Kelly
fend l'organe du fond au col, et lie les vaisseaux de bas en haut. Les
observations de Gottschalk sont particulièrement intéressantes parce
que, récemment, John Clark a démontré par de nombreuses injections
que les vaisseaux utérins communiquent entre eux et avec ceux de
l'ovaire.
Quand on se trouve en présence de myômes sous-muqueux, en voie
de sphacèle, il faut les enlever par le vagin et, dès que l'écoulement
ichoreux cesse, faire l'hystérectomie abdominale.
Tuflier (Paris). — Je suis un partisan irréductible de la voie
abdominale, même pour les tumeurs de la portion sous- vaginale. Rela-
tivement au manuel opératoire, j'ai recours au suivant: pas d'indsions
multiples ; une incision médiane sur la ligne avasculaire suffit pres-
que toujours. Sur 19 cas que j'ai pratiqués, je n'ai eu qu'une seule fois
une ligature à poser. Par cette incision, je retourne en quelque sorte
l'utérus, examinant ainsi successi vemont toutes ses faces ; i)our éviter
rhémorrhagie, il faut toujours aller de dedans en dehors. Sont justicia-
bles de cette opération même les gros et les énormes fibromes (l'utérus
revenant sur lui-même comme après une opération césarienne et ne
laissant qu'une petite cavité). La multiplicité des fibromes est en géné-
ral une contre-indication. Cependant j'ai pu une fois en enlever 17. Le
sphacèle et la suppuration des tumeurs sont aussi une contre-indlca-
tion, surtout si la cavité a été ouverte. Après l'énucléation, je suture
la ligne d'incision sans m'occuper des cavités.
LA TonuB 323
Nature des fibromes ntèrins.
— F. La Torre (Rome). — Je suis vraiment enchanté de
voir annoncé un grand nombre de communications concernant le trai-
tement conservateur des fibromes utérins.
G*est un événement, une véritable résipiscence du bon sens cli-
nique, dont personne plus que moi ne saurait se féliciter, puisque,
voilà au moins une dizaine d'années que je crie à chaque instant, dans
tous les Congrès, la iiécessité de respecter Vutéru/t. Parce que, enfin, si
on est assez souvent obligé d'extirper le myôme, il n'est point juste
cependant d'enlever, dans tous les cas, l'utérus en môme temps que le
myôme.
Pourquoi doit-on extirper toujours l'utérus myomateux t Le fibrome
est-il de nature maligne?
Dégénère-t-il i L'utérus myomateux est-il utile i Voilà, Messieurs,
les quelques points que j'ai l'intention de traiter le plus brièvement
possible.
1<* Le fibrome est-il de tiature inaligne f — Cette question doit être
étudiée sous trois points de vue :
a) Comment se forment les fibromes ?
b) Quelle en est la structure anatomique?
c) Quelle en est la cause i
a) Quant à la première demande^ et tenant compte seulement des
éludes modernes, ce sont PillietetCostesqui out, à mon avis, le mieux
vu en ce qui regarde la formation des fibromyômes.
Us ont montré que le début des corps fibreux se fait autour d'un
capillaire. On a deux ordres de faits. D'un côté, il apparaît à la péri-
phérie d'un capillaire une zone de cellules embryonnaires, donnant
une rangée circulairo de fibres musculaires lisses ; celle-ci se déve-
loppant aux dépens de nouvelles cellules rondes.
D'autre part, le capillaire lui-même ne reste pas indifférent; il
émet des pointes d'accroissement formant de nouveaux nodules. Ce ca-
pillaire se développe et devient un vaisseau central dans le néoplasme.
Keiffer, de Bruxelles, se rapproche beaucoup de cette idée. Il admet
que les fibromyômes sont dus à l'hypertrophie du tissu utérin autour
de certains vaisseaux, ou à Tenlwystement par ce tissu de tronçons vas-
culaires mis hors d'usage par thrombose ou compression prolongée.
324 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Tridondani arrive à la conclnsion que les myômes de rutérus ont
leur point de départ dans Tenveloppe musculaire des petites artères
utérines. On aperçoit distinctement ce vaisseau dans la couronne de
tissu qui entoure le noyau néoplasiqne, dont raccroissemeat se fait
par accumulation des couches musculaires, qui proviennent de ces
vaisseaux périphériques.
Tout dernièrement, Glaisse a trouvé que le fibromyômc se déve-
loppe au niveau des capillaires de la paroi musculaire ; c'est nne cfiu-
rmine proliférante de cellules rondes qui se transforme en fibres lî$ses
qui entourent le vaisseau, couronne qui augmenta par la formation de
pointes d'accroissement, s*entourant d'une bande fibreuse qui isole ce
nodule myomateux au milieu des vaisseaux voisins. Le valssean
central primitif peut au début se dilater ; mais il ne tarde pas à subir
un processus oblitérant.
Je suis en général d'accord avec ces auteurs. Cependant, diaprés
mes recherches microscopiques, commencées . dès 1896, mais non
publiées, quand il n'existait rien sur ce sujet, à l'occasion d'nn travail
« Sur V indication de Thystérectoime par fibromes », je crois que ce n'est
pas le tissu périvasculaire seulement qui donne lieu à Torigine des
f ibromyômes, mais aussi les éléments intra-vasculaires, l'endothélium,
ce serait celui-ci qui se ressent d'abord. Je possède des préparations
très claires sur lesquelles je reviendrai plus tard dans un autre travail.
h) Pour ce qui concerne la seconde question ou la structure, tout le
monde est d'accord. Depuis que Vogel démontra pour la première fois
la nature musculaire des fibromyômes utérins, personne n'a plus mis
en doute la structure de ces néoplasmes. En effet, on admet aujourd'hui
que la structure des fibromyômes résulte de fibres musculaires et
connectives rappelant parfaitement celles de Tutérus.
c) Pour la troisième question, la cause, nous pouvons dire quil
s'agit d'une irritation dont on n'a pas encore bien défini la nature.
Yirchow avait admis que les fibromyômes sont dus à un état îrritatif,
soit local, soit général. Kciffer aussi admet une irritation, conséquence
d'une compression prolongée, à une thrombose ou à tout autre pro-
cessus qui trouble la circulation. Galippe et Landouzy avaient émis
l'opinion qu'il pouvait s'agir d'une irritation due à la présence d'nn
mîcroorganisme qu'ils avaient vu . Kollmann a rencontré des microbes
dans les fibromyômes. On a constaté aussi la nature microbienne des
lésions utérines et annexielles qui accompagnent les fîbromyômes.
Vedeler croit que le fibrome est dû à une irritation causée par la pré-
LA TORRB 325
sence d*iine forme parasitaire-protozoo> — mais ce faitn*a pas été coa*
firme.
Tridondani, cependant, n'est pas de cet avis: pour lui, les fibro-
myômes ne sont point le produit de processus d'irritation ou d'inflam-
mation, ni la conséquence de germes persistants proliférants; mais
l'expression de l'activité format! ve du système génital, qui présente
dans l'utérus ses manifestations les plus évidentes. 11 faut bien dire
que Tridondani démonti^ le fait avec une remarquable abcHidance
d'arguments qui peuvent avoir une certaine importance dans la ques-
tion.
Claisse croit, par contre, que les fibromes sont toujours précédés
par un état inflammatoire de la muqueuse ; par conséquent, ils sont,
pour lui, de nature inflaramatoire^ développés aux dépens d'endo et de
périvascularites, de cause vraisemblablement microbienne; peut-être
parfois de l'action locale de poisons de nature microbienne ou autre.
La pénétration des éléments nocifs se fait par voie circulatoire (lym-
phatique ou sanguine), et elle a ordinairement pour origine la mu-
queuse utérine. L'opinion de Claisse me. semble la plus sérieuse, lors-
qu'on réfléchit que tout état inflammatoire de la muqueuse est dû à
des microbes. On s'explique mieux sous ce rapiwrt le développement
des fibromyômes de l'utérus par un état inflammatoire qui représente
l'élément irritatif, que par toute autre chose.
Quoi qu'il en soit de ces petites divergences d'opinion, un fait cer-
tain découle, c^est que les fibromyômes de l'utérus sont, soit au point
de vue de leur origine ainsi que pour leur structure et cause, de
nature parfaitement bénigne. Ceci est le point principal.* Et s'ils peu-
vent devenir dangereux, cela peut arriver à la suite de modifications
et de symptômes propres à ces néoplasmes.
2o Le fibrome dègéiière-t-Uf — Les fibromyômes de la matrice peuvent,
pour leur structure, subir des modificatio'ns que nous pouvons appeler
bénignes et malignes dans le sens d'utile ou dangereux ; mais Jamais
les fibromes ne dégénèrent dans le sens de changer de nature, c'est-à-
dire dans le sens que les éléments anatomiques — fibres musculaires
et tissu connectif — se transforment en éléments épithéliaux ou autres,
pour constituer une tumeur maligne, telle que l'épi théliome, le sar-
come, le lymphome, etc.
Nous savons, en effet, que le fibrome appartient à cette classe de
iunu*ui's simples provenant du mésoderme et constituées par un seul
tissu, dites tumeurs hf/nfioule». Leui*s éléments ne sont pas sujets à la
326
13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
loi de la méUipkt»iey et ils ne se portent pas à distance. Le fibrome,
donc, n'est pas de nature maligne.
Les autres tumeurs hystioTdes, comme le myxome, peuvent dégé-
nérer; mais le fibrome, non. Ce que le fibrome peut faire de mal, c*e>t
exercer une compression sur les nerfs et les vaisseaux voisins ri
causer les pertes sanguines .
Le fibrome, donc, ne dégénère pas ; il y a invasion d'éléments sarro-
mateux, non changement d'éléments. Et quand même on vendrait
admettre la dégénérescence sarcomateuse, elle est très rare. D résalle,
en effet, d'une enquête que j'ai faite auprès de plusieurs chirurgiens
des plus distingués et que j'ai déjà consignée dans un travail :
Intomo air indicazioTie delV istereciomia per fibronva^ que la dég^éné-
rescence sarcomateuse n*a pas été rencontrée par tous et qu'elle est
très rare.
. Voici pourtant les noms des chinirgiens à qui je me suis adressé :
MM. Bouilly, Olshausen, Mai'tin, Hofmeier, Durante, Richelot, Man-
giagalli, S&nger, Dmitri de Ott, Segond, Ruggi, Bantock, Leopold,
Gusserow, Dûhrssen, Âlban Doran, Ktistner.
Et voici maintenant les résultats :
OAS DR
FIBUOBCBR
DBaBNÉRBS EX 8ARCOUX
Olshausen
cas vus
1000
8
Martin
1000
25 (plus de deux douzaines)
Hofmeier
—
400
7 (6 ou 7)
Dûhrssen
—
200
12 (une douzaine environ i
Durante
opérés
92
0
Ruggi
13S
5
2830 57
Nous avons donc 57 cas de' fibromyômes sarcomateux sur 2,83i> ca:^
observés et opérés ; d'où la proportion suivante :
2830 : 57 : : 10 : «= 2 p. 100.
Je ferai remarquer cependant : 1<> que Richelot admet comme pos-
sible^ en théorie, la dégénérescence sarcomateuse des fibromes, mais
qu'en pratique il ne la jamais rencontrée ; 2» que Durante et Ruggi
ayant opéré^ ce qui est assurément tout autre chose que d'avoir nr,
230 cas de fibromyômes, n'ont jamais rencontré la dégénérescence
sarcomateuse.
De la dégénérescence en cancer, il n'est pas même le cas d'en parler;
LÀ TORRË 327
pourtant j'ai voulu étudier Tassociation du cancer avec le . fibrome ;
elle a été rencontrée :
Pour Bouilly, dans 5 p. 100 environ des cas;
— Martin, un nombre considérable de fois ;
— Hofmeier, plusieurs fois ;
— Richelot, elle n*est pas rare ;
— Dmitri de Ott, 16 fois environ ;
— Segond. quelques fois ;
— Gran ville-Ban tock, une seule fois,
— Mangiagalli, assez fréquemment;
— Leopold, plusieurs fois ;
— • Durante, deux fois ;
— Gusserow, quelques fois ;
— Alban Doran, deux fois ;
— Kûstner, souvent';
— Ruggi, jamais.
Tout cela démontre, si je ne me trompe pas, que la coïncidence du
cancer avec le fibromyôme n'est pas fréquente.
Une affirmation de la plus grande importance, qui n'admet point de
doute, nous est donnée par la statistique suivante du professeur
Durante, de Rome, publiée en 1895 :
fibromyômes 38
fibromes 4
Corps fibreux extirpés, 68 / myômes purs 4
fibromyômes avec dégénéres-
cence myxomateuse 4
De ces 68 corps fibreux, 50 ont été examinés au microscope avec
tous les soins possibles et on n'y trouva ni dégénérescence sarcoma-
teuse, ni coexistence de cancer.
Ces données anatomiques précises d'un côté et Taf firmation négative
de Richelot, de l'autre, démontrent que la dégénérescence maligne en
sarcome est très rare et que la coexistence du cancer avec le fibrome
est encore plus rare. Voilà ce qui est très intéressant à fixer.
Les autres modifications des fibromes, que par une mauvaise habi-
tude on taxe de malignes, telles que la tranaformation œdémnteuse, la
inniêformaUoH kystique, la torsion dujmlicule, si elles sont, en fait, des
3^28 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MEOIGALES DE PARIS
complications dangereuses, n'acquièrent cependant pas un carBCtèfre
de malignité, au point de tuer la malade sans être & temps pour
intervenir. Les symptômes des fibromes constituent aussi une grave
complication. Le plus redoutable est Thémorrhagie. Elle peut être
arrêtée par Véiectricité, par TergoUne, par les eaux thermales, etc., etc.
3'^ L'utérus myomateux est-il utile f — L'utérus atteint de fibromy6me
non dégénéré, qui n'est pas trop volumineux, ni hémorrhagique, ni
cause de douleur, n'est pas du tout un organe inutile ; il n'est point
une source d'infection, il n'est d'aucun danger. Au contraire, O
est utile pour la femme, pour la famille, pour la société et pour la
science.
Les fibromyômes petits, non hémorrhagiques, n'empêchent pas la
fécondation dans la majorité des cas.
La dernière statistique sur ce point est celle de Hofmeier, qne Ghro-
bak approuve ; elle donne 30 p. 100 de stérilité des femmes affectées
de fibromes utérins.
Doléris, dans un travail paru tout dernièrement, n'accepte pas cette
proportion. Il dit justement que le fibrome utérin est une affeetioa de
rage mûr; il apparaît, par conséquent, le plus souvent chez des
femmes qui ont pu concevoir alors qu'elles étaient indemnes de tout
néoplasme. Il ne faudrait donc tenir compte que: 1*^ des cas dans
lesquels la tumeur est apparue avant le mariage; 2« de ceux où la
tumeur a été constatée pendant la phase génitale active, pour n'ins-
crire que les événements de la période postérieure à son apparition.
Or^ de telles statistiques n'existent pas. Quoi qu'il en soit, Doléris, par
une foule de circonstances et par un sentiment personnel, croît qne la
proportion des ménages stériles dans les cas de myomatose chez la
femme doit être nécessairement majorée. Soit. Et admettons qne cette
proportion soit non du 30 p. 1 00, ainsi que Hofmeier et Ghrobak le
veulent, mais du 40 à 50 p. 100 comme Doléris veut. Eh bien ! il y a
toujours de 50 à 40 p. 100 de femmes qui peuvent avoir des gia»*
sesses. Mais on dit : toutes les grossesses dans les utérus myomafceox
n'arrivent pas jusqu'au terme physiologique. Oui, c'est vrai ; mais
beaucoup y arrivent.
Lusk écrit : « Les fibromes sous-muqueux s'opposent, le plus sou-
vent, à la fécondation, qui est, d'ailleurs, presque toujours suivie d*avor^
tcment dû à une métrorrhagie », et Parvin lui répond, que beanoonp
de femmes arrivent à terme. Doléris, tout en tenant le milieu, dit qne
la stérilité est fréquente ainsi que l'avortement et l'accouchement pré»
LA TORRE 329
mature . En tous cas, beaucoup de femmes peuvent avoir des enfants
à terme bien développés et vivants. J'ai pour mon compte plusieurs
exemples personnels d'accouchements à terme, ou presque à terme
spontanés et artificiels. Cette condition constitue une raison suprême
de bonheur pour Tindividu aussi bien que pour la famille.
En ôtant l'utérus à une jeune femme, on l'empêche de devenir mère,
de ressentir les joies de la maternité ; on détruit assez souvent avec
un coup de bistouri tout un poème d'affection, toute une source d'in-
térêts les plus vitaux. C'est pourquoi je pense que dans les cas où il
n'y a pas de troubles ni de dangers, où le fibrome est complètement
silencieux, il n'est pas bon de faire de la chirurgie à outrance.
La femme ne vit, en effet» que pour le désir de devenir mère ; pas
pour autre chose. Cela est tellement vrai que nous voyons assee sou-
vent des femmes supporter avec la plus grande énergie et courage de
très vives souffrances, des femmes qui subissent de graves opérations
pour le plaisir seulement d'avoir un enfant.
Rappelez à votre esprit la figure d'une madone de Raphaèl ou de
Murillo et vous verrez quelle douceur, quelle béatitude sur son visage
d*unc beauté divine pendant la contemplation de son enfant. Quelle
tristesse au contraire n'y a-t-il pas dans les traits d'une femme qui n'a
point d'enfant ou qui apprend qu'elle ne peut pas avoir d'enfants !
On pourrait mutiler une femme lorsqu'on serait certain qu'elle met-
trait au monde des enfants malades, incompatibles avec la vie, mal-
heureux. La loi de Sparte serait dans ces cas bien appliquée pour la
mère et pour l'enfant. Mais il n'est rien de tout cela, car les enfants
sont bien conformés, pouvant devenir des hommes illustres, des héros
pour la patrie, des bienfaiteurs de l'humanité.
Et puis l'hystérectomic n'est pas une opération innocente ; elle donne
toujours une mortalité de 10 p. 100 environ dans les mains des cliniciens
les plus habiles, par la voie abdominale (Fritsch, Schauta, Mangiagalli)
et de 6,25 p. 100 par voie vaginale (Mangiagalli). Outre la mortalité,
rhystérectomic détermine la stérilité et une foule de troubles nerveux.
C'est pour éviter tous ces inconvénients que le traitement conservateur
compte chaque jour plus d'adhérents, représentés par des chirur^ens
de la plus haute renommée.
n est évident donc que l'hy stéréotomie doit être enfermée dans des
bornes très étroites, puisque ni la nature du fibrome, ni ses symptômes
et ses transformations ne nous autorisent à pratiquer une intervention
ASm. Dl OTX. — VOU UT. 22
L
330 13" CONGRÈS DES SCIEKCES MÉDICALES DE PARIS
radicale . Elle n'est point justifiée dans tous les cas par la seule craintr
que le néoplasme puisse plus tard dégénérer.
Non, je le dis tout haut : l'hystérectomie pratiquée dans ces condi-
tions n'est pas un remède, mais elle est, ainsi que le dit Durante, an
crime. Ce n'est pas assez, non plus, pour nous imposer un acte opé-
ratoire radical, de nous dire que, grâce aux perfectionnements dans la
technique et les précautions antiseptiques, l'opération est devenue
plus facile et moins grave. Tout cela est bien, mais la mortalité
compte pour quelque chose.
Et quand même la mortalité de Thystérectoraie fût zéro, elle n'est
pas justifiée dans tous les cas ; même les opérations dites bonnes,
écrit Mangiagalli, iieuvent laisser des traces de souffrances physiques,
morales et sociales. Or, de même lorsqu'on cherche, avec mille consi-
dérations, à réduire la mortalité, elle est loin d'être zéro. Il lui semble
qu'une telle conduite est trompeuse et préjudiciable pour la dignité
de notre science, puisqu'une telle conduite démontre que nous nous
préoccupons plus du succès artistique et opératoire que de notre mission
humanitaire.
Il y a un autre point à considérer : le côté scientifique. L'obstétriqiio
et la gynécologie doivent être pratiquées aujourd'hui par la même per-
sonne ayant le même but, c est-à-dlre guérir les organes génitaux
malades et les conserver pour pouvoir accomplir leur sublime fonc-
tion. Agir autrement, créer, en somme, une science gynécologique el
une science obstétricale, exercées par deux personnes différentes, avec
deux tendances opposées l'une à l'autre, c'est mettre en pratique le plus
grand contresens, car la gynécologie enlève l'organe que l'accouclieur
a tout intérêt à garder, soigner et faire fonctionner à nouveau !
Extirper d'ailleurs tous les utérus myomateux sans tâcher de les
traiter, n'est point faire de la gynécologie rationnelle, scienUfîqae ; ce
n'est pas faire progresser la science. Si nos devanciers ne se torturaient
pas l'esprit pour trouver des remèdes aptes à guérir une maladie ou
s'ils avaient pu extirper tous les utérus depuis longtemps, la science
obstétricale n'aurait pas fait les grands progrès qu'elle a faits en théo-
rie, dans ses manuels opératoires, dans la fabrication des instruments
assez ingénieux ; nous n'aurions peut-être pas le forceps, l'opération
césarienne, la symphyséotomie et toute la série des remèdes qui ont
si puissamment contribué à sauver la vie à des milliers et milliers do
femmes et d'enfants.
En assistant & l'extirpation d'utérus atteints de petits fibromes qui
LA TORRE 331
ne causent pas d'hémorrhagies, qui ne dérangent pas les malades,
nous assistons à la mort de la gynécologie scientifique. Pourquoi, en
efiet, rechercher des moyens thérapeutiques contre les fibromes,* si on
doit enlever Tutérus myomateux ? A quels progrès ne sommes -nous
pas arrivés dans ces deux dernières années sur la structure et TétiolO"
gie des fibro-myômes ? Nous l'avons vu. Et cela pourquoi? Parce qu'on
pense justement qu'on ne doit pas extirper toujours Tutérus myoma-
teux et qu'il faut trouver ce que c'est que le fibrome pour le traiter.
Voulant tirer maintenant des conclusions, je m'ac(iuitterai en peu
de mots.
lo Les fibro-myômes de l'utérus sont de nature bénigne.
2<> La malignité de ces néoplasmes est tout h fait clinique, due aux
modifications qu'ils subissent et aux symptômes auxquels ils donnent
lieu . Cette malignité, quelle qu'elle soit, n'est pas telle qu'elle empê-
che une intervention utile et à temps.
S^* L'utérus myomateux n'c^t pas toujours dangereux, au contraire,
permet-il la fécondation dans un grand nombre des cas et Taccou-
chement spontané et artificiel à terme ou près du terme avec des en-
fants vivants et bien conformés ; il peut être très utile pour l'individu,
pour la famille, pour la société et pour la science.
i^ Les fibromes qui sont silencieux peuvent être respectés; ceux
qui causent des symptômes doivent être soignés par rélcctricité, Ter-
gotine, les eaux thermales, la myomectomie.
50 L'hystérectomie doit être pratiquée dans un très petit nombre de
cas, quand on ne peut pas faire autre chose.
L'hystérectomie donc pratiquée systématiquement dans tous les cas
de fibromes de l'utérus, quels que soient leur nombre, leur volume,
leur siège et leur condition anatomique, n'est pas rationnelle.
Oter le fibrome, ainsi que le veulent Ricard, Mangiagalli, Martin,
Pozzi, Segond, Laquerrière et tout dernièrement Ozenne et une foule,
d'autres chirurgiens, c'est bien, mais ôter toujours l'utérus, non. Gela
peut être nn crime moral et matériel.
Séance du 6 août (nuilin).
Cette séance a été entièrement consacrée à des projections
et à des démonstrations de pièces, faites par MM. Cullen (do
Baltimore) et Lbopold (de Dresde).
332 13* CONGRÈS DBS 6CIENCBS MBDICALB§ DE PARIS
Da diagnostic précoœ du cancer de l'ntâms.
— Thomas S. Cullen (Baltimore). — Cette communication con-
siste surtout dans des projections lumineuses des premières étapes do
cancer de l'utérus. L*auteur s'est trouvé dans des conditions éminem*
ment favorables d'observation, ayant pu examiner systématiquement
tous les cas qui se sont présentés au « Johns Hopkins Hospital > dorant
les sept dernières années.
U admet quatre variétés de cancer de Tutérus :
1) Carcinome du col à cellules squameuses;
2) Adéno-carcinome du col ;
3) Adéno-carcinome du corps ;
4) Carcinome du corps à cellules squameuses (très rare).
A propos du cancer à cellules squameuses, il traite succinctement du
néoplasme en chou- fleur précoce et décrit la transition graduelle de
répithélium normal à l'épithélium morbide.
Il consacre quelques mois à Fétude de radéno-carcinome da col,
particulièrement à celui qui évolue au voisinage de l'orifice interne ; en
d'autres termes, à celui dont le siège échappe à la vue.
La partie principale du travail est consacrée à l'étude de l'adéno-
carcinome du corps, parce que cette variété est plus traitable, et que son
diagnostic clinique est plus difficile. L'auteur fait passer sur Técran
des spécimens nombreux de carcinome au début et, entre autres, nn
exemple qui illustre bien les différentes phases du néoplasme. Immé-
diatement au-dessus de l'orifice interne, il y a des bourgeons comme do
petites épines, bourgeons qui, plus haut, sont fins et plus nombrenx,
au point que dans la portion supérieure de l'utérus ils arrivent a
recouvrir toute la surface utérine, et fusionnent de façon à constituer une
masse solide. L'auteur montre aussi des planches histologiques de ce
cas. Ces prolongements, ces fines pointes néoplasiques sont entièrement
formés de petits bourgeonnements épithéliaux, entourés d'une surface
épithéliale normale. Les traînées les plus larges contiennent un axe de
stroma et présentent quelques ramifications, tandis que les portions
les plus solides du néoplasme sont presque entièrement composées de
masses homogènes d'épithélium avec tout juste assez de stroma pour
assurer l'apport sanguin. Cullen montre encore des images, des refiro-
ductions de produits de raclage sur l'examen desquels fut édifié le
diagnostic ; dans un des cas le diagnostic fut posé sur la constatation
d'une petite masse de cellules atypiques. Un des points les plus intë-
LBOPOLD ^ 333
ressants fut la description des altérations des éléments cellulaires en
bordure de radéno-carcinome ; Tépithélium n*est pas normal, mais il
n*est pas cancéreux ; il présente des altérations qui ne se rencontrent
qu'au voisinage de Tadéno-carcinome. L'auteur consacre ensuite un
certain temps à Texamen du diagnostic différentiel, mettant en relief
un certain nombre de modifications anatomiques très intéressantes et
très suggestives, propres à Tendométrite. Il insiste aussi longuement
sur les dangers de confondre Tbypertrophie glandulûre et Fadéno-
carcinome.
Recherches sur rôtiologie du cancer et les blastomycètes pathogènes.
— Léopold (Dresde). — L'orateur a continué jusqu'à présent, les
recherches qu'il avait commencées au printemps 1894 avec le
D*" Rosenthal, son assistant à cette époque, sur la composition du tissu
carcinomateux, à l'aide de pièces fraîches, afin de réussir à trouver
l'agent du carcinome.
Déjà en 1894 et 1896 ils avaient été trouvés dans du carcinome frais,
les petits corps vitrés qui se rencontrent dans les différents carci-
nomes et qui ne peuvent être confondus avec des cellules, des cocci
ou d'autres parasites ; on observait d'une manière régulière et nette
leur reproduction.
Les pièces fraîches de carcinome, principalement, étaient examinées
dans une gouttelette et dans des milieux stériles à l'aide d'un micros-
cope chauffé, construit dans ce but ; ce microscope était installé de
teUe façon que l'on pouvait observer immédiatement les préparations
fraîches de carcinome et au delà de deux cents jours, sans qu'il soit
possible d'y déceler le moindre agent de putréfaction . On voyait les
alvéoles occupant la première ligne (avant-postes) remplis de petites
boules brillantes transparentes qui rappelaient les blastomycètes
connus jusqu'à présent. Peu à peu on réussit à obtenir des cultures
de blastomycètes provenant de carcinome humain, ainsi que des
tumeurs développées expérimentalement chez l'animal par des implan-
tations de carcinome humain et de cultures de blastomycètes.
Plus de cent carcinomes, surtout de l'utérus, des ovaires, des trompes,
du sein, du péritoine, etc., furent successivement pris pour ces
recherches.
Les carcinomes ulcérés furent totalementexclus, par principe. L'exa-
men des pièces ne comprenait que les parties le plus en avant dans
334 13*^ CONGRÈS D^ SCIENCES MEDICALES DE PABIS
l'organe (avant-postes). L'observation suivait immédiatement après
l'opération^ dans un liquide stérile, avec des instruments et des objets
stériles. Le matériel recueilli au cours des opérations était aussitôt
enveloppé de gaze stérile et préparé pour Texamen, le plus vite pos-
sible après rintervention .
Le microscope, que l'on peut chauffer, est construit de telle façon
que l'on y maintient une température constante de 37<>,5 à 38*^. Il
était ainsi possible d*étudier des pièces fraiches suspendues dans du
bouillon stérile, du sérum sanguin stérile, ou bien de Teau salée bouil-
lie, et cela plusieurs jours de suite 'jusqu'à deux cents jours el an
delà) à la température constante du corps humain.
Le tissu carcinomateux frais n'était pas seulement examiné dans no
liquide nutritif stérile, mais aussi, d'après Busse et Sanfelice, dans une
solution de soude et de potasse caustiques. Les biaslomycètes ne
sont pas modifiés dans ces milieux.
Pour l'ensemencement de cultures on n'employait que du tissu car-
cinomateux frais après avoir vérifié la pureté à l'aide d'une gouttelette.
C'est la gélatine légèrement acidifiée qui s'y prêtait le mieux.
Pour l'inoculation à des animaux, on introduisait principalement du
tissu frais (provenant des parties qui sont le plus en avant, les avant
postes) dans la cavité abdominale de rats, de cochons d'Inde et de
lapins ; plus tard on injecta également des cultures de blastomycète^
qui avaient été prélevées sur des carcinomes humains^ en partie dans
la cavité abdominale, en partie en injection sous-cutanée, dans les tes-
ticules et les mamelles de rats, de lapins et de cochons d'Inde.
En outre, on soumit également, pour démontrer l'existence de:»
blastomycèles, du tissu carcinomateux frais à la fermentation alcoolique
en dissociant finement de petits fragments de carcinome frais dans du
bouillon stérile et une solution stérile de sucre de raisin dont le
mélange était x)la(^.é dans un verre en U. Après un certain temps on
pouvait constater, dans ce mélange contenant des blastomycètes, la
présence d'alcool qui s'était forme dans le vase aux dépens de la
solution sucrée.
Enfin, il faut également faire des recherches microscopiques sur des
fragments de carcinomes durcis . Mais elles réclament la plus grande
circonspection et ne permettent de tirer aucune coficlusiou certaine sans exa-
men de pièces fraîches, sans ensemencement et sans production de cuitttres.
C'est avec l'hématoxyline et la fuchsine phéniquée que la coloration
réussit le mieux.
LKOPOLD 335
Yoîcî les obâcrvations que Ton put faire à Toide de ces procédés :
P On voyait, dans le tissu frais, suspendu |au milieu d'une goutte-
lette, et cela dans presque chaque néoplasme malin, des éléments bril-
l8nts,|en partie ronds, en partie en forme de biscuit, dont on pouvait très
bien constater la reproduction et la c segmentation ». Ces éléments, qui
n'étaient pas à confondre avec des cocci ou des cellules dégénérées, ne
pouvaient être considérés que comme des blastomycètes par le fait
qu'ils n'étaient pas modifiés dans une solution de soude et de potasse
caustiques, d'acide chlorhydrique et d'acide nitrique.
Après beaucoup d'essais on parvint à obtenir d'un tissu carcînoma-
teux frais de quatre néoplasmes malins de l'homme des cultures pures
de blastomycètes et, en premier lieu, d'un cancer de l'ovaire après le
quatrième ensemencement ;
2^ D'un carcinome bilatéral des ovaires, après le sixième ense-
mencement ;
30 D'un cancer du sein et des ganglions de l'aisselle après le sixième
ensemencement ;
4<» D'un cancer de l'utérus après le troisième ensemencement;
Dans plusieurs cultures on voit des blastomycètes se présentant sous
forme de cellules régulièrement rondes, parfois ovales, d'une gran-
deur de 1 à 3 d, avec un noyau central ou périphérique.
Quant à ce qui concerne l'inoculation du tissu cancéreux frais à l'ani-
mal, il est tout à fait important de rappeler qu'un lapin, à qui l'on
avait inoculé du tissu carcinomateux frais, en 1834, dans la cavité
abdominale, a succombé quatre ans après. Le foie et les poumons
étaient remplis de plusieurs noyaux, atteignant la grosseur d'une noi-
sette, gris blanchâtre, et qui se présentaient à l'examen microscopique
comme une nouvelle formation épithéllale absolument atypique et
contenant une grande quantité de blastomycètes.
On réussit aussi à inoculer & des animaux des blastomycètes, qui
avaient été prélevés sur du carcinome humain. On injecta à un rat,
dans les testicules, une culture de blastomycète diluée dans du bouillon
stérile. L'animal mourut cent cinquante- neuf jours après. La cavité
abdominale était remplie d'ascitc sanguinolente et d'une grande quan-
tité de noyaux, de la grosseur de granulations miliaires jusqu'à celle
de petits pois, qui se présentaient comme des cellules géantes de sar -
corne à l'examen microscopique et contenaient im grand nombre de
blastomycètes.
Ou peut également prélever de ces noyaux des cultures de blo&lo-
336 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
mycètes aussi pures que cellçs qui avaient été obtenues pour le carci-
nome humain.
Voici donc la chaîne d'expériences que M. Léopold possède jiiâqn%
présent :
lo Dans un cancer de Tovaire, frais, furent trouvés des blastomy-
cètes ;
2» On peut obtenir des cultures pures de blastomycètes, de ce Ubsh
carcinomateux frais ;
3o L'injection de cette culture pure dans les testicules d'un rat per-
mit de découvrir un grand nombre de noyaux péritonéaux, auj^quels
l'animal succomba, ainsi qu'une masse de blastomycètes dans l€&
pièces fraîches comme dans les pièces durcies ;
4^ Les blastomycètes, prélevés sur ces noyaux récents donnent
encore des cultures pures.
En conséqucnce^il n'y a plus de doute que les blastomycètes peuvent
être la cause de néoplasmes malins chez l'homme et que, inoculés de
l'homme à l'animal, ils donnent également lieu à un néoplasme chez
les animaux, néoplasme auquel doit succomber le porteur.
Séance du 7 août {mcUin).
Thérapeutique chirurgicale du prolapsus atéro- vaginal.
— F. Terrier (Paris). — L'abaissement de l'utérus, avec ou sans
cystocèle et rectocèlc, forme, comme le dit Trélat (1), un ensemble
de lésions assez caractéristiques et justiciables de la chirurgie.
Gomme le remarque Pozzi (2), il s'y joint souvent l'hypertrophie et
l'allongement du col utérin.
Sans nous arrêter sur l'éliologic et l'anatomic pathologique de ces
lésions, nous ferons remarquer cependant qu'elles peuvent être divi-
sées en un certain nombre de catégories :
lo La procidence du vagin seule, se subdivisant en cyilocèle et recto-
cèle ;
(1) M. Trélat. Leçons sur le prolapsus des organes g éMtaux de la femme ^
Annales de gynécologie, t. XXIX, p. 321.
2} S. Pozzi. Traité de gynécologie, ch. III, p. 657-558, 3« édit., 1897.
TERRIER 337
2o La procidence du vagin, ayecprolapsus utérin et élongation hyper-
trophique primitive ou ucondaire de la portion sus-vaginale du col ;
30 La procidence de Tutérus et du vagin sam hypertrophie du col.
Mais là ne se bornent pas toujours les accidents des prolapsus géni-
taux chez la femme. Souvent on observe du côté de Futérus, et plus
encore du côté des annexes, des lésions qui viennent singulièrement
compliquer les choses et entraver la guérison de ces infirmités véri-
tables.
Le traitement chirurgical est de beaucoup préférable au traitement,
dit palliatif, par les pessaires ; ce traitement trop souvent n*est non
seulement pas palliatif, mais aggrave la situation des malades ; nous
l'avons observé nombre de fois.
Le chirurgien doit se proposer : lo soit de constituer aux parties
prolabées un point d'appui du côté vaginal, vulvaire et périnéal ;
2^ Soit de soulever et maintenir en haut l'utérus ;
30 Voire môme l'ablation totale ou partielle de l'utérus prolabé (hys-
térectomie) .
A cet égard nous ferons remarquer de suite que l'hypertrophie sus-
vaginale du col, étudiée surtout par Huguier, ne nécessite pas autant
qu'on peut le croire l'ablation du col malade. S. Pozzi considère cette
ablation comme une sorte d'opération préliminaire, tout à fait néces-
saire, ce qui ne nous semble pas démontré absolument, comme nous
le remarquerons plus loin.
D'habitude le chirurgien, qui se propose de traiter un prolapsus
génital chez la femme, commence par s'efforcer de constituer un point
d'appui inférieur, en agissant sur le col, les parois vaginales et le
périnée.
On pratique donc soit l'ablation sus-vaginale du col, s'il y a lieu ;
puis la colpo-périnéorrhaphie, par les divers procédés connus ou plutôt
vulgarisés de Hegar, Martin, Lawson Tait, etc.
Le procédé utilisé dépend surtout de préférences individuelles, je
n'y insiste pas.
Est-ce à dire que les résultats obtenus ont toujours été excellents ?
Nous ne le croyons pas, et ne voyons-nous pas le professeur Léon
Lefort préconiser et exécuter le cloisonnement du vagin, pour com-
battre le prolapsus utero- vaginal.
Certes, cette méthode n'a pas rencontré beaucoup d^imitateurs ; mais
elle prouve que l'on a cherché à perfectionner et à rendre plus effi-
caces les procédés déjà connus et généralisés. Si le point d'appui
338 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DR PARIS
inférieur tient et maintient les parties, le chirurgien devra se trou\^er
très satisfait et peut arrêter là son plan opératoirç.
Biais j'ai souvent constaté qu'il n'en était pas ainsi, et rinsaffisance
de ce point d'appui inférieur n*a pas l)esoin d'être démontrée, eu par-
ticulier quand les lésions utérines s'accompagnent d'hypertrophie du
col, de déviation plus ou moins immobilisée par des adhérences, de
lésions annexicUes et péri-utérines telles que des salpingites, faciles à
développer par suite des métrites liées presque. fatalement au prolap-
sus un peu accusé.
Dans ces cas on s'est efforcé de soulever l'utérus ou de le fixer en
haut. On fait VAlquié-Alezander^ opération fort discutable, ou mieux.
selon moi, lagastro^hystéropexie.
S. Pozzi croit que l'hystéropexie n*a aucun avantage sur le raooour^
cissement des ligaments ronds (Alquié-Alexander). Je suis loin de
partager cette opinion, et voici surtout pourquoi : c'est que l'hystéro-
pexie permet de pratiquer un examen parfait de la cavité du bassin,
de l'utérus et de ses annexes.
Tout en fixant l'utérus, on peut détruire des adhérences, s'il est en
rotroflexion ; sacrifier un ovaire ou les deux, s'ils sont lésés ; examiner
les trompes malades, et les traiter en conséquence ; enlever un mydme
utth'in, passé inaperçu.
Pour nous, donc, l'hystéropexie n'est pas & comparera oette autre
opération destinée à redresser l'utérus, voire même & le mùntenir en
place. Car, je le répète, elle permet d'abord l'examen des parties par
la cavité abdominale ; puis elle remédie aux complications péri-uté-
rines et péri-ovariennes ; enfin elle fixe en haut l'utérus abaissé.
Pratiquée seule, nous ne croyons pas qu'elle soit suffisante dans
bien des cas ; mais combinée aux opérations du col, du vagin et du
périnée, elle nous a donné d'excellents résultats.
Seulement nous n'avons pas procédé comme le conseillent la plupart
des gynécologistcs, au moins les classiques.
Le premier temps de notre intervention a été la laparotomie explo-
ratrice sus-pubienne, afin de liquider la question des adhérences, des
versions ou flexions, des inflammations péri-utérines et péri-oN'a-
riennes.
Cette laparotomie est suivie de l'hystéropexie abdominale.
Ceci acquis, nous soumettons nos malades à un repos au lit d'au
moins trois semaines. L'opération de la fixation qui élève l'utérus et
le repos ont souvent pour résultat un fait très appréciable et très
BBfiRLIN 33d
apprécié : cVst la diminution du volume de Tutérus et, par conséquent,
de la fameuse hypertrophie susvaginale d'Huguier.
Gomme je l'ai déjà dit, cette première opération n'est pas suffisante
et notre 1**^ observation le démontre parfaitement,
Aussi procédons-nous aussitôt que possible à la2<^ opération, c*est-
à-dire à Topération plastique vagino-périnéale.
Il faut d'autant plus Insister sur ce point que la fixation de l'utérus
soulage tellement les malades que celles-ci ont peine à accepter une
seconde intervention qui leur paraît, à tort, superflue.
Ce qui, nombre de fois, peut être évité, c'est la résection de la por-
tion susvaginale du col — primitive ou secondaire, dit-on, — pour
nous toujours secondaire et due au prolapsus.
En résumé, dans ioxxi prolapsus utéro-raginal je conseille pour obte-
nir un bon résultat persistant :
1<» La laparotomie exploratrice — permettant l'examen du bassin, de
l'utérus et des annexes — suivie de l'hystéropexie abdominale anté-
rieure ;
• 2° La colpo-périnéorrhaphie antérieure ou postérieure, avec périnéor-
rhaphie, comme opération nécessaire ultérieure maintenant le résultat
primitif obtenu par la fixation de l'utérus à la paroi abdominale
antérieure.
De ropération d'Alqulô, Alexander, Adams pour le traitement des
rétro-déyiations mobiles des prolapsus utérins.
— A. Eberlin iMoscou). — L'opération proposée en 1810 par
Alquié et réalisée pour la première fois sur le vivant par Alexander
ne put pendant longtemps obtenir droit de cité en gynécologie.
La cause en était l'étude insuffisante de la technique ; il en résultait
une recherche infructueuse du ligament ou sa rupture pendant l'opé-
ration, et, comme résultats opératoires, des récidives de la maladie ou
des hernies inguinales. Pendant que d'autres méthodes opératoires,
comme l'hystéropexie abdominale antérieure, la vagino-fixation, la
vésico-fixation, etc., étaient bien répandues, l'opération d' Alquié était
tombée un moment presque dans Toubli. Mais elle est entrée dans la
seconde phase de son évolution depuis que, après avoir bien étudié la
technique, on a commencé, pour la recherche du ligament, à ouvrir le
canal inguinal (Edebohis ( l),Kocher(2),en Russie les professeurs Snégui-
rew et Goubarew) (3), et qu'une série de recherches anatomiques ont
340 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
démontré que le ligament rond existait toujours et était assez déve-
loppé pour pouvoir maintenir la matrice dans la position régulière
qu*on lui donnait (Manrique (4), Beumierj (5). Le raccourcissement
extra-péritonéal des ligaments ronds utérins, l'opération d'Alquié,
Alexander, Adams est beaucoup moins dangereuse que les autres
méthodes opératoires où Ton ouvre la cavité péritonéale ; en outre,
comme Texpérience clinique le démontre, elle n'entraîne pas pendant
la grossesse et les couches les complications quelquefois dangereuses
que Ton observe à la suite d'autres opérations, ses rivales. Avec cette
opération il est le plus facile de donner à la matrice une position font
h fait régulière, pourvu qu'on ne raccourcisse pas trop le ligament,
ce qu'il est impossible d'obtenir dans l'hystéropexie ou vagino-vésioo-
fixation où une position défectueuse est remplacée par une autre non
moins irrégulière ; l'opération d'Alquié corrige, en outre, la position
des ligaments larges en masse et, simultanément, la situation des
annexes si elles sont abaissées, sans aucunement troubler la fonction
vésicale, h condition que l'on ne dépasse pas les limites du raccourcis-
sement nécessaire et que l'on ne crée pas d'antéversion pathologique.
Étant données les études complètes faites dans ces dernières années, cm
peut dire que si, x)endant l'opération, on ouvre toujours le canal
inguinal, c'est-à-dire si on incise l'aponévrose du muscle grand oblique,
il est impossible, avec une certaine habitude, de manquer le ligament
Je dis avec une certaine habitude, car un débutant risque de ne pas
trouver le ligament : c'est que, en effet, des exercices préalables sur
les cadavres sont nécessaires et il vaut mieux avoir fait soi-même
cette opération, ne fût-ce qu'une fois, que d'avoir vu les autres opérer
plusieurs fois. Si les uns considèrent le premier acte de l'opération,
c'est-à-dire la recherche du ligament, comme très difficile, et d'autres
très facile, je crois, moi, que la vérité est entre les deux et pamii
toutes les conditions spécifiées par différents auteurs pour la re-
cherche la plus sûre et la plus rapide du ligament, il faut en retenir
deux : 1) une connaissance approfondie de Tanatomie topographique
du canal inguinal ; 2) l'ouverture de l'aponévrose du grand oblique.
Le succès de ce premier acte est complètement assuré depuis que les
gynécologistes chirurgiens, au lieu de chercher le ligament à l'orifice
externe du canal, ont commencé à ouvrir le canal lui-même.
Vient ensuite le deuxième acte opératoire, la séparation du ligament
d'avec les tissus environnants, lequel acte est également perfectionné
à présent bien suffisamment. Si, auparavant, le ligament se déchirait
EDERLIN 341
si souvent pendant sa séparation, c'est (mrce que l'on prenait le bout
périphérique, le plus mince, mais depuis que Ton a commencé à
ouvrir le canal inguinal et à isoler la partie centrale, l'épaisse, du liga-
ment, les cas de rupture sont devenus extrêmement rares, surtout
si Ton se sert, pour maintenir le ligament, de doigts au lieu d'instru-
ments : la direction centripète, si l'on peut ainsi dire, a rendu ici un
grand service. Mais ce n'est pas tout. Nous devons particulièrement
prêter notre attention au moment terminal du deuxième acte de cette
opération, savoir : à la séparation du ligament rond d'avec le conus
peritonei. Pendant mes recherches sur plus de 40 cadavres (aux deux
hôpitaux de la ville et aux salles d'anatomie de l'Université de Moscou
qui avaient pour prosecteur M. Goubarew, actuellement professeur d'obs-
tétrique et de gynécologie), j'ai pu me rendre compte qu'il était solide-
ment fixé au ligament rond, dans la région de l'orifice interne du
canal inguinal, un prolongement de fascia transversalis appelé par le
professeur Goubarew fascia infwuUhnliformU ligam.rotundi uteri. Étant
la continuation du fascia transversalis qui couvre le péritoine pariétal,
ce prolongement, à l'orifice interne, passe dans le canal inguinal où il
couvre sur une certaine étendue le ligament rond sous forme d'un
entonnoir qui se rétrécit vers l'orifice externe du canal. La portion la
plus épaisse de cet entonnoir se trouve au demi-anneau interne (6).
Pour découvrir ce fascia infundibuliformis il faut séparer toutes les
couches de la paroi abdominale jusqu'au fascia transversalis, et attirer
dedans (vers la ligne médiane) le sac péritonéal avec tous les viscères
y contenus. En faisant l'opération d'Alquié sur le cadavre et en con-
trôlant le résultat par la laparotomie, je me suis persuadé que si forte-
ment que l'on tende le ligament rond, l'utérus n'abandonne pas la
rétroposition, situation habituelle au cadavre placé sur le dos, tant que
l'on n'ouvre i)as le conus peritonei avec le fascia infundibuliformis
qui le couvre. Autrement, lorsqu'on tire sur le ligament rond, le pro-
cessus iafundibuliforme, se tend et l'on voit à travers le mince péritoine
transparent le fascia transversalis se tendre suivant toute la ligne
innôminée et au-dessus; quant à l'utérus, il reste, comme avant, en rétro-
position. Mais si l'on sépare avec soin le fascia infundibulif orme d'avec
le ligament rond, le péritoine pariétal se détache facilement comme un
doigt de gant, du péritoine viscéral, qui revêt le ligament; il s'en
faut que le péritoine soit toujours blessé dans ce cas. Ces particularités
anatomiques constituent, j'en suis convaincu, le- point capital dans la
342 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
question de la meilleure technique opératoire ; quant aux autres détails.
ils n^ont pas, sauf la réunion soignée de la plaie suivant le procédé de
Bassini, de bien grande importance. En effet, il faut, pour le succès
opératoire, que les cornes utérines soient relevées et rapprochées de la
paroi abdominale, mais on ne le peut obtenir qu'en coupant le conii>
peritonei avec le fascia infundibuliformis (comme le propose Hein-
rich) (7), ou en séparant avec des ciseaux le fascia infundibuliformis
et en écartant avec les doigts le péritoine pariétal (ainsi font les pro-
fesseure Snéguirew, Gouborew, et moi dans bien des cas). Ici je dois
faire remarquer que parfois, malgré toutes les précautions prises, le
péritoine pariétal, en se déplaçant, se déchire : peut-être est-il alors
fortement adhérent au péritoine viscéral. Mais le malheur n'est pos
grand : avec Tasepsie, condition mie qua non de toute opération, les
déchirures péritonéales sur une petite étendue ne présentent aiicuii
danger. Il n'en est pas de même des cœliotomies où on ouvre la cavité
abdominale.
En rapport avec la séparation plus ou moins parfaite du ligament
rond dans la région du conus peritonei se trouvent, selon nous, la
question de récidives et celle de hernies. Ainsi Rumpf et Kummel n*out
pas rencontré une seule récidive sur un très grand nombre de cas revu^
longtemps après l'opération. Moi, sur 24 cas, je n'ai eu qu'une récidive
(cas 6) et cela dans un cas où le ligament rond n'avait pas été bien sépan*
d'avec le conus peritonei et où une tendance pour retroversio uleri a
déjà été notée, dix jours aiirès l'opération, aussitôt l'anneau enlevé. Ce
cas unique ne fait que confirmer la règle générale.
La question de hernies s*y rattache intimement. En opérant sur le
cadavre on peut voir que le ligament rond, étant tendu, tire le péri-
toine qui, en faisant saillie dans le canal inguinal, y force le conus
peritonei, et du côté de la cavité abdominale, la partie concave de Tcu-
tonnoir,qui prédispose aux hernies. Voilà pourquoi, lorsqu'on opérait
suivant le procédé d'Âlexander, sans tâcher de se débarrasser du conus
peritonei, la complication de hernie n'était pas bien rare, surtout que
les tissus n'étaient pas réunis par des sutures henné tiqnes dans la
région de l'orifice interne. Mais à présent où l'on isole avec soin le
ligament d'avec le conus peritonei et on suture les tissus selon le
procédé de Bassini, il ne peut être question de heniie. Rumpf (8«,
Kummel (9) et d'autres qui disposaient d'un grand nombre de cas revDs
ultérieurement, n'ont jamais observé de hernie malgré plusieurs gros^
sesses passées et je suis complètement d'accord avec Rumpf lorsqu'il
EBBRLIN 343
^dH; que si l*on réunit soigneusement comme le préconise Bassini, la
région en question sera après l*opération encore plus garantie contre
toute hernie qu*avant. Zweifel (10) a vu, sur 136 cas, deux fois seu-
lement, des hernies et justement là où le conus peritonei n*avait pas
été ouvert, et, par contre, il n'y a pas eu de récidive de hernie après
une herûiotomie faite en même temps que le raccourcissement des
ligaments. De pareils cas heureux de herniotomle ont été observés par
Fritsch (11) (2 fois).
Je ne m'étendrai pas sur Tinfluence qu'a l'opération sur la marche
de la grossesse et du travail, ni sur la possibilité de récidive après
les couches. Tous les auteurs sont unanimes que l'opération d'Alquié-
Alexander n'influence en rien le cours normal de la grossesse et du
travail, sinon des douleurs que les femmes n'accusent que rarement
dans la région de la cicatrice pendant la deuxième moitié de la gros-
sesse. Si l'on observait parfois des fausses couches ou des accouche-
ments prématurés, l'étude impartiale de chaque cas montrait toujours
que l'opération faite antérieurement n'était pour rien dans l'interrup-
tion de la grossesse. On n'a pas vu non plus de récidive de maladie
même après des grossesses réitérées (Alexander, Rumpf, Kûmmel et
beaucoup d'autres). Mes observations personnelles le confirment parfai-
tement. Mais avant de les citer, je dirai qu'en Russie l'opération d'A-
lexander se pratique, avec la modification moderne, c'est-à-dire 9vec
l'ouverture du canal inguinal, surtout à Moscou, par le Prof. Snéguirew,
Goubarew, parlesD<^ Chalafow et Savinow (à l'hôpital Schérémétiew),
enfin par moi à l'hôpital Galitzine. Tous les auteurs cités sont très
satisfaits des résultats obtenus. Depuis 1897, où j'avais commencé à
faire cette opération, je compte jusqu'au mois dernier 24 cas, dont 15
cas de rétrodéviation et 9 cas de prolapsus. L'âge des malades était
de 20 à 47 ans. Les symptômes les plus constants delà rétrodéviation
étaient, d'après mes observations, de la dysménorrhée et des douleurs
dans la région sacrée. Sur ces 24 malades, ô n'ont jamais eu d'enfants,
une a eu une fausse couche, et les autres 18 ont eu 1-6 grossesses.
Presque toutes les malades se sont fait soigner, avant l'opération, par
les pessaires, le massage, etc., mais ne voyant pas d'amélioration, sont
venues à l'hôpital pour subir l'opération . A certaines malades avant le
raccourcissement des ligaments, j'avais fait le curettage, la discission
du col conique, etc. et dans le prolapsus la colporrhaphie antérieure
et postérieure, l'opération de L. Tait. Les suites post-opératoires étaient
les meilleures : dans 22 cas il n'y a pas eu d'élévation de température ;
344 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
21 fois une légère suppuration. Toutes les opérées guéries ont été
revues après Fopération, 19 malades dont :
5. au bout de 2 — 3 ans.
2 — 1 — 2 ans.
6 — 5 — Tmois.
6.... — 1 — 4mois.
L^opération a produit cliez toutes Tef fet le plus favorable sur les
symptômei^ tels que dysménorrhée, dyspareunie, mal aux reins, cons-
tipation. Cinq malades sont devenues enceintes bientôt après Topera-
tion ; une d'elles avait été stérile pendant cinq ans. Chez une des
opérées il y a eu une fausse couche par cause accidentelle (intoxication I.
Les 4 autres sont accouchées à terme d'enfants vivants ; une d'elles est
même accouchée 2 fois. L'accouchement s'est toujours bien passé sans
intervention obstétricale et l'utérus, plusieurs mois après, avait tonjours
chez elles sa position normale.
Pour ce qui est de la technique opératoire, je ne dirai que brièvement
que j'ai toujours ou vert le canal inguinal à son orifice interne et séparé
avec soin le prolongement du fascia transversalis d'avec le ligament
parfois à l'aide des doigts, plus souvent aux ciseaux; quelquefois
j'ai pu le faire sans blesser le péritoine, mais dans la plupart des cas
ce dernier se déchirait.
Pendant la suture (un seul étage de fils de soie pour toutes les cou-
ches) j'ai tâché de prendre le péritoine pariétal avec.
J'ai enlevé les fils le huitième jour. Les malades gardaient le lit
pendant une quinzaine; les premiers jours elles recevaient de Topinm.
Dans mes premières opérations, j'avais l'habitude de mettre immédia-
tement l'anneau de Hodge, que je retirais à la sortie des malades ;
ensuite j'ai cessé d'employer le pessaire, et à l'heure qu'il est, dans le
but de bien fixer la matrice et d'empêcher la tension des ligaments
ronds pendant les vomissements, la toux, etc., j'introduis, aasaitdt
l'opération terminée, dans le cul -de-sac antérieur, un tampon vaginal
que je retire au bout de deux jours.
Vu la nécessité d'isolçr le ligament à l'orifice interne du canal
inguinal j'ai tâché dans tous les cas d'immédiatement tomber sur
l'orifice interne où précisément j'ouvrais le canal inguinal. Gomme il
n'existe pas de point de repère pour l'incision cutanée, je me guidais
pour cela sur la connaissance de la topographie de la région à la suite
des recherches sur le cadavre mentionnées plus haut. Il arrivent de trou-
BBBRLIN 345
ver d*iin côté rapidement le ligament et de Tautre après de longues
recherches seulement, après quoi on s'apercevait que les incisions
n'étaient pas symétriques. Encore en 1887, Zajaitzcky (12) voulant la
symétrie des incisions, avait proposé un instrument mensurateur, à
l'aide duquel on pourrait diriger les deux incisions sous le même
angle ; mais cet instrument, qui n'est resté que sur le papier, l'auteur
lui-même l'avait bientôt trouvé inutile (13) ; en effet, il ne suffit pas
que les deux incisions soient symétriques, mais il faut que chacune
d'elles corresponde à la direction du canal inguinal, sans que l'on soit
obligé de rechercher le tubercule, lequel est presque impossible à
sentir chez les sujets gras.
L'instrument dont je me sers avec avantage et que j'ai l'honneur de
vous montrer sert à donner une bonne direction à l'incision cutanée. Je
l'ai appliqué dans mes derniers 8 cas avec succès : 2-3 minutes après
l'incision cutanée faite, je trouvai le ligament.
Il reste trois voies pour la recherche du ligament : 1) On peut mettre
à nu l'orifice externe du canal inguinal et de là ouvrir ce dernier.
2) On peut, sans chercher l'orifice externe, couper suivant la concavité
du ligament de Poupart et de là arriver au ligament. 3) On peut, enfin,
ouvrir le canal inguinal à son orifice interne. Tous les chemins mènent
à Rome, c'est-à-dire au ligament rond. Bien que moi, j'aie choisi le
troisième, je dois dire que le choix importe peu, pourvu que le chemin
préféré soit bien étudié.
Quelques mots sur les indications de l'opération. L'expérience m'a
appris que larétrodéviationmobUe non compliquée d'inflammation des
annexes, du tissu celluldre et du péritoine pelvien donnait assez
souvent lieu à des symptômes pénibles, et si dans ces cas le massage,
ni les pessaires ne produisent d'effet, l'indication de l'intervention
chirurgicale est hors de doute.
En me basant sur les données bibliographiques et sur mes propres
observations, je me permets de formuler les conclusions suivantes :
1) De toutes les méthodes opératoires, employées pour le traitement
des rétrodéviations mobiles et du prolapsus utérin, le raccourcissement
des ligaments ronds à travers le canal inguinal est la plus rationnelle,
parce qu'elle est de toutes la moins dangereuse et qu'en môme temps
fait disparaître sûrement et complètement la maladie en question.
2| L'opération réussit toujours, avec une technique bien conduite.
3) La voie la seule sîirc pour rechercher le ligament rond c'est de
découvrir le canal inguinal.
A1VS, OX OTK — YOL. UV. 23
346 13^ CONÇUES DES SCIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
4) L*opéraiion ne donne lieu à aucnne complication ni obstacle pour
les grossesses et les accouchements ultérieurs et ces derniers ne dimi-
nuent en rien le résultat opératoire.
5) Lorsque Ton a bien soin de réunir méthodiquement dans la {daie
les couches sui>erposées, le danger de formation consécutive de hernie
n'existe pas.
6) La séparation attentive du ligament rond d'avec le cône péritonéal
dans l'orifice interne du canal inguinal est d'une importance capitale
pour assurer le succès de l'opération et pour éviter la hernie consécu-
tive.
7) Il serait à désirer que les auteurs donnassent le plus de rensei-
gnements possible relativement aux résultats éloignés de l'opération.
Bibliographie. — (1) Edblbbhl. New-York med. jounu, 1890. Oci.
11. — (2) KOCHBB (Lanz). Arohiv fur Gynakol., 1894. — (3) SKEGUinBW
et GoUBABBW. y. Les hémorrhagies titérines, par le profesaeur Snégnirew.
3° édition. — (4) Mankiqub. Étude sur V opération d'Alexand^r^ Paris, 1885.
— (5) Beubnibb. Ligapwntê ronds de Vutéru^, Paris, 1886. — (6) V. le
dessin V du chapitre d'auatomie dans Les hémorrhaçies utérines par le
profesHeur Snéguirew, 1900. — (7) Hbinbioh. Centr. /. Ofn. N. 26.
1897. — RUMPP. Archiv, fur Gyit,, 1899. p. 424, u. 460. — (9) KUSMHEL
(Schultï). Beitrâge zur klin. Chirurgie, Bd 23, Heft III, 1899. — (10)
ZWBlFEL (Erœnig et Fenohtwanger). Monatssehr, /. Oeh. «. Oyn,^ 1900.
Bd XI, Heft 4. — (11) FaiTSCH. Cefdr. /. Qyn. N. 3, 1897. — (12)
Zajaitzckt. Travaux de la Société d'obstétr. et de gyn, de Mo9C€m^ 1^7.
— (18) Revue de Médecine (Russie), 1889, n* 1.
Rétrodéviations et hystéropexie vaginale.
— Foupniep (Amiens). — Le travail que voici est destiné &
signaler l'importance en gynécologie des rétrodéviations utérines el
à préciser les indications de l'hystéropexie vaginale : c'est le compte
rendu de mon opinion personnelle, basée sur ma pratique de la gyné-
cologie.
I. Rétrodéviations. — Un quart des femmes atteintes d'affections
génitales, ont de la rétrodéviation de l'utérus. Ce déplacement de
l'utérus est le plus dangereux qui se puisse rencontrer, car il déter-
mine très souvent des complications inflammatoires graves, utero-
annexielles. Si les femmes qui en sont atteintes ne souffrent pas
encore, on les néglige ; si elles souffrent peu, on leur applique des
FOunNiEn 347
pessaires ; si elles souffrent trop, ou enlève leurs organes. Telles
sont les 3 phases par lesquelles elles passent consécutivement, telle
est la thérapeutique surannée qu'on leur applique trop fréquemment.
Indifférence, pessaires, hyslérectomie, voilà les moyens trop souvent
encore employés. Permettez-moi de vous rappeler la marche de ces
rétrodéviations.
Dans une première phase, [ias de douleurs, l'utérus est mobile, la
malade ignore souvent son affection. Gela peut durer des mois et des
années, car il suffit qu'aucun germe nocif ne pénètre dans la cavité
utérine. Malheureusement ces microbes, plus ou moins pathogènes, se
rencontrent souvent et l'utérus renversé, plié à Tenvers, devient pour
euic un terrain si favorable qu'ils y cultivent volontiers ; si bien que
la métrite nous apparaît comme la compagne presque obligée de ces
sortes de déplacements. Le fond de Torgane se gonfle, la cavité s'agran-
dit, les sécrétions et le flux menstruel y stagnent ; le drainage naturel
du conduit utéro-tubaire devient impossible. L'indifférence n'est plus
de mise.
Dans la deuxième phase en effet le fond de lutérus est douloureux,
enflammé, la métrite n'est pas douteuse. Les souffrances apparaissent,
surtout dans la marche, dans les efforts. Le rectum est comprimé, la
constipation se montre. La malade se plaint et consulte. Guérir sa
métrite ne suffira pas, il faut redresser son utérus et le maintenir
réduit. S'il n'adhère pas encore à la paroi postérieure du bassin, on
installera peut-être un pessaire, corps étranger qui irritera et enflam-
mera davantage les voies génitales.
La troisième phase survient, indiquée par d'intolérables douleurs.
La marche et les exercices journaliers sont devenus pénibles. La malade
ne peut plus rien faire sans souffrir, c'est une infirme. Encore bien,
lorsqu'elle ne devient pas neurasthénique, souffrante de l'esprit autant
que du corps. Les annexes sont enflammées et endolories, plus ou
moins prolabées ; l'utérus est adhérent sur le rectum. Maintenant tout
est bon à enlever; c'est l'hy stéréotomie.
Gonnaissez-vous en gynécologie une affection, à part le cancer,
dont l'évolution soit plus fâcheuse que celle-ci? Les tumeurs et les
métrosalpingites gonococciques ne dépassent pas en gravité la phase
dernière de la rétrodéviation. G'cst pourquoi j'insiste aujourd'hui
sur la grande place qu'il faut assigner aux rétrodéviations dans le
cadre de la gynécologie pratique. G'est pourquoi, convaincu de la mar-
che à peu près fatale de ce déplacement vers les pires lésions annexiel-
348 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
les, j*élimiiie de la thérapeutique que je viens d'esquisser les procédés
insuffisants, dangereux, ou excessifs: indifférence, pessidreSy hysté-
rCctomie. C'est pourquoi Y af Hrme qu il faut traiter la rétrodériatiou totU
aussitôt qu'on la reconnaît et prétends qu'il n^ & qu*un seul moyen, Vhyê-
téropexie.
II. Hystéropexie vaginale. — L*hystéropexie vaginale doit-elle
être préférée à Thystéropexie abdominale t Je le crois. Il faut une in>
tervention qui soit à la fois bénigne, conservatrice et efficace : l^hys-
téropexie vaginale surtout. Il est d'abord évident que si la rétrodévia-
tion s'accompagne de métrosalpingite double, nous pratiquons Thys-
tércctomie. Mais précisément nous voulons éviter cette ablation totale,
et pour cela il nous suffit d'arriver à temps, c'est-à-dire avant que les
annexes soient malades des deux côtés à la fois. A la première phase,
il iwurra peut-être suffire de surveiller l'utérus mobile rétrodévié,
pour n'agir qu'au moment où quelque complication (métrite, adhé^
rences) se montrera. Mais dans la pratique courante, cette surveil-
lance sera très difficile, impossible souvent, on risquera d*arriver tiDp
tard. Et puisque l'intervention est bénigne, il vaut toujours mieux la
pratiquer : on évitera de la sorte les phases ultérieures.
A la deuxième phase, le curettage est tout d'abord indiqué, puis Thys-
téropexie. Ici comme dans le cas précédent, je préfère la voie vaginale,
pour ne pas voir se produire sur le ventre de vilaines cicatrices, sur-
tout si l'hystéropexie abdominale venait à suppurer. Il y a en outre
avantage à pratiquer, par la même voie vaginale, le curettage et la
fixation, c'est plus simple.
Dans la troisième phase, si l'annexite est unilatérale, son ablation
s'impose. En ce qui me concerne, si la salpingite est prolabée, je
choisis la voie vaginale pour l'enlever et fixer l'utérus ensuite. Si
au contraire, cas plus fréquents d'ailleurs, la salpingite est élevée ou
volumineuse, je préfère la laparotomie qui me permet à la fois rovaro-
salpingectomlc et l'hystéropexie abdominale,
Je résume donc cette pratique, en disant que l'hystéropexie vaginale
doit être faite :
lo Pour la rétrodévîation mobile, indolore, non compliquée;
2o Pour la rétrodéviation peu adhérente, douloureuse, avec métrite;
3° Pour la rétrodéviation immobile, douloureuse, avec métrite et
annexite prolabcc unilatérale, ou plus simplement :
L'hystéropexie vaginale doit être faite dans toutes les rétrodéviation*
utérines, sans annexites, L'hystéropexie abdominale sera réservée à la
FOURNIBR 340
plupart des cas où il y a salpingo-ovarite unilatérale. La fixation vagi-
nale me parait donc le procédé thérapeutique le plus fréquemment
indiqué.
Ainsi que le montrent les 14 observations que j'apporte, la vagino-fixa-
lion est toujours bénigne. Elle est cependant délicate et ne peut être
pratiquée que par des gynécologues-chirurgiens fout à fait rompus h
ce genre d'opérations. Elle a Tavantage d'être conservatrice, elle évite
l'hystérectomie dont sont menacées ces malades. Enfin elle me parait
très efficace^ surtout si on a la précaution de dédoubler la cloison
vésico-vaginale avant d'attacher l'utérus.
Je la pratique en 3 temps : dédoublement de la cloison en formant
2 valves latérales; décollement et refoulement de la vessie ; passage et
ligature de fils de catgut transversaux dans la paroi antérieure de l'uté-
rus, dans le tiers moyen de cette paroi. Dans tous les cas que j'ai
opérés, c'est-à-dire dans les 14 observations qui suivent et dans d'au-
tres que je ne donne pas ici (1) et qui sont au nombre de 6 (20 cas au
total), les suites ont été très simples.
J'ai revu la plupart des opérées, elles ne souffrent plus et leur uté-
rus reste en antéflexion, mais il parait moins abaissé qu'avant l'opé-
ration. Je crois qu'il suffit que cet utérus ne retourne ni en rétrover-
sion, ni en rétroflexion. Au point de vue de la disparition des douleurs
et de la reprise des occupations de la vie courante, je puis vous citer
le cas de l'infirmière de mon service qui marche du matin au soir et
n'a plus jamais souffert depuis dix-huit mois qu'elle est opérée. Deux
de mes malades sont devenues enceintes^ de 6 mois actuellement :
l'utérus s'est redressé et la grossesse est normale jusqu'alors. Deux
raisons me portent à croire que les grossesses ne doivent pas être plus
mauvaises à la suite de la vagino-fixation qu'à la suite de Thystéro-
pexie abdominale, et meilleures peut-être même : c'est d'abord que la
partie moyenne seule de la paroi antérieure de l'utérus est fixée,
jamais le fond ; c'est ensuite qu'après cette fixation, l'organe tend par
lui-môme à remonter quelque peu. L'hystéropexie vaginale est encore
ce qui imite le mieux la position normale de l'utérus, en antéflexion,
Tutérus restant en entier dans le bassin.
Dans l'évolution que subit sans cesse la chirurgie gynécologique,
l'avenir me parait être aux opérations conservatrices. C'est à ce titre
(1) Dffpufs que ce travail est terminé, j'ai 6 noovelIeB obBervationa d'hys-
téropexie vaginale.
350 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PAHIS
Burtoat que j'insiste sur la nécessité de pratiquer très tôt aux utérus
rétrodéviés l'hystéropexie vaginale : le but définitif est de guérir sans
sacrifier aucun organe.
Procédé d'bystéropexie abdominale médiate pour la cure de la
rétroYersion utérine.
— G. Spinelli (Naples),— J'applique depuis 18931e procédé d'bys-
téropexie abdominale médiate dont je m'occupe dans cette communi-
cation. L'expérience m'a suggéré de légères modifications an procédé
primitif, et je vais vous décrire le procédé opératoire tel que je i'exécnte
actuellement.
L'opération est indiquée surtout dans les rétroversions adhérentes
ou dans les rétroversions compliquées de lésions annexielles. Dans les
rétroversions mobiles, non adhérentes, dans lesquelles un examen
soigneux a fait exclure l'existence de lésions tubo-ovariques, j^cstime
qu'il convient de donner la préférence à l'hystéropexie vaginale
médiate.
Voici la description de la technique opératoire du procédé que je
défends :
!«>' temps. Position de Trendelenburg. Laparotomie médiane. Une
boutonnière de 3 à 4 centim. pratiquée dans la paroi abdominale suf-
fit. L'extrémité inférieure de l'incision doit arriver à 3 centim. environ
de la symphyse pubienne.
Après avoir exploré l'utérus et ses annexes, les avoir libéra des
adhérences et avoir traité, quand on en constate, les lésions anneziell^
(ignipuncture de l'ovaire, résection ovarique ou tubaire), on procède à
rhystérope2dc médiate.
Le ligament rond, d'un côté, est sectionné entre deux ligatures au
catgut, à 6 centim. environ de la corne utérine. Les feuillets du
ligament large sont réunis par un surjet également au catgut, qui
enferme l'autre portion du ligament rond.
Même traitement opératoire du ligament rond du cété opposé.
Gela fait, le chirurgien est en possessîoii de deux ligaments ronds,
enveloppés par la séreuse péritonéale et jîourvus d'un repli du péri-
toine, constituant deux sortes de brides qu'on fixe aux côtés du fond
de l'utérus.
2^ temps. Les ligaments étant alors repliés sur la paroi antérieure
de l'utérus, on les réunit entre eux au niveau de leur point de réunion
SPINELLI 351
et on les suture à la face antérieure de la matrice par un surjet uni-
que. De cette façon se trouve formé un pédicule unique musculo-périto-
néal, qui part environ du milieu de la paroi antérieure de Tutérus.
3<> temps. Le pédicule est fixé au péritoine et à la couche musculo-
aponévrotique par des points de suture à la soie. On termine Fopération
par la suture à triple étage de Tincision abdominale.
Examinons rapidement les critiques et les objections qu'on peut faire
contre ce procédé :
a) LafixoUon de l'iUérus à la paroi abdominale étant réaUsée au moyen
d*un cordon musculo-périUméaly cela peut créer une condition favorable à
la récidive de la rétrodéviation par tiraillement et allongement des liga"
ments ronds^ ainsi que cela est arrivé en certains cas après Vopération
d* Alexander,
Mon expérience personnelle me permet de répondre à cette objec-
tion.
J'ai pratiqué Thystéropexie abdominale 10 fois : a) 5 fois pour la
cure du prolapsus génital à des degrés divers ; b) 5 fois pour rétrover-
sions compliquées de lésions annexielles.
3 fois, chez les opérées pour prolapsus, j'ai observé la récidive,
savoir la réapparition de l'utérus à la vulve. Dans 2 cas, la guérison
fut définitive. Dans les 3 cas de récidive, les ligaments ronds se sont
graduellement allongés ; mais l'utérus, tout en étant de nouveau pro-
labé, est resté en antéversion. Dans les 2 autres cas de prolapsus
léger et de rétroversion mobile, il y a eu, en même temps que cure
définitive du prolapsus, guérison de la rétroversion.
Dans les 5 cas de rétroversion, la réduction de l'utérus est restée
définitive.
Le parallèle avec l'Alexander n'est pas justifié. En effet, quand on
raccourcit les ligaments ronds suivant ce procédé, on ne connaît pas
bien la cause de la rétroversion. Et quand la déviation utérine est la
conséquence, l'effet de lésions annexielles, d'adhérences cicatricielles,
si ces conditions pathologiques persistent, il est bien naturel qu'avec
le temps l'utérus se replace en rétroversion par tiraillement et allonge-
ment des ligaments ronds.
Au contraire, dans l'hystéropexie abdominale médiate, on apprécie la
cause de la rétrodéviation, et on y remédie d'une façon rationnelle et
radicale.
b) Une criUque, grave en apparence^ faite à notre procédé opératoire^
'
352 13® CONGRES DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
c'est que c'est une pexte^ et qu'à ce titre elle peut être V origine d*un étranglt"
ment intestinal.
Mais, étant donnée la manière dont j'exécute la pezie médiate,
utérine, il ne reste pas d'espace mort entre les ligaments ronds et
Tutéms. De plus, après Topération, la distance entre Tutéms et la paroi
abdominale est minime. Et Ton peut dire que Torgane se troure en
antéversion juxta- pariétale, qu'en conséquence l'engagement d*iuie
anse intestinale entre la matrice et la paroi abdominale est très diffi-
cile, quasi impossible môme.
c) La fixation médiate abdominale met obstacle à la libre expansion
de la vessie dans Vhypogastre.
Ce reproche ne saurait s'appliquer à mon procédé. Je fixe les liga-
ments ronds à 3 centim. du pubis, laissant ainsi un espace utile
pour Texpansion de la vessie. Chez une de mes opérées, j'ai va la
vessie pleine d'urine, cet organe n'ayant pas été vidé depuis environ
dix heures, sans que la femme eût ressenti de ce fait aucun malaise.
Au palper bimanuel, on constatait que Futérus était fortement remonté
et le col reporté à droite vers le sacrum.
d) L^hystéropexie médiate abdominale peut troubler la grossesse et ïaC"
couchement.
Cette question, je Tavais déjà traitée dans une de mes publications.
Un fait récent me permet de fournir une démonstration expérimentale
que la grossesse et Taccoucliemcnt peuvent évoluer sans aucun trouble
après une hystéropexie abdominale, médiate.
Il y a un an, une jeune femme, mariée, venait me oonsolter
se croyant enceinte de six mois. En réalité, il s'agissait d'un kyste de
l'ovaire gauche, atteignant l'ombilic. L'utérus était en forte rétro-
version. J'enlevai le Icyste par la voie abdominale. Et, ayant trouvé
l'utérus en rétroversion, je le fixai en position nomale par l'hystéropexie
médiate. Quatre mois après l'opération, la femme devenait enceinti'. Je
la vis à sept mois de grossesse. La cicatrice abdominale, solide, appa-
raissait comme un cordon brun, vigoureux.
L'utérus était bien développé, médian, et son fond dépassait l'om-
bilic de 3 travers de doigt. La femme n'accusait aucun malaise et
n'avait pas souffert jusqu'à ce moment, abstraction faite des phéno*
mènes sympathiques de la gestation. L'accouchement eut lien régu-
lièrement le 25 mai de cette année, après un travail de six heures.
Accouchement et suites de couclies normaux. Enfant du sexe féminin,
bien développé et vivant.
8PINELLI 353
J'examinai la femme le 10 juillet, quarante-six jours après raccon-
chement, et notai : utérus un peu volumineux et en antéflexion
modérée, cicatrice abdominale solide.
Il existe, à Theure actuelle, 3 procédés d'hystéropexie médiate ou,
ainsi que Pozzi voudrait les dénommer^ d'hystéropexie fuTiiculo-ahdo-
minale : 1) celui que j'ai eu Thonneur de décrire ; 2) celui de Beck,
de New-York ; 3) celui de Doléris .
Le procédé de Beck diffère peu de celui de Doléris ; il n'y a donc
pas lieu de s'en occuper pour en faire un parallèle.
L'opération de Doléris est simple, sûre, et, pour parler comme
Richelot, physiologique.
L'inclusion pariétale des ligaments ronds est assurément un procédé
plus rapide que le mien.Mais elle produit une fixation moins solide et laisse
entre les deux ligaments un espace triangulaire dans lequel peut s'in-
sinuer et s'étrangler une anse intestinale. On peut remédier à ce défaut
en réunissant, comme je l'ai fait, les ligaments ronds entre eux et
avec l'utérus par une suture au catgut. Les deux procédés, celui de
Doléris et le mien, ne présentent que de légères différences et peuvent
se compléter réciproquement.
Je pourrais ne pas toucher h la question de priorité, qui d'ailleurs ne
me concerne pas, si une allusion de Doléris dans une récente discussion
à la Société d'Obstétrique, de Gynécologie et de Pédiatrie de Paris ne
m'avait mis en cause.
Ruggi, de Bologne, le 6 novembre 1887, dans un cas de prolapsus
utérin, pratiqua l'hystéropexie funiculo-abdominale et publia le pro-
cédé dans le Bulletin des Scienze AfediscJiêydQ Bologne, série yi,vol. XXII,
1888.
Doléris, en 1889, communiqua h la Soc. obst, et gynéc, de Paria sa
méthode mixte de fixation de l'utérus à la paroi abdominale, qui con-
siste dans l'inclusion pariétale des ligaments ronds et des trompes.
Ma première opération d'hystéropexic funiculo-abdominale porte la
date du 11 février 1893 ; quand je la pratiquai, je ne connaissais ni le
procédé de Ruggi ni celui de Doléris. Mais j'ai à remplir le devoir
agréable de reconnaître qu'en pratiquant mon procédé mixte de gastro-
hystéropexie médiate combinée avec toutes les opérations plastiques
utero -vagino-périnéales pour la cure du prolapsus génital, je m'inspirai
de la pratique de Doléris, ayant vu, entre 1890 et 1891, exécuter dans
sa clinique bon nombre d'opérations complexes contre les déviations et
les prolapsus utero- vaginaux.
354 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Toutefois, il me convient de noter qu'avec mon procédé d'hystéro-
pexie abdominale médiate, j'ai eu pour but de modifier, en la rendant
plus rationnelle et plus efficace, la méthode de raccourcissement dœ
ligaments ronds d'Alexander.
La priorité de Thystéropexie funiculo-abdominale est donc acquise
à Ruggi, le procédé de Doléris et le mien étant ultérieurs au sien, la
priorité, quant à Tidée première, appartenant, toutefois, sans conteste,
aux auteurs qui, pour redresser Tutérus, s'attaquèrent aux ligaments
ronds, c'est-à dire à Adams, Alquié, Alexander.
Pour conclure : Fhystéropexie funiculo-abdominale compte, à l'heure
actuelle, un bon nombre d'opérations. Elle s'est montrée un procédé
facile, rapide et sûr qui ne trouble ni la grossesse, ni raccouchement.
J'estime donc qu'il faut y avoir recours contre là rétro vernon oom-
pliquée d'adhérences et de lésions annexielles, qui exigent un traite-
ment chirurgical.
Traitement des rôtrodéviations utérines par le racconrclBsemeat
Intra-péritonôàl des ligaments ronds.
— - Gzeslas Stanklewicz (Lodz, Pologne). — Dans un livre sur les
rétrodéviations de l'utérus que je viens de publier en polonais il y a
quelques semaines, j'ai exposé mes idées sur le traitement des rétro-
versions et rétroflexions de l'utérus.
Je considère comme règle que toute rétroflexion et rétroversion dars
LA PÉRIODE active DE LA VIE SEXUELLE doit ètrc traitée, qu'elle soit latente
ou qu'elle se traduise par des signes propres, qu'elle soit ou non
compliquée.
Les rétroflexions chez les vierges et chez les femmes ftgées n'exi-
gent un traitement que dans les cas où elles occasionnent une gène
pour les malades.
C'est cette règle qui m'a guidé dans le choix de cas propres à être
traités.
Jusqu'ici le traitement orthopédique, par le pessaire, des rétroflexions
mobiles de l'utérus, occupait la première place non seulement dans les
manuels, mais aussi dans la pratique courante des gynécologues.
Cependant l'action des pesssaires au point de vue de la stabilité de
la guérison est tout à fait problématique. Il n'y a que les cas récents
et non compliqués qui puissent donner quelques résultats. Le plus
souvent le traitement par les pessaires est une perte de temps com-
STANKIBWIGZ 355
plète pour le médecin et pour la cliente. Sur 109 cas traités par cette
méthode, je n'ai eu que 4 résultats favorables, dont la durée n'a pas
cependant dépassé quelques semaines, 7 mois et demi tout au plus.
Dans tous les autres cas, Tutérus revenait à sa place quelques jours
après la cessation du* traitement. Je n'ai jamais observé de guérison
stable, c'est-à-dire maintenue au moins un an, comme l'exige Halban
(Vienne).
J'avoue cependant que mes données basées sur un petit nombre de
cas ne m'autorisent pas à en tirer des conclusions formelles. Toutefois
la question du traitement parles pessaires demandée être revue.
Je ne crois pas justifiable la conduite des gynécologues qui n'ont
recours au traitement chirurgical que quand le traitement médical (par
les pessaires, le massage, etc.) a échoué. Cette conduite avait sa raison
d'être il y a quelques années quand on n'avait pas encore eu le temps
de s'assurer des résultats de nombreux procédés opératoires qui ont
été préconisés. Mais aujourd'hui, quand nous avons à notre disposi-
tion des procédés certains, les autres«étant tombés dans l'oubli mérité,
il est temps de rompre avec la routine ! Le conservatisme n'est utile
que quand il n'entrave pas la marche du progrès.
Que devons- nous faire quand il s'agit de choisb entre un procédé
chirurgical assurant une réussite et le traitement parles pessaires avec
son résultat problématique? Est-ce que tous les cas où le pessaire n'est
pas applicable, sans parler des cas de rétroflexions avec adhérences,
ne rentrent pas d'emblée dans le domaine de la chirurgie gynécolo-
gique?
Le traitement chirurgical des rétroflexions utérines doit donc pren-
dre la première place, tandis que les autres procédés moins certains, le
plus souvent palliatifs, doivent passer au second rang.
Parmi les nombreux procédés opératoires préconisés, il y en a trois
qui jouissent d'une grande vogue :
Ce sont rhystéropexic abdominale, l'hystéropexic vaginale et le rac-
courcissements des ligaments ronds.
Messieurs, parmi les 40 opérations faites par moi, je n'ai pas ren-
contré d'indication pour l'hystéropexic abdominale. Les indications de
ce procédé me paraissent très limitées, surtout h cause des complica-
ions graves au cours des grossesses et accouchements ultérieurs
(statistique de Klein wachter).^
' Vhyëtéropexie vaccinale a donné, au point de vue obstétrical, des
356 13® CONGRÈS DES SCIENCES MéoiCALES DE PARIS
résultats tellement défavorables que son application chez les femmes
en pleine période d'activité sexuelle n*est indiquée que dans \e& cas
exceptionnels. Ce procédé est en revanche très recommandé à Tépoque
de la ménopause, chez des femmes atteintes d'un prolapsus utézo-vaginat
cas où il doit être complété par la colporrhaphie.
Mes cas personnels (7), tous avec des résultats favorables, m'auto-
risent à croire que cette conduite mérite d'entrer en vogue.
Le point important du traitement opératoire des rétrodéviationâ
utérines consiste dans le raccourciaBement des ligaments ratids. Parmi
les trois voies qui se présentent à l'opérateur : le canal îngainal. le
vagin et la laparotomie, l'opération d'Alquié-Alexander trouve le mini-
mum d'indications. Elle n'est applicable que dans les cas de rétro-
flexions mobiles et, quoiqu'elle ne menace pas les grossesses et les
accouchements ultérieurs, elle présente des inconvénients nombreux
et connus ( la difficulté de trouver les ligaments, la rupture des liga-
ments incomplètement développés ou atteints de dégénérescence
graisseuse, la suppuration de la plaie, l'élimination des sutures en soie
et^ dans des cas rares, un hématome sous-cutané; cicatrices doulou-
reuses, hernies consécutives) . Ma statistique porte sur 4 cas dont
2 récidives. Depuis plus de trois ans je n'ai pas eu d'indication for-
mclle pour faire l'opération d'Alexander.
J'ose affirmer. Messieurs, que c'est le raccourcissement des liga-
ments ronds intrapéritonéal qui occupera, dans l'avenir, la première
place par la voie vaginale : c'est donc au procédé Bode^ Wertheim que
nous donnons la préférence.
Ma technique diffère de celle de Bode et de Wertheim, c*est pour-
quoi je me permets de l'indiquer : incision longitudinale de la paroi
antérieure du vagin, libération de la vessie, ouverture du péritoine.
Rapprochement du corps de l'utérus de l'ouverture du cul-de-sac A
l'aide de pinces h griffes) sans luxation de l'utérus dans le vagin.
Ligature de l'utérus à la soie {n° 4) au point d'insertion du ligament
rond. Traction des ligaments ronds à l'aide de clamps élastiques
de Doyen (employés dans les opérations portant sur l'estomac et
sur les intestins) tant qu'il en vient. Ligature à la soie du liga-
ment rond sur le point le plus excentrique et sa réunion avec la
ligature utérine. On peut ainsi raccourcir le ligament de 8, 10 et
12 centimètres de chaque côté. L'anse du ligament ainsi formée est
suturée à la soie fine. Enfin suture du péritoine et du vagin (catgut).
La pose de la deuxième ligature (excentrique) est le temps le plus dif-
STANKIEWICZ 357
ficile de Topération. Un clamp que j^ai fait faire pour cet usage présen-
tant une rainure sur sa branche supérieure et un orifice pour le passage
de l'aiguille facilite la tâche.
Les points importants de ma conduite sont les suivants :
1) La pose de la première ligature sur Tutérus même, ce qui parait
assurer une meilleure nutrition du ligament rond que le procédé de
Bode;
2) Le raccourcissement des ligaments in situ sans luxation de Tuté-
rus dans le vagin, ce qui préserve mieux le péritoine contre Tinfec-
lion que le procédé de Wertheim ;
3) Le raccourcissement des ligaments au maximum ;
4) L'emploi des clamps.
Ma statistique porte sur 27 cas.
La période d'observation varie entre quinze jours et deux ans et
demi. La guérison de la déviation a eu lieu 25 fois (92,5 p. 100). Il y
avait une récidive après une fausse couche et l'accouchement. Une
fois l'opération n'a pas réussi.
Sur mes 27 cas il y avait 11 cas de rétroHexions immobiles, toutes
guéries, 16 mobiles (2 récidives).
Dans 8 cas^ la période d'observation varie entre 13 mois et 2 ans et
demi. Ces cas permettent d'apprécier la stabilité de la guérison.
Le grand nombre de cas réussis (87,5 p. 100) parle en faveur de
l'opération.
Six malades ont eu des grossesses, 4 sont accouchées normalement,
une a fait une fausse couche de 3 mois; 3 accouchement sont été faci-
les, un laborieux (3 jours) probablement à cause de la trachélorrhaphie
(suivant Emmet). L'opération a donc subi avec succès l'épreuve si
difficile que crée l'accouchement n'ayant donné lieu à la récidive
qu'une seule fois.
Les difficultés de l'opération se trouvent largement compensées par
ses avantages. L'opération est applicable aux rétroflexions fixes
aussi bien qu'aux rétroflexions mobiles. Elle permet d explorer les
annexes, de rompre les adhérences et de faire les procédés nécessaires
(à travers le cul-de-sac antérieur ou postérieur). Sans changer la posi-
tion de l'opérée, on peut faire les opérations indiquées dans le vagin
et sur le périnée.
L'opération n*est pas dangereuse. Mes 27 malades ont guéri. Les
suites opératoires ont été bonnes, quoique l'opération ait été plus
d'une fois très comptiquée. Sur certaines malades, j'ai été obligé de
358 13® CONGRÈS DKS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
laire en même temps : un curettage, la libération de Tatérus et de ses
annexes des adhérences, la salpingostomie ou salpingectomie, la réscc--
tion de lovaire ou Fignipuncture, l'opération d'Emmet, la oolporrlia-
phie antérieure et la colpopérinéorrhaphîe. J'ai Thabitude de f aire-
toutes mes opérations gynécologiques en un seul temps.
Je n'ai trouvé dans la littérature médicale qu'un seul cas de mort à la
suite de l'opération de Bode survenue au dixième jour, de cause inoomme.
Le raccourcissement des ligaments ronds par le vagin présente sur
le procédé d'Alquié-Alexander les avantages suivants :
1) Il ne prédispose pas aux hernies ;
2) Permet le raccourcissement bilatéral par la même incision ;
3) Permet de trouver les ligaments dans tous les cas ;
4) Est efficace dans les rétroflexions fixes ;
5) Permet d'exécuter les interventions nécessaires sur les annexes
et sur le vagin ;
6) Les suites opératoires sont meilleures ;
7) Ne laisse pas de cicatrice visible ni de douleurs consécutives.
Le raccourcissement des ligaments ronds par la voie vaginale peut
remplacer dans nombre de cas l'hystéropexie abdominale ; dans d'an-
tres cas, on lui préfère le raccourcissement des ligaments ronds par
la LAPAROTOMIE OU OPERATION DE Wymb. Mou mauuel opératoire est très
simple. Une ligature est placée sur l'extrémité utérine du ligament
rond; l'autre, à une distance de 8, 10 ou 12 centimètres de lapremière,
comprenant la moitié ou les 3/4 de l'épaisseur du ligament rond ; réa-
nion de deux ligatures ; suture de l'anse formée à la soie (surjets).
Deux o1)servations personnelles sont en faveur de l'opération de
Wylie. Malgré ses grands avantages constatés par F^nk, Mann, Goffe,
Doléris, ce procédé reste encore méconnu. D'une exécution facile,
donnant des résultats certains, il devrait être plus en vogue.
Messieurs, j'ai pris la parole pour exprimer ma conviction «qne le
raccourcissement des ligaments ronds, soit par voie vaginale, soit par
voie abdominale aujourd'hui peu répandu, est destiné à jouer nn rôle
important dans le traitement chirurgical des rétroflexions utérines.
Note sur le raccourcissement intra-péritonéal des ligaments ronds
dans le traitement des rétrodéyiations utérines.
— Ed. Schwartz (Paris). — Nous avons mis en usage pour le
traitement des rétrodéyiations utérines, rétroversions, rétroflexions.
SCHWARTZ 359
ou combinaison des deux déviations, suivant les indications qui se
présentaient, tantôt le raccourcissement extrapérîtonéal des ligaments
ronds, tantôt Thystéropexie abdominale, tantôt le raccourcissement
intrapéritonéal.
Au Congrès de gynécologie de Genève, tout récemment, dans une dis-
cussion qui s'est élevée à la Société de gynécologie et d'obstétrique de
Paris (février 1900), nous avons montré les résultats que i\ous avons
obtenus par l'hystéropexie abdominale. Dans 63 cas dliystéropexies
faites pour rétrodéviations adhérentes compliquées souvent de lésions
unilatérales ou bilatérales des annexes, nous avons obtenu d'excellents
résultats thérapeutiques et en particulier 9 de nos opérées sont devenues
enceintes et ont accouché ; deux seulement ont eu des difficultés,
Taccommodation n'ayant pu se faire ; chez l'une d'elles, enceinte pour
la deuxième fois avec un utérus qui tenait bien et dont l'opération
datait de 1893, Taccouchement fut facile la première fois, au contraire
laborieux la seconde fois et terminé par une version, ce qui nous
démontre qu'il n'y a là rien de précis et qu'il y a lieu sur toute femme
hystéropexiée d exercer une surveillance de tous les instants lorsque
l'accouchement commence.
Le raccourcissement extrapéritonéal des ligaments ronds a été pra-
tiqué par nous trente fois environ pour de simples rétroversions
mobiles, facilement réductibles, faciles à maintenir sans lésions appré-
ciables des annexes. Nous en avons obtenu de bons résultats ; quelques
récidives cependant sont venues pour montrer que si l'opération est
ordinairement simple et facile, elle n'est pas toujours efficace, même
dans les cas qui y paraissent plus spécialement adaptés.
Convaincu, que par l'hystéropexie nous faisons trop souvent une
opération qui tout en fixant bienl'uténis ne satisfait pas notre esprit et
peut donner lieu à des inconvénients sérieux chez les femmes qui
deviennent enceintes, que par le raccourcissement suivant AJquié-
Alexander, nous sommes loin de pouvoir remédier aux rétrodéviations
adhérentes, difficiles & réduire et à maintenir, nous nous sommes
tourné vers le raccourcissement intrapéritonéal des ligaments ronds
qui de prime abord n'est passible d'aucune des objections adressées
aux autres méthodes sanglantes de traitement.
Il constitue en effet une véritable restauration ad integrum après
reposition de l'utérus et traitement s'il le faut des annexes malades ;
il a tous les avantages qui résultent d'un examen direct des lésions,
avec possibilité d'agir sur elles. Nous avons pratiqué depuis 1897 cette
360 13' CONGRÈS 0ES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
opération 5 fois. Voici la teclmiqae opératoire que nous avons mise en
usage :
Après préparation et anestliésie générale, nous examinons une der-
nière fois la malade au point de vue de la nature de la rétrodévîation;
un dilatateur d'Hcgar petit calibre est introduit dans la cavité utérine
et nous servira à maintenir Tutérus redressé pendant le raccourci^e-
ment. Il est confié à un aide qui n'agira que lorsque nous Ten prierons.
Laparotomie médiane. Examen de Tutérus et des annexes. Mise en
position de Trendelenburg de façon à éviter Fintestin grêle el Tépi-
ploon. L'utérus est recherché ainsi que les annexes et les yeux voient
ce que les doigts ont déjà exploré. Les adhérences, s'il y en a, sont
détachées dans le cul-de-sac de Douglas ; l'utérus est redressé s'il est
fléchi et ramené en avant s'il est rétroversé. Lorsqu'il est mobile ou
devenu mobile après libération, l'aide qui est entre les jambes de la
malade le tient relevé vers la symphyse pubienne. Le chirurgien fai-
sant écarter la paroi abdominale à gauche, h l'aide d'une valve en
plaçant en bas la valve de Montprofit, recherche le ligament rond
gauche et le voit très facilement. Vers sa partie moyenne^ entre son
entrée dans la paroi et son insertion à l'utérus^ on ]e replie sur lui-
même de façon à le recouvrir de la quantité jugéeutiled'aprèssalaxité
et on fixe la boucle ainsi produite par deux gros i)oints de catgut qui
traversent de part en part les trois épaisseurs de ligament rond en
plein tissu du ligament.
Pour plus de solidité, les bords supérieurs de la boucle sont reliés
par des points de soie fine iv^ 0 et séparés. De la sortc^il est impossible
quelle se défasse, même si les adhérences cédaient après résorption du
catgut.
Le ligament droit est traité de la même façon. L'utérus est redressé
et de chaque côté partent les deux ligaments ronds épaissis au niveau
du point où ils ont subi la plicature.
Les annexes malades sont diversement traitées, tantôt ignipuncturées,
tantôt réséquées, tantôt enlevées, etc., suivant les lésions qui se pré-
sentent.
Suture de la paroi abdominale à plusieurs plans. Le vagin reste
libre après que le dilatateur d'Hegar a été retiré, tout au plus y place-
t-on une lanière de gaze iodoforméc mollement froissée.
Les cas que nous avons opérés de la sorte ont parfaitement guéri.
Cependant dans 4 d'entre eux nous avions décollé des adhérences éten-
dues et serrées du cul-de-sac de Douglas, pratiqué des ignipunctonss
HARTMANN 361
sur les ovaires kystiques, réséqué dans un cas un kyste sanguin d'une
trompe.
La première malade que j*ai opérée, âgée de 23 ans, est venue me
retrouver cette année, enceinte de trois mois ; elle avait subi, outre le
raccourcissement intrapéritonéal, Tabiation d'un petit kyste de Tovaire
droitavec suture de l'ovaire consécutive ; à gauche existait un petit kyste
sanguin de la trompe qui fut ouvert, vidé des caillots qu'il contenait,
puis refermé. La grossesse se passe sans aucun encombre^ et il y a
tout lieu d'espérer que raccouchement se fera sans aucune difficulté;
nous avions pu examiner cette femme avant sa grossesse et constater
le parfait état de l'utérus comme position, l'absence de tout trouble du
côté des annexes.
Nous serions disposé pour notre compte à préférer cette intervention
à celle qui a été exécutée et proposée par Doléris, défendue par Riche-
lot et qui consiste à fixer les ligaments ronds raccourcis dans la partie
inférieure de la plaie de laparotomie. On constitue en effet de cette
façon une sorte de sangle médiane s'inscrant sur la paroi et qui
n'échappe pas aux reproches qui ont été adressés à l'hystéropexie au
point de vue de la possibilité d'un étranglement interne.
C'est le raccourcissement intrapéritonéal des ligaments ronds qui
doit, ce nous semble, entrer surtout en ligne lorsqu'il s^agira de fem-
mes jeunes, car lui seul permet de reconstituer la région dans son type
normal, et l'opération fiît-elle plus difficile, plus longue que les autres
manières de faire, que les avantages compenseraient largement ces
inconvénients qui, en réalité, sont peu de chose.
Discussion.
— Hartmann (Paris). — Avec notre collègue Schv^rartz, je
pense qu'aujourd'hui l'opération du raccourcissement inguinal des
ligaments ronds doit être délaissée. On ne sait jamais s'il n'y a pas
d'adhérences ; un utérus peut être parfaitement mobile et présenter
des adhérences avec la paroi antérieure du rectum qui suit les mou-
vements imprimés de l'organe. De là une cause possible de persis-
tance des douleurs après fixation de l'utérus en avant. Aussi je crois
que toute opération, ayant pour but de redresser l'utérus, doit per-
mettre tout d'abord de constater de visu l'état des lésions. Deux voies
se présentent pour cela : la voie vaginale antérieure, la voie abdomi-
nale; comme la dernière permet de mieux voir, je la préfère. On ne
AXB. DE OTS. — rou IIV. 24
362 13" CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
peut guère lui faire qu'une objection^la création d'une cicatrice visible,
la posibilité d'une éventration. Ces deux inconvénients sont évités si
Ton a recours à Tincision cruciale de la paroi toujours applicable à ces
cas de lésions légères où Ton peut d avance préciser la longueur de
rincision nécessaire.
Je fais donc une incision curviligne, convexe en bas, immédiatement
au-dessus du pubis, se terminant latéralement au voisinage des anneaux
inguÎQaux ; je coupe la peau, le tissu cellule- graisseux, le feuillet
aponévrotique abdominal antérieur. Puis, relevant le laml)eau ainsi
taillé, je sépare verticalement les droits et j'ouvre le péritoine sur la
ligne médiane. Je suis dès lors à même d'agir, suivant les indicatioQ&.
sur les annexes et sur les adhérences utérines. Lorsqu'il ne reste plus
qu'à corriger la déviation, à quelle opération devons-nous nous adres-
ser i Je rejette Thystéropexie qui crée une adhérence pathologique et
je reconstitue les parties dans leur état physiologique en raccourcie
sant les ligaments ronds et les ligaments larges par la formation d'une
série de plis successifs obtenus par le faufiiage d*un fil sur le cordon
ligamentaire et d'un autre placé plus bas sur la face antérieure du
ligament large. Un seul point mérite un peu d'attention, c'est celui de
rinsertion utérine du ligament rond. Si cette insertion ne se fait |hi^
eu avant du diamètre transversal de l'utérus, le raccourcissement du
ligament ne détermine pas son redressement en avant. Aussi, en pareil
cas, est-il nécessaire de reporter en avant de l'utérus l'insertion du
ligament, suturant sa partie interne à la face antérieure de Torgaoe.
De cette manière, on obtient des résultats excellents et durables.
comme me l'a prouvé l'observation suivie de mes opérées.
— Doléris (Paris) . — Dans les rétrodéviations simples, mohiU*,
récentes, le pessaire donne souvent de bons résultats ; son maximum
d'utilité est après Taccouchement, tant que dure la période d*invo
lution.
Plus tardives, les rétrodéviations guérissent moins facilement parle
pessaire et réclament souvent l'opération.
Compliquées de cervicite chronique, d'annexite, d'adhérences, de lacé-
ration périnéale étendue, l'intervention chirurgicale s'impose toujours
contre les lésions surajoutées à la déviation. Devant opérer la ou les
complications, le chirurgien ne peut pas négliger l'élément patholo-
gique important, la déviation. D'où nécessité d'opérations multiples
associées.
La présence d'adhérences tUérities ou à'a/mexite indique nécessai*
DOLBRIS 363
rement rouvertnre de l'abdomen. Gomme les adhérences simples et
Tannexite, dans ces cas spéciaux, sont souvent passibles d'un trai-
tement conservateur, la réduction de Futérus et son maintien en
position normale sont le complément opératoire nécessaire
Au point de vue de la technique, elle doit être basée sur la resti-
tution des agents physiologiques à leur état normal. Le ligament rond
a une impoiiance prépondérante dans la rétrodéviation. Son raccour-
cissement par la voie inguinale m'a, depuis quinze ans, donné des
succès. C'est à bon droit qu'on le recommande de nouveau après l'avoir
délaissé. Je considère, après une longue expérience, cette opération
comme excellente pour les rétroversions mobiles ou accompagnées de
complications qui ne nécessitent pas la laparotomie.
Dans les cas qui réclament la laparotomie, le raccourcissement des
ligaments ronds donne de bons résultats comme opération intra-abdo-
*minale.
J'emploie ma méthode de fixation pariétale, dans l'angle inférieur de
la plaie au bord supérieur du pubis, et sans résection de la portion
externe des ligaments . L'expérience m'a démontré que les mouvements
d'expansion de la vessie ne sont pas gênés ; et, d'autre part, la fixité
de l'insertion est mieux assurée ainsi que par l'inclusion des extré-
mités ligamentaires réséquées dans une paroi abdominale mobile et
flasque parfois.
Ce procédé essayé par moi, dès 1889, et progressivement amélioré,
est supérieur aux autres méthodes de raccourcissement intra-abdomi-
nal, telles que la plicature rappelée par M. Schwartz, le croisement
en X ou le simple affrontement, etc..
n offre en effet les deux avantages suivants :
lo Laisser entre l'utérus et la paroi abdominale un pédicule muscu-
laire élastique et extensible, susceptible d'allongement, pendant la
grossesse. J'en ai l'expérience par plusieurs cas.
'i^" Supprimer l'insertion inguinale affaiblie et amincie du ligament
rond, pour la remplacer parla fixation d'une partie solide et résistante
du même ligament. C'est ainsi que j'ai étal)li la valeur de ce procédé
en même temps que ses bons résultats dans un mémoire publié en
1898, récemment à la Société obstétricale et gynécologique de Paris et
dans la thèse de mon élève le D'' Fumey (Paris, 1900). Sur les pro-
cédés de fixation vaginale de l'utérus, directe ou indirecte, je m'in-
terdis d'émettre une appréciation autre que la suivante : ces procédés
sont illogiques et anti-physiologiques.
364 13^ CONGRÈS DES SGIBNGBS MÉDICALES DE PARIS
— Jounesco (Bucarest). — Au congrès de Moscou, j'ai décrit
une intervention nouvelle contre les déviations utérines consistant
dans le raccourcissement intra-abdominal des ligaments ronds,
plicature des ligaments larges, et la cunéo-hystérectomie antérieure
dans la rétroflexion, postérieure dans Tantéro-flexion. — Je suis abso-
lument contre l'opération d'Alexander et contre Thystéropexie.
La laparotomie est indispensable pour juger de l'état des annexes et
pour pratiquer mon opération qui répond aux deux desiderata : modi-
fier la position de l'utérus dans le petit bassin et modifier aussi Taxe
de l'organe.
Du traitement des rétrodéviations ntérines.
— Henri Pouey (Montevideo). — J'ai Thonneur de soumettre
au congrès le résultat d'études faites sur plus de cent cas de rétrod('*<»
viations utérines.
Les malades ont été suivies, dans tous les cas assez longtemps pour
qu'on puisse considérer comme définitifs les résultats constatés lors
de leur dernier examen.
Un premier fait se dégage de cette étude, c'est qu'il y a bon nombre
de rétrodéviations dont les effets (pesanteur, gène, douleurs pel-
viennes, phénomènes réflexes) disparaissent sans qu'il soit besoin
d'opérer : ce sont surtout les rétrodéviations non adhérentes des
vierges, des nuilipares peu infectées, même de certaines femmes qui
ont eu des enfants mais dont les annexes sont saines ; on parvient à
guérir le plus grand nombre de ces malades par les moyens suivants :
réductions manuelles répétées, aidées de douces compressions de Tu-
térus, en s'aidant rarement de l'hystéromètre ; moyens décongesliou-
nants connus, pansements utérins, port d'un pessmre approprié.
Nous croyons que, en toute circonstance, il convient d'avoir recours
pendant un certain temps à ces petits moyens avant de décider une
intervention sanglante ; en ce faisant, on arrivera souvent à faire dispa-
raître totalement les effets gênants de la rétroversion et au pis aller on
en arrivera à l'opération dans de meilleures conditions.
C'est en se soumettant à ces principes que plusieurs femmes, multi-
pares avant le traitement, ont eu des grossesses qui ont évolué norma-
lement; dans deux cas j'eus à remonter le fond de l'utérus qui, ne
pouvant franchir le détroit supérieur, produisait une gène pelvieniie
assez notable.
pouEY 365
J'ai pu constater, après plusieurs auteurs, que les suites de couches
constituent un moment extrêmement favorable pour obtenir la correc-
tion de Taxe utérin ; il est plus que jamais nécessaire de ne pas négliger
les soins d'asepsie et d'exciter par le massage la rétraction utérine et
le redressement.
Il n'est pas rare de voir coexister avec la rétroversion, de la colite
muqueuse, des ptôses viscérales : la continuation du malaise pelvi-
lombaire est souvent due à ces affections et si l'on n'en tient pas
compte, on s'expose à ne pas guérir les malades.
Quand, en même temps que la rétroversion, il existe de la colpocèle,
de la chute de la vessie et du rectum, les opérations plastiques sur le
col, le vagin et le périnée peuvent suffire, notre expérience le confirme.
Dans quelques cas, nous avons fait en même temps le raccour-
cissement ex tra-péritonéal des ligaments ronds ; dix fois nous avons
trouvé rindication à cette opération que nous croyons excellente.
Chez une femme qui avait un très gros utérus rétrodévié, cause
d'héinorrhagies et de douleurs, j'eus un très beau succès par l'amputation
haut« du col accompagnée de la ligature des principaux rameaux de
l'utérine.
Quatre fois nous avons traité les malades par une opération qui peut
rendre des services dans les rétrodéviations très adhérentes et lorsque
les lésions annexiellcs sont suffisamment éteintes pour passer au second
plan : nous avons fait la colpotomie postérieure et avec Tindex nous
avons décollé complètement les adhérences de la face postérieure de
Fulérus et des ligaments larges ; cela fait nous avons fait une réduc*
tion utérine forcée bimanuelle et nous avons terminé par le drainage
à l'aide d'un tube en caoutchouc entouré de gaze stérilisée, drainage
que nous avons pratiqué pendant une semaine environ ; le résultat
fonctionnel a été excellent et quelques mois après, il était aisé de sentir
un cul -de- sac postérieur souple et assez profond alors qu'avant Topé-
ration il était occupé par le fond d'un utérus fixé.
Deux fois, ayant des doutes sur l'intégrité des annexes, nous fîmes
d'abord une cœliotomie vaginale et nous terminâmes par une hystéro-
pexie vésico- vaginale, à la Dùhrsscn, qui guérit très bien les malades.
iSous faisons Thystéropexie abdominale i>ar un ou deux points quand,
après ablation des annexes, l'utérus reste ballottant et rétrodévié.
Une fois nous avons fait l'opération de Laroyenne qui a très bien
réussi.
Enfin nous réservons le raccourcissement intra-péritonéal des liga-
366 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
ments ronds (quatre opérations) on le plissement des ligaments larges
(une opération) pour les cas où nous faisons la conservation d*annexes
malades : ces cinq malades ont guéri ; il y eut récidive partielle dans
un cas, il s'agissait d'une malade d^aspect taberculeux chez qui les
adhérences, qui fixaient l'utérus en rétroversion, étaient constîtiires
par une épaisse couche caséeuse, mais malgré cette récidive incom*
plète la malade se trouvait très bien.
Voilà, messieurs, les moyens que j*ai employés dans le traitement
des rétrodéviations et qui m*ont constamment donné des succès.
Du traitement du prolapsus génital par la sospenslon de ratéms et
de la vessie à la paroi abdominale.
— Lapoyenne (Lyon). — J'ai proposé l'an passé au Om^rè» d^
gynécologie d'A msterdam une cure radicale nouvelle de la cystocèle vagi-
nale, la cysto-hystéropexie. Ce procédé combine les avantages de la
simple cystopexie antérieure telle que Ta pratiquée M. Tuffier et de la
vésico-fixation de Mackenrodt où la vessie est suturée à Tutéras, maî^
après des manœuvres vaginales compliquées et sans fixation préa-
lal)le de l'utérus.
Le premier temps de l'opération est une hystéropexie abdominale.
L'utcrus ainsi fixé est guéri de son propre prolapsus et de plus va four-
nir un point de suspension solide à la vessie. Les derniers temps de
l'opération comportent en effet la suture delà paroi postéro- supérieure
de la vessie à la face antérieure de l'utérus et de la face anU^rieure
de la vessie à la paroi abdominale au-dessous de la zone d'adhés^ion
réservée àTutérus. L'important ici c'est la suspension de la paroi pos-
térieure de la vessie à l'utérus hystéropexie et par son intermédiaire à
la paroi abdominale. Nous considérons comme ordinairement insuffla
sants les procédés de cystopexie qui se contentent de suturer la face
antérieure de la vessie et si nous faisons encore cette suture, ce n'est
que comme un complément de la cysto-hystéropexie. En effet, c'est
la paroi postérieure de la vessie qui prolabe dans la cystocèle vaginale,
c'est à elle qu'on doit s'adresser dans la cure de cette affection. Au
point de vue du prolapsus, les parois vésicales sont indépendantes
l'une de l'autre et l'on sait les modes multiples d'après lesquels peut
se dilater la cavité vésicale. Ainsi, que la face antérieure de la
vessie soit adhérente en avant, son fond pourra cependant encore se
distendre et forcer la paroi vaginale antérieure.
LÀROYBNNB 367
Nous n'accordons pas grande confiance aux différentes colporrhaphies
dans le traitement de la cystocèle qu'elles masquent et ne suppriment
pas . Elles ont même parfois rinconvénient d'empêcher^ en rétrécissant
le vagin, le port d'un pessaire qui était utile et dont ces opérations
incomplètes n'ont pas supprimé le besoin.
La technique de cette suture utero -vésicale et vésico-pariétale se
rapproche de celle que nous avons antérieurement adoptée pour l'hys-
téropexie. Dans l'hystéropexie nous poussons de bas en haut l'utérus
où il doit être fixé, à l'aide d'un hystéromètre de fort volume introduit
dans sa cavité. Dans la cystopexie, après dilatation de l'urèthre, l'index
est introduit dans la cavité vésicale et porte facilement au contact de
l'utérus tout voisin. la paroi vésicale postérieure, puis au contact du
péritoine pariétal la paroi vésicale antérieure. Cet index juge du degré
de pénétration des aiguilles dans l'épaisseur des parois vésicales et pré-
vient tout risque de perforation. Ici encore, comme dans l'hystéropexie,
nous utilisons des aiguilles-broches dont nous avons montré ailleurs
les avantages. Afin de pouvoir commodément attacher la vessie à
l'utérus et de ne pas être gêné à ce moment par l'immobilité de ce
dernier organe qui vient d'être hystéropexié, il faut avoir soin de ne
pas serrer immédiatement les fils d'hystéropexie, et attendre, pour le
faire, que la vessie ait été suturée à l'utérus.
La dilatation de l'urèthre et l'introduction d'un doigt dans la cavité
vésicale effrayeront peut-être quelques opérateurs. Cependant nous
n'avons pas vu persister d'incontinence vésicale à la suite de ces
manœuvres. Elle cesse au bout de peu de jours et quelquefois n'existe,
môme au début, qu'à un faible degré. Les symptômes de cystite
légère observés dans quelques cas ont cédé à une ou deux injections
de nitrate d'argent. En définitive, le doigt intra-vésical n'a causé que
des inconvénients insignifiants et a considérablement facilité l'opé-
ration. Mais si ce point de technique n'était pas accepté, on ne
devrait pas pour cela renoncer à l'opération que nous recomman-
dons. La cysto- hystéropexié, la fixation de la paroi vésicale posté-
rieure à l'utérus hystéropexié pourrait être faite par n'importe quel
procédé.
Après cette intervention qu'on terminera par une périnéorrhaphie si
l'état du périnée le réclame, non seulement la cystocèle disparait,
mais on observe, avant de refermer l'abdomen, un effacement, facile
à comprendre, du cul-de-sac vésico-utérin qui semble être une
garantie contre toute récidive.
368 13" CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Du traitement de la chute de matrice par nn nouTel appareil.
~ Tieguère (de Riesitza. gouvernement de Witebsk, Russie). —
Les avantages, que mon nouvel appareil a sur les appareils proposée
jusqu'à ce jour, sont les suivants :
V Chaque malade peut elle-piême, sans le secours d'un médecin,
introduire et retirer dehors cet appareil quand elle le désire .
2o Chaque malade peut Tagrandir ou lo diminuer* c'est-à-dire qne
chaque malade peut facilement Tapproprier à ses organes génitaox.
3^ Par conséquent, il est évident qu en se servant de ce nouvel
appareil on peut éviter l'irritation des organes génitaux et la sta^^-
tion des écoulements qui dès lors ne peuvent devenir fétides ou para-
lents.
Nouveau traitement du prolapsus utérin.
— Inglis Parsoiis (Londres). — En présence d'un prolapsus, il
faut renforcer les ligaments larges et les mettre en état de supporter le
poids de Tutérus. Le principe du traitement, que je propose et que j'ai
employé avec succès dans 30 cas, est très simple et consiste dans Tali-
lisation des pouvoirs réparateurs de la nature. Quand il se fait un
déplacement dans une articulation, nous savons tous qu'à la suite il
survient une tuméfaction autour delà région lésée. Cette tuméfaction
consiste dans une effusion de lymphe C'est là le premier effort de la
nature pour réparer la lésion. Après un mois ou deux, la tuméfaction
a disparu pour la plus grande part, les déchirures ligamenteuses ont
été réparées par du tissu fibreux néoformé, et la lymphe a rempli le
rôle qui lui est dévolu.
Quand la matrice s'abaisse, le processus s'opère d'une façon très
graduelle : il s'écoule des mois et même des années avant que le
prolapsus soit très marqué. La conséquence de cette évolution lente,
c'est l'absence de stimulus pour une formation de lymphe comme en
produit la luxation brusque d'une articulation ordinaire. Je fl><*
propose donc de remédier à ce défaut de stimulus i)Our la production
de la lymphe, de le produire artificiellement, puis de laisserais
nature le soin de restaurer les ligaments surdistendus. Mais quel aèrent
stimulant choisir ? 11 doit remplir plusieurs conditions : a) être anti-
septique ; /;) exercer une action exclusivement locale ; c) ^iHSas ^'^
INGLI8 PARSONS 369
sorptîon, ne pas exercer d'effet fâcheux sur Torganisme. Or, le sulfate
de quinine répond autant que possible à ces desiderata. Injecté dans le
tissu cellulaire du bras, il parait s*y précipiter, et y détermine une effu-
sien de lymphe qui persiste plusieurs semaines. Il offre également
Tavantage d'ôtre fortement antiseptique et d'exercer une action tonique
sur l'organisme en cas d'absorption.
On injecte, par le vagin, une solution de sulfate de quinine dans le
tissu cellulaire des ligaments larges.
Artères et veines étant situées dans la partie interne des ligaments
larges, on ne court pas le risque de les léser si Ton enfonce, par le
vagin, Taiguille dans un point convenable. De même, des uretères. Les
deux tiers externes des ligaments larges ne contiennent ni veines ni
artères importantes, et on peut les attaquer franchement, les ouvrir
par le vagin sans avoir un seul vaisseau à lier. L'opération ne demande
que quelques minutes et ne comporte aucun risque pourvu qu'on la
fasse avec soin, antisepsie et précautions II est essentiel que la pointe de
l'aiijuilli' pénètre dans Vintérieur du ligament large, dans le tissu cellulaire
interîigamenteux. L'anesthésie est utile parce qu'elle assure l'immobi-
lilc, mais n'est pas nécessaire.
Techniqm opératoire : la femme est placée dans la position de la
taille. Le vagin, qui a été irrigué plusieurs jours, est lavé avec une
solution de sublimé à l p. 2000. L'intestin a été exonéré. On refoule
en bas la paroi postérieure du vagin avec un spéculum de Sims, tandis
que la paroi antérieure est attirée en haut à l'aide d'un rétracteur. En
quelques cas de prolapsus accusé, avec un grand relâchement des
parois vaginales, ces parois peuvent se dérouler, faire saill»e entre les
deux écarteurs et masquer le champ opératoire : il faut alors recourir,
en outre, à des écarteurs latéraux. Le champ opératoire étant ainsi
découvert, on fait l'injection de chaque côté à travers la paroi
vaginale, en s'appliquant bien à ce que l'aiguille chemine perpendicu-
lairement à la base du ligament large, parallèle au long axe de l'utérus.
Quand la malade n'est pas anesthésiéc, elle supporte péniblement la
piqûre. Mais, dès que l'injection commence, la douleur ne dure pas au
delà de quelques minutes. La sensibilité varie d'ailleurs suivant les
sujets ; on pourrait l'atténuer par une injection d'eucaïnc. L'injection
faite, avant de reporter la malade dans son lit, il faut mettre l'utérus
en l)onne position, en anté version et l'y assurer par rappUcation d'un
pessaire, qu'on laisse in situ quatre à cinq jours et qu'on enlève quand
l'exsudation lymphatique maintient l'utérus en bonne place.
370 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Le titre de la solution qniniqne importe. Trop élevé, la solation
peut provoquer la suppuration ; trop faible, Teffet est insuffisant.
L'auteur s*est arrêté à la proportion de 1 pour 5 (1). La quantité de la
solution injectée varie avec la gravité du cas (30 à 40 minîros environ
de chaque côté, à chaque injection). Quand il y a nécessité de faire iui«>
deuxième injection, il faut laisser un intervalle d'au moins trois
semaines.
Suites. — Elles sont, en général, des plus simples. Les premiers jours,
un peu d'élancement dans le pelvis ; pas de signes de phlegmasie locale,
pas d'hyper thermie. L'effet produit par l'injection varie aussi avec
l'état de santé du sujet. L'effusion lymphatique est naturellement
plus abondante chez une femme vigoureuse, de bonne constitution.
D'autre part, d'autres conditions, degrés divers du relâchement des
ligaments, poids de lutérus, etc., influent sur les résultats de Tin-
jection.
Quand l'injection a provoqué l'effusion lymphatique, les meilleures
conditions, pour lui permettre de produire le résultat visé, c'est de
maintenir la femme au lit, dans le décubitus horizontal, un ou deux
mois. Toutefois, à cause des alternatives de réplétion et d'évacuation
de la vessie, il est impossible de mettre l'utérus au repos absolu, etc.
Aussi chez 25 opérées seulement sur 30, l'organisation de la lymphe
fut tout à fait satisfaisante. Chez les autres, il n'en fut pas ainsi.
Le résultat du traitement, quand l'utérus est maintenu élevé, s'af-
firme d'ordinaire plus nettement après, trois à (juatre mois. L*utéru$
diminue de volume ; les larges érosions, les écoulements profonds
spontanément, disparaissent ; les parois vaginales récupèrent pins on
moins leur tonicité ; les cystocèles et rectocèles se guérissent on
diminuent suivant leur degré primitif.
Le traitement n'empôche, ni n'interrompt la grossesse. Au cotai.
30 cas traités ont donné : a) 25 succès; h) 3 améliorations; c) 2 échecs.
Le traitement du prolapsus utérin.
— J. Kiriac iBucarest).— L'auteur a imaginé une méthode spérialc
qui consiste dans la fixation aux parois abdominales, non seulement
de Tutérus, mais de la vessie elle même. Cette opération, faite pour
(1)2 minims 1/2 d'acide salfurique et 2 minims 1/2 d'eau, le minime valant
l/60« do drachme.
kiriàc 371
la première fois à Bncarest en 1891, a été nommée par l'auteur:
H ystèro-cy»to-ventrO'i}exie .
En 1895, le 14 novembre. Fauteur ne s'est pas contenté d'une hysté-
ropexie simple ; en effet, il y a ajouté l'enlèvement d'un lambeau
assez grand, pris sur la face antérieure de l'utérus et un autre sur la
xmroi abdominale. Ces deux surfaces saignantes sont, après, réunies
entre elles par des fils de soie.
Voici, du reste, la manière de pratiquer l'opération :
On met la malade dans la position inclinée de Trendelenburg. Une
fois le prolapsus réduit, on ouvre l'abdomen ; on saisit l'utérus soit
avec la main, soit avec une pince-érigne et on le fait sortir au niveau
de la plaie abdominale. Alors, on dessine sur la surface antérieure de
l'utérus un lambeau généralement de 3 c. q. et on commence une dis-
section minutieuse en entamant même le tissu musculaire utérin.
Après cela, on résèque de cbaque côté de la plaie une partie corres^
pondante du péritoine pariétal. On applique une compresse stérilisée
sur la plaie utérine pour faire cesser la petite bémorrhagie éventuelle.
Un aide introduit une sonde de femme dans la vessie et pousse le
fond de cet organe le plus haut possible ; la paroi postérieure de la
vessie est réunie à la face antérieure de l'utérus, au-dessous du lambeau
incisé, par un point de suture verticale toujours à la soie. La paroi
antérieure de la vessie est attachée à la paroi abdominale par un autre
point de suture au<dessus de la symphyse. On fait après l'hystéropexie
par la méthode ordinaire (Gzernyï en mettant en contact les deux
larges surfaces saignantes de l'utérus et de la paroi abdominale
dépourvue de son i)éritoine. On ferme l'abdomen par plusieurs points
de sutures à deux étages et Topération est terminée.
1) Cette méthode, d'après l'auteur, serait supérieure à toutes les
autres dans ce sens que la réunion de l'utérus et de l'abdomen se fait
par de larges surfaces saignantes qui donnent une cicatrice assez solide
et permanente, impossible de céder. La preuve en est dans un cas où
Fauteur a pu revoir une malade une année après l'opération avec une
récidive de la cystocèle, tandis que l'utérus est resté à la même place où
il avait été fixé au moment de l'opération, c'est-à-dire à 9 cm. au-dessus
de la symphyse. C'est pour cela que l'auteur se propose de fixer h la
première occasion la vessie à l'utérus et h la (wroi abdominale, toujours
par des surfaces saignantes.
2} Bien qu'on fixe l'utérus très haut, atteignant môme 9 cm. au-
dessus de la symphyse, bien que la vessie soit fixée à rutérus et à
372 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
rabdomen, sur 15 opérations Tauteur n*a jamais constaté des tronble^
dans la fonction urinaire.
3) Quant à raccoucbement, il n'y aurait pas d'inconvénients, étant
donné que d'un côté l'opération devrait être pratiquée sur des femme?
âgées et d'un autre côté, s'il s'agissait môme de femmes jeunes, b
gravidité ne pourrait pas être entravée, vu que le fond de rutpjnx<
reste libre, le lambeau étant confectionné à partir de l'isthme et
s'arrétant à une distance assez éloignée du fond de Tutéras.
Gystopexie indirecte par raccourcissement de raponèTrose ombilico-
pelvienne .
— Paul Petit (Paris). — L'aponévrose dénommée ombiUco-t^si-
cale par M. Delbet, et que je préfère appeler ombilico-pelviefinr pai.^
qu'on peut la suivre sur toute l'étendue du petit bassin, résulte d'un<*
condensation du tissu cellulaire sous-péritonéal. Elle naît, au voisi-
nage de Tombilic, au devant du péritoine et de l'ouraque, et des-
cend, entre les deux artères ombilicales, pour engainer la partie sus-
diaphragmatique des viscères pelviens et les vaisseaux qui lui sont
destinés. L'enveloppe celluleuse du rectum, la trame celluleuse du
ligament large, l'alleu ginée utérine ne sont que des dé[)endance< de
cette membrane. En abordant la vessie, elle se dédouble nettement
en deux feuillets: le feuillet superficiel couvre la face iwsléro- supé-
rieure de l'organe ; le feuillet profond couvre sa face antéro-inférieure
et le segment extravaginal de sa face postéro inférieure.
Après avoir mis à nu et isolé la [Mirtie abdominale de cette aponé-
vrose, que l'on y taille un lambeau, entre les deux artères ombilicales,
du voisinage de l'ombilic h la vessie dont elle enveloppe, comme non*
venons de le dire, la majeure partie, il suffira de tirer de bas en haut
sur ce lambeau, pour soulever d'autant la vessie et la paroi vaginale
antérieure. Entrons dans le détail :
Pour découvrir l'aponévrose, il faut inciser la gaine des muscle>
droits, récliner de part et d'autre ces muscles, isoler et détacher autant
que possible le fascia propria Pour la séparer du péritoine, il faut
commencer par faire une courte incision, le long et en dedans df
l'une des artères ombilicales et profiter du relief de l'artère pour glisser,
par cette petite brèche, une sonde cannelée qui amorce le décollement.
Ceci fait, on incise l'aponévrose :
D'abord transversalement, entre les deux artères ombilicales et à
PETIT 373
peu de distance de rextrémité supérieure de l'incision pariétale, en
tranchant du môme coup Fouraque dont on pince le bout inférieur ;
puis, de haut en bas, en dedans des artères ombilicales, en visant à
peu près l'épine du pubis. C'est dire que cette incision descendante
diverge moins que les artères ombilicales ; que, d'abord à leur contact
elle les laisse s'écarter, de plus en plus, en dehors, h mesure qu'elle
s'approche du pubis. Elle s'arrête tout près de son bord supérieur, non
loin des bords latéraux de la vessie (que pour un peu elle entamerait)
et de chaque côté de la corne vésicale antéro-supérieure. On a ainsi
isolé, entre les deux artères ombilicales, un lambeau d'autant plus
épais qu'on se rapproche davantage de la vessie, et qui se dédouble,
en l'abordant, pour l'envelopper.
En tirant sur ce lambeau, à l'aide des pinces qui y sont fixées, on
élève en même temps la corne vésicale et, la position de Trendelenburg
aidant, on peut facilement la porter jusqu'à trois travers de doigt
au-dessus du pubis . Mais point ne doit être besoin d'une élévation
aussi marquée pour obtenir, dans tous les cas, une bonne réduction de
la cystocèle, surtout quand on a fait, ce qui doit être la règle, une
colporrhaphie antérieure. Il est rationnel d'arrêter le mouvement quand
la paroi vaginale sous-vésicale devient suffisamment rigide. Le bout
inférieur de l'ouraque, par suite de la traction exercée, se trouve
dépasser le bout supérieur de la hauteur même, toutes choses égales
d'ailleurs, correspondant à l'élévation de la vessie.
Que les tissus soient fixés en l'état, et le lambeau (c'est-à-dir,e à peu
près la totalité du segment a])dominal de l'aponévrose ombilico-pel-
vienne) se trouvera raccourci d'autant et la corne vésicale sera main-
tenue à la hauteur choisie.
Pour cette vésico-fixation indirecte :
Plusieurs anses do catgut superposées étreignent perpendiculaire-
ment à sa longueur le lambeau dont la partie la plus résistante est
représentée par l'ouraque ; puis, chacun des deux chefs de chaque anse
s'enfile à droite et à gauche :
1® A travere la lèvre externe de l'incision de l'aponévrose en passant ;
a en dedans de l'artôre ombilicale dans la partie basse de l'incision,
là où l'artère se porte déjà très en dehors, là où l'aponévrose est assez
épaisse ; b\ en arrière, puis en dehors de l'artère ombilicale, dans la
partie haute de l'incision, là où l'artère est assez rapprochée de l'ou-
raque, là où l'aponévrose est peu épaisse et se trouve bien de la présence
de l'artère tout près de son incision pour donner appui au fil ;
374 13* CONGRÈS DBS SCIfiNCBS MEDICALES DE PARIS
2° A travers le muscle droit et les deux feuillets de sa gaine. L^s
anses de fil qui embrassent le lambeau, une fois serrées, le transfor-
ment en une corde dont Touraqne normal est le centre, en font comair
une sorte d'ouraque renforcé et très solide que Ton raccourcit fisr
section de toute la partie qui dépasse Tincision transversale et supé-
rieure de Taponévrose. D'autre part, étant donné le trajet que suî%*eni
avant d^ètre nouées à nouveau, les chefs de chaque nœud, on voit qor
le lambeau, tassé sur lui-même, est remis en continuation avec If
fascia sous-péritonéal et très solidement fixé à la paroi .
LawsonTait (1) a décrit, avant moi, un procédé similaire à lambeaQ
péritouéal. Après incision de la paroi et exposition des artères ombili-
cales, il incise transversalement le péritoine à égale distance du pul4-
et de Tombilic, sur une longueur de 1 pouce et demi. De chaque extri^
mité de cette incision en part une autre dirigée en bas et en dehca^,
sur les côtés de la vessie, juste en dehors des cordons . On attire \^
lambeau qui comprend à la fois le péritoine et Taponévrose ombiiic«>-
pelvienne puisqu'ils sont adhérents et qu'on n'a pas pris la peine d<
les décoller, et on le maintient par des sutures qui traversent la parcvi
abdominale .
Ce procédé a peut-être sur celui que je propose l'avantage d'èln-
expéditif. On pourra y recourir pour les feuimes grasses chez les-
quelles l'aponévrose ombilico-vésicale est moins résistante, moio>
distincte ; toutes les fois qu'on éprouvera quelque peine à l'isoler do
péritoine, suivant le tour de main indiqué. Mais j'estime qu'en bornant
le raccourcissement à cette aponévrose on répond mieux aux conditioQ^
physiologiques ; qu'en la tassant en un cordon médian, on obtient un
point d'appui au moins aussi solide qu'en cousant, tel qu'U se présente,
par ses bords, le lambeau péritonéo-fibreux; qu'il n'est pas encorr
absolument indifférent, au moins pour les malades, malgré les progro
accomplis, d'ouvrir ou non le péritoine.
Qu'on emploie l'un ou Tautre procédé, je crois qu'il est préférable
de laisser les artères ombilicales en dehors du lambeau, c'est-à-dirp
de faire les incisions longitudinales destinées à obtenir c«lui-<i en
dedans des artères, sans quoi, étant donnée leur divergence, on le>
coupe fatalement avant d'atteindre le bord vésical et Ton supprime
(1) Lawson Tait. Opération pour le relèvement de la vessie chez la femme,
dans le prolapsus ou la cystocèle. BrU, med. Journal^ juillet 1898.
SPINELLI 375
ainsi les deux cordages de soutien du hamac fibreux dans lequel repose
la vessie.
Ces deux procédés me paraissent présenter les mêmes avantages au
point de vue physiologique que le raccourcissement des ligaments
ronds, à savoir de reconstituer et renforcer les agents de suspension
normaux, de remettre les organes en bonne place sans prendre un
point d'appui anormal sur leur paroi .
Je les crois supérieurs à ce point de vue : au procédé de vésico-
fixation de Tuffier qui aborde la vessie comme pour une cystotomie,
sans ouvrir le péritoine, et la fixe par sa paroi intra-vésicale ; au pro-
cédé de Vlaccos qui, après injection intra-vésicale et incision du
péritoine pariétal, passe ses fils à travers la couche musculaire de la
paroi postéro-supérieure de la vessie distendue ; au procédé de
Dumoret qui agit de même sauf qu'il passe entre le péritoine viscéral et
le muscle ; au procédé de Laroyenne qui introduit le doigt dans la
vessie, pour être bien sûr, en s'attaqnant à cette même paroi de Tor-
gane, de traverser sa couche musculaire, sans pénétrer dans la cavité
Tésicale.
Je ne me refuse pas absolument à saisir, dans le fil le plus inférieur,
le sommet de la vessie, mais point n'est besoin en ce cas, d'avoir le
doigt sur la surface muqueuse pour éviter de la traverser. Il suffit de
savoir que, sur la ligne médiane du point d'attache de Touraque à la
cavité vésicale, il y a, la vessie vide, c'est-à dire quand la corne vési-
cole est à son état de rétraction normale, ime épaisseur de tissu de
1 centimètre, épaisseur qui se double quand on tend la corne vers
Tombilic.
Je n'ai encore expérimenté que sur le cadavre le procédé que je
propose, pour la bonne raison que les colporrhaphies bien serrées me
donnent des résultats suffisants. Mais je le recommande aux fervents
de la cystopexie et je ne dis pas que je n'en fasse pas moi-même l'appli-
cation en cas de cystocèle très prononcée, chez les femmes atteintes de
cette faiblesse générale des tissus qui incite à l'emploi de manœuvres
exceptionnelles .
Traitement conservateor de l'inversion utérine.
— Spinelli (Naples). — (Voir plus haut, p. 195.)
376 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DB PARIS
Discussion.
— M orisani (Naples). — Gomme j'ai opéré une femme d^inverskn
de la matrice avec le procédé d'un de mes aides M. le D*^ Pinoli, vod^
me permettrez de rectifier certaines affirmations du précédent orateur
Il faut établir d'abord, que Pinoli, dans la réunion du 1894 à Rome, si
proposé une méthode nouvelle pour réduire Tin version chronîqae àç
Tutérus. Voici en quoi consiste cette méthode : Il s'agit d'ouvrir le
cul-de-sac postérieur du vagin après désinfection, de fixer la matrice
inversée et de pratiquer ime incision dans la paroi postérieure de
Tutérus, depuis l'orifice çxlérieur du col jusqu'au fond de l'orgime.
Après quoi on réduit très facilement la matrice inversée et pniâ on
pratique la suture de la plaie utérine et de celle du vagiu.
Il discute les raisons, par lesquelles c'est préférable d'ouvrir la
paroi postérieure, au lieu d'ouvrir le culde-sac antérieur du vagin.
Les raisons exposées par l'orateur qui m'a précédé n'ont pas beaucoup
de valeur. D'abord, elle n'est pas exacte l'affirmation que les annexe-
de l'utérus s'atrophient, et que la matrice devient atrophique et trè*
mince dans l'angle où correspond l'orifice interne ; et qu'après l'opé-
ration il se produit une rétroflexion de l'utérus. Chez la femme que
j'ai oi)crée la matrice après l'opération est restée à la place naturelle:
aucune inclinaison en arrière ne s'est produite J'ai observé cette femm»*
deux ans après l'opération pratiquée, et j'ai pu me convaincre que
l'utérus était resté dans la place naturelle sans aucime déviation.
Les méthodes de Kiister et de Kehrer, selon lesquelles on dit que
j'ai opéré, présentent une différence considérable avec l'opération qut*
j'ai pratiquée. Ktister, en effet, ouvre la matrice de l'orifice interne
jusqu'à 2 centimètres du fond, et il fait la réduction de lorgane à
travers le trou fait au corps de 1 organe. Kehrer fait une incision par-
tant de l'orifice externe du col, et la prolonge en haut dans le corps de
la matrice, et il fait la rein version à travers l'incision. Il n'y a évi-
demment aucune comparaison à établir entre les opérations des deux
opérateurs cités et la méthode de réinversion que j'ai pratiquée. Un
autre de mes aides le D»* Sava a fait la môme opération, avec le mt^me
résultat.
Or je me demande, quelle particularité présente le procédé décrit par
l'orateur qui m'a précédé fil dit qu'il a fait la suture du col de l'utérus
au vagin suivant la méthode de Dùrhssen ; mais d'abord la méthode de
Dûrhssen est déjà ancienne et on doit la considérer comme une autre
DÔDKRLEIN 377
opération adjointe à la première, opération qni n^est pas toujours
nécessaire. Toutes les fois que la matrice reste à sa place après la réin-
version, il n'y a aucun besoin de pratiquer l'opération de Dûrhssen.
Je conclus : Pour la réinversion chronique de Tutérus inversé, il
n'y a qu'une seule opération à faire et elle appartient au D' Pinoli (celle
que moi et le D'* Sa va nous avons pratiquée) ; tout le reste ce sont des
opérations ajoutées à la première, et n'ayant qu'un intérêt relatif
dans les cas où on trouve leur indication.
Des troubles de la menstraation dans certaines maladies de l'estomac.
— Bolmond. — Conclusions. Il résulte de nos observations :
V* Que les troubles de la menstruation sans lésion anatomique ne
sont pas une entité morbide ; mais un syndrome dépendant d'une
maladie de l'estomac, plus particulièrement de la dilatation de l'es-
tomac par atonie des parois, ou d'une dyspepsie, chez les personnes
ayant une tare neuro- arthritique ;
2o Que le traitement doit être dirigé contre la maladie principale ;
et non contre la dysménorrhée, la ménorrhagie et la métrorrhagie qui
ne sont que symptomatiques.
Séance du 7 août (aprèS'/aidi).
Deuxième question à Tordre du jour :
METRITES CERVICALES
l^* Rapport de Dôderlein (Tûbingen).
Si nous voulons, à Theure actuelle, exposer l'étiologie des processus
inflammatoires d'un organe quelconque du corps, nous devons^ cons-
tamment et en premier lieu, considérer et rechercher les microorga-
nismes comme les facteurs primitifs delà maladie. Précisément, les
travaux féconds et riches en heureux résultats de ce dernier quart de
siècle nous ont enseigné quTi Toriginc de presque toutes les maladies,
évoluant avec le complexus anatomique et clinique de l'inflammation,
il y a, comme agents pathogènes,- des bactéries.
Ain. DB OTH. — TOI* UY. 25
378 13^ coNcnÈs des sciences méoica.lbs de paris
Cet organe est -il, comme c'est le cas pour celai dont nous devDo»
nous occuper, en communication et en contact avec le monde extérkar *
nous sommes conduit à admettre avec d'autant plus de vraisemMaanr
que les transports de germes jouent dans Tinflanmiation un r6ie caoâal.
Et nous devons estimer le danger de 1 t 'infection hétérogètut • d^au
tant plus grand que ces relations avec le monde extérieur sont pltt>
étroites.
Au premier abord, le vagin et Tutérus semblent courir à peine autafit
de danger qu'un autre organe du corps, et, pourtant, ces organes, cb^^z
la femme adulte, sont par leur situation et par leur fonction trt>
exposés.
Cependant, si nous voulions éclairer le problème de rinflammatioD
du col par ces seuls points de vue théoriques et a priori ^ nous risqik^
rions de nous acculer à une impasse qui nous éloignerait de la vérité
Le canal génital, polymorphe de la femme, dont la fonction corn--
porte avec elle des occasions si nombreuses de maladie et surtoot
d'infection, accomplit sa destinée si sujette à changements sans
mettre, pour cela, en trop grand danger la santé et la vie de U
femme.
Sous le rapport des facultés de défense des organes génitaux fémi-
nins contre les influences extérieures défavorables, le col de rutéroi
prend, entre les diverses régions du canal génital, une place spéciale.
Les recherches sur la sécrétion vaginale nous ont fait connaitn*
nombre de faits, au début très surprenants, mais de nature à biim
rassurer et qui établissent qu'en cette région comme en d'autre^,
comme pour d'autres organes s'ouvrant à l'extérieur, poumons, voie?
aériennes, cavité naso-buccale, il existe des moyens de défende ik
diverses sortes contre la pénétration et le développement de bactérie^
dangereuses, moyens de défense qui sauvegardent, sinon entièrement,
tout au moins à un haut degré, Tétat de santé des organes génllans
féminins.
La connaissance et Tétude du pouvoir de défense dont jouit la
région ont au moins autant d'importance que la démonstration réelle
de la présence des bactéries dans une maladie. Je ne suis porté à
reconnaître, en toute confiance, h cette dernière condition une part
étiologique que si l'accès de ces organismes sur l'organe considéré t*sl
compatible avec les attributs biologiques dévolus à cet organe. Lf^
nouvelles investigations s'appliquent non à la démonstration simptlc
des facteurs des maladies, mais à la découverte de leurs conditioD>
DÔDEnLKlN 379
d'existence dans la sécrétion vaginale : aussi, leur doit-on beaucoup.
Les diverses portions du canal génital de la femme se comportent
très différemment vis-à-vis de l'invasion et du développement des
bactéries.
Alors que les organes génitaux externes et le vagin dans sa sécré-
tion renferment beaucoup de bactéries d'espèces diverses, au contraire
la portion du canal génital, située au-dessus de Torifice externe du col
de Tutérus, en est, les condilhnê étant normaks, totalement dépourvue.
Les laborieux et minutieux travaux de Menge ont montré d'une
manière exempte de reproches que précisément le col de Tutérus joue
un rôle important pour maintenir la portion supérieure du canal géni-
tal libre de bactéries.
Par ses caractères analomiques et fonctionnels comme par ses attri-
buts physiologiques et biologiques se distinguant du vagin aussi bien
que de la matrice, le col utérin est en quelque sorte une pièce inter-
médiaire, située entre la portion inférieure du canal génital en com-
munication avec le monde extérieur, et la portion supérieure qui
présente Vost'mm abdominal, les oviductes et la cavité utérine.
De ce fait, le col de Tutérus parait d'une part particulièrement exposé,
par en bas, à contenir des éléments morbides apportés, contre lesquels,
à cause de la structure de sa muqueuse si riche en recoins, il semble
moins bien défendu que le vagin aglandulaire et recouvert d'un épi-
thélium pavimenteux résistant. Et, d'autre part, la mission lui incombe
de protéger les cavités utero -tubaire et péritonéale contre l'immigra-
tion d'hôtes importuns. Cette mission spéciale de se défendre soi-même
et d'être en même temps une sorte de sentinelle placée à l'entrée de
la région, le col peut l'accomplir à la faveur de ses attributs anatomi-
ques et des propriétés physiques et chimiques de sa sécrétion. A parois
rigides, le canal étroit du col ne communique avec le vagin que par un
petit orifice, la i)ortion du col tournée vers le vagin est tapissée par un
épithélium pavimenteux, aglandulaire, résistant, tandis que le canal
lai-môme est recouvert par une muqueuse traversée de glandes à sécré«
tien visqueuse et est rempli de mucus alcalin, clair, adhérent.
Les causes en raison desquelles, malgré cette communication libre
avec le vagin toujours riche en bactéries, malgré aussi les rapports
éventuels avec le monde extérieur contenant des bactéries, le mucus
du col reste libre de microorganisme, sont diverses.
En premier lieu, il faut tenir compte de cette circonstance, que la
sécrétion vaginale acide et très fluide offre pour le développement
380 13° CONGRES DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
des bactéries des conditions tout autrement favorables que le mom?
cervical alcalin, visqueux. Mais comme la nature du terrain exerce une
influence spéciale sur la flore qui s'y développe, qui y devient familière.
de môme quand, éventuellement, elles constituent un milieu nutritif
pour le monde végétal le plus inférieur, les sécrétiens du col opèrent
une sélection sur le dévelop[)ement des espèces habituelles .
En conséquence, on ne trouve pas dans la sécrétion vaginale on
mélange variable, mélangé, désordonné de bactéries, ainsi qu*on pour-
rait le supposer si on ne songeait qu'aux occasions nombreuses de con-
tamination, aux voisinages dangereux et si Ton ne voyait dans la sé-
crétion vaginale qu'un milieu de culture humide et pauvre.
Dès la naissance, c'est-à-dire chez le nouveau- né, vierge de bac4érie$,
beaucoup plus chez les enfants et les jeunes filles, où les hôtes du
vagin mènent une existence non troublée, la sécrétion du vagin n''admet
qu'un bacille spécial, remarquable par cette qualité riche en consé-
quences, d'être un producteur actif d'acide.
Après la défloration, l'état bactérien de la sécrétion vaginale se
modifie aux déi)ens de sa pureté bactérienne, en ce sens que des espèori
diverses, dans quelques cas même, à la faveur de certaines ccmdi-
tions, des espèces pathogènes peuvent y vivre et s'y acclimater. Mais,
en général, ce sont des parasites inoffensifs, qui réclament comme con-
dition d'existence une acidité du milieu nutritif.
C'est dans les qualités chimiques de la sécrétion vaginale, et dans le?
déchets, toujours abondants en cette région, de l'activité organique des
saprophytes habituels qui exigent des éléments acides et en produisent,
que réside la cause eu vertu de laquelle d'autres microorganîsmes
que les hôtes habituels n'y rencontrent aucune condition de dévelop-
pement: accidentellement apportés à ce niveau, des germes étrangers y
périssent promptemcnt.
Il faut voir dans cette propriété élective et bactéricide de la sécrétion
vaginale la raison princi[yale gn\ce à laquelle le canal cervical reste
libre de germes, en ce sens qu'au niveau de l'orifice externe il exi;«te,
au point de vue chimique et physique, un changement complet dani
les conditions d'existence Au lieu de la sécrétion vaginale plus ou moins
fluide, liquide, et riche en éléments cellulaires, mtervient un mnnis
complètement dépourvu de cellules, extrêmement tenace, adhérent et
fortement alcalin, qui certainement est toxique pour les hôtes habituels
du vagin.
Mais conmie l'a montré Menge, la faculté de défense propre au
I
DÔDERLEIN 381
col va encore plus loin, car il réussit à se défendre non seulement
contre ces organismes du vagin, mais encore il écarte les bactéries qui,
à Toccasion d'un contact avec le monde extérieur, sont apportées direc-
tement en haut.
Déjà cette circonstance, que la portion du col au niveau de Torifice
externe est bien fermée, que son tissu est inextensible et qu'elle offre
seulement une petite surface de contact, rend difficile Timportation
directe de bactéries. Mais jamais ces bactéries ne se développent.
Menge a pu précisément, dans les milliers de cas qu'il a examinés, cons-
tater que le mucus cervical était libre de germes. Bien plus, il a pu,
dans 15 cas de contamination artificielle \bacillus pyocyaneus, staphy-
lococcus pyogenes aureus et streptococcus pyogenes), constater la dis-
parition complète en douze heures de ces hdtes étrangers, sans
apparence d'une modification quelconque, anatomique ou sécrétoire, ou
d'un changement dans Tétat général de la femme.
La seule réaction constatable de l'organe consiste dans une multi-
plication de leucocytes et dans une phagocytose très nette.
En raison de ces faits, on devrait dénier à tous les germes sapro-
phytes, c'est-à-dire à ceux qui ne végètent que sur les corps organi-
ques, sans vie, également aux microorganismes qui ne se développent
que dans la sécrétion, toute possibilité d'existence dans le col sain.
Mais si des circonstances particulières (rétention de sécrétion ; nécro •
ses de tissu dans les tumeurs, cancéreuses, fibroldes, etc. ; traumatis-
mes, utérus puerpéral) interviennent qui créent des conditions favo-
rables au développement des bactéries, cet état de choses peut aboutir
à un développement de germes dans l'utérus.
Parmi les parasites, agents pathogènes, qui se distinguent par la
propriété d'attaquer le tissu vivant, il en existe deux espèces qui pour-
raient avoir une importance étiologique dans la métrite du col : a) le
gonocoque de Neisser et b) le bacille de la tuberculose, de Koch. De
ces deux, le pi^emier joue dans cette région un rôle de beaucoup plus
important que le second. La localisation de la tuberculose au niveau
du col de l'utérus reste parmi les éventualités les plus rares.
Vis à- vis du gonocoque, les facultés défensives, chimiques et physi-
ques, au niveau de l'orifice inférieur de l'utérus en dépit de sa parfaite
intégrité anatomique, restent en défaut. Apportés dans le coït et avec
le sperme directement sur Torifice externe, les gonocoques envahissent
en vrais parasites les cellules épithéliales cylindriques de la muqueuse
cervicale, qui leur sont évidemment très appropriées et très accessibles.
382 13*^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Et. lorsqu'ils se sont établis dans les cellules elles-mêmes et dans les
recoins intercellullaires, il leur est aisé, par voie d'a<;croisseiiient en
surface, de se diffuser en haut sur et dans la muqueuse, et de se nicher
de telle façon qu'il serait aussi difficile de les déloger à ce niveau f^t
de les tuer que dans la profondeur et^es cryptes de l'urèthre mâlf*.
Il est remarquable que, dans la métrite gonorrhéique du col, I '
gonocoque reste toujours isolé. On ne le rencontre jamais combiné a vfc
•une autre espèce de bactérie', pas plus du reste que dans le pus d*ao
pyo-salpinx de nature gonorrhéique. Évidemment, le gonocoque dml
cet isolement à ses propres produits de désassimilation qui rem-
plissant la sécrétion, doivent agir en réprimant, jusqu*à extinction, le
développement d'autres bactéries.
Le processus pathologique développé par le bacille tubercnlcox an
niveau du col de Tutérus sort entièrement du domaine de la • métrite
du col » proprement dite, en ce sens qu'il ne s'agit pas ici d'une phle^r-
masie intéressant uniformément la muqueuse et le tissu avoisinant,
mais d'une altération purement spécifique, caractérisée par une dé^^or-
ganisation anatomique ulcéreuse, et plutôt en foyers. Tout à fait con-
trairement à l'infection gonorrhéique, la localisation, ittolée, de la
tuberculose sur le col de l'utérus est une rareté clinique à peine
trouvable. Il semble en fait plus utile d'écarter entièrement ce pro-
cessus du domaine de la cervicite pour le faire rentrer dans celui de
la tuberculose génitale, de même que la tuberculose pulmonaire
occupe une place toute spéciale parmi les affections inflammatoires des
poumons .
Pour les mômes raisons, je tiens les processus syphilitiques et dlph-
téritiques de la portion vaginale du col de l'utérus pour des mani-
' festatious plus ou moins secondaires d'une maladie générale, qui ne
doivent pas rentrer dans Tétude de la métrite du col. De même le»
infections des plaies du col de l'utérus méritent une place spéciale à
cause des particularités spéciales à leurs conditions de production et
h leur mode d'évolution particulièrement aigu. Ce que nous entendons.
de toute ancienneté, par « métrite du col » n'est produit ni par le
streptocoque, ni par le staphylocoque ni par d'autres espèces de
germes semblables.
Sans doute, ainsi que Bumm l'a établi, les germes infectieux
peuvent à la suite d*avortements septiques, d'endométrites puerpérales
aiguCs, séjourner plus de trois à six semaines dans l'utérus et le col,
et là se nicher dans la profondeur ou dans les couches nécrotiqoes,
DÔOERLBIN 383
superficielles ; mais, dès que le tissu normal s'est reformé, que les
érosions éventuelles se sont recouvertes de muqueuse, ces coloni-
sations secondaires de bactéries disparaissent spontanément.
De ces considérations il ressort : que le gonocoque de Neisser est le
seul organisme capable de produire une inflammation aiguë et chro-
nique du col de l'utérus intact. Cet exclusivisme dans Tappréciation
de Fétiologie bactérienne de la métrite du col ne sera pas encore, à
rheure actuelle, partagé par tous les auteurs, d'autant moins que non
seulement il se heurte aux opinions accréditées jusqu'à ce jour sur
les occasions multiples d'infection de l'utérus, mais que, d'autre part,
il existe nombre de recherches bactériologiques, avec résultats positifs,
qui sont en opposition avec cette conception.
n faut signaler ici les résultats positifs, au point de vue bactériolo-
gique, obtenus dans l'endométrite et dans la métrite par Péraire,
Brandt, Wolf Gope. Gottschallc et Immerwahr.
Je n'estime pas utile de faire, ici, l'exposition et la critique minu-
tieuses de ces travaux particuliers ctje dois d'autant mieux y renoncer
que je les ai déjà faites, il y a peu, dans le tome II du traité publié
par J. Veit.
L'importance de la mission qui m'incombe aujourd'hui me paraît
devoir consister à établir de façon précise ce qui a été acquis dans une
question, et non à rassembler des hypothèses de toutes sortes sans
choix, et des faits erronés. Il est impossible de réaliser un progrès
si, de temps en temps, on ne supprime pas dans les questions débattues,
ce qui paraît reconnu faux et si l'on ne fixe pas ce qui paraît définiti-
vement établi. A la vérité, c'est à l'avenir de montrer si cet examen
critique, lequel est toujours un examen subjectif, a touché juste. La
remarque faite par Siebold dans des circonstances différentes s'applique
ici : « l'avenir j^itt ettsnite élever sn voix qui corrige, et per/ectiontte ; il peut
montrer en quoi on a^est trompé, et indiquer ce que nous avons élevé trop
haut et ce que nous avona trop rahiiissé » .
Étant donnés les résultats en réalité très médiocres que nous a
doimés la bactériolo^e dans la question de l'étiologie de la métrite
du col, nous sommes forcés de détourner d'elle nos yeux et de nous
occuper d'autres circonstances auxquelles nous pourrions reconnaître
un rôle actif dans la production de ces modifications anatomiques au
niveau de l'utérus. Il existe une série nombreuse d'états qui présentent
Ma physionomie clinique de la métrite (hypertrophie, hypersécrétion et
érosion) et qui se distinguent par une altération, une modification de
384 13^ CONGRÈS DES SGIBNCfiS MEDICALES DE PARIS
la portion vaginale du col de Tatérus qm, depuis 40 ans, a attiré
Tattention des auteurs, et à laquelle on a, alternativement, accord*^
trop ou trop peu d'importance. Ce sont des déchirures plus ou moin»
profondes qui, chez les fenunes qui ont enfanté, font éclater le col et
donnent à la dépression ronde-ovalaire du museau de tanche un asped
déchiré. Le D** Roser, le premier, en 1861, dans un travail ayant pour
titre «Das Ectropion am Muttermund «, a mis en évidence Timportani^
des déchirures dans les altérations pathologiques du col on de ^a
muqueuse, en faisant voir que la soi-disant a granulation du museau d-
tanche » est l'effet d'une a éversion, d'une hernie de la muqueuse de Vwi^-'
externe > , comparable à Fectropion cicatriciel de la paupière.
La communication de Roser resta longtemps inaperçue. C'est seule-
ment douze années plus tard qu'Emmet, dans un travail présenté k
28 septembre 1874, à la « Société médicale de New- York », attira
l'attention sur l'influence nocive de ces déchirures du col, qui portèrent
dans la suite son nom, et obtint que leur importance restât depuis
incontestée. Emmet ne cita pas le travail de Roser : il ne le connaissait
pas et on songea d'autant moins à lui contester la priorité de la décou-
verte, qu'au moment même où Roser mettait en relief les conséquen-
ces fâcheuses de ces déchirures, Emmet les reconnaissait déjà et traitait
ces lésions chirurgicalement. Le 27 novembre 1862, Emmet opérait,
pour la première fois, t par Vavivenient des earfacee et la coaptatitm *iet
lèvres antérieure et postérieure », une déchirure bilatérale du col, avec
des sutures à points séparés. Au moment de la publication de son
mémoire, c'est-à-dire en 1874, Emmet avait déjà pratiqué ce procéda
opératoire près de 200 fois.
Indépendamment de Roser et d'Emmet, Olshausen a eu aussi le
mérite de dégager une conséquence fâcheuse des déchirures du coi :
leurs relations de causalité avec l'avortement habituel. Ultérieurement, chex
une femme qui, à l'occasion de son premier accouchement terminé jiar
le forceps, avait subi une déchirure du col remontant jusqu'aux inser-
tions du vagin et qui, de ce fait, avait ô fois mis au monde des enfants
prématurés, entre 4 et 6 mois, et non viables, Olshausen obtint par
l'opération d'Emmet une guérison qui eut ce résultat : que, dans b
suite, la femme mit au monde deux enfants à terme, et que, depuis
l'opération, elle n'eut jamais ni fausse couche ni accouchement pré-
maturé.
A l'heure actuelle aucun doute ne subsiste sur l'importance nosologi-'
que des déchirures d'Emmet. Et il est sans doute permis, à Toocasion da
DÔDEULEIN 385
congrès international, de rapporter les paroles prononcées par un homme
éminent, M. Sims, dans la discussion que souleva le travail d'Emmet :
0 Nous devons à Emmet un tribut de remerciements pour la contribution
importante qu'il a fournie à la chirurgie de V utérus. Comme de toutes les
opérations, il en sera mésusé, mais le temps viendra où elle preudirt sa
place parmi les progrès les plus utiles. »
Les conséquences de cette lacération du col sont diverses : béance
du museau de tanche, éversion en ectropion, hypertrophie et épider-
misation de la muqueuse du col. Mais je vois un danger particulier
dans le fait que la délicate muqueuse du col, bien protégée dans Tétat
normal, est, à cause de la déchirure, exposée aux mêmes atteintes
que le vagin défendu par un épithélium pavimenteux résistant. Des
états irritatifs associés à une sécrétion abondante, à de la leucocytose,
et à des processus phlegmasiques sont les suites inévitables de cet état
anormal .
Si, maintenant, nous faisons intervenir, de nouveau, les bactéries
en dernière ligne dans la production des phénomènes pathologiques,
en ce sens que peut-être la muqueuse cervicale ne présenterait pas
des états inflammatoires tellement accusés si elle n'entrait pas en
contact avec ces microorganismes, il serait toutefois illogique et faux,
sous le rapport des conséquencoâ thérapeutiques, de choisir comme
base de conduite la notion de Tinfection et non pas les circonstances
qui y ont donné lieu. Gela ressort déjà, nettement, du fait incontesté
qu'avec la guérison des déchirures et la suppression de Tectropion
tous les phénomènes pathologiques disparaissent : cessanda causoy
cessât effectus.
Enfin, il reste un groupe de cas dans lesquels on ne trouve comme
cause de la mètrite du col existante, ni infections spécifiques ni lésions
anatomiques de l'espèce de celles dont il a été question.
n s'agit de cet état caractérisé par une portion vaginale du col de
l'utérus dure, épaisse, longue, coïncidant avec un utérus la plupart
du temps hypertrophié, douloureux et de plus grande con^^is tance. La
cavité cervicale légèrement en tr'ou verte donne issue à une sécrétion
abondante, la zone autour du museau de tanche est rouge sur une
large surface, elle saigne facilement, et il existe ces kystes, impropre-
ment dénommés œufs de Naboth, situés pour la plupart presque immé-
diatement au-dessous delà surface et remplis tantôt d'un mucus clair,
transparent, tantôt d'une sécrétion suppurée, glaireuse.
Jamais le col n'est seul atteint, presque toujours le corps de l'utérus
386 13*^ coNonÈs des scibnces médicales de paris
est affecté de la même manière ; assez souvent mtoe, d'aatres
de la zone génitale sont aussi intéressées, en sorte qu'on n'est pas con-
duit à rechercher la cause des accidents dans une condition locale,
mais plutôt dans des influences auxquelles est exposé tont l^aftpareil
génital.
Si nous voulons ici remonter aux causes, force nous est, an lieo de
notions démontrées ou démontrables, de hasarder des hypothèses, et
tirer des conclusions d'observations réitérées, de faire entrer en Ugo«
de compte les considérations étiologiques qui se présentent dans bi
métro-endométrite : involution puerpérale défectueuse, affections de^
trompes et du col, troubles circulatoires, développement de tamenn».
psychoses liées h la vie sexuelle, etc.; il faut ainsi faire intervenir
tout un groupe de maladies édifié sur une large base et laissant en
certains cas un large champ & l'appréciation subjective de leur impor-
tance étiologique, si nous voulons nous rendre compte de la fréqnener
et de l'énorme diversité des formes particulières qui s'offrent à notre
observation.
Tantôt c'est plutôt la muqueuse du col. tantôt celle de la portion
vaginale, qui est le plus modifiée. Tantôt ce sont les processus scléreux,
érosifs ou ulcéreux qui dominent : tantôt les altérations adénoïdes.
poly()euses, hyperplasiques coïncidant avec le développement en
longueur et en épaisseur de la portion cervicale, etc. — De ces alté-
rations anatomiques bien connues, les plus intéressantes sont encon
les érosions du museau de tanche: elles marquent le revêtement
muqueux de la portion vaginale du col d'une métaplasie épithéUak
tout à fait spéciale dans cette région.
Dans les premières périodes de la vie embryonnaire, tont le canal de
la copulation est tapissé d'un épithélium cylindrique ; plus tard, le
revêtement épithélial se transforme assez exactement jusqu'à l'orifice
externe de l'utérus en épithélium pavimenteux. Mais tandis que la
muqueuse du vagin elle-même ne présente aucun élément qui rappelle
cette phase première et transitoire du développement, au contraire, an
niveau des ulc>érations du museau de tanche surviennent, même dans
les périodes avancées de la vie, des métaplasies épithéliales telles que,
souvent, on rencontre de nouveau dans une large zone autour de l'ori-
fice externe, au lieu de Tépithélium i)avimenteux, de répithéUam
cylindrique. Nous devons aux travaux classiques de Ruge et de Veit la
connaissance exacte de ces sortes d'aberrations évolutives si discutées,
du revêtement épithélial de la portion vaginale. Gushing, Doléris H
DÔDERLEIN 387
Mangin, Hart et Barbour sont les autenrs des différents pays qni, à la suite
de recherches personnelles, ont confirmé les résultats de Ruge et de
Ycît. Après la chute des couches cellulaires superficielles, la rangée de
cellules la plus inférieure du réseau de Malpighi se transforme en épi-
thélînm cylindrique. Mais ce n'est pas seulement cette transformation
qui aboutit à la formation de Térosion ; il faut faire enti*er en ligne de
compte la tendance de ces éléments cylindriques h proliférer, à croî-
tre dans la profondeur, à se disposer en tubes glandulaires qui, con-
sécutivement à Toblitération des canaux excréteurs, donnent Heu à des
espaces creux, à des follicules (érosion folliculaire) qui souvent par-
sèment en très grand nombre le tissu dans la profondeur et y entretien-
nent un état constant d'irritation.
La couche cellulaire profonde de Tépithélium pavimenteux accuse,
dans les états inflammatoires chroniques, la même tendance à s'ac-
croître dans le tissu conjonctif de la portion vaginale, déjà à une
époque on le revêtement épithélial lui-môme est encore intact et montre
un épithélium pavimenteux stratifié et non altéré, circonstance qui
met en évidence delà façon la plus claire la spontanéité et la tendance
à se multiplier des cellules situées dans le réseau de Malpighi.
En d'autres cas, la surface est plus crevassée, dilacérée, en sorte que
des excroissances très vulnérables se forment facilement : c'est l'éro-
sion papillaîre opposée à la première variété, ou érosion folliculaire.
C'est un fait incontesté aujourd'hui que, sur ces modifications épithé-
liales qui constituent l'essence même de l'érosion, de véritables ulcéra-
tions se produisent, à ce point qu'à la suite d'une dénudation plus
complète du tissu conjonctif, ce dernier peut être le siège d'une infil-
tration de petites cellules.
Dans cette manière de voir, se relient les états anatomiques invo-
qués par Fischel et Ruge-Veit. en ce sens que l'exioliation de l'épi-
thélium mise en cause par Fischel n'est pins qu'un accident de l'érosion
cylindro-épithélialc de Ruge-Veit.
Gonséquemment, il n'existe à l'heure actuelle aucune divergence
essentielle sur les altérations histo-anatomo-pathologiques du col
utérin dans les états inflammatoires : puissent les travaux futurs
réussir aussi à dissiper de plus en plus les ol)scurités et à faire cesser
les divergences qui existent encore au sujet de l'étiologie, ce à quoi
la bactériologie et l'observation clinique doivent ensemble concourir.
388 13' CONGRÈS DES SCIBNCBS MÉDICALES DE PARIS
f
2^ Rapport de Mondes de I«éon (Amsterdam).
Le comité d*organisation de la section gynécologique a bien voolc
me charger de vous soumettre mes idées à propos de lamétritecervicalr.
ce qui fait qu'en vous adressant la parole je me trouve tout d*abc<rl
placé devant la t&che de m'étendre sur Tétiolo^e, la'symplomatolod'
et le diagnostic d'une maladie dont je suis bien près de nier rexistenrc.
du moins, pour autant qu'il faille la considérer comme maladie indr
pendante, ainsi que vous vous en serez aperçu si vous avez bien vonJn
vous donner la peine de lire le résumé de mon rapport ; et d'un antre
côté^ parce que, à mon avis, il est rare qu'une inflanunaUon de U
muqueuse utérine entraine une pareille lésion dans le tissu musculairp
C'est sur ce dernier point d'abord que je demande un instant votr»'
bienveillante attention, parce qu'il se rattache plus particulièrement
au titre môme de la question qui nous occupe.
« Métrite cervicale ! » C'est surtout en étudiant les auteurs français
qu'on est frappé par le fait, que c'est presque toujours ce nom-là qu'oo
emploie pour désigner une affection utérine qui, d'après les symp-
tômes cliniques, a été qualifiée généi*alement comme eudométriW
cervicale. Or, la différence entre ces deux processus est si importante
qu'il me parut de rigueur d'approfondir autant que possible cette que?-
tion, et de savoir s'il existe vraiment une telle divergence d'o(M-
nion, ou si on devrait attribuer le mot « métrite *, rencontré si sou-
vent dans les ouvrages français, à une particularité de la langue, et non
pas à l'intention de désigner ainsi une Inflammation de lorgane entier.
Messieurs, les quelques minutes qui me sont accordées pour défendre
mes conclusions ne permettent pas de citer tous les auteurs qui ont coït
à ce sujet ; vous trouverez, d'ailleurs, un aperçu de la bibliographie dan^
mon rapport. Permettez moi seulement de vous citer quelques auto-
rités françaises:
M. Pozzi dans son Manuel de Gynécologie dit à ce propos : « Si la
muqueuse est atteinte tout d'abord, ses altérations ne tardent pas à 5e
propager dans le tissu mu sculo- fibreux, et une véritable métrite paren-
chymateuse succède à toute inflammation cervicale de quelque durée. •
De même MM. Labadie-Lagrave et Legueu qui écrivent dans le cha-
pitre sur la métrite du col :
• Les lésions du parenchyme utérin sont à peu près constantes : il
est rare de voir l'inflammation se limiter à la muqueuse Les premières
MBNDES DE LÉON 389
lésions se forment immédiatement au-dessous de la couche glandu-
laire. » Donc nul doute possible si on peut, comme j^ensuis persuadé,
considérer ces opinions comme ayant cours en France.
En Allemagne Scanzoni publia, en 1803, une brochure sur la
métrite chronique, qu'il considérait comme une vraie inflammation
du tissu musculaire, et ses idées avaient tellement pris racine qu'il
devait passer une vingtaine d'années avant que Ton sût que ce qu'on
considérait alors comme inflammation n'était autre, dans la plupart
des cas, qu'une involution incomplète de la matrice puerpérale. C'est
surtout Seyfert qui a démontré cela, et qui remplaça le mot métrite par
infarctus utérin chronique. Depuis ce temps, en Allemagne, presque
tous les auteurs sont d'acoord sur ce point ; ainsi que les gynécolo-
gues anglais et américains qui non plus ne considèrent la métrite
comme un vrai processus inflammatoire. Il faut faire toutefois excep-
tion pour les inflammations si)écifiques gonorrhéiques, comme il a
été démontré en premier lieu pour les recherches de Wertheim.
Qu'il me soit enfin permis de vous soumettre mon opinion propre
sur cette question.
Depuis que la rédaction de ce rapport m'a été confiée, j'ai choisi sur
1,00) malades qui se sont présentées à ma policlinique 176 cas avec
symptômes «Miractéristiques d'endométrite cervicale et corporelle, dans
le but de constater s'il y avait en même temps métriteypour autant que
ce serait possible par l'observation clinique . Je me suis tenu principa-
lement aux symptômes objectifs comme étant les plus indubitables,
c'est-à-dire : augmentation de volume de l'organe entier, décoloration
li\ide du col, et un degré excessif d'an té version.
Parmi les symptômes subjectifs, je ne compte comme caractéris-
tiques, des douleurs de l'utérus causées par le palper bimanuel, la
sensation de pesanteur dans le bas^ ventre, la névralgie intercostale
et la mastodynie.
Tous les autres symptômes dont on parle peuvent tout aussi bien
dépendre d'une endométrite, ou d'une périmétrite.
Sur 176 malades, il y avait 58 nullipares, chez 2 desquelles seule-
ment se montrèrent les symptômes susnommés en plus ou moins de
degrés d'intensité ; chez l'une des deux, non mariée, gonorrhéique avec
salpingo-oophori te gauche, l'utérus mesurait 12 centim , le col était
grossi, mais ne présentait pas d'érosions. Il y avait une abondante
sécrétion muco-purulente. La palpation de la matrice était très don-
390 13" COMiRÈS DKS SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
iDureuse : symptôme qui |K)urrait cependant être expliqué par la coeci^
tence d'une périmétrite.
Chez Tautre, mariée depois dix-huit ans, on ne pouvail démoalnr
aucune infection spécifique ; celle-ci avait aussi Tuténis grossi et doc-
loureux, tandis que Tintroduction de la sonde provoqoa une donlevr
excessive et une assez forte hémorrhagie. Le col était gonlÈé et mcuï-
trait des érosions étendues ; il y avait aussi une abondante sécrétitiii
muqueuse.
Sur lee autres malades il y avait 48 primipares et 73 moltipare».
Parmi celles-là j'en ai observé 21 qui avaient la matrice doolooreose et
volumineuse, le col livide et gonflé ; dans wi seul de ces cas, cepen-
dant, femme mariée depuis huit ans, n'ayant qu'un enfant, on panvait
conclure avec certitude des suites de couche anormales. Par contre, il
parait, d'après Tananmèse, qu'un an après la naissance de Tenfant oettr
femme avait contracté une gonorrhée.
Les autres avaient eu, plus ou moins, 4 enfants, les accouchement»
se suivant à de courts intervalles ; et comme toutes ces malades
(sans exception) sortaient des rangs du peuple, on ne pouvait guère se
tromper en attribuant les symptômes qu'elles présentaient à une sab-
involution utérine; elles ne souffraient donc pas d'une inflammation de
la matrice, mais d'un infarctus chronique.
Chez les 151) malades qui restaient, tous les symptômes indiquant
des lésions pathologiques du tissu musculaire faisaient défaut,
bien qu'il fût impossible de douter qu'il y eût une endométrite (cervi-
cale et corporéale i ; maintenant on pouvait me (aire l'objection, je l'admets,
que CCS observations étant purement cliniques ne suffisent pas h prou*
ver incontestablement le peu de connexion qu'il y a entre les inflam-
mations de la muqueuse et celles du parenchyme de l'utérus. J'ai donc
fait une tentative, quelque incomplète qu'elle soit, avec l'aide de quelques
observations microscopiques, pour vous faire partager mes idées sur
cette question.
J'ai eu malheureusement trop peu de temps à ma disposition pour
faire les recherches histologiques assez étendues pour confirmer autant
que je l'aurais voulu les faits, acquis à l'observation clinique.
J'ai excisé, dans 14 cas typiques d'endométrite, des petits morceaux
cunéiformes du col contenant une partie de l'érosion et allant jusque
dans le tissu fibro-musculaire, dont j'ai choisi les meilleures coupes
pour servir de modèles pour ces planches :
Je me résume donc en vous soumettant la conclusion suivante : le
MBNDES DE LÉON 391
terme « métrite du col et du corps » devrait dans la plupart des cas èlre
remplacé par celui d'endoinétrite (du col et du corps), puisque rinflum-
inaiioD de la muqueuse ne coexiste que rarement avec une lésion des
tissus plus profonds.
Nous venons de considérer maintenant la relation entre les lésions
(le la muqueuse et celles du tissu musculaire. Il me reste donc à justi-
fier devant vous les motifs qui m'ont paru légitimer en tous points les
opinions résumées dans ma première conclusion :
Quelle est rétiologie, quels sont les symptômes, quel est le diagnostic
de Vewlomêlrite cervicale f
A priori il est déjà invraisemblable de supposer qu'un processus
inflammatoire, ayant pris possession d'un organe entièrement revêtu
d'une muqueuse, et continuellement en contact avec toutes sortes
d'agents nuisibles venus de l'extérieur, se laisserait arrêter dans sa
marche par une barrière. Vos interne, ayant une signification topogra-
phique, il est vrai, mais n'offrant aucune valeur clinique. Eh bien,
l'observation clinique et histologique est là pour le prouver. Gei^endant,
tout le monde n'est pas d'accord sur ce sujet. Ici, de nouveau, je dois
me restreindre à ne vous citer que quelques autorités qui se sont
distinguées sur ce terrain
M. Doléris, qui lui surtout s'est occupé à élucider la question, est
d'un avis tout opposé.
« Ni la pathologie, dit -il, ni la théra|)eu tique de ces deux affections
distinctes, quoique souvent coexistantes, ne peuvent être assimilées et
confondues. »
Il est convaincu que bien des insuccès dans le traitement de la
métrite pourraient être évités, si on s'appliquait à mieux établir la
localisation du mal. Par contre. M. Pozzi soutient que les inflamma-
tions non infectieuses de la muqueuse utérine se limitent rarement au
col. La plupart des outeurs anglais et américains considèrent les
deux lésions comme indépendantes l'une de l'autre, tandis qu'en Alle-
magne les opinions sont divergentes. Schrœder faisait une distinction
précise entre les inflammations de la muqueuse cervicale et celle du
corps; Yeit, Dôderlein et d'autres pensent cependant que les deux pro-
cessus se présentent rarement à l'état isolé.
Enfin, une interprétation bien singulière, selon d&ou a\is, est préco-
nisée par mon compatriote Treub, qui prétend que les inflammations
(le la muqueuse du corps n'existent pas du tout. Les lésions bénignes
qu ou y rencontre ne se présentent que sous la forme d une hyperpla-
392 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
sie de la moqueuse ; les vraies inflammations se tnmreMi Kni^mt^^ '
danjt le cerrix.
Messieurs, il y a déjà longtemps là pen près une vingtaine d^année^
que j*avais été frappé par le fait que le traitement de la leacorrbée par
une iujection vaginale, et la cautérisation ou l'excision d*iine érosioa
n*apportaient qu'une amélioration temporaire. Même TapplicatioD d^un
caustique jusqu'à Vos interne ne fut que rarement suivie de résnltab
durables.
n était donc évident que la cause de ces symptômes, aiucqnels
venaient parfois se joindre les ménorrhagies et les hémorrtia^es aty-
piques, et encore ces phénomènes ap{ielés collectivement symptôuke^
réflexes, devait être trouvée ailleurs. De là à la chercher dans \e
corps de Tutérus il n'y avait qu'un pas. C'est ce que j'ai fait ; tons U*?
cas qui se présentaient avec des symptômes qui, à mon opinion, ku*
laissaient aucun doute sur une localisation de l'inflammation dans U
muqueuse entière, furent traités | ar la cautérisation de tout Tendomé-
trium, et les cas graves où les malades ne supportaient pas bien et'
mode de traitement, furent curettes.
Les résultats ne se firent pas attendre, et je fus frappé pair la rapî
dite avec laquelle tou les symptômes disparurent un à un.
Les résultats si satisfaisants obtenus en restant fidèle à ce procédé
m'encouragèrent à faire encore un pas en avant, et à étayer mes obser-
vations cliniques par la recherche histologique. Ce travail que j «
entrepris avec la collaboration de M*'«^ V. Tussenbroek a été publié il
y a cinq ans, dans le journal néerlandais de gynécologie.
Permettez-moi de vous rappeler en quelques mots ce qui a été le
résultat de nos recherches.
Nos ol)8ervations furent empruntées en partie aux cas qui se présen-
taient dans ma policlinique, mais aussi, en grand nombre, une centavn,
aux malades qui étaient venues se faire soigner dans ma clinique.
De 100 muqueuses, obtenues par le curettage, nous avons étndit'
les coupes microscopiques pour les comparer ensuite avec les symp-
tômes cliniques.
Sur ce nombre il y en avait 28 dont le symptôme principal était la
leucorrhée et qui présentaient au si>éculum l'aspect typique du catamfec
cervical. Sur ces 28, il y en avait 20 où l'examen histologique faisait
conclure à une véritable inflammation de la muqueuse du corps à plus
ou moins de degrés d'importance. De même dans les cas où la leu-
corrhée ne constituait pas le principal symptôme, mais où le caractère
MENDBS DB LEON 393
dominant du taMeau clinique consistait en dysménorrliée, méno ou
métrorrhagies, troubles des organes distants ; il y avait très souvent
inflammation catarrhale de la muqueuse du corps, surtout dans les cas
où les symptômes jouaient le rôle prépondérant.
Notre opinion pouvait donc se résumer dans ces trois conclusions :
l<* Que rinflammation vraie de la muqueuse utérine est bien plus
fréquente qu*on ne Taccepte généralement.
2o Le catarrhe du corps est de plus grande fréquence encore que le
catarrhe cervical.
B® Le catarrhe cervical isolé est relativement rare.
Depuis ce temps, la pratique et Texamen histologique n'ont fait que
confirmer pour moi le résultat de ces recherches.
Vous vous êtes aperçu, Messieurs, d'après ce court exposé de mes
idées sur la métrite cervicale, que je serais en contradiction avec moi-
même si j'avais interprété ma tAche dans le sens voulu par le comité.
L'endométriie cervicale et celle du corps sont si étroitement liées par
leur étiologie, leur symptomatologie, leur diagnostic et enfin par leur
thérapie, qu'une description de la première entraînerait fatalement
celle de l'organe entier.
Les symptômes qui ne laissent aucun doute quant à la présence
d'un catarrhe cervical sont une sécrétion épaisse et glaireuse, quelque-
fois purulente, difficile à enlever; et les érosions et les œufs de Naboth
dont j'ai essayé de démontrer la signification pathologique, dans le
rapport in extenso. Laissez-moi seulement vous rappeler ce qu'en dit
Bouilly.
Pour faire cette ulcération, il était indispensable qu'il existât de
Tendométrite. L'ulcération une fois créée devient par elle-même la
source d'accidents locaux et généraux variés et entretient et aggrave
les phénomènes inflammatoires. A cette opinion je me range entière-
ment ; l'érosion n'est que le symptôme d'une inflammation, dans une
partie quelconque de la muqueuse utérine ; dans la majorité des cas, ce
sera en premier lieu la muqueuse cervicale qui est atteinte, et presque
en même temps cependant, celle du corps. L'absence d'érosions n'exclut
nullement la possibilité d'une cndométrite cervicale (cela dépend
beaucoup du fait et il y a en même temps ectropion).
Les polypes cervicaux ont sans doute la signification d'une prolifé-
ration de la muqueuse cervicale ; généralement, il y a en même temps
ménorrhagie, et sécrétion muqueuse abondante. Mais si on enlève les
polypes, et même si on cautérise la muqueuse ; si on eu fait l'excision,
AS.V. UK. OYN. — VOL. LIT. 26
394 13" CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
les symptômes ne disparaissent pas. C'est que la minçueuse du oorf^
est aussi atteinte, et que ces polypes ne sont que les symptômes d'ui.t
endométrite fongueuse, hypertrophique.
Pour faire donc le diagnostic d'une catarrhe cervical isolé, il fau-
drait commencer par exclure une endométrite du corps. Plusicnr-
auteurs (Schultze avec son probe-tampon, Kaslner par ses tubes en
verre) ont essayé d'atteindre ce but en examinant et comparant It^
productions de la sécrétion (Schultze, tampon; Kùstner. tubes». On a
observé aussi que quand il y a une endométrite du corps rinlroduc-
tion de la sonde est très douloureuse et cause un écoulement «V
sang. Seulement, ces phénomènes ne sont pas constatés ainsi qoe
Olshausen l'a démontré. 11 ne reste donc que l'examen microscopique
d'un fragment de la muqueuse obtenu par le curetlage. Et c'est seule-
ment quand cet examen donnera des résultats absolument négallb.
qu'on aura le dit)it de conclure aune endométrite cervicale isolée.
C'est à mon éminent confrère M. Pozzi qu'a été confié le rapport sur
la thérapie des métrites cervicales.
Permettez-moi seulement un mot avant de finir :
Au risque donc. Messieurs, d'être classé par mon honoré confriTo
M.Doléris, parmi les gynécologues préhistoriques qui englobaient ilani
les mômes descriptions les lésions inflammatoires du col et celles da
corps, j'ose pourtant vous soumettre comme résumé de mon opinioa
cette conclusion :
Il ne faut ni considérer, ni traiter la métrite cervicale comme afectim
isolée, attendu que dam la grande majorité des cas elle va d^ pair attc
une affection pareille du corps.
30 Rapport de Pozzi (Paris).
Omclusions : \<> L'inflammaUon aiguë ou chronique du col iwnt
exister pendant longtemps isolée et sans envahir le corps de Pulérus.
2° Toutefois les lésions aiguës de la muqueuse cer%icale se pro-
pagent facilement à la muqueuse du corps, et les lésions chroniques du
parenchyme cervical d'origine inflammatoire (dégénérescence scléreu<e
et sclérokyslique, partielle ou totale) réagissent promptemcnt sur la
nutriUon et l'état anatomique du corps utérin tout entier.
30 L'opération de la trachélorrhaphie est inférieure à la résecUon
BOUILLY 395
biconique du col, plus ou moins modifiée selon les circonstances.
Elle doit être abandonnée.
4<> Il existe un grand nombre dlnflamma tiens aiguës, subaiguës ou
ebroniques de la muqueuse cervicale, cbez les nullipares, qui sont liées
à rétroitesse de l'orifice externe et à Tinsuffisancc du drainage qui en
résulte. La jiartie la plus importante du traitement det alors de recons-
tituer opératoirement d*une façon durable un orifice suffisant au col
de Tutérus.
Discussion.
— G. BoulUy (Paris) . — Les éminents orateurs qui m'ont précédé
ont beaucoup trop bien étudié le sujet des métrites cervicales dans son
ensemble et dans ses aspects généraux pour que je sois tenté d'aborder
de nouveau cette question. Je me permettrai seulement d'étudier un
point particulier de ce sujet, à savoir les hypertrophies glandulaire loca-
lisées du col de l'vtérus.
Les lésions ebroniques du col ont presque toutes pour siège lappa-
reil glandulaire qui fait partie de sa structure; le nombre et le volume
considérable des glandes, leur implantation profonde dans le tissu
sou&-muqueux et jusque dans les couches musculaires, permettent de se
rendre facilement compte de Timportance du rôle qu'elles jouent dans
la pathologie du col. Du siège, du développement, des caractères ana-
tomo-pathologiques de ces lésions glandulaires, dépendent des variétés
nombreuses d'aspect des affections du col et découlent des indications
thérapeutiques et opératoires variées. Suivant que le col utérin est plus
ou moins largement déchiré, ou ne présente pas de lacération, l'examen
révèle des lésions d'aspect différent, et la symptomatologie et le
traitementvarient également. Dans les cols non déchirés, j'ai déjàap^ielé
Tattenlion sur la métrite cervicale glamlulaire des jeunes femmes,
principalement nullipares, et j'ai fait remarquer, après bien d'autres
auteurs, la ténacité de cette affection, sa résistance aux moyens sim-
ples de traitement et la nécessité fréquente d'un traitement chirurgi-
cal actif. Dans les cols déchirés, il est de notion banale qu'après un
certain temps et surtout après l'abus des cautérisations au nitrate
d'argent ou au fer rouge les glandes du col se bouchent à leurs ori-
fices, se dilatent dans leurs tubes et leurs culs-de-sac, prolifèrent et se
ramifient, augmentent de nombre et de volume, déterminant et
entretenant autour d'elles un état d'irritation chronique suivie de scié
rose cellulaire ; cet état constitue la métrite parenchymateuse avec
396 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PilRIS
dégénérescence scléro-kystique comportant des variétés noiiibreuàë=
d'aspect.
Je laisse de côté tous ces points bien décrits et toutes ces lésion>
bien connues dans leur pathogénie, leur symptomatologie et leur tris-
tement ; je ne veux signaler en ce moment qu'un cas, x>our aic>i
dire particulier, des lésions glandulaires, celui où ces fésions, aa
lieu d'être diffuses et étendues à la totalité du col, se localisent en qa
point, laissant intact ou à peu près le reste de l'organe.
Il résulte de cette hypertrophie glandulaire localisée un aspect di-
nique spécial capable de donner lieu à des erreurs d'interprétation et
de traitement
Cette petite lésion existe sous deux formes différentes :
La première est la mieux connue et a été souvent signalée commr
une cause de difficulté de diagnostic entre le cancer de rutérus et les
affections non néoplasiques. Elle consiste essentiellement dans la pro-
duction, dans Tépaisseur d'une des lèvres du col, le plus souvent sur
la lèvre postérieure, d'une nodosité dure, résistante, de consistance
ligneuse, beaucoup plus appréciable au toucher qu'à la vue. Cette
nodosité peut avoir le volume d'un petit ou d'un gros pois ; elle est
enchâssée profondément dans le tissu du col, confondue avec lui
immobile, entourée de tissus sains, ayant leur consistance normale ; la
lèvre opposée est saine, non résistante ; la cavité cervicale est libn\
peut-être soulevée légèrement en un point correspondant à la nodo-
sité ; l'exameu au spéculum peut ne rien révéler ou montrer seulement
ime légère saillie au point indiqué parle toucher ; sur ce point indarv.
quelquefois saillant, des vaisseaux fins, isolés, serpentent et se déchi-
rent facilement au contact du doigt. A la pression, celui-ci détermine
une douleur plus ou moins vive, mais constante, exclusivement loca-
lisée à la nodosité sous-muqueuse et n'en provoque pas dans son N'oi-
sinage. Que si des malades ednsi affectées viennent consulter pour def
ménorrhagies ou des métrorrhagies, le diagnostic est difficile et héri-
tant : on est tenté de porter d'emblée un pronostic sévère et de pres-
crire une intervention radicale . On trouve dans la littérature médicalo
plusieurs faits de ce genre et j'en ai publié moi-même.
L'autre variété (V hypertrophie glamiulaire localisée présente un aspeii
tout différent ; elle est constituée par le développement exagéré de^
glandes de la muqueuse cervicale, dans l'intérieur même de celtt*
cavité au-dessus de L'orifice du museau de tanche. La lésion s'observe
de préférence chez des multipares ou chez des femmes dont le col n e>(
BOUILLY 397
que peu déchiré. Son siège presque constaatest la lèvre antérieure du
col à sa face interne ; la lèvre postérieure est saine en général et tout
à fait différente d'aspect. Le col est gros en avant, beaucoup moins en
arrière ; dans son ensemble la lèvre antérieure est hypertrophiée; elle
se développe surtout du côté de la cavité cervicale. Dans des cas beau-
coup plus rares, presque exceptionnels, Fhypertrophie glandulaire loca-
lisée siège seulement sur la lèvre postérieure.
Le toucher fournit les premiers et les plus importants résultats ; le
doigt constate un agrandissement de l'orifice externe qui peut admettre
la pulpe de Findex ; il apprécie facilement le volume inégal des deux
lèvres ; il reconnaît que la cavité cervicale est occupée, obstruée par
une saillie siégeant à la face interne de la lèvre antérieure, mollasse
à sa superficie et reposant sur un plan sous-jacent plus résistant. Cette
saillie peut être limitée à une faible surface, être comme acuminée ; ou
elle peut s'étendre en longueur du côté de l'orifice interne. Quand le
col a été déchiré, cette hypertrophie peut former une véritable tumeur
à la face interne de la lèvre antérieure du col et donner lieu à un
aspect tout à fait gigantesque et exagéré de cette lèvre, tandis que la
lèvre postérieure, petite, a conservé son volume normal ou n'est que
très peu augmentée de volume.
Cette saillie est beaucoup plus sensible à la pression que tous les
autres (loints du col; le doigt, en déprimant ce point, provoque une
sensation douloureuse quelquefois assez vive pour que la femme se
recule, cherchant h échapper à la pression ; cette douleur est quelque-
fois comparée à l'introduction d'un corps pointu, comme si Ton enfon-
çait un clou dans les tissus. Le plus souvent l'examen digital ne ramène
pas (le sang ; rarement il provoque un léger écoulement sanguin qui
s'arrête vite et spontanément.
Le spéculum confirme et complète les renseignements fournis par le
toucher : il permet de voir une saillie rougeâtre, irrégulière à sa sur-
face, mamelonnée, transbordée, recouverte par la muqueuse cer\icale
vascularisée, mais non ulcérée, enduite quelquefois d'une légère
couche de mucus glaireux ou d'un peu de sang. Dans son ensemble,
cette saillie représente une petite masse verruqueuse développée à
la face interne du col, ou une petite colonne se prolongeant vers la
profondeur.
Quelquefois la surface est très irrégulière, comme hérissée de petits
grains d'apparence kystique ; parfois même, à un degré bien avancé, on
observe sur un point de la petite tumeur des parties détachées, pédicu-
398 13® CONGRES DBS SCIENCES MÉDICALES DK f»ARIS
lisées, représentant par places de véritables petits polypes gtanâvhdres
en miniature.
En effet, quelle que soit la variété d'aspect ou de développemeo/l
la lésion initiale est toujours la même : il s'agit tonjonrs d*iiiie hyper-
trophie glandulaire localisée, d'un véritable polyadénomc. tumew
essentiellement bénigne, constituée par des glandes hyperbropfaitft-%
et kystiques, reposant sur un stroma fibreux et séparées par des banài^
de tissu fibreux. Dans son ensemble, à ce niveau, le tissu du col soo>'
jaccnt est plus dur et plus résistant ; il est blanchâtre, nacré, dor h
la coupe.
Je ne suis pas en mesure d'exposer la pathogénie de cette petite
lésion ni de dire pourquoi elle siège, dans l'immense majorité des ca5.
sur la lèvre antérieure seule, à l'exclusion de la postérieure. Il n'f*;^!
pas difficile de comprendre que le point de départ est une infectioa de
la muqueuse d'abord localisée aux glandes ; mais quelle infection "^
Pourquoi cette localisation ? Je ne saurais le dire. Même igaty
rance sur la lenteur et la rapidité du développement ; la lésion e?l
découverte à l'occasion d'un examen, parce qu'il existe quelques symp-
tômes utérins qui forcent l'attention ; mais il serait difficile de savoir
depuis quand elle existe.
Les symptômes qu'elle provoque n'ont, du reste, rien de caractéri^
tique ; les malades accusent, comme dans la plupart des affectioo^
utérines, des douleurs lombaires ou pelviennes, quelquefois crurales,
de la gône de la marche, une fatigue rapide, de la leucorrhée d'abcm-
dance modérée; laduréeprolongéc et ennuyeuse des règles, leur rappro-
chement plutôt que leur abondance excessive, parfois un suintement
sanguinolent presque continu ; quelquefois un peu de sensibilité et
même de douleur dans les rapports et assez souvent un léger écoulement
sanguin après un accomplissement. A ces phénomènes locaux s'ajou-
tent les phénomènes à distance ordinaires du côté de restomac, da
système nerveux, etc., avec tendance à créer et à entretenir un état
névropathique.
J'ai vu dans quelques cas cette lésion localisée au col entretenir da
côté du corps utérin un état congestif bizarre, se traduisant par des
augmentations et des diminutions considérables du volume de rulénis,
surprenant l'observateur par leur variabilité suivant le moment de
l'examen et s accompagnant de métrorrhagies tenaces. Un premier exa-
men peut faire croire à un véritable utérus fibromateux ; alors qae
peu de jours plus tard, le volume est tellement diminué qu'il faat
PETIT 399
de toute nécessité pour les jours précédents, admettre une congestion
passagère du parenchyme utérin. La relation de l'état du col et des
poussées congés tives du corps se trouve solidement établie par les
résultats du traitement ; Tablation des portions hypertrophiées du col
fait disparaître à la fois les hémorrhagies et les poussées congestives
du corps.
Le diagnostic est facile : la confusion ne pouvait être faite qu'avec
ropithélîoma de la cavité cervicale; Thypertrophie glandulaire en
diffère essentiellement par rabsencé de dureté et d'inflammation
profonde de ce tissu sous-muqueux, par la moindre abondance des
hémorrhagies et i>ar l'absence des écoulements sanieux. La localisation
exacte et presque constante à la face interne de la lèvre antérieure,
l'absence d*ulcération, la présence d'une couche de mucus visqueux et
souvent de quelques grains glandulaires kystiques, sont des signes
qui appartiennent à l'hypertrophie glandulaire localisée et donnent à
cette petite lésion une physionomie spéciale.
La nécessité s^impose d'un traitement radical et définitif ; les infec-
tions, les pansements, les attouchements avec les diverses substances
communément employées, ne donnent pas de résultats. Les cautérisa-
tions au nitrate d'argent, au fer rouge, doivent être sévô ement
proscrites, elles ne font que remplacer une lésion par une autre, posant
un clou cicatriciel douloureux et faisant des inclusions et des réten-
tions glandulaires.
Le seul traitement rationnel est représenté par l'incision au bistouri
(les portions glandulaires hypertrophiées ; l'opération consiste essen-
tiellement dans l'ablation d'un lambeau plus ou moins épais de la
lèvre antérieure du col par deux incisions an téro- postérieures réunies
par une incision transversale de la lèvre antérieure du roi et suivie de
la suture immédiate avec deux ou trois points de catgut. La réunion
se fait d'avant en arrière, suivant une ligne allant de l'orifice externe
vers l'orifice interne, et la muqueuse de la lèvre antérieure du col
est reconstituée par le rapprochement des parties latérales
Si les lésions siègent sur les deux lèvres, l'opération de choix con-
sisto à traiter le col par le procédéde Schrôder.
~ Paul Petit (Paris!. — L'endocervicite puerpérale aiguC e^st
pour ainsi dire toujours liée à une endométrite du corps utérin de
même nature ; cette endométrite totale est justiciable du curettage
immédiat et c'est compromettre la vie de la malade que de s'arrêter
aux petits moyens. L'orage lymphangi tique une fois passé, il faut pro-
400 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
longer suffisamment les pansements, pour prévenir le passu^e à IVUI
chronique, surtout du côté du col, ce qu'on oublie trop souvent.
L'endocervicite hlennorrhagique aiguë ^ abandonnée à elie-méxne, nâ
pas tendance à franchir le délilé isthmique, surtout chez la nalUparp
et ne demande au contraire qu'une légère invitation pour engenditrf
l'orchite féminine par Tintermédiaire du peloton lymphatiqve péricer-
vical ; en principe, il vaut donc mieux en faire un tioli me ttutgere que
d'exposer la malade à un cathétérisme intempestif ou au euretUif?e
utérin dont on ne peut user d'une façon plus ftïcheuse. Après un cer-
tain amendement de l'état aigu, j'admets les badigeonnages intracenri-
eaux pratiqués d'une main légère, mais j'ai pensé à obtenir mieux en
faisant bénéficier le conduit cervical des grandes irrigations antisepti-
ques qui ont marqué un si réel progrès dans le traitement de la bien-
norrhagie mascu Une .
J'ai imaginé à cet effet une érigne qui se fixe sur le col et porte à la
fois une petite canule intracervicale et une canule plus grosse pour Ii'
cul-de-sac vaginal postérieur.
A chacune de ces canules se fixe un tube en caoutchouc qui se relie
par l'intermédiaire d'une petite ceinture hypogastrique an tube don
injecteur. La malade, maintenue au lit, n'a qu'une manœuvre de robi- I
net à faire, pour se donner à la fois une injection vaginale et intracer*
vicale.
Les difficultés du traitement de l'endocervicite chronique dépendent
surtout de l'état anatomique du col : déviation, allongement, étroi-
tesse du conduit cervical ou encore lacération, ectropton ; de la mui- j
tiplicité et des sinuosités des glandes, du siège intra-musculaire de
leurs culs-de sac ; de la densité plus ou moins prononcée de la glaire;
des chances continuées ou renouvelées d'auto-inoculation ou de conte-
mination exogène ; de l'état général. Ceci veut dire que, quelle qoe soit
la méthode employée, il faut toujours redresser s'il y a lieu et dilater
suffisamment le col ; rentrer la muqueuse ectropionnée et mieux la
supprimer ; ne pas se borner aux moyens d'action trop superficielle
tels que le curettage ordinaire, par exemple ; tenir un certain compte
de l'aspect macroscopique de l'cxsudat, ne jamais manquer de guérir
au préalable la vaginite ; se rendre compte, au besoin, si l'urine du
mari ne renferme pas de filaments révélateurs ; enfin ne poloi faire
fi des observations de nos devanciers sur l'influence de l'état coustitu-
tionael des malades.
Ceci posé, deux grandes méthodes sont en présence, l'une destnic-
I
PETIT 401
tive, Tautre conservatrice. La première utilise rinstrument tranchant
ou les caustiques. Je rejette remploi des caustiques chez les femmes
en période d'activité sexuelle, car chez elles, quoi qu'où fasse, ils engen-
drent, h échéance plus ou moins longue, la dysménorrhée. Après la
ménopause j'ai recours assez volontiers à la solution de chlorure de zinc
et, quand il y a métrite totale, je rapplique non pas avec les tiges porte-
ouate ordinaires qui s'essuient dans le col et y épuisent en grande par-
tie leur action, mais avec Tinstrument suivant : c'est une canule fer-
mée du bout, munie extérieurement d'un pas de vis et percée, suivant
la longueur, d'un certain nombre de petits trous. On adapte la canule
à une seringue remplie de solution de chlorure de zinc et, après l'avoir
garnie de ouate, on l'introduit à sec jusqu'au fond de l'utérus ; c'est
à ce moment seulement qu*on imbibe la ouate en faisant jouer douce-
ment le piston de la seringue ; on s'arrête dès qu'une goutte de liquide
se montre à l'orifice externe . On profite ainsi de tous les avantages
de rinstillation et du badigconnage, sans en avoir les inconvénients.
Si la malade a encore ses règles, il faut user de préférence, pour la
cure destructive, de l'instrument tranchant. S'agit-il d'endocervicite
pure, le but à atteindre, quel que soit l'instrument adopté, c'est
d'évider le col, jusques et y compris la couche glandulo-musculaire.
Les uns, à Texemple de M. Bouilly, prendront le bistouri, d'autres la
herse de Doléris qui à elle seule ne suffit pas, d'autres enfin des
curettes très tranchantes de forme spéciale. Je me sers pour ma part
d'une curette à boucle, à dos très épais et excavéc sur sa face externe
à la façon de ilnstrument qui sert à tailler la corne des chevaux. Bien
aiguisée, cette curette agissant dans l'intérieur d'un col dont le tissu
a été suffisamment ramolli par la dilatation, enlève de véritables
copeaux musculo-muqueux et permet, à mon sens, le toucher in^ra-
ccrvical aidant, de mieux graduer l'évidement qu'avec le bistouri.
L'opération pour réussir doit être suivie de pansements intra-cervicaux
suffisamment prolongés.
S'il y a ectropion, il faut toujours recourir à l'admirable opération
de Schrôder. Elle n'est suivie de dysménorrhée que si elle est mal
faite.
Reste la méthode conservatrice qui se borne à l'emploi des topiques
non caustiques. J'attirerai spécialement l'attention sur l'emploi local
de lu levure de bière, déjà préconisée par Landau et qui m'a donnée
comme à ce maître, des résultats remarquables. Gomment agit la
loiire ? Les saccharomycètes ne jouissant pas de la fonction phago-
402 13^ CONGRES DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
cytaire et leur ferment demeurant întra-eellulaire. il faat chercb»^
ailleurs leur mode d'action. Je ferai simplement observer, pour \t
moment: l® que les levures émettent une quantité énorme d'ai'î'l^
carbonique, créant ainsi dans les voies génitales une atmosphère irn*>-
pirable pour les microbes aérobies ; 2o que, se trouvant dans on
milieu alcalin, elles commencent par le transformer en mi lien acidf.
c'est-à-dire défavorable à la culture des microbes pathogène, jouant
ainsi le même rôle que le saprophyte vaginal signalé par Dôderleia
— Morisani (Naples) . — Je ne veux pas vous répéter ce que yon<
avez entendu dire si longuement et si savammant parler orateurs qii
m'ont précédé. Je ne veux pas m'occuper de l'histoire patholo^^çiqae Ji*
la métrite cervicale ; je veux me limitera examiner deux questions rela-
tives à Tamputation du col de la matrice. On a reproché à celle opéra-
tion de donner comme conséquence le rétrécissement du canal cenii-al
et d'empêcher la fécondation ou bien de donner des difficultés dan^
l'accouchement Or, je crois que ces accidcnls sont plutôt en rapport
avec la manière de faire l'opération, qu'avec l'opération même. Ea
effet, si on fait l'opération sans règle, si on a la suppuration des sur-
faces affrontées, il peut bien se faire qu'il y ait des lisï^us cicatricit^s
qui produisent un rétrécissement du canal cervical, et qui parcons**-
quent empêchent la fécondation, et peuvent donner des difficulléspla»
ou moins sérieuses à la parturition. Mais loi-squon ojjère selon les pir-
ceptes, lorsqu'on réunit la muqueuse vaginale avec la cervicale et qu'oa
obtient une réunion par première intention, je ne vois pas la raisoQ
pour laquelle le canal pourrait se rétrécir, et créer soit la difficultc* à la
fécondité, soit les difficultés dans raccouchenient. Nous savons loas
que dons l'état naturel chaque femme peut éprouver des difficultés à
la dilatation du col pendant l'accouchement ; la rigidité du col soIh
serve non rarement.
Et notez, l'amputation du col est souvent une opération de nécessité,
parce qu'on sait qu'après cette opération le corps de la matrice subit lu
mouvement d'involution, qui est le moyeu le plus efficace pour obtenir
la guérison de la métrite chronique.
Quant aux amputations du col qu'on fait pour le col rétréci par vite
congénital (le col conique), on ne peut faire de reproches à celte opé-
ration. Une fois que le col a été fendu de l'orifice extérieur à ^int^-
rieur, et qu'on a amputé les deux lèvres, en ôtant une double couche
de parenchyme avec une incision à biseau, et qu'on a réuni les deux
muqueuses, certainement l'orifice et le canal resteront larges et seront
GISCARD 403
incapables d'empêcher la fécondation et de créer des difficultés à Tac-
cou chemen t.
Je conclus, que Tamputation du col bien faite n'est capable de déter
miner ni le rétrécissement du canal cervical, ni des difficultés à la
fécondation, ni à la dilatation du col pendant un accouchement, et
qu'elle constitue une ressource précieuse dans la métrite chromque
parenchymateuse du col et du corps de la matrice.
— A. Gascard (Paris). — La question du traitement des métrites
cervicales est encore à l'heure actuelle en pleine voie d'évolution, elle
est d'autant plus d'actualité, qu'elle figure à l'ordre du jour môme des
séances de la section gynécologique de ce congrès. En venant exposer
aujourd'hui une nouvelle méthode, je n'ai nullement la prétention de
vouloir résoudre un problème encore si complexe, mais en présence
de inefficacité trop habituelle de la plupart des traitements pourtant
déjà si nombreux, il est permis de tout essayer. Or, l'idée m'est venue
d*utiliser certaines propriétés physico-chimiques des cellules pour le
traitement des endométrites cervicales, d'où le nom de méthode exosmo-
endosmotique que j'ai cru devoir donner à cette nouvelle conception
thérapeutique. La physique biologique nous apprend que lorscpie deux
solutions de tension osmotique différente sont séparées par une mem-
brane semi-perméable (ce qui est le cas des cellules), l'eau passe de
celle où la tension est plus forte à celle où elle est moindre jusqu'à ce
que les deux soient isotoniques.
Telle est la base scientifique, rationnelle de notre méthode.
La difficulté du traitement de ces endométrites cervicales réside dans
la presque im[K>ssibilité d'atteindre Tinfection adénoîdieune, de porter
l'action médicamenteuse jusqu'au sein même des cellules infectées qui
tapissent la profondeur des culs-de-sac glandulaires, d'où ces récidives
inévitables d'une si désespérante ténacité. Je ne vois guère pour ma
part d'autre moyen d'y parvenir que d'utiliser cette donnée de la phy-
sique biologique que nous venons de rappeler, donnée qui nous con-
duit naturellement à cette double intervention pratique :
r Agir sur les glandes du col de l'utérus comme on le fait cou-
ramment sur les glandes de Lieberkûhn en déterminant à l'aide des
médicaments appropriés qu'on pourrait appeler exosmotiques utérins
une abondante exosmose.
11^ La tension osmotique des cellules se trouvant alors notablement
diminuée, faire intervenir l'action des médicaments endosmotiques.
Les indications de la première partie du traitement pourront être
404 13" CONGRÈS 0£S SCIENCES MEDICALES DE PARIS
remplies h Taide de médicaments analogues aux sialagoç^ies, expcch'
torants, émétiques, purgatifs, etc.
Ces médicaments auront pour but de déterminer dans Vintérieui
même des cellules tapissant les culs-de-sac glandulaires un rerlaio
état d'hypo-isotonie exosmotique par épuisement fonctionnel de rp*
éléments, le courant exosmotique plus ou moins puissant qui résnlten
de leur mode d*emploi aura en plus Tavantage d entraîner mécanique
ment un certain nombre de microbes pathogènes ainsi que leurs poi<
sons solubles, ce qui n'est déjh pas indifférent.
On sait en effet que ces poisons solubles, h Finstar des sels de qui-
nine, inhibent, en vertu de leurs propriétés chimiotaxiques négatives,
la diapédèse et la phagocytose, entraînant par là même le processus dt
la natura medicatrix.
Nous avous, dans cette première partie du traitement, réalisé cet étai
d'hypo-isotonie cellulaire que nous désirions obtenir. A rhypercrinie
a succédé la période d'arrinic physiologique, le moment est venu, piv-
ris, opportun d'utiliser les différences de tension osmotîqiie et an
besoin les affinités chimiques pour faire pénétrer par endosmose Iflk
substance bien entendu cristalloîde facilement dial y sable, à équi^-aleot
endosmotique faible, que la pratique nous indiquerait comme devant
exercer la plus puissante action bactéricide sur tel ou tel des si nom-
breux éléments pathogènes de la flore utérine.
Telle est. Messieurs, la méthode (pie nous avons conçue.
Voyons maintenant quels seraient ses avantages:
Le plus important, suivant nous, réside en ce fait qu'elle pernift
d'agir aussi bien à la surface que dans la profondeur de la muqucn^
malade ; qu'aucun élément cellulaire ne peut échapper à son action.
Or, une seule cellule infectée suffit à réinfecter toutes les autres, il
s'agit donc d'une véritable thérapeutique intra-cellulaire à action lentr,
continue et non passagère comme il convient à une affection essen-
tiellement chronique.
Et qui sait, si dans un avenir plus ou moins éloigné on ne trouvera
pas dans cette méthode le moyen d'enrayer in situ par une sorte d'en-
capsulement ou d'embaumement, de momification des éléments patho
gènes, leur extension de proche en proche, qui sait si cette méthode nr
nous mettra pas à môme de créer artificiellement un milieu impropre
à la pullulation de ces organismes, blastomycètes ou autres, devant
lesquels la thérapeutique médicale ou chirurgicale est demeurée jos
qu'à ce jour impuissante.
RISZKALLAH 405
Ce lavage incessant, intra-cellulaire, ce véritable bain antiseptique
des éléments anatomiques présente en outre sur les différents procédés
d'exérèse habituellement utilisés dans le traitement des endométrites
cervicales l'avantage de conserver intactes des glandes, qui ont non
seulement un rôle physiologique utile au point de vue de la féconda-
tion et de Taccouchement, mais encore, par leur sécrétion essentiel-
lement bactéricide, cet autre non moins important de la défense du
corps utérin et de ses annexes contre les infections ultérieures.
Je pense donc, Messieurs, qull y a là une méthode simple, efficace, à
la portée de tous, méritant d'attirer Tattention et dont médecins et
malades pourront tirer, à notre avis, les plus grands avantages.
Quels seront maintenant au point de , vue technique les meilleurs
procédés à mettre en usage pour réaliser le double objectif de la
méthode, quels en seront les résultats pratiques f Taventr seul nous le
dira.
Traitement médico-chinirgical de Tendométrite chronique.
— Hizkallah (Beyrouth). — Je ne vise dans ces quelques lignes que
Tendométrite chronique sans lésions annexielles ou avec des lésions
de peu d'importance qui guérissent ou s'améliorent, une fois l'endomé-
trite guérie. J'éliminerai ainsi :
L'endométrite compliquée de pyosalpinxou de périmé tri te adhésive,
l'endométrite secondaire, consécutive à une lésion de voisinage telle
que appendicite (rare d'ailleurs).
L'endométrite accompagnant les déviations utérines et qui en est
la conséquence et non la cause. L'endométrite tuberculeuse.
Enfin l'endométrite qui accompagne les tumeurs malignes et les
fibromes
Je divise l'endométrite en :
1» Endométrite totale (du corps et du col).
2* Endométrite cervicale.
Je m'occuperai surtout de la première que je diviserai au point de
vue clinique en deux classes principales.
a) Endométrite puerpérale (streptococcique).
6) Endométrite blennorrhagique.
Mes recherches personnelles m'ont convaincu qu*avec le streptoco-
que et le gonoque, il y a plusieurs autres microbes associés qui jouent
un rôle important dans l'entretien de la lésion.
406 13*^ CONGRES DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
Tout d'abord, je déclare bien haut qu'il n*y a pas an traifeiiKsi
unique ou spécifique de Tendométrite ; il y a un iraitemeat mixte, à
la fois médical et chirurgical.
1) Partie chirurgicale du traitement.
a) Dilatation de Tutérus dans les deux ou trois jours qui sniveoî
les règles. Cette dilatation, qui doit être faite avec les éponges ou les
laminaires et qui doit durer deux à trois jours, forme partie intégras tt
du traitement, même si le canal cervical permet le passage facile de la
curette. Je dis intégrante, car cette dilatation lente permet à Torgafie
de s'hyperhémier, de se ramollir, de se prêter mieux à Tacle opérs-
toire et de se débarrasser pour ainsi dire de ses débris morbides. La
dilatation temporaire ne peut la remplacer dans ces cas.
b) Une fois la dilatation faite, je procède au curettage.
Disons deux mots sur le choix de la curette :
Il faut qu'elle ne soit ni tout à fait mousse, ni tranchante aîgaê. Li
forme allongée et pleine et sans courbure me semble préférable poar
le corps ; pour le canal cervical, il faut la curette tranchante de
Yolkmann.
c) Après le curettage, je cautérise avec une solution de perman-
ganate de potasse de préférence à la glycérine créosotée, au chlorure
de zinc et à la teinture d'iode.
(I) Je fais suivre cette cautérisation d'un lavage à Veau stérilisée.
e) Enfin je laisse une mèche de gaz aseptique dans la cavité utérine.
2) Partie médicale.
Deux jours après Tintervention chirurgicale je commence le traite-
ment médical :
Après avoir enlevé la mèche et avoir fait un grand lavage à Teaa
stérilisée, je cautérise à la solution saturée de permanganate et
potasse ; je fais un second lavage et place de nouveau une mèche de
gaze aseptique.
Je renouvelle ce pansement tous les deux jours jusqu'à deux oo
trois jours avant Tépoque présumée des règles.
Pendant tout ce temps j'ordonne à mes malades le repos complet.
La plupart de mes malades guérissent au bout de ce traitement qui
dure environ un mois. Dans quelques cas, d'ailleurs peu nombreux,
la guérison se fait attendre plus longtemps et Ton est obligé de pour-
suivre le traitement médical que je viens d'indiquer pendant quinze ou
vingt jours au plus.
Dans ces derniers temps j'ai eu Toccasion d'essayer le traitement
BEYEA 407
par la solution au chlorure de zinc, diaprés la pratique de M. Delbet, et
je puis dire dès à présent qu'il ne m'a pas donné de résultats bien
satisfaisants. Peut-être suis-je tombé sur des cas défavorables !
Avec ce traitement médico-chirurgical, Técoulement et les pertes
blanches cessent complètement ; la menstruation devient régulière
et indolore ; les autres symptômes du syndrome utérin disparaissent
et les malades recouvrent la santé.
Je dois dire qu'après cette guérison, je reconmiande à mes malades
d'éviter les rapports sexuels et la fatigue pentiant cinq à six semaines.
J*ai été parfois amené à adjoindre à ce traitement la restauration du
col par la méthode SchrOder ou l'opération de Bouilly, ou l'opération
d'Alexander.
Dans cinq cas opérés par la méthode de Schrôder, la grossesse arriva
à terme et l'accouchement se fit sans difficulté.
Ma statistique est basée sur 560 cas observés pendant dix ans, tant
à l'hôpital (dans mon service) que dans la clientèle.
Sur ce nombre, 340 étaient d'origine blennorrhagique vérifiée par
Texamen microscopique.
Tubercnlose du col de l'utéms.
— Beyea (Philadelphie). — Voir plus haut, p. 169.
Discussion,
— Vitrac (Junior) (Bordeaux). — A propos de la communication
(le M. Beyea, qui a notamment fait passer sous vos yeux le dessin du
cas que j'ai étudié sous le nom de « tuberculose végétante simulant le
cancer », je veux parler de la malade qui avait été pour moi l'occasion
de faire cette étude Je l'ai revue il y a quelques mois, elle a un état géné-
ral parfait. Mais au fond du vagin existe encore un bourgeon fram-
boise, rougcAlre, saillant et saignant; cette formation est analogue à
colle que j'ai ôtudiéc hislologiqnement quelques mois après l'opéra-
tion ihystérectomic vaginale), il s'agit d'une récidive locale sous forme
du type initial, savoir: tul)erculose a végétante » tenace comme durée,
mais ayant une allure chronique et peu de tendance à la diffusion .
408 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DR PARIS
Tabercnlose primitive des organes génitaux de la femme.
— Bernheini (Paris). — La tuberculose primitive des orgaat*
génitaux de la femme n*est pas rare. Nous avons pu réunir noas-mêiae
plusieurs observations et nous pensons que si l'on faisait systémati-
quement la recherche des bacilles de-Koch dans tout éoooIem^D!
vaginal ou utérin, les observations de tuberculose génitale se mnlti-
plieraient dans une proportion qu*on ne soupçonne pas.
Comme toute autre localisation bacillaire, la tuberculose génitalr
reconnaît des causes prédisposantes et des causes occasionnelles. Leé
causes prédisposantes sont Tàge, les maladies préexistantes, toutes le:^
circonstances débilitantes personnelles ou acquises qui facilitent U
pénétration du bacille.
L'&ge où on rencontre le plus communément cette localisation bacil-
laire est de 15 à 30 ans, c'est-à-dire l'époque la plus active de la \k
génitale. Nous avons observé cependant 3 fillettes âgées de 2 ans et
demi, 4 et 5 ans où la tuberculose génitale primitive était très nettr.
Nous avons également soigné pour la même affection une femme de
61 ans, mère d'une sage-femme de Paris.
La tuberculose localisée uniquement aux organes génitaux se ren-
contre plus fréquemment chez la femme que chez Thommc. Cela 5e
comprend par la disposition anatomique. L'organisme génital de la
femme est plus fragile, plus exposé aux congestions, aux inflamiDs-
tions, aux infections, aux traumatismcs que celui de l'homme. Et toutes
ces causes en font un locus minoris resistetUiœ bien fait pour l'inva-
sion bacillaire II y a de plus certaines conditions particulières telle?
que la menstruation, la puerpéralité qui favorisent tout particulière-
ment cette infection et l'appellent pour ainsi dire. Parmi les influenrrs
insistons aussi sur les infections locales antérieures telles que la
blennorrhagie et les chancres. Schuchard a vu des infections mixteSr
c'est-à-dire syphilitiques et tuberculeuses, se greffer en même temps sar
les organes génitaux de la femme.
Comment le bacille de Koch envahit-il les organes génitaux de la
femme et s'y cantonne-t il avant de se disséminer?
On conçoit facilement que Vcnvahissement peut être direct, en raîsoD
des nombreuses sources de contamination : canules, linge, toucher
septique, soins de propreté négligés de la part de la mère vis-à->is de
l'enfant et donnés sans précautions suffisantes. Pareillement, la conta-
I
DERNHEIM 409
gion peut se produire a la suite des rapports sexuels, que la verge soit
le siège d'une ulcération tuberculeuse ou que le mâle soit atteint d'une
autre localisation génitale. Certains auteurs prétendent même que le
sperme d'un phtisique peut contenir des bacilles même quand Thomme
n'a pas de lésion génitale tuberculeuse.
Personnellement nous n'avons pas toujours pu déterminer la cause
efficiente de l'infection bacillaire, mais sur 74 femmes souffrant de
maladies diverses des organes génitaux, nous avons pu établir avec
précision 16 fois le diagnostic de tuberculose génitale primitive.
Nous n'insisterons pas sur la préférence de certaines parties des
organes génitaux par le bacille. Rappelons simplement que la vulve et
le vagin sont rarement atteints de lésions tuberculeuses. Ce sont les
trompes et les ovaires où l'on rencontre le plus fréquemment ces lésions,
plus rarement l'utérus lui-même. Les auteurs donnent différentes rai-
sons : la projection du sperme, l'infection fréquente des trompes et des
ovaires, leur vie active, etc.Les lésions, qu'on y rencontre, ne présen-
tent rien de particulier ici. Rerelz a rapporté un fait curieux de tubercu-
lose du canal génital delà femme avec atrésie. L'observation est d'autant
plus intéressante qu'il s'agit d'uUe jeune fille vierge de 19 ans.
La tuberculose limitée primitivement au niveau des organes géni-
taux s'étend assez rapidement et crée des foyers secondaires qui cons-
tituent autant de complications. C'est généralement le péritoine qui
est envahi en premier lieu, puis c'est le tour de l'intestin, des reins,
des uretères, des méninges médullaires, etc.
Comment diagnostiquer cette localisation bacillaire ? Les ulcérations
tuberculeuses du vagin ont les mêmes caractères que partout ailleurs.
La tuberculose de l'ovaire n'a pas d'histoire clinique. La tuberculose
des trompes donne tous les signes de la salpingite inflammatoire ordi-
naire. Et alors If
Dans tous les cas où nous avons pu préciser ce diagnostic, notre
attention a été mise en éveil par certains signes qu'on ne rencontre
pas habituellement dans les inflammations non tuberculeuses : fièvre
hectique, amaigrissement,' sueurs nocturnes, pâleur du teint,
troubles menstruels précoces . Chaque fois que nous nous trouvons en
face d'un tableau de misère physiologique pareil, nous conmiençons
par l'examen bactériologique, répété plusieurs fois, de l'écoulement
vagino-utérin et, en cas de résultat négatif, nous contrôlons cette
épreuve par une injection de tuberculine. On peut, par ce moyen abso-
lument inoffensif, déterminer la nature de la lésion.
AKX. DS OYK. — TOlâ. UV. 27
410 13® CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Quel traitement faut-il choisir? L'intervention chiror^cale n'a si
raison d*être que si elle est très précoce et si Topération enlèye U
totalité des lésions. Mais même avec cette ablation totale et prmMv
il faut toujours, pour refaire Torganisme, un traitement généni
hygiéno-diététique. Dans la plupart des cas que nous avons eu Toera-
sion d'observer, nous n'avons même eu recours qu'au trsîteniGii
médical. On sait à quels merveilleux résultats est arrivée au jour-
d'hui la thérapeutique de la tuberculose par le repos, l'aératioB
continue et la suralimentation. C'est à cette triple thérapeutique
rationnelle que nous avons soumis avec succès toutes les malade?
bacillaires, c'est-à-dire n'étant pas sous la menace d'une suppuration
Que conclure de cette étude ?
Aux organes génitaux, comme partout ailleurs, la localisation bacil-
laire se fait aux points où le tissu propre du canal se change es
épithélium spécifique. Il semble y avoir là, au niveau de cette trans-
formation épithéliale vis-à-vis de l'infection, un locus minorU rt»t-
tentiœ. C'est l'une des raisons pour lesquelles on observe très rare-
ment des lésions tuberculeuses au niveau de la vulve et du vagin.
Peut-être aussi les sécrétions vaginales exercent-elles une adioB
microbicide et antagoniste avec les autres bactéries.
L'utérus est lui-même relativement protégé par la vitalité de 5a
muqueuse et sa desquamation mensuelle. Au contraire les trompes sont
très souvent infectées par suite de l'étroitesse de leur cavité asâmi-
lable à un vase clos, à cause aussi de la multiplicité des plis et replia
de leur revêtement épithélial. Les ovaires sont moins souvent tober-
enlisés que les trompes,mais plus fréquemment que l'utérus et le vagin.
Lorsqu'une affection des organes génitaux de la femme ne présenta
pas un aspect franchement inflammatoire, il faut penser à la badllose.
ou du moins déterminer la nature de la lésion, par une injecUon de
tubercnline ou par l'épreuve de la séro-réaction. A plus forte raison
doit-on examiner histologiquement et bactériolo^quement tonte lésion
dont on a fait l'ablation chirurgicale. L'intérêt et l'avenir de la patiente
l'exigent.
Panniculite, myo-cellalite, cellolite pelvienne, en gynécologie. Hatore
de cette affection.
— Delassus (Lille). — Affection peu connue et très fréqnoitr.
elle se caractérise par un œdème du tissu cellulaire, douloureux à la
SIMIONBSCO 4dl
pression quand il siège dans les parties profondes, au plissement dans
les régions superficielles.
La pannicnlite siège dans le tissu sous-cutané qui forme le panni-
cule ; la myo-cellulite occupe les muscles, la cellulite pelvienne atteint
le tissu cellulaire du petit bassin.
La panniculite se rencontre surtout dans la région sous-ombilicale
de Tabdomen ; la myo-cellulite touche plus fréquemment les grands
droits de Tabdomen, mais Tune et Tautre peuvent se rencontrer dans
d'autres régions du corps. Le diagnostic est des plus faciles à faire,
mais il faut y penser. Il n'est pas douteux que cette affection qu'il faut
dépister ait été la cause de nombreuses erreurs de diagnostic et de
pronostic en faisant attribuer à des organes importants des troubles
superficiels et peu dangereux.
La malaxation ou le massage des régions atteintes donne rapidement
des résultats très appréciés des malades.
L'affection est en relation évidente et étroite avec les maladies utero-
ovariennes, en particulier ces dernières.
Le mécanisme de la relation n'est pas nettement connu. On peut
songer à une action vaso-motrice réflexe à point de départ ovarien ou
encore à un trouble causé par l'absence ou un vice de la sécrétion
interne ovarienne. Dans un cas on a pu penser à du myxœdème fruste.
Le terrain arthritique ou l'arthritisme peut être incriminé. De nou-
velles recherches sont nécessaires pour éclaircir ces questions.
Sténose da col de l'utéras et son traitement.
~ Constantin Simionesco (Paris). — Sur un total de plus de
.',000 examens gynécologiques, nous avons trouvé sept fois la sténose
du col de l'utérus.
Quatre fois elle était congénitale et trois fois elle était cicatri-
cielle.
Cette lésion est souvent méconnue. Les malades que nous avons vues
avaient déjà consulté et le diagnostic était : ou métrite, ou ovarite, ou
déplacement, etc.
La sténose du col congénitale existait chez des jeunes femmes qui
souffraient depuis qu'elles ont commencé à avoir leurs règles on peu
de temps après.
La sténose cicatricielle était consécutive à l'accouchement ou à un
curettage.
412 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PAniS
En 1896, nous avons soigné une jeune femme de 23 ans qui souffrait
depuis deux ans.
Elle a commencé à être réglée à 19 ans et depuis Vkge de 21 ans elk
souffrait deux ou trois jours avant le moment de ses règles.
Quand nous Tavons vue, son ventre était ballonné, elle accusait de?
douleurs dans le bas- ventre sMrradiant vers les cuisses et vers lesreîn^
Elle avait des nausées, le faciès grippé, les yeux excavés et le poDl>
très petit.
A Texamen nous avons trouvé Thymen à moitié conservé, ayant h
forme d'un croissant.
Au toucher le vagin était souple, les culs-de-sac libres, le ool de
Tutérus très petit et son orifice imperceptible, le corps de ruténis plo^
volumineux, plus dur et le fond de Tutérus en arrière.
Nous avons posé le diagnostic de sténose du col de rutéms et
dysménorrhée.
Nous avons conseillé les injections à 45" et une vessie de glace
sur Tabdomen et, pour l'avenir, nous avons conseillé la dilatation du
coldeTutérus.
Son entourage nous a dit alors que Topération était déjà décidée,
et tout était arrêté pour une ovariectomie.
Nous nous y sommes opposé, et nous l'avons recommandée à notre
regretté maître Marchand, qui a opéré la malade ; mais, au lieu d*one
dilatation, il a pratiqué la résection du col de l'utérus ; car les fîhre»
musculaires du col étaient insuffisantes pour se laisser dilater.
La malade a guéri et nous l'avons vue depuis en parfaite santé.
Les autres malades, nous les avons vues guérir après une simple
dilatation ou la résection du col.
Nous recommandons la dilatation dans la sténose du col congénitale
ou cicatricielle, et la résection dans la sténose accompagnée de Tatro-
phie des fibres musculaires (atrésie) .
Le bleu de méthylène pur et polvémlent dans le traitement des
môtrites.
— Chaleix-Vivie (Bordeaux). — Le bleu de méthylène, chimi>
quement pur, appliqué en solution concentrée (4 g. 57 p. 100) on mieux
à Vétat pulvérulent, constitue un puissant modificateur intra-utérin,
précieux surtout par son action hémostatique, immédiate et constante
dans l'endométrite hémorrhagique, et son action ana/^^tM;, surtout
TERRIER 413
dans la dysménorrhée, liée à une altération de la muqueuse utérine. Il
supprime ou atténue la leucorrhée et assainit, sans processus cicatriciel,
les ectropions bourgeonnants et infectés. Ni caustique ni. toxique, son
application est indolore. Des recherches bactériologiques, fsûtes par
nous avec Faide de M. Hobbs, ont vérifié Ténergie de son influence
nocive sur la prolifération et la vitalité des divers microbes du conduit
utero- vaginal.
Séance du 8 août (matin).
*
200 opérations d'hystérectomie abdominale.
— F. Terrier (Paris). — Du 18 octobre 1899 au 16 juillet 1900, j'ai
pratiqué 66 opérations d'hystérectomie abdominale, ce qui complète
une statistique totale de 200 opérations, dont 134 ont été publiées et
analysées (1).
Sur ces dernières 66 opérations, 56 ont triut à des hystérectomies
abdominales sus- vaginales, et 10 sont des hystérectomies totales.
Les 56 hystérectomies sus- vaginales ont été faites :
Pour des fibromes, 21 fois, avec 1 mort ;
Pour des salpingites, 26 fois, avec 0 mort ;
Pour des kystes ovariques, 4 fois, avec un 1 mort ;
Pour des hématocèles, 3 fois, avec 0 mort ;
Pour une rétrodéviation utérine adhérente, 1 succès ;
Enfin pour une fistule pyo-stercorale, avec 1 insuccès.
Ces 56 opérations ont donc fourni 53 guérisons et 3 décès, soit 5,35
p. 100 de mortalité.
La malade, qui a succombé après Fablation d'un fibrome pesant
12 kilog., est morte d'anurie.
Une malade atteinte de kystes multiloculaires des ovaires est morte
au 18^ jour ; on a trouvé dans ses reins et dans le foie des abcès miliai-
res microscopiques.
Quant à la troisième malade, elle fut opérée pour fistule pyo-ster-
corale, ce qui nécessita une suture intestinale grêle. Elle succomba à
une péritonite suppurée le 4» jour après l'opération.
(1) Hevue de Chirnrgie^i, XX, déc 1899; Ihid.i, XYIII, dôc. 1898; Ihid.,
t.XVn, déo. 1897.
414 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
Les hystérectomies abdoininales totales ont été assez exoeptioiiiiielks,
car je n'en ai fait que 10 :
Dans 4 cas de fibromes, avec 1 mort ;
Dans 2 cas de salpingites suppurées graves, avec 0 mort ;
Enfin dans 4 cas de cancer du col et du corps de ruténiâ, av^v
0 mort.
L'iiystérectomie totale nous donne donc pour ce petit nombre de ca<
une mortalité de 10 p. 100.
La seule malade qui ait succombé est une femme atteinte d'un }n^3c^
fibrome utérin sphacélé. Malgré toutes les précautions possibles et
remploi de Feau oxygénée, elle mourut de septicémie.
Je borne là cette note statistique, désirant, en terminant, appeler
votre attention sur les faits suivants :
En 1897, j'ai 26 opérations d'hystérectomie supra-vaginale, avec
15,38 p. 100 de mortalité, et 19 opérations d'hystérectomie abdominale
totale, avec 15,78 p. 100 de mortalité ;
En 1898, 24 opérations d'hystérectomie supra-vaginale donnent 4,16
p. 100 de mortalité, et 6 opérations d'hystérectomie totale, 33,33
p. 100 de mortalité.
Enfin, en 1899, les hystérectomies supra- vaginales donnent 6,14
p. 100 de mortalité, et les hystérectomies totales, 20 p. 100.
En somme, de 1896 à 1899, 134 opérations d'hystérectomie abdomi-
nale, se divisant en 99 opérations supra-vaginales et 35 opéraUoii>
totales, donnent pour les premières 8,08 p. 100 de morts, et pour le*
secondes 22,85 p. 100 de morts.
Aujourd'hui, dans nos 66 nouveaux cas, nous n'avons plus comme
mortalité à regretter :
Pour Ihystérectomie sus-vaginale, que 5,35 p. 100 ;
Et pour rhystérectomie totale, 10 p. 100.
Nous avons donc encore gagné pour l'une et l'autre opération.
La statistique portant sur nos 200 opérations, soit 155 hystérecto-
mies abdominales sus- vaginales et 45 hystérectomies abdominales
totales, nous donne :
Pour les premières 7,09 p. 100 de mortalité, et pour les seeonde:«
20 p. 100.
En masse, l'hystérectomie abdominale sus- vaginale et totale noos a
donné 10 p. 100 de mortalité.
STAPLER
415
Hystérectomie rapide.
— S tapler (San-Paulo). — Le bnt principal dans les opérations doit être
de les faire le plus rapidement, le plus sûrement, et réduire le plus
possible la perte de sang. Ainsi, on diminue le danger d'une infection,
d'une longue narcose et on augmente le pouvoir de résistance de For-
ganisme.
L'angiolripsie semblait un progrès dans Thystérectomie. Mais le
Fia. 1. — Une pince démontée.
maniement de la pince de Doyen est tellement incommode que
M. Tuffier a justement reconnu que Tunique moyen qui permet d'exer-
cer sans fatigue une grande force est une vis.
Peu après on voit surgir, surtout en Allemagne, un grand nombre
(Vangiotribes, ce qui est la meilleure preuve qu'aucun d'eux n'est
satisfaisant.
Leur grand défaut est qu'il les faille appliquer plusieurs fois de chaque
côté, ce avec quoi on perd beaucoup de temps, l'avantage principal.
Malheureusement on ne peut pas conseiller une méthode pour tous
les cas de lliystérectomie ; mais en cas de grands fibromes, en cas de
,410 13° CONGRÈS DBS SCIENCES
malades très affaiblies, chez lesquelles cliaque gontte de sang est pré-
cieuse et qu'il faut agir vite, aussi je propose une méthode basée sar
l'angiotripsie et exécute avec deux pinces spéciales inventées par moi
Les pinces consistent en deux branches séparées, s'unissant k dd''
des extrémilés, à une jointure, et se fermant à l'antre par on If«^
écron. Les branches ont une double courbure, nne s'adaptant à la f<>ntb-
de l'utérus, l'autre & la fonne du bassin.
L'opération avec ces pinces se fait de la manière suivante : apK~
avoir ouvert le ventre, on pousse la tumeur en dehors, on ouvre k
Fio. 2. — Pince ferinêe, FlO.3.— Ilncegaurhr
fermée et en pl»e».
Douglas; on incise sur la face antérieure de l'utérus la séreuse, on d^ciillr
la vessie avec le doigt et on ouvre le vagin. Après, on introduilla
branche intérieure de la pince par l'ouverture du l>ouglas dans le
vagin sous les ligaments d'un côté; ensiiilc on y introduit la brancht-
BupiTieure qu'on joint dans le vagin ù l'inférieure, de manière qoe)«
ligaments avec tous leurs vaisseaux sont pris entre elles et serrés pur
la vis avec une pression de 1,000 kilog. environ (fig. 41,
On coupe maintenant le tissu centralement, au ras de la pince ; et
418 13® CONGRÈS DBS SCIBNCBS MéoiCALES DE PARIS
en appliquant sur la face coupée de Tutérus une compresse, oa serre
également les ligaments de l'autre côté entre une autre pince. En ks
coupant, la tumeur est extirpée (fig. 5).
On laisse les pinces serrées de trois à cinq minutes, après quoi les
tissus et les artères sont réduits à Fépaisseur d'une feuille de papier.
et tout saignement cesse. On n'» qu'à retirer les pinces, el l'opératiua
est terminée parce qu'on ne suture ni le vagin, ni la séreuse.
Cette méthode d'opérer joint à une grande rapidité une grande faci-
lité d'exécution et une perte minime de sang.
Ces pinces peuvent servir également pour la résection de répiplooa.
des intestins, etc.^ où il s'agit d'écraser les tissus et empèciier leè
suintements.
Discussion.
— Hagopolf (Gonstantinople). — Je désire simplement faire use
objection à propos de la méthode d'angiotripsie. Je m'élève absolu-
ment contre ce genre d'hémostase que je crois très dangereux. Eneuf
si l'écrasement était porté sur une large surface, cela serait à h
rigueur admissible. Et, d'ailleurs, à quoi bon compliquer inutUemarat
l'opération du moment que, pour l'hémostase par ligature, qui est la
méthode la plus sûre, il faut presque autant de mise en scène que pour
la méthode par écrasement ?
Hystôrectomie abdominale totale.
-»- Thomas Jonnesco (Bucarest). — Depuis 1896, j'ai pratiqua
114 hystérectomies abdominales totales, dont 28 pour fibromes, 20poiir
cancer du col, 2 pour prolapsus génital grave, 1 pour inversion utérine
irréductible, 24 pour diverses lésions non septiques des annexes, bila-
térales ou unilatérales (kystes de l'ovaire intimement unis à rutérust.
36 pour annexites suppurées, 1 pour grossesse extra-utérine, 2 pour
hystérie grave.
La technique employée a varié avec les cas. En général, j'emploie
mon procédé légèrement modifié ; il consiste en : décor tication de la
tumeur de haut en bas, isolement et section entre deux ligatures des
vaisseaux utéro-ovariens, isolement et section entre deux ligatures da
ligament rond et ses vaisseaux, dissection et isolement d'arrière en
avant de l'uretère jusqu'au point d'entrecroisement avec l'artère uté-
rine; isolement de celle-ci et des veines qui l'accompagnent et section
LEIIEC 419
entre deux ligatures, près de l'origine de l'utérine, en dehors de Fure-
tère. — Effondrement du cul-de-sac vaginal antérieur, après décol-
lement de la vessie, circumcision du col. Enlèvement d'une seule pièce
de l'utérus et de ses annexes. Enfin ligature des deux hypogastriques.
Celle-ci, pratiquée h la fin de l'opération après la ligature des utéri-
nes, assure l'hémostase immédiate des artérioles vaginales et met
absolument à l'abri des hémorrhagies secondaires. Fermeture du
va^n et réfection du plancher péritonéal si le drainage est inutile. —
Réfection du plancher péritonéal et drainage sous-péritonéal du pelvis
par le canal vaginal, si le drainage devient nécessaire, soit à cause de
la rupture de poches suppurées, soit pour assurer un écoulement
facile des sérosités sécrétées par les larges surfaces résultant du décol-
lement des poches annexielles ou de fibromes intra-ligamentairea
adhérents. A défaut de péritoine suffisant, la cavité pelvienne est fermée
par la suture du côlon pelvien au péritoine véâical. Pas de drainage
abdominal. Dans tous les cas où les ovaires sont sains, ils sont
séparés des trompes et de l'utérus et conservés en les plaçant sous le
plancher péritonéal, en dehors donc de la cavité abdominale pour
éviter toute adhérence ultérieure possible avec les anses intestinales
ou l'épiploon. Toutes les ligatures sont faites au catgut fin n® 0 ; je
n'emploie jamais la soie. L'opération est faite à ciel ouvert et large-
ment facilitée par l'emploi de mon écarteur abdominal mécanique.
Enfin l'emploi de ma suture abdominale avec fils temporaires
d'argent et l'exclusion de tous fils permanents assure une cicatrice par-
faite de la plaie abdominale et la met à l'abri de toute suppuration
immédiate ou tardive. Grâce au perfectionnement de la technique,
les résultats se sont tellement améliorés que la castration abdominale
totale est devenue aussi bénigne sinon plus que la castration vaginale
totale, à laquelle elle est bien supérieure par ses résultats thérapeuti-
ques. Dans les suppurations pelviennes sa bénignité est absolue ;
elle l'est aussi dans les fibromes si on pratique la ligature des hypo-
gastriques qui assure l'hémostase définitive et écarte la seule compli-
cation grave, l'héniorrhagie secondaire.
Une statistique blanche de ma dernière série de 1899 à 1900 me l'a
prouvé,
Hystérectomie abdominale totale.
— Lebec (Paris). — Depuis plusieurs années, je me suis franche-
ment rallié à rhystérectomie totale pour un certain nombre d'affections
420 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DB PARIS
utérines : les fibromes, quelques rares salpingites suppurées et gr^y'^
les cancers du corps de Futérus et quelques cas de prolapsus.
>
Hf/stérectomie totale pour fibrontse. — Je crois que c'est une méth-^^
excellente, d'une exécution en général pas trop difficile. Je regari
Fablation du col comme un avantage, parce que, conservé, il peut >
déplacer en arrière, gêner le bon fonctionnement d*un draina^ recocuB
nécessaire, et devenir ainsi le point de départ d'une infection. Ol "
aussi signalé des cas d'adhérences du moignon avec le grand ëpiplooL ,
enfin la conservation du col complique l'opération. Le procédé que j'«l-
ploie depuis six ans est des plus simples : ligature des artères utéti-
ovariennes en utilisant, au milieu de ligaments larges, Tespaoe qui 3»
contient jamais de vaisseaux. Ligature des ligaments ronds. Taille d^
lambeau péritonéal sur la face antérieure du fibrome et Isolement •>-
la vessie. Ouverture des culs-de-sac antérieur et postérieur, en me gui-
dant sur une pince courbe mise dans le vagin. Ligatures en masâr
des bases du ligament large droit et gauche. Section transversale dr
fibrome au-dessus des ligatures, puis section verticale du col en de&i
moignons qui sont immédiatement rabattus avec les ligatures dans !:
vagin. Suture du péritoine ou drainage selon les cas.
Je considère Thystérectomie totale comme un perfectionnemenl. Itî
causes de mort sont de plus en plus rares. Les unes appartiennent à
toutes les opérations abdominales vulgaires : septicémie, embolie, nnf-
mie, troubles cardiaques ou pulmonaires, épuisement. Les se\ik>
causes de mort imputables à Thystérectomle sont les hémorrha^e»
par chute des ligatures des utérines, mais ce sont là des accidents qu'os
peut facilement éviter, et, par mon procédé, je n'ai jamais perdu de
malade de ce chef.
Myomectomie saiis hystércctomie. — Bien que le sentiment général
soit en faveur de l'ablation totale et que moi-même j'y aie presque
toujours recours, si je me rapporte à mes résultats, je suis obligé de
dire que cette ablation totale n'est pas toujours nécessaire. Quand k
fibrome est petit, unique, je procède de la façon suivante : Après une
forte dilatation du col avec les gros dilatateurs d*Hegar, au besoin
après incision latérale, j'explore avec le doigt la cavité utérine, j'in-
cise crucialement la muqueuse : le fibrome^ mis à nu, est facilement
extrait par morcellement. Les inconvénients de ce procédé sont bi
suppuration fréquente, l'hémorrhagie et les chances de récidive due?
à de petits noyaux fibreux qu'on a laissés.
Jlystérectomie ahdomviale intalc, pour mlpitigites, — Je m'élève contre
i
HAGOPOFF 421
l*abus de cette opération. Bien souvent, Touverture et le drainage par
le cul- de-sac postérieur peuvent suffire, Tablation de Futérus devant
ôtre réservée comme opération extrême. Je préfère de beaucoup la
salpingectomie, que Ton pratique de la façon suivante : Après avoir
largement ouvert le cul-de-sac de Douglas, on détache les trompes avec
les doigts, on réussit souvent "à les décoller, à les descendre dans le
vagin, et on les enlève en mettant une pince courbe sur le pédicule.
G*cst une opération excellente que je pratique de plus en plus.
Ilyatérectomie abdominale totale pour cancer. — Dans les cancers du
col, je suis peu convaincu de la supériorité de Thystérectomie abdo-
minale sur rhystérectomie vaginale. En effet, si le vagin est atteint par
le cancer, on peut être certain que des lymphatiques sont pris et comme
ils sont collés contre la paroi osseuse, il est impossible de ne pas laisser
quelques parties suspectes, et, quel que soit le procédé, la récidive est
fatale. Il en est autrement quand le col n'est que légèrement atteint :
en enlevant largement tout ce qu'on peut de la paroi vaginale, on a
alors tout autant de chances d'extirper le ligament large par le vagin
que par l'abdomen et l'opération est plus courte et plus facile.
Le cancer du corps de l'utérus prête à des considérations toutes dif-
férentes ; la voie abdominale offre plus de sécurité.
Hystérectomie totale dans les cas de prolapsus. — Si l'utérus est en
prolapsus sans hypertrophie, ce que l'hystéromètre démontre facile-
ment, je ne fais jamais d'ablation. Si le col est hy|)crtrophié, j*en fais
l'amputation. Il en est autrement s'il y a hypertrophie de la portion
sus-vaginale, et là il faut diviser les cas en deux classes : chez les fem-
mes jeunes, pouvant devenir mères, si l'hypertrophie (ce qui est rare,
d'ailleurs) ne dépasse pas 5 centimètres^ on peut parfaitement les
guérir en faisant l'opération d'IIuguier, c'est-à-dire en creusant sur le
col un cône et en terminant par la colporrhaphio ; chez les vieilles
femmes, je suis plus radical, parce que l'utérus est presque tou-
jours atrophié en largeur, il vaut mieux faire l'ablation totale, opéra-
tion bénigne et d'une simplicité extrême.
Nouveau procédé d'hystérectomie abdominale par forclpressnre
vaginale à demeure.
— Ilagopoff (Constantinople). — Après ligature des utérines et
dos utéro-ovariennes, je passe une broche sur l'utérus au-dessus du
niveau des culs-de-snc vaginaux et je taille deux lambeaux péritonéaux
422 13° CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
en avant et en arrière, convergeant des bords supérieurs des ligaœea^*-
larges aux points d'entrée et de sortie de la broche. Jo décolk ^^^
lambeaux et j'enlève Tutérus au-dessus de la broche. Après avoir éTir>
le col j'attire chaque lambeau péritonéal dans sa cavité à Taide d :i
fil qu'un aide avec une pince ramène dans le vagin . Un aide s»"
alors ces lambeaux avec une pince dans le vagin. On laisse la pîii<^ •
demeure dans la cavité vaginale jusqu'à ce qu*elle tombe 8{inQ>
nément par suite du détachement complet par sphacèle des lambda,
et du pédicule .
Contribution à l'étude dn traitement de Tavortement incomplÊt
— F. Jouîn (Paris). — Dans une précédente étude (Société fra»:»-*^
pour l'avancement des sciences, Nantes, 1898) j'ai montré qne Fav.--
tement ovulaire (avant le 3« mois) et même embryonnaire (da S^ à\
5° mois), quand il se fait en deux temps, est presque toujours sQi^i >>
rétention définitive et plus ou moins considérable de débris placci^
taires. Et je me suis nettement prononcé pour la nécessité d*ane én-
cuation mécanique de ces débris aussitôt que possible, ropératir.
étant d'autant plus facile qu'elle est plus tôt pratiquée.
Simple balayage de la cavité utérine pendant les qnarante-hoi'
premières heures, l'évacuation nécessite ensuite une véritable inkt-
vention.
Fehling, Tyler Smith et Veit, dans les cas de ce genre, conseillent \f
curettage instrumental, sans dilatation préalable.
Boissard, après Budin, est pour le curettage digital.
Dflhrssen obtient l'évacuation utérine par un tamponnement ul^^n^
vaginal à la gaze iodoformée.
Puttemam la demande au sulfalte de quinine.
Klein et Bar à la lactose.
Pour moi, l'utérus doit être avant tout dilaté pendant vingi-quatr/
heures avec une tige de laminaire aussi volumineuse que possibi-:.
Cette tige en effet non seulement détermine l'ouverture de Torgaoïf.
mais par la contraction du muscle utérin elle amène aussi le décolle-
ment des débris placentaires et réduit leur extraction et la résection
de la muqueuse au maximum de sécurité et au mînîmnm de difli-
culte.
Description du manuel opératoire. Observations à l'appui.
VIDAL 423
Dn corettage électriçnie.
— Foveau de Ck)urinelles (Paris). — Le curettage à la
curette de Récamier, rénové depuis quelques années, n'a pas donné
tons les résultats qu'on attendait et il n'est pas toujours inoffensif,
l'instrument tranchant ayant parfois perforé des utérus friables ; aussi
ai-je pensé, — et les premiers résultats ont été présentés par Péan h
l'Académie de Médecine de Paris, le 8 novembre 1892, puis le 19
novembre 1895 — à remplacer la curette classique par une anse de
platine, de forme spéciale.
L'ox)érateur n'a pas à faire intervenir pour le diagnostic sa sensibi-
lité propre, mais bien celle de la malade, non endormie, en vertu du
principe suivant d'électro-diagnostic : Tout point (Tépiderme ou de mu-
queuse qui est Usé, congestionné^ ou abrite des régions congestionnées^
ulcérées, perçoit plus vivemetU que le voisinage le passage d'un courant
électrique, même faible. En promenant un pôle négatif de courant con-
tinu, dont le positif est sur le ventre, dans la cavité utérine on décou-
vrira ainsi les points lésés ou plus lésés que leur voisinage, les maxi-
mums du processus morbide, et c'est là que devra s'exercer l'action
destructrice, révulsive d'un courant continu plus fort, thermique,
par une anse de platine, plane et arrondie.
La grande difficulté de réaliser ce curettage galvano-4hermique ou
pgrogalvamque était d'avoir un seul instrument à la fois explorateur et
destructeur afin de n'avoir pas, en changeant d'appareil, d'hésitation
après l'examen et lors de la cautérisation, sur le siège du mal. Un
galvano-cautère spécial, avec borne additionnelle, permet de rendre
l'anse de platine, avant son rougissement, électrode négative et explo-
ratrice, et, le point à brûler ainsi déterminé, on presse sur le manche
du galvano-cautère et le courant thermique passe alors, rougissant
l'anse de platine. On opère ainsi pour les différents points.
Dans l'endométrite hémorrhagique, certaines métrites avec lésions
des annexes, mais sans rétraction placentaire, cette action cautéri-
sante et révulsive a donné les meilleurs résultats (154 observations).
Traitement de la neurasthénie féminine par les extraits d'ovaire.
—Edmond Vidal (Paris). — Entièrement distincte de la neuras-
thénie de l'honmie par son origine, ses formes, son évolution, la neu-
424 13" CONGRÈS DES SGIENCBS MEDICALES DE PARIS
rasthénie féminine n*en est pas moins difficile sinon à guérir, da siois*
à améliorer.
Très fréquente chez la femme, en dehors de tonte lésion de Vv^-
reil génital, la neurasthénie a pour dominante un découragement fs^*-
fond, une disparition plus ou moins complète de la volonté, qn*aco'^-
pagnent des sensations douloureuses dans tous les organe.
C'est contre cette neurasthénie féminine, cause et non résultat é*
troubles de l'appareil génito-urinaire, que j'ai employé la méfOeatiiï
ovarienne.
C'est des injections hypodermiques que j'ai retiré les meilleurs effefe
Los injections quotidiennement faites à des doses variant de 3 à 5 (ts-
tim. cubes, par séries de 16 à 20, ont donné des«résultats suffisamm*^*
précis pour donner droit de cité à l'opothérapie ovarienne dans Yv-
senal du traitement de la neurasthénie féminine.
Après quelques injections, 6 en moyenne, les malades voi^it di^^
raitre un à un leurs troubles névropathiques. Le sommeil est récupérr
les céphalées disparaissent, l'appétit et la digestion se régularîâeoL 1-
caractère se modifie et les malades ne tardent pas à pouvoir reprÊodr
le cours normal de leur existence.
■anie menstmelle.
— R. Wise (Londres). — J'ai observé plusieurs cas dans lesquels U
menstruation était accompagnée de manie et de mélancolie à des é^réî
divers. Mon intention est d'exposer, sonunairement, les opinions q^^
j'ai acquises sur ces faits.
Maïs je tiens à déclarer, avant d'entrer dans ces considérations, qu'il
y a erreur à croire que toutes les femmes qui, à l'occasion des régies.
présentent des troubles mentaux sont par cela seul et nécessairement
de tempérament névropathique. Très souvent, j'ai vu des femmes de
forte constitution, et qui, durant les périodes intermenstruelles, parais
saient tout à fait indemnes d'instabilité nerveuse, présenter aux épo-
ques des menstrues des accidents mentaux aigus. On sait qu*en beau-
coup de cas de manie et de mélancolie chronique le processus morbide
affecte une allure aiguë pendant la menstruation. Ces demieis cas
vont constamment avec un système nerveux particulièrement instable.
Je vais soumettre maintenant à votre attention un certain nombre de
faits propres à aider à fixer l'étiologie de la manie puerpérale. Atec
plusieurs autres observateurs, j'ai reconnu que les troubles mentani
wisE 425
débutent ou s'aggravent, presque toujours, pendant la période prémens-
truelle et que ces symptômes tendent à s'amender dès que la mens-
truation survient et s'établit. J'estime que ce fait seul marque forte-
ment la cause de cette condition pathologique. Cette cause, à mon
avis, c*est une tension excessive dans les vaisseaux sanguins du cer-
veau. Les examens directs, dans les cas de chirurgie crânienne, des
vaisseaux sanguins de la substance corticale, et au cours d'expé-
riences sur des animaux, ont démontré que cet état de tension sanguine
excessive est bien réel. Nous pouvons aussi rappeler, dans cet ordre
d'idées, qu'il existe un excès d'acide carbonique dans le sang avant la
menstruation. Nous savons que dans les empoisonnements par ce gaz
les vaisseaux sanguins corticaux apparaissent extrêmement injectés
avec du sang liquide rouge vif. La considération de ces faits nous con-
duit à la conclusion probable que la tension des vaisseaux sanguins
de récorcc cérébrale, compliquée d'influences toxiques, déprime les
centres cérébraux supérieurs, entraînant la perte du contrôle, avant
et pendant la menstruation. Cette tension peut, éventuellement, s'ag-
graver du fait de causes mécaniques sous la dépendance de lésions cir-
culatoires et autres.
Le pronostic de ces cas varie. Lorsque le système nerveux est stable,
bien pondéré durant les périodes intermenstnielles et qu'on peut, en
outre, écarter tout soupçon d'affection organique, ce pronostic est très
favorable. J'ai traité, pvec succès, plusieurs de ces cas; on peut même
obtenir beaucoup du traitement, même pour les cas où le système
nerveux est toujours instable, pourvu que les vaisseaux sanguins du
tissu nerveux et que le tissu nerveux lui même n'aient pas été réduits
par la maladie à un état de trop grande fragilité, et que les autres
organes fonctionnent bien normalement.
Je désire maintenant entrer dans quelques brèves considérations
relativement au traitement de ces cas. Il m'a paru qu'on obtenait
de très lieureux résultats par le bain chaud combiné avec des
fomentations froides sur la nuque et les lombes, et avec l'emploi de
laxatifs (coloquinte et jusquiame), de sédatifs (bromure d'ammonium
ou trional), proportionnés à la sévérité des cas, et donnés de façon à
assurer le rcjws. Lorsque la menstruation paraît retardée, il est avan-
tageux d'administrer la quinine h la dose de 10 grains, à intervalles
de trois heures, etc. ; - mais, en semblables cas, pi un le traitement est réduit
et miriix cela mut. Potages très nourrissants, nourriture substantielle
conviennent pour ces cas comme dans tous les cas de troubles mentaux.
A>'il. DB OYIf. — 701. UV.' 28
425 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES I>K PARIS
H peut même être nécessaire d'appliquer, pendant les période» inu^
menstruelles, la méthode de Welr Mitchell, particaliëremeat piM*
les cas d'anémie. La combinaison judicieuse du repos« de la noarrt-
ture et de Texercicc en plein air sont, ici. de grande valeur. La supprr-
-sion de toutes les causes de toxicité, radministration de loniqe^
appropriés à chaque cas, le choix de Tentourage, du milieu daa? ^
in ter valleb intermenstruels, combinés avec une bonne direcUon mt^-
tale et morale, tels sont les moyens qui résument la méthode de tmi-.
ment, toujours utile et souvent efficace pour la cure oomplèle ikr i.
manie menstruelle.
Séance du 8 août (soir).
Chirurgie conservatrice de l'ovaire.
— Palniep Dudiey. — Je désire vous communiquer les résultai
de ma pratique personnelle, orientée suivant le même principe de ch^
rurgie conservatrice durant la dernière année. Je vous rappelWr^
d'al)ord une courte note, lue au Congrès d'Obstétrique et de Gynéco-
logie, h Amsterdam, dans laquelle j'ai rapporté 127 cas conaécutir?
d'ablations ou de ponctions des annexes, sans un seul décès,et compre-
nant 1 cas d'implantation intra-utérine de l'ovjdre. Aujourd'hui, j &
élevé ce nombre à 148, avec 5 cas d'implantation intra-utérine deiv>
vaire mus un décent. Sur ce nombre, j'ai pu relever 26 cas de grossesèi
A ce groupe appartient le cas, communiqué & Amsterdam, de doal4>
laparotomie avec conservation in ttilu de seulement une moitié d*o\'Birt
et de trompe. De[mis mon rapport à Amsterdam, j'ai, 4 fois encore, pra-
tiqué l'implantation intra-utérine de l'ovaire, soit, en tout. 5 fois. I>^
5 femmes ont guéri sans apparence de malaises, mais 3 seulemefit
d'entre elles ont conservé la fonction menstruelle. Nulle trace de réar-
tion utérine causée par la présence du tissu ovarique traosplant»'.
Depuis mon rapport à Amsterdam, j'ai modifié la technique opéniloin
dans le but de réussir, si la chose est possible, à sauvegarder ^ ikuu tv.
les cas la Amctûm menstruelle. Dans ce but, je résolus d'ûnplaDtt'r
l'ovaire sans le détacher de ses ligaments et sans le priver de ses rela-
tions nerveuses. Au lieu donc de libérer complètement l'ovaire, jt
commence par énuclécr la trompe de son enveloppe péritonéale ; put^
au lieu d'inciser le fond de l'utérus, j'incise l'une ou Tautre corne
VILLAREAL 427
utérine suivant Tovaire à implanler. Au résumé 1 opération finie, la
femme a, simplement, un ou deux ovaires suspendus dans Tutérus
par leur propre ligament, mais fixés dans la corne utérine par la suture.
J'ai la conviction que, gn\ce à cette technique opératoire, la fonc-
tion menstruelle sera préservée, et qu'il est possible que la grossesse
survienne. Mais quelle influence la présence de Tovaire ainsi implanté
I>ourra-t elle avoir sur révolution de la grossesse 1 Favorisera- 1 elle
ravortementf ou bien, la grossesse allant à terme, y a-t-il là une
condition d'affaiblissement de la paroi utérine et, par suite, un danger
de rupture de l'utérus f Autant de questions & résoudre. J'espère être
en état do faire un nouveau rapport sur le sujet au ptochain Congrès.
Traitement opératoire des annexltes.
— Hartmann (Paris). — Voir plus haut, p. 192.
Des opérations conservatrices et matilantes sor les organes génitaux
internes de la femme. Gœiiotomie et hystôrectomie.
— Villareal (Mcxicoi. — Avec les progrès de l'asepsie, les opé-
rations mutilantes sur les organes génitaux internes de la femme ont
élè réduites aujourd'hui aux cas dans lesquels il est impossible de rien
conserver, la maladie ayant produit la complète destruction fonction-
nelle ou organique des dits organes.
Les opérations conservatrices, plus en harmonie avec le génie chi-
rurgical moderne, ont pris un grand dévelopi)ement dans ces dernières
années, grâce aux progrès de l'asepsie, et à la vulgarisation de la
cn'liotoniie aMominale, et surtout de la cœliotomie vaginale.
Cette dernière opération en gytiécologie, domine toutes les autres, et
on peut dire que c'est la clef de toute intervention chirurgicale, pra-
tiquée dans la portion des organes féminins internes, couverts par le
péritoine, quand les dits organes ne franchissent pas, par leur
volume anormal produit par la maladie, le détroit supérieur, et les adhé-
rences on les infiltrations des ligaments n'empochent i)as leur descente ;
il reste alors la voie haute, pour le traitement des affections néoplasîquee
et inflammatoires, qui ne peuvent pas, pour les raisons exposées plus
haut, être traitées imr la ruie vaginale.
Ainsi par la cœliotomie vaginale antérieure, se pratique dans les cas
favorables avec succès, le traitement de la rétro/kxion et rétroversiim
428 13* CONÇUES des sciences médicales de paris
adhéi-ente ou non, en faisant le détachement des adhérences du cor\é
(si elles existent) et la vagino-fixatiofi ou un procédé analognr «ir
fixation antérieure.
Le traitement des/7«/i*i-;/^r<7o;/i7e« chroniques adhésives, dans lesqii«fik>
non seulement la matrice, mais encore les trompes et les o^xûre* icsï
déplficés et fixés prr les adhérences.
La (fésencapsulath n et fixation dans une position convenable ne sofit
pas des choses difficiles, et encore moins impossibles. €k>mine la vur
vaginale antérieure, permettant une exploration étendue et minatiea^.
aussi bien par le toucher comme de ri su, des organes internes, doc?
met dans les meilleures conditions pour pratiquer Vhystérerfomie. o^
castration totale, en cas de perte totale desdits organes et avec plu*
d*amplitude et bénignittî, nous permet d'enlever un araire mic^-
kystique OU sclérokystique , ou la portion d'organe malade, on à li
trompe de former son stonie ou diminuer par l'amputation son exces-
sive longueur, ou par sa résection longitudinale rétrécir son cali-
bre, dans le cas d'un hydrosalpinx perméable non volumineux, o€
bien dans les hydrosalpinx , hémaiosalpinx, dans certains jt^nMlp^fs
unilatéraux, enlever l'organe malade en laissant la portion d'ovain:
saine, ou encore extirper la trompe d'un côté, et l'ovaire dn vèi*'
opposé ; on peut encore combiner toutes ces opérations, ce qui est le rt
le plus fréquent, conservant les parties des organes qui sont intacte^
et les remettant dans la mesure du possible dans leur position nor-
male. Les tumeurs moyennes, aussi grosses que le poignet et encore ph;«
grosses, quand elles sont kystiques peuvent être extirpées avec facilitt
sans mutilation grave, laissant la matrice et les annexes en conditioD
de pouvoir fonctionner, par cette voie vaginale antérieure qne le prt*-
ft'sseur Dûrhssen trouva, et qu'après le professeur Martin a vnlgaris^*
Je le réiHîte, toujours dans le cas d'^absence d'une adhérence extra-
ordinaire, ou d'un volume considérable de la matrice et des annexes
leur traitement par la voie vaginale s'impose par sa simplicité : /atiitê
d' explora, m, bénignité, et comme une période préHminrîre de IVx-
tirpation totale de la matrice et des annexes, dans le cas où leur con-
servation serait jugée impossible ou inutile.
J'ai pratiqué dans l'hôpital Morelos et dans le service gynécologique
qae je dirige, et parmi des malades de ma clientèle, 162 cceliotomie»
l)our des affections différentes, et qui ont présenté un caractère con-
servateur. Toujours plus d'une opération a été nécessaire dans la mihat
séance, surtout parmi les patientes atteintes de ce complexus pathokh
VILLARBAL 429
gique consécutif à rinfection puerpérale, et caractérisé par l'englo-
bement des organes génitaux internes, les adhérences résistantes chro-
niques péritonéales, épiploiques et intestinales^ traces de ladite infection,
accompagnées en môme temps de déchirures du périnée et de 2>rolap8us
plus ou moins avancé .
Les opérations plastiques vagino-péritiéales sont un complément forcé
desdites interventions, aussi bien que dans les autres cas de prolapsus
dans lesquels il faut se servir de Vhy stéréotomie.
Dans les 162 opérées déjà citées, la guérisona été la règle.
Sur ô la suppuration s*est produite, et il y a eu 16 cas de repro-
duction des accidents (des ovaires microkystiques, trompes obstruées,
etc.) et la continuation des souffrances a rendu indispensable une
seconde intervention, pour finir avec Textirpation d'une des annexes ou
Tenlèvement total de tout l'appareil génital interne, n'ayant eu aucun
décès parmi ces 162 opérées.
43 hystérectomies vaginales pour des affections inflammatoires,
parenchymateuses^ pUutiqueê, hydrokystiques, ou suppuratives des
annexes.
Dans 26 cas, préalablement la cœliotomie vaginale antérieure comme
moyen d'exploration, finissant ensuite par l'extirpation de la matrice
et les annexes, et dans 17 commençant aussitôt par l'hystérectomie,
un décès.
Partisan convaincu des interventions vaginales, il est naturel que
je traite le cancer tUérit^ par cette voie, ayant obtenu 1<^ d'excellents
résultats dans le cancer du col, quand les culs-de-sac vaginaux ont
été à l'abri de l'invasion ; 2* des résultats moins bons quand les culs-
de-sac vaginaux onf été envahis, malgré la résection de la portion
supérieure du vagin ; 3o des résultats moyens quand l'invasion s*cst
étendue à la base des ligaments larges et fixée à la matrice ; 4 ' de
mauvais résultats dans le cancer du corps avec invasion du vagin et
de la vessie, parce que la reproduction se fait sur place, el dans les
deux malades décédées, sur les 34 opérées, il s'agissait de celte forme
très avancée du cancer. Dans les malades de la première catégorie, j*ai
des opérées sur lesquelles la reproduction ne se produit pas au bout de
plus de deux années, ainsi que dans quelques cas de la deuxième
catégorie ; je fais remarquer toutefois que la résedion du vagin, je la
fus très ample, et reproduction plus ou moins tnrdixe dans les cas de
troisième et de quatrième catégorie.
Cependant an point de vue de la survie, j'ai obtenu des gué-
430 13® CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
risons assez satisfaisantes, comme également pour la disparition eus
douleurs, des hémorrhagies, et des infections secondaires. Le résoltat
opératoire immédiat a été excellent sans distinction des cas, soit qœ
j'aie employé la méthode de forci-pressure ou fUl-preMure on celle que
j'appelle hémoniatique ou d^ènncléation sans application des pince», ni
fils, drainant dans tous les cas.
Les interventions par voie ventrale, je les réserve pour les tumears
géantes des ovaires et de la matrice, pour les pyomlpinx volomînenx cw
extrêmement adhérents ou dans les cas dans lesquels rinterventîon par
la voie vaginale est impossible.
Ainsi j'ai opéré 3G Icystes de l'ovaire de grandeur et de nature dif-
férente et parmi eux un immense (il pesait 58 kilog.) porté par nue
pauvre vieille de 70 ans qui succomba 13 jours après l'opération d^uoe
pneumonie hyposiatique, la plaie ventrale était cicatrisée.
38 opérations pour fibro-myôtnes {IQ hystérectomies supra-raginalen saii^
drainage, 6 en faisant le drainage par le cul-de sac de Douglas.
et 13 hystéreciomies totales, deux décès : l'une, chez une femme de
48 ans, at^einte d'une tumeur géante (7 1/2 kilog.) et encore d^nne
lésion organique non compensée ; elle mourut le dixième jour de Tin-
tervention. L'autre, aussi atteinte de lésion valvulaire, succomba ao
quatrième jour.
Trois hystér otomies pour fibro-myômes, trois succès.
6 cœliotomies abdominales pour des hématomes réiro-utêrins périto-
néaux (dans deux cas l'embryon était perceptible du deuxième an
troisième mois) et d'autres affections coexistantes de la matrior ri
des annexes finissant par l'hyslérectomie totale, et dans les cas restantit
par l'extirpation de l'annexe malade et détachement de son cnngèHtrf,
ventro-'fixatvm et drainage par le Douglas, 6 succès,
3 laparotomies pour appendicite et salpingo-oophorîUs plastiques avec
rétroversion utérine, chez des femmes sans enfants, en faisant l'extir-
pation de l'appendice et de l'annexe droite et finissant par la r^*R/r/>-
fixation . 3 guérisons.
Dans 1 1 cas (à la demande expresse des malades) Textirpatlon des
annexes pour salpingo-oophorite parenchymateuse, purulente ou hydro-
kystique par la voie abdominale, 7 hystéropexies complémentaires.
ii guérisœis.
32 hystércctomies totales, un décès, le premier, et 14 supra- va^-
nales avec drainage par le Douglas, pour pyomîpinx double, 45 gué-
risons.
VILLABEÀL 431
15 extirpations soit de l'annexe droite, soit de la gauche pour pyo-
salpinx unilatéral, dans 3 cas à^hystérectomie abdominale pour répétition
des accidents.
Une hystérectomie abdominale laissant les annexes saines, pour
cancer volumineux non ulcéré du col utérin, chez une femme âgée,
très obèse ; la guérison persiste.
Une castration ntéro-ovarique abdomiruUe -pour cancer du col ou du
corpg, avec un commencement d*u]cération, opération récente. Dans
ces deux derniers cas, aucune manœuvre sur les ganglions.
52 opérations de hernies ^ 52 guérisons ( 1 ) .
Deux extirpations de rate hypertrophiée. Tune chez une fillette de
H ans et l'autre chez une femme de 24 ans (rate énorme 6 1/2 kilog.) ;
elle succomba d'épuisement cinq heures après«
Six laparotomies exploratrices, dont 3 avec anesthésie locale, dans les-
quelles j'ai fermé le ventre, m'étant trouvé avec des lésions en dehors
des secours chirurgicaux. (Total : 459 opérations du ventre avec une
mortalité de8, soit 1 1/2 p. 100.)
La méthode d'asepsie que j'ai employée est la plus simple : de l'eau
stérilisée, ébuUition des instruments, compresses à la solution de
1 p. 100 de carbonate de soude; en même temps grand usage de la solu-
tion physiologique stérilisée de chlorure de sodium.
Je fais quelques modifications de détail dans la partie technique de
la cœliotomie vaginale de Martin, afin de la faire suivre, au besoin,
de l'extirpation de la matrice, soit par la méthode française, soit
par \afUi-pressure ou par celle déjà énoncée sous la dénomination hémo^
statique OU d'Anucléation, encore à l'étude. Cette méthode facilite l'extir-
pation de la matrice et ses annexes, ou d'un de ses organes, sans
produire qu'une faible hémorrhagie. et n'ayant aller que de petits vais-
sei*ux si l'hémostase ne se produit pas d'elle-même, même après l'ex-
tirpation de plus grosses tumeurs, car elle est indiquée par les deux
voies d'intervention sur les organes féminins de la génération. Voici
ce que je communiquai le 3 janvier de l'année en cours à l'Académie
nationale de médecine du Mexique, faisant allusion à un travail sur les
traitements des fibro- myômes utérins ; hémostase:
« La connaissance de la physiologie de la circulation utéro-annexielle
que j'ai pu contrôler sur les multiples interventions desdits organes
m'a permis d^arriver à leur extirpation sans l'application des pinces.
(1) 4 fois la reproduction a eu lieu.
432 13*^ CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PJLRIS
laissant intacte toute retendue des ligaments larges, ce qui aide i Iê
régénération du péritoine pelvien.
« L'artère utérine franchit la matrice au niveau du col et la parcourt
dans toute sa longueur, donnant dans son cliemin des brandies extrv-
mement délicates qui s'enfoncent dans le muscle utérin, et qui ucmt
pas besoin de ligature quand on les sectionne ; de la corne utérine rL
avant de Fartère utérine parcourt de la môme façon la longueur de U
trompe, donnant des branches très fines qui nourrissent cet organe, t-
qui également, quand on les coupe entre l'artère principale et leur péné-
tration dans la trompe, ne produisent pas d'hémorrhagie.
« U artère spei^matique se ramifie de la même façon dans l'ovaire d
dans le ligament utero ovarique que l'artère utérine dans la matrice et
la trompe, et comme 4es premières on peut sectionner les petites
artères qui nourrissent Tovaire sans avoir besoin de recourir à la
ligature.
a D'une façon générale on peutcomparcr les artères utérines et ova-
riques aux artères mésentériquas dans leur distribution, en faisant leur
jonction, leur anastomose au bord supérieur du ligament large, qui
représente « le méso » des organes génitaux internes ; cependant cettr
anastomose est loin d'avoir l'importance des branches cœliaques <k
lamésentérique.
Me basant sur ce qui précède, je ne fais plus de moignofis U^-
mentaires; je coupe les ligaments au corps môme de la matrice /^^r»-
mateuse depuis la corne utérine, et je fais ensuite l'cxUrpation de
l'ovaire et de la trompe correspondants des deux côtés, rasant sa sur-
face et sans avoir besoin de placer une seule pince. Si par hasard oo
blesse l'arcade artérielle utéro-tubo-ovariquCjXine pince prendra Tartèpe.
et 3 ou 4 ligatures suffisent. Si je crains l'infection, je draine par le
vagin avec de la gaze stérilisée, iodoformée ou non.
J'ai dit que les résultats opératoires immédiats ont été bons ; les acd-
dents consécutifs, je les ai déjà mentionnés dans chaque groupe de«
interventions, et ceux qui ont rapport à la suppression des annexer
dans un âge prématuré, je dois dire qu'ils se sont présentés dans an
15 p. 100 et ont toujours disparu plutôt sous l'influence d'une potioo
d'hydrate de chloral et bromure de potassium que j'administre par cuil-
lerées, que sous raclion de Vovarine.
Une seule fois est survenu le délire posl- opératoire qui céda au bout
de dix jours.
NANU 433
De la castration totale abdominale.
— G. Nanu (Bucarest). — - Ce qui préoccupe le chirurgien de
nos jours, c'est d'ôtre aseptique, de choisir une technique opératoire
simple et facile ; enfin d'avoir l'intuition du degré de résistance du
malade qui se confie h ses soins C'est aussi celte triple tâche que j'ai
eue en vue quand j'ai opéré mes malades, et c est la certitude de
l'avoir remplie au moins en partie qui m'a déterminé à vous faire
connaître ma modeste pratique sur la castration totale abdomi-
nale
On s'efforce de plus en plus, de nos jours, à conserver les organes
malades, c'est-à-dire à les guérir au lieu de les supprimer.
Mais il y aura toujours des affections qui, par leur nature ou par
leur degré d'envahissement, commanderont l'extirpation de l'organe.
Ce sont des affections de ce genre qui m'ont déterminé à pratiquer la
castration et qui feront l'objet de ma communication.
J'ai pratiqué 45 fois la castration abdominale totale. Les affections
qui ont nécessité cette opération ont été les suivantes : 20 annexites
purulentes, 8 fibromes de l'utérus, 7 cancers de l'utérus, 2 néoplasmes
malins des annexes, l déciduomc, 2 prolapsus génitaux graves, 3 gros-
sesses extra-utérines et 2 infections puerpérales. Sur le total de ces
opérées j'ai à compter 6 morts ; toutes les autres ont guéri.
Les cas de mort se répartissent ainsi : 2 infections puerpérales,
2 néoplasmes malins et 2 annexites suppurées.
Voici très sommairement l'histoire de ces cas :
Une des femmes atteintes d'infection puerpérale avait 37 ans, elle
était multipare et entra à la clinique d'accouchements le 11 mai : accou-
chement avec un fœtus putréfié et en situation transversale. On fit la
version interne et on essaya les moyens antiseptiques habituels pour
des phénomènes graves d'infection puerpérale qu'elle présentait ; mais
ceux-ci n'ayant pas cédé, on la fit passer, le 10 mai, dans mon service,
pour être opérée. Son état était grave : faciès grippé, langue sèche,
pouls 140 et intermittent, température 39<», ventre légèrement météo-
risé, utérus gros dépassant la symphyse, streptocoques dans le sang. etc.
Je fis aussitôt la laparotomie. J'ai trouvé des traînées purulentes sur
le péritoine et de l'œdème pelvien. J'ai lié les artères hypogastriques
et j'ai fait la castration totale; drainage vagino-péritonéal. Après l'opé-
ration, aucune modification des phénomènes septiques; mort après
434 13' CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PAHIS
trente-deux heures. A Fantopsie, grande quantité de microbes dans if
foie, les reins, myocardite et septicémie.
Le second cas d'infection puerpérale terminée par la mort est le
suivant : une femme multipare entra à la clinique d'aoeonchenmU
vingt-quatre heures après avoir accouché d'un fœtus mort an sixIèiDe
mois ; extraction manuelle du placenta. Le 10 juin, jour de son entrée.
\'i pouls était de 120 et la température 3Si**,S. On a fait d'abord d«*s
injections intra utérines avec une solution de sublimé 1 : 40t)0. M
ensuite un tamponnement. Le deuxième jour, température 39o, poab
] 28 ; on fit le curettage de la matrice et on termina par des injec(îoiL«
au sublimé. Pendant les trois jours suivants, la température varia
entre .'ÎT^.S et 37» 6 ; le lô juin, elle monta à 38" et le Ifi à 39». Le 17.
c'est à-dire huit jours après Taccouchement, cotte femme a été trans-
férée dans mon service où je lui fis la castration. En on\Tant le ATntre
j'ai trouvé que le pédicule utéro-ovarien droit était épaissi, cedémati<r
et gros comme le pouce sur une grande étendue ; mais il n*y avait
rien d'anormal sur le péritoine. Le 23 juin, c'est-à-dire le sixième
jour après l'opération, elle a succombé. A l'autopsie, le D^ Babes
trouva entre autres lésions, dans la vcîne du pédicule utéro-ovarien.
un coaguhim sanguin parsemé de pus ; ce caillot s'étendait jusqu'à la
veine cave.
On le voit donc, dans les deux cas d'infection pucri)érale, si je n'ai
pas réussi à sauver les malades, c'est parce que l'opération a été tar-
dive et faite dans l'un le neuvième, dans l'autre le huitième jour après
l'accouchement.
Les cas de néoplnsies qui se sont terminés par la mort ont été une
tumeur maligne de l'ovaire, et un cancer du col de l'utérus. La femmr
avec la tumeur dans l'ovaire était âgée de ôS ans ; elle avait depuis huit
mois des douleurs dans l'ovaire et dans la cuisse droite; elle présentait
depuis deux mois des phénomènes de dysurie. Quand elle s'est présentée
à l'hôpital, elle était déjà dans un certain état de cachexie. Par Texamen
vaginal, j'ai trouvé une tumeur immobile et mal limitée du cul-de-sac
vaginal droit ; l'utérus était petit et enclavé ; les annexes gauches
libres. La vessie avait les i)arois épaissies. En comprimant cet organe
à l'hypogaslre, je suis parvenu à faire sortir de l'urine sanguino-
lente par la sonde. La paroi postérieure de la vessie était libre ; sa
capacité, de 30» grammes ; la quantité de l'urine, 9(K) grammes, léger
dépôt formé par du pus et quelques hématies. Faisant la laparotomie.
j'ai vu que la tumeur de l'ovaire était grande comme une orange et
NANC 435
qu'elle adhérait fortement au péritoine pelvien et à la vessie. En déchi-
rant ces adhérences j'ai intéressé la vessie et j'ai vu alors qu'elle était
atteinte aussi par le néoplasme. Je fis dans ce cas la ligature des
artères hypogastriques, la castration totale, l'extirpation de la vessie,
Tabouchement des uretères dans le vagin et la reconstitution du péri-
toine pelvien, à l'aide du mésocôlon iliaque et du péritoine pré vésical .
Enfin, j'ai terminé par le drainage vagino-sous-p(îritonéal. Le premier
et le deuxième jour après l'opération, hypothermie : 35'»,4, 3fi",2 ;
aucune réaction péritonéale. L'urine s'écoulait par le vagin. Le sep-
tième jour, il survint du délire ; il y avait une évacuation incom-
plète de l'urine, les huitième et neuvième, anurie et phénomènes
urémiques; le dixième jour, mort. A l'autopsie, on a trouvé une
pyonéphrose à droite ; le rein gauche était volumineux et congestionné;
rien dans le péritoine. Chez cette femme, l'étendue trop grande des
lésions pehiennes a été en disproi)ortion avec les phénomènes cli-
niques .
Dans le cas de cancer du col de Tutérus, j'ai fait la castration totale,
mais je n'ai pas pu extirper tout le mal. Gliniquemcnt il m'a semblé
avoir affaire à un simple cancer du col ; mais en ouvrant le ventre
j'ai trouvé une extension inattendue et peu commune du processus
néoplasique. En effet, les ganglions pelviens, iliaques, sacrés et lom-
baires étaient pris. Une chaîne non interrompue de ganglions cancé-
reux s'étendait sur le côté gauche de la colonne vertébrale et tra-
versait même le diaphragme au niveau de la deuxième vertèbre lom-
baire. Ils étaient durs, à suc laiteux et gros comme une noisette ;
quelques-uns comme une noix. Les plus gros se trouvaient à gauche,
' vers la bifurcation des vaisseaux iliaques et au niveau du bord interne
du psoas. Les sacrés étaient tellement difficiles à extirper qu'en les arra-
chant on enlevait en môme temps le périoste. Il est h remarquer que
cette chaîne ganglionnaire, en disproportion d'ailleurs avec la lésion
initiale du col de l'utérus, avait englobé les uretères, l'aorte, la veine
cave, les iliaques, le canal thoraciquc sans qu'elle ait déterminé des
troubles de compression. La vessie et le rectum n'avaient que des rap-
ports de voisinage avec le processus néoplasique. Dans ce cas, si
j'avais pu faire le diagnostic exact de l'étendue des lésions, j'aurais dû
avoir recours a une simple opération palliative.
11 mo reste h vous faire connaître la cause de la mort des deux
femmes avec annexâtes suppurées. L'une d'elles avait un pyo-salpinx
gauche, un fibrome de l'utérus et un kyste de l'ovaire droit. Pendant
436 13** CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DB PARIS
que je m'efforçais de délruire les adhérences très fortes, que le ûbr&sb
etlepyo-salpiDX avaient contractées avec Tintestin et la paroi du peln?.
j'ai décliiré le rectum. La poche purulente a aussi crevé et du im*i
contaminé le pelvis. J*ai suturé la déchirure rectale; j'ai iaitlatoiletif
du pelvis et j'ai drainé le péritoine par le vagin, mais tout oda fal <
vain, car la malade est morte vingt heures après TopératiOQ aver âr
phénomènes de septicémie péritonéale suraiguô.
L'autre femme avait une aunexHc double Hupparét. Le pyo-8al|âL)
droit était aussi très adhérent au côlon pehlen. Pendant son énurl^-
tion, je l'ai déchiré et du pus s'est épanché dans la cavité ahdomiffi-
pelvienne. La reconstitution du péritoine pelvien fut impossîfak /
obtenir ; drainage vaginal avec un tube entouré de gaze. Après ti&àf
six heures, mort avec des phénomènes de péritonite suraiguê.
En résume, les 6 cas de mort se répartissent ainsi : 2 fiè\'Tes piK-r-
pérales opérées trop tard, 2 affections malignes de rutérus el àsr
annexes avec lésions inopérables et en disproportion avec les ph<ni>-
mènes cliniques, enfin 2 annexites purulentes avec déchirure «ii^
poches et infection du péritoine par le pus.
Les particularités et accidents que j'ai observés, pendant et a|»fr<
l'opération chez les femmes qui ont guéri, ont été les suivantes :
Chez une femme atteinte de pyo-salpinx gauche, j'ai eu à extiipi^
aussi un kyste hydatique qui s'était développé dans le ligament lup
droit. Mais après l'extirpation des annexes et du kyste hydatiq»'
r utérus demeura déformé, allongé et entièrement dénudé de périlolnr
ce qui me détermina à l'enlever.
Dans trois cas de pyo-salpinx, les poches se sont déchirées pcn<la&'.
l'cnucléation et de même que dans les cas suivis de mort^ du pus a coe*
taminé la cavité péritonéale, mais il a été probablement stérile, car >
n'y eut pas d'infection.
Une fois, ayant fait la castration pour un fibrome intra utérin spbv
celé, l'examen de la pièce m'a montré que ce que j'avais cru Mre ou
fibrome était un déciduome malin .
Dans un cas de métrite fongueuse, j'ai été forcé de faire la castratia
à cause d'un état de friabilité extrême de la matrice. Je m'étais propo^r
de faire un simple raclage et j'ai commencé l'opération ; mais à m.
un moment donné je me suis aperçu que j'avais perforé Tutérus. Jdi
fait alors séance tenante la laparotomie et j'avais voulu suturer la dt^
chirure qui était située au fond de l'organe, mais ce fut impossible à
cause de l'extrôme friabilité du tissu utérin . Bien plus, en cherchant à
\
\
■
\
NÀNu 437
fixer la matrice avec mes doigts pour mieux suturer, le corps se déta-
cha du col et resta entre mes mains. Je fus obligé alors de terminer par
la castration totale.
Dans un cas d*annexite tuberculeuse, les annexes adhéraient au
côlon et aux anses de Tintes tin grêle de telle manière que le tout for-
mait une vraie tumeur farcie de foyers caséeux. J'ai dû faire cette
fols non seulement la castration, mais encore une résection de GO cen-
tim. (Uinlcstin grêle et terminer par une entérorrhaphie circulaire.
Chez une femme avec grossesse extra-utérine, j'ai trouvé un kyste
fœtal entièrement formé par des néo-membranes. C'était un cas
d*avortement tubaire dans Tabdomen. J'ai extirpé la paroi du kyste,
le placenta et j'ai extrait un fœtus de 3 mois parfaitement conservé.
Une seule fois j'ai intéressé la vessie. Cet accident m'est arrivé
pendant que j'incisais le péritoine pour limiter le lambeau antérieur
nécessaire à la reconstitution du plancher pelvien. J'ai fermé cette
blessure par une suture à trois étages et la réunion s'est faite {)ar pre-
mière intention et sans aucune suite fâcheuse.
J'ai fait la ligature des artères hypogastriques dans 12 cas, h savoir :
9 fois au commencement de l'oiiération et avant l'extirpation des
organes génitaux, 2 fois après avoir castré comme mesure d'hémos-
tase consécutive et 1 fois 3 heures après l'opération pour mettre fin à
une hémorrhagic post-opératoire qui par l'abondance de l'écoulement
vaginal et les signes généraux d'anémie paraissait inquiétante.
Comme suites post-opératoires j*ai peu de chose à dire ; chez une
femme opérée pour une annexite double suppurée un écoulement
d'urine se fit voir par le vagin, mais il cessa complètement après
quinze jours ; chez une autre opérée pour un kyste dcrmoïde de
l'ovaire atteint de dégénérescence adénomateuse métatypique, j'ai
observé la récidive après quntre mois. Enfin chez une opérée de
métrite, annexite et pelvi-péritonite j'ai eu h enregistrer des phéno-
mènes d'insuffisance ovarienne que j'ai traités par l'ovarine.
Le procédé opératoire, que j'ai adopté pour la castration, est le suivant :
Je me sers toujours du plain incliné h 45'>, depuis le commencement
jusqu'à la fin de l'opération. Ce n'est qu'en terminant et pendant que
je ferme le ventre par la suture que je ramène la malade en position
horizontale, j'évite ainsi l'emprisonnement d'une trop grande quantité
d'air dans l'abdomen. Je commence Tincision de la paix)! abdominale
très près du pubis sur la ligne médiane et je la t<'rmine habituelle-
ment à l'ombilic, me réservant de l'agrandir plus tard si les manœu-
438 13*^ CONGKÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
vres me paraissent être trop laborieuses. Une fois rabdomen ouvert
je mets un large écarteur dans l'angle inférieur de la plaie et je k
confie ù un aide qui est placé entre les jambes de la malade. Ce larre
écarteur que je fais glisser tantôt à droite tantôt à gauche, sni^'siit
le côté où les manœuvres sont nécessaires, me donne toajours b»:«î.-
coup de jour ; il rend l'opération facile.
J'explore les organes pelviens et sans trop tarder j Introduis dan^ W
ventre des compresses pour refouler l'intestin et limiter le champ o{«^
ratoire. Pour remplir ce but, que je considère comme étant de la phi»
grande importance, j'attends que la malade soit en résolution complHc
et je détruis auparavant les adhérences que Tépiploon ou des ansr?
intestinales auraient contractées avec les organes du pelvis.
Une fois le champ opératoire isolé, je détruis les adhérences de*
tumeurs ou des poches aux parois du pelvis ; j'extirpe même les néofor
mations, tâchant de n'avoir plus à m'occuper que des connexions nor
maies des organes génitaux.
Avant ou après ces manœuvres, cela dépend des cas, je saisis le food
avec une pince de Museux et, lors de gros fibromes, avec le tirc-faoachuïi
Delagénicre pour la tirer en haut et tâcher ainsi d'extérioriser le pla?
possible la matrice aVec les annexes. L'aide qui tient récarlenr e>t
chargé aussi de maintenir les organes entre les bords de la plaie. Jf
cherche alors les artères hypogastriques et si je les trouve facilement.
comme cela arrive habituellement, je les lie. Cette ligature doit être
pratiquée avant, voire môme après l'extirimtion.dans tous les cas où elU'
est facile h faire ; elle permet d'extirper vite et sans hémorrhagie pri-
mitive ni secondaire. En effet il n'est pas toujours facile de trouver 1»
artères utérines, bien souvent ou est obligé de les couper et de les Ilt*r
plusieurs fois à cause de leurs flexuosités ; enfin, quoiqu*en disent
beaucoup de chirurgieus, les vaginales donnent aussi du sang. Aasâ
la ligature des hypogastriques me parait rationnelle.
Je commence enfin l'extirpation des annexes et je la fais de la
manière suivante :
Me servant d'un lleverdin mousse, je mets une ligature sur un de>
pédicules utéro-ovai'iens et je le sectionne entre la ligature et une pince
à pression continue que j'applique du côté de la trompe et de l'ovaire.
Le ligament rond est sectionné de la môme manière. Je répète le<
manœuvres sur le ligament large du côté opposé. Avec un bistouri j'in-
cise ensuite en avant et en arrière le péritoine qui recouvre la matricr
h l'union de son corps avec le col, de manière à limiter deux lambeaux
NANU 43Î)
péritonéaux. Me servant des doigts pour décoller et de ciseaux pour
disséquer, je cherche i\ refouler le péritoine de la ()arlie inférieure du
corps de la matrice et de son col de telle sorte qu'à un moment donné
il en résulte deux lambeaux séreux constitués par le péritoine de
l'utérus et des ligaments larges. En môme temps le col se trouve si
bien dénudé qu'on peut aisément voir les artères utérines. Je sectionne
alors celle-ci de la même manière que les vaisseaux utero ovariens.
c'est-M -dire entre une ligature et une pince appliquée du côté de la
matrice. Je procède ensuite à Tincision du vagin. Pendant que l'aide
exerce une certaine traction sur le fond de la matrice à Taide de la
pince et du tire -bouchon, je saisis Torgane entre le pouce et les autres
doigts de ma main gauche, et glissant vers le vagin, je cherche à bien
sentir le col. Aussitôt que j'ai dépassé la saillie du col, je sectionne le
vagin circulairement avec les ciseaux et en commençant de préférence
par le cul-de-sac droit. Pour plus de facilité, j'applique une pince de
Museux sur le col aussitôt après avoir incisé le cul-de-sac vaginal. Il
ne reste plus qu'à faire Thémostase des vaginales qui d'ailleurs est
inutile lorsqu'on lie les artèi*es hypogastriques, et à reconstituer le
plancher pelvien en suturant les lambeaux péritonéaux.
Je cherche toujours à isoler les surfaces avivées en les recouvrant du
péritoine ; ceci est facile à faire quand on a des lambeaux de séreuse,
mais quand on n'en a pas il faut reconstituer le plancher pelvien en
suturant ce qui reste de séreuse rétro-vésicale avec le mésocôlon i^el-
vien. Ce n*est que lors d'extirpation d*adhérences trop étendues ou de
contamination par crèvement d'une poche purulente, que j'ai laissé
ouvert le pelvis par en has sans le tapisser de séreuse. Alors je laisse
à demeure une mèche de gaze que je fais sortir par le vagin. En ce
qui concerne le drainage, je crois qu'il est très utile ; aussi presque
toujours après avoir fermé le pelvis, je draine la plaie par une mèche
de gaze que je fais sortir dans le vagin; ne fût-ce que iiour servir pen-
dant un ou deux jours après l'opération, (ju'on devrait encore drainer
car la gaze absorbe une certaine quantité de sérosité sanguinolente
qui me parait toujours utile d*ôtre évacuée. Je ne draine jamais par la
voie abdominale. Enfin, tout étant terminé du côté du i)elvis, je fais la
toilette du péritoine. J'enlève les compresses qui, pendant toute la durée
de l'opération, ont servi à isoler le champ opératoire et je ferme la
paroi du ventre par une suture à trois étages, à savoir : points séparés
au catgut pour le pt^ ri toi ne et les muscles, au crin de Florence pour la
peau. Des injections sous- cutanées, abondantes, de solutions physio-
440 13*^ CONGRÈS DES SCIBNCBS MEDICALES DE PARIS
logiques de chlorure de sodium sont toujours faites immédiatoin» M
après Topération. Ces injections sont administrées aussi avant el ptffi-
dant l'opération, dans les cas d*anémie et de débilité.
En ce qui concerne les moyens antiseptiques, le seul dont je w^
sers est la solution de sublimé 1 p. 1000, et je l'emploie uniquement (jog-
le lavage des mains, avant et pendant toute la durée de Topératian. INxj'
tout le reste, je fais la plus pure asepsie, obtenue par la chaleur à s^v
Rarement et surtout lors de septicité avouée des lésions, je touche K^
surfaces avivées avec de la gaze imbibée de la solution phéniquée loti*-
Les moyens anesthésiques sont habituellement le chloroforme, pré-
paré au laboratoire de nos hôpitaux, et exceptionnellement Félher.
En résumé .les principaux traits du procédé que je viens d'exposer. sont
Au point de vue de l'aisance opératoire : position du plan IndÎB'.
écartcur large sus-pubien, abandon systématique des pinces hémosta-
tiques temporaires, section des vaisseaux, toujours après ligature pr«i-
lable, voire môme ligature des artères hyix)gastriques.
En ce qui concerne l'asepsie : Abandon complet de toutes les suh^
tances chimiques, stérilisation à sec par la chaleur, llmltatioB ûb
champ opératoire, reconstitution du plancher péritonéal pelvien, drai-
nage par le vagin.
Toutes les ligatures et les sutures sont faites exclusivement su
catgut J'emploie pour la peau seulement les crins de Florence.
Relativement aux indications de la castration, j*ajonterai seulf-
mcnt que la voie abdominale me parait devoir être toujours préfér^V
à la voie vaginale, car elle permet d'aller vite, d'extirper complètement
le mal et d'éviter la lésion des organes sains. En suivant cette voî-
on voit bien, on sait bien ce qu'on fait. Elle est, d'après moi, la \T3k
voie chirurgicale.
De rappendlcite dans les affections de rateras et des annexes, oi
appendicites folliculaires, cancôreases et tabercaleasea d'origiiK
annexielle.
— Henri Delagéulère (du Mans). — La coïncidence fréquente
de rappendicite et désaffections utero- annexielles est signalée à Kal-
tention des gynécologistes depuis une lizaine d'années environ. En
1892, nous avons ou l'occasion de réséquer un appendice dans un cai
de suppuration pelvienne et alors, comme du reste les auti*es o^vra-
teurs de cette époque, nous n'avons pas songé à voir dans ce fait autix
DBLAGÉNlènE 441
m
chose qu'une coïncidence. En 1890, Hîrst avait signalé pendant une
grossesse un cas d'appendicite (l).Un peu plus tard, Richelot étudiait
l'appendicite chez la femme (2), mais au point de vue surtout du dia-
gnostic de cette affection. Pour cet auteur la coexistence de Tappendi-
cite et d'affections annexielles n'était qu'une coïncidence.
Pour Annstrong (3), Gleveland (4), etc., et, plus tard, Vineberg (5) et
Bouilly (6) ce n'était toujours que des coïncidences. Mais bientôt la
fréquence de ces soi-disant coïncidences fit admettre qu'il pouvait bien
y avoir des relations de cause h effet. Wiggin (7) rapporte un fait
intéressant de pyosalpingites opérées, puis l'apparition quatre jours
plus tard d'une appendicite qui fut opérée également avec succès; Goe (8)
alla plus loin dans cette voie et admit qu'il existait des rapports plus
directs entre les affections des annexés et l'appendicite, et considéra
cette dernière affection comme une complication des annexites. Nous
avons repris cette théorie (9) en l'appuyant sur 5 faits nouveaux. Mais
dans nos observations il ne s'agissait encore que de lésions septiques
des annexes, de sorte que notre théorie d'appendicite consécutive à de
la colite engendrée elle-même par la lésion péritonéo-annexielle pou-
vait être discutée et mise en doute.
Aujourd'hui nous apportons 26 nouveaux cas dont la diversité per-
mettra de faire faire un nouveau pas à la question.
En effet, ces 26 cas se répartissent de la façon suivante :
Salpingites simples 14
Suppurations pelviennes 2
Kystes multiloculaires 6
Tumeur maligne des annexes généralisée 1
Cancer de l'utérus généralisé 1
Fibrome de l'utérus enclavé 1
Rétroversion 1
Total "26"'
(1) Proc. Phila. Ohst. Soo., 1890, 1, 76, 79.
(2) Union méd,, Paris, 1890, 3. a., L, 625-626.
(3) Mtmtreàl M. J,, 1898-1894, XXII, 683-685.
(4) New York Journ. Oyn. and Obêt., 1894, IV, 586-690.
(6) Med, Rec, N. Y., 1896, 740.
(6) Ann. Qyn, Paris, 1897, II, 321-324 ; 1898, 111,337, et 1900, V, 27-30
(7) New York Med. Journ., 1894, LIX, 430.
(8) New York PolycUn,, 1894, IV, 73.
(9) Congrèt franc, de Chir., 1897^ p. 908.
inr. Di grv. — tol. lit 29
442 13* CONGRÈS DBS SCIENCBS MBOICA.LES DE PARIS
On voit donc à priori que 10 fois sur 26 l'affection ntéro-annexîHf^
n'était pas septic[ue primitivement. Hest vrai que la plupart des kyslf^
multiloeulaires avaient présenté des complications telles que suppun-
tion, torsion du pédicule, adhérences péritonéales, mais ces com{4ici-
tions septiques n'existaient pas dans tous les cas de kystes multiloi h
laires, dans les cas de fîbrome, cancer, etc. Dans ces cas, il faut do»*
admettre le rôle mécanique sur lequel nous avons insisté déjà. N'iS-
y reviendrons du reste un peu plus tard.
Anatomle pathologique. — L'examen histologique de tons {•>
appendices que nous avons enlevés a été pratiqué et toujours la idli-
culite a été constatée.
Dans nos premiers cas, nous avions également trouvé des appendi-
cites folliculaires. Il s'agit donc dans ces appendicites qu'on rencootn
en même temps que des annexites d'appendicites identique aux ai^
pendicites ordinaires.
Au point de vue microscopique nous avons rencontré plusieurs
variétés d'appendicites, ainsi que le démontre le tableau suivant :
Appendicites aiguës 4
Appendicites oblitérantes avec vase clos 5
Appendicites calculeuses 5
Appendicites chroniques 10
Appendicites cancéreuses 2
26
Dans la très grande majorité des cas il s'agissait donc d'appendicil*^
à évolution lente, à forme chronique. Nous n'y insisterons pas, «^
appendicites étant aujourd'hui parfaitement connues.
Parmi les appendicites aiguës, nous avons rencontré une forme sop-
purée type avec perforation gangreneuse de l'appendice. Or, dans rt
cas il ne s'agissait que d'un fibrome de l'utérus enclavé dans aucune
lésion inflammatoire ni septique des annexes ou du petit bassin. Dso?
un autre cas, l'opération fut pratiquée pendant la période apoplectiqu<
de la poussée aiguë, l'appendice était rouge, tuméfié et gorgé de ^&Qi
brunâtre et fétide. Les deux autres cas ne présentaient rien de parti
culier.
Nous insisterons sur nos deux faits d'appendicite cancéreuse, d*8u-
tant que les remarques que nous allons faire à leur sujet s'appliquent
également aux appendicites tuberculeuses.
Dans notre premier travail nous avions, à propos d'un cas d*appeD-
DBLÀGÉNIÈRR 443
diçiie chez une malade atteinte d*annexites tuberculeuses, attiré Vat-
tention sur ce fait que la lésion de l'appendice était comme d'ordinaire
une tolliculite simple, sans lésion tuberculeuse.
Dans nos deux cas d'appendicites cancéreuses le microscope révéla
un fait analogue. Les noyaux cancéreux qui avaient envalii l'appen-
dice par propagation péritonéale avaient infiltré les parois de l'organe
jusqu'à la couche des follicules, mais ceux-ci n'étaient pas envahis par
le cancer. Ils présentaient au contraire les lésions habituelles des foUi-
culites, les uns tuméfiés, les autres en partie ramollis et vidés de leur
contenu.
En dehors de ces follicules malades existait la barrière cancéreuse.
Il en résulterait qu'au sens propre du mot, il n'y aurait pas plus
d'appendicite cancéreuse que d'appendicite tuberculeuse; le cancer
et la tuberculose 'prépareraient seulement en infiltrant les parois de
l'appendice, en altérant sa vitalité, l'appendicite folliculaire clas-
sique.
Êtiologie et pathogénie. — Puisqu'il s'agit d'appendicites ordi-
naires, c'est-à-dire d'appendicites folliculaires infectieuses, nous n'a-
vons pas à refaire ici l'étiologie de l'appendicite en général chez les
femmes atteintes d'affectionr des annexes et de l'utérus.
Nous voulons seulement insister sur le rdle pathogénique exercé sur
lappendicite dans ces cas par les affections annexielles et utérines.
Dans un travail antérieur (1) nous avions admis que l'appendicite
était préparée par les affections annexielles, mais qu'elle avait cepen-
dant dans tous les cas une origine purement intestinale et nous avions
réfuté la propagation par ces lymphatiques. Notre opinion reste la
même pour la grande majorité des cas, mais elle est trop exclusive,
nous allons le voir pour certains faits.
Nous avons opéré une fenmie (obs. 3288) pour des suppurations
pelviennes prédominantes à droite. Les poches remontaient jusque dans
la fosse iliaque, la maladie procédait par processus aigus avec symp-
tômes de péritonite, toujours à droite. A l'ouverture du ventre nous
trouvons de la péritonite enkystée avec du pus fétide ; ce foyer évacué,
nous y trouvons l'appendice gangrené, enfin au-dessous de ce foyer
la trompe droite atteinte d'inflammation aigué, distendue par du pus.
L'inflammation pelvienne s'était propagée à la trompe gauche, moins
malade cependant que la droite. Dans ce fait les antécédents appendi-
(1) Loeo citato, p. 920.
444 13^ coNcnès des sciences médicales de pabis
culaires avaient précédé les symptônles des annexites, et les lésîobr
semblaient avoir débuté par Tappendice, puis, par le premio' fov^r
appendiculaire formé, s'être propagées à la trompe droite et eoGn à I^.
gauche. Il serait, dans ce cas, plus logique d'admettre, comme Ta fâ.'i
remarquer Pozzi, l'origine intestinale des annexâtes et la prt)paj3:atitB;
de l'infection par les néo-membranes unissantes.
Cette propagation par des adhérences et des néo-membranes *^<
expliquée i)ar Pozzi par la formation d'un réseau lymphatique de z>on*
velle formation par lequel peuvent facilement cheminer les micix>be>
contenus dans l'intestin.
Sans nier la propagation directe de l'appendicite aux annexes d^oitr^
nous la croyons très rare, et dans ce mécanisme d'adhérences in(e«~-
tieuses il faut admettre une disposition anatomique spéciale de l'appen-
dice.
Il faut le contact normal des deux organes, contact assurément
possible, mais qui ne constitue en somme qu'une exception.
Nous en revenons donc à notre première manière de voir comme
constituant la règle générale :
Les affections de l'utérus et des annexes préparent l'appendlcile p^r
les poussées péritonéales qu'elles occasionnent, par les adhérence^
intestinales qui s'ensuivent et qui prédisposent à la stase des niatièiv<
dans rintestin, d'où constipation d'abord, colite et typhllte ensuite et
enfin appendicite. Dans les affections non inflammatoires de rutâni
(fibrome enclavé et rétroversion) les accidents intestinaux sont coDfê-
eu tifs à la compression du rectum. Dans les cas de J^ystes de Tovaire.
les adhérences, les poussées de péritonite consécutives à la torsion da
pédicule, la suppuration du kyste peuvent expliquer la formation df
l'appendicite par retentissement péritonéal.
Si le kyste est indemne d'adhérence l'explication est plus difficile
Ne peut-on pas admettre des complications intestinales par simple
compression de l'intestin, par l'augmentation de tension intra-abdomi-
nale ? Tous les gynécologistes ont ovariotomisé des malades qui aprè»
leur opération ont évacué des quantités énormes de matières accu-
mulées depuis longtemps.
Or nous savons que cette stase des matières est le premier stade de
l'appendicite dans beaucoup de cas.
Reste à expliquer la genèse de l'appendicite dans les cas de cancer on
de tuberculose du péritoine ou d'organes voisins (intestin et appendice
lui-môme) .
DBLAGÉNIÈRE 445
loi nous avons vu que le noyau cancéreux on tuberculeux, qu'il soit
primitif ou propagé, se développe le plus habituellement dans^ Tépais-
seur des parois de l'appendice en dehors de la couche des follicules.
Ceci n'a rien pour nous surprendre, surtout pour la tuberculose eu
raison du rôle phagocy taire des folliftules. Mais ces noyaux en se déve-
loppant dans la paroi du follicule occasionnent des désordres circula-
toires locaux dont le maximum s'observe au niveau ou autour du
point infiltré. C'est donc dans ces points que la folliculite a le plus de
chance de se développer, puisque le microbe pathogène envahira le
follicule qui présentera le minimum de résistance. Dès lors, malgré
rinfUtration cancéreuse ou tuberculeuse des parois, l'appendicite qui
évolue n'est autre qu'une appendicite folliculaire banale.
Assurément nous ne pouvons prétendre que les choses se passent
toujours ainsi, il est possible que les follicules participent dans
certains cas à l'infiltration des parois par le cancer ou la tuber-
culose ; il est possible que, par exception, des bacilles tuberculeux venus
des ingesta pénètrent dans la cavité de l'appendice et inoculent direc-
tement le follicule en déterminant une folliculite tuberculeuse d'em-
blée ; mais nous n'en avons pas rencontré d'exemple non seulement
dans les observations rapportées ci-après, mais dans nos nombreuses
opérations pour appendicites ordinaires.
Or cette notion a son importance au point de vue clinique, puis-
qu'aussi bien dans l'appendicite cancéreuse que dans la tuberculeuse
on rencontrera l'évolution et les manifestations habituelles de l'appen-
dicite folliculaire.
Symptomatologie. — L'appendicite ordinaire se caractérise par
des crises plus ou moins violentes qui surviennent presque toujours
brusquement . En interrogeant avec soin la malade on- découvre tou-
jours quelques antécédents gastro-intestinaux ; mais la crise elle-même
présente des signes importants pour faire le diagnostic ; la douleur
vive à droite, le point de Mac-Burney, et les symptômes de réaction
péritonéale.
Si l'appendicite est consécutive aux affections annexielles, on trouve,
dans les antécédents de la malade, le début et la marche des affections
utérines ou annexielles en cause. Les accidents gastro-intestinaux sont
toujours ou presque toujours secondaires, et lorsqu'ils éclatent ils cons-
tituent toujours une sorte de x)hasc aiguë nouvelle de la maladie pour
laquelle la malade était soignée . Comme dans les annexites presque
toujours la crise d'appendicite coïncide avec la période menstruelle.
446 13^ CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
n y a cependant quelque différence importante à noter : tandis qa^
dans l'annexite la crise douloureuse commence à la fin des règles, k
plus habituellement, dans Tappendicite, la crise éclate au début d<r>
règles, pour ainsi dire avant Tapparition du sang menstruel.
La douleur est plus vive dans' lappendicite si cette dernière dmi
suppurer ; mais dans la poussée ordinaire Tintensité de la douleur dt
peut fournir aucun signe. Le point de Mac Bumey existe le plus souv^*
dans l'appendicite ; il se confond souvent avec la zone douloureuse dr
Fannexite droite ; il vient en quelque sorte ajouler son appoint à droilc
de sorte que la prédominance des accidents à droite constitue pocr
nous le meilleur symptôme de Tappendicite annexielle, surtout quand i
en déprimant la paroi au siège de Mac Bumey on découvre la doo-
leur.
Si l'appendicite suppure, l'apparition des symptômes pc'ritonéaui rt
leur évolution permettront de faire le diagnostic, surtout si la pibîtu-
nite se localise à droite et si l'on assiste à la formation de la tnmecr
ou du plastron appendiculaire.
En somme,les antécédents annexiels, puis, tout d'un coup la prédcmu-
nance des accidents h droite, les symptômes de péritonite ai^uê, sobai-
gu3 ou chronique constituent les seuls éléments du diagnostic daf)>
les lésions infectieuses des annexes et du petit bassin. S'il s'a^^t d'affer-
tionsnon inflammatoires le diagnostic se fera plus facilement, les syiDfv
tomes propres de l'appendicite conservant leurs caractères particulier^.
et leur valeur diagnoslique par conséquent plus grande.
L'appendicite dans les affections des annexes et de l'utérus constitof
une complication des plus redoutables. Nous avons vu qull s^agi^vâait
d'une appendicite folliculaire qui évoluait comme l'appendicite vulgaire
en faisant courir à la malade les mêmes risques : péritonite septique.
péritonite purulente, péritonite péri-appendiculaire, ou le passage i
l'état chronique avec tous ses risques de récidive. Gomme toute appen-
dicite, cette appendicite doit donc être opérée de suite, dès que le dia-
gnostic est fait. La présence des annexites ou d'autres affections dt
l'utérus ne doit pas modifier la formule même en cas de cancers géné-
ralisés au bassin. L'api)endicite commande l'intervention toujours
dans toutes les circonstances, absolument comme un étranglement
interne . Les maladies des annexes et de l'utérus concomitantes ne font
que préciser l'indication en ajoutant une raison nouvelle d*intervenir.
puisque ces affections sont elles-mêmes le plus souvent justi^ai)Ie:^
d'une intervention.
MAtICLAIRE 447
Iraitement. — Il résulte de ce qui précède que le seul traitement
est le traitemenl chirurgical. L'opération devra être faite dès que le
diagnostic sera posé ou même supposé. Dans le doute, en présence de
lésions annexielles, on ne saurait hésiter à intervenir.
L'opération consistera dans une laparotomie sous-ombilicale médiane.
Cette incision donne accès dansle bassin et la fosse iliaque. Elle permet
d'enleverTutérus, les annexes et l'appendice. Même dans des cas d'ap-
pendicite suppurée (obs. 3499), quand il y a des lésions annexielles et
utérines, nous la préférons h la voie latérale. On peut limiter le foyer
appendiculalre, faire l'opération nécessitée par l'état des annexes, et
enfin drainer le foyer appendiculalre par une contre-ouverture latérale.
Aatogrefies soua-cutanées des ovaires après salpingo-ovariectomie.
— Mauclalre (Paris). — Si l'on suit l'évolution de la théra-
peutique chirurgicale dans le traitement des salpingo-ovarites, il est
facile de constater qu'aux fréquentes opérations radicales du début
succèdent maintenant de nombreuses opérations conservatrices. On
pourrait même considérer les idées conservatrices actuelles comme
exagérées. Mais en médecine, comme ailleurs, l'évolution du progrès
procède un peu par flux et reflux !
Quoi qu'il en soit, pour le traitement des salpingo-ovarites il semble
que la plupart des chirurgiens préfèrent actuellement la voie abdo-
minale parce qu*elle permet plus facilement de ne faire que des abla-
tions unilatérales des annexes. Elle évite souvent l'ablation de l'utérus.
Elle a permis de faire des salpingostomies (Martin, Pozzi, Polk (1), etc.
et des salpingo-ovaro-syndcses (2). Dans plusieurs cas, j'ai fait la sal-
pingo-ovaropexie pour des trompes prolabées paraissant saines, et cela
dans le but de favoriser la grossesse ultérieure des malades chez les-
quelles une trompe avait déjà été altérée. Mais je ne sais pas jusqu'à
(1) Voir : Aybollbs. De la Malpinço'ovaro'tjfndèêe. Thèse Paria 1899.
Jabsaillon : Salpingofitomle et autres opérations oonserv^atrices de la
trompe. Thèse Lyon, 1899.
(2) Voir : a) 8. Pozzi. De la résection et de rignipuncture de l'ovaire
Médecine moderne j 1891, et Bévue de gynée. et de chir, abdominale, 1897.
b) Blagny. Dv la salpingoAtomie avec otariectomie partielle. Thèse
Paris, 1899.
c) MONTAUZ. Résultatê éloigné* des opérations conter "atri^ejt de» annexes.
Thèse Paris, 189!).
448 13^ CONGRÈS DBS SCIENCES MBOICALE6 DE PARIS
quel point nous aurions le droit de faire cette opération sans le c^-
sentement préalable de la malade.
Par la voie abdominale également on peut pratiquer l'ignipnncturr
ovarienne ou les résections partielles d'ovaire très recommandées psr
Schrœder et Martin à l'étranger, et en France par M. Poz& d^ 18^1 .
Le plus souvent les résultats de ce procédé de conservation sont boci^
et sur trois de nos malades cette ignipuncture jointe à la libératk» 6^
adhérences a snf fi pour faire disparaître les douleurs pelviennes. JÉai-
parfois il a fallu par une deuxième opération enlever le fragaask
d'ovaire laissé, cas de Schatz (Archiv, f, Gynàkcl., tome 9. p. 4^-
ei autres.
Ce qui justifie ces opérations partielles c*est que des troubles gécr-
raux ont été observés après Tovariectomie double. La fréqnence de o»
troubles a été exagérée assurément Ils e3dstent sans aucun doiot^.
Mais dans quelle proportion ? Personnellement je ne les ai ohser^
que deux fois après, approximativement une soixantaine d'ovariectoiiik-
bilatérales, mais je n'ai pas revu toutes mes opérées, loin de là. Qoeï
qu'il en soit, dans deux cas seulement ces troubles étaient sérieux.
Chez la première de ces deux malades à laquelle j'avais fait par U
voie vaginale la castration utéro-ovarienne en 1892, il existait de<
troubles congestifs assez réguliers dans leur apparition. C'étaient de>
bouffées de chaleur, de la pesanteur périnéale et un léger ball0n&^
ment du ventre. Ces mêmes troubles un peu moins accentués existeol
encore actuellement chez cette malade âgée de 38 ans maintenant
. La deuxième opérée a subi en mai 1898 la castration double par b
voie abdominale. Quatre mois après cette opération cette malade dirait
éprouver des douleurs très vives dans le pelvis ; elle était devenoe
très agitée, son caractère était sombre, mélancolique. Croyant à Texi^-
tence de reliquats annexiels, je Tai opérée de nouveau, mais je n'ai
rien trouvé qui puisse justifier de pareils troubles, physiques et psy-
chiques. Actuellement ces mêmes troubles persistent, mais un pru
atténués. Je n'ai pas pu savoir si cette malade avait déjà eu avant soc
opération des troubles psychiques. Quoi qu'il en soit, ceux dont je viens
de parler ne sont peut-être pas dus à l'ovariectomie uniquement Ce
seraient des troubles psychiques post-opératoires rentrant dans le cadre
de ceux décrits par notre maître Picqué, à la Société de chirurgie ih.
(1) L. PlOQUÉ. DélireB psychiques post-opératoires. Société de chirurfir,
fév. 1898 et discuBsion.
MAUGLAIRE 449
Ponr Ghroback (1), Jayle (2), D. Alessandro (B), Levy (4) trèsfréquenis
seraient des troubles généraux après la ménopause opératoire.
En somme, autant que possible, il faut conserver Tovaire, en totalité
on en partie. Assurément, quand Tovaire n*est pas infecté, quand on
est assuré de sa vitalité en le laissant en place, il vaut mieux ne pas
y toucher. Mais il n'en est pas toujours ainsi à cause de la contiguïté
de l'ovaire et de la trompe. Or, au lieu d'enlever l'ovaire et de le sacri-
fier, au lieu de le jeter, ne vaut-il pas mieux essayer de le greffer sous
la peau? C'est ce que nous pensons. Mais l'ovaire est-il facile à greffer?
Voyons ce que nous savons à ce point de vue et chez les animaux et
chez la femme.
L Autogreffes et hétérogreiles ovariennes chez les ani-
maux. — Ces recherches physiologiques ne datent pas de longtemps.
En 1895, Enauer (5) choisit trois lapines. Chez la première un ovtdre
fut transplanté dans le feuiUet péritonéal de la corne droite de l'uté-
rus ; l'autre ovaire fut transplanté entre l'aponévrose et les muscles de
l'abdomen. Chez la deuxième lapine, les ovaires furent transplantés
dans la paroi abdominale. Chez la troisième, ils furent fixés dans le
repli péritonéal de la corne utérine correspondante. Au bout de quel-
que temps, les animaux furent sacrifiés et l'on put constater que
l'ovaire transplanté subit d*abord un certain degré d'atrophie passa-
gère pour reprendre un peu plus tard ses caractères habituels. —
L'ovaire transplanté fonctionne normalement. Les follicules, un peu
moins nombreux qu'à l'état normal, contiennent des ovules qui évo-
luent normalement et peuvent aller jusqu'à la maturité. Ainsi Knauer
a vu, dans un cas, plus de seize mois après la transplantation des
(1) Chbobagk. CentraU,/. Chfnœh., 1896, n» 20, p. 521.
(3) Jatle. Opothérapie ovarienne dans la ménopause artificielle post-
opératoire et la ménopause naturelle. Revue de gynécologie et de chirurgie
abdominale, avril 1898. L'insuffisance ovarienne, in Prêtée médicale des
17 mars 1900. Thèses de Paris sur l'opothérapie ovarienne. Lebbktok, 1899,
OiLBEBT, 1899.
(3) D. Alessandbo. Archivio di ginecologiadi Napoli,lS9S, n? 1. Opothé-
rapie en gynécologie.
(4) Levt. Les baufféee de ehalettr de la ménopavse opératoire. Thèse Paris,
25 avril 1900.
(6) Knaueb. Zur Ovarientransplantation. Cèntralb, fUr Oynœk., 1896,
page 528, et 1898, n"" 8, page 201. Voir Bévue de Labubquiâeb, ÀnmUes de
Gynécologie eid* Obstétrique, 1897, tome I, page 227, et 1898, tome II, page 127.
450 1«3® CONGRÈS DES SCIBNXES MBOICALES DE PARIS
ovaires, la grossesse survenir et VaccouchemeDt se faire h terar
Dans de nouvelles expériences chez des lapines Knauer a çreff^ y -
ovaires dans le ligament large soit chez le même animal, smt cLt'
un autre. Si la transplantation a lieu chez le même animal, après p^i-
sieurs mois on constate que les ovaires sont petits ; mais ils foncli4»iMs<
et dans ces conditions la fécondation est possible. S*il s*agit de tras^
plantation chez un autre animal, dans deux cas il y eu un résolti:
partiel : une petite partie de Tovaire fonctionne ; la plus grande iiarf>
se nécrose mais souvent la nécrose de la résorption est complète.
Knauer (1 ) a récenmient résumé ses expériences. Douze fois la tnc-^
plantation fut pratiquée sur le même animal, auquel on a extirpé K^
ovaires. Ces ovaires se greffent aussi facilement sur le périfeoine <pk
dans les muscles. Les ovaires ainsi greffés peuvent continuer à fonnr?
pendant longtemps des ovules. Ceux-ci peuvent être féconde et l-
grossesse survenir. L'ovaire greffé dégénère quant à sa substaort*
médullaire, mais peu à peu il se régénère.
Treize fois Knauer a fait des hétéro-greffes, et, il n'a obtenu qnedev
résultats positifs.
Grégorieff (2) a fait des greffes ovariques chez une douzaine <V
lapines dans les différentes parties des ligaments larges ou dan:» .'•-
mésentère : tantôt l'ovaire était enveloppé complètement daa< r
péritoine ; tantôt il était simplement bordé par celui-ci. (Juatre de ^>
lapines devinrent grosses ultérieurement L'examen histologiqc^
démontra que les follicules ovariens s'étaient développés oomnHr î
rétat normal, quand Tovaire avait été fixé aux ligaments buw.
L'ovaire ainsi greffé subissait au début une légère atrophie : inai>
bientôt son volume redevenait normal et les ovules trouvaient lecr
chemin vers la trompe et vers l'utérus conune à l'état normil
Quant aux ovaires fixés au mésentère, ils s'atrophient et se ré^icf-
bent.
Jayle (3) a transplanté des ovaires de lapine k lapine, de oobavf à
(1) Knauer. Arohir f. Oyntehologiey 1900.
(2) W. Gbbgorieff. Die Schwangerechaft bei der Transplantatioa df?
Eieratocke. Centralhlatt fur Gynœk., 1897, n* 11, page 663, et Revue d?
Labusquikre. Annales de Gynécologie^ 1898, tome II, page 26.
(3) Jayle. Greffe» ovariennes pratiquées : V* chez le même animal d'un point
à un autre du péritoine ; 2° entre animaux de même espèce ; 3^ entre ani-
maux d'espèce différente. Bulletin de la Société anatomique^ 1897, pag« tHI.
MAUCLAIRE 451
cobaye ; puis dans une deuxième intervention il a greffé Tovaire de la
lapine au cobaye, et du cobaye à la lapine. Finalement les femelles
avaient des ovaires qui ne leur appartenaient pas et qui provenaient
soit de femelles de même espèce, soit de femelles d^espèces différentes.
l«*auteur se proposait de pratiquer une série d'expériences comme celle-
ci : enlever des ovaires à une lapine, lui greffer des ovaires de cobaye,
prendre du sperme de cobaye et Tinjecter à la lapine.
Toutes ces expériences avaient pour but de contrôler la loi sur l'im-
mobilité des espèces et de chercher par un moyen nouveau à produire
des métis.
En juin 1898, j'ai essayé de greffer des ovaires de lapines dans des
testicules de lapins ; j'avais surtout en vue la possibilité de déterminer
ainsi des tumeurs du testicule. Mais la section du testicule avait été
faîte le long de son bord supérieur, en coupant tous les vaisseaux de
testicule. Gela explique peut- être pourquoi le seul résultat que j'aie
obtenu ce fut l'atrophie complète des testicules et des greffes ovariennes.
Chez un chien, j'ai voulu greffer un ovaire de chienne dans le testi-
cule . Le chien fut sacrifié trois mois après ; la masse génitale était
informe, assez volumineuse ; il ne s'agissait probablement que d'un
hématome en voie de résorption.
Marchere (1) a fait ses expériences avec un soin extrême. Les voici
résumées.
l'* RxrÉRiKxrK. — Chez une Upino on chercha à placer l'ovaire dans un repli përitonéal
an voUlnagc de l'atéru)», mais re fut Impossible. Il est alors Introduit entre !e péritoine
pariétal et le muscle psoas, et le péritoine est sutnré par-desiinfi. L'ovaire de Tanlrp cOté
est transplanté entre le fascla snperflcialis et le muscle yrand droit de Tabrlonicn. Mort
quatre jours après. Examen microscopique : L'ovaire est tr^s adhérent aux tissus voisins
par du tissu cellulaire et non par des vaisseaux ; le tissu ««varlen ne paratt pas altéré.
y EXPÈRtsscR. — Chez une lapine, l'ovaire droit est transplanté entro le fascla superfl-
cialis et le muscle grand droit de l'abdomen . Mort la nuit même. Même examen htstolo-
fflqur que dans Texpérieuce précédente.
S** ExpibiiiNrK. — Chex une Jeune chienne l'ovaire gauche est enlevé et greffé dans la
ligament large près de la corne utérine . L'ovaire droit est enlevé afin d'être examiné pour
contrôle. L'animal est sm-riflè cinq molsaprës ; l'ovaire transplant*.* paraît normal à l'œil nu.
A l'examen hlstologique on ne trouve plus de follicules, ni d'ovules.
4' RxpnuKXCK.— Chez une chienne Xpare, l'ovaire gauche est transplanté vers le milieu.
(1) Marcherb. Archirio italiano di gineeologw di Napali^ août 1898,
page r48. Transplantations d'ovaires (avec figures multiples).
452 13* CONGRÈS DES SCIENCES MEDICALES DE PARIS
de U trompe gauche dans an pH tormc par le péritoine pariétal et le IlgajD^nk Imtçk. •
est ensuite fermé par des points de sntare. L*ovaire droit est greffé dans la ratiti- •-
trompe droite et Ton ferma œllo-ci. L'animal est sacrifié un moli api^. L'craiiv p^ '
est au place et épaissi ; à l'examen histologique, il est désagrégé, en voie de aécnisp ; r**
follicules de Graaf ni d'ovule. L'ovaire droit est resté en plaoe, adhéreDt fsar cb >
pédicule; près de ce pédicule le tissu ovarien est sain, 11 contient de nombreux fullirv^*
Graaf et des ovules en voie do développement.
5* XxpiRiKS'CK. — Chez deux chiennes, on fait un échange d'ovaires. L.*ov«àR ^,
d'une chienne Xpare est greffé pr^s du ligament large d'une Jeune ebienne ; es ïa.:
mftme pour les ovaires droits. Une des chiennes s'échappe et ne peut Cire retroirrée. l »
chienne est tuée au bout de trois mois. Les ovaires transplantés B«>nt réduits en tt««= '
jonctlf. U n'y a plus de follicules de Gmaf, ni ovule
6*' Expérience. — Chez une chienne Xpare Tovaire droit est âxé an ligM^si .ir
gauche par un point de suture. L'ovaire gauche est transp'jinté entre le fascta suyrriKiÈ.-
et le muscle grand droit de l'abdomen. L'animal est sacrifié trois mois apiès. Les rt-
ont conservé leur volume normal, mais à l'examen hlstologlque, on ne troove ptsi --
ovules, ni follicules*
7« EXPÉRIKNCB. — Chez deux chiennes on fait l'échange des ovaires comme dans t'e^'
rienoe Y. Une des chiennes meurt cinq jours après. On ne peut trouver Tun dea <•-«»:.--
L'autre ovaire est presque normal à l'examen htstologique. L'antre chienne eat lacrfr^ •
bout de trois mois. L'ovaire droit est nécrosé. L'ovaire gauche a conserrtf aoo \vt.^
normal, mais il ne contient plus de follicules.
8* EXPÉRIEXCK. — Chez une chienne, l'ovaire droit est transplanté dana Ia c«t %'
Retzius et fixé i>ar des points de suture. Le gauche est fixé avec son pédicule laiSBè ea jù.
c'est-à-dire attiré dans uu repli du ligament larg:. I/anlmal est lacriflé trois m«i$ ^r^
Les ovaires sont restés eu place. L'ovaire gauohe est normal k l'examen hiatoli^.,^'
L'ovaire droit est dégénéré dans les points traversés par les fils.
De ces expériences, Marchere conclut ai nsi : chez les animaux 1'
transplantation des ovaires est possible. Il vaut mieux abandoniK
Tovaire dans une cavité au milieu du tissu cellulaire plutôt que d»t>
du tissu musculaire. Il vaut mieux transplanter tout Tovaire san? !'
traverser avec des fils, et lui laisser comme un petit pédicule vasculairt.
Dans ces conditions, Tovaire peut être greffé partout et foncUoniier
Dans ces transplantations intra-péritonéaleSj les adhérences posi^opént/tfiru
gênent beaucoup révolution de l'organe greffé.
Les expériences de Marchere montrent que Tovaire peut être Xr^-
planté aussi dans Tovaire greffé de follicules et les ovules sont a?.^^
rares.
Il est vrai que si la sécrétion externe (sécrétion des ovules i«^^
supprimée, peut-être que la sécrétion interne (la sécrétion de Tovariiie
est conservée.
MAUCLAIRE 453
Dans des recherches scmhlables sur les greffes ovariennes péri-
tonéales, Rubinstein (1) aurait observé une grossesse consécutive.
Tlerlltza (2) a fait une quarantaine de greffes ovariennes chez des
cochons d'Inde, soit mâles, soit femelles.
S'il s'agit d'autogreffes» les ovaires greffés survivent.
S'il s'agit d'hétérogreffes, ils s'atrophient et dégénèrent le plus
souvent, mais dans un cas l'auteur a trouvé des follicules conservés.
Fisch (3) a fait des hétérogreffcs d'ovaires avec succès dans un cer-
tain nombre de cas, mais il ne précise pas l'état des examens histolo*
giques .
Cône (4) a tenté la greffe sur des animaux d'une autre espèce et avec
succès, dit-il, au point de vue de la fonction.
Preobraschensky (5) a greffé des ovaires de lapines sur des lapins,
mais sans succès.
Schultz (6) a transplanté un ovaire de cochon d'Inde chez un mâle
de la môme espèce, les ovaires dégénèrent en partie seulement, il peut
môme se régénérer en partie. Il a confirmé les expériences de Ribert.
Mais sur le mâle l'ovaire greffé reste pluff petit que l'ovaire greffé chez
une femelle. Mais Schultz ne peut pas dire si les ovaires greffés chez
les mâles produisent des ovules.
Ilalban (7), qui a fait des expériences semblables, dit que si chez des
animaux nouveau-nés les ovaires sont enlevés, l'appareil génital s'atro-
phie. Si les ovaires sont simplement transportés à distance, cette atro-
phie ne s'observe pas.
N. Ribert (8) a voulu contrôler les expériences de Knauer et de
Gregorieff . Après avoir détaché les ovaires, il les a fixés par des sutures
en un autre point de la surface péritonéale. Il a constamment réussi
(1) Rubinstein. Saint- Pétertbourg Med. Wochs., 1899, n* 31.
(2) Heblitza. Greffes d'ovitires. Archivi4> italiana di gynecolof/ia, année
1900.
(3) FiCHS. Annal» of gyn. and pediatry^ mars 1899.
(4) CoNE. The Am&riean J. obétetric. and d'useaseë of woman and ohildren,
août 1899.
(5) Pbeobraschenbkt. j. f. Qehurt. nnd Frauenhi., sept. 1899.
(6) ScHULZ. Transplantation des ovaires, in CentrMlatt f. allg. Path,^
7 Avril 1900.
(7) flALBAN. Wiener med, Woch,, 1899, n^ 49.
(8) RiBEBT. La greffe des ovaires, des ieHiouîes, des mamelUs, In Arehiv
/. Entwiekelvng^ cité d'après le Journal d'accouchements, 1900, n^ 4.
454 13^ CONGRÈS DES 8CIBNCBS MEDICALES DE PABIS
à les faire reprendre. L'examen histologique a montré que les psrLc--
périphériques qui contiennent des follicules se sont parfaifcesi;-:!
conservées, tandis que les parties centrales ont dispara et <mi - -
remplacées par un tissn conjonctif nouveau provenant du périloise. A
bout de quatre mois et demi, il s'était développé de nonTell^ vi^ -
cules de de Graaf nombreuses et volumineuses, d^aspect abstriniiB^
normal.
Des expériences qui précèdefit nous pouvofts donc conclure en dùasd i
dans des conditions déterminées la greffe des ovaires est posmbie ckez <*•
animaux. L'organe continue à fonctionner plus ou moins faiblemesd.
Ces greffes d'ovaire n*ont rien d'étonnant, puisqu'un organe ùo
génère, le testicule, a pu être greffé avec succès par J. HimW'
H. Wagner, Berthold, Loder (I), et les testicules transplantés cfifiN
naient des spermatozoïdes. Ce résultat cependant n'a pas été oliUï
par Ribbert.
n. Autogrefles et hétérogr elles ovariennes citez la fenuae.
— Morris (2) exécuta le premier sur une femme la transplantation
des ovaires. Ce fut une hétérogreffe. // greffa sur la parai nirru-
d'une femme de '20 ans, qui n avait jamais eu ses règles, tu» morr*'
d'ovaire provenant d'une autre femme. Les règles apparurent deux » ^
après l'opération et durèrent huit jours. Cette femme avût un atéiu-^
infantile et des annexes rudimentaires. Elle présentait tous \n
malaises, comme après la suppression des règles à la suite d'ns'
ovariectomie.
Chez une ancienne malade âgée de 16 ans, atteinte de salpingiit*
sans oblitération de la trompe^ Morris extirpe les ovaires et une par-
tie de trompe et il transplante un fragment d'ovaire dans le /«!>/.'-
conservé de Vune des trompes. Un mo's après, la malade devient enceiolf.
mais elle avorte ensuite d'un fœtus de trois mois bien dévelopi*^
L'avortement avait été probablement provoqué par des adhérence:»
Glass (3) a rapporté un cas de transplantation ou dliékérogrefl<
ovarienne chez une femme qui avait subi deux ans auparavant uik
double oophorectomie. Cette opérée souffrait de troubles moltipies :
perte de Tinstinct sexuel, dépression mentale, insomnie, vertiges.
(L) OitéB par Knaueb. Transplantation d*ovaires. Central Katt fur Gy^iû.
1896, p. 528.
(2) MOBRIS. NeW'York Med. J., 1895 p. 436.
(3) Olass. New-York, Med. J.y 6 mai 1899.
MAUCLAIRB 455
ibonffées de chaleur, palpitations, douleurs pelviennes, etc. Glass
emprunta Tovaire à une jeune femme de 17 ans, qui après un accou-
chement avait eu des lésions cicatricielles du vagin rendant tout
accouchement ultérieur très difficile ; Topération césarienne eût été
nécessaire. L*ovaire enlevé fut déposé dans une gaze aseptique chaude et
humectée de solution saline.
Chez la première malade o7i fit une incision vaginale et péritonéale ;
V ovaire fut transplanté et suturé, au catgut dans le voisinage du siège
normal de V ovaire. Le vagin fut simplement tamponné. On fit ensuite
une ventrofixation.
Les suites opératoires furent simples. Après six jours on nota un
éréthisme sexuel et des rêves erotiques, qui durèrent plusieurs
jours. Quinze jours après, menstruation pendant deux jours ; les règles
ne revinrent ensuite qu'au bout de six mois et furent alors régulières.
Huit mois après l'opération, tous les troubles primitivement observés
étaient disparus et la santé générale était excellente.
Palmer Dudley (l)a fait une greffe ovarienne chez une femme de
21 ans atteinte de pyosalpingite double. Laparotomie le 24 mai 1899.
Les deux pyosalpinx sont enlevés, mais pour le moment on laisse
Tovaire droit en place. L'utérus est amené dans la plaie, son fond est
incisé jusque dans la cavité utérine. Une petite portion de Tutérus est
incisée pour faire place à Tovaire. droit. Celui-ci est enlevé, lavé dans
de Teau salée puis greffé dans Tutérus par un double rang de sutures
superficielles et profondes. L'utérus est remis en place, le cul-de-sac
postérieur est ouvert et drainé, par prudence. La guérisonfut normale.
Les règles étaient apparues huit jours avant Topération, elles repa-
rurent trois semaines plus tard. Deuxième menstruation le 9 juillet.
L'ovaire greffé ne fut pas éliminé, dit l'auteur (2).
En somme, l'ovaire peut être tranplanté en des régions diverses de
l'économie on peut faire soit des autogreffes ou des hétérogreffes.
L'ovaire greffé dans la cavité péritonéale peut produire des œufs
fécondables et continue sa sécrétion externe.
L'ovaire greffé ailleurs que dans le péritoine continue-t-il sa sécrétion
interne ? La réponse à cette question est encore difficile. Mais puisque
la sécrétion des ovules continue, on peut penser que la sécrétion interne
(1) Palmer Dytdlbt. Congrh de gynécologie d'Asmterdam, in Annales de
gynécologie^ 1899, t. II, p. 270.
(2) DUDLKY. Médical Record^ 19 mai 1900, p. 849.
456 13** CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DE PARIS
persiste et il semble logique de faire la greffe soas-catimée pour r-
médier & Tinsuffisance ovarienne post-opératoire.
Quand Tovaire ne peut pas être laissé à sa place normale, Fidé.
serait de le transporter pas bien loin de Tutéms, la vitalîlé ëe «^
deux organes étant assez connexe. Ainsi Bordé (1) a examiné des ovairt^
chez des sujets hystérectomisés. Vers le dixième mois, on constale^
l'épithélium germinatif est aplati; les follicules de Graaf sont pt^
petits, quelques-uns kystiques, le tissu conjonctlf interstiti^ e='
hypertrophié, et l'ovaire un peu atrophié. Au bout de denx ans «tw
atrophie est presque complète et cette atrophie n'est pas due à ^
troubles vasculaires. On voit que, inversement, Fovaire s'atrophie aprvr
Tablation de Tutérus. Margameri (2) a publié quelques examens histr^
logiques d'ovaires ainsi atrophiés.
Mais la greffe intra-péritonéale, si facile chez les animaux el aosâ >^
heureuse dans ses résultats comme nous Favons vu,cette greffe,di3i£tr'
nous, serait dangereuse chez la femme. Car, comme nous allons le dîr
plus loin, il n'est pas facile de dire si Fovaire est aseptique on septiqi:'.
Dès lors il vaut mieux le greffer simplement sous la pean s<»f *
niveau de la plaie médiane, soit à distance, dans le pli de Fidne.
D'autre part, Marchere dit que les adhérences post-opératoires génest
l)eaucoup Févolution et la nutrition des greffes ovariennes intra-péii-
tonéales.
Morris et Glass ont fait des hétérogreffes, mais il n'est pas tonjoeri
possible d'avoir à sa disposition des ovaires aseptiques d'one antre
femme.
L'autogreffe intra-utérine suivant la méthode de Dudley pent axosî
des inconvénients.
Pour pouvoir être surveillée au point de vue de Fasepsie la gx^tk
doit donc être sous-cutanée. Elle peut être sus-pubienne, le péritoist
n'ayant pas toujours été sectionné jusqu'en bas, en sera encore asss
éloigné en cas d'accidents.
Dans plusieurs cas de salplngo-ovarites Fovaire pouvant être asep-
tique, nous Favons greffé sous la peau. Voici les résultats :
0»9. I. — Salptngo-ovariectomie double. Greffe d'an ormlre dans U pUleabdomliute. JLbL»*
tloM de la gpctts in foctée le 3* jour.
(1) BoRDib. Cliak^ ehirnrgîeay 1S98, p. 185. Effets de lliyBtérectanie
sur le^ trompes et les ovaires.
{'à) MAMOAMBai, informa médira, 1895, t II, p. 7.
MÀUCLAIRB 457
Ob8. II. — Ablation des deux trompe». Greffe de l'ovaire droit dans la plaie pt^B de
i*omb'lic. Qreffe de l'ovaire gaucbe ôbarbëdans la partie inférieure. L'autre greffe est laissée
dans la plaie abdominale. Ablation le 8* jour, de la greffe Inférieure dont l'asepsie était don-
t«vi8e, sans aeddent. Trois mois après on sent encore la greffe ombilicale. Les règles étaient
xe parues,
Ob8. IlL — Hystérectomie abdominale totale pour fibrome cbez uue femme de 55 ans.
Greffe persistante d*nn ovaire. Sans accidents. Un mois après on sentait la greffe. Non
revne depuis.
Obs. IV. — Salpingo^variectomle double. Qreffe d'un ovaire dans le pli inguinal. Ablation
le S* jour.
Obs. y. — Salpingo-ovariectomie unilatérale. Greffe persistante de Tovaire sous la peau
sans accidents. Trois mois après on sentait encore la greffe .
Obs. YI. — Salpingo-ovariectomie unilatérale chez une malade ayant déjà subi la même
opération du côté opposé. Greffe de l'ovaire sous la peau. Suppuration. Ablation de la greffe»
ËQ somme sur sept cas d*autogreffes, quatre durent être enlevées les
jours suivants parce qu'elles n'étaient pas aseptiques.
L'ovaire est donc souvent infecté, surtout quand il est entouré
d'adhérences et quand il a séjourné dans le cul-de-sac de Douglas; ces
adhérences sont d'ailleurs la signature de Tinfection. Peut-être faudrait-
il en ébarber la périphérie pour le rendre aseptique, mais ce n'est
qu'une hypothèse.
Les trois autres purent être laissés en place et on les sentait un
peu diminués seulement de volume encore trois mois après.
La malade la plus intéressante est celle de l'observation II. En effet,
Tovaire greffé, suspect au point de vue de Tasepsie puisqu'il dut être
ébarbé, fut enlevé. L'ovaire périombilical a pu être laissé et trois mois
après il était encore sensible au palper et très peu diminué de volume.
De plus, cette malade a vu revenir ses règles. Je sais bien qu'on pour-
rait dire que celles-ci sont peut-être dues à quelques troubles utérins.
Nous verrons par la suite ce qu'il faudra penser de cette hypothèse.
En somme, de ces essais on peut conclure que des autogreffes et des
hétérogreffes peuvent être faites avec succès quand l'ovaire greffé est
aseptique. Ces greffes auraient pour résultat de modifier les troubles
menstruels et de remédier à l'insuffisance ovarienne après ovariectomie
uni ou bilatérale. Dans les cas de fibromes ou de salpingo-ovarites
kystiques, si l'ovaire ne peut être laissé dans l'abdomen, on pourra ten-
ter les greffes sous-cutanées. Ces greffes peuvent être faites et après une
intervention faite soit par l'abdomen, soit par la voie vaginale. Dans
ce dernier cas il arrive parfois que l'un des ovaires enlevés parait sain.
AXV. DB OTV. — YOU UT. 80
458 13* CONGRES DBS SCIBNCBS MEDICALES DE PABtS
Dans le cas de saipingo-ovarite non aseptique ou aoeompagnée d'alb^
rences souvent eileâ-mèmes symptoioatiques d*inlectioa, la grelie t-'
peu indiquée ; dans tous les cas si au Lout de vingtrqoalre iieiires *^'
provoque de la fièvre, U faut en pratiquer immédialeoittil Vm^
tion.
A notre avis, même après la ménopause ces greffes pea^mt ts
faites. Car si à cette période de la vie la sécrétion externe est tin-,
(sécrétion des ovules) la sécrétion interne ne Test pas encore, d a^.-
les physiologistes.
Tel est le résultat de nos tentatives, mais, comme oa doit biec .-
penser, bien des points sont encore à élucider, avant de poavaîr i^-
passer les greffes du domaine de la théorie dans celui de la prali*;^'
pour conserver la sécrétion interne de Tovaire.
Discussion.
— Pozzl. — Je ferai deux remarques à propos de c«tie c«s.'
munlcation intéressante :
Premièrement, je crois qu'on a exagéré les troubles dits de mémopu'..
anticipée, par suppression de la fonction ovarienne. Beaucoup des ac< .-
dents douleurenx- qu'on lui a attribués sont dus ou à ce qu'on a kti->
un utérus malade en enlevant les ovaires seuls, ou à ce qu*on s'est ;^er'.
de ligatures à la grosse soie, qui sont longues à se résorber, qui mèific
parfois s'infectent. (C'est pour cela que j'emploie toujours le cat^t
Les troubles réflexes observés chez les femmes ainsi opéitV;:r c*
sont pas des troubles de ménopause anticipée. Certes, ces derai<rr>
troubles existent parfois, surtout chez les femmes dont le^s lé^oii^
n'étaient pas assez intenses, ni assez anciennes pour qu'elles se fusseai
habituées, pour ainsi dire, à la cessation brusque de la fonction o\t-
rienne ; mais avec une bonne pratique (et en particulier grâce à IVx
tension de la résection conservatrice telle que je la pratique dans li^
lésions limitées de l'ovaire), on peut dire que le nombre des cas d^
troubles dus h la castration sont excessivement rares, et qu'il n'y a i^a»
lieu d'instituer contre eux ime opération spéciale.
En second lieu, cette opération de greffe de l'ovaire dans la pan>i
abdominale me paraît plus théorique que pratique. Nous savons, ysr
les expériences de Cl. Bernard, que les tissus animaux greffés de h
sorte ne vivent pas longtemps et finissent assez vite par être résorbê>
Userait utile que des expériences contradictoires de M. Mauclaire viii:»-
MAUCLAIRE 459
sent, pour le cas particulier, démentir ce principe général. Mais sa pra-
tique est toute récente, et il n'a pas expérimenté sur les animaux.
Enfin, non seulement, je crois ces greffes d'un effet contestable
(au moins pour la durée); mais je crains aussi qu'elles exposent h des
accidents d'inflammation éliminatrice, surtout dans les cas où l'ovaii^
est légèrement infecté. Ce n'est donc pas, à mes yeux, un complément
opératoire indifférent.
— Mauclaire. — J'ai voulu simplement, comparativement
avec ce que nous savons des greffes thyroïdiennes péritonéales après
tbyroldectomie, faire des essais de greffes ovariennes, les deux organes
ayant quelques analogies fonctionnelles, comme nous le montrent les
recherches physiologiques récentes.
— Bouiily. — Je pense, comme M. Pozzi, que l'on exagère
beaucoup l'importance et la gravité des phénomènes post-opératoires
succédant aux ablations des annexes. Sur un très grand nombre de cas
je n'ai vraiment jamais observé de phénomènes graves. Il y a lieu de
tenir grand compte des troubles qui pouvaient exister avant l'opéra-
tion ; pour les phénomènes nerveux, pour la tendance à l'obésité, il en
est de même que pour les psychoses post-opératoires ; il existe en
général une prédisposition antérieure connue ou méconnue. Les acci-
dents les plus ordinaires sont les bouffées de chaleur et les transpira-
tions ; bon nombre de femmes ne s'en plaignent pas et n'attirent pas
l'attention de ce côté. Les troubles de la neurasthénie ne se voient
guère que chez les femmes qui étaient touchées auparavant.
Une remarque paradoxale mais fondée sur l'observation est que les
femmes âgées, au voisinage de la ménopause, sont plus gênées par
les troubles post-opératoires que les femmes très jeunes ; il est néces-
saire d'admettre que les femmes âgées présentent une habitude ova-
rienne invétérée dont la suppression ne va pas sans trouble. Je pense
qu il y a souvent plus d'inconvénients à garder qu'à enlever les ovaires
dans nos hystérectomles. Le traitement par Topothérapie ovarienne
m'a donné peu de résultats.
— Jayle. — La conservation des ovaires au titre d'organes à
sécrétion interne est encore à l'étude et ne saurait être parfaitement
indiquée. Cependant il est quelques points qui me paraissent intéressants
à montrer.
lo Tous les ovaires ne sont pas à conserver et il ne faut garder que
ceux dont le fonctionnement physiologique est parfait.
2« Ce fonctionnement phy8iologiq[ue n'est pas en rapport avec Tétat
460 13' CONGRÈS DBS SCIBNCBS MBDICALES DE PJLBIS
physique et ne saurait, en tout cas, être apprécié d*après l\
direct.
30 11 n^est qu'un moyen de connaître le fonctionnement de Tovaire .
c'est rinterrogatoire de la malade avant Topération, interrogaloire â|ii'-
cial, minutieux, qui portera exclusivement sur rexistence on la dchi
existence des troubles ciimatériques.
40 Toutes les fois que Ton relèvera l'existence de troubles ctimatc-
riques avant Topération (insuffisance ovarienne), il ne peut pas y &\\Àr
grand intérêt à conserver les ovaires, puisque ces organes ne fonctiuo-
nent déjà plus.
50 Toutes les fois que ces symptômes n'existent pas, ai faire se peut
au point de vue opératoire, autant que Texige Tintérôt des malades, «
conservera un ovaire ou les deux.
Enfin, au point de vue de l'intensité des troubles, j'ai remarqué,
comme M. Bouilly, que souvent les femmes âgées sont plus incommi'*
dées que les femmes jeunes. J'ai donné déjà ailleurs Texplication sui-
vante : la castration amène la suppression des ovaires etlajsuppressk»!
des règles. Celles-ci étant absentes, il en résulte que le sysXiint
vasculaire ne subit plus la déplétion périodique. Or plus cette dépiè-
tiou périodique est ancienne, c'est-à-dire plus la malade est àgihf.
plus le nouvel état du système vasculaire sera différent de l^ancien, et
plus les troubles congestifs augmenteront.
7<> Enfin dans les cas de suppuration, si on constate parfois moins de
troubles, cela tient à ce que l'ovaire est depuis longtemps dégénéré et
que ses fonctions étant émoussées, amoindries, la suppression sera plus
facilement supportée.
Hématosalpinx droit; absence complète du vagin; laparotomie:
ablation des deux annexes ; apparition des règles par le rectom.
-— Psaltoff (Smyme). — Le 27 septembre 1896, une jenne fille
de 20 ans se présentait à la consultation de Tbôpital grec de Smyme,
nous fournissant d'abord les renseignements suivants :
Elle n'avait jamais, à aucune époque, présenté d'écoulement mens-
truel.
Il y a sept ans environ, elle commençait à éprouver des donlenrs,
dans le bas- ventre, du côté droit ; douleurs continues qui présentaient
cependant une exacerbation tous les vingt-trois jours, et duraient
pendant quarante-huit heures.
PSALTOFF 461
Plus tard, ces donlenrs devinrent plus intenses et nécessitèrent des
injections de morphine pour les calmer. Enfin, elles devinrent telle-
ment vives et constantes, que la malade se décida à venir réclamer nos
soins.
En dehors de ces données, cette jeune fille n'a jamais présenté d'af-
fections graves, ni de son côté^ ni de celui de ses parents, on ne peut
trouver de diathèse acquise ou transmise.
A notre premier examen, on constate que Tétat général est, malgré
tout, très satisfaisant.
La palpation abdominale nous fait sentir une tumeur du volume
d*une tête de fœtus, siégeant dans le petit bassin, du côté droit, un peu
mobile et très légèrement douloureuse à la pression.
A la vue, la conformation extérieure des organes génitaux semble
normale, mais on constate immédiatement Tabsence d'orifice vaginal.
Le toucher par le rectum, la seule voie qui nous reste libre, fait
constater, à une profondeur de 6 centim., la présence de l'utérus et
permet de sentir que cet organe, augmenté de volume, est en antéver*
sion.
Le doigt, restant toujours dans la même situation, mais s'aidant du
palper abdominal, la tumeur, indiquée plus haut, parait fluctuante
mais indépendante de l'utérus.
Après cet examen, le diagnostic était facile à poser ; il s'agissait
d'un hématosalpinx droit, déterminé par l'absence complète du vagin.
En présence de ce cas, quelle devait être notre conduite et l'inter-
vention opératoire ?
L'intervention opératoire idéale ei\t été de confectionner, à cette
jeune personne, le vagin, qui lui manquait, et de lui permettre de ne
pas garder des ovaires inutiles. Peut-être même, en mettant les choses
au mieux, eussions-nous pu donner aussi issue au liquide de l'hémato-
salpinx. C'eût été le rêve.
C'est ce que nous avons tenté d'abord, mais malheureusement, notre
tentative ne fut pas couronnée de succès. La voie abdominale s'impo*
sait.
Nous pratiqu&mes la laparotomie, en présence de nos collègues
MM. Yarda, Dascalachi et Papoaconstantinidi ; h peine le péritoine fut
ouvert, nous aperçûmes la tumeur. Son extraction était difficile, à
cause de son volume et de ses adhérences. Pour cette raison, nous pra-
tiquâmes la ponction et Taspiration du liquide contenu dans la tumenr,
avec l'aspirateur Dieulafoy.
462 13* CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
La consistance du liquide était très épaisse et de coiileiir cfaoeoin.
Après avoir détaché les adhérences, nous avons enlevé la poH?
entière, en liant le pédicule avec une ligature de soie en chaîne Coma»
l'autre annexe (gauche) était dégénérée, et que, sur Tovaire, un kyûf
du volume d*un citron existait, nous Tenlevàmes de la même maoièrf
que ci-dessus.
La matrice était augmentée de volume, mais nous ne crûmes pe
prudent de prolonger l'opération, et nous la laissâmes sar place.
Sur la matrice, nous trouvâmes plusieurs petits kystes, de la gru-
deur d'une noisette, que nous rompîmes et enlevâmes avec les dûî0s
L'opération terminée, après avoir nettoyé le péritoine avec des ci»-
presses antiseptiques et suturé le ventre, nous appliquâmes un ban-
dage antiseptique.
La malade n'a rien présenté d'inquiétant après ropératka. Les
douleurs avaient cessé ; et le 17o jour, elle put se lever et marehér
aisément dans la salle de l'hôpital.
Malheureusement, cet état satisfaisant ne dura pins longtemps.
Quelques semaines après, elle commença à se plaindre de donlenrs m
ventre et surtout pendant la défécation.
En l'examinant par le rectum, avec le doigt, nous constatâmes que
le col de la matrice se trouvait tout à fait en arrière, et empêchait
l'introduction libre du doigt. En palpant l'abdomen, nous tronvàm»
la matrice sensiblement augmentée, du volume d'une orange.
Nous eûmes recours alors, à cause des fortes douleurs qu'elle éprou-
vait, aux injections hypodermiques de morphine, projetant une noa>
velle intervention.
Mais notre malade quitta l'hôpital, le 23 décembre 1896, ne voulant
p6is s'y soumettre de nouveau.
Elle est revenue toutefois, 3 mois après, xK)rtant sa .tumeur et se
plaignant des mêmes douleurs ; elle ne voulut pas pourtant consentir
à rester à l'hôpital.
Nous l'avons depuis perdue de vue ; mais le 15 août 1897 elle est
revenue et, à notre grand étonnement, nous constatâmes, avec nos
collègues ci-dessus mentionnés, que la tumeur avait oomplètemeot
disparu et que la matrice se trouvait, par l'examen du rectum et de
l'abdomen, ayant un volume plus petit que lors de l'opération .
La malade en souriant nous raconta que quatre mois auparavant
(6 mois après l'opération) elle avait eu une hémorrhagie abondante,
par le rectum, et que depuis ses douleurs avaient disparu.
GOULLIOUD 463
A partir de cette époqae elle perdait^ tous les vingt-huit jours, du
sang, par le rectum, pendant quarante-huit heures.
Son état général était excellent. Elle ne se plaignait plus de douleurs
et avait des selles régulières et faciles.
Dernièrement encore, en mars 1900, plus de trois ans après Topera-
tion. nous ravonsvue bien portante, ayant toujours seshémorrhagies«
avec la différence qu'au lieu de vingt-huit jours, elles ne lui venaient
que tous les trois mois.
Les différents points intéressants et instructifs de notre cas se résu-
ment comme suit :
lo A la suite d*une absence complète du vagin, un hématosalpinx
s'est formé ;
2o Malgré l'ablation des annexes, faite par la laparotomie; Tutérus
a continué ses fonctions physiologiques pour lesquelles notre malade
recommençait à se plaindre;
30 Elle ne fut délivrée de ses longues souffrances qa*à la suite d'une
forte hémorrhagie, qu'elle a eue par le rectum, 6 mois après l'opération,
à la suite de laquelle l'augmentation de volume de la matrice, ainsi
que les douleurs, avaient disparu.
(Quoique nous n'ayons pu trouver, dans notre minutieux examen
une communication du col de la matrice avec le rectum, nous pensons
qu'elle doit exister, et nous regardons les hémorrhagies comme supplé-
mentaires, du moment qu'elles ont fait disparaître le volume de la
matrice.)
4<* Nous pensons donc que, dans des cas pareils, lorsqu'on est obligé
d'enlever les deux annexes, il faut aussi enlever la matrice avec, car
on risque de laisser un organe inutile et gênant qui peut causer des
désagréments.
De la salpingostomie.
«
— GouUioud (LyonU — Depuis Lawson Tait, quand au cours d'une
laparotomie pour salpingo-ovarite grave, nous constations une occlu-
sion double des pavillons, preuve certaine d'une lésion bilatérale, nous
enlevions résolument les annexes des deux côtés. Lawson Tait sacri-
fiait préventivement les deux annexes, même quand une était saine.
Depuis on a fait beaucoup, à la suite de A. Martin, de Pozzi, de Jayle^
pour la conservation de Tovaire. On a moins fait pour la trompe. Gepen-
4tt4 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MÉOICALES DB PARIS
dant Polk, Dudley, Skutsch, A. Martin, etc. se sont efforcés de caser-
ver la trompe en pratiquant la salpîngostomie. La thèse de MooUi::'
Paris, 1899, renferme les tentatives faites à Tétranger et h Paris ; ceb*
de Jarsaillon, Lyon, 1899, contient mes propres observations.
L'opération consiste, quand on trouve une trompe malade, avec ^^
pavillon obstrué, sa cavité distendue par du liquide, à réséquer U pB>
tie malade de la trompe et à faire sur le moignon tubaire on ostis^
péritonéal en suturant la muqueuse éversée à la séreuse tabaire. Te
débridement léger du canal tubaire agrandit cet orifice. L'ovairr t^:
débarrassé des adhérences qui le fixent et le rendent microkystiqt»
il est en partie réséqué, s'il y a lieu. Les annexes dn côté des p)u^
grosses lésions sont généralement enlevées.
Nous avons fait cette opération avec succès, sans mortalité auco^.
dans des cas de salpingo-ovarite chronique, opérés à froid, loin ^
début de Taf faction, quand nous ne rencontrions pas de pus, du cî^
du moins où nous tentions la conservation.
L'occlusion cicatricielle du pavillon et Thydrosalpinx sont les ce
les plus favorables Les résultats ont été bons; les malades ont cessé d?
souffrir et n'ont pas eu de récidive. Mais un choix sévère des cas slo-
pose pour éviter la mortalité et la récidive.
Nous n'avons pas jusqu'ici observé de grossesses ; mais les aaienrsô^
en ont rapporté quelques cas probants. La salpingostomie poun^
donc être un traitement important de la stérilité quand celle-ci est doe
à l'occlusion des pavillons tubaires par des adhérences pérîannexielk^
occlusion qui n'a pas de tendance à disparaître spontanément D itat
savoir d'ailleurs, comme Reymond l'a prouvé, que Vostium utérine
reste perméable, dans la salpingite même grave.
Telle est la salpingostomie primitive. Nous donnons le nom de sal-
pingostomie secondaire à la même opération faite à froid après qu*oo<
débridé par le vagin une suppuration pelvienne aigué. Nous avons «^
ainsi deux fois avec succès. On peut donc, chez des malades graveoeiU
infectées, intervenir d'abord pour les débarrasser d'un abcès menaçaBt;
puis secondairement faire par la laparotomie l'ablation des annexes d'os
côté et la salpingostomie de l'autre. On évite ainsi la castration totak
avec ses troubles nerveux et ses tristesses. Celle-ci reste la suprême el
précieuse ressource pour les cas les plus graves.
AMANN 465
Sar la réparation des grandes pertes de substance péritonéale
daiis les opérations sar le petit bassin.
— Amann (Munich). — Dans le cours de beaucoup d'opérations
abdominales et abdomino-vaginales on rencontre fréquemment de telles
altérations du péritoine qu'elles excluent toute réunion immédiate.
Origine db ces altérations. — Le péritoine est altéré par :
l<* Inflammation : dans les abcès du petit bassin, principalement s'ils
sont dus an streptocoque ou au bacille de Koch, mais encore dans des
abcès col! -bacillaires ou gonococciques. Il en résulte des altérations et
des formations de fausses membranes telles que la conservation du
péritoine devient impossible : c'est principalement le cas quand il y a
eu ouverture de Tabcès dans les organes de voisinage, intestin, vagin
et qu'il y a eu un développement intense d'une tumeur, par exemple
kyste dermolde du petit bassin.
2o Trouble de nutrition dans le développement considérable de
tumeurs in tra- ligamentaires de l'utérus ou de l'ovaire.
3<» Dégénérescence maligne de la séreuse elle-même (carcinome,
sarcome); on peut être obligé dans ces cas d'enlever de grandes
portions de péritoine. Ce sera encore de rigueur dans les curages
complets du bassin, avec libération étendue des uretères ; dans Tex-
tirpation totale de l'utérus cancéreux avec les environs infiltrés et les
ganglions rétro-péritonéaux.
Dangers de ces altérations péritonéales : Des anses intestinales peu-
vent malgré le drainage former des adhérences pouvant occasionner
des occlusions intestinales.
Pour obvier à ces dangers on ne pratiquait jusqu'ici que le drainage
vaginal et sus-pubien, mais ce drainage ne garantit pas avec sécurité
parce qu'il peut toujours se former des adhérences entre les anses
intestinales et même des occlusions au-dessus de l'espace drainé ;
souvent aussi l'intestin peut être solidement fixé dans le petit bassin
avec diminution de calibre, d'où encore une chance d'occlusion quel-
quefois longtemps après.
M. Amann recommande pour cette raison de toujours recouvrir les
pertes de substance avec du péritoine et pour cela donne l'exposé de
deux méthodes qu'il pratiqua avec succès dans des cas nombreux.
1» Mobiliser et transplanter le péritoine voisin.
2° Transporter sur ces pertes de substance des organes recouverts
par la séreuse.
466 13* CONGRÈS DES SCIBKCES MÉDICALES DE PABIS
Dans le !•' cas, dès la section des parois abdonainales, il séj*»*- i
péritoine dans la direction de la cavité de Retzîus, éventiicUeiiKiii «^
deux côtés en dégageant aussi la plus grande partie de la vessie.
Cette portion du péritoine est assez mobile pour pouvoir roav^*
jusqu'à la paroi postérieure du bassin.
Dans le 2« cas M. Amann emploie souvent Tanse sig^moîde m- >•
vessie; on dégage, s'il y a lieu, Tanse sigmoîde, qui presque touK^c*-
n'est fixée qu'à sa imrtie inférieure et elle dcAient assez mobile f>>-
pouvoir être transportée sans tiraillement et sans tension proprps^r
dite, du côté droit jusqu'au cœcum, du côté gauche jusqn*à la pv^
latérale du bassin, ce qui permet de couvrir les parties le» p^-*
profondes du petit bassin. Si l'utérus est enlevé (ce qui brili'
l'examen de la situation), on fixe à droite et à gauche par des sutnr-.
l'anse sigmoîde aux parois latérales du petit bassin, en avant à La vrr
sie ou à la paroi abdominale antérieure. Si l'utérus est consenvc*'
suture l'anse sigmoîde à sa paroi postérieure ; latéralement aux pami*
pour couvrir les pertes de substance péritonéales qui se trouv«'
derrière l'utérus. Au-dessous de ce toit formé de l'anse sigm>4^
recouverte de péritoine et de son mésentère, on draine h la gaie h*> -
formée par la plaie vaginale si on a fait une hystérectomie abdoœ-
nalc totale, par le cul- de-sac vaginal postérieur si Tutérus &
conservé.
De cette façon, on peut éviter l'adhérence d'une anse intestioâi
avec des surfaces privées de péritoine .
Cette séparation de la partie inférieure du bassin du reste de U
cavité abdominale offre des avantages spéciaux dans les cas de ^>
septique ou d abcès génitaux communiquant avec Tintestin, par exeœp-
de pyo-salpinx ouvert dans le gros intestin ou de tumeur suppura
de l'ovaire, ou encore quand il y a coexistence d'abcès génitaux avv
une appendicite perforante, les sutures intestinales étant sitn^ \'ri'^
la cavité drainée.
M. Amann emploie la vessie quand après extirpation abdomioâie
totale, le mésocôlon iliaque est raccourci par infiltration et qu'ainsi b
faculté d'excursion de l'anse sigmoîde se trouve limitée. Dans ces ca<.
il suture la vessie à la paroi postérieure du bassin ou à l'anse sigmoM*
dans certains cas on est obligé de séparer d abord la vessie trani^përi*
tonéalement de la paroi antérieure pour la mobiliser.
La suture se fait avec du catgut le plus fin ; M. Amann a pratii|ii«
cette méthode, principalement à l'aide de l'anse sigmoîde, dans plos ik
KIRIAG 467
5«) cas d'hystérectomie abdominale i>our fibromes, abcès du bassin
avec ouverture danslMntestîn, etc., où se trouvaient de grandes pertes
lie substance du péritoine et dans 18 cas où Tuténis put ôtre conservé.
Sauf deux cas qui durent être opérés en pleine péritonite, tous les
autres furent suivis de guérison.
M. Amann n'a jamais observé de troubles dus h des tiraillements ou
ù la lésion de Tanse sigmoîde ainsi transportée. Les fonctions intesti-
nales reprennent dans le temps habituel et quelquefois même plus
tôt.
Il recommande par conséquent de toujours couvrir les pertes de
substance péritonéales, de préférence à l'aide de Tanse sigmoîde ou par
un autre des procédés décrits, parce que c'est seulement en agissant
ainsi qu'on peut empêcher avec sécurité les anses intestinales grêles
de descendre dans le petit bassin.
Les laparotomies secondaires.
— J. Kirlac (Bucarest). — Sur un nombre de 155 laparotomies
faites dans mon service de gynécologie, j'ai eu 3 cas de péritonites
I>ost- opératoires : un en 1897 et les deux autres en 1900. — Dans 2 cas,
les malades ont été sauvées par une simple laparotomie secondaire ; dans
le troisième, par une double laparotomie secondaire.
Voici en quelques mots succincts les observations :
Ui». l. — Ellsabetb Nieoleaco, %Z auB, eutrc dans mou service pour une double annexlte
suppurée. Le 19 décembre 1897, je loi fais une laparotomie trè» laborieuse en lui enleTaut
non seulement les annexes, mats eu môme temps rntcrns lui-m^me. Le lendemain, la
roulade est en proie à nn« péritonite aiguë presque mortelle : sneurs froides profuscs, pouls
imperceptible, conscience perdue ; bref, agonie complète. Immédiatement, j'ai (ait transporter
la malade sur la table d'opération et, soua rinflucnce de quelques goutter de chloroforme,
je lui outre dt nouttau le ventre. Il en sort une quantité très abondante d'un liquide san-
KUino.'cDt assez trouble et d'un aspect sale. J*al fait de grands lavages au sublimé 1 p. 1000
ft 40" ; J'eDlëve quelques parcelles de détritus et je détache, par-ci, |>ar-là, de lâches
adhérences intestinales. Une fols la toilette përitonéalc bien faite, j'introduis et je ]ai«ae à
demeure, dans le petit basein (drainage abilominaM, une compresse de 70 cent, de longueur
sur 40 cent, de largeur que j'eulère après cinq jours.
Le 22 janvier 1899,1a malade quitte l'hôpital complètement Koérie. Au mois d'avril 1898.
je l'ai revue, et elle ne sait comment nous remercier.
OiM. S. —Maria Pals, 23 ans, entre daoa mou service avec une double annexite suppurée
accou]i«Kuée de douleuis et souffrances tellement intolérables qu'elle nons prie de lui
filtre n'importe quelle opération.
Le 16 février 1900, je lai fais une laparotomie ezoeitivement difflciU à eause des nom»
468 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MÉDICALES DE PABIS
breasM adhërenoeg des aunexes avec le gros intestin, ainsi qa'ftTeo les pftxtiea «n
Le 17 fëyrier, la malade était oomme perdue : algide, tempéreiare 35*, pvalv
ttble, extrémités froides, Tomiasemeuts incoercibles, etc.
Ouverture immédiate d& Tabdomeu sons chloroforme. Il en sort niM qoantilé t^H-'^."
abondante d'un liquide ronge vineux qu'elle nous fait rimpressicm d'ojne vâritab^ - ^
rhagie. J'ai fait de grands lavages an sublimé k 40*. Les intestins étaient exceasi?^'
ballonnés, injectés et agglutinés par une exsudation blanclie que j*al détmite en sâzi.
liberté tontes les anses intestinales. Après avoir introduit dans le bassin «ne làrpt
presse, je ferme Tabdomen.
Le 18 février, la malade, quoique un iieu améliorée, ne s en trouvsdt pas a^'z« «
l'influence d'une péritonite mortelle. Immédiatement^ je lui ouvre de nnnreAu le ffr^
et je fais sortir enuorc cette fois-ci une nouvelle quantité de liquide 8éro'«an9iiia«^^&. r.
beau(x>ttp moins prononcée que la veille. Grands lavages an sublimé, iutiodociivzi ■ «^
grande compresse dans le bassin, pansement, etc.
Le 17 mars, la malade sort complètement guérie.
Obs. 3. — Uéléna Buruiana , 40 ans, entre dans mon service le S mai 1900 pw^- .
double annexlte suppurée.
Le S Juin, laparotomie, extirpation des deux annexes.
Le 5 juin, la malade se trouvant encore en proie à une péritonite mortelle, je lai . :**
de nouveau le ventre et je fais sortir une quantité très notable d'un liqnt^ sérD-sixrs
noient ; larges lavages au sublimé chaud et introduction d'une grande compresse u:»^
demeure dans le petit bassin et que je fais sortir aprte trots jonrs. Le 90 Jnir, la -z^L»
sort complètement guérie.
Cojtclusions. — Ces 3 observations sont assez démonstratives p*:
nous prouver l'efficacité des laparotomies secondaires dans le C8<
péritonites post-opératoires. En effet, rien ne peut mieux lutter coiî
Vacciimulation du liquide dans le péritoine qui entretient le mal, qn "-
nouvelle ouverture franche et audacieuse du ventre. Les aïttr»-
moyens comme les injections du sérum sous la peau et dans les vth
agiront ensuite plus efficacement, comme il nous a été démontré «k;
nos observations.
En outre, je profite de cette occasion pour démontrer encore une fo»
comme je Tai fait au Congrès de Marseille en 1 898, la grande puls^ar»*.
antiseptique du sublimé ainsi que l'innocuité de son introdaction ds2-
le péritoine. Mais je n'insiste pas davantage sur cette chose, aiii:>i q i
sur la méthode qui se trouvent amplement décrites et reproduit^-
dans mon quatrième volume de chirurgie spéciale aux maladies ^t*-
cologiques.
L'aDglotripsie dans les opérations péritonéales.
— José M. Caballero l Buenos- Ayres). —Depuis un an, j'empte'
Tangiotripsie dans toutes les opérations abdominales ; j'y ai eu recoud
SUAREZ DE MBNDOZA 469
ms 97 laparotomies et n'ai jamais vu d'hémorrhagie se produire. Le
-and défaut de Tangiotribe de Tuf fier, c'est le grand effort qu'il faut
î velopper pour le fermer. Aussi ai -je substitué à la rondelle de bronze,
ir laquelle tourne la roue, une autre à frottement minime, composée
l; deux pièces qui tournent sur un jeu de plomb de chasse en acier,
Il fermés dans une cannelure et maintenus par trois dents à ressort
ni font partie de Tune des pièces; elles tournent ainsi sans contact
ans une rainure extérieure de Fautre.
11 faut avoir soin de maintenir Tangiotribe immobile tout le temps
ne Ton comprime ou que Ton desserre,^ ce qui est fort difficile à
1> tenir sans l'emploi de mon appareil. Si des tiraillements sont exercés
ur la partie broyée, ils la déchirent et occasionnent des hémorrhagies.
L'angiotribe me parait contre -indiqué dans les pédicules dégénérés,
ouiiue une salpingite parenchymateuse lardacée. Je n'ai pas non plus
té satisfait de l'angiotribe dans la résection de Tépiploon, les vaisseaux
'tant détruits et saignants.
>a traitement des inflammations ntéro-annexielles par Tean à
60 degrés centigrades.
— A. Suarez de Mendoza (Madrid). — Depuis deux ans, j'ai
âoumls au traitement par les injections vaginales d'eau à 60<>, tant à
uia clinique que dans ma clientèle particulière, 242 femmes, dont 105
présentaient des lésions annexielles plus ou moins graves, d'origine
blennorrhagique. Chez Ô2, l'infection a eu lieu pendant la période
l)uerpérale ; pour les 84 autres, le diagnostic étiologique n'a pu être
rigoureusement établi.
D'une façon générale, les résultats sont bien plus rapides lorsqu'on
s'adresse à des infections gonococciques ; mais, dans la très grande
majorité des cas, et quelle que soit l'origine de l'infection, au lô"ou 20«
lavage, quelquefois même avant, l'amélioration commence à se mani-
feâter et (ait de rapides progrès. Dans les cas qui ne sont pas d'une
(!xtrùme gravité, les résultats paraissent complètement établis.
La technique de ces injections est fort simple. Elles se pratiquent au
moyen d'une canule spéciale empêchant la transmission de la chaleur
(le Tcau à la peau, celle-ci n'étant jamais touchée par le liquide
l'uiployé; or, comme la muqueuse vaginale est très pea sensible à la
chaleur, la température indiquée ci-dessus est parfaitement supportée
par les femmes.
470 13® CONGRÈS DES SCIENCES MÉDICALES DE PARIS
L'injection dure dix minutes et se donne ainsi : la malade en poc^i^ i
( bstétricale et le réservoir d'eau chaude placé à une hautenr de 0
tim. par rapport à elle, on introduit la canule, enduite de vBscIi»
jusque dans le cul-de- sac postérieur et on ouvre la clef d'arrivée. Du:'
majorité des cas, au bout de cinq ou six secondes, Teau sort en jet r .
lier par Torifice préposé à cet effet sur le cylindre isolateur; m&ié .; -
quefois rien ne vient, Torifice d'arrivée est bouché par un rcpU ï-
muqueuse, il suffit d'imprimer quelques petits mouvements denxaL
à l'instrument pour qu'il fonctionne avec régularité. Il faut a^my^
canule sur la fourchette, autrement, un peu d'eau sortirait en des?*
et la malade, ressentant une forte sensation de brûlure, ne suppiVUr.
pas le lavage. Lorsque la fourchclle est intacte et Tappareil oonstrit !• • *
de la vulve en bon état, rien n'est plus facile que cette petite manient:'
Quand la fourchette est déchirée, il faut, avec le pouce et Tindei ar-
ches, serrer les bords de la déchirure pour empocher l'eau de s^écb^ft'
entre la canule et la paroi inférieure du vagin.
Séafice du 9 aoât {matin).
Cette séance a été uniquement consacrée à la présentai:
d instruments.
l^ NouTelle table d'opérations ; 2" Appareil de Pinças modifié p«::
la cautérisation par l'eau chaude .
— Stapler (San-Paulo).
Porte-caustique intra-utérin à partie terminale souple.
— Hartmann (Paris).
Écarteor mécanique des parois abdominales.
— Jonnesco (Bucarest).
Pince porte-caustique.
— Dardel (Paris).
TBRRIEn 471
Carottes utérines à bords dentés.
— Kowler (Paris).
Clôture as la session.
— Terrier. — Messieurs, arrivé à la fin de nos séances, je ne puis
ni'cmpèclier de remarquer combien elles ont été chargées ; trop souvent
même on a dû laisser de côté des discussions. Les questions abordées
au cours de ce Congrès ont été nombreuses et importantes ; quelques-
uues ont été résolues : elles sont en petit nombre ; les autres ont été
simplement mises au point et n'ont pas encore reçu leur solution défi-
nitive En clôturant cette session, je tiens à adresser mes remerciements
aux présidents d'honneur qui ont bien voulu m'aider dans ma tâche ;
à mes confrères, étrangers et nationaux ; tous nous avons été unis
dans un même but : Tavaucement de la science médicale.
— Snéguireil. — Permettez-moi, au nom de mes confrères russes,
d'exprimer notre reconnaissance à M. le Président et au Comité de la
Section d'obstétrique et de gynécologie.
Nous avons beaucoup entendu, beaucoup vu et nous nous sommes
beaucoup instruits. Cette richesse d'impressions et ces connaissances,
nous les emporterons avec nous afin de pouvoir profiter ultérieurement
de tout ce que nous avons vu et entendu pour appliquer les résultats
des progrès de notre science, pour jouir des souvenirs de notre séjour
ici.
Dans la Patrie des Français nous avons été séduits plus d'une fois
par les résultats de la force créatrice du génie de cette nation amie et
. par l'intensité des qualités morales, qui ne pourront tarder à renforcer
Icâ liens entre les deux nations amies.
Vivent tous les savant^, de tous pays ! Vive la France !
— A. Martin. — Je désire exprimer de ma part la gratitude pro-
fonde que je dois et que doivent, d'après mon idée, tous à nos confrères de
Paris. Le Congrès nous adonné d'apprendre et de recevoir de nouvelles
idées qui serviront à nos investigations futures. Nous avons eu des
excellents rapports et nous avons assisté à des démonstrations d'une
472 13* CONGRÈS DBS SCIENCES MEDICALES DB PABIS
. .r
très haute importance. Mids en dehors du travail wàe&liiiqiie
veux dire un mot des relations personnelles qui se sont étabika €b;>
nous, ces relations sont un des grands avantages des Congrès iaitt-
nationaux. Dans ces Ck>ngrès nous nous voyons de près el noiis Imscsr
la connaissance de nos jeunes confrères, Tavenir de notre science.
En terminant, il ne nous reste qu'à remercier sincèrement nos o^-
frères parisiens, qui nous ont reçus avec cette hospitalité, qui est «.
bien connue dans le monde entier et qui est le modèle de l'h-o^^^
internationale I
Nous vous remercions tous en particulier, nous remercions MonâeL-
notre Président, qui a fait tant de travail pour nous tous. Nous va
en sommes sincèrement reconnaissants !
— Calderinl. — En mon nom et au nom de M. Morîsam, ftvti
lequel j'ai représenté la Société italienne d'obstétrique et de gynécdoç^
h ce mémorable Congrès, je remercie M. le Président, du bienvetUs2>
accueil que nous avons reçu, ainsi que nos compatriotes.
Au nom de tous, je remercie le Comité d'organisation de la Sectitc
llBlCRI HARTltARlf,
SecréicUre général de la Section de Gynécolo^.
VARIETES
La Société italieime d'Obstétrique et de Gynécologie tiendra sa jproefaaiv
session à Naples, les 20, 21, 22 et 23 octobre.
La Commission permanente executive est constituée à Naples, i«r
le professeur Ottavio Morisani, président et le professeur Giovanni
Miranda, secrétaire.
Le Gérant: G. 6tkinhi£il.
IMPRIMERIE A. -a LBMALB, UAVBB
NOVEMBRE 1900
ESQUISSE
DES
PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQIIE PENDANT LE WV SIÈCLE
Par le professeur A. Pinard.
J'ai pensé, à tort ou à raison, que ma leçon de réouverture à
la fin de cette année séculsiire pouvait être consacrée, avec
quelque profit, à l'étude de notre bilan obstétrical actuel. Aussi,
pour cette raison, je vais m'efforcer de vous exposer l'esquisse
des progrès réalisés en obstétricie pendant le cours du
XIX® siècle.
Je tiens à vous faire remarquer, au début de cette étude, que
les appréciations qui vont être formulées me sont exclusi-
vement personnelles et n'engagent que moi-même. Il est pro-
bable, pour ne pas dire certain, que ma façon de dresser cet
inventaire n'aura point l'assentiment unanime des accoucheurs
et que quelques-uns me trouveront au moins excessif, et
jugeront que dans mes appréciations j'ai tantôt exagéré, tantôt
diminué, tout en considérant bien à tort, comme rossignols,
des choses à leurs yeux encore sacro-saintes. Je réponds
d'avance à ceux-là que, laissant de côté les vues de l'esprit et
les raisons métaphysiques traditionnelles, m'affranchissant de
toute influence d'école, sacrifiant tout à mon amour pour la
vérité, je ne me suis incliné que devant l'autorité des faits
scientifiquement étudiés et devant l'éloquence des résultats
dûment constatés, pour établir mon jugement. Si je me suis
trompé, c'est donc de bonne foi.
J'ajoute que cette leçon ne sera point un résumé de l'histoire
ASE» Ott QTK. — YOL. LIT. 81
474 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
de robstétricie pendant le XIX' siècle. Je ne puis avoir ceîi-
prétention, car pour faire un simple sommaire plusieurs lei,n?s-
me seraient nécessaires. Il suffit, pour s'en convaincre, de Ht-
le beau livre qnd nous a donné mon vénérable nnaître et anr
le professeur F.-J. Herrgott, après avoir traduit et anoclr
les deux volumes de Ed. Gasp. Jac. de Siebold : « Essai d'unn
histoire de Tobstétricie » (1).
Si j'ai puisé dans ce trésor inappréciable les principoi \
éléments de mon esquisse, j*ai dû forcément laisser de c*.'*^-
une quantité innombrable de faits et de travaux qui, quelie qu*'
fût leur importance, ne pouvaient trouver place dans une \i2<
d'ensemble. Mais après avoir lu et relu cette œavre monu-
mentale, après y avoir recueilli ce qui sera certainement l.
meilleur de mon exposition, pénétré plus que jamais de l'im-
mense service que le professeur F.-J. Herrgott nous a rendu,
je saisis avec joie cette occasion pour adresser à Féminecit
doyen de l'obstétricie française l'expression de ma respectueuse
et affectueuse gratitude.
Aujourd'hui je désire simplement mettre en relief les faib
les plus importants du siècle qui va finir, et que rexpériencf* ^
démontré devoir être considérés comme autant de conquêtes.
Considérant l'obstétricie comme la branche des scîencr>
médicales qui doit étudier tout ce qui concerne la reproduction
de l'espèce humaine, prenant la question ab ovo, j^envisagerai
à ce point de vue successivement la fécondation, la g^rossess"
normale et pathologique, Paccouchement eutocique et dTSk*-
cique, les suites de couches, le nouveau-né.
a) FéeoDdatioii.
Pour vous faire comprendre ce qu'on savait de la fécondation
à la fin du XVIII* siècle, je vais vous citer ces lignes prises
(1) Ed. Qj^bp. Jac. de SiKBOLD.Eêêai d'une hUtoire de Vohstrtr'n^H,
traduit de l'alleniand avec appendice par F.-J. Herrgott. 3 vol. in-8^ tTn
figures. G. Steinheil, éditeur, Paris, 1891 .
PINARD 475
dans Y Art des accouchements do Baudelocque (3® édition,
1796, p. 174).
« L'opération générale de la nature par laquelle tout individu
quelconque produit son semblable, s'appelle génération. Cet
acte, chez les animaux, demande toujours l'union des deux
sexes, et ne peut s'opérer sans elle ; Ton en excepte cependant
quelques-uns qui jouissent des facultés de se reproduire eux-
mêmes.
«c Mais cette reproduction n'est-elle que le développement
d'un animal préexistant ? Celui-ci vient-il du père ou de la mère?
Ou se forme-t-il des principes fournis par Tun et par l'autre?
Dans ce dernier cas, quels sont ces principes et comment se
rassemblent-ils? Ce sont autant de questions impossibles à
résoudre, ou sur lesquelles au moins nous ne hasarderons
aucunes conjectures... »
Et après avoir exposé les différents systèmes établis sur la
génération, il termine ainsi ce chapitre :
c( L'insuffisance de tous ces systèmes et de toutes ces hypo-
thèses, pour l'explication des phénomènes surprenants de la
génération, ne laisse que trop apercevoir la profondeur de
Vabîme où la raison de l'homme s'est souvent égarée, faute de
connaître les bornes que la nature avait prescrites à son intel-
ligence et à ses recherches. »
Vous le voyez, malgré la découverte des follicules ovariens
(Reinier de Graaf, 1672), du spermatozoïde (Louis Hamm, 1677),
on connaissait, au commencement de ce siècle, l'acte initial de .
la fécondation, la copulation^ le reste était mystère.
Heureusement la raison de l'homme ne s'est pas toujours
égarée dans Tabtme, et son intelligence et ses recherches ne
connaissant pas de bornes — n'en déplaise aux mânes de
Baudelocque — ont démontré, par les découvertes de Prévost
et Dumas (ovule de chienne, 1825), mais surtout par celles de
A . de Baer (ovule humain, 1827) et de Coste (vésicule germi-
native des mammifères, 1835), que le mystère de la génération
pouvait être éclairé jusqu'à un certain point.
Quel chemin parcouru depuis cette époque ! Newport entre-
476 PROGBRS nÉALIsés EN OhSTBTlIIQTJB
voit la pénétration du spermatozoïde dans Toeaf Xi854) ; Fol
la décrit en 1879 ; et les faits historiques constatés aujoard'hoi
d'une manière précise donnent plus que de la vraisemblance ^
cette interprétation formulée actuellement par les biologistes
a La substance chromatique, base physique de Thérédité, porte
le cachet de la race, lire son origine à dose égale des deux
parents ; l'ovule donne le cytoplasme, substratum da dévelop-
pement et de la différenciation futurs ; le spermatozoïde fournit
exclusivement le centrosome, Tagent actif de la division mito*
sique, le tisserand de Tœuvre qui va se poursuivre (1) . »
Non seulement la connaissance des faits précis concernant
la fécondation normale a fait un pas immense ; mais aussi Tétnde
des conditions qui donnent lieu à des fécondations anormales
estassez avancée pour que des chapitres de pathologie générale
soient consacrés à cette question, témoin le beau et important
travail de mon collègue Mathias Duval, intitulé : a Les monstr<^5
par défaut et les montres par excès de fécondation » (2).
Nous savons aujourd'hui une chose capitale, c'est que les
deux éléments, spermatozoïdes et ovules, pour se pénétrer, se
dissoudre et former a un moi meilleur » doivent être dans de$
conditions physiologiques parfaites, c'est-à-dire fournis par des
individus sains.
Je reviendrai plus loin sur cette question importante.
Nous savons, enfin, qu'il ne faut plus confondre ces deux mots,
copulation et fécondation, ces deux actes étant toujours séparés
par un intervalle qui peut être plus ou moinslong:remarquedoDt
Timportance va nous apparaître tout à l'heure quand je m*oc-
cuperai du diagnostic de la grossesse.
Comme dernière conséquence importante résultant des décou*
vertes concernant la fécondation faites dans le cours de ce siècle,
je dois vous signaler les études faites sur Tétiologîe des
grossesses extra-utérines ou ectopiques.
(1) Ghaktemesss et Podwybsowskt. Pathologie gènértHe et expert*
mentale. Les proeetsus généraux,
(3) Traité de lithologie générale et Annales de gynécologie, février 2895.
PINARD 477
Ainsi que vous avez pu vous en apercevoir, les progrès réalisés
dans nos . connaissances relatives à la fécondation sont dus
presque exclusivement aux recherches des anatomistes, des
biologistes et des embryologistes.
Les accoucheurs, et il ne pouvait guère en être autrement,
n'ont contribué aux progrès de. cette question qu'en étudiant
les œufs humains doubles dans les cas de gémellité.
Au contraire^ nous allons voir leur rôle devenir prépon-
dérant dans les chapitres qui vont suivre.
b) CSrosMesse.
1® Grossesse physiologique. — « L'état où se trouve la
femme qui a conçu s'exprime par le mot grossesse ; cet état
dure depuis le premier instant de la conception jusqu'à celui
de l'expulsion ou de la sortie du corps qui en est le produit »
(Baudelocque) (i).
Cette définition n'est plus admise et est remplacée par
celle-ci : « La grossesse est l'état fonctionnel particulier dans
lequel se trouve la femme pendant la durée du développement
de l'œuf humain. » Cette dernière définition fait comprendre
que quand le fœtus est mort et retenu dans la cavité utérine
ou dans un kyste fœtal, la grossesse a cessé.
Au point de vue de la durée de la grossesse, les connais-
sances acquises pendant ce siècle ont démontré que la féconda-
tion, que la conception, ne coïncidant pas avec la copulation,
le point de départ d'une grossesse ne peut être précisé, ce qui
rend encore, à l'heure actuelle, le diagnostic de l'âge de la
grossesse absolument incertain.
Cette notion, d'ordre négatif en clinique, est la seule acquise
concernant la durée de la grossesse. Nous ne savons pas plus
qu'à l'époque de Baudelocque quelle est la durée normale de
la grossesse. Nous ignorons si la durée normale est invariable
ou si elle est variable; quelles sont les causes qui la font varier.
(l) BAnOELOCQUE, loo. cU,, p. 179.
478 pROcnès réalises en oostétrique
Seules, des recherches récentes permeltent-elles de faire entre-
voir le chemin qui, peut-être, mènera à la vérité (1).
Mais si rien, dans ce siècle, n'est venu en aide aux accou-
cheurs pour le diagnostic précis de Vâge de la grossesse, îlf
ont été plus favorisés dans Fimportante question du diagnostic
de V existence de la grossesse.
En dehors du toucher simple et du procédé de Puzos, qo
consiste à explorer la matrice par ses deux extrémités;.
c*e8tà-dire à pratiquer le toucher et le palper combinés, le?
anciens accoucheurs n'avaient pas de moyen pour rechercher
et constater les signes objectifs.
La découverte de l'auscultation obstétricale, faite par
Lejumeau et Kergaradec et communiquée à rAcadémie de
médecine de Paris le 21 décembre 1821, mit, entre les maiofi
des accoucheurs, un moyen d'exploration aussi facile dans son
application que précieux dans ses résultats.
Si quelques accoucheurs nièrent la puissance de ce moyen
d'investigation (Dugès, Capuron), si d'autres n'ont pas apprécié
avec justesse les avantages de cette découverte (E. de Siebold),
je dois reconnaître que, dans la seconde moitié de ce siècle,
Y auscultation obstétricale fut universellement appliquée et
constitue a Tune des branches du trépied sur lequel repose le
diagnostic obstétrical » (F.-J. Herrgott). 11 est presque inutile
de vous dire que c'est l'un des trois moyens employés pour
percevoir les signes de certitude de la grossesse,
De môme, l'étude du palper abdominal ayant été appro-
fondie, ce procédé d'exploration, si facile à mettre en œuvre,
devint Tun des moyens les plus puissants pour explorer la
cavité abdominale et apprécier le contenu de l'utérus, c*est-à-
dire pour faire le diagnostic d'existence de la grossesse (per-
ception des mouvements passifs, perception des mouvements
actifs) et, comme nous le verrons, reconnaître l'attitude du fœtus.
(1) F. Lataste. Des rarintions de durée de la gentation chez le* mammi/fnt
et des circonstances qui déterminent ces variations. TlUorie de la gestitti^
retardée.
PINARD 479
L^hijgiène de la grossesse^ au commencement du siècle,
dilTérait peu de celle recommandée par Soranus d'Ephèse, au
commencement du deuxième siècle de notre ère (1) et n'était
autre que celle qui se trouve dans le chapitre de Mauriceau (2).
C'est dans la seconde moitié de ce siècle que trois chapitres
des plus importants vinrent s'ajouter aux anciens :
1"* La surveillance attentive des appareils et fonctions d'assi-
milation et de désassimilation et, en particulier, de Tappareil
urinaire et de Turinc pendant toute la durée de la grossesse ;
2^ La surveillance de l'attitude du fœtus à la fin de la
grossesse ;
3*^ Les conditions dans lesquelles doit vivre la femme
enceinte.
La possibilité de la présence de Talbumine dans Turinc des
femmes enceintes ayant été reconnue, sa signification ayant été
étudiée, les moyens employés pour la faire disparaître dans
la plupart des cas ayant été découverts (1873), un grand cha-
pitre de prophylaxie était créé.
De môme la connaissance des lois d'accommodation du fœtus
pendant la grossesse, l'étude et la vulgarisation du palper
abdominal (1878) qui permet de reconnaître l'attitude du fœtus
pendant la grossesse, la possibilité de faire disparaître les
mauvaises présentations bien établies constitueront les éléments
du deuxième chapitre.
Les éléments du troisième n*ont fait leur apparition que dans
ces dernières années, où l'on s'est occupé de rechercher les
causes qui déterminent ou favorisent l'expulsion de Tœuf
humain avant son développement complet. Je reviendrai, du
reste, sur ce point à la fin de cette leçon et me borne à vous
(1) Voy. SOBANUS d'Ephèse (Traité den maladU'H dvM femmes au comment
cernent du 11^ tdècle) et MoscHlON (VI« siècle), traduitâ et annotés par le
professeur F.-J. Hkrrgott (1805).
(2) De quelle façon' on doit gouverner la feuime pendant tout le cours de
sa grossesse, tant qu'elle n'est accompagnée d'aucun accident considérable,
pour tuLherd'évitur ceux qui pourraient lui arriver. Maukiceau. Traité des
maladiis diA' /t'mrnc/t fjroMftCft.ùd'it. IGSl, p. 112.
480 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
dire que ces trois chapitres de prophylaxie constituent ïroh
grandes conquêtes obstétricales.
Grossesses multiples. — Les grossesses multiples ont et-
particulièrement étudiées dans le cours du XIX^ siècle. At
point de vue biologique nous sommes plus renseignés sur L
fréquence et les causes de la gémellité ; au point de vue clinique.
grâce au palper abdominal et à rauscultationy nous sommes «
même de faire le diagnostic des grossesses multiples bien ploi
sûrement qu^on ne pouvait le faire au XVIH* siècle. C'est seule-
ment dans la seconde moitié du XIX*' siècle que le diagnostît
de grossesses triples a pu être sûrement fait. Enfin, dans ce?
dernières années, on a reconnu que les grossesses multiple
qui, si souvent, sont interrompues prématurément, pouvaient
être prolongées par un traitement prophylactique.
2** Grossesses pathologiques. — 1<> Insertion du ph-
cenia sur le segment inférieur, — Il est impossible de ne
pas reconnaître aujourd'hui que le chapitre le plus important de
la pathologie de la grossesse est celui qui a trait à TinsertioQ
du placenta sur le segment inférieur de Tutérus. A la fin da
XVIII* siècle on savait déjà que le placenta peut être trouve
inséré au niveau de toutes les régions de Tutérus, mais on ne
pensait pas qu'il pût se rencontrer si souvent sur le segment
inférieur.
Voici, du reste, comment s'exprime Baudelocque à ce snjel :
a Le placenta peut s'attacher indistinctement sur tous les
points de la surface interne de la matrice. Le plus souvent il en
occupe les régions moyennes, rarement le milieu du fond, de
sorte que son centre réponde au centre de celui-ci ; et plus
rarement encore la partie inférieure, ou le dessus de
Torifice (1). »
Il résulte des recherches faites surtout à la fin du XIX* siècle
et dont les résultats n'ont pas été scientifiquement contredits,
que l'insertion du placenta sur le segment inférieur est chose
beaucoup plus fréquente qu'on ne le croyait.
(1) Baudelocque, page 221.
PINARD 481
Ces mêmes recherches ont également démontré que l'accident
qui résultait le plus fréquemment de cette insertion est la
rupture prématurée des membranes, et consécutivement
Taccouchement prématuré.
L'hémorrhagie résultant de l'insertion vicieuse, a été, de
môme, particulièrement étudiée au point de vue de sa fréquence,
du mécanisme suivant lequel elle se produit, du traitement à
lui opposer. Inutile de vous dire, à vous, que ce traitement
n'est pas constitué par la méthode de Puzos, quoi qu'on en
ait dit.
Pour vous faire mesurer le pas qui a été fait dans cette voie,
je vous montrerai^ à la fin de cette leçon, un tableau vous
faisant comprendre ce que nous avons fait depuis que Simpson
a écrit : <c Le pronostic dans les cas d'hémorrhagie par inser-
tion vicieuse est aussi grave que dans la fièvre jaune et une
femme sur trois succombe. »
II*. — Rétroversion de Vutérus grsLvide. — Depuis l'époque
où Taccoucheur hollandais G. van Dœveren a représenté pour la
première fois une rétroversion de l'utérus gravide, cet accident
n'avait guère été étudié que par Guillaume Hunter et
Baudelocque.
De nombreux travaux furent faits sur ce sujet, dans le cours
du XIX** siècle. Aujourd'hui l'attention des accoucheurs est
éveillée sur ce point, les éléments du diagnostic sont connus,
et dans ces dernières années la thérapeutique a donné des
résultats tels que le pronostic n'est grave que quand la maladie
n'a pas été reconnue.
III*. — Dégénérescence kystique des villosités choriales.
Môle hydatiforme. — Si Hippocrate avait déjà connaissance
de la môle, il faut reconnaître que l'histoire scientifique de
cette affection a véritablement commencé avec le XIX* siècle.
L'on sait, depuis le commencement de ce siècle, que c'est
une maladie de l'œuf qui, le plus souvent, interrompt le déve-
loppement du fœtus. L'on sait aussi, depuis longtemps, que
cette maladie peut être redoutable pour la mère par suite
d'hémorrhagie. Mais ce n'est que depuis quelques années
482 PROGRÈS RÉALISÉS EN ODSTÉTRIQUE
qu'on a entrevu là possibilité d'un rapport de cett« malcML
de l'œuf avec une affection grave observée consécutivem'rL
chez les mères et qu'on appelle improprement et jusqu'à noQ\-
ordre déciduome malin. Des recherches ultérieures s*:«
nécessaires pour nous éclairer définitivement sur la natur
exacte de la dégénérescence kystique des villosités cboriâic-
et sur ses rapports avec le déciduome malin.
IV". Ptyalisme. Pica, Vomissements incoercibles, AV">
minurie. Éclampsie. — Depuis un temps immémorial le:
sait que les femmes enceintes présentent des troubles dire.*^
dans la première moitié de la grossesse et quelquefois à u.
période plus tardive. Soranus s'exprime ainsi, à ce sujet, p:
la plume de son traducteur : a Une affection qui atteini In
femmes enceintes vers le deuxième mois, a été appelée -t:^
nom d'oiseau, le geai du chêne, dont le plumage change û
couleur, son chant de modulations, comme la maladie dont .
s'agit ; ou (a;co Tou «taaou) ce nom est tiré du lierre à cause i-
la variété des choses que ces branches embrassent. Cette affec-
tion se montre chez la plupart des femmes vers le quarantièx
jour de la grossesse, et dure jusqu'au quatrième mois et mê:L.
plus. Chez certaines femmes elle se montre plus tôt, ck:
d'autres plus tard; elle dure aussi moins longtemps ckt*.
certaines femmes, plus longtemps chez d'autres, rarerof^i"
chez quelques-unes jusqu'à Taccouchement (1). »
Or, depuis Soranus jusqu'au commencement du siècle actu.*!
les accoucheurs n'ont fait que paraphraser ce qu'avait dit l
fils de Ménandre et de Phœbé.
Les accoucheurs du XIX** siècle ajoutèrent à ce chapitrf
banal la description symptomatologique plus complète i:
ptyalisme ou sialorrhée, la description symptomatologique dt^
vomissements dont les uns, peu graves, constituent un sign»
de grossesse, dont les autres, graves, ont été appelés vomis-
sements incoercibles pathologiques et constituent une entit-
morbide qui va posséder tous ses chapitres. Ils reconnai5'M\^;
(1) Soranus. Loc, cit., p. 48.
pixAno 483
aussi après les médecins que Turine des femmes enceintes
contient assez souvent de Talbumine et ils décrivent une albu^
niimirie gravidique, ils étudient avec soin les convulsions
des femmes enceintes et en font également une maladie :
Véclampsie, Cette prétendue maladie est analysée minutieu-
sement, on note les minutes et les secondes de l'accès convulsif,
on discute sur sa nature et sur sa cause, et, en dernier lieu,
les uns en font une maladie microbienne, alors que d'autres,
embarrassés pour trouver sa place dans un Traité didactique,
la relèguent et Texposent dans le chapitre « Dystocie ».
Des innombrables travaux entrepris pour élucider ces ques-
tions, ne se dégage aucune évolution. Et aujourd'hui encore,
en face d'une femme enceinte, en proie aux convulsions éclamp-
tiques, je puis dire que si nous pouvons facilement mettre une
étiquette, cette étiquette n'a aucune valeur comme indication
thérapeutique, et aucune signification au point de vue du pro-
nostic individuel.
Malgré toutes les méthodes vantées — toutes plus ou moins
empiriques — nous ne savons pas exactement contre quoi nous
luttons et, quoi qu'on en ait dit, nous ne savons pas encore
pourquoi telle femme meurt, alors que telle autre guérit.
Aussi, j'appelle de tous mes vœux le moment où cessera la
désespérance, et je souhaite ardemment que les conceptions
nouvelles n'aient pas le sort des précédentes et n'aboutissent
pas, elles aussi, à l'avortement. C'est la raison pour laquelle,
alors que l'histoire n'a enregistré des ciïorts aussi remarquables
par leur nombre que par leur stérilité, je me crois autorisé à
vous dire quelques mots de la genèse de cette nouvelle
doctrine.
« Il est, dit le professeur Bouchard, des produits excrémenti-
tiels imparfaits, qui résultent d'une élaboration insuffisante du
foie, et beaucoup d'autres substances toxiques dontjc ne connais
ni le nom, ni la constitution, mais dont j'ai démontré p/îj/sfoZo-
(jiquement la présence dans les urines. Toutes ces matières
sont capables de produire des intoxications, parmi lesquelles
nous citerons l'éclampsie. »
484 PROGRES RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
Ayant étudié les remarquables expériences de Bouchard,
a constaté que Ton pouvait produire expérimentalement d^
salivation, des vomissements, etc., et on s'est demandé si 1 •
les accidents que Soranus décrivait sous le nom de piu
n'étaient pas dus à une insuffisance hépatique pendant la gr*.-
sesse.
Les mémorables expériences de Ualin, Messen et PaulA
(1892) semblent venir à Tappui de cette manière de voir. L-
signes de rinsufTisance hépatique, recherchés, étudiés etsil--
décrits depuis quelques années par les médecins, présent?^-
avec les symptômes observés pendant la grossesse, la p!-i
grande analogie^ sinon la plus parfaite similitude.
De là, la conception de r/iëpaiofoxémie gravidique, a}-'
pour manifestations précoces : les vomissements, le ptyalisc
les démangeaisons, Talbuminurie, etc., et pour manifestat*»'^^
ultimes : les vomissements incoercibles et les accès convnlsif:
Manifestations qui doivent s'atténuer au fur et à mesura ce
l'on tarit la source des toxines alimentaires non modifiées [^
le foie. Bien que les recherches anatomo-patholog-iques récenir
aient toujours permis de constater des lésions du foie chez 1 •
femmes mortes soi-disant d'éclampsie, il n'est permis, jusqu:
jour où cliniquement on aura décelé la présence de ces ioxin:^
démontré leur origine hépatique et leur action, donné i>
moyens de les reconnaître facilement en clinique et traQ'>
les antitoxines, il n*est permis, dis-je, de considérer cf:î
conception autrement que comme une hypothèse.
Jusque-là nous devons nous en tenir à ce fait qui, presque C
nature empirique, doit être considéré comme une granJ-
conquête, à savoir que : le régime lacté absolu chez les femm-^
enceintes albuminuriques, empêche presque toujours la pro-
duction d'accès éclamptiques.
Depuis 1873, année où ce traitement prophylactique dô
accès convulsifs fut rigoureusement suivi par toutes les femiti*
enceintes de la Maternité, les résultats n'ont pas varié. Ceci
que j'ai constatés sur des milliers de femmee albuminuriques
dans mon service ont été semblables à ceux que j'obsen-ai?
PINARD 485
>n 1873, alors j'étais l'interne de Tarnier. Si des observations
icientifiquement prises — et j'en possède quelques-unes — ont
iémontré qu'une femme peut avoir des accès éclamptiques sans
ivoir, au préalable, présenté de l'albumine dans les urines au
îours de sa grossesse, cela ne prouve qu'une chose, c'est qu'il
n^y a pas de règle sans exception. Or, il ne faut jamais mécon-
naître la règle, et ne jamais oublier d'examiner les urines d'une
femme enceinte, car c'est le seul moyen que* nous ayons à
riieure actuelle pour déceler l'intoxication ; et les résultats
cliniques sont là pour démontrer que le régime lacté absolu
constitue vraiment le traitement prophylactique des accès
éclamptiques.
Je puis donc terminer ce que je voulais vous dire sur ce
chapitre par cette phrase consolante : Si le XIX® siècle n'a pas
bien armé les accoucheurs pour guérir les accès éclamptiques,
il leur a donné des armes presque suffisantes pour les prévenir.
V*. — Grossesse extra-utérine ou ectopique. — a La vraie
grossesse a reçu différentes dénominations, selon le lieu que
l'enfant occupe. Elle se nomme grossesse utérine, bonne gros-
sesse, grossesse ordinaire, toutes les fois qu'il est renfermé dans
la matrice ; grossesse tubaire, des ovaires et abdominale,
lorsque l'enfant se développe dans la trompe, dans l'ovaire ou
dans la cavité du bas-ventre (1). »
Cette citation de Baudelocque montre que malgré l'absence
de données exactes sur l'ovulation et la fécondation, les accou-
cheurs de la fin du siècle dernier connaissaient la grossesse par
« erreur de lieu » et môme les trois principales variétés de
grossesses ectopiques que l'on peut rencontrer. Baudelocque
savait même que la variété la plus fréquente est la variété
tubaire. « De ces trois espèces de grossesses par erreur de lieu,
celle de la trompe parait la plus ordinaire (2) . » Mais je me
hâte de dire qu'il confondait les grossesses ovariques avec les
kystes dermoîdes de l'ovaire.
(1| Baudelocque. Loc. cit.y p. 171», 1. 1.
(2j Baudelocque. Loc. cit., p. bl'yj t. II.
486 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
L'histoire de la grossesse extra-utérine a été rolijVl c
nombreux travaux dans le cours de ce siècle. Mais on petit .:
on doit diviser ces travaux en deux périodes bien disiiDcU>
les premiers, eiïectués dans les trois premiers quarts de ce siéi!
et ceux produits dans ces vingt-cinq dernières années. Ir-
premiers ont ajouté peu de chose aux connaissances acqui> ^
antérieurement ; les derniers, au contraire, nous ont du&!
assez de matériaux bien étudiés pour qu'il soit permis, à l'hec'
actuelle, de faire plus qu'une ébauche en écrivant l'histoift.- .
cet accident.
Ce résultat est dû, non seulement aux patientes et rainutieu-^'^
recherches des accoucheurs et des gynécologues, mais aaf*
et surtout, quoique d'une façon indirecte, à Tapparition de deii
plus grandes découvertes du siècle : Tanesthésie et Tantisep»:^
L'application des deux facteurs qui permettaient d'ouvrir!
cavité abdominale sans douleur et presque sans danger, joiiit»
à l'audace, devenue légitime, des chirurgiens, firent que dài-
ces vingt-cinq dernières années, ont put i;oir la réalité de L
fréquence des grossesses extra-utérines et les étudier dans d^^
conditions particulièrement fructueuses au point de vueanatoiB -
pathologique.
Les cliniciens, à leur tour, multiplièrent leurs efforts pov
agrandir et enrichir la symptomatologie et réussirent à ce poiat
que l'opinion émise par Baudelocque, le 11 novembre 1791 il
sous forme dubitative, à savoir « qu'on pouvait reconnaître, par
le toucher, l'existence de ces sortes de grossesses et, pour airji
dire, en déterminer le siège », est devenue une réalité couracu.
Le diagnostic étant devenu facile, la thérapeutique fut précîsr.
à tel point qu'à l'heure actuelle, quel que soit Tâge d'une gros
sesse extra-utérine que le médecin rencontre, ce dernier n'a
aucune hésitation pour la conduite à tenir. II sait que tout'
grossesse extra-utérine diagnostiquée , commande ^in^^•
vention ; intervention immédiate dans la première moitié de h
(1) Baudelocque, loccit.^i^. 518. Autopsie d*une femme morte des nirt.;
d'une grossesse extra- utérine.
PINARD 487
grossesse, expectation armée et intervention retardée jusqu'au
terme quand le diagnostic n'a pu être fait que plus tardivement.
C'est en agissant ainsi que nombre de femmes, qui mouraient
autrefois, guérissent aujourd'hui, et que dans quelques cas
déjà on a pu mener méthodiquement à terme des fœtus ecto-
piques et sauver ainsi la mère et l'enfant.
Je n'insiste pas davantage, et, après vous avoir signalé que
l^iniluence heureuse de l'anesthésie et de l'antisepsie s'étendit
également à la thérapeutique des grossesses compliquées de
tumeur, je commence l'esquisse des progrès réalisés en
accouchement. (A suivre )
DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
Par Edmond Wornuier
Premier assistant à la clinique gynécologique et obstétricale de Bâik.
La question de la désinfection des mains est à l'ordre c .
jour. Tandis que les uhs sont absolument satisfaits tk*'
méthodes en usage, d'autres prétendent qu'elles sont défei-
tueuses et ne se lassent pas d'en chercher de nouvelles. Dans et'
état de choses, un ouvrage traitant à fond le sujet en discn?-
' sion, en se basant sur de nombreuses recherches cliniques <
expérimentales, doit être le bienvenu ; c'est le cas d'un livre 4]<.
vient de paraître et qui est dû au D' Hagler, privat-docent de di^
rurgie à la Faculté de médecine de Bâle (1). Nous allons suitt'
les grandes lignes de cet ouvrage qui donne un aperçu critiqi:
des recherches faites pour trancher la question (2).
Après les travaux de Semmelweis et de Lister d*abord, àe
Kûmmel et de Fùrbringer ensuite, — ces derniers traitant plu^
spécialement de la désinfection des mains, — ce sujet paraissait
définitivement classé, lorsque, plusieurs années s'étant écouh^es.
la question fut remise en discussion, surtout par les accoucheurf.
Ceux-ci n'ont, en effet, pas à envisager les mêmes causes d'io*
fection multiples que les chirurgiens ; ils étaient donc beaucoup
plus enclins que ces derniers à accuser leurs propres main^.
en cas d'insuccès qui arrivaient de temps en temps, maigre
toutes les précautions. Et lorsque la bactériologie est venu-
prouver que toutes les plaies opératoires, même celles qui
(1) C. s. HÂfiOLBR : UHndereinigung, ff&jidedetinfection und Jffâtuirstkht:
210 pages et 4 planches. Bâle, 1900.
(3) La plupart des indications bibliographiques de ce travail sont trans-
crites du livre du D' Hagler, qui contient une bibliographie très compléta.
WORMSBR 489
guérissaient par première intention, contenaient des microbes,
les chirurgiens aussi commencèrent à douter de refficacité de
leurs mesures antiseptiques sur la peau humaine qui, seule
de tout ce qui entrait en contact avec la plaie, ne pouvait être
stérilisée à l'autoclave ou par ébuUition.
Ces constatations ouvrirent le champ à un très grand nombre
de recherches bactériologiques sur la peau humaine et sur
Pefficacité des procédés de désinfection en usage. Avant d'en-
trer dans la discussion de ces travaux, M. Hâgler parle des
méthodes adoptées par les différents auteurs, le côté technique
de ces recherches étante comme chacun le sait, des plus difBciles
et délicats. Pour ce qui concerne le procédé d'ensemencement
de la main à examiner, il en existait deux de différente valeur.
L'un, préconisé par Poten (1) et Mikulicz (2), consiste en
rimpression du bout des doigts dans de la gélose. Poten
lui-même ayant eu des géloses stériles avec des doigts non
désinfectés y cette méthode doit définitivement être écartée, ne
donnant que de faux résultats (3).
Fûrbringer (4) a inauguré une autre manière d'agir, qui
consiste à gratter Tépiderme avec des baguettes stériles taillées
en pointe, pour pouvoir arriver aussi dans les replis de la peau
aux environs des ongles ; ces baguettes sont ensuite placées dans
des bouillons de culture ou dans de la gélose liquéfiée. Hâgler
reproche à cette méthode, qui est très répandue, de ne pas per-
mettre Texamen des grandes surfaces des mains et de ne pas
pénétrer suffisamment sous les ongles. Il Ta remplacée par un
(1) POTBK. Dié chirurgische Asepsis der ffânde. Berlin, 1897 et Venuche
uber Désinfection der Hânde, MonatMchri/t fiir GelmrUh. u, Oynak.^ 1894,
p. 90.
(2) Mikulicz. Ueber die nenesten Bestrebungen, die aseptiflohe Wond-
behandlung zu yervollkommnen. Centralhl, f. Chir., 2 iniUet 1898, n<> 29.
(3) Dana un travail récent ( Wû^ner Min, WocheiMohr. 1900, n« 35) FncHSIO
a, une fois de plus, démontré l'infériorité de ce procédé.
(4) FÛBBBINGEB. Untersuchungcft und Vorschriften iiher die DeHnfection
der Ilànde des Arztes nehit Bemerkungen uber den pathologischen Cha~
rakter des Sagelschinutzes. Wieshaden, 1888.
Ainr. DS OTK. ^ VOL. UT. 32
490 DE LA DÉSINI^BGTION DES BIAINS
procédé à lui qui, certainement, est séduisant : an fil de so>:
stérilisé est passé, par des mouvements < en scie », sons ti>i:-
les ongles ; puis, enroulé sur lui-même, on le frotte éaerri-
quement entre les deux mains, entre les doigts, etc., de sort
que toutes les parties de la peau y passent ; après quoi, ce tt
est placé dans une boîte de Pétri remplie de gélose liquêô*^
qui permet que les germes adhérents au fil se dispersent dàtr
le liquide, de sorte qu'après solidification de la gélose 3.*
soient isolés les uns des autres ; on peut ainsi compter V.
nombre des colonies, ce qui n'est pas possible avec le bouilloG,
par exemple. Paul et Sarwey (1), qui ont fait une série d'étude*
très exactes sur la désinfection, ont également examiné ce$
trois modes de procédure pour l'ensemencement. Contraire
ment à Hâgler, qui a eu des résultats positifs avec sa métbocf
alors que les deux autres en donnèrent de négatifs, les auteor-
de Tubingue ont trouvé supérieur le procédé de Fûrbringer. h
crois que c'est là surtout une question d'exercice et de bonn'
volonté, les deux procédés me paraissant bons s'ils sont coq>-
ciencieusement appliqués.
On voit donc que la manière adoptée pour l'ensemeDcemect
est très importante, et le fait qu'Ahlfeld (2), dans ses ncHB-
breuses recherches, n'a opéré que sur un seul doigt, suffît d^
pour frapper ses résultats d'un doute légitime. Il y a une autrt
source d'erreur encore, sur laquelle Geppers (3) a, le premier,
dirigé l'attention, c'est l'élimination imparfaite de l'antiseptiqut'
employé ; en effet, des traces du liquide désinfectant qui vien-
nent, au moment de l'ensemencement, souiller le milieu de
culture, suffisent à ce que les germes ne poussent pas ; or
aurait, dans un cas pareil, naturellement un faux résultat. C'est
(1) Paul et Sarwet. Experimentaluntersuchungea ûber Hândedeainfec-
ion III. Abhandlung. Mûnchsner tned. Wochenschr,, 1900, n«27ei O-Miralhl.
f, Chir., 14 juillet 1900, p. 11.
(2) Ahlfkld. Die Desinfection der Fingeretder Hand vor gebartebilfliciiâa.
Untersuchungen und Eingriifen. DeuUche med. Woehenaehr.^ 1S95, n* 51.
(3) Geppers. Ueber desinficierende Mittel und Methoden. Berî, klin.
Woch€7iJtchr,j 1890, n»»ll, 12, 1.3.
WORMSEti 491
pour cette raison que Hâgler, comme nous le verrons plus bas,
s'est limité à examiner la valeur antiseptique du sublimé qui
est susceptible d'une élimination entière et complète (1).
Après cette sorte d'introduction, Fauteur passe à un autre
chapitre préliminaire, encore peu élucidé et sur lequel il a fait
lui-même une série de recherches, c'est la localisaition des
microbes dans la peau. L'examen de nombreuses coupes
microscopiques de la peau ne lui donnant d'abord pas de résul-
tats nets, Hâgler eut l'idée d'imprégner la peau de doigts, qui,
pour une raison ou une autre, allaient être amputés* d'encre de
Chine, les plus petits éléments corpusculaires de ce liquide
ayant le volume d'un staphylocoque. Il retrouva ces particules
sur la coupe microscopique dans les couches superficielles de
la peau, pénétrant un peu seulement le long des cheveux et dans
les canaux des glandes sudoripares ; par contre, les moindres
petites plaies accidentelles, fissures ou crevasses, étaient com-
plètement et jusqu'au fond remplies de corpuscules noirs. L'ex*
périence, répétée avec des cultures du staphylocoque blanc,
donna le même résultat ; seulement, les microbes pénétraient
un peu plus loin dans les canaux des glandes sudoripares. Dans
la peau des mains non préparées préalablement, H. trouva
également, à l'aide de méthodes de coloration spéciales, des
microbes, surtout dans la gaine des cheveux et descendant jus-
qu'au niveau de l'embouchure des glandes sébacées. Ces germes
ne se multiplient pas; au contraire, les sécrétions normales
arrivent à les éliminer plus ou moins ; cette action protectrice
de l'organisme fait, par contre, complètement défaut dans les
crevasses traumatiques qui ne manquent dans aucun cas et
moins que partout sur la main du chirurgien (2).
(1) J'ajouterai que, comme Krônig et Paul (Die chemischen Orundlagen der
Lehre von der Giftwirkung und Désinfection. JScitêchr, /. Hyg, und Infec*
t'wHnhr.^ Tol. XXV, 1. 1900), l'ont démontré, la manière de préparer les
milieux de cultare est très importante et doit être surveillée d'une manière
rigoureuee.
(2) Une très jolie coupe, donnant rillustration de ces faits et qui est repro-
duite 8ur la planche IV, provient du doigt d*un monsieur qui, ne faisant que
492 DE LA DESINFECTION DBS MAINS
Nous savons donc où se trouvent les microbes de la pea; .
Il s'agit maintenant d'apprendre : d'abord , comment il id*r
faire pour s'en débarrasser ; ensuite, si nous y arriverocb
complètement.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître que la part
mécanique de la désinfection est de première importance. Pobt
pouvoir mieux étudier Faction du lavage mécanique, Hâgler sV?:
servi de son épreuve à l'encre de Chine qui permet de jngtT
<r de visu » — à l'aide du microscope binoculaire (de Zeiss),ç:
donne des impressions stéréoscopiques vraiment surprenantes,
l'effet des différentes phases de ce nettoyage. Ces phases sec'
les suivantes : i^ dégraissage ; 2" amollissement des couclftf*
superficielles de lepiderme ; S'' enlèvement de ces parties fér
la brosse pendant le hwage, par Tessuie-mains stérilisé aprè^.
Hagler insiste avec raison sur la valeur d'une friction énergiqsf
à l'essuie-mains (en tissu grossier), des expériences lui apct
prouvé qu'il arrivait, par ce moyen, à détacher de la surface dr
la main un nombre de microbes dont il ne se serait pas doute.
Pour ce qui est du dégraissage, il est indispensable afin Je
préparer le terrain aux antiseptiques ; tant que les micrDbt'^
sont entourés et protégés par une couche de graisse, les solu-
tions, les plus toxiques ne sauraient les atteindre. Les matière
grasses dissoutes doivent, naturellement, disparaître. L*éther.
le chloroforme, etc., très bons dissolvants de la graisse, ik
valent rien, parce qu'ils s'évaporent trop vite et déposent alor?
de nouveau sur la peau une partie de ce qu'ils viennent i(
dissoudre.
Après un dégraissage à fond (on l'obtient le mieux en se ser-
vant de plâtre ou d'argile), le simple lavage donna de meilleure
résultats bactériologiques que sans cette mesure ; les graiss<?$
qui se trouvent dans les sillons de la peau et qui y retiennent
des écritureB, avait des mains très soignées ; à Tceil nu, on n* avait rien r^
d'une fissure qui pourtant existait et s'était remplie d'encre de Chine. <!/
doigt avait dû être désarticulé sur la demaude de son porteur, pour cootne-
ture de Dupuytren récidivante.)
WORMSER 493
les impuretés empêchent donc un lavage exact ; il faut les faire
disparaître par la dissolution.
Le savoYij suHout le savon mou de potasse, donne un bon
dégraissage ; en même temps, il amollit, à l'aide d'eau bien
chaude, les parties superficielles de la peau (1). il faut,
naturellement, remployer à Taide de la brosse à main. Les
brosses peuvent facilement être stérilisées ; il n'y a donc pas
lieu de les condamner, comme l'a fait Schleich (2), tant
qu'on ne connaît pas de succédané capable, comme elles,
d'enlever les parties ramollies de la peau et de nettoyer les
moindres replis et les environs des ongles. On sait que Schleich
a inventé et préconisé un savon à la poudre de marbre
(Marmorstaubseife) avec lequel il prétend arriver à une
stérilité absolue de la peau. Hâgler a toujours trouvé le con-
traire, ainsi que tout récemment Paul et Sarwey (3) et aussi
Krônig et Blumberg (4) ; on a pu découvrir, dans l'expérimen-
tation de Sohleich, assez de causes d'erreur pour expliquer ces
résultats contradictoires.
Le nettoyage des environs des ongles est la partie la plus
délicate de la désinfection ; toutefois, il ne faut pas tomber dans
l'extrême et négliger, pour les ongles, tout le reste de la main.
Le difficile, c'est d'enlever les couches superficielles de la peau
des espaces sous-unguéaux, ramollis par Teau chaude, le
savon et la brosse. Les ongliers employés généralement n'y
arrivent pas entièrement. Hugler recommande de passer des
fils de soie (ou de lin) sous chaque ongle, par des mouvements
de scie ; mais, comme il faut un fil pour chaque ongle ou un
seul fil assez long pour permettre d'en passer toujours une
nouvelle partie sous les 10 ongles, ce procédé est plutôt
compliqué.
(1) Paul et Sabwey. Miinch. med, Wochenschr., 1900, n^ 29, condamnent
le savon mou, parce qu'il irriterait trop la peau.
(2) Schleich. JVèue Methoden der WundheUung. Berlin, 1899.
(3) Paul et Sarwët. MUnch, med, Wochenêchr,^ 1900, n» 90.
(4) Kbôniq et Blumbebo. Miinch. med, Woehenschr., 1900, n"^ 29 et 80.
494 DB LA DESINFECTION DES MAINS
L^épreuve à Tencre de Chine démontre que les mesnrti
mécaniques n'arrivent pas à nettoyer les mains complètemeitt,
du moins, au sens microscopique du mot. Les expériences ^
ces dernières années Font prouvé aussi au point de vue bact^
riologique, on est donc forcé, pour atteindre les microbes q<ii
demeurent dans les sillons profonds, dans les canaux normaui
et traumatiques de la peau, d'user de liquides ayant une hcUck
chimique: les antiseptiques.
Tout d'abord, il convient de dire que, sans exception, lr>
antiseptiques sont de nulle valeur sans le lavage préalable cpii
doit, par le dégraissage et le nettoyage des couches snperD-
cielles, préparer le terrain aux désinfectants, sans quoi ce<
derniers ne pourraient pas pénétrer jusqu'aux microbes. DeioG^
les désinfectants^ c'est Valcool éthylique qui attire avant U%'
notre attention. Introduit par Fùrbringer, préconisé par Rfi-
nicke, l'alcool a été désigné par Âhlfeld (1) comme antiseptique
de premier ordre. L'explication de l'action désinfectante qn:
doit être incontestablement attribuée à l'alcool, a été doon^
de manières très différentes. On connaît les expériences dt
Koch, qui a pu conserver vivantes des spores du bacille Ji
charbon pendant quatre mois dans de l'alcool absolu ou diiur
Reinicke a pu cultiver des bactéries en faisant des easemeo-
céments avec l'alcool qui avait servi à désinfecter la maio
cette dernière paraissant être stérile après ce lavage. D au-
tres (2) ont montré que, môme « in vitro », Talcool absc»h
ou en dilution, et surtout le premier (3), n'arrivait pas à tuer
(1) Ahlfeld et Vahlb. Die Wirkung des Alkohols bei der geburtshii-
flichen Désinfection. Deutsche ftied, Woohensehr,, 1895, n^ 51. — Ahupelp
Lehrbueh der OeburUhilfe, 2« éd., p. 148 et Buivantes. Leipâg, 1898. P*'
Alcobol aïs Desinficiens. MonaU«ch,/. Gehurtêh, v, Oyn.^ août 1899.
(2) ScHiLL et FISCHBB. Ueber die Desinfection des Auswurfs der Pbtb -
siker. Travaux de l'Ofiee sanit. impérial, 1884, vol. 2. — Epstkix. Z t
Frage der Alkoboldesiufection. ZeiUchr. /, Hyg. «. Infeetwintkr, bv7.
vol. 24, n" 1. — MiNEBVi. Ueber die bactcricide Wirkung des Alkob^^i^.
Ilnd, 1898, vol. 29, n» 1.
(3) HiGOLBB explique ce fait, d'apparence paradoxale, de la manière «i>i-
WORM8BR 495
les microbes qu'on y avait introduits. Hâgler a également fait
des expériences à ce sujet, et il arrive à la conclusion que l'alcool
a bien une certaine force destructive vis-à-vis des microbes, en
tant qu'il coagule l'albumine. On arrive donc à tuer par
ralcool certains bacilles d'une puissance vitale réduite, tandis
que ce liquide n'est pas capable d'anéantir dans un espace de
temps utile, les.microbes.de la peau qui sont plus résistants et
plus à Tabri de Tinfluence directe de l'antiseptique. En effet,
les expériences faites sur la main vivante confirmèrent en tout
point le résultat de celles « in vitro a. D'accord en ceci avec
Krônig (1), Leedham-Green (2), Menge (3) et Bumm (4),
mais en désaccord avec Reinecke (5), Ahlfeld (5),
Fiirbringer (6), Poten (5), (la méthode de ces derniers auteurs
n'étant pas à l'abri de tout reproche), Hâgler trouve que la main
brossée pendant cinq minutes à l'eau chaude et au savon, et
frottée à l'essuie-mains stérilisé, brossée ensuite durant cinq
minutes à Talcool de 90 à 96^, et enfin baignée également pendant
cinq minutes à l'eau stérilisée — méthode adoptée par les auteurs
favorables à la théorie bactéricide de l'alcool — ne donne
yanto: Talcool agit par coagulation; natarellement, l'alcool absolu agit
beaucoup plus vite et plus puissamment que ses solutions; or, dès qu'il entre,
à rétat pur, en contact avec les cellules animales (donc, aussi avec les
bacilles), il se forme à la surface de la cellule une ooucbe d'albumine
coagulée si forte qu'elle empêche toute pénétration ultérieure du liquide,
tandis que Talcool dilué ne trouve point cette barrière, puisqu'il agit plus
lentement, de sorte que rien ne Tempêche de pénétrer jusqu'au centre de la
cellule ; d'où son action plus énergique, qui va du centre à la périphérie.
(1) Kboenig. Versuche ûber Spiritusdesinfektion der Hiinde. Centralhl,
f. Oyn,, n» 52 et CetUralhl.f, Chir., 14 juillet 1900, p. 21.
(2) Lebdham-Greek. Versuche iiber Spiritusdesinfektion der Hânde.
Jhutiche med. Wœlienschr.j 1896, n*" 23.
(3) Menqe. ^ur Vorbereitung der Hande vor aseptischen Operationen.
Muneh, med. Wochenschr^y 1898, no4.
(4) BUUM. Der Alkohol ala Desinficiens. MonaUch,/. Qtburtsh, und
Oynak,^^epi. 1899, vol. X.
(5) Loc, oit,
(6) FiiRBBiNOEB. Die neuesten experimentellen Grundlagen der Hânde-
désinfection. Deutsche med, Woehetiêchr,^ 1895, n" 3.
496 DE LA DESINFECTION DES MAINS
point de cultures, il est vrai, mais que cette stérilité n :
qu'apparente. En voici la preuve : si les mains, préparées
la sorte et paraissant, comme on vient de le voir, vierges
bacilles, étaient, ensuite, lavées et frottées dans du s^r
sanguin chaud, — ce qui imite le mieux les conditions réaK-
pendant les opérations chirurgicales, — ce sérum conln.
déjà, après cinq minutes, des microbes ; après quinze minute-
cent, cube de sérum hébergeait de 1 à 30 germes, tandis que i
tous les cas (18) l'examen bactériologique de la peau, prat
à ce moment, prouvait que celle-ci n'était rien moins que sl'-r
Par des expériences « in vitro » et sur le vivant. Tau'
prouve une fois de plus que les effets spécifiques produit^
Talcool et dus à son action coagulatrice (1) ne disparaissent ;
£^près un simple lavage de cinq minutes ; que donc les auU
sus-cités, et en particulier Ahlfeld, ont obtenu des resul.
erronés, faute de ne pas avoir attendu le laps de temps ntv
saire avant de faire leurs ensemencements (2).
A ce moment-là les germes sont encore, en grande par
retenus dans les couches superficielles de la peau par suit
Taction rétractrice de l'alcool ; dès que, par la suite, à lai '
bains de sérum ou sous Tinfluence des sérosités vitales peii
l'opération, cet état change, les microbes redeviennent 1:
et peuvent pénétrer dans l'entourage.
J'ajouterai que Paul et Sarwey (3), dont j'ai déjà, à plus.
(1) D'après Hâgler le microscope binoculaire donne Taspect suivant
mainayantété brosséeàralcool: les petits plisdelapeau sont plus a<»Q.-
et plus fins ; les embouchures des glandes 8udoripaî'e8etsél>acées. ail-
les fissures accidentelles de lacoucbe cornée derépidcrme, sont appn •
en forme d'entonnoir. Cela explique pourquoi des impuretés corpu?^
ne »o laissent pas facilement enlever par l'alcool, moins bien t^u* :
savon et l'eau chaude (épreuve à l'encre de Chine).
(2) Dans une nouvelle série d'expériences qu'il vient de publier f
Bl, f. G y il. 10 novembre 1908) Ahlfed veut prouver que la main désini-.-
d'aprèà sa méthode reste stérile pendant une heure dans la plupart de>
Mais là encore, il n'imite pis les conditions réalisées pendant un<» op-r.
chirurgicrtle, de sorte que sa démonstration n'a qu*une "valeur relative,
Paul et Sakwey. MUnch, vicd. Wochetuchr., 1899, n« 51.
WORMSBR 497
reprises, pu citer les recherches minutieuses, arrivent exacte-
ment au même résultat: immédiatement après le lavage à
l'alcool, dans 3 cas sur 12, stérilité absolue ; dans les 9 autres,
il y eut un petit nombre de colonies ; sur les 12 cas où les mains
séjournèrent, après ce lavage, dans un bain d'eau stérile à 42^,
le résultat fut positif 11 fois; enQn, les bouillons se troublèrent
les 12 fois, lorsque les mains, après le bain d'eau chaude,
avaient été frottées au sable stérile pour imiter plus ou moins les
traumatismes (parles instruments, les fils, etc.) auxquelles les
doigts sont exposés pendant la plupart des opérations. J'ajoute
que les deux expérimentateurs ont enfermé leurs mains,
pendant toute la durée de ces expériences, dans une cage vitrée
stérilisée, pour éliminer la contamination par Tair qui peut
devenir une source d'erreur.
Une substance ayant beaucoup d'analogie avec l'alcool et
qui a été recommandée chaudement par Mikulicz (1), c'est la
« teinture de savon b (Seifenspiritus), solution alcoolique de
savon qui, d'après son promoteur, réunit les qualités des deux
corps qui la composent, l'alcool et le savon, et permettrait non
seulement de se passer d'eau pour la désinfection, — avantage
réel en temps de guerre, — mais encore de tout agent antisep-
tique, de sorte que la procédure consiste simplement en un
lavage et brossage de 5 minutes (2) . Ce serait donc l'idéal
d'un désinfectant ; malheureusement, vue déplus près, la chose
perd de son prestige. Des travaux antérieurs de Reinecke (3) et
(1) Mikulicz. Die Deainfection der Haut und der Hande mit Seifenspiritus
Deutsche mcd. Wochvnëchri/t, 1900, n** 2t.
(2) Ces avantages expliquent qu'on n*ait pa« cessé de chercher dans cette
voie, sans toutefois arriver à mieux. Les derniôres publications sur ce
sujet sont : Vollbrecht : Seifenspiritus in tester Form zur Haut-und Hiinde-
desinfection, XXXI» Congrèsde chirurgie a Berlin. Voir Centralbl /. Chir.,
U juillet 1900^ p. 11. Lewschin. De la désinfection des mains et du
champ opératoire par un savon de potasse olélnique dissous dans de l'ai-
cool méthylique. Vratick, n» 29 (Analysé in Deutsche med. Woehensohr.f
1000, n. 32).
(3) Lçc. cit.
498 DE LA DESINFECTION DBS MAINS
de Landsberg (1) (ce dernier ayant expérimenté arec lu
a spiritus saponatus Hebrae », ce qui ne fait pas de différence
avaient déjà donné des résultats peu engagpeaats. Hanel (2..
assistant de Mikulicz, qui naturellement recommande le prodaû
de son maître, a travaillé avec des méthodes trop défectueuse^
(de toute la main, il n'a examiné que les espaces sous-unguêaia
et malgré cela, il n'a eu, dans une des séries d^expériences.
que 40,2 p. 100 de stérilité des mains. Les résultats de Hâgle:
confirmés par ceux de Paul et Sarwey (3), ne permettent pas de
partager l'optimisme du professeur de Breslau . Tout comicf
l'alcool dont il est composé, son succédané n*arrive qu'à unt
bonne asepsie immédiate, mais qui ne dure pas.
Arrivons aux liquides antiseptiques proprement dits. JV
déjà remarqué, en passant, que pour pouvoir examiner les effets
d'un antiseptique, à moins de faire des essais sur animaux, ii y
avait une « conditio sine quâ non », c'est de ne pas introduire,
dans le bouillon de culture, en même temps que les pellicales
d'épiderme, des traces du liquide toxique qui, sans cela, empê-
chent le développement des microbes ; il faut donc qu*il so;:
possible d'extraire, après la désinfection, tout ce qui reste dt
l'antiseptique sur la peau. Or^ nous ne connaissons aucace
substance capable d'extraire les phénols (c'est-à-dire Tactdt
phénique, le lysol, les crésols, etc.), de sorte que l'autear
s'est borné à l'examen du sublimé.
Qu'il me soit permis, avant de parler de ce dernier antisq)*
tique, de dire un mot d'une méthode de désinfection que fat
vu appliquer dans un grand nombre de services à Paris et que
Hâgler passe sous silence : celle au permanganate de po/as5<».
recommandée par H. A. Kelly (4). La décoloration se fait ât
(1) Lamdbbebo. Zur DeHn/ection der Haut mit besondarer Brriich*UlUif%ni
dcr Jlàndc. Thèse de Breslau, 1888.
(2) Hanel. Ueber die Wirkung des Spiritus saponatus officinali satiî
Mikroorgauismen uud seine Verwendbarkeit zur Désinfection der BâoUf
und Haut. Beitrdgezur klin, Chir.j vol. 26, mars 1900.
(3) Paul et Sabwbt. Mûnch. med Wochenwhr., 1900, n« 28.
(4) H. Â. Ebllt. Handdesinfection. Anurie. journ, of obftetr. and d t
of wim. and children., 1891, vol. XXIV n« 12.
WORHSER 499
bisulfite ou à l'acide oxalique qu'on peut neutraliser, pour
rensemencement, en trempant lamain dans de Teau contenant
delabaryte.Aen juger d'après la récente discussion à la Société
de chirurgie de Paris, il semble qu'on en soit revenu, pour
appliquer plutôt la méthode de Fûrbringer. Il est vrai que
Reinecke (1) avait fait une expérience avec cette substance qui
avait donné un mauvais résultat. Mais Paul et Krônig (2) ont
repris Tidée ; seulement, ils additionnent le permanganate
d'acide chlorhydrique et s'abstiennent de faire une décoloration.
Dôderlein (3) a essayé de suivre ces prescriptions ; il a trouvé
que la désinfection était bonne au début de l'opération, mais
que peu à peu, au cours de l'intervention, la coloration de la
main devenait plus claire et qu'en même temps l'asepsie de la
peau se perdait, de sorte qu'à la fin il y avait autant de
germes qu'avec toute autre méthode de désinfection.
Hâgler semble donc ne pas avoir tort en se bornant à
examiner l'action du sublimé, parce que c'est certainement
un des plus puissants antiseptiques, de sorte que les résultats
obtenus là peuvent être appliqués, sans commettre de faute, à
tous les autres produits bactéricides.
Comme nous Tavons déjà fait remarquer, le sublimé répond
à la condition primordiale de pouvoir être éliminé après son
application ; Texcédent de l'antiseptique qui reste sur la peau
sans être en contact intime avec Falbumen des cellules, peut être
neutralisé, de sorte qu'on n'ait pas à craindre que même des
traces de sublimé puissent être introduites, avec le produit
du raclage de Tépiderme, dans les milieux de culture.
En effet, le sulfure d'ammonium, produit absolument inoffensif
pour les microbes, le décompose en sulfure de mercure qui,
par la coloration en noir de tout ce qui contenait du sublimé,
(1) Loe. cit.
(2) Paul et Kbonio. Die ohemischen QruQdlagen von der Lebre der
GiftwirkuDg und Désinfection, ^eitschr, /. Byg, u. In/eetiontkr., 1897,
vol. XXV.
(3) DôDiEBLEiN. Die Bactérien aaeptischer OperationBwunden. Mûnck.
med, Wochtiiuchr.y 27 juin 1899, p. 853.
500 DE LA DÉSINFECTION DBS MAINS
permet le contrôle, à Tœil nu ou à Taide delà loupe, deTactidc
de cet antiseptique. C'est ainsi que Hâgler a pu constater qai-
près une désinfection en règle (mais sans alcool), le sublis-
se trouvait seulement dans les couches superficielles de Tépi-
derme, qu'il ne pénétrait pas jusqu'au fond des creva^e^
naturelles et traumatiques de la peau, ces parties n'ayant p^-
été suffisamment dégraissées, et, enfin, que la couche impré-
gnée de sublimé pouvait être enlevée, en partie, par les. nuii;-
pulations au cours de lopération, par exemple en serrant Jr^
fils de ligature, à la suite de quoi était mise à nu une coudi-
de peau non désinfectée. Les mêmes expériences répétées aprv^
un lavage à Yalcool donnèrent des résultats qui, sans ^tr^.
parfaits, étaient pourtant beaucoup plus favorables. En effet.
Talcool, à côté de ses propriétés dissolvantes pour les graî^^.
exerce encore une action déshydratante sur les tissus. L^
cellules ainsi privées d'eau attirent la solution aqueuse ti^
sublimé beaucoup plus avidement que sans Finfluem'^
préalable de Talcool. C'est là, du moins, Texplication don-
née par Hâgler de ce phénomène assez curieux que Talcu:.
seul n'est pas un antiseptique bien puissant, mais qu'il pré-
pare à merveille le terrain pour la solution aqueuse dr
sublimé (ou de n'importe quel autre désinfectant). Tout récem-
ment, une autre opinion a été émise à ce sujet: Ëgbert Braatzil
croit que le rôle préparateur de l'alcool est dû à sa faculté i^
chasser mieux que tout autre liquide les bulles d'air qui st
trouvent dans la peau et qui interdiraient l'accès aux antisep-
tiques ; il a institué, à l'appui de sa théorie, quelques joUt^
petites expériences. Très probablement, les deux explicatiooi
sont justes, l'action de l'alcool étant plus complexe qu'on do
l'aurait cru. Une désinfection soit au subliméy soit à tout
autre antiseptique, ne donnera, d'après ce qui vient d'êt^
dit, de bons résultats que si les trois conditions suivante"^
(1) E. Bbaatz. Ueber eine bisher unbeachtete Eigenschaft dos ÂIkohol*
bel seiner Verwendung sur Handereinigung. Miineh, med,Wochtn9thr.^ ISiC"
no 29.
WORMSER 501
sont remplies : si le dégraissage a été bien fait^ si les
parties superficielles ont été suffisamment amollies et si, par
des moyens mécaniques (brosse, onglier, essuie-mains) ces
couches qui contiennent le gros des souillures, ont été enlevées.
Sans ces précautions, le lavage au sublimé est absolument
inefficace ; si elles sont bien observées, on n'arrive pas à
r idéal y puisqu'il est impossible de dégraisser complètement le
fond des crevasses naturelles et surtout traumatîques de la
peau, mais on atteint à un degré suffisant de stérilité pour
l'usage journalier et dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire
si les mains ne sont pas souillées par un contact septique. Sur
84 observations, Hâgler a trouvé la stérilité des mains (le sublimé
ayant été éliminé par le sulfure d'ammonium, cela va sans
dire) dans 81 pour 100 des cas, ce qui est déjà un fort joli
résultat.
Mais ce qui importe surtout, ce n est pas d'apporter à Topé-
ration une main stérile, c'est de la conserver telle pendant
toute la durée de Tintervention ! Or, les expériences de ces
dernières années, inaugurées parDoederlein (1) et Brunner (2),
ont prouvé que cela n'était nullement le cas ; Gottstein, Krônig
et Blumberg (3) ainsi que Schwartz et Marmorek (4), Terrier
et Morax (5),PauletSarwey (6) sont arrivés au même résultat.
L'opinion première de Doederlein^ àsavoir que les germes qu'on
(1) DOEDEBLKIN. Bacteriologisohe Untersachangen ûber Operationshand-
Bchuhe. Comptea rendus de la Société allemande de chirurgie, 1898, et Bel-
iràge zur Ochurtith. nnd Gyn., vol. 1.
(2) C. Bbunner. Ërfahruugen und Studien uber Wundinfektion und
Wundbehandlung, V partie, Fiauenfeld, 1898.
(3) GoTTSTEiN et Bluubebo. Inwieweit kônnen wir uneere Hande
sterilisieren f BerUner klin» Woehe/tifchr,, 1899, n^ 34.
QOTTSTEIN. Beobaohtungen und Expérimente iiber die Grundlagen der
ÂsepBÎB. Bvitrage zur klin, Chir., vol 25, 1899.
Kboenio et Blumbbro. Beitrâge zur IlândecU'^infekt ion, Leipzig, 1900.
(4) ScHWABTZ. Comptes rendus do la Société de chir. de Paris. Bevne de
rAir^ août 1900.
(5) Tbbbieb. Ibid., Semaine méd,^ 30 mai 1900.
(6) Paul et Sabwet. MûncK med. Wochenschr.y 1899, n« 61, etc.
502 1)E LA, DBSINFBCTION DES MAtHS
trouvait au cours de l'opération sur la peau (ou dans le gant •:.
•
fil dont elle était recouverte) provenaient de Tair et non pas 4
la main désinfectée, a été rejetée par Kustner (i) ainsi que pir
Hâgler qui, indépendamment Tun de Fautre, ont fait la mroh
expérience décisive avec le même résultat. Une main des?
fectée au point de ne donner plus de résultat à rensemencemst
et recouverte d'un gant de fil, fait bientôt passer des mierobo
dans le gant ; le gant, mis par-dessus un gant impermeaUe,
contiendra, après le même laps de temps, très sensiblemen
moins de germes que le premier. Les microbes qu'on y trouva
dans ce cas-là, proviennent de l'air ou de la bouche des {»^
sonnes à proximité, mais la grande différence dans le nombrc
des germes trouvés dans les deux cas est due à la peau soi-disaa
désinfectée (2). C'est là, me semble-t-il, la meilleure preoir
qu'on n'arrive pas, avec les méthodes connues jusqu'à ce joor.
à aseptiser la peau d'une manier» complète et définitive.
Les défenseurs de la théorie « positiviste », par là j'enteod?
ceux qui croient à la possibilité de la désinfection absolue par
les méthodes actuelles ne sont pas tous prêts à désarmer devant
les faits pourtant bien établis. Tout d'abord, disent-ils, nooi
avons déjà plus d'une fois opéré un cas aseptique peu après amr
contaminé nos mains, et le malade a guéri. C'est là le raison-
nement de Schleich (3), de Bazy (4) et de tant d*autres. Oi
n'a qu'à leur répondre que des cas isolés ne prouvent rien, que
même du temps où l'on ne connaissait ni microbes ni désinfec*
tion, des opérés guérissaient, et toutes les femmes accouchées
artificiellement ne mouraient pas non plus. Cela démontre sim-
plement que Torganismen'estpas un simple bouillon de culture,
qu il a des forces défensives contre l'invasion des microbes sur
(1) Voir CentralhUf, Gynaek,, 3 juin 1899, p. 649.
(2) D'ailleurs, Doedbrleik a reconnu son erreur et a refait rexpérienct
de KusTNBB avec le même résultat que celui-ci. (Voir Mut^Kmfi-
Wochemchr, 30 mai 1899, p. 745.)
(3) Loc, eit.
(4) Comptes rendus de la Société de chirurgie de Paris, S2 man 1899 ;
25 avril et 31 octobre 1900; Setnaine méd., 1899, p. 109, 1900, p. 153et 3$l-
I
WORMSBR 503
lesquelles on peut compter en général, mais pas toujours, et
c'est précisément à cause de ces derniers cas, dans lesquels la
faculté destructive du corps vis-à-vis des germes est amoindrie
pour une cause connue ou non, qu'on est forcé d'être minu-
tieux. Au cours de la récente discussion au sein de la Société
de chirurgie de Paris, Nélaton (1) a rapporté une observation
qui est une preuve éclatante de ce que je viens d'avancer :
quatre jours après avoir fait le curettage chez une femme
atteinte de tétanos puerpéral, il fit une opération aseptique et
sa malade mourut de tétanos!
Ensuite, ils disent que leurs résultats sont bons. Il faut
répliquer que les résultats de deux chirurgiens ne se laissent
pas comparer au point de vue d'un seul facteur; il y a là toute
une série de circonstances (je ne nommerai que la technique
opératoire comme étant la plus importante) qui influent sur les
résultats. On ne pourra donc comparer que les succès du
même opérateur avant et après le changement des mesures
antiseptiques. Or, sur ce point, il n'y a pas de doute. Plus un
chirurgien est minutieux, meilleurs seront ses résultats.
Les statistiques sont là pour le prouver : M. Hartmann (2)
note pour les laparotomies dans les années 1896 à 1897 une
mortalité de 4,77 p. 100, au lieu de 21,08 p. 100 de 1883 à 1890,
cette amélioration étant due, en partie, au passage de l'anti-
sepsie à l'asepsie. — Mikulicz (3) a constaté un abaissement de
la proportion des plaies infectées de 16 à 5 p. 100 à la suite de
l'emploi des gants de fil; à la suite de cette môme innovation,
Eiselsberg (4) n'a en que 5 p. 100 d'infections au lieu de 10;
Dœderlein (5), au lieu de 15 p. 100 de morbidité en couches, a
(1) Betme de ehir., 10 août 1900.
(2) H. Hartmann. Valeur relative de Tantisepeie et des perfectionne-
ments de la technique dans les résultats actuels de la gynécologie opéra-
toire. (7ac. hebdom, de mèd. et de ckir,, sept. 1899.
(3) MIKCTLIOZ. CentralbL /. Chir,j 2 juillet 1898, p. 29.
(4) KlBELSBBRG. Itfid,, p. 38.
(5) Dœderlein. Congrès de la Société aUemandede gynécologie en 1899.
(Voir Mânrh'. vied. Woehentchr. 1899, p. 746, et Semaine mèd,, 1899, p. 196.)
504 DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
> .i-:
vu s'abaisser ce chiffre à 8 p. 100 (en déduisant les ca
fièvre due à une cause extra-génitale, il n'en reste plus q .
2 p. 100) après Tintroduction de l'usage des gants de cat<7-
chouc pour le toucher vaginal ; on voit que tout r.f-'
pas dit avec la mortalité d'un service. Une bonne aniisepsK 5t
traduit surtout par les guérisons par première intention -i
il n'y a pas une trace de sécrétion, pas un seul canal de suîu.*^
rougi), par une convalescence des plus rapides, par des sui:-.«
opératoires éloignées excellentes ; tout cela ne perce pas dâa-
une statistique sommaire d'un service hospitalier et je do:i'
fort que ceux qui font alternativement et sans gants de caoU-
chouc des opérations septiques et aseptiques puissent oomp-'*
rer ces détails à ceux des services dans lesquels on est stn
sous ce rapport. Je puis citer à l'appui de cette thèse l'opinic^
de Lejars qui, à l'occasion de la discussion au sein de 1j
Société de chirurgie, a dit avoir constaté que ses malade-
guérissaient beaucoup plus facilement, d'une façon plus par-
faite qu'avant l'usage des gants de caoutchouc (1).
Ayant bien vu que les arguments que je viens d'énumérer t'.
de réfuter ne suffiraient pas à soutenir leur thèse, les croyant-
de la désinfection ont essayé Texpérimentation . J'ai déjàd'.
pourquoi les expériences d'Ahlfeld et de Schleich , pour n-
nommer que celles qui ont fait le plus de bruit, avaient donn^
de faux résultats, qui étaient aussitôt contredits par tous K-?
auteurs ultérieurs ayant travaillé avec des méthodes san*
reproche. J'ai montré dans un récent article (2) que les exp»-
riences relatées par Bazy(3) ne répondaient pas aux condition-
de la pratique. Il me reste un mot à dire des expériences li-?
Pierre Delbet (4). Je n'ai eu à ma disposition que des compte^
rendus assez succincts de sa communication ; ils ne contenaient
(1) Société de chirurgie, séance du 4 juillet 1900. Pre^itf méd.^l900^n*^i.
(2) E. WOBMSER. De remploi des gants en chirurgie et en obAtétriquc
Semaine viédicaîe, 20 juin 1900, p. 209.
(3) Société de chirurgie, sésLUce du 16 mai 1900. Semaine méd., 1900, p. IK
(4) Société de chirurgie, séance du 11 juillet 1900. Sem. méd., p. 243. et
Bewe de ehir,, 10 août 1900.
WORMSBR 505
rien au sujet des détails de rensemencement pourtant si im-
portants, comme nous Tavons vu. Mais cet auteur n'imite pas
non plus les conditions réelles : après avoir lavé ses mains
infectées, il les recouvre de gaze stérile et,après vingt minutes,
fait rensemencement. Or, pendant ce temps, les mains ont dû
sécher et c'est un fait prouvé (Hâgler, Paul et Sarwey) et d'ail-
leurs très plausible que la peau sèche ne permet d'enlever que
très peu de germes, alors que, humectée, elle en donne de suite
en abondance. De plus, les mains ont été tenues tranquilles, elles
n'étaient exposées à aucun des traumatismes légers ou grossiers
que subit toute main au cours d'une opération et qui facilitent
le passage des microbes. Pour ne citer qu'un exemple : le fait
de serrer un fil de ligature n'est-il pas le moyen le plus sûr
pour faire jaillir hors des pores de la peau tout ce qu'ils
contiennent? Le sillon profond qui en résulte donne la réponse
assez clairement. Or, des expériences qui ne tiennent pas
compte de cela ne répondent pas aux conditions réalisées dans
la pratique et doivent céder le pas à celles qui imitent mieux
la réalité ; aussi, ne ferai-je que rappeler que les résultats de
Pierre Delbet se trouvent être en contradiction absolue avec les
expériences minutieuses que j'ai eu à rapporter plus haut.
En ce qui concerne son opinion sur la provenance des
germes constatés sur les mains à la fin de l'opération, qu'il
croit tombés de l'air, cela est encore contredit par les expé-
riences tout à fait concluantes sur les gants de Kûstner et de
Ilâgler que j'ai déjà citées, ainsi que par les résultats de
Sarwey et Paul, qui ont opéré dans une cage vitrée où
Tair ne pénétrait pas (1).
Je ne crois donc pas qu'on ait le droit de nier ces deux faits :
qu'une désinfection absolue et persistante est impossible et
(1) Je ne ptiis me prononcer sur les expériences rapportées tout récem-
ment par M. Yalther (Société de chirurgie, séance du 24 octobre), n'ayant
lu qu'une courte analyse de sa communication. Mais je ne tairai pas que
les résultats obtenus 3 fois sur 6, stérilité dee mains jusqu'à la fin d*une
opération de quelque durée, sont trop bons pour ne pas évenier un scepti-
cisme légitime.
ASnr. DE OTST. — TOL. LIV. 33
506 DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
que les germes qu'on n arrive ni à chasser nik (ue .
vent infecter la plaie.
Cela a été reconnu, par des esprits éclairés, il y a loue'
déjà. On a, en conséquence, euTidée assez naturelle, dVli:
la source d'infection que représente la peau, en la coh-
Hâgler rappelle que ce fut Unna (1) le premier qui y pe::^
donnant le conseil de les couvrir d'une couche de savon >.
Halstead (2) en 1891 déjà fit mettre des gants de fil stér .^
Faide qui lui passait les instruments. Puis, ce fut Z<^:>
Manteuffel (3) qui préconisa des gants de caoutchouc ; :
étant très épais, ceux-ci gênaient les mouvements et Iet<
Les gants de tissu [gant de fil de Mikulicz (4), gant de '
Perthes (5)] sont perméables, dès qu'ils deviennent Ir^n
et n'ont donc aucun avantage, à moins qu'on les cl.
très souvent, ce qui est trop compliqué. Pour par
cet inconvénient, Menge (6) a employé le gant imbibé de r
fine. Hâgler a trouvé qu'au bout de dix minutes déjà, la ba-^
formée par la paraffine était percée. Le gant de peau, avec!
opère Wôlffler (7), donne certainement plus de sûreté, rr.*
n'y a pas imperméabilité complète, comme Wôlffler lui-ro'
reconnaît et comme Hâgler le confirme. Le gant qui seul r..
aux conditions posées est le gant de caoutchouc fin et l.y
sans sutures, inauguré par Friedrich(8). Avec unpeudepr
(1) DeutscJie med, Wochenschr.^ 1886, p. 567.
(2) Halstead. The John HopUrCs Hospital ReporU^ toI. H
Baltimore, 1891.
(3) ZoEGE-voN Manteuffel. Gummibandschahe in der chirur.: ^
Praxis. CentralhLf, Chir,y 1897, n« 20.
(é) MiKULIoz. Loc, cit.
(5) Pebthes. OperationshaDdsohuhe. O/Uralbl. /. Chir.y 1897, d *
(6) Menge. Zur Yorbereitung der Hande vor aBepUflohen Opcr:>>
jUiinchener med. Woohensohr., 1898, n* 4.
(7) WÔLFFLER. Ueber Operationsbandachuhe. Beitrage zur kl"--
vol. 19, 1897.
(8) P. L. Friedrich. Kurze Bemerkungen Eum G^ebisnch dûnmr.
lôser Gummibandscbube fur gelegentliobe Operationazwecke. r<R^ •
Chir., 30 avril 1898, n» 17.
WORMSBR 507
lions, avec la stérilisation non par ébuUition, mais à Tautoclave,
ce qui permet de le conserver et de le mettre à sec, — en y intro-
duisant, avant la stérilisation, une pincée de poudre de talc, — on
arrive à conserver le même gant, malgré la friabilité du caout-
chouc fin, pendant 2 ou 3 opérations, de sorte que le point de
vue économique n'est pas un obstacle à l'introduction de cet auxi-
liaire précieux de Tasepsie opératoire dans la pratique journa-
lière. Hâgler les recommande surtout lorsqu'on opère avec des
mains dont la peau n'est pas absolument intacte (vu que, dans ce
cas, toute désinfection est illusoire) et encore pour la fin de Topé-
ration, pour la pose des ligatures et sutures, étant donné qu'à*
ce moment les mains ne sont plus du tout aseptiques et que les
microbes qui s*y trouvent sont introduits par les fils au sein
même de la plaie.
Dans mon article déjà cité, j'ai fait ressortir tous les avan-
tages que présente Temploi des gants de caoutchouc. Mais
ils ont aussi des inconvénients — ils se déchirent facilement,
si Ton est pas très soigneux ; ils gênent, légèrement il est vrai,
mais toujours un peu, le toucher ; ils sont très glissants, de
sorte qu'on a de la peine à fixer un organe à surface lisse entre
les doigts (1) — et ces défauts, si insignifiants qu'ils soient en
comparaison des grands services rendus parles gants, ont con-
duit à chercher, dans le même ordre d'idées, d'autres moyens
pour empêcher le contact direct entre la peau et la plaie : {es
vernis. En effet, il est hors de doute qu'un vernis qui serait
réellement imperméable, qui supporterait, sans présenter la
moindre fissure, toutes les influences chimiques et physiques
auxquelles est soumise la main pendant une opération, qui
serait assez mince pour ne gêner ni les mouvements, ni le toucher,
qui serait facile à appliquer et facile à enlever, avec cela asep-
tique et bon marché, il est hors de doute, dis-je, qu'un vernis
pareil représenterait l'idéal recherché, recherché avec tant de
(1) Pour parer à œ dernier] inoonvénient, Blumbkbg {Cèntralîfl. /» Chir.,
14 juillet 1900, p. 17) a fait donner aux gants une surface rude à tous les
endroits qui servent à saisir ou à tenir les objets.
508 DE LA DÉSINFECTION DES MAINS
zèle, que tont récemment, dans l'espace de peu de semâinr?
ont paru quatre travaux sur ce sujet! Nous avons déjà rappe.
le conseil donné par Unna de recouvrir la peau d*ane couche i-
savon ; seulement, cette couche ne tarde pas à se dissoudre -. .
cours de l'opération, comme cela était à prévoir, d'ailleurs. L.
même sort est réservé à la couche de cire qui, après le larài^
au savon de Schleich, doit rester sur la peau et devrait formt-
d'après Texpression de Tinventeur, « un gant microscopiqisé
tandis que la couche de paraffine, préconisée par &ie&^
donne de meilleurs résultats : mais là, les petits traumatiâiLef
que subit la main pendant l'opération suffisent, d*après Hâgler
à battre en brèche la couche protectrice.
Ces influences physiques, traumatiques, provenant dt?
mouvements souvent forcés des . doigts, du frottement dt* 1'
surface de la main aux instruments, aux serviettes en gaie,
aux bords de la plaie, aux parties dures et pointues (sqtir-
lette), etc., auxquelles devrait résister un bon vernis, const:
tuent la principale difficulté ; c'est pourquoi Hâgler, qui a lu>
même fait des essais, avec la gutta^percha^ essais qui ont éçra*
lement échoué, est conduit à condamner « a priori » toutes c&
tentatives. 11 se pourrait, cependant, à mon avis, qu'on trooTôt
un vernis qui adhère plus solidement, quoique, jusqu'à présent
on n'ait pas encore réussi complètement.
C'est ainsi que Kossmann (1) prétend avoir pu jouer aoi
quilles, la main recouverte d'un vernis qu'il recommande et ao-
quel il a donné le nom de « chirol » et que seulement à la vio^^-
tième boule la couche artificielle avait disparu à l'extrémité d'an
doigt ! Schâffer (2), qui a fait des expériences avec le « chirol •
également, est arrivé à un tout autre résultat. D'abord, le vernis
a mis de huit à dix minutes pour sécher, alors que Kossmana
avait promis une dessiccation suffisante en deux ou trois minutes;
ensuite, et c'est là l'important, il n'avait qu'à frotter à plusieurs
(1) Kossmann. Ueber ein neues Verfahren zur Stérilisation der Hande et df>
Opérations GebieteB mittels desChirols. CentralU, /. Chir.^ 9 juin 19^ n< f?
(2) SCHAFFEB. Uebep Chirol. CentraXhLf, Chir,, 4 août 1900, n« 31.
WORMSER 509
reprises le bout des doigts OU simplement aies appuyer forte-
ment sur un linge, pour pouvoir enlever de grandes parties
du vernis. Kossmann vient de répondre (Ceniraîbl. f. Chir.,
22 sept.) en infirmant la valeur des expériences de SchâiTer,
qui n'aurait pas suivi toutes les prescriptions nécessaires pour
arriver à un bon résultat.
Evier (1) qui a expérimenté avec le chirol et avec d'autres
produits analogues, arrive à la conclusion que les différents
coUodions employés ne forment pas une couche suffisamment
protectrice parce qu'ils se laisseraient traverser par les
sécrétions cutanées (la sueur, etc.) et, avec elles, par d|9S
germes vivants. Des solutions antiseptiques, additionnées aux
coUodions résineux, ne suffisent pas pour tuer les germes
pendant leur passage.
Enfin, J. Levai (2) a publié ses recherches laborieuses pour
trouver un vernis solide ; si Ton doit le croire, il a réussi et son
vernis, dont il donne la recette exacte, et avec lequel il a fait des
essais de chirurgie pratique pendant un an, répondrait à toutes
les exigences ; mais il n'existe pas encore d'expériences de
contrôle, de sorte qu'il serait prématuré de crier victoire.
En tout cas, c'est là un champ d'investigation plein de pro-
messes et qui^ à défaut d'une méthode de désinfection absolue ,
sera appelé à placer ce dernier anneau à la chaîne de nos mesures
antiseptiques qui nous manque encore parce qu'il est impossible
de stériliser la peau humaine.
Revenons au livre du D' Hâgler, qui, dans sa dernière partie,
traite la question importante de la prophylaxie. La première
condition pour avoir les mains « propres » c'est d'éviter tout
contact septique et, par ce mot, l'auteur entend tout ce qui est
susceptible de déposer, sur la peau, des microbes pathogènes.
Or, comme on trouve ces derniers, et surtout le staphylocoque,
(1) EvLEB. AntiBeptiBche HancoUodiumlôsungen und Improvisieren der
reg^lreobtenHandedefiiofection. Forttchr.d, Medic,, juin 1900, n* 28.
(2) J. LEVAI. Ueber Stérilisation der Hande mittels eines wasserdichten,
elasti8cheii,8terileQ Firnisabenages. Cbntralbl,/, Chir., 21 juillet 1900, n*" 29.
510 DE LA DÉSINFECTION DBS MAINS
presque partout et, ce qui importe au chirurg'ien, toujours dzT^-
les salles de malades, les pièces de pansement, etc., ou rrt
certain d'en avoir aux mains d*une manière constante, et non pa-
seulement à la suite d'une souillure brutale. (Dans ce demin*
cas, une désinfection faite de suite et à fond, aura, en génén
un bon succès.) Une jolie expérience de l'auteur donne Till;^
tration de ces faits. A la suite de travaux de laboratoire. se«
mains étaient devenues rudes et, quoiqu'il évitât tout conU>
louche, elles contenaient toujours, à côté des saprophytes.!
staphylocoque doré. Survint une période de vacances, pendân'
laquelle des soins cosmétiques remirent les mains en parEa*
état. De retour, Tauteur mit des gants de peau pour toates
ses occupations à l'hôpital et à sa consultation particulier:
et il ne les ôta que pour des opérations aseptiques. LVS'
de ces mesures fut éclatant : les mains ne contenaient que Xiii
peu de germes et plus du tout de staphylocoques. Hâgler insi^U.
dans un chapitre spécial, sur les soins à donner aux mains poa
empêcher que la peau devienne rude et qu'il se produise de?
fissures, car dans les deux cas une désinfection est tout à k::
impossible. Les plus petites fentes, piqûres, blessures, en ^
mot chaque déhiscence de Tépiderme forme une cachette, c:
les microbes entourés de graisse sont à l'abri de toute influen
mécanique et chimique. Or, ces crevasses sont justement, s^m.-
vent, la suite de la désinfection trop rigoureuse ! Les mesuH^
préconisées par Hâgler pour parer à Teffet nocif des méthodt?
désinfectantes, sont les suivantes : i^ enlever, l'opération uce
fois terminée, tout ce qui reste encore du liquide antiseptique
sur la peau par des lavages à l'eau chaude et au savon, ou mieiu
encore, avec une infusion de son qui extrait mieux le sublimé ;t:
qui empêche aussi la coloration en noir des ongles) ; 2"* ne pâs
multiplier, outre mesure, les désinfections des mains ; on peu
parfaitement s'en passer pour changer des pansements, pour les
opérations septiques, pour l'examen gynécologique simple, etc.
3^ remplacer la graisse de la peau enlevée par le savon et l'aleoii
en se frottant énergiquement, le lavage post-opératoire termint,
et les mains sèchées, avec un onguent graisseux quelconque.
WORMSER 511
i tout cela ne suffit pas pour conserver la peau lisse et élastique,
on baigne les mains fréquemment dans Tinfusion de son, on les
graisse et, pour la nuit, on recouvre la main enduite de pom-
made d'un gant de peau. Les soins cosmétiques de la peau des
mains doivent faire partie des petites habitudes journalières du
chirurgien.
Voici le contenu de ce livre rempli d'expériences originales
et critiques, voici aussi l'état de la question telle qu'elle se
présente aujourd'hui. Demain, peut-être, sa face aura déjà
changé. Comme on l'a vu, bien des points sont encore en
discussion, loin de réunir les suffrages unanimes. Mais ces
controverses sont fécondes; c'est d'elles que jaillira la lumière,
pour le plus grand bien des malades qui se confient à notre
bistouri.
Clikiqub Chiburqicalb de ul Pitis.
Péritonite mortelle, par irruption dans le
péritoine, à travers l'ostinm abdominale,
du contenu d'une salping'ite suppurée,
chez une femme enceinte de trois mois.
Par MM. Gosaet et Monchotte.
Nous avons eu occasion d*observer récemment, dans le ser-
vice de Clinique chirurgicale de M. le professeur Terrier, occ
complication intéressante et relativement rare des salpingite
suppurées : l'évacuation du contenu purulent à travers rorifice
abdominal. L'intérêt de ce cas est encore augmenté de ce fait
que la complication est survenue au cours de la grossesse.
L. S..., âgée de 26 ans, entre le vendredi 4 mai 1900, à l'hôpital d'*
la Pitié, service de M. Terrier, salle Lisfranc, lit n® 16 bis.
La malade a été réglée à 16 ans, et toujours régulièrement. Un afi
avant l'établissement des règles, pertes blanches abondantes. Premitii^
rapports sexuels à 18 ans.
1^^ grossesse à 19 ans. Accouchement à terme. Présentation da siège
Enfant mort pendant le travail. Suites de couches normales.
2' grossesse h 20 ans. Accouchement à terme. Présentation du sommet
Enfant né vivant.
Trois semaines après cet accouchement, la femme commence l
souffrir dans le cdté droit du ventre. Elle ne perd ni en blanc, ni en
rouge. A THÔtel-Dieu, où elle va consulter, on lui prescrit des injec-
tions et on lui met des tampons vaginaux glycérines. L'état s'améliore.
3* grossesse h 23 ans . Accouche à terme à la clinique Baudelooqoe le
7 avril 1897. Présentation du sommet. Albumine et petites crises cou-
GOSSET ET MOUCHOTTE 513
nlsives pendant le travail. Enfant élevé au sein maternel, mort à 32
lois de broncho-pneumonie. Suites de couches normales.
4e grossesse à 25 ans. Fausse couche de 3 mois. Après cette fausse
ouche, la malade perd du sang pendant plusieurs mois, elle souffre
leaucoup du côté droit du ventre, tandis qu'elle ne ressent rien du
^té gauche. Les mouvements» la marche ont de douloureux retentis-
ements à droite. Une sage-femme applique des tampons vaginaux. ^
Mais les douleurs et les pertes de sang persistant, la malade se décide
i entrer à Thôpital et se présente à Bichat en août 1899, soit quatre
nois après sa couche.
A Bichat on lui fait un curettage et bientôt elle peut sortir très amé-
iorée. Cependant depuis le curettage les règles, qui antérieurement
étaient indolores, deviennent douloureuses. Cet état persiste jusqu'en
janvier 1900, date à laquelle la cessation des règles marque le début
l'une 6^ grossesse.
5® grossesse, grossesse actuelle. Dernières règles, 20 au 29 janvier 1900.
Pendant les 2 premiers mois, vomissements très fréquents, céphalée,
étourdissemeuts, une syncope même. En même temps la femme
éprouve dans le côté droit du ventre des douleurs continuelles, surtout
pendant la marche et cessant dans le décubitus horizontal. Pas de
pertes blanches, pas d'hémorrhagie.
Au 3« mois, l'état s'améliore, les douleurs abdominales cessent
Mais le samedi 28 avril la femme est prise de troubles gastriques ;
pesanteur d'estomac, vomissements ; elle a de la diarrhée et souffre
dans tout le ventre.
Le dimanche 29, elle se met à la diète et reste couchée.
Le lundi 30^ elle éprouve encore des douleurs dans le ventre et des
tiraillements épigastriques. Mais la souffrance est mieux supportée.
Le mardi 1«' mai, la femme ne souffrant plus, fait un déménagement.
Elle se fatigue beaucoup, de même le mercredi 2 mai. Pendant ces deux
jours eUe perd un liquide épaist rosé.
Le mercredi 2, à 11 heures 1/2 du soir, la femme éprouve brusque-
ment une douleur très violente, dans le côté droit du ventre. Cette
douleur immobilise la malade qui reste pendant deux heures assise sur
une chaise sans oser faire le moindre mouvement. Portée dans son lit
par son mari, la malade reste couchée sur le côté gauche, sans remuer.
La perte rosée continue. Il n'y a pas de colique utérine.
Le jeudi, la malade veut se lever^ mais elle est obligée de se recoucher.
Anorexie. Douleurs généralisées à tout l'abdomen. Le contact des draps
514 PERITONITE MORTELLE CHEZ UNE FBMMB BNCBlim
est douloureux. Aucune douleur expulsive rappelant celles de Farr. .
chement. Application sur le ventre de cataplasmes chauds qui a&iila;: -
un peu. La malade, épuisée, ne peut dormir; elle sommeille ta si^
Les pertes rosées persistent.
Le vendredi, même état. Un médecin appelé pense à un avcrteaf.
en train de se faire et fait transporter la malade àTHdtel-IMen, d'oC :
èSt renvoyée à la Pitié.
A 3 heures 30 du soir. Toucher vaginal négatif, ne révâaDt tnc
signe pouvant faire porter le diagnostic d'avortement. Douleurs a:*- -
minales généralisées, rendant la palpation très difficUe : U y a d
contracture de la paroi. A droite, sensibilité exquise, au point de V*
Bnmey. Langue saburrale. Pouls 120. On pense à une appendidtt c>-
une femme grosse et tout est préparé pour une intervention*
A 5 heures du soir, temp. 38o. Pouls 140. Traits tirés, fades fatif
La malade est transportée à la salle d'opération.
Opération, — Ghloroformisateur, M. Armand Bernard. Opérait >'
M. Gosset; aide, M. Mouchotte. Sous Tanesthésie chlorofoiinîque,oQv:
ture de la cavité péritonéale par une incision médiane sons-omlûlkik
Dès que le péritoine est incisé, il s'écoule au dehors dn liqmde s^* -
purulent d'odeur fétide. Le maximum des lésions siège dans t
fosse iliaque droite. La terminaison de l'iléon, le cœcum et ra^^Modi
bien que tapissés de fausses membranes, paraissent sûns, et ea ^
portant vers l'utérus^ dont le volume est celui d'un utérus gravide ^
3* mois, on s'aperçoit facilement que c'est la trompe droite qui eit ^
point de départ des accidents. Elle baigne dans le pus; mus elle ^
libre de toutes parts, sans aucune adhérence, et du liqnide pomk:'
s'écoule par l'orifice abdominal. L'ablation de la trompe et de Tov^ir
droits est rapidement exécutée. Deux ligatures sont placées. Tune «^*
le pédicule utéro-ovarien ; l'autre, après section de llsthme, sar '<*
terminaison de l'artère utérine, tout contre le fond de l'utérus, et ^
trompe est enlevée avec l'ovaire. Un surjet ferme le bord supérif >*
du ligament large.
L'épiploon est attiré vers le petit bassin, de façon à favoriser IV-
lement du reste de l'abdomen et deux gros drains sont placés àem.^
l'utérus, l'un dans le cul-de-sac de Douglas, et l'autre an niveau de i-
fosse iliaque droite. Fermeture de l'abdomen.
L'opération terminée, on examine la trompe enlevée. L'expressi «
fait sourdre du pus par l'ostium abdominale. Une pipette est intr -
duite facilement jusque dans la cavité tubaire, à travers cet ostics
G0S8ET ET MOUGHOTTB 515
resté largement perméable, et Ton recueille dn pus qui servira aux
ensemencements .
Immédiatement après Topération, 1,500 gr. de sérum en injection
sous-cutanée. Nuit assez bonne, pas de vomissements.
S€u:nedi 5. Temp. = 38o, P. = 100.
Vers 11 heures du matin, coliques utérines qui sont facilement
calmées par une injection sous-cutanée de 1 centigramme de morphine.
Température du soir =5 38«, P. = 124.
Vers 8 heures du soir, nouvelles coliques utérines. Nouvelle injection
de 1 centigramme de morphine. •
Ail heures du soir, vomissements bilieux, assez abondants. Les
coliques utérines reprennent. A minuit, injection de un demi-centi-
gramme de morphine.
Urines : 1,000 grammes dans les vingt-quatre heures. Injection
sous-cutanée de 1,500 grammes de sérum artificiel.
Dimanche 6. A six heures du matin, la malade est très faible. Le
pouls, petit, bat 130 à la minute.
Température = 38^,5. On fait de suite une injection sous-cutanée
de 1,000 grammes de sérum.
9 heures. Malgré le sérum, le pouls est resté faible, rabattement
persiste. Injection de caféine. Dans la journée, la malade a des vomis-
sements couleur café au lait. Elle rend des gaz par Tanus.
Soir. Température = 39«, P. = 140.
Affaiblissement marqué. Un peu de sang dans les vomissements.
Pouls à peine perceptible. Cet état de grande faiblesse fait renoncer
aux injections de morphine employées comme moyen prophylactique
de l'avortement.
500 grammes de sérum. Urines 1,000 grammes.
Pendant la nuit les vomissements continuent. Coliques utérines sans
grande réaction douloureuse. Deux injections hypodermiques d'éther,
deux de caféine.
Lundi 7. 5 heures 30 du matin, la femme expulse son fœtus, presque
sans douleur. Léger suintement sanguin. Section du cordon au ras de
la vulve.
6 heures 30 du matin. Légère traction sur le cordon. Le placenta
ne vient pas. Pas d*hémorrhagie. Pas d'injection. Ouate sur la vulve.
Le pouls est à 150, très faible. La femme a du subictère, des troubles
psychiques légers. Sérum 1,000 grammes. Caféine.
8 heures du matin : T. = 37*,4, P. = 144.
516 PÉRITONITE MORTELLE CHEZ UNE FBMMB ENCBIHTB
12 heures : Céphalée.
A partir de 1 heure du soir : coma.
Urines 900 grammes, 2 lit. de sérum dans la soirée.
Température soir = 40^. La malade meurt à 9 heares dn aoir.
Le fœtus expulsé est né mort Son côté gauche est ecchymose.
Sexe masculin. Longueur : 14 centun. 5. Poids : 40 gram.
(Chiffres concordant à peu près avec les moyennes données ,'<r
Hecker.)
Mercredi 9, Vautopsie de la femme révèle des lésions de péritctLÎ*
généralisée.
Appendice sain.
L*utérus, le vagin, la vessie, le rectum sont énucléés en Moc. l ^
partie du placenta est sentie dans le vagin, près de Forifice vnlvaîr
Examen d€ la trompe enlevée (note remise par M. Bezançon, chef c.:
laboratoire de la Clinique) . — La trompe divisée ne présente et.--
rieurement aucune solution de continuité de sa paroi ; elle est dist^'s-
due par du pus. L'examen histologique montre la paroi muscub-cc^-
jonctive indemne de toute suppuration; la muqueuse elle-même est e:
partie conservée, quoique très modifiée : on ne trouve plus tnct t:
franges, mais des assises superposées de cellules cubiques. Le pus l
contenait pas de microbes aérobies, il n'a pas été fait de coltorr-
anaérobies.
Examen de l'utérus, — A droite, on voit la section de la trompe «
du pédicule utéro-ovarien. A gauche, les annexes sont intactes et cV.
dans Fovaire gauche que siège le corps jaune de grossesse.
L^utérus mesure transversalement 7 cent. 5 sur la face antérietLr
10 centim. 5 sur la face postérieure, entre Tinsertion des deux pédh
cules utéro-ovariens. A ce niveau la face postérieure ^t asseï fotir
ment convexe.
Le cul-de-sac recto-vaginal est à 13 cent de distance du bord sopr-
rieur de l'utérus.
Coupe verticale antéro-poslèrieure de la pièce^ respectant la paroi z»^-
térieure de Vutérus. (Les deux moitiés de la coupe sont écartées oomiiy
les deux coquilles d'un mollusque lamellibranche, la paroi postérieur
formant charnière.)
La section intéresse la vessie entièrement, les parois antérieures à<
Tutérus et du vagin.
La coupe de la vessie mesure 7 centim. de hauteur, les deux face«
étant au contact.
GOSSBT ET MOUCHOTTB 517
Le péritoine, pour aller dn sommet de la vessie sur le col utérin, ne
lescend pas, en quittant le sommet vésical, la paroi postérieure de la
vessie pour remonter ensuite sur la face antérieure du col : autre-
ment dit le péritoine ne sUnsinue pas dans Fangle dièdre c[ue forment
en se séparant la paroi postérieure de la vessie et la face antérieure du
col utérin, mais il s'élève directement du sommet vésical sur Tutérus,
laissant libre Fangle dièdre. Le point où le péritoine aborde Futérus est
situé à 2 centimètres au-dessus du plan de la veine circulaire.
Le vagin * mesure une hauteur de 7 centimètres. L'épaisseur de la
section de sa paroi antérieure est de 4 mm. ; celle de la vessie est de
3 mm., soit donc 7 mm. d'épaisseur pour la cloison recto-vaginale.
La coupe montre, descendant de la moitié gauche de l'utérus, pas-
sant par Forifice externe du col, et arrivant dans le vagin jusqu'à
5 centimètres au-dessous de cet orifice externe, le placenta, en grande
partie décollé.
Ce placenta, en place sur la coupe, figure une masse charnue,
étroite et allongée, de 14 centimètres de longueur. Sa face utérine,
irrégulière, tomenteuse, en partie altérée, s'offre seule à la vue.
Prenant ce placenta par sa partie inférieure (descendue dans le
vagin) et le soulevant avec une pince, on constate qu'il est décollé
presque de toutes parts, n'adhérant plus qu'en haut au niveau de la
corne gauche de Futérus. En le relevant de bas en haut et en faisant
de l'adhérence à la corne gauche une charnière, on découvre alors la
face qui échappait à la vue, la facefœUile, et on peut se rendre compte
de l'étendue de la portion placentaire restée adhérente.
Le placenta adhère encore, dans la partie gauche de Futérus, à la
paroi postérieure, à la paroi antérieure^ au fond, et au bord.
L'adhérence qui existe encore se fait à la fois par les membranes et
le tissu placentaire et sur une hauteur de 3 centim. 5 à 4 centimètres.
Le tissu placentaire adhère surtout à la face postérieure.
Intéressant la partie supérieure de la paroi postérieure par la coupe
médio-verticale, appliquant par pression Vutie à Vautre les deux parois
antérieure et postérieure de l'utérus, on constate que la tranche de la
section antéro-postérieure de la moitié gauche de Futérus mesure en
épaisseur, au niveau de l'insertion qui persiste du placenta, 4 centim. 5.
Or sur ces 4 centim. 5 la portion centrale, friable, cruentée, placen-
taire, mesure 2 centim. d'épaisseur.
La moitié droite de l'utérus a sa cavité vide. En haut, en un point
homologue de celui occupé à gauche par l'insertion qui persiste
518 PÉRITONITE MORTELLE CHEZ UNE FEMME ENCEI9TI
encore du placenta, la coupe de la paroi postérieure mesure 26 mMx, \
d^épaisseur. A ce niveau la cavité utérine est limitée par ime im i
cruentée, épaisse de 12 millim. : c^est Taire placentaire où sluén.
une partie décollée du placenta.
La tranche de section médio-verticale de la paroi postérieure étu*
prolongée en bas vers le vagin, apparaît cruentée, spongieuse, nt
la coupe du col s'ouvrent béants et larges de nombreux sinus utén>.
Pratiquant les mensurations de la hauteur de rutérus, de la eati.
du corps, de la cavité cervicale, de Tépaisseur prise sur la sevitA
de la tranche antérieure, nous trouvons les chiffres suivants :
Hauteur deTutérus i= 12 centim. 3.
Hauteur de la cavité cervicale = 3 centim. 7. A 1 œntim. sA-éss?^-
de Forifice interne, sur la tranche de section, se voit la coupe de L
veine circulaire, la Kranzvene des Allemands.
Hauteur de la cavité du corps utérin (de Torifice interne du «il «
fond de la cavité) = 6 centim.
De Torifice interne du col au bord supérieur de l'ut^ns (comfp'^
nant donc dans cette dimension l'épûsseur de la paroi au nivesa «1:
fond) = 8 centim. 6, soit donc 2 centim. 6 d'épaisseur de la paroi à
fond, sur lesquels il faut déduire 1 centim. 2 d'épaisseur du tissudéo
dual.
Épaisseur de la tranche antérieure au niveau : de l'orifice exter»
du col, 1 centim. 5 ; de Torifice interne du col, 0 centim. 8 ; à la pKly
moyenne du col, 1 centim. ; de la veine circulaire et de Tanneau de coc*
traction, 1 centim. 3; à 1 centim. au-dessus de cette veine, 1 centim. *
du fond, 1 centim. 5.
Cette observation est doublement intéressante.
1® L*examen de l'utérus gravide montre un placenta se pnr
sentant par un bord et en voie de décollement. Le placenU
adhère encore partiellement à la corne gauche de ruténis
seize heures après Texpulsion du fœtus. Enfin les dimensiofii
en longueur et en épaisseur des différentes parties de Tutém?
apportent quelques documents supplémentaires pouvant éclai-
rer la question encore à l'étude des mensurations de Tutérc?
gravide, suivant les diverses époques de la grossesse.
2^ Au point de vue chirurgical, il s'agit dans cette obserra*
tion d'un fait exceptionnel : l'évacuation d'une salpingite sup-
G08SET ET MOUGHOTTE 519
»urée, à travers Tostium abdomÎDale, demeuré perméable. Il
aut se demander pourquoi, dans ce cas, rorifice abdominal
\e s^est pas oblitéré, comme il est de règle dans les salpingites
>uppurées et si la grossesse n'est pas pour quelque chose dans
i^etie anomalie.
Quand on consulte les traités de gynécologie, on trouve sim-
plement mentionnée la possibilité pour une salpingite suppu-
rée, de vider son contenu à travers Torifice abdominal jusque
dans la grande séreuse péritonéale.
<c Très souvent, en même temps que se développe la salpin-
gite, V orifice abdominal delà trompe se ferme. Ce n'est guère
que dans la salpingite catarrhale et dans les salpingites puru-
lentes rapidement développées sous l'influence de l'état puerpé-
ral que cette oblitération fait défaut. Le danger est alors immi.
nent, car la collection purulente risque fort de se vider dans
r abdomen et de provoquer une péritonite (1). »
c C'est surtout dans les cas d'infection puerpérale qu'on a
observé la perméabilité des deux orifices tubaires (2). o
Terrillon (3), parlant des poussées de pelvi-péritonite, cher-
che à en déterminer la cause. « L'explication de ces poussées
péritonéales qui peuvent se renouveler plusieurs fois à des
intervalles irréguliers et même chez quelques femmes jusqu'à
vingt-cinq et trente fois, est assez difficile à donner. Dans la
première poussée, on peut supposer que la trompe béante laisse
échapper dans le péritoine des produits septiques qui s'infiltrent
plus on moins loin. Cette explication de la première atteinte,
parfois unique d'ailleurs, est vraisemblable. Mais comment les
poussées successives se produiraient-elles, à intervalles sou-
vent éloignés, par ce même mécanisme, alors que la trompe est
(1) Labadib-Laqbavb et Lbgukv. l^ité médico-chirurçical de gyné-
eologie^ Pftris, 1898, p. 663.
(2) Dblbst (Pibbbb). Des êuppuratiofu pelviennes chez la femme, PariB,
1891, p. 60.
(3) Tbbrillok. Salpingites et ovarUes. Paris, 1891, p. 65.
520 PÉRITONITE MORTELLB CHEZ UNE FBMMB ENCCnm
englobée dans des membranes, ou oblitérée, et que lesadb—
renées qui Tentourent empêchent les liquides de circuler dal-
la cavité péritonéale ?
a II est probable que ces inflammations qui se déTelop(>r:
souvent brusquement, sont dues, soit à des ruptures Ae .:
trompe, soit à des déchirures qui se produisent dans les faB5-*^
membranes. J'ai fait à ce sujet une remarque importante
toutes les fois que j'ai enlevé des trompes oblitérées et dont -r^
franges avaient disparu, Torifice de la trompe étant rempk^ r
par cette cicatrice rayonnée dont j'ai souvent noté la présêitcr,
les malades n'avaient pas subi depuis plusieurs mois ou itpri*
plusieurs années de poussée péritonéale : elles en avaient -
cependant au début de leur maladie. Il m'avait alors semble c%
cette oblitération déjà ancienne expliquait Tabsence de po-^^
sées.
a Au contraire, plusieurs malades auxquelles j'ai enlevé dr;
trompes dont le pavillon existait encore, quoique altéré, do::'
les franges étaient encore visibles et Torifice encore permêal'r
avaient présenté des poussées de péritonite récentes et quelqifc^
fois répétées à quelques mois d'intervalle. En me rappelant cr
observations, je me demande si une condition indispensable -
ces poussées péritonéales ne serait pas la persistance de 1 o;.-
verture péritonéale de la trompe. »
Seuvre et Lorain ont étudié plus longuement cette compIiv«*
tion rare des salpingites suppurées.
Seuvre (1) rapporte un certain nombre de cas de trompa
purulentes vidées dans l'abdomen . Il a pu en réanir dans ^^
thèse exactement douze cas (cas de Valleix, de Noël Gaeneaa l-'
Mussy, d'Oldham, de Siredey, de Aran, de Cusco, de Chassa.-
gnac (2), de Kormann, de Lorain, de Dolbeau (2 cas), c
Brouardel et Martin). — Les deux cas de Dolbean sont part-
(1) Ed. Seuvre. Rerhcrches «ur Vinfiammation des trompe* ntérimrs't '
conséquences. Th. doctorat, Paris, 1874, n» 279.
(2) Le cas de disco et celui de Chassaignac sont relatés dans la th^ <•
doctorat de Letbintubier. Paris, 1S72.
GOSSBT ET MOUCHOTTB * 521
culièrement démonstratifs . À l'autopsie de deux malades mortes
de péritonite aiguë, on trouva une salpingite purulente dont
le contenu pouvait passer librement dans la cavité abdominale
à travers Torifice péritonéal.
Dans le cas relaté par Lorain (1), on a cherché à expliquer
la façon dont peut se produire cette complication. Une jeune
fille de 16 ans, ressent, à la suite de rapports sexuels subis pour
la première fois, des douleurs dans le bas-ventre, en même
temps qu'elle perd en blanc. Après chaque examen au spéculum,
la malade s'agitait beaucoup et se plaignait de vives douleurs
dans Tabdomen. On prescrit des injections vaginales, très fai-
blement poussées, avec une solution faible de nitrate d'argent.
Une injection de cinq centigrammes est faite avec beaucoup de
douceur et une portion du liquide ressort même du vagin.
Immédiatement après, vives douleurs dans Tabdomen, phéno-
mènes de péritonite et mort en quatre jours. L'autopsie judi*
Claire pratiquée à la morgue par M. Tardieu permit de cons-
tater que « les trompes étaient remplies de pus, dont une partie
s'était écoulée dans le péritoine et y avait causé une péritonite
diffuse D. Lorain explique l'accident, non par la pénétration
du liquide injecté jusque dans le péritoine — les conditions dans
lesquelles Tinjection fut pratiquée rendent cette hypothèse
impossible — mais par le pouvoir contractile des trompes et
l'excitabilité nerveuse de l'appareil utéro-ovarien.
Si l'on étudie le mécanisme de la fermeture de l'orifice abdo-
minal, on voit qu'il s'eiTectue suivant plusieurs modes. Tantôt
la fermeture s'opère par accolement des franges du pavillon,
soit par accolement des faces muqueuses des franges, soit par
rétraction des franges et accolement consécutif de leur face
péritonéale. Mais bien souvent, au cours des laparotomies, on
constate, après la destruction des adhérences, que la trompe est
restée perméable au niveau de son orifice abdominal, et que
(1) Lorain. Injection vaginale suivie de mort, obeenration recueillie par
M. Quénu, externe du service. Oaz. àen hôpitaux^ Paris, 1875, n« 140,
p. 1113.
Aini. DK OTH. — VOL. UT. 84
522 PÉRITONITE MORTELLE CHEZ UNE FEMME ENCEDTrB
robturaiion de la cavité est; obtenue par raccolement dn paviE* r
aux organes voisins, ceux-ci formant bouchon. L^obCnrati^
est obtenue soit par Tovaire, soit par Tépiploon et les ac>:-
grôles, soit le plus souvent pardei§ adhérences inflammatmr^
maintenant la trompe dans le cul-de-sac de Douglas. Lorsi^"^
la trompe se distend, son poids augmente et elle tend i. .'
naturellement à tomber dans le cul-de-sac postérieur où bkt-
tôt des adhérences la fixent et la maintiennent. Et finalenkn:
ces adhérences, surtout marquées au niveau du pavillon, pas-
que c*est là qu'agit le plus directement le contenu sepUque <>
la trompe, font de ce pavillon a le point le plus résistant » i!
Dans de telles conditions la trompe peut se rompre, mais elr
ne saurait laisser échapper, comme dans le cas que nous rapfK?*
tons ici, son contenu septique à travers Forifice abdominal.
Pour que Torifice abdominal conserve sa perméabilité, il fi-
que la rapidité d'évolution de la salpingite ne laisse pas a:
pavillon le temps de contracter des adhérences avec les orgacf^
voisins, ou bien encore que la trompe soit dans une situât
anatomique telle, qu'elle ait peu de chances de contracter cf?
adhérences. Dans notre cas, cette double condition semble étr
réalisée. Si Ion relit avec soin Thistoire de notre malade, on }
trouve notée de légères douleurs dans le côté droit. Il y a»
évidemment un léger degré de salpingite, très lé^r du reste
puisque le curettage pratiqué à Bichat n'a pas été suivi de 1:
poussée inflammatoire, qui est de règle quand il y a salpingitr
évidente : au cours de la grossesse, la trompe droite a présect
une poussée inflammatoire et comme elle ne pouvait se fixt-
dans le cul-desac de Douglas, comme elle était attirée tj-
dessus de la cavité pelvienne par T utérus gravide, elle n'a p
s'accoler à l'intestin grêle trop mobile et elle a vidé son conWoE
purulent en plein péritoine.
L'examen bactériologique est resté négatif, les culture
n'ayant rien donné. 11 est regrettable qu'on n^ait pu faiiv U
(1) VuiLLIÈME. Rvjitvn' (U'9 coUcctiaHJi enkjfstécê (le Pabtiomm «« <%*!
dn jkjJfM^r ahdominaU Th. doctorat, Paris, 1900, n* 359, p. 20.
GOS8BT ET MOUCHOTTB 523
recherche des anaérobies et qu'il n'ait pas été pratiqué d'examen
direct sur lamelles.
L'examen direct peut montrer la présence de gonocoques et
nous savons maintenant, depuis les recherches deReymond(l),
qu'il n'est pas rare^ dans la salpingite blennorrhagique, d'ob-
server la perméabilité du pavillon. Dans son travail, Reymond
rapporte l'observation d'une malade âgée de 19 ans, opérée par
le D^ HartmannleS octobre 1894, pour une salpingite blennor-
rhagique. L'inoculation gonococcique remontait à six mois, et
le pus coulant de Tutérus contenait des gonocoques. Les symp-
tômes de salpingite dataient de un mois. Or, après ablation
de la trompe, il était facile par pression de faire sortir par le
pavillon, une goûte de pus épais et jaune, absolument semblable
à celui qui coule du méat d'un blennorrhagique.
Cependant, dans notre cas, nous ne pensons pas qu'il s'agisse
de salpingite à gonocoque. Nous ne le pensons pas, parce que
le début remonte à plusieurs années et qu'il paraît plutôt y
avoir eu infection puerpérale. Mais ce qui nous fait avant tout
écarter l'hypothèse d'infection blennorrhagique c'est que l'évo-
lution delà salpingite à gonocoque ne compose pas, même avec
persistance de l'orifice abdominal, des complications périto-
néales aussi graves. Reymond, parlant de la soi-disant péritonite
mortelle qui suit toujours lablennorrhagiedela trompe, lorsque
celle-ci n'a pas le temps de se fermer, dit qu'il n'a vu jamais d'ac-
cidents de ce genre dans le cas où le pus coulait dans le péritoine
et qu'il ne connatt pas d'observation de mort survenue à la
suite d'une péritonite généralisée due à des gonocoques.
Nous pensons plutôt qu'il s'est agi chez notre malade d'une
infection post-puerpérale de la trompe, restée très atténuée
pendant longtemps. Mais la même infection, très atténuée au
niveau de la muqueuse tubaire, peut devenir extrêmement viru-
lente, une fois déposée sur le péritoine, ainsi que Ta démontré
(1) Reymond. Contribution à Vétude de la baotériologieet de TanatomiB
pathologique des «alpinço-ovariteSy Thèse Paris, 1896.
524 PERITONITE MORTELLE CHEZ UNE FEMME
Morax (1) à propos d'une double salpingo-ovarite sappnr^ ï
pneumocoques. Le pneumocoque constaté dans le pus de la
trompe n'avait donné aucune culture et n'avait pas tué la sourie.
sur la séreuse péritonéale il avait retrouvé toute sa vimleDce
et provoqué une péritonite suraiguê.
C'est ce qui est arrivé chez notre malade, qui a succombé a
une péritonite à forme grave.
(!) MOBAZ. Salpingo-ovarite double supporée à pneurnoocqnes, in Ammki
de Oyn. et d'Obst., Paris, 1893, 1« semefitre, p. 208.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DE GYNECOLOGIE ET DE PEDIATRIE 525
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ D OBSTETRIQUE, DE GYNécOLOGIE ET DE PEDIATRIE DE PARIS
Séance du k mai 1900.
Paqut. Tératome développé dans l'épiploon gastro-hépatiqne d'nii
fœtus da sexe féminin de huit mois environ. (Rapport de M. Porak.) —
La mère, Yllpare, est accouchée à la clinique Baudelocque; elle n'a pré-
senté de pathologique pendant sa grossesse qu'un œdème considérable
de la paroi abdominale et des membres inférieurs ayant débuté vers
sept mois et demi. Rupture prématurée des membranes. Présentation de
répaule. Extraction d'un enfant mort-né du sexe féminin long de
40 cent., pesant 2,670 grammes, dont le ventre volumineux mesurait au
niveau de l'ombilic 38 cent, de circonférence. La cavité abdominale
était occupée par une tumeur étendue du diaphragme à 3 centim. au-
dessus du pubis sur une hauteur de 11 centim. Cette tumeur est
développée dans l'épiploon gastro-hépatique. La surface blanc gris&tre
est parsemée d'Ilots hémorrhagiques, de petits kystes et de masses
cartilagineuses. L'examen hlstologique a montré l'existence, dans
cette tumeur, de cartilage et de glandes revêtues d'un épithélium
cylindrique.
Ces tumeurs sont en général sus-ombilicales ; ce sont tantôt des
kystes renfermant un embryon ou un fœtus, tantôt des membres ou
des organes rudimentaires, tantôt un bloc de tissus informes.
Dans le cas observé par M. Paquy la tumeur n'était, en somme, que
le vestige d'un second embryon inclus dans la cavité abdominale du
premier lors de la fermeture des somatopleures. Cette observation
apporte donc un document de plus à l'histoire des grossesses univi-
tellines.
ScHWARTz. Fibrome sons-péritonéal de Tatémsà pédicule tordu. —
Femme de 48 ans, nullipare. En juillet 1899, accidents de péritonite
généralisée pendant six semaines. La crise terminée, on constate qu'elle
porte une tumeur dure, immobile dans le flanc gauche. Le diagnostic
porté par M. Schwartz fut celui de fibrome sous-péritonéal probable-
526 SOCIÉTÉS SAVANTES
ment tordu. L*opération permit de vérifier le diagnosUc, d^enlev^ U
tmneur en laissant Tutérus, et de guérir la malade. Le lîlirotDe, kc
de 20 centim. , adhérent à la paroi, à l'intestin, à répîploon, tenait p>sr l
pédicule long de 1 centhn. gros comme un crayon, tordu anefoîset«kci!
suivant le sens des aiguilles d'une montre, inséré sur Tangle droit .!•
rutérus.La coupe de la tumeur montrait une apoplexie totale du Gbros
RicBBLOT. Lasclérose utérine et la vraie m6trite. — (VoirUoome:-
nication m extenso dans le n<> de mai 1900, p. 368.)
QuéifD. Kyste de l'ovaire opéré an cours delà grossesse (sixiev
mois), guérison de la mère, avortement. — Femme de 22 ans» portK'
depuis longtemps une petite tumeur de la cavité pelvienne. EncdJkt-
de cinq mois et demi. La tumeur molle, mobilisable, ne pouvait éir
refoulée au-dessus du détroit supérieur. Laparotomie. M. Quénu T'
franchir non sans peine le défilé constitué d'un côté par la paroi jtelvieis-
de l'autre par l'utérus. Ovariotomie. Durée de l'opératioa : ^ixu'
minutes. Guérison. Avortement, trente>deux heures après ropéntiic.
L'enfant vécut onze heures.
M. QuéNU pose à propos de cette observation deux questions : l^fu
fluence du traumatisme opératoire sur l'évolution de la gros^i^
M. Quénu a enlevé pendant la grossesse un fibrome ramolli, ns^
trompe suppurée sans que les malades aient avorté. La questioa ^
donc très obscure ; 2® les indications de Tovariotomie pour kysk à'
l'ovaire pendant la grossesse. La fréquence de la torsion dn pédics^
pendant la grossesse, l'enclavement possible pendant le travail à-:.
deux raisons suffisantes pour conseiller l'intervention chirargicak'
M. Pinard. — Pendant la grossesse tout kyste de l'ovaire diagsu^
tiqué doit être enlevé. Telle est la règle générale que M. Pinard prér^
nise et qu'il a formulée, il y a quelques années. M. Pinard conseiUe *
la suite de laparotomie, dans les cas de grossesse, des injections soq^
cutanées de morphine pratiquées systématiquement comme traitem(^^'
prophylactique de l'accouchement prématuré. D ne faut pas attend"
l'apparition de contractions utérines douloureuses, mais d'emblêt*<^'
aussitôt après l'opération, pratiquer ces injections et les continuer hsi
ou dix jours.
M. Quénu a fait prendre à son opérée, pendant les vingt-quatre heun^
qui suivirent l'opération, 3 centigr. 1/2 de morphine et 30 gonlt«^
de laudanum en lavement.
M.Tbrribr, en présence d'un kyste de l'ovaire uniloculaire diagnô^
SOCIÉTÉ D*OBSTBTRIQUB, DE GYNÉCOLOGIE ET DE P^:DIATRIE 527
tiqué pendant la grossesse, est partisan de la ponction. Il rapporte une
observation où il fit la ponction au sixième mois: Taccouchement eut lieu
à terme ; Tovariotomiene fut pratiquée q[ue quelques semaines plus tard.
M. Pinard considère la ponction comme un danger pour la mère et
pour Tenfant.
M. QoâHu distingue les kystes pelviens qui doivent toujours être
opérés, et les kystes abdominaux pour lesquels il serait moins absolu.
M. Pozzi est partisan de l'ovariotomie à toutes les périodes de la
grossesse. Il conseille une incision très grande et haute de la paroi
abdominale, de façon à ne pas violenter Tutérus.
M. Second. Présentation d'un ntèros montrant combien le retour
ée cet organe à l'intégrité peut être satisfaisant et complet après
Tablation des fibromes interstitiels que rhystérotomie cervicale per-
met de morceler parle vagin sans hystôrectomie. — Depuis plusieurs
années M. Segond s'est efforcé de régler le manuel opératoire et de
fixer les indications de Ténucléation et du morcellement des fibromes
interstitiels du corps utérin môme volumineux (jusqu'à 1 kilogr.) par
la voie vaginale. Il sectionne le col dans toute sa hauteur soit d'un côté,
soit de deux côtés, et, par cette hystérotomie cervico- vaginale, il obtient
sans ouverture du péritoine et sans danger de blesser l'uretère un libre
accès dans la ca\îté du corps utérin. Il peut alors explorer la cavité
utérine, sentir les fibromes, effondrer leur coque ou les débrider au bis-
touri, et, suivant qu'ils sontiietiis ou gros, les énucléer ou les morceler.
M. Segond a eu l'occasion de vérifier anatomiquement le retour à
l'intégrité de l'utérus après rablation par morcellement d'un fibrome
interstitiel de la paroi antérieure du corps utérin.
La malade, dont l'état général était mauvais (anémie, albuminurie,
mélrorrhagies profuses), fut opérée en février 1899 ; elle avait à cette
époque une double aune xi te qui semblait non suppurée, et dans la
paroi utérine antérieure on percevait nettement Texistence d'un gros
fibrome. M Segond, devant la gravité de l'état général, se contenta de
procéder h l'ablation du fibrome par la voie vaginale ix)ur supprimer
les pertes de la malade. Elle guérit.
En juin 1899, poussée ai gui^. du côté des annexes; des accidents brigh-
tiques font différer l'intervention.
En avTÏi 1900, nouvelle et grave poussée de pelvi-périlonite avec
poches purulentes bilatérales. Le 12 avril 1900, M. Segond pratique la
castration totale par le vagin. Guérisou. Sur l'utérus enlevé on constate
528 SOGléTBS SAVANTES
qne la paroi antérieure, siège da fibrome, est on pea amincte, mÛ5 -
rotronvé sa texture normale, sans solution de continuité. Au point ^
vue histologique, il n*y a qu'une légère diminution de la vascularyatk c
M. DoLÂRis est très partisan, conune M. Segond, de Topénb!
d'Amussat,opération conservatrice qui s'adresse utilement à des fenxL-
jeunes et nullipares. Il l'a pratiquée un certain nonoibre de Uns in-
succès. Le seul danger est la nécrose delà paroi utérine {onnant '
paroi externe de la loge du fibrome, paroi qui peut être très jomcv
M. ScHWARTz a pratiqué une fois par bystérotomie médiane Wf-
ration dontvient déparier M. Segond. m'a abandonnée. Il reste portl-^
de l'hystérectomie abdominale totale en cas de fibrome. En toat -i-
il préférerait l'incision médiane du col.
M. Pozzi, comme M. Scbwartz, croit que l'opération recxHUiusî?'
par Segond a des indications très restreintes ; qu'eUe peut être iiia«-
plète en laissant de petits fibromes ; qu'elle peut être dangereuse lorsq^
les fibromes sont rapprochés de la séreuse.
M. Second. — Il est exact que le diagnostic clinique de la pi>!â^
lité de morceler un fibrome par le vagin n'est pas toujours poâsi]^
mais au cours de l'acte opératoire, dès qu'on peut voir et tondk-r '-
fibrome, on peut reconnaître avec certitude s'il existe d'autres ma?;*^
fibreuses, si la coque utérine est intacte. Si l'on constate alors une i^r-
forationou des masses fibreuses dangereuses pour l'a venir, on pratiq.
l'hystérectomie. Un traitement consécutif bien dirigé met à Falfi >
complications septiques consécutives. Quant à la section latérale du c'i^
elle est le plus généralement bien supérieure aux incisions médilD^
car elle permet de remonter haut sans décollement de la vessie et sût
ouverture du péritoine.
Enfin, les indications de cette opération sont loin d*ètre exreptkc-
nelles. Il suffit, pour s'en convaincre, d'étudier les utérus fibromatai^
enlevés par hystérectomie vaginale. Nombre de fois M. Segond a \^
rétrospectivement constater que la simple ablation du ou des fibrome
aurait été possible.
Sur le traitement de la grossesse ectopiqne. — (Discussion snrb
communication de M. Dgléris. Séance du 6 avril 1900.1
M. Pinard. — Il est vrai, comme l'a dit M. Doléris, que Toenf fr
éclater la trompe d'autant plus tôt qu'il est greffé plus près de lulmi-
et cela, en déterminant des hémorrhagies considérables ; mais e>t- ■
DE LA DÉSINFECTION DBS MAINS 529
ossible cliniquement de faire le diagnostic du siège exact de la gros*
esse ectopique ? M. Pinard ne le croit pas.
M. DoLiRis. — La remarque de M. Pinard est juste ; cependant, dans
[uelques cas, alors que la grossesse peu avancée n'a encore donné
teu à aucun accident hémorrhagique, il ne semble pas impossible de
préciser le siège de l'œuf.
M. Doléris insiste sur les faits d'avortement et de rétention tubaire,
iur les hémorrhagies successives que révèlent les stratifications des
vieux caillots intratubaires, sur les contractions douloureuses de la
trompe hypertrophiée rappelant les coliques expulsives de tous les con-
duits musculaires. Enfin M. Doléris rapporte Tobservation d'une femme
à laquelle, par colpotomie antérieure large, il ouvrit un sac tubaire
dont Tablalion, tentée par la voie abdominale, lui parut dangereuse.
Il se contenta de vider la poche de ses caillots et laissa le placenta, en
drainant et en tamponnant la cavité. Dix jours après, il enleva le pla-
centa avec une curette large. Guérison. L'essentiel, dans les cas de ce
genre, lorsqu'on opère par le vagin^ est soit d'extirper la trompe en entier,
soit de l'ouvrir largement quand elle est accessible, et qu'elle adhère à
la paroi pelvienne supérieure ou antérieure. Dans ce dernier cas^
IMiémostase doit être pratiquée avec soin sur la tranche vaginale et sur
la i>aroi tubaire.
A. GOUTBLAIRB,
iQterne des hôpitaux.
REVUE ANALYTIQUE
LA DéSINFBCTION DBS MAIIfS
Der gegenw&rtige Stand der Hândedesinfectionsfrage ùnd diè
nfichsten Problème derselben. Dôdbrlbin. Deut. med, Woch., n9 42,
1900, p. 669.
DOderlein croit qu'il est impossible de se désinfecter complètement
les mains, de les rendre a aseptiques » au sens bactériologique et
absolu du mot ; dans les opérations que nous appelons aseptiques et
où Von obtient une réunion per primam, nous déposons dans la plaie
des germes très peu virulents dont les résistances naturelles de l'orga-
530 nevuR analytique
nisme triomphent facilement. Mais à côté de ces hôtes habitatr!?
peu dangereux de notre revêtement cutané, il faat placer les bîiT'..'
pathogènes que des contacts septiques ont pu apporter sur nos miL-
leur présence est un danger considérable contre lequel noas &:
efforçons de lutter chaque jour davantage, d'une part en éritsBt •--
contacts septi<pies ; d'autre part, comme il est prouvé que les mmt :
peuvent être absolument désinfectées, en évitant que les raaiiis> et-
même ne touchent la plaie opératoire. Pour Dôderlein, les ganb tir .
de Bfikulicz ne sont pas un progrès, au contraire ; pour lui, Tri-
Bctuellement, ce sont les gants de caoutchouc qui ont malheDieasee •
Finconvénient de coûter cher si Ton a à s'en servir souv^^t. 5*':-
moins, il semble à Dôderlein que c'est dans ce sens (gants im^
méables et peu coûteux) que doivent tendre les efforts des eheirbf^^
P.LccÈn.
Berichtigûngen zu Ahlfeld's Artikel. Einige Bemerkmigeii zo ùr
Tûbingerli&ndedesinfektionsversuchen. Paul et Sabwbt, in Cmtr.f-
Gymik., 1900, n^ 37, et Centr.f. Gyn., n» 42, p. 1094, 20 octobre \^<
Les auteurs répondent à un article d'Ahlfeld, dans lequel celi^-'
critiquait les expériences qu'ils avaient faites à Tobingen sur >
procédé de stérilisation des mains. Paul et Sarwey maintiennent 1a*
anciennes conclusions : on peut, grâce à la désinfection par 1 -i-
chaude et l'alcool (procédé de Ahlfeld), obtenir une diminutioD o»")-
dérable du nombre des microbes qui se trouvent sur les mains noraul-
après un séjour plus prolongé des mains dans l'eau ehande et :--
brossages répétés, on peut obtenir encore une diminution de gens'^
en nombre plus ou moins grand, dans tous les cas.
De leurs recherches on peut donc conclure que,contrairement àce q. *
dit Ahlfeld, les mains n^ sauraient être rendues ahsolwnsnt oâe^-
par la méthode de désinfection à l'eau chaude et l'alcool.
P. LBCftHI.
Nochmals zur Desinfection der Hebammenhfinde, par Kosmari, ii
CentralbL/ur Gyn., 20 octobre 1900, n« 42, p. 1089.
L'auteur recommande fortement la pratique suivante qu'il a exp^.
mentée à sa clinique, pour la désinfection des mains des ^ir^
femmes : l^ savonnage avec le savon au marbre de Schleich feoA^
trois minutes, d'abord sans eau, puis avec un peu d'eau ; 2* riztcar
des mains ; 3» lavage pendant sept minutes avec une solution d^ ly<<
BIBLIOGRAPHIE 531
2 p. 100, sans brosse; 4» séi*.hage des mains; Ô» s'enduire les mains
& chirol, les laisser sécher (trois minutes) ; opérer avec les bras sortant
e la solution de chirol. Pour plus de détails, Tauteur renvoie à ses
rticics du Ceniralblatt sur le chirol. P. LscàiiB.
BIBLIOGRAPHIE
THÈSES RUSSES
Étude des altérations anatomo-pathologiqnes de la portion vaginale
de l'utérus prolabé, par P. E. Ausxiiiv. Thèse de S'-Pétersbourg, 1897.
Après Texamen de 11 cas Fauteur a trouvé que le prolapsus de
l'utérus 8*accompagne toujours d'altérations notables de sa portion
vaginale. Dans l'ensemble, elles peuvent être réduite : à l'œdème
et à rinflanmiation chronique du parenchyme de la portion vaginale
et de la muqueuse de la partie correspondante du canal cervical.
En particulier on trouve :
1^ Que la muqueuse de la portion vaginale subit une dégénérescence
cornée et qu'elle est couverte non seulement d'érosions, mais
quelquefois de véritables ulcérations.
2* Que la muqueuse du canal cervical est couverte sur une étendue
plus ou moins grande d'un épithélium stratifié, pavimenteux et non
d'un épithélium cylindrique.
Cet épithélium stratifié dans le cas d'ectropion subit également la
dégénérescence cornée;
S*) Que les glandes de la muqueuse du canal cervical augmentent en
quantité et en taille, et qu'elles subissent quelquefois la dégénérescence
kystique ;
4^ Que les veines et les vaisseaux lymphatiques se dilatent et que
les parois artérielles sont atteintes d'inflammation chronique ;
50 Que les faisceaux musculaires de la portion vaginale au cas de
prolapsus sont raréfiés et moins denses, tandis que le tissu intermus-
culaire, au contraire, est très développé ;
60 Que dans le slroma de la portion vaginale, on trouve par places
une infiltration cellulaire diffuse ou en foyers, quelquefois localisée
autoor des vaisseaux et des glandes ;
î
532 BIBLIOGRAPHIB
7® Que les fibres élastiques de la portion vaginale ne subissent ps-
dant le prolapsus aucune altération soit quantitative, soit qnaiîlBtî^^
D.
Étude de rinlection streptococciqne aiguë dans U péviode
tnm et de raction du s6rum anti-streptooocciqne, par Kurm. Ite
de Saint-Pétersbourg, 1898.
L'auteur se propose d'étudier expérimentalement : 1* Taclion de I^=
f ection streptococcique d*une certaine virulence sur Torganisi
post'partum.
2<» Quelles sont les altérations anatomo-pathologiquea plus
constantes des organes.
3* Et expliquer : 1» Faction du sérum anti-streptococciqae, 2» crc-
ment peut-on l'apprécier en se basant sur l'état des tissas des at^Dr*
et sur le rapport existant entre eux et les microorganismes.
Dans ce but, l'auteur a fait toute une série d'expériences sTec .-
cultures anti-streptococciques en les introduisant dans le vagin, sotb-i
peau, dans l'utérus et dans le sang des lapines ayant mis an i&ai:^
peu de temps avant leurs petits.
A une catégorie de ces animaux on a injecté le sémm anti-streft:^
coccique, tandis qu'on a laissé les autres sous l'influence des sti^^-
coques. Pour pouvoir contrôler les résultats obtenus l'auteur a proi>
que la.streptococcie chez les lapins, chez les femelles grosses H !«-:
atteintes de grossesse et de période de lactation. Après la mort i^
animaux l'auteur soumettait à l'examen anatomo-pathologique et ba^
tériologique leur rein, leur foie, leur rate, et leur cœur. Les rts::!
tats obtenus permettent de conclure:
1» L'infection streptococciqne généralisée, artiGciellement proT^^
quée chez les lapines récemment accouchées et qui se termine {«'
la mort, s'exprime histologiquement dans quelques organes parearfe;
mateux : reins, foie, cœur, par des phénomènes d'un caractère inflao-
matoire, variables par le degré et l'étendue de leur développement.
2o Le degré et retendue de ces altérations sont plus accusés lorsqw
la streptococcie a été provoquée par l'introduction directe du ndcrd'
dans les vaisseaux saùguins.
3« Les altérations des organes des lapines accouchées sont d'auUnt
plus accusées, que l'infection a été provoquée plus tôt (un jour et àem.
après Vaccouchement) ; cette différence est, de plus, notable dans Ifs
reins.
GTNÂCOLOGIB 533
4«> La quantité des streptococci qui se trouvent dans le parenchyme
(S organes est pins grande dans les cas où le microbe a été introduit
rectement dans le sang.
5** Les altérations anatomo-pathologiques des organes ont été moins
ombreuses chez les animaux soumis & Faction du sérum antistrepto-
Kîcique : le muscle cardiaque, à ce point de vue^ ne présentait aucune
LlCérence.
60 La quantité des streptocoques a été également moindre chez les
odmatix traités avec le sérum que chez les animaux de contrôle.
70 Les animaux infectés et traités avec les injections anti-strepto-
3cciques ont survécu aux animaux infectés en même temps que les
rentiers et non soumis à la sérothérapie. D. Flahm.
NDEX BIBLIOGRAPHIQUE TRIMESTRIEL
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IMPRIMSaiK A.-0. LSM iiLE. — HAYBS
DÉCEMBRE 1900
ESQUISSE
DES
PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE PENDANT LE XIX' SIÈCLE
Par le professeur A. Pinard.
(Suite et fin) (1).
c) AeeoHchemeai eatoelqae,
a L'accouchement a reçu différentes dénominations selon le
<c temps de la grossesse où il se fait, et selon la manière dont
<K il s'opère. On le nomme fausse couche, avant le septième
« mois ; accouchement prématuré, depuis cette époque jusqu'au
tt huitième mois et demi ; et accouchement à terme toutes les
« fois qu*il ne se fait qu'à la fin du neuvième.
<r Par rapport à la manière dont il s'opère, on Tappelle
naturel, contre nature et laborieux, etc.
a Ces distinctions scolastiques étant arbitraires, nous consi-
a dérons les accouchements sous trois ordres principaux :
« 1^ les accouchements qui se font naturellement ; 2® les
« accouchements qui exigent le secours de l'art et qu'on peut
« opérer avec la main seule-, 3<> les accouchements qui ne
a peuvent se faire qu'à Taide des instruments, et dans lesquels
a il est utile de les employer, n (Baudelocque) (2).
Sauf que le mot fausse couche a été remplacé dans le langage
obstétrical par celui d'avortement, les dénominations de Baude-
(() Voyes Amude* de gynécologie^ dov. 1900, t. LIV, p. 473.
(2) Baudklogqus. Loo. oU,, p. 230, t. I.
AUX. OB anr. — vol. uv. 36
554 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
locque sont encore en usage à Theure actuelle, eu égard a
Tépoque de la grossesse où l'accouchement se fait. Quant â i^
façon dont il s'opère, ses divisions ne sont plus adm ise^, ^^-^
considérées comme trop « scolastiques ». La classificaUoo :
été simplifiée, et les accouchements sont dits aujourd'hui
spontanés ou artificiels, d'où cette définition : raccoachemeo:
est l'expulsion ou l'extraction du fœtus et des annexes hors it
i'organisme maternel .
1^ Accouchement spontané. — Avant d'exposer les pr>
grès réalisés par lès études de Pacte lui-même, je crois nèce^
saire de jeter un rapide coup d'œil sur les recherches cooc^r»
nant les trois facteurs qui entrent en jeu dans son accompls-
sèment, c'est-à-dire le canal pelvi-génital, le fœtus et les foKo
expulsives.
Canal pelvi-génital. — Le canal pelvi-génital a été, de L
part des anatomistes et des accoucheurs, le sujet de nombrense^
et patientes études portant sur ses deux parties: le bass''^
osseux et le bassin mou.
Si l'on compare la description que Baudelocque fait de c?
canal avec celle qui se trouve dans Vlntroduction à rétW'^'
clinique et à la pratique des accouchements (1), on se rendre
facilement compte des notions acquises. Pour le bassin osseni
— dont l'étude des diamètres est insuffisante au point de vs^
obstétrical — l'on verra que les dimensions de certaiD5
diamètres données par Baudelocque n'étaient pas conformes 1-
la réalité (particulièrement celles du diamètre cocci-son5«
pubien); Ton verra, en outre, que les véritables diamètres
utiles à connaître pour l'accoucheur ne sont point les diamètre
anatomiques, mais bien des diamètres praticables passant par
le centre de figure.
Quant au bassin mou, dont l'importance est considérable, ;<*
puis dire que les accoucheurs, jusque dans ces dernières
années, n'en avaient qu'une vague idée.
(1) Farabeuf et Vabnibb. Introdwtion à l'étude chiUqn€ ei û -^
pratiqtie des accouchements (Steinheil, 1891).
PINARD 555
Le fœtus avait été mieux étudié par les anciens accoucheurs ;
on a peu ajouté à la description anatomique et obstétricale que
nous devons à Baudelocque.
L'étude des forces qui déterminent l'accouchement est de
date relativement récente (seconde moitié de ce siècle). Malgré
les travaux déjà nombreux des accoucheurs allemands, anglais,
et de quelques-uns de nos compatriotes, la lumière est loin
d'être faite sur ce point. Qu'il me suffise, pour vous en
convaincre, de vous dire que tandis que les uns estiment la
puissance maxima mise en jeu pendant le travail à 36 kilo-
grammes (MatthewsDuncan) (1), d'autres la portent à un chiffre
bien supérieur (250 kilogrammes) (Haughton). Chiffre effroyable
et qui fait avec raison jeter ce cri à Matthews Duncan : « Une
puissance beaucoup moins considérable mettrait en pièces le
corps du malheureux enfant ! » Oubliez bien vite ces chiffres et
rappelez-vouSy au point de vue des recherches futures, que tout
en c mesurant les forces, vérifiant les degrés des angles,
étudiant les leviers et observant Tinfluence des courbes n, il
est bon, il est nécessaire de posséder d'autres facultés d'obser-
vation.
Si les recherches scientifiques concernant l'étude des forces
expulsives naturelles et on particulier des contractions utérines
n'ont, jusqu'à présent, donné que des résultats contradictoires,
et par cela même sans valeur au point de vue pratique, l'obser-
vation clinique a démontré combien il pouvait être dangereux
de chercher à augmenter cette force à l'aide d'un agent médi-
camenteux. L'usage du seigle ergoté comme agent ocytocique,
si répandu à un moment donné au cours de ce siècle, est
aujourd'hui complètement abandonné : on a reconnu qu*il
déterminait, non des contractions, mais bien des contractures.
La Pulvis ad partum est devenue définitivement, pour les
accoucheurs, la Pulvis ad mortem.
L'ergot a été remplacé également, au point de vue hémosta-
(1) Matthews Dvsqas, Svr le mécanisme de Vaceouchement normal
et pathologique. Traduit par le ly Budin, 1876, p. 124.
k
556 PROGRES IIÉAUSBS EN OBSTÉTRIQUE
tique, par ua agent qui employé localement, sous forme d'iojtr>
tion intra-utérine, est aussi inoffensif que puissant : Tea^
chaude à 50'' (1).
2^ Accouchement proprement dit. — Contrairement aui
idées de Baudelocque, l'observation clinique a démontré qi:^
le fœtus n'oiïre, au détroit supérieur, que certains points de >^
périphérie. D'où la classification actuelle des présentatiosi5.<
des positions et des variétés, aussi simple que celle de Bauàr-
locque était compliquée, et une nomenclature en rapport avr:
les données de la clinique.
Les phénomènes dits physiologiques de racconchemefit
sont, sauf quelques détails, décrits à l'heure actuelle comme i.'
Tétaient au commencement du siècle, et Ton ne connaît pas ploi
aujourd'hui qualors, la véritable cause déterminante àt
Taccouchement.
Il n'en est pas de même des phénomènes dits mécaniqu^û.
L'étude analytique du mécanisme de ^accouc/lelnl?^^
c'est-à-dire des différents mouvements passifs imprimés ^u
fœtus par les forces expulsives pendant le travail de raccc^Q-
chement, a été poussée fort avant depuis le commencement ciu
siècle jusqu'à nos jours ; c'est peut-être, à l'heure actueik.
Tune des parties de l'accouchement la mieux connue. Je dis : *
l'heure actuelle ; car si les travaux de M°^* Lachapelie, ai
(1) Je crois bon, à ce sujets de mettre sous vos yeux la statidtiqae de mzs
service dans lequel, vous le savez, l'eau chaude à 50° est excluaiTeineo:
employée comme agent hémostatique.
Femmes mortes d'hémorrhagies à la clinique Baudelocçue (de 1890 invlï-
À 1899 inclus).
Sur 20,266 femmes, 8 femmes sont mortes d'hémorrhagies.
Chez 3, le placenta était vicieusement inséré (obs. 861 et 1286 d« l^v^
obs. 296 de 1898). Toutes trois apportées exsangues à la clinique.
Chez 2, le placenta, normalement inséré, s'est décollé prématarcfficc-
(obs. 857 de 1891 et 33 de 1898).
Chez 2, Thémorrhagie s'est produite pendant et à la suite de Ia déUvras^^
(obs. 1590 de 1891 et 351 de 1897).
Chez 1, à la suite d'une déchirure cervicale ancienne ayant détemiiné es-
rupture du segment .inférieur et de Tartôre utérine (obs. 1407 de IS91;.
PINARD 557
iS^œgele et de tant d'autres portant des noms chers à Tobsté-
trique, ont éclairé puissamment ce chapitre, il semble bien que
la lumière n'ait été faite sur certains points que dans ces
derniers temps (1).
I/examen synthétique, ou la recherche des lois qui régissent
les phénomènes mécaniques dans tous les accouchements spon-
tanés, ne fut Tobjet d'aucune recherche de la part des accou»
cheurs avant le XIX* siècle.
Paul Dubois, le premier, compare révolution spontanée du
mécanisme de Taccouchement du tronc avec les phénomènes
mécaniques de la présentation du sommet ; Jacquemier
rapproche le mécanisme de l'accouchement par l'extrémité
pelvienne du mécanisme de T accouchement dans les autres
présentations ; Pajot enfin (1853) formule la loi suivante : « Il
<c ny a réellement qu'un seul mécanisme d* accouchement
a quelles que soient la présentation et la position, pourvu
a que Texpulsion s'exécute spontanément, c'est-à-dire sans
« intervention de l'art et se fasse à terme, les avortements ne
(c donnant pas lieu à des expulsions régulières. » Quelque
temps après il dicte la loi d'accommodation : « Quand un corps
« solide est contenu dans un autre, si le contenant est le
a siège d'alternatives de mouvements et de repos^ si les
« surfaces sont' glissantes et peu anguleuses, le contenu
« tendrasans cesse à accommoder sa forme et ses dimen-
« sions aux formes et à la capacité du contenant Sont
« régies par cette loi les présentations et les positions dans les
« bassins normaux ou viciés et une multitude de mouvements
« dans les opérations obstétricales. »
Permettez-moi, Messieurs, d'adresser au souvenir de l'homme
qui donna aux accoucheurs de tels guides, et dont j'eus l'hon-
neur d'être l'élève, l'expression émue de mon affectueuse
admiration.
De tels progrès dans la connaissance des lois immuables
(1) Voir sur oe sujet H. Vâbkier : La pratique dea acoo%ehemenUj ohttè-
trique journalière, Steinheil, 1900, p. 132 et suiv.
558 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTETRIQUE
d'après lesquelles s'accomplit raccouchement, devaient hettr?ii<-
sèment retentir sur la thérapeutique obstétricale.
A la fin du XVIII' siècle, la plupart des accoucheurs, appe] -
seulement dans les cas difficiles, « se refusaient à admeUrr
qu'il pût exister, en obstétricie, quelque chose de plus éiev-
que Fart de terminer l'accouchement par la main ou les instro-
ments (1) ».
Cependant Levret avait dit déjà : a II ne faut pas moins ée
« science pour reconnaître quand la nature peut se suffire a
« elle-même, qu'il ne faut avoir d'acquit dans Tari des ace»^-
« chements pour la seconder à propos. » Mais cette scieDce
qui ne * peut s'acquérir que par l'observation patiente et
prolongée de la nature, devait échapper aux accoucheurs tas'
qu'ils furent privés du champ d'expérience indispensable, c'e^t-
à-dire de Maternités,
Au commencement du siècle, Baudelocque avait déjà essav
de donner aux accoucheurs une direction meilleure. Ce furec:
Bœr en Allemagne, et M"' Lachapelle en France, qui déle^
minèrent la réaction salutaire. Tous deux ayant la directioL
de grands établissements d'accouchements, tous deux avant U
passion de leur art, tous deux doués de qualités remarquable,
montrèrent combien souvent l'art est inutile, sinon dangereux,
et combien on doit avoir confiance en la nature.
Bœr applique le forceps 5 fois sur 958 accouchements es
1789-90, 7 fois sur 953 en 1790-91, 7 fois sur 1,015 en 1791-92
alors qu^Osiander, à la Maternité de Gœttingue, sur 2,540
accouchements, ne trouve que 1,381 accouchements normaux et
pratique 1,016 applications de forceps, soit 1 sur 2,5 !
M*"* Lachapelle, sur 15,652 accouchements, laisse la nalnne
agir seule dans 15,380 cas et intervient seulement 93 fois à Taide
du forceps et 155 fois à l'aide de la version.
Dès lors l'observation attentive des faits démontre le bien
fondé et l'action salutaire des doctrines sorties des Maternités
de Vienne et de Paris. Les accoucheurs, de simples opérateurs
(1) B. G. DE SiEBOLD. Loccit, t. II, p. 515.
PINARD 559.
c[u*ils étaient, deviennent des obstétriciens et n*interviennent
plus que quand Taccouchement a ne peut absolument pas se
a terminer sans le secours de l'art ou ne saurait se faire autre-
<c ment avec avantage pour la mère et pour l'enfant » . Seuls^
ik rheure actuelle^ les accoucheurs inexpérimentés transgres-
sent cet aphorisme de Baudelocque (1), car, en pratique, la
question des indications opératoires constitue souvent un sujet
d*angoisse pour le jeune praticien et toujours un sujet de préoc-
cupations graves pourTaccoucheur expérimenté.
De la délivrance. — Le mécanisme suivant lequel se pro«
(luit le décollement du placenta n'a guère été exposé avec
quelques détails avant Baudelocque. Aussi sa fameuse théorie
du décollement placentaire a-t-elle été acceptée par la pluralité
des accoucheurs. Reprise et rajeunie en Allemagne, elle y eut
le même succès qu'en France. Cependant les esprits positifs
n'étaient pas satisfaits ; ainsi Tarnier, après avoir reproduit la
théorie de Baudelocque, ajoutait : « Ces particularités sont
peut-être plus théoriques que vraies, car il est diflicile de
savoir ce qui se passe dans la cavité utérine. »
Heureusement la difficulté n'a pas toujours été impossible à
vaincre et, aujourd'hui, Ton sait, en grande partie, ce qui se
passe dans l'utérus pendant la grossesse, pendant le travail,
pendant les suites de couches. Et cela, grâce à l'emploi, pour
Tautopsie dos femmes mortes enceintes, en travail, ou récem-
ment accouchées, de la méthode créée par Pirogoiïen 1852 et
1853. En fixant les parties molles en place, la congélation a
conduit à des constatations aussi importantes pour l'obsté-
trique que pour l'anatomie chirurgicale.
Déjà les documents accumulés depuis moins de vingt ans
sont assez nombreux pour qu'on puisse affirmer :
. (1) Le fonotionneiuent de ma clinique, publié chaque année, montre que
81 la doctrine de M""* Lachapelle n*y est paa suivie à la lettre, elle l'est au
moins dans ses grandes lignes au point de vue des indications de Tintée*
vention opératoire. Sur 2,506 accouchements effectués dans cet établissement
l'année dernière, [on pratiqua seulemant 54 applications de forceps et
7 versions.
560 PROGRÈS RÉALISES EN OBSTETRIQUE
1^ Qu'au niveau de Taire placentaire la paroi utérine offre
moins d'épaisseur ;
2^ Que pendant raccouchement normal, tant que le fœtus
n'est pas expulsé, le placenta, à moins qu'il ne soit prœvîa,
reste adhérent à la paroi utérine par toute sa surface d'insertion .
3^ Qu'aussitôt après Texpulsion du fœtus et du liquide am-
niotique les parois utérines reviennent sur elles-mêmes en
augmentant d'épaisseur d'une façon très inégale;
4*^ Que le placenta est, à un moment donné, physiologique^
ment enchatonné, et que son décollement se fait toujours de la
périphérie au centre et sous Tinfluence des éléments musculaires
de Tutérus, etc., etc.
Ces mêmes recherches ont démontré également les rapports
des membranes avec l'utérus pendant la période de délivrance.
Inutile d'ajouter que la connaissance du mécanisme vrai du
décollement naturel du placenta et des membranes et de leur
expulsion a conduit les accoucheurs à suivre une conduite
rationnelle, pendant cette dernière période de raccouchement,
suivant qu'elle s'effectue normalement ou d'une façon anormale.
d) Djstocle.
Des viciations pelviennes, des rétrécissements du
bassin. — « La mauvaise conformation du bassin (dit Ban-
delocque), considérée relativement à Taccouchement, peut
dépendre de Tirrégularité des os qui constituent ce canal,
comme nous l'avons dit ailleurs ; du vice de leur fonction, on
de certaines exostoses qui s'élèvent à leur face interne. Elle
n'affecte pas toujours le bassin dans le même sens, ni dans la
même partie, ni au même degré; ce qui fait quelle n'est pas
toujours également contraire à la sortie de l'enfant. Le plus
souvent, le détroit supérieur est seul vicié, et c'est assez cons-
tamment de devant en arrière; quelquefois aussi ce môme
détroit se trouve assez grand et l'inférieur est resserré. Entre
les deux extrêmes de ce défaut de conformation, on observe des
nuances infinies... »
PIN'ARD 561
Et plus loin :
« On peut rapporter toutes les ressources que Tart a paru
offrir jusqu'ici, dans ces cas de mauvaise conformation du bassin,
aux sept suivantes :
c 1** L'extraction de l'enfant par les pieds ;
a 2® Par le moyen de forceps ;
m
n 3*^ Par le secours des crochets et autres instruments de
cette espèce ;
« 4^ L'opération césarienne ;
« 5* L'accouchement prématuré ;
c 6<> Le régime pendant la grossesse ;
« 7^ La section du pubis (1). »
Cette double citation montre que les accoucheurs du commen-
cement du siècle connaissaient les vices de conformation du
bassin, leurs conséquences possibles au moment de laccouche-
ment, et les moyens à employer dans les cas de dystocie par
viciation pelvienne. De plus, Baudelocque s'efforce de démon-
trer la nécessité de Texamen du bassin chez toutes les femmes,
et il donne les moyens de constater le rétrécissement. Parmi
ces moyens, il accorde le pas au toucher mensurateur qu'il
décrit avec beaucoup de soin, et il recommande déjà, hélas ! des
instruments : le pelvimètre de Coutouly et son compas d'épais-
seur.
Depuis cette époque, Tanatomie pathologique des bassins
viciés a fait d'immenses progrès ; on a successivement décrit le
bassin oblique ovalaire, dont la première étude, faite par Nœgelé
en 1839, a été si retentissante ; le bassin vicié par luxation coxo-
fémorale, le bassin de Robert, le bassin vicié par coxalgie,
le bassin vicié indirectement ou directement par la colonne
vertébrale : bassin vicié par cyphose, par spondylolisthésis,
par spondylizème, etc., etc. On a cherché à étudier la physio-
logie pathologique de l'accouchement dans les rétrécissements
pelviens.
Des pelvimètres internes, externes, mixtes et même uni-
(l) Baudelocqub. Loû, cit., p. 380, 381 et 882, t. II.
562 PROGRÈS RÉALISÉS EN OBSTETRIQUE
versels ont été imaginés. Aujourd'hui cependant Taccouchear,
pourvu ou non de ces instruments, est tout aussi embarrasse
qu'à Tépoque de Baudelocque pour répondre avec précision, en
face d'une femme ayant le bassin vicié, à cette question : quel
est le degré exact du rétrécissement ? Non pas que je veuillt;
dire que tous ces travaux aient été inutiles. Je suis le premier
à proclamer la nécessité de savoir à l'avance où doit se trouver
le maximum du rétrécissement dans telle ou telle viciatîon du
bassin, et cette connaissance est la résultante des nombreux
travaux qui ont eu pour but Tétude des bassins viciés.
Mais, ce que je veux vous faire remarquer, c'est que, à l'heure
actuelle, on mesure en clinique les rétrécissements du bassin
avec à peu près autant d'imprécision qu'à l'époque de Baude-
locque. C'est aussi que ce grand accoucheur avait bien vu déjà
« que c'est toujours du rapport des dimensions du bassin
avec celles de la tête de Venfant que dépend la facilité de
l'accouchement et d'où proviennent les plus grands obstacles
qui peuvent s'y opposer (1) ». Avec un bassin de dimensions
normales et une tête très volumineuse on peut avoir un cas de
dystocie ; avec un bassin de dimensions au-dessous de la
normale et une tète petite on peut voir s'effectuer un accouche-
ment spontané.
Ce qu'il faut chercher à connaitre, c'est le rapport qui existe
entre le bassin et la tête fœtale. C'est ce rapport qui nous est
connu aujourd'hui au moment du travail seulement. Tout ce
qui repose sur la soi-disant connaissance précise des dimensions
du bassin et de celles de la tête fœtale est absolument aléatoire.
La radiographie se montrera- t-elle plus puissante? Tel est
mon espoir; en tout cas tel est mon vœu.
Pour faire l'histoire de la thérapeutique des viciations
pelviennes pendant le XIX^ siècle, je n'ai qu'à considérer la
fortune particulière des différents moyens discutés déjà par
Baudelocque.
1** Le régime pendant lagrossesse, — On avait pensé qu'en
(1) Baudelocque. Loc. cit., p. 3, t. I.
PINARD 56^
bornant la quantité et la qualité des aliments que prend une
femme pendant la grossesse, la grosseur de l'enfant serait
moindre.
C'est une pensée du vulgaire, dît Baudelocque — je n'y
contredis point pour ma part — qui ne peut compter parmi
les ressources de notre art, dans les cas de l'extrême difformité
du bassin. Ce régime, bien qu'on ait essayé de le faire revivre
dans le cours de ce siècle, est absolument abandonné,
2* U accouchement par les pieds. — Bien qu'elle soit jugée
déjà sévèrement par Baudelocque, quelques accoucheurs
recommandent cette méthode dans certains cas de rétrécisse-
ment du bassin. Je me permets, malgré les procédés très ingé-
nieux étudiés dans ces dernières années pour faire passer la tète
dernière dans les rétrécissements du bassin, d'avoir la môme
opinion que 'Baudelocque. Que ces manœuvres très étudiées, très
raisonnées et très raisonnables, vous permettent, en face d'un
cas isolé, d'un fait accompli, alors que vous ne pouvez faire
autrement, d'aider au passage de la tète, j*en suis personnelle-
ment et absolument convaincu. Mais de là à en faire une méthode
de choix, il y a pour moi un abîme.
3* L'usage du forceps. — Si vous êtes au courant des recher-
ches scientifiques résumant l'action du forceps dans les cas de
rétrécissement du bassin, vous ne serez point étonnés d'ap-
prendre que Baudelocque, déjà, jugeait ainsi l'application de cet
instrument: « L'usage du forceps a de môme ses inconvénients
et ses bornes. Cet instrument est quelquefois dangereux pour
Tenfant, lorsque le bassin n'a que trois pouces de diamètre, et
bien plus dangereux, s'il n'est pas meurtrier, quand ce diamètre
est plus resserré : en lui donnant la mort dans ce dernier cas,
il expose également la mère à des accidents plus ou moins
graves. » Je ne crois point exagérer en disant que rien, dans le
cours du siècle, n*est venu atténuer l'appréciation de Baude-
locque. et que tout est venu démontrer qu'il était trop indulgent.
On a reconnu et démontré, à la fin de ce siècle, que dans les
cas où il y a entre le bassin et la tête fœtale une disproportion
telle que cette dernière ne peut s'engager sous l'influence des
56'i PnOGIIKS RÉALISÉS EN OBSTÉTRIQUE
contractions utérines, les applications de forceps ne peuvent
être que désastreuses à tous les points de vue. D'où leur
abandon.
4* L'accouchement prématuré. — Tentative dont le but
était louable, mais dont l'histoire et les résultats ont fait une
faillite scientifique.
Vous me pardonnerez de ne vous point parler des crochets, ni
des perforateurs.
Après cette revue, je prends la liberté de vous dire que quel-
ques accoucheurs contemporains considèrent comme un progrés
l'application de la thérapeutique suivante dans les rétrécisse-
ments du bassin :
1*^ Abandon de Taccouchement prématuré artificiel.
2o Abandon de toute application de forceps et de toute opéra-
tion impliquant la lutte de la tète fœtale contre une résistance
osseuse du bassin (que cette résistance siège au détroit supérieur,
dans Texcavatîon ou au détroit inférieur).
3* Abandon absolu de Tembryotomie sur Tenfant vivant.
4"* Agrandissement momentané du bassin par symphyséo-
tomie, pubiotomie ou ischio-pubiotomie, coccygotomie, dans
tous les cas où il y a résistance osseuse non vaincue par les
contractions, la tète étant bien orientée, et où le calcul démontre
que la section du bassin et un écartement ne dépassant pas
7 centimètres permettent le passage d'une tète de fœtus à
terme.
5*^ Opération césarienne suivie ou non de Tamputation ulériH
ovarique (opération de Porro) dans les cas d*étroitess& absolue.
Voici les résultats de l'application rigoureuse de ces préceptes
k la Clinique Baudelocque depuis 1892. A vous de juger.
PINARO
565
(Rétréoissements du bassin de 1890 inclus à 1899 inclus)
AMVÉIS
NOMBRE NOMBRE DES
D*ACCOVGHI- KtTRiciBaXMMmTB
MENTS DU BASSIN
MORTALITE MORTAUnk
MATERNELLE VŒTALE
1890 1.244 31 12
1891 1.654, 164 5 30
1892 1.834 148 0 14(1)
1893 1.920 164 2 7
1894 2.139 (2) 98 2 8
1895 2.080 98 5 14
1896 1270 93 2 11
1897 2.314 91 3 11
1898 2.305 106 5 15
1899 2.506 94 3 10
Totaux 20.266 1.077 28 122
Sur 20, 266 femmes accouchées à la Clinique Baudelocque, 1 ,076
ont été signalées comme présentant des bassins rétrécis, soit
5,31 o/o. Sur ce nombre, 801 ont accouché spontanément ; chez
276 l'accouchement a été artificiel.
Obstétrique opératoire instrumentale. — Les instruments
spéciaux employés par les accoucheurs doivent être rangés en
deux catégories bien distfnctes, suivant qu^ils sont destinés à
extraire des enfants morts ou des enfants vivants. Pour
extraire les enfants morts, se présentant par la tète, les accou-
cheurs, avant le XIX' siècle, n'avaient à leur disposition que les
perforateurs, les tire-têtes, les crochets plus ou moins aigus,
les forceps plus ou moins dentés et le levier, tous instruments
souvent impuissants, toujours dangereux. Avec Â. Baudelocque
neveu, qui présenta à Tlnstitut, le 6 juillet 1829, l'instrument
nouveau qu'il venait d'imaginer, la céphalotripsie prenait rang
dans les opérations obstétricales ayant pour but Tembryotomie.
(1) Thérapeutique nouyelle.
(2) Depuis 1894, on Déconsidère dans la statistique comme bassins viciés que
ceux dont le diamètre P.-S.-P. est inférieur à 11 centimètres.
566 PROGRES RÉALISÉS BN OBSTÉTRIQUE
a L'histoire, dit de Siebold, lui attribue volontiers le mérite
d'avoir enrichi, d*un moyen meilleur, une partie opératoire de
Tart qui est fort triste (1). >
Dès lors, apparaissent à côté du céphalotribe, des instru-
ments destinés à réduire les diamètres de la voûte et de la base
de la tête fœtale : le forceps-scie (Van Huevel), le cranio-
claste (Simpson), les sphénotribes (L.-J. Hubert, F. Guyon),
6bC p , etc»
J'ai vu employer par mes maîtres, j'ai employé moi-même
tous ces instruments, et je dois avouer que les résultats obtenus
alors, aussi bien par mes maitres que par mbi-même, n'étaient
pas satisfaisants dans tous les cas.
Jusqu'en 1883, on ne possédait pas encore d'instrument per-
mettant de broyer et d'extraire un fœtus avec certitude et
innocuité pour la mère, à travers un bassin rétréci. L'apparition
du basiotribe combla cette lacune. Présenté à l'Académie le
11 décembre 1883, appliqué pour la première fois sur la femme
vivante le 19 janvier 1884, l'instrument de Tarnier a donné en
clinique des résultats semblables à ceux qui avaient été obtenus
pendant l'expérimentation. 11 constitue l'instrument parfait pour
quiconque en connaît les indications et le maniement. Donc
un grand pas en avant a été fait.
Pour les cas où l'enfant se présente par l'épaule, le XIX*
siècle a vu éclore les embryotomes couteaux ou ciseaux, les
embryotomes scies, les embryotomes constricteurs, dilacéra-
teurs, transf orateurs, etc., etc. De toute cette ferraille se dégage
plus le génie inventif du serrurier qu'un progrès marqaé en
obstétrique opératoire.
Vous voyez chaque jour ce qu'on peut faire avec les ciseaux
embryotomes et même avec un simple bistouri. Je reconnais
volontiers que certains embryotomes possèdent de réelles
qualités.
L'instrument en fer, le forceps^ imaginé pour permettre de
délivrer la femme et de sauver Venfant, fut, vous le savez,
(1) De SiEBOLD. Loc,, ait,, t. II, p. 647.
PINARD 567
construit par Palfyh (1) au commencement du XYII^ siècle
(1716). Modifié par Levret (1747) et par Smellie (1754), le
forceps fut bientôt dans la trousse de tous les accoucheurs.
Malgré les modifications si nombreuses dont cet instrument
fut l'objet — en 1838 Tarmoire d'un collectionneur aurait pu en
compter déjà 144 variétés ! — il faut dire que, dans le cours
du XIX* siècle et jusqu'en 1877, les accoucheurs avaient encore
en main le forceps de Levret. Mais la connaissance du méca-
nisme de Taccouchement devenant plus complète, on se
demanda si, avec l'instrument de Levret, il était possible de
faire accomplir artificiellement à la tête les mouvements qu'elle
exécute dans Taccouchement spontané, et de l'extraire suivant
l'axe de tous les segments du canal pelvien. Cette question,
grave de conséquences et grosse de controverse, fut longue-
ment étudiée et discutée. De là les travaux de Hermann, de
J. Hubert, de Morales et enfin ceux de Tarnier, qui ont eu un
si grand et si légitime retentissement (Description de deux
nouveaux forcepSy Académie de médecine, 23 janvier 1877).
Assurément un grand progrès a été accompli par la réalisa-
tion de cet instrument qui a coûté à son auteur tant d'efforts et
d'études ; certainement nombre d'enfants lui doivent la vie et
la santé, et bien des femmes l'intégrité de leur canal pelvi-
génital (c'est surtout depuis son emploi que les fistules vésico-
vaginales ont pour ainsi dire disparu). Quoiqu'il faille le
considérer comme l'instrument le plus précieux actuellement
entre nos mains, je ne puis cependant admettre que son appli-
cation constitue une opération idéale.
Manié par les mains les plus adroites et les plus expérimen-
tées, le forceps, ainsi perfectionné, se montre encore trop sou-
vent brutal, aussi bien pour la mère que pour l'enfant. Et il m'ap-
paraît que, sur ce point, de nouveaux progrès sont à réaliser.
Une autre variété d'instruments a pris naissance dans le
- (I) Je dis Palfyn et non les Chamberlen, puisque ces derniers, dans un but
de lucre, conservèrent secret Tinstrument que l'un d'eux avait imaginé
cinquante ans auparavant.
568 PItOGRÈS RÉALISÉS KN OBSTÉTRIQUE
cours du XIX' siècle ; par les services qu'elle a déjà rendus, et
par ceux qu'elle est appelée à rendre dans l'avenir — j'en ai la
conviction — elle mérite une mention spéciale. Je veux parler
des ballons dilatateurs. Les ballons dilatateurs incompres-
sibleSj construits et employés depuis quelques années dans des
buts différents, ont permis déjà d'inaugurer, dans bien des cas
divers, une thérapeutique nouvelle qui se recommande autant
par la douceur et la facilité de son application, que par l'effica-
cité de ses résultats.
Ce sont des instruments qui, à l'heure actuelle, doivent se
trouver dans la trousse de tous les accoucheurs.
Anesthésie. — V&nesthésie opératoire, dont Tavènement
fut prévu et préparé par Humphry Davy en 1799, resta à Tétat
latent pendant la première moitié de ce siècle, et n'entra défini-
tivement dans la pratique qu'avec Morton (éther, 1846) et
Simpson (chloroforme, 1847).
L'emploi méthodique des moyens capables de provoquer et
d'entretenir l'insensibilité et la résolution musculaire pendant
les opérations, a rallié, depuis cette époque, aussi bien les
suffrages de tous les accoucheurs que de tous les chirurgiens.
Je ne veux pas insister sur les immenses bienfaits de cette
conquête.
Mais comment doit-on considérer cette forme soi-disant
distincte d'anesthésie, « vulgairement connue en Angle-
terre sous le nom de chloroformisation à {a reine et dési*
gnée en France sous le nom d' anesthésie obstétricale? > (1).
Si les accoucheurs n'ont pas suivi Simpson écrivant : < J'ai
donné le chloroforme à toutes mes femmes en travail^ à
quelques exceptions près, depuis 1847 » (2), c'est qu'il fut
reconnu que cette manière de faire exposait les parturientes
à des dangers indiscutables. Alors quelques praticiens ont
dit : a mais il ne s'agit pas d'une anesthésie dans laquelle
(I)Mauriob Pbrbin. Anesthésie ohirurfcioale, laDict, des ge, méd., p. 414
(2) Cité par Pajot. Art n Anesthésie obstétricale b, in DîH. desêe,
p. 492.
PINARD 569
toutes les fonctions sont simultanément impressionnées ; il y a
une grâce d'état pour les femmes en travail, qui permet chez
elles, en maniant le chloroforme d'une certaine façon, d'abolir
la sensibilité sans atteindre l'intelligence et la volonté, par cela
même n'offrant aucun danger. » Sur ce point ces praticiens ont
dépassé les physiologistes I N'ayant appris que ce que ces
derniers ont sérieusement étudié ; n*ayant constaté moi-même
que ce quMls ont toujours reconnu dans leurs expériences, à
savoir: que les agents anesthésiques employés jusqu'ici
agissent simultanément sur toutes les fonctions, j'avoue que je
ne puis considérer comme un progrès une chose dont l'exis-
tence ne m'est pas démontrée. Et comme je ne sache pas qu'il
existe une Maternité quelconque où l'on fasse bénéficier toutes
les femmes en travail de la chloroformisation à la reiney et
où Ton enseigne et où je pourrais apprendre scientifiquement
le w,odus faciendi de cette prétendue anesthésie, je me vois
obligé de ranger sous la rubrique du passif ce qui constitue
pour quelques-uns un actif considérable.
Aurons*nous un jour le moyen de permettre aux femmes
d'accoucher sans douleur et sans danger f Je le souhaite aussi
ardemment que qui que ce soit. Et c'est pour cette raison que
je suis avec tant d'intérêt les expériences auxquelles se livrent
à l'heure actuelle quelques accoucheurs, en pratiquant chez
les parturientes des injections de cocaïne dans le canal
rachidien. Ces injections ne provoquent, diNon, que des anes-
thésies locales. Malgré les résultats annoncés, je ne me crois
pas encore le droit de donner ce bénéfice aux parturientes qui
se confient à mes soins. Je redoute encore les pertes — bien que
la cocaïne soit hémostatique.
e) Suites de conehea.
Antisepsie et asepsie. — Le progrès le plus considérable,
dit le prof. F.-J. Herrgott(i), réalisé depuis un ou deux siècles
dans le domaine de l'obstétrique, est celui qui a pour effet de
prévenir la fièvre puerpérale, cefléau des accouchées, et de faire
(1) F.-J. Herkoott. Lflc. eit,, t. III, p. 246.
A3ÏÎI. Dl OTX. — VOL. LIV. 37
570 PROGRÈS RÉALISES EN OBSTÉTRIQUE
descendre, dans les maternités, la moyenne de la mortalité, s
effrayante jadis, à un niveau qui ne s'élève plus guère
au-dessus de 1 p. 100.
En écrivant ces lignes, le Doyen de lobstétricie est resté
plutôt au-dessous de la vérité, car aucun siècle n'a vu se
réaliser un progrès comparable à celui-là.
Malgré les idées émises à la lin cTu XVIII* siècle par
Rob. Wallace Johnson (1769) et par Charles White (1774).
rignorance, la tradition, la routine, masquées par des doctrines
métaphysiques, vont continuer à s'élever contre toute idée
nouvelle pendant la première moitié et une partie de la seconde
moitié de ce siècle. Le génie épidémique mystérieux et fatal
continue à frapper ses victimes. G. Kneeland (1846) formule
nettement Tidée de contagion puerpérale ; sa voix reste sans
écho. Quelques années plus tard, le génial précurseur de Lister,
Ignace Philippe Semmelweis, démontre la contagiosité de la
fièvre puerpérale, sa nature infectieuse, Tétudie et donne les
moyens de la combattre; en 1861, il publie son fameux
plaidoyer : (Etiologie de la fièvre puerpérale, son essence et sa
prophylaxie). Partout ses idées sont méconnues, travesties,
attaquées ; il en devient fou et meurt dans un établissement
d aliénés à quarante-six ans ! En France, Tarnier démontre et
affirme la contagion en 1857. L'année suivante eut lieu, à
TAcadémie de médecine, cette mémorable discussion où les
voix les plus autorisées se firent entendre, et qui fut jugée ainsi
par Fauteur d'un écrit de philosophie médicale (1) : « Sur les
treize académiciens qui ont été entendus, on peut compter des
essentialistes, des demi-essentialistes, des essentialistes sans
le vouloir, des essentialistes sans le savoir ; des localisateurs
absolus, des demi ou des quart de localisateurs ; des loca-
lisateurs avec tendance à l'essentialisation; des essentia-
listes avec amour pour la localisation ; des spécifistes, des
typhistes, des traumatistes et des non traumatistes. »
Et pendant ce temps les femmes continuent à mourir. Tarnier
lutte pendant vingt ans pour mettre en pratique victorieuse sa
(IJ Le D' Auber.
PINARD
571
théorie. Il fait à la Maternité, de par Tisolement seul, tomber
la mortalité, qui était de 9,31 p. 100, à 2,32 p. 100 ! Ma piété
filiale m'empêche d'insister sur la grandeur des services rendus
à Tobstétricie par mon maître.
Enfin le génie scientifique va tuer à tout jamais le génie
épidémique ; les travaux de Pasteur accomplissent ce miracle,
et de la théorie des germes va naître la méthode de Lister,
dont Tapplication donne les résultats que vous pouvez constater
chaque jour et qui me permettent d'opposer les deux tableaux
que je mets sous vos yeux. Aussi ne vous cacherai-je point que
dans une circonstance récente, ce fut avec une profonde émotion
que j'adressai à lord Lister l'expression de l'admiration et de la
reconnaissance des accoucheurs et des accouchées du monde
entier (1).
Statistique des 10 premières
années du siècle.
Statistique de M™« Lachapelle (2).
3fIai8on d'accouchements installée
Statistique des dix dernières
années du siècle.
Statistique de la Clinique Baude-
dans 1*38 bâtiments de TOratoire,
rue d'Enfer.
De 1804 inclus à 1813 inclus.
locque (3).
De 1890 inclus à 1899 inclus (4).
D'
KOMBBB
ACCOUCHÉBB
NOMBRE
DE DÉciS
AKNisS
NOM BRB
D'ACCOUCUASS
NOMBBB
Dt vicia
1804...
1.786
55
1890. . .
1.244
9
1805...
1.898
68
1891...
1.654
20
1806...
1.793
114
1892...
1.834
8
1807. . .
1.829
72
1893...
1.920
14
1808...
1.873
60
1894...
2.139
9
1809...
1.946
79
1895...
2.077
12
1810...
1.999
75
1896...
2.270
12
1811...
2.622
107
1837...
2.314
11
1812...
2.645
163
1898...
2.305
24
1813...
2.662
66
1899...
2 506
11
Totaux...
21.053
859
Totaux. ..
20.266
130
(1) y. Eev. MietUi/., 4« série, t. XIV, 11 août 1900, p. 176.
(2) In Origine* de la Maternité de Partie par Hrnbibttb Cabrisb,
p. 229 (Paris, 8teinheil, 1888).
(3) In Fonety^nnemefU de la Clinique Baudelocque,
(4) Statistique intégrale.
572 PROGUÈS RÉALISBS £N OBSTÉTRIQUE
f) lVoaTe«H-aé.
On a beaucoup discuté, dans le cours de ce siècle, sur la
signification de cette expression, employée tantôt comme subs-
tantif, tantôt comme adjectif : neonaïus, recens naius;
aujourd'hui les auteurs ne sont pas plus d'accord qu'au com-
mencement du siècle sur la précision de ses limites.
Cependant quelques accoucheurs contemporains considèrent
comme nouveau-né tout enfant qui doit puiser son alimentation
dans l'organisme maternel, et j'avoue que cette division me
paraît être appuyée plus sur la physiologie et le bon sens que
sur la scolastique.
Quoi qu'il en soit, je veux rapidement vous exposer les
progrès réalisés au cours de ce siècle, dans les soins et la
nourriture qui doivent être donnés au nouveau-né.
Tout enfant né depuis vingt ans, a bénéficié, aussitôt son
expulsion, des bienfaits de Tantisepsie. De là la disparition à
peu près complète des infections toujours si graves de Fombilic
(depuis des années, je n'ai pu montrer à mes élèves un
érysipèle de Vombilic); de là la disparition des infections
oculaires entraînant si souvent auparavant la perte de la vue :
Vophtalmie purulente des nouveau-nés devient de plus en
plus rare, grâce à Tantisepsie.
lime suffit de vous citer ces faits pour que vous en compreniez
l'importance. Une autre maladie a également disparu, grâce
aux connaissances plus exactes de la physiologie du nouveau-né
et des conditions dans lesquelles il doit être placé après sa
naissance : le sclérèmey dont je ne puis plus vous parler que
de mémoire.
Enfin, Tun des grands progrès réalisés à la fin de ce siède
a été l'affirmation de ces deux faits, à savoir : le lait de la mèrt
doit être Isl nourtnture de son enfant^ et presque toutes les
mères peuvent fournir cette nourriture. Que de luttes il a
fallu pour en arriver là !
Dans un autre* ordre d'idées, un grand progrès a été
PINARD 573
également accompli... en partie. Les accoucheurs commencent
à comprendre que le lait de la mère doit appartenir à son
enfant et que c'est un crime de Ten priver. I/industrie nourri-
cière est fortement atteinte. Tout fait croire que dans les futurs
traités d'accouchements, on ne retrouvera plus, comme dans
presque tous les traités parus dans le cours de ce siècle, cette
phrase de Baudelocque si cruelle dans sa sécheresse : « Au
défaut du lait de la mère, on donne celui d'une autre
femme (1). »
Et, puisque je viens de citer Baudelocque, laissez-moi, en
terminant ce chapitre, vous dire, à vous qui savez qu'il n'existe
qu'un seul bon réactif des qualités du lait — l'enfant ^- quelles
conditions il exigeait pour apprécier les qualités du lait d'une
nourrice: «r II faut que la nourrice* soit à jeun depuis quelque
temps, qu'elle se lave les doigts avant de le tirer et qu'elle le
reçoive dans une tasse de porcelaine ou dans une cuiller bien
propre. L'accoucheur doit aussi se laver la bouche avant de le
goûter (2). »
Heureusement aussi pour vous, quelques progrès ont été
réalisés sur ce point I
Dans cette revue kaléidoscopique, bien plus, hélas ! que ciné-
matographique, j'ai tenté de vous faire voir les faces et les
facettes les plus importantes et les plus brillantes, apparues ou
agrandies dans le domaine de l'obstétricie, pendant le cours du
XIX* siècle. J'ai essayé de vous faire comprendre combien,
pendant ce laps de temps, l'action synergique des travailleurs
de tous les pays a agrandi le cadre de cette science et enrichi
son contenu.
Vous avez pu remarquer que les théories et les doctrines qui
ne s'appuyaient que sur des raisonnements, ont le plus souvent
opposé des barrières à la marche du progrès, tandis que l'ob-
servation scientifique des faits normaux ou anormaux a seule
il) Zflc, cit., t. I, p. 34«.
(2) Loceit., t. I, p. 341).
574 PROGRÈS BÈAUsés EN OBSTÉTRIQUE
favorisé révolution féconde et augmenté nos connaissances
en tout ce qui touche à la reproduction de V espèce hu^
matne.
Là, comme dans toutes les branches de la médecine, s'est
affirmée une fois de plus la supériorité de la prophylaxie sur
la thérapeutique, et la nécessité de bien savoir pour mieux
prévoir.
Vous avez pu apprécier les connaissances acquises dans Taote
de la parturition proprement dite et juger tout ce qui a été fait,
se fait et est à faire encore pour rendre cet acte fonctionnel
aussi normal, aussi peu dangereux que possible, pour la mère
et pour Tenfant.
Vous avez vu disparaître, à la fin du XIX* siècle, un opprobn*
scientifique^ le sacrifice de renfant. A l'heure actuelle, il n'est
plus un accoucheur qui ait le triste courage de se déclarer
partisan de Tembryotomie sur Tenfant vivant bien portant. C^est
en balbutiant que quelques-uns prétendent encore avoir le
droit de porter une main meurtrière sur Venfant dit corri'
promis.
Mais si pour (a naissance de grands progrès ont été accom-
plis, que de choses sont encore à faire pour que nous n'assis-
tions plus à la venue au jour d'enfants prématurés, difformes oa
monstrueux et à Texpulsion de mort-nés !
Nous savons, à la fin du XIX* siècle, la signification du mot
prématuré . Nous connaissons Tabimequi sépare le prématuré
de l'enfant à terme, et la différence d'avenir qui est réservée à
chacun d'eux. Or n'oubliez pas que sur 188,204 enfants nés à
la Maternité et à la clinique Baudelocque, 72,626 pesaient moins
de 3,000 grammes, et que 29,071 étaient des prématurés pesant
moins de 2,500 grammes (1) !
Nous commençons à savoir pourquoi il y a tant de préma-
turés ; les efforts futurs doivent donc tendre à supprimer ces
causes.
(1) Hygiène de la femme enceinte. Puériculture intra-utérine. Rapport ta
Congre* d'hygiène et de dèmographUi, Paris, 1900. (Voyei plus loin, page60x)
PINARD 575
Enfin Tobservation quotidienne défaits qui démontrent l'exis-
tence et la fréquence de Thérédité pathologique similaire ou
dissemblable, la mise hors de doute de l'atténuation possible de
cette influence nocive à laquelle ressortissent tant d'êtres incom-
plets ou imparfaits, indiquent assez, je pense, le but de la croi-
sade qu*ont à entreprendre les obstétriciens du XX^ siècle.
r r
DYSTOCIE
DUE A UKS
MONSTRUOSITE ËNDOGYMIËNNË, VARIETE ÂNIDE
OI>:ÉKA.TION
Par le D' Jeao-B. Ctelderon
de Puebla (Mexique).
Il y a vingt ans à peu près, j'étais de garde comme interne à la
Maternité du Mexique, quand je fus appelé pour accoucher une femmf
en travail depuis plusieurs heures.
En l'interrogeant, elle m'a donné comme antécédents personnels les
suivants : âge, 40 ans, multipare ; toutes ses couches antérieures ont
été normales ; elle avait souffert beaucoup depuis les premiers mois de
la gestation dont nous nous occupons, avaitdes difficultés pour marcher,
se sentait très fatiguée au moindre effort, avait de la dyspnée ; le ventre
était volumineux, les membres inférieurs œdémaUés. Les règle»
manquaient depuis neuf mois. Son appétit avait été toujours bon, mais
son sommeil toujours agité ; elle ne se trouvait bien que dans la
position assise.
La veille de son entrée à l'hôpital, elle avait commencé à sentir les
douleurs de Fenfantement, et ses douleurs avaient augmenté dlnt^isité
et de fréquence pendant la nuit ; étant insupportables le lendemain
matin sans que Taccouchement eût lieu, elle se décida à entrer à
rhôpital pour être soulagée de ses souffrances.
Immédiatement j'ai procédé à un examen gàiéral et j'ai trouvé quo
sur sa figure se peignait l'angoisse ; elle agitait continuellement ses
membres supérieurs, les inférieurs étaient œdématiés ; le pouls étail
de 125 pulsations à la minute, sa température de 39® et demi ; sa peau
était chaude au toucher et couverte de sueur abondante, l^dbdomen,
très développé, dessinait son relief jusqu'à la région éf^gastrique et
CALD£&ON 577
dans les hypochondres. On pouvait remarquer, dans la région antéro-
inférieure gauche de Tabdomen, une bosse formée par une grosseur
très perceptible.
Au palper, Tabdomeli était dur et résistant. Cette résistance était plus
marquée pendant les douleurs et dans la région occupée par la bosse,
où on sentait quelque chose qui rappelait, par son volume, la tète
fœtale. •
L'auscultation me permit de constater Tabsence complète des
battements fœtaux.
Le toucher vaginal, fait avec un seul doigt, ne me donna aucun
résultat positif ; mais, fait profondément, ce qui était très facile car
le canal pelvien était vide, il me donna des résultats positifs importants
et me permit de constater, près du détroit supérieur du pelvis, dans la
partie antérieure gauche, tous les caractères classiques d'une présen-
tation du sommet défléchi, laquelle poussée allait se faire sentir du
côté abdominal, à la place de la bosse que j^avais remarquée aupa-
ravant, et formée par la tète fœtale. En contournant cette dernière,
j*ai observé une grosseur du côté postérieur droit qui empêchait
la tète fœtale de descendre. Gela m'a obligé à faire un toucher
plus méticuleux pour pouvoir définir la nature et les caractères de la
deuxième grosseur, ainsi que ses relations avec le corps fœtal. Elle
était volumineuse et présentait des bosses multiples plus ou moins
grandes et molles, tandis que le reste de la tumeur était dur et
résistant, s'étendant jusqu'en haut de la cavité utérine.
Profitant du moment où les contractions de la matrice étaient faibles,
j'ai pu glisser avec soin ma main et constater que la peau de la région
pelvienne du fœtus se continuait sans ligne de démarcation avec la
masse de la tumeur.
Après cette constatation, j'ai fait le diagnostic suivant : grossesse
intra-utérine à terme, présentation du sommet, fœtus mort depuis
quelque temps et dont l'expulsion à travers le canal utéro-génital
était empêchée par une masse ovoïde, qui se détachait de la région
pelvienne du fœtus, et située dans le côté postérieur droit de la
cavité utérine.
Dans ces conditions, j'ai cherché à diminuer le volume de la tumeur
pour faciliter sa sortie ainsi que celle du fœtus et, avec ce double
objet, guidé par la main gauche, j'ai perforé plusieurs fois la masse
tumorale au niveau des bosses que j'ai déjà fait remarquer. Le déga-
gement du champ opératoire fut ainsi obtenu, en même temps que
L UN8 NOKSTRUOSITÉ BNDOCTMieNHB
^1
BNHB I
Vu de lace.
.De la région Hacro-périnéale du fœtus F se dégage l'auide A qui estoom-
posé d'ane enveloppe cutanée enfermant dane son intérieur un aaiecnbliift
désordonnb des dâbria d'un autre fcetua : oe, tissus fîbrineux et ^raiM«ni,
vaiaseauz artériels et veineux, liquide eu bonoe quantité, etc., le U)utéfar-
pillé çàetlà.
Après avoir opéré reitractiou de la tête et du thorax du fratus F, j'û f*it
des ponctions avec soin pour extraire ud pen de liquide et dimiDner I*
volume A, et cherchant l'acconiniodation longitodiuale de ce detnier j'ii
pu faire son extraction.
Vu dacOté. (Voir t» légende ft U précédente figure.)
j'ai pn faire sortir nne qnantité d'un liquide cllrin et sanguinolent,
placer un forceps Levret sur la tète fœtale et faire l'extraction du
corps de ce dernier, en imitant les pbânomènea mécaniques de l'accou-
chement, d'aae maniera lente, mais sans grandes difficultés. En prati-
quant le toucher de nouveau, j'ai pu constater que la région rétro-
anale du fœtus se continuait avec la tumeur et que cette dernière
g'élail placée Iranaversalement sur les fosses iliaques internes, m'obli-
580 DYSTOCI£ DUE A UNE MONSTRUOSITE ENDOCYMIBNNB
géant à prier mon aide et collègue, le D' Rios, de la lever du côté
abdominal et de t&cher d'obtenir par des manœuvres externes son
accommodation dans le sens de sa longueur avec le diamètre longi-
tudinal du canal génital, en même temps que je tirais le corps fœtal
du côté vulvaire. Au bout de quelques instants, j'ai pu apercevoir une
des extrémités de la tumeur que je saisis avec une forte pince Museux
en la tirant fortement. L'accouchement fut ainsi terminé et la malade
soulagée de ses souffrances.
L'examen de la grande pièce qne nous reproduisons ici nous donna
les résultats suivants :
Fœtus bien développé, ses dimensions ne dépassant guère les
normales ; la peau velue et d'une couleur violacée ; le cordon ombilical
était flasque, pâle et en complète hémostase ; la tête, très résistante ;
la cavité buccale laissait échapper un liquide clair.
La tumeur présentait encore quelques bosses et les marques des
ponctions que j'ai faites pendant l'opération. Les ouvertures faites
par les ponctions donnaient accès à des cavités desquelles nous avons
pu extraire le liquide qu'elles contenaient.
La tumeur se continuait avec les régions fesslères et le centre de la
région périnéale, laissant par conséquent libre l'ouverture anale et la
région génitale ou antérieure. Ayant fait plusieurs coupes avec un
bistouri sur le sens de sa longueur et transversalement, j'ai pa voir
qu'elle était composée : a) d'une enveloppe cutanée complète, sillonnée
de veines très apparentes et très grosses ; b) d'une grande quantité de
tissu cellulaire qiii tapissait l'enveloppe cutanée et qui était mélangée
avec des débris fœtaux : os crâniens incomplets, os des membres
inférieurs, quelques côtes et cloisons aponévrotiques qui divisaient
cet assemblage difforme en plusieurs cavités de capacités diverses. 11
faut ajouter à cela quelques artères et une certaine quantité d'un
liquide transparent.
Sa forme était généralement ovoïde et son volume un peu plus fort
du côté où elle se continuait avec le fœtus.
Cette pièce a été classée par mon maître, le savant D' Juan
Maria Rodriguez, professeur à la Maternité, comme mons-
truosité endocymienne, variété anide .
J'ai estimé ce cas digne de mention, non seulement parce qu'il
se présente rarement dans la pratique, mais par les difficultés
du diagnostic, les difficaltés de Taccouchement et les manœu-
CALDERON 581
vres nécessaires qui ont préparé et déterminé Textraction. Les
ouvrages qui traitent de cette classe de monstruosités, ainsi que
les notes que j'ai prises dans mes excursions à travers les
musées et maternités d'Europe et d'Amérique, confirment sa
rareté, et j'ai connaissance de seulement trois cas de cette
espèce.
Je ferai remarquer, d'autre part, que les signes recherchés
pour le diagnostic du côté abdominal ont été seulement de pro-
babilité, tandis que, seul, le toucher fait avec soin et profon-
dément, m'a fourni les renseignements nécessaires pour édifier
sûrement le diagnostic.
Enfin, la possibilité où j'ai été de vider quelques-unes des
nombreuses collections liquides contenues dans la tumeur m'a
permis, avec Taide du forceps, de faire passer d'abord le
fœtus, puis la tumeur, sans quoi j'aurais été forcé d'embryo-
tomiserle fœtus, et peut-être de l'extraire par fragments. J'ajou-
terai, pour terminer, que la tumeur étant placée transversale-
ment, je n'ai obtenu son extraction qu'après l'avoir fait obéir
aux lois appelées en obstétrique « lois d* accommodation » (c'est-
à-dire la plaçant longitudinalement) pour pouvoir utiliser la
triple action combinée de la rétraction utérine, de la compres-
sion manuelle et de la traction extérieure.
DBDX m M RiTRODfiVIÂTION DE L'DTÉRUS fiRAVIDi
lERÉDUCTIBIUTÉ PAB INCAECfiMTION COMPLÈTE
RÉDUCTION PAR LA LAPAROTOAUE
ACCOUCHEMENT A TERME
Par le D* Honeh^t '
Chirurgien de l'Hôtel-Dien de Sens
Correspondant de la Société de chirurgie (1).
Les interventions par la laparotomie dans les rétrodéviations
de l'utérus gravide sont encore très rares, soit que la réduction
de Torgane se fasse spontanément dans les premiers mois de
la grossesse, soit que les moyens ordinaires suffisent presque
toujours à corriger le déplacement.
Cependant il est des cas où ni la nature, ni la main de l'accou*
cheur ne peuvent triompher de Tenclavement de Torgane et où
la femme serait menacée des plus graves accidents si Ton n'in-
tervenait pas en temps opportun par une opération qui, en
réduisant l'utérus, fait disparaître toute complication et permet
à la grossesse de suivre son cours.
A part les il cas de Jacobs, parmi lesquels 4 seulement
auraient été précédés de tentatives de réduction et celui de
Schwartz où l'opération a été faite, la grossesse étant méconnue,
nous ne pensons pas qu'il en existe d'autres dans la science où
la laparotomie ait été pratiquée de propos délibéré pour réduire
(1) (Communiqués à V Académie de mideeine. Nous faiBona suivre ces
2 observations du rapport dont elles ont été l'objet par M. le professeur
PlNABD.)
MOUCHET 583
un utérus gravide après essai infructueux des tentatives
manuelles.
Les hasards de la clinique nous ont fourni en moins d'un
an deux cas intéressants de rétrodéviation de Tutérus au cours
de la grossesse.
La première peut s'intituler :
Grasseêse de 3 mois et demi dans un utérus en rétroversion ; incarcéra-
Uon ; rétention complète d'urine, grandes douleurs pelviennes ; réduction
par la laparotomie , accouchement à terme, — La femme P... est âgée de
37 ans ; bonne santé habituelle, antécédents nuls ; menstruation
régulière ; trois accouchements à terme normaux, aucune maladie de
Tutérus et des annexes.
Les dernières règles ont apparu au commencement de septembre 1 897 ;
ce n*est que dans la seconde quinzaine de décembre que cette femme
éprouva de la difficulté à uriner : envies plus fréquentes et quantité
d'urine émise de plus en plus faible. En môme temps, développement
extraordinaire du ventre avec douleurs très vives et constipation
opiniâtre.
Je la vois pour la première fois à la fin de décembre et constate
Texistence d'une tumeur abdominale fluctuante, médiane, et dépassant
l'ombilic, tumeur qui n'est que la vessie énormément distendue ; par
le toucher vaginal un col très élevé, petit, peu entr'ouvert, situé très
haut derrière le pubis.
Le petit bassin est rempli par une tumeur arrondie, régulière,
molle, quasi-fluctuante, non douloureuse à la pression, refoulant la
paroi postérieure du vagin vers le périnée et distincte de la tumeur
sentie par le palper abdominal.
Le toucher rectal confirme ces constatations, mais ne permet pas de
sentir la limite supérieure de la grosseur pelvienne.
Je pratique le cathétérisme qui donne issue à deux litres d'urine
claire^ normale. Je puis m'assurer alors que la tumeur du petit bassin
est constituée par l'utérus gravide dont le développement considérable
ne me parait pas en rapport avec l'âge de la grossesse, 3 mois et demi
environ. A partir de ce premier cathétérisme, la femme P... n'urine
plus, il faut la sonder trois fois par jour. L'état général est bon,
l'appétit conservé, mais les douleurs abdominales persistent violentes,
revenant par crises, et la constipation est toujours excessive.
584 DEUX CAS DE RÉTRODBVIATION DR l'.UTÊRDS GRAVIDE
Malgré révacuation régulière de la vessie et du rectom, le ool
utérin est très haut placé.
En présence de cette situation très pénible et inquiétante pour U
malade et redoutant un avortement prochain, je tente la rédaction par
les moyens ordinaires : introduction de plusieurs doigts dans le vasia,
puis dans le rectum ; je n^obticns aucun changement de posttioo
L'utérus est bien enclavé dans le bassin et ne subit à la suite de cti
tentatives répétées aucun mouvement en avant.
Gomme la rétention d'urine est absolue, que le cathétérisme devient
de plus en plus difficile et douloureux, que les douleurs abdominales
augmentent du fait du développement assez rapide de rutéms,
qu'une fausse couche avec toutes ses conséquences parait imminente,
je propose la réduction de l'utérus par la laparotomie.
L'opération a lieu quelques jours après, le 4 janvier 1898, à THôtel-
Dieu.
La malade est mise sur le plan incliné ; une incision sur la ligne
médiane est pratiquée à trois travers de doigt au-dessus du pnbis pour
éviter la vessie. Malgré cette précaution, je tombe sur le tissu cellulaire
prévésical et trouve ime vessie qui, bien que vidée par la sonde, a le
volume d'un gros œuf et remonte jusqu'à l'ombilic
L'incision prolongée par en haut met à découvert une tumeur rou-
geàtre, arrondie, molle, sans adhérences, occupant toute TexcavatioD.
tumeur qui n'est autre que l'utérus gravide complètement renversé
en arrière et fléchi sur lui-même.
Ce n'est qu'avec beaucoup de difficulté que je réussis à le dégager
en introduisant la main entre l'organe et la concavité du sacrum. D
est très vasculaire et présente un volume considérable pour une
grossesse de trois mois et demi.
Absence complète d'adhérences h la vessie, à l'intestin et au bassin;
pas de fibromes. Rien du côté des annexes.
Le ballottement ne me permet pas de sentir le fœtus, mais de cons-
tater une grande quantité de liquide amniotique. La vessie est refoulée
derrière le pubis ; le col utérin s'étant naturellement abaissé, je
remarque que l'utérus, qui n'a aucune tendance à reprendre sa position
vicieuse, remonte à deux travers de doigt de l'ombilic.
Le ventre est fermé par une suture à trois étages. Le soir, quelques
vomissements chloroformiques. T. 37<>. Douleurs vives et continues
dans le ventre. Injection d'un demi-centigramme de chlorhydrate de
morphine.
HOUCHBT 585
Le 5. — Température normale. La nuit a été calme ; pas de vomisse-
ments ; catiiétérisme facile ; urine claire et abondante.
Le 6. — Même état satisfaisant. Selle à la suite d'un lavement.
Le 7. — Galomel ; pas de température ; cessation à peu près complète
des douleurs.
L'amélioration se continue les jours suivants. Les fils sont enlevés
le septième jour et le quinzième, la malade se sentant tout à fait bien,
se lève sans fatigue. Elle a uriné seule dès le quatrième jour.
La convalescenôe suit une marche régulière, malgré la formation
d'un petit abcès de la paroi à la partie inférieure de l'incision.
Le 15 février, la femme P... percevait les mouvements de l'enfant, et
le 20 juin elle accouchait en quelques heures d'un enfant du sexe
masculin, gros et bien constitué. Je l'ai revue depuis et ai constaté
que l'utérus était encore en légère rétrodéviation.
La seconde observation a pour titre :
Rétrodéviation de l'utérus gravide de quatre mot#, avec kyste de V ovaire
et accidents graves d* incarcération. Ablation du kyste et réduction de V utérus
par la laparotomie. Guérison ; accouchement à terme.
Femme D..., 29 ans, sans antécédents personnels ni héréditaires,
sans enfants, bien réglée^ voit depuis plusieurs mois son ventre se
développer d'une façon assez rapide. Elle n'a plus ses règles depuis le
1«'' février 1898. Elle se croit enceinte de quatre mois seulement,
bien qu'elle soit en réalité fort grosse. Ce qui l'inquiète surtout, c'est
que dès le mois de septembre dernier elle a ressenti d'assez vives
douleurs dans le ventre avec vomissements, frissons et accès fébriles.
En même temps apparaissait une tumeur surtout développée à gauche,
dépassant peu à peu l'ombilic, allongée assez régulièrement de haut en
bas et fluctuante. Je vois M™° D... le 5 juin; parle toucher, je sens que
le col est très élevé derrière le pubis, un peu gros, comme œdématié.
Le bassin est rempli par une tumeur volumineuse, mollasse, régulière,
appuyant sur le périnée et semblant se continuer avec le col, mais
indépendante de la tumeur sentie à gauche dans l'abdomen et dont
les contours sont très nets. Je crois percevoir faiblement à droite les
battements du cœur fœtal. La malade a toujours bien uriné jusqu'à il
y a quinze jours. Depuis, les mictions sont devenues plus fréquentes
et la constipation opinâtre.
Je pense à une grossesse dans un utérus en rétrodéviation avec
AUK. DB OTK. — VOL. UV. 38
586 DEUX CAS DE RETRODÉVIATION DE l'utÉRUS GRAVIDE
kyste d& l'ovaire ou pyosalpinx en raison des aoddraits donlonieox et
fébriles du début.
Je tente aussitôt la réduction par le vagin et par le rectum sans
résultat. Pendant que j'attends le moment opportun pour intervenir,
la femme D... est prise de rétention complète d'urine et de douleurs très
violentes dans le ventre. Cette rétention d'urine ne me paraît pas être
le fait de la compression de la vessie par la tumeur kystique qui
s'élève dans l'abdomen et est assez mobile, mais par l'utérus qui se
distend de plus en plus et s'enclave dans le petit bassin.
Le catbétérisme e3t douloureux et difficile, les douleurs plus intenses
avec état général mauvais ; quelques vomissements et de temps à
autre des accès fébriles.
Je me décide à intervenir, non sans avoir tenté de nouveau le
redressement de cet utérus gravide de quatre mois environ. L'opération
est pratiquée le 15 juin.
Le ventre, ouvert avec les plus grandes précautions en raison do
déplacement de la vessie, j'extrais un petit kyste de l'ovaire gauche,
sans adhérences, à pédicule long et mince, contenant uji litre environ
de liquide jaunâtre, un peu louche. Je puis alors constater que rulénis,
très développé, rouge,' vasculaire, occupe toute l'excavation pelvienne
dans laquelle il est incarcéré sans être maintenu dans cette position
par des brides vésicales, intestinales ou pelviennes.
Gomme dans l'observation précédente, son volume ne m'a pas para
en rapport avec l'âge de la grossesse. Après plusieurs tentatives. la
*
main glissée avec peine dans l'excavation du sacrum, je réduis complè-
tement l'organe. La vessie est refoulée derrière le puhia et le ventre
fermé à trois étages.
Le soir^ douleurs assez vives dans le ventre, vomissements dus an
chloroforme, nuit mauvaise.
Le lt>, température ST'^jô ; pouls peu fréquent, mais faible. Injeetioii
d'un demi-centigranmie de chlorhydrate de morphine pour calmer les
douleurs.
Encore quelques vomissements les jours suivants ; puis la miction
se rétablit le cinquième jour. Les douleurs cessent et la malade est
tout à tait rétablie vingt jours après l'opération. La grossesse oontiniK
régulièrement son cours et laccouchement a lieu dans d'excellentes
conditions le ô novembre.
Ces deux observations nous suggèrent les réflexions soi-
MOUGHET 587
vantes : que la rétroversion ait été primitive ou secondaire, la
réduction ne. s'est pas faite spontanément, malgré l'absence
d'adhérences.
Lorsque nous avons été appelé près de nos clientes, les phé-
nomènes de compression et d'enclavement existaient déjà,
puisque malgré Tévacualion régulière de la vessie et du rectum,
malgré les tentatives répétées de réduction manuelle, nous n'a-
vons pu obtenir le moindre changement de position de Torgane.
Nous n'avons pas eu recours à Tmtroductiog d'un ballon dans
le rectum ni à l'emploi de certains instruments préconisés par
quelques auteurs et nous n'avons pas songé un seul instant à
pratiquer Tavortement, espérant, par une laparotomie conduite
prudemment, sauver la mère et prolonger la grossesse jusqu'à
terme.
Dans notre seconde observation, du reste, une intervention
s'imposait ; la présence d'un kyste pouvait être un des prin-
cipaux facteurs de la rétroversion et devenir plus tard, par son
développement, une cause d'accidents graves pour la mère et
pour Tenfant.
Nous signalerons le volume considérable de l'utérus en rétro»
version, volume qui ne nous a pas paru en rapport avec
l'époque de la grossesse. Ce fait tientril à la gène apportée à
la circulation par le renversement de l'organe et sa flexion
sur lui-même, ou aune plus grande quantité de liquide amnio-
tique ? Ce développement explique peut-être l'enclavement pré-
coce, Tirréductibilité et la très réelle difficulté que nous avons
eue à insinuer la main dans l'excavation du sacrum pour en
opérer le redressement.
Nous terminerons en disant que toute rétrodéviation au cours
de la grossesse compliquée de rétention complète d'urine, de
constipation excessive, de douleurs vives dans le ventre et
irréductible par les moyens ordinaires, est justiciable de la
laparotomie.
L'avortement provoqué ne sera plus pratiqué que tout à fait
exceptionnellement, quand il existera une contre-indication
formelle à l'ouverture du ventre.
588 DEUX CAS DE RBTRODBVIATION DE L*UTÉRUS GRAVIDE
Rapport de M. le professeur Pinard.
En présence de ces deux intéressantes observations, il est
utile sinon nécessaire de rechercher et d'établir, il me semble :
1° La cause ou les causes de l'irréductibilité ;
2° La légitimité de la conduite tenue et des interventions pra-
tiquées.
Causes de Venclaivement irréductible de Vutérus graLvide
en état de rétro'cersion. — Dans la pluralité des cas de rétro-
version de Tutérus gravide, la réductibilité est observée,
soit à la suite d un traitement indirect (évacuation provoquée
de la vessie et de l'intestin, position particulière de la femme),
et dans ces cas la réduction est dite spontanée, soit à la suite
d'un traitement dirigé sur l'utérus lui-même (intervention
manuelle ou instrumentale). L'une des statistiques les phis
récentes, celle du D' Harlay (1), démontre ce fait de la façon la
plus évidente, puisque sur 193 cas rassemblés par cet auteur,
141 fois la réduction eut lieu. Elle fut spontanée dans 36 cas,
et le résultat de manœuvres directes dans 105.
Il n*en est pas moins vrai que dans un certain nombre de cas.
la rétroversion est irréductible. Pour expliquer cette irréducti-
bilité, des causes nombreuses ont été invoquées. Avec Boivinet
Dugès, mais surtout avec et depuis Amussat, les adhérences,
les brides utéro-rectales jouèrent un grand rôle et pour BemaU
en particulier, ces adhérences paraissaient être très fréquem-
ment la cause des enclavements irréductibles.
L'on sait aujourd'hui, grâce aux travaux de Charles de
Liège (2), de Pinard et Varnier (3), de Dûhrssen (4), que les
(1) André Hablat. Contribution àVétude de la rétrodétiati&ndeVuUDa
gravide. Thèse, Paris, 1898.
(2) Charles. Dcê déplacements de la matrice en arrière pendant la çtm-
sesse. Paris, 1878.
(3) Pinard et Varnier. Contribution à Vétude de la rétrcteni^ if
Vutérus gravide, Paris, 1885.
(4) In Cent./. Gyn., 1898, n« 32, p. 859.
MOUGHBT 589
adhérences anciennes utéro-rectales ou atéro*peIviennes sont
rarement la cause d'irréductibilité ; et que, au contraire, les
adhérences anciennes vésico-intestinales ou vésico-întestino-
pelviennes ou utéro-vésico-intestino-pelviennes en clôturant
l'aire du détroit supérieur sont causes d'enclavement plus
souvent.
Quand ces adhérences n'existent pas, l'irréductibilité résulte
le plus fréquemment du volume trop considérable de l'utérus.
C'est le développement de l'utérus renversé qui rend ou parait
rendre immuable l'incarcération.
C'est vraisemblablement là ce qui se produisit dans la pre-
mière observation relatée plus haut.
Dans la seconde observation, nous voyons une autre cause
qui a été également signalée, à savoir la coexistence d'une
tumeur avec la grossesse.
L'on sait effectivement le rôle joué par les tumeurs fibreuses
ou les kystes de l'ovaire dans la production de la rétroversion
de l'utérus gravide et dans son irréductibilité.
Or on comprend, en lisant l'observation, que les tentatives de
réduction faites par notre confrère le D^ Mouchet aient échoué
de par le fait d'un kyste de l'ovaire s'opposant au mouvement
ascensionnel de l'utérus.
En résumé, dans ces deux observations, la cause de l'irréduc-
tibilité a été : dans le premier cas, l'intervention tardive ; dans
le deuxième cas, la présence d'un kyste de l'ovaire .
De la légitimité de la conduite tenue et des interventions
pratiquées. — En disant que la cause de Tirréductibilité a été
dans la première observation l'intervention tardive, je n'ai
nullement voulu incriminer notre confrère. Ce que j'ai voulu
dire, c'est qu'appelé trop tardivement, il s'est trouvé en face
du fait ou du mal accompli. Dans ces conditions, il me paraît
que sa conduite a été tout d'abord celle d'un clinicien sagace
et expérimenté. De suite il fait le diagnostic, immédiatement
il provoque l'évacuation de la vessie et du rectum et rapidement
il tente de réduire manuellement l'utérus.
D'aucuns pourront lui reprocher de n'avoir pas eu recours à
590 DEUX CAS DB RÉTRODÉVIÀTION DE l'uTÉRUS GRAVIDE
la réduction instrumentale et de ne pas avoir employé la
fameuse baguette d'Evrat, la spatule-levier d'Antoine Petit, ou
le gorgeret de Rœderer. Je le félicite au contraire d'avoir laissé
dans Toubli ces instruments qui, d'après moi, doivent y rester
à jamais, car leur emploi ne peut être que désastreux.
Le meilleur instrument, le plus précieux, le plus puissant et
le moins dangereux pour réduire l'utérus rétroversé est founii
par la main. Quand la main introduite dans le vagin et a<^s-
sant suivant les règles connues, se trouve impuissante, on a
bien peu de chances d^obtenir la réduction à Taide d'un autre
instrument. Seul l'emploi d'un ballon introduit dans le rectum,
gonflé et laissé à demeure, me paraît justifié et me semble offrir
quelque chance de succès (1).
L'on pourra aussi reprocher à notre confrère de n'avoir pas
assez prolongé l'expectation. J'avoue que sur ce point encore
je ne pourrai partager cette opinion, et voici pour quelles
raisons.
En dehors de l'avortement, toujours à craindre dans ces cir-
constances, ne sait-on pas aujourd'hui combien sont à redouter
les lésions de la vessie? Sans admettre entièrement la précision
de Krukenberg, touchant l'influence de la rétention d'urine sur
la production de la gangrène vésicale, nous savons avec quelle
rapidité se produisent dans certains cas des phénomènes inflam-
matoires dont les suites peuvent entraîner et entraînent souvent
la mort (2). En raison du cortège symptomatique décrit par
notre confrère chez ses deux malades, en raison de ses tenta-
tives infructueuses de réduction, je partage absolument son
opinion : une intervention s'imposait.
Quelle devait être cette intervention ?
En raison de la difli culte de pratiquer le cathétérisme, devait-
(1) Voyez YARNifiB. Annales de gynécologie et d*obgUtrique, XXXI 1,
t. II, p. 281,286.
(2) Dans un cas observé par Walters, 1* expulsion de la muqueuse résical'*
spbacélée se fit déjà après quatre jours en dépit d'une repositioo immédiat^
(cité par LARUfH)UiÈBB, Annale$ de gynécologie et d* ohêtUrique^ marslz^i^t
p. 222).
MOUCHET 591
il pratiquer la ponction de la vessie ? Cette manière de faire est
condamnée à juste titre par la majorité, pour ne pas dire par
Tunanimité des accoucheurs.
Devait-il interrompre la grossesse? Ce procédé thérapeu-
tique me paraît devoir être absolumeut proscrit, car non seule-
ment il» tue fatalement le fœtus, mais encore fait courir à la
mère les plus grands dangers.
La seule intervention rationnelle pouvant et devant être tentée
était la laparotomie ou cœliotomie, car seule elle pouvait per-
mettre de lever l'obstacle en cas d'adhérence, d'enlever la
tumeur et en tout cas d'agir directement avec la main sur
Torgane gestateur.
Les cas de Schwartz (1) et de Jacobs (2) montrent la puis-
sance et rinnocuité de cette intervention.
Aussi, à rheure actuelle, le traitement de la rétroversion de
l'utérus gravide me paraît-il devoir être formulé ainsi :
Au début, provoquer la libre évacuation de la vessie et du
rectum.
Le plus souvent la réduction se produira spontanément.
La rétroversion persistant, il faut pratiquer la réduction
manuelle par le vagin avec ou sans anesthésie. Si l'on échoue,
l'introduction d'un ballon, gonflé et laissé à demeure dans le
rectum, est la seule intervention instrumentale qui doive être
tentée. La rétroversion se montrant irréductible, la seule inter-
vention rationnelle et utile est la laparotomie ou cœliotomie,
qui permettra de détruire les adhérences sMl y a lieu et d'en-
lever les tumeurs, en tout cas de pratiquer la réduction directe.
J'ajoute qu'en cas de signes permettant de constater la gan-
grène de la muqueuse vésicale, il faudrait pratiquer ensuite la
taille vaginale.
Au courant des progrès réalisés dans ces dernières années,
sûr de son diagnostic, avec son esprit de décision bien connu,
(1) SCHWABTZ. Annales de gynécologie et â^ohtfitrique, 1894, XII, p. 241-
247.
(2) Jacobs. BMetin de la SoeiéU belge de gynécologie et d^ohttétrique^
1898, m 2, t. IX, p. 24-32.
592 DEUX CAS DE rétrodéviation de l'utérus gravidb
le D*^ Mouchet décida rintervention et son habileté opératoire
lui donna les deux brillants succès que vous connaissez et dont
on ne saurait trop le féliciter.
Je propose à l'Académie de lui adresser des remerciements et
de renvoyer son travail à la Commission chargée d'examiner
les titres des candidats à la place de correspondant national qui
ne manquera certainement pas d'en apprécier la haute valeur.
REVUE CLINIQUE
ILystes hydatiques du tissu cellulaire du
petit bassin compliq[uaiit raccouchement.
Tympanisme utérin. Perforation sur l'en-
fant mort ; cranioclasie ; extraction de la
tête, des épaules et du tronc très dif&-
cile. Suites de couches normales.
Par J. FranUia,
Ancien chef de la clinique obstétr. et gynécol. de M. le professeur Pawlik,
à Prague.
M. F..., âgée de 42 ans, femme d'un serrurier, entrait, le
lOjuin 1892,à la clinique obstétricale de M. le professeur Pawlik,
à Prague.
Pas de maladies sérieuses durant sa jeunesse. Elle a été
réglée à 13 ans, toutes les quatre semaines, sans douleurs,
mais assez abondamment ; durée des régies, de quatre à sept
jours. Mariée à Tàge de 23 ans, elle a accouché la première fois
un an après. L'accouchement fut spontané, mais très grave et
pénible, d'une durée de deux jours et demi ; lenfant, en état de
mort apparente, revint bientôt à la vie. Tout de suite après Tac-
couchement, elle ressentit des douleurs aiguës au bas-ventre
pendant plusieurs jours ; ces douleurs se répétèrent après tous
les accouchements et, pour cette raison, elle suppose que sa
maladie ultérieure a commencé déjà à cette époque. A Tâge de
26 ans, deuxième accouchement, spontané, mais aussi très
grave comme le premier; l'enfant était vivant. A Tâge de 27,
594 KYSTES HTDATIQUBS COMPLIQUAJTT l'aCCOUCHEMBKT
29 et 30 ans, elle a accouché spontanément, enfanta vivants ;
tous les accouchements étaient très graves, pénibles et d'aoe
longue durée. Deux ans après, sixième accouchement, spontané,
aussi grave que les précédents, durant trois jours ; TenfaDt
était mort. Le médecin qui assistait à Taccouchement lai dit
que l'accouchement serait toujours très grave, mais sans
indiquer la cause des difficultés. A Tàge de 34 ans, deptième
accouchement, très diflicile, qui nécessita une application du
forceps ; Tenfant était bien développé, vivant. Le médecin lui dit,
à cette occasion, qu'elle avait une tumeur au ventre (il diagnos*
tiqua un fibrome utérin) et recommanda l'opération ; mais
elle ne pouvait pas s'y résoudre. Cette fois-ci elle fut obligée
de garder le lit pendant trois semaines, et elle se sentait très
faible encore quelques semaines après. Quatre ans après, au
mois de décembre 1889, une fausse couche de trois mois. Après
l'accouchement la tumeur subit un accroissement bien notable,
et survinrent les douleurs aiguës au ventre. Sa maladie deve-
nant toujours plus grave, elle entra, le 14 avril 1890, dans la
clinique gynécologique de M. le prof. Pawlik.
On trouva au ventre une tumeur irrégulière, élastique, indis-
tinctement fluctuante, qui remontait à gauche presque jusqu'au
bord du thorax, à droite à quatre travers de doigt au dessous
de celui-ci. La percussion au niveau de la tumeur donnait une
matité absolue ; tout autour^ sonorité intestinale. Au niveau de
l'ombilic, une autre tumeur, du volume d'un petit pois, sphé-
rique, lisse, élastique, vaguement fluctuante, assez mobile, et
soudée par des adhérences avec la grande tumeur. La partie
inférieure de la grande tumeur descend dans la cavité pelvienne
et on peut la toucher dans le cul-de-sac antérieur. L'utérus est
dévié et pressé à droite ; derrière lui, on peut sentir un corps
élastique, presque cylindrique, et dans le cul-de-sac latéral
gauche une petite tumeur du volume d'une noisette, de laquelle,
dans la direction à gauche, s'étend une série de petites tumeurs
du volume d*un gros pois. Le foie n'est pas augmenté de
volume. La tumeur est séparée, par une zone claire, de la
matité hépatique.
RBVUE CLINIQUR. FnANTA 505
A Vopération^ le 6 mai 1890, le professeur Pawlik trouva un
kyste hydatique suppuré du ligament large gauche composé
de deux poches ; adhérences étendues avec Tépiploon, le mésen*
tore, la vessie et avec les anses intestinales. Le kyste contenait
du pus vert-jaunàtre d'une mauvaise odeur et beaucoup d'hyda-
tides de différentes dimensions. La poche supérieure fut
énucléée. La paroi du kyste adhérente à la vessie était déjà
partiellement nécrosée et sur \o point de s'y ouvrir. A cause des
adhésions trop étendues, on ne pouvait pas énucléer la deuxième
poche ; c'est pourquoi on a pratiqué la marsupialisation.
Tamponnement de la poche avec la gaze iodoformée ; drainage
complémentaire de la poche par le vagin.
11 aurait été trop dirficile d'enlever la série de petites tumeurs
dans le cul-de-sac latéral gauche ; l'opération durait déjà
depuis deux heures et elle s'en serait encore plus prolongée.
Du reste, ces petites tumeurs étaient bien dures et on suppo-
sait leur dégénération. Dans Tépiploon et dans le péritoine
pariétal, on a trouvé des nodules jaunâtres, durs, du volume
d'un grain de chanvre et d'un pois.
Les suites de l'opération furent très simples. La cicatrisation
complète de la plaie abdominale a eu lieu le 11 juin ; celle de la
plaie vaginale, le 20 juin. La femme quitta Thôpital, le 23 juin,
dans un très bon état. Dans le cul-de-sac de Douglas, on sentait
distinctement cette série de petites tumeurs du volume d'un
poison dune noisette.
Au mois de septembre 1890, elle est devenue de nouveau
enceinte et, le 20 octobre 1890, elle a fait une fausse couche
d'environ 6 semaines avec une perte de sang considérable.
Voici le résultat de son examen à son arrivée, le 10 juillet
1892, à 7 heures du malin.
M. F..., est une femme de taille moyenne, bien constituée,
semblant avoir un excellent état général. Le poumon et le cœur
sains. Les glandes mammaires bien développées. Urine normale.
Température 38o,5, pouls 96. Elle ne se souvient pas de la
date des dernières règles, non plus du moment des premiers
mouvements du fœtus. Le 9 juillet, à 3 heures du matin, rupture
596 KYSTES HYDATIQUES COMPLIQUANT l'aGCOUCHEMENT
spontanée des membranes et, bientôt après, apparition des
contractions utérines. Â son domicile» elle fut bien souvent
examinée par une sage-femme et par le médecin .
Le ventre est développé comme à terme. Sur la ligne médiane,
1 centim. au-dessous de Tombilic, une cicatrice étroite après
la laparotomie, partiellement pigmentée, qui s'étend jusqu à
4 centim. au-dessus de la symphyse pubienne. L* utérus est d'une
forme presque sphérique, un peu incliné à gauche ; il monte à
gauche jusqu'au bord du thorax, à droite à deux travers de doigt
^ous celui-ci.
Présentation du sommet, position occipito-iliaque droite. La
tête mobile au-dessus du détroit supérieur. Les battements
fœtaux réguliers, contractions utérines normales.
Diamètres extérieurs du bassin:
D. bisépineux 27 centim.
D. bisiliaque 31,5 —
D. bitrochantérien 32,5 —
D . de Baudelocque 21 —
Le vagin normal, le col effacé, Torifice dilaté de trois ^avers
de doigt; le bord libre de Torifice épais, surtout en avant.
La tète mobile, volumineuse, les os du crâne durs, les sutures
et les fontanelles étroites; la suture sagittale est située en
travers, la petite fontanelle à droite. Le long du détroit supé-
rieur, des deux côtés du promontoire, mais surtout à gauche,
près de la symphyse sacro-iliaque on sent une série — à peu
près onze — de tumeurs sphériques, élastiques, assez dures,
immobiles, du volume d'une grande noisette ou d'une noix,
au toucher, douloureuses, qui obstruent considérablement le
détroit supérieur du bassin. Quant au bassin osseux, il est
tout à fait normal .
A midi, température 38** ,8 ; pouls 120.
Les contractions utérines douloureuses, assez fréquentes,
mais tout à fait insuffisantes. Les battements fœtaux sont faibles
et irréguliers.
L'utérus était assez fort incliné à gauche et la tête déviée un
REVCB CLINIQUE. — FRANTA 597
peu à droite du détroit supérieur. La femme fut placée sur le
côté droit.
Le soir, à 8 heures, température 39'>,2, pouls 124, L'anneau
de Bandl est très marqué, s'étendant à peu prés à 5 centim. au-
dessous de l'ombilic ; obliquement du côté droit d'en bas, à
gauche en haut. On n'entend plus les battements fœtaux. Le
liquide amniotique est d'une couleur vert-jaunâtre et d'une très
mauvaise odeur. L'orifice dilaté de quatre travers de doigt ;
son bord libre bien épais. La tête est encore au-dessus du
détroit supérieur; les petits kystes hydatiques du tissu
cellulaire du bassin mettent obstacle à l'engagement de la
tête.
Bien que la haute température, la fatigue causée par les lon-
gueurs de Taccouchement, la haute position de l'anneau de
Bandl, la mauvaise odeur du liquide amniotique, de même le
fait que la femme a subi, il y a deux ans, une laparotomie
bien* grave, étaient autant de raisons d'accélérer l'accouche-
ment, on prit pourtant la résolution — en observant attenti-
vement l'accouchée — d'attendre quelque temps, jusqu'à ce
que l'orifice, encore étroit et au bord libre bien épais, fût plus
dilaté et aminci.
A cause de la haute température et de la décomposition bien
marquée du liquide amniotique, on ne voulait pas faire des
incisions de l'orifice de crainte d'ouvrir une nouvelle voie à
l'infection. Pour le même motif et parce qu'il ne fallait se sou-
cier de l'enfant qui était déjà mort, il n'y avait pas lieu de son-
ger à la ponction des petits kystes hydatiques pour faciliter la
sortie de l'enfant.
Deux heures après , l'orifice était suffisamment dilaté. A dix
heures le soir, la femme étant endormie, on introduit le perfo-
rateur de Guyon et on pénètre facilement dans le crâne à tra-
vers l'os pariétal droit. Après avoir dissocié la substance céré-
brale et facilité son écoulement, on applique le crânioclaste de
Braun sur l'occiput, qui était le plus facilement accessible. Après
quatre fortes tractions, les os saisis sont arrachés dans leurs
sutures ; on les enlève avec précaution en même temps que le
598 KYSTBS HYDATIQUES COMPLIQUANT l'âCCOUCHSMJSNT
crànioclaste. Celui-ci fut appliqué de nouveau, cette fois-ci sur
la face. Mais après quelques tractions plus fortes, les €}3 saisis
sont aussi arrachés ; même chose se produit â la troisième
application du crànioclaste, cette fois-ci au-dessus de l'oreille.
Enfin, quand la tête, de cette manière, est considérablemeot
diminuée et le crànioclaste, pour la quatrième fois, introduit —
sur le sommet — on parvient à faire l'extraction de la tête avec
une grande difiiculté. Un nouvel obstacle se présente pen-
dant la sortie des épaules. On tire énergiquement sur le
cou du fœtus et sur un cordon appliqué autour du cou ; enfin,
après une forte traction sur le crochet de Braun introduit sous
le bras antérieur, combinée avec une traction sur le cou du
fœtuSy on réussit à extraire le bras antérieur, puis le posté-
rieur. De même l'extraction du tronc du fœtus fut bien difficile.
Directement derrière lui, s'échappent une grande quantité de
gaz d'une très mauvaise odeur et beaucoup de liquide épais,
vert-jaunàtre, extrêmement fétide. Le placenta, partiellement
adhérent à la paroi antérieure de l'utérus est extrait par la maia
introduite dans l'utérus. Le fœtus, le placenta et les membranes
sont d'une couleur brun-verdàtre et d'une odeur fétide.
L'extraction terminée^ vagin et utérus furent injectés soigneu-
sement avec plusieurs litiges d'une solution de lysol (1 p. 100),
et dans le segment inférieur de Tutérus fut introduit un tampon
de gaze iodoformée. Il n'y avait nulle part de blessures; Tuté-
rus était bien contracté ; point de métrorrhagie.
L'enfant, un garçon bien développé, pesait 3,150 grammes
sans le cerveau, le sang et la grande partie du crâne.
Suites de couches normales, excepté une unique élévation
de la température (38^,7) le troisième jour.
La femme quitta la Maternité le 23 juillet, le treizième jour
après l'accouchement, parfaitement rétablie. L'état général,
excellent. Involution de la matrice, normale. L'utérus en antè-
version, pas douloureux au toucher ; on ne peut pas introduire
le doigt dans le col. Les lochies brunâtres, muqueuses, peu
abondantes. Derrière l'utérus, le long du détroit supérieor,
surtout à gauche près de la symphyse sacro-iliaque, on trouve
RliVUiS CLINIQUE. FRANTA 599
une série de petites tumeurs sphériques, élastiques, assez
dures, immobiles, pas douloureuses au toucher, du volume d'une
noisette ou d'une noix, au nombre à peu près de onze. Les
annexes et le tissu autour de Tutérus d*ailleurs normaux. On
ne constate aucune autre tumeur dans le ventre.
Quatre ans après, le 29 juillet 1896, j'ai revu la malade. L'état
g^énéral était très bon; elle se sentait tout à fait saine. Au côté
droit du bas-ventre, j*ai trouvé alors une tumeur sphérique,
lisse, élastique, tendue, du volume de la tôte d'un fœtus à terme
et montant jusqu'à l'ombilic. A gauche, elle surpassait d'un
travers de doigt la cicatrice laissée parla laparotomie, à laquelle
elle adhérait par son pôle inférieur ; d'ailleurs, elle était libre
et assez mobile. Elle paraissait avoir son origine dans Tépais-
scur de l'épiploon. L'utérus était élevé et déplacé en avant,
jusqu'à la symphyse pubienne, par deux tumeurs situées dans
le cul- de-sac de Douglas. L'une d'elles, du volume d'une orange,
était é gauche; Tautre, un peu plus petite, à droite du col de
l'utérus, fortement adhérente à celui-ci et l'une à l'autre. Ces
tumeurs sont tout à fait séparées de celle située au bas-ventre.
La malade ne voulait pas se soumettre à une nouvelle opération.
Depuis ce temps, j'ai examiné la malade encore deux fois,
au mois de février et d'octobre 1897. Les tumeurs avaient
augmenté en volume, surtout celle située au bas*ventre. Enfin,
après la suppuration de cette tumeur et lorsque les tumeurs
pelviennes eurent rempli presque tout le petit bassin, comme
elle maigrissait à vue d'œil, la malade se soumit à la clinique
gynécologique de M. le professeur Pawlik, d'abord à l'opération
delà tumeur abdominale et, plus tard, à l'opération des tumeurs
pelviennes, à laquelle elle succomba.
Ici je n'ai fait qu'une très courte mention de la maladie ulté-
rieure et des opérations devenues nécessaires plus tard chez
cette femme. Leurs détails seront publiés ultérieurement.
REVUE GÉNÉRALE
DE U FRÉQUENCE ET DE LA SIGNIFICATION
DES INFARCTUS DU PLACENTA
Étude basée sur l*examen microscopique de 500 placentas
D'après J. H'hltrldge l¥llUaiiis (1).
Les infarctus placentaires ont été bien étudiés en France.
Et certainement M. le professeur Pinard est un des cliaicieo5
qui ont le plus attiré l'attention sur ces altérations de Tarrière-
faix et sur leur grande fréquence dans les placentas pro^renant
de parturientes albuminuriques.
La thèse du D' Cagny (i89i), inspirée par lui, constitue un
document important dans lequel Tauteur a rassemblé les don-
nées qui existaient déjà sur la question des hémorrhagies
placentaires de V albuminurie, et rappelé en particulier l'ob-
servation intéressante qui, la première, attira rattention da
professeur sur les relations existant entre Talbuminurie, les
apoplexies placentaires, les infarctus blancs du placenta et h
mort du fœtus. Il y expose aussi Tanatomie pathologique des
hématomes placentaires (macroscopique et histologique), qu'il
termine par l'énoncé des conclusions, réservées, de Kossier,
d'après lesquelles les hémorrhagies intra-placentaires des
albuminuriques résulteraient des lésions des vaisseaux de la
caduque et non plus de celles des vaisseaux fœtaux. Depuis la
thèse de Cagny, plusieurs travaux importants ont para sur la
même question. Pour 1 instant, nous nous bornerons à analyser
(1) Ihe Am. J. of OhiU,\\àxi 1900, p. 775.
RBVUB CéNÉRALB, — LABDSQUIÀRE 601
longuement celui de Whitridge Williams qui, d'ailleurs, a
utilisé les travaux antérieurs, dont il donne à la fin de son
mémoire un index bibliographique complet. Les examens de
l'auteur ont porté sur 500 placentas, et il est arrivé à la conclu*
sion que, dans le pliLS grand nombre des cas, la lésion ini-
tiale serait une endartérite des vaisseaux des villosités.
*
Fréquence. L'auteur aurait constaté la présence d^iufaretus^
à un degré plus ou moins notable, sur tout placenta à terme.
Mais, en certains cas, Taltération anatomique n* était recon-
naissablequ'àTexamen microscopique. Par infarctus marginaux
il entend désigner, exclusivement, les infarctus qui occupent
un tiers au moins de la périphérie de Tarrière-faix. Il écarte
également de sa statistique les infarctus superficiels ou cen-
traux dont le diamètre est inférieur à un centimètre.
Cela élant établi, sur 500 placentas qu'il a examinés, il a
trouvé: des infarctus superficiels ou centraux dans 243 cas,
soit 44,6 p. 100; des infarctus margiotaux seulement, dans
77 cas, soit 15,4 p. 100. Dans 107 cas, il y avait coexistence des
deux variétés. Groupant ces derniers faits avec ceux des
infarctus marginaux isolés, le placenta marginal s'est ren-
contré dans 184 cas, soit 36,8 p. 100. En résumé, infarctus
placentaires dans 223 cas, soit 46 p. 100; infarctus marginaux
purs dans 77 cas, soit 15,4 p. 100; infarctus rouges dans
15 cas, soit 3 p. 100 ; au total : 351 cas, ce qui donne la propor-.
tion de 63 p. 100.
Aspect et siège. Le plus souvent, la lésion est blanche,
superficielle, et à la face fœtale du placenta. Puis, par ordre
de fréquence, viennent les infarctus fibrineux, interstitiels, qui
s'étendent souvent vers la face maternelle de Tarrière-faix,
moins souvent vers la face fœtale.
Dans un nombre plus restreint de cas, Tinfarctus occupe des
portions plus étendues du placenta, affectant un ou même plu-
sieurs cotylédons. Alors, d'ordinaire, Tinfarctus parait émaner
de la surface maternelle pour s'étendre plus ou moins loin,
Amr. x» an. — vol. uv. 39
602 FRBQUENCB ET SIGNIFICATION DES INFARCTUS DU PLACBUTA
dans répaisseur du délivre, parfois jusqu'à la surface foe-
tale. Habituellement y les infarctus rouges sont centraux^ et
lorsqu'ils atteignent un certain développement, ils intéressent
toute répaisseur du placenta.
Structure microscopique. 1^ Infarctus blancs oa fibrineiu,
qui représentent la lésion à sa période la plus avancée. A la
coupe et sur le placenta frais, la lésion paraît d'un blanc mat,
parfois comme graisseux ; d'ordinaire, elle se détache nettement
sur les tissus voisins. A un examen plus approfondi, elle offre
une disposition réticulaire. Elle est constituée par une infinité
de faisceaux entre-croisés, entre lesquels il n'existe pas traces
des tissus normaux. Soumis à la méthode de Weîgert, rinfarc-
tus présente la coloration bleue caractéristique. Mais, datis la
majorité des cas, le processus pathologique est moins avancé.
Entre les tractus fibrineux, on reconnaît des villosités plus
ou moins nombreuses, à stroma normal, sauf des lésions plus
ou moins accentuées d*endartérite. Par contre, Tépithélium est
détruit sur une grande étendue, et l'on ne rencontre plus çà et
là que des masses de syncitium.
En d'autres cas, le stroma des villosités a subi des change-
ments notables et a un aspect presque fibroïde, qui s'accom-
pagne de la disparition du plus grand nombre de ses noyaux ;
dans des cas plus avancés, presque tous les noyaux ont subi la
dégénérescence et le stroma des villosités est transformé en une
masse dont les éléments constitutifs sont indistincts, et qui,
traitée par l'éosine, prend une coloration rose homogène. Enfin
il est des cas où, disséminés entre les éléments fibrineux,
quelques foyers blanchâtres, pâles représentent tout ce qui
reste du tissu villeux.
Dans les infarctus plus petits, et même assez fréquemment
dans les infarctus étendus, on ne rencontre pas d'altérations
aussi profondes. D'ordinaire, le stroma, abstraction faite des
lésions artérielles, a un aspect parfaitement normal. Le seul
signe du processus pathologique consiste dans la présence d^un
petit anneau canaliculé, qui traité par l'éosine devient rose, et
qui est immédiatement situé au-dessous du syncitium. Cet état
RBVOB GéNÉRALB. — LÂBUSQUIÈRB 603
est identique à ce que Langhans, le premier, a décrit comme
fibrine canalisée (canalized fibrin). Çà et là, les villosités ont
perdu la plus grande partie de leur revêtement syncitial et ont
été soudées entre elles par de la fibrine canalisée, mais non
fusionnées par un réseau fibrineux.
On note de temps en temps que l'infarctus est composé non
seulement de fibrine et de villosités plus ou moins dégénérées,
mais que, disséminées dans son épaisseur, se trouvent des
masses à formes irrégulières, de cellules volumineuses, à
noyaux sphériques^ qui se colorent assez vivement et accusent
un degré plus ou moins avancé' de dégénérescence. Quand ces
amas s'observent vers le centre du placenta ou au voisinage du
chorion, on dit habituellement qu'il s'agit d'îlots déciduaux, et
on suppose qu'on se trouve en présence de sections portant sur
les sep^â déciduaux. Quand ils sont plus rapprochés de la sur«
face maternelle du placenta, on les considère comme des masses
de cellules de la sérotine coupées par des sections obliques.
En ce qui concerne les infarctus rouges, il faut distinguer
entre les infarctus rouges, rouge-vif ou rouge sombre, nette-
ment circonscrits, plus ou moins circulaires, et les masses plus
considérables, de forme irrégulière, rouge brique, qui souvent
s'étendent à travers toute Tépaisseur du placenta. A la première
variété est appliquée le terme d'apoplexie, et lorsque les infarctus
sont nombreux, cet état est dénommé en France placenta truffé
(Pinard). Ceux du second groupe sont plus pâles, parfois rose
terne ; à la coupe, ils apparaissent grossièrement granuleux et
n'offrent pas Taspect homogène des masses apoplectiques. Sans
être en état de préciser, à cause de l'insuffisance des examens,
la vraie nature des infarctus rouges (apoplexie), Tauteur estime
qu'ils diffèrent essentiellement des autres formes d'infarctus et
qu'il faut les placer dans un autre groupe nosologique.
Au contraire les infarctus, à coloration rosée, volumineux ont
les rapports les plus étroits avec les variétés ordinaires d'infarctus
blancs dont ils ne diffèrent que par un plus grand nombre de
globules rouges du sang, enfermés dans les mailles du réseau
fibrineux, qui réunit entre elles les villosités dégénérées.
604 FRBQUBNCB BT SIGNIFICATION DBS INFARCTUS DU 1-I.ACKKTA
En un petit nombre de faits, on constate des prodnetions
pathologiques volumineuses qui, sur les pièces £raiches.
ressemblent plus ou moins aux infarctus centraux blancs, vola-
mineux, mais qui, à un examen plus minutieux, montrent on
aspect plus strié. Au microscope, on reconnaît qu'ils sont
totalement dépourvus de fibrine et qu'ils sont constitués par
des quantités de villosités dégénérées, étroitement fasionnées,
et entre lesquelles il est impossible d'apercevoir des traces de
sang ou de fibrine. Le processus de dégénérescence est très
marqué dans les villosités qui composent ces masses; on ne
saisit que les contours des villosités à travers lesquelles
sont disséminées des amas considérables de débris Gellu-
laires (1).
Parfois, on observe au centre des infarctus, particulièrement
dans les infarctus rosés, volumineux, des cavités remplies d'une
substance épaisse, grumeleuse, qui, sur les pièces fraîches*
ressemble à du pus. Mais l'examen microscopique permet de
s*assurer que ce n'est pas du pus, mais bien un amas de débris
cellulaires, analogues aux foyers de ramollissement qu'on
observe dans les thromboses communes.
Quand les infarctus contiennent du tissu c décidual », on
constate assez fréquemment que ce tissu décidual est, à son
centre, le siège de cavités remplies d'un liquide plus ou moins
clair. Un examen attentif établit que c'est là le résultat de la
dégénérescence et de la décomposition d'un certain nombre de
cellules de la masse.
En ce qui concerne l'évolution du processus pathologique,
voici les conclusions auxquelles est arrivé l'auteur, après des
examens minutieux de plusieurs coupes de chacun des 500 pla-
centas qu'il a pu utiliser.
(1) Bden étiquette uea altérations : infarctas nou fibrineoz. A son arii^
ils seraient le résultat de l'oblitération d'un certain nombre de Taisseaux
maternels dans la caduque, qui supprime la circulation dans les zones corr«-
pondjntes du placenta. Le sang faisant défaut, les villosités, cédant aox
pressions exercées par le reste du placenta, s^affeTSseraieat, sa 'colenicBK^
puis subiraient la dégénérescence.
REVDB GÉNÉBALB. — IJLBU8QU1BRB 605
a) La cause première de la formation d'infarctus est, dans la
très grande majorité des cas, une endartérite des vaisseaux des
viUosités choriales.
b) Le premier résultat de Tendartérite est la nécrose par
coagulation des portions de la villosité situées immédiatement
au-dessous du syncitium, avec formation consécutive de fibrine
canalisée à mesure que le processus s'accuse; le syncitium
également dégénère et se transforme aussi en fibrine canalisée,
transformation à la suite de laquelle, sous Tinfluence d'un
ferment ou d'un principe coagulant émané du syncitium, le sang
des espaces intervilleux se coagule, ce qui amène l'adhésion, la
soudure d'un nombre plus ou moins grand de viUosités.
c) Le rôle joué par la caduque dans la formation des infarctus
a été fort exagéré par nombre d'auteurs. Il est plus que pro-
bable que le tissu désigné par eux comme décidual est en
réalité du tissu fœtal, d'origine ectodermique.
d) La production très faible d'infarctus n'a aucun sens
pathologique. A ce degré, elle représente simplement un signe
de sénilité du placenta ; c'est une modification analogue à celle
qui se produit dans le chorion lœve à une époque précoce du
développement de Tœuf.
e) La formation notable d'infarctus est observée assez
fréquemment. Souvent, elle aboutit à la mort et au développe-
ment imparfait du fœtus. Habituellement, elle coexiste avec
l'albuminurie chez la mère, bien qu'à l'heure actuelle il soit
impossible de préciser la relation de causalité qui existe entre
les deux états.
f) La formation d'infarctus n'est pas particulièrement marquée
dans les cas d'éclampsie aiguë ; on l'observe de préférence
dans les cas où l'éclampsie a été précédée par des symptômes
marqués d'albuminurie.
g) Rien ne milite nettement en faveur de l'origine bacté-
rienne des infarctus.
R. Labusquièrb.
606 sociérés satantes
REVUE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
Hygiène de la femme enceinte. — De la pnéricnltiire intia-
ntérine (1), par A. Pinard. — L'étade de la paéricnltiire doil
comprendre trois grands chapitres :
1. La puériculture avant la procréation (hygiène des parents) ;
2 . La puériculture depuis la procréation jusqu'à la naissance indii-
sivement (hygiène de la femme enceinte et parturiente) ;
3. La puériculture après la naissance (hygiène de Tenfant).
Le rapport de mon collègue Gomby vous a fût connaître dans
quelles conditions doivent être les générateurs pour que le produit de
conception présente toutes les aptitudes à un développement normal.
Je n'ai à traiter ici que du deuxième chapitre, et encore partielle-
ment. Car la question que j*ai à rapporter est ainsi formulée: Hygit^
de la femme enceinte.
Je laisserai donc de côté, malgré l'intérêt qui s'y rattache,
la question naissance^ et n'envisagerai que l'hygiène de la femme pen-
dant ce laps de temps qui s'étend de la conception à l'accoudiement
exclusivement.
Cette période, appelée grossesse ou gestation, a pour durée le temps
nécessaire au développement normal et complet du produit de concep-
tion. C'est la vie intrarutérine^ vie spéciale, vie végétative, toute
dépourvue d'initiative, qui demande, pour s'accomplir d'une façon
naturelle ou physiologique, des conditions particulières au terrain ou
à l'organisme dans lequel cet Âge doit être vécu.
Ce sont ces conditions que je dois étudier.
Si la durée de l'incubation chez les ovipares est sensiblement la
môme pour chaque espèce et n'est guère influencée que par un aeol
facteur, la chaleur, il n'en est pas ainsi pour les vivipares.
Chez ces derniers, la mère ne doit pas seulement donner la chalenr,
elle doit fournir le logement et la nourriture. Cette simple constatatioD
suffit à caractériser de suite la différence qui sépare l'incubation de la
(1) Rapport au X* Congrèt international d'hygiène et de démographù
(ParÎB^ 1900).
HYGIÈNE DE L4 FEMME ENCEINTE 607
gestation, le développement ovnlaire sous-maktnd dn développement
ovnlaire intra-mat&mel. Ceci démontre qne les conditions hygiéniques
dans lesquelles les vivipares se tronvent placées doivent avoir des
répercussions et des conséquences directes et incessantes sur Tèire qui
se développe en elles-mêmes.
Que ces mêmes vivipares soient placées dans les mêmes conditions,
comme par exemple le sont des brebis dans un troupeau, on verra le
développement intra-utérin du produit de conception présenter une
dorée sensiblement égale. On verra les agneaux naître à peu près au
môme moment et présenter un poids peu différent.
En est-il de même dans l'espèce humaine?
C'est pour répondre à cette question que j'ai recherché le poids de
tous les enfants nés à la Maternité depuis 1822, — année où on a
commencé à peser les enfants au moment de leur naissance, — jus-
qu'en 1899, et de tous les enfants nés à la clinique Baudelocque, et
voici ce que j'ai constaté :
Sur 168,656 enfants nés à la Maternité et 19,548 enfants nés à Bau-
delocque, soit un total de 188,204, j'ai constaté le résultat suivant :
Enfants pesant 4.000 gr. et plus: 9.236, soit environ 5 p. 100.
3.500 à 4.000
35.124,
—
17,60
3.200 à 3.500
31.255,
—
16
3.000 à 3.200
39.963,
—
20
2.800 à 3.000
18.536,
—
10,50
2.500 à 2.800
25.019,
—
15
2.500 et au-dessous.
29.071,
—
16
Sur 188,204:
72,626 pesaient moins de 3^)00!
29,071 étaient des prématurés pesant moins de2i'500!
On peut objecter que le poids de l'enfant n'est pas toujours en rap-
port direct avec la durée de la vie intra-utérine, et que la taille des
parents a une influence capitale. Je ne nie point cette influence et je
reconnais que les gros enfants, ceux dont le poids atteint ou dépasse
4,000 grammes, sont le plus souvent des enfants issus de parents de
grande taille, présentant eux-mêmes un développement exceptionnel,
liais la différence de taille observée chez les parents est insuffisante
à expliquer la différence de poids observée chez les enfants.
Ce n'est pas parce que les parents étaient de petite taille que 72,626
enfants^ sur 188,204, pesaient au moment de leur naissance moins de
008 SOCIÉTÉS SATANTBS
9^000 grammes. La taille des palets peut expliquer le plus» eBe ne
peut expliquer le moins.
Du reste, si au point de vue du développement de l'enfant pendant
la vie intra-utérine, la taille des parents avait cette înflingtne prtpoa- \
dérante, les femmes petites devraient donner naissance à
petits. Or, les résultats observés | chaque jour sont-ils
cette manière de voir f Non ; et en voici la preuve la plus
tive.
J'ai cherché quel était le poids moyen des enfants ches 100
symphyséotomisées, c'est-à-dire chez 100 femmes ayant presque
toutes une taille au-dessous de la moyenne, et dont quelqnes-naes
sont de véritables naines. Or, le poids moyen de ces 100 enlmta est
deSkil. 350gr. (1).
Olshausen a fait la môme constatation, et, au Congrès de Moscou^
à propos des femmes chez lesquelles il avait été obligé de pratiqncff
Topération césarienne, il disait : c Bien souvent on fut frappé di
volume relativement considérable de Tenfant comparé à rexigolté, à
la petitesse de la mère rachitiqne : 20 des enfants, dont le poids est
noté, avaient un poids moyen de 3 kil. 315 gr. Le contraste d'aîUeais
le plus frappant était offert par Fenfant d'une naine, mesarant
111 centim. Cet enfant pesait 3,000 grammes et mesurait 45 centim.
La mère ne pesait que 29 kilos à sa sortie.
En prenant, comme on l'a fait (2), le poids moyen des enfants nés à
la Maternité pendant une période de seize années, et qui fut trouvé de :
3,164 grammes pour les garçons, et de 3,101 grammes chez les fîlks
issues de primipares ;
3,372 grammes pour les garçons, et de 3,120 gnunmes dies les filles
issues de multipares,
On a donné vn poidê moyen eockd eertainêment infériew an poià$
moyen normal.
n est bien entendu que je ne veux et ne dois m'oocuper ici de
l'influence des maladies de l'organisme maternel pendant la grossesse,
ni de celle des rapports pathologiques des éléments de l'œuf humain
sur le développement du fœtus . Ces questions ressortiss^it à la méde-
cine proprement dite. Je ne m'occuperai pas. davantage des canses
(1) Voir PiNABD. De la puérioultore intra-utérine. Cliniq^ obstétricale,
p. 57.
(2) IHet, des Soiânees méd., article c Foetus »^ p. 486^ 4« iéria, t. IL
HTGIÈNB DE LA FBMMB BNCEINTB 600
aussi nombreases qa'excep^nnelles qni penvent produire una
expulsion prématurée.
Ce qae je dois rechercher id, etceqneje vais essayer de démontrer,
c'est la cause vulgaire, le facteur commun et si puissamment dange-
reux qui abrège la durée de la vie intra-utérine, alors que la mère est
exempte de maladie et que reniant se développe d*une façon normale,
qui fait, si l'on veut accepter cette expression, ce que fait le coup de
vent qui détache de l'arbre bien portant le fruit sain, mais vert.
CSette cause, c'est le êurmenage. x
Je ne puis démontrer ici la physiologie pathologique; c'est-à-dire la
façon dont le surmenage agit ; qu'il me suffise de dire que la confor-
mation anatomique et, en particulier, la station bipède de la femme
jouent le plus grand rôle dans la production des accidents.
Mais, je dois démontrer la véracité de mon affirmation.
Dès 1895 (1), j'essayais de montrer l'influence du repos chez la mère
pendant la grossesse, sur le développement de l'enfant.
Pour cela, je donnais le poids moyen de 500 enfants nés de mères
ayant travaillé jusqu'au moment de leur accouchement et le poids
moyen de 500 enfants nés de mères reposées et soignées pendant la
fin de leur grossesse, et je faisais observer la différence considé-
rable, en plus, observée chez ces dernières. Sur mes conseils et
d'après mes indications, le D** François-Charles Bachimont (2) a
recherché quel est le poids moyen des enfants chez les femmes :
1. Ayant travaillé pendant toute la durée de la grossesse ;
2. Ayant travaillé pendant toute la durée de la grossesse, debout ;
3. Ayant travaillé pendant toute la durée de la grossesse, oêmes ;
4. Ayant travaillé pendant toute la durée de la grossesse, assises
mais en faisant mouvoir les jambes ;
5. Ayant eu une période de repos pendant deux ou trois mois ;
6. Ayant eu une période de repos dépassant trois mois.
Ces documents ont été recueillis soit à la clinique Baudelocque,
soit & la Maternité de Tourcoing.
En voici les résultats :
(1) Bull, de VAead. de méd. et Revue d'hygiène^ 1896.
(2) F.-C. Baohimont. DoeumenU pour eervir à VhUtoire de la puéri^
culture ifUra^utérine.Th, doct., Paria, 1898.
610 SOCIÉTÉS SAVANTES
PRIMIPARKS
AOB MOTOr FaiDB IIDIt-
391 Primipares ayant travaillé debout jusqu'à
l'accouchement 25,67 2^ ,931
144 Primipares, ouvrières de filature ayant tra-
vaillé debout jusqu'à l'accouchement. . . . 20,53 2^ ,98S
54 Primipares, ménagères, couturières de la
Maternité de Tourcoing 21,58 3^ ,<»0
219 Primipares ayant travaillé assises jusqu'à
l'accouchement 22,54 ^ ,097
22 Primipares, machinistes ayant travaillé
assises jusqu'à l'accouchement 24,59 2^ .050
298 Primipares s'étant reposées de deux à trois
mois 22,58 3^ ,291
199 Primipares s'étant reposées plus de trois
mois 22,70 3^ ,255
197 Primipares s'étant reposées 22,63 3^ ,255
MULTIPARBS
523 Multipares ayant travaillé debout jusqu'à
l'accouchement 28,83 2^ ^uô
80 Ouvrières de ûlature ayant travaillé jusqu'à
l'accouchement 25,34 3^ ,114
70 Multipares, ménagères, couturières de la
Maternité de Tourcoing 27,32 2* ,323
388 Multipares ayant travaillé assises jusqu'à
l'accouchement 29,67 3^ ,303
55 Mécaniciennes ayant travaillé assises jusqu'à
l'accouchement 28,80 S^ ,201
301 Multipares s'étant reposées deux à trois mois. 27,43 3^,457
234 Multipares s'étant reposées plus de trois mois. 26,90 .3^,457
531 Multipares s'étant reposées 27,17 3* ,457
Ce tableau récapitulatif, qui porte sur 4,455 observations, démontre,
il me semble, avec une rigueur mathématique, l'influence du repos ou
de la fatigue, pendant la grossesse, sur le poids du produit de conc^-
tion, puisqu'il fait voir que le poids de l'enfant [d'une femme qui ê'est
HYGIÈNE De LA FBMMB ENCEINTE 611
r^)Oêée deux à trois mois est supérieur, éPau moins 300 grammes, à celui
de Venfani d'une femme qtd a travaillé débout jusqu'à ^accouchement.
Le D' Alexandre Bachimont (1), snr 161 cas de grossesse gémellaire
observés à la cliniqne Baudelocque, a trouvé :
— Chez les enfants des femmes qui se sont reposées, le poids moyen
au moment de la naissance a été :
Pour le ]«'>' enfant 2,550 gr. ~ à la sortie de Baudelocqne 2,640 gr.
— 2» -- 2,480 gr. — — 2,580 gr.
— Chez les enfants des femmes qui ne se sont pas reposées, le poids
moyen au moment de la naissance a été :
Pour le l"' enfant 1,935 gr. — à la sortie de Baudelocqne 2,030 gr.
— 2» — 1,910 gr. — ~ 2,025 gr,
M""" Lucha Sarrau te Lourié (2), pour sa thèse de doctorat, a recherché
quelle était la durée de la gestation chez 1,550 femmes s'étant reposées
à l'asile Michelet et chez 1,550 femmes accouchées à Lariboisière sans
repos préalable. Elle a constaté que la gestation avait une durée plus
longue — vingt jours et plus ~ chez les femmes s'étant reposées, que
chez celles qui avaient été privées de repos.
Je n'fid pas besoin d'insister sur la valeur, la concordance et sur
réloquence de tous ces chiffres ; il me semble que la démonstration est
suffisante.
Je veux exposer maintenant quel est le sort réservé aux enfa$Us nés
prématurément.
L'observation ayant démontré de tout temps que les prématurés
mouraient en grand nombre et que les survivants s'élevaient plus diffi-
cilement que les enfants nés à terme, on s'est ingénié à rechercher
les moyens pouvant empocher ces malheureux de mourir. De là, la
création de ces fameuses couveuses et l'emploi du gavage.
Quel a été le résultat obtenu ? Le voici :
A l'établissement des débiles de la Maternité de Paris, établissement
modèle où rien n'a été épargné, ni la science, ni le dévouement, ni
l'argent, voici le tableau qui a été enregistré :
(1) A. Bachimont. Dô la puériculture intra-utérine au court des gros-
settes gémellaires. Th. doct.^ Paris, 1899.
(2) LUOHA Sabraute Loubié. De V influence du repos sur la durée delà
gestation. Étude statistique. Th. doct., Paris, 1899.
612 80GIBTÉ8 94VANTBS
Mouvement de la populaiion dêi enfanta débiles deptns FàuvertÊtre dm
service (20juiUet 1893) jusqu'au 31 décembre 1899 (1).
1893 1894 1895 1896 1897 1898 1899
Entrées 211 563 445 377 391 482 492
Décès 87 252 258 241 292 343 322
MortaUté p. 100 41,23 41,75 57,97 61,2 70,4 71,0 65,4
Ainsi, sur 2,961 enfants, il en est mort 1,795 et la durée moyenne du
séjour par enfant n'a guère dépassé un mois !
Et que deviennent ceux qui ne meurent pas ?
Je peux répondre, sans crainte d'être démenti, que, sauf des excep-
tions très rares, ces prématurés pour lesquels on a fait tant de sacri-
fices, qui ont coûté tant de soins, de dévouement et d'argent, restent
pendant toute la durée de leur vie des débiles ou des infirmes.
n résulte d'une enquête que j'ai faite près d'un certain nombre
d'éleveurs, que jamais on n'élève un poulain ou un veau né prématn-
rément.
Le système nerveux d'un prématuré reste à jamais incomplètement
développé, d'où déchéance, faiblesse fatale. Les appareils incomplète-
ment développés fonctionnent prématurément, d'où infirmité.
Je ne puis m'étendre, ici, sur cet important sujet dont Tétude néces-
siterait un volume.
J'ai suffisamment démontré, je pense, par les lignes qui précèdent :
1 . Combien les naissances prématurées étaient fréquentes dans
l'espèce humaine et quelles en étaient les conséquences.
2. Combien la grossesse a plus de chances de se développer norma-
lement et l'enfant de se développer d'utie façon plus naturelle et plus
complète lorsque la femme se trouve placée, pendant la grossesse,
dans des conditions particulières.
Aussi, sans phrases, m'appuyant sur les faits, et au nom derintérét,
de la solidarité, de l'humanité, je propose au Congrès d'adopter le
vœu suivant :
Toute femme salariée a droit au repos pendant les trois derniers Tnvis
de sa grossesse.
(1) Ce serFlce a été dirigé du 20 juillet 1898 âu I« janvier 1895 par H-*
Henry, sage-femme en chef ; du 1^' janvier lS9ô au 1*' mars 1898, par M. le
£K Budin, aocoucbeur en ohef de là Maternité ; du l*^ mare 1898 an !«* jan-
vier 1900, par H. le D^ Porak, accoucheur en chef de la Maternité.
SOCléré D^OBSTBTRIQDBy DE GYNÉCOLOGIE ET DE PEDIATRIE 613
sociÉTé d'obstétrique^ de gynécologie et de Pédiatrie de paris
Séance du i*' juin 1900.
Vaiucier. — Fracture de la base da crftne an septième mois de la
grossesse. Accoacbement à terme. — A propos de Tobservation rap^
portée par M. Quénu, dans la séance précédente, d'avortement consécntif
à nne ovariotomie facile et rapide et de la question soulevée par
M. Quénu des rapports du traumatisme et de la grossesse, M. Vamier
remporte robservation suivante : femme de 18 ans, primipare (dernières
règles, 6 au 12 octobre 1897), se jette par la fenêtre d'un 2« étage dans
la me (24 mai 1898). Elle est transportée à Thôpital Laennec dans le
service de M. Reclus. Coma ; écoulement du sang par la bouche, le
nez, Toreille gauche ; strabisme interne paralytique de Toeil gauche.
Diagnostic porté par M. Reclus : fracture de la base du crâne. Au
bout de huit jours elle reprend connaissance ; au bout d'un mois elle
se lève. Le 14 août, elle accouche sans incident, à terme, d*un enfant
vivant de 3,340 gr. Placenta normal. Suites de couches normales. Le
strabisme interne à gauche persistait avec une surdité complète à
gauche et un peu de' boiterie.
M. Yarriee rappelle les faits du même genre observés par Mau-
riceau, Sirois, Garstens, Fischer, Kennedy, Tourtual, dans lesquels la
grossesse continua son cours, et les résultats des autopsies faites Tune
par Guéniot (chute, énorme plaie pénétrante de Tabdomen ; guérison ;
morte du choléra treize jours après ; œuf intact dans Tutérus), Tautre
par Hofmeier (chute par la fenêtre, mort, grossesse gémellaire, cloison
rompue, hémorrhagieintra- amniotique et rétro-placentaire, ecchymose
de Tangle supérieur gauche de Futérus).
DiêcuêeUm sur la communication de M. Richblot sur la aclérose
ntêrine et la vraie métrite.
P. DiLBBT. — En 1891 et 1892, alors que la doctrine de Torigine
infectieuse des métrites régnait sans conteste, M. Delbet, à la suite de
recherches sur Fanatomie pathologique et la bactériologie des métrites,
avait déjà établi qu*à oêté des métrites infectieuses banales il existe
des affections de l'utérus qui relèvent de troubles nutritifs d'ordre
vascolaire et nerveux, scléroses utérines pour lesquelles il est difficile
614 SOCIÉTÉS SAVANTES
encore à llieare actuelle de faire le départ entre ce qui ressortit au
lésions infectieuses et aux troubles purement trophiques.
M. Delbet ne nie donc par l'existence des scléroses utérines. Mais
la schématisation de M. Richelot est excessive. En dehors des infectkRis
puerpérales graves et des blennorrhagies aigu^, il existe d'autres
infections utérines moins virulentes, capables de produire des scléroses
inflammatoires. A ce propos M. Delbet se demande si l'oo peut
atfirmer qu'une femme dont les suites de couches n'ont pas pnu
troublées n'a pas été infectée ; si pendant la puerpéralité il ne peut y
avoir des infections qui restent latentes pendant longtemps. H pme la
question aux accoucheurs.
A côté de ces affections atténuées il faut faire une place dans T^îo-
logie des scléroses utérines aux déplacements utérins. M. Delbet
compare ces scléroses de Tutérus déplacé aux énormes épaississemoits
du mésentère et de l'épiploon dans les vieilles hernies.
Quant aux troubles utérins des vierges que M. Richelot range dans
les scléroses neuro-arthritiques, ils peuvent être dus à une antéflexicm
congénitale, à des troubles évolutifs de l'ovaire.
En somme, les scléroses dues au seul tempérament neuro-arthritique
(il est bien entendu que certaines femmes sont plus que d'autres, de
par leur tempérament, exposées à s'infecter et à faire de la sclérose
à la suite de Tinfection) sont encore à démontrer, n est donc prfoia-
turé d'établir sur leur existence des règles de thérapeutique.
BoniLLT. — Il est difficile d'admettre que la sclérose utérine cons-
titue une entité morbide, que cette sclérose est l'aboutissant de
congestions utérines répétées, que la métnte parenchymateuse est un
simple trouble nutritif d'origine arthritique nerveuse. M. Bouilly se
rapproche beaucoup plus de la doctrine de M. Delbet. La sclérose utérine
lui parait une étape éloignée de l'évolution de la métrite chronique.
Mais si l'infection fait la lésion anatomique, le tempérament donne
la note symptomatique .
DoL^Ris. — Les scléroses utérines sont pour la plupart secondaires
à la métrite infectieuse. C'est l'infection qui fait la métrite ; c'est la
constitution morbide qui fait la chronicité aboutissant à la sclérose.
Cependant, à côté de ces scléroses secondaires il semble bien qu'il y ût
des formes de sclérose utérine primitives, constitutionnelles. Ce sont
ces faits d'utérus géants, d'allongement hypertrophique du segment
cervical moyen ou vaginal du col. Ces gros utérus scléreux se ren*
contrent chez des syphilitiques, des arthritiques, des nerveuses, des
SOCléré o'OBSTBTRIQUte; DE GYNàcOLOGIE ET DE PEDIATRIE 615
alcooliques, des obèses en môme temps que des eciasies veinetises,
des hémorrholdes, du varicocèle ovarien. Ces scléroses utérines pré-
sentées sont cependant beaucoup moins fréquentes que ne le croit
M. Richelot.
DoL<Ris. Infection mixte généralisée paraissant dne à rassoclation
da s^onocoqneet du staphylocoque ayant amené la mort chez une femme
enceinte de six mois. — Chez une femme enceinte de six mois survien-
nent, à la suite de symptômes d'uréthrite et de cystite, des accidents
de pyélonéphrlte ascendante aiguë. Elle avorte. Apparaissent alors des
érythèmes infectieux, une péricardite, de la pleurésie, des synovites,
des artlirites multiples. Elle meurt quatre jours après l'avortement,
quinze jours après le début des accidents. Les examens bactériolo-
giques ont montré Texistence de faiicrobes ressemblant au gonocoque
et au staphylocoque. L'identification de ces microbes non encore faite
complètement sera publiée ultérieurement.
M. PinARD ne croit pas que la puerpéralité puisse être mise en cause
dans Tobservationde M. Doléris, c'est plutôt la virulence, du gonocoque
si gonocoque il y a, qui parait avoir été la cause de généralisation de
rinfection.
BèawM du 6 juillet 1900.
RcoAUx. Dystocie par fibrome du segment inférieur. Opération
césarienne suivie d'hystérectomie abdominale totale ; gnérison. —
Femme de 28 ans, VIpare, a eu deux accouchements prématurés à
hait mois et un avortement de cinq mois et demi. A la suite des deux
derniers accouchements a eu des hémorrhagies apparues dès le 3® jour
et ayant duré dix huit jours et dix jours.
Yers le quatrième mois de la grossesse le diagnostic du fibrome fut
fait. L'utérus gravide était en rétroversion. Cette rétroversion s'est
réduite spontanément. Aux environs du terme on constate que Texca-
vation est occupée par ime tumeur difficile à mobiliser, rénitente.
Le diagnostic porté par M. Bazy, est celui de fibrome utérin ou kyste
da ligament large. L'accouchement spontané étant jugé impos-
sible, M. Ribemont-Dessaignes extrait par césarienne un enfant
de 2,700 grammes qui respire aussitôt, et M. Bazy termine Topération
par une hystérectomie abdominale totale. Guérison. Sur la face inté-
rieure du segment inférieur était implantée une masse ovoïde
fibro-myomateuse dont le grand axe atteignait 15 cent.
616 SOCléTBS BAVANTES
Maiaetic. PréMntatloiii de la part dA M. Dotiais de trola faits
te rapportant à la gneation de rtanoldation du fibrome.
PoiABD. Note complémentaire aor ose olMerration de kjrste de
rovaire à pédlcole tordu, opéré à la fin du 3* moia d'nne gnnmmmu
dont révélation eat restée normale. (Séance du 2 mars 1900.) — Cette
femme est accouchée normalemoità terme d'une fille de 3,460
Elle ne présentait pas d'éventration à sa sortie de la GlinîiiQa
loe^e le 12* jour.
La aclérose utérine et la vraie métrlte. (Suite de la diseuêsiom anr
la communication de M. Righklot, séance du 4 mai 1900.)
Vaehibr répond à la question posée par M. Delbet dans la dernière
séance : peut-on affirmer qu'une femme dont les suites de coocbes
n'ont pas paru troublées n'a pas été* infectée. N'y a-t-il pas des infec-
tions qui se produisent pendant la puerpéralité et qui restent latentes
pendant longtemps ? Delbet avait d'ailleurs répondu par l'affirmative eo
arguant de l'apparition tardive de certaines phlébites consécutives h
raccouchement et qui ne sont précédées d'aucun signe d'infection.
Jusqu'à ces dernières années, il était admis qu'il n'y avait pas de
plûegmatia alba dolens puerpérale sans symptômes fébriles au préa-
lable survenus dans les quatre ou cinq jours consécutifs à Taecou-
chement. Si bien qu'au point de vue pratique on pouvait dire : « l'ac-
couchée qui a à son dossier une courbe de suites de ooudies apyré-
tique&n'a pas droit à une phlegmatia >.
A l'heure actuelle ces propositions ne sont pas exactes: c Une
acoouchée, qui a à son dossier une courbe de suites de coudies
apyrétiques peut néanmoins^ trois semaines, quatre semaines et pins,
après l'accouchement, avoir, avec ou sans symptômes généraux,
une phlegmatia alba dolens simple ou double •. n y a plus, cela parait
à M. Yamier le cas le plus fréquent.
Gela tient non pas à ce que les phlegmatia en question ne sont
pas à porte d'entrée génitale, mais à ce qu'à mesure que Tantisepsie
s'affirme la virulence des microbes capables de gagner secondairement
par l'utérus la veine du membre inférieur est plus atteinte.
Donc on n'est pas en droit d'affirmer qu'une femme dont les suites
de couches n'ont pas paru troublées n'a pas été ou ne s'est point
infectée. Gomment alors plus tard pourra*t-on, d'après les simples ren-
seignements d'une malade; éliminer l'infection puerpéràlederétiologie,
d'une lésion chronique de l'utérus.
SOCIÉTÉ D*OBSTÉTRIQUE, DE GTMÉGOLOGIB BT DE PADIÀTKIB 617
La prenve positive des infections latentes du post-partum a été faite
par ErOnig. Snr 63 accoachées apyrétiqnes et restées apyrétîques,
Krônig a tronvé que 13 fois Tendomètre était infecté (3 fois par le
streptocoque sans réaction générale d'ailleurs).
Dans les cas d'infection puerpérale à streptocoque type, KrOiDg a
constaté la disparition rapide des streptocoques dans les lochies : après
six semaines, on n'en trouve plus trace. Ceci explique les résultats
négatifs des recherches de Delbet de Menge, sur la bactériologie des
sécrétions et de la muqueuse des utérus atteints d'endométrite chro-
nique.
Habtmaiiit. — La plupart des utérus gros et scléreux ont pour point
de départ une lésion inflammatoire d'origine infectieuse. L^absence de
microbes dans la cavité utérine ne suffit pas pour rejeter Torigine
infectieuse de la lésion constatée. Les recherches bactériologiques
entreprises p€ir M. Hartmann consignées dans les thèses de ses élèves
Do Bouchet et Audlau le prouvent surabondamment. Prenant l'infection
gonococcique comme exemple, M. Hartmann a pu suivre le gonocoque
dans lurèthre et le col utérin, puis plus tard dans une collection puru-
lente du cnl-de«sac postérieur alorsque la sécrétion utérine ne contient
plus de gonocoque. 11 en est de même pour Turéthrite blennorrhagique
de l'homme avec ses phases successives d'infection spécifique, d'in-
fections banales, puis aseptique chronique. Pour les mé tri tes infectieuses
consécutives à l'accouchement, la même disparition du streptocoque
s*observe alors que la lésion utérine persiste. Peut-être dans l'évolution
de ces lésions chroniques, l'état neuro-arthritique vient-il dans certmns
cas augmenter la réaction morbide. Gela est possible. Mais le neuro-
arthritisme ne suffit pas à créer la sclérose utérine. D'ailleurs les
observations que M. Richelot a fait publier par M. Hepp ne sont
pas suffisamment complètes (les examens bactériologiques, anatomo •
pathologiques font en effet défaut) pour qu'on puisse baser sur elles
la démonstration de l'existence de la sclérose utérine diathésique,
entité morbide.
RiCBBLOT. — n y a certainement des altérations chroniques du
parench}ane utérin qui sont d'origine infectieuse, mais à côté de ces
scléroses inflammatoires, il y a celles qui, par l'absence des causes ordi-
Daires d'infection, par leur allure clinique, par le rapport qui les lie au
neuroarthritisme, n'ont pas une origine infectieuse.
L*arthritisnie suffit à produire la sclérose utéro-ovarienne des vierges
qui, en dehors de toute contamination, ont de la congestion pelvienne,
AKT. Dl OTH. — TOL. UT. 4')
él^ dOGléTBS SAVANTES
du catarrhe, de la dysménorrhée et également la scléroses des gros
ntéras rétro-dé vies.
M. Richelot fait dans ces cas la part de Finfection possible, mais
rinfection passée n'a plus d'intérêt pratique, si Thypertrophie utérine,
la sclérose utérine sont liées au tempérament de la femme et si Finfec-
tion primitive s'est effacée pour faire place à des troubles nutritifs
d'ordre vasculaire et nerveux.
Cette façon de voir les choses a un grand intérêt thérapeutique.
Combien de ces utérus sclérosés ont été traités comme des métrites
par curettage, injections cautérisantes, badigeonnages antiseptiques,
alors qu'un simple traitement général avec ou sans massage suffit!
Pourquoi la médication antiseptique quand il n'y a pas dlofection f
Il n'est pas bon de tourmenter sous couleur de le désinfecter un utérus
d'arthritique nerveuse.
ScHWARTz. — Un cas de sarcome angioplastiqne du vagin. Mort par
hémorrhagle. — Femme de 24 ans, a eu un accouchement à terme à
23 ans et une fausse couche le 29 novembre 1898. Depuis cette époque,
perd du sang en abondance d'une façon continue. Le 30 décembre 1898,
on constate dans le vagin, à la partie supérieure du cul-de-sac latéral
droit, une ulcération molle déchiquetée, saignante, et sur la paroi anté-
rieure un noyau néoplastique gros comme une amande. Le 5 janvier,
une violente hémorrhagle survient (cautérisation au thermocautère,
tamponnement, injection sous-cutanée d'eau salée). Elle meurt. AFau-
topsie, on ne constate pas de généralisation. L'examen histologique des
coupes des tumeurs vaginales montre qu'il s'agit d'un sarcome angio-
plastique à cellules rondes.
M. Schwartz rapproche de son observation celles de Steinthal
Kalustow, Âlglave et Milian, Franke, Jung.
Dans ces cas, il y a eu mort par hémorrhagle ou par récidive, malgré
des interventions larges. Il semble que la ligature des deux hypogas-
triques soit la seule ressource pour lutter contre ces tumeurs malignes.
Séance du 5 octobre,
Varivibr. — Note préliminaire sur une méthode nouTelle de radio^
pelvigraphie. — Gomme suite aux « Notes de laboratoire » insérées dans
les Annales de gynécologie et d'obstétrique (juillet>aoùt 1900), sur une
méthode nouvelle de radiographie (radiopeMgraphie à longue portée),
M. Yamier apporte les résultats de ses dernières expériences.
SOCIKTE D'OBSTBTniQUÉ, DE GYNECOLOGIE ET DE P.^OIATRIE 610
La preuve est faite, sur le cadavre et la femme vivante, que la radio-
graphie h longue portée ('2 m. 50 centimètres) est applicable au bassin
recouvert des parties molles. Les études connexes poursuivies en ce
moment sur la puissance de portée des sources de rayons X dont dis-
pose actuellement le laboratoire de la Clinique Baudelocque ont
montré : 1^ que le cadavre se laisse radiographier à 5 mètres ; 2o qu'on
peut obtenir aisément, à cette même distance, la main, le poignet et
l'avant-bras vivant ; 3« qu^on peut radiographier le bassin sec à 30 mètres
de V ampoule; 4" qu^à cette distance de 30 mètres on na pas épuisé la portée
des sources en question. M. Varnier possède à l'heure actuelle le moyen:
a) D*obtenir, à Taide d'un simple radiotype, sans appareil spécial,
sans épures, sanscalculs.une représentation du bassin, meilleure, à cer-
tains points de vue,qu'une très bonne photographie en grandeur égale ;
bj D'identifier un bassin donné, c'est-à-dire de le voir en radiotypie
comme il est au naturel, et d'en apprépier avec exactitude les diamètres
utiles, qu'il s'agisse du grand bassin, de l'entrée ou de la sortie du
petit bassin.
Ces radiographies à longue portée sont' susceptibles de nombreuses
applications. Elles permettent, par exemple, d'étudier avec précision
les fractures, luxations, etc. , grâce à la correction automatique des
déformations surajoutées et à l'agrandissement inhérent aux radiotypes
obtenus à petite distance.
FiBux (de Bordeaux). — Une observation de présentation primitive
de la face. — Treize jours avant le début du travail à terme et tous
les jours pendant ce laps de temps, M. Fieux a observé chez une primi-
pare une présentation primitive de la face. Le diagnostic fut fait par
le palper et par le toucher. Le travail dura quinze heures et demie.
L'engagement de la face franche se fit en mento-droite postérieure. Le
dégagement en mento-pubienne. L'enfant, masculin, pèse 3,000 grammes
sans méconium. Le point important de cette observation est l'attitude
particulière et persistante de cet enfant. Après la naissance, la tète est
fléchie à tel point et la colonne vertébrale est tellement cambrée, que -
l'occiput touche presque la région sacrée. Il a beau crier, respirer, se
débattre, il reste comme figé dans cette posture. Si l'on prend l'enfant
entre les mains, on s'aperçoit que la t(^te peut être ramenée presque à
la rectitude, mais qu'il est impossible de la fléchir. Quant à la
colonne vertébrale, on ne peut, môme en forçant, effacer son énorme
ensellure. A Tunion du dos et des lombes on remarque en outre
620 SOCIÉTÉS SAVANTES
une dépression, nne sorte de capule ou de godet, dans lequel se
loge une partie de Tocciput lorsque Tenfant est abandonné h son
attitude naturelle. Enfin, si Ton vient à placer ce nouveau-né dans le
décubitus dorsal, on le voit faire le pont d'une façon curieuse. Il
repose uniquement sur Tocciput et sur les fesses, et trois doigts de
champ sont glissés facilement entre la région dorso -lombaire elle
plan de la table. Ces diverses attitudes vicieuses restent irréducHbUi
jusqu'au huitième Jour, A partir de ce jour, bien queTenfant, abandonné
à lui-même, continue à tenir la tète renversée et à cambrer fortement
sa colonne vertébrale, il devient possible de faire fléchir la tète et de
mettre la colonne vertébrale dans la rectitude. Le crâne est toujours
nettement dolichocéphale .
Les particularilés observées chez ce nouveau-né s'éloignent sensi-
blement de ce que Ton voit chez les enfants nés en présentation de la
face, lorsque celle-ci se constitue pendant le ^travail, comme c'est la
règle pour ainsi dire constante.
Les faits certains de présentation primitive de la face sont excessi-
vement rares. C'est ainsi que dans la thèse de Lanselle (I8881, sur
21 observations, 5 seulement, y compris celle de Ribemont. peuvent
être conservées comme présentations primitives. Les autres ont trait à
des tètes mal fléchies qui finissaient par la suite par s'engager spon-
tanément en Qexion, ou bien à des présentations de la face constatées
le jour même de Vaccouchement.
M. Pinard. — L'observation de M. Fieux constitue un document
inattaquable, et fournit une preuve incontestable de présentation pri-
mitive de la face. Ainsi qu'il le dit si bien, ces faits sont « excessive-
ment rares », car parmi tous les cas publiés comme tels, il n'en est
guère que cinq qui puissent être admis sans contestation. La présea*
tation de la face pendant la grossesse ne peut être admise qu'à titre
accidentel .
Ce qui a été observé sur l'enfant, après la naissance, montre bien
qu'il a été soumis pendant la grossesse à des compressions anormales.
Son attitude n'était pas le résultat d'une malformation primitive,
c'était une malformation acquise pendant la grossesse, et qui a dispam
progressivement dès que les pressions ont fait défaut. Ce sont ces
altitudes vicieuses que l'on rencontre chez les enfants de certaines
primipares, et que l'ou rencoutre si souvent, sinon toujours, chez les
enfants se développant en dehors de l utérus dans un kyste fœtal. Les
malformations de l'utérus peuvent, en raison d'une accommodation
SOCIÉTÉ d'obstétrique. DE GYNECOLOGIE ET DE P^EDIATRIB 621
anonnale, fixer le fœtus de telle façon que tous les points du fœtus
puissent se rencontrer au niveau du détroit supérieur pendant la
grossesse.
Lepagb. — Sept obseryatlons de symphyséotomie. — Obs. I. —
Secondipare Premier accouchement spontané. Enfant mort pendant
le travail. Symphyséotomie. Suites de couches fébriles tenant à une
cystite. Enfant vivant.
Obs. II. — Rétrécissement du bassin. Procubitus d'une main et du
cordon. Symphyséotomie. Suites de couches normales. Femme et
enfants vivants.
Obs. III. — Trois accouchements spontanés avec trois enfants morts
pendant le travail. Première symphyséotomie en 1896 (M. Lepage).
Enfant vivant. Deuxième symphyséotomie en 1899. Consécutivement
eschare sacrée, fistule vésico- vaginale opérée avec succès par M. Bau-
dron. Enfant vivant.
Obs. IV. — Premier accouchement au forceps. Deuxième accouche-
ment : symphyséotomie après l'intervention. Pouls, 140-150. Pâleur.
Pansement imbibé de sang. La femme examinée présente deux déchi-
rures du col qui sont suturées. Les phénomènes de choc disparaissent.
La femme guérit, mais garde une incontinence d'urine qui persiste
actuellement, malgré des opérations bien conduites. Enfant vivant.
Obs. V. — Secondipare. Premier accouchement dystocique. Basio-
tripsie. Deuxième accouchement. Symphyséotomie pratiquée en ville
dans des conditions d'instrumentation défectueuse. Accidents pleuro-
pulmonaires du dixième au seizième jour. Guérison . Enfant vivant..
Obs. VI. — Hydramnios. Utérus surdistendu. Femme opérée après
deux jours et demi de travail, le fœtus commençant à souffrir. Il suc-
comba quelques jours après l'accouchement. La femme guérit.
Obs. VII — Primipare. Symphyséotomie facile. Au cours de l'opé-
ration, le pouls s'accéléra et la femme se cyanosa. On dut suspendre
le chloroforme. Une heure après l'opérati on, la femme mourait dans
son lit. Enfant mort.
Autopsie. — Rétrécissement mitral, intégrité du péritoine, de
l'urèthre et de la vessie.
Quelle est la cause de cette mort? M. Lepage se pose la question
sans la résoudre, etc 'est son incertitude à ce sujet qui le détermine h
publier sa nouvelle statistique. Le surmenage, la longueur du ravai) ,
es lésions cardiaques, la chioroformisation, le choc ne constituent-ils
622 SOCIÉTÉS BAVANTES
pas nn ensemble causal à incriminer? M. Lepage soumet le cas à ses
collègues.
M. Lepage ne tire aucune conclusion de ses sept observations. Il se
borne h quelques réflexions :
La sympbyséotomie n'est pas toujours une opération bénigne $*il
faut redouter des phénomènes de choc semblables h ceux observés
dans l'obs. VII.
Chez toute symphyséotomisée, avant de suturer la plaie pubienne, il
faut examiner le col utérin ; toute déchirure du coldoit être immédia-
tement suturée.
Dans la majorité des cas, la sympbyséotomie est pratiquée trop tard,
alors que la femme est surmenée et la vitalité de Tenfant compro-
mise.
Dans les cas où Ton a des doutes sérieux sur la vitalité de Tentant
mieux vaut s'abstenir d'agrandir le bassin.
Hartmann. — Un nouveau cas d'annexite à pédicule tordu. — Les
accidents ont débuté au sixième mois d'une grossesse qui, d'ailleurs, a
évolué jusqu'au terme et s'est terminée par im accouchemen t spontané
en novembre 1891). Depuis cette époque, quatre crises douloureuses
ayant leur siège dans la fosse iliaque droite. La laparotomie, pratiquée
le 20 septembre 1900, permet de constater une tumeur annexielle à
laquelle l'appendice adhérait, dont le contenu était hématique et dont
le pédicule, formé par le ligament large droit, était tordu d'un demi-
tour en sens inverse des aiguilles d'une montre.
Cette torsion en sens inverse des aiguilles d'une montre est contraire
à la règle ; elle a été déjà observée une fois par M. Hartmann. Dans les
deux cas, la torsion s'était produite au cours d'une grossesse. Il semble
donc que chez la femme grosse, la torsion des annexes droites ait
tendance à se faire en sens inverse de la torsion lorsque l'utérus est
à l'état de vacuité. Gliniquement, cette observation répond à la torsion
peu serrée, progressive.
Enfin les examens bactériologiques pratiqués par M . Reymond ont
montré que les annexes tordues étaient le siège d'une infection par les
microbes habituels de l'intestin. Il s'agit vraisemblablement d'nnc
infection secondaire venue de l'appendice adhérent aux annexes.
Varnibr. — Récidive de grossesse ectopique. — II s'agit d'une
femme de vingt-sept ans, multipare, toujours très régulièrement et
bien réglée.
SOCIÉTÉ d'obstétrique, DE GYNÉCOLOGIE ET DE PADIÀTBIB 623
M. Vamier la voit pour la première fois en jnin 1893, en expulsion,
à six mois, d'un enfant mort et macéré. Suites normales.
L'année suivante, accouchement (en avril 1894) à terme d'une fille
vivante qui s'est admirablement élevée ; la mère ne l'a pas nourrie.
Suites normales.
En mai 1899, elle vient consulter M. Yarnier pour savoir s'il ne lui
reste rien d'une « fausse couche de quelques jours » faite l'automne
précédent, à la campagne qu'elle habite maintenant, et où elle s'est
assez peu soignée. Les règles étaient depuis lors un peu douloureuses,
surtout à droite. L'examen ne révèle rien d'anormal.
Le 21 septembre 1899, M. Yarnier est appelé auprès d'elle
pour une grossesse tubaire droite en état de rupture, les dernières'
règles étant du 7 au 13 août, la première crise douloureuse du
!<'>' septembre (dix-huit jours), et la crise syncopale du 14 septembre
(trente-deux jours après la fin des règles).
Le 25 septembre elle , expulse une caduque utérine en deux
fragments.
Les crises douloureuses persistant, le pouls restant élevé, la tempé-
rature oscillant autour de 38'', l'intervention est décidée. Le 3 octobre
elle est laparotomisée par M. Hartmann. Extirpation des annexes
droites ; la trompe est rompue à 75 millim. de la section chirurgicale,
portant sur le voisinage de la corne utérine (sur les parois du sac fœtal,
villosités choriales jeunes) ; hémorrhagie intra-péritonéale non
enkystée. Drainage abdominal. Guérison.
Les règles reparaissent le 20 novembre 1899. Le 25 avril 1900, elles
manquent. Le 4 mai, début des nouveaux accidents : lipothymies,
douleurs dans la fosse iliaque gauche. Le 8 mai, écoulement
sanglant, noir. Le 12 mai, expulsion d'une caduque en deux fragments.
Cessation des phénomènes péritonéaux. Le 5 juin, réapparition des
règles. Guérison.
A propos de cette observation personnelle de récidive de la grossesse
eetopique, M. Yarnier a rassemblé les observations semblables et jus-
qu'à l'heure actuelle est arrivé à un total de 63 observations authen-
tique (1). n compare cette statistique à celle de Funck, qui com-
prend 188 cas de grossesse tktérine survenant après la grossesse extra-
utérine. M. Yarnier demande à ses collègues qui ont opéré de nombreuses
séries de grossesses extra-utérines s'ils ont observé la récidive et
dans quelle proportion.
(1) Actuellement plus de 80. (H. Y.)
624 SOCIKTSS SAVANTES
Et étant donnée la fréquence de la récidive eeiopique, il pose à
nonveau la question soulevée par Ahel : y a-Hl Uen, lors d'une pre-
mière cœliotomie pour grossesse ectopiqoe, de songer à un traitement
prophylactique, par exemple à Fexamen et à Textirpation des nnnexes
du côté opposé lorsqu'elles sont jugées aptes à la récidive ? Quels
sont les signes de cette aptitude à la récidive? Il essaiera d'y répondre
à l'aide des observations qu'il est en train de rassembler.
M. Pinard. — Lors de la laparotomie pratiquée par M. Hartmann,
a-t-on constaté sur la trompe saine les caractères que Freund a donnés
comme favorisant la greffe tubaire de Tœuf ?
M. HARTMAifif. — >. Non. Je pense que dans le cas de M. Vamier. les
adhérences qui se sont produites à la suite de la laparotomie autour
de la trompe saine, à la suite d'une poussée légère de pelvi-péritonite
plastique, ne sont peut-être pas étrangères à la récidive ectopique de
la grossesse. Et d'une façon générale, ce sont peut-être les adhé-
rences de la trompe laissée en place, consécutives à l'organisation das
exsudats des hématocèles, qui sont la cause des récidives de la gros-
sesse tubaire.
Séance du 9 novembre.
M. Bouffe db Saint-Blaise. — Utérus didelphe et vagin double. —
La pièce a été recueillie en juillet dernier, sur une femme arrivée à
l'hôpital Saint-Louis, ayant fait depuis quatre jours un avortem^it
incomplet de deux mois et demi environ. Gurettage. La cloison sépa-
rant les deux vagins n'arrivant pas jusqu'à la vulve, on ne fit pas le
diagnostic par l'examen des parties génitales externes. C'est le hasard
qui fit que l'interne du service, en pratiquant l'opération, mit succes-
sivement sa main dans les deux vagins et fut fort étonné de trouver
deux cols qui ne présentaient aucune ressemblance, l'un étant fermé,
et l'autre béant, laissant passer des débris placentaires. Cette femme
mourut le troisième jour.
Le vagin est unique dans sa partie externe sur un trajet de trois
centimètres. Là commence une paroi qui sépare le canal en deux por-
tions presque égales. On ne remarque aucun orifice à la partie supé-
rieure de cette cloison, chaque vagin communiquant avec l'utérus du
même côté.
Les deux utérus sont d'inégale grosseur. Le droit, qui était gravide,
mesure 63 millimètres dans sa plus grande largeur et 109 dans sa lon-
gueur, du bord externe du col au fond. Le col est refermé et intact. Les
culs-de-sac sont normaux.
SOCléré O'OBSTRTRIQUB, DB GYNKCOLOGIE RT DE PEDIATRIE 625
L'utéras gauche mesure 52 millimètres dans sa plus grande largeur
et 7 centimètres de longueur. Mais son col présente un sillon cicatri-
ciel analogue à ceux que Ton rencontre souvent chcs les femmes
qui ont eu des enfants. Cette cicatrice, située à la partie interne et
moyenne, est suivie dun orifice faisant communiquer les deux cavités
cervicales à quelques millimètres du bord externe du col. Cette com-
munication est probablement artificielle.
Rectum, reins et uretères sont normaux.
Dblbstre. — Les infections sanguines chez les nourrissons (1).
(Rapport de M. P. Legbndrb.) — Sur 40 enfants de quelques jours à
quatre ans supposés infectés et dont le sang a été examiné bactério-
logiquement, 8 ont vécu, dont 7 avaient un sang stérile et 1 avait
donné à trois ensemencements successifs le bacille de Pfeiffer.
Trente-deux sont morts, dont 10 avaient donné des résultats
négatifs.
Les 22 résultats positifs comprennent 5 enfants dont le sang a été
ensemencé seulement pendant la vie, mais dont l'autopsie n'a pu être
pratiquée, 9 dont le sang a été ensemencé pendant la vie et après la
mort, 8 dont le sang a été pris seulement, mais immédiatement après
la mort.
Les microbes trouvés dans les cultures ont été 8 fois du strepto-
coque, 5 fois du staphylocoque, 5 fois du colibacille, l fois du pneu-
mocoque, 1 fois du Pfeiffer, 1 fois Tassociation du coli et du Pfeiffer,
et 1 fois un cocci-bacille indéterminé.
Au point (le vue de Tâge des enfants, il est à remarquer que les
infections sanguines sont particulièrement fréquentes chez les prématurés
(enfants pesant moins de 2,000 grammes) ; sur 21 qui paraissaient
infectés, 19 sont morts : 15 avaient des microbes dans leur sang
(73,5 p. 100) et lc8 microbes étaient 6 fois le streptocoque, 5 fois le
colibacille. 1 fois le staphylocoque, 1 fois le pneumocoque, 1 fois le
Pfeiffer, l fois les deux microbes associés.
Les prématurés seraient ainsi particulièrement sensibles au strep-
tocoque et au coli, tandis que les nourrissons de quelques mois
auraient plus d'aptitude à être infectés par le staphylocoque.
La progression des infections sanguines est presque régulièrement
(1) La communication de M. DsLESTiue sera publiée intégralement dans
cette Bévue,
626 SOCIETES SAVANTES
décroissante depuis la naissance juBqa*& l'Age de quatre à cinq
pour devenir alors excessivement rare comme chez les adaltes.
Si maintenant on recherche Texplication de ces faits, on peut
admettre, avec M. le professeur Hutinel, que les muqueuses intestinales
et pulmonaires sont, chez le nouveau-né, de larges surfaces d'abâorption
mal défendues, par où les germes morbides peuvent pénétrer dans la
circulation, que la plaie ombilicale est anesi une porte d*entrée fré-
quente des microorganîsmes. La généralisation de Tinfection sanguine,
véritable septicémie, se fait chez les prématurés avec une rapidité*
extraordinaire ; ils succombent en cinq, six, vingt-quatre, quarante-
huit heures au maximum. On peut attribner la rapidité de la généra-
lisation microbienne à Tinsuffisance des appareils hémato et lympho-
poiétiques.
Enfin M. Delestre a observé une amélioration manifeste chez ces
prématurés infectés à la suite de la saignée suivie d*nne injection de
sérum artificiel.
Discuêsioîi sur la communication de M. Lepagb sur sept observatiooft
de symphysôotomie (1). — M. Pinard discute les obser\7itioQs de
M. Lepage au point de vue des accidents qui ont été observés et qoi ne
sont pas imputables à la symphyséotomie.
to Trois fois M. Lepage a observé des lésions uréthro-vésicales et
de rincontinence d'urine. M. Pinard demande quel fut, dans ces cas, le
degré d'écartement du pubis. Il ne doit jamais dépasser 7 centim. D*nB
autre côté, Tinstrument d'extraction dont s*est servi M. Lepage, le levier
préhenseur-mensurateur employé comme agent de rotation y n'est vrai*
semblablement pas étranger à la production des lésions uréthrales.
C'est d'ailleurs l'opinion de M. Lepage.
2° Deux fois il y a eu des phénomènes de shock.
Dans l'obs. lY, il s'agit d'un shock hémorrhagique causé par une
déchirure du col ; les accidents ont cessé dès que la suture du col a été
pratiquée .
Dans l'obs. YI, la femme est morte une heure après l'opération ; il y
a eu anesthésie chloroformique à trois reprises ; la femme a perdu
beaucoup de sang, la source de Thémorrhagie n'étant pas la plaie
symphysienne ; elle avait enfin des lésions cardiaques et hépatiques.
La section de la symphyse ne saurait être incriminée.
(1) Voir séance du 5 octobre.
SOCIJ&TB D*OB8TÉTRlQ€B, DE GYUrécOLOGlB BT DB PEDIATRIE 627
3^ Deux enfants sont morts, mais, ainsi que le dit M. Lepage, ce n'est
pas du fait de la symphyséotomie ; il n'y a qn'à regretter de n'être pas
intervenu plus tôt, les enfants ayant souffert de la longueur du tra-
vail. Quant aux réserves que fait M. Lepage sur les indications de la
symphyséotomie lorsqu'on a un doute sérieux sur la vitalité de l'en-
fant. M . Pinard déclare que, tant que l'enfant est vivant, on doit agran-
dir le bassin jusqu'au jour où l'on aura des signes permettant de recon-
naitre qu'un enfant encore vivant dans l'utérus doit fatalement mourir.
DoLÉRis et Malartic. — Analgésie obstétricale par injection de
cocaïne dans Taracbnoîde lombaire. — Les premières expériences de
Doléris pratiquées en vue d'atténuer ou de supprimer les phases les
plus douloureuses du travail de l'accouchement au moyen de la cocaïne
datent de 1884; elles consistaient à badigeonner le col utérin d'une
forte solution de cocaïne. Les résultats furent insuffisants. Le 17 juil-
let 1900, Doléris et Malartic présentent à l'Académie de médecine 5 cas
assez démonstratifs d'analgésie obstétricale par injection de cocaïne
dans Tarachnoïde lombaire. Depuis cette époque ils ont continué
leurs essais et à l'heure actuelle ils sont eu possession de 25 cas.
La dose de cocaïne injectée a été, en moyenne, de 1 centigramme et
n'a jamais dépassé 2 centigrammes. Au début l'injection a été faite à
toutes les phases de la dilatation depuis deux francs jusqu'à la dila-
tation complète. Actuellement Doléris et Malartic la font de préfé-
rence h la dilatation comme une grande paume de main chez les pri-
mipares, à la dilatation comme une petite paume de main chez les
multipares. L'analgésie s'établit trois à dix minutes après l'injection ;
la parturiente ne souffre plus, n'a plus conscience du travail utérin.
L'analgésie dure une heure et demie. Elle est particulièrement utile
cbez les femmes dont la douleur était exagérée et offrait un caractère
en quelque sorte pathologique.
La cocaïne ainsi appliquée agit comme un ocytocique précieux au
cours du travail qu'elle accélère en général. Elle parait agir comme
hémostatique ; la délivrance est rapide, la perte de sang minime. L'en-
fant ne présente aucun trouble.
Les seuls accidents observés du côté de la mère sont la céphalalgie
légère, cédant d'ailleurs à l'administration d'antipyrine et de vomis-
sements accompagnés de congestion et de sueur de la face pendant les
quinze premières minutes.
MM. Doléris et Malartic continuent à étudier la question au point
628 SOCIÉTÉS SAVANTES
de vue de la répétition des injections pour prolonger TanalgéÂ^ H
rendre raccouchemcnt non plus partiellement, mais totalement indi»-
lore à partir du début de la dilatation.
M PiKARD — Je partage absolument Topinion de notre collè^^
Doléris sur l'insuffisance des documents dont il vient de nous donner
connaissance, pour juger la cpiestion qui fait l'objet de ses étude? .
Us ne sont ni assez nombreux pour conclure, ni assez complets pour
convaincre.
Injecter dans le canal rachidien une solution de cocaïne à 10 pri-
mipares ayant une dilatation grande comme une paume de main ti
à 15 multipai*es dans les mêmes conditions de travail et noter le^
résultats obtenus constitue une œuvre intéressante, mais qui oc
peut avoir la prétention d'élucider complètement la fameuse queslioo
de V accouchement sans douleur.
Des observations beaucoup plus nombreuses, rapportées in exSrn4\
et portant sur toute la durée du travail, c'est-à*dire sur toute la
période douloureuse, sont absolument nécessaires avant d'essayer de
formuler une opinion.
Je désire également présenter quelques observations à propos de<
indications relevées par notre collègue pour pratiquer ces injections!,
il nous dit : « Ces injections ont été faites dans les cas de ârmUnT
pathologique^ c'est-à-dire dans les cas où il y avait indication à donner
du chloroforme. » J'avoue, pour ma part, que j'ignore absolument œ
qu'est une douleur pathologique, et que mon étonnement est grand île
voir M. Doléris, dans un si court laps de temps, en face de 25 femmes
souffrant tellement que, si la cocaïne n'avait pas existé, on leur aundt
donné du chloroforme.
Depuis un certain temps je vois des femmes accoucher : quelques-
unes souffrent peu, le plus grand nombre souffre lieaucoup ; je déclare
que je n'ai pu montrer une seule fois à mes élèves un seul cas de
douleur pathologique indiquant l'anesthésie chloroformîque.
Quoi qu'il en soit, les résultats obtenus par notre collègue sont
extrêmement intéressants, et je considère le but poursuivi par loi
comme extrêmement important.
GOUVELAIRI
interne des hôpitaux
Le Gérant : G. Steiniiril.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME LIV
Juillet à Décembre 1900.
Accouchement prématuré (bougie
stérilieable pour 1' — ), 99.
Achondroplasie (un cas d' — avec
Analgésie obstétricale (infection de
cocaïne, etc ), 627.
examen histologique), 126.
Angiotripsie (de 1' — dans les opé-
rations péritonéales), 468.
Aniodol (en obstétrique/, 58.
Annexite à pédicule tordu (1 nou-
veau cas d'— ), 622.
Annexites (traitement opératoire
des -), 192.
Appendicites d'origine annexielle,
440.
Appendicite et accouchement, 151.
Aaihme et puerpéralité, 60.
Aatogreff es sous-cutanées des ovaires
après salpiogo-ovariectoiuie, 447.
A vertement incomplet (traitement).
422.
B
Basiljrste (un nouveau — ), 116.
Bassin (de l'agrandissement perma-
nent du — ), 117.
Bassins de fonte pour recherches
expérimentales, 110.
Bassin racbitique transversalement
rétréci ; radio-pel vimétrie du détroit
supérieur, 143.
Cœliotomie et hyslérectomie, 427.
Cancer de l'utérus (diagnostic pré-
coce du — ), 332.
Cancer et blastomycètes pathogènes,
383.
Capsules surrénales (leur importance
gynécologiqae), 286.
Castration abdominale totale (de la
— ), 433.
Cellulite pelvienne, etc., 410.
Col de Tutérus (tuberculose du — ),
169
Col de l'utérus (de l'amputation du
-), 130.
Col de l'utérus (sténose du — , trai-
tement), 411.
Curettage électrique (du — ), 423.
Curettes utérines 4 bords dentés, 471.
Cystopexie (nouveau mode de — ), 372.
D
Décollement prématuré des mem-
branes (1 cas de — ;, 99.
Désinfection des mains (de la — ),
488, 579.
Drap de parturition, 123.
Dystocie par fibrome de T utérus,
hystérectomie totale, 61 ; 615.
B
Ecartenr-dilatateur utérin (nouvel
-). 98.
EclaoïpMe (de V — , traitement), 79.
Bclampeie sans albuminurie (quel-
ques cas d' — )i 76.
Endométrite chronique (traitement
médico-chirurgical), 405.
Fibromes de l'utérus (électrolyse
contre les — ), 297.
Fibromes de Tutérus (nature des
— ), 323.
Fibromes de l'utérus (traitement par
la décharge d'un condensateur de
courant continu), 294.
630
TABLE ALPHABâxiQUB
Fibrome eous-péritonéal de l'-utéruB
À pédicule tordu, 525.
Fibro-myômes rétro-péritonéaux de
r utérus (résultats de l'interven-
tion chirurgicale ; importance de
la méthode vaginale de la myo-
mectomie conservatrice), 306.
Fistule vésico-vaginale (décubitus
ventral pour la cure de la — }, 288.
Fœtus (de Tex pression du — , par
la paroi abdominale;, 115.
Fœtus (mort du — pendant la gros-
isesse), 110.
Forceps (modification au — ; F. à
branches parallèles), 98.
Forceps (nouveau — ), 164.
G
Grossesse ectopique (traitement), 528.
Grossesse interstitielle (un cas de
-). 63.
Grossesse tubaire (rapports anato-
miques de Tœuf et de la paroi
de Toviducte dans la — ), 272.
H
Hémato-salpinx ; absence du vagin,
laparotomie, etc., 460.
Hémorrhagies puerpérales (injec-
tions intra- veineuses de sérum ar-
tificiel dans les — ), 122.
Hygiène de la femme enceinte, 606.
Hystérectomie cervico- vaginale dans
le morcellement des fibromes du
corps de l'utérus. 310.
Hyâtérectotnie abdominale (200 cas
d' -), 413.
Hystérectomie rapide, 425.
Hystérectomie abdominale, 418.
Hystéropexie abdominale médiate
pour la cure de la rétroversion
utérine, 860.
Induction unipolaire (de 1' — ap-
pliquée à la production des rayons
Rontgen ; endodiascopie vaginale),
161.
Infections puerpérales et sérum ar-
tificiel, 59.
Infections puerpérales (étiologie et
nature), 3 ; 3.
Infection streptococcique aiguë dans
le poit partum et sérum antistrep-
tococcique, 532.
Inflammations utéro-annexi«lles(tni-
tement par Feau à 60- •, 469.
Inversion chronique de la matr :r
(cure chirurgicale), 195.
Inversion de 1* utérus datant de 5 a»
(intervention chirurgicale dmxi3 «r.
casd'—), 121,
K
Kyste de l'ovaire (opération pendant
la grossesse, etc.), 526.
Kystes hydatiques du petit baesii:
compliquant l'accouchement, 5:
Laparotomies secondaires (les — ),4^.
Ligaments larges (kystes hy^dati-
ques des — ), 273.
Ligature des artères utérines d&nfi
les myômes utérins (résaUats éi: l^
-). 312.
M
Manie menstruelle, 424.
Métrites (vraies — et scléroses oté-
rines), G13.
Métrites cervicales (de« — ), 377.
Métrites et vaginites pendant lagn»-
sesse (traitement par le bleu dt-
méthylène), 130.
Môle hydatiforme (de la malignité
de la — ), 290.
Môle vésiculaire et dégénérescence
kystique des ovaires, 129.
Monstruosité endocymienne (variét«;
anide), 579.
Mort apparente du nouveau-né (timi-
tement de la —), 101.
Myomectomie conserTatrice, 815.
Myômes de l'utérus (traifeem<rr.t
conservateur), 304 .
Myômes et grossesse, 61.
N
Keurastbénie féminine (traitement
par les extraits d'ovaire), 423.
Nourrisson (Les infections sangui-
nes chez le — ), 625.
O
Omphalotripsie (de 1* — ), 112.
Opération d'Alquié, Alexandcr.
Adams, contre les rétrodéviation.-
mobiles, etc.^ 339.
TARLB ALPHABETIQUE
651
OpéraiioiiB sur le petit bassin (répa-
ration des grandes pertes de subs-
tance dans les — ), 465.
Opérations sur Tutérus et la vessie
dans la grossesse, 99.
Ovaire. Voir : Castrat ian^ mSU,
Ovaire (chirurgie conservatrice de
r — ), 426.
Pansements vaginaux et péri-utérins
au moyen des pértcols, 296.
Péritonite mortelle due à une sal-
pingite suppurée, au cours de la
grossesse, 512.
Phlegmatia alba dolens, 58.
Phlegmatia alba dolens et les varices
puerpérales (moyens préventifs
contre la — ), 164.
Pince porte-lacs pour Textraction du
siège décompletéy 151.
Placenta (Infarctus du — ), 600.
Placenta (insertion vicieuse du — ,
accouchement forcé), 121.
Porte-caustique intra-utérin à par-
tie terminale souple, 470.
Portion vaginale de Tutérus prolabé
( Altérations anatomo - patnologi -
ques de la — ), 531.
Présentation primitive de la face
(1 cas de — ), G20.
Progrès réalisés en obstétrique pen-
dant le XIX» siècle, 473, 553.
Prolapsus utérin (traitement du
-), 366.
Prolapsus utéro-vaginal (cure chi-
rurgicale du — ), 337 .
Physométrie artificielle (de la —
au cours de Taccouchement), 115.
Puériculture intra-utérine (de la — ),
606.
R
Rachitisme (étiologie, etc., du — ), 123.
Radiographie à longue portée, 165.
Radiographie appliquée a la mensu-
ration du détroit supérieur, 142.
Radiopelvigraphie (méthode nou-
velle de — ), 618.
Rétention des membranes après
Faccouchement, 161.
Rétrodéviations utérines et hysté-
ropexie vaginale. 346.
Rétrodéviations utérines (raccourcis-
sement des ligament! ronds •-),364.
S
Salpingostomie (de la — ), 463.
Sécrétion lactée (quelques remar-
ques'à propos de la — ), 162.
Septicémie puerpérale (traitement
local de la — ), 58.
Serres-fines spéciales pour déchi-
rures périnéales poêt-paHum^ 98 .
Sérnm de Marmorek, 58.
Suites de couches pathologiques
(utilité du traitement à ciel ou-
vert), 161.
Sutures (tendons de renne pour les
-). 259.
Sjrmphyséotomie (histoire d*une —,
radiognvphie), 150.
Symphyséotomie (7 cas de — ), 621,
626.
Tension artérielle et puerpêralité, 64.
Térutome de Tépiploon gastro hépa-
tique (fœtus de 8 mois), 525.
Traitement chloruré- sodique contre
les maladies génitales des femmes
(indications et contre-indications),
302.
Traumatisme et grossesse (fracture
de la base du crâne), 613.
Tuberculose et grossesse, 151.
Tuberculose primitive des organes
génitaux de la femme» 408.
U
Utéruê, Voir : Ool^ dysiocie, endo^
métritôy fibromcg, hystérectomiâf
ligature, myùnitn^
Utérus (cancer de V — , traitement
chirurgical), 206.
Utérus (cancer du corps de V — )i 186
Utérus (constatation du retour ad
integrum après ablation de fibro-
mes interstitiels par l'hystérecto-
mie cervicale, 527.
Utérus didelphe et vagin double, 624.
Utérus (2 cas de rétrodéviation de 1'
— gravide, etc.), 582.
Vagin (sarcome angioplostique du »),
618.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME LIV
Juillet à Décembre 1900.
MEMOIRES OBIGIKAUX
Bbyea (H.-D.). TuberculoBe de la
portion vaginale du col de ruténiB ;
pathologie, diagnostic et traite-
ment, 169.
Caldebini. Diagnostic et traite-
ment du cancer deTutérus, 186.
Calderon. Dystocie due à une
monstruoi^ité endocymienne, varié-
té anide. Opération, 576.
Go&SET et MoucHOTTB. Péritonite
mortelle, par irruption dans le
péritoine à travers l'ostium abdo-
nale, chez une femme enceinte
de trois mois, «^12.
Hartmann (H.) Traitement opé-
ratoire des annexites, 192.
MonCHET. 2 cas de rétrodéviatîon
de r utérus gravide; irréductibilité
par incarcération complète. Réduc-
tion par laparotomie. Accouche-
ment à terme, ô82.
Pinard (A.). Esquisse des progrès
réalisés en obstétrique pendant le
IX* siècle, 473; 553.
Spinelli. Cure chirurgioale conser-
vatrice de rinversion chronique
de la matrice. 195.
WOBMSBB (£.). De la désinfection
des mains, 488.
BEVUE CILINQUE
Fbanta. Kystes hydatîques du tis-
su cellulaire du petit bassin com-
pliquant Taccouchement. Perfora-
tion sur IVnfant mort; cranîocla-
sie; extraction de la tête, des
f'paules et du tronc très difficile.
(1) y. n<> de juin p. 478 et seq.
I
Suites de couches normales, 599*
BBYUB GiNBBALB
Labosquiâbe. De la fréquence et
de la signitioation des infarctus du
placenta. Etude basée sur Texa-
uien microscopique de 500 placen-
tas, 600.
B0CIBTÂ8 SAVANTES
XIII* Congrès international des
sciences médicales, tenu à Paris
du 2 au 9 août 1900 : obtt étriqué, 1 :
gynécologie, 169 (1).
X°>* Congrès international d*h jgiène
et de démographie, 606.
Société d'obstéiriuue, de gynécologie
et de pédiatrie cle Paris, 523 ; 613.
BBVUB ANALTTIQtm
La désinfection des mains, 529.
BIBLIOOBAPBIB
Alexibw. Etude des altérations pa-
thologiques de l'utérus prolabé,&3I.
Klitinn. Etude de l'infection »trep-
tococcique aiguë dans la période
de post-partum et de l'action du
sérum antistreptococcique, ôSi.
Index bibliogbaphiqds tbiubs-
triel, 533.
TMPRIIIBBIB A.-0. LBMAIiB havbb
■RSriY OF MICHIGAN
DATE DUE